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REVUE ÉGYPTOLOGIQUE

FONDEE

SOUS LA DIRECTION DE

MM. H. BEUGSCH, F. CHABAS, EUG. EEYILLOUT.

TROISIÈME VOLUME.

LABOREMUS!

PARIS

EENEST LEROUX, ÉDITEUE.

LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE DE L'ÉCOLE DES LANGUES ORIENTALES VIVANTES, DE L'ÉCOLE DU LOUVRE, ETC.

28, EUE BONAPAETE, 28

1885.

VIENNE. TYP. ADOLPHE HOLZHAUSEN. IMPRIMEUR DE LA COUR I. & R. ET DE L'UNIVERSITÉ.

TABLE DES MATIÈRES.

Premier Numéro.

Page

Association de Ptoléméc Épiphaue à hi couronne et quelques autres associations royales (E. Revillout) 1

Le tribunal égyptien de Thèbes (E. K.) 9

Récits de Dioscore exilé à Gangres sur le concile de Chalcédoine. Second récit : Arrivée à Constantinople. '

Conférence doctrinale tenue devant l'empereur. Expulsion de Macaire (Suite) (E. R.) 17

Les prêts de blé. § !*"■ Prêts de blé nicmphites (E. R.) 25

La vie du bienheureux Aphou, évêquc de Pemdjé (Oxyrinque) (E. R.) 27

Le martyre de S' Ignace (E. R.) 3i

Le papyrus Anastasi 6, transcrit et traduit par M. Chabas 39

Index du vocabulaire mythologique de M. Chabas 41

Nouvelles acquisitions du Musée égyptien (E. R.) 44

Revue bibliographique (E. R.) 48

Nécrologie et nouvelles 48

Planches du Numéro. Trois héliogravures de bronzes égyijtiens de l'ancien empire (en tête du numéro).

Texte démotique d'un contrat du règne associé de Philopator et d'Epiphane pi. 1

Texte démotique d'un contrat de l'an 12 de Philopator > 2

Médaille de l'an 36 de Philométor et 1'" d'Eupator >. 3

Médaille de l'an 50 d'Évcrgôte II et l**" de Philopator II » 3

Texte d'une transaction devant les juges de Thèbes » 3

Texte d'une autre transaction devant les juges » 4

Texte d'un prêt de blé et d'huile > 6

Texte d'un prêt de blé » 7

Erratum de la légende de Mesou ■„ 7

Les sigles des divisions de la drachme » 8

Second Numéro.

Seconde lettre de M. Revillout à M. Lknormant de l'Institut sur les monnaies égyptiennes (Suite).

§ 3. La proportion des métaux monétaires en Egypte 49

a) La pièce d'or valant une mine 50

h) Le statère d'or du papyrus de Leide et les monnaies d'or des Lagides 52

c) Le passage de Pollux mentionné par Letronne 55

d) Le taux de l'intérêt 64

e) Proportion de valeur entre l'or et l'argent 73

f) Proportion de valeur entre l'argent et le cuivre 79

§ 4. Étalons monétaires 83

Première période &2

Seconde période 92

Troisième période 95

Note annexe sur l'argenteus-outen (E. R.) 96

La vie d'artiste ou de bohème en Egypte (fragment d'un poème satyriquc en vers démotiques de

l'époque romaine) (E. R.) 98

IV Table des matières.

Planches du Numéro.

Texte du papyrus Golenischeff pi. l

Texte d'un fragment du poème » 2

Note » 6

Nécrologie et nouvelles » 8

Troisième Numéro.

Page La caste militaire organisée par Ramsès II d'après Diodore de Sicile et le poème de Pentaour (E. E.) 101

Le budget des cultes sous Ptolémée Philadelphe (E. R.) 105

Un registre budgétaire sur le rendement des impôts en Egypte (E. R.) 114

Le papyrus Sakkakini (E. R.) 118

La requête d'un esclave (E. R.) 125

La location, leçon professée à l'Ecole du Louvre (cours de droit égyptien) (E. R.) 126

Comptes du Sérapeum (E. R.) 140

Nécrologie et nouvelles 147

Bibliographie (E. R.) 148

Planches du Numéro.

Facsimile du papyrus Sait 700 pi. 1

Texte d'une location de l'an 51 d'Evergète II » 2

Texte d'une location de champs de l'an 52 » 3

Teste d'une location de champs de l'an 5 de Philométor » 3

Texte d'un rachat de créance » 4

Fragment de location d'une terre du dieu Hormen » 5

Déclaration de culture » 6

Pension alimentaire » 7

Location de terrains nus de l'an 52 d'Evergète II » 7

Gage sous forme de bail » 8

Quatrième Numéro.

Le poème de Pentaour par le Vicomte de Rougé 149

Lettre à M. Revillout sur les contrats grecs du Louvre provenant de Faioum par M. Wesselt (de Vienne) 161

Les droits des femmes dans l'ancienne Chaldée par Victor Revillotjt 183

L'impôt sur les maisons d'après un papyrus grec inédit (British Muséum, L, ancien Sait 976)

(E. R.) . . . . - 186

Une adoption par mancipation sous le règne d'Amasis et les diverses formes de mancipations relatives

à des êtres humains (E. R.) 187

Bibliographie (E. R.) 193

Planches du Numéro.

Héliogravure de l'acte d'adoption de l'an 32 d'Amasis pi. 1

Héliogravure de deux contrats babyloniens » 2

Photolithographies d'étotfes égyptiennes et d'un bas-relief de Séti I*' » 3 et 4

Imp Eudes

BRONZE EGYPTIEN de l'Ancien EmT'ire

rj^ujardin .

BRONZE EGYPTIEN ■,1': ; Ancien Em-nirc

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REVUE ÉGYPTOLOGIQUE

FONDÉE SOT7S LA DIUECTIOiN^ DE

MM. H. BRUGSCH, F. CHABAS, EUG. REYILLOUT.

ERNEST LEROUX, ÉDITEUR

LrBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE, DE L'ÉCOLE DES LANGUES ORIENTALES VIVANTES ETC. ETC.

2$. KrE BON'.iPAETE. 28. A PARIS.

m^ année. I. 1883.

La BEVUE ÉGYPTOLOGIQUE parait tous les trois vioL" par numéros de six feuilles au moins, avec

planches, fac-similé etc. Aucun numéro ne se vend séparément.

Prix de l'abonnement annuel: Paris 30 fr. Départements 31 fr. Étranger 32 fr.

Sommcàre : Association de Ptolémée Épiphace à la couronne et quelques antres associations royales. Le tribunal égAptien de Thèbes. Récits de Dioscore, exilé à Gangres, sur le concile de Chalcédoine. Les prêts de blé. La vie du bienheureux Aphou, évèqne de Pemdje ^Osyrinque). Le martvre de S' Ignace. Le papyrus Anastasi 6, transcrit et traduit par M. Chabas. Index du vocabulaire mythologique de M. Chabas. Nouvelles acquisitions du Musée égyptien du Louvre. Nécrologie et nouvelles. Nota. Sigles des divisions de la drachme lors de l'étalon d'argent en Egypte.

ASSOCIATION DE PTOLÉMÉE ÉPIPHANE

A LA COURONNE ET QUELQUES AUTRES ASSOCIATIONS ROYALES.

Le décret de Rosette insiste à cinq ou six reprises et d'une façon toute particulière sur ce fait que Ptolémée Épiphane a reçu de sou père même la couronne (^zopaXot^iîvTc; -rr.v ^^.xzChv.œf zapa TC'J Tarpcç T.xpx/^ri^iC patjtXeta; vr,z IlTOÀe;a.a'.cj . . . r,v TrapeXa^ev zapa toj zorrpcç xjtcu, etc. etc.). Le mot Trapa est toujours aloi'S rendu, en démotique et en hiéroglyphes, par nTooT ou, o^^ de la main de (son père\ Le sens ob-vie paraît donc être que le jeune monarque avait été associé à la couronne du vivant de son père et c'est, en effet, ce qu'avait soutenu S^ Martin K Letroxne -, au contraire, pensait quil fallait prendre zopa dans son acception la plus vague et dire simplement quïl avait pris la couronne immédiatement après son père. Il croyait également que les mots •::xpaKr,6iç ^actXs'.a; rr,ç II-cA£|jLaioj r,v ^apeXagev ::apa tcj r.xipoq devaient partout s'entendre du couronnement d'Épiphane, couronnement qui avait eu lieu le 17 Méchir de l'an 9 de son propre règne, c'est-à-dire lors du décret de Rosette.

Il est vrai que cette conclusion paraissait contraire au texte formel de la version hiéro- glyphique 3 indiquant que cette -apaXr/J/'.ç avait eu lieu dans une autre tétraménie au mois

' Nouvelles recherches sur Vépoque de la mort d^ Alexandre, p. 87 à 89. ^ Letbonxe. Inscriptions, t. II passim.

\ / -jic ^v_> 1 P P l^ () (1 ^ S_ : '< Puisque le 30 ilésore au jour de naissance du dieu bon,

0 ^ i I cxxii V©^Jr,'^T"i 1

Eugène Revillout.

de Paophi, tandis que le décret avait été rédigé en Méchir. Mais le texte démotique (con- sulté, sur ce point, par Champollion) portait une leçon cursive {c/ji2)) qui permettait aussi bien de lire Mécliir (q/ / /\^) que Paophi (0/y_)3); ^^ ë^'^^ était détruit en cet endroit. Letronne conclut ^ donc contrairement à M. Charles Lenormant 2 qu'il fallait partout rétablir Méchir ^, et moi-même j'ai admis cette correction, dans mon mot-à-mot des divers textes de Rosette *, pour le jour ofi Épiphane reçut de son père la couronne ev r^i TrapcXa^ev Tïjv ^otfftXsiav -apa tcu ^raipo;. Mais, en réalité, MM, de S'^ Martin et Lenormant avaient raison. Épipliane a bien reçu la couronne de la main de son père et de son vivant, le 17 Paophi d'une année encore indéterminée, et non le 17 Méchir de l'an 9 de son propre règne. Nous avons la preuve positive de cette association dans un contrat démotique du British Muséum ^ qui est de «l'an 15 de Ptolémée, fils de Ptolémée et de Bérénice, les

«vivant à toujours, était (ou avait été) établie en panégyrie dans les temples antérieurement et semblable- »ment le 17 Paophi dans lequel il fit les cérémonies de la royale manifestation quand il prit la royauté »de la main de son père . . . que l'on célèbre (maintenant) ces jours 17 et 30 dans chaque mois dans les » temples d'Egypte en totalité.» Ceci correspondait en grec aux mots : «at eTtet xrjv Tptaôa tou [XEaojpr), sv rjt Ta yeveOXia tou PaaiXewç ayeta'., o[jloi(jjç Se zaï [trjv xou (pawat STiTa x.ai ozy.xvr\^'\ ev rjt xapeXa^ev ttjv paaiXeiav Jiapa Tou Tîatpoç, £j:wvu[i.ou; v£VO[j.f/.aatv ev toiç lEpoiç, ai hr\ ::oXXtov ayaOtov ap)^y)yoi ::aatv eictiv, ayetv Taç rj[JLEpa; xauraç £opT[TiV xai navrjyupiv ev Totç /.olxix -zr^'i At]yu7:Tov lEpot; -/.axa [j.7)va. Enfin le démotique portait : «Puisque le 30 »de Mésore, dans lequel on fait (ou célèbre) ce jour de naissance du roi, a été établi en panégyrie et en »fête à exode dans les temples antérieurement et de la même manière le 17 Paophi (^Jk3>)) J^^^^" d^iis lequel »il accomplit les restes de la prix de la dignité suprême c'est le principe des biens qui furent à tous »les hommes que la naissance du roi vivant à toujours et que la réception de la dignité suprême! que «l'on fasse (que l'on célèbre) aussi ces jours 17 et 30 en panégyrie, à chaque mois, dans tous les temples »dEgypte. » (Voir pour l'examen parallèle des trois textes et le mot-à-mot des textes démotiques et hiéro- glyphiques du décret de Rosette ma Chrestomathie démotique, p. 49 et suiv. et 193 et suiv. Voir aussi le magnifique travail de Letronne dans ses Inscriptions grecques démotiques, t. II.)

1 Inscriptions, t. II, p. 252 et 319 et suiv.

2 Voir Letronne, Ibidem. Voir aussi YInscription de Rosette de M. Lenormant.

3 Notons cependant qu'eu hiéroglyphes Méchir | j est essentiellement différent de Paophi I I H H, ) et ne peut nullement se confondre avec lui. On ne peut, en hiéroglyphes, se tromper de

tétraménies comme en démotique.

^ Voir ma Chrestomathie démotique, loco citato. Pour le facsimile du groupe démotique répondant à Paophi et qu'on avait lu Méchir, voir l'ouvrage de la commission d'Egypte, A, vol. V, pi. 53, 1. 28 du texte démotique.

^ Le chiffre de l'année est effacé dans le texte démotique du contrat, mais il est très visible dans l'enregistrement qui porte avec certitude : L ie. Voici le contrat en question : «L'an (15) .... du roi Pto- »lémée, fils de Ptolémée et de Bérénice, les dieux évergètes, et de son fils Ptolémée, Démosthénès, » fils de Craton, étant prêtre d'Alexandre et des dieux sauveurs et des dieux frères et des dieux évergètes » et des dieux philopators, Diogénès, fille de Philétos (?), étant athlophore devant Bérénice évergète, Procé (?), » fille de Sentôous (■?), étant canéphore d'Arsinoë philadèlphe, Ninios, fils de . . . ., étant prêtre, en la région »de Thèbes, de Ptolémée et des dieux philopators. Le laboureur Xeraa, fils d'Horsiési, dont la mère est »Taoub, dit à la femme T-A/emi, fille de Pamaut, dont la mère est Nechta : Tu m'as donné et mon »cœur en est satisfait l'argent qui est le prix du champ d'une aroure, (10) mesures se< (?) une aroure •»iterum qui est dans mon champ de T'i qui est sur le neter hotep d'Amon à l'ouest du territoire de Coptos »dans le Hat-n-p-oer. Leurs voisins sont : au sud, mes deux autres aroures sur lesquels je t'ai écrit aupara- »vant, ce qui complète trois aroures-, au nord, le reste de mes aroures; à l'orient, les aroures de Horemhat »que l'eau (le canal) du roi en sépare; à l'occident les aroures et le canal (3cA.Aot) d'irrigation de Panas, »fils de Halal, tels sont tous les voisins de ton aroure ci-dessus. Je t'ai donné cela. Elle est à toi ton » aroure ci-dessus celle-là, en dehors des deux aroures sur lesquelles je t'ai écrit antérieurement ce qui » complète trois aroures. J'en ai reçu le prix en argent de ta main. Il est complet sans aucun reliquat. »Mon cœur en est satisfait etc.»

L'écrit fait antérieurement sur deux autres aroures et que le vendeur reconnaît encore dans les der- nières formules de notre acte, se trouve actuellement à Bologne. M. Sledslo a bien voulu m'en envoyer un

Association de Ptolémée Épiphane.

dieux évergètes, et de Ptolémée, son lils^, c'est-à-dire de l'an 15 de Philopator et de son fils Épiphane, Ainsi, en l'an 15 de Philopator, Épiphane était déjà associé à la couronne. n ne l'était pas en l'an 12, au mois de Méchir, ainsi que le prouve un contrat de Bologne que j'ai aussi donné en note. Selon Champolliox-Figéac, il naquit, en effet, le 30 Mésori de cette même année douzième. Encore est-ce la date la plus reculée possible; car M. Letronne le fait d'un an plus jeune et M. S^ Martin de trois ans plus jeune. Tout ce que nous savons par le décret de Rosette, c'est que ses généthlies se faisaient le 30 Mésori, et, par conséquent, quil était ce jour-là. Selon St. Jérôme, il avait quatre ans révolus lors de la mort de sou père et selon Justin cinq ans. Or, Philopator a régné 17 ans •. Épiphane doit donc être le 30 Mésori de l'an 12, 210 avant notre ère idate indiquée par M. Champollion- FiGÉAC-i, ou le 30 Mésori de l'an 13, 209 avant notre ère (date indiquée par M. Letronîïe^). A-t-il été associé aussitôt à la couronne, c'est-à-dire le 17 Paophi suivant, six semaines après sa naissance? A-ton, au contraire, attendu jusqu'à Paophi de l'an 13 ou à Paophi de l'an 15? Cest ce que l'avenir nous apprendra. Mais dans tous les cas, ses années de règne ne comptent pas depuis cette association, comme le pensait S^ Martin ^; car nous avons un contrat de l'an 2 d'Epiphane dans lequel ce jeune prince figure seul, et il s'est écoulé plus de deux ans entre notre contrat de l'an 15 et la mort de Philopator. Du reste, ce contrat même nous montre qu'en l'an 15 on suivait le comput du père et non celui du fils. Il a dii en être ainsi jusqu'à la fin du règne et Epiphane n'a pu commencer son comput qu'à la mort de son père ou peu de temps après. Je dis peu de temps après puisque, selon les historiens ^, on cacha quelque temps la mort de Philopator, par crainte de troubles politiques. En somme, si S^ Martin avait raison dans la question de l'association d'Epiphane à la couronne, Letronne avait raison quand il se refusait à reporter quatre ans plus haut les dates du règne d'Epi- phane et particulièrement celle du décret de Rosette.

Reste une question intéressante, celle du couronnement effectif d'Epiphane.

calque. On y lit : «:L'an 12, au mois de Méchir, du roi Ptolémée, fils de Ptolémée et de Bérénice, les dieux «évergètes. Athénéos, fils d'Athénéos, étant prêtre d'Alexandre et des dieux sauveurs, des dieux frères, »des tlieux évergètes, des dieux philopators, Ptolémée. fille de Dionysios (?), étant canéphore devant Arsinoë «Philadelphe, Nicanor, fille de Bésis (,ou Bassos?), prêtre dans la région de Thébes de Ptolémée le dieu »et des dieux philopators. Le laboureur Xeraa, fils d'Horsiési (?), dont la mère est Taoub (?) dit à la femme »T-A/emi, fille de Pamaut, dont la mère est Nechta : Tu mas donné, et mon cœur en est satisfait, l'argent »qui est le prix de deux aroures de champ, 20 mesures set (y)- deux aroures Uerum dans mon champ de T'i

:> qui est sur le neter hotep d'Amon, à l'occident du territoire de Coptos dans le Hat-n-poer ( 1 | ^^

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" y^^^® ou -^^j c, Brucsch, Dict. géogr., p. 154 et 8.39). Les voisins en sont : au sud,

>mes deux aroures que j'ai données à Mérain, fille dHor Ut a; an nord, le reste de mes aroures; à l'orient, 'les aroures d'Horemhat que l'eau (le canal) du roi en sépare; à l'occident, le canal dirrigation de Panas (?), fils de Alal (on Halal), tels sont tous les voisins de tes deux aroures ci-dessus. Je te les ai données tes » deux aroures ci-dessus, etc. »

A la fin des formules ordinaires on lit l'adhésion suivante : «La femme Ta oub (?), fille de Pseésé, »ma mère, dit : Reçois cet écrit de la main de Xeraa, mon fils cadet, pour qu'il fasse selon toutes les «paroles ci-dessus mon cœur en est satisfait sans aucune opposition. > Cet acte est rédigé, ainsi que le précédent, par Pétamen-api, fils de Pétamen-ra-sonter, < l'écrivain des actes de la ^^lle et de la contrée».

' Voir à ce sujet Letrosne, loco citato.

- Annales des Lagides, t. II, p. 81 et suiv. et 392.

^ Letroxxe, Inscriptions, t. II, p. 266.

■• Loco citato.

* Voir Champolliox-Figé-\c. Annales des Lagides. p. 87.

1*

Eugène Revillout.

Le décret de Rosette, rédigé en l'an 9 du règne réel d'Épiphane, fut rendu par tous les prêtres d'Egypte «qui, des temples du pays, s'étaient rendus à Memphis, auprès du roi, T>pour la panégyne de la réception de la couronne de Ptolémée, toujours vivant, chéri de » Ptah, dieu Épiphane, Euchariste, laquelle il a reçue directement de son père » . . . ot asav TYjaavTc; £•/. Ttov /.axa xr^v y^wpav ispwv etç Mî[j.a;iv tom j^aatXsi :rpo; rr]v 'KavY)Yup'.v ty;ç 'iZT.çxxKrfi^tiài:^ tyjç liaaiXetaç tt];; nTOAc[xawu a'.a)vo[3'.cy r^^!X77r^\).v^o'J utco to'j <I>6a 0cou Emcpavou; Ei»)^ap'.aTcu yjv xapsXalîev Ttapa TC'j zaTpo; auTou. Or, nous venons de voir qu'Épiphane avait été associé à la couronne au 17 Paophi et que l'on rendait le décret au 17 Méchir. Evidemment on avait cherché cette coïncidence de jours, à quatre mois près, et c'est pour cela que le décret prescrit de célébrer tous les mois, xaxa p-r^va, le 17 comme jour anniversaire de la prise de la couronne, au lieu de célébrer seulement cet anniversaire le 17 Paophi, comme cela avait été ordonné antérieurement^. Mdii^ alors dans quel but spécial avait lieu cette panégyrie de la prise de la couronne qu'il a reçus de son peref Etait-elle purement commémorative ? C'est ce que nous allons examiner.

Le texte dit ailleurs que le roi fit punir les révoltés faits prisonniers à Lycopolis le jour « il vint à Memphis dans l'intention de célébrer les cérémonies prescrites pour la réception de la couronne » Trapa^evoiAevoç eiq MefJiçiv, £xavL»[jLwv twi xa-cp'. xa-. Tr,t eauTou ^aatXstai, xavTaç îy.oÀaccv •/.aOrj/.ovTa);; , y.aO' ov /.atpov 7:ap£Y£vr,6r( zpo; to (:uvT£/>£(76Y;[va: autwi Ta] 7:poi3r,/.ovTa vo|j.tiJ.a TT)'. ::apaXY;t];£i zr^q ^acCktioic. Évidemment il ne s'agit pas du jour de son association au trône par Philopator, puisque le texte lui-même nous apprend qu'il s'agissait ce jour-là de châtier ceux des insurgés qui avaient été pris au siège de Lycopolis en l'an 8 du règne d' Epiphane, siège raconté immédiatement auparavant dans le décret. 11 s'en suit donc qu'il faut distinguer avec soin le jour de la prise de la couronne du jour le roi vint accomplir les cérémonies prescrites pour la prise de la couronne, jour qui est appelé aussi panégyrie de la prise de la couronne. Cette panégyrie de la prise de la couronne, ce sacre du nouveau souverain avait justement lieu le 17 Méchir de l'an 9, et c'était à cette occasion qu'était rendu le décret de Rosette. L'époque de la majorité égyptienne était entre 13 et 14 ans, comme nous avons déjà eu l'occasion de le dire^, et comme l'avaient, d'ailleurs, pensé ViscoNTi et la plupart des chronologistes modernes déjà cités par Letronnb. Cela convient parfaitement à ce que nous avons exposé sur l'époque de la naissance d'Épiphane. Cependant Polybe 3 nous dit que, quand ou fit les cérémonies de son couronnement appelées par les Grecs àvaxXYjT^pia, Vâge ne pressait pas encore (oùBétto) [j.èv ttjç Y]Xix(a; y.aTcTCEiYop-svYjç) sans

' /I\ '=^^ ou n-t-het antérieurement, c'est-à-dire par suite d'un décret antérieur. Voir le passage des Ci trois versions, hiéroglyphique, démotique et grecque, que nous avons donné plus haut et dont on peut

étudier le niot-à-mot dans notre Chrestomathie déinotique, p. 49 et suiv., 193 et suiv. Le texte grec est, du reste, déjà suffisamment clair : zat snei ttjv xptaSa tou [j.£ao)pr) sv rji yeveôXia tou PaaiXeojç ayerai o[j.oiwç 6e y.at [ttjv tou tpatoipi iKZOt zat Se/.aTrjv] sv r;t KapeXa^ev ^aaiXeiav napix tou :raTpo; eTTtovup-ouç v£vo(j.ix«(tiv ev toi;

lepoi; .... ayv.y xa; rjjxEpa; xauxa; EopTTjV xaxa [Arjva. Il est trop clair que l'on met ici en parallélisme

Yancien déo-et (rendu, sans doute, sous Philopator) pour établir chacune de ces fêtes une fois par an avec le nouveau décret qui les rendait obligatoires tous les mois. Dans l'ancien sj^stème il fallait admettre que ces deux décrets, l'ancien et le nouveau, avaient eu lieu en un seul jour, le 17 Méchir de l'an 9, ou qu'on avait fêté ^'avance l'anniversaire du couronnement qui devait avoir lieu en l'an 9.

2 Voir notre article intitulé : Un prophète d'' Auguste et sa famille, 2* année, p. 98 et suiv.

3 XVIII, 38.

Association de Ptolémée Épiphane.

doute parce qu'Épiphane u'avait pas encore 14 aus révolus , mais que ses tuteurs se hâtèrent parce qu'ils espéraient que, quand on saurait le roi maître de lui-même, les affaires de l'Egypte prendraient une meilleure tournure. Ailleurs, en parlant de Philométor, le même auteur nous dit expressément ' que, selon la coutume d'Egypte, les ava-/.Ar,T:r;p'.a avaient lieu quand les princes étaient parvenus à l'âge (otav eî? -^/.'./.l'av à7.0a)ff'.v), et Champollion-Figéac a parfaitement prouvé qu'en effet Philométor avait alors 14 ans. C'est à 14 ans également que Pèerenptah fut investi du titre de grand prêtre de Memphis et qu'il couronna Ptolémée Aulète^. Son fils Imouth lui succéda entre 13 et 14 ans^ dans sa haute dignité, alors vacante depuis assez longtemps. Enfin, M. Bernardino Peyron* a aussi établi que c'était à 14 ans environ que les filles égyptiennes étaient circoncises, puis mariées aussitôt après, et nous avons nous-même retrouvé cette coutume dans le roman de Setna '-'. Tout nous prouve donc que la majorité YjX-.y.'.a correspondant ordinairement à peu près à l'âge de la puberté était fixée en Egypte à l'année qui s'étendait entre 13 et 14 ans. Épiphane put donc très légitimement prendre à ce moment possession de la couronne, et le texte de Rosette nous montre qu'il commença son règne en faisant mettre à mort, au moment de son sacre à Memphis, les prisonniers faits l'année précédente au siège de Lycopolis. C'est ce que Polybe lui reproche très expressément à lui-même, eu disant que Ptolémée fut alors aussi cruel à l'égard des prisonniers de Lycopolis qui s'étaient livrés d'eux-mêmes en sa foi (Bw/.av joàç «ÙTol»; £?ç TYjv ^<xGikéiàq zîït'.v) qu'il le fut plus tard quand, le roi ayant alors 25 ans, Polycrate eut vaincu les derniers des révoltés. Nous avons déjà démontré que ce second exemple se rapporte à la soumission de la Thébaïde, longtemps indépendante sous les rois égyptiens Anchmachis et Harmachis et qui furent de nouveau réduits en la puissance du roi en l'an 20 de son règne.

On voit par tous ces troubles que l'association d'Épiphane à la couronne du \ivant même de son père n'avait pas produit tous les heureux effets que Philopator en espérait. Cela n'empêcha pas leurs successeurs de tenter, à diverses reprises, le même procédé, mais toujours avec un résultat peu satisfaisant. On dirait vraiment que ces sortes d'associations au trône ou de désignations officielles portent malheur. C'est ce que, du moins, nous allons voir pour l'Egypte dans deux faits analogues dont nous allons avoir à parler.

Commençons par Eupator.

On a beaucoup discuté sur la mention du dieu Eupator qui accompagne, dans les protocoles de plusieurs contrats les noms des rois ayant un culte à Alexandrie. Les uns ont cru y voir, avec Champollion, un fils de Philométor; les autres, avec Letronne, un simple surnom ne nous donnant aucun prince nouveau ; quelques autres enfin, avec M. Lepsius, un fils d'Épiphane**.

Une inscription grecq,ue citée par M. AVaddington " et datant du 7-egne d' Eupator, fils

1 Polybe, XXVIII, 10, 8.

2 Voir plus haut, p. 103, note 4.

3 Ibidem.

* Pa/piri greci . . . papyrus XV. Voir aussi la note 12, p. 88 et 89.

5 Voir mon Bœnan de Setna, introduction.

6 Voir M. Lepsius, Ûber einige, etc., Berlin 1853.

" M. Waddington a communiqué cette inscription à M. Feuakdent qui la cite dans sou travail : Sur les monnaies des Lagides.

6 Eugène Revillout.

des dieux philométors, termine la question en prouvant que Champollion avait raison. Mais toutes les difficultés ne sont pas terminées et il ne semble pas qu'on ait tiré de ce texte les conclusions nécessaires.

En effet; plusieurs protocoles de contrats démotiques déjà connus de M. Lepsius ^ nous montrent Eupator associé au culte d'Alexandre du vivant de son père, de l'an 31 à l'an 36 de son règne. Evidemment, c'était une sorte de désignation officielle comme héritier pré- somptif, et nous voyons, en eifet, par l'inscription de M. Waddington, qu'Eupator a régné seul au moins quelques jours. Mais bientôt la male-chance poursuivit le malheureux prince; car tout nous prouve que c'est Eupator (et non Philopator II comme le pensait M. Lepsius) qui nous représente ce fils de Philométor, égorgé par son oncle Evergète II, aussitôt que celui-ci eut épousé sa mère.

Quant à Philopator II, c'est le fils d'Evergète II et non son neveu. Mais quel est-il et de laquelle de ses deux femmes? Ceci est une question qui vaut la peine d'être étudiée 2.

Lorsqu'Evergète fut appelé pour être le tuteur du fils de Philométor et le mari de sa veuve, qui avait été associée «m trône entre l'an 16 et l'an 21 du règne précédent, son premier acte avait été de se débarrasser d'un futur rival en tuant Eupator le jour même de son mariage, paraît-il, et jusque dans les bras de sa mère. La reine Cléopatre qui avait régné sur le pied de l'égalité la plus parfaite avec son précédent mari, et pour la première fois dans l'histoire de la dynastie avait figuré en quelque sorte comme roi dans les proto- coles : («sous les rois Ptolémée et Cléopatre, les enfants de Ptolémée et de Cléopatre, les dieux épiphanes») dut peu à peu s'habituer à un tout autre régime avec un tel maître. Evergète ne put tout d'abord l'écarter des protocoles (dans lesquels il rétablit pourtant son ancien comput en relégant la reine (sic) au second plan). Il manifesta même une grande joie, quand il en eut un fils, à Memphis pendant les fêtes du couronnement' et qu'il sur- nomma, en conséquence, Memphitès. Mais en même temps, il eut soin de lui ôter toute influence et de la confiner dans ses appartements jusqu'au jour il la répudia et ne lui laissa plus que le titre honoraire pour épouser sa fille qu'il avait violée^ et qu'il associa aussi à la couronne.

Au bout de combien de temps ce dernier changement eut-il lieu ? C'est ce que nous ne saurions encore préciser avec certitude. Evergète monta sur le trône en l'an 25 de son comput partir de sa première usurpation sous Philométor), et nous avons déjà un acte de l'an 29 ^ « du roi Ptolémée et de la reine Cléopatre et de Cléopatre, sa femme » (c'est-

ï M. Lepsius, p. 10 de son travail, a bien vu qu'Eupator était nommé pour la première fois dans un protocole de Tau 31 de Philométor. Mais il voyait dans Eupator un fils inconnu d'Epiphane qui avait été tué par Philométor au début de son règne, puis associé au culte par un repentir très tardif.

2 Pour l'histoire de Cléopatre je suis généralement d'accord avec M. Lepsius : Ûber einige Ergebnisse der ilgyptischen Denkmiiler fur die Kenntnisse der Ptolemuergeschichte (Berlin 1853). C'est M. Lepsius qui, à l'aide des protocoles démotiques, alors en sa possession, en a définitivement établi les traits fondamentaux.

3 Per vim stuprala (Justin). Voir M. Letroxne, Inscriptions, t. Il, p. 54.

^ Voir le 20 a de M. Lepsius et la page 16 de l'ouvrage du même savant illustre qui a donné, le premier, cette date initiale. M. Lepsius cite aussi les n»' 20 a et b de l'an 34. Mais il ne possédait ni les contrats de l'an 30 (voir ma Nouvelle Chrestomathie, p. 32), ni celui de l'an 37 (papyrus 80 de Berlin). Si mes copies sont exactes sur ce point, les contrats 90 et 91 de Berlin sont de nouveau datés seulement de «l'an 30 du roi Ptolémée Evergète et de la reine Cléopatre, sa sœur (et) sa femme». En l'an 34 (20a et b de M. Lepsius) on voit les deux Cléopatres. En l'an 35 (dans Tinscription grecque de Pselcis) on n'en voit

Association de Ptolémée Épiphane.

à-dire de la jeune Cléopatre). Mais entre l'an 25 et l'an 29 il y a quatre ans ', et rien ne nous indique la date exacte ^ du second mariage.

Il ne serait donc pas impossible qu'Évergète ait eu de la veuve de Philométor d'autres enfants que Memphitès. C'est même l'hypothèse la plus vraisemblable, puisque les auteure disent tous que Soter II était l'aîné (-pTi'ijTccsv 3) des fils de la jeune Cléopatre et qu'on ne peut admettre l'assimilation de Philopator II et de Mempliitès égorgé par son propre père, lors de la révolution suscitée contre lui.

En effet, les Alexandrins s'étaient peu à peu indignés contre le tyran et se sentaient pris d'une sympathie de plus en plus profonde pour la veuve de leur bon roi Philométor qu'ils avaient tant de motifs de regretter. Au bout de 15 ans* du nouveau règne d'Ever- gète II, la mesure était comble. Les insurgés mirent à leur tête la vieille reine Cléopatre dont le nom avait été effacé une première fois dans les protocoles, cinq ans auparavant (en l'an 35 ^) puis rétabli temporairement en l'an 37 pour être de nouveau rayé en l'an 40, mais qu'ils considéraient toujours comme leur souveraine légitime, et, vers l'an 40 ou 41, ils expulsèrent Ptolémée.

Celui-ci continua cependant à posséder une partie de l'Egypte et particulièrement la Thébaïde; car nous avons plusieurs contrats de cette provenance datés des années 40, 43, 44 et 45 « du roi Ptolémée et de la reine Cléopatre, sa femme, » c'est-à-dire de Ptolémée et de la jeune Cléopatre, comme dans l'inscription grecque de Pselcis déjà citée par Letroxne. C'est pendant que la vieille Cléopatre, alliée au roi de Syrie Démétrius, régnait à Alexandrie, et que Ptolémée, allié à Alexandre, le concurrent syrien de Démétrius, régnait en Thébaïde et à Chyre, que, pour frapper la reine au cœur, Évergète II fit tuer leur enfant commun Memphitès et lui en fit expédier les morceaux dans une corbeille qui fut déposée dans

qu'une (cette fois la jeune). Eu l'an 37 (80 de Berlin) on les retrouve toutes les deux. Entre l'an 40 et 45 (voir plus loin) la jeune Cléopatre figure seule. Enfin, à partir de l'an 46, la réconciliation a lieu et les deux Cléopatres sont nommées jusqu'à la fin du règne.

' Il est même probable que Ptolémée épousa ou viola sa nièce en l'an 29 et que la mère de celle-ci protesta et fit même annuler l'union nouvelle puisqu'elle figure de nouveau seule comme sœur et femme en l'an 30. Ce fut le point de départ d'une lutte dont les contrats, cités dans la note précédente, nous ont indiqué quelques-unes des diverses péripéties.

2 C'est peut-être à la période du premier mariage que se rapporte l'inscription des cataractes donnée par Letronne {Insc, p. 389 et suiv.) et dans laquelle figurent seuls «le roi Ptolémée et la reine Cléopatre, sa sœur, dieux Evergétes».

^ Voir Letronxe, Inscriptions, t. II, p. 56 et suiv. Champollios-Figéac, Annales des Lagides, p. 182 et suivante.

* Voir Diodore, Fragment cité par Letroxne, Inscriptions, t. II, p. 55.

5 Inscriptions de Pselcis, commentée par Letronxe, Insc, t. II, p. 38. Je ne pense pas qu'on puisse admettre la correction de 35 en 45 proposée par M. Lepsivs. Cette correction serait parfaitement légitime s'il s'agissait d'un auteur copié à plusieurs reprises par des scribes maladroits. Mais les lapicides ne se trompent pas sur l'année courante qui forme la date du monument gravé pai' eux.

6 Le papyrus 80 de Berlin, non signalé par M. Lepsius, contient un contrat de l'an 37 de Ptolémée Évergète et de la reine Cléopatre, sa sœur, et de la reine Cléopatre, sa femme.

Voir le papynis de l'an 40 (rédigé à Memphis et publié dans la Eevue^ I, p. 91), le papyrus de l'an 43 {ibid., p. 130), les papyrus de l'an 44 {Nouv. C'hrest., p. 103: Ane Chrest., p. 358 et Papyrus du Louvre inédit), le papyrus de l'an 45 portant aussi le 174, 23 à Turin. Voir aussi M. Lepsius, p. 16. M. Lepsius parle également d'un papyrus de Scot que je n'ai pu voir et dont je désirerais vivement con- naître le possesseur.

8 Eugène Revillout. Association de Ptolémée Épiphane.

l'antichambre du palais '. Ce plan atroce lui réussit. La malheureuse femme désespérée n'eut plus le courage de la lutte qu'elle entreprenait surtout pour son fils, et quand elle apprit qu'Alexandre de Syrie, le protégé et la créature d'Evergète II, menaçait, aussitôt vainqueur, jusqu'à son bienfaiteur et s'apprêtait à entrer en Egypte, le patriotisme l'emporta sur toute autre considération et un accord eut lieu-.

Ceci se passa entre l'an 45 et l'an 46 ^ ; car en l'an 45 « Ptolémée et Cléopatre, sa femme » figurent seuls sur les actes de Thèbes, tandisqu'en l'an 46 les contrats portent de nouveau : «le roi Ptolémée et la reine Cléopatre, sa sœur, et la reine Cléopatre, sa femme». Ces données sont, du reste, très concordantes avec celles de l'histoire, puisque, comme le fait remarquer Champolliox-Figéac, tous ces événements ont se passer pendant le règne de Démétrius qui dm-a quatre ans et auquel succéda celui d'Antiochus Giypo, rétabli, en dépit d'Alexandre, sur le trône de Syrie, par Evergète et Cléopatre, aussitôt après leur réconciliation. Cette réconciliation se trouve donc fixée à quatre ans ou quatre ans et demi de la révolution d'Alexandrie*.

A pai-tir de ce moment '", les protocoles restent identiques jusqu'à l'an 52. Alors apparaît le nom dii dieu Philopator II'', associé au culte des souverains. C'est probablement une répa- ration tardive faite à la vieille Cléopatre qui vit enfin désigner son second fils comme héritier présomptif. Mais elle comptait sans sa fille qui eut grand soin de faire disparaître le jeune prince et se fit rédiger à elle-même, par Evergète II, un testament lui confiant la pleine direction des afifaires et le choix du futur souverain.

Nous n'avons pas à raconter ici l'usage qu'elle fit de cette pièce en jouant, pour ainsi dire, avec ses fils Soter II et Alexandre. Nous pouvons seulement constater que la vieille Cléopatre disparaît des protocoles à la mort d'Evergète II et que le culte de Philopator ne semble plus, dès lors, que commémoratif. En résumé, l'association des princes à la couronne ou leur désignation formelle comme souverains futurs n'a jamais empêché, sous les Lagides, aucune révolution, bien au contraire. La seule qui paraît avoir réussi, est celle de Philadelphe, parce que Soter cédait complètement le trône qu'il semblait seulement partager. Notons, du reste, que cette association-là était tellement fictive qu'elle continua à durer quand Soter était mort depuis 20 ans.

> Diodore de Sicile, XXXIV, 14.

2 Voir ces auteurs déjà cités par Champollion-Figéac, Annales des Lagides, t. II, p. 171 et suivantes.

3 Voir les n°' 22 a, b et 23 de M. Lepsius. J'ai publié, en entier, ces contrats dans ma Nouvelle Chrestomathie.

* Annales des Lagides, t. II, p. 176.

^ Je signalerai deux contrats de lan 50 publiés dans mon ancienne Chrestomathie, p. 85 et suiv., un contrat de l'an 51 publié dans ma Nouvelle Chrestomathie, p. 148 et deux contrats de l'an 52 (Xouv. Chrest., p. 59). Ces deux derniers contrats ont été connus de M. Lepsius qui leur donne les n"' 24 et 24 a. Le n" 25 de M. Lepsius (contrat de l'an 52 également) a été copié par moi, mais n'est pas encore publié. J'en parle plus loin, car son protocole est assez intéressant.

6 M. Lepsius (p. 14 de son ti-avail plusieurs fois cité) a bien vu que Philopator II intervenait pour la première fois dans les contrats du 3 Pachons de l'an 52 auxquels il donne les n"" 24 et 24a. Mais il voyait dans Philopator II le fils de Philométor massacré par Evergète 26 ans auparavant, et qui, nous le savons, n'était autre qu'Eupator. M. Lepsius attribue au mois suivant (Payni de l'an 52) un contrat auquel il donne le 25 et qui ne mentionne pas Philopator (par oubli, pense-t-il). Mais ce contrat, qui porte à Berlin le n" 102, paraît, au contraire, être du 10 Méchir. C'est donc entre le 10 Méchir et le 3 Pachons. c'est-à-dire dans un intervalle de moins de trois mois, que Philopator II a été associé.

Le tribunal égyptien de Thèbes.

LE TEÏBUNAL EGYPTIEN DE THÈBES.

Les textes hiéroglyphiques, hiératiques et démotiques nous montrent chez les Égyptiens plusieurs juridictions judiciaires.

Il y avait d'abord une juridiction administrative (comme chez nous celle du Conseil d'État >), pour toutes les questions relatives aux fonctionnaires, aux comptes, etc. Nous avons eu l'occasion de montrer dans la première année de la Revue (p. 60), que c'était à un conseil de ce genre que s'était adressé Amasis, contrairement à toutes les coutumes égyptiennes, pour la cause des biens ecclésiastiques réclamés par les temples aux auxiliaires qui y étaient établis. Le roi avait alors ordonné de considérer l'affaire comme purement administrative parceque les soldats grecs avaient été mis par ordre royal et les temples avaient perdu. Dans d'autres cas, lorsqu'il s'agissait par exemple d'affaires concernant la personne royale ou de complots qu'on pouvait faire rentrer dans le crime de lèse majesté, le roi désignait aussi des commissions mixtes tirées du même conseil et spécialement députées à cet effet. Il en fut aussi pour une conspiration ^ de sérail jugée '^ sous Ramsès III.

Nous re\'iendrons bientôt sur cette question.

2 Voir Papyrus judiciaire de Turin, par feu Devéeia, et la série des Mélanges égyptologiques, de M. Chabas, p. 7 et suiv. M. Chabas doune ainsi la composition de la commission instituée par le roi : « Le préposé

»du trésor I ^ c~nYir~r)| Montemto; le préposé du trésor Pefront-, le porte-chasse-mouche (^^^^ "00 ïï I Koro; le contrôleur (=D=^ 1 Pebesa: le contrôleur Katenten; le contrôleur Baarmohar; le

» contrôleur Peensennou; le contrôleur Thot va/ nefer; le lieutenant du roi (I / ^ v^£iAI Peu rs

» maou ; le scnoe de la bibliothèque ~ ~ ^. . , . .

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v\ ^ I Phra em heb ; le porte-enseigne »du corps des domestiques (^^^^10 ' MM 1 ^'''^^^^^^^'J "• ^ ^ I Hora. » J'aurai

l'occasion de revenir bientôt sur la composition du conseil ordinaire du roi comprenant siirtout l'ensemble des T I ^ ^ 1 ou compagnons royaux et, en premier lieu, les ministres qui font toujotirs figurer les deux

titres, comme Ut'a Horresntpa se vantant dêtre D "^^^l/^XT^IY "Y" (J^\ un «grand

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prince, royal ministre, l'un des compagnons (royaux) vivant pai-mi eux» (voir la Bévue, année 1880, p. 77). 3 M. Chabas fait remarquer dans les Mélanges (III, p. 8 et suiv.) que le roi, en confiant l'affaire aux membres de cette commission nommée par lui, avait eu cependant bien soin de leur recommander l'impar- tialité. « Je charge, dit-il, des criminels du pays le préposé, etc en disant les paroles qu'ont dites les

«hommes, je ne les connais pas : Allez! Jugez-les! Allant et les jugeant et faisant mourir en leurs «corps ceux qui ont donné la mort de leurs mains et je ne les connais pas! Et faisant châtier les «autres, et je ne les connais pas en réalité! Or donc, je vous dis : Ayez du cœur! Gardez-vous de faire «châtier quiconque serait prévenu de délit et sur qui cela ne tombe pas, relativement à eux! Ne résistez «pas! Quelque chose qui ait été faite, ceux qui l'ont faite, que tout ce qu'ils ont fait soit sur leur tête. » Je protège i je prends soin à toujours. Je suis avec les rois de la justice qui sont devant Amon Ra, roi «des dieux, et devant Osiris, souverain de l'Eternité!» Ce discours est magnifique, et M. Chabas a bien soin de faire remarquer (ibid. p. 4) que «cet extrême respect des Égyptiens pour la justice et pour l'indé- «pendance de ses organes était, d'ailleurs, bien caractérisée par les dispositions de cette loi citée par Plu- «tarque {apophthégmes usages des rois d'Egypte), en vertu de laquelle les rois devaient faire prêter aux «juges le serment qu'ils n'obéiraient pas si le prince leur ordonnait quelque chose d'injuste.» Le passage de Diodore que nous avons donné dans le précédent numéro de la Eevue (p. 63 et 64), et qu'analyse égale- ment M. Chabas à ce propos, confirme le dire de Plutarque puisque Diodore trouve étrange que le roi « ne puisse prendre en Egypte une décision ni punir quelqu'un, soit par passion, soit par caprice ou par toute autre raison injuste, mais qu'il soit obligé d'agir conformément aux lois pour chaque cas particulier.»

2

10 Eugène Revillodt.

Mais, en thèse générale, on laissait l'examen des causes aux tribunaux ordinaires, c'est- à-dire pour les causes correctionnelles et criminelles aux assises^ présidées par le gouverneur

' C'est le mot même dont se sert avec raison M. Chabas {Mél. III, p. 13] 133), à propos des juges chargés d'examiner l'affaire en violation de sculptures que contiennent les papyrus Abbot et Amhurst. Voici par exemple le procès-verbal de l'une des séances celle fut acquittée une partie des coupables

telle quelle est donnée d'une façon fort concordante à quelques légers détails près dans la traduction du papyrus Abbot, publiée en 1870 par M, Chabas, et dans celle qui fut publiée en 1874 par M. Maspero

(qui cependant ignorait, paraît-il, l'œuvre de son illustre devancier) :

«L'an 16, d'Athyr le 2^ jour. Ce jour-là aux grandes assises de la ville près des deux stèles d'Amon, »à l'entrée de la terrasse d'Amon à la porte de l'adoration de Rekhis.

«Magistrats qui furent siégeant aux grandes assises de la ville ce jour-là : le poliarque gouverneur »Xa-em-uas; le premier prophète d'Amon Ea, roi des dieux, Amenhotep, le prophète d'Amon Ra, roi des » dieux, le scribe Nes-su-Amen, des temples des millions d'années du roi des contrées supérieures et infé- » rieures Nefer-7ca-7-a sotep en Ra (Ramsès IX le roi régnant) ; le contrôleur royal Nassviamen, le scribe de S. M. -, »le Majordome de la demeure de la divine adoratrice d'Amon Ra, roi des dieux; le contrôleur royal Nefer » ka-em-pa-Amen, le lieutenant du roi, le général Hora de la cavalerie, le porte-enseigne Hora des marins, »le chef primat de la ville.

' « Voici que le poliarque gouverneur Xa-em-uas fit amener l'ouvrier en métaux Pa/or, fils de Xari, » l'ouvrier en métaux Djari, fils de Xa em apt, l'ouvrier en métaux Pekamen, fils de Djari, du temple d'Ou- » sor-ma-ra-meri Amen (Ramsès III) qui est sous l'autorité du premier prophète d'Amon. «Le gouverneur dit aux grands magistrats des grandes assises de la ville :

«Le primat de la ville a dit quelques paroles des agents et des ouvriers du Kher, en l'an 16, le 19 athyr, »en présence du contrôleur royal, Nassuamen, et du scribe de S. M., et il s'est donné carrière relativement »aux lieux grands (aux hypogées) qui sont dans la demeure des très bons. Alors je fus en ma qualité de «gouverneur du pays avec le contrôleur royal Nessuamen et le scribe du Pharaon. Nous avons vérifié les » lieux dont le primat de la ville avait dit : « Les ouvriers en métaux de la demeure de Ea user ma meri Amen » y sont parvenus. » Nous les trouvâmes en bon état, trouvant mensonge en tout ce qu'il avait dit. Or, voici »que les ouvriers en métaux se trouvent devant vous, déclarant tout ce qui est arrivé.

« On délibéra et il fut trouvé que ces gens ne connaissaient aucun des lieux qui sont dans la demeure » des très bons, et au sujet desquels le primat de la ville avait dit ces paroles. Il a failli en cela. Les grands » magistrats accordent donc les souffles de la vie aux ouvriers en métaux du temple d' Ousor-ma-i-a-meri »Amen qui sont dans la demeure d'Amon aux ordres du premier prophète d'Amen Ra, Amenhotep. « En ce jour-là ils ont signé au registre qui fut déposé dans les archives du gouvernement. » ne se termine pas l'affaire. On mit la main sur les vrais coupables qui, au nombre de huit, avaient violé une des tombes royales. On les soumit à la question. On fit la confrontation des lieux. Malheureusement, nous n'avons plus le compte-rendu des assises dans lesquelles ils furent condamnés. Je le regrette; car nous saurions ainsi si les condamnations ne nécessitaient pas une procédure pins minutieuse que les simples ordon- nances de non-lieu. Les magistrats qui rendirent celle que nous venons de reproduire intervenaient-ils seuls

alors ou consultait-on la grande multitude (-©o) de la ville <=i v\ ^ o c'est-à-dire suivant une

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des exphcations qui ont été données le peuple de Thébes, qui était réuni en plein vent sur la place d'Amon comme sur Yagora des villes grecques.

La nouvelle explication de M. Brugsch qu'il a donnée dans son SuppUm. au DicL, p. 1306 depuis

l'impression de cet article est un peu différente. Mais elle arrive à peu près au même. Il voit dans U-p,

SU

D cr~3 et les autres formes du même mot le nom même de la porte (copte ^yoTdwi-TOTJk.) ou du pylône

près duquel la foule se réunissait pour les jugements comme chez les juifs. De serait venue l'expression

^ poiir désigner les gens qui siégeaient à la porte de justice, c'est-à-dire l'assemblée des juges :

^aV "iy?r 73 selon l'expression juive (voir ibid., p. 1308). ^ £=> aa^wn est aussi traduit : Bas hoke

Gericht der Stadt. Ce mot prenait même l'article du féminin pour designer la justice, l'assemblée des juges.

D'une autre part le grand juge était appelé ^^^7?^^? «eô ta (voir ibid. 389 et 1036) selon ce mot d'Hor-

apollon (40, 1) i-pyiYi Se ?] oixaaTrjv ejîàv ypacpwat, xpoaTiQ^aui tw y.uvi 1 }?t^^ ) "/-aï |3aaiXi/.riv «jtoXtiv :îapaxEi[jL^vriv (o<).

M. Brugsch remarque aussi que ce grand juge était souvent stratège \ fCfZ* titre que porte le grand

juge des papyrus judiciaires publiés par MM. Birch, Chabas et Devéria. Il a donné plusieurs exemples de

Le teibunal égyptien de Thèbes. 11

rc^ ^ ^ ) ^^^ ^^^ Lagides ont remplacé par le stratège et pour les causes proprement civiles aux tribunaux hiératiques ', seuls interprètes du célèbre code en huit tomes dont nous entretient Diodore de Sicile. C'est de cette dernière juridiction que nous avons à parler en ce moment.

Ainsi que nous l'avons dit dans des travaux précédents ^ l'administration de la justice civile était surtout coutiée au tribunal des trente juges sur lequel Diodore de Sicile ^ s'ex- prime en ces tenues :

«Les Égyjrtiens apportaient un soin tout particulier aux jugements, pensant que les » décisions prises dans le tribunal ont, sous un double rapport, la plus grande importance » dans la vie sociale ; car il leur parut évident que si les criminels étaient punis et si ceux » qui avaient été opprimés étaient secourus, on pourrait aussi reprimer les crimes, mais que ■» si au contraire la terreur imprimée aux méchants par la justice pouvait être efifacée soit »par argent soit par faveur il eu résulterait le trouble de toute société. Ce n'est donc pas » sans raison qu'ils ordonnèrent de mettre à la tête de la justice les personnages les meilleurs »des plus nobles cités et qu'ils choisissaient dix juges dHéliopolis, dix juges de Thèbes et »dix juges de Memphis (les trois principaux sanctuaires de l'Egypte), ce qui formait une » assemblée non inférieure à l'Aréopage d'Athènes et au sénat de Lacédémone. Ces trente » juges réunis eu un seul collège et certes un collège excellent! devaient eux-même » choisir un grand juge, que la ville (dont il provenait), remplaçait aussitôt (parmi les trente »par nouvelle élection). Le vivre et tout le reste était fourni à ces sages par le roi, mais » beaucoup plus abondamment au grand-juge. Celui-ci portait l'image de la vérité (la déesse ■» Ma <À\ en pierres précieuses, suspendu à son cou par une chaîne d'or. La cour entrait en » délibération quand le grand-juge se revêtait de cet emblème. Alors toutes les lois, écrites » en huit livres, ayant été apportées auprès des juges, l'usage était que le plaignant montrât » par écrit ^ le sujet de sa plainte, les circonstances du déUt et l'estimation du tort fait. Le » défendeur après avoir reçu le libelle de son adversaire, répliquait également par écrit à » chaque chef d'accusatiou et montrait qu'il n'avait pas fait l'action qu'on lui reprochait ou » qu'en l'accompUssant il n'avait pas commis de faute ou du moins que s'il avait commis une » faute il méritait une moindre peine. Ensuite le plaignant répondait encore par écrit et le

ces associations de titres. Il admet, du reste, aussi comme Devéeia et comme nous, l'assimilation entre le tribunal suprême des 30 juges de Dioscore et les 4 présidés par le grand juge.

1 Aelien nous apprend, en effet {Hist., liv. 14, 34), que les juges étaient en même temps prêtres. Il parle, sans aucun doute, des juges en matière civile; car les juges qui assistaient le gouverneur pour les causes criminelles étaient pris, comme l'a fort bien fait remarquer M. Chabas, à propos du passage d' Aelien {Mél. III, 136). «non-seulement dans l'ordre sacerdotal, mais dans les finances, dans l'économat, dans l'ad- ministration, dans l'armée et même dans la marine. »

2 Voir : Un procès devant les laoci-ites.

3 Diodore, liv. I, cbap. 76. A'oir aussi le cbap. 48, Diodore décrit une scène judiciaire analogue à son exposé et qui se trouvait sur le tombeau d'Osymandias.

* Les séances judiciaires du saa-mn auditorium présidé par l'empereur, du temps des Antonins, étaient tout aussi courtes et solennelles. Les plaidoyers se résumaient en quelques mots, puis venait la réplique, l'interlocution de l'avocat du fisc et la décision impériale. Nous avons encore dans le Corpus juris les repro- ductions de quelques-unes des affaires traitées ainsi. Cela était indispensable pour que l'empereur pût juger le monde entier en dernier ressort.

2*

12 Eugène Revillout.

» défendeur répliquait de même à son tour. Quand chacune des parties avait ainsi proposé » aux juges deux libelles c'était aux trente élus à dire chacun leur avis et l'office du grand- » juge consistait à présenter l'image de la vérité à ceux qui contro versaient de la sorte.

«C'est ainsi que tous les jugements se faisaient chez les Égyptiens qui étaient d'avis » que les avocats ne font qu'obscurcir les causes par leurs discours et que l'art de l'orateur, »la magie de l'action, les larmes des accusés, entraînent souvent à fermer les yeux sur la y> loi et la vérité. En effet, il n'est pas rare de voir les magistrats les plus exercés se laisser » séduire par la puissance d'une parole trompeuse. Aussi croyaient-ils pouvoir mieux juger » une cause en la faisant mettre par écrit et en la dépouillant des charmes de la parole. De » cette manière les esprits prompts n'ont aucun avantage sur ceux qui ont la parole plus » lente, les expérimentés ne l'emportent pas sur les ignorants ni les menteurs et les effrontés » sur ceux qui aiment la vérité. Tous jouissent de droits égaux ; car un temps suffisant est » accordé par la loi aux adversaires pour exposer ce qu'ils ont à dire l'un contre l'autre et » aux juges pour comparer et juger leurs dires contradictoires. »

Diodore de Sicile est, somme toute, comme je l'ai dit ', d'une grande exactitude dans cette description comme, du reste, dans tout ce qui concerne les lois égyptiennes, dont il avait fait une étude approfondie; nos conti-ats démotiques nous ont souvent démontré ce fait avec une évidence incontestable. Mais en ce qui touche ce tribunal suprême des trente juges nous, avons des renseignements d'une antiquité beaucoup plus grande encore. Les trente suteni il 0 0 H ou I n ou I ou encore 11) sont en effet mentionnés dans

\ T /\f\AJ\/V\ lin T A/'A/WV n I AA/^AAA III Ci I /

une foule énorme de documents hiéroglyphiques de toute époque, Nous voyons même par la stèle B 26 du Louvre que dès la douzième dynastie ce tribunal existait et comptait, outre les ti-ente conseillers officiels, un certain nombre de magistrats inférieurs. Car cette stèle mentionne un setem ou auditeur de la demeure des trente qu'on pourrait comparer à nos auditeurs au conseil d'état et aux anciens conseillers auditeurs des cours royales sous la restau- ration. La stèle E 3294 nomme aussi un chef des trente suten 1 ^^ 4 i ) ou plus exacte- ment des trois dixaines de royaux comme traduit Devéria et le monument portant dans notre collection le n" A 60 ^ représentait en pieds un autre président de ce même conseil

' Chrestomathîe démotique, V^ fasc. p. CXXII. 2 Voici la principale des inscriptions du socle

1 I lil ®è^ li|!nnn11 ^'

«Le grand prince, royal ministre, aimé de son maître, choisi par le roi dans le sanctuaire de Ptah »(nom sacré du sanctuaire Memphite) à cause de sa vertu; (étant) dans le cœur de son dieu-, le régulateur

> de la justice dans le conseil des trente, dont toutes les paroles sont équité (même racine que 1 /K Q^" »en est la forme intensive), dont toute la fortune (vices ejusj est dans les bonnes œuvres (l'œuvre lumi- »neuse honorable.)»

« Le sam, chef de V œuvre (grand prêtre de Memphis) Ptahméri dit : Si il y a honneur à faire la vérité, » je serai honoré, je suivrai Oun nofre (l'Être bon Osiris). J'ai fait les transformations divines dans ...»

Le tribunal égyptien de Thèbes. 13

sous la dix-huitième dynastie. Ce haut personnage est appelé grand prince royal ministre (sans doute ministre de la justice; car nous avons vu ceux qui portaient ce titre chargés des départements les plus différents) ; et l'inscription ajoute expressément qu'il était parti- culièrement aimé de son souverain qui l'avait choisi à cause de sa vertu dans le temple de Ptah (c'est-à-dire dans le grand temple de Memphis), dont il devint sam ou pontife suprême. C'est de qu'il fut envoyé comme député de Memphis au tribunal des trente dont il devint le président; car notre texte lui donne le titre de régulateur de la justice dans le conseil des trente. Ptahméri, notre grand juge, est représenté aveô une longue robe d'étoffe rayée, tombant jusqu'aux pieds et recouverte d'une peau de panthère, insigne ordinaire des pontifes de Ptah. Ses pieds sont chaussés de riches sandales à larges brides et munies de grosses boucles en métal. Mais la statue étant brisée à partir de la ceinture, nous ne pouvons voir s'il portait, comme Diodore l'affirme pour le grand-juge, une figurine en pierres précieuses de la déesse Vérité. Nous possédons au Louvre (Devéria l'a déjà remarqué dans son étude sur le papyrus judiciaire de Turin, p. 84) des figurines de ce genre de la déesse Ma (la vérité ou la justice personnifiée), qui sont sculptées sur lapis lazuli avec une admirable finesse, ainsi qu'un cercueil de momie, portant au cou cette même image. L'affirmation de Diodore de Sicile paraît donc très probable.

Nous ne mentionnerons pas ici les autres monuments innombrables dans lesquels il est question des trente juges; et nous nous bornerons à faire remarquer que leur prestige devait être grand, puisque, choisis par l'élection, ils devaient ensuite de par la loi rester en dehors de toute situation pouvant influer sur leur impartialité '. Mais on conçoit que ces magistrats quelque admirables, zélés et expéditifs qu'ils pussent être ne pouvaient à eux seuls juger toutes les causes de l'Egypte et jusqu'aux affaires les plus infimes. Il fallait donc nécessairement qu'en dehors de cette cour suprême si honorée il y eut d'autres tribu- naux d'un ordre inférieur dans la plupart des villes importantes. C'est ce que nous prouvent en effet les textes, particuUèrement pour la ville de Thèbes. Uu curieux papyrus qu'a fait connaître M. Erman^ nous apprend même la composition de ce tribunal sous les Ramessides pour une cause purement civile et il vient confirmer le dire d'Aelien, cité plus haut sur l'origine sacerdotale de tous les juges ordinaires de l'Egypte.

Comme dans la cour suprême des trente juges, choisis, selon Diodore, dans les sanc- tuaires de Thèbes, Memphis et Héliopolis, ce tribunal civil d'ordre inférieur, séant à Thèbes,

Malheureusement, la suite est sans cesse interrompue par les lacunes. Ptahméri parle ensuite des biens et offrandes funéraires qui lui seront accordées, et il dit qu'il accompagnera le soleil dans son voyage vers

l'hémisphère inférieur et qu'il ne sera pas retardé dans sa navigation vers le neteryet- ... ' r] .^a^ (j

^ A . . . ^iz^i }^ ^n^ '^'^w.A ^ n . . .

On peut comparer cette légende avec cette autre d'une palette du Musée du Louvre citée par Brugsch- Pacha, p. 392 de son Supplément (paru depuis l'impression de cet article : D . ^^ p loAJi /i\cn

o^Sj vÇ^T^yfPki^lMrM^)-

«Le grand prince agent du roi d'Egypte pour ses jugements, grand juge de la porte, poliarque, grand » chef de l'œuvre et sam (grand prêtre de Memphis) Ptahmès, proférant la vérité dans la maison du roi. » Ptahmès était comme Ptahméri grand prêtre de Memphis et président du tribunal des 30 juges. * On peut cependant douter qu'il en ait été toujours ainsi. 2 Zeitschrift de Berlin.

14 Eugène Revillout.

est exclusivement composé de prêtres; car il lui fallait rendre la justice non pas d'après les simples principes d'équité naturelle comme dans les questions de faits entachés de crimi- nalité et soumis aux assises, mais d'après les termes mêmes des huit tomes de la loi écrite qui fixait seule les questions de famille et de propriété et formait le domaine exclusif des castes sacerdotales ^ Dans l'espèce il s'agissait alors d'un champ cédé à un temple par le scribe Nofre ahu qui s'en était réservé l'usufruit. Cet usufruit dont il ne s'était pas ser\i pendant un certain temps lui avait été refusé quand ensuite il l'avait exigé et le tribunal avait à décider l'affaire. Hâtons-nous de constater en passant que la procédure alors suivie rentre admirablement dans les règles générales posées par Diodore. Comme devant les trente juges, on ne voit figurer aucun avocat. Les parties sont interrogées successivement; le demandeur d'abord puis le défendeur. Seulement le tribunal étant sans doute moins occupé que la cour, il leur est permis de s'exprimer de vive voix au lieu de se borner à de simples notes toujours plus brèves. Enfin (après la faculté d'une double réplique), les juges se prononcent et dans l'affaire pubhée par M, Erman, ils ne font guère que confirmer une transaction en justice arrachée aux parties par la force de la vérité. Bien qu'il eut à plaider avec un prêtre devant un tribunal sacerdotal, Nofre abu eut gain de cause, ce qui est une preuve évidente de l'impartialité des juges. Voici maintenant la composition de ce tribunal telle qu'elle est donnée dans le procès verbal de la séance :

«L'an 46, le 14 de Paophi, sous sa Majesté le roi, seigneur des deux pays, Ra user » ma sotep en ra, fils du soleil, seigneur des diadèmes, Ramessu meri ameyi hek An (Ramsès . . .) » aimé d'Amon ra le roi des dieux, doué de vie éternellement. En ce jour. Fait dans »la grande salle du tribunal de Pharaon dans la ville du Sud Thèbes), près du pylône » Heri-her ma (satisfait par la vérité) à la grande porte de Ramsès II, eu face d'Amon.

« Magistrats de ce jour

«Le premier prophète d'Amon Bok n /onsu

« Le prophète d'Amon User mentu

«Le prophète d'Amon Rama

«Le prophète Oun nofre du temple de Maut

« Le prophète Amen mau du temple de Chons

«Le père divin Amen em apt du temple d'Amon

«Le prêtre Xerheb d'Amon Amenhotep

«Le prêtre Xerheb d'Amon Ani

«Le prêtre Hui du temple d'Amon

«Le scribe des comptes Hui du tribunal de la ville

« Le scribe Nofre abu se plaint, etc. »

Tous les juges mentionnés ci-dessus font partie du sacré collège des prêtres d'Amon. Or justement un contrat démotique que nous avons copié l'an passé à Londres, nous montre qu'il en fut de même pour un procès également civil dans lequel on ne voit mettre en cause aucun prêtre comme on pourrait le dire pour celui de Nofre abu. C'est donc bien Aelien qui a définitivement raison.

* Nous reviendrons sur ce sujet.

Le tribunal égyptien de Thèbes. 15

Voici l'acte en question :

«L'an 17, durci Ptolémée, fils de Ptolémée et d'Arsinoë, les dieux frères, Mennas, fils » de Menetios étant prêtre d'Alexandre, des dieux frères et des dieux évergètes. Bérénice, » fille d'Adaeos étant canéphore devant Arsinoë philadelphe.

«Le taricheute de la nécropole de Djème Nofre .... fils d'Amenhotep dont la mère »est Tset Thot dit à la femme

«J'ai fait transaction avec toi devant les juges des prêtres d'Amon au sujet de ton «appartement oriental et des pavillons qui en dépendent et de la moitié du jardin et de la » moitié de la *\iA. Que tu montes par l'escalier à la partie supérieure de tes lieux indiqués » ci-dessus. Que tu puisses bâtir sur les murs de la maison nommée, qui est dans le quartier »nord de Thèbes dans le Rotem de et dont est à

«Les voisins de la maison entière sont : au sud la maison de de Silo et la

» maison close et couverte de Thot ne-/t (?), au nord le terrain vide (o^peç^) des charpentiers, »à l'orient la maison de Troian, le feimier qui est pour Thot son .... ; à l'occident la

» maison de Sotem qui est pour Sesou l'homme de tels sont les voisins de toute la

«maison bâtie, couverte, ci-dessus dont tu as la moitié, ainsi que la moitié du pavillon, la » moitié du jardin et la moitié de la *Ai\ qui en fait partie. Que tu montes par l'escalier »au dessus de tes lieux ci-dessus. Que tu puisses construire sur les murs de la maison » nommée. Que tu sortes dehors par la porte qui est au milieu de la maison nommée sur la »rue du roi. Les juges ont donné acte de ces choses à ma charge. A toi ton appartement » oriental et le pavillon qui en dépend, etc. Je n'ai plus aucune parole au monde à te faire »à ce sujet depuis le jour ci-dessus. Celui qui viendra t'inquiéter pour cela je le ferai » s'éloigner de toi de force, sans délai. Je t'obligerai un droit résultant de l'écrit de cession »que tu m'as fait sur les pavillons situés sur la montagne de Djème en l'an 17 du roi à »vie éternelle pour que tu en accomphsses le droit en tout temps. Moi, je te céderai tes » lieux ci-dessus sans aucune opposition. A écrit Chons Thot, fils de Hor. »

Nous retrouvons des formules juridiques très analogues dans un autre acte que nous pubUons et commentons (p. 135 et suiv.) dans notre Procès d.'Hermias, autographié depuis un an et demi jusqu'à la 18® feuille (environ moitié de l'ouvrage), mais qui n'a pas encore paru. H nous paraît utile de rapprocher cet acte de Berlin de l'acte de Londres.

«L'an 29, Pharmouthi 12, du roi Ptolémée Évergète, fils de Ptolémée et de la reine » Cléopatre, et de Cléopatre sa femme, sous le prêtre d'Alexandre et des dieux sauveurs et »des dieux frères, des dieux évergètes, des dieux philopators, des dieux épiphanes, du dieu

»philométor, du dieu eupator, du dieu et sous l'athlophore de Bérénice Evergète,

»et la canéphore devant Arsinoë philadelphe et la prêtresse d' Arsinoë philopatre, comme ils » sont établis à Alexandrie ; et sous celui que le roi a établi dans la région de Thèbes, » prêtre de Ptolémée Soter, et sous le prêtre du roi Ptolémée, le dieu évergète, et sous le » prêtre de Ptolémée philopator et sous le prêtre de Ptolémée, le dieu Épiphane, euchariste, »et sous le prêtre du roi Ptolémée, et sous la prêtresse de Cléopatre la mère, la déesse épi- »phane, et sous la canéphore devant Arsinoë philadelphe,

' Il y a maintenant trois ans et demi de cela. Le premier a été distribué à l'Académie.

16 Eugène Revillout. Le tribunal égyptien de Thèbes.

«Ont dit, d'une seule bouche : le pastophore d'Amon Api, de l'occident de Thèbes, »Pecliytes, fils d'Hor-si-ési dont la mère est (Tinoun) et Nechutès, fils d'Asos, dont la mère » est Taia, et Téepbib, fils d'Amenhotep, dont la mère est Tahba, en tout trois personnes » au pastophore d'Amon Api, de l'occident de Thèbes, Hor, fils d'Hor, dont la mère est » Senpoer :

« Nous avons fait transaction avec toi devant les juges qui font justice à Thèbes ', » au sujet de la part du septième de l'o^peç^ de maison (v\riA.oTonoc) qui est dans le canton »sud de Thèbes, à l'ouest du dromos de Chons-em-uas-Nofre-hotep en face du fleuve, oirpcç^ » de maison dont l'étendue totale est de 14 aroures et un tiers, en jhet 1433 et un tiers, en » aroures 14 et un tiers encore. Les voisins en sont : au sud la maison de Petichons, le «chanteur, et la maison de Celendja, et la maison de Psemin, fils d'Ereius, au nord la » maison de Pahor, fils de Panofre, qui pour Tachelou, sa fille, et la maison de Psechons le » charpentier, maisons qui sont séparées de la propriété par la ruelle de maison ; à l'orient »la rue du roi; à l'occident le canal de Tmoui Amen que l'on appelle Tamaut. Tels sont » les voisins de tout l'o-rpeç^ de maison, dont Amenhotep, fils d'Amenhotep, Montemhat, fils » d'Ereius et Amenhotep, fils de Téephib, (ce qui fait trois personnes), possèdent les autres » tiers 15® et 35*^ (en d'autres termes : les trois autres septièmes), par part du septième pour » chacun et dont nous possédons aussi le tiers, le 15® et le 35® (les trois septièmes), par » part du septième à chacun, y compris la superficie d'une aroure, eu jhet 100^ une aroure yiterum, au sujet de laquelle on a fait un écrit pour argent (un acte de vente), au nom » d'Amenhotep fils de Téephib, et qui compte dans sa part du septième.

«Les juges (f) ont donné acte à notre charge pour la part du septième de l'oTpeç de » maison ci-dessus et les choses qui en dépendent. Nous n'avons plus aucune réclamation à »te faire à ce sujet. Celui qui viendra t'inquiéter pour cela en notre nom, nous l'éloignerons »de toi sans délai, sans opposition. A écrit Hor, fils de Pabi, qui écrit au nom des prêtres »des cinq classes di!Amon ra, roi des dieux, et des dieux frères, des dieux évergètes, des » dieux philopators, des dieux épiphanes, du dieu philométor, du dieu philopator, des dieux » évergètes. »

Nous allons maintenant indiquer ce que ces deux actes nous suggèrent de plus important sur les tribunaux grecs et égyptiens sous les Lagides, les questions de législation et de pro- cédures appartenant à chaque forme judiciaire et enfin sur les transactions et les partages en justice faits à la mode égyptienne.

(La suite prochainement.)

Récits de Dioscore. 17

EÉCITS DE DIOSCOEE

EXILÉ A GANGRES

SUR LE CONCILE DE CHALCÉDOINE.

Second récit.

Arrivée à Constantinople. Conférence doctrinale tenue devant V empereur.

Expulsion de Macaire.

(Suite 1.)

Le lieu de réuiiiou des évêques était, comme lors du concile d'Ephèse et du conciliabule, près de l'empereur, à Constantinople. C'est de ce côté qu'on se dirigea d'abord'^.

L'empereur voulait tenter d'apaiser les esprits et d'éviter un concile proprement dit, en faisant souscrire à tous les prélats la lettre de S* Léon. C'était le conseil que le pape lui-même lui avait donné; car il craignait la réunion d'un synode dans cet Orient Dioscore jouissait depuis plusieurs années d'une puissance presque absolue. Il était à craindre, en effet, que les évêques, qui avaient souscrit en masse au conciliabule d'Ephèse, refusassent de revenir publiquement sur leur décision. Le mieux était de les amener seulement en parti- culier, à consentir à la définition si admirablement orthodoxe de S* Léon, et même, s'il était possible, d'y faire souscrire Dioscore en personne. C'est pour cela que l'empereur, se débar- rassant de l'entourage du prélat égyptien, avait mandé l'archevêque seul. S'il se soumettait, tout était bien. Si non, on tenterait les chances d'une lutte : et Marcien, au besoin, déposerait et exilerait Dioscore.

Remarquons que cette coutume de conférences tenues en présence du souverain, et précédant les conciles généraux, était, depuis le temps de Constantin, tout-à-fait traditionnelle dans l'empire romain. S* Athanase et S' Cyrille avaient été obligés de s'y soumettre et on les avait d'abord confrontés ainsi avec leurs adversaires. Dans un autre travail nous verrous encore le même fait se produire du temps de Justinien avant la réunion du cinquième concile général. Nous possédons encore en grec dans la grande collection des conciles les actes de la conférence tenue alors par l'empereur avec les sévériens, et, en copte, ceux d'une assemblée du même genre à laquelle assistaient les égyptiens jacobites. Le document que nous rappor- tons a ceci de très précieux que, seul, il nous renseigne sur la conférence qu'avait présidée Marcien, et dont le peu de succès nécessita complètement la tenue du concile de Chalcédoine.

Dioscore poursuit donc en ces termes :

TOI ç^iûjTq. ôwCjepoTVû) n;x.e iieTpoc ni2s.i&.Ka)n nciïc-ivq nd>.q ace dkÊfiôw >\.ek.K<vpi e>.pi'^opin n^e^n^ûcoc €u*TawiHOVT 2ce n^HÀ £epA.n&.nTdwn enois^po. ncoce iiijkVA.Re>.pioc newq ace ii&.u|Hpi hçht Muoirpo ^e^j*. cçoxe He^içûcûC exTOi ç^itor wo^^his. tiRtofe hcott. neiwç;^- epoi uowuiHpi ace eue OTconTHi ttCA.nH.e-

1 Voir Eevue 1880, p. 187, 1881, p. 21.

2 Chalcédoine est, du reste, très près de Constantinople.

18 Eugène Revillout.

^ficoc eTA.ek.AV. cçotc ma.! ne..in&.THiTOT ç^iûjt nTe».cpf^opin çwq n^ei^nçficoc enen.nc-y ci^hA ecpis.TAdknTdwn cnoirpo ix3(;c. niciOTp r^e^p ncM. nI^^!kTpIRIOC evoç^i cpe^TOT cnOTpo tiTe TiôkiHOCAv.oc otoç^ ujô^ttihc eepr\>opin nç^jvnoÊtoc ene^ncir ace nTOTVoirfonç^ eÊoÀ ciroi nc«>,ie ci^otê hh gtoç^i epekTOT THpoir.

(sic)

t5>eki 0(0 ne n«kpH-\" ciihc mavoi ei&pe^ eTc^iy^H" ecpCkSi «eAv. Tes». (^eA.onH ujd^'^'^e nni nTii>.TOJA.T eJiH eTA. Tôk\|jT-!r;xi" JA.enpiTOTj" exe KoCknnKC ni6d>.nTicTHC ne ncM. eAiceoc ninpoii^HTHC. ne>.i cs^e. eqastojAVMWOTT «.lepujc^Hpi CDcen neqc«.2ti eTÇoAac. oiroç^ Avenenc*. ne^i e^TO'iTen eSOTH uj«k noTpo OTO«j^ dkTepRtoAin nA.ÊÛ«>. AV.AKevpi eujTejA.Çûi'X eSOTii encirnea^pion neAVd^n ncste niceAcnTia^pioc. oiroç^ ô.q2ca) A\.Tiô.ic<s.ati Avninô^T eTejA.AVdwT cCiactOAVAVoc ace ninoç^ exoi nr^ npo Av.ndkqctoA.n n^wAejyv.. Rôkti icasLfe Av.neTen^An eSo^n «kA.Ae>. ic r^ Sen TA.ei\e^p;)(^iew ôkTi eSOTti eoTonTWOTj' MixiTôkOcpo uTe nindkÇ;^' eçoxe enicnonoc niÊen otoç^ ceoi neA\.Tiipoc eAV&.u|a>. eknon a».e eT«wi3toiru}T MTXin&.u" eni*eA.A.o eqoveç^ nc(oi evicp eAvf^pH'^- icacen eTeiwT;)(^ek neiwÀei>.c ç^ipen mpo j«.ek.AAon a^e Tôwe^^e. n'^-nOT èkiHOTi^ eswineswT eOTrnoTA.pioc eqoç^i ep&.Tq. neas-Hi n&.q ace ^pi'^ow^ôwnH dwniOTi j«.nawieTiic- Honoc rtHi cSOTr«. epc ndwacwAV. itTOTq. otoç^ n&.ipn-^ ekTr^A.q càOTPrt. eTivqccoTeAv a^e eniaccOTd». eTOTr2ca>jA.AVûiOTJ" nate ni^epeTinoc dwcpekrte^q eu}eu| no^po otoç^ eepdk«dk«eA\.e>.Ti5irt JA.jrt.oq, èkAA.d». Av.neq3ccjA. pfa)jA.i eep€pjA.HtieTjn riA^q enia^H ne^pe c^jrt.OTr ^oA.2c nroTq ne jrt.c^pH'^' HOTptojrt.1 eT^w^ejA XM.oq eoTTô^piCTOH le OTM.dwnu}eA.eT. ne^q^co i5&.p AVJrt.oc ne Sen ncq^KT ote ekqu}dwnjw.OT eacen jnnev.ç;^ htc nujnpi m^-\" OTrAv.eTA\.ô.pT-rpoc Te.

«Quand nous parvînmes au rivage, le saint abbé Macaire était revêtu de vêtements » sordides. Le diacre Pien-e lui dit : Abbé Macaire, mets des vêtements convenables. Nous » allons près de l'empereur.

«Macaire répondit : Le cœur l'empereur est bien des fois plus vil que les vête- »ments dont tu me vois couvert. Crois-moi, mon fils, si j'en avais de pires que ceux-là, je » les aurais mis, afin de mériter un jour d'être revêtu splendidement quand j'irai vers le vrai »roi, le Christ.

«Les eunuques et les patrices qui se tiennent autour du roi de ce monde s'empressent » de se couvrir de beaux vêtements, afin de paraître plus magnifiques que tous ceux qui les » entourent. Moi aussi, de même, je m'empresse de garder immaculée ma tunique ce » haillon afin d'arriver à m'approcher de ceux que mon cœur aime de Jean Baptiste »et du prophète Elisée.

«J'écoutais ces choses, admirant la douceur de ses paroles.

« Après cela, les silentiaii*es nous amenèrent près de l'empereur et ils voulaient empêcher » Macaire de pénétrer dans l'assemblée. Il leur dit : La corde à trois brins ne se rompt pas »vite. Quand bien même vous m'empêcheriez de pénétrer, il y en a trois de ma province »qui sont entrés et qui possèdent l'orthodoxie de la foi plus que tous les évêques et sont »très savants.

«A cet instant je regardai le vieillard qui était derrière moi. J'étais comme si j'avais «laissé derrière la porte ma langue ou plutôt encore ma tête. Je me retournai alors, je vis »un garde note (noTd^pioc) debout et je lui dis : Ayez la bonté de faire entrer cet évêque »près de moi. Il a entre ses mains mes papiers. Et ainsi on le laissa pénétrer.

. «Quand il entendit les blasphèmes que prononçaient les hérétiques, il lui plut d'insulter » l'empereur et de l'anathématiser. Mais il ne trouva personne pour lui servir d'interprète.

Récits de Dioscoee. 19

»La mort, en effet, lui semblait douce comme un banquet ou une noce, et il s'était dit dans »son cœur : Si je meurs pour la foi du fils de Dieu, ce serait mi mart^Tc!»

Enfin venait le moment solennel, l'entrevue avec la plupart des Métropolitains, l'empe- reur et la cour entière. Dioscore était en entrant, comme nous l'avons vu, tout troublé. Mais il sentit bientôt qu'il fallait appeler à lui toute son énergie et essayer de vaincre. D'ailleurs l'ardem- du terrible Macaire qui avait toujours été nous aurons occasion de le dire aussi dur pour les autres que pour lui-même, était pour lui servir d'exemple. Dioscore eut honte de sa faiblesse. Le tragique héros d'Ephèse ne devait pas avoir peur. Il reprit donc son rôle de sévère enthousiasme et se présenta hardiment au combat.

Le patriarche continue son récit :

e*o-yn A.n^€MCi otoo^ ne^T^H A^M^ekT ne iiate j*.&.2ij*.oc r^e^ ek.nTio^iô>.^ neA\. 10-yÊenA.A.ioc '4>a. iAh.w. nt.M. «v.rtek.ToA.ioc -^ôk RajcTeknTino-vnoA.ic ncA*. CT£',\>dwiioc '^&. e(|>ecoc ncj*. «^noK Sa. nieA.A.^xicTOc •^lOCKOpoc tiÊA*. nOTpo nej*. -^-ujotujt enTA.O"ve necp&n noA.;)(^£piôk. A.n«k jM.ek.Hewpioc a^^c û».qi eiorn ne>t ncqcon. ninOTTion e<-^oç.M.ci CA.A^.cnçe nieniCROnoc Mne^pôkAiô^-. ôkA.A.eik nn eTcnscw avmooot ncA*. nOTpo cecwTc.M. eptoOT. nc2£.e nOTpo ace A\.ek«a>u} tievn enine^o;^ nTCTenuje ntoTen enexcn- TOuoc. ewiepOTtii eics.uj.WM.oc n&.*4 ace •^iia.o;^- nnenio-^ ujikTnoT iiTenoTdkOtj Re^Te^poq^ k2cûjmm.oc ace oeknop«^oa».050C e^n ne nenic-\- eTe^-y^ek. ninewO;\- ne^n e^pHi exe: owA.e5eknai.p0c. ncjw.: «k-&A.nA.- cioc. nej*.: «^eo'v^TAAoc. ne^.: KTpiA.A.oc. ncjw. lO-rAioc '^ekptoMH. nej«.: inoRenrioc. ncM: ReA.ecTinoc.

(»ic)

nevi a».e THpoT eTe^iDcOTOT eiOTtouj CTevOO no-rc&.2ci 5en ptoq ace eujcon qa"! j*.m.(ùOt le qn&.c<oTeA\. enoTpd>.n ic otr OTn ne*4nev.o;\- coTTton. e^-^epOTto nace (T)A.i,T)ieknoc* eekqcA.aci nvyopn eno-rpo

' Une erreur du copiste a échangé les noms des métropolitains dAntioche et d'Ephése. Le texte porte ici j«.&. pReWoc '^&. e-^ecoc et plus loin CTe?^&.noc î5>&. è>.nTio;x;iô.. Or c'était à Eplièse qu'Etienne était évéque et d'aUleurs c'était à Tévêque dAntioche qu'appartenait la prééminence, selon les Égyptiens ^après les évêques de Eome et d'Alexandrie) et non à celui d'Ephése qui venait en dernier lieu. C'est peut-être par haine contre les nestoriens de Syrie que cet échange a été fait dans la copie. Mais il faut restituer avec certitude : .^^.a. ^i-"*- oc '^û^ e^nxio;^!*. et plus loin CTe'.5>&.noc t^a. e-^ccoc.

î Le texte porte ici nekpA.ji*.ie«>.

3 Nous voyons dans les actes du conciliabule d'Ephése que c'était la thèse favorite de Dioscore (comme précédemment de S^ Cyrille) : Après le concile de Nicée, toute définition nouvelle de foi était selon liù inurile et interdite. Les conciles n'avaient autre chose à faire que de frapper ceux qui s'écartaient des définitions de Nicée.

* Le texte donne ici la ieçon (5)\&.Éiô.noc (tandis qu'il écrit plus loin r5>^«>^'5'i«>^noc, comme les actes conciliaires et les pièces officielles contemporaines, le nom de l'ancien évéque de Constantinople, déjà mort et remplacé, d'après lui-même, par Anatolius, expressément nommé), et il ne fait pas figurer ce ç^^^^^^'^^'^oc parmi les principaux évêques. indiqués comme présents à la séance. Il est certain, en eôet, d'après notre document même qu'il ne s'agit pas de St FlaWen. mais d'un magistrat laïque, comme ceux que nous voyons siéger au concile de Chalcédoine et diriger les débats. Justement le principal de ceux qui figurent dans les actes est Tik.TiA.noc. préfet de la ville, chargé en cette qualité de l'instruction et de la poursuite des affaires litigieuses. Je crois donc qu'il faut corriger ((^A,)&.(û)ièknoc en (T)ek(T)ieknoc, bien que le nom de Flave, alors porté par les empereurs, ait été très fréquent. Notons du reste que le discours de Dioscore semble avoir été rédigé après coup, daprés d'anciennes notes par Pierre Mouge, l'un des secrétaires de Dioscore qui plus tard lui succéda. Ce Pien-e Mouge, dont nous publierons encore une des œuvres, ne paraît pas très consciencieux. Il ne serait pas impossible qu'il se soit lui-même peut-être volontaû-ement trompé sur le nom propre, afin de laisser les simples croire à l'ingérence du condamné d'Ephèse, St Flavien, dans cette aô'aire, alors que pour les gens instruits il donnait un récit très véridique, à trois lettres prés. Nous savons par les historiens ecclésiastiques et par la suite de notre document que les Monophysistes avaient également répandu le bruit de la convocation de Nestorius. l'ancien adversaire de S^ Cyrille, au concile de Chalcédoine, (dans lequel il se serait du reste rencontré avec plusieurs de ses anciens amis, Ibas, Théodoret, etc.)

3*

20 Eugène Revillout.

ixeace^q hhi ace, a^iocKOpoc çoi cpOR. niik.p5(^eoc ôwTCini. ÇHnnc ic oe^nûcpi e^-rujtoiii ère &noti ne, OTTOç^ dwicpoiTûj neacHi nev.q ace icacc nn ^Tt,. nenio-^- ce^JiKTOT n<s.n ^cn niCTUocvoc nd>.i TÊTeit- ujopujep M.M.()iOts- le OTHOim '^epcrniCTeiknin A^.AvOI jA.nekp&.û«^THC. A.qs'ajpcj.v cnOTpo noe.e. {T)i<{'r)\is.noc C'&peqûiui JA.TITOMOC nA.ea)n. otoç^ et a. noirpo cpRcA.eiritv e-e-pOTaci Av.ni2e.a>M.. d^iepoTCi) iiessLHi :^e OT ne (^A,i cTCRini MMoq exeitM.H'^-. nToq :^c ncatc^q ace '^'cniCToA.H nre Aetatt ninivTpiCwp3(^Hc. OTOç^ eiwi(û'\i ^niactùAV nTOTq jA.ninoT&.pioc d>.ic&.Tq cûoç^ otoç^ neacni n&.q ace Avnepini ek.n c-ô^ja.h'^ nniaceo-yA. utc t\)H eTCMA\.ekT. M.AV.on '\-n&.5(;<o n'^-noA.ic THpc jitc "^-.weTOTpo Se^ ni«ki:^opicJrt.oc nTCk^e nHï. ey.C£poirto nacc '\'OTp<o noA.;xi^P*'^ neace^c uni ace ott ne ^i^i nTevuepTOÀjAôwn ee^iq. Re^cwp T«kM.ek-y Tevoivo e^pm nnecr ««.ciç^ht jw.neKpH'^- ees.cepe2û>pi5in jA.j«.oq uje^. TeqjA.OT àen '^^egtopic- Tieiw ère ico&.nnHC ne nie^patHeniCRonoc Jire T&.inoA.ic. m.h M.M.on "^-egOTCiek jA.jA.àw'v -^no-y ccpcgcopi^in MAVOR j.v.ç^pH'^ M.c^H eTejA.A\.èw-y. OTOÇ^ neacHi neikC ace otoç^ exe^ i^'^- uje^ipi exeM^AVivir it&.ujnpH"^'. avh jA.nc oircirpig I eûoA.Sert necM.&n^eAi.ci nTccT&.o-rc qetiT eÊoA. eÊHA.a£.e &.cu)e nek.c cpek^TOT nniRevc nxe (^n e«^oivew6 i(o&.nnKC Av.jA.on ne^p .... qenT nôkA.o^A.eq jA.necctoMek. THptj. av.h xeep^o-^- ^n eTe^pena-TV cnn Tnpoip eTdkTTujtoni nTCMekir. ottoç^ ç^h exe OTrevujq &.piTq nn! çto. nAnn ic:x.e neTdw re- M.is.TS' ep neT^tooir JA.niek.fioc icoe^nnnc cCkCepegûipi^in jA.jAoq jsvne çtofi ene^neq u}(oni uj^v-^no-r. nAnn A\.ekTekAv.oi e<^no£ii AV.neiknd>.^'\". Av.nepep ncTÇûioir av.'^'^' la no-ypo ç^^cwi exepe neRniqi àen necjatiat- «wnOR x^dkp dwiiOR nujnpi noe^npoiAvi nop^^oai^ogoc nacû^pi. cek^(OR efioA. a\.avoi to AewiROC. Avnepç^i ewacni eniAV.&. CTe t^)'^' ^^h AV.Aioq UTeRÇCi n5(;a>AeA\.. n-^-ncwUiini «vii eact^io av.a\.or RA.n &.Triyei,.n*o«^ûeT eacen nine^ç^ '^ndi.ujini ncew ne^Tc^e niAV.& exe ny^c m.m.o^. e>.qepo-r<o nate «ecas-topiTOC^. neacd^q ace &.non Ais. ni5(^pHCTieknoc rniA.^*^ rcwTôw neneitoT A.e<on. qacto ce^p avavoc ace uje^pe "^Afce«no-B"^ c^copac eûoA. no-ycHOT nTeqSici otoç^ nTequ}eneAVR<ikÇ^ Avencncwc tvTe Te^Ave^no-y-^ avoç^ A\.ne'4Cco.w.ek nveqipi ntiiacOAV THpOT. d>.nOR a>.e «^lepoiraj neacni nivq ace nevitoT evnOR RirpiA-Aoc qaccuAVAvoc ace Av.t^pn'^ Av.niÊenini euytân nTOTenTq eûo?V.Sen ni;)(;p<0AV. eq^oci nTOTVO^io-yi eactoq A^nie^n^np ace A\.n«wpe ni;}^p<ùA\. epfiA.o>.nTin nçA.i ^iTen niacino^iOTri eactoq A\.nidkn©^Hp r^^ô-i ne Av.'^pH'^' ti«^A\.e^no-y^ Av.n^c ncA\. TeqA^e^^ptoAvi eeepROintonin eniSici eTc^quionOT neAV. nivy«\)Hpi eircon Sen OTTAve^OTs-dwi ne^T- ç\)opac. II&.I ci^e eTdkiacOTOT &.ti"t<oot5'ii nace ni«wp3(^HeniCROnoc neA\. nieniCRonoc ncA\. ncwacn n'XC-yT'RA.HTOC Tnpc eiraju} eèoA. evacû)AVAv.oc ace &.ÀH«^toc c^ne^ç;^ n;^iocRopoc c^^nAneq' otoç^ AV.Av.on çAi nd^acni nSHTq. OT^poq ne t^iidkÇ;^' AV.^A.e>.'yidknoc-. ey.!\on nn«kç;\' Av.c5)pH"^ AV.neiiitoT i^ioc- Ropoc. e^nOR :^e «^iriav. eptoois" nTe^aciac ace 5(^e>p(0TCH. cojtcav nicA, otoç^ eTA.T5(;ô>.ptoo-r. neacHi ntoo-y ace TeTennek.ç;^ cni;^ ncTrè^^'ï^eÀion. ncacûjoir nni ace ce Tennd.ç-^ epcoOT. t^n exe nqïtdkÇ;^' e>.!i cnia^ neTdwi:'^eAioti (^o^i OT^pnCTiCknoc «^n. «kiepOTOi neacHi ntoOT ace RewA.û)C iw.peTen.2coc. AV-nine^T ovn eTek.T)"^ek.çAve inc cni^on eTc^Tr^^dw^Aveq çtoc nou"^ u)&.ii çtoc p(OAV.i. &.-repOTaj neacoioiy nni ace ç^wc pa)Av.i. ewiiOR a^e ô>.iepoira> neacni ntuoir ace rô>.A.ûjc d>.peTen2coc. ottoç^ Av.nin&.T eTe>.q«^pc niAA.û>oir'

1 Notons que Théodoret (déposé par Dioscore) avait écrit quelque temps auparavant une lettre à St Léon pour protester de son orthodoxie (epist. 113 ap. S. Léon.), et qu'il avait été rétabli dans l'épiscopat (conf. epist. 118, 114, 119). L'opinion qui suit peut appartenir à Théodoret, mais non à S* Léon.

2 II y a eu dans le concile de Chalcédoine des scènes du même genre. Grand nombre d'évêques, tout en désapprouvant la conduite de Dioscore vis-à-vis de Flavien, croyaient à la parfaite orthodoxie du patriarche d'Alexandrie et demandaient à hauts cris sa présence et l'oubli du passé. Anatolius rédigea même d'abord une profession de foi tout-à-fait dans l'esprit de Dioscore et qui fut acclamée. Nous revien- drons plus tard sur ce sujet, en publiant un autre travail assez considérable, écrit depuis plusieurs années, et dont nous extrayons seulement en ce moment les récits de Dioscore.

3 II s'agit ici de la déclaration doctrinale de S* Flavien dans le concile de Constantinople, déclaration qui amena sa déposition par Dioscore à Ephèse. Ce fut une des causes du concile de Chalcédoine.

Récits de Dioscoee. 21

cp Hpn eTôk. n&.iMHini ujcûni eûoA.ç^iTOTq otoc nOT-^- u|e«.n ocûc poiAVi. c^TcpoTto nci^wOT hhi ace niocûû OTOnç^ cûoA. ace çtoc noT-^. e>.noiv a^-t neacHi ntoOT ace j*.ne. Teqjw.e-etoo'B*'^ t^ûipsc eTeq- Me^ptojM.! no-ycoTCOT nxe OTpiRi nÊ«w\. ic onnne ek.iTik.o£ «^Hitoir *cn pwTen cpcTcnoi MM.e-»pe n'X-w.c^'W^Hi- OTOO eTdwTCWTeA». en&i ek.Tr^f<pa)OTr j^nOTrujatcAvatOAV ncâ^sci nejA.Hi ace mm-Oiito-b* Cd>.2e.i M.M&.TT e2£.(o. ni(T)pife<ùn 3S.6 ncj*. niccXcivTApioc. ncj*. nipeqe(epicnTe>.pioc «cm. nio;ir- ixôkTOC neM ninA.TpiRioc ne>.Tû)U} eÊoA. THpoT Sen OTniuj-^- ncj*H e-y;x.coMJkvoc 2«e ^.«.pe noTpo wni «}&. £neo, MMOn «a.ç;V M'^ipH-^- M':\>ek. a^iocROpoc, MMon çA.i nevacni nSHTq. epe tiirocavoc THpq c.sv.on c^Êe ç\)e<i. ç^ioti ce>.fioA .vv.MOn nnAiiiA.ekiioc AV.K\.ev.ni;x^eoc. Avncii^pcqepo&.3c A\.MOn nate necTopioc. iv^OTtou} ecoRTcn neAve^q eneqTekKO. o-yatewi nOTpo ciiikotc nre. niOTOcup. newi 2k.e Sen nac in«^pOTr2c.OT0-y dwiio-ypo kija. eniAVHUi nTtqatiac e«^po-r;>(^e^pa)OT nceaciCMH. neate noTpo uni 2CC n^^OK M.M.«wTA.TR feTCOci àcK ncMi. CKC&.a£.i jA..w.on ntTC-nOT AV.AVOR. A\.neR^e^ nctoacn ntvienic- ROnoc c«^pOTCek2£.j. AVH rt^OR .>A..>A.ek.T&.TR c«^nev-\-«^tou} n&.it eninewo;\-. e^irepo-yto nate nicniCROnoc ncacojo-v ate c5)h erepe a>.iocROpoc 2ta> Av.Moq &.non ncTacw mmo*^ ee^itcp a^^iocROpoc nAivC n«kïi. HH THpOTJ" eTcqac.cojA.MWOT o<s.nMe«^MHi ne MMOn ç\i tid^acni niKTOT. «knc^pe^Re^THC ^ s^e ^n eT&.ncp- ujopn nc&aci epoq ne ott ^epeTiROc ne MniCHOT eTejw.M.«kU*. &q(oA.i nicâe^i nre ni^epeTiROc «^^thitoï^ Mnovpo e^jactûMMOc *en OTi\ô>.ppHCiiv ate imh-^ nxe ak^iocRopoc uje ne^q cfioX^en TenMH-\^ Tcn- n«k^OT(onç^ e&oA. «^n .«.niTOMOC nAewn T\ine<Tpi«wp5CHC. cvyton a».e neactooT *vpcvyA.n '^e>.i uje ne>.q eÊoA. Sen tchm.h'^" ^ne^ipi nowÊ niûen eTeone^R. -^-nOT ace .«.e^peqiye nA.q «Te nieniCROnoc nTc nieRRA.HCi«». c^A.! e^^rpA.t\)toc OTOO nTenepA.nis.2<^topjn otoç^ Menencev «^pcnuje ne^n evpiReA.eTin e«^peni eâOTn M.Me<TA,Ten otoç^ TennèkTe^MOR enipH-\- ereciye. otoç^ «knepe^nev^Xlcopin Mnie^ooT eTeM.M*kT. TUMAinOT-^- :^e niRCTf^c ôkqoA.Ten eSOTn cncqHi neM A.otra.c ninpecÊTTepoc. niç^e- peTiRoe a.e oojot <vTuac ntoOT eSOTn eninek^\ek.TiOrt Menence^ «^peni eÊoA.. niMe^inOT"^ :^c niRHTô^c ne OTOn nTe^q nOTujHpi mmcwT eneqpevn t\c micc^hA. eOTCiOTp ne ^en niriek.A.&.Tion. nevqom epevTq ne MHinikT eTe^TcuA.! nç^epeTiROc e^OTn u}«s. noTpo otoç^ nA.qctoTeM enn eTOTacco mmûjot AvnOTpo neM "^-OTpûj. &.qepReA.eTin nace noTpo expe niç^epexiROc RoAAievÊi^in) mt^tomoc nAeton ençopoc nniReA, otoo nceepnpek^in j*.j*.oq. ekqoTe^^cekOni a^e e«^pc ■\'CTnoa>.oc ♦toOT-^' e;>(!*^^'^'*^^'^" *^^ °^" no\ic niyA.qHTC ace o^ine». ncecpegtopi^in .v\.M.on chima. CTCMMekT. ni«k\oT as.e .<\ïca.hA. «^.qi eq- (Toaci eek.qTek.sv.e neqiwT ace MCi^pe ne<i*eA.\o net'inTioc '^n CTek.q-ope nenfie^A. neeXe'-^Jioc niRpH- T*kpioc ne^T eAVÛoA. Avekpeq'^toT otoo nTequjTeM OTOino^ eÊoA enisvH e^nOTpo epReXeTin e«^pOT- io^ûeq àcn OTS-y^ian e€>6e nn cta. niç^epeTiROc acOTOT .vvnOTpo ncM nn on eTA,q«ivujOT ncMtoOT. nôwi s^e eTdkico^^MOT e^Êe «.êê». .sve^Rekpi ek.OTniu}"\" ncAVRe^ç^ u}(oni *cn ni^ç^HT. iiAnn «kiep c^avcti Mni^opdi.M.ek eT&.inf<T epoq *en niacoi ^toc epe nn e^&OTivÊ itoeknnHC nipeq-^^tOAVC ncM cA.ïccoc mnpo'^HTHC actoAVAvoc nni.

«Revenons en maintenant an moment on nous amena près de Marcieu. Lorsqu'on »nous eut fait entrer, nous nous assîmes. Il y avait Maxime, évêque d'Antioche, Juvénal »de Jérusalem, Anatole de Constantinople, Etienne d'Ephèse, et moi, cet intime Dioscore, » auprès de l'empereur et de cette femme dont j'iiésite à prononcer le nom : Pulchérie.

« L'apa Macaire, lui, entra avec son frère Pinoution et alla s'asseoir derrière les évêques » de Paralie, Mais ils entendaient notre entretien avec l'empereur.

' C'était un des officiers sacri cubictUi.

22 Eugène Revillout.

«L'empereur dit : Décrétez- nous la foi et retournez vous en eliez vous!

« Je lui répondis en disant : La foi de nos pères jusqu'à cette heure c'est elle que nous «suivons. Tu dis que nos pères n'étaient pas orthodoxes ceux-là qui nous ont laissé la foi, «c'est-à-dire Alexandre, Athanase, Théophile, Cyrille, Jules de Rome, Innocent, Célestin! Je » nommais tous ceux-là parce que je voulais me servir de leurs paroles comme d'une épreuve »et voir si l'empereur les recevrait, ou du moins s'il saurait entendre leurs noms, ou si au » contraire sa foi n'était pas orthodoxe.

« Tatien, s' étant d'abord entretenu avec l'empereur, dit : Dioscore, il suffit. Les anciens »ne sont plus. Voici que maintenant il n'y a plus que des hommes nouveaux, c'est-à-dire » nous !

«Je lui répondis : Si ce que nos pères ont établi dans les Conciles vous le détruisez, »je ne puis m'associer à votre prévarication.

« Tatien fit un signe à l'empereur pour qu'il ordonnât de lire le tome de Léon et l'empe- »reur prescrivit de prendre le livre.

«Je m'écriai : Qu'apportez-vous au milieu de nous?

«Il répondit : C'est la lettre de Léon le Patriarche.

«Alors je pris le livre de la main du garde-note. Je le jetai à terre et je dis : !N'ap- » portez pas ici les blasphèmes de cet homme. Sinon, je mettrai toute la \àlle impériale sous » l'interdit et je m'en irai.

«L'impératrice Pulchérie me répondit en disant : Qu'as-tu osé faire? Ma mère a chassé » les orgueilleux de ton espèce. Elle a exilé Jean Chrysostome, l'évêque de cette ville, jusqu'à »sa mort. N'ai-je donc pas le pouvoir de t'exiler comme celui-là?

«Je lui dis : Et comment Dieu l'a-t-il châtiée? Est-ce qu'elle n'a pas eu une fistule qui » rendait des vers de telle sorte que, si elle n'était allée (prier) près des ossements de S* Jean, »les vers auraient dévoré tout son corps? Ne crains-tu pas en voyant tout ce qui est arrivé »à ta mère? Eh bien, fais moi aussi ce qu'il te plaira, si le mal que ta mère a fait à S* Jean, »en l'exilant, te semble une belle chose!

«Dis -moi seulement en quoi je pèche dans la foi. 0 empereur! ne fais pas le mal » contre Dieu qui tient ton souffle en ses mains; car moi, je suis le fils d'hommes orthodoxes »et puissants. Écarte-toi de moi, ô laïque! Ne viens pas souiller le lieu Dieu réside de »peur d'être bientôt précipité! Non! je ne craindrai pas de te reprendre, et quand bien même »on devrait me tuer pom: la foi, je chercherai les choses du ciel, sanctuaire du christ Dieu!

« Théodoret dit : Nous, chrétiens, nous croyons comme notre père Léon ; car il dit que » la divinité était séparée et distincte au moment le Christ souffrit, et que la divinité rem- »pHssait son corps quand il faisait tous ses miracles.

«Moi je lui répondis : Mon père, a moi, Cyrille dit : Comme le fer quand on le met au * feu devient ardent et peut supporter les coups de marteau tandis que la flamme du feu ne »peut être frappée par le marteau, ainsi il en est pour la divinité du Christ unie d'une façon » indissoluble à son humanité tant pour les souffrances qu'il a supportées que pour les miracles » qu'il a faits.

«Lorsque j'eus dit ces paroles, les archevêques et les évêques se levèrent ainsi que tout ï>le sénat et ils s'écrièrent en disant : Véritablement la foi de Dioscore est bonne. Il n'y a

Récits de Dioscore. 23

»eii elle aucune erreur : C'est une tromperie que la foi de Flavien! Nous croyons comme » notre père Dioscore!

« Moi j'agitai la main (comme pour dire) : Silence ! Écoute, Israël !

«Ils se turent et je leur dis : Vous croyez aux quatre évangiles?

«Ils me dirent : Oui, nous croyons. Celui qui ne croit pas aux quatre évangiles, n'est »pas chrétien.

« Je repris : Vous dites bien. Quand Jésus fut invité à la noce, fut-il invité comme »Dieu ou comme homme?

«Ils répondirent : Comme homme.

« Je leur dis : Bien ! Et quand il changea l'eau en vin, fit-il ce miracle comme Dieu »ou comme homme?

«Ils répondirent : L'événement montra que c'était comme Dieu.

«Je leur dis alors : La divinité ne s'est donc pas séparée de son humanité un seul » instant. Voici que je vous ai pris étant de votre propre bouche les témoins de la vérité.

«Ayant entendu cela ils se turent et ne purent parler avec moi parce qu'ils n'avaient »plus une parole à dire.

«Alors les tribuns, les silentiaires, les référendaires, les consuls, les patrices, crièrent »tous d'une grande voix : Que l'empereur vive éternellement! Il n'y a pas de foi comme » celle de Dioscore. Aucune erreur n'est en elle ! Le monde entier convient de cela ! Chassez » loin de nous ces séducteurs Manichéens ! Ne permettez pas à Nestorius de nous tromper ! »I1 veut nous entraîner avec lui à sa perdition! Sauvez l'empereur des ruses de ces » chiens !

«Tandis qu'ils disaient cela l'empereur fit à cette multitude signe de la main pour la » faire se taire et écouter.

«L'empereur me dit : Toi seul, sublime en connaissance, tu parles sans que personne » ne t'interroge. Tu ne laisses pas les autres évêques parler. N'est ce pas toi seul qui doit nous » donner des règles de foi?

«Les évêques répondirent : Ce que dit Dioscore, nous le disons aussi. Nous avons fait »de Dioscore notre langue. Tout ce qu'il dit est vérité sans tache.

« Andracatès, dont nous avons parlé plus haut, était en ce moment hérétique. Il prit les «écrits d«s hérétiques. Il les donna à l'empereur en disant avec assurance : Si Dioscore ne >s'en va du milieu de nous, nous ne pourrons faire voir le tome du Patriarche Léon. Si, au » contraire, disait-il, il s'en va, tu feras tout ce que tu voudras. Maintenant donc qu'il soit » écarté, afin que les évêques des différentes églises souscrivent, et que nous puissions ensuite » nous retirer. Quant nous serons sortis, ordonnez que nous revenions seuls et nous vous mon- »trerons la manière à employer.

«Nous sortîmes ce jour et le pieux Nicétas nous emmena dans sa maison avec le «prêtre Luc.

«Quant aux hérétiques, ils retournèrent au palais lorsque nous en fûmes sortis.

« Le pieux Nicétas avait un fils dont le nom était Misael, et qui était eunuque dans le » palais. Il s'y trouvait quand on amena les hérétiques près de l'empereur et il entendait ce » qu'ils disaient à l'empereur et à l'impératrice. L'empereur ordonna à ces hérétiques de joindre

24 Eugène Revillout. Récits de Dioscore.

»la lettre de Léon au symbole de Nicée. Il prescrivit aussi de réunir le concile à Chalcé- » doine ', la ville maudite, afin de nous déporter en ce lieu.

«Le jeune Misael vint en courant avertir sou père de tout cela. Il lui dit aussi : Que »ce vieillard égyptien (Macaire), qui a guéri les yeux de Séléphius, s'en aille au plus vite »et qu'il ne paraisse plus; car l'empereur a ordonné de le mettre à mort en secret à cause »de ce que lui ont dit les hérétiques et de ce qu'il a décidé avec eux.

«Quand sur l'abbé Macaire j'entendis ces choses, une grande douleur remplit mon cœur. »Entin je me rappelai la vision que j'avais eue dans le navire et ce que S* Jean Baptiste » et le prophète Elisée m'avaient prédit à son sujet. »

Dioscore voyait, en effet, ses plus sombres prévisions s'accomplir. Son intelligence était trop perspicace pour qu'il se laissât tromper par les succès momentanés de sa parole. H savait dès longtemps combien de partisans il avait dans le corps épiscopal d'Orient. Mais il savait aussi que ses ennemis se réunissaient peu-à-peu, et que l'on allait amener contre lui le ban et l'arrière ban des Syriens, qui, secrètement attachés à Nestorius, comme auparavant à Arius, baissaient profondement les égyptiens, leurs vainqueurs des dernières luttes. D'un autre côté le pape allait sans doute se faire représenter; et, après ce qui s'était passé dernièrement à Nicée, les orthodoxes occidentaux ne pouvaient pardonner à Dioscore, Enfin l'empereur était contre lui et à cette époque le seul moyen de transport commode était la poste officielle que l'État mettait à la disposition de qui il voulait, on devait bien s'attendre que les partisans du conciliabule d'Éphèse et spécialement les égyptiens n'arriveraient que bien difficilement au concile puisqu'on en écartait déjà Macaire, ce compagnon de S* Cyrille, sur la présence duquel Dioscore comptait tant.

Cependant le concile décidé secrètement en principe, comme nous l'avons vu, n'était pas encore officiellement réuni. La conférence même, bien qu'on ne la convoquât plus, n'était pas dissoute et le patriarche égyptien, résidant par ordre impérial à Constantinople^, jouissait toujours de tous les honneurs qui appartenaient à sa haute dignité. Il paraît surtout qu'il avait conservé d'excellentes relations avec Anatolius, égyptien qu'il avait intronisé lui-même après l'assemblée d'Ephèse sur le siège archiépiscopal de Constautinople. Cela doit nous sui-})rendre d'autant moins que même après la condamnation de Dioscore, Anatolius soutenait à Chalcé- doine toutes les doctrines de son ancien maître, et qu'il faillit faire réussir une formule que Dioscore aurait pu signer des deux mains.

Voici comment poursuit notre auteur.

(La suite à un prochain numéro.)

^ Dioscore abrège. Le concile fut d'abord convoqué à Nicée eu Bythinie, mais bientôt transporté à Chalcédoine, parce que l'empereur, selon ses lettres, tenait à y assister et que Chalcédoine était tout près de Constautinople.

^ Notons que quand les légats du pape arrivèrent, ils firent de même et restèrent à Constautinople, en protestant qu'ils n'iraient au concile que quand l'empereur lui-même pourrait y assister. Ils n'allèrent aussi jamais à Nicée, beaucoup d'évêques attendaient l'ouverture du synode, et se rendirent directement ù Chalcédoine depuis la ville impériale.

Les prêts de blé. 25

LES PRÊTS DE BLÉ.

Les documents relatifs à des prêts de blé sont assez nombreux dans les collections égyptiennes. Nous allons donner, selon leur provenance, les principaux textes de ce genre qui nous sont parvenus et dont nous étudierons ensuite les données diverses dans une seconde partie.

§ 1". Prêts de blé memphites.

Tous les documents de ce genre et de cette provenance qui nous sont parvenus émanent d'un seul prêteur qui vivait sous les règnes de Soter II et de Ptolémée Alexandre,

Voici d'abord un contrat que nous avons copié au Vatican.

«An 9, Tybi 21, des rois Cléopatre et Ptolémée, les dieux Philométors, Soters, sous le » prêtre d'Alexandre et des dieux Soters et des dieux frères et des dieux Évergètes et des » dieux Philopators et des dieux Épiphanes et du dieu Eupator et du dieu Philométor et du » dieu Philopator et du dieu Évergète et de la déesse Philométor et des dieux Philométors-Soters, » et sous la prêtresse de la déesse Cléopatre, la déesse Évergète, Philométor, Soter ', qui aime » la justice, la dame du Xopes et la Stéphanéphore de la reine Cléopatre, la déesse Évergète,

» Philométor, Soter, qui aime la justice, la dame du Xopes et la - phore de la reine

» Cléopatre, la déesse Évergète, Philométor, Soter, qui aime la justice, la dame du Xopes, et »la Canéphore devant Arsinoë-Philadelphe, et l'Athlophore devant Bérénice Évergète qui »sont à Racoti.

« Dit le cultivateur habitant de Pa dans le nome d'Héliopolis Téephib, fils d'Hor-

»mai, dont la mère est Tétoua (Tavé), au taricheute de l'Anubéinm, dans le territoire de » Memphis, Harmachis, fils d'Héri-Anup, dont la mère est Tétounbès :

« Tu m'as donné le prix de trois mesures Y et demie de froment nouveau et de 44 Aor » (-AovjXr^ d'huile de Tékem (;/■'■■/.'■), leur moitié est un Y et trois quarts de froment et 22 7V.or d'huile » de Tékem, trois Y et demi de froment nouveau et 44 A.oiv de Tékem eu tout. Que je te solde » les blés, les huiles de Tékem ci-dessus : Les blés purs, sans mélange, rendus, conduits et soldés »en ta main, dans ta maison de l'Anubéium, selon la mesure entière du dromos d'Anubis, »en mesures complètes (combles), sans frais ni dépense. Ne reçois pour ces choses ni compte »ni explication (parole quelconque) jusqu'aux mois de Pachons-Payni de l'an 9, c'est-à-dire » dans le 5^ mois de l'année ci-dessus. Que je te solde les huiles de Tékem ci-dessus en huiles » pures, sans mélange de mauvais liquide, sans que je les délave'^ par aucun mauvais liquide » au monde les dites huiles soldées en ta maison, dans le Sérapéum, sans frais ni dépense. »Ne reçois^ aucun compte ni aucune parole à ce sujet jusqu'au mois d'Épiphi de l'an 9. Les »blés et les huiles en question, si je ne tes donne pas en leur temps (fixé) ci-dessus pour

1 Je laisse tous les noms royaux au masculin comme dans le démotique.

2 Voir p. 126, note 5.

3 Je suis obligé do me servir de cet idiotisme de franche-comté re/i signifie proprement laver.

* us-OTcu} signifiant sans se trouve avant le verbe recevoir : mot-à-mot : « sans réception de etc. ».

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26 Eugène Revillout.

» (les) solder, comme il est écrit ci-dessus, je te donnerai leur hémiolion ' en plus le mois » après le terme fixé, de force, sans délai, dans le délai de deux jours à partir de la récla- » matiou que tu m'en feras après leur temps de paiement ci-dessus, comme il est écrit ci- » dessus, et cela de force, sans délai. Je ne puis te dire : je t'ai donné le blé et l'huile de »ces mesures sans écrit (sans prendre de reçu). Je ne puis te fixer pour cela d'autre temps »ni d'autre jour. Si je ne fais selon toute parole ci-dessus, comme il est écrit ci-dessus, je » donnerai deux argenteus, en sekels 10, deux argenteus en tout, pour les sacrifices et les » libations des rois, dans le délai de deux jours, et cela de force, sans délai. Ton agent d'afi"aires » prend puissance pour toute parole qu'il dira avec moi au nom de toutes les paroles ci-dessus. » Que je les accomplisse selon son ordre, et cela de force, sans délai. »

Cet acte signé par le notaire Horsiési, fils de Sit . . ., a été enregistré en grec le même jour (21 Tybi) à l'Anubéium. Peu de jours après, le 29 Tybi de la même année 9^, Harma- chis faisait rédiger par une certaine Dapbné un contrat fort analogue. Le voici ^ :

«L'an 9, le 29 Tybi, des rois Cléopatre et Ptolémée, les dieux Pbilométors, Soters, et »sous le prêtre d'Alexandre, des dieux Soters, des dieux frères, des dieux Évergètes, des » dieux Pbilopators, des dieux Epiphanes, du dieu Eupator, du dieu Pbilométor, du dieu^ » . . . . pbilopator, du dieu Évergète, de la déesse Pbilométor . . . ^ des dieux Pbilométors, » Soters, et sous la prêtresse de la reine Cléopatre, la déesse Evergète, Pbilométor, Soter, » aimant la justice, la dame du Xopes, Acropole, grande Isis, Evergète, mère divine, et sous » la prêtresse d'Arsinoè' Pbilopator, et sous la Stépbanépbore de la reine Cléopatre, aimant » la justice, la dame du Xopes, et sous la ^ . . . . pbore de la reine Cléopatre, la déesse » Evergète, Pbilométor, Soter, aimant la justice, la dame du Xopes, et la Canépbore devant » Arsinoë-Pbiladelpbe, et l'Atblopbore de Bérénice Evergète, qui sont à Racoti.

« Dit la femme Tafnut (Dapbné), fille de Pasi, dont la mère est Héréia, au taricbeute, » babitant de l'Anubéium (Pa-Anup) sur le territoire de Mempbis, Harmacbis, fils d'Héri-Anup, » dont la mère est Tétounbès :

« Tu m'as donné 3 Y et demi de froment, Jeur moitié est un et trois quarts, trois Y et »demi de froment en tout, en créance. Je les ai reçus de ta main. Mou cœur en est satis- >fait sans avoir à faire aucune objection. Que je te verse les blés ci-dessus eu blés purs, » sans mélanges, rendus, conduits et payés en ta main, dans ta maison de l'Auubéium, selon » la mesure entière du dromos d'Anubis, eu mesures complètes (combles), sans frais ni dépense. »Ne reçois aucun compte, aucune parole au monde, jusqu'à l'an 9^ Pacbons-Payni, dans le mois » de l'année ci-dessus, pour les blés ci-dessus. Si je ne te les donne pas à leur terme ci-dessus, » comme il est écrit ci-dessus, je te donnerai par unité une unité et demie, dans le terme de »deux jours après la sommation pour les payer que tu me feras après leur terme ci-dessus, » comme il est écrit ci-dessus, et cela de force, sans délai. Je ne puis dire : je t'ai donné le »blé de ces mesures. Je ne puis te fixer pour cela un autre temps. Tous les biens qui sont

' Mot-à-mot : «pour leur unité une unité et demie».

2 Cet acte porte à New-York le 375.

3 Ici se trouve un premier qualificatif peu lisible. Voir aussi dans ma Chrestomathîe, p. 400. * Autre qualificatif peu lisible.

^ Pour ce titre voir aussi ma Chrestomathîe, l. c. Je crois qu'il s'agit d'un sceptre portant le n. Le mot démotique est l'éqxiivalent de ce signe avec le déterminatif du bois. Cléopatre, aimant la justice.

La vie du biexheueeux Aphou. 27

»à moi et que je posséderai sont en garantie du droit de lacté ci-dessus. Ton agent prend » puissance pour toutes les paroles qu'il dira avec moi, au nom de toutes les paroles ci-dessus. » Que je les accomplisse selon son ordre, et cela de force, sans délai. »

Cet acte, écrit par le notaire Horsiési, a été enregistré également à l'Anubéium le jour même de sa rédaction, c'est-à-dire le 29 Tybi de l'an 9®.

Nous possédons deux autres actes analogues, tous les deux écrits à la fin de Tybi de l'an 9*, payables en Pachons-PajTii de la même année et adressés à notre Harmachis, fils d'Héri-Anup. L'un porte à New- York le 373 et a pour débiteur un certain Téephib, fils d'Hormai, qui paraît différent du personnage du même nom que nous avons rencontré plus haut. Il porte sur six mesures et spécifie rii}i)0thèque générale sur les biens présents et à venir de son auteur. L'auti-e, ayant à New- York le n** 37-4, est rédigé ' au nom d'un certain setemas nommé Harmachis, dont la mère est Tset-Hapi. H porte sur 14 mesures Y et spécifie une amende - de deux argenteus par mesure aten à payer pour les sacrifices et les libations des rois, si les conditions de l'acte ne sont pas scrupuleusement accomplies.

Les quatre débiteurs sont également du même bourg du même nome d'Héliopolis et ils empruntent au même personnage dans la même semaine. Mais s'agit-il véritablement d'un prêt? Je crois plutôt que la forme de prêt est une fiction légale, et qu'il s'agit d'une vente à terme. Harmachis, fils d'Héri Anup, a payé comptant d'avance et a droit de se faire Uvi-er sa marchandise aux époques fixes. Cet Harmachis (Har-m--/u\ fils d'Héri Anup, est, du reste, connu par le papyrus grec X*" de Turin, nous apprenant que Horns, fils d'Héri-Anup (Qpoq EptovcjTûioç), possédait, avec son frère Téephib, une maison située dans le bourg de Kallid . . . (îv %(i);jLr,'. y.aX/.ic 1 et contre l'Anubéium. C'est le bourg de l'Anubéium, dont il est souvent question dans nos contrats démotiques. Quant au nom Harmachis, il est toujours transcrit Horus en grec. Jamais ou ne trouve dans les documents ptolémaïques la trans- cription complète du mot Harmachis l Notons du reste que plusieurs noms commençant par Horus s'abrégeaient souvent ainsi, alors même que parfois, ailleurs, ils se transcrivaient en

entier.

La suite à un prochain numéro.)

LA VIE Dr BIEXHErEEIX APHOE,

ÉVÊQUE DE PEMDJE (OXYEINQUE\

Le bienheureux Aphou, évêque d'OxjTinque ^, dont il est question ici, est un person- nage historique. Il est appelé AfiFy par le livre des Vitae Patnim [jp. 955 de l'édition Migse) : «Narraverunt de episcopo civitatis quae vocatm* Oxyrinchus nomine Afiy quia cum esset

> Il a été rédigé et enregistré le 21 Payui comme l'un des actes cités plus haut.

- Les prêts Memphites qui portent l'amende aux rois n"ont pas l'hypothèque sur tous les biens et vice versa. L'amende est ici notablement plus forte que dans le premier acte donné par nous.

3 Ne pas confondre ce nom avec celui d" Armais « l'ami d'Horus » pour l^iiuel les bilingues démotiques et grecs (papyrus Casati et de Berlin etc.) nous donnent une orthographe démotique toute différente.

* Pour la ville toute monastique d'Oxyrinque, dont Aphou était évêque. voir Vitae Patmm, liv. II, p. 459, de l'édition Eoswxide.

4*

28 Eugène Revillout.

monaclius etc. » Les documents coptes et grecs nous parlent aussi d'un Aphou le hufjle «.t|)OT nu|o^ (ZoEGA, 366 367) et de moines^ vivant parmi les buffles (Mingarelli, p, CCCXLI. Pelasge, édition de la Bigne, t. IX et liv. III inter apopht. patrum, p. 812^ 9, 10, 11, Georgi Colluthe. p. 95 96. Zoega, p, 16 et 347).

Mais cette fois, nous avons la vie authentique du pieux anachorète, devenu un grand évêque; car le papyrus de Turin, d'où elle est tirée, est contemporain de S* Cyrille et de Dioscore et antérieur au schisme, ainsi que toute la bibliothèque sur papyrus du Tonoc de S* Jean Baptiste, et S* Aphou fut ordonné évêque par Théophile, oncle de S* Cyrille. Nous trouverons dans notre document le récit très curieux de cette ordination et de ses causes et nous aurons l'occasion de mieux connaître ainsi le caractère altier de Théophile et son pouvoir despotique sur tous les évêchés d'Egypte. Le rôle de S* Aphou dans le changement d'opinion et de conduite de Théophile à l'égard des origénistes et des authropomorphistes est bien remar- quable ; car cet événement eut les plus grandes conséquences historiques et amena les mal- heurs de S* Jean Chrysostome. Dans la discussion entre Aphou et Théophile on remarquera surtout ce qui a trait à l'eucharistie. L'argument a été, pour ainsi dire, retourné dans les Vitae Patrian (voir le copte dans Zoega, p. 313 et le latin dans les Vitae Patrum, édition MiGNE, p. 973).

Notre récit nous donne aussi un nouvel exemple de l'adjuration au seigneur pour empê- cher les ordinations, adjuration dont S* Jérôme dans ses lettres, l'histoire Lausiaque, chap. XII, etc. etc., nous avaient parlé également.

Nous reviendrons du reste ailleurs sur toutes ces questions. Aujourd'hui nous nous bornerons à donner le texte de cette vie fort intéressante.

nûioc n&,ïies. c^ç^ott i\&.ud>,3(^copiTHC A.irro iieniCHOnoc A\.neA».2£.e licO'yasLOirTOTrG «.-©oott.

A\.jincô^ n*.ï OT&.ne\.x^R&.iou ne expeup nAv.eeire .s^ncniCKonoe eTO-trevô^û. ne>.ï epe neqpektt .M.en oii up(OA\.e ne evc5>OT. eTAVOTTe on epoq Oïi iipû).sv.e ace neTO'Av.o'o.Kv. ujopii Aven ueevqiycone ^es. «^irnoTevx^H n^GnptOAV-e nctoTn e^iraj j>\.txictoc. nô.ï owoir ou tifà^ts-Tà^qç. ooïtve ç^itav a\.a.«hthc iiiits.- nocToAoc. &.q&.«evCTpe(i^Tr ;i..G He>.Te>. netrûioc iicGA\.noii. Avniic*. TpeinvROTH :^e evqujcùacn .s\.es.ivô>.èwq. eqcooTu .vvA\.evTe nOTrcou. nô.ï çwtoq oiv nTôwqaticfiû) éTCmûcoR eopA.ï GTne

ujTHn Av.nev^«>.noc to oiaxoq uqcoiTAV cnTevujcotiu} AvnevC[)(;«k. çiv TCRKA.HCiev A\.ïiCAvac£. à^voi ncAvepe Aes.d^^ cOTCùnq Tie ujevTqei eç^pôwï ëneqAvev. uequjooix' Di^e ne nTeïo^e taevUT^c^p^ci éTMiiTçA.?V.o.

iKTUi ueqtTAv.o'OAv ne nevp&. uTÛnooTe eTqA\.oouje HA\.A\.A.ir. n&.ï A\.e» «^.Trcoirûijuq it«>e iioiruîÛHp. ATCii on neirA\.e Av.svoq n«>e noirujtoc. eir'^-jsv.TOn nevq eAv.ô.Te n«^e noenptoM^e nAoïriROc çcuc nTô^^ir- TOuyoTT ne^q eûcAoïTU Tenpono\ev eTOTJVô^û eÊso^Dce e».irnevTr ênAV.&.ein AvneTracoeic eqxo ^icoûjq. ^n Tenpoj Aven netyôwTTRTO e^OTn epoq ^(ocxe (neq)^A\.OM qn xeiVAVHTC u«e AvneTujoon qn OTCRHnn eTÛe tcv^h nnniqe eTTe^^ô AVM.oq. ô^ttûi niyaiAV on ooavoiûjc neujevTrpçe».ï£>ee epoq. eq- ^&.nujb>ne 2».e on nOTOO(JTr nqr.sv.eiaff'J^s'OAV. CA\.oouje ncwoir e(T5')nek.6o3R eoirtoM neuj^pe ooïnc «jtrtatTi çe^^THq éM.eTRe^.*.q A\.ôkTre>.dwq. nxe nReceenc on êcor nccA\.ooH£. t^^iù nceeine nek.q oii tct- Tdwnpo nneTqndkOTO.Nvoir.

La vie du bienheureux Aphou. 29

nàJi 2^e iiTe».qooAvo'A.Ofei ma\.oot acinTè^qp enicRonoc efioA. ace «^ttmhhuic ^v iigciihtj" ^er- çtoTq €T(ev)itivCTpo*^H 2SLe CTÊe ô^uj nevïTiôw e^KnoAiTeTre iiTcïoe. UTOq ï&.c <!kq(&j)uj cpooir ûne^ï ace

&.nOR MCii '^ujA.ei.T CAv.e..TC i\ uivïewTAv. cnMevRA.pioe a^e^TTCia». cqacû) mavoc im&.ç^pM nnoirTe ace

Ô.UOH a>.e A-ïp «^e iiniTÛiiH uu&.opes.H. i<'ic(arM. on eTÛe Hcei.iô.c ace <vqA\.ooujc eqKHKivç^Hir. *.t(o TiKeCooTcne er^Hp MA\.oq eaciv Teq-\-ne 6.qTpeqÊoA efioA. neuctoTHp 2,.6 on nacoeic JÂnTHptj e^ï- ouiq ÇA». i\Rek.T&.AV.dwpROC eqaco) ja.a\.oc ace nequjooii ne jmi ne«^Hpion.

eyyace TxnOTPTe «Te Avn neqT\eTOir&.&.û ûwr o«v nioice THpoir ètêhht noco jA.e^'A.Aon A.nOR neïeûiHn.

evcujtone ix.e eTi eqiyoon M.n ne^^npion eTpeqei eÊoA énT&.iyeoeiu| Avnn<s.c5(^A. eTOTrôkdkft.

A.qcûjTAV a>.e eirAe^ic n(c)cTrAvr|)onei A.n A\.n hcooth Av.nennek. eTOTrA.A.6 çwcTe nqujTopTp eAVôkTe eacAV niyik.ace.

Kivi T'&.p otron niAv. nT«vTrcoTA\.eq e.irATvnH «wvco ek.Tru}TopTp otooT. nAnn nevxrt'eAoc Avnacoeic &.qoTyeç^t<s.çne A\.iiA\.ô.Hevpioc e>.'-^o;r 4TA\.Tpe''4è.A\.eAei énuîek.ace. eqacto avavoc n<s.q ace *.-îrTO^H eûoA f^iTM. nacoeic expeRÛtoR uje. pevROTe. nx^'Te^çe T\eïu}d>.ace epe^Tq. ï\^ek.ace s>^e eTJ«.A\.ôwTr ne ottti- A\.ine ire. otoc ace eqaciee AviieooTr AvnnOTPTe <^m. nujôwace. &.qp ïiAv.eeTe 7iTÂCnT(yto6 îïnptoAve. es.Tr&) neacô.q ns-i nexç-rnox^opeTe ace u T&.Ï e>.n Te «^iRa>n A».iinoirTe tàï <s.non eTn:5>opei a».a^oc e^non nnpcoAve (sic).

nTcpeqcajTAV a,.e ènA.ï iia'i nAVô^Rô^pioc «kC^OTS" ewC^AVoirç^ èÊoAçjrt. nenu*. eTOirdwekû. à^Tra «v^ô^tio- a.HA».ei èTTToAic pevROTe. eq(^opei noTujTHn (Av)nA<re. A.q&.ç^e a>.e epe^Tq utTi iiA\.es.Res.pioc «.na. iv.r\)0-r çipAv npo AvneniCROnoc nujOAvnT noooT. e».Trûj Avne Aôi.ôwTS' ac(iT)q na^q eçoTn. (e)Tnek.ir énpcoAve eu}ace otoisî^iwthc ne. Auinca, n&.ï &.q'\- ÇTH(q) époq nfyi otta. nneRAHpiROc. <vqnô>.T 6(T)eqçirnOAVonH dkq«kic«^ekne ace OTrpajA\.e nxe nuo'S'Te ne. à^TOi c^qûcoR eçoirn. ô.qTA.Ave ne^p^ieniCROnoc ace eic OTptOM.e nç^HRe o^rpAV npo. ôwqacw A^.AVOC ace eqoTTcouj ed.nds.nTo. epoR. «.non a..e Av.nenevyToAA\^ek. énTq ne^R eçoTvn eneia^n Av.n ç^6c<ô o^itotoq eqT&.HHTr (sic).

nTeTPnOT a^e evyace nTA,irRiA\. epoq çita\. nnoirTe &.qoTeç^CA.ç>ie eTptTvacixq n&.q eço^rn. nTepeqe.«3e a».e ep«kTq AvneqAVTO éÊoA «^qacnoTq éTôsÏTie.. ô>.qoTra>ujû ace A«.dwpe n^v.acoïc ' nenic- ROnoc ctoTAV. enujikace AvneqçAvçe^A q\i OTô^ç'Ann Av.n OTc^no^H. neace^q ne.q ace &.2ciq. «vq- OTrtou}6 ntri nAVfk.Rik.pi oc «k.n&. «k'^OTS" ace '^•coOTn nTAvnT^^^pc nTeR\\^fT^H ace rtr oirpfOAve npeq- aciujoacne. eTÉe n&.ï ôki-^" nikOTOï èç^OTn èTeRAvnTnoir'. eï^^ikppei ace nt'nekUjec niyôkace e>n nTAvnT- eTTceÛHC. RôkU eôkqiytone eÊoA oiTOOTq noirptoA^e nçHRe exe i^nOR ne.

^eo'^iAoc a>.e neskp^seniCROnoc neacekq nek.q ace niAv nôkTnOTTTe nexnekpek^^HT nTeïo^e çoiCTe CTCTe OT5"U}ek.ace eûoA nTe nnOTTTe eTÊe Askôk^r nçcoÊ.

«kqoirtoiyÊ nai ô^^^ot ace A\.A.pe nokacoeic ReAetre ncetouj epoï Avnç^icon AvnTekiijeoeiyy eneÏ!^H ekïctoTAV e-rAe^ic nOHTq nccTAV^onei *.n avh nex'pdkt^H nniqe nTe nnOTTe. *.nOR c^e Av(nj) niCTeTe ace nTèkCes efioAçiTOOTR. ekAAô. nTCkïacooc ace AVHnoTe uTev ncrn^pekt^peTC vywqT eT- CÇA.Ï. Tekï ÎÏt «k ç>ç^ oji neTTceÛHC aciacpon eTÛHHTC. çcoCTe uceAVRôkÇ uçht eAve^Te.

ekqReAeire nTe-rnoir na'i «kndk «^eot^iAoc nôkp^cieniCROnoc. &.iveine Avnçieou A\.nT&.ujeoeiuj. nxepOTrikp^Ct» 2^t ntoiy ek-yntoç eTAegic eTAVAVA.-T. nTeirnoir ôwqnikÇTq na"! dknA. «k-^OTr eqacto a\.av.oc

1 acoïc a cette oithograplie au lieu de acoeïc quand il se trouve terminer une lig'ne dans une colonne régulière et que la place manque. Il en est toujours ainsi dans nos papyrus ainsi que dans Mingarelli.

30 Eugène Revillout.

«kqoTûJ^fi ns'i ixA-px'^"'*^*^®""*^ ^^^ ïTtoc utor j.vakU"&.ekK 2kK^&2c.e ovÊe TeïAcgi'ic) ewTO) JA.TTG KeAekek,-!r (u}<one) ^^\ nTOOxq HAVM^y.R. neocc a^niv en.^OT ate ji^nOK 2s.e •\-«^«kpp£i 3cg Hndk.-^ tootk i\j«.j«.&.ï. a.TtD nTTttô.-^- e>.rt eçoirn eç^pa-ï.

iieace nd^p^ienicwonoc ace n&.u| n^e eRne^ujatooc exfic oire(5'û)U} Dte «^iRCon tc AvnMOTTe. h OTôk eqcoû^. H OT(5'ôkAe. h ottûA-Ac.

«wqou*û)^6 non TiMekR<v.pioc «kiiiv ôw^ot isce cRUjivnTA.i'G n&.ï nTGÏAvine eRn&.ujù)ne eR-^Twn Âm neTA.q2cooc ace A^e^pnTekM^io HOTpcujw.e RO>.Tew ncneinc av.h TençiR<«>n.

ekqoirwu}6 nu'i na^p^ieniCROnoc sec mh ^cnoiTO. ekA.A.«k eiA^-Ceirc eTX&.ï ace Cwîvaav A^èkirekdkq TTenTekTT&.AMoq Rô^Ta». iieqeitve Avn Teq^iRton. nuynpe r^c nTe^'^acnoOT Mnnccoq nceeine jA.jA.oq ek.n.

ô>.qOTr(ou}6 na'i «wHa. «k^^***^ cqatû) m.m.oc ace rô^i M.i\n M.nnces. Tpc nnoiTTe ca\.h :^i&.«hrk j^n ncDoe jA.nncek. nRek.T&.RATCJA.oc. ujôk^acooe n«k.q ace neTnd>.nco^T eÊoA «lOTj^ctioq npcûM.e cen&.neçT ntoq eÉoA. éneq.wew ace nTdkTT«kJA.ie npco.we çi\ «iROiti MnnoirTe.

neate n<vp;)(;ieT\iCRonoc ace -^-pçoTe éacooc OTrpa)Av.e npequjwne npeqiyn ...... ace eq-

_ _ (^•'=) _ - _

(^opei n«^iR<on AvnnOTTe. (n)ewT\ôk.^HC iteTTHAee. eu}ô>.qçAvooc çi^iÊoA RCjne^pôkCReTe^^e. n«k.uj nçe (r)h&.

AveeTcc epoq j\n nOTroein jA.M.e eve Av.epe A.evA.Tr acooÊeq.

Tierce «wt^JOv nô>.q ace CRU|&.Hace ne^ï on cenôwacooc ênccoAV&. JA.nc;x;c eTitacO) avmocj. ace iiToq e>.n lie. nïOTas.eikï ci^p nA.acooc ace ne^uj nçe Raci nOTOeiR (e)ev nRJVÇ (Tei)OTO eÊoA. j^vjA.oq çii OTÇa^ce jA.nncfa)c nr^niCTeire epoq (eR)acw Av.j.voq ace t\&.ï ne ncdiJA.*. Avnacoeic.

neace n&.p;)(;ieTïiCROTTOc nis.'~\ ace nTCïçe e>.« Te. noeiR x^e^p ne ivA.H«^&jc Avn<!kT«\TèkA.O'4 eatjA. ne«^irciekCTHpion. ç^av nTpenTA.Aoq eacM. iic«^Trci&.CTHpion iiTtieniRivAei AvnnoiTTe eç^^«k.ï eactooir (sic). nociR jA.en vya^qiycone hcûjav^ôw Avne^c &.vû> (rt)Te nd^nOT u|Cone ncnoq. Re^Te^ «^e jiTô^qacooq iiiieq^va- «^HTHC ace aci rtctiiot'ûjja nô^i rte nA.C(OA\.«w jA.n n&.cnoq. ev.irû) on TAVuiCTeTG.

neace ôk.nek iv^OT ne^q ace n«^e exe 07rôwn&.x»RÔLion ne eniCTe-yc enivï. OTeknekX^Re>.ion ne

eniCTeTre e ace nT&.TTevJw.ie (Av.njpû>Av.e (ei)ne (M.ti ^i)v.(an (Avn)nOTTe. nenTdwqacooq

^&.p ace e^nOR ne noeiR nTek.qei 66oA.çn vne. nToq on nenT&.qacooc ace neTna^ntùçr eûoA. noircnoq npto.i^e etrnôwncçT ncoq eûoA eneqjw.ek ace nTdkTT«>.JA.ie npû>JA.e Çji «^iRwn A^.nnOTj*Te. eTÛe (neo)o-5*

;^e jw.nAver:e^oc nnOTTe n«k.i eT . . . . ujs'oja. expe A&.e^-y n epoq ^ . . . . neqou*

n&.TT(&.çoq) . . . dkTVto exÊe Tjw.nTCtofi nTjA.nTeTTcAHC jA.np(OM.e Rek.T&. ntrwacfi nTc^Trcic eTncooTn M.v\.oov. enj^v.eeTe nTGï^e ace n«^e no-yppo eqne>.RGÀeTe HCC5fa)T^pA.<:5*' nOT^iRCon. evTto on u)«.pe OTon aiM. ^oj*.oA.OT5ei avja.oc ace «^iRwn jivnppo Te. ç^ei.j.vek as.e on cecoo^rn THpoT ace otu}g Te Avn ç^en nôkÇ^pe. o-rak-e i^a^p nuî&.dknTC acoce ci^n n«^e jA.nA. np(OAV.e. ovî^e necA\.eik&.acc n«^c nnck nç^o Mnppo. OTTî^e on nc^&.3ce A.n nTeq^e. d^Toi neï(5'wac6 TnpoT eTAVAioc Aiepe A.&.A.T p neTPj«.eeTre e^p çoTe ÇHTC nT&.noi^eikCic Avnppo. ace ek.qacooc ace TCki Te TôwÇ^iROjn. jA.e>.AA.on a»>e epu}fK.H oire». ToA-Me^ e&pnek ava\.oc ace n «^iRwn <vn Te A\.nppo ujdk.TAVoOTTq ace ekqaciOT5"dk epoq. A\.ekÀieTi< ace lye^pe ne^OTTCiA. ctoOTÇ^ epoc e-y^eooTr nç^enn«.cre nuje Avn oenna^o^pe eTÉe *OTe JA.nppo. eujace u|2ik.pe nôwï (fe ujcone notrç^iRCon CAvn nncw .\\.a\.oc oiv:^e jM.ecRiJA. eco n . . . . (&.)^ctoc. n<0COAvev.A\on np(OM.e (eT)epe nen(He«. Avn)nnOTTe n^HTq. eqenepT:'ci a-tw cqTdwïKU* newp^!w n^toon THpOTr eT^iacAV nRa>.ç^. eTÛe Ta>.ie!k.(^opdw as.e nnu)(one Avn n&.Trekn .... j*.n nCtoacû eTnoHTn ci eircic na^n erfee

La vie du bienheueeux Aphou. 31

nes.-TA.oc oe.(a avmoc ace n^ooiTT t«<>.p ncujuje a.ii epoq eçwÊc nTt(q&.ne).

iiTepeqcûiTjA. C2».e en&.ïui&.3ce n<Ti nM&H&pioc HA.p3(;ieniCKOnoc. AqTtoOTn A.qn&.OTq eatj*. neq^&.ivç^c tqatto ja.moc sce outcoc cnpcntï cTpe Tjw.nTpcrj'^-cûûj u{û>n£ iÏtootou» nneTCTr3(;&.3c ^ô.Trô.A.Tr. A.HOR 1 ^A.p iiAox^'icxot jA.iiençiiT. THÇ^ cpon. çtoCTt CTpenujtoqr iÏTeï^e THpc qn. otaÛÎto.t- cootth.

A.irto nTCTiiOTT ô.qcçA>ï eûoA ^n Tc^ctopa. xnpc eqA.nORtrpHCcc nrAe^ic eTM..M.«k.T ace ecujoqT. ôwTû) ^n o:rA*.nTakiiOHTOc nTe^JAte-re 2 epoc.

ALUivcô. nô^ï ô.qTô>pRe njA.ô.Hô.pioc cqacaj mjw.oc ace ja.&.t&.m.oï ace oir ne ncHÊioc &.ir<o ÎÏtk oirpA». Tton ^M. n£RT»eiioc. 'ynft.T r&.p èntRCA^OT n«^e nnçTva^itoTHC. ■^cojtJÂ. a>.c çcotoq èneRU)<k.a£.e eiratoce cA^e>.Te ne^peiw kôw nco^oc.

&qo'<r(avyû eqacco avmoc ace evïoirtoui jA.cn comç^ ^(oc j*.oiia.3COc. nAnu ■^-othtt cûoA jÂnT&.ciô i.TM.M.A.TS'. à^Tùi on evnx' OTpjA.ncMacc. &.AAôw encia^n nTo(R) n(c)TG TnTd.!x.(p)o eac-ïï TCRCOt\>iô.. CTÊc nt^'i is. nacevace ^iTOOxq cp nd>.ï ^itootr. eqc(ooT5"n) atc o^rn OTrjw.HHUje ndw:x.iac.po(n). ctêc n«wï ncc-^-occ nccTMCtoTjA. cnujek.as.c nTccfi(û)) (c)TOir«kdwû CTnnîr cÊoA^ pcoR. nAnn ctêc nMC (c)Tujoon nç^KTR cçoirn cnnOTTTC cic çhhtc evRa^pô ccjaot niM. nROTC ÏÏtc ni^idkÊoAoc ^av nTpcRCWTAV. cnu}&.2C-c nTdkM.nTcA&.5(;iCTOC. JA.nq(T'JA.a'oj«. ve^p c:s.ôwCtr CTcnonoidw n<ri nAtci^ce^oc CTnoHTR. çtocTc CTpc(q)&.,M.&.ÇTC cacM ncROTTCou} M.M.M\ JA.JA.OR. ô.AAd«. AROTtoiïç^ cûoA nTMnTRO-yï CTÇA*. nc;x!*^- "^^ ^totoq ^nnoa' mûjtckc cè>.qc<OTjw. nCA. ïto^op nOTTHHÊ JAM&.a..içek.M. cnd,.ï nd^jA.c nenTA. nctOTnp acooq nncRciOTC nô>.nocToAoc atc cTcrn rctth-tth nTcxnp-ec nni-

U)HpCU}HM..

nxoR as.c «kROTTOnç^R cûoA ne^MC atc «kRRTOR TnpR c6oAçj«. natocc nç^HT cçott» énTÛÊio jA.n Tj«.nT^ôknAoTC w.n TA\.nTROTÏ.

j«.nncô. wiK'i ô^qccnctonq (cjTpcqo-to njA.JA.««.q n^cn^ooir. nroq a^c ô.q(n)dkpei>.(R&.A)ci cqacw avmoc atc OTPA.T^'oj^ nevï ne n&.ï. dwirco Tt<'i tc «^c nra^qc! cûoAoïTOOTq ç^n OTCipnnH M.ii OTrTiA\.H ncq- JA.ORO a^e uoKT cqnHT cÊoAç^iTOOTq u«^g nOTrujnpc cpc ncqcitoT mooujc cûoAç^iTOOTq.

Mnncô. u}OA\.nT ay.c npOMnc acinTA. nA.ï ujtonc ek.qnROTR ntri ncniCROnoc MncMacc. ei^Tto RevTd». n^c^oc e< TnoAic Tnpc cwotvç^ cnccepHir çn OTCiTMf^tùniA. noirwT. ew-rto ats"^ ■vJrirt^icjA.e». ÇjB>. ot nncnpecÊ-TTcpoc o^êt(cc)êhc çûwoq ne. A.TracooTq cpA.ROTC j«.n ne\yTri^icjw.ek ace eTred.ôkq ncnic- ROnoc. nTcpeqaci ak.e nnee^A.ï nui nekp3(;ieniCROnoc e^nin. «eoc^iAoc. ekqoTr<o|yyû eqacco ja.ja.oc ace ô^r^OT ovA\.onôk.;xi°*^ "^^ ^"*^ TCTnnoAic ne. evniq na.! Te^e^ô^q nnrn ncniCRonoc. «kT^OTrouiyû a^c nTi ncnpecfeTPTcpoc ciracaj ja.a\.oc ace e^non pton nxncooivn e^n AV.JA.one>.;)(^oc on ncuTOiy ace A.r^»©!''- a.'vûj (nT)nj«.eeir6 ace j«.n oiron (n)^HTn cooirn jA.jA.oq.

«kqoTûj^û a>.e on ntri n&.pxieniCROnoc cqacto ja.jaoc ace cuioinc nrcTnnevnTq A,n "^nôwncuin pcajM.e niiTn e^n TcnoT.

nTOOT a^c ô-TTCi cûoA^iTOOTq. e>.ir£iajR eTCTnoAic. e^Triymc nccw npa>jA.c e^-raj ^nOTrcOTConq ôjÂ. nTOuj THpq. cncqujoon ^e>.p e^n jA.n npa)JA.c. «vAAa. M.n. ne«^Hpion.

nTcpoT^^Aiûe a».e ewirctooT^ cçoirn njA.Av.on«k.^oc a-Tto <vTacnOT5"OU" cnpwMC. «kqoTTCoiyû :^e n<3'! ncTCOOTn Âij«.oq hç^htott ace ce "^-cooirn jA.jA.oq ^hk^h j«.nooT. ncuje.ïtrnTq cve ç^n TepHJA.oc cq-

1 Lire &.non ou, au contraire, plus loin : M.ne».^KT.

2 Lire nra-q. On peut cependant croire à une citation textuelle.

32 Eugène Revillout.

Te>.j«.ooT ace equ}&.ncij«.e cnevï as-e eTCTuvyine jicto^ Ga.&.q nemcRonoc cqn.&.ncûT.

nCcpek<3'c «ye e^.is'a'Cûpa' epoq «j^n «ei5'(yop(rc. «wIvû) &.qei eûoA. ïitctuih ace cqn&.cûj jaoot jsvn ttu}Ou|. riTe-THOTT 2>.c »- rt!î'ep«>.<re qws'e cattoq. &.T(yonq. a«.T5'(«L)A\.ek.^(T)e MM.oq. «>.qu}ek.ace rvc nAVJ«.&.(-T) ace ers- ue neTnçtoû hav/a.*.! eTeTn»-JA.e>-ÇTe m.ja.o(ï). &.nr^ oirpa)Av.e çwtoT nTCTn^e. euiace eTeTn(5'eTi TÊtiH eic nujoui ekTeT«(yonq. neac&.Tr n^q ace Tticoo(Tn) ace utr oirpaiAve («^)Tra> e«i(R)toTC nca>K. eTÊe n«.ï ^.no'onR. neace^q itekT" ace «vror ot». ne(T)eT(H)uïï«c nccoq d.A.toTR ncd». 110.1 j^vô>pcqûtoR. nTCTROir «vTROi eûoA j.\.t\u|OU}. ev-TTôkA-oq (njTeirnOT. dkis'(iiT)eq epek.Tq jA.Tiekp^ieniCROnoc. nTepeqnek^ir t^ô.p epoq ivqpôwuje ejA.ivTe. a.tj"co nTepoT5*Tô.A\.oq e«^e RTe^T<riTq jm.m.oc es.qpu}nHpc eM.&.Te. (o^Tia) ïicacei».q ace iVRei iy.r^OTr (ikm.ots' ç6))(or nx^'uinç^ice avr neRujÊpMeA^(oc).

u|iv nooi' eRAViu}C epOR AVOkTVôwèkR CR(TOiraco) avj.\.or. (tcroit) çtotoq rtor ni:'T&.ac(pe) ncRCRH-r. nx^Av.!vae eacû)(o-5' ra\.)jiV&.r. ô>.qOTr(o^û ntTi Ck.ndk dk.<^oir ace o>.rx:^ (riav) e^ROR nacoeic nowacoeic ace eRe- ace Reïujôkace Rè^ï RTeïçe. ek.noR T:'&.p a.r^ o-vpoiAve R&,c«heRHC. Ow-rco exûe TCwMRTCûiÊ HTe<ïntùT cûoA. RTCTVRTex'*^ RnpcoAve ace (eie)ûoi)R (eÊoA) ç^av rtcùç^ rrçocim avriêioc. TenOT •^Te^.pRO ava\.(or) jkvnacocic è(T)A\.TpeRaciT ««roRC. neïçtoÊ t&.ço rô^ï r^vtcoav.

ne<p;)(^ieniCROROc is^e A.q(A:rnei) e^e^Te erfie n&.R<vuj Avnacocic. &.Tra> neac<s.q Hev.q ace qORÇ^ R<Ti nacoeic ace eRTA\.6o('\) eûoA Avnd.HA.uj RTev.RAv.opT RÇ^HTq -^eipe avavor rujm.av.o crt(oç^ AvnTHpq

RRe5Cpi(eTl)«kROC ^M. RlikltOR .WR neTRHT.

RTe-TROT a^e ek.qn<\.^Tq rcTi «vRa. (ôv^otc) eqacûi j\m.o(c) ace ii.'is'(ùr{Ti). nivï ^«^p OTU}A.oq nt^Çi) ne CV.TCO OTr«^A.i\yic tc uja. eReç^. eic ç^hhtc "^çôv^thr eiyace •^■ROwUjp nçtoû. &.pipe R&.Ï R«^e expe^RûvR.

RTeTTROTT ai.e dkqndwÇ^Tq ace roi rcvï efioA. iïô«,acoeic HeiwT. ewoi ivqnoujReq i\q(aco)OTq eTeq-

RoAic. RTepcqô>.p5(^ei î^e eTMRTeniCRonoc &.qek ReRen(p)&.RTiRon RTiAv.iRe. TAVRTenic-

Ronoc .... e^pTH .... RTôwq&.d>.c Mnqp ots'O-î'ujh rottcot rrrotr ^r troAic oiva^e Av.nqoi^eAv. 0:5"-

OeiR ROTTtOT RÇHTC eUTHpq ROTTÇ^OOTr ROTtOT.

ev.A.Ais. Reqg'eeT MekTrôk.dvq ne ^r otavor&.cthpior avrêcA. rtroAic .... ncdkÊÊ&.TOR CReujdkqei eTeRRAnciik.. d^TM nqcooTÇ^ irÀikOC (eq)u|ûvace RJw.JA.&.q çja. iiu}«wace AvnnOTTe ujev. po^r^e ev-rto Reiyèk.TS'p Te-r(u}H) AvncikÊ .... e-y ... . u|Ah*V. jw.r . . . \y&.AjA.oc .... d>.^epA.Tq ç^ . . . . e-r çr R\(iTOi5'p)r:iek. eTOTi\ekfi &.T(a or Reuj«kq'Riv«^H);)(;ei A\.AV.oo7r ne uje^ acncô RTRTpievRR RqekR«k;)(;<opei or ene-

AVORA.CTHp!OR UJA. nCes.66<VTOR.

evqRev«^iCTô>. a^-e AvnenpecÊ'PTepoc (RT)iv.TaciTq eô>.e<q ReniCROnoc eç^pivï eacR tcrA.oi:^iicth

THpC RT6RRA.HCIdw.

. _ (-=) _

A.Ta> Reujô.q'Y RRWn RTeRRÀHCicv. Ro('yc)on TepOAV.ne. cs.t(ù Reujavq ceene Tnpq en^RÇO- A.OMak RTeRRA.HCi«w ReujCkqacooq eÊoA eRÇ^HRe rtroAic .«.r ReTÇHR epoq. ooiCTe ncep nfoÊuj av- nç^ .... avrt^h(rc) eTÛHHTq .... rcvI T:^A.p Refpe) . . . RRCA.p;)(^(coR) . . ■\' RTOOTq ne jw.nûoA ....

HRdk RTeRRA.HCI«v.

èk-yto Re . . . "^ . . RA.q R^cn(e)pHT avr ^(cRJ^^topon.

èvTTûi neqn(û)iy) mja.oot n(e) (e)acfR ot'OR ri.vv.) . . Rek.Tdw «^c eTcpe nOTev . . . p XP'*' •''^•^^

ncev6û<s.T .... a>.e Req . . . &.q ne ^ït

ue(Te)u}eivek.T a\.r neTacHir riTorc Reuî&.qpcouje CReT^P"^- ô^ivco ReqAVRR eûo\ ne eq(co)OTrR çe^ (Te)-VAVRTÇ^poT(o UJ&. acR \ViTe. D!t(iR) îtacn "v^iTe eç^pA.ï ujA-qcpqe e(ne)u}'\HA eTOT(«ke>.)fi u|«». nRakU" Rpo-yç^e nqcTTMôk.t'e mavooit nqei eÊoA . . or Rq^^nOMiRe enOTUjn Rpoeic ujen. nRe^ir R(uj)6i)pn.

La vie du bienheureux Aphou. 33

ne(M.e)pe \ek&.ir a^^c ncç^iMt ToAM^k e^a>n cpoq éaci epc A.AdwT nnovÊ jm.av.oc. t«.ï tc -»c nxa^q n&,p&.i:«ç'ciAe exMTpc Ad>.<v7r ncç^ijA.e çton eç^oirn cpoq eati e&oAçM. nccoM^v Mn nccnoq ÂTne;)^. cpe A.A^ip nnoTÛ M.M.OC eqoTTonç^ eÊoÀ. h A.ek«kir nçoïTC eqfô) ne>.TV«kH. efioA.:^e nepe ni>i.i&H6>n ne> pooTe ÇHTq. &.irû> n€T*.ç^epô,TOir H&.T&. opa..iuo»i R&.T&. po exeiTRè». ?V.a.«wt éÊ<OH eç5>:rn ei(j«.H)Tei encT epc TMnTceA».noc to ç^Jtooir. exe nt^i ne. çwûc j«.neTr^(o) m.», ueiro'iac.. &.u"a> nKcç(o)ïTe ctto ç^iûjott. ne Ç£(n) eûoA. &.n ^«i OTattiifTc. npeqatea-copT. à^T<a on epe neTr^x^pcoAVA. npcitoOT e-rô nA&.j^npoc. na^iek.HOnoc on ç^omokoc ne &.Tro-r&.^o:r ne hca. Teqooe e^n A&.&.T hçhtoit p ç^ftoû) nA.c&.mon ov3».c

"*■"« =>-£ JA.ô>1^^s.A.1^ \e>.oc AvnacLOeic. R^y.^ ^&.p

neu|&.qocooc epooTr ne nçd^ç^ ncon nTKè>.TH;x!"<^*<^ eqatto j«.moc ace j«.epc nA.ç^KT j[i.KA.^ çev n€nT^k.^^- atiTOTT no'onc n^e nneTaci no-onc. nenTô^TratiTOiv x'&.p noronc eqoTrto^ n&.ir efioA nTjw.nTepô nM.nH-s*e. npeqaci no'onc eu-qûia'e m.m.ootf M.i^Ti)<t>.-y j\m.oc. &.tû) eipou-touic nt^T eûoA. ÂinT&.RÔ.

u|&.cu)(one a.e on n^&ç ncon nq6>nu| efioA.. à^T(û neu|A-T3t(o cpoq ne nnexiyoon on Tno7V.ic. «kTTû) neu|A.qTe>.jA.e nA.A.oc ne eTpeu*j«.eTawnoei ekirto nqRCuAire nxoprn CTÂvTô^ç^ooir.

Rô.n epui&n neT\VA.AAei u|<oqT no-rÀe^ic h nq(n)oonec neu|ekqRûiîV.ire i.rM.\ nKa^à^T uiixnxq- atoOTT eûoA nq2>.iop«>ou" j*.nei\ydwA.MOC &.Tto neuje^qacooc eqpijM.e eqatw ja.moc ace neïui&ace n&. oirp6>M.e nppo ne. ô-qocooir çn ^ennHCTei&. M.n oira'ooTrne. &.non ce çn OTS"jA.nT&.T6oTe nTO.^ ÇTH(n) epooTT.

iKTia &.cu|a>ne nTcpeqatfOR cfioA. jM.neqûioc &. necnnir '\- AvneirOTOï epoq eqn«kMOu*. ç^<oc

eir-oewppei n j«.ni(ROc)Avoc TMnTR<y.^e>.poc nroq neniCROnoc d^-roi neatakU" n&.q ate nen-

eitûT Tdkire OTs^vy^vate epon Mna^TRÛtoR eûoA.oiTOOTn. nToq aw.e Aquje<ac.e nMMMr eqatto ja.m.oc ace

dwnOR OTÇ^oifi noirtoT nc^-çcon M^oq e . . . . THirTn eTAVTpe Àdwdk.-v MMCoren eni«^irjrt.ei eA«w«kir mmiÏt- X

noff". (T&.Ï) rei^p A.noR A\.nnc&. (n)T&.ïna>(ç^)(jw.)*».oc (1. epoc) avoïmc e&.ïcjw.o'OJA. e^e>.pe^ e(H)enTè».ï-

atnooir çn TM.nTM.oa.i^'^oc.. TAvnTeniCROnoc :^6 n"\-A».eeTre «^n ace Vi-^-^Hir M.M.oe. qn Aôkè^ip nowÈ.

«kTûJ on JA.ox^ic dkïo'M.a'OjA. eç^&.peç^ epoï è«^e c^-ô (m)ja.oc nvyopn.

«k-yw nToq equie^nnoire cntoujn noirak.iA.ROnoc JA.eq;)(;eipoa.onei j*^>A.oq niyopn eÏMHTei îiq- ««.nocTH^i-je nacOTTTH j«.'vyô..AMOc d^irto eniCTO?V.H cnre n&.nocToA.oc. dwirw ou-jA.epoc neirik^ï'eA.ion. evycone ai^e OTrnpecfiTTepoc ne. OTj-j«.epoc çjw. nTeTPTeponoj«.ion. m.\i OTj*.epoc çj*. jM.nekp^oiJA.i2i>. «w-rto RCAvepoc çn Hceki«wC. «wircu exÊe nnoMOc nT&.qewM.ekÇTe nçHxq ne M.n. çaç^ npb>M.e ne'\- MneiroTroï eçoirn e^(o& nTeÏA\.ine eiMHTei ncecÛTtùTOir nvyopn. çn topat nij*.. oiras^e on A».ne çtoû lycone enTnpq nTC A.&.ikir ati ç^OAvnx eTÊe ç<oû n^cipoa^oniei». qti neq^oois-. d^AAdw çoT*.n CTruiô^nceTn oirk eÊoA.ojÂ. nA.^)k.oc cnjAd^ CTOirp-^piew jA.AV.oq CAVè^ir. neu}&.qTpeTrçA^ooc nvyopn qn oir^irnOAionH nceOTrcono eûoA. ace ceAA.e A*.nuiè>,ate Av.nnOTrTe aceRd^c çtoou" on CTn&,R(toT) Av.n?V.ô.oc çn TeïçipnoAv.onH nTeïAv.ine

dwTûj TAÏ Te «e nT&.qac.ei>R eûoA. Av.neq6ioc Re^Atoc e&qû&>R epe^rq A\.nnoTTe çn OTveipnnH on (coT5")ac.oirTOTre neooiTT çav. ne;)(^c ic nenatoeic n&,ï eûoAç^iTOOTq neooir Av.nnoTrTe neiwT njwAv.&.q Avn nenn& eT07r«kawû igew ene^

ncneç^

Ç«kAV.Hn.

' Ce ne semble ici assez singulier si la leçon de la copie est bonne.

(La suite à un prochain nunaéro.)

34 Eugène Revillout.

LE MARTYEE DE S^ IGNACE.

Le martyre de S* Ignace, dout nous donnons aujourd'hui les versions thébaine et mem- phitique, a été publié, depuis peu d'années, en grec. Mais les savants qui voudront comparer la version grecque avec nos versions verront que celles-ci apportent à celle-là une grande lumière. Je citerai seulement la date initiale qui est complètement fautive et inintelligible dans le grec et fort intelligible dans le copte. Nous examinerons minutieusement toutes ces choses, en donnant la traduction de ce martyre dans un prochain numéro de la Bévue. En attendant, voici le commencement des textes, qui, au point de vue de la linguistique égyp- tienne, sont des plus intéressants et des plus riches.

Eugène Revillout.

TEXTE MEMPHITIQUE.

(Musée du Vatican.)

^MivpTTrpiow nT€ iiiek.noc ifn&.î^ioc c\)h CTOirMOirTe' epoq dc^c «toc^opoc exe t^n eTcpi^opei* •'^'^'V- ^" CTô>.qep CTiiCHOnoc eô>,nTiO'j(;i» Avencnc*. iriç^ioiiuj UTe nièwnocToA.oc. Cd^qoceR Teqj«.ekpTTpiek tûoA. Scn p<ojA.H ncoTT^ js\.T\iiv6oT cnHTi Sen oivcipHïiH nre cJ^'V-

*en «^Md.ç«^ upoj^ni ivTe TMe^^H^^CAvton nTpe^id^noc Kec^lkp exe «m&.^ê'^^ npojw.ni iic nve '\'jw.«kOCRx^ npoMTii nTc oATTMniôkC Sen '\;-^u"ïTei«.Tidk nevTTiROC ou-pfeton ncM A\.ekp(ReA)Aoc. i^nckTioc

(sic)

HÊTTiCROnoc nô.i\Tio^iôw ed>.qep j^ô^çû Avences. niei.nocToAoc. civ02>.ioc x^&p ne niiyopu. eT^s.^3■I «."^M-ex- eniCROnoc. ek.T<yiTq 2>.c eptoj«.H eirptoïc epoq *en otthiuj'^' ucnOTr3>.H. eûoAç^iTcn nH eTôwiroiropnOT.

(sic)

HH 2ce cneikTr&.peç^ epoq ne^iripi (nxne)' *en TOTHni eç^ewnnp02..iRT(ûp nrc Tp&.iô>.noc noirpo ne.

nowi :^c ne noirpown. ROpnH^ioc. c^icton. iottêihoc. cea^oc. ÛôwTttoc. AeA&.p;x!®*^- nivAM&.c. ôlTmhii. Êdkpû&.poc. A-TMiTOc. ç&.npcojM.i ne n&.x'pioc Sen OTMeTOOiro. eoTOn nTWOTr AVAv.ô.ir nçekncjA.OT u^^Hpion.

es.Tj"(ri 2».c j«.niA\.ô>.Rdwpioc eqconç^ d^iri efcoAsen 'Vx(^P)'^ ^'^'^ '^•«wCid».. ottoç] eÊoAscn niAv.&. eTejAJA.ek.-T ô.iri e-\-«^pivRH nej«. pncson. con j«.en *en nijAtoiT cou a.e dcn c5>ïoja.. ctv'^- mrô^ç^ Avnic^iReoc. eiroDqi jAJAoq Sen oij-AveT^OTO nieç^ooiv nejA. meacûip^.

TEXTE THEBAIN.

(PapjTus de Turin.)

^ennpoTHRTtop ne en Tpd>.ïeknoc iippo. ctc nevï ne ncTp&.n. RopnHAioc. nicoin. £i«>.-ira^oc.

^eA.&.p^oc. dwAA-iHn. £i&p£t&.poc. Aoivtioc. ïoirÉinoc ceTOc. ixA.Aj«.ev.c. ^enpwMe now^pioc cne^oiro €irnT&.TV AVMCwTV n^encA\.OT n^iipion.

dwirati AvnjAd^Revpioc eqjAHp «^irci efioA.cn re^wp*. nTes.ci«w. e^Tto efioAçAv. tïma. eTM.M.«>ir. ère -»pOkRH Avn ç^pHï'ion. cou Av.en çn ne^ioOTe con ïs^e on çn nee&.Ad>.ccôw. eTAVOTr(H)ç^ jiA.nss.iRô>.ioc &.Ta> ctptoqe .w.JA.oq ene^OTO AvneçooTr j«.n TeiruiH.

' jAC^r"^.

^ Lire j^ex.

Le maetyre de S"^ Ignace. 35

RCTOi. cpc ivicnHOT Hô^Tô^ T\oAic "^ noiQ-y nçewnniuj-^- iitaio. ace ç_ines. UTOT-^-aiCO c<i^He«OTek6. &A.A.& jA.i\e o\i *en na^i oepi M.nOTr3ta>nT «^Wd^ nA.TÇ02c.o^e3c AV.Tn2».iReoc Acn o&.nÊ&A. n<v«u]ini

Ke^Tek. '^pH-\- n^oq. eTcqoi MMC^pe *en otti nneqeniCToAii. cqatto mmoc Av.nekipH-^'.

ace &.I icace iiTCTpiew. u]«>.p(OM.H. ixe Scn niAvtoiT. itg *eii ncTujOTOiOTr. itc ôen c^ioav. eiMOuji. iica». Hi«^Hpion. eiconç^ jiTOTq avi mm.oti. eve niM.«kTOi ne. na>.i dk^ui&ncp ne^n&neq ntooT uia^TTÇo «h^otto.

€TA.Tini OTii Ània^iRCOC. eûoA^en pHt:'ion. gtujc côoth épwMH. A.Tcpc-yj«.€niH Mi\iei>.TPTO- Rpek.Ttùp nTeqnekpOTCiôk.

TOTc &.qOTA.ç^Côwçni. e«pOTT&,çoq cpa^Tq n&.q. ee^q^^ûjOT-^^ ii-\^cirnRA.HTOC THpc. inccépKOip. OTOç^ nc2c.A.q n&.q. rsce n^OR ne 'n'nùk!i..ioc. '4*h eTe^qTOTnoc "^noAic ekiiTiô^x^iÀ çtocTc e^pe neRCtoiT i n&M.&u|2c lïte ek.RTô.c^c "^-cirpusk THpc eûoA.ç«k nujCMuii hHinou"\-. eSoirn ena|eMU)i lini^pHCTiivnoc.

&.qepoTCD noce n^n&.2>..ioc ne3c.&.q ace a.avoi. ia noirpo ekina>.uj2£.eM3cOM. nrakC^OR ç^cor. eÊoAâen ncycMU)! nniii^oiAon. enpocciteiTRe Amor ^\- otoç^ eiviR nui'^Hp Mniniuj-\- noivpo n^c ace ç^in«k. rtTeqTfiLÎïtpo nTeRAV.eTO-rpo.

ivqepOTO) note xpakiô^noc ne2ca.q ace icate ^^otûiuî. e-^ nni n^dkn;)(^èkpicj«.«w. otoç^ eepeRiycùni eRHn neM«>.n nuj-;^Hp. y^bi nccoR nTô^ix'najAv.H nreRep «^irciik nninoT"^' ottoç^ ;)(;nè>.u}ûjni ndkp3(;Hcpeirc Àniniui'Y iii^eTC. otoç^ tiTCRcp OTpo neM.Hi.

«k.qepOT(ij nate ■n:«ii&.2i.ioc. ace otçwû eTecuje A.n w nOTpo e-\^ nç^&.n3c&.picjw.a>. eTnekepûAd>.nTi« \^'Tr;)(^H OTOÇ^ hccaiTc cniRoAckCic uje< éiieç^.

(sic)

iteRtou] ak.e eT^vRcou} A\.Ma)o-v. eTHiTOT hhi. -xton j*jw,û>ot «^h. ace ceM.u|dk n^A.i enxHpq. otoo OT5";^e '^■ivôw^cjA.iuï «>^" no&.miOT-\^ n-^ctoOTn MJ«.a>OTr &.«.

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36 Eugène Revillout.

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e«^MtùOTT.

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A.qepoTû> liace it^n&.ak.ioc. neacevq. ace na^ot e^nOR. R«wti icace ôkqjA.OTr RèwTaw OTOiROnOA*.iè>,. e«^ûe nenOTracA.1. ô^qTtonq jM.niMdkÇi:< neç^ooT.

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j«.nROCJA.oc n'^eni^^TTAV.ei d>.ti epoc. cin&.'\' ^ht noir. (eiigôwH'^) çhtt nROCJA.oc THpq

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AV.OOTrT.

A. TC^nRAHTOC oirtoujû ncace^c ace ô>.non TncooTn ace nno^'Te çi^eniikTAVOT ne. n<vvy noe nTOR Hac(OAv.Av.oc ace «w n^y^c m.ot eirnoiTTe ne.

A.qOTr<o^û ns"! iVne^Tioc ntac&.q ace ne^acoeic r&.p ncy^c. R^n eujace d^^AvOT on Re^TA. ot- oiRonOAV.i&,. cTÛe nenoirace>.ï. A.AAek. A.qTû)OTrn oav. nAV.eoujOAV.nT nçooir.

neTCTnacw a^^e avav.oc epooT ace roittc &.TrA».OT çcdc peqAVOT. a.tû> j*.nOTrTa>OTn.

aceRAC a,.e (eR)nô.eiAve. ^(eTrc) Aven eqTOAvc çn RpnTH. nACRAnnioc a..e ATp^^Tq ç^iTn o:r- RepAirnoc. çn neno^oirpoc. t&.'.5*P®^'1"« 2>.€^ ecTOAvc çji. nTAt^oc. Av.n RTrnnpoc. ohpa.rAhc a.e att- Anç&,AicRe AVAvoq ç^iTn ottrûjçt.

Le papyrus Anastasi 6. 37

neTcnnOT-t ceM.u|&. nOTTijA.û>pia. jA.n&.ipn'^^ e^yfie ate (çi^)«.nd.Te.j«.a.ç^i ne. ottoç^ lipeç^ep ner- OûJOT. OTOÇ^ npeqTèkRO. nniptoMi.

. (»ic)

ncnot a.c n^o-\ n^^c. rô-h icatc e^TrcpcTa^-rptonin Amo^. o-too Ik'^m.ot- eROircio:rc. «.Wa. e.q- OTCono g6o\ iiTc^stOM.. Sen natiiK^pcqxtonq c6o\*en nn e^^MWOTT. otoç ô^qtri Jm.u|iu| nnK éT«.Tr- So^ficq cûoAç^iTGn «►HtiOTT niptoMeoc. OTOç^ ncTenio-V «.tj-o-i jm.u|iu) mmwot cfioA.ç^iTen ç^ ç^coc epi'a.THC JÏTC 'V*'^'*'- nenoc a.e n^oq eTa.qj*.oi3- eûoAç^iTen oei^HpoiMi MÇ^j^^otinpoc. ÀnoTU|q«.i cç^pHi *ô.poq cqat'^io Skm.(ùot ceÊt noTnerçcùO-y. ce^-rcp evTjgençMOT. M.enenc&. nii\c«nô.ne-T eT&.q-

«wITOV nCûOT.

neTnnoTTTe r&.p eM.iy&. noenTiM.û>pi&. nTCÏMine ate çn&.Ta.j*&.ÇTe ne. ô.Trû> ç^enpeqp ne^ooir ne. iKTOi npcqTôkRO p(OM.e.

nen(3c.06)ic 2>.c nroq) ne^^c eu|2te «.ttc-^Ôt MJW.oq «.tûi *>q;k*.OT «.AAe. «.qoTtonç^ efcoA nreq- S'oj*. <IM. nxpeqTfooTn eûoA.on neT>*.ooTT. a.tû> &.q2ciR6Â. nnenTewirj*ooTTq qirn THTTn w ncç^pto- M.&.10C. &.TÛ3 nemnOTTe JA.en À.-r2ciR(ûk) MM.oo-r e6(oA.) ostm. nn(o-î')Te otoc cp(T:'è.)THC nT(RA.)R(iè>.). i\e(H)ac.oeic iTe eTo.qAv.OT oiTn ^enpûi/A.e j*.i\OHHpoc. eMno-reujqi epoo-r eq3c.m(o) mjm.oo-t. erfie neirne^oo-ir. ea^irp eikTujn^M.OT jA.nncd>. jA.neTn«wnOTOT TnpoT cnTôwq&.6.-r n&.T.

(La suite à un prochain numéro.)

LE PAPYEUS ANASTASI 6,

TRANSCRIT ET TRADUIT

PAR

M. Chabas.

%r«l.J^r^iMiPra^

J

o^srT-^^^M— ^-v^î^o^.:

^ 01

:^J.m\-'^^\H.

V col. ^1. 7 et 8.)

Le ' scribe .... pour la satisfaction de son maître ^

Cet envoi est fait pour faire savoir à mon maître, à savoir : j'ai exécuté toutes les

commissions qui m'ont été données d'une manière complète et entièrement parfaite. Je ne

serai pas

2^ col.

1 repris par mon maître.

Il est que j'ai fait un voyage à l'endroit est mon maître, conduire l'ouaou^ de

' Au commencement du papyrus on lit en six lignes le protocole du roi Séti Ménéptah II, protocole qui ne présente aucune difficulté et que M. Chabas n'avait pas traduit. (E. R.)

2 La leçon complète du texte est : « son maître le scribe du trésor Ka/abu vie, santé, force ! » (E. R.)

3 Le capitaine ou lieutenant de barque portait ce titre. A^oir l'inscription d'Ahmés et Bbugsch, Did. 242 à 243 et 664. (E. R.)

38

Fe. Chabas.

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;7kia^C«^r^ei]fiP^^^T«¥,

2 barque, qui me livra son cultivateur ; il fut placé dans l' Ath ', en la ville de Teben-t ^.

3 II laboura pour le scribe militaire Samer Menmon, qui est établi dans la ville de Teben-t;

qu'il fit 3

4 abandon 23 jours : et sa ferme* fut abandonnée; l'intendant Tiaou y fit toute espèce de mal; il fit aller

5 trois serviteurs

et on fut à conduire devant le Mer militaire Hui et le scribe Ptahemheb

et l'on fut à faire

6 que j'inventoriasse les Mérous en un rôle, et il emmena l'atelier et il fut dans sa ville.

7 Et il arriva qu'il me fit inventorier le rôle dans le temple de Ramsès Mériamen, et les hommes furent

' Brugsch-Pacha dans son supplément au lexique, p. 165 traduit ce mot ath (d'après notre document même) par prison ou cachot (das Gefangniss) (E. R.).

2 Brugsch-Pacha dans son Dictionnaire géographique, p. 644 et 931 à 932 assimile la ville de Teben ou Teben-t à la Daphnae d'Hérodote, Tell-Defenney de nos jours. Elle était située, selon lui, non loin de Tanis-Ramses. Il cite à ce propos notre passage du papyrus Anastasi 6 qu'il traduit ainsi : «il fut empri- sonné dans la ville de d^ahen, en labourant la terre du grammate des soldats Pemomeumen qui est stationné dans la ville de &aben. On le retenait ainsi pendant 23 jours». Il faudrait plutôt traduire : «il fut placé

dans la garde (custodia) des gens qui sont dans la ville de Teben. Il y laboura etc.» Le mot [loQ^O' crzi

que l'on peut traduire par custodia^ comme l'a fait M. Brugsch, répond au mot copte cotç^ ligare qu'on retrouve en démotique sous la forme ath, déterminé par le bras armé, et qui signifie : lier, saisir, faire proie. Voir Revue, 2" année, II et III, pi. 15, col., 1. 3. (E. R.)

3 Brugsch-Pacha transcrit au lieu de ^— (E. R.)

* Lire: "^ et non ^^|^ . Le syllabique est_écrit en hiératique comme plus haut dans le mot

'^ v\ s û que M. Chabas avait d'abord transcrit

Brugsch, Dict. 973.) (E. R.)

puis corrigé, comme ci-dessus. (Conf.

Le papyrus Anastasi 6.

39

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1 1 1

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AAAAAA U AAA/NAA

1^,^4!1^

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8 avec lui' dans sa ville et il ne se présenta pas devant les magistrats avec moi;

qu'il 2 fit emmener

9 l'atelier 3 dans le temple de la déesse Nebhotep; et il emmena deux autres ouvrières^ de moi, en disant :

10 qu'il ne négligeait pas les ordres du Merhatpa ^

U .... m'obligea à inventorier les Mérous, et il mit des hommes après moi, pour dii-e que le travail des Mérous soit chez lui

12 et je fis passer le travail des Mérous devant le Merhatpa,

et que fut fait prendre

13 leur travail, le 2 de Paoni, au soir (vid. Pap. Sait.) et après son commencement 5 mois.

14 Et il emporta les toiles.

H est que je les ferai passer devant le Merhatpa.

Kote*^ pour faire savoir à mon maître les toiles qu'il a emportées, pour les faire voir au Merhatpa

1 Mot-à-mot : «dans sa main» V\ *e=^. Conf. Bkcgsch, Dict. 1665. (E. K.)

2 M. Chabas, ici, (comme à la fin de la ligne 3 et dans tout le reste du récit.) considère [1 ^ comme dépendant de la locution plus complète [] Vi>H.=^@ w V^ ^T '^'^^' ^* ^^ ^"^^'^ '^"^^ ^^ (voir ligne 7) ou /vww^ M VÇû VQi (ligne 1), etc. Il traduit donc [1 M^ par «qu'il» en sous-entendant «il

arriva». (E. R.) _ ^ . o o

3 M Chabas traduit IJx t r ^^ les Meroi/s et o V\ i r Slill ralelier. Comme l'a fort bien

m I I I I _^ I J '. '

dit M. Bbcgsch {Dict. 672), ce mot qui prend l'aiticle pluriel et l'article femmin singulier signifie : la masse

des habitants, le vulgaire etc. C'est un mot très vague. (E. R.)

* Ce mot est comparé par Bbugsch à OTOei agricola dans son supplément au lexique, p. 506. (E. R.)

'= Ou pour traduire le titre : de l'intendant du trésor. (E. R.)

6 M. Chabas a donné deux traductions de ce passage. Je prends la dernière. Il avait écrit d'abord : « Tableau pour faire connaître à mon maître les toiles qu'il a emportées et que le Merhatpa a \-ues, etc. » (E. R.)

40

Fr. Chabas.

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15 toile Souten pièces toile Mak »

300_^ I

^ Ci O'

. . 87 . . 64

^ . . . . 27

Total 178.

16 Après le recolement j'ai fait juger les hommes par les Oérous, et les Oérous

1 lui dirent : Laisse les hommes est leur maître, et il m'en ajouta quatre selon (le jour de) l'ordre '

2 qu'avaient fait les Oérous. Il fit aller deux scribes militaires 2 pour recueillir l'impôt ^

3 et ils emmenèrent deux autres ouvrières de Pesehemou, en disant : qu'on lui donne Oua, enfant de

4 et il n'était pas avec moi, et il était après le bétail de l'intendant Mesou et fut l'homme qui était avec lui comme aide, il fut avec le scribe Ptahembeb

5 qui fit le recensement avec le Mer de troupes Hui^.

6 Lui il s'occupa des grains dans le temple de Nebhotep.

Or l'enfant s'enfuit et aborda dans la ville ^

* Ici note illisible de M. Chabas. (E. R.)

2 II faut lire : «Le scribe militaire.»

3 Ceci est une correction postérieure de M. Chabas. Il avait d'abord écrit : « Pour inspecter . . . » (E. R.)

Voir page 2, 1. 5 (note de M. Chabas).

^ Pour les lignes 6, 7, 8, 9 et 10 de cette page nous avons encore deux traductions de M. Chabas. J'ai choisi la plus récente. Voici l'autre : «Or le garçon était avec lui et il arriva à la ville était le

Index du vocabulaire mythologique.

41

I I I

^,r:^^k

7 d'où était l'enfant; il fut à ne point ramener Je ramenai

8 les ouvrières à l'homme que lui était avec lui.

(La suite à un prochain numéro.)

INDEX DU YOCABULAIEE MYTHOLOGIQUE

M. Chabas.

M. Chabas avait recueilli un vocabulaire mythologique très considérable. Ce vocabulaire formait deux volumes compris dans un lot de manuscrits que M. Maisonneuve avait estimé 500 fr. dans son catalogue imprimé. Le Louvre fit, par mon intermédiaire, l'acquisition de ce lot. Mais avant qu'il nous panint et même avant que nous ne l'ayons vu et acheté au prix marqué un des autres amis de M. Chabas, M. de Horrack ' avait emprunté chez Maisonneuve le volume contenant le vocabulaire et n'y avait laissé que l'index. Lorsque nous lui parlâmes de cela, M. de Horrack nous promit, du moins, de remettre le vocabulaire, si l'État faisait la publication des œuvres de M. Chabas. Mais, comme on pourrait attendre longtemps, nous croyons devoir obtempérer à la demande de plusieurs égyptologues, en commençant tout de suite la publication de l'index, seul entre nos mains. Les numéros indiqués en tête de chaque article se rapportent à la pagination du cahier de M. Chabas, contenant le corps même du vocabulaire. Mais il y a aussi des indications supplémentaires, dont les renvois ont été alors soigneusement indiqués par notre illustre maître. Malheureusement ces renvois sont souvent peu nets et il nous a été souvent aussi impossible de les vérifier vu la pauvreté de la bibliothèque du Louvre. La difficulté était plus grande encore quand nous n'avions que les numéros se rapportant au Dict. mythologique de M. Chabas qui n'est pas enti'e nos mains. Aussi prions-nous le lecteur d'excuser les fautes nombreuses de cette publication provisoire. Nous avons pensé qu'il était utile de donner d'abord d'une façon telle quelle ces pre- miers matériaux en attendant la publication définitive de cette œuvre. (E. R.)

garçon. Il fut à ne pas l'emmener. Il n'amena pas les travailleurs à l'homme qui était avec lui. Moi, étant avec lui, je suis en Khati. Il fait que je sois comme un homme qui n'a pas de maître. Qu'on lui fasse selon ce qui m'a été dit devant les Oérous sur la conduite que tu as faite des étoffes des Mérous devant le Merhatpa. »

' M. DE HoKKACK avait déjà reçu de la famille le magnifique dictionnaire manuscrit de M. Chabas et plusieurs autres œuvres inédites très importantes. M. de Horrack n'a encore fait paraître que quelques traductions choisies sans textes ni commentaires. Mais les vrais trésors de M. Chabas restent toujours inédits.

6

42

Eugène Revillout.

13àl3e

3

115 36 54 31 39

128 81 82

102 145 149

107 125

103

145 5

r^^'^^^ f\rit^^^o

5 164

^^mi.i

n

:i

Thoth

Jj femme de

Rashpu

AAA/W\ O

^1

jf j^ Àa?. 50/4

^PJo^^- 1^^44/20 i?ec. IV, 52/10

176

Dk. III, 276/2

1r-\r-i1 M '

50/3

()D()^^(Hathor)

130

156

12

ait. T. I, 10,9

ft/WAAA ' -^ WXV I I I I I

mu

177

118 141

[1 D w 1 "^ Hathor

(j^.^^ II. m. 32

(]P[[]pII.HL35aY, 10 (] ^O^ II, HI. 57 Centre

iVo^. 379. ^ à tête de Chien, 419

I i>A;. m, 76 b, Todt. 75, 3 Todt. 98, 5

i)/^. III, 203, 29

I AA/\^AA

39

[1 H^=^ singe debout

|]|(](j^Zei^. 1872,89

27/2

PPP. 63

77 171

-|]-1/T\ tête d'Ibis, Z)A;. III/171

Dk.llL

204/55

o

id.

' 204/60

87

79

111

id. 204, 64

i^ec. IV, 53/22,

54/43

\ '^c=s=i J Todt. 95, 2

^m^ftiai82

177

Dk. III,

204/63

AAAAAA VJ

O

;]^:^

135

171

Todt. 141. 13 rfll i?ec. IV, 69/12

z3 A 1 Ub (E o

ait. T. 10/e, 16/e, TocZ^ 125. 33 Bauurk.

XIV

Sali. IV, 10,'ô

O I

Index du vocabulaire mythologique.

43

^^ Xephthys

/WNAAA /|V I Xa VILLE IV

21

12 à 12*

94

94

134

122 122

157

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:J

■^ jj à Osiris 6 d

§'|5;iXei)hthys),i). ni, 224/ï

Jo'*

36 25 fl^l Sali. IV, 21/6

-^.^J?ec. IV, 54/61

e

03

159

5

167

151 132 132 132

^ I

et var.

du soleil Hathor

91

Kal. 117, 10 I 5

n^^D^ Dk. m,

37. 6 33/26

30/bas, ait. T.l, 25

,.'û Ch. A"o«. 408

e?e

SI

SAA

IV, 39/12 WL Kal. 102/10

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48 100

155 81

Zeit.1$65.I

106 136 131

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ait. T. I, 10/c, 16/c

•«v£^*eo.IV,39/ll

I I II I I ' '

125. 33

=>J()(]^ro(Z#. 78.38

"^ 62.2

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leil fondateur de la race égypt. i)i-. lU, 136. 6 Tomb. Séti F""

le soleil

D

m, 203/23

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H} lu. m. 55. 5

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(La suite prochainement.)

6*

44 Eugène Revillout.

NOUVELLES ACQUISITIONS DU MUSÉE ÉGYPTIEN.

Nous consacrerons désormais quelques lignes dans la Revue aux nouvelles acquisitions du Musée égyptien du Louvre.

Parmi celles que j'ai procurées dernièrement au Musée, je signalerai : une fort belle collection de scarabées, d'antiquités et de papyrus grecs, coptes et arabes qu'a cédée Brugsch-Pacha. 2" deux collections de papyrus démotiques, grecs, coptes, arabes, pehlevis, hébreux, etc. et de tessères venant de M. Chester. un important contrat démotique du règne de Darius cédé par M. Leroux et déjà publié dans la Revue. divers objets achetés de M. Allemant et qui comprennent : une figurine du dieu Set en or, deux statuettes de l'ancien empire d'un admirable travail, un cylindre curieux au nom du roi Sabaka, un sei-pent diadème représentant la déesse Ranen, un fort beau pied de meuble sculpté venant de Der-el-Bahari, une suite des figurines funéraires trouvées à Der-el-Bahari par M. Maspero, une pierre gnostique figurant Anubis-Taricheute, une bague en or portant le cartouche de la reine ( tl^'^nin^Û]|fi| 1; épouse d'Ameuophis IV'. une intéressante boîte funéraire de fort petit calibre au nom du scribe Sutimès, etc. Enfin j'ai eu le bonheur d'introduire au Musée diverses donations des plus importantes parmi les plus récentes desquelles je tiens à signaler : V une très importante collection de papyrus coptes que vient à l'instant de me livrer le si aimable évêque anglican de Limerick (L'iande); un précieux contrat démotique sur poterie offert par le Révérend Armitage (d'Oldhan Angleterre) ; un petit vase eu bronze présenté par M. Eustace Smith, du parlement anglais. De son côté M. Egger, de l'Institut, avait précédemment donné une importante collection de tessères démotiques, grecques et coptes et il nous avait attiré également la disposition testamentaire par laquelle M. Chasle nous a légué les papyrus grecs contenant un fragment d'Hypéride et la lettre à Apollonius sur la syntaxis du temple d'Amon à Thèbes en même temps que notre savant maître M. Weil, de l'Institut, nous obtenait de M. Firmin Didot le papyrus grec publié par lui et contenant les fragments d'Euripide et d'autres poètes grecs.

Je reviendrai sur ces diverses acquisitions et sur les autres du département. Je ferai même graver les plus curieuses au point de vue de l'art et je donnerai quelques détails sur celles qui sont précieuses au point de vue scientifique. Mais, en attendant, je crois devoir dire de suite un mot de deux monuments que m'avait cédés M. Brugsch-Pacha et que j'avais payés moi-même depuis trois ans, mais qu'il m'avait été impossible de faire revenir du Caire à cette époque. Notre émineut directeur M. de Ronchaud les a fait transporter au Louvre et le comité consultatif a confirmé l'acquisition qui avait été faite par moi à mes risques et périls.

Voir K'onigshuch de Lepsius, 389 et 397, etc., pour cette reine qui est ordinairement appelée : « sœur et femme principale, douce mère » ou bien « femme principale, régente du midi et du nord, maîtresse des deux pays», etc. Son nom subit plusieurs variantes dans les textes, surtout en ce qui touche l'ordre des signes. Le mot aten est généralement écrit dans un sens contraire à celui du reste du cartouche, souvent

il est mis entre les quatre premiers T et le cinquième. Une autre variante ne donne qu'un seul T et ne contient

„,,, fi o 0 0

pas 1 élément M o. Mais c'était avant la révolution religieuse opérée par le roi novateur (n° 387). Le

nom paraît avoir été d'abord «Nofert-iti», puis après la révolution dont nous venons de parler : «Neferu (4) aten-(ra) Nofert-iti. » C'était l'époque Aménophis IV avait seulement gardé son ancien prénom et changé son nom d'Amenhotep contre celui de Xu-en-aten, par dévotion exclusive pour le disque solaire.

®

Nouvelles acquisitions du Musée égyptien. 45

Je uai qu'à me louer de la bonue pensée de mon illustre maître M. Brugsch. Ces deux monuments feront honneur à notre Musée.

Le premier, entièrement inédit, est une statue de granit, représentant un personnage assis, mais dont le haut du corps a disparu. Les deux mains sortent sur les genoux probable- ment des ouvertures de la robe mais sans qu'on puisse voir trace des bras auxquels ils se rattachent. Les deux inscriptions qui le couvrent sont à étudier aux points de vue géogra- phique et mythologique. Il s'agit d'un prêtre de Ro-nofir ^^I"^. Cétait, comme l'a établi Brugsch dans son Dict. géogr., p. 456, le chef-lieu d'un nome supplémentaire du même nom ([ui suivait le nome de ^^^'^ seten (^v^-eneTc.!, voir ibid., 805 à 806), et précédait celui de /T\

Hib ou Behbeit. Le nom T , pom- la prononciation duquel Brugsch hésite enti-e Ro-nofii

et Ro-a-nofir, pourrait peut-être être comparé à i ri , dont il est aussi question dans le

Dict. géogr., p. 992, et qui avait pour dieu principal un Osiris spécial H o | ^ 1 . Il faudrait

alors voir dans t r le déterniinatif du bassin qui con^ient à ro dans le sens d'embouchure, porte d'un cours d'eau ou d'un canal. Ce qui est certain, d'après l'inscription même que nous allons publier, c'est que Ro-nofir avait pour dieu principal un Osiris, appelé tantôt : Osiris sah seps, «Osiris en momie î;e?2eVa6?e », tantôt : Osii^is -/as, «Osiris au repos ou endormi», ce qui revient à peu près au même comme sens. Il s'agit de l'Osiris dont le cœur ne bouge pas, c'est-à- dire d'Osiris mort, attendant sa résuiTection et qu'escortait, suivant notre monument même, les quatre génies funéraires présidant aux divers organes des défunts. Parfois nos textes le nomment aussi simplement yas «le dieu calme, immobile», (conf, Brugsch, Sup., 896) sans mettre, avant ce qualificatif, son nom : Osiris. Nos nouveaux textes nous apprennent aussi qu'on véné- rait à Ro-nofir toute la triade, c'est-à-dire Osiris, Isis et Horus en même temps que le dieu sebek (symbole ordinaire de Set-Tj-jDhon). Ce double culte est assez curieux. Mais tels n'étaient pas les seuls dieux vénérés dans Ro-nofir. Il y avait sans doute un lyaiif ou plérome de neuf dieux comme dans beaucoup d'autres sanctuaires. L'inscription du dos parle du IL irn 11 TTI^Im. ' ^^ ^^^^ ^^^ dieux qui y étaient renfermés. Parmi ces dieux figurait sans doute le reste de la famille d'Osiris, c'est-à-dire Nephthys et Auubis. Un monu- ment appartenant à la collection Clot-bey et que cite M. Brugsch dans son Dict. géogr., p. 558, parle d'une <Xephthys dans Hat/as» TT / ^s:^ . M. Brugsch ajoute «localité

inconnue». Nous savons maintenant qu'il s'agit d'un sanctuaire de Ro-nofir, sanctuaire dont le grand prêtre portait le titre de «parent royal» suten-rey. Le temple de Sebek de Ro-nofir avait en outre un prêtre spécial portant le nom de mehi-sem « celui qui inonde la mèche de cheveux ou la tempe» (Brugsch, Dict., 689, 1224, Sitpp., 1053\ Ces deux dignités étaient réunies sur le même personnage à l'époque de la statue dont nous allons maintenant donner les textes. Voici d'abord l'inscription placée sur les genoux :

46 Eugène Revillout.

^SN. <^p> f "^ V_-7 l^ri] r—û—.

«Proscynème à Osiris sali seps (Osiris en momie vénérable), dieu grand, seigneur de Ro-nofir des milliers de pains, de liquides, d'étoffes, de graines, de libations, de vin, de lait, d'offrandes et de vivres en abondance, des milliers de choses bonnes, pures et agréables au ka divin du parent royal (suten-rex) dans Hat xas, du mehi-sem de Sobek, dévot auprès d'Osiris /as (Osiris endormi ou au repos'), dieu grand, seigneur de Ro-nofir, Hor-pén-ésé véridique, fils de l'homme de même dignité An/pchrat (Xa-oypaTY;ç). Son fils a fait ceci, à savoir le parent royal (suten-rex) dans Hat xas le mehi-sem de pa-Sobek, le prophète d'Osiris, d'Horus, d'Isis et de Sobek de Ro-nofir, Sé-isi, enfanté par la prêtresse (ahi) de -/as (Osiris -/as), seigneur de Ro-nofir, la dame Hotept (ou Neb-pa-hotep-t) véridique. »

Au dos de la statue on n'a plus que la fin des colonnes.

st^^^Jl^ X^i (^ ) «Xasi, seigneur de Ro-nofir, Horus, Isis, Sebek, Amset,

Hapi, Tiumutf »

La seconde colonne : jF M 1 11 II II I ^IIt-^- Ji'^-^^^'^^^ ' * ' *(*^^^ les dieux) du sanctuaire des neuf dieux qui est dans Ro-nofir qu'ils donnent .... »

La troisième : ^j]1 _^M^ ni ^ Ao + # TT Z: I '^^ " " ' ^<^' ^^"^*^ auprès d' Osiris sah sepes, le dieu grand, seigneur de Ro-nofir, le sutenrey^, le mehi-sem »

La quatrième : '^^^^-=:^ '^^ \\ \\ rr(j\ "S^ I ^ | y fi « Son fils il l'a fait le

Xasi, seigneur de Ro-nofir, prophète d'Isis.»

La cinquième : ^^ r (1 (|c> «Sé-isis enfanté par la dame Héri. » Puis après

cela en grand la figure de la femme ainsi appelée.

Tel est l'ensemble de notre premier monument, dont il serait maintenant très intéressant de connaître la provenance exacte 2.

Le second, également inédit, est le socle d'une statue de Ramsès V.

On voit encore sur le plat, près des pieds, ses cartouches; et autour du socle se trouve la double inscription suivante :

(f)1î=ll4l^îîfeBE^r?MSC?Sl]^rT,CSB]A

,C°JËM]Afil

' Voir Brugsch, Supp., 896.

2 Notre cher maître M. Brugsch a-t-il là-dessus quelque souvenir?

Nouvelles acquisitions du Musée égyptien. 47

« Le dieu bon a édifié (des) obélisques dans la demeure de sou père bon, parce qu'il ' lui a donné le midi comme le nord en roi et seigneur des deux hémisphères, Ra-neb-pehti, fils du soleil, seigneur des resplendissements Ra-mésès-hiq-ma-t 2 doué de vie, stable comme le soleil à jamais et à toujours.»

«Le dieu bon a orné la terre par ses plans divins, il l'a guidée (mot-à-mot : conduite au port) par l'excellence des qualités glorieuses du roi-seigneur des deux hémisphères Ka-ueb- pehti, fils du soleil, seigneur des resplendissements Ra-mésès-hiq-ma-t doué de vie, stable comme le soleil à jamais et à toujours. »

P. S. J'ai attendu quelques jours pour donner la mise en pages de cet article; car je tenais à indi- quer les résultats de la vente Posno en ce qui touche le Musée du Louvre. J'ai le bonhenr de pouvoir annoncer que nous avons acquis dès la première vacation les véritables perles de cette collection, c'est-à- dire : 1" l'admirable statue de bronze, chef-d'œuvre de l'art égj-ptien, qui porte le n'^ 524 et ai)partient certainement à l'ancien empire ; les quatre sujets, en terre émaillé, polychromes, représentant des prison- niers nègres, asiatique et Ij'bien, qui portent les n*'* 58, 59, 60, 61 et sont les plus beaux spécimens connus des célèbres émaux de Tell-el-yahoudeh fvicus judaeoram). Ces deux acquisitions montent à 40.000 frs. Ce sont les plus importantes que le Musée ait faites depuis un très grand nombre d'années et je me hâte de les faire connaître tout de suite à nos abonnés. Ajoutons que dans une des dernières vacations nous avons acheté en outre pour une trentaine de mille francs la grande statue de bronze 468, datant aussi de l'ancien empire et fort curieuse, quoique d'un travail beaucoup moins fin et parfait que la première. Ce n'est pas une raison pour la croire plus ancienne, comme on l'a dit: car nos chers maîtres E. de Eougé et Mariette Mariette surtout ont très bien établi qu'à l'opposé de ce qui s'est passé en Grèce les plus anciens chefs-d'œuvre de l'art sont en Égj-pte ceux du travail le Tplus fin, le plus libre et le plus parfait. La magnifique statue du scribe accroupi découverte par Mariette, et qui est un des plus beaux ornements de notre Musée égyptien, est pour ser\ir de preuve à cette doctrine constante de nos maîtres. On peut citer également parmi des multitudes d'autres exemples la célèbre statue de bois du Musée de Boulaq que tout le monde a tant admirée à l'exposition de 1867 et qui, trouvée dans une des chambres non %iolées des pyramides, est certainement la plus antique des œuvres d'art connues. Quant aux trois statues de bois acquises il y a quelques années par le Musée du Louvre, elles ne sont nulle- ment comparables à celle-là. Deux n'ont pu être attribuées à l'ancien empire qu'à cause des tresses de la coiffure. Mais elles n'ont pas la liberté d'allures qui caractérise l'ancien empire. Elles sont aussi raides, aussi artificielles dans leur pose que les statues plus modernes et de plus fort laides, de toutes manières bien inférieures aux petites figurines de bois achetées l'année dernière, et dont nous reparlerons. Une seule, celle du milieu, rappelle l'art antique de l'Égj-pte, et même, de loin, par certaines touches, en certains endroits, la statue de bois de Boulaq. Mais notre seconde statue de bronze moins fine cepen- dant que la première offre certainement des qualités tout autres. Nos abonnés pourront apprécier du reste ces deux belles acquisitions; car nous devons à M. Posxo la communication des deux magnifiques héliogravures Dujardix qu'il avait fait faire et qui accompagneront ce numéro. Nous ferons exécuter égale- ment des chromo-lithographies pour les prisonniers en terre émaillée et nous les donnerons dans un des prochains numéros. Terminons par une remarque : La statue de bronze 524 n'est pas une figure d'imagi- nation : c'est un portrait, le portrait d'un personnage de l'ancien empire. L'inscription qui nous apprend ce détail important est écrite sur la poitrine, en face d'une image d'Osiris, tenant le fouet et le pedum. Elle se lit : n^ l^è\-c2:^A.v^AAQy>-Q 1 | AK^ ÎTT J.^v\ S) (sic) «Mesu, fils de la femme Ment-bu-psasu». Ment-bu-psasu

signifie ^le peuple du lieu (du pays) de pèasu.» Le dernier élément plasu est l'ethnique égj-ptien bien connu de la race des pasteurs sémites. Peut-être la mère de Mesu appartenait-elle à cette race comme captive. Les captives et les esclaves portaient souvent dans l'antiquité un nom qui n'était que l'ethnique de leur pays, écrit comme celui-ci dans la langue du vainqueur. Quant au nom de Mesu, il est purement

1 II ne faudrait pas voir ici : 1 O. c'est-à-dire le surnom « beau do visage » qui s'applique ordinairement à Ptah. Le mot nofre. est un attribut de père. Quant au mot iQ c'est la préposition oi pour. Mot-à-mot : «pour son action de lui donner», etc.

' L'addition \ /\\\ Im-ma-i «régent de vérité» au nom de Ramsès I" est intéressante. Son cartouche se lit d'ordinaire I Ofîirl,^ I (Kamessou), Ramsès IV portait an contraire le même nom (Ramsés-hiq-ma-t avec la nouvelle addition mi-amun). Mais son cartouche prénom était très différent de celui de Eamsès I'^'' que nous avons ici.

48 Eugène Revillout.

égyptien (voir le papyrus Anastasi 6, etc.). Espérons que nous pourrons encore obtenir l'acquisition de la magnifique et colossale statue d'Horus, appartenant aussi à l'ancien empire.

Au dernier moment nous apprenons que M. le Ministre vient d'autoriser pour 33.000 frs. cette troi- sième et très importante acquisition. On en verra également l'héliogi-avure aux planches. Eeste à acquérir la quatrième statue de bronze, certainement plus moderne, mais fort curieuse par ses incrustations.

(La suite prochainement.)

EEVIJE BIBLIOGRAPHIQUE.

Nous ne pouvons qu'indiquer aujourd'hui les titres de quelques-uns des ouvi-ages reçus dernièrement par nous en nous réservant de donner notre appréciation de certains d'entre eux dans un de nos pro- chains numéros. En attendant signalons : une fort intéressante étude du nouvel exemplaire du décret de Canope par M. Miller, de l'institut (extrait du Journal des savants). 2" une auti*e étude de M. Dabeste, de l'institut, sur le droit égyptien résultant de la comparaison des papyrus grecs et des papyrus démo- tiques expliqués par nous (autre exti'ait du Jom-nal des savants). l'étude de la 21'' dynastie de Manethon de M. Lepsius (extrait de la Zeitschrift de Berlin). une lecture faite à l'académie de Berlin par M. Lepsius sur la nouvelle édition du livre des morts. une inscription historique de Pinodjem III, grand prêtre d'Amon à Thèbes, traduite et commentée par M. Naville (Paris). le catalogue général du Mixsée égyptien de Turin par MM. Fabretti, Rossi et Lakzone. les mathématiques égyptiennes par M. le Professeur Cantoe de Heidelberg (extrait de son ouvrage Sur Vhistoire des mathématiques). un essai sur le système métrique assyrien par M. Aurès. 1®'" fasc. Paris. la troisième partie du même essai autographiée à Nîmes. 10° le fascicule III de l'ouvrage de M. Bortolotti déjà signalé par nous et intitulé «Del primitivo cubito egizio» et le supplément à ce III* fasc. (Modéne). 11° un autre volume intitulé : «La coudée étalon linéaire des Egyptiens ^> par M. Rodenbach (Bruxelles). 12° les «Prologomena ad papyrorum graecorum novam collec- tlonem edendam» de M. Wessely (Vienne). 13° ein « Griechischer Paj)yrus aus dem Jahre 487» de M. Habtel (Vienne). 14° le papyrus grec de Berlin 163 publié et commenté par M. Landvehr (Gotha). 15° «Le mi- grazioni degli antichi popoli delV Asia minore studiata col sussidio dei monumenti egiziani» par M. ScmAPARELLi (Florence). 1 « Assyriens og Aegyptens garnie Historié » par M. Valdemar ScHjnDT (2 gros volumes , Copen- hague). 17° le catalogue du Musée de Copenhague par le même. 18° «Cities ofEgypt» by Poole (London). 19° «Le décret trilingue de Canope,» texte hiéroglyphique par M. Pierret (Paris). 20° le livide des morts par le même. 21° «Die Wiener Papyrus Nr.3J, Anhang: eine Inschrift auf Thon Nr. 5591» par M. Wesselt (Vienne). 22° un ouvrage intitulé : Descrittori italiani delV Egitto par M. Lumbroso (Rome). 23° le catalogue des signes hiératiques par M. Sdiéon Levy (Turin). 24° les listes royales éthiopiennes par M. Drouin (Paris). 25° un opuscule égyptologique de M. le comte de Schack, que je ne retrouve pas sous la main et dont je reparlerai dans le prochain numéro. (E. R.)

NÉCROLOGIE ET NOUVELLES.

Nous avons la profonde douleur d'apprendre la mort de M. Laboulaye. Il laissera un vide bien difficile à remplir tant à l'Académie des Inscriptions qu'au Sénat, et tous ceux qui ont eu l'honneur de le connaître ne sauront assez regretter l'homme éminent et aimable que la France vient de perdre.

M. Maspeeo a récemment découvert une église antique qui contenait, paraît-il, des inscriptions coptes importantes dont nous attendons la publication avec impatience.

Nous devons signaler le succès toujours croissant des cours que M. le Ministre vient d'instituer au Louvre. Pendant l'année scolaire qui va finir, le nombre des élèves et des élèves sérieux s'est maintenu à un niveau vraiment exceptionnel. M. Bertrand, de l'Institut, avait toujours foule à son cours si intéressant sur l'archéologie nationale, cours dont je puis parler puisque j'ai eu l'honneur de le suivi-e. Moi-même, sans avoir un pubhc aussi considérable, je n'ai qu'à me féliciter du nombre et du zèle de mes élèves tant pour mon cours de droit égyptien que pour mon cours de démotique. (E. R.)

Nota. Sigles des divisions de la drachme lors de rétalon d'argent en Egypte. Nous avons retrouvé ces sigles dans plusieurs papyrus grecs d'Athènes, du Louvi-e, de la Bibliothèque nationale, etc. et nous les reproduisons ci-après aux planches. (E. R.)

L'Éditeur Ernest Leroux, Propriétaire-Gérant.

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REVUE ÉGYPTOLOGIQUE

FONDÉE SOUS LA DIRECTION DE

MM. H. BRUGSCH, F. CHABAS, EUG. REVILLOUT,

ERNEST LEROUX, EDITEUR

LIBRAIRE UE LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE, DE L'ÉCOLE DES LANGUES ORIENTALES VIVANTES, ETC. ETC. 28, RUE BONAPARTE, 28, A PARIS.

IIP année. II. 1883.

La JÎEVUE E GYPTOLOGIQUE paraît tous les troi? mois par numéros de six feuilles au moins, avec

planches, fac-similé etc. Aucun numéro ne se vend séparément.

l'ri.c de l'abonnement annuel: ravis 30 fr. Dépai-tetnents 31 fi: Étranger 33 fr.

Sor/i'inaire : Seconde lettre de M. Revillout à M. Lenormant, de l'Institut, sur les monnaies égyptiennes. (Suite ) § 3 La propor- tion des métaux monétaires. A. La pièce d'or valant une mine; B. Le statère d'or de Leide et les monnaies d'or des Lagides; C. Le passage de Pollux mentionné par Letronne; D. Le taux de l'intérêt; E. La proportion de valeur entre lor et Urgent; F. La proportion de valeur entre l'argent et le cuivre. § 4. Etalons monétaires. Première période beconde période. Troisième période. Note annexe sur l'argentens-outen. La vie d'artiste ou de bohème en Egypte Jbragment dune pièce en vers démotiques.

SECONDE LETTRE

DE M. REVILLOUT A M. LENORMANT DE L'INSTITUT

.SUR

LES MONNAIES ÉGYPTIENNES.

(Suite'.)

§ 3. La proportion des métaux monétaires en Egypte.

Permettez-moi de m'arrêter sm- cette proportion de 24 pour V,o, 120 à 1, d'après laquelle j'ai fait jusqu'à présent tous mes calculs. Cette proportion est toute différente de celle qu'avait établie Leteonne et que vous semblez conserver encore 2, ainsi que M. Mommsen. Il est triste pour moi de constater qu'il existe ainsi sous ce rapport un schisme complet'entre deux sciences aussi parallèles que la numismatique et l'étude des manuscrits; car, il faut le dire, parmi ceux qui s'occupent actuellement avec succès des papyrus grecs ptolémaïques, il n'est plus personne qui admette l'ancien calcul de Letronne. MM. Bernardjno Peyron, Leemans, Lum- BROso sont arrivés à des calculs tout-à-fait identiques. Tous ils acceptent, comme moi-même la proportion de 1 à 120 entre l'argent et le cuivre, et chacun en apporte des raisons diffé- rentes de celles qu'on avait d'abord données. Examinons donc rapidement les bases sur les- quelles s'appuyait le calcul de Letronne, puisqu'il en est encore question.

Toute l'argumentation de Letronne repose sur deux papyrus de l'époque lagide aux- quels il compare un passage de Pollux dont il reconnaît lui-même les grandes difficulfés,

> Voir dans la Revue, année, II— III. p. 201 et suiv. la Première lettre et p. 245 et sniv. la seconde. 2 Je ne fais que reproduire ici les termes primitifs de ma lettre; car nous sommes maintenant, M. Lenormant et moi, parfaitement d'accord.

7

50 Eugène et Victor Revillout.

difficultés telles qu'on s'accordait g-énéralement à le corriger. Il s'agit, en première ligne, d'un papyrus de Leide qu'avait déjà signalé Eeuvens, et dans lequel il est question de statère portant intérêt de 60 draclimes de cuivre par mois, 720 drachmes par an. M. Letkonne pensait que ce statère était le statère d'or dont Pollux avait dit : pàv -^âjvaTo ô ypjsou; ctxty;p, et il y comparait le p-vastov vo[j,'.Œp.a ypjatou, dont parle un papyrus du Louvre publié par lui. Ce iJ.voct'.Q'/ voij.tc7[j.a /puTio'j qu'il assimile au statère d'or aurait représenté, selon lui, une mine d'' argent (de cent drachmes), ce qui en faisait probablement l'octodrachme d'or des Lagides. En supposant de plus l'intérêt de 12 pour cent usité encore maintenant dans le Levant, et en cal- culant (d'après ces bases et d'après l'isonomie et l'isométrie pondérale des trois métaux) l'intérêt indiqué par le papyrus de Leide, il eu concluait la proportion de 1 à 12 '/j entre For et l'argent et la proportion de 1 à 60 entre l'argent et le cuivre. Voici la phrase de Leteonne qui résume le mieux son opinion, en la retournant : « Dans le papyrus de Leide il est dit que » l'intérêt d'un statère d'or sera de 60 drachmes de cuivre par mois et conséquemment de 720 »par an; en réduisant ces 720 drachmes de cuivre en argent d'après la proportion soixantième, »on a une drachme par mois et 12 par an; et comme le statère d'or valait 100 drachmes » ou une mine d'argent » d'après la donnée du papyrus de Paris nous parlant d'un |ji,vactov vo[;.[C7[j.a /p'JCTtou dont M. Letronne fait un statère «nous retrouvons le taux de 12 pour » cent par an » .

Ce système était très ingénieux. Mais il croule par toutes ses bases à la fois :

A. Le [j.vastov vo\).<.'j\m ypuatou £-v7Y;p.o'j du papyrus du Louvre valait une mine de cuivre et non une mine d'argent.

B. Le statère du papyrus de Leide est, selon l'observation déjà faite par M. Leemans, le statère d'or, décrit par les métrologistes grecs et bien connu en numismatique, qui valait 2 drachmes et non 8 drachmes d'or.

C. Le texte de Pollux cité à regret par Letronne s'appliquait, selon la remarque fort judicieuse de Hultsch, aux monnaies de Sicile (comme le texte que M. Mommsen allègue dans le même sens) et non aux monnaies d'Egypte.

D. L'intérêt était de 30 pour cent en Egypte, ainsi que nous l'apprennent positivement les textes et que nous l'avons déjà établi après MM. Peyron et Leemans dans notre article sur le papyrus grec XIII de Turin, et non de 12 pour cent comme le pensait Letronne.

Il suit de qu'en partant de l'isonomie complète des différents métaux telle qu'elle ressort de ce qui précède, nous retombons :

E. Sur la proportion de 1 à 10 entre l'or et l'argent, proportion indiquée par tous les anciens.

F. Sur la proportion de 1 à 120 entre l'argent et le cuivre, qu'avaient déjà admise MM. Beenardino Peyron, Leemans et Lumbroso, et que nos textes démotiques prouvent également d'une façon désormais indubitable.

Nous allons développer séparément tous ces points dans le présent paragraphe.

A. La pièce d'or valant une mine.

En ce qui concerne le premier point, il suffit de lire avec attention le beau travail de notre grand Letronne sur la récompense promise . . . pour voir nettement à quelle mine se

Seconde lettee sur les monnaies égyptiennes. 51

rapportait le ;j./a£::v v:;j.;c;j.a -/zjz'.zj £z::r,;j.sj dont parle le papyrus du Louvre commenté par lui.

Ce papvrus, comme l'établit Letroîtse avec toute certitude, a été rédigé pendant les négociations des Cariens en Egypte, négociations qui commencèrent sous Épiphane et se ter- minèrent sous son fils en l'an 146 avant Jésus-Christ; mais très vraisemblablement sa date plus précise est l'an 25 d'Évergète II. A cette époque l'étalon monétaire était très certaine- ment en Eg}-pte l'étalon de cui\Te, ainsi que nous aurons à le dire plus loin et que le prouve du reste avec évidence l'ensemble des papjTus grecs contemporains. Toutes les fois que les pap}Tus mentionnent alors sans autre désignation des drachmes, des talents ou des mines, c'est de drachmes, de talents ou de mines d'airain qu'il s'agit. Si l'on veut parler d'autres monnaies d'or et d'argent on a soin de le spécifier très expressément. On joint même assez ordinairement au nom du métal as-,osisj ou /cj'-.îj le mot t~<.zT,\).zj frappé, marqué ou monnayé, qui ne figure pas à l'époque de l'étalon d'argent ', mais était devenu fort utile pour distinguer des lingots ordinaires les monnaies frappées dans un autre métal que celui de l'étalon, c"est-à- dire que le cuivre-. C'est ce que fait notre texte par les mots (vcja:s;j.2) /pja-.îj t-:zT,-^.zj que Letroxse a rapprochés lui-même de la fonnule y.p';jz:cj tT.:zr,-j.zj zzT/;^.y.<. du papyrus grec 8 de Turin, daté du même règne. Si l'auteur de notre document avait eu en \T.ie dans [xvastîv la mine à'arqent, il aurait certainement procédé de même, en indiquant, tout au moins, cju'il voulait parler de l'argent. Cette considération seule suffirait pour montrer qu'il s'agissait de mines de cuivre (conformes à l'étalon égyptien) et non de mines d'argent qui étaient alors très rarement employées.

Ajoutons du reste que s'il s'agissait de la mine d'argent (ce que nous n'admettons pas), il ne s'en suivrait pas que la pièce d'or valant une mine fût un octodrachme lagide d'or. On pourrait plutôt songer alors à la pièce d'or de 34 grammes et plus peu près le poids des décadrachmes d'argent dArsinoë) frappée en Syrie ^ (pays avec lequel la Carie devait avoir de fréquents rapports), pièce qui valait 8 drachmes syriennes ou attiques et 10 drachmes d'or ptolémaïques, ce qui répondait, avec la proportion réelle dun à dix entre l'or et l'argent, à 100 drachmes ou une mine ég}iîtieune d'argent.

Mais il faut laisser cette hj-pothèse par les raisons indiquées plus haut et en arriver à une auti-e conclusion beaucoup plus vraisemblable et qui me paraît même tout-à-fait certaine, parce qu'elle se rapporte à l'étalon de cuivre usité à cette époque. En effet, le ;j.va£'.îv vo;j!.'.:7;j.a (dont rien n'indique dans le texte la relation avec le statère du papyrus de Leide) nous re- présente îine monnaie bien connue dans le pays même d'où venaient les ambassadeurs qui font faire l'avis en question.

' Yoii- le papyrus gi-ec Q de Leide du temps de Philadelphe 1^-.

2 On ne trouve les mots -/a)./.oj £-'.tt,u.o-j que dans un passage Polybe dont nous aurons à reparler et qui est relatif à des talents de enivre monnayé donnés par Épiphane à des Grecs étrangers à l'Egypte. Cette mention précise était alors utile, parceque les talents de cuivi-e monnayé n'étaient guère d'usage qti'en Egypte et quil ne fallait pas qu'on put croire qu'il s'agissait d'un poids d'airain en lingots comme celui qne Démosthénes mentionne pour la garantie d'une dette. En somme, le mot £-'.7T,aoj sert à faire disringuer les indications monétaires des indications pondérales (drachmes ou talents) pour les métaux qui ne rentrent pas dans l'étalon surtout connu du lecteur. Le mot efket «gravé» a le même but en démotique.

3 Nous parlons plus loin de cette pièce qui a été frappée par Antiochus et par plusieurs rois de Syrie.

52 Eugène et Victor Revillout.

En admettant la proportion de 1 à 120 entre l'argent et le cuivre et de 1 à 10 entre l'or et l'argent, la mine de cuivre (de 100 drachmes de cuivre) valait les Vg de la drachme d'argent; c'est-à-dire les Vgo o^^ V12 de la drachme d'or, autrement dit la demi-obole d'or ou le quart d'hecté, puisque l'hecté était lui-même le du statère. A Athènes M. Beulé avait cru retrouver la demi-obole d'or et même d'autres monnaies plus petites. Mais MM. Muret, Friedlânder et Erman y voient avec raison des bractéates, semblables à celles que l'on possède dans différents pays et à différentes époques. Ce n'est donc pas au monnayage athé- nien que se rapporte la demi-obole d'or. Au contraire on a beaucoup de demi-oboles d'or (pesant de 0.27 à 0.42) en Cyrénaïque, en Chypre, à Abydos, en Troade et surtout en Carie \ La demi- obole d'or frappée en Carie par le roi Pixodarus, et pesant de 0.30 à 0.35, est certainement l'une des principales monnaies d'or de ce pays et de beaucoup la plus fréquente. Il est tout naturel que nos ambassadeurs cariens en aient été surtout munis et aient remis trois pièces de ce genre à leur esclave avant sa fuite. Cette question nous paraît donc complètement vidée et nous pouvons affirmer que le [j-vaeiov (vo|j,icT[j.a) xpu^iou £Tr[arj[;,o'j désigne la petite pièce d'or carienne et pas du tout le statère d'or dont parle le papyrus de Leide.

B. Le statère d'or du papyrus de Leide et les monnaies d'or des Lagides.

Il faut maintenant que nous examinions à son tour ce statère du papyrus de Leide et pour cela que nous suivions M. Letronne dans sou étude générale des monnaies d'or lagides. Voici comment il les résume :

«La pesée des principales de ces monnaies m'a donné, pour les pièces d'or, les poids suivants :

Les plus grandes 520 à 542 grains 2.

Les moyennes 260 à 264 grains.

Les petites 64 à 66 grains.

«Ces poids sont exactement dans les rapports 8, 4, 1. La dernière pièce est évidemment l'unité monétaire; d'où l'on voit que les premières sont des octodrachmes, les deuxièmes des tétradrachmes et les troisièmes des drachmes simples. Le grand médaillon d'argent d'Arsinoë pèse 648 grains ou dix fois l'unité : c'est donc un décadrachme; les autres monnaies d'argent donnent aussi 260 à 265 grains; ce sont des tétradrachmes, toujours dans le même numéraire 3.»

Ce tableau est exact, mais il n'est pas suffisamment complet. Nous allons exposer ici les données que nous avons recueillies nous-même à ce sujet.

Les monnaies frappées par les Lagides appartiennent à plusieurs périodes bien distinctes que nous avons déjà signalées à propos des monnaies d'argent et de cuivre.

Les premières monnaies d'or (comme les premières monnaies d'argent et de cuivre) ont d'abord été frappées au type, au nom (et au poids) d'Alexandre, représentant Hercule, mais avec la peau d'éléphant. Puis le nom d'Alexandre a disparu; puis il a été remplacé par celui de

' La ville de Milet située sur la côte de Carie frappait aussi de§ demi-oboles d'or. Il en existe une de 31 centigrammes dans la collection de Luyues.

- M. Letronne compte toujours par grains; tandis que l'habitude a prévalu de compter par grammes, suivant le système décimal : nous comptons également de cette dernière manière.

3 Papyrus du Louvre, édition de l'académie, p. 188. M. Letronne néglige ici bien des monnaies d'argent mentionnées par nous plus haut, comme bien des monnaies d'or dont nous aurons à parler.

Seconde lettee sue les monnaies égyptiennes. 53

Ptolémée; puis la figure, les emblèmes de Ptolémée Soter ont définitivement succédé à ceux d'Alexandre. Enfin certaines médailles ont été frappées à d'autres types lagides que celui de Soter.

D y a d'abord à Londres un didrachme d'or qui appartient à la première période, et qui a le nom, (le poids) et le type d'Alexandre sous sa forme ég}-i)tienne, c'est-à-dire avec la peau d'éléphant. Nous avons ensuite deux autres didrachmes sans nom et de l'époque de transition. Ce tj-pe a été décrit par M. Waddingtox. Ils présentent au droit la tête d'Alexandre (avec la peau d'élépbaut) tournée droite, au revers la proue de navire, également à droite, et qui semble indiquer une frappe phénicienne. Le poids eu dépasse 8 grammes 50. Un exemplaire s'en trouve dans la collection de Paris et un autre dans la collection Démétrio. M. MoMMSEN (p. 52, note 1) signale aussi un didrachme qui porterait à la fois le nom d'Ale- xandre et celui de Ptolémée. Mais il parle sans doute d'une médaille, dont la légende est un peu effacée, qui paraît être de Cyi-ène et qui est à la Bibliothèque nationale. On y voit au droit une tête casquée (de Pallas'?), comme sur les /.pj'îj; ordinaires d'Alexandre, au revers une victoire debout à gauche '. La légende est nTo\e.v\.â.io3-, puis quelques lettres dans les- quelles on a cru reconnaître les débris du nom d'Alexandre, et qui se rapportaient au con- traire au nom des Cyréuéeus. Elle est d'un poids un peu plus faible que la précédente.

Mais il existe d'auti-es statères ou didrachmes bien plus faibles et qui ont : dun côté. la tête de Soter avec nTo\eA*.d.io^ Êd^ciAcwe en deux lignes à l'ancienne mode; de l'autre Soter dans un quadrige traîné par des éléphants. A Berhn on en a acheté un assez grand nombre 1^14, paraît-il) qui avaient été trouvés avec d'autres médailles anciennes et surtout des Philippe et des Alexandre. Ces didrachmes avaient être cachés peu de temps après leur émission : aussi leur conservation était-elle excellente. Un nombre à peu près semblable de didrachmes de la même fouille est maintenant à Athènes. D'autres pièces du même genre sont à Gotha, à Paris, à Londres, etc. D'après la disposition de la légende (en lignes droites) ces didrachmes sont les plus anciennes des monnaies d'or portant le nom de Ptolémée avec le titre de roi. Les plus certainement intactes, celles de Berlin, varient entre 7 gr. 14 et 7 gr. 18. Celles de Londres et de Paris varient entre 7 gr. 12 et 7 gr. 07 {ce qui donne une drachme forte de 3 gr. 590 à 3 gr. 535). Il en a même une qui ne pèse que 7 gr. 1.

A côté de cette monnaie nous en avons une autre avec la disposition de la légende définitivement adoptée pour les monnaies lagides. Elle a la tête diadémée de Soter à droite comme les monnaies d'argent et au revers l'aigle reposant sur un foudre à gauche. La légende nToAcALd.ioT> Êe^ciActoc est sur une ligne circulaire. Les pièces de cette série sont des pentadrachmes, comme la dit M. Mommsen"-. Le poids eu varie entre 17 gr. 83 et 17, 68

1 Cette même victoire debout à gauche se retrouve sur deux médailles à tête de Soter diadémée (Paris, Londres), et qui pèsent de 2 gr. 78 à 2 gr. 82. Ce sont des tétroboles (ou double hccté) de cette série. Celle de Paris ua pas de légende et celle de Londres porte nToA.eA\.&.ioiy ÊcvciAetoc.

2 Selon la remarque de Letroxxe, le double pentadrachme ou décadrachme, existe aussi en argent dans les monnaies d'Arsinoë. On retrouve également une monnaie d"or d'un poids analogue dans le monnayage syrien. Nous en avons une d'Antiochus le Grand dans la collection de Paris. Cette pièce pèse 34 grammes comme certains décadrachmes d'Arsinoë. Elle porte une proue de navire qui semble dénoter une origine phénicienne et la date pie. C'est une des plus anciennes des monnaies sjTiennes datées. Elle représente un octodrachme du système syrien et un double pentadrachme (ou décadrachme) du système ptolémaïque, vu la diminution (déjà notée par M. Mosdisen) des pièces d'or égyptiennes depuis l'époque de Philadelphe. En

54 Eugène et Victor Revillout.

(ce qui. donne une draclime variant entre 3.532 et 3.560). Il y en a même une qui ne pèse que 17; 62 et que nous avons écartée pour nos moyennes, comme celle de 7, 1 de la précé- dente série. Nous possédons le 10® de ce pentadrachme dans une autre monnaie de Soter, la plus fréquente de toutes ses monnaies d'or, dont le poids varie entre 1, 68 et 1, 80. Ce sont des demi-drachmes ou tri-oboles, équivalant à 5 drachmes d'argent. Le type en est identique à celui des médailles précédentes, sauf que l'aigle est époyé.

Tel est l'ensemble des médailles d'or appartenant au monnayage de Soter. Quant au monnayage de Philadelphe, il est sensiblement différent. En eifet Philadelphe a changé le poids proportionnel de la monnaie telle qu'elle était frappée par Soter, pour abaisser celui de ' i drachme d'or. Dans ce but il a fait de grosses monnaies qui se rapprochaient, comme poids, des anciennes pièces citées dans la lettre précédente et représentant le roi perse dans un char suivi du roi d'Egypte marchant à pieds ainsi que de la pièce d'argent de 28 grammes de Soter, dont nous avons également parlé plus haut, et qui avait servi pour la transition vers le monnayage lagide après le monnayage néo-attique. Les nouvelles médailles de Philadelphe sont à deux types différents. Les unes portent, d'un côté les têtes associées de Soter et de Bérénice tournées à droite et surmontées du mot ♦ewn, de l'autre côté les têtes de Philadelphe et d'Arsinoë tournées à droite et surmontées du mot e<2>.eA«^ûjn. Les autres sont frappées à l'effigie d'Arsinoë diadémée et voilée et portent au revers la double corne d'abondance. Ces deux monnaies sont également des doubles tétra- drachmes ou octo-drachmes d'or. Elles pèsent entre 27 gr. 60 et 27 gr. 94. Nous n'en con- naissons pas qui atteigne 28 grammes. On possède aussi des pièces formant la moitié des précédentes (tétradrachmes simples) avec les mêmes types. Le poids en est de 13 gr. 85 à 13 gr. 90. Il existe de plus des drachmes d'or d'Arsinoë, pesant 3 gr. 50 environ, et repré- sentant la valeur du décadrachme d'argent d'Arsinoë, ainsi que d'autres drachmes d'or d'un poids plus faible selon la tendance générale des Ptolémées à abaisser le poids proportionnel des monnaies divisionnaires. J'en dirai autant de certaines demi-drachmes d'or d'un poids faible. La collection de Luynes eu possède une qui ne pèse que 1 gr. 52. C'est ce monnayage de Philadelphe qui a été imité par plusieurs de ses successeurs '.

effet, la drachme d'or déduite des pièces ptolémaïques qui ue portent plus le nom de Soter n'atteignait même pas une moyenne de 3 gr. 50 et la pièce d'Antiochus n'atteint pas tout-à-fait 35 gr. C'était donc une pièce de raccordement, comme la pièce d'or de Soter citée plus haut. Ces pièces d'or de Soter pouvaient en effet passer, comme vous le dites, dans le reste du monde pour des tétradrachmes néo-attiques d'un poids très fort et en Egypte pour des pentadrachmes ptolémaïques, ainsi que le dit M. Momîisen. Les décadrachmes existaient du reste dans les monnayages d'Alexandre, comme ils avaient existé dans le monnayage athénien proprement dit : M. Beulé l'a démontré. Nous avons vu un décadrachme attique d'argent dans la collection de Luynes. Mais il paraît que la plupart des décadrachmes d'Alexandre viennent de la Babylonie. Quant au décadrachme d'argent, il avait en Egypte le grand avantage de représenter le demi-argenteus. Non seulement il y en a beaucoup au type d'Arsinoë, mais il en existe aussi au type de Bérénice. Je citerai un décadrachme de ce dernier genre qui est à Londres et pèse 35 gr. 85. Il porte air droit la tête voilée de Bérénice et au revers la corne d'abondance avec la légende ûcpeniRHC Êd-ciAiccHC. Quant aux monnaies d'Arsinoë, elles se sont continuées très longtemps. On a d'abord les séries A, B, etc., puis les séries AA, BB, etc. Cela fait au moins 50 ans pour ces monnaies de culte, sans compter celles qui n'ont plus de marques de séries. Les pièces d'Arsinoë pèsent entre 34 gr. et 35 gr. 40. Notons que les décadrachmes de cuivre d'un poids analogue sont extraordinairement nombreux dans le monnayage ptolémaïque de la seconde époque. Ces décadrachmes représentent le demi-argenteus de cuIm-c o\i la demi-obole par rapport à l'argent.

' Nous citerons les monnaies au nom et à la figure de Philopator, celles qui ont une tête couronnée qu'on a cru être celle d'Evergète I*'', etc.

Seconde lettre sue les monnaies égyptiennes. 55

Il nous reste à parler des mouuaies de Bérénice '. Elles appartiennent à deux séries bien distinctes. Les unes rentrent complètement dans les poids ptolémaïques. C'est ainsi que nous avons des octodraclimes d'or de Bérénice d'un poids tout-à-fait régulier. I\ en existe deux dans la collection Demetrio (décrite par M. Feuardext) de 27 gr. 60; un autre à Londres de 27 gr. 72, un autre dans la collection de Luynes de 27 gr. 80. Ces monnaies sont tout-à-fait comparables aux tétradraclimes d'argent de la même Bérénice qui pèsent 14 gr. dans la col- lection Demetrio, d'après M. Feuardent, et 14 gr. 25 dans la collection de Berlin 2. Mais à côté de ces médailles il en est d'autres, également de Bérénice, et dont l'étude est beaucoup plus difficile. "S'oici l'énumération de celles que nous avons vues eu or :

Londres 1, 36

Id 1^ 55

Berlin 1, 60

Londres 1, 70

Paris 1, 90

Feuardent 2, 10

Berlin 2, 12

Londres 2, 138

Paris 2, 19

Id 4, 19

Berlin 4, 27

Londres 10, 62

Berlin 10, 67

Luynes 21, 30

Paris 21, 38.

En argent on trouve :

Feuardent .' . 18, 20

Berlin 19, 82

Londres 21, 11.

Tous ces chiffres sont bien étranges. Ce qui paraît certain c'est que ces monnaies sont des pièces de raccordement avec plusieurs systèmes monétaires, c'est-à-dire, par exemple, soit avec le système de la Cj-rénaïque sous sa forme néo-attique, comme l'a dit M. Poole (c'est ce qui expliquerait le mieux les plus petites de ces pièces), soit, en même temps, avec le système des pièces de l'Asie mineure établies d'après le double sicle d'argent darique (c'est ce qui explique le mieux les monnaies de 10, 55 à 10, 70, et leurs doubles les monnaies de 21, 11 à 21, 38. On sait qu'Évergète F"" a recommencé les grandes campagnes d'Alexandre et est allé jusqu'au fond de l'Asie. Il serait assez naturel qu'il eût imité les pièces des pro- vinces asiatiques qu'il avait soumises. Quant à la CjTénaïque, Bérénice, sa femme, eu était reine avant de devenir reine d'Egypte. Évergète aurait donc attribué à Bérénice toutes les

' Nous ne ])arlous pas ici des Bérénice à tête non voilée que nous aurons bientôt à étudier. Il y en a une Londres) de 6, 40, une Berlin) de 6, 50, ti-ois Londres) de 6, 70, une Londres) de 6, 64.

2 Nous avons aussi cité plus haut les décadrachmes d'argent de Bérénice tout-à-fait parallèles aux décadracluues d'argent d'Arsinoë. Par contre, notons que la collection de Paris possède une Arsiuoë, appar- tenant à la série H H et qui pèse 29, G5, chiffre très irrégulier.

56 Eugène et Victoe Revillout.

pièces qui ne rentraient pas dans le monnayage égyptien. Ce dernier point nous paraît du moins incontestable; car il est impossible non-seulement de rattacher les médailles indiquées plus haut aux poids lagides, mais même de les faire rentrer toutes dans un monnayage unique. Notons seulement que la pièce de 10, 55 à 10, 70 paraît être celle que les métrolo- gistes ' anciens nomment statère de Bérénice (d'après une drachme de 5, 27 à 5, 35), et qu'ils comparent au statère de Darius, au statère de Philippe, au statère d'Alexandre et au statère de Ptolémée. Ce statère d'or de Bérénice (analogue comme poids à la double darique d'argent et à la drachme de Milet, telle que l'évalue M. Mommsen) était encore notablement plus élevé en poids que le statère par excellence, darique d'or ou /pucouç athénien, conservé par Ale- xandre, et surtout que le statère d'or ptolémaïque. On le spécifiait donc très expressément dans le commerce.

Ceci nous amène à traiter la question du statère, que nous n'avons fait jusqu'ici que préparer.

Mais, auparavant, commençons par donner les résultats généraux de nos recherches.

En laissant de côté les pièces étrangères de Bérénice, et en réunissant les monnayages égyptiens de Soter et de Philadelphe, nous trouvons pour l'or les monnaies suivantes : des octodrachmes^ ; 2" des pentadrachmes; 3'' des tétradrachmes ; des didrachmes''; des drachmes; 6" des demi-drachmes.

Dans le tableau des monnaies d'or de Letronne nous avions seulement des drachmes, des tétradrachmes, des octodrachmes, mais pas un didrachme. Il paraissait tout naturel de chercher au hasard le statère d'or, puisque le vrai statère, qui est le didrachme d'or, n'appa- raissait nulle part en Egypte. Maintenant cette théorie devient insoutenable. Nous avons un très grand nombre de didrachmes d'or égyptiens. Ces didrachmes d'or représentent donc avec certitude le statère, également assimilé à la darique d'or et au xpusouç d'Athènes, suivant l'enseignement de tous les métrologistes anciens : dc\ \t.v) yo\>QQ\. atai^ps? o\ Aape'.y.o{ (Hultsch, 310) ô yj^'jcaxiz, q-zoltc^Ç) S'jo y\-(z opayj^.à; 'ÂTTixaç (ihid. 297) /.al o\ [Jièv Aap£ty.ol è/aXoGvTO GTar^pcÇ, cl <ï>'.A'!7U7:£iO'., 01 o' 'ÂAs^âvSpetot, xpucol -jravTs; ovtsç. xat s? \i.hi /puaou; e'iTUOiç, 7rpoauxa/,o6£Tat 6 GTaT-(^p . . . {ihid., p. 283; conf. ihid. 281, 306, 307, 311, 326, 328, 335, 354, etc. etc.). Ainsi se trouve confirmé ce passage déjà cité de Pollux qui compare le stature ptolémaïque au statère darique, à celui de Philippe, d'Alexandre, etc. etc. : l'awç Se vopi.ia[ji,aTa)v v.aTix\ôyiù Tïpocy^xouaiv ol Kpci'cîtot c-ar^psç -/.a). ^ùS-Kiztioi -/.al Aapsty.oî, y.al xb B£p£v{/,£tov v6i;,io-pi,a ■/.ai 'AX£^avSp£tov xat nToX£- .u.aïy.bv ... Le Statère ptolémaïque est en eifet une réalité dont il faut désormais tenir compte: et ce statère d'or représentait l'unité d'or, comme la drachme d'argent représentait l'unité d'argent, dans tous les monnayages dérivés du monnayage attique.

La raison en est facile à comprendre. A Athènes l'étalon était d'argent, étalon d'autant plus naturel qu'Athènes tirait directement ses monnaies de ses mines d'argent du Laurium et l'on avait calculé la drachme d'argent comme la moitié du poids de la darique d'or et le

^ Hultsch, 294.

2 Les octodrachmes d'or de Letronne.

3 II semble que le didrachme ou ypuaoui; a été aussi appelé «drachme d'or». Une série d'inscriptions du Corpus, à propos des inventaires du Parthénon, parle ainsi d'un tétradrachme d'or (sans désignation de provenance et qui doit être attique), tétradrachme pesant environ 8 drachmes. D'après ce mode de compter, nos didrachmes d'or seraient des drachmes d'or, l'unité d'or xpuaou; ou statère unité double de poids de l'unité d'argent.

Seconde lettre sur les monnaies égyptiennes. 57

viug-tièmc de sa valeur. Quant à l'or, on n'en frappait primitivement pas. Les dariqnes suf- fisaient aux besoins du commerce. Le /oj^cj; ou statère ne fut qu'une imitation postérieure et resta toujours, comme unité d'or, dans les mêmes proportions avec la drachme, unité d'argent. C'est ce que nous remarquons notamment en Egypte pour le statère didrachme au type d'Alexandre et le statère didrachme au type de Soter.

Mais plus tard le quadruple de ce statère, unité d'or, est devenu une pièce plus com- mune, comme le quadruple de la drachme ou unité d'argent. Ce fait se produisit non seulement en Egypte avec les poids de la drachme réduite, mais en Syrie avec les poids attiques ou d'Alexandre. aussi on trouve des tétradrachmes d'argent et des tétrastatères d'or. Je citerai pour cette dernière monnaie la pièce d'Antiochus dont j'ai déjà parlé plus haut et qui vaut huit drachmes d'or syriennes et 10 drachmes d'or égyptiennes. A cette pièce ré- pondaient exactement les octodrachmes d'or égyptiens si communs dont parle Letroxne. Le tétradrachme d'argent l'emporta en même temps et partout sur la drachme, au point de faire disparaître presque entièrement celle-ci dans le monnayage attique et dans ses dérivés. Et cependant la drachme d'argent resta toujours l'unité de compte pour l'argent dans les calculs écrits en grec. Jamais le tétradrachme d'argent, alors même qu'il était frappé à peu près seul, ne prit le nom de drachme et ne se substitua dans les comptes à la drachme d'argent. Dans les inscriptions et les papyrus de toutes les provenances l'argent est toujours compté en grec par drachmes et l'or par statères ou -/p'jco'jg. Il suffit de parcourir le Corpus inscriptionum grœcarum, le Corpus insaiptionum atticarum ou les diverses collections de papyrus grecs pour s'en assurer. Ajoutons d'ailleurs que le poids de ces statères et de ces tétrastatères d'or suivit dans les divers pays toutes les oscillations du poids de la drachme d'argent et du tétradrachme d'argent. Le statère de Soter pèse en conséquence moins que le xpuscjc athénien et représente la ré- duction subie par l'unité d'or, isonome de l'unité d'argent. De même sous les successeurs de Soter le poids avait encore un peu baissé dans le tétradrachme et le téti'astatère. De même aussi lors du traité romaiu-étolien la drachme d'Athènes, calculée d'après son quadruple le téti'adrachme alors en usage, avait beaucoup perdu de son ancien poids sans cesser d'être l'unité de compte. L'unité de compte ayant toujours été en Attique la drachme pour l'argent, le /.pj-cj; ou statère didrachme pour l'or, ceux qui comptaient à l'athénienne auraient conservé ces unités même s'il n'y avait eu chez eux ni drachme ni statère. A plus forte raison les Égyptiens, qui avaient eu le statère dans leur premier monnayage, ne purent-ils pas changer cet usage du jour au lendemain. Ce principe des unités de compte conservées quand même explique le double calcul par drachmes d'une part, par argenteus ou sekels de l'autre, usité en Egypte. Chacune de ces pièces avait existé. L'argenteus représentait l'ancien poids monnaie, déjà mentionné sous Amasis et sous les Persans; et le sekel, son 5", le tétradrachme ptolémaïque, qui était devenu la monnaie d'argent la plus fréquente sous les Lagides.

En résumé, la règle qui demande la représentation par une pièce existante à un moment quelconque pour les monnaies devenues ensuite des unités de compte, avait été observée pleinement pour l'unité de compte d'or, unité existante d'abord dans l'Attique et conservée ensuite dans les pays qui s'étaient inspirés de l'Attique : le statère didrachme '.

'■ Dans la dernière conversation qu'il a eue avec moi à propos de la présente lettre que j'étais en

58 Eugène et Victor Revillout.

C'est évidemment de cette imité d'or qu'il est question dans le papyrus 0 de Leide que Reuvens avait signalé à Letronne et que M. Leemans a publié depuis.

Ce papyrus contient un prêt fait en l'an 26 de Ptolémée Alexandre par Cliououphis à un certain Pétimoutli. Pétimouth reconnaît avoir reçu 12 drachmes d'argent monnayé à l'effigie des Ptolémées (apjjpioo eizicr^iJ.o'j llToXsi^-aïy.cu voiJ.tc7[j,czT:; cpayjj^ac; osy.aouo), intérêts compris, et il s'engage à rendre la somme dans 10 mois. S'il ne paie pas au terme fixé, il devra donner l'hémiolion en plus (c'est-à-dire en tout 18 drachmes d'argent) et il ajoute qu'il paiera de plus l'intérêt de 60 drachmes de cuivre par staûre et par mois à partir de cette époque. Le statère d'or (deux drachmes d'or) équivalait k 20 drachmes d'argent, suivant la proportion établie par les métrologistes grecs, et le capital de 18 drachmes en était peu éloigné. On comprend donc fort bien comment on a fixé ici le taux de l'intérêt par statère, répondant comme valeur à l'argenteus égyptien', c'est-à-dire d'après l'unité de compte la plus proche. Il en aurait été tout autrement s'il s'était agi, comme le pensait Letronne, de grosses pièces de huit drachmes d'or, pièces qui n'auraient plus eu de relations directes avec la somme à réclamer, M. Leemans a donc fort bien résumé l'état de la question quand il dit dans son commentaire du papyrus de Leide (sur lequel nous reviendrons plus loin) que le statère en question était le statère didrachme d'or, valant 20 drachmes d'argent ou 2400 drachmes de cuivre, et })roduisant 60 drachmes de cuivre par mois au taux de 30 pour 100 par an.

Mais avant d'en arriver à cette question de l'intérêt 2, il faut que nous en finissions avec le statère octodrachme de Letronne, et que pour cela nous examinions les rapprochements qu'on a faits avec certains passages de Pollux.

C. Le passage de Pollux mentionné par Letronne.

Le passage de Pollux sur lequel s'appuie Letronne^ est tout-à-fait parallèle au passage de Pollux sur lequel s'appuie M. Mommsen^ pour soutenir la même thèse.

L'un de ces passages est ainsi conçu : 6 xpuioO; oxy-xr^o \jm5.v -^Suva-o^. L'autre : -qo'xta-o Se xb Toîi ypuGÎou xàXavTov içiv.q /pusoj; 'ATTr/.ouç *'. Quant au talent de 3 /p'jîo'jç ou 6 drachmes athé- niennes, c'est, par rapport à l'or, ce qu'est, par rapport à l'argent, le talent dont parle Diodore dans le passage sur les poids qui a été reproduit par Hultsch (p. 299 à 300). Diodore com- mence par rappeler que le talent attique contient 60 mines, la mine 100 drachmes, la drachme 6 oboles, etc. Puis il ajoute : «C'est le talent qu'on nomme maintenant attique. Mais chez les Siciliens l'ancien talent était de 24 nummus et le talent actuel de 12 nummus. Or le nummus vaut trois demi-oboles o6vaia: 5 vou|j,[j.oç xpîa Y;;j.ta)i3iX'.a ^ » Trois hémioboles font V12 de

train de rédiger, notre illustre et bien regretté numismate, M. de Longpérier, s'est écrié : «Cela est certain. On ne peut pas admettre d'autres statères d'or que le statère didrachme».

' C'était d'ailleurs d'après l'argenteus qu'on calculait toujours en égyptien et que par conséquent tous les taux et tous les tarifs même ceux de valeur entre les métaux étaient rég'lés. Nous avons ici une simple synonymie grecque.

2 A^'oir plus loin au 4".

2 Papyrus du Louvre, p. 187.

* Histoire de la monnaie rqmanie, édition française, t. I, p. 55.

5 Conf. Hultsch 282.

6 Hultsch 281.

■^ M. MoMMSEN (t. I, p. 104 et suiv.) explique qu'on nommait nummus la grosse litra, mais que toutes les litra n'étaient pas des nummus. La petite litra ne se nommait pas nummus selon lui (la petite litra

Seconde lettre sur les monnaies égyptiennes. 59

drachmes attiques; 12 fois V12 du drachme font trois drachmes; 24 fois V12 fo"t six drachmes. Ainsi le talent sicilien que Diodore nomme -0 xpyaizv^ était de six drachmes attiques d'argent l)our le talent d'argent, et, par imitation, de six drachmes attiques d'or ou trois /puffo-jç pour le talent d'or. C'est ce talent qui avait été récemment réduit lorsqu'écrivait l'auteur reproduit par Diodore, sans qu'aucune modification nouvelle eût été alors apportée à la litra, pièce déjà très petite par suite de réductions nombreuses.

Notons que le comique athénien Philémon dont parle M. Mommsen ', comme ayant donné (entre autres) ce témoignage sur le talent de trois /pusojç^ a pu le faire dans son ouvi-age intitulé : «le sicilien», ouvrage dans lequel il parlait également des litra de Sicile (conf. HuLTscH, p. 298 et 354). Or Philémon vivait vers la fin du iv^ siècle et au commencement du iii^ siècle avant Jésus-Christ, bien peu temps après le moment Aristote avait décrit une des réductions subies par la litra. Le talent le plus ancien qui ait été établi sur le nummus dont parle Diodore était donc celui dont les Siciliens faisaient usage au temps Philémon place sa comédie. On retrouve la même équivalence, toujours à propos des Siciliens, (c. X'.y.sA'.s-.) dans un passage de Pollux ttcoI T:xv.v,f,q reproduit p. 297 de Hultsch, et dans lequel il cite l'expression ~vt-yl:-çiz-/ employée par Sosicrate dans son écrit intitulé r.j.^y:/.yhr;/:r^. C'est dans cet écrit traité que le même Sosicrate, bien évidemment à propos du même pays, parle également du statère d'or valant une mine (Hultsch, 282). Pour que le statère d'or ait valu une mine, il a fallu qu'à l'époque en question le nummus sicihen, la litra, ait valu 20 fois plus qu'à l'époque qui précédait l'auteur reproduit par Diodore et que celui-ci nomme ancienne par rapport à une réduction évidemment plus récente. Or M. Mommsen (p. 113), d'après le témoignage d' Aristote, ])arle d'une série de réductions de la litra qui avaient eu lieu antérieurement, et qui avaient abouti à faire «du nummus ou litra d'argent une pièce de 10 litrae de compte». M. Mommsen ajoute : «Cette proportion de 10 litrae de compte pour une litra d'argent subsistait encore du temps d' Aristote. » Rien ne nous prouve qu'à une certaine époque de l'histoire ancienne de Sicile le nummus •' n'ait pas eu une valeur double de la litra d'argent valant 10 litra de

valant le 10*= de la grosse ou du nummus). Malheureusement le texte de Diodore est formel et nomme nummus les trois demi-oboles, ce qui ne permet pas l'explication de M. Mommsen.

La litra (trihémioboliou) = V4 d'une drachme. 12 litra = 3 drachmes. 120 litra = 30 drachmes d'argent ou 3 fb-achmes d'or; et quand il fallait le double de litra pour faire un talent, 240 litra égalaient 3 /pjaoj:. BoECK a trouvé dans les inscriptions 120 litra pour un talent. Or 120 litra feraient un talent d"or dans les temps récents d'après le texte de Diodore et notre explication, pnisqiie le talent d'argent est dix fois moindre. Quand, ainsi que le dit Diodore, il fallait 24 litra au lieu de 12 pour le talent, 240 litra repré- sentaient 3 ypjGO-j:.

1 «Philémon, auteur comique d'Athènes et après lui les gi-ammairiens (voir Pollux IV, 173), parlent s> souvent d'un talent d'or valant trois pièces d'or attique ou six drachmes d'or de la même monnaie; or » l'Egypte se trouve être le seul des pays en relation avec Athènes une somme put être indifféremment » comptée en pièces dor ou en talents de cuivre: de plus, les historiens et les inscriptions attiques de «l'époque plus récente font souvent mention des pièces d'or et de cuivre que la Grèce tirait de l'Egypte. »I1 est donc tout-à-fait probable que par talent d'or l'auteur veut parler ici du talent de cuiwe évalué en

> pièces d'or. Eustathe qui en parle l'appelait talcTit macédonien et ces deux locutions s'accordent parfaite-

> ment, puisque c'est du talent des Lagides qu'il s'agit. » (Mommsen, Histoire de la monnaie romaine, t. I, p. 55.) Voir plus loin notre réponse à ces deux arguments de M. Mommsen.

2 Voir Hultsch, p. 354, 20 : zo TaXavtov -/.«Ta to-j; -aÀs'iol); yp-jo-ou; e;/î tosî";. o-.o zal «PtXïjjxcov o y.coaty.ô; çr,3t o-jo £t Àst^oi TaXavTa, -/pudouç 'èÇ lycov à-ot'CT£Tai.

2 En effet, quand on nommait le niimmus décalitron, ce décalitron était aussi assimilé à un statère de Corinthe. Or le statère de Corinthe équivaut comme poids à un didrachnie attique de l'ancienne époque

60 Eugène et Victoe Revillout.

compte, que par exemple la pièce de Corintlie assimilée plus tard à un décalitrou ue l'ait pas été d'abord à ce pentalitron dont Sosicrate nous a gardé le nom. Aussi Hultsce, t. II, p. 197, dit-il que le passage : h '/pj^oO; axavr,p [j.vàv -^ojvaTC se rapporte probablement à la monnaie sicilienne : «An de Siculis agitur», absolument comme le talent équivalant à 3 ypuaoj;'. En effet, selon Polémarque (Hultsch, 307, 3) le xpuc^cuç est égal à 2 drachmes d'or, la drachme d'or à 10 drachmes d'argent, cinq /purou; valent une mine d'argent et 100 drachmes forment une mine : ô Sa ypusou; 7:ap' 'Atti7.oÏ; SûvaTai opa/jj.àç eue, noXcjxapyoç çr,ci Spa/p.Y) Sa tou yp'jscO voiJ.'.^[j.y.'oç àç^upiou opa/jj-à; Béy.a [j.vàv AeYCUjt xouç tïÉvts -/pucouç sy.aTîv opa/y-al TrotoOsi [j.vàv [j.(av. Les mêmes renseignements se retrouvent dans plusieurs autres sources métrologiques (voir Hui/rscH, p. 328, 16 17, 311 et 335, etc.). Il ne peut y avoir à ce sujet l'ombre d'un doute, et quand Pollux, dans le passage déjà cité, (Hultsch, 297, 18) a dit : 5 §è /pysouc c-atv;p oùo Ti^z opy.yiJ.'y.ç A-T'.y.aç, -cb -ïâXxv-cv tpsT; /pucoj;, c'est par suite d'une de ces confusions qui ne lui sont que trop habituelles. Il en est de même dans plusieurs autres passages, notam- ment dans celui qui se trouve p. 281 de Hultsch. Pollux, avec son manque absolu de critique et de connaissances vraiment numismatiques, ayant trouvé dans les auteurs d'une part le talent d'or des Siciliens à trois /pjjo'j;, d'une autre part le talent proprement dit d'argent attique à 60 mines, les a faits rentrer dans le même système monétaire, en disant : •^oûva-o os -0 TO'j yp'jsîo'J xàXav-ov xpei:; /p'jcouç A~'.7.o'j;, xb tou àpY'jcîou è^-^^y.ovxa [xvà';; 'ÂTi'.y.aç. Ce passage de Pollux a été reproduit dans la collection grecque dite de Bernard'^ (Hultsch, 306, 23), qui quelques lignes plus loin^ donne la vraie proportion. Tout Pollux est tissu de confusions de ce genre, comme nous avons déjà eu l'occasion de le voir à propos du talent égyptien de 1500 unités. Il faut toujours se rappeler qu'on a affaire à un grammairien et faire la distinction critique de ses sources \ En ce qui touche la question qui nous occupe, M. Hultsch nous paraît avoir dit le dernier mot, en ramenant à son point de départ sicilien les indications numismatiques que Letronne et M. Mommsen voulaient rattacher à l'Egypte.

Ce qui est certain c'est que Philémon n'a pu faire allusion au talent de cuivre égyptien, comme le dit M. Mommsen; car le talent de cuivre égyptien n'existait pas à l'époque il écrivait, c'est-à-dire du temps de Soter et de Philadelphe. Nos papyrus grecs et démotiques prouvent en effet d'une façon indubitable que, de Soter à Philopator, l'étalon en usage était l'étalon d'argent et qu'à cette époque le cuivre ne s'employait que pour les monnaies divi- sionnaires de la drachme. C'est seulement Philopator qui a permis de payer en cuivre les sommes supérieures à la drachme, et ses successeurs Épiphane, Philométor, Evergète qui ont définitivement substitué l'étalon de cuivre à l'étalon d'argent. L'explication de M. Mommsen

(8 g-r. 60 et plus) et la monnaie la plus fréquente de Sicile parmi les plus anciennes pèse comme le tétra- drachme attique de la même époque, c'est-à-dire le double. Il est assez probable que c'était l'ancienne monnaie par excellence, l'ancien nummus.

1 Page 218 du même volume Hultsch corrige aussi Ma/.eoovt/.ov en StzsXi/.ov dans le passage précé- demment cité par M. Mommsen et relatif au talent (sicilien et non macédonien) valant 3 pièces d'or.

2 rjô'jvaTO tou ypuufou xb xâXavxov xpsî; ypuaoij; 'Axxix.oûç " xo oe xou àpyupfou sÇ^y.ovxa avà; 'ATXixâç.

3 0 ôk ypudouç 7:ap' 'Axxf/.ot; Sûvaxai 8pa)([j.àç oio, etc. (Voir plus haut.)

■• Le regretté M. Boucherie, dont mon frère, le professeur Ch. Revillout, a eu récemment à faire l'éloge à la Faculté de Montpellier, a fort bien mis en lumière ce caractère extra-scientifique et inintelli- gent de Pollux.

Seconde lettre sur les monnaies égyptiennes. G1

se heurte donc contre un anachronisme, et, si ion croit positives les données de Philémou, on doit songer à la monnaie sicilienne comme pour Pollux.

Il est vrai qu'on peut recourir encore à une autre explication.

Le passage écourté de Philémon (donné par Didot, Poètes grecs, fragment 91, p. 129 d'après YEtymol. magnum) signifie : «S'il a pris un talent, il sera porté en compte comme ayant ti'ois ypucsuç. » Or il est à remarquer que trois /pjsoj;, équivalant à 60 drachmes d'argent, font juste le centième d'un talent de 6000 drachmes. Le comique Philémon, sans doute repro- duit de seconde main par \ Eiymologicum magnum, n'y a-t-il pas été mal compris? Ne s'agit-il pas, non d'une évaluation du talent en /putrcuç (ce qui ne signifierait rien, à ce qu'il semble), mais, comme trait de mœurs, d'une faveur, consistant à n'être porté que pour le centième de ce qu'on a pris (par quelqu'un de trop bien intentionné à l'égard du débiteur). Le passage de Philémon aurait alors un tout autre sens que celui qu'on lui attribue. Il se rapporterait tout simplement au népotisme, plaie sociale de tous les temps.

En tout cas, grâce à nos textes contemporains grecs et démotiques si précis, nous savons à quoi nous en tenir sur les questions monétaires de la vallée du Nil.

L'Egypte n'a connu ni le talent de trois /pusojc, ni le xpjjojç z-.y-r^z équivalant à la mine.

On ne peut donc plus songer au statère-octodracbme d'or, puisque nous avons déjà vu que le •)o\j.>.z\ja jj.vae-.sv xpjs'.cu szisrdj.sj du papyrus de Paris représentait une très petite monnaie d'or, équivalant à une mine de cuivre et qui n'avait aucune analogie avec le statère ou didrachne d'or du papyrus de Leide. En réalité, le mot statere était dès l'origine un synonyme du mot sekel, et comme on distinguait primitivement dans le système assyro-médique deux Sp'^I? ' : le bp*\2J faible (de 8 grammes 40), soixantième de la mine faible; 2" le bpti? fort (pesant entre 16 et 17 grammes), soixantième de la mine forte, on distingua par la suite deux statères : le statère faible ou darique d'or ou didrachme d'or; le statère fort ou tétra- drachme d'argent. Ce sont les seuls types de statères dont parlent les métrologistes anciens et ils en parlent tous avec un ensemble admirable. On ne peut en admettre d'autres. Dans le monde grec le statère d'or fut normalement un sekel faible, c'est-à-dire un didrachme, et le statère d'argent^ un sekel fort, c'est-à-dire un tétradrachme, depuis que la darique d'or avec sa division par 2, étant reproduite dans le monnayage néo-attique et d'Alexandre, fût devenue le prototype du monnayage de l'or et de l'argent 3. Seulement lorsque la drachme vint à varier

' Voir plus haut {Revue, année, p. 177 et suivantes) mon article intitulé : Poids némitico-égyptiens.

2 Notons que le statère cVargent de Corinthe répondait au side faihle et non au sicle fort. Son poids était à peu prés celui du didrachme attique, et cependant les anciens le nomment stath-e de Corinthe. Ce statère se di^isait par 3 dans la monnaie du pays. Pourtant il existe dans la collection de Paris une pièce pesant 4 gr. 15, et qui paraît la moitié du statère de Corinthe de 8 gr. 40. Cette pièce porte au droit une chimère comme d'autres pièces qui portent au revers le pégase de Corinthe. Mais aucune pièce de Corinthe n'a les initiales de cette ville.

3 Dans notre article sur les poids sémitico-égyptiens (p. 177 et suiv.) nous avons dit qu'autre était le système persan. Le sicle d'or de 8 gr. 40, formant le ec de la mine faible babylonienne, y était en parallèle avec le sicle d'argent de 5 gi-. 60, formant le 90*= de la même mine. Avec la proportion de 1 à 13 ('/g) indiquée par Hérodote entre l'or et l'argent perses, la pièce d'or équivalant en poids au 60*= de la mine babylonienne coiTCspondait exactement comme valeur à 20 pièces d'argent dont chacune pesait le 90^ de cette même mine. Mais dans le monde grec la proportion de l'or et de l'argent était autre : de 1 à 10 (suivant tous les anciens métrologistes, que l'étude des monnaies appuie). Tout en ayant des monnaies d'or de même valeur que la darique dans le monnayage néo-attique, on fit donc frapper d'après cette proportion les monnaies d'or et celles d'argent, devenues pleinement isonomes. Seulement l'unité, sekel ou statère, fut un didrachme ou sekel

62 . Eugène et Victoe Revillout.

dans certaines contrées, les statères suivirent ordinaii-ement la même fluctuation. En Egypte, par exemple, le didrachme ou statère d'or tomba à un peu plus de 7 gr. 26 et le sekel ou

faible pour l'or et im tétraclrachme ou sekel fort pour l'argent. Ces deux statères étaient comme valeur dans la proportion de 1 à 5, de même que l'argeuteus et le sekel démotique. On les retrouve dans le monnaj-age attique et dans le monnayage d'Alexandre. Ou peut donc dire que les anciens Grecs possédaient également comme valeurs l'argenteus et le sekel, aussi bien que les Égyptiens de l'époque lagide. Quant à l'argeuteus d'argent, que l'on appelait aussi argenteus de Ptah, nous le retrouvons nous venons de le constater dans les textes d'époques persane et même antérieure aux Persans (sous Amasis par exemple), aussi bien que dans les textes contemporains des Ptolémées. C'est probablement lui qui aura servi de modèle à Sotcr (ou Philadelphe), lors de la grande réforme monétaire de l'Egypte. On aura réduit le tétradrachme de manière à ce qu'il formât le 5" de la valeur de l'argeuteus, comme le tétradrachme attique ou statère d'argent formait (avec la proportion grecqiie de 1 à 10) le 5* de la valeur du didrachme ou statère d'or du même monnayage. Dans le monnayage alexandrin, avec les poids isonomes de l'or et de l'argent et la même proportion grecque de 1 à 10, le nouveau didrachme ou statère d'or se trouve également répondre à l'argeu- teus d'argent. En était-il de même à l'époque persane et la darique d'or équivalait-elle alors à l'argeuteus? Cela est au moins douteux. Si on l'admettait, il faudrait croire que l'argenteus (qui d'après les équivalences des monnaies lagides devait peser entre 71 et 73 grammes) était avec la darique d'or de 8 gr. 40 dans la proportion de 8 2; 3 à 1. Ce rapport serait celui de l'argent à l'or en Egypte, tandis qu'à la vième époque le rapport entre l'argent et l'or était certainement en Perse de 1 à 13 '/j et en Grèce (ou à\i moins dans le monde attique) de 1 à 10. Jean Baptiste Say évaluait le rapport de l'or à l'argent de 8 à 1 au Japon, de 12 à 1 en Chine, de 15Y2 à 1 en France, de lû^/g à 1 au Mexique, etc. A la rigueur la proportion égj-ptienue ancienne de 1 à 8-/3 ne serait donc pas invraisemblable-, car les Égyptiens ont eu de tout temps beaucoup plus d'or que d'argent. Ils possédaient des mines d'or en Nubie et c'était en Egypte qu'aboutissait le com- merce de la poudre d'or venant du Soudan, etc. (tandis que les Athéniens avaient leurs mines d'argent du Laurium). L'unité d'argent (suivant ce système, tout différent, sous ce rapport, du système perse et du système attique, mais tout aussi logique) aurait été également de même valeur que l'unité d'or. Mais nous venons de dire que l'argenteus de Ptah existait avant les Perses et que le satrape Aryandés n'a pu qu'y mettre temporairement sa marque lorsqu'il fondit en Egypte les grosses pièces d'argent qui selon Hérodote lui attirèrent l'inimitié du roi Darius. Il n'y a donc aucune nécessité à admettre une proportion régulière entre les monnaies persanes d'or et les monnaies égyptiennes d'argent. Le mécontentement du grand roi pour un système monétaire satrapique différent du sien s'expliquerait ainsi tout aussi bien que son in- difl'érence en ce qui concernait une monnaie fiduciaire de temple. Quant aux prêtres de Ptah, il est tout naturel de penser qu'ils n'avaient pas rectifié leurs pièces, d'ailleurs antérieures, d'après le cours égyptien, en sorte qu'elles pussent correspondre comme valeur à la pièce royale ou darique d'or (pas plus qiie les Egyptiens contemporains du papyrus hiératique de M. Chabas n'avaient sans doute calculé l'isométrie pondérale des pièces d'or et d'argent, isométrie qui nous donnerait la proportion de 3 à 5 entre l'or et Targent). Ce qui semble prouver pour l'époque persane cette dernière opinion de non-isométrie, c'est que, comme nous l'avons dit, le papyrus démotique darique de M. Goléxischeff donne séparément l'addition des argenteus et des aureus au lieu d'en faire un seul total, comme il aurait le faire si l'argenteus avait alors répondu en valeur à la darique d'or (ou aureus).

Disons quelques mots de ce curieux document. Le texte est peu facile. Outre le mauvais état du

papyrus, la principale difficulté consiste dans l'acception d'un mot : le mot ^ c. Ce mot sous la forme

Tû>^ signifie en copte : «établir», acception que nous trouvons aussi parfois en démotique. En hiéroglyphes,

au contraire, (voir Brugsch, suppl. au lexique, 1340) signifie separare, separari. Il se rapproche

D I s\ û

aussi de s, o (copte noiuj) qui partout veut dire : «partager».

(—2—1 n i*^*-^ n

Si l'on admet la première explication (vers laquelle je penche à cause des synonymes I a et

AH _ n\ I AA^AAA IJ

Y ), ou aurait affaire à un inventaire de temple tout-à-fait analogue à ceux que nous trouvons dans

le Corpus insc. c/rœcarum, et contenant rénumération des objets précieux du sanctuaire, ainsi que des sommes en argent qui y avaient été apportées soit en don, soit en dépôt. Si l'on admet la seconde explication, au contraire, il s'agirait de sommes que les prêtres auraient partagées. Dans tous les cas, les indications que contient notre papyrus sur le numéraire en usage sous Darius en Egypte sont des plus intéressantes.

Voici la contexture générale du document :

La première colonne actuelle débute ainsi :

«Sont les comptes de Tor et de l'argent qu'a reçu le sanctuaire du temple d'Hor-merti pour les

Seconde lettre sue les monnaies égyptiennes. 63

statère d'argent à 14 gr. 53 environ. Le statère dor équivalait alors comme valeur à l'argen- teus ; et le statère d'argent i que les papyrus ptolémaïques nomment également '^ était le sekel démotique égyptien. C'est ce deniier sekel qui représentait le statère pondéral, dont la pesée

facrions I j de l'établissement (recoleinent) ou du partage ( ^ z\ quou a fait en Méchir »

Le reste du titre est en trop mauvais état pour être déchiffré. Nous vojons seulement répéter à la tin le

Cl

« ^ û de Méchir».

Vient ensuite le texte suivant :

"tNous donnons leur énumération :

«. . . . d'or 72 eu aureus 145

'(reii d'or (aureus) 52

"i-eti (aureus) 25

« Herutai 4 i conf. ' ^ I vases) (aureus) 1 3

«Argenteus eu argent 1350

tA l'eporter :

-^ Aureus 235

<argenteus 1350.»

Les aureus 145 -}- 52 -j- 25 -{- 13 = 235, et les 1350 argenteus sont comjjtés à part.

La deuxième colonne contient dabord le titre suivant :

«Ceux qu'on a établis ( A V \ rt^oe, dans le sanctuaire de Hor-merti en l'an 43 du roi Darius,

toujours vivant, paophi.

<Les ont établis il r 1) ^^® prêtres de Hor merti : à savoir : les aureus, les argenteus

Après cela venaient trois lignes et demie dont une déchirure du papjrus nous a enlevé la plus giande

Ci

partie. On distingue encore dans la dernière le mot s, r_ Puis tiennent les alinéas suivants :

I s\ I ^ \

«An 3, Choiak, les aureus, les argenteus qu'ont établi (en dépôt ou divisé s a] les prêtres

I vv I /

d Hor merti ....

«Nous donnons le nom des prêtres qui les ont établis l'ou di\isés s cl.»

Après cela tiennent effectivement, dans une série d'alinéas distincts, les noms d"nn grand nombre de personnages, noms toujours siii\is de celui du père de chacun d'eux et d'un chiffre d'argenteus ou d'aureus. L'un est marqué pour 45 aureus, un autre pour 7 aureus, un autre pour 5 aureus, un autre pour 2 argenteus, un autre pour 2 aureus et '/,(,, un autre pour 5 aureus, un autre pour 50 argenteus, un auti'e pour 20 argen- teus, un autre pour 5 aureus, un autre, à lui seul, pour- 30 argenteus et 3 aureus et ^/jq.

Ces mentions de 3 aureus et 7in, 2 aureus et '/jo sont surtout fort intéressantes; car elles montrent que l'aureus ou darique d'or avait déjà son >pr ou drachme d'or. Les ^ jo d'aureus ou de darique corres- pondent à une monnaie que nous connaissons bien : la monnaie de Tyr et de Cithium de cette époque même. Si l'on admet l'explication d'un établissement, c'est-à-dire d'un apport fait au temple, la première liste contient des objets donnés, puisqu'aucun nom pi'opre n'intervient, tandis que la seconde pouiTait con- cerner des dépôts que pouvaient réclamer ceux dont les noms étaient indiqués sur l'inventaire.

En ce qui touche la première liste, nous remarquerons que les 72 premiers objets d'or mentionnés, s'ils représentaient des valeurs monétaires, répondaient à des sekels forts (voir Revue, IP année, p. 183) doubles de la darique ou sekel faible d'or ou aureus (car la darique est l'unique pièce d'or frappée de ce temps qu'on pouvait mettre en parallèle avec l'argenteus). Quant aux Herutai, ils valent dans ce compte un sekel fort et demi ou 3 dariques. tandis que les reti d'or seraient trop légers pour équivaloir dans aucun cas à des outen, puisqu'ils correspondent à 52 des mêmes aureus. Il s'agit alors d'objets d'or encore incon- nus et ayant les poids indiqués.

D'une autre part l'aureus se retrouve dans le roman de Setna, (rédigé sous les Ptolémées.) en même temps que l'argenteus. Mais l'auteur pensait sans doute au statère d'or ou /j; jjoj; ptoléma'ique ; et non à des monnaies réellement existantes du temps de Ramsès II moment choisi pour l'intrigue du roman (voir Setna, p. 23 et 127 de mon édition). Dans l'un de ces passages il est question de dix aureus, dans l'autre de cent argenteus. Si l'on voyait dans l'aureus et l'argenteus des monnaies de même poids, ces deux sommes seraient absolument équivalentes avec la proportion ptoléma'i'que de 1 à 10 entre l'or et l'argent.

' Papyrus gi-ec 60 de l'édition académique, 1. 32 : xz---jp.oj sTa-rro-ov . . .

64 Eugène et Victoe Revillout.

se retrouva dans certaines pièces de cuivre ' quand on imita en chalques les types pondéraux des grosses monnaies d'argent, y compris l'argenteus de Ptali (devenu obole en cuivre) -. Mais les deux seuls statères ^ monétaires véritables étaient les deux sicles, faible et fort, c'est-à-dire le didrachme d'or et le tétradracbme d'argent ^, et il faut définitivement renoncer aux autres types de statères, inventés par les modernes-^.

Quant au statère d'argent, on ne peut y songer pour le papyrus de Leide ; car, suivant la calcul de M. Lumbroso, ce statère d'argent nous ramènerait au taux d'intérêt de Reuvens *^, taux inadmissible, de 120 d'intérêt pour 100 de capital par an, ou même en réalité de 150 pour 100. Il faut donc nécessairement nous arrêter encore au statère ou didrachme d'or.

Ceci nous force à examiner rapidement la question du taux de l'intérêt, la seule des bases de M. Letronne que nous n'ayons pas étudiée dans cette lettre.

D. Le taux de V intérêt.

Nous avons déjà vu dans notre commentaire du papyrus XIII de Turin (voir p. 134 et suiv.) que l'intérêt était beaucoup plus élevé en Egypte que ne l'avait pensé Letronne. Cet intérêt était légalement de 30 pour cent et non de 12 pour cent. Nous citerons seulement pour mémoire quelques-uns des chiffres déjà relevés par nous. L'un des textes les plus clairs est

1 Papyrus C de Leide, 2^ col, 1. 13, p. 118 de l'édition Leeiuans : /aX/couç <j-:aTrjp£'.r,ojç.

2 Selon tous les traités gréco-romains relatifs aux poids, l'once pondéral équivaut à 2 statères, le statère (moitié de l'once) à 2 didrachmes et 4 drachmes (voir Hultsch, p. 228, 231, 285, 237, 245, 253, 255, 265, 268, 274, 276, 278, etc.). Les textes métrologiques relatifs aux monnaies lui donnent 2 drachmes s'il s'agit de l'or (et l'identifient alors à la darique et aii /puaou;), et 4 drachmes s'il s'agit de l'argent. Voir Hultsch, 283, 294, 303, 304, 305, 307, 315, 325, 326, 331, 335, 342, etc. Le atx.Xo; suit les mêmes vicissitudes. Notons cependant que si le sicle pondéral est plus souvent le tétradrachme, il était parfois aiissi le didrachme. C'était alors du vieux poids hébreu bpiy qu'on voulait parler. Le sicle tétradrachme ou sicle fort adopté universellement depuis la réforme ptolémaïque, tant en Egypte qu'en Syrie et en Inde, était le seul sicle dont on continuât à se servir comme poids et comme monnaie d'argent (voir notre article Sur les poids sémitico-ériupliens, et conf. Hultsch, p. 231, 245, 265, 268, 275, 305, 325, etc.).

3 C'est comme équivalant au sicle que le CTiar/)p est considéré par les anciens comme barbare (Hultsch, 331). Car le mot est grec (conf. Hultsch, 353).

* Le statère d'argent est mentionné dans un papyrus grec ptolémaïque de la première période lagide que nous allons publier, je veux parler des comptes du navire. Quant à la mention du statère que l'on avait cru trouver dans la circulaire des finances (n° 62 de la publication académique), et qui nous donnerait une évaluation intéressante, elle résulte d'une fausse lecture. Le texte porte CuTTjpaç et non atairipa;.

^ M. Lumbroso a voulu dernièrement partir de la supposition de Letronne pour le statère octo-drachme d'or, et il a supposé par imitation un statère octo-drachme d'argent. C'était bâtir sur le sable. M. Lumbroso a néanmoins cru trouver, d'après cela, et la proportion de 1 à 125 et l'intérêt de 60 pour 100 dans le papyrus de Leide. Mais ce calcul ne peut tenir et les autres arguments qu'il apporte pour sa thèse rentrent tous beaucoup mieux dans notre intérêt de 30 pour 100, ainsi que nous l'avons déjà prouvé, et que nous l'éta- blirons encore (voir Lumbroso, p. 173).

6 Reuvens part pourtant d'une bonne base. Il dit, comme Leemans, qu'il est question du statère didrachme d'or. Seulement il s'est laissé égarer par la proportion de 1 à 30 qu'avait proposée Peyron entre l'argent et le cuivre. Pour Eeuvens, «il est de toute probabilité que le statère d'or en Egypte, comme d'ailleurs en Grèce, pesait deux d'-achmes et avait une valeur de vingt drachmes d'argent, et ici il serait peut-être l'équivalent du prêt combiné avec la peine stipulée en sus ou 18 drachmes d'argent. Suivant le rapport de 1 à 30, proposé par M. Amédée Peyron entre la monnaie d'argent et celle de cuivre, Reuvens en arrive à un capital fictif de 600 drachmes de cuivre au denier dix (60 drachmes de cuivre) par mois ou à raison de 120 pour cent par an!» (Voir Lumbroso, p. 172.) M. Leemans, partant du même statère, a fort bien rétabli ce calcul, en adoptant le rapport proposé par Bernardino Peyron de l à 120 entre l'argent et le cuivre, ce qui fait 2400 drachmes de cuivre, donnant 60 drachmes par mois et 720 par an, ou le 30 pour cent.

Seconde lettre sue les monnaies égyptiennes. 65

celui du papyrus 2443 du Louvre, daté de Méchir de l'an 36 de Philadelphe et qui porte : «Tu as trois argenteus, en sekels 15, eu argenteus 3 en tout, à me réclamer au nom des » argenteus que tu m'as donnés. Que je te donne 5 argenteus et 7 dixièmes, en sekels 28 et » demi, en argenteus 5 et 7 dixièmes en tout, pour cela, en l'an 39, le 30 Tybi, c'est-à-dire en »ti'ois ans ou 36 mois.» «Il est facile de constater que l'intérêt annuel de 15 sekels à 30 pour cent est 4 sekels et demi, ce qui fait en trois ans 13 sekels et demi, total 28 sekels et demi, puisque les intérêts des intérêts étaient interdits en droit égyptien' comme en droit romain et en droit français».

« C'est exactement le taux que M. Leemans a tixé d'après le papyrus grec 0 de Leide, c'est-à-dire d'après le texte même qui fournissait à 31. Letronne le taux de 12 pour cent. Dans ce document, Chonouphis, fils de Petèsis, prête à Petimouth, fils d'Horus, 12 drachmes d'argent (intérêts compris). Si au teime de 10 mois Petimouth ne paie pas, il devra en outre l'hémiolion et l'intérêt sera ensuite par mois à 60 drachmes de cuivre par statère. ]\I. Leemans fait à ce sujet les réflexions suivantes : «Promittit Petimuthes, nisi stato tempore duodecim » drachmas reddiderit, se sescuplum, itaque 18 drachmas, soluturum et praeterea usuram inde »a 31 die mensis undecimi Epiphi, computatam secundum rationem usurae menstruae »60 drachmarum aeris sortis stateris unius aurei; quae ratio usurae computandae eo tempore ->in Aegypto recepta fuisse videtur; de statere argenteo hic accipi non posse re ipsa patet. »Valebat stater aureus 20 drachmis argenteis sive 2400 drachmis aeneis, veluti sequitur ex »caleulo quem B. Peyron ad Pap. Brit. XIII annot. p. 77 etseq. recte omnino instituisse videtur. «Usuram ita hahemus iis temporibus haud ita immoderatam 720 drachmarum per annum »sive 30 7o».

Dans le papyrus gi*ec XIII de Turin, publié ci-dessus par nous"^, le capital était de cinq cents drachmes et au bout de quatre ans on demande 1268 drachmes, y compris le prix de certaines mesures de céréales qui, suivant le contrat primitif, auraient être soldées en nature. « D'après les données positives de notre papyrus, si nous calculons à 2 drachmes d'argent chacune des mesures d'olyre, les 60 mesures feront 120 drachmes, qui, jointes aux 72 drachmes payables en argent d'après le contrat, donnent un total de 192 drachmes par an pour 500 de capital, c'est-à-dire un taux de 38 et ^/,o pour 100. Mais il est probable, ainsi que nous l'avons dit, que ces mesures, s'il y avait retard dans les paiements, étaient remboursables au prix du cours actuel, comme cela est spécifié pour un prêt de blé dans le papyrus grec 7 du Louvre. Le créancier bénéficiait donc ici de la plus value des céréales : et ces variations de prix étaient alors très notables, comme on peut le voir en comparant les différents chiffres

déjà relevés par M. Lumeroso En calculant d'après notre taux d'intérêt de 30 pour

100, les 500 drachmes d'argent produiraient 150 drachmes. Le débiteur devait en donner 72 en argent et 78 en céréales. Chacune des mesures qu'il devait solder représentait donc une valeur d'une drachme 3 dixièmes au moment fut rédigé l'acte, et si elle est estimée à 2 drachmes par Chonouphis dans sa requête, quatre ans après, c'est par suite de l'augmen- tation du cours du marché r, ssoi^-evr, ev -r/ oL-^cpx: t'-jj-y;, comme dit le papyrus 7 du Louvre.

' Au contraire im fragment de Ménandre (p. 87 édition Didot) semble indiquer qu'ils étaient admis en droit grec t'»v toxcov è'/cov ■zô/.ojç. 2 Revoie, 2^ année, n»» II— III.

9

66 Eugène et Victok Reyillout.

C'est également le 30 pour 100 par au que nous trouvons daus le papyrus 54 du Louvre contenant les comptes des jumelles eu l'an 19, de Tliot à Mésoré {am ôwut Yiw; [i.tzopr,). Il s'agit d'un prêt fait un peu plus de 6 mois avant la fin de Mésoré, c'est-à-dire daus le courant de Phaménotli. Ce prêt se montait à 4300 drachmes de cuivre (répondant à 36 drachmes d'argent moins une obole"). Sur cette somme le prêteur a reçu un à compte de 1200 drachmes de cuivre (ou 10 drachmes d'argent) et un intérêt de 700 drachmes de cuivre (6 drachmes d'argent moins une obole) 7:3c|X£voi6 a; [— H7at[j.a'.o; a-r/£i ::ap' bij.o-j ^— ^r tij-wv ccr.zyiù |— kc -/.ai To/.o'j \-f '. C'est 30 pour 100 d'intérêt en calculant sur un prêt fait non pas le 1'^'' ou le 30, mais dans le courant de Phaménoth. Or, il faut remarquer que dans nos comptes des jumelles ou indique souvent ainsi le mois pour un jour quelconque du mois, comme le prouve la comparaison des différentes expéditions d'un même compte. Au contraire quand il est question de Mésoré, terme auquel tous les comptes se réglaient, c'est de fin Mésoré qu'il s'agit.

Le papyrus 57 du Louvre, contenant un registre du même genre, nous donne un nouvel exemple fort concordant. H s'agit également d'un compte de fin d'année r,wq, iJ.z.copr, et le prêt

sic

a été contracté le 30 payni (Tcauvt Â), c'est-à-dire juste deux mois auparavant. Aussi l'intérêt de 1000 drachmes est-il de 50 drachmes 30 pour 100 r.xr. Â orre/j; Tiap'cp.oj /a/atov j— ^ TO/.OV l— n.

Le papyrus 23 du British Muséum, utilisé dans l'antiquité pour des semelles de sandales et contenant le registre d'un usurier ou prêteur d'argent, porte de nombreuses mentions de cet intérêt légal à 30 pour 100. Seulement l'intérêt était parfois arrondi un peu pour arriver à un chiffre commode, comme cela se faisait également nos contrats démotiques nous le prouvent pour l'hémiliou en cas de retard dans tous les prêts égyptiens.

C'est ainsi que dans le second compte ^ du papyi-us 23 le capital de 1800 drachmes est calculé comme s'il était de 2000, et produit en conséquence 50 drachmes par mois (au lieu de 45 que 1800 devaient donner). Le prêt avait été fait en l'an 23 (Epiphi) et dura jusqu'en Epiphi de l'an 24, c'est-à-dire 12 mois, ce qui fait un intérêt de 600 drachmes, à 50 par mois, à ajouter au capital. Cette addition du total et de l'intérêt manque maintenant dans notre document, mais elle est facile à suppléer (2400 drachmes) \

Le troisième compte est incomplet. Nous savons seulement que le capital était de

' Dans le II III de la 2^ année, p. 137, j'ai calculé l'intérêt d'après le dernier chiffre, celui de compte payé en négligeant le point de départ et le jour de règlement également certain de la dette. J'ai donc vu dans 700 l'intérêt de 23 mois 20 jours de 1200 drachmes (692 drachmes et en arrondissant 700). C'était une grosse erreur puisqu'il faut calculer d'après le capital de 4300 drachmes et que les dates initiale et terminale sont connues.

2 Du 1" compte il ne porte plus que : (■/.cy)aXatwi auvaye-ai

3 Le compte portait : «Un tel fils de (Trip)toléme, au mois d'Epiphi de l'an 23, 1800 drachmes, dont l'intérêt par mois est de 50 drachmes. Ces 1800 drachmes il les conserve jusqu'en Epiphi de l'an 24. Il faut y joindre l'intérêt. Voici le compte de l'intérêt joint au capital à savoir : 1800 drachmes de capital. Ce capital a comme intérêt 600 drachmes. Total 2400 drachmes.» Le grec, très fragmenté à chaque ligne, porte :

ToXcjiou E-/EI pou KF L (ano jji^ ejteîy | e>.aj)

tov To/.o; xaia [xï] | n

(a; eyjet (t)ou KA L sùj; etieiç

( . . . . a)i; auvayETai toxo; tjj(v)

(/.£'^aX)at(oi auvaysTat «^co

s-/.£^ f- X ( / f- '^^)

Seconde lettre sue les monnaies égyptiennes. 67

1000 drachmes, l'intérêt total de 350 drachmes et le total des deux chitfres de 1350 drachmes. Il s'agissait donc cette fois d'un prêt de 14 mois à 25 drachmes dintérêt par mois'.

Dans le quatrième compte un homme d'Alexandrie touche la somme prêtée en Tan 24. Cette somme prêtée manque, mais doit être de 2000 drachmes {o\\ tout au moins 1800') puis- qu'elle produit 50 drachmes d'intérêt par mois. Le prêt a été contracté en Thot de l'an 24. Xous ignorons son terme et le reste du calcul-.

Nous eu savons encore moins pour le compte relatif au prêt d'un talent 3.

Le papyrus 9 de la publication académique * nous a conservé un auti-e registre de prêteur.

' (-Xy-oi [-) Tit

. . . (t)coi /.cçaXaiw. / | A.Tn - AÀ£;avop£'.ai e/£'. tou KA L

. . (l- «k) wv To/.oç xa-a iat]. | n

. . . (0)to6 -o-j KA L £w(ç)

3 Du 5^ compte il ne reste que les mots:

. . . . zaï

~X

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P

. . . (3)co;

TOJ

. . . . tt;;

"/.

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sic

7^

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Oi 7

.... ■/.£=

)aX

Du 6^ que les mots:

* Nous allons donner une copie plus exacte de ce papyrus dont toutes les indications métrologiques et mathématiques ont été complètement déformées dans le texte imprimé de la publication académique. Mais auparavant voici quelques notions indispensables à l'intelligence de ce précieux document.

L'unité de mesure est certainement l'artabe dont la sigle (n) se retrouve également dans le pa- pyrus 13 de Turin. Mais cette sigle s'omet souvent (comme cela avait également lieu pour la sigle de la drachme). Le principal chiffre précédant les fractions ou donné isolément se rapporte ainsi toujoui-s à la

sic sic

principale unité : l'artabe. L'artabe se divisait par moitié («-), -'3 (h), 1 3 (f-) et le tiers de 2 3 ( i) ou - 9. >50uvent les fractions se trouvent seules (^ surtout). Elles expriment donc de vi-aies mesiu-es. Souvent aussi, nous l'avons dit, elles suivent le chiffi-e de la principale unité. La sigle de la moitié d'artabe ré- pondait à la mesure apet et valait 6 /ojc, 3 OTOine. (Voir notre article sur les mesures de capacité, Revue, t. II, n°II— III.) Le û (I3 d'artabes) répondait à 8 /ojç, 4 o-roine. Le ^ (tiers de ^) à 2 /ou; 23^ ou 8 chenices, 16 hins, 32 cotyles.

ajTo;

7:apaooO£vTo; auTto'. aiTOu

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zat £v TO'.ç unoys uîvo'.ç

cScXzîsOat £t; to lA L

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Tavous;'. AaTav'.o; fi^ tov to «- «>. r** ''(t')

ITa^T'. IlavaTo; B^ lov to ^ *. [^ lA (L)

sic

T£vojy£'., 012 6oTpw.a'.o; to'j TeXI'.v'.oç, ï' [V avQ'cDV n -^ "-• 'J"(7£aa'.v£t TT/. ITopTiTo; yu'^aizi, oia ^'îvaao-jvioç to'j IIt(o'.t)o;, £$£1 aJTr,v oojvai l'i tw. 6 L Z «-

9*

68 Eugène et Victor Revillout.

Cette fois il s'agit d'un prêteur de blé, et nous voyons que pour ce genre de prêts ou calculait d'ordinaire l'intérêt à un tiers du capital (33 1/3 pour 100 au lieu de 30 pour 100). Les mesures usitées dans les prêts de blé se divisaient surtout en effet par tiers et sixièmes, comme nous avons eu l'occasion de le voir. Il était donc beaucoup plus facile de calculer par tiers que par 30 pour 100 pour de semblables créances en nature.

Dans le papyrus 9 il est souvent question de l'bémiolion en cas de retard (lignes 11, 12, 19 et dernière). Mais généralement les intérêts sont compris dans le chiffre de la créance, (comme dans les prêts de blé démotiques et grecs possédés par nous). Cependant nous trouvons quatre mentions formelles du taux de l'intérêt :

à la ligne 13 et suiv, l'apport fait à Ténouchis par l'intermédiaire de Thotrois, fils de Psellinis, se montait à 3 artal)es et un tiers, avO ojv, à la place desquelles il lui fallait payer 4 artabes et demie.

2"^ à la ligne 15 et suiv. Tsemminis devait donner 7 artabes et demie en l'an 9, et en l'an 11 elle a été taxée (par justice) à 13 ou 12 (le second chiffre, dont il ne reste que la hampe, est douteux.)

à la ligne 9 et suiv. dans le prêt fait à Héreius, l'intérêt est d'un tiers {— y) c'est- à-dire de 2 artabes Vo? po^r 6 artabes ^3, total 9, eu arrondissant, suivant la coutume, cette fois d'un d'artabe.

à la ligne 26, dans l'addition générale, on compte 30 artabes et demie de capital (%B<D(x\(x'.o'S) et dix artabes et demie d'intérêt (oiaotps-j ') (enwon le tiers cette fois on ar- rondit de 2/g d'artabe )'^, ce qui fait au total 41 artabes.

Ev -on lA L EiaçaTO oouctv ç\ l6 (oU IX?) IlePwt <l>aTp£ou; ot 'Eptîto; fi |^ cov lo «- e^ (f-) EyoEOcZia'. ô' rj[j.iv Eptsuç. TtupEi TTji Epieu; yuvat/.t oia

ri/cflTcpTlUTO; EZ TOU I L «>. / «w L.

IIopTtTt AvaÇayopou ex tou 1 L ^

H'sfjLjjL'.vEt Htpio; 8ia ITE-CEyvrjiTo;

Tou utou EV Tcoi lA L j:up. ^.

,,/ xEspaXatou j^ A. «- 8ta-^opou i ■- / ^o».

ojffx' Etvat EV n£X(jT)Ei Ei; to IA L

^■^P n "^ETA ■''■P'O i*?^ •- L apa/-ou a. r^ "-'^TÂP- * h-

OcpEiXo[j.Ev o'auTtot xi[x.r)v 7zpo^a,{iwy)

xai 8ia ncT07)pioç oiSovrat v^^'' i[xaTia)'.

£15 TO IA L TZ'jp f) g^ tov Kup. TO •- '^ / ■©■• Notons que la sigle de l'artabe ressemble bien, comme Peykon l'avait dit à propos du papjTus XIII, à un figuratif fj. Mais en la regardant de plus près, surtout à la ligne 26 de notre document, on croit j- voir Jr* c'est-à-dire la lettre double A et P, surmontée d'un trait. Or, dans de nombreux papyrus du même

temps l'artabe est aussi désignée par les mêmes initiales ainsi ligurées : up. Quant à la sigle ^, elle se rapproche beaucoup dans l'original du B de notre papyrus, mais d'un B surmonté d'un long trait droit ana- logue à celui qu'on trouve pour r^ et pour U,. Cette dernière sigle que nous n'avons pas estimée ci-dessus et qui suit la demie, pourrait avoir été constmite sur le rj de cette écriture. Elle vaut peut-être un huitième, mais nous n'avons pas de moyen de contrôle pour cette dernière assimilation.

' Voir pour le sens intérêt de ce mot le Thésaurus, t. II, p. 1386. Ce sens n'est pas douteux d'après les classiques cités. On ne voit donc pas pourquoi on a mis un point d'interrogation après cette traduction dans l'index du volume de l'Académie p. 474.

^ Les intérêts des prêts de blé, etc., n'étaient pas du tout assimilés dans le monde romain aux intérêts des prêts de numéraire. Loin d'être limités à 12 pour 100, suivant Saumaise ils n'avaient aucune limite avant

Seconde lettee sur les monnaies égyptiennes. 69

Notre registre nous donne aussi d'autres indications moins formelles, mais tout aussi convaincantes.

Ainsi dans deux comptes successifs (ligne 23 et suiv.) les débiteurs devaient rendre 2 tiers d'artabes. Le capital versé avait été d'une demi-artabe ou d'un apet.

Ailleurs et dans trois comptes divers il aurait fallu donner au terme 2 artabes ^ 3. Le chiffre primitif était donc de 2 artabes : l'intérêt de V3 d'artabes. Mais on n'avait pas payé au terme : on devait par conséquent, comme amende de retard, l'hémiolion en plus, c'est-à-dire 1 artabe et un tiers, ce qui joint aux 2 artabes 2/g^ donne un total de 4 artabes, c'est-à-dire juste le double du chiffre primitif Quant au capital de 6 artabes ^/g que devait rendre Héreius et dont l'intérêt (du tiers) était de 2 artabes 2/,^^ total 9, il résultait sans doute aussi d'un prêt primitif de cinq artabes, dont le tiers est de 1 artabe %, total 62/3 '• Peut-être le débiteur avait-il offert, au terme, soit de payer le capital, soit de continuer à solder les intérêts une seconde année. De proviendrait la remise de l'hémiolion en cas de retard. En tout cas, dans les prêts de blé le système duodécimal des mesures forçait à l'intérêt par tiers, 33 '/3 pour 100, comme dans les comptes en numéraire le système décimal des monnaies propre- Constantin. Par une loi de ce prince, insérée dans le code Théodosien, au titre De mûris, ils furent réduits à la moitié en plus, à une troisième mesure supplémentaire si le pi'êt était de deux. St. Jérôme, dans son commentaire sur Ezéchiel, chapitre XVIII, parle aussi de la moitié Qn plus (l'hémiolion, qui en Egjpte n'était donné que comme amende en cas de retard dans les paiements). Le concile de Laodicée interdit pour les clercs ces hemioUa ce que Denys traduit par sescuplas. (Voir aussi à ce sujet les autres canons de conciles, également cités par Saumaise, De modo usurarum, p. 273 à 340.)

1 A côté de l'argent prêté et dont le débiteur répondait, argent dont le taux variait non seulement suivant l'époque et l'abondance de numéraire, mais suivant les garanties et la solvabilité du débiteur ce que Saumaise nomme syyuo; toho;, prêt garanti (c'est ainsi qiie du temps de Lysias Eschine le socratique emprunta d'abord à 36 pour 100, puis à 18, que du temps de Démosthènes, l'argent étant très abondant, la plupart des prêts se faisaient à 12, paifois à 10, mais aussi parfois à 16 même sur hypothèque, comme on le voit dans le plaidoyer contre Nicostrate, ou à 18, comme on le voit dans le plaidoyer d'Eschine contre Timocrate), il y avait l'argent mis en œuvre sous forme d'esclaves travaillant dans un atelier, par exemple. Quand, en prêtant une somme d'argent, on prenait pour garantie un atelier de ce genre à exploiter soi-même, en en gardant les produits annuels en guise d'intérêts, avec les risques de maladie, de mort, etc., on voulait que l'argent ainsi placé rapportât 30 pour 100. Par exemple, dans le plaidoyer contre Aphobos on voit que le père de Démosthènes, ayant prêté à un homme peu solvable 40 mines d'argent, reçut en garantie un atelier de 20 ouvriers en meubles, qui lui rapportaient 12 mines de bénéfice net par an. Cette somme de 12 mines, il la gardait comme représentant l'intérêt de 40 mines. C'est juste 30 pour 100. La valeur des esclaves employés au commerce était évaluée semblablement d'après le produit. Ainsi dans le même plaidoyer on voit que le père de Démosthènes possédait en propre un atelier de 32 à 33 esclaves qui lui rapportaient 30 mines de bénéfice net par an. Si ces trente mines eussent représenté l'intérêt annuel d'un capital à 30 pour 100, le capital eut été de 100 mines. Cent mines divisées par le nombre des esclaves (32 à 33) donne une moyenne de valeur qui dépasse 3 mines pour chaque. Aussi Démosthènes nous dit-il que chacun de ses ouvriers valait au moins 3 mines, quelques-uns jusqu'à 5 ou 6. Il est à noter que dans le prêt à Panténéte sur une exploitation garnie de 30 esclaves aux mines de Maronée l'intérêt demandé par les prêteurs, qui deviennent pseudo-propriétaires, à l'emprunteur pseudo-locataire, est calculé à 12 pour 100 bien qu'il s'agisse d'une exploitation industrielle. Mais cela n'est pas en contradiction avec l'intérêt à 30 pour 100, exigé par le père de Démosthènes lorsqu'il prit en gage un atelier d'ouvriers en meubles. En effet, le père de Démosthènes exploitait lui-même à ses risques et périls, tandis qu'ici c'est l'emprunteur qui continue à exploiter, qui paie à l'état le droit annuel au jour fixé et à ses risques et périls (ainsi qu'on le voit plus loin dans le même plaidoyer, nous montrant qu'un retard le fit condamner au double). C'est donc un placement ordinaire bien garanti par un bon gage et rapportant un intérêt fixe, au lieu d'être un argent placé dans le commerce à intérêts aléatoires. Ceux qui ont prêté à Panténéte pourront toujours exiger de lui les 12 pour 100. Au contraire, le père de Démosthènes s'est arrangé de manière à pouvoir retirer de son argent 30 pour 100, mais les circonstances peuvent faire qu'il ne retire rien, qu'il soit même en perte, et dans tous les cas son emprunteur ne lui devra que le capital.

70 Eugène et Victor Revillout.

ment égyptiennes (outen et kati) forçait à l'intérêt de 30 pour 100. L'un et l'autre devaient donc avoir été permis pour ces raisons par la loi de Bocchoris et ils avaient subsisté jus- qu'aux Ptolémées.

Ces intérêts des prêts de blé se confondent en quelque sorte (les questions de métro- logie mises à part) avec l'intérêt à 30 pour 100 que nous trouvons en Egypte pour tous les prêts de numéraire. Je n'en grossirai pas ici la liste et je ne mentionnerai que pour mémoire les papyrus grecs 7 et 13 du Louvre et les papyrus démotiques de Marseille, 103 de Berlin, 2436 « et h du Louvre, 376 de Leide, dont j'ai déjà longuement parlé dans mon commentaire du papyrus 13 de Turin.

Je ferai remarquer cependant que l'intérêt de 30 pour 100 existait à Atliènes même, comme intérêt commercial, soit quand il s'agissait de l'argent mis en œuvre sous forme d'esclaves travaillant dans un atelier, soit pour les locations d'hérédité' appartenant à des mineurs incapables d'agir eux-mêmes, soit pour les prêts à la grosse aventure ou de na- vigation 2. On trouve même souvent dans le monde antique des taux supérieurs. Dans ses lettres à Atticus (livre V, lettre VI) Cicéron parle du taux de 48 pour 100 auquel le vertueux Brutus prêta et fit prêter au sénat de Salamine, en se faisant autoriser à cet effet par le sénat romain. Cicéron parle aussi de taux d'intérêts non moins excessifs, réclamés d'après des contrats, et qu'il réduisait à 12 pour 100^ dans la province de Cilicie administrée par lui, tout en y permettant encore l'anatocisme annuel, c'est-à-dire le calcul rapidement progressif des intérêts des intérêts ^ Une inscription de Naples nous prouve qu'en Italie du temps des Césars l'intérêt de 25 pour 100 paraissait d'une modération telle qu'on éleva une statue à un prêteur qui s'en contentai

1 De même qu'on calculait, ainsi que nous venons de le voir dans la note précédente, le capital com- mercial d'après l'intérêt à 30 pour 100, de même on exigeait cet intérêt à 30 de ceux qui prenaient entre les mains l'héritage d'un mineur pour l'exploiter, commercialement, s'ils le voulaient. Dans le plaidoyer contre Aphobos, déjà cité, on voit que le mineur Antidore ayant pour capital 3 talents et 3000 drachmes, l'intérêt avait fait plus de 6 talents en 6 ans. Le capital étant de 21000 drachmes, l'intérêt avait produit ainsi plus de 36000 drachmes ou plus de 6000 drachmes par an, c'est-à-dire 30 pour 100. Démosthénes calcule que son capital à lui eût au moins triplé en 10 ans, si on l'avait placé ainsi.

2 Dans l'affaire Chiysippe contre Phormion il est question d'un prêt nautique de 2000 di-achmes, ayant, comme d'habitude, pour garantie un chargement de valeur double, c'est-à-dire de 4000. Le capital de 2000 drachmes portait intérêt de 600 drachmes (30 pour 100) pour un voyage d'aller et retour au Bosphore.

Dans le plaidoyer contre Lacrite il s'agit d'un prêt à la grosse de 3000 di-achmes devant produire 225 par mille (221/2 pour 100), si, le voyage étant raccourci, le retour se fait avant l'automne, et 300 (30 pour 100) si le retour se fait seulement à l'automne. Le capital de garantie est aussi de valeur double.

Dans le plaidoyer d'ApolIodore contre Callipe il est également question d'un prêt à la grosse pour un voyage en Thrace. Mais le voyage ne fut pas fait, et, comme nous aurons occasion de le voir dans une des notes suivantes, l'intérêt spécial fut en conséquence contesté par l'emprunteur.

3 Avec les intérêts des intérêts comptés à 12 pour 100 la somme était presque doublée en 6 ans, presque quadruplée en 12 ans, plus que décuplée en 20 ans; tandis que sans anatocisme à 30 pour 100 le capital ne produisait comme intérêt que son sextuple en ces 20 ans.

^ Plutarque, dans sa vie de LucuUus, raconte aussi que ce général, commandant en Grèce et en Asie, réduisit le premier à 12 pour 100 (centesimam = ezaioarriv) l'intérêt qui était de beaucoup plus élevé.

5 Juvenal (1. III, satyre XI) parle aussi de Pollion qui ne trouvait pas de fous pour lui prêter à intérêts triples. C'était de l'usure. Mais le prêt à la journée (prêt à la petite semaine) est mentionné en Grèce et à Rome. Théophraste, dans la IMizpoXoyta, parle d'un prêteur qui, recevant par mois la semi-obole par drachme pour intérêt, exigeait en outre les intérêts des intérêts (chose qui paraît alors hors d'usage en Grèce). Ailleurs, dans I'Akovoik, Théophraste nous donne un renseignement encore plus curieux. Il s'agit

Seconde lettre sue les monnaies égyptiennes. 71

Eufin les taux de 36 et 48 pour ceut se retrouvent aussi clans le monde grec.

Le taux légal de 30 pour 100 dut donc lui-même être un progrès, surtout combiné avec la loi de Bocclioris qui interdisait de faire monter l'intérêt au-dessus du double du chiffre primitif de la créance.

Cette loi de Bocclioris qui nous est attestée par Diodore de Sicile était surtout fonda- mentale en Egypte et nous la voyons appliquée sous les Persans et sous les Grecs', même quand l'intérêt légal se trouvait quadruplé comme pénalité dans certains cas, sans doute prévus et permis par la loi et qui ne rentraient nullement dans le prêt ordinaire 2.

En règle générale on peut considérer comme certain le taux légal de 30 pour 100 en Egypte. Ce taux légal fixe part des arrondissements minimes) est tout-à-fait curieux à noter; car il n'existait rien de pareil et d'aussi strict dans le monde grec de cette époque. C'est pour cela que dans nos contrats de prêts de blé démotiques et grecs on ne spécifie pas les intérêts, mais on se borne à dire que dans le total indiqué ils sont compris jusqu'à telle date. Semblablement dans les requêtes relatives à des prêts, ou même à tout autre genre de dettes, on donne soigneusement le chiffre du capital et on se contente d'ajouter «et les intérêts amassés», en se référant à l'intérêt légal. Dans les autres droits antiques la spéci- fication de l'intérêt était au contraire de rigueur, et, si le prêteur ne l'avait pas fait fixer au moment du prêt, le débiteur aurait seulement été forcé de rendre le capital. Au point de vue économique il y a une différence essentielle. Eu effet, dans tout pays dépourvu de taux légal, l'intérêt n'est exigible que s'il a été consenti formellement par les parties. Il devient de droit au contraire si la loi en fixe le taux 3, comme dans le droit égyptien et dans le

d'un usurier qui exige par jour trois serai-oboles pour une drachme, le quart du capital. De même Plante dans l'Epidicus : Id adeo argentum ab danista apud Thebas sumpsit fœnore, in diem, minasque argeutis singulas, nummis. (Voir sur ce point Saumaise, De modo usurarum, p. 62 et suiv.)

' Voir l'article de la Revue Égyptohgique, qui est consacré à ce sujet : « La loi de Bocchoris et l'intérêt à 30 pour 100», Revue, année, II— III, p. 142.

2 Je publie dans ce numéro même un curieux contrat du règne d'Artaxercès qu'il est bon de consulter sur cette question. Il s'agissait d'un bœuf qui devait être immolé pour un sacrifice à époque fixe. On pouvait, en cas d'accident, en livrer un autre à sa place à l'époque désignée. Mais, si on ne l'avait pas fait, on devait 10 jours après payer le quadruple de sa valeur. Si ce quadruple n'était pas payé, on devait verser comme intérêt un dixième par mois (120 pour 100 par an), c'est-à-dire aussi le quadruple de l'intérêt. Mais ceci s'explique, puisqu'on avait fait manquer un sacrifice aux dieux, et notre contrat n'a rien de commun avec un prêt ordinaire; cependant même alors notre texte a soin de stipuler que les intérêts ne s'élevront que jusqu'à concurrence d'une somme n'atteignant pas le capital.

3 Chez les Romains une révolution populaire avait fait fixer à 12 pour 100 le maximum de l'intérêt. Mais ce n'était qu'un maximum et l'intérêt ne devenait exigible que s'il avait été l'objet d'une stipulation spéciale. Chez les Athéniens il- n'existait même aucun maximum de ce genre. On pouvait déterminer comme on le voulait l'intérêt à payer. Si on ne l'avait pas fait, le débiteur ne devait que le capital. On peut con- sulter à ce sujet, dans les plaidoyers civils de Démosthènes, l'affaire d'ApoUodore contre Timothée. Apollodore y relève beaucoup de sommes prêtées par son père à llmothée, à diverses reprises, 9, 10 ou 11 ans avant le procès; mais il ne parle pas d'intérêts, parceque c'étaient des avances faites sans contrats et portées seulement en compte à la banque. De même les débiteurs de l'état, ne paraissent pas avoir eu d'intérêts à payer pour les amendes prononcées contre eux, etc. Ils étaient frappés d'ativiie, atimic qui passait du père dé- biteur au fils héritier jusqu'à parfait paiement et ne leur permettait pas de juger, de paraître aux assemblées populaires, etc. En outre, au moins en certains cas, comme les fermiers publics, en cas de retard ils avaient à payer le double de ce qu'ils devaient au peuple et le décuple de ce qui revenait aux dieux. Ces chiffres du double et du décuple se retrouvent pour les voleurs, qui devaient restituer au double, s'ils rendaient l'objet en nature, au décuple dans le cas contraire. (Voir le plaidoyer de Démosthènes contre Timocrate.) Mais il n'était pas alors non plus question d'intérêt légal (voir Démosthènes contre Aristogiton). L'intérêt

72 Eugène et Victoe Reyillout.

nôtre. Le taux légal de l'intérêt avait, du reste, l'avantage d'empêcher sur ce chapitre toute contestation, et Bocchoris avait eu pour l'adopter des raisons particulières. En effet, tandis qu'il faisait de la vente, par exemple, un contrat nécessairement écrit et transmettant la pro- priété d'une façon authentique et définitive, tandis que toutes ses lois étaient inspirées par un point de vue identique, il avait admis cependant, Diodore nous l'apprend, l'exception formelle du prêt, qui pouvait résulter d'un simple engagement verbal et se prouver par le serment déféré au débiteur. De vint l'expression Sanch «adjuration», désignant en égyptien toutes les créances, même consignées par écrit, bien que nous l'avons prouvé aucun serment n'y intervint alors. Du moment la parole humaine mise, il est vrai, sous l'inspection et l'inspiration des dieux, pouvait être appelée à décider souverainement, il importait de limiter autant que possible son champ d'action. Aussi ne lui demandait-on ici que deux points : le montant et la date de la dette. La loi se chargeait du reste et fixait l'intérêt, comme la limite dernière cet intérêt pouvait monter, limite qui consistait seulement à doubler dans un temps donné (trois ans^ environ) le capital, avant tout règlement. Par un motif de simplification du même genre, Bocchoris assimila sous ce rapport tous les genres de dettes, même ceux il n'y avait pas eu emprunt proprement dit, mais apport dotal ^, héritage, etc., c'est-à-dire ceux la loi romaine ne concédait que les fruits, aussi bien que ceux elle permettait les intérêts (au maximum de 12 pour 100). En Egypte, pour tous ces cas, quand le paiement devenait exigible, on devait donner en outre 30 pour 100, et quand il s'agissait d'une créance proprement dite à date fixe et que cette date était passée, on y joignait d'ordinaire l'hémiolion (la moitié eu plus). Mais cette condition prévue par la

n'était fixé par la loi à Athènes que dans des cas tout particuliers, par exemple s'il s'agissait de la dot de la femme ou des biens des mineurs. Ceux qui détenaient la dot de la femme, après la fin du mariage, ou en qualité de futurs maris, mais sans que l'union conjugale s'accomplit, en devaient, d'après la loi, payer les intérêts à 18 pour 100 par an (1 draclime et demie par mine et par mois). Les tuteurs qui s'étaient servi pour leur usage des deniers de leur pupille en devraient payer les intérêts à 12 pour 100 (voir les plaidoyers de Démosthénes' contre Aphobos). Les magistrats qui n'avaient pas accompli leur devoir par négligence devaient aussi payer un intérêt des sommes compromises par leur faute, mais, comme ils n'en avaient bénéficié en rien, cet intérêt était inférieur à 1 pour 100.

Dans les prêts oi'dinaires nous l'avons dit les conventions faites entre les paities décidaient de tout. Elles décidaient de l'intérêt, comme elles décidaient de l'amende à payer en cas de retard (tandis qu'en Egypte cette amende seule, qui légalement était de l'hémiolion, devait être spécifiée par contrat l'intérêt étant de droit et le taux en étant forcé). Parfois aussi à Athènes on stipulait, comme amende, que si la somme n'était pas rendue dans les 30 jours, elle serait portée au double (c'est-à-dire à moitié plus qu'en Egypte en cas pareil). Voir le plaidoyer d'Apollodore contre îsicostrate. Les débiteurs de l'état pour droits de mines devaient également le double en cas de retard (plaidoyer contre Panténète). Quant au taux de l'intérêt, comme il n'était pas fixé ou limité à Athènes par une loi, mais par les seuls termes du contrat, il pouvait résiilter de cet état de choses des contestations dans des circonstances particulières. Ainsi dans le plaidoyer d'Apollodore contre Callype on voit qu'un Héracléote, nommé Lycon, avait prêté à la grosse à Mégaride d'Eleusis et à Trasylle, son frère, une somme de 40 mines pour un voyage en Thrace. Mégaride, ayant ensuite changé d'aAis et ne voulant plus faire le voyage ni courir de risques, Lycon redemanda ses fonds. Mais il ne put s'entendre avec Mégaride sur le compte des intérêts. Mégaride, sans doute, ne voulait pas payer sans risques les mêmes intérêts qu'avec risques : ce que voulait au contraire Lycon. De résulta une contestation, puis un procès. Des affaires de ce genre étaient fréquentes à Athènes. Elles étaient impossibles en Egypte.

' Encore avons -nous vu, à propos des prêts de blé, que dans les prêts à termes fixés l'hémiolion en cas de retard permettait de doubler le capital en un an; mais on ne pouvait aller plus loin sans règlement.

2 Voir la requête d'Amadocus.

Seconde lettre sur les monnaies égyptiennes. 73

loi devait être cependant spécifiée dans l'acte, ce que l'on n'était pas obligé de faire pour l'intérêt.

Il ne nous reste plus qu'à tirer nos conclusions sur la valeur proportionnelle des différents métaux. Commençons par celle de l'or et de l'argent.

E. Proportion de valeur entre l'or et l'argent.

De même que la proportion de l'or à l'argent dans le monde persan nous avait été indiquée par Hérodote, celle qui existait dans le monde grec nous est indiquée par l'univer- salité des métrologistes anciens. Je ne donnerai pas ici leurs innomlrahles témoignages : ce serait indéfini. Bornons -nous à signaler le texte formel qui a été reproduit par Hultsch (p. 290) sur l'or, de valeur décujîle de l'argent, cet autre (p. 304), qui se reproduit sous mille formes diverses, que nous avons déjà cité et d'après lequel le /p'jcsj; vaut deux drachmes, la drachme d'or dix drachmes d'argent, cinq xpjjojç valent une mine de 100 drachmes (d'argent), et enfin celui (p. 331) d'après lequel la darique, égale au y.pjtjoj;, vaut 20 drachmes, et la mine, 5 dariques.

C'est d'après ce dernier calcul que Xénophon a pu assimiler 3000 dariques à 10 talents (d'argent) dans un passage dont nous avons déjà parlé plus haut '.

Cette proportion de 1 à 10 entre l'or et l'argent, que nous retrouvons dans les données du papyrus 0 de Leide plusieurs fois cité ci -dessus 2, est du reste tellement bien établie, tellement incontestable que M. Mommsen lui-même s'est vu réduit à l'admettre au moins comme valeur commerciale (et réelle). Seulement cet illustre savant qui, comme me le disait naguère un de ses compatriotes les plus instruits, cherche toujours de préférence les solutions originales, aussi éloignées que possible des données trop claires et trop positives des textes, cet illustre savant, dis-je, a voulu reconnaître, en dehors de cette valeur commerciale ou réelle de l'or, une valeur monétaire ou fiduciaire complètement différente dans presque tous les pays battant monnaie dans l'antiquité.

Cette hjiîothèse paraît d'autant plus étrange que nous ne voyons rien de pareil dans les temps modernes.

Economiquement parlant on peut formuler cet axiome (contraire à l'opinion de M. Mommsen) : L'écart entre la valeur commerciale ou réelle et la valeur fiduciaire ou monétaire peut être d'autant plus grand que la valeur commerciale ou réelle est moindre. Pour le papier, dont la valeur commerciale est nulle, la valeur fiduciaire peut être indéfinie. L'écart peut être plus grand pour le cuivre que pour Vargent. Il devient très faible pour l'or.

C'est à propos de l'or et de l'argent que M. Baudrillard dans son manuel classique pose formellement cette loi : « Le gouvernement ne peut donner à la monnaie une valeur fictive 3. »

' Notons que si les vieilles monnaies d'Athènes, soit d'or soit d'argent, avaient pesé un peu plus que les monnaies d'or correspondantes du royaume perse, dans le dernier monnayage caractérisé par un hibou sur une amphore le poids persan devient pour ainsi dire un maximum. Les tétradrachmes de cette série sont de beaucoup les plus nombreux.

2 Comme l'a dit d'ailleurs M. Leemans, le statère didi-achme d'or de ce papyrus valait 20 drachmes d'argent comme le /pjaou; a-a-7;p des métrologistes.

3 Manuel d'écœiomie politique, édition, 1883, p. 281.

10

74 Eugène et Victor Revillout.

C'est à propos des métaux précieux par eux-mêmes qu'au commencement de ce siècle Jean Baptiste Say a mis eu lumière ces principes fondamentaux de l'économie politique :

« La monnaie est reçue dans les échanges^ » nous dit-il, « non par l'autorité du gouverne- »ment, mais parceque c'est une marchandise ayant une valeur qui lui est propre .... L'au- » torité publique a cru qu'elle pouvait à son gré augmenter ou diminuer la valeur des monnaies, » et que dans l'échange d'une marchandise contre une pièce de monnaie la valeur de la «marchandise se balançait avec la valeur imaginaire que le prince donnait à sa monnaie et »non avec la valeur que le besoin qu'on avait de cet argent, combiné avec sa quantité, » pouvait lui donner naturellement. Ainsi, quand Philippe I*''", roi de France, mêla un tiers » d'alliage dans la livre d'argent de Charlemagne qui pesait 12 onces d'argent et qu'il appela » du même nom de livre un poids de 8 onces d'argent fin seulement, il crut néanmoins que » sa livre valait autant que celle de ses prédécesseurs. Elle ne valut cependant que les deux » tiers de la livre de Charlemagne. Pour une livre de monnaie on ne trouva plus à acheter » que les deux tiers de la quantité de marchandise que l'on avait auparavant pour une livre. »

Avant que le développement extraordinaire des établissements de crédit, les banques toutes les monnaies sont changées les unes pour les autres, l'affaiblissement de la valeur du métal précieux en lui-même par rapport aux auti-es richesses et l'usage général de la monnaie de papier pleinement fiduciaire eussent mis en relief dans la masse de la population le côté surtout fiduciaire et d'échange des monnaies, le même fait se produisit toujours et partout' quand le poids ou la nature des monnaies d'argent et d'or fut altéré. M. Say a fait un relevé des plus intéressants de ce qui se produisit à ce sujet à bien des reprises en France, etc. Tous les peuples procédèrent de même instinctivement, et cela aussi bien dans l'antiquité que de nos jours, toutes les fois qu'il s'agissait des métaux vraiment précieux 2. Ce n'est qu'à des matières de peu de prix comme le cuivre, le fer, etc., que des législateurs ont pu attribuer une valeur conventionnelle. Le cuivre, le fer, le papier ne sont alors que des moyens d'échange; tandis que l'or et l'argent, l'or surtout, sont, ainsi que l'a dit J. B. Say, de véritables mar- chandises, dont l'altération ou la plus value devient une fraude, réprimée et punie par le bon sens public. Ajoutons du reste que les anciens n'y ont eu recours que dans des temps de décadence et de corruption. Les monnaies persanes sont très pures, ainsi que la plupart des anciennes monnaies grecques et que les premières monnaies ptolémaïques. Ces dernières ont fini par être fraudées, mais seulement par l'addition d'un mauvais métal; car aucune des pièces ptolémaïques pas plus que les pièces persanes ou attiques ne porte une ins- cription indiquant la valeur (moyen de fraude, très inutile d'ailleurs, souvent employé par nos rois). Songer, dans de telles conditions, à une valeur fiduciaire obhgatoire supérieure à celle que fournissaient le poids lui-même et la valeur proportionnelle des métaux entre eux me paraît une hypothèse tout-à-fait insoutenable. D'ailleurs, si les gouvernements l'avaient tenté et avait établi, par exemple, comme le pense M. Mommsen (Histoire des monnaies, édition

' La raison en est bien simple : Comme l'a dit J. B. Say, ce n'est pas le gouvernement, mais le penple qui fait en réalité la monnaie. S'il se persuade que tel objet d'échange est une bonne monnaie et qu'il vaut tant, c'est une bonne monnaie et il a la valeur indiquée. Sinon non.

2 Si le métal précieux est choisi comme monnaie c'est à cause de sa valeur intrinsèque. Il n'est pas loisible au gouvernement de changer cette valeur à sa volonté.

Seconde lettre sue les monnaies égyptiennes. 75

française, t. 1, p. 78 1 une proportion de valeur monétaire de 1 à 16 à côté de la proportion de valeur intrinsèque de 1 à 10, il serait anivé tout simplement, comme la fort bien dit M. J. B. Say (livre 1, chap. 2J, § 5), que Ion aurait dans le public rectifié la proportion légale: «Avant la refonte des pièces d'or, ordonnée par arrêt du 30 octobre 1785, les louis- » d'or (de 24 livres) se vendaient contre de l'argent 25 livres et quelques sols. On se gardait » bien, eu conséquence, de payer en monnaie d'or les obligations stipidées en livres. On aurait y réellement pavé 25 livres et 8 ou 10 sols pour chaque fois 24 livres contenues dans la somme » stipulée. ... En Angleten-e, ime fixation différente a produit des effets contraires. En 1728, »le cours naturel des échanges avait établi la valem- relative de l'argent fin et de l'or fin »dans la proportion de 1 à 157(24 ou pour faire une fraction plus simple 15'/, 4- ^^ais l'argent réprouva successivement plus de demande que l'or; le goiit de la vaisselle et des ustensiles » d'argent se répandit; le commerce de l'Inde prit un plus grand essor et emporta de l'argent »de préférence à l'or, parce qu'en Orient il vaut plus, relativement à l'or, qu'en Europe; finale- »ment la valem* relative de l'argent était devenue à la fin du siècle dernier, par rapport à » celle de l'or, comme 1 est à 14 '/^ seulement, tellement que la quantité de monnaie d'argent »qui frappée en espèces valait 3 li\Tes 17 sous 10 '/j deniers sterling pouvait, si elle était » fondue en lingots, se vendre 4 livres sterling contre de la monnaie d'or. Il y avait donc à^ » gagner à la fondre en lingots et l'on perdait en faisant des paiements en espèces d'argent. »Cest iwur cela que, jusqu'au moment la banque d'AngleteiTe fut autorisée en 1797 à » suspendre ses paiements en espèces, tous les paiements se faisaient en or. Des lors on na y>plus payé qu'en 2)apier.y> (J. B. Say, livre 1, chap. 21, § 8.) Ainsi voilà le papier accepté eu AngleteiTe universellement au moment l'on refuse un cours de proportion légale factice entre deux métaux précieux. Ou consent à recevoir un chiffon, comme dit Say, en quahté de signe d'échange, quand ou ne veut pas voir frauder une «marchandise précieuse-». Et ce fait n'est pas isolé. Nous le voyons à toutes les époques. Les Lacédémoniens se contentent longtemps d'un fer sans valeur, les anciens Romains de cuivre ', etc. Il y a mieux : nous allons Inentôt voh-, dans un des ])rochains paragraphes, que les Égyptiens ahandonnerent l'étalon d'argent, qu'ils avaient d'abord, pour prendre tout-à-coup l'étalon de cuivre, c'est-à-dire une monnaie surtout fiduciaire. (C'est à peu de chose près le même phénomène qui s'est passé à Londres pour le papier.^ Et tout cela se fait sans grande difficulté : tandis qu'il est im- possible à toute époque, sous aucun gouvernement, de frauder légalement de quelques sous une pièce de métal très précieux sans que le pubUc s'en aperçoive et remette cette pièce à son véritable cours. La thèse de M, Mommsex croule donc sous l'expérience universelle des siècles.

Mais je m'aperçois, mon cher ami, que je me laisse entraîner dans un sujet qui serait plutôt du ressort (pardonnez -moi cette expression") de l'Académie des sciences morales et politiques que de celui de l'Académie des Inscriptions, à laquelle vous appartenez. J'en viens donc au plus AÏte à la partie plus technique de nos études et à 1 examen des textes anciens sur lesquels semble s'appuyer M. Mommsex.

Voici son argumentation sur les monnaies d'Athènes : «Xe voyons -nous pas que le

1 Absohiment comme les Abyssins de sel-monnaie, d'autres peuples de coquilles sans valeur, etc., etc. Mais chez la plupart des peuples on en est an-ivé aux métaux précieux, dont le cours ne peut s'élever trop tout-à-coup. Voir J. B. Sat, livre 1, chap. 21.

10*

76 Eugène et Victor Revillout.

» comique atliénien Cratès (Olymp. LXXXII, 3, 304 de Rome) dit positivement que Vt][).ivATo^j »7pucou valait huit oboles? C'est bien de l'or attique que Cratès parlait et il ne faut pas » oublier qu'à cette époque l'unité de compte n'était plus le statère de Solon, mais la drachme. »Si nous appliquions au statère la division par 6, ryj[^.i£/,Tcv deviendrait l'obole d'or et tom- »berait au dessous de sa valeur métallique, en le calculant à 8 oboles d'argent, ce qui est » impossible. Au contraire, si nous considérons Tr^xicXTov comme un yjiJ-tojîoXtov, nous obtenons » pour les pièces d'or les valeurs suivantes qui sont dans des proportions tout-à-fait admissibles :

Pièce Valeur intrinsèque du métal Valeur monétaire

» Statère 20 drachmes ... 32 drachmes

» Drachme 10 » ... 16 »

»Triobole 5 » ... 8 »

»Diobole 20 oboles .... 32 oboles

» Obole (hecté) 10 » .... 16

»Tritémorion '^'/i ^' .... 12 »

»Hémiobolion (hémihecton) . . 5 » .... 8 »

» Tetartémorion 27-2 » .... 4 »

» Huitième d'obole IV4 » .... 2 »

«Ainsi les Athéniens donnèrent à leurs pièces d'or une valeur de convention dans la » proportion de 1 : 16 et, par conséquent, beaucoup plus élevée que leur valeur métallique.» La base de cette augmentation repose sur l'assimilation impossible entre l'hémihecton et l'hémiobolion. En réalité partout et toujours c'est le diobole qui est l'hecté et l'obole qui est l'hémihecton. L'hémihecton ou obole d'or, valant 8 oboles d'argent d'Athènes, pesait un peu plus de 0*58. On trouve de ces poids à Corinthe, et M. Mommsen (p. 81, note 2) les con- sidère lui-même comme représentant l'hémihecton de Corinthe. Il y a aussi bien d'autres pièces de ce genre à Agrigente de Sicile, etc., etc. A Athènes ou fondait peu d'or et l'on se servait surtout soit de l'or perse (darique égale au xpuaouç d'Athènes), soit d'or d'autre pro- venance grecque. Il est tout naturel qu'on se soit servi d'un hémihecton étranger, car, quoique en dise M. Mommsen, rien ne prouve l'origine athénienne de l'hémihecton de Cratès. Ce pas- sage nous est arrivé dans Pollux IX, 62, et est ainsi conçu : -^[j-iexTov Ècri xpuaou, [j.avOav£'.ç, o-ATÙ) o^oAct. Rien de plus vague, M. Mommsen dit en note : «C'était évidemment la pièce d'or bractéate de 0'35, qu'il voulait désigner. » Il a été pour les bractéates induit en erreur par M. Beulé. Mais on est maintenant parfaitement d'accord pour dire que les bractéates ne sont pas plus des monnaies à Athènes que dans tous les autres pays (très nombreux) qui nous en ont fourni dans l'antiquité. La pièce-monnaie de 0-35 n'existait pas. Le monnayage athénien véritable en pièces frappées des deux côtés (et non de telle sorte que l'eftigie, unique, soit en creux d'un côté et en bosse de l'autre) ne descend pas au-dessous de l'obole. Cet hémi- hecton ne peut donc être un r^\).lo?>ok^ov athénien imaginaire. C'est ou bien un r,[^.t£XTcv d'or, appartenant à un monnayage étranger, ou bien une pièce à titre bas. En effet, les pièces pâles à titre bas dans lesquelles il entrait 20 à 25 pour 100 d'argent (voir Mommsen, p. 8), alors même qu'elles auraient pesé selon les poids d'Athènes, n'auraient valu que 8 oboles et non 10 dans la circulation publique. Les bractéates étant repoussées par tout le monde, nous voyons disparaître en même temps un autre argument très puissant de M. Mommsen. Dans son

Seconde lettee sur les monnaies égyptiennes. 77

tableau, reproduit plus haut, les monnaies d'or correspondent très régulièrement aux monnaies d'argent avec la proportion de 1 à 10, jusqu'à l'obole d'or inclusivement, c'est-à-dire jusqu'à la dernière monnaie réelle. On a ainsi un statère d'or valant 20 drachmes d'argent, une drachme d'or en valant 10, un triobole 5, un diobole ou hecté valant 20 oboles d'argent ', une obole ou hémihecté 10 oboles 2 d'argent. Cette proportion de la valeur réelle est au moins aussi satisfaisante que celle de la valeur monétaire, proposée par M. Mommsen. Plus bas, pour les bractéates, il n'en serait plus de même. Aussi M. Mommsen s'écrie-t-il : « On estime qu'en général » l'or vaut 10 fois l'argent, et cette proportion peut être exacte au point de vue du commerce » international, car l'Athénien ne pouvait certainement pas faire accepter en Perse son statère d'or » au-dessus du prix auquel la darique était cotée à Athènes. Mais il est impossible d'admettre » que les Athéniens aient basé sur ce rapport la valeur de leurs diverses monnaies. L'échafau- » dage ingénieux, consti-uit sur cette supposition, s'écroule devant les faits et devant l'impossi- » bilité qui en résulterait de faire concorder les monnaies d'or avec celles d'argent. Comment » admettre, par exemple, que le huitième d'obole en or valait une obole un quart d'argent 3 plutôt » qu'un chiifre rond.» Du moment il est bien démontré et admis par tous les numis- mates que les bractéates ne sont nulle part des monnaies, tout ceci n'a plus de raison d'être et nous en revenons tout prosaïquement aux données qui résultent du témoignage universel des anciens.

Suivant ce témoignage, la darique ou statère d'or (xpucouç didrachme d'Athènes) répondait comme valeur à 20 drachmes d'argent. Ce statère d'or représentait, comme nous l'avons vu, le sékel faible. Il était en parallélisme avec le statère d'argent ou sicle fort (téti-adrachme) et se divisait par moitié (PpD) en drachmes, par quart en trioboles, par en dioboles, par 12® en oboles. Toutes ces subdivisions se retrouvaient également dans le monnayage d'or et dans celui d'argent avec des proportions décimales fort exactes. Ce qui s'écroule seulement c'est le système ingénieux de M. Mommsen qui voudrait admettre deux proportions contemporaines, l'une réelle et l'autre légale et fictive, entre l'or et l'argent. On ne peut pas dire, comme il l'a fait, que, si Xénophon parlait de la propoiiion de 1 à 10, c'était comme valeur réelle des métaux en Grèce, valeur qui n'empêchait pas la proportion de 1 à 16 pour les monnaies frappées : car Lysias (De bonis Aristophanis), par exemple, nous donne pour l'argent monnayé à Athènes la même proportion que Xénophon.

Il s'agissait de l'argent en monnaies attiques que Conon avait laissé. Selon l'orateur il avait consacré dans les temples de Minei-ve et d'Apollon de Delphes 5000 statères (100.000 drachmes), il avait attribué à un neveu 10.000 drachmes, à son frère 3 talents (18.000 drachmes), à son fils 17 talents (102.000 drachmes), ce qui fait 40 talents moins 1000 drachmes ou 230.000 drachmes. Or, le texte ajoute : toûtwv xsçâXatôv -t YÎ^vcTat Tispt TetxapâxovTa lâXavca. Le total se monte à quelque chose comme 40 talents environ.

1 C'est-à-dire 3 drachmes, plus un diobole, pièce existante en argent à Athènes.

2 C'est-à-dire soit une drachme et un tétrobole, pièce existante, soit deux pentoboles, pièces également existantes en argent à Athènes, Le pentobole, le tétrobole et le diobole sont aussi bien distingués par leur type que par leur poids.

3 Cet argument dans tous les cas n'aurait pas été décisif, attendu qu'il existe dans le monnayage d'argent des pièces d'argent représentant Vobole et quart. Ces pièces avaient même un type spécial qui les distinguait également bien de l'obole et demi et de l'obole. Dans le monnayage ptolémaïque en cuivre l'obole et quart existe, aussi bien que l'obole et demi et l'obole.

78 Eugène et Victor Reyillout.

Or si au lieu de 20 drachmes, ou prenait comme valeur du statère 32 drachmes d'ar- o-ent ainsi que le voudrait M. Mommsen, puisque le statère d'or pesait 2 drachmes, ce total se trouverait tout -à- coup augmenté de 10 talents (60.000 drachmes), puisque 5000 statères vaudraient 160.000 drachmes au lieu de 100.000. Ce ne serait donc plus environ 40, mais environ 50 que représenterait le total arrondi'.

Ménandre, dans sa comédie intitulée Ilapay.aôr.y.Y; ip. 38 39 de l'édition Didot) parle aussi d'un jeune Athénien auquel son père donne un talent d'or :

oAy.ï;v TaAavTou /p'jdîcj ce, Traie bv,

ecTTYjy.a Tï;pwv et il ajoute immédiatement après :

[j.x/.ip'.oç èy.£l!voc Béy.a: TaXavia v.y.xy.^y.-^;6i'/. «L'heureux coquin qui mange 10 talents» (d'argent), texte dont PoUux (Hultsch 290) concluait déjà avec raison la proportion de 1 à 10 entre l'or et l'argent à Athènes. C'est exactement un calcul semblable à celui par lequel Xénophon^ assimile 3000 dariques d'or à 10 talents d'argent, et cela ne doit pas nous étonner, puisque les villes de l'Asie mineure dans lesquelles Xénophon place le fait dont il parle, avaient été longtemps soumises aux Athéniens, avant de l'être aux Perses, comme elles l'étaient du temps du jeune Cyrus.

Nous avons donc des preuves positives de l'exactitude des évaluations de la totalité des métrologistes anciens, recueillies par Hultsch, et nous affirmant dans le monde attique la proportion de 1 à 10 entre l'or et l'argent 3. Cette proportion attique entre l'or et l'argent suivit tout naturellement le système des monnaies attiques, étendu par Alexandre à tout l'en- semble de son empire ^. Elle représentait du reste à ce moment la valeur réelle que le com- merce international avait peu à peu établie par suite de l'abondance de plus eu plus grande de l'or. Seulement en Egypte on réduisit le poids de la drachme et de ses multiples, ou, pour parler plus exactement, des statères (sicles fort et faible) et de leurs subdivisions, de manière à les faire concorder avec l'ancien argenteus, dont la valeur fut identique à celle du statère ou didrachme d'or, appelé en démotique aicreus comme le /.ojctouç grec quil représentait. Mais la proportion resta de 1 à 10 et non de 1 à 12 1/2 comme l'ont pensé pour l'Egypte MM. Letronne et MoMMSEN (p. 54). Nous avons déjà eu plus haut l'occasion d'examiner les argu- ments de ces savants illustres. M. Letronne s'appuyait sur la supposition impossible dun

1 L'habitude d'aiTondir ainsi les chiffres était générale chez les orateiu's. Dans la première action contre Aphobos, Démosthènes évalue d'abord dans la fortune de son père les capitaux productifs à 4 talents et 5000 drachmes, les autres à 8 talents plus 30 mines, et il indique comme total 14 talents au lieu de 13 talents 2000 drachmes. Il y a beaucoup d'exemples analogues.

2 Loco citato.

3 Cette proportion se maintint, du reste, en Grèce pendant de longs siècles puisque Tite Live (livr. XXXVIII) nous la donne encore pour le traité des Étoliens : « pro argento si aurum dare mallent, darent convenit, dum »pro argenteis decem aureus unus valeret». Polybe (XXII, 15, 8) reproduit aussi en grec les clauses du même traité des Etoliens avec l'équivalence d'une mine d'or contre dix mines d'argent «en argent attique ou équivalent». C'est donc toujours de la proportion gréco-attique qu'il s'agit. Mais il faut noter que dans le bas empire la proportion entre l'or et l'argent en vint peu à peu à osciller, comme l'a prouvé M. Mommsen, entre le taux de l'antique proportion persane (de 1 à 13I/3) et le taux actuel (de 1 à 15).

•• Nous avons eu l'occasion de voù- dans la précédente lettre que la proportion persane de 13' 3 avait été aussi pendant quelque temps celle du monde oriental. Les Phéniciens dune part et certains Grecs ioniens de l'empire perse de l'autre semblaient l'avoir abandonnée cependant antérieurement à Alexandre pour adopter la nouvelle propoi-tion de 1 à 10, qu'avaient également les Athéniens.

Seconde lettee sur les monnaies égyptiennes. 79

statère octodrachme et sur la comparaison des données d'un papyrus de Leide, d'un papyrus de Paris et d'un passage de Pollux. Nous avons longuement discuté tous ces témoignages qui, comme nous l'avons vu, ne prouvent rien pour la thèse. Tout établit au contraire l'exac- titude de la proportion de 1 à 10 dans le monnayage des premiers Ptolémées, proportion conservée, d'après les documents, même après l'établissement de l'unique étalon de cuivre. Mais à partir de ce moment, la seule monnaie légale devenant le cuivre, il fallut spécifier expressément dans les actes chacune des autres monnaies, qui, dans l'espèce, ne devaient plus être que des lingots vérifiés et frappés (comme le proposait de nos jours M. J. B. Say) pour les deux métaux précieux, mais qui le plus souvent à cette dernière période lagide, l'étaient bien frauduleusement. L'examen des monuments numismatiques montre en effet que les pièces d'argent ne furent guère en bon métal que tant que subsista l'étalon d'argent, et qu'ils devinrent en billon lors de l'étalon de cuivre. Ce résultat n'est certainement pas celui qu'aurait désiré M. J. B. Say dans son projet de réforme, d'ailleurs si sage.

F, Proportion de valeur entre l'argent et le cuivre.

De tout ce qui précède il résulte que, selon le calcul déjà fait par M. Leemans, il faut nécessairement admettre dans le papyrus de Leide la proportion du taux légal de 1 à 120 entre l'argent et le cuivre, déjà proposée aussi par Bernardino Peyron d'après les prix com- paratifs du blé en cuivre et en argent. Or, ce taux légal est nous l'avons vu formellement indiqué dans les documents démotiques, qui parlent toujours de monnaies de cuivre dont l'équi- valence est de 24 pour Yjo «par rapport aux monnaies parallèles d'argent du même nom et du même poids » '.

La question est donc définitivement jugée. Mais il faut maintenant la débarrasser de plusieurs arguments que M. Lumbroso avait apportés pour confirmer cette proportion de 1 à 120. Selon l'éminent savant italien, quand on achetait des pièces d'argent frappées, on tenait compte de leur poids ou de leur plus ou moins grande pureté. Les pièces des premiers Lagides en argent fin passaient soit au pair du taux légal, soit même au-dessus du pair. Au contraire, les pièces d'argent frappées sous les rois postérieurs, qui étaient de mauvais métal ou de mauvais poids, se voyaient réduites dans le cours ordinaire du marché à leur valeur réelle. Ptolémée aurait ainsi acheté des drachmes d'argent au taux de 1 à 106. M. Lumbroso s'appuyait pour cela sur un passage du papyrus grec 59 du Louvre ainsi lu par ses éditeurs :

1 Cette proportion de 1 à 120 entre l'argent et le cuivre est, du reste, celle qui subsista dans le monde romain sous l'empire. M. Mommsen a parfaitement établi ce point dans son Histoire de la monnaie romaine, tome III, p. 155 et suiv. Il cite à ce sujet le décret de 396, donné dans le code théodosien, XI, 21, 2, et dans le code de Justinien, X, 29, 1, des gloses monétaires grecques, des inscriptions latines, etc., qui ne peuvent laisser l'ombre d'un doute. Dans son premier volume (p. 17) il concluait même que telle devait être aussi la valeur vénale du cuivre par rapport à l'argent sous les Ptolémées. Mais il pensait que les monnaies de cuivre avaient été tarifées au double, ce qui est certainement inexact d'après nos documents démotiques et grecs, indiquant la valeur de 1 à 120. Cette proportion, nous la retrouvons également (nous aurons occasion de l'établir bientôt) dans le système des monnaies attiques, système qui servit de modèle aux Ptolémées et à la plupart des peuples de l'antiquité. Il est vrai que M. Mommsen (t. I, p. 102 et suiv.) admet la proportion de 1 à 250 en Sicile (et par imitation à Eome) à l'ancienne époque. Mais son calcul ne repose que sur une évaluation très douteuse des litra de Sicile, interprétées d'après un passage d'Aristote, et la supposition d'un talent sicilien qu'il reconnaît très problématique. Je crois qu'il faut donc renoncer à cette estimation et s'en tenir aux données positives et aux textes précis recueillis par M. Mommsen et par nous.

80 Eugène et Victor Revillout.

a'KOUM'Hoq 'ktoXeijmox. xwt Traxpci yxipeiv. tov aovov tcov y^aXxtov aTrea-r^xa \— M ap^uptou |— ACE y.at -âapa C70u 1— A TïcTrpaxa to oOoviov f— 4> -mi xo £t[j.aTtov f— TII |^ â A |— PM, «Apollouius à » Ptolémée sou père, salut. Je reuds le couipte des chalques ; drachmes 40 d'argent : drachmes » 4200 : de toi drachmes 1000 : j'ai veudu l'étoffe drachmes 500 et l'habit drachmes 380 : total : »1 taleut 140 drachmes (ou 6140 drachmes).» «Or, je dis reprend M. Lumbroso »4260 + 1000 + 500 -f- 380 = précisément 6140. Les parties et le total s'accordent par- »faitement. L'addition embrasse les 4260, 1000, 500, 380 drachmes, laissant de côté le chiffre »40 du commencement; donc l'auteur de l'addition réduit les 40 drachmes d'argent en cuivre »(4260) pour pouvoir les sommer avec les autres drachmes de la même espèce 1000, 500, »380, ce qui donne 106 drachmes de cuivre pour une drachme d'argent». Ce calcul était très admissible. Malheureusement le texte original porte très visiblement H (8) au heu de M (40). Les 8 drachmes d'argent en question n'ont aucun rapport avec les drachmes de cuivre qui suivent : elles sont mises à part : et l'addition ne porte que sur les drachmes de cuivre.

Ajoutons que ces 8 drachmes d'argent (précieusement conservées) figurent déjà dans les comptes de l'année précédente. aussi elles ne sont pas assimilées, comme on l'a cru, avec les drachmes de cuivre qu'elles accompagnent. Voici ce que M. Lumbroso [disait au sujet de ce second texte : «Au revers du 22'' papyrus britannique se trouve une autre addition .»qui porte : «total drachmes 4100, d'argent drachmes 8, total 3 (?)», c'est-à-dire je pense : total «drachmes 4100, soit 8 drachmes d'argent pour 1000 drachmes environ de cuivre, en tout » 3 drachmes d'argent (?) ce qui donnerait 125 drachmes de cuivre pour une drachme d'ar- » gent » .

Le texte portait suivant la copie de Forshall : toutojv aoyo; aa^r^q toOr/io; o6ovtou Ttfj.ov \- B (fyMpr,v. OTvBova [— BP (^ |— AP apjjpwu |— H / A T. La sigle du talent 7\ excluait l'opinion de M. Lumbroso et l'idée de trois drachmes d'argent. D'ailleurs comme le reconnaît M. Lumbroso lui-même Forshall (dont la transcription lui servait de texte) disait que le T est douteux. Aussi suis-je allé revoir le document pendant mon dernier voyage à Londres, et j'ai constaté que le papyrus portait très lisiblement T et non T. Forshall avait été sans doute effrayé par le chiffre de 300 talents. Mais les documents analogues de la même époque nous prouvent qu'il faut lire «un talent et 300 drachmes». Notons de plus qu'à la ligne suivante, ajoutée après coup, après un blanc, ou trouve un chiffre qui, avec les 4100 drachmes du premier total, complète le total général : un talent et trois cents drachmes. On lit en effet : «tuoXXwv .... f— BC. «Apollonius (ou à Apollonius) drachmes 2200.»

Or, je dis : 2000 -\- 2100 = 4100. D'une autre part, 4100 + 2200 = 6300 ou un talent et 300 drachmes. Les 8 drachmes d'argent sont donc aussi comptées à part.

La seule question qui peut être douteuse, c'est celle de savoir s'il s'agit dans la dernière ligne d'un chiffre cherché sur un total, ou d'un chiffre d'abord oubUé dans ce total. En effet, la première addition est annoncée par (^ sigle bien connue représentant -^v^eTT.'.; la seconde par un simple trait / désignant souvent aussi des totaux, mais susceptible d'une autre inter- prétation.

On peut donc traduire :

Seconde lettee sue les monnaies égyptiennes. 81

Compte de ces choses Asgès, fils de Tothés (a payé ) le prix de l'étoffe . 2000 drachmes

Habit de lin livré à Phatrès 2100 drachmes

ce qui fait 4100 drachmes sans compter : 8 drachmes d'argent^ sur uu talent et 300 drachmes (de cuivre actuellement en caisse)

(Complément : ) Apollonius 2200 drachmes

ou bien croire que l'auteur du compte, en copiant son calcul et reportant le total, ne s'était aperçu qu'après coup de l'oubli d'un des chiffres {ce qui lui arrive très souvent').

Au fond cela revient à peu près au même, et dans l'un et l'autre cas les 8 drachmes d'argent n'ont rien à voir dans le compte des drachmes de cuivre. Elles restaient en caisse, précieusement conservées, sans qu'on y touchât, et c'est pour cela que nous les retrouvons dans les comptes successifs de deux années à côté de sommes fort diverses en cuivre.

Aucun fait n'est donc encore venu établir les écarts de 1 à 106 et de 1 à 125 qu'admet M, LuMBROso autour de la proportion légale de 1 à 120.

On se serait d'ailleurs mal expliqué la plus value des drachmes de cuivre (au-dessus du taux légal) sur les monnaies d'argent même de bas métal; car la valeur du cuivi-e est de beaucoup la plus conventionnelle.

Tout ce que nous trouvons de réel en dehors de la proportion légale c'est le prix de change que la banque royale demandait aux publicains qui voulaient payer en cuivre les fermes dont l'état exigeait le prix en argent ou bien payer en cuivre «dont le change» les fermes dont l'état exigeait le prix en cuivre isonome.

Je dois dire que ce passage du papyrus 62 du Louvre n'a pas été compris jusqu'ici. La publication académique portait : twv ce r.poz ap(Yup)'.ov wvwv TrpoaStaYpatj/ouctv x/Xa^r^^f w; rr,z iJi.va; 5 /.a- y.aTaYWY'sv . . . v.t. Ti|JLr,v s-up'.Bwv y.*-, t' aÀXa av/;Àa);aaTa A J e ur:' e;va'. I B / -/.xi twv T.poç yxK-AC'f isovo.y.({i)v\ -TaTY;pac [xev X^pcç -r,q 'j'r.oy,v.\iVir,z eic, rr,v £7:tsx£'JY;v Spay[ji,Y;ç A 7,x: e'.q to y.aTaYcoY'.îv aAAxç B wst ctvat F. twv Se Xo'.zwv wvwv twv (~poç xaAy.ov) /(opiç "wv aro tou yj'.piG[>.ou .... y.a'. £'.ç T'.;j.r// sz-jpiîwv y.x; Ta 3:vr,).o);xaTa ....

M. RoBiou dit à propos de ce texte : « Une indemnité proportionnelle était accordée aux »fenniers pour frais de change r.pzz ap-fjp-.cv xlhx-^;r,ç, frais de versement /.aTavwvicv, frais de » bureau T'.;ji.r,v szjp:Bwv, et autres dépenses accessoires, en tout douze drachmes par mine (12 pour » 100) dont V-2 drachme pour le change .... : si le versement se faisait en or (sraTYipcç), on » accordait 2 drachmes par mine, en sus de celle qui était accordée pour le matériel du » transport (rr;; ■jzoxc'.fjLsvr,; sic tr/; stt'.txsj-/;;) ». Il est difficile d'aller plus loin dans l'en-eur.

M. LuMBRoso avait l'esprit trop fin pour se laisser entraîner jusque là. Il paraît avoir même compris une partie de ce règlement et vu qu'il s'agissait non d'une indemnité accordée par l'Etat aux fermiers, mais d'un droit perçu par l'Etat sur les mêmes fermiers. Il sentit

1 Dans le papyrus 54 du Louvre on avait oublié ainsi dans le compte de la 2^ colonne un article de 1000 drachmes, et on avait additionné malgré cela 1 talent 2700 drachmes (au lieu d'un talent 1700 dr.). Mais le compte fut rétabli tel qu'il devait être dans la col. 3. Dans le papyrus 56, au contraire, on s'était d'abord trompé de 100 drachmes en réalité, et le second compte rectifié tient compte de la différence dans un nouveau total.

11

82 Eugène et Victoe Revillout.

aussi que la coupe de la seconde phrase était mauvaise dans l'édition académique, et que cette phrase devait commencer par les mots y.x-. -wv T.pz: -/aXy.iv '.o-îvo;j. .... au lieu de com- mencer après ces mots. Mais alors le mot c-avr^px- venait l'embarrasser. Il n'hésita donc pas à voir dans ces statères des statères de cuivre statères de cuivre ^ qui n'ont jamais été admis par aucun ancien ni par aucun numismate moderne.

En réalité le texte, revu par moi avec soin, ne fait aucune mention de statères, et il porte très visiblement ce qui suit :

sic

TOjn 2>.e npoc i^px^irpion wncoii npoc:^iekX5pô>.'v^fOTCiïi A,A.A.ewT^Hi\ toc thc .KvndkC i ■_^ c-K«ki Kev.T&.- TWK'ion ) Hôki TiAVHti cn^pia^ton rôwI Te^AA-ô». eknHA.toM&.Ten. «v^c (oct ein«.,i i dj. Rik-i Tcon npoc ;)i^&.Akoii iconojkv .... ziTTHpekC .v\.en [x^topic thc -rnOReiMcnHC cic thiv cniCRCTHti 2^pev5(^.s\.HC «>. RCk.1 eic TO RA.TôkX'to^ion dk^^Aevc û coct' eindki xr. TCon a^^c Aoinûjji (oncon np(oc 3(;«kîV.ROn .... ^topic

Tton èvTlO TOT 3(;£ipiCJA.O-r Rôkl CJC TIJ«.Htl Cmvpia^tOH Rôkl Tô>. eiwnHA.aiAV.&.Tèk

Le mot zvTHpô.c à la place de cTevTHpe^c est tout-à-fait certain. Il est écrit identiquement comme dans cette phrase de la col. 4 du même papyrus : ai o' avaçcpa; p.£p'.s6r(SovTa'., tt,; jj.sv Lurr^paç Tr^z ytv^.ep'.rr,q îça.aYîvcj, hz^(Ccp.t^/z'j tî'j p.r//c: e; r,[^.îp(ijv As, r^c 6£p'.vr,ç îç •^y.îpwv y.î, twv aXXcov covtov £y. ts'j y.aTa Ao^cv twv u-apyouswv |J.£Xp'. toj A L etc.

L'impôt sur le ^.u-:;; (orthographe égyptienne ordinaire ^ de î^j6o;, bière) était, en effet, un des plus importants à cette époque. Le papjTus 64 du Louvre met la ferme de ljty;p5: à la tête de toutes les autres fermes payables en cuivre et parmi lesquelles se trouvent les impôts sur les différentes denrées alimentaires, sur le vin, sur le nitre \ etc. C'est pour cela que la circulaire administrative aux employés des finances qui porte le 63 et d'où sont extraits les deux passages reproduits plus haut, cite toujours aussi en première ligne, comme exemple, la ferme de î^uTY;px toutes les fois qu'il est question de fermes payables en cuivre.

Voici donc l'explication que nous proposerons pour notre texte relatif aux frais de change, explication dans laquelle nous supposerons connus les renseignements nouveaux donnés plus loin par nous sur les sigles des fractions de la drachme.

«Pour les fermes (payables) en argent (et que les fermiers voudront payer en cuivre) »on calculera (en outre de la somme principale) un change {a\KX'{r,\) d'une drachme deux » oboles et demie par mine, plus pour transport (du cuivre^i y.xiaYcovisv un triobole, pour prix »des corbeilles (a-upiSwv) et autres frais une drachme et un triobole, ce qui fait en total » 12 drachmes et un triobole.

«Quant aux fermes (payables) en cuivre isonome': pour la ferme de çjrriçy. d'abord en » dehors de la drachme destinée au chargement (eT.>.<7/.zur^ on calculera deux autres drachmes »pour transport, ce qui fait trois drachmes. En ce qui concerne les autres fermes payables » en cuivre, etc. »

Ceci nous amène à la question des étalons monétaires dont nous avons maintenant à parler.

^ Ces mots d'un des songes de Ptolémées yaÀy.oj; ataTr.pîioj; que M. Leemaxs traduit justement chalcos staterts pondu.9 cequante-s exchient l'idée de statères de cuivre proprement dits, c'est-à-dire portant par eux-mêmes le nom de statères.

2 Une déchirure n'a laissé que i Le i numéral est long comme cela était assez l'habitude alors.

^ Conf. papyrus 60 de la publication académique.

* Voir la publication de ce papyrus, faite par nous dans ce numéro même.

Seconde lettre sur les monnaies égyptiennes. 83' § 4. Étalons monétaires.

Lors de l'établissement de la monarchie Lagide les monnaies avaient été réglées dans des conditions analogues à celles quelles ont aujourd'hui. En tête de la série se trouvaient : l'or, valant 10 fois plus que l'argent; 2" l'argent, principal étalon monétaire en Egypte comme à Athènes. Quant aux petites monnaies divisionnaires, elles étaient représentées par des pièces de cuivre. Ces pièces de cuivre étaient toutes de faibles dimensions lors du mon- nayage au type et au nom d'Alexandre, pendant l'époque de transition précédemment décrite, qui préparait le nouveau monnayage ptolémaïque, et probablement pendant la première période de ce monnayage. A l'ancienne époque c'était en argent que l'obole était frappée, et l'on ne se servait de cuivre que pour les petites sommes inférieures à la drachme et encore comme nous le verrons les calculait-on par rapport à l'argent en quahté de subdivisions de la drachme d'argent : ou, pour mieux et plus simplement dire, de la drachme; car la drachme de cuivre ne paraît pas avoir existé à ce moment. Tout semble nous prouver au contraire que l'on suivait encore en Egypte l'ancienne division athénienne, c'est-à-dire que la drachme se partageait en 6 oboles, l'obole en 8 chalques (48" de la drachme^ etc. Les textes nous donnent à ce sujet des indications très précises et fort importantes qui ne permettent plus d'hésiter h ce sujet.

Eu effet, on n'a pas remarqué jusqu'ici que nous possédions en grec même plusieurs documents contemporains d'une période monétaire toute différente de celle que nous four- nissaient les autres papyrus grecs et pleinement parallèle à celle de nos papyrus démotiques de la première époque Lagide.

Pendant cette première période nous ne trouvons mentionné que l'étalon d'argent; tandis que dans la dernière c'est l'étalon de cuivre qui se rencontre partout, et les monnaies d'argent ne deviennent plus que des monnaies exceptionnelles.

Sur ces points l'accord est complet dans les deux langues.

Nous avons vu plus haut que sous Soter, Philadelphe et Evergète les seules monnaies mentionnées dans les actes démotiques que nous possédons étaient des monnaies d'argent, c'est-à-dire le sékel ou tétradrachme, 2" l'argenteus, valant 5 sekels ou 20 drachmes. Quant aux monnaies plus faibles, elles étaient, disions -nous, calculées par rapport à ces premières unités et comme fractions soit de l'argenteus, soit du sékel.

C'est identiquement le même système que nous trouvons dans les papyrus grecs du même temps. Seulement, comme nous l'avons remarqué déjà, au lieu de prendre pour unités de compte les principales et les plus fréquentes monnaies de cette- époque, les Grecs calcu- laient d'après la drachme ('/^ du sekel) et ses subdivisions.

Venons en maintenant à l'examen de ces curieux textes grecs dont on n'avait pas compris jusqu'ici l'importance. L'un de ces documents est daté. C'est le papyrus Q de Leide de l'an 26, 19 Tybi, de Philadelphe. 'SI. Leemans avait voulu l'attribuer à Ptolémée Denis. Mais ce prince ne s'appelait pas Philadelphe. Son titre officiel était Philopator- Philadelphe. Jamais dans aucun texte grec ou démotique la seconde expression n'était séparée de la pre- mière et celle-ci, seule, s'employait parfois isolément ainsi que nous le voyons dans le papyrus Khind. On peut donc affirmer avec certitude qu'il ne s'agit pas de Philopator-Philadelphe dans

le papyrus de Leide. D'ailleurs, au point de vue paléographique, le texte de Leide est presque

11*

84 Eugène et Victor Revillout.

identique à l' enregistrement grec du papyrus démotique de l'an 33 de Philadelphe ^ que nous possédons au Louvre et dont le protocole détaillé ne permet aucune erreur. Dans ce texte le Trpr/.-wp Nicator reconnaît avoir reçu du docymaste Orsenouphis la somme de vingt drachmes d'argent due au Philadelphe tw. ç'.XaBsAtpo)'. pour une irrégularité commise, paraît-il. Une ins- cription grecque également du règne de Philadelphe que notre cher maître M. Miller va publier, contient une série d'amendes à payer par ceux qui entreraient dans le temple de Ptolémaïs après certaines impuretés légales. Les chitfres montrent avec certitude qu'il est question de drachmes d'argent.

Ces documents grecs sont complètement parallèles à nos documents démotiques de la première période lagide, mentionnant seulement l'étalon d'argent, et même à des textes hiéro- glyphiques. En effet, une troisième source d'informations s'offre maintenant à nous : M. Na ville vient de trouver et va publier une stèle, rédigée dans la langue sacrée pendant le règne de Philadelphe, stèle qui contient la mention de nombreux impôts, soldés en argent, en argent seulement.

Ce n'est pas tout.

Non seulement nous avons des mentions fréquentes et constantes des principales unités de compte en argent, mais encore nous l'avons dit de leurs diverses subdivisions.

Parmi les documents ^ qui nous les donnent en grec, le plus clair et le plus décisif est certainement le papyrus Sakkinis, au sujet duquel M. Egger a fait en 1873 une si intéressante lecture à l'Académie, lecture alors publiée par le Journal des savants. Seulement M. Egger n'avait pu déchiffrer les sigles, se rapportant aux indications de monnaies, qui forment non seule- ment la partie la plus intéressante par elle-même de ce compte, mais la clef de toutes les esti- mations, si curieuses au point de vue de l'économie politique. Voici ce que disait à ce sujet M. Egger :

« Les difficultés d'une telle tâche (le déchiffrement de notre papyrus) sont grandes même »pour un philologue depuis longtemps familier avec l'étude des papyrus gréco-égyptiens. En » effet, les signes numériques que nous présentent les papyrus de ce genre ne sont pas encore »tous expliqués. Même après les efforts de Peyron, de Letronne, de Brunet de Presle, » quelques-unes de ces notations restent pour nous des énigmes d'autant plus obscures que «souvent elles sont tracées avec négligence et réduites à de simples sigles. ...»

Puis plus loin M. Egger ajoute :

«Les notations numériques que nous offre le papyrus Sakkinis, sont dignes d'une attention » particulière, et pour leur forme et pour leur fréquente répétition qui permettra un jour, je » l'espère, d'en trouver la clef. . . . Outre les lettres proprement dites et le signe désignant » l'année, ces sigles me paraissent se ramener à 8 ou 9, dont voici la forme. ...»

Puis, après le tableau :

«Une première conclusion qui ressort de l'examen du tableau ci -dessus, c'est que les

Nous voyons aussi que les Grecs appelaient déjà Philadelphe le mari d'Arsinoë Philadelphe (Arsinoë qui aime son frère), tandis que les Égyptiens réservaient en démotique cette appellation à la femme (et sœur) et appelaient les deux époux: les dieux frères. Ce titre ôeoi aSsXcpot était plus officiel et se retrouve dans les protocoles des deux langues.

2 Pour ce qui suit, voir ma lecture sur Vétalon d'argent^ dans laquelle j'ai emprunté quelques pages à cette lettre.

Seconde lettre sur les monnaies égyptiennes. 85

» signes numériques en question ne représentent ni des poids ni des mesures, puisqu'on les »voit appliquées même à des valeurs abstraites, comme des frais de route et des journées ;> d'ouvriers. Ils marquent donc le prix en monnaie de ces objets divers, et s'il y a quelque » chance de les expliquer, ce doit être par une comparaison méthodique avec les signes em- » ployés sur d'autres registres pour les mêmes objets. »

M. Egger commence alors une comparaison qui porte malheureusement sur des comptes de la seconde période lagide contemporaine de l'étalon de cuivre. Les comptes ainsi visés ne ren- ferment aucune de nos sigles, se rapportant aux fractions de la drachme d'argent, surtout em- ployées lors de l'étalon d'argent. M. Egger conclut ensuite : « De ces divers rapprochements, si » incomplets qu'ils soient, on peut du moins conclure que dans les cotes numériques du papyrus » Sakkinis nous devons chercher des drachmes, des multiples ou des fractions de la drachme. »

Cette conclusion est exacte. Mais on peut aller beaucoup plus loin. Ce qui faisait penser aux multiples de la drachme, c'était la donnée universellement admise de l'évaluation unique en cuivre dans les papyrus grecs Lagides. Des fractions de la drachme de cuivre ptolémaïque déjà si petite, si rare et de si peu de valeur n'étaient pas admissibles dans les éva- luations du papyrus Sakkinis. Aussi n'est ce pas de fractions de la drachme de cuivre, mais de fractions de la drachme d'argent qu'il s'agit.

Je constatai tout d'abord que les sigles du papyrus Sakkinis existaient dans d'autres documents gréco-égyptiens. J'en signalerai deux, les papyrus 60 lis et 62 de Letronne, qui ont été publiés par MM. Brun-et de Presle et Egger dans le volume des papyrus grecs du Louvre et de la Bibliothèque. Il est vrai que pour les reconnaître il faut recourir, soit à l'original, soit aux planches de la pubhcation académique, et non au texte imprimé : elles sont inexactement reproduites et complètement méconnaissables. Le papjTUS QOhis con- tient même 3 additions intéressantes, et on en trouve une autre dans le papyrus Q2. Mais le papyrus Sakkinis en renferme bien davantage. Malheureusement les extraits de facsimile donnés, fort exactement d'ailleurs, par M. Egger, étaient trop partiels pour permettre une vérification sérieuse. Je m'adressai donc à Athènes, et M. Postolacca, le si aimable conser- vateur du Musée numismatique, eut l'extrême bonté de calquer pour moi toutes les sigles et tous les chiffres; il n'était plus possible de ne pas voir la vérité'.

Le papyrus Sakkinis, ou plus exactement Sakkakini, contient les comptes de dépense d'un officier, ou plutôt d'un bas-officier, commandant un poste de l'armée macédonienne. Cet officier tenait avec beaucoup d'ordre ses registres de dépense tant pour lui-même que pour les frais de route des soldats, la solde à payer à son collègue ou compagnon d'armes {Q'^'^\).oLym), à plusieurs autres militaires, au forgeron des Memnonia (c'est-à-dire du fort de Djème, qui paraît le lieu de sa garnison), à un nommé Deiiys qui lui servait de planton et faisait son ménage, etc., etc. Le bois, le pain, le sel, les ragoûts, la viande, les salaisons, les condiments, les légumes les plus divers, l'huile fine ou de sésame, l'huile de •/.'./.t (appelé tekem par nos documents démotiques i, la poirée, le blanchissage, les bains, l'eau chaude, les parfums et même la vidange figurent aussi bien des fois dans ce registre. Chaque jour l'addition de

' Depuis l'impression de cet ai-ticle, M. Eggek a eu l'extrême obligeance de me remettre les copies de ce papyrus prises par M. Dcmoxt de l'Institut, et qui lui avaient été confiées pour sa publication du Journal des savants. Ces copies, très exactes, sont en tout conformes aux fac-similé de M. Postolacca.

86 Eugène et Victoe Revillout.

la dépense est faite comme dans les maisons bien réglées de notre temps, et au bout de la semaine, je veux dire de la décade, remplaçant la semaine en Egypte suivant les documents de toute époque, on trouve une addition générale. Au bout du mois une nouvelle vérification avait lieu, et c'est ce que nous indique l'entête de notre document : « Mesoré 30 Sur ce » que j'ai donné au compte de Dionysios le jeune le lui ayant donné pour la dépense » Voici la dépense de chaque jour». Puis vient un compte récapitulatif à partir du 30 Epiplii. Malheureusement ce qui nous reste du papyrus s'arrête au 17 Mesoré. Mais c'est bien suffisant pour constater, par les additions de chaque jour et l'addition générale du 10, la valeur des sigles de notre si intéressant document.

En voici le tableau, avec la valeur de chacune des fractions de la drachme d'argent eu drachmes de cuivre, suivant la proportion légale de 1 à 120, que MM. Bernaedino Peyron, Leemans et LuMBRoso avaient déjà établie d'après la seule étude des papyrus gréco-égyptiens et que nos papyrus démotiques rendent maintenant indéniable par la mention tant de fois répétée à propos des talents, des argenteus et des sékels de cuivre : « en airain dont l'équiva- lence est de 24 pour ^ i,^» du même poids d'argent.

X chalquei ^y^^ de la drachme d'argent), "/^ de l'obole, valant 2 drachmes '/j de cuivre

1 Le chalque est une monnaie relativement récente dans le monnayage attique. A Athènes jusqu'à l'archontat de Caillas, suivant SAu^LiISE, il n'existait pas d'autres monnaies que les monnaies d'or et d'argent. Ces dernières comprenaient le tétradrachme, le didracbme, la drachme, l'obole et ses multiples et les di- visions de lobole par quart. Le tétartemorion, quart d'obole, pesait environ 18 centigrammes; il s'en trouve deux échantillons dans la collection de Paris (Luynes), Tun de 16, l'autre de 18 centigrammes. Si l'on comptait la valeur de l'argent d'après le poids au taux actuel, cela ferait une pièce d'un peu moins de quatre centimes. A Athènes la division n'allait pas plus bas; mais en Sicile il y avait des pièces d'argent beaucoup plus petites. Ainsi une monnaie de Syracuse, fort bien frai^pée, pèse 10 centigrammes (deux cen- times), une autre, qui porte la marque de Carthage et de ses colonies siciliennes pour les petites monnaies (la tête de cheval), pèse 5 centigrammes (1 centime). Ou ne possède pas à Athènes de pièce aussi petite. C'est le chalque, la pièce de cuivre la première frappée, qui y représente la valeur de la pièce de Syracuse mentionnée plus haut, c'est-à-dire la moitié du quart d'obole ou tétartemorion. Le chalque d'après la pro- portion de 1 à 120 entre l'argent et le cui^Te (que nous trouvons en Egypte et qui devait avoir été em- pruntée comme tout le reste au système attique) devait peser il grammes environ. On trouve beaucoup de pièces d'Athènes qui ont ce poids. Ce sont les plus grosses dans la collection de Paris à l'exception de deux monnaies très oxydées et d'une autre qiii représente le chalque et demi.

Sous les Ptolémées en Egypte et dans les pays circonvoisins on ne trouve de monnaies d'argent in- férieures à la drachme qu'à la première époque, lorsque les monnaies portaient encore le type d'Alexandre avec la peau d'éléphant. Il y avait alors des oboles d'argent. Nous en avons même entre les mains une qui nous a été envoyée de l'ancienne Sidon et qui pèse 72 centigrammes, comme les oboles athéniennes. Il y avait sans doute aussi des divisions de la drachme plus faibles que l'obole; car une monnaie qui se trouve à la bibliothèque nationale, nous paraît, comparée à la précédente, représenter plutôt un tritétarté- morion un peu léger comme poids.

A cette même époque on trouve avec la tête d'Alexandre revêtue de la peau d'éléphant des tétra- ch-achmes, des didrachmes et des drachmes. Les poids en sont d'abord tout-à-fait athéniens, puis s'abaissent progressivement en se rapprochant de plus en plus des poids ptolémaïques. Une pièce de 3 gr. 0,3 de la bibliothèque nationale pourrait bien être un pentobole, comme une pièce de Berlin de 1 gr. 75 un triobole. Il paraît probable que toute la série athénienne d'argent a été d'abord représentée en Egypte par les Ale- xandre avec ou sans nom.

Les monnaies de cuivre (toutes celles qui portent la même tête ou la tête à grosses boucles d'Ale- xandre II) sont généralement petites. Il en est fort peu qui dépassent le poids du chalque, et la plupart sont des divisions de ce chalque.

A l'époque du système franchement ptolémaïque il n'y a plus de monnaies d'argent inférieures à la drachme, et fort peu de drachmes ou de didrachmes, mais seulement des tétradrachmes (comme, à partir de Philadelphe, surtout en or des tétrastatères). Mais on retrouve en cuivre, avec la proportion légale de

Seconde lettre sue les monnaies égyptiennes. 87

7^; 2-^ 01^ U tétartémorion, ('/24 de la drachme d'argent,) V4 d'obole, valant 5 drachmes ou Yio et demi d'argenteus de cuivre.

C C hémiobole, (V12 de la drachme d'argent,) 1/2 obole, valant 10 drachmes ou Vio d'ar- genteus en cuivre.

obole (6® de la drachme d'argent) valant 20 drachmes ou un argenteus de cuivre.

= diobole ('/g de la drachme d'argent) valant 40 drachmes de cuivre.

j demi-drachme d'argent (triobole) valant 60 drachmes de cuivre.

j— demi -drachme et obole (tétrobole, 4 oboles, ^/^ de la drachme d'argent^i valant 80 drachmes de cuivre.

^= demi -drachme et diobole (pentobole, 5 oboles, % de la drachme d'argent) valant 100 drachmes de cuivre'.

1 à 120, toutes les divisions de la drachme, y compris l'obole, qui sera plus tard l'argenteus de cuivre. La série se compose alors surtout:

du trihémiobolion (obole et demie) '/4 de la drachme (pesant entre 100 et 108 gr.);

de l'obole et quart, pesant entre 82, 75 et 90 gr. -,

de l'obole (monnaie la plus commune de toutes parmi les grosses), pesant de 67 à 72 gr.;

du tritétartémorion ou tritémorion {^/^ d'obole), pesant de 50 gr. 75 à 54 gr. ;

du pentachalque (^ § d'obole), pesant de 40 gr. 85 à 45 gr.;

de l'hémiobole, pesant de 33 gr. 50 à 36 gr.;

du trihémitétartémorion, trichalque, ^g d'obole, pesant de 25 à 27 gr. ;

du tétartémorion (',4 d'obole) double chalque, pesant de 16 gr. 75 à 18 gr. ;

du chalque ('/g d'obole), pesant de 8 gr. 35 à 9 gr.; 10° du demichalque, pesant de 4 gr. 17 à 4 gr. 50.

Notons qiie toutes ces fractions de la drachme, ou à peu près, se trouvent représentées par une ou plusieurs sigles dans les documents contemporains de l'étalon d'argent, particulièrement dans le papyrus Sakkinis et qu'elles ont aussi leurs correspondants exacts dans le monnayage attique avec des marques spé- ciales. Ainsi nous avons déjà eu l'occasion de voir :

que l'obole et demie (trihémiobolion) en argent porte à Athènes la chouette vue de face, étendant ses deux ailes que surmontent deux feuilles d'olivier;

que l'obole et quart en argent porte deux hiboux se regardant et ayant entre eux une branche d'olivier;

que l'obole d'argent a, comme imité principale par elle-même, le même type que la drachme;

que le tritétartémorion ou tritémorion d'argent a pour type quatre croissants adossés;

que le pentachalque d'argent a pour type trois croissants entourant comme d'un cercle les lettres aOe;

que l'hémiobolion d'argent a tantôt pour type la chouette de côté comme la drachme, tantôt mais avec un poids un peu fort la chouette de face surmontée de deux croissants;

7" que le trihémitétartémorion (trichalque) d'argent a pour type la corbeille de Minerve;

que le tétartémorion d'argent a pour type un seul croissant:

que le chalque, monnaie de cuivre, /«a/.ou, par excellence, qui n'existe jamais en argent, est re- présenté par une pièce de cuivre, pesant environ 11 gr., monnaie très commune;

10° que le demichalque, moitié de la pièce précédente, existe également, aussi bien même que des monnaies plus petites.

Avant de finir, notons que dans le système ptolémaïque c'est évidemment l'équivalence de poids de l'obole de cuivre et de l'argenteus d'argent (20 drachmes) qui a entraîné tout le système d'isonomie des drachmes de cuivre et des drachmes d'argent pendant la seconde période lagide. La même isonomie se retrouve aussi nous l'avons vu à Byzance; car on possède des drachmes de cuivre, portant les mots Apa-/ BuÇ et ayant le même poids que les drachmes d'argent.

' Notons que les fractions supérieures à l'obole qui sont indiquées dans notre tableau des sigles répondaient aussi dans le système attique à des monnaies très réelles.

Le diobole en argent avait pour marque deux corps de hiboux avec une seule tête;

le triobole (1/2 drachme) avait pour marque un hibou de face, ailes fermées;

le tétrobole deux hiboux se faisant face;

Eugène et Victoe Revillout,

Nous ferons remarquer que chacune de ces sigles nous était déjà parvenue par quelque autre voie. Ainsi la sigle C , indiquant soit la demi, soit la demi obole, et dans cette dernière signification souvent retournée "^^ se retrouve constamment dans les inscriptions de l'Attique et dans les divers documents grecs avec cette valeur bien connue. Dans ces mêmes inscriptions l'obole est aussi figurée par un simple trait et 2 oboles par deux traits. Mais ce trait (ou ces traits) est droit, au lieu d'être couché. D'une autre part, on sait que chez les Grecs les monnaies servirent aussi d'unités pondérales. Nous possédons bien des tableaux de poids et mesures, rédigés par les anciens et recueillis par Hultsch dans son livre publié à Leipsic en 1864 et qui a pour titre Metrologicorum scrijptorum reliquiœ. Or, dans ces tableaux nos sigles mêmes sont indiquées à bien des reprises. Dans l'un d'eux, intitulé : Tabula de mensuris ac ponderihics vetustissima, qui provient d'Egypte et a été publié à la page 207 du premier volume, le trait couché est indiqué comme équivalant à l'obole, les 2 traits couchés = comme équivalant à 2 oboles, le j, ou s latin ('PwiJ.atV.cv Gi-(\).y) comme équivalant au triobole. La combinaison de V s du triobole et du trait de l'obole, s , comme équivalant un tétrobole, d'où il était facile de conclure que la combinaison de l's et des deux traits valait semblable- ment 5 oboles, ce que notre texte ajoute cependant. Quant à l'abréWation du mot chalque par un simple ■/, elle était également connue : pour le nom du cuivre dans les paj^yrus gréco- égyptiens et pour le nom du chalque, 48® de la drachme, dans de nombreux documents métro- logiques signalés par Hultsch à la page 171 de son livre. D'autres tableaux de Hultsch, publiés p. 224, p. 244, etc., et analysés par lui p. 171 et 173, reproduisaient les mêmes indications et nous enseignaient directement ce que nous disions tout à l'heure à propos des inscriptions attiques, à savoir que l'obole pouvait être représentée par un trait droit couché ou simplement penché.

Restait donc à assimiler la seule sigle du tétartémorion (V4 de l'obole) ou des deux chalques, ce que nos additions multiples permettent de faire en un instant.

Ajoutons que, ces sigles monétaires une fois connues, nos estimations en argent du pa- pyrus Sakkinis concordent d'une façon vraiment admirable, soit avec les estimations eu cuivre des autres papyrus gréco-égyptiens, soit avec les estimations en argent ou en cuivre de nos papyrus démotiques. H y a le sujet d'une série de mémoires fort intéressants pour l'éco- nomie politique et que je me propose de faire avec tous les développements nécessaires. De simples estimations en cuivre, monnaie fictive et de convention par excellence, ne nous disaient rien sur la valeur réelle des objets. Il n'en est plus de même pour les monnaies en un métal précieux tel que l'argent et la même certitude vient atteindre jusqu'aux monnaies de cuivre du moment la proportion légale entre les deux métaux est bien connue. Il y a aussi à comparer les estimations de nos documents égyptiens avec celles des documents attiques de l'époque de Lysias, Démosthènes et des inscriptions, c'est-à-dire surtout des deux siècles qui ont précédé la conquête d'Alexandre et le règne des Lagides. Ce que je puis affirmer main-

le pentobole un hibou de face, ailes étendues.

Dans le système proprement ptolémaïque, comme on ne frappait plus de monnaies d'argent inférieures à la drachme ni de monnaies de cuivre plus grosses que l'obole et demie, il fallait nécessairement emploj'er pour ces divisions plusieurs monnaies différentes. Les sigles traditionnelles, indiquant de véritables unités monétaires attiques, n'en subsistaient pas moins.

Seconde lettre sue les monnaies égyptiennes. 89

tenant c'est qu'en ce qui touche le prix du froment, de Fhuile et des autres denrées néces- saires à la ^ie, ces estimations ne diffèrent pas dans une très large proportion.

Donnons seulement deux ou trois chiifres d'objets calculés en argent dans le papjTUS Sakkinis et en cuivre dans le papyrus C de Leide.

Le sel est estimé partout par le papyrus Sakkinis 2 chalques', ce qui fait eu cuivre 5 drachmes. Il est estimé aussi partout 5 drachmes de cuivre par les comptes des jumelles.

Les légumes partout aussi deux chalques ou 5 drachmes dans le papyrus Sakkinis, 5 drachmes, 10 drachmes, 20 drachmes dans les papyrus de Leide.

L'ail deux chalques ou 5 drachmes de cuivre par le papyrus Sakkinis 5 drachmes de cuivre également par le papyrus C de Leide.

Le pain était pris en plus grande quantité par notre officier que par les jumelles. On trouve de 6 chalques à une obole et 2 chalques, c'est-à-dire de 15 à 25 drachmes de cuivre de pain par jour dans le papyrus Sakkinis et de 5 à 10 drachmes de cuivre dans le papyrus de Leide. Mais on en trouve pour 30 drachmes dans le papynis 57 bis du Louvre, pour 25 drachmes et même pour 15 drachmes dans le papyrus 55 bis.

Quant à l'huile de •/.■.y.-., le prix eu est toujours égal dans le papyrus Sakkinis. Elle coûte une obole ou 20 drachmes de cuivre.

Il s'agit évidemment d'une mesure bien connue et fréquemment employée. Telle nous paraît être en Egypte le hin i^iv.ov) que les Ptolémées avaient assimilé à la double cotyle ou au 72^ de la métrète artabe et que l'on nomma plus tard cs^tty;;. Or, l'inscription 631 du Corpiis inscriptionum atticarum ^^tome 2, p. 389) estime chaque cotyle à une demi-obole estimation identique à celle du papyrus Sakkinis 2.

Je transcris ici /aA/oj; par chalque. Le mot latin est calcus qu'on transcrit calque.

2 II est vrai que par le mot cXaioy on désignait sans doute l'huile dolive, principale production de l'Attique, tandis que le papyrus Sakkinis parle de l'huile de /.i/-., huile nationale par excellence des Égyptiens. L'huile fine même de sésame valait en Egypte, selon les divers papyrus grecs, le double de l'huile de y.tzi. Mais c'était objet d'importation et les orateurs athéniens nous apprennent qu'on estimait les risques de la navigation au tiers de la valeur de la marchandise. Il fallait donc pour qu'il y eût bénéfice vendre l'huile fine en Egypte le double de ce qu'elle coûtait en Attique : et puis on doit aussi tenir compte de la différence de la drachme attique avec la drachme ptolémaïque. On pouvait d'ailleurs avoir l'huile de y.'./.', en même prix qu'on payait en Attique pour Ihuile fine, c'est-à-dire ', , drachme la cotyle, et une drachme le hin. Ce prix, nous le retrouvons également dans d'autres documents grecs et démotiques d'Egypte. Un papyrus démotique de Londres estime chaque •/.spaij.'.ov d"huile de tekem ou ■/.'./.'. à 36 argenteus de cuivre, répondant exactement à 36 oboles d'argent ou 6 diachmes d'argent. Or, suivant les métrologistes anciens, le xspajjL'.ov ou amphore était la demi-metréte, l'ancien apet-épha des textes hiéroglyphiques et hébreux. L'amphore équivalait à 36 hin-çsaTr;;, 72 cotyles, 6 /ojç (veir Hultsch, p. 230 et 236). D'après cette proportion chaque youç (répondant à 6 hin-;£cïTr,; ou à 12 cotyles) valait donc 6 oboles, comme le hin-Çca-oj; en valait une et la cotyle V2. La métrète (.double de l'apet ou /.cpaLuov) était estimée à 72 oboles ou 12 drachmes d'argent et en cuivre à 1320 drachmes. Dans notre article sur la valeur de l'huile nous avons déjà montré que le pa- pyrus T de Leyde semblait estimer la métrète d'huile de •/.■./.■. à environ 16.50 drachmes de cui\Te. Je dis environ; car il s"agit d'un total de 1320 drachmes pour 3 artabes et demie de blé et deux yo-j; d'huile de xiz'.. Nous avons estimé les trois artabes et demie de blé à 1045 drachmes, suivant le prix donné pour une semblable quantité l'année précédente. Eestait donc 275 drachmes pour 2 7 ou; d'huile de •/.'./.'., ce qui mettait la métrète à 1650 drachmes. Ce chiffre n'est qu'une approximation; mais une approximation qui se rapproche tellement de nos nouvelles données qu'on ne peut assez admirer l'accord des papyrus grecs et démotiques contemporains de l'étalon d'argent et de l'étalon de cuivre. Les documents hiéroglyphiques d'époque pha- raonique s'en rapprochent aussi singulièrement. Nous citerons cette évaluation, déjà citée par M. Chabas dans son mémoire sur le prix d'un taureau, et d'après laquelle 11 hin d'huile valaient 10 outen de cuivre. L'ar- genteus de cuivre forme comme poids les \ 5 de l'outen de cui^Te, et nous avons vu que sous les Ptolémées

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90 E-UGÈNE ET Victor Revillout.

Je pourrais commenter de même les prix d'à peu près toutes les autres choses du papyrus Sakkinis (publié in extenso par nous comme annexe de cette lettre ') et montrer leur parfaite concordance, soit avec les estimations en argent de l'Attique, soit avec les estimations en cuivre de nos papyrus de la seconde période Lagide. Mais cela me mènerait beaucoup trop loin et je passe de suite au papyrus 60 his de Paris , également contemporain de l'étalon d'argent et pour lequel il faut aussi consulter le facsimile et non le texte imprimé.

Le papyrus 60 bis que nous donnerons aussi en entier est le compte des dé- penses d'un navire, se rendant de la haute Egypte à Alexandrie. On y voit figurer la paie des officiers, des pilotes, des hommes de l'équipage, y compris les nouvelles recrues, que l'on distingue avec soin des anciens, la naulisation du navire, les provisions de toutes sortes, les dépenses faites à Memphis, c'est-à-dire à moitié route, etc. Notons que les pains purs y figurent pour 18 drachmes et 4 oboles et le prix du transport des pains à l'Hellénium pour une drachme. Deux artabes de pains ■Aa/.Y;ç sont aussi estimées 15 drachmes, et la fa- brication des pains deux oboles; que l'on a distribué aux officiers 11 mesures de vin à 2 oboles 2 chalques chaque mesure, ce qui fait 4 drachmes V2 obole et 2 chalques, selon l'ad- dition de notre document lui-même; pour la custode 12 mesures de vin, à 2 oboles la mesure, ce qui fait 4 drachmes, aux inspecteurs et quartier-maîtres du navire 16 mesures de vin à deux oboles 2 chalques chaque ce qui fait 6 drachmes sans compter la bière livrée aux anciens et estimée à deux drachmes et une obole. On y mentionne aussi de l'argent prêté (peut-être par avance de solde), de l'argent du trésor du temple et même l'acquisition de statères d'argent pour 16 drachmes 5 oboles et demie. Cette dernière mention surtout est curieuse; le statère d'argent est toujours un tétradrachme, comme nous avons eu l'occasion de le dire; 4 statères d'argent répondaient donc seulement à 16 drachmes, s'il s'agissait de la même monnaie. Mais nous l'avons vu - on avait aussi en Egypte des statères, (sékels ou tétradrachmes d'argent) appartenant soit au monnayage à type d'Alexandre, soit au premier monnayage au type de Soter, qui avaient encore le poids attique ou formaient une sorte de moyenne entre ce poids et le poids ptolémaïque proprement dit. Ces tétradrachmes passaient à prime et devaient être très recherchés sur le marché. On peut aussi admettre des statères étrangers, par exemple des statères rhodiens, pesant de 14 à 15 grammes, ou des statères athéniens qui pesaient alors beaucoup moins qu'à l'époque antérieure et surpassaient de ti-ès peu le poids des statères ptolémaïques.

Quant au papyrus 62 du Louvre, contemporain de l'étalon de cuivre, mais faisant mention des fermes payables en argent, j'en ai déjà parlé dans le précédent paragraphe. Qu'il me suffise de rappeler que, par mine, le prix du change (estimé en argent) était coté dix drachmes 2 oboles et demie, le transport du cuivre {y.a.Toqod'^io')) un triobole, le prix des corbeilles (cTTuptBwv) et autres frais de bureau une drachme un triobole et un hémiobole ce qui fait au total 12 drachmes et un triobole.

un hin d'huile de >iixt valait un argenteus et un hin d'huile de sésame deux argenteus. Notre évaluation hiératique est entre les deux.

' Ce papyrus ne sera publié que dans le numéro suivant (n" 3)-, j'avais d'abord l'intention de réunir en un numéro double les documents relatifs à la métrologie; mais diverses circonstances me déterminent à agir autrement.

Seconde lettke sttr les monnaies égyptiennes. 91

Voilà donc trois papyrus contenant également des additions et qui ne peuvent laisser l'ombre d'un doute pour la valeur de nos sigles.

Notons, du reste, que le système isonomique des drachmes de cuivre et des drachmes d'argent s'appliqua même aux divisions de la drachme de cuivre.

Je citerai à ce point de vue le papyrus grec XXXI du British Muséum, contenant, comme le papyrus de M. Chasles, publié par M. Egger et actuellement au Louvre, un des papiers de finances du banquier royal ApolloniiLS.

On y voit iîgurer une somme de 1066 drachmes et 4 oboles et plus loin un total de 13 talents, 5736 drachmes, 4 oboles. M. Forshall avait pensé que la sigle ^ des 4 oboles devait représenter '/g de drachme. était l'erreur : Cette sigle vaut juste % de drachme. Mais le même compte contient plusieurs fois la sigle =, valant deux oboles ou un tiers de drachme. On voit notamment, lignes 9 et 10, figurer deux sommes dont le total donne exac- tement 2000. La première est de 1066 drachmes, 4 oboles, la seconde 933 drachmes, 2 oboles. Nous possédons en effet en cuivre des monnaies ptolémaïques, pesant de 1 gr. à 1 gr. 16 ou de 2 gr. à 2 gr. 32, qui représentent ' 3 ou "-/s de drachme de cuivre [2 ou 4 oboles de cuivre). Mais notre banquier, après avoir reproduit ces fractions pour l'exactitude de ses comptes, les néglige dans la répétition du total, comme on le fait souvent pour les centimes.

Le triobole ('2 drachme) se retrouve aussi plusieurs fois dans le papyrus T de Leide. M. Leemaxs avait vu qu'il s'agissait alors d'une demi-drachme de cuivre. A la page 92, dans son tableau des sigles, M. Leemans donne aussi j (le triobole) comme valant la demie. Mais il en fait un doublon de ^, marquant également la demie. En réalité -^ s'appliquait dans les papyrus ptolémaïques aux artabes et aux diverses mesures pour la demie, taudis que j ne marquait alors que le triobole ou la demi- drachme, soit d'argent, soit de cuivre.

Enfin la sigle 5 des 4 oboles se trouve dans le papjTus de Zois et a été, cette fois, fort bien comprise par Amédée Peyrox qui y voit "- 3 de drachme eu s'appuyant sur le calcul suivant : «Je dis 2 talents plus 4000 drachmes ^^16000 drachmes*. Son soixantième est 266 » drachmes -3. Son centième est 160 drachmes. Total : deux talents 4426 drachmes Va-*

Seulement Petrox croit que la sigle ^ est s une espèce de et il se demande «si 3>elle ne pourrait pas s'appliquer à une fraction quelconque». EWdemment le coptologue Pevron pensait au mot copte pc qui signifie fraction (voir son Dict. copte, p. 175 176). Mais il ne faut pas confondre le copte avec le grec, et d'ailleurs notre sigle n'a rien de commun avec le z.

Dans le papyrus 67 de la publication académique (2338*" du Louvre), papyrus que nous publions également comme pièce anuexe, on trouve même, je crois, les sigles du triobole et de l'obole, appliquées tout théoriquement au cuivre. Mais ces notations sont un peu dou- teuses; et généralement, dans les papyrus contenant des comptes en cuivre, on ne descend guère au dessous du tiers de drachme i^deux oboles). A plus forte raison ne reucontre-t-ou pas l'hémiobole, le tétartémorion et le chalque (48^ de la drachme), si fréquents lors de l'étalon d'argent. Le mot clinique, loi-s de l'étalon de cui^Te, s'applique à toutes les monnaies de cuivre et même à toutes les monnaies en général. On dit alors : «mes chalques» pour dire : «mou argent».

Ce furent les Komaius qui firent abandonner ce système, en substituant de nouveau l'étalon d'argent à l'étalon de cuivre. Tibère et ses successeurs firent même fondre en Egypte

12*

92 Eugène et Victor Revillout.

des tétradrachmes d'argent, analogues comme poids aux anciens tétradrachmes d'argent pto- lémaïques. On ne compta plus dès lors en grec qu'en drachmes et en oboles d'argent. Mais même à cette époque nos sigles des divisions de la drachme furent soigneusement con- servées. C'est ainsi que dans la tessère bilingue portant au Louvre le 7174 les calculs

sic

faits en chiffres et en lettres portent d'une part o^olouq ouoj et d'une autre part la sigle = des deux oboles. Le texte démotique correspondant est malheureusement incomplet par suite d'une cassure. Nous ne savons donc encore quel était en démotique le mode de notation pour les fractions de la drachme. Nous avons vu qu'à l'époque ptolémaïque la drachme elle-même était nommée demi-dixième d'argenteus ou quart de sékel. Les tessères 7173 du Louvre (du règne de Néron) et 5789 du British Muséum (également d'époque romaine) prouvent que les noms du sékel et de l'argenteus subsistaient toujours en Egypte. La dernière tessère est bi- hngue et nous donne même l'équivalence de 2 argenteus = 40 drachmes. Mais la drachme à cette époque était aussi parfois prise pour unité en démotique (au moins à Eléphantine). Le 7174 du Louvre qui est de cette provenance et que nous avons cité à propos de l'obole semble l'indiquer. L'avenir nous éclairera là-dessus; car il existe, paraît-il, un grand nombre de tessères bilingues qui ne sont pas encore arrivées 'dans les collections publiques.

Pardonnez -moi, mon cher ami, d'être entré dans tous ces détails et permettez -moi de vous prier de comparer maintenant les divisions de la drachme que nous venons d'indiquer d'après les textes avec celles que nous fournissent les monnaies et que nous avons signalées dans notre paragraphe sur le poids des monnaies de cuivre '.

On est surpris de voir combien les textes concordent admirablement avec les monnaies.

Examinons maintenant comment se classent nos divers documents à ce point de vue exclusivement monétaire.

PREMIÉEE PÉRIODE.

Sous Soter, Philadelphe et Evergète l", ainsi que nous l'avons dit souvent, on ne voit intervenir dans les papyrus démotiques comme dans nos papyrus grecs que des monnaies d'argent, c'est-à-dire en démotique l'argenteus et le sékel sans aucune mention du cuivre. Evidemment les seuls métaux monétaires réels étaient l'or et l'argent l'argent surtout, d'après lequel toutes les sommes, y compris les plus fortes, étaient calculées et le cuivre ne servait que comme monnaie divisionnaire représentant des fractions plus ou moins petites des monnaies d'argent, seules nommées dans les comptes, alors même qu'on avait payer en cuivre. Ces règles ne souffrent jusqu'ici aucune exception.

SECONDE PÉRIODE.

Mais à Philopator commence la période de transition entre l'étalon d'argent et l'étalon de cuivre. Depuis ce moment les deux métaux sont désignés parallèlement et d'une façon qui paraît d'abord un peu ambiguë, quand on n'y est pas habitué. Il faut donc faire la plus grande attention aux documents démotiques de cette période de transition que nous avons entre les mains et dont nous allons donner l'énumération :

An 3 de Philopator (Revue, L, p. 113) contrat de mariage thébain. Dot, pension et amende en argenteus anciens sans mention supplémentaire (argent).

' Voir Revue, IP année, p. 260 et suivantes.

Seconde lettre sue les monnaies égyptiennes. 93

An 5 de Philopator {Chrest., p. 301; Revue, l., p. 121) prêt thébain. Le débiteur doit payer 5 argenteus et Vio; o" 26 sékels, 5 argenteus V^o en tout (en monnaie cV argent) ou en monnaie d'airain au taux de 24 unités d'airain pour Vio d'unité d'argent.

An 7 de Philopator [Chrest., p. 373) donation tliébaiue sous forme de vente, avec une amende de 20 argenteus ou 100 sekels sans mention supplémentaire (argent).

An 11 de Philopator (acte du Vatican) location thébaine, avec amende conditionnelle de 10 argenteus sans mention supplémentaire (argent).

An 4 d'Harmachis {Nouvelle Chrest., p. 109, 110, 111) contrat de mariage thébain. Ar- genteus sans mention supplémentaire (argent).

An 5 d'Harmachis (ibid. et Bevtie, I., p. 121) prêt thébain. Le papyrus porte : «tu as »2 argenteus '/to; en sékels 10 '/2; en argenteus 2Vio « me faire (c'est-à-dire : à me réclamer » ou plutôt à me faire payer) ou en équivalence de 24 pour ^/lo ^'>7 c'est-à-dire : ou en airain au taux de 24 unités d" airain pour Vio d'unité d'argent. Ici la coupe de la phrase est ti-ès importante à noter. L'intercalation de e-cp-newi «à me faire» entre les deux genres de monnaies est très significative.

An 14 d'Anchmachis (Ane. Chrest., p. 395 et 396 ; Revue, 2^ année, p. 148) contrat de mariage thébain : argenteus sans mention supplémentaire (argent).

An 20 d'Épiphane {Nouv. Chrest., p. 160) vente de liturgies de fort peu d'importance faite à Thèbes après la conquête. Impôt du 10« s' élevant à 3 argenteus, 15 sékels, 3 ar- genteus, en tout, à l'équivalence de 24 pour ^ ,^ (cuivre).

An 8 d'Épiphane (Revue, t. L, p. 129) acte memphite du Louvre, cession de hturgies, etc. Amende de 100 argenteus ou 500 sékels sans mention supplémentaire (cuivre).

An 21 d'Épiphane (autre acte memphite du Louvre) cession de liturgies, etc. Amende de 2000 argenteus 10.000 sékels sans mention supplémentaire (cuivre).

An 5 de Philométor (acte de Dublin\ acte de partage, contenant une amende de 1000 ar- genteus ou 5000 sekels en airain dont l'équivalence est de 24 pour Vio (cuivre).

An 1 1 de Philométor (Taricheutes et choachytes) contrat de mariage thébain. La dot est, suivant l'ancienne coutume, eu argenteus d'argent sans mention supplénientiiire ; l'amende également (argent). Mais lestimation des objets apportés par la femme est en argenteus d'airain dont léquivalence est de 24 pour ^/j^, et la pension annuelle de même (cuiwe).

En résumé : 1" à Thèbes, sous Philopator et sous les rois révoltés, les argenteus et sékels sans mention supplémentaire désignent des monnaies d'argent. Mais on spécifie dans les prêts seideraent qu'on en peut faire le change en monnaies d'airain dont la proportion est de 24 unités pour - if, des unités parallèles d'argent.

Sous Épiphane, à Memphis, l' argenteus sans mention supplémentaire désigne un ar- genteus de cuivre, c'est-à-dire une pièce de 20 drachmes de cuivre, et le sékel sans mention un sékel de cuivre.

Sous Épiphane, à Thèbes, après la conquête et la défaite des rois révoltés en l'an 20 l'argenteus et le sékel à l'équivalence de 24 pour 2 j^^ semble désigner également l'argenteus et le sékel de cuivre. (Nous n'avons pas d'argenteus sans mention supplémentaire.)

4** Sous Philométor, à Thèbes, (depuis l'an 11 tout au moins,) l'argenteus sans mention supplémentaire diacritique désigne l'argenteus d'argent; et l'argenteus dont l'équivalence est

94 Eugène et Victor Revillout.

de 24 pour 7,0 un argeuteus de cuivre, au moins depuis Tan 5. (Nous verrons à propos de la troisième période que cette dernière désignation est devenue universelle et constante à partir de ce moment.)

De tout cela il est aisé de conclure que : sous Philopator on avait déjà établi l'iso- nomie complète des monnaies de cuivre et d'argent et fondu nombre d'argeuteus, etc. en cuivre. S'il y en avait avant ce prince, ou les calculait comme fractions de la drachme, oboles etc., mais il n'existait pas de drachmes, d'argenteus, de sékels ^ d'airain : pas d'isonomie entre les monnaies du même poids d'argent et de cuivre. Cet ingénieux système, basé sur la proportion pré- existante de 1 à 120 et l'assimilation secondaire de nom des mêmes unités pondérales mo- nétaires ne paraît remonter qu'à Philopator. Il est même douteux qu'à l'ancienne époque on ait eu des monnaies de cuivre atteignant l'obole d'argent, puisque, dans les papyrus grecs contemporains de l'étalon d'argent, le chalque porte, le premier, le nom du métal de cuivre, comme chez les Athéniens. Mais il était plus rare comme monnaie que le double chalque, (tétartémorion) véritable unité monétaire sans cesse mentionnée dans nos comptes, comparable au sou et qui représentait comme valeur le 24^ de la drachme et comme poids 5 drachmes, avec la proportion légale de 1 à 120 entre les deux métaux. C'est de cette pro- portion qu'on partit sous Philopator pour le nouveau système d'isonomie, permettant de rem- placer toujours l'argent par du cuivre. Cette révolution monétaire s'explique facilement, quand on se rappelle les dépenses folles et l'appauvrissement de l'Egypte qui avait résulter tant des frais de la guerre avec Antiochus le grand, etc., que des prodigalités de cette cour dépravée. Il est très probable que le crédit du roi avait sensiblement diminué. Philopator, pour trouver de l'argent, avait recourir à des expédients financiers et il n'avait rien mi de mieux que de faire frapper une grande quantité de monnaies de cuivre, dont il établit le cours forcé, même lorsqu'il s'agissait de grosses sommes, avec la proportion de 1 à 120 avec la monnaie d'argent. C'est sans doute eu vertu d'un TzgcaToc-^im de ce prince que l'on put toujours payer en cuivre une dette conti-actée en argent. De la mention obligatoire dans les prêts de la monnaie à l'équivalence de 24 pour 2/,^ dont on pouvait se servir à l'échéance'^ à la place de la monnaie d'argent. L'argent dut à ce moment disparaître vite de la circulation. A l'étranger (où Philopator allait recruter ses troupes) on ne recevait bien que l'argent d'Egypte, fort peu sou cuivre et, d'une autre part, en Egypte, on était obligé de se contenter de papier je veux dire de monnaies de cuivre. Le vide se fit donc vite et les rois eux-mêmes en subirent dans la suite les conséquences. Ils ne trouvèrent plus d'argent pour négocier à l'éti-anger et durent en arriver à exiger de la population pour certains impôts et certaines amendes un argent alors introuvable sur le marché. Il est très probable que les mesures vexatoires qui résultaient en définitive de cette réforme financière, durent au plus haut degré mécontenter les Égyptiens et causer la révolte générale qui éclata à la mort même de Philopator.

Sous Epiphane l'état des choses s'empira encore ^ dans les provinces qui lui étaient

Le sekel de cuivre (de 14 à 15 gr.) est beaucoup plus rare que l'argenteus-obole. Il u'appartenait sans doute pas à l'ancien monnayage. Il aura été inauguré par Philopator et continué par ses successeurs. Mais il resta toujours une des unités de compte égyptiennes.

2 Notons que dans Démosthènes (ApoUodore contre Timothée) il est question d'un dépôt de cuivre mis en gage pour assurer une dette en argent.

' Ces données sont conformes à celles des historiens. Selon Polybe (V, 83, 1), Philopator promit aux

Seconde lettre sur les monnaies égyptiennes. 95

soumises. La révolution força les tuteurs du roi de faire venir à grands frais des troupes de Grèce. Le trésor se trouva bientôt à sec. Au double étalon de cuivre et d'argent qu'avait établi Philopator, on fut donc obligé de substituer l'étalon unique de cuivre et de monopoliser en quelque sorte l'argent dans les caisses de l'état qui le versaient ensuite à l'étranger. Ce fut sans doute à ce moment qu'à Mempbis le gouvernement déclara que toutes les monnaies appelées dans les contrats drachmes en grec, ou argenteus et sékels en égyptien, seraient réputées en cuivre. C'est ainsi que dans nos papyrus démotiques Memphites de cette époque l'argenteus n'est plus que l'argenteus de cuivre, le sékel que le sékel de cuivre.

3^ A Thèbes, pendant la domination des rois révoltés, on en était resté au régime mo- nétaire du double éta,lon, établi sous Pbilopator. Mais quand Épiphane s'empara de la Thébaïde, ses monnaies le suivirent naturellement dans ce pays. Seulement pour qu'il n'y eût pas d'am- biguité puisque les Tbébains connaissaient surtout les monnaies d'argent on dut ex- pliquer qu'il s'agissait d'argenteus à l'équivalence de 24 pour Vio- Cette ancienne formule ne désigna donc plus un change, mais une monnaie, et nous la retrouvons également avec cette valeur eu l'an 11 de Philomélor. Notons seulement qu'à cette époque tout au moins l'argenteus sans mention désignait encore à Thèbes dans l'usage ordinaire l'argenteus d'argent et non l'argenteus de cuivre, comme à Memphis. Il ne serait pas impossible que la loi d'Épiphane eût semblé trop sévère et qu'après la conquête et l'appaisement général on eût permis aux Thébains de garder en égyptien les appellations simples pour les monnaies basées sur l'ancien étalon d'argent, à la condition de les distinguer d'une façon suffisamment claire des monnaies dépendant du nouvel étalon officiel de cuivre. Ou compta de la sorte à la fois à Thèbes par l'ancien argenteus thébain (d'argent) et par le nouvel argenteus memphite de cuivre. La seule question douteuse est une question de date. Quand cette tolérance fut-elle accordée à Thèbes? Est-ce sous Épiphane ou Philométor?

TROISIÈME PÉRIODE.

Nous désignerons sous ce nom la période qui commence au second règne d'Evergète II. Le diacrétisme est alors poussé aussi loin que possible. H n'y a plus d'argenteus ou de sékels sans mention explicative et toutes les monnaies se classent en démotique sous l'une de ces trois rubriques :

ou bien en qualité d'argenteus fondus du temple de Ptah, avec le calcul de ^/p, Vto; V30J Veo; Voo- Il ïî'y ^ P^s alors de doute qu'il s'agisse du vieil argenteus d'argent, puisque l'on a la formule même qui sert depuis Darius et dont on a continué l'usage sous Artaxercès, Philippe, Evergète P", etc., etc., pour ne parler que des textes possédés par nous;

ou bien en qualité d'argenteus et de sekel «en pièces d'argent gravé». C'est la for- mule qui sert désormais (depuis Evergète II) pour toutes les pièces d'argent frappées;

Rhodiens trois cents talents d'argent et mille talents de cuivre. Le même historien (liv. XXIII, 9, 3) dit qu'Épiphane envoya aux Achéens 200 talents de cuivre vo|j.ia[jLaToç £7:iffr)p.ou /^aXxou. L'unique étalon de cuivre se substituait ainsi, même pour les dépenses faites à l'étranger, au double étalon. Il est vrai qu'il s'agit d'un don. Épiphane, pour avoir, en Grèce, les troupes qu'il employa contre les révoltés d'Egypte, dût sans doute les payer en argent. Ajoutons qu'avant Pbilopator les historiens, comme les papyrus, nous montrent en Egypte l'étalon d'argent.

96 Eugène et Victor Revillout,

ou bien en qualité d'argenteus ou de sékels d'airain dont V équivalence est de 24 (unités d'airain) pour 2/^^ (d'unité d'argent). C'est d'après ces argeuteus ou ces sékels d'airain que se trouve toujours calculé le kerker (rin<r6>p ou 'T\'2 (talent) dans les textes qui nous sont parvenus. Le kerker compte ainsi 300 argeuteus d'airain ou 1500 sékels (ou tétradraclimes'i de cuivre. Je ne connais pas de texte démotique qui parle de kerker d'argent.

Dans les papyrus grecs de la même époque il en est de même. Le talent est toujours un talent de cuivi-e. Cela tient peut-être au peu d'importance des sommes contenues dans les papiers du Sérapéum, puisque les auteurs comptent par talents d'argent. Cependant la mine paraît pour l'argent une unité de compte plus réelle, ainsi que le prouve un passage déjà cité du papyrus 62 du Louvre, bien qu'on calculât également par mine de cuivre. Quant à l'unité inférieure, c'était en grec la drachme. H en entrait 6000 dans le talent (ou kerker) et cent dans la mine. S'il s'agissait de drachmes d'argent, on avait bien soin d'employer dans les contrats ^ la formule que nous avons déjà rencontrée en démotique pour les unités ég}-i)tiennes d'argent et l'on appelait en grec ces di'achmes apvupiotj cxtar^jj-oj 'Kxz\z\>.d-f.o-j ^o'^.iz\).y.xzz Bpaxuat ou «pYupou z^KK<yr^\).o■o Spayjx., de même que l'on disait en égyptien : argeuteus ou sékels en pièces d'argent gravé. Si, au contraire, il s'agissait de drachmes de cuivre, on écrivait parfois les mots yjxXxo'j opayjj.. ou ioCk. ; mais on omettait souvent l'indication du métal ; car, sous l'étalon de cuivre, la drachme par excellence était la drachme de cuivre, comme c'était la drachme d'argent sous l'étalon d'argent. Les autres monnaies n'étaient plus nous l'avons dit que des espèces de lingots gravés, mais gravés et vérifiés par l'autorité royale. De l'ad- dition du mot extOTQ;j.cu après le nom du métal précieux (or ou argent) qui était ^isé dans l'acte, toutes les fois qu'il ne s'agissait plus de monnaies conformes à l'étalon de cuivre. En effet, les pièces d'or ou d'argent appartenaient bien au monnayage Ptolémaïque {r,xz\t\).yi:y.ou vo|ji,iCT[ji.aToç), mais ce n'était plus, pour ainsi dire, qu'à titre supplémentaire. Le cuivre seul était pleinement officiel.

Telles sont les principales données que nous avons pu réunir : 1'^ sur l'étalon d'argent, sur les étalons simultanés d'argent et de cuivre, 3*^ sur l'étalon de cuivre. Ces renseigne- ments complètent notre travail sur les noms, les équivalences et les proportions des monnaies égyptiennes. Il ne nous reste plus maintenant qu'à étudier les valeurs réelles de ces monnaies en elles-même, comme marchandise et comme terme d'échange, c'est-à-dire par rapport aux objets de nécessité et de luxe contre lesquels on les échangeait. C'est ce que je tâcherai de faire dans ma troisième lettre qui paraîtra dans un des prochains numéros.

Veuillez agréer etc.

NOTE ANNEXE SUR L'ARGENTEUS-OUTEN.

Nous avons vu que l'argenteus d'argent est toujours assimilé à 5 sékels ou 20 drachmes d'argent. A l'époque du monnayage ptolémaïque, l'argenteus de 20 drachmes ptolémaïques pesait les ^5 de l'outen égyptien de M. Chabas. Mais en était-il de même à l'ancienne époque, pour l'argenteus du temps de Darius, par exemple? Je le pensais et je croyais aussi que les Ptolémées étaient partis de cette base de l'ancien argeuteus pour réduire le poids de la drachme attique, de manière à le faire concorder avec 20 drachmes d'argent. D'après ce calcul un seul point restait difficile : l'origine de l'argenteus, puisque cet argeuteus ne correspondait pas à un poids égyptien primitif : J'avais d'abord expliqué cette origine par la grosse monnaie

' Dans les comptes de dépenses on se bornait parfois à écrire apyjp'.oj opr/jx.

Note annexe sur l'argenteus-outen. 1>7

d'argent frappée par Aryandès. Mais ensuite j'avais trouvé la mention de l'argenteus avec les mêmes calculs antérieure à Darius et à Aryandès. J'en étais quand M. Naville m'a communiqué une très remarquable inscription hiéroglyphique, de l'an 21 de Philadelphe, qu'il a récemment découverte, et qui contient une liste de sommes perçues pour l'impôt foncier et pour l'impôt personnel ou la capi-

tation des habitants c»c>l Jî^^ m ^=:Mîs :. Toutes ces sommes sont en argent ce qui confirme admi- rablement mes conclusions sur l'étalon d'argent pendant la première partie de la domination lagide. Mais ce n'est pas la seule donnée métrologique précieuse de notre stèle (si intéressante d'ailleurs au point de vue de l'économie politique). Nous y voyons, par exemple, s'échanger l'argenteus, exprimé comme en

démotique, par le seul caractère de l'argent fw^i, et l'outen d'argent ^^fwTi principale unité pondérale

antique des Égyptiens. On sait que dans la Bible il en est de même et que le eiD3n bp]V sékel d'argent (principale unité pondérale et monétaire des Hébreux) s'échange avec la simple mention !]D3 urcjeniem. Il faut donc nécessairement admettre que l'argenteus était primitivement (sous Amasis et Darius, par exemple) un outen d'argent. Cette conclusion paraît d'autant plus naturelle que la sigle ^ qui se joint parfois à celle de l'argent (^) pour désigner l'argenteus ressemble beaucoup à certaines ligatures désignant l'outen en hiératiqiie. Mais comment, alors, en est-on venu à assimiler l'argenteus ou outen d'argent à 20 drachmes ou 5 sékels-tétradrachmes ptolèmaïques ne pesant que les V5 de l'outen antique? II me semble que ce problème n'est pas difficile à expliquer. Nous avons eu l'occasion de voir que Ptolémée Soter avait com- mencé par frapper des drachmes attiques, comme Alexandre, et n'en était venu que progressivement au poids dit Ptolémaïque. Lors des drachmes attiques, 20 drachmes pesaient 87 grammes : et l'outen antique n'en pesait que 90 environ. L'écart était, on le voit, peu considérable et l'on avait trouvé commode de faire concorder ainsi les poids-monnaies des Grecs avec les poids-monnaies des Égyptiens'. En partant de la même drachme, le sekel fort, babylonien et sémitique, équivalant comme poids à la double darique d'or des Persans, valait aussi 4 drachmes ou environ le de l'outen. Cela avait l'avantage de faire concorder encore avec le système égypto-grec, le système des provinces asiatiques possédées par les Ptolémées. Ainsi fut fait : et l'on conserva les mêmes équivalences, quand le tétradrachme baissa de poids jusqu'à tomber d'abord de 17 gr. 40 à 14, 50 au maximum pour se rapprocher de la pièce d'argent de Philippe ^ et enfin à 12 environ sous Evergète II par suite de fraudes successives. Lors de l'assimilation primitive des poids-monnaies le 10® de l'outen, le kati ou ritc, avait pris également la valeur du didrachme puisque l'outen valait 20 drachmes. Cette valeur lui resta, comme celle de 20 drachmes à l'outen, lors de la diminution progressive des poids et c'est ainsi que Rire signifie toujours en copte didrachma, signification qui n'a été à peu près exacte (comme celle de l'outen) qu'à l'époque de la drachme attique. Tout devient ainsi parfaitement clair dans les noms monétaires démotiques et coptes. On aurait seulement tendance à s'étonner de la persistance du nom d'argenteus, s'appliquant non plus seulement à l'outen d'argent, mais à l'outen de cuivre. Ce fait montre que fw^ (comme s^ca chez les Hébreux) était devenu le nom principal de l'unité monétaire en usage, c'est-à-dire en Egypte de l'outen, du temps de l'étalon d'argent.

Ajoutons que l'argenteus-outen primitif se retrouve même assez tardivement à l'époque ptolémaïque sous le nom cV ari/enteus fondu du temple de Ptah. Cet argenteus fondu, ancien lingot-outen ( ', était expressé- ment distingué de l'argent (jravé (ef-ket) (xpyjpio-j zr.'.<Trj^o'j, c'est-à-dire à la frappe des Ptolémées. On a soin de spécifier pour le lingot marqué qu'il s'agit de la fonte du temple de Ptah, c'est-à-dire du joids sacré et non du poids monétaire ordinaire. De même, pour éviter l'erreur de chitires, on donne un calcul par fractions : «21 argenteus fondus du temple de Ptah ou 20 argenteus plus ^1^, i/,o, Vao, Veo, Veo (valant un entier), 21 argenteus fondus du temple de Ptah en tout» au lieu de dire, comme pour les monnaies gravées : «21 argenteus ou 120 sekels (tétradrachmes ptolèmaïques), 21 argenteus en tout » ou bien encore, mais pour d'autres sommes, comme dans les exemples suivants :

/Ai v^fti 'i>21^ ^^"b (s, /ii/i^1/V t<|>,

«en outen d'argent, argenteus 5, en sékels 25, en outen d'argent, argenteus 5 en tout, argenteus gravés» ou bien encore :

Nous avons déjà fait remai-ciuer que l'outen d'argent (argenteus de 20 drachmes) répondait comme valeur à la principale unité d'or ou "/p'jaou; didrachme des Athéniens.

2 Voir dans la Revue, t. II. II III. p. 219, 229, 232 et suiv., ce que nous avons dit de ces pièces de Philippe, d'après les- quelles Ptolémée Soter fit fondre les tétradrachmes propi-ement ptolèmaïques. Ptolémée, qui passait pour fils de Philippe, tâchait de se rattacher le plus possihle à ce prince et il n'avait pas eu de peine à renoncer peu à peu au nouveau système purement attique imaginé par son frère putatif Alexandre. Le poids des pièces de Philippe varie généralement entre 14, 56 et 14, 06. Il s'en trouve même de plus légères.

13

98 Eugène Revillout et Keall.

« en outen d'argent gravé argenteus 5, en outen d'argent gravé 5 en tout » ou bien encore :

2 l^fc^ .15 /u1r 1 O-i i^U tf^

«en outen d'argent gravé 5, eu sékels 25, en outen d'argent 5 en tout.»

Dans tous ces derniers cas il était clair qu'il s'agissait de l'outen monétaire actuel, et non de l'antique outen pondéra], lingot pesant un cinquième en plus et en argent pur, sans alliage. Cette distinction entre l'outen monétaire et l'outen pondéral ou commercial a ses analogues dans le système attique. En effet nous sommes parfaitement d'accord avec MM. Boeck et Mommsen pour admettre que la mine dite commerciale (zii.r.op'.y.ri) de l'inscription 12.3 du Corpus bvscriptionum grœcarum^ mine qui devait peser 138 drachmes monétaires contemporaines, représentait bien une ancienne mine de 100 drachmes monétaires d'une autre époque, avant qu'on eiit réduit le poids de l'unité d'argent dans la proportion indiquée.

LA YIE D'AETISTE OU DE BOHÈME EN EGYPTE.

(FRAGMENT D UN POÈME SATYEIQUE EN VERS DÉMOTIQUES DE L'ÉPOQUE ROMAINE.)

(LECTURE FAITE A L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS EN AOUT 1833.)

Le genre sapieiitial est certaiuemeiit un de ceux qui ont le mieux réussi aux Égyptiens. Le papyrus Prisse, que M. Chabas nomme avec raison le flus ancien livre du monde, est déjà un recueil de maximes morales et satyriques, des plus curieux, des plus instructifs. J'en dirai autant du célèbre papyrus de Boulaq signalé et traduit pour la première fois par notre illustre maître M. de Eougé, et auquel M. Chabas a consacré les deux beaux volumes de son Jour- nal égyptologique. En démotique nous possédons également de nombreux ouvrages analogues, parmi lesquels je signalerai seulement deux papyrus du Louvre, un papyrus d'Edimbourg et un papyrus de Vienne. C'est de ce dernier que je veux dire aujourd'hui quelques mots.

L'un des côtés de ce papyrus contient, d'une part, un curieux texte d'administration romaine, récemment publié par M. Wessely, d'une autre part, un certain nombre de sentences et de préceptes affinnatifs et négatifs fort analogues à ceux des papyrus de Paris et d'Edim- bourg. Mais c'est l'autre côté du document qui nous semble le plus intéressant des deux.

On y trouve cinq colonnes d'un texte serré, divisé en vers mis à la ligne et relatif à la vie d'artiste ou de bohème chez les Égyptiens. Sauf que c'est de la poésie, au lieu d'être de la simple prose, ce texte rappelle d'une façon vraiment frappante d'une part le tableau que Théophraste nous fait de l'impudent dans ses inimitables caractères et d'une autre part les récits si curieux que notre cher maître M. Caussin de Perceval a recueillis sur la vie d'artiste chez les Arabes pendant les premiers siècles de l'hégire. Nous savons, du reste, par l'auteur de la vie de Saturninus, que les Égyptiens, à l'époque romaine, étaient célèbres par leurs poésies satyriques qu'ils chantaient souvent dans les rues.

Qu'on me permette, tant en mou qu'au nom de M. le Dr. Krall, mon élève, privât docent à Vienne, de citer une page de notre curieux document, traduite d'après la copie au crayon que ce jeune savant distingué a bien voulu faire.

Il s'agit d'un musicien dont on ne nie pas les connaissances théoriques. Il était com- positeur et avait écrit un livre estimé d'enseignement musical. Mais ses talents avaient été gâtés par l'amour de l'oisiveté et de la bonne chère. Il allait à toutes les fêtes pour y

La vie d'artiste ou de bohème en Egypte. 99

manger et boire et non pour y chanter. Il faisait ainsi; par sa gloutonnerie sans vergogne, la honte de ses confrères les ménestrels de l'époque, caste à laquelle pourrait bien avoir appar- tenu l'auteur de notre portrait. Il est certain qu'on avait en vue un homme connu : Hor Ut'a surnommé Pspiu (le corrompu) n'était pas le premier venu pour les lecteurs contemporains. On sent également que les reproches adressés à ce bohème sont trop vifs, trop haineux, pour être parfaitement sincères. Il y a dessous une vieille inimitié personnelle. Mais il faut bien reconnaître en même temps un talent littéraire distingué à notre satyrique qui rappelle par certains traits les Martial et les Juvenal. Il n'est guère inférieur en somme à Théophraste, si nous n'avons pas affaire à une imitation poétique, fort habile en tout cas, pleine d'art, mais comme un tableau de Téniers, du caractère de cet illustre moraliste. Notons, du reste, que Yimpiident de Théophraste n'était pas un musicien.

Voici la traduction littérale de ces vers démotiques dont nous respectons avec soin la coupe : On y entend les cris d'auberges :

il a la science : il n'a pas

la manière d'oimir la bouche : il a un cœiu* qiii ne peut se porter au bien :

le nerf est détruit. Il a rempli un livre dans lequel tout enseignement est renfermé :

mais il ne sait pas de chanson, si ce n'est une, depuis l'enfantement qu'on a fait de lui : «J'ai faim. Il faut que je boive. Est-ce qu'il n'y a pas quelque chose à manger? «Qu'y a-t-il donc à mastiquer?» Devant lui, il voit de la viande :

ses entrailles sont en sang : (avide) plus que la mouche qui s'élance à la vue de l'ordure, il saura cela depuis quatre jours : il (pressent), il voit les mets : il s'habille :

on lui a parlé de viande! sans sentir toute honte qui est eu lui : avec la harpe par devant.

n'a pas de rassasiement : (c'est un gouffre), la gorge de cet homme, qui déshonore ses con-

frères ! Après qu'il a reconnu (qu'il y a du) vin, de la viande, il faut qu'il aille à ceux qui ne l'ont pas invité : qu'il parle avec les convives : «Je ne puis chanter : j'ai faim.

«Je ne puis porter la harpe pour chanter sans avoir bu, mangé.» «Du vin! apportez! « pour qu'il boive le vin comme deux, qu'il mange comme trois le pain pur!» pour ne pas chanter ! ! La harpe est trop lourde pour son cœur lourde plus que des fardeaux nombreux

pour qu'il chante encore ! « Quatre coups, pour une chanson ! »

Il a l'habitude de porter la harpe pour s'enivrer, en montrant en lui toute espèce de vices. Il chante, sur le sol, vers ceux qui ont la bouteille en main : «Servez nourriture, dites donc!» Il se tourne de ce côté : Il sait bien parler de l'éloignement des brocs.

Il a coutume d'enfler ses services : sa bouche dit ses prouesses :

Point (vraies) ses paroles. «Est-ce qu'on ne témoigne pas de ses services?» Tombe sa voix :

tombe la harpe. Pour mettre à mal néant) ses services, parlez de lui imposer de chanter! Honte et pudeur! on n'a pas coutume de mettre cela en son œil!

On ne le reçoit plus dans le lieu il descend : on l'expulse : il s'en retourne, tenant la harpe : il s'attarde : puis il s'en va :

En sorte qu'il fait passer le moment de dilater son visage.

Je n'en dirai pas plus long sur la triste destinée dun bohème en déconfiture. L'effon- drement se produit de plus eu plus dans sa vie «jusqu'à la mort qu'il fait», comme dit notre texte.

Ce texte a certainement été écrit à l'époque romaine, environ un siècle après les entre- tiens philosophiques du chacal koufi et de la chatte éthiopienne, ce long livre, si intéressant, dont j'ai traduit une partie dans la Revue égyptologique. Mais la date du manuscrit ne nous donne pas d'une façon certaine la date de la rédaction. M. Brugsch qui a copié notre do- cument sans le traduire, ou du moins sans en faire connaître la traduction, m'a dit y avoir

13*

100 Eugène Revillout et Krall. La vie d'artiste, etc.

retrouvé des passages extraits mot pour mot du papyrus Prisse. Je ne saurais vériiier le fait, car pendant ma mission de Vienne il ne m'a pas été permis de copier ce précieux document. M. Krall ne m'a envoyé que les 5 colonnes du verso. Les passages dont m'a parlé M. Brugsch doivent se trouver sans doute sur le reste. Quant au portrait du musicien, sa rédaction ap- partient certainement au courant littéraire de la fin des Ptolémées ou du commencement de l'époque romaine. C'est à cette époque que nous trouvons des vers proprement dits, coupés, scandés, mis à la ligne. Le hiératisme a alors complètement disparu : le style prend un tour vif, tout-à-fait occidental, et les classiques grecs font sentir leur influence aux Égyptiens eux- mêmes par l'intermédiaire de la puissante école d'Alexandrie. Cela n'a rien qui doive nous étonner, puisque l'un des papyrus grecs du British Muséum nous a fait connaître l'existence d'un enseignement littéraire et linguistique qui mettait en rapport les deux nationalités. Nous pouvons constater ce que cet enseignement avait de tin et de recherché dans les poésies bi- lingues démotiques et grecques de Moschion récemment publiées dans la Revue égyptologique et qu'il sera intéressant de comparer pour le rhythme à celle du papyrus de Vienne. Moschion était sans doute quelque privât docent de l'époque. M. Weil, si expert dans la versification grecque, a constaté ses connaissances sérieuses sous ce rapport, comme nous avons pu admirer nous même l'ait remarquable de sa composition démotique.

Ces influences littéraires étrangères unies aux qualités propres à l'Égyptien se remarquent aisément dans le livre, à peu près contemporain, du chacal koufi et de la chatte éthiopienne. Evidemment l'auteur de cette composition philosophique si remarquable connaissait très bien l'œuvre de la plupart des plus illustres sages de la Grèce, et même de l'Inde pays qui était alors en rapports constants avec l'Egypte et que cite souvent Origène et les autres chefs de l'école païenne ou chrétienne d'Alexandrie. De même que c'est à l'imitation grecque qu'il faut rattacher les poésies telles que celles que nous trouvons dans la bilingue de Moschion et dans le papyrus de Vienne, de même c'est à l'imitation indienne qu'il faut attribuer, par exemple, le plan même de cet ouvrage dans lequel on voit discuter deux animaux une chatte et un chacal remplaçant alors les interlocateurs de Platon et soutenant, chacun, des idées et de principes tout différents. Au milieu de leurs controverses se trouvent racontées par eux mêmes, comme arguments des apologues dont l'origine étrangère n'est pas moins évidente. Je citerai, par exemple, celui du lion et de la souris, que M. Brugsch a traduit et qui a le même sujet que la fable Ésopique. On nous permettra même de dire que la version grecque est certainement inférieure à la version égyptienne. Peut-être celle-ci a-t-elle imité directement l'original indien; car c'est de l'Inde, on le sait, que semblent venir la plupart des fables qui se sont répandues de dans le monde entier.

Telle ne peut être l'origine d'un autre apologue que cite le chacal pour prouver sa

thèse si darwinienne et que j'ai déjà fait connaître dans la Revue égyptologique; car c'est alors

aux idées chrétiennes que s'attaque directement notre esprit fort ' . . . . Combien on sent que

l'Egypte était alors le théâtre de toutes les doctrines s'eutrechoquant les unes les autres!

Aussi notre chacal a-t-il soin de dire ailleurs plaisamment que les dieux des pays étrangers

s'ennuyaient d'être en Egypte et aspiraient ardemment à retourner chez eux.

* Je ne reproduirai pas ici la fable du lion et des chacals que j'ai lue à l'Académie et que nos lecteurs trouveront dans le II-III de la précédente année de la Revue.

L'Éditeur Ernest Lerocx, Propriétaire-Gérant.

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REVUE ÉGYPTOLOGIQUE

FONDÉE SOX7S LA DIRECTIOIST DE

im. H. BRUGSCH, F. OHABAS, EUG. REAILLOUT.

ERNEST LEROUX, ÉDITEUR

LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE, DE L'ÉCOLE DES LANGUES ORIEXTALES VIVANTES. ETC. ETC. 28. RUE BONAPARTE. 28. A PARIS.

in^ année. N" m. 1883.

La IÎE\ UE E GYPTOLOGIQUE parait totis les trois moiii par numéros de siœ feuilles au moins, avec

planches, fac-similé etc. Aucun numéro ne se vend séparément.

Prix de l'abonnement annuel: Paris 30 fr. Départements 31 fr. Étranger 32 fr.

Sommaire : La caste militaire organisée par Eanisès II d apiès Dicdore de Sicile et le pcème de Pentaonr (E. Eevillotjt)., Le budget des coites sons Ptolémée Ihiladelphe lE. R.'. Tn registre budgétaire sur le rendement des impôts en Egypte (E. R.). Le papyrus Sakkakini lE. R.i. La requête d'an esclave (E. R.). Leçon sur la location en Egypte, professée à l'école du Louvre (E. E.). Comptes du Sérapéum (E. et V. Eeviliout). Nécrologie et nouvelles. BibUographie.

LA CASTE MILITAIRE

ORGANISÉE PAE RAMSÉS II D APRÈS DIODORE DE SICILE ET LE POÈME

DE PENTAOLTR.

Les biens ecclésiastiques étaient très considérables eu Ég:ypte. Les auteurs grecs nous aftirnient que la terre dÉgypte était divisée entre le roi, les prêtres, les guerriers i^ affirmation confirmée par les témoignages des papjTus déjà recueillis par nous dans notre cours de droit égj'ptien).

Cette divisou triparti te de la propriété éminente, réduisant la propriété individuelle à une sorte de fermage iudéiîuiment continué, aurait eu, d'après les témoignages antiques, une double origine. Selon la Genèse, le Pharaon de Joseph, qui appartenait aussi à la race étran- gère des pasteurs sémitiques, profita dune famine pour dépouiller les habitants à la seule exception des prêtres, qu'il voulut bien nourrir gratis. Quand, ensuite, les Égyptiens d'origine reprirent le dessus, cet abus royal ne disparut pas. En effet, l'auteur de la Genèse nous ajoute que la nouvelle division subsista, depuis ce jour jusqu'à son époque. Probablement cet état de choses fat régularisé lors de l'expulsion des pasteurs et de la nouvelle domination des rois égyptiens de race : et la division bipartite des terres prit alore la forme tripartite. Le Pharaon qui vit grandir Mo'ise est Ramsès II, au profit duquel les Hébreux construisirent, selon le texte sacré, la \ille de Ramsès. Or, c'est justement ce Ramsès II, le grand Sésostris ou Sésoosis, si dur pour les Sémites, que Diodore nous indique comme s'étant occupé spécialement de la distribution des terres et de l'organisation générale du sol de l'Égj'pte. Il passait à ce titre pour le second législateur des Égyptiens et succédait directement en cette qualité au légen- daire Sasychis. Son œuvre spéciale, ses lois particulières concernaient : J'' les terres, les

14

102 Eugène Revillout.

soldats. On lui attribuait rorganisatioii et la division détiuitive des 36 nômes de l'Egypte, à la tête de chacun desquels il mit un préfet chargé de gouverner et de recueillir les impôts royaux. Cette mention vient deux fois dans Diodore (I, liv et lxxiii) et la seconde fois le texte joint à cette organisation des nômes celle de toute la terre d'Egypte ', partagée entre les prêtres qui sont représentés comme les plus anciens possesseurs de leur sol, cause de l'origine théocratique des institutions égyptiennes,) le roi qui prend part avec eux d'abord comme dans la Genèse, et les guerriers qui viennent eu dernier lieu. Il semble, en effet, que cette double réforme, politique et économique, a être faite parallèlement. L'indication même des guerriers le prouve; car, selon le paragraphe 54, Sesostris réserva une bonne partie des champs d'Egypte à la caste militaire quand il la constitua définitivement, en fixa le con- tingent à 620,000 piétons et 24,000 cavaliers, leur désigna 1,700 chefs. C'est pour cela que dans le paragraphe 94 (liv. F""), relatif aux législateurs, Diodore insiste surtout sur les lois données par Sesostris à l'ordre militaire. C'était en effet sou organisation la plus personnelle, si l'on admet une division bipartite du sol, contemporaine de Joseph. Le roi national n'aurait ainsi fait que suivre l'exemple fourni par un cruel oppresseur étranger, mais en ajoutant à sa réforme tout un nouveau chapitre pour faciliter désormais non seulement la défense de la patrie, mais les glorieuses guerres d'envahissement qu'il allait entreprendre.

Ces données de l'historien sont du reste confirmées ex})ressément par le poème officiel de Pentaour que Ramsès II fit graver sur les murs du temple de Karnak, etc. Les reproches que le roi adresse à ses guerriers, qui s'étaient mal comportés dans une des batailles qu'il livra contre les Chétas, rappellent les faits dont parle Diodore : «Voici que sa Majesté appela ses soldats, avec sa cavalerie, et également ses chefs qui n'ont pas combattu. Le roi leur dit : Votre cœur s'est affaibli, ô mes cavaliers! et mon cœur à moi commence à ne pas se remplir de vous tous. Cependant, il n'est pas un seul d'entre vous à qui je n'aie fait un sort heureux dans ma terre. Si je ne m'étais pas tenu debout comme seigneur, vous étiez à l'état de misérables. Je vous ai faits grands dans mes biens, chaque jour. Je mets le fils sur les choses de son père. S'il vient un malheur (une année mauvaise) quelconque daus le pays, je vous laisse quelque chose de vos services. Est-ce que (dans ce cas) je ne vous donne pas d'autres choses que celles qui vous ont été enlevées? Quiconque (de vous) vient me prier par des requêtes, je le protège par moi-même chaque jour. Il n'y a pas de seigneur faisant pour ses soldats ce que (Ma) Majesté a fait pour vous. Je vous ai fait demeurer daus vos demeures et dans vos villes. Et l'ordre (de départ) n'a pas été donné })ar le capitaine, et mes cava- liers de même ont agi. Je vous ai donné la route vers vos villes afin que je vous trouve tous ensemble au jour et à l'heure de marcher au combat; or, voyez, vous avez fait une action lâche enseml)le! pas un d'entre vous ne s'est levé pour me prêter la main!» Ainsi Ramsès avait donné en héritage perpétuel certains biens (de son domaine) aux soldats, dans leurs villes, avec des points en concentration en cas de guerre. C'est toute l'organisation dé- crite par Diodore. Notons que Pentaour parle aussi du droit de pétition directe au roi accordé aux membres de la caste militaire. Ce droit, nous le voyons encore exercé par les soldats comme par les prêtres à l'époque lagide. Quant à la division des terres en terre sacrée (tspa

1 Hérodote, de son côté, raconte qu'à cette occasion Sesostris établit l'arpentage général des terres et leur division en aroures, etc.

La caste militaire, etc. 103

Xn) en démotique neterhotep, terre des guerriers {[j.y.y}\>.w)) et terre du roi ((iaj'.Aty.Y;), elle est sans cesse mentionnée dans les circulaires ptolémaïques, dans le décret de Rosette, les contrats démotiques, etc. Nous n'avons qu'à renvoyer pour cela à notre cours de droit égyptien.

Venons en maintenant à l'étude détaillée du texte du poème si admirablement traduit par notre illustre maître M. de Rougé. Nous allons reproduire son mot-à-mot, avec quelques légères modifications pour des nuances de sens indiquées en note. Notre traduction suivie, déjà donnée ci-dessus, repose sur ce mot-à-mot, mais est notablement différente de celle qui est contenue dans le 1" fascicule du Recueil de Vieweg.

Papyrus Sallier, V, 1. 10.

I I I

Voici que appela le roi ses soldats V avec sa cavalerie et

également ses généraux qui n'ont pas combattu. Dit à eux le roi Vous avez

p. Sal. V, 11. Louqsor, 46.

été affaiblis dans votre ' cœur, ô mes cavaliers! Et ne commence pas à se remplir mon cœur de

vous tous. Or il n'est pas un seul d'entre vous à qui je n'aie fait un bon sort dans ma

AWvAA I I I

terre. Si je ne jn'étais pas tenu debout comme un seigneur, vous étiez à l'état de misérables. Je fais

vous grands dans mes biens chaque jour-, je fais le fils dans les choses de son père; est venu un

I I I

' Mot à mot : votre cœur.

2 Louqsor et le Pap. Sallier n'ont pas la négation. L'un serait la forme de V insinuation, l'autre celle de la négation (E. de R.).

3 . Sens très variés. Eu copte con, vices. En égyptien: «fortune, condition». Ici l'ensemble des bienfaits du roi (E. de R.).

* Nemehi-ti. Ce thème se présente parmi les péchés; cela veut dire : «faible» (ch. 125). Deux péchés parallèles : le premier \ PS\ s o, nem, «violent»; puis : nemeh, «faible». On trouve : '/(^ \i «affaiblir»,

et avec le déterminatif ^, «invoquer, supplier» (Piankhi). Au Papyrus Rhind nemmeh est traduit par :

afnn^ eÊiHit, «malheureux, pauvre» (E. de R.). Ce dernier sens qui est celui de Brugsch : «petit, pauvre, malheureux » {Dict. 766) est celui que j'ai adopté (E. R.)

5 Le Pap. Sallier passe la figure du roi 1 ^^^^ [ J sic) (E. de R.). Le déterminatif et le pluriel

prouvent qu'il ne s'agit pas du thème prononcé. J'ai modifié en conséquence la traduction de mon illustre maître. Conf. 1 I . w , | j ^ / 1^ I îf- <* ''«■«) possessiones » 1434, Dict. Brugsch (E. R.).

^ Le Pap. Sallier remplace kketu par ^^\ , akharu (E. de R.).

104

Eugène Revillout.

j3 11

malheur quelconque dans ce pays, je laisse à vous de vos

".%AAAA I

I I I

Est-ce que

^1

je ne donne pas à vous d'autres choses que celles qui ont été enlevées à vous? Quiconque prie par des requêtes, je fais protection de moi-même à lui chaque jour. Il n'y a pas de seigneur faisant pour

(1

ses soldats les choses qu'a faites S. M. pour vous. J'ai fait demeurer vous dans vos demeures

Il I I'

A,\AAAA AAAAAA

A. pour vou

e^ par le capitaine et mes

1 A ^ u i^iiiiiè^liiilJT^ c> DX

et dans vos ailles. Et pas fait l'ordre ^ par le capitaine et mes

1 1 I

III

cavaliers

IIILl\_Z1-^III i^l

de même ont agi! J'ai donné à vous la route vers vos villes, afin que je trouve vous ensemble, au

jour et à l'heure

Û^

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de marcher au combat! Or voyez!

AAAAAA

1 I iD ©

^^

Vous avez fait une action ^ mauvaise,

klX'àl^

A

»^A^A/^^ I I I

ensemble, pas ne s'est levé un d'entre vous pour donner sa mam à moi!

Il ne nous reste plus qu'à exprimer l'espoir de voir bientôt publier en entier dans cette Eevue même l'étude détaillée du poème de Pentaour telle qu'elle a été faite par M. de Rougé dans son cours du collège de France. C'est une des œuvres capitales de notre maître si regretté et il importe de ne pas voir quelque autre bénéficier de son travail. Je dois ajouter que notre cher ami M. Jacques de Rougé a bien voulu promettre d'en faire jouir nos abonnés.

1 Bek-u, ordinairement déterminé par le papjrus : '^ i : vaiie avec aaaaaa semti, «tributs, impôts»

AAAj^^/v

(E. DE R.). J'ai préféré conserver le sens le plus ordinaire (conf. Brugsch, Dict., 431, sup. 453). (E. R.)

2 A Louqsor et à Karnak il n'j- a que : ^Cv 1\ M s ^^^^^ */' i] ^ ^^ '^'

3 Mon cher maître a mis ici « surveillance » et en dessous un point d'interrogation. Il en était donc venu à douter de cette interprétation qui lui avait été fournie par le contexte. J'ai préféré y substituer le sens ordinaire ordre de message (conf. Brlgsch, p. 54, supp. p. 55 et suiv.). M. J. de Rougé m'a écrit en m'envoyant la copie textuelle du passage en question des mot-à-mot de notre illustre maître, mot-à-mot déjà entendus par moi, il y a 12 ans environ, dans le cours auquel j'avais assisté : «Je pense que c'est le passage de Pentaour que vous me demandez. Je l'ai repris sur les notes tel que je l'ai trouvé. Puisque vous étudiez en ce moment la caste militaire, la fin de ce passage n'indiquerait-il pas que les troupes, auxquelles Ramsès adresse des reproches, avaient des cantonnements dans leurs villes avec un point de concentration en cas de guerre et que le reproche de Ramsès porte sur ce que ces troupes ne se sont pas rendues à ce point de concentration?» C'est justement parce que je le pensais et que, de plus, je tenais à reproduire le mot-à-mot même de mon bien regretté maître, à peine modifié sur quelques points indiqués en note, mot-à-mot forçant à ce sens (parallèle à celui du passage de Diodore rappelé par moi à M. J. de Rougé) que j'avais demandé communication des notes personnelles de M. E. de Rougé, pour ne pas sembler vouloir substituer ma tra- duction à la sienne (E. R.).

* Une conduite lâche (E. R.).

Le budget des cultes, etc. 105

LE BUDGET DES CULTES SOUS PTOLÉMÉE PHILADELPÏÏE.

Daus im précédent travail, publié dans cette Revue (I'® annéC; 11) j'ai raconté com- ment le roi Amasis avait, le premier, osé mettre la main sur le neter-hotejj ou sur les pro- priétés et revenus sacrés des dieux, qu'il avait en partie distribués à ses mercenaires grecs. Selon notre chronique démotique, le tort fait ainsi ' aux sanctuaires pendant le règne d'Amasis est estimé à quatre millions 46 myriades quatre mille quarante-trois argenteus-outen (ou outen d'argent) et demi, ce qui, en estimant seulement l'argenteus à 20 drachmes attiques selon le calcul monétaire officiel de Ptolémée Soter, équivaudrait à quatre-vingt-neuf millions deux cents quatre-vingt mille huit cents soixante-dix drachmes, ou 14,880 talents, plus 870 drachmes, sans compter divers revenus de casuel supprimés par le même souverain.

S'il faut en croire notre chronique, ce vol sacrilège fut la cause véritable de la con- quête de l'Egypte par Cambyse presque immédiatement après la mort d'Amasis.

Sous Cambyse, l'état des choses s'aggrava encore pour les temples : les collèges des hiérogrammates furent dispersés et «une grande calamité s'abattit sur la terre entière».

Nous avons vu, au contraire, que Darius, s'inspirant d'idées toutes différentes, rétablit les collèges des hiérogrammates, rendit aux temples les neter-hotep qui leur avaient été enlevés, en expulsa les étrangers etc., bref fit tout dans le sens d'une véritable contre-révolution. Le papyrus Golénischeff, publié dans notre dernier numéro et contenant un état des masses d'or et d'argent déposées dans le temple d'Hormerti sous le règne de Darius, nous montre qu'en effet on en était revenu dans les sanctuaires à une véritable ère de prospérité. On comprend par comment, selon Diodore, le roi Darius, tout Perse qu'il était, était con- sidéré par les prêtres égyptiens comme un de leurs législateurs et un de leurs meilleurs souverains.

Quand les Grecs s'emparèrent de l'Egypte, ils suivirent la même politique. Alexandre se fit donner par les prêtres égyptiens son investiture religieuse et proclamer fils du soleil et fils d'Amon d'après la coutume traditionnelle. Il en fut de même pour Ptolémée Soter, qui alla plus loin encore dans ce sens : Il voulut incarner pour ses sujets le patriotisme religieux des Égyptiens, et pour cela, dans une stèle du règne nominal d'Alexandre, fils d'Alexandre, sous «le sati'ape Ptolémée», il rendit les plus grands honneurs à la mémoire de x^bas, le roi égyptien, glorieusement révolté contre le Perse Xercès.

' «Pour ces choses, argent de la valeur, qui est comptée en argent : argenteus, six myriades cinq » cents trente-deux et demi (répondant d'après l'isonomie ptolémaïque à 1,210,650 drachmes attiques ou en » d'autres termes à 201 talents 4650 drachmes). Pour les blés : dix myriades deux cents dix (répondant à deux » millions quati-e mille deux cents drachmes, ou en d'autres termes à 334 talents plus 200 drachmes). Pour

» les terres ( (1 n "^ ) quatre millions trente myriades trois mille trois cents un (répondant à quatre-vingt-six «millions soixante-six mille vingt drachmes, ou en d'autres termes à quatorze mille trois cents quarante- » quatre talents plus deux mille vingt drachmes), pour clôturer ( -o^^^ Brugsch, Dkt., 1465) le compte,

» en laissant de côté (tu id) les bois de chauffage les papyrus, les embarcations, les parfums, etc. »

La traduction précédente diffère un peu de celle que j'avais donnée précédemment. J'ai revu avec soin le texte.

106 Eugène Revillout.

D'après ce principe de conciliation les temples turent naturellement ménagés. Un régime mixte et concordataire semble s'être dès lors établi. Sous ce régime, le roi grec lit bien, il est vrai, payer à sa caisse des impôts qui sous Darius encore se payaient à la caisse sacerdotale, comme l'impôt du dixième sur les ventes contractées à Tlièbes. Il continua aussi à laisser dans les temples des garnisons ' de soldats grecs, nommés en démotique même G-poL-'M-TtÇ, et dont parlent sans cesse nos contrats du Sérapéum aussi bien que les papiers des reclus grecs du même temple, soldats qui, d'après un autre document, se partageaient en entier et louaient à des Egyptiens le neter-hotep ou domaine sacré (tapa 7-/]) du dieu Hormen.

Il s'attribua bien, en outre, à lui-même une bonne partie de ces mêmes domaines, et dans ceux qu'il laissait aux prêtres, il ne leur abandonnait que des parts dites convenables, en grevant encore d'impôts énormes les jardins et les vignes dont l'usage leur était directement conservé. Mais en même temps qu'il réduisait ainsi la -.spa 77; à un nom presque vide de sens^ et confisquait en réalité la plupart des biens ecclésiastiques, il dut en revanche assurer un budget suffisant aux besoins du culte. De pour les temples et les prêtres trois sortes de revenus indiqués dans les décrets trilingues et les documents du même genre :

les x'Kzy.o'.pa ou parts convenables (to) assignées sur ce qu'il restait de biens ecclésias- tiques libres;

les cjv-a;t<; (de auv-ra^-w organiser, établir, ordonner) ou budget royal touché par les temples;

3" les aYVc'.a (ab) purifications, mot qui désignait spécialement les lustrations, c'est-à- dire le troisième genre d'offices religieux après les sacrifices et les libations, mais qui s'ap- pliquait d'une façon générale à tout le casuel des temples.

Parmi ces trois revenus, le plus important était le budget royal ou les cjvTa;'.<; payées par le roi aux sanctuaires, genre de contributions sans cesse nommé dans les papiers du

1 Nous trouvons aussi sous les Lagides le droit pour les foiictionuaires de descendre dans les sanc- tuaires et de s'y faire nourrir aux frais des prêtres. Letronne, dans ses Inscriptions dÉgypte, a publié une requête des prêtres de Philes à Évergète II qui est ainsi conçue : «Au roi Ptolémée, à la reine Cléopatre, .»sa sœur, à la reine Cléopatre, sa femme, les dieux Évergètes, salut! Nous, les prêtres d'Isis adorée à Abaton » et à Philes, déesse très grande, considérant que les gens de passage à Philes, stratèges, épistates, thébarques, » basilicograrnmates, chefs des Phylacites (ou gendarmes), tous les autres officiers publics, les troupes qui les » accompagnent et le reste de leur suite, nous contraignent de fournir aux frais de leur présence et qu'il «résulte de tels abus que le temple est appauvri et que nous courons le risque de n'avoir plus de quoi suffire »aux dépenses réglées par la loi pour les sacrifices et les libations qui se font pour la conservation de vous »et de vos enfants; nous nous supplions, dieux très grands, de charger, s'il vous plaît, Nuniénius, le parent »et épistolographe, d'écrire à Lochus, le parent et stratège de la Thébaïde, de ne point exercer à notre » égard de ces vexations, ni de permettre à nul autre de le faire, de nous donner à cet effet les arrêtés » d'usage, sera comprise la permission d'élever une stèle, etc. > Numénius le parent, épistolographe et prêtre d'Alexandre, des dieux Sauveurs, des dieux frères, etc. (fonction qui avait été réunie à la charge d'épistolographe depuis le moment où, sous le règne précédent, on cessa de mentionner les noms de ces prêtres éponymes), transmit en effet peu de temps après avec une lettre de lui l'arrêté royal adressé au stratège, et il permit eu même temps directement aux iirêtres d'élever la stèle qui nous a fourni le texte officiel de ces trois pièces précieuses. Par une curieuse conservation d'usages iuvétérés, nous voyons les moines du temps de Théodose II se plaindre en Egypte des mêmes abus de la part des stratèges et des généraux. (Voir « Sénuti le prophète ■> dans la Bévue de t histoire des religions.)

- Notons cependant qu'on voit souvent dans les contrats démotiques des ventes ou locations de neter hotep faites par des prêtres à des laïques.

Le budget des cultes, etc. 107

Sérapéum, aussi bien que dans le décret de Eosette. le bon à toucher pour la cuv-rari; des prêtres d'Amou de Tbèbes ', etc.

Uue véritable bouue fortune me permet de dire à combien s'élevait ce budget des cultes sous Ptolémée Philadelpbe. Mon cher confrère M. Xaville vient de m'envoyer en effet un passage fort important d'une stèle découverte par lui. encore inédite, et qui appar- tient à l'an 21 du roi Ptolémée Philadelpbe. Voici le passage en question, pour lequel j'ai revu avec soin l'excellente ti-aduction de notre éminent confrère, d'après le texte hiéroglAiihique, texte qu'il ne m'est pas permis de publier encore.

«Compte de tout ce que Sa Majesté fait donner comme dignes honoraires- aux

' Ce mot a-jvTaç:; se trouve employé par les orateurs et les auteurs athéniens depuis la seconde hégémonie d'Athènes. Callistrate en introduisit Tusage pour désigner les contributions que les alliés ver- saient pour les frais de guerre, contributions qui venaient s'ajouter aux sommes fournies par la ville elle- même. Les Lagides se servirent ensuite de cette expression pour les contributions royales qu'ils ajoutaient aux revenus propres laissés par eux aux temples ou plutôt à la part des contributions perçues sur les habitants de l'Egypte qu'ils abandonnaient eux-mêmes aux temples. (Voir une des notes suivantes et con- sulter aussi à ce sujet, dans le II III de la première année de la Berne, mon article sur la syntaxis ou budget des temples.)

2 Ce mot me paraît mieux rendre que «revenus» le mot ^ . Voir Brcgsch, 112 115 et lOGO. Conf.

' ' ' /fl ®

Bévue égyptologique, premièi'e année, II pa^iim. Comme Fa bien compris M. Brugsch. ce mot ^^^

(yn) signifie tout ce qui est bon, excellent, digne, convenable, honorable, etc., et les snbstantifs qui en dérivent, comme hmineurs, etc. Aussi lui trouve-t-on dans l'inscription de la statue naophore un sens très

large. On y parle de «rétablir le temple de Xeith dans tous ses /u comme auparavant»

n T^ ^^ y nr Bl, quand on expidse les étrangers qui occupaient les biens du sanctuaire.

L'auteur de la stèle se vante d'avoir fait connaître à Sa Majesté Darius) tous les yu existant dans le sanctuaire

^-— -, /^A/^AA^

et que les rois avaient (établis) à cause de la grandeur du sanctuaire résidence de tons les dieux c^ ^

loin il raconte comment il a sauvé les habitants dans la grande calamité qui eut lieu sur la terre entière.

leur faisant tout yu au moment convenaldc pour le leur taire " *^^ v y M v^ \ O D

■f\ "'-'•^^ '^'^■^^ .' . /www ^AA^w^ Jj r I I ^ Jh <rr> I

v\ «- . Ailleurs encore il mentionne le rétablissement des collèges de hiérogrammates opéré par

lui, au nom de Darius, comment il les repeupla des meilleurs sujets placés sous la direction des savants, et les munit de tous leurs ytt, de tous leurs approvisionnements qui étaient sur les anciens écrits, comme

cela était antérietirement Q ^ |l— ;^>, , ,^|^_™^ o^Wt^.^" " parle aussi de ses frères (les membres de la caste sacerdotale de Sais) auxquels il a donné la dignité de

^^ C ^^5 I selon l'ordre du roi. Il les a comblés de yu,

comme un père le tait pour son fils " ^^^ ^_^ y M Z^^L^^. De son côté, il a

/V\A/V\A AA.V\/N.\

été inondé de décorations d'or. On lui a fait à hii-même tous les yu h ^ ® ^^ . Et, cependant.

/ww^^ 21 Jy\ I I

il s'écrie en s'adressant aux dieux : «"Vous vous souvenez de tous les yu qu'a fait le grand sun (c'est dire lui-même). Quels yu ferez -vous i)our tous ces yu? Etablissez son bon nom sur cette terre à jamais.

n <? c 1 •' ^ ^—7 -<s>- < «« ri ^ -cs^- '^^^'- /21 v_^ n ^^^^^ <ci:> 1= a n ° ^

Ijy^ ^^ "^^^ J ^=^.- ®S^ 1 ^It^^^ ^

I X &J. /WWV. JA i I l<=> 0 1 Ci A.VWVV *^-=— .yj I I II AAA,-VSA *V-=-- 0_HF?:^ AAW.A===\

D'après ces exemples on voit que /u (qu'on i)eut rapprocher de ujot dignus, comme l'a fait M. Brcgsch) signifie proprement le du appartenant essentiellement et divinement pour ainsi dire à un être, conformé- ment à sa nature et au droit sacré. La lumière, la flamme, tout ce qui resplendit est /?< ^^ m (Be. 112). Les âmes sont -/m, les esprits sont /?/. Mais aussi les êtres inférieurs peuvent participer à cette nature divine. La terre est ainsi ^^ # quand ou eu fait bon usage. La nourriture ^^^'N^. les approvi-

108 Eugène Revillout.

» temples' de la Haute et de la Basse-Egypte, comme impôt 2 de chaque année dorée 3 : Sa » Majesté fait donner 150,000 argenteus (500 talents d'argent) ^.

« Compte de tout ce que Sa Majesté fait donner comme dignes honoraires au temple de » Pikerehet, taxes exigées pour les maisons de cette ville "> et taxes exigées des habitants ", » comme impôt de chaque année : 950 argenteus'' (3 talents plus 1000 drachmes). Sa Majesté » donne cela dans la première panégyrie de son père Tum dont sont issus ses membres et »qui lui a donné la vie, qu'il a reçue de lui par les mains d'Isis et de Nephthys'' le 30 du » mois d' Athyr ". »

sionnements des temples __, une demeure splendide et convenable ^ v:^ etc. V. Br., DicL, 115, 1060,

sup. 903 etc.).

' Les signes WW que notre savant confrère ne traduit pas signifient «les temples» dans le décret de Rosette (voir ma Nouvelle chrestomathîe démotîque, p. 185 et 38). Les expressions \?)/\?)/ D I ^1/ w y l'é-

f A)^ . ^^ ^*

pondent en eifet à \'^'^^ I /A/^^-2, | < les temples d'Egypte et à ttov tspwv -/.xza. ttjv )rtopav. La stèle

de M. Na VILLE porte \l)/ W; // rY ce qui revient exactement au même et répond à / cr~zi D I x 1^ qu'on

<5 O ©f © t [Z~I] ^'^

lit dans le membre de phrase parallèle que M. Naville traduit fort bien : «temples de la Haute et de la

Basse-Egypte ».

2 I X <=> 0 @ j .Le mot 9 <:z:> désigne spécialement les impôts, comme l'a très bien vu d'ail-

I X^ n I O A i; c i / t^ C

leurs M. Naville (conf. Brugsch, Dicl., 1012). Dans le décret de Rosette, on a v / ^ '^^^/l'/O 1 O répondant à twv rîpoaoôojv xat cpopoXoYiwv. Ainsi que je l'ai déjà fait remarquer dans ma Chrestomathie démo- tîque, le premier terme indique l'impôt direct (çto-^ = tributum). Le second terme est plus vague. Il marque le fermage, la location (ujo'Hp, pretium rei emptae locatae vel conductaé). C'est le mot thébain u|K&p qui, dans le cartulaire de Boulaq et dans un contrat démotique, désigne la location. C'est pom- cela qu'on s'en sert pour indiquer les redevances indirectes payées au roi, comme une sorte de droit de fermage. Epiphane réduisit également les impôts et les l'edevances (voir ma Chrestomathie dérnotique, p. 12). Quant à Philadelphe, il semble s'être réservé les revenus provenant de l'impôt foncier.

f >iin<^ me paraît avoir seulement ce sens «annus aureus» et je n'y vois pas une équi-

I 0

Cl) AA/VAA/N

valence entre l'or et l'argent. Notons du reste que le parallélisme des phrases suivantes nous conduit à ne pas insérer d'éléments semblables dans des membres qui se répondent si bien et qui, pour les formules.

ne contiennent guère que des variantes graphiques comme ,.p:^=^ ~wvva i ^ , ou '^:^. ,T=n ^"^^ î ^i

u ^

et ailleurs X ^ d, ou 'nSSï!, etc.

.1 I IITD I

^c=»k ^^^ /j\ '' ^ . Le mot c^c=^, copte «ie».T, exlgere, désigne toute espèce d'exaction.

6

III

(Conf. Bkugsch, Bict., 1413). Il s'applique même aux liturgies réclamées par les Choachytes à leurs pratiques.

oAiiiçssnn

AAAAAA m

8 Ici je m'écarte notablement de la traduction de M. Naville. La stèle porte : ;^\\\. *u=^

I ■" w] Q w ( 5 fjtrr ' ^* notre éminent confrère traduit : « il a été pourvu à ses besoins par

les mams d'Isis, de Nephthys, le trentième jour du mois d' Athyr», ce qui ne va pas du tout avec le contexte si bien établi par lui. M. Naville voit sans doute dans ^— le mot (ED = *pc, cXbus, suivi de

l'affixe possessif (Bk., Bict., 1122), et nous y voyons, nous, la préposition copte *fs. {ibid., 1120), suivi

du pronom personnel. "^—-^

3 En résumé, nous trouvons dans nos formules comparées au décret de Rosette quatre termes finan- ciers distincts : (ED «choses» s'appliquant aux impôts d'une façon large; c^=^ = uj&.t qui marque

Le budget des cultes, etc. 109

Commençons par noter que Philadelphe prend l'argent qu'il destine au budget des cultes dans l'impôt direct ' par excellence; la capitation et la taxe sur les maisons. Ce double impôt avait été institué par Téos (ou Tachos) (^§'1 selon les Économiques attribuées à Aristote. L'Athénien Chabrias lui en aurait fourni l'idée : à-K o'.y.îaç éxacr/;? è/.éXsuasv ocTraviaç eîcevéYy.ai Ta^avTa 3 oet xal àzb xcu cw[x«tîç waaixwç. Ce texte a été généralement peu compris. Les diverses éditions successives ont rendu sr/^a par colonia; c'est ce que fait encore l'édition Didot, qui tra- duit : «.De unaquaque colonia suasit ut imperaret certain pecuniam frihufi nomine, itemque de singulis corporibus.» Eu réalité, o-.y.ta répond au mot czi maison de la stèle de M. Navii^lb comme ?a)[xa au mot m cznz M?i i hommes, habitants, de la même stèle. L'impôt sur les corps ou les hommes, la capitation, a subsisté jusqu'à l'époque romaine. Nous avons sur tesseres un grand nombre de reçus s'y rapportant^. Quant à l'impôt sur les maisons^, il n'est pas moins certain par la comparaison de ces documents. Le roi prélève sur ces deux taxes foncières le budget royal des cultes, ce qui est assez naturel, puisqu'on avait retiré aux temples les revenus et l'usage de la plupart de leurs biens-fonds.

Ce budget régulier n'a rien de bien exagéré : 500 talents d'argent par an pour tous les temples d'Egypte. Saint-Jérome (in Dan. 11,5) fait monter le revenu annuel de Phila- delphe à 14,800 talents d'argent, sans compter les artabes de blé chiffre assez probable quand on se rappelle qu'il possédait alors de nombreuses provinces en dehors de l'Egypte.

toute espèce de perception, soit de l'autorité, soit même des particuliers quand ils y ont droit par leurs offices; 9 i; a = ÇWT, trihutum, l'impôt direct; ^ / ^^^3 = u}R«.p, mot qui désigne les fermages, les

locations et les redevances indirectes. Les trois premiers termes seuls sont employés (comme synonymes) dans notre stèle budgétaire.

1 M. Letronne avait déjà fait observer (en note à la phrase du décret de Rosette : r-ç^oïka-^t os zat

Ta; ::poao'ôou? tôjv \tpil>'4 /.ai -à; ot8op.^va; et; aùià -/.ai" èviauxbv suvTa^Eiç [j.ev£iv ïrA ywpa;) que le mot

CTjvTa?'.; s'entend proprement des contributions recueillies pour être affectées à un emploi déterminé. En con- séquence il pense que ces contributions ne provenaient peut-être pas directement du trésor royal, «elles devaient plutôt résulter, dit -il, d'un impôt particulier, espèce de centimes additionnels colligés (tjyv-a-Toacva) par un mode spécial de perception. Cette idée me semble en effet comprise dans le mot auvrâ^si; d'après les exemples cités par Villoison et d'autres qu'on y pourrait ajouter >'. La stèle de M. Na ville nous semble pleinement confirmer cette vue de Lethoxne, en prouvant qu'à l'origine au moins, les auvtaÇtç que rece- vaient chaque année les temples ne provenaient pas directement du trésor royal, mais étaient prélevées sur des contributions déterminées dont elles formaient une part analogue à celles que constituent chez nous les centimes additionnels. Telle serait donc la raison d'être primitive de l'emploi du mot auvraÇiç pour les sommes attribuées aux temples par le roi, et ce mot se serait maintenu jusqu'à la plus basse époque, alors que souvent il ne représentait plus qu'une sorte d'aumône parfois dérisoire.

2 Pour ce mot m ^ ^\ W^ ou [J1\X vVjrm' '^O"" Brugsch, Dict., p. 68 et 899.

^ Voir ci-dessous l'article sur Vassiette des impôts.

* A propos de l'impôt sur les maisons nous rappelerons les quittances démotiques traduites par nous dans le II— III de la 2*= année de la Revue (p. 116 117) et relatives à un droit fixe de deux dixièmes et demi d'argenteus (5 drachmes d'argent) pour des constructions de diverses natures. On ne voit alors indiquer ni vente ni vendeur (comme dans les reçus démotiques relatifs à des aliénations et à des partages), mais un propriétaire qui paie pour une bâtisse effectuée. Dans un contrat de l'an 24 d'Évergète P'', publié par moi pi. 2, n" 4 de mon travail intitulé Taricheutes et Ghoachytes {Zeitschrift de 1880), il est aussi question de cet impôt : «Que je bâtisse, construction sur le lieu de repos de Petnofrehotep, fils de Pahi le hesi, tu »m'as donné le prix du hei de bâtisse. Que je le paie pour toi (en ta main) en bâtissant .... Que je » fasse la déclaration de la bâtisse à l'homme du hei (l'homme qui percevait l'impôt en question) au nom »des argenteus que tu m'as donnés pour cela.» Ce texte sert pour ainsi dire de commentaire aux quittances citées plus haut, quittances si claires d'ailleurs. Notons que dans les reçus démotiques de capitation (ape) l'objet précis de l'impôt n'est pas moins expressément précisé.

15

110 Eugène Revillout.

Son père Ptolémée Soter demandait, selon Diodore (18, 14, 1), 8000 talents à l'Egypte seule- ment et Diodore regarde cela comme de l'humanité «.Uzohzy.xXoq [jiv à/.'.vc6va); TrapéXa^e Tr;v AÏYU77U0V v.oà xotq [ibf i-^y^uip'.oïc, ffitXavÔpw-a); ■::poG£cpépîTO, TrapaXat^wv oy,iT/,'.QyjX'.7. xâAav-x, etc. » Ainsi que l'a remarqué M. Lumbroso, à la même époque Antigone avait un revenu annuel de 11,000 talents (Diodore 1, 56, 5); et à la fin de la monarchie lagide, Ptolémée Aulète en touchait 12,500 \ selon un renseignement de Cicéron, reproduit par Strabon (17,798). Ce renseignement n'est pas, comme ou l'a cru, contraire à celui de Diodore (17,52), affirmant que, quand il est allé eu Egypte, ceux qui tenaient les registres de l'état civil des habitants lui ont dit que la population s'élevait à plus de trois cents mille hommes libres (de nationa- hté grecque, sans compter les esclaves, les Égyptiens et les sémites), et que le roi touchait d'impôts sur les habitants d'Egypte plus de 6000 talents (y.a6' ov yàp •^jj-eT; 7:ape^aXo[j,£v -/pîvov £iç A'i'j'u'ftTOV, êçaaav ol xàç àvaypaçàç zyo^nzc, twv y,aToac6vTO)v elvat Tobç èv aÙT^ SiaTpîpovxaç èXsuôé- pouç TcXei'ouç Tûv Tp[«y.cvTa p.uptâooov, èx, twv 'âpcffôSwv xwv y.at' A'i'yutctov Xœ^jJ^Tizv^ xbv paitAéa TcXeîo) Tûiv é^ay-tcrx'Aîojv laAavTwv). Diodore qui, dans tout le paragraphe, parle du nombre et de la grandeur des villes, de l'abondance de la population, etc., veut seulement dans ce passage en donner une preuve, en indiquant ce que le roi touchait de contributions directes sur cette population. Aussi a-t-il soin de dire que ceux qui lui ont fourni ce renseignement sont ceux qui tiennent les registres des habitants (tûv y.a-oiy.ojvTwv), c'est-à-dire ceux qui percevaient les impôts directs nommés plusieurs fois dans notre stèle : la capitation et l'impôt sur les maisons, impôts dont les temples touchaient une faible proportion par la générosité de Philadelphe. Les contributions indirectes, les douanes, les droits de mutation et les autres revenus de toute nature devaient s'élever à un chiffre égal, formant un total double ^, comme l'indique Cicéron, et comme le donne à penser Diodore lui-même dans les passages cités plus haut et relatifs aux revenus de Soter, si modérés selon lui, et qui cependant s'élevaient déjà à 8000 talents, et aux revenus de 11,000 talents qu'il attribue à Antigone.

Toutes les sources s'accordent donc à nous montrer le budget ordinaire des rois Lagides oscillant entre les 8000 talents de Soter et les 14,000 talents de Philadelphe. Quant au passage d'Appien (préface 10) que l'on a si souvent cité et d'après lequel Ptolémée Phila- delphe aurait laissé dans le trésor 740,000 ^ talents égyptiens, il résulte d'une confusion de l'historien. Celui-ci, nous dit-il, avait entre les mains des papiers officiels, mais des papiers officiels qui n'étaient certainement pas contemporains de Philadelphe et de l'étalon d'argent. Nous montrerons bientôt qu'il s'agit sans doute d'un rapport du ministre des finances d'Ever- gète II, (peut-être d'Hérode, ministre dont nous avons déjà immédiatement ou médiatement plusieurs circulaires, papyrus 63, 62, 61 et 65 du Louvre) qui réussit à faire relever le taux de divers impôts abaissés sous Épiphane, entre autres l'impôt du 20" sur les ventes, remis sous Évergète II au 10^, comme sous Évergète F"" et Darius, et bien d'autres taxes dont le décret de Rosette nous mentionne le dégrèvement. L'œuvre qu'il paraît avoir poursuivie avec

1 Évidemment les 12,000 talents de Strabon, comme les 6500 de Diodore, ont été calculés eu rédui- sant en argent les sommes touchées en cuivre, selon l'étalon légal alors en usage en Egypte, mais inconmi partout ailleurs.

2 Voir ci-dessous l'article intitulé Vassiette des impôts sous les Lagides.

3 Le chiffre dont Amasis frauda les temples pendant son règne ne s'élève même pas à quinze mille talents.

Le budget des cultes, etc. 111

uue ténacité quelque peu tracassière consistait à combler le déficit du budget causé par les guerres et les orgies de son souverain. Il était dès lors tout naturel qu'il comparât, dans quelqu'un de ses rapports, la prospérité dont le trésor jouissait sous le grand roi Pbiladelphe à l'état de gêne et d'expédients auquel on en était réduit. Pour cela, il fallait naturellement ramener les chiffres à un terme commun et, comme l'étalon monétaire légal avait changé dans l'intervalle, calculer en cuivre sous Évergète II ce qui avait été calculé en argent sous Pbi- ladelphe. Les talents égyptiens dont parle Appien sont donc des talents de cuivre, de valeur 120 fois moindre que les talents d'argent, selon la proportion légale entre les métaux moné- taires. Les 740,000 talents laissés par Pbiladelphe ne représentent en réalité que 6166 talents environ; ou plutôt 6000, car les copistes ont sans doute écrit 740,000 pour 720,000, autre- ment dit 74 myriades pour 72 myriades. Le B et le A se confondent en effet souvent dans l'écriture ptolémaïque du papyrus 9 de la publication académique par exemple. Quant au calcul par myriades en chiffres, le papyrus 66, fort bien expliqué par Peyron, nous en donne de nombreux exemples, analogues aux expressions Ivmvj.q [^.yptc., dix fois dix mille, sr/vOca-At; lj;jp'.o;, vingt fois dix mille etc. '. Ce chiffre de 6 mille talents n'a plus rien d'exagéré, puis- qu'il n'égalait même pas une année de revenu. Le trésor que Sully montra si fièrement à Henri IV ne représentait pas non plus une année du budget de la France; car le budget d'un état comprend des dépenses toutes aussi fortes que les recettes, et c'est un roi bien économe que celui qui peut mettre de côté une année de revenu pendant tout le cours de son règne.

En partant du chiffre de 14,000 talents indiqué par Saint -Jérôme comme le budget annuel de Pbiladelphe, la somme de 500 talents donnés aux temples représentait pour le budget du culte un 28*^ du budget général-. On voit que nous sommes bien loin des 15,000 talents d'argent environ qu'Amasis enleva aux temples d'Egypte pendant tout le cours de son règne. Mais il faut remarquer que dans ces quinze mille talents on doit compter la valeur des biens fonds expropriés en quelque sorte par le roi.

Si le budget des cultes était déjà de 500 talents sous Soter (comme sous Pbiladelphe), c'est une somme d'un dixième en plus de ce budget que selon Diodore (1,84) Ptolémée Lagus prêta aux prêtres de Mempbis pour rendre plus brillantes les funérailles de l'Apis mort en ce temps-là. Cet apport paraît d'abord bien modeste : et cependant on ne dépenserait certaine- ment pas maintenant un dixième du budget de la guerre pour les funérailles du ministre de la guerre.

Ajoutons du reste que si Pbiladelphe était modéré dans le chiffre de la syntaxis ou budget ordinaire des cultes, il savait aussi être prodigue en certaines occasions extraordi- naires. C'est ce qui arriva par exemple en l'an 21 de son règne selon la précieuse stèle de M. Naville. Voici comment ce document s'exprime, après le passage déjà donné plus haut :

' Cette notation en chiffres est parallèle à celle qui comptait les mille jusqu'à 999, en marquant les lettres d'un iota souscrit à gauche ou, à l'époque ptolémaïque, d'un crochet placé au-dessus de la lettre. Pour les myriades, on met sous la lettre une sorte de demi-cercle ou de M ([jiup'oi).

2 Hérodote dit que du temps des Perses le grand roi tirait de l'Egypte et se faisait envoyer à la cour 700 talents. Mais il s'agit seulement alors de la partie de la liste civile payée par l'Egypte et non du budget total devant subvenir à toutes les dépenses de la satrapie en question. Darius avait donc en bénéfice net 200 talents de plus que la somme accordée aux temples par Philadelphc.

15*

112 Eugène R«villout.

«En l'an 21, au mois de Clioiak, sous le règne de Sa Majesté compte de ce que le roi »a donné comme dignes lionoraires aux temples de la Haute et de la Basse-Égjpte : taxes » exigées pour les maisons d'Egypte 90,000 outen d'argent ' (300 talents d'argent) : taxes «exigées des habitants comme impôt de chaque année : 650,000 argeuteus- 1^2166 talents et » 4000 drachmes). Ces dignes honoraires ont été inscrits sur cette stèle en face de son père » Tum, etc. »

Cette largesse de 740,000 argenteus ou 2466 talents et 4000 drachmes n'est point or- dinaire et s'appliquant à tous les temps comme la précédente. Elle a une date fixe : l'an 21 au mois de Choiak. Quel était le motif qui détermina le roi à faire une telle dépense dépense supérieure au prêt de 2000 talents que, selon Appien {de re Sic. I), les Carthaginois sollicitèrent en vain du même Philadelphe pour pouvoir continuer leur guerre contre les Romains, et bien plus encore aux 800 talents que, selon Arrien (7,96), également cité par M. LuMBROso, Philippe laissa comme dette à son fils Alexandre, et qu'Alexandre emprunta avant de quitter la Macédoine pour conquérir le monde? Evidemment, une telle générosité avait un motif, et ce motif devait être considérable.

En effet, pour le roi il ne s'agissait de rien moins que de payer les frais de sa divi- nisation. Je ne sais s'il est question de ce motif dans la stèle de M. Xaville, dont mon aimable confrère ne m'a envoyé que les deux passages cités ci-dessus. Je n'en suis pas moins en mesure d'affirmer complètement ce fait d'après la seule comparaison des dates:

En effet, ainsi que je l'ai démontré dans mes notes chronologiques sur les Lagides, d'après la série de mes contrats démotiques, le culte d'Alexandre et des dieux Adelphes fut institué entre l'an 19 et l'an 21 du règne de Philadelphe.

En l'an 19, au mois d'Athyr, il n'existait pas, et, en l'an 21, au mois d'Athyr ou de Phaménoth (car il y a doute entre ces deux mois), il apparaît.

Or, la largesse en question est justement de l'an 21, au mois de Choiak, c'est-à-dire un mois après Athyr et trois mois avant Phaménoth. On ne peut donc hésiter que sur un point, celui de savoir si Philadelphe a payé d'avance ou après coup son apothéose. Nous inclinons visiblement pour la seconde hypothèse d'autant plus que nous le voyons déjà en l'an 20 faire les premières démarches auprès des prêtres pour arriver à ce résultat.

Qu'il nous soit permis de rappeler à ce sujet un document déjà signalé par nous dans la Eevne égyptologique. Il s'agit d'une stèle du Louvre, malheureusement brisée en partie, et qui relatait d'abord les victoires de Philadelphe contre des ennemis maintenant inconnus. Après avoir dit qu'il «trancha la tête à ses ennemis, et qu'il ne resta plus de têtes à ses «adversaires», notre texte continue :

«il a le plus grand amour pour les dieux des deux Égyptes, le taureau puissant Pto- »lémée, vivant comme le soleil, aimé de Neith, dame de Sais. L'an 20, Sa Majesté demanda »aux chefs qui sont près de lui : Faites amener à moi les épistates gouverneurs de temples, »les prophètes, les pères divins des temples de l'Egypte du Sud et de l'Egypte du Nord à »(Saïs) (lacune).

I 1 in 111^ ©oTiil 1 I I

Le budget des cultes, etc. 113

« (je veux douuer à Neith boimeur et gloire parmi^ les dieux et les déesses,

» puisqu'elle est la fille de Dieu. Je veux faire le bieu à votre pays plus que ce qui était » auparavant. Ils dirent devant Sa Majesté : la parole du souverain notre seigneur, qu'elle »soit faite selon toute parole qu'il a prononcée.

«(Partirent donc) les prêtres .... les insignes du pays d'Egypte en leurs mains. Voici » qu'ils s'en retournèrent au lieu était Sa Majesté, c'est-à-dire vers la ville de Sais, pour » vivifier le pays après dévastation. Voici que le roi fit toute chose pour la rendre splen- » dide

«(Après tous ces bons ouvrages,) arrivée fut faite par les prêti*es, les pères divins du » sanctuaire de Xeitb, au lieu oii était Sa Majesté. Es dirent devant Sa Majesté : le roi notre » maître a fait resplendir l'image de la reine, germe des deux pays, Arsinoé, sa sœur .... (lacune).

«(Le roi se rendit donc au temple,) et après lui des chars, des chevaux en grande » quantité dont le nombre n'est pas connu, des soldats, des troupes qui n'ont pas de fin. » Royale manifestation au sanctuaire de la mère divine du soleil'.»

Le reste manque et les lacunes nous ont enlevé la fin du discours des prêtres. ]ilais il est tiicile de voir que l'on demandait au roi de ne pas se contenter de la canéphorie d'Ar- sinoé Philadelphe, qui avait déjà été instituée antérieurement, en l'an 19, selon nos contrats, et d'accepter les hommages divins, qu'on rendit aux dieux frères depuis l'an 21.

C'est exactement la même voie que nous voyous suivre aux prêtres dans le décret de Canope relativement à la jeune Bérénice.

Selon ce décret, les prêtres d'Egypte qui se réunissent chaque année auprès du roi se trouvaient en concile quand la fille d'Évergète F'' mourut tout à coup. Ils allèrent donc supplier le souverain de leur permettre d'ensevelir la princesse dans le grand temple de Canope et de lui rendre les honneurs divins. Le roi accéda à leure désirs et on promulgua en conséquence un décret d'apothéose.

Cette réunion de tout le concile des prêtres d'Egypte près du roi chaque année est encore mentionnée par le décret de Rosette. Ce fut Epiphane qui exempta le coips sacerdotal de ce voyage, difficile en temps de guerre et de révolutions. Mais nous voyons que du temps de Philadelphe il était déjà en usage. Seulement, selon ses ordres, le concile ne dut pas en l'an 20 se réunir à Alexandrie, comme d'ordinaire, mais à Sais, lieu le roi devait se trouver. H est probable que cette réunion du concile en l'an 20 ne fut pas la première, puisque les contrats nous prouvent que les divers sacerdoces créés en l'honneur des Lagides l'ont toujours été dans de semblables assemblées, et qu'il existait, depuis l'an 19 tout au moins, une canéphorie en l'honneur d' Arsinoé Philadelphe. Ce fut le premier sacerdoce de ce genre, et probablement le désir qu'avait le roi de rendre cet honneur à sa sœur et de sanctifier après coup, pour ainsi dire, l'union matiimoniale qu'il avait contractée avec elle, malgré les usages grecs, fut l'occasion de la première assemblée sacerdotale. Bien entendu, l'initiative apparente dut être laissée aux prêtres, qui s'empressèrent d'obéir. Mais bientôt cela ne leur parut pas suffisant. Dès Tannée suivante, en l'an 20, nous les voyons qui se préoc-

1 Cette traduction, corrigée d'après un nouvel examen du texte, diffère un peu de celle que j'avais déjà donnée dans la Bemie.

114 Eugène Revillout.

cupent d'hommages plus grands à rendre au couple royal et adressent dans ce sens leurs supplications au roi. Il ne semble pourtant pas avoir été alors encore directement question du culte d'Alexandre et des dieux frères. Cette flatterie délicate qui unissait le souverain au conquérant du monde n'eut probablement sa forme définitive que dans le concile de l'année suivante, et ce fut à cette occasion, pour remercier le corps sacerdotal sans doute, que Plii- ladelphe fit aux temples les largesses décrites ci-dessus.

En fut-il de même quand, entre Tan 21 et l'an 29 de Philadelphe, selon les contrats, probablement en l'an 25, s'il faut en croire les monnaies au nom de Ptolémée Soter qui partent de cette date, le roi fit décréter l'apothéose de son père, appelé désormais «le dieu», sans pourtant l'associer au culte d'Alexandre et des dieux Adelphes? Nous ne saurions l'affirmer.

Mais à partir de Philadelphe, les conciles annuels égyptiens n'eurent plus d'interraptions jusqu'à Epiphane, qui en restreignit le nombre aux cas de nécessité. Il ne paraît pas d'ail- leurs que les souverains postérieurs aient continué à user envers les prêtres d'une aussi grande libéralité que le second des Lagides, alors même qu'on leur décrétait des honneurs aussi magnifiques ou plus exagérés encore '.

Nous reviendrons bientôt sur ces questions dans un travail plus étendu.

UN EECtISTEE budgétaiee

RENDEMENT DES IMPOTS EN EGYPTE.

Nous ne possédons malheureusement qu'un fragment de ce registre grec qui porte au Louvre le 2338 et dans la publication académique le 67 l

Ce qui nous reste constituait deux colonnes parallèles. Ou y rapprochait, par la com- paraison, les revenus des mêmes impôts dans deux années différentes.

Voici d'abord ce qui nous reste du texte avant le tableau.

EAACCG3N HNIOC IBL.

ù\k TAC nPOAEAHAUlVIENAC TIMAC EKTOC TDN

AICJIKHMENUN KAGOTI rErPARTAI.

Cet entête nous montre que l'on voulait prouver la baisse survenue dans les enchères des fermes d'impôts du petit endroit en question depuis l'an 12 que l'on prenait pour type.

1 Pour les conciles postérieurs, voir ce que nous avons dit dans nos notes chronologiques sur les Lagides {Revue, première année, premier numéro).

2 Nous croyons devoir en donner de nouveau les chiffres, fort inexactement reproduits jusqu'ici et dont l'interprétation a paru d'abord présenter des difficultés à peu près insurmontables. Ils sont cependant assez nets sur l'original.

Un registre budgétaire, etc.

115

Pour cela ou met eusuite eu rapport daus deux colouues parallèles lanuée courante (dont les cMfifres out eu très graude partie disparu) avec cet au 12.

XAAKOY OY AAAAFH (ICONOMOY)

(CÛNEIUN) (ZYTHP)AC

A XOH ËYZ X CZ hTAZ^

A no h

XAAKOY OY AAAAfH ICONOMOY

UNEilUjN ZYTHPAC TPOOHC OINOY TEAOYC APAXMHC NITPIKHC TETAPTHC EU' UNIUN <î>AKEYa)N . HP . . .

KhC\ .... XZZ hPIA

AME ËP XA CJ01\

xir Ë

|-<j)nA—

AMr ËTnr

XI ËTD

rx

Évidemmeut les premiers chiffres de chaque anuée coutieuuent les totaux du cuivre reçu en caisse de la banque royale pour les fermes des impôts déterminés.

Le premier total se rapporte au cuivre «dont le change», c'est-à-dire au cuivre qui n'était pas fondu d'après le principe de l'isonomie de la drachme de cuivre avec la drachme d'argent '.

Ce cui^Te étant pesé^ et non compté, on devait payer un change (AAAAFH), change réglé dans les circulaires administratives dont nous reparlerons.

Le second total se rapportait au contraire au cuivre isonome.

Nous pouvons noter que l'an 12 du roi régnant a été environ quatre fois plus productif que l'année courante. La comparaison était doue bonne à faire. Après les deux totaux géné- raux de chaque année vient le détail du rendement des divers impôts pendant cette même année.

L'un de ceux qui rapportaient toujours le plus était celui qui est nommé ZYTHPA et qui paraît un impôt sur la bière ZYGOC, appelé aussi ZYTOC par un de nos documents (pa- pyras 60"'). Aussi est-il question de l'impôt de ZYTHPA dans nos circulaires administratives. C'est lui qu'on cite d'une façon toute particulière dans la colonne 4 du papyrus 63. C'est de lui aussi que nous entretient deux fois i^col. 4, 1. 4 et col. 5, 1. 16) le papyrus 62 : quand il s'agit de la distinction du semestre d'été et du semestre d'hiver, si importante pour les im- pôts; 2° à propos des divers frais de bureau et de change. La fenue de ZYTHPA est nommée d'abord et on comprend les autres fermes sous l'appellation générale : TWN AE AOIflCON CONUN.

Parmi ces impôts celui qui nous est le plus connu est celui de la nitrique, dont Dorion

1 Voir dans le numéro précédent la suite de notre seconde lettre à M. Lenorhant sur les monnaies égyptiennes.

2 C'est pour cela que beaucoup des monnaies de cuivre ptolémaïques sont percées pour être mises en collier sur la balance.

116 Eugène Eevillout.

était fermier. Les papyrus de Zoïs nous donnent au sujet de la faillite de ce fermier les détails les plus curieux.

Les autres fermes d'impôts dont nous avons encore la mention sont : une ferme sur les vivres (TPO<t>HC) ; une ferme sur le vin ; la ferme de la drachme (par mine : impôt proportionnel de un pour cent) 4" la ferme du quart (TETAPTHC) (^impôt analogue à la taxe du dixième sur les ventes à Tlièbes); enfin une ferme sur les lentilles à cuire.

Voici maintenant les chifiFres : parmi lesquels nous remarquons plusieurs intéressantes fractions de la drachme '.

La première année indiquée (l'année courante) on avait reçu en chalque dont le change 678 talents plus 5460 drachmes et en chalque isonome 207 talents plus 3937 drachmes et demie. La seconde année donnée (l'an 12) on avait reçu en chalque dont le change 4210 talents (sans compter les chiffres inférieurs au talent et malheureusement effacés), et en chalque iso- nome 67 talents plus 3111 drachmes.

L'impôt sur la bière pendant la première année indiquée a été de 86 talents et 3000 drachmes et pendant la seconde année (prototype) de 45 talents plus 5100 drachmes.

Nous ne pouvons pousser plus loin la comparaison des années, mais nous voyons que pendant la seconde la ferme appelée TPO<l)HC a rapporté un talent plus 870 drachmes plus 2 une demi-drachme; la ferme appelée OINOY TEAOYC 13 talents plus 5000 drachmes; la ferme appelée APAXMHC 3581 drachmes et une obole; la ferme de la nitrique 43 talents 5983 drachmes; la ferme TETAPTHC 10 talents 5980 drachmes; la ferme En'GJNlUN OA- KEYDN 3600 drachmes seulement.

Le reste nous manque malheureusement. Sur plus de 4277 talents formant le total général de cette année nous n'avons le détail que de 117 talents 114 drachmes 4 oboles.

Dans notre compte budgétaire ou distingue toujours le cuivre isonome du cuivre dont le change, absolument comme dans le grand papyrus 62 du Louvre contenant une circulaire sur les finances et dont nous avons parlé dans le précédent numéro (page 82).

Cette circulaire contenait le règlement suivant, déjà reproduit par nous:

TUN AE nPOC APrVPION WNWN AlArPAYOYCIN AAAAfHN GJC THC MNAC I = C KAI KATArunON \ KAI TIMHN CHYPIAUN KAI TAAAA ANHAGJMATA AfC WCT EINAI IB\ KAI TUN nPOC XAAKON ICONOM . . . ZYTHPAC MEN XUPIC THC YROKEIMENHC EIC THN EnîCKEYHN APAXMHC A KAI EIC TO KATArDriON AAAAC B UCT EINAI V TWN AE AOinWN DNGJN HP^OC XAAKON OY AAAAfH) XGJPIC TGJN AHO TOY XEIPICMOY KAI EIC TIMHN CHYPIAUN KAI TA ANHACÛMATA ....

«Pour les fermes (payables) en argent (et que les fermiers voudront payer en cuivre^, »ou calculera (en outre de la somme principale) un change (AAAAFH) de dix drachmes ^ »deux oboles et demi par mine, plus pour transport (àw. cuivre) KATAFCOnON, un triobole, » pour prix des «orbeilles (TIMHN CflYPlAWN) et autres frais une drachme un triobole et une » demi-obole ce qui fait au total 12 drachmes et un triobole.

' Voir, plus haut, l'étude du papyrus Sakkiuis.

- La sigle 1 -f- plus s'emploie ici comme dans le papyrus Sakkinis.

^ Dans le dernier numéro de la Revue (p. 82), les chiffres avaient été très bien reproduits dans le texte grec. Mais une faute d'impression a substitué une drachme à 10 drachmes dans la traduction. Et cependant je commente longuement le 1 numéral et le chiffre 10.

Un kegistre budgétaire, etc. 117

«Quant aux fermes (payables) en cuivre isonome : principalement pour la ferme de »ZYTHPA en dehors de la drachme destinée au chargement (EniCKEYH) on calculera »deux autres drachmes pour transport, ce qui fait trois drachmes. En ce qui concerne les » autres fermes payables en cuivre » [Les chiffres manquent par suite d'une lacune.)

Nous voyons par ce texte que certaines fermes devaient être payées en argent et d'autres en cuivre par les publicains. Ceux-ci préféraient d'ordinaire donner du cuivre. Mais alors ils soldaient des frais assez forts. Pour les fermes j)ayables en cuivre, les caisses royales ne recevaient plus au pair que du cuivre isonome, c"est-à-dire calculé d'après les poids paral- lèles des monnaies d'argent en drachmes, divisions et multiples de la drachme de cuivre. Les autres monnaies de cuivre, antérieures à cette réforme que j'ai longuement racontée dans le précédent numéro, c'est-à-dire toutes celles qui, ne rentrant pas dans l'isonomie entre les deux métaux, représentaient seulement les anciennes fractions démonétisées de la drachme d'argent et étaient estimées au poids, devaient aussi subir un change (XAAKOY OY AAAAFH), change qui était une nouvelle source de profit pour le fisc. Il faut noter que beaucoup de monnaies de cuivre ptolémaïques ont été percées pour former ainsi des sortes de colliers, comme les monnaies chinoises, et être pesées à l'état de mines ou de talents dont le change. Ce système qui consistait à peser les monnaies de cuivre au lieu de les compter était cer- tainement le plus commode. Aussi dans notre registre budgétaire les totaux en cuivre dont le change sont-ils de beaucoup supérieurs aux totaux en cuivre isonome. Il est aussi pro- bable que bien des monnaies véritablement isonomes étaient ainsi estimées au poids. On l)référait payer en droit plus fort et en avoir plus vite fini. Nous ignorons quel était le tarif différentiel du cuivi*e dont le change. C'est probablement celui que le papyrus 62 indiquait en troisième ligne et dont les chiffres ont disparu par suite d'une lacune. Nous remarquons en effet que dans le tarif du cuivre isonome on ne voit figurer (jue les frais du chargement et de transport (frais nécessités par le poids considérable du numéraire de cuivre\ mais aucun frais de change ou de bureau. Ces frais figurent au contraire pour le ])remier règle- ment (celui de l'argent qu'on payait en cuivre) comme pour le troisième (celui de cuivre isonome qu'on payait en cuivre dont le change) '. Mais il y avait certains impôts, tels que celui de la ZYTHPA i nommé en première ligne dans le papyrus 64, comme dans notre pa- pyrus 61^ qui devaient être soldées en cuivre isonome. C'est pour cela que le cuivre isonome figure nécessairement à côté du cuivre dont le change dans notre papyrus budgétaire.

Observons pour finir que ce papyrus doit être à peu près contemporain du papyrus 63 contenant la circulaire administrative envoyée par le ministre Hérode à ses subordonnés au commencement de l'an 7 du règne d'Evergète II. Comme l'a très bien fait remarquer M. Bru- net DE Presle, le ministre Hérode, à ce moment il était déjà question du rétablissement possible de Philométor, ordonnait à tous les épimélètes, hypodiaecètes, etc. de se référer à l'an 12, c'est-à-dire à la dernière année du premier règne de celui-ci, afin de n'exiger rien qui n'eût été exigé alors, de peur de provoquer des mécontentements. L'employé qui a fait la comparaison que nous fournit le papyrus 67 tient donc à établir que la ferme des impôts a moins rendu dans sa circonscription pour l'année courante qu'elle n'avait rendu en Tan 12

' A'oir le texte reproduit dans le précédent numéro de la Bévue.

16

118 Eugène Revillout.

et il met pour cela, article par article, en parallèle les adjudications de ces deux années. La différence est considérable. Mais la moins value se comprend très bien pour une époque il y avait deux compétiteurs à la couronne et les adjudicataires des diverses taxes pouvaient craindre d'être dépouillés de leurs droits si le frère aîné, monarque légitime, était remis en possession du trône. Le papyrus 63, écrit en l'an 7, contient, à la suite de la cir- culaire citée plus haut, le brouillon d'une sorte de mémoire justificatif rédigé par un employé compromis. Puis vient la copie de l'édit de Philantliropia d'amnistie générale, daté de l'an 18, et rendu par un roi que M. Bruket de Presle d, démontré être Philométor de retour de son exil. Une requête des jumelles datée de l'an 7 sur le brouillon, l'est de l'an 18 sur la copie au net. Nos hypothèses sont bien confirmées par ces synchronismes.

LE PAPYEIIS SAKKAKTIsL

Nous allons commencer, d'après la copie de M. Dumont de l'Institut et le calque de M. PosTOLACCA, la publication intégrale de ce papyrus, déjà analysé par nous dans le pré- cédent numéro de la Revue, p. 84 et suiv., et qui avait formé le sujet du travail plusieurs fois cité de M. Egger. Rappelons seulement d'abord:

que la drachme se divise en six oboles et l'obole en huit chalques, que, par con- séquent, l'hémi-drachme représente trois oboles (triobole), le tétartémorion ou quart d'obole deux chalques, etc.;

qu'avec la proportion légale de 1 à 120 entre l'argent et le cuivre l'obole d'argent vaut 20 drachmes de cuivre et le tétartémorion cinq drachmes;

que tout total général ou partiel est toujours précédé dans les comptes gréco-ptolé- mftïques, soit de la lettre T (pour flNETAI), soit du trait penché /. Par conséquent tout chiffre devant lequel ne se trouve pas l'une de ces sigles ne nous donne pas un total. Ces chiffres peuvent cependant représenter le détail d'une opération. C'est ainsi que dans notre compte on trouve pour le 30 Épiphi:

pains hémiobole tétartémorion,

ragoût obole hémiobole,

bois hémiobole tétartémorion.

Après cela, notre grec dit : (deux tétartémorion valent un hémiobole) ci-hémiobole + ^ (trois hémioboles et une obole font 2 oboles et demie') ci : 2 oboles et demie,

total (/ :) 3 oboles ou un triobole.

Dans les autres comptes on- ne trouve plus de semblables opérations, mais à chaque jour un total partiel et un total général avec les jours précédents, sans compter parfois des totaux se référant à d'autres comptes que ceux de la cuisine et qui rentrent aussi dans le compte général.

> La sigle -\- plus se fait dans notre papyrus \. Le signe 1 (plus) + se retrouve Young, Hieroglyphics, pi. 55, B 11, où, dans un à compte payé, il sépare le chiftre des drachmes du mot chalque. Nous l'avons aussi dans le papyrus budgétaire du Louvre, que nous publions dans ce numéro même, et dans plusieurs autres documents.

Le papyrus Sakkakini.

119

MECUPH A

A<î> UN ANHNEFKA AIONYCICOI NEWTEPWI AEAUKCJC EIC A NHACJMA Ir A ECTI TO ANHAUMENON EIC TO KAG H MEPAN EHEIO

A APTOI

C X

OYON

- C

lYAA

C -L

C1 = C, \

MECUPH

 APTOI

- "L

TAPIXOC

ZYAA

C

KOAOKYNG

C k

AAEC

x

/ \C-k AC-L

«Mesoré 30

«sur ce que j'ai porté au compte de Dionysios le jeime, le lui ayant donné pour la dépense, drachmes 4. Voici la dépense par chaque jour :

date

enonciation

estimations valeur des sigles eu monnaie d'argent en drachmes

de enivre

Epiphi XXX

pains

hémiobole, tétartémorion

15

ragoût

obole et hémiobole

30

bois

hémiobole, tétartémorion hémiobole -|- 2 oboles, hémiobole '

15

ce qui fait au totnl un triobole

60

Mesoré I

pains

obole, tétartémorion

25

salaisons

obole

20

bois

hémiobole

10

concombre

hémiobole, tétartémorion

15

sel

total du jour total général 2

tétartémorion

5

triobole, hémiobole, tétartémorion drachme, hémiobole, tétartémorion

75

135

' Voir plus haut.

2 Ce total général comprend le premier total et le second total : 60 -f- ^^5 = 135. Notons que le papyrus donne un compte rétrospectif de tout le mois de Mesoré. Ce compte se régla le 30 selon la coutume. Nous voyons que celui du mois précédent avait été réglé le 30 Épiphi vers le milieu du jour. Je dis vers le milieu du jour; car après cela Dionysios le jeune eut encore diverses acquisitions à faire pour son maître, acquisitions qui figurent sous la date du 30 Épiphi et sont annexées, cependant, au mois de Mesoré. Quand le 30 Mesoré, l'addition de Dionysios le jeune fut de nouveau apportée et toutes les dépenses payées, on lui donna un à compte pour pouvoir subvenir aux besoins à venir, comme on fait encore actuellement en cas pareil. Cette somme fournie d'avance pour les diverses dépenses essentielles s'élève à quatre drachmes, somme forte pour l'époque et qui montre (aussi bien que l'ensemble de notre document) la grande aisance du maître de maison. Cela n'empêchait pas une scrupuleuse vérification de tout ce que coûtait le soin du ménage. Nous donnerons aujourd'hui la première semaine (décade) égyptienne de Mesoré. La seconde

16*

120

Eugène Revillout.

B APTOI

= C -L

OYON

s=

ZYAA

C

APTYMATA

X

CEYTAION

C

/

A

/ B' c a.

r APTOI

EAAH

X

ZYAA

c ^

KOAOKYNTA

c

APTYMATA

1.

AAXANA

î.

MEAAN

/B^C

n

paius

2 oboleS; bémiobole, tétartémorion

55

salaisons

2 oboles

40

bois

héniiobole

10

coudiments

tétartémorion

5

poirée

total du joui- total général

hémiobole

10

une drachme

120

2 drachmes^ bémioboJe, tétartémorion

255

m

pains

obole

20

huile

tétartémorion

5

bois

hémiobole, tétartémorion

15

concombres

hémiobole

10

assaisonnement

tétartémorion

5

légumes

tétartémorion

5

encre

total du joui- total général

hémiobole, tétartémorion

15

triobole, hémiobole, tétartémorion

75

2 drachmes, tétrobole, hémiobole

330

semaine paraît avoir été recopiée sur un autre registre après le brouillon de notre papyrus. Notons que le compte dune joiu-née est séparé souvent par des additions distinctes en deux : le compte du ménage; 2" d'autres frais (payés peut-être directement par le maître). Dans le second compte on voit le ragoût payé une drachme à Stilbon ou pour Stilbon, l'huile de KIKI payée à Senésis ou peut-être pour elle, tout aussi bien que la vidange, le mois de solde du bas officier Sosibios, largent avancé par Dionysios (selon ses dires) aux domestiques Dorios et Ammonios, la brique posée par le maçon etc. D'une autre part, dans le compte du ménage on trouve des dépenses annexes, telles que l'argent donné au serrurier des Memnonia, l'encre, les bains, le blanchissage du maître et du domestique etc.

Le B, qui se confond facilement avec le A ptolémaïque, est très visible dans le facsimile Postolacca.

^ Le mot APTOI, paim, a été écrit de nouveau, puis raturé, comme le note M. Dumont.

Le papyrus Sakkakini.

121

 OTEI^C) (C î.)

OYON ^-

TAPIXOC X

AAXANA a.

APTOI - C

KIKI -

2YAA C

BAAANEI C l.

/ A^ KAI AGJPIUI KAI

signes peu nets eotrc-ligneâ

AMMG3NIUI EinE A CTIBUNI EIC TO OYUNION A

/ B

/ C--C

IV

oiseau ôtis

ragoût

salaisons

légumes

pains

huile de KIKI

bois

bain

A Dorios et Ammonios, il dit 2;

A Stibon pour le ragoilt total partiel total du jour total général

hémiobole, tétartémorion

15

triobole, obole

80

tétartémorion

5

tétartémorion

5

obole, hémiobole

30

obole

20

hémiobole

10

hémiobole, tétartémorion

15

une drachme et un

triobole

180

une drachme

120

une drachme

120

deux di'achmes

240

trois drachmes, triobole

420

6 drachmes 1 obole

1 hémiobole

750

' Je lis OTEIC pour OTIC ou CJTIC. Cet oiseau n'est pas spécifié par le Thésaurus. Mais Alexandre y voit une outarde. Les comptes des jumelles parlent souvent des XHNEA XPEA, \iandes doie achetées au détail. Le chiffre manque, mais il se restitue aisément d'après l'addition. Une difficulté plus sérieuse provient du doute existant pour le prix des salaisons de ce quatrième jour. La copie de M. Du- MONT portait d'abord une obole puis eu marge, comme correction, au crayon, un tétartémorion. Le calque de M. PosTOLAccA tient ici le milieu entre l'obole et le tétartémorion. Si on lit l'obole, le total est exact sans mention de l'article qui commence par OTEI (et qu'une déchirure a enlevé). Il s'agirait alors d'un article annulé. Si on lit le tétartémorion, il faut admettre la restitution proposée ci-dessus.

2 II s'agit d'une affirmation de Dionysios le jeune sur un paiement foit à Dorios et Ammonios, affir- mation sur l'exactitude de laquelle il restait des doutes.

122

Eugène Revillout.

E TAPIXOC

-L

APTOI

C k

OYON

s

ZYAA

C

KPAMBH

c

AIBANUTOC

c

KAI CUCIBIUI

CYMMAXCOI TO

riNOMENON

TOY

MECOPH

/

1 / I

H

c / 1 z

r TAPIXOC

ZYAA

c

OYON

=

AAXANA

î.

APTOI i

- c

nAYCIMA

- c

KAI ACOPIUI nAYCIMA

c

K0A0KYNTA2

k

V

salaisons

tétartémorion

5

pains

hémiobole, tétartémorion

15

ragoût

deux oboles

40

bois

hémiobole

10

chou

hémiobole

10

parfums (assaisonnement)

hémiobole

10

triobole, obole, hémiobole

90

A Sosibios mon compagnon ^

~

d'armes ce qui lui revient

pour Mesoré

total du jour total général

dix drachmes

1200

10 drachmes, tétrobole, hémiobole

1290

17 drachmes

2040

VI

salaisons

obole

20

bois

hémiobole

10

ragoût

deux oboles

40

légumes

tétartémorion

5

pains

obole, hémiobole

30

blanchissage

obole, hémiobole

30

et à Dorios blanchissage ^

hémiobole

10

concombres

tétartémorion

5

' Les chiffres ne sont qne sur la copie Postolacca.

' Leçon également fournie par la seule copie Postolacca.

3 Notre officier payait le mois de traitement de ce CYMMAXOC qui paraît un second choisi pour l'aider.

■• Le blanchissage du domestique représentait le tiers du blanchissage du maître. Dorios paraît être

Le papyrus Sakkakini.

123

KIKI

/ A ^ C KAI CENHCEI EIC KIKI = nAINGOC ^-

ErBOAH KOnPIUN -

A - , B \ C , I ^e ^ C)

Z APTOI i;- îs)

TAPIXOC (— )

AAXANA î.

KOAOKYNGA î.

/ ^ C î. / K k

huile de KIKI

total du ménage eu ce jour

et à Senésis pour KIKI

une brique

ridange

total partiel total du jour total général ^

paius

salaisous

légumes

concombres

total du jour total général

obole

20

1 drachme, 2 oboles, hémiobole

2 oboles ' triobole, obole 1 obole 2

170 40 80

20

une drachme, une obole

140

2 drachmes, triobole, hémiobole

310

1(^9 drachmes, triobole, hémiobole)

(2350)

vn

(obole, tétartémorion) (obole) tétartémorion tétartémorion

(25)

(20)

5

5

2 oboles, hémiobole, tétartémorion 20 drachmes et 1 tétartémorion ^

55

2405

en effet le planton de notre officier et il était entretenu par lui pour la nourriture et le blanchissage. Dio- nysios le jeune était, lui, chargé de la cuisine et rien ne prouve qu'il ait été entretenu. C'était peut-être un traiteur, un homme remplissant l'emploi des femmes de ménage ou le propriétaire de quelque hôtel garni, faisant au besoin la chambre et la cuisine de ses pensionnaires. Notons que Dorios et Dionvsios paraissent n'avoir pas toujours été d'accord. Un passage reproduit plus haut prouve que Dionvsios prétendait avoir donné une drachme à Dorios et à Ammonios, drachme que ceux-ci semblent contester. De la formule : €ll dit (Dionysios avoir donné) une drachme à Dorios et à Ammonios. »

1 Leçon Postolacca pour le chiffre. M. Dtmoxt marque une lacune au-dessus de .

- Sigle fournie par la seule copie Postolacca.

' M. Postolacca indique qu'après le chiôVe •. (10) il y a une partie «endommagée». C'est le com- plément du total.

* Le calque de M. Postolacca n'a pour ce jour aucun des chiffres de détail ni aucun des totaux. Il paraît que ce papyrus avait beaucoup perdu depuis l'examen de M. Doiont et avant que M. Posto- lacca ne l'eut collé sur toile. J'avais donc restitué tous les chiffres d'après les mentions analogues et ceux des totaux qui précèdent et suivent. La copie de M. Doicxt qu'on ^ient de me communiquer con- firme ces restitutions telles que je les avais faites pour les deux derniers chiâres de détail et pour les deux totaux.

124

Eugène Revillout.

H APTOI

- C

OYON

^ -L

AAXANA

X

TAPIXOC

C

(APTYMATA)

-L

KI(Klj

IS-

C -L

ê KiOAOKYNGA)

C

ZiYAA)

C

A(PTOI)

^ C

(KIKIi

AAXANA

0-)

TAPIXOC

(C)

K\^

I \- 1^ KfK \l.

VIII

pains

obole, hémiobole

30

ragoût

obole, tétartémorion

25

légumes

tétartémorion

5

salaisons '

hémiobole

10

parfums (aromates i

tétartémorion

5

huile de KIKI 2

total (lu joui- total général

obole

20

tétrobole, hémiobole, tétartémorion 20 drachmes, triobole, 2 oboles

95

2500

IX

concombres

hémiobole

10

bois

hémiobole .

10

pains

. obole et hémiobole

30

(huile de KIKI 3?)

obole

20

légumes

tétartémorion

5

salaisons ^

total du jour total général 5

hémiobole

20

tétrobole, tétartémorion

85

21 drachmes, triobole, tétartémorion

2585

' Les chiffres des quatre premiers articles de ce jour ne nous sont donnés que par la copie de M. Du- MoxT. Les vers qui ont rongé en partie les pages de ce papyrus, selon l'observation de notre savant guide, ont continué leur œuvre depuis.

2 Nous avons suppléé APTYMATA d'après la seule comparaison des chiffres des antres listes. De KIKI il reste Kl Quant aux chiffres des deux articles, ils sont indiqués dans les deux copies, ainsi que ceux des totaux suivants.

3 Mot restitué d'après le chiffre. Mais, comme on avait déjà acheté de l'huile de KIKI le jour précé- dent et que d'ordinaire cette huile n'était pas achetée tous les jours, notre restitution reste douteuse.

* Les chiffres de ces deux derniers articles nous ont été fournis par la seule comparaison des listes précédentes rapprochées du total du jour.

^ Le second total n'existe plus maintenant selon le calque de M. Postolacca ; mais il subsistait encore lors de la copie de M. Dumoxt. Nous en avions du reste déjà restitué les sigles avant d'avoir cette copie.

Le papyrus Sakkakini.

125

(T) APTOi r- î.)

OYON - l.)

(C JTOI ( î.)

AAXANA (L)

ZYAA (C)

XAAKEI MEMNWi NICON 1 (— ) AAEC î.

nAYCIMA =

TAPIXOC C

KPEAC - C

A = C ;.

Kr

X

pains

(obole, tétartémorion )

(25)

ragoût

(obole et tétartémorion)

(25)

blés en nature

(tétartémorion 1

(5)

légumes

(tétartémorion)

(5)

bois

(hémiobole)

(10)

au forgeron des Memnonia '

(obole)

(20)

sel

tétartémorion

5

blanchissage

deux oboles

40

salaison

hémiobole

10

viande

total du jour total général

obole, hémiobole

une dr., 2 oboles, hémiob., tétartémorion

23 drachmes

30

175

2760

La suite à un prochain numéro.

LA EEQUÊTE D'UN ESCLAAŒ.

Hérodote (II, 113) nous rapporte que de son temps les esclaves maltraités par leurs maîtres pouvaient se réfugier dans le temple de Canope. Un papyrus démotique du British Muséum se rapporte justement à ce droit d'asyle appliqué aux esclaves. Il s'agit d'un esclave qui avait à se plaindre de sa maîtresse et qui intente contre elle en ces termes une véritable action rehgieuse :

«Ma voix celle du servitetlr de Tavé devant Osorapis, de Taba.

«0 toi qui es écrit ci-dessus, Seigneur^ grand qui fais de ta face une protection, j'ai »crié vers toi! Je m'éloignerai de ces gens!

«Tu as entendu ma voix, (tu as su) mon état d'anéantissement qui m'est parvenu, tu » connais le petit serviteur selon le cœur, tu feras connaître la perversité de ces gens grande » comme la mer! A ma charge la difficulté qui en résulte et si j'ai un éloignement de tout »mon être pour leur service et pour leur compagnie!

«Allons! il y a une démarche faire); je la ferai! Il y a des reproches recevoir); »je les recevrai! H y a un Dieu, une image de Dieu invoquer); je cours auprès d'elle. »Je les suppherai (les dieux). Qu'elle fasse connaître (Tavé) celui que suppliera le serviteur!»

' Tous les chiffres qui précèdent ont été restitués d'après les prix ordinaires et les totaux.

17

126 Eugène Revillout.

LA LOCATION.

LEÇON PROFESSÉE A L'ÉCOLE LU LOTIVUE.

(cours de droit égyptien.)

Messieurs,

Daiis la dernière leçon nous avons examiné tout ce qui concernait l'empliytéose égyp- tienne, c'est-à-dire la quasi-propriété que possédaient les paysans ou fellah, taudisque la pro- priété éminente n'appartenait qu'au roi, aux prêtres et aux guerriers. Il faut maintenant que nous examinions la location proprement dite, qui n'est, à proprement parler pour les fer- mages de terres tout au moins qu'une sous-location.

C'est à cause du caractère tout particulier de la possession du sol égyptien et des sous-locations en dérivant que les quasi-propriétaii-es, craignant de voir leurs locataires récla- mer, à leur tour, des droits emphytéotiques et prétendre avoir loué une fois pour louer toujours et à perpétuité, ont bien soin de faire spécifier expressément que le locataire abandonnera le terrain occupé par lui à la fin de son bail et laissera le propriétaire le louer à qui il voudra. La reconduction tacite ou continuation tacite du bail est formellement interdite, pour ne pas créer un nouveau droit, et, par la même raison, les fermages des terres de particuliers sont seulement d'une année, usage qui existait encore pour les terres de fellah lors des travaux de notre commission d'Egypte '. Tout se conserva en effet dans la vieille patrie des Pharaons : quasi-propriété emphytéotique, organisation des locations : nous retrouvons encore au commencement de ce siècle, à peu près identiquement, ce qui existait sous les Ptolémées, ce qu'avait établi Bocchoris dans son code des contrats.

Je vous ai dit, d'après Gains et Justinien, que la location et la vente étaient très parentes dans le jus gentium admis par les Komaius. L'une et l'autre constituaient des obligations de même nature, se contractant dans les mêmes conditions et pour ainsi dire sur le même modèle. La principale différence qui existait entre elles, c'est que dans la location le bailleur s'enga- geait, non pas à faire avoir à l'autre partie une chose comme en propriété (praestare rem Jiabere liœre), mais seulement à lui en procurer l'usage ou la jouissance (-praestare re uti, re frui licere). Dans l'une et l'autre de ces obligations on avait du reste affaire à un contrat bilatéral, créant des obligations des deux parts (ultro cUroque)"^.

' J'ai longuement étudié toutes ces questions dans la précédente leçon.

^ De le double nom d'emptio-venditio en latin, de (uvrj--pâ(7tç en grec. La location était aussi nommée d'un double nom : locatio-conductio. Mais, comme je l'avais dit dans la leçon précédente, «il y avait ■'> cette différence que YempHo-venditio en droit romain et grec mettait en première ligne l'acte du prenant, »en seconde ligne l'acte du cédant-, tandis que la locatio-conductio mettait en première ligne l'acte du cédant » et en deuxième ligne l'acte du prenant. Cette différence tenait à la situation de la chose vendue ou louée. >-La vente n'était qu'une promesse de faire avoir à l'acheteur la chose comme en propriété (praestare rem i'habere licere) et non point, comme la mancipation antique ou la vente égyptienne, un transfert direct de >' la propriété. Aussi pouvait-on vendre un bien qui n'appartenait pas encore au vendeur, mais qu'il pouvait >- se procurer et transmettre pour le moment et aux conditions fixées par le contrat. Le principal était donc >' de procurer à l'acheteur la chose : c'était Vemptio; et non le désaisissement d'un vendeur qui n'avait peut- » être même pas la chose : la venditio. Au contraire, dans le louage cette distinction pouvait d'autant moins «être faite que le mot de louage fut appliqué même à la location des œuvres (operarum) ou d'un travail

La location. 127

Bocchoris avait procédé d'une façon très différente. Dans le droit égyptien constitué par lui, les contrats étaient toujours unilatéraux. Il n'y avait qu'une partie qui s'obligeait. Pour la vente le seul obligé était le vendeur, désintéressé d'avance et payé entièrement sans aucun reliquat, qui avait maintenant à défendre l'acheteur contre toute éviction, à lui garantir la propriété (déjà complètement transmise) par tout acte fait antérieurement, à toute époque, sur le bien en question, et par toute action civile ou religieuse qu'on pouvait encore exiger. On comprend très bien cette nécessité de livrer les actes touchant le bien à toute époque. La prescription ne pouvait en effet créer aucun droit contre la propriété réelle dans un pays la propriété éminente, imprescriptible, appartenait au roi, aux prêtres et aux guerriers, et la quasi-propriété avait été établie sur le modèle de cette propriété éminente, c'est-à-dire également imprescriptible. Si l'on avait agi d'une autre manière, la faveur accordée par le roi novateur ' aurait été illusoire. La possession donnant droit de propriétaire, la quasi-propriété n'aurait plus été considérée que comme une possession et les propriétaires éminents seraient redevenus les seuls propriétaires véritables. Bocchoris voulait au contraire constituer un dua- lisme complet : et à l'imprescriptibilité du droit des castes opposer l'imprescriptibilité du droit des individus. La même raison lui avait fait distinguer cette quasi-propriété imprescriptible de l'usage ou de la possession. C'est pour cela qu'il fallait deux actes séparés pour compléter toute vente : l'un, l'écrit pour argent, par lequel l'ancien propriétaire cédait à tout jamais la propriété d'un bien qu'il s'engageait à défendre contre quiconque au monde; l'autre, l'écrit de cession, par lequel il abandonnait l'usage du bien précédemment vendu par lui. Mais cet acte d'abandon d'usage n'avait pas le caractère absolu et hiératique de l'abandon de propriété : de l'écrit pour argent. L'usage pouvait être en effet de bien des sortes. La location elle-même ne créait-elle pas un droit d'usage? C'est pour cela qu'on avait bien soin de distinguer l'usage perpétuel, concédé par l'acte de cession, de Yusage temporel, concédé par la location. De le terme absolu, toujours indiqué dans les locations et au-delà duquel la reconduction tacite n'existait pas : «Au terme fixé j'établirai ton bien devant toi pour que tu le loues à qui tu » voudras. Je ne puis dire : je t'ai loué pour faire de même en tout temps, etc. » Sans cela la quasi-propriété ne serait plus devenue elle-même qu'une seconde sorte de propriété éminente, au-dessous de la première, et celui-là seul aurait été maître de la chose qui en aurait eu l'usage.

En résumé, l'imprescriptibilité de la propriété éminente forçait à l'imprescriptibilité de la quasi-propriété, parce qu'autrement il n'y aurait bientôt plus eu de propriété que pour les propriétaires éminents, qui auraient toujours eu le moyen d'annihiler les droits des quasi- propriétaires, en livrant, plus ou moins violemment, la possession à quelque autre. Premier danger : premier abîme. D'une autre part, si l'on avait seulement distingué la propriété de l'usage et laissé celui-ci se continuer par reconduction tacite, les propriétaires et les quasi- propriétaires auraient été bientôt éclipsés également par les usufruitiers, qui seraient restés

»ti faire (operis). Dans un semblable contrat le principal était tellement l'acte tlu locateur que le contrat «n'avait plus d'objet en cas de mort du susdit locateur. Pour les biens eux-mêmes il n'a jamais été de » coutume de louer ce que l'on ne possédait pas encore. Aussi a-t-on conservé pour la location l'ordre logique »des deux actes parallèles : locatio-cmiductio. » En vertu de ce contrat bilatéral le locateur a dès lors Yactio locati et le locataire Yactio conducti.

' Pour toutes ces questions voir d'une part la précédente leçon et d'une autre part les leçons relatives à l'état des biens.

17*

128 Eugène Revillout.

seuls maîtres du sol. Second danger : second abîme. Bocclioris voulut éviter égale- ment Carybde et Scylla. De proviennent les différences essentielles qui séparent la vente de la location. Dans la vente, disions-nous, le vendeur seul est obligé, car il est payé d'avance. Dans la location le locataire seul est obligé, car il doit payer plus tard, à la façon d'un débiteur ordinaire. Loin de rapprocher, comme en droit romain récent, la vente de la location, Bocclioris les a séparées autant que possible dans deux espèces toutes différentes de contrats. Je dirais que la vente égyptienne ressemble à la maucipation si la vieille mancipatiou romaine, basée essentiellement sur une revendication faite par Taclieteur, (qui a payé le prix entier, comme chez les Egyptiens), n'était pas pour ainsi dire étrangère au vendeur, n'adhérant que par son silence, au lieu de s'obliger personnellement, comme dans le droit de Bocchoris. En somme, la vente de la vallée du Nil participait de la nature de la mancipation en ce que c'était un transfert de propriété donnant lieu à des actions réelles, et de la nature des contrats en ce qu'elle créait sur le vendeur une obligation personnelle mais uni-latérale uniquement à sa charge, au lieu d'être bilatérale, à la charge du vendeur et de l'acheteur, ainsi que dans Yemptio-veîiditioK La location égyptienne, au contraire, tout en ayant un bien-fonds pour objet, était avant tout une o1)ligation personnelle du même genre que le prêt, ou, si l'on veut, que l'antique stipulation romaine, et qui tombait tout entière sur le preneur, au lieu de tomber tout entière, à la façon de la vente, sur le bailleur. C'est pour cela que le prix de la location doit être versé plus tard, soit en un terme, soit en plusieurs termes, comme dans les prêts, au lieu d'être versé d'avance, comme dans la vente. En effet celui-là seul est obligé qui a reçu quelque chose, soit eu biens-fonds, soit en argent, soit en nature : en biens- fonds s'il s'agit d'une location; eu argent s'il s'agit d'une vente, toujours soldée d'avance en argent; en nature s'il s'agit d'un mutuum, etc. Quiconque a reçu ainsi doit rendre, c'est-à-dire livrer réellement et complètement l'objet qui forme la base du contrat. S'il s'agit d'une vente, il doit livrer le bien, non pas une fois et en apparence, mais réellement et complètement toujours c'est-à-dire en prouvant la légitimité perpétuelle de sa propriété et en la défen- dant contre toute atteinte. S'il s'agit au contraire d'une location ou d'un prêt, il doit livrer le prix stipulé, soit par le contrat, soit par la loi réglant le taux de l'intérêt et les autres clauses accessoires. Dans l'un et l'autre cas on a vraiment affaire à une dette ])ayable à termes fixes, aux échéances. Les mêmes garanties se trouvaient donc dans les deux genres de contrats, qui ont quelques formules presque entièrement similaires : notamment en ce que concerne l'hypothèque générale, assurée par le preneur au ])ailleur sur tous ses biens, l'amende ou la clause pénale, stipulée en certains cas pour non exécution exacte du contrat, le rôle du ret ou procureur du bailleur, pouvant faire valoir les droits résultant du contrat à toute époque, etc. Enfin c'est le locataire ou l'emprunteur qui rédige seul le contrat et s'obhge; tandis que dans la vente c'est l'autre partie : le vendeur. Notons cependant une différence importante entre le prêt et la location. Dans le prêt, le bailleur, ayant livré ce qui forme l'objet du contrat, n'a, quant à lui, d'obhgations d'aucune sorte par rapport au preneur. Dans la location, bien qu'il ait livré la chose, cette chose restant sienne, il peut la reprendre : il doit même la reprendre à l'échéance. Tant qu'il ne la reprend pas, il n'a d'obligations d'aucune

1 Ces mots emptio-venditio sont cependant un souvenir de l'ancienne mancipatio par la place prépon- dérante accordée à l'acheteur sur le vendeur.

La location. 129

sorte. S'il la reprend à l'échéance, pas davantage. Mais s'il la reprend avant ou s'il gêne la possession d'usage qui constitue le contrat de louage, ce contrat est violé. N'ayant pas livré réellement l'objet de l'échange, le locateur se trouve lui-même obligé. Ce n'est pas aux yeux des Égyptiens comme à ceux des Romains une bilatéralité vraie, ultra citroque. Mais on a affaire à une sorte de stipulation conditionnelle, dont les clauses pénales deviennent réciproques si les conditions ne sont pas strictement accomplies. Le preneur n'entend en effet s'engager que si on lui a hvré bien complètement la chose, suivant les termes du contrat. Dans les prêts d'argent ou de blé, objets dont la nature est d'être consommés et de devenir ainsi la propriété du preneur, tout est livré d'avance et en une fois. Dans les locations d'objets, subsistant toujours au lieu d'être consommés, comme dans les ventes du même genre, la livraison d'un bien qui persiste toujours doit aussi, pour ainsi dire, se continuer sans cesse, soit temporairement pendant tout le temps de la location, soit éternellement dans la vente. C'est la sturiosis et la bébaïosis promises par le vendeur et qui s'appliquent en quelque sorte au locataire, puisque le locataire, comme l'acheteur, a un droit réel : c'est-à-dire sur la chose : mais l'acheteur sur la propriété et l'usage pei*pétuel, le locataire sur l'usage temporel seul. En résumé : dans le prêt nous trouvons seulement l'obligation personnelle du bailleur; dans la vente l'obligation personnelle du bailleur, le droit réel du preneur; dans la location l'obligation personnelle du preneur, le droit réel du même preneur.

Nous allons maintenant vous donner le texte de quelques-unes de nos locations de teiTCS. Commençons par un acte du 10 Payni de l'an 51 d'Évergète IL On lit après le protocole : «Le cultivateur (homme de peine pmêûik) de Djême, Efanch, fils de Pamont dont la mère » est Tathot, dit au pastophore d'Amon Api de l'occident de Thèbes, Hor, fils d'Hor et dont la »mère est Senpoer : tu m'as loué tes quatre aroures de teiTain et leurs productions sis dans » le terrain de ... . terrain qui fait 53 aroures. Ce terrain est sur le neter hotep (domaine sacré » ou cspa yr,) d'Amon, dans l'apanage d'Amon Api. Les voisins du terrain entier sont : au sud le » terrain de Cléon, fils de Pétosor; au nord le terrain de Héréius, fils de Pséchons, et de ses «compagnons et l'eau (le canal) de Nicandros; à l'orient et à l'occident le chemin du roi; » tels sont les voisins du terrain entier. Que je cultive tes quatre aroures de terrain ci-dessus »au moyen de l'eau de l'an 51 à l'an 52. Que je solde l'ensemencement, tous les frais de «culture et de récolte, les impositions. Que ton agent d'affaire (ret) déclare la location de «culture avec moi. Que je solde leurs impositions (de ces aroures) au trésor royal, selon »ce qui est sur les écrits du roi, sur lesquels il a écrit. Que je donne en la main de ton » agent, en leur nom (au nom de ces aroures) le surplus du fermage de ton teiTain ci-dessus ', » c'est-à-dire deux cor (grande mesure thébaine) ou Yg de triple cor, deux cor en tout, comme «redevance de ces ten-ains, selon la bonne mesure que ton agent d'affaires mesurera avec «moi, en froment pur, sans mélange, la dite mesure (le cor) faisant 29 ovome. Ces blés seront «portés et soldés en ta maison de Djême au terme de l'an 52, 30 Pachons, qui va venir. Je «donnerai cela. Que je donne cela avec son hémiolion (la moitié en plus) le mois après le «mois nommé, de force, sans délai. Le droit de la location ci-dessus est sur moi et sur mes » enfants. La totalité des biens qui sont à moi et que je ferai être (de mes biens présents et

1 Le surplus nçoTO ou, comme ou dit encore, le fayz « restant » qui se perçoit au nom du proprié- taire, après le myri/ ou impôt légal.

130 Eugène Revillout.

» à venir) est eu garantie de toute parole ci-dessus jusqu'à ce que j'agisse en conformité. Que «j'établisse devant toi (que je te rende la possession et l'usage de) tes quatre aroures qui »sont situées dans le terrain ci-dessus et leurs productions, pour que tu les loues à l'iiomme »à qui tu voudras les louer. L'homme de nous qui s'écartera pour ne pas agir selon toute » parole ci-dessus donnera 1500 argeuteus, cinq kerker (talents), 1500 argenteus en tout, à «l'équivalence de 24 pour 2/10 (d'argenteus d'argent). On l'obligera à agir selon ces paroles » en outre, de force, sans délai, sans aucune opposition. »

Le bail est d'un an comme le prouvent : la mention de l'eau mise en réserve pour l'an 51 52, dont le fermier se servira pour la culture; l'unique indication d'un fermage de deux grandes mesures, évidemment pour l'année de bail, car autrement on aurait dit « chaque année » ; enfin la phrase : « Que j'établisse tes quatre aroures .... devant toi, »pour que tu les loues à qui tu voudras.»

Les autres baux sont, du reste, encore plus précis : ils spécifient d'ordinaire le terme de l'année, que celui-ci sous-entend. Souvent même le temps de la location est plus court juste ce qui est nécessaire pour semer et récolter, c'est-à-dire neuf mois. C'est ce que nous voyons par exemple dans un acte adressé par le taricheute de la nécropole de Djême, Amenhotep, fils d'Hor et de Chaboura, à un cavalier nommé Camirios (?), fils d'Héracléidès. Amenhotep loue à ce soldat une petite ferme, comprenant champs, grange, etc., située dans un neter hotep des environs de Thèbes, neter hotep envahi par les soldats grecs. (Nous citerons tout à l'heure un document analogue à ce point de vue.) Après le protocole on lit donc :

«Le taricheute de la nécropole de Djême, Amenhotep, fils d'Hor, mère Chaboura, dit »au catèque (y.aToty.s;) cavaher Camirios (?), fils d'Héracléidès : tu m'as loué ton champ et Varea » (grange) qui est située au sud du champ, et le lies qui est en lui le tout sis sur le » neter hotep d'Amon au côté Nord de Thèbes. En voici les voisins : au sud le champ et Varea » d'Apollonius, fils de Timon; au nord le champ et Varea d'Hermias; à l'orient la porte des » maisons occidentales (?) à l'occident ton lavoir (?). Que je sois pour le champ et Varea de » champ ci-dessus en l'an 53 de Thot à Pachons, pendant neuf mois. Que je le cultive . . . » Que je l'arrose. Que je le pioche. Que je m'acquitte de l'ensemencement, de tous les autres » soins de culture, de récolte et des impositions. Que ton agent fasse la déclaration de culture »avec moi. Que je solde les impositions à la porte du roi, selon ce qui est écrit sur les écrits »que le roi a écrits et cela au nom du champ et de Varea ci-dessus. Que je fasse leurs «redevances en complément de parole. Que je fasse éloigner (de toi) le roi (en le payant) » pour ces choses. Que je donne en la main de ton agent, au nom du gage et de la location du » champ et de Varea ci-dessus, 17 cor (ardeh ou grandes mesures thébaines), leur moitié est 8 et »demi, 17 cor en tout, en froment pur, sans déchet et sans mélange, la mesure (du cor), faisant »29 oTj-omc, rendus, portés, soldés en la main de ton agent, en ta maison de Thèbes, sans «aucun frais, aucune dépense au monde, au terme de l'an 53 Pharmouthi-Pachons. Le blé « de ces mesures, si je ne le donne pas, que je donne l'hémiolion (la moitié) en plus le mois «après le mois nommé, de force, sans délai. Je ne puis dire : je t'ai donné blé, dédommage- «ment quelconque au monde, sans rachat établi. Je ne puis prendre blé quelconque, bien » quelconque, quoi que ce soit au monde, sur ton champ ci-dessus, sans avoir soldé ce qui est » écrit ci-dessus. Il n'y a pas Que j'établisse devant toi le champ et Varea

La location. 131

» ci-dessus pour que tu les loues à l'homme à qui tu voudras les louer. Le droit de l'écrit » ci-dessus est sur ma tête et sur celle de mes eufants. Tous mes biens présents et à venir »sont en garantie de toute parole ci-dessus.»

Dans un autre fermage, daté de Thot de l'an 5 de Philopator, le pastophore d'Amon de Djême, Snacliomneus s'adresse à Amenhotep, fils d'Hor, prêtre, gardien de tous les actes' du sanctuaire de Kak à Djême, (fondé sous le règne d'Amenopliis III par le basilicogrammate et prince d'Ethiopie Ameuhotep, fils de Hui), pour lui louer certains champs, appartenant au susdit sanctuaire et dont Amenhotep, fils d'Hor, avait la jouissance.

L'acte est ainsi conçu : «Le pastophore d'Amon de Djême, Snachomneus . . . ., dit au » prêtre, gardien de tous les actes de Pahotep n hoou ide Kaki, qui sur la montagne de » Djême, l'épistate du basilicogrammate Amenhotep, fils de Hui, le dieu grand Amenhotep, »fils d'Hor, dont la mère est Tséchons :

«Tu m'as loué ta part de champs du bien de Pahotep-en-hoou, le neter hotep d'Amon, »(part) qui est à l'occident du (domaine) de Thot inscrit à Djême, à l'occident du nôme » PathjTite, sur le^ côté sud du bien nommé, et à laquelle touche la part d' Amenhotep, fils »de Thot. Les voisins sont : au sud le champ du neter hotep devant le basilicogrammate » Amenhotep, fils de Hui; au nord le reste du champ de Thot, déjà nommé, qui est pour »Horsiési, fils d'Hor et pour toi; à l'orient le champ de Pséchons qui est pour Panofré, » Hes et Pséchons, ses fils; à l'occident le chemin d'Amon de Djême. Tels sont tous les voisins » des champs ci-dessus, parmi lesquels je t'ai fait location de tes champs provenant de ce

» bien. Que je Que je fasse tout le travail de culture et lensemencemeut. Mais

»que tu fasses la déclaration de tout le travail de culture en dépendant, sans moi. En 2> l'an 5, Phaménoth Pharmouthi, que je donne eu la main de ton agent, le cinquième, pour » la location et le gage de ton champ ci-dessus, sur totaHté de bien quelconque ou de revenu » quelconque qui sera sur ta part de champ ci-dessus. Que je donne à toi le cinquième de » ce qui sera en lui, pour que tu fasses éloigner i^en les payant i le roi et le dieu - pour ton » champ ci-dessus. Je ne puis prendre un produit quelconque hors de ton champ ci-dessus » sans t'avoir soldé ton cinquième, au terme de l'an 5, 30 Phannouthi. Je ne puis te fixer un » autre temps ou un autre jour après le temps et le jour ci-dessus. Je ne puis te dire : je » t'ai donné du blé, quoi que ce soit au monde .... sans rachat ^ établi. Je ne puis te dire :

' Nous avons des partages d'hérédité provenant de cette famille et qui prouvent que ce titre était porté également par chacun des frères. C'est pour cela qu'il n'est question ici que d'une part de ce neter hotep, part touchant à celle d'un autre co-héiitier.

2 Le roi pour l'impôt, le dieu, possesseur du neter hotep, pour les droits féodaux, venant de la cou- cession de son bien.

^ Le mot set \ ~~^ \ a dans les contrats démotiques un double sens. 1" Comme "^^ et ta-cto s'écarter.

Ex. : «Si je m'écarte pour ne pas faire comme il est écrit ci-dessus je te donnerai, etc.» (Pour ce sens s'écarter, très fréquent dans les documents démotiques, voir aussi Brcgsch, Dlct. 1333.) Le même mot set correspond aussi à ccot pretio redimere. Le groupe ta- set- 1, la marchande, est ti'aduit r, u.£Ta|3oX'.ç dans le bilingue de Berlin (voir Beggsch, 1335 . J'ai hésité entre ces deux sens pour iine clause qui se trouve souvent dans les contrats de prêt (et parfois dans ceux de location) vien set eflia erat e pshai nthir {Chrest. démo- tique, p. 119 Qi passim). «Il n'y a point de rachat (ou d'écart) pour l'écrit ci-dessus. Le droit de l'écrit ci-dessus est sur ma tête.» En tout cas on voulait dire que les termes de l'écrit ci-dessus devaient être accomplis à la lettre, sans qu'on puisse rien y changer. Nous avons vu dans une des leçons précédentes que le seul moyen d'échapper à cette nécessité et, par exemple, de payer avant terme, consistait pour le

132 Eugène Revillout.

»je t'ai fait le droit de l'écrit ci-dessus. L'écrit ci-dessus est eu ta main. Le droit de l'écrit » ci-dessus est sur ma tête et sur celle de mes enfants. Au terme de l'an 5, Pachons, que » j'établisse tes champs ci-dessus devant toi, pour que tu les loues à l'homme à qui tu voudras » les louer. Je ne puis dire : j'ai loué pour faire de même en tout temps. La totalité de »mes biens présents et à venir est en garantie de toute parole ci-dessus jusqu'à ce que j'aie » agi eu conformité. Ton agent prend puissance pour toute parole qu'il dira avec moi au nom » de toute parole ci-dessus. Que je les accomplisse à son égard, sans aucune opposition. »

L'acte que nous venons de reproduire offre avec les précédents plusieurs différences sensibles. La principale, c'est qu'il s'agit d'un métayage au lieu d'un fermage. On sait eu effet que, même actuellement en France, le métayer partage dans les produits, au lieu de payer, comme le fermier, une redevance déterminée. Chez nous le métayage est le plus ordinaire- ment à moitié. Notre égyptien ne donne au contraire que le cinquième à son propriétaire en dehors des impôts au roi et de la taxe due au seigneur féodal, c'est-à-dire ici «au dieu» puisqu'il s'agit d'un neter hotep. Le métayer se charge, comme le fermier, de tous les frais de culture, mais, à la différence de celui-ci, il laisse à son propriétaire le soin des déclarations. II ne dit donc pas : «ton agent d'affaires fera la déclaration de culture avec moi», mais : «tu feras la déclaration de culture sans moi». Comme le fermier de l'acte précédent, le métayer s'engage à ne rien retirer de sa culture sans avoir d'abord payé son propriétaire, c'est-à-dire ici sans avoir versé le cinquième des revenus, au lieu du prix fixe du bail. On spécifie aussi très formellement que le métayage ne formera pas un droit emphythéotique et que la redevance payée au propriétaire et analogue à la redevance payée au seigneur, ue rendra pas le métayer possesseur du sol. Au terme fixe, «Pachons de l'an 5», il doit établir les champs devant le pro- priétaire, pour qu'il puisse les louer à qui il voudrait : « Je ne pourrai dire, ajoute le locataire, j'ai loué pour cela seulement que je fasse de même en tout temps. » Non, il n'a aucun droit réel en dehors de son année de location.

débiteur à rachetei- sa dette et à se mettre au lieu et place du créancier. Voici un de ces actes de rachat. Il s'agissait d'un billet fait en Choiak de l'an 44 et devant arriver à terme au mois de Choiak de l'an 45, c'est-à-dire 12 mois après. Les débiteurs voulurent payer avant (en Mésoré de l'an 44). Ils rachetèrent donc la créance qui leur fut cédée par un nouvel acte ainsi conçu : «L'an 44, Mésoré 20, du roi Ptolémée, le »dieu Evergète, etc. Le taricheute de la nécropole de Djéme, Petnofrehotep, fils de Petnofrehotep et dont la »mère est Maut, dit au taricheute de la nécropole de Djême, Amenhotep, fils d'Hor et dont la mère est Cha- »boura : Je te fais abandon (ou cession) du droit de l'écrit de bon plaisir que tu m'as fait avec ta fille »Héribast, fille d' Amenhotep, en l'an 44, Choiak, du roi à vie éternelle, sur 1440 argenteus, en talents 4, plus » 240 argenteus, 1440 argenteus iterum, en airain à l'équivalence de 24 pour deux dixièmes, intérêts compris, »à payer en l'an 45, 30 Choiak, à la fin de 12 mois complets, une année, 12 mois complets en tout. Tu »m'as payé aujourd'hui les argenteus sur lesquels je t'avais fixé jour avec leurs intérêts en l'an 44, » Choiak. Tu me les as donnés. Je les ai reçus de ta main. Ils sont au complet, sans aucun reliquat. Mon cœur

»en est satisfait Je te les cède. Je n'ai plus aucune parole à dire avec toi, ni

» d'acte à invoquer depuis ce jour je t'ai fait l'écrit de bon plaisir ci-dessus et toutes les paroles qui »y sont écrites. Je te donne l'écrit de bon plaisir que tu m'as fait avec la femme Héribast, fille d'Amen- » hotep ci-dessus. Il est à vous, ainsi que le droit en résultant, ainsi que toutes choses, toutes paroles qui »y sont écrites, ainsi que les argenteus et leurs fruits. Je n'ai plus aucune parole au monde à vous faire »à ce sujet. Depuis le jour ci-dessus, celui qui viendra vous trouver à ce sujet, en mon nom, je le ferai » s'éloigner de vous, de force, sans délai, sans opposition. Si je m'écarte, pour ne point agir selon toute » parole ci-dessus, je vous donnerai 3000 argenteus, 10 talents, 3000 argenteus en tout, en airain à l'équi- » valence de 24 pour deux dixièmes, et vous m'obligerez à faire en outre selon toute parole ci-dessus, de » force, sans délai, sans opposition.»

La location. 133

Daus cet acte on insiste même plus que dans tous les autres sur les formules qui assi- milent autant que possible les obligations résultant du bail à celles résultant dun prêt. Il ne manque presque aucune des clauses habituelles dans les créances. Une tendance analogue, déjà très frappante bien que moins accentuée, se remarquait daus le fermage précédent. Aussi n'y a-t-il dans nos deux pièces aucune trace de cette sorte de quasi-bilatéralité ou plutôt de réciprocité que nous avons notée dans notre première location, à propos de clauses pénales s'appliquant à celle des deux parties qui n'exécuterait pas fidèlement le contrat.

Quant au taux de la redevance, se montant seulement au cinquième, (taux d'après lequel on pourrait peut-être calculer approximativement la moyenne des prix fixes des fermages, aussi bien que le rapport proportionnel des métayages) sa faiblesse relative tenait sans doute à l'énormité des taxes perçues par le roi et par les seigneurs féodaux ou propriétaires éminents. Il y a sous ce rapport un rapprochement curieux à faire. Selon la Genèse (^él, 23) lorsque le roi eût racheté les terres d'Egypte len dehors de celles des prêtres, auxquelles se joignirent un peu plus tard celles des guerriers) les anciens propriétaires du sol devenus fermiers du trésor durent payer au roi, en tant que seigneur féodal, le cinquième des revenus '. Paul Orose, qui écrivait au cinquième siècle de notre ère, rapporte ce texte de la Genèse et ajoute : «Hujus tempoiis argumentum, historicis factis reticentibus, ipsa sibi terra Aegypti testis pronuntiat : quae tune redacta in potestatem regiam restitutaque cultoribus suis, ex omni fructu suo usque ad nunc quintîe partis incessabile vectigal exsolvit-. » C'était ce cinquième traditionnelle- ment conservé auquel taisait allusion Diodore (1, 74^ en disant que «les agriculteurs d'Egypte passaient leur vie à cultiver les terres qui leur sont affermées, à un prix modéré, par le roi, les prêtres et les guerriers. » Mais si les quasi-propriétaires du sol affermaient ainsi, daus leur empbytéose perpétuelle et héréditaire, à un prix modéré, c'est-à-dire pour le cinquième des revenus, les terres de leurs seigneurs féodaux, il fallait qu'à leur tour ils se réservassent un prélèvement analogue quand ils les louaient à d'autres. Le pastophore Snachomneus payait de la sorte : d'abord un cinquième au propriétaire*Jeodal, le temple d'Amenhotep, fils de Hui; puis un cinquième à son quasi-propriétaire, le prêtre Amenhotep, fils d'Hor. Deux cinquièmes font bien près de la moitié i^taux actuel des métayagesX Pour le métayer ordinaire ce n'était pas tout encore. Il lui fallait écarter (^ou satisfaire) le roi, comme il avait écarté (ou satisfait) le dieu. Il y avait donc une troisième taxe, l'impôt royal, dont Amenhotep paraît avoir été exempt par une sorte d'immunité ecclésiastique, peut-être parce que le roi n'avait laissé à ce sanc- tuaii'e que de modestes 3iT.z-^.z:zoL. M. Lumbroso^ {Ec. pol., 289» pense que du temps des Lagides cet impôt foncier, distinct du droit emphytéotique, était du dixième. Dans les écono-

1 Quand l'inondation était suffisante, selon Hérodote, qui ailleurs (II, 13) dit que le Nil commençait à arriver sur les terres à la 15^ ou 16' coudée de nilométre. A l'époque romaine, d'après Pline ("\', 9), il suffisait de 14 à 16 pour une bonne année et d'après Strabon (XVI, 3) de 14 avant Petronius. Le minimum était de 18 sous les Lagides (v. p. 137).

- M. LniBEoso (Éc. pol., p. 94) rapproche ces trois passages de la Genèse, d'Orose et de Diodore et fait bien voir qu'il s'agissait ici non d'un impôt foncier comme on l'avait dit, mais du droit seigneurial résultant de l'emphytéose. Mais il repousse le témoignage formel de Paul Orose pour son temps eu y voulant voir une citation ex abrupto de la Genèse, ce qui est évidemment contre la pensée de l'auteur, teuant à confirmer la Genèse par les faits actuels.

3 «Comme au temps d'Alexandre (v. Ins. de Smyrne in Frœlich Ann. SU., p. 135. Droysen 2, 30, > note 23) c'est le dixième et le %ingtiéme que l'on trouve le plus souvent dans les taxes des Lagides (v. » Fraxz, Intr.,VÏ, 2), c'est la dîme qu'on constate aloi-s en Judée (Macch. 1, 3, 49; 1, 10, 30; 1, il, 35).»

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134 Eugène Revillout.

miques attribuées à Aristote et que ue cite pas M. Lumbroso, cette hypothèse est formellement confirmée. Il y est dit eu effet que l'impôt foncier sur les terres (qu'il ne faut pas confondre avec l'impôt égyptien sur les maisons, z\-/.'.y., dont nous parle le même livi-e ainsi que l'inscrip- tion de Philadelphe citée plus haut) rentrait dans les revenus dits satrapiques et était appelé soit c-Açoptov, soit Ssy.aTsv. Il était donc du dixième. Ce dixième joint au cinquième (2/,q) perçu par le seigneur foncier et au cinquième (2/,(,) perça par le quasi-propriétaire faisait un total de moitié des revenus. Le métayer avait par conséquent moitié ou Vio des revenus comme maintenant. Si le quasi-propriétaire cultivait lui-même, il avait 7,0. S'il s'agissait de ces militaires dont nous parle Hérodote, militaires qui ue prenaient aucun fermier pour leur terre féodale, il gardait les •Vio et ne payait que la dîme au roi. Mais du temps de Diodore les militaires ou •^y.yy^oK (Cala- sirites ou Hermotibes) affermaient souvent '. Il en était semblablement des caûques macédoniens.

Eevenons en au cinquième payé au quasi-propriétaire dans les fermages ég}nptiens.

Si nous estimons d'après cette base du cinquième la location contenue dans le pa- pyrus 2328 du Louvre, il s'agit dans ce papyrus d'une exploitation bien considérable. Le contrat remonte au règne de Philopator et est relatif à des biens de neter hotep concédés aux grecs épigones d'Egypte. Nous avons vu que la chronique démotique (d'accord avec les données d'Hérodote) parlait longuement de ces concessions de terres sacrées à des soldats gTecs, faites déjà du temps d'Amasis. Les Lagides avaient encore accru ces libéralités en faveur des grecs épigones et au détriment des neter hotep des temples, comme le prouvent les contrats, les pièces du Sérapéum, etc. C'était-là le plus grand motif du mécontentement des prêtres d'Egypte, mécontentement sans cesse exprimé dans la chronique et devant pro- voquer la révolte, qui, peu de temps après le contrat dont nous nous occupons, c'est-à-dire à la mort de Philopator, souleva l'Egypte entière contre les Grecs. Dans ce document, des grecs épigones s'adressent à d'autres grecs épigones nommés par eux oïdn mes en Keme «grecs nés en Egypte», et louent d'eux un neter hotep du dieu Hormen (dieu déjà signalé à Thèbes par M. DE RouGÉ, I®'' fasc. des Mélanges, p. 18), mais un neter hotep concédé à perpétuité aux grecs épigones et nommé pour cette raison terrain des grecs d'Egypte. Ils leur disent donc : « Vous nous avez loué les terrains de Pathot d'Hormen situés sur le neter hotep d'Hor- »men, le dieu grand, constructions, terrains nus et champs du peuple des grecs d'Egypte, »pour deux ans. Nous vous donnerons donc pour ce neter hotep d'Hormen, le dieu grand, » 200 cor (grandes mesures thébaines ou ardeb de 5 artabes) chaque année, pendant les deux »ans ci-dessus, les dites mesures en bon blé, pur, sans déchet, équivalant chacune à 29 oiroinc, » rendues, conduites au sanctuaire d'Hormen, le dieu grand, sans frais ni dépense, au terme

»de . . . . Nous ne pouvons dire : Nous avons donné le blé de ces mesures sans

» Au bout de deux ans de bail, que nous mettions devant vous vos terres et que nous vous » abandonnions toute chose en provenant au nom (des paroles ci-dessus). »

Nous voyons que cette location porte sur deux années ce qui est contraire aux anciennes habitudes égyptiennes, conservées encore par les fellah. Il est vrai qu'il ne s'agit pas ici d'une terre de fellah, ou concédée en sous-propriété aux fellah, ce qui est le cas de nos locations ordinaires, mais de terres qui avaient été extraites pour ainsi dire d'un neter hotep pour

' Notons cependant qu'ils étaient considérés comme assez pauvres dans la circulaire royale contenue dans le papyrus 63 du Louvre.

La location. 135

être concédées eu bloc « au peuple des grecs d'Egypte » . Les Grecs qui occupaient la colonie du sanctuaire d'Hormeu avaient une propriété plus sérieuse (bien que collective) que les fellah ordinaires et ne craignaient pas de voir leur emphytéose ou quasi-propriété se transférer à d'autres. Cependant ils devaient encore sans doute payer le cinquième au temple d'Hormen, et eux-mêmes ils recevaient en outre le cinquième de leurs fermiers. II ne s'agissait pas ici de revenus essentiellement variables, comme dans le métayage, mais d'un revenu fixe, comme dans le fermage, et par conséquent ce cinquième avait être calculé d'a])rès le minimum des recettes et non d'après la moyenne, puisque le fermage était très court. Le cinquième, estimé d'après les années mauvaises, était de 200 cor ou de mille artabes : les "^ 5 ou ^/^^ dus au temple et aux quasi-propriétaires formaient deux mille artabes; en y ajoutant le dixième du roi : 2500 artabes. Le revenu minimum de la terre en question était donc de 5000 artabes (et peut-être de 10.000 dans les bonnes années). L'artabe était une mesure de 36 litres environ, ce qui donnerait pour les 5000 artabes 1,800 hectolitres.

Les locataires dans notre acte sont en nombre, aussi bien que les bailleurs. Ceci fait penser à la coutume légale de la Thébaïde (eu dehors du voisinage immédiat des villes), coutume légale se rattachant à l'ancienne loi de Sésostris sur la quasi-propriété collective, plutôt qu'à la loi nouvelle étabUe par Bocchoris (qui régna surtout dans la Basse-Egypte) pour la quasi-propriété individuelle. Nous avons traité de toutes ces questions dans la précédente leçon et nous avons vu que du temps de notre commission d'Egypte la loi antique du roi Ramsès II, ou Sésostris, était encore en vigueur dans certaines parties de la Thébaïde, tandis que la loi, relativement plus récente, du roi Memphite Bocchoris était universellement observée dans la Basse-Egypte.

Dans un acte, très fragmenté, qui se trouve au Vatican, les locataires sont au nombre de deux pour un bail annuel. Chacun des deux locataires devait solder moitié du fermage et de la redevance et moitié de l'impôt au roi. Le fermage était payable en partie en blé (froment) et en partie en bois, parce qu'il s'agissait d'une exploitation de champs et de forêts. Le chiffre des cor de blé revenant au quasi-propriétaire était de cent, (_ moitié du fermage précédent.) Le blé devait sans doute être livré en Pharmouthi i^au bout de huit mois) selon la coutume, et était, dans certaines éventualités, soldable par équivalence eu argent : le bois au contraire devait être apporté en Choiak de l'an 10 (c'est-à-dire au bout de quatre mois seulement). Si les locataires n'accomplissaient pas l'acte convenablement et s'écartaient des clauses stipulées, ils devaient donner, à titre de dommage et intérêts, 10 argenteus ou 50 sekels, et n'en étaient pas moins forcés d'accomplir les conventions faites. Point curieux à noter, chacun des locataires fait un acte séparé tout en rappelant que les obHgations étaient communes avec son coassocié. C'étaient des co-i-ei promittendi : mais la division de l'obligation est indiquée.

Xous avons vu citer dans une de nos locations de terres du temps d'Évergète II «les écrits que le roi a écrits » au sujet de l'agriculture. On possède justement une circulaire royale de ce genre, de cette époque et sur ce sujet, qui est conservée dans le papyrus 63 du Louvre. Kous reviendrons plus tard sur cette circulaire, ti-op importante pour être étudiée incidemment. Nous remarquerons seulement qu'on y prescrit relativement à l'agriculture un serment solennel par le nom des dieux et par le nom des rois', serment qui devait être écrit. Un papyrus

1 Nous possédons aussi un serment fait du nom des dieux et des rois (très analogue comme formules

18*

136 Eugène Revillout.

grec publié par Parthey contenait un serment de ce genre (malheureusement incomplet") et nous en avons copié à Berlin un autre^ dont le titre est en grec et la teneur en démotique. C'était-là sans doute une partie de la déclaration que le fermier devait faire en commun avec l'agent du propriétaire suivant les termes mêmes de nos locations. Voici la pièce :

«L'an 37, 21 Mésoré, du roi Ptolémée, le dieu Evergète, etc.

« Le pastophore d'Amon de Djême, Phib, fils de Phib; dont la mère est Tachnumis, dit » à Apollonius, le fermier général du territoire de Thèbes, et à Panas '^, le topogrammate du » territoire de Thèbes : je fais serment devant le roi Ptolémée et la reine Cléopatre, sa femme, » les dieux Évergètes et les dieux sauveurs, les dieux frères, les dieux Évergètes, les dieux » Philopators, les dieux Épiphanes, le dieu Philométor, le dieu Eupator, les dieux Évergètes ^ » et Isis, et Osiris, et tout dieu, et toute déesse que je cultiverai le champ de Pséosor, fils » de Pais et le champ des Ala . . . qui sont situés dans le neter hotep d'Amon, au nord de » Thèbes, au moyen de l'eau de l'an 37 à l'an 38. Que je solde leurs impositions à la porte » du roi, selon ce qui est sur les écrits que le roi a écrits à ce sujet. Que je sois me tenant » debout sur ces champs, t'en montrant à toi les produits, sans fraude, sans que j'aille sur la

» place adjurer temple divin, autel ou statue Je fais serment

» sur ces choses. Je resterai tranquille. Je fais serment de venir apporter le blé du serment. »

Le set ou fermier général {set signifie louer) avait donc l'intendance de la culture d'un nôme sous l'autorité du topogrammate. Ce sont ces set auxquels la circulaire administrative citée plus haut fait allusion à la ligne 80 : ot; r; twv oawv sT.'.v.ziTy.'. çpovi'.ç. Le serment des culti- vateurs était fait entre leurs mains et portait à la fois : sur la culture des terres, qui ne pouvait être interrompue; sur l'impôt royal, qui devait être toujours religieusement soldé. Je dis reUgieusement; car le serment écrit, prêté non seulement de par les dieux, mais de par les rois (opy.ouç [j.rj [jlov:v e-i twv ôeiov aXXa xa'. xaxa twv (iasiAccov Ypa-xouç) obligeait religieusement sous ces deux aspects, puisque les rois étaient dieux, et civilement sous le dernier, puisqu'ils étaient les maîtres de l'Egypte. Ce dernier aspect («XXa xat) était même le premier dans nos formules écrites. C'était certainement le plus important et cependant, d'une autre part, en vertu de cette adjuration solennelle, le malheureux cultivateur se retirait d'avance la faculté d'appel aux dieux. Ce recours suprême était pourtant formellement prévu par la loi égyp- tienne, qui l'accordait à tous les opprimés et même aux esclaves, ainsi que, plus tard, cela avait lieu à Rome pour ceux qui se réfugiaient près de la statue de l'empereur, et, dans les cou- tumes normandes, pour ceux qui faisaient l'adjuration à Rollo, le célèbre Haro, si singulière- ment compris par Lafontaine. Nous avons vu que les esclaves égyptiens trop cruellement opprimés par leurs maîtres pouvaient échapper à leur tyrannie en se réfugiant dans certains sanctuaires, suivant le témoignage formel d'Hérodote, concordant parfaitement avec les docu- ments démotiques contemporains. L'esclave faisait alors un appel écrit aux dieux et les prenait à témoin nous avons en démotique un appel de ce genre . On instruisait ensuite l'affaire, et si les prêtres lui donnaient raison, il cessait d'être la chose de son maître pour devenir celle

initiales à celui de l'an 34 cité plus bas) qui a été prêté et écrit dans des circonstances toutes différentes. Il s'agissait d'une réparation pour une séduction. Nous en avons déjà parlé dans la Bévue égyptologique.

2 On peut aussi traduire peut-être «fils de Panas»; car la marque de la filiation est un petit trait penché (abrégé de ^) et je n'ai plus l'original sous les yeux.

3 Cette mention des dieux Evergètes fait doublon avec celle de l'en-tête.

La location. 137

du dieu. Il existe d'autres adjurations analogues concernant des personnes de condition libre, injustement traitées ou ayant subi préjudice, par exemple dans les affaires de viol, de séduc- tion, etc. Xotre fermier aurait donc pu de même en appeler à cette juridiction divine s'il ne se l'était interdit d'avance d'une f-àcon si précise et si solennelle, en jurant de n'implorer ni temple de dieu, ni autel, ni statue. Désormais il était complètement entre les mains du set. Dans cette adjuration nous remarquons aussi deux formules identiques à celles d'une des locations contemporaines d'Évergète II que nous avons donnée précédemment. Lune «que je solde leurs impositions à la porte du roi selon ce qui est sur les écrits que le roi a écrits à ce sujet» se rapporte à la circulaire administrative citée plus haut et a été déjà

commentée par nous. L'autre : «je cultiverai au moyen de l'eau de l'an 37 à

l'an 38 » mérite de nous arrêter quelques instants. Dans le serment, comme dans les loca- tions, cette formule stipule le droit qu'a le fermier de se servir de l'eau annuelle pour sa culture. Il faut savoir en effet que l'irrigation était aloi^s en Egypte bien supérieure à ce qu'elle est actuellement. Xous avons à ce sujet de très curieux renseignements dans les documents contemporains. Je citerai par exemple un papyrus grec concernant les ti-avanx faits aux canaux des environs de Thèbes et qui nous montre combien la canalisation était déve- loppée. Des ventes démotiques donnent d'autres détails su])plémentaires sur le même sujet et sur le même lieu, particulièrement en ce qui concerne «Veau de Xicandros^ et «Verni Lybienne^, c'est-à-dire longeant la chaîne Ly bique. L'eau annuelle n'était pas autre chose que celle qui. dans ces canaux et dans les petits conduits qui en dépendaient, était réservée (après l'inondation^ pour la culture de l'année. Chaque riverain y avait un droit proportionnel et amenait cette eau dans son terrain à l'aide d'appareils fort simples, encore en usage au commencement de ce siècle. D'après une vieille loi égyptienne, reçue par les Romains et reproduite dans le corpus jnris, celui qui détériorait ces canaux ou rompait les digues i /(oixaTa := mot transcrit chomafci) était puni de mort. L'eau réglait d'ailleurs la récolte; et une loi de Ramsès II ou Sésostris permettait de diminuer l'impôt de ceux dont les terrains n'avaient pu être arrosés d'une façon suffisante. Dans une pension alimentaire faite par un fils à une mère, en l'an 36 de Philométor ', nous constatons également que l'obligation n'est valable que si l'eau monte jusqu'à un certain niveau. Ajoutons en passant (car nous reviendrons sur ce sujet en étudiant les conditions de l'agriculture en Egypte, d'après le papyrus 63 du Louvre^i que tous les habitants étaient obligés de contribuer à la culture de la terre. C'était la capifntion de l'agriculture ^ôcopYiai, la corvée par excellence, sur laquelle les circulaires royales s'étendent

' Cet acte est ainsi conçu : ^ Le taricheiite de la nécropole de Djême, Amenhotep, tils d'Hor, dont la » mère est Chabonra, dit à la femme Chaboiira, fille de Psémonth, dont la mère est Tsétamen : ils t'appar- i> tient d'exiger je t'en ai donné le pouvoir chaque année que l'eau i^du Nil) remplit 18 coudées (sur le snilométre) que je te donne 10 cor (de blé) leur moitié est 5 dix cor (de blé), et la valeur de la » moitié du quart de petite mesure d'huile de tekem (•/.•./.'.) en outre, le quart du 8* de quart de petite mesure s>de sel en outre, par année, un m tous les deux ans. quand l'eau remplit 18 coudées du nilométrc. L'année »oà l'eau ne remplit pas 18 coudées, pour que tu boives et manges du seth, fais ton ménage avec moi et »que je te donne une clef de la porte. Le droit de l'écrit ci-dessus est sur moi et sur mes enfants. La » totalité des biens qui sont à moi et que je ferai être est en garantie de toute parole ci-dessus jusqu'à ce »que j'agisse en conformité. Si je m'écarte pour ne pas agir selon toute parole ci-dessus, je te donnerai un talent, trois cents argenteus, un talent en tout, en airain dont l'équivalence est de 24 pour -jfd, pour les » sacrifices du roi. Tu m'obligeras de plus à m'y conformer, de force, sans délai, sans opposition.» Ces 18 coudées nécessaires pour une bonne année sont (nous l'avons dit pins haut p. 133) fort intéressant à noter.

138 Eugène Revillout.

longuement. Les Égyptiens des conditions les plus diverses y étaient astreints, à certains jourS; et venaient aider ainsi les fermiers royaux (BaatX-.xoç Yswpïo;) et les agriculteurs propre- ment dits, pour les terrains qui n'étaient pas devenus tout-à-fait propriété privée.

Jusqu'ici nous avons vu surtout ce qui concernait la location des terres. Comme nous l'avons dit, cette location (la première qu'ait connue Rome, ainsi que le prouvent l'action ser- vienne, l'interdit Salvien et l'action quasi- ser vienne , appliquées ensuite aux autres genres de baux) cette location, dis-je, était, en Egypte, la location par excellence. Mais, à l'imitation de la location des terres, on avait aussi établi la location : des autres immeubles; de certains revenus de sources diiïérentes : ce qui peut être comparé sous certains rapports à la locatio operarum des Romains.

A'oici d'abord une location de terrains à bâtir : «Le cavalier inscrit à Djême, Chons- » thot; fils de Petrus et dont la mère est Tamin, dit au taricheute de la nécropole de Djême, » Amenliotep, fils d'Hor et dont la mère est Chaboura : tu m'as loué ton oureh de maison » ((itXoTOTCoç) qui est dans le quartier sud de Djême, à l'intérieur de l'enceinte de Djême, et »dont les voisins sont : au sud l'enceinte de la ville (?) de Djême; au nord les oiireh (terrains

»nus) de Tachons, que la rue du roi en sépare; à l'orient la maison de ; à l'occi-

»dent les oureh (terrains nus) de Maut .... Que je sois sur les de ton oureh de

» maison (iI^iXototcoç) ci-dessus depuis l'an 52, 1'"' du mois de Méchir, jusqu'à la fin de 5 années, »en mois 60 ... en années 5 en tout. Que ton agent déclare la location avec moi. Que »je donne en la main de ton agent, au nom de la location de ton oureh de maison ci-dessus, »par année,, trois argenteus, en sekels 15, trois argenteus en tout, en airain à l'équivalence »de 24 pour Yio argenteus d'argent, chaque année des teinps ci-dessus. Cet argent, si je ne »le donne pas chaque année, que je te donne en plus, pour ces argenteus, Vio P^^' chaque » argenteus, le mois qui suivra le mois nommé, de force, sans délai. Ou prendra (ou empor- »tera) les caisses et les bois que je placerai dans Voureh de maison ci-dessus à la fin des temps » ci-dessus. Le droit de l'écrit ci-dessus est sur moi et sur mes enfants. La totalité des biens »qui sont à moi et que je ferai être est en garantie de toute parole ci-dessus jusqu'à ce que » j'agisse en conformité. Quand la fin des cinq années ci-dessus sera (arrivera), que j'étabHsse » ton oureh de maison ci-dessus devant toi pour que tu le loues à l'homme à qui tu voudras le » louer. Je ne pourrai dire : j'ai loué ces années-là pour faire de même en tout temps. L'homme » de nous qui s'écartera pour ne pas agir selon toute parole ci-dessus, donnera 600 argenteus, »deux talents, 600 argenteus en tout, en airain à l'équivalence de 24 pour 7io- 0^ l'obligera » de plus à agir selon toute parole ci-dessus. Ton agent prend puissance pour toute parole qu'il » dira avec moi au nom de toute parole ci-dessus. Que je les accomplisse à son égard, en tout » temps, de force, sans délai, sans opposition. »

Nous remarquerons d'abord que cette location est pour plusieurs années. Mais elle porte sur un terrain de ville, genre de terrain qui appartenait réellement aux individus chez les Egyptiens anciens et modernes, chez les Hébreux, etc. Ces terrains de villes ne produisant rien par eux-mêmes, le fermage n'est pas en nature, mais en argent, et la dette est augmen- tée de l'hémiohon en plus en cas de retard dans le paiement de chaque année. Notons que le propriétaire loue son terrain nu à la charge pour le locataire de le lui rendre tel à la fin de son bail. Celui-ci doit donc en enlever tout ce qu'il y aura mis, sans pouvoir rien demander

La location. 139

pour les améliorations faites (nous avons une clause semblable, encore plus explicite, pour un bien funéraire livré en gage, sous forme de location, à un créancier). La reconduction tacite (continuation tacite du baili est aussi formellement interdite que dans une des locations de terres citées plus haut : « à la fin des cinq années ci-dessus, que j'établisse ton ovreh de maison «devant toi pour que tu le loues à Thomme à qui tu voudras le louer. Je ne pourrai dire : »j'ai loué ces années-là pour faire de même en tout temps.» Comme dans une de nos locations de terre, une amende est stipulée à la charge de" celle des deux parties qui violerait le con- trat : nous avons expliqué plus haut cet usage. L'agent joue un grand rôle, ainsi que dans les créances ordinaires. Il n'est pas question des impositions en nature à payer au roi; mais on mentionne la déclaration qui doit être faite par le locataire et fagent du propriétaire. Cette déclaration des baux était donc indispensable, alors même que l'on n'avait pas à faire le serment de culture. Semblable déclaration était aussi exigée pour bâtir; et l'on payait alors un droit fixe, mentionné dans les contrats et dans les reçus spéciaux qui nous sont parvenus. Quant aux locations de revenus funéraires, elles étaient permises. Je vous en ai cité der- nièrement une à propos du gage. Il s'agissait de biens et revenus funéraires livrés en location par un débiteur à son créancier pour le payer de sa créance. Suivant les principes que nous vous avons expliqués précédemment, celui-là soblige qui doit ou qui a déjà reçu. Aussi n'est- ce point, comme dans les autres locations, le locataire qui écrit l'acte, mais le locateur ou bailleur. En effet c'est ici le locateur qui a reçu le premier. A lui d'engager sa parole. Au lieu de lire : «tu m'as loué» on lit donc : «je t'ai loué» dans l' en-tête de l'acte. La loca^ tion doit durer trois années; car le produit des biens funéraires doit payer en ce temps la créance, s'élevant à 400 argenteus : à savoir 133 argenteus 3% et un tiers par an (inté- rêts comprise Le locateur déclare donc qu'il n'a rien à toucher, qu'il a reçu d'avance et que son cœur en est satisfait les 400 argenteus, par une dette antérieure dont il spécifie la nature et la date. Il s'engage à écarter dans le délai de cinq jours quiconque viendrait ti'ou- bler le locataire-créancier dans sa jouissance d'usage. Mais il met pour condition que le loca- taire établira au bout de trois ans les biens en question devant lui pour qu il puisse les louer à qui il voudra. Si, avant ces trois ans accomplis, le bailleur retire quoi que ce soit des biens loués à son créancier, il lui rendra ce dont il la frustré et lui donnera pour dommages -inté- rêts 3000 argenteus. Si, d'une autre part, le locataire ne quitte pa^ les biens funéraires en question et ne s'en va pas avec ses gens « hors des parts ci-dessus », il lui donnera 5000 argen- teus, c'est-à-dire des dommages-intérêts plus élevés de Ys; parce qu'il aura entrepris non pas seulement sur l'usage, ce qu'eût pu faire le bailleur, mais sur la propriété des biens en question, en voulant changer en vente une location. Cela ne l'empêchera pas de rendre les biens ainsi usurpés. Les dernières conditions sont : *tu ne pourras dire sur mes biens ci-dessus, comme il est écrit ci- dessus : j"ai bâti, j'ai couvert, jai fait changement quelconque au monde. Tu ne pourras dire : j'ai parole au monde avec toi en leur nom (réclamation à te faire).» Enfin l'acte se tennine par l'hypothèque générale, la mention du procureur et cette clause formelle relative au temps du bail : «Je ne puis établir mes parts ci-dessus pour personne au monde intervenante. Je ne puis rien ordonner sur mes parts ci-dessus, comme il est écrit ci-dessus. » Dans cette location l'obligation est donc complètement retournée pour ainsi dire et toute à la charge du bailleur par la raison toute simple que c'est lui qui a reçu et que c'est lui qui doit.

140 Eugène et Victor Revillout.

Telles sont les principales données que j'ai recueillies sur la location proprement égyp- tienne. M. Blass m'a signalé aussi une location grecque d'Egypte copiée par lui à Berlin. Mais cette location paraît postérieure aux Lagides.

COMPTES DU SÉEAPÉUM.

Nous allons donner le texte grec d'un papyrus du Louvre, peu exactement reproduit dans l'édition académique sous le 56.

Ce texte comprend trois colonnes, qui se trouvent mélangées dans cette publication, mais sont bien distinctes sur l'original. Elles ont été écrites sur le revers et sur la partie la plus usée, près du bord droit, d'une bande de papyrus, dont l'autre face avait servi à transcrire des maximes morales en langue démotique. Déjà antérieurement le papyrus, dont fut détachée cette bande, avait été utilisé pour la confection d'un ancien acte démotique, ainsi que le prouvent les 8 derniers noms d'une liste de 16 témoins, qu'on aperçoit encore vers le milieu, en haut du revers, du même côté que les trois colonnes de grec.

Revenons en à celles-ci. Elles nous donnent l'actif et le passif de la gestion d'affaires dont Apollonius, fils de Glaucias, frère du macédonien Ptolémée, le pieux reclus du Sérapéum de Memphis, avait été chargé par celui-ci pendant une période déterminée. Nous allons voir qu'un autre document, le papyrus S de Leyde, nous permettra de préciser les dates. En effet c'est bien le même compte en partie double qui se trouve dans ces deux papyrus. Mais, dans celui de Leyde ce compte a été dressé par Apollonius, et dans celui du Louvre, par Ptolémée lui-même, qui à la date du 1" Payni faisait établir la balance et calculer le reU- quat des sommes versées à son frère. Les écritures et les orthographes sont très différentes.

Ptolémée, qui écrivait beaucoup et qui recommençait souvent à plusieurs reprises le brouillon des pétitions qu'il adressait aux souverains ou aux fonctionnaires, tâchait de ménager le plus possible du revers blanc de ce papyrus, lequel, du côté droit, avait déjà beaucoup souffert. Il commença donc par inscrire, dans une colonne très étroite, de ce côté, tout à fait au bord, malgré les trous et les lacunes qui alors déjà existaient à ce niveau, le détail complet des dépenses faites en son nom par Apollonius. Ici les dépenses sont groupées, non suivant les époques, mais suivant les espèces : d'abord les achats de papyrus, puis les achats de blé, puis une somme versée à Taloutis, le marchand de blé, et qui lui était sans doute due sur un compte antérieur. Pour le calcul, la méthode est la même que dans le papyi'us Sakkinis : d'abord des additions et sommations partielles, puis, en remontant de bas en haut, la tota- lisation, partielle, puis générale, des produits ainsi obtenus.

Mais il y eut plus d'une erreur.

Certains chiffres ont été surchargés ou corrigés autrement : celui de la somme payée pour deux artabes de blé, qui, d'abord de 560, est devenue de 580 par la substitution d'un n à un Z; celui du versement à Taloutis, marqué d'abord de deux cent quarante drachmes, porté ensuite à deux cent quarante-cinq par l'intercalation d'un E dans l'interligne, et enfin à deux cent cinquante tant par la transformation du M primitif en N que par la répétition de la mention Ir CN à la liffne suivante.

Comptes du Sérapéum.

141

Ces deux erreurs, vues et corrigées au fur et à mesure, n'influèrent pas sur les totaux. Mais il en fut tout autrement d'une autre erreur plus grave portant sur le calcul. En addi- tionnant les achats de blé, on avait compté 1700 drachmes au heu de 1600 drachmes pour le prix de toute la masse ; et par suite l'addition de ce produit partiel avec la somme payée à Taloutis donna 1950 drachmes au lieu de 1850, et comme total général, y compris le prix du papyrus, on trouva 2410 au lieu de 2310. Ptolémée avait achevé d'écrire cette première colonne quand il reconnut cette triple faute. 11 l'indiqua par une double surcharge portant sur le nombre 1700, dont le Y fut surchargé des deux branches d'un X et sur le nombre 1950 AT N, au-dessous duquel on inscrivit les lettres À(i3 . . dans l'interligne; mais quant au total général, inscrit très près du bord inférieur du papyrus, fort endommagé à cet endroit, l'espace manquait pour le corriger convenablement en l'eiïaçant et en y substituant plus bas le nombre exact.

Comme il ne serait pas possible de figurer typographiquement la substitution d'une lettre à une autre, de telle sorte qu'un Z primitif fût transformé en II, un M en N, un Y en X, nous indiquerons ces surcharges par de simples juxtapositions dans la reproduction du texte grec, en plaçant à la suite de la lettre posée d'abord celle qui la remplace et qui se trouve superposée dans l'original. Nous aurons soin d'ailleurs d'entourer de parenthèses celle de ces deux lettres dont il n'aura pas été tenu compte pour l'établissement des totaux. Nous procé- derons de même relativement aux nombres à substituer à d'autres nombres pour suivre la marche du calcul dans la traduction en regard.

Voici donc comment se présentait cette première colonne après les surcharges et cor- rections :

150 70 240 jusqu'à Pharmouthi 30 cela fait : de papy- rus — prix : drachmes 460

PN

0

CM eiÂ

HCJC OAPMOY

r nAHY ^

POVC TIMH

Ir Y Z

Zf.

AlrCN

le

A 1^2 T

ir

C_ UPZ

Zf B

Ir 0 (Z) n

XI

i^n

X A

lrC3 A

r Cl

T0Y'2f E

/^

À Y (X)

artabe 1 : drachmes 250

artabe 1 : drachmes 300

le 13 (du mois) '/j : drachmes 160 artab. 2 : drachmes (560) 580 cho. 10 : drachmes 80

cho. 30 : drachmes 230

cela fait de blé artabes 5 cela fait drachmes 1700 (1600)

1 Une écaillure longitudinale du papyrus qui existait déjà et faisait complètement trou sur certains points a obligé Ptolémée à laisser dans cette ligne et dans les suivantes un espace vide entre la première et la seconde partie de la ligne. Aussi le commencement en est-il reporté un peu plus à gauche.

2 Par suite d'une autre écaillure du papyrus, le chiffre T se trouve assez distant de la sigle des drachmes.

3 Un autre trou du papyrus sépare le chiffre A de la sigle des deux cents drachmes.

19

142

Eugène et Victor Revillout.

TAA OYTI lrC(M)N

Ir C / Ir À

y^ ë Y

N T N

(a)

I

(245) à Taloutis drachmes (240) 250

(Iraclimes 250 cela fait drachmes 1950

(1850) total 2410

Les fautes commises étaient bien mises en évidence. Mais ce qui n'était pas corrigé dans cette colonne, c'étaient les totaux. Il parut donc indispensable d'additionner de nouveau les trois produits partiels, en procédant en sens inverse pour faire en même temps la preuve. Cette opération fut exécutée dans une, seconde colonne, qui prit place à la gauche de la pre- mière et qui resta plus courte, car les dépenses n'y furent indiquées que par masses, le détail étant déjà donné précédemment d'une façon suffisante. Il y eut sans doute encore une erreur de calcul, car une ligne de chiffres a été effacée avec le doigt, avant que l'encre n'eût séché, devait se trouver d'abord le produit de l'addition du prix des papyrus avec le prix des blés. Mais les nombres définitifs sont cette fois parfaitement exacts.

Cette dernière colonne est ainsi conçue :

nAnYPOYC

TIMHN HUC «DAPMOVei  U YZ

/ CITOY 1p E TIMHN UÀX

/- fez

TAAOYTI

IrCN

r IrëTI

De papyrus

prix, jusqu'à

pharmouthi 30

drachmes 460

total du blé : artabes 5

prix : drachmes 1600

cela fait : drachmes 2060

à Taloutis

drachmes 250

cela fait : drachmes 2310

Apollonius avait donc en tout dépensé pendant la période de temps pour laquelle il rendait ses comptes, 2310 drachmes imputables sur les sommes qui lui avaient été confiées par son frère. Pour faire la balance, pour savoir au juste ce dont il restait redevable, il fallait maintenant établir à combien se montaient ces sommes. C'est ce que fit Ptolémée dans une troisième colonne, il eut soin de distinguer de ce qu'il avait remis directement à Apollonius, ce qu'il lui avait fait parvenir à deux reprises par l'intermédiaire d'un Armais dont nous aurons bientôt à parler. Il y ajouta ce que son frère, avait touché pour prix d'un othonion, tissu de byssus, vendu en son nom et sur le sujet duquel nous aurons également à revenir.

Il est à remarquer que dans cette troisième colonne il y a encore un chiffre changé. Dans la première ligne relative à de l'argent versé directement à Apollonius, Ptolémée avait inscrit d'abord mille drachmes Vk, puis il a transformé ce nombre mille en 2180 fePn. Le

' Le papjTus ayant perdu depuis lors un petit fragment à ce niveau, il est impossible de savoir si la lettre N qui eût complété la correction a été écrite, ou si Ptolémée, qui recommençait le calcul dans une autre colonne, ne s'était pas ici contenté de cette indication sommaire.

Comptes du Sérapéum.

143

papyrus S de Leyde rend cette transformation très facile à comprendre. En effet la somme de 2180 drachmes avait été versée en deux fois : d'abord 1000 drachmes le 22 Phaménoth, puis 1180 le 5 Pharmouthi. Le premier nombre se rapporte donc à un versement isolé, et celui qui le remplace à la masse de la somme versée directement, considérée en bloc.

Notons encore que la lettre fl de la cinquième colonne a perdu ses jambages et une partie de son plateau, enlevés ainsi qu'une partie du sig-ne ^ reste, par une écaillure du papyrus. Mais la lecture de cette lettre -chiffre n'est pas douteuse, car la différence entre, d'une part, le nombre auquel elle appartient, nombre représentant le produit de l'addition des diverses recettes et, dune autre part, le nombre porté à la fin de l'autre colonne et figu- rant le total des dépenses, est exactement de 1370 ÀTO. La balance à la date du 1" Pachons accusait bien ce reliquat de 1370 drachmes, ainsi que le montre le calcul suivant qui forme la troisième colonne.

AnOAAUNIUI APMAEI APMAEI nAAIN OeUNlOY TIMH

r i^rxn n. i^àto

nAXCON À

ir (À) ë p n

IrX

UY

A Apollonius : drachmes (1000) 2180

à Armais : drachmes 600

à Armais de nouveau : drachmes 400

prix d'un othonion : drachmes 500

cela fait drachmes 3680 : reste dr. 1370

le premier Pachons.

Tel est le papyrus du Louvre qui contient le compte dressé par Ptolémée, fils de Glau- cias. Voyons maintenant ce même compte, dressé par son frère Apollonius. Il constitue la première colonne du papyrus S de Leyde publié par M. Lbemans avec un facsimile partiel comprenant seulement les cinq premières lignes. Ces cinq lignes représentent l'actif, elles correspondent donc à la colonne du papyrus du Louvre que nous venons d'examiner en dernier lieu. Apollonius n'avait pas les mêmes raisons que Ptolémée pour distinguer ce qui lui avait été versé directement par celui-ci ou indirectement par l'intermédiaire d'Armais. Il savait bien avoir touché le tout. Ce qui lui importait, au contraire, c'était de marquer exactement les dates pour établir qu'il en avait pris note et n'avait rien oublier. La publication de M. Leemans porte une erreur sur le total; mais il est facile de se rendre compte par l'examen du facsimile que cette erreur n'est probablement pas le fait d'Apollonius. Ce doit être une caillure du papyrus qui a transformé en Y un X en lui faisant perdre la moitié d'une de ses branches. M. Leemams a d'ailleurs indiqué dans une note cette restitution comme forcée d'après le calcul.

Nous allons donner d'abord séparément les cinq premières lignes, car le calcul en forme un tout complet, embrassant les recettes proveuues de Ptolémée. Puis nous passerons aux neuf dernières, relatives aux dépenses, et pour lesquelles nous n'avons pas de fac-similé.

L KB «DAMENOe

AHEXCJ RAPA nTOAEMAI(0K"^J IrÀ

<t>APMOVei Ê UÀPn.TH^^'^^ ÎBlrX

KAI TEIMHN OGUNIOY Kt> TH^"'^^ IrY

r uhxn

Au 22, Phaménoth le 24 je reçois de Ptolémée : drachmes 1000 Pharmouthi le 5 : dr. 1180; le 12 : dr. 600 et le prix d'un othonion : dr. 500 ; le 25 dr. 400 cela fait drachmes 3680

19*

144 Eugène et Victor Revillout.

Ce sont bieu les mêmes éléments que dans la troisième colonne du papyrus du Louvre; et les époques sont précisées. Ce compte en partie double ne porte que sur un espace d'un mois et sept jours. Dans le calendrier égyptien le mois de Phaménoth précède Pharmouthi et le mois de Pacbous lui succède. Or c'est le 24 Phaménoth de Tau 22 du roi Ptolémée Philométor que ce compte, arrêté le l*^"" Pachons, s'était ouA^ert par la remise de mille drachmes faite directement par Ptolémée à Apollonius. Ce qui vient immédiatement après, c'est un second versement direct qui avec ce premier constitue une somme de 2180 drachmes. Quant à ceux qui furent opérés par l'intermédiaire d' Armais, l'un de 600, l'autre de 400 drachmes étant ici classés d'après leurs dates, ils se trouvent être séparés par la mention du prix de vente d'un othoniou. Il n'y a pas d'autres différences entre cette partie du pajiyrus de Leyde et la colonne correspondante du papyrus de Paris.

Voyons maintenant le compte des dépenses dans ce même papyrus de Leyde. Il y est également classé d'après les dates, non d'après les espèces; les achats de blé, ceux de papyrus, etc., s'y trouvent entremêlés; mais il ne sera pas difficile d'y retrouver le détail de tous les éléments qui figurent dans les deux colonnes correspondantes du papyrus du Louvre. La longueur des lignes du texte grec ne permettant pas de mettre le français en regard, nous avons pensé que le mieux serait de diviser la traduction, qui ne diffère pas foncièrement de celle de M. Leemans, en alinéas correspondant chacun à une seule et même date.

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Apollonius compte

Pharmouthi le 1", de blé une artabe : drachmes 250; de papyrus : drachmes 150

(^acheté) à Taloutis une artabe : drachmes 300

le 13, de blé une demi (artabe) : drachmes 160; de blé deux artabes : drachmes 580

le 27, dix chœnices : drachmes 85

le 29 de blé 30 chœnices : drachmes 230, à Her . . . 1/2 pour moi drachmes cent .... papyrus drachmes 310; (pour moi) .... drachmes 220

à Taloutis drachmes 240 le 28 et le 29

fin de toutes les dépenses en blé et aliments du mois de Pharmouthi cela fait 2670.

Comparons maintenant ces données avec celles de la première colonne, à droite, du texte du Louvre.

Comptes du Sérapéibi. 145

Pour les achats de papyrus celle-ci portait successivement les sommes de 150; 70; 240 drachmes. Le texte de Leyde marque à la date du 1" Pharmouthi 150 drachmes; et à la date du 29, 310 drachmes, c'est-à-dire le total dune acquisition de 70 drachmes et dune autre de 250.

Relativement aux céréales, dans celui de Paris nous trouvons avant le seul quantième qui soit indiqué, le 13 d'un mois indéterminé, une artabe de blé coûtant deux cents cinquante drachmes et une autre artabe coûtant trois cents drachmes; puis, à la suite de ce quantième, viennent une demi artabe au prix de cent soixante drachmes, 2 artabes au prix de 580 drachmes, 10 chœnices à 80 drachmes. 30 chœnices à 230 drachmes. Dans celui de Leyde, la mention du quantième du 13 Pharmouthi est également précédée de l'évaluation d'une première artabe à 250 drachmes et dune autre arta])e à 300 drachmes, puis viennent de même, ce jour-là, nue demi artabe à 160 drachmes, 2 artabes à 580; ensuite dix chœnices dont le prix cette fois serait porté à 85 drachmes au lieu de 80 et 30 chœnices coûtant 230 drachmes comme dans le papyrus du Louvre.

Reste dans le papyrus du Louvre le rehquat payé à Taloutis dont l'évaluation a varié à deux reprises. On voit dans le papyrus de Leyde que ce reliquat a été payé, au moins en deux fois, le 28 et le 29, ce qui pourrait expliquer dans une certaine limite ces hésitations de mémoire. La somme qu'inscrit Apollonius est celle que Ptolémée avait d'abord inscrite avant sa double correction.

Jusqu'ici tout est parallèle. Mais dans le papyrus de Leyde, nous ti-ouvons en outre deux mentions que celui du Louvre ue portait pas. Ce sont deux payements; et pour l'un d'eux au moins Apollonius dit expressément l'avoir fait en sou propre nom (si^-oc). Ces payements sont-ils relatifs à des acquisitions de blé ou d'autres substances alimentaires? C'est plus que probable puisque Apollonius, avant d'établir le total, déclare qu'il s'agit de l'ensemble complet des dépenses du mois de Pharmouthi tant pour le blé que pour les autres vivres. Malheu- reusement le texte paraît avoir soufiFert à cet endroit, nous ne possédons pas de facsimile et M. Leemaxs n'a rétabli que d'une manière très dubitative les premiers mots de ces deux lignes. En ce qui touche le montant des deux sommes versées en son propre nom par Apollo- nius, celui de la dernière paraît seul certain : il est de 220 drachmes. Quant à celui de la première, 31. Leemans le figure par un P suivi d'un Z, puis d'un B, puis d'une sorte de ligne brisée se terminant par un trait droit comme le dernier jambage d'un N. Or le total ne porte pas de nombre inférieur aux dizaines, ce qui exclut la possibilité d'un B représentant deux drachmes; et ce qui nous paraît le plus probable, eu l'absence de farsimile, c'est de supposer une surcharge remplaçant un chitire par un autre, qui seul comptait. D'ailleurs la lettre- chiôre Z formerait un nombre trop fort pour le total, lequel ne dépasse que de 360 drachmes celui des sommes versées au nom de Ptolémée, tandis que 162 ajoutées à 220 auraient fait 382 drachmes.

Quoi qu'il eu soit, il faut remarquer que le compte d'Apollonius dans le papyrus de Leyde ne se termine point par une balance comme celui de Ptolémée dans le papyms du Louvre. C'est un mémento, eu partie double, d'uue certaine catégorie de sommes reçues et dune certaine catégorie de sommes dépensées. Les recettes portées ici proviennent toutes de Ptolémée, les dépenses sont toutes relatives à des substances alimentaires; mais la distinction

146

Eugène et Victor Reyillout.

n'y est pas faite eutre les dépenses personnelles et celles qui résultaient de laccomplissement du mandat donné par Ptolémée.

Mais une question se pose. Pour qu'Apollonius pût se permettre de payer indifférem- ment avec les sommes qu'il avait en main les acquisitions de sou frère et les siennes propres, il eût fallu qu'il eût de l'argent à lui, en dehors de ce qu'on lui confiait. Or à cette date, il n'avait pas encore été admis dans la milice; il ne possédait pas d'emploi permanent et lucratif. Nous le voyons surtout alors faire les commissions de Ptolémée et des deux prêtresses jumelles dont Ptolémée s'était constitué le tuteur, vivant dans le temple auprès de son frère le reclus, sans exercer aucune profession. Pouvait-il dans ces conditions avoir des ressources personnelles, encaisser des recettes dont il fût dispensé de rendre compte?

On dirait vraiment qu'il a prévu des doutes de ce genre et qu'il a tenu à les dissiper pour la période de temps en question, car il a fait dresser par son frère, comme le prouve l'écriture, le compte détaillé de ce qu'il a reçu en monnaie de cuivre, probablement pour prix de ses services loués occasionnellement pour un jour ou pour quelques jours, pendant les deux mois de Phaménoth et de Pharmouthi de l'an 22 de Ptolémée Philométor.

Ce compte forme la première colonne du papyrus du Louvre qui porte le 57 dans la publication académique.

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Au 22 Phaménoth

12, Pour Apollonius compte

de ses chalques

le 13 drachmes 105

le 14 drachmes 100

le 15 drachmes 100

le 25 drachmes 130

cela fait jusqu'au 30 Phaménoth dr. 435

Pharmouthi

le 2 drachmes 170

le 4 drachmes 240

le 6 drachmes 200

le 7 drachmes 240

le 16 drachmes 200

cela fait jusqu'au 16 Pharmouthi dr. 1050

Pachons

le 1" drachmes 230

C'est le 12 Phaménoth qu'Apollonius, tout fier de constater qu'il gagnait de l'argent, s'était fait ouvrir ce compte à lui-même. Il n'avait pourtant rien reçu, rien à recevoir ce jour-là. Mais il avait loué ses services pour les jours suivants, et en conséquence, dès le lende- main, pour une première journée il touchait 105 drachmes, le surlendemain, pour une autre, 100 drachmes, et le troisième jour encore 100 drachmes. Après cela, la série s'arrête et

' Lettre douteuse : ce qvi'on voit peut être le premier jambage d'un N ou un |.

Comptes du Sérapéum. 147

jusqu'à la fin du mois de Phaménoth Apollonius ne gagna plus que 130 drachmes, le 25, juste le lendemain du jour où, d'après le papyrus C de Leyde, son frère Ptolémée lui avait versé directement une somme de 1000 drachmes destinée à divers achats. Ce mandat fut en partie rempli le 1" Pharmouthi, jour Apollonius dépensa 700 drachmes tant en papjTUS qu'en artabes de blé.

Mais déjà dans cette même journée recommençait une période d'occupation lucrative, la plus longue dont il soit mention dans ce document, période qui diffère de la précédente en ce que le payement des salaires ne s'y faisait plus en général que de deux jours l'un : c'est ainsi que d'abord se suivent les dates du 2, du 4, et du 6. A la première, la somme reçue n'est que de 170 drachmes, moins du double du prix moyen d'une journée de travail; mais c'est que la journée du 1" Pharmouthi, consacrée en partie à l'accomplissement du mandat de Ptolémée, ne pourrait être comptée entière dans le règlement avec quelque autre; le 4, en revanche, la somme est de 240 drachmes; le 6, de deux cents drachmes, prix minimum de deux journées de travail. Puis le payement d'une journée double figure par exception un jour impair, le 7; mais comme c'est le dernier de cette série, il est probable qu'Apollonius avait obtenu cette fois d'être en partie soldé d'avance.

Notons que ses occupations ne devaient pas l'écarter beaucoup du Sérapéum, car durant cette période de louage de ses services, il avait pu, le 5 Pharmouthi, aller voir son frère dans sa cellule et en recevoir directement un nouveau versement de 1180 drachmes.

Nous n'avons aucun renseignement sur les journées du 9, 10 et 11 Pharmouthi. Le 12, Apollonius s'occupait pour son frère de la vente d'un othonion, et il en recevait 600 drachmes par l'intermédiaire d'Armais; le 13 il achetait pour le même, d'une part une demi-artabe et d'une autre part deux artabes de blé; le 15 et le 16, il gagnait, pour deux journées de tra- vail, 200 drachmes. Depuis lors, chômage apparent d'un demi-mois : Apollonius ne gagne rien jusqu'au 1*"" du mois de Pachons. Mais, vers la fin de Pharmouthi, nous le voyons encore occupé comme mandataire de son frère. Le 25, il en avait reçu 400 drachmes par l'inter- médiaire d'Armais. Les 27, 28 et 29, il achète pour lui du blé et acquitte une ancienne dette. Enfin, le 1" de Pachons, date des papyrus 58 et 57 de la publication académique, il rend à Ptolémée, d'un même coup, ses comptes pour tout l'ensemble de son mandat actuel, pour ces trois périodes de recettes suivies de dépenses; et la balance une fois étabUe, il lui verse le

reliquat.

(La suite à nu prochain numéro.)

NÉCEOLOGIE ET NOUVELLES.

Depuis notre dernier numéro nous avons le regret d'avoir à enregistrer la mort de notre cher ami et collaborateur M. François Lenormant, de l'Institut, ainsi que de M. Richard Lepsius, l'éminent égypto- logue de Berlin, et de M. Albert Dumont, d'après la copie duquel nous publions dans ce fascicule même le papyrus Sakkakini.

M. Maspeko a été élu membre de l'Académie des Inscriptions. Un autre égyptologue s'était présenté avant lui, mais il a retiré sa candidature, pour que celui qui doit représenter l'influence française en Egypte

148 Eugène Revillout. Bibliographie.

eût tout le prestige nécessaire. Par semblable raison tous les candidats s'étaient autrefois retirés devant Mariette-Pacha.

BIBLIOGEAPHIE.

Nous ne pouvons indiquer aujourd'hui qu'une faible partie des livres reçus par nous. Signalons d'abord le beau Ouîde au Musée de Boulaq, publié par M. Maspero; le premier numéro de la Eevue d'Assy- riologie de MM. Offert et Ledrain, revue à laquelle nous souhaitons tout le succès possible; \qs Monumenti egiziani del campo Marzio de notre cher collègue et ami Schiaparelli, un très intéressant travail sur les pyra- mides et plusieurs autres brochures du même auteur; L'Ethiopie au temps de Tibère et Die ugyptische Kunst du docteur Alfred Wiedemann; Les actes du congrès des orientalistes de Leyde; Les papyrus du Lac Mœris et du lahyrinthe, par le docteur Pleyte; les ouvrages intitulés : Skizze der altagyptischen Litei-atur, von Dr. Alfred Lincke; Transcrizione di U7i codice copto, del prof. Francesco Rossi; Die Unterweisung des K'ônigs Amenemhat I", du comte de Schack-Schackenbourg ; Aegyptische Lesestiicke (2® partie), par le docteur Oscar DE Lemm; Die dgyptischen Langenmasse^ du regretté professeur Lepsius; un autre travail très important du même maître sur les mesures de longueur égyptiennes et grecques : Die Ldngemnasse der Alten; un très bon travail sur la géométrie de l'ancienne Egj^pte publié dans les recueils de l'Académie des sciences de Vienne par M. le Dr. Weyr, membre de cette académie. M. Weyr, parfaitement au courant de toutes les récentes découvertes de l'égyptologie, y résume avec la plus grande netteté ce qui est actuellement connu sur cette branche de la science antique. Nous sommes heureux de constater que ce savant approuve expressé- ment et adopte pleinement notre manière de voir sur les calculs du papyrus mathématique se rapportant à la construction, des pyramides, etc. : La coudée égyptienne, par M. Rodenbach de Bruxelles-, divers autres travaux métrologiques dans lesquels MM. Bortolotti et Aukès développent leurs essais précédents. Ce sont de bons mathématiciens. Mais j'ai déjà protesté et je protesterai toujours contre la méthode qui consisterait à vouloir corriger d'après l'idéal mathématique ce qui est fourni positivement par les documents contem- porains. Parmi les travaux qui demandent une sérieuse étude au point de vue égyptologique, étude que le défaut d'espace nous force de remettre à plus tard, nous mentionnerons encore : Les notes sur une collec- tion égyptienne, par M. le vicomte Jacques de Rougé; Der geschnitzte Holzsarg des JTatbastru, par notre cher ami M. le professeur Ebers, livre sur lequel noiis reviendrons. Nous reviendrons également sur diverses publi- cations des docteurs Krall et Lagarde, mais d'une toute autre manière. Et d'abord M. Lagarde ne pouvait ignorer en publiant les Aegyptiaca qu'il reproduisait plusieurs des textes publiés par moi, puisque je les lui ai remis en mains propres dans mon cabinet, quand, il y a plusieurs années, il est venu m'apporter quelques opuscules et m'inonder de ses éloges. Lors donc qu'il les réimprime avec quelques variantes, que j'appré- cierai, sans indiquer ce fait, il commet un plagiat volontaire. Quant à Krall, pour lequel j'ai été si bon et auquel j'ai donné des leçons privées gratuites pendant un an à ses ferventes prières, ses plagiats ne se comptent plus. Mais il a de plus osé faire une attaque, inconcevable d'ignorance, contre une de mes traductions démotiques qu'il n'est pas seulement de force à comprendre et à suivre sur le texte, malgré mes transcriptions, mes références hiéroglyphiques, coptes, lexicographiques , etc. Je n'ai qu'à renvoyer d'ailleurs à ce que je dis à ce sujet, p. 93 et suivantes, dans mon volume qui paraît en ce moment même à la librairie Leroux et qui est intitulé : «Le poème satyrique composé à l'occasion de la maladie du poète musicien hérault d'insurrection Hor Ut'a (ApuwGr);), cours professé à l'école du Louvre pendant l'année 1883—1884. »

L'Éditeur Ernest Leroux, Propriétaire-Gérant.

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REVUE ÉGYPTOLOGIQUE

FONDÉE SOUS LA DIUECTIOIS^ I3E

MM. H. BRUGSCH, F. CHABAS, EUG. REVILLOUT.

ERNEST LEROUX, EDITEUR

LIBRAIRE DE LA SOCIÉTK ASIATIQUE, DE L'ÉCOLE DES LANGUES ORIENTALES VIVANTES, ETC. ETC.

28, RUE BONAPARTE, 28, A PARIS.

IIP Volume. IV. 1885.

ha REVUE ÉGYPTOLOGIQUE parait tous les trois mois par numéros de six feuilles au vioins, avec

planches, fac-similé etc. Aucun numéro ne se vend séparément.

Prix (le l'abonnement annuel: Paris 30 fr. liéiiartements 31 fi-. li^triinf/er 32 fr.

Sommaire : Le poème de Pentaour (J. de RocgÉ). Lettre à IL Revilloct sur les contrats grecs du Louvre provenant de Faioum (C'H. Wessely). .3° Les droits des femmes dans l'ancienne Chaldée (Victor Revillout). L'im- pôt sur les maisons d'après un papyrus grec inédit : British Muséum, L, ancien Sait 967 (E. Revillout). Une adoption par manicipation sous le régne d'Amasis et les divers&s formes de manicipations relatives à des êtres humains (E. Revilloct). Bibliographie (E. R.).

LE POÈME DE PENTAOUE.

PAR

LE Vicomte J. de Rougé.

Le poème écrit par le scribe Pentaour en l'honneur des victoires de Ramsès II en Asie est désormais rangé parmi les morceaux classiques de la littérature égyptienne : l'allure géné- rale de la composition, la pureté du langage, l'élévation des idées lui ont mérité à juste titre cet honneur, Pentaour, de son vivant, put d'ailleurs jouir de la réputation attachée à son œuvre, car on la jugea digne d'être gravée à de nombreux exemplaires sur les murailles des temples et reproduite sur les papyrus. A Karnak, sur la façade du sud, Champollion avait déjà pu en signaler de grands fragments que M. Brugsch publia en 1862 '. Mon père, pendant sa mission en Egypte, fit complètement déblayer cette muraille, ce (pii permit de copier l'inscription entière'-^. Deux autres exemplaires du même texte étaient gravés sur les façades du pylône de Louqsor : sur celle du midi les constructions 4:Ies fellahs cachaient, lors de notre voyage, la ranjeure partie de ce texte d'ailleurs en fort mauvais état : le déblaiement du temple de Louqsor entrepris par M. Maspero permettra d'en recueillir les débris l La façade septentrionale du même temple en présentait une troisième copie : mais de ce côté l'en- fouissement du pylône en avait rendu jusqu'alors la copie impraticable : M. Mariette ayant bien voulu le faire dégager pendant notre séjour, nous pûmes également la copier et elle fut publiée dans mon quatrième volume d'inscriptions', sauf la fin des dernières ligues qu'une

' Beugsch, Monuments, pi. XXIX et suiv. 18G2. Sa publication commence à la ligne 29 du texte complet.

- Voy. J. de Eougé, Inscriptions liiérorjlyphiques, pi. CCVI et Suiv.

^ Voy. Brugsch, Monuments, pi. LUI, pour une partie de ces fragment.s.

■• Voy. J. DE Rougé, Inscriptions, pi. CCXXII et Suiv.

20

150 J. DE ROUGÉ.

«onstructiou voisine empêchait de déblayer. Enfin le papyrus Sallier 3^ publié dans la col- lection des papyrus du British Muséum ', est venu donner une quatrième version de ce mor- ceau célèbre; le début manquait dans ce papyrus : mon père eut le bonheur de retrouver dans la collection Raifet une page du même manuscrit, celle qui précédait immédiatement la première page du papyrus Sallier, dont il ne reste aujourd'hui d'inconnu que le premier feuillet -.

La première traduction du poème de Pentaour fut celle que mon père lut à l'Institut en 1856 3; elle avait été faite sur le texte du papyi-us Sallier, fautif ou incomplet sur différents points. Depuis cette époque, différents auteurs ont publié des traductions courantes de ce texte capital. Mon père lui-même en donna une nouvelle traduction eu 1870 dans le premier fascicule du Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assy- riennes (Paris, F. Vieweg édit.X Dans le préambule de cette traduction il disait : «Ayant » éprouvé par nous-même que l'étude comparée de ces textes divers est une excellente école, »nous avons le projet de donner, dans la première livraison de notre Chrestomathie qui «suivra la grammaire, une édition tous ces fragments seront mis en regard du texte » hiératique, transcrit en hiéroglyphes.» Sa fin prématurée ne devait pas lui permettre de remplir cette promesse. Je viens aujourd'hui essayer d'exécuter son désir. N'ayant pas pu faire cette publication aussitôt que je l'aurais désiré, j'avais en quelque sorte renoncé à l'entreprendre craignant qu'elle n'arrivât un peu tard : mais de différents côtés on a bien voulu me faire sentir l'utilité de ce travail qui réunira à l'œil les différents textes pouvant ainsi se compléter l'un par l'autre. J'ai particulièrement cédé aux solUcitations du savant directeur de cette Replie qui a bien voulu donner l'hospitalité à mon travail.

Aidé des notes prises au cours de mon père au Collège de France, cours le poème de Pentaour servit de thème à tant de leçons intéressantes, j'essaierai de conserver religieuse- ment ses explications^. La science égyptologique a fait de grands progrès depuis 15 ans et en passant il me faudra noter les changements de lecture ou de traduction qui ont pu se produire grâce aux découvertes nouvelles : mais en étudiant à nouveau cette traduction ancienne, j'ai pu me convaincre encore une fois à quel point le jugement du traducteur était sûr et combien la prudence de sa méthode le mettait à l'abri de corrections postérieures. Dans cette publication seront conservées la plupart des remarques qui accompagnaient l'ex- plication du texte : un certain nombre de ces annotations paraîtront peut-être inutiles, parceque aujourd'hui elles sont entïées dans le domaine de la science ég3'ptologique : toutefois il m'a paru utile de les conserver, soit pour donner la date de leur apparition dans la science, soit parcequ'elles peuvent être utiles aux débutants dans l'Égyptologie. Je serai heureux si ce travail dont je sens toute la difficulté et que je n'entreprends pas sans crainte, peut rendre quelques services : c'est toute mon ambition.

1 Select. Papy ri, etc. 1841, pi. XXIV.

^ Cette page du papyrus est exposée au Louvre dans la 1^ salle du Musée Charles X.

^ Le poème de Pentaour. Extrait d'un mémoire sur les campagnes de Eamsès II, lu dans la séance publique des cinq académies le 14 août 1856. Paris, F. Didot. 1856.

* J'ai employé le système de transcription dont s'était toujours servi mon père à son cours : il cor- respond d'ailleurs à celui de sa grammaire égyptienne, à laquelle j'aurai occasion de renvoyer souvent le lecteur.

Le poème de Pentaour.

151

Louqsor. Lipe 1, Karnak 1.

m.

em ' Commencement

p-veytu suten '/jxhyT\ Ra-iiser-ma-sotep-n-ra - fies victoires du Roi de la Haute et Basse Egypte

L. 1. K. 1.

o

mmi A f

mÈmmmmmmim..

se Amen-meri Râmses ta âiv/ t'eta àr-nef em pe-ta n

fils du soleil, Ramsès-Meriamen , doué de vie éternelle, (qu') il a remportées sur le pays

L. 1. K. 1.

Sd

I Ll AA/V\AA

Xeta Naharin pe (Aruna) Pitasa

de Klieta, le Naliaraïn, (Ilioun), Pidasa,

em sur

p- Tartenai le Dardani,

L. 1. K. 1.

em. sur

AAA/WA

pa-ta n le pays de

Masa Masa,

evi p-ta n sur le pays de

(K)ar(k)isa, Karkischa,

L. 2. K. 2.

(Kai'uatan), Kifr)kam(is (Katzouatan), Karkemisch,

Katl^ Kati,

(Anaukai) ^ (Anaoukas),

em sur

L. 2. K. 2.

K^ (lU

AAA/V/»A

I 1 Lj::.J1j /^aaa/na

si

D

p-ta n le pays

Akarit d'Akarit,

Mmanaftj, Muschenet.

(SutenJ Le roi

renpu jeune

' Ha-em. Locution pour : '< Commencement de». Le Livre des mort.1 débute par :

5

A J

Commencement des chapitres de sortir dans le jour». - Râ-user-mci-sotep-n-Rn, mot-à-mot : «Soleil, seigneur de justice, choisi par le dieu Râ». La valeur user pour le signe j est prouvée par les variantes du nom du roi Userkerhi écrit : | j j O, \\ j ' <^i:> etc., I I etc.

^ La lecture kat pour le signe \L qui était donnée comme douteuse, est généralement adoptée aujour- d'hui (v. Brugsch, Dictionnaire). (J. R.j

^ Les énumérations des mêmes peuples vaincus qui se renouvellent dans la suite du texte, permettent de remplir les lacunes tle cette première liste. Nous reviendrons plus loin sur l'identification de ces peuples.

20*

152

J. DE EOUGÉ.

L. 3. k. 2.

L. 3. K. 3.

L. 3. K. 3.

L. 4. K. 3.

A

^^

^^

*^.«=^ _Zl o W i; û

A I

'per (tôt) àn-ti sen-^f : yopesul-f'~ usur cib-f umeti'-^

étend le bras, pas de second à lui : ses bras (sont) puissants, son cœur (est) ferme.

Lacune d'environ une ligne dans les deux textes.

m

feli-ti^-f ma mentu em

Son courage (est) comme Mont dans (les combats).

an 7-ey-tic ^^P'f '/firau sebti t'ei'^'

pas connus. Il commence le combat, (c'est) une muraille solide

her tes'" ... t vers des pays

liai-sen Leur

Karau'' hru n yeràu'* t'au''^

bouclier le jour du combat, (quand) il saisit

pet an mà-ti-f

l'arc, pas de semblable à lui.

1 1 1 D, sen, variante : Il ^ copte : chô^t, duo. «Il n'a pas son égal».

2 Xopes-ui, qui signifie d'ordinaire les membres antérieurs d'un quadrupède, a également la valeur de bras. Cf. u}6jnu}, U]ù)£iu], brachium.

3 Umeli. La valeur met pour le phallus est établie depuis longtemps. Les deux doigts sont habituel- lement le déterminatif du sens : milieu; ici ils ne font qu'affirmer la lecture mati, qui est celle du mot milieu. Umeti au sens propre signifie : mur, muraille; cf. otoj*.tc, arces, turres; d'où au figuré : solide, ferme. «Son cœur est ferme», locution pour être brave.

' Peh-ti, vaillance. Horapollou transcrit ce groupe par : àXarjv. «Son courage est comme celui du dieu Mont».

5 Tes. L'inscription d' Una a donné pour le signe Q:£^, dans le sens de région, le phonétique ou tes. De : touj, limites, fines, 7-eç/io, -eoirc, extrémités. (E. de Rougé, Monuments qiion peut

attribuer aux six premi'-res dynasties, etc., p. 126.)

a. (^ ^ ^ O, t'er-uu signifie à lui seul murailles, mais dans le sens d'enceinte, ce mot ayant la ^'aleur

de circonférence. Cf. acoi, accu, murus. Mais il y a un mot -"^ t'eruu, qui semble signifier : fort,

puissant. Cf. atoop, fortis, 2£-op, fortitudo, munitus. Ainsi au pap. Boulaq 19, 4 : «Tu remplis ta main de

toutes les fleurs que ton œil remarque» 7a\ -<f>^ ^ 1 rC\ M <==> i © 1 i\

^r^^i .^ a n^tk ^ (S (3(3 J^%^_Bï^1 J^l I I I <=:>^ ûin ii ()<=>^\

\^ \\ >U— li- ïîsX "W \i>. «Ponens debilem ex îllis , ita ut rohustiores (sorte honû) ne décidant».

C'^ Jf^ _BS^ U X _ttK> A I I I

■' Karciu, bouclier : (t\ scutum. Cf. Inscr. de Ménephtah :

«La main du dieu est avec eux : Ammon est derrière eux comme leur bouclier». 8 Xeràu. Le phonétiijue de Q^ est rarement exprimé, c'est : [1 Q,^ yeràu. Cf. ScAïaipi, adolescens,

jeune combattant : àe'A.Ai6uj, cuirasse (Aiêiuj, vêtement). 3 T'au, cf. 2C.I, prendre, saisir.

Le poème de Pentaour.

153

L. 4.

K.

Ken su er liufennu ^ temet' •^ iem-u en Jjer-f .

Puissant lui plus que des multitudes réunies : (quand) il marche devant lui .

. hati son cœur

L. 5. K. 4.

unu-t dans l'heure de frapper sur ferme de cœur

L. -5. K. 4.

ma ka hem* (er ap-t-iâ) (Hat) ta neh temet'

comme un taureau qui se prépare à charger (des oiosV) (Il a repoussé) le monde entier réuni

L. 5. K. 4.

J^

hu rex sa

On ne sait pas personnes

^^^'^Si.^^i.

J^^

ya-u-sen er lia-t-f Imfennu hntesu

nombreuses- devant lui : les multitudes ont défailli

L. 5. K. 5.

n ptar-f neb senta-u aa

1^ m . I I

hem-hem-t-u ''

en voyant lui. Seigneur des terreurs (aux) grands rugissements : grand (est) son cœur sur

Le phonétique des trois têtards est x '^~w\a, hufennu. Dans le sens indéterminé ce mot signifie : des milliers: dans les calculs il représente les centaines de mille.

: signe du total dans l'addition. Le phonétique ^^ temet' se trouve dans les inscriptions

des anciens tombeaux : il n'était pas connu. Cf. twmt, occurere, Ttojw., conjungere simul.

3 =0». La lecture àh (I j ^ pour le cœur a été donnée par Bbcgsch {Zeitschrift, etc., 1866, 44); on ne connaissait jusqu'alors que le phonétique hati ^ t^, comme ci-dessus Louqaor, 1. 5, initio.

<©> -TV . ^^

* ^ ^ "^ her, se préparer à, être prêt. Ex. : Inscript. d'Ibsamboul, Eamsés II :

«Afin que ne se préparent pas les soldats de S. M. au combat.» Cf. Pap. Sal. I, 4, heri er yet-au , prêt à combattre. Her signifie aussi se précipiter sur. (Voyez Bbugsch, Dict.)

* «On ne connaît pas le nombre de ceux qui étaient devant lui». 6 hemhem, rugissements. Cf. omom., rugitus.

154

J. DE ROUGÉ.

L. 6. K. 5.

Lacune (l"une demie colonne dans les deux

'XmiXmmm' testes. ■,„,,„„

m . WB.

ta-u neb vid

pays tout comme

7nàu liesi ' em un lion furieux dans

àn-t

àaut 2

la vallée des troupeaux.

L. 6. K. 5.

m

utu em â htr an fut em

Il ordonne pas parole contre.

ti^f^@ V

menyï Excellent

L. 7. K. 5.

seyei-u de conseils,

nefer tep-ret^ bon de décrets.

kem-tu Etant trouvé

em atef'' avec l'atef

C3C=l^

u^eb ' il prononce

L. 7. K. 5.

1116

!□ mmo

tep-(ro)^ sut'-' menfiu-f (ait) àb-f ma tu en (banj-pe^'^

des arrêts. Le sauveur des ses soldats Est son cœur comme une montaarne de fer.

S^

Longue lacune

dans les deux

textes.

' Q Y ' -^^ ^'^*- Brugsch donne à ce mot la valeur de : percer, foudroyer du regard. La locution mau-

hes, qui se rencontre souvent dans les textes voudrait alors dire : le lion au regard fulgurant. (J. R.)

- [1 "^v I i-^, àaut, troupeaux de petite espèce, chèvres, moutons, etc.

■' (ihâ, contre, déterminé par la corne. Cf. ofic, ovfic, advei-sus, contra.

* Menx : faire, fabriquer, toujours dans un sens favorable; ce mot est traduit en grec par : Euspycxr,:.

Leps., Denkm., III, 30, on trouve :

I

Voici que fit le roi

Tep-ret : lois, coutumes, cérémonies. La stèle d'Antef au Louvre donne la variante

_ -^000 ^erfr. I -^

tout nte, toute loi, tout décret.» Cf Ton, consuetudo.

" Atef, diadème d'Osiris comme juge.

'' useb. Cf. oTTtûuiû, respondere. « Quand il porte le diadème atef, il prononce des arrêts. »

s Tep-ro. (Au propre signifie : la bouche. Cf. Tek.npo, os, Brugsch, Dict^ Au figuré : paroles, ordres.

L'orthographe complète est ^ ^ : c'est un mot composé qui au pluriel fait : ^ . Ex. : Textes

de Gkeene, 1. 18 : m / JrNJ] ^ I "^ Wr> ^ Jl . _ Qn trouve également la phrase :

¥^\. , <=> SO\ y I etc., «par ordre sorti de la bouche du roi.»

9 mt, faire en général : sauver. (Ce radical est très riche; il signifie également : couper, séparer, enlever, etc., Beugsch, Bict^

n f\ -in ooo A^/w\A

10 Ba-n-pe. Orthographe complète : 1 (1 ^Q\ X^ bàa-en-pe, mot- à -mot : baaÇi) du ciel. Cf

ftcnini, ferrum. Brugsch {Dict., p. 1722) admet cette valeur : il en fait le fer météorique, par opposition

Le poème de Pentaour.

155

L. 8. K. 6.

6', X Ra user via setepnra se va Amenmeri Rânises tu ânx este r-f '

le l'oi fils du soleil, Ramsés Meriamen, doué de vie : voici que avait

L. 8. K. 6.

P^^ûl VU

sput/^ en hori-f jnf raevfiu préparé Sa Majesté son infanterie,

taf-nfe-hetar sa cavalerie,

Sartlna-u^ les Sîirdiniens, (qui étaient)

L. 8. K. 6.

"w " A -^ I mmmmmmmmmmmmmmm^k:. ; ///////////////////,

en hak-t lion-f tu-tu-sen, tep-ret ^ en yeràu nâ-t pu àr '"

des prisonniers de 8. M avaient donné l'ordre du combat, venue étant faite

L. 9. K. 7.

n hon-f (em) (yu)t'-' menfiu-f nie hetar-f hnd-f em

par S. M., (en) descendant le fleuve, son infanterie, sa cavalerie avec lui dans

J

à ] (J o '«^ '-' I' /jà-n-to, fjaa de la terre, fer trouvé dans le sol. Lepsius dans son travail sur les métaux (trad. franc., p. 55) n'admet pas cette traduction : d'après lui ba désigne un minéral en général et surtout la pierre. Toujours est-il que la comparaison du poème de Pentaour se retrouve ailleurs. Ainsi à Medinet- Abou (Champollion, Notices, mss. 347), les prisonniers disent : «Grand soleil de l'Egypte : (1^^^

OOO ^^'^'^ 0-=> Q;;;^ ^ ^ fv^

Q^ plus grand est ton glaive que le ter (y) du ciel. » Et ifnd., p. 369 :

1 0 ^^ «Plus grand est ton glaive qu'une montagne de fer (?) ou de pierres.» Les restes du

texte de Karnak permettent d'après ces passages de restituer la lacune. (J. R.)

1 Aslu-ref. La particule uy'^^ indique le prétérit (de Eougé, Abrégé grammatical, 309).

'^ Spxit. Cf. ccÛTC, praeparare, dirigere.

3 Sartinau, peuple du nord de la mer méditerranée, vaincu par Ramsès et employé comme auxiliaire dans son année -, c'est la première fois que ce peuple apparaît dans les textes. La Sardaigne dans les textes phéniciens est nommée : pitt'.

* Tep-ret, règlement, règles. Voy. ci-dessus : Karnak, 1. 6.

D . ^.^ .

pu àr sert a définir un prétérit antérieur (V'"^ de Rougé, Abrégé

s L'addition des auxiliaires

grammatical, 312).

©

/ut. Quelquefois la barque est représentée avec le mât abaissé

AAAAAA

fleuve avec le courant». Ce mot est opposé à nTh de ;fen< est quelquefois avec la voile enflée : ' yi,'

•^ : «descendre le xent, «remonter le courant»; le déterminatif

156

J. DE ROUGÉ.

L. 9. K. 7.

L. 9. K. 7.

L. 10. K. 7.

L. 10.

K. 8.

L. 10. K. 8.

///////////////////////////^^^^^^^^

^ izzn J " " I 1 OUI 'mm. X

likr-t nefer-t er viâêa Revpe-t tm âhet sen n semu Jiru 9 (sejSe '

une route heureuse pour la marche. L'an V, le 2^^ mois des moissons, le jour î) passa

Lacune des deux textes.

fmjenfu em p<iv-f fes-t nth lier asiet'^

semblable à Mont dans son apparition, pays tout à trembler

dans leurs cœurs. Les rebelles tous vinrent en se courbant

senia-u fn) hiu'' lion-f .^em-tu (menfiu)-f lier na taka-tu''

crainte des esprits de S. M. Marchèrent ses (soldats) vers les frontières (?).

A

spJe, passer. Ex. : Inscription de Toutmès IIL -^Dans le camp :

-^5-

c passa la garde de veille.»

' Brugsch ÇDict. ri^oçjr., p. 99.5) traduit ce passage : «S. M. traversa la forteresse Hétham de la con-

'^

/otem signifie : fort, citadelle, de la

i?

, se changer, quitter le parti de qnel- les rebelles contre le roi » (Annales

trée de Zal», et assimile p-/otem à YEtham de la Bible, racine /etem, fermer. (J. R.)

■' Asfet, tremhler de peur. Cf. ctojt, treviere.

* CIS=I J o V> ,5' ^^ sehtn, rebelle. Racine : r-^^—i )^ \)>

quun : il se construit d'ordinaire avec "^ ; ainsi : <^ '^ y

de Toutmès IIL). Cf tgiÊe, mutare, u|iêt, mutatio. 251^', defector, rehellis. Le déterminatif du nez <£? indique toujours une idée de séparation, de défection: ainsi on le retrouve dans les mots : ^^9 t'eteh, prison;

M X^nà, gynécée, etc.

AAAA/\A 1 ^ ^

- Kesu, se courher. Cf. rccrwc, resvpinare, convohere.

''• Biu, les esprits : il faut remarquer que cette formule ne s'emploie que lorsque le roi est présent.

Takan. (Brugsch, Dict.) donne JJ

tK^%2

kaut, bords, extrémit'-s. Dans son Dict. géogr. (p. 995,

a 1 article 7'soj-), il traduit cette même phrase de Pentaour par : '<les soldats marchaient sur les routes

Le poème de Pentaour.

157

L. 11. K. S.

^^1

'mM\

I

ra

àu-u (lier maëaj-u her mafennu^ en (mehi)t yer evi-yet liru

Ils furent marcher) sur les chemins du (nord). Or lorsque des jours

q I

P. L. 1. L. 11.

K. 8.

m

fipk

kennu'^ her sa

quelques-uns après

WA

lient nen âstu hon-f

ces (choses), voici que S. M.

c*we] wmu

Lacune dans les trois textes.

Amen-meri Ramessu â.-u. s. pa-tima (nà-p)u àr en hon-f

Ramsès-Mcriamen la ville venue faite par S. M.

P. L. 1. L. 11. K. 9.

A

rX

f

em yut^ .... (yer-m) yet peli^-n lion-f er ta tes-t en Kafes^

en descendant Or lorsque parvint S. M. vers le pays de Kadesch,

étroites.» Mou père, dans son Mémoire sur Vorigine égypt. de r alphabet phénicien (p. 48), rapprochait JJ "^^^ ^-^ '^ haut de K:| (cf. \^ vallis.

1 Matennu, cf. j^ûjit, via, iter.

2 Ici commence la page du papyrus Eaifet, actuellement au Louvre; nous la désignons par les lettres P. L. (Papyras LomTe).

3 em xut, en descendant le fleuve (voy. la note ci-dessus, p. 155, note 6)-, par analogie : en allant vers le nord.

* pf>t}> var. : D \ =S^J, parvenir; cf. «hç^, noç^, pervenii-e. Le texte du papjTus remjîlace ce mot par

sper, var.

D A

, qui a le même sens

du mot.

Kadesch. Nous reparlerons plus loin de cette ville. Le texte de Louqsor contient encore la fin

21

158

J. DE ROUGÉ.

P. L. 2.

L. 12. K. 9.

^^^

W/M'.

hân hon-f 5em-u ' en linr-f ma àtef mentii neb uas-t

voici que S. M. marcha en avant comme son père Mont, Seigneur de Thèbes;

P. L. 3. L. 12. K. 9.

I I I 1 AAAAAA I A^AAAA

t'a-f'^ mâsut^ nfe Arunata^ il traversa la vallée de l'Oronte

etti p-menfiu tepi en Amen avec la légion première d'Ammon

P. L. 3. L. 12.

K. 10.

7na-f neyt-tth-u s. /. Ra user ma seÀep en Ra a. u. s. (se-ra) Ramessu meri Amen

qni donne les victoires an Roi

fils du soleil, Ramsés Meriamen ^

P. L. 3.

L. 12. K. 10.

a. u. s. un an lion-f a. u. s.

er sper*' jp-timâ

àstu

p-yei

étant

S. M.

dans l'action de s'approcher de la ville, voici que le (chef) vil

1 sem. Le papyrus du Louvre donne la forme complète : i /( i ^X

- A ^^\ >-J^ OU quelquefois seulement A A t'a, au propre : traverser en barque; puis en général : traverser, parcourir. Cf. otmiop, transfretare, ti-ansire.

3 c^ ^V""^^ "^^''-'^ ^ to-}/iô«<?, la plaine (?). Ce mot se retrouve plus loin (K. 13, L. 17) dans la phrase : p-menfiu en pe-Bû lier t'a ta-mamt n sabetun. Ce mot paraît différent de _~j 0 IJ *"^*' canal; peut-être serait-ce MeiycuT, campus"? Ma fait partie du radical, car <'«, traverser, ne se construit pas avec la particule niâ, et dans le second exemple l'article du féminin ta existe avant le mot. Brugsch {Dict., p. 616) met ce

mot en relation avec la racine ^^^ s d, couper; copte ujwt, d"où ujgt, canal du Nil, et le traduit par:

«canal l'on peut naviguer »(V}. (J. E.)

' Il faut remarquer la variante du papyrus pour le nom du fleuve Oroute : Anrata, au lieu de Aranta.

^ C'est le nom spécial de ce corps d'armée; le papyrus du Louvre conserve ici une phrase entière qui est détruite sur les textes monumentaux.

D A; f^P'ii-, arriver, pai-venir, s'approcher. Ex. : Pap. d'Orbiney, 4, 2 :

j\

\ A

Le poème de Pentaour.

159

P. L. 4.

L. 13. K. 10.

P. L. 5. L. 13. K. 10.

yasi misérable

^^0y</ n O^ v-^ AAAAAA ^— -y

[x^y].

seJiu-f- nef fes-fu neh er sa'-^

de Khéta vint, il rassembla pour lui les nations toutes en commençant

-| A A

<?S, AAAAAA

m

I r I em pehu-u ^ (les extrémités

\i AA/VVNA

en pa-iuma de la mer.

2d

f/j\ii. ^ I rv/x/i

pa to en yeta Le pays de Kheta

^1

A

m er t'er-f-' vint tout entier

P. L. 5. L. 13. K. 10.

pa-naharina •> le Naharaïn

\\

, il s'approcha de son frère aîné. {Ifnd., 4, 8.)

I A

quand il arriva à sa maison, il trouva sa femme étendue, etc. Il ne faut pas confondre ce mot avec

<rz> ^ speru, prière, demande, louange. Cf. cncon, cenc, rof/are. (C'est peut-être dans ce dernier sens qu'il

faut entendre un titre assez fréquent dans l'ancien empire : ytèpl , chef de l'écriture des demandes, le maître des requêtes. (J. E.)

^ Le papyrus porte : p-sar xasi-xeru., le chef vil des misérables : le texte de Karnak : p-xer-y/i-ii, vil, misérable de Xeta.

2 Sehu, quelquefois M K _ , rassembler. Cf. coovç^, colUfiere. Lorsque la particule [1 ', (1 ' qui commence cette phrase, se trouve dans une proposition deux faits sont exposés, elle caractérise le plus ancien des deux, (de Rougé, Ahrégé gramm., 309.) Ici, quand Ramsès s'approche de Kadesch, le chef des Khétas avait déjà réuni, etc.

" <S'â, commencement-, cf. u|&., initium, usque ad. Er sa signifie : en commençant à, depuis.

^ Le papyrus du Louvre restitue le mot peliu-u, extrémités, qui est passé dans les deux autres textes.

^ Er t'er-f, dans son entier-, t'er, tout, entier; cf. xHp, omnis.

6 Naharina, D^nnj, les deux tleuves, la Mésopotamie (?). Le papyrus a oublié l'N initiale, et orthographié

haranna. Le ^ est le déterminatif ordinaire du mot ^ ran, nom; le scribe a mis ici ce détermi-

natif abusivement, ou du moins seulement comme déterminatif du son ran.

' Aratu, "îiiS Aradus, Arvad. Cette localité est souvent citée parmi les villes de la mer. Tont- més prend Aratu en revenant de i^yrie-, or on peut voir par l'inscription qu'il revient par les bords de

la mer.

21*

160

J. DE ROUGÉ.

P. L. 6. L. 14. K. 11.

pa-masu^ pitasa'^ pa-kaskas àruna^ pa-kar

le Masu, Pidasa, le Kaschkasch, Ilioima, le Kar-

P. L. 6. L. 14. K. 11.

kisa ^ kisclia,

Kat'uatan ^ Katsuatan,

Kh'kamâië'' Karkemisch.

P. L. 6. L. 14. K. 11.

^ ^^é^ '^

l'Auaukas

ert'er-f tout entier,

' Pa-matsu, var.

la MysieC?).

2 Pidasa, jusqu'ici jîas d'analogue.

3 Ilioun, peut-être IlionV

" Karkisa, répond au ^VSt'^l, Girgaschi de la Bible, tribu chanauéenne. Le papj'rus douue Karkamasa, est-ce une erreur, ou est-ce Karkemisch que le scribe a voulu désigner et qui est donnée plus loin dans le •texte monumental? Karkemisch s'écrit d'ordinaire avec v_^.

5 Leka. Ce pays est rarement cité; on peut proposer deux identifications différentes : d'abord la Lycie, mais c'est peut-être un peu loin. Puis, une ville de ce nom existe plus tard en Judée : peut-être y avait- il alors une tribu du même nom? Le papyrus donne ailleurs l'orthographe complète de ce nom : _Êa^,

""^^^-^ ^^^ fwi

6 Katsuatan. Inconnu jusqu'à présent. Faut-il le rattacher au radical f'p, limite? Ce pays ne se retrouve pas dans les listes du temps de Toutmès III.

Karkemisch, déjà connue. ï'^ç:"!?, ville célèbre, dont on a longtemps cherché l'emplacement, et dont les ruines paraissent avoir été retrouvées à l'entrée de la vallée de l'Euphrate à DjéraUous, l'ancienne Hiérapolis par M. Smith. (J. E.)

s Akarit, n'est pas encore identifiée-, la leçon du papyrus qui donne aktar semble fautive, ou trouve toujoui'S ailleurs Akarit.

9 Kati, souvent cité. Les Katis sont toujours joints aux populations syriennes. Le terme "r.î, qui a été plus tard appliqué à Cj'tium de l'île de Chj-pre pourrait venir du nom du peuple Kati. Une tradition grecque donne à Persée le titre de roi des Cythiens : était son royaume?

•" Anaiikas., \\\\q importante. Sous Toutmès III elle apparaît comme une ville principale des Eotcnnou supérieurs; son territoire fut ravagé trois fois par ce prince.

Le poème de Pentaour.

161

P. L. 6.

L. 14. K. 11.

AA/WVA

dlil^V 1^ (1 ^ [^ ^^^k^.^ ^"® papyrus omet les phrases suivantes '

15m

mu i a net ^ Mnschenet,

kates ^ Kadesch.

(La suite prochainement.)

LETTRE^ A M. E. REVILLOUT

.SUR LES

CO^TEATS GEECS DE LOLTEE PEOVEXANT DE EAIOUM.

PAE

Charles Wessely

(DE VrEXXE.)

Monsieur,

Ce fut dans l'hiver de l'an 1877 à 1878 que des paysans égyptiens découvrirent dans les ruines de la ti-ès ancienne ville de Faioum (nommée dans l'antiquité Arsinoë, Croco- dilopolis) une quantité .de papyrns écrits dans des langues différentes. Ils furent alors portés au Caire et vendus à diverses personnes. Une partie par^^nt ainsi à Berlin, achetée pour le musée royal par le consul général M. Travers; une autre partie fut acquise par MM. Brugsch et RoGERs, mais la plus grande partie fut apportée à Vienne par M. Graf et sauvée pour cette \\i\e par un acte très généreux de son Altesse impériale larchiduc Raixer.

Le Louvre possède aussi une très belle collection de papyrus et de parchemins prove- nant de Faioum,

Au commencement, on n'avait pas égard à cette découverte, car les pièces, peu consi- dérables, arrivées en Europe n'étaient que des moins intéressantes, et on n'avait pas l'occasion de se faire une opinion par suite de la petitesse de ces fragments et de la difficulté de lire

' L'omission du papyrtis est é\idemmeut une erreur du copiste; il y avait deux phrases commençant par hu-tiah-f : il a omis la première par inadvertance. (J. R.)

- Muschenet, n'est cité que dans ce texte. Ce nom est peut-être dérivé du radical "2?, dno. Mischenet, avec la fonne phénicienne du féminin, signifierait : la seconde.

' Kadesch, r"T|5, ville importante de la Syrie, placée à la naissance de la vallée de FOronte. Quelques noms de l'énumération complète de ces peuples confédérés manquent ici : ainsi M J ^J^ Tarteni,

DardanusC?) : j \\ [^r£:^ yb-bu, "ispn, Alep. Il y avait en tout 17 peuples.

* Cette première lettre dont nous donnons la primeur aux lecteurs de la Revue forme le premier chapitre des «Lettres à M. E. Revtllout sur les papyrus grecs du Faioum» qui vont paraître en volume à la librairie LERorx. (Note de la rédaction.)

21**

162 Ch. Wessely.

leur écriture effacée et entortillée; mais la cliflféreuce des langues, la différence des temps, dans lesquels ils furent écrits^ éveillait déjà l'attention. On découvrit alors de plus un certain

nombre de textes d'écrivains grecs : d'Homère, d'Aristophane, d'Aristote, d'Euripide

des textes latins juridiques. L'intérêt s'éveillait. A présent ou connaît déjà assez l'importance de cette découverte; il y a maintenant plus de 15.000 fragments conservés à Vienne et dans divers musées de l'Europe provenant tous de Faioum. Le plus ancien (papyrus grec) fut écrit dans l'année 94 après J.-C, le dernier (papier arabe) en 958. La plupart sont écrits en grec et en arabe, les autres en copte, en latin, en hébreu, en sjTiaque et dans des langues et écritures inconnues.

Nous avons déjà expliqué les importants résultats obtenus grâce aux papjTUS grecs de Faioum pour la connaissance de l'antiquité, à différents points de vue, dans d'autres travaux. (Voir les Prolegomena ad papyrorum graecorum nouam collectionem edendam, Vienne, 1882 chez Gerold fils éditeur; Eine Pergamentrolle des VI. Jahrhunderts dans les Wiener Stiidien fur classische Philologie, Vienne, 1882, Zum MUnzicesen der spateren romischen Kaiserzeit, ibid. 1883, Miitheilungen des k. k. osterreicliischen Muséums, Vienne, 1883.) Nous en donnons ici un aperçu.

C'est la paléographie grecque qui s'enrichit le plus; on sait que la quantité des papyrus grecs n'était pas grande pour l'époque romaine et byzantine : à présent on apprend le déve- loppement de l'écriture grecque depuis l'onciale des inscriptions jusqu'à l'écriture nommée minuscule des livres manuscrits du IX® siècle après J.-C. La différente formation des lettres et des ligatures, les caractères propres des différentes époques, les qualités distinctives des divers genres de l'écriture, c'est ce qu'on peut constater le plus exactement et précisément pour chaque siècle.

L'administration romaine et byzantine, pas assez connue par suite de la stérilité de nos autres sources, est très bien illustrée par un grand nombre d'actes privés et publics. Le droit romain ainsi que l'égyptien, s'enrichit à ce point de vue.

La métrologie des temps indiqués, privée de toute certitude par la perte de presque toute bonne notice, deviendra plus sûre par de nombreuses indications contemporaines des monnaies, des diverses valeurs, des poids, etc.

Des questions très discutées de la chronologie s'éclaii'cissent et font des progrès grâce aux nouveaux matériaux donnés par les curieuses dates des divers papyrus. C'est la même chose pour l'histoire de la civilisation et l'histoire politique. Enfin les monuments datés sont de la plus grande importance pour l'étude du développement de la langue.

Pour donner un avant- goût des papyrus grecs du Louvi'e provenant de Faioum nous avons réuni un certain nombre de contrats, de lettres, de comptes, de quittances, d'actes indi- viduels, etc.

Nous nous chargeons de ce travail sous vos augustes auspices, aidé de votre vif intérêt, duquel vous n'avez jamais cessé de nous gratifier.

Lettre a M. Revillout. etc. 163

I. CONTRATS GRECS DU LOUVRE

PROVENANT DE FAIOUM.

Remarques préliminaires sur les dates des contrats du IV VII' siècle après J.-C.

A l'époque ptolémaïqne, on datait les actes par l'au du règne comme sous tous les rois égyptiens; c'est pour cela que nous pouvons dater presque tous les actes provenant de cette époque avec la plus grande exactitude. Les Romains ayant conquis l'Egypte laissaient partout les anciennes institutions. En ce pays l'empereur romain était le iSat^iAsû; et successeur de ses prédécesseurs grecs et égyptiens : ou date donc jusqu'à la réorganisation de l'empire par Dioclétien et Constantin d'après les ans du règne comptés du 29 août au 28 août de l'autre au '^1®'" Thot fixe). Mais depuis Dioclétien on trouve aussi les noms des deux consuls 'jr.%-i'.y. Tôiv oeTva. Bientôt ou ne retrouve plus les ans du règne de l'empereur.

Depuis le dualisme de l'empire romain l'un des consuls fut nommé pour l'Occident, l'autre pour l'Orient; quand l'un d'eux ne fut pas désigné, on comptait [xt-x Tr,v ù-y-tiyy du prédécesseur. Il va sans dire que le consulat n'était qu'un titre honorifique, sans aucune autre prérogative. Il est l)ieu remarquable que les listes des consuls composées dans l'Orient ne vont que depuis Dioclétien jusqu'à Héraclius; voir l'apograplium Yossianum, liste grecque des consuls, dans le Chronicon pascbale éd. Bounens. Nous avons trouvé deux exemples de cette manière de dater dans les papyrus du Louvre :

a. 486. 'jr.y-'.y. <P'kxcj\cj Aîyy{vo'j tîj l/.y/^-po-y-zj.

(Voir la revue : Wiener Studien filr classische Philologie, V, p. 3.) C'est la date d'un papyrus grec de Faioum publié par M. Hartel.

a. 487. [).z-'y t);v ÙTzyv.x/ <l>Aao'j(o'j Ac^y-''^''^ '-^ Aay.zpcTâTcu.

a. 532. p-îTà TYjv uTraT'iav 4>Xao'j{cj 'OpésTîj y.y). Ay.[j.-y.lhj twv èvsîçîtxtwv.

Les consulats étaient les dates des actes depuis le iv* siècle jusqu'à Justiuien; nous possédons encore la B;â-:a;'.ç de cet empereur par laquelle il fit dater les actes publics par les ans du règne des empereurs à la première place, à la seconde par le consulat et ensuite par les autres dates : «ây.eTv; T.xnuyv dit -il dans la XLVII Novella, de l'an 537 zhy.: » csp-vÔTa-ov y.al cj[j.^éAa'.ov y.a; ij7:6[j.vr,;xa . . . . vo;j.'.r:£5v , 'é~=p Y.y). aÙTYJ -/.aziiA-zy, t^ Trj; ^aaïAîta; » [/.vï^lXY) .... cOïV 6£CT:îi^o[j.£v . . c'jTw tm: az'/tz^y:. -wv Q-j\j.'^z'/.y[wt ' jS^S'-Aî'-o:; tcjBî toj 6£'.o?â':c'j » a'jYCÛsTC'j y.al aÙToy.pâ-spîç ï~z'jz 'zzzyJzt y.al (j.î"' ïy^v^y.^ kT,:oiç,v.^) tyjv tsj Gzâisu msffrjvspfav -z'j » y.xT' iyXvto ~o oToç cvtoç y.al -pî-ov tï;v èztvqAYictv 7:yç,zr.z\i.viz-j tcu [Jirjvbç y.al -r/;ç vii^-épa; .... c'jtw ttwç » aÙTwv Y?«?5Vt(«)v (âactÀsîaç 'Icuariviavoij toO ÔetoTst-ou aÙYSÛcTau y.al aÙToy-pâ-opo; è'Toyç évSsy.aTou [j.iiy. »-CT,v 'jTiaTSÎav <î»Aaij''o'J BsXtsaptou -ou Xy.[i.T.zo-xzz\i è'TOu? osu-épcu r.^o tîswvoî . . à^yy^.biz'^ Se tsj »'AtcpiXaîou [^.Tjvb; y.a-rà -y;v t.zîù-t^-i r^-JÀ^y-t, y.aO' -^v r,\j.y.z z Osb; -zlç 'Pwj/aîwv hr.iQir^zz r.pxc^.yzi » 5u)0£y.a-ov Its; (yri^ -^[Xc-épaç ^jyz'.Kv.yç) ^^zi'iiz'jz'.. »

Notons aussi, que depuis Justiuien disparut l'ancienne manière de dater les ans des empereurs du 29 août (le 1'^'' Thot) jusqu'au 28 août de dernier jour épagoménos) de l'autre

164 Ch. Wessely.

année, et le temps du règne d'un empereur avant le 1*"' Thot formait sa l^i"*^ année quoi- qu'il n'y avait souvent que quelques jours. Mais depuis Justinien on datait par exemple la l^i'« année de Phocas de son dies imperii le 25 novembre 606 jusqu'au 25 novembre 607. Depuis Justinien, dans ce temps très catholique, on commençait tous les actes avec : «au nom du père et du fils et du saint esprit» ou «au nom de Jésus -Christ, notre Dieu et Sei- gneur», etc. venait ensuite l'an ^y-siXeiaç /.at otj-oxeîaç tsu Bswoç aùvoûaTou /.al auxoy.pizopoq. La troisième place était réservée au consulat. Mais après Justinien ce rang ne fut possédé que par les empereurs eux-mêmes, car Bélisarius, le fameux général de Justinien, fut le dernier homme privé du rang d'un consul. Il va sans dire que cette manière de dater disparut après Justinien, on ne la trouve que très rarement; par exemple dans le pap3a*us n" 6842 des musées nationaux de l'an 632 :

L. 1. âv o^i[>.aii T/iffoiJ Xp'.cro'j tiu Gîoij vSi crojjr^poç '^[/.ûv paciXei'aç tou eùse^îc-xTCJ.

L. 2. 7,at çiXavOpw'âOU yjjjlwv Ssctîôtou 4>Xaou'!ou *Hpa/.X£(ou tou atwvi'ou aÙYOÛCTSu %at aùicxpâTopoç £-ro'j]; £Ïz,ccTou oîUTépou /,at ÛTïaxîîa; r^ç aÙTwv.

L. 3. ct-AOcrc'^ç •âpwTy;; /.al 'Hpaz.A£'!ou KwvcTavTivo'J /aîcrapoç etc.] sto'jç /.' â'Trslç; !!' ç ho. i-z" 'Ap.

Sur les indictions, dont Justinien fait mention dans la Novella, il y a des questions très difficiles. On croyait que Vindictio Constantinopolitana, allant du 1®"" septembre au 31 août, était en usage partout dans toutes les provinces de l'empire romain oriental. Cependant les actes trouvés à This eu Haute -Egypte, publiés dans les Notices et extraits des manuscrits, t. XVIII, partie, p. 259 et par G. A. Schmidt, Les actes grecs de la Bibliothèque royale de Berlin, 1842, publiés par nous dans les Wiener Studien fiir classische Philologie, 1885, t. VII, présentaient de très grandes difficultés, car les années du règne exprimées dans ces actes différaient beaucoup de celles qui étaient indiquées par les indictious (voii* M. Brunet DE Peesle au lieu indiqué, p. 260). Par exemple dans la date citée plus haut l'an XXII d'Héraclius c'est l'an 632 après J.-C; cependant l'indiction de cet an n'était pas la sixième mais la cinquième; l'indiction exprime donc l'an 633.

Pour lever ces irrégularités j'ai indiqué les voies à suivre dans les Prolegomena, p. 48. Il y avait aussi une indiciio Aegyptiaca ou Alexandrina différente de la ConstantinopoUtana ; leur terminus était le temps de la moisson en Egypte, dans le mois de Payui; mais parce que la moisson de l'Egypte dépend de l'inondation du Nil, on avait des irrégularités aussi dans l'indiction quand l'inondation était plus tôt ou plus tard qu'à l'ordinaire. Voir M. Krall dans le Recueil des travaux relatifs à la i^lologie égypt. et assyr., 1884. Dans l'exemple indiqué plus haut la moisson de l'an XXII de Héraclius était donc dans mois de Payui et l'in- diction nouvelle, la sixième, en Egypte part de ce mois : l'acte cité fut écrit dans le mois d'Epiphi; nous trouvons en vérité déjà la sixième indiction.

Pendant l'invasion des Persans de l'an 616 à 618 et dans le premier temps après la conquête des Arabes on date seulement par les indictions; et parce que le cycle des indic- tions ne s'étend qu'à 15 ans, on ne put distinguer ainsi que 15 ans. C'est la conjecture de M. Letronne dans ses Matériaux pour servir à l'histoire du Christianisme en Egypte, en Nuhie et en Ahyssinie (Paris, 1832), que les chrétiens de l'Egypte employaient après la conquête arabe l'ère nommée aéra martyrum ou aéra Diocletiani partant de l'année 284 après J.-C.

Lettee a m. Revillout, etc. 165

Cette conjecture est très bonne; en vérité : on trouve dans les contrats grecs et coptes depuis le vii^ siècle les dates exprimées par les ans de Dioclétien :

a. 657. è'-o'ji; A'.o/.A'/)T'.avsLi xi^'

a. 660. £Tou; Ato/.Ar]Ttav;ij tcç indiction III.

a. 678. à'Touç AtoxXr,Ttavoij tço indiction VI.

a. 687, à'-o'jç A'.ov.XrTtavou jv indiction XIV.

Papyrus du Louvre provenant de Faioum.

Papyrus T'' (a. 486).

Papyrus du Louvre 7128- haut. SG"", larg. IF"'; pins que la moitié manque à présent.

1 J'JTiazirx rp\\, ÀoYyivo zoo Xaiiiz^o^zazoo

2 cpXj ïooÀco) [rco] XaiJLiuporata) oùo to'j[ tr;ç (xavcapiaç \xTfi\xriz

4 axcoorj 'jïck; TTouoLf?) ajj-'^TcXoypYO'j irj<:[ ojJLStcpa? Xa{j.'7i;p(o'C7]roç) airo rr^ç

5 wùZ'f^Q TToÀscoç aico a[JL^foooy paaiX[i7,oo oixo^oya) jistJLtaô-oiaiV/i

6 :rapa r/j[ç <z\f]ç Xaii-iupoiTTjtoç ro 07rap[)rov aatr^ 3V :rsoc(o

7 TTjÇ cTtOWia? vo|JLptva too apa:vo£i-:r>o[ vo(JLr;'j ct;x:r£À'wXOV

8 [-/(opLov] ':r£pi7rc'3iXaatcO{JicVo[v xat luspt.-ctsf/iGjj.îvov

9 [oaov] cOTL aav rcov £v aorco ^ot.[vi%o)v xat 'f'j-(ov ^trx'^opwv?

10 [xat {jL7]yaVY]ç vcat |JLTj/av]oaraatoo[ xac {xy^'/ocvwcov

11 [ojpyavwv sirt yrpovov oaov [ pooXct a^ro -'r;ç îLaio'jar^ç

12 ^cxarrjÇ tvoLxtLovoç ccX'^«p[o'co^ {j.oo scç rr^v ocTicpYa

13 atav?] C'^îi^av [xtocv ot^'/jpou xai^apoo XLtpav[[jLcav (civctt)

14 (§s aoi)] rpOYOo{i£Vou to'j -/(opio'j [ r/jç -pDY'/)ç

15 .... [Jt]3[p]'^ rpsia y.aixoL {i.£[poc £V ÀajBstv o £[j.s

16 . . , ctçj xaX?^icpYcav too oc'J'co'j ^(^[TrsXc'/toD /(opLO'j ....

17 . . . aTToJ^cofastjv Xoy(o 'fopo'j £vc[a'jauo(; ....

18 .... -£aaa]pa7cov-a rpr>iVLxaç )rpaa

19 oo'j 'jra]p£/oVTO(: |3o'jç xac raç [ TCpr>/p£tocç

20 Tupoc ap^'/jGJLV T^xoL TTpoç 7.vxXr^atv xo[o a^Jto'j /(opio'j

22

166 Ch. Wessely.

21 .... TûpjOÇ TTjV tr^Ç «{J-TicXoD §0

22 £t 'ccio ii'j-oo '/(npiou ':rap[a§toaa) tac po'jç %ac

23 .... y.]aL r/]ç {Jiiaç C^swoc too SLpYj(j.cVo[o r^\llcsb^0Qlç,

i

24 yyjpioc %ai £iicp/ ] co{J-o aupr^aoç axo)ou[ uco^ Trouai

y.

25 .... {Ji£{j.iaOco{j.7.i 7.rj.i [axoQCoaco toç lïpo] aopTjXioç a . . . . [cypad^a OTTSp aoxoo

26 aYpa[i[j.a]':oo ovto^ "j*

27 §[t £[JL0O ....

« Sous le consulat du très illustre Flavius Longinus, à la fin de la O*" indiction. A Flavius » Julius le très illustre fils de feu son père Joannes, propriétaire terrien dans la ville d'Arsiuoé » (écrit) Aurélius Akou, fils de son père Pousi, vigneron de Votre illustre Altesse de la même » ville d'Arsiuoé, de la rue royale.

« Je reconnais avoir loué de Votre illustre Altesse la vigne que Vous possédez dans le » territoire du lieu Nombina de la province d'iVrsinoé, (vigne) entourée d'une haie et de murailles, » ainsi que les dattiers et les diverses autres plantes qui y sont, avec les instruments et le lieu » pour y déposer ces instruments et les outils pour la labourer, pour le temps que Vous voulez » depuis le commencement de la dixième indiction. J'ai reçu, pour que je la puisse cultiver, » un animal et une livre de bon fer. Au temps de la vendange dans ce lieu trois parts d'elle » appartiennent k toi, une à moi. Je reçois aussi pour entretenir la même vigne en bon état

» je donnerai aussi comme tribut pour l'année (d'argent et fruits . . .) 40 et des

» dattes jaunes .... Vous me donnerez aussi des bœufs et des machines hydrauliques pour » l'arrosement, c'est-à-dire pour l'irrigation de la même vigne, et les autres choses pour leur » culture. Au temps de la moisson je te rendrai les bœufs et .... et la bête de travail que »plus haut.

»La location est légale; questionné je donne mon assentiment à tout. Moi Aurélius Akou »j'ai loué et je rendrai (ce) qui (est écrit) plus haut. Aurélius A . . . . j'ai écrit pour lui » parce qu'il ne sait pas écrire. Ecrit par moi le notaire. »

Au commencement des actes une personne adresse l'acte à l'autre ou les hommes se saluent nommément <I>X«ou(q) 'Iouaîw Aùpv^7aoç ou dans les actes du vi" ou vu® siècle (PXaouîw 'Io'jX(o) AùprjA'.o; -/ai'petv. Les personnes sont nommées aussi avec le nom de leur père, de leur patrie et du domicile; par exemple Aurélius Akou demeurait dans la rue royale d'Arsiuoé.

n£pi7:c7:AacT£ui;,évov est une faute de prononciation pour zsptt^s.'ÎAaiTrsup.évov. Signalons un autre barbarisme : guv twv çc.viV.wv au lieu de cbv xodç çoîvt^w.

Les irrjxavf/.à op^^va et le lieu bâti ils étaient conservés sont compris dans ce louage ainsi que les arbres plantés dans la vigne, quoiqu'il allait sans dire que ces choses appar- tenaient à la vigne. Les actes sont composés avec la plus grande exactitude pour éviter des mésintelHgences.

î^oetSa ou 'Coioa provenant de Z,M^io'/ et 'Cwov est aussi une forme barbare.

Lettre a M. Revillout, etc. 167

Les conditions de cette location sont très dures; le fermier ne reçoit que V4 de toute la moisson et il lui faut donner encore une dîme de ses dattiers. Nous lisons ici cpoîv.y.aç ypjc .... je crois bien que c'était une sorte des bonnes dattes ou des dattes jaunes nommées «datte d'or».

Opbç àp5-/]c'.v -Î^TO'. -poq à'vîAïj^tv]. Nous lisons dans un papyrus de Vienne appartenant à la collection de son Altesse l'archiduc Rainer : . . . . ty;v à-i-'kv.y:) -l-Tot àposi'av «cependant que Vous donnez les bœufs de travail, je fais l'arrosement».

A la fin de l'acte nous lisons le consentement du fermier; mais parce que Aurélius Akou ne sait pas écrire (il est ci.-^çâ]i.\>.caoq) un autre Aurélius souscrit pour lui. Enfin nous voyons la signature du notaire oC èu.su .... Tj;j,.3oXat5Yp7.çc'j èYpxsr,.

Papyrus II.

vi^ ou vil® siècle après J.-C. -, haut. G<^", larg. 16'5<^".

ojJLoXoYO) [iEii-Lo^coGÔ-at 'jrapa zr^ç, ^{jLîXcpaç XajJiTrp/ rr^v rjirj/^srjrjrj^jrjy a'jzri sv xîOKo zoo aozoo cTuor/ct/ sv zo'jzo) 7,olXo'J[j.£Vo:) lîXocjj.aXo) atiTïsXo'j TCcpcïïiSTuXa- ar£'j[JL£V*^ç Y.fJ.1 TUcptT:cri/ia{Ji£V7jç [ispioa \xir/.v [x^za Tzrjyzoç, r/jjz-qç zoo

Swocto'j [sirt /povov oaov ^ooXeoHe ... .

«A un tel illustre . . . demeurant dans un tel lieu, écrit, en saluant, un tel, natif de »la ville d'Arsinoé. Je reconnais avoir loué de votre illustre Altesse une partie de la vigne »(avec tout son droit) laquelle vous possédez dans le territoire de ce même lieu (dit plus » haut) et dans le terrain nommé Plamalo ; elle est entourée d'une haie et de murailles. »

Notons les abréviations -/j pour -/aîpsiv, Xa[j,7:pt/ pour Xatj.Trpir/;;, Xy.if.-Kpôvr-.o;, =.t.ov/.'./ pour è:îot/.''oi». Le mot àjj.7:£Aoç à qui répond le à[j.'::£A[y.bv /ojpîcv dans le n" F'' signifie sans doute la vigne, voir Elien, De animalium natura, XI, 32.

Dans le précédent numéro la i)ersonne qui loue la vigne est appelée « illustre Altesse » : ici nous avons encore une fois une illustre personne louant une partie de sa vigne; mais on sait que dans le temps byzantin il y avait des règles fixes pour la harangue : il y avait un iUustrissimatus, c'est-à-dire le rang harangué par «illustre Altesse», d'un comes sacrarum largi- tionum, d'un prsefectus prœtorio per orientem, d'un prœpositus sacri cubiculi, etc., mais je ne crois pas que c'était une illustre Altesse qui louait à un fermier une vigne pour ^4 de la moisson; or, nous trouvons dans les actes tant d'autres Altesses que nous doutons qu'elles fussent de véritables Altesses. Si je ne me trompe pas, tout était comme chez nous' : le pauvre fermier était d'une telle soumission, d'une telle obéissance, qu'il n'hésitait pas à nommer son seigneur avec les plus grands titres.

' Je parle ici d'un usage contemporain qui se trouve en Italie, en Espagne, etc., aussi bien qu'en Autriche.

22*

168 Ch. Wessely.

Papyrus III.

VII*' siècle. Papyrus 11° 7073 du Louvre; haut. SA^", larg. 30<=", collé à gauche 12'='^ de la marge.

1 •}■ £V GVoiiatL zoo 7,'jpwj xoit ScOTCoro'j iT;ao'j ypcaroa zoo i9-£oo xat acoiT^poç

2 a0T0Xp/)X7]ç ScO'EoiVT^ç rj{j(,o)V ttjÇ aytaç {^corox,/ ) xavrcov rtov aytcov Traovc

tcTaprr^ svarr;? tvo/ cV apawj 'j'

3 aop'/jXtoç Yccopytoç o y-at. /,a[A{Ji£aLç ircoiJiapL'CTjç aïoç iraiioarcoo airo rr^ç apat-

(sic) u

y.XYjpovop.otç roy [laxapio VccXa{j.|Xj

5 lO'j xc/.L por^O-oo CLTZO ZTiÇ aozr^c Tzoksoiç y ofAO^oyo) [X£[JLta^coa^ai izapa iyjç

y

6 a{JLLV £V -ÎTcOUO ZaVZCfXoO TZÇjO(J.GZlOiV Zr^Ç TToXâCOÇ TTCOlJ-aptOV cTC'.X-apTrOV (20V-

OcVTpov ircpfucrtj^taijievov xat xr/XXt

7 £pYr^[j.£Vov apoopoiv oaov £av oioiv go\x rpocviiccov y,ai «porcov Sia^opcov xrxc

Xrj.Y.v.00 v.ai {iT^yavr^ç y,ac |JLrj)ravoataaLou

8 x,aL [jL7jyJav]t%(ov opyavoov %at Travioç aoroo roo ^txatoo ôirt [ypjovov oaov

poo}.£a{)'£ OLTCO icapTrcov rr^ç at>v eiaioooriç

9 ^£xatY;Ç LVo/ 7,ai 'jr7.paay£cv {j.£ tov |Jita^a)aa{jL£Vov Y£a)pYiov OTr£p aizozaxzoo

çpopoo aozoo eviaoGKûç o bgziv ypOGioo 10 vo[Ji(t)a{j.aiia ooo vo[jitx£yoVTai yp/ v |3 œç vj to) {ji£V £taoov-i [xr^vt £'n;£i(pt

ap/Tj TT/Ç a'jtTjÇ S£'/,a':r|C ivo/ vo{jLia(JLauo U £v [xai -](o d-Lûd- {j.T^VL xo aXXo £V wo\Lio\).C(. ycipizriciû §£ ôpiLV Xoyo) U'3rrjp£-

atctç |j-Lav §w. [xiac, biç oXov tov cV^aaiov 12 yoyyoXiov §]£|Jiaxa cTrra %ai Tcopi^ioo o£{j.a £V 7,at rfleoG\i.oo

§£[jLa £v %a'. irco xatpco 'cr^c

Lettke a m. Revillout, etc. 169

13 ^(ov [B£Xoy,L(«v %ai ro'j '/cc-po'j ô'^rt {ivjvaç 5'Jo 'mwj.-

14 x'.'Lpov ca xai lupoGctira^ poaç eveTfi^rj^za y.7.'.

-(0 y.aipco -(ov TCcpaixoiv

15 TiaXtv {icav o'.c/. [j.'.7.ç 'iTcpaiy.a rsaGapjay.ov'ca xa: irco y.aLpo3 r(ov aarpcov ttcc-

16 X7.1 'r;[JL]£tç 'ccfAT^ç %£parico[v . . . XJirojv y.OLi xa-r/. •'^j^zr^'^ r^[jL=-

po'jattoç uiTT^psacav |xiav

17 Àapctv ] § £[JL£ OTcsp -Y^ç a'jzT^c, ocvoo xctviStv £|JLoo -ïoo (JLtaO-coaaiJLSVO'j ysojp-

18 aoto'j yjcopio'j %ol'. Tzapeyo^zoc, za ac^r^pa xcdv iiY^yavty.tov opY7.vcov 'Koyza zo)ç,

cVoç OÀo'j c-ct {j.T^v y,7.i raç

19 ? o'JVTj^] cW.? -ojv «p'j/.axcov y.7/. xo^j 'Ccy.':o[vo]ç 7,7.1. -(00 y.£p7.{X£oj; xat 7./sX(ov

à{i,cov Ô£ Tuoco'jvrcov rr// av7V£(oaiv

20 Tcov |Ji]r//7.viy,(ov opyavwv £i 5c £7.aa) 7a[j.£ |xcav fj7:Y^p£a'.7.v £7:1 roj \k= 11a-

paa/£'.v '0 y.£p[j-7. 7.'j-y^ç %ai oirotav

21 pooX7j]^£0Y^i£ a'3rO[37.X£a^7.'. [j.£ £y, za'jzr^ç, zrjç [X'.a\>(oa£co:: irapa^waco tov

aOTOV XOTTOV 'JU£(ptÀ0%7.XY^[l)

22 [jL£ra £^ %£p7.i:co)V y.al^coç y.7.1 7C7.p£cXY/f ov y^ jj.iaxJ-coaL; yyjpw. £ç oirap-

23 aopYjXioç ^[S(i)rj^(ioç 0 y,7.'. y,7.{j,{Ji]£acç 0 lupoy.ctfjLj gzoi/zi |jlo'. y^ '7U7pouaj {l'.a-

Si £{10'J '3r£'UpOO £Yp/ i* Verso : effacé.

«An nom de notre maîti'e et seigneur J.-C, notre Dieu et Rédempteur, roi des rois »et perpétuel souverain, et de notre maîtresse (S*^ Marie), mère de dieu et de tous les saints; » le 4 Payni de la indiction. En Arsiuoé.

«Aurélius Georgius dit aussi Cammésis, jardinier maraîcher, fils de Pamouthi, de la rue » d'Olympe de la ville d'Arsinoé, salue les très admirables messiem'S, le secrétaire du district

170 Ch. Wessely.

» et les très honorables et glorieux frères, iils et héritiers de feu Nilammon, dit aussi Boéthos, »de la même ville d'Arsiuoé.

«Je reconnais avoir loué de Votre admirable Altesse une plantation d'arbres fruitiers » appartenant à Vos possessions dans le terrain du faubourg dit de Tantalus de la ville d'Arsiuoé. »Elle forme un fort bois de fruitiers. Elle est entourée d'une muraille, elle est en bon état, » étendue un tel nombre d'aroures. Je la loue avec les dattiers et les autres arbres et plantes, » avec la citerne, avec les instruments et le lieu pour y déposer les instruments et les outils »de travail; avec tout son droit pour le temps que Vous voulez depuis la moisson de la » 10*^ indiction, future avec Dieu.

«Moi, le fermier Georges, je Vous donnerai le tribut fixé : ce sont deux écus d'or » ayant cours ; dans le prochain mois d'Epiphi au commencement de la même 10*" indiction »un écu d'or, et au mois de Tbot l'autre écu d'or. Etant Votre humble servant je Vous » donnerai tous les jours par toute l'année des radis 7 gerbes, de coriandre une gerbe, de » menthe une gerbe; au temps de la moisson des légumes (?) et à celle des citrons un cueil- »loir plein assez pour deux mois et un petit cueilloir ^ . . . des autres citrons et une fois pour «toutes 90 grenades et dans le temps (de la moisson des) pêches quarante et aux jours cani-

» culaires 200 pêches et 4 petits cueilloirs K Moi je recevrai (une chose) d'une valeur de

» carats simples et pendant les fêtes chaque jour une gratification, aussi comme gratification » un cueilloir de raisins, moi le fermier Georges, faisant aussi l'arrosement du lieu et donnant »le fer pour les outils en leur totalité, encore aussi les salaires (?) des gardiens, des char- » pentiers, des potiers et des autres ti-availleurs. Cependant Vous faites la réparation des outils.

« Quand je néglige un service il me faut payer pour lui la somme correspondante. Quand »Vous me voudrez congédier de cette ferme, je Vous rendrai ce lieu en bon état et les (outils?) » d'une valeur de 6 carats, ainsi que je les ai reçus. Cette ferme est légale; je réponds d'elle »avec tous mes biens.

«Moi Auréhus .... Cammésis le susdit j'en suis content; cette ferme est légale.

«Ecrit par moi, Pierre.»

Au commencement nous lisons une formule bien différente de celles que nous trouvons dans les autres actes; Jésus-Christ est dit roi des rois et x-wv.o; xj-oy.pâTwp ; on nommait ainsi les empereurs byzantins par exemple Héraclius : aiwv.oç auvcu^i:; /.al ay-ov-pâ-wp. Je crois que dans le temps des pîiïens arabes dans lequel notre acte est évidemment écrit quand on avait perdu en Egypte l'espoir d'être reconquis par les Grecs, n'ayant plus un 5:-j-i7.pâTwp teiTestre, on se dédommageait en appellant Jésus-Christ son aîwv.oç aÙT5-/.pâ-ra)p 2.

Cet acte du fermier Aurélius Georges, ayant le surnom de Cammésis, est adressé à TOÏç Oau,u.«citi)-âTO'.ç y.O'jpwvcTapfo) xal zhXo-^G^{o[J.o^rrfCioiq àSïXçoTç t£7.vo'.<; v.cà /.X-opovijj.c; tsu ixay.apto'j ]^v.Ai\j.\).oy)oq tsu -/.y). Bor,eoD. C'est ce que nous remarquâmes dans les contrats de This et Pano- polis, que chaque v.Arjpo;, chaque possession fût partagée après la mort du propriétaire entre les héritiers. Le fils Pachymios partagea, quand son père Psatès mourut, les maisons de son père donnant % à son frère Jean et à sa sœur Marie (Papyrus du Louvre 21*"). Un nommé Aurélius Arsénios, fils de CaUinicos, possédait la troisième partie d'une maison dont

Ou plutôt un (4) pépons?

2 II est aussi possible que le scribe profite d'une expression liturgique.

Lettre a M. Revillout, etc. 171

les deux autres parts appartinrent à ses sœurs Aurélia Joliauna et Aurélia Maria (Papyrus Jomard). Ainsi dans notre acte il y a des frères héritiers, des fils héritiers, etc. de la posses- sion du feu Nilammou.

Il va sans dire que dans ce cas un administrateur était le gérant, à qui on adresse les actes. Un exemple très intéressant est un papyrus arabe de la collection de l'archiduc Rainer (je cite la publication de M. Karabacek dans les Mémoires de l'académie de Vienne, 1882).

xcvv ^^\ »^s\ r^K^ ^ (_5^5 ô-iy-'^ ^j-? «-^-' tX^r. ^1^ V^-^*:? li' ^

jJ.AjLc^ C>JJ X,Àa«.J S-y^ 1^ ^'^^ tVA£ iaA£ ^ XÀJtV.4.JI ^J ^^x 4

j^Làxîx y-^-^ ^^ ij^sljJc y^X'iô Hjij>^l v_>jLxJI t»5«Ji*j ijàjçi iX&i 5

«Au nom de Dieu très miséricordieux; voilà la quittance du changeur Maïmoun de »4 deniers monnayés récemment du titre dit de mitskâle; Maïmoun les a payés à Ja'qoub, » gérant d'Abdallah ibn Naoufâl. Ce sont les intérêts de l'an 203 (819 après J.-C.) du champ » cultivé par Maïmoun, situé dans le territoire de la ville (d'Arsinoé) appartenant aux autres » champs du dit Abdallah ibn Naoufâl. Ja'qoub le gérant a donc reçu au mois de Rama- » dhan ces 4 deniers du titre dit de mitskâle qui sont les intérêts de l'an 203. Voilà les témoins :

i_} Jùij slvii ^^<£ iù'oL^j^ v^ cs^T"*^"" ^■) 1^"=' c^^^''" ^^

« Moi Yâsiu ibn Zeid el Kirabiyy j'écris ce témoignage selon ce que me disait le gérant » Ja'qoub, écrit dans cet acte. »

Le gérant fait tout, il traite cette affaire avec le fermier, il reçoit le fermage, il quittance ce fermage Abdallah ibn Naoufâl le propriétaire ne fait rien.

Le notarios dans notre acte grec c'est le gérant pour les possesseurs héritiers du terrain du feu Nilammon. Au commencement de l'époque arabe (vu vnf siècle après J.-C.) on avait partout les vo-âptoi Xptc-iavii'. Ici le mot -voxaptw est précédé d'un autre, il faut lire xoupo) - voTap((|) selon les caractères que j'ai vus : voilà un mot mixte de y.o6pa s s^ « district » et voTâptoç; le couronotarios était donc le secrétaire d'un district traitant les affaires de la y.ojpa et de ses habitants; le fermier adresse son acte «aux admirables messieurs, à M. le secrétaire du district et à messieurs les propriétaires héritiers».

Le champ susdit était situé dans le territoire du faubourg dit de Tautalos, TavrxXou irpoâcTîta. Voilà un faubourg de la ville d'Arsinoé dont nous connaissons déjà presque toutes les ruelles et les portes. Ces TrpsâcrTcta étaient donc bâtis devant la ville; ils ne signifient pas

172 Ch. Wessely.

les champs situés devant la ville : en ce cas il faut dire âv t.eVm y.aA5'j[a.évw ï. 7:p. (cf. èv T.tl'M TO'j YJiASTspou ÈTOr/.îoj). Lcs éciivains grecs mettent en usage Trpoaaxsiov dans ce sens différent.

La rue àij,çôB:j 'OXu[j.7:(oj mentionnée plus haut est erronément écrite àiJ,cp6oou 'Oautîîou; le [K était prononcé comme le tc suivant, 'OAUTu-âiou, on écrivit même alors ('OXu'Ktoij) avec un seul •::. Voir d'autres exemples : sTCTca;:'. pour èV-Tiac, Adizirr, Mii.t.t,, Kar.'Kœ/o Kajj.'Kavo, çj^^ihke'j^oii Xa^av5;jivcj, àv£V£y.sTv chez G. Meyer, Gramm. Gr., § 275, 295 et ma note dans l'édition du papyrus de Dresde.

Le mot 7:o\y.âp'.2v est d'origine latine, pomarium; on formait alors aussi un mot hybride rM\j.y.^'<.vf^ç et TAù[xaç,vz<.QG7. (mot trouvé dans les papyrus de l'archiduc Rainer), copt. ROj.ve.piTHc.

Un passage très intéressant pour la chronologie des indictious est le suivant : l'acte est daté du 4 Payni de la 9*^ indiction, mais Aurélius Georgios se fait fermier « depuis la moisson de la 10' indiction » : il payera au mois d'Epiphi au commencement de cette 10'' indictiou : voilà la moisson qui est au milieu de la et de la 10^ indiction. Mais pourquoi donne-t-il l'autre voiJ.'.G\).iv.o^/ au mois de Thot? Les impôts de l'Egypte étaient depuis l'époque ptolé- maïque les -théoi).x-o(. z'.i'.v.y. et àpY'jpiv.â, payés en argent et en produits du sol. Dans les derniers siècles du régime grec les indictions étaient les publications de ces impôts; mais il est bien remarquable qu'il y avait deux indictions en Egypte : une indiction égyptienne (voir plus haut), Vindictio Consfantinopolitana, voir mes Prolegomena, p. 50, papyrus de la collection

de l'archiduc Eainer.

;j/^lvb; 6à)6 lo [ivoiv-Ttôivo?

àoyfi -'' ("v;;) 3fj~ (aùrïiç) '.B iv[St/,Tiôvo; papyrus du British Muséum, publié par M. Revillout, Revue égypt., I, 102, n" 1.

|j.Y;vt ç-awsi Yj tvc Tptrr;ç a^y^ id est ij.r,vl ©atoçl r^ 'voixtiûvoç iç'.rr^ç ipyri papyrus du Louvre 6846; nous le publions à cette occasion comme notre

Papyrus IV. (a. 592.)

Haut, e-ô-^", larg. lO-ô'^".

[èv ôv6{JLaxt .....

•j

2 |5aaù~taç zo soasP) -^|ji(ov osair)

■j

3 '^Xj {X7.apr/.L0'j zi^Bpio zo'j aicovj

4 aoyouat) szooq i '^awcpt %C [ct]p/

5 hBv.az'qç, iv^ cV ap/

6 Vedoç 5t.a%ovoç aycaç xaO-oXtxT]

7 cXxÀT^aïaç dcoç aira . . . o . . 'f

«Au nom de Jésus-Christ Dieu et Sauveur. Sous le règne de notre très pieux Seigneur »Flavius Maurice Tibère le perpétuel empereur, an X, au mois de Phaophi, 27, au commencement

Lettre a M. Revillout, etc. 173

»de la 10" iudiction en Arsinoé. Nilos, diacre de la sainte église catholique, tils d'apa .... » (a fait cet acte). »

On peut constater que c'était Vindictio Constantinopolitana car le commencement de l'indiction égyptienne est indiqué dans le papyrus 2\ bis du Louvre :

■\ lEaccXîtaç /.a; 'àtQTzozzw.ç -ou OîtoTaxcu r^\).w) Sssttotou r/)ç ot/.ou[AcvrjÇ ©)./ [ji.aup'.7.tou -ou atwvtou au^ousTou

/.ai auTO/,paxopoç ôtouç Ssxaiou •irauvt •/. ûrp/r^ ca '.v5/ sv /.tof;//; Stvoç.

Je crois que cette chose frappante s'explique très bien : l'indiction égyptienne était Vindictio des impôts en produits du sol, tandis que Vindictio Constantinopolitana était rela- tive aux àpYupixà TSAY], aux impôts en argent. Dans ce cas (celui du papyrus III) il va sans dire que les hommes eurent besoin de l'autre écu d'or dans le mois de Thot.

On sait que les monnaies d'or en circulation perdent bientôt de leur poids et parce que l'or avait une très grande valeur, on les rognait souvent; c'est le motif pour lequel ou déclarait dans les contrats le plus rigoureusement possible les sommes payables en or; par exemple vo[jLtG[;.âita puTrapâ étaient des écus d'or dont la surface est usée ; ici les mots w; vo;j.tT£ÛcvTa'. sont relatifs aux frais des monnaies d'or. La somme est écrite en lettres et en chiffres /puaîou vo[j.tc;p.âtia Buo vo[xtT£6ovTat = yp v [j w; vç.

Malheureusement nous sommes empêché par des grandes lacunes de comprendre les autres conditions de la ferme, les fermages payables en produits du sol. Le mot /.optoi'cu est une autre forme pour xoptâwou, coriandre. Le mot •/joîccp.cu est erronéraent écrit ou c'est une expression vulgaire pour r,BuôGiJ.ou. Le mot ^zXzvSwv est sans doute dit dans l'usage des Égyp- tiens pour PeXe-Aioiv ou (îsX£-/.o)v. Tusxôvtv, pluriel Trcirôvtx, porte la forme néogrecque pour -cov- c'était donc la signification d'un petit cueilloir i.

poâç pour poiaç prononcé royas; on prononçait oydoyé Boyédvomion, mais on écrit ovos-r; Bor(5po[Aia)v ; au contraire on écrit ^oéw, poâç en prononçant poyéo, royas.

El èccco) /a[j.at {ya\)X) (;.îav u-r^pcciav èzt tw \>.z Tzaçiy-fr/j-vi to -/Àp^a aùr^;. Voilà une cons- truction elliptique pour si sacw, èdcrw èxl tw \>.z TrapacxîTv^ on lit dans d'autres contrats : owcco cot XÔYw ';:pos-{,ur.ou io ■/Àç,\).a. Ici le mot •Aép[/.a ne signifie pas les petites monnaies de cuivre, il est dit pour «argent, pecunia-»] comparez le mot français argent, argentum. pecunia.

'H [^.îcQws'.ç xupi'a £^ ÛTCapxôvTwv [;.ûu ■âscvtwvj nous lisons dans les autres contrats : •jzoy.£tpi.£va)v \i\>l') -wv û'âap/ôvTwv v,yX iCKap^évTwv [Jiou Tïâvtwv £V£yupou Xôvw -/.a'. 'j'::oO-ff/.-/;<; 0'.-/.o(îw : Vous avez la garantie donnée de toutes mes possessions présentes et futures étant en gage et hypothèque.

Papyrus V (saeculi VI/VII).

Papyrus du Louvre 7044; haut. !&""', larg. 19'^'»; collé à gauche 10"" de la marge; le lieu collé est

grand 1'^'".

0

1 . . . . vo{xta[Jiaxiov sv p[o]'jrap/ /p v a p/

2 yapttYjao) u{jiiv Xoya) O'^rjr^pcaiac {Jitav 5ca {jilocç ctç oXov tov cvcaotov

1 Nous alléguons une passage du Pseudo-Arcadius, p. 14, 20 B. r.inor/ x:e-wviov 7:£-(Îjv(?) K£f;i£y.Tt/.o'v ; s'agit-il ici d'un mot collectif?

23

174 Ch. Wessely.

4 V o£[j-a cV 7,7.1 to xczpo'j c-kL {JLTjVaç §ac> tcocc xolàolO-co

5 . . . . ■x.ixpoo -ircTTOVia (?) xat ^rpoaaira^ poaç oVcVTjXovîa

6 y.(y.i TCO v.aipco t(i)v ■7t]spaL7.o)V [TujaXw [xiav oia {Jiiaç Tîcpacxot, -Ccaaapay.ovrcx.

7 %at rco xaipto tcov aarjptov irspaiy-a ^taicoaia y.a'. TTô^iovia tsaaapa v-oci t/(J.siç 8 u^ïT^pcOLav {Jiiav y.rxc ÀctjSîW {Xc oivo y.avco'.v £v a'jzr^z {J-ev

9 aw^rjpja TCùv [XT^yavcov £{jlo'j os tuooovioç f^v avtXcL7.v twj 'joatoç

10 .... roo Tsy-jxovoç apitv irapcyciv a'jv os x(ov rpfJÀaxcov to'j xspatxswç

11 cl Oc] [j-c'.VTj ya[iat \iiol ^irvjpcaia (oars |Jic oo'jvoli zo y,cp[JLCt ocj-rr^;

12 PodXcoO-t;? rr^ç jj-ia^coaccog av-t':rapaQoaa) ct'jrYj

13 tov T07Ï0V iTc'f c/.ojy.aXr^îJ-cVov {j-cta .zr^z Trpo/pciaç y.ccL tcûv aior^pcov

14 xa^wç y.ai '^zapciXJr^cp&v T^[jLia^3 %opia y.oci cTrspcoixj "l* aop/ '^iKocbvo^

y.

15 0 Tupoj^/ G-ot/ci {J.OL T^ {xia^-j co: Trpo/

17 di emu Cosma esemiotliai d^^ hi cJJ-o'j Koa[JLa

Le n" III rassemble beaucoup à notre V. Ou peut conjecturer que c'était le contrat de ferme pour un autre fermier et peut-être du même jardin. Le plus grand profit pour nous c'est que les mêmes phrases se trouvant dans les deux actes facilitent et assurent leur déchiffrement.

«Moi le fermier Philoxèue, je Vous donnerai .... un écu d'or impur; je Vous donnerai » aussi comme tribut (dun servant) toute l'année des radis 7 gerbes; de coriandre une gerbe; »de menthe .... au temps de la moisson des citrons un cueilloir .... et une fois pour «toutes 90 grenades; et au temps de la moisson des pêches encore 40 pêches; et aux jours «caniculaires 200 pêches et 4 petits cueilloirs; mais nous . . . nous recevons un cueilloir de «raisins' et le fer pour les outils; nous puiserons l'eau dans le terrain; je payerai pour Vous «les salaires du charpentier, des gardiens et du potier. Quand je néglige un service, il me «faut payer pour cela une somme correspondante. Quand Vous me voudrez congédier de «cette ferme, je Vous rendrai le lieu en bon état, avec la machine hydraulique et les outils » de fer, comme je les ai reçus. Cette ferme est légale. Moi Auréhus Philoxèue, le susdit, je » suis content de cette ferme telle qu'elle est. Ecrit par moi Cosmas le notaire. »

Dans un autre contrat nous lisons Tupoxpsia wzkp à^nAdac, c'est donc la machine hydrau- lique pour la àv-7.ô{a toj uBaii; appartenant au jardin ainsi que les aihr,px'^. BouXwôy;»; est écrit avec un lapsus calami pour (isjXr^ô^ç.

1 Cependant je trouve dans un papyrus Rainée ce passage : oXfya xavîèia x:£VTa?caTiaîa [xou ^a^iasnoj- §aaov àr.oGzsfKixt. eî; xrjv iop-rrjv, en conséquence il s'agit ici d'une mesure de 2*74 litres pour le vin.

2 Ce mot signifie peut-être aussi les avances du propriétaire faites au fermier.

Lettre a M. Revillout, etc. 175

. Papyeus VI (saeculi VI/VII).

Papyrus grec du Louvre 162, 6600.

1 [LBza Travroç aozr^z zo'j Baacou

3 apL^{JlOU|JLcVOV rjiTzrj %aW(OV Z'ri[ç YcVO[JL£VY]Ç

■J

4 eu aozric puaîcoç zo'j oivo cVca'ja[uoç . . sxaato'j

5 {jLîpouç c^ auxT^ç Tuaps/ovroç toc %GO'f[a

6 syo) £^ airo aixiCcXotvwv tod

7 spyaaaaôat £V aorw xocc rc-orov cTTI

8 ':roLr^a(o (oars {jls luapcta/cW a'JTTj xo oirsp a

9 svta'jrtov si h~ %ai TTSpi'fpovTjaa) £i? rr^v [airspYaacav -o'j ycopioo ro'j

10 ojjLcrcpoD r^ y.[araYV(oa6]co scç y.XoiiTjÇ {J.iaç

11 a'n;c)(a) oltzX

12 ôTTi rco o[j.co[v OTro7,ct[X£V(ov rwv 'j7ra]pyov[-toV[j,o'j 7:7.vt:cov tj (jLcaô-œacç

13 Tcopia xai siucpp/

ô £ O'J

Verso >t](o[Jij aXî^av vy^go'j Yc[va][JL) airo av

Voilà les débris d'im contrat relatif à la ferme d'une vigne :

«Je reconnais avoir loné de Vons une vigne avec tous ses droits, étant obligé, sans » dédain, sans méjOTS, en datant de la nouvelle vendange; je te donnerai (3) parts des produits; »moi je me procurerai les cuves pour ma part (tandis que Vous vous procurez les Vôtres).

» Je travaillerai dans la vigne, je conserverai tout en bon état, je payerai aussi le tribut

» quand je mépriserai le travail ou quand je serai attrapé d'un vol manifeste (il me faudra . . . .) »le louage est légal.

« Louage d'une vigne dans le territoire du village Aléxandrou nésos fait par Anoup ...»

Nous joignons ici un fragment d'une à-:B£i;t; exécutée aussi dans ce village.

Papyrus VII.

vn® siècle. Papyrus grec du Louvre 173, 6583.

u

1 Y^^PT^^"^ ^^^"^ icoavvo zoo %ac ao^ax-covoç xac [jl

23*

176 Ch. Wessely.

3 xtcaÔcVroiV goi Trap r^pifov cTti y.a)[i) aXcçavopoa vrprj'j zoo ap[acvoc':o'j vo|jloo

4 X SIC 'îîÀTjpïjç

Verso:'}' ocTrociÉ^ [xtaâ- stco

Il faut doue coustruire aiusi : ïr/^o^ y.al â7:X-/;pw6r(V (oià y.î'.pi;) FcwpYio; ^apà cou

.... j-èp Twv y.TtcGévTwv coi r.xp' •^[^.wv .... sic 7:X-^p£; vo;j,iq.;.XT'.a

«Moi Géorgios, fils de mou père Jean dit aussi Sylacoue, et moi M

»de la ville d'Arsiuoé, nous avous reçu de Vous, Timothéos l'illustre pagarque, pour l'édifi- » cation des bâtiments faits pour Vous dans le %-illag'e Alexandrou uésos (notre) argent totale- » meut. »

Le mot v.vZvy c'est notre mot hâtir; dans le contrat II publié par moi dans les Proleg., p. 56 un nommé Âùp-(;Aio; MY;vâc, briquetier, fournit 30000 tuiles pour le y.T(c[j,a toj hztv/lzj toïj y.Tï'Co[J.évcu.

Elç ■KAy;pr/ç est erronément écrit pour £?; 7:Aï;psç. Notons les abréviations yM\>.i = yM\^.^f^z^

Voilà un avis relatif à des affaires d'un fermage d'une vigne.

Papyeus VIII (saeciili VI/VII).

Haut. O-ô"^"", larg. lO"^".

1 syco sya) KoavTjç

2 Nomeu propr. to) saXapsaiatO)

3 uco) ro'j tr^ç ô'jXoCjSoix: {JLfvr^ixr^ç Nom. pr.

4 otvoo [jLooatoo soapsaroa

5 ao'j ta y^oo^J- ir^-^Oc/ovrcov r[oa locod picpo'jç

6 avajJLfpipoXfoç By^ja/ft] \i.[rfK

« Moi Jean le fermier je suis prêt de donner à Vous le très pieux fils de feu

» le pieux de bon moût une telle quantité, pourvu que Vous donniez les vases pour

» Votre part; je donnerai cela sans aucune prévarication.»

Le fermier Jean a loué une ^dgne pour trois quarts de la moisson qu'il lui faut donner au propriétaire; c'est dans le temps de la vendange qu'il lui annonce avoir le moût prêt, afin que le propriétaire fasse venir les vases pour y placer son moût.

Sou . . , T.a.ç>zyz^~Mv est erronément écrit pour coù Trapé/ovro;; l'écrivain avait en tête le j[^.wv «Vous».

àva^içi^ûXo); c'est dans les actes coptes le iiô.Te.M'^iûoA.ie..

Voici un acte relatif à l'acquisition des vases par le propriétaire terrien.

Lettre a M. Revillout, etc. 177

Papyrus IX (a. 635).

Papyrus du Louvre 6908; '63'^'^ haut., 6-5'^" larg.

u

1 cV ovrj[i.azi nrjaoa] /pioro zoo y,[apt,oo Yjpicov

2 xai Travcwv ta)v] ayicov paaiX/ [xai] 'bscKOz^siaç

3 Torj £oacpcaxaxoL>] xai cpiXavâ-pcoiroo

4 Y]{j.a)V §£01:01:00 ^Xj YjpaxXsiou tou YaX[YjVO'catoo

5 aoi:o%p[axopO(;] Ttataapoç cxooç

6 ^apfj-ooxJ-L %h oyBoYjC tVj £V ap/

7 ro) X7.[j-7upotat(o looaxco uco)

8 xoo tYjç [xaxapcaç {j.V7][jl7](;

9 V£tXa[JL|xa)VO(; airo tïjç apaiv)

10 ':coÀ£coç aopTjXtoç avooir

11 7,o'jçpoy,£pa{j-oopYoç oioç, iraoXa

12 aTuo rïjç aoTY^ç '7roX£a)ç airo

13 ajjicpoooy '7cap£{JnSoXY^ç yj

14 o[JLoXoY(o §£0£yi)-ac irapa ttjç

15 0|X£T£pac XafJLTcpoxïj-coç

16 o'7U£p xataa%£aTQç %atvoy.oo(p/

17 y.axaa7,£uaCo[j.£V(ov aoxYj

18 irap £[Jtoo sic, Xoyov poa£0)c

19 xTjç auv £iaiooa7]ç

20 £va]xT^ç ivj 6Tr£p |j.£V §003

21 too ':rap£X^ov'coc [J-V]Voç

22 xo^t vo{JLta{j.axa xpia

23 xat uir£p zoo Tzapovzoç

24 [XTQVOÇ (pap{JL0O^L XYjC

178 Ch. Wessely.

25 Tuapo'JOTjç oyoGr^ç ivj

26 aXXa vo[JLca(iara ^oo

27 o[xoo vo[j-ta{JLara tuîvzc

28 hiya tœv aXXtov tpuov

29 vo[JLca[JiaT:a)V cov coyov

30 Tzap rxozT^ç aizo zo'j 6a)8

31 [JlT;VOÇ TfOV y-OCL SY^SipL)

32 z[ri 'irJpoTcpa |jlod o[iciXoYta

33 y,[at Trjpoç 0{j.£r£pav aa^paXciav

34 xa'Jtr^v TCS'TCOLT^fJiai a[jiLV

35 xTjv aTTOQci^tv Tcapiav ooaav

36 %ai c7r£pco{JL3 "}• aopj avoo'jr

37 %c;0(poy,Epa[JLoapY3 azoïyei {jloc

38 iravta (oç irp "l*

ty di emii iustu es/ 5t c{xoa touaxo syp)

Verso : o{JLoXoY[ta ]ayp/ avou-rc %oo«po%£pa[jioDpYj ctç zov Xoc[JL7up/ co'jarov "i*

«Au nom de Jésus-Christ notre Seigneur et de tous les saints; sous le règne et le gou- »vernement de notre très pieux et philanthrope souverain Flavius Héraclius le sérénissime » empereur et césar, an XXV au mois de Pharmouthi 24 dans la 8^ indiction en Arsinoé.

«A Juste, l'illustre fils de feu son père Nilammon, natif de la ville d' Arsinoé, dit son » salut Aurélius Anoup potier, fils de Paul, de la même ville, de la rue de camp. Je reconnais » avoir reçu de Votre illustre Altesse pour la fabrication des nouvelles cuves fournies pour Vous » par moi pour la vendange de la indiction future avec Dieu (pour y conserver le vin »et le moût) un prorata de 3 écus d'or pour le mois passé de Tybi et pour le présent »mois de Pharmouthi de la présente indiction un prorata des autres 2 écus d'or cela »fait 5 écus d'or. Les autres 3 écus d'or, que je reçus au mois de Tybi, ne sont pas comptés; »ils font le sujet de ma première homologie. Mais pour Votre sûreté j'ai écrit cet acte légal »et authentique. Moi Aurélius Anoup, potier, je suis content de tout.

« Écrit par moi Justus le notaire. »

Les y.ouça étaient donc une chose très chère et le potier Anoup eut de bonnes affaires. Le mot ■/.o'jçoy.£pa;j,cupY6ç est composé de y.ojça, y.épa.uLo; et -ep^ôç; le y.îpa|j.sç ^rAr^p-*;; ol'vou (Herod. III, 6) et les ol'vou y.ouço: donnent le mot xouçoxepa[jLoç.

Lettre a M. Revillout, etc. 179

Il va sans dire que la vigne était très grande; on avait besoin de cuves d'une valeur de 8 nomismata pour y conserver les produits. Je crois que le propriétaire feu Nilammon était le même que celui dont nous avons trouvé mention dans le contrat III; il était sans doute grand propriétaire terrien.

Les abréviations dans noti-e acte sont ceux : [SxïtXc = (âaffiXetaç, çXi i= ^Xaouîcj, -/.ouço- X£pa|j.O'jpYj = y.ouoo/,epaiJ.cupYÔç, apctvj = 'Aps'.vcÏTÔiv, /j = /aîpï'.v, xa'.vc/,o'Jç/ r= y.aivcy.ojçwv, cjv^ = Guv esu), loGf = Sicjcwç, /.aiJ.-p/ = Xa|j,7:piv ou AaiJ.TTpcTatcv, zvy,t'.i).y = £Yy.£[j;.£V(ov, ajpc = Aùpï^Atcc, xpo" = T,p-AV-xi, es/ = esemiothe = £sr,;j.s'.w6y;.

Au commencement notre acte diffère beaucoup des autres contrats dans le protocole : âv èvî[j-a-i 'Ir,cou Xp-.c-rcj tcj y,jp(c-j y.xl ttxvtwv twv âv^wv et alors tcO vaXT/^c-XTou aiJTOy.pâTCpîc ■Ay.by.poc- on trouve presque toujours tcu alwvîcj aùvoicTTcu y.at a'jToy.pâTcpsç; c'était autrefois la manière de dater les actes des empereurs romains, par exemple : Itouç SwS£y.aTOj aù-oy.pâ-cpoç xxbasoç Mâp7.ou AùpYiA'ou S£2u-^pîu 'AA£Ç(zvSpcj e'j7£iicO; rjTJXîjç G£3a(jTou (papyrus 69 du Louvre).

La subscription est écrite en caractères latins et en grecs, voilà d'autres exem])les :

f di emu Kalu Z', £jj.* y.aX' . . . . j

j di emu helia Si z\).z'' y;a

f di emu iohannu ....

j di emu zacliariu . . . O'. z\j^ X.T/y.^'.z^ . . .

t di emu mhna . . . . c e\j.o'' jr/;va

f di emu strategiu 0/ £[xou crpar/JY'.oj

Papyrus X (saeciili VI/VII).

Haut. 17'^'", larg. \Z<='^.

1 . . . ii:ap£X6](i){j.£V yj 5La7,coÀoc:to{j,£v t:ov pooXo[i£Vov

2 ..... cV sC'^î'CYjOêV TT/^ Trapo'jsav %0[xtaaa6ac iroLp y^jjlcov

'jrapsX^siv

r _ 4 svcso^cV |JiY^r£ [JLYjV oiaxcoXoaai ov poXcC Tcotxa

5 aorajç cpyaaaaôaL aXXa y.occ y,r^p£a'. T/,xa? sv TraaTj

6 i]ov poXo{JicVov auraç cpyaaaa^a'. 00 §L7.xo)X'jaa)[j.£v

7 oTroarêLXa{JL£VGt t]] xpotj^avxaç ti ôtc tcov ocrj^cov apoupwv

8 £<;... %at TcaXEoov £l §£ 'îwap£À6o[Ji£V

9 7j OLay.]a)Xyao)|jL£V riva Y£a)pYT^aai aa-uaç cTïi xo) Y][JLCtç

10 §(oactv Xoyco irpoarJiiioD yyjoioo vo\Li3\kaziaL T£aaapa yp v § (oç vo[i{JL3

180 Ch. Wessbly.

11 SI hs Y.^o^]o\iBV o[';r]oar£tXa(JL£VOL zi sx t(ov a'JTWv otpo'jpwv

o

12 Swaôtv irpoatiiAJo'j /paato'j vo[jita{Jta-a cixoat /p v % (oç voiiLisosiai

13 oizoY.Bizai £tç toajto izolviol TjiJicov ra UTuap/ovra xat 'JTCapÉovra xoti

14 £'îr£p((OTYj\)'ctç) (D{JLoX(ÔY7]aa) . . .]vcpoç 'Jioç Scwvoçj TraTïVoGtciç o xotc iraXooç oloç

15 oTor/ct vj[JLtv] TTCtVTa ta TcpoysYpaii.'j.svct (oç irpox/ a'jpr^Xtoç [xapxoç

16 syp^^*^ ^'^^P Q^^'"^''' c<.Ypa[X{iar(ov]ovra)V .... ovoi'ftoç rr^ç gcy^ccç xa6oXc%Yjç

17 »xaptap(o "l"

[f di emu helia esemio[thai dVe"," £{J-c-'j r^Xia/J

« pour le cas nous contreviendrons à ces conditions ou bien nous

» empêcherions les travailleurs, Votre Altesse veut recevoir de nous cette sûreté. Or, nous » reconnaissons volontairement, garantissant mutuellement, que nous ne conti'eviendrons jamais » depuis ce temps, ni n'empêcherons homme quelconque que Vous laisserez ti-availler dans ce » champ, mais nous rendrons partout public qu'un tel travaille dans le champ. Nous ne contre- » viendrons pas de telle manière que nous volions ou celions quelque chose relative à ces

»aroures Quand nous contreviendrons ou quand nous empêcherons quelqu'un de

» travailler dans elles (les aroures), il nous faut payer une amende de 4 écus d'or comme »ils sont en cours; si nous volons ou celons quelque chose relative à ces aroures, il nous faut » payer une amende de 20 écus d'or; nous le garantissons sur tous nos biens que nous possé- » dons à présent ou à venir. Nous donnons notre assentiment à tout. Moi . . . . lils de mon

» père Théon et Papnouthios, fils de , dit aussi Paul, nous sommes contents de toutes

»les propositions écrites plus haut. Moi Aurélius Marcus, j'écris pour eux. Moi ... (le diacre?) »de la sainte église catholique, fils d'Amaron, je suis témoin. Ecrit par moi Hélias le notaire.»

L'acte est adressé à une Kocii.zzpôxr^c ou une cùXa^sia, etc., il faut donc construire ainsi :

. . . spoç jlbç 0£(i)voç /.al IlaTr^O'jOtoç . . . iw AafjLXpo-âia) . . . yaîpstv èçi^t7;5£v -q Ji^s-spa

XasA-piTr^ç Tf,v -rrapoucav -/.oi^-fcrauBa'. -ap' -^[/wv àssâXî'.av- voir le grand papyrus grec publié par ^I. Hartel dans les Wiener Studien fur dassische Philologie, V, p. 3 . . . un tel adresse son acte à <ï>Xaou(w Eù-o)^îco tw [xsvaXo-pctTâîijTaKp /.al èvBoqîTaTcp xôfxiT'. TrposîAÔwv, dit-il, TiT.po^y.iv.hrf/.oi tt;v stjV pieY^^szps'Trc'.av âl^y^r^sîv Sa IC iy-(poi.oou b\io\o'(ioiç ~o a^saXèc •rrap' è\j.o\> oé^a-Sai.

Notons les abréviations : ovT ^1\e: ■= :v ys ^îjXîi, -/p v o voîi,[JLi = /pjstîu '/0'^<.z[i.i-:x Tcssapa o)ç vc[jL'.-ï£ÛovTa[ (pluriel), ~poy./ =: ■rzçcv.s'-'X'. ou 7:pGX5i[j.£voç, c-/.-/,A = £xx,ay;sÎxç, ôyp = ^Yp^?^ ou ï-^çœlicf..

Il va sans dire que l'amende d'un vol est plus grande que celle d'une contravention; mais les 4 et les 20 écus d'or étaient une amende exorbitante que les deux hommes ne pou- vaient fournir qu'en travaillant plus de dix ans. Une belle maison par exemple ne coiitait que 2 nomismata, une petite deux tiers d'un nomismation; 300 litres de bon vin 1 nomism., etc. Les hommes se gardaient donc certainement de contrevenir à ces conditions fixées.

Nous donnons ici sur cela une série des contrats dits iaisOwseiç.

Lettre a M. Revillout, etc. 181

Papyrus XI (saeculi VII).

Papyrus du Louvre 7400; haut. SO*^", larg. 11 -S"".

1 [cV ovo'jJLCt-'. zrj'j '/,'jrjLO'j y-ai ozaizozo'j irpo'j ypiaTOi)]

u

2 [tod 6cOD y.ct'. aa)-Y^poç]Y/(JLa)V 3 -r^ç ayiac Ôcoroxo

3 xai 7:a.v[-cDv tcov cty.cojv z'J|3'. tco lo 1V3 £V ap/

4 '^Àj aO[avaaico -o)] Àoy^œ-aza) sxS'.y.o)

5 za.'jzri[ç, zr^ç apaivoi]ro)V itoXscdc ÔsoScopo;

6 '::apa{j,ovap[y7]ç irpcop'jjrspoç oioc roo {laxaptc*

7 aojjiswvtoa [a:ro zri\ç, aozriç, 'jîoX[c(d]ç a-^ro [apij'f/

8 GcpaTTctr^? yj ojJLoXoyo) £X0D[aia yvcoJiitJ

9 {ji[c{JLi]a6a)y,=va'. cfiao-ov ir^v (cva Àoycov) £7ci

10 zJEAouvra -Kpo; c/.'j-tjv zy]v TïapaiAOvr^v ....

11 [Xc irap cz-'j-r^ç sytov svtî . . . Ài . . %ai . . .

12 y.ai. ctypo'j^ oscivrcoç %at ay.axaYVa)ara)ç

13 y.aL ayaTCtYVcaaro)^ %ctL cxouaioç

14 clÇ cVlCt'J-OV cV apt6[J.0'J[J,cVGV aTTO

15 VcO[JLr^VcC01Ç zoo OVTOÇ {AYjVOC TO^l TïjÇ

sic

16 TrapooaY^i; têaaapaaxctt§£y,aiYjç ivB/

17 y.oLC 0£çciLa6ac [jl£ irap a'j-Y]? Xoyco [xiaôou £|jlo

18 eiç zov a'j-ov £va EVia'j-ov acro'j apzapaç

19 £vv£a '/.m yyjzio'j vo{JLta|JLa'ctov £v

20 api6[jL'.c/V £yov xEpctTia cwoai xpoa

21 £y,£p[j.OL':o'j[JL3 co £5£çoc[jLr^v -îrap a'jzriz

22 s^neobsv r^'^r^ zo £tpTj[Ji£Vov £v vo}!)

23 Xap£tv Z £[JL£ xai {j. £ç£36at oo^rfiBiaç

24 Tcov op'JY^''^ ^^^ EOpTcov yai £av irpo

25 rr;c 'co'j £Viac)toL> a'j|jL':îXY^p[a)a£a)^

26 C'^'^'^î^^ avaycopY^aai £x xy]ç 'jrapaptovïjç

27 a)aû£ [i£ avaâoavat o(jllv (a) £lX[y^(p]ov

24

182 Ch. Wessely.

28 %ap OLOzriç, OTCSp e\}.ou xai ajxiaÔov {j.£

29 ava)((i)pY]aat 7] oixoXoyta %'jpca 5 sicspo);!) "j"

t

te ^ _

liiabiHGiç, Y£]vo{JL3 OTTO -O-cO^copoo TcapafJLOVap/ uto ao[jL£(oVetoo sic

« Au nom de notre maître et seigneur Jésus-Christ notre Dieu et Rédempteur, et de la » sainte mère de Dieu et de tous les saints, au mois de Tybi de la 11® indiction à Arsinoé.

« A Flavius Athanasius le très savant syndic de cette ville d'Arsinoé dit son salut Théo- » dore le paramonarque, fils de feu Syméonios, étant de la même ville, de la rue de Thérapéia. » Je reconnais avoir loué une chambre des appartements dans la même paramonée ... et des » champs. Je l'ai loué étant obligé sans dédain, sans mépris, à partir des calendes du mois » de Tybi (du 1" Tybi) de la présente 14® indiction et je recevrai comme salaire 9 artabes »de blé et 1 nomismation non payable en or mais en petite monnaie, 23 carats, pour cette » année; ainsi j'ai déjà reçu le susdit 1 nomismation; et quand on coupera les digues et »au temps des fêtes je donnerai et je recevrai des émoluments. Mais si j'essaie de m'en » aller de cette 7:ap7.[xorr, avant la fin de l'an, il me faut rendre tout ce que je reçus de Vous «et m'en aller sans salaire. L'acte est légal.

«Louage fait par Théodore, fils de Syméonios pour Athanasios le très savant syndic.»

Il y a ici dans ce contrat des vulgarismes très intéressants, par exemples 1. 28 : à'X-^çov pour eiA-rjça, formation analogue à ekiv et sTiia, sXaJiov et 'éXcc^c, -^Xôov et -JîXOa, sloov et sToa, OTSffcv et OTcca, T^Ya-fcv et vra^x, etc. Notons aussi T£c-c;apxc/.a'.o£xâr/) faute pour xsaffapsay.., tyjv £va Xovtov et de, èviauxbv h.

Le mot opuYwv dit pour opuxûv signifie sans doute le temps de couper les digues, une des plus grandes fêtes de l'Egypte. Neuf artabes de blé ce sont 3'54 hectolitres.

Un point très intéressant à noter c'est le v;[j.tcîJ,âT'.ov iv àpi'ôjjiiov è'j^ov xspâ-cta slxost ipîa èv.ep- \iazou\j.viy. (le mot exepp.aTouiJ.eva est dit pour x£X£p[j.aToitiJ,éva, voir è7:oit]it.ai pour TCeTOÎrjjxat). Un nomismation ayant le poids juste valait 24 carats; mais les écus d'or étaient souvent rognés et l'or perd beaucoup de son poids par l'usage; à présent on ne respecte ces choses que peu; mais dans le vi® et vif siècle on avait égard au poids des monnaies le plus rigoureusement. C'est pour cela que Théodore voulant exprimer la valeur d'un voi^-icpiâTiov puTcapôv ou d'un vo[j.t(jp,dT'.ov voi^.'-etjîTai en petite monnaie ne dit que «23 carats». Ces carats sont les x£p[j.a-coç xepccTta dont nous trouvons mention dans d'autres contrats, voir mes Prolegomena, p. 48.

Papyeus XII (saeculi VI/VII).

Haut. 12'^'», larg. 7-5<^'".

1 £V c^ oXoxX'/jpo avêcoyfJLSVciV

2 (oçaarcoç sic (Boppa [Jtsta

'j

3 'juav'coç [aoJTCOv 100 Btxato

Lettre a M. Revillout, etc. 183

5 aico v£0|JLTjV:aç ro'j TrapsX

6 ^-ovroç jXYjvoç /otav.

7 nrjç luapoDaTjç cvar/jç tvj

8 xat Tuapaa/ôtv (jlô ûov zpocLpr^

9 (ASVOV OTUSp cVOaiO'J

10 ct'j'Cttv âvia'JGWo; /p'ja'.o'j

11 VO[JLlG|JLa':'.OV £V O'JTTapOV

0 J

12 /p V a p Ti [iiaScoa'.ç x'jpa

13 xat âTrspcotJL^ "j* y.oa{jLa? ov£Àai7]ç

14 GTOiys'. [JLOi (0? -rrpo "f*

15 "j* di emu helia esemioth hi £[iô yjX/

«Moi (Cosmas) j'ai loué ] une i autre) maison orientée tout au nord avec tout

>son droit pour le temps que Vous voulez, en partant du l^"" Choiak déjà passé de la présente >9^ indiction, et moi le susdit Cosmas je payerai le loyer pour elle annuellement : 1 écu d'or

> impur. Le louage est légal et authentique. Moi, Cosmas muletier, je suis content de tout,

> comme il est écrit plus haut. Ecrit par moi, Élie. >

(La suite prochainement.)

LES DEOITS DES FEMMES DANS L'ANCIENNE CHALDÉE.

Depuis que j'étudie les contrats assyriens et babyloniens sous la direction de mon illustre et excellent maître, M. Oppert, je suis de plus en plus frappé de l'évidence des vues nou- velles que mon frère a développées, relativement à l'histoire du droit, dans plusieurs des leçons d'ouvei'tiire de ses cours au Louvre et dans sa conférence de l'année dernière à la Sorbonne.

Il a montré que le droit romain et même le droit grec étaient loin d'être des progrès par rapport aux droits antérieurs : qu'en ce qui touche, par exemple, la situation de la femme, celle de l'esclave, etc., le droit égyptien, infinement plus élevé, plus humain, plus libéral, représente un état de choses qui avait existé un peu partout à une époque plus ancienne, état de choses dont les récits d'Homère nous ont conservé la peinture, et la légende de l'âge d'or, le souvenir, longtemps persistant dans le cœur des peuples.

Et en effet les contrats assyriens ou babyloniens, comme les contrats égyptiens anté- rieurs au règne de Philopator, nous montrent la femme égale de l'homme, traitant elle-même ses propres affaires sans l'assistance d'un kurios. J'en pourrais citer beaucoup d'exemples. Je vais commencer aujourd'hui par un contrat inédit daté de «Babylone, mois de Kisilev, le 23, année V de Nériglissar, roi de Babylone» et relatif à une vente d'esclaves, conclue par

24*

184 Victor Revillout.

une femme. Non seulement cette femme fait cette aliénation sans l'assistance de personne, maiS; chose remarquable, elle la fait avec formelle garantie contre toute réclamation qui pour- rait surgir au sujet de ces esclaves. C'est elle qui se charge d'écarter les tiers évicteurs, affir- mant ainsi pour les femmes le droit d'ester seules en justice; et en effet nous avons des procès babyloniens soutenus par des femmes, qui y iigurent comme parties principales sans qu'au- cun homme ait à intervenir pour compléter leur personnaHté en qualité de tuteur ou kurios.

Ce n'est pas d'ailleurs le seul point à noter dans l'acte en question. Les esclaves vendus y sont mari et femme, portant ce titre. La seconde fois qu'il en est fait mention, le mari est même seul nommé et l'on ajoute simplement sa femme "^^J ][ ^ Ceux qui ont suivi les cours de mon frère se rappellent ce qu'il leur a dit au sujet des liens de famille dans l'esclavage : liens que la loi de fer, la loi des douze tables n'admettait à aucun degré, mais dont on constate l'existence en Egypte, chez les Hébreux, chez les Grecs du temps d'Homère et, comme ou le voit, chez les autres peuples contemporains.

Voici d'abord le corps de cet acte :

( Nous regrettons beaucoup que l'imprimeur, d'ailleurs si distingué, de la Revue égypto- logique, M. Holzhausen, ne possède pas de type babylonien des caractères cunéiformes, ce qui ne nous permettra pas de reproduire les textes autrement qu'en héliogravure. Les trans- criptions en type assyrien ne sont admissibles que lorsqu'il s'agit de mots isolés, car pour le fond même de la langue, entre Ninive et Babylone les différences dialectales sont considé- rables : comme l'enseigne M. Oppert, ce n'est pas une bonne méthode que de vouloir les négliger pour aboutir en définitive à des textes qui ne sont plus ni babyloniens par les caractères, ni ninivites par les expressions et qui choquent le lecteur instruit, comme une suite de barbarismes. Nous devons donc nous borner ici, en renvoyant aux planches photographiques, à une simple transcription en caractères modernes, accompagnée d'un mot-à-mot interlinéaire.)

■^ Til-lit-li-tum, hinit-su-sa T Bel-u-se-zih mar T Sa-na-si-su, ina hu-ut

femme Tillitlitum, fille sienne de Bel usézib de la race de (hen) Sanasisu, dans la satisfaction

lih-hi-su : de son cœur :

" Nur-Bel-lu-mur

Nurbellumur

U -^ et f.

Na-na-ri-ma-ni dam^-su,

Nanarimani sa femme,

en tout

2 ta-dan-ut,

2 (esclaves) cédés,

a-na PI2 ma-na

pour IV2 mine

kaspa

d'argent

a-na sim-gam-ru-tu,

comme prix complet.

a-na

à

T Nêbo-ahi-iddin, mar-su-sa J Su-la-a mar-E-gi-hi, ta-ad-din. Bu-ut

Nébo ahi iddin, fils sien de Sulaï hen Egibi, a donné. Relativement à

' Dans quelques actes de Ninive les femmes d'esclaves (et d'une façon plus générale les femmes mariées, même quand leurs maris sont des hommes libres figurant comme parties dans l'acte) ne sont pas désignées par l'idéogramme "^^t^T dam, épouse, mais simplement par l'idéogramme "^►^ qui est le déter- minatif du sexe féminin. Citons par exemple un acte inédit du British Muséum (K. 425), copié par nous dans notre dernier voyage, et dans lequel un personnage bien connu de nous par une multitude d'autres actes, un intendant du fils du roi, Kalkullanu, achète un esclave nommé Ismedi \t^ \*~ \ T ^T ^^) jardinier, ^^lyV ï^A ^T ^>-T^[, sa femme, '^-\ et son frère ^^m51, au total trois âmes (vivantes) A^ ]jl TT^

I >->"»^ esclaves, >-^_T [►>^>^ ^^1 ^^ *^"* P^'^^ ^* somme, relativement faible, d'une mine d'argent. Cet acte est d'ailleurs très curieux, car il renferme une clause des plus intéressantes pour l'étude du droit iiinivite. Nous aurons à en reparler.

2 Je ne transcris pas assat, car ce mot, à cause du t final, exigerait après lui Su et non su.

Les droits des femmes dans l'ancienne chaldée. 185

nisu (si-hi-i^?) nisu pa-qi-ra-nu, nisu ziTcaru rahutu u nisu siru

homme , homme réclamant, homme mâle grandi et homme enfant

han-u-tu^, sa ina-eli J Xur-Bel-liL-rnur u dam-su il-la- ', , qui au sujet de Nurbellumnr et sa femme élèvera la voix

-^ Til-li'U-tum na-sa-at.

f. Tillilitum se porte garante.

-- La femme Tillitlitum, fille de Belusézib, de la race de Sanasisu, dans la satisfaction de son cœur, a cédé Xurbeliumur et f. Xanarimani, son épouse, en tout 2 (esclaves) livrés, pour une mine et demi d'argent, comme prix complet, à Xéboahîddin, fils de Sulaï, de la tribu d'Egibi.

Relativement à tout homme , tout homme réclamant, mâle adulte ou enfant qui

élèvera la voix au sujet de Nurbellumur et de son épouse, la femme Tillilitum est garante. »

Suivent les noms des témoins, au nombre de deux, celui du scribe et enfin la date, que nous avons indiquée plus haut. Nous ne nous y arrêterons pas, car notre but est d'ap- peler l'attention sur le corps de cet acte, sur les divers termes qui s'y rencontrent et sur leur portée juridique.

La clause de garantie, dans la bouche d'une femme, y est des plus intéressantes. Elle se rencontre souvent dans d'autres bouches, ainsi que nous en voyons un exemple dans l'acte suivant, également inédit, daté du mois de Sabat, le 6, de l'an 6^ de Xabonid, roi de Babylone, et tout-à-fait comparable au précédent, car il n'en diffère que par ce qui change dans tous les actes, les noms, le sexe, etc.

T Suraa-a, mar-su-sa J e-rib-su, ina hu-iit Ub-bi-su: '''^] Ha-si-ba-tuv

Sumaï, fils sien de Eribsu, dans la satisfaction de son cœur : Hasibatuv

(sal-lat) gal(la)-su, a-na 1 ma-na kaspa, a-na J Si-Um-bel, mar-sit-sa J Mar-ga

son esclave, pour 1 mine d'argent, à Silimbel, fils de Marga

mar-daraka, a-na sim-gam-e-ru id-din-nu. bu-ut (si-ku-u?) de la race de fbenj Damka, comme prix complet a cédé. Relativement à

pa-kir-ra-nu, zikani* rab-u-tu u siru ban-nu-u-tu, sa e-li J ha-ba-si-tuv réclamant, mâle adulte ou enfant , qni au sujet de Habasituv

il-la-tuv, T Surna-a, mar-su-sa e-rib-su, na-si

élevant la voix. Sumaï, fils sien de Eribsu, se porte garant.

1 Le mot êihou, éihi nous paraît se rapporter à la racine n'ï decemere, nous verrons comment.

2 En transcrivant ce mot banutu, nous avons songé à l'expression abu banuia «pater genitor meus» si souvent employée dans les cylindres d'Assurbanipal. Le contexte demanderait plutôt l'idée d'enfants dirigés, protégés, en tutelle à cause de leur âge. que celle d'enfants engendrés, à laquelle on serait conduit par la comparaison avec ce mot banu. Mais la lecture est rendue certaine par la variante ban-nu-utn.

3 Le scribe s'était trompé sur le sexe. Il avait d'abord mis comme déterminatif celui de la femme y^- , puis il l'a recouvert par celui de Ihomme T. De même il avait écrit d'abord sa servante -^ "^ *^TTr puis, quand il a compris son erreur, n'ayant pas la place suffisante pour écrire en entier le mot galla esclave mâle, à la place de saUat, il s'est contenté de recouvrir le mot sallat par la première syllabe de gaUa ^>~ sans même corriger le pronom relatif qui se trouvait autre : su au lieu de .?!/, à cause du t final du mot sallat. La correction pouvait paraître suffisante, car le même nom propre, cette fois au masculin sans correction, se retrouvait à la ligne de ce contrat.

' Le mot zikaru est écrit ici par l'idéogramme t^T au lieu de l'être, comme dans le contrat précé- dent, par l'idéogramme >- T, ce qui revient d'ailleurs exactement au même.

186 Victor Revillout.

«Sumaïi, filg d'EribsU; dans la satisfaction de son cœur, a cédé Hasibatuv son esclave, pour une mine d'argent, à Silimbel, iils de Marga de la race (tribu) de Damka, comme prix

complet. Contre , réclamant, mâle grandi ou enfant qui élèvera la voix au

sujet de Habasituv^, Sumaï, fils d'Eribsu, se porte garant.»

Le nombre des témoins est de quatre.

Nous rencontrons dans ces deux actes et, comme nous le verrons, dans plusieurs autres, certaines expressions fondamentales qui se rapportent à la garantie donnée à l'acheteur d'esclave par le vendeur. Les mots paqiranu, nasu, huut, etc. ne se rencontrent pas seule- ment dans les ventes d'esclaves, mais dans d'autres contrats nous montrerons qu'ils y ont bien le sens que nous leur attribuons. Mais avant d'en venir à cette étude de lexicologie technique, nous avons encore à donner d'autres ventes d'esclaves qui se rapprochent infini- ment par leurs formules des deux précédentes. Ce sera le sujet d'un prochain article intitulé : Les ventes d'esclaves et leurs garanties à Bahylone.

L'IMPOT SUE LES MAISONS

D'APRÈS UN PAPYRUS GREC INÉDIT.

(BRITISH MUSEUM L, ANCIEI^ SALT 967.)

Dans mon article sur Le budget des cultes paru dans le dernier numéro de la Revue j'ai longuement parlé (p. 107 et suiv.) des curieux passages de la stèle hiéroglyphique de Philadelphe il est question de l'impôt sur les maisons (t^^), et j'ai cité à ce sujet une phrase intéressante des Économiques attribuant cet impôt sur les maisons (oiy.-.a) au roi Téos ou Tachos, qui l'aurait institué en Egypte d'après le conseil de l'Athénien Chabrias. Dans un voyage en Angleterre, au mois d'avril dernier, j'ai trouvé un papyrus grec inédit du British Muséum qui a justement trait à cet impôt sur les maisons. Il s'agit d'une déclaration faite par un grec habitant Memphis (£AXY;vo[j.£ij.a;'.-r,ç) conformément à un prostàgma alors récent, déclaration relative à la' maison qu'il habitait, à une autre maison il tenait boulangerie et aux deux cours qui constituaient les dépendances de ces deux maisons, le tout situé dans le quartier de l'helléuium, déjà connu par un papyrus de la BibHothèque Nationale. Ces pro- priétés étaient d'égale contenance, bornées au nord par une rue et séparées l'une de l'autre par une autre rue. La première maison, celle d'habitation, portant peut-être un ou plusieurs étages, est estimée deux fois plus cher que la seconde qui servait de boutique. Leurs dimen-

1 Sumaï est un nom qui se retrouve dans les actes de Ninive (voir notamment W. I. III, 46, 3, 31; W. I. III, 46, 4, 36, etc.) avec le même idéogramme pour le mot sum, suma, mais avec deux a terminaux inscrits au lieu d'un, suivant une orthographe qui n'était pas celle de Babylone poui- les noms de ce genre. Nous adoptons ici la transcription pour le double a de la fin d'un mot, malgré les objections formulées par M. Haupt, qui, suivant la règle générale pour les redoublements de voyelles dans le corps des mots, et aussi à la fin des mots quand il s'agit d'autres voyelles, y veut voir seulement un allonge- ment de cet a. Mais une généralisation n'est pas une preuve et il ne nous paraît pas certain qu'il y ait lieu de s'écarter sur ce point des vieilles traditions.

2 Le scribe, qui avait pris d'abord ce nom d'esclave pour un nom de femme, avait commis une autre erreur; il avait déplacé une syllabe, comme on peut le voir en comparant la première mention de ce nom avec la seconde.

L'impôt sur les maisons. (E. R.) 187

sions étaient assez considérables puisqu'elles représentaient, chacune une étendue d'environ 32 pieds de long sur 20 de large, sans compter les cours. La totalité du terrain faisait juste six de ces grandes mesures thébaines de superficie désignées eu grec sous le nom de ':rr,/uç^ comme la simple coudée de longueur, et en démotique sous le nom d'aten, équivalent, d'après les bilingues. Uaten comprenait 100 xet ou coudées carrées : un papyrus démotique du Biitish Muséum nous donne le double calcul tant en mesures de superficie qu'en mesures de lon- gueur — ce qui confirme l'opinion de Peyron.

(1) MHTP0AU3PUI EniMEAHTHI (2) HAPA AnvrXIOC INAPOVTOC (3) EAAHNO MEMOITHC AnOrPA<î>OMAI (4) KATA TO EK nPOCTArMA (5) THN

KAI AVAHN

VnAPXOVCAN MOI OIKIAN (6) EN T03I EAAHNIL3I EN TOHCÛI .... (7) ... . lEIGJI HC

THCMEN OIKIAC jhC A AVAHC (a1 EPI (iFl

METPA IKAl Eni ri (8) TEITONEC HPOC NOTON OIKIA TOC (9) OAHGIOC HPOC

BOPPAN nACITOC APIANIOC (10) KAI OaOC ANA MECON HPOC AIBA (11) CITOHOEION MOV KAI OAOC ANA MECON (12) HPOC AnHAIWTHN nCKAPHC HETE .... (13) TOV- TUN OVN TIMUMAI î. À (14) KAI AAAHN OIKIAN EN Hl CITOnOIOVCIN (^15) KAI AVAHN UN METPA THC MEN OIKIAC (16) METPA (KAI EHI (iPl KAI THC AVAHC Q (17) EHI fifl TEITONEC ONNOOPIOC GOPOV OIKIA (18) HPOC BOPPAN HACITOC TOV APIANIOC KAI OAOC (19) ANA MECON HPOC AIBA NEOEPrHPIOC (20) HEXPATOV HPOC AnHAICJTHN H nPOrEfPAMENH (21) OIKIA KAI OAOC ANA MECON TAVTCJN OVN (22) TIMUMAI XAAKOV î. fe (23) / X A

« A Métrodore, épimélète, de la part d'Apynchis, fils d'Inarons. Comme hellénomemphite

et de la cour

» et selon le prostagma .... je fais la déclaration de la maison qui m'appartient dans l'Hel-

de la maison et de la cour 4 coudées sur IS

»lenium, dans le lieu dit Les mesures en sont 21 coudées sur 13. Les voisins :

»au sud la maison de . . . ., fils de Phaésis; au nord (la maison) de Pasis, fils d'Arianis et »le chemin qui tient le milieu; à l'occident ma boulangerie et le chemin qui tient le miUeu; »à l'orient Pocagès, fils de Pété .... De cela donc l'estimation est 4000 drachmes. Et » une autre maison, dans laquelle se fait le pain, et la cour, dont voici les mesures : mesures »de la maison 21 coudées sur 13; mesures de la cour 4 coudées sur 13. Les voisins : (au »midi) la maison d'Onnophris, fils d'Horus; au nord (la maison) de Pasis, fils d'Arianis et le » chemin qui tient le milieu; à l'occident (la maison) de Nephergéris, fils de Pechratès; à » l'orient la maison sus-désignée et le chemin qui tient le milieu. De cela donc l'estimation >est 2000 drachmes de cuivre. Total un talent.»

UNE ADOPTION PAE MANCIPATION SOUS LE EÈGNE D'AMASIS

ET LES DIVERSES FORMES DE MANCIPATIONS RELATIVES A DES ÊTRES HUMAINS.

M. TuRQUET, sous -secrétaire d'État des Beaux- Arts, vient d'autoriser M. de Konchaud^ directeur des Musées Nationaux, à acquérir une magnifique collection de papyrus démotiques.

188 Eugène Revillout.

Cette collection^ avait été trouvée cet liiver, en Egypte, par notre excellent confrère, M. Eisen- LOHR, professeur d'égyptien à l'université de Heidelberg. Elle comprend (outre un papyrus ptolémaïque) trente papyrus des règnes des Psammétique I" et II, d'Apriès et d'Amasis, faisant suite, par conséquent, à la belle série des papyrus de Tahraka et Sabaka que pos- sédait déjà le Musée du Louvre, et s'intercalant avant l'unique contrat de Psammétique III qui nous soit parvenu (toujours dans la même galerie), et les papyrus de Darius I" et d'Ar- taxercès que se partagent surtout les collections de Paris (Louvre et Bibliothèque), de Berlin et de Turin. Cette série vient donc combler une très importante lacune, (car on n'avait jus- qu'ici qu'un fragment d'Amasis, à Vienne -, et un papyrus d'Apriès, à Londres : papyrus qui appartiennent du reste à la même famille). Il s'agit toujours de ce cartulaire des choacbytes de Thèbes, dont les papiers partent du code même de Bocchoris et des commencements de l'écriture démotique, pour aboutir au second règne de Soter II, quelques années avant l'ère chrétienne. Le Musée du Louvre a seul maintenant et expose publiquement dans ses ga- leries^ tous les âges paléographiques de cette intéressante période de sept siècles, puisque, après les Darius I®"" que nous mentionnions tout-à-l'heure, on y trouve l'unique Darius Codo- man, l'unique Alexandre, plusieurs Alexandre II, les uniques Soter connus, les Philadelphe, si rares partout ailleurs, sans compter les Évergète F"" et tous les autres Lagides. On peut seule- ment regretter que le Philippe Arrhidée et les autres papyrus démotiques qui dorment ignorés dans les armoires de la BibUothèque Nationale entre les mains d'étrangers à la science égyp- tologique, ne soient pas encore venus rejoindre au Louvre leur place naturelle, comme en 1871 les manuscrits du moyen âge qui se trouvaient à notre Musée des Souverains sont allés à la Bibliothèque Nationale, pour être livrés à des conservateurs compétents^. Espérons que l'illustre savant qui dirige la Bibliothèque Nationale sera frappé lui-même de cette anomaUe, et ne voudra pas être en retard de bons procédés avec les Musées Nationaux.

Pour en revenir à la collection Eisenlohr, qui va être publiée intégralement dans le Corpus pai^yrorum Aegypti, nous y avons remarqué d'inappréciables richesses, tant au point de vue des origines du droit qu'au point de vue du déchiffrement et de la philologie. Bien des questions jusqu'ici douteuses ou mal comprises sont éclaircies, et bien des mots sont pré- cisés d'une façon inattendue. Le seul document un peu intéressant de cette période que l'on possédait avant cette découverte, était le contrat de Psammétique III cité ci-dessus. Mais ce

1 Est-ce celle que M. Bkdgsch-bey avait marchandée à Thèbes, il y a quelques années, dont on lui avait demandé, nous a-t-il dit, 25.000 francs (raille livres sterling) et qu'il regrettait vivement de n'avoir pu acquérir? Est-ce celle qu'un marchand d'antiquités du Caire, en aoiît 1884, prétendait être. entre les mains d'un jeune français qui ne voulait pas alors la vendre à la France? En tout cas ce sont des textes trop difficiles pour être bien appréciés par ceux qui désespèrent de jamais s'en rendre compte, mais dont la valeur est inestimable quand on en doit tirer tout le parti possible pour les progrès à effectuer encore dans les études égyptologiques.

2 Dont j'avais donné en 1880 la traduction à Krall, alors mon élève.

3 Une salle d'étude, bien éclairée et fréquentée par tous les égyptologues d'Europe, est aussi établie dans le Musée Egyptien.

* Par une raison analogue on fait venir à la Bibliothèque Nationale les manuscrits précieux qui se rencontrent dans les autres bibliothèques publiques de Paris. Et cependant il se trouve à la Mazarine, par exemple, des érudits connaissant bien le prix et l'intérêt de leurs trésors littéraires. Pour l'égyptien et surtout pour le démotiqne il faut, au contraire, des études spéciales et des comparaisons constantes comme pour les médailles, par exemple, que personne n'a songé à diviser entre le Cabinet de France et le Louvre.

Une adoption par mancipation, etc. 189

contrat était tracé, en caractères souvent effacés, sur une assiette en terre rouge. Il était donc peu lisible : et de plus, comme les caractères ont, à cette époque, une forme absolument spé- ciale et que les pièces de comparaison manquaient, le contexte servait surtout de guide en certains points et pouvait égarer même sur la lecture de signes peu nets. Maintenant, au contraire, tous les mots alors rares ou mal tracés se rencontrent dans une foule d'autres textes bien écrits et viennent préciser le sens (mais toujours dans la direction d'idées que j'avais indiquée tout d'abord). Je citerai, par exemple, le mot per i = Me), qui se

trouve, avec la même forme spéciale et arcbaïque, dans de nombreuses locations de terres cultivées, dans des reçus d'impositions, tout aussi bien que dans l'acte de Psammétique III et dans celui dont nous allons donner aujourd'bui la primeur aux lecteurs de la Revue Egyptologique. J'en dirai autant du mot bok 1 ^ '^ = êwr^ servir, service), qui est employé, avec ses deux orthographes spéciales, dans les ventes d'esclaves, et qu'un bilingue ptolémaïque (le papyrus Rhind) nous permet de reconnaître sous sa forme plus récente. De même les mots nemau^ échapper, annu plaire 2, «ji^ encore, etc. ont leurs lectures et, par conséquent, leurs interprétations précisées par la comparaison des textes analogues.

Rien de plus ai^logue, par exemple, comme formules, que l'acte de mariage par coemptio ou mancipation, daté de Psammétique III, dépendant de l'ancien fond de notre Musée et un acte d'adoption par mancipation, de l'an 32 d'Amasis, que nous venons d'acquérir dans la collection Eisenlohr. Mais il faut aussi rapprocher de ces deux papyrus deux contrats de vente d'esclaves du règne de Darius dont nous avons déjà eu l'occasion de parler dans le premier volume de notre Droit égyptien. Quel dommage pour les comparaisons paléographiques, si capitales, que l'un de ces deux actes de Darius soit à la Bibliothèque Nationale, tandisque les pièces d'Amasis et de Psammétique III sont au Louvre ! Cela est d'autant plus à regretter que, pour comble de malheur, l'on ne permet pas de rapprocher des fenêtres les papyrus si sombres et presque noirs qu'il nous est permis d'étudier dans une salle déjà obscure. Aussi ai-je surtout me tier à des facsimile autrefois publiés par M. Caillaud, lorsqu'il possé- dait les Darius de la Bibliothèque Nationale. Sans ces facsimile bien inférieurs cependant aux originaux on peut dire que ces papyrus seraient complètement perdus pour la science \ Que l'on excuse donc les fautes involontaires que cette situation spéciale a pu produire.

Commençons par l'acte d'adoption.

Il est, mot-à-mot, ainsi conçu :

«An 32, Athyr, du roi Amasis.

« Hor, fils de Pétésé, dont la mère est Taouaou, dit au choachyte de la nécropole Haret', »fils de T'eti :

V\ /V, |s, ^X [JA Pierret, Lex. 266, Brugsch, 767, Suppl 675. J^^ ou 0 yV^^ p-«kn&.i, Brugsch 194.

AAAAAA AAAAAA

3 /V = On, Brugsch 191. Le déterminatif des jambes a dans quelques pièces la forme hiératique.

* Il en aurait été identiquement de même pour la Chronique démotiqiia dont l'original est également très sombre, si M. Delisle dont l'intérêt pour la science est si vif et la bienveillance si grande n'avait pris sur lui de prêter quelque temps le papyrus au Louvre, sur la demande de M. de Ronchadd, directeur des Musées Nationaux. Qu'il reçoive ici l'expression de ma vive gratitude.

25

190 Eugène Revillout.

« Tu m'as donné et mon cœur en est satisfait l'argent pour faire à toi fils. Moi^ (je » suis) ton fils, et (sont à toi) mes enfants que j'enfanterai et totalité de ce qui est à moi et de ce »que je ferai être (de ce que j'acquerrai). Point à pouvoir (ne pourra point) homme quel- » conque du monde m'écarter de toi, depuis père, mère, frère, sœur, seigneur, dame, jusqu'à » grande assemblée de justice ', moi-même, mes enfants (qui seront) les enfants de tes enfants »à jamais. Celui qui viendra à toi à mon sujet pour me prendre de toi toi) en disant : »Ce n'est pas ton fils, celui-là quiconque au monde (dis-je) depuis père, mère, frère, »sœur, seigneur, dame, jusqu'à grande assemblée de justice ou moi-même (fera ainsi), te

(sic) (sic)

» donnera argent quelconque, blé quelconque qui plairont à ton cœur. Moi, je serai ton fils » encore, ainsi que mes enfants à jamais!»

Vient ensuite la signature du notaire, et au revers on voit une liste de douze témoins.

Le commentaire juridique de cette pièce importante sera donné dans le second volume de mon Droit égyptien. Dès maintenant il faut remarquer que, contrairement aux habitudes, on n'indique pas la mère de Haret', le nouveau fils adoptif, mais seulement son père naturel T'eti. Il en est de même dans tous les actes très nombreux il est question de lui. Bien plus : après son adoption, comme avant, il est toujours indiqué comme fils de T'eti, sans aucune mention de son père adoptif Pétésé, et cela jusque sur le protocole officiel des con- trats dans lesquels Haret' lui-même est partie. Pourquoi cette double anomalie? L'absence du nom de la mère, ordinairement exigé, comme celui du père, dans tous les contrats et en justice ainsi qu'en témoigne la loi citée par le papyrus 1'^'' de Turin, fait songer involon- tairement à cette coutume légale en vigueur à Athènes du temps des orateurs et d'après laquelle il suffisait que le père déclarât à la phratrie- qu'un tel était son fils et d'une Athénienne, sans spécifier quelle était cette Athénienne. L'enfant légitimement inscrit comme citoyen était alors sans mère, comme notre égyptien et souvent même cette manière de procéder était usitée dans les adoptions.

Quant à l'absence du nom du père adoptif dans les actes postérieurs à l'adoption, elle prouve que cette adoption égyptienne, faite selon des formes analogues à la mancipation romaine, se rapprochait cependant beaucoup plus de l'adoption athénienne. Le fils ne devenait la chose de son père adoptif qu'en apparence, en dépit des formules consacrées d'après les- quelles il se vendait à lui, lui, ses enfants et ses biens présents et à venir. A Rome il aurait cessé dès' lors d'être le fils de son père naturel pour devenir celui de son père adoptif. Ici, au contraire, le père naturel ne disparaît pas, et le fils adoptif fait des actes comme s'il était encore chef de famille. Cela ne rappelle-t-il pas ce que nous a appris Démosthène sur ce fils adoptif qui, s'étaut brouillé avec son nouveau père, était entré en procès avec lui et avait fini par faire une transaction d'après laquelle on lui rendait tout ce

' Cest le motDvX (1 (J Lrt] ou M M wKj désignant d'abord le pylône l'on rendait la justice, -M^ I 1 U D 1 1 ^ U

puis la justice elle-même et sur lequel on peut consulter le sui^plément du dictionnaire de Beugsch, p. 1306

à 1308. Le syllabique Tl ta a ici presque la même forme qu'en hiératique.

- A Gortyne, dont M. Dareste a récemment traduit la loi découverte au mois de septembre de l'année

dernière par MM. Halbherr et Fabricius, l'adoption se faisait par une déclaration de l'adoptant non pas à

la phratrie, mais dans l'assemblée des citoyens : du haut de la pierre Ton monte pour parler au peuple.

L'adoptant donnait cependant, comme à Athènes, à sa phratrie, un repas et une distribution de vin.

Une adoption pae mancipatiox, etc. 191

qui lui appartenait, ainsi que sou ancien état civil'? Haret' aurait-il pu faire de même? C'est probable. Mais il est probable aussi que la forme de l'adoption employée par Pétésé l'avait été pour déguiser un véritable testament et lui permettre de choisir un héritier eu dehore de sa famille.

Peut-être était-ce à une nécessité légale du même genre que, dans l'acte de Psammé- tique in, une jeune fille libre se pliait, quand eUe choisit, pour se marier à un jeune homme qu'elle aimait, la forme de coemptio ou de mancipation qui en faisait en apparence l'esclave de son nouvel époux. Cet acte, du même type d'écriture que ceux d'Amasis-, était ainsi conçu:

«An 4', Mésoré 27, du roi Psammétique,

«Dit la femme T'enesi, fille d'Anachamen, à Amon, fils de Put'a :

(sic)

« Tu as donné et mon cœur en est satisfait mon argent pour faire à toi service •» (servante\ Je suis à ton service (ta servante). Point à pouvoir homme quelconque du monde » (personne au monde ne poun-a") m'écarter de ton ser\4ce. Je ne pourrai y échapper. Je

> ferai à toi encore jusqu'à argent quelconque, blé quelconque, totalité de chose au monde et mes ï enfants que j'enfanterai et totalité de ce que je possède, et les choses que je ferai être (que j'acqueiTai\, et les vêtements qui > sonfi sur mon dos, depuis l'an 4, Mesoré ci-dessus, à jamais » et toujours. Celui qui viendra i t'iuquiéter > à cause de moi, au nom de parole quelconque du

> monde, en disant : Ce n'est pas ta servante, celle-là, te donnera argent quelconque, blé quel- 5 conque qui plairont à ton cœur : ta servante (sera ta^ servante encore : ainsi que mes entants. »Tu es (maître) sur eux eu tout lieu tu les ti'ouveras. Adjuré (soit) Ammon! Adjuré isoit) »le roil Point à te semr esclave encore me prends pas esclave encore) quelconque. Il n'y »a point à dire qu'il te plaît (de faire) en toute similitude ci-dessus. Il n'y a point à faire

> de similitude de ces choses. Il n'y a pas à dire également que je puis échapper au service ^de la chambre dans laquelle tu es!»

Un seul scribe signe à cet acte, qui se rapproche encore plus que le précédent des simples ventes d'esclaves. En effet, dans l'acte d'Amasis le terme consacré est se fils. C'est pour faire fils que l'argent est versé. Ici, au contraire, le tenue est hok : c'est-à-dire celui-là même que nous trouvons dans les ventes fiiites par des tiei*s pour des esclaves proprement dits. On ne se propose pas de faire femme mots usités dans les contrats de mariage par dons nuptiaux, mais de faire une esclave, c'est-à-dire une de ces concubines ou de ces épouses esclaves que les juifs ont connues et que je signalais à ce propos dans mon cours de Droit égyptien. C'est une union par coemptio, mais la coemptio a encore tout l'aspect d'une véritable vente. En droit civil le maître aurait pu prendre autant de ces concubines qu'il aurait voulu et les revendre au besoin plus tard. Aussi la femme libre qui se vendait ainsi à lui en apparence, et en réalité se donnait, avait-elle bien soin de recourir

* A Gortyne, dapiès la loi citée pins haut, c'était l'adoptant qui conservait tonjoni-s le droit de se débarrasser de l'adopté en taisant une déclaration dans Vagora et en versant une somme déterminée, que le mnémon du xénion (jouant ici le rôle de ladministi-ateur de l'assistance publique) remettait à titre de secours à cet enfant abandonné.

- Notons que ce type ne commence que vers le milieu du règne d'Amasis. pour se continuer, avec peu de modifications, sous Darius P'.

3 Cette date est curieuse. Bien que ces quatre ans aient pu se réduire à environ deux ans véri- tables par le comput commençant chaque année a\i mois de Thot, on ne croyait pas le règne de Psam- métique III aussi long.

25*

192 Eugène Revillout.

à une adjuration au Dieu et au roi, qui limitait en droit religieux les pouvoirs absolus de son nouvel époux et le forçait d'une part à la monogamie et d'une autre part à la perpétuité de l'union.

Eien de plus touchant d'ailleurs que le cri dans lequel notre fiancée de second ordre abandonne à son fiancé non seulement ses biens présents et à venir, mais ses enfants et jusqu'à ses vêtements qui sont sur son dos. Ajoutons que ces deux actes l'adoption par mancipation et le mariage par coemptio ou mancipation sont presque de même date, à quelques années près, et semblent se rapporter à une couche spéciale du droit égyptien, car on ne trouve rien d'analogue dans la suite. C'est le même formalisme que dans la loi des douze tables : et ce formalisme sera bientôt remplacé par de tout autres procédés, particulièrement en ce qui concerne le mariage. Quant à l'adoption, elle paraît alors disparaître entièrement par une conception plus simple et plus naturelle de la famille^. Venons en maintenant aux ventes d'esclaves que nous rapprochions tout-à-l'heure de notre coemptio, dont elles reproduisent en grande partie les expressions. Celles que nous allons citer sont peu postérieures à Psam- métique III, car la conquête de l'Egypte par le roi perse Cambyse se fit sous le règne de ce prince : et Cambyse, qui mourut bientôt après, eut pour successeur Darius V :

«L'an 5, Pharmouti, du roi Darius,

«Ahmès, fils de Pamin, dont la mère est ... . dit au pastophore d'Amon-Ra Souter » Hor, fils de Neschons, dont la mère est Neschons.

«Tu m'as donné, et mon cœur en est satisfait, l'argent du jeune homme Psen .... ■» fils de Thotmès, dont la mère est Seteirban, mon serviteur, que je t'ai donné pour te servir. »11 est à toi, ton serviteur, celui-là. Celui qui viendra à toi à cause de lui, soit en mon » nom, soit au nom. d'homme quelconque au monde, depuis frère, sœur, parent par alhance, » père, mère, seigneur, dame, jusqu'à moi-même, en disant : ce n'est point ton serviteur, celui- »là, je le ferai s'éloigner de toi. Si je ne le fais pas s'éloigner de toi, je te donnerai 5 ar- »genteus fondus du temple de Ptah, ou 4 argenteus plus y, jV, j^, ^o, ^^, 5 argenteus du » temple de Ptah en tout. Et sera à toi ton esclave encore, ainsi que ses enfants à jamais!»

Cet esclave qui est ici vendu comme un bien ordinaire, avec une amende pécuniaire pour corroborer la vente en cas d'éviction, fut, l'année suivante, revendu par l'acheteur avec une tout autre garantie, celle de l'esclave lui-même. Reproduisons ici ce bien intéressant document :

«L'an 6, Thot, du roi Darius.

«Le pastophore du temple d'Amon-Ra-Sonter, Hor, fils de Neschons, dont la mère est » Neschons, dit à la femme Tsenhor, fille du choachyte de la nécropole Nesmin, dont la »mère est Réru.

' Nous aurons à leveuir ailleurs sur le cas de Chapochrate qui seul pourrait faire songer sous les Lagides à quelque chose d'analogue à l'adoption. Je crois plutôt qu'il s'agit d'un changement de castes. Aussi Chapochrate renonce-t-il à tous les biens de sa famille du sang, auxquels Haret' ne renonce en aucune manière et qu'il partage avec son frère dans un acte postérieur à l'adoption. Nous avons vu plus haut que l'adoption d'Haret' n'avait en réalité qu'un but testamentaire. Ce but fut atteint plus tard tout autrement, quand pour cela en l'absence du testament toujours interdit en droit égyptien on eut recours à une vente fictive, à un écrit pour argent. (Voir dans la Bévue archéologique mon article sur l'état de la pro- priété du temps d'Amasis).

Bibliographie. 193

« Tu as donné, et mon cœur en est satisfait, l'argent pour faire à toi serviteur le jeune » homme Psen ... fils de Thotmès, dont la mère est Seteirban, mon serviteur, que j'ai acheté

> pour argent d'Ahmès, fils de Pamin, dont la mère est ... . qui m'a écrit à ce sujet un écrit en » l'an 5, Pharmouthi, du roi Darius. Je te l'ai donné pour serviteur. Lui, (il est à toi; ton servi- » teur celui-là, ainsi que ses enfants et totalité de ce qui est à eux et de ce qu'ils feront être (de » leurs biens présents et à venir). Ils ne pourront échapper à la faction d'esclave ci-dessus. Je 3>n'ai plus aucune parole au monde (aucune réclamation à faire) à ce sujet. Personne au monde »n'a à en connaître. C'est moi-même qui les écarterai (les tiers évicteurs) de toi depuis le jour » ci-dessus à jamais. Celui qui viendra à toi, soit en mon nom, soit au nom de quiconque au ■» monde, je le ferai s'éloigner de toi. Que j'en justifie par tout acte, toute parole au monde. »

Adhédon. « Le jeune homme Psen . . ., fils de Thotmès et dont la mère est Seteirban, ci-dessus » nommé, dit :

«J'ai écrit pour faire toute parole ci -dessus. Mon cœur en est satisfait. Je suis ton

> serviteur ainsi que mes enfants et totalité de ce qui est à nous et de ce que nous ferpns »être. Ils ne pourront s'opposer à la faction d'esclave ci-dessus à jamais!»

(La suite au prochain' numéro.)

BIBLIOGEAPHIE.

Nous avons à signaler parmi les travaux proprement égyptologiques reçus par nous :

un très beau travail, fort bien illustré, de notre cher ami, M. le professeur Erman (de Berlin) sur l'Egypte antique. Il en a déjà paru trois fascicules.

la partie égyptologique du 6* congrès international des Orientalistes tenu à Leide et comprenant les travaux : aj de M. Pleyte sur la couronne de j%istification, les plantes qui la composaient et les textes sacrés s'y rapportant; b) de M. Eisenlohe sur la photographie des papyrus et monuments; c) de M. Lleblein sur la religion de l'ancienne Egypte; d) de M. Golenischeff sur l'origine alphabétique de certains hiéroglyphes ; e) de M. Leemans sur un hypocéphale égyptien; fj de M. Wiedemann sur les cônes funéraires égyptiens; g) de Miss Amélia Edwards sur la dispersion des antiquités égyptiennes; h) de M. Léfébure sur quelques fouilles et déblayements à faire dans la Vallée des Rois à Thébes; i) de M. Piehl sur l'origine des colonnes de la salle des caryatides du temple de Karnak, et j) de M. le professeur Eisenlohr (de Heidelberg) sur les textes relatifs à la métrologie des champs à Edfou (cette monographie a été tirée à part et sera bientôt analysée par nous). Après cela viennent différents travaux des sections de l'extrême Orient et de la Polynésie qui intéresseraient peu nos lecteurs. Au contraire, nous leur rendrons compte, aussitôt après que nous aurons reçu le volume s'y rapportant, des études assyriologiques du congrès fort intéressantes, paraît-il.

The store city of Pithom and the route of Oie Exodus, par M. Na ville. Nous avons déjà rendu compte dans The academy de cet important volume et nous avons en même temps fait justice des attaques singulières dont il avait été l'objet de la part d'incompétents. Mais il est un point sur lequel nous voulons revenir aujourd'hui. Dans les derniers numéros de la Revue égyptologique nous avons longuement insisté sur la valeur très grande d'un passage métrologique que M. Naville avait bien voulu extraire pour nous d'une des stèles qu'il publie aujourd'hui. Ce passage était capital tant en ce qui concerne les monnaies qu'en ce qui concerne le budget des cultes. A ce dernier point de vue, il y avait aussi une question historique fort intéressante : celle d'une largesse extraordinaire faite par le roi Philadelphe en l'an 21 de son règne et à propos de laquelle je disais {Revue III, III, p. 112) : «Cette largesse de 140,000 argenteus ou 2466 talents

' Nous réservons pour ce numéro les mot-à-mots de tous les actes traduits dans le travail entier. Aujourd'hui nous nous borne- rons à donner à nos lecteurs l'héliogravure tlu premier (l'acte d'affranchissement de la collection d'ElSENLOHR).

194 Eugène Revillout.

»et 400 drachmes n'est point ordinaire et s'appliquant à tous les temps, comme la précédente. Elle a une »date fixe : l'an 21 au mois de Clioiak. Quel était le motif qui détermina le roi à faire une telle dépense?

» Évidemment une telle générosité avait un motif et ce motif devait être considérable. En effet,

»pour le roi il ne s'agissait de rien moins que de payer les frais de sa divinisation. Je ne sais sHl est » question de ce viotif dans la stèle de M. Na ville dont mon aimable confrère ne m'a envoyé que les deux passages » en question. Je n'en suis pas moins en mesure d'affirmer complètement ce fait d'après la seule comparaison »des dates. En effet, ainsi que je l'ai montré dans mes notes chronologiques sur les Lagides d'après la » série de mes contrats démotiques, le culte d'Alexandre et des dieux Adelphes fut institué entre l'an 19 »et l'an 21 du règne de Philadelphe. En l'an 19, au mois d'Athyr, il n'existait pas, et en l'an 21 au mois » d'Athyr ou de Phaménoth (car il y a doute entre ces deux mois) il apparaît. Or, la largesse est juste- »ment de l'an 21 au mois de Choiak, c'est-à-dire un mois après Athyr et trois mois avant Phaménoth. » On ne peut donc hésiter que sur un point, celui de savoir si Philadelphe a payé d'avance ou après coup »son apothéose.» Ce (\y}iQ j affirmais alors., j'en ai maintenant la preuve positive dans notre stèle elle-même. qui mentionne les statues élevées a cette date aux dieux frères : \ ïf\ M Y "

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: Fut bâti un sanctuaire à celle qui aime son frère. Des statues i, furent faites) aux

» dieux frères dans ce sanctuaire. Furent faits tous les rites .... par les prophètes et les prêtres de son »père Tutu, le dieu grand vivant de Succoth, comme dans tous les temples d'Egypte».

Der geschnitzte Holzsarg des Hatbastru, par notre cher ami, M. le professeur George Ebers (de Leipzig), avec de magnifiques héliogravures et planches autographiées, en outre d'une très intéressante dissertation analytique.

Ber Sarkophag des Nesschutafnut, par M. vos Bergmaîtn. Le si distingué et si aimable consei-vateur du Musée égyptien de Vienne, M. von Bergmaxn, s'est adonné avec le plus grand succès à l'étude attentive de ce genre de monuments, généralement trop négligés.

Die dgyptischen Denkmdler des Provincial -Muséums zu Bonn und des Museuins Walra^'- Rickartz zu K'ôln, par notre ami, le D"" A. Wiedemann, privat-docent d'Egyptien à Bonn, auteur d'une très intéressante histoire d'Egypte depuis Psammétique.

Bruchstucke der sahidisclien BibelUbersetzung, par le D'' Oscar de Lemji, conservateur du Musée asia- tique de l'Académie de S* Pétersbourg, dont les publications hiéroglyphiques sont appréciées et qui s'occupe beaucoup de copte en ce moment.

Parmi les travaux de littérature et d'épigraphie grecque connexes à nos études :

Un très beau mémoire de notre illustre maître, M. Dareste, sur la loi de Gortyne et un autre mémoire du même auteur sur la transcription des ventes en droit hellénique. Tous deux sont à consulter et à rapprocher des renseignements fournis par les autres sources juridiques orientales, particulièrement par le droit égyptien, qui fait le sujet d'un de nos cours et de beaucoup de nos publications.

Un beau travail de M. Weill, de l'Institut, sur un fragment d'une vie d'Ésope, contenue dans un papyrus appartenant à M. Golenischeff, et une intéressante brochure de M. Blass sur Alkman d'après le papyrus du Louvre.

Plusieurs i^ublications nouvelles de notre cher collaborateur, M. Wessely : a) Amuletten; b) Evangelien- Fragmente aiif Papyrus; c) Die griechischen Papyrus der kaiserlichen Sammlungen Wiens; d) . . . der Leipziger Universitdts-Bibliothek. On y remarque une intéressante révision du papyrus de Zoïs publié autrefois par Petrettini et Petron, une nouvelle publication du papyrus d'Artemisia, le plus ancien papyrus grec connu, et de deux papyrus ptolémaïques du Sérapéum, des fragments d'un précieux manuscrit de Thucydide, les papyrus grecs de This et de Panopolis, plusieurs contrats du Faioum, etc., etc.

Une thèse inaugurale remarquable de M. Wilcken, intitulée : Observationes ad historiam Aegypti provinciae romanae, depromptae e Papyris graecis Berolinensibus ineditis, dans laquelle se trouvent cités un certain nombre de papyiiis grecs inédits, publiés depuis par le même auteur dans un mémoire intitulé : Arsinoitische Tenipel-Rechnung aus devi Jahre 215 n. Chr. Après la thèse imprimée se trouve une partie paléo- graphique autographiée. Ce qu'il y dit sur les sigles des fractions de la drachme à l'époque romaine (fai- sant suite à notre travail sur les sigles monétaires d'époque ptolémaïque) nous a vivement intéressé. L'o- bole et le diobole sont, comme je l'ai dit déjà, restés semblables à ce qu'ils étaient à l'époque ptolémaïque.

Bibliographie. 195

Suivant M. Wilcken ou aurait remplacé, à l'époque romaine, les autres multiples de l'obole par de nou- veaux signes conventionnels, de telle sorte, par exemple, que les cinq oboles auraient été figurées ainsi (V/ ", au lieu de l'être ainsi Set: et que le nouveau signe des trois oboles serait devenu tout à fait semblable à celui qui représentait antérieurement les quatre oboles (et peut-être réciproquement). Quoi qu'il en soit, il est certain que les signes du chalque et de ses multiples existaient encore à cette époque, tels qu'ils étaient du temps des Ptolémées : M. Wilcken ne le disait pas encore dans sa thèse; mais à la page 442 du tirage à part de son mémoire : Arsinoitische Tempeî - Eechnung, à la ligne 3*^ du fragment, on lit très nettement écrit le nombre suivant: Y" PNC ~^ CX c'est-à-dire 156 drachmes, une obole, un hemi-obole et un chalque. Le Tétartemorion seul manque jusqu'ici, mais il est extrêmement probable que c'est le signe déformé et divisé (car c'était scripturalemeut le plus complexe de tous (^ ou ]^ etc.) à la dernière ligne de la page 432 du même mémoire, signe dont M. Wilcken dit que «les signes qui suivent semblent être des marques de fractions».

Dans les comptes dont il s'agit on trouve des renseignements d'une haute valeur et dont M. Wilcken a tiré bon parti sur le culte rendu aux empereurs romains dans la ville d'Arsinoë, sous le régne d'Au- tonin Caracalla. Il faut les rapprocher de ce que nous avons dit dans la Revue sur « un prophète d'Au- guste» et de ce que nous dirons bientôt, dans cet article même, sur une question tout à fait connexe.

Kritische Analekten, par M. Froener, et Griechisches Epigramm aus Aegypten, par M. Bucheler.

Inscribed sepulchral vases from Alexandria, par M. Merriaji. L'un de ces vases contient une double date par les mois macédoniens et égyptiens. Notons, du reste, que comme l'a prouvé M. Wessely, l'usage de ces doubles dates s'est conservé jusqu'à l'époque de Dioclétien, ainsi que l'usage de l'étalon d'argent et des drachmes ptolémaïques (que Tibère avait rétabli). Dans un contrat démotique du règne d'Auguste, étudié par moi à Londres, j'ai retrouvé aussi la mention du sacerdoce d'Auguste, remplaçant à Alexandrie l'ancien sacerdoce d'Alexandre et des Ptolémées, et celle du notaire écrivant au nom du dieu local et d'Auguste, comme les monographes de Thébes écrivaient autrefois au nom d'Amon-ra-Sonter, des dieux Adelphes. etc. M. Wessely a trouvé également, vient-il de me dire, d'assez tardives mentions du sacerdoce impérial d'Alexandrie. Ajoutons qu'à la même époque le droit égj'ptien s'était en entier conservé, à côté du droit macédonien et du droit romain. Celui-ci est invoqué comme une sorte de troisième droit par une femme qui se passe de xupîo; parcequ'elle avait accouché trois fois. Dans la collection anglaise à laquelle nous faisions allusion tout à l'heure, j'ai eu l'occasion de copier un document qui prouve combien cette scission des usages s'étendait loin. Il s'agit d'un livre de mathématique mettant en parallèle les fractions égyptiennes à un seul numérateur et les fractions grecques à numérateurs multiples. Les unes et les autres sont écrites en démotique. Dans une première colonne se trouvent les fractions grecques écrites ainsi : 1; 5^ 2; 5= 3; 5* 4; etc., et sur la seconde colonne les deux ou trois fractions égyptiennes correspondant à chaque fraction grecque. Était-ce un simple travail de comparaison des deux systèmes ou bien un manuel permettant aux notaires, par exemple, d'écrire à l'égyptienne sans erreur les parts revenant à chaque copartageant d'une famille, etc.? Dans ce dernier cas le calcul aurait été fait primitivement par les égyptiens eux-mêmes à la moderne avant d'être écrit à l'égyptienne. Il ne s'agi- rait ainsi que de se plier à une \ieille règle. J'avoue que cette solution me semble, tout bien considéré, plus probable que l'autre. Nous reviendrons sur ces questions en publiant les papyrus du Found of ex- ploration qui doivent m'être envoyés pour cela à Paris. Ils vont m'arriver sous peu, selon une nouvelle lettre officielle qui vient de m'être adressée par M. Newton au nom du comité du Found.

Au point de vue métrologique , M. Michel Soutzo (de Bucharest) m'a envoyé un beau mémoire intitulé : Étalons pondéraux primitifs et lingots monétaires. M. Soutzo ignorait encore nos récentes découvertes sous ce rapport. Cela est regrettable; car la partie égyptienne de son œuvre et les comparaisons qui en résultent sont en retard.

M. Oberziner, notre ancien élève en démotique, se livre beaucoup à l'assyrien qu'il a étudié avec M. Offert, et il vient de nous envoj'er un travail intitulé : Divîsione poUtica e militare delV antica Assiria.

En ce qui concerne l'art égyptien comparé aux autres arts antiques, nous devons signaler l'impor- tant travail de M. de Ronchaud, directeur des Musées nationaux, sur la Tapisserie dam V antiquité. M. de RoNCHAUD pose en principe qu'on se fait une idée trop sévère de la sculpture et de l'architecture an- tique. On oublie que la polychromie des statues existait en Grèce, comme en Egypte, et que les tapisseries et le luxe de l'ameublement venaient encore enrichir la décoration. Il insiste avec raison sur le rôle que la tapisserie jouait dans l'organisation intérieure des temples, des palais, des appartements. Puis dans

196 Eugène Revillout. Bibliogeaphie.

plusieurs chapitres il traite successivement : des tapis et étoffes brodées dans l'antiquité orientale grecque et romaine- des procédés de fabrication et des couleurs décoratives; de l'emploi de l'étoffe dans la division et la décoration des édifices de l'antiquité; des tentes; des statues peintes et habillées; de la tente d'Ion; des tapisseries du Parthénon; du peplos d'Athène. C'est un livre à lire, n'ayant aucune analoo-ie avec les prétendues histoires de l'art antique qui nous inondent aujourd'hui, et dont les auteurs croient pouvoir prophétiser sur des civilisations qu'ils ignorent, ne les ayant jamais étudiées. M. de Kon- cHàUD lui, s'est inspiré aux bonnes sources. : et dans un sujet limité et très bien choisi, il a fait preuve d'un D-rand disceniement, d'un goîit fin, d'un véritable esprit critique et de beaucoup de prudence. Nous devons signaler aussi à l'attention du lecteur les belles planches dont l'ouvrage est orné. Elles en font un de ces livres élégants auxquels M. Eouam, éditeur de la librairie de l'art, a habitué le public. Nous don- nons en spécimen, quelques planches représentant des étoffes antiques du Musée égyptien, sans compter la splendide reproduction de notre bàs-relief polychrome de Séti I^"', au costume si riche et si brillant.

Enfin pour les études relatives aux funérailles égyptiennes et aux rites postérieurs décrits par les textes de M. Dûmichen nous recommanderons vivement la comparaison du « Rituel domestique des funérailles en Annam^, traduit par M. Lesserteur (librairie Chaix). L'analogie est frappante.

Le «poème satyrique contre le poète Hor Ut'a» que nous avions annoncé dans notre dernier nu- méro va être livré en son entier au public par la librairie Leroux. Il comprend : de magnifiques hélio- gravures du papyrus de Vienne avec une préface renfermant ma leçon d'ouverture faite à l'école du Louvre en décembre 1883 (24 pages); une partie autographique de 263 pages contenant le mot-à-mot du texte avec transcription en caractères latins, renvois démotiques, et équivalences hiéroglyphiques et coptes, le tout suivi d'un long commentaire philologique allant de la page 35 à la page 262. Dans ce commentaire j'ai également répondu aux singulières observations de Khall. Voici les conclusions de cette l'éponse :

«Ici s'arrêtait le morceau du poème que j'avais donné dans la Revue (III, 2) et à propos duquel ■■> Krall a inséré son article « critique » dans le Recueil de M. Maspero. On ne saurait assez s'étonner de «voir un estimable journal, contenant, dans chaque numéro, tant d'excellents articles, donner asile dans »ses colonnes à une élucubration aussi honteuse pour la science et si bien faite pour déconsidérer les » études égyptologiques. Permettrait- on à un étudiant, s'étant occupé pendant quelques mois de chinois » commercial, de s'ériger en juge pour les travaux de littérature chinoise, de dire : tel signe n'a pas cette » valeur parce que je ne l'ai pas vu, tel autre est inconnu de moi et par conséquent de l'univers? Lui » laisserait-on imprimer cela dans une reAnie scientifique? Le laisserait-on se livrer aussi aux comparaisons »les plus bizarres avec d'autres langues pour déformer le sens des mots, précisé par des centaines et des «milliers d'exemples reconnus par tous les spécialistes et enregistrés dans les lexiques classiques? Le » laisserait-on s'abandonner à tous les rêves de l'imagination la plus dévergondée, traduire les phrases par » des séries de non-sens dignes de Bicêtre, inventer des formes grammaticales qui ne se trouvent nulle part » (comme en démotique jA.nis.p G et nq), s'attribuer impudemment les découvertes faites par son maître dans île travail même qu'il ose critiquer, (comme le C)3 = «J». d'habitude) : le tout sous l'excuse qu'il est » pauvre et qu'il veut se pousser dans le monde per fas et nefas (même en s'attaquant à celui qui lui a » prodigué gratis, par bonté, et sans y être obligé, son temps et sa peine pendant plusieurs heures par «semaine)? Et après cela le laisserait-on encore (si le précèdent article avait été imprimé sans être lu, ce » qui peut arriver), le laisserait-on, dis-je, faire dans le même ordre d'idées et dans la même spécialité des » "articles aussi insensés que celui que Krall a rédigé sur <'un groupe démotique» dans un des derniers «numéros du Recueil? Evidemment M. Maspero, qui a fait des travaux en démotique, n'a pas lu ces articles «remplis de choses si contraires à la science vraie et à tout ce qu'il sait lui-même ...»

Je renvoie le lecteur à mon livre pour les détails philologiques qui suivent et qui demanderaient l'emploi de trop de caractères à fondre pour un résultat bien mince : la nouvelle constatation, parfaite- ment inutile d'ailleurs, d'une ignorance trop évidente.

Ajoutons que si Krall ignore le démotique dont il parle, ses publications de papyrus grecs dans le

Recueil ne doivent pas lui faire plus d'honneur; car nous connaissons celui qui en a tout le mérite et ce

n'est pas lui. Ce qui lui appartient bien, au contraire, c'est sa note sur les drachmes d'argent qu'il veut

voir mentionner à l'époque byzantine quand toutes les monnaies se comptaient d'après l'étalon d'or. Ce

sont de ces découvertes comme il appartient à Krall seul d'en faire.

(E. R.)

L'Éditeur Ernest LERorx, Propriétaire- Gérant.

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196

Eugène Revillout. Bibliogkaphie.

plusieurs chapitres il traite successivement : des tapis et étotfes brodées dans l'antiquité orientale grecque et romaine- des procédés de fabrication et des couleurs décoratives; de l'emploi de l'étoffe dans la division et la décoration des édifices de l'antiquité; des tentes; des statues peintes et habillées; de la tente d'Ion; des tapisseries du Parthénon; du peplos d'Athène. C'est un livre à lire, n'ayant aucune analo"-ie avec les prétendues histoires de l'art antique qui nous inondent aujourd'hui, et dont les auteurs croient pouvoir prophétiser sur des civilisations qu'ils ignorent, ne les ayant jamais étudiées. M. de Ron- CHAUD lui s'est inspiré aux bonnes sources. : et dans un sujet limité et très bien choisi, il a fait preuve d'un grand discernement, d'un goût fin, d'un véritable esprit critique et de beaucoup de prudence. Nous devons signaler aussi à l'attention du lecteur les belles planches dont l'ouvrage est orné. Elles en font un de ces livres élégants auxquels M. Rouam, éditeur de la librairie de l'art, a habitué le public. Nous don- nons en spécimen, quelques planches représentant des étoffes antiques du Musée égyptien, sans compter la splendide reproduction de notre bàs-relief polychrome de Séti I", au costume si riche et si brillant.

Enfin pour les études relatives aux funérailles égyptiennes et aux rites postérieurs décrits par les textes de M. Dumichen nous recommanderons vivement la comparaison du «Rituel domestique des funérailles en Annamy>, traduit par M. Lesserteur (librairie Chaix). L'analogie est frappante.

Le «poème satyrique contre le poète HorUt'a» que nous avions annoncé dans notre dernier nu- méro va être livré en son entier au public par la librairie Leroux. Il comprend : de magnifiques hélio- o-ravures du papyrus de Vienne avec une préface renfermant ma leçon d'ouverture faite à l'école du Louvre en décembre 1883 (24 pages); une partie autographique de 263 pages contenant le mot-à-mot du texte avec transcription en caractères latins, renvois démotiques, et équivalences hiéroglyphiques et coptes, le tout suivi d'un long commentaire philologique allant de la page 35 à la page 262. Dans ce commentaire j'ai également répondu aux singulières observations de Krall. Voici les conclusions de cette réponse :

«Ici s'arrêtait le morceau du poème que j'avais donné dans la Revue (III, 2) et à propos duquel ■■> Krall a inséré son article « critique » dans le Recueil de M. Maspero. On ne saurait assez s'étonner de »voir un estimable journal, contenant, dans chaque numéro, tant d'excellents articles, donner asile dans »ses colonnes à une élucubration aussi honteuse pour la science et si bien faite pour déconsidérer les » études égyptologiques. Permettrait- on à un étudiant, s'étant occupé pendant quelques mois de chinois » commercial, de s'ériger en juge pour les travaux de littérature chinoise, de dire : tel signe n'a pas cette » valeur parce que je ne l'ai pas vu, tel autre est inconnu de moi et par conséquent de l'univers? Lui » laisserait-on imprimer cela dans une revue scientifique? Le laisserait-on se livrer aussi aux comparaisons »les plus bizarres avec d'autres langues pour déformer le sens des mots, précisé par des centaines et des » milliers d'exemples reconnus par tous les spécialistes et enregistrés dans les lexiques classiques? Le » laisserait-on s'abandonner à tous les rêves de l'imagination la plus dévergondée, traduire les phrases par » des séries de non-sens dignes de Bicêtre, inventer des formes grammaticales qui ne se trouvent nulle part » (comme en démotique A<.nd>.pe et nq), s'attribuer impudemment les découvertes faites par son maître dans »le travail même qu'il ose critiquer, (comme le C>3 = «Jev d'habitude) : le tout sous l'excuse qu'il est » pauvre et qu'il veut se pousser dans le monde per fas et nef as (même en s'attaquant à celui qui lui a » prodigué gratis, par bonté, et sans y être obligé, son temps et sa peine pendant plusieurs heures par «semaine)? Et après cela le laisserait-on encore (si le précédent article avait été imprimé sans être lu, ce »qui peut arriver), le laisserait-on, dis-je, faire dans le même ordre d'idées et dans la même spécialité des «articles aussi insensés que celui que Krall a rédigé sur <'un groupe démotique» dans un des derniers » numéros du Recueil ? Evidemment M. Maspero, qui a fait des travaux en démotique, n'a pas lu ces articles «remplis de choses si contraires à la science vraie et à tout ce qu'il sait lui-même ...»

Je renvoie le lecteur à mon livre pour les détails philologiques qui suivent et qui demanderaient l'emploi de trop de caractères à fondre pour un résultat bien mince : la nouvelle constatation, parfaite- ment inutile d'ailleurs, d'une ignorance trop évidente.

Ajoutons que si Krall ignore le démotique dont il parie, ses publications de papyrus grecs dans le Recueil ne doivent pas lui faire plus d'honneur; car nous connaissons celui qui en a tout le mérite et ce n'est pas lui. Ce qui lui appartient bien, au contraire, c'est sa note sur les drachmes d'argent qu'il veut voir mentionner à l'époque byzantine quand toutes les monnaies se comptaient d'après l'étalon d'or. Ce

sont de ces découvertes comme il appartient à Krall seul d'en faire.

(E. R.)

L'Éditeur Ernest Leroux, Propriétaire-Gérant.

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