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K NN

Com

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NUMISMATIQUE

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ZOBEL DE ZANGRONIZ (J.), à Ma- drid.

2174. Paris. Imprimerie Annous pe Riviènë et C°, 26, rue Racine.

REVUE

NUMISMATIQUE

PUBLIEE

PAR

J. DE WITTE

Membre de l'Institut et de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux Arts de Belgique, Correspondant de la Société des Antiquaires

France,

ar

ADRIEN DE LONGPERIER

Membre de l'Institut et de la Société des Antiqusires de France, Associé étranger de l'Académie royale des Sciences de Belgique,

Ustendite mihi numisma census.… Cujus ext imago hee, et superscriptio ? MATTH., Xxit, 19-20

NOUVELLE SÉRIE. TOME QUATORZIÈME. v

AU BUREAU DE LA REVUE CHEZ mm. CAN

ROLLIN ET FEUABDENT

PARIS LONDR GREAT RUSSELL-STREET 12, RUE VIVIENNE (Bloomebury’.

1869-1870 J

wo.

(ees MEMOIRES BT DISSERTATIONS.

90 $000

LETTRES A M. A. DE LONGPERIER

SUR

LA NUMISMATIQUE GAULOISE.

(Vingt-quatrieme article. —Voir Revue, 1868, p. 405.)

XXX.

Révision des letires XI XXVIII.

Letire XI (1860, p. 409).

Mon cher ami, cette lettre concerne les monnaies émises par la ligue gauloise contre l’envahissement des Germains. Je vois plusieurs choses à modifier dans ce que j'ai dit des attributions ; ainsi.je mets radicalement à néant tout ce qui regarde Ambiorix et les Éburons. Tu sais en effet que le Musée de Lyon possède un bel exemplaire sur lequel on lit EBVROV. Il s’agit bien certainement d'un chef nommé Eburovix. Quant à la légende AMBIL et à ses variétés, elle nous donne assurément le nom d’une peuplade Ambiliates ou Ambiluaretes ; peu importe. Mais à coup sûr c'était une

1869, 1. | 1

2 MEMOIRES

peuplade du midi et bien voisine des Alpes; c’est tout ce que je puis dire. Cependant comme on trouve le même nom EBVRO sur une pièce à la légende DVRNAC et que cette légende m’a bien définitivement l'air de désigner les peu- ples des bords de la Durance, il y a tout lieu de croire que la peuplade gouvernée par Eburovix était bien près de cet immense torrent.

Il résulte de ce que je viens de dire que RICA7 doit dé- signer une peuplade puisqu’au revers des monnaies qui portent cet ethnique on retrouve le nom d’Eburovix. A plus forte raison tout ce que j'ai échafaudé d’hypothéses sur la monnaie portant DVRNAC et EBVRO croule de lui-même. Les pièces à la légende DVRNACOS-AVSGRO ou AVSCROCOS, et DVRNACVS-DONNVS ne sont en aucune façon frappées par deux chefs alliés. Durnacus est un ethnique et les noms propres d'hommes offerts par ces monnaies sont Aus- crocus et Donnus. Donnus est certainement le père du Cottus qui a donné son nom aux Alpes Cottiennes ; il aura été précédé par Auscrocus et par Eburovix, celui-ci n’ayant possédé qu’accidentellement le territoire de la peuplade désignée par le mot Durnacus. La remarque que je faisais dans cette lettre sur les terminaisons qui se sont succé- dées OS et VS subsiste dans toute sa force; ce qui est bien curieux, c'est que j'ai entre les mains un beau denier por- tant les deux légendes DVRNACVS et AVSCROCVS en toutes lettres. C'est évidemment la dernière variété émise par ce chef, immédiatement avant l'accession au trône de Donnus.

ET DISSERTATIONS. 3

crocus et Donnus se soient succédé de pére en fils, ce qui n'a rien que de vraisemblable ; nous savons que Cottus, fils de Donnus, a construit vers l’an 9 avant Jésus-Christ la route qui a donné son nom aux Alpes Cottiennes. Si Donnus son père a vécu le temps d’une génération, c’est-à-dire environ trente-trois ans, nous aurions l'an 42 pour le com- mencement du règne de Donnus, et avec la même suppo- sition, l’an 75 pour le début du règne d’Auscrocus et pour la fin de celui d'Eburovix. N’y a-t-il pas une trés-curieuse coincidence entre cette date initiale et l'intervalle compris entre les années 77 et 57 que j'ai assigné à la création de la ligue contre les Germains? Il en résulterait que ce type, une fois admis par les peuplades des Alpes, aurait été con- servé bien longtemps encore après les événements qui en avaient motivé l'adoption. Remarque d’ailleurs que la plus ancienne de toutes ces jolies monnaies est certainement celle à la légende AABILL et EBYRO, ce qui s'accorde trés- bien avec les hypothèses que j'ai émises tout à l’heure sur la succession des chefs de la peuplade désignée par l’eth- nique Durnacus*.

Je ne suis pas plus en mesure maintenant d'expliquer les diverses légendes géographiques BR; BRI, BRICO, COSII, VIID et COOV que je ne l’étais lorsque j’écrivais ma lettre XI. Quelque jour, il faut l'espérer, on y verra clair.

1 Tl ne faut pas oublier que la date d'émission de toutes ces curieuses monnaies remonte forcément aussi haut, puisque : dans le trésor de Beau. voisin (Drôme), dont le denier romain le plus récent a été frappé ‘entre 27 et 25 avant Jésus-Christ, il se trouvait 40 deniers usés de Durnacus-Auscro et de Durnacus-Donnus; dans le trésor de Chantenay, dont Ia monnaie la plas récente parmi Jes romaines date de 34 à 27 avant Jésus-Christ, il se trouvait un très-grahd nombre de deniers de cette classe ayant couru long: temps et fort usés; dans les fouilles du champ de bataille de Grésigny, devant Alésia, il s’est trouvé 2 de ces deniers également très-usés.

4 MEMOIRES

Je ne doute plus que le CALITIX de la pièce à la légende COSIT (pièce dont, soit dit entre parenthèses, je possède aujourd'hui un exemplaire trouvé au bord de Ja Saône, près Mâcon) ne soit le CAL des monnaies qui portent la lé- gende habituelle MOR ou bien plus souvent ROVV. Mais que signifie cette légende? Je n'en sais rien en vérité, et je répugne toujours à y voir le nom de Rome; l’attribution de cet ethnique aux Morins n’a pas le sens commun. Biffons donc tout ce que j'en ai dit.

La monnaie aux légendes VIRODV et TVROCA me semble maintenant du chef TVROCA portant un nom analogue au ROVECA des Meldes, qui aurait frappé pour la peuplade désignée par le nom VIRODV. Ce mot cache-t-il l'ethnique d’une peuplade habitant les bords du Verdon, rivière pro- vençale ? C'est bien possible.

La monnaie aux légendes PETRVCORI ou PERRVCORI du chef ACINCOVEPVS ne saurait être des Pétrucoriens. Peut- être nous donne-t-elle une dénomination nouvelle de la population du Vercors.

Le vœu que j'émettais en terminant cette onzième lettre a été exaucé, la pièce DVRNAC-EBVRON, décrite par M. de Lagoy, s’est retrouvée. Seulement elle ne porte pas EBVRON, mais bien EBVROV.

Lettre XII (486A, p. 77.)

Cette lettre est consacrée a l'étude des monnaies des Éduens. En général, ce que j'ai dit me paraît encore tout à fait de mise. Seulement j'ai, faute des points de com- paraison qui me sont arrivés depuis à foison, fait entiè- rement fausse route, quant à l’origine des deux ou trois seuls exemplaires connus jusqu'alors, et dont les légendes

ET DISSERTATIONS. 5

incomplétes se sont manifestées depuis, sous les formes indubitables ANORBOS et DVBNORIX. J’ai donné plus tard, je le crois du moins, la véritable explication de ces jolies monnaies, et je dois me borner à dire que ce que j écri- vais à leur sujet dans ma lettre XII doit être mis à néant. Jai de méme, en étudiant la merveilleuse trouvaille de la Villeneuve-au-Roi, reconnu qu'il n’était plus possible d’at- tribuer à Convictolitavis les jolies petites monnaies que tu connais à merveille et qu'il me suffit de te désigner. Enfin les légendes ATPILI et DVBNOCOV ne me semblent plus du tout former les noms des pères d’Orgetirix et de Divitiac. Quant aux monnaies de Q.SAM., de Q. DOCI.SAM.F. et de TOGIRIX, presque toutes les hypothèses que j’émet- tais sur leur compte, en publiant ma douzième lettre, se sont de plus en plus implantées dans mon esprit, et le travail que j'ai récemment publié dans la Revue archéologigue sur les monnaies des Éduens et des Séquanes en fait foi.

Lettre XIII (4861, p. 165).

Dans ce travail, je m'occupe des belles monnaies des Lixoviales. J'y accepte l'attribution proposée par La Saussaye de la pièce sur laquelle il croyait retrouver le nom de Viridovix. Tu sais à merveille aujourd’hui que cette lecture est fautive et que la pièce en question porte sur ses deux faces l'ethnique correct LIXOVIATIS de la peuplade dont il s’agit. Mes trouvailles de Berthouville ne peuvent laisser subsister le moindre doute à cet égard. Je croyais encore, lorsque j'ai rédigé cette lettre, que le mot Arcan- todan était un nom propre d’ homme. J'ai surabondamment répété déjà, dans cette révision, que je regarde Arcantodan

6 MEMOIRES

comme un titre honorifique. Quant 4 donner Maufennus pour successeur à Cisiambos, c’est tout le contraire qui doit être la vérité, et je ne doute pas que Cisiambos n'ait en réalité succédé à Maufennus.

Lettre XIV (1862, p. 1 et p. 89).

Cette lettre est consacrée tout entière à l'étude du trésor de Chantenay. La première chose que j'aie à faire est de corriger une énorme faute qui s’est glissée dans I’ énumé- ation des 81 deniers de la ligue des peuplades des Alpes contre l'invasion germaine. On y lit:

DVRNACVS ESIANNI 2.

c'est ESIANNI DONNVS 2 qu'il faut lire. Du reste, cette rectification ressort nettement du paragraphe consa- cré à l'étude de cette rare monnaie dont l’origine, géogra- phiquement parlant, reste toujours assez mystérieuse, S'agit-il des Esubiani de Pline, Vesubiani de l'arc de Suze? je n’oserais l’affirmer. Tout ce que je dis cette fois des monnaies d’Auscrocus et de Donnus me paraît encore bien plus certain aujourd’hui qu'alors. En m’occupant des mon- naies d'argent éduennes qui faisaient partie du trésor de Chantenay, j'ai considéré les anépigraphes comme les plus anciennes : c'était une erreur complète, que l'examen de la trouvaille de la Villeneuve-au-Roi m'a forcé de répu- dier. J'ai commencé dans cette XIV° lettre à entrevoir la vérité sur les monnaies à la légende ANORBO DVBNORIX. Depuis, j'ai dit dans le travail inséré dans la Revue archéo- logique ce que je pensais définitivement de ces curieuses monnaies,

ET DISSERTATIONS. 7

En m’occupant du trésor de Chantenay, je devais natu- rellement parler de la pièce à la légende GAIV.IVLI OMA- PATIS, et de celle à la légende DIASVLOS. Je ne pouvais alors en rien dire de positif : aussi l’hésitation et l'incerti- tude se manifestent-elles à chaque ligne. Depuis lors, les “faits qui concernent ces deux pièces se sont éclaircis poar moi. J'aurai même à revenir sur la première espèce à pro- pos de ma lettre XVI. Je n'en parlerai pas plus longue- ment ici. Quant au Diasulos, une inspiration heureuse m’a fait depuis lors y lire en toutes lettres DIVISATOS, et par suite j'ai restituer ces pièces si communes au vergobret Divitiac des Commentaires. Cette lecture, qui n’était pas trop facile à deviner d’ailleurs, m'a été suggérée par l'étude des monnaies identiques de type, sur lesquelles les beaux exemplaires provenant de la Villeneuve-au-Roi m'ont fait -retrouver le nom de Dubnorix, frére de Divitiac. Tout ce que j'ai dit de ces monnaies jusqu'à ma dernière explica- tion doit donc être mis à néant, et leur attribution aux Bi- turiges n'a plus aucune raison d'être,

Tout bien considéré, je suis venu à attribuer défi- nitivement aux Calétes les monnaies du chef ATEVLA aussi bien que celles du chef SENODON accompagné du nom CALEDV. Parmi les conséquences que j'ai tirées de l'examen comparatif des poids des monnaies composant le trésor de Chantenay, il en est quelques-unes, en assez petit nombre heureusement, auxquelles il m'a fallu re- noncer lorsque j'ai pu étudier à l'aise l'immense trésor de la Villeneuve:au-Roi. Ainsi, par exemple, j’admettais que les pièces de SOLIMA avaient été émises vers l’année qui a vu s'effectuer ‘les siéges de Gergovia et d’Alésia : c'est une grave erreur. Ces pièces sont antérieures de sept ou huit ans. Je n'insisterai pas sur ces modifications à in-

8 MEMOIRES

troduire dans l’ordre chronologique d'émission des variétés du trésor de Chantenay ; comme elles ressortent pleinement de l'étude d’une masse bien autrement considérable de monnaies soumises à l'examen, elles sont pour ainsi dire certaines.

Letire XV (1862, p. 177).

Cette lettre roule tout entière sur la numismatique des Lixoviates. La première remarque que sa lecture me sug- gère, c'est que j’altère le nom de l’Arcantodan Maufenn que j'écris Maufennius, je ne sais en vérité pour quelle raison, cette forme ne s'étant présentée nulle part. Je biffe, défini- tivement cette fois, de la liste des chefs gaulois cités dans les Commentaires de César et dont les monnaies ont été re- trouvées, le nom de l’Unelle Viridovix. La Saussaye avait supposé, grâce à une légende très-défectueuse, que se trouvait le nom de ce chef illustre, il y avait à lire en réalité l’ethnique Lixoviatis. Cette fois encore, j'ai cherché dans le titre Arcantodan, le nom du carnute Conétodun, et je base sur ce fait impossible toute une théorie qui n’a plus de raison d’être, dès qu'il faut renoncer au point de dé- part. Enfin cette lettre est terminée par la description de la charmante petite monnaie sur laquelle on lit : KPO.RE, et que je m'efforçais d'attribuer au Viridovix, qui venait forcément d'être dépossédé de la monnaie qui lui avait été attribuée. Ai-je été plus heureux que La Saussaye? Au- jourd’hui je n’en crois plus rien, et, dans le prétendu Vi- ridovix de ma façon, je ne vois plus maintenant que l'É- duen Virdomar, ainsi que je l'ai dit l'an dernier dans l’apercu sur la numismatique des Éduens, adressé à notre ami À. de Barthélemy dans la Revue archéologique. Cette

ET DISSERTATIONS. 9

nouvelle attribution a l'avantage, comme tu le vois, de ne plus être en opposition flagrante avec le style, la fabrique et les types de la pièce, comme elle l'aurait été manifeste- ment en maintenant son attribution à l’Unelle Viridovix.

Lettre XVI (1862, p. 325).

Je maintiens avec une entière confiance l'attribution à Votomapatis, roi des Nitiobriges, du charmant denier pro- venant de Chantenay avec les légendes GAIV IVLI....OMA- PATIS. Quant à l'opinion qui ferait des statères arvernes anépigraphes des trésors d’Orcines et de Pionsat des sortes de monetz castrenses frappées pour les besoins de la résis- tance contre l’envahissement romain, elle peut être vraie; mais elle a grandement besoin de démonstration.

Lettre XVII (1863, p. 153).

Je constate dans cette lettre que les prétendues mon- naies des Libeci, des Ricomagenses et des Oxybii appar- tiennent incontestablement aux Gaulois Cisalpins, mais sans rien préciser sur leur origine. Tu as, mon cher Adrien, fait faire un grand pas à la question, en publiant ton ex- cellente monographie des statéres frappés par les Salasses. Tu penches à voir dans nos vieux deniers cisalpins des monnaies du méme peuple, et je crois que tu as en cela parfaitement raison. Pour moi du moins la solution est trouvée. Je maintiens plus que jamais que les drachmes aux légendes OKIPT (des Tricorii ou Tricolli), et CET'OBI (des Ségobriges) ne peuvent avoir été frappées que par des peuplades du voisinage de Marseille. L’attribution à Crest

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de la pièce à la légende KPIZ30 a été contestée avec toute raison. Et c'est par suite de je ne sais quelle préoccupa- tion que j'ai substitué le nom de Crest, localité de la Drôme, à celui de Géreste qui est une petite ville voisine de la Ciotat et que j'avais en vue. Quant à l'attribution à Gréoulx, j'aurais bien de la peine à l’admettre. J'ai revu avec soin mon exemplaire, et la lettre double == ainsi formée est bien plutôt un double sigma qu'un double zéta, à cause de la presque impossibilité de trouver un mot grec offrant le redoublement d'une lettre double par essence comme le Z. Enfin l'O terminal de la légende KP1220 se trouve bien réellement sur mon exemplaire et je suis à peu près sûr qu'il existe de même sur ceux de M. Ricard. Puisque j'en trouve l’occasion, je donnerai la figure d’un exemplaire de cette rare monnaie offrant derrière | effigie du droit des signes dont je ne devine pas la valeur.

Cette dernière monnaie est-elle bien celle à la légende KPIZ20? Je le crois, sans néanmoins oser I affirmer.

Lettre XVIII (1864, p. 169).

La restitution des prétendues oboles des Auscii au cher Auscrocus est désormais admise par tout le monde. Aus- crocus, dont nous connaissons aujourd hui Je nom latinisé, grâce à la belle monnaie que je t’aicommuniquée plus haut, a certainement été le grand-père du roi Cottus, et

ET DISSERTATIONS. A1

sa série monétaire est devenue aujourd'hui une des plus intéressantes et des plus complètes de la numismatique gauloise, Je n’ai rien à y ajouter pour le moment.

Lettres XIX et XX (1864, p. 249, et 1865, p. 133).

Nul doute possible quant à l'attribution au roi carnute Tasgéce de la pièce si rare qu’à la vue d’un exemplaire défectueux, notre ami La Saussaye avait proposé, en désespoir de cause, de classer à Uzés. Je n’ai rien à chan- ger non plus à ce que j'ai dit des pièces aux légendes ANDVGOVONI-CELECORIX, pas plus qu'à ce qui concerne les monnaies de Sédullus, le chef des Lémoviques, tué de- vant Alésia.

Lettre XXI (1865, p. 140).

Je maintiens également au Rème Antebrogius des Com- mentaires dont le nom a été manifestement altéré par les copistes, les monnaies carnutes d'argent à la légende ANDECOM. Comme notre ami Hucher publie en ce moment même quelques nouveaux éclaircissements qu'il a bien voulu confier à mon amitié, je me garderai de déflorer ses observations qui tendent toutes à prouver que j'ai eu raison.

Lettre XXII (1865, p. 147).

Les monnaies de Conetodubnus, décrites dans cette lettre, me paraissent déterminées avec la plus satisfaisante certi- tude. Quant à la pièce des Essui ou Sagii, ma lecture peut être bonne; mais aussi elle peut être contestée. Il faut donc attendre sur ce point de nouvelles lumières.

49 MÉMOIRES

Lettre XXITI (1866, p. 229).

Cette lettre de longue haleine est consacrée à l'étude du trésor de la Villeneuve-au-Roi. J'ai donné subsidiaire- ment la figure d’une rare monnaie des Bituriges Cubes. Comparaison faite, j'ai reconnu depuis lors que c'était exactement la monnaie lue VBIOS par Duchalais, et attri- buée à tout risque aux Ubiens. J’en ai conclu que la lé- gende devait étre complétée CUBIOS, et un second exem- plaire aujourd’hui dans mes cartons, et provenant de l'ancienne collection Soulages, de Toulouse, m'a donné raison. Je croyais encore en écrivant cette lettre que les

noms DVBNOCOV et ANORBOS étaient ceux de deux an-

cétres de Dubnorix. Maintenant, je suis bien convaincu du contraire.

Les deux personnages en question n'étaient très-proba- blement que des alliés et les complices de Dubnorix. "J'ai abandonné définitivement la pensée que Q.DOCI et IVLIVS TOGIRIX pouvaient être un seul et même per- sonnage. Quant à la légende DIASVLOS, c'est, comme je l'ai dit plus haut, le nom du vergobret Divitiac DIVISATOS, frère de l'ambitieux Dubnorix, dont les monnaies, iden- tiques de fabrique et de types, offrent une énorme série de variétés. Somme toute, il n'y a presque rien à changer au contenu de cette vingt-troisième lettre.

Lettre XXIV (1866, p. A02).

Jl y a erreur sur le compte des peiits bronzes à la tête tourrelée que je me refusais à classer à Avenio. J'ai ac-

ET DISSERTATIONS. 13

quis depuis la certitude que cette attribution était bonne. Enfin, il y a eu erreur de gravure, sur la jolie pièce au type marseillais que j'attribue à Lambesc et qui est plus probablement de Lamanon; on y a dessiné AOM et il y a très-certainement AOM.

Lettres XXV à XXVIII (1867, p. 4, 169 et 329; | 1868, p. 1).

Rien à retrancher ni à ajouter. Voilà qui est fini! et maintenant, mon cher Adrien, je vais me remettre en chasse avec l'espérance de ne pas trop tarder à rencontrer du gibier digne de t’étre offert.

Tout à toi de cœur, F. DE SAULCY.

25 octobre 1868.

14 MÉMOIRES

LETTRE A M. ADRIEN DE LONGPÉRIER

SUR QUELQUES MONNAIES CELTIQUES.

(PI. let Il.)

Mon cher ami, en 1865, M. Domenico Promis, le savant bibliothécaire et conservateur du médaillier du roi d'Italie, fit connaître, dans les Mémoires del’ Académie de Turin, trois médailles celtiques inédites, trouvées dans les environs de Vercelli : « Ricerche sopra alcune monele scoperle nel Ver- « cellese. » Ces médailles sont du nombre de celles nom- mées en Allemagne Regenbogenschüsseln (sculellæ iridis), décrites et expliquées par feu le docteur Streber, dans son ouvrage couronné par l'Académie des inscriptions, livre dont vous avez rendu compte dans la Revue ’.

Ce qui rendait remarquable la publication de M. Promis, c'est que l’une de ces pièces était à légende, et que Streber, dans le grand nombre de celles qu'il avait publiées, n’en connaissait aucune à légende; il mettait même en garde contre l'envie d’y vouloir parfois lire ce qui n’y était pas: on regardait donc toutes ces pièces comme muettes; mais, après la publication de M. Domenico Promis, il fallut

1 1863, p. 141.

ET DISSERTATIONS. 45

bien admettre que parmi elles on en pouvait trouver por- tant des légendes :.

La pièce dont il est ici question est identique, à la lé- gende près, à celles décrites par Streber dans son deuxième groupe, tab. II, 49 (Revue, 1863, pl. IV, 6).

M. Domenico Promis, s'appuyant sur ce que cette mé- daille et d’autres pareilles, mais sans légende, avaient été trouvées dans la haute Italie, dans les environs de Ver- celli, la donnait aux Cimbres qui avaient été vaincus dans les Campi Raudii par Marius, en | l'an 101 avant Jésus- Christ.

Cette pièce, unique jusqu'alors, attira l'attention des amateurs de la numismatique celtique.

M. Julius Friedlænder, dans le troisième volume des Blatter für Münz-Siegel und Wappenkunde, Berlin, 1866, décrivit et publia une autre pièce avec l’épigraphe CVR écrite à rebours, au milieu du côté concave; cette mé- daille se trouve au Cabinet de Berlin sans que l’on en connaisse la provenance : on sait seulement qu’elle y fut vendue par un marchand de médailles de Vienne, ce qui pourrait bien lui faire donner la même origine qu’à la mé- daille de M. Promis. Je n’ai point à m'en occuper ici.

M. Julius Friedlænder, dans le même article, parle de la pièce de M. Dom. Promis, et il croit avec raison, à mon avis, ces espèces de monnaies plus anciennes que ne le suppose le savant antiquaire de Turin; moins anciennes cependant que ne le dit Streber, qui les croyait d'environ 500 ans avant J.-C. Un extrait de cette publication se trouve dans la Revue de 1868, p. 129.

Les plus anciennes de ces monnaies, celles sans légende,

? Voyez Revue, 1868, p. 303.

16 MÉMOIRES

ont été évidemment frappées avant que les Celtes n’eussent des relations suivies avec les Romains; celles à légende sont d’une époque plus rapprochée; elles furent proba- blement émises après que les Celtes eurent pu assez con- naître leurs voisins pour leur emprunter leur alphabet.

Voici la description de la médaille publiée par M. Dom. Promis.

Droit. Au milieu du côté concave, une étoile à quatre rayons; au-dessous, trois globules en triangle (le troisième est à peine visible) ; près du globule de gauche, un signe carré qui est un 0; à gauche de ce signe un autre, f; au- dessus de l'étoile, un double fleuron ressemblant à deux S, dont l’un renversé’. M. Dom. Promis considère les deux premiers signes comme des lettres grecques; mais, suivant M. Friedlænder, le signe carré ne serait pas une lettre, et l'autre signe qui, d’après M. Promis, ressemble à un f cur- sif, se rencontre souvent comme fleuron sur ces espèces de monnaies. À droite, on trouve la légende ATV; M. Promis croit que l’U est un Y. Le revers porte dans une couronne la téte d'oiseau si souvent représentée sur ces monnaies.

Jugez, mon cher ami, du plaisir que j’éprouvai, ily a quelque temps, en acquérant une petite collection de mon- paies celtiques pour le médaillier du prince de Fürstenberg d’y trouver, parmi les pièces d'or, un autre exemplaire de cette rarissime médaille, avec une légende beaucoup plus complète : au lieu de ATV ou ATY, cette pièce par- faitement bien conservée porte lisiblement les lettres ATVLLOS, ce qui donne bien un nom celtique.

Je me fais une véritable fête, mon cher ami, de vous

1 Relativement au sens dans lequel ce type doit être placé, voy. Rev. num., 1863, p. 149.

ET DISSERTATIONS. 17

présenter cette médaille fort précieuse, persuadé qu'elle vous intéressera et qu’elle fera plaisir aux amateurs. |

Elle pèse 75,30. (Pl. I, 4.)

J'y joins le dessin d'une autre pièce identique, mais sans légende, comme élément de comparaison ; elle est du même cabinet et a juste le même poids. (PI. I, 2.)

Maintenant à quel peuple appartient cette belle monnaie?

Streber donne les pièces sans légende à plusieurs peu- plades : celles trouvées au sud du Danube aux Vindéli- ciens ; celles trouvées au nord aux Tectosages et aux Hel- vétiens; celles trouvées en Bohème aux Boïens.

Streber ne parle pas des Boiens d'Italie, des Boïens Ci- _salpins; il ne connaissait pas leurs monnaies, et dans l’énu- mération des endroits l’on a trouvé des Regenbogenschüs- sein, il ne parle pas de la Haute-Italie.

Cependant les Boïens (ot-Bolo.) étaient le peuple le plus puissant de toute l'Italie celtique; leurs migrations dans la Haute-Italie, même en regardant avec Niebuhr et d'autres savants; l'expédition de Bellovèse comme fabu- leuse, eurent déjà lieu au commencement du iv‘ siècle avant J.-C., et depuis ce temps ils furent souvent renforcés par d’autres migrations. Quand je vois la facilité avec la- quelle ils traversèrent les Alpes, je ne puis m'empêcher d’être persuadé que toutes les peuplades Alpines de l’un et de l'autre versant étaient celtiques et établies ab antiquo. Ce sont eux que les anciens nomment veteres Galli; c'est leur présence et leur coopération toute fraternelle, qui a seule pu faciliter aux grandes invasions celtiques la con- quête de toute la plaine nord de l'Italie. Si des Celtes n’eussent pas occupé les cols et les vallées dépendantes et n’eussent pas aidé les nouveaux venus, qui probable- ment parlaient la même langue, à passer, comment ceux-

1869. —1. 2

48 MÉMOIRES

la auraient-ils jamais pu franchir ces défilés redoutables ? Ils y seraient restés jusqu'au dernier. Ges nouvelles migra- tions fondèrent en Italie de puissants établissements ; réu- nis aux Lingons, ils passèrent le Pd, chassèrent les Étrus- ques et les Ombriens, conquirent la Romagne. Ils fondèrent Lodi et plusieurs autres villes, donnèrent à Felsina le nom de Bojonia (Bononia) et furent presque toujours en guerre avec les Romains, qui finirent par les vaincre avec les Senons qui s'étaient avancés jusque vers Ancône, et par les repousser enfin jusque dans le nord de l'Italie, princi- palement dans la plaine entre le Mincio et la Sesia (notez bien que Vercelli est situé sur la Sesia); c'est-à-dire la Lombardie, qui fut longtemps appelée Boicus ager: « qui « fuit Bojonum Gallorum in Gallia citra Alpes, in quo sunt « Mediolanenses, » dit Festus.

Enfin, les Romains ne voulant point avoir pour voisins un peuple si belliqueux, les guerres continuèrent et les Boïens furent presque anéantis par Claudius Marcellus en l'an 531 de Rome; et en 564 et 562, environ 191 ans avant J.-C., le reste de ce peuple fut obligé d'abandonner le sol de l'Italie,

Les Boïens avaient. donc habité la Haute-Italie durant plus de deux siècles, pendant lesquels ils furent en guerres presque continuelles avec les Romains, auxquels ils ne cédèrent qu'après une résistance acharnée.

La pièce que je viens de décrire a été achetée à Gênes il y a environ trente ans par son précédent possesseur; je la crois donc sans nul doute, comme celles décrites par MM. Dom. Promis et Julius Friedlænder, trouvée dans la Haute-Italie, Peut-être ces trois pièces faisaient-elles partie de la même trouvaille, et je n’hésite pas à les donner en toute sécurité aux Boiens Cisalpins.

ET DISSERTATIONS. 49

Quant à dire quel était le chef ATVLLOS, à quelle époque il vivait, etc., c’est ce que je ne sais pas. Je me garde bien de faire des conjectures ; nous connaissons trop peu l’his- toire de ces peuples, et de leurs chefs, pour affirmer quel- que chose,

Outre cette belle médaille italo-celtique, j'ai encore, mon cher ami, quelques autres pièces celtiques et germano- celtiques à vous communiquer ; je les crois toutes inédites.

Avant cependant de vous en faire part, je dois vous dire que j'avais vu dans le riche médaillier gallo-celtique de notre ami commun M, de Saulcy, quelques pièces à peu près pareilles ; je le priai de m’en envoyer des empreintes, afin de les comparer; M. de Saulcy avec la grande com- plaisance qui le caractérise, ne m’envoya pas seulement les empreintes désirées, mais il y en ajouta encore quel- ques autres, qu'il jugea pouvoir venir en aide à mon tra- vail; il poussa même l'amabilité jusqu’à me permettre de les publier avec les miennes, si je le jugeais à propos; c'était beaucoup plus que je n’attendais, même d’une ami- tié de plus de trente-deux ans; je lui en exprime ici ma vive gratitude; il verra que je profite largement de sa permission, d'autant plus que ces pièces ne se rattachent pas au système des pièces gauloises que notre savant ami sait si bien expliquer dans les lettres qu'il vous adresse dans la Revue; mais qu'elles appartiennent à un système germano-celtique, qui n’est pas encore bien étudié, et que malheureusement, faute de savoir les lieux de provenan- ces, on ne connait pas assez.

Déjà, en 4840, M. le professeur Henri Schreiber, de Fribourg, en Brisgau, le savant explorateur des antiquités celtiques du sud de l’ Allemagne écrivait, qu’il était enfin temps de sauver du creuset ces « nummi barbarorum » si

20 MEMOIRES

méprisés et qui sont néanmoins les documents les plus cer- tains de l’histoire de nos ancêtres ; il ajoutait à d'autres endroits, qu'on ne pouvait assez insister sur la nécessité de connaître les lieux, se sont faites des trouvailles de monnaies celtiques, si l'on voulait parvenir, comme en Angleterre et en France, à les classer et les attri- buer aux différentes peuplades auxquelles elles peuvent appartenir; malheureusement les marchands de mé- dailles, et même la plupart des collectionneurs, s'occupent en général fort peu de la provenance de ce qu'ils mettent dans leurs cartons. Je reviens à nos médailles.

Quart de statère du même système.

Droit. Côté convexe. Ornement singulier, difficile à dé- crire, mais que la gravure fera mieux connaître; il res- semble à une palmette, et à la rigueur on pourrait lui trouver une certaine analogie, avec un mufile de lion de face. |

Revers. Côté concave. Pelta, ou bouclier scythique, sur lequel paraissent trois globules, un et deux. Collection du prince de Fürstenberg.

Poids, 4,85 (pl. I, 3.). Ce quart de statère n'a pas été connu de Streber.

Parmi les empreintes communiquées par M. de Saulcy, je trouve un statère du même système concave, que Stre- ber aussi ne connaissait pas, et qu'on pourrait classer dans son sixième groupe‘ : je le trouve assez curieux pour vous en faire part.

1 Voy. Revue, 1863, pl. V, n°° 26 et 27.

ET DISSERTATIONS. 24

Droit. Gôté convexe; un triangle terminé à chaque pointe par trois espèces de fleurs de lys; un point au mi- lieu. .

Revers. Côté concave; même représentation sans point au milieu, mais avec grènetis à l'entour.

Poids : 6°,90. (PI. I, 4.).

Les statères de ce système pe sés par Streber donnaient 76, 61, —7#,63 et 75,714, La pièce que je décris aurait donc environ deux tiers du poids du statére; c’est une sin- gulière coupure, bien insolite.

Encore un quart de statère du même système concave :

Droit. Côté convexe; lisse, avec quelques renflements impossibles à décrire; je ne ‘sais pas même si ce ne sont pas des imperfections du coin.

Revers. (Côté concave ; espèce de cheval à longues oreilles, à gauche. |

Cabinet de Saulcy.

Poids, 15,95. (PI. I, 5.)

C’est bien ici le cas de regretter vivement de ne pas sa- voir cette pièce a été trouvée. |

Statère frappé peul-êlre par Arioviste, en Séquanie.

Droit. Homme nu, vu par derrière, regardant à gauche: il porte une espèce de toque sur le sommet de la tête; il a les bras étendus, et tient dans chaque main une épée nue; à droite et à gauche un long fleuron, avec une boule à chaque bout (n'est-ce pas un arc sans corde) ? Dans le champ, à la hauteur des hanches, à droite et à gauche, un globule. |

Revers. Sanglier, au poil hérissé, tourné à gauche ; sous

22 MEMOIRES

le cou, un globule; entre les jambes, un fleuron en forme d'un V renversé, ou d’un lambda.

Cabinet Fürstenberg. (PI. I, 6.)

Un autre exemplaire de ce statère est conservé daus les cartons de M. de Saulcy.

Chacune de ces pièces pèse, 75,90.

M. de Saulcy possède en outre une division de cette monuaie, qui diffère un peu du statére. Au droit, les deux fleurons ont disparu, et au revers le fleuron entre les jambes du sanglier a une autre forme.

Poids, 2,70. (Pl. I, 7.)

C'est donc un tiers de statère, et par conséquent une di- vision qui n’est pas d'accord avec la plus grande partie des monnaies gauloises, qui comportent des statères et des quarts de statéres. Cette division, et le fait que le san- glier du revers est séquanien, m’engagent à regarder ces pièces comme frappées par Arioviste, pendant son séjour en Séquanie; qu'en dites-vous, mon cher ami? J'aime à croire que vous serez de mon opinion.

Autre statére, du même système que les deux pièces précédentes,

Droit. Homme nu, vu de profil, courant à droite, il tient dela main droite deux bâtons en croix, dont chaque ex- trémité semble garnie d'une petite boule; il porte au bras gauche, ou mieux sur le dos, un bouclier avec un umbo trés-saillant; sa tête est nue, ses cheveux courts.

Revers. Lisse, avec trois protubérances, dont l’une, de forme semilunaire, paraîtrait chargée d'un arc bandé, si la corde de l'arc n'était pas aussi grosse que l'arc lui-

ET DISSERTATIONS. 93

méme*: cette protubérance pourrait aussi représenter un vase, dont ce que je viens de nommer arc, serait l’ouver- ture; enfin, ce que je crois plus probable, elle pourrait être la représentation d’un bateau.

Je ne connais qu'un second exemplaire de cette monnaie, il est dans les cartons de M. de Saulcy. La pièce du ca- binet du prince de Fürstenberg pèse 85,30, celle de M. de Saulcy, un peu usée, pèse 76°,70. (PI. I, 8.)

M. de Saulcy possède une division de cette pièce, sur laquelle au droit, il y a le même homme nu aux deux bâtons, seulement l’umbo du bouclier y est encore plus saillant; le revers ne présente que les trois faibles protubérances, séparées par trois lignes creuses formant un triangle. (Pl. I, 9.)

Cette division est du poids de 25,40, c'est donc encore un tiers de statère , et cette coupure insolite, entièrement pa- reille à celle du tiers de statère d’ Arioviste, faitque je regarde ces jolies et rares pièces comme frappées par les Celtes qui habitaient la Germanie. Malheureusement encore, leur provenance inconnue ne permet pas de déterminer la peu- plade celtique à laquelle elles pourraient appartenir. J’ose croire pourtant qu elles ont été frappées près des frontières de la Gaule.

Une autre division plus petite, également conservée dans les cartons de M. de Saulcy, avec le même homme courant à droite au droit, et lisse au revers, ne pèse que 0¢*,90; ce doit donc être quelque chose comme un huitième de sta- tére; encore une division que je ne connais pas dans les Gaules. (PI. I, n°10.)

1 Voir le statère aux trois arcs trouvé à Gagers, Revue, 1863, pl. V, 22.

2h MEMOIRES

Autre pièce germano-celtique.

Droit. Tête barbue à gauche.

Revers. Buste étrange de face, la tête tournée à gauche, sonnant du cor; les cheveux représentés par de petites boules; il semble avoir les bras étendus et tenir de la main droite un cercle, ou une couronne avec un point au milieu ; le vêtement est formé de traits perpendiculaires, un collier de perles descend sur sa poitrine, sous la cou- ronne, pend une guirlande. Une protubérance qui ressem- ble à une cassure du coin, part de l’œil et de la bouche jusqu’au bas du cou. (Je dois vous faire remarquer que la pièce pareille de M. de Saulcy, que je n’ai qu'en empreinte, porte exactement cette mème protubérance ou cassure de coin.)

La pièce du cabinet Fürstenberg pèse 55,94, celle du cabinet de Saulcy 66,90. (PI. II, 44.) Encore un autre système monétaire, ce serait deux tiers de statère, bien singulière division.

Le médaillier du prince de Fürstenberg renferme en outre une pièce de cuivre, pareille aux deux que je viens de vous décrire; elle n’a que quelques légères différences, entre autres celle que le cor ressemble ici à un torques : vous en jugerez par le dessin; je la regarde comme une pièce défourrée. (Pl. II, 42.)

Monnaie d argent germano-celtique. Encore une pièce qui me paraît se rattacher au système

des précédentes : Droit. Tête laurée à joue bouffe, tournée à gauche, elle

ET DISSERTATIONS. . 25

porte sous le menton et autour da cou un torques à plu- sieurs cordons; grénetis. |

Revers. Guerrier nu debout, vu par derrière, la tête de profil, tournée à gauche, est barbue et à longue chevelure : de la droite il tient une épée nue, levée comme pour frap- per; de la gauche le bouclier celtique, sur lequel il y a du haut en bas des signes que l’on serait tenté de prendre pour des lettres, et que je ne puis déchiffrer. Le dessin en donnera une idée. Poids, 35,30. (Pl. II, n°. 48.)

Imilation armoricaine, prototype des pièces du Luxembourg. Statère de bas or.

Droit. Tête d’Apollon à droite, couronnée de laurier, un peu usée; assez bon style.

Revers. Cheval androcéphale galopant à gauche avec une coiffure singulière, dont les pointes de derrière vont jusqu'à la croupe du cheval : l’aurige tient la main droite un stimulus, de l'extrémité duquel part un cordon de perles, auquel est suspendu une sorte de tableau carré, formé de lignes verticales, parallèles : derrière l’aurige, la roue du char est représentée par une série de globules de fortes dimensions ; sous le cheval, un génie ailé, couché la face en bas.

Cette monnaie a une analogie tellement frappante avec les statères et quarts de statères de style armoricain, pro- venant constamment du Luxembourg, qu'il n’est pas pos- sible de ne pas réunir ces différentes monnaies en un seul groupe dont celle-ci serait incontestablement la plus an- cienne : d’un autre côté, cette belle monnaie a une analogie de type si étroite avec les monnaies des Aulerkes

26 MEMOIRES

Cénomans et des Osismiens, que l’on peut croire qu’elle a été fabriquée par des gens de ces peuplades, émigrés après la conquête de César, au delà de l'extrême frontière orien- tale de la Gaule.

Cabinet du prince de Fürstenberg. Poids, 6F,8, (PI. II, 44).

De mème, la pièce d'or suivante me fait l’effet d'avoir été frappée par des Pictons, émigrés à la suite de la même conquête.

PICTONS.

Statère d'or bas.

Droit. Tête barbare à droite, avec une coiffure impos- sible à décrire; la figure suppléera à la description ; grè- netis.

Revers. Cheval galopant à gauche; il est conduit par une figure ailée avec longue chevelure, agenouillée sur la croupe du cheval : devant la téte et le poitrail, une espéce de croissant fermé, exactement semblable à celui qui se re- marque sur les statères de basse époque des Santons et des Pictons ; sous le cheval deux signes en forme d’S ados- sés et séparés à la base par un signe à demi-effacé, dont il ne reste que le sommet angulaire.

Cabinet Fürstenberg. Poids, 65,65 (PI. II, n°. 45).

L’analogie des symboles du revers, avec ceux que l’on remarque sur des monnaies des Pictons, ne permet pas de conserver de doute sur l’origine de cette rare monnaie.

Statère gallo-belge des Ménapiens.

Droit. Cheval galopant à gauche; sur sa croupe l'aurige est assis, tenant un stimulus de la main droite et les rênes

ET DISSERTATIONS. 27

de la main gauche. La roue est représentée par un cercle de gros points; la queue du cheval est en forme de palme: sous le cheval une lyre renversée; devant l’aurige, à par- tir du dos du cheval, entre sa tête et l’aurige s’élève une barre inclinée en avant; une cassure parait la doubler ; cette cassure forme une grosse élévation en arriére de la lyre, et sur les deux jambes de derrière du cheval; cette élévation provient probablement d'un fragment du coin qui aura sauté pendant la frappe. Le terrain sur lequel chemine le bige est figuré par une ligne de points.

Revers. Il semble qu'on ait voulu figurer une tige, de laquelle part une série de longues pointes, représentant peut-être les branches d’un sapin ; à droite, quelques lignes droites tracées dans des sens différents complètent la figure qui semble tracée au hasard.

Cabinet Fürstenberg. Poids, 75,8. (Pl. II, 46.)

Une pièce se rapprochant de ce type est figurée dans Lelewel, Type gaulois, pl. VIII, 24.

Un second exemplaire de cette rare monnaie, provenant du cabinet Huxtable, est aujourd’hui dans les cartons de M. de Saulcy.

Le quart de statére à ce type se trouve trés-fréquem- ment dans le pays des Ambiens, des Atrébates, des Morins et des Ménapiens. Feu M. Hermand en a publié une grande quantité; mais je ne trouve pas qu'il ait fait connaître un statère, ce qui en prouverait la rareté.

HELVETIENS. Statére fortement scyphate.

Droit. Face convexe, Tête à droite trés-oblitérée.

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Revers. Face concave. Bige galopant à gauche, aurige, roue à quatre rayons; au-dessous du cheval, triquetra formée de trois S réunis; devant le poitrail du cheval et au-dessous de la triquetra, des globules; de la bouche du cheval partent deux rubans aboutissant à des globules,

Cette monnaie qui présente beaucoup d’analogie de style et de fabrique avec les quarts de statéres que l'on trouve habituellement dans les environs de Zürich, appartient très-probablement aux Helvétiens.

Cabinet Fürstenberg. Poids, 75,4. (Pl. II, 47.)

J'allais finir, mon cher ami, mais je trouve encore parmi les empreintes de M. de Saulcy deux pièces que je ne puis résister à vous faire connaître, d'autant plus qu'elles ont un rapport indirect avec le 8 de la pl. I.

L'une de ces pièces, qui sont du système des Regenbogen- schiisseln, a du côté convexe, c'est-à-dire au droit, une figure que je ne veux pas entreprendre de décrire, mais que le dessin vous fera bien connaître : au revers, un ba- teau avec ses agrès, d’où partent des rayons.

Poids, 45,80. (Pl. II, 48.)

Ce statère, d'or faible, a été trouvé à Utrecht, et son type du bateau est extrêmement remarquable, en le rap- prochant des monnaies carlovingiennes de Quentovic et de Duerstede. Le bateau sur les monnaies des contrées du Nord était donc déjà en usage dans les temps les plus re- culés, et le bateau carlovingien n'est plus que la conti- nuation d’un type. Il existe des monnaies mérovingiennes, avec le bateau; vous avez restitué à Cambon en Bretagne, celles qui portent la légende Cambidonno et vous avez fait remarquer qu'en breton le mot Cambon est le nom de la varangue, pièce de bois courbe qui se pose sur la quille

ET DISSERTATIONS. 29

dans la construction d'un navire‘. Cette attribution a en- suite été reproduite par M. Bigot’.

Une seconde pièce du même cabinet a, du côté convexe au droit, qui est presque lisse, une espéce de fleuron, et au revers, côté concave, encore le bateau, mais cette fois avec son habitacle.

Poids, 55,90. (Pl. II, fig. 49.)

Provenance inconnue, mais qui peut étre des mémes lieux : ces statères doivent donc appartenir aux Gallo- Belges, aux Ménapiens par exemple, qui habitaient les rives de la Meuse, dans les environs d’Utrecht et de Duerstede.

La forme de ces bateaux me fait croire que la représen- tation sur la pièce 8 pourrait bien aussi n’être autre chose qu'un bateau.

Cela me fait examiner de plus près des pièces de la trou- vaille de Podmokl en Bohème, monnaies que Streber a cor- rectement attribuées aux Boïens. « Manet adhuc nomen, « quamvis mutatis cultoribus, » dit Tacite (Germ.).

Sur ces statères d’or très-fin, les uns ont voulu voir le soleil et la lune, d’autres une coquille; quant à moi, il me semble plus probable maintenant qu’il y faut voir la repré- sentation d’un bateau; d’autant plus que la forme est exac- tement la même que sur les pièces que je viens de décrire.

(PI. II, 20), pèse 75,16. (Pl. II, 24), pèse 65,64.

Elles sont toutes deux tirées du cabinet du prince de Fürstenberg.

À cette occasion, je voudrais vous faire remarquer que ces pièces ont au côté convexe une figure pour laquelle je vous propose une explication différente de celles de mes

~-

1 Notice de La collection des monnaies de M. J. Rousseau, 1847, p. 49. 2 Essat sur les monnaies de Bretagne, 1857, p. 8, pl. 1, 7 et 8,

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prédécesseurs, de ceux, du moins, que je connais. Streber, qui en décrit et dessine une, pl. IX, fig. 444, y voit une boule d’où sortent cinq rayons : d'autres y voient une main étendue; sur celle dont je vous donne le dessin, je crois voir une tête de paon, tournée agauche ; d'autant plus que sur la figure 21, il ya une boule au-dessus de la tête de l’oiseau, le bec est si bien marqué qu'on en distingue la fente,

Voilà, mon cher ami, les pièces celtiques que je voulais soumettre à votre critique; je les crois inédites ; cependant si l’une ou l’autre avait déjà été publiée, j'espère que vous voudrez bien me le pardonner; n'est-il pas en effet impos- sible de connaître toutes les publications antérieures ?

Tout à vous de cœur, F, DE PFAFFENHOFFEN,

Donaueschingen, octobre 1868.

ET DISSERTATIONS. 34

MEDAILLES

RELATIVES AUX OEMIAES DE L'ASIE MINEURE. ( Pl. 111.)

Il existe dans différentes collections numismatiques un certain nombre de médailles grecques impériales qui for- ment une petite série extrémement intéressante, lorsque leurs types sont rapprochés, mais qui jusqu'à présent pa- raissent avoir été tout à fait négligées par les antiquaires; je veux parler de médailles de bronze frappées en Asie Mineure, et fort rares, sur lesquelles apparaît le mot Oéyic, dont je vais expliquer le sens particulier.

Mais avant d'en arriver là, je dois entrer dans quelques détails sur l'institution des Geparixot éyüves, à laquelle se rattache le type de ces médailles. Je n'aurai pas besoin de rappeler longuement le rôle si important que jouèrent chez les populations helléniques les grands concours pu- blics qui, sous le nom de jeux, àyüves, attiraient à certaines époques et sur un point donné tous ceux qui, dans les con- trées baignées par la Méditerranée, voulaient donner une preuve éclatante de leur force corporelle, de leur adresse dans les exercices, de leurs talents littéraires, de leur ha- bileté dans les arts,

32 MÉMOIRES

A l'origine, les jeux eurent un caractère religieux ou plutôt sacré: on en fit aux funérailles des personnages considérables, dont on voulait honorer la mémoire. Tels par exemple furent ceux que donna Hercule en l'honneur de Pélias, ceux qu’Achille célébra lors des funérailles de Patrocle, ou ceux qui, sur la terre sicilienne, signalérent les fètes anniversaires de la mort d’Anchise. Je considère, on le comprend, la légende comme l'expression de faits généraux.

L'état de civilisation à ces époques reculées ne permettait pas encore de faire consister les prix en une marque hono- rifique privée de valeur intrinsèque ; mais la monnaie n’était pas encore inventée, et de simples lingots de métaux pré- cieux, qui en tenaient lieu dans l’ancien monde, n'auraient pas produit, s'ils n’eussent été accompagnés d’autre chose, un effet suffisant sur l'esprit des peuples. On décernait donc en récompense aux vainqueurs dans les jeux, des tré- pieds, des armes éclatantes, des attelages luxueux, des vases dont le travail soigné relevait la valeur, auxquels on ajoutait parfois de l'or non travaillé. Et, à cet égard, les monuments de toutes classes aussi bien que les textes nous fournissent des témoignages circonstanciés’. C’étaitle temps

4 Homère, Iliad, VIII, v. 290; IX, v. 122; XI, v. 700; XXII, v. 164; XXIII, v. 259, eto. Pindare, Nem., ode X, antistr. 3. Olymp., VII, an- tiste. 6; ode IX, stroph. 4.— Jathm., ode I, épode I, et stroph. 2.— Athénée, Deipnosoph., lib, II, 37. Pausanias, Eliac,, V, cap. XXVII, 10; Achatc., ‘VIL, cap. IV, 18. Strabon, Geograph., lib. VIII, p. 362 et 355, Virgile, Zineid., V, v. 110 sq., 247, 259, 266; IX, v. 268-6, Pour les monuments figurés : Monum, det’ Instit, archeol., vol. IV, 1848, pl. LIV.— Gerhard, Auseri, gr. Vasenbilder, 1. IV, pl. CCXLVII, CCLVI, CCLVII. Mionnet, ‘Suppl., t. VI, pl. VIL, 2 (cf. Cavedoni, Annal. dell’ Instit. archeol., t. VII, 1835, p. 259,)— Cette coutume en ce qui regarde les trépieds peut s'être pro- longée, grâce à l'usage de consacrer à la Divinité le trépied obtenu en prix.

ET DISSERTATIONS. $3

les transactions s’opéraient encore au moyen d'échanges, l’on voyait Chrysés apporter de beaux vases comme rançon de sa fille‘, Priam, pour racheter le corps d'Hector, venait proposer à Achille les objets les plus pré- . cieux de son trésor; et c'est ainsi que le cadavre du héros troyen pouvait être obtenu au poids de l'or, suivant la tradition qu'Eschyle avait mise sur la scène, et qui a le plus communément inspiré les artistes grecs *. Longtemps après, lorsque la monnaie récemment in-

Voy. Schol. ad Pind. Isthm., I, v. 26. Pausanias, I, cap. XXI, 5, Plu- tarque, Arist., cap. 1.— Decem orat. vîtæ, Andocid., § 14. Voir encore l'a- necdote caractéristique rapportée par Hérodote sur Agasiclés d’Halicarnasse : Hist., lib. I, cap. CXLIV, 2. Et pour les représentations figurées : Ch. Le- normant et J. de Witte, Élite des monum, céramogr., t. I, pl. XCVI et XCVII. Panofka, Musée Blacas, pl. I. Musée Pourtalés, pl. VI.— D’Hancarville, Ant. du Cabinet Hamilton, t. II, pl. 37. Gerhard, Ausert. gr. Vasend., t. Il, pl. LXXXI.—Stuart, Antiquities of Athens, II, p. 29 et 36.—Curtius, Gerhard’s archæolog. Zeitung, 1867, pl. CCXVI.

1 Homère, Iliad., I, v. 13. Cf. un fragment de Table Iliaque, dans les Annal, dell Instit. archeol., XXXV, 1863, pl. N, la rançon indiquée par Homère est exprimée au moyen de vases en forme d’amphores.

2 Eschyle, fragm. Phryg., 54.— Tzetzes, Schol. ad Lycophr., v. 569: Gpnpos pèv drding dopé onar tip AyrAAct Gobivar Ürèp Extopoc, Auxdppuwv at mat GhAo. civic CuyoorzOprbévea adtdv tsov ypuodv Bobnvar cod Répouc. Homère, Iliad., XXIV, v. 579, Euetathe in Jliad., 1273, 25. Scholiast. Venet. in Iliad., XXII, 35. Hygin, fab. CVI, Hectoris lytra.— Les artistes grecs céramographes, ciseleurs ou sculpteurs, ont représenté constamment la masse d’or équivalant au poids du corps, non par des lingots de forme annulaire, tels que ceux que les Égyptiens employaient dans leurs transac- tions, comme on le voit par leurs peintures et leurs bas-reliefs, mais au moyen de vases, de bassins et d'objets travaillés de différentes sortes, Voir : Le Prévost, Coll. de vases antiques trouvés à Berthouville, 1832, pl. V. Raoul-Rochette, Monuments inéd., pl. LIT. Monum. dell’ Instit. archeol., vol. VI, pl. LII, 4, et vol. VIII, pl. XX VII.— Inghirami, Galleria Omeric., t. II, pl. 226, 227, 233, 237 à 239 et 242,—Overbeck, Gallerie heroischer Bildw., pl. XX, n*3, 5, 11, 12, 13.—Winckelmann, Monum. ined., 134, 135. Clarac, Mus. de sculpt., t. II, pl. 111, 243; pl. 194, 244, etc.

1869. 1. 3

84 MÉMOIRES

ventée empruntait encore à la nature de ses types un caractère sacré, elle figura parmi les récompenses décer- nées à la suite des jeux publics. Solon, au dire de Plu- _ tarque’, fixa à 500 drachmes le prix des jeux olympiques,

à 100 drachmes, celui des jeux isthmiques. La même asser- tion est exactement reproduite par Diogène Laërce ?.

Le témoignage du biographe grec se trouve corroboré par l'existence d’une très-rare monnaie de Métaponte qui porte, avec l'image du fleuve Achéloüs, l'inscription AYEAOSO AEQAON’. C'est un didrachme qui bien certainement servit à acquitter le montant de prix donnés dans l'Italie méridionale. Il est important de rapprocher la légende qu'il offre de l'inscription TON AOENEOGEN AOLON (rüv Aôfvntev OAwv) inscrite sur les amphores pa- nathénaïques, sur celles mêmes dont le style indique une très-haute antiquité.

Nous lisons encore dans Plutarque* que l'orateur Ly- curgue, environ deux siècles après Solon, institua au Pirée des solennités en l'honneur de Neptune, et prescrivit que les chœurs recevraient des récompenses de trois valeurs, à savoir, de dix, de huit et de six mines : « de tod Mosstdavoe dyüva moutv tv [etpaut, xvxAlwy yopüv obx Darrov pi, xal SiSoobar pv totic vexivary oÙx Éatrov déxa pvc, tots 8 Seutkporc, xt,

Es 8& voie tpltorg xpideïauv, D

1 In Solon., cap. XXIII, 5,

2 Lib. I, cap. 2 : Solon, 8.

3 Duc de Luynes, Choix de médailles grecques, pl. V, 10, Millingen, Ancient coins of greek cities and kings, pl, I, 21.— Numism. de l’anc. Italie, pl. I, ne 1.—On ne doit vraisemblablement pas interpréter de la même manière l'inscription A@AA qui se lit, sur quelques décadrachmes de Syracuse, auprès des armes représentées à l’exergue, et qui, par sa position, paraît se rap- porter à l’armure offerte en prix.

4 Script. moral. : Decem orat. vite. Lycurgus, 8 13,

ET DISSERTATIONS. 35.

Mais en même temps, les mœurs s'étaient peu à peu raffinées; les jeux avaient acquis une si grande renommée, des avantages si considérables étaient attachés à la victoire disputée par les plus grands personnages, et dont l'ob- tention devenait un titre de gloire pour une ville tout en- tière, que le véritable prix ne consistait plus précisément dans l'&lov, mais plutôt dans le fait de l'avoir conquis. Alors, les jeux sacrés, pot àyovec devinrent orsouvirur OU gvddirar’, c'est-à-dire qu’une simple couronne de feuillage remplaça les armes et les meubles les plus précieux; et c'est sans doute pour rehausser encore l'éclat de cette dis- tinction qu’on en attribua l'institution à Hercule, version généralement reproduite. Nous n'envisageons du reste ce renseignement que comme une donnée chronologique ap- proximative.

Diodore de Sicile, par exemple*, raconte que le héros, pour célébrer ses victoires sur Augeas et le taureau de Crète, fonda les jeux olympiques sur les bords du fleuve Alphée ; il concourut lui-même et obtint tous les prix, quel- que différents que fussent entre eux les exercices. Mais comme il avait toujours comblé les hommes de bienfaits, ajoute l’historien, sans jamais en recevoir de salaire, il ne voulut proposer en réccmpense qu'une couronne : « Ztege- véenv 6’ abtov xateoxedacev, Ste xai abtds ednpystycs td YÉvos tiv GvOpwrev obdéva Auowv probdy, p

Or Strabon a trés-judicieusement révoqué en doute la véracité de cette assertion. I] démontre, en effet, ce qui est d'accord avec les monuments, que les jeux funèbres seuls

ont été connus d'Homère, et que ceux dont le prix consistait

1 Voy. Pollux, Onomasticon, III, 30, 3 8. 2 Lib. LV, oap. XIV. Cf. Pausanias, lib, V, cap. VII, 7.

86 MEMOIRES

en une couronne étaient postérieurs à son époque. Ses obser- vations à cet égard me paraissent si justes et d’un si grand poids que je demande la permission d’en donner une courte analyse. Ce sont les Éléens, dit-il', qui ont institué les jeux olympiques: car il faut laisser de côté ces anciennes traditions sur la fondation des jeux par Hercule, tout cela est rapporté de différentes manières et ne mérite pas grande confiance (<2 yap cotta xoddayinc Abystat, xal advo niotsbstær). Voici ce qui est le plus probable : depuis la première olym- piade Coræbus remporta le prix de la course jusqu'à la vingt-sixième, les Éléens avaient à la fois l’intendance des jeux et celle du temple. Mais soit qu'au temps des Troyens, il n’exist&t point d’éyav otepavirns, soit que les jeux olympiques, ou aucun des autres qui sont maintenant cé- lébres (isthmiques, pythiques, néméens), n’eussent encore acquis leur renommée, il est constant qu’ Homére ne fait pas mention de jeux de cette sorte, mais quil ne parle que de jeux funèbres : ëmméç. Quelques-uns cependant, continue Strabon, prétendent qu'il a voulu parier des jeux olympiques, lorsqu'il dit qu’ Augeas retint les quatre cour- siers envoyés par Nélée pour disputer le prix, et qui avaient été vainqueurs,

tésoapes &0)opéoo Error abroinv dyespiv, thOdvee¢ per’ &cOAa. Ilspè tplnodos yap EueXkov Gedcecbat, (XI, 699 sq.)

Et au nombre des raisons qui lui font rejeter une telle opi- pion, l’'éminent géographe n’a garde d'oublier celle-ci que le prix de la course avait été un trépied, qu'il ne s'agissait pas par conséquent d'un combat ctepavitne.

1 Geogr., lib. VIII, cap. 8, p. 354 ad cale., 355.

ET DISSERTATIONS, 37

Cet ordre de succession dans la nature des prix nous est encore attesté par les marbres de Paros', dont la mention, alors même qu'elle pourrait être contestée dans sa pré- cision, n’en montre pas moins, tout aussi bien que le scho- liaste de Pindare*, que la couronne honorifique se présente comme un progrès, relativement aux rémunérations d'une grande valeur intrinsèque consistant en objets fabriqués, et que nous croyons pouvoir considérer comme étant celles des éyüve qualifiés yonparira ou Yenpatixol.

C’est 14 une doctrine qui ressort aussi trés-clairement de deux passages de Pausanias. Parlant d’un aulète, il dit® : «Il remporta d’abord le prix qui n’était pas encore stéphanite, dans les jeux institués par les Amphyctions, et vainquit ensuite deux fois quand le prix fut une couronne. » Ailleurs*, on lit : « Ala deuxième célébration des jeux py- thiques, on cessa de donner des prix en nature, et l’on ne proposa plus qu’une couronne. » Les expressions sont en- core plus précises dans le texte grec, mais il est difficile de les rendre exactement. | |

Les dates chronologiques que ces documents fournissent nous montrent que les combats stéphanites existaient dès le commencement du vi* siècle. Aussi, lors de l'expédition de Xerxès, lorsque les Perses demandèrent à quelques trans- fuges arcadiens qui étaient passés dans leur camp, quel prix se disputaient les Grecs dans les jeux qu'ils étaient en train de célébrer, il leur fut répondu que c'était une couronne d'olivier. Alors Tritanteechmés, fils d’Artabane,

4 Lign..53-654, paragr. 38-39 (Marmor. Ozoniens., p. 157 6q.— Ad Fragm. histor. græc., Didot, édit. Müller, p, 548).

* Schol. in Pindar. Argum. II, in Pyth.; Argum. IV, in Pyth.

* Lib. VI, Eliac., cap. XIV, 10.

* Lib. X, Phocid., cap. VII, 5.

38 MÉMOIRES

entendant, dit Hérodote’, que le prix du combat était une couronne et non des dons en nature (ypfuata), ne put s em- pêcher de s’écrier devant tout le monde: « O dieux, Mardonius, contre quels hommes nous mènes-tu combattre ? Ce ne sont point des richesses, mais l'honneur, qu'ils re- cherchent dans la victoire. » Le barbare eût peut-être été moins émerveillé s’il avait su que cette couronne valait à celui qui pouvait en ceindre son front d’être nourri pour le reste de ses jours aux frais du trésor public.

Cette anecdote, prise entre beaucoup d'autres, se place à une époque postérieure à l’édit de Solon, mais antérieure à l'institution de l’orateur Lycurgue. On est donc en droit de croire que même avant l’époque romaine, les prix en argent ont existé parallèlement aux récompenses purement honorifiques des grands jeux.

Sous les empereurs, en même temps que s’accroissaient le luxe et la richesse, les jeux se multiplièrent considéra- blement; et pour ceux dont le nom seul ne constituait pas un attrait suffisant, on fut obligé de recourir à des appâts d'une nature spéciale,

C'est alors que l’on fonda sur un grand nombre de points du vaste empire quantité d’éyüves épyupira Si nous nous en rapportons au rang qu'ils occupent dans les monuments épigraphiques, si nous observons en outre la façon particulière dont on les désigne, à savoir à l’aide du nom seul de ja ville ils étaient donnés, et sans appellation de forme adjective, sans aucun de ces surnoms célèbres qui frappaient l'attention publique, nous pouvons conjecturer qu'ils étaient loin d’être aussi honorables que les autres. Mais en même temps, aux yeux des gens posi-

1 Hist., lib, VIII, cap. XX VI.

ET DISSERTATIONS. 39

tifs, ils rachetaient ce défaut par l'avantage d’être fort lucratifs pour les vainqueurs.

Les àyüvee dpyopira, ainsi relégués dans une classe infé- rieure, furent donc, pour ainsi dire, spéciaux à la province. On les désigna de différentes manières, telles que : éyovec Geparixol', Oeparira: OU deuaretræ* ; et suivant la valeur de la rémunération : takavriaior” OU Aprradaveraior®.

Ils reçurent enfin le nom de etès, forme dialectique spéciale à la partie méridionale de l’Asie Mineure qui s'étend depuis le fleuve Calbis jusqu'au delà du Calycadnus, entre la mer et les ramifications de la chatne du Taurus; c’est-à- dire la Lycie, la Pamphylie, la Pisidie et la Cilicie. Voilà du moins quelles sont les régions qui, jusqu'à présent, nous ont fourni les exemples épigraphiques et numismatiques de ce terme.

En outre des inscriptions qui sont les documents les plus officiels, de fréquentes allusions à l’usage de décerner des prix d'argent se trouvent dans les textes, car les occasions de rapprochement ne sont pas rares. Dans un remarquable passage de Plutarque”, cet auteur compare ceux qui

1 Pollux, Onomasticon, III, 30, § 8. Cf. Corp. inscript, græc., n°* 247, 1720, 3208, 8209. Annal. dell’ Instit. archeol., 1865, p. 99 et pl. G. Voir encore le mot @¢ya dans les inscriptions suivantes : Corp. inscript. grec., n°° 2758, 2759, 2811 b, 3493, 4352, etc.— Pococke, Inscript., p. 34.

3 Gruter, p. CCCXIV, 1.— Corp. inscript. græc., 5913.

3 Corp. inscript. græc., 247, 2741, 2759, 2810, 2810 b, 3208, 3209, 3676, 4472. Henzen, Denkmæler und Forschungen, 1851, p. 397. Orell., Suppi.,

6156.

* Cette expression associée à la précédente se trouve dans deux inscriptions provenant l’une d’Aphrodisias et l’autre de Cyzique. (Bosckh, 2610 et 3676, t. II, p. 526 et 937),

§ Moral. precept. gerend, reip., cap. XXVII, p. 820 D. (Edit. Didot, t. II, p. 1001.)

A0 MÉMOIRES

ont entre les mains le gouvernement d'une cité, aux hommes « oëx dpyuplrny ob8 Swplmy dyHva dyuvkouivoc, &XAà tepdv de dln dade xal etegavirmy », On reconnaît l'intention mani- feste d’opposer aux jeux dans lesquels une simple couronne était le prix de la victoire, ceux les récompenses consis- taient soit en argent, dpyupim<, soit en présents, ainsi que le fait entendre |’expression &wptinc'. Athénée emploie des termes analogues”; et Diogenianus nous a conservé le proverbe : « OdpedAlac à äywv olov otepavitms ddAd ypnpa- senc *, » qui repose sur une comparaison du même ordre.

Enfin, les écrits inspirés par le christianisme ne sont pas restés étrangers à ce genre d'emprunt au langage agonis- tique. Ainsi, dans les Oracles Sibyllins nous trouvons ces

vers sur le prix que promet le Rédempteur à ceux qui auront vaillamment lutté :

aütap Oia päéprua Sacer Addvarov, &ypr xal Oavétou tov &yüva notodct, Tapbevinote 88 Spapotor xakwç &pbaptov debov Awest tod Obpatos ?,

1 Voy., pour cette interprétation des mots êdsux et &wpov : Pindare, Pyth., ode VIII, stroph. IV; ode X, stroph. II, Schol. ad Pindar., Olymp., VIII, 101, Clément d’Alexandrie, Pædag., lib. II, cap. VIII, fol. 49.— Athénée, Deipnosoph., lib. X, c. 6, édit. Schweighæuser, t. IV, p. 12. Petrus Faber, Agonisticon, lib. II, cap. 9. (Gronovius, Thes. ant.,t. VIII, p. 1973 E, 1975, )

2 Deipnosoph., lib. XIII, cap. 6, édit. Schweighæuser, t. V, p. 111, On voit encore Mithridate, parodiant ces concours, instituer un dyav roAupaylzc xat woAuxostac, dont le prix est un talent d’argent (ibid., X, cap. 9); ou bien Alexandre dans les Indes proposer pour une lutte du même genre trois récom- penses de valeurs décroissantes, à savoir : d’un talent, de trente mines et de dix mines.

4 Tapousta, ÉXAAnvexal, Edit. d’André Schott, Anvers, 1612, Diogenian., cent. VII, 41.

+ Lib, II, v. 46 aq., édit. Alexandre, t. I, p. 66.

ET DISSERTATIONS. kt.

Mais ici je ne crois pas inutile de prévenir une objection. Après les distinctions que nous venons d’établir, on pourrait aussi penser, en se fondant sur la formule de certaines in- scriptions lapidaires :

« OEMATIKOYZ KAI TAAAN IAIOYZ »

que les àyüves tadaverator ne comptent pas parmi les &pyupirat OU Oepormol, mais qu'il faut les ranger parmi les ypnuxtirer Ou Swpiræ. En effet, c'est évidemment avec ce dernier sens qu'il faut entendre +ékavra dans Homère qui mentionne des prix en ces termes? :

Ent’ érôpouc tplroBac, Béxa 88 ypuacio télavte, Altwvas 88 Alôntac Belxoor, x. 7. À.

Virgile, dont nous devons bien souvent relier le témoignage à celui des auteurs grecs beaucoup plus anciens, dit par reminiscence homérique”* :

Et tripodas geminos, auri duo magna talenta, Cratera antiquum, etc.

1 Marmora Oxoniensia, III, p. 70 sq. Wheler, Voyage de Dalmatie, Grèce, Levant, etc., 1723, t. II, p. 150. Spon, Miscell. erud. ant. X, n°-CXIIL, 366 et 367. Gronovius, Thesaur, ant. græc., t. VII, p. 869 et 870.— Mura- tori, t. II, p.647. Corp. inscript. græc., n°* 247 et 3208. |

2 Iliad. , 1X, v. 122 et 264.—Les métaux travaillés ou simplement en lingots apparaissent toujours chez les peuples primitifs dans les présents faits à des hôtes, dans les rançons : Odyss., VIII, v. 393, Iliad., V1, v. 48 : Adraste propose, pour avoir la vie sauve, du bronze, de l'or et du fer. Cf. Virgile, Æreid,, X, v. 526, Magus implorant Énée en ces termes :

Est domus alta : jacent penitus defossa talenta Cœlati argenti; sunt auri pondera facti Infectique mihi...

Voir encore ibid., III, v. 466; XI, v. 333, etc. 5 Eneid,, IX, v. 265.

a2 MEMOIRES et ailleurs: :

Sacri tripodes, viridesque corone, Et palme, pretium victoribus, armaque, et ostro Perfnsæ vestes, argenti aurique talenta.

Homère encore parle d'un demi-talent d'or donné en prix à Antiloque dans les jeux célébrés par Achille :

pv tot péleoc elphostar alvoc AdA& tor Auttéhavrov kyo ypuood ExOrjew *,

En ce qui concerne le sens de tadaveaioc dans les inscrip- tions, il me suffira de rappeler un des marbres copiés 4 Aphrodisias de Carie, sur lesquels sont inscrites des listes de concours en regard des sommes affectées à leur rému- nération. Le texte de celui-là débute par ces mots :

a Ayüvos tahavtialou Opera... »

et l'on voit au-dessous le détail de ces @épaca évalués en deniers’.

J'ai déjà cru reconnaître sur les médailles impériales, dont les types sont relatifs aux jeux, un détail qui se rap- portait aux sommes d'argent données en prix, et mes obser- vations à cet égard ont été consignées dans un travail im- -primé en 1868 sous le titre de Recherches sur les insignes de la questure et sur les récipients monétaires (chap. X). Cependant, me renfermant dans le cadre que je m'étais tracé, j'ai naturellement me borner à envisager les types

1 Æneid. V, v. 110-112. On remarquera cependant que l’idée des couronnes et des palmes est empruntée aux coutumes d’uue époque postérieure.

2 Jliad., XXIII, v. 796. ,

3 Bœckh, 2759, Leake, Transact. Royal Society of Literature, 1843, p. 244 et 303, Le Bas et Waddington, Voyage en Asie Minewre, 1620 d.

ET DISSERTATIONS. 43

numismatiques qui offrent l'image de sacs servant à con- tenir des pièces de monnaie. Aujourd'hui, je vais au con- traire m'occuper plus spécialement des médailles qui rap- peilent les récompenses agonistiques, non plus seulement au moyen de figures exprimant d'une manière sensible les prix en espèces, mais bien par des inscriptions.

Les médailles de cette seconde catégorie sont relatives à la classe particulière des àyüve désignés par l'expression topique 6épuôsc.

La signification particulière de ce mot dans les inscrip- tions lapidaires de l’Asie Mineure est bien connue mainte- nant des épigraphistes; il nous reste donc à en faire l'ap- plication à la numismatique, et l'on verra que 6tux s'y explique aussi très-clairement, de façon à compléter le sens des types.

Ne I.

Paléopolis de Lycie. Elagabale.

AYT.K.M.AY.ANTONEINOC. Tête radiée d’Elagabale a droite, le buste couvert d’un paludamentum.

¥. TIAAEOTIOAEITON O€MIC. Trois athlètes nus, grou- pés autour d’une amphore posée à terre, et dans laquelle l’un d'eux plonge le bras. Dans le champ, au-dessus de cette composition, est placée l’urne des jeux, de laquelle surgissent deux palmes. Æ. 9 4/2. |

Le seul exemplaire connu, je crois, de ce médaillon pré- Cieux et intéressant à tant de titres divers, se trouvait en 4861 entre les mains de M. Webster, à Londres. C'est à l’obligeance de MM. Feuardent que je dois d'avoir pu en donner la gravure. Le type du revers, tout a fait semblable à celui d’une |

ka MÉMOIRES

médaille de Gallien frappée à Perga de Pamphylie.et décrite par Sestini d’après un exemplaire du Cabinet de Munich, parait représenter les athlètes tirant au sort pour connaître quel doit être leur adversaire. Dans un vase qai, sur les médailles, affecte tantôt la forme d’une amphore ou diota, tantôt celle d'une calpis avec une anse et deux poignées latérales, on plaçait autant de boules qu'il y avait d’athlètes. Tl faut lire à ce sujet l'explication que Lucien met dans la bouche d'Hermotimus*. Il y a là, dit celui-ci, une calpis d'argent consacrée à la divinité; on y jette des boules de sort, grosses comme des fèves, et qui portent un caractère. Sur deux de ces boules est tracée la lettre A; deux autres portent chacune un B, deux autres un I’, et ainsi de suite, s'il y a un plus grand nombre d’athlètes ; mais toujours de façon qu'il y ait deux boules portant la même lettre. Puis chaque athlète s’avance à son tour, et se recomman- dant à Jupiter, il plonge la main dans la calpis, et tire une des tessères; un autre le suit, qui en fait autant. Et il ya un surveillant armé d’un fouet qui leur retient la main -pour qu'il ne leur soit pas possible de voir la lettre qu'ils tirent. Cette opération terminée, l'alytarque ou l’un des hellanodiques les dispose par couple de manière à faire lutter ensemble les deux individus qui ont tiré la même lettre... Lorsque le nombre des concurrents est impair, il se trouve une lettre qui n’a pas de correspondante; mais la boule sur laquelle elle est inscrite n'en est pas moins jetée avec les autres. Celui qui la tire attendra que ses compagnons aient fini de combattre; et c'est une bonne

| 4 Lettere di continuas., t. VIII, 1820, pl. II, 9.— Dans le texte, on lit cette description fautive : « Medius in vas adstitutum calculum miéétit. » . 2 Lucien, Hermotimus, § 40,

a a. eee oe - ee ee i _ . à

ET DISSERTATIONS. AS

fortune pour celui & qui elle échoit, car ensuite, lui tout frais encore, Sera mis aux prises avec un antagoniste déja fatigué.

A ce passage de Lucien se rattache un bas-relief antique du musée de Florence dont le commentaire ne saurait trou- ver place ici, et que d’ailleurs je décris dans un autre travail.

C'est probablement le vase des sorts que l’on voit au musée de Vérone, sculpté sur une stèle d’un gymnasiarque’. Identique à celui que montrent les deux pièces de Paléo- polis et de Perga, il est accompagné d'une palme. Nous le trouvons avec le même symbole sur une pierre gravée* et sur des petits bronzes de Commode frappés à Nicée*. Cette ville nous fournit aussi une pièce émise sous Septime Sé- vère, ce vase est représenté près d'un personnage assis tenant l’urne des jeux‘. Au revers d'un petit bronze de Philippopolis de Thrace, il est placé aux pieds d’un athlète debout qui se couronne". Un type de même nature nous est connu sur une médaille d’Augusta de Cilicie‘, C’est ce même vase que l’on distingue très-fréquemment, déposé sous la table, dans les types numismatiques relatifs aux jeux; disposition qu'offre encore une mosaïque découverte à Tusculum’. Mais malheureusement, il est parfois difficile

1 Maffei, Museum Veronense, tab. II à la p. xxix, fig. 7.

2 Éd. Gerhard, Archæologische Zeitung, neue folge, 1848, pl. XXII, 2. __ # Mionnet, Descript., t. II, p. 457, 254; Suppl., t. V, p. 106, n°° 570 et

675.

+ Érasme Frœlich, Quatuor tentam., p. 236, fig. 1.

5 Mionnet, Suppl., t. II, pl. I, 1. Cf. un médaillon contorniste, Saba- tier, Contorn., pl. VIII, 6.

© Viczay, Musée Hedervar, 518, pl. XXIV.

¥ Monumenti dell’ Instit, archeolog., vol. VI et VII, pl. LAXXII,

46 MÉMOIRES

de reconnaître s'il s'agit du vase destiné à tirer les sorts, ou d’une amphore panathénaïque remplie d’huile sacrée.

Ainsi, c'est fort probablement ce dernier vase, accom- pagné d’une palme et muni d’un couvercle, que nous montrent certains bronzes athéniens de trés-petit module’. Mais d’autres de moyenne grandeur frappés dans la même ville représentent un vase de forme semblable relégué sous la trapèze*, C'est au contraire sur ce meuble qu'est posée l'amphore qui figure dans le type des monnaies de Néron frappées à l'occasion des jeux quinquennaux. Un vase placé au sommet d’une colonne, près de la table des jeux, paraît au revers des pièces de moyen bronze de l'époque romaine qui portent la tête casquée d'Alexandre le Grand’.

Nous éprouvons la mème incertitude au sujet de l’am- phore posée à terre au milieu de palestrites peints sur un vase signé de l'artiste Andocide et conservé au musée de Berlin’.

Byzance de Thrace, sous les règnes de Septime-Sévère, d'Élagabale et de Gordien', Sardes de Lydie, à l'époque de Septime-Sévére*, Héliopolis de Ccelésyrie, au temps de

4 Beulé, Monnaies d'Athines, p. 87, 176 ot 180, vignettes. Voir aussi un type fort intéressant, Archeologische Zeitung, 1846, pl XLI, 15, qu'il faut rapprocher, à l’aide des figures gravées p. 392 des Monnaies d’dthines, de la pièce gravée à gauche en bas dela vignette à la p. 391 du même ouvrage.

* Boulé, Monnaies d'Athines, p. 892.

3 Pellerin, vol. 1, Rots, pl. Il, p. 28; vol. Il, Peuples of villes, 1, pl. XXXI, 29, p. 184. Cf, un bas-relief gravé dans le Museum Veronense et Tauri- nemse do Maffei, planche à Ia page CCXXIII, fig. 4. Voir encore Zoëge,

irilievi, II, pl. XC. Monum, Mattheiana, III, pl. XLVII, ete. jerhard, Trinkschalon w, Gofmess des K, Musume su Berlin, 1860,

+ inefol, pl. XX.

® Sestini, Letters di continuas., t, Il, 1817, pl. 1, 6.— Mionnet, Suppl, t. 1, p. 416, 1267; p. 428, 1341; p. 439, 1404, © Pellerin, Mélanges, t II, pl. XXVIL, 10. Le type est ainsi déerit : « Une

ET DISSERTATIONS, h7

Valérien père‘, nous offrent des monnaies sur lesquelles paraît l’image d’un athlète nu plongeant son bras dans une urne; c'est, comme on le voit, la simplification du type de notre beau médaillon.

Notons aussi qu’une des figures en bas-relief qui déco- rent un autel de pierre trouvé au Châtelet, près Saint- Dizier (Haute-Marne)*, et qui représente la déesse Sors, est caractérisée par des boules qu’elle tient dans la main droite et un vase déposé à ses pieds, lequel est tout à fait semblable à l'amphore gravée sur la monnaie de Paléo- polis. Sur la face opposée de cet autel est l'image de la Victoire.

L'usage qui consiste à déterminer par la voie du sort le rang de chaque combattant se trouve rappelé sur un marbre de Xanthus que nous citons de préférence, parce qu’il offre précisément un frappant rapport avec la médaille de Paléo- polis; il est en effet dit dans cette inscription que Quintus, fils d'Apollonius, citoyen de la ville, ayant pris part à la lutte dans la troisième célébration d’une ôtux, avait tiré au sort à quatre reprises :

o2- -Aywvisdpsvov avopay xddny év tip Excredeobbves dyiove Obut50¢ y tx Seabjxns TO, KA. Kacravod Ayplana, vextoavea xat éx6iBdcavea xhijpovg 6, Sywvoletodvtoc tic OE psdoc...., » etc. ?.

Ceci s’explique par la coutume qu’avaient les Grecs de cette époque de faire lutter successivement les vainqueurs

figure d'homme nu se baisse pour prendre un vase qui est à ses pieds. » Mais dans la gravure on reconnaît aisément le véritable sujet.

1 Mionnet, Descr., t. V, p. 304, 136.-— Mussi Sanclement. num. sel., pl. XXIV, 384; type décrit fautivement t. JII, p. 124 : « Athleta nudus « vas in certaminis premium aceeptum retinet, »

3 Grivaud de la Vincelle, Arts st métiers des anciens, pl. CXI.

3 Fellows, Travels in Lycia, Appendir par Wiener, p. 412, 166.-— Bailie,

48 MÉMOIRES

entre eux, jusqu'à ce qu’un seul eût triomphé de tous les autres !.

Le nom de Paléopolis appartient à diverses localités, et cela se comprend facilement, puisque cette appellation si- gnificative, tout comme Néapolis, pouvait être employée partout un déplacement de la population avait créé deux groupes d'habitation voisins.

Dans la partie sud-ouest de l’Asie Mineure, nous trou- vons une Paléopolis dépendante de l'archèvéché d’Éphèse, dans l'Éparchie d’Asie; une autre, évéché suffragant de Perga, éparchie de Pamphylie’.

Non-seulement les deux Paléopolis sont mentionnées dans les souscriptions épiscopales des conciles”, mais elles figurent encore dans la notice d’Hiéroclès*, et dans celle d’Epiphanius, archevêque de Chypre, dont le texte nous a été transmis par Constantin Porphyrogénète". Dans la no- tice de Léon le Sage’, la Paléopolis d’ Asie seule est citée.

Dioscoride, à propos de l’agate (Aloe yayarhc), identifie

Fasc, inscr., t. Ill, p. 102 et t. I, p. 111. Bœckh, 4274.— Waddington, Voyage archéol. en Asie Minewre, 1257.

1 Cf. Pindare, Olymp., VII, v. 90.—Henri de Valois, ad Euseb. Hist. eccles., V, 1,p. 162 À. Faber, Agonisticon, lib. ], cap. XXIV.

2 Apparatus Concil, Breviarium geogr. episcop., p. 29-30, paragr. I et XI.— Le Quien, Oriene christianus, t. I, p. 729-732, et p. 1021.

8 Palæopolis Pamphyliæ secundæ sub Perge metropoli : Libanius in Synodo generali Ephesino, ann. 431,t. Ill, p. 548 et 692, Porphyrius in Concil, Chalcedonensi, ann. 451, t. IV, p. 937 A.— Palæopolis provincia Asiæ sub Epheso metropoli, ann. 431, 451, 536, 787; t. II], p. 488 a, 537 d, 992; t. IV, p. 87 b, 284 c, 332 «, 376 b, 440 c, 790 c, eto, |

+ Edition Wesseling, p. 660 et 680.— On y trouve les deux formes Tiakark x et Ilakadgrokç. On dit de même Néapolis, Hiérapolis, Olbia, Rhodiapolis ; et Néopolis, Hiéropolis, Olbiopolis, Rhodiopolis.

8 De Cerim., lib. II, cap. 54, n* 36 de l’éparchie d'Asie, et 7 de l’éparchie de Pamphylie, édit. Reiske, p. 795 et 796.

6 Lib. III, cap. I, paragr. 2.

ET DISSERTATIONS. AY

la ville de Gages en Lycie avec Ddayrodts (ILAayiourékews)!, nom que Claude Saumaise* et Luc Holstein’ ont cru devoir corriger en Hakmérow, opinion fort ingénieuse et conforme à ce que les voyages et les récentes découvertes nous ont appris.

Il faut remarquer toutefois qu Hiéroclés, tout en citant les deux Paléopolis, n’en laisse pas moins Gage dans la province de Lycie’.

Les divisions et les réunions de territoires effectuées sous Justinien et sous d'autres empereurs jettent sur la géo- graphie des bas temps une obscurité que les recherches des voyageurs et la numismatique dissipent bien lente- ment. Le site de Gagæ a été retrouvé, et les médailles viennent à leur tour nous montrer que Paléopolis appar- tenait à la même région de l'Asie Mineure. |

En effet, j'ai dit que le revers de notre monnaie offrait une composition identique à celui d'une pièce de Perga. Le rapprochement de ces deux monuments ne laisse aucune hésitation sur le choix que nous avons à faire entre les deux Paléopolis. C’est bien à celle dont Perga était la mé- tropole que nous nous arrêtous. Sans compter le style de fabrique et le type, nous avons encore pour étayer cette opinion la présence du mot ot dont l'usage est, ainsi que cela ressort de la présente étude, spécial à la région du Taurus. .

M. Waddington a publié une médaille autonome de Gage’. La pièce unique qui porte le nom de Paléopolis

1 Mat. med., lib. V, cap. 14. ? In Caji Julii Solini polyhistora, Utrecht, 1689, p. 178, col, 2 B. 3 In Steph. Byzantii de urbibus, 8. v. + Edition Wesseling, p. 683. 7 5 Revue numismatique, 1858, p. 169,

1869, 1. 4

50 MEMOIRES

appartient au commencement du 111° siècle. Le long espace de temps qui s’est écoulé entre les émissions de ces deux précieuses monnaies ne nous permet malheureusement pas de fixer avec exactitude le moment la ville a pu chan- ger de nom. Mais nous croyons que les remaniements administratifs par suite desquels Paléopolis fut rattachée à la Pamphylie après avoir appartenu à la Lycie, sont posté- rieurs au temps d’Elagabale.

Ne II, Aspendus de Pamphylie. Gordien III.

AYT.K.M.ANT.FOPAIANOC CEB, Tête laurée de Gordien à droite, avec un paludamentum. Dans le champ, une contre-marque.

y. ACTIENAION. Couronne, au centre de laquelle on lit en deux lignes la légende OEMIAOC TO B. Æ. 9.

Ne Il.

Méme ville. Salonine.

KOPNHAIA CAAQNINA. Tête de Salonine à droite, le buste vétu. Dans le champ, I.

à. ACTIENAION. Couronne au centre de laquelle on lit en trois lignes : OEMIAOC TO €. Huit têtes alternant avec les lettres de l’ethnique sont disposées à l’entour de la cou- ronne. Æ,. 8.

Ces têtes qui, par leur arrangement, rappellent assez l'autel des douze dieux du musée du Louvre’, paraissent

1 Clarac, Musée de sculpture, t. II, pl. 171, 381.

ET DISSERTATIONS. 51

étre yues de face; mais le mauvais état de conservation des exemplaires que j'ai pu étudier ne permet pas d’apprérier exactement ce que le graveur a voulu représenter. Je ferai donc observer seulement que cette composition se rattache à un ensemble de monuments numismatiques sur lesquels nous remarquons soit des figures entières placées en cercle, comme sur un bronze de Béryte offrant au droit la tête d’Elagabale, soit seulement des bustes, comme dans les combinaisons multiples des pièces impériales de Tarse. Plusieurs auteurs, parmi lesquels je citerai Frelich'’, et en dernier lieu M. Cohen* ont reconnu, dans les têtes rangées autour des couronnes, des personnages de la famille impé- riale.

Cette opinion se trouve corroborée, en ce qui concerne les pièces de Tarse, par les différences dans le nombre des têtes, variations qui doivent tenir à l’état particulier de chaque famille.

Elle est encore appuyée par le type de certaines mon- paies des villes d’Asie Mineure, Nicée *, Cyzique’, etc., qui nous montrent des bustes- d’empereurs placés au-dessus de la table des jeux et gravés d'une manière plus distincte. Ce sont des images de protecteurs empruntées à la Domus divina, et nous savons par les monnaies d’Athènes?, de Del- phes* et d’Argos", par exemple, que l'on placait sur la

1 Quatuor tentam., 1737, p. 451.

2 Médailles grecques de la collection Gréau, 1945.

2 Sous Commode, voy, Séguin, Num. mazim, mod., pl. 16, 4, Et sous Septime Sévère, avec les bustes de Caracalla et de Géta sur la table: Mus. Theupol., t. II, p. 941. Mionnet, Suppl., t. V, p. 111, 603.

* Pellerin, 1X, Lettres et additions, pl. III, fig. 12.

5 Beulé, Monnaies d'Athènes, p. 392.

6 Sestini, Descr. nun, vet., pl. IV, n°5.

1 Pellerin, IV, Peupl, et vilt., t. IH, fig. à la p. 154 Mionnet, Deser ,

52 ' MÉMOIRES

table des jeux soit le buste de la divinité locale, soit les animaux symboliques qui lui étaient consacrés.

Nous ne pouvons nous empêcher de rapprocher ces types antiques de ceux de quelques sceaux du moyen âge, sur lesquels on voit, soit des têtes de chanoïnes, comme à Arles’, soit des têtes d'échevins, comme à Amiens’, à Troyes et à Dijon; toutes ces effigies rayonnant avec régu- larité autour d’un bezant ou d’une rosace.

Un certain nombre d'autres sceaux, tels que ceux de Meulan, de Saint-Omer, Nismes, etc., offrent la réunion des têtes qui représentent les magistrats principaux’. Sur d’autres encore, on voit une assemblée d’échevins assis’; ce qui n'est pas sans analogie avec le type de la monnaie de Béryte citée plus haut; lequel se compose de quatre groupes de personnages siégeant deux à deux, de même que sur des deniers romains les figures des édiles Fannius et Critonius® et celles d'Auguste et d'Agrippa tri- buns du peuple‘,

Les anciens auteurs proposaient deux systèmes d’expli- cations pour nos pièces pamphyliennes de Gordien et de Salonine. Les uns, tels que Belley” et Sanclemente*, ont

t. II, p. 234, no 44. Voir aussi le buste placé sur la table, dans la mosaique de Tusculum : Monum, dell’ Instit, archeol., vol, VI et VII, pl. LXXXII.

1 L. Blancard, Sceaux et bulles des arch, des Bouches-du-Rhône, pl. 65, 3.

2 Aug. Thierry, Docum. inédits de l'Histoire du Tiers-Etat,t. 1, p. 62 note, et fig. 1 de la planche,

3 Par ex. : Millin, Antig. nationales, t. IV, XLIX, pi. I, p. 12, fig. 3.

4 Natalis de Wailly, Éléments de paléogr., t. 11, pl. Q, 6. Hermand et Deschamps de Pas, Hist. sigill, de Saint-Omer, pl. I, fig. 2.

# Riccio, Mon, consolari, pl. XX, Fannia, 1.

6 Jbid., pl. XLV, 9.— Cohen, Méd, consulaires, pl. XXXVIII, Sulpicia, no 1.— Cf. Rech. sur les insignes de la questure, ch. II, p. 16. |

1 Acad, des inscript. et belles-lettres, Hist., t. XLII, p. 59.

8 Mus. Sanclement, num. sel., pl. XXXI, 338; t. III, p. 77.

ee ee"

ET DISSERTATIONS. 53

vu dans les légendes OEMIAOC TO B et OEMIAOC TO l'indication d’une fête célébrée dans le temple de Thémis, ou de jeux consacrés à cette divinité. D’autres, comme Eckhel*, ont supposé que Thémis était un nom de femme, et qu'il désignait une prêtresse. Sestini, dans ses Classes generales, inscrit les deux légendes (avec une faute à la première lettre) sous la. rubrique : Magistratus. Cavedoni dans son Spicilegio*, sans prendre de parti bien arrêté, préfère l'opinion de Belley à celle d'Eckhel.

Robert Walpole, qui le premier a rapporté la copie de quelques inscriptions relatives aux @épidsc, avait bien pensé à les rapprocher de la légende inscrite sur l’une des mon- naies d’ Aspendus. Mais il n’avait pas été aussi heureusement inspiré, lorsqu'il cherchait dans ces expressions un équiva- lent de @copads tepdc OU Oiopra, rites sacrés.

M. Hermann Wiener dans le commentaire des inscrip- tions rapportées de Lycie par M. Fellows’, a donné du mot 6éue qui paraît sur un marbre de Telmissus une inter- prétation déjà bien préférable. etuuc, dit-il, paraît remplacer le dép habituel, d’où vient l'expression Qepatixol dyives. Le colonel Leake et le révérend J. K. Bailie ont fourni un sens plus complétement exact en reconnaissant que Qyt désigne non le prix, mais la solennité dans laquelle le btua était décerné. Cet avis a été depuis généralement accepté.

C’est d’ailleurs ce qui ressort très-clairement d’une sé- rie d'inscriptions recueillies à Sidé de Pamphylie, et dans lesquelles l'emploi simultané des mots ôlu et épa ne peut laisser subsister aucune incertitude sur leurs significations

1 Doctr., t. II, p. 9. 2 1838, in-8°, p- 199. | ; 3 Discoveries in Lycia, appendix, p. 373.

5h MEMOIRES respectives. Voici, d'après l’une d’entre elles qui nous est parvenue intacte, quelles sont les formes usitées au com- mencement et à la fin des textes de cette intéressante col- lection : Aywvobstoüvros 8:2 flou AdpnÀ. Hauovelvou Tounaravoë, xal i- omivehovvtes Obuiv Ilaupolaxiv Tooneravetov émbathpiov Ocinv Aônväc xx Andddwvos dE lov ypnpatwv, Évelxnoav nrelôwy néAnv ouvotipavmbévres Ap. Kovewviavdg Neontédeoc xal Adphlioe Epummuvdg Eppir- -mog viog Shear, Aabévrsc GOAov re Oiya xal tov dvôpiévré abv ty

Bace À,

On le voit, le prix (46kov) de la téue célébrée aux frais et sous l’agonothésie d’Aurelius Pæoninus Tuesianus est une Opa, c'est-à-dire une somme d'argent, ainsi qu’une statue munie d’un piédestal (av3piae obv tH Béon). Or, c’est précisément sur des blocs de marbre destinés à supporter une statue, que sont tracées certainement la plupart des inscriptions dont nous nous occupons en ce moment”. Nous avons cette Bas indiquée par le texte. Quant aux images des héros vainqueurs, on peut leur appliquer cette parole du grand satirique :

Descendunt statuæ restemque sequuntur.

1 Walpole, Travels in various countries of the East, 17, Bockh, 4353, t. 111, p. 174.

? Nous manquons de renseignements précis à cet égard pour quelques- uues d’entre elles.

~ * © pe ss CR gee pe ete 7

fe i pure |

ET DISSERTATIONS. 55

Deux jeunes athlétes natifs de Sidé, Aurelius Cononianus Neoptolemus et Aurelius Hermippianus Hermippus, se sont partagés le prix de la lutte (xédy). Un fragment d’inscrip- tion provenant également de Sidé contient une opposition au cas qui se présente ici: on y déchiffre, en effet, cette fin de phrase bien maltraitée :

a... THS Happudeax}iic? Oéuudoc [4]0[A]fuaros avôpov, éradà cfc pôvos &0Ar[Tic] rapoôeucev !. » |

Un autre monument de la série de Tuesianus donne à la place des deux noms précités celui d'un jeune habitant d’Aspendus, Aurelius Artémon, fils et petit-fils de deux Dionysius (évelengev naldwv nvypiy AdpiAvos Aptiwwy Sic Atovuatou Aoxtvdioc, Aabdv dbhov, etc.)*, vainqueur au pugilat dans cette thémis qui reçoit les appellations de Happudcxy, du nom de la province, de Tovysaveiog, du nom du fondateur, enfin, un surnom religieux : EmGacpioc Ociv Abnvag xat Anda- Awvoc?,

Cette dernière formule s'accorde on ne peut mieux avec le type des antiques monnaies autonomes de Sidé, lesquelles offrent au droit Minerve, et an revers Apollon’. Ce rappro- chement, duquel il paraîtrait résulter qu'il existait un ordre consacré pour nommer ou pour représenter les deux pro- tecteurs de la ville jouissant toutefois d’un culte commun, ne sera peut-être pas sans intérêt pour l'étude des cultes

locaux de ces divinités.

1 Bœckh, 4357.

2 Walpole, Travels, etc., 18. Bœckh, 4352,

$ Suivant Pausanias (lib, 1], cap. XXXII, 2), Diomède fonda à Trézène un temple à Apollon Ér6atfpuoe, pour avoir échappé à la tempête, et institua les jeux pythiens en l’honneur du dieu protecteur.

+ Mionnet, Suppl., t. VII, pl. IE, 4-5; IV, 1-3.

56 MÉMOIRES

À propos des récompenses accordées par le fondateur de la thémis pamphylienne, il vient naturellement 4 l'esprit de citer le décret honorifique en faveur d’un citoyen d'Éphèse qui avait, sur sa cassette, augmenté les prix en numéraire et fait élever des statues aux vainqueurs :

exalt ta Oluata voic dywvierats abbicaves, val avôpuévras tv vexnodvewy dvacricavea 1. »

Qu'il me soit aussi permis de rappeler à ce sujet la vé- hémence éloquente avec laquelle Tertullien (Scorpiac. ) s’é- lève contre l'usage d'encourager par l'appât des récom- penses, de combler de faveurs, d'argent, d’honorer par des statues (dotem, stipendia publica, imagines, statuas) des hommes qui ont mis tout leur talent & se déchirer, toute leur gloire à satisfaire, par la vue du sang répandu et de criminelles horreurs qui partout ailleurs que dans le stade appelleraient l'intervention de la justice, les plus grossières passions d'un peuple avide de ces fêtes hideuses.

Pour en finir avec cette premiére suite de textes épi- graphiques, je dirai seulement que l’un d'eux présente une mention numérale analogue pour la forme à celles des piè- ces d’Aspendus : «6kuuv TO AEYTEPON Dapquvkaxhy, x.7.À, ,n et qu’un autre offre de la même manière : TO Fr’.

Ce dernier prix a été gagné par Glaucippus, fils d’Her- mippus, de Perga, vainqueur au pancrace des enfants. Dans un autre”, on lit qu'Aurelius Euthychianus Eutychès, de Sidé, avait triomphé au pugilat des hommes. Ainsi, l’on

1 Poeocke, Inscript., p. 34.— J. K. Bailie, Fascioul. inscript. græc., t. I, p. 27.— Le Bas et Waddington, Voyage archéol, en Asie Mineure, 139,

2 Beckh, n°* 4354 et 4355.

3 Jbid., 4356, Walpole, Trarels, etc., 23.

ET DISSERTATIONS. 97

a pu constater que divers genres de concours étaient com- pris dans la thémis de Sidé, et que les habitants de Perga et d’Aspendus, tout aussi bien que ceux de Sidé, étaient admis à concourir. a 7

On a déjà vu plus haut, à propos de la pièce de Paléo- polis, une thémis célébrée pour la troisième fois à Xanthus (£u8oc 7). À Telmissus de Lycie, nous trouvons l'indication d'une même solennité reproduite pour la quatrième fois’ :

a tiv tetaptyy OEpuv, »

et dans plusieurs inscriptions de Termessus de Pisidie, les mentions :

a ŒEpuv dywvos &yBévroc TO At Dépuiv Tv ayOcicav TO A’. Oéquv viv &ydeïoav TO C(?)*.» Et avec une combinaison qui n’est peut-être qu'un jeu de mots : a Oéuiv mél avèpüv naAny 5. »

La forme génitive des légendes monétaires pourrait s’ex- pliquer si l'on sous-entend àyuv; Car on trouve éyadv 6éudoc dans l’inscription de Xanthus qui vient d’être rappelée. Mais je suis porté à croire qu'il conviendrait de supposer. plutôt que nous avons un génitif absolu, et que l'auteur de Ja légende a sous-entendu dyopivns OU &y@eionc.

Par exemple, dans une petite série d inscriptions copiées à Balbura, et qui se rapporte aux jeux en question *, ceux-ci

1 Fellows, Discov, in Lycia, p 408 et 373, 100. Boeckh, 4198..

2 Boeckh, 4366 b. | |

® Henzen, Annal. dell Instit. arch., 1852, p. 169, ne III.

* Bœckh, 4366 g. Voir encore 4365 : le chiffre manque, mais la forme numérale est néanmoins sensible, |

5 Jbid., 4366.

* Hoskyn, Forbes et Leake, Journal of the R. Geoyr. Society, 1842, vol. Xl. p. 160-161, 7, 8, 9 et 11. Boeckh, 4380 e, f, g, h.

58 MÉMOIRES

fondés par Thoantianus, fils de Méléagre, d’après la vo- lonté et le legs de son père, on observe une première thé- mis dont le chiffre ordinal n’est naturellement pas marqué :

« Exi éywvolitov rpurou ba Blov Goavriavoë bic Msedypou Kao-~ topos, Okuiboc dyouivme tx Gwpeñc MeAcdypou Kdatopos tod narrou avtou,

Odac Eppalov Odavroc tplc, takewe tic mpwtevodenc, veuniouc dvSpaov RAVAPATIOV TMPWTOSG. D

Puis une sixième indiquée ainsi :

a Ent &ywvollrou rpurou a Blov Goavemavod Ole Mehedypoo Kdo- topos, Bépidog dy Oelons xal cic C ex Swpete Mehedypou Kaotopos tod NANTOV AUTO,

Movoaiog tpl¢ Tpwthov Mougalov Dodudedxouc, 6 xal Kadavokov, dvip tx tüv mpowtwy tv tH mO[Aet,.....0

Puis une septième :

a Ent dywvobjtov npurou Sid flou @ozveravod Sic Meledypou Kao- topos, Otprdos dybelonc xat vie Tx Swpeae Medcdypov Kéoropos tod TATTNOD AOTOD,

TpoxAtavde Epualou Âprépuvos Épuaiou Aptéwovec Käotopoc xal Moucañioc T[pw|tAo[u] Mousalou dywviadpevor évddgwe xa[i] cvotepbévees n[at}owv néA[y]v. »

Enfin une onzième : celle-ci est célébrée par un nouvel

agonothète, Aurelius, fils du premier Thoantianus : a Adpn. Tpwihov alc.

Ent dywvobétov rpwrou 4 Blou Adp. Goavtravod viod Goavriavoÿ MeActypou Kdotopos, luèoc aybelons xat vis at Ex dwpes Mededypov Kdotopos tod narrou abtod,

Adp. Tpwthos Ole, BadGovpeds, verrioug nalôwv ravepätiov |, »

1 Voir encore une inscription de la même série : Henzen, Ann. dell’ Instit. archeol., 1852, p. 189, VI.— Waddington, Voyage en Asie Mineure, 1223.

ET DISSERTATIONS. 59 Nes IV et Y.

Corycus de Cilicie. Valérien père.

AY.K.TIO.AIK.OYAAEPIANOC. Tête radiée de Valérien à droite, avec lorica et paludamentum.

8. KOPYKIOTON AY.NAYAPXIC. Bacchus debout, tourné à gauche, tient de la main gauche un thyrse orné d'une bandelette et de la droite abaissée une cenochoé, vers laquelle lève la tête une panthére placée aux pieds du dieu. Celui-ci porte un vétement court et des brodequins. Devant lui, une grande urne des jeux repose sur une table à trois pieds ornés de tétes de lion entées sur une griffe du méme animal’. Un caducée, et autant qu’on en peut juger, une palme et un acrostolium sortent de l’urne sur la panse de laquelle on lit OEMIA. Æ. 9 1/2 (rognée 8 1/2).

Notre description est faite à l’aide des deux exemplaires gravés dans la planche jointe à cette dissertation. La lé- gende circulaire du À est la mieux conservée; mais le second exemplaire nous offre l'inscription complète O€MIA, dont la fin est peu distincte sur la première médaille; et son exergue porte le commencement de l’ethnique, KOPY tout à fait intact.

Après ce qui vient d'être dit des légendes d’Aspendus, on ne sétonnera pas de nous voir considérer le mot OEMIA comme exprimant un cas de Oépic : Oéuidos au génitif absolu, ou plutôt déu:8e¢ au pluriel.

1Cf. Real Museo Borbonico, t. II], pl. 30.

60 MÉMOIRES

Il est vrai que Vaillant’ avait lu sur l'urne du grand bronze de Corycus OEOTAMIA, guidé sans doute par le nom des Théogamies qui se trouve sur les monnaies de Nysa de Carie et de Tarse. C'est par la même raison que le rédacteur du Museo Tiepolo* avait cru distinguer O€OFA, et que Mazzoleni écrit: OEM potius GEO". Eckhel n'hésite pas à admettre la lecture de Vaillant. Sestini et Mionnet voient O€MIA ; et Cavedoni comprenant que ce groupe de caractères ne peut pas être une abréviation de @coyux a cherché une autre explication. Suivant lui, c'est un mot indiquant une féte de Thémis.

Mais l’analogie nous conduit à croire que des jeux insti— tués en l'honneur de cette déesse se seraient appelés eepiea, de même que les fêtes consacrées à Diane portent le nom Q’Apreplore’, Quoi qu’il en soit, la forme suffisamment claire du A final nous oblige à sortir du cercle dans lequel se mouvaient les anciennes interprétations.

La grande urne des monnaies de Sidé porte inscrite sur un bandeau qui entoure la panse l'inscription IEPOC, et celle de quelques variétés des bronzes d’Ancyre en Ga- latie : IEPOC AON; indice des jeux sacrés auxquels les OEMIA:s font un pendant presque nécessaire. Certaines médailles de Gallien émises à Nicée fournissent cet exemple de l'emploi du pluriel : AFQNEE IEPOI. |

Un bronze d'Adana à l'effigie d’Aquilia Severa a pour type une urne sur laquelle on lit : IEP.OIK, fepa otxoupevixa, abréviation tout à fait analogue à @€MIA. On voit cette

1 Num. græc., p. 215.

? Mus. Theupol., p. 1078.

% Mus. Pisan. olim Corrar., pl. LXVI, 1, comment, p. 178.

+ Elles se célébraient principalement à Delphes et à Syracuse.

ET DISSERTATIONS. 61

autre abréviation : OYAAEP., sur l’urne d'une momnaie d’ Aphrodisias, et ACKAHTT. TTYO, à Ancyre. |

Bacchus apparaît ici à titre de protecteur des jeux, de même que l’on peut voir, sur les médailles de plusieurs autres villes, une figure en pied et debout près de la table, représentant une divinité ou un héros 4 qui la fête était consacrée. |

Tels sont Latone portant ses enfants dans les bras, sur les grands bronzes de Tripolis de Carie relatifs aux Antwet ; Apollon lyricine couronné par la Victoire, quand il s’agit des 0x Hiérapolis de Phrygie)'. Tel est Alexandre le Grand tenant un glaive, et une patère en qualité de divi- nité tutélaire, et présidant à Berhéa, en Macédoine, aux jeux du KOINON MAKEAONON, auxquels son nom était attaché : AkÆdvèperx, Il est donc clair que la fête de Corycus était placée sous le patronage de Bacchus, comme la dy de Sidé célébrée par Tuesianus relevait de Minerve et d’ Apollon.

VI. Syedra de Cilicie. Valérien.

AYT.KAL.TIO.AIK.OYAAEPIANON. Tête laurée de Valé- rien, à droite ; le buste drapé. Dans le champ, IA.

1 Il existe au Cabinet des médailles de Paris un exemplaire fort bien con- servé de ce médaillon. Mionnet n’en a donné qu'une description fautive (Descr., t. IV, p. 304), désignant la figure comme « une femme trnant dans la main droite un volume déroulé, et dans la gauche un autre volume roulé. » C’est la lyre et le plectrum. On retrouvera plus loin la mention de ces deux mêmes pièces de Tripolis et d’Hi¢rapolis parmi celles dont le type rap- pelle les prix en espèces monnayées, |

62 MEMOIRES

®. CYEAPENN GEMIC. Deux athlètes nus se tenant par les poignets et luttant. Æ 9.

Cette médaille représente la lutte proprement dite, An, su,et fort commun dans les peintures céramographi- ques, les bas-reliefs, et qui nous est également offert par les monnaies d'argent autonomes d’Aspendus et de Selgé, au revers de quelques bronzes impériaux émis dans la première de ces deux villes, ainsi que sur une pièce de Gallien frappée à Thessalonique, et sur un petit bronze des Locri-Opuntii ‘. On a vu précédemment que la lutte occu- pait une place considérable parmi les exercices proposés aux concurrents appelés dans les 6kuudec.

Aussi trouvons-nous dans les inscriptions de Termessus : vextauc réÂn Oépuv naldav*, Obuiv dvdpioy nady bx puoreuuiac, TA, 3, Oluuv avepiov addy dy0siouv éx muonulac!, ou tiv dy Ozioav, xt. A. ©. Oyu dvôpav addy dyüvos tod xatalegbiveos dx qihotztplac, x. t. A. % Okey àvôpov xdAny, thy ayOsicay dx cay xatahedetuevov yor,pdtwv, x, t.A.7,

On ne sait trop pourquoi Sestini, s écartant au sujet de cette pièce des anciens modes d'interprétation acceptés par lui-même lorsqu'il décrit les monnaies d’Aspendus et de Corycus, a préféré voir sur le bronze de Syedra, qu'il aurait naturellement rapprocher des autres, une épi-

thète de la ville. Il avait d’abord, il est vrai, fait de GEMIC le nom d’une

1 Mus. Hunter, pl. XL, 21.

? Boeckh, 4365,

3 [bid., 4366 c, d, ¢.

+ [bid., 4366 h.

5 Bœckh, 4366 g. Henzen, Ann. dell’ Instit, archeol., 1852, p. 169, 170, n°° Ill et IV.— Waddington, Voy. en Asie Min., 1209 et 1210.

6 Bockh, 4366 b,

1 {bid., 4866.

ET DISSERTATIONS. 63

prétresse *. Mais, dans ses Classes generales, il insére cette note : forsan OEMICTHC, jusia ; revenant ainsi à l’idée qu'il avait indiquée en la repoussant, et qui consistait à considérer @€MIC comme un abrégé de OEMICTOPAC.

La disposition circulaire de la légende Xvedpéwv Eu m'a donné lieu de croire que, sur la pièce de Paléopolis, Ma- A[aJorokelrwv dus forme un tout complet, et que cette inscription ne doit pas être divisée, bien que l’un des mots soit placé à l’exergue. D'ailleurs nous voyons, dans plusieurs inscriptions, des noms patronymiques au génitif pluriel :

Aoxknnelwv Oéutc 2. TpoxAniavelwv Odprc ?.

sans compter un marbre Oéuic Edapestetwy ne se lit que d’après une restauration ingénieuse *. La même tournure pouvait être adoptée lorsqu'il s'agissait d’un nom de ville ; car on a vu que les marbres de Sidé donnent à la eux à la fois un nom de fondateur : Tounstavetos, et un nom de PAYS : Mapovdraxy.

C’est ainsi que sur des monnaies de Nicée, de Perga, d’Hiéropolis associée à Castabala, etc., on lit autour d’une urne : NIKAIEON IEPOC ATON TIEPTAION ACYAOY IEPOC IEPOTIO.KACTABA IEPOC. Tous les numisma- tistes sont d'accord pour reconnaître qu'il s’agit des jeux sacrés donnés par les habitants des villes dont le nom est écrit au génitif pluriel, et que la légende circulaire ne doit pas être divisée.

1 Lett, 1805, t. VII, p. 62.

2 Annal, dell’ Instit, archuol., 1852, p. 169.

3 Bœckh, 4198.

à Bœckh, 4380 m.— Cf. 4380 n. Œnonanda.

64 ‘MÉMOIRES Ne Vil. Ancyre de Galatie. Valérien.

TIOYB.AIK.OYAAEPIAN.... Tête radiée de l'empereur, à droite.

$. MHTPO.B.N.ANKYPAC. Vase à panse cannelée conte- nant deux palmes, placé sur une table à trois pieds entre deux sacs d’argent dont le col est serré par un lien très- apparent. Æ. 7.

Je donne, comme spécimen d’une série considérable, le revers de cette jolie monnaie dessiné d’après l'exemplaire conservé au Cabinet des médailles de Paris, et ce choix se fonde sur la présence du lien ou cordon, signe caracté- ristique qui ne permet plus désormais de reconnaître autre chose que des bourses ou des sacs d'argent dans les deux petits objets qu’on appelait autrefois des vases, sans essayer d'expliquer à quoi ils pouvaient servir.

Ce type se rencontre encore à Ancyre au temps de Cara- calla. Puis : en Thrace, sur les monnaies de Byzance frap- pées sous les règnes de Caracalla, d'Élagabale, d’ Alexandre Sévère, de Gordien, et sur celles de Périnthe portant les deux profils en regard de Caracalla et de Géta, ou bien le buste d'Alexandre Sévère. En Bithynie, sur celles de Nicée offrant l'image de Julia Domna. En Mysie, sur un moyen bronze originaire de Cyzique et appartenant à Alexandre Sévère, ainsi que sur les grands médaillons frappés & Pergame aux temps de Caracalla et de Valérien père. En Carie, à Antioche, sous Gordien, à Aphrodisias soit avec la tête du Sénat, soit avec l'effigie de Gordien, et & Tripolis, avec la téte du Sénat. La Pamphylie est re-

ET DISSERTATIONS. 65

présentée par Sidé, sous Philippe pére. Pour la Lydie, nous trouvons des bronzes de Philadelphie portant l'image de Julia Domna, un grand médaillon de Valérien pére frappé à Thyatira, et un autre de Caracalla émis à Tralles.—Enfin, Hiérapolis de Phrygie, sous Caracalla, Damas de Cœlé- syrie, sous Gallien, et Sidon de Phénicie, suus Elagabale, fournissent aussi l’exemple de bourses placées sur la table des jeux.

La disposition n’est pas toujours la méine; tantôt on voit une urne entre deux bourses, tantôt une seule bourse entre deux urnes. Une autre fois, deux bourses au milieu, et une urne à chaque extrémité de la table. Ailleurs, les bourses sont reléguées sous la table qui ne supporte que deux urnes et quelquefois aussi une couronne. Ce type indique alors que dans la méme ville on célébrait des jeux sacrés et des jeux thématiques. |

L'aspect des sacs d'argent n'est pas non plus constam- ment identique. Plus ou moins inclinés, plus ou moins aplatis sur le fonds, ou plus ou moins serrés et plissés à leur orifice, ces sacs, avec toutes leurs variétés, me pa- raissent d'autant plus autoriser l'opinion que j’émets ici, qu'ils reproduisent presque toutes les formes des bourses dont j'ai dernièrement étudié les divers rôles dans certaines représentations antiques de plusieurs autres catégories.

Il y a de grandes probabilités pour que cet accessoire, qui ne se rapporte pas seulement aux 6huèee, comme on le voit par les différentes régions qui nous en ont fourni lesexemples numismatiques, mais à la classe tout entière des Ospatte! éyove, représente le prix lui-même de ces jeux.

Il est placé sur la table de la même manière que celui des dyivec otegavixar, et cède à celui-ci dans l’arrangement dn type monétaire, lorsqu'ils concourent tous deux à le

1969, 1. 5

66 MÉMOIRES

composer, une place prépondérante’ conforme à celle que ce dernier occupait aussi dans l'opinion publique.

Les àyüvsc otsoaviru sont indiqués par des inscriptions souvent trés-développées*; mais l'image des bourses suffit pour rappeler les Gsuatreol.

En effet, on n'aurait pas représenté de cette façon la Swesd* OU edonula, libéralité d'un empereur ou d'un riche citoyen destinée à la célébration d'une fête, et dont le mon- tant était consacré aux frais de la solennité, mais souvent sans comporter de prix en argent monnayé.

On sait d'ailleurs que les prix étaient exposés sur la table‘, de même que, dans une plus haute antiquité, les trépieds, les lébès, cados, etc., offerts en appâts aux con-

currents des äyüves ypnuztica étaient toujours placés en

vue; ainsi qu'en témoignent la plupart des textes et des peintures céramographiques cités au début de cette disser- tation.

Et puisque j'en suis à parler de prix d'argent déposés sur la table des jeux, pourquoi ne pas citer une anecdote ra- contée par Diogène Laërce, et qui paraît bien contenir une allusion à une telle coutume?

Midias, raconte le biographe’, avait souffleté Diogène le cynique, en lui disant : «Il y a pour toi trois mille (drachmes?) déposées sur la table, cprcyfAral oo néîvear ri ci rpanétn », propos qui faisait probablement allusion au métier d’Hicé-

1 Voy. Rech. sur les ins. de la quest. et récip. monét., ch. X, p. 68, fig 2. 1 Jbid., fig. 3.— Cf. Pellerin, t. IV, fig. à la p. 260, etc. * On lit sur plusieurs médailles l'inscription AQPEA. Sidé : Sanclemente,

Num. sel., pl. XXXII, 335. Sestini, Descript. num. cet., pl. IX, 25,

Ægée : Mionnet, Descr., t. II], p. 547, 53. Mopsueste : Sestini, Lett. di tontinuas., t. V, 1818, p. 54, 10. Mus. Chaudoir, p. 103, 2.

© Pausanias, lib. V, cap. XII, 5, et XX, 1.

® Lib. VI, cap. II, 42.

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—_—— - ad on mnie

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ET DISSERTATIONS. 67

sius, père de Diogéne, changeur à Sinope (rpaetirne) et faussaire. Le disciple d’Antisthène revint le lendemain avec des cesies, et assénant à son adversaire un coup mortel Crruxtinods 2260v tudvras, xat matahotsxc adrév), lui répéta ces mêmes paroles: « cpreyideal cor xtra ini th tpanétn », qui cette fois, on peut le penser, se rapportaient à la récompense proposée anx lutteurs.

On reconnaît dans les listes malheureusement rares d’éyüves deuarwot qui nous ont été conservées, les noms d’un assez grand nombre de villes par lesquelles ont été émises les monnaies dont nous nous occupons.

Le plus souvent, tandis que les jeux stéphanites sont soi- gneusement enregistrés dans les textes épigraphiques, les prix rémunérés en argent ny sont mentionnés que pour mémoire en quelque sorte, et indiqués par une formule générale telle que celle-ci, cui a bien aussi, à vrai dire, son côté ambitieux :

« ENIKA ATIANTAZ OYZ HEONIZATO. » ou cette autre :

« TIANTAZ OZOYZ HEONIZATO. »

Cependant, une inscription funéraire de Laodicée en donne une série assez considérable”, et après avoir rappelé les ayfoveg otspavitat, dans lesquels s était distingué Aurelius Septimius Irénéus, fils d’Eutychés, colon de la métropole de Laodicée et citoyen d’autres villes, le rédacteur passe aux talavaior. Je les reproduis comme ils sont énoncés :

1 Chandler, Inscr., append., p. 92.— Pococke, Inecr.,p. 5, 20.— Francke, Richtersche Inschr., p. 167. Bœckh, 4472, addenda, p, 1172, Le Bas et Waddington, Voy, arch, en Asie Mineure, 1889.

68 « Jeux talantiéens : à trois fois ; à Tripolis deux gilat, la course; à Hierapi le pancruce ; à Béroé deux mee trois fois; à Chalcis, trois fous; à Cilium, le g deux fois; à Iconium, le] Patrz, le pugilat, lu cours deux fois; à Adana deux |

A cette première liste, une autre copiée à Aphre tement publié d'abord p entier par le colonel La parties.

La première qti cont Peuple et du Sénat en I’ho se termine par ces mots : x mAciajroue äAoue éqüvac,

La seconde partie qui remportées par le citoyer demment aux jeux sacrés gnations célèbres qu’on isthmiques, balbilléens, f thiques, capitolins’, jeux +

La troisième partie, ¢ préambule, devra nécessa de la seconde catégorie,

1 Transact. It, Society of literat Waddington, oue. cit, 1620 b. + Voy., au sujet de la forme d toujours a, Hérodote, lib, 1, eap.

ET DISSERTATIONS. 69

sera d'autant plus facilement acceptée qu'on remarquera “les données que ce texte présente en commun avec l'in- scription qui précède :

« Étant le premier des citoyens d Aphrodisias, il est sorti vainqueur du pancrace des hommes * aux jeux de la corpo- ration d Asie, à Mitylène, à Adramytlium,..... à Nicomédie, à Nicée, à Prusias, à Claudiopolis deux fois, à Ancyre de Galatie, à Pessinonte, à Damas deux fois, à Béryle, à Tyr, à Césarée de Straton, a Néapolis de Samarie, à Scythopolis, a Gaza, à Césarée Panias deux fois, à Hiéropolis, à Ana- zarbe, d Mopsuesie, à Tripolis de Syrie, à Philadelphie d'Arabie, à Zeugma sur l'Euphrate, à Cibyra. »

La fracture qui altère le commencement de l'inscrip- tion ne permet pas de savoir si, comme la précédente, elle débutait par le mot cadavtico. Entre Adramyttium et Nicomédie, il y a aussi une lacune qui supprime les noms d’au moins deux villes. |

On: trouve encore dans un marbre provenant du palais Farnèse, à Rome, cités « entre autres» les jeux eury- cléens à Lacédémone, et les jeux donnés à Mantinée : xai

Bepateltag mAelovas év ot¢ Edpôxheux év Aaxcdalpovt xul Mavttvitay nai

aÀdovc *.

1'L’expression « dvds@v navxpdtiv » se trouve régulièrement répétée après le nom de chagne ville d’un bout à l’autre de cette partic de l’inscription. Nous l'avons mise une seule fois et en tête de la liste, brevilatis causa.

? Falconieri, Inscr, athlet., p. 100. Gruter, p. CCCXIV, n°). Beckh, 5933.— Cf., au sujet du second nom de jeu, l'inscription de Beeckh, 3208, ligne 19, et Marmora Ozoniensia, p. 70 et 76 Ceci tendrait à prouver une fois de plus qu’en comparant, daus les inscriptions, les listes d’äywves Geparixol bien certaines avec d’autres listes dans lesquelles les jeux ne sont pas spécifiés d’une maniére particulière, on pourrait encore attri- buer à plusienrs villes le genre de récompense qui nous occupe,

70 MEMOIRES

Ceux-là même qui n'ont pas jugé à propos de donner le catalogue de leurs succès dans les éyavec 6supatexol, n'ont quelquefois pas cependant négligé d'en indiquer le nombre : « trente-cinq » victoires de ce genre sont notées sur une stèle funéraire athénienne'; «plus de cent », sur un marbre de Smyrne’*.

Enfin, sur une grande stèle découverte à Naples *, tandis que dans un premier dénombrement les victoires des jeux sacrés ne s'élèvent qu'à vingt- neuf, plus uo prix aux olym- piques de Pise et dix-huit autres couronnes que notifie une ligne additionnelle, tracée postérieurement à l'exécution de la sculpture, la quotité des prix thématiques est de « cent vingt-sept », chiffre énorme pour la vie d'un seul homme.

Voilà qui suffit pour prouver la fréquence des concours de ce genre, et pour nous autoriser à penser qu'il en a existé dans toutes les villes dont les monnaies portent des types analogues à celui de notre 7. Qu'on ajoute à ces données que les inscriptions ont été fournies en grand nombre par le sol d’Aphrodisias, puis par Ephése, Smyrne, Thyatira, Cyzique, Antioche, Sidé, Laodicée, etc., et l’on reconnaîtra que les monuments numismatiques s'accordent déjà d'une manière très-satisfaisante avec les documents épigraphiques, surtout si nous tenons compte de la rareté relative des renseignements dont nous pouvons disposer.

HENRI DE LONGPÉRIER,

1 Spon, Miscell, erud, ant,, X, CXIII, p. 366. Gronovius, Thes. ant. grec,, t. VII, p. 870. Muratori, t. 1], p. 647. Bœckh, 247.

? Bœckh, 3209.

3 Henzon, Annal, dell’ Inst, arch., 1865, p. 99 et pl. G,

———- - eee ee age ms A

ET DISSERTATIONS, 71

LOUIS D’OUTRE-MER EN NORMANDIE.

TROUVAILLE D’EVREUX.

(PI. IV et V.)

Le 18 mars 1869, en fouillant près de l'église Saint- Taurin d’Evreux, on découvrit, dans un trou infect, un petit trésor composé d'une cinquantaine de deniers et d'oboles d’argent recouverts d'une couche assez épaisse de sulfure ‘. Ces monnaies furent portées à un orfèvre qui les vendit à M. J. Charvet, et c'est à l’obligeance de ce dernier que nous en devons la communication.

Sept pièces sont restées à Évreux, parmi lesquelles on remarquait trois deniers au monogramme de Charles, portant les noms de Rouen, d Orléans, de Blois, et une pièce de Bourges à la légende CARLVS IMP AVG. Je n’ai pas vu ces monnaies, et je n'en dirai rien par conséquent; mais je vais donner un catalogue très-détaillé des qua- rante pièces que M. Charvet a bien voulu m'apporter au moment même il arrivait d’Evreux, et de cinq autres qui ont été recueillies quelques jours plus tard.

. Les plus anciennes pièces parmi celles que j'ai tenues

1 M. Alph. Chassant, en annonçant cette découverte dans le Progrès de l'Eure du 24 mars, dit que les monnaies ont été recueillies n.êlées à la terre, au milieu de sarosphages et d’ossements, sans aucuns débris de vase.

72 MÉMOIRES

sont évidemment frappées sous le règne de Charles le Simple. Leur peu d'épaisseur et de relief, la forme nette du monogramme, leur poids, sont autant d'indices qui nous autorisent à adopter cette classification.

Voici la description de ces monnaies :

Baugency. + GRATIA D 1 REX. Monogramme de Ka- rolus.

à. + BALGENTI CASTRO. Croix. Deux exemplaires usés. Poids, 48,15; 46,12.

Blois. + GRATIA D'1 REX. Monogramme de Karolus.

À. + BLESIANIS CASTRO. Croix. Obole; deux exem- plaires usés. Poids, 05,55; 06,43.

Châteaudun. GRATIA D°I REX. Monogramme de Ka- rolus.

R. +DVNIS CASTLLOI (sic). Croix. Denier usé. Poids, 45,02.

Vendôme. + GRATIA DI REX. Monogramme de Ka- rolus.

À. + VENDEHIS CASTRO. Croix. Denier usé. Poids, 4,06.

Autre. VINDEIIIS CASTRO. Poids, 45,20.

Toutes ces piéces sont usées et ont perdu une partie de leur poids par suite du frai.

Les deniers de Baugency (pl. IV, 1) sont des variétés (sans besants dans les cantons de la croix) de la rarissime monnaie publiée il y a trente ans par Duchalais (Rev. num., 1839, p. 204). Les oboles de Blois sont aussi des piéces fort remarquables; leur poids correspond actuelle- ment à des deniers de 48,10 et de 05,86, mais cela tient aux ravages causés par le temps. (PI. IV, 2.)

Viennent ensuite trente-sept deniers et cinq oboles of-

ET DISSERTATIONS. 73

frant vingt variétés. Un examen attentif permet de recon- naître divers groupes dans lesquels on compte jusqu’à sept exemplaires portant l'empreinte exacte d'un même coin. Toutes ces pièces sont remarquablement bien conser- vées; les différences de poids ne proviennent pas de l’u- sure, mais de l’imperfection de la taille ou de la couche de sulfure qui recouvrait encore plusieurs pièces lorsque je les ai examinées. Le poids de ce sulfure peut être évalué quelquefois à 5 ou 6 centigrammes, et c'est à sa présence qu il faut attribuer les poids de 44,50 et approchant. Les monnaies que je vais maintenant décrire doivent avoir été enfouies très-peu de temps après leur émission.

Louis IV pOutre-Mer.

4. + VLOTVICI REX. Croix cantonnée d’un croissant.

R. + ROTOM CIVITA. Dans le champ, AS@.— Argent. Poids, 45,25. (Pl. IV, 3.)

2. + VLOTVICI REX. Croix.

8. + ROTOM CIVITI. Dans le champ, AS. Argent. Poids, 4*°,46. (PI. IV, 4.) ©

3. + YLOTYICI REX. Croix cantonnée de deux points.

à, ROTOM CIYITA. Dans le champ, AS. Argent. Poids, 45,40.

Autre exemplaire, collection Chassant. Poids, 15,30. (PI, IV, 5.)

A. + VLOTVICI REX. Croix.

R. + ROTOM CIVIT. Dans le champ, AS.— Argent, trois exemplaires. Poids, 4*,44, 45,42, 15,40. (Pl. IV, n°6.) . 5. + WLODVICI REX. Croix.

R. -++ ROGOM CIFIT 9. Dans le champ, A-S.— Argent, deux exemplaires. Poids, 15,37, 48,27. (PI. IV, 7.)

74 MÉMOIRES

6. -+- yLODVICI REX. Croix.

&. ROGOM CIFIT. Dans le champ, AS (Aavec barre). Argent. Poids, 15,83. (PI. IV, 8.)

Une variété de cette monnaie offre, avec les O accom- pagnés de points, une autre combinaison des lettres AS placées au centre. L’A a une barre brisée. Collection Chas- sant. Poids, 15,30, (Pl. IV, 9.)

7. + YLOGVICI REX. Croix.

N. + RGQGOM CIFIT. Dans le champ, AS.— Argent, sept exemplaires. Poids, 1,87, 45,36, 4°,82, 45,30, 46,28, 46,28, 46,48, (PI. IV, 40.)

8. + WLOGVICI REX. Croix.

R. +ROGOM CIFIT. Dans le champ, A"S.— Argent. Poids, 45,17. (PI. V, 41.)

9. + WLOCVICI REX. Croix.

R. + ROGOM CIFIT . Dans le champ, AS. Argent, six exemplaires. Poids, 45,47, quatre à 46,42, 45,40. (PI. V, 12.)

10. + wLOGVICI RIX. Croix.

À. + ROGOM CIFIT . Dans le champ, A-S. Argent, sept exemplaires. Poids, deux à 15,50, 1,40, 15,39; deux à 16,38, 46,25. (PI. V, 43.)

44. + WLOGVICI RIX. Croix.

à. ROGOM CIFIT-. Dans le champ, A-S. Argent. Poids, 14,47. (Pl. V, 44.)

42. + WLOCVICI R°X. Croix.

à. + ROGOM CIFITA. Dans le champ, A:S. Argent, deux exemplaires. Poids, 15,35, 46,25. (PI. V, 46.)

43. + YLOGVYICI RIX. Croix.

à. RVOGOM CFITA. Dans le champ, A%S. Argent. Poids, 45,42. (Pl. V, 46.)

48. +. WLOGVICI R'X. Croix.

ET DISSERTATIONS, 76

À. —+ RVOGOM CFITA. Dans le champ, A:S. Argent, Poids, 45,40. (PI. V, 17.)

15. + VVLCVICI M+0, légende tracée de droite à gauche. Croix cantonnée de quatre points.

R. —+ XPICTIANA REO, de gauche à droite. Temple.— Argent, obole; collection Chassant. Poids, 05,65. (PI. V, 48.)

46. + VVLOCVICI MN. Croix cantonnée de quatre points.

R. + XPISTIANA REO, de droite à gauche. Temple. Obole. Poids, 05,76. (PI. V, 49.)

47. + VVLOCVICI MN, de gauche à droite. Croix can- tonnée de quatre points.

à. —+ XPISTIANA REO, de gauche à droite. Temple. Obole. Poids, 05,65. (Pl. V, 20.)

48. + VLOCVICI...... , de gauche à droite. Croix can- tonnée de quatre points

à. XPISTIANA REO, de gauche à droite. Obole; col- lection Chassant. Poids, 05,66, (Pl. V, 21.)

19. + EVIOVICI MI. Croix cantonnée de quatre points.

à, XPISTIAII... REO, de gauche à droite. Temple.-— Obole. Poids, 05,62. (PI. V, 22.)

Le nom du roi offre des variantes, VLOTVIGI, VLODVICI, VLOGVICI, VLOCVICI, VVLOCVICI, EVIOVICI, qui doivent être attribuées 4 diverses causes parallèles. L’échange du T et du D, comme dans ROTOM et ROOM, peut tenir à la prononciation. Le D retourné, , produit le C par confu- sion de formes ; mais la présence du V et du VV en tête de la légende paraît bien positivement indiquer que les de- niers ont été frappés après d’autres pièces qui portent le nom VVILELMVS, c’est-à-dire après les monnaies de Guil- laume-Longue-Epée (927-942) auxquelles la population

76 MÉMOIRES

rouennaise était déjà accoutumée. Je reviendrai plus loin sur ce fait; mais pendant que je m'occupe des légendes, il me faut encore relever, du côté se trouve le nom de la ville, les variantes CIVITA, CIVIT, CIFIT, CFITA, certai- nement fort extraordinaires à cause de l'échange tudesque de V et de F. Le V en forme d'A renversé, avec barre brisée ou chevron intérieur, est un caractère tout à fait singulier *. An centre du revers, on remarque les caractères AS très-diversement posés et quelquefois accompagnés d'une petite barre qu'il ne faut pas prendre pour une lettre. Ces deux caractères doivent être le complément de CIVIT AS *. Que la portion de légende qui n'a pu trouver place dans le pourtour soit transportée dans Je champ central, cela ne peut nous étonner. Je ne rappelerai pas seulement ces deniers de Paris, de Langres, d’Autun, de Toulouse, de Nevers, de Verdun, qui portent au centre le titre de REX, complément de la légende circulaire ; ceux de Bre- tagne, de Bourgogne, de Guienne, qui nous montrent le titre DVX dans les mêmes conditions. Il s’agit d’un mot coupé; mais je puis indiquer des légendes telles que celles- ci : LVDOVICV(S) °, CARCASONA CIVI(TATE),— VGO

4 Le V contenant un petit trait vertical, comme on le voit sur le denier 12, est, au contraire, déjà connu sur quelques deniers de Guillaume Tail- lefer, comte de Toulouse ( 950-1087).

3 On doit remarquer que deux des deniers portent au centre un À à barre droite et à barre brisée, ce qui exclut la lecture LS à l’aide de laquelle on pourrait chercher un abrégé du nom de Louis; mais, de plus, il faut, en gé- néral, éviter d'admettre des combinaisons formées de la première ct de la dernière lettre d’un nom. On peut voir (Rev. num , 1868, pl. XIX, 27) comment on comprenait l’abréviation du nom de Louis d'Outre-Mer.

® Les lettres placées ici entre parenthèses sont celles qui occupent le champ central des monnaies. La première pièce citée est un denier de Louis d'Outre-Mer.

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ET DISSERTATIONS. 77

GOMES MAR(CHE),— TVRENE VICEC(OMES), C.EN- GOLIMEN SiS) *. Sur des deniers anglais du 1x° siècle, très-utiles à comparer à des monnaies de Normandie, EANBALD.MONE(TA) et DOROBERNIA.CIBI(TAS). Et puis, si nous avons recours aux monpaies italiennes, les exem- ples abondent ; je n’en citerai qu’une partie: S. VINCEN- TIV(S), MARTIN PAP(A), R.SFORTI(A), DE. EVGVBI(A), DE.PERVSI(A), DE.ANCON(A), DE. MVTIN(A),—-BONONI(A),—-DE. FERARI(A),—S. IVLIA(NVS), S.BARTOLOM(EVS), S.QVIRIA(CVS) , ARCHIEPIS- CO(PVS) ,— RECAN (ET!) ,—Dk. PLACEN (CIA) ,— S. VENAN- (TIVS), MATER.STVDI(ORVM), F.S. VICEC(OMES) ,— SANTVS.SAV(INVS), VRBS.CAME(RINA) ,— ALBERTVS. MAR(CHIO), COMES. FEDER (ICVS;, DOMINVS. PI- S(AVRI), S.EMID. DE. ES(CVLO), CQNSTANTIVS. SFO(RTIA) ,—EVG.PP.QVA(RTVS) ,—M.PAPA.QVA(RTVS), —M.PAPA.QVI(NTVS), etc., etc. On peut dire que les gra- veurs de monnaies n'ont éprouvé aucune répugnance à continuer dans le champ la légende commencée au pour- tour. Sur quelques-uns des deniers trouvés à Evreux, l'A du centre est muni de sa barre (pl. IV, n°° 8 et 9). Le petit trait qui accompagne AS sur un assez grand nombre d'exemplaires n’est pas plus une letire que les points qui

1 On peut aussi peut-être citer les monnaies de Chalon-sur-Saône. dont Ja légende est CAVILONIS CIVITAS) suivant la lecture de Duchalais, Je ne sais pourquoi M. Poey d’Avant, en renvoyant au Catalogue de la collection Faure, 41, prétend que j’ai lu les trois derniers caractères LVS. Je n'ai jamais eu à décrire ces monnaies de Chalon, et quant au catalogue des mon- naies françaises de M. Faure, de Villefranche (1846), dans lequel le denier de Chalon est en effet décrit sous le 41, avec Ja lecture L.V.S., il porta le nom de son auteur, et je n'ai à aucun degré contribué à sa rédaction. Avec un peu d'attention, M. Poey d'Avant aurait pu s’épargner la peine de me critiquer sans aucun fondement (Monn, féod., t. III, p: 185 + :

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se combinent avec lui, car en certains cas ses dimensions sont tout à fait en disproportion avec les deux caractères près desquels ilesttracé !, Sur le 3 (pl. IV), I'S qui com- plète le mot CIVITA(S) est placé au-dessus de deux signes qui représentent peut-être a/pha et oméga. Ce type n'est pas sans rapport avec celui d'un denier de Rennes sur lequel on voit aussi l'O circulaire flanqué de quatre points, mon- naie que M. Bigot attribue avec juste raison à la seconde moitié du siècle”. Il se pourrait que les deniers nor- mands et bretons eussent une certaine parenté. Il ne serait pas impossible non plus que les deux caractères AS ac- compagnés de la petite barre un peu allongée (voy. pl. IV, 5) eussent donné naissance à cette combinaison de si- gnes placée dans le champ des deniers bretons de Geoffroy, comte de Rennes (1084), et de Conan, qu'on a lue IVS ou VIS *. Un numismatiste distingué a cru voir dans les ca- ractéres IVS une altération du monogramme de Conan, servant de transition pour arriver au mot DVX‘; mais cette dernière allégation surtout se fait difficilement ac- cepter, puisque les caractères IVS se trouvent sur [a mon- naie de comles, au temps desquels on ne prévoyait pas l'avénement du mot DVX. L’altération du monogramme n'offre pas un grand degré d’évidence.

Sur deux deniers gravés dans notre planche V (n° 16 et 47), le nom de Rouen commence par un monogramme

4 Voir les petits traits qui figurent sur des monnaies anglaises, Ruding, Annals of the coinage of Gr. Brit., pl. XIV, Ethelw. 4; pl. XV, 5; pl. XXX, 21. Hawkins, Silver coins of England, 98, 166, 196, 201.

2 Essai sur les monn. du royaume et duché de Bretagne, 1857, pl. V, 11.

® Lelewel, Atlas du moyen âge, pl. IX, 85, Bigot, op. laud., pl. VII, 3 à 6.

* Rev, num., 1946, p; 141;

ET DISSERTATIONS. 7% formé des caractères RV, en sorte que ce nom se lit RVODOM. 1] ne faut pas s'en étonner, J'ai déjà fait remar- quer, à propos du nom de l'évêque de Strasbourg, Uoton (950 955), et de celui de saint Ulrich, évêque d’Augsbourg (923-973), écrit Uodalricus sur un denier, qu'au siècle on faisait fréquemment usage de la diphthongue UO, par exemple dans les noms Chuonradus, Ruotbertus, Ruo- thardus, etc.'. Ruodom est donc tout simplement un germanisme qui s'explique aisément quand on se reporte aux conditions politiques dans lesquelles se trouvait la Neustrie.

Je dois maintenant examiner comment des monnaies royales peuvent avoir été fabriquées à Rouen au cours du siècle et postérieurement à l'établissement des ducs de Normandie.

On sait que Rollon, duc de Neustrie depuis 912, ayant: abdiqué en 927, son fils Guillaume lui succéda. Celui-ci employa une dizaine d'années à guerroyer contre les Bre- tons; puis en 936, le roi Raoul, qu'il avait reconnu pour suzerain, étant mort, il alla, accompagné de Hugues le Grand et d'Herbert, comte de Vermandois, recevoir à Bou- logne, Louis d'Outre-Mer qu ils avaient tait revenir d’Angle- terre, l’accompagna à Laon et assista à son couronnement. De 938 à 940, Guillaume fut, à l'instigation de son beau-père Herbert, tantôt en guerre, tantôt en paix avec le roi Louis; mais en 942 il se réconcilie avec ce prince, qui se rendit & Rouen, il fut reçu magnifiquement. Puis le duc de Nor- mandie, ayant rétabli la paix entre Louis et Otton, roi de Germanie, vint à Laon tenir sur les fonts de baptème le jeune Lothaire. Bientôt après il fut assassiné à Picqui-

1 Rev, num., 1857, p, 338 et 340,

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gny-sur-Somme, par ordre d’Arnoul, conte de Flandre. Richard, fils de Guillaume, âgé de huit ou neuf ans, fut proclamé duc à Rouen. Louis d'Outre-Mer arrive dans cette ville dont il s'empare, et enlève le jeune duc qu’il emmène d’abord à Evreux, il lui fit taire hommage par les gens du pays; puis il retourne à Rouen, il gagne l'affection des Nor- mands en promettant de venger la mort du duc Guillaume, et il en profite pour conduire Richard à Laon. Cette espèce de captivité du jeune duc déplaisait fortement à ses com- patriotes, et en 944, le roi s'étant avancé en Normandie avec une armée, Rouen fit une tentative de révolte bientôt suivie d'une soumission complète. Ea lisant les chroni- ques de Dudon de Saint-Quentin et de Guillaume de Ju- miéges, on voit que, pendant toute l’année 944, Louis d'Outre-Mer fit de fréquents séjours à Rouen, et qu'il croyait avoir attaché les seigneurs normands à son parti. Cependant Bernard le Danois. gouverneur de la ville et l'un des tuteurs de Richard, s'était secrètement entendu avec Harold, roi de Danemark, qui fit une descente sur les côtes de France; après une tentative d'entrevue qui aboutit à un combat, Louis fut fait prisonnier par trahison, et ce ne fut qu'en 946 que ce prince, mis enfin en liberté, jura, à Saint-Clair-sur-Epte, qu'il cédait et confirmait à Richard tout ce qui avait été cédé à Rollon, son aïeul. Les seigneurs normands et bretons vinrent rendre hommage au jeune duc en qualité de vassaux, et le conduisirent à Rouen, | dont les habitants l’accueillirent avec acclamations ‘.

1 Dudon de Saint-Quentin, De snorib. Norm., tout le livre III, apud Du- chesne, Hist. Norm. script, Guillaume de Jumiéges, Hist, norm., livre IT, à partir du chap. 10, et livre IV jusqu’au chap. 7, apud Bouquet, Rec. des hist, de Fr., t. VIIT. Richer, Histor., lib, If, cap. 35 à 42, et-les obser-

ET DISSERTATIONS. 81 _ On voit, par l'exposé succinct qui vient d’être fait, que pendant plusieurs années les relations de Louis d’Outre- Mer avec Rouen furent très-fréquentes, et l’on comprend facilement que, soit à l'époque Herloin, comte de Pon- thieu, gouvernait cette ville au nom du roi, soit lorsque Bernard le Danois y exerçait le commandement, et s’effor- çait par des semblants de fidélité de cacher ses menées hostiles, un assez grand nombre de monnaies aient pu être fabriquées portant, avec le nom de Louis, quelques restes du type de Guillaume Longue Épée. Le poids des deniers découverts à Évreux convient parfaitement au règne de Louis d'Outre-Mer. Les pièces figurées dans notre plan- che V, sous les n* 18 à 22, sont des oboles; leur poids doublé fournirait des deniers de 44,52, 46,30, 48°,24. Une des deux oboles restées à Évreux, et dont je dois les empreintes à l’obligeance de M. Alph. Chassant, a pour légendes : + VVLCVICI IM+0 et XPICTIANA REO; nous avons des imitations extrêmement dégénérées du type de Louis le Débonnaire.

Il y a plus de vingt ans, on a trouvé à Coudres (canton de Saint-André-la-Marche, département de l'Eure), avec des deniers de Charles le Simple frappés à Chinon, un certain nombre de deniers au temple sur quelques-uns desquels on lit : VLODVVICI SIT, VLOGVIHNIHI, VLODVIHWRH, VVICVICIS RE. Une de ces pièces porte une croix cantonnée de deux points dans deux cantons et de deux groupes de trois points dans les deux autres. Je comparais deux de ces deniers à celui que Lelewel attribue à Udalric, évéque d’Augsbourg (923-9738), un contempo- rain de Louis d’Outre-Mer (Num. du moyen âge, t Il, vations sur les faits bistoriques de 942 & 946 présentées par Depping, Hist.

des ezpéd. magis. des Normands, édit. de 1844, p. 304 à 315. 1869. 2. 6

82 MEMOIRES

p. 142). Coudres n'est qu'à 22 kilomètres d’Evreux, et il est bien permis de considérer les deniers au temple qui y ont été recueillis comme formant avec ceux qui viennent d'être retrouvés près de l'abbaye de Saint-Taurin un même groupe normand appartenant au milieu du x’ siècle '.

On n'oubliera pas que le denier de Richard 1°" au type du temple porte une croix cantonnée de quatre groupes de trois points *.

J'ai parlé à diverses reprises du type de Guillaume Longue Épée, c’est-à-dire de -celui qui se trouve sur le denier avec les légendes VVILELMVS,—ROTOMALS que j'ai publié dans la Revue en 1843 (pl. V, 1), alors que cette pièce, conservée au Cabinet des médailles, était en- core coinplète. M. Poey d'Avant, qui en a donné un dessin défectueux, la classe à Guillaume d’Hyémes (lisez d’Exmes) ‘, fils naturel de Richard I‘, qui, en $97, ayant fait cause commune avec les Francs de la frontière, fut fait prisonnier et fut incarcéré dans la tour de Rouen ‘.

1 Voy. Not, des monn. franç. de la collect, Rousseau, 1847, p. 138,139 et 207.

2 Rec. num., 1843, pl. V, 2 —Le type du temple et de la croix cantonnée du groupe de trois points s'étend très-loin, au milieu du siècle, Voir la monnaie de Boleslas J, duc de Bohême, frappée à Prague (938.967), publiée par M. Cappe, Mittheilungen der num. Gesellschaft in Berlin, cahier, 1850, pl. V, 12. On ne peut réellement se faire une juste idée de l'influence du siècle sur le style des monnaies qu’en comparant des monuments appartenant à divers points de l’Europe.

* Exmes (Oximus) dans l'évêché de Séez et chef-lieu de canton du dépar- tement de l'Orne; Uismes dans le Roman de Row (vers 6123).

4 Ce qu'on sait de la rébellion de Guillaume se trouve résumé dans ces vers

de Wace : La guerre ama e paiz hui, A cels des marches s’alia, Li homes Richart guerréia E meintes feiz le manaca.

. Roman de Row; vers 6132 et shiv , édit. Pluquet, 1827, t. I, p. Sie.

ET DISSERTATIONS. 83

Mais ce Guillaume ne s'était pas fait proclamer duc de Normandie, mais il n’a jarnais en aucun droit sur Rouen, et quoique M. Poey d'Avant considère la légende ROTOMALS comme représentant la Normandie tout entière, je me garderai bien de me rendre à son avis. D'ailleurs le type du denier de Guillaume est celui des East Angles de la fin du 1x* siècle, Eadmund, Ethelstan et Æthelward (855 à 895); on conçoit qu'il fut usité en Normandie au commen- cement du siècle. M. Poeÿ croyait avoir trouvé un ar- gument dans la citation de deniers de Richard I* avec le monogramme de Charles, lesquels auraient constitué le premier type normand. Mais au milieu du siècle le mo- nastére d' York plaçait le monogramme de Charles sur ses monpaies, et quant aux deniers avec ce même monogramme attribués à Richard I‘, je dois dire que ce sont des pièces plus que suspectes. Bien avant qu’on eût tiré de leur type des conséquences numismatiques, j'avais dissuadé M. Bar- thélemy Lecarpentier de les faire entrer dans sa belle col- lection.

Maintenant tenons compte de la nouvelle découverte d'Évreux. Louis d'Outre-Mer mourut quarante-trois ans avant la défection de Guillaume, comte d’Exmes, évére- ment que précéda de dix ans la mort de Louis V. Si les pièces de Rouen au nom de Louis, qui ne sont certainement pas émises par Louis VI, présentent, ainsi que cela semble probable, une légende commençant par un V ou un VV à limitation des monnaies au nom de VVILELMVS, ces der- niéres doivent avoir été fabriquées avant 942, ce qui, du reste, s accorde bien avec la fabrique et le style de l’exem- plaire appartenant au Cabinet des médailles. Placer cette pièce en la seconde année du règne de Robert, fils de Hugues Capet, me paraît chose impossible. D'un autre

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côté, on ne pourra admettre que les deniers offrant avec le nom de Louis tous les caractères du style carlovingien, aient été émis au temps du comte d'Exmes, après 997, et avec l'intention de rappeler le type d'un seigneur vaincu par son suzerain et enfermé dans la tour de Rouen. D’ail- leurs les deniers de la trouvaille pèsent en moyenne 45,35 ', ce qui est inférieur à la moyenne des deniers de Charles le Simple et conforme à celle du deuxième type de Raoul, par conséquent tout à fait convenable pour des monnaies frappées sous Louis d'Outre-Mer.

J'ai autrefuis refusé d'attribuer à ce prince les beaux de- niers à la légende MARSALLO VICO et METTIS CIVITAS qui lui avaient été accordés sans aucune apparence de raison. Le poids moyen de ces pièces est de 15,60, et quelques- unes d’entre elles montent à 45,70 et 18,75. Je les ai don- nées au roi de Lorraine, Louis de Saxe (876-882). Le grand trésor de Glisy, près Amiens, contenait un de ces deniers frappé à Marsal, et l'on sait que le dépôt était composé de monnaies de Charles le Chauve et de Louis le Bègue (877- 879). C'était déjà une première confirmation. La décou- verte de Saint-Taurin d’Evreux, en nous montrant une certaine masse de monnaies de Louis d'Outre-Mer, permet d'établir une comparaison qui m'autorise à persévérer dans l'opinion que j'ai adoptée en 1847 *. Je demande pardon au lecteur de revenir sur ce point avec insistance ; mais, après une trés-longue étude des monuments carlovingiens, il m’est permis de parler avec quelque connaissance de cause, et jose aflirmer qu il est impossible de confondre

1 J’ai déjà dit que le poids d'un certain nombre de ces deniers se trouve augmenté par le sulfure; la moyenne de 16,35 est donc évidemment un peu supérieure au poids normal.

2 Notice de la collection Rousseau, p. 229, 565 et 566.

ET DISSERTATIONS. 85

les deniers que j'attribue à Louis de Saxe avec des mon- naies du milieu du siècle. Si l’on veut voir un bel et bon échantillon de la monnaie de Louis d'Outre-Mer, on le trouvera dans le denier de Toulouse de la collection Dassy dont notre Revue a publié la gravure (1868, pl. XIX, 27). Or, en faisant la part de l'influence provinciale, on ne pourra méconnaitre la liaison qui existe entre le denier toulousain (942) et ceux qui, fort peu de temps après, ont été émis à Rouen.

D'un autre côté, les deniers et oboles avec les légendes VLODVVICI,—VVLOCVICI et le type du temple, renouvelés sous Louis d'Outre-Mer en raison même du nom de ce prince, auront préparer l'émission des deniers de Ri- chard qui portent le même type. Il me semble que la trou- vaille d’Evreux, qui nous fait entrevoir bien des faits nu- mismatiques, est digne de la plus grande attention.

ADR. DE LONGPÉRIER.

86 MEMOIRES

ESSAI SUR L’HISTOIRE MONÉTAIRE DES COMTES DE FLANDRE DE LA MAISON D'AUTRICHE ET CLASSEMENT DE LEURS MONNAIES.

(1482 1556. )

Dans un précédent Essai sur l'histoire monétaire des comtes de Flandre de la maison de Bourgogne’, j'ai pris en quelque sorte l'engagement de soumettre aux lecteurs de la Revue, la suite de ce travail, concernant la maison d’Au- triche. C'est cet engagement que je viens remplir aujour- d’hui. Des circonstances indépendantes de ma volonté m'ont empêché de donner plus tôt le résultat de mes re- cherches, qui ont du reste été assez longues. De même que pour le travail précédent, M. Dewismes a mis à ma dispo- sition sa riche collection, et en me permettant de prendre mes dessins sur les beaux exemplaires qu’il possède, il m'a donné la possibilité d'achever ce que j'avais entrepris. Je n’eusse certainement pu espérer rencontrer ailleurs une

1 Revue num., 1861, p. 106 et suiv., p. 211 et suiv., p. 458 et suiv. : #bid., 1362, p. 117 et suiv., p. 351 et suiv., p. 460 et suiv.

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ET DISSERTATIONS. 87

réunion aussi compléte de piéces de premier choix, jointe à une obligeance aussi parfaite, Je le prie de recevoir ici l'expression de ma gratitude.

PHILIPPE-LE-Beau (1482-1506).

Peu d’époques, dans l’histoire monétaire des comtes de . Flandre, présentent une aussi grande variété de types que celle du règne de Philippe-le-Beau. Les troubles auxquels donnèrent lieu sa longue minorité, et les révoltes des Fla- mands contre son père, Maximilien, au sujet de la tutelle, viennent donner un intérêt tout particulier à cette période, chaque parti crut devoir signaler son autorité passa- gère par l'émission de monnaies. L'histoire monétaire de cette époque est donc le reflet exact des passions politiques qui l’agitèrent. Le classement de ces monnaies n’est pas toujours facile, aussi, croyons-nous qu'il est indispensable de faire précéder cet essai d’un résumé historique des événements ,

A la- mort de Marie de Bourgogne, Maximilien voulut s'emparer de la tutelle de ses enfants et du gouvernement du pays. Cependant les stipulations de l'acte du 18 août 4h77, dressé sous la surveillance jalouse des Flamands, étaient formelles. Après la mort d’un des époux, toute l’au- torité devait passer aux enfants, sans que le survivant pat prétendre au moindre partage de cette autorité. Le 8 avril 4482, les États de Flandre s’assemblent à Bruges pour s’oc- cuper des affaires publiques. Maximilien, voulant obtenir ~ la tutelle de ses enfants, fit des promesses et des conces-

1 Ce résumé est extrait de l’excellente Histoire de Flandre de M. Kervyn de Lettenhove,

88 MEMOIRES

sions; et en effet, le 8 mai suivant, les Etats lui recon- naissaient le titre de bail et mainbour, mais à la condition que la Flandre « serait gouvernée soubz le nom de mon- « seigneur Philippe, par l’advis de ceux de son sang et de « son conseil estans et ordonnez de lez luy. »

Après la conclusion du traité d’Arras le 10 janvier 1482 (v. st.), Philippe-le-Beau avait été inauguré, à Gand, comte de Flandre; et aussitét aprés les Etats avaient con- stitué le gouvernement par le choix de quatre conseillers qui devaient le diriger au nom du jeune prince, tant que durerait sa minorité. Maximilien n’osa pas s’y opposer, et lorsqu'il dut se rendre au siége d'Utrecht, ce ne fut qu'a- près avoir conclu avec les seigneurs de Beveren, de la Gru- thuise et Jean de Witte, bourgmestre de Bruges, un ac- cord par lequel il confirmait, moyennant une pension de 2h,000 écus, l'autorité déférée aux conseillers par les États (5 juin 1483).

Après la capitulation d’Utrecht, Maximilien déclara qu’il révoquait les pouvoirs donnés précédemment. Les con- seillers de Philippe protestèrent le 15 octobre 1483 et déniérent à l’archiduc d’Autriche tout droit de mainbour- nie, et l’accusérent d'avoir pris illégalement le titre et les armes du comté de Flandre. Le 28 octobre suivant, Maxi- milien répondit par un mémoire à cette protestation, en retournant les accusations contre ses adversaires. Je ne suivrai pas ces contestations dans tous leurs détails, ils sont inutiles pour l’objet que j'ai en vue. Constatons seule- ment que Bruges et Gand, siéges des deux ateliers moné- taires de la Flandre, restaient aux mains des communes qui ne reconnaissaient pas l'autorité de l'archiduc. Le

4 C'était le titre que prenait Maximilien, ou plutôt qu’on lui donnait.

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ET DISSERTATIONS. 89

49 mai 1484, le grand Bâtard de Bourgogne vint à Bruges, chargé par le roi Charles VIII de tâcher de rétablir la paix.

Cependant ni les négociations niles conférences ne purent aboutir. Maximilien répétait qu'il saurait bien, malgré les rebelles de Gand, recouvrer la tutelle de son fils, et il ne resta aux communes flamandes qu’à s'assurer l’al- liance du roi de France, ce qui eut lieu par le traité signé le 25 octobre 1484. .

Les hostilités commencèrent de part et d'autre. Maxi- milien, pour obtenir la neutralité de ceux de Bruges et du Franc (il n’en voulait alors qu’à Gand), négocia avec les échevins un traité l'on inséra la condition que tout se ferait au nom de Philippe-le-Beau et que lui, Maximilien, se- rait tenu de jurer d'entretenir, garder et observer les droits, prééminence et seigneurie de Monseigneur le duc Phi- lippe. |

Après la retraite du seigneur de Crévecceur qui, envoyé à Gand par Charles VIII et appelé par les habitants, s’était vu forcé de quitter cette ville en butte aux hostilités sourdes provenant de l’antipathie des Gantois contre les Français, Maximilien rentre à Bruges le 24 juin 1485 et se fait reconnaître comme mainbour. Le traité définitif avec les Gantois et autres révoltés fut passé le 28 du même mois. Maximilien y était aussi reconnu comme mainbour de la personne de son fils et du comté de Flandre :.

À peine la paix faite que les troubles éclatent de nou- veau à Gand par la maladresse de Maximilien, qui intro- : duit dans la ville plus de soldats qu'il n'était convenu.

1 Maximilien déclare dans ce traité qu’il recoit en grâce les habitants de la Flandre, voulant mettre ainsi fin aux troubles qui, à propos de la main- bournie, désolaient le pays depuis la mort de Marie de Bourgogne.

90 MÉMOIRES

Cependant l’archiduc d'Autriche s'était fait élire roi des Romains à Francfort, le 16 février 1485 (v. st.). Espérant que ce nouveau titre lui rendrait l'appui de l'Empire, i reprend les hostilités avec la France. Après avoir remporté quelques succès, il se trouve obligé de se retirer en im- plorant le secours des villes de ses États.

Eo 4487, Maximilien, qui avait épuisé son trésor pour faire triompher la cause du prétendant d'Angleterre, mis en avant par Marguerite d'York (Lambert Simnel), se re- tire en Brabant. Non content d’altérer les monnaies’, il écrit aux États de Flandre pour réclamer des subsides. Les États refusent de contrevenir au traité d’Arras et de faire la guerre à la France. Bientôt après, les discussions avec les Gantois se renouvellent. 1ls se révoltent ouvertement, marchant contre Anvers, Courtrai et Bruxelles. Ils s'em- parent de Courtrai le 9 janvier 4487 (v. st.). Pendant ce temps Maximilien était à Bruges, essayant encore de trai- ter avec les révoltés. Le 24 janvier, ses députés revien- pent et apportent les griefs des habitants de Gand. Le roi des Romains refuse d’y satisfaire, et enfermé dans Bruges, il tâche d'en faire approcher une armée pour marcher contre les Flamands. Mais ses intentions, découvertes par les Brugeois, achévent de les indisposer contre lui, et peu de temps après, Maximilien se voit retenu prisonnier dans Bruges. Le 5 février, le Craenenburg lui est assigné pour résidence. Les Brugeols se réunissent aux Gantois et le feu de la révolte se répand de nouveau dans toutes les

- Flandres. En se révoltant ouvertement contre le roi des Romains

1 En exhaussant leur valeur, comme nous le verrons plus loin, et non en changeant le titre.

ET DISSERTATIONS. 91

et avant de s'emparer de l'autorité souveraine, les Fla- mands avaient eu soin de s'assurer l'appui du suzerain du pays. Sur leur demande, dès le 17 janvier, Charles VIII avait autorisé le magistrat de Gand à battre monnaie d'or et d'argent, au nom de Philippe-le-Beau. La charte fut pu- bliée à Bruges le 13 février suivant, ainsi que d'autres concernant le maintien des droits de suzeraineté du roi de France, et le soutien des communes flamandes.

À la suite de ces circonstances, une autre résidence avait été assignée à Maximilien. En s’y rendant, après avoir harangué les métiers réunis sur la place, il put entendre, ajoute l'historien que nous analysons, « les acclamations du peuple auquel les magistrats faisaient faire, en signe d’allégresse, une distribution de la nouvelle monnaie d’ar- gent portant les mots: æqua libertas Deo grata.»

Cependant Maximilien négociait toujours avec les ré- voltés et leur renouvelait ses promesses. L'assemblée des Etats généraux de toutes les provinces est convoquée a Gand le 9 avril 1488, et dans cette réunion, on finit par conclure un traité au terme duquel le roi des Romains re- nonce à être mainbour du comté de Flandre et consent à ce que ledit comté, pendant la minorité de son fils, soit régi et gouverné sous son nom, par l'avis et le consente- ment des trois États du pays*. Il renonceen même temps à porter les armes et le titre de comte de Flandre (16 mai 4488). Maximilien jura, sur la place du marché, l’obser- vation dudit traité, ajoutant que dans le cas il l’en-

1 En considération de cette renonciation, les trois membres de Flandre payeront annuellement au roi des Romains, pendant la minorité de l’archiduc, 1000 livres de gros à 40 gros la livre annuellement; de son côté, le roi des Romains renonce à tous les arriérés d'anciens subsides ou aides qui lui seraient fus.

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freindrait, il déchargeait ceux de Flandre du serment qu’ils lui avaient fait comme mainbour.

L’archiduc sortit de Bruges le cœur ulcéré. Les humilia- tions que lui avaient fait subir les révoltés n'étaient pas de nature à rendre stable la paix qu'ils lui avaient imposée. Aussi trois jours après, le 19 mai, il fait connaître, par un manifeste aux provinces flamandes, qu'il était résolu à ne pas tenir les conditions de ladite paix’. Philippe de Clèves, qui figurait parmi les otages donnés par Maximi- lien pour le maintien du traité, proteste contre sa dé- loyauté. Philippe de Bourgogne, site de Beveren, et le sire de Chantereine suivent son exemple, et le parti des com- munes de Flandre se reconstitue. Maximilien invoque le secours de l’empereur ; mais celui-ci étant obligé de s'é- loigner et Charles VIII soutenant les communes flamandes, il se trouve forcé de se retirer en Zélande au commence- ment d'août.

Il est inutile, pour le sujet que nous avons en vue, de suivre toutes les péripéties de cette guerre que Maximilien ne soutint que grâce au secours de l'Angleterre. Un pre- mier succès pour lui fut le traité de Francfort (19 juillet 4489) par lequel il se réconciliait avec le roi de France. En même temps, le roi des Romains était réintégré comme mainbour de Flandre; les magistrats des villes de Gand, Bruges et Ypres devaient aller lui demander pardon,

1 11 faut bien peu connaître le cœur humain pour s'étonner du manque de foi de Maximilien. Abreuvé d’humiliations comme il l'avait été, il devait briler de se venger. Aussi ne nous expliquons-nous pas que M. C. À. Ser- rure trouve ce fait extraordinaire, Tout en blamant le roi des Romains, dont nous reconnaissons que la conduite était peu loyale, nous sommes forcé de ne pas nous en étonner, Voir, au surplus, l’article précité de M. Serrure, intitulé : Beknopte scheis eener geschiedenis van het muniicezen in Vlaenderen, pu- blié dans le Studenten-Almanak de Gund, année 1855. |

ET DISSERTATIONS. 93

vêtus de noir. Une somme de 50,000 livres tournois lui serait payée pour congédier les soldats allemands.

Les difficultés recommencèrent pour le payement de cette amende. Philippe de Cléves s était retiré au château de l’Écluse, en hostilité avec Maximilien. Ypres se soumit d’abord ; Gand vint ensuite, puis Bruges, contraint de céder devant la famine, les communications étant interceptées par le comte de Nassau. La soumission de Gand ne fut que momentanée ; bientôt de nouveaux désordres y éclatent. Maximilien obtient de nouveau l'appui de l'Angleterre. Les Flamands espéraient celui de la France, mais Charles VIII, occupé de mener à bonne fin son mariage avec Anne de Bretagne, ne donne point le secours promis, et les révol- tés se trouvent réduits a leurs propres forces. Enfin, le parti de la paix l'emporte, et les principaux opposants périssent par la main du bourreau (16 juin 1492). Le 29 juillet suivant les Gantois se décident à traiter.

Philippe de Cléves seul ne se soumettait pas. Renfermé dans le château de l’Écluse, il représentait que Maximilien lui avait fait jurer que s'il violait la paix, lui, Philippe, devait soutenir les Flamands, et qu'il croyait avoir rempli son serment. Le siége fut mis devant l’Écluse, et le feu ayant pris aux poudres des assiégés, Philippe fut obligé de capituler, et obtint une paix honorable. |

Par cette capitulation, les troubles de Flandre étaient terminés, et le roi des Romains était enfin en paisible pos- session du titre qu'il avait tant ambitionné, celui de main- bour du pays de Flandre, qu'il gouverna au nom de son fils. Il n’en jouit pas longtemps; car, le 26 décembre 1494, Philippe-le-Beau, âgé de seize ans, fut reconnu majeur, et prit le gouvernement du comté. Il épousa Jeanne d’A- ragon, héritière de Castille, le 18 octobre 1496. |

94 MÉMOIRES

Le reflet des cvénements que nous venons de rappeler se reconnaît sur les monnaies émises par les divers partis qui se trouvèrent successivement au pouvoir, mais qui adininistraient tous au nom de Philippe-le-Beau, le véri- table souverain de la Flandre. Les deux périodes distinctes auxquelles se rapportent ces monnaies peuvent être étu- diées séparément. J'ai cru devoir en conséquence effectuer la division dans le travail qui va suivre.

PH:LIPPE-LE-BEAU; MINORITÉ (1482-1494).

Contrairement à l'opinion des auteurs qui ont écrit avant moi, et notamment de M. J. Rouyer', je pense qu'après la mort de Marie de Bourgogne, Maximilien fit frapper des monnaies tant en son nom qu'au nom de son fils. Remar- quons en effet que le 3 mai 1482, les Etats de Flandre le reconnaissaient pour bail et mainbour, et que cela dura jusque vers le milieu de 1483, il dénia l'autorité com- mise par lesdits Etats aux membres du conseil de tutelle établi par eux. Pendant cette période, il put facilement user des droits souverains que lui donnait cette qualité, tout en cherchant à sortir du cercle restreint dans lequel la jalousie des Flamands l'avait renfermé. Quelles étaient ces monnaies? Une pièce du 40 juillet 4482 * va nous aider à les trouver. Gette pièce est un ordre des trois membres de Flandre, assemblés à Gand, au maître particulier de la monnaie, Colart Bunqueteur, fils de Marc, contenant que contrairement aux prescriptions de l'instruction du 5 dé-

1 Recherches sur la numismatique du comté de Flandre, considérée dans les Monnaies noires, par M; J. Rouyer, Revue numismatique, années 1848 et 1849.

? En flamand, au registre aux mémoires côté M 24, fol. 97 (Chambre des comptes de Lille ).

ET DISSERTATIONS. 95

cembre 1480, touchant le droit de seigneurage par marc d'argent, lequel était de 7 gros 6 mites, ledit droit ne de- vait plus étre désormais que 3 gros 6 mites '; le surplus de A gros étant réservé pour étre donné aux marchands, afin, y est-il dit, qu’ils soient plus attachés au profit du seigneur, et engagés à porter leurs matières d'argent à la monnaie qui en manquait, de manière que le bail commencé puisse être tenu en état conformément aux leltres et aux instruc- tions précitées. I] en résulte que l'instruction de 1480 con- tinua à être en vigueur. Nous devons donc retrouver la même série de pièces que sous Marie de Bourgogne ?,

Les mêmes types furent-ils conservés ? La chose n'était pas indispensable, puisqu'il fallait graver de nouveaux coins. Bien que la série relative au Brabant nous montre un gros à |'M avec la date de 1482, et la légende : Moneta archiducum, etc., je pense que Maximilien évita de faire la même chose pour la Flandre, il avait éprouvé des difficultés qu'il n'avait pas rencontrées dans le sein des autres États relativement à sa désignation comme bail et mainbour. Les gros à l’M, frappés pour la Flandre, portant en légende Mazimilianus et Philippus, ne peuvent, par conséquent, suivant moi, être attribués à cette première période. Je crois donc qu’il faut admettre que le père de Philippe-le-Beau écarta en cette circonstance tout ce qui aurait été de nature à élever dès le principe un conflit qu’il avait intérêt à éviter, La légende générale, Moneta archi-

1 Cette réduction est faite dans le coiupte du maître particulier, du 18 juillet 1482 au 17 mars 1483 (v. st.).

? Voici la série des dernières monnaies de Marie de Bourgogne : Florin d'or ét demi-florin au Saint-André; double patard d’argent aux deux lions assis; patard ou double gros au lion tenant un écu; gros à 1’M; demi-gros 4 PM; gigot ou quart de gros au même type; courte ou double mite.

96 MEMOIRES

ducum, elc., ne contenant aucuue indication personnelle lui parut vraisemblablement la plus propre à empêcher tout conflit sous ce rapport.

Nous ne possédons pas toutes les monnaies frappées dans cette période. Le compte du maitre particulier cité ci- dessus, ne mentionne pas d'ailleurs le demi-florin, le demi et le quart de gros, qui n'ont par conséquent pas été frappés; mais le floria d'or au Saint-André, qui l’a été, n'a pas encore été retrouvé.

Le bail de la monnaie accordé à Nicolas le Bunqueteur' en 1480, expirait le 5 décembre 1483. Il fut prorogé de trois mois, sur l'avis du conseil de régence, qui était alors rep- tré dans la plénitude des attributions souveraines que lui avaient conférées les États de Flandre. C'est ce que nous fait connaître une note indiquant que l'ouverture des boîtes, qui devait avoir lieu le 5 décembre, serait égale- ment prorogée.

A l'expiration de ce nouveau délai, nous trouvons une instruction, en date du 4 avril 1484 après Pâques, donnée par le grand conseil de régence, résidant à Gand *. Elle contient les dispositions suivantes :

Le maitre particulier fera faire le florin de Flandre de la manière qu'on le fit dernièrement à Gand, à 19 carats, nobles Henricus d'Angleterre comptés pour fin, alliés de A carats d'argent, et À carat de cuivre, de 72 de taille au marc de Troyes, au remède d'un grain et demi en aloi et

1 Le même que Culart Bunqueteur cité plus haut.

? La commission de maître particulier donnée, au nom de Phiiippe d’Au- triche, duc de Bourgogne, comte de Flandre, etc., à maître Jean Clays, en remplacement de Nicolas le Bunqueteur, démissionnaire par suite d’expira- tion de bail, est du 28 avril 1484. L’instruction est rédigée en flamand; je n’en donne qu'une traduction.

ET DISSERTATIONS. 97 d'un demi-noble en poids par marc d'œuvre. Lesdits deniers seront ouvrés beaux et ronds et d’égale taille, en sorte que le plus léger ne pèsera pas un asquin moins que le poids, et que le plus fort ne pésera pas plus d’un asquin au delà dudit poids, au remède de trois forts et trois fai- bles, lesdits trois faibles pesant trois huitièmes de freling de moins, et lesdits trois forts, trois huitièmes de freling de plus, sans autre remède. Le prix du marc d’or à donner au marchand sera 88 1. 5s. de gros, et celui du marc d’aloi 5 1. 44s. de gros. Le droit de seigneurage est 28 gros 18 mites par marc. Ledit florin courra pour 5 sous de gros.

- 2°Le maître fera ouvrer un denier d’argentappelé double patard à 10 deniers argent le roi, et de 80en taille au marc, au remède d'un grain en aloi et d'un demi-denier en poids sur chaque marc d'œuvre; il les fera faire beaux, ronds et de méme taille, en sorte que le plus fort ne pése pas plus d'un huitième de ferlinc plus gue le poids nor- mal, et que le plus faible ne soit pas de la méme quantité inférieur audit poids, au reméde de quatre forts et quatre faibles, en sorte que les quatre forts peuvent avoir un demi- ferlinc plus que le poids, et les quatre faibles, un demi- ferlinc en moins. Il payera au marchand 38 s. 9 d. de gros de chaque marc d'argent. Le double patard courra pour 5 gros. |

Un autre denier d'argent sera fait à 5 deniers ar- gent le roi, et de 80 en taille au marc, les remèdes en poids et en aloi étant les mêmes que pour les précédents. Le marchand recevra 38 s. 4 d. de gros par marc. Ce denier, appelé simple patard, vaudra 2 gros 12 mites.

he Le gros de Flandre sera à 3 deniers trois grains ar- gent le roi et de 134 en taille au marc. Le maître pourra prendre de remède un grain en aloi, et deux desdits deniers

1869, 2. 7

#8 MÉMOIRES en poids par marc d'œuvre. La tolérance sera de un quart de ferline au-dessus ou au-dessous du poids normal pour chaque pièce, mais seulement au remède de six forts et de six faibles, qui ne devront pas peser les premiers plus d'un ferline et demi en plus, et les seconds plus d'un ferline et demi en moins. De chaque marc argent le roi, le maître fera 2 1.1 s. 11 deniers gros de ladite monnaie.

L'on fera aussi un denier de 12 mites à 2 deniers 46 grains argent le roi et de 220 en taille au marc, aux re- mèdes de un grain en aloi et de 5 deniers en poids par chaque marc d'œuvre. Dans un marc argent le roi on fabriquera 2 1. 2 s. 4 d. 12 mites gros desdits de- niers.

Un denier valant 6 mites sera forgé également. Il sera à À denier 48 grains argent le roi, et de 306 au marc, au remède d’un grain en aloi et de dix desdits deniers en poids par marc d'œuvre. D'un marc argent le roi on fabri- quera 2 1. 3 s. 8 d. 15 mites gros en deniers de six mites.

Le maître fera faire un denier noir valant quatre mi- tes, qui tiendra dix grains argent le roi, et sera de 438 de taille au marc. Il pourra prendre de remède un grain en aloi, et 8 deniers en poids. De chaque marc argent le roi, il fera en deniers de quatre mites 55 s, 2 d. 9 mites gros.

Le denier noir, appelé courte et valant 2 mites, tiendra six grains argent le roi, et sera de 186 au marc, au reméde de un grain en aloi et de douze desdits deniers en poids par marc d'œuvre.

ge Enfin l’on émettra aussi un denier noir valant une mite tenant 4 grains argent le roi et de 308 au marc, au remède d’un grain en aloi et de seize desdits deniers en

oo . _ c ~ _ —_ a ——

ET DISSERTATIONS. 99

poids. De chaque marc argent le roi, on fera en mites 3 |. 47 s. gros.

Le prix du marc d'argent pour toutes les monnaies à partir du gros est fixé à 38 s. 4 d.

Le maitre sera tenu de payer au comte de Flandre tous les remèdes qu’il aura pris en poids et en aloi, et de lui donner pour droit de seigneurage, par chaque marc d'ar- gent monnayé, 4 gros une mite et demie.

Pour la premiére fois, nous rem?rquons la fixation de la proportion qui devait exister entre le nombre des monnaies de chaque espéce émises par le maitre particulier. Cette précaution était prise afin que le menu peuple se trouvât suf- fisamment fourni de la petite monnaie, et aussi afin qu'on n’en délivrât pas une trop grande quantité à la fois. “Cette jroportion est la suivante : Pour 100 marcs de patards, on fera 50 marcs de gros; 10 marcs d'argent seront employés en deniers de 12 mites, et 5 marcs en deniers de 6 mites, jusqu'à ce qu'il en soit ordonné autrement.

Le conseil de régence, dans cette instruction, conti- nuait le système monétaire en usage. Cependant quelques mod.fications se font jour. Elles sont pourtant plus appa- rentes que réelles pour la plupart des monnaies. Ainsi la pièce de 12 mites n’est autre que le demi-gros et celle de 5 mites que le quart de gros; mais la véritable innovation est la pièce de 4 mites, que l’on -n’avait pas encore vue et qui fait ici son apparition dans le système flamand. Nous la retrouverons fréquemment plus tard.

Sur les monnaies de cette émission, nous devons nous atiendre à retrouver la trace des préoccupations politiques. Le nom de Philippe-le-Beau apparaît seul ; c’était lui qui, aux yeux des populations, était le véritable souverain de la Flandre. Mais, coutrairement à l'opinion des auteurs qui

100 MÉMOIRES

n'ont précédé, je pense que les seigneurs qui compo- saient le conseil de régence durent conserver à ce prince, sur les monnaies, son titre d’archiduc, qu’on retrouve dans les titres écrits et sur les pièces émises, même au moment le plus fort de la révolte par les communes flamandes. Nous verrons d'ailleurs plus loin, à la description des mon- naies qui nous sont parvenues, quelles sont les pièces que je crois pouvoir attribuer à cette période.

Un peu plus d’un an après la rédaction de l'instruction précédente, le conseil de régence était renversé, et Maxi- milien était reconnu par le traité du 28 juin 4485 main- bour de la personne de son fils et du comté de Flandre. Un des premiers actes de l’archiduc fut de transporter à Brugé l'atelier monétaire de Gand. Une lettre du 8 août de cette année, adresse aux gens de la chambre des comptes, leur enjoignait de faire porter 4 Bruges toutes les ‘choses appartenant à la monnaie de Gand et de les déli- vrer à Pieter de Waelhem, maître particulier, afin qu'il pôt travailler immédiatement. Les monnaies à forger se- raient conformes à celles renseignées dans les instructions données pour Malines et la Hollande. On devait y faire des doubles et simples patards, et des quarts de patards aux armes du prince *. La chambre des comptes devait pour- voir provisoirement à la nomination des autres officiers de ladite monnaie.

A cette lettre était jointe, ainsi qu'il était annoncé, la copie de l'instruction servant à Ja monnaie de Malines. J'en

1 Voy. M. Rouyer, op. cit.

? Le maitre particulier étant du Brabant, l’archiduc lui accorde de dé- poser sa caution entre les mains des gens des comptes de Bruxelles. Les let- tres de caution sont du 12 août 1485 : elles sont pour la somme de 600 livres de gros.

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et

ET DISSERTATIONS. 404

reproduis ci-après les articles concernant Ja fabrication des espèces !.

« Premièrement est ordonné par mondit seigneur estre « fait ung denier à dix deniers argent le roy, de six solz « huit deniers de taille au marc de Troyes, qui aura cours « pour six gros de Flandres au reméde de ung grain en « alloy et de ung demi diceulx deniers en poix sur le marc « deuvre. Lesquelz deniers il fera ouvrer beaulx et ronds « de bon recours, cest assavoir que le plus foible sera tail- « lié à ung quart de fellin près du droit, et le plus fort à « un quart de fellin plus fort que le droit, au reméde de « quatre fors et de quatre foibles, qui pourront estre plus « foibles, lesdis quatre foibles ung fellin et non plus et « lesdis quatre fors ung fellin, sans quelconque autre re- « méde de fort ne de foible, de quoy lon donra aux mar- « chands du marc dargent le Roy quarante-cinq solz gros, « dont mondit seigneur prendra pour son seigneuraige, « vingt-quatre groz, ledit denier compté pour six gros, de « chacun marc argent le Roy.

« Item, ung autre denier à cing deniers argent le roy, de « six solz huit diceulx deniers de taille audit marc de « Troyes, qui aura cours pour trois gros de Flandres au re- | « méde de ung grain en aloy et de ung demy diceulx deniers « en poix sur chacun marc deuvre. Lesquelz deniers il fera « ouvrer beaulx et ronds et taillier de bon recours, cest as- « savoir que le foible sera taillié & ung quart de fellin prés « du droit et le plus fort sera taillié à ung quart de felin « plus fort que le droit, au reméde de quatre fors et de « quatre foibles comme devant. De quoy lon donra aux

3 L’instruction est donnée au nom de Munsetgneur le duc d’Austrice, de Bourgoingne, du Brabant, etc., et elle est signée Mazimilianus.

402 MEMOIRES

« marchans de chascnn marc argent leroy quarante- quatre « solz six deniers gros, et mondit seigneur prendra pour « son droit de scigneuraige vingt-quatre gros comme des- « sus de chascun marc argent le roy. »

« Et si est encore ordonné par mondit seigneur estre fait «ung aultre denier à quatre deniers argent le roy, ayant «cours pour uog gros et demy flandres, de dix solz unze «deniers au marc de taille, au reméde dung grain en aloy a et de deux diceulx deniers en poix sur chascun marc « deuvre; lequel denier il fera ouvrer bel et rond et tail- a lier de bon recours, cest assavoir que le plus foible sera « taillié à ung quart de fellin près du droit, et le plus fort « sera taillié à ung quart de fellin plus fort que le droit, « au remède de six fors et de six foibles, qui pourront « estre plus foibles, les six foibles, ung fellin et demy et « non plus et lesdis six fors ung fellin et demy sans quel- « conque autre remède de fort ne de foible ; et donra ledit « maitre au marchant du marc argent le roy, quarante « quatre solz six deniers, et mondit seigneur aura pour «son seigneuraige de chacun marc argent le roy comme « des autres deux parties, assavoir vingt-quatre gros. »

Les monnaies qui ont été frappées en vertu de cette ins- truction me paraissent devoir être celles au type du vier- lander avec la légende Moneta archiducum, etc. Au reste le compte du maître particulier nous apprend qu'on ne forgea que les pièces de six gros et d’un gros et demi. Un fait qui frappe en lisant la pièce précédente, c'est l’augmenta- tion énorme de valeur attribuée aux espèces. Elles sont d'un aloi et quelquefois d'un poids inférieur à celles de Charles-le-Téméraire, et cependant elles sont évaluées un tiers en sus.

Peu de temps après la translation de l'atelier monétaire

= - Le | 7 7 ° em un

ET DISSERTATIONS, 403

a Bruges, le 6 novembre de Ja méme année, parut une or- donnance au nom des archiducs, fixant la valeur des mon- naies ayant cours, et devant n'avoir d'effet qu'à partir du 2h décembre suivant’. Elle prohibe complétement les flo- -rins d Utrecht, le postulat de Liége, ainsi que les monnaies blanches de ces deux villes.. Elle ajoute, en ce qui concerne les deniers d'argent que l'on fabriquait alors, qu'ils cesse- ront d'être forgés à partir de la veille de Noël. A cette époque, on reprendra la fabrication des florins à la croix de Saint-André, «de mesnic pois et alloy que par cy de- «vant ils ont esté forgiez, » des doubles et simples pa- tards et des gros aux lions. Les marchands devaient rece- voir, pour les matières d'or et d'argent, le prix fixé par les ordonnances, lorsque le florin fut évalué à cinq sous de gros, les doubles patards à deux lions, à cinq gros, le simple à deux gros et demi et le gros à l'avenant.

Cette ordonnance vient à l'appui de ce que j'ai dit ci- dessus, des types adoptés à la suite du transfert de l’ate- lier monétaire à Bruges, puisqu'on y mentionne que les nouvelles monnaies devront être au type du lion, comme celle de la princesse Marie et les dernières de Charles-le- Téméraire. Une autre conséquence à tirer, c'est qu'une

1 Les monnaies flamandes sont évaluées ainsi qu'il suit, savoir : Parmi les monnaies d’or, le florin à la croix de Saint-André, 5s, de gros; les lyons, 7 8.6 d, ; les Ryders, 6 8. 4.; les nobles de Flandre, 128.; et, parmi les mon- naies d'argent, les doubles patards Philippus et Karolus, 5 gros et demi; les simples, 2 gros 18 mites; les doubles patards Karolus et Maria, 5 gros; les simples, 2 gros et demi ; et tous les gros faits alors devront coriserver la va- leur d’un gros. L'augmentation de valeur se fait surtout remarquer, ainsi qu’on le voit, sur les monnaics d’argent supérieures au gros.

Il est prescrit aussi aux changeurs d’avoir une cisaille sur leur banc, ex-

posée publiquement, afin de couper immédiatement les pièces reconnues pour billon qui leur seraient présentées.

404 MÉMOIRES

partie des monnaies avec la légende Moneta archidu- cum, etc., doit être attribuée à cette époque. Peut-être doit - on lui donner surtout celles les noms de Maximilien et Philippe sont inscrits.

L'émission de ces monnaies dut être trés-courte; Maxi- milien ayant été élu roi des Romains le 16 février 4485 (v. st.), il devait avoir hâte de faire figurer ce nouveau titre sur son numéraire. Aussi trouvons-nous, à la date du 21 du méme mois, une instruction relative à la fabrication des monnaies pendant l'année 1486 *, dont voici les prin- cipaux passages :

« Premièrement les maîtres particuliers de la monnoie « feront ouvrer les flourins de Buurgoingoe, tel que parci- « devant, en la manière quy sensuit : assavoir à xIx caras « noble d'Engleterre Hendricus comptéz pour fin, alyéz de a quatre. caras dargent fin et ung carat de cuivre, de six solz « au marc de taille, dont lesguille est alyé au mesme aloy, « au remède d'un grain et demy en aloy, et demy esterlin «en poiz sur chascun marc deuvre; lesquelz deniers ilz « feront ouvrer beaux et ronds et tailliéz de bon recours, « cest assavoir que le plus feble sera taillié à ung asquin « près du droit, et le plus fort à un asquin plus fort que « le droit, au remède de trois fors et de trois febles, lesdis « trois febles à trois vin de ferlin et les trois fors à trois « viu* de ferlin, sans quelconques autres remede de fors « ne de febles. »

« Item, lesdis maistres donront aux marchans de leur « marc dor, tel que dessus, uu'* vi! v* dempiranche,

1 L’instruction avait été rédigée dans la Chambre des monnaies à Bruges, par Gérard Loyet, maître général de toutes les monnaies, et Philippe Van den Berghe, maître général de celles de Flandre. Les maitres particuliers

étaient Pietre de Waelhem et Mahieu de Tilli.

ET DISSERTATIONS. 105

« et si leur donront de chascun marc daloy v' xx1111° dicte « monnoiye dempiranche. »

Les maîtres payeront au profit du comte tous les remèdes qu’ils auront pris en poids et en aloi, et 2 sous A deniers 48 mites gros pour droit de seigneurage.

a Item, lesdis maîtres feront ouvrer un denier blanc « nommé double patart, à dix deniers argent le roi, et de « six solz vid. au marc de taille, au remède d’un grain « en aloy et dun demy diceulx deniers en poiz sur le marc « deuvre, lequel denier ils feront ouvrer bel et rond et « taillié de bon recours, cest assavoir que le plus feble « sera taillié à ung huytiesme de ferlin, près du droit, et « le plus fort à un huitiesme de ferlin plus fort que le « droit, au remède de quatre fors et quatre febles qui pour- « ront estre plus febles lesdits quatre febles demy ferlin a et non plus, et lesdis quatre fours demy ferlin, sans quel- « concque autre remède de fort ne de feble, et donront « lesdis maistres aux marchans de leur marc dargent le « roi, XXVIL solz 1x d. gros à compter ledit denier pour « CINnCq gros. »

« Item, lesdis maistres feront ouvrer ung denier blanc « nommé patart à cincq deniers argent le roi et de vi solz « Vili d. au marc de taille, au remède d’un grain en aloy «et d’un demy diceulx deniers en poix pour le marc « deuvre, lequel denier sera ouvré bel et rond et taillié de « bon recours.» Le reste est exactement la même chose que pour le double patard, mais le prix du marc d'argent à donner aux marchands serait 38 s. 4 d. de gros. Le dit de- nier devant courir pour deux gros et demi.

« Item, lesdis maistres feront ouvrer ung autre denier « blanc nommé gros, à trois deniers quatre grains de loy « argent le roy, et de dix solz x1 d. au marc de taille au

4068 MÉMOIRES

« remède d'un grain en aloy et deux diceulx demesne « poiz sur chacun marc deuvre, lequel denier 11 feront « « vrer bel et rond et taillié de bon recours, cest assavot « que le plus feble sera taillié à ung quart de ferlin prs « du droit et le plus fort sera taillié à ung quart ferlp « plus fort que le droit, au remède de six fors et dest « febles, qui pourront estre plus febles lesdis six febles a ung ferlin et demy et non plus, et lesdis six fors um aferlin et demy, sans quelconcques autre remède 2 «de fors ne de febles, et donront lesdis maistres au « marchans de leur marc d'argent le roy Je prix qu « dessus, »

a Item, lesdis maistres feront ouvrer ung autre denier « blanc nommé demy gros à deux deniers xvi graius de loy « argent le roy, et dix huyt solz six deniers de taille pour « chacun marc, au remède dun grain en aloy et de but « diceulx deniers en poiz sur chacun marc deuvre, lequel « denier il feront ouvrer bel et rond et taillier de bon re- « cours, cest assavoir que le plus fèble sera taillié à ung « quart de ferlin près du droit, et le plus fort sera taillié à « ung quart de ferlin plus fort que le droit, au remède de «huyt fors et de huyt fèbles, qui pourront estre plus u febles, lesdits huyt fébles demy esterlin, sans quelqu « autre remède, et donront lesdis maistres aux marchans, a dun marc dargent le roy, au pris que dessus. »

« Item, les maistres feront ouvrer ung autre denier blanc a nommé gigot à ung denier xx greins de loy argent le «roy et de xxvi solz de taille au marc, au remède dun « grein en aloy et de dix diceulx deniers en poiz, lequel « denier ilz feront ouvrer bel et rond et donront aux « marchans de leurs marcs dargent le roy, le prix que « dessus. » |

ET DISSERTATIONS. 407

« Item, lesdis maistres feront ouvrer ung denier noir en « valeur de quatre mittes de Flandres, à dix greins de loy « argent le roy et de x1 solz v deniers de taille pour cha- « cun marc deuvre, au remède d'un grain en aloy et de « huyt diceulx deniers en poiz; lequel denier ilz feront « ouvrer bel et rond et taillier de bon recours, et donront « aux marchans, de leur marc dargent le roy, le pris « comme dessus. »

« Item, lesdis maistres feront ouvrer ung denier noir en « valeur de deux mittes de Flandres, à six grains de loy, « et de xvi solz deux deniers de taille au marc, en reméde « dun grain en aloy et de x1 diceulx deniers en poiz, lequel « denier ilz feront ouvrer bel et rond et taillier de bon re- « cours; il donront aux marchans de leurs marcs dargent « le roy, le pris comme dessus. »

Les maîtres doivent payer au comte tous les remèdes qu’ils prendront en poids et en aloi, et 5 gros 6 mites par marc d'argent monnayé pour droit de seigneurage.

Les monnaies émises en vertu de cette instruction sont estimées moins haut que dans celle du 8 août 1485, et ce- pendant l’aloi et la taille sont les mêmes. Nonobstant cette réduction dans leur évaluation, le roi de France Charles VIII, par ses lettres en date du 26 mars 1486 (v. st.), juge con- venable de décrier certaines monnaies blanches appelées Mazximiens, faites en Flandre par le duc Maximilien d Au- triche pour six deniers parisis, tandis qu'elles n’en valent que trois. Il ordonne en conséquence de les cisailler et de les porter aux hôtels de monnaies. Il est évident que cette mesure était prise dans des vues hostiles à l’archiduc, au moment ses démélés avec les communes flamandes, bien

qu'apaisés momentanément, n'étaient pas complétement

408 MEMOIRES

terminés. Pour être rationnelle, la même prohibition eut comprendre les anciens deniers de Flandre, dont la va- leur avait été si fortement élevée par l'ordonnance de 1485 et non pas seulement jes nouvelles monnaies.

La fabrication de ces dernières ne fut du reste pas de longue durée. Le 20 avril 1487, Maximilien rend une or- donnance, tant en son nom qu'en celui de Philippe-le-Beau, par laquelle il prescrit la mise en circulation de tout un nouveau système de monnaies. Rompant franchement avec le passé, il crée non-seulement de nouveaux types, mais encore assigne aux dites monnaies des valeurs compléte- ment en désaccord avec celles en usage, en conservant toutefois l’unité monétaire de Flandre, le gros. C’est à cette ordonnance que nous devons, en fait de monnaies d’or, le * grand réal d’Autriche, magnifique pièce, l’on sent déjà le faire des artistes de la renaissance, et parmi les mon- paies d'argent, le grand réal d'argent, le double et le simple griffon, dont le type et les légendes sont si singu- liers. L'instruction délivrée au maître particulier le 4 mai suivant, et que je transcris textuellement, nous fera con- paître plus en détail les monnaies dont il s’agit ‘.

« Premièrement, le maistre particulier fera forgier un de- « nier à xx karas dor fin appelé Réal, qui aura cours « pour xx1v réaulx dargent, telz que le Roy nostre sire fera

1 Cette instruction reproduit la description des pièces insérée dans l'or- donnance précitée. L’intitulé porte qu’elle est délivrée au maître particulier de la monnaie de Flandre. Le bail fut passé pour trois ans en faveur de Ber- nard Warneveke. Mais il paraît probable qu'il jugea convenable de ne pas le garder, car nous trouvons, par une autre mention, que le maître parti- culier fut Ambroise Diergarde, et que la fabrication des monnaies avait lieu à Bruges. Ce maître particulier prête serment le 3 mai 1487, et fournit une

caution de 200 livres de gros.

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ET DISSERTATIONS. 409

« présentement forgier, lequel réal dor fin à ce pris se fera « à lavenant du double patart, icellui compté pour v gros « et demy, et (vaudra?) mx vi patars de deux gros, mon- « noye de Flandre, et tiendra xxiv karas dor fin, au re- « mède de deux grains dor fin sur chacun marc deuvre, et « par ainsi sera ledit réal aussi bon que ung noble dor « Henricus, forgié en Engleterre, et en poix xvi diceulx « deniers au marc de Troyes, au reméde dun demy ester- « linc sur le marc dor; lequel denier ledit maistre fera a ouvrer bel et rond et de bon poix, et pourra avoir ung « légier et ung fort sur chacun marc, assavoir que le lé- « gier pourra peser un aeskin prés du droit et ung fort « ung aeskin plus fort que le droit, sans aucun aultre re- « méde en poix ne en aloy. » « Item, ledit maistre fera forgier ung autre denier de fin « or appellé noble de Bourgoingne, qui aura cours pour « douze réaulx dargent monnoye dite et tiendra xxiv karas « dor, au remède de deux grains comme dessus et de xxx1v « deniers en taille au marc, au reméde dun demy esterlin « sur le marc deuvre. Lequel denier il fera faire bel et « rond et de bon poix, et pourra avoir de remède deux « fors et deux foibles sur chacun marc; assavoir que cha- « cun fort pourra peser ung aeskin plus fort que le droit, « et le plus foible ung aeskin prés du droit, sans aucun « autre remède nen poix nen aloy. » « Item, ledit maistre fera ouvrer ung autre denier dor « appelé florin de Bourgoingue dor fin, qui aura cours pour « six réaulx dargent, monnoye dessusdite, à xxIv karas, au « remède de deux grains comme dessus, et de v* vin“ de « taille au marc de Troyes, au remède dun demy esterlin sur « le marc deuvre, lequel denier il fera ouvrer bel et rond et « de bon pois au remède de trois fors et de trois foibles,

110 MÉMOIRES

a assavoir que chacun fort pourra peser ung aeskin plus « fort que le droit et le légier à ang aeskin près du droit, « Sans autre remède en poix ne en aloy. » « Item, ledit maistre donnera aux marchands et chan- « geurs de chacun marc dor fin à xxiv karas, Lx vir livres « YIS. vid. dempirance chacun desdits florins comptés « pour une livre dempirance revalué chacun florin à vir. s. « 1x. den. monnoye de Flandres, et rabatra ledit maistre aux « marchans sur chacun marc de Nobles Henricus, Salus, « Ducas, florins de Hongerie, riders et semblables deniers « VIS, viii d. dempirance, ainsi demeure pour seignouraige «et ouvraige xi. s. 1. d. dempirance. » « Item, ledit maistre donra aux marchans et chan- « geurs de chacun marc daloy, m livres dempirance net, a car en ce est rabatu le sallaire que ledit maistre doit avoir « pour son droit de cyinentaige. » « Ledit maistre fera forgier ung denier dargent fin ap- « pellé Réal dargent, dont les xxiv vauldront ung réal dor, « et seront à onze deniers quatre grains dargent fin en aloy «et de xxxv deniers en taille au marc de Troyes, à deux « grains de reméde en aloy et de ung estrelin en pois sur « chacun marc deuvre ; lequel denier il fera forgier bel et « rond et de bon poix, au reméde de deux fors et de deux « foibles, assavoir que chacun fort pourra peser ung deus- « kin plus fort que le droit et les foibles chacun ung « deuskin prés du droit, sans autre reméde nen poix nen « aloy. n « Item, ledit maistre fera forgier ung autre denier dargent « fin appellé Double Griffon dont les xtvm« vauldront ung « réal dor, et seront à onze deniers 1111 grains dargent finen « aloy et de v. s. x. d. en taille au marc de Troyes à deux

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ET DISSERTATIONS. ALA

« grains de reméde en aloy, et dun demi diceulx deniers en « taille sur chacun marc deuvre; lequel denier il fera faire « bel et rond et de bon poix, au remède de trois fors et de « trois foibles sur chacun marc deuvre, assavoir chacun « des foibles à ung deuskin près du droit et les trois fors à « ung deuskin plus fort que le droit, sans autre reméde en « poix nen aloy. » :

« Item, ledit maistre fera forgier ung autre denier dar- « gent fin appellé sengle Griffon, dont les 1111** et xvi vaul- « dront ung réal dor et seront 4x1. d. ust gr. dargent et de « XI. s. vit. d. de taille au marc de Troyes, lequel denier « il fera faire bel et rond et de bon poix, et pourra avoir de « remède vi fors et six foibles sur chacun marc deuvre, a assavoir que chacun fort pourra peser a ung deuskin « plus fort que le droit, et chacun foible ung deuskin près « du droit, sans autre reméde en poix nen aloy. »

« Item, ledit maistre fera forgier un autre denier dur, « dont les six vauldront ung sengle griffon à deux deniers « douze grains daloy dargent fin, et de xvi. s. vi. d. de « taille au marc de Troyes à deux gr. fin de remède en «aloy et de vii diceulx deniers de taille au marc de « Troyes (sic), lequel denier il fera faire bel et rond et de «bon poix, et pourra avoir de remède huit fors et huit «foibles sur chacun marc deuvre, assavoir que chacun «fort pourra peser à ung deuskin plus fort que le droit, et « chacun foible à un deuskin près du droit, sans autre « remède en poix ne en aloy. »

« Item, ledit maître fera encore forgier ung autre denier « dur dont les douze vauldront ung sengle griffon, et sera «al. d. xu.'gr. en aloy dargent fin et de xxx. s. Iv. d. « de taille au marc de Troyes, à 11 gr. fin de remède en aloy «et de douze diceulx deniers en poix sur le marc deuvre,

112 MÉMOIRES

« lequel denier il fera faire bel et rond et de poix égal, « sans prendre aucun autre remède en poix ne en aloy. »

« Item, ledit maître fera ouvrer ung autre denier dur « dont les xx1v vauldront ung sengle griffon etseront à ung « denier douze grains dargent fin et de xt. 8. de taille au « marc de Troyes, à deux grains de remède en aloy et de « xvi diceulx deniers en pois sur chacun marc deuvre, le- « quel denier il fera faire bel et rond et de bon poix et « égal sans prendre aucun autre remède en poix ne en «aloy. »

Le prix du marc d'argent fin à donner aux marchands est fixé à 44 simples griffons et demi, ce qui équivaut à 46. 1. 8. d. de gros’.

Cette instruction renferme en outre quelques prescrip- tions qui sont la reproduction de celles contenues dans l'ordonnance du 20 avril 1487 qui l’a précédée, et que je crois également utile de faire connaître. La première est relative à la proportion qui doit exister entre le nombre des diverses monnaies émises par l'atelier de Bruges. « Le-

1 Voici encore quelques autres mesures comprises dans l'instruction :

« Item, toute dure matière au dessoubz de vid. daloy dargent fin qui sera « délivré à la monnoye sera convertie en telz deniers que la matière le re- « querra, et se lon avoit a faire de plus petits deniers ledit maistre en fera « par l'ordonnance du gouverneur et généraulx maistre, gardes et contre- « gardes. »

Quant sux bas billons qui seront apportés, si les marchands veulent être payés en deniers d'argent fin, ils donneront pour affinage, savoir : de l'argent à 6 deniers, 6 gros du marc; à 7 deniers, 5 gros; à 8 deniers, 4 gros; à 9 de- niers, 3 gros, et rien de l’argent à 10 deniers.

Les remèdes en poids et en sloi seront au profit du roi sans que le mattre puisse y rien prétendre.

Le fnaître ne pourra fermer la monnaie faute d’ouvrage; mais il devra tou- jours y maintenir le nombre de personnes suffisant pour recevoir les matières qu’on y apporterait. |

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ET DISSERTATIONS. 413

« dit maistre sera tenu de faire forgier de chacun vingt « marcs dor, ung marc de royaulx dor et deux marcs de « nobles de Bourgoingne et les autres dix-sept marcs en « fin florins de Bourgoingne, se ce n’estoit que par lesdits «gouverneurs et généraulx maistres lui fut ordonné « de forgier plus desdits royaulx ou nobles, pour la com- « modité et à la requeste desdits marchans, ce qui en ace cas il pourra faire... . ..,...,...... ess ee + es Item, Gra faire de chacun cent marc ‘a dargent, qui lui seront délivrés, dix marcs de royaulx, « vingt marcs de doubles griffons et les autres soixante dix « marcs en sengles griffons se ce nestoit que par les gou- « verneurs et généraulx maistres, lui fust ordonné de for- « gier plus desdis grands deniers pour la commodité et « requeste desdits marchans, ce que en ce cas il pourra « faire. » Le roi des Romains ordonne aussi, pour parer aux fraudes que commettent les maîtres particuliers, que désormais la ferme des monnaies se baillera au plus offrant et dernier enchérisseur, et que, dans je cas l’on recon- naitrait qu’il y a eu des fraudes commises, le maître par- ticulier sera puni par la confiscalion de son corps pour en faire la justice du chaudron.

L’ordonnance évalue aussi les monnaies dont le cours est autorisé en Flandre. Cette évaluation, faite en gros, n'étant pas donnée par l'instruction ci-dessus, pour les nouvelles monnaies, je crois utile de la transcrire :

«. . . Le royal d’or à cent quaire vingt six patars qui « revient à trente et 1 solz gros, monnoye de Flandres; le « noble de Bourgoingne à quatre vingt treize patars valant « dix-sept sols neuf deniers gros. . . . . les florins à la « croix de Saint-Andrieu, à trente-trois patars . . . . le « réal d'argent à quinze gros et demy, les doubles griffons

1869, 2. 8

414 MEMULRES

« à sept gros dix huit mittes, le sengle griffon, trois gros « vingt et une mittes, le petit dur denier appelé le denier « du roy, dont les six vauldront ung sengle griffon, les de- « miz deniers du roy, dont les douze vauldront ung sengle « griffon, et le quart dont les vingt quatre vaudront ung ssengle griffon, . . . . »

Ladite ordonnance ajoute que les deniers d’or ayant cours seront reçus quand ils auront leur poids et non au- trement. La valeur des monnaies anciennes inférieures au gros, et des monnaies noires forgées dans les quatre mon- naies des Etats des archiducs, devaient conserver lear an- cienne valeur.

Louis Deschamps DE Pas.

(Sera continué.)

ET DISSERTATIONS. , 445

EXAMEN DE DIVERSES MONNAIES ITALIENNES

ATTRIBUEES

A MADEMOISELLE DE MONTPENSIER.

Dans son ouvrage intitulé Monnaies féodales de France, M. Poey d'Avant, qui n’admet pas ordinairement la des- cription des monnaies étrangères imitées des pièces fran- çaises, a fait cependant de rares exceptions pour quelques deniers romains et pour la série des douzièmes d’écu ou oftavetti copiés en Italie d'après ceux qu'avait fait fabriquer à Trévoux Mademoiselle de Montpensier, fille de Gaston d'Orléans. Nous ne discuterons pas cette fantaisie, mais nous ferons remarquer qu'outre les luigini donnés comme étant émis par des ateliers étrangers (n°* 5254 à5267), cet auteur introduit dans son catalogue une vingtaine de pièces qui ne représentent pas réellement la princesse de Dombes, comme sa classification donnerait lieu de le croire, et comme il le dit d'ailleurs en propres termes.

Il est quelques-unes de ces monnaies dont l’origine est

1 Voy. t. IIL, pl. CXXXIX, 1 à 6, les deniers romains frappés à l’imi- tation de la monnaie provinoise. D’autres monnaies imitant les deniers de Bretagne, de Bourgogne, etc., et fahriqués dans l'Europe septentrionale, ont été passées sous silence. Elles mériteraient cependant une mention, car la barbarie de leurs légendes embarrasse quelquefois les collectionneurs, et tout le monde ne sait pas le secret de leur origine.

116 | MÉMOIRES

sans doute encore difficile à déterminer; mais ce n’est pas une raison pour les faire entrer dans la série française, et, de plus, il serait bon de les publier d’une façon plus correcte, ou de fournir au lecteur quelques explications qui ne lui seraient pas inutiles.

Prenons, par exemple, les 5248 et 5249.

ARETH.PROL.AILANTI (sic). Buste de femme, à droite.

®. HESPERIDVM DECVS. Écu couronné, chargé de trois tiges d’oranger simulant des fleurs de lis. Dans le champ, 1668. Douziéme d’écu. Collection Morin-Pons (aujourd'hui médaillier de la ville de Lyon).

Variété avec PRO.ATLANT. Douziéme d’écu. Col- lection Nogent Saint-Laurent.

« Que dire, ajoute M. Poey d'Avant, de ces singulières pièces dont les légendes bizarres sont quelquefois intra- duisibles ? » (T. III, p. 414.)

Nous ignorons, à la vérité, quelles sont spécialement les monnaies qui ont inspiré cette opinion à l’auteur des Monnaies féodales. La façon dont les légendes de quel- ques-unes sont transcrites par lui pouvait contribuer à faire naître certaines difficultés; mais encore n'y a-t-il pas un obstacle bien sérieux.

Quant aux deux pièces de 5 sols après la description des- quelles M. Poey d'Avant a inséré sa remarque ou sa ques- tion, leur légende n’est pas fort embarrassante.

Si, par exemple, on consent à lire avec nous : Arethusa proles Atlantis, Hesperidum decus, il sera facile de faire accorder ce texte si clair et si court avec le type composé de trois tiges d'oranger.

Aréthuse est une des nymphes Hespérides. Fille d’ Atlas et de sa nièce Hespéris, fille d’Hespérus, elle était une

ET DISSERTATIONS. 417

des sept sœurs dont Diodore de Sicile a dit: « Elles fu- rent appelées Atlantides à cause de leur père, et Hespé- rides à cause de leur mère, && ard pèv tod natpd¢ Athaveldac, xd & cig untpds Horapidac dvoprzebiva:*. » Diodore ne nomme pas Aréthuse, il est vrai, dans ce passage; mais cette nymphe est citée par Apollodore *. Le xvii‘ siècle savait parfaitement tout cela *.

Nous n'avons pas besoin de rappeler que, comme tout beau verger africain, le jardin des Hespérides renfermait de superbes orangers dont Hercule déroba les pommes d’or. À ces fruits célèbres s'appliquent encore ces mots : HESPERIDVM DECVS. Mais les jardins des Alpes-Mari- times et de la Ligurie sont aussi trés-fournis d’orangers, et c'est dans cette contrée que nous pouvons chercher l’origine de lAréthuse représentée sur les pièces de 5 sols‘. Mademoiselle de Montpensier n'a rien à pré- tendre en cette affaire.

Les légendes LILIA SPINAS QVIS DICET (n° 5245) et IN SPINES (sic) CERVLEA FLORENT (n° 5237) rappellent Maria Maddalena Malaspina, femme du marquis de Fos- dinovo. Comment est-il possible que uous trouvions les monnaies qui les portent parmi celles de Trévoux ?

Nous savons, du reste, par un document publié en 1859 dans un ouvrage de M. Agostino Olivieri, que la légende

1 Diod. Sic., lib. II, c. zx, 2, et lib. IV, ce. xxwvas, 1, 2.

2 Bibliotheca, lib. II, v, 11, édit. de Westermann, 1843, p. 60.

3 Lorsqu'on veut se faire une idée des ressources que le public avait à cette époque pour connaître les particularités de la mythologie, même sans faire des recherches dans les auteurs originaux, il faut lire les ouvrages de Noël Conti (Natalis Comes), et de Bachet de Meziriac qui étaient alors dans toutes les mains,

* Au xvil* siècle, les familles italiennes faisaient encore usage d’une foule de noms antiques, tels que Polyxène, Zénobie, Artémise, Livie, etc.

118 MÉMOIRES

SIMVL TVTANTVR ET ORNANT (Poey d'Avant, 5236) était attribuée à l'atelier de Torriglia par ordre d’Yolande Lomellina, princesse Doria, tout comme la légende SANCTAE SIT TRIAD] LAVS devait être adoptée par l'a- telier de Loano *.

Un ottavetto de Jean André Doria (1665) porte au revers DEVS PROTECTOR MEVS; un autre d’Yolande Lomellina (1666), PVLCHRA VIRTVTIS IMAGO du côté de la téte; alors donc que nous trouvons au milieu des monnaies attribuées à Mademoiselle, une pièce de même valeur offrant les lé- gendes HÆC EST PALANTIS IMAG et DEVS MEVS ET REDEMPTOR, 1668, nous voyons bien qu'il s'agit encore d’un produit de quelque zecca italienne, d’autant plus que la lettre C placée sous l’écu ne saurait être prise pour le différent de l’atelier de Trévoux ; mais conviendrait fort bien, tout comme la date, à celui de Campi dans le val de la Trebbia *.

Sous le 5267, l’auteur des Monnaies féodales décrit la pièce que voici :

IVL.M.S.R.I.PRINC.SOVV.DOM. Tête de femme.

à. MELLIBAT.EX.LILIIS. Écu couronné, 4669. Dou- zième d'écu. Pl. CXIX, 10. « À qui appartient ce douzième d’écu (ajoute M. Poey d'Avant) dont la légende semble indiquer un prince allemand? » (P. 417.)

Mellibat est un mot latin que M. Poey d'Avant paraît avoir rangé, non sans raison, parmi les intraduisibles. Il

1 Monete medaglie e sigilli dei principi Doria, p. 66 et 73; documents datés de.1665 et 1666.

2 Agost. Olivieri, Monete ¢ sigilli dei principi Centurioni-Scotti, Gènes, 1862, p. 2l et suiv. A la page 27, M. Olivieri déclare qu’il n’avait pu retrouver quel _ était le type des otfaretti fahriqnés à Campi par Joan et Laurent Massaure, d'Avignon.

ET DISSERTATIONS. 419

était cependant parfaitement libre de couper la légende comme bon lui semblait, puisqu'elle ne contient pas les points qu'il y a introduits tout à fait arbitrairement. Mel libat ex liliis paraîtra probablement plus facile à com- prendre. Quant au prince allemand, on se demande par suite de quelle préoccupation il a pu être amené dans cette série monétaire tout à fait italo-française.

Il est impossible de ne pas rapprocher la légende que porte le luigino qui vient d’être cité de celle qui entoure, sur de belles pièces d'or et d’argent, les bustes de Jean Baptiste I Centurione, marquis de Campi, et de sa femme Julie Spinola (1668), 10. BAPT. CENTVRIO. ET.IVL.M.MAR. CAMP.ET.SAC.ROM.IMP.PRINCIPES, et il devient alors aisé de lire sur la pièce de 5 sols: Iulia marchionisa, sacri romani imperû princeps, sovvrana domina. Je ne puis pas demander au lecteur de me croire sur parole si je lui dis que cette transcription m'avait été suggérée par la premiére lecture que jai faite du trés-bon mémoire de M. Ag. Olivieri, intitulé : Monete, sigilli dei principi Cen- turioni-Scotti, Génes, 1862 ; mais je suis heureux de pou- voir indiquer l’explication fournie par le même savant, deux ans plus tard, en 4864, dans la Rivista della numis- matica, p. 59. Peu importe que mes notes soient restées, avec beaucoup d’autres, dans mes cartons; l'essentiel est que la vérité apparaisse. La transcription que j'ai donnée diffère à peine, du reste, de celle qu’a imprimée M. Oli- vieri. J'ai écrit marchionisa et non Maria parce que ce dernier nom ne figure pas dans les tables généaologiques publiées par M. Olivieri lui-même, et j'ai complété SOVV. DOM., mots qui certainement ont été tracés pour imiter le titre de souveraine de Dombes, mais qui ont un sens ita- lien, qui ne peuvent pas avoir été gravés pour n’étre pas

4,20 MEMOIRES

lus. Je ne sais pourquoi M. Olivieri les abandonne. En parlant des luigini d’' Yolande Lomellina, princesse Doria, il refuse à deux reprises différentes d’expliquer une légende qui n’offre pourtant rien d’extraordinaire.

DON. VI.LO.PRINCI.S.VED.D. ( Donna Violante Lomel- lina, principessa sovrana, vedova Doria). « Cet S., disait- il en 1859, n'a pas de sens et n'admet pas d'explica- tion’. » « Légende en grande partie inexplicable,» ajoute- t-il en 1864 *, André III Doria, mort en 1654, avait épousé Yolande Lomellina en 1652, et l’ottavetto porte la date de 1665. Ce titre de sovrana faisait partie de limitation des pièces de 5 sols de Mademoiselle. M. Poey d'Avant, qui a reproduit la monnaie d’ Yolande d'après M. Olivieri, n’a pas pu combler la petite lacune dont s'est effrayé son prédécesseur. Ce même numismatiste a cru devoir donner dans ses Monnaies féodales de France la description des ottavetii de Fosdinovo ; mais il s’est borné à copier le tra- vail de M. Mantellier, et il a négligé de consulter Viani (Memorie della famiglia Cybo e delle monete di Massa di Lunigiana, 1808, in-h°), ce qui l'a privé de connaître la variété la plus importante, le luigino à la légende M.MAD. MAL.MAR.SOVV.DI.FOSD., 1667 ( Maria Maddalena Ma- laspina marchesana sovurana di Fosdinovo) (tab. XIV, 4), pièce dont la légende est décisive. Il en existe an bon exemplaire au Cabinet des médailles de la Biblio- thèque impériale °. |

1 Monete, etc., dei principt Doria, p. 36. 2 Rivista della numismatica, Asti, 1864, t. 1, p. 59,

3 Cette dame était marquise de Ponsanello et de Marciaso (MARCHION. PONSAN.ET.MARC.), et non pas de Ponzano et de Montemarcello, Voir à ce sujet les observations de M. A. Remedi, dans le Bullettino di numismatica

italiana, anno II, 1867, p. 4.

ET DISSERTATIONS. 494

Sous le 5231, M. Poey d'Avant donne la description suivante :

AN.MA.LIV.COM.PALAT.SOVV.DOM. Tête à droite.

_ À. DNS.ILLVMINAT.ET.SALVS.MEA. Écu couronné, 4658 ; à l'exergue, A. Collection Norblin. (PI. CXVIIT, 43.)

Si l'on recourt à la planche indiquée, on trouve MAR. LIV.COMPA.LAT.SOW.DOM. Ainsi, d’abord, la planche et la description ne sont pas conformes, Mais M. Poey d’ Avant renvoie à la monographie de M. Mantellier à laquelle il paraît avoir emprunté son dessin, Or, à l’endroit cité, dans la pl. XI, 3, de ce dernier ouvrage, on trouve un luigino portant MAR.LIV.COM.PA. LAT.SOW.DOM. La leçon AN.MA.LIV. est donc purement imaginaire, et nous n’a- vons pas à nous en occuper. M. Poey d Avant repousse la traduction Marie Louise Julienne, comtesse palatine, pro- posée par M. Mantellier; mais il croit que «le mot LIV. n’est pas autre chose que le nom de Louise» (p. 412), et {a encore il se trompe tout à fait. Comment n'a-t-il pas été mis sur la voie par la légende de l'oftavetto qu'il dé- crit sous le 5234 ?

LIV.MA.PRI.SP.COM.T.SOW.DOM (1666), évidemment Livia marchionisa, princeps Spinula, comitissa Tassaroli, sovvrana domina.

Philippe, fils de Maximilien Spinola et d’Yolande Spi- nola, en 1606, inscrit au livre d’or en 1628, mort en 1688, avait épousé Livia Centurione Oltramarini, fille d'Adam Centurione. Il était comte de Tassarolo, et nous connaissons la monnaie qu'il frappait à son propre nom en cette qualité. Le T inscrit au-dessous de l’écu sur la pièce de la collection Morin est l'indice de Tassarolo.

L’ ottavetto ou luigino de 1658 porte la légende Marchio- nisa Livia, comitissa palatina, sovvrana domina. Cela est

122 MÉMOIRES

fort naturel, puisque sur sa monnaie de 1637 Philippe, époux de Livie, prend le titre de comte palatin : PHILIPPVS. SP.D.G.COM.PAL; de même que sur ses belles monnaies de 1606 Agostino Spinola est nommé : AVGVS.SPIN.COM. PALATINVS, et sur une pièce d’or de 1642 : AVGustinus SPi- nula, COMes PALatinus Sacri Romani Imperii '. On doit se garder de confondre ces comtes palatins d'Italie avec les électeurs de la Pfalz du Rhin. Il n’y a ni intention iro- nique, ni allusion à des projets de mariage de Mademoi- selle de Montpensier avec un palatin de Neubourg. I faut bien se dire, une fois pour toutes, que ces légendes : Hanc Asia mircem querit. De procul pretium ejus. Partes voluptali orientalium dicatz, etc. , se rapportent uniquement à l'engouement que les ottavetti avaient fait naître en Orient, et au commerce considérable qni s'en suivait. Il n'y a rien de satirique à y chercher.

On pourrait peut-être, si l’on savait définitivement dans quel atelier a été fabriquée la pièce 5240, trouver dans la légende HÆC EST PALANTIS IMAGo, non pas seulement le nom de Pallas, mais une allusion au titre de palatine. Vers le milieu du xvii‘ siècle une nasale s’est introduite dans ce dernier mot, et l’on a écrit conte palentin et pallentin *. Nous ne savons si cette singulière orthographe fut adoptée en Italie, et nous n’insistons pas sur ce sujet. Palantis de 1668 n’est peut-être qu'une imitation de Virtutis de 1666. L’enchevétrement de copies produit par la fabrication des otlavetti doit toujours être pris en considération.

1 Agostino Olivieri, Monete ¢ medaglie degli Spinola, Gênes, 1860, pl. V, 5; pl. IV, 2, 3; pl. II, n™ 2, 4,

2 Voir à ce sujet le Journal de Jean Bauchez, greffier de Plappeville (1551- 1651), publié par MM. Ch. Abel et E, de Bouteiiler, Metz, 1868, p. 1, 278 279, |

ET DISSERTATIONS. 423

Sous les n** 5238 et 5246, M. Poey d'Avant classe, tou- jours parmi les monnaies portant l’efligie de Mademoiselle, deux pièces de 5 sols au revers desquelles on lit BONITATIS. VNC.QVATVOR et BONITATIS VNCIARVM.QVINQ, c’est-a- dire accusant un titre de quatre et de cing douzièmes d’ar- gent fin. Or c’est de la fausse monnaie s'il en fut jamais, et la responsabilité d’une pareille fabrication doit être laissée tout entière aux copistes sans vergogne qui contre- faisaient les monnaies françaises en dehors de nos fron- tières. L'attribution de ces pièces à l'atelier de Trévoux pourrait donner lieu à des assertions calomnieuses. Nous ne devons pas oublier que nous préparons des documents pour les historiens.

Enfin, sous les n°’ 5262 et 5265, l’auteur des Monnaies féodales a reproduit les fautes d’impressions échappées à M. Mantellier décrivant deux luigini de Fosdinovo, à savoir: M.MADAL.MAI (au lieu de MAL qu'offre bien réellement la pièce de la Bibliothèque impériale), et MARC.FOSD., leçon à laquelle M. Poey d'Avant croyait si bien, qu'au numéro suivant (5266) il indique une variété avec MARCH, appar- tenant au Musée de Saint-Omer. M. Poey d'Avant, censé avoir étudié attentivement notre collection publique, et attester l'existence de tel ou tel monument relevé par lui, n’a fait, en somme, que compiler les ouvrages de ses de- vanciers, et il ne faudrait pas s'appuyer sur son témoi- gnage pour réclamer des monnaies qui n’ont jamais existé. J'en conclus que tout son chapitre sur la numismatique de Mademoiselle de Montpensier est à refaire d’un bout à l'autre.

AD. DE LONGPERIER.

Se cm. que made que we - enue

42h MEMOIRES

LETTRE A M. ADRIEN DE LONGPERIER

SUR

LES MONNAIES DE L'ABBAYE DE DISENTIS

DANS LE CANION DES GRISONS EN SUISSE.

Monsieur, la découverte d’une monnaie inédite, surtout lorsqu'elle émane d'un prince dont aucun monument nu- mismatique n'était connu jusqu'alors, est toujours un petit événement qui fait époque dans nos études. Une trouvaille faite aux environs de Mayence, il y a quelques années, mais qui malheureusement, comme cela arrive presque toujours, est tombée entre les mains d'un marchand qui en a dispersé les pièces, contenait une monnaie du plus haut intérêt pour Ja numismatique du canton dont je m'occupe spécialement depuis plusieurs années. Cette nouvelle acquisition m'a engagé à passer en revue tout ce que nous possédons pour Disentis, localité à laquelle elle appartient. La rareté des monnaies de cette abbaye, et l'importance qu'il y a à com-

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pléter la liste des personnages qui ont joui du droit de battre monnaie, me font supposer que le sujet, quoique étranger à la France, ne manquera pas cependant d’inté- resser les numismatistes de votre pays. Si je ne me suis pas trompé à cet égard, je vous prie, monsieur, de vouloir bien faire à mon petit travail l'honneur de l'insérer dans votre Revue.

Commençons par un apérçu succinct de l’histoire des origines de l’abbaye. Les historiens en font remonter la fondation au commencement du vil* siècle de l’ère chré- _ tienne, et l’attribuent à Sigebert, missionnaire irlandais, venu du monastère de Bangor’, l'abbé Camogall avait attiré trois mille moines, dont l’un, nommé Luanus, fonda à lui seul ceut autres monastères”.

Vers la fin du vi* siècle, Columbanus le jeune quitta le monastère de Bangor, et se rendit sur le continent avec douze disciples et compagnons au nombre desquels se trou- vaient Gallus, fondateur de l'abbaye de Saint-Gall, et Sige- bert qui, après de longs voyages se dirigea enfin vers la Rétie, il arriva en 614, dans le pays des Ætuates, dont le nom s'est conservé sous la forme Tavetsch, adoptée aujourd'hui dans la contrée. Là, il entreprit la conversion des païens. Un noble rétien nommé, Placidus, lui céda un coin de terrre pour y établir un couvent. Victor, comte de Coire, jaloux de ce don, fit mettre Placidus à mort; mais peu de temps après, ce comte s'étant noyé par accident, sa mort fut considérée comme l'effet d’un jugement de Dieu. © Ses fils, dont l’un nommé Thello était évêque de Coire, pour

1 Bangor est dans le comté de Down; il y avait en Angleterre, dans le pays de Galles (comté de Caernarvon), un autre monastère qui portait le même nom.

? Nagel, Geschichte des Klosters Si. Gallen.

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sauver l'âme de leur père, restitutrent à Sigebert le don que lui avait fait Placidus, et lui prètèrent leur assistance. Telle fut l'origine de l'abbaye de Disentis, dont on fait dé:iver le nom de Desrrlinensis, l'abbaye du désert; c’est du moins l'opinion de Guler de Weineck, auteur d'une His- toire de la Rétie publiée en 1616 et dédiée à Louis XIII. Le sceau de l'abbé actuel porte la légende : GALLUS Il ABBAS MONS:DESERT:0.S.B. (ordinis sancti Benedicti) *.

Suivant Haller, l'abbaye prétend avoir obtenu le privi- lége de frapper monnaie de l'empereur Frédéric III en 1466°.

Chrétien de Castelberg fut nommé prince du Saint-Em- pire par l’empereur Maximilien II qui, en 1574, renouvela en faveur de l'abbaye le droit de battre monnaie.

Jusqu'à présent, on ne connaissait aucune monpaie frappée par cet abbé. La trouvaille de Mayence vient de nous en fournir une. Ce petit monument, si intéressant malgré son exiguité, m’a éé communiqué par M. Jules Isenbeck, de Wiesbaden, qui a eu l'extrêine obligeance de me le céder avec un désintéressement que je me fais un devoir de signaler en lui en témoignant publiquement ma vive reconnaissance. Un siècle et demi plus tard, l'abbé Gallus de Florin frappa des pfennings qui étaient inconnus il y a quelques années, et dont je trouvai dans la belle collection de Lohner à Thoune un exemplaire que j'ai pu- blié dans le Journal numismatique de Weissensee, 1867, 7.

1 Ou peut noter que Disenberg (dans le diocèse de Mayence) se nommait Disibodi-Mons, et tirait son nom de celui de saint Disibod, évêque irlandais, venu près du Rhin au vni° siècle pour y propager le christianisme. Suivant le géographe Baudrand, au xvii* siècle Disentis se nommait Discentium,

2 Beschreib, Schweizer. Manz., t. II, p. 373,

ET DISSERTATIONS. 427 Le troisième et dernier abbé qui exerça le droit de battre monnaie fut Marianus de Castelberg qui, en 1729, émit des creutzers dont on connaît maintenant plusieurs variétés. Peu de temps après, la fabrication de eette petite monnaie, qui est d'une rareté si grande qu'on la paye jusqu'à 45 fr., le comte Thomas de Schauenstein, craignant la concur- rence, porta plainte à l’empereur et fit retirer à l’abbaye l'ancien privilége dont elle avait été en possession depuis plusieurs siècles'. Passons à la description des monnaies si peu nombreuses que nous avons retrouvées.

Chrétien de Castelberg (1566 à 1584).

Pfenning d'argent uniface un peu concave. Armes écar- telées de l’abbaye et de la famille de son supérieur, dans un écu de forme espagnole; aux premier et dernier quar- tiers, la croix de Saint-André pour l'abbaye; aux second et troisième, une tête de pélican, armes de Castelberg. Au- dessus de l’écu, la lettre C initiale du nom de baptéme de l’abbé; le tout dans un cercle de perles. Diamètre, | 13 millimètres; poids, 05,23. (Vignette 4.)

Gallus de Florin (1716 à 1724).

Pfenning de billon uniface et plat. Armes de la famille de Florin dans un écu de forme allemande, entouré des lettres initiales G-A-D, c’est-à-dire Gallus abbas Deserti-

{ À cette époque, dans le petit pays des Grisons, l’évêque de Coire, le seigneur d'Haldenstein et le comte de Schauenstein-Reichenau émettaient simultanément des monnaies. Si l’on ajoute à cela les monnaies des faus- saires établis dans la Valteline, on aura une idée du numéraire alors en circulation et de la confusion qui devait nécessairement en résulter,

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nensis, le tout dans un cercle formé de petits traits rayon- nants. (Vignette 2.)

Marianus de Castelberg (1724 à 1742).

Creutzer. Au droit, MAR. D.G.A-B.D.S.R LP, c’est-à-dire Marianus Dei gratia abbas Desertinensis, sacri Romani im- perit princeps. Armes écartelées de l’abbaye et de la famille de Castelberg dans un écu ovale posé sur un cartel con- tourné et surmonté d’une mitre avec fanon, et d’une crosse; mais sans glaive. Revers, CAR. VI.D.G.R.I.S.A. 1729, c’est- à dire Carolus sextus Dei gratia Romanorum imperator sem- per augustus, L’aigle impériale à deux têtes portant sur la poitrine un petit écu ovale dans lequel le chiffre 4 indique la valeur de la monnaie. (Vignette 3.)

Il existe cinq variétés de cette pièce rare. Poids, Os',55. Comme elle a été fabriquée à l'aide d'un cylindre, il est à présumer qu'il en existe une sixième variété. Depuis le commencement du xvi‘ siècle jusque vers la fin du xvi", on s’est servi en Suisse et en Allemagne d'un procédé de fabrication qui devait être fort expéditif et qui consistait dans l'emploi d’un cylindre ou rouleau d'acier sur lequel le type de la monnaie était gravé en creux et répété plusieurs fois sur la surface courbe, en sorte que la fabrication était un laminage. Mais comme les empreintes étaient gravées à la main, elles produisaient autant de variétés qu’elles se trouvaient de fois reproduites sur le rouleau d'acier. M. Morel-Fatio a déjà parlé de ce procédé dans son inté- ressant Essai sur le mot querne (Lausanne, 1866).

Espérons que des trouvailles futures viendront accroitre la modeste série que je vous présente aujourd hui.

C: F. TRACHSEL. Berlin, 19 avril 1869.

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NOTE SUR TROIS MEREAUX RELATIFS A LA CONSTRUCTION DU CANAL DE BRIARE.

L’usage de la monnaie fiduciaire ou de convention, con- nue sous le nom de méreau, n'était pas particulier aux chapitres des églises cathédrales et collégiales. I] s’étendit aussi aux confréries, aux corpurations industrieiles, aux sociétés ouvriéres, et les tendances économiques, qui cher- chent à prévaloir aujourd'hui, sont plus propres à le re- mettre en vigueur qu'à le faire oublier.

Parmi les différents exemples de l'application des mé- reaux à l’industrie, nous citerons l'usage qu'on en fit dans Ja construction du canal de Briare, commencée dans les premières années du xvu° siècle, interrompue à la mort de Henri IV, reprise et terminée à la fin du règne de son successeur. Voici ce qu'en raconte Dom Guillaume Morin, dans son Histoire générale des pays de Gastinois, Sénonois et Hurpois' : «Or, lorsque l'on travailloit audit canal, l’on « bailloit aux ouvriers qui estoient au nombre de plus de « douze mille, des méreaux de cuivre, pour avoir leurs « nécessitez par livre, sçavoir la chair et le pain, et le vin « par mesure : et les méreaux qui estoient pour avoir du « vin portoient d'un côté ces mots, via Ligeris in Sequa-

4 Paris, Chevalier, 1630, in-4°. 1869. 2, 9

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a nam, et de l'autre, laboris recreativ, et une grappe de « raisin; pour la chair, il y avoit d’un costé du méreau « ces mots, necessitalis supplementum, et un porc gravé; « pour le pain, estoit une gerbe de blé, et autour ces mots a écrits, fulcimentum laboris'.» Dom Morin ajoute que le canal fut commencé en 1607, ce que semble démentir la date de 1606 que portent nos méreaux.

Dans les QEconomies royales ou Mémoires de Sully, on trouve, à l’année 1604, le passage suivant, dans lequel un des secrétaires du ministre lui dit : |

« Gette année fut poursuivie l’entreprise par vous de longtemps projettée, pour practiquer un Canal, qui joignist les navigations de Seine et Loire, et vous transportastes plusieurs fois sur les lieux, pour en recognoistre les com- moditez, et prendre les hauteurs et desclins des montagnes; En quoi vous estiez souvent interrompu par l'importance des autres affaires, desquelles bien peu se résolvoient sans vous; pour preuve de quoi, nous transcrirons icy seulement une lettre entre plusieurs autres que le Roi vous escrivit sur ce sujet, de laquelle la teneur ensuit :

« Mon amy, Je vous fais ce mot, et vous dépesche ce courrier exprez, pour vous dire que le Connestable de Cas- tille, arrive dimanche à Paris, l'on croit qu'il sera pour faire la feste, pour incontinent après se rendre icy, ce qui pourra estre mercredy ou jeudy au plus tard; c'est pour- quoy je vous prie de remettre vostre visite du Canal jusques à une autre fois, et vous rendre ici mardy de bonne heure; Adieu, mon amy, ce vendredy matin, 23 novembre, à Fontainebleau, Henry. »

1 Page 30.

A

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Ainsi qu’on le voit, nos méreaux représentaient le droit, qu’en raison de leurs travaux, les ouvriers avaient à une distribution quotidienne des trois choses les plus utiles à la vie : le pain, qui est le soutien du travail, FULCIMENTUM LABORIS; le vin, quien est la joie, RECREATIO LABORIS; la viande, distribuée sous forme de lard ou de porc salé pour réparer les forces épuisées, comme un supplément de nour- riture à un travail pénible: NEGESSITAS (pour NECESSI- TATIS?) SUPLEMENTU (si).

Ges pièces ont un revers commun, exprimant le but du canal, qui est d'ouvrir une route entre la Loire et la Seine : VIA LIGERIS IN SEQUANAM. 1606,

Tels sont ces trois méreaux qui étaient probablement fort répandus autrefois et qui sont devenus assez rares au- jourd'hui pour que leur reproduction et leur description aient quelque intérét.

Pour réunir ici tout ce qui se rapporte à la numismatique du canal de Briare, nous ajouterons la description du jeton qui fut gravé en 1742, dans le but de rappeler et de con- sacrer le centième anniversaire de l'achèvement du canal qui avait été ouvert à la navigation en 1642. Ce beau jeton

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chef d'œuvre de Duvivier, présente d’un côté trois fleuves _personnifiés sous la figure d'une femme et de deux hommes appuyés sur leur urne penchante d'où s'échappe leau destinée à l'alimentation du canal. Ce sujet est ingénieu- sement commenté par la légende : CONCORDIA CRESCENT. L'exergue détermine plus spécialement l'intention commé- morative du jeton : NVMISMA SÆCULARE. Au revers, le champ est occupé par un écu qui porte d'argent à trois fasces ondées de gueules, et qui est entouré de cette simple légende : CANAL DE BRIARE. 1742. Cette pièce fournit une preuve du respect comme de l'affection que la postérité conserva pour ce premier instrument de navigation intérieure.

ANATOLE DE CHARMASSE.

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CHRONIQUE.

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TRÉSOR DE TARSE.

Les quatre magnifiques médaillons d'or dont la Revue a publié la gravure (1868, pl. X,-XI, XII, XIII) viennent d'entrer dans notre collection nationale. MM. Rollin et Feuar- dent ont été assez heureux pour les faire revenir en France, et l'Empereur voulant que des monuments si importants pour la numismatique, pour l’histoire de l’art, fussent défi- nitivement livrés à l’examen du public studieux, s’est empressé de les acquérir au prix de 50,000 francs payés sur sa cassette particulière, et les a faits immédiatement déposer au Cabinet des médailles de la Bibliothèque impériale. Les journaux, en annonçant cet acte de munificence véritablement scientifique, ont reproduit divers détails empruntés à notre recueil qu’ils ont oublié de citer. L'essentiel est que nous ayions réussi à faire concevoir quelques idées exactes sur des monuments si pré- cieux.

L’ATTRIBUT D'UBERITAS.

L’attribut que porte la personnification de la Fertilité ou de la Fécondité, Uberitas, au revers des monnaies frappées au temps de l'empire romain a été expliqué de plusieurs façons. Les uns y ont reconnu une bourse, les autres une grappe de raisin; Cavedoni enfin a prétendu que cet objet n’était autre chose qu’un pis de vache (uber, ubera), et ce savant a rappelé en

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cette occasion qu’au revers de certaines pièces de Carausius, on voit une femme occupée à traire une vache et accompagnée de la légende VBERITAS ou VBERTAS (Cohen, Zm périales, t. V, p. 535, 253, et p. 508, 43).

M. H. Cohen n’a pas hésité à adopter l'opinion de Cavedoni, et dans le septième volume de sa Description historique des monnaies frappées sous l'empire romain (p.54), en parlant d’un aureus et d’un denier d'argent de Vespasien, décrits dans le premier volume de son ouvrage (p. 286, n* 443-445), il dit qu’on voit sur un trépied, placé auprès de la Paix, PAX AVG., tenant le caducée et une branche d’olivier, non la bourse de Mercure, comme il l’avait imprimé, mais un pis de vache. Il résulte de cette observation que la Fécondité, Uberitas, porte- rait le même attribut.

Dès l’année 1862, M. Cohen s’était prononcé en faveur de l'opinion du célèbre numismatiste de Modène, et, je l’avoue, sans trop réfléchir, j'avais admis avec empressement cette ex- plication qui me paraissait d'autant plus ingénieuse que, rap- prochée du type figuré au revers de Carausius, elle semblait se justifier d'elle-même. (Voir Revue num., 1862, p. 76, note '. )

Dans mon ouvrage récemment publié : Recherches sur les em- pereurs qui ont régné dans les Gaules au 111° siècle de l'ère chrétienne, j'ai suivi la même inspiration, et l’on trouvera l’ex- plication proposée par Cavedoni pour le type de la Fécondité, Uberitas. p. 73, Postume, pl. XIX, n* 300, 301, 302; p. 113, Pictorin, pl. XXIX, 89; p. 155 et 156, Zétricus père, pl. XXXIX, n°% 146-149; p. 196, Tétricus fils, pl. XLVIII, n°’ 85, 86.

Que la vache, à l’époque de Carausius, figure la Fertilité ou la Fécondité, emblème de la prospérité de l'empire, c’est Ja une chose incontestable ; la légende VBERITAS l’indique d’une

1 Dans le Bullettino archeologico italiano, 1862, p. 146, Cavedoni a émis la même opinion, mais sans mentionner les médailles de Carausius.

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manière précise; mais ce n’est que vers la fin du siècle après Jésus-Christ que ce type paraît pour la première fois sur la monnaie. On aurait pu s’imaginer que le prototype de la vache a été réduit au pis de vache, à une époque postérieure. Supposer que la mamelle a précédé le type de la vache fournissantun lait abondant, que cet objet a pu être employé seul et isolé pour symboliser la fécondité et l'abondance avant l’image de la vache, c’est un raisonnement qui manque de solidité, c’est une supposition gratuite. Et d’ailleurs on pourrait se de- mander si le savant numismatiste de Modène s’était bien rendu compte de l’objet qu'il avait en vuc. L’organe animal ne se se- rait pas prêté facilement à être tenu dans la main.

Le caducée aux mains de la Paix, sur les médailles de Ves- pasien, indique que l’objet placé sur le trépied ne peut être que la bourse (crumena, marsupium), et c’est faute d’avoir comparé entre elles les diverses formes de bourses, représentées sur un très-grand nombre de monuments, que l'on a méconnu Pattribut porté par Uberitas,

M. Henri de Longpérier vient de faire des recherches éten- dues sur les diverses formes de bourses, employées aux temps anciens, dans un savant travail : Recherches sur les insignes de la questure et sur les récipients monétaires, et, entre autres bonnes observations, il a fait voir de la manière la plus évidente qu’au revers d’un certain nombre de monnaies impériales frappées à Perga de Pamphylie, depuis l’époque des empereurs Philippe jusqu’à Gallien et Salonine, on voit la représentation d'un coffre-fort (arca), au-dessus duquel sont placées trois bourses (sacculi) destinées à indiquer les trois métaux en circulation, l'or, l’argent et le cuivre. Or la forme trilobée de ces bourses, que l’on a prises tantôt pour des vases, tantôt pour des clo- chettes (finfinnabula), est exactement celle de la bourse de Mercure’. M. Henri de Longpérier, examinant à son tour les

1 Voy. Revue arch., février 1869, p. 131 et 132, et dans l'extrait, p. 59 ct 60,

CRAONIQUE. a Fertilité, Uberitas, a parfait ‘orne d'abondance, la déesse qt l'empire, tient une bourse plein mieux faire que de revenir à a eu le tort de rejeter sans e ncu par les rapprochements | complétement à l’avis de mon. moindre hésitation que l'objet chose qu’une bourse. J.

DAILLON D’OR FAUX.

archéologiques dont la presse q: vons remarqué dernièrement ur » divers ordres. Il n’est pas inu

ipèce assez rare, dit un journal d n émoi une savante compagnie. posé de médailles antiques d’c ble 1,100 grammes. Ces mét ité pour la plupart trouvées en |

its eurent fini de partager leur 4 nbre et la valeur des médailles, remarquer que la grande pièc collier, et dépassait les dimensi » était unique; que depuis l'in médailles, elle avait disparu d it dans un parfait état de con

134, et dans l'extrait, p. 62.

CHRONIQUE. 437

Grande liesse et grande convoitise parmi les numismates. Ils dévorent des yeux la précieuse médaille, qui porte, d’un côté, la figure de l’empereur Hadrien, de l’autre, l’image com- mémorative des jeux séculaires célébrés sous son règne; ils supputèrent sa valeur que les plus modérés estiment à 4,000 écus...

« Tout cela a fini par une catastrophe. Un malencontreux personnage vient de démontrer que la pièce d’Hadrien était fausse; elle est bien en or, mais le travail est une imitation faite au xvi* siècle par les Padouans. »

Un autre journal, lequel, peu de temps auparavant, parlait de a M. de Marcellus qui rapporta à Paris la statue de la Fénus de Milo, découverte dans l'ile de Candie, » raconte aussi l’anec- dote du médaillon d'or qu’il attribue à Dioclétien.

Ce que nous pouvons dire à ce sujet, c’est qu’en effet on a montré à Paris, pendant le mois de janvier, un collier orné de médailles dont quelques-unes avaient été apportées de Valachie, tandis que quelques autres avaient été achetées rue Vivienne. Parmi les premières, se trouve un médaillon d’or de Domttien avec le type des jeux séculaires, pièce frappée par les Padouans à l’aide de coins qui sont conservés au Cabinet des médailles !. Une empreinte de cette pièce ayant été présentée aux deux numismatistes qui publient la Revue, il a été, à première inspection, déclaré qu’il s’agissait d’une œuvre moderne très- connue et très-facile à apprécier, même pour ceux qui ne sont pas habitués au style des médailles antiques, à cause de la faute singulière commise par les graveurs qui ont réuni sur leur coin le XVII* consulat et la VIII° puissance tribunitienne. Il n'est pas nécessaire d’être bien profondément versé dans la connaissance de l’histoire pour savoir qu’en l’année 844 de Rome, Domitien était consul pour la quatorzième fois et pour

: C. du Molinet, Cabinet de Sainte -Genevière, pl. 24, XIX.

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la huitième fois tribun, lorsqu'il fit célébrer les jeux séculaires, fête qui n’eut point lieu sous le règne d'Adrien. C'est élémen- taire.

Les Padouans ont probablement confondu le XVII* impéra- toriat avec le consulat, mais tous les antiquaires savent bien qu’ils n’ont pas fabriqué de médaillons de Dioclétien. U faut espérer que la catastrophe causée par cette simple observation est aussi réelle que l'incendie du Cabinet des médailles.

DOCUMENT MONÉTAIRE RELATIF AUX SEIGNEURS DE NESLES.

Longtemps on a ignoré l'existence de la monuaie de Nesles. En 1841, M. Nomophile a publié dans la Revue numismatique, p. 206, un denier sur lequel on lit, sans aucun doute possible, MONETA IN NIGELLA, et la pièce a été reproduite par M. Poey d'Avant dans ses Monnaies féodules (t. Ill, p. 357, pl. CLII, 13). L'aspect de ce denier est tout à fait royal, et il provient évidemment d’un atelier établi dans la ville de Nesles sous la seconde race; mais jusqu'ici on n’a pu retrouver les produits de ce même atelier émis postérieurement, soit en vertu d'ordres royaux, soit par la prescription des seigneurs de ce pays. Cependant l'existence de la monnaie de Nesles est con- stalée par Jes documents; car nous ne pouvons admettre, avec Du Cange, que lPexpression moneta nigella soit l'équivalent de moneta nigra. Pour nous, il est évident que dans le passage qu’il cite de la charte de la commune de Crépy en 41223: a Dicta vero communia pro his omnibus tenetur reddere bal- « livis nostris apud Crespiacum singulis annis trecentas et a septuagenta libras Nigellorum, » il s’agit de la monnaie de Nesles. Crépy, dans le diocèse de Laon, n’était pas éloigné

CHRONIQUE. 439

de Nesles, et il n’y avait rien d’étonnant que le payement des droits ou des amendes ait été stipulé en monnaie de ce dernier pays, surtout si elle avait une certaine réputa- tion. Il en est de même de cet autre extrait rapporté par le méme auteur d’aprés une charte de 1242, tirée des preuves de l'Histoire de l’Église de Meaux : « Damus et concedi- «mus in puram et perpetuam eleemosinam sexaginta libras « Nigellorum. » Nous sommes persuadé qu’il s’agit encore ici de la monnaie de Nesles. Quoi qu’il en soit, nous venons faire connaître un document qui prouve, sinon que l’on a fabriqué des monnaies dans cette localité, du moins que le seigneur de cette ville faisait battre monnaie à son profit. En voici la transcription :

Lettre de la comtesse d’Artois, « M. comtesse d’Artois et de Bourgogne, palatine et dame de Salins, à nos amés et féals les maiieurs et eschevins de nostre ville de Saint Omer, salut: Haus hons et nobles mos’ Jehan signeur de Neelle nous a fais mostrer en sen dolant que Simon Hellin borgois de Saint Omer a diffamé et diffame en pluisieurs lieus sa monoie qu’il fait à alloes comment que ladite monnoie soit asses convenable et souffizant si comme on nous a dit, Se vous mandons quelle que ladite monnoie soit que vous deffendes audit Simon qu’il se cesse - de ladite monnoie blasmer en telle maniere qu’il n’ait cause de sen doloir ent plus que vraiement. S’il le fait plus, nous y me- terions reméde; Dieux vous gart. Donné & Arras, le mardi aprés la Saint Denis. »

Réponse du magistrat de Saint-Omer. a Très haute, très noble, très poissans, très redoutée droiturière Dame, nous avons receut les lettres de votre hautèce que haus homs et no- bles mons. Jehan s. de Neele vous a fait mostrer en soi dolant que Simon Hellins borgois de Saint Omer a diffamé et diffame en pluseurs lieus sa monnoie que il a fait à alloes comment que elle soit assez souffizant comme on a dit, se nous commandes

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que nous deffendemes audit Simon que il cesse d noie blasmer, car se il le faisoit plus vous y met très chière droiturière Dame nous avons mandé lui avons fait la deffence en manière que comm: quelz Simon sesculse moult loialment et dist qu blasma ladite monnoie ne volonté nen ot, et qt tort et à péchiet on l’avoit accusé par devers | Neele, de quoy il ala à S. Bertin comme vous fu: et sen escuza soffizamment en la présence dudi ment droiturière Dame nous en avons enquis le | ment que nous poons et trouvons selonc nos ens Simon en est innocens et que à maise cause et ] accusé par devers ledit seigneur. Très haute, trè:

Ce document n’est pas daté, mais comme il s’s haut. comtesse d'Artois de 1302 à 1329, nous av e l’on peut encore réduire « ‘es que présente le registre; late de la seconde lettre à : eur de Nesles, dont il est que It devoir être le même que Je secondes noces d’Alix de Cle audun, qui était devenu sire 2elle-ci mourut en 1317*. ‘lettres, peut donner lieu à ¢ ésignation de la monnaie don tte monnaie est faite à allo un atelier monétaire? Dans c. van de Châlon l'aurait fait ét:

d'Artois et la réponse des échevins sun registre du commencement dt 3 listes annuelles des officiers mur 3 devant le magistrat, les extraits é repose aux Archives municipales d

CHRONIQUE. AAA

du privilége que lui avait accordé l’empereur d’Allemagne, en 4291, de frapper dans ses terres; mais comme huit ans après, l'empereur Albert l’autorisa à monnayer à Besançon même, ce à quoi l’archevéque de cette ville ne paraît pas s'être opposé !, il n’est pas probable qu’il ait conservé son atelier monétaire d’Arlai. Ce ne peut donc être de cette monnaie qu’il est ques- tion ici. Nous ne connaissons d’ailleurs dans les environs de Nesle aucun lieu dont le nom puisse approcher de ce mot. Tous ceux qui, d’après leur ancienne orthographe, auraient quelque ana- logie s’en trouvent trop éloignés, dans le Beauvoisis ou le Pon- thieu *. Nous sommes donc forcé de chercher une autre expli- cation du mot qui nous intrigue. En consultant le Glossaire de la langue romane de Roquefort, on trouve :

Allaier, battre monnaie par ordre du souverain; allier.

Allower, allouer, allier.

Alloer, allouer, placer, louer, approuver.

Allouté, approuvé, accordé, donné.

Alloyé, qui est porté dans la loi, arrêté par les règlements du souverain.

Aloer, louer, donner des louanges.

Aloer, allouer, payer, affermer.

Aloet, sorte de redevance.

De tous ces mots qui se rapprochent plus ou moins de celui qui nous arrête, le premier ou Je cinquième nous paraissent plutôt représenter la véritable signification du mot alloes em- ployé dans les documents transcrits ci-dessus. Jean de Nesles voulait dire ainsi, suivant nous, que sa monnaie élait frappée légalement, conformément aux ordres et aux règlements du sou- verain. En ajoutant qu’elle est assez convenable et souffizant, il affirme d’ailleurs qu’il s’est conformé auxdites prescriptions,

5 V..M. A. de Barthélemy, Manuel de numismatique moderne, p. 245. 2 J. Garnier, Dictionnaire topographique du département de la Somme.

442 CHRONIQUE.

et qu'il n’y a aucun motif pour la refuser. Quoi qu’il en soit, il résulte de la discussion précédente que nous avions raison d'annoncer que nous ne pouvions assurer qu'il s’agit ici de la monnaie de Nesles proprement dite, mais que les documents mentionnent probablement celle-là seulement qui était frappée par le titulaire de cette seigneurie.

Quant à la nature de la monnaie dont il s'agit, nous nous abstiendrons de toute hypothèse, le nombre des monnaies ayant cours en Artois à cette époque étant si considérable qu’il serait superflu de faire des recherches qui risqueraient beaucoup de n’aboutir à rien. Toutefois nous nous estimerons heureux d’a- voir fait connaître des documents qui pourront peut-être mettre sur la trace de monnaies encore inconnues jusqu'à ce jour, ou permettre de classer une de ces pièces que l’on n’a. pu parvenir à déchiffrer et dont le nombre est encore si grand.

L. Descuawes pe Pas. Saint-Omer.

PRIX DE VENTE DE QUELQUES MÉDAILLES ANTIQUES.

. M. H. Hoffmann a eu l’obligeance de nous remettre l’indication des prix auxquel sont été adjugées les médailles vendues par ses soins, lesquelles provenaient des cabinets de M. Gréau et de M. Colson. L’abondance des matières nous a jusqu’à présent empéchés de signaler à nos lecteurs les faits les plus marquants qui se sont produits à ces ventes très-importantes ; mais Pes- sentiel est de constater, de temps à autre, les valeurs attribuées par les collectionneurs eux-mêmes aux médailles qui leur sont offertes.

Vente de la collection Gréau. (Novembre 1867.)

Ne, Fr. 19. Romula, G. B. Tête d'Auguste.— 1. Tête de Livie, 60 21. Urso. M. B. Tête d’Auguste. ». Ours. . 95

49, Rhodanusia. AR. Tête de Rhodé, ». Rose, 21

CHRONIQUE.

Nos.

122. Ancona. P. B. Tête de Vénus. 5. Bras. |

123. Segnia. AR. Tête de Mercure. ». Tête de sanglier.

135. Corfinium. AR. Téte de Pallas. ». Serment de deux guerriers.

145. Acerra. M. B. Tête de Jupiter. ». Quadrige.

189. Nuceria. AR. Téte avec corne de bélier. ». Homme tenant un cheval.

191. Phistelia. AR. Tête de face. ». Taureau.

193. Campania. OR. Double tête. —Serment de deux guerriers.

225. Teanum. AR. Tête d’Hercule.—». Victoire dans un char.

266. Tarentum. AR. Taras sur un dauphin.— ». Même type en creux.

362. Heraclea. AR. Tête de Pallas. #. Hercule et le lion.

419. Metapontus. AR. Tête de Mars. ». Epi.

502. Thurium. AR. Tête de Palas. #. Taureau.

559. Bruttium. AR. Tétes des Dioscures. ». Dioscures à cheval.

602. Croton. AR Hercule assis.—». Apollon, trépied, serpent.

603. Id. AR. Méme type. ». Trépied. |

609. Jd. AR. Tête de Junon, de face. —#. Hercule assis.

634. Rhegium. AR. Tête de lion. ». Homme assis.

636. Id. AR. Tête de lion. » Tête d’Apollon.

703. Camarina. AR. Tête d’Hercule. ». Quadrige.

704. Id. AR. Tête barbue. ». Quadrige.

711. Catana. AR. Téte d'Apollon. ». Quadrige.

738. Himera. AR. Nymphe. s. Bige.

747. Leontini. AR. Tête d'Apollon. ». Tête de lion.

790. Naxos. AR. Téte de Bacchus. ». Siléne.

793. Panormus. G. B. Tête casquée. ». Tête de Cérès.

8t2. Selinus. AR. Le fleuve debout. ». Apollon et Diane dans un bige.

824. Syracusæ. OR, Tête de Proserpine.— ». Hercule et le lion.

864. Id, AR. Décadrachme d’Evénéte.

876. Id. AR. Tétradrachme portant SPYTIAAOS.

952. Hiéron. OR. Téte de Proserpine. ». Bige.

954. Id. AR. Tête d’Hiéron. ». Quadrige.

145

144 CHRONIQUE. N*™*,

974. Himera. AR. Tite de Proserpine. ». Légende phé- nicienne. Quadrige.

1016. Abdera. AR. Griffon. ». Carré creux.

1023, Ænus. AR. Tête de Mercure. ». Bouc.

1038. Maronea. AR. Cheval. Cep de vigne.

1090. Pæonia. Au:doléon. AR, Tête de Pallas. Cheval.

1098. Macedonia. AR Tête de Diane sur le bouclier.— ». LEG. MAKEAONON.

1114 Ampbhipolis. AR. Tête d’Apollon, deface.— ». Flambeau.

1120. Chalcis. AR. Téte d'Apollon. » Lyre.

_ 1222, Antigonus. AR. Téte de Neptune. ». Apollon sur la proue.

1224. Demetrius. AR. Téte du roi. ». Neptune assis.

1278. Epirus. AR. Jupiter et Junon. ». Taureau.

1281. Id. AR, Tête de Pallas. ». Aigic.

1289. Pyrrhus. AR. Téte d’Achille. ». Thétis.

1316. Ætolia. AR. Tête d'Hercule, ». Guerrier assis.

1317. Id. AR. Tête laurée. p. Homme debout, le pied sur un rocher.

1521. Elis. AR. Aigle déchirant un lièvre. ». Foudre.

1532. Jd. AR. Aigle. ». Femme ailée.

1557. Cnossus. AR. Tête barbue. ». Labyrinthe.

510

1598. Mithridates VI. OR. Téte du roi. ». Cerf paissant. 1850

1599. Id. AR. Téte du roi. » Pégase.

1647. Cyzicus. OR. Tête barbue. ». Carré creux.

1697. Pergamus. G. B. Commode. ». Diane d'Éphèse et Esculape.

1702. Abydus. G. B. Septime Sévère. ». Héro et Léandre.

1766. Ephesus. G. B. Adrien. ». Latone.

1767. Id. G. B. Antonin. ». Jupiter Pluvius.

1883. Rhodus. AR. Téte d’Apollon, de face. », Rose.

1930. Celenderis. AR. Cavalier. ». Bouc.

1945. Tarsus. G. B. Tarse assise. ». Couronne entourée de huit têtes.

1992. Apamea. G. B. Philippe père. ». L’arche de Noé.

2369. Antiochus Dionysius. AR. Tête du rvi.—». Dioscures.

350 620

CHRONIQUE. 145

N°. Fr. 2378. Tryphon. AR. Téte du roi. ». Casque. 826 2323. Antiochus Grypus. AR. Tête du roi. —». Monument

d’Hercule. 310 2442. Démétrius IIL AR. Téte du roi. ». Déesse en gaine. 220 2600. Sidon. M. B. Elagabale. ». Didon. 66 2763. Pacorus. AR. Tête du roi. ». Le roi à cheval. 225 2797. Eucratides. AR. Téte casquée. ». Dioscures. 320 2812. Ptolemæus Soter. OR. Téte du roi. ». Aigle. 310

2834. Bérénice. AR. Téte de la reine.— ». Corne d’abondance. 1150 2838. Arsinoe. AR. Tête de la reine. p. Corne d’abondance. 400 2840. Ptolemæus Evergetes. OR. Tête du roi. ». Corne d’a- bondance. 700 2862. Cleopatra et Marcus Antonius. AR. 150 8111. Alexandria. POT. Téte d’Adrien.— ». Tête de Sabine. 141 3112. Id. PLOMB. Téte d’Antinotis.— ». Le même à cheval. 261 8122. Id. G. B. Téte d’Antonin.— ». Tête de Jupiter. 101 3425. Carthago. AR. Téte de Cérès.—». Lég. phén. Pégase. 420

On le voit par le relevé ci-dessus, deux pièces seulement ont atteint et dépassé le prix de 1,000 fr.; mais il est à remarquer que les bronzes intéressants ont été bien payés, et c’est une bonne tendance. Le catalogue, rédigé par M. Cohen, est ac- compagné de 5 planches gravées, contenant 56 pièces.

Vente de la collection Colson. (Février 1868.)

N°. Fr. 40. Vercingétorix. Statère d’or. ..NGETORI..... 400 69. Roveca. Statère d’or. ROVE. . 420 84. Verotal. AR. Tête de Diane.— ». Lion. 130 94. Redones. OR. Cavalier armé d’un bouclier. 200 1138. Statére d'or. Œil.— ». LVCOTIO. Cheval. 170 135. Buste. AR.—». HENNOOTINAOC. Cavalier. 100 167. Théodebert I**. Sou d’or; dans le champ, RE. 500 168. Id. Tiers de sou; dans le champ, RE. 200

1869. —2. 10

146 CHAONIQUE.

Nes, Fr. 170. Dagubert. Sou d'or de Marscille. 775 171. Id. Tiers de sou. ELIGIVS MONE. 410 172. Id. Tiers de sou. ELIGI. 248 174. Clovis IT. Tiers de sou. ELIGIV. 230 176. Sigebert IT. Sou d'or de Marseille. 1700 179. Childéric IL. Sou d'or de Marseille. 1501 160. Childebert III. Sou d'or de Marseille. 1710 190. Tiers de sou de Bordeaux. 100 193. Tiers de sou de Cahors. 180 194. Tiers de sou de Compreignac. 150 195. Tiers de sou de Chalons-sur-Marne. 116 196. Tiers de sou de Cannacum. (Cabinet des médailles.) 115 199. Tiers de sou à la légende TARANTASIA. 108 200. Tiers de sou. DVRNACO. 175 203. Tiers de sou de Noyon. CHARISILLO. 125 206 Tiers de sou. CASTRI FVSI.—». FRAMIGILLVS. 204 215. Tiers de sou de Saint-Denis. EBREGISILO. 171 255. Pépin le Bref. PIPI et hache.— ». RX.F. 320 257. Id. Denier. RP.—». Monogramme d'Angers. 505 258. Id. Denier. Monogramme. 265 259. Carloman. CARLM en monogramme. ». RX F. 1550 262. Charlemagne. Denier. SC MARIA PLD. 125 263. Id. CARO-LVS.—». CHOGIS en deux lignes. 150 267. Id. Denier de Laon. LAVDVN. 125 271. Id. K.RX.F.— ». MGOC entre les bras d’une croix. Mayence. 140 304. KAROLVS IMP.AVG, Buste.— p. Temple. 500 305. Id. >. TREVERIS. Porte de Trèves. 300 315. Louis le Débonnaire. Buste. ». TVRONES, 115 356. Pépin d'Aquitaine. Buste. ». BITVRIGES. 320 359. Lothaire. Buste.—». Temple. 295 360. Id. LOTAPIVS IMP AVGV. Buste.—». Temple. 350 389. Charles le Chauve. Denier de Jouarre. 124 493. Id. Soissons. SCI SEBASTIANLM. 112 438. Carloman. Denier d'Auxerre. 140 465. Eudes. Denier de Saint-Denis. 76

CHRONIQUE. 447

Ne. Fr. 481. Louis de Saxe, roi de Lorraine. Denier de Marsal. 165 502. Hugues, duc de France. Denier de Senlis. 380 504. Robert. Obole de Macon. 120 549. Saint-Louis. Royal d’or. (Retiré.) 1000 550. Id, Aignel d’or. 130 554. Philippe III. Royal ou mantelet d’or. 500 561. Philippe IV. Petit royal d'or. 600 597. Philippe de Valois. Couronne d'or. 510 601. Id. Florin Georges (type grossier). 280 602. Id. Gros parisis d’argent. 15 603. Id. Piéfort du petit parisis. 15 608. Id. Piéfort du double tournois. 33 641. Charles VI. Salut d’or. 1100 644 Id. Cadiére du Dauphiné. Le roi assis. 50 687 et 688. Jd. Pattachina de Gênes (2 variétés). 29

_ 667. Charles VII. Gros. Écu entouré de neuf fleurs de lis. 121

686. Id. Gros d'argent de Génes. IHS. 169

692 et 693. Charles VIII. Deux monnaies de cuivre frappées à Aquila, dans les Abruzzes. 26

694. Anne de Bretagne. Écu d'or. 1100 696. Louis XII. Écu d'or au porc-épic frappé à Nantes. 50 697. Jeton de cuivre de Charles d'Orléans, 1441. 8 698. Teston de Louis d'Orléans frappé à Asti. 110 705. Louis XII. Teston frappé en or. (Retiré.) 600 709. Id. Piéfort du douzain au porc-épic. 200

712. Id. Demi-gros frappé à Lyon. 19 714. Id. Teston d'argent frappé à Tours. 75 715. Id. Écu d’or au Soleil frappé à Génes. A.C. 40 716. Id. Ducat d'argent de Gênes. Marque, I.C. 140 717. Id. Autre de la même ville. Marque, S.B. 150

718. Id. Double ducat de la même ville. Marque, A.C. 150

719. Id. Demi-ducat de la même ville. 180 720. Id. Quart de ducat de la même ville. 110 721. Id. Duceton d'argent de Milan. 150 722. Id. Cavallotto de la méme ville. 50

723. Id. Ducaton d’argent au saint Ambroise assis. 75

148 CHRONIQUE.

N®. Fr. 732. Pièce de billon au nom de Louis XII et du maréchal Jean- Jacques Trivulzio, marquis de Vigevano. 18 736. Parpaillole d’Asti au porc-épic. 90 739. Grande pièce d'or avec tête, et le point secret de Chi- lons-sur-Marne. (Retiré.) 600 740. Écu d'or. Perdam Babilonis nomen. . 500 761. François I‘. Petit teston. Non nobis, etc. 128 768. Id. Écu d'or au Soleil de Milan. 500 769. Id. Teston d'argent au saint Ambroise assis. 150 771. Id. Demi-gros à la salamandre, Milan. 100 776. Henri II. Double Henri d'or, 1551, Toulouse. 180 797. Id. Henri d'or. Saint-Lô. 100 781. Id. Demi-Henri d'or, 1549. 100 788. Id. Demi-teston au croissant. 120 802. Marie-Stuart. Teston d'Écosse, 156]. 165 810. Charles IX. Essai du petit teston, 1573. | 86 840. Ecu d'or au Soleil, 1562, sans nom de roi. 100 845. Charles X, cardinal de Bourbon. Ecu d'or, 1590. 100 857. Henri IV. Écu d'or au Soleil, 1599. 60 862. Piéfurt du demi-franc, 1607. 6] 863. Essai du demi-franc. 150 882. Louis XIII. Essai du demi-franc. 105 883. Id. Piéfort du quart de franc. _ 100 884. Id. Piéfort du quart d’écu. 81 889. Id. Pièce de huit louis d'or, 1640. 260 912. Louis XIV. Piéfort du quart de louis d'argent, 1644. 101 913. Id. Piéfort du douzième. 62 925. Id. Jeton d'or du sacre, 1655. 60

A ces prix il faut ajouter 5 pour 100 si l’on veut se faire une idée exacte de la dépense faite par les acquéreurs, Les ar- ticles marqués retirés n’ont pas trouvé d’enchéres sur la mise à prix. Le catalogue, rédigé par M. Hoffmann, est accompagné de 2 planches comprenant 32 pièces.

A. L.

MEMOIRES ET DISSERTATIONS.

eee

TETRADRACHME INEDIT DE DELPHES.

ATTRIBUTION DE DIVERSES MONNAIES A LA MEME VILLE,

Les médailles de grand module frappées dans la Gréce proprement dite, c’est-à-dire au sud du Pinde et de Olympe, antérieurement à la plus belle époque de l’art, sont d’une excessive rareté. A ce titre déjà, la monnaie que je vais décrire se recommande tout particulièrement à l'attention des archéologues. L'intérêt de ses types, dont l'antique facture est pleine de grandeur, l'importance et la nouveauté de l'inscription, tout enfin concourt à augmenter encore la valeur de ce remarquable monument.

Nl offre, d’un côté, l'image de deux têtes béliers juxta- posées verticalement, surmontées de deux dauphins en regard, et accompagnées de la légende hémicirculaire AAAIKON, le tout dans un grènetis. La laine est exprimée au moyen d’une série de points, et la section du col est

1869, 3. u

4150 MÉMOIRES

bordée d'une rangée de perles entre deux filets : le modelé de ces têtes est très-énergique.

Le revers est occupé par un carré creux divisé en quatre parties égales, contenant chacune un dauphin, dont la tête est tournée vers le centre, et une petite palmette ou bou- ton de fleur, placée dans un angle au-dessous du dauphin. Chacun de ces compartiments est entouré de trois de- grés.

Cette canformation particulière du carré creux provient de l'emploi d’une pile à quatre dents, taillées chacune à plusieurs degrés de manière à pouvoir s’enfoncer dans le flan sans le percer. Ce procédé avait l'avantage de repousser fortement le métal dans le coin supérieur, et de lui faire ainsi produire au droit de la pièce une empreinte d’une netteté remarquable.

Le poids est de 178,90, chiffre considérable, mais qui cependant ne permet pas de ranger la pièce que nous pu- blions aujourd'hui ailleurs que parmi les tétradrachmes. Ses divisions fourniraient un didrachme de 8,95, une drachme de 4*,475, un triobole de 25,237, et ce sont des poids que l'on retrouve communément dans la numis- matique du Péloponnèse, poids dont le savant M. Vazquez Queipo* déclare n’avoir pu reconnaître le système, et qui en effet occupent une place intermédiaire entre le système attique et le système olympique,

Cette médaille unique et d’une bonne conservation fait partie du précieux médaillier de M. Giovanni de Demetrio, à Alexandrie.

La forme de la légende est à coup sûr digne d’examen.

1 Systèmes métriques el monbtaires des ans ens peuples, tables; prem. part. p. 127.

ET DISSERTATIONS. 154

Elle se rattache à une petite série qui comprenait, d'une part, des noms appartenant à des villes de l'Asie Mineure : TEPZIKON pour Tarse', ou quelquefois en abrégé TERI’; puis 1AOX*, ZOAIK, ZOAIKON pour Soli*, NATIAI* et NATIAIKON pour Nagidus‘, noms auxquels il faut ajouter TEPMEPIKON pour Termera de Carie’ dont M. Wad- dipgton nous a fait connaître la monnaie; et, d'autre part, offrait dans la numismatique européenne les légendes V.OWITAAZIG pour les Bisaltes *, HOYMITMIAI pour Phestus de Crète”, MOPIGANAA, APKADIPON”*, ARKAAIKOH pour l Arcadie **, OENIKON pour Pheneus de la mème province ‘”, et OESTIIKON pour Thespiæ de Béotie‘?. Quelques petites pièces d'argent de la Phocide de style fort ancien portent la légende [NO ‘* dans laquelle nous ne pouvons pas voir le commencement de l’ethnique ®NKEON, génitif plu-

t Pellerin, Peupl., et cill., t. IJ, pl. XLI, n°4. Eckhel, Num. vet, anec- _dot., p. 235.—- Mionnet, Suppl., t. VII, pl. VII, 3, Due de Luynes, Numism. des satrapies, pl. XI.

"2 Waddington, Revue num., 1860, pl. XVHI, 7, p. 453,

3 Mus. Hunt., pl. LI, n°* 27 et 29.

* Millingen, Recueil de med. ined , 1812, pl. IV, 6. Duc de Luynes, Numism. des satrap., pl. VII, 1,

® Burgon, Catal. Th.-Thomas, 2391, Catal, of the Northwick collect , 1181, p. 117. .

6 Eckhel, Num, vet. anecd., pl. XIV, 1.

? Revue numism., 1856, pl. Il, no 1,

® Cousinéry, Voyage en Macédoine, pl. VI, 18.

% Pinder, Ant. Munzen des k. Museums zu Berlin, pl. I, 6,

10 Taylor Combe, Vet. pop. et reg. num., 1814, p. 143, n°’ 1 et 2, pl. VIII, 6.

11 Avec la tête de profil: Mionnet, Descr., t, H, p. 243, 3, pl. XXXV, 139. E. Curtius, dans les Beitr, 3. xlter, Munzk., 1851, p: 87, Avecla tête de trois quarts: Cohen, Cat, des méd. grecques de la collect. Gréau, 1549,

12 Mionnet, Descr.,t. II, p. 252, 50.

45 Mionnet, Suppi., t IJ, pl. XVH, n°7.

18 Mionnet, Descr., t: II, p. 94, n°° 3, 4 et 6 ; Supp?., t. IH, p. 498, 11,

452 MÉMOIRES

riel de éwx<, qui se lit sur des médailles de fabrique plus récente. 11 faut donc y reconnaître encore le possessif Sw- xév, tel qu'il nous est indiqué par Étienne de Byzance‘.

Lorsqu’en 1775, Eckhel commentait la monnaie de Na- gidus, il faisait remarquer que la terminaison en [KON on possessive existait sur les monnaies d'un certain nombre de villes, concurremment avec l'ethnique ou nom du peuple, et il n'hésitait pas à reconnaître que l'adjectif possessif se rapportait à un nom de monnaie tel que Gfpzyuov, tetpa- Spzypov, etc. Rien, dans les découvertes qui ont été faites depuis l’époque à laquelle écrivait le célèbre antiquaire, n'est venu détruire son hypothèse. Au contraire, des lé- gendes telles que ZEYOA APTVPION *, et ZEVOA KOMMA’, ou bien une phrase comme celle-ci : « le type est celui de Gortyne » l'oprévos <3 rdiua* ; enfin l'adjectif AAEZANAPEIOZ sur un statère d'argent”, démontrent maintenant d’une manière suffisaument claire que les anciens ont, dans leurs légendes, fait plus ou môins elliptiquement allusion à la monnaie même et à sa Valeur * .

On se rappellera aussi ces inscriptions tracées sur des

t J’enregistrerai encore ici pour mémoire seulement un tétradrachme aux types de Catane, sur lequel on liVJOITIM......., et que M. Fr. Imhoof Blumer attribue à Panorme en le publiant dans une livraison des Rerliner Blatter für Münzkunde qui vient de paraître (XIII* cahier, 1869, pl. LIV, 1], et p. 53). L’authenticité de cette pièce n’est pas snflisamment établie jusqu’à présent : c’est un document à examiner; mais qui paraît bien suspect.

? Duc de Luynes, Satrapies, pl. VI.

3 Birch, Numism, Chronicle, 1860, t, XX, p. 151.

+ Fr. Lenormant, Revue num., 1864, p. 103.

3 Adr. de Longpérier, Reoue num., 1859, p. 109, pl. II], 1.

¢ Dans un ouvrage récent sur les poids des médailles grecques, M. J. Bran- dis considère aussi l’adjectif comme se rapportant à dpyüpuov, véuuoua ou xouua. Das Müns-Mass-und Gewichtswesen in Vorderasion, Berlin, 1866, p. 330, 336, etc.

ET DISSERTATIONS. 453

poids antiques: AEITPA ITAAIKH’, AIAEITPON ITAAIKON? et TPIOYNKI[O]N ITAAIKON?, lesquelles dans leur ensemble, et précisément à cause de la présence d’un substantif neutre en accord avec l'adjectif, ou du possessif au nominatif féminin, nous apportent une utile démonstration; car on ne saurait y chercher une forme dialectique du génitif plu- riel. 7

Le possessif (+o xrnzixôv), appliqué à des pièces de mon- naie ou à des sommes d'argent, est une forme des plus ordi- naires. Aux divers talents tirant leur nom, soit d’une pro- vince, soit d’une dynastie, e260ix5v, oxedmdv, nrokeuaixév, etc., ainsi qu’au talent des îles (vnstorév), désignation qui indique une convention monétaire entre plusieurs territoires voisins, et au talent commercial (ëäxroptxév), originaire d'Athènes’, .vientse joindre le talent des alliés que nous permet de citer une inscription amphictionique de Delphes copiée et sa- vamment commentée par M. Carle Wescher*. L'expression

1 Musée de Berlin. Voy. R. Schillbach, De ponderibus aliq. antig., dans les Annual, dell Instit, archeolog., 1865, p. 191 et 209 ; Monum., vol. VIH, pl. XIV, 90.

2 Musée Kircher.—Giampietro Secchi, Di un campione d'ant, bilibra romana in piombo, etc, Rome, 1835, in-4°.

8 Cette légende se rencontre sur deux poids du Musée du Louvre, qui n’of- frent aucun autre type et pèsent l’un 78:",13, d'autre 756° 43 (Adr. de Long- périer, Bulletin archéol, de ! Athenzum français, 1856, p. 24.) Deux autres sont cités par le P. Secchi dans la dissertation déjà indiquée, intitulée Di un campione, etc., p. 2 et 27. Un cinquième poids, qui se trouve au Musée de Berlin, présente aussi la même légende, mais fort maltraitée. La principale différence qui s’y remarque consiste dans l'écriture en monogramme de l’OY du premier mot. I] offre, en outre, pour types une amphore et un caducé (Voy. Sehillbach, op. laud. dans les Annal. dell’ Instit. archeol., 1865, p. 190 et 209; Monum., vol. VIII, pl. XIV, no 88.)

® Voy. par ex. Corpus Inscr, græc., t. I, 123, p. 168, § 4.

® Etude sur le monument bilingue de Delphes, 1868, in-4°, p. 56 et 110.

468 MÉMOIRES

de télavtev cuspeyody devra désormais avoir aussi ga place dans la numismatique.

La légende que porte notre tétradrachme, tellement clairé qu'elle ne laisse subsister aucune incertitude, offre encore l'avantage de donner une explication indubitable pour celles des petites monnaies divisionnaires sur lesquelles on lit AAA, et, par suite d'un rapprochement bien naturel, pour les variétés anépigraphes qui présentent un type analogue.

Le colonel de Bosset n'avait, à la vérité, pas hésité à at- tribuer à Delphes les pièces d'argent de petit module qu'il s'était procurées sur le site mème de cette ville, et qui por- tent d’un côté une tête de bélier accompagnée d'un dauphin, au revers une rencontre de chèvre entre deux dauphins, au milieu d'un carré creux peu profond '. Mais son opinion, enregistrée cependant par Mionnet’, Sestini, Cavedoni, Panofka”, etc., souleva des contradictions, et M. le duc de Luynes, en faisant graver dans son Choix de médailles grecques * un beau trihémiobole d'argent du poids de 15,30 qui offre les plus étroits rapports de style avec notre tétra. drachme, le désigne par cette brève mention : « Delos? Delphi? »

Maintenant la série de Delphes formera un tout insépa- rable, et ainsi se trouve définitivement tranchée la ques-

4 Kesai sur les mdd, ant, des ties de Céphal. ef d'Ithaque, 1815, p. 7, 30, et pl. V, 1 et 2. Les 3 et 4 de la même planche, qui portent au droit une tête de nègre, se rattachent immédiatement à ces deux premières par l'identité de leurs revers.

2 Outre les pièces décrites à Delphes, il s’en trouve une égarée parmi les monnaies de Cranium (Suppl, t. IV, p. 184, 10), Trois autres sont re- léguées aux inoertaines (Descr., t. VI, p. 636, 158; et Suppl., t. IX, p. 236, 61, p. 238, 76).

3 Delphi und Melaine (Zum Winokelmennefest, 1849), p, 7, n°? 5, 6 et 7.

+ 1840, in-fol., pl. X, 4.

ET DISSERTATIONS, | 456

tion débattue entre un antiquaire de Saint-Pétersbourg, Koehler, qui soutenait que les monnaies au type du bélier et à la légende AAA appartenaient à Délos ‘, et Raoul-Ro- chette qui s’appuyait sur l'étude des monuments et sur le témoignage des voyageurs pour maintenir ces monnaies à Delphes *. L'opinion du savant russe avait probablément impressionné M. de Luynes, dont le sentiment est toujours si respectable ; et c'est 14 surtout ce qui nous paraît donner une grande importance à la solution qu'apporte le tétra- drachme du cabinet Demetrio.

Cette suite numismatique ne doit pas être restreinte aux types publiés par M. de Bosset. Il faut y comprendre un diobole assez globuleux, inédit à ce que je crois, et qui fut acquis en 4842 de M. Rollin par le Cabinet des médailles de Paris. Il pèse 45,44, et présente au droit une tête de bélier au-dessous de laquelle est un dauphin. Ce dernier

symbole surtout caractérise les espèces delphiques et les distingue de la monnaie émise par d’autres villes qui avaient aussi adopté le bélier. La série s augmente encore d’un diobole de la collection de M. Soutzo, portant au droit une tête de bélier et au revers un buste de chèvre de profil à droite dans un carré perlé”. Ajoutons une

t Abhandlung über die geschnittenen Steine mit den Namen der Künsiler (Réimpr., Saint-Pétersbourg, 1851), p. 63.

2 Lettre à M. Schorn sur quelques noms dartisies, 1832, p. 25, Suppl. au catalogue des artistes, 1845, p. 112. Mémoires de numism. et d’antiq. : Méd. siciliennes de Pyrrhus, 1840, p. 102.

3 Revue num., 1869, pl. VI, 14.

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pièce du Musée Britannique, aux types de la tête de bélier avec un dauphin et de deux têtes de chèvres affrontées et

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surmontées d'un dauphin. Elle a été attribuée à l'île de Cé- phallénie par Taylor Combe'; mais désormais on ne pourra plus hésiter à la restituer aux Delphiens.

Quant à l’âge du précieux tétradrachme qui vient main- tenant se placer en tète des produits monétaires de la ville sacrée d’Apollon, il peut, dans une certaine mesure, s’établir à l'aide de comparaisons.

La pièce, par son style, son mode de fabrication, son grènetis, l'aspect de ses carrés creux, se rapproche tout à la fois des plus anciennes monnaies d'Acanthus de Macédoine, _ des tétradrachmes de Syracuse sur lesquels paraît la lettre Koppa, et, malgré la différence de module, de certains té- tradrachmes de la Cyrénaïque *, sur lesquels on remarque un type connu aussi dans la numismatique d’ lalysus de Rhodes *.

Les tétes de béliers offrent une analogie trés-marquée avec celle qui forme le type principal de ces belles et an- tiques monnaies cypriotes que M. le duc de Luynes classe

1 Vet, pop. et reg. num. 1814, Addend., p. 245.

2 Voy. Revue num., sér., 1850, pl. VII, 3. L. Müller, Num, de Vanc, Afrique, t. I, p. 11, 22. M. Müller (p. 18) pense que le style du tétradrachme de 17 gr., 23 (attique) avec la tête d’aigle et la tête de lion convient à l’époque d’Arcésilas I, se réfugiant à Samos et recouvrant sou royaume grâce au secours des habitants de cette île (529-525).

3 Duc de Luynes, Monum. dell’ Instit. areheot., 1841, vol. HI, pl. XXXV, 18, Revue num., 1656, pi. II], 8

——

ET DISSERTATIONS. 457

à Amathonte ‘. Même puissante musculature, même cordon de perles à la section du cou, même exécution empreinte de cette hardiesse qui donne aux œuvres de la haute anti- quité un si grand et si noble caractère de vérité. |

De tout cela il résulte qu'on peut, sans se faire de scru- pule, attribuer à la fin du vi‘ siècle avant notre ère le monument que vient d'acquérir M. de Demetrio, ou du moins placer son émission vers l'an 500.

Des deux éléments dont est composé le type, ilen est un, le dauphin, qui semble si exactement approprié à la ville de Delphes que c’est à peine s'il doit nous arrêter quelques instants. I] suffira de rappeler qu'un des surnoms donnés à Apollon en Crète et en Cyrénaique était Askglvus et non pas AsAodc, et qu’ Etienne de Byzance dit : «#ExAZOnoav 8 AsÂvot, dtt Axddhwv auvémhouce SzAgive elnaBels’ xal Tôpurar AnddAdwve lepdv ?, » Et en effet, Homère, dans son Hymne à Apollon, rap- porte la tradition suivant laquelle le dieu arriva à Delphes sous la forme d’un dauphin : Sép2¢ Gekpive és *, Le héros Castalius à la tête d'une colonie de Crétois vint aborder au golfe de Crissa, mystérieusement guidé par Apollon métamorphosé en dauphin *, et s'établit à Delphes le

1 Numism. et inscript. cypriotes, 1852, p. 5 et pl. I, n°° 1 à 4 et 12; voir encore pl. VI, 10; pl. XII, 1.

2 De urb. et pop. 8. v. Ashool.

3 In Apoll,, v. 400. Cf. Tzetz., ad Lycophr. Cassandr. 208, Schol. ad Pindar., Nem. V, 81.

+ Dans un autre récit (Plutarch., De solert. animal., cap. XXXVI, 2), on voit les envoyés de Ptolémée Soter qui se rendaient à Sinope pour en rapporter une image de Sérapis, errer en mer et se croire perdus, lorsqu'un dauphin paraît au devant de la proue ; ils le suivent et, grâce à ce secours inespéré, peuvent enfin aborder à Cirrha. Il n’est pas étonnant que les Grecs, frappés de l'habitude qu'ont les dauphins d'accompagner les navires, aient, en certaines occasions, cherché à l'expliquer par l'intervention d’un dieu.

468 MÉMOIRES

dieu qui avait repris la forme divine se fit connaître, et ordonna qu’un sanctuaire lui fut élevé et qu'on l'y adorät sous le nom de AsAgives,

de pdv tym cd npovov dv Aepoudét révep elddusvoc SeAgive, Gofc ext vnèç bpovea, de tol cdysobar Atdgivip’ adtadp à Beds ausdg Aédperos al métros Escetar alel 1.

Un souvenir de cette croyance religieuse se retrouve dans la curieuse inscription crétoise * les jeunes hommes de Dréros prennent toutes les divinités à témoin d'un ser- ment de fidélité aux alliés de la patrie, et de leur haine contre ses ennemis. On remarque particulièrement dans ce texte la mention d’Apollon Delphinius.

Les habitants de l'île de Théra avaient donné à l’un des mois de leur calendrier le nom de Delphinios * en l'honneur de leur dieu protecteur, Apollon conducteur des colonies (4pynyémms) et fondateur des villes (okrtic) ; l'une des mon- naies autonomes qui leur sont attribuées représente la tête de face du dieu, et au revers, trois dauphins placés au- dessus les uns des autres avec la légende OH*. C'est bien probablement en tenant compte de ce fait que M. François Lenormant s'est décidé à classer à Théra une monnaie

1 Homer., In Apoll., v. 493-6.

® Ph, le Bas dans l’Hist, de U Académie des Inscript, et bell, lett., t. XX, 1861, p. 115.

3 Également usité chez les Éginètes et chez les Cyrénéens : Schol, ad Pind., Nem.V,81.— Corp. Inscript. græc., 2448, = Geoponica, lib. 1, cap. IX, 2. Thrige, Res Cyrenensium (Hafn. 1828), p. 283. Otf. Müller, Ægin., p. 150; Dorier, I, p. 331. Maury, Annuaire de la Soc. des Antiquaires de France, 1852, p. 169.

* Pellerin, Peupl. st vill., III, pl. XCI1I, 10. Mionnet, Deser., t. Il, p. 331, 160.

—- A pm ' i ee Lu

ET DISSERTATIONS. 4159

globuleuse de très ancien style qui a pour type deux dau- phins, avec un carré creux au revers,

Un trépied placé entre deux dauphins à l’exergue de ‘certains rares et beaux tétradrachmes frappés à Thurium" me paraît une allusion suffisamment claire à f’établisse- ment de la nouvelle ville sur les ruines de l'antique Syba- ris, par suite de l’oracle apollinien qui avait désigné une contrée «où l’on pit boire peu d'eau, mais manger outre mesure *». Une seconde fois encore les Thuriens durent consulter le dieu : De tous les peuples qui avaient concouru à la fondation de la cité de la Lucanie, il s'agissait de savoir à qui appartenait le droit de colonie. On résolut de s'en remettre à la décision de l’oracle qui coupa court à toute discussion en répondant qu'Apollon se réservait ce droit pour lui seul. L'introduction de trépieds, de lyres, de dauphins dans la composition des types numismatiques est donc doublement autorisée pour les espèces monnayées de Thurium. A ce sujet, il ne paraîtra pas hors de propos de citer l'explication excellente que M. Brunet de Presle a don- née des figures de dauphins qui encadrent si harmonieu- sement la tête des monnaies de Syracuse. Évidemment ces mammifères de l’ordre des cétacés ne peuvent en aucune façon être confondus avec des poissons, et par conséquent ils ne sauraient se rapporter à la fontaine Aréthuse, ni à la fontaine Cyané. M. Brunet de Presle* pense qu'ils sont

1 Descript. des med. du cabinet Behr, pl. I, 3, p, 49, 285.

2 Magnan (Miscell, num., t. 1, pl. 49, II et III) trompé par le module exigu de ces pièces, les indique comme ez argento medio; celle du Cabinet des médailles de Paris est épaisse et son poids en fait indubitablement un tétra- drachme. I] existe des didrachmes de la même ville avec une tête d’Apollon, qui présentent aussi à l’exergue du revers la figure d’un trépied.

3 Died. Sic., lib. XII, cap. X, 5 et sq.

% Rech. sur les établies, des Grecs en Sicile, p. 621.

160 MÉMOIRES

relatifs au culte d'Apollon Delphinien, Syracuse ayant été fundée d’après un oracle de Delphes. Il est à désirer que les numismatistes fassent usage dans leurs écrits de l'opi- nion du savant helléniste.

Ainsi, l'influence de cet oracle si puissant apparaît partout. La figure de dauphin placée sur une petite pièce d'argent des Phocéens ‘, l'épi de blé des médailles de Métaponte, le trépied de Crotone, la feuille de laurier sur la monnaie de. Rhegium, etc., etc., sont autant de témoignages très-précis des rapports continuels établis entre les populations colonisatrices et le grand sanc- tuaire de la Phocide. Il intervient surtout à propos de la naissance des villes. Et si l'on voit deux dauphins sur une monnaie cyrénéenne de très-ancien style, c'est aussi que la cité qui les a émises a été fondée par les Théréens, en vertu d'un ordre émané de l'oracle de Delphes *. En outre, la fontaine qui avait déterminé le choix de l'empla- cement devait s'élever la nouvelle ville était consacrée à Apollon : c'est du moins ce que laissèrent croire aux colons grecs les indigènes qui leur servaient de guides. On ne doit pas oublier la tradition légendaire relative à la nymphe Cyréne transportée en Libye par le fils de Latone *. _ Je me permettrai encore d'appeler l'attention sur quel- ques autres pièces qui se rattachent au sujet que j'examine. M. Charles Fellows‘ a attribué à la Lycie trois monnaies

1 La Saussaye, Num. de la Gaule Narbon., pl. I, 1.

2 Mionnet, Suppl.,t. IX, pl. VII, 2.— Duchalais, Revue num., série, 1850, pl. VII, 3 et p. 265. L. Müller, Numism. de l'anc. Afrique, t. I, p. 17, et p. 11, 21. Cf. Herod., 1V, cap. CL, sq. Pindar., Pyth., IV, 294. Thrige, Res Cyren., p. 43, note 5.

3 Voy. Otf. Müller, Gesch. hellen. Stzmme, 11, p. 268. Thrige, Res Cyren., p. 55-56. Pindar., Pyth., IX, 5-75, Apoll, Rhod., 1], 500 sq

4 Coins of auciens Lycia, 1855, pl. VIII, n‘° 5, 6, 7.

ET DISSERTATIONS. 461

dont la première porte le type de trois dauphins (non pas de trois poissons, comme l’a cru le savant voyageur), ac- compagnés de fleurons ou palmettes placés dans les angles d’un carré, tandis que les deux autres, beaucoup plus mo- dernes, offrent d’un côté une tête d'homme vue de trois quarts, et, au revers, deux dauphins dans un carré creux aux angles duquel on remarque encore deux fleurons :. Nous avons peut-être 14, comme sur la monnaie de Théra dont il a été question plus haut, une tête d’Apollon, qui pourrait à la vérité appartenir à la Lycie, mais qui serait tout aussi légitimement donnée à Delphes, si les monnaies convenaient du reste à cette localité. Les trois médailles qui viennent d'être citées font partie des collections du Musée Britannique, et de M. le général Fox. Il serait bon de les examiner avec soin.

La relation du dauphin avec Apollon s'établit facile- ment, quand on tient compte d'une donnée mythologique fréquemment exprimée dans les compositions céramogra- phiques, et suivant laquelle le soleil dans son mouvement

1 Sans attacher plus d'importance qn’il ne convient à un détail secon- daire, on aurait encore à faire remarquer que la plante figurée près des dauphins, tant sur le tétradrachme de Delphes que sur les pièces attribuées à la Lycie, pourrait être une représentation du de/phinium décrit par Diosco- ride (lib. LI, cap. 84). Il est vrai que Mattioli considère le passage relatif à cette plante comme une interpolation, par la raison que Gallien et Paul d@’Egine n'ont point parlé du delphinium; mais toutefois il est bon d’ob- server qu'on trouve dans le lexique d’Hésychius : « Aeplvos elôoc Bordvnc, » et que cette plante est aussi mentionnée dans les Geoponica (lib. XX, cap. II, 2). 11 est remarquable que Linné assimile la plante en question à l’hyacinthe décrite par Pline (lib. XXI, cap. 98, 1), car cette dernière plante eit un des attributs d’Apollon. (Voir duc de Luynes, Annal. de l'Instit, ar- chéol., t. 11, 1830, p. 341.) Mais je n’en dirai pas plus sur un sujet encore très-obscur. Ut

162 MEMOIRES

diurne était si souvent en contact avec la mer‘. Alors mème que le dieu est représenté assis sur le trépied fati- dique, les artistes l'entourent de dauphins qui symbolisent ce rapport”. Parfois enfin la barque ou dar: qui, suivant une croyance peut-être empruntée à l'Égypte, supporte le char du Soleil, affecte la forme d’un dauphin’.

Dans l'esprit des anciens, ce cétacé se trouvait aussi rat- taché à Apollon par l'attrait pour les sons de la ‘musique qu ils lui attribuaient, croyance qui existe encore parmi les marins de la Méditerranée: « Il est naturel, dit Plu- tarque *, que le penchant musical de cet animal soit agréable au dieu. »

1 Voir le quadrige du Soleil entouré de dauphins, peinture d’une amphore à figures noires conservée au Cabinet des médailles: Laborde, Vases ds Lamberg, t. I, p. 13, fig. 3; Dubois Maisonneuve, Introd, à Pétude des vus, pl. XXIX; Ch. Lenormant et de Witte, Elite des monem. céramogr., t. II, pl. CXV. Un dauphin placé sous le char du Soleil, pinax du Musée du Louvre : Elite, t. Il, pl. CXIII. Sous celui de l’Aurore : Millin, Tombsaur de Canose, pl. V; Gerhard, Ueber die Lichtgottheiten, 1840, pl, III, 1. Un autre: J. de Witte, Catalogue Durand, 231; Elite, t. I, pl. CIX ; Gerhard, Auserl. gr. Vasenbilder, t. 11, pl. LXXX.

2 La peinture d’un beau vase du Musée Grégorien, à Rome, nous montre Apollon lyricine et armé du carquois, assis sur un trépied ailé qui est placé au-dessus des flots; à droite et à gauche on voit deux dauphins: Monum dell Instit, archeol., vol. 1, pl. XLVI; Museum etr. Gregor., t. 11, pl. XV; Ch. Lenor- mant et de Witte, Elite des monum. céramogr., t. Il, pl. VI; Gerhard, Ueber dis Lichtgottheiten, pl. 1, 3.— Sur les monnaies romaines, le trépied surmonté d'un dauphin est le symbole des quindécemvirs, Voir aussi le Génie local de Delphes tenant un dauphin dans chaque main, figure qui décore le manche d’un miroir étrusque sur lequel est représenté Apollon-Hélius entre Neptune et Aurore: Monum, de l'Instit. archéol., vol. II, pl. LX; Gerhard, Etrus- kische Spiegel, pl. LAX VI; J. de Witte, Mém. de la Soc. des Antiq. de France, t. XX, 1850, p. 337.

8 Musée du Louvre: Ch. Lenormant et de Witte, Elite des monum. céf.; t. 11, pl. CXIV ; Gerhard, Lichtgottheiten, pl. III, 3, eto,

+ De solert. animal., cap. XXXVI, 4.

ET DISSERTATIONS. 463

La fable d’Arion sauvé par un dauphin, aprés avoir chanté, sur le tillac du vaisseau qui le ‘portait, un nome orthien, était. une des expressions de cette idée à laquelle Aristophane fait allusion par ces mots : 6 glauhos sedgls !, Pmdare se compare lui-même au dauphin «qu’émeut, sur -la surface de l’onde tranquille, la suave harmonie des flûtes’. » Les naturalistes, Pline’, Élien*, n’ont pas manqué d'enregistrer dans leurs écrits la citation d’un fait _ Si curieux.

Dans un fragment inséré par Dibner parmi ses Adno- tationes in Aristophanem, on trouve la mention d’un &ov pavtxée qui était gardé à Delphes près du lieu le dieu rendait ses oracles *,

Les têtes de bélier ne conviennent pas moins, comme type monétaire, à la localité se trouvait le sanctuaire d’ Apollon.

Ce dieu, en effet, portait précisément dans laGréce divers surnoms tels que Kzpvetoc, Emprjdtoc, Noptoc, Iloluvtoc, Apvoxd— une, Madders, Kepedtec, Tpzytoc, T'ahd£toc, qui tous font allusion à son caractère pastoral. Quelle que soit l'origine réelle du surnom Kapveios, qu'on a voulu faire dériver d'un nom d’homme et qui était un des plus fréquemment donnés au dieu de la lumière à Thèbes, à Corinthe, en Laconie, en Messénie, dans les îles voisines du Péloponnèse, en

1 Ranz, v. 1817.

-% Fragm., 259, édit, Beeckh, Leipzig, 1821, t. II, part., p. 679. Vers cités par Plutarque : Quæst, conviv., lib. VIII, cap. II, 5, et De sotert. animal., cap. XXXVI.

3 Lib. IX, cap. VII, 1. 4 De animal., lib. VII, cap. XLV.

5 Paris, Didot, 1842, p. 536 : Ot & Adyour bt nAnglov toû pavælou tou ArdAkwvOs Fv Aluvy tué, Ev H xavepuer Sergiy pavrixéc + eloepyouevors oÙv eo pevevndc, 6 8e hp nepl tiv npiopav parvopsvos pavselasÉkeye nat ypnoyous, x. ©. À

164 MEMOIRES

Cyrénaique et généralement chez tous les Doriens, Aespiia phy coic r&n*, il n’en demeure pas moins constant que le mot xdpvoc, équivalent de Pésxnua, de xpébarov *, devait naturellement autoriser l'emploi du type qui nous occupe. Non seulement des temples, des statues s’élevaient de tous côtés en l'honneur d’Apollon Kapvsioc*, mais ce surnom servait encore à désigner le mois* pendant lequel on célébrait des fêtes appelées Käpveux que prési- daient, avec le titre de Kapmäta, cinq citoyens pris dans toutes les tribus et nommés pour quatre ans*. Apollon, lorsqu'il était exilé de l'Olympe, fut, disent les mytho- graphes, pendant neuf années conducteur des troupeaux d'Admète, roi de Phere en Thessalie. De les surnoms de Néytog (protecteur des troupeaux) chez les Arcadiens ‘, de Molsviog (pasteur de brebis) chez les Naxiens ‘, d'Apvoxéunc

1 Pausanias, lib, II, cap. XIU, 4.

2 Hesychius, ¢, 9. xdp vos.

8 Voy. Pausan., lib. II, oap. X, 2, XI, 2; lib. IM, cap. XIV, 6, XXI, 8, XX1V,8, XXV, 10, XXVI,5et 7; lib. IV, cap. XXXI, 1, XXXIII, 4. Le Spartiate qui introduisit le culte d’Apollon Carnéus dans sa patrie et qui avait érigé dans sa propre maison un autel consacré à ce dieu se nommait Kpios (id., IN, XU, 3).

4 Thucydid., lib. V, cap. LIV. Euripid., Alcest., v. 450. Plutarch., Nicias, cap. 18. Boeckh, Corpus Inscr. græc., t. Il], p. 677. Maury, Annuaire de la Soc, des Antiquatres de France, 1852, p. 167.

5 Herodot., lib. VII, cap. CCVI; VIII, cap. LXII. Thucydid., lib. V, cap. LXXV. Pindar., Pyth., V, 8. Theocrit., Idyll., V, 83. Cal- limach., Hymn, in Apoll., v. 71 sq.— Plutarch., Quest. convival., cap. VII. Athen., Deipnosoph., lib. 1V. Cf. P. Castellanus, De fest. Græcorum, et Meursius, Græciæ feriatæ, lib. IV, dans le Thes. Ant. Gree. de Gronovius, t. VH, p. 676 et 808. Welcker, Griechische Gatterlehren, t. 1, p. 469.

6 Pindar., Pyth., IX, 67. Serv. ad Virgil. Georg., I], 2, Macrob., Saturn., lib. I, cap. XVII.

¥ Macrob., loc. est.

——— a a ee ee eee eee Sem]

ET DISSERTATIONS. | 405

à Lesbos’, de raïato, en Béotie’, de Made”, Kepe- trac’, Tpdyoc *, qui tous expriment plus ou moins direc- tement ia même idée; enfin d'Exipydtoc (qui préside aux brebis) chez ces Camiriens de l’tle de Rhodes * le culte d’Apollon-Hélius resta en honneut jusqu’aux derniers temps du paganisme. Et multa sunt, dit Macrobe, cogno- mina per diversas civilates ad dei pastoris officium tendentia. Quapropter universi pecoris antistes et vere pastor agiios- cilur.

De 1a provient sans doute aussi la grande analogie de certaines figures de Päri$ berger avec Apollon dont il em- prunte et le costume et la lyre, comme lui couronné hurier-êt laissant flotter sur-ses épaules sa longue cheve- jure. Les animaux qui l'entourent sont tantôt des chèvres et tantôt des brebis ’. La chèvre, l'ibex, le mouton, étaient

1 Macrob., doc. cit.

* Plutarch., de Pyth. orac., cap. XXIX. Proolus, in Photii Bibléoth., p. 321, 31.— Cf. Welcker, Griechische Getterlehren, t. I, p. 485.

$ Thucydid., lib. III, cap. III, 3

+ Pausanias, lib. VIII, cap. XXXIV, 8. Temple d’Apollon Céréates près du fleuve Kzpvlwv.

8 Steph. Byzant., s. 0. Tpayata. Cf. Weleker, op. laud,

e Macrob., Saturn., lib. J, cap. XVII.

T Voy. Gerhard, Trinkschalen wu. Gef. des k. Museams su Berlin, pl. Xt. Auserlesene gr. Vasend., t. Ill, pl. CLXX1V. Antike Bildwerke, pl, XXX]. Overbeck, Gall. heroisch. Bildw., pl. 1X, 8; et X, n°° 1 et 4.—Cf.J. de Witte, Catal. Canino, n* 129 et 130. Sur d'autres vases encore on voit Pris tenant la lyre, mais sens troupeaux; par ex. : Gerhard, Auserl. gr. Vasenb., t, 111, pl. CLXXÏII.— Antike Bildwerke, pl. XXXI1I. J. de Witte, Catal. Durand, 375. Overbeck, Gall. heroiech. Bildw., pl. 1X, n°° 4,5, 6; X, 3. Cf. O. Jahn, Budlett. ded?’ Instit. archeol., 1842, p..26. (Toutefois rien ne prouve que sur les miroirs gravés pl. CCX] et CCXII des Etruskische Spiegel de Gerhard, le personnage qui tient une lyre et un ra- mean puisse être considéré comme l'image de Paris.) Ailleurs Apollon ‘lui-même assiste au jugement; un bélier se voit près du dieu ot de Paris assis: Gerhard, Apulische Vasenb., pl. VI; Overbeck, op. laud., pl. X, 5.

1869. 3. 12.

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facilement confondus par les anciens, confusion qui est en accord avec les lois de la classification scientifique. Des têtes de béliers et des têtes de chèvres sont figurées sur les pièces de Delphes’, et l'on trouve ces deux genres de ru- minants alternativement attribués, dans les représentations antiques, à Mercure qui partage avec Apollon les épithètes de Nomius * et d’Epaméiias *.

D'ailleurs Pausapias nous apprend que Mercure avait dé- livré les habitants de Tanagra de la peste, en portant ut bélier autour des murs de la ville, ce qui lui avait valu le surnom de Criophorus : « 0 Epnñs agloiv äxotphpat vésov Ao- yubdy mp to cio xptdy aipurepauw’. » Il est possible que quelque croyance analogue ait existé au sujet d’ Apollon, dieu médical *.

Le voyageur rapporte encore que dans les environs de Messène, au milieu d’un bois très-épais de cyprès qu'on appelait de son temps Carnasius ‘, et dans lequel on célé- brait les mystères de la Mère des dieux’, se trouvaient associées les images d’Apollen Carnéus et de Mercure por-

3 Les têtes de chèvres rappellent aussi la tradition suivant laquelle des animaux de cette espèce firent découvrir l'emplacement d'où sortaient des émanations inspiratrices, et sur lequel fut érigé le trépied fatidique. C'est à cette croyance que se rapportait la coutume établie de sacrifier des chèvres quand on voulait consulter l’oracle (Diodor. Sicul., lib. XVI, cap, ¥XVI- Pausan., lib. X, cap. V, 7).

2 Aristophan., Theamosphor., v. 977.

3 Pausanias, lib. IX, cap. XXXIV, 3. Cf. lib. H, cap. IH, 4.

+ [bid., IX, cap. XXII, 1.

8 Voy. Friederichs et Gerhard, Apolton mit dem Lamm (zum Winckelmanns- fest, 1861). Et pour les rapports médicaux de Mercure avec Apollon, Pa- notka, Heilgætter der Griechen, Berlin, 1845, p. 11,

* Pausan., lib. IV, cap. XXXIHI, 4, C'était aussi l’ancien nom d’une prey vince ; ibid., cap. Il, 2.

7 cf. Pausan., lib. If, cap. 11}, 4.

ET DISSERTATIONS. 167

tant un bélier. Ce sanctuaire n’était pas probablement sans analogie avec celui qui fut découvert, il y a une vingtaine d'années, par M. Peretié à Rimat près Saïda, et qui ren- fermait une statue d'enfant criophore accompagnée de deux bustes radiés. Les figures de bronte recueillies en ce lieu furent acquises par M. le duc de Luynes, et sont actuellement conservées à la Bibliothèque impériale ‘. On sait aussi qu'un autel du Musée Gapitolin* représente un buste solaire et un enfant criophore sortant du feuillage d’un cyprès, sajet qui offre de frappants rapports avec la description du bois Carnasius. Toutes ces représentations, ‘dont je ne prétends pas épuiser la liste, concourent à nous montrer la relation du bélier avec Apollon-Hélims.

Au temps furent composés les hymnes homériques, Apollon paraît conférer à Mercure le gouvernement des trou- peaux de toutes les espèces. Ge n’est point seulement les bœufs dérobés au dieu armé d'un arc d'argent, les cavales qu'il nourrissait sur le mont Piéris *, les bêtes fauves, qui devront wbéir au rusé fils de Mafa; son empire s’étendra encore sur les chiens, les brebis, les troupeaux de moutons qui couvrent la surface de la terre :

wat vu) xal pékorarv, Soa tpivet edpeta yÜv, naa. 8 int rpoërrornv évasanv xdcrpov Eppijy *.

Mais, ainsi que le fait observer M. Alfred Maury : « comme divimté pastorale, le fils de Latone déposséta

1 Lajard, Rech. sar le cuite du cyprès pyramidal, 1854, p. 28, ‘et pl. T3 fig. 1. Archæol. Anasiger zur Archwol, Zeit., mai 1851, p. 50.

4 Lajard, op. laud., p. T9 sq, et pl. I. Monum. ined. de l'Instit. archéot.y +. IV, pl. XXXVIIL.

8 Homer., Hymn. in Mercur , v. 70,— Hidd., Mb. 1}, v 763 7,

+ Hymn, in Mercur., vy. 570 sq.

168 MÉMOIRES

peu à peu complétement Hermès. A mesure que ce dernier fut confiné davantage dans ses fonctions de messager des dieux, Apollca prit sur les troupeaux un empire de moins en moins contesté... Ce qui frappe dans l'hymne homé- rique, c'est la supériorité morale d’Apollon sur la divinité arcadienne..... Herinés garde encore le droit de protéger les troupeaux ; mais son emploi n'est: plus que subalterne, et le fils de Latone domine de toute la hauteur et de tout l'éclat de sa divinité. Apollon ne partageait pas senlement avec Hermès, son ancien rival, les attributs de dieu pastoral, il avait encore presque tous ceux qui caractérisaient le fils de Maia’.

Toute question mythologique mise à part, les archéo- logues qui cherchent sur les monuments des souvenirs de faits positifs, pourraient encore alléguer que Y Apollon de Delphes possédait des troupeaux réels qui paissaient sur les pentes verdoyantes du Parnasse, et produisaient pour le sanctuaire un revenu considérable qu ‘adrninistraient les Amphictions’.

Ce n'est pas exclusivement la monnaie de Delphes qui montre le bélier rattaché au culte d'Apollon : Les petits bronzes de l'île de Péparéthus*, ceux de Clazomène*, et ceux qui ont été attribués à Céphallénie par Pellerin, Chris- tian Ramus, Mionnet, et à Cébren de Troade par MM. H. P. Borrell*® et Waddington‘ nous offrent une tête de bélier

* 4 Fist. des religions de la Grèce ant., t. 1, p. 445 et 446, ° 3 Voy. Carle Wescher, Étude sur ls monum. bilingue de Delphes, p. 56, ligne 57, et p. 68, 115 et 120. 3 Mus. Hunter, pl. 42, 8.— Mionnet, Descy., t. H, p. 27, 187; Suppl., + IN, p. 313, 3 + Mionnet, Suppl. t. VI, p. 89, 54. « + Numisin, Chronicle, t. VI, 1844, p. 187. 6 Revue num., 1858, p!. V, n 2,3 et 4,

ee a a

ET DISSERTATIONS. 169

au revers de ja téte lauréé du dieu. L'image de la même divinité alterne dans la série des médailles impériales Colophon avec celle d'un bélier.

Sur les autonomes de Nésus de Céphallénie ', on trouve üne petite tête. de bélier que l'on peut regarder, je pense; aussi bien que d’autres types de la même ville, lyre, tré- pied, dauphin”, comme étant relative à Apollon dont l'ef- figie se voit au droit, peut-être même au sarcluaire de Delphes spécialement‘. |

A Cranium enfin *, le bélier apparaît associé à un arc; et l'on peut, sans trop de témérité, chercher dans ces derniers types une intention de rapprochement entre le surnom du dieu : Kzpvziog, et le nom de la cité : Kpaviov.

En effet, près de Corinthe, il y avait un bois de cyprès qui se nommait, non pas Kapvacwv, comme à Messène, ou Käpvwov, comme un lieu consacré en Laconie*, mais Kpd- veov* : on a déjà remarqué la relation des cyprès avec les divinités criophores. |

Pausanias, torsqu'il rapporte les diverses étymologics données au surnom apoilinien Kapveioc, dit qu’on le faisait dériver de 4 xpaveia, à cause des cornouillers que les Grecs avaient coupés dans un bois sacré d’Apollon sur le mont Ida, pour la construction du Cheval de Troie, Bientôt ils recon-

1 Revue num,, première série, 1845, p. 413, vignette.

2 Numism. Chronicle, t. VII, p. 60. Annal. dell” Instit. archeol., 1861, p. 146. Avec des attributions fautives.

3 Voir, sur ce point, Pausan., hb. 1, cap. XXXVI!, 7, et lib. X, cap. XIX, 3.

* Bosset, Essai sur tes med. de Céphal. et d'Ithaque, pl. It, n 18 à 25 et 30. —Taylor Combe, Vet. pop. et reg. num., pl. VII, 21,—Postolacca, Katadoyvo tiv dpyalev vous. tw vicwy, 1868, n'° 901 à 904 et 908 à 911,

5 Polyb., Bell. soc. Ach , lib, V, cap. XIX, 3. et 4, os

* Pausan., lib. JI, cap. 1,4. Cf. un bois consacré à Apollon Carnéus, id. lib. IV, cap. XXXI, 1. | |

470 MÉMOIRES

aurent que cette action avait attiré sur eux la colère du dieu : pour l’apaiser, ils instituèrent des sacrifices, et donnt- rent alors à Apollen le surnom Kapwäioc, dérivé de xpzvlz, au moyen de la transposition du rho, suivant un precédé ar- ehaique : xd sûv xpavuiov, bapQivess 50 fib xevk bof tt Zpyaiey '.0

Les habitants de Cranium ont eu probablement recours à la même métathèse. Cest ainsi que lle de Carpathus, située près de la Crète, dont le nom est écrit &äpraîec par Hérodote*, Strabon*, Étienne de Byzance, était appelée poétiquement Kpératec dans Homèse *.

L'arc, représenté aw revers des monnaies de Cranium qui portent au droit un bélier, s’expliquera par une double allusion au culte apollinien et aa nom de la ville : l’em- blème du dieu x)urérofes est aussi l'arme faite de bois de eornouiller = ré£ov xpavêivor *.

Je ne dois pas oublier de mentionner une circonstance archéologique fort intéressante, Le type du tétradrachme delphique a été reproduit sur la base d’un cône de ealcé- doiae qui probablement a servi de sceau à un habitant de

Tune des provinces maritimes de I’ Asie Mineure, et qui fait aujourd'hui partie de la collection de M. James Cove Jones, ancien secrétaire de la Société numismatique de Lendres,

* Pauean,, lib.., III, cap. XIN, 5. * Lib, I, cap. XLV.

# Lib. X, p. 488; XIV, p. 681.

* Miad., lib. I], v. 676.

5 Voy. Pausan., lib. 1, eap. EX, 5

ET DISSERTATIONS. 47)

à Loxley (comté de Warwick). La seule différence qu'on puisse con3tater entre le type monétaire et celui de l’in- taille, est que cette dernière offre au-dessus des têtes de bélier géminées trois dauphins au lieu de deux. M. le comte de Vogüé, en publiant ce curieux monument d’après une empreinte‘ que Jui avait donnée M. le duc de Luynes, a trés-ingénieusement fait observer que le styie des figures qu'il ne croit pas antérieures au siècle, est inspiré de d'art grec. La découverte du tétradrachme de M. de Deme- trio lui donne complétement raison.

Avons-nous dans ce sceau un souvenir de quelque péleri- nage ou de quelque réponse heureuse obtenue de l’oracle de Delphes ? On sait que les Asiatiques le consultaient aussi bien que les Grecs. Serait-ce le cachet d'un négociant étranger habitué des marchés de la Phocide? On bien les symboles apolliniens se rapportaient-ils à l'un des noms inscrits sur le sceau ?

M. de Vogüé a lu: ww "2 wars nn, Soeau de Nergasch fils de Scheresch. Le second de ces noms est connu dan; la Bible *. Mais si nous remarquons que dans k nom du père de Nergasch, le deuxième caractère est exactement sem- blable à celui qui commence le nem du fils, c'est-à-dire un moun ; que le troisième et dernier est un beth comme la première lettre du mot 2, il en résultera qu'il faut lice mon pas wiw, mais 230, Schenab, nom qui se rencontre dans la Genèse* porté par un roi d’Adama près de la mer Morte. il se présente sous la forme 2n3w, tandis que

1 Mélangrs d'archéologie orientale, 1868, pl. VI, 33, et p. 130. Rer. arehcol., 1868, pl. XV et p. 445.

3 Paralip., lib. 1, cap. VII, 16.

8 Cap. XIV, 2.

472 . MEMOIRES le groupe inscrit sur le sceau contient pas de voyelle, conformément à l'usage phénicien.

La signification du nom Nergasch n'a pas été indiquée par M. de Vogaé. Quant à Sehenab, dont les Septante ont fait Yevvadp, les interprètes ont donné à ce nom des étymolo- gies fort diverses que je ne me perniettrai pas de dis- cuter. Nous savons par les stéles bilingues d'Athènes et de Malte que les Phéniciens établissaient une synonymie entre leurs dieux et les dieux de la Grèce ; puisqu'ils tra- duisaient wowTAay par H)dswpoc, el IORTAY par Atovéne. Le nom d’Apollon-Hélius avait sans doute chez les Sémites plus d'un équivalent; mais il y a matière à examen et à discussion. Je me contente donc de doaner une: nouvelle copie du sceau aux têtes de béliers, prise sur une excel- lente empreinte, et de signaler l'identité de son type et de son style avec ceux de la monnaie qui doit avoir servi de modèle.

Henri DE LONGPÉRIER.

io | ET DISSERTATIONS. 473

MEDAILLES GRECQUES INEDITES DE EA COLLECTION SOUTZO

(Pi. VI, VU, VII.)

4. Ælnæi de Sicile. Tête dApollon, à gauche. Hh. AITN. Ornement en forme de double palmette, dont les deux feuilles supérieures ressemblent à celles de l'a- canthe. Æ 5. (D’après M. Th. Heldrich, botaniste, à Athènes, et conservateur du Musée d'histoire naturelle.)

2. Bizya de Thrace. M.IOYA.@IAITITIOL KAIL. Buste de Philippe le Jeune, 4 droite ; la tête nue. à. BIZYHNON. Ciste entr’ouverte d'où s'élance un serpent, à gauche. Æ. A. La ville de Bizya est située dans Ia partie de la Thrace que les anciens appelaient le royaume ou le peuple des Astæ. |

3. Byllis d'Illyrie, Tête casquée de Minerve, à droite; derrière, monogramme. À. BYAAIZ. Aigle, à droite, debout sur un foudre : le tout dans un cercle de grènetis. #. 2. Cette ville maritime d'Illyrie passe pour avoir été fondée par les Myrmidons, compagnons de Néoptolème.

h, Methone de Macédoine. Téte de femme, à gauche, les cheveux retroussés. R. MEOQ à l'exergue. Lion, à gau- che, brisant une lance. Lettres AV liées au-dessus du lion. Æ,. 2. Méthone est sur la frontière de la Thrace. C'est la seconde médaille connue de cette ville; la première se trouve dans la collection nationale d'Athènes : elle a été

474 MÉMOIRES

publiée par mon ami M. A. Postolacca, conservateur du Cabinet des médailles d'Athènes, dans les Annali dell Instituto di corrispondenza archeologica, t. XXX VIII, Rome, 1866, p. 330 et Monum, vol. VIII, pl. XXXII, 2. Mais on y remarque certaines différences. Dans la première le lion est tourné à droite, occupé à dévorer sa proie, et il n’y a pas de monogramme.

5. Larissa de Thessalie. Tête de bœuf, de face, avec le cou à droite; le tout dans un cercle de grènetis. ®. AA rétrograde: la lettre A n'a pas été imprimée. Tête de cheval bridée avec le cou, à droite ; le tout dans un carré creux en partie visible. MR. 1 4/2. Poids, 0s,898.

6. Melibæa de Thessalie. Tête de femme, à droite ; les cheveux réunis en touffe au sommet du crane.—s#. MEAL. Grappe de raisin avec deux feuilles. Æ. 2.

7. Elzade Thesprotie. Tête de Cérés de trois quarts, à gauche, couronnée d'épis; les cheveux pendants. À. EAEAI au-dessus de Cerbère en arrêt, à gauche, sur une ligne horizontale ; entre les pieds du chien, A : le tout dans un champ concave. Æ. 4 1/2. Le comte Michel Wiczay, dans la description de son cabinet ', attribue cette pièce à Pisaurum d'Ombrie, en la comparant à la mon- naie au type de Cerbére décrite par Pellerin”. Mais, en 4824, M. Mionnet, qui la croyait inédite, la classait aux Celtæ-Aidonites de l'Épire, d'après un renseignement que lui avait fourni M. Pouqueville*. Quelques années plus tard, Éd. de Cadalvène, ayant trouvé un exemplaire sur

1 Musei Hedercarti num. ant., 1814, t. I, p. 17, 344.

3 Recueil de méd., t. I, pl. IX, 40, p. 59. Mionnet, Descript., t. I, p. 104, 64, et Suppl., t. IX, p. 242. |

# Voy. Vuyage en Grèce, 1.1, préface, p. xvi et p. 471. Mionnet, Suppl, t. 111, p. 418, pl. XI, 5.

=

ET DISSERTATIONS. 478

Tequel il croyait lire EAEQ, proposa uve restitution à Éleon de Béotie‘. La médaille est incontestablement de fabrique thesprotienne, comme l’avait, du reste, reconnu Pouqueville. Thucydide fait mention (1. I, 46) d’un canton ele la Thesprotie qui s'appelait Elæatis. Ptolémée (1. III, Cap. 14) dit que le port de ce canton se jette le fleuve Achéron s'appelait Elæa. M. P. Lambros n'hésite pas à ac- cepter cette attribution, d'autant plus que la médaille a été recueillie en Épire. Le savant conservateur du Musée numismatique de Berlin, M. Friedlender, admet aussi cette attribution, et il pense, en outre, que la légende EAEAI pourrait, sans être nullement forcée, se compléter par EAEAION, c'est-à-dire habitants d'Elæa.

8. Acarnanie. AKAPNANON. Tête d’Achéloiis, à droite. À. PEPEAAOS. Apollon nu assis, à gauche, sur un siége sans dossier, tenant de Ja main droite un arc, et ap- puyant la gauche sur le siége. AX. 5. Poids, 85,805. Je n'ai jamais rencontré le nom de D9EPEAAOS sur les mé- dailles de l’Acarnanie. Je remarquerai encore qu’habituel- lement le nom de l’archonte est placé toujours du côté de la tête de l’Achéloüs et la légende AKAPNANON du côté du revers l’on voit Apollon. |

9. Alyzia d Acarnanie. Tête de Diane, à droite, la che- velure retenue par un bandeau et formant une touffe au sommet, avec boucles d'oreille à trois pendants.— &. AA. Arc; le tout dans un champ concave. Æ. 2. Poids, 08,933.

40. Téte de Diane, a droite, les cheveux retroussés. À. AA. Arc posé horizontalement. #. 2 41/2.

41. Medeon d Acarnanie. Tête laurée d’Apollon, à gau-

1 Recueil de méd grecques, 1828, p. 154 et vignette du titre.

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che, les cheveux pendants par derrière. &. ME. Trépied placé entre les lettres. Æ. 4. M. P. Lambros restitue à Médéon, ville de l’Acarnanie, située vers la frontière de l'Étolie (voy. Thucydide, 1. III, 406), et qu'il ne faut pas confondre avec Médéon de Macédoine, une médaille attri- buée jusqu'à présent à Métapontum d'Italie, ayant c’un côté une tête de Minerve, et au revers, IME, chocette debout. La médaille que je publie doit être attribuée 4 cette même ville avec d'autant plus de raison, qu'elle a été trouvée en Acarnanie, et que celui qui a l'habitude de discerner les différentes fabriques ne peut pas mécon- naître le type acarnanien de cette médaille. M. P. Lam- bros et M. A. Postolacca n'hésitent pas à admettre cette attribution. _

42. Stratus d Acarnanie. Tête d'Acliéloüs, à droite, À. FTX dans un champ concave peu profond. A. 2. Poids, 15,170. L'attribution de cette médaille unique à Stratus a été contestée par la seule raison que la lettre T est plus grande que les deux autres et que l’on rencontre, quoique fort rarement, une médaille ayant le même type avec la lettre T isolée. Je pense que cette médaille doit être considérée comme acarnanienne, et en outre qu’elle doit être attribuée à Stratus. J'ai dans ma collection deux médailles des OEniades, dont une d'argent et l'autre fourrée, ayant absolument la méme tête d’Achéloüs. Il est vrai que la lettre T isolée se trouve sur d’autres médailles de la même contrée indiquant, d'après mon opinion, le poids’, mais il est plus que probable, que les habitants de Stratus, capitale de l’Acarnanie, ont ajouté à Ja lettre T indiquant le poids de la monnaie, les lettres ST pour

1 Voy. Reeve numism., 1867, p. 301 et 303.

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ET DISSERTATIONS. 477

indiquer en même temps le nom de la ville par les trois initiales. J'ai aussi en ma possession une médaille en bronze de Stratus, la seconde connne jusqu’à présent, et portant une tête d'Achéloüs semblable à celle de la médaille d'argent.

43. Phocide? Casque, à gauche. À. T dans un carré creux.—Æ. 1. Poids, 0s",420. Cette pièce a été classée par moi, à cause de Ja lettre T, parmi les médailles de Tégée. Mais ayant été convaincu plus tard par la belle découverte de mon ami M. P. Lambros, gue les lettres isolées, A, E,T, ne sont Je plus souvent que des indications du pois (j'y reviendrai plus tard à propos du 26), jen’ai pu classer nulle part cette médaille avec certitude, et c’est avec hési- tation que je la place parmi les médailles de la Phocide, car je ne me fonde que sur une médaille de cette contrée qui porte un casque semblable. Je laisse à la perspicacité des savants numismatistes à donner une explication plus satisfaisante.

4h. Delphi de Phocide. Téte de bélier, à gauche. i. Tête de bouc, à droite, dans un carré creux. AM. 2, Poids, 44,422,

_ 45. Ismene de Béolie. Bouclier béotien,—À. HI. Grappe de raisin placée entre les lettres. —Æ. 1/2. Poids, Osr,299. Cette petite médaille est attribuée par M. P. Lambros à ville béotienne d'Ismène. La lettre H indiquant que F1 est -aspiré ne l'a point arrêté; il est en effet prouvé par une foule d'inscriptions grecques que j'ai sous les yeux que le même mot était aspiré ou non aspiré indifféremment, et cela à la même époque; par conséquent, je pense que l'attribution de cette petite médaille à la ville d’Ismène est très- juste. 46. Tanagra de Béotie. APOYCOC. Téte de Drusus nue,

178 MÉMOIRES

à droite. R. TANA. Branche de palmier. Æ. 2 1/2. C'est à cause de Drusus que je place cette médaille parmi tes inédites, n'ayant jamais rencontré le nom de Drusus sur les médailles de cette ville,

47. Athenz. Tête de Thésée, les cheveux courts, à droite; derrière la tête, massue. f. AOH à gauche de la médaille. Vase à deux anses; à droite du vase, une branche de palmier : le tout dans un grènetis.—Æ. 4 41/2,

48. Dyme d Achaie. Cerf debout, à droite. &. Poisson, à gauche; au-dessus, symbole incertain; ke tout dans un carré creux.— MR. 4, Poids, 11,021, Cette médaille, ainsi que les deux autres qui suivent, quoique sans légende, ne pcuvent être attribuées qu'à Dymé, d'abord à cause du poisson qu'on trouve sur les médailles de la Ligue achéenne de la même ville, et, en second lieu, à cause de la fabrique. MM. P. Lambros et Postolacca sont du même avis.

49. Paytie antérieure d’une biche courant, à droite. à. Poisson posé transversalement, à gauche; au-dessus, petit poisson, et au-dessous, étoile ; le tout dans un carré creux dentelé, MR. 4, Poids, 05,095.

20. Partie antérieure d'une biche courant, à gauche.— à. Poisson posé transversalement, à droite; au-dessus, un Q; le tout dans un carré creux avec un encadrement.— A. T. Poids, 0,039. |

21. Pellene d Achase. Tête d'Apollon laurée, à gauche, la chevelare pendant par derrière en boucles. —à. TIEAAA dans une couronne de laurier. M. 2. Poids, 2,533.

22. Argos d Argolide. Téte de femme, à droite, la che- velure pendant par derriére en boucles et retenue par un bandeau. i. Harpé et massue placées horizontalement dans une couronne. Æ. 3. Poids, 2,412. Cette belle

M —_— ep ee ————< au

a

ET DISSERTATIONS. 479

meédaille, d’une conservation parfaite, peut être attribuée à Argos, à cause de la harpé et de la massue qui compo- sent le revers de cette médaille. MM. P. Lambros et A. Postolacca n’hésitent pas à considérer cette attribution comme juste et fondée.

23. Argos et Thyrea. Tête de loup, à droite. f. A et © en monogramme dans un champ concave. M. 1 1/2. Poids, O8',769. Les anciennes médailles de ces deux villes que nous rencontrons assez souvent ont, en général, le théta carré, et l'A se trouve au revers dans un carré creux. La médaille que je publie paraît être d'une fabrique bien postérieure, à cause du © rond et du style de la médaille beaucoup plus élégant.

2h. Cleonz d’Argolide. Tête de lion, àgauche.—à. x dans un carré creux.— /R. 4. Poids, 05,454. La tête du lion est : d'un beau style. |

25. Heræa a Arcadie. Téte de femme, à gauche, les cheveux retroussés. À. AQH. Au milieu, un grand E; le tout dans un champ peu concave. M. 4. Poids, Or 845,

26. Mantinea d'Arcadie. MA. Gland placé entre les lettres ; le tout dans un grénetis. à. Grand E devant la légende MAN. Champ concave. M. 4. Poids, 0#*,480. Les médailles portant la lettre E et quelquefois trois E ont été attribuées pendant bien longtemps à la ville d'HPAIA d’Arcadie, en admettant préalablement qu'on prononçait EPAIA au lieu d'HPAIA, c’est-à-dire l’éta avec le son de l’epsilon. Cette explication ne m’a jamais satisfait, bien que je n’eusse pas d'arguments assez solides pour la combattre. L’acquisition de cette petite médaille de Man- tinée, appartenant incontestablement à cette ville, puis- qu’elle porte une double légende, MA avee le gland d'un

380 MÉMOIRES

côté, et MAN avec la lettre E au revers', ne me laissait plus de doute que cette lettre signifiait tout autre chose, et que les médailles portant un ou bien trois E ne devaient pas être attribuées exclusivement à la ville d’Heræa. Plu- sieurs de mes amis qui soutenaient l'opinion contraire ont été obligés de se rendre devant l'argument palpable, la double légende de Ja petite médaille de Mantinée. On a soutenu alors que la lettre E était un signe d'alliance entre la ville d'Heræa et celle de Mantinée. Cette nouvelle supposi- tion a jeté quelques doutes dans monesprit, sans cependant me convaincre, lorsque l'acquisition de la petite médaille d'Heræa m'a donné complétement raison; mais la lettre E restait toujours inexplicable. Mon ami M. P. Lambros, d'une perspicacité reconnue pour tout ce qui a rapport aux médailles, a résolu le problème, la balance à la main, de la manière la plus satisfaisante, et va bientôt publier le résultat de ses observations. I] prouve, dans un travail très-ingénieux, que Jes lettres isolées E, A, T que nous rencontrons souvent sur les médailles indiquent le poids de la monnaie. Un E, par exemple, signifie la sixième partie d'une drachme ; la médaille qui en porte trois, est la moitié d’une drachme, soit les trois sixiémes, et ainsi de suite. J’ai dans ma collection une trés-belle médaille de

la Phocide; on y voit d'un côté trois têtes de bœuf et au

revers un T. Cette médaille pèse un trichalcon. M. P. Lam-

bros a été plus loin encore : il veut prouver que ce n'est

pas par pur caprice et sans raison que les anciens mettaient

sur leurs monnaies tantôt un bouclier et tantôt trois bou-

cliers, comme on en rencontre souvent sur les

Voir la monnaie attriouës à Mantia‘e pa: M. L. Müller, Revue numism.;

1862, p. 302, 4,

ET DISSERTATIONS. 4181

béotiennes, ou bien un ou trois glands, comme sur les médailles de Mantinée. J'ai, en effet, en ma possession deux médailles de cette dernière ville, dont une a un gland et l'autre a trois glands; la première ne pèse qu’une obole, tandis que la seconde en pèse trois.

27. Chersonesus de Crète, Tête, à droite, probablement de Diane laurée. À. Les lettres XE liées dans un champ concave. AM. 2. Poids, 45,647. .

28. Priansus de Crète. Tête de femme, à droite, les cheveux retroussés en rouleau autour de la tête. à. IIPIAN. Neptune debout, à gauche, lançant son trident. Æ, 4. | |

29. Eubæa in genere. Tête de bœuf de face. . EY- BOEQN. Gouvernail. Æ, 2.

80, Carystus d'Eubée. KA. Homme debout, à gauche, tenant un cheval par la bride. À. KA. Tête de bœuf de face, le cou à droite, avec des bandelettes. Æ. 34/2 .

34. Thera, tle. Téte de Mercure, à droite, dans un grè- netis, À. OH. Caducée placé entre les lettres. Æ, 4.

32. Jos, tle AOYKIAAA CEBA. Buste de Lucille, à droite, les cheveux disposés en chignon. À. IHTON. Pallas debout, à droite, tenant de la main droite une haste transversale, de la gauche, un bouclier. Æ, 4.

33. Paros, ile. Tête de Cérès couronnée, à gauche, la chevelure pendant en boucles dans un cercle. À. IIAP en monogramme, au-dessus d’une proue; le tout dans un cercle. 4. 2 3/4. Autre semblable, H. 1 3/4.

3h. Méme tête, à gauche, dans un cercle de grènetis. à. [JAP en monogramme, au-dessus d’une colombe au repos, à droite. M. 2.

35. Antandrus de Mysie. Tête d’Hercule barbue, à gau-

1869, 3. 13

182 MÉMOIRES

"che, coiffée de la peau du lion. à. AN. Entre les lettres, une MAssu6. Æ. 4.

86. Miletopolis de Mysie. Tête d'Apollon, à droite. à. MIA. Bœuf marchant à gauche, Æ, 1 1/2.

37. Eresus de Lesbos. Épi.«— à. EPESI. Caducée, à droite; dans le champ, AE en monogramme. Æ. 2.

88. AY.KA.KOMOAOC. Buste lauré de Commode, à droite, avec le paludamentum. f. EPECIQN. Modius posé sur une base, Æ, &.

89. Apollonia d'Ionie. Partie antérieure de Pégase, les ailes recoquillées ; derrière le Pégase, AI; dessous, A: le tout dans un cercle dentelé. f. AIIO écrit horizontale- ment au-dessus d'une lyre hexacorde; le tout dans un encadrement formé par une branche de laurier. Æ. 1 1/2.

40. Priene d'Ionte. Tête de Minerve, à gauche. Der- rière, une branche d’olivier, à. IPI. Epi; le tout dans un cercle formé par les détours du Méandre. Æ, 4. Gette petite médaille est d'une belle fabrique.

41. Teos d'Ionie. Griffon assis, à droite. À. Osselet dans un carré creux. Æ. 3/4. Poids, 05,225,

42. Mylasa de Carie. Téte de femme, à gauche, les che- veux réunis en haut de Ja téte.—f}. MYAA. Diota.— A. 4.

h3. Myra de Lycie. MY. Buste d’Apollon, à droite, la chevelure pendant en boucles. à. Lyre à trois cordes dans une couronne de laurier. A. 4.

hh. Andeda de Pisidie. QTAKIAIA CEOYHPA. Buste drapé et diadémé d'Otacilia, à droite, dans un croissant. à. ANAHAEQN. Fortune debout, à gauche, tenant un gou- vernail et une corne d’abondance. Æ. 4.

Ab. Anazarbus de Cilicie. AYTOK.... AOMITIANOS SE. Tète de Domitien laurée, à droite. à. KAISAPEON ANAZAPBQ..... Tête, à droite, voilée et tourrelée de la ville personnifiée. Æ. 7.

ET DISSERTATIONS. 183

A6. Seleucia de Cilicie. Mouche. À. SEAEYKEQN Epi. &. 1 1/2. |

h7. Tarsus de Cilicie. IOYAIA AOMNA CEBACTH. Buste drapé et diadémé de Julia Domna posé sur un croissant, à droite. À. KIAIK.APX.TAPGEON. TOY EQ@NOYG. Figure debout, à gauche, vêtue de la toge, sa- crifiant sur un autel. Æ,. 54/3. Poids, 4,705, Cette médaille est digne d'attirer l'attention des numismatistes ; c’est pour la première fois que je rencontre sur une mé- daille le mot EONOC, c’est-à-dire peuple ou nation.

48. Magnesia de Lydie. F.IOY.OYH.MAZIMOC KAI. Buste lauré de Maxime, à droite, avec le paludamentum. À. CIII FP.AYP.TYXIKOT MAFNHTON. Victoire mar- chant à droite, tenant de la main droite une couronne etde la gauche une palme. Dans le champ, Z. &. 8,

49. Amorium de Phrygie. AYT.K.II.CE.FETAC AYT. Buste nu de Géta, à droite, la tête laurée. à. AMO- PIANON. Pallas debout, à droite, tenant de la main droite une patère et de la gauche une lance ; à ses piéds, un bouclier ovale, Æ, 7.

50. Dorylzum de Phrygie. M. ANT.TOPAIANOC AYTO. Buste lauré de Gordien III, à droite, avec le paludamentum. À. EV] ATTIKOY APX.TO B AOPYAAEQN. Pallas de- bout, à droite, tenant de la main droite une lance renversée et appuyant la gauche sur un bouclier posé à terre.—Æ. 8.

51. Sebaste de Phrygie. AHMOC. Buste du Démos, à droite. à. GEBACTHNQN. La Fortune debout, à gauche, la tête surmontée du modius, tenant de la main droite un gouvernail et de la gauche une corne d’abondance.— Æ, 6.

| ALEXANDRE G. Sourzo. Athènes, 11 mars 1869.

184 MÉMOIRES

MONNAIES ET BULLES INÉDITES DE NÉOPATRAS ET DE CARYTÆNA.

(Pl. IX)

Lorsque, après la conquête, les Croisés se partagèrent l'État byzantin, Michel-Ange-Comnéne Ducas établit en Epire le despotat grec, qui, s'étant agrandi avec le temps, comprenait l'Étolie, la Naupactie, la Doride, la Parnasside, la Phtiotide, l’Acarnanie, l'Épire et une partie de la Thes- salie. Son successeur Michel II (1237-1271) partagea en mourant l’État entre ses deux fils, Nicéphore et Jean le Bâtard, laissant au premier l’Épire, I’ Acarnanie et l’Étolie, et au second la Thessalie et la Phtiotide, qui étaient alors connues sous le nom commun de Mégalovlachie, et les contrées qui environnent le Parnasse.

NICÉPHOBE, DESPOTE D'ÉPIRE (1274-4296).

Jusqu'à présent je n'ai pu découvrir de monnaies frap- pées au nom de Nicéphore; mais je conserve dans ma collection une bulle de plomb dont voici la description :

Dans un cercle, buste de face et nimbé de la Vierge,

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ET DISSERTATIONS. 485

les mains levées, et ayant sur la poitrine un médaillon à l’effigie de l’enfant Jésus ; dans le champ, MP—OV.

À. Dans un cercle, + COPATIC CEBACTS NIKHGOPS TS A8K en quatre lignes’, Plomb. (Pl. IX, 1.)

JEAN IT, DESPOTE DE Néopataas (1271-1296).

Jean I:, seigneur de Thessalie ou de Mégalovlachie, ou seigneur de Néopatras, avait pour capitale Néopatras (Hy- pate). Il est représenté par les chroniqueurs comme un homme ambitieux, et par conséquent se trouvant en guerres continuelles avec les Paléologues, qui avaient repris Byzance, mais il tachait de conquérir leur territoire, voisin de son État; de sorte que lorsqu'il prit le gouver- nement, il contracta une alliance avec le duc d'Athènes et les tierciers de Négrepont, qui sans cesse étaient en guerre avec Byzance, et étant parvenu aussi à attirer dans son parti le roi de Naples Charles I*, il attendait l’occasion de la rupture avec les Paiéologues, qui ne tarda pas à se pro- duire. Son gendre Andronic Tarchaniote, gouvernant au nom de l’empereur Michel VIII l’Orestiade et autres contrées de l'Hæmus, irrité contre l’empereur qui avait donné la pré- férence à son jeune frère Michel pour l’élever à la dignité de grand domestique, et après avoir appelé les Coumans dans les contrées qu'il gouvernait, se réfugia chez son beau- père qu'il excita à la guerre. Le despote, se confiant dans : le secours des Latins et de son frère Nicéphore, se jette sur les contrées voisines. Michel ayant appris ce qui se passait,

envoya aussitôt contre lui une nombreuse armée sous le

1 Quant aux monnaies de Michel Is, despote d’Epire, et à une bulle de plomb, voir mes dissertations dans la Mavôwpæ (vol. V, p. 237), et dans le Xpovexdv évéxGotov Tadakerdlov Oxd K. Lada. Abyvar, 1865, p. 229.

186 MÉMOIRES

commandement de son frère Jean et du maréchal Alexis Ca- rallarius, qui chassèrent l’envahisseur et l’assiégèrent étroi- isment dans le château fort de Néopatras. Quelques jours après, Jean ne voyant pas les alliés accourir à son secours, et doutant de la fidélité de ses soldats découragés, recourt à un trait d’audace. Ala faveur d’une nuit obscure il s’échappe du château à l’aide d'une corde, et déguisé en paysan, passe à travers le camp ennemi, feignant de chercher son cheval qu'il disait avoir perdu; sous ce déguisement, il arrive bientôt à Thèbes, capitale du duché d'Athènes, demande le secours du duc Jean de la Roche, auquel il offre la main de sa fille, la belle Hélène. Le duc, atteint de la goutte, proposa comme gendre, à sa place, son frère Guillaume de la Roche, seigneur de Livadie, et ainsi, aussitôt que la dot fut fixée et les fiançailles célébrées, Jean prend avec lui 800 braves chevaliers commandés par le duc lui-même, et se jettant à l’improviste sur les Impériaux qui assiégeaient Hypate, les met en déroute et les chasse de son territoire (1275). ..

Trois ans après (1278), Jean, aidé par le duc lui-même et par les tierciers de Négrepont, renouvelle la guerre, et après avoir livré une sanglante bataille à Pharsale, défait l'armée de l’empereur beaucoup plus nombreuse que la sienne, et fait prisonnier le maréchal Jean Synadinos. L'empereur Michel VIII, cédant aux continuelles exhorta- tions et aux instigations du pape Jean XXI, et aidé par le patriarche Beccus, reconnut enfin la suprématie de l'Église romaine. À cette nouvelle, Jean I*, d'accord avec son frère Nicéphore, lève l’étendard de l'orthodoxie contre l'empereur schismatique. Les armées qui avaient été envoyées contre

. Jean se réunirent à lui, et plusieurs habitants de la capi- tale, fuyant la persécution, cherchent asile sur son terri-

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ET DISSERTATIONS. 487

toire. Jean tint à Thessalie un concile ecclésiastique qui désavoua l’Église romaine, excommunia l’empereur, le patriarche et tous ceux qui avaient embrassé l'union, et persécuta durement les métropolitains de Triccala et de Néopatras qui s’opposaient à ses ordres (1279). En 1282, Jean rentra de nouveau sur le territoire impérial, tandis que Michel, méditant contre lui une horrible vengeance, mourut au milieu des préparatifs de la guerre.

Deux ans après (1284), le despote Jean, se proposant de faire une nouvelle excursion dans les pays impériaux, fut arrêté pour quelque temps par les mesures actives d Andronic II, qui essaya par la flatterie et la force de s’at- tacher le turbulent despote, mais en vain; car Jean, après quelque temps, ayant enrôlé les braves montagnards de la Parnasside et de la Doride, déclara la guerre et livra une sanglante .bataille dans les plaines de Zitouni; mais ayant été vaincu, il prit la fuite, et son pays resta en proie aux Coumans et autres barbares mercenaires de l'empereur.

Jean mourut en l'an 1296. De ses trois fils, le premier, Michel, retenu prisonnier à Constantinople, mourut misé- rablement ; le second, Constantin, lui succéda au despotat, et le troisième, mentionné simplement sous le nom d’Ange, ne fit rien, à ce qu'il paraît, qui fût digne d’être relaté par l’histoire *.

C'est à ce Jean, despote de Néopatras, je pense, qu'on peut attribuer les monnaies et la bulle de plomb dont voici la description :

4. Iw AGCIIO. Le despote, de face, assis sur un trône, 1 Hopf, Griechische Geschichte (Allgemeine Encyklopädie, von Ersch und

Grüber, 1867, Th. LXXV, p. 306, 334-336).— Ldôa Xpovixdv dvexdorev l'ada- &eilou, ged. 140-144. |

488 MÉMOIRES

tenant une croix de Ja main droite et le volumen dans la gauche; en haut, à droite, une main divine bénissant. Dans le champ, à gauche, une aile d'ange.

à. A—M. Buste de l'archange Michel nimbé, de face, tenant de la main droite une épée nue, et dans la gauche le globe crucigère. Cuivre. Du Cabinet national des médailles à Athènes. (Pl. IX, 2.)

2, lw AECIIOTHCO. Le despote, de face et debout, tenant le labarum dans la main droite et le volumen dans la gauche; dans le champ, à gauche, une aile d’ange.

à. M-P—OY. Buste de face et nimbé de la Vierge ; dans le champ, une petite croix de chaque côté.—Cuivre. Du même Cabinet. (PI. IX, 3.)

Cette monnaie est décrite et dessinée par M. Sabatier ‘, mais elle a été attribuée à l'empereur Jean II Comnéne. L’aile d'ange, qui est dans le champ de la monnaie, est prise par lui pour une porte de ville.

8, CHPAFIG CEBAGO[Y] IWANNS TS ASKA en quatre lignes,

8. PIZAN FENOYC—[CIXONTOG—EK BACCI— AEWN en cing lignes. Plomb. De la belle et riche col- lection de M. Photiades-Bey, ministre de la Porte en Grèce. (Pl. IX, 4.)

Je croyais, il y a quelques années, d’accord avec mon savant ami M. Fr. Lenormant, que les deniers tournois qui portent au droit la légende ANGELVS SAB.C, et au revers DELLA PATRA ou NEOPATRIE, pouvaient étre at- tribués à Jean I‘, despote de Néopatras *; mais après la découverte des monnaies décrites ci-dessus et de la bulle

1 T. II, p. 198, n°9, pl. LILI, 19, * Fr. Lenormant, Revue numism., 1864, p. 45-48.

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ET DISSERTATIONS. 189

de plomb, et après de nouvelles recherches, je suis per- suadé qu’il est impossible que ces monnaies aient été frap- pées par ce prince.

Le despote Jean I** s’allia avec Guillaume de la Roche en lui donnanten mariage sa fille Hélène, et en méme temps dans ses guerres contre les empereurs de Byzance il con- tracta des traités avec d’autres Francs; mais il ne faisait tout cela que pour la réussite de ses ambitieux desseins. Cependant il était impossible qu’un homme si impérieux (qui, pour la défense de l’orthodoxie, déclara la guerre au puissant Michel Paléologue, et convoqua un concile qui dé- savoua l’Église romaine et excommunia l’empereur, le pa- triarche et tous les partisans de l’Union) abjurât son sen- timent grec et frappât des monnaies à légendes latines. Ces monnaies appartiennent donc certainement à son petit-fils Jean II, comme nous le verrons plus bas.

L’aile d'ange qui est sur les deux monnaies de cuivre fait allusion sans doute au surnom Ange; mais l'empereur de Thessalonique, qui était de la même maison, s'appelait aussi Jean. Auquel donc des deux personnages peut-on attribuer les susdites monnaies? Les monnaies de Jean de Thessalonique, celles de son père Manuel et de son oncle Théodore, non-seulement celles publiées par M. Sabaiier, mais encore plusieurs autres inédites qui forment déjà une riche et intéressante série, et que je me propose de publier plus tard, ont une finesse particulière de fabrique et une

perfection d'art que n’offrent point nos monnaies. Je re- marque aussi que les empereurs de Thessalonique, outre le Christ, la Vierge, saint Démétrius, protecteur de la ville, saint Georges et saint Théodore, ajoutent très-souvent l’archange Michel par allusion à l’origine de la famille des Anges, tandis que l’aile d'ange ne paraît sur aucune de

190 MÉMOIRES

leurs monnaies, Donc le type de l'aile, faisant allusion à ce surnom, convient à un autre Jean de la même maison, et non à celui de Thessalonique, qui suivit le système mo- pétaire de son père et de son oncle. II résulte de ces ob- servations qu'il convient d’attribuer les deux monnaies ci- dessus décrites à Jean I**, despote de Néopatras, qui, fils bâtard du despote d’Epire, voulut peut-être rendre plus évident son surnom d’Ange par la représentation de l'aile. La pompeuse légende de la bulle de plomb, PIZAN reENOVG EXONTOC EK BACCIAEWN, s'accorde avec cette intention, tandis que la bulle de son frère Nicéphore, fils légitime de Michel, porte une légende très-simple.

CONSTANTIN (1294-1303).

Dès que Constantin eût pris les rênes du gouvernement, il se trouva en guerre avec son oncle Nicéphore, despote d’Epire, et occupa les châteaux forts de Naupacte et d’A- chéloüs, qu'il fut bientôt obligé d'abandonner. De son premier mariage avec Anne Evagionastiki Ducaena, il n'eut qu'un fils nommé Jean. Comme il voyait approcher sa fin (1303), il nomma tuteur du jeune prince son neveu, fils de sa sœur, Guy II, duc d'Athènes, et ordonna aux barons de prêter aussitôt le serment. Une garnison grecque devait rester dans les châteaux forts ; mais tout le reste demeurait sous la domination de Guy de la Roche jusqu'à la majorité de l'enfant *.

1 Hopf, loc. laud., p. 355. 2 Hopf, loc. laud., p. 360.

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ET DISSERTATIONS. 491 Jean II (1308-1318).

Guy ayant appris par des ambassadeurs qu'il avait été nommé tuteur de son cousin mineur Jean II, duc de Néo- patras et sébastocrator de Mégalovlachie, accepta volon- tiers ce titre, et étant parti de Thèbes avec une nombreuse escorte pour Zitouni, y reçut le serment des feudataires du despotat; il jura aussi de garder les coutumes du pays, et de laisser dans les châteaux forts une garnison grecque, selon la dernière volonté du feu despote. Puis étant allé à Néopatras, il prit soin de Jean II comme d’un fils de roi, et de étant retourné à Zitouni, il mit en ordre l’ad- ministration militaire et financière, et organisa le tout complétement suivant la manière franque. Après avoir nommé des gouverneurs dignes de sa confiance, il retourna à son duché vers la fin de l’an 1303. D'après le récit dé- taillé du Livre de la Conqueste’, Guy gouverna paternelle- ment le despotat, et le mit à l’abri de toute incursion des despotes d’Epire et des autres voisins jusqu’à sa mort, ar- rivée en l’an 1308, époque à laquelle probablement Jean II, parvenu à sa majorité, prit lui-même le gouvernement.

En l'an 1318, mourut Jean II, et avec lui disparut le despotat de Néopatras, après une durée de quarante-sept ans.

: C’est donc à ce Jean 11 Ange-Comnène, duc de Néopatras et sébastocrator de Mégalovlachie, qu'il faut attribuer les deniers tournois qui portent au droit la légende ANGELVS SAB.C., et au revers NEOPATRIE ou DELLA PATRA, et

1 Buchon, Recherches historiques, etc., p. 406-420, Hopf, loc. laud. p. 360-361.

3

192 MÉMOTRES

qui ont embarrassé jusqu'à présent tous les numismatistes. Ces deniers ont été certainement frappés par le duc d’A- thènes Guy Il pendant qu'il était tuteur de son cousin mineur, et après, qu'il eut organisé le despotat de Néopa- tras tout à fait suivant le système franc. Ces monnaies sont, en effet, conformes au numéraire franc qui alors avait cours en Grèce. Le professeur Hopf mentionne aussi une légende monétaire ainsi conçue : ANGELVS DE SAB.D, l’expliquant par ANGELVS DEspotus SABastocrator Ducas'. Dans ma collection, se trouvent quinze différentes monnaies du susdit despote, mais pas une d'elles ne porte une semblable légende. J'ajoute ici la description de trois importantes variétés inédites de ces monnaies :

1. -+ ANGELVS SAB.Q. Croix.

à. DALLA PATGR.A. Chastel. Billon. (PI. IX, 5.)

2, + DVX ANGGLYS et une petite fleur de lis. Croix.

QR. DALA PATPIA. Chastel.— Billon. (Pl. IX, 6.)

3. DVX ANG@&LVS et la petite fleur de lis. Croix.

ñ. D&LLA PATRIA. Chastel. Dans le champ, à droite; et à gauche, un croissant. Billon. (PI. IX, 7.)

De ma collection.

HELENE, DAME DE CARYTENA (1294 -....).

Hélène, fille du sébastocrator Jean I‘, mariée, comme nous l’avons déjà dit, à Guillaume de la Roche, seigneur de Livadie, et qui, après la mort de son frère Jean, lui succéda au duché d'Athènes (1280), recut en dot les cha- teaux forts de Zitouni, de Gravià et de Sidérokastron. Guillaume étant mort en 1287, laissa sa jeune femme tu-

4 Hopf, loc. laud., p. 361.

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E uy Lu . ee eT

ET DISSERTATIONS. 193

trice de son fils Guy, duc présomptif d’Athénes. Quelque temps aprés revint de Naples en Gréce Hugues de Brienne, comte de Lecce et seigneur de la moitié de Carytæna du Pélo- ponnèse, lequel était marié à Isabelle, sœur de Guillaume de la Roche, dont il eut un fils, Gauthier, qui devint en- suite duc d'Athènes. Hugues, étant devenu veuf, convola à de secondes noces avec Hélène (1294), à laquelle il donna la moitié du fief de Carytæna qui lui appartenait et quelques possessions qu’il avait à Naples, et il reprit la tutelle de Guy II de la Roche, duc d'Athènes, jusqu'à sa majorité en 1294,

Hugues de Brienne retourné à Naples, et ayant brave- ment combattu pour la maison d'Anjou, périt au combat de Gagliano en Sicile en l'an 1297*, Hélène, restée en Grèce, entra dans de petites querelles avec son fils Guy, et résidait le plus souvent dans le monastère de Saint- Lucas en Béotie. On sait qu'elle vivait encore en l’an- née 1299,

Hélène donc, par suite de son mariage avec Hugues, étant entrée en possession des droits qui lui avaient été accordées, reçut le titre de Dame de la moitié du fief de Carytzna, et frappa la monnaie suivante :

+ bELENA,D'I.GRA. Croix.

R. CLARICTIA.SF, Chastel. Billon. (Pl. IX, 8.)

De ma collection.

La légende se lit ainsi: HELENA Del GRAtia CLARICTIAe

Semis Feudi (domina). PL . LAMBROS.

Athènes, 13 mai 1869.

1 Hopf, loc. laud., p. 347. 9 Buchon, Recherches historiques, I, p. 273, note. Cf. Muntaner, ch. CXCI.

2 Hopf, loc. laud., p. 360.

194 MÉMOIRES

MONNAIES INÉDITES DE JEAN IV,

DUC DE BRETAGNE.

(PI. x.)

Deux découvertes de monnaies viennent de jeter un nouveau jour sur la numismatique du duc Jean IV.

La première a été faite au bourg d’Arradon (Morbihan, arrondissement de Vannes), le 29 mars 1867, par M. Galles. Cette trouvaille a fourni deux pièces inédites et plusieurs variétés de types déjà connus. Elle a aussi révélé un fait archéologique curieux, en fixant la date d'un tombeau dont la forme est particulière au Morbihan. C'est une preuve de plus que la numismatique, en donnant une grande probabilité à des dates, est souvent, dans des ques- tions controversées, d’un puissant secours pour l’archéo- logie.

Aussi croyons-nous utile, avant de décrire ces pièces, d'exposer en quelques mots la nature des monuments elles ont été trouvées, et les différents systèmes proposés pour les expliquer.

Dans un mémoire lu à la Sorbonne en 1863, M. Louis Rosenzweig, archiviste du Morbihan, avait signalé 70 à 80 pierres tumulaires ayant la forme d’une demi-sphère, dont le diamètre varie entre 0",60 ou 4 mètre, reposant sur une base enfouie, brute ou équarrie, sans inscription, sans croix gravée ni aucun ornement pour la plupart. Il

ET DISSERTATIONS. - 495

les désignait sous le nom de lec’hs-bas, et il en faisait une classe particulière des monuments décrits pour la première . fois par M. de Keranflec’h, sous le nom de grands lec’hs; on les avait confondus jusqu'alors avec les menhirs, et M. de Keranflec’h, d'accord avec la Société Cambrienne, y voyait des tombes de guerriers datant du vl’ au siècle !,

Contrairement à cette opinion, M. Rosenzweig regarde ces deux espèces de monuments comme deux tombeaux du xu° au xin' siècle dont l'usage, limité presque exclusi- vement aux régions granitiques, semble avoir été parti- culièrement répandu dans les possessions des ordres reli- gieux du Temple et de l'Hôpital. Le 18 mars 1867, M. L. Galles, accompagné de MM. de Cussé et Rosenzweig, se rendit à Arradon pour étudier un de ces monuments situé dans le cimetière de cette paroisse et relevé par ce der- nier, La première fouille n'ayant presque rien donné, M. Galles revint le 29 mars. Voici, d’après le rapport qu'il fit à la Société polymathique du Morbihan, le résultat des travaux : « A 1,20 de profondeur, la pioche a rencon- « tré de la chaux et de grandes ardoises posées horizon- « talement et mêlées de fragments de briques romaines. « Nous avons enlevé ces ardoises avec précaution, et après «en avoir détruit un lit d'environ 0,30 d’épaisseur, uw nous constatames que quatre corps au moins avaient a été déposés dans une espèce de coffre : le squelette « trés-grand et très-fort d’un homme d'au moins soixante «ans; près de lui, et les têtes se touchant, un autre « squelette moins grand; sur les cuisses du premier un «crâne; enfin sur les tibias de ce premier squelette a un autre crâne, Tous les quatre paraissaient couchés sur

1 Builetin de l'association bretonns, Congrès de Redon, 1857.

106 MEMOIRES

« le dos, allongés, la téte au nord-ouest et les pieds au « sud-est, et entourés dessus, dessous et sur les côtés « d’une enveloppe protectrice en ardoises liées entre elles « par de la chaux.

« Entre les deux crânes qui étaient juxtaposés nous a avons rencontré neuf monnaies, une francaise et « huit bretonnes; elles étaient collées entre elles par « l'oxyde !, »

Voici la description de ces pièces :

A. Louis IX (1226-1272), un double tournois.

2, Charles de Blois (1341-1363), un double de billon noir *.

3. Jean IV (période d'imitation), deux doubles de billon noir, le premier frappé à Vannes, le second, à Guérande *.

A. + 10b..NES, Au centre, DVX entre deux mouche- tures mouvant de la légende.

à, + BRITAMIE. Croix à bras égaux. Denier de billon noir, |

M. Hucher, dans un mémoire sur la monnaie noire de Bretagne *, fait remarquer que ce prince copia servilement les types de son compétiteur. Bigot (n° 470, pl. XIX, n°5) donne la pièce analogue émise par Charles de Blois; mais les hermines, au lieu de mouvoir de la légende, meuvent du centre, C’est une imitation du denier parisis de Jean Il *.

5. + I0hA/...DVX°,.ITAPIE, Dans le champ entre deux barres, VEHET, surmonté d’un trait abréviatif cur-

1 Bulletin de la Société polymathique du Morbihan, 1867, p. 4i.

3 Bigot, Essai sur les monn, du royaume et duché de Bretagne, 1857, pl. XIX, n* 1, 2, 3,

> Bigot, Essai sur les monnaies de Bretagne,pl. XXIII bis, n°7 et 11,

+ Revue numism., 1847, p. 331.

® Le Blanc, pl. XX VII, 10. TON

~ * —— oe =e ee 7 - a cy eee ae P07 ae eo ee +

ET DISSERTATIONS 497

viforme accosté de deux points, et accompagné d’un troisième dans sa partie concave ; dessous, cinq mouche- tures posées 3, 2.

À. + OOD || FO.. || BRIT || ADIE. Croix anglaise can- tonnée de deux mouchetures mouvant du grénetis, et de deux losanges formés de trois besants et d’un gros point chacun. Demi-gros de billon.

Cette piéce est la monnaie forte du demi-gros publié par Bigot (appendice ne 46, pl. XXIII bis, 3).

Elle semble indiquer une réforme des monnaies faite - par Jean IV pendant la guerre de succession. En effet, lorsque par l’altération du métal un type avait perdu une partie de sa valeur, on frappait de nouvelles pièces à un titre plus élevé. Ces dernières prenaient le nom de monnaie forte, par opposition aux anciennes qui devenaient la monnaie faible. Le but de cette seconde émission n’aurait- il pas été de faire tomber en discrédit la monnaie de Charles de Blois qui était aussi faible que possible au point de vue du métal ?

Période bretonne.

6. + 10 || RAS || DVX || BR. || Croix anglaise cantonnée d’une moucheture au et d’un triangle formé de trois be- sants aux 1°, et 4°.

R. + COOE[SRICHEM]OT. Dans le champ, sept mou- chetures 2, 3, 2. Demi-gros de billon.

Cette monnaie est une variante du type publié par Bigot (ne 820, pl. XXVI, 6) et par la Revue numismatique (1855, pl. I, ne 6), dont le droit porte IORES ; celle que nous donnons a pour légende IOhAS. Le Cabinet des mé- dailles de la Bibliothèque impériale possède une pièce

1869. 3. 14

108 MÉMOIRES

analogue sur laquelle les croix qui précèdent les légendes sont remplacées par des molettes d'éperon.

7. + 10hAHDES.DVX. Dans le champ, une hermine.

&. + BR |} ITA || HN (| 1€. Croix anglaise cantonnée aux 4e et À° d’une moucheture d’hermine; aux et d’un triangle formé de trois besants.—Gros de billon. (PL X, 1.)

Ce type est inédit; la seconde trouvaille dont nous allons parler nous en fournit un autre exemplaire. L'originalité da droit nous ja fait ranger parmi les pièces d'émission purement bretonne. Elle ne porte aucune marque d'atelier monétaire, et appartient à ces types nombreux dont l'ori- gine est incertaine. (Ces monnaies ont été déposées par M. L. Galles au Musée de la Société polymathique du Morbihan.)

La deuxième trouvaille se compose en partie de pièces frappées à Brest. Les monnaies provenant de cet atelier sont d'une très-grande rareté et n'ont pas encore été si- gnalées. Aussi nous avons cherché avec le plus grand soin des renseignemens précis sur le lieu et la date de leur découverte; mais nos efforts ont été stériles. Elles ont été achetées par le Cabinet des médailles de la Bibliothèque impériale à M. Eléouét, de Lambézellec (Finistère), le 14 février 1867. La découverte avait été faite vers la fin d’octobre ou au commencement de novembre 1866.

M. Eléouét écrivait le 12 novembre 1866 à M. le conser- vateur :

« Une découverte de monnaies vient d’être faite dans « notre voisinage. Elles appartiennent à la France, la Bre- « tagne et le moment le plus marqué de l'influence anglaise « dans notre pays. Les monnaies anglaises sont des gros

ET DISSERTATIONS. 499

~ « d’Édouard III frappés en Aquitaine‘.» Quant aux mon- naies frangaises faisant partie de ce trésor, il n’en parle pas malheureusement.

Nous ajouterons à ces pièces un gros de Jean IV qui est au Musée de la Société polymathique du Morbihan; nous l’attribuons également à Brest. I] fut trouvé avec de nom- breuses monnaies dans les fondations de la nouvelle pré- fecture de Vannes, bâtie sur l'emplacement de l’ancien couvent des Jacobins. Les ouvriers se partagèrent cette dé- couverte; la Société en acheta une partie; les autres furent dispersées dans les collections particulières de la ville. Nous les avons vues presque toutes.

C’ étaient des deniers de Jean III (Bigot, pl. XIV, nee ha8), des doubles deniers de Jean IV (pl. XXII, no 9, et pl. XXIII, 7 à 10), des gros et des doubles deniers à la fleur de lis de Charles VI, un gros et une obole d’É- douard III, roi d'Angleterre, frappés en Guienne (Poey d'Avant, pl. LXII, 2).

Mais avant de décrire les pièces de Brest, il serait in- téressant de chercher à déterminer les villes de Bretagne les ducs ont frappé monnaie. La découverte d’un nou- vel atelier nous en fournit une occasion toute naturelle.

Les auteurs qui ont traité de la numismatique de cette province se sont toujours tenus dans le vague. Cependant on connaît assez de types et les documents sont assez nom- breux pour permettre de préciser davantage ce point im- portant de la numismatique en Bretagne.

Quelquefois nos conclusions paraîtront hasardées ; nous avons cherché à les établir en donnant toutes les preuves dont nous avons pu disposer. Si nos efforts ne nous ont

| Poey d'Avant, pl. LXII, 2; pl. LXIII, 7.

200 MÉMOIRES

pas toujours préservé de l'erreur, nous serons heureux d'a- | voir provoqué une discussion de laquelle sortira la vérité.

Jusqu'à la mort de Jean III, les ducs de Bretagne ne battirent monnaie probablement qu'à Nantes et à Rennes. Pierre Mauclerc et ses snccesseurs émirent plusieurs deniers anonymes au nom de la ville de Guingamp ; mais ces pièces proviennent-elles de cet atelier? Un coup d'œil jeté sur la numismatique dans l'Ouest de Ja France au x1r° siècle, semble faire naître quelques doutes sur cette origine. En effet, la monnaie courante de cette époque était surtout composée des deniers de saint Martin de Tours, d’Herbert, comte du Mans, de Foulques d'Anjou, d'Henri II, roi d’An- gleterre, et du comte Étienne de Guingamp. L’ordonnance du roi d’ Angleterre en 1158, pour la Normandie (Le Blanc, p. 163, et Bigot, p. 354), en est une preuve. Tous ces types furent souvent copiés, et M. Lecointre-Dupont', en voyant la grande quantité des deniers guingampois décou- verts dans ces provinces, est porté à croire que les ducs de Normandie en faisaient battre, ou du moins que les faux monnayeurs en ont émis sur une grande échelle a bas titre.

C'était donc un des types immobilisés au xn° siècle. En Bretagne, Guingamp ne fut pas la seule ville elles furent frappées, car Geoffroy-Botherel, aprés avoir forcé son père à lui céder le Penthi¢vre, dont Lamballe était la capitale, ne put émettre que dans cette derniére ville les types qui lui sont attribués. Enfin, sur deux pièces trés- rares on lit au droit Quimperli, et au revers soit GVIM- GAMPI, soit DVX BRITANNE ou BRITANIE *. On a toujours

1 Lettres sur hist. mon. dela Normandie et du Perche, p. 22. 2 Bigot, 205, 206, pl. VIII bis, 9. Revue num., 1844, pl. XX, 1; 1868, pl. XIX, 28. Catal. Dassy, 1237.

ET DISSERTATIONS. 204

cru qu’elles provenaient de Quimperlé, bien que les annales de cette ville soient complétement muettes sur un mon- nayage établi dans ses murs à cette époque. Nous nous proposons de traiter cette question dans une autre étude.

Pierre Mauclerc, maître de la Bretagne, ne put pas faire disparaître brusquement un type si répandu dans les pro- vinces du Nord-Ouest de la France. Bigot attribue, non sans quelques doutes, à ce prince deux deniers guingam- pois (nos 224, 222, pl. VIII bis, 44. Revue numisma- tique, 1844, pl. XI, ne 2. Poey d'Avant, pl. VI, 8), à cause, dit-il, de la similitude des caractères de leurs lé- gendes avec ceux de quelques-uns des anonymes bien connus de Rennes et de Nantes. Ne pourrait-on pas les considérer comme ayant été émis dans ces ateliers, con- jointement avec les anonymes de Nantes et de Rennes? Nous donnerions également à ces villes la série des pièces citées par Bigot, p. 63, 183-195. Elles ont toutes au droit la croix ancrée avec la légende +DVX BRITANIE, et au revers, les unes STEPhANCOM, les autres GVINGANP, GVINGANPIS ou GVINGANHIS, car ne serait-il pas plus simple de dire que Pierre Mauclerc ferma l'atelier de Guingamp, mais rencontrant de grandes difficultés à chan- ger le système monétaire de la province, fit faire cette transition par les ouvriers de Rennes et de Nantes, en leur ordonnant d'effacer la tête si caractéristique des deniers guingampois ? Ce signe, selon la remarque de Bigot, lui rappelait une maison rivale et par conséquent odieuse. Il aurait été remplacé par la croix ancrée et la légende DVX BRITANIE. Cette croix et cette légende appartenaient ex- clusivement aux anonymes de Nantes et de Rennes. Les nouvelles pièces conservèrent d’abord le revers de la monnaie de Guingamp sans en altérer la légende, puis

MAMOIRES

ement le nom da comte, et celui ésigner cette monnaie lui fat su ‘IS sont postérieurs aux ST€Phi intimement convaincu. Mais Pic ussi, préparer un type particulier. croix du revers, y mit ses arme: en celle de CASTRIGIGANPI; c’é e titre de deniers guingampois. nt en émettant conjointement : ms. Les deniers guingampois devi plus rares, et, de l'avis de tous iraient complétement disparu s 1 document ne parle d'atelier mo amp sous ces ducs. Ceux-ci dispos s de Nantes et de Rennes devai ance; nous les voyons d’ailleurs fc t sous Pierre Mauclerc, et cepend ent pas de pièces portant leur n nce.

. X, ne 2) publie un double dei Jean I* à Vannes; un atelier 1 e époque dans cette ville, et la Ch nnée 4259, le confirme ; mais suiy ide rareté est une preuve suflisa 8 monnayage. Du reste le duc de B inds feudataires, ne pouvait, d’ap 5, frapper que des deniers et : lu émettre une autre monnaie, j wnnes cette innovation qui n'eut |

zment à Saint-Brieuc et à Jugon « rtant au revers : les premières, 1

D

ET DISSERTATIONS. 203

croix #’queue cantonnée au d'un B (n° 342, pl. XI, 9); les secondes, une croix simple cantonnée au d’un I (n° 347, pl. XI, 6), et à Evran, des pièces de Jean III dont la croix est cantonnée d’un (n° 342 et suiv., pl. XIII, n 8 et 9). Aucun texte ne vient confirmer cette assertion; ‘aussi préférons-nous voir dans ces lettres une simple _ marque de monnayeur. Car si nous examinons les pièces décrites par Bigot, sous la rubrique ateliers inconnus, nous trouvons des types identiques ayant au lieu du B, de l'E et de l'I une moucheture d’hermine ou un annelet, et ces derniers signes sont évidemment des marques monétaires. Les pièces justificatives citées par Bigot parlent très-sou- vent des ateliers de Nantes et de Rennes, et nous trouvons dans ses planches des pièces dont la croix est cantonnée d’un N. Sous Jean I*", Arthur II et Jean III, une seule obole de Jean I* (pl. X, 7) porte un R. Pas une de ces lettres ne se voient sur les monnaies de Jean Il, et cependant ces deux villes ont frappé monnaie sous ces princes. Enfin

lorsque Charles de Blois et Jean de Montfort établiront de

nouveaux ateliers, ils le feront pour subvenir aux nécessités

de la guerre. Aussi aucune autre ville de Bretagne, à ce

que nous croyons, ne battit monnaie depuis Pierre Mau-

clerc jusqu’à la guerre de succession. Il faut en excepter

Vannes sous Jean I*, et cet atelier, comme nous l’avons

dit plus haut, fonctionna accidentellement.

Mais aussitôt que la guerre civile éclate en Bretagne, le système monétaire est complétement changé. Les ducs font frapper de la monnaie d'or, d'argent et de billon. Le désir d'accroître leurs ressources pour pouvoir faire face aux grandes dépenses occasionnées par l'entretien des troupes justifie la création de nombreux ateliers. Cepen- dant il ne faudrait pas trop étendre le nombre des villes

MÉMOIRES

oit. Il serait même pru lont l'existence est cor

: Blois, Nantes, Renne: es dont nous ayons de: nt presque toute la gue leurs ateliers existaien tait la capitale du com tdu chef de sa femme. le Saint-Brieuc et de Di Bigot, ne 373-374) ; il] urs légendes, et, d’apr les ont fait attribuer à il lues, ne pouvant sei s ateliers sous ce princ aus d’autres villes? M. pte de l’ouvrage de By 269), fait remarquer ¢ encieuses, il avait omis + chapelains de l’évéq font savoir à leur évéq ic contre ses droits. dans Dom Morice (pret nous fait assister à une a duc, envoyés à Quim les vicaires de l’évêque 1t leur pouvoir. de la ville vers le mois rrès les officiers du duc positions et un hôtel des oie un certain Barthéler amp, muni de lettres pa

ET DISSERTATIONS. 205

tant que: à cause de la guerre i] est obligé de faire battre monnaie sur le territoire de l’évêque, tout en protestant qu'il ne voulait point acquérir un droit nouveau. Le 45 août, Charles vient à Quimper et prie les vicaires de l’évêque de le laisser établir cet atelier. Ceux-ci, lui est-il répondu, ne peuvent rien faire sans le consentement du Pape et de leur évêque. Huit jours après les officiers du duc font de nouvelles tentatives, mais se voyant toujours repoussés, ils passent outre, cherchent un endroit ils puissent s'établir, et choisissent une grande maison avec ses dépendances, située dans la rue des Cordonniers. Aus- sitôt les vicaires de l’évêque se transportent sur les lieux et défendent au maître de la Monnaie de faire travailler, le menaçant, en cas de désobéissance, d’une amende de mille marcs d'argent. Cette défense est également notifiée à un certain Guibomar, chargé de lever les nouvelles im- positions à Hervé Payen ou Péan et à Rioc de Keralhen, choisis, disait on, pour installer la Monnaie.

Mais cette menace ne produisit aucun effet. Aussitôt les vicaires de l’évêque, en vertu des pouvoirs conférés par le coucile provincial et les statuts synodaux, excommunient les délinquants.

L'interdit dura jusqu'au mois de mars. Fatigués par une lutte si longue, les principaux habitants de la ville s’entendirent pour faire cesser cette querelle, et un accord eut lieu près du pont Sainte-Marie-sous-Kemper. On y décida, devant presque tous les habitants de la ville, que les officiers du duc n'établiraient point d'Hôtel des Mon- naies sur le territoire de l'évêque sans sa permission. Les vicaires levèrent alors l’interdit.

Nous ne savons point si l'évêque accorda au duc cette permission; il n’y aurait rien d'étonnant. Nous pouvons

206 MEMOIRES

toujours conclure de cette charte, que pendant la guerre de succession la difficulté des moyens de communication forca les deux compétiteurs d'établir dans différents centres des ateliers, mais ce n'était qu'après avoir vaincu une ré- sistance énergique opposée par les seigneurs de ces villes.

Cette charte fait également supposer que Charles cher. chait à user de ce droit surtout dans les cités les plus im- portantes du duché. Ceci nous amène à parler d’une monnaie atribuée à Auray par Bigot (n°372, pl. XVIII, 1), et qui fait aujourd'hui partie de Ja collection de M. Lecoq-Kerneven. Cette pièce est un double de billon dont la légende, au revers, serait AREG...CIVIS ; or, d’a- près le Dictionnaire topographique du Morbihan de M. Ro- senzweig, les différentes variantes du nom de cette ville au moyen âge ont été Alrae (1069), Alrai (1168), Aurai (1178), Elraium (1241), Elraeyum (4280), Aurray (1282), Elray et Aurey (4309), Alraium et Alrayum (1373), Aulray (1429). En breton, cette ville porte le nom d’Alre. Donc depuis le x1* siècle la première syllabe a présenté seule- ment les variantes al, el, au, et cette derniére est la contraction des deux autres. Aucune de ces formes ne présente quelque chose d’approchant d’un mot commen- cant par Areg, et rien surtout ne paraît motiver la pré- sence du g. Suivant les règles de la philologie, cette lettre aurait influé sur la formation populaire de ce mot, et il ne se serait point transformé en Auray. Le titre civis, terminant la légende, fournit, il nous semble, un argu- ment plus fort; il montre, en effet, que cette piéce a di être frappée dans une cité, c’est-à-dire dans un siége d’évéché. Auray ne nous présente aucune de ces condi- tions, et appartient à cette catégorie de bourgades dési-

ET DISSERTATIONS. 207 gnées au moyen âge par les mots villa, castrum ou op- pidum :.

Cette monnaie, d'après la planche de Bigot, est assez frusie, et la première lettre de la légende paraît un peu effacée ; nous ne sommes pas éloigné de croire qu'au lieu d'un A il y aurait un T; ces deux lettres, à cause de la barre placée au-dessus de l’À, se ressemblent assez au XIv° siècle, et nous proposerions de lire ainsi cette légende : TREGoris CIVIS. Nous attribuerions cette monnaie à Tré- guier, ville épiscopale. Nous avons soumis ces conjectures à M. Lecoq-Kerneven, qui a bien voulu vérifier la pièce elle-même; mais il semble tenir à l'opinion de Bigot. Ce- pendant, ajoute-t-il, on saisit un peu le trait supérieur horizontal de 1’A; cette lettre pourtant peut paraître dou- teuse. Il nous dit aussi : Charles de Blois aurait pu frapper monnaie à Auray pendant les longs siéges d’ Hennebond.

Jean de Montfort s'étant emparé d’Auray et d'Hennebond en 14341, Charles de Blois vint mettre le siége devant cette dernière ville au commencement de 1342. Ayant été forcé de se retirer, il attaqua Auray, et s’empara de cette place. Quelques mois après, il se présenta de nouveau devant les murs d’Hennebond; mais avant la fin de l’année 13492, il avait levé le siége. Cette dernière tentative dura trop peu de temps pour lui permettre d'établir un atelier à Auray. Quant à la pièce dont nous nous occupons, elle n’a pu être frappée dans cette occasion : c'est une imitation du double parisis du roi de France Jean II (Le Blanc, p. 247, pl. XXVII, 6), et ce prince commença à régner en 1350. Quelle est donc la raison pour laquelle Charles de Blois

1 Il faut dire cependant que depuis l'institution du gros tournois et de ses divisions, Je mot CIVIS a été quelquefois employé sans un grand discerne- ent; c’est ainsi qu'on a fini par écrire OBOLVS CIVIS.

208 . MÉMOIRES

aurait créé un atelier à Auray ? D'après sa tentative à Qt per, il semblait préférer les grands centres; c’est ce nous fait pencher pour Tréguier.

Charles de Blois a donc frappé des pièces en son noi Rennes, Nantes et Guingamp. De plus, ila fait plusie tentatives pour établir ce droit dans quelques autres vill mais elles ne paraissent pas avoir été toujours couronn de succès. Il n’est pas étonnant de ne plus trouver auct trace de ces ateliers après la mort de ce prince ; car Jean fit disparaître, autant que cela fut en son pouvoir, t ce qui rappelait son compétiteur; de telles marques son autorité en Bretagne devaient attirer son attentic

Jean IV, poussé par les nécessités de la guerre, voul avoir ses ateliers; mais il semble choisir de préférence d forteresses sûres et défendues par une garnison imposant Bigot reconnaît qu'il ne put faire frapper monnaie à Nanc et à Rennes, car ses deniers et doubles deniers au nomt ces villes sont imités de ceux de Jean II, roi de Franc et pendant tout le règne de ce prince elles furent ent les mains de Charles de Blois. Les autres pièces provier nent des ateliers de Vannes, Guérande, Quimperlé, Bres Beaucoup de ces types dénotent une fabrication anglaise Édouard III avait envoyé en Bretagne des monnayeurs ar glais *; ils furent placés probablement dans ces dernière villes par le roi d’ Angleterre et le duc de Bretagne. La pre vision de la capitainerie de Quimperlé donnée par Édouar {avec l'agrément du duc) à Roger David, en 1354, con firme cette assertion *. Il est tout naturel de voir ces ou. vriers suivre leurs compatriotes dans les places qu'ils dé.

1 Bigot, Pièces justifieatives, 23, D. Mor., Preuv., t: I, col. 1436-37. * Bigot, Pièces justificatives, 24. D. Mor., Pr.,t. I, cul. 1494.

ET DISSERTATIONS. 209

fendaient. En s’établissant ainsi dans des châteaux forts occupés militairement, par une garnison étrangère, ils n’avaicnt point à craindre les vexations des seigneurs dépossédés, ni les susceptibilités du clergé. De plus, toutes les fois qu’une de ces villes vient à tomber entre \es mains de leurs adversaires, l'atelier cesse de fonc- tionner. Brest nous fournit une autre preuve : le duc de Lancastre, lieutenant-général du roi d Angleterre en Bre- tagne, avec l'agrément du duc, confia, en 1357, ce château à Mathieu de Gournay, capitaine anglais, et lui permit d’ user de tous les droits et, entre autres, du droit de battre monnaie, tant que le duc de Lancastre serait gouverneur. Voici les termes même de l'acte : « Castrum de Brest cum « toto dominio eidem castro et simul cum moneta, redemp- « tionibus, confiscationibus et omnibus aliis proficiis ad dic- « tum castrum spectantibus". » Bigot avait oublié de men- tionner ce titre, comme le fait remarquer M. de Barthélemy ’.

Brest, par sa position, était un des postes les plus im-- portants pour les Anglais pendant cette guerre. Aussi se ha- tèrent-ils d’en réclamer la garde auprès de Jean IV.

Une fois maîtres de cette forteresse ils l’occupérent, non- seulement jusqu'à la fin des hostilités, mais encore pen- dant tout le règne de ce prince. Ils consentirent enfin à la lui remettre, le 28 mars 1397, vingt-et-un ans après le traité de Guérande qui avait mis fin à la guerre de succes- sion. Le duc fut obligé de payer à la garnison anglaise 10,400 livres en or dune part, 24,600 d'une autre et

400 livres pour le fret des vaisseaux qui devaient la trans- porter en Angleterre *.

1 Dom Morice, Preuv., t. I, col. 1521, 1 Reoue num., 1858, p. 269. 5 Lovot, Hist. de Brest, t. J, p. 37.

210 MEMOIRES

Les Anglais ont donc pu, pendant ce séjour de quarante années, user du droit de battre monnaie. Les décou- vertes dont nous avons parlé nous permettent de décrire six pièces de cet atelier.

L’acquisition faite par le Cabinet des médailles compre- nait huit monnaies.

4. Charles de Blois, Double de billon noir frappé à Nantes *.

2. Jean IV. Gros de billon (pl. X, 2).

3. + IORANNES DVX. Dans le champ, dix mouche- tures posées 3, 4, 3. |

R. BRITANNIE. Croix cantonnée d’un D au 2*. (PI. X, à.)

Bigot (n° 384, pl. XIX, 4) publie un double de billon noir frappé au nom de Charles de Blois, dont la croix est cantonnée au d’un D; il fait de cette pièce une imitation

du denier de Jean II, cantonné au d’un annelet (pl. XI, 8). Nous signalerons un autre denier du même prince, faisant partie de la collection de Mademoiselle de Limur. Les croix placées au commencement des légendes de la pièce donnée par Bigot sont remplacées sur cette monnaie par des molettes d’éperons, et l’annelet qui cantonne la croix par un D. Ces signes particuliers dénotent une fa- brication postérieure de quelques années au denier déjà connu. Quant au double denier qui nous occupe, d'après le système de M. Hucher, on devrait le considérer comme une copie du type émis par le compétiteur de Charles de Blois. Ces deux monnaies appartiennent au Cabinet des médailles, et la pièce de Jean IV est inférieure comme exécution à celle de Charles de Blois.

1 Bigot, 377, pl. XVIII, 9.

ET DISSERTATIONS. 211

A. Brest. Deux mouchetures d’hermine. 10... DVX. Dans le champ, BRITAN en deux lignes, non séparé de la légende par un grénetis.

FR. O)......REST. Croix trifoliée à pied. Double de billon noir. (P]. X, 4.)

Bigot (Appendice, 39, pl. XXIII bis, 4) publie une pièce au même type, frappée à Guérande. C'est, dit-il, une imitation du double parisis de Philippe VI, émis en 4346 par Jean, lieutenant du royaume de France, à 3 de- niers 4/3. A; de 180 au marc, pied 412, figuré par Le Blanc, (Pl. XXIV, 6).

5. + IOhMAHDES:DVX:BRITANE. Dans le champ, BREST sous un trait abréviatif curviforme, accosté de deux points; dessous, une barre et cing mouchetures posées 3, 2.

8. OOM || FORT || BRIT || ANIE. Croix anglaise canton- - née aux 1“ et de trois besants en triangle; aux et d’une moucheture mouvant du centre. Gros de billon. (PI. X, 5.)

6. + I0OhANDEC:-DVX: BRITADIE. Dans le champ, BREC sous un trait abréviatif curviforme; dessous, une barre et cinq mouchetures posées 3, 2.

à. MOD || FORT || BRIT || ADIE. Croix anglaise can- tonnée aux et d’une moucheture mouvant la pre- mière, du centre, la seconde, du grènetis ; aux et de trois besants en triangle. Gros de billon. (PI. X, 6.)

Bigot (Appendice, n* 36, hA et A6, pl. XXIII bis, n°° 4, 2, 3) publie des pièces analogues frappées à Guérande, Quimperlé et Vannes. Ces types, à ce qu'il pense, sont dus à l'influence probable des monnayeurs envoyés en Bre- tagne par Édouard III. Nous irons plus loin en affirmant que les ateliers établis par le roi d'Angleterre, avec le consentement du duc, dans les châteaux de Quimperlé et

242 MEMOIRES

Brest, étaient composés d'ouvriers anglais. D*aillears ils ne se firent point défaut de copier les monnaies de Charles de Blois et des rois de France les plus répandues dans Ia province. La présence du mot Fortis dans la légende du revers nous les fait ranger parmi les pièces dues à l’émis- sion dont nous avons parlé en décrivant le 5 de la trou- vaille d’Arradon.

Des différences notables existent entre ces deux pièces; le 6 est d’une grande pureté d'exécution; le 6, au contraire, est barbare, les S sont retournés, les lettres ne se suivent pas régulièrement.

Nous préférons donver la priorité de date au 6; ila dd être émis dans les premières années de l’occupation, lorsque la garnison cherchait à gagner la confiance du duc. Mais les Anglais se virent bientôt en possession pour longtemps des droits qu'on leur avait accordés. Ils exer- cèrent alors de nombreuses vexations contre les habitants des villages environnants, les traitèrent en vaincus et non en alliés. Après le traité de Guérande, ces tracasseries devinrent de plus en plus criantes. Les plaintes journalières portées par leurs victimes au conseil du duc lui firent hater leur sortie; mais il ne put l'obtenir, comme nous l'avons vu, que vingt ans après la paix. Se voyant ainsi maîtres de ce château, ils mirent le même zèle à soigner leur mon- naie et à sauvegarder les droits de ceux qu'ils devaient défendre.

7. + IORADE:DVX:BRI: TAPIE, Dans le champ, cinq hermines posées. 3, 2.

à. x HO || DET || ABR || EST. Croix anglaise cantonnée de quatre triangles formés de trois besants. Gros de billon. (PL X, n°7.) Ce type est nouveau. Le revers dénote un travail an-

en on ee ee ee ee _—

re

| i

F

ET DISSERTATIONS. 243

glais; son exécution est assez mauvaise : aussi nous le rangeons parmi les monnaies de la dernière émission dont nous avons parlé au sujet des n°’ 5 et 6 de la trouvaille de Lambézellec.

8. + IObADNES DVX; + BNDICTV:SIT:NOOVENDI. Croix.

À. MONETA BRES. Châtel tournois à la croix. Bordure de douze lobes séparés par des I, et contenant chacun une fleur de lis. Gros de billon noir. (PI. X, 8.)

C'est une imitation du gros tournois de Jean II (Le Blanc, p. 217, pl. XXV, n°10). Nous ne connaissons au- cune reproduction de cette monnaie exécutée dans les autres ateliers de Bretagne, ni par les ouvriers de Jean IV, ni par ceux de Charles de Blois.

La pièce suivante a été découverte à Vannes.

9. IOhANE DVX:BR; + B....TV:SIT I.....1E: DDI. Croix à queue.

fh. OJONETA BRET. Châtel au fronton orné d’une cou- ronne rehaussée de trois mouchetures commençant la lé- gende, trois voûtes sous le portail; bordure de douze lobes séparés par des I, et contenant chacun une fleur de lis. Gros de bas billon. (PI. X, 9.)

Les ateliers de Quimperlé, Guérande et Vannes fournis- sent des types analogues '. Ce sont des imitations du Poile- vilain à la queue de Jean II, émis en juillet 1355 (Le Blanc, p. 217, pl. XXVI, 9). Le nom de la ville de Brest ne s’y rencontre pas en entier ; nous ne doutons pas cependant que cette monnaie ne lui appartienne. Le 8 donne un exemple d'une abréviation analogue, le T y est supprimé. On pourrait peutêtre voir dans les lettres bret le commencement du mot

1 Bigot, 476, 482, 486, 505, pl. XXI, n°° 6,7; pl. XXII, 2. 1869, 4, 15

214 MÉMOIRES

bretannie; or dans aucune charte de cette époque, le nom de la province ne paraît ainsi défiguré. Cette manière de lé- crire se rencontre une fois, sur le 4 de la planche XX de Bigot; mais il l'a copié dans Duby, et aucun exemplaire n'en est connu. Le 7 de la planche XXII porte breito; c'est la forme s'en rapprochant le plus. Or la pièce qui nous occupe est d’une bonne exécution, pourquoi supposer ici une faute, lorsque le nom de la province est écrit cor-

rectement sur des monnaies certainement d'émission an-

glaise? Enfin les pièces semblables citées par Bigot ont

toutes après moneta le nom de l'atelier d'où elles provien-

nent : tout donc fait croire qu’on a voulu y mettre le nom

de la ville de Brest.

Aussitôt après le traité de Guérande, les ouvriers anglais se retirérent sans doute avec les garnisons qui occupaient les forteresses du duché. Le duc, de son côté, n’était plus pressé par la guerre; le grand nombre des ateliers en ren- dait la surveillance plus difficile. Il réduisit à trois les villes pouvant user du droit de battre monnaie; ce furent Nantes, Rennes et Vannes, Pendant tout le règne de Jean IV, ces ateliers fonctionnèrent régulièrement. La grande quantité de pièces portant leur nom en est une preuve. Charles V, maître de la province, ordonna, en 1374, de faire frapper de nouveaux types pour remplacer ceux

_ de Jean IV, et il mentionne seulement ces trois villes’, Mais, contrairement à l'opinion de Bigot, ce dernier ate- lier, pensons-nous, fut définitivement fermé en 1414. L'abbé Travers et M. de Courcy * avaient émis cette asser- tion en s'autorisant du passage de la Réforme des mon-

1 Bigot, Pièces justificatives, 25, == Ordonnances des rois de la iroisième

race, t. VI, p. 40. 2 Revue num., 1847, p. 38.

EL DISSERTATIONS. 215

naies de Monsieur le Duc’, il est dit : « Les monnaies de « Vannes et de Rennes n’euvrent point.» De plus, dans son parlement général tenu à Vannes le 30 septembre 1420, Jean V accorda des priviléges aux monnayeurs de Rennes et de Nantes *. Si l’atelier de Vannes avait fonctionné, ses ouvriers se seraient joints aux premiers pour obtenir les mêmes libertés, cependant il n’en est point fait mention. Enfin M. Rosenzweig, archiviste du Morbihan, a eu l'obli- geance de nous communiquer deux notes confirmant cette opinion ; dans la première il est dit : En 1455, la ‘chambre des comptes, alors à Vannes, occupe l'ancienne monnoierie ; dans la seconde, extraite des archives du château du Bros- sais en Saint-Gravé (Morbihan), en 1470, la chambre des comptes est installée dans le manoir de Clèze avait été précédemment la Monnaie. Douc à partir de 1414, les ate- liers de Nantes et de Rennes seuls fonctionnèrent réguliè- rement *.

Les causes citées plus haut existaient toujours. Ainsi nous avons vu quelles résistances rencontra Charles de Blois, après avoir chargé ses officiers d'établir un atelier à Quim- per. Jean V voulant donner à Redon une plus grande im- portance, envoya des monnayeurs dans cette ville; aussitôt . Pabbé de Saint-Sauveur s’y opposa; mais ayant obtenu du prince la promesse qu'après deux ans l'atelier n’ouvrerait plus, il laissa les ouvriers s’y installer.

1 Dom Morice, Preuv., t, II, col. 901. 3 Dom Morice, Preuo., t. II, col. 1046-1048, Bigot, Pièces justificatives, - he 29, p. 376.

3 Bigot, cite, p. 217, deux monnaies de François II frappées à Vannes; il fixe la date de leur émission après 1486. Les troubles encore peu connus qüi agitaient alors la Bretagne permettent de penser qu'il y eut 530omentanément, pendant le siége de Nantes par les Français, un atelier breton à Vannes,

216 MEMOIRES Un bon nowbre de pièces ont à la fin de leurs légendes un (1 ou un D qui pourraient faire supposer qu'ici ces initiales indiquent les villes de Morlaix et de Dinan, aux- quelles on n'a pas manqué de les attribuer. En effet, Bigot cite une requête des religieuses de Sainte-Claire de Dinan au comte de Toulouse en 1707, dans laquelle elles lui font observer que leur couvent a été fondé par François II, duc de Bretagne, en 1480. Il leur donna sa chapelle et la pièce il faisait batre monois. Aucune pièce frappée dans cette ville au nom de ce prince ne nous est parvenue, mais Bigot (p. 170 et 210) donne à cet atelier des monnaies de Jean IV et de Jean V portant la lettre D. Nous sommes convaincu que l'atelier de Dinan était éphémère et n'avait pas de marque distincte ; suivant cette conjecture, les ducs de Bretagne auraient imité les ducs de Bourgogne. Ceux-ci envoyaient les ouvriers de Dijon à Châlon-sur-Saône pen- dant les grandes foires de cette ville, afin de faciliter les échanges entre les marchands des différents pays; je ne crois pas que Châlon ait eu dans cette circonstance un autre différent que celui de Dijon. Si l'on accepte ma conjecture, les monnaies ducales pa- reilles à celles de Rennes ont été émises pendant les foires de Dinan, si célèbres au moyen âge ; celles-ci sont 1rès- souvent mentionnées dans les chartes du xm: siècle comme date de payement. Ainsi plusieurs actes de Saint-Aubin parlent de ces Nundinæ Dinani en 1227, 1236, 1237 ‘, On les voit également citées dans les chartes du prieuré de Lehon en 1262, 1294, 1295 *, et dans beaucoup d’autres titres des seigneuries environnantes ; il serait trop long de les énumérer tous.

1 Anciens évéchés de Bretagne, t. 111, p. 63, 85, 86. 2 Ibid, t. IV, p. 871, 379.

ET DISSERTATIONS. 247

‘La nouvelle édition d’Ogée dit'à ‘propos de ces foires : « Elles se tiennent le jeudi de caréme, le jeudi de la « mi-caréme, le dernier jeudi de caréme, le jeudi de mai, « le lundi après la Trinité, le jeudi de juillet, le sep- « tembre; mais la principale de ces foires est celle du « jeudi de caréme; elle dure 15 jours, et se tient à l’en- « tour de la place du Champ. Cette foire est connue dans « tout le pays sous le nom du Liège, mais les huit premiers «jours prennent plus spécialement ce rom, et les huit « derniers s'appellent le Deliège. » Au xn1r° siècle, on la nom- mait aussi le Liage ; l'acte de 1295 porte : « Trente souz « dedenz la foire à Dynan et les autres trente souz dedenz « le liage de Dynan prochain ensevant.» Au temps d'Ogée, ils y vendait pour plus de déux millions de toile, indépen- damment des autres marchandises. Cette foire attirait non- seulement les commerçants du duché, mais encore ceux des provinces voisines, d'Angleterre et de Flandre. En: présence d'un si grand concours d'étrangers, les ducs de Bretagne se virent sans doute obligés de faire à Dinan ce que les ducs de Bourgogne avaient établi à Châlon-sur- Saône, car rien ne nous empêche de croire que pendant la célèbre foire du Liège les ouvriers de Rennes se transpor- taient à Dinan.

Nous n'avons pu trouver aucun renseignement précis sur Morlaix. D’après M. Lemière, les archives de cette ville ne contiennent rien d’antérieur au siècle. actuel. Il nous parle de la foire haute qui attirait à cette époque pen- dant huit jours un grand concours de commerçants; elle commençait le 45 ou le 16 octobre. Nous avouons franche- ment que nous ne croyons pas à l'existence de l'atelier imo- nétaire de Morlaix, fondé sur un seul texte qui a été publié par dom Morice (Preuves, t. II, col. 1103); de manière à

219 MÉMOIRES

ne pas laisser deviner ce qu'il y avait dans l'original qui a été malheureusement détruit en 14792. Nous en dirons au- tant de la monnaie de Fougères dont ce document nous parle; car, en considérant la rareté des pièces attribuées, . à cause des initiales, à cette ville, à Jugon et à Ploërmel, et devant le silence de tout autre preuve, nous préférons rejeter l'existence de ces ateliers sous Jean V.

Ses successeurs, Francois II, Pierre Il et Arthur III, ne se sont servis, à ce qu'il paraît, que des ateliers de Rennes et de Nantes.

Françuis II publia, dès la première année de son règne, une ordonnance par laquelle il défendait de frapper mon- paie ailleurs que dans ces deux villes ‘,

Une autre ordonnance de 1483 confirme les priviléges accordés aux monnayeurs par Jean V. Elle est adressée « à

a tous nos dits ouvriers... de nos dites monnoyes de « Rennes et de Nantes et autres monnoyes de nostre pays « et duché”. » Ces paroles ne sont point contraires à ce que nous avançons. I] pouvait encore exister, dans les villes il y avait eu autrefois un atelier, des ouvriers, et ces ouvriers, bien que chômant, profitaient des privilèges accordés à la corporation.

Après la mort de ce prince, Nantes et Rennes semblent user, à l'exclusion de tout autre ville, de ce droit; l’inva- sion de la Bretagne par l'armée française l'avait compléte- ment ruinée.

Les calamités qui suivirent arrétérent pour longtemps . cette activité comme-ciale, source de ja grande prospérité dont la Bretagne jouit sous ses derniers ducs. D'ailleurs les -

Dom Morice, Prew., t, II, col. 1739-1740,— Bigot, Pièces justificatives, 34, p. 383. 3 Bigot, Pièces justif,, 39, p. 389,

ET DISSERTATIONS. 2419

rois de France cherchèrent à restreindre le plus qu'ils purent les priviléges d'une province si jalouse de son indépen- dance. |

Un moment, pendant la Ligue, les ouvriers de Rennes, chassés par les troubles, se réfugièrent à Dinan, Mais aus- sitôt que la paix leur eut ouvert les portes de leur an- cienne résidence, ils y revinrent, et cet atelier fonetionna jusqu'à la révolution,

Nous croyons donc pouvoir conclure de toutes ces consi- dérations, que les ducs de Bretagne se servirent seulement des ateliers de Nantes et de Rennes jusqu'à la mort de Jean. III. Il faut faire une exception pour Vannes sous Jean I.

Enfin, pendant la guerre de Succession, le triste état de la province nécessita la création d'un assez grand nombre d'ateliers; Charles de Blois semble chercher les grands centres, comme s'il voulait donner par une nouvelle preuve de ses droits sur la province; Jean IV, au con- traire, préfère les forteresses, il installe les mon- nayeurs anglais envoyés par Édouard III.

Mais après le traité de Guérande, il n y a que trois hô- tels des monnaies en Bretagne, à Rennes, à Nantes et à Vannes, et, à partir de 4414, les deux premiers seulement sont conservés.

Les ducs de Bretagne ont fait quelques tentatives pour en établir d’autres ; mais leur existence n'a point été in- dépendante, et on peut même les considérer comme des succursales des ateliers de Nantes et de Rennes. Ils n'ont donc point eu de signes caractéristiques, et les lettres qui se voient sur des types nombreux ne peuvent être consi- dérées comme les initiales du nom de la ville d’où elles proviennent. Car lorsque les ducs de Bretagne frappaient

monnaie dans une ville qui ne jouissait pas encore de ce droit, ils y faisaient inscrire en entier le nom de cette lo- calité. Aucun ouvrier n'était attaché spécialement à ces ateliers éphémères, conséquence toute naturelle de cet ordre de choses, mais des monnayers de Rennes ou de Nantes se transportaient dans ces villes lorsque leur pré- sence était demandée par quelque grande circonstance.

On peut donc affirmer qu'il n'y eut au xv° siècle que deux cités en Bretagne à posséder un atelier, Rennes et Nantes. Nous soumettons ces conjectures à la critique, et nous espérons que bientôt les archives de notre province, mieux connues, pourront nous fournir des détails curieux sur ces usages, et qu'ainsi, par des recherches patientes, plus d’un point de la numismatique bretonne sera éclairci.

L. CHAUFFIER.

ET DISSERTATIONS. 224

MELANGES NUMISMATIQUES. TROUVAILLE DE MONNAIES DU XIV: SIÈCLE.

FRANCE, BOURGOGNE, Bar, Savors, Vaup ET BRETAGNE.

(PI. XI.)

J'ai acheté l'automne dernier à Montpellier, chez un marchand d’antiquités, une trouvaille ou une partie de trouvaille qui m'a paru au premier abord ne renfermer que des gros à la couronne et des doubles deniers parisis de Philippe de Valois, mais dans laquelle j'ai bientôt. reconnu plusieurs monnaies baronales plus ou moins ser- vilement copiées sur l’un ou l’autre de ces deux types. Les gros et les doubles deniers royaux sont remarquables par la variété de ces détails accessoires et de ces signes que l’on changeait à chaque émission. Quant aux monnaies . baronales, elles sont ou nouvelles ou assez rares, et mé- ritent également une rapide description.

FRANCE. Philippe de Valois (1828-1350).

Gros à la couronne. Le gros de Philippe de Valois, au type des tournelles surmontées d’une couronne, se

222 MÉMOIRES

frappa pour la première fois en 1336, si l’on en croit Le Blanc'. C'était une pièce de bas aloi, dont la valeur nominale était exagérée et dont l'émission procurait par conséquent de grands bénéfices; aussi sa fabrication fut-elle prolongée et considérable”, Les exemplaires que nous allons examiner sont presque tous de coins différents et de fabrication médiocre. Ils se classent en plusieurs groupes caractérisés par les accessoires du type et se subdivisent, dans chaque groupe, par les signes séparatifs et les abré- viations des mots de la légende du droit ou par ce qu’on a appelé plus tard des points secrets.

Groupe. Un anneau destiné sans doute à figurer une ouverture se voit au centre de l'édifice.

4. + BNDICTV : SIT ; NOME : DNI : NRI : DEI : entre deux grènetis; au centre : PH! LIP PVS REX, dans les can- tons d’une croix dont les bras sont pattés et se rattachent au grènetis par des annelets.

&. FRANCORVM; tournelles surmontées d’une couronne;

1 Traité des monnoiss de France, édition de Paris, table à la p. 405.

3 On jugera de l'importance de ces bénéfices, en comparant le titre, la taille et le cours légal dn gros à la couronne créé en 1336 et du gros tour- nois qui l’avait précédé en 1380. Le premier était, en effet, réglé à 10 d. 16 g. de loi, à 96,2 par marc, et valait 10 deniers tournois, tandis que le se- cond atteignait 11 d. 12 gr. de loi, se taillait seulement à raison de 60 au marc, et n'avait été émis que pour 2 deniers de plus, c’est-à-dire pour 12 tour- nois. Le Blanc, id., ib.

3 Au moyen Age, les monnaies, et souvent les moins bonnes, arrivaient à un chiffre de fabrication trés-élevé, parce que le numéraire n'était pas, comme aujourd’hui, un simple appoint, mais représentait la plus grande partie de la richesse mobilière, et supportait, par les cours forcés et par les surprises de tarifs, les hausses et les baisses dont les valeurs fiduciaires ont eu, depuis, le monopole. Cette remarque explique pourquoi on trouve encore tant de pièces anciennes, et pourquoi il y a souvent un si grand écart entre le titre de deux exemplaires d’une même monnaie, lors même que cette mon- naie n’est pas Je produit d’un atelier clandestin,

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ET DISSERTATIONS. 223

au centre un anneau, et, sous le pignon central, une base terminée par deux anneaux, La bordure qui entoure la piéce est formée de lis avec une croisette dans le haut. Un exempl. pesant 28,00 (PI, XI, 4).

2. Même pièce les trois points placés entre le mot DEI et la croisette ont disparu. Sept exemplaires de coins très différents pesant en moyenne 45,99. |

38. Variété du 2, avec un point secret, au revers, sous le premier R. Un exempl. pesant 25,10.

"N° 4. Même pièce que le 2, mais le dernier mot de la légende extérieure du droit est écrit en deux lettres, DE, par abréviation. Trois exemplaires de coins variés pesant en moyenne 25,00,

5. Variété portant D] au lieu de DE. Sept exemplaires pesant en moyenne 25,01.

Ne 6. Autre dans laquelle le mot DEI est simplement re- présenté par son initiale D. Quatre exemplaires pesant en moyenne 45°,98.

7. Autre DEI est complétement supprimé et par conséquent le mot NRI termine la légende. Trois exem- plaires, pesant en moyenne 25,02.

N°8. Pièce semblable au 7, sauf que le premier P, dans Philippus, est surmonté d’un signe semblable à celui qu'on place d'ordinaire à côté et au-dessus de la dernière lettre d’un mot abrégé. Un exemplaire, poids, 25,03.

Outre les vingt-sept pièces précédentes, il y en avait dans la trouvaille dix-sept autres appartenant au même groupe, mais plus mal conservées et difficiles à répartir entre les diverses subdivisions. Ces derniers gros ont un poids moyen de-2",04.

Groupe. Outre l'anneau représentant une ouverture

224 MÉMOIRES

au centre de l'édifice, un autre anneau se voit sous le degré.

N°4. + BNDICTV : SIT : NOME: DNI : NRI : DEI entre deux grénetis, et PH] LIP PVS REX, dans les cantons d'une croix, dont les bras sont pattés et se relient au grénetis par des annelets. La lettre L, dans Philippus, supporte un annelet. |

& FRANCORVM; tournelles surmontées d’une couronne; anneaux au centre de l'édifice et sous le degré. La bor- dure, composée de lis, ne commence pas par une croisette, comme dans le premier groupe. Un exemplaire pesant 45,90.

2, Même type avec DE au droit, au lieu de DEI; deux exemplaires pesant en moyenne 25,02.

Ne 3. Autre semblable au 4, mais le mot DEI est entièrement supprimé, tandis que le revers ne porte point d'annelet avant l'F de Francorum et montre une croisette au centre de la bordure de lis ; un exemplaire pesant 25°,04.

Groupe. Deux croisettes au centre de l’édifice, au lieu d’un anneau; une petite sphère sous le degré.

Ne 1. + BNDICTV : SIT: NOME ; DNI : NRI : DEI. Au centre, une croix dont les bras sont pattés et reliés au grènetis par des annelets; dans les cantons, PH] LIP PVS REX. La lettre L porte un annelet.

8. FRANCORVM; tournelles surmontées d’une couronne, croisettes et petite sphère. La bordure est entièrement composée de lis. Un exemplaire pesant 25,01

2. Même pièce, avec DE au droit au lieu de DEI, deux exemplaires pesant en moyenne 1:',89.

Ne 3. Autre très-bien conservée au revers, mais dont la légende extérieure, au droit, est mal venue et semble

ET DISSERTATIONS. 225

néanmoins ne porter que D au lieu de DE; un exemplaire pesant 25°,00 (PI. XI, 2).

Doubles parisis. Les doubles deniers parisis sont très-nombreux dans la trouvaille; leur titre est plus bas que celui des gros. Ils peuvent se répartir en trois groupes suivant que la croix fleuronnée du revers est accostée d’an- nelets, de petites couronnes ou d'étoiles.

1% Groupe. La croix est accompagnée de deux annelets.

4, + PHILIPPVS.D:GoREX ; au centre, deux lis l’un sur l’autre avec les lettres FRAN disposées à droite et à gauche et séparées horizontalement par deux annelets.

À. + MONETA DVPLEX; la croix longue fleuronnée dont le pied est patté, repose sur un annelet et coupe la légende en deux; deux annelets accostent la croix dans le champ. Ginq exemplaires de divers coins pesant, en moyenne, 46,24 (Pl. XI, 3).

2. Même pièce les annelets, qui se voient au droit entre les mots de la légende circulaire, sont remplacés par de petits points; trente-huit exemplaires pesant en moyenne 48,20.

Ne 3. Autre variété du 2. Les deux annelets qui séparent horizontalement les lettres isolées, dans le champ du droit, sont remplacés par de petits globes; l’anneau qui se voit au revers, sous le pied de la croix, a également fait place à un petit globe; vingt-sept pièces pesant en _moyenne. 1°, 20.

4. Troisième variété du 2 avec + PHILLIPPVS. D. G. REX; un exemplaire, poids, 45,13.

Ne 5. Pièce qui serait la même que le 4, si le point placé entre le D et le G ne semblait avoir disparu; un exemplaire pesant 15,15.

226 MEMOIRES

6. Quatrième variété du 2 dans Is voit plus sous le pied de la croix ni l’annele globe. Il est possible que cette variété ne soi tat d'une frappe insuffisante; un exemplaire

Groupe. La croix est accompagnée de couronnes,

Ne 1. + PHILIPPVS. D : G. REX; au c superposés et les lettres FRAN éparées pa globes; c'est le droit du 3 du premier gr

&. + MONETA DVPLEX; croix fleuronné celle des doubles précédents, mais accompa et à gauche, d'une sorte de petite couro lemnisques ou, si l’on veut, d’un annelet : dents. Le pied de la croix est entouré de placés deux et un. Douze exemplaires pesani 4,21 (Pl. XI, 4).

2. Mème type; seulement, au droit entre les deux lis superposés. Trois exem en moyenne 45, 13.

Groupe. La croix est accompagnée de di

1 + PHILIPPVS. D: G. REX; au ce superposés, avec les lettres FRAN disposées gauche et séparées par deux petits globes; du 3, .

8. Même revers qu’au 1 et au 2 dus sauf que les anneaux à deux dents sont rempl par des étoiles à cinq pointes. Trois exem) en moyenne 15,07.

N°2. + PHILIPPVS. D+G. REX; les lettr toujours disposées dans le champ à droite et

ET DISSERTATIONS. 227

~ deux lis superposés, mais on ne voit plus entre elles les deux points du numéro précédent, tandis que deux étoiles sont placées, l'une au-dessus de l'F, l’autre au-dessus de I’ R.

f. Commie au numéro précédent. Dix exemplaires pesant en moyenne 0:,96.

8 + PHILIPPVS. D:G..,... Dans le champ les lettres FRAN séparées par deux lis superposés et surmontés de deux étoiles.

~ À. + MONETA DVPLEX ; croix accostée de deux étoiles & cing pointes et sous le pied de laquelle se voient trois annelets disposés horizontalement. Un exemplaire pesant 45,18 (Pl. XI, 5).

Outre les 102 pièces réparties dans les trois groupes précédents, la trouvaille renfermait 121 doubles parisis, en général plus mal conservés et moins complets, apparte- nant, pour la plupart, au deuxième et au troisième numéro du premier groupe, et pesant en moyenne 45,18,

BOURGOGNE. Eudes IV (1315-1350).

Gros à la couronne. Ce que j'ai dit au commence- ment de cet article permet de juger combien les barons avaient intérêt à contrefaire le gros royal à la couronne, dont l’émission était rendue si lucrative par les conditions méme de sa fabrication et dont on pouvait encore abaisser ’aloi, car dès qu’il s’agit de billon le public ne peut plus juger, au simple aspect, de l'importance de la fraude * ;

1 Le xiv° siècle est peut-être celui l’on se livra le plus de combats à eoupde tarifs monétaires, l’on décria le plus vite les émissions succes-

928 MEMOIRES

aussi le comte Eudes ajouta-t-il aux types monétaires de son pays celui du gros à la couronne. + BNDICTV : SIT: NOME: DNI : NRI : DEl entre deux grénetis; au centre, entre Jes bras d’une croix pattée, EVD DEI GRA DVI.

k. BVRGVD.MONETA; tournelles surmontées d'une cou- ronne; bordure de lis. Un exemplaire pesant 1:"25.

Cette pièce, servilement copiée sur le gros de Philippe de Valois, a déjà été décrite par M. A. de Barthélemy" et d’après lui par M. Poey d'Avant*. Le roi s'était plaint des contrefaçous de sa monnaie auxquelles se livraient les ate- liers de Bourgogne; le duc viut à Vincennes, le 3 oc- tobre 1337, et promit de changer les coins dont il usait; mais il se réserva de faire circuler les espèces de type français sur le territoire d’Auxonne, il échappait au contrôle des officiers royaux ?.

Ban.

Henri 1V (1337-1344).

HERICVS..... entre deux grènetis. Dans le champ, les deux lis superposés du double de Philippe de Valois; à gauche et à droite, séparées par deux annelets, les lettres BRRI; au-dessous du lis inférieur et coupant la légende en deux, l'écu du comte aux deux bars adossés.

La seconde partie de la légende circulaire est malheu-

sives, et où, par conséquent, les contrefnçons et Jes altérations de titre furent les plus nombreuses,

1 Essai sur les monnaies des duce de Bourgogne, in-4°, 1848, p. 40, pl. Ill, fig. 13.

2 Monnaies féodales de France, t. 11], p. 200, pl. 132, 2,

3 Barthélemy, op. laud., p. 38.

ET DISSERTATIONS. 229

reusement trop fruste pour étre lue avec quelque certi- tude. Elle devrait se composer de six ou sept lettres ; c’est plus qu’il n’en faut pour COMES, mais ce mot était peut- être allongé par l’interposition d’un signe analogue à celui que présentaient d'autres monnaies du méme trésor.

À + MONETA DVBLEX, croix longue à bras fleuris coupant la légende dans le bas; à droite et à gauche un annelet. On peut remarquer la substitution toute germanique du B au P par le graveur du coin.

Cette monnaie est inédite; un exemplaire pesant 45,02 (PI. XI, 6).

On connaissait déjà un gros du comte de Bar, semblable à celui qui a été décrit plus haut au nom de Eudes et copié également sur le type royal *.

SAVOIE.

Aimon (1329-1343). .

Gros à la couronne. AIMO COMS SAB; tournelles surmontées d’une couronne; au centre de l'édifice, un petit globe, sous la base un anneau. La bordure de lis, qui en- cadre la pièce, n'est pas coupée par une croisette.

à + BNDICTV : SIT: NOME: DNI : NRI : DE entre deux grènetis ; au centre dans les cantons d’une croix pattée et autour d'un troisième grènetis, on lit INI TAL MAR CIO, fin de la légende du droit.

Cette imitation du gros de Philippe de Valois est com-

1 Voir plus loin les doubles deniers d'Aimon, comte de Savoie.

3 F. de Saulcy, Recherches sur les monnaies des comtes de Bar, p. 24, pl. I, fig. 8.

1969. 4,

16

230 MÉMOIRES

plétement inédite; elle n’était représenté dans la trouvaille que par un exemplaire pesant 25,02 (PI. XI, 7).

Imitation du double parisis. 1. AIMO écrit dans le champ de la pièce. Ces quatre lettres sont séparées verti- calement par deux lis et horizontalement par deux anne- lets; c’est toujours la disposition du double de Philippe. Le titre du personnage COMES SABAVDIE, se développe en légende circulaire.

À + IN ITAL MARCIO; au centre une croix fleurie ac- costée de deux annelets. Un exemplaire pesant 47,31 (PI. XI, 8).

Cette monnaie n’était pas connue de M. Promis, lorsqu'il fit paraître son ouvrage intitulé Monete dei Reali di Savoia’ ; mais on la trouve, avec de légéres différences*, dans un travail supplémentaire sur les mémes monnaies de Savoie, que l’auteur a publié en 1866, en lui donnant un nouveau titre assez peu justifié : Monete inedite del Piemonte *. Sui- vant le savant bibliothécaire du Roi, à Turin, les imita- tions du double denier parisis auraient été émises à Chambéry de 1340 à 1341, à la taille de 150 au marc’,

ce qui leur aurait constitué en mesures actuelles un poids de 45,617,

1 Deux volumes in-4°, Turin, 1841,

8 D'après le dessin de M. Promis, il y aurait des globules au lieu d’an- nelets dans le champ du droit, et le revers porterait Marcho au lieu de Marcio, qui paraît être la bonne leçon; les annelets auraieht, en outre, disparu du champ du revers, tandis que la croix reposerait stir un petit globe dont la présence ne peut être accusée par notre exemplaire, attendu que le flan a justement fait défaut au coin en cet endroit.

3 Grand in-8°, 6 planches, Turin, 1866.

A Monete dei reali di Savoia, t. I], p, 445.

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ET DISSERTATIONS. 931

M. A. de Longpérier’ a fait connaître cette monnaie aux lecteurs de la Revue, et après avoir relevé l'erreur de M. Promis qui croyait la piéce imitée d'une monnaie de Philippe le Bel, il ajoute : «Ge qui prouve combien l'étude des monnaies des princes voisins de la France est indis- « pensable pour la connaissance de nos monnaies royales, « c'est que celle-ci nous montre {le comte Aimon étant « mort en 1343) qu'une émission de doubles parisis aux « deux fleurs de lis superposées avait eu lieu avant celle « de 4346, signalée par Le Blanc (table chronologique) et « appliquée par Delombardy * au type qui nous occupe. »

Ne 2. AYMO; ces quatre lettres sont séparées par deux figures qui ressemblent plutôt a des fers de pertuisane qu'à des lis * et qui rendent moins complète limitation de la monnaie royale. Il n’y a pas d’annelets entre les deux lignes. En légende extérieures : CO&MS : SABAVDIE.

à. +. : IN ITAL’ MARCIO; croix fleuronnée avec deux petits globes dans le champ; variété inédite. Un exem- plaire pesant 1,35 (Pl. XI, 9).

Autre très-usé par l’oxyde, le trèfle, qui coupe en deux le mot COMS au numéro précédent, n’est pas visible, et un signe semblable se montre entre le B et l’A au mot SABAVDIE. Un exemplaire pesant 15,35.

3. Variété du 2 présentant au revers deux petits tréfles dans la légende + IN ITAL’ MA&RCIO. Deux exem- plaires pesant en moyenne 45,01.

1 Revue num., 1867, p. 79.

2 Catalogue des monnaies françaises de le collect. Rignauit, 1848, p. 10, 76.

3 « Ad fiorem lilii habentem parvai crücém pro fede, » suivant l'expression même employée par le comte Aymon. Promis, Mon. dei reali di Sav., t. Jr, p. 85.

232 ut Banonn! Louis II

+ LYDOVICVS:DE SA. D deux lis superposés, les qua la légende, et que le graveu manière à les faire ressemb] royal. Il y a un annelet sou

R. + MON PET CASTR ronnée dont le pied coupe | à gauche, un annelet.

Un exemplaire rogné, pes profondément attaqués pal gangue, ne pesant plus en 40.)

La monnaie qui vient d' du comte Aimon, une imitat Philippe de Valois; elle ap Vaud, qui succéda à son en 1343, à la mort d’Aimon Cette pièce, sortie des atel assez grande rareté. M. Pre plément*, un exemplaire mz quel il lisait LV, en sorte q écrit deux fois, ce qui est in vait pu en restituer la légen

1 On connaît des monnaies de ce | VAVDI TVTI.— Cf. Promis, Mon. coll.

2 Moneta inedite del Piemonte, p. 16

ET DISSERTATIONS, _ 933

M. Adr. de Longpérier’, ayant reçu du Musée de Lyon l'empreinte de deux exemplaires de la même monnaie se complétant l'un l’autre, en avait déjà reconstitué les lé- gendes telles qu'elles sont.

BRETAGNE. Jean de Montfort (1344-1345).

- Ne 4. IOHAN NES DVX. Dans le champ, BRIT en deux lignes. Deux mouchetures d’hermine en pal, superposées et séparées par un annelet, coupent en deux la légende circulaire et le mot BRIT.

À. SIGNVM DEI VIVI. Au centre, une croix de proces- sion, à branches fleuronnnées, à hampe épaisse et terminée en fer de lance. Dans le haut de la pièce, l’écu aux trois hermines séparant le commencement de la légende de sa fin. Neuf exemplaires en billon pesant en moyenne 165,14 (Pl. XI, 41.)

Cette pièce reproduit le dispositif général du double de- nier parisis de Philippe de Valois, sans en être, comme les précédentes, une sorte de contrefaçon. Elle a déjà été pu- bliée par M. Bigot* et par M. Poey d'Avant *, qui l’attri- buent à Jean IV.

Ne 2. + IOHANNES DVX entre deux grènetis. Au centre, deux mouchetures superposées; entre elles le mot BRIT en deux lignes ; un annelet entre le B et l'T; un point entre les deux mouchetures et un annelet entre l’R et le T.

x. SIGNVM DEI VIVI. Croix fleuronnée et à queue. Deux

1 Revue num., 1867, p. 78. .2 Essai sur les monnaies du royaume et duché de Bretagne, pl. XXII}, fig. 10. 3 Monn, féod. de France, p. 100, pl. XVIII, &,

SRES

pesant en moyenne 1°,12. ne de Jean IV.

tre deux grémetis; dans le er, écrit en deux lignes que deux croissettes.

it écu à trois mouchetures entre l'A et l’N de la lé-

de 15,22, est frappé sur un lans la trouvaille. M. Bigot le

Bretagne, qui viennent d'être autres baïonales du trésor, de Philippe de Valois (4328- nt d'ailleurs l'aspect général . |

ls sont les ducs qui ont gou- tte période. Le premier est n avril 1341, et que je crois type monétaire presque tou- tére tout particulier qu'on ne les pièces qui nous occupent. vi, en 1339, pour avoir fait des celles du roi « il y a si petite iple ne le peut connaistre

pl. XXI1I, fig. 8.

+99, pl. XVII, 7,

P

e, adopts pour armoiries, parti au 1* de Limoges, au de Dreux. (Anat, 182.) a ,

) de Bretagne, Van 1633. (Preuves du

a a! ee ee ee ee ee

ET DISSERTATIONS. 235 mais |’ émission incriminée' sortait de l’atelier de Limoges, - le corps du délit fut saisi par les officiers royaux’. Après Jean III vient Charles de Blois, qui ne meurt que six ans après la mort de Philippe de Valois; or avec Charles commence une série d’imitations parmi lesquelles se trouve un double denier identique, sauf le nom du prince, à notre ne 3°. Si l’on remarque maintenant que ce prince, pen- dant que vivait le roi Philippe, a eu successivement pour compétiteurs, de 1341 à 1345, Jean de Monfort, et de 4345 à 1350, le fils de celui-ci, devenu, quatorze ans plus tard, seul maître du duché sous le nom de Jean IV, on en conclura que les monnaies bretonnes de la trouvaille de Montpellier sont ou de Jean de Montfort ou de son fils. S'appuyant sur une observation faite par mon savant ami, Anatole de Barthélemy‘, M. Bigot renonce à attribuer aucune monnaie au premier de ces princes et fait descen- dre au règne du second, 4345 à 4364, la pièce de Nantes, calquée sur celle de Charles de Blois, amsi que nos n°’ 4 et 2. Quant à M. Poey d’Avant, il donne également ces divers billons à Jean IV, avec qui il paraît avoir confondu Jean de Montfort. En somme, les hommes les plus compétents n’ont fait honneur d’aucune monnaie à Jean de Montfort, et ce- pendant on ne saurait douter qu'il en ait frappé". En effet, entre les années 1341 et 1345, il a été successivement maitre de Brest, Rennes, Henriebon, Vannes, Auray et Car-

1 Il s'agissait sans doute de deniers tournois semblables à celui reproduit par M. Poey d’Avant, op. laud., t. I, p. 360, pl. LI, 2.

2 Réponses faites aux gens du duc de Bretagne, loc. cit.

3 Bigot, op. laud., pl. XVIII, fig. 9 et 10,

+ Revue num., 1847, p. 428.

+ Je ne parle pas des monnaies dont M, Bigot fait, & bon. droit, justice, op. laud., p. 133. . |

236 MÉMOIRES

haix. C'est même à Nantes, fut émise naies, qu'il se fit « reconnaître par sept que contenait la province et les seigneur Si la lutte ne fut pas toujours à son avai plus d’une défaite, il ne faut pas oublier ¢ bon, dans une forteresse bretonne, qu'il 4345. Son fils, au contraire, était en basä gua des droits contestés, et plus tard, à lippe de Valois mourut, l'héritier de Mon âgé de neuf ans et n'avait pas quitté l’A donc nullement démontré qu'il ait eu d dant cette première partie de sa vie, et il dans tous les cas de se borner à lui nombreuses pièces que caractérise un t personne ne lui conteste,

On peut ajouter que les monnaies roy: ralement imitées peu de temps après lei double denier parisis de Philippe de Vi vient de le voir, servait déjà de type, À le comte Aimon, c’est-à-dire entre 1337 lait donc en France’, et se voyait contr rons du vivant de Jean de Montfort; de ] contient une monnaie de Eudes antérieur tations bretonnes au nom de Jean sembl toutes ces raisons, appartenir plutôt a Disons enfin que la présence de la léger VIVI milite en faveur de l'ancienneté ( elle est en effet empruntée à des deniers fabrication remontait fort loin et semble a

1 Le double parisis aux lis superposés existait assur

moi-même publié une monnaie de ce type frappée à Guillaume (1337-1342). (Num, de Cambrai, p. 101, pl

=

KT DISSERTATIONS. 237

milieu du xtv* siècle ‘. Je ne pousserai pas plus loin cette discussion; il appartient aux numismatistes de la Bretagne de revoir le classement des nombreux types monétaires du x1v° siècle, au nom de Jean, et de rendre définitivement à Jean de Montfort la part à laquelle il a droit.

RECAPITULATION,

Gros à lacouronne...... 52 Double denier parisis, . . , 223 Eupes px Bourcoene. 1315 à 1340. . Copie du gros à la couronne, 1 Henri px Bar. 1337 à 1344. . . . . . Copie du double denier parisis. 1 Id, du gros à la courunne.. 1

5

4

PHILIPPE DE Vatols, 1828 à 1350.

Amon DE SAVOIE. 1329 à 1343... Id. du double parisis....

Louis px Vaup. 1302.......... Id. id, Juan ps Montrort? 1341 à 1345 . . Imitation du double parisis. . 12

Cu. ROBERT.

E. Hacher, Essai sur les monnaiss du Maine, p. 44, col. 2.

3S MÉMOIRES

FLORINS DE BAR ÉMIS SOUS LE DUC ROBERT.

Duby, dans son Traité des monnaies des barons, avait attribué à Robert II, duc de Bourgogne, un florin, imitation de ceux de Florence, portant au droit autour de la grande fleur de lis, la légende ROBERTVS DVX sans indication de seigneurie, et au revers, le saint Jean en pied de face, entouré de la légende ordinaire S. IOHANNES.B, suivie d’une couronne semblable à celle placée pour différent sur les florins attribués au roi de France, Charles V. Depuis lors, M. de Saulcy, dans ses Recherches sur les monnaies des comies et ducs de Bar’, a cru pouvoir restituer cette pièce au duc Robert qui régna de 1352 à 1414, n’appuyant à la vérité cette assertion que sur ce que «ce prince ayant copié déja un grand nombre des monnaies émises par les rois de France, Jean II et Charles V, il n’y avait rien de bien audacieux à admettre à priori que ce prince, s'il avait fait frapper des espèces d'or à son nom, a choisi parmi les types adoptés par le monarque dont il calquait servilement les monnaies celui qui était accueilli le plus favorablement dans toute l’Europe, celui que tous les princes imitaient à l’envi, celui enfin des florins de Flo- rence. »

1 Paris, 1843, p. 34.et 41, pl. IV, 11.

A a en me en

ET DISSERTATIONS, 239

« Si maintenant nous ajoutons, continue M. de Saulcy,

à ce qui n’était qu'une supposition, le fait certain que Ro-

bert, dans un traité fait en 1354, et lorsqu'il n’était encore que conte, avec Guillaume de Nancy, fermier de la mon- naie du Barrois, lui donna le pouvoir de fabriquer des petits florins à son nom à la taille de 70 au marc de Troyes et au titre de 14 karats et demi, nous aurons changé en certitude ce qui n’était encore qu'une hypothèse, »

Cette nouvelle attribution des florins au nom d’un ROBER- TVS DVX, toute ingénieuse et spécieuse qu’elle était, ne reposait pas sur des preuves assez positives pour être admise sans réserve par un grand nombre de numismatistes; plu- sieurs pensaient que si le duc Robert de Bar avait émis des florins, ces pièces devaient au moins porter les armes du prince pour différent, et une récente découverte faite dans les environs d'Épinal, vient de donner raison, en partie du moins à ces derniers, en mettant au jour un florin d'or à

- haut titre et du poids de 3,37, qui maintenant fait partie des collections numismatiques de notre Musée départe- mental. Cette pièce a aussi au droit la légende ROBERT DVX entourant la grande fleur de lis et au revers, autour de la figure de saint Jean debout, est la légende ordinaire S.IOHANNES.B suivie, non d’une couronne, mais d’un bar à deux tétes sur un semis de croisetles ab pied fiché, repré-

sentation incontestable des armes de Bar qui probablement n'ont pas été plus exactement reproduites parce que la place manquait, ou que plutôt on a voulu imiter l'aigle à

240 MÉMOIRES

deux têtes qui se voit sur quelques florins frappés à cette mème époque aux environs du Rhin‘, tant était grand le désir de Robert et de ses monnayeurs de faciliter I’ écoule- ment des monnaies émises par les ateliers du duché.

Cependant, de ce qu'il était maintenant certain que le duc Robert avait fait frapper un florin sur lequel ses armes étaient ostensiblement placées, devait-on conclure que M. de Saulcy s'était complétement trompé en donnant su même prince une autre pièce aux mêmes types portant aussi les mêmes légendes, mais n'ayant pour différent qu'une couronne qui ne pouvait aider à reconnaître de quel atelier la pièce était sortie, et cette pièce devait-elle rentrer dans la catégorie de celles auxquelles il est impos- sible de donner une attribution certaine ?

Je ne le pense pas, bien au contraire, je suis convaincu que M. de Saulcy à deviné juste, et à l'appui de son at- tribution, je puis apporter une preuve toute matérielle, ignorée lorsqu'il publiait ses recherches sur les mon- naies de Bar, car alors la trouvaille de Buissoncourt n’é- tait pas faite et l'on ne connaissait pas le précieux forin d'or du duc de Lorraine, Jean I, contemporain et allié de Robert; rarissime monnaie dont notre Musée possède un des trois exemplaires connus. J’ai donc pu

+ Par exemple, les florins de Boémond, archevéque de Trèves, 1354-1363; de Cuno, titalaire du même siége (1382-1888). Voir Joachim, Das nev wif ‘Monzcab,, 1161, t. 1, pl. XX, n°10.—Bohl, Dis trisrisch, Manson, 1823, p.45

et 48, oto,

ET DISSERTATIONS. 241

comparer à loisir ce florin du duc Jean avec les exem- plaires de celui de Robert au différent de la couronne qui sont aussi dans la même collection, et m'assurer que ces pièces aux noms de Robert et de Jean étaient tellement identiques qu'il était impossible de ne pas recon- naître que non seulement elles étaient de la même époque, mais qu'elles avaient être gravées par le même artiste : différents, lettres, fleurs de lis, figures de saint Jean sont semblables, à tel point que, dans les deux figures du saint, les cheveux et la barbe sont divisés en un même nombre de mèches de même forme, en sorte qu'un seul dessin paraît avoir servi pour les deux coins. La forme du T est aussi identique sur les florins de Bar et de Lorraine. Ce fait ne paraîtra pas incroyable, si l’on se rappelle que Guillaume, le maître de la monnaie. de Saint- ‘Michel, depuis 1365 jusque vers 4377', était de Nancy, et que d'ailleurs des pièces aux deux noms des ducs Jean et Robert ayant été frappées d'un commun accord à la monnaie de Nancy, il ne serait nullement impossible de croire que le coin du florin de Robert eut été fourni par cet atelier.

La représentation exacte de ces florins en fera mieux comprendre la similitude.

A l’époque l’on frappait à Nancy des monnaies com- munes aux ducs de Lorraine et de Bar, la pénurie d'argent était grande dans le trésor de Bar, vidé pour le payement de la somme énorme à cette époque de 140,000 florins que Robert avait été obligé de faire aux Messins pour prix de sa rançon. C'est probablement pour remplir de nouveau ses coffres que ce prince autorisa, par untraité passé en

1 Servais, Annales historiques du Barrois, t. I, p. 174,

242 MÉMOIRES

septembre 1872’, son maître de la monnaie Gnillaum de Nancy, à émettre ces petits florins d'or à la taille & 70 au marc de Troyes et au titre de 14 karats et demi dont le musée possède un exemplaire *.

C'était du reste une ancienneet mauvaise habitude du duc Robert de permettre de frapper dans ses ateliers monétaires des monnaies à bas titre; car dès 1355 il autorisait son maître de la monnaie de Saint-Mihiel, Humbelet de Gondrecourt, à émettre des monnaies blanches et noires imitées de celles du roi de France à son choix, à la condition que les blanches auraient un denier d'aloi de moins que les monnaies de France et les noires à proportion *.

Quant au florin au bar à deux têtes nouvellement décou- vert, le travail en est si différent de celui à la couronne qu'il est évident qu'il n’a pu être gravé ni à la même époque ni par Je même artiste que ce dernier ; l’aurait-il été lorsque Humbelet de Gondrecourt était maître de la monnaie de Saint-Mihiel, c'est-à-dire de 1354 à 1365, ou faudrait-il le donner à Bernard de Lucques * qui, vers 1380, remplaca Guillaume de Nancy, et conserva sa charge jusqu’à la mort du duc Robert en 1411?

JULES LAURENT.

1 Un autre exemplaire de la même collection est à bon titre. 2 Servais, Annales historiques du Barrois, t. I*, p. 238. 3 Joid,,t. Le", p. 36, et D. Calmet, Hist. de Lorr,, t. IT, Prewoes, p. DCxxi

et DOXXITI. 4 T, I, p. 2%.

a ia ee ee eee

LE 4 D ati Pl

ET DISSERTATIONS. 2h3

ESSAI SUR L’HISTOIRE MONÉTAIRE DES COMTES DE FLANDRE DE LA MAISON D’ AUTRICHE ET CLASSEMENT DE LEURS MONNAIES.

(1482 1556. )

(Voir plus haut, p. 86.)

Depuis que Maximilien avait repris, du consentement des Etats, la tutelle de son fils et la mainbournie de la Flandre, il avait, dans toutes ses ordonnances monétaires, conservé l'ancien titre des monnaies, ainsi que leurs poids, du moins à très-peu près. Les nouvelles même ne leur étaient pas inférieures sous ce rapport. Mais, par contre, il en avait augmenté singulièrement la valeur. L’augmen- tation, surtout pour les pièces d'argent, s'élevait jusqu'au tiers de la valeur primitive. C’est probablement de ce fait qu’il est question dans les historiens quand ils parlent de l’altération des monnaies par le roi des Romains. Au reste, - celui-ci semblait prendre à tâche de justifier de plus en plus les accusations portées contre lui.

L’ordonnance du 20 avril 1487 portait que le florin à la croix de Saint-André serait reçu pour 33 patards et les autres pièces à l'avenant. Soit qu’il y ait eu connivence de la part de l’archiduc, soit simple négligence, toujours est-il

2hh MÉROIRES

qu'au bout de peu de temps ledit florin courait pour 36 pa- tards. Profitant de cette circonstance, Maximilien s’em- presse de faire paraître un mandement, daté du 8 janvier 1487 (v. st.), dans lequel il adopte officiellement le taur de $6 patards pour le florin, fixant la valeur des autres monnaies à l'avenant. Celles émises récemment devaient naturellement être aussi augmentées, ce qui a lieu en effet comme il suit: «..... J/em les deniers dor que nous avons « fait forgier en noz monnoyes par maniere de provision, « se metteront assavoir le grant royal dor, pour xxxvis « gros; le noble pour xvi s.; le ducat de Bourgoingne « pour 1x 8.; et les deniers dargent se metteront et rece- « vront assavoir le grant royal dargent pour xvii d. « gros, le double griffon pour 1x d. gros; et le sengle « griffon 1111 d. ob. gros;.......»

Bien que l’archiduc affecte de gourmander trés-fort ses officiers, le gouverneur de Lille, Douay et Orchies, et au- tres à qui le mandement est adressé, et qu’il leur dise : «.…. Mais par faulte de vous et autres noz officiers ledit utaux (de 33 patards pour le florin) na esté entretenu, u ains les marchans estrangers et autres ayant proufit « audit désordre, ont mis et haulcié lesdites monnoyes « jusques audit prix de xxxvi patards pour ledit florin à la « croix et les autres à l'avenant, et pour ce que ledit dé- « sordre est beaucoup plus préjudiciable à nous, nosdits « pays et subjés que n’est la guerre qui desja y a eu cours « longuement;.......» personne ne fut dupe de ses pro- testations, et la désaffection qu’avaient causée les mesures précédentes ne put que s’en accroître. Il annonçait, il est vrai, qu'il allait faire régulariser les choses par l’assem- blée générale des États, qu'il désirait, disait-il, voir réunir promptement. | |

ET DISSERTATIONS. 2h5

Maximilien était-il de bonne foi en faisant cette pro- messe, et l’assemblée des États était-elle bien dans ses adées ? C'est ce qu'il est impossible d'affirmer. Les événe- _ ments qui se précipitaient ne donnèrent pas le temps de s'assurer de sa bonne volonté. ll était d'usage, au reste, . d’assembler les États lorsqu'on voulait changer le pied de la monnaie, et de leur faire accepter les changements pro- jetés. Les prédécesseurs de Maximilien y avaient rarement manqué. Les États partageaient ainsi, à l'égard du pays, avec le prince la responsabilité des mesures adoptées. Dans les circonstances présentes, l’omission de cette for- malité, et l'affectation du roi des Romains d'émettre les monnaies en son nom seul, bien qu'il n’usurpat point le titre de comte de Flandre, étaient de nature à irriter des _ gens moins pointilleux au point de vue de leurs priviléges que les Flamands. Les conséquences ne se firent point longtemps attendre.

Les communes flamandes s'étaient de nouveau révol- tées, et le mouvement s'était étendu beaucoup plus que la première fois. La ville de Gand qui le dirigeait, com- prenant qu'elle ne pouvait usurper l'autorité souveraine sans un appui, 8’était adressée au roi de France, suzerain du comté de Flandre, et avait obtenu de lui le droit de battre monnaie au nom de Philippe-le-Beau, « présente- « ment absent et hors de sondit pays et conté de Flandres « es mains et puissance du duc d’Autrice. » La charte est du 17 janvier 1487 (v. st.) et fut promptement publiée ‘.

1 Bien que cette charte ait été donnée par M. J. Rouyer, op. cit., je crois utile de la reproduire ici de nouveau. « Charles par la grace de Dieu roy de France a tous ceulx qui ces pré- « sentes lettres verront, salut : Lumble supplication de noz tres chiers ct « bien amez les eochevins des deux bancqs deux doyens et communaulté de 1869, 4. 17

246 MÉMOIRES

Les Gantois profitérent-ils de suite de l'octroi que ve nait de leur faire Charles VIII? cela est probable. L'exi tence des monnaies dont parle M. Kervyn de Lettenhove, qui portent toutes la date de 1488, est une preuve cer-

« la vitle de Gand, premier membre et chef ville du pays et conté de Fian- « dres, avons receu, contenant que nostre tres chier et tres amé frere et cost « le duc Philippe dAustrice, conte de Flandres cst presentement absent ¢ + hors de sondit pays et conté de Flandres, esmaine et puissance du dx « dAustrice, son père, lequel en enfraignant notoiremcent Je traictié de pai: « dentre nous êt luy nous a commancié la guerre, et pareillement ausdits e cschevins doyeus et communaulté de Gand, et autres villes de leur sliance # qui se sunt déclaréz vouloir entretenir ledit traitié de paix, pourquoy nous « loist comme seigneur souverain dudit pays et conté de Flandres pourvoir # aux choses nécessaires pour lutillité publicque dicelluy pays, et pour tt que entre autres choses leur estoit expédient et nécessaire faire et forger « monnoye blanche et fleurins dor ainsi que les contes de Flandres ont ac- coustumé faire et forger, et quil a esté fait pour le temps que ledit pays ¢ « conté de Flandres a esté régy et gouverné soubz le nom de notre dit frère « lay estant audit pays, il nous ont supplié et requis que nostre plaisir soit « leur on octroyer noz lettres de permission et licence, et sur ce leur im « partir notre grace et libéralité, savoir faisons que nous ce considéré, vol « lant pourvoir à lutillité publicque dudit pays et conté de Flandres, ¢é singulièrement de ladite ville de Gand, nous avons donné, octroyé et æ- « cordé, et par ces présentes donnons, octroyons et accordons ausdits eschevins « et doyens de ceste ville de Gand, congyé et auctorité de soubz le nom et « coing de nostre dit frère le conte de Flandres, faire et forgier audit lieu « de Gand, bonne et loyalle monnoye tant dor et dargent, tout ainsi quilz « feroient se nostre frère estait dans laditte ville, et ce par maniere de pro- « vision et Jusques à ce que par icelluy nostre frère venu en icelle ville au- trement y soit pourvu. Si donnons en mandement à tous nos justiciers, officiers et subgetz que lesdits suppliants ils facent, seuffrent et laissent joyt etuser de nos présens grace, octroy, et permission, et saucun empesche: « ment leur estoit fait au contraire le facent oster et mettre incontinent ou « sans délay au premier état et deu, car ainsi nous plaist-il estre fait; er « tesmoing de ce, nous avons fait mectre notre scel à tes présentes, donné à a Paris le xv11° jour de janvier lan de grace mil cect quatre vingts et sept, « et de nostre regne le cinquiesme. » | |

« Ainsi signé sur ie ploy : Par le roy, le conte de Clermont, les seigueurt « de la Trémoille, de Graville, admiral de France, de Rennes, de l'Isle et

tt DISSER TATIONS. 2h,

taine a l'appui de cette hypothèse. Des florins d’or, au ty pe de saint Jean-Baptiste, doivent. être rapportés à le même émission, Qeékgees-unes des variétés portent aussi cette mème date de 1488. Le type du revers est d’ailleurs identique à celui des doubles patards. Fut-il alors frappé d’autres pièces que celles dont nous venons de parler ? C’est ce qu il est impossible de déterminer ; les recherches qui ont été faites aux archives de Gand n’ont fourni aucun renseignements à cet égard *, Je ferai remarquer seulement que les doubles patards, touten étant des monnaies, ont _plutôt par leur légende le caractère de pièces révolution- naires ou de circonstance. Quant. aux florins, la repré- sentation de. saint Jean-Baptiste, patron de la cité, les _plagçait naturellement dans la même catégorie *. Cette période de crise, au point de vue monétaire, ne _tarda pas à cesser.. Dès l'année suivante, les révoltés com- prirent que, dans leur intérêt, ils devaient revenir à une marche -plus régulière, et, tout en émettant des mon- _naies au nom seul de Philippe-le-Beau, écarter toute allu- sion aux causes qui avaient motivé cette révolution, et une _iustruction rendue dans le commencement de 1489. nous

= autres présens et par le secrétaire Robertau ; dicelle en double quene en « chiere gaune. » Extrait des archives de la ville de Gand, registre G, fol. 65 v°. Communication de M,C, P. Serrure. . _ Aucun document relatif à cette première émission n’a été retrouvé. Qu'il me soit permis ici de remercier M, C. P. Serrure qui a bien voulu faire Pour moi ces recherches.

? L'émission de ces types tout à fait houveaux fut peut être l’une des causes qui empêchèrent que ces monnaies fussent reçues hors de la Flandre. II est positif que les coppenolles, comme on les appelait du nom du fameux doyen des métiers de Gand, étaient probibés, Ce fut sans doute un des motifs qui amena la modification résultant de l’instruction monétaire suivante, _

248 MÉMOIRES

renseigne sur les monnaies que l'on devait forger dus l'atelier de Gand durant cette année, ainsi que sur Jews types. Voici en quoi consiste cette instraction :

Premièrement on fera un denier d’or comme on ke ft à Gand sous le duc Philippe, au type du lion heaumé,i 49 carats le noble Henricus compté pour fin, allié de 4c rats d'argent fin et d'un carat de cuivre, de 6 sous de taille au marc, au remède d'un grain en aloi et d’un demi esterlin * en poids sur chaque marc d'œuvre. Ces deniers seront faits beaux, ronds ét de bonne taille, de manitre que le plus léger ne diffère pas de plus d’un asquin du poids légal, au remède de trois forts et de trois faibles, la différence en plus ou en moins pour ceux-ci étant ar plus trois huitièmes de fierlin, en comparaison du poids légal, et sans aucun autre remède en poids et a | aloi. On fera de mème un demi-florin dans les mêmes | conditions,

Le maître particulier donnera au marchand, de chaque marc d'or, 88 livres 15 sous, et 5 livres 14 sous de chaque marc d’alliage. I] payera au profit du comte tous les re- mèdes qu'il aura pris en poids et en aloi, et de plus 48 gros pour droit de seigneurage. Ledit florin aura cous pour 8 sous gros.

1 Cette instruction, ainei que les denx suivantes, est en flamand, ¢ # trouve dans les registres de la chambre des comptes de Lille, Le seul ml qui ait pu los faire insérer dans ce recueil, c'est qu'on les aura considérés comme faites en vertu de l'autorisation régulière du roi de France.

4 Le texte flamand porte halcen inghelschen, traduction littérale, un di anglais. Le mot ssterlin étant le nom d’une monnaie anglaise, j'ai pensé git c'était de terme qu'avait’ voulu désigner le rédacteur de l'instraction, Ont d'ailleurs conduit à cette explication par l'analogie avec les autres isin tions,

ET DISSERTATIONS. 2h9

L'on fera l'essai des monnaies chaque jour que l'on tra- vaillera, avant même de mettre les deniers en boîte.

Le maître fera faire un denier blanc appelé double Patard, au type de deux lions, de 40 deniers argent le roi et de 6s. 8d. en taille au marc au remède d’un grain en aloi et d'un demi-denier en poids sur chaque marc d'œuvre; ces deniers seront beaux, ronds et de bon re- cours, en sorte que la différence entre les poids du plus léger et du plus lourd et le poids normal ne soit pas plus d’un huitième de fierlin, au remède de quatre forts et quatre faibles, pesant ensemble un demi-fierlin en plus ou en moins que le poids légal, sans autres remédes de forts ni de faibles. Le marchand recevra pour chaque marc d'argent tenant au-dessus de 7 deniers, 3 1. 2 s. 8 d. gros. Ce denier aura cours pour 8 gros.

L’on fera aussi un autre denier blanc appelé patard, à 5 deniers argent le roi et de 6 s. 8 d. de taille au marc. Les remèdes sont les mêmes que pour le double patard. Le marchand recevra par marc d'argent tenant moins de 7 deniers, 3 1. 2 s. 3 d. Ce denier aura cours pour 4 gros.

Un autre denier blanc, appelé gros, sera fait à 2 de- niers 3 grains argent le roi et de 12 s. 7 d. en taille au marc, au remède d’un grain en aloi et de deux desdits de- niers en poids par marc d'œuvre. La différence entre le poids normal et celui du plus lourd ou du plus léger ne sera pas de plus d'un quart de fierlin ; au remède de six forts et de six faibles, dont le poids total pour chacune des deux catégories ne différera que d'un fierlin et demi en plus ou en moins du poids légal, sans autre remède de forts ni de faibles. Vu la hausse qui avait eu lieu pour les deniers de 8 gros et de 4 gros, lesquels étaient montés à 8 gros 1/2 et à À gros @ mites depuis la reddition de l'ordonnance

250 MÉMOIRES

concernant lesdits deniers ‘, on donnera, au marchand, marc d'argent le roi, en matières au-dessons de 7 deniers d’aloi converties en gros, 31. 6 s. 4 d. 6 mites.

6 L'on fera ensuite un denier blanc de 12 mites à 8 grains argent le roi et de 208 9 d. de taille au marc de Troyes, au remède d'un grain en aloi et de 8 desdits de- niers en poids par marc d'œuvre. Il sera beau, rond et de bonne taille, au remède de huit forts et de huit faibles, pesant ensemble, les huit forts un demi-esterlin de plus que le poids normal, et les huit faibles un demi-esterlin en moins, sans autres remèdes de fort ou de faible. Pour le même motif que pour le gros, le marchand recevra pour chaque marc d'argent le roi, en matières contenant moins de 7 deniers d'aloi, le même prix que précédemment.

Enfin l'on fabriquera un denier noir de 2 mites, à 4 grains 1/4 argent le roi et de 18 s. 10 d. de taille au marc de Troyes, au remède d’un grain en aloi et de 42 des- dits deniers en poids, sans autre remède. Le prix donné aux marchands est le même que dans les deux cas précé- dents.

8 Le maitre particulier payera au profit du comte tous les remèdes qu'il prendra en poids et en aloi, et 3 gros 48 mites pour droit de seigneurage. Ce droit sera payé en doubles patards à deux lions. Le maître sera tenu de fabriquer telle quantité de monnaies de chaque espèce qui lui sera ordonnée.

9 Comme le prix du marc d'argent était différent, sui- vant qu'il s'agissait de fabriquer les divisions supérieures au gros ou bien les autres, il est dit que le maître parti-

t Ce passage nous fait connaître qu’il existait une instruction antérieurs

qui ne nous est pas parvenue, et que la hausse des monnaies s'était déjà fait sentir.

ET DISSERTATIONS. 251

culier ne sera tenu de recevoir des matières fondues en grenaille qu’autant qu'elles seront supérieures au titre de 4 O deniers 12 grains; que pour les autres matières on les fondra à la monnaie, le marchand payant le prix convenu pour la fonte :. Les monnaies d'argent, par leur empreinte, rappelaient celles émises depuis Charles-le-Téméraire. Mais il faut remarquer que l'aloi du double patard et du patard étant conservé, la valeur de ces pièces est doublée. Comme conséquence, l’aloi du gros, unité monétaire, est diminué d'environ un denier d'argent. Dans les circonstances l’on se trouvait, cette augmentation de valeur est parfai- tement justifiée. Et cependant elle ne devait pas s'arrêter là. Déjà, au moment cette instruction était donnée au maître particulier, le double patard valait 8 gros 4/2, ainsi que nous venons de le voir. Bientôt après, le 8 juillet de la même année, paraît une autre instruction pour les courtes (doubles mites) forgées audit Gand, dans laquelle on fait connaître que le double patard étant porté à 9 gros au lieu de 8 gros 1/2, il devenait nécessaire de changer la traite de cette monnaie inférieure. Beaucoup de monde, dans le peuple, se plaignant de l'insuffisance des menues monnaies, il devenait donc nécessaire d’y pourvoir. Il est alors enjoint au maître particulier, nonobstant le contenu .de sa première instruction, de faire, pour la commodité du pauvre et commun peuple, la quantité de vingt à vingt-cinq marcs d'argent en courtes ou pièces de 2 mites, au même

1 L’instruotion est donnée au maître particulier de la monnaie de Flandre par Nicolas le Bunqueteur, maître général, Liévin De Moor, garde, suivant _ l'ordonnance de messeigneurs du sang et du grand conseil de Varchiduc d'Autriche, duc de Bourgogne, comte de Flandre, pour travailler en 14 monnaie de Gand une année entière, |

262 MÉMOIRES

aloi que précédemment, de 49 sols 7 denic marc de Troyes, pesant conséquemment précédentes. Les remèdes en poids et en mêmes. Vu la hausse du double patard de 9 gros, chaque marc d'argent converti e estimé 5 livres 40 sous 7 deniers gros et une somme les marchands devaient recevoir 8 | gros ; le reste, soit 2 1. 6s. 6 d. 16 mites droit de seigneurage, la façon et le cuivre. Cette instruction ne modifiait que la co mite, et cependant toutes les autres divisit eussent l'être également : c’est ce do pas à s'apercevoir. Une ordonnance de Phil seigneur de Winendale, gouverneur de F du 16 octobre de la même année, et une at membres du pays de Flandre, prescriviren mède à cet état de choses, et le 28 octc maître général des monnaies détivrait une i faire ouvrer des gros, des deniers de 4 courtes à l'avenant du double patard à de: à 9 gros. Il est dit dans le préambule qu la hausse du double patard de 8 à 9 gros ticulier n’avait pu faire de la petite mom ment à la première instruction; que cep indispensable qu’il y en eût, à cause de la prouve le commun peuple à acheter et venc d'épiceries, petites marchandises et vivre difiant ladite première instruction dans le s existante, on pouvait espérer être pourvu naie, le maître particulier ne se trouvant par leur fabrication. Voici les passages de instruction qui modifient la première :

ET DISSERTATIONS. 253:

Le maître particulier fera ouvrer un denier blauc de, 2.4 mites (ou gros) à 2 deniers 8 grains argent le roi, et, de 14s. 5d. en taille au marc de Troyes, aux remèdes d’un grain en aloi et de 2 deniers en poids sur chaque marc. d'œuvre; la différence entre le poids du plus léger ou du plus fort et le poids légal ne pourra pas être de plus d’un quart de felin; au remède de six forts et de six faibles ; pourront peser les six premiers ensemble un felin et demi en plus, et les six autres un felin et demi en moins que le poids légal. Le marchand recevra pour le marc d'argent le roi 3 1. 10s. 9 mites, le double à deux lions étant compté pour 9 gros.

Le denier de 12 mites sera à 4 denier 22 grains ar- gent le roi, et de 13 s, 41 d. en taille au marc de Troyes, au remède d’un grain en aloi et de huit desdits deniers en poids sur chaque marc d'œuvre. Ce denier sera fait beau, rond et de bonne taille, aux remédes de huit forts et de huit faibles, pouvant peser, les huit premiers un demi- esterlin en plus, et les huit seconds un demi-esterlin en moins que le poids légal.

La courte ou pièce de 2 mites sera à 4 grains.et 1/h argent le roi, et de 49 s. 7 d. en taille au marc de Troyes, aux remèdes d'un grain en aloi et de douze desdits deniers en poids par marc d'œuvre.

Le prix donné aux marchands pour chaque marc a’ ar- gent sera le même que dans le cas du gros, __

On peut juger, d'après ces détails, que les communes flamandes ne se trouvaient guère plus .favorisées sous le rapport de la valeur du numéraire qu'avant leur révolte contre Maximilien. C'est malheureusement un résultat inévitable des révolutions, quelque juste que puisse être le motif qui les a fait éclore, et ce sont les premiers effets

254 MÉMOIRES

que le peuple en ressent. La rareté de l'argent, qui x

cache, amène le renchérissement des denrées et toutes le conséquences qui s'ensuivent. Ce n'est que lorsque laré- volution parvient à triompher sans obstacle que les choses finissent par revenir peu à peu à leur état normal, Tel n'était malheureusement pas le cas pour les Flamands. Et cependant le roi de France avait fait son possible pour les soutenir. Indépendamment des secours en hommes qu'il leur avait envoyés, il avait, peu de temps après la conces- tion faite aux Gantois de battre monnaie, rendu une or- donnance en date du 29 janvier 4487 (v. st. \, par laquelle il indiquait les monnaies qui devaient avoir cours en Ar- tois et en Picardie et les prix auxquels on devait les re- cevoir. Les anciennes monnaies de Flandre, noble, ridder, florin à la croix de Saint-André, etc., y figurent ; mais 00 n'y trouve aucune des monnaies des archiducs qui, ainsi que les autres, sont considérées comme billon. Mais cette sévérité ne pouvait pas tenir longtemps; ces deux pro- vinces étaient trop voisines de la Flandre, les monnaies de Maximilien avaient cours, et les rapports entre les deux pays étaient trop fréquents pour qu'il ne résultat

pas une gêne notable de cette prohibition pour le com-

merce. Aussi trouvons-nous, à la date du 46 octobre 1488,

un mandement de Philippe de Crèvecæur, maréchal d'Es-

querdes, donnant une nouvelle évaluation des diverses

monnaies blanches étrangères. I] avait préalablement

réuni à Aire les députés des villes d’Artois et de Picardie;

on s'était livré à l'essai desdites monnaies, et l'on avait

reconnu qu'il y avait grant empirance entre les anciennes

1 J'ai dit précédemment que l’empirance tenait surtout à Ja valeur exa- gérée affectée aux monnaies, et non au poids et à l’aloi qui étaient restés à peu près les mêmes,

ET DISSERTATIONS. 255

et les nouvelles. Il avait été décidé que jusqu'à nouvel ordre on prendrait :

Le simple gros pour 4 deniers obole ;

Le demi pour 2 deniers,

Et le quart pour 1 denier tournois ;

Les doubles gros au lion de Flandre, que l'on nomme coppenolles, pour 18 deniers;

Le double gros au griffon pour 20 deniers,

Et le double dudit griffon pour 4 sols 4 deniers tournois.

Ces lettres du maréchal d’Esquerdes, l’on voit que les monnaies émises par les révoltés étaient estimées moins haut que celles de même valeur du roi des Romains, in- diquaient une tendance du roi de France à ne pas faire longtemps cause commune avec les Gantois. Des événe- ments survenus dans l'intervalle des deux mandements précédents avaient en effet modifier la manière de voir ou d'agir de Charles VIII. Le 16 mai 1488, Maximilien était parvenu à sortir de Bruges au prix d’un serment qu'on lui avait arraché, et qu'il savait d'avance ne pas devoir tenir. Il se remit bientôt en campagne contre les révoltés. Aucun document ne nous est parvenu qui in- dique que, pendant cette guerre, ce prince .ait fait battre monnaie dans une autre ville de Flandre, à défaut des ateliers de Bruges et de Gand qui lui étaient fermés *. Ce n’est qu'après sa réconciliation avec Charles VIII, suivant le traité de Francfort du 49 juillet 4489, que nous trou- vons, à la date du 26 novembre de la même année, une lettre close de Charles de Croy, prince de Chimay, lieute-

1 Les doubles gros désignés sous les noms de coppenolles sont ceux portant la légende : Æqua libertas Deo grata et la date 1488,

3 Il est probable que les ateliers du Brabant fournissaient à Maximilien le numérsire nécessaire pour solder ses troupes.

256 MÉMOIRES nant de Maximilien et de Philippe-le-Beau, et leur capitaine général au pays de Hainault et de West-Flandre, pour faire forger des monnaies dans la ville de Furnes. Il n'est pas hors de propos de rapporter ici les consi- dérants qui précèdent l'instruction. « ..... Comme pour « furair aux grans frais et despens que mesdis seigneurs « et leurs léaux subgeets audit pais de West -Flandres ont «et soustiennent journellement en lentretenement des a gens de guerre estans audit pais, et autres charges en « diverses manières, il soit besoing de grans finances « et deniers, et que à cause des guerres ledit pais soit fort « dépourveu dor et dargent monnoié; nous au nom de « mesdis seigneurs, pour pourveoir à ce que dit est, et « que lesdis gens de guerre puissent tant mieulx et plus- « tot estre payés et contentés, et à la requeste des villes « dudit pais, avons par grande et meure délibéracion et a « lhonneur et prouffit de mesdis seigneurs ouvert en la « ville de Furnes une monnoie, et y. par nos lettres pa- « tentes commis officiers souffisans et à ce pertinens. Et... «commetons par ces présentes Ambroise Dieregard « maistre particulier de ladite monnoie..... pour... faire « ouvrer et monnoyer..... telz deniers dor et dargent et à « telz noms et armes que est le patron a luy baillié, et «comme les papiers en lieu de patron contiennent, qui « sont en noz mains, a tout tel prix et alloy que on a fait « en Ghelre, et Hollande et à Malines..... »

L'atelier de Furnes n'était donc que temporaire et des- tiné seulement à fournir le numéraire nécessaire pour payer les troupes du roi des Romains. Quelles étaient ces monnaies? C’est ce qu'il n’est guère possible de savoir. Il est probable qu'elles devaient être identiques à celles émises par Maximilien lui-même, en vertu de l'ordonnance

ET DISSERTATIONS. 257

de 1487. Je ne connais d’ailleurs aucune pièce que l’on puisse attribuer à cet atelier temporaire. L'absence de différent indiqué dans l'instruction empéchera longtemps de les reconnaître. Voici du reste le texte de ladite in- struction : | « Premièrement ledit maistre particulier fera ouvrer des « deniers dor appelés demy nobles, lesquelz deniers seront « de vingt trois caras de fin or en alloy et de six solz en taille à la remede dun grain dor fin en alloy et dun demy « estrelin sur le marcq de Troyes, et seront lesdits deniers « ouvrez beaux et rondz, tailliés de bon recours à la re- « mede de trois fors et trois febles sur chacun marcq « deuvre assavoir que le plus fort pesera ung quart de « fierlin plus que le droit, et le feble ung quart de fierlin « moins que le droit, sans quelque autre remede de fort «ou de feble, desquelz deniers ledit maistre particulier « sera tenu de payer à mesdis seigneurs pour leur droit et « seignouraige de chacun marcq dor fin, quatre livres a dempirance. » | « Item, ledit maitre particulier sera tenu de recevoir les ‘a marchans et chambgeurs sur telz empirances qui leur a « esté ordonné des généraulx et payera ausdis marchans « et chambgeurs pour chacun marcq dor fin soixante cinq « livres six solz huit deniers d’empirance, compté ies a vingt livres pour vingt et une livre dix solz d'empirance. » « Item, ledit maistre fera ouvrer des deniers dargent de « douze gros la pièce lesquelz seront de neuf deniers et " « seize grains fin en alloy et de cinq solz six deniers en « taille sur le marcq de Troyes, à la remède d’un grain « fin et dun demy diceux deniers sur le marcq d'œuvre, « et seront lesdits deniers beaux et rondz et tailliés de « bon recours, au remède de quatre fors et quatre foibles

258 MEMOIRES

« sur chacun marc deuvre, assavoir le plus fort pesera « ung quart de fierlinc plus que le droit, et le plus foible « ung quart de fierlinc préz le droit, sans quelque autre « remède de fort ou de foible. » « Item, ledit maistre fera ouvrer autres deniers dargent « de six gros la pieche et de six deniers dargent fin en « alloy et de six solz dix deniers en taille sur chacun « marcq de Troyes à la remède d'un grain fin en alloy et « dun estrelin en taille sur chacun marcq deuvre. Les- « quelz deniers il fera ouvrer beaux et rondz tailliés de « bon recours au remède de quatre fors et de quatre foi- « bles sur chacun marcq; assavoir le plus fort pesera ung « quart de fierlin plus que le droit, et le plus foible ung « quart de fierlin préz Je droit, sans quelque autre reméde « de fors ne de foibles. » « Item, ledit maistre fera ouvrer encoires autres deniers « dargent de trois gros la pièce estans de trois deniers « dargent fin en alloy et de six solz et onze deniers en « taille sur le marcq de Troyes, & la reméde d’un grain « fin en alloy et dun des susdits deniers en poix sur chacun « marcq deuvre, deniers lesquelz il fera ouvrer beaux et « ronds, tailliés de bon recours au reméde de quatre fors et « quatre forbles sur chacun marcq, assavoir le plus fort « pesera ung quart de fierlin prés du droit, et le plus foible « ung quart de fierlin moins que le droit, sans quelque « autre reméde de fort ou de foible. » « Item, et touchant d'autres petites et noires monnoyes se « fera par l’ordonnance et considération du général maistre, « se mestier en est. » Le droit de seigneurage est par marc d'argent fin de 8 s. 6d. de gros. Le maître particulier payera en outre, au profit du comte, tous les remèdes qu’il aura pris tant en

ET DISSERTATIONS. 259

poids qu'en aloi. Les marchands recevront trois livres douze sous de gros par marc d'argent fin.

L’exagération de la valeur et le titre inférieur de la monnaie, ce dont il est aisé de s apercevoir en comparant cette instruction avec celle de 1487 ‘, font voir qu'il s agit bien ici de pièces de circonstance ou de nécessité; dès lors, il n'est pas étonnant qu’on ait cherché à les retirer plus tard de la circulation et qu'on n’en retrouve plus.

Le traité de Francfort rendait à Maximilien la mainbour- nie de son fils et était un acheminement vers la paix. Éclairé par l'expérience, ce prince essaya d’adoucir les Flamands par des concessions. Au point de vue que nous examinons ici, c'est-à-dire sous le rapport des monnaies, les résolutions qu’il adopta furent remarquables. Une or- donnance monétaire du 14 décembre 1489 prescrit }’émis- sion de nouvelles monnaies, estimées à un taux régulier, " ainsi que nous le verrons par l'instruction délivrée au maître particulier, transcrite ci-après. Mais il y a encore plus: le roi des Romains diminue d’une manière notable l'éva- uation exagérée à laquelle avaient été portées les monnaies

frappées par ses prédécesseurs et par lui-même antérieu- rement à cette date. Ainsi, pour ne parler que des mon- naies le plus récemment faites, les florins à la croix de Saint-André devaient avoir cours comme anciennement pour 20 patards, soit 50 gros; les demi-nobles d'Autriche, de 72 à 72 4/2 au marc pour 48 gros *, Et parmi les mon- naies d'argent :

Le grand réal d'argent est avantaigé en cours à cause

1 Ilest évident que la pièce de 12 gros n’est autre chose que le double pa- tard et celle de 6 gros le simple patard. 2 Il n’est pas parlé du grand réal d'Autriche.

200 MÉMOIRES « que c'est ung denier de parement ', et aura cours pou « quatre patars et demy. » « Item, les doubles griffons, pour 44 patars. » « Jiem, les sengles griffons, pour 1 patart. » « Item, les doubles deniers à deux heaulmes * que l'on « forge maintenant, pour 11 patars. » e Et les demi dyceulx pour 1 patart. » « Et les saingles diceux pour 1 gros. »

Les monnaies des prédécesseurs de Philippe le Beau se trouvent naturellement estimées à un prix moins élevé, comme il suit :

a Les grands doubles Karolus pour 3 gros 1/2. »

« Les singles Karolus pour 1 gros 18 mites, et les demy « Karolus diceulx pour 20 mites. »

« Item, les doubles à deux lyons que feu M. le duc « Charles de Bourgogne fit forgier, pour 3 gros un estrelin, « et les singles diceulx auront cours pour I gros 11 es- « trelins. » |

« Item, les doubles malines pour 111 gros 1 estrelin et « Jes saingles diceulx 1 gros 11 estrel. et les demi diceulx « XX mites, n

« Item, tous gros de Maria et ceulx qui depuis ont esté « forgiés ès monnoies auront cours pour vil mites de

« Flandres, » « Item, les demy gros fais semblablement au mesme

1 Ceci vent dire probablement que bien que le grand réal fût une monnaie, ce n’était pas une monnaie usuelle proprement dite. Le grand réal d'or devait être dans le même cas.

3 Je ne connais de doubles patards aux deux heaumes que ceux frappés pour le Brabant; est-ce de cette monnaie qu'il s’agit? C’est probable, car je ne vois pas sa place dans la monnaie de Flandre.

ET DISSERTATIONS. 261

« temps et aussi forgiés es monnoies du -Roy nestre sire « auront cours pour III mites. » |

a Item, les gigoz semblablement faiz ou mesmes temps © pour ni mites de Flandres. » -

L’ordonnance ajonte: « Et généralement toutes noires « monnoies quelles quelles soient qui présentement ont « Cours, seront réduites tellement que en recepvant ou en « payant, les trois pièces ne vauldraient que une, et en- u coires tant seulement n’auront cours que jusques à ce que « la nouvelle noire monnoie sera forgié à bonne quantité « pour en sortir le commun peuple. »

On ne pouvait plus loyalement reconnattre ses torts et tacher de les réparer en abaissant le taux des monnaies ayant cours à leur véritable valeur. La mème préoccupation se fait remarquer dans l'instruction qui suivit la reddition de cette ordonnance, et dont voici la partie concernant la fabrication des monnaies *.

Premièrement, le maître particulier fera uo denier d'or fin appelé double florin au Saint-André, le noble Hen- ricus compté pour fin, de 3 s. 8 d. 3/4 de taille au marc de Troyes, au remède d’un grain en aloi et d’un demi-ester- lin * en poids sur chaque marc d'œuvre. Il pourra y avoir par marc deux forts et deux faibles, dont la différence de poids avec le poids normal ne dépassera pas pour chacun

* Cette instruction, sans date, est en flamand; elle est donnée, au nom du roi des Romains et de l’archiduc Philippe, son fils, au maître particulier de la monnaie de Flandre.

2 Je traduis, comme précédemment, Aalcen enghelsche par un demi-es- terlin. On pourrait aussi supposer sous-entendu le mot nobelen et traduire haleen enghelsche nobelen par un demi- noble. Comme on vient de parler du titre des nobles Henricus, cela n’aurait rien d'étonnant. Je laisse < ce point à décider aux linguistes flamands.

1869, ee | tr

262 MÉMOIRES

un asquin en plus ou en moins, sans autre remède en poids et en aloi. Ce denier aura cours pour 40 patards de lanou- velle monnaie. Le prix du marc d’or donné aux marchands sera de 44 lb 44 8. 2 d, gros, et le droit de seigneuraget la façon seront payés 4 s. 2 d. gros.

2 Ledit maître fera faire aussi le florin de Bourgogne’ la croix de Saint-André, semblable en poids et sn alià ceux frappés adis par les ducs Philippe et Charles de Bourgogne, pendant leur vie, savoir, à 49 carats d'or fi, allié à 4 carats d'argent et 4 carat de mire ot do & enn de taille au marc de Troyes, au rem et d’un demi-esterlin en poids sur :

Il pourra y avoir par marc trois for sorte que la différence de poids de normal ne soit pas plus d’un aeskin sans aucun autre remède en poids et cours pour 20 patards de la nouve du marc d'or fin sera de 46 lb 3s, de mites gros. Les marchands rece gros; il restera donc pour droit des 8 s. 11 d. 21 mites et 9/19 de mit trouve dans ledit florin est estimé

Le demi-florin de Bourgogne florin sera taillé à raison de 12 s. a remède d’un grain en alloi et d’un: par chaque marc d'œuvre. Il pour: six forts et six faibles, dont la diffi moins pour chacun avec le poids nor aeskin. La traite du marc de fin or, marchands, etc, etc., sont les mém

L'on payera aux marchands le m quatorze sous d’empirance.

ET DISSERTATIONS. 268

Le droit de seigneurage par mare d’or fin est fixé à 23 gros, et par marc d'argent le roi à cinq gros dix- huit mites. Le matire particulier payera d’ailleurs au profit du comte tous les remèdes qu'il aura pris en poids ou en aloi. : _ 4" Le maître fera un denier d'argent appelé le grand double, à onze deniers dix-huit grains argent le roi et de 3 s. 3 d. de taille au marc de Troyes, au remède d’un grain en aloi et d’un esterlin en poids par marc d'œuvre. Il pourra y avoir par marc deux forts et deux faibles, dont. la différence en plus ou en moins avec le poids normal sera pour chacun d'un deuskin au plus. Ce denier aura: cours pour quatre patards. La traite du marc d'argent est fixée à 26 s. 6 d. 15 mites et quinze quarante-huitièmes. de mite gros. L'on donnera aux marchands 25 s, 6 d. gros, il restera par conséquent pour seigneurage et brassage. 12 deniers 15 mites et 15/48 de mite gros.

Le double patard sera fait à 10 deniers argent le roi, et de 6 s. 6 d. de taille au marc de Troyes au remède d’un grain en aloi et d’un esterlin en poids par marc d'œuvre. Il pourra y avoir par marc trois forts et trois légers, dont la différence en plus ou en moins avec le poids normal ne- dépassera pas pour chacun plus d'un deuskin. Ce. denier aura cours pour deux patards. La traite du marc: d'argent le roi est fixée à 26 s. 7 d. 4 mites 4/2 gros; le marchand en recevra 25 s. 6 d. gros, le reste sera pour: seigneurage et brassage. |

Un autre denier d’argent nommé patard sera à six des niers argent le roi et de 6 s. 8 d. en taille au marc de. Troyes au même remède que pour le double patard. II. pourra y avoir par marc quatre forts et quatre faibles, dont la différence de poids en plus ou en moins avec le poids

264 MÉmoins

légal ne dépassera pas un deusk du marc d'argent est fixée à 27: le marchand recevra le même double patard.

« Et parce que ladite traite d le roi a ordonné que ledit maître méde en poids et en aloi, parce tenu de faire plus de patards f comwum peuple, bien entendu | et nul autre, »

L'on frappera aussi un deni qui vaudra un demi-patard, à ci roi et de 41 8. 4 d. en taille au mède d'un grain en aloi et de en poids sur chaque marc d'œ1 d'argent le roi sera de 27 8. 2 « gros, sur lesquels le marchand aur étant pour seigneurage et ouvrage

Un demi-gros sera aussi émi le roi et de 18 8. Ad. en taille a mède d’un grain en aloi et de six de sur chaque marc d'œuvre. La tr roisera de 27 8. 6 d. gros, sur lesq encore 26 s. 6 d. gros.

9 Le quart de gros sera fait à t et de 28 s. en taille au marc de grain en aloi et de huit des mém chaque marc d'œuvre. La traite ( sera de 28 sous gros. Le marchant ci-dessus, le reste étant pour seigr

40° Le maître particulier fera fe

ET DISSERTATIONS. 265

d'argent nommé denier, dont les douze feront un patard °,. à deux deniers argent le roi et de 29 s. 6 d. en taille au marc de Troyes, au reméde d’un grain en aloi et de neuf des mêmes deniers en poids sur chaque marc d'œuvre. Ii aura cours pour quatre mites de Flandre. La traite du marc d’argent le roi sera de 29 s, 8 d. gros, et le marchand ‘Tee. cevra le même prix que dans les cas précédents.

. 44° L'on fera aussi un denier nommé courte, ayant cours pour deux mites, et dont vingt-quatre vaudront un patard, Il sera & douze grains argent le roi et de 19 s. en taille au marc de Troyes, au remède d'un grain en aloi et de huit des mêmes deniers en poids sur chaque marc d'œuvre. La traite du marc d’argent sera de 38 sous gros, sur lesquels le marchand recevra encore 25 s. 6 d. gros.

42° Enfin ij sera fait un autre denier noir nommé mite, ayant cours pour une mite, et dont 24 vaudront un gros. Il sera à six grains argent le roi et de 25 sous de taille au marc, au remède d’un grain en aloi et de dix desdits de- niers en poids sur chaque marc d'œuvre. La traite du marc d'œuvre sera de cinquante gros sous, le marchand recevant le même prix que ci-dessus *,

Nous voyons apparaître ici une nouvelle espèce de mon- naie, le double florin d’or. L'ancien type dudit florin est du reste abandonné; au lieu du saint André debout, l’on ne voit plus ce saint qu'à mi corps, tenant devant lui l’écu aux

1 Le texte flamand dit: ... eenen selveren penninc ghehesten pennyng.

? Les pièces frappées en vertu de cette instruction sont celles sur lesquelles Maximilien prend simplement le titre de père de Philippe le Beau que l'on ne pouvait certes lui contester. S’il en efit toujours agi ainsi, il se serait certainement épargné bien des désagréments.

On est étonné de voir reparaître ici la mite dont il n’est plus fait mention depuis longtemps. Cette division ne s’est pas retrouvée : elle n’est d’ailleurs pas indiquée dans les comptes des maîtres particuliers.

266 MEMOIRES

armes de Maximilien et de Philippe le Beau. Les monnaies de cette émission sont les mémes pour toutes les provinces des Pays-Bas, et celles de Brabant, qui sont datées, peuvent aider par conséquent à leur classement. L’ordonnance du 44 décembre 1489 était en effet applicable à toutes les possessions des archiducs, et l'on y désigne les lieux l'on ouvrira des ateliers monétaires. « ..... 7fem, et affin « que les pays soient mieulx sortys des deniers qui nou- « vellement se forgeront, et que les marchans et changeurs « nayent cause de porter leurs matières dor et dargent « hors du pays du roy et de mondit seigneur larchiduc son a fils, est advisé et conclu que des maintenant seront ou-

« vertes cinq Monnoies, assavoir : une en Brabant, une en

« Gheldres, une en Flandres, une en Hollande et une en

« Haynnau, en tels lieux qu'il sera advisé..... »

Louis Deschamps DE Pas. (Sera continué.)

= m0" @ =H CD ap

CHRONIQUE.

MONNAIE DE RAIDAN

Le Jecteur pourra se rappeler qu’en publiant la premiére mon- naie connue des Homérites d’Arabie (Revue, 1868, p. 469), j'exposais les difficultés qu’offre la lecture du second nom tracé sur le revers de cette piéce.« Pour lire Iousef*, disais-je, il faut admettre que le sixième caractère qui se présente à nous comme un gros point, était divisé par une barre verticale, et par consé- quent était un 5. S'il avait été évidé en annelet, il aurait la va- leur d’un y. Le septième caractère offre plusieurs apices indis- tincts à la partie supérieure, il n’en faudrait qu’un sur le centre pour qu’il eût la valeur d’un S. Il serait trop long de passer en revue les diverses formes de nom que ces combinaisons fourni- raient; comme aussi celles que feraient naître la valeur 3 attri- buée au septième caractère si un apex s'élevait à la gauche de son sommet. La découverte d’un second exemplaire de la mon- naie peut venir nous donner en un instant la solution que nous cherchons. »

Je dois maintenant dire, pour tenir les numismatistes au cou- rant de la question, qu’un savant orientaliste, M. Joseph Halévy, connu par ses voyages sur la mer Rouge et en Abyssinie, après avoir examiné mon travail, se décide, tout en approuvant la lec- ture du nom de ville, Raïdan, et du premier nom d'homme Aran, à voir dans le second nom le y au lieu du \, et le > au lieu du &; par la raison que les Himyarites devaient omettre dans l'écriture © le 1 quiescent que les Arabes plus modernes employaient, En‘

268 CHRONIQUE.

conséquence, il lit le second nom Iacaf= au lieu nom, du reste inconnu, serait analogue au apy juifs. Je pense qu'une monnaie mieux conservée d

son à M. Joseph Halévy, et je signale son ingénieu:

(LE DENTANOÏMION BYZANTIN.

Les monnaies de bronze frappées à Kherson, et qu tent Maurice-Tibère, Constantine et leur fils Théodc deux modules. Les unes de grand bronze portent au dice de valeur représenté par un M ou un H; les at coup plus petites offrent un 4, La valeur numérale ractères est bien connue; c’est l’équivalent de 4 Cependant les pièces qui portent M (40) sont de et de même poids que celles sur lesquelles on lit H aumismatistes ont cru se tirer d'embarras en disar médailles prouvent que le système monétaire de KI fère de celui des autres provinces de l'empire. Mais : dans le système monétaire que se trouve la diverg seulement du mode de notation qu’il faut s'occuper.

M. Paul Lambros vient de publier à Athènes une ç intéressante note sur ce sujet. Voici comme il résun nion. « En fait cependant, la monnaie qui a l'indic follis aussi bien que la monnaie qui porte H. Celle ¢ est un demi-follis; l'explication en est trés-facile. La! gnifie 40 nummia, l’H8 pentanummia, et le A 4 pentan: 8 pentanummia font 40 nummia; les 4 pentanus 20 nummia. Par conséquent la monnaie qui porte H valeur que celle qui porte M; cette valeur est d’un / est d’un demi-follis pour la monnaie qui porte 4. connait le demi-follis de l'indice H, portant 4, il es!

CHRONIQUE. 269

bable qu’on découvrira plus tard le demi-follis de l’indice M, portant K, valant 20 nummia, » '.

À joutons que parmi nos monnaies modernes, on trouve, dans le même système, des pièces qui offrent avec le même poids et le même module : demi-franc et 50 centimes ; quart de franc et 25 centimes; un décime et 10 centimes, ce qui n'empêche pas en outre le public de les appeler des pièces de 40 sous, de 5 sous, de 2 sous, sans que des noms si divers produisent la moindre hésitation, la moindre confusion dans les transactions de chaque jour.

On peut donc admettre que l’on a fait usage concurremment d’un follis de 40 nummia à la marque M, et d’un follis de 8 pentanummia à la marque H. A. L,

DENIER DE REMELANGE.

Dans le dernier cahier du Bulletin de la Société d’archéologie et d’histoire de la Moselle (x année), recueil qui contient des travaux fort intéressants, nous trouvons (pages 19 et suivantes), une communication de M. V. Jacob, sur la découverte faite aux environs de Marsal d’un certain nombre de monnaies messines. L'auteur décrit et commente divers deniers, et entre autres ceux qui offrent an droit la légeude S’ STEPHAN9 autour d’un buste, et au revers, * RIMVLIGIS autour d’une croix. Il se refuse à croire que ce dernier mot représente le nom de Remilly, loca- lité qui jadis appartenait à l'évêché de Metz, et serait plus dis- posé à y chercher un nom de monétaire épiscopal. M. V. Jacob ne paraît pas avoir eu connaissance du travail publié par M. Ch. Robert (Revue numismatique, 1863, p. 199) dans lequel sont étudiées les variantes RVMELINGIS, RVMILINGIS, RVO- MILINGIS, RIMVLIGIS. Il y eût trouvé la description accompa-

1 Bulletin de l'École franc, d'Athènes, 1868, p. 80.

270

gnée d'un bon det Vindication fort im réalité RVMELINC disposé en trois lig Vattribution de tor ages nommés Re ement de la Mose bourg, l'antre à of Les conjectures in dignes d’un sérieu dela Moselle, on t méring, Rémelfin l'évêque de Metz b ment à l’aide de dc ’origine des monn

LIS st

Notre savant col de ses collégues d publication d’une avec les types que

Au droit, MX.40 pereur debout de { près de laquelle se grande fleur de lis.

C’est ce dernier naie que M. Vidal- (1261-1282). Le que la fleur de lis ¢ nic I* Comnène (411

4 Bulletin de l'École |

CHRONIQUE. 271

de Jean Ducas Vatatzès (1222-1255), de Jean [°° de Trébizonde (4235-1238), de Théodore III de Nicée (1255-1259), d’Alexis II Comnène (1297-1330) et sur une pièce de Michel VIII déjà con- nue, monuments auxquels nous pouvons ajouter le curieux bronze publié par M. de Pfaffenhoffen qui Pattribue à Théo- dore II (1225-1930) *. M. Vidal-Lablache pense que cette figure. de la fleur de lis @ ou plus justement du fer de lance » doit être considérée d’une façon générale comme un des nombreux emblèmes qui, dans la minutieuse variété du cérémonial byzantin, caractérisaient la * puissance impériale, et qu’elle paraît avoir été envisagée comme un des signes attributifs du souverain. Puis, après avoir re- marqué que l'apparition de la fleur de lis sur la monnaie byzan- tine a suivi de trés-prés son emploi sur la monnaie des rois de France, l’auteur ajoute qu’il est naturel de s’arréter à cette con- clusion que si la fleur de lis figure antérieurement à titre d’em- blème byzantin, il faut pourtant mettre au nombre des imitations de l'Occident sa présence sur les monnaies de quelques empee. reurs. | Il est évident que l’antiquité de la fleur de lis numismatique | est très-grande en Occident. A partir de l’empereur Otton I’ (950-965), nous la voyons sur la monnaie germanique pendant les X°, XI° et XIT° siècles, En France, elle se montre sur les de- niers des archevéques de Reims Gervais (4053-67), Manassès (4069-1081), Renaud (1083-1096), Raoul (4406-4124); et enfin sur ceux de Philippe-Auguste (1180-1203). Les sceaux royaux. en offrent la figure constante à partir du règne de Henri I* (1031-1060). Sur la monnaie anglaise, elle remonte au temps de Caut (1016-1035) et d’Harold (1035-1040), et se multiplie sous Henri I (1100-1135) et Etienne (4135-1154). En Hongrie, nous la voyons dans la main des rois Béla Il (4431-1141), Béla IL (1174-1196) et dans la main de la Sainte-

Revue num., 1865, pl. XII, 5.

272 CHRONIQUE.

Vierge représentée sur les monnaies de Béla IV (1235-1270)', par conséquent bien avant toute allianceavecla maison d’ Anjos.

Je n’entreprends pes ici de faire l’histoire de la fleur de lis; il me suffit de rappeler rapidement quelques points essentiei, et surtout de dire que ce symbole n’est ni un fer de lance, ni la copie altérée d'un crapaud, comme le pensait Fauchet, oa d'une abeille, comme l’a cru Chifflet*. La chose est plus sim- ple (serait-elle nour cela plus difficile à admettre ?) ; la fleur de lis est une fleur de lis. C’est l’attribut de la Vierge Marie; et ‘c'est en l’honneur de la mère du Sauveur qu'elle a été adoptée, tant per les rois de France que par divers autres seigneurs. lest tout naturel que ce symbole se voie sur la monnaie et sur les sceaux des villes qui, comme Strasbourg, Reims, Paris, Florence Senlis, etc., ont une cathédrale dédiée à Notre-Dame.

La vénération des Byzantins pour la Panagia suffit pour ex pliquer l'apparition de la fleur de lis sur leur monnaie dès le XI!° siècle. Cette fleur deux fois répétée, accostant une croix, se voit per exemple sur des tombeaux de marbre du siècle, comme ceux que renferment les églises de Saint-Ambroise et de Saint-Laurent, à Milan. Il est bien facile de constater qu'il ne s’agit pas d’un fer de lance.

M. Vidal-Lablache a fort bien remarqué que, suivant Codinus, les empereurs de Constantinople, lors de la fête de la Nativité, à Poffice du soir, se couvraient la tête d’une coiffure xpivevia, c'est-à-dire décorée de lis. Quoique le texte de l'écrivain byzan- tin ne précise pas davantage, il n’en est pas moins vrai que l'u-

1 Steph. Schônvisner, Catal. num. Hungariæ, Pesth, 1807. Atlas, p). Il, Béla I, 4; Béla III, 7; Béla IV, 5 et 6; pl. NI, n°° 6a 10.

2 On a été jusqu’à croire que «Ja vue des lotus sculptés sur les ruines de Thèbes ou de Memphis avait inspiré aux princes français l’idée d’adopter l'emblème mystérieux des Pharaons. » Adalb. de Beaumont, Orig. du blason, 1853, cité dans |’ Hist, des comtes de Forez, de Lamure, publiée par M. de Chante- lauze, t. I, p. 374, note. Il s’agit sans doute de princes français qui avaient pris part à l'expédition d'Égypte avec Kléber et Bonaparte.

CHRONIQUE. 273

age qu'ilénonce s’expliquerait très-bien par un sentiment de lévotion à la Sainte-Vierge. À. L.

eee pp RE

FRANC D'OR DE GUILLAUME D’ARLES.

Sous le titre de monnaie inédite des archevéques d’ Arles nous trouvons dans le numéro du Bulletin de la Société archéo- logique de Tarn-et-Garonne (juillet 1869), la description d’un franc à pied d’or de Guillaume de la Garde (4359-1375) qui vient \Vétre acheté par le Cabinet des médailles de Marseille. Nous pouvons ajouter que cette précieuse piéce a fait partie d’un trésor composé de douze kilogrammes de monnaies du xiv‘ siècle qui ont été apportées à Paris au mois d'avril dernier, et qui ont été triées par M. J. Charvet. Grâce à Pobligeance de ce dernier nous avons pu voir un spécimen de chacune des variétés, lesquelles

comprenaient les types suivants.

Franc à cheval de Jean II.

Franc à pied de Charles V.

Franc à pied de Raymond IV prince d'Orange.

Franc à cheval de Pierre archevêque de Cambray (1 ex).

Franc à pied de Robert arch. de Cambray (1 ex).

Franc à pied de Guy de Ligny (4 ex).

Franc à pied de Jeanne comtesse de Provence. PRO. FOLC. etc., autre avec la lég. commençant par IOANNA.

Franc à pied de Louis I, KALAB.

Franc à pied de Guillaume archevêque d’ Arles ({ ex). .

Écu de Louis comte de Flandre.

Écu de Philippe comte de Flandre.

Écu à la couronne de Charles VI.

Écu à la couronne de Louis II d’Anjou.

Le rédacteur de la note insérée dans le Bulletin de Montau- ban pense que le franc à pied de Guillaume appartenant à la

27h CHRONIQUE.

ville de Marseille diffère cn plusieurs points de celui qua conservé à la Bibliothéque impériale. Mais cette opinion repe sur l'usage qu'il a fait de l'ouvrage de M. Poey d'Avant a l'on trouve (t. fl, p. 342, ne 4114) une figure imaginaire & franc à pied avec un champ semé de fleurs de lis, et le mi ARE (ARC dans le texte). La pièce du Cabinet des médails offre en réalité un semé de trèfles et le mot PRC (princeps), tout comme l’exemplaire de Marseille.

Si M. Poey avait jeté les yeux sur le gros de Guillaume del Garde publié par M. Huron (Rev. num, 1856, p. 193), la pré sence des trèfles dans le champ de cette pièce eût éveillé so attention, et l’eût empêché de voir des fleurs de lis sur le dro! du franc à pied. Dans son texte la légende du revers est aussi

transcrite inexactement, et en désaccord avec sa gravure. A. L.

FLORIN EPISCOPAL DE METZ.

Le musée de la ville de Metz s’est enrichi d’un Morin do épiscopal dont M. V. Jacob a donné la description dans le Bul- letin de la Société d'Archéologie de la Moselle (XI° année, p. 66.] Cette pièce d'une très-belle fabrique a pour types : au droit: S . STEPHA . PROTHOM, saint Etienne debout; au revers: + FLORENVS EP! METEDSIS, écu de la ville de Metz, pari d’argent et de sable dans un entourage élégant formé de trois ogives trilobées et de trois cintres.

M. V. Jacob attribue ce florin à l’évêque Robert de Lenon- court (1551-1555) dont on connaît une monnaie, semblable - quant aux légendes, mats portent les srmes du préfat (Sraicy; Reck. sur les mon. des év. de Metz, pl. IV, 89). Cette attribu- tion n’est pas accompagnée de preuves. M. de Saulcy (Suppl. aux Rech., p. 86, pl. V, 172) a publié, d’après le Recueil de Mory d’Elvange, le dessin d’un coin pareil au revers du florin qui vient d’être si heureusement retrouvé; mais en l'absence. de’

CHRONIQUE. 275

toute indication positive, il n’avait pas osé décider si ce coin avait été gravé à l’époque du cardinal Charles ou pendant l'é- piscopat de Robert. A. L.

VENTE DE LA COLLECTION C. J. DASSY.

Les médailles de la collection Dassy, dont nous avons an- noncé la vente (Æevue, 1868, p. 485), ont été mises aux en- chères, le 3 mai et jours suivants. Cette réunion extraordinaire de pièces rares, dans laquelle on remarquait, outre un grand nombre d'essais, soixante-treize piéforts, a trouvé des acqué- reurs très-empressés, ainsi qu’on en peut juger par les prix qui suivent :

Not. Fr.

6. Nimes. Tête casquée, ». . NEM. COL. Hygiée. Æ. 44 12. Avignon. Tête d’Apollon. ». AOYA. Sanglier, AR. 65 23. Vergasillaunus. VERGA. ». Cheval. Æ. 13.

42. Véliocasses. Téte. ». Cheval et grand fleuron. OR. 82 54. Venectos? Traces de légende.—». Cheval à tête humaine.

AR, 122 68. Ambiani. Tête d’Apollon. ». Gaulois tenant un torques, conduisant un cheval. Oiseau à long bec; fleur. OR, 180 62. Vocaran. Grand œil, ». VOCARAN, Cheval, OR. 100 72. Reccarède, roi goth. Tiers de sou de Narbonne. | 220 ° 73. Tiers de sou de Théodebert I*". | 306 74. Tiers de sou de Clotaire. ». LIONCIVS MONE (Gravé, Revue, 1868, pl. XVIII, 2). 370 76. Clotaire. Revue 1868, pl. XVIII, 3, 630 76. Sigebert II: Sou de Marseille. 460 77, Autre, VICTVRIA. 400 78. Tiers de sou de Marseille, Sigebert: 125 81. Charibert de Bannassac, tiers de sou. 300 82. Autre exemplaire de la même pièce. 335 125

83. Clotaire. ». Croix ancrée, Dagobert. Tiers de sou au nom de Gemellus. 825

CHRONIQUE.

. Tiers de sou de Micon MATACONE F.

100, Autre exemplaire. IVSE MONETARIVS FICT.

118, Baiocas. Fleur, et croix. Tiers de sou.

116. Rennes. RACIO FIS, Denier d'argent.

120. Nantes. Tiers de sou. Croix ancrée.

123, Chartres. Tiers de sou BLIDOMVNDO.

144. Paris. Tiers de sou ELIGIVS M.

148, ARCIACAS-MA VRINOS. Tiers de sou.

153, BAVDISILVS-ALFECO. Tiers de sou.

154. Saint Denis. EBREGISILO. Tiers de sou.

162. Mets. Revue, 1868, pl. XVIII, 4.

166. Verdun. MAVRACHARIVS. Tiers de sou, pl. XVILI, 26. | J

166. Id. BODO MVNET. Tiers de sou. ]

174. Cambray. Tiers de sou. a

194. Namur. ». ADELEO M. Tiers de sou. 1

195. Autre exemplaire. NAMVCO C. 1

206. Sion. AETIVS MO. Tiers de sou. . L

207. Vienne. Tiers de sou DE OFFICINA LAVRENTI 4

217. Clermont, ARVERNO CIVITATIFIT. Guerrier armé d’un bouclier. il

235. Gabali. GAVALORVM.— », VOR Archer. Tiers de sou. 10

240. Brioude, BRIVAT. —MAGNOALDO MO. Tiers de sou. 101

244. Bordeaux. Tiers de sou. 1%

250. TEODEBERCIACO F. Tiers de sou. 10

257. Auch, AVSCIVS ROMVLFVS, 21C

258. BEGORRA FIT TAVRECVS MO. Tiers de sou. 130

265. ATVNDERIX. ». Monogramme. Revue, pl XVIII, n°8. 15

212. BVRDIALE. Gravée, Revue, pl. XVII, n°9. 1%

274. CALLACO. Gravée. Revue, pl. XVIII, 10. 190

275. CAMBARISIO FIT. Revue, pl. XVIII, 11. 130

284. CRISTOIALO. ». IOANNIS PORTO. Tiers de sou. 100

220. GENTILIACO. Tiers de sou. 135

292. Entrains, INTERAMNI. Gravée. Revue, pl. XVIIL, n°15. ,113

293. LANTICIACO VIC. Tiers de sou, pl. XVIII, 17. Uz

300. Namur. NAMV... Tiers de sou. 10

332, TVFIINAS. Tiers de sou, 105

CHRONIQUE.

19

277

Ne: Fr. 333. Vandeuvre. Tiers de sou. 202 379. Jumièges, GEMEDICO. Fleur. Denier d'argent. 102 398. Pépin, avec le nom du monétaire Auttramnus. 120 394. Autre exemplaire. | 160 395. Zd. Chartres. CARN. Gravée. Revue, pl. XIX, 19. 1200 397. Id. Revers monogramme. 495 398. Id. Saint-Géry de Cambray. SCI. GAV. 175 402. Charlemagne. Avesne. Gravée. Revue, pl. XIX, 20. 200 403. Id. Bonn. BONA et francisque. 340 404. Id. Chartres. Denier. 172 413. Id. CARLVSIMP AVG.—». Temple.Gravé. Revue, pl. XIX, n°21. 132

414. Id. Piéceimitée de l'antique. Gravée. Revue, pl. XIX, 21. 150 415. Id. Lucques. FLAVIA LVCA. Or pâle. 595 416. Id. Id. Denier, LVCA. Au centre rosace, 360 417. Id. Parme. Gravée. Revue 1856, pl. V, 12. 699 418. “Id. Trévise.CAROLVS endeuxlignes. TARVISIVS. 185

433. Louis le Débonnaire. Sou d'or gravé. Revue, pl. XIX, 23. 395

437. Id, Obole. AQVIS, pl. XIX, ne 23. 202

* 439. Id. Arles. Denier. ARELATVM. 115 440. Id. Buste lauré. ARELATVM. Porte

de cité. 255

442. Id, Coire. CVRIA en une ligne. 231 "461. Id. Nantes. NAMNETVM en deux |

lignes. 185

455. Id. Rouen. ROTVMAGVS. 120

457. Id. Toulouse. Téte laurée. Gravée.

. Revue, pl. XIX, 24. 225

458. Id. Id. Oboleau mémetype. 200

459. Id. TOLOSA CIVITAS. Denier. 101

461. Id. Vienne. VIENNA en une ligne.

Denier. 130

462. Id. Ampurias. IMPURIAS en deux

lignes. 409 463. Id. Barcelone. BARCINONA en trois lignes. 395 461. Id. Lucques, LVCA en une ligne. 185 1869, 4,

278 CHAONIQUE - Ne. 468. Louis le Déhonnaire. Trévise. TARV:

gnes. 474. Lothaire emprreur. Trèves. Temple, : 476. Id. Venise. VENECIA en une li 480 bis. Benoît III, pape, avec le nom de L 482. Pépin II, d'Aquitaine. Melle, denier. 483. Id. Obole au méme type. 424. Charles le Chauve. Aix. Denier.

419. Id. Trévise, au monogi 432. Id. Autre. TARVISauto 504. dd. Cassel. Obole. 506. Id. Melun. CASTELLO 514. Id. GENCLIACO POF pl.IV,n° 4. 616. Id. Jouarre. IOTRENS 529. Id, Saint Andoche, Ru n°9.

651 bis. Lothaire IT, roi de Lorraine. Trèves 26.

478. Interrègne. Venise (877-880). Christe

555. Carloman. Obole d'Arles.

557. Louis III. Provins. Denier.

549. Charles le Gros. Nimes. CARLVS IMI

688. Denier de Paris. Dans le champ. EO]

595. Charles le Simple. Baugency, denier.

605, Raoul. Saint-Denis, denier.

607. Louis d'Outremer. Paris. LVDOVIC « nier.

608. Id. Toulouse; gravé pl. XIX, n°27.

613. Benoît VIII avec le nom d'Otton II.

624. Denier portant d'un côté le monogram ». OTTO REX.

629. Philippe 1**. Châlon-sur-Saône, denier

652. Saint-Louis. Ecu d'or.

653. Id. Aignel d'or.

659. Philippe III. Royal d'or-mantelet.

665. Philippe IV. Piéfort du double parisis.

CHRONIQUE. Ne. , 668. Philippe IV. Piéfort de l'obole tournois.

672. Philippe V. Piéfort d'argent, gravé, Revue, pl. XX,

33,

686. Philippe VL Florin Georges. Beau type.

685. Id. Autre florin Georges avec le type grossier. 693. Id. Piéfort du double parisis.

705. Jean II. Piéfort du mouton d'or. Billon doré.

708. Id. Piéfort du gros tournois.

712. Id. Piéfort du demi-gros d'argent.

713. Jd. Piéfort du gros à la couronne.

714. Piéfort d'un gros blanc à la couronne.

715. Piéfort d’un autre gros blanc. Croix avec deux trèfles. 719. Piéfort du double parisis.

728. Charles VI. Chaise d'or.

729. Id. Demi-heaume d'or.

730. Id. Salut d’or

732. Id. Piéfort de V'écu d’or à la couronne ; billon doré. 200

762. Id. Pattachina frappée à Gênes.

734. Henri V, roi d'Angleterre, mouton d’or.

745. Charles VII. Grande médaille d'argent, au K couronné. 771. Louis XIL Demi-teston.

774. Id. Ducat d’or de Gênes.

776. Id. Double ducat d'or de Milan demi-rompu). 778. Id. Ducaton de Milan.

783. Id. Gros de Milan. 785. Id. Écu d'or de Naples PERDAM BABILONIS

NOMEN (fendu). 789. Francois I. Essai de l'écu d'or à la tête. 790. Id. Demi-écu d'or au cavalier, gravé, Revue, pl. XX, 36."

812. Id. Demi-gros de Génes.

818 Henri I. Ecu d'or au soleil. Essai au balancier.

$2). Id. Écu dor à la tête; Lyon.

821. Jd. Autre, type différent ; Bayonne.

833. Id. DONEC TOTUM COMPLEAT ORBEM. 1558.

Poids 0, gr. 24.

834 Id. Teston d'essai.

836. Id. Piéfort du demi-teston.

80 240 640 115 400

180 166 300

148

280

CHRONIQUE.

Ne. 346. Henri II. Teston de Montalcino près de Sienne, 1556.

Fr.

350 850. François LI. Jeton d'argent du Sacre. 1m 887. Maric Stuart. Teston; écu mi-parti de France et d'É- cosse, 1562. 131 862. Charles IX. Piéfort de teston ASSERTORI VERE RE- LIGIONIS, 1573. Éd 863. Id. Piéfort de demi-teston. 160 860. Id. Piéfort du denier tournois. 12 878. Henri IU. Piéfort de teston, PACI QVIETI AC FELI- CITATI PVBLICÆ. 150 879. Id. Piéfort du demi-teston. 20 880 Jd. Piéfort du franc de 1576. 56 grammes. 610 #81. 7d. Autre à la date 1577. 400 #2. Id. Autre de moitié moinsépais, 28 grammes. 415 883. Zd. Piéfort du demi-franc. 150 88$. Jd. Piefort du quart de franc. 245 865. Id. Piéfort du quart d'écu CONSTIFVTÆ REI NVMMARLÆ EXEMPLYM. 160 890. Zd. Quart d'écu de Saint-Quentin avec Je nom d'Henri d'Orléans. 355 894. Charles X, cardinal de Bourbon. Franc d'argent de 1590. 1033 901. Henri IV. Essai du Franc d'argent. 220 902. Id. Pléfort de la même pièce, 6 grammes. 250 903 Id. Essai du demi-franc, 12 904 Id. Piéfort de la même pièce, 28 grammes, 145 205. Id. Essai du quart de franc. 190 907. Id. Piéfort du quart d'écu. 105 908. Id. Piéfort du huitième d'écu. 100 912. Louis XIIL Pièce de dix louis. 970 913 Id. Pièce de huit louis. 260 914 Id. Pièce de six louis. 665 915 Id. Pièce de quatre louis. 454 927 Id. Essai du franc d'argent, 1618. 660 928 Id. Piéfort de la même pièce PERENNITATI IVSTISSIMI REGIS. 210 929. Id. Essai du demi-franc. 330 930. Id. Piéfort de la même pièce, 28 gremmes. 162 934. Id. Essai du quart de franc. 25

CHRONIQUE. 284 Nes. Fr. 932. Louis XIII. Piéfort de la même pièce, 14 grammes. 120 933. Id. Essai sur flan mince de la méme pièce, 1625. 275 934. Id. Piéfort du quart d’écu EXEMPLVM PRO-

| BATI NVMISMATIS, 38 grammes. 100 939. Id. Essai. ESPREUVE FAITE PAR LE COM- MANDEMENT DU ROI 1616 180

944. Id. Piéfort de l’écu blanc, 1643, 109 grammes. 215 945. Id. Piéfort du demi-écu, 1643, 55 grammes. 334

949. Id. Quart de lis d'argent de 1641. 175 951. Id. Monnaie obsidionale d'Aire, 1641. 110

955. Pièce de plaisir, or. Buste de Louis XIII de 1643. » buste de Louis XIV de 1644. 749 958. Louis XIV. Piéfort de l'écu d’or au soleil. 545 960. Id. Piéfort du louis d’or de 1644. 650 961. Id. Piéfort du demi-louis. 700 962. Id. Double louis à Ja longue mèche de cheveux. 140 969. Id. Louis aux armes de France, Béarn et Navarre. 345 966. Id. Piéfort de l’écu de 1644, 110 grammes. 452 987. Id. Piéfort du demi-écu, 55 grammes. 270 988. Id. Piéfort du quart d’écu 27 grammes. 101

990. Id. Piéfort du douzième d'écu. EXEMPLVM PROBATI NUMISMATIS. 135

995. Id. Essai du lis d'argent LILIA NON NENT 1653. 565 1046. Louis XV. Essai d'or de l'écu au bandeau. 220

1070. Louis XVI. Essai d’or de l'écu de Droz au deux L. 400 1071. Id. Ecw d'argent de Droz, gravé, Revue, 1868, pl. XX, 38. 360 1072. Id. Essai d’un écu de 6 livres de Duvivier. 440 4073. Id. Essai de l’écu de 6 livres d’Andrieu, 1791. 300 1079. Id. Essai de la pièce de 24 livres, 1792. Billon. 110 1097. Bonaparte premier consul, essai de la piéce de 5 fr. 245 1101. Trois monnaies de Saint-Domingue. 2 escalins, 1 esc., demi-esc. 275 1109. Piéce de 96 lire de la République ligurienne, an VII. 103 1126. Doppia d’or de Bonaparte président de la Rép. italienne. 690 1170. Louis XVIII. Essai de la pièce de 40 francs 1816. 181 1171, Id. Essai de la pièce de 40. Tête du roi nue. 140

282 CHRONIQUE.

we, Fe.

1174. Louis XVIII. Essai de la nièce de 5 francs, Tiolier. 135 1176. Id. Autre avec l'écu entouré du collier des

ordres. 14]

1176. Id. Autre avec la marque de valeur 5 F. 1% 177, Id. Autre de 1814 avec SIT. NOMEN. DOM.

BENED. 130

1178. Id. Autre de Michaut. 199 1167. Charles X. Essai d'or de la pièce de 5 francs, signée T. 155 1188. Jd. Autre sans signature (Tiolier). 190 1207. Louis-Philippe. Essai de la piéce d’or de 100 francs 1831. 205 1210. Charles d'Orléans. Ecu d'or. Revue num., 1861, p. 451. 320 1213. Charles le mauvais roi de Navarre, écu d'or. 380 1294. Charles de Blois duc de Bretagne, royal d'or. 350

1226. Jean IV Id. Franc à cheval d'or. 210

1248. Denier de la seigneurie de Romorantin; gravé, Revue pl. XIX, 90. 112 1268. Gui de Nevers, denier d‘Iseondun. 95 96

1281. Mahaut de Nevers. Piéfort du denier. 1325. Charles de France, duc de Guienne. Fort d'or. Gravé,

Revue, 1868, pl. XX, 35. 1220 1331. Gaston de Foix, seigneur de Béarn, franc a cheval. 225 1833. François Pheebus, écu d'or. 175 1341. Jean et Catherine de Navarre, ducat d'or. 225 1342, Ferdinand de Navarre, double ducat d'or. 232 1348. Id. ducat d'or. | | 214 1345. Henri d’Albret, écu d'or. 150 1346. Id. écu à la croisette. 160 1347. Id. écu d’or à la croix fleurdelisée. 165 1350. Jeanne d’Albret, écu d’or, 1571. 232 1352. Henri II et Marguerite, double écu d'or. 372 1353. Jd. autre H et M sous les bustes. 145 1888. Charles I d'Anjou, réale d'or (augustale). 640 1397 bis. Id. Demi-gros du Piémont frappé a Cuneo. 240 1421. Clément VIII, écu d'or d'Avignon. 240

1424. Paul-V, écu d’or d'Avignon. . 390 1496. Innocent X, écu d'Avignon gravé, Revue, pl. XX, n°37. 149 1433. Raimond IV prince d'Orange, Florin d'or à Pécu. 485

1438. Jean II de Ch&lon. Florin d'or. 310

CHRONIQUE. 283

No. Fr. 2439. Frédéric-Henri pr. d'Orange, quadruple éeu d'or. 120 2453. Guillaume de la Voulte. Gros de Valence. 142 1489. Besancon. Quadruple pistolet d'or, 1579. 202 1491. Id. Double pistolet, 1666. 182 1492. Id. Autre de 1652. 110 1516. Philippe le Hardi, duc de Bourgogne. Gros touruois d'argent. 105 1553 et 1554, Guillaume de la Marck. Quart et huitième d’écu de Sédan. 299 1555. Henri de Latour et Charlotte. Pistole d'or. 460 1556. Id. Grand écu d'argent. 1614. 200 1596. Robert, archevêque de Cambray. Franc à cheval d'or. 108 1623. Jean sans Peur, comte de Flandre. Noble d'or. 240 1625. Philippe Je Bon. Id. Noble d'or. 290 1626. Id. Demi-noble d'or. 710 1628. Id. Demi-cavalier (ridder) d'or. 215 4630. Id. Deux tiers du lion d’or. 105 1635. Philippe le Beau. Florin d’or au saint André. 350 1651. Guillaume IV, comte de Hainaut. Écu d'or. 130 1665. Jean IV, duc de Brabant. Mouton d'or. 174 1678. François d'Alençon. FOVET ET DISCVTIT. 1582. Ar- gent. , 112 4700. René II, duc de Lorraine. Florin d'or. 96 1701. Id. Demi-florin d’or. 100 1703, Antoine. Florin d'or. 4526. 295 4704 Td. Double écu d'argent aux neuf écus. 120 1709. Charles III. Ducat d'or de Nancy. 196 1710, Id. Demi-ducat d'or. 200 1711. 7d. Demi-ducat d’or. DA MIHI VIRTU CONTRA HOSTES. 160 1718. Henri le Bon. Ducat d’or. 122 1719. Id. Florin d'or au saint Nicolas. 116 4722. Charles IV. Quart de teston. 1629. 126 1734. François III. François d’or. 1736. 215 1779. Hugues de Bar, évêque de Verdun. Revue num., 1859, pl. XXI, 7. 48 1780. Éric de Lorraine. Id. Florin d’or, 1608, 180

1812. Haguenau. Ducat d’or de 1609. 290

284 a Ne. 1817. Thann. Double thaler de 1514. 1839. Honoré II, prince de Monaco; Dop 1858. Adrien I*, pape. Denier de Rome. 1992. Ferdinand de Mantoue. Double pist 1994. Alberico Cybo de Massa. Temple; 0 1907. Philippe IV. Double pistole de Mila 1916. Louis, marquis de Saluce. Sequin. 1923. Marguerite de Foix, marquise de S 1515. 1931. Henri IV, roi de Castille; écu d'or. 1949. Monnaie obsidionale de Casale; éct 2057. Théodose III, empereur d'Orient. A. gent.

IQUE.

Le catalogue, rédigé par M. Feuard: 3 planches gravées. Aux chiffres que ni faut ajouter 5 pour 100 afin d'établir li les acquéreurs. La place ncus manqu davantage ; et cependant après les gros: des monnaies de première importance prix relativement très-forts auxquels on de peu d'apparence. En fin de compte, « de M. Colson dont ‘nous avons parlé da montre que le zèle pour nos monnaies | et c’est fort heureux, car si quelques-u des beautés incontestables qui doivent s toutes sont intéressantes pour notre hi: notre attention. Notre série royale frai plus variée parmi toutes les séries qu’ trer, ne saurait subir les caprices de |. toujours de bons esprits pour l’appréc elle le mérite.

MEMOIRES ET DISSERTATIONS.

Dee

LETTRE À M. A. DE LONGPÉRIER

SUR

DES MONNAIES D'OR CONCAVES

DITES REGENBOGEN-SCHÜSSELN, AVEC LÉGENDES. :

(PI. XII.)

Mon cher ami, depuis que je vous ai envoyé ma dernière lettre sur quelques monnaies celtiques en partie inédites, dont l'une surtout, avec une légende me paraissait digne de vous être communiquée , j'ai découvert d’autres sta- tères, aussi munis de légendes, et qui me semblent encore plus dignes d'attirer votre attention.

Je suis persuadé qu’en recherchant bien dans les diverses collections, en étudiant avec soin les enfouisse - ments (ce que soit dit entre parenthèses, on commence à bien faire en Autriche), -on en trouvera encore quelques autres, et que l’on parviendra à mieux classer ces monnaies si mal connues jusqu'à présent.

L'inconnu a eu de tous temps une grande puissance

1 Voy. Revue, 1869, p. 14. - | 1869. 5. ° 20

286 MEMOIRES

d'attraction; on cherche à ledéchiffrer, on se trompe p fois, l'erreur mème est profitable, elle appelle u rectification, celle-là une discussion, et de discussion discussion on parvient à trouver la vérité.

Voyez les progrès qu'a faits depuis cinquante ans numismatique des Gaules ! C'est à des essais et à des discu sions qu'on en est redevable: espérons que nos essais nous seront aussi fructueux, et que dans quelques année le chaos qui obscurcit l'étude des pièces pannoniennes autres, pièces malheureusement encore appelées barbare se débrouillera, pour nous donner des résultats satisfaisant:

En attendant, voici ce que je voulais vous communiquer

Il y a quelques mois, un ami m'apprit qu’il existait a Cabinet impérial de Vienne un Biatec d'or. J'en écrivis M. Joseph de Bergmann, directeur de ce Cabinet : M. de Berg mann, qui a quelque amitié pour moi, eut la complaisanct de m'envoyer les empreintes non-seulement de ce statère mais de toutes les pièces de Biatec, tant en or qu’en argen qui se trouvent au Cabinet impérial ; il m’indiqua le lieu de provenance d'une partie de ces pièces, et m’accorda la per- mission de les publier. Que M. de Bergmann veuille bien me permettre de lui en exprimer mes remerciments et ma reconnaissance.

En mai 4835, un ouvrier trouva à Jahrendorf (Némét- Ujuar) village situé dans le comitat de Wieselbourg en

. Hongrie, 26 monnaies d'or du poids de 38 ducats et 104 monnaies d'argent du poids de 98 loths. Ces monnaies

: étaient «lans un pot de terre qui fut brisé: 18 pièces Wor et 26 d'argent devinrentla propriété du Cabinet impé- rial des médailles de Vienne. Il y avait parmi les monnaies d'or desstatères an nom de Biatec, et parmi les monnaies d'argent des tétradrachmes au même nom.

ee ee

ET DISSERTATIONS. 287

“M. Jean Gabriel Seidl, dans les Beitndge zu einer Chro- nik der archaelogischen Funde in der oesterreichischen Monar- chie, imprimés dans le quinzième volume de I Archiv für Kunde der Oesterreichischer Geschichis-Quellen, par l'Acadé- | mie impériale des sciences de Vienue, 1856, parle de la découverte de Jahrendorf, sans entrer dans de grands détails. M. le D' Kupido, dans les Wiener numismatische Monatshefte, vol. H, page 98, est plus détaillé, et décrit les monnaies d'argent de cette trouvaille, qui contenait des tétradrachmes de Biatec, de Devius, de Cobrovomarus, de Coisa, de Nonnos, de Bussumarus, de Savumarus, et de Evoirix. Tl ne parle des pièces d'er qne pour mémpire et sans les décrire.

La connaissance de ce trésor, dans lequel étaient mé- langées des monnaies de Biatec, tant d'or que d'argent, nous donne un résultat bien curieux : elle nous prouve que les Regenbogen-Schasseln au bateau, et aux rayons de soleil, sont beaucoup moins anciennes qu'on ne le croyait jusqu’à présent *. En effet, les tétradrachmes de Biatec, à deux têtes, sont une imitation palpable d'un denier de Ja République romaine, de la famille Fafia, de celui de Fufius Kalenus avec les deux têtes de Virtus et Hones: ces deniers furent frappés vers l'an 62 avant J.-C. et certaine- ment pas avant cette année. Voilà donc une date précise, en deca de laquelle il faut, d’absolue nécessité, placer Ja date d'émission des tétradrachmes de Biatec, donc aussi de ses statères ; mais nous ne pouvons pas non plus aller plus Join que vers l’année 8 après J.-C., puisque ce fut

1 Je dis en Allemagne, car jo n'ignore pas que vous avez fonrni des argu. ments contre la haute antiqnité attribuée aux Schitsseln, Rerue numismatique, 1863 p. 145 et 150, | |

238 MÉMOIRES

l'année dans laquelle la Pannonie fut incorporée à l'Empire et devint province romaine,

Cela posé, passons maintenant à la description des sia- teres de Biatec et de ses divisions.

Stavére du Cabinet impérial de Vienne.

Droit : Coté convexe, au milieu d’une élévation bombé BIATEC, au-dessus, une main étendue, les doigts tournés vers l'inscription.

Dans ma dernière lettre sur quelques monnaies d'or celtiques, je croyais cette représentation une tête de paon, et assurément on pouvait aisément s'y tromper, ce sigte variant de forme sur presque toutes les pièces. Sur celle-ci parfaitement conservée, je vois bien exactement la forme d’une main étendue ; une tête d'oiseau aurait le grand in- convénient d'être dessinée renversée; je maintiens donc la main étendue malgré ce que j'en ai dit précédemment.

Revers: la prétendue demi-lune, que je regarde toujours avec plus de confiance comme un bateau, si je n'en avais pas été persuadé auparavant, ce statère de Biatec me l’au- rait prouvé; en effet, on y voit au milieu un mât; dans Je lointain le disque du soleil à l'horizon, lançant ses rayons: à droite, parmi les rayons, je vois sur ce statère un signe que.je preuds pour une petite demi-lune, ce qui corrobore mon opinion: que la principale représentation n’est pas une demi-lune, qui serait alors beaucoup plus grande que le soleil.

Ceptatére pèse 65, AAS. (Pl. XIL n°4.)

Sur Yes statères anépigraphes de cette espèce, les formes “des objets représentés varient beaucoup, et il n'est pas étonnant que les différents auteurs qui ont parlé de ces wonnaies les aient vues et décrites d’une façon différente.

Da côté convexe, tantôt lisse, tantôt avec la main: :

| ~~ = os © es ey es “= a _ _ —- en a

ET DISSERTATIONS. 969

Dachalais voit un astre à cinq rayoos, tournés du même côté ;

Balbin y voit l’image du soleil ; Mionnet un disque radié, ou étoile, au milieu d'un

‘champ bombé ;

ay a

he Lambert, un astre rayonnant, le soleil au haut d'un disque bombé et allongé, représentant vraisemblablement la terre; Pour Streber, c’est une boule d’où partent des rayons, ce qui, avec la représentation de la coquille extérieure, qu'il croit voir au-dessous, lui dunne le symbole d'A- phrodite ; | Le Dt H. Schreiber y voit une main prétant le ser- “ment. Du côté coneave : Duchalais voit un croissant dont les cornes sont tour- nées à droite, et au centre duquel convergent de petits rayons fort nombreux ; .’. Streber y voit l’intérieur d'une coquille ; Mionnet, un croissant radié, .ou l’intérieur d’une - coquille ;

J Balbin y voit la lune ;

° Lambert et la Saussaye, une demi-lune d'où t partent dee rayons ;

6 L'auteur du Catalogue de Wiczay parle de rayons de .sokil, placés au-dessus de la lune; il voit même des taches dans les rayons : «intra solis radios quasi macula. »

Vous le voyez: tot capita, lot sensus.

Outre ce magnifique statère, le Cabinet de Vienne possède

‘encore trois autres statères de ce. même Biatec,: un peu

moins bien conservés, et qui n'offrent que de fort: petites variétés de coin; entre autres le mat si visible sur lapiéce

200 BEMOIRES que je viens de decrire n'y est représenté que par une seule petite barre, parfois même par un simple point

Les poids sont de 65,450, 65,460, 6#",A95, et deux de ces statères proviennent de la trouvaille de Jahrendorf.

Le mème Cabinet posséde, provenant de la même trou- vaille, deux tiers de statères de ce mème Biatec dont voici la description :

Droit: Partie convexe, sur une élévation bonrbée, BIAT.

Revers: Partie coucave, deux figures oblongues bombées; peut-être deux boucliers, entourés d’an feston.

Cette piece, gravée dans l'ouvrage de Neumann (Popul. eC reg. num. vet., Vienne, 1779, t. I, p. 140), décrite par Eckhel (Wus. Vindobon., 1779, p. 290, 17), puis par Mionnet (t. VI, p. 717, 2), est la même dont park Duchalais, et que vous avez, vous aussi, citée à propos de l'âge des Schüsselchen ( Rev. num., 1863, p. 149).

Elle pèse 2+, 120. (Pl. XII, 2.)

Autre tiers de statère du même Cabinet :

Droit : Coté convexe, sur une élévation BIAT. lei je vois, au-dessous du nom, des signes qui me paraissent être des chiffies romains XXII}: que signifient-ils? je n'en sais absolument rien. ,

Revers: parcil au précédent.

Poids, 25, 125. (PI. XIE, 3.)

Ce sont bren deux tiers de statères ; mais voici une autre petite pièce du aième Cabinet et de Ja même trouvaille, qui nous offre une division bien plus insojite : c'est nn huitième de statére.

Droit: Côté convexe : BIAT.

Rezers : Côté concave 3€. Cela représente-t-il par hasard deux quarts de roues ? je nen sais rien.

Poids, 0:',800. (PI. XII, 4.)

ET DISSERTATIONS. 291

Nous avons donc ici des statères, des tiers de staiéres, et un huitième de statère: ce ne sont pas les divisions en demis et en quarts, comme pour les statères des Gaules; © est un tout autre système que j'ai déjà signalé dans mon deraier article.

Maintenant à quel peuple faut-il attribuer ces rares monnaies?

Et d’abord nous avous le lieu de provenance, Jahrendorf, dans le comitat de Wieselbourgen Hongrie, et puis nous avons vu que les pièces de Biatec ne peuvent avoir été frappées que dans Ja seconde moitié du premier siècle avant J.C.

Quel peuple habitait alors cette contrée?

‘Les Boiens Cisalpins, après avoir occupé la haute Italie près de trois siècles, furent enfin vaincus par les Romains ; al ne leur restait d'autre alternative que l'assujettissement ou l'émigration. Ilsaimaient trop leur liberté pour accepter le premier, ils préférèrent abaadenner leur patrie et en chercher une autre en deca des Alpes ; ils devinrent voisius des Taurisques ou Noriques. Pline dit: « Quorndam Taurisci appellati nune Nerici. » (Hist. nal. IH, xx, 24). Cf. Strabon, V, p. 212-215), et s'établirent près du lac Pelso, aujour- d’hui Plattensee.

Tite Live ne dit rien de cette migration, et voilà pour- quoi le D' Zeuss en doute. Tenons-nous-en à l'opiniou de Strabon. Les Boïens, tranquillement établis dans leur nou- velle patrie, commencèrent bientôt à y prospérer; mais les Gètes, anciens habitants de la contrée entre le Danube ei l'Héœmus, qui, chassés par les Bastarnes, s étaient réfugiés chez leurs amis les Daces, parvinrent, réunis à eux, sous leur roi Boirébistas, à une puissance qu'ils n'avaient jamais eue auparavant ; ils attaquèrent les Boïens et leurs alliés

292 MÉMOIRES

les Taurisques, et dans une grand Pathissus, les Bolens furent de nou1 relevèrent jamais de leur défaite et ces indépendant; leur pays fut même t pendant plus d’un siècle on ne l'app tum Boïcorum. Cette bataille eût lie et 40 avant J.-C.

Il n'y a aucun doute que le non nom celtique, la terminaison TEC le

Les légendes sur ces pièces en ca rien qui puisse étonner. Velléius cap. 110) nous apprend qu'avant le la connaissance du latin était répanc celtes : « In omnibus autem Paonon « tummodo, sed linguæ quoque not « etiam litterarum usus, et familiari « citatio. »

Je crois donc pouvoir donner les : peuple des Boïens, et je vois avec teur Kupido est tout à fait de la mêr aote sur la trouvaille de Jahrendorf i avant cette lettre, ce n’est pourtant q que je la connais, et mon opinion déjà formulée avant de l'avoir lue.

Le savant Mommsen dans son G Münzwesens, page 696, en parlant statères de Biatec, propose de les : ou aux Quades. Malgré mon profond de M. Mommsen, j'avoue que je ne nion.

+ Zeuss, Grummatica cells, p. 13.

ET DISSERTATIONS. 293

M. le docteur Fr. Pichler, dans son Repertorium für Steyerische Münzkunde, propose dans une note (vol. I, page 14h,) de regarder le nom de Biatec comme un nom générique appartenant 4 plusieurs personnes, ou méme de le considérer comme le nom d'une dignité ; je ne puis non plus accepter cette hypothèse.

Tiers de statère avec revers semblable aux tiers de statère de Biatec.

Droit : Côté convexe : sur une élévation ronde, des espèces de lettres ou chiffres que je crois être XXI.

Revers : les deux boucliers entourés de festons.

Poids, 25.250. (PI. XII, 5.)

Que signifient les signes marqués sur le côté droit?

serait-ce une altération de la légende BIAT?

Droit : élévation en forme de cœur, à l’entour des fes- tons peu visibles.

Revers : les deux boucliers, au-dessous desquels des signes bien ressemblants aux lettres AIK (?) sont-ce bien des lettres? et alors que signifieraient-elles ?

Poids, 2:".655. (PI. XII, 6.)

Il existe un assez grand nombre de petites pièces aux mèmes revers, mais anépigraphes. Le Cabinet impérial de Vienne, et le médaillier du prince de Fürstenberg, en ren-

_ ferment plusieurs ; elles me semblent provenir de l'ancienne trouvaille de Podmokl en Bohème ; comme elles sont muettes, je ne les décris pas ‘; cependant je ne puis résister au plaisir de vous communiquer un autre statére au bateau, quoiqu'il soit aussi anépigraphe ; il est tiré du Cabinet de Vienne.

1 Cela est d'autant moins nécessaire que dans la Rerue de 1863, (p. 149) vous- même avez indiqué celles de ces monnaies qui sont figurées dans l'ouvrage de Voigt a San-Germano, Beschretb. der Bomischen Munzen, Prag.1771,p, 47 et 63.

0

204 MÉMOIRES

Droit: Côté convexe : sur une élévation pyrifurme + carré creux oblong, au-dessous duquel uu signe en fori de croissant : est-ce un torques? Je tout dans un feston.

C'est probablement ce que 1. F. G. Hagen dans son (1 ginalmünz-Cabinet, page k91, appelie une montagne av une porte.

Revers : Coté concave: le bateau avec le soleil rayonna sur lequel au lieu du mat, on voit une figure trifurqaé Le graveur de la pièce a-t-il voulu représenter des agrè Au-dessous du bateau, le même feston qu’au côté droit.

Poids 65", 450. (PI. XII, 7).

Ce statère trouvé dans les états autrichiens, sans qi je puisse dire dans quelle province, me paraît extrêmeme curieux.

Statère tiré du Cabinet du Prince de Fürstenberg.

Droit : Côté convexe; la tête d'oiseau à gauche; du côt du bec la guirlande habituelle, puis au-dessous et au-dessus un globule; sous la tète, des caractères, après lesquels il y encore place pour plusieurs lettres ou signes, mais à endroit la pièce est si usée qu'il est impossible d'y rien chiffrer : il y a bien une vraie et bonne légende; mais qu'est-ce qu'elle dit? Je n’en sais rien, et je crains qu'il ne se passe bien du temps avant qu'on y voie clair: il fau- drait pour cela retrouver quelques bons exemplaires en weil- leur état, et ilne me paralt pas probable que cela arrive de sitôt, car la pièce est jusqu’à présent unique.

Revers : type du groupe II de Streber ; l'étoile à quatre rayons, au-dessus deux S obliques, au-dessous trois disques (Streber, pl. II, fig. 19). Cette pièce de Streber, anépigraphe, paraît aussi usée et mal conservée; d’après lui ces pièces ont été trouvées en Bavière; malheureusement je ne connais

ET DISSERTATIONS. 299

pas la provenance de celle du Cabinet du Prince de Fürs- tenberg ; je dois cependant vous faire remarquer sa par- faite analogie avec le statère au nom de ATYLLOS que je vous aifait connaître dans ma première lettre sur les monnaies celtiques et qui provenait de la haute Italie.

Poids : 7#.30. (PI. XII, 8).

Passons maintenant à une autre espèce de statères, avec d’autres signes qui ressemblent aussi à des lettres.

Droit : Côté convexe : tête d'oiscau à gauche dans ure couronne de feuillage.

Rerers : un torques entourant cinq boules, une, deux et deux : entre les boules de gauche et le torques on voit en monogramme (AM). Type de Streber, pl. 1V, fig. 44 et 45.

Poids, 6: 980 et Ge 318.

Le Cabinet impérial de Vienne possède deux piéces pareilles, du poids de 65. 845, et 7*.340.

M. de Saulcy en conserve aussi deux dans sa riche collection. "

Je crois qu'il suffit de vous en dessiner une, les diffé- rences étant trés-minimes (pl. XII, 9).

Ces pièces se trouvent en Bohème, sur le Main et dans l'ancienne Vindélicie.

Si ‘es signes qu’on y voit sont véritablement des lettres, ils peuvent à la rigueur nous donner MA, et Ja première idée est de lire, Marbod, Marodunum ou Marcomanni.

Mais ces signes sont-ils véritablement des lettres? et supposé que le graveur de ces monnaies ait effective- ment voulu graver des lettres, ces lettres sont-elles bien M, ou MA?

Pour les attribuer à Mur bod, iL mc semble d'abord qu'elles devraicnt être un peu mieux gravées,

294 MÉMOIRES

En effet, Marbod, un Marcoman de noble extraction, élevé à la cour d’Auguste, y avait appris les mœurs et l'ur- banité romaines. Les Romaius en s’avançant jusqu'au Dr nube, avaient mis les Marcomans dans une position précaire et fort difficile. Déjà battus par Drusus, Marbod leur fi quitter leur séjour habituel sur le Main, et les conduisit er Bohéme, Bojchemum, entourée de toutes parts de montagnes. il fonda un grand royaume. Ce n’est pas lui, ni ces pet- ples germains qui chassèrent les Boiens de la Bohème; il ; avait longtemps qu'ilsnel'habitaient plus. Tacite (Germ. 42) dit: « pulsis olim Boiis» et cet «olim » prouve assez qu'l n'y avait plus de Boïens en Bohème, quand Marbod se empara; le nom seul en était resté.

L'éducation que Marbod avait reçue à Rome, l'avait pre- paré à devenir autocrate; il aimait à imiter la manière romaine de gouverner; il avait éloigné ses peuples du voi- sinage des Romains, et voulait, loin d'eux, être lui-même le premier, le plus puissant : dans sa nouvelle patrie, el tourée de la forêt Hercyniennc, il se bâtit une résidence, Boviapov, il s'entoura de gardes, et après avoir enseigné à ses sujets l’art de la guerre, comme il l'avait appris chez les Romains, il s'assujettit les peuples voisins, tels que les Lugii, les Zoduo, les Bottovec, les Mouyidwvss, les EiGvol et les Sivvwse, de la forte race des Suèves °: Sa puissance devint formidable ; son arinée était compe- sée d’environ 70,000 fantassins et de 4000 cavaliers; il commençait à porter ombrage aux Romains, qui avaient déjà rassemblé pour l’attaquer 12 légions environ, en l'an 6 de J.-C. Cette attaque projetée ne fut empêchée que par une insurrection en Pannonie, et la puissance de Marbod ne ful

1 Strab., Geogr., lib. VIT, éd. Casaub., p. 201.

ET DISSERTATIONS. 297

brisée que par la jalousie des chefs mêmes de la nation, principalement par Arminius, le Prince des Chérusques, aussi élevé comme lui à la cour de Rome; Marbod vaincu se retira à Ravenne, Tibère lui accorda un asile, et il vécut encore environ 18 ans.

Si nous examinons avec attention tous ces faits histo- riques, nous voyons que, comme peuple, les Marcomans étaient alors peu considérables; on parle à peine d'eux, on ne parle que de leur chef, de Marbod, qui les gouver- nait despotiquement : certum imperium vimque regiam com- plexus *.

Si Marbod avait fait frapper monnaie, c'eût été dans le fort de sa puissance, lorsqu'il régnait en Bohême ; et alors il anrait fait frapper à Boïæmum, et il aurait imité les lé- gendes romaines. Les pièces dont nous nous occupons n'ont aucune ressemblance quant aux lettres avec la mon-

naie romaine; et puis, on ne trouve pas seulement ces mon- |

naies en Bohème ou sur le Main, on les recueille principa- lement en Vindélicie, et Marbod n'a jamais rien possédé en Vindélicie, il n’a jamais pénétré; les Romains en étaient déjà les maîtres, que Marbod était encore à la cour d’ Auguste. Ces pièces sont indubitablement beaucoup plus an- ciennes, _ _ .Tacite nous fait entendre que les peuples germains n'avaient pas de monnaies propres, mais que ceux des frontières se servaient des monnaies romaines ; « quam- «quam proximi, ob usum commerciorum, aurum et argentum in pretio habent, formasque quasdam nostræ « pecuniæ agnoscunt atque eligunt; interiores simplicius «et antiquius permutatione mercium utuntur. Pecuniam

4 Consultez Tacit., Annal., 11, 26, 44, 46, 62, 63,

208

+ probant veterem et (De morib. Germ., 5.) Or les Marcomans ét vivait après Marbod. Vous m'objecterez qu buer à Arioviste, qui ét ce n'était pas un staté statère frappé dans | Séquanie, et lorsque es imitait les usages et la 1 Les monnaies sur le: tout à fait les mêmes qu Les Germains toujours ils donc frappé la mème La trouvaille de Jah statères de Biatec sont l'avait cru, est presque aujet; mais cela ne du pièces ont été fabriquée experts dans l’art d’ext étaient, il est vrai, en gr mais ils ne formaient qu lant probablement tous mêmes monnaies. Je ct pendant des siècles de 1: du mème poids, et qu ayant appris à connai ployèrent pour inscrire M. Ad. Soëtbeer, dar Geld und des Münzwese des Regenbogen-Schüss « monnaies provenaicn

ET DISSERTATIONS. 299

« d'autres peuples d'origine germanique, n’a plus besoin « de réfutation, depuis les progrès faits par la science « numismatique ; tous les connaisseurs savent maintenant « queles Regenbogen-Schüsseln sont d’origine celtique. »

Vous voyez que je suis loin d’être le seul de mon opinion.

Il y a encore quelques autres pièces dont parle Streber, sur lesquelles on trouve des signes ressemblant à des lettres. |

Sur la pièce 34 pl. Ill, il y a dans l'œil de l'oiseau un signe À, qu'on pourrait prendre pour un À ou pour un V.

Sur celles 28 pl. II, et 71 pl. VI, le même signe se trouve du côté des boules; et sur la pièce 69, pl. VI, on voit un signe Ff ; mais tous ces signes sont-ils bien des let- tres? il est permis d'en douter.

Je ne vous ai rien dit des pièces avec ATVLLOS, et ATV, décrites par M. Promis et par moi, ni de eelle avec CVR décrite par M. J. Friedlander; elles vous sont connues par la Revue.

Voila, je crois, mon cher ami, toutes les monnaies dites Regenbogen-Schüsseln avec légendes qui aient été décou- vertes jusqu’à présent. |

Tout à vous de cœur, Fr. de PFAFFENHOFFEN.

Donaueschingen, décembre 1868,

LES CONTRE

A L'ÉPO

On appelle contrema flan d'une monnaie, à sion, et à l'aide d'un p relief, et plus raremen

L'emploi des centre: antiquité très-reculée, Jusqu'à nos jours.

IL est évident « prie: que n'a jamais pu êtr cette application s'effet pétente quelconque. S sans autorité a parfoi quant, à l'aide de poinç figures ou des mots q' toire monétaire de la rejette tout à fait en d proprement dite ces c vie d'étudier.

Mest donc bien ente ne concerne que les

ET DISSERTATIONS. 304

anodifié forcément soit le cours, soit l'attribution géogra- pique des monnaies qui en ont été revétues.

Pour cette fois je laisse de côté les contre-marques appli- quées:

Par les Grecs sur des monnaies autonomes grecques.

Par les Gaulois sur des monnaies gauloises, etc., etc.

Et j'entends ne m'occuper que des contre-marques ap- pliquées sur les monnaies impériales romaines, du haut Empire, c'est-à-dire depuis Auguste jusqu'à Trajan.

Recherchons avant tout, en nous laissant guider par le simple bon sens, quels ont pu être les motifs justifiant l'emploi d'une contre-marque, sur une monnaie impériale ou coloniale romaine.

Les monnaies nationales étaient, en quelque sorte, chose sacrée chez les Romains: on ne devait donc songer à les altérer, dans tous les lieux soumis à l'autorité impériale, © qu'avec une grande réserve et que poussé par de très- bonnes raisons. Ce sont ces raisons qu'il nous importe de rechercher et de déterminer.

I.

La fabrication des monnaies émises hors des ateliers impériaux, devait être très-coûteuse ; si donc il y avait une sorte de gloriole à user d'un privilége accordé à une co- lonie, par exemple, celle-ci pouvait se voir par la crainte de la dépense, condamnée à ne pas exercer le droit d’é- mettre des monnaies à son nom.

En Grèce nous voyons fréquemment des villes autonomes s'approprier les monnaies d’autres villes, en y appliquant, à l’aide d’un poinçon peu coûteux a’ graver, un type local reconnaissable pour tous. C'était s'affranchir des

1869. 5. 21

302 frais toute satisf ploye ne la d'aut ou le Da contr: tous |

Un natur allons

Eo de pli pénur de pu avoir quil retiré circon toire ¢ il sinc nomb lon monni

lle

ET DISSERTATIONS. 303

leur circulation passagère comporter une valeur de béau- coup supérieure à leur valeur intrinsèque; car sans cela il serait parfaitement inutile de les créer. Ce sont à vrai dire purement et simplement des assignats métalliques et rien de plus. ° Pendant la période du haut Empire, les armées romaines partout en mouvement, guerroyant au loin et sans commu- ‘nications promptes ou faciles avecla métropole, ont plus d’une fois se trouver exposées à la disette de numéraire ; delà a fréquemmentsortir la nécessité de créer rapidement et à moins de frais possible, un numéraire de convention, permettant de faire face aux besoins les plus pressants. Le chef de l’armée ne pouvait se permettre d’empiéter sur les droits du souverain et inscrire son nom sur Îles poinçons que les fabri légionnaires pouvaient fabriquer prompte- ment. Le titre IMP. pour Imperator pouvait seul pa- raître isolément, dans le cas le nom du souverain n'était pas employé lui-même, pour constater que c était avec son assentiment que la monnaie de convention était créée. Nous verrons que Tibère s'est permis souvent de faire poinçonner son nom sur des monnaies de guerre, et. nous serons forcé de reconnaître que cette usurpation d'autorité a mécontenté Auguste, au point de décider celui- ci à contre-marquer à son tour, et à son nom, les monnaies que Tibère avait osé faire siennes, en quelque sorte. Comme les contre-marques de Tibère offrent le plus sou- vent le type TIB. isolé, puis assez fréquemment le type TIB. CAES. et en dernier lieu, mais rarement, le type TIB. AVG. nous serons forcé de conclure, que les deux pre- miers types ont été employés par ce prince avant la mort d’ Auguste.

D'un autre côté, comme nous trouverons parfois le nom

304 ut de TIB. sur des monnaies

mort de Tibére, nous seron ces dernières contre-marqu

Il est une dernière raisor contre-marque sur des mon nouvel empereur a été accle Rome, ou par une populati venait de disparaitre. C’es monnaies de Néron contre- formule républicaine S. P. ( nom de Vespasien, et, à Trip successives IMP. GAL(ba), (pasianus).

Cela posé, pour nous n connaissance de cause, lat tre-marques appliquées s haut Empire, nous devons sion des différentes monna contre-marques ont été ren: ment un tableau chronolog devenir la cause détermina ques. Nous allons donc dr: contentant pour le moment ques appliquées sur des constamment :

Sur des monétaires «

* Jo mets de côté cette fois les m quées en Espagne; elles devront &

ET DISSERTATIONS.

Caligula ; Sur des monnaies de Claude; 40° Sur des monnaies de Néron : 44° Etenfin sur un très-petit nombre de pièces de Trajan.

Av. J.-C. 709. 44.

710. 43.

711. 42 712. 41. 713. 40. 714, 39. 715. 38.

716. 37. 717, 36. 718. 35. 719. 34, 720. 33. 721. 32, 722, 81. 723. 30. 724. 29. 725. 28. 726. 27,

727. 26. 728. 25. 729. 24. 730. 23.

305

Sur des monnaies d'Auguste frappées à Lyon;

Sur des monnaies d'Auguste frappées après sa mort; Sur des monnaies d’Agrippa ;

Sur des monnaies de la colonie de Nixes;

Sur des monnaies de Tibère frappées à Lyon ;

Sur des monnaies de Caligula:

Sur des monnaies de Germanicus,

frappées par

TABLEAU DES DATES.

César meurt ; Octave lui suc- cède.

Naissance de Tibère. Octave Imperator.

Livie, mère de Tibère, épouse Octave. Drusus, frère de Tibère, naît 3 mois après.

Bataille d’Actium.

Octave recoit le nom d’Au- ste. Atelier monétaire e Lyon fondé.

Agrippa est consul J11.

1e TR.POT. d’ Auguste. (mort à la XXxVII® ).

Av. J.-C. Agrippa épouse Julie, fille d'Auguste.

731. 22.

732. 21.

733. 20. Tibére part pour l'Arménie.

734. 735.

736. 737. 738.

739. 740. 741.

742.

743. 744.

19.

18. Agrippa reçoit la puissance ribunitienne.

17.

‘16. Tibère préteur en Gaule avec Auguste. Germani- cus naît.

15. Tibère gucrroie contre les Rhètes, avec son frère Drusus.

14.

13.

12. Autel de Lyon consacré. Auguste PONT.MAX. Ti- bere soumet la Pannonie. Agrippa meurt au retour de cette guerre.

11. Tihère épouse Julie, fille d’ Auguste. Elle l'accom- pagne en Pannonie.

10.

9. Tibère triomphe. Fin des

campagnes de Drusus

306 MÉMOIRES

frère de Tibère, qui meurt d’ane chute de cheval.

745. 8. Tibère souinet; les Germains;

il est Imperator ; il triom- phe.

718. 7.

747. 6. Tihère reçoit la TR.POT. pour 5 ans, et se retire à Rhodes,

748. 5.

719. 4.

750 3.

751. 2.

752. 1. Auguste recoit le titre de Pa-

deJ.-G. ter Patris.

753. 1.

7%4. 2.

755, 3.

756. 4. Tibère adopté par Auguste reçoit la TR. POT. pour 10 ans. Tibère par l'ordre d’Au- guste adopte Germanicus.

757. 5.

758. 6. Germanicns questeur gou- verne Ja Dalmatie,

759. 7.

760. 8. Guerres dirigées par Tibère en Germanie, en Jllyrie et en Pannonie.

761. 9.

762. 10. Germanicus triomphe. Va-

rus écrasé en Germanie.

763. 11. Drusus, fils de Tibère, questeur. Germanicus , proconsul en Germanie.

764. 12. Germanicus consul.

765. 13. S. C. conférant à Tibère l'administration des pro- vinces en commun avec Auguste. TR.POT. renou- velee.

766. 14. Auguste meurt. Tihère prend le titre d’ Auguste etenvoie son fils Drusus comman-

767. 15.

76P. 16.

769, 17.

770. 18.

771. 19. 772. 20.

773. 21. 774, 22. 775. 23.

776. 24. 777. 25. 778. 26. 779. 27. 780. 28. 781. 29, 782. 30. 783, 81. 784. 32. 785. 33. 786. 34. 787. 35. 788. 36. 789. 37.

790. 38. 791, 39. 792, 40. 793. 41.

794. 42. 795. 43. 796. 44, 797. 45.

der l'armée de Pannonk.

Germanicus reprend les e seignes de Varus. Tibere fait campagne a Syrie. Germanicus trion- phe des Cattes et des Chi rusques; part pour la Syrie. Germanicus réunit |s Csp- padoce et la Commagin aux provinces romaine, | Germanicus est empoisonne à Daphné près d’ Antioche. Drusus, fils de Tibère, rentre à Rome et triomphe.

Drusus fils de Tibére meurt empoisonné.

Tibère se retire à Caprée.

Livie meurt. Caligula pontife. Caligula questeur.

Tibère assassiné par Cali- gula, qui lui succéde.

Expédition à Boulogne. Caligula assassiné. Claude lui succède.

DATES DES MONNAIES CONTRE-MARQUÉES.

AUGUSTE.

Les pièces d’ Auguste avec CAESAR PONT. MAX. frappés avec l'autel de Lyon ont commencé an 42 av. J.-C. Les mêmes avec Pater Patriae, n’ont pu être frappées que

depuis l'an 4 av. J.-C.

ET DISSERTATIONS. 307

Les pièces avec DIVVS AVGVSTVS, sont postérieures à Van 14 de J.-C.

TIBERE.

Les pièces de Lyon avec IMP. V. et IMP. VII. et AVGVST. F. sont antérieures à l’an 14 de J.-C. et postérieures à Van 4 de J.-C. (adoption de Tibére par Auguste).

Les pièces de Lyon avec DIVI FIL. AVGVSTVS sont posté- rieures à la mort d'Auguste (an 44 de J.-C).

AUGUSTE ET AGRIPPA.

La colonie de Nîmes est fondée en 28 av. J.-C.

Agrippa est mort en 42 av. J.-C.

Le monnayage aux deux têtes est donc antérieur à l'an 12 av. J.-C.

Les lettres P.P. ne peuvent signifier Pater Patriæ, mais bien Patroni, puisque Auguste n’a reçu le titre de Pater Patriz qu'en 4 av. J.-C.

AÂGRIPPA.

M. AGRIPPA. L. F. COS. III.

Agrippa a été consul pour la troisième fois en 728, avec Auguste pour la septième fois, c'est donc en 25 av. J.-C.

Donc ses monnaies sont frappées de 25 av. J.-C. à 12, année de sa mort.

CALIGULA.

Les pièces avec Vesta au revers portant TR. POT. sont forcément de l’an 37 de J.-C. TR. POT. ITER, de

308 MÉMOIRES

38 ou 39, TR. POT. Ill. de 40. TR. POT. IIIL. de 40 51. COS. HI. de 41, COS. Ill, de 40, COS. de 37 à 38.

GERMANICUS.

Les unes frappées sous Caligula de 37 a 44 de J.-C.

Celle avec SIGNIS RECEPTIS, DEVICTIS GERM. en 16 ou 47 sous Tibère.

Celles sous Claude sont de 41 de J.-C.

CLAUDE.

M.B. Ceres Augusta, 41 de J.-C.

M.B. Constantiæ Augusti, 41 de J.-C.

G.B. Ob civis servatos, 41 de J.-C.

M.B. Libertas Augusta, A1 de J.-C.

G.B. Nero Claudius Drusus, § arc de triomphe, Ai de J.-C.

G.B. Pallas, S.C. 44 de J.-C.

M.B.

G.B. Spes Augusta, 41 de J.-C.

Pas d’autres dates pour les pièces de cuivre.

Les dates postérieures ne se trouvent que sur l'or et sur l'argent.

Le Sénat après les émissions de la première année de règne n’en a donc plus ordonné. La plus récente est de 54 de J.-C. (Claude est mort en 54.)

Nous pouvons maintenant commencer nos recherches sur les contre-marques appliquées aux monnaies romaines.

ET DISSERTATIONS. 309

AVG. et IMP. AVG.

Cette contre-marque se rencontre, soit seule, soit répétée, soit accompagnée d'une autre contre-marque.

Il est évident à priori qu'elle n’a pu être appliquée que du vivant d’Octave Auguste. Pour tout autre que lui on n’eiit pas manqué d’ajouter à ce nom quelques lettres dis- tinctives.

Nous la trouvons isolée, sur des monnaies d’ Auguste ' frappées à Lyon. (Toulmouche, fouilles de la Vilaine, à Rennes).

Sur des piéces de la colonie de Nimes (Toulmouche).

Dans la trouvaille du gué de Saint-Léonard (prés Mayenne) elle s'est rencontrée sur un MB. d Auguste frappé à Lyon, avec la légende Caesar Pont. Max. :

Elle est écrite sur un MB. de Tibére Imp. VII, frappé à Lyon, sous la forme (ne 4).

M. Toulmouche l’a reneontrée redoublée sur un Auguste extrait de la Vilaine.

Je posséde les variétés suivantes dela contre-marque AVG isolée :

Sur un MB. d’Auguste de Lyon. Caesar Pont. Max. (n° 2).

Sur un GB. d’Auguste frappé à Lyon (Pater Patriae) (n° 3).

Sur un MB. d’Auguste, de Lyon, Caesar Pont. Max. (n° 4).

Sur un MB. d’Auguste, de Lyon, Caesar Pont. Max. (n° 5).

On le voit, cette contre-marque isolée ne se rencontre en général que sur les premières pièces d’Auguste frappées-à Lyon, de l’an 12 à l’an 4 av. J.-C.

Les formes (n° 4 et 3), me paraissent plus récentes que la forme (n° 2); elles se’trouvent sur un MB. de Ti-

310 MÉMOIRES

bère Imp. VII, frappé à Lyon, antérieur à l'an 44 de J.-C. et sur un GB. d’Auguste, sorti du même atelier, et de l'an 4 av. J.-C. à l'an 14 de J.-C.

La forme (n° 4) se complique de deux traits dont j Je ne saisis pas la signification.

Octave avait reçu du Sénat le nom d’Auguste en 27 av. J.-C. Les premières monnaies frappées à Lyon pour ce prince ne lui donnaient que le nom de César et le titre de Pontifex Maximus qu'il ne reçut qu’en l’an 12 av. J.-C. Ilest donc fort possible que, par ordre, ces monnaies aient été contre-marquées du nom officiel AVGustus, lorsqu'elles se représentaient dans l'atelier monétaire de Lyon, à partir d'un moment que nous ne saurions déterminer d'une ma- nière précise.

Passons maintenant aux groupes de contre-marques dans lesquels on voit celle dont nous nous occupons.

M. Toulmouche se contente de constater sur des mon- naies d’ Auguste, tirées dela Vilaine, les contre-marques (n°6) ou (n° 7), (n° 8) et (n° 46), accompagnant le (n° 2).

Le gué de Saint-Léonard, ne paraît pas avoir fourni de ces contre-marques accouplées ; du moins ne s'en trouve-t- il pas parmi celles qui ont été publiées.

J'en possède quatre variétés.

Avec 47, sur un MB. de Tibère frappé à Lyon, pro- venant de la collection Dassy. Impossible d’en lire limpé- ratorat ; au revers se voient Jes traces indéchiffrables d'une troisième contre-marque.

Avec 48, sur une pièce de Nimes, de la même col- lection.

Avec 9, sur un MB. d’Auguste (Caesar Pont. Max.) de la collection Dassy.

~~ ——<—— RS

ee

ET DISSERTATIONS. 341

Et enfin, avec 49, au revers d’un MB. de Tibére, Imp. VII, frappé a Lyon.

La contre-marque isolée AVG. (n° 2) se rencontrant fré- quemment, il y aurait tout lieu de croire qu'elle a eté ap- pliquée la première, pour la raison que j'ai suggérée plus haut.

La différence palpable de taille des lettres composant les contre-marques accouplées, prouve sans réplique, qu'elles ont été employées successivement et non simultanément.

Ne se pourrait-il pas que Tibère, dans ses expéditions militaires, eût imaginé soit par pure gloriole, soit pour fabriquer des sortes de monetz castrenses, ayant une valeur supérieure à la valeur courante, d'imprimer son nom TIB. ou son titre militaire IMP. sur un certain nombre de pièces usuelles? ces contre-marques, en ce cas, auraient pu donner aux monnaies ordinaires qui en étaient mu- nies une valeur fictive, comme cela a eu lieu aux époques relativement modernes, pour les monnaies obsidionales, ou de nécessité. Cette façon d'agir aurait pu déplaire en haut lieu, cela se conçoit, et dès lors ordre aurait été donné d'imprimer à l’aide d'une nouvelle contre-marque, le nom de l'empereur régnant, en conservant à la pièce sa valeur fictive, pendant la guerre, ou en la lui retirant par l'emploi seul de cette nouvelle empreinte, lorsque les néces- sités de la guerre avaient disparu.

A partir de l'an 16 jusqu'à l’an 8 avant J.-C., Tibère n’a cessé de commander, en différents pays de l'Europe, les armées romaines qu’il conduisit bien souvent à la vic- toire. Souvent aussi, le besoin d'argent, pour le service de la solde des troupes, a se faire sentir dans les camps, et dès lors il n’y a rien d'improbable à ce que I’Imperator, le

312 MEMOIRES

général en chef, ait cherché par un moyen aussi simple à se procurer le numéraire dont il avait besoin.

De l'an 5 à l'an 12 de J.-C., Tibère, qui avait quitté sa retraite de Rhodes, dirigea des guerres incessantes en Ger- manie, en Illyrie et en Pannonie; voilà donc sept années de plus pendant lesquelles les mêmes faits ont pu se reproduire.

En 44 de l'ère chrétienne, Auguste est mort; iln y a donc pas lieu de chercher dans les événements postérieurs à cette date fixe, ceux qui auraient pu nécessiter l'emploi de la contre-marque AVG.

Quant à la contre-marque (n° 9) qui accompagne une fois la contre-marque AVG., je n’éprouve aucun embarras à déclarer qu'elle reste lettre close pour moi.

Parmi les contre-marques que jemprunte au livre de M. Toulmouche, l’une porte le 46, si toutefois elle a été bien déchiffrée, ce dont je doute; elle doit se lire proba- blement : TIB. IM. ou IM., et rentre tout à fait dans la classe de celles que je viens d’exaininer.

Quant à la grande étoile (n° 8), je ne sais qu’en dire.

Reste enfin le monogramme (n° 7), dont la forme varie souvent; nous nous en occuperons plus tard; et je me bornerai pour le moment à dire que ce monogramme cache ou un nom de ville, ou un nom d'homme.

Il nous reste à examiner maintenant les contre-marques plus complètes sur lesquelles le nom AVG se complique du titre officiel IMP.

Énumérons-les :

(n°10). Ce monogramme s'est rencontré deux fois au gué de Saint-Léonard, sur des MB. d’ Auguste, à la légende Caesar Pont. Max.

D eee Le ET TT

ET DISSERTATIONS. 313

(n° 10). Y a paru une fois avec (n° 41) sur la même monnale.

Et une fois avec (n° 12), sur un MB. illisible d’un monétaire d’ Auguste. |

Le numéro 40 me semble comporter une nouvelle expli- cation. En effet la présence de la contre-marque IMP. AVG. employée sur une monnaie d’Auguste lui-même, ne peut guère se justifier qu'en admettant que l'application de cette contre-marque surhaussait conventionnellement la valeur de la monnaie qui la recevait. Nous avons donc Ia très-probablement une véritable monnaie de nécessité ou de guerre; une moneta castrensis. Il en est certainement de même d’une pièce que je possède et qui provient du cabinet du prince de San-Giorgio.

Ae C'est un monétaire d’ Auguste (gens Licinia) sur lequel la contre marque IMP. AVG. a été appliquée de chaque côté,

La pièce mentionnée en second lieu avec les contre-mar. ques n°’ 10 et 44 me paraît rentrer tout à fait dans la classe des pièces contre-marquées deux fois de AVG. et de TIB. Seulement Tibère y a pris le titre de Tiberius Caesar, et Au- guste celui d’ Imperator.

Quant à la variété offrant le monogramme (n° 12), celui-ci pourrait à la rigueur se lire CAES. pour Caesar ; nous y reviendrons. Contentons-nous pour le moment de constater que cette contre-marque (n° 42) s'est trouvée isolée au gué de Saint-Léonard six fois sur des MB. d Auguste, frappés à Lyon avec la légende Caesar. Pont. Max. ; une fois sur Je MB. d’un monétaire (gens Mæcilia) etenfin sur un MB. de Claude au revers de Pallas. Or comme cette dernière monnaie n'a été frappée qu'en l'an 44 de J.-C., la contre- marque en question est postérieure à Auguste et à Tibère,

314 MÉMOIRES

et n’a pu être employée au plus-tôt qu’à partir du règne de Claude. Je le repète ; nous y reviendrons plus tard.

Je possède, provenant du cabinet San-Giorgio, un monétaire d’Auguste (gens Salvia) offrant les deux contre- marques (n° 10) et (n° 47); la seconde y est évidemment d'application moins fraîche que la première, puisque celle- ci a empiété sur l'encadrement de l’autre. Cette fois encore nous devons nous en tenir à l'explication probable des doubles contre-marques d'Auguste et de Tibére.

M. Toulmouche nous a fait connaître une pièce d'Au- vuste portant les trois contre-marques (n° 50, 54 et 52).

Les deux premières doivent probablement se lire : INP. AVG. et TIB. AVG.

Quant à la troisième, les lettres CA peuvent sinterpréter - de bien des façons; comme CAstra, CAesar, Colonia Arau- sio, ou Arelate, etc. Il est donc plus prudent de s'abstenir. Remarquons que le nom de Tibère est accompagné cette lois du titre Augustus; dès lors forcément cette contre- marque n'a pu être employée que postérieurement à l'an 44 de J.-C., date de la mort d’Auguste, et par consé- quent la contre-marque INP. AVG, a précédé sur la pièce en question celle de Tibére.

Nous devons encore à M. Toulmouche la contre-marque 53 trouvée sur un MB. d’ Auguste extrait du lit de la Vi- laine, à Rennes. Il faut certainement la lire IMP. AVG.; elle appartient infailliblement à la classe des monetæ castrenses du règne d Auguste. Quant aux lettres CN, il est plus pru- dent de pas essayer d'en deviner le sens, car elles peuvent aussi bien recouvrir le nom d’un personnage tel que Caius Norbanus (qui fut préfet de Rome sous Jules-Cæsar), ou celui d’une colonie, comme Colonia Narbonna, que les mots Castrensis numus. Ne nous arrétons donc pas à des inter-

ET DISSERTATIONS. 315

prétations de ce genre, bonnes tout au plus pour le P. Hardouin.

Reste enfin une contre-marque publiée par M. Toulmouche et qui se présente sous la forme (n° 13); elle se trouve sur un MB. d’ Auguste; on serait tenté d'y trouver le nom d’un Forum Augusti; malheureusement il n’y a pas de Forum Augusti dans toute |’étendue de la Gaule. Quant à la lecture Filius AVgusti, ellene saurait étre admise, puis- que la bonne latinité exigerait AVF., en ne tenant méme pas compte de l'abréviation insolite AV. pour AVG.

Nous étudierons plus loin, sous la rubrique Imperator une contre-marque double publiée par M. Toulmouche et qui se présente sous la forme (n° 44) et (n° 48).

F. DE SAULCY.

(La suite au prochain cahier.)

316 MÉMOIRES

MÉDAILLON INÉDIT DE CONSTANTIN LE GRAND

Après la description des médailles impériales donnée par M. Henri Cohen, c’est un bonheur pour un numismatiste d’avoir à signaler une rareté qui a échappé aux recherches si patientes et si complètes de ]’éminent auteur. Aussi est- ce avec plaisir que nous allons décrire dans la Revue nu- mismatique un grand médaillon d’or de Constantin I“, inédit et unique jusqu'ici, dont nous avons fait l’acquisi- tion, il y a peu de temps.

Cette précieuse médaille, d’un travail remarquable, a été trouvée en Flandre ; elle a 32 millimètres de diamètre (module 9) et pèse 20 grammes 90 centigrammes (1). Elle

1 Le bel ouvrage de don Vincent Vazquez Queipo sur les poids des mon- naies antiques et les observations aussi savantes que judicienses de MM, Robert et Fr. Lenormant, insérées dans la Reoue numismatique (1866, p. 116 et 1867,

ET UISSERTATIONS. 917 porte une large bélière à trois bandes, soigneusement sou- dée. Voici la description de ce bijou : D.N. CONSTANTINVS MAXIMVS AVG. Buste Jauré à gauche de Constantin le Grand, avec une cuirasse en égide au centre de laquelle se voit le gorgonium ou tête de Méduse. L'empereur tient dans Ja main droite un globe surmonté d’une Victoire.

à. CRISPVS ET CONSTANTINVS NOBB. CAESS. COSS. IL. (4) Bustes laurés en regard des deux filsde Constantin I", Crispus et Constantin le Jeune, revétus de la toge. Les deux Césars tiennent chacun un sceptre terminé par un aigle, insigne des consuls. Le second porte un globe ou | une bulle sur la poitrine. A l’exergue on lit SIRM., indice de l'atelier de Sirmiun.

Comme on le voit par la légende du revers, ces deux priuces sont consuls pour la seconde fois, consules ile- rum. Notre médaillon ne peut donc avoir été frappé avant l’an 324, et il est très-probable qu'il l'aura été cette nnée même pour célébrer la procession consulaire des deux Césars dont le premier avait vingt et un ans et le second, cinq ans à peine. Sans doute cette médaille fut aussi des- tinée à consacrer le souvenir des victoires du grand empe-

p. 127), ont suffisamment prouvé que les médaillons sont des multiples exacts de la monnaie. Notre médaille vient encore confirmer cette règle; sa pesée donnant 205,90, le quart est de 58°,225. 1] est vrai que Ja moyenne du poids du premier aureus de Constantin le Grand est de 55°,314, ce qui semblerait établir une différence de 35 centigrammes. Mais si l’on considère que la bé- litre de notre médaille eompense à peine la perte de poids résultant d’un leng . usage, on verra facilement que notre médaillon est bien le quadruple de Paureus.

1 Si les jeunes consuls ne reçoivent pas ici le titre de Domini nostri que Jeur donnent les inscriptions et plusieurs de leurs monnaies, c'est à cause de ia présence, au droit, de leur père, le Dominus noster par excellence en qua- lité d’ Auguste. .

1869. 5. 22

313 MÉMOIRES

renr et de celle que son fils Constantin avait remportée sur les Francs, l'année précédente.

La bélière'et la faible conservation de notre médaillon disent assez qu'il a été porté longtemps comme ornement: peut-être a-t-il servi de décoration.

On connaissait déjà cinq médailles représentant Cons- tantin le Grand et ses fils Crispus et Constantin le Jeune; elles ont été décrites soit par Mionnet (De la rareté et du prix des médailles romaines, t. II, p. 229}, soit par Meynaerts (Revue de la numismafique belge, t. I, p: 334), ou par M. H. Cohen (Description historique, t. VI, p. 229). Ces médailles qui comprennent deux petits médaillons d'or, un aureus, un denier et un moyen bronze, diffèrent sous beaucoup de rapports de notre curieux et intéressant mé- daillon qui n’en reste pas moins une nouveauté numisma- tique d’an haut intérêt:

DANCOISNE.

ET DISSERTATIONS. 519

ESSAI SUR L'HISTOIRE MONÉTAIRE

DES COMTES DE FLANDRE DE LA MAISON D’AUTRICHE

f

ET CLASSEMENT DE LEURS MONNAIES. | (1482 1556.)

(Véir plas haut, p. 86 et 243.)

nee

La réduction considérable dans, le taux des monañies |

résultant de l'ordonnance précédente et de l'instruction qui la suivit, devait amener une perturbation dans le payement des rentes et des dettes contractées sous l'em- pire des précédentes évaluations. Aussi une partie de la- dite ordonnance est consacrée aux prescriptions relatives à cet article. Ce n’est certes.pas une des phases les moins curieuses d’une histoire monétaire que cette nécessité l’on se trouvait de prescrire par voie d'ordonnances les

rapports.entre les débiteurs et les créanciers, et d’'inter-

venir à chaque instant, pour ainsi dire, dans les transac- tions commerciales. C'était une conséquence forcée de Ja

variation incessante de la valeur des monnaies, digne dat: .

tirer l'attention de l’historien et de l'économiste. C’est & ce

titre que je transcris textuellemeat ce passage : « Tiem;- « est ordonné que toutes manières de debtes, faictés et ="

« contractées auparavant lentrée de ceste ordonnance, à « cause des deniers prestéz ou de vendicion de denrées,

320 | MÉMOIRES

« marchandises, terres, héritaiges, louaiges de maisons, « arriéraiges de rentes et autres semblables, dont les ter- a mes de payement sont escheuz ou eschéront avant len- « trée de ceste ordonnance, se payeront et remboursæroni «en la maniere que sensicult, assavoir : celles dont les « payements sont escheuz avant le jour Saint Jehan, quatre « vings et sept, se payeront en florins de vingt patars « pièce de la nouvelle inonnoie qui sera forgée par ces- « dites ordonnances. Item, les debtes desquelles les paye- « mens sont écheuz depuis ledit jour Saint Jehan mir™vit « jusques au Noël ensievant audit an, se payeront esdits « florins dor au pris de vi solz gros monnoie de Flandres u pièce. Item, celles dont les payemens sont escheuz de- « puis le Noël 1111°* et sept jusques à la Saint Jehan quatre « vings huit se payeront esdis florins au pris de sept solz u gros dite monnoie pièce. Item, celles qui sont escheues « depuis ledit jour de Saint Jehan ini™vin jusques au Noël « ensievant audit se payeront esdis florins au pris de « huit solz gros monnvie que dessus pièce. hem, cehés qui ~ « sont escheues depuis ledit jour de Noël ‘ir huit jasques «A la Saint Jehan mi" neuf se payeront esdis florins au « pris de neuf solz gros pièce. Item, et celles qui sont es- « cheues depuis ledit jour Saint Jehan inv neuf jusques « au jour de ceste dite ordonnance, se payeront esdiis « florins au pris de dix solz gros dicte monnoie pièce ; « saulf toutes fois que se és lieux ou ledit florin dor naura « point eu cours pour lesdis dix solz gros durant ce dit « darrain demy an, se payeront Iesdites’ debtes es- « cheues en icellui demy an seullement selon et à tel pris « que lit florin dor aura eu cours ‘esdits lieux et | u saulf’ aussi que se les obligations et convenances des- « dites débies estoient autrement faictes, lon entretiendroit

de ee pe Rs mm eee ee ee

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«

ET DISSERTATIONS, 321 les formes dicelles obligations et convenances touchant leadis payemenset sront tenus de ce faire les debteurs. Iiem' on cas que: lesdites debtes. escheues depuis: ladit

« jour saint Jehan ini'vi ne sont: payées en dedans le

«

à

terne dun mois après la publication de ces ordomiances, les debteurs seront tenus après ledit terme dun mois expiré, payer icelles debtes au pris de ladite nouxelle monnoie, Îlem se pareidevant aucunes terres, maisobs, héritaiges, préz, bois, mourez, dismes ou autres sem- blables biens, ont été bailliés à ferme ou admodiacian à livres, solz et deniers, dont les arriéraiges ou- partie diceulx escheirent avant le jour de Saint Jean ir et sept sont encoires a présent deubz par les censiers fer-

Mers en admodiateurs, seront tenus de payer les-

dis arriéraiges escheus et deubz comme dit est, en flerin. dor dudit pris de vingt patiars de ‘Ja nouvelle mon- noie ou aultre monnoie ayant cours par ladite ordonnance, - à la valeur dudit floria dor. Et quant aux arriéraiges diceulx biens qui sont deubs et escheus depuis ledit jour Saint Jean un" sept jusques au jour de ceste publication il en sera fait comme des debtes contenues és articles

« précédens. Et au regard des fruiz prouffis et émolumens « desdites terres, maisons, héritaiges, prez, bois, mourez,

: dismes et: autres semblables biens, qui sont à présent, ct

seront cy après bailliés à ferme ou admodiacion à: la manière dicte, dont le terme de payement eschera aprés ladicte. entrée et publication de ces présentes ordon- nances, lesdis debteurs, fermiers, censters.ou admodia-

« teurs seront tenus de payer lesdites fepnies ou admodia-

cion desdis termes advenir, esdis florins de vingt pattars de la nouvelle monnot pièce ou en aultre monnoie ayant cours par icelle ordonnance, à Ja valleur dudit florin

322 MÉMOIRES

« dor. Item que a lentrée de ceste ordonnance, toutes les « rentes héritables et viaigières qui ont esié vendues à « levre de gros moanoie de Flandres, devant le Saint Jehan « Livni se payeront en cours à livre de gros assavoir : « six florins dor tels quils serent forgiez par ceste ordon- « nance; et sil advenoit que cy apres lon en vaulsit aucane « rachatter, lon payera pour chacune livre de gros six « florins dor, et se cestoient aucunes rentes sur maisons ou « corps de villes, ow personnes particulières qui fussent - a Chargées à livres de quarante gros, lon payera pour le « cours de ladite rente de quarante gros la Livre, wng flo- « rin dor: et aussy se aucunes rentes estoient vendnes « comme dessus à livres parisis dite monnoie, pour la « livre lon sera tenu de payer demy -fforia dor pour le « cours de la rente de chacune livre parists et aussy de « toutes autres rentes à l'avenant. Hem que toutes les « rentes héritables et viaigères qui sont vendues :au pays « de Hollande Mellande et Frise à Guillermus dor se « payeront decy er avant pour chacun Guillermus ung « florin dor ow vingt pattars de la nouvelle monnoie pour « ce qu'il est dit par ceste ordonnance que ledit Guillermus « aura plus cours. J{em des rachas de toutes manières de « rentes lesquelles ont esté vendues depuis le jour de Saint « Jehan mus” et sept et que par comvenanches lon peut « rachetter, payera lon en telle mennoie, comme furent « achetées.lesdites rentes ou la valeur en aultre monnaie, ayant cours par ceste ordonnance; Item-et au regard dur « cours desdites rentes pour le temps advenir, après la -«. publication desdites ordonnances, ees se payeront de « telz deniers qui auront cours par ceste dicte ordonnance, «’ meismement est à entendre que les rentes achetées à denier dor, se payeront' à telz denieys dor. comme le.

ET DISSERTATIONS. 323

« contiennent les lettres desdits achats, ou en aultres « deniers à la valeur et selon icelle ordonnance, Item et « au regard des payemens des termes advenir après la- « dite publicatien, deubz pour raison de marchandise, « deniers empruntés, deniers de change, deniers promis et «. aulires choses semblables, ilz se payeront. à florin dor « ou la valeur en autres deniers dor et dargent au pris « qu'il avoit cours au jour de da vendicion desdites mar-. « chandises, pretz fais, que lesdis deniers de change « furent bailliés et que les promesses -desdis deniers pro- « mis furent faictes, saulf toutefois que se par aucunes « lettres et convenances bailliés, i} estoit autrement dit et « traicüé; en ce cas lon sera tenu de payer selon la teneur « desdites lettres et convenances '.,... ».

1 L’ordonnance du 14 décembre 1489 contient encore diverses prencrip-. tions relatives tant aux orfévres qu'aux changeurs, et quelques autres que voici, concernant spécialement la fabrication des monvaies. oo

Les maîtres particuliers, avant de commencer à travailler, donneront cau- tion et recevront des maîtres généraux le patron du marc; et, en rendant les boîtes, jureront qu'ils n’ont rien délivré, si ce n’est conformément à ce patron. |

Les boîtes seront fermées à trois clefs qui seront gardées dans la chambre des comptes. Elles seront ouvertes une fois l’an, en présence du maître gé- néral de toutes les monnaies, de celui des monnaies du pays, et de crux des villes Pon fera la monnaie.

Le maître particulier a droit à un grain de remède ; s’il prend deux grains, il payera quatre grains d'amende; s'il prend trois grains, il sera ‘puni par la justice du chaudron. Il aura droit à un esterlin en poids par marc d'œuvre de remède sur les grands deniers d'argent, et sur les petits à proportion. S'il prend deux esterlins, il en payera quatre d'amende; s’il en prend trois, il sera puni par la justice du chaudron. Sur les deniers d'or, il y aura un demi-esterlin de telérance; s’il prend un esterlin, il sera à l'amende de deux esterlius; et pour un esterlin et demi, ce sera par la justice du chaudron. _ 2

Les gardes peseront les florins et autres deniers par trois mares, et chacun éselément, de manière à s'assurer que chacun ue dépasse pas le remède

524 MÉMOIRES Gand n'avait pas adhéré à Ja paix de Plessis-lés-Tours, signée le $0 octobre 1489, et continuait à se tenir en hos-

tilité contre Je roi des Romains, malgré les efforts qu'avait faits le comte de Nassau, lieutenant de Maximilien, pour

calmer les révoltés. Cependant, comme Ia résistance venait’

surtout du désir d'échapper aux conditions humiliantes et onéreuses que contenait ce traîté, et que l’on pouvait espé- rer voir le prince revenir à des sentiments plus bienveil- Jants, il est à présumer que les Gantois s’abstinremt, à par- tir de 1490, de continuer à user de l'octroi que le roi de France leur avait fait, et qu’ils n’émirent aucune monnaie pendant le courant de cette année. Du moins if ne nous er

est parveñu aucune. Mais iln’enest pas de même de l’année 4491. Le 11 juin. Gand se déclare de nouveau en révolte

ouverte, et le fameux doyen des métiers, Jean Copenholle,

prescrit. Les deniers trop fuibles seront coupés et refundus, l'ouvrier perdra son salaire, payera dix florins d'amende, et ne pourra travailler dans aucune monuaie jusqu'a ce qu'il uit corrigé son ouvrage.

Un ooutre-garde sera nommé par ceux de /a loi des villes se fuit la mon- raie, qui certifiera que les deniers sont conformes aux ordonnances,

Le garde et le contre-garde assisteront à Ja délivrance du hillon. |

Tovs les officiers des monnaies ne seront reçus qu'après examen passé de- vant le maltre général de toutes les monnaies.

Défense de recevoir et fuire circuler des monnaies n'ayant pas le poids. A cet effet, dans chaque ville, on nommera denx ou trois personnes au plus, payées par la ville, chargées de peser les deniers qu'on lenr présentera, sans pouvoir en vendre ni en acheter. Quand elles en trouveront de trop légers, elles Jes rendront à leur possesseur, en le prévenunt dela faute qui s’y trouve. Pour satisfaire aux besoins de cette charge, ils feront faire des petits bicquets garnis des poids du lion, du ridder, du florin, et autres, pour que chacun puisse s'assurer si les deniers d’or ont le poids voulu.

Jusqu'au 1‘ mars 1490, les deniers désignés à la présente ordonnance pourront avoir cours pour les prix fixés, et pourvu qu'ils soient beaux et non soudés. Passé cette époque, on ne sera plus tenu de les recevoir, mnis ceux qui voudront le faire le potrront jusqu'à Pâques. sans contravention. Après cette époque, on ne les considérern que eomme billon.

em Ce eee eee on ae -

ET DISSERTATIONS. 325 est mis à la tête, comme capitaine de la ville. Pendant cette nouvelle levée de boucliers qui dura jusqu'au 20 juil- let 1492, nous voyons par. deux patards portant la date de 1491, et le nom de la ‘ville de Gand, que le magistrat de cette ville fit de nouveau travailler dans l'atelier monétaire, conformément à l'octroi qui lui avait été fait. Bien que cette division. seule nous soit parvenue; il est vraisem- blable ‘qu'elle était accompagnée de toutes les autres pièces du même système, telles que double -patard, gros, pièces de 12, 6 et A mites, etc., etc. L'absence de l'instruc- tion monétaire qui dut-étre alors délivrée au maître parti-, culier, et que je n’ai pu retrouver, m’empéche d'aflirmer l'exactitude de cette hypothèse.

La révolte s'était étendue beaucoup moins que la pre- mière fois, grâce aux efforts des lieutenants de Maximilien. Peu de villes avaient fait cause commune avec Gand. Bru- ges était rentrée dans l’obéissance, dans le courant de dé-. cembre 1490. Aussi le roi des Romains put-il, sams attendre la réduction de Gand, convoquer,. vers la fin de 41491, les États généraux non-seulement de la Flandre, mais aussi du Brabant et des autres pays, qui se réunirent dans la ville de Malines. Cette assemblée s'occupa des monnaies, et trouvant peut-être que la réduction fixée par l'ordon- nance du 14 décembre 4489 était exagérée, vu les circon- stances, elle demanda que le florin d'or à Ja croix de Saint-. André fat évalué à 24 patards, au lieu de 20, et les autres monnaies à l'avenant. Maximilien s’empressa de se rendre au désir qui lui était manifesté, et rendit en conséquence une ordonnance à la date du 4" avril 4494, avant Pâques . (1492), * dans laquelle, après avoir désigné les monnaies

* C’est par le préambule de l'ordonnauce que nous avons appris ce qui précede.

$26 MÉMOIRES

nouvelles dont ja Fabrication était endennce, i rappelle ies monnaies tat d'er que dengent dent le cours était toléré. Parmi celles-ci nous trouvons le patart forgié à Gand di Coppenolle évalué deux gros et ung gigot. Ce fait dit assez que Maximilien reconnaissait que les Gantoig avaient agi légalement, lorsqu'ils avaient émis cette monpaie en vertu d'une autorisation régulière du suzerain ’, sans quoi nul doute qu'il n'eût relégué cesdites monnaies parmi celles classées comme billon *.

Les monnaies nouvelles indiquées dans l’ordennance précitée, devaient être aux types adoptés en 1474, par: Charles le Téméraire, et suivis en grande partie par sa fille. Leurs désignations n'étaient que la reproduction de celles contenues dans une instruction antérieure en date du 24 mars 4491 (v. st.), et dont voici les extraits, en ce qui con- cerne les monnaies d'argent, les conditions pour la fabri- cation du florin d'or, seule pièce de ce métal qui y figure, étant les mêmes que précédemment , et n'y ayant que la valeur qui soit changée, étant portée à 24 patards.

« Îiem le maistre fera forgier le double pattart à deux

* $1 faut rapporter au même motif Je pardon qui fat accordé par le traité de Casant aux ouvriers qui avaient travaillé à la fabrication des monnaies gan- toises, ainsi que le mentionne l’article suivant de ce traité :

« Les francz monnoïieurs, quy, durant les divisions ont furgé à Gand sans « le congé et ordonnance du prince, demenrerout en leurs fran@ses et « libertéz, et leur sera le fait pardonné. » (V. J. Rouyer, op, cit, Recue numism,, année 1849, p. 139.)

2 La hnusse des monnaies nécessitait de nouve'les prescriptions pour le piyement des dettes ou des rentes de toute espèce. Maximilien ne manque pas à cette obligation. Il décide qu'à partir du jour de Ja publication de l'or- donnance de 1489 jusqu'au jour de l'apparition de la nouvelle, les dettes, rentes, etc., seront payées suivant l'énumération fixéc à l'ordonnance de 1489, et que, à partir de la publication de celle de 1491, l’on règlera au taux indiqué pour les monnaies par cette dernicre,

ET DISSERTATIONS. 327

« lyons & dix deniers argent le Roy et de sept solz en taille « au marc deuvre qui. aura cours pour quatre gros au « reméde d'un grain en alloy et d'un diceulz deniers en « poix sur chascun marc deuvréd, lequel il fera ouvrer bel « et ront et tailler de bon pois, assavoir que le plus foible « sera taillié à ung aëskin près du droit, et le plus fort «à ung aeskin plus fort que le droit, au remède de quatre « fors et quatre foibles et non plus. »

a Item ledit maistre fera forgier ung autre denier blanc « à ung lyon, qui aura cours pour deux gros à cincq deniers | « argent le Roy, et de sept solz ung denier de taille au « marc deuvre, au remède don grain en alloy et dun « demy diceulx deniers en poix sur chascun marc deuvre, « lequel denier il fera ouvrer bel et rond et taillier de bon « poix, assavoir, le plus foible sera taillié à ung aeskin près « da droit, et le plus fort à ung aeskin plus fort que le « droit, au remède de cincq fora et de ened foibles et non a plus, »

« Item, ledit maistre fera forgier encores ung autre de- « nier blanc à ung demy lyon à quatre deniers argent le a Roy et de x1.s. v.d. de taille au marek qui aura cours pour « ung gros, au remède dung grain en alloy et de deux « diceulx deniers en poix stir chascun marc deuvre; lequel « denier il fera ouvrer bel et ront ét taillier de bon poix, « assavoir : que le plus foible sera taillié à ung deuskin ‘« près du droit, et le plus fort sera taillié à ung deuskin ‘« plus fort que le droit, au reméde de six fors et six foibles « qui pourront estre plus foibles lesdicts six foibles ung « ferlin et demy, et lesdicts six fors un ferlin et demy __« Sans autre remède. »

Cette instruction ne tarda pas à être modifiée par une autre rendue le 48 juillet 4492, La nouvelle comprenait

328 MÉMOIRES

un changement apporté dans l'intérêt du maître particu- lier, et ordonnait en même temps la fabrication des divi- sions monétaires inférieures au gros qui n étaient pas pré- vues dans la précédente. La transcription qui est donnée ci-dessous, apprendra mieux que toute autre chose le motif (qui a amené le prince à consentir à Jadite modification.

« Pour pdurveoir aux doléances que nous a fait le maistre particulier de ladicte monnoie de Flandres, en remonstrant quil ne lui est bonnement possible de forgier le denicr de gros selon le brassaige qui leur est tauxé par sa derrenière instruction, pour ce que son sallaire est trop petit, toutesfois leurs charges et. despences sont beaucoup ples grandes en toutes choses que par cidevani nont esté, et aussi les matières tant cuyvre, charbon, wynsien (tartre) etautres plusieurs choses servant ou faict de la monnoye, ces choses considérées, avons pour le bien du Roy et de Mons’. lArchiduc et de la marchandise; et affin que les marchans puissent mieulx faire payemens les ungs avec les autres et que chascun soit mieulx sorty desdis deniers, consenty et accordé audit maistre que dycy en avant il forgera les deniers de gros à sui. d. de loy argent le roy et de x1. s. v. d. de taille. au marc de Troyes, ainsi que sadicte instruction le contient, au remède de deux grains en aloy et de deux diceulx deniers « en poix sur chacun marc deuvre. Et pour subvenir aux « charges quil a de crue en ladicte monnoie, ledit maistre « aura et prendcra à son prouflit ung diceulx grains de « remède sur chacun marc deuvre à celle fin, afin qui! . « puisse faire-forgier lesdits deniers pour le bien de la chose publicque. » « Item ledit maistre fera forgier ung denier blanc nommé « demy gros a- trois deniers de loy argent le roy, et

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ET’ DISSERTATIONS, . 829 xvii. s. x. d: de taille ou marc de Troyes, au remède de deux grains en aloy et de huit diceulx deniers en poix sur chascun marc deuvre, lesquelz deniers il fera oavrer

‘beaux et ronds et taillier de bon poix. Et devra ledit -maistre aux marchans de chascun marc dudit argent le

FOY: XXXII‘ 8:11. d. gros. »

«a? Jiem ledit maistre fera forgier ung denier blanc nom-

quart de gros à deux deniers le roy et de Xxif!. s. x. (I, de tailleau marc de Troyes, au remède de deux grains

en aloy et de dix diceulx deniers en poix sur chascun

marc dœuvre; lesquelz deniers il fera ouvrer beaux et ronds et taillier de bon poix..... » |

« Item lédit maistre fera ouvrer ung denier noi nommé courte à huit grains de loy et de xvirt. s. de taille au

« mare de Troyes, au remède dun grain en alloy et de

“huit diceulx deniers en poix sur chascun marc deuvre... »

« Hem ledit maistre fera forgier ung autre denier noir nommé mitte à six grains de loy argent le Roy, et

‘de xxx s. de taille au marc de Troyes, au remède dun

grain en alloy et de xm diceulx deniers e en » poix sur chas- cun marc deuvre... » Le prix à payer aux marchands par marc d'argent le roy

était le même que pour le: densi-gros, trente deux sous

‘! trois deniers gros.’

‘Peu de temps après cette dernière instruction, nous trou-

--vens dans les registres de la chambre de Lille une autre . datée du 12- octobre 4492, qui contient de notables diffé-

rences avec léBprécédentes; non-seulement dans l'aloi, mais aussi dung l’évaluation de Ia valeur des monnaies, no-

tamment pour le florin. On en jugera par les extraits que

. jen donne ci -après.

« Premiers est ordonné par. le roy nostredit sire, estre fait

$30 MÉMOIRES

« wng denier dur, de dixhuit quarats et demy or fin,

« qui sera alloyé de trois quarats et demy argent fin et de

« deux quarats de cuivre, et de six solz trois deniers en

« taille au marc de Troyes, qui aura cours pour trois solz

« six deniers de gros monnoie de Flandres, au remède dun

« grain en alloy et dun demy estrelin en poix sur le marc

« deuvre; lesqnels deniers il fera ouvrer beaulx et ronds

« ct de bon recours, au remède de trois furs et de trois

« foibles; cest assavoir que le plus fort pesera à ung ase- « kia plus fort que Je droit et le plus foible a ung asekin « près le droit sans quelque autre remède de fors ne de « foibles, dont la traicte dor fin sera quatre vings dix-sept « livres cinq solz uoze deniers huit mittes et une quart « large dempirance. »

Les marchands recevaient pour le marc d'or fin 94 livres et demie d'empirance ', et par marc d'aloi six livres. Le droit de seigneurage est établi à dix sols gros par marc; le surplus demeurant au maître particulier pour son tra- vail « ainsi quil se fait es monnoies des électeurs de lempire. »

« Item ledit maistre particulier fera ouvrer ung denier « dargent de dix deniers argent le roy et de sept solz ung « denier au marc de Troyes, qui aura cours pour quatre « gros monnoie de Flandres, au remède d'un grain en alloy « et dun estrelin en poix sur le marc deuvre lesquelz « deniers il fera faire beaulx et ronds et de bon recours, « au remède de trois fors et de trois foibles, cest assavoir « que le plus fort sera a ung quart de fephin plus fort que . « le droit, et le plus foible aung quart de ferlin près du .

1 Le mot empirance est employé ici avec sa véritable signification, car il y a

à la fois, pour le florin et le double patard, diminution du titre et du poids, et augmentation de valeur, da moins en ce qui concerne Ia monnaie d’or.

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ET DISSERTATIONS, 331 é droit, sans quelconque autre reméde de fors nede foibles, « de quoy lou donnera aux marchans pour chacun marc « argent le roy, trente deux 8oh ‘trois deniers pros. Le « Roy aura pour son droit de seignourage de .cliascun « arc argent le roy, douze gros monnoie dite, et la reste « demourra audit maistre particulier pour son ouvrage et a brassaige. »

« Item ledit maistre particulier fera ouvrer ung aaltre « denier de cincq deniers argent le roy et de sept solz ung « denier au mare de Troyes. comme lon fait présentement « qui aura cours pour deux gros monnoie de Flandtes la « piècé au remède dun grain en alloy et dun estrelin « en poix sur le marc deuvre; lesquelz deniers il fera « ouvrer beaulx et ronds et bons recours, au rembde de « trois fors et trois foibles sur le marc deuvre; cest assavoir « que le plus fort pesera ung quart de ferlin plus que: le « droit, et le plas foible ung quart de ferlin près du droit, « sang quélconque autre remède de fors. ne de foibles; de « quoy lon donnera aux marchans et changears de cba- « cum marc argent le roy tenant huit deniers et en dessoubz, « trente ung solz unze deniers gros. Le Roy aura pour - « chascun marc argent le roy douse deniers gros ét : la « reste denjourra audit maistre particulier pour son ou- a vrâige et brassaige. » .

ll n’y a pas de conditions particulières pour les gres et les monnaies divisionnaires inférieures ‘au gros. Il est dit seulemetit : « Item et touchant les groz, demi-proz, quart « de proz et autre noire monnoie se fera par les généraux

1 Cette instruction est délivrée à Cornille van Halle, maître particulier de ja monnaie de Flandre, pour fabriquer dans l'atelier de Bruges, tant qu'il plaira au roi des Romains à commencer à la première délivranee.

33° MÉMOIRFTS

« à lavenant de cr présent pied en chacun pois selon sa « nature et condicion. »

Cette instroction fut-elie exécutée ? Cela est douteux : toujours est-il que je ne trouve pas dans les comptes des maitres particuliers, l'indication des monnaies dont il y eat fait mention. Le nom du maitre Cornille Van Halle ne figure pas non plus dans ces comptes qui sont rendus par Mabieu de Tolly. Aussi suis-je obligé de ne voir dans ce fait qu'une tentative malheureuse de Maximilien à la- quelle il fut obligé de renoncer immédiatement.

feu de temps avant la date de l'instruction précédente le roi des Romains, gracc à son lieutenant le comte de Nas- sau, avait enfin obtenu lacapitulation de l'Écluse que déte- nait Philippe de Clèves. Ce seigneur, après la soumission des Gantois, avait soutenu à lui seul pendant deux mois les efor:s des armées de Maximilien. A l'imitation des. bour- geois de Gand, pour la cause desquels il combattait, le sire de Ravenstein, pour payer ses soldats, fit forger des mon- naies avec sa vaisselle. Ainsi qu'on devait s'y attendre, ces monnaies sont émises au pom de Philippe le Beau et por- tent l'indication du lieu elles ont été faites'. Je n’ai pu retrouyer aucun détail relatif à leur fabrication.

Maximilien se trouvait enfin en paisible possession du titre qu'il avait tant ambitionné, de mainbour de son fils, et reconnu comme tel par tous ses États. Il pouvait donc continuer comme il l'avait déjà fait, à mettre son nom sur la monnaie en même temps que celui de Philippe le Beau ; mais il semble qu'il avait reconnu qu'il ne pouvait plus y figurer au même titre; car ce n’était plus sous le nom de

1 Pontus Heuteius accuse à faux le sire de Ravensiein d’avoir nis sur ces pièces son effig'e et ses armes (Opera historica omnia, lib. IV, eap. IX).

ET DISSERTATIONS. 333

monnaie des archidues qu’il émettait son numéraire, mais bien au nom de son fils, en inscrivant seulement de l’autre côté le sien accompagné de la qualification de père de l’archiduc Philippe. Il me semble qu'il y a une nuance que n’ont pas assez remarquée les auteurs qui ont écrit avant moi, et que Maximilien avait cru devoir observer pour ne plus froisser la.juste susceptibilité de ses sujets *.

Quoi qu'ilen soit, la fin de cette période paraît s'être écoulée assez paisiblement, même au point de vue moné- taire,.car nous ne voyons pas apparaître d'ordonnances prescrivant la fabrication de nouvelles monnaies depuis celle de 1492 (n. st.), rappelée ci-dessus, jusqu'à la procla- mation de Philippe le Beau comme comte de Flandre le 26 décembre 1494°. Cependant une instruction du 26 no- vembre 1493 modifie la taille et l’aloi des divisions moné- taires inférieures au gros et du gros lui-même. Voici en quoi consistent ces modifications, renseignées également par le compte du maître particulier à cette date. Le gros sera à trois deniers douze grains de loi argent le roi, et de 14's, 5 d. de taille au marc. Le demi-gros est à deux deniers seize grains de loi argent le roi, et de 17. s. 8d. de taille au marc. Le quart de gros sera à un denier dix-huit grains deloi argent le roi et de 24 sous de taille au marc. Enfin la courte ou double mite devait être à huit

1 M. C. A, Serrure avait déjà fait la même observation, op. cit.

2 Cette période est fréquente en changements de maître particuliers de la monnaie de Flandre. L’instruction du 12 octobre 1492 était délivrée à Cor- nille van Halle. Le 15 janvier suivant, Hermann Cobbe, fils de Hans Cobbe, est nommé maître particulier à la place de Cornille van Halle, qui s’en était déporté de son plein gré. Et je 21 avril 1494, Mathieu de Tilly prête serment en cette dite qualité en remplacement d’Hermann Cobbe qui avait résigné sa charge. Peut être le métier était-il devenu peu lucratif par suite des réduc- tions que le prince avait été obligé de faire et des exigences des Flamands,

1869. 5. 23

$34 MEMOIRES

grains de loi argent le roi, et de 19 sous de taille au marc. En faisant la comparaison avec l'instruction du 28 juil- let 1492, on verra facilement en quoi consistent les différences.

Mentionnons aussi une ordonnance du 2 novembre 1493, fixant le taux des monnaies ayant cours en Flandre. Elle consacre une nouvelle hausse. Ainsi, pour citer deux exem- ples, le florin à Ja croix de Saint-André est évalué à 64 gros au lieu de 48 porté dans l'ordonnance de 1492. Le grand réal d'Autriche 28 s, de gros au lieu de 24. Parmi les monnaies d'argent, les doubles patards émis pour 4 gros, sont estimés 5 gros; les doubles griffons sont même portés à 5 gros 6 mites, les simples et les quarts à l’avenant. Mais l'ordonnance ajoute que «ales groz qui à présent sont « forgiez, les demi-gros et autres moindres deniers, demour- « ront et auront cours au meisme pris qu'ils valent pré- « sentement. » C'est probablement pour cela que fut ren- due l'instrucfion du 26 novembre dont nous venons de parler. Une autre remarque à faire, c’estque nous trouvons mentionnés parmi les monnaies ayant cours le florin de Gand à l'image Suint-Jehan évalué 4 sous de gros, et les Coppenolles, c'est-à-dire les doubles patards fabriqués à Gand en 1488, dont il a été question ci-dessus ; nouvelle preuve de l'apaisement des esprits.

(Sera continué.) Louis DESCHAMPS DE Pas.

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ET DISSERTATIONS. 335

MONNAIE INEDITE DE SARUKHAN

ÉMIR D'IONIE

frappée à Éphèse (1299-1346).

Lorsque Genghizkhan détruisit le royaume de Kha- risme, plusieurs émirs Kharismiens réfugiés en Syrie rui- nèrent et ravagèrent toutes les villes de cette contrée, en servant comme mercenaires, tantôt sous les ordres d’un prince, tantôt sous les drapeaux d’un satrape plus libéral, contre le prince qui jusqu'alors les salariait. Ces terribles envahisseurs, qui portaient avec eux la terreur et la ruine, faisaient une guerre acharnée méme aux Latins de Pales- tine et aux princes, leurs coreligionnaires de Damas, @Halep, d’'Iconium, de Moussoul, d'Édesse et d'Égypte. Mais enfin tous ces princes ayant formé une alliance, tombérent sur ces ravageurs qui, dans un combat acharné livré dans les environs de Gaza (1246), furent écrasés. Ceux qui se sauvèrent furent dispersés çà et là. Parmi ces

336 MEMOIRES

émirs Kharismiens, se distinguait Sarukhan, aïeul de son homonyme, émir de Magnésie, dont il s’agit ici '.

Lors de la destruction du grand empire Seldjoukide d’Iconium par les Mongols et la mort de son dernier prince Alaeddin III (1299), les Kharismiens, descendus des mon- tagnes avec d'autres Turcomans, occupèrent ses vastes possessions et fondèrent dix principautés indépendantes, dont les plus renommées étaient celles de Karaman et de Sarukhan*.

Il existe diverses opinions et contradictions sur l’état du Sarukhan dans les chroniqueurs byzantins. Selon Grégoras et Chalcondile, un autre prince, nommé Sisan, étant ar- rivé en même temps que Sarukhan, occupa les contrées situées autour de Magnésie, de Priène et d’Ephése *. Mais, selon Pachymère, ce Sisan ou Sasan, étant gendre et sujet de Mantescha, prince de Phrygie (Karamanie), se révolta, forma une armée à lui, et occupa les châteaux forts de Thyrée et d’Ephése en l’année 1308 *, c’est-à-dire quel- ques années après le partage des contrées de l’État d’Ico- nium entre Sarukhan et les autres princes. Mais l'occupa- tion de Magnésie et d’Ephése par Sisan fut, à ce qu'il paraît, momentanée, parce que le contemporain arabe Shehab-Eddin, racontant l'établissement de ces principau-. tés, ne mentionne pas Sisan comme occupant ces contrées ; il dit, au contraire, que Sarukhan régnait en Kas-Kerdik

1 Deguignes, Histoire des Huns, t. III, p. 61, 63, 287, ett. V, p. 112.

2 Katécyov odv 6 piv Kapudvos Aooûpros tk mAclo tH pesoyelou Pouylac xat Et ca péypt Prrasergelac xal tiv Éyyiota mavewy and the mept Malavdpov tov novapdv “Avtioyelacs tk Ceyeldev péype Dpupvng xal civ vrèc mapadtov ci ’Iwvlas Étepos ôvoua Lapydvyc. Pachymère, t. II, p. 589, édit. de Bonn.

* Nicéphore Grégoras, I, p. 214, édit. Bonn, Chalcondile, p. 15 et 66.

* Loc. cit.

ET DISSERTATIONS. 337

(Magnésie), et décrit un peu plus loin, d’une manière plus détaillée, cette principauté qui, ayant pour capitale la ville homonyme, était bornée du côté de la mer par Mitylène, au nord-ouest par la principauté de Jakschi, au sud par Tinghislou, et comptait quinze villes, vingt châteaux forts et une armée de dix mille cavaliers formés à la guerre. En mème temps, le frère de Sarukhan, Ali-Pacha, gouvernait Nicée *. |

Sarukhan, ayant accru sa puissance par ses fréquentes guerres, imposait d'énormes tributs au duc de Naxie et

aux Génois de Chio et de Phocée *. Au siége de Phocée

(1335-1336), ce prince, ayant fait alliance avec l’empe- reur Andronic III, fit la guerre aux Génois qui avaient pris par surprise peu de temps auparavant son fils Suleiman, et le tenaient en otage avec vingt-quatre autres nobles. Lors de ce siége, Sarukhan offrit à l’empereur vingt-quatre vaisseaux, une assez grande armée de terre, et il approvi- sionnait de vivres l’armée impériale; ce qui nous montre ses grandes richesses et sa force *.

En l'année 1341, ayant rompu ses traités avec Byzance, il prépara une flotte pour la piraterie ; mais le régent Jean Gantacuzène ayant appris cela, envoya contre lui le géné- ral Sénacherim, qui mit au pillage les terres de Sarukhan, et le força à faire la paix, et à se tenir tranquille *. Puis, ayant eu un différend relatif aux frontières avec le prince Omar, son voisin, il saisit une occasion favorable pour

1 Notices et extraits des manuscr, de la Bibliothèque du Roi, t. XIII, p. 339 et 368,

* Heyd, Le colonie commercials degli Italiani in Oriente, t. I, p. 437. . |

3 Cantacuzéne, t. I, p. 480, 482,493, Grégoras, p. 629. Heyd, Loc.

cit. t. I, p. 380 et 381.

* Cantacuzène, t. II, p. 65 et 77.

338 MEMOFRES

le forcer à lui céder la contrée qu'il revendiquait. Puis, ayant conclu la paix avec lui, il lui envoya son fils Sulei- man afin que celui-ci l'accompagnât à la guerre, et se portät au secours de Byzance. Mais comme le fils de Sa- rukhan, atteint par la fièvre, mourut à Apamée, Omar, redoutant la colère du père, se hata de se présenter devant lui pour l'assurer que Suleiman n'était pas mort empoi- sonné comme on le prétendait '.

Anne, veuve d'Andronic, qui faisait opposition à Canta- cuzène, poussa en 1346 Sarukhan à rompre ses traités avec Byzance; celui-ci sempressant de réunir une excellente armée, en confia le commandement au grand maréchal de camp Georges Tagaris. Mais Omar, qui était l'ami de Can- tacuzène, déjoua les projets des conjurés *.

En l’an 4389, Bajazet-lidirim, ayant conquis Philadelphie, occupa avec les autres principautés celle de Sarukhan ?, laquelle alors, selon toutes les probabilités, était gouver- née par le fils de Sarukhan, Ichak-Tchelebi, mentionné par Hadji-Khalfa *. Mais après la défaite d'Angora et la capture de Bajazet-Ildirim, Tamerlan succéda aux princes de Saru- khan et d’Aidin dans les contrées qu'il avait conquises. Enfin, en l’année 1426, Amurat I chassa les princes de Sa- rukhan et d’Aidin, et s’empara de leurs possessions °.

Quelques auteurs, trompés par ces mots de Cantacuzéne : Zapxévne Avilac catpdrnc (Sarkhan, satrape de Lydie) °, ont pensé que la Magnésie, capitale de Sarukhan, qui jusqu'à

1 Cantacuzéne, t. Il, p. 529 et 530.

2 Ibid., p. 591.

3 Chalcondile, p. 65.

+ Vivien de Saint-Martin, Descr. hist. et géogr. de l'Asie Mineure, t. II, p. 692 5 Chalcondile, p. 244.

6 Cavtacuzine, t, II, p. 65.

ET DISSERTATIONS. 339

nos jours chez les Turcs a conservé le nom du prince, est celle qui est située prés du mont Sipyle *. Mais cela n’est pas exact, le méme chroniqueur, mentionnant souvent Sarukhan, l’appelle jyepev tic ‘Iwvlas (prince d’Ionie), et une fois seulement satrape de Lydie, parce qu'il gouver- pait aussi une partie de cette province. Mais Pachymère, Grégoras, Frantzès et Chalcondile le nomment expressé- ment prince d’lonie *. De plus, l’Arabe Shehäb-Eddin, contemporain de Cantacuzène, décrit en détail la princi- pauté de Sarukhan en Ionie. Mais, ce qui est plus impor- tant, c’est que le vilaiet, qui porte jusqu’aujourd hui le nom de Sarukhan, est celui de la Magnésie d’Jonie et non de celle de Lydie °.

Des quinze villes qui appartenaient à la principauté de Sarukhan, les plus célèbres étaient Magnésie et Éphèse ; cette dernière, dont la position avantageuse était fort connue, possédait une célèbre église de Saint-Jean- Théologue, qui lui fit perdre son ancien nom d’Ephése et prendre celui d’Aghios Theologos. Éphèse, en ce temps, était très-florissante et regardée comme une des villes commerciales les plus importantes de l'Asie Mineure; elle était en relations très-étroites, non-seulement avec les Génois qui occupaient Phocée et Chio, mais encore avec les Vénitiens qui y envoyaient leur consul particulier *. Les

1 Friedlaender, Beiträge zur dlteren Münzkunde, p. 59.

2 Pachymére, p. 589, Grégoras, IJ, p, 214. Frantzès, p. 17. Chal- condile, p. 15 et 66.

3 Leunclavius et les savants Scholiastes de Grégoras ont dit cela avant nous. « Ab illo Sarcania dicta Ionia, cujus vocis meminit Turcis Sarucan-ili, id est regio Saruchania, ut scribit Leunclavius in Onomastico Turcico et in Pandecte, » Annotationes ad Gregoram, p. 1199, édit. de Bonn.

* Heyd, loc. cit., t. JI, p. 91.

340 MEMOIRES

Italiens, ne pouvant bien prononcer ce nom, changèrent le Aghios Theologos en Altoluogo, et les Turcs, en le corrompant encore davantage, nomment encore aujour- d’hui Éphèse : Aiasoluk.

C'est M. J. Friedlaender qui, le premier, a publié deux très-curieux gillats d'argent de la collection Borrell, frap- pés à Magnésie par Sarukhan ‘. Depuis, M. A. de Long- périer nous a appris que, dans le Cabinet des médailles de la Bibliothèque impériale, on trouve deux autres monnaies semblables. I] a donné le dessin de l'une qui est plus com- plète que celle qui a été publiée par M. Friedlaender, et seulement la légende de l’autre *?.

Les trois monnaies connues du prince susdit portent les légendes suivantes :

4. + MONETA.QVE.FIT.IN MANGLASIA.DE à + VOLVNTATE.SARCANI. DNI.DICT.LOCI. 2. + MONETA QVE FIT MANGLASIE 0.

à + DE VOLVNTE DNI EIVSDEM OI.

3. + MONETA : QVE: FIT : MNGLASIE : 0 : à + DE VOLVNTE.DNI EIVSDEM : OI :

Nous publions aujourd'hui un autre gillat de Sarukhan, tiré de notre collection, trés-précieux et peut-être unique, . frappé à Éphèse, dont voici la description :

+ : MONGTA QUG. FIT. IN. Th@OLOGOS : Sarou- khan, la tête ceinte d’une couronne fleurdelisée, assis de face sur un siége orné de protomes de lion. Il tient de la main droite un sceptre terminé par une fteur de lis, et de la gauche un globe crucigére.

1 Lateinische Münsen des Sarcan, dans le recueil : Beiträge, etc., p. 52. 2 Revue numism., 1860, p. 59.

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ET DISSERTATIONS. 3h4

à +: DG MADDATO DDI: GIUSDA : LOCI:-: Croix fleuronnée, cantonnée de quatre fleurs de lis (Æ, Poids, 71 : grains vénitiens 35.681),

Nous connaissons des monnaies des princes Zenghides, Ortokides et Seldjoukides, qui sont des imitations des monnaies Seleucides, Romaines, Byzantines et des Croisés ; mais toutes ces monnaies portent des légendes arabes et ont un caractère oriental particulier '. Mais d'imitation si parfaite des monnaies chrétiennes faite par les musulmans, on n'en connaît jusqu'à présent d'autre que celle faite par Sarukhan. Il faut donc supposer que les relations étroites que ce prince avait avec les chrétiens ont tellement contre- balancé ses convictions religieuses qu’il fit usage sans re- mords de la langue latine, qu’il plaça sur ses monnaies la croix, et qu'il s'y fit représenter lui-même assis sur le trône et tenant le sceptre et le globe crucigère. Sarukhan voulut néanmoins que la formule de la légende restât seu- lement tout à fait mahométane ; les mots de notre monnaie DE MANDATO DomiNI équivalent tout à fait aux mots arabes Ya ef Le, par ordre du Prince, que les Khali- _ fes avaient commencé à placer sur leurs monnaies Abbas- sides dès le milieu du second siècle de |’ Hégire *.

D'autre part, il est facile d'expliquer pourquoi Sarukhan imita les gillats des rois de Naples. Ces belles monnaies, frappées en grand nombre par Charles II (1285-1309) et son fils Robert (1309-1342), acquirent un tel crédit dans le commerce de I’ Orient, qu'on les préférait même aux gros matapans de Venise. Voilà pourquoi Sarukhan imita ces monnaies copiées aussi par les grands maîtres de Rhodes

1 Castiglioni, Monsie Cufiche dell’ I. R. Museo Milano, 1819. 3 Monete Cufiche dell I. R. Museo di Milano, n* XX, XX VIII, XXX.

342 MEMOIRES

de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem et par les Giustiniani qui, en 1346, conquirent Chio.

Voici ce que dit Pegolotti sur les gillats de Naples :

« La Zecca a ragione della lega del gigliato, e i gigliati « sono di lega d'once 11 e ster]. 3 d’ariento fine, cioé teri 3, « ed entrane nella lib. di Napoli, quando escono della zecca, « sol. 6d. 8 di gigliati coniati a conto, a ragione di teri A « e grani 10 peso il gigliato. e tanto dee pesare, e cosi pesa « quando escono della zecca del Re. »

Ailleurs il dit: « Marchio 1 ! d’argento e d’oro al peso di Venezia torna in Napoli once 13 d. 12. » De sorte que treize onces et demie de Naples équivalent à 42 onces de Venise. Donc la livre de Naples, divisée en 42 onces, chaque once en 30 teri et chaque tero en 20 grains, équivaut à 6,144 grains vénitiens. Lorsque chaque livre, comme le dit Pe- golotti, contenait en argent pur 14 onces et 3 teri, et que 80 gillats faisaient une livre, il résulte que le poids exact des gillats de Naples doit être de 76 2% grains vénitiens, et que, dans chaque livre composée de 6444 grains vénitiens, 5,683 + grains sont d'argent pur et 460 2% grains de cuivre. Si nous ramenons ces analogies, pour plus de clarté, au sys- téme décimal, il résulte que chaque gramme contient 929 milligrammes d'argent pur.

Dans mon mémoire sur les monnaies de Rhodes, j'ai prouvé que les gillats des Grands Maîtres doivent peser 75 grains vénitiens ; de sorte que les gillats de Naples sont plus lourds d'un grain seulement. Nous ignorons combien pèsent les gillats de Sarukhan publiés par M. Fried- laender et les gillats conservés au Musée numismatique de

1 P. Lambros, Monete inedite dei Gran Maestri dell’ Ordine di S. Giovanni di Gerusalemme in Rodi, p. 20,

ET DISSERTATIONS. 343

la Bibliothèque impériale ; mais le poids de notre monnaie, qui est de 74 4 grains vénitiens, montre que les gillats de Sarukhan furent frappés selon le systéme des gillats des Grands Maîtres de Rhodes, comme aussi les gillats de Chio, ainsi que nous le montrerons dans une prochaine disserta- tion sur quelques monnaies inédites de Chio, qui sera in- sérée dans cette Revue.

Athènes, 1869. P. LAMBROS.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

One

Manuel de Numismatique (Atlas).

Lorsque M. Hennin publia en 1830 son Manuel de numisma- tique ancienne (2 vol. in-8°), plusieurs antiquaires lui firent ob- server que les principes exposés par lui seraient mieux compris de ses lecteurs si le livre était accompagné d'un atlas dont les éléments eussent été choisis avec méthode. M. Hennin ne perdit pas le souvenir du conseil. Mais ce fut seulement vers la fin de sa carrière qu’il se décida à en profiter. Lorsqu’il mourut, le recueil de planches était incomplet. MM. Rollin et Feuar- dent viennent enfin de mettre en vente un volume de 70 planches qui aurait eu besoin d’un petit texte, indiquant dans quelles collections ou dans quels ouvrages ont été puisées les monnaies représentées, qu’on pourrait avoir besoin de con- suller. Néanmoins |’ Atlas du manuel de numismatique ancienne qui contient un très-grand nombre de types intéressants, aura son genre d’utilité. Son apparition rappelera l’existence du corps d'ouvrage dont il reste beaucoup d’exemplaires à vendre et contribuera à faniliariser les archéologues avec des mo: numents dont la connaissance est indispensable.

Obole duno-vendômoise, par M. Ch. Boucaer. Vendôme, 4869, in-8°, vignette.

La piéce dont il est question ici, est une maille au type tour- nois altéré, c’est-à-dire composé d’une grande fleur de lis entre deux tournelles, le tout au-dessus d’un croissant renversé.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. BY D)

Les légendes sont, au droit : CASTRIDVNI, au revers : VIDOCINENSIS. La croix qui occupe le centre de la seconde face est accompagnée d’une petite fleur de lis.

Cette maille singulière présente donc la réunion des types de Chateaudun, à l’époque de Raoul de Clermont (fin du x1u° siècle) époux d’Alix, fille du vicomte Robert, et de Ven- dôme, sous Jean V (1271-1315).

M. Bouchet fait remarquer que les deux seigneuries n’ont point été réunies, et qu’il ne trouve dans les textes historiques aucune trace d’une tutelle qui eût permis au seigneur de l’un des deux fiefs de battre monnaie avec le nom de l’autre.

Rien n'autorise à croire que les seigneurs de Châteaudun et ceux de Vendôme aient fait frapper leurs monnaies particu- lières dans un même atelier, ce qui fournirait le moyen d’ex- pliquer par une confusion de coins le double type de l’obole nouvellement découverte. En conséquence le savant bibliothé- caire est conduit à croire que cette pièce est le produit d’une association comme celle qui a donné naissance aux monnaies de Louis de Flandre et de Jean de Brabant (1), de Jean de Luxembourg et de Henri de Bar (2) ; de Philippe de Bourgogne et de Jeanne de Brabant (3); de‘Henri de Brabant et de Jean évé- que de Liége (4); de Jean de Lorraine et de Robert de Bar (5), etc. .

M. Bouchet, par des considérations historiques, par des dé- tails numismatiques fort bien exposés a su accroître l'intérêt qu'offre déjà par elle-même, une petite monnaie qui, malgré les savants efforts de son éditeur, n’en offre pas moins encore un

problème à résoudre. A. L.

1 J. Rouyer, Revue num., 1851, p. 263, vignette.

2 Saulcy, Revue num., 1836, pl. I, n°° 1 à 7.

3 Deschamps de Pas, Revue num., 1861, pl. VI, n°* 1 à 4.

+R. Chalon, Revue num., 1841, p. 40, vignette 2.

5 Saulcy, Rech. sur les monn, de Lorr., 1841, pl. VI, n°° 11, 12.— Rech. sur les monn, de Bar, 1843, pl, IV, n°° 7 à 9.

846 BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

Notre collaborateur M. J. Chautard, professeur à la Faculté des sciences de Nancy, publie un grand travail sur les mon- naies imilées plus ou moins servilement du denier sterling anglais, Déjà les deux premières parties, comprenant les pro- duits des ateliers de Flandre, de Brabant et autres provinces belges, de Hollande, de Lorraine, de Hainaut, de Cambrai et autres seigneuries de France, ont paru dans les Mémoires de l'Académie de Stanislas. Il ne reste plus, pour terminer, qu’à étudier les esterlings des provinces Rhénanes, ainsi que ceux de quelques États du Nord et du Midi de l’Europe. Désirant mettre la dernière main à cet ouvrage important, et le rendre aussi complet que possible, M. Chautard fait appel à l’obligeance des numismatistes qui possèdent des variétés rares du type esterling. Il recevrait avec reconnaissance les communications qu'on voudrait bien lui adresser sur ce sujet et les insérerait dans son travail sous le nom de leurs auteurs. Nous serions heureux d'apprendre que l'appel de M. J. Chautard ait produit un résullat proportionné à l'utilité de son entreprise.

A Guide to the study and arrangement of English Coins, from the conquest to the present time, par Henry Wil- liam Henfrey, 1869-1870, in-8°.

Les ouvrages relatifs à la numismatique anglaise publiés depuis la moitié du xvm° siècle jusqu’à nos jours sont assez nombreux, et quelques-uns d’entre eux sont fort importants. A côté de ces livres considérables, on avait besoin d’un guide que ses dimensions et son prix rendissent d'un usage populaire. Le beau volume de M. Edward Hawkins est exclusivement consacré à la monnaie d’argent; le charmant petit volume de

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE. 3h7

M. Henri-Noël Humphreys, qui a déjà eu six éditions, donne une revue de toute la numismatique britannique accompagnée de pittoresques planches en couleur; mais on n’y trouve point la description détaillée des monnaies, et c’est d’ailleurs un livre très-coûteux. M. Henfrey a donc trouvé convenable, et nous devons l'en remercier, de nous doter d’un guide tout plein d'indications ponctuelles, et qu’il a su réduire en un petit volume du prix de 6 shellings. Malheureusement son travail ne commence qu’à la conquête, ce qui répond au besoin le plus pressant des collectionneurs ordinaires, mais ce qui laisse de côté la partie véritablement érudite de la numismatique an- glaise. Le Guide contient, à partir de 1066, la description et la dénomination des monnaies, avec des renseignements sur leur rareté et sur les particularités qui distinguent les diverses émis- sions. Tout cela est fort utile, mais ne nous console cependant pas de l’absence de ces curieuses monnaies saxonnes, si fécondes en notions sur les noms d'hommes et de lieux, et qui offrent des types et des combinaisons épigraphiques si utiles pour la numismatique générale. Si M. Henfrey est satisfait, comme nous lespérons, de l’accueil fait à son Guide, il ne pourra manquer de compléter son entreprise en nous fournissant un travail analogue pour la numismatique antérieure à la con- quête. Nous sommes donc doublement intéressé à son succès actuel, et il nous sera permis de faire remarquer aux anti- quaires du continent que le petit volume de M. Henfrey, exécuté avec beaucoup de soin, leur offre un excellent moyen d’appré- cier à bon marché une numismatique qui présente de nom- breux points de contact avec la nôtre. A. L.

CHRONIQUE.

RAPPORT

UNE COMMUNICATION DE M. RLANCARD RELATIVE A LA DÉCOUVERTE A AUBIOL, EN 1867, D'UNE MONNAIE GRECQUE D'ARGENT,

lu au comité des travaux historiques et des societes savantes.

A la séance du 44 janvier 1869, M. Blancard, archiviste des Bouches-du-Rhône, adressait à la section le dessin d’une petite monnaie grecque d'argent, trouvée en octobre 1868 à Auriol, sur l'emplacement même l’on a découvert en1867 un trésor de petites monnaies grecques d’argent qui n’ont pas encore été publiées.

Avec la permission de la section qui m’a chargé de lui faire un rapport sur la communication de M. Blancard, je commen- cerai par consigner ici l’expression de ma gratitude énvers M. l'abbé Bargès et M. Levert, préfet du département des Bouches-du-Rhône, qui m'ont obligeamment facilité les moyens de traiter, pour le Cabinet des médailles, de l’acquisition d’un lot comprenant presque toutes les variétés de cette importante trouvaille.

J'exposerai ensuite les conjectures que m’a suggérées l’étude de ces précieux monuments, mais, avant tout, je décrirai la pièce acquise par le musée de Marseille, dont on voit plus bas la reproduction. |

= f

CHRONIQUE. 349

Téte de lion, la gueule béante, les poils hérissés, tournée vers la gauche. Type gravé en relief occupant tout le champ.

Revers : petite tête d'Hercule, coiffée de la peau de lion, placée à droite dans le champ, qu’elle est loin de remplir. Ce type est gravé en creux.

Argent. Poids : 2 gr. 749 milligr. Module : 12 millimètres.

Cetle pièce n’est pas unique, comme on l’a cru d’abord; toutefois elle est fort rare. Indépendamment de celle-ci, de celle qui est échue à M. de Saulcy, il n’en existe pas plus de deux ou trois exemplaires, et, par malheur, il ne s’en est pas trouvé dans le lot échu à la Bibliothèque impériale, dont la direction n’a pu faire son choix elle-même. Fort curieuse par cette cir- constance qu'elle a deux types et non pas un seul, comme c'est le cas pour la presque totalité des pièces trouvées à Auriol, celte monnaie n’éclaircira cependantpas àelle seule le problème posé par cette découverte, dont le retentissement fut très-grand parmi les numismatistes, malgré les attractions de l'Exposition universelle, qui était dans tout son éclat au moment on l'annonça à Paris.

C'était en effet un événement que la découverte, sur le sol de la Gaule, de 2,130 petites monnaies d’ancien style grec, ‘toutes anépigraphes, d’argent pur, ce qui leur donne un aspect blanchâtre, et, à deux ou trois exceptions près, n’ayant d’autre type au revers qu’un carré creux uniformément divisé en quatre aires, mais offrant environ vingt à vingt-cinq types différents, pour ne pas parler des simples variantes.

avaient été frappées ces énigmatiques monnaies? Avait- on des spécimens du monnayage primitif de Marseille ou des villes de sa dépendance, ou bien, en raison de la diversité des

1869. 5, 24

350 CHRONIQUE.

types de ces monnaies, dont plusieurs présentaient les symboles des villes de l’Asie ou de la Grèce, fallait-il supposer qu'elles avaient été apportées par le commerce sur le sol de la Gaule grecque, soit en totalité, soit en partie?

Les partisans de la première de ces deux hypothèses rappe- laient que, depuis plus de trente ans, feu le marquis Roger de Lagoy avait trouvé en Provence, particulièrement à Saint-Remy, un certain nombre de monnaies d'argent, de petit module, pour la plupart anépigraphes, n’ayant de type que d’un côté, avec un carré creux au revers, dont plusieurs spécimens se retrouvaient dans le trésor d’Auriol, et que le savant numisma- tiste, en publiant ces monuments alors tout à fait nouveaux, n'avait pas hésité à les attribuer à Massilia. La découverte de 1867 venait donc contirmer cette attribution, qui, si elle n’avait pas obtenu tout d’abord l’assentiment général, ainsi que nous l’apprend M. de Lagoy lui-même ’, avait fini par se faire accep- ter, surtout lorsqu'elle eut été consacrée par l’approbation de M. de La Saussaye, qui plaça toutes les pièces inédites du pre- mier travail de M. de Lagoy en tête de sa Numismatique de la Gaule narbonnaise. L’ouvragedeM. de La Saussaye paruten 1842. Quatre ans plus tard, M. de Lagoy ajouta deux médailles à cette série. Est-il certain, comme semblent le croire les savants auxquels je fais allusion, que la découverte d’Auriol nous ait apporté la pleine confirmation du système de M. de Lagoy? C’est ce que je voudrais rechercher le plus rapidement pos- sible.

M. de Lagoy a traité deux fois du monnayage primitif de Marseille, d’abord en 1834, dans un cpuscule intitulé Descrip- tion de quelques médailles inédites de Massilia, de Glanum, etc. ; secondement, dans un article publié en 1846 par la Revue numismatique, sous le titre de Monnaies primitives de Massilia ?.

1 Revue num. année 1846, article cité plus bas. 2 Cf. Description de quelques médailles inédites de Massilia, de Glanum, des Cænicenses et des Auscti, par M. le marquis de Lagoy, 1 vol. in-4° de

CHRONIQUE. $54

M. de Lagoy n’ignorait pas qu’en fait d’attributions numisma- tiques, pour que la provenance puisse être légitimement invo- quée, il est nécessaire d’avoir à citer des trouvailles répétées et authentiquement constatées; aussi n’avait-il pas basé son sys- tème uniquement sur la provenance des neuf pièces par lui publiées dans son premier ouvrage. Ce qui détermina sa con- viction, c’est que, sur ces neuf pièces, il en était quatre qu'il pensa, non sans raison, pouvoir donner avec certitude à Marseille. Il s’agit des pièces 6, 7, 8 et 9 de la planche II* de sa Description, qui, ayant toutes pour type, d’un côté, une téte tmberbe a gauche (Diane ?), et au revers, un crabe, ne pouvaient être refusées à Marseille, puisque, si la première est anépigraphe les trois dernières ont la lettre M au revers. Mais de ce que ces quatre pièces sont de Marseille, de ce que l’on peut aussi donner à cette ville les nes 4 et 5 de la planche qui ont le type de Diane ', s’ensuit-il nécessairement que les 4, 2 et 3 soient aussi de cette ville, ainsi que l’a cru M. de Lagoy sur la foi de l’analogie qui, dit-il, les lie toutes entre elles*. C’est ce dont je doute, et c’est ce que je suis en mesure de rechercher, attendu que le Cabinet de France possède aujourd’hui, indépendamment du

60 pages avec 2 planches, Aix, 1834; dans la Revue numismatique, année 1846, l’article intitulé Monnaies primitives de Massilia, avec deux bois dans le texte à la page 85. C'est dans cet article, à cette même page 85, que M. de Lagoy nous apprend que, si son attribution a reçu l’approbation de M, de La Saussaye, plusieurs. autres numismatistes éminents, dont il tenait aussi à obtenir le suffrage, ne regardaient pas encore à ce moment comme certaine la classification des trois plus anciennes médailles par lui publiées,

1 Tl existait un spécimen de ces pièces au Cabinet de France depuis une époque indéterminée, et on l’y avait classé parmi les incertaines. Cette pièce et ses analogues ont été placées en tête de la série de Marseille, après les pu: blications de MM. de Lagoy et de La Saussaye. On les trouve à cette place dans la Description des médailles gauloises de la Bibliothèque royale, de Ducha- lais, publiée en 1846. (Voyez p. 27, 55.)

2 « Je crois trouver à ces médailles une certaine analogie qui les lie toutes « les unes aux autres, et que je regarde comme la prouve qu'elles appar- « tenaient au meme peuple. » (Description, etc. p. 4.)

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lot important des monnaies d’Auriol dont on a parlé plus haut, toutes les pièces publiées par M. de Lagoy ‘, ainsi que d’autres acquises par le regrettable savant depuis 1846, mais qu’il n'eut pas le temps ou l'occasion de faire connaître *.

L’analogie remarquée par M. de Lagoy entre les neuf pièces inédites publiées dans son premier ouvrage est réelle, mais non pas autant qu'elle lui a paru l’être. Ainsi l’on remarquera que les pièces au crabe, 6, 7, 8 et 9 (c'est-à-dire les seules qui appartiennent avec une certitude complète à Marseille, en raison de la présence du M), ont deux types en relief, tandis que les 4, 2, 4 et 5 n’en ont qu’un seul, et que le 3, qui ena deux, est visiblement d’une autre fabrique que les 6, 7,8 et 9, puisque l’un de ses types est inscrit dans un carré creux, circonstance qui manque à ces quatre dernières monnaies *.

1 La riche collection de monnaies gauloises formée à Saint -Remy par le marquis de Lagoy, acquise de ses héritiers par feu le duc de Luynes, est entrée dans le Cabinet de France par suite de la mémorable donation faite à cet établissement en 1862 par l'illustre académicien, quelques annécs avant sa mort.

2 Voici la description de ces dernières pièces, ainsi que celle des deux pièces qui figurent dans l'article cité de la Revue numismatique de 1846. Article de 4816: tête de phocena, ou marsouin, animal que M. de Lagoy distingue du phoque (veau marin), et qui en effet diffère notablement du pho- que gravé 3 de la planche Il‘ de la Description ; tête casquée à droite. —Pièces de la collection de M. de Lagoy non publiées parce savant : tête de nègre ; tête de Diane, avec une coquille au revers. Si je suis bien rensei- gné, à l'exception de cette dernière pièce, qui est remarquable par la présence de deux types en relicf, toutes ces pièces qui ont le carré creux au revers ont reparu à Auriol.

3 Pour plus de clarté, je donne ici la description des cinq pièces n°° 1 à 5 de M. de Lagoy d’après son propre texte : partie antérieure d’un lion dé- vorant une proie; tête de phoque à droite ; au-dessous, poisson (voyez Pellerin, Rec.,t. 111, pl. CXV, 3, une médaille d’or qui paraît au même type et que Mionnet a décrite parmi les éncertaines, t. VI, p. 614, 12, et dont on trouvera la gravure pl. XLIII, 6) ; tête de griffon à droite; revers,

ans un carré creux, tête de lion, en relief comme la tête de droite; et 5* tête imberbe à gauche (Diane ?). A l’exoeption du n°3, au revers de ces pièces paraît le carré creux divisé en quatres sires.

CHRONIQUE. 353

Toutefois je n’insisterai pas sur ces minuties ; on me répon- drait que ces pièces peuvent n’étre pas du même temps; l’on expliquerait aussi les différences de fabrique que je signale par la méme raison. Ces différences ne sont pas d’ailleurs ma prin- cipale objection contre attribution des pièces incertaines pu- bliées par M. de Lagoy et de leurs similaires, soit de la trou- vaille d’Auriol de 1867, soit de trouvailles antérieures ou postérieures à cette date ‘, faites soit à Auriol même, comme celle de M. Blancard, soit en d’autres endroits de la Provence; l’objection que je crois digne de toute l’attention des numisma- tistes, c’est la diversité des types de ces monnaies, diversité qui me paraît difficile à concilier avec une origine exclusivement marseillaise.

Je l’avoue, j'aurais peine à reconnaître pour des témoignages du monnayage primitif de Marseille une série monétaire com- prenant vingt à vingt-cinq types variés, lorsque nous savons que la cité phocéenne, aux temps de son monnayage incontes- table, s’était contentée de deux ou trois types, Apollon casqué non casqué, avec la roue au revers, et Diane avec le lion ?. D'ailleurs, toutes ces petites monnaies, malgré leur air de famille, que je ne conteste pas, n’accusent pas cependant une seule et même fabrique. Si, sans exception, toutes celles qu’on a trouvées à Auriol sont anépigraphes, il en est, parmi celles qu’a publiées M de Lagoy ou qu’on a retrouvées depuis, qui ne le sont pas; ainsi les pièces au M; ensuite si la plupart des pièces d’Auriol ont au revers un carré creux divisé en quatre aires, il en est cependant plusieurs qui offrent des types des

1 J'apprends qu'on a trouvé à Cavaillon diverses petites pièces anépigra- phes analogues à certaines pièces d’Auriol, et aussi des pièces au crabe et au p qui sont certainement de Marseille. On a aussi trouvé récemment en Es- . pagne de petites pièces de monnaie qui offrent une certaine analogie avec celles d’Auriol.

2 Un troisième type massaliote est Minerve et l'aigle; mais il n’a pas duré, ainsi que l’a fait remarquer M. de La Saussaye, qui n’en a reconnu que deux émissions, (Voyez Numismatique de la Gaule narbonnaise, p. 75 et 76.)

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deux côtés, entre autres celle dont M. Blancard nous a donné le dessin, une qui est semblable au 3 de la planche II* de la Description de M. de Lagoy ‘, et deux ou trois autres encore. Mais cc n'est pas tout; certains faits qu'on ne pouvait deviner eu 1834 ni en 1846, date du dernier travail de M. de Lagoy sur cette question, tendent à montrer qu’en dépit de leur décou- verte sur le sol de la Provence, telles des pièces d’Auriol ont pu être frappées loin de la Gaule. Parmi ces faits, je note d’a- bord la présence, dans le trésor trouvé en 1867, d’une petite monnaie portant d’un côté une forfue et de l'autre un carré creux à quatre aires, qui se distingue des autres par sa couleur noirâtre, circonstance qui n’a pas peu contribué à la faire con- sidérer, dès le premier moment, même par les partisans de l'attribution en masse à Marseille, comme ayant été fabriquée à Egine *. N’est-il pas vrai que, si l’on m’accorde qu’une seule des pièces trouvées à Auriol n’est pas originaire de la Gaule grecque, j'ai le droit d'en attribuer un certain nombre à des villes de l’Asie ou de la Grèce dont les symboles paraissent dans ce trésor, et qui, aussi bien que la pièce d’Egine, peuvent avoir été apportées par le commerce sur le sol de la Gaule? Que viennent faire l’hsppocampe de Lampsaque, le lion de Velta, la téte de bélier de Clazomène ou de Colophon, la téfe de lion avec la gueule béante de Cyzique ou d’ailleurs ?, le joli cas-

1 J'en ai vu un exemplaire dans le lot acquis par M. de Sauicy au lende- main de la trouvaille d’Auriol et à peu près en même temps que le Cabinet de France acquérait le sien.

* Je parlais au singulier de cette monnaie, parce que je u’en ai vu qu’une seule, celle du Cabinet de France; mais M. de Saulcy m’apprend qu'il en existe un second exemplaire à Marseille ; j'ignore s’il est noir ou blanc.

3 On conserve au Cabinet de France une petite pièce analogue à celle-ci, dont la provenance est évidemment orientale : je veux parler d’une pièee don- née au Cabinet des médailles par l'Empereur en 1862, avec toute la collection formée en Égypte par feu Saïd-Pacha, qui l'avait offerteà Sa Majesté. Je copie la description de cette pièce sur le registre de la Bibliothèque impériale : Téte de lion à d. B. Carré creux, Classée aux incertaines. Reg. H, 687. On a

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que fermé qu'on rencontre parmi les hectés cyzicènes d’or ', le phoque et le griffon de Phocée? Supposera-t-on que la présence sur la monnaie marseillaise de ces types, dont quelques-uns, comme le lion de Velia, fille de Phocée ainsi que Marseille, et le phoque de Phocée, pourraient s’expliquer par la parenté de: ces villes, est due à ce que les Marseillais, avant de se donner. un type propre, commencèrent par copier tous les types qui jouissaient d’une bonne renommée? Cette explication aurait quelque chose de spécieux, mais je n’ai pas épuisé les faits qui. m'obligent à douter de son exactitude.

La série de Lesbos, si pauvre dans Mionnet, mais fort riche, depuis quelques années, en pièces inédites au Cabinet de France, fournirait à elle seule, contre l'attribution radicale à Marseille, des arguments qui m’ont surpris moi-méme, malgré le scepti- cisme à cet égard qui a priori m’a poussé à les rechercher. Qu’on examine nos tablettes de Lesbos, et l’on y trouvera des pièces d’argent avec carré creux, de différents modules, mais dont certaines, anépigraphes comme celles d’Auriol et aussi petites, offrent des types fréquents dans ce trésor, par exemple la tête de lion gueule béante, dont notre exemplaire ne diffère que par la couleur de ses similaires d’Auriol. Je ne crois pas que Von refuse ces pièces à l’île de Lesbos, lorsque l’on saura

également cinssé au Cabinet des médailles, dans la série des incertaines, une autre pièce de la même collection qui, quoique relativement de grand mo- dule (elle a 15 millimètres), offre une certaine analogie avec le type de cer- taines médailles aurioliennes. Portée au même registre H sous le 681, cette pièce représente une tête de face, allongée; au revers figure un carré creux divisé en quatre aires, On peut aussi comparer les médailles d’Auriol au masque avec les pièces que Mionnet a décrites à la suite de Pestum, au tome Ier de son Supplément, p, 318, sous les n°* 822 et suiv., et que l’on at- tribue à Phistelia de Campanie.

1 Parmi les médailles de la collection de Luynes donnée à la Bibliothèque impériale en 1864, avant la découverte d’Auriol, figure une monnaie d’argent, au casque fermé semblable à celles de la trouvaille d'Auriol, que M. de Luynes avait classée à Calymna, île dela côte de Carie, etiamsi in Calabria inventum fuerit, a-t-il écrit sur l'étiquette. |

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qu'elles y ont été recucillies dans une exploration faite par un amateur éclairé dont les vétérans de ja numismatique n'ont pas oublié le nom, feu Garriri (de Smyrne), qui les a cédées en 1852 à la Bibliothèque impériale. On sera encore plus certain de l'exactitude de cette attribution, lorsque j'aurai ajouté que dans cette riche série de Lesbos, acquise de Garriri, figurent des pe- tites pièces à la tête de nègre, type fréquent dans le trésor d’Auriol', qui, ainsi que celles dont je viens de parler, ne dif- ferent de leurs sceurs de provenance provencale que par leur couleur noirâtre et par l’importante addition de lettres qui indiquent leur origine, un A sur celles d’Antissa de Lesbos, et AE, >B et AES sur celles qui appartiennent soit à l’île de Lesbos elle-méme in genere, soit & une ville de ce nom dont les abréviations significatives pourraient faire supposer l’exis- tence*.

De ces faits et d’autres analogues que l'on rassemblerait fa- cilement *, je conclus que la multiplicité des types, combinée

4 On a vu plus haut que l’on trouve aussila pièce Ala téte de nègre dans la collection Lagoy.

3 Sur ce sujet, voyez dans le tome V de la nouvelle série du Numismatic Chronicle, publié en 1865, un article de M. Maximilien Borrell, intitulé : Coins of Lesbos-Lesbi, considered as a city distinct front that of Mytilene, p. 336 à 341.

8 Malgré mon désir de ne pas dépasser les bornes raisonnables d'un rap- port, je crois devoir signaler encore d’intéressantes analogies entre certaines monnaies aurioliennes et telles autres qui n'ont pas été trouvées surle sol de la Gaule. La série des cyzicènes d'or, si riche au Cabinet de France, devra être étudiée tout particulièrement ; entre autresexemples bons à citer, je note une microscopique pièce d’or, rapportée d'Orient par feu Garriri (de Smyr- ne), le connaisseur dont je viens de parler. Cette pièce, que je crois inédite, est décrite sur notre registre D, 2634; elle offre le même type que les pièces aurioliennes, l'on reconnaît la partie antérieure d’un phoque, et dont il existe au Cabinet deux spécimens décrits au registre E, n°* 3593 et 3694. La pièce d'or pèse 05,15; les pièces d'argent, 05,14 et 05,13. On peut aussi rapprocher ces dernières de pièces de plus grand module classées non sans quelque hésitation à Cherronesos; cependant je dois dire que le carré

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avec l’analogie de fabrique qui fait l’intérêt des monnaies de la trouvaille d’Auriol, peut s’expliquer autrement que par l'ori- gine exclusivement marseillaise que l’on a voulu leur attribuer. Après tout, pareille singularité n’est pas sans antécédents dans la numismatique grecque.

On sait par maints exemples, et surtout par celui que nous offre la célèbre série des statères de Cyzique ou cyzicènes, qui n’ont certainement pas été frappés tous à Cyzique *, que les villes et les peuples de lantiquité s’unissaient souvent par des conventions afin de frapper à tour de rôle des monnaies d’après un étalon commun. Pourquoi les monnaies d'Auriol et leurs similaires antérieurement ou postérieurement découvertes en Provence n’auraient-elles pas été, je ne dis pas toutes, mais en partie, frappées dans des conditions analogues? Si nous voyons sur les pièces d’Auriol des types variés et pas de légen- des, circonstance qui se remarque sur beaucoup de cyzicènes, si nous voyons sur certaines de'ces pièces des types incus au revers, toujours comme sur certaines petites monnaies d’or dites cyzicènes, ne Serait-ce pas que nous avons affaire à des pro- duits d’une hanse commerciale, ou plutôt d’une confédération monétaire, dont auraient fait partie les villes diverses dont nous y retrouvons les symboles ?

Cette hypothèse, qui se présente naturellement à l'esprit pour peu que l’on ait dans la mémoire les planches du livre de

creux de celles-ci diffère de celui d’Auriol, et qu’on pourrait encore signaler d’autres différences entre ces pièces. On en. trouvera un beau spécimen du module de 15 millimètres sous le 5, pl. XLI, dans le Recueil de planches de Mionnet, qui le décrit parmi les incertaines, t, VI, p. 629, 119.

1 On sait que le nom de cyzicénes est autorisé par divers textes de l’anti- quité, et Charles Lenormant a fort bien montré, dans la Revue numismatique, que, comme l'avait indiqué auparavaut Sestini dans son livre sur les statéres, les monnaies d’or dites cyzicénes n'avaient pas toutes été frappées à Cyzique. (Voyez Domenico Sestini, Descrizione degli stateri illustrati con le medaglie, Florence, in 4°, 1817; et Ch. Lenormant, Essai sur les statères do Cyzique, Revue numismatique, année 1856.)

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Sestini cité dans la note qui précède, reçoit, si je ne me trompe, une sérieuse confirmation d’un autre fait trés-intéressant que nous révèle une inscription grecque récemment découverte à Mytilène. Publiée d’abord en 4865 par un savant allemand, M. Conze !, cette inscription, sur laquelle M. Newton lisait en 1866 un excellent mémoire à la Royal Society of literature", n'est pas arrivée entiére jusqu’à nous; mais ce qui en reste suffit pour que l’on y reconnaisse un traité conclu entre Myti- lène et Phocée, afin de régler les conditions de la fabrication d’une monnaie d'or commune à ces deux villes, qui devaient monnayer l’une pour l’autre à tour de rôle.

Évidemment, dans cette précieuse inscription, il s’agit de monnaies analogues aux cyzicenes et aux phocaites qui furent frappées pendant les et 1v° siècles avant Jésus-Christ particu- lièrement à Cyzique et à Phocée, ainsi que l’indiquent ces noms que nous trouvons chez les anciens *, mais qui se fabriquaient aussi ailleurs, puisque nous voyons mentionner sur un marbre une association entre Phocée et Mytilène. Certainement ces as- sociations devaient se dénouer ou se resserrer selon les événe- ments, et, si Mytilène et Phocée étaient unies monétairement vers la 96° olympiade (396 à 393 avant Jésus-Christ), date, se- lon M. Newton, de l'inscription découverte par M. Conze, à une époque antérieure ces deux villes ont bien pu faire partie d'une association plus nombreuse, qui aurait compris la mon- naie d'argent dans ses opérations, et peut-être à celle-là même dont je crois reconnaître des témoignages dans la trouvaille d’Auriol.

Ai-je besoin de faire remarquer que Phocée, la métropole de Marseille, figure précisément dans le traité monétaire dont

1 Voy. Conze, Reise auf den Insel Lesbos, in-4*, 1865, pl. VI, 1, et p. 42.

2 Voy. Transactions of the Royal Society of literature, 1868, série, t. VII, partie, p. 549 à 558,

*Le mot phocaïtes, ainsi que celui de cystcénes, est autorisé par des textes et même par des inscriptions,

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nous devons la connaissance à M. Conze? L’association qui a frappé les petites pièces anépigraphes d’Auriol, que je serais tenté de nommer des phocaïtes d'argent, puisque nous y ren- controns des types de Phocée et de ses deux célèbres filles Velia et Marseille, avait-elle un atelier fixe, Marseille par exemple, ou bien, ce que je croirais plus volontiers, imitant ce que nous ve- nons de voir à Mytilène et à Phocée, frappait-elle tantôt dans une ville, tantôt dans une autre, ou bien frappait-on partout à ces types divers, sans indication de localité, par la raison même que ces pièces étaient fédérales? C’est ce que je n’ai pas la pré- tention de décider. Ce que j'ose dire dès à présent, c’est qu’il me paraît difficile de soutenir, en dépit de ces faits, que toutes les pièces aurioliennes aient été frappées à Marseille et nous fassent connaître le monnayage primitif de cette ville.

En les supposant frappées à Marseille, les monnaies aurio- liennes devraient-elles être considérées comme les plus anciennes qu’ait frappées la colonie phocéenne, ainsi que l’aurait pensé M. de Lagoy, d’après ce qu’il a dit des types analogues publiés par lui? C'est une étude qui m’entrainerait trop loin; je me con- tenterai de faire remarquer que, si l’on admettait notre hypo- thèse d’une hanse monétaire à laquelle on pourrait les rattacher, leur mutisme et leurs carrés creux ne seraient peut-être pas des marques de haute antiquité. On expliquerait ces deux cir- constances par les conditions mêmes de ces sociétés. Les cy- zicenes, bien que frappées à des époques différentes, ne sont- elles pas généralement aussi anépigraphes et décorées d’un carré creux, qui souvent n’est que par archaïsme, ou plutôt, pour perpétuer un type de bon renom et ne pas déranger les habitudes routinières du commerce ?

Grâce aux prix élevés qu’obtiennent aujourd’hui les médailles, grâce au retentissement de la petite fortune que le trésor d’Auriol a valu à ses inventeurs, nous sommes certains d’être tenus au courant des découvertes de monnaies analogues qui peuvent se produire dans l’avenir, soit dans la Gaule grecque, soit ailleurs; on peut donc espérer que quelque jour on possé-

360 CRRONIQUE.

dera assez de faits authentiquement constatés pour qu’il devi possible de se prononcer sans témérité sur les diverses q tions soulevées par ces énigmatiques monuments. En atten il est à souhaiter que quelque numismatiste veuille bien pre la peine de faire connaître la totalité des types trouvés à A ou ailleurs, avant et depuis la découverte de 1867. Que: qui entreprendra cette tâche résolve définitivement ce probli ou seuleinent qu'il décrive scrupuleusement toutes les mon! et discute toutes les conjectures qu’elles peuvent lui suggi il aura rendu un service signalé à la numismatique.

Il est un point sur lequel je ne me suis pas arrêté à des dans ce rapport, de peur de me laisser entraîner trop loin : « la recherche du système pondéral, auquel il convient rattacher les monnaies d’Auriol. S’il est une série qui e: pareille recherche, c'est certainement celle sur laquelle M. BI card a appelé l'attention du Comité. En recommandant c étude spéciale à celui qui se chargera de la publication « j'appelle de tous mes vœux, qu’il me soit permis de rapp qu'il faut aborder les pesées sans système préconçu, sous pe de trouver dans les plateaux de ses balances, non pas ce qu est, mais ce qu’on voudrait y trouver.

Ainsi qu’on doit le penser d’après les réflexions qui précéde je ne proposerai pas dès à présent d'attribution pour la médai gravée ci-dessus; il ne me reste donc qu'à remercier le savé archiviste des Bouches-du-Rhône d’avoir bien voulu la comm niquer au Comité. A. CnaBouiLcer.

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SUR QUELQUES MONNAIES GRECQUES DE PANORMUS

Dans les Berliner Blatter fir Münzkunde de 1869, j'avais publié une série de monnaies de la Grande Grèce et de la Sicile. Tout en remerciant M. Henri de Longpérier de s’étre intéressé à cet article, j’ai à me défendre contre une note qu’il a insérée dans la Revue numismatique de Ja même année, p. 152. Cette note fait suspecter l’authenticité de mon tétradrachme de Panorme gravé sous le 44 de la planche LIV des Blätter, pièce qui porte les types de Catane, avec la légende rétrograde TIANOPMITIKON autour de la tête d’Apollon.

Heureusement, les craintes de M. H. L. à ce sujet pourront être totalement dissipées. En effet, l’état de la médaille ne per- met aucunement de douter de son authenticité on de supposer que sa légende soit le résultat d’une retouche. La forte patine antique brunâtre dont les deux côtés de la pièce sont en grande partie recouverts et sous laquelle ressortent les lettres de la légende également oxydées, garantit de tous points l'originalité de la monnaie. Ces faits ont été constatés par des connaisseurs dont la longue pratique ne saurait être mise en doute. En un mot, le tétradrachme est excellent, et l’on y distingue même d’une manière indubitable les traces des cinq premiers carac- tères de la légende que la planche n’a pas reproduites.

Si je cherche quelles sont les raisons qui ont pu faire naître les soupçons du jeune archéologue, je suis porté à croire que c'est qu’il n’a pas eu connaissance d’un autre tétradrachme de Panorme conservé à la Bibliothèque impériale (duc de Luynes, Choix de médailles grecques, pl. IV, 14) dont voici la des- cription :

HANORML .. Tête laurée d’Apollon à droite, ») Quadrige conduit par un homme debout dans son char, une Victoire couronne les chevaux.

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En comparant le dessin de cette pièce portant une légende . dont la terminaison est indécise avec celui d’une autre mon- naie publiée par Torremuzza (4uct. II, pl. V, 4), je suppose que les deux gravures représentent le même exemplaire, et dans ce cas, la légende IANOPMITAN donnée par Torremuza aurait été complétée arbitrairement. Cependant, je ne veux point contester que les deux formes de légendes aient pu être em- ployées à des époques fort rapprochées. L’importante pièce du duc de Luynes montre que les types de Catane, adaptés pour mon tétradrachme de Panorme, ne doivent point étonner; et quant à la forme de la légende en IKON, qui, à la vérité, était encore inconnue sur des monnaies de la Sicile, on pourrait la compa- rer à l’adjectif possessif ITAAIKON inscrit sur des poids que M. Henri de Longpérier a rappelés.

Je passe maintenant à un autre article concernant également certaines monnaies de Panorme. M. Alex.-G. Soutzo, d’Athènes, a publié (Revue numismatique, 1869, p. 173 et suiv.) une jolie série de médailles grecques sur quelques-unes desquelles je présenterai des observations dans un travail que je prépare; mais les monnaies de la Sicile ne rentrant plus dans le cadre de ce travail, je saisis l'occasion qui se présente de combattre brièvement l’attribution des ne 33 et 34 que M. Soutzo donne à Paros, sans se prononcer sur les raisons qui lui ont suggéré l’idée de ce classement. Voici d’abord la description d’une série de monnaies de la même fabrique et de même prove- nance.

1. Æ 31,2 4 1/2 (poids, 3,62 4,90). Tête voilée de Cérès à gauche, couronnée d’épis; derrière, une charrue. Monogramme composé des caractères IAP au-dessus d’une proue de navire (Torremuzza, pi. LIX, n 4 et 5).

2. Æ2—11/2 (poids, 1",70 15,10). Buste de femme à gauche diadémé et couronné, les épaules drapées. 3 Mémes types.

3. Æ A 1/2 (poids, 4,80 4,40). Types semblables, mais la tête tournée à droite.

CHRONIQUE. 363

4. Æ 14 (45,70, 46,30). Tête imberbe casquée à droite. #) Même type et même monogramme.

5, Æ2 et 1 (4“,15, 15,05). Tête diadémée de femme à droite avec un collier. 5). Même monogramme au-dessus d’une colombe (Soutzo, pl. VII, 34).

6. Æ 4 (15,30). Tête imberbe radiée à droite. n} Même monogramme devant un aigle posé sur un foudre, et la tête abaissée.

7. 4241 (45,40 1*,30). Autre, la tête radiée et tournée à gauche.

8. Æ 2 (2,60). Ancre et gouvernail. à Monogramme for- mant type, composé des lettres IIANP. Au-dessous, L.GN. (Voy. Torremuzza, pl. LX, 20) ‘. La forme de ce der- nier monogramme est plus explicite que celle des sept numéros précédents.

Tous ces petits bronzes, parmi lesquels figurent les deux pièces de la collection Soutzo, sont, à mon avis, siciliens, et, cela admis, le monogramme qu'ils portent doit les faire resti- tuer à Panorme. Je suis certain que M. Soutzo a obtenu ces monnaies de notre ami commun, M. P. Lambros, à qui j’en avais cédé autrefois un certain nombre. J’avais acquis ces pièces de la collection Fischer, de Palerme, qui se les était pro- curées en assez grand nombre dans les fouilles de Solus. Ce renseignement me dispense de discuter l'attribution de ces monnaies à Paros. Au reste, nous espérons trouver des détails précis sur ces bronzes dans la Numismatique sicilienne que M. A. Salinas prépare avec tant de soin et qui contiendra sans doute des détails nouveaux et précieux.

Winterthur. F. Imnoor BLumer. 1 Mionnet, soit dans sa description, soit dans son supplément, n’a attribué à

Palerme aucune de ces monnaies, bien que quelques-unes d’entre elles aient été décrites par Torremuzza et Hunter.

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Si les éditeurs de la Revue ont été empressés d'insérer ls note qu'on vient de lire, je n'étais pas moins qu'eux désireux de la voir paraître: car les intérêts de la vérité me préoccupent avant toute autre chose. Je n’ai point, on le comprend, à pré- senter d'observations sur ce qui concerne les monnaies publiées par M. Soutzo, et me bornerai donc à faire remarquer que l'existence bien constatée d’une monnaie de Panorme avec la légende HANORMITIEON ne pouvait modifier en aucune facon les résultats d'un travail que j'avais entrepris au sujet d’un tétradrachme de Delphes.

C'est afin de ne rien omettre de ce qui avait été décrit que j'ai cité la monnaie connue de moi par la gravure des Berli- ner Blatter seulement . Si j'ai fait des réserves à l'égard d'une pièce que les antiquaires français n’avaient jamais vue en na- ture, c'est que son aspect a quelque chose d’insolite; non pas toutefois que le type de Catane employé à Panorme m’ait sur- pris, Torremuzza et M. le duc de Luynes ayant publié des té- tradrachmes panormitains à ce type.

Nous avons tous présent à la mémoire la note par laquelle M. A. Salinas nous a fait remarquer qu’un didrachme parfaite- ment antique de la collection de M. le duc de Luynes, porte l'inscription NAXION entièrement gravée au burin, tout à fail en désaccord avec le type de cette monnaie (Bull. Inst, arch, 1865, p. 33).

Le génitif pluriel dorique HANOPMITAN qu’offrent cer- taines monnaies n'apporte aucune espèce de preuve à l'ap- pui de l'authenticité de la légende à la forme possessive qui, du reste, est tracée dans le sens opposé, ce qui exclut toute identification des exemplaires. Quant aux poids sur lesquels on lit AEITPA ITAAIKH, AIAEITPON ou TPIOYNKI[ON ITAAIKON, leurs légendes suffiraient à démontrer qu'ils ont été fabriqués en dehors de l’Italie, dont, précisément pour cela, ils mentionnent le système par opposition à un système grec local. D'ailleurs la langue dans laquelle leurs inscriptions sont conçues démontre encore leur origine étrangère, de même que

CHRONIQUE. 365

lear style se rapporte à une époque toute différente de celle

qui vit émettre les monnaies dont nous nous sommes ocoupés. J'ai naturellement toute la confiance possible dans les lumières

de M. Imhoof Blumer, et j’ai tout espoir qu’un examen atten-

tif de sa monnaie confirmera l'opinion qu’ a de l’antiquité de ce monument.

Hex pa Loncrtamn.

PRIX DE VENTE DES MEDAILLES ROMAINES DE LA COLLECTION DE M. J. GREAU.

Fe. 1. Lingot quadrilatère. Pégase, à gaucbe. » Aigle sur un foudre. Long., 172 mill.; larg., 0,145 mill. Poids, 1542 gr. 1050 28. Grand as. Æ 18. Tête de Vénus sur chaque face. 175 50. Rutules. Dupondius. Æ 19. Tête de Vénus etroue. 630

51. Id. As. Æ 17. Mémes types. 110 85. Perusia..As. Æ 18, Bipenne et roue. 225 86. Id. Semis. Æ 13 1/3, Mémes types. 165 90. Hatria. As. Æ 19. Tête de Bacchus. » Chien. 250 105, Lieu incertain. As. Æ 17. Tête à gauche. » Coq. 120

283. Famille Julia. Or. Buste de Diane, > IMP. CAESAR, temple. 165

618. Cesar et Auguste. Or. Téte laurée de César à droite. » Tête d'Auguste. 900

518 bis. DIVVS IVLIVS. Tête de César. » Tête d’Au- guste. G. BR. 300 520. Brutus. Or. Tête de M. Brutus. » Tète de L. Brutus. 2500 522, Sextus Pompeius. AR. Phare. » Scylla. 100

523. _ Id, pe Têtes de Pompeius Magnus et | de Cn. Pompeius. Or. 650

366 CHRONIQUE.

Ne.

S32. Caius Antonias. s Simpulum ct hache. Denier.

640. Augustus. AR. s Sphinx. Cistophore d'Asie.

658. Id. Or. Téte nue. » AVGYSTVS. Vache.

Gt. 74. DIVVS AVGVSTVS PATER. Auguste

assis. » Noms de Pibére. 6. H.

622. Même médaille presque d'égale beauté.

645. Tête d Auguste couronnée par la Victoire. ». Noms de Salvius Otho. Frappée sur un flan de grande dimension. Bronze.

667. Téte d'Auguste. » C. MARIVS TRO. III VIR. Têtes

de Julie, de Gaivs et de Lucius. Denier.

680, Tiberius. Tête de Tibére. » Autel de Lyon. G. B.

631. Jd. Autre marqué du poincon de la collection

d' Este. 693. Drusus Junier. Têtes d'enfants eur des cornes d'a- bondance. » Les noms de Drusus. G. B. 702. Germanicus. Type du retour des aigles de Varus. M.B. | 703. Id. Mémes types avec Ia conteemarque N. CAPR. 711. Caligula. » ADLOCVT COR. Gr. bronze. Id. Autre exemplaire au méme type. 73% Claudius. » EX. SC. OB, CIVES SERVATOS. Grand bronze. | 738. Id. Autre exemplaire avec la contremarque N. CAPR. 739. Id. Autre avec la contremarque PROB. 744. Id. » SPES AVGVSTA. avec IMP. P. P. au droit, G. B.

750. Claudius et Britannicus. Petit bronze avec les deux

têtes, frappé à lium.

753. Agrippina. Buste voilé. x Tête de Néron. AR. Cisto-

phore d’ Asie.

766. Nero. ». ADLOCVT. COH. Grand bronze.

773 Id. Le port d’Ostie. Phare et sept navires. G, B.

775. Fd. Méme lég. Port d'Ostie vec onze navires.

125

CHRONIQUE. 367

WN". ; Fr. 783. Néro. 3 CONG, IL. DAT. POP. R. Grand bronze. 100 © 787. Id. x DECVRSIO. Grand bronze. 130 803. Id. Temple de Jarius, Grand bronze. 150 820. Jd. ROMA. Rome assise. Grand bronze. 110 858. Popæa au revers de Néron, M. B. Lég. grecque. 200 875. Galba. ADLOCVTIO. Grand bronze. . 260 986. Otho. SECVRITAS P. R. Or. ; 215 956 bis. Vitellius. HONOS TE Ge VERTYS. ° Grand bronze. 150 965. Lucius Viteläus Censor. Denser. | ' 206 986. Vespasianus. TRIVMP. AVG. Char. Or. 210 4025. : 44. . ROMA. Rome aésise. Grand bronze. 103 1028. Id. ROMA. Rome debout. Grand bronze. 200 1061. Domitilla. FORTVNA AVGVWST. Argent. 15 - 1962. Domitia. CONCORDIA AVGYST. Paon. Or. 500

4449. Trajanus. Rome assise à droite sur des armes; Trajan lui présente une Victoire; à ses piods un

captif. G. B. inédit. 110 1454. Plotina. Vesta assise à gauche. Argent. 155 1455. Id. FIDES AVGVST. S.C. Figure debout. G.B. 345 1456. Marciana. Aigle éployé, sur un sceptre. Argent. 115 $457. %Id. EX SENATVS CONSYLTO. Char trainé par des éléphants. Arg. 325 1459. Matidia. PIETAS AVGVST. Matidie debout avec ses | filles. G. B. 200 1460. Trajanus pater. Au revers de Trajan. Or. 1006 L46L Trajanus pater et Nerva. Au revers de Trajan. Or. 275 1465. Hadrianus. AFRICA. L'Afrique couchée. Or. 120 1467, Id. ANN. DCCCLXXIIIT. NAT. VRB. P. _ CIR. CON. Or, 255 1496. Id. Jupiter debout, de face, Or. 140 1498. Id. Hercule debout, de face. Or. | 135 4511. id. SAEC. AVR. Figure debout dans un nimbe céleste, Or. 100

1522. Id. » Sans légende. Le Nil couché. Or. 170

368 CHRONIQUE. Ne Fr. 1523. Hadrianus. » Sens légende. Rome et Adrien dc- : bout, la Terre, l'Océan couchés. Mé-

daillon de bronze. 215 1657. Id. LIBERALITAS AVG. Adrien sur une estrade. Grand bronze. 100 1763. Sebina. VENERI GENETRICI. Grand bronze. 170. 1768. Ælius. PIETAS. La Piété debout. Or. 305 1783. Ælius. Au revers d’Adrien. Moyen bronze (Bibl. impériele ). 420 1801. Antonius. Cos. JI. Diane debout ( Revue num. 1861, pi. IV, 1). Médaillon.. 1030 1802. Jd. Cos. Til. Heculape debout. Médailion . de bronze. 100

1803. Id. » Sans légende. Antonin écrivant sur : un bouclier que soutiens une Victoire poece sur un cippe. Il est aecompa- gné de Faustine et de ses enfants.

Médaillon. | 280 31861. Id. GENIO SENATVS. Le Génie du Sénat debout. G. B. 150

1948. dd. » Sans légende. Hercule debout près d’un autel. Moyen bronze (Biblioth. impériale). | 57 1951. Marcus Aurelius. Au revers d'Antonin. Or. 110 1972. Faustina senior. p AVGVSTA. Diane tenant deux torches, . 150 2037. Galerius Antoninus. Au revers de Faustine. M. B. : Lég. grecques. . 125 2049. Marcus Aurelius. VIRTVS AVG. M. Aurèle traver- sant le pont du Danube, suivi de soldats. Or (Bibl. impériale). 600 2050. Id. » Sans légende. Argus construi- sant le vaisseau en présence de Mincrve. Médaillon de bronze {Bibl. impériale). __ 25

CHRONIQUE. Ne . | 2173. Marcus Aurelius. VOTA PVBLICA. Marc Aurelc et Faustine se donnant la main. G. B. | 2254. Lucius Verus. Marc Aurèle et Vérus couronnés chacun par une Victoire. Deux fleuves et un captif. Médaillon de bronze. 2326. Commodus. CONC. MIL. Commode entre’ quatre soldats. Or. 2337. Id. Jupiter -debout tenant un disque sur lequel on voit les Génies des quatre Saisons, et Génie tenant une corne d’abondance. Médaillon de bronze. 2484. Pertinax. PROVID. DEOR. COS II. Or. 2187. Id. PROVIDENTIAE DEORVM COS II. ‘Grand bronze. 2488. Id. VOT. DECENN. Pertinax sacrifiant. G. B. 2492. Manlia Scantilla. IVNO REGINA. Argent. 2493. Id. Méme revers. Grand bronze. 2495 bis. Didia Clara. HILAR. TEMPOR. Grand bronze. 2497. Pescennius Niger. VIRTVTI AVG. Argent, iné- dite. 2504. Albinus. FELICITAS COS. II. Grand bronze. 2505. Id. Même type. Buste nu à drôite. 2508. Jd.. MINER. PACIF. Grand bronze.

2569. Sept. Severus. VIRTVS AVGVSTORVM. Les trois

princes à cheval. Or.

2615. Id. VOTA SVSCEP. DECEN. Grand br. 2617. Id » Bustes de Julie, de Caracalla, de Géta. Or.

2645. Julia Domna. FECVNDITATI AVG. Médaillon br. 2748: Caracalla. PONTIFEX. TR. P. X. COS II. Victoire. Médaillon, bronze.

2790. Id. Même légende. Vaisseau. M. B

2813 ‘© Id CONCORDIAE AETERNAE. Buste de .

Sévère et de Julie. Or. 2842 Geta. FORT CORDIAE AVGG. (sic). Grand bronze. 2848 Id. PONTIF. COS. If. Minerve assise. .

A

369

480

320

385 300 220 180

360 180 215

$70 CRRONIQUE.

No, _. 2851. Geta. Méme légende. Caracalla, Géla et trois sold ats.

G. B. 2851 Diedumenianus. PRINC. IVVENTVTIS. Diadumé- nicn debout. G. B. 2860. Helagabel. CONSERVATOR AVG. Pierre conique sur un quadrige. Or. 2942. Julia Paula. Concordia assise. Grend bronze. 2086. Sev. Alexander. JOVI. VICTORI. Jupiter dans un temple. Médailion de bronze. 3062, id. P. M. TR.P. V. COS. IT. Thermes. M. B. inédit. 3134. Gordianus Africanus. ROMAE AETERNAE. Arg. 3135. Id. PROVIDENTIA AVG. Grand bronze. 3137. Gordianus Afr. junior. VIRTVS AVGG. Argent. 3138. isd. ROMAE AETERNAE. Grand bronze. 3187. Gordianus Pius. ADLOCVTIO AVGVSTL Gordien sur une estrade. Médaillon de bronze. 3344. Pacatianus. PAX AETERNA. La Paix debout. Arg. 3393. Herennius. PRINCIPI IVVENTYTIS. Moyen br. 3416. Treb. Gallus. FORTVNAE REDVCI. Gallus et Vo- lusien sacrifant. Médaillon de bronze. 3451. Emilianus. VIRTVS AVG. Grand bronze. 3453 Cornelia Supera. VESTA, debout. Argent. 3493. Valerianus. » Bustes de Gallien et de Valérien jeune. Médaillon de bronze. 3502. Gallienus. OB CONSERVATIONEM SALVTIS.

Médailion d'argent.

3550. Id. LEG. VII. VI. P. VI. F, Victoire. Billon.

3590, Id. VICTORIA. AVG. Gallien couronné par la Victoire. Or.

3690. Saloninus. CONSECRATIO. Bacher funèbre. Mé- daillon de bronte.

3715. Postumus. HERCVLI NEMAEO. Hercule étouffant le lion. Or.

3854. Aurelianus. FIDES MILIT. La Fidélité tenant deux enseignes. Or.

275. 115 115 - 510 250 |

170

4133. Magnia Urbica. PVDICITIA AVG. L'impératrice

A 197.

4198,

4280.

4573.

CHRONI IQUE.

assise. Wédailfon de bronze. M aximianus Herculius. VIRTVS AVG. Hercule sai- sissant la biche aux cornes d’or. Or. Id. VIRTVTI AVG. Hercule portant le sanglier. Or.

Constantius Chlorus. ADLOCVTIO AVG.N. Cons- tance sur l'estrade, Médaillon de bronze (Bit. impér.).

. Helena, PIETAS AVGVSTA. Hélène et deux en- fants, Médaifion de bronze.

. Maximinus Daza. SOLE INVICTO. Or.

Td. ‘SOLI INVICTO. Le soleil de face. Or.

. Maxentius. TEMPORVM FELICITAS. La louve,

Argent. . Constantinus. FELICIA TEMPORA. Quatre eh- fants. Or.

105

840

115

110

Id. FELICITAS PERPETVA SAECVLI. |

Or.

Id. GAVDIVM ROMANORVM. FRAN- CIA. Or, |

Id. VIRTVS EXERCITVS GALL. Mars. Or.

Id. Téte sans légende. » CONSTANTI- NVS. Quatré enseignes. Médail- lon. Argent.

Id, GLORIA SAECVLI VIRTVS CAESS, Médaillon de bronze.

. Constantinopolis. » VICTORIA AVG. Vaisseau.

Médaillon de bronze.

. Constantinus junior. VOTA CAESS. Deux Victoi-

res. Médaillon de bronze (Bibl. impér.).

. Nepotianus. GLORIA ROMANORVM. Moyen br.

Id. VRBS ROMA. Rome assise. M. B (Bibl. impér.).

Julianus. » D.N.IVLIANVS CAES. Trois enseignes. Médaillon d'argent.

240 230

165

451 285 148

135 126

26}

150

72 CHRONIQUE,

X= Fr. 4617. Eugenius. VICTORIA AVGG. Deux empereurs

assis. Or. 470 4656. Placidia. SALVS REIPVBLICAE. Victoire assise.

Or. 155 4660. Johannes. VICTORIA AVGGG. L'empereur debout.

Or. 125 4664. Avitus. VICTORIA AVGGG. L'empereur debout.

Or. 199

Aux prix qui viennent d'être indiqués, il faut ajouter 5 pour cent de droit de vente. La collection a été livrée aux enchères sous la direction de M. Henri Hoffmann. Le catalogue, rédigé par M. H. Cuben, est orné de sept planches gravées. Nous avons signalé les prix les plus élevés, mais nous indiquons aussi parfois des prix beaucoup moins considérables attribués à d'autres exemplaires d'une moins .bunne conservation. Ce genre de renseignement aurait pu recevoir beaucoup d'extension; mais i] nous suffira de dire que les grandes valeurs sont le plus souvent déterminées par l'état re- marquable des pièces. C'est Jt, à Paris, comme à Londres, un ré- sultat de la préoccupation de notre époque.. A. L.

re. EEE EEE ana

Be Gérant, J. Cusser. - Paris. Typog. Cusset et C*, 26, rne Racine,

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MEMOIRES ET DISSERTATIONS.

——

MONNAIES RHÉTIENNES

Le statère et l’hémistatère de travail barbare, imités des monnaies d'or d'Alexandre le Grand, dont la représenta- tion figure en tête de cet article, ont été dessinés, il y a deux ans, chez MM. Rollin et Feuardent.

Ce qui fait leur intérêt et ce qui les distingue de toutes les autres imitations barbares des pièces du conquérant macédonien, assez multipliées, est cette circonstance que leurs légendes ne sont pas, comme d'ordinaire sur les monnaies analogues, composées de traits sans suite et sans

signification. Elles appartiennent à un alphabet bien connu, 1869-1870. 6, 2

7h ; MEMOIRES

celui que M. Mommsen a appelé nord-éérusque, et auquel il a consacré un important et célèbre mémoire ‘. La légende du statère se lit :

EUNO Celle de l’hémistatère, en deux lignes :

EPO HCMTR

les voyelles brèves étant omises dans ce dernier mot, sui- ‘vant l’habitude étrusque. Ce sont probablement des noms de chefs inconnus à l'histoire.

L'alphabet nord-étrusque, avec quelques légères va- riantes locales, était en usage dans trois régions occupant une assez vaste étendue de territoire :

Chez les populations euganéennes des bords du Pi. Deux inscriptions à Vicence, une à Vérone, une à Cone- gliano, une à Limone sur le lac de Garde, sept à Padoue, quatre à Este et une dernière découverte auprès d’ Hadria, constituent toute sa littérature dans cette région, qui a été recueillie en un seul corps par M. Mommsen.

Chez les populations gauloises des Alpes et de leur versant italien. Le principal monument de l'alphabet nord- étrusque chez ces peuples est l'inscription en langue cel- tique, découverte en 1864 par le comte Eugène Tornielli Brusati sur le territoire de San Bernardino, fraction de la commune de Briona, petit village du Novarais, situé au pied de collines qui se lient à la chaîne des Alpes, entre la vallée de la Sesia et celle du lac d’Orta. Elle a été publiée et expliquée de la manière la plus ingénieuse, d’abord par un savant turinois, M. Giovanni Flechia, dans une disser-

1 Die Nordetruskische Alphabete auf Inschriften und Münsen, dans les Mitthei- lungen der Antiquarischen Gesellschaft in Zurich, t. VII, p. 199-259.

ET DISSERTATIONS. 375

tation spéciale et éditée séparémeni, puis par M. Alfred Maury dans un article de la Revue archéologique *. C’est aussi le même alphabet que nous retrouvons dans les légendes des pièces d'or et des pièces d’argent imitées de la monnaie de Marseille, que M. de Longpérier a si savam~ ment attribuées aux Salasses *. Nous le reconnaissons enfin sur les petites monnaies d’ argent imitées des pièces romaines: de la Campanie, qui portent d’un côté une tête imberbe laurée, et de l’autre un cheval en course ou une tête de cheval, avec les inscriptions SENAS, IANKOVESI ou KA- SIOS *. Ges monnaies se découvrent constamment dans les parties de la Provence voisines des Alpes et dans le Com- tat; on doit donc supposer que le peuple qüi les frappa habitait le revers occidental de la grande chaîne qui nous sépare de l'Italie.

Dans la Rhétie, l'alphabet nord-étrusque servait à écrire une troisième langue, dont les monuments sont réunis - dans la planche Ite du mémoire de M. Mommsen. Ce sont les inscriptions de deux pierres à Arano et à Dravesco, dans _le Tessin, d’un vase de bronze trouvé à Trente et de deux casques découverts à Negan, dans la Styrie.

Entre les trois contrées que nous venons d'indiquer comme constituant le domaine de l'alphabet nord-étrusque, je ne crois pas gu’ily ait d’hésitation possible pour attribuer nos monnaies.. Elles ne sont certainement frappées ni dans l'Italie du Nord, ni dans les Alpes celtiques. La Rhétie leur convient, au contraire, fort bien comme pays d’origine, car elle touche au bassin du Danube, fleuve sur les bords du-

1-Nouv. sér.,t. X, p. 453-459,

2 Revue numismatique, 1861, p. 383-347; pl. XV.

8 Dureau de la Malle, Rev. num., 1839, p. 321, pl. XIV. Duchalais, Me- dailles gauloises de la Bibliothèque Royale, n°* 342-346, Mommsen, Die Norde-. truskische Alphabdete, pl. HI, n°* 36-38.

376 MÉMOIRES

quel paraît avoir été concentrée l'imitation des statères d'Alexandre. Aussi est-ce à la Rhétie que nous proposons avec confiance de les rapporter.

On nous permettra une dernière observation pour ter- miner.

En voyant un alphabet d'origine incontestablement étrusque en usage dans la Rhétie et dans les contrées alentour, on ne saurait empécher sa pensée de se reporter à toutes les discussions qui se sont soulevées autour de la question de la parenté des deux populations de l’Étrurie et de la Rhétie, ainsi qu’autour du passage fameux Denys d’Halicarnasse dit que les Étrusques .se donnaient à eux-mêmesle nom de Rasena. Chacun sait que sur cetle grave question, qui constitue la première base de toute étude des origines étrusques, deux systèmes différents ont partagé les savants. Les uns, attachant une importance prépondérante au témoignage de Tite-Live, qui nous montre les Etrusques, établis d'abord sur le rivage de la Méditerranée, envoyant ensuite des colonies à travers le chaîne centrale de l'Italie pour envahir le pays au delà du PO, considèrent les Rhétiens comme un rameau de cette migration étrusque vers le Nord, lancé plus avant que les autres jusqu'au milieu des Alpes. Les autres, comme Clavier, Heyne, Fréret et surtout Niebubr, préférant leurs propres spéculations aux témoignages des écrivains an- tiques, retournent absolument les données que l’on peut puiser chez ces écrivains; ils croient les Étrusques origi- naires de la Rhétie, les font descendre des Alpes, conqué- rir d’abord les plaines qui séparent la chaîne des Alpes de l’Apennin, puis, après avoir fondé leur empire dans la vallée du PO, traverser l’Apennin pour s'emparer du val d’Arno, du val di Chiana et des Maremmes jusqu’au Tibre.

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FT

ET DISSERTATIONS, 377

Ce n’est pas ici le lieu d'entrer dans la discussion de la valeur respective de ces deux systémes et de chercher 4 notre tour à nous former une opinion motivée sur l’ori- gine des Étrusques, recherche qui serait un véritable hors- d'œuvre à propos de nos deux petites monnaies, et qui nous entrainerait, d’ailleurs, à d'énormes développements. Mais nous ne croyons cependant pas possible de laisser entièrement de côté, sans le signaler en passant, l’argu- ment d’une véritable importance que l'étude de la paléo- graphie comparative fournit à l’histoire dans cette ques- tion. La filiation incontestable de l'alphabet nord-étrusque révèle en effet, par des marques matérielles et sensibles, entre l’Etrurie et la Rhétie, un grand courant d’influences marchant du Sud au Nord, d’Etrurie en Rhétie, en sens inverse du courant de migration qu’admettait Niebuhr. En cela les données fournies par les alphabets sont confir- mées par les monuments d'art étrusque que l’on a décou- verts aussi en Rhétie, monuments d'un art dont le berceau et le foyer n’ont pu être que dans l'Étrurie italienne, qui est remonté ensuite du Sud au Nord jusque dans les val- lées des Alpes, et que les objets si précieux trouvés dans les tombes d’Allstatt nous montrent enfin, après son intro. duction dans la Rhétie, rayonnant, comme l'alphabet nord-étrusque, sur les populations voisines de la Styrie ét même de la haute Autriche. Il serait vraiment extraordi- naire que ce courant d'influences, impossible à nier, eût précisément remonté le courant des migrations de races. La vraisemblance indique beaucoup plutôt qu'il a le suivre, et qu’en l'absence d’autres indications il nous en révèle aujourd'hui la marche.

FRANÇOIS LENORMANT.

Es

378 MEMOIRES

BIAS DE PRIÈNE

M. le lieutenant-général Charles R. Fox, un des hommes les plus aimables et les plus instruits de l’armée anglaise, a formé depuis longtemps une magnifique collection de médailles grecques Il ne s'est pas contenté de renfermer dons son médaillier les plus beaux et les plus rares monu- ments de la numismatique antique; il a voulu permettre aux archéologues qui ne peuvent aller visiter sa collection en Angleterre d'en profiter néanmoins pour leurs études, et il nous a donné deux fascicules fort importants conte- nant les gravures et la description d'environ 300 pièces inédites ‘. Cette publication est déjà bien connue; les do- cuments qu'elle renferme ont été souvent utilisés par les antiquaires; cependant, il me semble que l'on n'a pas en- core examiné avec une application suffisante une monnaie de bronze, pourtant très-remarquable, qui, dans la seconde partie de l'ouvrage, porte le 82. Je crois qu'il est bon d’en reprendre encore l'étude après M. le général Fox qui l'a décrite ainsi : (p.14).

BIA. Buste d'homme barbu, drapé sur l'épaule gauche, tourné à droite ; derrière II,

1 Engravings of unpublished or rare greek coins with descriptions, part. ], Eu- rope, 1856 et édit., 1862, Part. II, Agia and Africa, 1862, 4°,

ET DISSERTATIONS. 379

8. IPIHNEON, Figure (Lunus), à gauche avec une lance ou un sceptre dans la main droite ; la gauche étendue. Æ. 8. Quand on examine attentivement le beau buste barbu représenté sur le droit de cette médaille, on reconnaît qu'il ne peut être attribué ni à Jupiter, ni à Neptune, ni à Escu- lape. Malgré la grandeur presque idéale de ses traits, il offre un caractère d’individualité qui nous indique un per- sonnage appartenant à l'humanité.

En outre, la légende doit être lue d'une manière plus complète et plus exacte. Le caractère placé derrière la tête et qui a été pris pour un IT, est bien certainement un sigma carré, tel qu’on en voit sur diverses monnaies de l'Asie Mineure, parmi lesquelles on doit citer, pour la ville de Priène d’Ionie, les pièces qui offrent les noms AEQNTOL, ....AXOL (incomplet), et le titre APXONTOL'. Au lieu donc de BIA plus I, il faut évidemment lire BIAL. Ce groupe de caractères coustitue le nom du personnage représenté sur la médaille.

Avant d'aller plus loin, je dois fairé observer que |’ usage d'isoler la première ou la dernière lettre d'un nom sur un des côtés de la monnaie, derrière une tête ou une figure entière, pendant que le reste du nom occupe la partie op- posée du champ, devant le type, est établi par d’autres monuments. Je me bornerai à citer, comme exemples faciles à vérifier : |

AHMO—C, sur un petit bronze d’ Azani de Phrygie, ap- partenant au British Museum et publié par Taylor Combe (Veter. popul. et reg. Numi, 1814, tab. XI, 14).

KPONO—%, sur une monnaie d’argent d'Himéra, de la

1 Mionnet, Descript., t. III, p. 188, 904. Suppl, t. VI, p. 298, n°* 1379, 1381.— C. Combe, Mus. Hunt., pl. 44, 6,

380 MÉMOIRES

collection de M. Imhoof-Blamer, et publiée par lui dans les Berliner Blatter für Münzk. 1869, pl. LIIT, 9.

OMIIPO—C, petit bronze de Chio du musée Hunter de Glasgow, publié par Charles Combe (Num. vet. popul et urb. 1782, tab. XVII, 22).

O—MHPOC, petit bronze de la même ville; musée de Vienne, publié par Eckhel (Sylloge 1, num. vet. anecd., 1786, tab. IV, 7); M. J. Kofod Whitte décrit ces deux dernières pièces dans sa monographie sur Chio (De reb. Chior. publ., Copenhague, 1838, p. 105); mais il ne pa- ralt pas avoir compris la disposition des légendes; car il indique un = (croissant renversé) et un 0 post tergum Ho- meri, après avoir mentionné le nom de OMHPOC complet.

A—NTIOC, sur un petit bronze d’Antioche de Pisidie, de la collection du général Fox (Engravings of unpubl. greek coins, partie, pl, VI, 120).

On me pardonnera d’insister sur ces détails; mais dans l'étude de la numismatique, il importe de ramener à la série toute particularité qui, prise isolément, pourrait faire naître un doute.

Si la monnaie qui représente Bias était frappée à Argos, on pourrait supposer qu'elle a pour type un buste de l'an- cien roi, frère du devin Melampus, dont il est question dans l'Jliade' et dans plusieurs chapitres de Pausanias”; car les peuples de langue grecque ont assez souvent adopté pour types de leurs monnaies des figures de personnages homériques.

Mais l’origine de la monnaie ne permet pas d’hésitation. Ce bronze fournit un excellent portrait de Bias, le sage de Priéne; et l’on peut dire que ce portrait, exécuté dans la

1 Jiiad. A, 296. N, 691. 2 Pausan., 1], 18,4. IV, 34, 4 et 36, 3.

- a ee i ee a [el 7 ee ee gg pee oe

ET DISSERTATIONS. 381

patrie même de cet homme considérable dans les annales de 1’Jonie, et vraisemblablement d’après une statue qui lui avait été consacrée par ses compatriotes, en ce sanctuaire qu'ils avaient nommé Teutameum, « xal ot Hpemveïic % adtip cépevoc aeabtépwoay nd Tevtdctov Acyépevov'n, offre beaucoup plus de ga- ranties, en ce quiconcerne la ressemblance, que les hermés recueillis en Italie.

L'un de ces derniers, trouvé en 1780, près de Tivoli, dans la maison de campagne de Cassius *, porte le nom : BIAZ IIPHNEVS (sic), suivi de la sentence OI HAEIS- TOI ANOPQIIOI KAKOI, cet apophthegme favori du sage de Priène que Diogène Laërce reproduit deux fois dans sa biographie. Un autre hermès, découvert à Rome sur le mont Cælius, a été attribué à Bias par assimilation”, car il ne porte pas d'inscription. Tous deux étaient enfouis avec d'autres sculptures de la même catégorie représentant des sages et des poëtes. C’est assez dire qu'ils avaient appartenu à ces collections iconographiques préparées pour l’orne- mentation des bibliothèques romaines, et nécessaire- ment le besoin de former des séries complètes, des pen- dants réguliers, des antithéses littéraires devait introduire des images plus ou moins inexactes *. C’est ainsi que, de nos jours, on peut voir des édifices publics de construction récente, décorés de statues et de bustes plus ou moins apo- cryphes d’hommes célébres dont les contemporains n’a-

1 Diog. Laert., I, V, 88.

3 Visconti, Iconogr. grecque, t. I, p. 110, pl. X, no 1.

® Ibid. p. 113, pl. X, 3.

* Les Romains instruits ne se faisaient pas d'illusions à cet égard, témoin le texte de Pline : « Siquidem nunc....... in bibliothecis dicantur illi » quorum immortales anime in locis iisdem loquuntur. Quin immo etiam que non sunt, finguntur, pariuntque desideria non traditos vultus sicut in Homero evenit. » Hist, nat., XXXV, 2, 6.

382 MÉMOIRES

vaient pas reproduit les traits, et que nos sculpteurs font revivre à l’aide d’un compromis entre leur imagination et l'étude qu'ils ont faite de la physionomie et du costume d’autres hommes du même temps. Les hermès ou bustes de bibliothèques se rattachent les uns aux autres par un cer- tain air de famille, une certaine conformité de style quien atténue un peu la valeur. Les monnaies, au contraire, gra- vées par des artistes divers de patrie et d'âge, appartenant à des écoles indépendantes, nous donnent certainement des portraits plus librement exécutés et par conséquent préférables.

Au reste, malgré des différences notables dans le travail, l'effigie de la monnaie de Priéne et les hermès de Bias pré- sentent, notamment en ce qui concerne une disposition très-particulière de la chevelure, des rapports de ressem- blance tout à fait frappauts.

Sur le revers de cette monnaie parait un personnage de- bout, en habit militaire, autant qu'on en peut juger d’après la gravure qu'a publiée M. le général Fox. Cet antiquaire propose dubitativement de voir une image du dieu Lunus, quoiqu'on n'aperçoive dans le dessin aucun des symboles qui caractérisent ce dieu. C’est peut-être une figure en pied de Bias que Chariton, l'auteur du roman de Chæreas et Callirhoé, mentionne avec le titre de & otpatyyd<¢ Dpmyinv. Sur une autre monnaie de bronze de Priéne, Millingen avait reconnu la présence de Bias, et il avait communiqué une description de cette monnaie à M. Mionnet, qui l'a insérée dans le V]° volume du Supplément de son grand recueil.

4380. Tête imberbe casquée, à droite.

Revers. LIPIHNEON. Bias, debout marchant, à droite, la tête nue et barbue, vêtu d’une longue robe; la main

re i le —— ee ee Oe ee ee eee ee ee ee eLp > 777 eee eee

ET DISSERTATIONS. ' 383

gauche sur un b&ton; derriére, un trépied et quelques lettres effacées, forte AIIOS. Æ. At.

Quoique cette description ne soit accompagnée d'aucune note, il est facile de voir que le savant Millingen avait donné le nom de Bias à la figure représentée au revers de la monnaie, en raison du trépied qui est près d'elle.

L’éminent archéologue anglais s’était rappelé les récits de Plutarque et de Diogène Laërce ‘, suivant lesquels des pêcheurs, ayant retiré de la mer un trépied d'or (Plut.), ou de bronze (Diog.), sur lequel on lisait l’inscripiion Te cop, ce trépied fut envoyé à Bias, qui ne voulut point l'ac- cepter, disant que c était Apollon qui était le sage. Mal- heureusement nous ne connaissons aucun dessin de la mé- daille autrefois en la possession de Millingen; il eût été intéressant de placer ce monument en regard de celui que nous devons au général Fox.

Alors qu’il est question des documents numismatiques relatifs à Bias et à Priéne, il sera permis d’ajouter une courte remarque au sujet d'un passage de Valère Maxime, qui concerne à la fois la ville ionienne et le sage auquel elle avait donné le jour. L'écrivain latin s'exprime ainsi :

« Bias autem, cujus sapientia diuturnior inter homines est, quam patria Priene fuit (siquidem hic etiam nunc spi- rat, illius perinde atque extinctæ vestigia tantummodo ex- tant), ita aiebat, etc.?. »

Quoique, en général, le désir de faire une antithése en- traîne certains auteurs à sortir des limites de la vérité, et qu'à la rigueur on puisse supposer que Valère Maxime ne possédait pas de notions sur Priéne, qu il croyait détruite; cependant, il est bon de noter que l'on a retrouvé des mon-

1 Plut., Solon, 4. Diog. Laert., I, V, 82, 2 Val, Max., VII, 3.

384 MÉMOIRES

paies frappées par cette ville sous le règne des empereurs, depuis Auguste jusqu'à Valérien, et, conséquemment, fort longtemps après la mort de l'écrivain latin.

On pourrait donc supposer que Valère Maxime n’a voulu parler que du renom de Bias survivant à celui de Priène, et que la phrase incidente : « siquidem hic etiam, etc», placée entre parenthèses par les éditeurs, est une glose,

‘une note marginale introduite dans le texte original à une époque relativement récente, postérieure même à celle fut rédigée la Notice d'Hiéroclès, dans laquelle figure encore le nom de Priène parmi les villes de l’éparchie d’Asie. C'est une question que les philologues pourront examiner, si l'emploi d'un argument tiré de la numismatique ne leur inspire pas une trop profonde aversion.

ADRIEN DE LONGPÉRIES.

ET DISSERTATIONS. 385

LES CONTRE-MARQUES MONETAIRES

A L'ÉPOQUE DU HAUT-EMPIRE.

(Suite : Voir plus haut, p. 300.)

Passons maintenant aux contre-marques qui contiennent manifestement le nom Tiberius.

Naturellement, je ne reviendrai pas sur celles de ces contre-marques qui se trouvent associées aux suivantes : AVG. (n° 2) ou IMP. AVG. (n° 10); elles ont été déjà étu- diées, à propos des contre-marques de l'empereur Auguste.

Nous devons, dans ce paragraphe, nous borner exclusi- vement aux différentes formes employées par ou pour Ti- bère lui-même.

La plus fréquente et la plus simple de toutes ne com- porte que la syllabe TIB. (n° 47), placée tantôt dans un poinçon carré, tantôt dans un poinçon rond muni à gau- che et en avant du T initial, d'une petite dent qui se dé- tache du contour et s’avance sur le champ de la contre- | " marque (n° 45).

M. Toulmouche, sans se préoccuper de la forme du poinçon, cite la contre-marque TIB. isolée comme trouvée sur les MB. d’Auguste, extraits du lit de la Vilaine, à Rennes. .

Le gué de Saint-Léonard a fourni la contre-marque TIB. (n° 47) : -

sus ane A1 visas fra-ce a Lyon, avec Cesar.

Peete stow Tics. fox VI. frappé à Lyon.

rss cs tt crie ie rare sous Caligula, et meee roe Ce tom ST à 41 de LD.

ee tne ti sb a Lininæe:

fo owes 4h stlrciuns Cesar Pont. Mar.

fo o.ss.c ah mt ois Nevin om 2<taire d’ Auguste).

~ ase ad t+ Pers, Loi. Vil, frappé à Lyon.

= tm.

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: "ou. MS Mt Dicuss 2.05 pas eté emplovées No eee oe Ÿ 1 IT. Daud Ses Vili Suers que la ronde oN ob Dod RIL ELIKL Spe ni. cr Eu Be Sest pas, Lou Nach Nae se Soc Les tes noNerieures à celle

3 2 ecue lan f&et l'an 14

IE 3 eS rencontrée au gué UN sus tri ne 22 VE 2. Geruanicus frappé sous A Less ae Fac EL ous sus smbablement dans SS PV VSS Bes LR BUY Uavesement de Caligula. Leung ay & ale oe oe acc: bea de nous étonner. Peu Ru nt 2 a soa li Surrer les mconaies a l'effigie de wet ae Gora Sak meet ETS ÎS ans, Thbére venait dément, Jo re vas TL TR sag etpucaiion possible de re de wee Qo eran ue : C'est ju'eue a été appli- he en hu men ek ole Sein Sète ement, depuis un dope tation, et sat poovais ètre assez éloigné de

ie

VN oe sent DL À Ce

—— .

ET DISSERTATIONS. 7 387

Rome pour que. la nouvelle de la mort de Tibère n’y fat pas encore officiellement connue, lorsque déjà une mon- naie émise par l'ordre de son successeur avait pu y arri- ver. Il y a là, je l'avoue, une difficulté trés-sérieuse et dont je ne me dissitnule pas la gravité.

Comme je n'ai jamais vu la contre-marque TIB. appli- ‘quée sur une monnaie de la colonie de Nimes, il est assez probable que ce n’est pas en Gaule qu’elle a été employée ; et effectivement, c'est presque toujours en Rhétie, en Pannonie, en Germanie et en Illyrie que Tibère a com- mandé les armées d’ Auguste. °

I] existe des pièces sur lesquelles on trouve d'un côté la contre-marque 47, et de l’autre la contre-marque 16. I] est donc bien clair que la pièce en question a été sou- mise deux fois à l'application d’un signe qui devait très- probablement, ainsi que nous l'avons déjà dit, en élever la valeur, par suite d'une nécessité de guerre quelconque.

Je possède un exemplaire du MB. d’ Auguste, Cæsar Pont. Max., provenant de la collection de San Giorgio et présen- tant cette rare particularité : la contre-marque ronde, que je crois la plus ancienne, a été appliquée au revers, et la carrée devant la face d’ Auguste.

Il ena été extrait un semblable du gué de Saint- Léonard. |

Tiberius Cæsar.

Passons maintenant aux contre-marques qui donnent à Tibère le titre de Gæsar. En voici la liste d'après les re- cueils de M. Toulmouche et des fouilles du gué de: Saint- Léonard.

4. TIB. C. (Toulmouche), sur le MB. d’ Auguste 2. TI CH. Id. °

888 MÉMOIRES 8. TIBER C. Id.

S'est trouvé 2 fois à Saint-Léonard, sur des MB. d Auguste, Cesar Pont. Max.

A. (Ne 14) (Toulmouche) S'est trouvé 2 fois à

5. TI. CAESAR. Id.

Saint-Léonard, sur la méme espéce de mon- paie,

Sur un Germanicus.

6. TI CA. Saint-Léonard. Sur un Caligula (type

de Vesta). 7. TIB. C. Id. 5 fois sur Cesar Pont. Max. et une fois sur Tibère, Imp. V. (Autel de Lyon). J'en possède un exem- plaire sur l’Auguste de Lyon. Un deuxième exemplaire appliqué surune pièce semblable n'offre pas de point après la lettre C. 8 TIB C. (Toulmouche). Sur le MB. de Lyon " MI d’ Auguste 9. (N° 46 et 17) Id. Id. 40. T. G. P. A. Id. Imprimé en creux sur le MB. d’Auguste , Pont. Max. TIB. 44. CA, Id. Id. 42, (N°18) Saint-Léonard. Id.

13. TCNIM. Id.

oe a ee i i i ee ee

Sur le MB. d’ Auguste, à

ee ee nn

ET DISSERTATIONS, 389

. la légende consensu etc. (Divus Augustus). - 44. TC. | RA. (Toulmouche). Sur le MB. d’Auguste, Cesar Pont. Max.

15. (N° 49) Saint-Léonard. 1 fois sur le MB. de

Claude (Pallas).

16. (N° 20) . Id. 2 fois sur le MB. d’ Au- guste, Cesar Pont. Max.

17. (N° 24) Id. 5 fois sur des MB. de

| - Germanicus (sous Ca-

ligula).

Les n* 4, 2; 3, 4 et 7 se lisent sans incertitude et rentrent sans difficulté dans la classe des monete cas- trenses de Tibére, frappées du vivant d’ Ayguste. Toutes les autres ont besoin d’étre étudiées avec soin.

Le 5 serait bien étrange s'il concernait le MB. frappé . par l’ordre de Caligula. M. Toulmouche a oublié de nous dire si cette contremarque est appliquée au MB. à la légende SIGNIS RECEPTIS etc. ; mais je suis convaincu qu'il en est. ainsi. Cette monnaie a été frappée en l'an 16 ou 17 de l’ère chrétienne, après la victoire de Germanicus sur les Ger- mains, et la reprise des enseignes perdues par Varus, vic- toire qui eut lieu en l’an 16 de J.-C. Alors Auguste était mort depuis deux ans et Tibère était Auguste. Il ne prend toutefois sur nôtre contremarque que le titre de Cesar, ce qui n’a rien d extraordinaire, d'ailleurs.

Le 6 TI CA a été trouvé sur un MB. de Caligula au type de Vesta. Nous sommes obligé de nous en tenir, pour cette pièce, à la même explication que nous avons proposée, lorsqu'il s'agissait de la contremarque 47 TIB.

appliquée à un MB. de Germanicus, frappé en 37 de J.-C., . 1869-10. 6. | 27

390 MÉMOIRES

par l'ordre de Caligula. Je ne dissimulerai pas toutefois que cette explication ne me satisfait pas pleinement.

Le 8 est très-intéressant et doit être rapproché du 9. Je n'hésite pas à y lire Tiberius Cæsar, militibus, et à y voir une véritable pièce de guerre, affectée à la solde de l’armée avec une valeur conventionnelle. Quant à la figure étrange (n° 17) qui accompagne la contremarque 9, je ne sais qu'en dire.

Le 10 ne comporte que des lettres imprimées en creux. Faut-il les lire Tiberius Cæsar Paterna Arelate, ou Tiberius Colonia Paterna Arelate? Je laisse à de plus hardis le soin de le décider, et je me borne à mentionner ces deux lectures possibles ‘; toutefois, l'absence du titre J ulia m’embarrasse.

Le 11 est ggalement de lecture incertaine. Faut-il

' Nous savons qu'en 48 avant J.-C., trois colonies militaires furent décré- tees par Jules Cæsar et fondées par Tiberius Claudius Nero, c'étaient : Colonia Julia Paterna Decumanorum, à Narbonne (X° légion) ; Colonia Julia Paterna Arelate (VI® légion), à Arles; et Colonia Julia Paterna Biterra (VII° légion), à Béziers. En méme temps était fondée une colonie maritime & Forum Julii (Fréjus). Vingt ans plus tard, Auguste fondait, au nom de son pére adoptif et au sien, un certain nombre de nouvelles colonies telles que : Colonia Julia Secundanorum (XI° légion) à Arausio (Orange). En même temps, Forum Julii recevait les colons de la VII* légion, et beaucoup d'autres villes recevaient les priviléges du droit romain, avec le titre de colonie, c'étaient :

Julia Carpentoracte. . . . .... so. Carpentras. Cabellio, ,...,........,.,.,. e Cavaillon. Julia Valentia, , ....,.., eee eee eee Valence. Nemausus, ...-..,........... Nimes. Julia Vienne. .,................... Vienne. Julia Augusta Aquæ-Sextig, . . ,,. .. ... o.. Aix. Augusta Tricastinorum........ e+, + Aouste, Apta Julia... .......,..,....... Apt.

Alba Augusta Helviorum. seu... ÂÀps

ET DISSERTATIONS. 30F

y voir simplement Tiberius Cesar? Mais le mot Cesar abrégé en CA. me paraît bien invraisemblable. S'agit-il d’Arles, colonia Arelate, ou de Cabellio, sans son titre de colonia, etc., etc. ? J'avoue que je ne saurais le deviner.

Les n* 142 et 14 doivent peut-être se comparer au 40 examiné plus haut. Le 42 semblerait donner raison à la lecture Tiberius Colonia Paterna Arelate ; mais peut-être sommes-nous à cent lieues du véritable sens de ces lettres.

Si M. Toulmouche a bien copié le 44, il y faut lire toute autre chose. La première partie semble bien signifier Tiberius Cesar ; mais la seconde RA.? je ne me charge pas de l'expliquer.

Le n°13 nous offre encore une-enigme bien embrouillée. Si chaque lettre est une initiale, nous serions tenté de les compléter ainsi : Tiberius Cesar. numus inter milites Mais c’est là, hâtons-nous de le dire, une interprétation bien digne du P. Hardouin, de fantastique mémoire. Cette contremarque est appliquée sur le MB. frappé après la mort d'Auguste, avec la légende : Consensu, etc., c'est-à-dire postérieurement à l'an 14 de J.-C.

Le 15 appliqué à un MB. de Claude, frappé en l’an 41 de J.-C., ne peut plus évidemment concerner Tibère. Peut- être pourrait-on à la rigueur y trouver les noms de Tibe- rius Claudius lui-même. Mais n’ayant pas vu cette contre- marque en nature, je n'ose m'en occuper plus longuement.

Le 16 se lit bien au commencement Tiberius Cesar. Mais que signifie la derniére ligature (n° 22)? Est-ce Augustus? cela est bien incertain. S'il en est ainsi, cette contremarque aurait été employée entre l'an 14 et l’an 37 de J.-C.

Enfin, le 17 est si extraordinaire à cause des ligatures qu’il présente, que j'aime mieux ne pas m'en occuper

$92 | MEMOIRES

avant d'avoir pu l'étudier de visu Qu'elle contienne les éléments des mots Tiberius Cæsar, cela ne fait pas question. Comme cette contremarque s'est rencontrée, sur 5 des MB. de Germanicus émis par l'ordre de Caligula, elle a été certainement employée en 37 de J.-C., avant notification officielle de la mort de Tibère; mais en quel lieu? je lignore.

Tiberius imperator.

La contremarque TIB.IM. a été rencontrée par M. Toul- mouche sur le MB. d’ Auguste, frappé à Lyon avec la lé- gende Cesar Pont. Max. A Saint-Léonard, cette contre- marque s'est trouvée deux fois sur la même monnaie d’Auguste, et une fois sur le MB. de Tibère Imp. VII, frappé à Lyon.

Moi-même je possède un exemplaire de cette dernière monnaie, provenant de la collection Dassy, et elle ma donné Ja certitude que les exemplaires de Rennes et de Saint-Léonard avaient été bien lus. Il n’y a pas moyen, en effet, d'y voir la contremarque (n° 23), au lieu de IM.

Pas d’hésitation possible sur l'attribution de cette con- tremarque. Le titre IMperator, qui suit le nom Tiberius, ne peut être que celui qui était décerné aux généraux heureux. C'est donc entre l'an 4 et l'an 14, ou plutôt l’an 42 de J.-C, qu'il faut placer l'emploi de cette contremarque. Nous savons, en effet, que pendant ces huit années Tibère n’a pour ainsi dire pas cessé de commander les armées romaines, en Germanie, en Illyrie et en Pannonie.

Tiberius Augustus.

Nous arrivons maintenant aux contremarques sur {es-

ET DISSERTATIONS. 393

quelles Tibère reçoit le titre d’Auguste et qui, par consé- quent, sont postérieures à l'an 14 de J.-C., date de la mort d'Auguste. |

Énumérons celles de ces éontremarques qui ont été trouvées jusqu'à ce jour. |

TIB. et TIB. AVG. Cette contremarque double a été trouvée par M. Toulmouche sur le MB. d’Auguste, frappé à Lyon. Il en est de même de la double contremarque sui- vante :

2 TI AVG: et S.P.Q.R.

(N° 24) rencontrée deux fois à Saint-Léonard; * l'une sur le MB. lyonnais de Tibére Imp. VII; l’autre sur le MB. d'Auguste divinisé, avec la légende consensu senat. . eteq. ordin. P.Q.R., frappé postérieurement à la mort d’Auguste (14 de J.-C.).

he (N° 25) Saint-Léonard, sur un MB. de Tibére Imp. VII (de Lyon).

(N° 26) Saint-Léonard, sur un MB. de Germanicus, signis receptis, etc.

(N° 27) et BON. Saint-Léonard sur un MB. de Claude, au type de Constantia.

(N° 27) sur un GB. de Claude (R. S.C.P.P. ob cives servatos), qui m'est venue de la collection San Giorgio.

Interrogeons maintenant ces div2rses contremarques.

La présence, sur le n°4. des types TIB. et TIB. AVG. nous prouve que cette pièce a été deux fois mise en usage comme moneta castrensis, La premiére, lorsque Tibére commandait les armées d’Auguste, et la seconde, lorsqu’il était devenu lui-méme empereur.

Le 2 est très-curieux. La contremarque S.P.Q.R. que nous trouvons comme formule de réprobation sur les monnaies de Néron, ne peut plus jouer ici le même rôle,

894 MÉMOIRES

puisqu'elle est appliquée sur une monnaie d’ Auguste. Nous savons qu'à la mort de Néron, le Sénat et le peuple romain crurent à une renaissance de la République : de 1a les rares deniers autonomes si bien décrits par feu le duc de Blacas ', et les monnaies de Néron si fréquemment contre- marquées de la formule S.P.Q,R. Il y a tout lieu de croire que notre monnaie d'Auguste, déjà contremarquée du type TI AVG. aura subi le même sort, et probablement à cause de cette contremarque même relative à un souverain voué à l’exécration publique. Si cettecontremarque ne s'est rencontrée qu'une seule fois jusqu'ici, c est qu’ apparem- ment les monnaies émises à Lyon au type de |’autel de . Rome et d’Auguste ne franchissaient guére les Alpes. Le spécimen qui nous occupe, apporté à Rome par le hasard, aura reçu à l'officine monétaire le stigmate destiné plus spécialement aux monnaies de Néron.

Le 3, postérieur à la mort d’Auguste, se trouve effec- tivement sur un Tibère frappé à Lyon avant cette année, et sur un Auguste frappé après sa mort; il n’y a donc rien que de trés-naturel.

Il en est de même du À qui est certainement posté- rieur à l’année 14 de J.-C., dans laquelle Tibère prit le titre d’ Auguste.

Le 5, appliqué sur une monnaie de Germanicus, frappée du vivant de Tibére, en l'an 16 ou 17 de J.-C., n'a rien qui doive nous étonner.

Je n’en saurais dire autant des 6 et 7.

Les monnaies de cuivre de Claude paraissent toutes avoir été frappées en A1 de J.-C., lors de son avènement à l'em- pire. On n’y rencontre pas une seule date différente. Le Sénat se serait donc borné en quelque sorte à une seule

1 Revus numism., 1862, p. 197 et suiv.

ET DISSERTATIONS. 396

émission des monnaies, dont la création lui appartenait, pour toute la durée du règne de Claude. Les monnaies d’or et d'argent, dont le droit d’émission appartenait à l’em- pereur, sont dans un tout autre cas; les dates différentes de celle de l'avénement y abondent; mais la plus récente rencontrée jusqu'à ce jour est de l’an 51 de J.-C. (Claude est mort en 54.)

De ce qui précéde il résulte que toute contremarque appliquée à une monnaie de cuivre de l'empereur Claude. _ ne peut l'avoir été que postérieurement à la mort de Cali- gula, an 44 de J.-C. Que dire alors de la présence du type (n° 27) Tiberius Augustus, sur des monnaies de cette classe? Qu'en aucun cas, cette contremarque n’a pu concerner Tibère qui était mort depuis quatre ans. Comme Claude et Néron se nommaient tous les deux Tibére, le premier, parce qu'il était fils de Néron, fils de Tibère . Drusus et d’Antonia; le second, parce qu'il prit le nom de Tibère, en même temps que le titre de Cæsar, lors de son adoption par Claude, en l'an 50, la contremarque pourrait à la grande rigueur convenir à l’un et à l’autre. Je pense cependant que c’est plutôt Claude que Néron qui y a des droits, parce que jamais Néron n'a pris sur ses monnaies le nom de Tibère, tandis que Claude l’a fait constamment. Dès lors nous sommes porté à croire que ce fut l'expédi- tion de l'armée romaine en Angleterre, qui donna lieu à l'emploi des contremarques en question. Et ici se place l'appréciation d’une particularité assez singulière. Sur le 6, la contremarque (n° 27) est accompagnée de la contremarque BON. Or, il paraît bien difficile d'admettre que ce mot signifie tout simplement Bonus (numus sous- entendu) ; ce serait en effet du latin bien digne d'être appelé : latin de cuisine. J'aime bien mieux y voir le nom

896 MÉMOIRES

Bononia, Boulogne, port d'embarquement de l'expédition d'abord tentée par Caligula et, plus tard, effectuée par Claude.

Je reviendrai sur le compte de cette curieuse contre- marque.

Quoiqu'il en soit, je considère les monnaies de Claude contremarquées du type TIA/ (n° 27) comme des monetz cas- trenses de l'expédition militaire faite en Angleterre, sous le règne de cet empereur.

Imperator.

Nous n’avons pas à revenir sur lescontremarques offrant le titre Imperator accolé aux noms d’Auguste et de Tibére; elles ont été suffisamment étudiées.

Dressons donc la liste de celles qui offrent le titre Impe- rator isolé, ou rapproché de lettres dont l'interprétation ne saurait fournir un nom propre d'Empereur.

4. IM. Toulmouche. Sur une monnaie

de la colonie de Nimes. 2, IMP. Toulmouche. Sur une monnaie

de lacolonie de Nimes. 3. (N°28) et entre les Sur une pièce de la colonie de - deux têtes (n° 29). Nimes, provenant du cabinet Dassy. Ma collection. k. (N° 28). Ma collection : sur une pièce de Nimes, 2 exemplaires. 5. (N°°28 et 30). Saint-Léonard, Sur une pièce de

Nimes. 6. (N° 30) et au À Sur une pièce de Nimes. Ma une contremar- collection. |

que peu lisible, peut être II M II.

=

ET DISSERTATIONS. 397

7. (N° 34). Toulmouche. Sur une piéce de . Nimes. 8. (N° 32). Saint Léonard. Sur un MB. de

Claude au type de Cérés, et Toulmouche, sur une monnaie de Claude.

9. (N°88) et TIN PRO. Sur un GB. de Claude, de ma collection, provenant du cabi- net San Giorgio (Il faut pro- bablement lire TIA/).

10. MP. Toulmouche. Sur une pièce de Claude.

11. M PRO. Toulmouche. Sur une pièce de Claude.

12. (N°34) et PRO BON. Saint-Léonard. Sur un MB. de Claude, au type de Cérés.

13. (N° 35) et IM. Toulmouche. Sur un MB. d’Au- guste, frappé à Lyon.

14. (N° 36). Toulmouche. Sur un MB. d’Au-

guste, frappé à Lyon.

45. Il. M. II. Toulmouche. Sur un MB. d'A- grippa.

16. PM et MAC Toulmouche. Sur un MB. d'Au- guste.

Les numéros 1, 8, 10, 14, 12, et 13 ont ils été bien lus? j'en doute, et je suis tout disposé à penser qu’il faut y voir les contremarques n* 32, 33 ou 34. Cela posé, ces pièces ont été contremarquées par un chef d'armée, Im- perator. Le 13, pourrait toutefois offrir le sens. IMPe- rator Augustus ce qui n'aurait rien que de naturel, puisque cette contremarque se présente sur un MB. d’Auguste, frappé à Lyon. On me pardonnera de ne pas trop appuyer

¢

308 MÉROTRES

sur l'explication de contremarques que je n'ai pas vues en nature, et dont la lecture ne m'est pas absolument dé- montrée.

Passons aux détails.

Le 4, à supposer qu'il doive se lire IMP. comme la contremarque 28 du tubleau, a été contremarqué par un général d'armée, autre que Tibère, postérieurement à l'an 42 avant J.-C. Il en est de même des 2, 3, 4 et 5.

La rouelle du 8 (n° 29 du tableau) me semble carac- tériser un type gaulois.

La pièce qui porte cette double contremarque pourrait donc avoir tour à tour servi de monnaie de guerre aux Gaulois et aux Romains. La grande révolte de Sacrovir et de Florus, a bien pu faire employer la rouelle (an 21 de J.-C).

Les n°* 5, 6 et 7, nous offrent des pièces de Nimes por- tant une contremarque particulière, plus ou moins com- plète, plus ou moins mal reproduite, et qui me paraît devoir se lire G. IMP. Galba Imperator. L'emploi de cette contremarque trouve admirablement sa place au milieu de la nation gauloise en ébullition, lors de la révolte de Galba et de la mort de Néron.

La contremarque du revers du 6 est beaucoup trop incertaine pour que j'ose en aborder l'explication.

Le 8 est un Claude au type de Gérès de l’an Ai de J.-C.; si la contremarque qui lui est appliquée doit se lire IMP. le cours forcé de cette pièce a pu avoir lieu pendant l'expédition de la Grande-Bretagne.

Le 9 est très-intéressant et me paraît avoir également pris naissance en Grande-Bretagne. La contremarque (n° 33 du tableau) est l'empreinte du général d'armée; le mot PRO., se lit plus complètement PROB. sur d'autres pièces de Claude (gr. bronze : S. C. ob cives servatos, de ma collec-

ET DISSERTATIONS. 399

tion), et signifie sans aucun doute PROBatus numus, Pièce approuvée, reconnue. Cela nous permettrait jusqu'à un cer- tain point de lire les ne 8, 40, 14, et 12, Militibus prohatus (numus), monnaie approuvée pour les troupes.

Reste au 9 la contremarque TIN appliqué sur le coin de l'effigie; que peut-elle signifier? il est assez difficile de le deviner; on pourrait être tenté d'y voir le nom de Tin- comius fils de Comius, prince des Celtes Bretons à l’époque d’ Auguste. Mais ce Tincomius ne vivait certainement plus, lors de l'expédition de Claude en Grande-Bretagne. Cette explication est donc imaginaire. Aussi aimé-je bien mieux ne voir que le type TIA’ un peu altéré, lequel, ainsi que je l'ai montré plus haut, convient bien à une armée de Tibérius Claudius, guerroyant contre les Bretons.

Le 12 est compliqué de la présence de la contremarque BON. que j'explique avec plus de confiance que jamais par Bononia, Boulogne.

Les n* 413, 14et16 auraient grand besoin d’être examinés de trés-prés; j'aime bien mieux ne pas m’en occuper, de peur de fournir un nouvel exemple dela dent d’or.

Enfin le 15, s'il a été bien copié, peut s'expliquer par la valeur TITI as au lieu de I as attribuée à la pièce en ques- tion par nécessité de guerre, et pour le service de l’armée, Militibus.

S.P.Q.R.

Voici l’énumération des variétés de cette coutremarque :

1. S.P.Q.R. Saint-Léonard; 16 fois sur dif- férentes monnaies de Néron. M. Toulmouche en a également rencontré dans les fouilles de la Vilaine,

A00 MÉMOIRES 2. S.P.Q.R et TI.AVG. Toulmouche. Sur un MB. d'Au-

guste.

8. PQR. Saint-Léonard. Sur un MB. de Claude, Libertas., etc.

A. QPS. | Saint-Léonard. Sur un MB. de Néron.

5. (N° 87). Saint-Léonard. Sur un MB. de Néron.

6. (N° 38). Saint-Léonard. Sur un MB. de .

Tibère, frappé à Lyon, imp. V.

Nous n'avons que peu de choses à dire de ces différentes contremarques. Nous avons déjà émis l'opinion qu'elles avaient été appliquées sur les monnaies de Néron, comme marque de réprobation; nous la maintenons.

Les n°* 3, 4, 5 et 6 nous paraissent incomplets.

Quant au 2, nous nous en sommes déjà expliqué: inutile donc d'y revenir.

Vespasien.

Le gué de Saint-Léonard a fourni deux monnaies de Né- ron portant la contremarque 39 du tableau, dans la- quelle on devine le nom de Vespasien.

Je possède une monnaie semblable, qui m’est venue de la collection San Giorgio, et qui offre le type suivant :

Toutes les lettres VESPAS.AV., 40, s’y retrouvent très-aisément. |

Je pense que cette contremarque a été employée par les légions de Meesie ét de Germanie, dans leur marche contre Vitellius.

D.D. Decreto Decurionum.

Il est évident que nous avons ici le signe d’une disposi-

ET DISSERTATIONS. AOL

tion monétaire décrétée par les décurions d'une colonie militaire. _ Cette contremarque n’est pas rare; mais elle se ren- contre toujours, sans exception, sur les monnaies de la colonie de Nimes. Voyons quelles sont les variétés de ce type. 4. (Ne Af) Saint-Léonard ; 2 exemplaires. 2 (Ne 44 incomplet). Saint-Léonard; 1 exemplaire. 3. (N° 41 incomplet). Au droit d'une pièce de Né- ° ron; de ma collection. h. (Ne Ad). Sur la figure d’Agrippa, et une autre contremarque il-

| lisible: de ma collection. 5. C-I-C-(n° 42). à D D.

(n° 41). Ma collection. 6. DD (n° 41) À... D et C-I-C- (n° 42) Ma collection.

Les formes suivantes, qui évidemment rentrent toutes dans celles que je viens d’énumérer, nous sont fournies par M. Toulmouche.

DD (n° 43), D (n° 44), D D (ne M), et D.

Reste enfin le type suivant ;

7. Au droit, deux fois la contremarque (n° 29), dont une a treflé sous le poinçon ; la contremarque (n° 28) fort usée, placée sur la joue de l'effigie d’Agrippa.

__ 8. (N° 29), entre les deux effigies, sur 2 pièces de ma collection.

9. (N° 29) entre les deux têtes et (n° 28) sur la nuque d’Auguste ; ma collection.

Il est fort curieux de constater que presque toujours ces diverses contremarques sont appliquées sur l'effigie d’ Agrippa, tandis que celle d’Auguste est presqu invaria-

402 MEMOIRES

blement respectée. Je suis presque tenté d'en conclure que l'effigie d'Auguste conservait en quelque sorte un carac- tère inviolable et sacré. Peut-être était-il encore vivant lorsque ces contremarques ont été appliquées sur des monnaies de Nimes.

je pense être tout à fait dans le vrai en admettant que ces contremarques, dont l'emploi a été décrété par les décurions d’une colonie, n'ont eu d'autre effet que de s'approprier les monnaies de Nimes, autrement dit de fabriquer à bon marché des espèces de la colonie en: question.

Quelle est cette colonie C. I. G.? trés-probablement la colonia Julia Carpentoracte, Carpentras.

Toutefois, comme nous ne connaissons de Cabellio que de petites monnaies de cuivre, peut-être la colonie de Cabel- lio pourrait-elle revendiquer la propriété de ces contre- marques. Nous devons toutefois faire remarquer qu'il n'y a pas encore d'exemple de l’emploi numismatique de la formule colonia Julia Cabellio. Tout bien considéré, je penche pour Carpentoracte.

La formnle C. I. C. n'a rien d’insolite; elle est pure- ment l'analogue des formules indubitables C. I. V. de Vienne, et C. I. S. (Secundanorum), d'Orange, (arcade centrale supérieure de la grande façade du théâtre).

J'ai déjà eu l’occasion de parler de la rouelle tracée en contremarque, je n’y reviendrai donc pas ; mais je persiste à croire que cette contremarque a été en usage parmi les Gaulois. |

(La suite à un autre cahier.) F. DE SauLcy.

ET DISSERTATIONS. AO

MONNAIES ROMAINES DE L'ÉPOQUE IMPERIALE

(Pl. XIII.)

Des six médailles romaines gravées pl. XIII quatre m’ont été communiquées par MM, Camille Rollin et Feuardent que je ne saurais assez remercier de leur obligeance; ce sont les pièces n°’ 1, 2, 3 et 6. Je dois la connaissance des deux autres, 4 et 5 à MM. H. Hoffmann et Henri Brunn.

Les six pièces réunies sur la pl. XIII sont toutes inédites et de la plus grande rareté. En voici la description, accom- pagnée de quelques remarques :

4. GERMANICVS CAESAR. TI. AVG. F. DIVI AVG. N. Buste nu de Germanicus à droite.

à. TI CLAVDIVS CAESAR AVG GERM P M TR P IMP P P. Au milieu S. C. Grand bronze. Collect. Wigan a Londres. |

Les pièces de moyen bronze à l'effigie de Germanicus sont communes, et dans l'ouvrage de M. Henri Cohen (Description historique des monnaies frappées sous l'Empire romain, t. I, p. 139, 6) on trouve un moyen bronze absolument semblable au grand bronze pl. XIII, 4; ce sont les mêmes types et les mêmes légendes. La seule pièce de grand bronze décrite par M. Cohen, sous le 7 est un exemplaire mal conservé, comme le dit l’auteur dans une note. Cette médaille se trouvait dans la collection de M. Spannlang, à Paris, et M. Cohen la regardait comme

AOA MÉMOIRES

étant d'une authenticité indubitable : il ajoutait que l'exem- plaire du Cabinet de France, avec la tête à gauche, et dont Vaillant (Numism. imp. rom. præst. t. 1, p. 45) avait déjà dit nisi suspectus haberelur, paraît être « un Néron Drusus déguisé en Germanicus, et refait des deux cotés ».

Eckhel ', en parlant del'exemplaire du Cabinet de France, s'exprime ainsi : « Æneum I formz a Claudio in Germa- « nici honorem signatum prodidere Vaillantius* et Mo- « rellius”, sed de hujus fide dubitat ipse Vaillantius cum « aliis. »

Mais si la piécede grand bronze au Cabinet de France, avec la tête à gauche est une pièce refaite, on ne comprend pas trop comment d'un Néron Drusus, comme le dit M. Cohen, on aurait pu faire un Germanicus. La légende du côté de la téte, sur les pièces de Néron Drusus, est toute différente : NERO CLAVDIVS DRVSVS GERMANICVS IMP. et au revers dans la légende de l'empereur Claude, il ya aussi des différences ; mais ce qui est surtout à remarquer, c'est qu'au lieu des deux lettresS. C. gravées dans le champ, le type montre Claude assis sur la chaise curule et entouré d'armes. Ce qui me parait probable c’est que le grand bronze du Cabinet de France, regardé comme suspect par Vail- lant et par d’autres savants, est un coin moderne; en fabri- quant cette pièce, on a pu se servir pour le droit d'une tête de Néron Drusus et pour le revers d'un type d’ Agrippine mère, femme de Germanicus; la légende qui accompagne la tête aurait été prise d'un moyen bronze à l'effigie de Germanicys; il n'y avait rien à changer dans la légende du revers. D'ailleurs la tête est celle de Néron Drusus, et vue à

1 D. N.,t. Vi, p. 210. 2 L. cit. 3 Thesaurus numism., t. I, p. 527.

ET DISSERTATIONS. A05

la loupe, on y reconnaît, surtout dans les cheveux, des re- touches faites au moyen du burin'.

M. Feuardent m'a communiqué l’empreinte d’un second, exemplaire absolument semblable, sorti du même coin et qui se trouverait, à ce qu'il paraît, à Florence.

Quant à la pièce autrefois de la collection de M. Spann- lang, grâce à l’obligeance de M. Hoffmann, j'ai eu le loisir de l’examiner à mon aise et je puis assurer de la manière la plus positive qu'elle est fausse. C’est une pièce de cuivre jaune, peu épaisse, coulée sur un Néron Drusus; la tête tournée à gauche est mutilée et les traits sont méconnais- sables; les lettres de la légende ont été refaites et, au re- vers, on s’est contenté de retoucher la légende et de faire disparaître le type de l'empereur Claude assis; le champ est complétement libre, il n’y a aucune trace des deux lettres S. C. et on y distingue à l'œil nu des marques de l'outil qui a servi à effacer le type.

Germanicus, on le sait, était le fils de Néron Drusus, désigné aussi sous le nom de Drusus Senior, frére de Tibére; sa mére se nommait Antonia. Drusus avait reçu le surnom de Germanicus, à la suite des nombreuses victoires qu'il avait remportées sur les Germains * et, comme le dit Suétone ”, le Sénat, par un décret, lui avait fait élever, sur la voie Appienne, un arc de triomphe de marbre avec des trophées et lui avait décerné ainsi qu’à ses descendants le titre de Germanicus. L’arc de triomphe, comme le fait re-

1 Patin, qui a possédé cette pièce dans sa collection l’a fait graver dans son ouvrage : Thesaurus numism., p. 141, imprimé en 1672, sans indication de lieu. Cette gravure prouve que le coin a été fait avant cette date,

2 Tacit’, Annales, XIII, 53.

3 In Claudio, 1. Præterea Senatus in alia complura marmoreum arcum cum tropæis via Appia decrevit et Germanici cognomen ipsi (Druso) posterisque ejus.

1869-70. 6. 28

406 MEMOIRES

marquer Eckhel' se voit sur ses médailles, accompagné de la légende DE GERM. ou DE GERMANIS. Germanicus son fils justifia par ses exploits contre les Germains le sur- nom qui lui avait été transmis”.

La rare pièce gravée pl. XIII, 1 a été frappée sous le règne de Claude, frère de Germanicus, c’est-à-dire après l'an 41 de notre ère.

2. TI CLAVDIVS CAESAR AVG. F BRITANNICVS. Buste nu de Britannicus à droite.

R. Mars barbu marchant à gauche, armé d'un casque, d'un bouclier et d’une haste. Dans le champ S.C. Grand bronze Acquis de MM. Rollin et Feuardent, par le Cabinet de France.

On ne connaissait jusqu'à ce jour qu’une médaille uni- que de grand bronze et de coin romain à l'effigie de Bri- tannicus, c'est l'exemplaire de la collection Dupré, publié par M. Cohen (/mpériales, t. 1, pl. x1, 4 et décrit p. 474). Cette pièce, dit Eckhel *, parut à Rome en 1773 et excita l'admiration générale. Elle a été gravée dans les Mélanges numismatiques de Magnan *, et au frontispice du troisième volume de l'Histoire de l’art de Winckelmann, traduite en italien par Carlo Fea (Rom., 1784, in-4°. Cf. p. 464 se trouve la description). Un exemplaire semblable habile- ment fait, mais évidemment faux, se trouvait dans la col- lection de Neumann, à Vienne. Morell * a publié un moyen bronze sur lequel est représenté Britannicus 4 cheval, mais Havercamp dit lui-même que c’est un coin inventé par

1 D. N.,t. VI, p. 177.

2 Dio Cass., LVI, 17. Tacit., Annales, I], 25 et 41.

3 D.N.,t. VI, p. 264.

+ Miscellanea numismatica, t. THI, pl. 18. Roms, 1774. Cf. Guattani, Mon. inediti per l'anno 1784, p. 27. |

5 Thesaurus numism., Claud., tab. XIII, 16.

6 Jbid., t. II, p. 6Y.

ET DISSERTATIONS. 407

Goltzius. Eckhel finit en disant : Certe akibi conspectus hactenus non est. Comme Magnan ajoute de son côté que l’exemplaire vu par lui, à Rome, dans la collection de l'abbé J.-B. Visconti, est d’une très-bonne conservation (optimæ conservationis), on serait porté à croire que le Britannicus de la collection Dupré n’est pas le même que celui qui est décrit par Eckhel. Quoiqu'on ne puisse rien affirmer à cet égard, il est bien probable que c’est cependant le même exemplaire. Du reste, on ne connaît au- jourd’ hui que les deux seuls grands bronzes conservés, l'un dans la collection Wigan, l'autre au Cabinet de France, et ils ne sont pas du même coin. L’exemplaire que nous pu- blions, d’une meilleure conservation que celui de la col- lection Dupré, diffère de cette dernière pièce par la po- sition de la tête ; sur la médaille de la collection Dupré, la tête du jeune César, fils de Claude et de Messaline, est tournée à gauche, tandis qu'ici elle paraît à droite. Le re- vers est exactement le même.

On connaît des monnaies coloniales à l'effigie de Britan- nicus, ainsi que des pièces grecques frappées à Alabanda, à Assus, dans le Bosphore, à Ilium, à Nicomédie, à Thes- salonique, à Thyatire, etc. * Sa tête est quelquefois associée à celles de Claude ou de Néron.

3. IMP C M AVR EV{sic) ALEXAND AVG. Buste lauré et légèrement barbu de Sévère Alexandre à droite.

1 Voy. Cohen, Description historique des monnaïes frappées sous l'em- pire romain, t. I, p. 172. Cf. Mionnet (Alabanda), t. LE], p. 307, 22 et 28; t. VE, suppl., p. 439, 94 et 25. (Assus), t. I], p. 523, 60. (Bosphore), t. 1V, suppl., p. 496 et 497, n°° 70-72. (Ilium), t. Il, p. 661, 209; t, V, suppl., p. 560, 413 et 414, (Nicomédre), t. II, p. 467, n°* 808 et 309, (Thessalonique), t. I, p. 497, 363 et 364; t. IN, suppil., p. 133, ne 858—860. (Thyatire), t. 1V, p. 156, 890.

408 MEMOIRES W. MAISAI(sic) AVG. Mesa debout à gauche, appuyé -

sur un cippe, tenant un sceptre de la main gauche et sa-

crifiant sur un petit autel. Argent. Collect. de l’auteur,

Julia Mesa était sœur de Julia Domna, femme de Septime Sévère et mère de Julia Soæmias et de Julia Mamza, la première, mère d'Élagabale, la seconde, mère de Sévère Alexaodre '.

Les monnaies de coin romain à l'effigie de Mæsa sont trés-communes. Mais on ne connaissait jusqu'à ce jour que des monnaies de bronze, frappées à Marcianopolis, ville de la Mesie inférieure, l'on voit les têtes affrontées de Sévère Alexandre et de Julia Mæsa, de la même manière qu'Élagabale s’est fait représenter avec son aïeule sur des pièces de la même ville, ainsi que sur des monnaies colo- niales de Tyr. La légende qui se lit sur les monnaies de Marcianopodis est la suivante : AYT.K.M AYP.CEYH. AAE- ZANAPOC IOYAIA MAICA AYT*.

Quant à la pièce gravée, pl. XIII, 8, c’est la première que l'on rencontre à légende latine, montrant Mesa, l’aïeule de Sévére Alexandre, figurée au revers de l’efligie de son petit-fils. La légende est écrite sous la forme grec- que MAISAI® pour MAESAE et au datif, ce qui est un signe d'apothéose. En effet, Hérodien * raconte que Mesa mourut très-âgée, qu'elle avait joui des honneurs royaux, c'est-à-dire du titre d’Auguste, et qu'après sa mort elle fut mise au rang des Dieux. En outre, plusieurs de ses mon-

1 Herodian, V, 4 et 5.

* Mionnet, t. Il, suppl., p. 107 et 108, n°* 309—315.

3 On connaît des inscriptions latines dans lesquelles on retrouve cette forme du datif. Mais dans ce cas, cette orthographe appartient à l’aneienne Jangue latine.

+ VI,2. H pèv Maté, mpeoGüis Kôn odca, dvemaügaro tou flou étuyé ve BacrAtxaov téov, xal vououor Pwuaior celeron.

ET DISSERTATIONS. 409

naies, tant en argent qu’en bronze, portent les légendes : DIVA MAESA AVGVSTA et CONSECRATIO et les types de l’aigle ou du paon emportant la princesse au ciel, ou bien encore le bucher (rogus). Gomme Mesa est représentée ici au revers de son petit-fils, Sévére Alexandre, on doit en con- clure que sa mort et sa consécration n'arrivèrent que sous le règne de ce prince, c'est-à-dire après l'an 222 de notre ère. La pièce est de fabrique syrienne; du reste, on con- naît plusieurs monnaies de cette fabrique à l'époque des règnes d'Élagabale et de Sévère Alexandre.

4. POSTVMVS PIVS FELIX AVG. Bustes laurés et accolés de Postume et d'Hercule à gauche.

à. POSTVMVS AVGVSTVS. Buste de Postume couvert de la péau du lion, les pattes nouées sur la poitrine, à droite, dans une couronne de laurier. Billon Collect. de l’auteur.

On connaît un certain nombre de deniers, quelques pièces d’or et quelques monnaies de bronze, sur lesquels _la tête de Postume est associée à celle d'Hercule ‘, sous la protection duquel il s’était-placé. En 4844, j'ai publié dans cette Revue *, un travail sur les monnaies de Pos- tume qui portent au revers les travaux d’Hercule. Mais depuis cette époque, cette série s'est enrichie de plusieurs types nouveaux, comme on peut s’en convaincre en jetant un coup d'œil sur les planches de mon ouvrage : Re- . cherches sur les empereurs qui ont régné dans les Gaules au in° siècle de l'ère chrétienne”.

1 Recherches sur les empereurs qui ont régné dans les Gaules au 111° siècle de l'ère chrétienne, pl. I, n* 6 et 15; pl II, 18, 21, 22, 24; pl. III, n°* 34, 35, 45; pl. IV, n™ 46, 47; pl, V, n* 67-72, 74; pl. VI, n™ 91-93, 95; pl. VII, 97, 100, 106, 109; pl. XII, 178; pl. XV, 234; pl. XXIII, 359.

3 P. 330 et suiv. et pl. VIII, IX et X.

3 PI. V, 67, 68, 69, 70 et 72; pl. VI, 91-95 ; pl. VII, 96, 97, 100, 106, 109, 110 et 111; pl. XXIII, 367 et 368.

h40 MEMOIRES

Le culte que Postume avait voué à Hercule lui faisait multiplier les types monétaires l'on voit tantôt son efligie jointe à celle de son dieu protecteur, tantôt l'em- pereur lui-même vêtu de la dépouille du lion et quelques fois armé de la massue ’.

On remarquera la beauté du type de ce denier. Des ar- tistes habiles ont gravé les coins destinés aux pièces d'or et à quelques deniers de billon, frappés dans les Gaules, à l'époque de Postume et de ses successeurs *.

N°5. POSTVMV... PIVS AVG. Buste lauré de Postume à droite.

&. ANNONA AVG. L’Abondance debout à gauche, tenant la corne et des épis ; à ses pieds une corbeille remplie d'épis, posée sur un petit trépied. Or.—Cabinet de Munich.

Ce magnifique aureus, complétement inconnu à Banduri, à Mionnet, à M. Cohen et à tous ceux qui ont écrit sur la numismatique romaine, ne ma été communiqué par M. Henri Brunn qu'en 1868, quelques mois après la publi- cation de mon ouvrage, lorsque au mois de juillet, j’eus occasion de visiter la riche collection de médailles de Munich.

La représentation de la déesse de l’Abondance ou de la Récolte (Annona), se rencontre sur un grand nombre de monnaies romaines, depuis le règne de Néron. On y lit quelquefois la légende ANNONA AVGVSTI CERES, auprès de Cérès assise et de l’Abondance debout”, ce qui montre bien que l’Abondance ou l’Annone est une des acolytes de la déesse des moissons.

1 Loc. cit., planches citées dans la note 1 de la page 409 et pl. VII, n™ 108 et 111; pl. VIN, 128; pl. XII, 179; pl. XV, 237.

2 Cf. Revue numism., 1244, p. 364 et 365.

3 Eckhel, D, N.,t. VI, p. 268.

-ET DISSERTATIONS. AAA

No 6. IM. C. VHABALATHVS AVG. Buste radié de Va- balathe à droite. |

à. IVENTVS (sic) AVG. Hercule debout à droite appuyé sur sa massue, la peau du lion sur le bras gauche et tenant trois pommes. Dans le champ, une étoile à sept rayons. Æ, Acquis de MM. Rollin et Feuardent, par le Cabinet de France.

Le mot IVENTVS est évidemment écrit ici pour Ju- ventus. On a déjà un exemple de cette manière d’écrire sur des pièces d'or et d'argent, frappées sous le règne de Vespasien et sur lesquelles sont représentés Titus et Do- mitien, galopant à cheval à droite, ou bien les deux jeunes princes assis à gauche sur des chaises curules. La légende est : TITVS ET DOMITIAN. PRIN. IVEN. vel IVIN. vel IV'. |

Banduri* décrit deux monnaies de bronze à l'effigie de Claude le Gothique, au revers desquelles paraît Hercule, accompagné de la légende IVVENTVS ou IVVENTAS AVG.

Les deux formes Juventus, juventas et même juventa se retrouvent dans les auteurs anciens’. IVVENTAS et IVVENTVS sont des légendes qui se lisent sur des monnaies de Marc Aurèle *, et Eckhel*® a fait observer que ces lé-

1 Rasche, Lezicon rei num., t. II, 2, p. 1042. Eckhel, Cat, Musei Cæs. Vindob., t. II, p. 120. Cohen, Description historique des monnaies frappées sous l'empire romain, t. VII, p. 60, 32, et t. I, p. 291, n°° 185-188.

2 Num. imp. rom,, t. J, p. 343 et 344.

3 T. Liv. V, 54; XXXVI, 36. Cic. de Nat. Deorwm, I, 40; in Bruto, XVIII; Tusc. 1, 26. Ovid. de Ponto, 1, Epist. X, 12. Plin. H. N. XXIX, 4, 14; XXXV, 10, 36. S. Augustin. de Civ, Dei, IV, 11 et 23, Festus, v. Ju- ventutis sacra. Servius (ad Virg. Ain. IV, 32) dit: Nam JUVENTA, dea illius ætatis est; JUVENTAS, ætas ipsa juvenilis; JUVENTUS, juvenum muliitudo.

* Banduri, Num. imp. rom., t. 1, p. 343, note 4. Cohen, Description histo- rique des monnaies frappées sous l'empire romain, t. Il, p. 471, 132-134; p. 534, 561.

$ D. N.,t. VU, p. 45 et 46.

412 MÉMOIRES

gendes accompagnent tantôt une femme mettant un grain d’encens dans le thuribulum, tantôt un jeune homme; dans le premier cas, c'est la déesse Juventas, Juventus ou Juventa (Ntémc, “H6n); dans le second, c'est le jeune prince, Princeps Juventutis. Le titre de prince de la jeu- nesse était donné aux fils des empereurs, du vivant du père, quand même le fils n’était plus jeune ‘; c'était pour exprimer une fonction, celle de commandant de la-cavalerie.

Quant à la pièce publiée sous le 6, le père Banduri' l'a décrite, mais sans l'avoir vue, puisqu'il n’en connais- sait ni le métal, ni le module. Vabalathus, numm., incerli metalli ac moduli.

IMP. C. VHABALAT.

R. IVEN... SPC. Hercules nudus, etc. C’est la pièce re-

1 Voy. Eckhel, D. N., t. VII, p. 408. Je transoris ici les paroles d'Eckhel : De Juventate, Juventuts, Jucenta imperit egi in numis M. Aurelii adhuc Cæsaris, et Caracallæ, in quos sane magis quadrabat juventus, quam in Gallienum, qu saliem annos natus XXXIV, imperium auspicatus est, si cerum est, quod refer! Victor, ewm xtatis annos L decessisse, et Trobellius (In Galilieno, XI), qui ewm nepo- les oz fratribus jam matrimonio idonsos habuisse refert. At enim et de Trajano, qui cum adoptatus est, saltem annum XLIV egit, sic Plinius (Panegyr. 8): Nerva tua jucents, tuo robore invaluit, Ergo et nunc Gallienus cum sene Valeria- no comparatus juvenis dici potuit, Of. ce que dit Eckhel (2. cit., p. 472) sur les monnaies de Claude le Gothique qui portent la légende : IVVENTAS ou IVVENTVS AVG, Là, ce n'est pas la jeunesse réelle ou relative du prince à laquelle la légende fait allusion. Claude était seul empereur, il avait cin- quante-six ans, ajoute Eckhel. Le type du revers semble destiné à célébrer, quoique Claude fut âgé, sa vigueur juvéuile, au moyen de laquelle il savait vaincre et dompter les ennemis de l’empire ; or, la femme d’Hercule s'appelle Juventas, la même qu'Hébé. |

Valérien donne l’épithète de puer à Gallien, âgé de trente-cinq ans, dans une lettre adressée à son ami le consul Antoninus .Gallus. Vèopisc. Aure- lian., VIII. Plutarque (Artax., XXVIII), appelle Darius, fils d’Artaxerce Mnémon, qui se révolta-contre son père, un jeune homme (veavicxoc), quoiqu'il eût cinquante ans.

2 L, eit.,t. I, p. 397.

ee oe ee ee ee oe cee eees—‘“i‘“‘“‘(‘(‘( )sCit*”! : D

ET DISSERTATIONS. h13

trouvée, publiée ici sous le 6 et imitée, aussi bien quant au type et à la légende, d'une des monnaies de Claude le . Gothique, dont Vabalathe était contemporain.

Hunc nummum Mediobarbus exhibet, ajoute Banduri, velut exscriptum ex Tristano apud quem tamer non extat.

Rasche, dans son Lezicon (t. II, 2, p. 1042; cf., t. V, p. 627), enregistre la légende du revers, d’après Mezzabarba (p. 386 de l'édition d’Argelati, Mediolani, 1730), en repro- duisant la réflexion de Banduri.

Ni Corsini (Epistolæ tres quibus Sulpicie Dryantillz, Aureliani ac Vaballathi augustorum nummi explicantur et tllustrantur. Liburni, 1761, in-A° *), ni Frelich (de Familia Vaballathi numis inlustrata. Vindob, 1762, in-A°) n’ont parlé de cette pièce.

Eckhel, de son côté, a gardé le silence, et cet exemple a été suivi par Mionnet, par Ackerman et en dernier lieu par M. H. Cohen. En somme, c’est Mezzabarba, à cela près, qu'il a lu P. C. au lieu d'AVG., qui le premier a fourni un bon renseignement.

J. DE WITTE.

1 P. 67, De Hermiz Vaballathi nummis imperio atque ætate.

LU] MÉMOIRES

AMÉDÉE DE SALUCES

ADMINISTRATEUR DES RVECHRS DE VALENCE ET DE DIE.

La monnaie d'argent que MM. Rollin et Feuardent ont confiée à mon examen était, il y a peu d'années encore, extrèmement rare. M. Poey d'Avant, lorsqu'il rédigeait ses Monnaies féodales, n’en avait connu qu'un exemplaire, et il en donne un dessin peu satisfaisant; car on voit, au revers, une légende composte des caractères BCCAR : ZCOMIII. DVEVLENEDD (pl. CHI, 16). Dans le texte (t. III, p. 14°, on trouve une autre leçon : BACAR : ZCOMITAT. D. VALE EDN; et l’auteur ajoute : « Je ne sais pas si cette curieuse. pièce appartient bien aux évêques de Valence, et s’il ne faudrait pas les renvoyer à la fin du monnayage comtal. Amédée de Saluces a bien été évêque de Valence et de Die; mais, sur cette monnaie, il ne prend que le titre d’admi-

- nistrateur des comtés de Valence et de Die. Quant aux cinq premières lettres de la légende du revers, que pourtant je crois avoir bien lues, j'ignore complétement leur significa-

ET DISSERTATIONS. | hid

tion. Une pièce mieux conservée viendra, je l'espère, lever tous les doutes. »

Sur l’exemplaire dont nous donnons ici la gravure, on lit d’un côté : + A: DE SALUC : ADMISTRATOR : (Ame- deus de Saluctis administrator), et de l'autre : + EC- CAR’ Z COICTAT : UAL : ZDYED (Ecclesiarum et comicta- tuum Valentinensis et Dyensis).

A dire le vrai, je crois bien que ceci ne constitue pas une variété nouvelle, et que les différences qu’on peut noter dans les anciennes transcriptions tiennent à une apprécia- tion insuffisante des formes paléographiques. Au lieu de BCCAR ou BGCAR, on reconnaîtra, sans beaucoup de peine, que la monnaie porte ECCAR avec un R traversé par un signe d’abréviation, ce qui indique le génitif pluriel eccle- siarum. On voit donc qu'Amédée de Saluces s'intitule administrateur des églises, c'est-à-dire des deux évéchés et des comtés de Valence et de Die. La monnaie est bien épis- copale ; on ne saurait en douter.

En 1383, Guillaume de la Voûte fut nommé évêque d’ Albi et laissa vacant le siége de Valence. On lui donna pour suc- cesseur, la même année, Amédée, fils de Frédéric de Saluces et de Béatrix de Genève. Mais, toujours la même année, le 23 décembre, Clément VII (Robert de Genève), parent de ce dernier, le nomma cardinal-diacre'. Amédée était élu évêque, mais non consacré. On lit, en effet, dans la Vie de Clément VII, par Baluze : « Duos etiam diaconos ordinavit, : videlicet dominos Amedeum de Saluciis, Pedemontanum, tunc electum Valentinensem, nepotem vel consanguineum suum proximum, et predictum magistrum Petrum de Fiti- niaco, licet grandævum *, »

1 Gallia christiana, cont. par B. Hauréau, t. XVI, col. 327, 2 Vitæ paparum Avenionensium, 1693, in-4°, t. 1, col, 509.

h16 | MÉMOIRES

Ainsi donc, à la fin de 1383, Amédée de Saluces se trou- vait en même temps éréque élu de Valence et cardinal- diacre.

Dès lors, on comprend que de simples évèques n’osassent pas donner la consécration épiscopale à un personnage auquel le pape venait de conférer la pourpre. D'un autre côté, on sait bien que les cardinaux ne jouissaient pas, pendant le moyen âge, de ces émoluments spéciaux que la politique administrative des temps modernes leur a attri- bués. Ils vivaient de leurs bénéfices ecclésiastiques.

Amédée de Saluces, pour concilier ses intérêts temporels avec sa situation canonique, n'avait rien de mieux à faire que de gouverner les diocèses de Valence et de Die sous le titre d'administrateur. C’est le parti qu'il prit; et il est probable que M. Poey d'Avant n’edt pas hésité sur Ie ca- ractère épiscopal de la monnaie qui nous occupe s’il s'était donné le temps d'étudier la question qu'elle soulève.

Amédée de Saluces eut diverses contestations avec les chapitres de Die et de Valence, et, peu après, le 19 juin 1389, date de l'accord qu'il accepta, par suite de la média: tion de Pierre, cardinal de Sabine, il abandonna l'évêché de Valence, et se contenta du décanat de Bayeux :.

Le droit de la monnaie a pour type l’aigle impériale de Valence ; au revers M. Poey d'Avant indique simplement «un écu entre trois croisettes ». Il convient de faire re- marquer que cet écu porte les armes de Saluces : d'argent au chef d'azur, et que ce que l’auteur des Monnaies féo- dales prend pour des croisettes est un emprunt aux armes de Genève.

Dans l’armorial, composé vers 1450, par Gilles Le Bou-°

1 Gall. christ,, ubi supra. Cf. t. XI, col. 401.

ET DISSERTATIONS. hA7

vier, dit Berry, premier roi d’armes de Charles VII, dont le manuscrit est conservé à la Bibliothèque nationale et qui a été publié par un membre de la Société des antiquaires de France, M. Vallet de Viriville, on trouve aux folios 143 et 145, les écus coloriés de « messire Guillaume de Ge- nève » (cing points d’or équipolés à quatre d’azur) et du « conte de Genève» (quatre points d'or, équipolés à cinq d'azur en croix)‘. C'est à cause de cette variante que je cite ici l'armorial de Berry, car les armes des comtes de Genève sont bien connues, et la numismatique nous en offre divers exemples ; en premier lieu, sur les monnaies de ces seigneurs, fabriquées au xiv° siècle *, en second lieu, sur les monnaies des ducs de Savoie, à commencer par celles que grava, en 1634, Stefano Mongini, lesquelles portent aussi au dernier quartier les armes de Saluces *- Sur la monnaie de Valence, l’azur du chef des armes de Saluces est exprimé à l'aide de hachures croisées qui, au xIv° siècle, ne représentaient pas une couleur spéciale, mais servaient seulement à indiquer que ce chef n'était pas de métal comme le champ de l’écu. Ces mêmes hachures croisées, à la même époque, distinguent le chef de gueules des armes des Montferrat, autres seigneurs de la même souche". Les diverses branches d’une famille va- riaient leur écu sans y introduire des brisures. Sur le

1 Vallet (de Viriville), Armorial de France, etc., comp. par Gilles le Bouvier, dit Berry, texte complet publié pour la première fois d'après le manuscrit original, 1866, in-8°, p. 144, 1038, et p. 145, 1045.

3 Frédéric Soret, Lettre à M. Zardetti sur des monnaies irouvées aux environs - de Genève. Genève, 1843, pl. n°1 à 6, dans les Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Genève, t. II, p. 402 et suiv.

3 Dom. Promis, Monete dei reali di Savoia, pl. XXXXI, 12, et pl. suiv.

+ Dom. Promis, Monste dei Paleologi march. di Monferrato. Turin, 185$,

pl. I. Giov., 2, et pl. suiv.

hiS WEMOIRES

sceau d'Albert, marquis d'Incisa, qui était, comme les Montferrat et les Saluces, un Aléramide, on voit un écu au chef emmanché '.

La forme comictatus, employée par le graveur de la monnaie valentinoise me paraît être le résultat, d’un écart de logique. Habitué à la syncope du C en ces mots français provenant de mots latins dans lesquels cette lettre précède un T, comme Diter de Dictare ; Saint, Sainteit, Sainteur de Sanctus, Sanctitas, Sanctuarius; Feit de Factum; Dou- (rinement de Doctrina ; Amit d'Amictus ; Peitavin de Pic- taviensis ; Point de Punctum, etc., etc. ; lisant d’ailleurs sur les monnaies des comtes de Valence de la maison de Poitiers tantôt DE PICTAVIA, tantôt DE PITAVIA, cet artiste aura pensé que pour restituer à la Conteit sa physionomie latine, il devait écrire comictatus. L'intention était bonne, et il faut en tenir compte.

ADRIEN DE LONGPÉRIER.

* Cost. Gazzera, Delle zerche degli ant. march. di Ceva, d'Incisa, etc. Turin, 1833, in-4°. Vign. de la p. 3 et p. 71. M. l'abbé Gazzera a supposé que ce chef emmanché était la moitié d'une étoile à huit rayons.

ET DISSERTATIONS. h19

ESSAI SUR L’HISTOIRE MONÉTAIRE DES COMTES DE FLANDRE DE LA MAISON D’AUTRICHE ET CLASSEMENT DE LEURS MONNAIES. (1482 1556. )

(Voir plus haut, p. 86, 243 et 319.)

(PI. XIV, XV, XVI, XVII et XVIII.)

Avant de continuer notre étude, je crois devoir décrire les monnaies relatives à cette période si agitée de l'histoire de Flandre, qui finit à la majorité de Philippe le Beau.

4. + MO:.: ARCHIDVCV:.: AVST-.: BG:.: CO-.: FL. Deux lions assis, affrontés; entre eux et au-dessus, le bri- quet de la toison d’or : à l’exergue, trois tréfles.

À. Ecu écartelé au d'Autriche moderne, au de Bourgogne ancien, au de Brabant, au d'Allemagne, et ayant en surtout Técusson au lion de Flandre; le tout _posé sur une croix fleuronnée. Légende: +-SALVV:.: FAG:.: PPLM.:. TVV.-. DNE. -. *.

Argent. Double briquet. Poids 58 grains + (grammes 3,10), Pl. XIV, 4.

1 Toutes les monnaies, dont je donne la description, se trouvent dans le beau cabinet de M. Dewismes. Je n’indiquerai la provenance que pour celles qui se trouvent dans d’autres cabinets, et dont les empreintes m'ont été com- muniquées. |

A20 MEMOIRES

2. Varicté, la légende du droit se terminant par CO.-.F.

3. + MO: ARCHIDVCV:.: AVST-.- BG-.- CO’. FLA Lion assis, la tête tournée à droite et tenant un écu sem- blable à celui qui est sur le revers du précédent.

&. Croix aux extrémités fleuronnées, ayant en cœur une fleur de lis. Légende : + BENEDIC.-. ANIMA-.- MEA: DOMINO:.:'

Argent. Patard ou double gros. Poids 56 grains ; (grammes 8,00). PI, XIV, 2

4. Variété de la même pièce avec CO. F dans la lé- gende du droit, fort usée. Poids 54 grains ? (grammes 2,80).

5. + MO.-. ARCHIDVCV-.- AVST:.: BG.+. CO-.° F. Lion debout, à gauche.

&, Croix semblable à celle du 8, portant en cœur une fleur de lis. Légende : + BENEDIC.-:. AlA.-. MEA.°. DOMINO.:.

Argent. Simple briquet ou gros. Poids 35 grains ; (grammes 41,90). Pl. XIV, 3.

6. + MO.-. ARCHIDV.:. AVST.-. BG.-. CO.:. F. Lion de- bout, à gauche.

À. Croix évidée, ayant au centre um leur de lis. Lé- gende : + IN.*. NOMINE.:. DOMINI.-.

Billon noir. Double mite ou courte. poids 28 grains ; (grammes 1,50). PI. XIV, 4.

Les monnaies que je viens de décrire ont être faites jusque versle milieu de 1483. Les types du double patard, du patard et du gros ayant été repris ultérieurement, ainsi qu'il résulte de l'ordonnance du 3 novembre 1485, quel-

1 M, Serrure (Cabinet du prince de Ligne, p. 254), décrit une variété termi- née par CO. FL. - 2 J. Rouyer, Rev, num., 1848, pl. XVII, n°7,

ET DISSERTATIONS. A2i

_ques-unes de ces pièces peuvent avoir été émises à cette époque.

7. + PHS.:. ARCHID:.- AVST-.* BVRG:.: CO. FLAND. Type du double briquet : à l’exergue, une fleur de lis.

à. Écu à huit quartiers, portant en cœur un petit écu mi-parti au lion de Flandre et à l'aigle d'Allemagne; le tout posé sur une croix dont on n'aperçoit que les extré- mités fleuronnées et fleurdelisées. Légende : + SALVVM.-. FAC... POPVLVM.:. TVV.-. DOMINE.:.

Argent. Double patard. Poids 54 grains (grammes 2,71). Pl. XIV, 5.

8. Variété la légende du droit commence par un lion et se termine par le mot FLANDRI.

Poids 50 grains (grammes 2,65). Pl. XIV, n°6.

9. Variété du 8, la légende du droit se termine par COM:.+ FLANDRI.

10. Variété du 7, consistant en ce que la légende du revers se termine par TVVM.:. DOMINE. :.

44. (Lion). PHS.:. ARCHID.-. AVST.-. BVRG.:. COM... FLA. Armoiries à dix quartiers occupant tout le champ.

à. Croix longue, portant en cœur une fleur de lis, can- tonnée d’un lion, d’une fleur de lis et de deux annelets. Légende : BENEDIC ANIMA .*. MEA— DOMINO’.

Argent. Gros. Poids 26 grains : + (grammes 1,40).

Pl. XIV, 7

Bien que le poids légal et celui qui est indiqué par le

compte du maître particulier soit de 35 grains et plus,

4 Serrure , Cabinet du prince de Ligne, p. 262, 144, Den Duyts, pl. XVI, 8. Je n'ai pas retrouvé la variété de cet auteur la croix est cantonnée de deux Jions et de deux fleurs de lis. Duby (pl. LX XXIII, 7) donne une pièce la croix est cantonnée de deux fleurs de lis et de deux annelets.

1869-10. 6. 29

422 MÉMOIRES

je classe ces pièces ici, faute d'une place plus convenable. D'ailleurs, en voici une autre dont le poids se rapproche davantage du poids légal, ce qui prouve de nouveau l'ex- tréme inégalité de la taille des monnaies à cette épo- que.

42. Variété du 11 dans laquelle l’ordre des pièces placées dans les cantons du revers est différent.

Poids 32 grains (grammes 1,70). PI. XIV, 8.

Le compte du maitre particulier pour cette période n'in- dique plus parmi les divisions du gros que la pièce de quatre mites qui nous manque et la pièce de deux mites qui me parait être la suivante.

43. (Lion). PHS’.-. ARCHID.*. AVST.°. BO.:. CO.:. FL... Graod P couronné dans le champ.

&. Croix portant, au centre, une fleur de lis. Légende : (Lion). IN.°. NOMINE.*. DOMINI.-. AMEN :.

Billon noir. Double mite. Poids moyen de plusieurs exemplaires 18 grains + (grammes 1,00). Pl. XV, 9.

J'attribue l'émission de ces pièces à l'époque le con- seil de régence avait la tutelle de Philippe le Beau, à l’ex- clusion de son père, période qui se termine au 44 juin 4485. Cependant elles pourraient également appartenir au commencement du règne de Philippe le Beau, seul; car nous verrons plus loin que dans une ordonnance du 26 décembre 1495, il est question du florin de Bourgogne, et du double à deux lions, comme se forgeant à cette époque. Cette dernière monnaie, le double patard, ne figu-

1 Le classement de cette pièce me paraît résulter de sa ressemblance avec les doubles mites de Marie de Bourgogne; on a changé l'initiale qui figure dans le champ. Voy. Serrure, op. cit., p. 268, 149. M. Ronyer (op. cit.) décrit aussi une double mite dont la légende, au revers, commence par un lion. Rev. numismatique, 1848. pl. XVII, n°° 11 et 12,

|

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ne d _ |

ET DISSERTATIONS. 423

rant pas néanmoins alors dans les comptes des mattres particuliers, nous sommes forcé de le maintenir à la place nous l'avons mis (n°* 7 à 10).

44. + MO’.:. ARCHIDVCV.:. AVST’.-. BG:: CO". +. FLA.-. Écu à huit quartiers, portant en cœur le petit écu au lion de Flandre.

à. Croix ornée et évidée, ayant au centre une fleur de lis. Légende : + SIT:: NOMEN‘: DNI: BENEDICTVM :.

Argent. Double patard ou pièce de six gros. Poids 58 grains 2 (grammes 3,10). PI. XV, 40.

Les types de cette monnaie sont identiques à ceux des monnaies semblables de Philippe le Bon et de Charles le Téméraire.

45. + MO.:. ARCHIDVCV.:. AVST.-. BG.:. CO.: FL. Armoiries 4 neuf quartiers, occupant tout le champ.

À. Croix évidée au centre, se trouve une fleur de lis, et dont les branches traversent la légende. Elle est can- tonnée de deux fleurs de lis et de deux lions. Légende : . BENE— DIC.°. A—IA.*. ME— A. DNO.

Argent. Demi-patard, pièce d'un gros et demi. Poids 33 grains 2, (grammes 1,80). PI. XV, 41.

_ 46. Variété avec la légende du droit se terminant par CO... F.

Cette série, à laquelle manque le patard ou pièce de 3 gros, fait partie des monnaies émises en vertu de l’ordon- nance du 5 août 1485. Elle ne devait pas avoir de pièces d'or, d’après l'instruction remise au maître particulier, ni de monnaies inférieures à la pièce d’un gros et demi. Ce sont d’ailleurs les deux seules monnaies mentionnées dans

1 M. Serrure (p, 255), décrit une variété avec MOMEN (sic) dans la légende du revers.

42h MEMOIRES

le compte du 44 octobre 4485 au 44 décembre suivant, et qui devaient peser respectivement 57 grains À et 35 grains §.

47. (Fleur de lis). MAXIMILIANVS# ET? PHS’. Grand M gothique, dans un entourage de quatre lobes, dont les points de rencontre sont occupés par quatre angles.

à. Croix fleuronnée, dont le centre est évidé en quatre feuilles. Légende : + CVSTODI.-. (fleur de lis). NOS? DOMINE 3 .

Argent. Gros. Poids 28 grains ? (grammes 41,52). Pièce très-fruste. Pl. XV, ne 42.

18. Variété avec un lion au commencement des légendes. Celle du droit a les mots séparés par des quintefeuilles et celle du revers par des fleurs de lis Cette pièce est très- usée et paraît de fort mauvais aloi.

Poids 23 grains + (grammes 1,22).

49. Autre variété; la légende du droit commençant par une croix, celle du revers par une fleur de lis.

20. + MAXIMILIANVS ET PHS’, les mots séparés par une fleur de lis. M majuscule semblable à celle des mon - naies de Marie de Bourgogne.

R. Croix fleuronnée. Légende : + CVSTODI NOS DOMINE, les mots séparés par une fleur de lis.

Argent, demi-gros. Poids : 22 grains : (grammes 1,20).

Pl. XV, 13.

24. + MO.:.ARCHID.:.AVST.:.C.°.F. Dans le champ, M majuscule.

f. Croix fleurdelisée. Légende : IN-.-NOMINE:-. -DOMINI.

Billon, quart de gros. Poids : 18 grains : (grammes

0,70). PI. XV, 44.

Ainsi que je l'ai dit précédemment, le double patard et le patard de cette émission, qui paraît avoir eu lieu en

ET DISSERTATIONS. A25

vertu de l’ordonnance du 5 novembre 1485, doivent être les mêmes que ceux que j'ai déjà décrits sous les n°*1a A’. Mais je n’ai pas retrouvé les florins à la croix de Saint- André qui devaient être forgés en même temps et qui, suivant toute apparence, étaient semblables à ceux qu'on retrouve pour la même époque pour le Brabant’.

Je ne connais pas de monnaies que je puisse attribuer avec certitude à l'émission de 1486, faite en vertu de l'instruction rappelée ci-dessus. Peut-être continua-t-on simplement les précédentes, et doit-on considérer celles portant les noms de Maximilien et Philippe comme en fai- sant partie. Cependant, je dois faire observer que le compte du maitre particulier pour la période qui s'étend du 10 mars 4h85 (v. st.) au 30 mars 1486 (v. st.) ne mentionne pas le demi-gros décrit précédemment 49. Il peut se faire d’ailleurs que la valeur exagérée à laquelle étaient nortées les monnaies de cette émission les ait fait retirer de la cir- : culation, lorsque Maximilien fut revenu à des idées plus modérées sous ce rapport.

1 Peut-être portaient-ils une légende plus explicite analogue à celle des pièces décrites ci-dessus. Dans ce cas, ils n’unt pas été retrouvés.

2 Voy. Van der Chijs, Monnaies de Brabant, et ies placards édités à diverses époques. Voici la description de ce florin :

*SANCTVS ** ANDREAS* , 1482. Saint André debout, tenant la croix caractéristique de ce saint.

R Ecussun à ciug quartiers posé sur une croix coupant la légende : MON’ AR-—-DV.AVS-TR.BRA—BANCIE.

Le demi-florin, représenté sur Ja wéme planche XXXV de l’ouvrags de Van der Chijs, est à peu près semblable, sauf quel,ues variétés dans les lé- gendes, l’omissiou de la date, et de la croix du revers, .

Que l’onsubstitue au mot BRABANCIE les mots CO.FLAN , l’onaura très- probablement le florin et le demi-florin frappés pour la Flandre, qui ne nous sont pas parvenus. Lu date, seulement, ne devait pas s’y trouver, les monnuies du comté de Flandre étant datées benucoup moins généralement que ce'les du Brabant.

826 MEMOIRES

Nous voici arrivés & cette série de monnaies remarqua- bles, émises en vertu de l’ordonnance du 20 avril 4487, ayant des types et des légendes si singuliers pour les piéces d'argent et inaugurant un système monétaire nouveau en Flandre, du moins en grande partie.

22. + MAXIMILIAN :: DEI :: GRA :: ROMAR : REX : SEMPER.:.AVGV. Maximilien assis sur un trône, portant dans la main droite un sceptre fleurdelisé et la main gauche appuyée sur un globe. A l'exergue, une fleur de lis, marque de l'atelier de Bruges.

&. Écu à l'aigle surmonté d'une couronne fermée. Lé- gende: + TENE‘:MENSVRAM:ET:'RESPICE::FINEM : 4 487.

Réal d'or. Poids : 279 grains + (grammes 14,85).

Pl. XV, 15.

Cabinet royal de la Haye’.

Le noble de Bourgogne frappé pour la Flandre ne nous est pas parvenu. On connaît celui pour la Hollande ; en voici la description d'après les placards.

M. D. G. RO. REX. ET. PHS. ARCHIDVCES, AV. B. CO’. HO. Maximilien dans un vaisseau à trois mats. Il porte dans sa main droite un sceptre fleurdelisé, et dans la gauche le globe. La cuirasse est blasonnée de l'aigle d'Allemagne et il a sur la tête une couronne fermée.

à. Écu mi-parti aux armes de Maximilien (l'aigle d’AI- lemagne) et de Philippe le Beau, posé sur une croix fleu- ronnée, cantonnée de deux couronnes et de deux aigles ;

1 L’empreinte de cette pièce m’a été communiquée trés-obligeamment par le savant conservateur du Musée de La Haye, M. L. Meyer, qui m'a fait con- naître également les pièces uniques que contient ce riche cabinet, et qui pouvaient se rapporter à mon travail. Je le prie d’agréer ici l'expression de ma vive gratitude. Depuis que cet artic'e est écrit, un exemplaire de cette pièce est entré duns le cabinet de M. Dewismes.

ET DISSERTATIONS. 427

let utdans un entourage épicycloidal. Légende : (couronne) MO’. AVREA.RO. REGIS . ET. PH]. ARCHIDY’. AV. B’. CO’. HOL. |

En substituant le mot FLA à HOL, on aura vraisembla- blement la description du noble frappé pour la Flandre‘.

Le florin de Bourgogne, qui est la troisième pièce d’or indiquée par l'ordonnance de 1487, ne nous est pas non plus connu en nature. J’emprunte également aux placards sa description. |

SANCT. ANDREA. FILIOS. P’TEGE. TVOS. 4487. Saint André debout, de face, ayant sa croix derriére lui.

À. Ecu mi-parti, comme au précédent, posé sur une croix. fleuronnée. Légende : (couronne) AMA.JVSTICIA. PACE. ET. DEFENDE.1IM .TVVY.

Rien ne dit ici que cette pièce ait été frappée plutôt pour la Hollande que pour la Flandre. M. Van der Chijs l’a re- produite dans ses monnaies de Brabant, mais il ne l’a pas davantage connue en nature.

23. (Briquet). CVSTODIAT :: CRATOR :: OMNIV’ .-. HV- MILE’.:. SERVY’.-. SVV. Buste à mi-corps de Maximilien revêtu d'une cuirasse, la tête ceinte d'une couronne fer-

1 Un passage du chroniqueur Despars, cité par M. C. A, Serrure (op. cit.), semble faire croire qu’en effet ces nobles de Bourgogne, appelés barques par le peuple à cause de leur type, ont été frappés. Voici ce passage. 11 s'agit de l'entrée de Maximilien à Bruges, le 16 décembre 1487 :

« Pendant la même nuit, devant la Monnaie, fut élevée une porte triom- phale on avait peint un aigle noir sur une chaudière (zeepketel) dorée avec les armoiries du roi des Romains à droite, et celles de Philippe de Bour- gogne, son fils, à gauche; portant en bas l'inscription suivante : Dans cette chaudière se trouve la monnaie du roi des Romains et du duc Philippe, son fils. Aussi, dans cet endroit, on ne battait tous les jours, de la part du roi des Romains, que des réaux, heaumes, schuttkens ou barques, etc. »

Voy. Cronijcke van den lands en de graefscepe van Vlanderen, gemacht door Jac. Nicolas Despars, publiée par J. De Jonghe, Bruges, 1240,

428 MÉMOIRES

méc. Il tient une épée de la main droite, et de la gauche un globe crucigére.

k. Grand monogramme dans Jequel on retrouve les élé- ments des mots MAX et PHS. Au-dessus et au-dessous, un des éléments constitutifs du collier de la Toison d'Or (le caillou), accompagné d’étincelles. Légende : (Briquet) DET: TIBI: MTR’:VIRTV’ (briquet) ET :: IN :: CELIS :: GLORIA.

Grand réal d'argent. Poids, 134t",4 (grammes 7,20). PI, XV, 46.

24. Variété de la mème pièce consistant surtout dans le monogramme représenté pl. XV, 17. La légende du droit se termine par les mots SERV’.+. SV’. Poids, 132 grains (grammes 7,01).

Bien que ces pièces ne portent pas d'indication de l'ate- lier elles ont été forgées, les trèfles qui séparent les mots sont la marque indiquant qu'elles sont destinées à la Flandre.

25. (Couronne) MO.*. ARGE'TEA .-. RO’.-. REG’ .:. ET... PH}'.:. ARCID’.-. AVS’. Deux griffons affrontés soutenant d'une patte le briquet et de l'autre le caillou.

À. Écu à trois quartiers sur une croix dont on n’aper- çoit que les extréinités fleuronnées. Légende : (couronne) SALVVM.-. FAC. +. DOMINE. +. POPVLVM.:.TVV’.

Argent. Double griffon. Poids, 658, (grammes 3,46). PI. XVI, 48.

26. Variété avec la légende du droit MO.:. ARGENTEA.'. RO’. >. REG’.:.ET.*.PHI’.-.ARC’.-. AV’.

Poids, 65 grains (grammes 3,45).

27. Autre variété avec la légende du droit, comme au 25, sauf les trois derniers mots, qui sont : PHS’. -. ARC." AV’. La légende du revers se termine aussi par TVVM.

Poids, 655," (grammes 3,50).

ET DISSERTATIONS. 429

Le même motif que j'ai indiqué pour le réal me fait attri- buer ces pièces à la Flandre. En voici d'autres qui sortent certainement de l'atelier de Bruges.

28. (Couronne) MO :: ARGEN :: RO::REG:: ET ::PHI : ARC: : AVS::BG. Même type qu'au 25; seulement il y a une fleur de lis entre les deux griffons.

Méme revers qu'au 25.

Poids, 656,7 (grammes 3,49). PI. XVI, 19.

29. Variété avec le mot ARGENT. Poids, 65,5 (gram- mes 3,90

30. (Couronne) DENARI.:. SIMPLEX .*. GRIFON.-. NO- MIN. Griffon tourné à gauche, tenant dans une de ses pattes antérieures le briquet et dans l’autre le caillou.

À. Écu à trois quartiers posé sur une croix de Saint- André. Légende : (couronne) DEVM.:. PLVS .. AMA .: QUAM. -.ARGENT’. |

Argent. Simple griffon. Poids, 33,7 (grammes 1,80) .—

PI. XVI, 20. |

Les autres divisions de ce système, savoir le sixième, le douzième et le vingt- quatrième du simple griffon, ne nous sont pas connues.

Certes, on re pouvait imaginer des légendes plus propres à désarmer la susceptibilité des Flamands : elles sont par- faitement insignifiantes et banales. De plus, à part celles du noble de Bourgogne, qui toutefois n’est qu’ hypothétique, puisque nous ne le connaissons pas, il faut remarquer que, nulle part, Maximilien n’a employé le titre de comte de Flandre. Cependant, pour surcroit de précautions, il est probable qu'il prit le parti de faire disparaître compléte- ment les légendes nominatives, au moins sur la monnaie d'argent. Gette idée m'est suggérée par l'examen des pièces suivantes.

£30 MÉMOIRES

81. (Couronne) DENARIVS. -. SIMPLEX. -. NOMINATVS. -. GRIF. Type du 30.

à. Ecu à trois quartiers posés sur une croix longue tra- versant la légende : DEV.°.PL VS.-.AMA.-. QVA.:. AR GENTV.

Argent. Poids, 58**,! (grammes 3,20).— PI. XVI, 24,

32, 33. Deux variétés consistant dans la forme plus ou moins complète du dernier mot de la légende du droit GRIFO, GR.

34. Autre variété dont la légende du droit est DENARI.-. SIMPLEX.:. NOIAT.°. GRIFON. Poids, 545,5 (grammes, 2,90). Pièce dont l'alliage est assez fort.

35. Type et légende du 34.

R. Type du 30 avec la légende : (couronne) DEVM.:. PLVS.-.AMA.:.QVAM. >. ARGENTV.

Poids, 58 *,! (grammes 3,20). PI. XVI, 22.

36. Variété consistant en ce qu'à la légende du revers le dernier mot est moins complet ; il n'y a que ARGENT.

Le poids de ces pièces est à quelques grains près, diffé- rence provenant de leur titre inférieur, le même que celui des n** 25 à 29, décrits ci-dessus. Elles doivent les avoir remplacées dans une émission postérieure dont je n’ai pas retrouvé la trace. Quant au moindre titre auquel se trouve l'argent, il n'y a pas lieu de s'en étonner : c'est un résultat tout simple de ces temps de troubles et de modifications successives que le roi des Romains faisait subir à ses mon- naies dans la vue d'alimenter son trésor.

Le type du simple griffon ayant été adopté pour le double griffon, il en fallait créer un autre qui remplaçât le premier. C'est ce qui, vraisemblablement, a donné naissance aux pièces suivantes :

ET DISSERTATIONS. h31

37. + DENARI’.:.SIMPLEX. -.GRIFON.:.MED. Grand M surmontée d'une couronne fermée.

À. Écu à trois quartiers posé sur une croix dont on ne voit que les extrémités fleurdelisées. Légende : + DEVM.-. PLYS.:.AMA.-.QVAM. :. ARGEN.

Argent. Demi-griffon, comme l'indique la légende. Poids, 32 grains (grammes 1,70) *. Pl. XVI, 23.

Les variétés de coin sont nombreuses. Je vais les énumérer le plus succinctement possible. Elles consistent toutes dans la légende.

38. + DENARIVS. +. SIMPLEX..:.GRIFON.:.ME.

R. + DEVM.-.PLVS.-. AMA.-.QVAM.-. ARGENT.

39. Le dernier mot de la légende du droit est MED.

À. + DEV’.°.PLVS.°.AMA.°.QVAM. : ARGENTV.

A0. Comme au droit du 38.

R. Comme au 37*.

e A1. Comme au droit des n°* 38 et 40.

R. Comme au 39.

A2. Comme au droit du 37.

R. + DEV’.-.PLVS. :. AMA. -.QVAM.:.ARGE.

h3. Comme au droit du 37,

À. Le dernier mot ainsi écrit : ARGET *.

hh. Le droit comme au 38 et le revers comme au 42.

45. Légende du droit du 38 et du revers du 37.

A6. Le droit comme au 39, et le revers comme au 42.

h7. La légende du droit est terminée par GRIFON.:. MEDIV. Celle du revers est semblable au 42.

La présence des trèfles qui séparent les mots sur ces

i Je ne connais pas de demi-griffon au type de l’entier, comme semble Vaffirmer M. C. A. Serrure dans son travail précité. |

3 Den Duyts, pl. XV, 88.

3 Décrit par M. C. A. Serrure, op. cit., p. 255.

AS? MÉMOIRES

pièces, détermine leur attribution à la Flandre, sans indi- cation d'atelier. En voici d'autres qui sortent de celui de Bruges.

h8. + DENARI.:. SIMPLEX.:. GRIFON.: ME.-. Grand M surmonté d'une couronne fermée, au- dessous une fleur de lis.

&. Comme au 37.

Poids 295,2 (grammes, 1,58). Pl. XVI, 24.

AY. Variété avec MED pour le dernier mot de la légende du droit.

Deux autres variétés consistent en ce que le dernier mot de la légende du revers n'est pas accompagné du signe d’abréviation, et qu'il y a des différences insignifiantes dans la légende du droit.

Le poids de toutes ces pièces qui se rapproche de celui du 40, et du poids réglementaire indiqué par l'instruc-

tion du 4 mai 1487, confirme inon attribution. Seulement, *

dans cette émission, il n'y aurait plus eu de double grif- fon, mais seulement des simples et des demi griffons. De même, du reste, que dans l'émission précédente, les divi- sions inférieures manquent".

Les pièces que nous allons examiner mainteuant sont

1 On pourrait dire encore peut-être que Maximilien, abandonnant le nou- veau système monétaire qu'il avait voulu inaugurer par l'ordonnance de 1487, serait revenu à celui en usage pour les monnaies d'argent qui comprenaient le simple et le double patard et le gros. Le double griffon eût été ulors la pre- miere de ces divisions; le simple griffon eût été l'équivalent du simple patard qui était du même poids, à peu de chose près, que le double patard, et n’en différait que par le titre; enfin le demi-griffon efit représenté le gros qui était la moitié du patard. Au reste, je n’ai pas davantage -trouvé trace de ce chan - gement. Dans cette hypothèse, le premier simple griffon 30 n’aurait été émis que pendant un laps de temps trés-court, ce qui expliquerait sa grande rareté, tandis que les autres, de 31 à 36, sont relativement communs.

a

ET DISSERTATIONS. A33

presques toutes datées, et ont été frappées à Gand pen- dant Ja révolte contre Maximilien.

50. * BAPTISTA ¥ PROSPER ADESTO # 1488*. Saint- Jean-Baptiste portant de la main gauche l'agneau pascal, qu il montre de la main droite. Devant lui, l’écu au lion de Gand.

À. Écu à neuf quartiers, posé sur une croix dont les ex- trémités fleuronnées traversent la légende, et cantonné des lettres G-A-N-D. Légende : PHS’ ¥ D'*G*D’ —B*CO*— FLA’. |

Florin d’or. Poids, 60 grains (grammes, 3,19).— PI. XVI, 25,

51. BAPTISTA * PRO —SPER * ADESTO *. Type comme au numéro précédent, avec quelques variétés. L'agneat est posé sur un livre.

à. Écu à neuf quartiers, posé sur une croix dont les extrémités fleurdelisées traversent la légende et cantonné aussi des lettres G-A-N-D. Légende : * PHS'* D'* G'* ARC*, AVST'*, B'— CO'*, FLA.

Variété du florin d'or. Poids, 575,5 (grammes, 3,05), PI. XVI, 26.

52. Mémes type et légende qu'au 50.

R. Même type qu'au numéro précédent, sauf que l'écu n’est pas cantonné du mot GAND. Légende : *PHS’ *— D'* G’*D' * B’* CO. FLA’.

Variété des précédents. Poids, 605,1 (grammes, 3,21). P]. XVI, 27.

Dans toutes ces pièces, les mots sont séparés par de petites roses.

53. + EQVA * LIBERTAS * DEO * GRATA * 1488. Lion debout à gauche.

à. Écu à neuf quartiers, posé sur nne croix dont les ex-

Q34 MÉMOIRES

trémités sont fleurdelisées, et cantonné des lettres G-A-N-D. La croix partage la légende : PHS’ * D'— G'*D* B*- CO* FL. —ADRIE :.

Argent. Double patard. Poids, 525,2 (grammes, 2,86). Pl. XVII, 28.

Dans les variétés de cette pièce, le droit reste toujours le même, sauf quelques différences dans la gravure du coin qui sont réellement fort insignifiantes. Je ne décrirai en conséquence que les revers.

54. Différence dans les ornements des extrémités des bras de la croix. La lettre D., dans le champ, est munie du signe d'abréviation : sic D’.

Poids, 565, (grammes, 2,98). PI. XVII, 29.

55. Autre disposition des lettres cantonnant l’écu. Quel- que différence dans la croix, et omission de quelques-unes des quintefeuilles séparant les mots *.

Poids, 59*,* (grammes, 3,13). Pl. XVII, 30.

56. Variété du type du 53, le mot GAND étant diffé- remment disposé. Légende : PHS * D GRA * D— B* C0* FLAN *.

Poids, 58*,} (grammes, 3,10). PI. XVII, 31.

57. Écu à neuf quartiers, non cantonné, posé sur une croix semblable à celle du numéro précédent. Légende : PHS :: D GRA: D‘ B-:C0.— FLAN ‘.

Poids, 585,1 (grammes, 3,08). Pl. XVII, 32.

Les mots dans cette dernière variété sont séparés par des trèfles : dans toutes les autres, ils le sont par de pe- tites roses.

1 Serrure, p. 256, 129. Den Duyts, pl. XV, 91. 2 Serrure, p. 256, 130.

8 Duby, pl. LXXXIII, 5,

« Serrure, p. 256, 128.

. - ———— we ee ee ee ie 00 ee EEE, sen

ET DISSERTATIONS. A35

58. + PHS * DEI * GRA * DVX * B * COMES * F. Lion heaumé assis à gauche. En exergue, GANDA.

à. Écu au lion sur une croix partageant la légende : FIAT * P AX * IN * VIRTVT. E * TVA * ET?

Florin d'or de Gand. Poids, 625,1 (grammes, 3,31). Pl. XVII, 33.

59. PHS * DEI * GRA * DVX * CO * FLA. Même type et même exergue qu'au précédent.

à. Écu au lion sur une croix partageant la légende : FIAT * P—AX * IN—VIRTV—TE * TVA.

Demi-florin d'or. Poids, 30", (grammes, 1,62). PI. XVII, 34.

60. + PHS * DEI * GRA * DVX * B'* COMES * FLA. Type du double briquet. En exergue, GANDA.

à. Écu au lion sur une croix fleuronnée et fleurdelisée. Légende : + FIAT * PAX * IN * VIRTVTE * TVA ET * HAB* 1489.

Argent. Double patard. Poids, 545,5 (grammes, 2,90). Pl. XVII, 35.

61. Mémes type et légende.

à. Méme type qu'au précédent. Quelques différences dans la croix. Légende : + FIAT * PAX * IN* VIRTVTE*TVA* ET*H'**. |

Variété du précédent. Poids, 56 grains } (grammes, 3,00).

~~ Pl. XVII, 36.

1 Duby, pl. LXXXI, 7. La pièce, dessinée d’après le placard de Charles- Quint de 1548, offre des variétés dans les légendes : au droit, elle se termine par FLANDRIE, et, au revers, elle est: FIAT.P AX.IN. VIRTV TE. TVA. ET.HAB.

2 Serrure, p. 257, 131.

436 MÉMOIRES

62. Variété du 61: la légende, du droit, étant ter-, ininée par COMES * FLAN, et celle du revers par HAB.

63. Autre variété, dont la légende du revers est ter- minée seulement par HA’.

64. Autre variété, la légende du droit terminée par COMES * FLAND, et celle du revers par HABV'*.

65. + PHS.- DEI-.*GRA.+, DVX.:-. BY. -. COMES.-. FLA. Lion assis, la tête tournée à droite, tenant l’écu au lion de Gand,

K. Croix fleuronnée ayant en cœur une fleur de lis, et cantonnée des quatre lettres G-A-N-D. Légende : + FIAT * PAX * IN * VIRTVTE * TVA * ET * HA*.

Argent. Patard. Poids, 54 grains } (grarumes, 2,90). Pl. XVII, 37.

66, Variété de la même pièce, la légende du droitæ termine par FLAND.

67. + PHS * DEI * GRA * DVX * CO * FLAN. Lion debout à gauche : à l’exergue, une rose accostée de deux croi- settes.

R. Croix semblable à celle du numéro précédent, ayatl en cœur une fleur de lis. Légende : + FIAT * PAX *I\° VIRTVTE * TVA.

Argent. Gros ou simple briquet. Poids, 32 grains (grammes, 1,70). PI. XVIL, 38.

68. Variété dans la légende du droit qui se termine ainsi:.... DVX * ET * CO * FLA.

Poids, 33 grains { (grammes, 1,78).

1 Serrure, p. 257, n* 132. Duby, pl. LXXXI, 8. La légende du re- vers se termine par ET.H’.

2 Duby, pl. LXXXI, 6. La légeude du droit se termine par FLAN, ¢ celle du revers par HAB’.

ET DISSERTATIONS. h37

69. Variété du 67, la légende du droit est termi- née par le mot FLA'.

Poids, 33 grains + (grammes, 1,78).

70. Encore une autre variété il n'y a plus dans ladite légende que CO.:. F.

71. PHS * DEI * GRA * DVX * B*C *F. Lion debout à gauche.

n. Croix ayant au centre une fleur de lis. Légende : + _ IN.-. DOMINO.:. GONFIDO.

Argent. Demi-gros ou pièce de douze mites. Poids, 21 grains (grammes, 1,12). Pl. XVIII, 39.

72. + PHS* DEI *GRA*DVX * CO*F. Type du précédent.

À. Type et légende du précédent.

Billon noir. Double mite ou courte. Poids moyen de six exemplaires, 20 grains ; (grammes, 1,08)°. Pl. XVIII, 40.

Une variété décrite par M. Piot dans la Revue numisma- tique belge, année 1855, PI. VIII, 16, a la légende du droit terminée par CO. FL.

73. + PHS * DEI # GRA *% CO # FLA... . Type du n°71.

à. Type et légende du 71, sauf que les mots sont séparés par deux croisettes, au lieu de petites roses, et que la croix est plus grossière.

Variété de la double mite. Poids, 22 grains (grammes, 4,16). Pl. XVIII, 41°.

7h. +-PHS * DEI * GRA * DVX *B'* CO * FLA. Écu au lion, dans un entourage de quatre arcs de cercle.

1 Den Duyts, pl. XV, 93.

2 Serrure, p. 263, 148. Den Duyts, pl. XVI, 98. Les poids sont extrêmement variables : les pièces que Les pesées variaient entre 15 et 25

ains.

- Extrait de l'ouvrage de M. Rouyer sur les monnaies noires de Flandre.

Rev. num., 1848, pl. XVII, n™ 4 et 6. 1869-70. 6

a

£38 MÉMOIRES

f. Croix fleurdelisée cantonnéedes quatre lettres G-A-N-D. Légen‘le : + IN. D—OMIN—O : CON—FIDO :.

Argent. Demi-gros ou pièce de douze mites. Poids, 28 grains (grammes, 1,22). Pl. XVIII, 42.

75. + PHS.:. DEI. GRA.-. DVX.-. CO.”. FLAN. Ecu au lion.

&. Croix longue, dont le centre est évidé et porte une fleur de lis. Légende : + I1N*—DNO—CON—FIDO.

Bill ‘n noir. Pièce de quatre mites (?) Poids, 22 grains : (grammes, 1,20) *. Pl. XVIII, 43.

76. + PHS' *DEI* GRA* DVX* B’* CO! *FL'. Écu au lion.

R. Croix portant en cœur une fleur de lis. Legende: + IN * DOMINO * CONFIDO. 1489 °.

Billon noir. Double mite ou courte. Poids d’un exem- plaire très-bien conservé, 49 grains * (grammes. 1,05). PI. XVIII, 44.

Le classement des dernières pièces, de 74 à 76, offre une certaine difficulté. Aussi n'est-ce pas sans une grande hésitation que je propose celui indiqué ci-dessus. L’iden- tité de la légende du revers, qui est la même dans toutes, me porte à penser qu'elles sont de la même époque. À la

rigueur, et suivant le système adopté par M. Rouyer, les.

74, 72 et 73 pourraient être attribués à l'année 1484, époque fonctionnait le conseil de régence nommé par les communes flamandes. Mais il restera toujours le 75, qui est indubitablement d’origine gantoise, et frappé en

1 Serrure, p. 258, 134. Den Duyts, pl. XV, 92,

$ Les poids fournis par M. J. Rouyer, op. cit., d’après d’autres exem- plaires, sont de 29 à 31 grains. Voy. Rev. num., 1848, pl. XVII, 8. Cf. Duby, pl. LXXXI, 9.

8 Serrure, p. 258, ne 135. Den Duyts, pl. XIV, 87. Rouyer, loc. oit., pl. XVU. 9.

ET DISSERTATIONS. 139

même temps que les pièces sar lesquelles figure le nom de la ville: quelle place lui assigner? Son poids, surtout celui des exemplaires publiés par M. Rouyer, indique que c'est une pièce de quatre mites. Mais cette division n’est pas énoncée dans les instructions de l’année 1489 que j'ai transcrites ci-dessus. Peut-être appartient-elle à l'émission de 1488, ou aux émissions postérieures faites par la ville de Gand, avant sa soumission complète à Maximilien, et dont les instructions ne nous sont pas parvenues. Aussi, laissant cette pièce de côté, et me référant à ce que j'ai dit précédemment, je rapporterai les n* 71, 72 et 73 à la pre- mière émission de 1489 et les n°’ 74 et 76 à la seconde, faite en vertu de l'instruction modifiée du 2A octobre de la même année.

77. + PHS °D8 G 8 ARCHID 8 AVST 8 DG8 Z8CO 8 FLA’ 3 1491. Armoiries à neuf quartiers, remplissant tout le champ. |

À. Écu an l'on, sur une croix fteuronnée, cantonné des lettres G-A-N-D. Légende : FIAT°—° PAX 8 Jo VIRTVT —E TVA 8.

Argent. Double gros ou patard. Poids, 54 grains 4 (grammes, 2,88). Pl, XVIII, 45 !.

4 Duby, pl. LXXXIII, 4, donne, d’après Van Alkemade et les placards, un dessin de cette pièce se trouvent quelques différences de légendes, mais surtout l’on remarque la date 1498. Il y a évidemment erreur du des- sinateur des placards; cette pièce ne peut être que de 1491, ou au plus de 1492, puisque la révolte était terminée le 12 juillet de cette année, Voici ce qu’en dit Duby : « Pièce d'argent de onze duites nommée double sassener ou seksener, frappée sous le gouvernement général du duc Albert de Saxe pen- dant la minorité et l'absence du due: ainsi cette pièce = emprunté son nom su gouverneur, Alkemade, fol. 157, 3. Ordonnance de Charles-Quint, pe 69, 1. » Bien que Duby ne le dise pas, il semblerait que cette pièce a été émise par l’ordre d’Albert de Saxe, qui commandait, aw contraire, pour Maximi‘ien, les troupes dirigses contre lcs Gantois, Ce'a n'empêche pas, du

440 MEMOIRES

78. Variété du même. + PHS * D § G*ARCHID * AVST * B*Z* CO * FLA, 1491. Même type qu'au 77.

hk. Même type; l'écu un peu plus grand et les lettres G À N D placés différemment. Légende : FIAT * + PAX* 1 VIRTV TE * TVA‘.

Double gros ou patard. Poids, 58 grains ;‘; (grammes, 2,82). PI. XVIII, 46.

Louis DescHAMPS DE Pas.

(Sera continué.)

reste, qu'elle n'ait emprunté à ce général, comme souvenir de l’époque d’é- mission, la désignation qu'on lui donnait.

Cette pièce et la suivante viennent détruire l'opinion émise par M. C. A. Ser- rure, que les Gantois ne donnèrent jamais, sur leurs monnaies, le titre d’ar- chiduc d'Autriche à Philippe le Beau, se contentant de celui de duc de Bour- gogne, et surtout de comte de Flandre. Cette assertion peut être vraie pour la première partie de la révolte de la ville de Gand; et encore y a-t-il une variété du florin an saint Jean-Baptiste qui porte aussi ce titre. Voy. plus haut, 61,

1 Je crois devoir reproduire ici l'explication que donne M. C. A. Serrure (op. cit.) des trois légendes caractéristiques employées par les Gantois sur les monnaies qu'ils émirent pendant leur révolte. Quelques réserves sont peut- être à faire à cette explication; néanmoins elle m'a paru-bien caractériser Is situation des esprits aux diverses époques de la révolte.

« Sur l'argent que les Gantois, dit-il, mirent en circulation à cette occasion, on rencontre tour à tour l’une des trois devises religieuses sui- vantes : Æqua libertas Deo grata; Fiat pax in virtute tua; ou bien : In Domino confido, Il est peut-être permis de considérer ces trois phrases comme l'expres- sion des changements qui s’opérèrent dans la situation des Gantois. Il est po- sitif que la légende Aqua libertas, etc., dénote un peuple dans le premier feu de la révolte. Aucune révolution ne s'opère sans que le mot diberté résonne dans les rangs des mécontents, comme un cri ravissant; mais, à la fin, le peuple se lasse de s’agiter et de se battre, et, exténué, il soupire après la paix. Fist paz, eto., nous rend parfaitement une situation semblable. Enfin, in Domino confido, nous semble devoir être la devise des Gantois, lorsqu'en 1489, ils virent s'approcher le moment tout secours du côté de la France allait leur manquer, et qu’ainsiils ne pouvaient mettre leur confiance que dans leur courage et la grâce du Tout-Puissant. »

etl

ET DISSERTATIONS, hi

MELANGES NUMISMATIQUES VI

MONNAIES MUNICIPALES DE METZ SOUS LES ROIS DE FRANCE

e

(Pl. XIX.)

4

§ Ir. Norions GÉNÉRALES ; ORIGINES.

On sait que les prélats qui administraient ies anciennes cités gallo-romaines des deux Belgiques et des Germanies cisrhénanes, avaient obtenu, au siècle ou au x1°, le droit de frapper monnaie ; mais si les divers ateliers épisco- paux ainsi créés devaient recevoir au début à peu près le même développement, protégés qu'ils étaient à l’envi par les derniers Carlovingiens et par les princes de la maison de Saxe, ils devaient dans l'avenir subir des chances bien diverses. En effet, dans les villes qui demeurèrent à la cou- ronne de France, ils furent contrecarrés d'assez bonne heure ou même fermés par la centralisation gouvernementale, tandis qu'ils prirent une place définitive et constitution-

1 Quelques rares monnaies de comtes laïques ont aussi été frappées à cette époque dans les antiques chefs-lieux des cités belges devenues villes épis- copales, et par exemple à Verdun; mais elles ont rapidement disparu devant le monnayage des évêques élus ou nummés. C’est dans les châteaux ,méro- vingiens et dans les villes qui se sont groupées plus tard autour deux, que s’est principale:nent développé le monnayage des barons héréditaires,

6h2 MEM_IRES

nelle dans celles qui firent partie, comme Metz, de l'empire germanique ‘. Toutefois dans les villes mêmes le mon- nayage épiscopal devait durer le plus longtemps, il ren- contra, environ deux siècles après sa naissance, les plus redoutables adversaires chez les bourgeois qui entraient ou rentraient violemment alors dans la vie politique ; seu- lement il fant faire encore ici une distinction, car les

choses ne se passérent pas de la même manière dans les

cités de l'empire dominait l'élément gaulois et dans celles qui, plus à l’est, étaient devenues complétement allemandes, depuis que le flot des barbares avait renversé les barrières séculaires du monde romain. Dans les pre- mières, en effet, si les insurrections des bourgeois, long- temps renouvelées, souvent sanglantes, finirent par ébran- ler le pouvoir féodal des évéques-comtes, les chartes octroyées ou arrachées, qui ont constitué les communes, sauvegardèrent en général une partie des droits régaliens du prélat et notamment l'un des plus importants, celui de fabriquer le signe d'échange et d’en fixer le cours. C'est ainsi que la monnaie épiscopale de Cambrai, ville de langue romane, a duré jusqu'à l'entrée des Français en 1581, celle de Verdun jusqu à Richelieu, celle de Liége (ancien évéché de Tungres), jusqu'à la Révolution fran- çaise, etc. Au contraire, dans les cités qui s'étaient déve- loppées sur le Rhin par l'élément tudesque, 14 s’éle- vaient autrelois les camps fortifiés des légions roimaines, on vit apparaître une monnaie municipale, gage des droits politiques retrouvés ou conquis par les bourgeois? ;

1 Cf. mes Etudes numismatiques sur une partie du nord est de la France, p. 280 et suiv.

a

4 L'est des Gaules, qui avait si longtemps servi de siége à la puissance romaine, n’avait pus perdu, malgré tant de bouleversements, la tradition des

ET DISSERTATIONS. hA8

cette monnaie, fabriquée parfois d'abord côte à côte avec la monnaie épiscopale, finit en général par absorber com- plétement l'atelier, comme par exemple à Strasbourg, à Mayence ou à Cologne, et l’évéque fut réduit à faire forger ses propres espèces dans les domaines ruraux de son église.

Metz, après avoir, sous l'empire romain, servi de chef- lieu à l’une des grandes divisions de la Gaule, était devenu la capitale du royaume d'Austrasie. Aussi, quoique la langue romane se parlat exclusivement dans ses murs, était-elle sous certains rapports au moyen âge dans des conditions analogues à celles des villes épiscopales si- tuées plus à l'est. Cette remarque explique comment l'oli- garchie des paraiges messins arriva rapidement à une grande puissance et comment les évêques durent abandon- ner à ja ville leur atelier monétaire‘. Ce fut l’évèque Thierry de Boppart qui, contraint par les événements, vendit à la cité, le 23 septembre 1383, avec droit de rachat”, la monnaie messine déjà engagée temporairement

antiques libertés municipales; on ne saurait donc attribuer exclusivement à l'influence germanique le développement qu’y obtinrent au moyen âge ces mêmes libertés,

1 À Trèves, toutefois, il n’y a jamais eu de monnaie municipale, encore bien que cette métropole ait été attribuée à Louis le Germanique par le cé- lèbre traité de 843, et qu’on y parlât allemand au moyen âge. Cette etception à une règle à peu près générale se justifie peut-être par ce fait, que l'élément indigène avait assez longtemps persisté dans Je haut pays de la cité des Tré- vires, pour que saint Jérôme y eût retrouvé la langue gauloise (ex prologo in lib. II, Commentar, in epistol. ad Galatas, cap. I1]).

2 Titre déjà publié d’après l’histoire Bénédietine, par M. de Sa@loy (Re- cherches sur les monnaies des évêques de Metz, p. 67). L'original de cet acte n'existe plus. Un recueil de documents monétaires que j’ai acquis à la vente du comte Emmery en reuferme une copie prise sans doute sur un ancien vidimus, et qui paraît plus exacte que celle de D. François et de D, Ta- bouillot. ;

BAS MÉMOIRES

aut bourgeois par ses prédécesseurs Bouchard d'Avesnes et Adhémar de Monthil. L'atelier épiscopal, banni de Metz, fonctionna tant bien que mal à Marsal et plus tard à Vic, places de l'évêché.

La cité de Metz furgea d'abord des pièces épiscopales au type même de l'évèque Thierry; mais elle se sentit bientôt assez forte pour avoir sa monnaie propre d'argent et même sa monnaie d'or; sur la première, elle fit graver d’un côté l'image traditionnelle de Saint-Étienne, de l'autre une croix; sur la seconde, la croix était remplacée par l'écu municipal. Les unes et les autres portaient des légendes indiquant leur nom ou leur origine messine ; la ville, lors- qu'elle se désignait elle même dans ces légendes, s’intitu- lait simplement ciritas, car elle ne fut jamais ville libre comme Strasbourg, qui écrivait sur ses flans monétaires : Respublica Argentinensis.

Les monnaies autonomes de la cité de Metz se composent de florins d'or, de gros d'argent et de menues espèces qui se frappaient encore à peu près à, leurs types primitifs au moment la ville rentra dans le giron de la vieille Gaule, en ouvrant ses portes à Henri II.

§ IT. MONNAIE MUNICIPALE APRÈS 1552.

À l’arrivée des Français, en 1552, l'évèque Robert de Lénoncourt, qui avait rendu de grands services au roi, acquit beaucoup d'influence et pensa un moment devenir le maître véritable de Metz, sous l'autorité de la France. Un de ses premiers actes fut d'invoquer les termes, depuis longtemps oubliés, du contrat de 1383, et d’obliger la cité, en octobre 1553, à lui rétrocéder ses droits monétaires !.

1 Titre déjà reproduit d'après Meurisse, par M. de Sauloy, Recherches sur les monnaies des éréques de Metz, p. 83.

ET DISSERTATIONS, h45

Le prélat ne paraît pas néanmoins avoir eu, dès le début, _l’intention de forger monnaie à Metz; il se contenta, et les bénéfices étaient les mêmes pour lui, de faire accepter dans la ville ses espèces de Vic, ce qu’il n’avait pu obtenir jusque-là, malgré d'instantes démarches’. Les magistrats écrivirent alors au roi une lettre curieuse*, dans laquelle ils se plaignent amèrement des procédés du cardinal qui, en faisant évaluer à sa guise le franc d’or de 1383, avait trouvé moyen de ne pas payer à la ville tout ce qui lui était pour la rétrocession du coin monétaire et ne s était pas fait faute néanmoins de mettre ses propres espèces en circulation sur le territoire messin. Au reste, les rêves d’ambition du cardinal de Lénoncourt et ses luttes avec la ville devaient être de courte durée ; le roi exigea en effet de lui, dès 1554°, l'abandon complet au profit la cou- ronne de tous les droits régaliens concédés autrefois au siége épiscopal par les princes de la maison de Saxe. Henri II néanmoins, et malgré cette précaution, ne jugea pas que le moment fût venu pour lui de renoncer à son rôle de protecteur et de sortir de la politique prudente qu'il suivait dans les Trois-Evéchés. Il eut même pour la cité plus de ménagements que pour l’évèque et laissa le corps munici- pal exercer la plupart de ses anciens droits et particulière- ment celui de frapper monnaie. L'atelier municipal se rou- vrit donc et prit même une activité qui lui avait été inconnue jusque-là: On vit alors la cité de Metz, qui n'avait ja- mais eu qu'un type monétaire local, étaler sur le flan de ses monnaies l'aigle à deux têtes, emblème de l'empire.

1 Voir pièces à l'appui, 1.

2 Voir pièces à l’appui 2. |

3 La cession fut confirmée le 19 décembre 1555 par le cardine] de Lor- raine, titulaire de l'évêché.

446 MÉMOIRES

En agissant ainsi, elle avait surtout en vue le développement de la circulation monétaire et l'acceptation de ses nouvelles espèces, À l'aide de leur déguisement, sur les marchés des bords du Rhin et dans les villes allemandes, elle avait un trafic important. En même temps, à l’ancien gros d'argent et à des monnaies plus légères encore fut subs- titué un système fort complet, comprenant de lourdes pièces dont l'unité principale était le thaler. C’est au droit de ces pièces, au lieu de la croix, que se montrait l'aigle à deux têtes, chargée en cœur de l’écu de la cité et entourée des mots : Moneta nova metensis ‘, tandis que le revers continuait à représenter le saint patron avec la légende : Sanctus Stephanus protomartir.

La ville, en adoptant des monnaies dont le système et le type facilitaient la circulation chez ses voisins *, faisait use opération d'autant plus lucrative, que les gros écus de Metz et leurs subdivisions, malgré les termes de leur loi écrite *, étaient par le fait moins pesants en général que

1 Les espèces d'or ne changèrent pas ; elles consistèrent toujours en florins au type habituel.

2 Les thalers des villus @empize ont convtitué une des monnaies les misut contrôlées du XVI° et du XVII° siècle ; ils étaient soumis à des règles étroites, et notamment à un titre et à un poids constants, Ces monnaies subissaient l'essai de leur type et la vérification de leur poids dans les chefs lieux des cer- cles; leur émission n'était permise que si l'épreuve avait constaté qu’on avai pas dépassé les tolérances légales (Cf. Hirsch, Des tentschen Reichs Manz-Archir,

Nürnberg, 1761). Metz, devenue ville française, avait tout intérêt à imiter les ©

thalers de l'Empire dans une fabrication dont les produits étaient par le fait sans contrôle extérieur. Au reste, quelques princes voisins rendaient Ja ps reille à la riche cite; c'est ainsi qu’elle dut, le 27 juillet 1631, interdire sous les peines d'usage la mise en circulation des thalors de l'abbé de Gorse (Of. mon article sur les monnaies de Charles de Rémoneount, 1970, in-4, p, 7}. - 3 Voir les contrats passés par le maître échevin ot les treize avec les maîtres de la monnaie pour la fabrication des thalers.

ET DISSERTATION . kh7

ceux des villes de l'empire, et'si la différence n'était pas assez élevée pour qu'on pit l’apprécier sans le secours d’une balance, elle ne laissait pas que d'atteindre quel- ques décigrammes.

Cette fabrication messine au type de l'aigle ne paraît pas toutefois avoir commencé immédiatement. Le plus an- cien spécimen qu'on en connaisse ne remonte qu à l'année 4574.

Charles IX eut le projet de s'emparer de l’atelier de Metz et de le faire contribuer à la fabrication des espèces royales; mais les magistrats, après avoir consulté à Paris la cour des monnaies *, exposèrent de nouveau que la ville n'avait pas été complétement remboursée des 4000 francs d'or qu'elle avait payés en 1383 à Thierry de Boppart. La re- quête des Messins fut soumise le 8 août 1561 aux inten- dants des finances, qui firent un rapport sur lequel le conseil privé siégeant à Saint-Germain-en-Laye fixa, le 18 du même mois, lereliquat au chiffre de 8620 francs ; l'arrêt portait en outre « qu’icelle somme sera mise au cahier des debtes du Roy pour en estre baillé assignation auxdits ha- bitans de Metz, lorsque le Roy commencera à faire battre monnoye en la dicte vilie de Metz» °. La somme dué à la ville comme complémeut de payement fut ainsi reconnue, mais ne fut point acquittée, et la fabrication municipale poursuivit son cours. |

Au commencement de 1582 on reprit l'affaire de la mon-

1 Comparez par exemple le poids des thalers de Metz (Saulcy, op. laud., p. 81 et suiv.) et celui des thalers semi-impériaux, semi-épiscopaux de Maxi- milien de Berghes et de Louis de Berlaymont, dans ma Numismatique de Cam- brai, p. 168 et 182.

2 Pièces à l'appui, 3.

3 Pièces à l'appui, 4.

448 - MÉMOIRES

paie de Metz, et Henri 111, n’acceptant pas ce qui avait été fait avant lui, écrivit au magistrat le 27 février pour qu'il eût à lui communiquer la copie de l'acte par lequel l’évèque Thierry avait engagé son coin à la ville‘. Le roi annon- çait d'ailleurs l'intention de rembourser la somme due. Cependant rien ne fut changé à la situation des choses. Le 20 juillet 1804 Henri IV, par lettres patentes en forme de commission, enjoignit au sieur Viard, seigneur de Ville- cazin et de Candé, président royal à Metz, Toul et Verdun, de réclamer, et cette fois en original, le contrat de 1383, et, s’il était produit, d'exécuter l'arrêt de remboursement de 1561 et de faire fabriquer des monnaies au profit de la cou- ronne. Ces monnaies devaient conserver « le titre et la loi accoutumés à Metz», mais porter le nom du roi*. Le président ne noufia toutefois la volonté de Sa Majesté au maltre-échevin, aux treize et aux conseillers pour l’expé- dition des procès, que le 2 juillet 1603*, c’est-à-dire quatre mois après que le roi, dans son voyage à Metz, eut jugé par ses yeux de l'importance et de la variété du numé- raire qui circulait dans cette ville. On avait eu en effet Yimprudence de lui offrir, dans un vase de vermeil riche- ment ciselé, un spécimen de toutes les monnaies de la cité, dont les coins avaient été gravés à neuf pour la circons- tance *. Dans la notification du 2 juillet 1603, le président Viard, après avoir réclamé l'acte original, promettait le rem- boursement du reliquat, à moins qu'il ne fût agréable à la

1 Pièces à l'appui, 5.

3 Pièces à l’appui, 6.

8 Pièces à l'appui, 7. _

* Les monnaies que contenait ce vase, et parmi elles un thaler à l'aigle d’empire, sont gravées dans le récit du voyage et séjour de Henri IV à Metz, par Abraham Fabert, p. 58 et 61.

ET DISSERTATIONS. ° hA9

ville de l'abandonner au roi pour les bienfaits qu’elle en avait reçus. En résumé la ville ne produisit pas l'acte original et ne fit pas le cadeau qu'on lui demandait, en sorte quela | monnaie municipale ne fut pas supprimée et que, si l’on cessa momentanément de la frapper, elle reparut un peu plus tard. | En 1633, une création d’une grande importance, déjà projetée par Henri IV, fut réalisée par Richelieu. Le par- lement fut installé à Metz le 26 août, et dès lors le pouvoir judiciaire, qui aboutissait encore par les appels à la chambre de Spire, fut complétement mis aux mains de la France. La cour souveraine avait pour mission de détruire successive- ment les institutions féodales, qui subsistaient encore dans les Trois-Evéchés, et de développer partout les idées fran- çaises; elle prit de suite des mesures efficaces, encore bien qu’elle fût contrecarrée dans son action par le cardinal de la Vallette, gouverneur de Metz. Parmi ces mesures on peut citer la suppression, en mai 1634, des emblèmes de l'empire sur les sceaux des justices ordinaires et leur remplacement par les lis de France’. Des changements analogues, mais moins radicaux, paraissent avoir eu lieu vers la méme époque dans les coins monétaires, d’où l'aigle double dis- parut également, mais sans être remplacée par l'écu de France. Les thalers qui furent frappés quelques années après, en 1638, sur une autorisation de Louis XIII, solli- citée et obtenue par le gouverneur”, ne portent plus en effet qu'un emblème local ; quant aux espèces moins impor - tantes, au type de l'aigle, telles que le teston, elles ces- sèrent d'être frappées. En même temps et comme signe d'une intervention plus directe du gouvernement dans l'ad-

1 Cf. ma Sigillographie de Toul, p. 282. 3 Pièces à l'appui, 8 et 9.

450 ° MÉVOIRES

ministration de la monnaie, les tarifs des espèces locales et étraogères, établis jusque-là au nom du maître échevin et des treize, commencent à l'être au nom du roi.

Le 7 mai 1658 le parlement, poursuivant sa campagne contre les priviléges de la cité, notifie aux officiers de l'hôtel de ville et à ceux des trois ordres qu'ils n’useront plus que par provision du droit de battre monnaie; puis dans un factum ainpoulé' la cour souveraine, après avoir signalé le mauvais vouloir des maîtres échevins qui, lorsque l'aigle d’empire eut été supprimée, y avaient substitué dans les coins monétaires non pas l’écu de France, mais celui de leur ville, proposa à Louis XIII de racheter définitivement l'atelier municipal, ou, si les affaires urgentes de Sa Majesté ne le permettaient pas pour le moment, de contraindre au moins le magistrat À mettre les armes du roi sur les espèces courantes. Rien encore ne fut payé à Ja ville et l’on se borna à lui faire entendre de nouveau qu'on verrait avec plaisir qu'elle renonçât à sa créance; mais l'atelier muni- cipal n'en continua pas moins à exister, et, sil n'émit plus de lourdes pièces telles que les thalers, il fit encore des francs au type local pendant deux ou trois ans.

Enfin en 1662 Je parlement, par un arrét rendu sur le réquisitoire de son procureur général Paul Legendre de Lormoy, supprima virtuellement la monnaie messine, comme institution féodale, et en fit déposer les divers coins au greffe de la cour. La vilte s’adressa au roi, mais le 44 janvier 1663 la décision du parlement fut confirmée *.

Cependant la monnaie royale ne se frappa point encore dans l'atelier de Metz; on représenta que le bon aloi des

1 Pièces à l'appui, 10. 2 Titre déjà publié par Sauley. op laud , p. 71,

ET DISSERTATIONS. - A51

espèces de France, si onlesexposait sur le marché messin, les ferait exporter et mettre au billon dans les contrées voisines, le signe d'échange renfermait beaucoup plus d'alliage. Ce fut seulement en 1666 que parurent, sous le différent du double A, les pièces messines au nom et aux. armes de Louis XIV. Comme dernière concession à l'amour des Messins pour leur monnaie autonome et pour satisfaire aux besoins de l’appoint, on fabriqua encore pendant quel- que temps. au type de la cité, une certaine quantité de mo- destes liards*. La ville continua à se plaindre, mais ses réclamations ne tendaient plus qu’à obtenir des sursis au décri onéreux pour elle de l'ancien numéraire local. Ce décri fixé d’abord, sur les instances du parlement *, au 25 octobre 1679, n'eut lieu en fait que le 5 mai 1693.

La plupart des détails qui précèdent étaient connus °; il m'a paru intéressant néanmoins de les réunir, de les compléter au moyen des documents dont je dispose, et de montrer comment se sont transformées à Metz les institu- tions de la haute féodalité et avec quelle lenteur disparut, au profit du pouvoir royal, l’autonomie monétaire de la cité, qui avait dépossédé elle-même celle de l’évêque. Quelque chose d’analogue en ce qui concerne la vitalité de la monnaie municipale se produisit à Strasbourg Louis XIV, qui avait effacé dans le royaume les dernières

1 Il existe un liard de 1668.

? La question du retrait de la monnaie de Metz donna lieu à de longues con- troverses. On peut consulter à ce sujet le Traité de la monnaie de Metz avec tarif de réduction en monnaie de France, par M. Le Noble, procureur général au parlement de Metz, vol. in-32 de 165 pages, Paris, 1675.

8 Cf. Sauley, Recherches sur les monnaies municipales de Metz. Chabert, la Moselle, par une société de gens de lettres et d'artistes, p. 12.— Abel, Mémoire sur le franc de Mets, brochure in-8°, Metz, 1855. :

A5 MÉMOIRES

traces du monnaycge féodal, consentit & soumetire ses éspèces à l’ancien type local, en y faisant simplement remplacer les mots : Respublica Argentinensis par Civitas Argentinensis '.

SU. TYPES NE THALFRS MUNICIPAUX ET DE 1/2 THALERS.

Pour compléter les notions que je viens de réunir sur la monnaie municipale de Metz pendant la domination fran- çaise, et particulièrement sur les thalers, je vais décrire, d'après des exemplaires de ma collection, trois de ces pièces présentant soit un dispositif, soit des dates qui n'avaient pas encore été rencontrés, en 1836, lorsque M. de Saulcy écrivit son livre.

4. S. STEPHANVS @ & PROTHOMART., entre un gre- netis et un filet; dans le champ, au centre d’un double contour elliptique, saint Étienne debout en costume de diacre, la tête nimbée, tient une longue palme de la main gauche et, de la droite, les caïlloux de son martyre.

À + MONETA.NOVA.METENSIS. 1698, entre un grenetis et un filet concentriques ; au centre l'aigle double por- tant en cœur l'écu de la cité, mi-partie argent et sable.

Ma collection; argent, 27 grammes 89; pl. XIX, fig. 1°°.

2, En 1638, lorsque le parlement fit supprimer l’aigle de l'empire, la ville résolut d'y substituer ses armes, mais il y eut des tâtonnements ét l'on frappa des thalers dont le type fut ensuite modifié. Ces sortes d'essai sont des plus rares ; déjà M. de Saulcy en a fait connaître un l'on voit un écu de forme ovale. Le thaler suivant est en-

1 Levrault, Essai sur l'ancienne monnaie de Strasbourg, in-8°, 1842, p. 359.

4"

ET DISSERTATIONS. 4538

core un spécimen de transition; publié seulement depuis quelques années, par M. Chabert, dans les Mémoires de l'Académie de Metz, il est nouveau pour la plupart des lecteurs de la Revue.

S. STEPHANVS & & PROTOMARTIR. Type semblable à celui du thaler de 1628.

À. & MONETA CIVITATIS METEN. 1638, entre un grenetis et un filet ; dans le champ, l'écu de la cité de forme ordi- naire, mais trés-large, encadré par une double épicycloide, avec roses dans les angles et fleurons aux pointes.

Ce spécimen différe peut-étre moins des anciens thalers à l'aigle double que la pièce de 1638 déjà publiée par M. de Saulcy * ; c’est sans doute le premier essai qui eut lieu lors du changement de type.

Ma collection; argent, 28 grammes, 59°; pl. XIX, fig. 2.

Au moment de la suppression de l’aigle d’empire, Ra- phaël Braconnier était maître de la monnaie de Metz. Il fit deux fois des thalers pendant l’année 1638, la première en vertu d'une déeision prise par le grand conseil, le 7 mai °, la seconde à la suite d’une nouvelle autvrisation en date du 26 du même mois*. On peut donc supposer que les deux coins de transition datés de 1638, c’est-à-dire celui qui précède et celui décrit par M. de Saulcy, correspondent aux deux émissions de ce maître monnayeur.

3. Il existe, toujours sous la date de 1638, une troi- sième variété de thaler dont le type fut adopté définitive- ment, car on le retrouve sur les spécimens des années sui-

1 Cf. op. laud., pl. I, fig. 3. 2 Les thalers de 1638 {Pièces à l'appui, 9) devaient peser 7 trae zeaux 1/2, soit 540 grains ou 28 grammes 62. 8 Pièces à l'appui, 9. 4 Saulcy, op. laud., p. 66. 1869-70. 6. 31

Bb MÉMOIRES

vantes. Or, comme Rapheël Braconnier fut remplacé au mois d'août par. les orfévres David de Marsal et Jean de la Cloche, qui avaient offert de meilleures conditions à la ville’, on ue saurait douter que cette troisième variété ne fût l'œuvre de ces derniers.

Les nouveaux thalers comportèrent des divisions par moitié et par quarts, inconnues à Metz jusque-là; en même temps on supprima le teston messin, pièce qui se fabriquait, également au type de l'aigle, depuis le retour de la ville à la France.

Les demi-thalers sont fort rares ; M. de Saulcy n’en a fait connaître que trois, portant les dates de 1638, 1641 et 4642 ; j'ai choisi dans ma collection celui de 1643 pour donner un spécimen du type définitif de ces mon- paies.

+ S. STEPHANVS PROTOMARTIR., entre un grenetis et un filet; au centre, on voit l'image du patron, non plus debout comme dans les pièces antérieures à 1634, mais en buste et regardant à gauche. Au-dessus de la téte un nimbe et, à l’exergue, le chiffre 4/2 indiquant la valeur.

à. & MONETA CIVITA. METENSIS. 41643, entre un grenetis et un filet; dans le champ l’écu de la cité, de forme alle- mande, se montre au centre d'une courbe élégante formée de six lobes tangents au filet et dont les extrémités reliées par des anneaux se terminent en forme de lis; d’autres lis occupent les angles rentrants ; des lignes de points al-

1 Raphaël Braconnier était depuis longtemps maître de la monnaie ; il avait succédé à son père dans cette charge qu'il considérait comme inféodée à sa famille. 11 fit réclamations sur réclamations, et ne put être expulsé que par la force. Voir aux pièces à l'appui, 11, une lettre qi adressait au maître échevin et au grand conseil. .

ET DISSERTATIONS. h55

lant du centre à la circonférence complètent l’ornemen tation. h

Ma collection ; argent, 14 grammes, 40; pl. XIX, fig. 8.

TYPES DE MONNAIES DES MAITRES-ÉCHEVINS.

Mais la création des lourds thalers de la cité et d’autres pièces municipales moins pesantes n'avait pas été le seul fait monétaire nouveau qui se fût produit à Metz, sous l'autorité de la France. En effet, sinon dès le début, du moins après la renonciation de l’évèque en 1554, on vit apparaître des pièces de peu de valeur, mais insolites, que l’on frappa au nom et aux armes des maîtres-échevins. J'ai consacré en 1853 un. travail spécial à cette curieuse série’. La plus ancienne pièce de maître- échevin connue jusqu’à ce jour est de Jean Braconnier ou le Braconnier *, aïeul du maître de la monnaie dont nous venons de parler. Il est possible qu’on rencontre ‘quelque jour des mofinaies de son prédécessear Pierre de la Maixe*, qui entra en charge le 24 juin 1557, quelques mois à

peine après le désistement de l'évêque, et qui inaugura la série des maîtres-échevins nommés par le gouverneur en dehors des anciennes règles”. _

1 Recherch. sur les monn, et les jetons des maîtres échevins de Metz, in-4°.

2 Recherch, sur les monn, et les jetons des maitres échevins de Metz, p. 23 et pl. I, fig. 1. |

3 Des auteurs étrangers à la numismatique ont supposé que la monnaie échevinale remontait aussi loin que la monnaie municipale elle-même. C'est une hérésie que condamne la natare des relations qui existaient au temps de l’omnipotence des paraiges, entre cette oligarchie jalouse et un magistrat tenu en tutelle. ; .

+ Le maître échevin était choisi jadis dans les paraiges par l'abbé de Gorse et par les cing abbés bénédictins de Metz. Dans les derniers temps de l’autto-

486 MÉMOIRES

Hatons-nous toutefois de le dire, le monnayage des maîtres-échevins paraît n'avoir donné lieu à aucune ré- glementation écrite et n’a jamais eu pour but de concourir sérieusement à la production du signe d'échange néces- saire aux besoins de la cité. Les menues espèces qu'il a produites n'étaient peut-être même destinées qu'à signaler chaque entrée du magistrat en fonctions. On ne saurait toutefois faire de toutes ces pièces de simples jetons, car, dans les premiers temps de leur existence, plusieurs ont porté explicitement la déclaration de leur valeur : Quartus denar., et plus tard, l'indication générale de leur carac- tère : Moneta metensis'. Quant aux pièces échevinales que leur légende n'indique pas comme ayant été des signes d'échange, s'il en est qui sont évidemment des jetons, d’autres par leur type, leur diamètre et leur poids se rap- prochent assez de certaines monnaies de la cité, pour qu'on puisse supposer qu'elles ont circulé dans la ville sur le même pied que celles-ci et concurremment avec elles. La dernière pièce échevinale portant Moneta est de 1638, date apparurent les thalers sans aigle et le parle- ment accomplit ses premières réformes monétaires. Cette coincidence n’est sans donte pas due au hasard.

Les trois monnaies suivantes sont différentes de celles que j'ai publiées en 1853.

nomie messine, ce droit était devenu illusoire, et les anciens électeurs ne faisaient plus qu’installer le nouveau magistrat. Quoi qu'il en soit, ces digni- taires durent renoncer officiellement le 23 février 1557 & ce privilége, encore bien qu'ils ne l’exerçassent plus à proprement parler.

1 Ces menues espèces des maîtres échevins de Metz peuvent être rappro- chées des méreaux capitulaires qu'on désignait à Cambrai, au XVIe siècle, sous le nom de monnaie blanche, et qui n’ont cessé de circuler dans le pays qu'à une époque assez voisine do nous. Cf. ma Numismatique de Cambrai, p. 191.

ET DISSERTATIONS. 457

JEAN BERTRAND DE S.-JURE.

D'argent, à la croix alaisée de gueules, coupé d'azur à deux flammes d’or en chevron; à la fasce en devise de sable brochant sur le coupé’.

M. de Saint-Jure, écuyer, seigneur de Mercy-le-Haut, fut. maitre-échevin en 1602 et en 1608; il exerça aussi la charge de seigneur treize, qui n’était pas incompatible avec celle de premier magistrat de la cité. La relation du voyage de Henri IV parle de lui comme d’un magistrat distingué *..

* ESPOIR ET POEVR, entre un grenetis et un filet: concentriques; dans le champ, les armes du magistrat.

R X METIS AN. DOMINI. 1608, écu de la cité entre un grenetis et un filet.

On ne connaissait jusqu'à ce jour qu'une pièce à la date de 1602 les flammes mal venues ressemblaient à un cœur ?.

Le spécimen que nous venons de décrire ne porte pas le titre de monnaie; mais son type et son poids le rappro- chaient assez des liards de la cité pour lui avoir permis de circuler sur le même pied qu'eux.

Ma collection; billon, Os,81; pl. XIX, fig. 4.

Nicocas MAGUIN.

D’azur* à six mollettes à huit pointes d'or, 3, 2 et 1.

1 Épith. de Metz, p. 88 et 192; ms. de la bibliothèque de la ville.

2 Rel. du voyage de Henri IV à Metz, par Abraham Fabert,

8 Recherch. sur les monnaies et les jetons des maîtres échevins, p. 29, et pl. Ie fig. 8. , |

+ Ces émaux sont indiqués par le manuscrit de la bibliothèque municipal:

458 MEMUIKES

M. Magnin fut plusieurs fois mattre-échevin entre les années 1602 et 1608. C'est à Henri IV qu'il dut ses lettres de noblesse.

% CRAIN. DIEV ET FAY IVSTI, entre un grenetis et un filet ; au centre, l’écu de famille. Cette devise était brodée sur Je guidon d'une cornette de cavalerie, équipée en 1603 par Je maltre-échevin pour l'escorte de Henri IV, pendant son séjour À Metz’.

&. % METIS. AN. DOMINI, 1609; au centre, l'écu de la cité.

Ma collection; billon, 05,82; pl. XIX, fig. 5.

La monnaie gravée dans mon premier travail portait d’un CÔÉ : a Crains Dieu et fuis jus. 1602; .de l’autre : « Moneta nora met.» Un exemplaire avec fais, au lieu de fay, a ap- partenu à M. de Saulcy.

ABRAHAM FABERT.

D'azur à l'Hercule de carnation, couvert d’une peau de lion et soulevant de la dextre sa massue, le tout d’or: à l'orle de dix grenades tigées à feuilles du même, et à la bordure de gueules, cannelée d'argent’.

Fabert, célèbre imprimeur messin, seigneur de Moulin, avait exercé, après son père, la charge de directeur de l'im-

de Metz; mais la famille Magnin, dans la déclaration qu'elle eut à faire, en vertu de I’édit fiscal de novembre 1696, adopta un champ de gneules.

1 Notice sur Nicolas Maguin, par M. Chabert, broch. in 8°, 1853, p. 9.

2? Ces armes compliquées avaient été inexactement décrites dans mon pre- mier travail. L’Hercule en pal, suivant M. de Sailly, paraît une allnsion à Ja famille des Bernards d’Allamont, dont faisait partie Anne des Bernards, fémme d'Abraham. Le second fils du maître échevin, le maréchal Fabert, trouva. plus simple de prendre d’or à la croir de gueul's.

KT DISSERTATIONS. A59

primerie ducale de Nancy. Le roi lui donna en 1630 le cordon de Saint-Michel. Il fut maître-échevin de 1610 à 4614, de 1618 à 1620, de 1624 à 1625, de 1632 à 1638, et enfin de 1637 à 1638 '.

ABR.FABERTM. ESCHEVIN, entre un grenetis et un filet, au centre un Hercule debout appuyé sur sa massue; dans Je champ, huit grenades. Ce type monétaire, en raison sans doute du peu d'espace, ne reproduit, comme on le voit, qu'une partie du blason de famille.

À. MONETA.NOVA METEN.; dans le champ, l'écu de Metz; à l’exergue, 1638.

Ma collection ; arg., belle conservation, 44,02 ; pl. XIX, fig. 7.

Les deux pièces suivantes sont de simples jetons; je les place:-ici pour compléter la planche.

JEAN-BAPTISTE DE VILLERS.

Au 4* canton et au 4°, de gueules à la fasce d'argent, accompagnée en chef de deux étoiles du même, qui est Villers-sur-Genivaux *; au et au 3°, d'azur à la bande d’or, chargée d’une tour de sable entre deux coquilles de même, qui est Mondelange.

M. de Villers, seigneur de Saulny, fut maître-échevin

1 Cette dernière date ne figure pas dans ie Recusi] des épitaphes ; elle est connue par un jeton déjà publié.

2 Les Villers-sur-Genivaux, auxquels appartient le maître échevin de Metz, : n'étaient pas devenus Champenois, bien que leur généalogie ait été donnée par Gaumartin, dans la Recherche de Champagne. Dans les autres branches de cette famille, le champ de l’écu reste de gueules et les meubles d’argent, mais log étoiles sont remplacées tantôt par deux Anneléts, tantôt par deux besants. (Notes de M. de Sailly.) |

460 MEMOIRES

du mois de juillet 1620 au 31 mars 1624; du 4** décembre 4626 au juillet 1630, et enfin du 5 décembre 1634 au 22 juillet 1632. Il était gentilhomme ordinaire de la chambre de Louis XIII et chevalier de Saint-Michel.

1. BAP™ de VILLER Mer ESCHEVIN DE METZ, entre uo grenetis et un filet; dans Je champ, l'écu ovale de la cité.

À. IVSTITIA ET MARTE; au centre l'écu de famille timbré d'un casque avec ses lambrequins et ses aïles, à la mode allemande; à l'exergue : 1629.

Ma collection, argent; 10 grammes; pl. XIX, fig. 6.

Cette pièce frappée pendant le premier maître-échevi- nat de M. de Villers est d'un module plus grand que la monnaie déjà publiée * avec la légende : moneta nova metens ; son type, au droit, la rapproche du franc messin °, mais elle n’a avec lui aucun rapport de poids. C’est une variété du type de 1622.

BERNARD DE PELLARD DE GIVAY. D'or à l’aigle éployée de sable *.

Bernard de Pellart, seigneur de Givry, fut maître-échevin du 13 mars 1667 au 45 avril 4678. B. DE GIVRY M. ESCHEVIN DE METZ; au centre de la pièce, les armes de Metz sur un cartouche. à. META MIHI METAE; dans le champ, l’écu de Givry, timbré d'une couronne de comte et entouré de palmes.

1 Recherches sur les monnaies of les jetons des maitres échevins, p. 37, et pl. I, fig. 2. Cf. Saulcy, op. laud., 1 de la planche. Création des maîtres-échevins ; ms in-folio de la ville de Metz, 81.

ET DISSERTATIONS, . AGL

Cette piéce, assez mal conservée et sans date visible, est nécessairement postérieure à l’année 1638; elle ne paraît pas avoir di servir régulièrement de monnaie, bien que son diamètre la rapproche des menues espèces de la cité qui n’ont été retirées de la circulation qu’en 1693.

Ma collection; argent, flan mince; 0*,95; pl. XIX, fig. 8.

M. de Givry a multiplié sur ses pièces les devises, telles que : «oculatus ubique; rostro tud et ungue tuebor ; partes « inlenlus in omnes; semper in excubiis; undique solem ». La légende du jeton que nous venons de décrire « meta mihi metz » est un jeu de mots dans le goût du temps‘.

CH. ROBERT.

1 Le vrai nom de Metz était Mettis, mais D. Cajot (Antig. de Mets, p. 42) prétend qu’on disait aussi Metz.

AGÈ MÉMUIRES

PIECES JUSTIFICATIVES.

Letire originale sur papier, avec signature et cachet.

Messeigneurs afin que vous entendiez qu'il a esté loisible a mes prédécesseurs euesques de Metz faire forger monnoye de- puis l’engaigement du coing d’icelle. Et que congnoissiez le peu de respect qu’auez eua moy aussi le grand tort que m’auez faict d’empescher et défendre le cours de la mienne. J’ay bien voulu vous enuoyer ce porteur expressément pour vous monstrer de celle que ont faict monnoyer au lieu de Marsal fueux de bonne mémoire messeigneurs Raoul de Coussy et Conrad Bayer deux de mesdictz prédécesseurs. Lesquels ont régné longtemps après Thiederich de Boppart qui engaigea ledict coing au corps de la cité de Metz. Et pour ce je vous prie y voulloir penser et aduiser et souffrir que ma dicte monnoye ait son cours et se puisse em- ployer et despendre en vostre cité. Faisants aultrement je ne me pourray persuader que n'ayez enuye de traicter toute chose irai- sonnable contre moy qui assés de foys vous ay demonstré l’af- fection que je porte au bien repos et utilité de vostre dicte cité. Au demourant i’ay donné charge a ce dict porteur maistre de madicte monnnoye vous dire aulcunes choses de ma partsur le contenu en la présente, desquelles vous le croirez comme moy- mesmes. À tant je prye le créateur vous auoir en sa saincte garde. Escript a Vy ce xxj° jour de mars uv‘]j auant Pasques.

Vostre bon prélat et pasteur, ROBERT CARD4t DE LENONCOURT.

(Suscription) : À messeigneurs les maistre escheuin et treize

jurés en la cité de Metz.

ET DISSERTATIONS. h63

H Expédition du temps sur papier.

_ C'est queles depputez de Metz remonstreront au roy pour Vintérest qu’ilz prétendent a la monnoye qui se faict à Vy et au raichapt qui a esté faict du coing de ladicte monnoye en l'an 4553. ; |

En premier lieu ilz remonstrent que en lan mil uj‘ mj" iij ung euesque de Metznommé Thiedrich vandist à la cité le coing de la monnoye premièrement pour dix ans et depuis trois ans auant que lesdictz premier dix ans fuissent escheuz icelluy sei- gneur euesque Thiedrich leur vandist ledict coing de monnoye a rachapt perpétue] moyennant la somme de quatre mil frans . d'or coing du Roy de France payables a un seul et enthier payement.

Or monseigneur le cardinal de Lenoncourt si tost quil fust euesque et auant la venue du roy il entreprit forger monnaye à Vy ce que les parrages et seigneurs de lacite qui estoient pour lors ont tousiours empesche et contredit maintenantz que le dicl seigneur euesque ne pouuoit forger acause que le coing et droict de forger estoit engaigez el vendu a la cité et ne pouuoit ledict seigneur euesque forger au préiudice de la dicte vendi- tion et estoient en délibération les dicts seigneurs den faire une. grande poursuicte en l'empire contre ledict seigneur cardinal de Lenoncourt et sans la venue du roy en la cité ilen fust aduenu: de grandes querelles et divisions ainsi que les choses estoient eschauffées. |

Il y a plus detrois cens ans quil y en a eu accord entre le sei- gneur duc de Lhorraine et le seigneur euesque de Metz et ait par auant ladicte vendition et engaigement dudict coing de monnoye portant de quel pied chascun debuoit besoingner et le lieu ou il debuoit forger qui estoit chascun es villes capitales l’une du duché et l’autre de l'euesché.

&64 MÉMOIRES

Et ayant engaigé et vendu ledict seigneur Thiedrich ledict droict et coing de monnoye qui se faisoit a Metz et ne se pou- uoit faire ailleurs les aultres euesques après luy ne pouuoient plus rien prétendre audict droict de monnoye sinom qu’il fust premièrement rachapté.

Ledict seigneur cardinal de Lenoncourt voulant faire le ra- chapt créa en premier lieu nouuelle justice usant de plusieurs menasses et fortes mesures de rompre toutes les arches et tré- sors publicques et emporter tous les preuileges tiltres atours et escriptz de la cité dont encores a present il dethient les cleifz.

Et sur cela ledict seigneur cardinal se fist accordeir le ra- chapt de ladicte monnoye moyennant la somme de quatre mil frans messain qui vallent deux mil huict cens quatre vingt liures tournois faisant eualuer a sa guyse le frant dor combien que lon sache assez que le fran dor du coing du royde France comme il est contenu audict contract reuient a ung ducat et plus et qui se debuoit payer en espece dor actendu que par ledict con- tract est spécifié que lesdictz nt) mil frans dor seront de poix et du coing du roy de France. Car par atour de la ville faict en lan mil trois cens quatre vingt et trois qui est la propre année que ledict engaigement fuist faict. Il est ordonné que les rachaptz et payementz de debtes se feront es espèces dénommées es con- tractz et escriptz. Et de jouyr dudict coing en vertu dudict ra- chapt tel quel soub correction ce nest pas chose raisonnable pour le payement faict par ledict seigneur cardinal de Lenon- court qui ne reuient pas a une quarte partie de ce qu’il appar- thient. Ceque ledict seigneur cardinal de Lenoncourt a bien sceu. Et aussi par une lectre appert que touttes fois il na vollu passer que soubz son seau il a promis suppléer le juste prix en cas que par apres il se trouuast que le fran dor du pois et coing du roy de France soit de plus grand valleur que le franc messain. Et pour monstrer de quel pris est ledict franc dor et que cest que ceulx de Metz ont appellé ung franc dor du coing du roy de France se trouue une ordonnance et cry de monnoye faict en ladicte ville lan mil nj° wi” et trois qui est la mesme année que ledict coing

ET DISSERTATIONS, | h65

fuit engaigé. Par laquelle appert que ledict franc dor est de pareille valleur que lescu de France et moindre que le vieil escn de France de 1 solz vi deniers. Et oultre par aultre ordonnance et cry de monnoye faict et imprimé en ladicte ville lan mil v°xxxix ledict franc dor du coing du roy de France y est spécifié en deux sortes scauoir est ung a pied et l’aultre a cheval. Et est celluy a pied du poix de deux deniers vingt grains qui est le poix des Henrys que de nouveau sa maiesté a faict faire pour cinquante solz.

Et dauantage ledict rachapt fait les dictz seigneurs de la cité debuoient jouyr dudict coing encores trois ans apres. Lesquelz trois ans ne commencent point a courir et auoir lieu sinon du jour et aprez que lesdictz quatre mil frans dor auroient esté payez a ung seul payement comme le tout peult apparoir par la sim- ple lecture dudict contract de vente.

Lesdictz trois ans auroient estez accordez den jouyr apres le- dict rachapt parce quil restoient du précédent contract denga- . gement qui estoit de dix ans.

Le contract dallienation faict par ledict seigneur Thiedrich dudict coing de monnoye a rachapt perpétuel confére auec le eontract de rachapt faict par ledict seigneur cardinal de Lenon- court monstrent assez l’intérest de la cité et conséquemment linterest du roy protecteur dicelle et soubz la main duquel la- dicte cité jouyst et est conseruée en ses préuiléges et droictz. Chascun congnoist assez quel intérest et perte cest de bailler deux mil vuj° inj™ liures tournois pour quatre mil ducatz qui vallent lesditz quatre mil frans doret plus. Et que nayant ledict seigneur cardinal de Lenoncourt faict lenthier payement des- dictz iiij mil frans dor il ne pouuoit faire forger monnoye ce quil a faicta Vy. En quoy ladicte cité a eu aultant d’intérest que ledict seigneur cardinal de Lenoncourt en a receu de proffict par chascun an qui est de quatre cing et six mil livres par an et aussi ila grandement préjudicié a la cité faisant forger a Vy ce que ce debuoit et pouuoit faire seullement en ladicte cité de Metz par l’accord cy dessus déclaré.

466 MÉMOIRES

Et dauantaige on voit assez comme ledict seigneur cardiail de Lenoncourt sa faict quicter et remectre ledict temps de trois ans quil dict estre usuraire et ce pour les bons plaisirs et fa- ueurs quil a faict a ia cité dont dieu et tout le monde peult porter assez tesmoingniage de ce qui en est. Et luy a esté faict ce don par ceulx qu'il auoit mis a la justice pour ceste année la parce que de puissance absolue il le vouloit ainsi. Et se disoit prince régalien seigneur spirituel et temporel en ladicte cité.

Quelque rachapt que ledict seigneur cardinal de Lenoncourt ayt faict jamais le roy na permis quil en ayt jouy ny forgé en ladicte cité.

Et dauantaige ledict seigneur cardinal de Lenoncourt a fait forger des florins de Metz desquelz le coing apparthient a la cité et ne se trouuera que jamais euesque ayt faict faire ny forger aucuns florins.

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Expédition du temps sur papier.

Les généraulx conseillers du roy nostre sire tenans sa court des monnoies veu par ladicte court la requeste a elle presentée par Claude Daboncourt lun des treize et depputé de la ville de Metz affin davaluer les francs dor qui auoient cours en lannée mil trois cens quatre vingtz et trois a la monnoie de France qui a de présent cours et de ce luy bailler certification pour sen ay- der comme de raison, veu aussi une coppie collationnée a son original par Mangin le Coullon secrétaire et greffier de ladicte ville de Metz et Pierre Jolly notaire publicq oudict Metz de cer- tain contract et lectres obligatoires du vingtroisiesme de sep- tembre oudict an mil trois cens quatre vingtz et trois par Jef quelles appert Thiedry lors euesque de Metz et du consente- ment des prince doyen et chappitre de l’église dudict Metz s’estre obligé aux escheuin treize jurez et communaulté de la cité dudict Metz pour et au non de ladicte cité pour quatre

ET DISSERTATIONS. 467

mil francs de fin or et de iuste poix du coing du roy de France qui ont esté prestés audict Thiedry pour les causes contenues audict contract par lesdictz eschevin treize et communaulté de ladicte cité de Metz et pour asseurance d’icelle somme ledict _Thiedry comme euesque dudict Metz et du consentement des- dictz prince doyen et chappitre auoir engaigé et obligé tout le droict et toutte la puissance quil auoit et pouuoit auoir en ladicte cité de Metz auec toutes ses apartenances de faire monnoie jusques a tant que icelluy Thiedry ou ses successeurs eus- sent rendu et restitué ausdictz eschevin treize et commu- naulté ou a leurs successeurs reallement entierement et touttea une fois ladicte somme de quatre mil francs de bon or et de juste poix du coing du roy de France. Pour lesquelz quatre mil francs ledict Thiedri et ses successeurs pourroient rachap- ter ladicte obligation et engagement toutesfois et quantes quil leur plairoit comme plus æ plain est contenu dudict contract et lectres obligatoires certiffient a tous quil appartiendra que les francs dor faictz et forgés es monnoies du roy et qui auoient cours en ladicte année mil trois cens quatre vingtz et trois val- lent de la monnoye de France qui a de présent cours a raison de cinquante solz tournois lescu sol cinquante sept solz neuf de- niers tournois piece faict en la court des monnoiesle deuziesine jour de may lan mil cinq cens soixante et ung. | . | Signé : Hotmay.

IV

Copie du dernier siècle.

Au Roy Et a Nosseigneurs de Son Conseil.

SIRE,

Le Maistre Eschevin Conseil et Treizes de la Ville de Metz vous supplient très-humblement les vouloir faire expédier en vostre conseil sur le faict de la Monnoye dont ils ont faict remons-

trance a vôtre Majesté du droict qui appartient à la ditte Ville

468 MEMUIRES

de Metz en la monnoye pour le reachapt qui en a esté faict par feu Monseigneur le Cardinal de Lorraine lors euesque dudit Metz pour lexpédition duquel affaire qui est de grande importance pour la dicte Ville ils ont tousjours heu homme exprès a la suitte de votre dit conseil depuis un an et les supplians prieront Dieu pour vostre Majesté. .

La présente Requeste est renvoyée & Messieurs les Intendans des finances pour entendre et ouyr sur le contenu en jcelle l'homme envoyé icy a cette fin et veoir les Mémoires qu'il porte pour en tout faire leur rapport au Conseil du Roy et sera sur ce pourveu comme de raison. Faict au dit Conseil tenu a Sainct- Germain en Laye le viij* jour d’Aoust 1361.

Signé : pe LAUBESPINE.

Ouy le rapport des Intendants des finances veu le Vidi- mus d’une lettre du mois de septembre 1383 par les- quelles Thiederic Euesque de Metz du consentement des Princier Doyen et Chapitre du dit lieu s'est obligé envers les habitans de la ditte ville en quatre mil francs d’or du jusle prix du coing de France, et pour asseurance d’iceux leur engage tout le droict qu’il avait de faire monnoie en la ditte ville, autre vidimus de lettres du vij’. octobre 1553, par lesquelles apres que Robert Cardinal de Leuoncourt faisant le reachapt d’icelle monnoye pour quatre mil francs dus a raison de xiij. groz monnoye coursable au change dudit Metz promect que s’il se trouve qu’il y ait autre recharge sur la valleur desdits quatre mil francs dy satisfaire de point en point et certifications de la cour des monnoyes à Paris en datte du ij’ may 1561 par laquelle cha- cun des dits francs d’or est eualué sur le prix de cinquante solz tournois pour escu soleil a Lvij. S. 1x. d. Pour ce et veu le calcul faict par lesdits Intendans des finances par lequel apert iceulx 4000 francs a laditte raison de Lvij. S. 1x. deniers pieces vallent xj™ livres et à raison de douze gros dudit Metz dont vingt vallent vingt quatre solz tournois qui est le prix auquel ledit reachapt a este fait deux mil vij° nrj” livres seulemert

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ET ‘DISSERTATIONS, h69

parquoy reste deub par le Roy ayant le droict des dits Euesques de Metz la somme de huict mil vse Lxx° a esté ordonné qu'icelle somme sera mise au cahier des debtes pour en estre baillé assignation auxdits habitans de Metz lorsque le Roy commencera a faire battre monnoye en la dicte Ville de Metz. Faict au Conseil privé du Roy tenu a Saint Germain en laye le xvij* jour d’Aoust 1561. Signé : BureLusis.

V Lettre originale avec signature et cachet.

Tres chers et bons amys. Desirans veoir le contract dengaige- ment de la monnoie de Metz faict à la ville et cite dudict Metz par lun des predecesseurs euesques dudict Metz, Nous vous prions de nous enuoier au plustost la coppie dudict contract. Affin d’aluiser au moien que nous pourrons auoir de faire le ramboursement dudict engaigement ainsy que nous en auons * Ta volunté. Et nestant la presente a aullre fin nous supplierons Dieu tres chers et bons amys quil vous ayt en sa S“ garde. Escript à Paris le xxvis" jour de feburier 1582.

Henry,

v Brulart.

(Suscription) Noz tres chers et bons amys les escheuin con- seil et treize de la ville et cite de Metz.

VI Expédition du XVII siècle.

Henry, par la grâce de Dieu, Roy de France et de Navarre, a notre améet féal Conseiller de nôtre Conseil d’Estat, et privé, Jacques Viard, seigneur de Candé président à Metz, Toul

et Verdun, Salut. Notre très-cher et bien amé cousin le deffunt 1869-70. 6. | 32

470 MÉMOIRES

Cardinal de Lorraine Euesque de Metz ayant dans le dixnieu- fième Décembre mil cinq cens cinquante cinq, ceddé et trans- porté au deffunt Roy Henry second notre très-honoré sieur et père, tous les droits souverains qui luy appartiennent en la dite cité de Metz, de créer par chacun an la justice du Eschevin et treizes de battre et forger monnoye et a ses successeurs, le- quel droit de battre et forger monnoye auroit esté pour subve- nir aux affaires du clergé auparavant engagé par les prédeces- seurs Euesques au corps de la dite cité de Metz, pour la somme de trois mil florins d'or du coing de France, a faculté de ra- chapt perpetuel, ainsi -qu’il nous auroit esté représenté, les- quelles cessions et transport d’eslors, furent agréés et ratiffides tant par le clergé et tousles abbez et autres equités qu'il appar- tenoit que par le dit Eschevin Treizes et Conseil, en l’année mil cinq cens cinquante six et suivant icelui nos très-chers et très-aimez frères les Roys deffunts Charle et Henry, auroient par chacun an créé et establis ledit Eschevin et treizes de la justice, fait et presté le serment en mains des Gouverneurs et Lieutenants au dit Gouvernement en présence du Président du dit Metz. mais pour les grandes et importantes affaires, et guerres continuelles survenues dans le Royaume depuis les dites cessions et transport, n’auroient permis aux Roys deffuns nos prédecesseurs de jouir librement des moyens ordinaires et osté les commodités de dégager ledit droit, et rembourcer ladite cité de la somme contenue au dit contract, de laquelle desirant leur estre satisfaits, et maintenir a nous et a nos successeurs en cette couronne, ledit droit et principal marque de souveraineté très-utille et nécessaire suivant ledit transport, et que pour exe- cuter ledit rembourcement et establir les Officiers qui sont requis pour l’exercice et fabrication de ladite monnoye qui seront par nous crés et pourveus, il soit requis commettre un personnage digne, et d’integrité. Nous a pleine confiance de vôtre prudence loyauté et longue expérience que vous avez acquis des affaires dudit Gouvernement, Nous vous avons commis et deputez, com- mettons et deputons avec pouvoir exprès de faire et accomplir

ET DISSERTATIONS. A71

l’execution dudit rembourcement et establissement de ladite monnoye et desdits Officiers, et pour cet effet faire commande- ment audit Eschevin et Treizes de vous representer ledit con- tract d’engagement en vertu duquel ils ont joui cy devant du droit ; voir et recognoistre a quelle somme ledit engagement a esté fait pour estre lesdits deniers qu’ils montreront avoir four- nys audit sieur Euesque rembourcer par nous, sans que le laps du temps quelqu’il soit puisse empêcher la faculté dudit rachapt et rembourcement qui ne se peut prescrire, et ledit payement fait, establir ladite monnoye en notre nom et profit et au titre et loy accoutumée en ladite cité, et qu’il sera advisé le plus apropos semblablement tous les officiers requis pour la fabri- cation, direction et distribution de ladite monnoye, sous notre nom, et authorité, lesquels officiers seront par nous pourveus de leur office taxés en nos parties casuelles, dont nous vous en- voyons le Rolle et taxe pour lesdits deniers qui en proviendront, estre employés en l’acquit et payement d’aucunes de nos debtes, et les emoluments qui proviendront cy après des droits seigneu- riaux et fabrication de ladite monnoye estre baillié a ferme ou en recepte a mil florins, sur lesquels seront pris les gages desdits officiers et généralement pour la parfaite execution de ce que

dessus circonstances et depandances vous emploirez tout ce ~

_ que vous cognoisteré et jugeré estre requis et nécessaire tout ainsi que nous ferions si nous estions en personnes, ors qu’il y eut chose qui requist mandement plus spécial qui ne fut con- tenu en ces présentes signées de notre main, promettant en bonne foy et parole de Roy avoir agréable, et tenir ferme et stable et tousiours tout ce qui sera par vous fait, et arresté, et de tout entretenir, garder et observer sans jamais aller au con- traire en quelque sorte que ce soit, car tel est nôtre plaisir, donné à Paris le vingtiesme jour de Juillet l’an de grâce mil six cens un, et de notre règne le douzième. Signé : Henry et plus bas : Par le Roy, Potier, et scellées du grand sceau a queüe pendante. |

Az? MEMOIRES

Vu

Extrait des registres de la justice royale de Metz (xvu° siècle).

Du deuxiesme juillet 1603. Pardevant nous Jacques Viart, Consviller du Roy et Président à Metz.

Et le dit jour deuxiesme de juillet audit an le Sieur Président de Metz a faict lire present Le Maistre Eschevin les Treizes et Conseillers estants au Conseil pour l’expédition des procès, les lettres patentes du Roy dattées du xx° juillet 4601, signé Henry et contresignées Potier et scellées au grand sceau a luy adres- sces. Qu'il a ordonné estre registrées au greffe et enjoint audit sieur Maistre Eschevin de représenter l’original des lettres d’en- gagement du droict de battre et forger monnoye du 23° sep- tembre 1383. Que le deffunct Euesque de Metz Thiedric avail engagé au corps à la ditte cité de Metz pour la somme de 4000 francs d'or au coin de France, lequel droict avait esté ceddé par le deffunct Seigneur Cardinal de Lorraine au Roy Henry Second l’an 4556 et à la couronne de France ainsi qu’il appert par les Lettres de cession enregistrées au Greffe en la ditte an- née et dont souventes fois il avait sommé le S' Bertrand de Saint Jure estant Eschevin en lannée dernière de mettre au Greffe de ceans l'original des dittes lettres d'engagements, et de rechef a admonesté le dit Eschevin d’user de toute diligence de representer les dittes lettres d’engagements affin de procéder à lexécution dicelles, et leur a faict veoir au dit Conseil la copie d’une Requeste presentée au Roy Charles, par le Eschevin de Metz qui lors estoit, et l’ordonnance du dit Conseil d’État du d’Aoust 1564 par laquelle après qu'il a été recognu que le deffunct Robert Cardinal de Lenoncourt Euesque de Metz avait payé au corps de la dite cité 2880*. Et que de l’entier payement n’en restoit plus que 8670" que Sa Majesté mettroit peine de faire rembourser au corps de la ditte cité ou bien de s’obliger de

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ET DISSERTATIONS. h73

la ditte somme s’ils n’avoient aggréable d’en faire présent a Sa ditte Majesté pourtant de bienfaict qu’ils ont receu et recoi- vent par chacun an d’icelle, lequel Sieur Maistre Eschevin a dict qu’il avoit faict rechercher longtemps les dittes lettres d’engagements qu’il n’avoit pu encore recouvrer, et que de -rechef il useroit de toute diligence pour les mettre au Greffe.

VI

Copie du temps.

De par le Roy,

Tres chers et bien amez, celle cy est pour vous dire que nous treuuons bon sur la remontrance qui nous a esté faicte de vostre part que vous continuiez à faire battre fabriquer de la monnoye en nostre ville de Metz en la mesme sorte et manière qu’il s’est tousiours pratiqué, ce que nous vous accordons d’autant plus volontiers que nous avons esgard à la nécessité présente. Donné à Saint-Germain en Laye le 22° jour de Mars 1638. Signé à l’o- riginal Louis, et plus bas. Bouthillier avec paraphe.

IX Minute du temps.

Du Septiesme May, mil six centz trente huit, à Metz, en l’as- semblée du grand Conseil.

Sur ce qui a esté représenté, que pour ne pas négliger la grace, qu’il a pleu a Monseigneur l’Eminentissime Cardinal de la Vallette nostre Gouuerneur, obtenir du Roy, en faueur de ceste ville, à laquelle Sa Majesté continue les droits et usages qui luy appartiennent de fabriquer monnoye, il importe d’y faire tra- vailler incessamment et sans délay; l'affaire ayant esté mise en délibération après avoir examiné les raisons du sieur Bracon-

474 MÉMOIRES .

nier, et autres personnes versées et bien entendues au faict des dites monnoyes et ouy le procureur du Roy;

Il a esté arresté et résolu que le dict sieur Braconnier de la Monnoye fera fabriquer incessamment et sans intermission, sous les coings dont les modèles ont été représentés, des Reis- talars du poids de sept trezeaux et demy qui tiendront dix de- niers, quatorze grains de fin, comme aussy des demis quarts et vinctiesme a l’equipolent; et afin que le peuple puisse tirer du soulagement de la fabrique des dites monnoyes, sera noti- fié par affiches publiques, à tons ceux qui ont du Billon de s’en accommoder avec le dict S' de la Monnoye sy bon leur sem- ble pour en tirer des espéces. Faict comme dessus.

Signé : Praitton. X Copte du xvi° siècle.

Projet des remontrances faictes au Roy le 30 mai 4658 par le Parlement de Metz contre les officiers de l’hôtel de ville au sujet de la monnoye qui se battoit encore au coin et armes de la ville.

La seconde chose sur laquelle les officiers de votre cour de parlement sont obligés de vous faire leurs très-humbles remon- trances concerne le droit de battre monnoye au coin de la ville dont la connoissance et jurisdiction est attribuée aux Esche- vin et Eschevins de notre ville de Metz ensemble sur ses officiers de la monnoye pour laquelle par arrêt du 7 may dernier il a été ordonné que les officiers de l’hôtel de ville et ceux des trois ordres ne jouiront de ce droit que par provision et jusqu’à ce qu’autrement il en ait été ordonné par Votre Majesté sur les re- montrances qui vous seront faites

et quoique les M** Eschevins

ET DISSERTATIONS. 475

deussent reconnoître le droit de Votre Majesté, ils ont profité de la négligence de vos officiers, et par un attentat contre votre authorité et le respect qu’ils vous doivent, ils ont continué à battre monnoye, et ce qui est de plus étrange, quoique d’un côté, ils eussent accoutumé de mettre un S‘ Etienne et de l’autre les armes de l’Empire, ils ont mis en leur place celles de la ville au lieu des vôtres, témoignant par cette nouvelle entre- prise que si la force de leur devoir les contraignoit de renoncer aux aigles de l'Empire ils ne pouvoient consentir à porter les fleurs de lys, de sorte que les étrangers chez lesquels la mon- noye de Metz a cours s’étonnent avec justice de voir qu’une grande ville sujette à son. roy ait la hardiesse de battre mon- noye a autre coin que le sien.

C’est ce qui ne se peut nidoit se souffrir, et les officiers de votre parlemeut ne le peuvent plus longtemps dissimuler sans préva- riquer à leur charge.

Ils supplient très-humblement Votre Majesté de considérer qu’une des plus belles marques de votre souveraineté et un des plus beaux fleurons de votre couronne, est celuy que les Etran- gers ont reconnu avoir appartenu à vos prédécesseurs lors de l'établissement de la monarchie francoise, est de faire battre de la monnoye de leur or et argent d’y mettre leur effigie signam- ment en la monnoye d’or. Les autres princes que les romains nominaient barbares, n’avoient pas ce droit, ou s’ils en usoient leurs monnoyes n'avaient eu cours ez terres de l’Empire. L’ori- gine de cette anthorité est très-avantageuse à la nation françoise puisque c’est une marque de son ancienne valeur, pour avoir vaincu les romains et secoué le joug de leur domination.

Vos prédécesseurs ont été très-jaloux de ce droit qui ne peut être séparé de la puissance souveraine sans luy donner atteinte. |

Le Philosophe dit que la monnoye est la mesure de toutes choses, c’est la caution qui répond pour nous de tout ce qui nous est nécessaire, c’est le sceau du commerce, la marque de la foye publique qui ne peut dépendre que de la police géné-

76 MEMOIRES

rale de l'État dont le Prince est le maître absolu autant par son authorité que par la tendresse qu’il a pour ses sujets.

Aussy, il n'appartient qu’au Prince de prescrire la manière, la forme, le cours, le poid et le prix de la monnoye qui est la cause pour laquelle son nom en langue grecque vient de celui qui signifie Loy ce que nous suivons en votre royaume, appe- lant la monnoye alloi et loy quelquefois purement et simple- ment.

D'ou s’en suit que les Eschevin et Eschevins de votre ville de Metz ne doivent jouir plus longtems du droit de battre mon- noye au coin de la ville, autrement ils partageroient votre puis- sance, ils donneroient la loy au commerce, et par les mau- vaises espèces qu'ils forgeroient dont il y en a eu cy devant plusieurs plaintes desserviroient votre monnoye dans les pays étrangers. Votre Majesté doit user du droit qui luy est acquis par l'arrêt de 1561 et par les lettres patentes du feu roy Henry quatre, et en les remboursant de la somme de 8620", ils doi- vent luy tenir compte des interrets de 2880" qu’ils ont reçu du Cardinal de l'Enoncourt.

Que si les affaires urgentes de Votre Majesté ne luy permet- tent pas de faire a présent ce remboursement, au moins Elle doit faire exécuter définitivement ce qui a été ordonné pour provision par vôtre parlement, et leur enjoindre de mettre vos armes à l'endroit ils mettoient celles de l’Empire, sauf à ceux de mettre les armes de la ville à l'endroit qu’il vous plaira ordonner.

Cette sorte de fabrique de monnoye est trop injurieuse à Votre Majesté, elle ne doit porter aucune marque que celle de Votre Image et Votre nom, c’est le seul moyen de vous rendre ce qui vous appartient, c’est le tribut de la reconnoissance qui vous est due par eux à qui vous donnez le privilège de forger mon- noye ; en un mot c'est une vénération qui étant rendue à vôtre sacrée personne par vos sujets doit passer jusqu'aux Etrangers Lorsque la nécessité du commerce en souffre le transport hors vôtre Royaume.

ET DISSERTATIONS. A77

La troisième et dernière chose sur laquelle les officiers de Votre Cour de parlement sont obligés de vous faire leurs très- humbles remontrances regarde la connoissance et jurisdiction sur la morfhoye battue au coin de la ville et le tarif et le règle- ment des monnoyes qui est accordé aux officiers de l’hétel de ville.

Cette justice ne leur peut plus appartenir, d’autant que soit que Votre Majesté fasse le remboursement de la somme de 8620" présentement ou que par la nécessité de ses affaires Elle Jes diffère encore a un autre temps. Ils ne peuvent ni doi- vent avoir aucune connoissance et jurisdiction sur la monnoye laquelle par Parrét de votre Parlement du 6 may dernier devant être battue à vôtre coin, c’est un cas royal dont la connoissance appartient à vos juges primativement à tous autres, à l’égard du tarif et règlement de la monnoye quoique par les règles ordi- naires de la justice il ne leur doive appartenir, néanmoins si Votre Majesté leur veut faire cette grâce que de les maintenir encore en ce droit, ils ne le doivent faire publier et exécuter que suivant le dit arrêt après Pavoir envoyé et fait enregistrer en sa Cour de Parlement. |

Ce sont, Sire, les très-humbles remontrances que les vfliciers de Votre Cour de Parlement de Metz sont obligés de vous faire sur l’arrêt de Votre Conseil et Lettres de déclarations fait en Par- lement le trentième May mil six cent cinquante huit.

XI Copie du temps.

A Monsieur, | Monsieur le Escheuin et à M™ du grand Conseil.

Le de la monnoye qui a eu la communication par lecture de la proposition faicte contre luy par la Cloche et Marsal son - voisin orpheure dit qu’il ne peut qu’il ne s’eitonne grandement de ce quapres trente ans de seruices rendus en sa charge au- tant fidelement qu'aucun autre eut sçeu faire, y ayant par ce

A78 MÉMOIRES ET DISSERTATIONS.

moyen usé toute sa jeunesse. Apres aultres quinze ou dix huict annees de seruices rendus par deffunct le S' Didier Bracon- nier son pere qui non seulement a eu l’honneur de posseder la dicte charge mais aussy celle de conseiller un long temps et qui a exposé et perdu bonne partie de ses biens en rendant seruice au public, desireux qu'il estoit du bien de sa patrie, a l’imita- tion de ses pere et grand pere en la charge de Escheuin. Lors qu'ils ont eu l'honneur de la posseder. Et qu'ayant esté establi en sa dicte charge de de Monnoye si solemnellement par M" vos deuancivrs en la magistrature , il semble que vueilliés presentement escouter ses ennemis sans cause, ou enuieux pour innouer plusieurs choses a son préjudice, ou bien l’en expulser du tout, ce qui ne se peut faire sans mettre tous les autres officiers de ville en pareil danger a l’aduenir, chose qui heurte non seulement les commodités, mais aussy leur honneur. Qui oblige ledict remonstrant de vous supplier M" qu'en renucyant tous ses enuieux qui se trouueront plaindre à tort, il vous plaise le maintenir es ns et coustumes de la dicte monnoye, et il continuera a vous y rendre tidel service.

CHRONIQUE.

MONNAIES DE BRETAGNE.

Dans un travail publié au mois d'août 1869 (Voy. supra, p. 194.) sur quelques monnaies inédites de Jean IV, duc de Bre- tagne, nous avions donné la description de neuf pièces breton- nes trouvées à Lambezelec (Finistére) au mois de novembre 1866. Nous regrettions de ne pouvoir fournir de plus amples détails sur cette importante découverte. Le plus grand nombre des monnaies bretonnes qui composaient celte trouvaille ayant été . acheté par MM. Rollin et Feuardent, ils ont bien voulu nous les communiquer, et nous croyons étre agréable aux lecteurs de cette Revue en donnant la liste de cés pièces.

Charles de Blois.

4. Double de billon noir, frappé à Rennes. (Bigot , 386, pl. XVIII, 10.) | 2. Variante du 4 de la pl. XIX de Bigot, la croix can- tonnée au d’un R. |

3. Deux variantes du n°2 de la pl. XIX.

La croix cantonnée au d’un D.

2 + BRITANHIE, la croix cantonnée au d’un R.

4. Trois variantes du denier de billon noir. Bigot, 470, pl. XIX, 5.

Trois types :

1 Essai sur les monnaies du royaume et duché de Bretagne, 1857, 8°.

ARO CHRONIQUE

i + © KAROLVSS. Dans le champ DVX entre deux her- mines mouvant de la légende.

1. + BRITAHHIE. Croix pattée.

Les hermines mouvant du centre.

L’hermine supérieure mouvant du centre, l’hermine infé- ricure de la lézende.

Jean IV.

5. +- IObANHES DVX. Dans le champ, sept hermines, 2,3,2, celle du centre très-évasée.

R + BRITAHHIE. Croix pattée cantonnée au d’un R.

Cette pièce est inédite. Bigot donne pl. XIX, 2, la même pièce au nom de Charles de Blois.

6. + oLOPAHNES DVXo. Dans le champ PANT écrit en deux lignes que séparent un quintefeuille et deux croisettes; les denx D séparées de l’A et du T par deux mouchetures.

A... RITAOG OHHIEO. Croix fleuronnée. Entre les deux anne- lets qui suivent l'A, un petit écu chargé de trois mouchetures.

Variante du 76 de la pl. XXIII de Bigot. |

7. & IODADE: VX: BRI: TADIE.

Dans le champ, cing hermines, 3, 2.

8! || * HO-|| DET || A: BR || EST.

Croix pattée coupant la légende cantonnée de 4 trèfles formés de 3 besants. Gros de billon.

8. ooo IORANE : DVX : BRITADI.

Dans le champ, cinq hermines, 3,2.

[| fe HO || D.T || A: BR || EST. |

Croix anglaise coupant la légende aux 1°, et de trèfles formés de 3 besants; au 3°, de 3 besants et un point.

Ces monnaies sont des variantes du 7 de la trouvaille de Lambezelec (Rev. num., 1869, p. 212, pl. X, n°7).

Gros de billon.

9. X IOHAIINES : [DVX]: BR [ITAH)D...

CHRONIQUE. | ABA

Dans le champ, BREST sous un trait curviforme; dessous, une barre et cinq mouchetures posées 3,2.

R || *... [| FORT || BRIT || ADE. Croix anglaise cantonnée aux 1 et d’une moucheture mouvant de la légende, aux et de trois besants en triangle.

Gros de billon.

10. + IOhAHDES : DVX : BRITAHI. Dans le champ BREST sous un trait curviforme accosté de deux points. Dessous, une barre et cinq mouchetures posées 3, 2.

* à + MON || FORT || BRIT || AHIE. Croix anglaise can- tonnée aux et d’une moucheture mouvant du centre aux et de trois besants en triangle.

Gros de billon.

11. OIOP[ANNES] : DVX : BRITADIE. Dans le champ BREL sous un trait curviforme; dessous, une barre et cing mouchetures posées, 3, 2. |

R ||... || ORT || BR.. {| .... {| Croix anglaise cantonnée aux et de trois besants en triangle, au d'une moucheture mou- vant de la légende, au d’une moucheture mouvant du centre.

Gros de billon.

42, TIORAHNES[DVXBR]ITADIE. Dans le champ BRE2L sous un trait curviforme, etc.

R) Ï MON || .... || RIT || ADIE. Croix anglaise cantonnée aux et de trois besants en triangle, au d’une moucheture mouvant du centre, au d’une moucheture mouvant de la lé- gende.

Gros de billon. . | Ces gros sont des variantes des nv 5 et 6 de la trouvaille de

Lambezelec (Rev. numismatique, 1869, p. 244, pl. X, 5 et 6). Guérande,

13. % IO[AHD]JES DVX.BRITAD. Dans le champ cing her- mines, 3,2.

482 CHRONIQUE.

5 & (MOD || ETAG || VERA || DDIE. Croix anglaise can- tonnée de quatre tréfles formés de trois besants. : Gros de billon inédit.

Quimperlé.

14. + IOhbAHES.DVX.BRITANE. Dans le champ cinq hermines 3, 2.

N + (NON || ETAK || EPER || ELE. Croix anglaise can- tonnée de quatre trèfles formés de trois besants.

Gros de billon inédit.

Vannes.

15... OhARN'ES)DVX. BRL.. Dans le champ, cinq her- mines, 3, 2.

5 + MON || ETAV | EDET |} .... Croix anglaise cantonnée de quatre tréfles formés de trois besants.

Gros de billon inédit.

16. Sept variantes du demi-gros de billon dela pl. XXVI, n°6 de Bigot.

1°10 || RES || DVX || BRI.

8 COMES RIChEMOT.

(Variante de ce type, les extrémités de la croix sont ter- minées par des annelets.)

10 || RAS || DVX || BRI.

KF + COMES RICREMOT.

4e + 10 || DAS {| DVX |] ..

à a COMES RIChEMOT.

[| BAS || D.. || BRI.

1 CO..SRI..EMO, hermines très-évasées.

Étoile à six rayons : IO || PAS || DVX || BRI.

n Idem: COMES RICHEMOT.

Idem : 10 || DAS || DVX || BRI.

# {dem : COMES RICHEMOT : l'étoile placée sur le côté.

A. Cuaorrizr.

TABLE

METHODIQUE DES MATIERES

CONTENUES

DANS LA REVUE NUMISMATIQUE.

ANNEE 1869-1870.

NOUVELLE SERIE. TOME QUATORZIEME.

_

NUMISMATIQUE ANCIENNE.

Médaities des Peuples, Villes et Rois.

Lettres à M. Adr. de Longpérier sur la numisma- tique gauloise, par F. de Sauccrx. XXX. Révision des lettres x1 à xxv (2 vignettes)... . . .. .

Lettre à M. Adr. de Longpérier sur quelques mon- naies celtiques, par F. pe PFAFFENHOFFEN (pl. 1

Monnaies rhétiennes, par F. Lenormant (2 vignettes). Lettre à M. Adr. de Longpérier sur des monnaies d'or concaves, dites Regenbogen-Schüsseln, avec légendes, par F. pg Prarrenuorren (pl. xi)... . Médailles grecques inédites de la collection Soutzo, par ALEXANDRE G. SouTzo (pl. vi, vil, vi). . . . . Tétradrachme inédit de Delphes, attribution de di- verses monnaies à la même ville, par Henri pe LoncrÉRIER (4 vignettes). . . . . . . . . . . .. Bias de Priène, par Apr. pe Lonertnien (vignette).

1— 13

14— 30 373—377

285—299

473—183

449—172 378—384

~

ANA TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES.

Médailles relatives aux épsdes de l'Asie Mineure, par Hanas ne Loxcréaime fol. in) . . . . . . . . . .. Mona grecque tronvée à Auriol, 348-360. Monnaies

grec pues de Pancrmus, 361-365, Monnaie de Raidan, 267-

23, == Vente des medailles grecques et autres des collections

foreaet Coteon, 142-148,

Médailles romaines et byzantines.

Les contremarques monétaires à l’époque du Haut- Empire, par F. pg Sacucyx (pl. annexée). 300-315, Monnaies romaines de l'époque impériale (Germa- nicus, Britannicus, Mæsa, Postume, Vabalathe),

par J. og Witte (pl. xu. 2... we Médaillon inédit de Constantin le Grand, par Dan- coisne (vignette)... . . . .. su... eee

Mecailion d'or faux de Domitien, 136-)38, Trésor de Tarse, 133. L'attrivut d'Uberitas, 133-136. Le pentanu- mium byzantin, 268-269, Prix de vente des médailles romai-

nes de Wo A. Grean, 305-372.

WUMISMATIQUE DU MOYEN AGE.

,

Monnaies françaises.

SECONDE RACE.

Louis d’Outremer en Normandie. Trouvaille d’É- vreux, par Apr. De LoncPéRiIER (pl. 1v et v). . .

TROISIÈME RACE.

Mélanges de numismatique. V. Trouvaille de mon- naies du xiv’ siècle, France (Philippe de Valois), par Cu. Ropeat (pl. xr)... 2... ee ee ee

Vente des médailles de la première, de la seconde et de la troisième race, de la collection de M. Colson, 145-148.

RE ar Vu gr

31— 10

385 402 403—413 316 —318 7i— 85 291 237

TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES.

4

Monnaies provinciales.

Monnaies inédites de Jean IV, duc de Bretagne, par L. Caaurrier (pl. x)... ............. Trouvaille de monnaies du xiv° siècle, Bourgogne, Bar, Savoie, Vaud, Bretagne, par Ch. Rosert

Examen de diverses monnaies italiennes attri-

buées à M" de Montpensier, par A. pe Loncré-

imédée de Saluces, administrateur des évêchés de Valence et de Die, par A. pe LoncpEnigr (vignette). Florin d’or de Bar émis sous le duc Robert, par J. Laurent (3 vignettes)... . . . . . . . . . .. Mélanges de numismatique. VI. Monnaies muni- cipales de Metz sous les rois de France, par Cu. RoperT (pl. xx)... . . . . . . . .. . . . ee

Denier de Remelange, 269-270. Franc d'or de Guillaume d'Arles, 273-274. Florin épiscopal de Metz, 274-275. Mon-

naies de Bretagne, 479-482. Vente des médailles du moyen

âge et modernes, de la collection de M. Colson, 145-148. Vente de la collection de médailles de M, C. J. Dassy, 215-284. .

Monnaies étrangères.

Monnaies et bulles inédites de Néopatras et de Cary- tena, par P. Lampnos (pl. 1x). . . . . . . . . . Essai sur l’histoire monétaire des comtes de Flan- dre de la maison d’Autriche et classement de leurs monnaies (1482-4556), par Louis Dss- cæamrs DE Pas (pl. xiv, xv, xvi, xvu et xvu). 86—114, 243—266, 319—334,

Monnaie inédite de Sarukhan, émir d’Ionie, par

P. Lampnos (vignette). . . . . . . . . . . . ,.. 1869-70, 6. _

485

194—220

221—237

445—123 |

414—418

238—242

‘4M—AT8

184—193

\

A19—440

335—343 33

ASG TABLE METHODIQUE DES MATIÈRES.

Lettre à M. Adrien de Longpérier sur les monnaies de l'abbaye de Disentis, dans le canton des Gri- sons, en Suisse, par C. F. Taacusuz (3 vignettes). 124—198

Méreaax et Jetons.

Note sur trois méreaux relatifs à la construction du canal de Briare, par Axatote pe Caarmasse (3 vi- gnettes).. .................... 129—132

eee. Re D

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

Manuel de numismatique, par Hennin (atlas). . . . 344

Obule duno-venddmoise, par M. Cu. Boucuer (A. L.). 344—345

Ouvrage de M. Chauturd sur les imitations du denier sterling anglais. . . . . . . . . . . . . . . aes 346 A guide to the study and arrangement of English Coins from the conquest to the present time, par Hexar Wicuian Henrrer, 1869-1870, in-8° (A. L.). - 346—347

CHRONIQUE.

Rapport sur une communication de M. Blancard relative à la découverte à Auriol d’une monnaie grecque d’argent (vignette), article de M. A. Cna-

BOUILLET. . « «ee ee + + + + « ss... 348—360 Sur quelques monnaies grecques de Panormus (F.

Iuaoop BLuxer, Henri pe LONGPÉRIER). . . . . .. 361 365 Monnaie de Raïdan (A. L.). . . . . . . . . . . ... 267—268 Trésor de Tarse.. . . - 2 2. ee ee te ee . . .. 133 L’attribut d’Uberitas (J. pp WitTE). . . . . . . . .. 133—136 Médaillon d’or faux. . . . . . . . . . . . . . .. + 136—138

Le pentanumium byzantin (A. L.). . , . . . . .. 268 —269

TABLE MÉIHODIQUE DES MATIÈRES. h87

Lis sur la monnaie byzantine (A. L.). . . . . . .. 270—273

Document monétaire relatif\ aux seigneurs de

Nesles (L. Descaamps De Pas). . . . . oe... + 138—142 Denier de Remelange (A. L.). ........... 269—270 Franc d’or de Guillaume d’Arles (A. L.). . . . .. 273-274 © Florin épiscopal de Metz (A. L.). . . . . . . .. . 2174-9275

Monnaies de Bretagne (article de M. A. CHaAurrIER). . 479—482 Prix de vente de quelques médailles. Ventes des

médailles grecques, romaines, du moyen âge et

modernes des collections Gréau et Colson. . . . 142—148 _Vente de la collection de médailles de M. C. J.

Dassy (A. L.).. ................. 275—9284 Prix de vente des médailles romaines de M. J. Gréau

(A L)...:......... 4... 365—372

ERRATA

DE LA REVUE NUMISMATIQUE.

1869-70.

Page 41, ligne 5, au lieu de TAAAN JAIOYS, lises TAAANTIAIOTS.

68, 19, 58, 25, 89 5, 63, 30,

Le Gérant, J, Gusset.

À prépovex, lisss À ptépuvoc.

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2174, Paris. Imp. ARNOUS DE RIVIERE ET C*, 26, rue Racine.

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MONNAIES ROMAINES

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