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MASSON, ÉDITEUR LIBRAIRE DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE 120, Boulevard Saint-Germain 1884 _ VE PC pes 088 RMI a RTS 44 AAA Ce ga}: +: todsta ist “tasrpliot air " 4 1! “ fumt Lx = Ÿ " PALEONTOLOGIE FRANÇAISE DEUXIÈME SÉRIE. — VÉGÉTAUX TERRAIN JURASSIQUE, CONIFÈRES OU ACICULARIÉES (1. INTRODUCTION A L'ÉTUDE DES CONIFÈRES JURASSIQUES. L'immense majorité des Phanérogames, à l’époque ju- rassique, appartenait au sous-embranchement des Gym- nospermes. Celui-ci renferme actuellement trois ordres qui sont : les Cycadées, les Conifères et les Gnétacées. Les Cycadées jurassiques ont été l’objet du tome précé- dent; les Gnétacées,qui opèrent, à vrai dire, une transi- tion vers les Angiospermes, n'ont laissé aucun vestige qui atteste leur présence sur le sol secondaire ; il nous reste donc à aborder l'étude du deuxième de ces trois ordres, (1) C’est la traduction du terme allemand Nadelholzhaum, beaucoup moins impropre que celui de Conifère, comme nous le dirons, dès qu'il s’agit de désigner l'ensemble du groupe des arbres résineux, en majorité porleurs de cônes. Ile SÉR, VÉGÉTAUX. — III. l 2 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. celui des Conifères, famille de plantes aussi ancienne que variée et féconde dans tous les âges. Demeurée puissante et remarquable, cette famille domine encore de nos jours sur de vastes régions : — À travers les plaines du Nord et sur le flanc des grandes chaînes montagneuses, dans les iles de l'Australie comme dans les fôrets du tropique, au sommet de Ténérife, au fond des hautes vallées de l'Hi- malaya et du Caucase, du Taurus et du Liban; en remon- tant les Alpes comme en parcourant les plages de la Méditerranée, les plateaux de l'Abyssinie, du Mexique ou de l'Asie intérieure ; sur les mamelons tourmentés du Japon, dans les marais eux-mêmes et le long des fleuves de l'Amérique du nord, dans la Californie et la Chine in- térieure ; sur les andes du Chili et jusque sur les mornes de Saint-Domingue, partout enfin; dans tous les sols, à toutes les expositions et sous tous les climats, on retrouve des Conifères, éléments nécessaires de tous les paysages grandioses, sévères ou simplement gracieux. Leur pré- sence ne nous laisse presque jamais indifférents, telle- ment, en masse ou isolément, géants incomparables ou humbles arbustes, elles revêtent toutes les formes, pren- nent tous les aspects et jouent tous les rôles. Cette sou- plesse à se plier aux changements, sans cesser d’avoir une physionomie distinctive, constitue, selon nous, le carac- tère premier et le trait saïillant de la famille des Coni- fères. Là est aussi le secret de leur vitalité puissante ; grâce à elle, après avoir traversé tous les âges, elles ont réussi à se maintenir à côté des dicotylédones angios- permes, qu'elles ont précédées et auxquelles maintenant elles demeurent associées. Les Conifères luttent avec cette grande catégorie, non pas certainement par le nombre absolu, mais par la force, la beauté, la vigueur, et aussi TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 3 par la précieuse faculté qu’elles ont de constituer de vastes associations, de s'étendre en prenant possession du sol et de répéter indéfiniment les essences et les individus. Notre premier objet doit être de considérer les Co- nifères en elles-mêmes, c’est-à-dire de définir leur structure et la nature de leurs organes; nous fixerons par cela même les éléments de leur classification, nous nous attacherons ensuite à leur distribution géographique actuelle, distribution en rapport nécessaire avec leur rôle dans le passé. Il nous sera dès lors facile d’esquisser l’histoire de ce qui tient au développement successif des Conifères, depuis les âges les plus reculés, et d'apprécier enfin la vraie nature et la marche des types que nous au- rons à décrire, en nous renfermant dans l'étude spéciale des espèces jurassiques. Les périodes réunies du Lias et de l’Oolithe constituent effectivement un âge décisif dans l'histoire des Conifères. À ce moment, ces plantes, déjà dis- tinctes des formes primordiales, sont cependant loin de se montrer telles qu’on les observera plus tard, alors que le terme de leur évolution aura été finalement atteint. Les linéaments des grandes divisions qui les partagent main- tenant ne sont dessinés que par des traits épars et confus: rien d’absolument tranché ne se fait voir dans les limites réciproques des divers groupes secondaires ou tribus. Longtemps après, au temps même de la Craie, les Coni- fères ne présentaient encore ni l'aspect ni les proportions que nous leur connaissons de nos jours ; à plus forte rai- son en était-il ainsi à l’époque du Jura. Ces végétaux tendaient alors à revêtir peu à peu la physionomie et les Caractères qui sont restés les leurs. Ce sont les phases de ce mouvement progressif, en voie d'accomplissement, dont nous aurons le spectacle; mais pour en jouir plei- 4 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. nement, il importe avant tout de pouvoir en apprécier le sens et, dans ce but, nous n'avons pas de meilleurs moyens à employer que la connaissance exacte de l'or- ganisation intime des Conifères. Le nom d'Aciculariées (Nadelhôülzer, Nadelholzhbaume) souvent employé par les Allemands, celui d'arbres résineux ou pyramidaux rendraient mieux les caractères propres à l'ensemble de l’ordre que celui de Conifères, consacré ce- pendant par l'usage et la science et qu'il serait difficile par cela même de remplacer entièrement. Le fruit agrégé en cône ou strobile, c'est-à-dire composé d'écailles plus ou moins nombreuses, réunies autour d’un axe commun et soudées ou rapprochées de manière à protéger les ovules, ce caractère, loin d’être l’apanage de l’universalité des Conifères n'existe que dans une partie d’entre elles. Il a dû, ainsi que nous le constaterons, faire défaut chez les plus anciennes et par conséquent ne pas distinguer à l'origine la catégorie de plantes qu'il à depuis servi à dé- nommer. En réalité, la structure en cône n’est qu'un degré de complication survenu à un moment donné, une combinaison qui, d’abord exceptionnelle, a tendu plus tard à se généraliser. Les Aciculariées pourvues de cône ou Conifères proprement dites sont à celles dont le fruit se compose d'un ovule isolé, comme chez les ifs, ce que sont les divers genres de Cycadées (Zamia, Encephalurtos, Macrozamia) comparés aux seuls Cycas et encore chez ces derniers l'inflorescence femelle se compose, comme nous l'avons vu, de spadices groupés autour d'un axe en une sorte d'appareil strobiliforme qui continue et surmonte la tige. Les Aciculariées, prises en masse, se distinguent réelle- ment des Cycadées, comme des Gnétacées, par leur port, TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 5 leur mode de ramification, l'aspect et la structure de leurs feuilles. La nature des ovules, le mode de féconda- tion, la disposition même des appareils reproducteurs ne diffèrent pas essentiellement, chez les Aciculariées, de ce qu'ils sont chez les Cycadées, et entre une graine de Salisburia où de Torreya et une graine de /ioon ou de Cycas l'analyse ne fait découvrir aucune divergence nota- ble dans la situation respective et la structure des parties constitutives, Par ce côté essentiel les deux groupes se touchent et se confondent presque; les divergences se manifestent pourtant à mesure que l'on s'éloigne des organes les plus intimes et les plus essentiels pour re- chercher, non plus ce qu'ils sonten eux-mêmes, mais dans quel ordre ils se groupent, d’où ils sortent et comment ils se développent. On s'aperçoit alors que toutes les diffé- rences viennent de la même source, c’est-à-dire de la fa- con d'être des parties de la végétation, feuilles et rameaux, qui se comportent autrement chez les Aciculariées que chez les Cycadées ou les Gnétacées. Nous sommes donc ramenés vers l'examen de ces organes, dont la structure influe directement sur celle des parties de la reproduc- tion, à raison même des supports qu'ils fournissent à ces dernières, Les Aciculariées se distinguent en premier lieu des Cycadées par leurs feuilles simples, c’est-à-dire non di- visées en folioles, et des Gnétacées par ce que les nervures de leurs feuilles, toujours longitudinales et parallèles, ne sont jamais ramifiées en réseau, comme dans les Gnetum et la généralité des Dicotylédones. Les Gnetum (G. nodiflorum A. Brongn.) présentent une nervation pinnée. Le limbe de leurs feuilles, plus ou moins largement développé, porte des nervures secon- 6 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. daires alternes ou sub-opposées, émergeant de la mé- diane sous un angle assez ouvert et formant de larges aréoles. Les nervures tertiaires qui courent dans l'inter- valle des secondaires sont obliquement réticulées-si- nueuses etcomme noyées dans l’épaisseur du parenchyme. Cette nervation, assez semblable à celle de certaines Pro- téacées et Araliacées (genres ÆAopara et Paratropia), n’a rien qui la distingue de celle qui caractérise la classe des Dicotylédones en général. Cependant, les Gnétacées par leur ovaire incomplet sont encore des Gymnospermes, mais des Gymnospermes qui semblent opérer une tran- sition vers les vraies Angiospermes. Les Conifères, placées entre elles et les Cycadées, sont plus voisines de celles-ci par la nervation, bien que leurs feuilles soient toujours simples. Les Aciculariées se distinguent encore plus des Cyca- dées par le port que par la structure des feuilles. Nous avons vu dans le tome précédent que le port des Cycadées était en colonne, c’est-à-dire que leur tronc s'élevait peu et lentement, qu'il restait massif avec un bourgeon termi- nal proportionnellement épais et normalement unique et que les ramifications de la tige étaient exceptionnelles, s'opérant par voie de dichotomie, au moyen de bourgeons adventifs, susceptibles de se montrer après la destruction du bourgeon normal. Le port des Aciculariées est connu de tous, tellement il est caractéristique, tellement, mal- gré certaines variations, il reparaît uniformément dans toutes les parties de ce vaste groupe. La tige des Coni- fères, prise dans le sens le plus étendu, s'élève verticale- ment et se compose d’un axe principal et d’axes secon- daires latéraux, disposés avec plus ou moins de régularité ou même verticillés autour du principal, étalés et sub- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 7 divisés en axes de troisième, de quatrième, de cinquième rang, jusqu'aux dernières ramifications de ces axes. Tous les axes latéraux ont une tendance à s'étendre suivant un plan horizontal, qui coupe, sous un angle plus ou moins ouvert ou même tout à fait droit, le plan vertical selon le- quel se prolonge l’axe caulinaire central, normalement érigé. Il résulte de cette disposition générale une pyramide plus ou moins large, plus ou moins étoffée à la base, dont la flèche ou pousse annuelle terminale occupe le sommet; et la destruction de celle-ci, en arrêtant la croissance de l'arbre, l’oblige à ne plus s’allonger qu'au moyen des branches latérales, à moins qu'un nouveau bourgeon ne vienne remplacer celui qui a péri. De là un port spécial aux Conifères âgées qui ont cessé de croître par la som- mité. Ces sortes de port produisent souvent à la longue les effets les plus pittoresques, dont le cèdre du Liban et le pin d'Italie offrent les exemples les plus connus. 1 4- raucaria Cookit R. Br., s'élevant verticalement jusqu'à une extrême vieillesse, donne lieu par un effet inverse à des colonnes nues et massives qui attirèrent les regards des premiers navigateurs qui parcoururent les archipels de la mer du Sud.— Les Conifères possèdent des bourgeons nombreux, placés dans un ordre rigoureusement déter- miné; ces bourgeons ne sont pas à moitié enfoncés, éla- borés lentement et renfermant un cycle de feuilles rap- prochées en couronne, comme ceux des Cycadées; mais, ils sont menus, érigés, et ceux qui terminent les rameaux se trouvent souvent groupés plusieurs ensemble, les se- condaires entourant celui qui est destiné à la continua- tion de l'axe; d’autres bourgeons sont disposés dans beaucoup de cas le long des rameaux, à l'aisselle des feuilles. Nous verrons plus tard la structure, le mode d’é- 8 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, volution et la forme de ces bourgeons tantôt nus, tantôt recouverts d'écailles. Telle est la marche propre au développement caulinaire des Aciculariées ; elles procèdent par jets annuels ou plus ou moins successifs, toujours plus régulièrement ordon- nés que chez la majorité des Dicotylédones, et souvent chez elles les jets, en ne partant que de certains points, particulièrement des extrémités de chaque rameau, don- nent à l'ensemble des ramifications une disposition géo- métrique qui frappe dès l’abord dans les Abzes, dans les Araucaria, dans les Dammara, genres où le phénomène atteint, pour ainsi dire, son maximum d'intensité; en sorte que l'arbre une fois mutilé ne parvient qu'à grand peine à régénérer les parties atteintes et à reconstituer son port. x Les Conifères, conformes à cet égard à ce qui existe chez toutes les Dicotylédones arborescentes, présentent deux modes d'accroissement bien distincts, mais agissant concurremment et simultanément. Le premier a pour effet de prolonger la tige et les rameaux de la tige en donnant naissance à de nouveaux axes qui s'ajoutent aux précédents ; c'est l'accroissement en longueur. Le second mode, qui n’est qu'une suite et une conséquence du pre- mier, permet à la tige de s'épaissir ; par son moyen, elle s'étend dans le sens de son diamètre ; elle ajoute chaque année une couche de substance ligneuse, qui s’interpose entre le bois et l'écorce, s'applique contre le premier, fournit à l’autre de nouveaux éléments et repousse vers l'extérieur les éléments anciens de l'écorce qui, à la suite de ce mouvement indéfiniment répété, se distend, puis se fendille, et finalement se crevasse ou s’exfolie à la longue. Cette marche est connue, elle a été décrite bien des fois ; TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 9 nous devons cependant y revenir, en nous attachant aux côtés qui tiennent plus particulièrement à notre sujet. L'accroissement en longueur nous arrêtera très-peu. Il s'opère à l’extrémité supérieure des parties vertes et jeu- nes où la portion descendante des faisceaux fibro-vascu- laires qui se rendent dans les feuilles se disposent circu- lairement au milieu du parenchyme fondamental ou üssu cellulaire primitif, de manière à cerner la partie centrale de ce parenchyme ou la moelle d'un premier an- neau, d’abord interrompu, puis relié par des faisceaux fibreux intercalés, tandis que les prolongements latéraux de cette moelle donnent lieu aux rayons médulaires qui servent de communication entre le parenchyme central et celui de la périphérie ou parenchyme cortical. Bientôt l'anneau générateur se dédouble lui-même en deux ré- gions conliguës, quelquefois difficiles à séparer, distinc- tes pourtant, puisque c’est toujours entre elles que vien- nent s’intercaler d'année en année les nouvelles produc- tions ligneuses qui désormais serviront uniquement à l'accroissement en diamètre. Ces deux régions sont la région ligneuse à l'intérieur et la région libérienne, exté- rieure à la première. Entre les deux se place le cambium ou séve épaissie, susceptible de s'organiser. Dans la région ligneuse primitive se développent Its vaisseaux spiraux ou trachées déroulables, qui sont les plus intérieurs et touchent à la moelle, puis viennent d’autres vaisseaux, annelés, rayés ou réticulés et ponc- tués, immédiatement extérieurs aux premiers. La région libérienne, au milieu d’un parenchyme d'abord uniforme, comprend une association de cellules qui tendent à se différencier en avançant en âge et dont les unes s’allon- gent et s'épaississent : ce sont les fibres du liber ; tandis 10 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. que les autres acquièrent une structure grillagée. Les cellules du parenchyme libérien, associées à l’une ou à l'autre de ces deux catégories de cellules ou à toutes deux à la fois, tendent généralement à les comprimer plus tard ou même à les exclure, dans le liber ancien ou vieux liber secondaire. Des réservoirs ou canaux sécré- teurs se trouvent épars ou disposés régulièrement dans le bois, le liber ou le parenchyme. Ils contiennent un baume liquide qui se durcit à l’air et constitue la résine (1). Il y aurait à ajouter des développements énormes dont plusieurs manquent encore à la science, s’il s'agissait de décrire la morphologie et l'organogénie des parties jeu- nes des tiges de Conifères. Mais ces parties ont bien peu de chances d’être rencontrées à l’état fossile dans un état qui permette de les soumettre à l'analyse. Il n’en est pas de même du bois formé c’est-à-dire des parties de la tige, plus ou moins âgées, dont le tissu solide est presque entièrement dû au second des deux modes d’accroisse- ment que nous avons mentionnés. Les parties ligneuses appartenant à cette catégorie ou plus simplement le boës sont, au contraire, très-répandues à l’état fossile et sou- vent même dans un état de conservation qui permet de les décrire avec succès, au moyen de coupes amincies, bien que ce moyen d'investigation ait été assez générale- ment négligé jusqu'ici, par suite de la difficulté d'obtenir des préparations convenables. Plus tard ce genre d’étude prendra sans doute de l'extension ; c'est ce qui nous en- gage à entrer ici dans quelques développements aidés de figures sur les particularités de structure qui distinguent le bois des Aciculariées. (1) Voy. pour plus de développements : Traité de botanique par Sachs, trad. par Ph. Van-Tieghem, I, p. 157 et passim. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. A1 S 4. — Structure anatomique des tiges. La structure intérieure des tiges des Conifères diffère de celle qui est propre aux tiges des Cycadées, bien moins par la nature et la disposition des parties, que par autre distribution proportionnelle des éléments constitutifs. Ces différences répondent à celles des tiges respectives et à leur propension à se ramifier et à s’épaissir d'année en année, d’une part, et, d'autre part, à demeurer simples, massi- ves et courtes, après avoir atteint une certaine étendue en diamètre. On sait que les troncs des Conifères les plus âgés ne cessent de produire de nouvelles couches ligneu- ses et corticales, superposées aux anciennes, à l'exemple de ce qui a lieu chez les arbres dicotylédones, tandis que ces mêmes couches sont peu nombreuses, irrégulières et toujours entourées d’un large parenchyme dans les Cy- cadées. La tige des Conifères comprend en réalité les mêmes régions que celle de Cycadées, et les parties fi- breuses, de même que les parenchymateuses, ont à peu près le même aspect des deux côtés; mais, tandis que chez les Cycadées la moelle et la zone cellulaire exté- rieure demeurent larges relativement, à tous les âges de la vie de la plante ; chez les Aciculariées, la moelle, toujours étroite à l'origine, se réduit rapidement aux proportions d’un mince canal, tandis que le corps du bois s’accroit chaque année d’une nouvelle zone. Les fibres intérieu- res de chaque couche annuelle sont seulement plus amples, tandis que les dernières venues, plus étroites, ferment ex térieurement la couche et servent à la distinguer de celle qui suit. Ici donc la structure exogène est identique à celle qui existe chez les Dicotylédones arborescentes ; 12 PALÉONTOULOGIE FRANÇAISE. seule, la composition du bois n'est pas la même. En définitive, conformément à ce qui a lieu chez les Cyca- dées, bien que chaque zone ligneuse soit plus serrée et plus régulière, elle ne comprend, chez les Aciculariées, en dehors d'un parenchyme ligneux très-peu abondant, sou- vent même tout à fait nul, que des fibres uniformes, cellules allongées ou trachéides, ajustées bout à bout par des fa- ces obliques et pourvues, principalement sur les faces tangentielles aux rayons médullaires de poneluations aréolées. La forme caractéristique et la disposition de ces trachéides et de leurs ponctuations, qui varient dans une assez large mesure, en passant d’un groupe à l’autre, aident puissamment à reconnaitre les bois fossiles et peuvent servir à les classer. La présence tout à fait prépondérante, dans le bois, de cellules prosenchymateuses d’une seule forme, le plus souvent ponctuées, et la rareté dans ce même bois, ainsi que le faible développement proportionnel, du parenchyme ligneux, c'est-à-dire d'éléments plus larges, dfféren- ciés de la masse prosenchymateuse, à parois minces et à cloisons transversales, caractérisent essentiellement les Conifères, comme les Cycadées ; mais il ne suffit pas d’énoncer cette particularité pour bien comprendre ce qu'est le bois de Conifère, il faut encore pénétrer dans le détail des diverses parties qui le composent et s'attacher surtout aux proportions relatives, suivant lesquelles ces éléments se combinent entre eux. Ce n’est que peu à peu et par des efforts partiels, dont plusieurs sont tout à fait récents, que l’on est parvenu à connaître la structure anatomique du bois des Conifères. Malpighi et Leuwenhæk, parmi les anciens botanistes, ont signalé, les premiers, l'existence des fibres ponctuées; TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 13 plus tard sont venus les travaux de Mirbel, de Sprengel, de Kieser, de Witham : ceux de Hugo Mol se sont pro- longés jusqu’à nos jours. Ce dernier a, le premier, cherché à expliquer la vraie nature des pores ou ponctuations aréolées. Ces recherches, et d’autres encore, auxquelles sont liés (4) les noms de Corda, Schleiden, Hartig et sur- tout de Gæppert, ont été résumées, avec de nouveaux déve- loppements, par ce même Gœæppert dans un important ou- vrage sur les Conifères fossiles, (2) publié à Leyde, en 1850, par la société d'hist. nat. de Harlem. Depuis, M. Kraus, professeur de botanique à l'Université d'Erlanger, s'est livré à de sérieuses recherches sur le même sujet, en ap- pliquant spécialement à la détermination des bois fossiles les notions empruntées à l'étude de la structure des bois actuels de Conifères, et finalement les recherches de M. Van-Tieghem sur les canaux sécréteurs de la résine sont venues compléter ou rectifier les notions déjà ac- quises. Tout n’est pas cependant encore éclairci, ni même rigoureusement défini dans une matière aussi difficile, exigeant de longues et minutieuses explorations, au sein d'un groupe aussi vaste que diversifié. A peine pouvons- nous songer à l'effleurer dans ses points principaux, en mettant en lumière les éléments histologiques dont il est naturel de disposer pour rapporter à certaines catégo- ries de bois ceux qui se trouvent susceptibles d'analyse microscopique, parmi les fossiles. Nos figures 1 et5, pl. 129, combinées, permettent de se faire une idée juste de la disposition intérieure des ré- gions dont se compose une tige de Conifère. Ces figures (1) De Conif. Struct. añat., 1841. — Berend et Gæppert, Die orga- nisch. Ueberreste in Bersteine, 1844, etc. (2) Monogr. d, foss. Conif., Leyden, 1850. 14 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. représentent des coupes longitudinales et centrales, c'està- dire passant à travers le cœur du bois, dans le sens de sa longueur, par le même plan que les rayons médullaires, qui s'étendent de la moelle vers la périphérie. Ces coupes montrent la face latérale des organes divisés verticale- ment. On conçoit que des coupes pratiquées dans des di- rections opposées donnent la facilité d'observer d’autres côtés de ces mêmes organes. On nomme coupes transver- sales ou horizontales celles qui sont menées par le travers des tiges, dans le sens de leur diamètre ; ces coupes, au lieu de montrer la face latérale des fibres et des cel- lules, découvrent leur plan horizontal, c’est-à-dire le con- tour transversal de leurs parois, avec la cavité intérieure. Une coupe longitudinale, non pas dirigée dans le sens des rayons, mais pratiquée de façon à trancher ces organes, prend le nom de coupe parallèle à l'écorce. Cette dernière coupe (fig. 2, pl. 133) découvre une autre face latérale des cellules du prosenchyme et traverse les rayons médul- laires qui montrent alors leur cavité intérieure, de ma- nière à faire juger du nombre et de la proportion des rangées de cellules qui les composent. C’est en nous attachant surtout aux deux premières de ces trois sortes de coupes, sans exclure pourtant la dernière, que nous allons d’abord énumérer, puis décrire les diffé- rentes parties qui se succèdent à l'intérieur des tiges. Ces parties, en s’avançant du centre vers la circonférence, sont : la moelle ou parenchyme médullaire, le bois pro- prement dit ou corps ligneux, le liber, la région corticale et enfin le tégument extérieur qui se compose de l'épi- derme et de l'hypoderme dans les tiges assez jeunes pour n'être pas encore crevassées. Reprenons dans le même ordre chacune de ces parties. Nous reviendrons ensuite TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 15 sur nous-même pour signaler et décrire les canaux sécré- teurs de la résine, organes importants qui se rencontrent dans plusieurs régions de la tige. La moelle, nommée encore cylindre ou parenchyme médullaire, occupe le centre de la tige; elle se compose de cellules plus ou moins nombreuses, plus ou moins lâches ou denses selon les espèces et les groupes ; elle est d'autant plus abondante proportionnellement que lon s'adresse aux parties les plus jeunes ; elle cesse prompte- ment de s’accroître et garde ensuite invariablement la même dimension; à la longue, les cellules de la moelle peuvent s’obstruer ou se sclérifier; cette partie devient nécessairement insignifiante relativement à la région ligneuse, disposée concentriquement en cercles ou an- neaux cylindriques autour d’elle ; mais dès le début elle donne naissance à des prolongements qui rayonnent à travers le bois. Sa périphérie d’abord circulaire dans l’em- bryon, puis angulaire et généralement pentagone, mul- tiplie ensuite les angles, au nombre de 6 à 12, les étend au dehors et donne naissance aux rayons que nous retrouve- rons en décrivant la région ligneuse. La figure 4, pl. 131, donne un bel exemple de moelle, emprunté à un rameau âgé de deux ans du Dammara robusta CG. Moor. ; elle représente à peu près la moitié de l'étendue en diamètre du parenchyme médullaire de cette espèce. On voit par cet exemple que les cellules les plus amples sont placées vers le milieu et disposées avec moins de régularité que celles de la périphérie, qu’elles ont des parois minces et sinueuses, qu’elles sont généralement po- lyédriques, avec les angles de leurs facettes plus ou moins émoussés, et que certaines d’entre elles sont plus étendues dans le sens horizontal que dans l’autre. Quelques-unes 16 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. de ces cellules sont plus petites et ont des parois plus épaisses que leurs voisines. Ces parois, lorsqu'elles sont intactes, paraissent presque lisses ou seulement mar- quées de quelques stries très-légères. Vers la périphérie de la région, les cellules deviennent plus petites, plus régu- lièrement empilées en files verticales; elles sont prisma- tiques et un peu allongées dans le sens de la hauteur. Elles forment ainsi trois à quatre rangées contiguës, dont la plus éloignée du centre est aussi la plus étroite et communique avec les rayons médullaires dont ici on apercoit à peine quelques vestiges. Sur la même figure, en +, la région médullaire se trouve cernée par un groupe de vaisseaux spiralés, rayés ou ponctués, étroite- ment accolés. Dans le Dammara robusta C. Moor. (2. Prownti Hort.) le demi-diamètre de la moelle permet de compter une rangée de 10 cellules successives ; c’est un total de 20 au moins pour la région tout entière. Ce nombre est parfois encore plus considérable dans les Abié- üinées (pl. 140, fig. 1, 12 et 13), Araucariées, Taxinées (pl. 129, fig. 6) et Podocarpées, chez lesquelles le paren- chyme central, relativement développé, est formé de cellules à parois minces. Il peut même comprendre jusqu'à 30 et 40 cellules successives sur la ligne du diamètre. Les cellules de la moelle de PDammara, que nous avons figurées, doivent être évidemment ran- gées parmi les plus amples de toutes celles des Co- nifères. La moelle des Cupressinées au contraire est généralement étroite ; elle se compose (pl. 137, fig. 12) d'un assez petit nombre de cellules prismatiques ou po- lyédriques , ordinairement un peu plus hautes que larges, empilées et contiguës, à parois plus ou moins épaisses. On compte une rangée de 4 à 10 au plus de ces TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 17 cellules sur la ligne du diamètre ; elles sont plus ou moins distinctement, mais toujours finement ponctuées à la surface ; c’est ce que montre notamment le 7huyopsis dola- brata Sieb. et. Zucc. (pl. 438, fig. 2) que nous prenons pour type de la section des Cupressinées et dont la moelle, examinée dans un bois de trois ans, suivant une coupe longitudinale, présente une rangée d'environ 5 à 6 cel- lules cylindroïdes, à parois épaisses, disposées en files verticales assez peu régulières ; les parois de l’étui sont formées par des faisceaux fibreux très-serrés. Ces mêmes cellules vues sous un très-fort grossissement (pl. 138, fig. 4) se montrent cylindriques et laissent voir sur leurs parois des ponctuations transversalement elliptiques très- nettement caractérisées. Le genre Widdringtonia au contraire, placé, il est vrai, sur la limite des vraies Cupressinées, et qui s’écarte aussi de ces dernières par d’autres caractères, comme nous le verrons, a Sa moelle formée de cellules plus larges, plus nombreuses et à parois plus minces (pl. 136, fig. 7 et 8). On en compte une quinzaine au moins à la file sur la ligne du diamètre. Ces cellules présentent de plus une structure qui les rapproche sensiblement de celles des Podocarpus; elles sont prismatiques ou cylindroïdes, à 4 ou 6 pans émoussés ; allongées dans le sens de la hauteur, empilées en séries verticales, elles offrent des ponctuations le long de leurs parois, qui font paraître celles-ci sinueuses et parsemées de nodulosités, quand elles sont vues de profil (pl. 136, fig. 7). Ces sinuosités correspondent en réalité à des portions amincies de la membrane cellulaire, ainsi qu’on le constate à l’aide d’une coupe transversale de ces mêmes cellules (pl. 36, fig. 8). La moelle du Podocarpus chilina Rich. (pl. 133, fig. 4 et 5) Ile SÉR. VÉGÉTAUX. — III. p 18 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, est formée de cellules qui présentent de l’analogie avec celles des Widdringtonia ; leurs ponctuations sont seule- ment plus fines et plus nombreuses. Une coupe transver- sale de ces mêmes cellules, donnée par Gæœppert (4) et tirée du P. macrophylla Don, démontre qu’elles ont les parois minces, irrégulièrement prismatiques ou sub-cy- lindriques, les plus larges occupant le milieu ; elles sont au nombre de 15 à 18 en file, sur la ligne du diamètre. En résumé, l’analogie de structure de la région médul- laire de deux types si éloignés en apparence ressort de leur examen comparatif et devait être signalée ici. La moelle des Séquoïées (genres Sequoia et Arthrotoæis) ne s’écarte pas beaucoup de celle des Cupressinées pro- prement dites. Les cellules sont plus généralement pris- matiques ou sub-cylindroïdes, un peu plus larges que hautes ou presque cubiques, empilées en files régulières dans le sens vertical. Leurs parois sont relativement épaisses et plus ou moins distinctement ponctuées. La moelle du Sequoia gigantea Torr. (pl. 134, fig. 7) est étroite, elle comprend 8 à 10 cellules au plus sur la ligne du diamètre ; les files médianes paraissent plus larges que celles qui confinent aux parois de l’étui; les ponctuations sont éparses sur les parois et le plus souvent très-visibles. La moelle de l’Arthrotaxis cupressoides Don (pl. 133, fig. 11 et 12) offre à peu près le même aspect. Les cellules, à parois relativement épaisses, sub-cylindriques ou obscu- rément tétra-hexagonales, allongées, c'est-à-dire plus hautes que larges, varient de grandeur et de forme ; elles sont empilées régulièrement, les files verticales les plus larges, entremêlées d’autres files beaucoup plus étroites. Leurs parois paraissent plutôt striées que distinctement (1) Monogr. Conif. foss., tab. I, fig. 1 C. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 19 ponctuées. Le nombre des cellules se succédant sur la ligne du diamètre est d’une dizaine environ. — La moelle du Seiadopitys, genre singulier que nous avons tenu à examiner, diffère de celle des deux types précédents par la dimension proportionnelle plus large et la disposition plus irrégulière de ses cellules à parois épaisses, contournées, sinueuses, marquées de ponctuations plus prononcées (Voy. pl. 138, fig. 10 et 11). Leur forme est celle d'un cube irrégulier ; elles varient beaucoup de grandeur; on en compte jusqu’à 18 sur la ligne du diamètre. Les traits essentiels sont cependant à peu près les mêmes que dans l’Arthrotaxis avec une transition vers le type suivant. Dans le groupe des Taxodiées (genres T'axodium, Glyp- tostrobus, Cryptomertia) la moelle est ample proportionnel- lement, bien qu'elle ne comprenne que 12 à 15 cellules consécutives sur la ligne du diamètre. Ces cellules, prises à part, sont effectivement plus grandes et surtout plus larges que celles des Cupressinées et des Séquoïées; elles sont prismatiques, à peu près cubiques (pl. 435, fig. 4 et 5 et pl. 136, fig. 3), à parois assez minces, finement ponc- tuées, et disposées en files verticales parfaitement régu- lières. Sous tous ces rapports les trois genres qui compo- sent la tribu des Taxodiées témoignent d’une étroite affinité et l'on ne saurait particulièrement signaler de différence d'aucune sorte en comparant le parenchyme médullaire des Zaxodium à celui des Cryptomeria. Au con- traire le Cunninghamra s'écarte par la nature de la moelle, ainsi qu'à d’autres points de vue, des genres qui précè- dent. — La moelle du Cunninghamia sinensis R. Br. (pl. 139, fig. à et 6), unique représentant d’un type évidemment isolé dans la nature actuelle, est large proportionnelle- ment. Son étendue est triple de celle de ce même organe 20 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. dans le Sequoia gigantea, double de celle de l’Arfhrotaxis ; elle compte sur la ligne du diamètre 18 à 20 cellules con- tiguës dont les plus amples occupent le centre de la région. Ces cellules (fig. 6) ont des parois minces, fine- ment ponctuées à ponctuations éparses et peu nom- breuses ; elles sont plus hautes que larges, prismatiques, à 5 ou 6 pans émoussés. Ces cellules sont sujettes à se selérifier. On en rencontre d’obstruées et d’autres d'hyper- trophiées, qui sont opaques et qui prennent l'apparence de canaux résineux sans en avoir pourtant, à ce qu’il paraît, la structure normale. Le seul Salishuria présente, en effet, de pareils organes épars dans le parenchyme médullaire, où il est aisé de les découvrir. La moelle du Salishuria adiantifoli& Sm. (Ginkgo biloba L.) mesure en moyenne un demi-millimètre environ (pl. 130, fig. 4 et 5); dans le sens du diamètre elle compte 16 à 148 cellules à la file. Ces cel- lules, entremêlées de canaux résineux, sont prismatiques, sub cylindroïdes ou polyédriques, toujours un peu plus hautes que larges, très-finement réticulées sur les parois qui ont une certaine épaisseur; elles sont assez réguliè- rement empilées. Leur disposition rappelle celle qui existe chez plusieurs Abiétinées et en particulier dans le genre Cedrus. La moelle de ce dernier genre (pl. 141, fig. 5 et 6) est . large, comme celle de la plupart des Abiétinées : elle com- prend environ 30 cellules à la file dans la direction du diamètre. Ces cellules, généralement empilées avec régu- larité, de manière à former des séries verticales, sont cylindriques, allongées ou obscurément prismatiques, quel- quefois même plus ou moins polyédriques; beaucoup d'entre elles sont sclérifiées ou déformées; elles renfer- ment de la résine et affectent une conformité d'aspect TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 214 apparente avec les vrais canaux résineux. Les parois de ces cellules sont épaissies par le progrès de l’âge et parse- mées de ponctuations et d’inégalités tuberculeuses. Plu- sieurs de nos figures (pl. 140, fig. 7, 12 et 13) permettent de juger de la forme et de la proportion des cellules mé- dullaires des Abres, généralement amples, prismatiques ou polyédriques, à parois minces, lisses ou finement ponc- tuées ; la moelle des Larix (pl. 142, fig. 10 et 11) appar- tient, au contraire, au même type que celle des Cedrus et comprend des cellules selérifiées en aussi grand nombre. La moelle des Pinus proprement dits est égalementlarge pro- portionnellement et composée de cellules ponctuées sur les parois qui sont minces et affectent une forme irréguliè- rement prismatique ou polyédrique.— Dans le Pinus excelsa Wall., la moelle qui mesure une largeur de un millimètre environ, comprend 30 cellules sur la ligne du diamètre. Les plus larges de ces cellules, dont le contour est des plus irréguliers et dont les parois minces présentent quel- ques ponctuations éparses, mesurent environ 3/100 de millimètre. Le corps ligneux ou bois proprement dit se compose, en dehors de la moelle, qu'il entoure, de l’ensemble des an- neaux de prosenchyme ou couches annuelles, concentrique- ment déposées; et ceux-ci se distinguent les uns des autres par cette particularité que chacun d’eux se trouve limité extérieurement par une ou plusieurs rangées de fibres plus étroites et plus serrées, produites chaque année les dernières, vers la fin de l'été, tandis que les rangées plus intérieures comprennent des fibres plus larges, dont le dé- veloppement date du printemps. Les unes et les autres, mais principalement les dernières, sont généralement ponctuées ou striées, tantôt sur toutes les faces, mais plus 29 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. ordinairement sur la face tangentielle aux rayons médul- laires. Ceux-ci plus ou moins longs et étroits, continus ou discontinus, traversent les couches annuelles en suivantla direction des diamètres et rayonnent de toutes parts. Ils constituent autant de canaux minces et latéralement comprimés, à une seule largeur de cellule ; enfin, pour compléter l’ensemble, les fibres ligneuses, bien que prédo- minantes et souvent d’une facon à peu près exclusive, ad- mettent pourtant cà et là certaines cellules coupées par des cloisons transversales, dont la structure et la disposi- tion, ainsi que la. fréquence, varient dans une large me- sure d’un groupe à l’autre. C’est là le parenchyme ligneux, situé plus ordinairement dans la partie étroite de la cou- che annuelle. Cet élément, qui différencie le bois formé de la plupart des dicotylédones et renferme, chez ces der- nières, de gros vaisseaux faciles à reconnaître, ne man- que pas absolument dans le bois des Conifères, mais il y joue un rôle restreint et subordonné. Peu diversifié, il résulte d’une simple modification de certaines cellules li- gneuses ; il offre même une foule de transitions qui font voir le passage graduel entre les deux systèmes. Le ligneux se compose donc de trois éléments associés dans des proportions très-inégales : les fibres ponetuées ou striées, les rayons médullaires et le parenchyme li- gneux. Nous allons passer ces éléments en revue. Les cellules ligneuses allongées en fuseau ou fibres du parenchyme, nommées encore plus simplement érachéides, doivent être considérées avant tout. La masse du bois en est presque entièrement formée, et ce sont elles que l'on aperçoit immédiatement, quand on l’examine, pour peu que l’on s'écarte du voisinage immédiat de la moelle, à laquelle les trachées d'abord (Voy. pl. 131, fig. 1, env; TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 23 pl. 135, fig. 4; pl. 136, fig. 3, en v), puis d’autres vaisseaux rayés et ponctués (Voy. pl. 130, fig. 3, en v; fig. 9, en v; pl. 135, fig. 4et 4°, et pl. 140, fig. 6, en v, en consultant l'explication des figures) servent d’entourage. Mais il ne faut pas croire qu'entre ces vaisseaux, si faciles à recon- naître, et les trachéides proprement dits il y ait une sé- paration absolue. En réalité, on observe des uns aux au- tres toutes les transitions imaginables, et dans les parties jeunes, il est aisé de voir les vaisseaux proprement dits d’abord simplement rayés et striés présenter des ponc- tuations aréolées pareilles à celles des trachéides et fina- lement ne différer de ceux-ci que par leur longueur pro- portionnelle, sujette elle-même à varier comme le reste (pl. 132, fig. 4). Nous avons vu, d'autre part, qu'aux tra- chéides se mêlaient cà et là des cellules cloisonnées en travers, que leur forme ambiguë empêche de classer avec certitude (Voy. pl. 134, fig. 1, et 136, fig. 4). On sait que les ponctuations aréolées des trachéides sont tellement caractéristiques qu'elles permettent de distinguer à première vue le bois de Conifère de tous les autres bois. La forme normale de ces organes est celle de tubes prismatiques ou plus ou moins cylindroïdes, beau- coup plus longs que larges, accolés latéralement, toujours amincis en fuseau aux deux extrémités et emboîtés les uns dans les autres par les faces obliques de ces extrémi- tés (Voy. pl. 1929, fig. 3; pl. 130, fig. 1; pl. 131, fig. 2, et pl. 143, fig. 1, très-grossie). Selon Gœppert (1), les trachéides, vus à l’aide d'une coupe transversale, sont hexagones avec un grand et deux petits côtés, Île grand côté ou face large étant toujours celui contre lequel s'applique le rayon médullaire. Mais il suffit (1) Monogr. d. foss. Conif., déjà citée, p. 44. 24 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. de jeter les yeux sur les nombreuses figures que nous donnons pour constater que cette forme hexagonale est sujette à beaucoup d’exceptions et d’irrégularités. Elle se change fréquemment en un trapèze à quatre ou à cinq côtés plus ou moins réguliers. Le contour en trapèze pré- domine dans les Taxées (Cephalotaxus), dans les genres Arthrotazis (pl. 133, fig. 10)et Sequoia (pl. 134, fig. 5), chez les Glyptostrobus (pl. 136, fig. 1) et les Callitris (pl. 137, fig. 15). Les fibres ligneuses des Widdringtonia et Juniperus affectent plutôt une forme cylindroïde à quatre pans émous- sés sur les angles; la coupe de celles des Ckamæcyparis, des Cedrus, Pseudo-Tsuga, Tsuga donne lieu plutôt à un trapèze irrégulier et plus ou moins sinué tantôt à quatre, tantôt à cinq côtés. Les fibres ligneuses des Dammara sont cylindriques et plus ou moins sinuées (Voy. pour ces détails, les planches 131, fig. 3 ; 137, fig. 1 ; 140, fig. 6, en f, et fig. 12 en f; 141, fig. 3 et fig. 10). Certains genres et en particulier les Araucaria(sect.Colymbea)(Voy.pl.132, fig. 7) et les Z'axodium (pl. 135, fig. 2) se font remarquer par les sinuosités tout à fait caractéristiques des parois de leurs fibres ligneuses, combinées avec la disproportion visible entre les fibres larges et les fibres étroites de la couche annuelle. Gette même disproportion est également frap- -pante dans le bois de Zarix, selon M. Gæppert, et permet de le reconnaître au premier abord, tandis que dans d’au tres genres (Cryptomeria, Podocarpus, Salisburia), les deux catégories de fibres tendent au contraire à s’égaliser (pl. 430, fig. 2). Il faut encore mentionner en fait de struc- ture spéciale des parois des fibres ligneuses les genres Salisburia et Sciadopitys. Dans le premier (pl, 130, fig. 2), les fibres donnent lieu à une coupe largement ellipsoïde ouirrégulièrement trapezoïde à angles émoussés ; celles de TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 9 1O 5 la partie large ont leur grande face tournée dans le sens des rayons, tandis que les pius étroites sont disposées en sens inverse et tournent leur face large vers la région médullaire. Dans le Seiadopitys (pl. 138, fig. 7) les fibres ligneuses, dont les parois sont très-épaisses, donnent lieu à une coupe nettement ellipsoïide dont le grand axe est généralement perpendiculaire à la direction des rayons et la différence entre les plus larges et les plus étroites est des moins prononcées. Les principales Abiétinées parti- culièrement des genres Abies, Picea, Pinus, ainsi que beaucoup de Cupressinées, se distinguent par une plus grande régularité, aussi bien dans la forme de chaque cel- lule fibreuse que dans l’ensemble du prosenchyrme auquel les fibres donnent lieu; c'est dans ces genres que l’on ren- contre surtout la configuration en prisme, à six pans, mentionnée comme normale par Gœppert. On voit par ce qui précède que les cellules larges, dontle développement date du printemps, contrastent généralement avec la série des cellules plus étroites, qui limitent extérieurement le cercle annuel; la dimension des unes et des autres dans le sens périphérique reste à peu près le même, mais cette dimension se réduit pour les secondes et les dernières venues, dans le sens radial, en sorte que leur contour s’al- longe en sens inverse des précédentes et dessine un carré long, un ovale ou encore un trapèze plus étroit dans la di- rection du rayon que dans l’autre. Ajoutons encore que les parois de ces mêmes trachéides sont presque cons- tamment relativement épaisses, de sorte que leur cavité coupée par le travers donne lieu à une simple fente étroite et longue ou même tellement réduite qu'elle est à peine visible. La plupart de nos figures sont tracées dans le but de faire apprécier ces différences, en mon- 26 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. trant la zone des trachéides étroits, placée à la suite de celle des trachéides larges, dans le même cercle annuel. Les trachéides, plus particulièrement sur leur face large, sont généralement pourvus de ponctuations aréolées, c’est-à-dire orbiculaires et cernées d’un ou plu- sieurs cercles concentriques. Ces ponctuations, si carac- téristiques par elles-mêmes, n'existent cependant pas seules, ni dans tous les cas. Bien des trachéides en sont accidentellement dépourvus, et dans un grand nombre de Conifères les ponctuations se trouvent associées à des stries ou bandelettes qui s'étendent par le travers de la paroi ou s’enroulent diversement autour de la cellule et l'enveloppent d’une série d'anneaux et de tours de spire plus ou moins complexes ou, d’autres fois, dessinent des ornements délicats et variés en forme de réseau et de ci- selures. — C'est ce que l’on observe plus spécialement dans le bois des Zaxus (pl. 129, fig. 1 et 2) et des genres qui leur sont alliés de près, comme les Zorreya et Cepha- lotaxus. Dans ce groupe, les stries, répandues partout, paraissent constituées par autant de lignes d’épaississe- ment faisant saillie autour de la cavité cellulaire; elles sont caractéristiques, mais très-variables. Tantôt elles dominent à peu près exclusivement (pl. 129, fig. 92), tantôt ce sont les ponctuations qui les remplacent pres- que partout {pl. 129, fig. 3); c'est ce que montre clai- rement la réunion de trachéides, dessinés avec soin et isolés de l’ensemble du prosenchyme, que nous représen- tons. Ces stries ne s’enroulent pas seulement en spire simple, ou double et, dans ce dernier cas croisée; elles forment encore des anneaux sujets à s’anastomoser entre eux et diversement ramifiés; enfin, elles se replient de manière à contourner les ponctuations et à les cerner par- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 27 fois d’une aréole, le plus souvent incomplète. Dans le bois de Torreya (pl. 129, fig. 7 et 7°), les stries diffèrent en ce qu'elles sont plus irrégulières et moins nettement visibles que celles des Zaxus; de plus, sous un grossissement de 400 diamètres (fig. 7°), elles se montrent sous la forme de bandelettes transversalement sinueuses. Dans les Cephalotaxus (pl. 129, fig. 5 et 5°), elles varient encore davantage. Enroulées parfois en spire double et croisée, le plus souvent disposées en séries transverses, elles don- nent aux trachéides l’apparence de vaisseaux spiraux ou scalariformes, tandis que les ponctuations aréolées de- viennent plus rares et moins distinctes que celles des Taxus. Un grossissement de 400 fois montre ces mèmes stries sous la forme de bandelettes transverses, se déta- chant par une teinte relativement foncée sur le fond plus clair de la paroi cellulaire (fig. 5°.) — Les stries existent aussi sur les fibres ligneuses des Phyllocladus, mais elles offrent dans le bois de ce genre moins de fixité que dans celui des genres précédents. Plus fines, plus irrégu- lières (pl. 130, fig. 6 et 7), elles décrivent des spires ca- pricieuses ; quelquefois, cependant, telles deviennent plus visibles, comme le montrent nos figures. De plus, on dé- couvre assez fréquemment dans le bois de Phyllocladus, et dans une région plus ou moins voisine de l’étui médul- laire, des fibres (pl. 130, fig. 8-9 et 9°) d’une nature par- ticulière et caractéristique; elles paraissent comme sou- dées et hypertrophiées sur certains points qui se trouvent occupés par un ou plusieurs groupes successifs de pone- tuations agglomérées. Nous signalons cette disposition, surtout parce qu’elle peut fournir un moyen de reconnaitre un bois de ce genre à l'état fossile. Cependant, à mesure que l’on s'éloigne des Taxinées 28 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. proprement dites, les stries perdent de leur importance, sans disparaître pourtant tout à fait des fibres ligneuses. Le bois de Salisburia (pl. 130, fig. 4) présente effective- ment des stries éparses, sinueuses et fines, qui serpentent entre les ponctuations et forment autour de beaucoup d'entre elles des aréoles irrégulières, reliées par de fré- quentes anastomoses. Le Salisburia fait voir, à ce qu'il semble, le passage visible entre la strie proprement dite et l’aréole, remplacée sur les fibres de beaucoup de Conifères par des traits épars, sinueux ou irréguliers. Les traits transverses, avec toutes les modifications qui mènent à l’aréole vraie, se montrent aussi dans le bois d’'Arthrotaæis, dans celui de Seradopytis et même cà et là dans celui de Sequoia. Les ponctuations aréolées des Cryptomeria (pi. 134, fig. 8), considérées attentivement, paraissent dans certains cas reliées entre elles par un filament délié qui court de l’une à l’autre et se résout parfois en une sorte d’aréole incomplète. Le bois de Widdringtonia laisse voir aussi le même détail, en sorte que l’on hésite à rceon- naître (pl, 136, fig. 5) une aréole déformée, plutôt qu’une strie irrégulière, dans les linéaments qui serpentent sur la face principale de certains trachéides. M. Gæppert a remarqué aussi la présence fréquente, chez diverses Coni- fères, d’aréoles, non pas circulaires, mais carrées, comme si elles résultaient de traits de séparation posés en travers, entre les ponctuations, les bords de la paroi complétant les deux autres côtés duquadrilatère.—Les stries sontrares ou nulles, mais non pas inconnues, chez les Cupressinées proprement dites, dont les trachéides, généralement étroits, présentent des ponctuations aréolées qui occupent toute la largeur de leur face principale ou semblent même parfois déborder. Nous figurons, comme exemple de fibres TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 29 striées des Cupressinées, quelques trachéides observés par nous dans un bois du Chamacyparis Lawsoniana Part. (pl. 436, fig. 6) ; ils sont couverts de légères rayures dis- posées en spirale, tout en présentant en même temps des ponctuations aréolées, en partie déformées. Ces sortes de fibres semontrent aussi dans le bois de Sciadopytis (pl. 138, fig. 8), conformément à l’assertion de M. Gæppert. Elles se font voir encore plus fréquemment dans le Cunniaghamia sinensis R. Br. (pl.139, fig. 4), où un boïs de deux ans nous à offert des fibres nettement striées, à stries obliques, ondu- leuses ou mêlées de réticulations, avec un aspect sensible- ment pareil à celui qu’elles revêtent chez beaucoup d’Abié- linées. Mais c’est surtout dans ce dernier groupe que l’on retrouve les fibres striées associées, dans une proportion considérable, aux fibres ponctuées dansle bois secondaire, qu'elles caractérisent en donnant lieu aux combinaisons les plus variées. Les stries, tantôt enroulées en spire et plus ou moins déliées, tantôt disposées en bandelette ou scalariformes, rappellent ce qui a lieu chez les Taxinées et sont fréquemment accompagnées deréticulations en amas et en ligne, de séries de ponctuations et de fentes obliques. Ces sortes de trachéides se distinguent parfois difficile- ment, au premier abord, des vrais vaisseaux spiralés, rayés ou réticulés, dont ils possèdent l’ornementation et l'appa- rence extérieures, bien qu'ils n’en aient pas la structure et n’en jouent pas le rôle. Cependant, encore ici, il faut faire des distinctions. Les fibres striées nous ont paru très-rares chez les Tsuga, où nous les avons recherchées avec soin avant d’en observer des exemples (pl. 140, fig. 3), et encore les stries déformées et irrégulières passaient presque immédiate- ment à des ponctuations. Au contraire, chez les Pseudo- 30 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. Tsuga et les Abies les fibres striées en spirale ou transver- salement, réticulées ou mouchetées, sont des plus fré- quentes. Le bois du Pseudo-Tsuga Douglasi Carr. (pl. 141, fig. 7 à 9) nous en a offert des variétés curieuses dont nous figurons les principales. Chez les Abzes (pl. 140, fig.9 à 14) ce sont les stries en spirale serrée et accompagnées de fentes obliques, sortes de ponctuations déformées, ou sim- plement réticulées, qui dominent et se mêlent aux fibres ponctuées ordinaires. Il en est à peu près de même chez les Cedrus, Larix et Picea. Dans ces genres, on trouve cons- tamment des fibres à stries ordonnées en spirale associées à d’autres dont les stries sont dirigées en travers ou diver- sement réticulées. Les fibres striées des Cedrus (pl. 14, fig. 2), marquées d'amas de ponctuations et de fentes irrégulières associées aux stries spirales, ressemblent à celles des Abres. Dans les Picea, il y a à cet égard de grandes diversités selon les espèces. Les fibres striées du l’icea Menziezii Carr., diffèrent très-peu de celles de l’Abies pén- sapo Boiss. Le bois du Picea morinda (pl. 142, fig. 2) pré- sente, au contraire, en abondance, des fibres striées en travers dont l'aspect est à peu près semblable à celui des vaisseaux scalariformes. Gette même disposition se retrouve dans le bois de ZLarix. Mais celui du Picea d'Europe (Picea excelsa Link., voy. pl. 142, fig. 3 et 4) nous a laissé voir, à côté des fibres ponctuées ordinaires, d'autres fibres tantôt striées en spirale, tantôt ciselées délicatement le long des parois, ornées d'une bordure guillochée, dont nos figures reproduisent les principaux traits. Le bois des Pinus proprement dits aurait mérité à cet égard des recherches pour lesquelles le temps nous a fait défaut. Nos figures (pl. 143, fig. 1-2) montrent cependant qu'il existe, dans les deux sections Zæda et Strobus de ce TERRAIN JURASSIQUE. —— VÉGÉTAUX, 31 grand genre, des fibres striées dont le caractère est loin d’être le même; celles du Pinus sabiniana Dougl. (fig. 1) sont fortement striées et accompagnées de réticulations en amas mêlées auxstries; celles du Pinus excelsa Wall. (fig. 2) sont presque lisses, tellement les stries qui les par- courent obliquement sont fines et légères, des fentes obliques se placent d'espace en espace, sur les parois, et ces fentes, comme toujours, semblent se rapporter à des ponce- tuations déformées par suite du développement des stries. — Ainsi, non-seulement on rencontre des stries plus ou moins prononcées, plus ou moins complexes, chez beau- coup de Conifères, mais il semble qu'il y ait une sorte de connexité réelle, quoique non définie, entre l’aréole et la strie, la ponctuation et les fentes obliques ou les amas de réticulations qui viennent se placer sur les parois striées, comme si une cause du même ordre, en provoquant un mouvement d'accroissement et une série d’épaississements partiels et localisés, dans la membrane cellulaire, produi- rait à la fois les stries et les ponctuations normales. Les zones d’'accroissement des parois cellulaires deviennent du reste visibles, même à l'extérieur, dans plusieurs cas, ainsi qu'on peut le constater en observant le bois des Araucaria et des Dammara (pl. 131, fig. 2, et 139, fig. 2 et 3). On voit alors se produire sur la face principale des tra- chéides, des saillies et des avancements qui se superposent et se recouvrent partiellement. Ces surplombs, dont les contours sont limités latéralement par des stries longitu- dinales plus ou moins sinueuses, deviennent plus nets, lorsque le trachéide est considéré un peu de profil. Chacun d’eux paraît alors constituer, dans sa partie libre, autant d’aires convexes et discoïdales, plus ou moins échancrées, par la facon dont ellesempiètent l'une sur l’autre, et pour- 32 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. vues d’une ponctuation plus ou moins nettement aréolée (pl:132, fig. 3*tet 3°). Lesstries etles aréoles peuvent donc se concevoir comme procédant de la même origine ; toutes égalementconsistent en fines bandelettes ou lignes d’épaississement, qui se détachent sur le fond moins dense de la paroi. Les ponc- tuations, au contraire, soit isolées, soit placées au centre d'une aréole, répondent à un espace aminei, soit vide, soit rempli d’une substance moins dense que l’espace environ- nant. Dans la ponctuation aréolée normale, il est généra- lement admis que l’espace cerné marque un vide intérieur auquelune voussurelégèrement convexesert de couvercle; vers le centre de l’espace ainsi circonserit, se place dans la plupart des cas, mais non pas dans tous, une seconde aréole concentrique par rapport à la première, quelquefois une troisième et une quatrième (Voy. pl. 133, fig. 8et9; pl 4934, fig. 5° “pl. 495, fig. 1°; pl. 135; He Sebpene, fig. 7), dont la plus intérieure donne lieu dans l'opinion de certains auteurs (1) à une ouverture d’abord fermée par une lamelle, ensuite perforée et servant à faire communi- quer entre elles les cavités de deux poncetuations voisines, toutes les fois que de pareilles ponctuations viennent à coïncider, c'est-à-dire à se produire à des hauteurs égales sur les parois contiguës de deux cellules. Mais il est loin d’être certain que cette coïncidence de deux ponctuations sur des parois accolées soit aussi fréquente qu'on l’a sup- posé et il paraît établi d'autre part (2) que les ponctuations (1) Voy. Gœppert, Monogr. d. foss. Conif., p. 36 et Sachs, Trailé de Botanique conforme à l’état présent de la scienc?, trad. par Ph. Van- Tieghem, p. 34. (2) Voy. Anatomie comparée des tiges et des feuilles chez les Gnéta- cées et les Conifères, thèse présentée à la Faculté des sciences de Paris, par C. E. Bertrand, p. 69. — Paris, G. Masson, éditeur, 1874. TERRAIN JURASSIQUE. == VÉGÉTAUX, 33 ne sont réellement perforées que lorsque les fibres ligneuses sont déjà très-âgées ; c'est effectivement ce que montre notre figure 4, pl. 134, qui représente la paroi cellulaire d’une fibre âgée et en partie sclérifiée de Sequoia gigantea Torr., avec une ponctuation réellement et distinc- tement perforée; mais ces sortes de ponctuations sont rares et exceptionnelles; la figure 8, planche 140, qui se rapporte à l’Abres pinsapo Boiss., en offre un second exemple. Lesponctuations aréolées sonttoujours plus nombreuses sur la face des trachéides, tangentielle aux rayons médul- laires, et sur les trachéides larges que sur celles qui ter- minent extérieurement le cercle annuel; mais elles s’y montrent plus petites, plus irrégulières ; elles en occupent de préférence les faces tournées vers la périphérie, ainsi que le montre une de nos figures (pl. 134, fig. 2) qui repré- sente cette partie observée dans un bois, âgé de douze ans, du Sequoia gigantea Torr., espèce chez laquelle les tra- chéides, vus dans ce sens, ont des parois très-larges. Il est à remarquer cependant que beaucoup de ces ponctuations sont dépourvues d’aréole interne. La forme, la disposition, la dimension des ponctuations aréolées, examinées chez les diverses Conifères, fournissent des caractères différentiels, dignes d'attention, bien qu'ils n'aient rien par eux-mêmes de parfaitement tranché, ni de tout à fait décisif. C’est en combinant cet ordre de caractères avec ceux que fournissent les stries des fibres ligneuses, la structure du liber, la disposition des canaux résineux, celle de la moelle et des rayons médullaires que l'on peut parvenir à fonder des divisions rationnelles, ba- sées sur la structure anatomique des bois de Conifères et correspondant presque toujours, non pas à un genre déter- Ile Sen. VÉGéraux, — II, 3 3% PALÉONTULOGIE FRANÇAISE. miné, mais à des types ligneux qui en comprennent géné- ralementplusieurs.Les particularités de structure qui nous sont ainsi dévoilées sont loin en effet de se trouver en rap- port direct, si nécessaire, avec les données qui président à la classification ordinaire. Nous avons vu que dans le Salisburia (pl. 130, fig. 1) les ponctuations aréolées étaient assez petites, disséminées, entremèlées de stries sinueuses, serpentant dans leurs intervalles et dessinant autour d'elles des aréoles irrégulières; ces ponctuations sont attachées à des parois cellulaires convexes plus ou moins sinuées et recourbées en divers sens. Cette disposition suffit, si l'on y joint la présence des canaux résineux vers la périphérie de la moelle pour faire distinguer le bois de ce type de celui des autres Conifères. | Les ponctuations aréolées des Araucaria (pl. 132, fig. 1,3 et 6) et Dammara (pl. 131, fig. 2 et 4) ne sont pas moins reconnaissables. Elles sont inscrites sur la paroi large des trachéides, tantôt en une série unique (pl. 434, lig. 2, et pl. 132, fig. 2 et 3), tantôt en plusieurs rangées contiguës et alternant régulièrement dans un ordre quin- concial (pl. 131, fig. 4 et pl. 132, fig. 1 et 6). Nos figures donnent une idée claire de ces deux dispositions qui n'ont rien de commun en apparence et qui pourtant se trouvent associées dans les mêmes régions du bois des Araucariées. Les ponctuations en série unique sont même parfois plus répandues que les autres, au moins dans le jeune bois; dans le bois âgé, c'est. à ce qu'il semble, plutôt le contraire. Les ponctuations se suceèdent (pl. 1432, fig. 3) dans un ordre très-dense ; elles se tou- chent ou même empiètent, comme nous l'avons déjà dit, l'une sur l’autre, en rendant visibles les zones d’épaissis- sement de la paroi cellulaire, A côté de ces trachéides, à À TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 55 on en rencontre d’autres dont les faces présentent des ponctuations distribuées en deux ou trois et jusqu'à qua- tre séries qui alternent généralement ensemble, chacune d'elles se trouvant placée entre deux autres de la série contiguë, de manière à constituer des rangées obliques, tantôt régulières (pl. 132, fig. 7), tantôt entremêlées de places vides, en sorte que dans ce dernier cas (pl. 432, fig. 1) elles paraissent disséminées sans beaucoup de symétrie. L'aréole externe, parfois assez peu visible, est formée par des linéaments brisés qui courent dans l’in- tervalle des ponctuations, comme si le contour de cette aréole, d’abord circulaire, était devenu hexagonal par l'effet d’une mutuelle compression (pl. 132, fig. 7). Dans le bois de Dammara, lorsqu'il existe deux ou plusieurs files de ponctuations (pl. 131, fig. 4), les files allernent ei les aréoles se touchent, mais elles conservent malgré cette contiguité leur forme circulaire, ainsi que le montre la figure que noùus donnons, d'après une fibre ligneuse très-grossie du Dammara australis Lamb. Dans les Abiétinées et les Taxodiées, les ponctuations sont indifféremment uni-bisériées ou même, quoique plus rarement, tri-sériées, mais il n'existe deux ou plusieurs séries que sur la paroi des trachéides les plus larges, là où la croissance s’est effectuée rapidement et surtout dans les racines. Les ponctuations en files simples {pl: 434, fig. 8; pl. 140; fig. 1; pl. 141, fig. 4, et pl. 142, fig. 5) sont toujours les plus fréquentes. Plus ou moins espacées, pourvues d’une aréole simple ou double, large et régulièrement arrondie, elles ne se superposent pas toujours d’une facon exacte, mais elles se placent plutôt, tantôt vers un des bords, tantôt vers le bord opposé de la ‘paroi. Quand la file est double ou triple (pl. 135. fig. 4, et 36 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, pl. 140, fig. 8) les ponctuations voisines, au lieu d’alter- ner d’une rangée à l’autre, sont presque constamment ac- colées à des hauteurs égales, ce qui empêche de pouvoir les confondre avec celles des Araucariées. L’ordonnance que nous venons de signaler est celle qui existe dans le genre Pénus, tel que l'avait constitué Linné, c’est-à-dire comprenant à la fois les pins, les sapins, les mélèzes et les cèdres ; mais il est également vrai qu’une ordonnance à peu près semblable se retrouve, lorsque l’on passe des Abiétinées aux Taxodiées et de celles-ci aux Séquoiées et même aux Cupressinées et qu’on l’observe encore sans changements très-appréciables jusque dans les Podocar- _pées qui, sous ce rapport, s'éloignent beaucoup plus des Taxinées que l’affinité supposée entre les deux groupes ne porterait à l’admettre à priori. Il faut donc, pour ren- contrer des notes différentielles, s'attacher iei à de simples nuances qui acquièrent par cela même un certain degré d'importance relative. Les trachéides des Cupressinées, généralement étroits, présentent toujours où presque toujours une seule ran- gée de ponctuations occupant la largeur entière ou pres-. que entière de la paroi cellulaire. Ges ponctuations sont tantôt absolument contiguës (pl. 138, fig. 4), tantôt sé- parées l’une de l’autre par des intervalles appréciables, plus ou moins inégaux (pl. 127, fig. 3). Le seul Widdring- .tonia tranche par sa physionomie (pl. 136, fig. 5 et 6) : les trachéides de ce genre sont proportionnellement larges et montrent des ponctuations dont l’aréole interne est rela- tivement grande et dont l’aréole externe est souvent qua- drilatère ; ces ponctuations sont de plus irrégulièrement espacées et quelquefois séparées ou reliées entre elles par desstries sinueuses ou transversales, Une disposition sensi- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 37 blement analogue se retrouve dans les Taxodiées et les Séquoïées, mais les ponetuations de ces deux groupes, dont les ‘aréoles extérieures sont relativement larges, s’'appuyent lantôt vers un des bords, tantôt vers le bord opposé dé la paroi cellulaire ; elles alternent donc et se trouvent rarement superposées dans une direction verti- cale, sauf dans le cas exceptionnel où il existe plusieurs files sur une même paroi. De plus, les grandes ponctua- tions sont souvent, dans ces mêmes genres, entremèêlées de ponctuations plus petites. Nous avons déjà mentionné les stries qui, dans les Sequoia et Arthrotaxis s'intercalent cà et là aux ponctuations ; les zones d’épaississement que laissent voir les trachéides de ce dernier genre (pl. 135, fig. 7, 9) et les ponctuations posées en file serrée qui se touchent ou empiètent légèrement l’une sur l'autre, rap- pellent assez bien à l'esprit ce qui a lieu chez les Dam- mara et Araucaria. Le bois de Podocarpus (pl. 133, fig. 1) ressemble à celui des Sequoïées et Taxodiées, sous le rap- port des fibres ligneuses et des ponctuations aréolées. Il paraît impossible de marquer entre eux, à ce point de vue, aucune différence sensible. Bien que le prosenchyme ou tissu formé de trachéides domine dans le bois de Conifère d’une facon à peu près exclusive, les fibres ligneuses y sont pourtant accompa- enées çà et là, et surtout dans la partie étroite et estivale du cercle annuel, d’un autre tissu ; c’est le parenchyme ligneux, composé de cellules allongées, à parois min- ces, non plus terminées en fuseau et accolées par des faces latérales obliques, mais cloisonnées de distance en distance, plus ou moins prismatiques ou cylindroïdes et régulièrement empilées. Le parenchyme ligneux des Coni- fères, à cause de son insignifiance même, a peu attiré l'at- 38 . PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. tention ; il mériterait pourtant d'être examiné et l'étude exacte. des diverses formes de cellules qui peuvent le composer serait sans doute de nature à aider au classe- ment de ces sortes de bois. Originairement, il n'existe que peu ou pas de différences entre les cellules fibro-li- gneuses et parenchymateuses ; au sortir du cambium les deux catégories se ressemblent et peuvent même présen- ter également des ponctuations ; seulement, quelques- unes des nouvelles cellules se cloisonnent horizonta- lement et donnent ainsi lieu à du parenchyme; chez celles-ci les ponctuations s’effacent ou demeurent petites et irrégulières, tandis que celles des trachéides revêtent leur caractère définitif et que ces organes s’allongent et s'atténuent en fuseau aux deux extrémités, sans doute par le dédoublement de leurs parois de jonction, deve- nues de plus en plus obliques. Le parenchyme ligneux n'occupe qu'une place des plus restreïintes dans le bois des Conifères ; son rôle est effacé et tout à fait secondaire. Il est cependant plus ou moins visible et développé selon les catégories de bois que l’on examine et c’est de lui, comme nous le verrons, par une modification consécutive de ses éléments que procèdent chez les Abiétinées les canaux sécréteurs que comprend la région ligneuse dans ce groupe. Ces sortes de cellules existent certainement dans le bois des Taxinées ; elles y sont même fréquentes, mais le tissu qu'elles forment ne s'ytrouve jamais qu'en très-faible quantité (1). Les cellules eloi-onnées en travers, du parenchyme ligneux se rencon- trent souvent dans ie bois des Taxodiées (pl. 135, fig. 1) et des Séquoïées (pl. 1e fig. {,en ph ainsi que dans = - F (1) €. E. Bertrand, Anatomie des Gnélacées ét des Conifères, ilèse déjà citée. p. 41. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 39 ces" Wéddringtonia (pl. 136, fig. 4, en p) ; mais elles ne donnent lieu dans tous ces genres qu'à des files éparses et isolées, souvent remplies de résine, qui traversent ver- ticalement les rayons médullaires et contractent avec eux de fréquentes anastomoses. C'est à ces cellules, lorsqu'elles servent de réservoirs aux sucs résineux, que M. Gœppert avait appliqué l'expression de canaux résineux simples, par opposition avec les canaux résineux véritables des Abiétinées, particulièrement des pins, que cet auteur nommait Canaux résineux composés. La figure 3, pl. 133, peut donner une idée de cette sorte de tissu qui se dis- tingue parfois difficilement des fibres étroites auxquelles il se trouve presque constamment associé. Le paren- chyme ligneux se montre aussi chez les Cupressinées ; nous l'avons observé notamment dans le bois du Came - cyparis Lawsoniana, au contact des rayons médullaires. Les cellules qui le composent sont peu nombreuses et sc réduisent à deux ou trois files verticales accolées. a Cest seulement dans le bois des Abiétinées que le pa- renchyme ligneux se montre avec une abondance relative un peu plus marquée. Il y revêt aussi, comme nos figures (pl. 142, fig. 1; pl. 143, fig. 3 et 4) le font voir, des carac- tères spéciaux. Ce sont des cellules allongées, à parois minces, et plus ou moins ponctuées, empilées en files verticales, associées plusieurs ensemble, et passant laté- ralement, à l'aide d’une série de transition, aux trachéi- des ponctués ou rayés et striés qui les entourent. Les exemples qui précèdent suffiront pour donner au moins une idée approximative du parenchyme ligneux, élément toujours subordonné vis-à-vis du tissu fibro-ligneux, aussi peu constant par lui-même qu'effacé par la place qu'il occupe dans le bois des Conifères. 40 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. Le troisième des éléments constitutifs de la région li- gneuse consiste dans les rayons médullaires, dont nos figu- res font bien connaitre la disposition et la structure. Tous, sans exception, en ce qui concerne au moins les Conifères vivantes, ne comprennent qu'une seule largeur de cellules ét se composent de une ou plusieurs rangées de cellules su- perposées. Dans certains cas où le bois est puissamment développé, dans les grandes espèces surtout, en particulier chez les Araucaria (A. imbricata Pav.), Taxodium, chez certaines Cupressinées (Chamæcyparis), mais surtout chez les Abiétinées et les Pinus proprement dits, on rencontre depuis 6 jusqu'à 12 et un plus grand nombre encore de rangées de cellules radiales superposées. D’autres bois n'en comptent qu'un plus petit nombre, 2 à 3, on même une seule rangée. On observe cette particularité dans le bois des Arthrotaxis, Sequoia, Cunninghamia, Widdrinq- tonia, généralement aussi dans celui de Sabhsburia, de la plupart des Cupressinées, de certaines Podocarpées, ete. Ce sont là pourtant des caractères flottants, sujets à des exceptions et sur lesquels on ne peut asseoir aucune règle. La largeur transversale du rayon est aussi à con- sidérer ; cette largeur est surtout remarquable dans le genre Salsburia (pl. 130, fig. 2) et aussi, dans une moin- dre mesure, chez les Araucariées (pl. 131, fig. 3, enr, et 132, fig. 7, en r). Au contraire, on observe des cellules ra- diales fort étroites dans le sens transversal dans les gen- res Arthrotazis (pl. 133, fig. 10), Widdringtonia, où elles sont en même temps courtes, et chez certaines Abiétinées, comme les Cedrus et Pseudo-Tsuga (pl. 437, fig. 1; pl. 144, fig. 3 et 10), Mais ces particularités et d’autres encore ne sont ni assez constantes ni assez facilement observables pour donner naissance à des caractères vraiment solides. TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 41 D'ailleurs, les cellules radiales changent d'aspect en vieil- lissant : jeunes, elles sont toujours moins riches en ponc- tuations et en réticulations ; ces détails s'ajoutent peu à peu en différenciant leurs parois, en sorte que le même bois peut successivement présenter des rayons médullai- res dont les cellules offrent tous les degrés, depuis la consistance lisse et transparente jusqu'à l’ornementation en réseau la plus complète. Il y a pourtant là une ques- tion de mesure, etil cst bien certain qu’en s’attachant à certains détails, on pourra reconnaitre des différences entre la physionomie propre aux cellules radiales de cer- tains groupes et celle qui distingue les mêmes cellules dans un groupe voisin. Ce sont là des indications dont il ne faut ni exagérer, ni déprimer entièrement la portée. C'est dans cet esprit que nous donnons les détails qui suivent. Les parois des cellules radiales sont tantôt minces et presque lisses, comme chez les Podocarpées et les Taxo- diées considérées d’une façon générale (Voy. pl. 1292, fig. 3 et pl. 134. fig. 9), tantôt elles ont leurs parois épaissies à leur point de contact avec les fibres ligneuses et de telle facon que ces fibres elles-mêmes participent à eet épais- sissement; c'est ce que l'on remarque notamment chez les Araucarta, ainsi que le montrent clairement nos figures 1 et2, planche 132. Dans la plupart des cas, les cellules radiales sont allon- gées dans le sens au rayon, mais cet allongement est plus ou moins prononcé selon les genres. Celles des Dammara et des Salisburia le sont très-inégalement ; elles s'élèvent peu dans le sens vertical et forment depuis deux jusqu'à quatre rangs superposés. Dans les Araucaria il règne à cet égard une assez grande diversité ; les cellules radiales sont 42 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. généralement beaucoup plus longués que hautes ; chacune d'elles, dans l’A. #mbricata Pay. occupe trois à quatre lar- geurs de fibres. D’autres genres, comme les Dacrydium, les Arthrotaxis (pl. 134, fig. 1, enr), les Glyptostrobus et surtout les Widdringtonia et Juniperus (pl. 136, fig. 5 et 6, et 138, fig. 4) ont, au contraire, des cellules radiales très- courtes, en forme de quadrilatère, qui occupent tout au plus la largeur de deux fibres ou même d’une fibre et demie. L’étendue des cellules radiales varie chez les Abié- tinées et n’est pas même constante dans les limites d’une seule espèce, Les cellules radiales, ainsi qu'il est aisé de le constater, sont ponctuées sur leur plan de contact avec la face laté- rale des trachéides (pl. 132, fig. 1 et passim). Ces ponc- tuations, ordinairement plus petites que les ponetuations normales et presque toujours dépourvues d’aréoles, sont généralement ellipsoïdes ou obliquement ovales et dispo- sées sur deux ou plusieurs rangs; on en compte depuis 4 jusqu’à 12 inscrites sur la largeur de la paroi cellulaire. Elles sont surtout nombreuses chez les Araucaria et plus restreintes en nombre, au contraire, chez les Cupressinées. La multiplicité de leur nombre chez les Araucaria pourrait bien n'être pas sans relation avec celui des ponctuations aréolées que présente, dans ce groupe, la face principale des trachéides. Outre les ponetuations dont il vient d'être question, les cellules desrayons médullaires montrentencore des détails de structure et d'ornementation qui méritent de fixer l’at- tention. Ces détails ne deviennent ordinairement visibles que sous de forts grossissements, supérieurs à 300 dia- mètres, où même vers 400 fois; mais dans une foule de cas ils paraissent caractéristiques et peuvent servir de TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 43 points de repère pour aider à la détermination générique des bois que l’on examine. Voici quelques-uns de ces détails, que les figures données par nous feront com- prendre, mieux encore que la description, Les parois des cellules radiales, considérées à leur point de contact ne sont pas toujours lisses ni unies ; ces parois sont souvent noduleuses et comme relevées d'ornements en saillie ou de sinuosités. La sinuosité des parois est surtout visible dans les cellules radiales du Cunninghamia. que nous représentons sous deux grossissements diffé- rents, l’un de 150, l’autre de 400 fois (Voy. pl. 139, fig. 4 à 3). Les cellules radiales sont ici étroites dans le sens de la hauteur et allongées de manière à occuper environ trois largeurs de fibres; elles forment depuis une jusqu'à 4 et rangées superposées ; mais ordinairement on n'observe qu'une seule rangée, deux au plus : les contours exté- rieurs paraissent distinctement sinués sous le plus faible des deux grossissements (fig. 1); mais l’autre permet de découvrir (fig. 2 et 3), outre les ponctuations principales, un réseau formé de linéaments très-fins, accompagnés de ciselures d'une grande délicatesse; la sinuosité des bords est également visible. Des ciselures et des nodulosités du même genre se montrent sur les parois des cellules radiales de la plupart des Abiétinées (pl. 140, fig. 4 et pl. 142, fig. 6). Les ponctuations relevées, à ce qu'il semble, en saillie et les réticulations s'unissent et se confondent pour donner lieu à une ornementation quelquefois des plus compliquées et dont tous Les détails ne sont pas également nets, même à j’aide d'un très-fort grossissement. D'autres Conifères, appartenant à des sections bien différentes (Taxinées, Cupressinées, Abiétinées), ont des parois cellu- laires radiales qui paraissent lisses et marquées seulement 54 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. sur Ja face latérale de ponctuations d’une grande finesse, c'est ce que nous avons remarqué dans le Z'orreya (pl.129, fig. 10); dans le Widdringtona et le Chamcæyparis et dans le 7suga Brunoniana Carr. ; mais, en considérant le bois de cette dernièreespèce sous un très-fort grossissement(pl.140, fig. 4), on voit ces ponctuations se résoudre en aréoles d'une très-grande finesse dont l'ensemble forme un réseau à mailles irrégulièrement hexagonales. Ces sortes de ré- seau occupant une surface lisse ou faiblement inégale se retrouvent sur les cellules radiales de l'Araucaria excelsa R. Br. (pl. 132, fig. 2) et de plusieurs autres Conifères. Le genre Scéadopitys, si singulier à tant d’égard, présente une conformation de ses cellules radiales qui doit être remar- quée, tellement elle est caractéristique. Ces cellules (Voy. pl. 138, fig. 6 et 9), qui paraissent correspondre à une seule largeur de fibre, sont occupées sur la face principale de leur paroi par une seule ponctuation obliquement ovale ettrès-large, qui les rend aisément reconnaissables. Cette disposition ne se retrouve, dans tout l’ensemble des Coni- fères, que chez les Pinus proprement dits, où M. Gœæppert l'a déjà signalée, mais avec une différence essentielle, puisque chez les Pinus, particulièrement ceux de la section Strobus, que nous avons étudiés à ce point de vue (pl. 143, fig. 7, 8 et 9), les cellules radiales à ponctuation unique et large sont toujours associées dans le rayon à d’autres cellules dont les parois sont plus ou moins réticulées et quelquefois d’une facon très-fine (fig. 9). Nos figures mon- trent bien tous les passages successifs de l’une à l’autre de ces deux structures. Ce sont là les >ayons médullaires com- posés de Gæppert dont la présence est caractéristique pour le bois de pin, bien qu'on ne les observe pas dans toutes les espèces de ce grand genre. Les cellules radiales d’autres TERRAIN JURASSIQUE. =— VÉGÉTAUX. 45 groupes, particulièrement des Podocarpées, des Taxodiées et de plusieurs Cupressinées offrent encore une disposition un peu différente de celles que nous venons de signaler. Leurs cellules radiales, dont nous donnons des exemples empruntés aux genres Podocarpus (pl. 133, fig. 3 et 6, pl. 134, fig. 9), Dacrydium et Cryptomeria, montrent des parois occupées en partie seulement vers les commissures de sinuosités noduleuses plus ou moins associées à des ponctuations, Ces ponctuations et ces sinuosités nodu- leuses se retrouvent sur les appareils singuliers, en forme de prolongements minces et flexueux que Gœæppert à si- gnalés avec raison comme servant à réunir et à faire com- muniquer ensemble les rayons médullaires ; cet auteur les nomma avec une certaine raison rayons Concentriques Où connectifs (rad medullares concentricr); 1ls sont faciles à observer et se montrent sous la forme de cellules étroites, aplaties et filiformes, pourvues de pores et semées d'ex- croissances, de nodulosités et de dentelures. Ces organes, verticalement dirigés, courent d’un rayon médullaire à un autre, en suivant le même plan ; notre figure3, planche135, suffira pour en donner l'idée. Les quatre rayons médul- laires, réunis ici par les appendices en question, n'ont chaçun qu’une seule rangée de cellules à parois semées de ponctuations éparses et rares; la figure à été dessinée en faisant abstraction des fibres ligneuses et sous un grossis- sement d'environ 300 fois. Les rayons médullaires se prolongent souvent de la région ligneuse jusque dans la zone du liber qu'ils tra- versent plus ou moins en altérant la forme de leurs cel- lules, qui se déforment et amincissent plus ou moins leurs parois; c'est ce que l'on observe plus particulièrement dans les Taxodiées, et, dans une moindre mesure, dans les 56 PALÉONTOLUGIE FRANÇAISE. Séquoïées et les Cupressinées. Les rayons médullaires des Taxodiées arrivent même jusque dans la couche corticale, et dans le genre Zaxodium, on peut les voir aboutir fré- quemment à des réunions de larges cellules parenchyma- teuses hypertrophiées, distribuées sur les confins de cette couche avec une certaine régularité (pl. 135, fig. 6). Ces prolongements des rayons médullairesdans le liber peuvent s’observer encore dans le bois des Cedrus, comme lemontre une de nos figures (pl. 141, fig. 4, en r) et dans d’autres genres encore, mais non pas dans tous, cependant. La zone du liber dont nous parlerons maintenant est séparée de celle du bois par une couche mince (pl. 131, lg. 5, en c) qui sert de point de départ commun aux nou- velles formations ligneuses et libériennes; c'est la couche cambiale ou simplement le Camblium, qu'une coupe longi- tudinale, parallèle aux rayons médullaires, montre comme une mince bande ouplatôt comme une ligne de séparation qui, dans certains cas, Cependant, correspondant au mo- ment mème où s'exerce son activilé, consiste en une réu- nion de lamelles, ébauches encore tendres et imparfaites des cellules et des fibres en voie de formation. Entre le C'ambium et la région corticale se place la région libérienne ou simplement le Æber. Cette zone, considérée dans le bois formé, prend le nom de her secondaire, qui lui-même s'appelle tantôt vieux Liber secondaire et tantôt Jeune Liber secondarre, Suivant quel'on considère les parties nouvellement formées ou déjà anciennes et rejetées vers le dehors. Certaines de nos figures (pl. 131, fig. 5 et 6 et pl. 138, üg. 4) montrent l'aspect de la zone libérienne, suivant une coupe radiale longitudinale, vue dans son ensemble. Il est facile de constater des différences de structure et de pro: TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 47 portion de cette zone, considérée chez les Cupressinées (pl. 438, fig. 1) ou chez les Araucariées. Dans le premier cas, les éléments du liber consistent principalement en cellules allongées (pl. 138, fig. 1, en /), superposées en files régu- lières et séparées d'espace en espace par des cloisons frans- versales. Dans le second cas (pl. 131, fig. 5, en /, et fig. 6), en dehors d'une zone fibreuse, très-mince et peu distincte, on ne distingue plus dans le liber que des cellules polyé- driques, un peu allongées dans le sens de la hauteur, irré- gulièrement associées et de dimension inégale : les files de grandes cellules en encadrant d’autres qu'elles paraissent avoir Comprimées. Ces coupes d'ensemble sont vues sous un grossissement d'environ 150 fois; c’est seulement au moyen de plus forts grossissements (3 à 400 fois le dia- mètre) que les divers éléments, dont se compose, soit simul- Llanément, soit successivement, le liber, se distinguent clai- rement. Cette région du bois des Conifères a été tout dernièrement l’objet d’un examen suivi de la part de M. C.-E. Bertrand, dans son mémoire sur l'Analomie des (nétacées et des Coniferes ; c'est à ce travail que nous emprunterons une partie des détails qui suivent, en les confirmant à l'aide de figures dues à nos propres recher- ches. Le but que nous nous proposons se trouvera ainsi suffisamment rempli. Le hber secondaire ou liber formé est constitué par trois éléments, qui sont : 4°les fibreslibériennes, à parois d’abord minces et lisses, plus ou moins susceptibles d'épaississe- ment ; 2° des cellules cloisonnées donnant lieu par le pro- grès de l’âge au parenchyme libérien ; 3° d’autres cellules à ponctuaticas grillagées, associées aux précédentes et procédant d'une transformation particulière de cellules cambiales, primitivement lisses et obliquement cloison- 48 PALÉONTOULOGIE FRANÇAISE. nées. Ces trois éléments sont bien visibles sur une coupe transversale que nous donnons (pl. 137, fig. 2) du liber secondaire du Wèddringtonia cupressoides End. ; on y voit, en /, les fibres libériennes à parois épaissies, en p, les cel- lules du parenchyme libérien en parties sclérifiées et, en g, les cellules grillagées plus ou moins comprimées par le développement progressif des deux autres éléments. Ces éléments sont loin d’être combinés dans les mêmes pro- . portions, ni de présenter la même apparence dans le liber jeune que dans ce même liber plus ou moins âgé; ils suivent dans leur développement respectif une marche qui varie de genre en genre et d’un groupe à un autre, pour aboutir à la formation d’un tissu souvent très différent de ce qu'il a originairement été. Les fibres libériennes persistent plus ou moins long- temps; elles sont reconnaissables à leurs parois prisma- tiques et graduellement épaissies, à leur terminaison ordinairement en fuseau aux deux extrémilés. Dans le Salisburia, ces fibres se cloisonnent transversalement en épaississant quelque peu leurs parois. Ces mêmes parois deviennent très-épaisses dans les Taxinées, où les fibres libériennes, de même que dans les Cupressinées et Taxo- diées, offrent un développement et une persistance re- marquables. Elles sont surtout volumineuses chez les Cephalotazus. Ges sortes de fibres s’épaississent aussi de bonne heure dans le bois de Podocarpus. Dans les Abié- tinées, au contraire, il n'existe jamais de fibres libériennes épaissies. Dans les Cupressinées (pl. 137, fig. 2; pl. 138, fig. 5), comme nous l'avons déjà dit, les fibres libériennes s’épais- sissent et persistent comme chez les 7axus; elles alter- nent régulièrement, dans le sens radial, comme dans le TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 49 sens périphérique, avec des rangées de cellules grillagées et de cellules du parenchyme ; c’est ce que montre clai- rement un bel exemple que nous donnons (pl. 138, fig. 5), et qui est emprunté au liber du Juniperus flaccida Schl. Dans cet exemple la régularité de l'alternance des trois éléments est parfaite, chaque fibre libérienne se trouve flanquée en avant et en arrière d’une cellule grillagée ; ensuite en avançant dans le sens des rayons, on observe une cellule parenchymateuse suivie de trois cellules grillagées, puis d'une nouvelle cellule parenchymateuse, après laquelle se placent encore une ou deux cellules grillagées et enfin une autre fibre libérienne, qui recom- mence la même série. On ne remarque pas toujours une régularité aussi parfaite, surtout lorsque l’on s'attache aux parties déjà anciennes du liber secondaire ; cepen- dant, bien que l’ordre et aussi le nombre des alter- nances varient d’un genre à l’autre, c'est toujours à peu près la même constitution du liber que l’on retrouve dans toute une moitié de l’ensemble des Conifères, depuis les Taxinées et les Podocarpées jusqu'aux Séquoïées, aux Taxodiées et aux Cupressinées dans une autre direction; mais il faut en excepter le genre Cunninghamia que son type libérien rapproche plutôt des Araucariées et des Abiétinées et éloigne au contraire des Séquoïées. Dans ce type que l’une de nos figures (pl. 139, fig. 9) représente sous un très-fort grossissement, les fibres libériennes sont à peu près absentes, puisque l’on en distingue une seule, isolée au milieu de la coupe; les cellules du parenchyme, hypertrophiées et disposées sans aucun ordre sériel, ont comprimé dans toutes les directions les éléments grilla- gés. C'est là une structure qui, conformément à l'opinion de Strasburger, reporterait le genre Cunninghamia, loin Ile Sen. VÉGÉTAUX. — III. 4 50 PALÉONTOLOGIE FRANGAISE, des Séquoïées, plutôt auprès des Araucariées et dans une position intermédiaire entre ce groupe et celui des Abiétinées. De même que dans le Cunninghamia, en effet, les élé- ments du liber sont épars et les fibres libériennes dispa- raissent de bonne heure chez les Araucariées. Au total, le rôle des fibres, qu’elles persistent jusque dans le vieux liber secondaire, en épaississant leurs parois, ou qu'elles s’atténuent et disparaissent plus ou moins vite,ne devient prépondérant que dans un assez petit nombre de genres, à liber dense et à cellules parenchymateuses plus ou moins promptement sclérifiées, parmilesquels on doit ci- ter les Arthrotaxis et Widdringtonia et dans un sens aussi je genre 7'axodium. Les cellules grillagées doivent nous arrêter un instant : ces sortes de cellules, lisses et minces à l’état de cellules cambiales, diffèrent peu ou ne diffèrent pas du tout ori- ginairement des fibres proprement dites. Pourvues de cloisons obliques, elles présentent par le progrès de l’âge des ponctuations, d'abord larges et unies, qui se cou- vrent peu à peu d'un réseau de ciselures fines et compli- quées, du type grillagé, soit sur les cloisons, soit sur les faces latérales. Ces ponctuations dont la finesse est ex- trème, sont toujours disposées en amas séparés par des espaces lisses. Elles correspondent, selon les auteurs, à de véritables perforations de la membrane cellulaire. Les cellules grillagées, d’abord aussi nombreuses ou plus nombreuses même que celles du parenchyme, sont plus tard comprimées ou disparaissent même complétement par suite de l’extension de ces dernières. En effet, le pa- renchyme libérien, provenant de cellules cambiales promptement cloisonnées en travers, est celui de tous les TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 51 éléments du liber qui paraît destiné à occuper en dernier lieu le plus de place. Dans le Salisburia, dans les Taxinées où ces sortes de cellules affectent un mode de réticulation caractéristique, dans les Abiétinées et les Araucariées, c'est là, en effet, ce qui se produit et, dans le liber se- condaire un peu âgé du bois de ces divers types, les cel- lules grillagées cessent promptement de vivre, tandis que les cellules hypertrophiées du parenchyme libérien se substituent peu à peu aux autres éléments comprimés (pl. 132, fig. 5; pl. 139, fig. 9; pl. 144, fig. 4 et 11); ces cel- lules peuvent demeurer lisses ou se couvrir de ponctua- tions ou même de bandelettes en forme de zones (Taxi- nées) ou de réticulations. La facon dont les éléments du liber se trouvent dispo- sés, les uns relativement aux autres, donnent ainsi lieu à un certain nombre de types qu'il est utile de définir. On doit distinguer effectivement : 1° le type libérien du Salis- buria, dans lequel, après un développement régulier des trois éléments, pendant lequel les fibres libériennes ont épaissi quelque peu leurs parois et se sont en outre cloi- sonnées horizontalement, les cellules grillagées ont acquis d'autre part leur réseau distinetif etles cellules du paren- chyme se sont accrues également et couvertes de réticu- lations, ces dernières cellules finissent, en se boursoufflant, par comprimer ou faire disparaître les autres éléments du jiber; 2° le type libérien des Araucariées, dans lequel tous les éléments dès l’abord mélangés : fibres libériennes et fibres lisses devenues grillagées, font bientôt place aux seules cellules du parenchyme élargies, ponctuées, réti- culées, éliminant les deux autres éléments; 3° le type libérien des Abiétinées proprement dites (genres Zsuga, Abies, Pseudo-Tsuga) dans lequel les fibres libériennes ne 2 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. sont jamais épaissies, tandis que les cellules du paren- chyme, à peu près inordinées, compriment fortement et éliminent rapidement les éléments grillagés; 4° le type libérien des Pinées, voisin du précédent et dans lequel les éléments grillagés et parenchymateux, les premiers comprimés, alternent par la production de plusieurs ran- gées successives, en l'absence de fibres libériennes épais- sies; 5° le type libérien des Taxinées, dans lequel les fibres libériennes, épaissies et relativement volumineuses, alternent avec des rangées d'éléments grillagés et paren- chymateux, les fibres et les cellules tendant à éliminer plus ou moins les cellules grillagées. Ce dernier type, avec des variations secondaires, assez peu notables, repa- raît dans d'autres groupes de Conifères, où les zones du li- ber se succèdent avec plus ou moins derégularité. Les fibres épaissies du liber et les cellules grillagées plus ou moins comprimées alternent alors en rangées radiales et périphé- riques avec les cellules du parenchyme qui tendent con- curremment avec les premières à comprimer plus ou moins les secondes ou mème à les élimimer tout à fait. C'est ce que l’on observe du moins chez les Podocarpées, Séquoïées, Taxodiées et la plupart des Gupressinées. Pour atteindre maintenant au tégument le plus exté- rieur, il nous reste à traverser trois zones : la première est celle du parenchyme cortical, nommée encore paren- chyme herbacé ou parenchyme fondamental, parce qu'il est originairement de même nature que la moelle avec la- quelle ce parenchyme est mis en communication par l'intermédiaire des rayons médullaires. Ces cellules, dans la partie jeune des tiges, occupent une zone relativement considérable ; d'abord gorgées de chlorophylle, elles de- viennent ensuite plus ou moins incolores, s’épaississent TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 53 plus ou moins et se couvrent de ponctuations et de réti- culations ; quelques-unes se sclérifient en avançant en âge ou renferment de la résine et des cristaux. D'une part, cette zone parenchymateuse, dont nos figures (pl. 131, fig. 5, en p ; pl. 135, fig. 6, et pl. 138, en p) représentent exactement l'aspect, touche au liber, de l’autre, à l’épi- derme. Les cellules les plus voisines de ce dernier tissu (pl. 131, fig. 5, en k, et pl.138, fig. 1, en À) épaississent plus ou moins promptement leurs parois; elles constituent alors l’hypoderme, couche plus ou moins dense selon les genres et à l’intérieur de laquelle se forme une lame nommée phellogène qui constitue la zone génératrice du liége, d’où résulte finalement l'exfoliation de l’épiderme et en dernier lieu la décortication. L’épiderme ou tégu- ment extérieur primaire n’a donc chez les Conifères qu'une durée nécessairement limitée à la jeunesse de la tige, recouverte originairement par lui. Il est composé d'une couche de cellules tabulaires, à parois épaisses, gé- néralement lisses et néanmoins hérissées, dans certains cas, d’appendiees en forme de poils (Zsuga, Pseudo-Tsuga, Cedrus, Larix, Sciadopitys). L'épiderme présente aussi quelquefois des stomates (Sequoia, Arthrotaxis, Cryp- tomeria). L'examen que nous venons de faire de la structure ana- tomique des tiges de Conifères serait incomplet, si, avant de terminer, nous passions sous silence les organes sé- créteurs de la résine qui, en dehors mème de l'importance des fonctions qu'ils remplissent, contribuent encore puis- samment par leur disposition à caractériser le bois des différents groupes de la famille que nous considérons. Les canaux sécréleurs de la résine où glandes résèneuses, comme les nomme M. C.-E. Bertrand, représentent des 54 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, laticifères très-simplifiés ; ils sont destinés aux mêmes fonctions que ces derniers, puisque leur rôle consiste à produire et à emmagasiner la résine, qui constitue le suc propre des Conifères ; mais ils ne se ramifient pas, sauf dans des cas très-rares et ne contractent entre eux pres- que aucune anastomose. Ces organes, considérés en eux- mêmes, sont toujours une dépendance du parenchyme, dont ils dérivent certainement ; ils ne sont à proprement parler que des cellules plus où moins modifiées, grou- pées autour d’une lacune intercellulaire, provenant du décollement et de l’'écartement de leurs parois mutuelles et dans laquelle se déverse la résine une fois sécrétée. La véritable nature des canaux résineux n’a été bien expli- quée que tout dernièrement, par suite des études de M. Dippel, en 1853, et surtout de celles de J.N. Müller et de J. Sachs; le mémoire de ce dernier savant sur La for- mation des glandes résineuses date de 1872, et tous trois sont arrivés à cette conclusion que la résine est le produit d’une sécrétion normale et non pas uniquement, comme l’entendait M. Karsten, le résultat d'une altération mor- bide des parois cellulaires (1). Antérieurement, Gœæppert avait consacré un paragraphe de son grand ouvrage sur les Conifères fossiles (2) à la description des canaux résineux, mais cet auteur confondait à tort à cette époque les vrais canaux sécréteurs, désignés par lui sous le nom de canaux résineux composés, avecles cellules du parenchyme ligneux, éparses çà et là dans le bois des Taxodiées, Séquoïées, Cupressinées, etc. et contenant accidentellement de la résine. Il appliquait à celles-ci le nom impropre de ca- (1) Voy. aussi la thèse déjà précitée de M. C. E. Bertrand sur l'An - tomie des Gnélacées et des Conifères. (2) Voy. Gœppert., Monogr. d. foss. Conif., p. 45 et 48, Leiden, 1850. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 53 naux résineux simples. C'est ainsi que M. Gæppert avait été amené à signaler la présence de canaux résineux dans la zone ligneuse de Conifères qui en sont en réalité dé- pourvues. M. Van-Tieghem est le premier qui ait tranché la question par son mémoire sur les canaux sécréteurs des plantes (1). Il a déterminé la distribution de ces organes dans les diverses régions des tiges de Conifères, où leur présence, aussi bien que leur absence, dépendent d’un ordre toujours constant et fournissent des caractères aussi fixes que saisissables, même à l'état fossile. M. le profes- seur Van-Tieghem a encore éclairei à l’aide des précieux renseignements qu'il nous à transmis, Certains côtés dou- teux de cette question intéressante à tant de points de vue. Nous lui offrons ici un témoignage de notre gratitude en utilisant ses travaux et employant parfois jusqu’à ses expressions. Les canaux sécréteurs résinifères sont bien tels que les a décrits le professeur J. Sachs (2). Ge sont des espaces lacunaires, produits par l’écartement des cellules de bor- dure qui sécrètent la résine et la déversent dans le méat, où elle s’'accumule comme dans un canal. Les cellules ré- sineuses, d'abord semblables aux fibres aréolées gardent leurs parois minces; elles demeurent longtemps suscep- tibles de se subdiviser et forment des groupes doués d’un accroissement commun qui diffèrent plus ou moins du tissu environnant. Ces Canaux et les cellules qui en font partie se dilatent plus ou moins, suivant la nature plus ou moins extensible de ce tissu. Ils sont donc plus étroits (1) Ann. de nat., 5° série, t. XVI, 1813. (2) Traité de botanique conforme à l'élat présent de la science, par J. Sachs, trad. et annoté par Ph, Van-Tieghem, Paris, Savy. 1873, pA102et157,f816066%etr97 56 PALÉONTO!OGIE FRANÇAISE, dans le bois formé et plus largement développés dans le parenchyme des feuilles ou de l'écorce. Les vrais canaux sécréteurs cheminent dans le sens de la longueur des or- ganes; ils s'étendent plus ou moins en ligne droite et sont facilement reconnaissables par suite de cette direc- tion et par la réunion de cellules parenchymateuses qui servent de fourreau à la lacune centrale, allongée en forme de tube et souvent remplie par la résine qui Ja rend opaque. Il existe pourtant, selon le professeur Sachs et M. Van-Tieghem, des groupes de cellules résinifères de la même nature que celles qui bordent les canaux nor- maux, mais qui, par suite d'un arrêt de développement, manquent de lacune et demeurent par conséquent conti- guës. Ces groupes de cellules qui sécrètent et renferment de la résine, comme les canaux normaux, se rencontrent dans les mêmes tissus que ceux-ci et manquent de même dans les parties naturellement dépourvues de ces derniers. Néanmoins par le progrès de l’âge il peut s’opérer, dans un issu qui ne possède pas de canaux sécréteurs, une résinification locale de cellules, soit des fibres aréolées, soit des éléments des parenchymes ligneux ou médullaire, et la résine ainsi accumulée à l’intérieur des cavités cel- lulaires peut leur donner l'apparence de canaux sécré- teurs; c’est ce que montre notamment la moelle du bois de cèdre un peu âgé et fréquemment aussi le parenchyme ligneux des Artkrotaxis et des Widdringtonia. Mais ce sont là des accidents d'une importance secondaire, que l'on devra pourtant ne pas perdre de vue dans l'examen des bois fossiles, afin de ne pas s'exposer à confondre des points résineux, produits d'une altération consécutive des tissus, avec la résine normale et primitive et les organes spéciaux destinés à lui donner naissance. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 57 Toutes les régions de la tige des Aciculariées sont sus- ceptibles de contenir de vrais canaux résineux, mais dans chaque groupe toutes ces régions n’en sont jamais indifféremment pourvues, et la considération de la place occupée par ces organes acquiert ainsi une véritable im- portance. Chez les Zaæus, il n’y a de canaux résineux, ni dans la moelle, ni dans le bois, ni dan sle liber, pas même dans le parenchyme cortical. Dans la tige des Cephalotaxus et des Torreya, on en trouve dans le parenchyme cortical. Mais ces organes sont petits chez les Cephalotaxus, où ils ne sont que le prolongement de ceux qui existent dans les feuilles, tandis qu'au contraire ils sont très-volumineux chez les Torreya (pl. 129, fig. 11). Les canaux résineux du Salisburia forment un double système, les uns étant corticaux, les autres compris dans l'intérieur de la moelle (pl. 130, fig. 3, en ec, et fig. 4)et disposés circulairement en avant de l’étui. Chez les Podocarpées, les Séquoïées et les Taxodiées, sauf le genre Glyptostrobus, il n'existe de canaux résineux que dans le parenchyme cortical, et ces canaux, peu ap- parents, ne s’y montrent que comme un prolongement de ceux des feuilles. Les glandes résineuses du Glyptostrobus sont par con- tre très-apparentes et situées sur les confins du paren- chyme cortical et du vieux liber secondaire. Cette même place est celle qu'occupent ces organes dans les genres Cunninghanua et Sciadopitys. Nos figures 7 et 8, pl. 139, représentent les canaux résineux du premier de ces deux genres. La tige des genres Pseudo-Tsuga et Abies comprend aussi des canaux résineux à l'intérieur du parenchyme cortical ; ils sont nombreux et apparents dans le Pseudo- 58 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, Tsuga Douglasii Carr., où nous les avons rencontrés immé- diatement au-dessous de l'hypoderme. Ceux des Abies (pl. 140, fig. 14) sont relativement plus petits, plus si- nueux, entourés de cellules moins nombreuses et situés plus avant dans l'intérieur de la tige. Mais nous laisserons les Abiétinées pour y revenir dans un moment et men- tionner alors les canaux résineux que la plupart de leurs genres présentent simultanément dans le bois et le paren- chyme cortical ou même ailleurs. Dans les Araucariées (genres Araucaria et Dammara), les canaux résineux se montrent dans le liber secondaire, où ils prennent une extension considérable, au milieu d'un tissu presque entièrement formé, comme nous l’a- vons vu, de cellules parenchymateuses boursoufflées. Notre figure 5, pl. 122, représente un de ces canaux vu à l’aide d’une coupe longitudinale et sous un grossissement d'environ trois cents fois. Chez les Araucariées il n’existe pas de canaux résineux dans une autre partie de la tige que la région libérienne. Il en est de mème chez les Cu- pressinées (1), mais avecdes différences de structure très- appréciables. Nos figures 9 et 10, pl. 1436, représentent les canaux résineux des Widdringtonia qui sont remarquables par leur étendue et dont la lacune centrale est générale- ment ovalaire dans le sens périphérique. Ces canaux rési- neux, dans les Wèddringtonia, aussi bien que chez les au- tres Cupressinées où ils sont pourtant moins visibles, occupent la région du liber secondaire (Voy. pl. 137, fig. 9, la coupe transversale d’un canal résineux du Chamaæcyparis Lawsoniana Parl., grossi 250 fois). (1) I faut en excepter les Thuyopsis et Juniperus qui ne possèdent de canaux résineux que dans le parenchyme cortical seulement. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 59 M. C.-E. Bertrand, dans son mémoire précité (1), a dé- erit la formation des canaux résineux dans le liber se- condaire des Cupressinées. Les cellules du parenchyme libérien amincissent d’abord leurs parois et sécrètent de la résine, mais comme le tissu dont elles font partie comprend aussi des fibres libériennes épaissies et des cel- lules grillagées, disposées par rangées et que les cellules devenues résineuses s'écartent, non pas seulement les unes des autres, mais des cellules grillagées dont la série leur est contiguë d’un côté, on voit assez souvent se for- mer un double appareil résineux sur les deux flancs 0p- posés d’une rangée médiane de fibres libériennes accom- pagnées d'éléments grillagés. L'espace lacunaire auquel ce travail donne lieu ressemble à une seule lacune que divi- serait par le centre une lame intermédiaire. Dans toutes les Conifères énumérées jusqu'ici, le bois est entièrement dépourvu de vrais canaux résineux. Ces or- ganes nese montrent dans la région ligneuse que chez les seules Abiétinées (ancien genre Pinus de Linné), mais avec des divergences et des exceptions qui ont fait bien souvent varier les auteurs dans leurs appréciations. Les Z'suga doivent être d’abord mis à part, puisque, à l'exemple des Taxus, ils n’ont de canaux résineux que dans les feuilles. D'après M. Van-Tieghem, les Cedrus, Abies et Pseudo- larix n'auraient de canaux ni dans le bois, ni dans le li- ber, ni dans la moelle de la tige, mais ils possèdent en revanche un canal résineux axile dans la moelle de la ra- cine, en mème temps que dans le parenchyme cortical de la tige. M. C.-E. Bertrand, dans son mémoire déjà cité, (1) Mém. sur l’Anatomie des Gnétacées et des Conifères, p. 131, pl. 12 fee: 60 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. affirme, au contraire, là présence des canaux résineux dans le bois secondaire de ces mêmes genres; mais en ajoutant qu'ils ne s’y rencontrent que dans les parties âgées et qu'ils peuvent même y manquer tout à fait. Les Picea et Pseudo-Tsuga, ainsi que les Larix et les Pinus n'ont plus de canal axile dans la racine; mais ils ont certainement des appareils résineux dans le bois, ainsi que dans le parenchyme de l'écorce. Seulement, chez les deux premiers de ces genres (Voy. pl. 142, fig. 5 un exemple du Picea Menziezii Carr.), les organes sécré- teurs nese montrent que dansle bois secondaire et un peu tard, tandis que chez les ZLarix et les Pinus ils, apparais- sent déjà dans le bois primaire et qu'ils existent aussi dans le bois secondaire ; c’est ce que montrent effectivement les figures relatives à ces deux genres que donnent nos plan- ches 142 et 143 (pl. 149, fig. 9,et pl. 143, fig. 5 et 6). Ainsi, latige des Pinus et des Larix, plus riche en résine que celles de toutes les autres Conifères, possède des ap- pareils sécréteurs de cette substance dans l'écorce, dans le hber secondaire, dans le bois primaire et secondaire, et en même temps le parenchyme ligneux s’y rencontre en plus grande abondance que partout ailleurs. Quelquefois même il y a pour ainsi dire excès de production rési- neuse dans ces mêmes genres, puisque, selon l’observation de M. C.-E. Bertrand, les cellules de certaines regions se déforment, après être demeurées minces et s'être cloison- nées horizontalement ; elles deviennent alors susceptibles de sécréter la résine et constituent toutes ensemble une nappe verticale de tissu glandulaire qui sert à réunir le plus souvent deux canaux résineux situés, l’un dans le bois secondaire, l’autre dans la partie attenante du liber (1). (1) Bertrand, Anatomie de Gné!acées et des Conifères, p. 71 et 72. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 61 Ce sont là pourtant des particularités maladives plutôt que l'indice d’une structure normale et distinctive, comme semble l’avoir pensé Gæppert (1) qui paraît avoir connu le phénomène sans en avoir saisi la véritable signification. Les notions que nous venons d'exposer relativement à la structure anatomique des tiges de Conifères se trou- vent résumées dans le tableau suivant. (1) Monogr. foss. Conif., p. 46. î —JDASUEHE SOHOIUP -ueq ua So9s0dsip SSNAUSI] S91qU S0P SOS —"(91QUEIP DOONLE | np ouStf ef Ans 0) Per op 1r2r4109 sosnanuls jo sooutut | ouwrAyouoied | stoed © sofnoo | oysuepsquosed op 99soduoo ‘ose |-de-sau xnou “cotssredo quowoponpeis stoied “Suf] NOTAXOXVI, AUOUOATEON OJOON }-1S92 xneuen f'Somuesisiod SuIOW no sunjd souuort srssetseese eee VAISMOL | * *'sosnonuis quou | — ‘sorssiedo J-AQIT S241qU {sonbuauydrad 39 Ssoperpeu -OeSIoAsURAJ Sos À'iuouopidersou ‘soqueu19qe SOUYPS U9 SANAISIP ‘SI01] -NoUaI[ Sal Sop -UOTIAQI SOIT Op AIqQuOou NE AOQIT NP sua TA — SOS — ‘sossreda “oprozadesy SUIOU n0 sn]d oSTaASTre] sioied % sonbap UO120S oun ® NOI] JUEUUOP SasNausi] -UIAD SOINI[09 0pP SOiqt{ — ‘sopsodiodns sopsuez sinols -njd no xnop u9o sogsodsip ‘s09[n9nat o9sodu09 ‘910119 quauout}-s941} SASSI, SOUL SIO1ed AUOMOANEOA 9100 | OGORU TS OO OO KE ù ACTE DA A RD 00 © 00 CE © sonbrip94[od 32 Sooutu "[UIPEI SU9S O[ SUBP SO98U0/[E SOHETNP stoied %® 994] O[[O0U 8[ 9p sapnpfo7 [2 SUOÂBI SOP SO[NII9) 'SAQUTUI — ‘| — *o$1) 2] SUEP XNOUISHL XNEULI 9p JUIOY — ‘AissIed9,s & SoJU] 70 LOIS -UauIp oprod Op SOUUHTHIAAI SAIT | *JUaLUATNAS [LIIIO09 ouAqouored 9] SUEP JUBIJUOU 9$S NO = #. 951} e[ op sJuasqe XNOUISAL XNEUBT) — *SasNo(lolf SOI Sa, Ans queñerd -sjuepuodsar10o9 RENTE -W9I SO NO S29[09418 suorenqouod xur JUOUO[LAIU9S S991J0SSV ‘SOUHOJ Sa[ISSOJ Saauor) REMISE -H]e2Sqns n0 Salvinune ‘sopeaids $9}J9[9 put 9p auMIOF Ua SUIS + ‘SAOIL SUAAT AU AAINOLVNY AHALONUIS VIT SAUdV SHHMAMINOD SH NOILVOIHISSNAS HNA.C | IVSSA “AIM NOTAXONIVOAVUV NOTAXOYMNI") eee ns c++ dun VUVANVA "''''1uS VIHANASTIVS ‘UOR] SNA T)OlIAN roses te *eSHHUIIUOD JUL] -IRJ NO SOnslu09 S,10918 R SUOIJEN -ouod op sopsurz € eubsnf à no oun J9 JUAUIOSSIONP9E,P SoU0Z sp ojedio -utid 097 Anof ns quejuasaid ‘sonbr stoted % ‘sapsododns so98uei g gnb -snf Jo ç ‘à ua sopsodsip sopnro9 e ‘jerpez SU9S 9 Suep SSUOI 19 S110179 SAJIR[NPAUT SUOÂE — *SOOUIU SION -ed ® ‘soubripaiod no sonbremstad -eustnid quaworqrez no sonbraipurp{o |‘sopueis soinf[oo op 29sodtu09 ‘o8xel ‘saxoAu09 ‘solssiedo sio4ed R SoiqiA ‘JUOUIAINOS AIPPUOI9S TI] NP UOISHI €] SULP XNOUISHI XNEU 87) — ‘fonmu J98JU09 Ana op ons Jed sogwnduwoo surow n6 sn Jo oouooumb ua Juawoigtn spi SOPUUOPIO SO9HISLNIA SOL ‘soupne so] Ans soun 607 quejorduo no sopyoouddei-sar sanbiun s019s sop s9[09 fSO[CIIJIOA S0H9S SAn9ISN[d nooun u9 s99S0d$1p 0910918 SUOENJOUOY vvxx COOLOUON CIO ETC OC OS ECO UE OCR) CEROO PONT À ES) Fete) fe) sa1}n8 SO] uy ®I eue -Hdu09 ‘soggynosinoq ‘sog[nongu stoied R ‘uoni9qu owAqouored np sa[ntr09 { SOSNOULLNIOA-SQ1Y 0988 SO[N[[99 {SIOABIR U9 SIDUUOSIOD J9 Solssteda JUOUWOIQIES SOUUIHYAIT SAIT “oplosdiipo ojesioasuea} odno09 oun & nat jueuuop ‘sasnonuts SUIOU no Snjd Jo soxaAuo9 stoied R SosnauSt[ SOIT — *sogsodiodns sop9g ur 0p a1qQUOu J1od un JUEUHO ‘SOSIE JUIWA[ESIOASUEA ‘[erpei SU9S 9 SUP S098u0IE J0 SaJI0119 SAIETNpaUu SUOÂBI S0P SoNIf9") — “sogpnornoi-sognqouod quoweuy ‘sooutu stoted e ‘sonbripoffod no sonb -Hneustid Sopn]09 9p 29s0dW09 ‘oS1I8, JULUOATEIOL OJ[OON ‘SUN QSYDS — “9811 E] 9p [8911109 owAqouored of 19 O[JOOU PJ SUEP XNOUISII XNEUCT) — *SOI[9,P ANOJNE 9098 Ud querqdoi 08 no 9[JUAIOJUI ANO[ SUEP JUEINO9 S9SNONUIS SOS Sp 484 sagipeouo ‘soutoe 19 Sosiedg JUOWOAIQINIQIIT S9P[ONIE SUOTJENJIUOT sx -sonbraguyduod 939 sojerper ‘soiannsai San19s ua s2sodsi1p a118pu099s 1941] np SOI — ‘so2sodiodns so[npo9 op sop8uet op o1quou 3nod un,nb jueÂe,u SHO119 SOITE[INPAU SUOÂEY —"Oue[N pau 1099, 8p auayduad 87 R sapnorgr no Saez XNBOSSIBA SOI) — *Sopnqouod quoweqdurs Ja soouru sto4ed & ‘sonbr “EWSHA NO S2IPUOLIE SO[NI[0 SopueiS 9p 9PUMOF 9/00 S22P0007/ A — *JUALUONOS 18911109 AUÂUO AUOLUOATITIOL O[I9ON *SAI2UDINVUIF — y D [0 FRS, SUV CAS CESR AC RICA NES. 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EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 129, fig. 1, Z'axus baccata L., fibres ligneuses striées et ponctuées, coupe longitudinale dans le sens des rayons médullaires, sous un grossissement d'environ 200 fois ; fig. 2, portion d’une fibre ligneuse de la même espèce, figurée à part pour montrer la disposi- tion des stries ; fig. 3, réunion de fibres ligneuses de la même espèce, sous le même grossissement, pour montrer l'aspect des ponctuations associées aux stries et la termi- naison en fuseau des cellules fibreuses. Fig.4, Cephalotaxzus Fortunei Hook., deux fibres ligneuses accolées montrant leur paroi, sous un grossissement d'environ 400 fois, pour faire voir les stries en forme de bandelettes donnant lieu à une disposition sub-sealari- forme, avec un très-petit nombre de ponctuations éparses, associées aux bandelettes; fig. 5, fibres ligneuses ponc- tuées etstriées de la même espèce, sous un grossissement d'environ 300 fois; fig. 5*, portion de ces mêmes fibres plus fortement grossie (400 diamètres) pour montrer l'aspect et la disposition des stries en forme de bandelettes trans- versales, qui paraissent caractériser le genre Cephalotaxus. Fig. 6, cellules de la moelle de la même espèce vues sous un grossissement de 300 fois, à l’aide d’une coupe trans- versale. Fig. 7, Torreya nucifera Sieb. et Zucc., fibres ligneuses, coupe longitudinale, parallèle aux rayons médullaires, sous un grossissement d'environ 300 fois; fig. 7, les mèmes grossies 400 fois, pour montrer les stries trans- versalement sinueuses qui couvrent la face des parois et sont accompagnées de quelques ponctuations éparses. Fig. 8, même espèce, coupe transversale des cellules de la moelle composée de cellules cylindriques ou obscuré- ment prismatiques, à parois épaissies ou même sclérifiées TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 73 jusqu’au centre, sous un grossissement de 300 fois; fig. 9, autre cellule de la même moelle, isolée et un peu plus grossie, pour montrer la structure des parois épaissies jusqu'au centre et chargées de ponctuation, avec des zones successives d’épaississement. Fig. 10, cellules d'un rayon médullaire de la même espèce, vues latéralement, sous un grossissement de 400 fois, pour montrer les ponc- tuations ou réticulations très-fines qui recouvrent les pa- rois. Fig. 11, coupe transversale des canaux résineux de la même espèce, observés dans le parenchyme corticai, sous un grossissement d'environ 300 fois. On voit, en 6e, les cellules sécrétrices qui entourent une lacune centrale L ; plusieurs d’entre elles colorées en noir paraissent contenir de la résine ; d’autres sont vides. PI. 130, fig. 1, Salisburia adiantifolia Sm. (Ginkgo br- loba L.), fibres ligneuses, coupe longitudinale, parallèle aux rayons médullaires, prise dans un bois de deux ans, sous un grossissement d'environ 200 fois; pour montrer la conformation convexo-sinueuse des parois et la dispo- sition caractéristique des ponctuations entremêlées de stries ; on remarque sur cette coupe les traces de deux rayons médullaires, formés chacun d'une double rangée de cellules superposées. Fig. 2, même espèce, coupe trans- versale des fibres ligneuses, sous un grossissement de 300 fois. On distingue sur cette coupe l’allongement de la plupart des fibres de la zone large dans le sens antéro- postérieur, tandis que les fibres de la partie étroite se trouvent allongées dans le sens inverse ; la largeur pro- portionnelle du rayon médullaire est aussi à considérer. Fig. 3, coupe longitudinale d’une partie de la moelle de la mème espèce, vers le pourtour de l’étui, sous un gros- sissement d'environ 200 fois. On distingue sur cette coupe : 74 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. en v un groupe de vaisseaux ponctués, en p les cellules du parenchyme médullaire, en € un canal résineux; fig. 4, coupe longitudinale du même parenchyme médullaire traversé par un autre canal résineux, sous un grossisse- ment d'environ 250 fois. On distingue sur celte coupe les parois ponetuées -réticulées des cellules de la moelle, leur forme prismatico-hexaédrique et les cellules plus petites, à parois lisses et amincies, qui entourent la lacune centrale remplie de résine; fig. 5, autres cellules de la moelle de la même espèce, également vues par côté, sous le même grossissement. Fig. 6 et 7, Phyllocladus trichomanoïdes Don, fibres li- gneuses d’un bois de trois à quatre ans, striées et ponc- tuées, d’après une coupe longitudinale, sous un grossisse- ment d'environ 150 fois ; fig. 8*, 8?, 8°, 81, fibres ligneuses de la même espèce considérées isolément, sous un grossis- sement d'environ 200 fois, pour montrer les amas de ponc- tuations agglomérées çà et là sur les parois. Fig. 9, réunion de vaisseaux de la même espèce, considérés sur le pourtour de la région médullaire, d'après une coupe lon- gitudinale, sous un grossissement d'environ 300 à 350 fois. On distingue sur cette coupe, en p, les cellules du paren- chyme médullaire, en v des vaisseaux rayés et réticulés, puis en f des fibres ponctuées, dont les ponctuations paraissent irrégulièrement distribuées; fig. 9°, ces der- nières fibres représentées sous un très-fort grossisse- ment (1%). PI. 131, fig. 1, Dammara Brown (in Catal. of. the nat. and industr. prodr. etc.), Dammara robusta CG. Moor., bois de deux ans, coupe longitudinale de la région médullaire montrant la forme et la disposition des cellules, sous un grossissement de 150 fois. On voit, en v, un groupe de TERRAIN JURASSIQUE, —— VÉGÉTAUX. 75 vaisseaux spiralés (trachées), situés sur le pourtour de l’étui. Fig. 2, fibres ligneuses de la même espèce, coupe longitudinale parallèle aux rayons médullaires, sous le même grossissement. On aperçoit sur cette coupe les traces de deux rayons médullaires et les zones d’épaissis- sement des fibres ponctuées, dont les ponctuations aréo- lées sont disposées sur une file unique et très-serrées. Fig. 3, Dammara australis Lamb., coupe transversale des fibres ligneuses avec rayon médullaire, sous un grossisse- ment de 300 fois. On distingue, en 7, le rayon médullaire, en /, les fibres larges et, en c, les fibres étroites du cercle annuel. Fig. 4, fibres ligneuses de la même espèce, très- grossies (*%), pour montrer l’aspect des ponctuations aréo- lées et leur disposition en une double rangée alternante, ainsi que le contour des aréoles contiguës, mais non com- primées-polyédriques. Fig. 5, Dammara robusta CG. Mocr., bois de deux ans, coupe longitudinale parallèle aux rayons médullaires, comprenant les régions corticale et libérienne, ainsi que la partie attenante de la région ligneuse, sous un grossissement d'environ 150 fois. On distingue sur cette coupe, en /, les fibres ligneuses larges et, en e, les fibres étroites du cercle annuel, en c, la couche cambiale, située au point de jonction des régions ligneuse et libérienne, en l, la région du liber, en p, le parenchyme cortical et enfin en k, le tégument épidermique qui sert d’enveloppe à la tige. Vers la partie inférieure de la région ligneuse se mon- trent deux rayons médullaires qui vont se perdre dans la région cambiale et ne pénètrent pas dans le liber, comme on le voit chez d’autres Conifères; fig. 6, autre coupe lon- gitudinale, parallèle aux rayons médullaires de la même espèce et de la même région, même grossissement. On dis- tingue sur cette coupe, en ec, les traces d’un canal rési- 76 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. neux situé vers les confins extérieurs du liber ancien ou liber secondaire. PI: 132, fig. 4, Araucaria excelsa R. Br., bois de trois ans, fibres ligneuses, coupe longitudinale parallèle aux rayons médullaires, sous un grossissement d'environ 200 fois, pour montrer la disposition des ponctuations en plusieurs rangées alternantes et contiguës, à aréoles com- primées-hexagonales, ainsi que l'épaississement des parois fibreuses au contact des rayons médullaires, dont la trace est visible vers le haut de la figure; fig. 2, autre coupe des fibres ligneuses de la même espèce, avec rayon médullaire, sous un grossissement d'environ 150 fois. Sur celte coupe les ponctuations se montrent disposées sur une seule file et empiétant l’une sur l’autre, plus rarement sur deux rangées ; le rayon médullaire n’a qu'une rangée unique de cellules et laisse voir l'ornementation réticulée de ses parois et l’épaississement des parois fibreuses à leur point de contact avec le rayon; fig. 3, autre coupe des fibres ligneuses de la même espèce dont les parois sont très- épaisses et les ponctuations aréolées disposées en file unique, se recouvrant mutuellement ; fig. 3* et 3», fibres ligneuses etisolées de la mème espèce, sous un grossisse- ment un peu plus fort, pour montrer les zones d’épaissis- sement des parois eellulaires et la disposition des ponc- tualions aréolées. Fig. 4, même espèce, groupe de vaisseaux spiralés, réticulés, puis ponctués, passant gra- duellement de l’une à l’autre de ces structures, vus sous un grossissement d'environ 200 fois, dans le voisinage de la région médullaire. Fig. 5, Araucaria Bidwilii Hook., coupe longitudinale parallèle aux rayons médullaires de la région libérienne, sous un grossissement de 300 fois, montrant, en e, tout un ensemble de cellules constituant TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. U#4) un canal résineux. Fig. 6, Araucaria imbricata Pav., bois âgé, coupe longitudinale de deux fibres ligneuses, vues sous un grossissement de 300 fois pour montrer l'aspect et la disposition des ponctuations en plusieurs rangées étroitement accolées et régulièrement hexagonales par suite de la compression mutuelle des aréoles. Fig. 7, même espèce, coupe transversale des fibres ligneuses, sous un grossissement de 300 fois, avec rayon médullaire. Sur cette coupe, on distingue, en 7, le rayon médullaire, en /, les fibres larges et, en e, les fibres étroites du cercle annuel. 11 faut encore remarquer la courbure des parois cellulaires fortement repliées et sinueuses. ; PI. 133, fig. 1, Podocarpus chilina Rich., bois de quatre à cinq ans, fibres ligneuses avec trace de rayon médul- laire, coupe longitudinale, parallèle aux rayons médul- laires, sous un grossissement d'environ 150 fois. Fig. 2, Podocarpus Sp., bois de trois ans, coupe longitudinale d’une fibre ligneuse, vue sous un grossissement d'environ 200 fois, pour montrer la disposition des ponctuations aréolées, distribuées irrégulièrement sur la face princi- pale de la paroi fibreuse. Fig. 3, Podocarpus chilina Rich., bois de quatre à cinq ans, plusieurs rayons médullaires dessinés isolément des fibres, pour montrer la structure des prolongements ou appendices qui courent de l’un à l’autre dans le sens vertical, en rampant contre les fibres ligneuses (rayons concentriques de Gæppert), sous un gros- sissement d'environ 300 fois. Fig. 4, même espèce, coupe longitudinale de la moelle, sous un grossissement de 150 fois, pour montrer la forme et la disposition, ainsi que le mode de ponctuation des parois des cellules mé- dullaires; fig. 5, plusieurs cellules médullaires de la même espèce, vues sous un grossissement de 300 fois, pour mon- 78 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. trer l'aspect ponctué et les inégalités de leurs parois. Fig. 6, Dacrydium elatum Rich., bois de trois à quatre ans, rayon médullaire, grossi 300 fois, avec les épaissis- sements sinueux des parois cellulaires. Ce rayon se trouve composé de deux rangs de cellules. Fig. 7, Arthrotaxis cupressoides Don, coupe longitudinale des fibres ligneuses dans le sens des rayons médullaires, sous un grossissement de 150 fois ; fig.8et 9, fibres ligneuses dela même espèce, grossies 400 fois, pour montrer la forme et la disposition des ponctuations aréolées. Fig. 10, coupe trans- versale des fibres ligneuses de la même espèce, sous un grossissement d'environ 300 fois. On distingue, comme précédemment, sur cette coupe, les fibres larges, les fibres étroites et, au milieu d'elles, un rayon médullaire, avec les ponetuations visibles des parois de ses cellules. Fig. 11, même espèce, coupe longitudinale de la région médul- laire, comprise dans son étui, sous un grossissement de 150 fois, pour montrer la forme et la disposition des cel- lules médullaires des Arthrotaxis. Fig. 12, coupe trans- versale d'une partie de la même région, avec l’origine de plusieurs rayons médullaires, sous le même grossissement. PI. 134, fig. 1, Arthrotaxis cupressoides Don, bois âgé, coupe longitudinale, parallèle à l'écorce, transversale par rapport aux rayons médullaires, pour montrer la forme et la disposition de ceux-ci, comprenant 2-4 rangées de cel- lules superposées, et réunis entre eux çà etlà par une sorte de parenchyme ligneux, en partie sclérifié, sous un gros- sissement de 300 fois. On distingue sur cette coupe, en”, les rayons médullaires qui sont des plus étroits, en /, les fibres ligneuses avec leurs ponctuations, et, enp, le paren- chyme ligneux, en partie selérifié, qui court d’un rayon médullaire à un autre. C'est à ce parenchyme, qui sert TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 79 souvent à emmagasiner la résine, que M. Gæœppert avait donné le nom de canaux résineux simples, par opposition aux Canaux résineux proprement dits, qu’il nommait ca- nauxz résineux composés. Fig. 2, Sequoia gigantea Torr., bois de dix à douze ans, coupelongitudinale ettransversale des fibresligneuses, sous un grossissement d'environ 200 fois, pour montrer la struc- ture et la disposition des rayons médullaires par rapport aux fibres ligneuses qui, dans cette coupe, présentent leur face latérale. Fig. 3, Sequoia sempervirens Lamb., bois de trois ans, fibres ligneuses avec rayon médullaire, coupe longitudinale parallèle aux rayons médullaires, sous un grossissement de 150 fois environ. Fig. 4, parois des fibres ligneuses de la même espèce, vues sous un très-fort gros- sissement (*%), pour montrer la forme et la disposition des ponctuations aréolées des Sequoia; l'une d'elles, à gauche, est distinctement perforée. Fig. à, coupe transver- sale des fibres ligneuses de la même espèce, sous un gros- sissement de 300 fois, montrant, comme précédemment, les fibres larges, les fibres étroites du cercle annuel et, au milieu d'elles, le trajet d’un rayon médullaire vu par dessus. Fig. 6, Sequoia gigantea Torr., bois de quatre ans, fibres ligneuses, coupe longitudinale, parallèle aux rayons médul- laires, avec rayon, sous un grossissement de 150 fois, pour montrer l’aspect et la disposition des ponetuations aréo- lées. Fig. 7, même espèce, coupe longitudinale de la région médullaire entière, sous un grossissement d'environ 150 fois, pour montrer la faible étendue de cette région. Fig. 8, Cryptomeria japonica Don, bois de 2 ans, coupe longitudinale, tangentielle aux rayons médullaires, des fibres ligneuses, sous un grossissement de 160 fois, pour montrer la disposition des ponctuations aréolées, réunies 80 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. assez souvent par une strie sinueuse, en forme de linéa- ment, qui court de l’une à l’autre. Fig. 9, même espèce, deux cellules radiales, vues sous un grossissement de 400 fois, pour montrer le mode d’ornementation des parois, PI. 435, fig. 4, Zaxodium distichum Rich., bois âgé, fibres ligneuses vues par leur face principale, sous un grossisse- ment de 300 fois, pour montrer la disposition des ponc- tuations aréolées en plusieurs files, qui se correspondent dans le sens horizontal et le plus souvent d’une fibre à l’autre. Fig. 2, coupe transversale des fibres ligneuses de la mème espèce, sous un grossissement d'environ 300 fois, pour montrer les sinuosités des parois des fibres larges et leur extrême disproportion par rapport aux fibres étroites. On voit, comme précédemment, sur cette coupe un rayon médullaire qui passe à travers les fibres. Fig. 3, même espèce, coupe longitudinale tangentielle aux rayons mé- dullaires, qui montre, en p, du parenchyme ligneux très- simple associé aux fibres ligneuses, sous un grossissement de 300 fois. On distingue sur cette coupe la ponctuation des parois des cellules parenchymateuses, qui sont allon- gées, superposées en file unique et cloisonnées en travers; c'est à ce parenchyme, assez fréquemment répandu dans le ligneux des Z'axodium et Cryptomeria que M. Gæœppert avait appliqué la dénomination impropre de canaux rési- neux simples. Fig. 4, même espèce, bois de trois ans, coupe longitudinale de la région médullaire entière, avec son étui formé, à droite et à gauche, de vaisseaux spiralés, pour montrer la forme et la disposition des cellules médul- laires des Zaxodium, sous un grossissement de 150 fois; à droite, en arrière des vaisseaux spiralés, on aperçoit un groupe de trois vaisseaux ponctués ; l’un d’eux est grossi jusqu’à 200 fois par la figure 4*, Fig. 5, même espèce, TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 81 coupe transversale des mêmes cellules médullaires, pour servir à la démonstration de leur forme cuboïde. Fig. 6, même espèce, coupe transversale du vieux liber secon- daire, jusques et y compris les régions corticale et épider- mique, sous un grossissement d'environ 200 fois. On voit sur cette coupe, en allant de l'extérieur à l'intérieur, au- dessous de l’épiderme et des cellules épaissies de l'hypo- derme, le vieux liber secondaire, dans lequel il est aisé de distinguer des rangées alternantes, un peu confuses sur certains points, de fibres libériennes, f, et de cellules du parenchyme libérien, p,etau milieu, un peu en arrière, des cellules plusgrandes, e,visiblementhypertrophiées, à parois minces, auxquelles viennent aboutir les prolongements des rayons médullaires qui, chez les Taxodium, pénètrent jusque dans l'écorce. En arrière du vieux liber secondaire, on aperçoit les rangées plus régulièrement alternes des fibres libériennes et des cellules du parenchyme libérien, disposées en séries radiales el périphériques. Cette orga- nisation parait caractéristique des Z'axodium, chez lesquels il n’existe pas trace de canaux résineux dans la région du liber. Fig. 7, Glyptostrobus heterophyllus Endi., bois de trois ans, coupe longitudinale, tangentielle aux rayons médullaires, des fibres ligneuses, sous un grossissement d'environ 150 à 200 fois, pour montrer la forme et la disposition des ponctuations aréolées. On distingue sur cette coupe trois rayons médullaires successifs; aeux d’entre eux à une seule rangée, l’inférieur comprenant deux rangées de cel- lules radiales superposées. PI. 436, fig. 1, Glyptostrobus heterophyllus Endl., bois de trois ans, coupe transversale des fibres ligneuses, sous un grossissement de 350 fois. Fig. 2, même espèce, coupe Ile. Sér. Vécéraux. — Il, 6 82 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. transversale d’un canal résineux situé dans la région du vieux liber secondaire et formé d’une lacune centrale, entourée de cellules à parois minces, disposées circulaire- ment, sous un grossissement d'environ 300 fois. Fig. 3, même espèce, coupe longitudinale, tangentielle aux rayons de l’étui médullaire et de la partie de la moelle immédia- tement contiguë, sous un grossissement de 300 fois. On distingue sur cette coupe, en allant de gauche à droite, en f, des fibres à ponctuations aréolées, puis, en v, des vais- seaux spiralés, et enfin, en €, les cellules de la moelle, dis- posées en trois rangées verticales successives, avec leurs parois finement ponctuées-réticulées, Fig. 4, Widdringtonia cupressoides Endl., bois âgé, coupe longitudinale, tangentielle aux rayons médullaires, mon- trant le parenchymeligneux, p, associé aux fibres ligneuses dans le bois, sous un grossissement de 300 fois. Fig. 5et6, même espèce, bois de trois ans, coupe longitudinale, tan- gentielle aux rayons médullaires, des fibres ligneuses, pour montrer l'aspect et la disposition des ponctuations aréo- lées, sous un grossissement de 150 fois. La figure 6 fait voir un rayon médullaire formé de deux rangées superpo- sées de cellules étroites. Fig. 7, même espèce, bois de trois ans, coupe longitudinale de la région médullaire, pour montrer la forme et la disposition des cellules de la moelle et les ponctuations de leurs parois, sous un grossissement d'environ 200 fois. Fig. 8, mêmeespèce, coupe transversale d'une partie de la moelle, avec l’origine des rayons médul- laires, sous un grossissement d'environ 150 fois. Fig. 9, même espèce, bois âgé de plusieurs années, coupe trans- versale d’un canal résineux situé dans la région du liber secondaire, sous un grossissement d'environ 150 fois. Ce canal est formé d'une lacune très-large, transversalement TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 83 x ovalaire, cernée de cellules à parois minces, en partie résinifiées et accompagnéesde fibres libériennes épaissies. Fig. 10, même espèce, bois de trois ans, coupe longitudi- nale d’un canal résineux, situé dans la région libérienne, sous un grossissement de 100 fois. PI. 137, fig. 1, Widdringtonia cupressoides Endl., bois âgé de plusieurs années, coupe transversale des fibresligneuses, sous un grossissement de 300 fois. On distingue sur cette coupe, comme dans les précédentes, les fibres larges et les fibres étroites du cercle annuel et, au milieu d'elles, un rayon médullaire dont les cellules ont leurs parois légè- rement ponctuées. Les fibres ligneuses sont remarquables par leur forme cylindroïde, l'épaisseur de leurs parois et leur dimension réduite. Fig. 2, même espèce, bois âgé de plusieurs années, coupe transversale du vieux liber secon- daire, vu sous un grossissement de 400 fois et montrant la disposition relative des trois éléments du liber : en 15,16 fibres libériennes, en p, les cellules du parenchyme libé- rien, la plupart sclérifiées, en g, les cellules grillagées comprimées par suite du développement graduel des deux autres éléments et tendant à disparaître tout à fait. Ces trois éléments, d’abord disposés en séries alternantes régulières, se trouvent déjà associées avec un cer- tain désordre dans le liber secondaire plus ou moins âgé. Fig. 3, Chamæcyparis Lawsoniana Parl., bois de cinq à six ans, Coupe longitudinale, tangentielle aux rayons médullai- res, des fibres ligneuses, sous un grossissement de 300 fois, pour montrer l’aspect et la disposition des ponctuations aréolées ; fig. 4, même espèce, autre coupe longitudinale des fibres ligneuses sous le même grossissement ; fig. 5, même espèce, trois ponctuations aréolées, vues sous un 84 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. grossissement de 400 fois. Fig. 6, même espèce, fibres légèrement striées et irrégulièrement ponctuées, associées quelquefois aux fibres ponctuées ordinaires, sous un gros- sissement de 400 fois. Fig, 7, même espèce, coupe trans- versale des fibres ligneuses, sous un grossissement de 300 fois. On distingue aisémentsur cette coupe les fibres larges et les fibres étroites du cercle annuel. Fig. 8, même espèce, coupe transversale de la région médullaire, avec l’origine des rayons, sous un grossissement de 300 fois, pour mon- trer la forme et la disposition des cellules médullaires, à parois épaisses et légèrement ponctuées, des Cupressinées. rig. 9, même espèce, coupe transversale d’un canal rési- neux, situé dans la région libérienne, sous un grossissement de 250 fois. Ce canal se compose d’une lacune centrale, de dimension médiocre, autour de laquelle se trouvent irré- gulièrement groupées les cellules à parois amincies et de grandeur inégale, qui sécrètent la résine. Fig. 10, même espèce, rayon médullaire formé de plusieurs rangées de cellules radiales superposées, vu par côté, sous un grossis- sement de 300 fois. Plusieurs cellules laissent entrevoir les ponctuations et réticulations fines de leurs parois; fig. 41, même espèce, plusieurs cellules radiales vues sous un grossissement de 400 fois, pour montrer l'ornementation des parois cellulaires. Fig. 12, Libocedrus chilensis Endl., deux fibres ligneuses, vues par leur face principale, tangentielle aux rayons médullaires, sous un grossissement de 300 fois, pour montrer l'aspect et la disposition des ponctuations aréo- lées ; fig. 13, même espèce, autre fibre ligneuse montrant deux ponctuations aréolées, sous un grossissement de 400 fois. Fig. 44, même espèce, coupe transversale de la région médullaire, pour montrer la forme et la disposition des TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 85 cellules de la moelle, qui sont prismatiques, sub-arron- dies, à parois épaisses ; quelques-unes d’entre elles parais- sent sclérifiées. Fig. 45, Callitris quadrivalvis Vent., coupe transversale des fibres ligneuses, sous un grossissement de 300 fois. Sur cette coupe, les fibres larges et les fibres étroites du cerele annuel se distinguent par de faibles différences de dimension relative. Fig. 16, Juniperus flaccida Sch1., bois âgé de plusieurs années, coupe transversale des fibres ligneuses, sous un grossissement de 400 fois ; on distingue aisément sur cette coupe les fibres larges et les fibres étroites du cercle annuel. PI. 138, fig. 1, Zhuyopsis dolabrata Sieb. et Zuce., bois de trois ans, coupe longitudinale, tangentielle aux rayons médullaires, des régions corticale, libérienne et de la partie contiguë de la région ligneuse, sous un grossissement d'environ 150 fois. On distingue sur cette coupe, en allant de droite à gauche et de l’intérieur à l'extérieur, d'abord deux cercles annuels successifs avec leurs fibres larges /, leurs fibres étroites e, et plusieurs rayons médullaires petits et à une seule rangée de cellules ; en €, la couche cambiale, située au point dejonction des régions ligneuse et libérienne ; en /, la région du liber; en p, le parenchyme cortical, et finalement, en k, les téguments épidermique etsous-épidermique ou hypoderme. Fig. 2, même espèce, coupe longitudinale de la région médullaire, sous un gros- sissement de 150 fois, pour montrer la faible étendue rela- tive de cette région, la forme et la disposition des cellules dont elle est composée. L'étui qui la limite comprenu surtout des vaisseaux spiralés. Fig. 3, même espèce, coupe longitudinale de plusieurs cellules de la moelle, vues sous un grossissement de 400 fois, pour montrer les ponctua- 86 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. tions transversalement elliptiques de leurs parois et leur forme cylindroïde. Fig. 4. Juniperus flaccida Schl., bois âgé de plusieurs années, coupe longitudinale, tangentielle aux rayons mé- dullaires, des fibres ligneuses, sous un grossissement de 300 fois, pour montrer l'aspect de la disposition des ponc- tuations aréolées, ordonnées en file unique et très-serrées. On distingue sur cette coupe un rayon médullaire formé detrois rangées de cellules superposées ;fig.4*, deux ponc- tuations aréolées dessinées isolément, sous un grossisse- ment d'environ 400 fois. Fig. à, même espèce, coupe transversale du liber secondaire, sous un grossissement de 350 à 400 fois, pour montrer la disposition régulière, en séries alternantes, radiales et périphériques, des trois éléments du liber. On distingue très-aisément sur cette coupe : en /, les fibres libériennes ; en p, les cellules du parenchyme libérien et, en g, les cellules grillagées, par- tiellement comprimées par suite du développement pro- gressif des deux autres éléments. Fig. 6, Sicadopitys verticillata Sieb. et Zucc., bois de trois ans, Coupe longitudinale, tangentielle aux rayons médul- laires, des fibres ligneuses, sous un grossissement de 1450 fois, avec deux rayons médullaires, composés chacun de deux rangées de cellules superposées, pour montrer l'aspect et la disposition des ponctuations aréolées. Fig. 7, même espèce, coupe transversale des fibres ligneuses, sous un grossissement de 300fois, montrantlaforme caractéristique des fibres qui donnent lieu à un plan ellipsoïde comprimé dans le sens périphérique, dont les parois sont épaisses et qui offrent peu de différences entre les catégories large et étroite ducercleannuel.Fig.8, même espèce, fibresligneuses irrégulièrement ponctuées, à parois finement et faiblement TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. S7 striées, associées çà et là aux fibres ponctuées dans le bois de Sciadopitys, sous un grossissement de 400 fois. Fig. 9, même espèce, partie d’un rayon médullaire, sous un grossissement de 400 fois, pour montrer les ponctua- tions solitaires et très-grandes, analogues à celles du Pinus, qui occupent chaque paroi cellulaire et paraissent caractériser le bois des Sczadopitys. Fig. 10, même espèce, coupe longitudinale de plusieurs cellules de la moelle, montrant les ponctuations de leurs parois, sous un gros- sissement de 150 fois; fig. 11,même espèce, coupe trans- versale des mêmes cellules, pour montrer leur forme ir- régulièrement prismatique. PI. 139, fig. 4, Cunninghamia sinensis R. Br., bois de deux ans, coupe longitudinale, tangentielle aux rayons médullaires, des fibres ligneuses, sous un grossissement d'environ 150 fois. On distingue sur cette coupe trois rayons médullaires, chacun à une seule rangée de cellules à parois légèrement sinueuses. Fig. 2, mème espèce. par- tie d’un rayon médullaire, vu sous un grossissement de 400 fois, pour montrer l’ornementation et la ponctuation des parois. Fig. 3, même espèce, partie d’un autre rayon médullaire, formé de deux rangées de cellules, sous un grossissement de 400 fois, pour montrer la réticulation des parois. Fig.4, même espèce, coupe longitudinale, tan- gentielle aux rayons médullaires, montrant quatre fibres ligneuses contiguës, diversement striées et ornementées en spirale. Ces sortes de fibres se trouvent associées cà et là aux fibres à ponctuations aréolées, dansle bois de Cun- ninghamia, et lui donnent une ressemblance sensible avec celui de la plupart des Abiétinées. Fig. 5, même espèce, coupe transversale d’une partie de la région médullaire, sous un grossissement d'environ 200 fois, pour montrer 88 J'ALÉONTOLOGIE FRANCAISE. la forme cylindrique des cellules de la moelle. Fig. 6, même espèce, coupe longitudinale des mêmes cellules, pour montrer la forme allongée et les ponctuations fines de leurs parois, qui sont relativement minces. Fig. 7, même espèce, coupe longitudinale d’un canal résineux, situé vers la périphérie de la région libérienne, sous un grossissement de 200 fois. Fig. 8, même espèce, coupe transversale d'un autre canal résineux, situé dans la même région, sous un grossissement d'environ 250 fois. Fig. 9, même espèce, coupe transversale du liber secondaire, sous un grossissement de 400 fois. On distingue sur cette coupe les cellules hypertrophiées du parenchyme libérien qui ont comprimé fortement ou éliminé la plupart des au- tres éléments, y compris les fibres libériennes, dont une seule reste visible dans le milieu de la coupe. La lettre L marque le commencement d'une grande lacune et corres- pond au côté extérieur de la tige. P1. 140, fig. 1, Zsuga canadensis Carr., bois de einq à neuf ans, coupe longitudinale, tangentielle aux rayons médul- laires, des fibres ligneuses, sous un grossissement de 300 fois, pour montrer l'aspect et la disposition des ponc- tuations aréolées ; fig. 2, même espèce, deux ponctuations aréolées figurées séparément, sous un grossissement de 400 fois. Fig. 3, Tsuga Brunoniana Carr. (Abies dumosa Loud.), bois de cinq ans, fibres ligneuses, striées et irrégulièrement ponctuées, associées cà et là aux fibres ponctuées ordi- naires, sous un grossissement de 400 fois. Fig. 4, même espèce, portion d'un rayon médullaire, vue sous un gros- sissement de 400 fois, pour montrer l’ornementation ré- ticulée et les nodulosités fines des parois. Fig. 5, Tsuga canadensis Carr., bois de cinq à six ans, TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGETAUX. 89 portion d'un rayon médullaire, grossie 400 fois, pour montrer la réticulation des parois cellulaires. Fig. 6, Zsuga Brunoniana Carr., bois de cinq ans, coupe transversale d’une partie de la région médullaire, avec l’origine des rayons et la partie attenante du ligneux, sous un grossissement de 300 fois. On distingue sur cette coupe : en »”, les cellules de la moelle, à parois minces et légèrement sinueuses ; en n,les vaisseaux spiralés et autres ; en », l'origine des rayons médullaires ; en /, les fibres ligneuses. La moelle entière compte quinze cel- lules sur la ligne du diamètre et celui-ci mesure en totalité un quart de millimètre. Fig. 7, même espèce, coupe lon- gitudinale de plusieurs cellules de la moelle, sous le même grossissement, pour montrer leur forme irréguliè- rement cylindrico-cuboïde. Leur diamètre moyen réel mesure environ un centième de millimètre. Fig. 8, Abies pinsapo Boiss., bois de sept à huit ans, coupe longitudinale, tangentielle aux rayons médullaires, des fibres ligneuses, sous un grossissement de 300 fois, pour montrer la forme et la disposition des ponctuations aréolées, formant tantôt une seule rangée verticale, tan- tôt placées deux par deux, à des hauteurs égales, sur la face d’une même fibre. On distingue sur cette coupe : en a a, deux ponctuations visiblement perforées dans le centre et, à gauche, en p, une fibre étroite, cloisonnée en travers qui se rapporte à du parenchyme ligneux impar- faitement développé. Fig. 9, même espèce, réunion de fibres ligneuses striées en spirale et irrégulièrement ponc- tuées, fréquemment associées aux fibres ponctuées ou les remplaçant dans certaines parties du bois, vues par leur face tangentielle aux rayons médullaires, sous un grossis- sement de 300 fois. Fig. 10, même espèce, autre fibre 90 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. striée en spirale, grossie 400 fois; fig. 11, même espèce, partie d’une autre fibre marquée sur les parois de bosse- lures et de réticulations sinueuses, sous un grossissement d'au moins 400 fois. Fig. 12, Abies cilicica Ant. et Kotsch., bois de quatre ans, Coupe transversale d'une partie de l'étui médul- laire et de la région ligneuse attenante, sous un grossisse- ment de 300 fois. On distingue sur cette coupe : en »”, les cellules de la moelle qui sont grandes, arrondies ou polygonales et à parois minces; en 7, le commencement des rayons médullaires ; en p, les fibres ligneuses. Entre les fibres ligneuses et les cellules de la moelle se trouve la zone occupée par les vaisseaux et trachées. Fig. 13, même espèce, coupe longitudinale des cellules de la moelle, sous un grossissement de 300 fois, pour montrer la forme en cylindre plus ou moins court ou allongé de ces cellules et les ponctuations transversalement ellipti- ques de leurs parois. Fig. 14, même espèce, coupe trans- versale d’un Canal résineux dont la lacune centrale, irré- gulièrement sinueuse, paraît remplie de la résine sécrétée par les cellules qui cernent la lacune. Ce canal, observé vers la périphérie extérieure de la région libérienne, est vu sous un grossissement de 300 fois. PI. 141, fig. 1, Cedrus Libani Barr., bois de douze ans, coupe longitudinale, tangentielle aux rayons médullaires, des fibres ligneuses, sous un grossissement d'environ 150 fois, pour montrer la disposition des ponctuations aréolées. On distingue, sur cette coupe, un rayon médul- laire composé de trois rangées de cellules courtes et de petite taille, des fibres larges et d’autres plus étroites, sur la gauche, dont les ponetuations sont dépourvues d'aréo- les. Fig. 2, Cedrus deodara Roxb., bois de onze à douze ans, TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 91 groupe de fibres ligneuses striées en spirale et présentant des amas de réticulations irrégulières, des fentes obli- ques et des éraillures, sous un grossissement de 400 fois. Ces sortes de fibres sont associées aux fibres ponctuées ordinaires et fréquentes dans certaines parties du bois; elles se montrent de même dans le Cedrus Libani. Fig. 3, même espèce, coupe transversale des fibres ligneuses, donnant lieu à un contour en trapèze et remarquables par l’épaisseur relative de leurs parois, sous un grossisse- ment de 300 fois. On distingue aisément sur cette coupe les fibres larges, les fibres étroites et un rayon médullaire étroit formé de cellules sinueuses, très-inégales, en 7. Fig. 4, même espèce, coupe transversale du liber secon- daire, sous un grossissement de 300 fois. On distingue sur cette coupe, en 7, un rayon médullaire prolongé; le liber se compose ici exclusivement de cellules du paren- chyme, p, boursouflées, entremèêlées de cellules grillagées, g, plus ou moins comprimées. Point de vestiges des fibres libériennes qui sont promptement éliminées du Liber, dans le genre Cedrus, ainsi que dans les autres Abiétinées. Une partie des cellules du parenchyme, teintées de noir, se trouvent plus ou moins selérifiées, caractère que nous rencontrerons aussi dans la moelle. Le côté gauche de la figure correspond à l'extérieur de la tige; fig. 4, une partie du même liber, sous un plus fort grossissement; mêmes lettres que dans la figure précédente. Les cellules dont l'intérieur est teinté de noir sont sclérifiées. Fig. 5, même espèce, coupe transversale du centre de la région médullaire, sous un grossissement de 300 fois, pour mon- trer la forme arrondie du contour des cellules, dont les parois sont relativement épaisses et dont plusieurs sont sclérifiées. Fig. 6, Cedrus Liban Barr., coupe longitudi- 92 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. nale de quelques-unes des cellules de la moelle, pour montrer la forme cylindrique ou faiblement prismatique allongée et la ponctuation de leurs parois ; quelques-unes de ces cellules sont sclérifiées, c'est-à-dire remplies de ré- sine coagulée. Fi cinq ans, groupe de fibres ligneuses striées en spirale et = g. 7, Pseudo-Tsuga Douglasii Carr., bois de quatre à irrégulièrement ponctuées, sous un grossissement de 400 fois; fig. 8, même espèce, autre groupe de fibres li- gneuses, marquées de stries annulaires, disposées en tra- vers et irrégulièrement ponctuées, sous un grossissement de 400 fois; fig. 9, même espèce, autre groupe de fibres ligneuses, marquées de stries trausversales et irrégulière- ment ponctuées. Ces trois sortes de fibres ligneuses se trouvent fréquemment associées aux fibres ponctuées or- dinaires dans le bois des Pseudo-Tsuga, ou les remplacent totalement dans certaines parties. Fig. 10, même espèce, coupe transversale des fibres ligneuses, sous un grossis- sement de 300 fois. On distingue sur cette coupe les fibres larges et les fibres étroites, et au milieu d'elles le par- cours d'un rayon médullaire, des plus étroits. Les fibres ligneuses donnent lieu à un diagramme à quatre ou cinq pans et présentent des parois d’une épaisseur relativement considérable. Fig. 11, même espèce, coupe transversale du liber secondaire composé, comme chez les autres Abié- tinées, de deux éléments : les cellules du parenchyme li- bérien, p, séparées les unes des autres par des cellules grillagées, g, fortement comprimées et sur le point d’être totalement éliminées. Le côté gauche de la figure cor- respond à l'extérieur de la tige. Fig. 12, même espèce, coupe longitudinale de la moelle, vers le pourtour de cette région, sous un grossissement de 300 fois, pour TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 93 montrer la forme en cylindre sub-prismatique allongé, des cellules médullaires, »m, à parois finement ponctuées- réticulées. A gauche, en 7, on distingue trois vaisseaux spiralés ou trachées. Fig. 13, mème espèce, coupe trans- versale d'une partie de la moelle, sous un grossissement de 300 fois, pour montrer la forme du contour des cel- lules médullaires et l'épaisseur relative de leurs parois, PI. 142, fig. 1, Picea morinda Link (Abies Smithiana Forb.), bois de cinq ans, coupe longitudinale, parallèle aux rayons médullaires, sous un grossissement de 300 fois, pour montrer un exemple de parenchyme ligneux bien développé et associé dans le bois à des fibres ligneuses striées, pareilles à celles que représente la figure 2, sous un plus fort grossissement. Fig. 2, même espèce, fibres striées en travers, sub-scalariformes et irréguliè- rement ponctuées, associées en grand nombre, dans le Picea morinda, aux fibres ponctuées, ordinaire ou rem- plaçant celles-ci dans certaines parties du bois, sous un grossissement de 400 fois. Fig. 3, Picea excelsa Link (Abies excelsa D. C., Pinus picea Parl., in D. C. prod.), bois de plusieurs années, por- tion d’une fibre ligneuse encadrée d’une bordure ciselée, sous un grossissement de 300 fois; fig. 4, même espèce, autre fibre ligneuse ornée de guillochures sinueuses sur la face principale, vue sous un grossissement d'environ 400 fois. Ces sortes de fibres striées ou diversement ciselées sont associées çà et là aux fibres ponctuées ordinaires dans le bois du Picea excelsa. Fig. 5, Picea Menzieziù Carr. (Abies Menziezri Loud.), bois de quatre à cinq ans, coupe transversale d’un canal résineux observé dans la région ligneuse, sous un gros- 94 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. sissement de 400 fois. On distingue sur cette coupe, en /, les fibres ligneuses et, au milieu d’elles, les cellules destinées à la sécrétion de la résine, qui entourent une lacune centrale L., arrondie, destinée à servir de dépôt à la résine qui s’y accumule. Le faible développement de l'organe sécréteur s'explique par le manque d’ex- tensibilité des fibres ligneuses qui l'entourent et dont le tissu oppose une forte résistance à l'expansion des cel- lules sécrétrices. Fig. 6, même espèce, partie de deux rayons médullaires superposés, à une seule rangée de cellules chacun, montrant les ciselures noduleuses et les ponctuations qui ornent les parois, sous un grossissement de 400 fois. Fig. 7, Larix europæa D. C., bois de trois ans, deux fibres ligneuses ponctuées, vues par leur face tangentielle aux rayons médullaires, sous un grossissement d'au moins 400 fois, pour montrer l'aspect et la disposition des ponctuations aréolées. Fig. 8, même espèce, partie d’un rayon médullaire, formé de deux rangées de cel- lules superposées, sous un grossissement de 400 fois, pour montrer les ponctuations et les ciselures, en forme de nodulosités, des parois cellulaires. Fig. 9, même espèce, coupe transversale d'un canal ré- sineux, observé dans la région ligneuse, sous un grossis- sement de 400 fois, et montrant une double rangée de cellules sécrétrices, sinuées et allongées, disposées au- tour d’une lacune centrale L. Fig. 40, même espèce, coupe longitudinale de la région médullaire, à partir de l'étui, sous un grossissement de 400 fois, pour mon- trer la forme prismatique allongée et les ponctuations fines des parois cellulaires. On distingue, à droite, sur cette coupe, un vaisseau spi- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 95 ralé, en v; plusieurs cellules teintées de noir sont visible- ment sclérifiées. Fig. 11, même espèce, coupe transversale du centre de la région médullaire, sous un grossissement de 300 fois, pour montrer le contour prismatique des cellules de la moelle, en partie sclérifiées. P]. 143, fig. 1, Pinus sabiniana Dougl., fibres ligneuses accolées, marquées de stries obliques, accompagnées de réticulation et de ponctuations irrégulières, sur leur face tangentielle aux rayons médullaires, sous un grossisse- ment de 400 fois. Ces sortes de fibres sont associées cà et là aux fibres ponctuées ordinaires, dans le bois du P. sabiniana. Fig. 2, Pinus excelsa Wall., bois de cinq ans, fibres li- gneuses finement striées en spirale, marquées de replis, de fentes obliques et de ponctuations irrégulières, sous un grossissement de quatre cents fois. Ces sortes de fibres se trouvent assez fréquemment associées aux fibres ponc- tuées ordinaires dans le bois du P. excelsa et probable- ment dans celui des autres espèces de la section Sérobus. Fig. 3, même espèce, coupe longitudinale, tangentielle aux rayons médullaires, de la région ligneuse, sous un grossissement de 200 fois, pour montrer le paren- chyme ligneux bien développé, formé de cellules allongées, prismatoïdes, à parois finement ponctuées, cloisonnées - en travers, en contact sur la gauche avec une fibre li- gneuse ponctuée ordinaire. Fig. 4, même espèce, coupe longitudinale, montrant un autre exemple du parenchyme ligneux, accompagnant une lacune centrale entourée de cellules de bordure. Fig. 5, mème espèce, coupe trans- versale d’un canal résineux observé dans la région li- gneuse, sous un grossissement de trois cents fois. On distingue sur cette coupe, au milieu des fibres ligneuses 96 PALÉONTOULOGIE FRANÇAISE. disposées à l'ordinaire, une lacune centrale L, entourée de cellules plus ou moins allongées, sinueuses, à parois amincies, destinées à la sécrétion de la résine. Fig. 6, Pinus cembra L., bois de cinq ans, coupe longi- tudinale d’un canal résineux observé dans la région li- gneuse sous un grossissement d'environ 250 fois. On dis- tingue sur cette coupe, des deux côtés, les fibres ligneu- ses qui encadrent l’organe sécréteur et, entre elles, les cellules à parois minces qui entourent la lacune centrale remplie de résine et visible par transparence. Fig. 7, Pinus excelsa Wall., bois de cinq ans, rayon médullaire composé de trois rangées de cellules super- posées, chacune d'elles occupée par une seule ou tout au plus par une double ponctuation ovalaire, analogue à celles que nous avons signalées sur les cellules radiales du bois de Sciadopitys. Ces sortes de ponctuations soli- taires ou géminées sont caractéristiques du genre Prnus, mais elles ne se montrent pas exclusivement ni dans toutes les espèces du genre et se trouvent assez souvent associées à des ornementations différentes. Fig. 8, même espèce, rayon médullaire composé de trois rangées de cellules superposées sous un grossissement de trois cents fois, pour montrer le passage des cellules radiales à ponc- tuation unique, vers celles qui présentent une ornemen- tation plus complexe, consistant en quatre ponctuaiions ou même en réticulations plus ou moins fines, visibles sous un plus fort grossissement; fig. 8+, portion de la figure précédente, grossie 400 fois, et montrant dans le bas une rangée de cellules radiales à ponctuations uni- ques, larges et solitaires, et, au-dessus, une autre rangée de cellules à parois nettement réticulées. Fig. 9, même espèce, portion d'un autre rayon médullaire, dont les TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 97 parois cellulaires sont recouvertes de réticulations très- fines, sous un grossissement de 400 fois. C’est à l’asso- ciation, dans le bois de plusieurs Pénus, de ces deux sor- tes de cellules radiales, les unes à ponctuation large et solitaire, les autres à parois réticulées ou ponctuées-no- duleuses, que Gæppert applique le nom de rayons médui- laires composés; mais ces sortes de rayons ne se montrent pas d'une façon assez constante ni assez régulière, pour donner lieu à une catégorie à part. $S 2. — Organes de la foliation. Les feuilles des Aciculariées vont maintenant nous arrêter. Leur importance est grande et leurs caractères de structure, de forme, de position et de durée, méritent d'autant plus l’attention que les appareils reproducteurs eux-mêmes, intimement liés à ces organes qui leur servent de supports, se groupent dans un ordre et obéissent à des combinaisons généralement en rapport avec ceux qui président à la distribution des feuilles sur le rameau. Toutes les ordonnnances de feuilles, depuis les spires complexes que l’on observe chez beaucoup d'Abiétinées, la disposition simplement alterne ou tout à fait irrégulière propre aux Widdringtonia, jusqu'aux verticilles complets ou incomplets et à l'opposition binaire, qui dominent chez les Cupressinées, se retrouvent chez les Aciculariées, associées ou non à la forme distique et à toutes les consé- quences qu'entraine cette disposition. Les feuilles, dans cette classe de plantes, résultent de l'expansion des faisceaux vasculaires en dehors de la tige, chaque faisceau qui s’isole et se prolonge séparément donnant lieu à une feuille, à un très-petit nombre d’ex- IIe SÉr. VéGÉTAUXx, — IIL œ| 98 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. ceptions près, plus apparentes que réelles, et dans les- quelles il existe plus d’un faisceau, dès l’origine de la feuille. Chez le Salisburia, quelquefois aussi dans le Dammara, le pétiole présente deux faisceaux distincts dès son point d'attache; cette dualité provient alors du dé- doublement préalable d'un faisceau unique qui se partage avant d'émerger de la tige. Dans les cas plus nombreux où il est unique, le faisceau, après avoir cheminé plus ou moins, se partage ordinairement en deux moitiés qui peuvent demeurer indivises et posées côte à côte ou se subdiviser et s’étaler plus ou moins en se ramifiant, dans le plan généralement étroit qui constitue le limbe; mais ces ramifications, lorsqu'elles se produisent, sont toujours parallèles et longitudinales, ou tout au plus, comme dans le Salisburia, opérées par dichotomie, répétées sans qu'elles donnent jamais lieu ‘à un réseau ni à des ana- stomoses. Cette dernière particularité, en rapprochant les Aciculariées des Cycadées, les écarte en même temps des Angiospermes en général et surtout des Dicotylédones. Le limbe, presque toujours étroit, n’acquiert une étendue en largeur un peu notable que dans certains genres; le Salisburia (pl. 144, fig. 1), les Dammara (pl. 146, fig. 18) et, dans les temps paléozoïques, les Cordaites (pl. 151, fig. 1) en fournissent les exemples les plus saillants, après lesquels on peut mentionner encore quel- ques Araucaria (pl. 146, fig. 5) et Podocarpus (pl. 146, fig. 1). Les formes en aiguille (pl. 149, fig. 6), en bande- lette (pl. 145, fig. 1), en lame mince (pl. 147, fig. 1), en écaille (pl. 145, fig. 7, et 148, fig. 1, 6, 7 et 10), en crochet (pl. 446, fig. 9 et 15), en pointe conique (pl. 147, fig. 8), sont bien plus répandues. Ce sont elles auxquelles le groupe doit plus particulièrement sa physionomie et TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 99 emprunte jusqu'à son nom; celui de Coniferes ne s’ap- pliquant qu’à un mode de structure qui fait défaut dans toute une moitié de l’ensemble. Le faisceau vasculaire, en se rendant à la feuille, s’in- curve et suit bien souvent une direction ocbliquement ascendante, avant de s'éloigner de la tige sous un angle plus ou moins ouvert. De là, le phénomène si commun chez les Conifères de présenter des feuilles plus ou moins adnées et décurrentes par la base, en sorte que la partie libre ou limbe proprement dit ne constitue pas unique- ment la feuille et qu'il faut encore considérer, comme partie intégrante de cet organe, la base adhérente qui la prolonge inférieurement et recouvre la tige dans une étendue plus ou moins considérable de sa super- ficie. Chez beaucoup de Conifères, cette superficie ne se laisse pas voir, tellement les bases décurrentes sont con- tiguës. Il en est ainsi de la plupart des Cupressinées (pl. 148, fig. 6-7 et 10), entre autres des T'huya et Thuyopsts, des Sequoia, des Taxus, des Cryptomeria, Araucaria, etc. Dans d’autres cas, les bases décurrentes des feuilles ne sont exactement conniventes que sur les ramules latéraux ; ailleurs elles demeurent plus ou moins écartées el dé- couvrent, surtout par le progrès de l’âge, la surface de la tige (Taxodium, Podocarpus). Cette décurrence des cous- sinets foliaires, si répandue qu'elle soit, n’est cependant pas universelle, loin de là. Elle n'existe ni chez le Saks- buria, ni chez les Dammara, ni chez les Abies proprement dits et les Zsuga, tandis que les feuilles primordiales des pins se prolongent inférieurement et que celles des Picea sont assises sur des coussinets saillants et décurrents qui tranchent par leur coloration jaune pâle avec le vert du limbe foliaire. Les feuilles dont l'insertion a lieu sans 100 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE, décurrence sont atténuées inférieurement en un vrai pétiole, long et distinct du limbe, comme celui des Salisburia, ou court et un peu tordu sur lui-même, comme dans les Dammara et les Podocarpus, ou bien encore la feuille est subsessile, comme celle des Axes, dont la base, légérement étranglée et calleuse, s’insère comme dans les deux cas précédents sur une aire discoïdale qui marque la tige d’une série de cicatrices arrondies, après la chute de l'organe. — La caducité de celui-ci, lorsqu'il a atteint le terme de son existence, n'offre, dans les cas précédents, rien que de fort naturel, et la feuille, en se détachant, ne laisse d’elle sur la tige d’autre vestige que celui du point sur lequel elle était implantée, cerné par une ligne qui en délimite le contour. La décurrence de la base ou partie adnée entraine au contraire des conséquences plus variées. Entre le coussinet décurrent et le limbe propre- ment dit, il existe assez souvent un étranglement, plus ou moins semblable à une articulation, qui diffère par sa consistance cartilagineuse ou même par sa coloration brune du reste de la feuille et qui constitue par cela même une manière de pétiole qui n'est pas sans analogie par son rôle et sa situation avec le point de jonction qui fixe le limbe des feuilles de bambou sur la partie vaginale, à l'endroit de la ligule. Tantôt en effet, chez les Conifères, cet étranglement est articulé et remplit l'office d’un pé- tiole véritable; dès lors, la feuille tombe à l’aide d’une scission naturelle qui la détache de son coussinet; c’est ce qui arrive chez les Taxus, Torreya, Podocarpus, parmi les Taxinées, chez les Picea, Cedrus, Larix, parmi les Abiétinées. C’est ce qui se voit encore dans le Sequoia sempervirens Lamb., pour les feuilles âgées des rameaux qui persistent, et mème dans les Juniperus du type de TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 401 l'Oxycedrus. Mais tantôt aussi l’étranglement n’est pas assez prononcé pour déterminer la chute régulière de l'organe, et, dans ce cas, ce mode de caducité ne peut suffire; c’est alors le ramule tout entier qui se dessèche et se sépare des parties qui persistent, en entraînant par cela même la chute de celles d’où la vie achève de se retirer. C'est par Ce moyen que les Sequoia, les Taxodium, les Glyptostrobus et bien d’autres types renouvellent d'année en année leur feuillage, soit avant l’hiver, soit à l'entrée de l'été, c’est-à-dire avant ou après le développement des pousses nouvelles. A plus forte raison les types dont les feuilles n’ont qu’un limbe court, non étranglé sur le cous- sinet, en forme de crochet ou d’écailles, comme le sont beaucoup de Dacrydium (pl. 145, fig. 7), les Arthrotaxis (pl. 147, fig. 4), Cryptomeria, Araucaria (pl. 146, fig. 9, 10 et 45) et la plupart des Cupressinées, n’emploient d’autre moyen, pour se dépouiller des parties anciennes, que la chute périodique et successive des ramules se détachant par ordre d'ancienneté. Il en est de même pour les PAyllo- cladus dont les ramules phyllodés tombent à mesure que les axes principaux et secondaires, destinés à constituer la partie permanente de la tige, se prolongent et se ramifient, C Cette chute successive des parties âgées est d'autant plus digne d'attention que, d’une part, les Aciculariées lui doivent, à cause de sa façon de s’opérer, la régularité de leur port et que, d'autre part, c’est à ce même phé- nomène, renouvelé dans tous les temps et pour une foule d'espèces, que la paléontologie doit principalement la conservation des empreintes appartenant à cette classe de végétaux. Leurs feuilles dans certains cas, dans d’au- tres cas, leurs ramules ou même leurs rameaux sont venus 102 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. nécessairement joncher le sol pour de là aller peupler les lits en voie de formation. Du reste la durée absolue des organes foliaires varie dans de très-grandes limites chez les divers groupes d’Aciculariées. Certains A bzes présentent des feuilles encore vertes sur des parties de rameaux, âgées de quinze ans. Les feuilles des Araucartia restent en place et gardent leur couleur pendant une longue période; celles des Taxus ne se dessèchent parfois qu'après cinq à six ans; celles des cèdres après trois ou quatre ans. Le terme de trois ans est le plus ordinaire, mais plusieurs pins ne conservent leurs feuilles guère plus de deux ans, c’est-à-dire les dé- pouillent dans le courant de la troisième année, quelquefois même à la fin de la deuxième (section Sérobus). Les ramules des Thuya tombent presque toujours après trois ans; le plus petit nombre des Aciculariées perd son feuillage dans l'automne de chaque année, les Salisburia par le déta- chement des pétioles qui entraînent le limbe absolument comme chez les Dicolylédones, les Mélèzes par une désar- ticulation de la base du limbe, qui s'opère un peu au- dessus du coussinet. Chez ces derniers, la structure des feuilles ne diffère en rien de celle qui distingue ces or- ganes dans les cèdres; seulement le phénomène est annuel et automnal chez les uns, périodique après trois ans de durée chez les autres. Nous avons vu que les Zaxo- déum etles Glyptostrobus perdaient leurs ramules à l'entrée de l'hiver. Les autres Aciculariées gardent leurs feuilles au moins une année entière; de là, la dénomination d'arbres verts qui leur a été souvent appliquée, non-seu- lement par suite de cette particularité, mais aussi à cause de l'intensité de leur verdure dont l'éclat sombre tranche plus ou moins sur la teinte plus claire du feuillage des autres arbres. ; TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 103 La. position relative des feuilles sur les rameaux, leur dimorphisme et les variations qu'elles présentent souvent sur un même pied, selon l’âge de la tige qui les porte et selon la région occupée sur cette tige, enfin les anomalies et les déviations qui leur sont inhérentes ont besoin d'être définies, avant que nous nous occupions de leur forme, de leur nervation et de l'emplacement de leurs stomates. Les feuilles primordiales de l'embryon ou lobes cotylé- donaires sont opposées par deux dans la plupart des Cupressinées (Callitris, Libocedrus, Biota, Chamæcyparis, etc.), dans les Taxinées et Podocarpées, dans les Dam- mara, Cunninghamia, Salisburia, mais disposées aussi par verticilles de 3 à 4-5 membres (/uniperus, Thuya, Frenela, Araucarta) et mème de 6-9 et jusqu'à 45 dans les Taxo- diées et surtout chez les Abiétinées (Larix 5-1, — Cedrus 6-9, — Pinus 4-5-12). Cette disposition indique peut-être que l’ensemble des Aciculariées se rattache originairement à quelque prototype dont les organes appendiculaires auraient été ordonnés en verticilles ou gaîne fimbriée, à l'exemple des Astérophyllites de la flore paléozoïque. Mais, en laissant de côté cette filiation présumée que n'appuie aucun document, on voit que, chez les Aciculariées, les feuilles qui suivent les primordiales obéissent à deux tendances différentes, les unes demeurant opposées par verticilles de deux ou de trois, les autres se plaçant à des hauteurs successives et dans un ordre spiral. La sixième feuille, après deux tours de spire, se retrouve le plus ordi- nairement alors immédiatement au-dessus de la première, occupant la même position que celle-ci. Il existe encore des spires plus compliquées et même de faux verticilles, comme dans le Sciadopitys, dont les aiguilles placées à Vaisselle d'autant de bractées écailleuses, qui représentent 104 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. es feuilles vraies, sont réunies en grand nombre sur plusieurs rangs pressés, formant une spire très-raccourcie à la partie supérieure de chaque jet. I existe donc deux dispositions principales, très-dis- tinctes, chez les Aciculariées : la disposition opposée ou verticillée et la disposition spiralée; la première propre aux Cupressinées, la seconde à tout le reste de la classe. Comme toujours cependant la transition de l’un à l’autre de ces deux modes d’insertions s'opère par l'intermé- diaire de certains types : celui des Widdringtonia nous la présente dans l’ordre actuel, et beaucoup de Cupressinées jurassiques dans les temps anciens. Le rameau de ces divers types est cylindrique, sans distinction pour l'in- sertion des feuilles de côté dorsal et latéral, c’est-à-dire que le rameau n’est comprimé sur aucune de ses faces et que les feuilles, bien que généralement opposées, et se répondant deux par deux, sont cependant insérées indiffé- remment sur tous les points de la tige et se succèdent en empiétant toujours un peu l’une sur l’autre. Ainsi les feuilles de chaque paire ne sont ni parfaitement égales entre elles, ni tout à fait symétriques par rapport à la paire suivante; de là un certain désordre relatif qui se communique à l’ensemble des feuilles qui ne sont en réalité ni régulièrement alternes ni véritablement oppo- sées. Pour se rendre raison de l’arrangement qui prévaut chez les Widdringtonia et les genres fossiles qui leur sont assimilables, il faut considérer (pl. 148, fig. 4 et 1°) que chaque paire de feuilles, justement par suite de l’oppo- sition inexacte de ses deux parties, se détourne légèrement, de manière à faire décrire finalement à l’ensemble, autour de la tige, une spire plus ou moins régulière, en sorte que, si l’on s'attache à une feuille quelconque, c’est géné- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 105 ralement à la quatrième paire après celle qui est la sienne que l’on rencontre une seconde feuille située dans la même position que la première. Il est vrai que cet ordre, loin d’être constant, est sujet à varier et son caractère est effectivement d’être variable, d'autant plus que sur les plus petits ramules les feuilles se montrent assez souvent exactement opposées, Ce qui ramène vers la dis- position décussée. Cette dernière disposition, la plus fréquente de toutes chez les Cupressinées, consiste dans une opposition constamment régulière des feuilles, avec alternance de la paire qui précède avec celle qui suit. De l'ordonnance décussée ordinaire, on passe aisément à celle qui distingue un grand nombre de Cupressinées et dans laquelle les feuilles se distinguent en latérales et faciales (pl. 148, fig. 6-7 et 10). Les paires de chaque catégorie alternent alors régulièrement, et le rameau qui porte ainsi des feuilles disposées par paires dissemblables revêt né- cessairement une structure spéciale qui est le résultat de cet arrangement. Il s'étale suivant un plan horizontal, il se comprime; les feuilles faciales sont aplaties et enca- drées par les latérales qui se replient en carène et pren- nent la forme naviculaire, Lorsque à cette disposition vient se joindre un mode de ramification régulier qui ne laisse les innovations se produire qu’à des places déter- minées et à l’aisselle de certaines feuilles, on obtient les rameaux des Zhuya, des Chamæcypari (pl. 148, fig. 6-7) et des T’huyopsis (pl. 148, fig. 10), dont l'aspect étonne par son extrême élégance et qui retracent dans une classe entièrement différente le mode de partition propre aux frondes de Fougères. Lorsque les feuilles faciales se rapprochent assez des latérales qui les embrassent pour ne pas s’éleverau-dessus 106 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. d'elles, alors se produit la forme articulée des Callitris et des Zébocedrus. Ce sont là en réalité de faux verticilles de quatre feuilles, tandis qu’il existe chez les Cupressi- nées de vrais verticilles de feuilles distribués par trois : les Juniperus, les Frenela, les Actinostrobus en font foi et tout ce que nous avons dit des feuilles opposées par paires ou décussées peut s'appliquer également aux types chez lesquels domine le nombre 3, soit exclusivement, soit associé au premier, ainsi qu’on le remarque chez plu- sieurs Juniperus. Les feuilles ordonnées en spirale n’offrent pas moins de diversités. Outre que la spire suivant laquelle elles sont distribuées est sujette à se compliquer, elles ten- dent, dans un grand nombre de cas, à devenir distiques, c'est-à-dire à se déjeter sur deux rangs dirigés horizon- talement et dans le plan du rameau, soit que les feuilles seules, soit que les rameaux et les branches entières prennent cette direction. Les feuilles distiques sont insé- rées le long de la tige dans le même ordre que les autres, mais une partie d’entre elles se détournent du coussinet sur lequel elles sont implantées ou tordent leur base sur elle-même pour venir étaler leur limbe dans un sens déter- miné et tourner constamment, toutes ensemble, leur face supérieure vers le ciel et leur face dorsale ou inférieure, celle où sont généralement situés les stomates, vers le sol. Telle est la disposition distique des feuilles dont l’or- donnance est spirale : ce phénomène dont les Sapins, les Sequoia, Cunninghamia, Taxodium (voy. pl. 147, fig. 1), les Taxinées, plusieurs Araucariées (pl.146, fig. 5, 9 et 10), beaucoup de Podocarpus et de Dacrydium, présentent les exemples les plus saillants, n’a rien de commun que l'effet général, c’est-à-dire l'extension suivant un plan ho- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 407 rizontal des ramifications latérales, avec ce qui a lieu chez les Cupressinées par la différenciation des feuilles, que nous avons expliquée plus haut, en faciales et latérales naviculaires. Les feuilles distiques des sapins et des ifs et autres Aciculariées de la même catégorie, en s’étalant des deux côtés du rameau, ne changent rien à leur forme; ces feuilles se ressemblent entre elles et ne diffèrent pas essentiellement des caulinaires. On conçoit pourtant que celles-ci, qui garnissent les tiges ascendantes et conser- vent leur direction normale, se distinguent dans bien des cas des premières, au moins par leur dimension et leur consistance. Au reste, si beaucoup de types présentent des feuilles distiques sur les ramifications latérales, il en est d'autres, et souvent voisins ou proches alliés des premiers, qui en sont totalement dépourvus. On n'observe de feuilles distiques, ni dans les pins propre- ment dits, ni dans les cèdres et les mélèzes. Les Cryp- tomeria si voisins des Z'axodium n’en portent pas non plus; les Arthrotaris pas davantage, et des deux espèces qui composent le genre Sequoia, l'une le S. gigantea diffère sous ce rapport de son unique congénère vivant, le S. sempervirens. L'arrangement des feuilles est encore plus spécial chez les Dammara ; celles de la tige principale sont éparses, peu nombreuses et plus petites que celles des branches latérales et verticillées. Ces dernières sont plus grandes et normalement opposées ou subopposées, chaque paire alternant par son insertion avec la paire sui- vante, mais toutes sont également étalées dans le même plan horizontal et par conséquent distiques. Ici, l’alter- nance normale des paires, sujette elle-même à s’altérer, ne se reconnaît, quand elle existe, qu’à une torsion légère 108 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. du pétiole de celles des feuilles dont l'insertion devrait avoir régulièrement lieu sur les faces supérieure et infé- rieure du rameau. Mais, en fait, le mouvement est assez peu prononcé; il s’efface même assez souvent, et sur les Dammara âgés les feuilles deviennent parfois alternes ou bien elles paraissent toutes également distribuées en pai- res superposées et situées dans une même direction; c’est la disposition distique qui prévaut en elles et voile plus ou moins leur véritable ordonnance. Dans les cèdres, les mélèzes et le ginkgo, il existe pour les ramifications latérales une disposition des feuilles qui prête à ces arbres un port particulier et doit être men- tionné. Tandis que chacun des axes principaux ou secon- daires s’allonge et forme des rameaux munis de feuilles régulièrement ordonnées en spirale et plus ou moins es- pacées, les bourgeons développés à l’aisselle de ces pre- mières feuilles ne produisent que de courts ramules, dont les feuilles, très-rapprochées, décrivent des tours de spire presque contigus et forment des rosettes plus où moins “fournies, qui entourent un bourgeon destiné à continuer le même mode d'évolution et d’où sortiront plus tard les organes reproducteurs de l’un ou l’autre sexe. Le dimorphisme ou la présence de feuilles dissemblables, réunies sur le même individu ou particulières à diversâges et à divers rameaux est encore un phénomène différent de ceux que nous venons d'exposer, bien que s’y rattachant par certains côtés. La plupart des Cupressinées à feuilles normalement squamiformes et imbriquées, particulière- ment les Genévriers, Cyprès, Callitris et Widdringtonia ne revêtent ces feuilles qu’assez tard. Dans le jeune âge ou sur les rameaux à pousses vigoureuses, ces types pré- sentent d’autres feuilles, aciculaires, écartées de l’axe qui TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 109 les porte. Les ramules latéraux de plusieurs Araucaria (Araucaria excelsa et Cunningham) ont des feuilles en crochet qui diffèrent sensiblement de celles des tiges principales, et sur chaque ramule les feuilles inférieures sont courtes, tandis que les plus voisines de la sommité s’'allongent de plus en plus (pl. 146, fig. 5, 9 et 10). Dans le Glyptostrobus heterophyllus les feuilles des ramules ca- ducs en automne sont linéaires et étalées, tandis que celles des tiges persistantes sont courtes et sub-imbriquées. Ces exemples pourraient être aisément multipliés, mais le plus frappant, bien que, l'ayant chaque jour devant les yeux, il nous paraisse naturel, nous est fourni par les pins proprement dits. Ce type souvent confondu, à tort selon nous, avec celui des cèdres et des sapins, en diffère par cette particularité qu'il ne porte que rarement, et seulement dans le jeune âge, ses feuilles normales et aciculaires (voy. pl. 149, fig. 6 et 6*). Les feuilles normales ou autrementles feuilles primordiales des pins sont faciles à observer sur les jeunes pieds du Pinus canariensis Sm. (pl. 149, fig. 6), où elles dominent exclusivement jusqu'à ce que l’arbre soit devenu adulte; elles sont longuement linéaires-aci- culaires, piquantes au sommet, planes, carénées sur les deux faces, serrulées sur les bords, non rétrécies en pé- tiole, mais décurrentes à la base. Leur nervure médiane, relativement saillante, est accompagnée de deux ou trois autres nervures plus fines de chaque côté (pl.149, fig. GP). Sur lestiges des pins devenus adultes, ces premières feuilles se montrent à l'origine, mais elles se dessèchent presque aussitôt que nées, au sortir même du bourgeon d’où s’é- chappe la pousse nouvelle ;elles ne s’allongent pas, devien- nent brunes et prennent, avec une consistance scarieuse, lenom de bractées, tandis qu’à leur aisselle se développent 110 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. de minces bourgeons écailleux d’où sortent, fasciculées par cinq, par trois ou par deux, les feuilles ordinaires, nom- mées aussi feuilles vaginales à cause des écailles gemmaires qui servent de fourreau à leur base. Ce sontlà évidemment les premières et seules feuilles d’un ramule axillaire avorté. Ainsi, chez les pins, chaque feuille d’un rameau meurt im- médiatement après la naissance de ce rameau et les feuil- les qui persistent proviennent d’autant de bourgeons axil- laires qu'il y a de feuilles normales avortées.Il y a donc sur unrameau de pin autant de bourgeonsaxillaires que de feuil- les primitives, et tous ces bourgeons avortent par l'effet d’un développement précoce, en ne produisant que quelques feuilles dont le nombreest exactement déterminé et dont la forme s'écarte plus ou moins de celle qui distingue les feuilles primitives. Il résulte de cette organisation que le jet annuel des pins ne possède, en fait de bourgeons suscep- tibles de continuer la tige, que les terminaux consistant en un bourgeon central accompagné de bourgeons latéraux, plus ou moins nombreux, verticillés, autour du premier. Le dimorphisme des organes appendiculaires n’est pas restreint à certains types actuels ; il existait certainement autrefois et distinguait plusieurs Aciculariées des époques anciennes, dont les rameaux, d’abord signalés sous dif- férents noms, ont été ensuite reconnus Comme se rappor- tant à la même espèce, malgré la variabilité de leurs feuilles. C'est ce que fait voir le Volfzia heterophylla Sch. (pl. 154, fig. 1-3), espèce caractéristique du grès bigarré des Vosges dont nous figurons les principales formes. Les rameaux de cette espèce présentent souvent à leur base des feuilles courtes, en crochet et en faux, sembla- bles à celles des Araucaria d'Australie (comp. avec les figu- res 9 et 10 de la planche 146), tandis que les supérieures TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 411 de ces mêmes rameaux sont étroitement linéaires, planes et allongées (pl.154, fig. 1). Sous le rapport de leur forme et de leur nervation réunies, les feuilles des Aciculariées offrent de très-grandes diversités ; elles varient d’une famille à l’autre, d’une tribu à l’autre; elles changent de genre en genre et dans l'in- térieur même de beaucoup d’entre eux. On les voit se ressembler fort peu en passant d’une espèce à une autre, quelque voisines qu’elles soient d’ailleurs par la structure de leurs organes fondamentaux. Tous les pins se ressem- blent, il est vrai, sous le rapport de leurs feuilles, tou- jours configurées à peu près de même: tous les Abies de même que les cèdres, les mélèzes et, dans les Cupressi- nées, les Thuya,lescyprès etles genévriers, les Frenela, les Widdringtona, etc. ; dans les Taxinées, les Taxus, Torreya, Cephalotazus, les Podocarpus ont des feuilles particulières à chacun de ces groupes ou presque semblables entre elles, lorsqu'il s’agit de genres qui se touchent de près. Mais, d'autre part, rien ne contraste plus par la forme du feuillage que les Sequoia sempervirens Endl. et gigantea Torr., dont on a même essayé de faire les types de deux genres distincts. Les Taxodium sinense Gord. et déstichum Rich., bien que véritablement congénères, sont étrangers l’un à l’autre, par le port des rameaux et la configuration des feuilles. Les Dacrydium sont de véritables protées qui tantôt ressemblent à des Podocarpus (D. taxoides, Brongn.), tantôt reproduisent l'aspect des Z'axodium(D. elatum Wall.), tantôt enfin celui des Aréhrotaris et des Araucaria (D. araucaroides Brongn. et Gris). Certains Sequoia tertiaires ou crétacés (S. Stenberqu Heer., S. Reichenbachi Heer.) avaient l'aspect des Araucaria d'Australie, et les Pachyphyl- lum jurassiques, que nous décrirons plus loin présentaient 412 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, la même apparence, bien que la structure de leur cône les rapprochât sensiblement des Dammara. Les Crypto- meria, alliés de si près aux Zaxodium, reproduisent aussi par le feuillage le facies des Araucaria, et la forme des feuilles, de même que le mode d'insertion de ces organes, sont les mêmes dans les Taxinées et dans le Sequoia sempervirens. Il existe donc chez les Aciculariées, comme du reste dans les Fougères, une récurrence de formes qui fait, qu’à côté de la tendance, inhérente à chaque groupe, à se distinguer par une structure spéciale et caractéris- tique des organes appendiculaires, une tendance opposée fait reparaître assez souvent les mêmes formes dans des groupes entièrement séparés, de manière à les revêtir d’une apparence commune, malgré les divergences qu'ils manifestent d’ailleurs. Les feuillesles pluslarges sontcelles desSasburia(pl.144, fig. 4 et 145, fig. 1), des Podocarpus de la section Nageia et des Dammara (pl. 146, fig. 18). Ce sont aussi les plus anor- males ; celles qui montrent le maximum d'extension et de ramification des faisceaux fibro-vasculaires ; celles aussi qui ressemblent le plus, dans la nature actuelle, aux feuilles des Cordaites (pl. 151, fig. 1 et 2). Les premières (pl. 144, fig. 1 et 145, fig. 1), sont en coin obtus à la base, dilatées au som- met, sinuées irrégulièrement le long du pourtour supérieur et presque toujours échancrées sur le milieu. Leur limbe est occupé par les ramifications plusieurs fois dichotomes des faisceaux géminés qui sortent du pétioleet quise subdi- visent, comme dans les Adantum, en faisant longer la marge, de chaque côté, à la branche principale et en émet- tant des ramifications fines et successives, qui occupent en- tièrement lelimbe et divergent de toutes parts vers ses bords supérieurs, C’est à la face inférieure du limbe, dans l'inter- . TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 113 valle qui sépare les nervures que sont situées les stomates, épars et peu visibles, contrairement à ce qui a lieu chez la plupart des Aciculariées, où ces organes sont générale- ment très-apparents. Dans la feuille des Ginkgos, il n’y a pas de nervure médiane, par la raison que le pétiole est occupé par deux faisceaux distincts qui ne font ensuite que se subdiviser en flabellum, au travers du limbe dont ils occupent chacun une moitié. — Il n’existe pas davan- lage de nervure médiane dans les feuilles de /Vagera et de Dammara (pl. 146, fig. 18), où le faisceau d’abord unique, puis dédoublé en deux, en quatre, ensuite en six, donne naissance, en pénétrant dans le limbe, à un assez grand nombre de nervures égales, qui s’étalent en divergeant et en se bifurquant, et demeurent parallèles entre elles, comme celles des folioles d'£Zncephalartos, pour s'arrêter plus loin à diverses hauteurs, le long de la marge, et con- verger finalement en atteignant le sommet plus ou moins atténué en pointe. Les stomates paraissent ici sous l’as- pect de ponctuations fines et multiples, éparses à la face inférieure du limbe. Sauf la dimension qui est moindre, on observe la même structure, la mème nervation et pres- que la même forme dans les feuilles de l’Araucaria Bid- wilié Hook (pl. 146, fig. 5), et des Araucaria imbricata Pay. et brasiliensis A. Rich. Dans ce type, les nervures toutes égales, après avoir divergé de la base, convergent en approchant du sommet terminé en une pointe fine el spinescente. Les stomates sont disposés en files longitu- dinales, plus multipliés sur la face dorsale que sur l’au- tre. Cette forme de feuilles n’est pas celle des Araucaria dont l'A. excelsa R. Br. est le type et dont les feuilles épaissies à la base, tétragones, plus ou moins recourbées en faux ou en croc au sommet, cartilagineuses sur les Le Sr. VÉGÉTAUX, — IIL, 8 114 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, angles, ne renferment qu'un seul faisceau : les stomates sont disposés en plusieurs files le long des facettes laté- rales. Les feuilles de Cryptomeria ont à peu près la même structure et cette structure est aussi celle que l’on observe avec quelques variations dans les Dacrydium. La feuille des Arthrotazxis est en forme d’écaille coriace, recourbée en cro- chet, convexe et obscurément carénée sur le dos (pl. 447, fig. 4), distinctement uninerviée sur l’autre face ; les sto- mates sont épars, difficiles à apercevoir, même à la loupe. Cette forme arthrotaxoïde, un peu plus rapprochée de celle des Cryplomeria, c’est-à-dire la forme en crochet écailleux, à dos convexe, et uninerviée, est encore celle du Sequoia gigantea Torr. et la liaison vers le type des Araucaria d'Australie est encore plus marquée si l’on s’at- tache aux formes fossiles du genre, comme le S. Stern- bergu Heer, longtemps considéré comme un Araucaria et que nous avons déjà mentionné. Les feuilles lancéo- lées-linéaires, falciformes, uninerviées, cartilagineuses et crénelées sur les bords, des Cunninghanua (pl. 147, fig. 1), semblent tenir à la fois de celles des Araucaria brasilien- sis et Bedwilii par la forme, de celles du Sequoia semper- virens par la nervation et aussi des feuilles primordiales des pins (pl. 149, fig. 6 et 6 b). Puis, viennent les feuilles réellement aciculaires, subcylindriques, diversement com- primées sur les flancs ou subtétragones, avec les angles cartilagineux, des cèdres, des Picea et des pins. Les feuil- les des sapins sont étroites, Cartilagineuses sur les côtés, planes sur la face inférieure, convexes sur l’autre, lon- guement linéaires et distinctement uninerviées ; leurs stomates sont disposés sur les deux lignes d'argent qui accompagnent, en dessous, la nervure médiane. Cette forme linéaire plus ou moins large, quelquefois lancéolée, TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 415 mais présentant toujours les stomates en une double rangée paralièle à la nervure médiane, sur la face infé- rieure du limbe, est celle qui est propre à la plupart des Taxinées proprement dites, aux Podocarpus, au Sequoia sempervirens et au Taxodium distichum ; elle reparaît encore dansles Cupressinées à feuilles aciculaires comme le sont celles des Juniperus de la section oxycedrus et celles des ra- meaux jeunes, non encore caractérisés, de plusieurs autres genres. Mais dans les Cupressinées à feuilles squamiformes, appliquées et étroitement imbriquées, on voit se produire la distinction des feuilles en faciales comprimées et laté- rales, carénées et naviculaires, celles-ci occupant l'angle marginal du ramule et repliées sur elles-mêmes, de ma- nière à embrasser cet angle. Cette disposition entraine pour les stomates un mode de distribution tout à fait di- gne de remarque, à cause de sa singularité. Sur un ra- meau ainsi constitué (pl. 148, fig. 6-7 et 10), une des deux feuilles faciales regarde toujours le ciel et l’autre le sol par sa face dorsale, la seule qui soit libre; quant aux feuilles latérales, repliées longitudinalement sur elles- mêmes,une moitié de leur face dorsale est tournée en haut et l’autre en bas; de ces deux moitiés, dissemblables par la situation qu’elles occupent, l’inférieure seule porte des stomates limités à une zone vivement argentée, tandis que des deux feuilles faciales, celle qui couvre le côté in- férieur du rameau est seule pourvue de stomates. Il en résulte que le rameau considéré dans son ensemble est construit comme le serait ailleurs une seule feuille et en possède presque l'aspect, à cause des ramifications multi- ples et régulières auxquelles sa subdivision donne lieu. A l'exemple des feuilles, il porte les stomates sur sa face in- férieure seulement et ce contraste entre le vert intense du 116 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, rameau considéré par-dessus et la teinte d'argent qui colore l’autre face, ajoute singulièrement à l'élégance des Cupressinées des genres Thuya, Thuyopsis, Chamæcypa- ris, etc. Les branches des sapins sontargentées par-dessous, mais par le fait d’une autre combinaison, puisque, dans ces arbres, les feuilles, disposées dans un ordre distique, se détournent de façon à diriger toutes vers le sol leur face inférieure, qui porte justement les stomates. Les rameaux feuillés, de même que les organes repro- ducteurs des Aciculariées, sortent de bourgeons terminaux ou axillaires dont l’ordre et, dans beaucoup de cas, la distribution parfaitement régulière, contribuent puis- samment au port caractéristique de l'arbre entier. II n'existe pas de plantes, dans cet ordre, dont les feuilles se développent une à une, à l’aide d’un mouvement inin- terrompu, ainsi que cela a lieu chez les Macrozamia et chez beaucoup de Monocotylédones; toutes, attachées à un jet plus ou moins allongé, sortent d’un bourgeon préalable par l'effet d’une évolution, soit rapide, soit graduelle. Ces bourgeons, plus ou moins apparents, sont de deux sortes, bien que les parties dont ils sont formés ne soient dans tous les cas que des feuilles gemmaires, plus ou moins modifiées. En effet, les Aciculariées ont tantôt des bourgeons nus dont les écailles vertes ne diffèrent pas essentiellement des feuilles normales ou même consistent en une petite rosette de feuilles rap- prochées, et tantôt elles possèdent des bourgeons écailleux dont les écailles modifiées en vue de leur fonction, plus ou moins brunes, scarieuses et étroitement accolées, souvent enduites de sucs résineux, ont pour destination de protéger la nouvelle pousse jusqu'au moment où elle prendra son essor. On conçoit d’avance en quoi diffèrent TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 117 les Aciculariées à bourgeons vrais de celles qui n’ont que des bourgeons nus et verts, à écailles non scarieuses, nulles ou faiblement développées. Chez celles-ci, l'évo- lution des nouvelles tiges n’est pas marquée par un point d'arrêt antérieur aussi prononcé; elle n’est pas non plus aussi subite, ni aussi rapidement accomplie. On conçoit que les Aciculariées de cette catégorie soient surtout celles des pays chauds, comme les Araucaria et les Dam- mara, chez lesquels, il est vrai, le bourgeon ne consiste que dans le rapprochement des premières feuilles qui persisteront à la base du jet nouveau, lorsque celui-ci accomplira son évolution. Il en est de même des Cupres- sinées dont les bourgeons, toujours nus, ou même réduits à un petit nombre de verticilles emboîtés (3 à 4 ordinai- rement), sont plutôt formés de feuilles que d'’écailles gemmaires. C’est ce que montrent aussi les Séquoïées et les Taxodiées, mais avec des variations assez importantes pour donner lieu à quelques remarques et en exceptant le genre Z'axodium lui-même. En fait, il n’existe de vrais bourgeons écailleux que chez les Aciculariées dont le jet nouveau se développe après un intervalle déterminé de repos ef par un mouvement plus ou moins rapide, après lequel le jet consolidé ne se prolonge encore qu'après un autre intervalle et au moyen d’un nouveau bourgeon. Ces sortes de bourgeons existent chez les Abiétinées, où leurs écailles, étroitement imbriquées et plus ou moins nom- breuses, sont presque toujours scarieuses et souvent en- duites d'un vernis résineux. Les écailles gemmaires des pins ont cela de remarquable, qu’elles représentent, non pas des feuilles vaginales, mais des feuilles aciculaires et primitives ; elles sont totalement scarieuses, fimbriées sur les côtés, et ces fimbriures en forme de filaments allon- 118 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. gés s’enchevêtrent de manière à entourer l’ensemble du bourgeon d'une sorte de réseau à jour, calfeutré de résine. Les bourgeons des Zsuga, petits, arrondis et courts, diffèrent de ceux des autres Abiétinées, parce que leurs écailles peu nombreuses, bienfque scarieuses, ne sont jamais enduites de résine. Il existe aussi des bourgeons à écailles scarieuses, mais non résineuses, chez les Scra- dopitys dont les vraies feuilles sont elles-mêmes réduites à l'état d’écailles peu apparentes, et dans le Salisburia. Les écailles gemmaires sont seulement plus érigées, plus pointues et plus nombreuses dans le premier cas; plus obtuses, plus courtes, plus larges et plus étroitement conniventes, dans le second cas. Seul, parmi les Taxodiées, le genre Z'axodium porte des bourgeons écailleux, et la caducité annuelle de ses ramules n'est pas sans connexion avec l'apparition de ces bourgeons qui se montrent en automne, soit à l'extrémité du jet de l’année, au nombre d’un seul ou de plusieurs réunis, soit à l’aisselle des feuilles de l’année, sur les points encore dé- pourvus de ramules hâtivement développés, désarticulés et caducs à la fin de l’année, soit enfin aux places même où un de ces ramules, en se détachant, avait laissé une cica- trice de son insertion, cicatrice qui peut à plusieurs reprises produire sur son pourtour des bourgeons adven- tifs, successivement développés. C’est là une structure singulière, unique chez les Conifères, et qui jusqu'ici n'avait été, à ce qu’il semble, l’objet d'aucune remarque. Dans les deux autres genres du groupe, au contraire, Cryptomeria et Glyptostrobus, les bourgeons n'ont rien d'écailleux, encore moins de scarieux. Ils consistent, comme ceux des Cupressinées, dans le rapprochement de feuilles peu nombreuses, plus courtes que les feuilles TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 119 normales et appliquées les unes contre les autres. Ces bourgeons nus et verts sont terminaux ou axillaires, chez les Cryptomeria, mais seulement à l’aisselle des feuilles supérieures de chaque ramule. Dans le Glyptostrobus, les seuls ramules persistants sont ceux vers le sommet des- quels se développent un ou plusieurs bourgeons. Tous les autres sont nécessairement caducs. Les bourgeons de ce dernier genre sont des plus petits, globuleux-obtus et formés de 4 à 5 écailles, appliquées l’une contre l’autre, qui ne diffèrent des feuilles normales ni par leur constance ni par leur couleur; elles sont seulement un peu plus obtuses. Les bourgeons du Sequoia gigantea, pelits, nus et verts, ressemblent en tout à ceux des Cryptomeria ; mais dans le Sequoia sempcrvtrens Endl. on observe un processus assez différent et qui semble placer ce sous-type, au point de vue végétatif, à distance égale des Z'axodium et des Taxinées proprement dites. En effet, le Sequoia semper- virens possède des bourgeons apparents dont les écailles, non pas scarieuses, mais vertes, représentent des feuilles raccourcies. De ces bourgeons, les uns donnent naissance à des jets qui prolongent la tige principale ou les axes secondaires, tandis que les autres ne produisent que des ramules dont la durée n'est pas annuelle, il est vrai, comme chez les T'axodium, mais qui se désarticulent et tombent pourtant après deux ou trois années, quatre an- nées au plus, d'existence. Les écailles des bourgeons per- sistent généralement sur les jets et les ramules dont elles garnissent la base d’une sorte de collerette plus ou moins dense et d’une consistance finalement scarieuse, Mais en- suite, comme dans les Z'axodium, de nouveaux bourgeons se produisent vers le point d'attache des ramules tombés, qui 120 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. devient ainsi le siége d’une végétation active et de plu- sieurs générations de ramules associés qui se remplacent successivement. Le même phénomène a lieu d’ailleurs chez beaucoup de Cupressinées, spécialement chez les Zhuya, dont les ramules vieillis, avant de se détacher, font souvent paraître à leur base un bourgeon adventif, origine future d’un nouveau ramule qui remplacera l’ancien. Les Taxinées proprement dites, ainsi que les Podocarpées, ont des bourgeons écailleux, dont les écailles ne sont cependant pas précisément scarieuses, ou ne le sont que peu, bien qu'elles n'offrent plus du tout l'apparence des feuilles normales de ces deux groupes. Les écailles gemmaires des Taxinées persistent plus ou moins longtemps à la base du jet nouveau qu'elles garnissent d’une collerette, comme dans le Sequoia sempervirens; mais elles deviennent presque aussitôt scarieuses et brunes, de vertes et souples qu'elles étaient dans le bourgeon. Les bourgeons ‘des Taxinées nous ramènent à ceux des Zsuga, et ceux-ci aux bourgeons à écailles gemmaires tout à fait scarieuses des Abiétinées; de même, les bourgeons à écailles vertes et apprimées des Sequoia et des Cryptomeria ressemblent à ceux des Dammara et des Araucaria. On tourne aïnsi dans un cercle qui se ferme en reliant les unes aux autres les extrémités les plus opposées de la famille. D'ailleurs les bourgeons ne remplissent pas tous les mêmes fonc- tions, de même qu'ils n’occupent pas toujours les mêmes places. Les uns ne donnent le jour qu’à des rameaux feuillés, d’autres renferment uniquement des chatons mâles ou femelles, d’autres enfin s’entr'ouvrent pour donner passage à des axes mixtes qui supportent à la fois des feuilles et des organes de l’un ou l’autre sexe. Leur structure peut varier comme leur destination, et bien que TERRAIN JURASSIQUE. = VÉGÉTAUX. 121 les Dammara et les Araucaria n'aient que des bourgeons nus pour leurs axes feuillés, les chatons mâles de ces genres, surtout du premier, peuvent sortir des bourgeons écailleux; c’est ce que montre effectivement l'inflorescence mâle du Dammara australis Lamb. (Voy. pl. 146, fig. 19.) $ 3. — Organes de la reproduction. Les organes reproducteurs des Aciculariées, soit mâles, soit femelles, sont constitués par des axes, les uns ter- minaux, les autres axillaires, dont les appendices, diver- sement adaptés aux fonctions qui leur sont dévolues, servent de support aux sacs polliniques ou aux ovules, toujours situés sur des inflorescences distinctes, tantôt sur le même pied, tantôt sur des pieds différents. L'ap- pareil reproducteur des Aciculariées, considéré en lui- même, n'a pas réellement une autre structure que celui des Cycadées ; des deux parts ce sont des axes garnis de feuilles modifiées qui soutiennent les organes sexuels, et ces organes sont également séparés sur des axes diffé- rents; il existe pourtant à cet égard entre les deux groupes comparés une divergence essentielle; c’est celle-ci : Chez les Aciculariées, au contraire de ce que montrent les Cycadées, il n’y a pas identité de structure entre l’appareil mâle et l’appareil femelle ou plutôt le degré de compli- cation organique n’est pas le même dans l’un comme dans l’autre. Ainsi, les feuilles sexuées mâles ou andro- phylles des Aciculariées produisent directement les loges à pollen, tandis que les feuilles des axes femelles, au lieu de supporter directement les ovules, ne sont, à l'ex- ception du seul Salisburia, que des bractées ou feuilles 122 PALÉONTOCLOGIE FRANÇAISE. bractéales,-à l’aisselle desquelles naissent les vrais sup- ports des ovules, supports indépendants de la bractée ou plus ou moins intimement soudés avec celle-ci et accres- cents comme elle. Il nous faut donc, par suite de cette particularité organique, examiner à part et successive- ment les deux catégories sexuelles. Originairement, c'est- à-dire à un moment donné de leur existence primitive, on peut concevoir, ilest vrai, les feuilles des Aciculariées comme ayant été susceptibles de se couvrir indifférem- ment de loges à pollen et d'ovules, naissant en grand nombre de la substance même des feuilles. Plus tard cependant les organes reproducteurs ont dû se réduire, se localiser et se grouper sur des points limités du limbe foliaire, tandis que les feuilles sexuées se modifiaient et se réunissaient sur des parties déterminées de la plante, de manière à former des inflorescences, sur lesquelles l’un des deux sexes a fini par exclure le sexe opposé. Les inflorescences androgynes, exceptionnelles et anormales, ne sont cependant pas inconnues dans les Aciculariées actuelles. Il en a été signalé plusieurs exemples; nous n’en citerons qu'un, observé à Catane par M. Strasburger, à qui nous empruntons les détails suivants, parce qu'ils démontrent clairement l'emplacement distinct dévolu aux organes de chaque sexe chez les Aciculariées. Les cônes androgynes rencontrés par le savant professeur de Iéna étaient rassemblés, par groupe de 4-5, vers le sommet des rameaux d'un Pénus laricio ; « ils présentaient tous les pas- sages depuis les étamines normalement développées, sans aucune trace d'écaille à fruit axillaire, jusqu'aux écailles fructifères, construites comme à l'ordinaire et placés à l’aisselle de bractées normales entièrement dépourvues de loges à pollen. Les premières étaient situées vers la base, TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 123 les dernières, plus particulièrement, vers le sommet des cônes. La transformation ne marchait pas également sur le pourtour de ces cônes, en sorte que bien souvent un de leurs côtés appartenait uniquement au sexe mâle, et l’autre, par contre, au sexe opposé. Les formes intermé- diaires montraient, d’une part, un amoindrissement graduel des anthères et un étiolement croissant des andro- phylles ; d'autre part, une apparition progressive corres- pondante des écailles à ovules. Celles-ci, d’abord semblables à une production charnue et linguiforme, puis foliacées, mais encore dépourvues de fleurs, paraissaient finalement pourvues de fleurs femelles à leur base. La transforma- tion de l'étamine en bractée servant de support à l'écaille à fruit axillaire est susceptible d'être suivie de la même facon, à l’aide de toute une série de transition. Ordinaire- ment, l'effet du développement progressif des écailles ovulifères est d'entrainer la diminution, plus l'atrophie des loges à pollen sur les bractées; dans un cas seulement j'ai trouvé à la fois des loges sur la bractée et des ovules sur l’écaille fructifère. Après une observation de ce genre, plusieurs fois répétée et toujours avec le même succès, il paraît difficilement concevable qu'il reste des doutes au sujet de la nature foliaire de l'organe mâle (1). » * Organes reproducteurs mâles. L'appareil mâle des Aciculariées, toujours plus fugace, moins ferme et moins diversifié que l’appareil femelle, se compose essentiellement d’un axe simple (très-rarement ramifié) qui supporte les androphylles ou feuilles modi- (1) Strasburger, Die Coniferen und die Gnetaceen, p. 171. 12% PALÉONTOLOGIE FRANUAISE. fiées pour servir de support aux organes mâles. Les loges à pollen occupent généralement sur ces feuilles (pl. 149, fig. 5) la base ou les côtés, le longde la face dorsale, tandis que leur sommet se termine par un prolongement plus ou moins développé, plus rarement nul ou presque nul, L'appareil mâle peut être considéré d’abord d’après la place qu’il occupe sur la plante, ensuite en lui-même. Ainsi, après avoir déterminé ses caractères de position ou relatifs, nous parlerons de ceux que fournit la conforma- tion de ses parties. Sa situation est tantôt la même que celle des organes de l’autre sexe et tantôt elle s’'écarte plus ou moins de celle-ci, dans les limites de la même espèce. Dans les Cupressinées (pl. 148, fig. 12), les chatons mâles, toujours terminaux, occupent l'extrémité supé- rieure des ramules de dernier ordre; ils commencent à se montrer en automne sous l'apparence de petits bourgeons globuleux, formés du rapprochement de deux paires de feuilles régulièrement décussées, qui s’écartent pour donner passage au chaton lui-même, composé d'un nombre plus oumoins restreint d'androphylles. On observe parfois, dans le Callitris par exemple, trois de ces chatons occupant ensemble la même situation terminale que les chatons solitaires. Les chatons mâles des Séquoïées (Sequoia sempervirens Endl.) ont au premier aspect la même apparence que les précédents, mais ils sortent en réalité de petits bourgeons dont les écailles vertes, courtes et imbriquées sont assez nombreuses. Les 2 ou 3 paires inférieures de ces écailles sont opposées en croix; elles s’allongent plus ou moins, de manière à constituer un court ramule dont l'appareil TERRAIN JURASSIQUE. == VÉGÉTAUX. 195 sexué occupe la partie terminale. Chacun de ces bour- geons naît en automne, soit au sommet del’un des ramules dont le développement est achevé, soit à l’aisselle des dernières feuilles de ces mêmes ramules. Les chatons tiennent ici exactement la place des bourgeons ordinaires et correspondent réellement à un ramule spécial raccourei. Ils constituent une innovation qui s'ajoute au ramule et s’en distingue par la collerette de bractées qui garnit sa base, tandis que le chaton mâle des Cupressinées consiste plutôt en un prolongement de la sommité du ramule, qu'en un jet nouveau sorti de celui-ci par voie de bour- geonnement. La situation des chatons mâles change de nouveau, si l’on considère les Taxodiées; du reste, elle n’est pas la même dans les trois genres de cette tribu. Les chatons mâles des Glyptostrobus sont terminaux et solitaires au sommet des ramules, comme ceux des Cupressinées. Dans les Taxodium, ces organes naissent au premier printemps de bourgeons écailleux, situés sur le vieux bois, comme ceux des chatons femelles ; ils sont réunis en grand nombre sur un axe à rameaux Courts et comme paniculés, situés à l’aisselle de feuilles squamiformes très-peu apparentes. — Chez les Cryptomeria, où les bourgeons ordinaires sont nus, c’est-à-dire verts et jamais écailleux, les chatons mâles naissent solitairement en automne à l’aisselle des feuilles. Ils sont groupés vers l'extrémité supérieure des ramules et donnent lieu par leur réunion à une sorte d'épi composé, comprenant jusqu'à 20 chatons tous axillaires. Les deux écailles inférieures de chacun d’eux sont des bractéoles opposées et transversalement disposées; les suivantes sont les androphylles. Ces chatons sont tous axillaires, l'extrémité du ramule se trouvant terminée par 126 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. une rosette de petites feuilles rapprochées en bourgeon. Sil’on compare, dans ce genre, l’inflorescence mâle à l'inflorescence femelle, on reconnaît aisément qu'une étroite analogie de position et de structure les rattache l’une à l’autre; seulement l’ensemble des chatons mâles de tout un rameau correspond au strobile entier et les feuilles axillaires de ce rameau aux feuilles bractéales du strobile, Par une conséquence rigoureuse, il se trouve donc que chaque chaton tient morphologiquement la place de l'axe ou rameau avorté dont le support ovulifère lacinié est l'unique représentant. Nous verrons plus loin, pour ache- ver de compléter le parallèle, que les strobiles des Cryp- tomeria, comme ceux du C'unninghamia, sont naturellement perfoliés et présentent dans beaucoup de casà leur sommet un bourgeon feuillé qui s’allonge plus ou moins en conti- nuation de l'axe (voy. pl. 147, fig. 2 et 8). Au printemps, lorsque leur fonction est achevée, les chatons mâles des Cryptomeria se détachent et leur emplacement demeure vide et reconnaissable parsuite de l’'écartement des feuilles qui leur servaient de support. C'est là un caractère fort net, que l’on doit noter par cela même, comme suscep- tüible d’être observé chez certains Conifères fossiles; il en est effectivement ainsi chez les Walchia et probablement chez les Voltzia. Les chatons mâles des Araucuria diffèrent par leur posi- tion de ceux des Dammara. Les premiers, plus grands que dans aucun autre groupe d'Aciculariées, sont solitaires et terminaux au sommet de courts ramules axillaires. Les seconds, au contraire, toujours axillaires, naissent à l’aisselle des feuilles raméales et sortent d'un bourgeon (pl. 146, fig. 19) formé de trois paires d’écailles scarieuses, décussées. TERRAIN JURASSIQUE. =—— VÉGÉTAUX. 197 Dans les Abiétinées, les chatons mâles naissent égale- ment de bourgeons écailleux ; mais ces bourgeons, dont les écailles sont toujours scarieuses, sont tantôt uniquement terminaux sur de courts ramules latéraux, comme ceux des Cedrus (pl. 149, fig. 5), Abres et Larir, tantôt à la fois terminauxetaxillaires, comme chez les Picea, tantôt enfin toujours axillaires, c’est cette dernière ordonnance qui prévaut chez les Pinus. L'inflorescence mâle de ceux-ci offre des particularités qui la font aisément distinguer de celle de toutes les autres Abiétinées. Les chatons mâles des pins, situés à l’aisselle des feuilles primaires ou brac- téales occupent toujours la partie inférieure du jet annuel ; ils sont renfermés préalablement, avec ce même jet, dans un bourgeon dont la formation remonte à la fin de l'été précédent, et se développent en même temps quela pousse à la base de laquelle ils sont insérés. Chaque chaton pro- cède avant son évolution d’un bourgeon particulier qui le contient et se trouve formé par la réunion de 3 à 4 paires d’écailles scarieuses qui alternent ensemble et débutent, comme toujours, par une paire posée en travers. Ces écailles formant bractées persistent plus ou moins à la base du chaton auquel elles servent d'involuere et qu'elles accompagnent ordinairement dans sa chute. Chez la plu- part des pins, les chatons sortent de leurs bourgeons par- ticuliers et se développent en même temps que la pousse dont ils font partie, en qualité d’organes axillaires ; ils tiennent sur ce jet la place des feuilles vaginales qui repré- sentent comme eux un rameau axillaire modifié. Enfin, vers le haut de ce même jet se trouvent situés les chatons femelles, terminaux au sommet de courts ramules axillaires et qui représentent morphologiquement des bourgeons de la même génération que ceux de l’année suivante, plus 128 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. jeunes par conséquent d'un degré que ceux d'où pro- viennent les chatons mâles et ayant une origine assez dif- férente. Dans les Taxinées et les Podocarpées, sauf les Dacry- dium, les chatons mâles sont toujours axillaires sur les ramules de l’année précédente ; dans le Sabisburia (pl. 144, fig. 5), ils naissent, de même que les carpophylles, sur des ramules raccourcis, analogues à ceux des cèdres, mais cette analogie n'influe pas sur la disposition respective des organes sexués, terminaux dans le second des deux genres, certainement placés à l’aisselle des feuilles dans le premier. En résumé, les chatons mâles des Aciculariées sont ter- minaux dans les Cupressinées, les Araucariées, une partie des Abiétinées et dansles Dacrydium, axillaires ou termi- naux dans les Séquoïées et les Taxodiées, exclusivement axillaires dans les Dammara, dans les pins, dans les Taxi- nées, les Podocarpées, le Salisburia et dans certaines Abiétinées. Ils occupent des emplacements spéciaux et sortent de bourgeons destinés à les contenir dans les Abiétinées, dans les Dammara, chez certaines Taxodiées et Séquoïées, mais principalement dans les pins, et aussi chez les Taxinées et Podocarpées. La forme en chaton est la plus ordinaire el presque la seule, au point de vue des organes mâles des Aciculariées; ici, encore, cependant, de grandes diversités se manifestent. Dans l'impossibilité de les décrire toutes, nous devons insister au moins sur les principaux types, avec d'autant plus de raison que ces organes, sans être fréquents à l’état fossile, n'y sont cepen- dant pas inconnus et que les caractères de forme qu'ils présentent aident puissamment à la détermination des genres dont ils ont jadis fait partie. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 129 x Les Aciculariées à ovules non réunis en strobile à la maturité, présentent trois types distincts, particuliers à chacun des groupes de cette section : les Podocarpées, les Salisburiées et les Taxinées proprement dites. Les Podocarpus, les Dacrydium, les Phyllocladus, le Sa- lisburia portent leurs androphylles disposés en chaton et insérés sur un axe long et grèle. Les chatons mâles de Salisburia (pl. 144, fig. 5) sont remarquables surtout lorsqu'on les compare aux carpo- phylles simples et nus de ce même genre. Situés vers le pourtour extérieur d'une rosette de feuilles ordinaires, qui tiennent le sommet d’un court ramule latéral, accom- pagnés eux-mêmes à leur base d'une ou deux bractéoles membraneuses qui représentent des feuilles avortées, ces chatons montrent un axe grêle, nu jusqu'à untiers environ de sa hauteur et pourvu au-dessus de ce point d’une série d'androphylles agglomérés sans ordre de distance en dis- tance. Chacun d'eux (pl. 14%, fig. 5*, 5°, et5°) se compose d’un filament ou pédicelle terminé par une petite protu- bérance d’où pendent 2 et quelquefois 3 loges à pollen, ou- vertes en forme de coques, à l’aide d’une fentelongitudinale. Les chatons mâles des Podocarpus (pl. 146, fig. 4) sont al- longés, cylindriques ; leurs androphylles petits, nombreux el serrés, se distribuent en série spirale, suivant la formule phyllotaxique 3/8, se terminent en pointe et supportent chacun deux loges ouvertes au moyen d’une fente longitu- dinale. Ces chatons, presque toujours géminés et pourvus d'appendices sexués dans toute leur longueur, s'élèvent d'une base garnie d'écailles scarieuses et persistantes. Dans les Dacrydium les chatons mâles sont solitaires, plus courts et formés d’androphylles écailleux imbriqués. Ceux des Phyllocladus se rapprochent davantage des Podo- Ile SéÉr, VÉGÉTAUX, — III. 9 150 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. carpus ; ils sont cependant terminaux et fasciculés, en même temps que cylindriques et entourés à la base d’é- cailles gemmaires, scarieuses et persistantes. Le plan de l'organe mâle des Taxinées, conforme du reste à celui que nous montrera la fleur femelle de ce groupe, s'écarte beaucoup du type en chaton que nous venons de signaler. Ce plan résulte de la réunion de plu- sieurs axes floraux sur un pédoncule commun, tantôt simple, tantôt lui-même ramifié, qui s'élève du centre d'un involucre formé par des écailles gemmaires généralement décussées. Chacun des axes partiels est finalement sur- monté d’un appendice peltoïde qui supporte les loges à son bord inférieur. Dans les Z'azus (voy. pl. 145, fig. 5), de même que dans les Zorreya, le pédoncule commun est simple et supporte un certain nombre de petits axes secondaires, dont l’appendice peltoïde, dans le pre- mier genre, subpeltoïde dans le second, supporte des loges à pollen longitudinalement déhiscentes. L'organe mâle des Cephalotazus est plus complexe; peut-être aussi résulte-t-il d’une soudure moins avancée des diverses parties qui le composent. L'inflorescence entière sort aussi d’un bourgeon à écailles gemmaires décussées, mais sa base, au lieu d'être simple, se divise presque aussitôt et se subdivise ensuite de manière à donner naissance à 6-9 petits axes; chacun d'eux, de mème que les branches du pédoncule commun, est accompagné d'une bractéole scarieuse, qui représente une feuille avortée, et les der- niers axes se terminent par une réunion d'androphylles fasciculés, dont le mince filet se prolonge supérieurement en un appendice subitement acuminé qui supporte à sa base 2-3 loges à pollen. Ici donc l’inflorescence mâle est ra- meuse, et, comme elle sort d’un bourgeon axillaire, l'axe TERRAIN JURASSIQUE. — VÉG:TAUX. 131 sexué représente un rameau avec ses feuilles assez peu transformées, dont les dernières subdivisions sont au moins de troisième génération par rapport à la tige dont il est sorti. Nous verrons du reste bientôt que les appareils mâle et femelle des Cephalotaxzus offrent entre eux la plus étroite analogie de structure. Toutes les autres Aciculariées ont leurs appareils mâles disposés en chatons. Seulement, ces chatons sont courts et formés d’un assez petit nombre d'androphylles scarieux chez les Cupressinées, les Séquoiïées et les Taxodiées, tandis que ces mêmes organes sont robustes, strobiliformes et composés d'un grand nombre d’écailles pollinifères, disposées en spirale et généralement imbriquées, chez les Pinus, les Abiétinées, les Araucaria et les Dammara. Les chatons des Cupressinées sont les plus petits ; ils présentent (pl. 148, fig. 12), sur un axe court et avec une forme cylindrique ou oblongue, 6-8 et jusqu'à 10 paires d’écailles décussées ou ternées (suivant en cela le même ordre que les feuilles). Ces écailles, qui constituent les androphylles, sont jaunâtres, scarieuses, généralement peltées, mais plus ou moins prolongées vers le haut en appendice, de manière à se recouvrir mutuellement par le bord, elles supportent par-dessous et vers la base 3-4 loges à pollen, qui s'ouvrent au moyen d'une fente longi- tudinale. Sous ce rapport, comme sous celui de la struc- ture anatomique, les Cupressinées présentent une plus grande uniformité que celle qui se manifeste dans les gen- res des autres tribus, comparés entre eux. Les chatons mâles des Séquoiïées et des Taxodiées ne diffèrent pas beaucoup par l'aspect et les dimensions de ceux des Cupressinées ; cependant les androphylles qui les composent sont toujours, comme les feuilles, disposées 132 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. dans un ordre spiral. Chez les Sequoia et les Arthrotaxis, les feuilles sexuées sont imbriquées et subpeltées, denti- culées, ou sub-entières, prolongées par le haut en un appendice plus ou moins aigu et soutenant inférieurement 3 à 4 loges à pollen, dans le premier genre, 2 seulement dans le second; ces loges s'ouvrent au moyen d'une fente longitudinale. Elles sont au nombre de 3 dans le Cunniag- hamia, dont les chatons mâles, agrégés et terminaux, cylindriques-oblongs, ont des feuilles sexuées stipitées, ovales-orbiculaires et fimbriées sur les bords. Les mêmes organes, dans les Cryptomerta, sont petits, oblongs, cylin- droïdes. Ils comptent au plus 15-18-29 androphylles écail- leux, imbriqués, convexes à l'extérieur, concaves en des- sous, ovales-subpelloïdes, et portant à la face inférieure et basilaire, le long des bords du pelta, 4-5-7 loges petites, globuleuses, peu saillantes. La même forme se retrouve, à quelques variations près, chez les Tarodèum et Glypto- strobus. Avec les Araucariées on voit paraître les grandes inflo- rescences mâles, plus analogues à de vrais strobiles qu’à des chatons. Elles sont denses, vigoureuses, involucrées à la base, composées de nombreuses séries d’androphylles. Ces androphylles consistent en écailles étroitement im- briquées, prolongées en haut en un appendice convexe recourbé et aminci vers les bords ; leur base atténuée s'in- sère presque horizontalement sur l'axe et supporte infé- rieurement depuis 6-8 jusqu'à 24 loges à pollen, étroites, allongées, distribuées parfois sur deux rangs. Le chaton mäle des Dammara (pl. 146, fig. 19) est relativement petit; mais, dans les Araucaria, on en observe dont l'axe atteint une longueur de 15 et 20 centimètres et se couvre d'une multitude d'androphylles étroitement imbriquées, dont les TERRAIN JURASSIQUE. — "VÉGÉTAUX. 133 loges à pollen disposées sur un double rang s'ouvrent par derrière à l’aide de fimbriures longitudinales. Quant au chaton mâle des Abiétinées, ceux du genre Cedrus (pl. 149, fig. 5 et5*) peuvent servir de type ; ils sont grands, allongés, cylindriques, sessiles et pourvus d’un grand nombre d’androphylles, disposés sur plusieurs rangées de spires, ayant l'apparence d’écailles jaunâtres, bientôt desséchées, de consistance à la fois ferme et sca- rieuse. Chaque androphylle (fig. 5°), attaché à l’axe par un court pédicule se prolonge au sommet en un appendice en fer de lance pourvu d’une carène médiane, visible à la face supérieure, denticulé ou plutôt fimbrié le long des bords. Immédiatement au-dessous de l’appendice, sur les côtés de la carène qui lui sert de support, le long de son revers dorsal, sont attachées deux loges à pollen qui s'ouvrent longitudinalement et ne sont séparées l'une de l’autre que par un étroit connectif. Les loges à pollen sont partout réduites à deux, comme les ovules eux-mêmes, dans les Abiétinées; mais les chatons mâles des Pinus proprement dits sont généralement plus courts et plus grèles que ceuxdes cèdres et des sapins. Leur axe demeure nu à la base et les androphylles, petits et scarieux, sont supportés par un pédoncule plus ou moins prononcé. Il faudrait entrer dans des détails immenses et trop minutieux s'il s'agissait de décrire toutes les variations que présente l'appareil mâle des Aciculariées ; il suffit pour notre objet que nous ayons noté les principales et surtout celles qui fournissent des caractères susceptibles d'être invoqués comme éléments de classification. 434 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE, "Organes reproducteurs femelles et fructification. Les appareils mâle et femelle des Aciculariées, nous l'avons déjà dit, ne se correspondent pas généralement au point de vue morphologique. Cette dualité de confor- mation, exceptionnelle chez les Gycadées, où elle ne se montre que dans les Cycas, est universellement répandue au contraire dans la classe que nous considérons. Nous venons de voir l'appareil mâle de cette classe consister en un axe simple qui porte directement les androphylles, plus rarement en un axe ramifié ou seulement bifurqué. L’ap- pareil femelle est également ici représenté par une inflo- rescence, mais tantôt cette inflorescence se développe isolément et se trouve constituée par un ramule ou par un simple support, donnant lieu à la production d'un petit nombre d’ovules ou même d’un seul, tantôt au contraire cette inflorescence est complexe et se compose de tout un ensemble d'organes femelles disposés à l’aisselle des feuil- les de certains rameaux, de manière à les occuper entière- ment ou à se grouper sur une partie déterminée de leur extrémité supérieure. Ce sont alors les Conifères à propre- ment parler. Ainsi, morphologiquement, le cône ne répond pas au chaton mâle, mais chaque partie d’un cône, consi- dérée isolément, ou, pour mieux dire, chaque support d’o- vules, abstraction faite de la bractée foliaire, à l’aisselle de laquelle ce support est placé, correspond au chaton mâle tout entier et correspond aussi à l’inflorescence femelle des Taxinées; de telle sorte que le cône ou strobile, au lieu d'être un axe simplement pourvu de carpophylles, consiste dans un groupement d'inflorescences réduites à leurs élé- ments les plus essentiels, un support et quelques ovules, TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 155 situées à l’aisselle des feuilles d’un rameau. Ces feuilles, influencées par le contact ou le voisinage immédiat des or- ganes femelles, changentordinairement d'aspect, etperdent leur forme et leur consistance, pour passer à l'état d'écailles bractéales; ellesconcourent ainsi, soit qu'elles deviennent accrescentes en même temps que les supports, et qu'elles soient plus ou moins intimement soudées avec ceux-ci, soit qu’elles avortent en demeurant indépendantes de ces organes, à constituer le fruit, très-simple en apparence, très-complexe en réalité, auquel le plus grand nombre des Aciculariées doit la dénomination de Conifères. Ce point de vue que nous allons développer en pénétrant dans les détails, doit nous servir de guide dans l'exposition qui va suivre et qui ne sera pas seulement morphologique, mais aussi paléontologique, ou plutôt à la fois l’une et l’autre, puisque ici ces deux branches se donnentun mutuel appui. En effet, l'histoire du développement morphologique de la fleur femelle et de l'organe qui lui sert de support, chez les Aciculariées, est en même temps celle de l’évolution organique, poursuivie à travers un temps très-long, à laquelle la famille entière doit son état présent et les carac- tères qui la distinguent essentiellement. La conséquence naturelle d'une plus grande complexité de l'appareil reproducteur femelle des Conifères que de celui de l’autre sexe à été de rendre l'interprétation du premier des deux appareils aussi obscure que difficile. A peine est-on parvenu dans ces derniers temps à saisir la si- gnification qu'il est légitime d'’attacher aux parties soit principales, soit accessoires, de la fleur dans ce groupe. De grands efforts, parfois contradictoires, mais entrainant cependant une série de progrès successifs, ont été faits dans cette direction, et comme il est impossible, sans un résumé 136 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. rapide de ces travaux, de bien comprendre le but final dont on s’est graduellement rapproché, nous y touche- rons nécessairement, à mesure que nous entrerons dans Fexamen de l’ovule et des organes qui le soutiennent et le protégent chez les Aciculariées. Cet ovule constitue à lui seul toute la fleur; les divers auteurs s'accordent à avouer qu'il ne diffère de celui des Cycadées par aucun détail de structure de quelque valeur. Le terme d'ovule est pris ici dans son acception la plus étendue, comme répondant à l'ensemble des parties qui, après la fécondation, produisent la graine. L’ovule, ainsi considéré, se compose chez les Gymnospermes, et les Aci- eulariées en particulier, du nucelle et d’un seul tégument. La nature morphologique de l'ovule a été recherchée der- nièrement avec soin, et, à l’aide de certaines monstruo- sités, en s'appuyant d'une analyse délicate et des secours de l’analogie, on arriverait à ce résultat que le nucelle représenterait originairement une simple excroissance parenchymateuse, émergée de la surface d'une feuille ou vers le bord d’un lobe foliaire, replié pour former le tégu- ment. Cette opinion est celle de Cramer; elle a été derniè- sement exposée, sinon adoptée par Sachs et semble par- tagée par M. Van-Tieghem, qui s'appuie à cet égard sur un travail récent de M. G. Le Monnier (1), en hésitant toutefois à appliquer cette notion à l'universalité des Phanérogames. M. Sachs, au contraire, d'accord avec d'autres savants et en conformité avec les études anté- rieures de Payer, admet des ovules de nature axile à côté de ceux d’origine carpellaire, chez les Phanérogames; il range entre autres dans la première catégorie ceux des Pi- {1} Ann. se. nat. 5° série, Bot., XVI, 1872. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 137 péracées, des Chénopodiacées, des Polygonées, des Nayas, et Typha, ete. I considère l’ovule comme axile dans les Taxus et d’autres genres encore d'Aciculariées, mais non pas dans tous, tandis que les ovules des Cycadées appar- tiendraient à la classe des carpellaires marginaux, c'est-à- dire seraient insérés sur le bord de la feuille transformée en carpophylle. On voit aisément la différence radicale qui sépare les deux notions : dans l’une, l’ovule sort d'une feuille ou d’une partie de feuille; il n’en est qu'une émer- sence superficielle et le repli du limbe qui le supporte donne le jour à son tégument; d’après la seconde, l’ovule correspond à la terminaison supérieure d’un axe feuillé ; il devient alors un bourgeon modifié, puisqu'il occupe la place d'un pareil organe. Il est difficile de concevoir pour- tant, comment émergeant ainsi, tantôt de l’axe lui-même, tantôt de ses dernières feuilles, tantôt des lobes margi- naux de ces mêmes feuilles, l’ovule, malgré cette diversité supposée d’origine, aurait conservé l'unité de structure qui le distingue, et n'aurait pas entraîné dans le plan de. la fleur de plus grandes variétés morphologiques que celles que l’on constate dans l’uiversalité des Phanérogames (1). M. Strasburger est allé plus loin que Sachs dans la même voie. Pour lui, comme nous le verrons en développant par la suite les idées de cet auteur, les ovules des Conifères et des Gnétacées sont des bourgeons dont l'axe donne naïis- sance directement au nucelle, à son sommet. C’est dans cette nature axile du bourgeon ovulaire que consiste sur- tout, d’après le savant professeur, la différence qui sépare ces deux familles de celle des Cycadées, dans laquelle l’ovule est une production directe de la feuille modifiée en (1) Voy. Sachs, Traité de botanique, trad. par Ph, Van-Tieghem, p. 653 et suiv. 138 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. carpophylle (4). Quant à l'enveloppe unique du nucelle, il serait formé chez les Conifères, non pas d’une feuille unique, ni d'un repli foliacé, mais de deux feuilles carpel- laires, d’abord distinctes, puis confondues et soudées en un tégument bilabié au sommet. Quoi qu'il en soit de ces points non encore suffisamment éclaircis, le nucelle, lorsqu'il commence à pouvoir être distingué à l'état débauche sur la production qui lui sert de support, se montre comme une éminence arrondie et d'abord assez faiblement convexe, qui depuis ce premier début continue à se renfler et à se prolonger en avant, tandis que, autour de lui, on voit presque aussitôtparaitre, tantôt sous la forme d'un rebord ou bourrelet circulaire, tantôt sous celle de deux protubérances qui tendent à se rejoindre, puis à s'égaliser, les rudiments du tégument nucellaire, qui entoure cet organe, le dépasse plus ou moins et va former au-dessus de son sommet un orifice plus ou moins allongé et tubuleux, obscurément ou nette- ment bilabié (comme chez les Abiétinées, voy. pl. 149, fig. 7), qui prend le nom d’exostome ou ouverture micropy- laire et par où s’opère la fécondation. Ce tégument, ovaire béant pour les uns, enveloppe incomplète du nucelle pour les autres, et sur la vraie nature du quel on est encore loin de s'être mis d'accord, est tantôt, mais plus rarement, pourvu, tantôt (plus ordinairement) dépourvu de faisceaux fibro-vasculaires. Dans bien des cas, le tégument de l’o- vule peut s’accroître de manière à offrir des deux côtés un épaississement anguleux ou carène plus ou moins déve- loppé, qui, selon Strasburger, représenterait les vestiges de la nervure médiane des deux feuilles carpellaires. Ges (1) Voy. Straburger, Die Coniferen und die Gnetaceen, p. ?8 TERRAIN JURASSIQUE — VÉGÉTAUX. 139 parties saillantes, au nombre de 2 ou de 3, en se pronon- cant de plus en plus, donnent lieu aux appendices ailés ou simplement aux crêtes anguleuses qui accompagnent souvent les graines des Conifères, particulièrement celles des Cupressinées et Séquoïées (voy. pl. 147, fig. 7 et 148, fig. 5 et 9). L’accroissement, et par conséquent l'appen- dice, est parfois unilatéral; c’est ce que l’on remarque dans les Dammara (pl. 146, fig. 24). L'ovule jeune du Salisburia (pl. 144, fig. 1) se montre faiblement comprimé, à 2 ou 3 angles; plus tard la partie intérieure du tégument ou endotesta durcit et conserve, avec un tissu serré et ligneux, la forme comprimée à 2 ou 4 angles (pl. 144, fig. 3-4), tandis que la partie extérieure, devenue charnue, se gonfle et s’arrondit de manière à prendre la forme sphérique (pl. 144, fig. 2). Cette structure bi-trigone, donnant lieu à des carènes ou à des ailes plus ou moins prononcées, se retrouve bien évidemment chez les Aciculariées les plus primitives (pl. 150, fig. 3 et 3°, fig. 4, 5et 7, pl. 151, fig. 4); aussi nous aurons à y revenir et nous ne faisons ici que mentionner le fait lui-même sans y insister davantage. L'appendice ailé des graines d’Abiétinées a une toute autre origine ; il doit son existence à une différenciation qui sépare autour de l’ovule une lame superficielle du support séminilère ; cette lame demeure adhérente à la graine et se détache plus tard avec elle. La position de l’ovule, qui dépend surtout de son mode d'insertion sur le support, est aussi à considérer, bien que l'on ait longtemps accordé à ce caractère une importance exagérée, jusqu'à lui donner la primautésur tous les autres, au lieu de les combiner entre eux pour arriver à la juste appréciation des affinités qui rapprochent ou divisent les divers types du groupe immense des Aciculariées. L'ovule 140 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. peut être dressé et libre, c'est-à-dire dirigeant en haut son exostome et non engagé inférieurement dans la substance même du support; les Cupressinées nous fournissent le meilleur exemple de cette disposition. L'ovule peut être encore à demi dresséet presque libre au début, puisdevenir incliné et finalement réfléchi par un mouvement de bas- cule du support, graduellement opéré; c’est une dispo- sition que nous retrouvons dans les Séquoïées. L'ovule peut être, par une autre disposition, réfléchi et libre, c’est- à-dire couché sur le support, dirigeant son exostome vers l'intérieur du cône et attaché par la base à une saillie du support, plus ou moins prononcée. C’est la disposition qui nous est offerte par les genres Dammara (pl. 146, fig. 23) et Cunninghamia. Enfin, l'ovule peut être encore réfléchi et entrainé ou maintenu dans cette position par un progrès de croissance du support, dans lequel il est enchassé dès l'origine, de manière à retourner en bas ou en dedans, vers l'axe de l’inflorescence, son extrémité libre et répondant à l'exostome, C'est ce qui arrive chez les Podocarpus (pl. 146, fig.2et3), les Araucaria (pl. 146, fig. 6-8, et 12-14) et les Abiétinées (pl. 149, fig. 7), mais avec des diversités qui tiennent à la structure, elle-même très-complexe, du support auquel l’ovule est attaché. Nous reviendrons sur ces particularités d’où dépendent en partieles principes de classification qui président à l'ensemble des Conifères. Il est inutile d'ajouter qu'en dehors de toute compli- cation et adhérence, lorsque l'ovule est simplement posé à l'extrémité d’un support ou soutenu par une inflores- cence, cet organe n'est pas réfléchi, mais érigé et libre. C'est ce que montre entre autres les Taxinées, les Phyllo- cladus et le Salishuria. Dans le phénomène qui détermine la position penchée, il y a toujours à constater un mou- TERRAIN JURASSIQUE. == VÉGÉTAUX. A41 vement de croissance inégale, qui pousse l'ovule et le re- tourne, en lui faisant décrire sur lui-même une demi- circonférence qui le laisse finalement dans une situation inverse de celle qu’il devrait occuper naturellement. Pendant que l’'ovule achève de se développer extérieu- rement, de revêtir l'aspect qui le caractérise et de prendre la situation qu'il occupe lors de la pollinisation, et plus tard encore, jusqu'au moment où, l'imprégnation fécon- dante ayant accompli son effet, l'embryon se trouve défi- nitivement formé, il se passe au sein de l’ovule, ou plutôt dans l’intérieur du nucelle, une série de phénomènes, de changements d'état successifs, dont l'ordre, la nature et la signification ont été, de la part de plusieurs savants, entre autres de MM. Hofmeister et Strasburger, l'objet de recherches récentes et de travaux précieux. Ces tra- vaux ont cela de plus particulièrement remarquable qu'ils ont dévoilé une réelle affinité entre ce qui se passe dans l’ovule des Gymnospermes et ce qui a lieu dans le macros- porange des Cryptogames vasculaires les plus élevées, comme les Lycopodiacées, les Isoétées, les Salviniées et les Rhizocarpées. D'autre part, malgré des différences sensibles, et qui toutes rapprochent les Gymnospermes, des groupes que nous venons de citer, le développement de l’ovule et l’'embryogénie de cette classe de végétaux peuvent être rattachés, surtout par l'intermédiaire des Gnétacées, au même ordre de phénomènes, tel qu'il existe chez les Phanérogames angiospermes. De là résulte un enchainement évident qui ne laisse pas que d’avoir sa raison d'être dans le mode d'évolution des végétaux et qui touche par conséquent aux questions les plus délicates que la paléontologie est à même de soulever, sinon de résoudre encore. 142 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. Dans le tissu parenchymateux du nucelle, primitive- ment égal et formé de petites cellules ovales, l'agrandis- sement d'une ou plusieurs cellules, toujours situées dans l’axe du nucelle et loin de son sommet, fait naître un ou, plus rarement (dans les T'axus par exemple), plusieurs sacs embryonnaires; mais presque toujours une seule des cel- lules ainsi agrandies, dans le cas où il en existe plusieurs, se développe définitivement pour former le sac embryon- naire (1). Ce sac embryonnaire agrandi et étendu à son tour, mais toujours environné jusqu'à la fécondation par une couche épaisse de tissu nucellaire, développe dans son intérieur, souvent après une première résorption, un tissu parenchymateux qui persiste finalement et prend le nom d'endosperme. Au point de vue morphologique, les savants sont d'accord pour assimiler le nucelle au ma- crosporange des Cryptogames vasculaires hétérosporées, le le sac embryonnaire à la macrospore de ces mêmes végé- taux et l’endosperme qui remplit le sac embryonnaire au prothalle inclus ou semi-inclus des Rhizocarpées et des Lycopodiacées. Le prothalle des Isoétées surtout, par son mode de formation entièrement endogène, la situation qu'il occupe dans la macrospore et la nature de son tissu présente un rapport frappant, d'après M. Hofmeister, avec ce qui se passe lors de la production du sac em- bryonnaire des Aciculariées. L'endosperme à son tour, une fois développé, donne naissance, à l’aide de quelques- unes de ses cellules situées sous le sommet du sac embryonnaire, à autant d'archégones auxquels on donne le nom de corpuscules, mais qui, soit par leur rôle, soit par leur conformation, sont les vrais représentants de (1) Sachs, Traité de Botanique, trad. par Ph. Van-Tieghem, p. 599. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 143 l’archégone ou cellule femelle qui par son union avec l’anthérozoïde reproduit la plante mère dans les végétaux sexués inférieurs. D'après M. Strasburger dont les études accompagnées de figures sont d’une clarté admirable, chaque corpuscule sorti d’une cellule mère donne lieu inférieurement à une grande cellule plus ou moins ovale, quelquefois très-allongée, qui demeure simple jusque vers son point de contact avec la voûte du sac embryon- naire et se termine par une cellule, plus ordinairement par une rangée de cellules accolées et superposées, qui correspondent au col de l’archégone ; ces dernières cel- lules servent d'orifice au corpuscule et le mettent en communication directe avec le tube pollinique qui vient s’y appliquer étroitement et y déverser son contenu pro- toplasmique, lors de la fécondation. La cellule qui se forme un peu avant cet acte, immédiatement au-dessus de la grande cellule, au moyen d’une cloison transversale interposée, remplit le rôle et prend le nom de la cellule- canal, dont l'existence a été si souvent constatée chez les Cryptogames. M. Strasburger, à qui est due l’ohservation de cette cellule-canal, l’a rencontrée très-nettement limitée, dans le Zsuga canadensis et d'autres Abiétinées, beaucoup plus vaguement circonserite au contraire dans les Cupressinées. Les corpuscules des Conifères affectent des formes variées : séparés par une ou plusieurs assises de tissu cellulaire et plus largement ovales dans les Abiétinées, où ils sont au nombre de 3 à 5; ils s'allongent et deviennent étroitement contigus dans les Cupressinées qui en comptent 3-15 et au delà pour chaque ovule; le Z'axuz baccata en à 5-8. Au-dessus des corpuscules, il se forme des enfoncements extérieurs, en forme d’enton- noir, servant de communication avec le col de ces organes. 144 : PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, Ces enfoncements plus ou moins prononcés sont tantôt particuliers à chaque corpuseule, tantôt communs à plu- sieurs d’entre eux. Ils facilitent l'introduction du tube pollinique qui s'y enfonce et pénètre par une marche parfois interrompue et toujours plus où moins lente dans le substance même de l’endosperme (1). Les grains de pollen dont nous voulons dire maintenant queiïques mots avant d'achever tout ce qui concerne la fécondation, se présentent à l'œil nu au sortir des saes d’antbères sous la forme d’une poussière fine, jaunâtre, et ordinairement des plus abondantes, jusqu’à remplir l'air comme d’un nuage et à faire croire à des pluies de soufre dans le voisinage de certaines forêts. Chacun d'eux a deux téguments et renferme à l'intérieur un corps de 3 à 4 cellules qui par le gonflement de l’une d'elles ou de deux d’entre elles et le déchirement de la membrane extérieure, sous la pression de celle qui est au-dessous, donne naissance à l’appareil vésiculaire que l’on nomme tube pollinique. Le grain de pollen a été assimilé très- naturellement au nicrospore des Cryptogames supérieures ; l'appareil vésiculaire qui en provient et au moyen duquel s'opère la fécondation devient alors une prothalle mâle, qui, après s'être attaché à la partie du nucelle où vient aboutir l'orifice des corpuscules, pénètre peu à peu, en s'allongeant, en élargissant l'extrémité supérieure du tube et épaississant sa membrane, à travers une portion ramollie des tissus. Les phénomènes qui accompagnent ou suivent la polli- nisation et la marche même du tube pollinique ont été parfaitement décrits dans l'ouvrage de Strasburger, (1) Voir Strarburger, Die Coniferen und die Gnetaceen, p. 598 et suiv. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. Les auquel nous renvoyons pour tout ce qui se ratlache trop indirectement à notre sujet. La manière dont s'accomplit chez les Conifères l'acte de la fécondation est cependant marquée de particularités saillantes et trop caractéristi- ques pour les passer entièrement sous silence. M. Stras- burger a constaté la présence d’un liquide sécrété en gouttelettes par l’orifice béant de l'ovule; cette sécrétion est destinée à faciliter l'introduction des corpuscules polli- niques ; elle est plus abondante dans les genres à ovules iso- lés que dans ceux chez lesquels ils sont agrégés en un cône, dont les écaillescontribuent à retenir la poussière mâle, le plus souvent disséminée à l’aide du vent. La germination des grains de pollen et la production du tube pollinique qui en est la conséquence n’entraînent pas chez les Coni- fères l’'accomplissement immédiat de l'acte de la féconda- tion. Presque toujours, au contraire, le tube pollinique après avoir pénétré quelque peu en avancçant dans les tissus, s'arrête et suspend ses progrès durant un intervalle de temps qui se prolonge plus ou moins, mais qui peut atteindre ou dépasser même une année pour les espèces dont la graine ne mûrit que la deuxième année. Pendant ce temps d'arrêt, dont il ne serait pas impossible de trouver des exemples chez certaines Angiospermes, dans les Quercus particulièrement, les corpuscules achèvent de se développer, et l'appareil du pollen, après avoir repris sa marche et traversé toute l'épaisseur du tissu nucellaire qui le sépare de l'endosperme, déverse finale- ment son protoplasma jusque dans la cellule centrale des corpuscules, après avoir adhéré fortement aux cellules dont se compose le col de ces organes; la fécondation se trouve alors opérée. La conséquence immédiate du phénomène est la formation du proembryon d'abord, 11° SÉR. VÉGÉTAUX. — III. 10 1:6 PALLONTCLOSIE FRANCAISE. puis, à l’aide de la transformation de celui-ci, d'un ou de plusieurs embryons distincts, au sein de chaque corpus- cule. Le proembryon des Taxées ne donne lieu qu'à un seul embryon par corpuscule; dans les Abiétinées et les Gupressinées, au contraire, le proembryon se subdivise dans chaque corpuscule et amène la naissance de plu- sieurs embryons ou commencements d'embryons distincts. Dans les deux cas, le phénomène de la polvembryonie, rare, mais non pas inconnu, chez les Angiospermes, se manifeste normalement chez les Aciculariées dans la phase qui suit la fécondation : il n’est du reste que passa- ger, et un seul embryon définitif (1) se développe au milieu de ce nombre plus où moins considérable d’em- bryons rudimentaires, tandis que le sac embryonnaire s'étend de plus en plus ; de manière à achever d'envahir tout le nucelle. L'embryon des Aciculariées ressemble en tout à celui des Cycadées; il occupe la même position que celui-ci, tournant sa partie radiculaire vers l'ouverture micropy- laire, maintenant chlitérée, et s'y tenant attaché par le suspenseur, tandis que sa partie axile ou cotylédonaire se dirige dans le sens opposé, vers l'intérieur de la graine. Les cotylédons varient en nombre et en étendue propor- tionnelle, selon les genres. L'embryon du Salisburia, rela- tivement gros et le plus analogue à celui des Cycadées, en possède deux inégaux; les Cupressinées en ont tantôt deux égaux, tantôt 3 et jusqu'à 9; mais chez les Abiéti- nées, particulièrement chez les pins, leur nombre peut s'élever jusqu'à 12 ; il est de deux à quatre chez les Arau- cariées. (1) C'est ce qui se passe au mains dans l'immense majorité des cas. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 147 Tout ce que nous avons exposé jusqu'ici au sujet de l’ovule des Gymnospermes n'a rien d'obscur ni d’é- quivoque, malgré certaines divergences partielles dans la manière d'interpréter les faits. Il en est même de la cor- respondance morphologique de l’ovule et du macrospo- range comparés et encore plus de la liaison entre la genèse du sac embryonnaire, des corpuscules et des embryons, d’abord multiples, des Gymnospermes et ce qui a lieu, à ces mêmes égards, chez les Pharénogames d'un rang plus élevé. Les difficultés s'accumulent, au contraire, lorsqu’au lieu de s'attacher à l’ovule des Aciculariées, considéré isolé- ment, on veut en définir la signification relative et surtout déterminer la vraie nature du support sur lequel il est in- séré et rechercher enfin l'origine de ce support, tantôt axile, tantôt purement appendiculaire, en apparence au moins; tantôt simple et se confondant avec la bractée, sur laquelle les ovules paraissent alors directement implantés, tantôt axillaire par rapport à cette bractée et constituant un organe réellement distinct et indépendant de celle-ei. La discussion, non encore terminée, qui s’est engagée sur cette question touche cependant de trop près aux parties essentielles qui constituent le fruit soit simple soit agrégé des Aciculariées,et une mauvaise notion de ces parties en- trainerait trop de conséquences fâcheuses, même au point de vue paléontologique, pour que nous ne soyons pas tenté de donner au moins une esquisse des termes dans lesquels la controverse se meut actuellement. Peut-être même la solution probable commence-t-elle à se laisser entrevoir (4). (1) Voyez à cet égard £achs, trad. par Ph. Van-Tieghem, p. 558 et stiv. et surtout la note du traducteur. 138 L'ALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. Pour Linné et les botanistes qui l'ont suivi jusque dans une période assez avancée du dix-neuvième siècle, les fleurs femelles des Conifères étaient des pistils dont l'ovaire, surmonté d'un stigmate simple, renfermait une seule graine et n'avait d'autre périgone qu'un calyce presque toujours réduit à une écaille unique, faisant l'office de ealyce, et sur laquelle les pistils étaient insérés solitaire- ment ou plusieurs ensemble. Aux yeux de Linné chaque graine de pin ou de cyprès était une noix ailée ou angu- leuse. Dans la flore de Lamarck et de Candolle, la semence des Conifères devient un cariopse membraneux ou osseux ; dans la pensée d'Achille Richard, elle constitue suivant les cas un akaine ou une samare. Aug.-Pyrame de Can- dolle, dans sa 7'héorie élémentaire de Botanique, dont la troisième édition date de 1844, range encore les Conifères à la suite de ses Monochlamydées, entre les Casuarinées et les Cycadées, bien que dans le texte, quelques pages plus haut, l’auteur ait exclu formellement le dernier groupe de cette même série. Robert Brown le premier, si l'on ne tient pas compte d'un passage, d’ailleurs peu connu, quoique très-expli- cite, du botaniste florentin Targioni, publié dès 1810, transporta la question sur un terrain nouveau, en propo- sant pour désigner le groupe des Conifères, des Cycadées et des Gnétacées réunies, la dénomination de Gymnos- permes qui leur est restée. Aux yeux du savant anglais et de tous ceux qui ont depuis adopté son interprétation, les fleurs des Gymnospermes ne sont pas des ovaires, mais simplement des ovules nus, revêtus d'un tégument in- complet et unique, dont le nucelle reçoit directement: l'imprégnation fécondante, et qui se trouvent insérés sur des feuilles ou des parties de feuilles plus ou moins MO. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 149 difiées, de manière à constituer des carpelles ouverts. La distinction entre un ovule nu, mais assis sur une feuille carpellaire non repliée, et un ovaire simplifié jus- qu'à ne retenir que ses deux éléments essentiels : un nu- celle et une enveloppe béante au sommet, cette distinc- tion est en réalité des plus subtiles, peut être même inutile à la justification de ce que la théorie de Robert Brown renfermait de plus fécond et de plus élevé, c’est-à-dire l'établissement d’un groupe de premier ordre opérant le passage des Cryptogames les plus parfaites aux Phané- rogames proprement dites, distinct des unes comme des autres, retenant cependant quelque chose de toutes deux. Cette tendance en effet a résisté au temps et n’a pu que s'affermir à la suite des études de paléontologie végétale, à peine inaugurées au moment où, vers 1826, Robert Brown formulait l'énoncé de ses opinions. Mais, pour que l'interprétation de la fleur femelle des Gymnospermes, donnée par Brown, demeurât vraie, il importait beaucoup, à une époque où la pensée de faire sortir une feuille car- pellaire d’une autre feuille, et non pas d’un axe, ne pouvait venir à personne, il importait évidemment de prouver que les ovules dont il était question se trouvaient direc- tement implantés sur des feuilles, et ce mode d'insertion ne pouvait effectivement faire l’objet d'un doute, de même que plus tard il n’a jamais été sérieusement contesté, en ce qui concerne le groupe des Cycadées, puisque l'ob- servation même superficielle des carpophylles des Cycas et l'assimilation de ceux-ci aux organes du même sexe des autres genres de cette famille suffit évidemment pour le démontrer. Les Cycadées fournissaient ainsi une excel- lente base d'observation et les Conifères avaient avec elles trop d’affinité pour que l’on fût tenté d'admettre de 450 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. prime abord, pour le second de ces groupes, une disposi- Hon des fleurs femelles différente de celle du premier, sans preuve directe et en dehors de tout indice saillant d'une aussi forte anomalie. Il est done naturel que R. Brown et ceux qui propagèrent sa théorie, aient également con- sidéré les fieurs femelles des Aciculariées ou Conifères, comme autant d'ovules nus, portés sur des écailles, et ces écailles comme représentant des feuilles diversement modifiées. Cependant, si la question était claire pour les Cycadées, elle l'était déjà moins pour les Conifères, et ré- solue seulement par vue d’analogie, puisque chez celles-ci il était permis de concevoir une interprétation toute dif- férente de la nature des parties de plus d’une sorte qui servent de supports aux ovules. Si le fruit de la majorité des Conifères est un strobile comparable à celui des Cy- cadées, les écailles de ce strobile laissent entrevoir, il faut le dire, de telles particularités de structure que pour avoir échappé à l'attention des premiers observateurs, elles n'en dénotent pas moins une complexité de phénomènes, dont la signification véritable ne saurait être saisie sans diffi- culté. On peut dire effectivement qu'au moment où R. Brown fondait la classe des Gymnospermes et long- temps encore après lui, l'écaille à fruit des Conifères était encore imparfaitement connue ; ce n’est que récemment qu'à l’aide d’un examen attentif et grâce au secours de l'analyse anatomique, on est parvenu à distinguer les uns des autres les trois éléments qui jouent le principal rôle dans l'appareil fructificateur des Conifères, savoir : la bractée ou feuille bractéale, à son aisselle le support de l’ovule, et à la base de ce dernier la formation dscoide qui nait sur son pourtour ; mais, comme nous l'avons dit, il en est qui pensent que l'ovule prétendu n'est qu'un TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 1551 ovaire réduit à ses éléments les plus simples et que le sup- port de cet organe, au lieu d’être une écaille ou de résul- ter de la soudure de plusieurs écailles, et par conséquent de constituer une formation appendiculaire, représente plutôt un axe réduit, soit rudimentaire, soit totalement atrophié, contractant avec la bractée divers degrés de soudure, indépendant de celle-ci dans d’autres cas, encore visible et feuillé, chez les Taxées seulement. Il s’est ainsi formé deux écoles rivales, dont les travaux et les recherches ont marché parallèlement depuis un demi-siècle et qui, tout en interprétant les faits, chacune à son point de vue théorique spécial, n'ont pas manqué de contribuer pour une part égale à la connaissance de plus en plus exacte des organes fructificateurs des Coni- fères. Les idées de R. Brown ont eu pour soutiens et pour re- présentants principaux, d’abord M. Adolphe Brongniart, à qui est même dû l'établissement de la classe des Gym- nospermes, en tant que constituant une catégorie spéciale de Phanérogames ; puis Lindley, David Don, Hooker, en Angleterre ; en Allemagne, Nees von Esenbeck, ensuite Endlicher, Alexandre Braun, plus tard Caspary, Eichler et enfin M. Sachs professèrent la même doctrine, non sans quelques variations. En France, Brongniart fui suivi dans la même voie par Decaisne, Duchartre, Schimper, etc. M. Philippe Van-Tieghem est actuellement l'organe le plus autorisé de l’ancienne théorie Brownienne, nécessai- rement modifiée par le temps et ies observations succes- sives, qui assimile les fleurs femelles des Conifères à des ovules nus insérés sur des supports nécessairement axii- laires. Ces supports, tantôt libres et indépendants, tantôt plus ou moins soudés avec la bractée axillante où même 152 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. entièrement confondus avec celle-ci, ont été considérés par les uns (Eichler) comme étant des axes plus où moins réduits et avortés, mais par les autres, surtout récemment par M. Van-Tieghem, comme représentant la première et unique feuille développée d'un bourgeon axillaire avorté, laquelle tournée en sens inverse de la bractée axillante porte l’ovule ou les ovules insérés sur un point quelconque de sa face dorsale. Ainsi, d’après Van-Tieghem qui se base à cet égard sur la symétrie des faisceaux fibro-vasculaires disposés suivant un plan, les supports d'ovules seraient des organes appendiculaires plusou moins transformés, n'ayant absolument rien d’axile. Les études anatomiques du savant français ont donné un grand et légitime retentissement à ses idées théoriques. Quelles que soient les destinées de celles-ci, un peu trop empreintes de l’exagération que porte en soi l'esprit de système, les belles recherches ana- tomiques de l'auteur auront, à coup sûr, avancé la con- naissance de la structure intérieure des parties qui Ccom- posent l'appareil femelle des différentes Conifères ; et en tout cas, il aura ouvert la voie à une solution définitive des points encore controversés. L'école opposée à celle de R. Brown se rattache plus spécialement à la tradition des anciens botanistes. Sa ten- dance est de retrouver les parties constitutives et seules tout à fait essentielles de la fleur des Phanérogames les plus élevées, même chez les végétaux de cette classe dont la fleur s'écarte le plus du type normal par la dégradation et la simplification croissante de ses éléments. Cette école a toujours eu en France et ailleurs des organes autorisés qui se sont efforcés de prouver l'existence chez les Coni- fères, au lieu d’ovules nus, d’un ovaire uniovulé, dont l'ovule réduit au nucelle accuserait une placentation axile TERRAIN JURASSIQUE., — VÉGÉTAUX. 153 et serait plus ou moins soudé inférieurement avec le pour- tour intérieur de l'enveloppe ovarienne. Celle-ci serait formée de la réunion de deux feuilles carpellaires, et l’exostome, le plus souvent bilabié, représenterait un stig- mate rudimentaire, demeuré béant. Cette sorte d’ovaire serait tantôt libre, tantôt plus ou moins soudé avec la substance du support, et la nature axile de ce dernier serait aisée à démontrer en faisant ressortir son affinité incon- testable avec l'ovaire des Gnétacées et par l'intermédiaire de celui-ci avec l’ovaire d’autres groupes d’Angiospermes fort légitimes, telles que les Santalacées et les Lorantha- cées. Les représentants de cette seconde école, qui en France à marqué avec éclat dans l'enseignement scienti- fique, sont d’abord M. de Mirbel, puis Achille Richard, Payer et actuellement M. Baillon dont les recherches or- ganogéniques sur la fleur femelle des Conifères ont marqué un progrès considérable vers la juste appréciation du mode de développement et de la structure de l'appareil fructificateur de ces sortes de plantes. On voit par ce qui précède que toute la question, en ce qui concerneles Aciculariées, consiste à déterminer, d'une part, si leurs fleurs sont des ovules nus, c’est-à-dire sans tégument ovarien, ou des ovaires très-simples avec un seul nucelle dépourvu de toute enveloppe et, d'autre part, si les supports de ces ovules ou ovaires sont des parties axiles ou simplement appendiculaires. C'est à résoudre cette question dans un sens ou dans un autre que beau- coup de savants se sont appliqués dans le cours de ces dernières années. On conçoit que l’analogie des Conifères avec les Cycadées, dont les supports floraux représentent visiblement des feuilles, favorise l'opinion de Brown et de ceux, comme M. Van-Tieghem, qui croient à la nature 154 VALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. appendiculaire des supports, tandis que les partisans de l'opinion contraire invoquent, pour l'étayer, l'observation des Gnétacées dont le nucelle paraît réellement émerger de l’axe et dont l'appareil floral, déjà plus complexe et même sub-androgyne, fournit des éléments de transition vers la symétrie florale des véritables Angiospermes. Le nucelle de Gnétacées présente effectivement deux enve- loppes concentriques, l’une extérieure et vasculaire for- mée de deux bractées soudées et représentant l'ovaire, d'après M. Strasburger, l’autre intérieure formant un té- gument qui paraît devoir son origine à une bractée uni- que. C’est ce dernier et non pas la première enveloppe, que M. Van Tieghem serait disposé à considérer comme un ovaire imparfait. Dans le genre Gnetum il existe, outre l'enveloppe vasculaire extérieure, deux téguments qui re- couvrent l’ovule, mais ici l'extérieur est vasculaire, parti- cularité que M. Strasburger signale aussi chez les Amen- tacées (1). On voit que l'accord est loin d’être conclu au sujet de l'interprétation des faits, dont la signification est encore controversée, et pourtant la liaison des Gnétacées en elles-mêmes avec les Conifères et leurs caractères de transition vers les Angiospermes ne font doute pour per- sonne. Van-Tieghem et Strasburger le reconnaissent éga- lement (2). Blume qui, à propos des plantes de Java, a étudié à la fois les Cycadées, les Conifères et les Gnétacées, a flotté, selon le témoignage de Strasburger (3) entre les deux théo- ries, celle de Brown et celle de Richard, sans en adopter aucune d'une manière exclusive. Il incline pourtant vers 1) Voy. Die Coniferex und die Gnetaceen, p. 236 et suiv. (R)Voy Ann SCO na NE SsSÉrIe, Cr X p.202 (3) L. c., p. 181 et 182. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 155 la première en ce qui concerne les Abiétinées. Schleider se demandait si, contrairement à l'évidence, le spadice fructifère des Cycas n'était pas en réalité un rameau axil- laire déformé, et Miquel, dans sa monographie des Cyca- dées, s'était posé la même question. C'était reculer la dif- ficulté, loin de la résoudre, et se créer une solution en intervertissant sans motif les termes du problème. En réalité l'étude des particularités intimes du mode de développement et de la structure anatomique, patiem- ment poursuivie, était seule capable de fournir des élé- ments sérieux d'appréciation, à défaut d’une solution tranchée et définitive, peut être impossible à obtenir dans l’état actuel de la science. C'est ce qu'ont très-bien com- pris en France MM. Baillon et Van-Tieghem, en Italie M. Parlatore, en Angleterre M. Hooker pour le curieux Wellwitschia, en Allemagne enfin MM. Hofmeister, Hugo Mohl, Sachs et en dernier lieu Strasburger qui, en résu- mant dans un travail d'ensemble toutes les vues anté- rieures sur tes Conifères et les Gnétacées, y a ajouté Île résultat de ses propres recherches. Les détails caractéristiques, relatifs à la structure des organes reproducteurs femelles des Aciculariées, qui ont été précisés et mis en lumière à l’aide de tous ces efforts réunis peuvent se résumer de la manière suivante : Les fleurs femelles des Aciculariées, sous l'apparence qu’elles ont actuellement, ne se montrent pas insérées sur des supports isolés et simples, mais (à une seule exception près, celle du Salisburia) elles sont toujours portées au contraire sur une inflorescence, et cette inflorescence peut être combinée de plusieurs manières. Le nombre et la variété de ces combinaisons constituent en définitive la principale originalité du groupe. 156 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. Dans le cas des Taxées, qui se présente à nous le pre- mier, l'inflorescence consiste en petits rameaux munis de bractéoles, qui sortent de bourgeons spéciaux. Tantôt ces rameaux sont fasciculés de 1 à 3 (Cephalotazus) ; tantôt ils sont courts, solitaires, mais ramifiés une fois de nou- veau, d'un seul côté (Zaxus) ou des deux côtés et par conséquent bifurqués (Torreya). Les bractées foliaires de ces rameaux sexués ne sont jamais accressentes et les fleurs {ovules ou ovaires) sont situées, soit solitairement au sommet de chaque axe partiel (Taxus et Torreya), soit deux par deux à l’aisselle des bractéoles supérieures de chaque rameau, disposées en un ordre décussé; c’est ce que montrent les Cephalotazus (pl. 145, fig. 3 et 3a). Dans ce premier type d’inflorescence, non-seulement les brac- tées n’ont rien d’accrescent, mais alors même que les ovu- les se trouvent groupés plusieurs ensemble vers le som- met du même axe, comme chez les Cephalotazus, un seul d'entre eux se développe aux dépens des autres qui avor- tent généralement. Enfin dans les deux genres Tazus et Torreya, où justement l’ovule est terminal au sommet d'un petit axe latéral, il se développe une formation dis- coïde, sortie du pourtour de la base d'insertion de l’ovule, qui s'accroît lors de la fécondation et qui l'enveloppe en- suite en partie (Z'axus) ou totalement (7orreya). Cette formation discoïde ne doit être assimilée, selon M. Stras- burger, ni à un tégument, ni à un ovaire. Elle est propre au groupe des Aciculariées et se retrouve plus ou moins développée, plus ou moins reconnaissable dans d’autres tribus que celle des Taxées, où elle se combine avec l'ac- crescence des parties qui soutiennent la fleur et contribue à la soudure de sa base d'insertion et de ses parois avec le support et avec la bractée elle-même. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 157 Dans les Phyllocladus que nous considérons après les Taxées, l’inflorescence toujours axillaire consiste en un axe couvert d'un certain nombre de bractées dont quel- ques-unes sont fertiles, c'est-à-dire présentent à leur ais- selle un support très-court et convexe, terminé par un ovule solitaire. Ce support, indépendant de la bractée, développe à la base de l’ovule fécondé une formation dis- coïde ayant l'aspect d’une cupule membraneuse, tandis que les bractées, devenues charnues et soudées avec le rachis de l’axe également charnu, renferment chaque ovule dans une sorte de cavité. Ici se découvrent deux caractères qu'il est bon de préciser. D'une part, le support demeure indépendant de la bractée axillante, tout en donnant lieu à un appareil discoïde, comme dans les T'axées, et, de l’autre, il se montre une accrescence charnue et une sou- dure réciproque de la bractée et de l'axe, à peu près comme dans les Podocarpus. L'inflorescence des Phyllocladus se trouve donc placée à égale distance de celles qui caracté- risent respectivement ces deux genres. Les supports floraux des Podocarpées qui représentent eux-mêmes des inflorescences réduites, contractent tou- jours des adhérences avec la bractée axillante, et par suite de cette soudure la formation discoïde se développe iné- galement ou se confond dans l’accrescence générale des parties qui touchent l'ovule. Ici encore se présentent d'’ail- leurs des particularités qui donnent lieu à des genres ou à des sections de genre. Chezles Dacrydium, en effet, (pl. 145, fig. 6), le support demeure simple et se trouve soudé avec la bractée, jusque vers le milieu de cet organe qui diffère peu des feuilles normales, parmi lesquelles il lient son rang; mais si le support est soudé jusqu'à son sommet, l’ovule est libre 158 l'ALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. ou adhérant par la base d'insertion et d'un côté seulement. Il demeure ainsi incliné ou même érigé, et s’entoure d'une cupule non pas charnue, mais sèche et membra- neuse. — Le support des Podocarpus n’est pas aussi sim- ple; il constitue par lui-même, non pas un axe très: réduit, mais une inflorescence véritable, comprenant un axe et plusieurs bractées, tantôt indépendante de la feuille normale, à l’aisselle de laquelle elle se développe (2. Chr- nensis Wall.), plus rarement soudée avec celle-ci qui alors dépasse les autres, comme dans les /acrydium (P. dacry- dioides A. Rich.). Une seule des trois paires de bractées dont l'inflorescence se compose, la médiane, et presque toujours une seule bractée de cette paire, l'avant-dernière se trouve fertile et soudée complétement avec le support de la fleur unique et avec la fleur elle-même, entièrement refléchie par un mouvement de croissance qui incline le sommet en bas. L'ovule (voy. pl. 146, fig. 2 et 3, deux fruits mûrs, l’un à un seul ovule, l’autre à deux ovules, du Podocarpus nerifolia Don), se trouve alors après la fé- condation, entièrement enveloppé, non-seulement par la formation discoïde, mais encore par le repli de son sup- port et de la bractée auxquels il se trouve incorporé. Plus tard, l'axe et les coussinets renflés des bractées de l'axe, devenus charnus, constituent un réceptacle pour la graine revêtue elle-même d'un tégument charnu. Les Podocarpus nous font voir le plus haut degré de sou- dure et de complexité auxquels soient arrivées les Acicu- lariées dépourvues de cônes ou dialycarpées. Dans les par- ties qui constituent leur appareil fructificateur, on recon- uaît, comme chez les Zaxus et les Phyllocladus, une inflo- rescence axillaire, mais dont les éléments, loin de de- meurer indépendants tendent à se confondre par des TERRAIN JURASSIQUE — VÉGÉTAUX. 159 adhérences mutuelles et des modifications consécutives de consistance, de plus en plus profondes. Les bractées et l’axe même sont accressents et charnus comme ceux des Phyllocladus ; mais de plus ici, il y à soudure du support ovulaire et de la bractée axillante et confusion de celle-ci, devenue accrescente, avec la formation discoïde qui n'a pas cessé de se développer concurremment. Par ces sou- dures de plus en plus intimes et, il faut le dire aussi, par la structure anatomique du bois, les Podocarpus semblent se rapprocher des Cupressinées ou mieux encore des Sé- quoïées. Leur ovule unique, refléchi et incorporé à la bractée axillante, leur donne même de l'aflinité avec les Araucaria. Ge sont là des branches très-divergentes, déri- vées jadis d’un tronc commun dont la connaissance nous est dérobée par l'éloignement. On concoit du reste la possibilité d'une série de moditi- cations analogues dans la structure de l'inflorescence, donnant lieu à autant de genres d'Aciculariées, en dehors des Conifères proprement dites, et effectivement bien des types rentrant dans cette même catégorie ont dû exister autrefois; peut-être même quelques-uns d’entre eux pourront-ils être rencontrés à l'état fossile et reconsti- tués peu à peu. Il est naturel d'admettre au moins l'hy- pothèse, lorsque l'on songe que les Aciculariées dialycar- pées se rapprochent en définitive bien plus que les autres de la structure que l'on est en droit d'attribuer aux types par lesquels la famille à dù primitivement débuter. Les genres actuels de cette même section sont plus isolés ; ils manquent souvent de liaisons mutuelles bien défi- nies; bizarres d'aspect, comme les ?hyllocladus, confinés dans l'hémisphère austral, comme les /acrydium, ou dis- tribués sur de grands espaces en espèces disjointes, 160 PALÉONTOULOGIE FRANÇAISE, comme les Zorreya, ils offrent des caractères qui ne sont point en désaccord avec l'antiquité présumée de leur ori- gine. Il faut rattacher encore à la même section, comme une confirmation de ce qui précède, un type curieux qui semble opérer la transition vers la section opposée et dé- montre comment, à l’aide d'une faible déviation, l’inflo- rescence des Phyllocladus, légèrement modifiée, compo- sée de bractées accrescentes plus nombreuses et plus régulièrement agrégées, pourrait se changer sans trop d'effort en un vrai strobile, tout à fait analogue à ceux qui caractérisent la section des Conifères proprement dites. Le Saxe-Gothæa conspicua Yindl., seule espèce vivante de ce genre singulier, se trouve confiné sur la croupe des Andes du Chili, où il compose en société du Æt:-loya patagonica Hook. fil, du Zibocedrus chilenss Endl. et du Podocarpus nubigena Lindl., de vastes forêts qui remon- tent jusque vers la limite des neiges éternelles. Les ovules de cette plante sont situés à l'aisselle de bractées réunies en assez grand nombre sur un axe commun; soudé et inverse, comme chez les Dacrydium, chacun d'eux est en- touré à la base d’une cupule mince et courte, plus ou moins lacérée sur les bords et analogue à celle des Phyl- laclodus. Les bractées, parfois stériles, devenues ac- crescentes, serrées les unes contre les autres et en partie soudées, composent un strobile presque globuleux à la maturité (pl. 145, fig. 8), dont la surface est hérissée de saillies provenant des pointes terminales des bractées changées en autant d’écailles (1). Il a donc suffi du grou- pement des bractées en nombre plus considérable, de leur soudure avec le support de la fleur femelle et de leur (1) Voyez L, Van-Houtte, Flore des serres et des jardins de l'Europe, VII, p. 83. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 161 accrescence, pour donner à un appareil, en réalité très- voisin de celui des Phyllocladus, l'aspect d'un véritable strobile. C'est qu’au fond le strobile lui-même n'est pas autre chose que le résultat du groupement régulier et permanent des inflorescences femelles, réduites chacune aux proportions d’un simple support el situées à l’aisselle de toutes les feuilles d’une portion déterminée de rameau, plus ordinairement de sa sommité, ou encore occupant un rameau entier. Les feuilles axillantes, influencées par le contact ou le voisinage immédiat des ovules, changent de forme en même temps que de rôle; elles passent à l’état de bractées ou d’écailles ; elles contribuent plus ou moins à l'évolution des semences, soit en prenant de l’extension pour les protéger, soit en disparaissant pour leur laisser le champ libre. Plusieurs cas se présentent en effet chez les Conifères : 1° la bractée est indépendante du support ovulaire; elle avorte ou demeure faible et petite, tandis que le support grandit et joue seul le rôle d’écaille dans le fruit ; c’est le cas des Abiétinées (pl. 149, fig. 2-3, 8-9), 29 la bractée est soudée en partie avec le support ovu- laire, et, par suite de cette soudure incomplète, tous deux grandissent et se développent en même temps, en don- nant lieu à un organe complexe, dans lequel les deux éléments, malgré leur cohérence, demeurent cependant susceptibles d’être distingués; c’est le cas des Taxodiées et des Séquoïées (pl. 147, fig. 5, 6 et 8), et aussi du Sea- dopitys; 3° la bractée est entièrement soudée dès l'origine avec le support, dans toute l'étendue de ce dernier, qui se confond avec la face supérieure du premier des deux organes, en sorte que pendant longtemps on à pu croire à l'existence d’une seule écaille supportant directement les ovules et à l’absence de toute bractée axillante. C’est le Ile Sér. VÉGéraux. — III. A1 1 62 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. cas des Araucariées (pl. 146, fig. 6-8, 11-14 et 16-17), et plus encore des Cupressinées (pl. 148, fig. 2-4, 8 et 10). Mais il faut distinguer entre les modes de développement propres à chacun de ces deux groupes. Dans le second, non-seulement la soudure est complète à l’origine entre la bractée et le support; mais celui-ci, d'abord représenté uniquement par l'emplacement où les fleurs se trouvent insérées, s’étend après la fécondation de manière à re- couvrir et à déborder latéralement la bractée à l’aide d'une sorte de production discoïde (pl. 148, fig. 2 et 3). Dans le strobile mür, chacune des deux parties, bien que soudées intimement, conservent l'indépendance de leurs systèmes de faisceaux respectifs. Ce mode de développe- ment se rattache étroitement à celui qui prévaut chez les Taxodiées et les Séquoïées,; il n’en diffère que par un degré de soudure plus avancé; mais les phénomènes d’accrescence qui donnent lieu à l'écaille du strobile ma- nifestent des deux parts une visible analogie et aboutis- sent à des résultats équivalents. Dans les Araucariées, au contraire, la soudure de la bractée et du support est plus intime à l'intérieur, en ce sens qu'il y a fusion au moins partielle des deux systèmes de faisceaux, celui de la bractée tendant à prédominer sur celui du support et à l'absorber plus ou moins. Ici, cependant, le support de- meure originairement, et pius tard encore, visible sous la forme d’un appendice ou d’un bourrelet qui se montre en saillie à la face supérieure de la bractée (pl. 146, fig. 7-8, 42 et 14), et qui sert de point d'attache à l’ovule solitaire, toujours réfléchi dans cette section (voy. aussi pl. 146, fig. 22-23). Ces préliminaires une fois posés, comme tout ce qui tient à la distinction à faire entre les Aciculariées pour- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 163 vues ou dépourvues de cônes, et la facon même de con- cevoir la structure soit actuelle, soit originaire, de l’ap- pareil fructificateur, fournissent des caractères de la plus grande importance, aussi bien pour la classification gé- nérale que pour la détermination des formes fossiles, nous allons entrer plus avant dans le vif de la question, à l’aide de considérations que nous ferons suivre d’un {a- bleau de la classe entière, distribuée par sections et tribus. Malgré les passages qui nous ont paru Conduire sans trop d'efforts des Aciculariées à inflorescences disjointes vers celles dont les organes femelles sont groupés en strobile, la division de la classe en deux grandes sections, basées sur la présence ou l’absence d’un appareil aussi caractéristique, est non-seulement des plus naturelles, mais elle est sans doute conforme à l’ordre même qui a dû présider à l’évolution génésique des Aciculariées. Les types à strobiles ou Conifères vraies n'ont dû venir qu'a- près les autres et sont vraisemblablement issus de ces der- niers ; on peut les concevoir comme une branche cadette, d'abord insignifiante, qui auraitensuite revêtu peu à peu les caractères qui la distinguent, en acquérant graduellement la prépondérance, puis la domination. Cette marche pré- sumée n'implique pas pour tous les types d’Aciculariées dialycarpées une antériorité nécessaire vis-à vis des Syn- ‘carpées ou Conifères. Les uns comme les autres ont dû subir respectivement des modifications graduelles et s'é- loigner plus ou moins de leurs prototypes originaires. C'est pourtant parmi les premiers seulement que l’on peut s'attendre à retrouver les vestiges les moins effacés de l’é- tat primitif commun à tous deux. Le strobile résulte dans tous les cas d’une complexité de structure des plus évi. 164 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. dentes; il nous révèle un amoindrissement et une atro- phie notables de parties originairement développées et un développement concomitant de celles qui, primitivement accessoires, furent détournées de leurs fonctions pour en remplir de nouvelles. C'est ainsi que l’on doit concevoir le cône, et c’est dans le même sens que l’on doit apprécier l’inflorescence beau- coup plus simple ou moins profondément modifiée des genres qui en sont dépourvus. C’est par là aussi que l’on peut expliquer comment les écailles des cônes sont tou- jours disposées dans un ordre si strictement conforme à celui des feuilles normales des rameaux. Les écailles con- tinuent le plus ordinairement la série des feuilles, demême que les cûnes ne sont que des rameaux contractés. Les cônes perfoliés par déformation ou même les cônes nor- maux des Cryptomeria et Cunninghamia (pl. 147, fig. 2) mon- trent bien que le strobile à pu se constituer inférieurement au sommet de l’axe végétatif qu'il termine le plus souvent, mais qui dans ces divers cas tend à se prolonger au-dessus de lui. Les cônes, parfois si démesurément allongés de cer- tains types fossiles (1) (voy. pl. 154, fig. 4, un cône presque complet de Vo/fzia heterophylla, Schimp.) représentent en réalité des axes chargés d’écailles fructifères sur un très- long espace. Ce sont des portions considérables de ra- meaux dont toutes les feuilles sont devenues fertiles. Dans les Cupressinées, les écailles sont décussées ou ternies, selon que les feuilles normales sont disposées par verti- cilles de deux ou de trois. C'est là une preuve que, lorsque les écailles ont été adaptées à leurs fonctions de bractées (1) Voy. Schimper, Trailé de paléontologie végétale, t. TI, p. 243, pl. 76, fig. 1, pour la description et la figure des cônes du G/yptolepis keuperiana Schimp., des grès moyens du Keuper, aux environs de Stuttgart. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 165 protectrices des ovules, les feuilles de ces végétaux étaient déjà disposées dans l’ordre que nous leur connaissons. Par conséquent, l'ordonnance foliaire des genres de Cupressi- nées actuelles a dû précéder (sauf peut-être dans les Wrd- dringtonia) l’organisation définitive du strobile, et cette organisation a dù se fixer peu à peu, à mesure que les inflorescences axillaires se réduisaient à n’être plus que des supports dont la soudure avec la base de la feuille axil- lante, devenue bractée, provoquait l’accrescence de celle-ci, et finalement son adaptation aux fonctions acquises qu'elle accomplit sous nos yeux. Cette correspondance entre l’ordonnance des feuilles normales et celles des éléments constitutifs de l’inflo- rescence est beaucoup moins marquée ou même n'existe pas chez les Aciculariées dialycarpées; les types de cette section sont en même temps séparés mutuellement par des intervalles des plus inégaux ou se montrent totale- ment isolés, tandis que toutes les Conifères vraies, plus ou moins parentes et sorties originairement sans nul doute d'un tronc commun, manifestent des liens mutuels et souvent d’insensibles degrés de transition d’un genre ou d’une section vers un autre genre ou une section voisine. La division des Dialycarpées comprend deuxtribus, celles des Taxées et des Podocarpées, et de plus un certain nombre de types isolés, au moins dans la nature actuelle, Ce sont, entre autres, les genres Phyllocladus, Saxe-Gothæa, dont nous avons parlé, et enfin le Sakisburia ou Ginkgo, d'autant plus intéressant que son existence dans les temps jurassiques à été mise hors de doute par les récents tra- vaux de M. O. Heer (1). (1) Ueber Ginkgo Thunbrq. cum tab. 166 P'ALÉONTOLOGIE FRANCAISE. Non-seulement le Salisburin forme à lui seul une sec- tion ou tribu très éloignée à tous les points de vue de celle des Taxées, quoiqu'en dise M. Strasburger, mais il représente, selon nous, un état primitif et antérieur du groupe entier des Aciculariées; et, ce qui semblerait le prouver, c'est que plus que, toutes les autres, il retrace l'aspect des plus anciens types connus par les détails caractéristiques de ses parties fructifiées. L'inflorescence femelle se trouve ici réduite à son minimum de com- plexité. Elle se développe, à l'exemple des chatons mâles, sur les ramules latéraux raccourcis. Il n’existe plus même de bractées, ou plutôt les feuilles qui font l'office de brac- tées mères ne sont autres que des feuilles normales (pl. 144, fig. 1); mais à l’aisselle de chacune d'elles se déve- loppe un support grêle et long, qu'aucun détail de struc- ture intérieure ou extérieure ne différencie des pétioles eux-mêmes, sauf qu'il paraît orienté en sens inverse de la feuille axillante et tourne par conséquent vers elle la partie trachéenne de ses faisceaux. Ce support, légè- rement dilaté vers son sommet, soutient généralement deux ovules pourvus du tégument ordinaire bilabié et d’un rudiment de disque ou cupule en forme de bourrelet cir- culaire à la base. On sait que le fruit mûr comprend deux drupes, plus ordinairement une seule par l'avortement de la seconde. Cette drupe est charnue extérieurement et fort analogue d'aspect aux semences des Cycas ; elle pré- sente, lorsqu'on la dépouille de son enveloppe charnue, un endotesta lisse, de consistance ligneuse, à deux ou trois angles très-marqués, dont l’affinité de forme avec les Cardiocarpus, Rhabdocarpus et Trigonocarpus du terrain houiller est certainement des plus étroites (voy. pl. 144, fig. 3 et 4 et comp. avec les fig. 4, 5-6, pl. 150, et 4-6, TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 167 pl. 151). Seulement, dans d’autres espèces également an- ciennes (pl. 150, fig. 7 et aussi fig. 2-3, même planche) des organes fossiles de même nature paraissent, à l'exemple de beaucoup de Conifères actuelles, avoir eu les carènes de leur festa accompagnées de crêtes membraneuses ou d'appendices ailés, tandis que dans la graine de Salishuria ces mêmes angles se trouvent recouverts, ainsi que l’en- dotesta tout entier (pl. 144, fig. 2) d’une chair pulpeuse qui en arrondit le contour. Quelle est la vraie nature du support ovulaire du Sabsburia? est-il de nature axile, comme l’admettent Strasburger et bien d’autres bota- nistes, ou appendiculaire, comme le croit M. Van-Tieghem ? et faut-il reconnaître en lui une feuille fertile, unique représentant d’un axe floral avorté? Nous penchons d’au- tant mieux vers cette dernière interprétation que cet axe prétendu a toute l'apparence d’un pétiole normal, qu'il n'en diffère par aucun détail, qu'il se dédouble parfois ou donne lieu à plusieurs ovules irrégulièrement disposés, comme fait dans d’autres circonstances le limbe même de la feuille, sujet à se partager en laciniures (pl. 145, fig. 1). La structure de la feuille est du reste des plus caractéristiques dans le Salishuria; elle présente assez souvent 3 à 5 lobes au lieu de 2 et pourrait bien rappeller un temps et un état dans lesquels les organes appendi- culaires des Aciculariées n’avaient pas encore revêtu l’as- pect qui leur est propre de nos jours (comp. les fig. 1, pl. 144, et fig. 2 pl. 145, avec les espèces paléozoïques figurées sur la planche 152). Il est certain, en tous cas, que les supports d’ovules du Salsburia. ressemblent à ceux qui naissaient à l’aisselle d'une bractée et entourés de bractéoles sur les inflores- cences de certains Cordaites (voy. pl. 150, fig. 1-3). Ces 168 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. supports paléozoïques occupaient plusieurs ensemble la partie intérieure d'un bourgeon à écailles gemmaires étroites et serrées; ils paraissent plutôt fasciculés que sou- dés entre eux par la base etchacun d’eux se trouve surmonté par un seul ovule dont le développement donnait lieu aux Cardiocarpus à carènes appendiculés ou Samaropsis de Gæppert (pl. 150, fig. 3 et 7). On n’a qu'à supposer l’avor- tement partiel d'une semblable inflorescence et sa réduc- tion aux seules parties essentielles, les supports ovulaires, persistant à l’aisselle d’une feuille normale, au lieu d'une simple bractée, et l’on obtiendra une disposition dont l’analogie avec celle des fleurs femelles de Sahsburia pa- raîtra des plus étroites. Nous avons insisté sur ces parti- cularités, non-seulement parce que le type du Sahisburia diffère de tous les autres, parmi les Aciculariées actuelles, mais aussi parce que la liaison de ce type avec le groupe primordial des Cordaites et la considération de ceux-ci peuvent justement donner la elef de la marche évolutive suivie autrefois par l’ensemble de l’ordre et faire décou- vrir la signification qne l’on doit attacher à la structure florale d'où le cône est autrefois sorti, sans doute à l’aide d'intermédiaires aujourd'hui perdus. Les AcCiculariées tout à fait primitives ont dû certaine- ment se rapprocher des Cycadées ; mais aussi loin que notre exploration peut s'étendre, même en atteignant à un ordre de choses assez ancien pour atténuer la dis- tance qui sépare maintenant les deux groupes, on est obligé d'admettre l'existence, dès cette époque, de deux différences essentielles, susceptibles d’influer sur la struc- ture des appareils fructificateurs respectifs : la pre- mière de ces différences consiste dans la propension de l'axe caulinaire des Aciculariées à se subdiviser en TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 169 multipliant les rameaux et superposant les plus récents aux plus anciens. La seconde différence résulte de la struc- ture des feuilles, toujours simples, le plus souvent étroites, réduites au pétiole ou décurrentes sur la tige par cette partie, dans la plupart des Aciculariées à nous connues, tandis que ce même organe est constitué par une fronde pinnée, chez les Cycadées, dont la tige par contre se ra- mifie si difficilement. Ces différences ont dû entrainer dès l’origine des dissidences notables dans la structure et le mode de développement des appareils fructificateurs, sans qu'il y ait lieu de supposer cependant, comme le fait M. Strasburger, un contraste aussi radical que celui de l'insertion directe des ovules sur les feuilles, dans un des cas, et sur l’axe même de l’inflorescence, dans l’autre. Le point de départ originaire a été sans doute le même des deux côtés, et les loges à pollen, de même que les ovules, ont dû se trouver (l’anomalie serait trop grande de ne pas l’admettre) également insérés sur des feuilles. Comment ne pas croire que les choses se soient passées au début chez les Aciculariées, comme elles se passent encore sous nos yeux chez les Cycadées. Dans celles-ei l’ovule tient évi- demment la place d’une foliole, par conséquent d’un seg- ment foliaire ; c'est ce que montrent clairement les carpo- phylles des Cycas. Les ovules des premières Aciculariées ont dû naître de même du rachis de la feuille, c’est-à-dire de son pétiole, et remplacer le limbe en le faisant avorter. Cette structure probable s'offre d'elle-même à l'esprit st l’on tient compte de l'appréciation qui précède et du rap- prochement des types les plus anciens avec ceux qui leur ont succédé. L'appareil reproducteur des Aciculariées, comme celui des Cycadées, est toujours constitué par un axe. Chez les 170 VALÉONTOLOGIE FRANCAISE. Cycadées dont le tronc demeure longtemps simple, cet axe est tantôt le principal, et tantôt un axe secondaire immédiatement sorti du premier: ce sont les feuilles trans- formées de cet axe qui soutiennent directement les or- ganes mâles ou femelles. Chez les Aciculariées au contraire les axes floraux sont nécessairement subordonnés à des rameaux plus anciens; par le résultat même d'une struc- ture générale, ils sont plus menus et plus faibles que dans les Cycadées, bien que leurs feuilles aient été destinées, originairement au moins, à remplir le même office. L'in- florescence mâle des Aciculariées a conservé intacte jus- qu'à nous cette struclure première. Elle a dù revêtir de bonne heure l'aspect amentoïde qui lui est propre; sauf l’atrophie des feuilles, changées en écailles, et la gracilité de l’axe, elle a dû demeurer à peu près telle qu'elle était d'abord. Au contraire, pour se faire une juste idée de l’é- volution à laquelle l'appareil femelle des Aciculariées a donné lieu, il faut admettre d'abord qu'il a dù se composer d'une inflorescence nécessairement axillaire, munie de feuilles sexuées, supportant chacune un ou plusieurs ovules. Les carpophylles de cette inflorescence primitive ont dù se montrer fertiles d'une facon inégale ; de là des diftérences de l’un à l’autre et des causes de modifications et d’avortement. En effet, l'appareil femelle, au lieu de voir, comme le mâle, son rôle terminé par l'acte de la fécondation, le prolonge bien au delà et acquiert après cet acte seulement toute son importance. De là une source féconde de changements amenés par cette circon- stance que certains ovules se développent aux dépens des autres. Par suite, l'inflorescence primitive, que nous avons en vue, a fort bien pu se réduire peu à peu à des propor- tons graduellement plus modestes et avorter finalement, TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 47 à l'exception des seules parties indispensables aux ovules en voie de développement. C’est ainsi que la presque tota- lité de l'axe primitif a dû dans une foule de cas se changer eu un simple support et contracter des adhérences soit avec le petit nombre d'ovules qui persistaient, soit avec la feuille axillante contiguë. C'està peu près ce que montrent les Cordaites, seulement chez eux l'inflorescence, très- développée, n'avait qu'unefaible tendance à se réduire : les Conifères actuelles sont vraisemblablement issues de pro- totypes à inflorescences plus petites, modifiées par des avortements successifs, et chez lesquels la soudure cons- tante des parties ovulifères atrophiées avec la feuille axillante devenue bractée a fini par amener la formation du strobile. On conçoit très-bien comment, sur des or- ganes ainsi métamorphosés et réduits, il est à peu près impossible de distinguer les parties originairement appen- diculaires des parties axiles, et comment aussi les ovules, tenant d’abord la place des feuilles, ont pu se trouver, par le fait des réductions successives qui s'opéraient, reportés sur l’axe changé en un simple support, de même que ce support a pu résulter de la soudure des dernières feuilles, survivant à un axe devenu rudimentaire. L'étude de la structure anatomique des tiges, dont le tissu intérieur a dû moins changer que la disposition des parties exté- rieures, permet peut-être de reconstituer l'ordre et l’en- chainement des affinités véritables entre les tribus et les genres. Les Conifères vraies, Aciculariées à strobile ou syn- carpées, se divisent, comme la section des dialycarpées, en une série de tribus, auxquelles il faut joindre un cer- tain nombre de genres qui forment autant de tribus monotypes et paraissent isolés dans la nature actuelle, 172 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. soit qu'ils représentent des groupes amoindris, menacés d'extinction, soit qu'ils contribuent à nous faire connaitre quelques-uns des anneaux intermédiaires d'une chaîne autrefois continue. La première tribu est celle des Araucarinées, dont il existe des traces certaines dès les temps secondaires, non pas qu'elle ait précédé toutes les autres, ainsi que le donne à entendre l’arbre généalogique dressé par Strasburger (4), mais sans doute parce que les types qui en font partie ou en ont fait autrefois partie ont fixé de bonne heure les traits de structure de leurs appareils floraux, tels qu'ils les possèdent encore. Les Araucarinées, selon nous, à l'exemple de bien d’autres genres que nous passerons en revue, ont revêtu leurs caractères définitifs à une époque où les tribus, principales aujourd'hui, étaient encore flot- tantes et mal délimitées ou représentées seulement par les types les plus simples de chacune d'elles, qui se sont ensuite dédoublés et fixés à leur tour. Les Abiétinées et les Cupressinées ne comprenaient vraisemblement que des genres prototypiques, des 7'suga ? chez les premières, des Widdringtonia où des Palæocyparis chez les secondes, à une époque où il existait déjà, comme nous le verrons, des Araucarinées nombreuses, les unes disparues depuis lors, les autres à peu près semblables à celles que nous ayons encore sous les yeux. Ce qui caractérise surtout le cône des Araucarinées, c’est la fusion intime des éléments du support avec ceux de la bractée, fusion qui entraine celle des deux systèmes de faisceaux vasculaires, avec une prépondérance marquée de celui de la bractée sur celui du support qui se réduit à (1) Die Coniferen und die Gnetaceen, p. 264. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 173 ne plus être qu'une ramification du premier. Sur l’écaille ainsi conformée, se place une semence unique et inverse; de plus, au moins de nos jours, les écailles du cône parvenu à son entier développement se détachent d’elles- mêmes et abandonnent l’axe persistant et dépouillé, cir- constance qui se produit aussi dans une portion des Abié- tinées, mais non pas dans toutes. Les Araucarinées, si restreintes de nos jours et confinées exclusivement dans l'hémisphère austral, se distinguent pourtant en deux sous- tribus : la première est celle des Araucariées proprement dites, dans laquelle l’ovule posé sur un appendice squa- meux, dernier vestige du support, est enchâssé avec lui dans la substance même de l’écaille qui l'emporte avec elle dans sa chute. En même temps, dans cette sous-tribu, la bractée accrescente et ligneuse, mais peu modifiée d’ail- leurs, conserve encore à sa partie supérieure l'apparence extérieure d’une vraie feuille. Dans l’autre sous-tribu, celle des Dammarées, l'écaille à un pourtour arrondi ; elle se ter- mine par un rebord épaissi et replié vers le bas (voy. pour la comparaison des écailles des Araucaria et Dammara les figures 6-8, 11-14, 16-17, 21-34 de la planche 146). Ces écailles s’emboîtent fort exactement l’une sur l’autre dans le cône (pl. 146, fig. 21) ; les vestiges du support, bien moins prononcés que dans les Araucaria, se réduisent à une sail- lie en forme de bourrelet (fig. 22), à laquelle l’ovule est attaché. Cet ovule inverse, comme celui des Araucaria, mais libre, donne lieu à une semence ailée unilatérale- ment (fig. 24) qui se détache de l’écaille à la maturité et se trouve auparavant couchée à sa surface (fig. 23), dans une dépression peu profonde destinée à la recevoir. M. Strasburger a rattaché aux Araucarinées le genre Cunninghamia, mais il vaut mieux considérer ce genre et 174 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, aussi le Sciadopitys comme donnant lieu à deux petites tribus isolées qui semblent placées entre les Araucari- nées, d’une part, les Abiétinées et les Séquoïées, de l’autre, autour desquelles il semble qu'elles gravitent, sans s'y rattacher précisément. L'étude de la structure intérieure des tiges confirme du reste cette manière de voir, en montrant une étroite affinité entre les Abiétinées et le Cunninghamia. Dans ce genre, à l'exemple de ce qui a lieu chez les Cryptomeria, le cône tend à devenir perfolié (pl. 147, fig. 2), c’est-à-dire que le rameau se prolonge plus ou moins au-dessus de lui. Les écailles du cône assez peu transformées et persistantes ressemblent à des feuilles normales dilatées et, comme celles-ci, se trouvent denti- culées ou plutôt finement fimbriées sur les bords. La partie libre est légèrement carénée sur le dos (pl. 447, fig. 3) et terminée en pointe au sommet. La face inté- rieure se trouve tapissée par les vestiges du support, dis- posé comme une membrane, mais dont la partie supé- rieure se relève pour former un bourrelet transversal et supporter trois semences inverses, comprimées, étroite- ment ailées et non adhérentes lors de la maturité. Le cône du Cunninghamia se distingue donc de ceux des Dammara par la persistance de ses écailles, par ses semen- ces au nombre de 3 sur chaque écaille et non plus uni- ques, enfin par la structure du support plus distinet que ceux des genres précédents, moins développé pourtant que celui des Sequoia vers lesquels le Cunninghamia semble marquer une transition par le fruit, tandis que la structure anatomique de sa tige le rapproche davantage des Abiétinées et particulièrement des 7suga. Le type singulier du Sciadopitys verticillata Sieb. et Zucc., dont les feuilles apparentes ne sont que des phyl- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 175 lodes résultant de la soudure de deux aiguilles, tandis que les vraies feuilles se trouvent réduites à de simples écailles, se rattache de plus près encore aux Sequoia. Les écailles du cône se composent ici de la bractée et du sup- port incomplétement soudés ; seulement le support qui présente 7 semences inverses et marginées est plus développé que la bractée qui tend à s'isoler, comme chez les Abiétinées, tandis que la soudure partielle des deux éléments de l’écaille et Jeur mode d’accrescence ramène évidemment l'esprit vers les Sequoia. C’est là au total un type ambigu et intermédiaire, comme il a dû en exister beaucoup autrefois. A partir du point où nous sommes parvenus, la voie se bifurque pour donner accès, dans des directions très-di- vergentes, vers les Abiétinées, d’un côté, vers les Séquoïées, les Taxodiées et, par leur intermédiaire, vers les Cupres- sinées, de l’autre. Une série linéaire est impuissante à rendre ce double mouvement, dont un type antérieur aux Séquoïées elles-mêmes pourrait bien avoir été le point de départ commun. Les Abiétinées, si nombreuses, si importantes dans notre zone, de nos jours, et qui l'ont été sans doute da- vantage à l’époque tertiaire, sont très-bien caractérisées par l'indépendance réciproque du support et de la bractée (pl. 149, fig. 2-3 et 8-9), ainsi que par la présence con- stante de deux ovules inverses (pl. 149, fig. 7, et aussi fig. 3 et ,), placés le long des côtés et vers la base au support (fig. 7, en 00), l'exostome dirigé en bas, vers l'in- térieur du cône. Les Abiétinées, malgré leur fractionne- ment en plusieurs genres, n’en forment pour ainsi dire qu’un seul, partagé en sections ; chacune d’elles pour- tant possède des caractères propres et généralement dé- 176 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. cisifs, provenant soit de la configuration des écailles, tantôt planes (pl. 149, fig. 1) ou faiblement convexes, ar- rondies le long des bords antérieurs (pl. 149, fig. 2), tantôt relevées en apophyse (pl. 149, fig. 8); soit de la persistance ou de l'avortement immédiat de la bractée (pl. 149, fig. 2 et fig. 8), soit enfin du nombre et de la nature persistante ou caduque des écailles du strobile. Il est bien difficile de préciser l’époque à laquelle les premières Abiétinées ont commencé à paraître, bien des circonstances peuvent nous avoir dérobé jusqu'ici la connaissance des plus an- ciennes plantes de cette tribu qui, à cause de l’indépen- dance mutuelle des deux éléments dont la réunion con- stitue l’écaille chez toutes les autres Conifères, pourrait bien remonter à une très-haute antiquité. Les Abiétinées semblent avoir été dès leur première origine des plantes boréales et montagnardes (1). Les Séquoïées comprennent, dans l’ordre actuel, les deux seuls genres Sequoia et Arthrotaxis, l'un exclusive- ment boréal, l’autre uniquement austral ; elles servent de point de départ à une dernière série qui commence à elles pour aboutir finalement aux Junipérinées, en passant par les Taxodiées, que l’on doit considérer comme un trait d'union et un passage qui mène des Séquoïées aux Cu- pressinées proprement dites. Les Taxodiées même sont spécialement reliées à ces dernières par le genre Wzddringtonia, dont les feuilles sont éparses ou inexactement opposées, tandis que les (1) D'après des observations toutes récentes qui nous ont été trans- mises par M. le docteur Nathorst, de Stockholm, il existerait des indi- ces sérieux de la présence des Abiétinées dans les schistes rhétiens Pälsjo en Scanie. — Les Tsuça, les cèdres et les pins de lacraie infé- rieure du Hainaut auraient habité une région montagneuse de l’époque, suivant l’opinion fort juste consignée dans le mémoire de M. l'abbé Coëmans. TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 177 valves du fruit sont conniventes et opposées par paire, conformément au plan de structure que l’on observe chez toutes les Cupressinées. La soudure entre le support et la bractée est incom- plète dans les Séquoïées, de même que dans les Taxo- diées, et les deux organes demeurent distincts, bien qu'adhérant partiellement entre eux. Seulement, l’ovule des premières, dont le nombre est de 3 à 7 sur chaque écaille, est toujours inverse et les rattache par ce caractère aux C'unninghamia, Sciadopitys et, par eux, aux Araucariées, tandis que l’ovule des Taxodiées est érigé, comme celui de toutes les Cupressinées. L’écaille du cône des Arfhro- taxis et Sequoia est toujours atténuée en pédicule à la base (voy. pl. 147, fig. 5 et 6), plus ou moins dilatée et épaissie vers son extrémité antérieure ; seulement dans l'Artrhotaztis (fig. 5), qui sous ce rapport opère une tran- sition manifeste vers le Cunninghamia, le support appliqué contre la face supérieure de la bractée forme sur elle un revêtement épaissi en bourrelet vers la base de l’apo- physe qui sert de terminaison à la bractée. Ce bourrelet est de plus assez distinctement découpé en autant de lobes qu'il soutient de semences inverses. Ici donc le sup- port, bien que plus saillant que celui du Cunninghamia, demeure pourtant plus court que la bractée, tandis que dans les Sequoia (fig. 6), les deux organes appliqués l’un sur l’autre atteignent à un développement égal et concou- rent chacun pour une part à former l’écusson peltoïde et transversalement elliptique qui termine antérieurement chaque écaille. Il est impossible de ne pas être frappé de la ressemblance très-grande des cônes d’Arthrotaxis avec ceux des Voltzia (pl. 154, fig. 4-6) : la structure est à peu près la même des deux parts ; mais chez les Vol/zia le Ie Sër. VÉGÉTAUX. — III. 12 178 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. support, divisé extérieurement en 3-5 lobes très-nettement prononcés, dépasse la bractée, au lieu d'ètre dépassé par elle ; nous avons vu, il est vrai, que la même disposition existait dans le Sciadopitys actuel, et les Taxodiées en offrent aussi des exemples très-saillants (pl. 147, fig. 8 et 8°). La plus ancienne des Séquoïées connues nous pa- raît donc être le Vo/{zia heterophylla Schimp., Conifère du grès bigarré des Vosges, qui semble alliée également aux Cryptomeria, comme le montrent nos figures (pl. 154, 1-8). La tribu des Taxodiées, quise rattache de si près à celle des Séquoïées par toute son organisation intérieure et la structure même de ses cônes, n’en diffère que par l’ovule dressé. Elle offre encore cette particularité remarquable que le support ovulaire, qui répond peut-être aux der- nières feuilles avortées et à demi soudées d’une inflores- cence axillaie, est lacinié, c’est-à-dire partagé en lobes qui persistent après la fécondation et viennent dans les genres Glyptostrobus et Cryptomeria (pl. 147, fig. 8) s'éta- ler, comme autant de crénelures, au-dessus de la bractée, Cette disposition, nous l'avons déjà remarqué, est celle que l’on observe dans les Vo//zia et plusieurs autres genres, soit triasiques, soit Jurassiques. Le groupe des Cupressinées commence par le genre Widdringtonia, seul type de cette tribu dont Les feuilles ne soient pas disposées par verticelles alternants de 2 ou de 3 feuilles {voy. pl. 148, fig. 1-5). Comme les Widdringtonia ont apparu très-anciennement, il semble que les feuilles des Cupressinées aient dû être d'abord inexactement op- posées, avant de devenir rigoureusement décussées ou ternées et de se différencier en feuilles faciales et navicu- laires latérales. Le strobile des Cupressinées, malgré l'ex- trème variété des formes (pl. 148, fig. 2-4, 8 et 10), montre TERRAIN JURASSIQUE. — YÉGÉTAUX. 179 une très-grande fixité de structure, Le nombre des graines, toujours libres, varie également (pl. 148, fig. 5 et 9), mais l'écaille est toujours constituée de deux parties, plus ou moins aisées à distinguer, malgré leur réunion : la bractée et le support. Celui-ci, d'abord presque nul, puis accrescent, recouvre la bractée ou même l'entoure d’une production qui contribue, plus que la bractée elle-même, à la constitution et au développement de la partie termi- nale el apophysaire de l'écaille. Ce dernier organe change selon les genres, sans jamais perdre ses caractères essen- tiels. Dans toutes les Cupressinées, le nombre et la dispo- sition des paires ou des verticelles d’écailles dans le stro- bile sont entièrement conformes (en exceptant le seul Widdringtonia) à l'ordonnance des feuilles sur le rameau. Les écailles, d’abord étroitement conniventes, s'entrou- vrent pour laisser échapper les semences (pl. 148, fig. 4 et 8), dont le nombre très-variable peut s'élever jusqu’à 12 pour chacune. Dans les Junipérinées enfin, dernier terme de cette longue série, le verticille supérieur est le seul fertile, et les écailles promptement soudées donnent lieu à une baie charnue, nommée galbule, qui ne dif- fère du strobile que par l’adhérence mutuelle et la con- sistance des parties qui la composent. 1:80 PALÉONTULOGIE FRANÇAISE. (LASSIFIGATION GÉNÉRALE DES ACICULARIÉES d'après la considération des organes fructificateurs. SOUS-ORDRE I. Aciculariées dialycarpées ou À ORGANES FEMELLES NON AGRÉGÉS EN STROBILE, SECTION A. Dialycarpées gymnopodées. Ovules portés sur des pédoncules dépourvus de brae- tées. TRIBU À. — SALISBURIÉES, Genre unique : Salisburia Sm. Supports simples (exceptionn. divisés par dichotomie), biovulés au sommet (exceptionn. 3-4 ovules), disposés solitairement à l’aisselle des feuilles normales des ra- mules latéraux. Graine à enveloppe extérieure charnue, à endotesta ligneux, 2-3 caréné. SECTION B. Dialycarpées chlamidopodées. Ovules souvent munis d’une formation discoïde, tou- jours insérés sur des axes pourvus de bractées. TRIBU 2. — TAXÉES. Genres : Taxus Tourn., Zorreya Arn., Cephalotaxus Sieb. et Zuce. Ovules toujours dressés, pourvus ou dépourvus d’une TERRAIN JURASSIQUE. —= VÉGÉTAUX, 181 formation discoïde, insérés solitairement au sommet d'un ramule de deuxième génération ou groupés par deux à l’aisselle de bractées décussées et réunies en glo- mérule à l'extrémité des rameaux de l’inflorescence ; bractées des axes floraux de consistance foliacée, nor accrescentes. Caractères particuliers. — Androphylles peltoïdes ou subpeltoïdes, groupés en faisceau sur un pédoncule divisé par dichotomie. TRIBU 3. — PHYLLOCLADÉES. Genre unique : Phyllocladus C. Rich. Bractées de l'inflorescence soudées avec l’axe, devenait charnues et servant de carpophore aux ovules dressés, insérés solitairement sur de courts supports à l’aisselle de chaque bractée et pourvus à leur base, à la maturité, d'une cupule membraneuse. Caractères particuliers. — Rameaux phyllodés. — Cha- tons mâles terminaux, deux ou plusieurs fasciculés. TRIBU 4. — SAXE-GOTHÆÉES. Genre unique : Saxe-Gothæa Lindl. Bractées de l’inflorescence accrescentes et soudées entre elles, après la fécondation, formant un syncarpe hé- rissé de pointes et portant chacune à leur base un ovule inverse, pourvu d’une cupule membraneuse. TRIBU 5. — DACRYDIÉES. Genres : Dacrydium Sol., Pherosphæra Arch. Supports ovulaires soudés à la bractée axillante jus- qu'à la demi-hauteur de cet organe, portant un seul 182 PAIÉONTOLOGIE FRANCAISE. ovule plus ou moins incliné, pourvu à la maturité d'une cupule non charnue. TRIBU 6, — PODOCARPÉES, Genre : Podocarpus L'hérit., divisé en plusieurs sections. Axe et bractées de l’inflorescence soudés réciproque- ment et donnant lieu par accrescence à un carpophore charnu ; ovule énverse soudé avec son support à la brac- tée mère repliée au sommet et lui constituant, concurrem- ment avec la formation discoïde, une enveloppe charnue à la maturité. Caractères particuliers. — Androphylles disposés le plus souvent en chatons géminés, réunis inférieurement sur une base commune. SOUS-ORDRE II. Aciculariées syncarpées ou Conifères vraies Organes femelles réunis en un strobile formé d'’écailles plus ou moins nombreuses, épaissies et ligneuses ou plus rarement charnues, à l'époque de la maturité, recou- vrant les ovules et quelquefois faisant corps avec eux; chaque écaille comprenant deux éléments confondus ou plus ou moins distincts : la bractée axillante et le sup- port ovulare. TRIBU 7. — ARAUCARINÉES. Fusion plus ou moins complète des deux éléments et de leurs faisceaux vasculaires respectifs en une écaille déta- chée de l’axe du strobile à la maturité: ovule inverse et solitaire sur chaque écaille. TERRAIN JURASSIQUE,. — VÉGÉTAUX. 183 SOUS-TRIBU 1. — ARAUCARIÉES. Genre : Araucaria Juss. divisé en sections. Support ovulaire sous forme de squamule distincte de l'écaille vers son sommet ; ovule inclus soudé à l'écaille dans toute sa longueur, se détachant avec elle à la ma- turité. Caractères particuliers. — Androphylles très-nombreux, en chatons denses et terminaux. Feuilles en lames, en crochet, en faux, insérées dans un ordre spiral sur le rameau. SOUS-TRIBU 2. — DAMMARÉES. Genre : Dammara Rumph. Support ovulaire sous forme de bourrelet peu saillant, ovule libre, unilatéralement ailé, se détachant de l'écaille à la maturité. Caractères particuliers. — Chatons mâles sortant de bourgeons axillaires. — Feuilles en lame, multinerviées, opposées généralement par paires alternantes. TRIBU 8. — CUNNINGHAMIÉES, Genre unique : Cunninghamia R. Br. Fusion des deux éléments et de leurs faisceaux vascu- laires respectifs en une écaille persistante à la maturité, constituée par la bractée tapissée jusqu'à la moitié de sa face supérieure par le support terminé en un bourrelet tripartite, auquel adhèrent trois ovules inverses libres et comprimés. Caractères particuliers. — Feuilles lancéolées, sessiles, uninerviées, insérées en spirale, serrulées sur les bords. 184 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, TRIBU 9. — SCIADOPITÉES. Genre unique : Sezadopitys Sieb. et Zucc. Bractée et support soudés partiellement, distincts dans le haut ; support dépassant la bractée et présentant jusqu’à sept ovules libres, inverses, comprimés. Caractères particuliers. — Feuilles vraies, réduites à l’état de squamules ; les supérieures de chaque jet très- rapprochées et portant à leur aisselle un appareil phyllodé résultant de deux aiguilles longitudinalement soudées. TRIBU 10. — ABIÉTINÉES. Genre Pinus de Linné, comprenant actuellement les senres ou sections : Zsuga Endl., Pseudo-Tsuga Carr. Abies Endl., Cedrus Endl., Pseudo-Larix Gord., Larix Endl., Picea Endl., Pinus Endl., divisé luimême en plusieurs sections. Bractée et support indépendants l'un de l'autre, le second se développant seul pour constituer l’écaille et présentant deux ovules inverses, disposés latéralement et plus ou moins enchâssés par leur base dans la substance du support. Caractères particuliers. — Androphylles écailleux, en chatons plus ou moins denses, supportant inférieurement deux sacs d’anthères. — Feuilles constamment spirales et uninerviées, remplacées chez les Pinus proprement dits par des aiguilles représentant les premières feuilles d'un bourgeon axillaire avorté, TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 185 TRIBU 41, — SÉQUOIÉES, Genres : Sequoia Endl. et Arthrotaxis Don. Bractée et support soudés mutuellement, mais suscep- bles d’être distingués dans l’écaille du strobile, compo- sée de deux parties adhérentes par leurs faces contiguës, égales ou inégales ; ovules 3-5 inverses, libres, compri- més. Caractères particuliers. — Feuilles ordonnées en spirale ; chatons mâles, petits, terminaux, à androphylles peu nombreux sub-peltés. TRIBU 12. — TAXODIÉES. Genres : Tarodium Rich., Glyptostrobus Endi., Cryptomeria Don. Bractée et support soudés plus ou moins par leur face contiguë; partie non adhérente du support divisée en segments qui, dans l’écaille adulte, viennent constituer autant de crénelures le long de son bord supérieur; partie basilaire et adhérente présentant 2-5-7 ovules dressés et libres. Caractères particuliers. — Feuilles ordonnées en spira- les. Chatons mâles petits, à androphylles assez peu nom- breux, sub-peltés, terminaux ou axillaires, TRIBU 13. — CUPRESSINÉES. Genres nombreux distribués en plusieurs sous-tribus : Widdringtonia Endl., Callitris Vent., Libocedrus Endl., Thuya Tourn., Thuyopsis Sieb. et Zucc., Brota Endl., 186 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. Fitz-Roya Mook., Actinostrobus Miq., Frenela Mirb., Chamæcyparis Sp., Cupressus Tourn., Juniperus L. Bractée et support intimement soudés, mais conservant distinct leur système vasculaire respectif ; support réduit dans l’écaille jeune au point insertionnel des ovules, mais débordant après la fécondation, à l’aide d'une accrescence continue, la face supérieure de la bractée, et l’envelop- pant plus ou moins ; ovules 2 à 19, libres, dressés, angu- leux ou ailés sur les côtés; écailles du strobile conni- ventes jusqu'à la maturité, puis s’ouvrant ou demeurant soudées et charnues (/uniperus), toujours disposées par verticilles alternants de 2 ou de 3, généralement dans un ordre correspondant à celui des feuilles sur les rameaux. Caractères particuliers. — Feuilles inexactement oppo- sées ou éparses chez les Widdringtonia , opposées ou ter- nées dans les autres genres. — Chatons mâles, petils, formés d'un nombre restreint d'androphylles peltés ou sub-peltés, disposés par paires décussées ou ternées. EXPLICATION DES FIGURES. — PI, 144, fig. 1, Salisburia adiantifoha Salisb. (Genkgo biloba L.). Ramule court, latéral et florifère, du sexe femelle, grandeur naturelle, d’après un exemplaire du Jardin botanique de Montpellier, com- muniqué par M. le professeur Martins. On distingue sur ce rameau plusieurs feuilles et deux inflorescences por- tant des ovules récemment fécondés, l’une d'elles est terminée par deux graines, l’autre par trois, dont une seule paraît destinée à se développer. Les ovules sont entourés à la base d’une sorte de cupule due à l’accres- cence Circulaire de la partie du support sur laquelle ils sont implantés; cette cupule cesse bientôt de croître, et TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 187 dans le fruit mûr elle constitue un simple bourrelet d'in- sertion. Les feuilles du ramule florifère sont en forme de coin très-obtus, élargies et festonnées le long de leur marge supérieure, mais non lobées ; elles représentent l’extrème opposé de la variété laciniée qui figure sur la planche suivante. Il faut remarquer encore sur les côtés et vers la base du limbe un mince rebord eartilagineux d'où partent la plupart des nervures flabellées qui parcou rent la feuille. Fig. 2, fruit parvenu à maturité avec son pédoncule, grandeur naturelle. Le pédoncule portait deux graines, dont l’une est tombée en laissant la cica- trice visible de son lieu d'insertion; l’autre graine est en place et recouverte d'une pulpe charnue, sous un épi- derme lisse, finement ponctué. Fig. 3 et 4, deux noyaux ou endotesta montrant la graine dépouillée de son enve- loppe charnue et réduite à sa coque intérieure formée d'un tissu dense, ligneux et résistant, lisse à la surface, caréné sur les angles et tantôt trigone (fig. 3), tantôt bica- réné en amande (fig. 4). Les analogues évidents de ces endotesta se retrouvent à l’état fossile, particulièrement dans le terrain houiller (voy. plus loin les figures de la planche 150). Fig. 5, même espèce, ramule court, latéral, avec des bases de feuilles encore imparfaitement dévelop- pées et montrant une inflorescence mâle en forme de chaion, à l’aisselle d’une bractée bilobée, qui représente visiblement une feuille avortée, grandeur naturelle : d’après un spécimen du Jardin de botanique de Montpel- lier, communiqué par M. le professeur Martins. Le chaton se compose d'un axe grêle et nu à la base, garni dans le reste de son étendue de fleurs mâles, réduites au support en forme de pédoncule qui supporte des sacs polliniques au nombre de 2-3; fig. 5°, 5°, 5°, trois androphylles gros- 188 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. sis pour montrer la forme du support, la disposition et le mode de déhiscence des loges à pollen qui pendent de son sommet. PI. 145, fig. 4, même espèce, variété à feuille profondé- ment laciniée, d’après une figure insérée dans la Flore des serres et des jardins de l'Europe par L. Van Houtte et réduite au tiers. Fig. 2., Cephalotazus Fortune: Hook., feuille, grandeur naturelle. Fig. 3, même espèce, rameau couvert d’inflorescences femelles, au moment de la fécon- dation, grandeur naturelle, d'après des spécimens prove- nant d’Anduze (Gard), communiqués par M. Mazel; fig. 3°, une des inflorescences grossies, pour montrer la disposi- tion des bractées mères, sur l’axe de l’inflorescence, et la position des ovules géminés à l’aisselle de chaque bractée et surmontés de leur micropyle en forme de gouleau perforé. Figure 4, même espèce, fruit mûr, grandeur na- turelle. Le pédoncule renflé au sommet correspond à l'axe de l’inflorescence dont un seul ovule, devenu fertile, a donné naissance à la graine ; celle-ci est en forme de drupe, à endotesta osseux, lisse à la surface, marquée de stries longitudinales, changées en rides par le desséchement. Fig. 5, l'axus baccatu L., inflorescence mâle formée d'un involucre dont les écailles sont opposées en croix, d'où émerge un support terminé par plusieurs andro- phylles peltoïdes, portant autant de loges à pollen que le pelta présente de lobes (5-8). Fig. 6, Dacrydium lycopodioides Brongn. et Gris, extré- mité supérieure d'un ramule fructifère, portant deux graines érigées, lisses et osseuses, entourées à la base d’une capsule membraneuse, sous un grossissement d’au moins 5 fois. Fig. 7, Dacrydium tetragonum Parl. in D. C., Prodr., TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX, 189 t. XVI, p. 496 (MWicrocachrys tetragona Hook.), rameau, grandeur naturelle; fig. 7°, le même grossi, pour montrer la forme et l'agencement des feuilles. Fig. 8, Saxe-Gothæa conspicua Lindl., fruit strobili- forme, d’après une figure empruntée à l'ouvrage de L. Van-Houtte, Flore des serres et des jardins de l'Europe, LVL 2p:83: P1. 146, fig. 4, Podocarpus Sp., feuille, grandeur natu- relle. Fig. 2 et 3, Podocarpus nerüfolia Don., fruit composé d’un réceptacle pulpeux et accrescent, pédonculé, sur- monté d’une ou deux graines inverses, dont le testa os- seux est recouvert d'une enveloppe charnue; figure de grandeur naturelle, empruntée à la Æ{ore des serres et des jardins, t. VIT, p.49. Fig. 4, Podocarpus Sp., chaton mâle géminé implanté sur une base commune, grandeur naturelle. Fig. 5, Araucaria Bidwilii Hook., ramule grandeur na- turelle, pour montrer la forme, la nervation et la disposi- tion des feuilles. Fig. 6, même espèce, écaille ovulifère détachée d’un cône adulte, vue de grandeur naturelle et par la face dorsale ; fig. 7, la même vue par la face supé- rieure et montrant la squamule ou support appliqué contre la bractée mère, soudée presque entièrement avec celle-ci,distincte pourtant vers son sommet; fig. 8,la même vue de profil pour montrer la saillie formée par la bractée, au point où elle cesse de se confondre avec la squamule. Fig. 9, Araucaria excelsa R. Br., extrémité supérieure d'un rameau, grandeur naturelle, pour montrer la forme et l'agencement des feuilles normales. Fig. 10, même espèce, partie d'un ramule latéral muni de feuilles plus longuement aciculaires, grandeur naturelle. 190 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. Fig. 41, Araucaria Cook R. Br., écaille fertile détachée d'un strobile, vue par la face dorsale, grandeur naturelle; fig. 12, la même, vue par la face supérieure, pour mon- trer la squamule de consistance mince, étroitement ap- pliquée contre la bractée axillante et enveloppant la graine dont l'extrémité micropylaire correspond à la base de l’écaille. Fig. 13, Araucaria Muelleri Brongn. et Gris, écaille fer- tile, détachée d'un strobile, vue par la face dorsale, gran- deur naturelle; fig. 14, la même, vue par la face supé- rieure, montrant l'emplacement convexe qui correspondà la graine recouverte par la squamule dont la terminaison supérieure est étroitement appliquée contre la bractée. L'Araucaria Muelleri, de la Nouvelle-Calédonie, porte des feuilles largement ovales, obtuses et presque planes, là- chement imbriquées. Les chatons mâles sont très-grands ; l'espèce a été figurée dans le tome VII des Vouvelles Ar- chives du Muséum, p. 219. Fig. 15, Araucaria Balansæ Brongn. et Gris, ramule fai- blement grossi, pour montrer la forme et la disposition des feuilles en crochet court et caréné sur le dos. Les Araucaria montana Brongn. et Gris, et ARuler F. Muell., offrent le même aspect, sous de plus fortes proportions. Les trois espèces sont néo-calédoniennes. Fig. 46, Araucaria Rulei F. Muell., écaille fertile déta- chée d’un strobile, vue par la face dorsale, grandeur na- turelle; fig 17, la mème, vue par la face supérieure, montrant l'emplacement de la semence, les vestiges du micropyle et la terminaison supérieure de la squamule adnée à la bractée. Fig. 48, Dammara robusta Ch. Moor. (2. Browntt Hort.), feuille, grandeur naturelle. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 191 Fig. 19, Dammara australis Lamb., chaton mâle, situé à l’aisselle d'une feuille axillante et muni à la base d’un involucre de bractées écailleuses décussées, grandeur na- turelle ; fig. 20, un des carpophylles grossis, montrant vers sa base des loges à pollen allongées s’ouvrant d'avant en arrière au moyen de fentes longitudinales. Fig. 21, Dammara obtusa Lindl., strobile supporté par un rameau feuillé, grandeur naturelle; d’après une figure empruntée à la /lore des serres et des jardins, t. VII, p. 274. Fig. 22, Dammara australis Lamb., écaille fertile déta- chée d'un strobile mür, vue par la face supérieure et dé- pouillée de sa graine, pour montrer le mamelon qui sert de point d'attache à celle-ci ; fig. 23, la même avec sa graine unique encore en place ; fig. 24, graine figurée isolément pour montrer la forme et la direction de l’ap- pendice unilatéral dont elle est surmontée, grandeur na- turelle. PI. 147, fig. 1, Cunninghamia sinensis R. Br., ramule garni de feuilles ; grandeur naturelle. Fig. 2, même es- pèce, strobile perfolié, d'après un spécimen communiqué par M. Mazel et provenant de ses cultures, grandeur na- turelle. On voit par cet exemple les écailles fertiles passer graduellement aux feuilles et en revêtir l'apparence. Fig. 3, même espèce, strobile normal dont le prolonge- ment raméal a avorté, pour servir de terme de comparai- son avec le précédent. Fig. 4, Arthrotazis laxifolia Hook., rameau, grandeur naturelle; fig. 4°, portion du même rameau grossi légè- rement pour montrer la forme et l'agencement des feuilles. Fig. 5, Arthrotaxis Sp , strobile lég'rement grossi, pour 4192 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. montrer la forme des écailles composées de la bractée axillante et d’un support ovulaire soudé avec elle, plus court qu'elle et formant bourrelet. Fig. 6, Sequoia gigantea Torr., strobile mûr, de petite taille, grandeur naturelle. Fig. 7, même espèce, semence, grandeur naturelle; fig. 7*, la même grossie. L'extrémité micropylaire est en bas, le côté opposé correspond au point d'attache. Fig. 8, Cryptomeria japonica Don., strobile mûr et ou- vert, grandeur naturelle ; fig. 8*, plusieurs écailles repré- sentées isolément et grossies ; l’inférieure stérile et réduite à la bractée, les deux autres fertiles et composées de Ja bractée axillante et du support lacinié, à 5-6 divisions, soudées en partie avec la bractée et la débordant supé- rieurement. PI, 148, fig. 1, Widdringtonia juniperoides Endl., ra- mule grandeur naturelle; fig. 1*, le même grossi pour montrer la forme et l'agencement des feuilles; fig. 2, même espèce, strobile vu par côté, grandeur naturelle. On distingue très-bien sur ce strobile la bractée axillante, à laquelle appartient la face de l’écaille jusques et y com- pris le mucron, du support accrescent des ovules, entiè- rement soudé à la bractée et auquel se rapporte la partie de l’écaille qui déborde sous forme de bourrelet, au-des- sus du mucron, et d'où résulte la soudure des quatre écailles conniventes ; fig. 3, même strobile vu par-dessus, pour montrer la partie accrescente et connivente des quatre écailles, ainsi qu'il ressort de l'explication précé- dente ; les deux figures sont de grandeur naturelle. Fig. 4, Widdringt'onia cupressoides Endl., strobile mûr et ouvert, attaché au rameau. La partie accrescente des écailles est ici presque entièrement soudée et confondue TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 193 avec la partie bractéale. Fig. 5, même espèce, semence ai- lée, grandeur naturelle. Sur cette graine, la cicatrice du point insertionnel est en bas, le côté micropylaire corres- pond à l’'échancrure supérieure de l'aile qui surmonte le corps de la graine. Fig. 6, Chamcæcyparis obtusa Sieb. et Zucc., rameau, grandeur naturelle ; fig. 7, autre rameau de la même es- pèce, légèrement grossi, pour montrer le mode d’agence- ment des feuilles; fig. 8, même espèce, strobile mür et ouvert, grossi deux fois. Les écailles sont peltées et la partie accrescente, comme chez les Cupressus, enveloppe presque entièrement la bractée, dont la partie libre est représentée par le mucron central ; fig. 9, même espèce, deux semences, grandeur naturelle; fig. 92, 9, 9°, les mêmes grossies, tournant en bas leur point insertionnel, en haut leur extrémité micropylaire, et garnies sur les côtés, amincis en carène, de deux (9°) ou trois (9* et 9°) ailes membraneuses. Fig. 10, T'huyopsis dolabrata Sieb. et Zucc., rameau por- tant un strobile formé d’écailles décussées, dont la partie accrescente et supérieure recouvre et égale la partie brac- téale, grandeur naturelle. Fig. 11, Libocedrus chilensis Endl., strobile formé de quatre écailles relativement minces et sensiblement iné- gales; les deux extérieures et latérales étant beaucoup plus courtes que les faciales. La partie accrescente tapisse toute la face interne de la partie bractéale et s'élève au- dessus du mucron qui termine cette dernière partie, gran- deur naturelle. Fig. 12, Cupressus sempervirens L., ramule terminé par un chaton mâle, vu sous un assez fort grossissement et composé d'écailles décussées, dilatées en pelta au sommet Ile SÉR, VÉGÉTAUX. — III, 138 194 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. et soutenant, au-dessous de l'expansion peltoïde, 2-3 et jusqu’à 4 sacs à pollen, arrondis ; fig. 12°, un des andro- phylles vu par-dessous et montrant trois sacs à pollen en place. PI. 149, fig. 4, Tsuga Brunoniana Carr. (Abies Bruno- niana Lindi.), strobile, grandeur naturelle. Fig. 2, Abies cilicica Ant. et Kotsch., écaille détachée d’un strobile parvenu à maturité, vue par dehors. La brac- tée axillante et persistante est visible sur le milieu de la face dorsale de l’écaille qui correspond au support ; fig. 8, même écaille vue par la face supérieure, avec l’emplace- ment occupé par la semence, grandeur naturelle; fig. 4, graine isolée, surmontée de son aile; l'extrémité micro- pylaire est en bas. Grandeur naturelle. Fig. 5, Cedrus deodara Roxb., chaton mâle au moment de la floraison et immédiatement après l’émission du pol- len, muni à la base d’un involucre écailleux et posé au sommet d’un court ramule latéral, grandeur naturelle ; fig. 5*, androphylle isolé et grossi, vu par la face dorsale, composé d'un pédoncule surmonté d’une expansion lan- céolée, dentelée sur les bords, supportant inférieurement deux sacs à pollen, ouverts au moyen d’une fente longitu- dinale et séparés par une mince cloison intermédiaire. Fig. 6, Pinus canariensis Ch. Sm., portion d'un rameau garni de feuilles primordiales ou aciculaires. Ces mêmes feuilles avortent et prennent le nom de bractées lors du développement des feuilles fasciculées vaginales, chez les Pinus, grandeur naturelle; fig. 6°, partie du même ra- meau grossi, pour montrer le mode d'insertion et l’agen- cement des feuilles primordiales des Pinus ; fig. 6P, seg- ment très-grossi d’une feuille primordiale, pour montrer le mode de nervation et les denticules marginales. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 198 Fig. 7, Pinus pumilio Hænk., écaille fertile isolée, avec les deux fleurs femelles ou gemmules ovulaires, au mo- ment de la fécondation, sous un grossissement de T fois, d'après une figure empruntée à l'ouvrage de M. Strasbur- ger (1). On distingue sur cette figure, en à, la bractée axillante et libre de toute adhérence, dont le développe- ment est destiné à s’arrêter après la fécondation; en p, le pied par lequel tout l'appareil adhère à l’axe de l'inflo- rescence ; en s la squamule ou support qui soutient direc- tement les ovules et deviendra par suite d’un mouvement continu d’accrescence l’écaille du cône futur; en a l’ap- pendice qui, en se déplaçant, se changera en mucron; en 00, les ovules géminés et inverses, soudés par leur base avec la substance de la squamule ; en "”, l'ouverture micropylaire ou exostome béant, bilabié, par où s’intro- duiront les grains de pollen, dont plusieurs sont visibles sur les bords antérieurs des lèvres. La même structure se montre, sans beaucoup de variations, chez toutes les Abié- tinées. Fig. 8, Pinus sabiniana Dougl., écaille fertile détachée naturellement d’un cône parvenu à maturité, vue par la face dorsale et extérieure. On remarque, vers la base de l'écaille, le vestige bien net de la bractée, grandeur na- turelle ; fig. 9, la même vue par sa face interne et mon- trant la cicatrice de l'emplacement occupé par deux graines ; fig. 10, même espèce, graine isolée, surmontée de son appendice ailé, grandeur naturelle, (1) Die Coniferen und die Gnelaceen, tab. XV, fig. 11. 196 PALÉONTULOGIE FRANÇAISE. S 4, — Extension géographique actuelle des genres d'Acicu- Jariées, comparée à leur extension antérieure dans les temps géologiques. La distribution géographique des Aciculariées a été peu étudiée jusqu'ici. Nous ne connaissons sur ce sujet que l'ouvrage de M. le docteur Hildebrand (1) et quelques re- cherches récentes de M. C. E. Bertrand qui a démontré, dans sa thèse sur l’Anatomie comparée des tiges et des feuilles, chez les Gnétacées et les Conifères, que les notions tirées de la structure intérieure se trouvaient conformes avec la distribution par région des espèces de chaque groupe. On conçoit très-bien les conséquences qui résultent effective- ment de cette manière de considérer les choses pour dé- finir la part qui revient aux influences locales dans les modifications éprouvées par les espèces congénères, à la suite de leur séjour dans des pays distincts et surtout au sein d'hémisphères différents. Mais ce que l’on n’a guère essayé d'examiner jusqu’à présent, c’est la relation de la distribution géographique actuelle avec l’ordre antérieur et les conséquences qu'entrainent ces sortes de relations pour préciser l’origine présumée et la marche extensive ou régressive des genres, lorsque l’on met en présence leur rôle d'autrefois et celui qui leur est maintenant dévolu. Si un genre se trouve limité de nos jours à certaines par- ties de l'hémisphère boréal et qu'il ait occupé dans les temps anciens des points nombreux de ce même hémi- sphère, plus particulièrement dans une direction détermi- née, on peut admettre, comme probable, que le berceau (1) Die Verbreitung des Coniferen in der Jetztzeit und in den früh. geolog. Period., ven Dr. Fr. Hildebrand. Bonn 1861. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 197 d’un tel genre doit être reporté vers le Nord et qu'il n’est peut-être jamais sorti des limites de notre hémisphère. Si, au contraire, un genre aujourd'hui relégué dans l’hé- misphère austral a laissé en Europe des indices de son ancienne existence, nous devons en conclure que ce genre, autrefois amphigé, a depuis subi un mouvement régressif et que, de déclin en déclin, il en est venu à ne plus se maintenir que sur un point restreint de l'étendue qui constituait autrefois son aire d'habitation. Ces deux présomptions sont logiques ; elles acquièrent un degré de vraisemblance de plus, lorsque les genres dont on observe des vestiges dans le passé ne se retrouvent plus que dans des îles, sur un étroit espace, et ne sont plus représentés que par un petit nombre d'espèces, ou même par une seule. On peut alors prédire à coup sûr que le genre doat il s’a- git touche à son déclin définitif et que, s’il s'est maintenu jusqu'ici sur les points où on le rencontre, c'est grâce à des circonstances réellement exceptionnelles. Les recher- ches de la nature de celles que nous venons d'indiquer sont pleines d’attraits, à raison même de leur nouveauté et de l'intérêt qui s'attache aux résultats qu'elles permet- tent d’entrevoir. On conçoit pourtant que, loin de les étendre à l’universalité des genres, nous les restreignions à ceux qui se rattachent de plus près à l’époque juras- sique, en laissant de côté les points qui lui seraient étran- gers où nous contentant de les effleurer. Le genre Salis- buria, par lequel nous commençons, est maintenant aussi limité dans son aire qu'isolé dans ses affinités vis-à-vis des autres Aciculariées. L'espèce unique, Salisburia adiantifolia Ssm., est fréquente entre le 30° et le 40° degré lat. N., dans une partie de la Chine, ainsi qu’au Japon; et cepen- dant elle est plus souvent cultivée comme arbre d’orne- 198 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. ment, que réellement spontanée, sur les points où on la rencontre, particulièrement aux abords des temples. En Europe, le Ginkgo est planté et réussit jusque vers le 55e degré. Il en existe des pieds adultes et vigoureux dans le jardin botanique de Copenhague. Cependant c’est sur- tout dans le Midi, en Italie et dans le sud de la France, à Montpellier spécialement, que cet arbre acquiert de gran- des proportions et fructifie abondamment, partout où les deux sexes sont mis en présence. La caducité des feuilles est cependant, pour l'espèce vivante au moins, l'indice d’une adaptation à un climat soumis au retour périodique d’une saison froide et d'un repos hibernal. Une espèce identique ou sub-identique à celle de nos jours, le Salisburia adian- toides Ung., se montre dans le tertiaire récent de Sinigaglia en Italie (1), et, dans une période plus ancienne de ce même tertiaire, elle a été signalée dans le Groenland par M. Heer (2). La provenance polaire de notre espèce actuelle est donc des plus probables, et cette provenance explique comment elle aura pu, à un moment donné, se répandre en Europe, d’une part, et, de l’autre, passer en Chine et au Japon, régions où elle a réussi à se maintenir jusqu’à présent. Mais ce n’est pas tout, et les recherches récentes du savant professeur de Zurich viennent de prouver que le type du Salisburia remontait beaucoup plus loin encore dans le passé. Par delà le tertiaire, dans la craie et le jurassique, en Europe ainsi que dans les régions polaires, on observe des Salisburia méconnus longtemps sous le nom de Patera et de Cyclopteris et qui attestent l'antiquité (1) Massalongo, S{ud. s. FI. foss. del Senigagliese, tab. 6, fig. 18 et 1. fig. 1-2. (2) Heer, F1. foss. arctica, L, tab. 47, fig. 14 et Ueb. Ginkgo Thunbrg, fig. 11. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 199 du type, probablement aussi sa provenance par la direc- tion du nord. Plus loin encore la chaîne n’est pas rom- pue et, en abordant la question des Aciculariées proto- typiques, antérieures aux temps jurassiques, nous aurons à signaler des formes qui paraissent annoncer l’exis- tence de Salisburiées différentes des Sahsburia proprement dits, mais ayant fait probablement partie de la même tribu que ces derniers. Si nous nous attachons maintenant à la division des Dialycarpées chlamydopodées, comprenant les cinq tribus des Taxées, Phyllocladées, Saxe-Gothæées, Dacrydiées et Podocarpées, nous reconnaitrons aisément que les Taxées appartiennent à la zone boréale, les Phyllocladées, Saxe- Gothæées et Dacrydiées à la zone australe et plus parti- culièrement aux plages ou îles de cette zone qui sont bai- gnées par le Pacifique; enfin, les Podocarpées à la zone intermédiaire comprise entre les deux tropiques. Bien que celles-ci abondent davantage dans la direction du sud que dans celle du nord, on reconnaît, en s’attachant aux limites extrêmes, qu'aucun sous-genre de la tribu n'atteint d'aucun côté le 50° degré de lat., bien que le Podocurpus nageia R. Br. s’avance dans le Japon jusqu'au delà du 45° degré, vers le Nord, que le Podocarpus alpina R. Br. soit spontané sur les montagnes de la Tasmanie et que les P. andina Püpp. et nubigena Lind]. remontent jusqu'à 4,000 pieds, sur les Andes du Chili austral et de la Pata- gonie, vers 48 degrés lat. austr., probablement sous l’em- pire de circonstances exceptionnellement favorables. Les notions précédentes sont du reste parfaitement conformes à celles que nous fournit l'étude des plantes fossiles de notre continent. Les Taxées (Taxus et Torreya) se montrent tard en Eu- 200 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. rope et seulement en nombre restreint, parce que ce sont des plantes montagnardes et silvicoles, dont les restes ont eu plus rarement que d’autres l’occasion de s’accumuler au fond des eaux. Cependant leur présence, surtout celle des Zorreya, genre maintenant disjoint et plus rare que l’autre, est certaine, en Europe, dans le pliocène, probable dans le miocène récent. Pour observer des Taxées fossiles, dans un âge plus reculé, il faut se transporter au sein des régions arctiques, où le Zaxites (lriki Heer, d'Ataneker- dluk (Groenland), représente soit un Zorreya, soit peut- être un Cephalotazus. La flore de la même région, à l’é- poque de la craie inférieure, comprend deux Zorreya, T. Dicksoniana et T. parvifolia Heer (1), dont l’un au moins est très-bien caractérisé, Il est probable, d’après ces in- dices, que les Taxées sont originaires de l’extrème Nord et qu'après être nées dans les régions voisines du pôle, elles se sont plus tard répandues à travers l'hémisphère boréal, en rayonnant de ce centre primitif, marche qui explique à la fois leur diffusion et le fractionnement des espèces de Torreya dans le sens des longitudes. Les Podocarpées se seraient au contraire avancées par le sud pour pénétrer en Europe vers le commencement des temps tertiaires. Le refroidissement qui eut lieu à la fin de l'époque les aurait refoulées hors de notre continent. Aucune trace de ce groupe ne parait avoir été signalée dans la flore fossile des régions arctiques. Les autres tri- bus de Dialycarpées, confinées dans l'hémisphère austral, n’ont pas été encore rencontrées à l’état fossile dans les terrains d'Europe. Quant au PhAyllocladites rotundifolius (1) Die Kreide-Flora der arctischen-zone, von Oswald Heer, p. 70-71, tab. 17,fig. 1-2 et 18 fig. 1-4. TERRAIN JURASSIQUE, —— YÉGÉTAUX, 201 Heer, de la craie du Spitzherg (4), son attribution aux Phyllocladées nous semble plus que problématique, il s’a- git là peut-être d’un type tout à fait à part d'Aciculariées, répondant à une tribu aujourd'hui éteinte qui ne serait pas sans analogie avec celle des Salisburiées par la nerva- tion des feuilles et la position même des ovules disposés solitairement à leur aisselle. La distribution géographique des Conifères vraies ou Aciculariées à strobiles va nous offrir des résultats ana- logues. La première tribu, celle des Araucarinées, se partage en deux sous-tribus qui répondent aux genres Araucaria et Dammara. Les premiers, on le sait, ont maintenant leurs espèces dispersées à travers une vaste étendue, sur des points restreints de cette étendue, séparés par des mers ou de grands espaces continentaux, depuis le Brésil et le Chili, jusqu'aux plages et aux terres insulaires qui dépendent de l'Australie. La plupart des espèces habitent près du tropique, entre le 15° et le 35° degré latitude sud. Cependant, l'A. #mbricata Pay. atteint ou dépasse le 50° de- gré; il est vrai qu'il s'éloigne davantage des formes fossiles européennes que nous retracent fidèlement au contraire les formes du continent australien, de l'ile de Norfolk et de la Nouvelle-Calédonie. En réalité, le genre Araucaria a dù s'étendre autrefois dans les deux zones; il a habité l'Angleterre, les environs de Beauvais en France; le nord de l'Allemagne, ainsi que le prouvent suffisamment les cônes fossiles signalés sur ces divers points et plusieurs autres encore. Il aurait même existé au Spitzberg, du temps de la craie, s’il faut en croire M. Heer; le spécimen (1) Creide-Flora der arctischen-zone, p. 124, tab. 35, fig. 17-21. 202 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. du cap Staratschin, décrit et figuré par cet auteur (1), pré- sente effectivement des caractères qui justifient son opi- nion. C'est un strobile globuleux dont les écailles, dépourvues malheureusement de leur prolongement apo- physaire, paraissent contenir des semences incluses et solitaires. Les Araucaria de la zone australe ont seuls survécu au déclin et à l'extinction du groupe dans notre zone; en Europe, on n’a plus d'exemples certains d’Arau- caria à partir de la fin de la craie; les prétendus Araucarites tertiaires sont en réalité des Sequoia. Les Dammara appartiennent exclusivement à l’hémi- sphère sud, où ils habitent la côte boréalo-orientale du continent australien et les archipels qui en dépendent, depuis les îles de la Sonde (Java, Mollusques, Amboine, Célèbes, Philippines, Nouvelles-Hébrides et Nouvelle- Calédonie) à l’ouest, jusqu’à la Nouvelle-Zélande à l'est. C'est donc là un genre doué d’une aire d'habitation nette- ment limitée et fort naturelle, bien que comprenant des régions la plupart insulaires. On ne doit pas s'étonner, malgré le nom générique de Dammarites appliqué à plu- sieurs espèces secondaires, surtout à des cônes de nature douteuse, malgré le rapprochement souvent indiqué entre les Albertia triasiques (voy. pl. 153, fig. 8) et les Dammara actuels, de n’avoir à citer jusqu’à présent aucune espèce fossile, vraiment congénère de ces derniers, parmi les Conifères secondaires, Cependant, nous verrons que la tribu des Dammarées était représentée dans l'Europe pri- mitive par le type des Pachyphyllum, dont les strobiles ressemblent à ceux des Dammara par leur structure essen- tielle, tandis que l'aspect des rameaux et la configuration (1) Kreiïde-Flora der arctischen-zone, p. 125, tab., 25 fig. 3-4. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 203 des feuilles les écartaient beaucoup de ce dernier genre. Les Pachyphyllum avaient des rameaux d’Araucaria avec des cônes de Dammara. Le genre Pachyphyllum est exclu- sivement jurassique, mais il paraît avoir eu pour conti- nuateur dans la craie le genre Cyparissidium de Heer qui se montre à la fois dans le Groenland (1) et le midi de la France. Plus tard, le type des Dammarées n’a plus eu de représentant dans notre hémisphère; mais le genre Cun- ninghamia semble marquer un passage vers lui, tout en confinant aux Séquoiées, d'autre part. Les Cunninghamia et Sciadopitys constituent des types très-isolés dans la nature actuelle, où ils ne sont repré- sentés chacun que par une espèce unique reléguée à l’ex- trémité de l'Asie. Leur existence ancienne. à l’état fossile, est probable pour le premier, mais non encore prouvée, à ce qu'il semble. Pour ce qui est des Séquoïées, l’un de leurs genres n’habite plus qu’un seul point de l’hémi- sphère nord, le long du Pacifique, sur les montagnes de la Californie ; c’est le genre Sequoia. Les Arthrotaxis au contraire sont tous confinés dans l'hémisphère austral, en Tasmanie, où ils ne comptent que 3 espèces. — A l’état fossile, les Sequoia ont jadis abondé en Europe et encore plus dans les régions polaires. La craie inférieure du Groenland (2) comprend déjà cinq espèces de Sequora, parmi lesquelles on doit remarquer le S. Æeichenbachi Gein. quis’étendait sur un très-grand espace, du Spitsberg jusqu’au sud de l’Europe. Une autre espèce, le S. Smithiana Heer, retrace tout à fait l'aspect des Sequoia tertiaires, S. Langsdor fit Heer et Tournalii Sap., et de notre S. sem- (1) Voy. pour le genre Cyparissidium : Kreide-Flora der arctischen- zone, p. 74, tab. 17, fig. 5, 19, 20, fig. 1 et 21, fig. Sb et 19%, (2) Kreide-Flora der arctischen-zone, p. 17 et suiv. 204 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, p'rvirens actuel, tandis que le S. gracilis Heer ressemble au S. Couttsiæ Heer, et par conséquent au S. gigantea de Californie. Ces premiers Sequoia, dont il est difficile de placer le berceau autre part que dans l'extrême Nord dé- clinèrent en Europe, au moins, à la fin de la craie. D'’au- tres espèces qui font le lien entre les précédentes et celles qui vivent encore leur succédèrent, après un long inter- valle, et tinrent une grande place dans la végétation européenne, pendant la durée entière du miocène. Ces derniers Sequoia étaient, comme les premiers, répandus dans les régions polaires, d’où ils sortirentsans doute pour envahir notre hémisphère, en rayonnant du nord au sud, sous l'impulsion de circonstancesfavorables. Les Sequoia actuels de Californie sont les derniers représentants de cette émigration venue de proche en proche et partie de l'extrême Nord pour s’avancer de là vers le sud, à la faveur d’un abaissement de climat favorable à cette diffusion, et des conditions d'humidité qui prévalurent, lors du mio- cène, dans toute l'étendue de notre zone. Cette provenance polaire rend très-bien compte de l'aire actuelle d’habita- tion du genre et de son exclusion des régions tout à fait chaudes, encore mieux des parties situées au sud dela ligne. Les Arthrotaxis se comportent d’une facon totalement inverse ; ce sont les Sequoia de l'hémisphère sud. Il est probable que l'Europe n’a possédé dans aucun temps de vrais Arfhrotaxis ; mais nous verrons qu’elle a eu jadis dans les Z'chinostrobus un type qui s’en rapprochaït sensi- blement, sans être entièrement semblable au premier de ces genres. — Les Taxodiées renferment trois genres com- pris tous trois dans les limites de la zone boréale : le Tazodium dans l'Amérique du Nord ; le Glyptostrobus, en TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 20% Chine ; le Cryptomeria au Japon. Deux au moins de ces genres, et peut-être tous les trois ont habité autrefois l'Europe, durant la seconde moitié de l’époque tertiaire. Les Taxodium et Glyptostrobus se retrouvent également dans le miocène inférieur des régions arctiques ; et plus haut dans le passé, un Glyptostrobus, le G. groenlandicus Heer (4) a été découvert dernièrement par notre ami M. le professeur Heer dans la craie urgonienne du Groen- land. La provenance des contrées cireumpolaires arcti- ques de ces genres paraît donc des plus probables et explique leur diffusion antérieure sur le périmètre entier de cette zone. Les Abiétinées et les Cupressinées forment dans les temps actuels, et formaient aussi dès les temps tertiaires les deux groupes principaux de l’ordre des Conifères, Si même on ne considère que l’Europe, ces groupes auraient beaucoup perdu de ce qu'ils étaient, lors de l'éocène supérieur et du miocène inférieur, époque de leur plus grande extension sur notre continent, peut-être de leur apogée sur notre globe, bien que de nos jours certains pays, comme le Mexique, soient encore très-riches en Abiétinées et en Cupressinées. Quoi qu'il en soit de cette richesse proportionnelle dans l’âge immédiatement anté- rieur à celui que nous traversons, on peut dire que main- tenant les Abiétinées dans leur ensemble appartiennent à l'hémisphère boréal, puisque leurs espèces ne passent au sud de l'équateur que sur un seul point, vers l’Indo-Chine, où deux Pinus se montrent sur les montagnes des îles de la Sonde. Il est donc à croire que la tribu entière des Abiétinées a eu jadis son berceau et son point de départ (1) Kreide-Flora. der arctischen-zone, p. 16, tab. 17, 20 et 2?, 206 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. au sein de l'hémisphère boréal, dont elle contribue lar- gement à constituer les grandes forêts montagneuses, principalement dans l'Himalaya, le Caucase, le Taurus, l’Altaï, les montagnes du Japon et de la Chine, dans les Cordillères du Mexique et les montagnes Rocheuses. En Europe, les Abiétinées se montrent dans toutes les grandes chaînes, dans les Alpes, les Pyrénées, les Car- pathes, sur les Sierras espagnoles, et aussi, plus loin, dans l'Atlas ; les pins jouent un rôle considérable sur les haut sommets de Ténériffe et le long des pourtours acci- dentés du bassin Méditerranéen. Les genres disjoints sont surtout les 7suga dont les uns occupent le Canada, le Mexique, la Californie, les autres l'Himalaya (7. Brunoniana Wall.) et le Japon (T. Sieboldii Carr.); ensuite les cèdres qui reparaissent dans l'Atlas, le Liban, le Taurus, l'Altaï et l'Himalaya. Ces deux genres, dont la dispersion dénote l'ancienneté, ont existé effectivement en Europe dans un âge fort reculé. Leur présence constatée date du Gault. Dès lors ces arbres, ainsi que les Pinus qui leur étaient associés, habitaient les régions montagneuses de l'Europe du Nord, circonstance qui explique très-bien la rareté relative de leurs vestiges. Les Pinus du gault et du néocomien ont des cônes dont les écailles présentent des apophyses tantôt planes, comme dans la section Sérobus, tantôt relevées en écusson et carénées; mais les feuilles de ces premiers Pinus ne sont pas connues, et nous ignorons si elles avaient déjà leur structure caractéristique. La craie urgonienne du Groenland (1) possède aussi de vrais Pinus (P. Petersen Heer), des Zsuga (T. Crameri (1) Kreide-Flora der arctischen-zone, p. 83 et suivé TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 207 Heer), des Abies (A. ÆErikiana Heer). La craie du Spitz- berg (1), au cap Staratschin, montre également de vrais Pinus, dont l’un se retrouve en Europe (P. Quenstedti), et aussi un Zsuga. On voit que tous ces indices concordent et permettent de placer très-haut vers le Nord le berceau des principaux types d’Abiétinées qui auraient pu rayon- ner ainsi d'un pays commun vers des points très-divers. de notre hémisphère. La dispersion et le fractionnement de la plupart de ces groupes s’expliquerait dès lors facile- ment; les cèdres seuls auraient été formés vers le nord de notre continent, et seraient restés particuliers à l’hé- misphère boréal. De nos jours, les Pinus proprement dits comptent plus de 60 espèces décrites, répandues sur un très-grand espace, mais nombreuses surtout dans le massif mexicain. On peut dire que les Prnus ont autant d’exten- sion à eux seuls que toutes les autres Abiétinées réunies. Le P. Sylvestris L. pénètre jusqu’au 70° degré lat. N., et le Pinus Merckusii BI. s'avance à Java et à Bornéo un peu au delà de l'équateur. Les Abies sont plus particulière- ment des essences alpines. Toutes les grandes chaînes et beaucoup de chaînes médiocres possèdent des espèces caractéristiques de ce genre ; cependant le type des Ares, après avoir longtemps dominé dans les régions polaires, ne pénètre plus aujourd'hui aussi loin vers le Nord que les Pinus. En Sibérie pourtant, il dépasse le 60° degré ; il en est de même du Picea qui atteint presque en Europe la limite du pin et la dépasse sur certains points de la Sibé- rie boréale et de l'Amérique du Nord. Dans le Canada, le Larix va au delà du 60° degré lat. N., tandis qu’en Europe il ne quitte pas le massif des Alpes, et qu'en Sibérie, par (1) Kreide-Flor der arctischen-zone, p. 128 et 129. 208 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. contre, il excède même le 70° degré, et devient ainsi la plus septentrionale de toutes les essences ligneuses. Il existe donc dans la distribution actuelle des divers types d'Abiétinéesde très-grandesirrégularités, qui tiennent sans doute à l'ancienneté de la plupart des types de cette tribu et aussi à la circonstance qu'après être sortis du Nord et avoir rayonné dans toutes les directions, les représentants de cette tribu ont dû plus tard subir les effets d’un retrait partiel ou même d’une élimination totale, amenés par le refroidissement du climat et l’envahissement des glaces dans les contrées de l’extrème Nord, si longtemps peu- plées des plus riches végétaux. De là les irrégularités apparentes qui se remarquent dans le tracé de l'aire d'extension des Abiétinées, ainsi que les lacunes qui cor- respondent à l’espace qui sépare les uns des autres les massifs montagneux dont elles occupent de préférence les parties fraîches et escarpées. Les Cupressinées composent le groupe le plus riche et le plus varié de la classe entière des Aciculariées. S’a- vançant plus loin vers le Nord et sur le sommet des mon- tagnes par quelques-uns de ses représentants que nul autre, ce groupe est également répandu dans les deux hémisphères, et les Zihocedrus du Chili, les Widdringtonia de l'Afrique australe, les frenela et les Actinostrobus de la Nouvelle-Hollande répondent aux Callitris de l'Afrique boréale, aux Biota de l'Asie orientale, aux Thuyopsis du Japon, aux Thuya de l'Amérique du Nord, tandis que les Juniperus, les C'upressus, les Chamæcyparis, partagés entre les divers continents de la zone boréale dépassent cà et là le tropique dans la direction du sud, sans atteindre nulle part jusqu’à l'équateur. On peut dire d'une façon générale que les Cupressinées se plaisent dans le voisinage des TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 209 tropiques, mais plutôt en dehors qu’en dedans, et qu'elles ont une préférence marquée pour la zone tempérée chaude, où les espèces de leurs principaux genres sont plus fréquentes et plus vigoureuses que partout ailleurs. Les Cupressinées ne sont pas seulement des plantes mon- tagnardes, propres à former de grandes forêts alpines, à l'exemple des cèdres, des Abres, des Picea et de beaucoup de Pinus ; elles préfèrent les expositions chaudes el acci- dentées, les coteaux escarpés, la lisière des bois, le fond ou la pente des vallées agrestes et le pied des montagnes qu'elles remontent pourtant à l’aide des Juniperus, de certains Z’Auyaet Cupressus.Aux unes, il faut dela fraicheur etde l'ombre, un climat humide et égal : il en est ainsi des Biota, des T'huyopsis, de beaucoup de /uniperus, des Liboce- drus, de la plupart des Thuya, des Chamæcyparis et de certains Cupressus ; à d’autres, une exposition chaude et même sèche, un sol sablonneux et un climat brülant conviennent davantage : beaucoup de cyprès et de gené- vriers, les Ærenela, les Callitris et les Widdringtonia sont dans ce cas. Ce sont là autant d'indices précieux que l’on peut tirer de la présence de ces mêmes genres à l'état fossile. Il est évident que l'Europe a perdu successive- ment presque tous les genres de Cupressinées qu'elle possédait autrefois. À l’époque tertiaire elle avait des Chamæcyparis, des Thuya, des Callitris, des Widdringtonia, des Juniperus de plusieurs sections, sans doute aussi des Cupressus. De plus, elle possédait un genre très-voisin des Libocedrus actuels, sinon absolument identique à ceux-ci. Depuis, l’Europe a vu s’éteindre la plupart de ces types : le Cupressus sempervirens n’est plus spontané que vers le midi du bassin méditerranéen ; le Callitris s’est retiré encore plus loin etle Wziddringtonia dont la date d’appa- Ile SÉR. VÉGÉTAUX. — III. d£ 210 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, rilion est, il est vrai, plus ancienne, ne se montre plus que vers Madagascar et le Cap. Les Cupressinées ne se sont caractérisées que lente- ment; elles paraissent avoir revêtu graduellement la forme que présentent chez elles les parties de la foliation et de la fructification. Nous assisterons aux phases de ce pre- mier développement, puisqu'il date des temps jurassiques, et les plus anciennes Cupressinées que nous rencontre- rons appartiendront soit à des types encore assez mal dé- finis, comme les Palæocyparis, soit à celui des Widdring- tonia, qui, par l'irrégularité d'insertion de ses feuilles, se place plutôt sur la limite des Cupressinées vraies et sem- ble opérer la transition de celles-ci vers le groupe voisin des Taxodiées. Il faut remarquer en terminant, comme une consé- quence des principes que nous avons posés et de l’ordre qui a dù présider à la marche des divers types de Cupres- sinées, que les premiers apparus sont actuellement éteints (Palæocyparis) ou en pleine décadence et relégués dans une région peu étendue, comme les Widdringtonia que l’on peut à cet égard comparer aux Araucaria et aux Se- quoia. D'autres se trouvent partagés entre les deux conti- nents et ceux-ci justement, comme les Chamcæcyparis, ont été signalés à l’état fossile dans les régions polaires; ils se comportent ainsi comme les Zsuga, les Abies et les Torreya. Enfin, certains types (Callitris) ont été simple- ment refoulés plus loin vers le sud. Les types exclusive- ment australiens (Actinostrobus, Frenela), que l’on est en droit de considérer comme caractéristiques pour cette partie du monde, n’ont jamais été signalés en Europe, à l’état fossile, sinon d’une manière douteuse. Il est plus naturel d'admettre que les types ainsi observés sont des TERRAIN JURASSIQUE. —— VÉGÉTAUX. 241 genres éteints, particuliers à notre zone et plutôt alliés que réellement identiques à ceux de l'hémisphère sud. La chaîne qui lie le présent au passé n’a donc rien de capricieux ni de chimérique ; elle se rattache aisément à une base solide, celle de la distribution géographique ac- tuelle, solidaire de l’état ou plutôt des divers états anté- rieurs. Cette solidarité est assez étroite, selon nous, pour que l’on admette sans effort le principe que les formes ac- tuelles d’Aciculariées ne sont que les descendants succes- sivement modifiés des formes antérieures et que leur dis- tribution à la surface des continents tient à des causes incessamment actives qui ont tantôt facilité leur accès dans certaines régions et tantôt les en ont exclu; tandis que par le fait d’un phénomène plus complexe et d’une nature plus cachée, actif, mais d’une facon à la fois lente et ir- régulière, les types eux-mêmes demeuraient susceptibles de varialion. Ces variations se sont produites, il est vrai, dans une mesure inégale ; elles ont affecté plus particuliè- rement certaines seclions, et dans chacune d'elles cer- taines espèces et seulement certains côtés de ces espèces. C’est ainsi que dans chaque période on a vu se former des combinaisons de structure, assez fixes et assez résis- tantes pour se trouver ensuite à l’abri de nouveaux char- gements. Ces sortes d'organismes, une fois arrêtés dans leurs contours, persistent plus ou moins longtemps; ils peuvent même traverser presque sans changement une durée, pour ainsi dire, incalculable; on peut dire d'eux qu'ils sont désormais incapables de se ramifier ultérieure- ment. On le voit par ce qui précède, les formes assez plas- tiques pour se modifier peu à peu se seraient multipliées en divergeant d’une souche commune; les tribus actuel- les auraient été primitivement des genres et auparavant 212 PA LÉONTOLOGIE FRANCAISE. ces genres eux-mêmes seraient sortis des changements graduels dont les espèces de tout genre nombreux et envahisseur paraissent plus ou moins susceptibles. Mais, d'autre part, dès qu’un genre touche à son déclin, dès qu'au lieu d'occuper sans discontinuité de grands espaces, il s'arrête, suit une marche régressive et ne lutte plus que pour se maintenir, reculant pas à pas devant l'invasion de types plus jeunes et plus vigoureux, alors, à l'exemple des Araucaria d'Australie, des Windring'onia du Cap, des Callitris de l'Algérie, des Sequoia de la Californie, les ty- pes nese modifient plus. Désormais immobiles, ils peu- vent durant un temps très-long nous traduire, à l'état réel, les formes survivantes des âges précédents ; ils per- sistent à l'écart sur certains points limités, au sein des îles ou des régions montagneuses, là, en un mot, où des circonstances locales leur permettent de soutenir sans trop de désavantage le combat pour l'existence. $ 5. — J'iliation présumée des Aciculuriées et étude des genres prototypiques qui les représentent dans les périodes anté- rieures aux temps jurassiques. Les Aciculariées remontent, en tant que groupe distinct, à une très-haute antiquité. Cependant, à mesure que l’on quitte le permien pour s’enfoncer dans la période des houilles, on voit leurs représentants s’écarter de plus en plus des formes que nous leur connaissons, cesser d’appartenir aux Conifères proprement dites et revêtir enfin -une apparence ambiguë et prototypique, avant de disparaître dans le demi-jour d’un passé trop lointain pour nous avoir livré encore son secret. Dans cette première époque, la présence des Acicula- riées se trouve attestée par une foule d'indices, dus prin- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 213 cipalement à des bois et à des graines silicifiées ; mais ces indices, justement à cause de l'éloignement où nous som- mes du temps qui nous les fournit, ne sont ni assez com- plets, ni assez concluants, pour que les savants qui les ont examinés jusqu'ici aient pu déterminer la nature et les affinités exactes de ces Aciculariées antérieures à tou- tes les autres. On comprend en les interrogeant, nous le montrerons bientôt, que l’on touche à des types qui, tout en s'éloignant graduellement de ceux qui leur succédè- rent sont cependant liés à quelques-uns de ceux-ci par plusieurs côtés essentiels de leur structure soit interne, soit externe et relative aux organes foliaires ou sexués. Mais on comprend aussi qu'en avancant ainsi vers le passé, on se rapproche sensiblement d'une transition orga- nique qui, mieux connue, nous ferait voir comment Îles Aciculariées ont divergé peu à peu du groupe voisin des Cycadées. Les deux groupes à leur tour, comme deux branches sœurs, ont dû émerger presque en mème temps d'un prototype, détaché lui-même d’une souche synthéti- que antérieure, probablement cryptogame. M. Strasburger, après avoir faitressortir l'analogie du nu- celle des Gymnospermesavecle macrosporange des Cryp- togames vasculaires, du sac embryonnaire qui se développe dans ce nucelle avec la macrospore, des corpuscules avec les archégones et du sac à pollen avec le microsporange, conclut à une affinité probablement étroite de cette forme ancestrale des Aciculariées et des Cycadées réunies avec les Lycopodiacées et surtout les Sélaginellées (1). Mais si l'on néglige les Lycopodiacées actuelles et que l'on interroge celles de l’époque carbonifère, c’est-à-dire les Lépidoden- (1) Voyez : Straburger, Die Coniferen und die Gnetaceen, p.286 etsuiv. 214 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. drées, on reconnaît entre celles-ci et certaines Conifères une telle conformité d'aspect extérieur que la pensée de les faire dériver ensemble d’un ancêtre commun apparaît comme très-naturelle. Cette conformité s’observe dans les longs rameaux garnis de coussinets foliaires et de feuilles linéaires en faulx, en crochet ou en aiguilles des Zepido- dendron, dans leurs strobiles dont les écailles bractéales, insérées à angle droit sur l’axe, supportent des sporanges déjà distribués selon le sexe. La partie horizontale basi- laire de ces écailles donne lieu vers l'extérieur à un ap- pendice foliacé, tantôt aminci et acuminé, tantôt épaissi en écusson, dont la ressemblance avec ce que montrent les mêmes parties du strobile des Conifères, surtout chez les Araucariées, est parfois vraiment surprenante. Comme une ressemblance aussi curieuse s'accorde pourtant avec les différences intimes de structure qui rangent nettement les Lépidodendrées parmi les Cryptogames vasculaires, tandis que les Aciculariées, bien que plus voisines de cette classe que les Angiospermes, sont décidément des Phané- rogames, il faut penser qu’elle est due surtout à une ré- currence et à un parallélisme morphologique dont il existe de nombreux exemples dans le règne végétal et qui, chez les Aciculariées, se manifeste même entre les diffé- rentes tribus. Toutefois un pareil phénomène ne saurait se montrer en l'absence de toute affinité génésique; il nous paraît au contraire être l'indice d’une filiation qui des deux parts remonterait à un progéniteur commun, si éloigné qu'on le suppose et à travers peut-être de nom- breux intermédiaires. Dans la revue nécessairement courte que nous allons en- treprendre des plus anciens types d’Aciculariées et de ceux qui précédèrentimmédiatementles temps jurassiques, nous TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 2145 avons fait forcément un choix, en nous attachant aux in- dices les plus avérés et aux genres les mieux connus, en laissant de côté tous ceux, comme le Penites anthracinus Lindl. et Hutt.; le Thuyites Parryanus Heer et quelques au- tres, qui introduiraient sans preuve et sans vraisemblance suffisantes, au sein de la végétation primitive, des éléments que tout porte à croire en avoir été exclus. Le premier indice sérieux que nous ayons de la présence des Aciculariées consiste dans des bois nommés Dadozy- lon par Endlicher et Unger, Palæoxylon par Brongniart, Pissadendron par Endlicher, Araucarites par Presl et Gæp- pert, et qui ont été dernièrement réunis par Kraus sous la formule générique d’Araucarioxylon, dont le tort, selon nous, est d'impliquer l'existence de types semblables à ceux des Araucariées, dans un âge trop reculé pour qu'on l’admette aisément sans autre preuve. Les Dadozylon et les Palæoxylon se rapportent à la base du terrain carbonifère, époque paléanthracitique de Schimper (1). Ils se distinguent entre eux par cette cir- constance que les rayons médullaires sont simples chez les premiers, comme chezles Araucaria actuels, et composés, c’est-à-dire formés de plusieurs rangées contiguës de cellu- les, dans les seconds, qui se rapprocheraient des Cycadées par ce caractère. Ces bois ont été souvent figurés (2); ils offrent certainement la structure de ceux des Pammara et des Araucaria, surtout les Dadoxylon vrais, dont les rayons médullaires sont simples. En consultant les figures très-soignées données par Schimper dans son Mémoire (1) Voy. Traité de Pal. vég., HI, p. 619. (2) Voy. entre autres : Gæœpp. Conif. foss., tab. 39, 40, 41, fig. 7, tab. 42, fig. 1-3, tab. 48, fig. 1 ; Schimper, Mém. sur le terr. de trans. des Vosges, partie paléontol., p. 342, pl. 30 ; Lindi, et Hutt., Foss. FT, Or AIN tADELE 216 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. sur le terrain de transition des Vosges etreproduites dans son grand ouvrage (1), il semble que le D. vogestacum Ung. (A, fig. 1-4) soit analogue aux Dammara, à cause de ses rangées de ponctuations, tantôt solitaires, tantôt au nombre de 2-3 accolées, plutôt serrées que régulièrement comprimées-polyédriques. Le Dadozylon ambiquum Endl. au contraire, avec ses ponctuations multisériées et com- primées-hexagonales, rappelle beaucoup les Araucaria proprement dits; mais, dans cette espèce, les rayons mé- dullaires montrent assez souvent deux ou trois rangées de cellules, et ces rayons composés sont entremêlés aux rayons simples. Le Dadoxylon Brandlingii Endl. (Arauca- rites Brandlèngii Gœpp., £. c., tab. 41, fig. 4-7), de Saar- brück, dont les fibres ont 3 à 4 rangées de ponctuations disposées dans un ordre quinconcial régulier et contiguës, dontles rayons médullaires sont simples et courts, retrace fidèlement aussi les caractères distinctifs des bois d’Arau- caria. Iest donc impossible de ne pas admettre dès cette époque, antérieure à la période des houilles proprement dite, l'existence de vraies Aciculariées dont le bois avait la même structure que celui des Araucaria actuels et la même disposition de couches annuelles concentriques. D'autres bois, entre autres le Paleozylon medullare Brongn. (Pénites medullaris With.) (2) et surtout le Pissa- dendron antiquum Ung. (Araucarioxylon antiquum Kr.), qui proviennent du terrain houiller d'Angleterre, présentent des différences notables, si l’on compare leur structure à celle des tiges actuelles des Conifères. La moelle est beau- coup plus large, les ponctuations des fibres ligneuses pe- tites, nombreuses, sont disposées de manière à constituer (1) Traité de Pal. vég., pl. 79. (2) Lindley et Hutton, Foss. F{. Brit., I, tab. 3. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 217 des séries obliques de compartiments, les rayons médul- laires sont larges et formés d'un tissu cellulaire abon- dant ; enfin les zones annuelles sont faiblement limitées ou nulles. Dans le Protopitys Buchiana Gœpp. (1), qui appartient au calcaire carbonifère de Frankenberg en Silésie, les rayons médullaires sont simples, mais les fibres ligneuses paraissent entremêlées d’autres fibres rayées en travers, subscalariformes, telles qu’on les observe encore chez beaucoup d’Abiétinées, mais d’une physionomie en- core plus nettement tranchée. A côté des Dadozylon, Palæwoxzylon et Protopitys prend place dès l’époque paléanthracitique de Schimper et plus tard encore pendant la durée entière de l’âge carbonifère et au delà jusque dans le permien, le genre Cordaites (autrefois Pycnophyllum Brongn.), que les récentes re- cherches de M. Grand'Eury etle rapport de M. Brongniart à l'Académie des sciences sur les travaux de ce savant, ont tiré du demi-jour où il était longtemps demeuré, pour lui restituer ses vrais caractères, ceux d'un type d'Acicu- lariée plus primitif et plus éloigné des formes actuelles de cet ordre, qu'aucun de ceux qui avaient été encore observés. Les Cordaites ont joué évidemment un grand rôle lors du phénomène de la formation des houilles; leurs feuilles amoncelées, associées à leurs inflorescen- ces et à leurs graines éparses jonchent certains lits. M. Grand'Eury, qui a pu étudier leurs troncs demeurés en place, les considère comme de grands arbres ayant atteint souvent 20 à 30 mètres de hauteur, «à tige droite et nue, surmontée par des branches très-ramifiées, termi- nées chacune par un bouquet de longues feuilles rappelant (1) Conif. foss., p. 229, tab. 33, fig. 1-2. 218 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE par leur forme celles des Yucca et des Dracæna ou, dans d’autres cas, plus courtes, elliptiques et ressemblant à celles du PDammara ovata et du Dammara Brown, des régions australes (1).» L'intérieur des tiges, dont M. Grand’Eury n’a pu observer que des parties altérées et charbonnées pourrait bien avoir eu la même structure que les Palæozylon ; il comprenait, comme chez ces der- niers, une moelle centrale relativement large, entourée d'une zone ligneuse revêtue extérieurement d’une couche corticale disposée en lames successives et superposées, susceptible d'acquérir à la longue une grande épaisseur. Les feuilles étaient sessiles, plus larges ou plus étroites, plus longues ou plus courtes, selon les espèces. Elles s’in- séraient sur les tiges en donnant lieu, après leur chute, à une cicatrice transversalement oblongue, plus ou moins large dans le sens de la hauteur et marquée d’une rangée de ponctuations vasculaires, répondant aux nervures lon- gitudinales, nombreuses et égales entre elles, qui parcou- raient le limbe. Ces nervures demeuraient parallèles et n'offraient aucun vestige de médiane (pl. 151, fig. 4 et 2°). M. Grand'Eury nomme C/adiscus les rameaux feuillés des Cordaites et Poa-Cordaites les feuilles des espèces étroites et longues, comme des feuilles de Graminées. Les inflorescences des Cordaites, que l’on recueille éparses et très-nombreuses, au milieu des feuilles de ce genre, ont été signalées depuis longtemps sous le nom d'Antholithus, et l’une d'elles a été figurée autrefois par Lindley et Hutton, qui croyaient reconnaître en elle une hampe florale d’Angiosperme, sous le nom d’Anthrolithus (1) Rapport de M. Brongniart, p. 15 (Comptes Rendus des séances de l'Ac. des sc., t. LXXV, séance du 12 août. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 219 pitcairniæ (1). Grâce aux communications de M. Crépin, sous-directeur du Musée royal d'histoire naturelle de Bruxelles, nous avons eu entre les mains de nombreuses empreintes de ces inflorescences, accompagnées desgraines détachées que l’on rencontre pêle-mêle avec ces organes et qui se rapportent aux genres Cardiocarpus, Cyclocarpus, Rhabdocarpus, ete. D'autre part, MM. Dawson etCarruthers, après eux M. Schimper, en Allemagne Ettingshausen, Feistmantel etc., en Amérique M. Lesquéreux et d’autres auteurs encore, ont figuré cesinflorescences à divers degrés de développement et se rapportant sans doute à des es- pèces ou même à des genres bien différents. Les figures de Dawson et de Carruthers (2), reproduites per M. Schim- per et que nous donnons aussi (pl. 150, fig. 2-3), montrent ces mêmes inflorescences ayant à l’aisselle de leurs brac- tées de vrais Cardiocarpus insérés solitairement au sommet d’un certain nombre de supports nus et simples qui sortent du milieu de plusieurs bractéoles apprimées. D’autres in- florescences (Voy. pl. 151, fig. 2 en b) de même nature, mais dénotant un autre genre, laissent voir des ?habdo- carpus (pl. 151, fig. 3) ou des Cyclocarpus (pl. 151, fig. 2) insérés isolément sur une base sessile, à l’aisselle de chaque bractée axillante, et entourés de ces mêmes brac- téoles. Il faut conclure de ces diversités que les Cordaites formaient alors un groupe puissant ou même une tribu composée de plusieurs genres et que les inflorescences, assez uniformes d'aspect, portaient des graines sujettes à varier de structure et de mode d'insertion d’un genre à l’autre, ou si l’on veut d’une section à une autre section (1) Voy. Lindley et Hutton, Fos. FI. Brit., 11, tab. 82. (2) Notes on fossil plantes, p. 7 et 9, fig. 1-2 (Extr. fr. the Geol. magaz., Febr., 1872). 290 PALÉO NTOLOGIE FRANCAISE. de la même tribu. Les inflorescences des Cordaites ont été certainement caduques (pl. 1514, fig. 2); mais peut-être ne rencontre-t-on généralementque ceux de ces organes, qui s'étaient détachés prématurément par suite d’une fécon- dation nulle ou imparfaite. Les graines mûres tombaient à leurtour, abandonnant leur support, et peut-être chaque inflorescence, conformément à ce qui se passe chez les Cephalotaxus, ne produisait en définitive qu’un assez petit nombre de semences normalement développées. Quoi qu'il en soit, ces inflorescences ont dû être axillaires le long des rameaux de Cordaites garnis de feuilles ordinaires axillantes ; elles nous représentent un état primitif que les Conifèresont dûnécessairement traverser avant de devenir ce que nous voyons qu'elles sont; mais elles nous mon- trent ce même état arrivé chez elles à un degré de compli- cation, de perfection et de régularité relatives, assez élevé pour nous faire considérer les Cordaites comme des Aci- culariées supérieures, à ce point de vue, aux Taxinées et aux Salisburiées qui leur ont cependant survécu, de même que les Lépidodendrées de l’époque étaient plus avancées en organisation que les genres actuels des Lycopodiacées. Chaque inflorescence (pl. 150, fig. 1-3) se compose d’un rachis plus ou moins épais, plus ou moins long selon les espèces, souvent épais, et long de plusieurs décimètres, dont les bractées, disposées dans un ordre distique et opposées ou sub-opposées, portent à leur aisselle une - réunion de bractéoles ou squamules fasciculées, au centre desquelles sont placés des supports nus et relativement allongés, se terminant chacun par un ovule. Dans d’autres cas, l’ovule sessile et solitaire se trouve directement inséré au centre des bractéoles qui l'entourent d'une sorte d’in- volucre ; ce second cas est celui des Xabdocarpus (pl. 151, TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 291 fig. 3-5), peut-être aussi des 7rigonocarpus (pl. 150, fig. 4, et 151, fig. 6) et probablement d'une partie même des Cardiocarpus, de ceux au moins nommés Cyclocarpus par Gœppert (pl. 150, fig. 2). Les Cardiocarpus pédicellés ont été observés en place (pl. 151, fig. 2-3); Gœppert avait proposé pour eux le nom fort juste de Samaropsis. Nos figures (pl. 150, fig. 7-8) représentent de beaux exemplaires du Cardiocarpus cornutus de Dawson, que nous avons d2s- sinés d’après nature; c'étaient des graines samaroïdes, comprimées, recouvertes d’un tégument vasculaire qui donnait lieu sur les côtés à deux carènes amincies, pro- longées en appendice et échancrées au sommet à l'endroit du microphyle. Si l'on remplace maintenant le tégument sec et probablement cartilagineux des Samaropsis par un tégument charnu et l’ovule solitaire, qui correspond ici à des feuilles simples et indivises, par des ovules géminés, on découvrira aisément le rapport étroit qui rattache l’in- florescence de cette section des Cordaites à celle des Salsburia; seulement la première est plus complexe, puisque ce n'est pas directement sur l’axe feuillé que nais- sent les supports ovulaires, mais le long d'un axe floral, et qu'ils sortent de bourgeons axillaires, par rapport aux bractées de cet axe, par conséquent de seconde génération. Dans les Cordaites à ovules sessiles et solitaires, l’organi- sation reste la même au fond; elle se complique de l’avor- tement des supports et de la persistance d’un seul ovule ; elle marque par cela même de l’affinité avec ce qui a lieu chez les Taxées, circonstance qui n'a pas échappé à la sagacité de M. Brongniart. Ce savant, en décrivant les nombreuses graines silicitiées, découvertes par M. Grand’Eury dans le bassin de Rive-de-Gier, près de Saint-Etienne, fait ressortir que les Xabdocarpus (pl. 151, 222 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. fig. 3-5) semblent répondre aux graines des Torreya; les Diplotesta et les Sarcocarpus à celles des Cephalotazus ; les Taxospermum (pl. 151, fig. 8-9) enfin et les Septocaryon (pl. 151, fig. 7) à cellesdes Z'azus proprement dits (1). Nous n'avons pas besoin de répéter ce que nous avons dit déjà de la ressemblance des 7rigonocarpus et de certains Æab- docarpus (pl. 151, fig. 4, et 152, fig. 4, 5 et 6) avec les endotesta osseux bi ou tricarénés des Salisburia. La variété des graines observées, grâce à des circon- stances particulières qui en ont favorisé la conservation et se rapportant toutes au même groupe, celui des Acicula- riées dialycarpées, ne pouvait évidemment pas s’accorder avec une uniformité absolue de feuillage, et si les Cordaites proprement dits paraissent révéler un type totalement éteint, l'étroite analogie de plusieurs des graines anciennes | avec celles des Salsburia donne de la vraisemblance à l'existence présumée d'un type décidément allié à celui-ci, dès l’époque carbonifère. Il existe en effet des indices d'un type pareil, et ce type, qui, d’une part, touche aux Nœggera- thia véritables, peut être considéré en définitive comme le représentant le plus lointain que l’on connaisse du groupe des Salisburiées. Les feuilles sont simples ou même com- posées, mais le plus souvent partagéesen segments flabellés ; leur base esten coin, leur limbes’'élargitausommet, arrondi ou tronqué, toujours parcouru par de nombreuses nervures plusieurs fois ramifiées-dichotomes et sans trace de mé- diane, Ce type a été figuré par Lindley et Hutton (2), dans le Fossil flora, sous le nom de Næggerathia flabellata; on doit (1) Voy. Et. sur Les graines fossiles trouvées à l'état silicifié dans le terrain houiller de Saint-Etienne, par M. Ad. Brongniart. — Extr. des comptes-rendus de l'Ac. des sc.,t, LXXVIIT, séance du 10 août 1874. (2) Lindley et Hutton, Foss. F/. of Great Brit., I, pl. 28-29. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 223 y rapporter encore les Næggerathia expansa et cunerfo.ia de Brongniart (1), et sans doute aussi le Nœggerathia cyclopte- roides de Gœppert (Foss. FT. perm. Form., p. 157, tab. 21, fig. 4). M. Schimper a proposé avec raison pour toutes ces plantes, dont les affinités avec nos Salisburia ne sont pas tout à fait démontrées, malgré leur probabilité, la dénomi- nation générique de Psygmophyllum (2) qui exprime la con- figuration flabellée deleurs organes foliacés. M. Grand’Eury de son côté paraît avoir découvert des types très-analogues par la division en segments dichotomes de leurs feuilles dans le bassin houiller de Saint-Etienne, et les avoir dési- gnéssouslenom d’£otaxites ou de Dicranophyllum(3),en con- sidération de leurs rapports avec les Taxinées en général. Ces £otaxites et ces Psygmophyllum sont vraiment les premiers anneaux d'une chaîne non interrompue qui s’est continuée jusqu'à nous, pour aboutir à l'unique Sa/ishurix que nous avons encore sous les yeux. Ils reparaissent en effet dans le dernier des étages paléozoïques, dans le permien, auquel appartiennent d’ailleurs les Næggerathia (Psygmophyllum) cuneifolia Brongn., erpansa Brongn. etcy- clopteroides Gæpp. C'est à ces espèces aussi, ou du moins à quelqu'une d’entre elles, que doivent être rapportés les (1) Brongniart in Murchis Géol. de la Russie d'Eur., tab. À, fig. 3, B. fig. 4, E, fig. 1a et d. (2) Schimper, Traité de Pal. vég., II, p. 192. (3) Le terme de Dicranophyllum parait devoir obtenir définitivement la préférence et désignera dans la pensée de l’auteur ce genre curieux de Salisburiée prototypique, que nous avons eu l’occasion d’examiner tout dernièrement. Les feuilles sont divisées, par une double ou triple dichotomie, en segments linéaires divariqués; elles ressemblent beau- coup à celles de notre Trichopilys keteromorpha, décrites ci-après ; mais elles sont plus rapprochées et insérées autour du rameau sur des cous- sinets pressés et décurrents, dont la saillie et la disposition rappellent ce qui a lieu dans les Picea actuels et aussi chez les Lépidodendrées Note ajoutée au moment de l'impression). 394 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. bourgeons foliaires, si curieux, figurés par Eichwald, sous le nom de Næggerathia Gæpperti, et ensuite par Gœæppert lui- même (1). M.Gœæppert, après avoir exposé les caractères de forme, de structure et de nervation que présentent ces bourgeons et les feuilles convolutées latéralement et se recouvrant mutuellement, dont ils sont formés, conclut de cet examen à leur assimilation avec ceux des Musacées et des Zingibéracées. Ge serait par conséquent là des plan- tes monocotylédones et l’existence de cette classe de vé- gétaux se trouverait reportée jusque dans les temps pa- léozoïques, contrairement, ajoute le savant professeur allemand, à l'affirmation, reconnue ainsi inexacte, de M. Brongniart. Toutefois un hazard heureux, joint à l’en- tremise d’un de nos meilleurs amis, M. Raoul Tournouër, a fait récemment parvenir entre nos mains un bourgeon pareil à ceux dont parle Gæppert, ayant sans doute la même provenance, et, après un étude sérieuse de cet or- gane, nous avons pu nous convaincre que l'appréciation de Gœæppert devait être rejetée, comme entachée d'erreur. Le bourgeon que nous avons sous les yeux mesure en hauteur 7 1/2 centimètres sur une épaisseur maximum de 37 mil- limètres vers sa base; il diffère un peu de celui qu'Eichwald a figuré en premier lieu par une terminaison plus conique et moins ovoïde ; mais peut-être cette différence provient- elle uniquement de ce que notre spécimen répond à une partie plus intérieure ou moins rapprochée du moment de son évolution. Il est du reste, parfaitement cylindrique inférieurement, intact au sommet, mais tronqué irréguliè- rement à sa base; cette base laisse voir le dedans et permet de juger que les feuilles se succédaient jusqu’au centre sans (1) Voy. Foss. FI, d. permisch. Form., p. 153-154, tab. 62, fig. 16. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 295 lacune, ni interposition de rachis ni de pétiole d'aucun genre ; elles se recouvraient mutuellement de l’extérieur à l'intérieur, chacune d'elles embrassant vers la base du bourgeon une moitié environ de la circonférence totale, et s’enroulant sur elle-même en cornet dans le haut. Cette disposition est en rapport avec la forme atténuée en coin à la base, dilatée supérieurement en un limbe en éventail, arrondi sur les côtés, de chacune des feuilles, prise séparément. Ces feuilles n'étaient pas des folioles, comme le prouve la façon régulière dont elles se succèdent en se recouvrant; l’atténuation modérée de leur base démontre qu'elles étaient sessiles ou subsessiles ; les nervures visibles qui les parcourent n’offrent aucun vestige de médiane. Ces nervures, parties de la base plusieurs ensemble, s’étalent ensuite en se ramifiant par dichotomies successives, jus- qu'au point où elles atteignent la marge du limbe qui était entier et largement ovale-arrondi. Dans leur parcours, elles demeurentégales, très-rapprochées, maiselles ne sont jamais anastomosées entre elles, ni encore moins réunies à l’aide de nervilles transverses, comme chez la plupart des monocotylédones. Le mode de nervation que nous venons de décrire est, il est vrai, celui des folioles de plusieurs Cycadées, mais c'est surtout celui qui caractérise les feuil- les de Salisburia, surtout celles qui ne sont pas lobées : au contraire il n’a rien de commun avec le mode de nervation qui prévaut dans les Monocotylédones. Mais le moment est venu d'énoncer une observation relative aux bourgeons que nous avons en vue et qui tend à infirmer l'opinion de Gæppert à leur égard. Les feuilles de ces bourgeons mon- ‘trent par leur épaisseur relative qu'elles avaient une con- sistance charnue ou coriace, mais rien de membraneux ; leurs nervures, loin d’être saillantes sur la face extérieure, Ile Sér. VÉGÉTAUX. — III. 15 226 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. étaient visiblement incluses entre deux lames d'un tissu épidermique fort dense ; au contraire, ces mêmes nervures sont indiquées par des sillons très-nets dans l'intervalle compris entre les deux surfaces, et chacun de ces sillons est séparé par une cloison du sillon qui lui est contigu. Mais, contrairement à ce qu'a pensé Gœppert, les cloisons ou bourrelets longitudinaux, par un effet très-naturel de la fossilisation, ne correspondent pas aux anciennes nervures ; ce sont les vides des sillons qui re- présentent ces dernières, ainsi qu'il est aisé de le constater en suivant la direction des rameaux dichotomes. On voit alors que les subdivisions de chaque dichotomie correspon- dent aux sillons creux et que les bourrelets correspondent par contre aux intervalles qui séparaient anciennement lesnervures et dont le tissu, à cause de sa moindre densité a dû se détruire et être rapidement remplacé par la subs- tance siliceuse incrustante qui a tapissé partout les in- terstices des parties qui constituaient originairement le bourgeon, tandisque celles de ces parties qui résistèrent le mieux à la décomposition, comme les parties fibreuses, et ne se détruisirent qu'après les autres, ont donné lieu à un vide dont les parois sont cependant incrustées de petits grains de silice. Ainsi, ilne peut être question, comme le veut Gœppert, de comparer les intervalles vides aux rangées de lacunes qui, dans les feuilles des Musacées et d'autres Monocotylédones, accompagnent latéralement les nervures. Les feuilles dont la réunion formait ces cu- rieux bourgeons étaient fermes, relativement épaisses et sans doute coriaces. Leurs nervures tout intérieures ne produisaient aucune saillie à leur surface dorsale, qui était lisse, unie et dont l’épiderme encore visible présentait un assemblage de nombreuses séries de cellules allongées et TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 297 des rangées de stomates alignés comme sur les feuilles des Salisburia et des Dammara. L’analogie de ces feuilles, décrites comme nous venons de le faire, avec celle que M. Gœppert a figurée sous le nom de Nœggerathia cyclopteroides (1), saute aux yeux et, comme on ne saurait trouver dans les bourgeons fossiles en question les éléments d'une fronde pinnée, semblable à celles des vrais Væggerathia, on est forcément entrainé à admettre l'existence d’un nouveau type paléozoïque, auquel le terme générique de Psygmophyllum pourrait être conservé sans inconvénient. Les feuilles de ce type, plus ou moinsatténuéesinférieurement, mais subsessiles, pourvues d’un limbe élargi supérieurement en une lame arrondie ou subtronquée au sommet, entière ou fimbriée sur les bords; parcourues par desnervures égales, flabellées, divergentes, ramifiées-dichotomes, en même temps de consistance co- riace, se rangeraient fort naturellement dans la tribu des Salisburiées primitives, bien que le mode d’inflorescence et de fructification des végétaux auxquels ces feuilles ont appartenu, demeure encore inconnu. Ce type semble du reste marquer une sorte de liaison entre les Nægge- rathia, d'une part, et, de l’autre, avec les Cordaites propre- ment dits, tout en se rattachant, comme nous venons de le dire, aux Salisburiées. Il contribue donc à diminuer d’une manière notable l’espace qui sépare aujourd'hui le groupe des Cycadées de celui des Aciculariées, et la grande dimension du bourgeon concorde elle-même avec une transition de cette nature. Cette taille contraste certaine- ment avec ce qui existe chez les Aciculariées de nos jours; elle annonce dans les arbres dont les tiges se terminaient (1) Foss, FI. d. perm. form., p. 157, tab. 21, fig. 4. 298 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. par de semblables bourgeons un port très-distinct de celui que possèdent les espèces contemporaines, même les plus anormales, tels que certains Araucaria et Arthrotaxis plus ou moins trapus. Mais, outre qu'un port spécial et un mode de ramification tout particulier n’auraient pas droit de surprendre, dès qu'il s’agit de types aussi éloignés de nous par le temps, l'ampleur même des feuilles que nous observons chez plusieurs Psygmophyllum, provenant des mêmes couches que les bourgeons, semble suffire pour justifier cette dimension, qui étonne au premier abord. Du reste l’arrangement même qui préside aux jeunes feuilles convolutées latéralement et se recouvrant mutuel- lement dans le bourgeon, n’a rien qui soit contraire à ce que laisse voir la vernation des feuilles actuelles des Acicu- lariées, si l'on choisit pour en juger les espèces dont les organes appendiculaires offrent le plus de largeur pro- portionnelle, entre autres les Dammara et Salisburia. Avant d'abandonner le groupe des Salisburiées paléo- zoïques pour aborder enfin les plus anciennes Conifères, nous voulons signaler et décrire rapidement deux types nouveaux, un peu moins éloignés déjà, malgré leur singu- larité, des formes vivantes et d'autant plus importants qu'ils prolongèrent leur existence au delà des temps paléo- zoïques et se retrouvent dans l’âge jurassique, représen- tés par des formes équivalentes, ou même congénères. Nous devons la connaissance et la découverte de ces deux types, figurés ici pour la première fois, à M. Charles de Grasset, qui les a recueillis dans les schistes permiens de Lodève. L'un d’eux (pl. 152, fig. 2) consiste en un rameau mutilé à la base, comme au sommet, mais intact sur une lon- gueur d'environ 15 centimètres ; sur tout cet espace, ce rameau est garni de feuilles relativement grandes et nom- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 299 breuses, insérées dans un ordre alterne et déjetées sur les côtés de manière à affecter une disposition distique un peu confuse. Les feuilles, amincies inférieurement en pé- tiole, sont visiblement décurrentes sur la tige par leur base quise montre continue, sansrétrécissement ni articulation apparentes avec le coussinet médiocrement saillant sur lequel elles sont implantées ; en tout, elles n’offrent rien d’engainant ni même d'amplexicaule, qui puisse porter à les ranger parmi les Monocotylédones. En examinant at- tentivement celles de ces feuilles dont le contour est intact, on voit que leur base pétiolaire mesure une étendue moyenne de 3 centimètres environ, durant laquelle cette base conserve une épaisseur égale de 2 millimètres envi- ron ; au-dessus, la feuille s’élargit insensiblement pour donner lieu au limbe; en même temps les nervures bien visibles qui parcourent ce limbe commencent à s’é- taler et à se subdiviser par dichotomie. Le limbe est en coin allongé; il se partage d’abord en deux segments, puis chacun de ces segments en deux autres, dont les exté- rieurs sont eux-mêmes généralement bilobés. On voit ainsi se produire de 4 à 6 segments, toujours tronqués au som- met qui montre, vu à la loupe, de petits festons auxquels vont aboutir, en se terminant d'une façon abrupte, les subdivisions des nervures. L’analogie de ces feuilles avec celles du Sahsburia adiantifolia Sm. est frappante, mais elles ressemblent aussi au Nœggerathia flabellata Lindl. et Hutt. (1) (Psygmopyyllum flabellatum Schimp.); si lon sup- pose que le prétendu rachis du spécimen anglais repré- sente plutôt un rameau garni de feuilles. D'autre part, les feuilles du végétal de Lodève, par leur base élancée et (1) Foss. F1. of great. Brit., I, tab. 28-19. 230 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. longuement atténuée, par le mode de partition et la dis- tribution même de leurs nervures rappellent les /eanpaulia et Paiera, entre autres le J/. Münsteriana Presl., des schistes rhétiens de Franconie, le Paiera Tœniata Schk. et même le Zonarites digitatus Brongn., des schistes cuivreux de Mansfeld, de sorte que ces types rangés jusqu’à présent parmi les Algues ou les Fougères se trouveraient être des Salisburiées ne différant guère de celle que nous venons de signaler que par un degré plus prononcé de laciniure dans le limbe foliacé. Quoiqu'il en soit de cette dernière assimila- tion, on peut constater que l'empreinte de Lodève que nous venons de décrire, tout en confinant au Sabhsburia, s’en écarte par l'insertion de ses feuilles, dont les pétioles sont attachés à des coussinets longuement décurrents. J'ai déjà proposé dans unenote insérée aux comptes rendus de l’Aca- démie des sciences d'appliquer à cette espècelenom de Gink- gophyllum Grasseti, qui rappelle l’auteur de sa découverte. Le second spécimen (pl. 152, fig. 1) que nous nommons Trichopitys heteromorpha, s’écarte bien plus de toutes les formes d’Aciculariées signalées jusqu’ici(1). I s’agit encore d’un rameau, nettement terminé cette fois par un bour- geon, à son extrémité supérieure, et présentant un peu au-dessous une ramification latérale, presque aussi épaisse que la branche mère et s’écartant de celle-ci dans un même plan horizontal, sous un angle d’environ 45 degrés. L'épaisseur du rameau principal, qui est de à millim. vers sa base, se réduit à quatre vers la naïssance du rameau se- condaire qui s’amincit graduellement de son côté, et atteint dans l'original une longueur de 15 centimètres sans mon- trer sa terminaison. De son côté, la branche mère, après 11 {1) 1 se rapproche sensiblement des Dicranophyllum carbonifères ; voy. la note insérée plus haut, p. 223. TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 231 l'émission de ce rameau, se prolonge encore en ligne droite sur une longueur de 5 à 6 centimètres, puis elle finit brusquement, surmontée qu’elle parait être par un gros bourgeon écailleux entouré de feuilles. Les feuilles constituent la principale singularité de ce type. Elles sont espacées, décurreutes inférieurement, parfaitement dis- tinctes, mais difficiles à suivre au premier abord à cause de leur ténuité et de leur terminaison en un certain nombre d’aiguilles fines, roides et longues. Cependant, quelques- unes Ge ces feuilles sont assez intactes pour laisser voir leur structure : subdivisées en segments étroits, à l’aide de dichotomies successives, elles rappellent d’abord à l'esprit celles de certaines Protéacées des genres Petrophila, 1s0- pogon et Hakea. Au-dessus du coussinet qui la porte, cha- que feuille s’écarte de la tige sous un angle de 45 degrés ; sa largeur sur ce point n’est que de 3 à 3 millimètres et demi; mais sa consistance a dù être cartilagineuse, et laisse entrevoir plusieurs nervures longitudinales qui ont dû être noyées dans l'épaisseur du tissu. Après un espace d'environ un centimètre etdemi,la feuille se partage en deux segments déjà plus étroits, et chacun de ceux-ci bientôt en deux autres ; finalement, l’un de ces derniers, l'exté- rieur de chaque paire se subdivise encore, et les segments au nombre de 4 à 6, sortis de ces subdivisions ont à peu près l'aspect des aiguilles de nos pins ; ils sont étroits, uninerviés ; leur longueur excède parfois un décimètre, mais parfois aussi, ils sont beaucoup plus courts, surtout à la base des innovations ; on voit alors les feuilles que nous venons de décrire se transformer en simples écailles ou bien devenir bifurquées et offrir toutes les transitions entre ces feuilles réduites à l’état de bractées, et celles qui sont plusieurs fois divisées et longuement aciculaires. 232 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. On distingue sur plusieurs points de l'empreinte, à l’ais- selle de certaines feuilles (pl. 152, fig. 1, en c) des bour- geons pédonculés à divers degrés de développement qu'il serait naturel de considérer comme représentant des inflorescences en voie d'évolution. Ce type diffère beau- coup de tous ceux qui nous sont connus, et cependant le mode de partition en segments dichotomes de ses feuilles autorise à le ranger, à titre de genre éteint, dans la tribu des Salisburiées. D'autre part, l’analogie des feuilles du Trichopitys heteromorpha avec les empreintes jusqu'ici problématiques, figurées sous le nom de Solenites fur- cata (1) par Lindley et tout dernièrement sous celui de Jeanpaulia Lindleyana par Schimper (2), est tellement étroite qu'il faut admettre l’intime parenté des deux espèces, et ainsi le spécimen permien de Lodève nous met sous les yeux les tiges du même type d'Aciculariées dont le Solenites furcata représente les feuilles à l’état isolé, dans un âge bien postérieur à l'époque de l’oolithe. C'est en société des végétaux que nous venons de dé- crire, en les considérant comme les représentants des Salis - buriées de la dernière des périodes paléozoïques, que se montrent les plus anciennes Conifères proprement dites ; nous voulons parler du genre Walchia. Longtemps il a été rangé à tort parmi les Lycopodiacées ; récemment encore Gæppert (3) l'a rapproché des Lepidodendron, mais il cons- ütue bien réellement, comme l’affirmait déjà Brongniart, dans son tableau des genres de végétaux fossiles, en 1849, un genre de Conifères, très-nettement caractérisé et le premier en date, lorsque l’on remonte la série des ter- (1) Lindley et Hutton, Foss. F/. of Great Brit., III, tab 209. (2) Traité de Pal, vég., 1, p. 683, (3) Foss. F. perm. form. p. 234. TERRAIN JURASSIQUE. —— VÉGÉTAUX. 233 rains, bien que l’on soit fondé à admettre l'existence d’Aciculariées à strobiles, encore antérieures, mais dont nous n'avons pas acquis la Connaissance. Les rameaux entiers et les ramules épars des Walchia piniformis Sternb. (pl. 153, fig. 1-3) et hypnoides Brongn. (pl. 153, fig. 4-5) abondent à Lodève (Hérault). Les ra- meaux sont presque toujours pinnés, c’est-à-dire munis de ramules distiques, étalés dans un même plan des deux côtés d'un axe principal. Ces ramules latéraux sont très- nombreux, constamment simples et plus ou moins allon- gés. Les feuilles qui les recouvrent sont ordonnées en spirale, plus ou moins épaisses, décurrentes à la base, carénées-trigones et recourbées en faulx au sommet, en tout semblables à celles des Araucaria d'Australie, parti- culièrement des À. excelsa R. Br. (pl. 146, fig. 9) et Coo- ki R. Br., dont les rameaux secondaires offrent le plus étroit rapport avec les empreintes de Walchia. Les Walt chia devaient être de grands arbres, ayant l'aspect exté- rieur des Araucaria, avec des rameaux plus menus qui se détachaient d'eux-mêmes, à mesure que les branches se dépouillaient par l'effet de l’âge. Malgré cette ressem- blance, les Walchia ne faisaient sûrement pas partie du même groupe que les Araucaria actuels. Il faut les regar- der plutôt comme étant le point de départ d’une tribu particulière, non pas exclusivement permienne, mais qui a dû s'étendre et se perpétuer longtemps après en Europe, puisqu'elle aurait eu, selon nous, des représentants Jusque dans la période jurassique. Ce serait là une tribu à bien des égards intermédiaire entre plusieurs de celles que nous connaissons, et, bien que tous ses caractères ne puissent être également précisés, il nous paraît qu'elle vient se ranger auprès des Araucariées, des Séquoïées et 234 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, des Taxodiées, comblant en partie la distance qui sépare aujourd'hui ces groupes l’un de l’autre. Les cônes de Walchia (pl. 153, fig. 3 et 25) ne sont pas rares. Gœppert en a figurés plusieurs et nos propres des- sins en représentent des exemplaires recueillis à Lodève au milieu même des rameaux. Ces cônes sont ovoïdes oblongs et fort petits ; ils se détachaient sans doute na- turellement à la maturité et leurs écailles, nombreuses et étroitement imbriquées, probablement insérées à angle droit sur un axe mince, par une base plus ou moins épaisse et dilatée au-dessus du point d’attache, se termi- naient antérieurement par une pointe recourbée-ascen- dante, assez peu différente des feuilles elles-mêmes. Au total, ces écailles avaient l'apparence de feuilles assez peu modifiées, comme chez les Araucaria ; mais le strobile des Walchia étonne par sa faible dimension et nous ver- rons plus tard que ce caractère paraît être général et s’é- tendre à toutes les Walchiées, particulièrement aux Bra- chyphyllum qui semblent les représenter à cet égard au sein de la végétation jurassique. Contrairement à ce qui a lieu dans les Araucaria, les écailles persistent sur l'axe du cône ; chacune d'elles supportait, à ce qu'il paraît, une seule, peut- être jusqu'à trois semences, probablement inverses, libres, petites, comprimées, ellipsoïdes, marquées à la surface de 2-4 stries longitudinales. M. Gæppert, dans sa Flore fossile du terrain permien, a figuré plusieurs de ces semences que nous reproduisons d’après lui (pl. 153, fig. 3°). La graine libre, non soudée avec le support à la face supérieure de l'écaille, distinguait donc les Walchia des Araucaria, pour les rapprocher plutôt des Dammara et des Cunninghamia. La disposition des chatons mâles, telle qu'elle a été observée par Gœppert, ressemble plutôt à ce qui existe TERRAIN JURASSIQUE. == VÉGÉTAUX. 235 chez les Cryptomeria, puisque ces organes auraient été réunis en grand nombre vers l'extrémité supérieure des ramules et situés chacun à l’aisselle d’une feuille, de ma- nière à donner lieu à une sorte d’inflorescence composte. Dans la seconde moitié du permien, les Walchia cèdent la place en Allemagne aux Ulmannia Gæpp., genre beau- coup moins bien connu et dont le strobile d’après l’inter- prétation fort douteuse de Gœppert serait construit à peu près comme ceux des Sequoïées, des Taxodiées et des Chamaæcyparis ; mais il est fort probable que par suite d’une fossilitation imparfaite l’objet figuré par l’auteur alle- mand n'ait réellement rien de commun avec les cônes des Ulmannia (Voy. pl. 153, fig. 6-7). Ceux-ci, à en juger par une belle figure de Geinitz (fig. 7), auraient ressemblé à ceux des Walchia dont les Ulmannia ne seraient ainsi qu'une sorte de prolongement. Leurs feuilles (fig. 6), plus épaisses, plus élargies à la base, moins recourbées en faulx ou même tout à fait roides pourraient bien être l'indice d’une transition des Walchia vers les Brachyphyl- lum proprement dits, que nous rencontrerons en abor- dant la série jurassique. Des bois très-nombreux et fort beaux de conservation, présentant la structure caractéristique de ceux des Arau- caria, ont été recueillis sur divers points du permien, surtout en Saxe. Gæppert en a décrit et figuré un certain nombre : nous citerons l’Araucarites saxonicus Gæpp. (1), dont les rayons médullaires sont simples et dont les ponctuations, disposées sur quatre rangées alternantes, forment sur la face principale des fibres une mosaïque de compartiments hexagones parfaitement réguliers. L’A. (1) Foss. Fl, d. perm. form., p. 251, tab. 54, 55, 56., fig. 2-4 et 60, fig. 1-2. 236 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. Rodeanus Gæœpp. (4) offre une disposition qui rappelle da- vantage celle du bois de Dammara. Il est à croire que certains de ces bois se rapportent à des Walchia, mais nous manquons de preuves directes à cet égard. En abordant le Trias par l'étage du grès bigarré, nous rencontrons en première ligne les deux genres Vo/fzia Brongn. et Alberta Schimp., qui à cette époque formaient en commun de vastes forêts dans la région des Vosges. Le Voltzia heterophylla Schimp. (pl. 154, fig. 1-8) est l’es- pèce la mieux connue de ce genre curieux, encore repré- senté dans le Muschelkalk par le W. recubariensis Schenk. C'était une Conifère de grande taille, fort analogue aux Araucaria actuels de la section eutacta (Comp. avec les fig. 9-10, pl. 146) par son port, l'aspect ordinaire de ses rameaux garnis de feuilles nombreuses, épaisses, trigones à la base, atténuées en faulx et recourbées en crochet au sommet, comme dans l’Araucaria excelsa R. Br.; mais, à l'exemple de celui-ci, et d’une facon plus marquée encore, le V. keterophylla présentait sur les branches vigoureuses, vers l'extrémité des ramifications latérales, des feuilles prolongées en aiguilles linéaires, avec tous les passages entre les formes extrèmes (fig. 1-4). Les figures consacrées à l'illustration de cette Conifère triasique, dans le bel ouvrage de notre ami M. Schimper sur la flore du grès bigarré des Vosges (2), en font connaître tous les détails. Si la figure V', pl. 16, de ce même ouvrage se rapporte réellement au Vol{fzia, ce qui est probable, mais non cer- tain, le chaton mâle de ce genre aurait eu la taille et l'as- pect de ceux des Araucaria et des Dammara. Les cônes (1) 1bid., p. 256, tab. 57, fig. 1-5. (2) Moncgr. des pl. foss. du grès bigarré des Vosges, par Schimper et Mongeot, pl. 11-14. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 237 ont été souvent figurés, et cependant leur véritable struc- ture n'a été jusqu'ici qu'imparfaitement décrite, surtout en ce qui concerne la forme et l'emplacement des semences. Nous pensons mettre un terme à cette incerti- tude en publiant /pl. 154, fig. 4) un cône de VW. hetero- phylla, provenant de Soultz-les-Bains, qui montre à la fois les deux côtés de certaines écailles, et laisse voir, ‘sinon les graines elles-mêmes, du moins l'empreinte de leur contour et la trace de l’emplacement destiné à les recevoir. Le cône des Vo/tzia était allongé, d'assez grande taille et composé d’écailles plutôt minces que tout à fait coria- ces, lâächement imbriquées, écartées et persistantes à la maturité. À ce moment, l'organe dans son ensemble avait presque l'apparence d’un rameau dont les écailles infé- rieures graduellement développées montrent tous les pas- sages des feuilles normales aux bractées devenues fertiles et supportant des ovules, Le spécimen que nous figurons pourrait même avoir été perfolié au sommet, c'est-à-dire avoir donné naissance à une pousse feuillée ordinaire, circonstance qui se montre effectivement, comme nous l'avons vu, chez les Cunningamia et les Cryptomeria actuels. Les écailles fertiles, repliées en divers sens et parconsé- quent d’une consistance relativement souple étaient visi- blement formées, comme celles des Taxodiées et des Séquoïées, de deux parties plus ou moins complétement soudées, mais morphologiquement distinctes, la bractée et le support des ovules (Voy. pl. 154, fig. 5 et 6). La bractée (fig. 5) était ici plus courte que le support, dans l'écaille adulte, ainsi qu’on le remarque de nos jours dans le Sciadopitys et le Cryptomeria (pl. 147, fig. 8°); elle donnait lieu à un appendice saillant ou mucron, légère- 238 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. ment recourbé, bien visible sur notre figure à. Le support des ovules ou partie intérieure et axillaire de l’écaille était découpé en 3, 4, 5 lobes arrondis à leur sommet, plus ou moins prononcés, dilatés de manière à déborder la bractée en donnant lieu à une surface en forme de disque, soutenue par un onglet plus ou moins long et mince, terminée supérieurement par les découpures de la marge ; cette surface en expansion discoïde légèrement convexe du côté extérieur, plane ou faiblement concave par la superficie intérieure, supporte 2, plus rarement 3 semences inverses, comprimées, dont le nucleus arrondi paraît accompagné d’une aile qui va s’élargissant dans la direction opposée au sommet morphologique de l'organe (pl. 154, fig. 7, 8); ce sommet qui est dirigé en bas semble atténué en bec obtus. Les graines figurées un peu vague- ment par M. Schimper, aux planches 10 et 11 de son ouvrage, reproduisent assez bien la forme générale du contour que nous révèle l'empreinte de l'emplacement occupé par elles. Par les caractères que nous venons de signaler le genre Voltzia semble se placer fort naturellement à côté des Séquoïées et des Taxodiées. Il a l’ovule inverse des pre- mières et la structure caractéristique des écailles des secon- des ; il sert ainsi de trait d'union entre les deux groupes, qui pourraient bien être sortis d’une tige commune. Du reste, les Voltzia ont été, à ce qu'il semble, continués à l’époque jurassique, par des types alliés à eux de plus ou moins près, sur lesquels nous aurons naturellement à revenir et qui conduisent à des formes plus rapprochées encore des Glyptostrobus et des Cryptomeria, c’est-à-dire des Taxodiées proprement dites, — Les A/bertia sont plus difficiles à définir, parce que leurs organes fructificateurs TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 239 sont plus imparfaitement connus; selon M. Schimper, leurs cônes auraient été formés d'écailles simples, planes, imbriquées et nombreuses, insérées en rangées spirales, et, à ce qu'il paraît, caduques à la maturité. En admettant, suivant les probabilités, l’existence sur chaque écaille d'une seule semence libre, comprimée et inverse, entou- rée d’une aile circulaire régulière et située vers la base de chaque écaille, on obtient un genre qui semble devoir être rangé auprès des Dammara, surtout en tenant compte de leurs feuilles larges, planes et multinerviées (Voir pl. 153, fig. 8). Cependant, il est juste de remarquer en même temps que par le mode d'insertion de leurs feuilles les Albertia s'écartent plus qu'on ne le suppose généralement des Dammara actuels, pour se rapprocher du type de l’A- raucaria Bidwilÿ; mais d'autre part, la terminaison élar- gie et obtuse ou même subspatulée de ces feuilles les distingue suffisamment de celles de ce dernier; en sorte que là encore on se trouve en présence d’un type intermé- diaire qui relierait les Araucaria aux Dammara et ceux-ci encore aux C'unninghamia, sans se confondre précisément avec aucun d'eux. Le conchylien de Recoaro nous montre la continuation du même état de choses très-peu modifié. Le Vo/fzia recu- bariensis Schenk, qui abonde dans cette localité, diffère du Volta heterophylla Schimp. par les feuilles plus cour- tes, recourbées, mais assises sur une base plus épaisse ; il a certainement fait partie du même genre que celui de la région des Vosges. Le genre Glyptolepis de Schimper (1) nous montre dans (1) Traité de Pal. vég., I, p. 243, pl. 76, fig. 1. — D'après une obser- vation toute récente de M. le professeur Heer, le terme générique de Glyptolepin, pour ne pas faire double emploi avec un genre déjà connu, devrait être changé en celui de Glyptolepidium. 240 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. le Keuper un type allié de plus ou moins près à celui des Voltzia, qui doit être mentionné à cause de la singularité de ses cônes, dont l’axe prodigieusement grêle et allongé relativement à la faible dimension des écailles ressemble à un véritable rameau garni d’écailles biovulées en forme de spatule, marquées de sillons et crénelées sur le bord, analogues par conséquent à celles des Glyptostrobus. Ici sans doute, comme dans les Vo/fzia, l'écaille se compose de deux parties soudées, l’une externe se rapportant à la bractée, l’autre intérieure, mais excédant de beaucoup la première qui paraît avoir été peu visible. La disposition du strobile prenant une forme linéaire et comprenant un nombre considérable d'écailles très-courtes relativement à l’axe qui les supporte, mérite d'être signalée; plus pro- noncée encore que chez les Vo/{zia, elle devient ici un ca- ractère frappant dont l'existence se rattache à la struc- ture morphologique du strobile lui-même. A côté du Glyptolepris, le Widtringtonites keuperianus Heer {1), dont on a recueilli des ramules en Franconie et aux environs de Bâle, mais dont les strobiles ne sont pas encore connus, dénote peut-être l'existence de la plus an- cienne Cupressinée qui ait été encore signalée. Il n’y au- rait rien de surprenant, en effet, à ce que cette tribu, depuis si importante, mais dont les vestiges certains ne se mon- trent pas avant l’oolithe, eût débuté par des formes al- liées aux Widdringtonia, genre qui semble fait pour servir de passage entre les Cupressinées vraies et les Taxodiées, comme nous l'avons fait ressortir plus haut. Ainsi, au moment où nous entrons dans la période ju- rassique, si remarquable au point de vue du développe- (1) Voy. Abbild. von foss. Pfl. aus d. Keup. franck., v. Schoenlein, t. I, fig. 5, et X, fig. 5. — Heer, Urw. d. Schweiz, p. 52, fig. 31. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 241 ment de la famille que nous considérons, les linéaments des tribus principales qu’elle comprend de nos jours com- mencent à se dessiner, bien qu'avec une sorte d'indécision par rapport aux limites respectives de chacune d'elles, indécision due à la présence de types moins tranchés, moins divergents, liés entre eux par de plus nombreux intermédiaires, depuis disparus ou insensiblement modi- fiés. Ces tribus primitives sont au nombre de six: Cordaï- tées, Salisburiées, Walchiées, Dammarées, Taxodio-Sé- quoïées, enfin Cupressinées. La première ne survit pas aux temps paléozoïques, la deuxième n’a plus de nos jours qu’un représentant unique, la troisième, d’abord puissante, ne prolonge pas son existence au delà des temps jurassiques, la quatrième se complétera par l’ad- jonction des Araucaria; elle a depuis déserté notre hémi- sphère pour la zone australe. La cinquième tribu, après s'être subdivisée en deux sections distinctes, semble dé- cliner de nos jours ; la dernière, au contraire, n’a cessé de gagner en force et en variété ; elle a cependant reculé vers le sud ; enfin, la tribu dont la prépondérance est aujour- d'hui incontestable, dans notre zone au moins, et qui renferme le nombre absolu d'espèces le plus considérable, manque complétement à l’appel: nous voulons parler des Abiétinées ; pourtant elle ne tardera pas à paraître, tout en demeurant longtemps obscure et subordonnée. Nous allons suivre le développement de ces diverses tribus ; nous les verrons, au moins celles qui ne sont pas destinées à s’éteindre, accentuer graduellement les traits distinctifs qui les caractérisent, se dépouiller successive- ment des liens ambigus qui semblent les retenir et donner lieu, à l’aide du temps, à de puissantes ramitications latéra - les, d’abord subordonnées, puis dominantes à leur tour, au lls Sén. Vécérävx, — III. 16 242 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE, moyen desquelles la plupart des termes douteux se trou- vent enfin éliminés ou réduits à un rôle de plus en plus insignifiant, On tomberait cependant dans une exagéra- tion blâmable si, supposant que nous connaissons tout, on concluait de l’absence d’un type ou d’une tribu à sa non-existence absolue à l'époque contemporaine de cette absence. La période entière s'écoulera, il est vrai, sans que l’on ait à constater, en fait d'Abiétinées, que de rares vestiges récemment découverts en Scandinavie. Dans l’é- tat actuel des connaissances, la tribu ne se montre guère avant le Gault; mais dans cette apparition même il y a plutôt la constatation d’un fait accidentel que la certitude d’un grand phénomène qui viendrait de s’accomplir. En réalité, les Abiétinées, soit telles que nous les avons sous les yeux, soit représentées par des genres depuis disparus, ont très-bien pu exister quelque part avant même les temps jurassiques, ou traverser cette période sans que leurs débris aient eu des occasions de se conserver. Une cir- constance heureuse est venue nous révéler que lors du Gault une région montagneuse, peuplée d’Abiétinées, s’é- levait vers les Vosges et les Ardennes actuelles ; mais nous ignorons encore quels pouvaient être les types de Conifères qui couvraient les flancs des Alpes jurassiques; nous ne le saurons peut-être jamais, et les espèces que nous allons décrire ne formaient évidemment qu’une faible minorité dans l’ensemble végétal de l'époque, si l’on songe surtout que cette époque est celle où les Aciculariées, encore à l'abri de la concurrence des Dicotylédones arborescentes, composaient presque à elles seules la masse des forêts contemporaines. Explication des figures. — PI, 150, fig. 1, Anthohthus Cre- pini Nob., inflorescence supposée de Cordaites ou plutôt TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 243 se rapportant au groupe des Cordaïtées, d’après un spéci- men du terrain houiller de Bascoup (charbonnages du centre), en Belgique, communiqué par M. Crépin, sous- directeur du Musée royal d'histoire naturelle de Bruxelles, grandeur naturelle. On distingue sur cette empreinte qui se rapporte à la partie supérieure d’une inflorescence, des deux côtés d’un épais rachis et dans une ordonnance dis- tique, des bractées à l’aisselle desquelles sont placées des bractéoles ou squamules étroitement fasciculées, du centre desquelles émergent cà et là des pédicelles allongés, légè- rement renflés au sommet, destinés à supporter des graines samaroïdes, pareilles à celles que représentent les figures 7 et 8 et que l’on rencontre associées aux inflores- cences, sur les mêmes plaques de Belgique. Fig. 2, Antholithus (Cardiocarpus) anomalus Carruth., inflorescence analogue à la précédente, mais dont les bractées axillantes sont plus longues et dont les pédicelles sont terminés par des graines petites, ovales, comprimées et aptères, d'après une figure de M. Carruthers (Geol. Magaz., Febr. 1872). Fig. 3, Antholithus (Cardiocarpus) Lindleyi Carruth. (An- tholithus Pitcairniæ TLindl. et Hutt., Foss. FT Brit., VW, tab. 82), inflorescence très-analogue d'aspect au spécimen de Belgique (fig. 1), mais dont les bractéoles fasciculées sont plus courtes et moins nombreuses, les pédicelles plus forts et moins allongés que dans l'A. anomalus; ces pédi- celles supportent ici des graines comprimées lenticulaires dont le nucleus est entouré d'une bordure membraneuse ou peut-être cartilagineuse, échancrée à l'endroit du mi- cropyle; fig. 3°, une des graines grossies. Fig. 4, Trigonocarpus Noeggerathi Brongn., très-beau spécimen provenant du bassin houiller de Saint-Étienne, 244 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. grandeur naturelle. Le rapport de ce type avec l’endotesta trigone des graines extérieurement charnues de Salisburia (pl. 144, fig. 3) doit être remarqué. Fig. 5, Cardiocarpus Gutbieri Gein., ou espèce très-voi- sine, très-beau spécimen de Cardiocarpus bicaréné, con- vexe sur les faces, aminci en biseau, mais aptère le long des bords, provenant du bassin houiller de Saint-Étienne, grandeur naturelle. Cette forme représente probablement l’endotesta osseux d’une graine revêtue extérieurement d’une enveloppe charnue, comme celles des Salisburia. Fig. 6, Cardiocarpus drupaceus Brongn. (Graines foss. trouvées à l'état silicifié, Ann. sce.nat., 5° série, t. XX), coupe par le plan de la carène, montrant en a un testa épais, probablement charnu à l'extérieur, en à la chalaze au point d'insertion, en e le nucelle et le périsperme, en d l'extrémité micropylaire du nucelle, grandeur naturelle, d’après une figure donnée par M. Brongniart. Fig. 7 et 8, Cardiocarpus (Samaropsis) cornutus Daws., deux beaux spécimens de graines ayant appartenu vrai- semblablement à l’inflorescence représentée par la fig. 1, grandeur naturelle, d’après des exemplaires provenant de Trazégnies (Belgique), reçus en communication de M. Crépin; fig. 7* et 8, les mêmes grossis et montrant distinctement le corps nucellaire de la graine, comprimé lenticulaire, plus ou moins convexe, accompagné latéra- lement d'une aile sans doute cartilagineuse fortement échancrée et se prolongeant en deux pointes vers l’extré- mité micropylaire. Le corps nucellaire donne lieu à une saillie en forme de bouton à l’endroit où existait l’ouver- ture micropylaire. Sur le spécimen fig. 7°, il semble que, par un effet de compression, l'embryon ou, du moins, la cavité occupée par lui soit visible au centre du nucelle, TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 245 Sur la figure 8* on distingue des traces de linéaments vas- culaires ramifiés longitudinalement et parcourant la sur- face de la graine, y compris l’appendice ou prolongement ailé qui l'entoure. Gette particularité qui n’a rien d’a- normal se présente sur le tégument des graines de plu- sieurs Taxées. Les graines de Samaropsis ne diffèrent pas essentiellement par les détails visibles de leur structure de celles des Aciculariées que nous connaissons ; il est ce- pendant impossible de les assimiler directement à celles d'aucun genre vivant; c’est encore aux graines des Cupres- sinées que les Samaropsis ressembleraient davantage (voy. plus haut, pl. 20, fig. 5 et 9). PL 151, fig. 1, Cordaites (Cordaites borassifolius ? Brongn.), sommité à peu près complète d’une feuille, d’après un spécimen provenant des houillères de Blanzy (Saône-et- Loire), grandeur naturelle. Il faut remarquer la termi- naison sensiblement inégale du limbe, délimité par un contour ellipsoïde allongé. Ces sortes de feuilles devaient être longues de plusieurs pieds; c’est au mème genre et peut-être à la même espèee qu'il faut sans doute rap- porter les fragments figurés, tome IT du présent ouvrage (pl. 8, fig. 4), sous le nom de Noeggerathia. Fig. 2, fragment de feuille, graines et rachis d’inflores- cence réunis pêle-mêle sur une mince plaque commu- niquée par M. Crépin et provenant du levant de Flemy, fosse de l’Auflette, 1874 (collect. Percenaire au musée royal de Bruxelles). On distingue sur cette plaque, en 2à, de beaux spécimens d'une espèce de Cardiocarpus du type des Cyclocarpus de Goeppert. Ce sont des graines compri- mées, arrondies, un peu tronquées ou même émarginées à l'endroit de la chalaze, pourvues d’un mamelon pointu peu saillant, à l'extrémité micropylaire, et entourées laté- 246 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. ralement d’un rebord étroit et cartilagineux en forme de carène. Ces graines, détachées par suite de leur maturité, étaient sans doute enveloppées d'un tégument plus ou moins dense ou coriace dont la surface paraît avoir été lisse ou marquée de stries très-légères. On doit remarquer l'extrême ressemblance, au point de vue du contour et de l’aspect de la chalaze, de ces graines avec les Cardiocarpus dont M. Brongniart nous a fait connaître la structure in- térieure (comp. avec la fig. 6, pl. 150); ce sont là des es- pèces certainement congénères. — On distingue en 6, sur la même plaque, deux rachis évidemment plus courts que ceux des Anthrolithus, mais offrant un aspect à peu près semblable et présentant à l’aisselle des bractées des traces d'insertion que l’on doit rapporter à celle des Car- diocarpus placés à côté de ces mêmes rachis ; cette inser- tion était sessile, ainsi que plusieurs auteurs l’ont vérifié en ce qui concerne aussi les Æhabdocarpus. Les Cardio- carpus proprement dits et aptères auraient donc formé un genré distinct de celui des Cardiocarpus aïlés et pédi- cellés, auxquels on devrait laisser la dénomination de Samaropsis, proposée par Goeppert: mais ces deux genres et d’autres encore auraient pu posséder des feuilles se ressemblant beaucoup et rentrant toutes à la fois dans le type bien connu des Cordaites. En effet, sur la même plaque que les graines et les rachis dont nous venons de parler, on observe, en 2°, outre de nombreux fragments, l'extrémité basilaire d’une feuille de Cordaites avec l'on- glet insertionnel, sensiblement inégale comme la termi- naison supérieure. Les feuilles de ce groupe, suivant M. Brongniart parlant au nom de M. Grand'Eury, étaient effectivement sessiles, rétrécies à la base, et non amplexi- caules; elles étaient caduques et laissaient après leur TERRAIN JURASSIQUE, —— VÉGÉTAUX. 247 chute une cicatrice transverse, tantôt étroite et linéaire, tantôt plus large, oblongue ou elliptique, marquée d’une rangée de ponctuations vasculaires, qui fait ressembler ces cicatrices à celles des Dammara actuels (1). Fig. 3, Rabdocarpus Sp., exemple de graine en place, sessile, accompagnée de bractées et munie de son tégu- ment. extérieur, constitué par une enveloppe charnue ou fibreuse, grandeur naturelle, d’après un spécimen du ter- rain houiller de Forchies (Hainaut), communiqué par M. Crépin. Fig. 4, échantillon plus petit, plus comprimé, bicaréné, représentant l’endotesta solide et nettement limité d'un Rhabdocarpus, peut-être de l'espèce précédente, d’après un exemplaire des charbonnages du centre (Trazegnies, Belgique), communiqué par M. Crépin; grandeur natu- relle. La ressemblance de cette empreinte avec l’endotesta bicaréné des graines de Salisouria (voy. pl. 145, fig. 4) n’a pas besoin d’être signalée, tellement elle est frappante. Fig. 5, Æhabdocarpus subtunicatus Grand'Eury, coupe transversale d’un exemplaire converti en silice, prove- nant du bassin houiller de Saint-Étienne, d’après une fi- gure de M. A. Brongniart (Mém. précité, Ann. des se. nat., (1) Voy. Comptes rendus de l’Acad. des sc.,t. LXXV, Rapp. sur un Mém. de M. Grand'Eury intitulé : Flore carbonifère du dép. de lu Loire. — D’après l’auteur lui-même, dont l'ouvrage vient de paraître, les Cardio- carpus Brongn. (Cyclocarpus Goepp. et Fiedl.), nommés Cordaicarpus par M. Grand’Eury, seraient les graines des Cordailes proprément dits du savant français; les Samaropsis, de leur côté, seraient les graines de ses Dory-Cordaites, dont les Cordailes palmæformis Gœpp. (Foss. Fl. d. Perm., p. 157, tab. 22, fig. 2) est le type. D’autres Cordaitées, les Poa-cordaites Grand'Eury, à feuilles étroitement linéaires et allongées, auraient eu des graines elliptiques, un peu élargies inférieurement, correspondant au Carpolithes disciformis Sternb. (note ajoutée au mo- ment de l'impression). 248 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, 5e série, t. XX, pl. 24, fig. 11), grandeur naturelle. Sur cette coupe, qui passe par le plan transversal de la graine, on distingue très-clairement, en e, l'enveloppe extérieure ou sarcotesta avec ses faisceaux fibreux, en a l'endotesta ou noyau osseux intérieur, en v la carène, en d le nucelle. Fig. 6, Trigonocarpus Sp., d'après un exemplaire du le- vant de Flemy (Belgique), communiqué par M. Crépin, grandeur naturelle. L'espèce ne paraît pas identique avec celle de la planche précédente, fig. 4. Fig. 7, Leptocaryon avellana Brongn., coupe longitudi- nale grossie deux fois d’une graine complète, d’après une figure donnée par M. Brongniart (Mém. précité, Ann. des sc. nat., 5° série, t. XX,pl. 21, fig. 13), grandeur natu- relle. On distingue sur cette coupe, en à, le {esta qui a dû être solide, compacte et homogène, en c le micropyle qui forme un étroit canal, en / la chalaze ou base d'insertion sur laquelle repose le nucelle à, dont le sommet se termine par une extrémité conique dont la pointe forme une pa- pille celluleuse saillante sous le micropyle (Mém. de M. Brongniart, p. 15). Fig. 8, Taxospermum Gruneri Brongn., graine entière de grandeur naturelle, vue par la surface aplatie; fig. 9, la même vue du côté de l’une des carènes. Ces deux fi- gures sont empruntées au Mémoire de M. Brongniart sur les graines converties en silice du bassin houïller de Saint- Étienne; leur ressemblance extérieure avec celles des Taxus paraît évidente au savant français. L’examen inté- rieur à démontré que le testa de cette graine était mince, d'apparence solide, muni d’une organisation plus com- pliquée que celle du testa des Z'axus actuels (Mém. pré- cité, p. 46). PI. 152, fig. 4, Zrichopitys heteromorpha Sap., branche TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 249 munie d'une ramification latérale, grandeur naturelle, d’après un spécimen provenant des schistes permiens de Lodève, communiqué par M. Charles de Grasset. L’axe principal est terminé par un bourgeon écailleux entouré de feuilles. On distingue, en ce, à l’aisselle de certaines feuilles, des bourgeons sessiles, ou plus ou moins pédi- cellés, qui paraissent répondre à des inflorescences en voie d'évolution. On observe, en a, l'empreinte d’une graine analogue par sa forme aux plus petits 2habdocarpus, qu'il ne serait pas impossible d'attribuer à cette espèce. Fig. 2, Ginkgophyllum Grasseti Sap., rameau garni de feuilles décurrentes à la base, à pétioles relativement épais, à limbe divisé en deux lobes profonds, subdivisés en lobules, grandeur naturelle. L'espèce est dédiée à M. Charles de Grasset, qui l’a découverte dans les schistes permiens de Lodève (Hérault). PI. 153, fig. 1, Walchia piniformis Sternb., rameau garni de ramules rangés dans un ordre distique, gran- deur naturelle, d'après un échantillon provenant des schistes permiens de Lodève ; fig. 1°, plusieurs feuilles du mème rameau grossies pour montrer leur forme et leur agencement. — Fig. 2, même espèce, portion d’un autre rameau provenant dela mêmelocalité, grandeur naturelle. On distingue, en a, un organe peltoïde, ombiliqué au cen- tre, divisé en une douzaine de lobes obtus, dont la res- semblance est assez étroite avec les supports d’anthères des Taxées. + Fig.3, même espèce, strobile présumé, gran- deur naturelle, d’après un spécimen provenant des schistes permiens de Lodève. Ce strobile est pareil à ceux que M. Gœppert a figurés dans la Flore fossile du terrain per- mien, comme serapportant au W. péiformis ; fig. 3*, plu- sieurs semences isolées d’après Gœppert, grandeur na- 250 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. turelle (Foss. F1, d. perm. form., tab. 69, fig. 10). — Fig. 4, W. hypnoides Brongn., sommité d'un rameau d'après un échantillon provenant des schistes permiens de Lodève, grandeur naturelle. Cette espèce a été figurée autrefois par M. Brongniart (Hist. des rég. foss., 1, pl. 9 bis, fig. 1) sous le nom de Æucoides hypnoides. — Fig. 5, même es- pèce, strobile présumé, d’après un échantillon de la même localité, grandeur naturelle. Ce strobile est plus petit que ceux du W. piniformis; les écailles qui le composent donnent lieu à un appendice antérieur proportionnelle- ment plus large et plus obtus au sommet. — Fig. 6, U/- mannia frumentaria Gœpp., ramule, grandeur naturelle, d'après un échantillon provenant des schistes cuivreux de Thuringe, figuré par M. Gœppert (Foss. F1. d. perm. form., p. 298, tab. 46, fig. 3). —Fig.7, Ulm. Bronnu Gæpp., strobile présumé provenant du Zechstein de Saxe, grandeur naturelle ; d'après une figure empruntée au Mémoire de Geinistz (Leitpfl., de Rothliegend. und Zechsteingeb., tab. 4, fig. 5). — Fig. 8, Albertia Brauniè Schimp., rameau, gran- deur naturelle, d’après une figure empruntée à l'ouvrage de M. Schimper. PI. 154, fig. 4, Voltzia heterophylla Schimp., ramule complet, garni de feuilles courtes et recourbées en cro- chet, grandeur naturelle ; d'après un échantillon du grès bigarré des Vosges, provenant de Soultz-les-Bains. — Fig. 2, même espèce, rameau garni, au-dessus de la base, de feuilles étroites et longuement aciculaires, grandeur naturelle ; d’après une figure de l'ouvrage de M. Schimper. — Fig. 3, même espèce, autre ramule présentant des feuilles moyennes entre les plus longues et les moins dé- veloppées, d’après une figure du même auteur, grandeur naturelle, — Fig. 4, même espèce, strobile presque com- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 251 plet, peut-être perfolié au sommet, garni d'une partie de ses écailles, grandeur naturelle; d’après une empreinte du grès des Vosges de Soultz-les-Bains, faisant partie de notre collection. — Fig. 5, écaille isolée, légèrement grossie, du même strobile, montrant sa face dorsale ou extérieure pour faire voir la disposition relative de la bractée et du support lacinié, soudé en partie avec la bractée, en partie libre et dépassant celle-ci, comme dans le genre Cryptomeria actuel, mais avec une consis- tance probablement moins épaisse. — Fig. 6, autre écaille du même strobile, présentant sa face interne et supé- rieure, pour montrer l'emplacement occupé par la graine sur la partie libre de l’un des segments du support. Cette graine était visiblement inverse et surmontée d’une aile membraneuse. Le nucleus paraît avoir été arrondi, et l'extrémité micropylaire dirigée en bas, comme dans les séquoïées. — Fig. 7 et 8, même espèce, deux graines grossies restituées d’après les vestiges de l'emplacement qu'elles occupaient sur le lobe du support. Trib. [. — SALISBURIÆ. Folia e petiolo plus minusve distincto elongatoque sursum in lanunam flabellato-multinerviam expansa, lamina rartus indivisa margineque superiort crenata, plerumque autem bi- fida-partitaque aut dichotome pluries dissecta, laciniis ultémis integris quandoque etiam apice inciso bilobis. — Flores mas- culi amentacei, pedicellatr, loculis vel sacculis ad apicem pedi- cellorum 2-3-6-8 radiatim glomeratis, subtus rima longitudi- g 19 © PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. 5° nali deshiscentibus, — Ovula bina vel quatuor aut ternata biternataque, normaliter tot quot segmenta foliorum prima- _ria, receptaculo pedunculiformi apice furcato insidentia ; se- mina matura abortu solitaria vel gemina ternaque, basi cum apice stipitis cupularti articulata, drupacea, sub epidermio lœvt sarcotesta plus minusve curnosa vel tenur endotestaque ossea bi-tricarinata constantia. La découverte, dans le terrain secondaire, de tout un groupe de formes alliées, plus ou moins proches de l’uni- que Salishuria actuel (Salishuria adiantifolia Sm., Ginkgo biloba L.), remonte à une date des plus récentes; elle est due en première ligne à M. le professeur Heer, qui, s’ap- puyant sur des documents rapportés du Spitzhberg par l'expédition suédoise de 1873, a signalé dès l’année sui- vante l'existence de vrais Ginkgos dans le jurassique moyen, ainsi que dans la craie des régions arctiques (1). Les vestiges les plus déterminables, ceux qui ont permis au professeur de Zurich de reconnaître sans hésitation la présence du genre Salisburia, proviennent du cap Bohe- man, promontoire situé à l'intérieur du fjord des glaces (£isfiord, — 1s-fjord), où une flore composée de Fougères, d'Équisétacées, de Cycadées et de Conifères, a été recueil- lie parles soins de MM. Nordenskiüld et Oeberg. Cette flore, encore inédite au moment où j'écris, comprend plus de trente espèces qui se rapportent à l'horizon de Scarborough, c’est-à-dire à la partie inférieure de l’oolithe. Des graines éparses ou encore attachées à leurs supports, des frag- ments de ramules parsemés de cicatrices foliaires et sur- montés parfois de pétioles en place, se trouvent fréquem- ment associés aux empreintes de feuilles, dans le dépôt du cap Boheman, et font évanouir tous les doutes que ces (1) Ueb. Ginkgo, Thunbrg. Siehe Taf. 807, 1875. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 253 derniers organes, observés isolément, n'auraient pas réussi à détruire, à cause, de leur ressemblance apparente avec les frondes de certaines Fougères. C’est ainsi que M. Heer a pu établir, dans une note publiée dernièrement, que les Baiera digitata Sternb. et Æuttoni Sternb. (Cyclopteris digi- tata Brongt.), espèces de Scarborough qui reparaissent au cap Boheman, décrites depuis longtemps et considérées tantôt comme des Schizéacées, tantôt comme des Marsi- léacées, représentent réellement des Ginkgos assez peu éloignés de l'unique Salisburia vivant. I est fort possible que M. Heer ait exagéré le nombre des Salishuria du cap Boheman, en distinguant dans cette flore trois espèces nommées par lui : Salisburia digitata, Huttoni et integrius- cula. Ce sont là peut-être seulement des formes qui ne dif- fèrent pas plus entre elles que les variétés du Ginkgo actuel, dont les feuilles sont tantôt entières, tantôt plus ou moins profondément bilobées ou même laciniées. Quoi qu'il en soit de cette distinction, ainsi que le remar- que avec raison M. Heer, le type de ces Salisburia jurassi- ques s’écarte très-peu, sauf par la dimension plus petite et la forme plus ovoïde des graines du Salisburia vivant, tandisqueles espèces wéaldiennes elcrétacées s’en écartent bien davantage, circonstance qui explique pourquoi les affinités légitimes de ces dernières ont été si longtemps méconnues. Le Batera pluripartita Schimp. (Batera digitata C. Fr. Braun ; Cyclopteris digitata Dunk., Monogr. Ettingsh. non Brongn.), du Wéaldien du nord de l'Allemagne, et le Batiera arctica Hr., des couches urgoniennes d’Ekkorfat, dans le Groënland, sont cependant aussi de vrais Salishu- ria, au même titre que les précédents; leurs feuilles sont seulement divisées en segments profonds et nombreux (6 à 8), obtusément arrondis au sommet, tantôt simples, 25% PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. tantôt bifides ou bilobés. La structure de la feuille ne change pas, mais les incisures tendent à se multiplier, et elles sont tellement accusées que le limbe en devient comme lacinié. Ces lacinies contiguës ou même se re- couvrant mutuellement par les bords donnent aux feuilles du S. pluripartita un aspect d'irrégularité qui »’est qu’ap- parent, car en réalité le limbe, toujours partagé par une incisure médiane, présente dans chacune de ses moitiés une subdivision semblable, qui se répète de même pour chaque segment en particulier, les derniers étant entamés par des incisures de moins en moins prononcées. Cette symétrie se manifeste clairement dans d’autres espèces, encore inédites, du jurassique de la Sibérie orientale, vers Irkutsk, dont M. Heer a bien voulu nous communiquer des figures. Les feuilles des Salisburia sibirica Hr., Huttoni ? Sternb., Schmidtiana Hr., gracilis Hr., concinna Hr., pré- sentent tous les degrés de découpure et delaciniure, depuis les segments larges et arrondis au sommet, au nombre de quatre seulement, du S. Æuttoni?, les segments déjà plus allongés et plus nombreux du S. séhirica et Schmidtiana (4-10), jusqu'aux laciniures grêles, mais toujours réguliè- rement disposées des Salisburia lepida Hr. et concinna Hr., qui s'élèvent au nombre total de 12 à 16. Les chatons mâles, ainsi que les graines rapportées au Salisburia sibirica font voir que cette espèce, et, avec elle, probablement toutes celles que nous venons d’énumérer, étaient de vrais Ginkgos congénères du nôtre, bien que possédant généralement des graines sensiblement plus petites. A un niveau plus élevé dans la flore crétacée supérieure du Bas-Atanekerluck (Groënland),se montre un autre Salishuria également ac- compagné de ses graines, dont la forme ellipsoïde est des plus caractéristiques, les feuilles de cette espèce curieuse TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. , 255 ne sont pas moins remarquables par leur limbe entier, réni- forme, et l'épaisseur proportionnelle du pétiole. Quant à l'espèce actuelle, qui n’est sans doute qu'une descen- dance un peu modifiée du Salisburia digitata, elle apparaît dans le miocène arctique; plus tard, on la trouve répan- due jusque dans le midi de l'Europe; aujourd’hui elle est reléguée en Chine et au Japon; mais là même, elle est plus souvent plantée et ornementale que réellement spon- tanée, et son lieu d’origine ne laisse pas que d’être enve- . loppé d’un certain mystère. En constatant la présence du vrai Salishuria aux épo- ques jurassique et crétacée, à partir de l’oolithe inférieure, M. Heer n'avait pas résolu complétement le problème; tout un côté de la question soulevée par lui demeurait dans l’ombre et demandait à être examiné attentivement. Les Paiera étaient effectivement, sur bien des points du sol secondaire, associés à d’autres plantes, tantôt confon- dues avec eux, sous la même dénomination générique, tantôt séparées comme en étant distinctes et constituant alors les genres Dicropteris Pom., Solenites Lindl et Hult., Hausmania Dunk., Psilotites Zign., Jeanpaulia Ung., Scle- rophyllina Hr. Nous avons nous-même décrit plusieurs es- pèces appartenant à ce groupe flottant, dans le tome pre- mier du présent ouvrage (1), sous sa désignation de /ean- paulia, en les rangeant à la suite des Fougères, dans une section que nous nommions Chiroptéridées (2). Les Baiera proprement dits, que nous avons alors laissés de côté, comme n’ayant pas encore été rencontrés en France, et que nous venons d'identifier avec les Salisburia, à l'exem- (1) Paléontologie française, 2e série, Végétaux; — Plantes jurassi- ques, tome Ier, p. 460 et suiv. (2) Ibid, p. 458. 256 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. ple de M. Heer, nous paraissaient à peine séparés du type des Jeanpaulia et Sclerophyllina par une nuance différen- tielle, trop peu accusée pour ne pas trahir une évidente af- finité de tous ces types. Les uns et les autres étaient des Marsiléacées ou des Schizéacées aux yeux des savants qui cherchaient à en définir la vraie nature avant la décou- verte de M. Heer; mais, dès que les Baetwa sont reconnus pour être des Salsburia, que faut-il faire des /eanpaulia, des Solenites, des Sclerophyllina et des autres genres mentionnés plus haut? Faut-il voir en eux des Ginkgos, ou seulement des types alliés de plus ou moins près à ces derniers, mais distincts à quelques égards, ou bien vaut-il mieux les écarter tout à fait des Salishburia, en dépit du lien commun qui réunit toutes ces formes? — La dernière alternative paraît tout d’abord inacceptable, tellement elle choque les apparences. Malgré quelques traits spéciaux, les Jeanpaulia les mieux caractérisés : Jeanpaulia Münsteriana Presl (Baïera dichotoma Fr. Br.), J. longifolia Sap. (Dicropteris longifolia Pom.), ete., sont trop conformes, par leur consistance, leur nervation et le mode de partition de leurs feuilles aux Salisburia juras- siques et crétacés, naguère désignés sous le nom de Baiera, pour ne pas leur être reliés à un titre quelconque. Les seules différences sont les suivantes : les Zatera du sous-type des Jeanpaulia ont des feuilles en coin allongé, insensiblement atténuées à la base sur un pétiole plus court et moins distinct; les segments sont moins diver- gents, plus allongés et plus étroits, en lanières, une ou plu- sieurs fois divisés par dichotomies successives. Les nervu- res en aréoles oblongues attribuées par Fr. Braun au Baiera dichotoma n'existent pas en réalité, et les nervures ongitudinales qui parcourent les segments du limbe sont TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 237 toujours égales, fines et ramifiées par dichotomie, sans au- cune trace de nervilles de jonction. De plus, on passe in- sensiblement de ces /eanpaulia, qui dominent principale- ment dans le lias, et plus tard reparaissent dans l’oolithe et le wéaldien, associés aux Salisburia (ancien Baïera ou Cyclopteris), aux Sclerophyllina de Schenk et de Heer (Scle- rophyllina cretacea Sck., S. dichotoma Hr.), qui représentent le même type dans la craie, sous des dimensions encore plus considérables. Au lieu donc de rechercher si le groupe des Jeanpaulia doit être séparé de celui des Ginkgos juras- siques, il est plus naturel de se demander si quelque par- ticularité autorise entre ces formes affines une distinction générique, et quel peut être le vrai caractère de cette distinction. C’est à la solution de cette difficulté que s’est appliqué dernièrement M. le professeur Heer, et, de notre côté, nous nous sommes également efforcé de découvrir une explication des affinités et des divergences que laisse voir l’ensemble des formes naguères confondues sous la dénomination commune de PBaiera. Dans l'opinion de M. Heer, comme dans la nôtre, il existait, durant tout le jurassique et plus tard encore dans la craie, un groupe dont le Parera tæniata Schk., le Jean- paulia Münsteriana Presl, le Jeanpaulia longifolin (Pom. Sap. et les autres Jeanpaulia, de même que le Selerophyl- lina cretacea, faisaient certainement partie, et qui consti- tuait, à côté des Ginkgos proprement dits, un genre de Salisburiées, voisin, distinct cependant de celui des Salrs- buria actuels et secondaires. M. Heer considère avec raison les organes figurés par Schenk, sous le nom de Stachyopitys Presln (4), comme ayant appartenu au Yean- (1) Foss. F1. v. Grenzsch., tab. 94, fig. 9. 11° SÉR. VÉGÉTAUX. — III. 17 258 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. paulia Münsteriana, et représentant des chatons mâles, ana- logues à ceux du Sahsburia adiantifolia actuel. On décou- vre sur ces organes (voy. pl. 156, fig. 2et 3), le long d'un axe relativement grêle et au sommet de courts pédicelles, 6 à 7 anthères ou loges à pollen verticillées, tandis que dans le Ginkgo le nombre de ces loges n’est que de 2 à 3 pour chaque fleur, ainsi que l’on peut s’en convaincre en comparant la figure 5, pl. 144, avec celles de la planche 156 et surtout avec la figure 2 de cette planche, qui repro- duit deux chatons mâles de Bayreuth, d’après un échan- tillon original dont nous devons la communication à M. le professeur Schimper. Ainsi, le nombre des loges à pollen de chaque étamine des Zaiera (nom qui doit être appliqué définitivement à ce nouveau type de Salisburiées secon- daires) était double environ de celui de ces mêmes orga- nes considérés dans les Salisburia proprement dits, et comme, grâce à M. Heer, nous possédons le chaton mâle du Salisburia sibirica (voy. ce chaton reproduit pl. 460, fig. 7) et que les fleurs de ce chaton présentent la même structure et le même nombre de loges à pollen que celles du S$. adiantifolia, nous devons croire qu'il s’agit bien réellement d’une différence qui motive suffisamment la distinction des deux genres. Cette différence se retrouvait-elle dans les organes fruc- tificateurs comparés des Paiera et des Salisburia, nous serions porté à l’admettre : en effet, le Zaiera (Jeanpaulia) Münsteriana Presl abonde dans un grès schisteux du Rhé- tien des environs de Bayreuth, et les empreintes de feuilles de cette espèce, accumulées en grand nombre, y sont ac- compagnées de corpuscules épars, mêlés à des supports pédonculaires et à d’autres pédoncules plus courts, bran- chus au sommet, et terminés par de petits corps globu- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 259 leux, ternés ou biternés (pl. 155, fig. 4-6). M. Fr. Braun décrivit le premier ces parties fructifiées, comme étant des sporocarpes, et, dans la supposition queles feuillesavaient appartenu à une plante cryptogame, M. Schenk crut y re- connaître des frondes enroulées ou imparfaitement dé- veloppées, plutôt que des organes reproducteurs. Mais le témoignage de M. Schimper, que nous avons transerit (voy. plus haut, Plantes qjurassiques, À. T1, p. 462), prouve bien que les corps pisiformes en question et les supports pédonculaires qui les accompagnent, sont bien des appa- reils fructificateurs, qu'il est naturel de combiner avecles feuilles, si fréquentes dans les mêmes lits. Nous avons déjà figuré ces divers organes, mais, pour la commodité de la démonstration que nous cherchons à établir, nous les reproduisons de nouveau (voy. pl. 156, fig. 4, 5 et 6; pl. 157, fig. 3 et 3*). Les corps reproducteurs sont assez petits, ovales ou ovales-arrondis; d’après la description de Braun, ils laissent voir une enveloppe membraneuse, et, à l’intérieur, un noyau qui montre encore parfois une surface extérieure convexe. M. Schimper, de son côté, confirme l’existence d’une enveloppe membraneuse assez épaisse, qui se présente dans la roche sous forme d’une membrane presque cartilagineuse, brune, lisse ou plus ou moins plissée. C’est là, remarquons-le, une structure répondant très-bien à celle des graines de Ginkgos, avec leur endo- testa osseux et convexe, recouvert d'une enveloppe char- nue, dans le Salisburia vivant, mais qui pouvait fort bien être plus mince, ou même sèche et membraneuse dans le type des Paiera. Les corps ovales ou graines étaient sup- portés par de courts pédicelles, et groupés sur un pédon- cule commun, au nombre de trois, ou encore biternés au sommet d'un axe dichotome. Cette structure du support 260 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE n’a rien que de parfaitement conforme à ce qui existe chez les Ginkgos ; la seule différence susceptible d'être signalée résulte du nombre des ovules, solitaires par avor- tement, normalementgéminés, très-rarement ternés, dans le type vivant; ternés ou biternés dans le type secondaire. Mais nous puisons dans cette différence même un argu- ment de plus qui nous autorise à considérer les organes fructificateurs en question comme se rapportant à un type éteint de Salisburiées; il s’agit seulement d’un degré de complication plus élevé dans la structure de l'appareil qui supporte les ovules, degré de complication en rapport jus- tement avec celui qui existe dans les feuilles des Zaiera, toujours plusieurs fois laciniées-dichotomes. Les détails relatifs aux appareils fructificateurs des Baiera donnés par Braun sont du reste fort précis et d’au- tant plus concluants qu'il était loin d'en soupçonner la vraie nature. Voici comment s'exprime cet auteur (1): « Les pédoncules fructificateurs se recourbent à la base, comme les pétioles eux-mêmes, ce qui dénote proba- blement le même mode d'insertion et de développement. Leur forme offre de grands rapports avec les pétioles des jeunes feuilles. Quant aux fruits, ils ne sont pas soudés au point par lequel ïls sont attachés à leurs pédicelles, mais 1l semble que ce point insertionnel soit latéral, et, par le fait, l’axe longitudinal présente aux endroits par où le pédicelle se joint au fruit un petit bourrelet ou nœud d'articulation..….. Les pédoncules paraissent, pendant la durée de la maturation et jusqu’à ce qu'elle ait été par- faite, avoir présenté des dimensions successives, en rela- tion avec les phases de cette opération. En effet, tandis (1) Voy. Beitr. z. Urgeschichte d, pfl. gesamm., von Dr Fr. Wil. Braun; 1 Hclfc. — Bayreuth, 1843. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 261 que les supports semontrenttrès-courts, lorsqu'ils portent de jeunes fruits (pl. 156, fig. 4), ils paraissent beaucoup plus longs lorsqu'ils se trouvent en connexion avec des fruits mûrs, sans que pourtant la longueur de ces sup- ports soit jamais bien considérable, même lorsqu'il s’agit des plus gros et des plus mûrs de ces fruits (pl. 157, fig. 5 et 6). » Rien de plus naturel dans notre hypothèse que cette série d'organes à divers degrés de développement. Il suffit d'examiner la floraison femelle du Ginkgo pour s'en rendre compte et constater que, parmi la multitude immense des appareils fructificateurs, le plus petitnombre arrive à maturité; la plupart tombent et jonchent le sol, emportant dans leur chute les ovules non fécondés ou imparfaitement développés. Les supports des graines arri- vées à maturité se détachent aussi et montrent vers la base cette courbure caractéristique qui avait frappé juste- ment M. Braun; les graines tombent avec leurs supports, mais l’articulation, cernée d’un bourrelet circulaire par où elles adhèrent au support, amène à la fin leur isole- ment. Ces divers phénomènes avaient lieu chez les Zaiera, dont on recueille visiblement des appareils fructificateurs de tout âge et de toute dimension, les uns avortés, les autres à divers degrés d'extension et de maturité. Dans ce genre l'inflorescence femelle, construite comme celle des Salisburia, présentait normalement des ovules biternés, ordinairement réduits à trois par avortement, à la matu- rité; de même que les ovules des Salishuria, d’aborà géminés, deviennent le plus souvent solitaires par l’avor- tement de l’un d’eux. Les appareils mâles des Zatera, de leur côté, avaient 5-6-7 loges à pollen, au lieu de 2-3, sur chaque pédicelle. Ce sont là les seules divergences que l’on découvre entre les deux types comparés; elles suffisent 262 PA LÉONTOLOGIE FRANCAISE. pour motiver leur séparation et l'établissement de deux genres, très-rapprochés, il est vrai, l’un de l’autre. Les genres Paivra et Salisburia ont prédominé tour à tour dans le terrain jurassique ; le second à partir de l’oo- lithe; le premier dans le Lias et surtout dans le Rhétien, où les vestiges des Salishuria proprement dits sont rares ou tout à fait incerlains. Cependant, il serait naturel de reconnaitre le type des Salisburia, plutôt que celui des Baiera dansle Cyclopteris crenata Brauns, des grès rhétiens de Seinstedt, près de Fallstein (1), dont les feuilles sont entières, flabellinerviées, cunéiformes à la base et créne- lées le long de leur pourtour supérieur. Enfin, ce même type semble reparaître dans l’une des formes keupé- riennes les plus curieuses, le Chiropteris digitata Kurr (2), dont la description comme la figure laissent cependant trop à désirer pour que l’on puisse avoir une opinion un peu nette à l'égard de cette plante. Existait-il un troisième genre de Salisburiées à côté des Baivra et des Sulisburia, à l'époque jurassique? Nous sommes disposé à l'admettre et M. Heer après nous, sans cependant pouvoir l’affirmer aussi explicitementque pour le premier de ceux-ci; mais pour juger de la vraisem- blance de cette opinion, il est nécessaire de remonter un peu au delà des temps secondaires. Dès lors nous rencon- trons dans le Permien de Lodève les deux espèces de Salisburiées prototypiques que nousavons figurées (pl. 159, fig. 4 et 2) sous les noms de Ginkgophyllum Grasseti et de Trichopitys heteromorpha. Le premier, comme nous l’avons dit, semble tenir le milieu entre les Zaera etles Salis- (1) Der Sandstein, bei Seinstedt unweit des Fallstein und die in ihm vorkomm. Pflanz., von D' D. Brauns, tab. 13, fig. 8. (2) Beitr. z. Fl. des Keupers, von Prof. Schenk, pl. 2, fig. 4. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 263 buria ; mais le 7richopitys heteromorpha, comme le nom l'indique, s’écarte bien davantage de l’un et l’autre genre; ses feuilles sont cependant divisées par dichotomie et d’après le même mode que celles de toutes les Salisburiées ; mais les lanières ou plutôtles aiguilles, auxquelles donnent lieu les dernières subdivisions du limbe, sont étroitement linéaires, et chacune d'elles, à ce qu'il paraît, ne reçoit qu'une seule nervure, circonstance qui doit être prise en considération et qui justifie la dénomination générique spé- ciale que nous avons appliquée à ce type. Or il se trouve que le Zrichopitys n’est pas un genre exclusivement per- mien ; il paraît avoir eu plusieurs représentants dans le terrain jurassique, et en premier lieu le Solenites furcatus de Lindley (Jeanpaulia Lindleyana Schimp.), que nous propo- sons de nommer Zrichopitys Lindleyana, en le considérant comme congénère de l'espèce de Lodève, à laquelle on serait presque tenté de le réunir, tellementles deux formes parais- sent alliées de près ; le même groupe comprend encore une espèce du jurassique de Sibérie, signalée tout récemment par M. Heer, sous le nom de Zrichopitys setacea (1). — En acceptant ces données, la tribu des Salisburiées jurassi- ques se composerait des trois genres Zrichopitys, Baiera (Jeanpaulia) et Salisburia, que nous allons passer en revue. PREMIER GENRE. — TRICHOPYTIS, Trichopilys, Sap., Sur la découverte de deux types nouveaux de coniféres dans les schistes perm. de Lodève (Hérault). — Compte rendu de l'Ac. des Sc., t.. LXXX, p. 1017, 1875. DIAGNOSE. — folia verosimiliter rigida cartilagineaque, (1) Voy. O. Heer, Jura-Flora Ost-Siberiens, taf. 1, fig. 9 (Mém. de l’Acad. imp. des sc. de Saint-Pétersbourg, 8° série. 264 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. dichotome partita etiamque pedato-partita, petiolo plus mi- nusve elongato, sursum in lacinias 4-6, anguste lineares, uni- nerviasque dissecta. Jeanpaulia. Schimp., Traité de Pal. vég., T1, p. 682 (ex parte). — Sap., Plantes jurassiques, 1, p. 460 (ex parte). Dicropteris, Pom., Mat. pour servir à la connaiss. de la flore foss. des terrains jurass. de la France ; in Amtl. Ber. üb. d. Vers. d. Gesseltch. deutsch. naturf. in Aach., 1847, p. 339 (ex parte). Solenites, Lindl. et Hutt., Foss. F1., 209. HISTOIRE ET DÉFINITION. — Le type de ce genre, comme nous venons de le dire, est le 7richopitys heteromorpha des schistes permiens de Lodève, dont notre planche 152, figure 2, reproduit une branche tout entière. Au-dessus d'une base pétiolaire, sur laquelle on distingue vaguement la trace de plusieurs nervures longitudinales très-fines, les feuilles se divisent en deux segments, et ceux-ci en deux autres dont les extérieurs seuls se bifurquent de nouveau. Les derniers segments se trouvent ainsi au nombre de six; mais ils peuvent accidentellement se réduire à quatre ou s'élever jusqu’à huit. Chacun d'eux est étroit et reçoit une seule nervure servant de médiane et provenant de la rami- fication de celles qui partent du sommet de la partie pétio- laire. La disposition que nous venons de décrire reparaît dans tous les Zrichopitys, qui diffèrent seulement entre eux par la dimension relative et le nombre des segments. La consistance de ces feuilles a dû être cartilagineuse, et les lacinées étroites qui les divisent paraissent avoir eu l'aspect et la roideur des aiguilles de pin. La base du pétiole se trouvait assise sur des coussinets décurrents TERRAIN JURASSIQUE. — VEGÉTAUX. 265 d’une saillie médiocre. La belle empreinte de Lodève laisse entrevoir à l’aisselle de certaines feuilles de petits bour- geons pédonculés qui pourraient bien avoir servi de sup- port aux ovules: mais ces derniers détails sont trop indis- tincts pour se prêter à des conclusions. L'épaisseur de la branche en question et la grosseur du bourgeon qui la termine dénotent que le végétal dont ils proviennent constituait un arbre élevé. Les Zrichopitys se montrent dans le permien; ils sont ensuite représentés dans l’o0- lithe inférieure et dans le corallien ; mais le type a dû être rare à toutes les époques, et il a sans doute disparu bien avant la fin des temps secondaires. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le genre Zrichopitys est surtout voisin des Dicranophyllum récemment découverts par M. Grand'Eury dans le carbonifère supérieur du bassin de Saint-Étienne. La structure des feuilles et jusqu’à leur physionomie sont pareilles des deux parts; seulement, chez les Dicranophyllum, les feuilles plus denses et plus vigoureuses sont insérées sur des coussinets décurrents plus saillants et plus pressés, séparés les uns des autres par des sillons très-marqués, et hérissant le rameau à la façon de ceux des Picea et de beaucoup de Pins. Au con- traire, dans le 7richopitys de Lodève, le seul, il est vrai, dont les tiges nous soient connues, les feuilles sont espacées et les coussinets sur lesquels elles sont implan- tées, faiblement convexes et bientôt effacés. Les 7richo- pitys rappellent encore les formes profondément laciniées, à segments étroitement linéaires de certains Salisburia et Baiera jurassiques, comme le Baiera gracilis Bean, et le Salisburia concinna Heer (celui-ci de Sibérie); mais les der- niers segments des feuilles de ces deux genres présentent toujours plusieurs nervures longitudinales, sans trace 266 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. d’une médiane plus forte, ainsi que l'examen d’un exem- plaire du Baëera gracilis, conservé au Muséum de Paris, nous a permis de le vérifier; tandis que, chez les Tricho- pitys, ces mêmes segments ne reçoivent chacun qu'une nervure unique ou tout au plus trois, dont la médiane de- vient plus forte que les deux autres. Cependant, le mode de partition de la feuille se retrouve exactement le même dans tous ces genres, et dénote entre eux un lien com- mun dont la vraie nature ne pourra être déterminée, tant que nous n’aurons pas Connaissance de leurs organes re- producteurs respectifs. Ceux des 7richopitys nous échap- pent presque entièrement, et les indices que nous repro- duisons à propos de l'espèce suivante ont trop peu de précision pour que nous osions y insister ici. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 152, fig. 2, rameau en- tier de Z’richopitys heteromorpha, pour montrer les carac- tères du genre. PI. 155, fig. 4 et2, 7richopitys Lindleyana (Schimp.) Sap. (Solenites? furcata Lind1. et Hutt.), de l'oo- lithe de Scarborough, étage bathonien, d'après des figures empruntées au ossi flora, pour faire juger du degré d’af- finité de l'espèce oolithique avec celle des schistes per- miens de Lodève; grandeur naturelle. N° 1. — Trichopitys laciniata. PI. 155, fig. 3-9. DIAGNOSE. — 7°. foliis cartilagineis parvulis Lreviter petio- latis dichotome bifurcatis, segmentis ultimis linearibus diver- gentibus breviter acuminalis, nervulis imperspicuis. Jeanpaulia laciniata, Sap., Plantes jurassiques, t. I, p. 467; pl. 67, fig. 3, — flabelliformis, Sap., Ibid., p. 468, pl. G7, fig. 4. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 267 Dicropteris laciniata, Pom. L. c., p. 339. — flabeiliformis(?) Pom., L c., p. 339. La ressemblance de l'espèce décrite antérieurement par nous, sous le nom de /eanpaulia laciniata, avec les Tricho- pitys heteromorpha et Lindleyana, nous paraît maintenant visible, et bien que l'espèce de Saint-Mihiel ne nous soit connue que par une seule empreinte, elle nous semble dénoter d’une manière suffisante la présence du genre dans la végétation corallienne de la Meuse. Nous avons soin de figurer de nouveau l'échantillon d’après lequel l’espèce avait été établie en premier lieu, et nous y réunis- sons, bien qu'avec quelque doute, le Jeanpaulia flabellifor- mis de la même localité, dont l’empreinte, probablement incomplète, présente des segments linéaires distinctement uninerviés (pl. 155, fig. 4 et 42). Nous figurons également, comme susceptibles d’être rapportés à cette même espèce, une série d'organes fructificateurs dont plusieurs ne nous sont connus que par des dessins dus à M. Brongniart, de qui nous les tenons. La figure 5, pl. 155, représente l’em- preinte d’un corps irrégulièrement globuleux, arrondi à la base, atténué unilatéralement au sommet, que nous avons observé sur la même pierre quele fragment de feuille reproduit par la figure 4 et 42. Ge pourrait être là une graine détachée de 7richopytis. Les figures 6 et 7, dessi- nées par M. Brongniart, reproduisent l'empreinte et la contre-empreinte d’un corps ovalaire qui, sous des dimen- sions un peu plus fortes, affecte à peu près le même as- pect et semble avoir consisté en un noyau intérieur recou- vert d’une enveloppe ou tégument, pourvue à la base d’une cicatrice d'insertion. Le noyau paraît avoir eu une apparence trigone, ou du moins il semble divisé longitu- dinalement par une carène médiane. La figure8, même 268 l'ALÉONTOLOGIE FRANCAISE. planche, montre un organe de même nature, attaché vers le sommet d’un pédoncule qui laisse voir sur le côté le point d'insertion d’un second organe qui aurait été as- socié au premier. La figure 9, enfin, reproduit l’empreinte de deux corpuscules ovalaires, attachés le long d’un sup- port commun, et que nous rangeons avec doute à la suite des précédents, sans affirmer qu'ils aient appartenu à la même catégorie. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le Zrichopitys laciniata ressemble aux plus petites feuilles du 7. hketeromorpha ; il en diffère par la dimension moindre de ses segments et par certaines particularités dans le mode de partition; mais il est difficile d'apprécier la vraie nature de l’espèce corallienne d’après un échantillon isolé et peut-être im- parfaitement caractérisé. LocaziTÉs, — Saint-Mihiel, Gibbomeix; corallien infé- rieur; collection de M. Moreau. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 155, fig. 3, Trichopitys laciiata Sap., feuille, grandeur naturelle; d’après un échantillon du corallien de la Meuse, communiqué par M. Moreau et appartenant à sa collection. Figure 4, même espèce (Jeanpaulia flabelliformis Olim.), moitié d’une feuille, grandeur naturelle ; fig. 4*, la même légèrement grossie ; d’après un échantillon de la même collection. Figure 5, même espèce (?), graine présumée, isolée de son pédoncule ; grandeur naturelle. Figures 6 et 7, empreinte etcontre-empreinte d'une autre graine attribuée à la même espèce, grandeur naturelle; d’après un dessin communi- qué par M. Brongniart. Fig. 8, autre graine attribuée à la même espèce et supportée par un pédoncule ; grandeur naturelle; d’après un dessin communiqué par M. Bron- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 269 gniart. Fig. 9, deux graines (?) attachées à un support com- mun, attribuées avec beaucoup de doute à la même es- pèce ; grandeur naturelle; d’après un dessin communiqué par M. Brongniart. — Les figures 5 à 9 se rapportent à des organes recueillis par M. Moreau, dans le corallien de la Meuse. DEUXIÈME GENRE. — BAIERA. Baiera, Fr. Braun, in Münst. Beitr., VI, p. 21. — Brongn., Tab. des genres de vég. foss., p. 30. = Schenk, Foss. fl. d. Grenzsech, p. 26; Pflanz.d. Werndorfer Schicht.,tab. I, Hg: Baiera (ex parte), Schimp., Traité de Pal. vég., I, p. 422 (quoad Baieram tæniatam, excl. Baieris digitata et pluripar- tita). — — Bumbury, Pl. of Scarborough, in Quart. Journ. geol. soc., vol. VIT, tab. 12 1fg.3: DiAGNOSE. — folia coriacea aut plus minusve cartilaginea, e bas? sensim in petiolum crassiusculum brevem elongatumve attenuata sursum in segmenta linearia multinervosa dicho- tome partita, nervulis multiplicibus flabellatim divisis in seg- menta plerumque anguste tæniata decurrentibus ; — flores masculi amentacer e sacculis polliniferis 5-6-T ad apicem pe- dicellorum radiatim appensis constantibus ; — receptacula ovulifera pedunculiformia apice pluries furcata, ovula plura ternata biternataque pedicellis inserta gerentia ; semina autem matura pauciora drupacea, cum apice paulsper incrassato pedicellorum articulata. Jeanpaulia, Ung, Gen. et sp. pl. foss., p. 224. P P — Schenk, Foss. fl. d. Grenzsch, p. 39. 270 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. Jeanpaulia, Schimp, Traité de pal. vég , T, p.62. — Sap., Plantes jurassiques, , p. 460. Dicropteris (ex parte), Pomel, Mat. pour servir à la conn. de la flore foss., etc., p. 339. Cyclopteris (ex parte), Zigno, F1. foss. form. ool., p. 202. Sclerophyllina, Heer, Urw. d. Schwerz, p. 55, tab. 2, fig. 9; — FI. foss. arctica, I, p. 82; Kreide, FI. d. arctisch. Zone, p. 59 et 124. Schizopteris, Bean, in Ms. Hausmannia (?), Dunk., Monogr. d. Norddeutsch, Wealdenf., p. 12. Zonarites (?), Stern" WVerst, Il,p. 24 Sphærococcites (ex parte), Presl. in Sternb. F1. d. Vorw; I, p. 105. Fucoides (ex parte), Brongn., Hist. des vég. foss., I, p. 69. HISTOIRE ET DÉFINITION. — Nous ne reviendrons pas sur les détails donnés plus haut et qui nous portent à consi- dérer les Baiera du groupe des /eanpaulia, dont le Baiera Müänsteriana (Barera dichotoma Fr. Br., Jeanpaulia Münste- riana Presl) est le type, comme formant un genre allié de près aux Salishuria, distinct pourtant à quelques égards de ceux-ci. C’est surtout par le prolongement des segments du limbe divisés en lanières étroites et coriaces, à l’aide de bifurcations successives, parfois très-multipliées, que se distinguent les feuilles des Zaïera, Ces lanières ne sont pas fimbriées ni émarginées au sommet, mais plutôt atté- nuées en pointe ou tronquées-arrondies ; leurs bords sont parallèles ; elles diminuent peu ou seulement à l’aide d’un mouvement insensible, en approchant de leur terminai- son supérieure. Les nervures qui les parcourent sont fines, égales, sans médiane, divisées par dichotomie, maissimples dans toute l'étendue de chaque segment pris en particulier. Les fleurs mâles comptent 5-6 et jusqu’à 7 loges à pol- len verticillées à l'extrémité de chaque pédicelle et étalées TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 271 comme autant de lobes rayonnants, après leur déhiscence, ainsi que le montrent nos figures (pl. 156, fig. 2 et 3). Les appareils fructificateurs fourchus au sommet (pl. 156, fig. 4-5) portent des ovules biternés, dont plusieurs de- vaient avorter ; quelques-uns seulement, ordinairement trois, dans l'espèce de Bayreuth, arrivaient à maturité. Les graines mûres constituaient autant de corps drupacés, ova- les ou ovales-arrondis (pl. 156, fig. 6), à epitesta, à ce qu'il semble, médiocrement charnu, contenant à l’intérieur un endotesta osseux, dont la structure et la forme s’écartaient très-peu de celle que nous offrent les organes correspon- dants des Ginkgos, sous des dimensions plus petites. Les Baiera semblent avoir précédé les Salishuria où du moins avoir pris à l’origine de l’avance sur ceux-ci. Le Ginkgophyllum Grasseté Sap., du Permien de Lodève, se rapproche à la fois des Zatera et des vrais Salisburia entre lesquels il sert de lien commun. Le Zonarites digitatus Brongn. des schistes cuivreux de Mansfeld représente sans doute un Batera, et dans le Rhétien le genre Zaiera est un de ceux dont la présence caractérise le mieux les formations de cet âge. Dans la flore des environs de Bay- reuth, le Paiera Münsteriana est accompagné du Zaiera tæniala, qui reparaît en Scanie sur le même horizon. L’oolithe inférieure de Scarborough renferme le Baiera gracilis Bumb., et à la hauteur du Corallien on rencontre en France le Baiera longifolia Sap. (Dicropteris longifolia Pom.) que M. Heer vient de signaler dans le Jura brun de la Sibérie orientale, près d'Irkutsk, en compagnie du nou- veau et singulier genre Czekanowskia. Dans le wéaldien et l’urgonien soit de l’Europe, soit de la zone arctique, les Baiera cretosa Schenk et dichotoma Hr. font voir la continuation du genre ; et un type des plus curieux, le [Lo] —] 19 PALÉONTOLOGIE FRANGAISE. Torellia bifida Hr., qui vivait au Spitzberg vers le milieu des temps tertiaires, pourrait bien en avoir été comme un dernier prolongement. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — C’est surtout par l'aspect et la consistance des feuilles, plus roides, plus coriaces, plus atténuées vers la base, divisées supérieurement en segments plus étroits et plus allongés, que les feuilles de Patera se distinguent de celles des Salisburia ; mais il faut bien avouer que la confusion est parfaitement possible entre les deux groupes, à l’aide de formes intermédiaires. C'est ce que l’on peut dire-à l'égard du Batera tæniata. En définitive, au lieu d’un genre totalement séparé, peut-être s'agit-il seulementici d’une section ou sous-genre; c’est ce que l'avenir nous apprendra. Pour le moment, la physio- nomie des feuilles et ce que l’on peut savoir des organes reproducteurs des Paiera tendent à confirmer la distine- tion que nous avons maintenue ; la présence de plusieurs nervures parallèles dans chaque segment, sans vestige de médiane, suffit pour éloigner les Patera des Trichopitys. N° 1. — Baiera Münsteriana. PI. 155, fig. 10-12 ; 156, fig. 1-6, et 157, fig. 1-3. Baiera Müunsteriana, Heer, in lift. DIAGNOSE. — B. foliis plus minusve coriaceis, basi in pe- tiolum sensim cuneato-attenuatis, susum pluries dichotome partitis, segmentis ulltimis stricte linearibus divergentibus elongalis apice obtuse attenuatis, nervis flabellatis, in segmen- ta decurrentibus, plurimis, parallelis ; — floribus masculis e loculis 5-6-7 ovato-oblongis, ad apicem pedicellorum radiatim appensis constantibus ; semunibus drupaceis ovato-ellipticis TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 273 parvulis ternatis biternatisque ad apicem receptaculi communis plerumque furcati pedicello brevi insertis et cum tllo articu- latrs. Jeanpautia Münsteriana, Presl. | — — Schenk, F1. d. Grenzteh, p. 39. — — Schimp., Traité de Pal. vég.,T, p. 682. — — Sap., Plantes jurassiques, t. I, p. 463, pl. Lvi, fig. 1-4. Baiera dichotoma, Fr. Braun, Beïtr., tab. I, fig. 1-9. C'est l'espèce qui, selon nous, caractérise le mieux le nouveau groupe des Zatera tel que nous le déterminons, après en avoir détaché les formes qui rentrent dans les Salisburia proprement dits, la seule en même temps dont les divers organes soient assez bien connus, et cette con- sidération nous engage à la décrire, bien qu’elle n'ait pas été recueillie jusqu'ici sur le sol francais ; mais elle abonde vers l'horizon du rhétien, en Franconie, ef aussi en Scanie, où elle a été récemment signalée par M. le pro- fesseur Nathorst. Les feuilles sont plusieurs fois laciniées-dichotomes ; elles présentent jusqu'à quatre degrés de dichotomies suc- cessives et se terminent par 16-18, parfois même 20-24 seg- ments découpés en lanières étroites et allongées, dont la nervation, composée de veines toutes longitudinales, n’a rien de commun avec le réseau à mailles polygonales- oblongues, figuré par Braun dans son Mémoire (1), et que cet auteur compare à celui du Platycerium alcicorne, parmi les Fougères. Nous avons donné précédemment une figure exacte de ces feuilles (P/antes jurassiques, t. T, p.66, fig. 1), mais nous les reproduisons ici (pl. 155, fig. 10-12 et 156, (1) Beitr., pl. 1, fig. 5. Ile Sér. VÉGÉTAUX, — III. 18 274 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. fig. 14) d'après des échantillons originaux provenant de Bayreuth. Les pétioles varient beaucoup de longueur, et la dimension ainsi que le degré d’incisure du limbe offrent également de grandes diversités ; mais les derniers seg- ments présentent toujours des caractères décisifs par leur mode determinaison en bandelette linéaire toujoursobtuse ou même arrondie au sommet. Nous avons décrit plus haut les organes fructificateurs du Paiera Münsteriana qui comprennent des réceptacles pédonculaires supportant à leur sommet fourchu des cor- puseules ovoïdes, ternés ou biternés, dont les uns se rap- portent à des ovules non fécondés ou imparfaitement dé- veloppés, les autres à des semences drupacées parvenues à maturité ; les premiers adhérant encore au pédicelle sur lequel ils sont articulés ; les secondes généralement épar- ses et détachées de leur support. Quelques-unes de ces empreintes paraissent aussi se rapporter à des feuilles de petite taille ou à des bractées qui seraient tombées de l’arbre, en même temps que les inflorescences. Les chatons mâles de cette espèce ne sont pas rares, comme nous l’avons dit. Notre figure 2, pl. 156, dessinée d’après une empreinte originale, reproduit très-exacte- ment l'aspect de ces organes. Elle montre deux chatons mâles de Baiera Münsteriana, couchés l’un sur l’autre, et se croisant dans deux directions opposées. Les fleurs de ces chatons sont encore closes ; chacune d'elles, por- tée sur un court pédoncule, se compose d’un certain nombre (6-9) de loges à pollen, réfléchies et serrées l’une contre l’autre. Chacune d'elles est convexe, séparée de sa voisine par un sillon; soudées en capuchon à l'extrémité du pédicelle, ces loges donnent lieu par leur réunion à un entonnoir renversé, dont les bords inférieurs sont TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 975 découpés en autant de festons qu'il existe de loges à pol- len. Cette disposition ne diffère en réalité de celle qui existe chez les Salisburia, que par le nombre plus consi- dérable des sacs d’anthère. La figure 3, grossie en 32, est empruntée à l'ouvrage de Schenk ; elle montre les mêmes chatons après la déhiscence des loges et la dispersion du pollen. lei, les loges, étalées comme autant de lobes, rayon- nent, au nombre de 6 à 7, du sommet des pédicelles qui les supportent. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Les segments, multiples et découpées à l’aide d’une série de dichotomies successi- ves, distinguent aisément le Zaiera Münsteriana du LB. tæ- nata Fr. Br., ainsi que du 2. longifola (Pom.) Sap., qui tient de si près à celui-ci. Le 2. Mäünsteriana se rapproche davantage du 2. Czekanowskiana Hr., du Jura brun d'Ir- kutsk (Sibérie orientale), dont les feuilles sont pourtant partagées en divisions moins nombreuses, et dont les derniers segments sont plus allongés et plus atténués au sommet. L'espèce que nous venons de décrire a été longtemps confondue à tort avec le Sulisburia digitata (Brongn.) Hr. (C'yclopteris digitata, Brongn.), de Scarborough, et encore plus avec le Salisburia pluripartita (Schimp.) Hr., forme wéaldienne, dont elle se distingue aisément par le mode d'incisure de ses feuilles aux segments étroits, étalés en éventail, et non pas étargis en coin et simplement bilobés au sommet, comme dans les deux Salishuria. L'espèce la plus voisine paraît être le Barera gracilis Bunb., de l’ooli- the du Yorkshire, qui pourrait bien représenter la descen- dance directe de l'espèce rhétienne ; cependant les feuil- les du Z. gracihs, comme le nom l'indique, sont plus grêles, subdivisées en segments moins nombreux, et ces 276 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, segments, relativement moins étroits à la base, sont tou- jours plus atténués en pointe au sommet. LocaLITÉs. — Environs de Bayreuth, en Franconie; Palsjü, en Scanie ; étage rhétien. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 155, fig. 10, Barera Münsteriana (Presl) Hr., feuille de petite dimension, gran- deur naturelle. Fig. 11, autre feuille de la même espèce, en voie de développement, grandeur naturelle. Fig. 12, lobes d'une autre feuille de la même espèce en voie de développement, grandeur naturelle. Les trois figures pré- cédentes ont été dessinées d’après des échantillons origi- naux provenant du rhétien de Bayreuth, et communiqués par M. Schimper. PI. 156, fig. 1, Batera Münsteriana (Presl) Hr., feuille complète, munie de son pétiole, grandeur naturelle, d’a- près un échantillon du rhétien de Bayreuth. Fig. 2, deux chatons mâles de la même espèce, un peu avant l’'émis- sion du pollen, grandeur naturelle; fig. 22, plusieurs ap- pareils mâles fortement grossis, pour montrer la forme des loges à pollen encore closes, réunies plusieurs ensem- ble, et suspendues au sommet de courts pédicelles, d’après un échantillon de Bayreuth, communiqué par M. Schim- per. Fig. 3, autre châton mâle de la même espèce, vu après la déhiscence des loges et l'émission du pollen, grandeur naturelle, d’après une figure empruntée à l’ou- vrage de Schenk ; fig. 3*, plusieurs appareils mâles grossis et ouverts, d’après le même auteur. Fig. 4, même espèce, appareil femelle, imparfaitement fécondé, grandeur na- turelle, Fig. 5, autre appareil femelle de la même espèce, formé d'un pédoncule commun supportant trois graines, considéré à une époque voisine de la maturité, grandeur naturelle ; d’après des figures empruntées au Mémoire de TERRAIN JURASSIQUE. =— VÉGÉTAUX, 277 Fr. Braun. Fig. 6, autre graine insérée au sommet de son pédoncule, d’après un échantillon de Bayreuth, commu- niqué par M. Schimper; fig. 6°, même organe grossi. PI. 157, fig. 1, feuille complète et partiellement res- taurée de Baiera Münsteriana, grandeur naturelle. Fig. 2, autre feuille plus petite et plus irrégulière de la même espèce, grandeur naturelle. Fig, 3, pédoncule commun, supportant trois graines jeunes de la même espèce, gran- deur naturelle, d'après une figure empruntée à l'ouvrage de M. Schimper ; fig. 3°, même organe légèrement grossi. N°92. — Baiera gracilis, PI. 157, fig. 4, et 158, fig. 1-3. Baiera gracilis, Bunb., On some foss. plants fr. thejur. strata of the Yorkshire coast, in the quart. Journ. of the geol. soc. of London, t. VII, p. 179, pl. XIL, fie... 3. DiAG@NOSE. — PB. foliis coriaceis longe petiolatis, primum bipartitis, segmentis dichotome divisis plurinervis, ultimis plus minusve expansis elongatisque, lanceolatis, apice attenua- tis sensimve acuminatis, nervis gracilibus in lacinias flabellu- tim decurrentibus. Schizopteris gracilis, Bean, Ms. — digitata, Williams, Ms. Le Baiera gracihis tient la même place et joue le même rôle dans la flore bathonienne de Scarborough que le 2. Münsteriana dans le rhétien de Bayreuth. C’est ce qui nous engage à le décrire et à le figurer, bien que, pas plus que ce dernier, il n'ait été encore signalé en France, La 278 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. nature des formations respectives est peut-être la vérita- ble cause de cette absence. En effet, les plaques à em- preintes végétales de Franconie et de Scanie, de même que celles du Yorkshire, sont des grès schisteux ou des marnes feuilletées, toujours plus ou moins bitumineux, riches en fougères, et qui semblent dénoter une station occupée par des lagunes tourbeuses, tandis que les forma- lions françaises correspondent plutôt à des amas litto- raux sableux ou calcaires, déposés le long de plages ou- vertes, attenant à un pays accidenté. La végétation de l'oolithe de Scarborough ressemble doncàla végétation rhé- tienne de Franconie, parce que toutes deux se sont déve- loppées sous l'empire des mêmes conditions physiques, et dès lors rien n’est moins surprenant que de retrouver dans la plus récente les mêmes types que dans la plus an- cienne ; seulement, ces types se trouvent représentés par des formes plutôt similaires que réellement semblables. Effectivement, les figures que nous donnons et qui ont été dessinées d’après des échantillons originaux, permet- tent de déterminer les caractères qui distinguent en pro- pre le PZatera gracilis. Les feuilles de cette espèce sont assez longuement pétiolées, divisées supérieurement, à la naissance du limbe, en deux parties assez souvent inéga- les; chacune de ces parties se subdivise par dichotomie en un certain nombre de segments plus ou moins larges, plus ou moins allongés, tantôt relativement courts, tantôt étroits et élancés, simples ou bifurqués, mais toujours at- ténués en pointe au sommet. Les nervules sont fines, flabellées-dichotomes ; il n’y a aucune trace de médiane, mais plusieurs nervures égales et parallèles parcourent les derniers segments et vont se perdre le long des bords vers la terminaison supérieure. La consistance a dû être TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 279 coriace et les segments étaient, à ce qu’il semble, cernés par une bordure cartilagineuse. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Les segments, ordinaire- ment plus larges, moins divisés, moins nombreux, et surtout leur terminaison en pointe distinguent aisément cette espèce de la précédente ; elle nous paraît caractéri- ser l’oolithe inférieure, de même que le 2. Münsteriana caractérise le rhétien ou étage infraliasique. LOCALITÉ. — Haibum-Wike, près de Scarborough (York- shire), étage bathonien. EXPLICATION DES FIGURES. — PI]. 157, fig. 4, Barera graci- lis, feuille complète avec l’origine du pétiole, grandeur naturelle, d’après un échantillon de Haiïbum-Wike près de Scarborough, envoyé par M. Williamson en 1845 et faisant partie de la collection du Muséum de Paris, sous le nom de Schizopteris digitata. PI. 158, fig. 1, Paiera gracilis, feuille complète, gran- deur naturelle, d’après un échantillon de Scarborough, communiqué par M. Schimper. Fig. 2, autre feuille de la même espèce, munie de son pétiole. Fig. 3, autre feuille de la même espèce, grandeur naturelle ; d’après des échan- üillons de Scarborough, communiqués par M. Schimper. N°3. — HBaïera longifolia. Pl 109 18" 1-2. Baiera longifolia, Heer, in ditt. — Jura-Flora Ust.-Sib., tab. 8 et 9 (Mém. de l'Ac. des sc. de S.-Pétersb., VIT: série). DiAGNOSE. — 2. foliis rigidis, sat breviter petiolatis, longe sensim in petiolum cuneatlo-attenuatis, sursum 2-3 dichotome partitis, segmentis erectis longe linearibus marginibus purai- 280 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, lelis, apice obtutissime attenuatis rotundatisque, nervulis tenui- bus flabellatim decurrentibus ; segmentis autem nervulis longi- tudinalibus plurimis percursis et costa submarginali quando- que notals. Jeunpaulia longifolia, Sap., vide supra: Plantes jur., 1. I, p. 164, pl. Lxvir, fig. 1. Dicropteris longifolia, Pom., Z. c., p. 339. Nous avons décrit et figuré précédemment cette espèce sous le nom de /eanpaulia, d'après un échantillon unique provenant des calcaires lithographiques de Châteauroux (Indre), mutilé sur certains points, mais dont les caractères sont cependant bien saisissables (voy. t. I, pl. 67, fig. 1). La feuille est grande, de consistance coriace, atténuée à la base sur un pétiole relativement court, dilatée supé- rieurement en un limbe divisé en lanières, à l’aide d’une dichotomie répétée qui donne naissance à six segments linéaires, allongés, à bords parallèles, assez peu diver- gents, les médians simples, les latéraux subdivisés à moitié de leur étendue. Les nervures longitudinales qui parcourent les segments sont fines, parallèles, assez nom- breuses, et celles qui longent immédiatement la marge de chaque côté paraissent plus prononcées que les inter- médiaires. Dans l’exemplaire de Châteauroux, la termi- naison supérieure des segments fait défaut, ainsi que cer- taines parties du limbe; mais l'espèce, représentée par des empreintes nombreuses et très-complètes, a été retrou- vée par M. Heer dans la flore du Jura brun d'Irkutsk, en Sibérie. Grâce aux communications amicales du profes- seur de Zurich, nous avons eu entre les mains les épreuves des planches du Mémoire qu'il prépare sur les plantes fossiles de la localité sibérienne, et nous figurons ici deux TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 2$1 spécimens provenant d’Irkutsk qui doivent être identifiés avec celui de Châteauroux. Seulement, l’un des deux exemplaires (fig. 1) présente six segments, comme ce dernier, tandis que, dans l’autre (fig. 2), le nombre des segments se trouve réduit à quatre ; et les planches de M. Heer font voir une foule de diversités et d’irrégularités encore plus prononcées, en sorte qu'il existe des feuilles de Paiera longifolia à deux segments inégaux, l'un bilobé et l’autre entier, avec tous les passages vers les feuilles à quatre et à six segments. Dans toutes, cependant, les segments considérés isolément sont découpés en lanières largement linéaires, terminées par un sommet presque constamment arrondi ou du moins obtus. M. le profes- seur Feer attribue avec raison au Zaiera longifolia des chatons mâles détachés (1), longuement pédonculés et semblables par leur aspect, la structure et le groupement des loges à pollen à ceux du Zaiera Münsteriana que nous venons de décrire et de figurer {voy. pl. 156, fig. 2-3). Le même auteur attribue encore au 2. longifolia un fruit ou plutôt une graine en forme de drupe conique entourée à la base par une cupule pédonculée qui lui sert de sup- port. Ces précieux détails, non-seulement éclairent sur la nature véritable du genre Baiera et confirment son affi- nité présumée avec les Sahsburia, mais démontrent encore l'extension du 2. longifoha, vers le milieu des temps jurassiques, depuis l’ouest de l'Europe, jusqu'au fond de la Sibérie altaïque. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le Paiera longifolia se distingue facilement des formes précédentes. Ses feuilles sont plus grandes, plus allongées, plus longuement atté- (1) ©. Heer, Jura-flora Ost-Siberiens, tab. 9, fig. 8 — 10 (in Mém. de PAc. imp. des sc. de S' Pétersbourg, NII série). 289 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. nuées vers la base. Elles donnent lieu à des segments moins nombreux, plus larges, plus ascendants, dont la terminaison supérieure tronquée-arrondie ne saurait être confondue avec ce qui a lieu dans les parties correspon- dantes du ZBatera gracilis. Les feuilles du Baiera Münste- riana présentent de leur côté des segments plus multipliés, plus menus et plus étalés. Le Z. longifolia se rapproche- rait plutôt du PZaiera (Sclerophyllina) cretosa, dont les feuilles sont cependant plus grandes et assez peu connues dans leur contour général, les empreintes figurées jus- qu'ici ne consistant guère que dans des fragments. LOCALITÉS. — Calcaires lithographiques de Château- roux (Indre), étage corallien supérieur; collection du Muséum de Paris ; — environs d’Irkutsk en Sibérie, étage du Jura brun ou oolithe inférieure ; coll. du Muséum de Saint-Pétersbourg, d'après une communication de M. le professeur Heer. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 159, fig. 1, Baiera longi- folia (Pom.) Hr., feuille complète, divisée en six segments, grandeur naturelle, d’après un dessin communiqué par M. Heer, et reproduisant une empreinte légèrement res- taurée des environs d'Irkutsk. Fig. 2, autre feuille de la même espèce divisée en quatre segments, grandeur natu- relle ; même origine que la précédente. TROISIÈME GENRE. — SALISBURIA. PI. 144, fig. 1-5 ; 145, fig. 1 et 160, fig. 6-7. Salisburia, Sm.,in Linn. Trans., IN, p. 330. ee Rich, Contf.,p:133: — Eadi., Gen. pl., n° 1803; — Conif., p. 236 = Carr., Conif., p. 503. — Henk et Hochst., Nadelsholz, p. 536. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 283 Salisburia, Heer, Fl. foss. arctica, TT, Kreide-fl. d. arctisch. zone, p. 100 (in Kongl. Svenka Vetensk. — Akad. Handling, Bandet 12, n° 6, Stockholm, 1874). DiAGNOSE. — Folia coriaceo-membranacea e bast in petro- lum angustato-cuneata, sursum plus minusve flabellatim expansa, sœpe reniformia, tum integra, tum plus minusve incisa, bifida aut plurties dichotome partita laciniataque, ner- vulis multipliciter furcato-divisis e cuner lateribus ad oras su- periores laminæ laciniarumve apicem procurrentibus ; — flo- ribus masculis e loculis 2-3 ex apice pedicellarum pendulis constantibus, — seminibus drupaceis geminis rarius ternis, abortu autem sæpe solitarüs, ad apicem pedunculi bifurei receptaculo cupulari mediocriter expanso insidentibus. Ginkgo, Kæmpf., Amæn. exot., p. 811, 813, cum icone. — Linn., Mant., Il, p. 313-314. — Parlat., in D. C. Prodr. syst. regn. veg., t:XNI, :p. 506. — Heer, Ueb. ginkgo, Thbr., cum icone. Baiera (ex parte), Schimp., Traité de Pal. vég., I, p. 422 {non Fr. Braun nec Schenk). — — Heer, Kreide-fl. d. arctische Zone, p. 37. Cyclopteris (ex parte), Brongn., Hist. des vég. foss., I, p. 219. — — Lindl. et Hutt., Fossil flora, p. 219. — — Brauns, Der Sandst. bei Seinstedt, tab. 13, fig. 8. _ — Dunk., Monogr. d. Weald., p. 9. — —- Ettingsh., Beitr. z. Kennt. Weald/fl., p. 13. Adiantiles (ex parte), Gœpp., Syst. fil., p. 217. Pterophyllus, Nels., Pin., p. 163. HISTOIRE ET DÉFINITION. — Il suffit de considérer atten- tivement le Cyclopteris digitata Brongn., de Scarborough (pl. 160, fig. 1), ainsi que les figures publiées par Heer 264 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. dans sa notice sur le genre Ginkgo et dans la flore du cap Boheman (1) (pl. 10, fig. 10), pour être assuré de l'existence des Salisburia dans le terrain jurassique. Ces premiers Salisburia, en négligeant les formes douteuses ou proto- typiques, comme le Ginkgophyllum Grasset et même le Salisburia (?) crenata du grès rhétien de Seinstedt, parais - sent avoir assez peu différé de l’unique représentant actuel du genre. Le Salisburia tertiaire, S. adiantoides Ung., répandu dans les régions arctiques lors du miocène infé- rieur et plus tard dans l’Europe entière, est du reste à peine distinct de son congénère vivant de la Chine, et M. Heer est disposé à confondre les deux espèces. De cette facon, le type du Salisburia aurait été éliminé de notre sol dans le cours du pliocène, tandis que ce même type aurait survécu sur des points restreints de l’extrème Asie, d'où la culture l’a plus tard ramené sur notre continent. Il existe à Montpellier et cà et là en Italie, notamment à Padoue, des individus puissants et annuellement fertiles de Salisburia où Ginkgo. Ges arbres en pleine prospérité peuvent nous instruire au sujet des caractères distinctifs et des aptitudes des formes fossiles, dont ils reproduisent certainement l'apparence. Le Ginkgo vivant, disons-le tout de suite, n’est nullement sensible aux froids ordinai- res de notre zone, puisqu'il résiste en plein air et acquiert une taille élevée jusque sous le ciel de Copenhague, par 55°,41' de lat. N., avec une moyenne annuelle de 8°,2 centigrades ; il est vrai, grâce à un climat local relative- ment modéré (2). De plus, il se dépouille périodiquement (1) Voy. Beitr. z. foss. Fl. Spitzbergens (Kongl. Svenska Vetenskaps- Acad. Handling.\, von Oswald Heer, tab. 10, fig. 1-10. (2) La moyenne hibernale de Copenhague est de (°,4 et celle du mois le plus froid de — 1°,4, correspondant à une moyenne estivale de 17°,2 le mois le plus chaud ne dépassant cette moyenne que d’un seul de- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 285 et hâtivement de ses feuilles dès le commencement de l'automne, même dans le midi de la France, C’est done là une espèce adaptée aux exigences d’une saison froide net- tement prononcée, adaptation parfaitement en rapport avec la provenance polaire du Salisburia tertiaire, S. adian- toides. Ancêtre direct du nôtre, le $S. adiantorides se montre effectivement dans le miocène ancien du Groënland, peut- être aussi dans la région baltique ; plus tard on le ren- contre en pleine Italie dans le miocène récent de Siniga- glia. C’est donc une espèce qui, à l'exemple du Platane, du Liquidambar et de plusieurs autres types, a dû mar- cher du nord au sud à un moment donné de l’âge ter- tiaire, par suite de l'humidité croissante et de l’abaisse- ment climatérique qui se prononcait de plus en plus au sein de notre zone boréale. Dès lors, les allures de l'espèce vivante s'expliquent très-bien par l'influence de sa patrie d’origine, sans que ces allures aient été nécessairement celles des espèces de ce même groupe que l’on observe dans l’âge bien plus reculé où nous reporte l'étude de l'Europe jurassique. Il est donc plus que probable qu'il a existé autrefois, bien avant l’époque où l'espèce vivante a com- mencé à se montrer, des Salisburia à feuilles persistantes, par conséquent fermes ou même tout à fait coriaces. Il est également certain que, dans la seconde moitié des temps jurassiques, l’Europe, la Sibérie centrale et les ré- gions les plus avancées vers le Nord possédaient en com- gré. Des chifres à peu près pareils se retrouvent en Saxe (Dresde), en Silésie, dans le Wurtemberg et en Bavière (Munich). En Suisse (Bäà- le, Lausanne et Genève), les moyennes sont à peine plus élevées ‘an- née, 9°,5; — hibern., 0°,5, — estiv., 18°,4) ; le mois le plus froid est de — 1;le plus chaud de 18°,7, malgré une différence latitudinaire de 4° pour l'Allemagne et de 9° pour la Suisse, comparées au Dane- marck, 286 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. mun les mêmes formes de Salishburia, et cette commu- nauté implique l'existence de conditions extérieures à peu près semblables à travers cette vaste étendue qui embrasse aujourd’hui les zones tempérée etglaciale boréales et se subdivise en une multitude de climats locaux, soumis à l'influence graduée des latitudes. Ces Salisburia primitifs, en dehors de la persistance de leurs feuilles, s’écartaient peu del’espèce actuelle, comme nous l’avons déjà remarqué ; ils fréquentaient les mêmes stations et recherchaient les mêmes conditions de sol et de climat. L'humidité leur était aussi nécessaire qu’à notre Ginkgo ; celui-ci préfère une terre légère et profonde ; il réussit au bord de l’eau et même dans des lieux fréquem- ment inondés, pourvu que ses racines pénètrent dans un sol perméable. À Scarborough, de même que dans la for- mation du cap Boheman et plus tard dans le wéaldien de l'Allemagne du Nord, les Salisburia ont laissé l’em- preinte de leurs feuilles dans des schistes charbonneux qui ont dû se déposer au fond de lagunes tourbeuses et qui nous ont transmis les vestiges d’une association végétale appropriée à ce genre de localité. Ce sont effectivement de grandes Fougères, des Équisétacées et, à côté d'elles, des genres de Cycadées(Podozamites, Anomozamutes) visiblement amis desendroitshumides, quisemontrent à nous, à l’exclu- sion d’autres formes de Cycadées etde certains types de Co- nifères qui trahissent des aptitudes contraires. C’est pour cela qu'en France, où la plupart des dépôts de plantes jurassiques se rattachent à des formations littorales, con- stituées aux dépens des parties accidentées des anciennes plages, les Salisburia, les Baiera, les Podozamutes et Ano- mozamites, certaines Fougères caractéristiques, comme le Pecopteris whithyensis Lindl. et Hutt. (Asplenuim whit- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 287 biense Hr.) et le Contopteris Murrayana Brongn. (Thyrso- pteris Murrayana Hr.), sont rares ou absents, tandis que les Zumites, les Brachyphyllum, les Pachyphyllum, les Fou- gères à frondes coriaces se rencontrent à profusion. Ce ne sont pas là des discordances tenant à des époques ou à des régions distinctes, mais simplement des contrastes résul- tant de deux catégories de stations, les unes basses et at- tenantes à des lagunes d’estuaire, les autres accidentées et renfermant par suite une toute autre association de végétaux. Les tiges de Salishuria obéissent à un processus d’ac- croissement d'une nature toute spéciale et que nous de- vons d'autant plus mentionner qu'il paraît avoir été com- mun à toutes les espèces de groupes, même aux plus anciennes, dont il aide à dénoter la présence à l’état fos- sile. C’est une sorte de dimorphisme comparable à celui qui existe chez les cèdres et les mélèzes, distinct pourtant à quelques égards de celui-ci. La tige d’un Gingko adulte n'offre jamais la régularité parfaite de celle des Sapins et des Araucarias ; l’axe principal est moins verticalement érigé, l'ensemble n’a rien de pyramidal, et les branches sont plutôt étalées et divariquées que verticillées par éta- ges, comme on le voit dans beaucoup de Conifères. L’en- semble affecte le port d’un peuplier ou d’un platane et consiste en une large tête surmontant une colonne puis- sante. Le mode de ramification propre aux Salishuria explique ce genre de port. Effectivement on distingue chez eux des pousses annuelles de deux sortes : les unes sont des jets allongés qui continuent la tige principale ou les rameaux secondaires et qui portent des feuilles alternes et espacées, la cinquième ou même la troisième feuille se retrouvant au-dessus de la première, après deux tours de 288 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. spire autour du rameau; ces sortes de jets ne sont pas les seuls : à l’aisselle des feuilles qui les garnissent, naissent au- tant de bourgeons qui presque tous donnent naissance, l’an- née d’après, à une rosette de feuilles, au nombre de 3 à 9, disposées suivant une spire d'insertion très-raccourcie, et, par le moyen d’une série de pareils bourgeons se succé- dant d'année en année, il se forme, à peu près comme chez les poiriers et certains peupliers, des rameaux courts, épais et cylindriques, couverts des coussinets discoïdes des anciennes feuilles, étroitement accolés, Sur ces ra- meaux Courts, comparables à ceux des cèdres, paraissent toujours les organes de l’un et l’autre sexe. Les jets longs sont au contraire constamment stériles ; mais les ramules courts ne persistent pas nécessairement dans le même état ; ils peuvent, parfois après des années, donner nais- sance à des bourgeons à bois et produire alors un jet long dont les feuilles produiront à leur aisselle de nouveaux bourgeons à ramules courts et à la fin fertiles. De cette sorte, les branches des Gingkos, examinées de près, présen- tent une alternance successive de jets allongés stériles et de rameaux courts finalement sexués. Cette disposition explique aisément l'irrégularité qui préside à l’ensemble des ramifications, entremêlées dans un désordre apparent sur les pieds âgés, tandis que les bourgeons terminaux, toujours solitaires, ne sont jamais groupés plusieurs en- semble comme dans un grand nombre d’Aciculariées, La découverte, dans la flore jurassique du Spitzherg (pl. 160, fig. 3), de rameaux courts conformés comme ceux du Ginkgo actuel est venue démontrer que l’organi- sation décrite précédemment est ancienne chez les Sais buria el qu’elle a constamment caractérisé ces arbres, même depuis des temps très-reculés. Les feuilles ont toujours TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 289 aussi présenté le même aspect. Au lieu d’être partagées en lanières dichotomes ou en segments étroits et acicu- laires, comme celles des Paiera et des Trichopitys, elles affectent plutôt, à partir du point où se termine le pétiole, un limbe en coin élargi, réniforme ou flabellé, entier ou lobé ou bien encore divisé en segments plus ou moins profonds, élargis au sommet, entiers ou émarginés le long des bords supérieurs. Dans les feuilles des Salisburia, le double faisceau qui parcourt longitudinalement le pé- tiole s'étale à l'entrée du limbe, et les deux branches ap- puient l’une d’un côté, l’autre de l’autre, de manière à cerner la marge de la partie basilaire; celle-ci va en s'élargissant et donne lieu à une lame plus ou moins dilatée, dont les bords supérieurs sont tantôt fimbriés, ou émarginés, tantôt bi-plurilobés, et que parcourent les veines sorties du dédoublement des deux faisceaux ; les subdivisions de ces veines, opérées à l’aide de dichotomies successives, s'étendent finalement jusqu’à la marge su- périeure du limbe. Le Salisburia adantifolia Sm. porte souvent des feuilles entières (pl. 1%4, fig. 1), mais il existe fréquemment aussi dans cette espèce des formes bilobées, chaque lobe demeurant entier ou se partageant à son tour en deux autres segments, le plus souvent eux-mêmes bilo- bés au sommet. Il en était de même du Sahisburia adian- toides tertiaire, dont les feuilles, ordinairement entières, étaient parfois aussi divisées en deux lobes. M. Heer a remarqué justement que les Sahisburia de la craie infé- rieure et du Wéaldien, dans la région arctique et dans l'Allemagne du Nord, s'éloignaient davantage de l’unique forme actuelle que lesespèces jurassiques du même genre; en effet, le Saksburia prémordialis Hr., par ses feuilles entiè- res, réniformes et échancrées à la base, les Salisburia pluri- Ile SÉR. VÉGÉTAUX. — III. 19 290 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE, partita Schimp. et arcetica Hr., par leur limbe profondé- ment lacinié, s'écartent notablement du type moderne du ginkgo. Cependant, on peut dire que le S. pluripar- tita wéaldien se rattache d'assez près au $. Æuttoni batho- nien, dont il n’est peut-être qu'une descendance, tandis que le S. primordialis Hr., de la craie supérieure du Groën- land, rappellerait plutôt le S. integriuscula Hr., du cap Boheman, tout en accusantune physionomie particulière, Le genre Salisburia est dioïque : les organes de l’un et l’autre sexe sortent en même temps que les nouvelles feuilles du sommet des ramules raccourcis ; les mâles sur le pourtour extérieur de la rosette, les femelles plu- tôt vers l’intérieur et à l’aisselle des feuilles qui la com- posent. La floraison a lieu au commencement d'avril, sous le climat de Montpellier. D’après une série d'échantillons accompagnés de notes, que je dois à l’obligeance de M. le professeur Martins, les chatons mâles avaient acquis leur entier développement, la déhiscence des loges avait eu lieu, et le pollen avait été disséminé le 16 avril 1875. A ce moment une garniture de feuilles bractéales (pro- phylles), avortées et scarieuses, pendait en dehors, cha- cune d'elles ayant un chaton mâle à son aisselle ; les feuil- les nouvelles étaient encore tendres et petites, avec le limbe triangulaire, repliélongitudinalement selon les bords latéraux. Vers le 20 du même mois, les loges à pollen étaient à peu près vides, et les feuilles avaient acquis un notable accroissement ; la fécondation était alors en grande partie opérée. Au 26 avril, on pouvait dèjà constater les effets de cette fécondation sur les ovules, et les rosettes de feuilles avaient sensiblement grandi autour des fleurs femelles. Enfin, dans les premiers jours de mai, les feuil- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 2914 les, sur les pieds mâles, comme sur les pieds femelles, avaient acquis leur développement normal. Nous avons précédemment (pl. 144, fig. 5) décrit et figuré les chatons mâles des Salisburia ; ils naissent au nombre de 3 à 6, formant un cycle situé entre les prophylles qui sortent les premières des écailles gemmaires opposées en croix, dont se compose le bourgeon, et la rosette de feuilles qui leur estintérieure. Nous avons dit que chaque fleur mâle com- prenait trois loges ou deux seulement attachées au som- met, terminé en forme de bouton obtus, d’un court pédi- celle et s’ouvrant inférieurement à l’aide d’une déhiscence longitudinale; à la suite de cette déhiscence, chaque loge s'étale en affectant un contour arrondi et prend l’as- pect d’une calotte légèrement convexe par-dessus, faible- ment concave sur l’autre face. Le nombre restreint de ces loges à pollen distingue les Salisburia proprement dits des Baïera qui en avaient 5-6-7 environ sur chaque pédi- celle. Les chatons mâles des Salisburia jurassiques ont été observés par M. Heer et attribués par cet auteur à son S. sibérica, des environs d’Irkutsk, que nous figurons ici, comme terme de comparaison (pl. 160, fig. 6-7). Nous avons également figuré (voy. pl. 144, fig. 1), les fleurs femelles pédicellées et surmontées d'ovules récemment fécondés, ainsi que les graines müres (pl. 144, fig. 2) du Salisburia adiantifolia Sm. Les organes femelles du genre peuvent être assimilés à des feuilles ordinaires dont le limbe aurait disparu en faisant place à deux ovules cor- respondant chacun à l’un des faisceaux qui émergent du pétiole. Ils constituent un appareil pédonculé, partagé au sommet en deux, exceptionnellement en trois ou même en quatre pédicelles très-courts et évasés en forme de disque cupulaire. C’est sur ce disque légèrement accru 292 PALÉONTOLOGIE FRANUAISE. que se trouve implanté l’ovule surmonté d’un exostome et ensuite, après la fécondation, la graine drupacée, souvent unique par avortement. Cette graine, dans l’es- pèce actuelle (pl. 144, fig. 2-4), acquiert la grosseur d’une cerise; lisse extérieurement, elle contient, sous l’épiderme, un sarcotesta Charnu, analogue à celui des graines de Ce- phalotaxus, et, sous cette partie charnue, un endotesta os- seux et lisse, lorsqu'on a soin de le mettre à nu, com- primé, lenticulaire ou trigone, dont la cavité renferme le nucelle. Lors de la maturité, le pédoncule quitte la bran- che, entraînant la graine, et celle-ci se détache aisément de l'expansion discoïde sur laquelle elle est implantée. L'un et l’autre organe et, dans certains cas, l’endotesta os- seux dépouillé de son enveloppe charnue ont pu passer à l’état fossile et laisser des empreintes reconnaissables. M. Heer a figuré effectivement dans ses dernières publi- cations sur la flore fossile arctique des vestiges qu'il rap- porte à des parties fructifiées des divers Sahsburia dont il a découvert les feuilles, et, malgré le peu de netteté des plaques bitumineuses dont il a disposé, ces attributions semblent des plus naturelles. C’est ainsi que nous avons eu connaissance des graines, encore revêtues de leur en- veloppe charnue, du Salishuria digitata et de celles du S. primordialis qui étaient géminées et assises sur une cupule discoïde, comme celles de l'espèce vivante. Ces graines sont pourtant en général plus petites, moins charnues, ovalaires plutôt que globuleuses, comparées à celles que nous avons sous les yeux (voy. pl. 160, fig. 2-5). L'existence du genre Salisburia, à l'époque jurassique, peut donc être considérée comme solidement établie, et cette existence s’est depuis lors prolongée sans interrup- tion jusqu’à nous. Cette longue durée s'accorde avec la TERRAIN JURASSIQUE., — VÉGÉTAUX, 29 3 faible variabilité que semble avoir toujours manifesté ce type. Dans tous les temps, ses espèces peu nombreuses ont dû s'étendre sur de grands espaces. En tout et grâce aux derniers travaux de M. Heer sur la flore jurassique de Sibérie, on peut énumérer un peu plus d’une douzaine de Salisburia dont quelques-uns font peut-être double em- ploi. Sept à huit d’entre eux se rangent dans le jurassique d'Europe, de la Sibérie ou de la zone arctique. L'espèce la plus ancienne serait le Sakisburia crenata (Brauns) Sap., du rhétien de Seinstedt; les plus répandues sont les Salis- buria digitata et Huttoni, surtout le dernier qui aurait existé simultanément, à ce qu'il paraît, dans le Yorkshire, au Spitzherg et en Sibérie. Les formes spéciales à cette dernière contrée, au nombre de quatre : Salishuria sibi- rica Hr., S. lepida Hr., S. Schmidtiana Hr., S. concinna Hr., sont les plus remarquables, comme les plus élégantes, par la profonde découpure de leurs feuilles (voy. pl. 169, fig. 1, une feuille du $S. Sibirica empruntée au Mémoire de M. Heer). Les espèces crélacées ne sont jusqu'ici qu'au nombre de quatre, plus probablement de trois, et une seule espèce, le S, adiantoides, a été signalée jusqu'à présent dans le tertiaire, Il est visible par conséquent, même en tenant compte des erreurs et de ce que dérobe à nos re- gards l'ignorance, quele genre Salisburia n’a jamais été plus florissant que lors de l’époque jurassique : même alors pourtant il ne comprenait qu'un nombre d’espèces fort restreint, et depuis il n’a cessé de décliner quoique par un mouvement très-lent, de façon à n'être plus représenté de nos jours que par une seule espèce, dont la station même est difficile à déterminer, en dehors des lieux où la culture des hommes s’est attachée à l'introduire et à la pro- pager. 294 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 160, fig. 6. — Salisburia (Ginkgo) sibirica Hr., feuille, d'après un dessin, commu- niqué par M. Heer, d’une empreinte jurassique des envi- rons d’Irkutsk, grandeur naturelle. — Fig, 7, mème espèce, chaton mâle, grandeur naturelle, même prove- nance. N° 1. — Salisburia digitata. PI. 160, fig. 1-5. Salisburia digitata, Heer, in lit. DiAGNoSE. — S. folis firme membranaceis longe petiolatis in laminam flabellato-semi-orbiculatam, basi subcordata obtu- sissime in petiolum attenuatam expansis, lamina 2-3-6 paräta, segmentis etiam apice truncato bilobis lacerisque, nervulis tenuibus numerosis dichotome furcato-divisis, e basi extrema folii usque ad limbi margines undique divergentibus ; ramulis abbreviatis cylindricis, cicatricibus foliorum lapsorum orbicu- latis dense obsitis, fasciculoque foliorum superatis ; — semini- bus mediocribus ovato-ellipticis sarcotesta tenur, ut videtur, prædhitis. Ginkgo digitata, Heer, Ueb. Ginkgo Thunbrg. p. 14, tab. fig. 1-3. — Cap Boheman, fig. 1-6. Baiera digitata, Schimp., Traité de Pal. vég.,f, p. 423, pl. xLiv, fig. 1. = —= Brongn., Tab. des genres de vég. foss. Cyclopteris digitata, Brongn., Hist. des vég. foss., I, p. 219, pl. xur bis, fig. 2-3. TR — Sternb., Vers., IT, p. 66. (Non Cyclopteris digitata, Lindl. et Hutt., Foss.fl., tab. 64.) Cyclopteris digitata (ex parte), Ung., Gen. et sp. pl. foss., p. 9%. Adiantites digitatus, Gœpp., Syst. fil., p. 217. QE TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 29 Sphenopteris latifolia, Phul1Yorksh:5n6éd..2, tab. % fig. 18. — — (Excl. Synonymis aliis ut Cyclo- rteris digitata, l'unk., Monogr. Weald., p. 9, tab. 1, fig. 8-10, tab. 5, fig. 5-6; — Ettingsh., Beitr.z Fl. d, Wealden form., tab. 4, fig. 2; — Andrä, Lias- Fl,v. Steierdorf, qui ad Salisbu- riam (Baieram) pluriparittam Schimp., Cyclopteridemve (Sa- lisburiam)Huttoniin fra descrip- tam aut Baiïeras Müns'erianam tæniatamque spectant.) C’est l'espèce la plus anciennement connue eten même temps celle dont l’analogie avec le Salisburia adiantifolia est la plus frappante. Elle a été figurée très-exactement dans le grand ouvrage de Brongniart et, un peu plus tard, dans le Fossil flora de Lindley et Hutton ; mais jusqu'à ces derniers temps les feuilles de ce Salisburia jurassique ont été rattachées aux Fougères sous les noms de Cyclopteris, d'Adiantites et finalement de Zaiera. Dunker et après lui Ettingshausen avaient confondu sous la dénomination spé- cifique de PBatera digitata non-seulement les deux espèces de Scarborough, mais encore la forme wéaldienne, sépa- rée depuis avec raison par Schimper qui lui a imposé le nom de 2. pluripartita. Enfin, on avait été jusqu'à consi- dérer comme de simples variétés du Cyclopteris digitata de Brongniart, le Baiera tæniata Fr. Br. et certaines formes du Baiera (Jeanpaulia) Münsteriana qui n’ont en réalité rien de commun avec l’espèce oolithique que nous décrivons, sinon d’appartenir comme elle à la tribu des Salisburiées. M. Heer a démontré le premier, ce qui a paru tout simple après lui, mais ce que l’on n'avait su deviner jusqu'alors, 296 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, que le Batera digitata était un vrai Salishuria. Les décou- vertes des Suédois dans le dépôt jurassique du cap Bohe- man, au Spitzherg, ont facilité, ilest vrai, la détermina- tion de M. Heer, en lui fournissant non-seulement des feuilles accompagnées de leur pétiole, mais encore des ramules raccourcis et des fructifications. Dès lors le doute n’a plus été permis, et il a suffi de placer les feuilles fos- siles du Salisburia digitata à côté de celles de notre Ginkgo pour s'étonner que l'attribution générique des premières ait tardé si longtemps à se faire. Pour mieux nous rendre compte de l'espèce que nous allons décrire et qui, jusqu'à présent, n’a pas été rencontrée en France, nous avons obtenu de M. le professeur Schimper la communi- cation d’un échantillon authentique de Scarborough, con- forme aux figures de M. Brongniart, et dont la figure don- née par nous (pl. 161, fig. 1) est une reproduction directe. Le pétiole manque sur cet échantillon, mais un des exemples du cap Boheman représenté par la figure 2, pl. 160, le montre dans.son intégrité : ilestlong et mince, il affecte à peu près les dimensions proportionnelles de ceux du Salisburia vivant. Le limbe est flabelliforme ; il s'étale surtout en largeur, en s’atténuant un peu à la base vers le haut du pétiole ; sa hauteur n’égale pas sa largeur ; les bords supérieurs dessinent un contour demi-cireulaire et se trouvent fimbriés ou plutôt partagés, au moyen de six incisures principales, en sept lobes ou segments courts, légèrement élargis en coin obtus-et eux-mêmes émarginés ou bifides à leur sommet. Les nervures fines et flabellées- dichotomes qui partent en rayonnant de la base du limbe s'étendent jusqu'à la marge dont le contour extérieur est dessiné par uneligne faiblementsinueuse. La consistance de la feuille a dûêtre plutôtfermeet même membraneuse que TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 297 vraiment coriace ; les nervures sont d’une grande fi- nesse. Les incisures des feuilles sont, plus irrégulièrement dis- tribuées dans le Salisburia digitata que dans aucune autre espèce du groupe. Ce sont plutôt des déchirures étroites et peu profondes dont le nombre varie et qui le plus sou- vent ne divisent pas le limbe en deux moitiés égales. L’in- cisure médiane n’est effectivement pas plus prononcée que les latérales et se trouve plus rapprochée de l’un des bords que de l’autre, en sorte que la feuille, comme le fait voir notre figure, semble présenter un lobe médian accom- pagné de deux à trois lobes latéraux. Les ramules raccourcis, figurés par M. Heer et par nous (pl. 160, fig. 3), proviennent du cap Boheman ; ils parais- sent se rapporter à la même espèce que celle de Scarbo- rough ou du moins à une variété polaire qui en aurait été très-voisine, mais dont les feuilles semblent avoir été généralement plus petites. Ces rameaux sont plus grêles, plus minces et couverts de cicatrices de coussinets fo- liaires plus petites et plus arrondies que ceux de l'es- pèce moderne ; ils offrent pourtant le même aspect et dénotent certainement le même mode de végétation. Quelques-uns d’entre eux sont encore surmontés de pé- tioles et par conséquent de feuilles en place. Les graines dont il existe plusieurs exemplaires, selon M. Heer (voy. pl. 160, fig. 4-5), sont bien plus petites que celles de notre Ginkgo (comp. les figures de la planche 160 avec celles de la planche 144, qui représente une graine adulte du S. adiantifolia) ; elles n’ont pas la même forme ; elles sont, non pas sphériques, mais ovalaires-ellipsoïdes et reposent sur un disque faiblement dilaté en eupule. L'endotesta osseux est visible ; il est entouré d’une enve- 298 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE, loppe charnue assez mince ; il est oblong comme le corps de la graine. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le Salisburia digitata (Brongn.) Hr. diffère de l'espèce vivante par ses feuilles moins atténuées en coin vers la base, plus étendues dans le sens de la largeur, non pas entières ni bilobées, mais incisées-fimbriées, à incisures nombreuses et peu pro- fondes. 11 en diffère encore par des ramules raccourcis plus minces et plus allongés, et enfin par le contour oblong et la petitesse relative de ses graines. Il n’est pas moins distinct du Salisburia Huftoni (Sternb.) Hr., dont les feuilles ont une consistance plus coriace, des segments moins nombreux et plus profondément divisés. LOCALITÉS. — Scarboroug (Yorkshire), étage bathonien ; Cap Boheman, à l’intérieur de l’Eiss-fiord ou fiord des glaces, sur la côte orientale du Spitzherg, étage du jura brun ou oolithe inférieure. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 160, fig. 1, Salisburia digitata (Brongn.) Hr., feuille presque complète, avec l’ori- gine du pétiole, d’après un échantillon original de Scar- borough, communiqué par M. Schimper. Fig. 2, autre feuille de la même espèce, provenant du cap Boheman et munie de son pétiole, d’après une figure empruntée à la flore fossile arctique (partie IV) de M. Heer, grandeur naturelle. Fig. 3, sommité d’un rameau court de la même espèce, encore garni de pétioles en place, d’après une figure du même auteur, grandeur naturelle ; même pro- venance. Fig. 4et 5, deux graines de la même espèce montrant leur insertion sur le disque pédonculaire, pour- vues de leur endotesta et d'une enveloppe charnue, relati- vement mince, grandeur naturelle: même provenance que les deux figures précédentes. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 299 N° 2. — Salisburia Huttoni. PI. 159, fig. 4-5 et 160, fig. 8. Salisburia Huttoni, Heer, in litt. DIAGNOSE. — S. fols sat longe petiolatis petiolo supra canaliculato, coriaceis, medio profunde primum partitis, seq- menfs eliam bi-tri-partitis lobatisve, ultimis obtuse basi cunea- ts apice rotundatis truncatisque, sæpius emarginatis bilobis sinuatisve, exteris medüs duobus latioribus ; nervulis furcato- divisis flabellatim decurrentibus, in segmento quolibet pluri- mis parallelis ad oram superiorem calloso-marginatam abrupte desinentibus. Ginkgo Hultoni, Heer, Ueb. Ginkgo Thunbrg., p. 2, tab: sigma Et 110, Cap Boheman, in Fl.!foss. arctica, IV, tab. 10, fig. 10. Cyclopteris Huttoni, Sternb., Vers., Il, p. 66. Adiantites Huttoni, Gæœpp., Syst. fil., p. 217. Cyclopteris digitata, Lindl. et Hutt., Foss. fl, tab. 64, (imago optima !). Baiera digitata (ex parte), Schimp., Traité de Pal. vég., 1, p. 423. — — (Exel. synonymis ad Baieram (Sulis- buriam) pluripartitam Schimp., Wealdensem speciem, Salisbu- riamque digitatam spectantibus.) Malgré la confusion que l’on a faite de cette espèce avec le Salisburia (Batera) digitata, d'une part, et, de l'autre, avec l'espèce wéaldienne, Salisburia pluripartita (Schimp.) Er., elle est distincte en réalité de l’une et de l’autre et présente des caractères qui doivent la faire décrire à part en toute sécurité. Grâce à M. le professeur Schimper, nous avons pu dessiner d'après des échantillons originaux 300 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. les figures que reproduisent nos planches, et qui tradui- sent très-fidèlement la physionomie et les traits distinctifs de l’ancierne espèce. Le sédiment sur lequel elle a laissé l'empreinte de ses feuilles diffère sensiblement des plaques argilo-schisteuses et bitumineuses sur lesquelles se montrent celles du Salis- buria digitata. Ce sédiment est un grès marneux en plaques rubannées de gris et de jaune, dont l’origine doit être reportée à une assise de sable fin tamisé par les eaux et déposé lit par lit, avec beaucoup de calme et de régularité. Les feuilles éparses à la surface du grès ont dû présenter une consistance coriace, ce qui ressort de l’épaisseur de la pellicule charbonneuse qui correspond à la substance foliacée encore en place. Le pétiole conservé sur une lon- gueur de deux centimètres et demi était peut-être un peu plus court que dans le S. digitata ; il est mince et visi- blement marqué, comme ceux du Ginkgo actuel, d'un sillon longitudinal assez prononcé ; il se bifurque dans le haut et donne lieu à deux segments principaux, eux- mêmes subdivisés à l’aide d’une incisure moins profonde que la principale, mais menée bien plus avant que celles du S. digitata. Le limbe est ainsi partagé en quatre lobes ou segments ordinairement entiers ; parfois aussi, comme le montre la figure 8, pl. 161, il se trouve scindé irrégulièrement en deux parties ; mais ce sont là des ano- malies plus ou moins fréquentes, et la figure 5, pl. 1459, conforme à celle du #oss/ Flora de Lindley et Hutton (pl. 159, fig. 4), montre que les feuilles du Salishuria Hut- tont présentaient normalement quatre segments courts et larges, taillés en coin obtus à la base, arrondis ou tron- qués au sommet et presque toujours émarginés ou obtu- rément bilobés ou encore sinués à l'extrémité supérieure, TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 304 Quelquefois, pourtant, la terminaison est simplement arrondie en spatule, comme dans les exemplaires d’Ir- kutsk en Sibérie et du Cap Boheman, figurés par Heer. Les segments médians sont toujours plus étroits et ordi- nairement plus distinctement émarginés ou lobés que les latéraux. La base dessine une courbe légèrement ren- trante qui s’atténue en coin très-obtus pour donner naïis- sance au pétiole. Les nervures sont moins fines, plus saillantes, plus régulièrement parallèles que celle du S. aigitata. On en compte un assez bon nombre, très-rap- prochées, à la surface de chaque segment. Elles vont se terminer le long de la partie tronquée et émarginée qui semble cernée par un rebord calleux, tantôt uni, tantôt dessinant de faibles sinuosités. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le Salisburia Huttoni s’é- carte beaucoup plus de l’unique Ginkgo actuel que le S. digitata. I] se distingue aisément de ce dernier par la consistance coriace de ses feuilles dont le limbe est moins étalé, plus petit, plus profondément divisé, avec des segments moins nombreux en forme de coin obtus, arron- dis ou émarginés, mais non fimbriés le long des bords supérieurs. Le S. Huttoni se rapproche davantage de l’es- pèce wéaldienne, S. pluripartita ; cependant les feuilles de celle-ci sont tout à fait laciniées, c’est-à-dire divisées en segments lancéolés et divariqués, dont le nombre s’é- lève jusqu’à huit, et qui sont tantôt simples, tantôt émar- ginés ou bilobés au sommet. Le Salisburia arctica Hr. du Cap Boheman ne constitue peut-être qu'une simple variété du S. pluripartita. Les segments de ses feuilles qui se rap- prochent par leur dimension de celles du S. Æutton: sont au nombre de 6 à 7 ; ils sont en même temps pluscourts et plus arrondis au sommet. D’après M. le professeur Heer, 802 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. les nervures de cette espèce sont aussi beaucoup plus fines que dans le S. Æuttoni, et la consistance paraît être plus mince. Dans les Salisburia sibirica Hr. (pl. 160, fig. 6) et lepida Hr., du Jura brun sibérien, les segments sont plus étroits, plus atténués dans le haut, et plus nombreux que dans le $. Æuttoni; maisle Salisburia Schmidtiana Hr., de la même région, en diffère réellement très-peu; il semble servir de lien entre les Salisburia Huttont et pluri- partita, bien que les figures de M. Heer soient trop peu nombreuses pour donner lieu à de sérieuses conclusions à cet égard. LOCALITÉS. — Scarborough dans le Yorkshire, étage bathonien ; Cap Boheman, à l’intérieur de l’Eissfiord ou fiord des glaces, sur la côte orientale du Spitzhberg, juras- sique moyen ; Sibérie des environs d’Irkutsk, jura brun ou oolithe inférieure (Heer). EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 159, fig. 4, Salisburia Huttoni Heer, feuille presque entière, provenant de Scar- borough, d’après une figure du Fossil Flora de Lindley et Hutton. Fig. 5, autre feuille plus petite de la même espèce, d'après un échantillon original de Scarborough, communiqué par M. Schimper, grandeur naturelle. — PI. 160, fig. 8, autre feuille de la même espèce, irréguliè- rement incisée et munie de son pétiole, d’après une empreinte située sur la même plaque que la feuille pré- cédente, grandeur naturelle. Trib. II. — WALCHIEÆ. Folia spiraliter inserta, bast crassa insidentia, dorso cari- nata, sursum leviter incurvata, tum falcata longiusque pro- vecta, tum abbreviata pyramidat imque depresso.conveza, TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 303 mamillariformia scutellataque, dense conferta. — Strobili mediocres aut parvulé, terminales, persistentes caducive, ovato- cylindricr, e squamms plurimis spiraliter insertis simplicibus, antice plus minusve lanceolatis dorso carinats arcteque im- bricatis, ad maturitatem secus axin persistentibus, efformati; squama strobili ad bracteam cum receptaculo ovulifero minime producto omnino coalitam pertinens foliumque normale pau- lisper auctam aut fere immutatam referens. — Semina subqua- libet squama unica vel 9-3, libera inversaque, minuta, ala laterali cincta vel terminali superata, super ficiei squamæ insi- dentia. — Amenta mascula vix cognita, parvula, ovata vel globulosa, verosimiliter axillaria. Divers indices nous portent à admettre, bien que sans preuve directe ni décisive, que les Walchiées ont formé au- trefois une tribu composée de plusieurs genres et que l'existence de cette tribu, après s’être prolongée au delà du permien et du trias, aurait atteint et traversé toute la pé- riode jurassique. Elle s’y trouverait représentée par des types variés d’aspect, mais présentant ce caractère commun d’être pouvus de cônes conformés extérieurement comme ceux des Wa/chia et en ayant sans doute aussi la structure intérieure, bien que par l’aspect des rameaux et des feuil- les, les végétaux jurassiques dont nous parlons s’écartent le plus souvent de ceux dont nous les supposons sortis. Le genre Walchia est donc à nos yeux le type premier et la souche d’où seraient issus plus tard d’autres genres, el, parmi ceux-ci, 1l faudrait placer les Brachyphyllum juras- siques, siimparfaitement connus jusqu'ici. Nous avons décrit et figuré précédemment, dans le but de faciliter le rapprochement que nous cherchons à établir 304 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. les principaux organes des Walchia (voy. p. 233 et suiv., pl. 153, fig. 1-5); nous avons vu que leurs rameaux, soit par la forme des feuilles, soit par la disposition des ramu- les, ressemblaient à ceux des Araucaria d'Australie (A. ex- celsa R. Br. et À. Cook R. Br., pl. 145, fig. 9 et 44), mais que leurs strobiles différaient de ceux des Araucaria par leur faible dimension, par leurs écailles persistantes, par les semences inverses, mais libres, petites, étroitement ailées, au nombre de 1 à 3 sur chaque écaille. L’écaille, sans qu'il ait été encore possible de s’en assu- rer, correspond sans doute à la bractée faiblement accrue, réunie au support ovulaire, dont la partie visible devait se réduire, comme cela a lieu dans les Dammara et les Cun- ninghamia, à un bourrelet ou rebord, servant à l'insertion des semences. L'inflorescence mâle des Walchia semble avoir consisté en chatons axillaires, groupés vers l’extrémité supérieure d’un ramule, de manière à constituer un ensemble analo- gue à ce qui existe chez les Cryptomeria. Nous avons rattaché aux Walchia les Ulmannia, en attri- buant au dernier de ces genres un strobile figuré par Gei- nitz qui offre l'aspect de ceux des Walchia. Les rameaux des Ulmannia, autant qu'il est possible d’en juger, nous ont paru couverts de feuilles plus épaissies à la base, plus co- niques, moins recourbées en faulx que celles des Walchia ; au total, ces feuilles se rapprochent assez sensiblement de la forme mamelonnée qui distingue ces sortes d'organes chez les Zrachyphyllum et, d'autre part, les feuilles de ces derniers, comme nous allons le voir, lorsqu'elles sont jeu- nes et que la fossilisation ne les a pas comprimées, bien que généralement épaisses et courtes, sont cependant toujours un peu recourbées au sommet, en sorle qu’elles TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 303 rappellent les organes correspondants des Walchia. On pourrait être tenté de rapprocher des Walchiées le singu- lier genre Palissya, à en juger par quelques-unes des formes décrites par Schenk, surtout par celles qui se rap- portent à son Pabssya aptera et dont les cônes, terminaux et persistants, sont formés d’écailles nombreuses, étroite- ment imbriquées, dilatées supérieurement en un appen- dice subrhomboïdal acuminé au sommet ; cependant, ces écailles, rattachées à l’axe qui les porte par un onglet aminci, paraissent avoir été écartées l’une de l’autre à la maturité, comme dans les Cryptomeria et les Arthro- taxis actuels, dont le Palissya aptera possède à cet égard l’aspect caractéristique. Il semble donc plus naturel de rattacher cette espèce à la tribu des Taxodio-Séquoïées. Pour ce qui est du Palissya Braunii Au mème auteur, son attri- bution à cette tribu est tout à fait probable, si l’on considère les rameaux avec leurs feuilles tantôt linéaires, uninerviées, tantôt plus courtes et rappelant celles des Sequoia ou bien encore des Glyptostrobus. Une telle pro- babilité se change en certitude, comme nous l’établirons plus loin, lorsque l’on rejoint à cette espèce les cônes ouverts et détachés dont l’auteur allemand à figuré un spécimen (1}. Ayant eu effectivement l’occasion d'exami- ner de près un de ces cônes recueilli à Saaserberg, près de Bayreuth, nous avons pu nous convaincre que la struc- ture de ses écailles, très-imparfaitement décrite par Schenk, dénotait un type entièrement nouveau, assez peu éloigné de celui des Vol{zia (2) : ici seulement, la bractée longuement acuminée et carénée sur le dos dépasse de beaucoup le support ovulaire qui déborde latéralement {1) Voyez Schenk, FI. de Grenrsch, tab. 4 , fig. 9. (2) Voy. ci-dessus, p. 237 et pl. 154, fig. 4-7. Ile SÉR. VÉGÉTAUX, — Ill, : 20 306 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, cette bractée et donne lieu à un appareil festonné, dont chaque lobe soutenait vraisemblablement une semence inverse. Mais si nous rejetons ainsi les Palissya à côté des Volt- za, des Glyptolepidium et des Schizolepis, dans la même tribu que les Sequoia et les Arthrotaris, nous conservons en revanche bien des doutes au sujet de la véritable place à assigner à un autre type de Conifère jurassique, qui par la conformation de ses rameaux, aussi bien que par l’as- pect de ses cônes, semble reproduire à l’époque ooli- thique une image assez fidèle des anciens Walcha : nous voulons parler du Zycopodites Williamsonis (Brongn.) Lindl. et Hutt. (1) (Zycopodites uncifolius Phill., Geol, Yorksh.,. 1, p. 147, pl. 7, fig. 3) qui n’est certainement pas une Lycopodiacée, comme l’admettait récemment encore M. Williamson, mais dont les affinités véritables n’ont pu être jusqu'à présent déterminées avec certitude, puisque M. Brongniart, dans son Z'ableau des genres (2), range cette espèce dans les Palissya, avec doute, il est vrai, et que M. Schimper (3), avec doute également, la place à la suite des Pachyphyllum. Le dernier de ces auteurs se plaint de la figure évidemment faulive du Fossil Flora ; mais il nous a été permis de dessiner depuis un autre cône de l’espèce anglaise, d’après un échantillon de Gristhorpe Bay (envi- rons de Scarborough), appartenant à la collection du mu- séum de Paris; nous le reproduisons ici (voy. pl. 162, fig. 1), à titre de terme de comparaison, en l’accompa- gnant d’un fragment de rameau grossi (fig. 2), emprunté à un exemplaire qui nous a été communiqué par M. Schim- (1) Lindl, et Hutt., Foss. fl. of Gr. Brit., I, 93. (2} Tab. des genres de vég. foss., p. 106. (3) Traité de Pal, vég., I], p. 251. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 307 per et qui provient aussi de Scarborough. Les feuilles de cette espèce sont ordonnées en spirale, dilatées à la base, épaisses, tétragones, élancées et falciformes au sommet ; elles ressemblent à celles des Walchia et de certains Arau- caria. Le cône est terminal dans la figure de Lindley, il est latéral et supporté par un court ramule dans notre exem- plaire, c’est-à-dire que le rameau se prolonge au-dessus du strobile qui se trouve déjeté et horizontal. Le strobile a l'apparence extérieure de ceux des Walchia et aussi de ceux des Prachyphyllum que nous décrivons plus loin (pl. 165). I se compose d'’écailles nombreuses, étroite- went imbriquées et érigées dans leur portion visible, donnant lieu à un prolongement terminal en fer de lance, carénées sur la face dorsale et plus ou moins acuminées au sommet. Ces cônes ont une dimension supérieure à ceux des Walchia, mais leur taille, toute proportion gar- dée, est de beaucoup inférieure à celle des cônes d’Arau- caria, qu'ils rappellent pourtant à l’état jeune. Ils sont ovales ou ovaies-obiongs, obtusément coniques, et leur plus grande longueur n’excède pas 4 centimètres et demi. Il est impossible de rien affirmer au sujet de leur struc- ture intérieure, et cette circonstance empêche de décider si ce type constitue un genre assimilable aux Walchiées ou une sorte d’Araucariée primitive, plus ou moins dis- tincte des véritables Araucaria ou encore un Pachyphyllum, comme l’a conjecturé Schimper. Chez les Brachyphyllum, ainsi que nous allons le voir. les feuilles par leur épaisseur inusitée, jointe à leur faible saillie, s’écartent beaucoup, en apparence au moins, de celles des Walchia permiens et du Pachyphyllum ? Wil- liamsont ; mais les cônes petits, souvent caducs et pourvus d’écailles étroitement imbriquées, lancéolées antérieure- 308 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. ment et persistantes, présentent une conformité apparente de structure tellement étroite, avec ce que nous montrent les Walchia, que nous nous croyons autorisé à considérer, au moins provisoirement, les deux types comme alliés et ayant fait partie du même groupe ou tribu. Ce groupe, dont le développement hâtif aurait précédé celui de la plu- part des autres tribus de Conifères encore existantes, et qui représenteraitune sorte d'état primitif des Araucariées, tout en confinant aux Séquoïées, ne se serait pas perpétué jus- qu’à nous. Il aurait cédé la place à des tribus plus jeunes, plus variées et plus vigoureuses ; il aurait disparu, à ce qu’il semble, vers la fin de l’âge jurassique, et son déclin aurait coincidé justement avec le temps auquel les Arau- cariées, les Cupressinées et les Abiétinées commençaient au contraire à prendre leur essor. EXPLICATION DES FIGURES. — Planche 162, fig. 4, Zyco- podites (Pachyphyllum, Schimp.) Wälliamsonis Lindi. et Hatt., cône attaché au rameau, d’après un échantillon de Scarborough, appartenant à la collection du muséum de Paris, grandeur naturelle; fig. 2, rameau de la même espèce grossi, d’après un échantillon de la même localité, communiqué par M. Schimper. QUATRIÈME GENRE. — BRACHYPHYLLUM. Brachyphyllum, Brongn., Prodr., p. 109. — Tab. des genres de vég. foss., p. 69 (ex parte). = Lind. et Hutt., Foss. Fl., III, 188 et 219. —. Endl., Syn. conif., p. 306. — Ung., Syn. pl. foss., p. 195. — Gen. et sp. pl. foss., p. 388. — Gœpp., Monog. conif. foss., p. 241. — Schimp., Trailé de pal. vég., I, p. 334. — Sap., Notice sur les pl. foss. du niv. des lits à poissons de Cerin, p. 36. — Sur une déter- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 309 min. plus précise de cert. genres de Coniféres (Comptes rendus de l'Ac. des sc., t. LXXXIV, p.258). — (Excel. synonymis plurimis Conife- ras fossiles, Brachyphyllis veris plane rece- dentesspectantibus, quibus diversi scriptores nec recte usi fuere, ut : Brachyphyllum, Braun, in Munst. Beitr., VE, p. 30; — Bru- Chyphyllum, Braun, Verz., p. 101 ; — Bra- chyphyllum (Münster !), Ung., Bot. Zeit., 1849, p. 348; — Brachyphyllum, Scheok, F1. d. Grenzsch., p. 187; — etiam Brachy- phyllum quoad B. peregrinum Brongo., in Tabl. des genres, p. 10#). DIAGNOSE. — ÆRami sparsim pinnati ramulis alternis erec- tiusculis cylindricis, sæpius rigidis ; folia spiraliter insert abbreviata vel brevissima basti late rhombæa insidentia, in statu juvenili etiam minime producta, cæterum conica mamil- læformia, apice obtusissime 1ntus recurva, plerumque carnosa vel sallem firma crasseque coriacea, dorso autem plus minusve carinata glandulaque sæpe notata, postea ætlatis decursu in cauhbus adultis dilatata depressaque, areas scutellasque conveziusculas requlariter rhombæas hexagonulasque puncto medio signatas efformantia ; — strobilimediocres aut parvuli verosimiliter terminales, e squamis plurimis arcte imbricatis sursum lanceolatis aut rartus in apophysim tncrassatis antice- que carinatis et post maturitatem sexus axin persistentibus constantes ; — semina minulissima ala brevi superata inversa liberaque in quacumque squama 1-3 ; —amenta mascula ovata globosaque, parvula, ut videtur axillaria, bast involucrata post- que pollinisationem caduca, e squamulis arcte imbricatis an- tice in appendicem lancealatum dilatatis composita. Mamillaria, Brongn., Note sur les vég. foss. de l'Ool. à Fougères de Mamers, in Ann. des sc.nat., t. IV, 1825. 310 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. — Ung., Gen. et sp. pl. foss., p. 308.- Moreauia (ex parte), Pom., Mat. pour servir à la FL, jurass. de la France, in Amtl. Ber. deutsch. Na- turf., 1849, p. 350. HISTOIRE ET DÉFINITION. — Aucun genre de Conifères fossiles n’a donné lieu à plus de confusion et d'incertitude que le genre Brachyphyllum, dont le nom, heureusement choisi cependant, exprime très-bien le trait principal de sa physionomie. Les caractères du genre avaient été origi- nairement saisis avec beaucoup de sagacité par M. Bron- gniart à qui il faut en rapporter la découverte ; mais au- cun, il faut le dire, ne diffère autant de ceux que nous avons sous les yeux, au point de faire douter qu’il s'agisse réelle- ment d’une Conifère, plutôt que de toute autre plante pha- nérogame. Le Brachyphyllum mamillare Brongn. a été originaire- ment considéré comme une Conifère d'attribution incer- taine : Gœppert, Endlicher et Unger le rangèrent à la suite des Abiétinées ; Brongniart, dansson Tableau des genres de végétaux fossiles, qui date de 1849, plaçait les Brachyphyl- lum entre les Sequoia etles Albertia, dans la tribu des Abiétinées, tandis que Schimper, dans son dernier ou- vrage (1), les a reportés, comme genus incertæ sedis, à la fin de son ordre des Taxodiacées, après les £chinostrobus et les Widdringtonia. L'une des formes principales du genre, le Zrachyphyllum Desnoyersi avait reçu primitive- ment de M. Brongniart la dénomination de Mamillaria, comme se rapprochant par l'aspect de certaines Euphorbes frutescentes. Le Mamillaria Desnoyersu, séparé à tort de son congénère le Zrachyphyllum mamillare, figure dans le Genera de Unger parmi les Cycadées d'attribution incer- (1) Traité de Pal. vég., Il, p. 334. TERRAIN JURASSIQUE,. — VÉGÉTAUX. 311 taine, côte à côte des C'tenis et des Pachypteris ; enfin cette même espèce a été représentée, il n’y a pas longtemps, par M. Carruthers sans autre désignation que celle de « re- markable branche from the Oxford Clay. » Une difficulté, qui s’est longtemps opposée à une meil- leure connaissance des Prachyphyllum, provenait de la rareté ou même de l’absence de leurs débris dans les gise- ments les mieux explorés de l'Angleterre, de l’Allemagne et de la Scanie. La présence du 2. mamillare est excep- tionnelle dans les grès schisteux et charbonneux de l’ooli- the de Scarborough. Les schistes marno-bitumineux du rhétien de Franconie n'ont offert jusqu'ici aucun vestige de Prachyphyllum, puisque les végétaux ainsi nommés par Braun et plus tard par Schenk sont, en réalité, des Palissya ou bien ont donné lieu au genre Cheirolepis de Schimper (1). Les Brachyphyllum sont au contraire très-répandus en France : à Mende, dans le rhétien ; à Mamers et à Etrochey, dans le bathonien et l’oxfordien ; à Verdun et à Chateau- roux, dans le corallien ; à Cirin, à Orbagnoux, à Armaille, dans le kimméridien. Ces dépôts sont principalement des grès, des calcaires plus ou moins purs, formés à proximité des anciennes plages, au fond de certaines baies ou à l'embouchure des cours d’eau ; les végétaux ainsi entraînés ne vivaient pas au bord des lacs et des lagunes, ils ne s’é- levaient pas sur un sol humide et fréquemment inondé, comme la plupart de ceux qui composent les flores de Franconie et du Yorsksire ; mais ils vivaient plutôt dans des stations situées à l’abri de l’action immédiate des eaux et dans l’intérieur des terres. La différence entre ces deux sortes de stations se trahit par l'étude des plantes respec- (1) Schimper, Traité de Pal, vég., Il, p. 245. 312 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. lives; l'association végétale est loin en effet d’être la même des deux parts. Les localités fraîches étaient alors peuplées de fougères à frondes largement développées ou délicatement découpées, qui manquent pour la plupart dans les dépôts français ou ne s’y montrent que très-rare- ment. Les Clathropteris, Thaumatopteris, Dictyophyllum ne se trouvent représentés que par des fragments; point de Sagenopteris; le Pecopteris Withbiensis Brong., si carac- téristique et si répandu à l’époque jurassique, n’a pas été “rencontré en France où l’on remarque encore l'absence des Pterophyllum, des Nilssonia, des Palissya, l'extrême ra- reté des Podozamites et des Salishuria, si fréquents dans le rhétien de Franconie et de Scanie et dont les formes repa- raissent dans les lits bathoniens du Yorskshire. — En re- vanche, nous rencontrons en France des types que nous devons supposer par contraste avoir habité loin des fonds humides et des stations baignées par les eaux. Ce sont plus particulièrement des Fougères à frondes coriaces et médiocrement étalées, comme les C'fenopteris, Scleropteris, Lomatopteris, Cycadopteris et plusieurs autres, qui se mon- trent, non-seulement en France, mais aussi dans les dé- pôts de même nature de Solenhofen et des Alpes véni- tiennes. Ce sont encore des Zamites ou des Ofozamites, parmi les Cycadées, et enfin des Araucariées et des Cu- pressinées, parmi les Conifères. Les Prachyphyllum abon- dent dans cette seconde association, et la flore jurassique de France n’ayant été jusqu’à présent l’objet d’aucun tra- vail d'ensemble, il en résulte que ce genre, malgré sa sin- gularité, faite pour attirer l’attention, est resté confiné dans une sorte de demi-jour obscur, d'où nous allons es- sayer de le retirer. La disposition des feuilles répond le plus souvent à la TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 313 formule phyllotaxique 2/5 ou 3/8 ; toujours très-courtes, de consistance épaisse, coriace ou charnue, s’élevant en forme de mamelon conique plus ou moins déprimé, sur une base rhomboïdale, et presque entièrement adnées à la tige par cette base, elles varient pourtant assez notable- ment à mesure que l’on passe d’une espèce à une autre. Dans les cas les plus ordinaires, ces feuilles sont obtusé- ment coniques, carénées sur le dos et portant, à ce qu’il paraît, une glandule au-dessous de leur sommet, vers les deux tiers supérieurs de la carène dorsale. En les considé- rant par côté et de profil, on voit qu’elles se recourbent un peu en crochet par le haut, et que leur base seule estréelle- ment adnée à la tige, mais la partie libre et saillante de l'organe est toujours courte, même à l’état jeune, et se trouve bientôt effacée par le progrès de l’âge qui amène l’épaississement de la base adnée; la feuille prend alors l'apparence d’un écusson convexe, limité par un contour rhomboïdal (pl. 161, fig. 4, et 166, fig. 1). Mais, d’autres fois, et ce cas s’applique aux Brachyphyllum dont la physio- nomie est la mieux prononcée, les feuilles, au lieu de s’al- longer plus ou moins et de donner lieu, au-dessus de leur base, à une parlie saillante, prennent l’aspect de véritables mamelons obtus et convexes, insérés sur une base très- large dont la prompte accrescence fait disparaître la ter- minaison apicale, d’abord légèrement recourbée, de l’or- gane. Les feuilles se trouvent alors changées (voy. les planches 163 et 164, ainsi que plus loin les planches 179 et 172) en une série d'écussons convexes, exactement conti- gus, qui dessinent des compartiments en forme de losange ou d’hexagone, marqués au centre d’une cicatricule qui correspond, à ce qu’il paraît, à l'emplacement de la glan- dule résineuse. Ces écussons, séparés les uns des autres 314 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. par des sillons réguliers, persistent, en s’élargissant, sur les parties anciennes des tiges et les recouvrent d’une sorte de cuirasse continue, qui ne laisse pas que d'offrir de l’a- nalogie en plus petit avec ce qui a lieu chez les Cycadées et qui devait communiquer à ces végétaux de l’ancien monde un aspect spécial, rendu sensible par plusieurs de nos figures (voy. pl. 163, fig. 4, pl. 169 et 170, fig 1-2 et aussi la planche 172). Ces mêmes caractères se trouvent poussés à leur limite extrême dans l’espèce à laquelle le nom générique de HWa- millaria avait été originairement appliqué par M. Bron- gniart et dont les feuilles réduites, dès le jeune âge, à l'état de mamelons peu saillants, passaient promptement à celui de compartiments hexagones (pl. 163 et 164). Nous verrons que les rameaux de cette espèce singulière sem- blent n’avoir donné lieu qu’à des subdivisions peu nom- breuses et qu'ils devaient être érigés et trapus. Les Brachyphyllum en général ne présentaient rien d’é- lancé dans le port; leurs branches, dont nous figurons quelques-unes (voy. surtout les planches 167, fig. 1; 168, fig. ; 169,171, fig. 1, et 172) sont courtes, épaisses, nues ou couvertes de ramules, selon les espèces. Les ramifications sont alternes, non opérées dans le même plan, comme chez beaucoup de Cupressinées, mais plutôt vagues, irré- gulières, rappelant celles du Sequoia gigantea par l'aspect. Le port général doit être comparé à celui des Arthrotazxis qui semblent, dans la nature actuelle, retracer plus fidè- lement que d’autres types celui des Brachyphyllum, bien que ces derniers n'aient rien de commun avec eux, à ce qu'il paraît, au point de vue de leur affinité présumée. La place des Prachyphyllum, dans le paysage jurassique, était située à l'écart des eaux, sur les pentes et le long des TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 313 lisières des forêts de l’époque. A Mende, ces végétaux étaient associés à des 7'hénnfeldia ; à Étrochey, à des Lo- matopteris, à des Otozamites et à des Cupressinées (Palæocy- parts) ; à Verdun, on les rencontre mêlés à des Scleropteris et à des Stachypteris, à des Zamites, et les Conifères qui les accompagnent sont des Pachyphyllum, des Araucaria et des Wéddringtonia. Dans les localités dépendant du ni- veau des couches à poissons de Cirin, ce sont encore des Lomatopteris et des Scleropteris auxquels se joignent des Stenopteris, des Cycadopteris, puis des Zamuites et des Sphe- nozanutes qui se trouvent associés aux Prachyphyllum ; au- tour d’eux, se pressent en fait de Conifères, des Pachyphyt lum, des Araucaria et diverses Cupressinées. On peut voir d'ici, grâce à ce tableau, les Zrachyphyllum associés sur la lisière des grandes forêts jurassiques aux Araucariées et aux Cupressinées qui en constituaient la masse principale. A leurs pieds et sous leur ombre, se pressaient des Cyca- dées de taille médiocre, et le sol était couvert de Fougères à frondes raides et coriaces. La flore forestière de l’époque se trouve ainsi presque intégralement reconstituée. Il ne suffirait pas cependant de reproduire la physiono- mie caractéristique des Prachyphyllum jurassiques, si leurs organes fructificateurs et par cela même leur place systématique ne pouvaient être déterminés. A cet égard, les divers auteurs sont restés muets jusqu’à ces derniers temps, faute de documents, malgré quelques indices trop clairsemés et trop peu concluants pour autoriser une solu- tion. M. Brongniart avait obtenu, en effet, il y a plus de vingt ans, par l'intermédiaire de M. Moreau, quelques cô- nesrecueillis dansles calcaires oolithiques du corallien de la Meuse, à côté du Prachyphyllum Moreauanum, et M. Po- mel, qui tentait au même moment d’englober la plupart 316 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, des types de Conifères jurassiques dans son genre WMoreauia, considérait ces divers cônes et d’autres rencontrés par lui dans le calcaire lithographique de Chateauroux, à peu près sur le même horizon, comme représentant les strobiles mâles du groupe dont il s’efforçait d’établir l’existence. Nous avons entre les mains, grâce à la bienveillance de M. Pomel, la petite plaque de Chateauroux sur laquelle sont empreints les organes strobiliformes associés à des fragments de ramules, auxquels ce savant appliquait la dé- nomination de Moreauria Jauberti (1) eten décroutant l’un de ces cônes encore attaché à un bout de ramule et le compa- rant soit à ceux du corallien de Verdun, soit aux échantil- lons de même nature observés par nous dans les lits kim- méridiens d’Armaille et d’Orbagnoux, nous avons pu nous l'aire une idée assez juste, bien qu’encore imparfaite de ce que devaient être les organes reproducteurs des Brachyphyl- lum (voy. les planches 165, fig. 1, 167, fig. 2, et 174, lig. 5-9). Les cônes étaient généralement petits ou tout au moins de taille médiocre, ovales ou ovales-oblongs et plus ou moins atténués au sommet. Ils ressemblaient évidemment à ceux des Walchia. Ils étaient formés d’écailles nom- breuses, étroitement imbriquées et persistantes, terminées supérieurement par un prolongement ou apophyse ordi- nairement lancéolée, pourvue antérieurement d’une ca- rène dorsale plus ou moins saillante. Gette apophyse a pu dans d’autres cas, dont le cône de Verdun (pl. 167, fig. 2) fournit un exemple, devenir plus courte, plus convexe et présenter un contour rhomboïdal. Il est vrai que M. Heer a découvert récemment dans la flore jurassique d’Ust- (1) In Amtl. Ber. Naturf. in Aachen, p. 2050. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 317 Baley, localité dépendant du gouvernement d’Irkutsk en Sibérie (1), deux cônes globuleux encore attachés à un ra- meau dont les feuilles épaisses, courtes et serrées, rappel- lent beaucoup par leur structure et leur disposition celles des Brachyphyllum ; en désignant cette remarquable espèce sous le nom de Prachyphyllum insigne, le savant professeur de Zurich a pensé mettre la main sur l'organe fructifica- teur du groupe dontles Zrachyphyllum européens faisaient partie ; par conséquent, il a cru résoudre la question dont nous venons d’exposerlestermesetd’apprécierlesdifficultés. Sans aller aussi loin que lui, nous croyons qu’il a introduit du moins dans la discussion un élément sérieux, dont il faut bien tenir compte, d'autant plus que les cônes de son Brachyphyllum insigne, avec ses écailles conniventes, latéra- lement hexagonales, scutellées et marquées au centre d’une cicatrice déprimée, rappellent à l'esprit une empreinte in- complète, comprenant un certain nombre d’écailles con- tiguës à peu près pareilles, provenant du corallien de Ver- dun, que nous avons décrite précédemment sous le nom de Zanuostrobus index (2). Les cônes signalés par M. Heer pourraient donc être réellement ceux de certains Prachy- phyllum, sinon de tous, et ils pourraient représenter soit un genre à part, soit une section, caractérisés par des cônes autrement conformés que ceux desespèces dont nous décri- rons plus loin les strobiles. Ilest juste pourtant d’insister ici sur une remarque dont la portée n’échappera pas aux esprits nonprévenus. Nos exemplaires européens de Brachyphyllum sont infiniment plus nombreux, plus variés, ils présentent (1) Voy. O. Heer, Jura-Flora Ost-Siberiens und d. Amurlandes, p. 74, tab. 13, fig. 9,in Mém. de l’Ac, imp. des sc. de Saint-Péters- bourg, 8e série. (2) Voy. ci-dessus, t. Il, pl. 108, fig. 8. 318 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. des portions de rameaux plus étendus et mieux conservés que les rares fragments fournis à M. Heer par la flore si- bérienne d’Irkutsk. Le rameau qui supporte les deux côû- nes du Prachyphyllum insigne est au contraire d’une faible étendue et les feuilles dont il est couvert, bien que mon- trant de la ressemblance avec celles de nos Prachyphyllum, ne sont pas assez nettes pour dissiper tous les doutes; en outre ces feuilles ont très-bien pu appartenir à un type jurassique spécial à la Sibérie, inconnu ou non encore rencontré dans l’Europe contemporaine. Des genres dis- semblables de Conifères peuvent évidemment présenter un aspect analogue, si l’on s’en tient uniquement aux or- ganes de la foliation et nous verrons plus boin que les Pa- chyphyllum, bien que très-distants des Prachyphyllum, sont parfois malaisés à distinguer de ceux-ci. Il nous paraît donc impossible, sur la foi d’un spécimen isolé, provenant d’une région aussi lointaine, de laisser de côté les indices répétés que nous allons prendre en considération et, sans vouloir rien affirmer trop hâtivement, nous conservons provisoirement notre opinion, comme la moins invraisem- blable de celles dont nous ayons à faire choix. En admettant ce qui précède, on peut se demander quel était le mode d'insertion des ovules sur les écailles des cô- nes de Zrachyphyllum : nous pouvons à peine le conjectu- rer ; pourtant, l’un des Strobiles de Chateauroux (pl. 165, fig. 12) montrait son intérieur avant d'avoir été entière- ment découvert. Cet intérieur a pu être moulé et ce moule que nous reproduisons (pl. 165, fig. 12) laisse voir les écailles insérées sous un angle très-ouvert le long d’un axe relativement épais; elles se relèvent ensuite et deviennent ascendantes, en donnant lieu à une apophyse lancéolée qui leur servait de terminaison. Cette disposition semble TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 349 dénoter l’existence de semences inverses, situées comme devaient l’être celles des Walchia et comme le sont de nos jours celles des Cunninghamia. Les écailles de ces cônes étant persistantes, il s’ensuit que lessemences des Zrachy- phyllum étaient libres et s’échappaient à la maturité du strobile entr’ouvert. Celte supposilion se trouverait justi- fiée, si, comme tout porte à le croire, les organes épars observés à Orbagnoux, à côté d’un cône détaché, et que nous décrivons plus loin (pl. 171, fig. 6 et 6+), sont bien les graines d’un Brachyphyllum. La petitesse de ces graines visiblement inverses dans leur insertion, à nucule atténuée à son extrémité libre, surmontée d’une aile membraneuse, élargie et inégale, fournit un argument de plus en faveur de leur attribution à des strobiles d’une si faible dimen- sion. Ainsi, selon nous, les Zrachyphyllum auraient présenté, à l'extrémité supérieure de leurs ramules, des cônes petits ou médiocres, persistants ou caducs selon les espèces, ovoïdes ou simplement oblongs, composés d’écailles nom- breuses, ordonnées en spirale, étroitement imbriquées et apprimées, simples par suite de la soudure intime de la bractée et du support, attachées à l’axe sous un angle droit, puis redressées-ascendantes, terminées par un prolonge- ment apophysiaire lancéolé, épaissi, caréné sur le dos, plus rarement par une apophyse dilatée en un écusson rhomboïdal plus ou moins développé. Les écailles, dans tous les cas, persistaient sur l’axe à la maturité en s’écar- tant pour laisser échapper les graines. Celles-ci auraient été petites, inverses, libres, au nombre de deux à trois, comprenant une nucule surmontée ou entourée d’une aile membraneuse, plus ou moins développée selon les es- pèces. 320 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. Les chatons mâles doivent aussi attirer notre atten- tion ; nous sommes loin d’être certain de les posséder ; cependant, à Armaille, ainsi qu'à Chateauroux et même à Verdun, à côté des cônes que nous venons de signa- ler, on en observe d’autres d’une moindre dimension, ellip- soïdes ou subglobuleux, formés d’écailles petites étroite- ment imbriquées, convexes sur le dos, terminées par une pointe ou appendicule au sommet (voy. pl. 165, fig. 4? et 2, pl. 167, fig. 3, et 171, fig. 9), qui pourraient bien se rapporter aux organes mâles des Zrachyphyllum. Les cha- tons seraient comparables en petit à ceux des Dammara et aussi à ceux des Walchia tels que Gœppert les a décrits, d’une manière un peu confuse, il est vrai. Comme ces der- niers et à l'exemple des chatons mâles des Cryplomeria, ceux des Brachyphyllum auraient été axillaires et sessiles, disposés solitairement à l’aisselle des feuilles, vers la som- mité d'un rameau. Mais en les considérant ainsi nous émettons une simple hypothèse, qui n’a rien pourtant d’invraisemblable. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Les Brachyphyllum, en sup- posant exacts et définitifs (ce qui est loin d’être encore prouvé) les caractères que nous leur attribuons, se seraient surtout rapprochés des Walchia ; leur port aurait rappelé ce- lui des Arthrotazis actuels. Ils auraient différé des Araucaria par la persistance des écailles de leur cône et par leur semence libre, géminée ou ternée ; des Dammara par le pre- mier de ces caractères ; des Cunninghamia surtout par la conformation de leurs feuilles. Ils seseraient rapprochés des Abiétinées par la structure de leur cône et par la forme de leurs écailles, Enfin les Zrachyphyllum se seraient dis- tingués des Séquioïées par leurs écailles simples, réduites presque à la bractée, à peu près comme dans les Dammara TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 321 dont leur aspect les éloigne cependant si fort. On voit en somme que, malgré des analogies partielles, plus ou moins frappantes, les Prachyphyllum s’écartaient beaucoup de toutes les Conifères à nous connues, dans le monde ac- tuel. Type essentiellement jurassique, ils se montrent dès le rhétien et disparaissent, à ce qu’il semble, au-dessus du kimméridien, à moins que l’on ne veuille considérer le Brachyphyllum orbignyanum de Brongniart, comme un re- présentant attardé du groupe au sein de la période cré- tacée ; mais cette espèce nous paraît encore mieux placée parmi les Pachyphyllum, dont elle possède les traits carac- téristiques. N° 1. — Brachyplhyilum Papareli PI. 161, fig. 1-7. DIAGNOSE. — B. ramis cylindricis, hinc inde alterne ra- mosts vel etiam furcato-ramosis ; folis coriaceis brevissime productis arcte adpressis, apice obtusissèmo èn statu juvenili Sursum curvatis, dorso convexiore medio carinatis glandula- que antice paulo infra apicem signatis, secundum ordinem spr- ralem ? vel Ÿ insertis, postea in areas regulariter rhombæas depressiusculas lateribus exacte conniventes abeuntibus. Nous ne connaissons que les rameaux épars de ce Zra- chyphyllum, le plus ancien de tous jusqu'ici. La décou- verte en est due à M. Paparel, géologue distingué de Mende, qui a bien voulu nous en communiquer de nom- breux échantillons. Tous ces débris, consistant surtout en fragments de ramules disséminés dans toutes les positions et d'une conservation généralement remarquable, pro- viennent d’une zone calcaire dile des calcaires bleus et des II: Sr. VÉGÉTAUX. — II. M 322 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. mêmes lits que les 7’hinnfeldia dont les espèces ont été dé- crites dans le tome premier de cet ouvrage. Cette zone, supérieure au rhétien proprement dit, est séparée de lui par une épaisseur d'environ 100 mètres de calcaires jaunes et de cargneules qui se rapportent, pris en masse, à l'horizon de l’Ammonites planorbis et en contiennent la faune. « Dans les parties élevées de cette énorme assise, selon M. Fabre, inspecteur des forêts, dont je transcris l'explication, sont intercalés certains bancs d’un calcaire bleu siliceux, à pâte fine, renfermant des cypricardes indéterminables et du bois flotté; c’est un niveau fluvio-marin qui se prolonge depuis Mende jusqu’à Milhau (Aveyron). À Mende, un des bancs de la formation conlient des branches d’arbre en- tières, transformées en jayet; c’est la couche où se ren- contrent les 7’hinnfeldia et les Brachyphyllum. » Les mêmes couches passent sur quelques points, entre autres le long de la rive gauche de la rivière du Lot, à deux kilomètres en amont de Mende, sous les escarpements dits Petits- Enfers, à des plaquettes bitumineuses d'un gris bleuâtre dont la surface est occupée par de nombreux débris de Brachyphyllum, dont plusieurs ont conservé intacte leur structure; les anciennes liges étantseulement comprimées et réduites à l’état de charbon. Toute cette zone des cal- caires bleus siliceux et des plaquettes gris noirâtres se rapporte, dans l’opinion de M. Fabre, soit à la partie supérieure de la zone à Ammonites planorbis, soit à celle de l’Ammonites angulalus, c’est-à-dire qu’elle vient se pla- cer à un niveau sensiblement correspondant ou même identique à celui de Hettanges. J'ai reçu tout dernièrement en communication, de M. Auguste Ducrocq, de Niort (Deux-Sèvres), un échan- tillon découvert par lui dans l’infralias de Bourdevert près TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 323 de Chantonnay (Vendée), cet échantillon se rapporte in- contestablement au Brachyphyllum Papareli dont il repro- duit très-nettement tous les caractères. Notre figure 1, pl. 161, représente le spécimen le plus complet du gisement de Mende; elle nous montre un ra- meau entier ou une petite branche dont les ramifications alternes et successives prennent parfois l'apparence de di- chotomies. Les ramules ont quelque chose de flexueux et de divariqué à la fois; leur forme était visiblement cylin- drique. Les feuilles étaient insérées dans un ordre spiral dont la formule phyllotaxique, variable selon les parties que l’on examine, (pl. 161, fig. 4, 2°, 3*, 6 et 7) répondait aux fractions À, ?et 5. Les feuilles, même dans leur jeu- nesse (fig. 7), étaient visiblement coriaces, toujours très- courtes, presque entièrement adnées, étroitement appri- mées et terminées au sommet par une pointe très-obtuse, légèrement recourbée en faux et très-peu saillante. La face dorsale, distinetement carénée par le milieu et pourvue un peu au-dessous du sommet (fig. 2* et 3) d’une glandule saillante, dessinait une aire légèrement convexe, limitée par un contour rhomboïdal. Nos figures 2%, 3 et 7, légère- ment grossies et à divers degrés de grossissement, donnent une idée suffisante de ce qu'élaient ces feuilles à l’état jeune. Sur les parties déjà anciennes des rameaux (fig. 1 et1°), elles affectent une forme un peu différente; elles sont séparées les unes des autres par un Jéger sillon et se pré- sentent comme autant d'écussons rhomboïdaux, un peu allongés dans le sens transversal, faiblement convexes, dont la glandule occupe à peu près le centre, sous l'apparence d’une légère saillie dirigée en long et parfois à peine vi- sible (fig. 1*, 3 et 5). La faible épaisseur des rameaux de celte espèce, même dans les parties visiblement adultes, 324 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. annonce, à ce qu'il semble, un végétal de taille petite ou médiocre. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — L'espèce est particulière- ment voisine des Zrachyphyllum Moreauanum, Jauberti et gracile, qui appartiennent à l’oolithe moyenne ou supé- rieure. Il semble qu’elle diffère très-peu du 2. Jauberti (Pom.) Sap., dont il n’existe, il est vrai, que de très-petits fragments; mais les ramules de cette forme (pl. 165, fig. 1-4) paraissent pourtant plus grêles, munis de feuilles moins larges, que les organes correspondants du 2. Papa- reli (pl. 164, fig. 3 et 7). Les Prachyphyllum Moreauanum et gracile ressemblent beaucoup aussi, au premier abord, à celui de Mende; cependant l’espèce de Verdun est au- trement ramifiée et ses derniers ramules sont plus menus, plus allongés et plus multipliés ; ses feuilles de leur côté sont plus pointues, plus petites, plus nettement rhom- boïdales (1). D’autre part, le Brachyphyllum gracile, du ni- veau des lits à poissons de Cirin, présente, comme le mon- trent nos figures (pl. 168, fig. 2; 170, fig. 4-5; 171, fig. 1-4), des ramifications plus grêles, des feuilles plus oblongues, donnant lieu à un contour lancéolé, plutôt qu’à un écusson rhomboïdal. D’ailleurs la glandule dorsale est bien plus nette dans l’espèce rhétienne que dans celle du kimméri- dien d'Orbagnoux et d’'Armaille. Nous ne doutons pas que ces espèces ne doivent être distinguées, malgré leur affi- nité réciproque, qui témoigne seulement de l’uniformité d'aspect qui s’étendait d’une façon générale à tout le genre Brachyphyllum. LocariTÉs. — Calcaires bleus siliceux à pâte fine et à faciès lacustre, supérieurs à la zone à Ammonites planorbis (1) Consultez pour cette comparaison les planches 166, 167 et 168, / fig. 1. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 325 (horizon de l'Ammonites angulatus ?), des environs de Mende (Lozère), ferme de Roussel, à 800 mètres au nord de Mende, sur l’ancienne route nationale de Paris; pla- quettes avec débris de végétaux charbonneux, intercalés sur le même niveau, le long de la rive gauche de la rivière du Lot, en face de la ferme des Ramades: localités indiquées pour le jayet, sous les escarpements dits Petits-Enfers, par M. Kæcklin-Schumberger (Bull. de la Soc. géol., t. XI, p. 612, ligne 15\; nous tenons ces divers renseignements de M. Fabre, inspecteur des forêts. L'espèce, comme nous l'avons dit plus haut, a été également rencontrée dans l’infralias de la Vendée, à Bourdevert près de Chantonnay. Coll. de M. Paparel, de la ville de Mende, de M. l'abbé Boissonnade et la nôtre. EXPLICATION DES FIGURES. — Planche 161, fig. 1, Prahy- phyllum Papareli Sap., rameau entier, pourvu de ramifi- cations flexueuses, divisées par bifurcations successives, grandeur naturelle; fig. 1, portion grossie du même ra- meau. Fig. 2, fragment du rameau de la même espèce; fig. 2%, portion de la même figure grossie. Fig. 3, autre fragment de ramule grossi, pour montrer le mode d’agen- cement des feuilles, disposées selon la formule phyllo- taxique ?. Fig. 4, autre fragment de rameau de la même espèce, grandeur naturelle. Fig. 5, autre fragment de ra- meau, grandeur naturelle. Fig, 6, fragment de rameau de la même espèce, dont la substance végétale comprimée a conservé son organisation extérieure, grandeur naturelle ; lig. 6°, portion du même rameau grossie, pour montrer la forme et la disposition des anciennes feuilles. Fig. 7, som- mité d’un ramule légèrement grossi pour montrer la forme et l’arrangement des feuilles encore nouvelles, 326 PALÉOUNTOLOGIE FRANÇAISE. N° 2, —_ Brachyplhayiluma sansmillare. PI. 162, lig. 3-3. Brachyphyllum mamillare, Brongn., Prodr., p. 109 et 200; — Tab. des genres de vég. foss., p. 106. — — Lindi. et Hutt., Foss. F1. of Great Brit., tab. 188 et 219. — — Endl,, Syn. Conif., p. 306. — — Ung., Gen. et sp. pl. foss., p. 388; — Chl. protog., LXXIIL, — — Gæpp., Monogr. foss. Conif., p. 211, tab. 48, fig. 5. (Excl. Brachyphyllum mamillare , Schimp., Traité de Pal. vég., HE, p. 335). DIAGNOSE. — 2. ramis alterne pinnatim ramosis, ramulis numerosis flexuosis erectiusculis, ultimis gracilibus Ê folers e basi crassa arcte adpressis, in statu juventiliapice obtuso bre- vissime producto parum curvatis dorso convexiusculis, ætalis progressu postea mamillæformibus, exacte contiqus, leviter carinatis medioque umbonulatis, in areas hexzagonulas ad. su- perficiem ramorum veterum tandem mutatis, Brachyphyllum Phillipsiü, Schimp., Traité de Pal. vég., I, p. 336. Le Brachyphyllum mamillare est lespèce-type, d’après laquelle le genre a été établi en premier lieu par Bron- gniard. Découvert par le professeur Phillips dans l’oolithe charbonneuse de Haïbum-Wike, près de Wkhitby, dans le Yorkshire, il fut d’abord l’objet d’une courte description dans le Prodrome de Brongniart, en 1828; il a été ensuite très-imparfaitement figuré par deux fois, dans le Æossil flora de Lindley (tab. 188 et 219); en sorte que celte TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 327 plante, malgré son ancienneté et son importance, se trouve en réalité peu connue. M. Schimper s’est certaine- ment trompé en avançant (1) que les auteurs du #ossil Flora et, après eux, Gœæppert et Unger, avaient confondu le Brachyphyllum manullare de Brongniart avec l’espèce de Whitby, dont notre savant ami change le nom, pour cette raison, en celui de Prachyphyllum Phillipsu. M. Schimper confond lui-même ici le ZPrachyphyllum mamillare de Brongniart avec le Wanullaria Desnoyersi du même auteur qui constitue bien réellement, comme nous allons le voir, une espèce distincte de Zrachyphyllum. Les deux plantes n’ont jamais eu de commun entre elles qu’une similitude de dénomination, propre effectivement à faire naître la confusion, et Brongniart, d'accord en cela avec Lindley et Hutton, avait bien en vue le PBrachyphyllum du York- shire, découvert par Phillips et communiqué à lui par ce professeur, lorsqu'il créait le genre en appliquant à l’unique espèce qu'il comprenait, la désignation de Bra- chyphyllum mamillare. Le Mamillaria Desnoyersi, considéré alors comme voisin des Euphorbes, tomba plus tard dans une sorte d’oubliet le Tableau des genres de Végétaux fos- siles, paru en 1849, ne le mentionne même plus. Voici comment s’exprimait M. Brongniart à l'égard du Brachyphyllum mamillare de Whitby, au moment où il signalait l’espèce pour la première fois : « Ces fossiles, trouvés à Whitby, offrent des tiges divisées en rameaux nombreux, pinnés, flexueux, couverts de feuilles très- courtes en forme de mamelons ovoïdes ou un peu coni- ques. Ces feuilles paraissent insérées en spirale... En outre les rameaux ne sont pas doublement pinnés.... Nous dési- (1) Trailé de Pal. vég., I, p. 335. 328 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. gnerons ces plantes singulières, dont il existe peut-être deux espèces à Whitby, sous le nom de Zrachyphyllum. » Cette première étude avait été accompagnée de dessins exécutés avec soin, dont nous reproduisons ici les princi- paux (pl. 162, fig. 6-7), que nous tenons de l’obligeance de notre maître regretté. Dans l’ouvrage postérieur, inti- tulé Tableau des genres de Végétaux fossiles, Brongniart définissait ainsi les Prachyphyllum, en y englobant, il est vrai, d’autres Conifères qui depuis en ontété distraites avec raison : « Je donne ce nom à des Conifères à feuilles al- ternes, disposées en spirale, courtes, charnues, insérées par une base large et rhomboïdale (1)... » Voici, d'autre part, la description des auteurs du Fosse! Flora qui n’est pas à dédaigner, puisqu'ils ont eu certainement sous les yeux la plante dont ils donnaient la diagnose : « Le fossile a ses branches anciennes étroitement recouvertes de feuilles courtes, ovales, plutôt obtuses, appliquées, sans nervures, squamiformes, diminuant en nombre à mesure que l’épais- seur du rameau diminue, jusqu'à ce que, tout en conser- vant leur forme, elles deviennent simplement alternes sur les plus jeunes rameaux. » Ces différences dans la disposi- tion des feuilles dont l’ordonnance spirale varie selon les parties que l’on examine, er sorte que les rangées foliaires sont plus nombreuses sur les rameaux anciens, plus courtes et soumises à la formule phyllotaxique £ ou même sur les plus petits ramules, ces mêmes différences s’ob- servent chez la plupart des Zrachyphyllum et tiennent sans doute au mode de croissance particulier à ces arbres et aussi à la caducité probable des derniers ramules, dis- nets des pousses terminales, destinées au prolongement (1) Tab. des genres de vég. foss., p. 69. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 329 de la tige, comme cela se voit en effet chez un grand nombre de Conifères vivantes, entre autres chez les Gly- ptostrobus et les Sequoia. Cette disposition variable est parfaitement visible, au moyen des ramules de Haibum- Wicke que nous figurons (pl. 162, fig. 3 et 4) et surtout de la figure grossie 4°; non-seulement les feuilles varient de disposition, mais surtout elles varient de forme suivant les parties que l’on examine, et c’est là, nous le croyons, ce qui portait M. Brongniart à admettre, comme possible, l'existence de deux espèces à Whitby. Les feuilles des petits rameaux (pl. 162, fig. 3, 4 et 7), toujours adnées par une large base, ovales et squami- formes, étaient plus saillantes que les autres, un peu re- courbées en crochet obtus, convexes sur le dos et légère- ment imbriquées. La figure grossie 7° due à M. Brongniart, combinée avec la nôtre 4, faiblement grossie, permet de saisir le caractère de ces feuilles qui offrent pourtant des transitions vers celles des ramifications terminales (fig. 6). Celles-ci étaient plus obtuses, plus ovales, en forme de mamelons arrondis oblongs et convexes ; elles portaient sans doute sur le dos, muni d’une carène très-peu mar- quée, une glandule saïllante, dont le vestige persistait, avec l’aspect d’une protubérance, sur les compartiments hexagones ou subrhomboïdaux, auxquels les feuilles don- naient lieu dans les parties déjà anciennes (pl. 162, fig. 5). Les figures 6° et 6”, dues à M. Brongniart et qui sont très- grossies, conformes à celles que nous avons dessinées (fig. 5? et 5°), sur des fragments provenant de Salt- wick, près Whitby, laissent juger suffisamment de la forme de ces feuilles et des transformations successives qu'elles éprouvaient par le progrès de l’âge. La figure 6, reproduite de grandeur naturelle, d'après une esquisse de 330 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE, M. Brongniart, montre qu’elles revêtaient à la fin l’appa- rence d’écussons hexagonaux, émoussés sur les angles, allongés dans le sens de la hauteur et légèrement convexes. Cette même forme ressort également de la figure originale du professeur Phillips, reproduite avec quelques modifi- cations par les auteurs du Fosse! Flora et communiquée en 1828 à M. Brongniart qui à bien voulu nous la confier. Cette figure, trop informe pour être reproduite ici, repré- sente une branche entière du Brachyphyllum mamillare : elle est érigée, mais un peu flexueuse et donne lieu à une suite de ramifications alternes, elles-mêmes subdivisées en ramules de dernier ordre. L'ensemble est moins touffu, plus élancé et plus élégant que dans l'espèce d’Armaille (Brachyphyllum gracile), bien moins trapu et moins nu que ne le sont les rameaux du Zrachyphyllum Desnoyersi d’'Etrochey. Le 2. mamillare rappelle davantage l'espèce de Verdun, 2. Moreauanum ; mais chez ce dernier les feuilles sont plus inenues, plus courtes, et elles donnent lieu sur les parties anciennes à des écussons plus régulière- ment rhomboïdaux. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Les détails qui précèdent permettent d'apprécier les caractères différentiels du Brachyphyllum mamillare qui n’a pas encore été rencontré en France, mais que nous avons tenu à décrire comme étant la forme typique du genre. Elle tient le milieu, selon nous, entre les Zrachyphyllum Papareli et Moreauanum, mais on ne saurait la confondre avec aucune de ces deux espèces, bien qu'elle paraisse se rapprocher davantage de la seconde. LOCALITÉS. — Environs de Scarborough, dans le York- shire, oolithe charbonneuse, étage bathonien, principale- ment à Haibum-Wicke et à Saltwick, près de Whitby ; — TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 331 musée de la société philosophique d’'York et collection du muséum de Paris. EXPLICATION DES FIGURES. — Planche 162, fig. 3 et 4, deux petitsrameaux de Brachyphyllum mamillare Brongn., d’après des échantillons provenant de Haibum-Wicke, près de Scarborough, recueillis par M. Williamson en 1845 et appartenant à la collection du muséum de Paris (n° 4856), grandeur naturelle; fig. 4°, l’un d’eux légèrement grossi, pour montrer la forme et l'agencement des feuilles jeunes. Fig. 5, fragment de rameau de la même espèce, d’après un échantillon de Saltwick, près de Whitby, appartenant à la collection du muséum de Paris (n° 1714), grandeur naturelle ; fig. 5, 5°, 5°, feuilles vues sous plusieurs gros- sissements, pour montrer la forme qu’elles affectent sur des rameaux déjà anciens. Fig. 6, rameau de Prachy- phyllum mamillare d’après une esquisse de M. Brongniart, représentant un échantillon de Whitby, observé par lui dans le musée de la Société philosophique d’York; fig. 6, feuilles du mème rameau grossies, d’après un dessin ori- ginal de M. Brongniart; fig. 6°, autres feuilles grossies d’après un dessin du même auteur. Fig. 7, rameau de petite taille de la même espèce, d’après une esquisse de M. Brongniart, ayant la même origine que le précédent, grandeur naturelle; fig. 7°, feuilles de ce même rameau fortement grossies, d’après un dessin original du même savant. N°3. — Brachyphyllum Desnoeyersii. PI. 163, fig. 1-9, et 164, fig. 1-13. DIAGNOSE. — 2. ramus crassioribus erecto rigidis plerum- que nudis, hinc inde furcato-ramosis, ramulis brevibus oblusis 332 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. ascendentibus divaricatisque ; foliis mamillæformibus ad- presse basi lata affixis, tumidis, primum breviter productis parumque apice obluso curvatulis, in areas convexiusculas rhombæas hexagonulasque lateribus exacte convententes, glandulæ loco cicatrice punctiformi signatas ætatis incessu tandem mutatis el tune super ficiem ramorum veterum scutellrs regulariter clathratis delineantibus. Mamillaria Desnoyersii, Brongn., Note sur les vég. de l’oolithe à Fougères de Ma- mers, in Ann. des sc. -nüts, COINS D: 419, pl. 19, fig. 9-10; — Prodr., p. 163 et 200. — — — — Ung., Gen. et sp. pl. foss., p. 308. Brachyphyllum mamillare (ex parte), Sch imp. {non Brongn.), Traitéde Pal. K669 ie: 355. Remarkable branches from the Oxford Clay, Carrutb., Brit. foss.,, Conif. in Geol. Ma- gaz., VI, n°1, Janv. « 1869.;2D° 07, SDIFRe, fig. 12-13. L'aspect singulier des rameaux de cette espèce attira de bonne heure sur elle l'attention de M. Brongniart. Elle fut décrite par cet auteur, en 1825, dans une note insérée à la suite du mémoire de M. Desnoyers, intitulé : Observa- tions sur quelques systèmes de la formation oolithique du nord-ouest de la France et particulièrement sur une oolithe à Fougères, de Mamers, dans le département de la Sarthe (4). (1) Ann, des sc. nat., t. IV, p. 353, pl. 19, fig. 9 et 10. TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 333 M. Desnoyers, avec une grande sûreté de jugement, syn- chronise dans ce mémoire le calcaire oolithique de Ma- mers, à pâte tendre grisâtre finement grenue, pétrie de débris de végétaux, avec la partie supérieure de la grande oolithe et spécialement avec l’oolithe de Stonesfield et le cornbrash anglais, étages qui confinent à l’oxfordien. L’oolithe à plantes, de Mamers, est elle-même située vers le sommet d’une grande formation, qui correspond certai- nement à l’ensemble du bathonien, et surmontée par des sables et des grès, des calcaires et des argiles, dont l’en- semble se rapporte à l’horizon de l’oxfordien. Les végétaux les plus fréquents, selon M. Desnoyers, sont des em- preintes de tiges, enfouies à l’état de fragments et ayant laissé dans le sédiment le moule de leurs parties exté- rieures. Ces débris sont disposés dans le plus grand dé- sordre; ils diffèrent entre eux de grosseur et d’aspect et montrent la trace reconnaissable et souvent profonde des réticulations, plus ou moins régulièrement dispo- sées et le plus souvent en forme de mamelons hexago- naux, dont leur superficie était recouverte. Ces tiges reçurent de M. Brongniart la dénomination de Mamillaria Desnoyersi ; voici comment s’exprimait à leur égard l'illustre savant : «Ces tiges, en général simples, paraissent cependant quelquefois se diviser en deux ou troisrameaux. Leur grosseur varie depuis un peu moins d’un centimètre jusqu’à deux ou trois centimètres de diamètre; leur tissu est complétement détruit et la place qu’elles occupaient n’est plus qu’une cavité enduite d’une légère poussière brune. Le moule produit par ces tiges montre que leur surface était entièrement couverte de tubercules à base hexagone, formant des sortes de pyramides obtuses à arêtes quelquefois très-marquées. Ces tubercules sont dis- 334 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. posés en séries longitudinales très-régulières, lorsque la compression ne les a pas déformés, et l’on voit que ces séries ne sont pas tout à fait parallèles à l’axe de la tige, mais forment une sorte de spirale très-allongée, Dans les tiges les plus petites, ces tubercules paraissent terminés supérieurement par un sommet arrondi, sans aucune cica- trice; mais, dans les plus grosses, on voit toujours que leur sommet était creusé d’une fossette hémisphérique.., qui était probablement la cicatrice d’un point d’insertion des feuilles ou d’aiguillons. » Sauf ce dernier détail sur lequel s’appuyait M. Brongniart pour rapprocher son Mamullaria Desnoyersi de certaines Euphorbes arborescentes, tout est parfaitement exact dans la description qui précède. Nous avons pu nous en assurer, en obtenant de M. Desnoyers lui-même la communication d’un certain nombre d’échan- tillons de Mamers, échappés à la perte de sa collection par l'effet de la guerre due à l'invasion prussienne. Les dessins de divers fragments de toute dimension, reproduits par nos figures 9, pl. 163, et 1-6, pl. 164, permettent de constater l’existence des principaux caractères signalés en premier lieu, entre autres des feuilles mamelonnées, en pyramide courte, assises sur une base plus ou moins hexa- gone et terminées supérieurement par une cicatricule dé- primée en forme de fossette, d'autant plus prononcée que les feuilles sont plus âgées et plus larges. Cette fossette se rapporte sans doute à la glandule qui se montre à la face dorsale des feuilles dans la plupart des Brachyphyllum ; ici seulement, les feuilles affectent la forme de protubé- rances obtuses, même dans leur jeune âge, et elles se changent promptement en un écusson à convexité plus ou moins saillante dont la glandule, à la fin déprimée, occupe le sommet. 11 est donc bien certain que le Mamillaria TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 335 Desnoyersu est un véritable Brachyphyllum qui ne diffère des autres espèces du genre que par l’exagération des ca- ractères qui servent à distinguer celui-ci. Grâce aux indications de M. Édouard Flouest (1) et à l’aide obligeante de M. Jules Beaudoin, l’espèce de Mamers a été retrouvée par nous à Etrochey, près de Chatillon- sur-Seine (Côte-d'Or), à peu près sur le même horizon que dans le Calvados. Elle fait certainement partie de la flore de cette riche localité et se trouve associée, dans les cal- caires stratifiés en Jits puissants qui renferment les plantes, au Lomatopteris burgundiaca, aux Otozamites pterophyl- loïdes et decorus et à de superbes Cupressinées (Palæocy- paris). Cependant, de même qu'à Mamers, le Prachyphyl- lum Desnoyersh, comme si ses débris avaient été apportés de loin, n’est représenté dans la Côte-d'Or que par des tronçons de tiges peu étendus et des fragments épars de ramules, rarement par de petites branches. Ses empreintes fortement comprimées par la fossilisation, enduites à l’in- térieur d’un résidu charbonneux pulvérulent, se montrent moins fréquemment que celles des autres végétaux réunis sur le même point ; on peut dire toutefois-qu’elles se mul- tiplient vers la partie la plus élevée de l’étage, formée d’une assise calcaire dure et caverneuse, avec débris de fossiles marins, et qu’elles continuent à se montrer encore plus haut dans des calcaires marneux grisätres, à pâte ten- dre, avec Ammonites cordatus, qui dans l'opinion de M. Ju- les Beaudoin appartiennent à la base de l’oxfordien. C’est (1) M. Edouard Flouest, qui s'est intéressé si longtemps à mes re- cherches et de qui l'amitié m'est toujours restée très-précieuse, a occupé depuis les postes les plus éminents de la magistrature française, Il a été successivement procureur de la République à Lyon, procureur général près de la Cour de Chambéry, et tout récemment il a été appelé à remplir les mêmes fonctions à Nancy et finalement à Orléans, 33 6 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. aussi dans l’oxfordien, à Christian Malford, dans le Wilt- shire, que le Zrachyphyllum Desnoyersi à été signalé par M. Carruthers. L’auteur anglais en a figuré, dans le Geolo- gical magazine (t. VI, janv. 1869) deux remarquables spé- cimens dont l’un (fig. 12) se rapporte à un rameau terminé au sommet par trois bourgeons obtus. La parfaite ressem- blance de ces exemplaires avec ceux que nous reprodui- sons est tellement étroite que nous ne pouvons douter qu'ils n’appartiennent tous à une même espèce dont l'horizon géognostique, vers le cornbrash et l’oxfordien, se trouve par cela même très-nettement déterminé. Le Brachyphyllum Desnoyersü s'éloigne beaucoup de toutes les Conifères connues et s’écarte même des autres Brachyphyllum par l'apparence trapue, rigide et presque nue des branches principales et secondaires (pl. 163, fig. 1 à 5). . Les feuilles étaient charnues ou plus probablement coria- ces, épaisses, mamelonnées ; à l’état jeune (pl. 164, fig. et 6, 10 à 13), elles s’élevaient en forme de protubérance, plus ou moins saillante, convexe sur le dos, obtuse et à ptine prolongée au sommet; elles se pressaient et s’incli- naient l’une vers l’autre, se rencouvrant mutuellement et empiétant un peu l’une sur l’autre. Leur carène dorsale faiblement prononcée portait une glandule punctiforme, d’abord saillante, mais finalement déprimée en fossette. Par le progrès de l’âge, chaque feuille prenait l’apparence d’un écusson dont l’apparence varie suivant les parties de rameaux que l’on examine, leur ancienneté relative et aussi leur place. Les rameaux minces (pl. 163, fig. 6, et 164, fig. 4), couverts de feuilles à base rhomboïdale ou hexa- gone, dessinant une mosaïque de petits compartiments accolés, se rapportent généralement aux ramifications la- térales, très-peu nombreuses et faiblement développées TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 337 dans cette espèce ; tandis que les rameaux épais, couverts de feuilles en saillie pyramidale, marquées au sommet d’une cicatrice très-visible et reposant ‘sur une base large- ment hexagone, à face convexe et taillée à facettes (pl. 163, fig. 8-9, et 164, fig. 2 et 13), représentent certaine- ment les pousses et les parties terminales, occupant le sommet des tiges de l’ancien végétal. Les rameaux minces et courts, aussi bien que les branches maîtresses, montrent parfois leur terminaison supérieure, de manière à faire juger de la façon dont se produisaient les innova- tions. Nos figures sont instructives à cet égard : les figures 6, 10 et 19, pl. 164, reproduisent des sommités de ra- mules dont les feuilles jeunes, bien visibles, sont disposées dans un ordre spiral et paraissent avoir obéi dans leur évo- lution à la formule phyllotaxique 25 ; mais on rencontre aussi sur les gros rameaux, à leur sommet ou sur leur côté (pl. 163, fig. 8 et 9; pl. 164, fig. 13), d’autres termi- naisons, en forme de bourgeons nus, obtus et courts ou même arrondis. Ces bourgeons, dont la figure de M. Car- ruthers fournit un très-bel exemple, n'étaient pas sans ressemblance avec ceux des Araucaria Balansæ A. Brong. et Gris ei montana À. Brong. et Gris et aussi du Dacry- drum araucariorides À. Brong. et Gris, espèces néo-calédo- niennes qui croissent sur des pentes stériles et dans des sols éruptifs ou ferrugineux. Les écussons correspondant aux anciennes feuilles, disposés en hexagones plus ou moins réguliers (pl. 163, fig. 4 à 5), devenaient plus larges à me- sure que la tige augmentait d'épaisseur ; notre figure 2, pl. 163, représente une de ces parties âgées, qui montre les écussons déprimés à la surface, séparés les uns des au- tres par de larges sillons, tandis que ces mêmes écussons, convexes, étroitement contigus et disposés soit en losanges I1° Sérig. VÉGÉTAUX. — III. 29 338 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. soit en hexagones, dans le spécimen fig. 1°, pl. 163, présen- tent au centre la plupart du temps une cicatricule en forme d’ombilic, qui se rapporte à la glandule. De ce point central on voit même partir assez souvent (pi. 163, fig. 3) des linéaments qui rayonnent vers les angles de l’é- eusson et en déterminent les facettes. Malgré nos recher- ches, nous n’avons pu jusqu'ici découvrir le cône de cette espèce curieuse. Si l’on considère les rameaux, on doit re- connaître qu'elle constituait sans doute un arbre épais et court, aux branches ascendantes et irrégulièrement dis- tribuées le long du tronc et formant un ensemble plu- tôt original que gracieux. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Si les cônes du Prachyphyl- lum Desnoyersü sont un jour découverts, il se peut que cette espèce remarquable devienne plus tard le type d’un genre particulier ou d’une section distincte des Prachy- phyllum proprement dits. Par les caractères tirés de ses rameaux et de ses feuilles mamelonnées, le 2. Desnoyersu ne saurait être confondu avec aucun de ses congénères, sauf avec le 2. nepos Sap. dont les gros rameaux sont re- couverts d’écussons ayant à peu près le même aspect, plus larges pourtant et moins régulièrement hexagones. Mais les ramules du Brachyphyllum nepos sont bien différents de ceux de l’espèce d’Etrochey (voy. les planches 169, 170, fig. 1-3, et 172) ; outre qu'ils sont plus divisés, ils portent des feuilles plus menues, plus oblongues, plutôt squami- formes que mamelonnées et tuberculeuses, comme le sont celles du 2. Desnoyersii. Le Brachyphyllum nepos, comme nous le verrons bientôt, semble, à ces divers égards, tenir le milieu entre cette dernière espèce et le Brachyphyllum mamillare. Locazirés. — Mamers (Sarthe), étage bathonien supé- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 339 rieur ou cornbrash. — Etrochey près de Châtillon-sur- Seine (Côte-d'Or), cornbrash et base de l’oxfordien. — En Angleterre, à Christian Malfort, dans l’Oxford-Clay, d’après M. Carruthers. Collection de M. Desnoyers, de M. Jules Beaudoin, à Châtillon, et la nôtre. EXPLICATION DES FIGURES. — Planche 163, fig. 1, Brachy- phyllum Desnoyersii (Brongn.) Sap., rameau ou branche déjà ancienne, d’après un échantillon du cornbrash d’E- trochey, appartenant à la collection de M. Jules Beaudoin et communiqué par lui, grandeur naturelle; fig. 4*, le même moulé pour montrer la disposition et la saillie des anciennes feuilles, grandeur naturelle. Fig. 2, fragment d’une tige âgée de la même espèce, d’après un échantillon d’'Etrochey, appartenant à la collection de M. Jules Beau- doin, grandeur naturelle. Fig. 3, fragment d’une autre branche de la même espèce, montrant la disposition en écussons régulièrement hexagones des anciennes feuilles, grandeur naturelle. Fig. 4, autre rameau de la même es- pèce, d’après un échantillon du cornbrash d’Étrochey ap- partenant à notre collection, grandeur naturelle. Fig. 5, autre rameau de la même espèce, faisant également partie de notre collection, même provenance, grandeur natu- relle. Fig. 6, ramule de la même espèce, provenant du cornbrash d'Étrochey, dessiné d’après une empreinte moulée, grandeur naturelle. Fig. 7, autre fragment de ra- meau moulé, même provenance, grandeur naturelle. Fig. 8, extrémité supérieure d’une tige moulée, même provenance, grandeur naturelle. Fig. 9, sommité d’une autre tige de la même espèce, d’après un échantillon de Mamers, communiqué par M. Desnoyers, grandeur natu- relle. — PI. 164, fig. 1, fragment d’un rameau de Brachy- phyllum Desnoyersü, d’après un échantillon de Mamers 340 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. communiqué par M. Desnoyers, grandeur naturelle; fig. 1', le même grossi ; fig. 1, le même grossi et moulé, pour montrer le relief et la disposition des feuilles et de la fossette dont elles portent la marque. Fig. 2, autre frag- ment de tige de la même espèce, présentant deux ramules courts et obtus au sommet, d’après un échantillon de Ma- mers communiqué par Desnoyers, grandeur naturelle. Fig. 3, fragment de ramule de la même espèce, fortement grossi, pour montrer la saillie et la disposition des feuilles en mamelon, même provenance. Fig. 4, autre fragment de ramule de la même espèce, même provenance, gran- deur naturelle; fig. 4°, le même grossi. Fig. 5, sommité de ramule de la même espèce, d’après une empreinte moulée, même provenance, grandeur naturelle; fig. 5°, même échantillon grossi, pour montrer la struclure ma- melonnée des feuilles. Fig. 6, autre sommité de ramule de la même espèce, même provenance, grandeur natu- relle, fig. 6*, le même ramule grossi, pour montrer l’as- pect et la disposition des feuilles nouvellement développées. Fig. 7, deux rameaux de Prachyphyllum Desnoyersi acco - lés à la surface de la même plaque, provenant de l’oxfor- dien inférieur d’Étrochey (Côte-d'Or), grandeur naturelle ; on distingue en 4, entre les deux rameaux, une empreinte de tige striée longitudinalement et articulée de distance en distance, qui se rapporte à l’£phedrites antiquus de Heer (1), Gnétacée encore douteuse observée par cet au- teur dans le jurassique des environs d’Irkutsk, en Sibérie. Fig. 8, autre fragment de rameau de la même espèce, provenant du cornbrash d'Étrochey, grandeur naturelle. Fig. 9, sommité de tige de la même espèce, montrant un 1) Heer, Beitr.F{, z, Jura-. Ostsiberien und Amurlandes, p. 82, tab. 14, fig. 24-39. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 341 bourgeon nu en voie de développement, même provenance, grandeur naturelle. Fig. 10, sommité d’un ramule de la même espèce, d’après un échantillon de l’oxfordien supé- rieur d'Étrochey, grandeur naturelle ; fig. 10*, le même grossi, pour montrer la forme et l'agencement des feuilles sur les plus petits ramules, l’ordonnance phyllotaxique paraît répondre à la formule 2/5. Fig. 11, autre fragment de ramule, même provenance, grandeur naturelle ; fig. 11%, le même grossi, pour montrer la forme et la saillie de certaines feuilles, ainsi que l'emplacement occupé par la glandule. Fig. 12, autre sommité de ramule de la même espèce, d’après une empreinte moulée, provenant de l’oxfordien inférieur d’Étrochey, grandeur naturelle ; Fig. 12*, même échantillon grossi, pour montrer la forme et l'agencement des feuilles à l’état jeune, à l'extrémité su- périeure des ramules en voie de développement. Fig. 13, fragment d’un rameau muni d’un bourgeon latéral, d’après une empreinte du cornbrash d’Étrochey, faisant partie de notre collection, grandeur naturelle ; fig. 13*, même or- gane moulé et grossi, pour montrer la forme et la dispo- sition des feuilles dans les parties destinées à continuer la tige ; on distingue vers le sommet de chacune de ces feuilles la trace de la fossette qui correspond à la glandule. N° 4. — Brachyphyllum MoreauanuEn, PI..165, fig. 5 ; 166, fig, 1-4;,,167, fig. .1-3.et 468, fig. f. Brachyphyllum Moreauanum, Brongn., Tab. des genres de vég. foss., p. 106. — — Schimp., Traité de pal. vég., I, p. 336. DIAGNOSE. — 2, ramis robustis, pluries alterne pinnatim 342 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. furcatove divisis, ramules ullimis tenuioribus cylindrias elon- gatis flexuosiusculis divaricatis ; foliis dense congestis, secun- dum ordinem 2/5 in ramulis precipue digestis, basi rhombæa arcte adpressis, breviter pyranudatis, extremo apice obtuse acuto parum intus curvatis, ad dorsum leviter carinatis glan- dulaque minima vel fere nulla instructis, œætatis progressu dila- tatis incrassatisque ; — strobilis, ut videtur, oblongo-ovattis subcylindricis, basin versussensim paulisper attenuatis, e squa- mas antice rhombæis dorso convexiusculo depresso-pyramidatis stricte contiquis apiceque breniter acuto plusminusve imbri- catis constantibus. Moreauia thuyioides, Pom., Mat. pour servir à la fl. jur. de la France (in Amtl. Ber. deutsch. naturf., 1849, p. 30). La découverte de cette remarquable espèce est due à M. Moreau, juge au tribunal de Saint-Mihiel, qui en com- muniqua des exemplaires à M. Brongniart, dans les an- nées 1845-1848, et la fit en même temps connaître à M. Pomel. Ce dernier avait entrepris vers cette époque des recherches sur la flore jurassique de la France, dont les principaux résultats furent consignés par lui dans un mémoire lu à la réunion des naturalistes allemands, tenue à Aix-la-Chapelle en septembre 1847, mais dont la publi- cation n'eut lieu qu’en 1849. Le Brachyphyllum Moreaua - num se trouva englobé par M. Pomel, sous le nom de _ Moreauia thuyiodes, dans un genre qui devait comprendre la presque totalité des Conifères jurassiques (1) et que l’au- (1) M. Pomel écrivait en 1846 à M. Moreau : « Les Conifères de tous les terrains jurassiques se rapportent au même genre et ne peuvent plus rester divisés en cinq genres différents. Comme, par vos obli- geantes communications, j’ai pu retrouver les caractères propres à ces végétaux, vous me permettrez de leur imposer, en forme d'hommage TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 343 teur rangeait parmi les Taxinées, non loin des Dacrydium. A cette même date (1849), M. Brongniart, dans son 7- bleau des genres de Végétaux fossiles, signalait l’espèce de Saint-Mihiel, en lui appliquant la dénomination de 2ra- chyphyllum Moreauanum que nouslui conservons avec d’au- tant plus de plaisir que le genre Moreauia de M. Pomel n'ayant pas été admis, cette désignation consacre du moins le souvenir des recherches deM. Moreau et de ses efforts pour réunir les vestiges de la flore corallienne de la Meuse. Il existe des branches entières du Prachyphyllum Mo- reauanum ; nous figurons (pl. 165, fig. 5, pl. 166, fig. 4, et pl. 167, fig. 1) les principales qui suffisent pour donner une idée fort juste du port et de l'aspect de l’ancienne es- pèce. Elle rappelle le Z. Papareli du rhétien de Mende ; mais ses proporlions ont dû être plus fortes et ses dimen- sions sans doute plus élevées. Les branches mères sont épaisses, hérissées de feuilles, ramifiées en plusieurs sens (pl. 469, fig. 1), dans un ordre toujours alterne. Les ra- meaux secondaires (pl. 166, fig. 2 et 167, fig. 1), présen- tent sur les côtés d’un axe des ramifications nombreuses, pinnées, irrégulièrement disposées ou produites à l’aide de bifurcations alternantes et successives. Les dernières sub- divisions donnent lieu à des ramules relativement minces, allongés, étalés ou divariqués-flexueux (pl. 168, fig. 1), de dimension inégale, visiblement cylindriques à l’état vivant. La figure 1, pl. 167, représente une partie de la sommité d’une tige ou d’une branche latérale ascendante. L’axe primaire, dont l'épaisseur diminue insensiblement de bas en haut, porte, à des distances rapprochées, des ramifica- tions disposées dans un ordre alterne et s’écartant de lui bien mérité, le nom générique de Moreavia. » (Fragment d’une lettre de M. Pomel, communiquée par M. Moreau. )- 344 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. sous un angle d'environ 48 degrés ; chacune d’elles se sub- divise à son tour de la même façon et donne lieu à des ramules qui s’étalent en divers sens et qui sont pour la plupart mutilés. La figure 4, pl. 168, dessinée par M. Bron- gniart, d’après un échantillon de M. Moreau, représente un rameau latéral : ici, l'axe principal, plusieurs fois bifur- qué dans le haut, se résout en rameaux étalés, divariqués et flexueux, subdivisés finalement en ramules solitaires ou agrégés, plus ou moins minces et allongés. Sur un autre dessin, dû à M. Moreau et communiqué par lui à M. Bron- gniart, on distingue le long d’un des côtés d’une branche fruste et vaguement limitée, mesurant un diamètre d’au moins 15 millimètres, une série de rameaux longuement divariqués-flexueux, presque nus, c’est-à-dire pourvus de ramules rares et relativement menus. Notre figure 2, pl. 166, reproduit une portion de rameau dont les ramules nombreux et allongés paraissent tous suivre la même di- rection ascendante. Les feuilles de ces divers échantillons présentent la même apparence ; nos figures grossies 3 et 4, pl. 166, emprun- tées au spécimen de la planche 167, fig. 1, et dessinées d’a- près un moule qui leur restitue leur relief, en donnent une idée suffisante. Elles sont menues, insérées selon la formule phyllotaxique 2/5, assises sur une base rhomboï- dale, et s’élevant en forme de pyramide courte et obtuse ; un peu recourbées au sommet, couchées l’une sur l’autre, à demi imbriquées, faiblement carénées sur le dos, elles sont munies d’une glandute très-pelite, souvent oblitérée ou peu visible, Ces feuilles deviennent tout à fait imbri- quées, adnées par la face appliquée et convexes sur la face dorsale sur les derniers ramules ; mais il faut admettre que, par suite du progrès de l’âge, à mesure que les rameaux TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 345 grossissaient, les feuilles devenaient aussi plus épaisses et plus saillantes ; c’est ce dont il est aisé de s’assurer en comparant les feuilles étroitement adnées et apprimées que représente la figure 2°, pl. 166, avec celles de nos figures grossies 3 et 4, pl. 166, dont la structure en mamelon py- ramidal est parfaitement visible. La branche plus âgée, re- produite par les figures 1 et 1*, pl. 166, montre des feuilles encore plus larges et plus saillantes, convexes sur le dos et couchées de façon à se recouvrir mutuellement par le bord; leur allongement est visible sur les points où l’on peut saisir leur profil. Pour bien juger de celles qui sont vues de face, il faut tenir compte de la compression qu’elles ont eu à subir en passant à l’état fossile. La glan- dule se reconnaît sur un certain nombre de ces feuilles, mais elle est toujours petite et arrondie, tandis que la ca- rène dorsale se réduit aux traces d’une convexité plus ou moins sensible. M. Pomel signale, comme étant connus de lui et sans autre indication, les chatons mâles de son Moreauia thuyoides. Dans la diagnose du genre, il ajoute que ces sortes d'organes sont ovoïdes ou cylindriques-oblongs, formés d’écailles étalées à leur base, mais recourbées au sommet et appliquées les unes sur les autres, d’une manière plus ou moins lâche ou serrée. Les notes de M. Brongniart, relatives aux échantillons à lui communi- qués par M. Moreau, mentionnent, sous le double nu- méro 1609, deux empreintes de cônes de faible dimen- sion, tous deux de Gibomeix, dont le professeur du Muséum a tracé en marge le croquis ; l’un est ovale, garni d’écailles à terminaison rhomboïdale, imbriquées et sans pointe ou prolongement apical. Le second échantillon est moins entier; la partie inférieure manque, mais sur les côtés, là où les écailles dessinent leur profil, on voit, selon 336 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. la remarque de M. Brongniart, qu’elles se prolongent en une pointe assez aiguë. Les spécimens dont nous venons de parler n’ont pas été conservés ; mais nous devons à M. Moreau la communication d’un autre échantillon de même nature et de dimension pareille (pl. 167, fig. 3), pro- venant de Vigneules (n° 516 de la coll. de M. Moreau), la petitesse de l’organe et la faible saillie de l’empreinte à la- quelle il a donné lieu rend son examen très-difficile et il est nécessaire, pour se rendre un comple exact de ses ca- ractères, d'employer un assez fort grossissement (voy. pl. 167, fig. 3°, 3° et 3°). On reconnaît alors que les écailles dont l'organe était formé avaient une consist&necec très- mince ou même tout à fait scarieuse ; imbriquées, pour- vues dans leur partie supérieure d’une carène dorsale, elles se prolongeaient antérieurement en une pointe terminale aiguë et divariquée que sa ténuité dérobe au regard, sauf sur les côtés où ces écailles montrent leur profil. Notre fi- gure 3°, pl. 167, est une restauration grossie de ce petit strobile qui se rapporte vraisemblablement aux chatons mâles du Zrachyphyllum Moreauanum. Les cônes décrits par M. Brongniart ressemblent beaucoup à celui-ci et doivent lui être réunis, à moins que l’absence de pointes, signalée pour l’un d’eux, ne soit pas uniquement due à une particu- larité de fossilisation, et dans ce cas on pourrait prendre ce dernier pour un organe femelle imparfaitement développé. Le cône que nous attribuons, non sans quelque doute, au Brachyphyllum Moreauanum (pl. 167, fig. 2) provient de Burey-en-Vaux près de Verdun; il ne nous est connu que par un dessin de M. Brongniart, exécuté d’après un échantillon communiqué à ce savant par M. Moreau, en 1840, et portant le n° 1023 de sa collection. Cet échantillon a été depuis malheureusement égaré. Il représente visible- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 347 ment un moule naturel de l’ancien organe, dont il repro- duit la forme et le relief, C’est un cône oblong, presque cylindrique, un peu atténué, obtus vers la base et tronqué au sommet. Les rangées d’écailles se compliquent de plu- sieurs spires secondaires, très-obliquement dirigées. Les écailles sont nombreuses, relativement petites ; elles donnent lieu antérieurement à une apophyse rhomboïdale en forme d’écusson; ces écussons, étroitement serrés et imbriqués, convexes ou faiblement carénés sur le milieu se terminent en une pointe obtuse au Sommet. L’étroite conformité d’aspect et de structure que montrent les écailles de ce cône avec les feuilles de l’espèce à laquelle nous les rattachons semble favorable au rapprochement que nous avons en vue, malgré l'incertitude inséparable d’un étude dont la seule base consiste dans le dessin déjà ancien d’un échantillon aujourd’hui perdu. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. -— Les deux espèces les plus voisines du Prachyphyllum Moreauanum sont le 2. Paparel, de l’infralias de la Lozère, et le 2. gracile Brongn., décrit ci-après et appartenant au kimméridien inférieur du ni- veau de Cirin. Le Z. Moreauanum nous paraît distinct de l’un comme de l’autre; il se sépare du premier par son port sans doute plus élevé, par ses rameaux plus forts, par ses ramifications plus nombreuses, par ses feuilles plus menues et plus coniques, munies sur le dos d’une carène moins prononcée et d’une glandule moins nette. Ces dif- férences suffisent pour ne pas confondre les deux espèces, surtout en tenant compte de l’espace vertical considérable qui s'interpose entre elles. Comparé au Z. gracile, le B. Moreauanum se présente sous un aspect moins trapu, les branches sont plus élancées, subdivisées avec plus de ré- gularité, les gros rameaux sont recouverts d’anciennes 348 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. feuilles plus saillantes, couchées les unes sur les autres et se recouvrant mutuellement par l’extrémilé supérieure, au lieu de ressembler à des écussons en losange, disposés en séries spirales multipliées et séparées par des sillons intermédiaires, comme dans le Z. gracile. Les ramules de ce dernier, considérées isolément, ont à peu près l’aspect de ceux du 2. Moreauanum, mais les feuilles de la pre- mière espèce sont plus apprimées, moins saillantes, plus oblongues; elles dessinent un contour plus ovale, leur extrémité supérieure est plus obtuse et plus recourbée que dans le Zrachyphyllum de Verdun dont les cônes, si lat- tribution que nous proposons se trouve exacte, auraient été aussi plus volumineux et plus allongés. LOCALITÉS. — Environs de Verdun et de Saint-Mihiel ; calcaires blanes de l'étage corallien supérieur; couche inférieure et couche supérieure des calcaires blancs sépa- rées l’une de l’autre par une assise de calcaire corallien. Le 2. Moreauanum provient surtout de la couche supé- rieure ; il a été observé à Verdun, à Gibbomeiïx, etc. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 165, fig. 5, fragment de rameau du Zrachyphyllum Moreauanum Brong., d’après un dessin dû à M. Brongniart, reproduisant un échantillon du corallien de Verdun, grandeur naturelle. --— P]. 166, fig. 4, branche relativement âgée de Zrachyphyllum Moreauanum, d’après un échantillon de Gibbomeix, communiqué par M. Moreau et faisant partie de sa collection (n° 1013), grandeur naturelle; fig. 1*, portion du même échantillon, moulée, pour montrer la forme et la saillie des feuilles, grandeur naturelle. Fig. 2, rameau de la même espèce, subdivisé en plusieurs ramules, d’après un échantillon du corallien de la Meuse, communiqué par M. Schimper, grandeur naturelle; fig. 2*, feuilles grossies pour montrer TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 349 la forme et la disposition affectées par ces organes sur les plus petits ramules. Fig. 3 et 4, feuilles adultes, moulées et grossies, de la même espèce, considérées sur un rameau âgé de plusieurs années. — PI. 167, fig. 1, branche de Brachyphyllum Moreauanum garni de toutes ses ramifica- tions, d’après un échantillon des environs de Verdun, communiqué par M. Moreau et faisant partie de sa col- lection (n° 892), grandeur naturelle. Fig. 2, cône supposé du Brachyphyllum Moreauanum, d'après un échantillon de Burey-en-Vaux (n° 1023 de la collection de M. Moreau), communiqué en 1840 à M. Brongniart et aujourd'hui perdu, grandeur naturelle. La figure est la reproduction exacte d’un dessin original de M. Brongniart. Fig. 3, stro- bile de très-petite taille attribué au 2. Moreauanum, comme représentant son appareil mâle, grandeur natu- relle ; fig. 3* et 3°, même organe grossi ; fig. 3°, le même restauré et notablement grossi, d’après un échantillon pro- venant de Vigneules, communiqué par M. Moreau et fai- sant partie de sa collection (n° 516). — PI, 168, fig. 1, branche presque complète de 2. Moreauanum, avec toutes ses ramifications, d'après un dessin original communiqué par Brongniart, grandeur naturelle. N°5. — Brachyphyilum Jauberti. PI. 165, fig. 1-2. DrAGNOSE. — 2. ramulis cylindricis gracilibus elongatis, fols alternis suboppositisque, secundum ordinem 2/3 3/8 etiamque 1/3 spiraliter insertis, ovato-rhombærs curvatulis basi adnatis, arcte adpressis, apice obtuse producto liberis imbricatisque, dorso convexiusculo leviter carinatis sulcatis- ve, glandula dorsali minima sæpe instructis ; amentrs mascu - 350 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. lis? ovatis ovatoque globosis minutis, e squamulis multiph- cibus spiraliter insertis antfice in appendicem lanceolatum dorsoque convexum abeuntibus et arcte ièmbricatis constante- bus ; — strohilis fœæmineis, ut videtur, terminalibus parvulis ovoideis e squamis spiraliter ordinatis lanceolatis antice re- curuis arcte imbricahs, in appendicers acuminatum dorso medio convexiore carinatum abeuntibus composihs. Moreauia Jauberti, Pom., Mat. p. servir à la flore foss. des terrains jurass. de la France (in Amul. Ber. d. Gessellsch. Deutsch. Naturf. in Aachen, 1849), p. 351. — brevifolia? Pom., ib1d., p. 350. C’est à l’aide de plusieurs fragments que nous essayerons de reconstituer cette espèce, curieuse à ce titre surtout qu'elle paraît pourvue de de beaucoup de Conifères et des Araucaria en particulier, offrait un port régulier, étagé par plans successifs, horizon- talement disposés. Les feuilles, bien qu’elles affectent la même forme que celles des exemplaires précédents, sont encore plus courtes, plus apprimées et plus rarement éta- lées en crochet falciforme; elles reproduisent presque les caractères et l'aspect de celles des vrais Zrachyphyllum, spécialement du 2. nepos. Nous croyons pourtant qu'il s’agit toujours dumême Pachyphyilum, à cause de l’analogie évidente qui relie ensemble ces divers débris comparés. Ce sont là plutôt des variations de forme, comme celles dont les Conifères vivantes offrent de nombreux exemples, dans les limites mêmes d’une espèce unique et dans les différentes parties du même arbre. Pachyphylilum cirinicuan var. uncinatum Sap. PI. 180, fig. 3-5, et 181, fig. 2. Ces diversités ne sont pas les seules; on rencontre en- core non seulement à Cirin (pl. 181, fig. 2), mais à Mo- restel (pl. 180, fig. 3) et à Creys (pl. 180, fig. 4-5), des ra- meaux épars, généralement simples, rigides, un peu re- courbés en are, dont les feuilles, analogues à celles des exemplaires fig. 4 et 2, pl. 182, sont cependant plus lâchement insérées et plus divariquées ; épaisses et tétrago- nes à la base, elles sont atténuées en crochet, pointues et recourbées en faux à leur sommet, quelquefois même repliées en arrière, Ces feuilles ne diffèrent pourtant par au- cun caractère essenliel de celles qui garnissent les rameaux précédemment décrits ; elles constituent, à ce que nous croyons, une simple variété du Pachyphyllum cirinicum TERRAIN JURASSIQUE. —. VÉGÉTAUX, 407 qui, à l'exemple de plusieurs de ses congénères, aurait affecté une certaine polymorphie dans la structure de ses organes foliaires,. plus appliqués et plus courts, plus allon- gés et plus étalés, selon les cas. L'organe que nous considérons comme représentant l'appareil fructificateur du Pachyphyllum cirénicum (pl. 180, fig. 6) consiste dans un strobile, peut-être seulement dans la moitié supérieure d’un strobile détaché en bloc de son axe et dont les écailles ouvertes et semi-décombantes sont demeurées pourtant en connexion mutuelle, emboîtées les unes dans les autres. Notre figure, pour mieux faire res- sortir cette disposition, représente ce fragment de cône, le sommet en bas, d’après un moule qui lui restitue son re- lief et sa physionomie. On reconnaît aisément une struc- ture générale analogue à celle des cônes de C'unninghamia: les écailles sont minces, ordonnées en spirale, lâchement imbriquées, concaves par leur face supérieure, épaissies, le long de leur marge extérieure, en un rebord faiblement saillant, défléchi, qui se termine par une protubérance obtuse, peu prononcée.Immédiatementau-dessous de cette protubérance, sur le milieu de la face intérieure et anté- rieure de quelques-unes de ces écailles, les plus grandes et les mieux développées de celles dont le cône est formé, on distingue une cicatrice entourée d’une zone étroite, lé- gèrement creusée en fossette, correspondant à l'insertion et à l'emplacement d’une semence unique, caduque et probablement inverse. La siluation de cette semence est ainsi exactement pareille à celle des graines du Pachy- phyllum rigidum, dont nous avons décrit les écailles fruc- tifiées, et il n’existe ici d'autre différence que celle qui résulte de la forme respective des écailles et du dévelop- pement relatif de leurs apophyses, différences d’une na- 408 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. ture purement spécifique. Ces considérations nous portent à reconnaître dans l'organe qui vient d’être signalé le stro- bile du Pachyphyllum cirinicum ou du moins d’une espèce congénère et contemporaine de celle de Cirin, en tenant compte de l’étroite liaison géognostique qui rattache le ni- veau de Solenhofen à celui des poissons et des plantes fossiles du Bas-Bugey. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — D’après ce qui précède, il est facile de ne pas confondre, comme nous l’avions fait d’abord,le Pachyphyllum cirinicum et sa variété uncinatum avec le P, rigidum du corallien de la Meuse. Les feuilles du premier sont plus larges, plus courtes, presque imbri- quées ; leur pointe est moins allongée, d’autres fois plus réfléchie et même repliée en arrière ; elle est en même temps plus pointue; elle devait être plus piquante. Les proportions ne sont pas les mêmes des deux parts: les ra- meaux du P. cirinicum sont plus érigés, plus raides, gar- nis de feuilles plus pelites et plus nombreuses, plus fré- quemment ramifiés ; mais ces ramifications se composent de ramules généralement simples et courts, étalés dans un ordre distique. — Le fruit que nous attribuons à l'espèce de Cirin est formé d'écailles qui diffèrent de celles uue nous avons rapportées au Pachyphyllum de Verdun par une apophyse plus mince, moins arrondie, moins dé- veloppée et moins convexe ; la graine de la première des deux espèces a dû être moins allongée et plus large. Comparé au Pachyphyllum peregrinum, le P. cirinicum se distingue par ses feuilles plus larges, plus courtes et moins acuminées ; il diffère également du ?. Zignoi,, dont les feuilles sont plus écartées et bien plus obtuses, presque arrondies à leur sommet. LOcALITÉS. — Calcaires lithographiques à poissons fos- TERRAIN JURASSIQUE. == VÉGÉTAUX. :09 siles de Cirin (Ain), Morestel (Isère), Creys (Isère); — étage kimméridien inférieur. Calcaire lithographique de Solenhofen (le strobile). — Coll. du muséum de la ville de Lyon, du Muséum de Paris et de la ville de Munich. EXPLICATION DES FIGURES. — Pl. 180, fig. 3, fragment d'un rameau de Pachyphyllum cirinicum, var. uncinatum, de Morestel (Isère), d’après un exemplaire appartenant à la collection du Muséum de Paris, grandeur naturelle. Fig. 4 et 5, empreinte et contre-empreinte d’un autre ra- mule de la même espèce et de ia même variété, d’après un échantillon provenant de Creys et appartenant à la collec- tion du Muséum de Lyon, grandeur naturelle. Fig. 5°, portion du. même échantillon, grossie, pour montrer la forme et le mode d’agencement des feuilles de la variété uncinatum. Fig. 6, sommité d’un strobile attribué au Pa- chyphyllum cirinicum, détaché naturellement, avec les écailles encore connexes, découvrant leur face supérieure et Ja cicatrice du point d'insertion d’une graine unique. L'organe est dessiné d’après un moule, la pointe tournée en bas; grandeur naturelle. — PI. 181, fig. 1, Pachyphyl- lum cirinicum Sap., branche munie de ramifications laté- rales disposées dans le même plan, d’après un échantillon de Cirin, faisant partie de la collection du Muséum de Lyon, grandeur naturelle. Fig. 2, Pachyphyllum cirinicum var. uncinatum, ramule presque complet, détaché d’un rameau secondaire, d’après un échantillon de Cirin qui fait partie de la collection du Muséum de Lyon, grandeur naturelle. — PI, 182, Pachyphyllum cirinicum Sap., ra- meau complet, naturellement détaché, type normal, d’a- près un échantillon provenant de Cirin et faisant partie de la collection du Muséum de Lyon, grandeur naturelle. Fig. 2, partie terminale d’un long rameau se rapportant #10 PALÉONTOLUGIE FRANCAISE, à la sommité d’une tige secondaire, muni de plusieurs ramules latéraux, d’après un échantillon de Girin, faisant partie de la collection du Muséum de la ville de Lyon, grandeur naturelle. Fig. 3, fragment d’un rameau déjà ancien de la même espèce, d’après un échantillon ayant la même provenance que les précédents et communiqué par M. le professeur Lortet, grandeur naturelle. N°5. == Pachyphyllum Zignoi. PI. 183, fig. 1-3. DIAGNOSE. — P. ramis vage alterneque ramosis, ramulis subflezuosis ; foliis laxe spiraliter ordinatis, e basi crassa sur sum breviter falcato-incurvis, apice obtusats. Araucarites Rotzanus, Massal., Specimen photog. animal. plan- tarumque foss. agri veron., p. 70, tab. 22 (teste cl. de Zigno, in litt.). Nous signalons ici, bien qu’elle n’ait pas été encore ren- contrée en France, une espèce de Pachyphyllum dont les rameaux abondent dans les calcaires probablement ox- fordiens, peut-être sus-oxfordiens des Alpes vénitiennes. Nous dédions ce Pachyphyllum à M. le baron de Zigno, auteur du Flora fossilis formationis oolithicæ, en voie de publication ; cet auteur nous fournira bizntôt sans doute de plus amples détails sur cette intéressante espèce : elle présente des rameaux moins épais, plus divariqués- flexueux que ceux des Pachyphyllum cirinicum, avec lequel on serait tenté de la confondre; elle se rapproche égale- ment du ?. rigidum, de Verdun, et lui ressemble par l'as- pect des rameaux et des feuilles; celles-ci sont cepen- dant plus petites, moins étalées et surtout plus obtuses TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 411 que celles du ?. rigidum ; elles paraissent même sub- arrondies à leur sommet légèrement incurve. Nous figu- rons celte espèce qui nous paraît remarquable, comme susceptible de fournir un terme de comparaison avec les autres formes congénères de la flore jurassique fran- çaise. Elle constitue au moins une race curieuse qui mérile d'attirer l'attention. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le Pachyphyllum Zignoi, dont nous venons de signaler l’étroile affinité avec le P. cirinicum, se distingue de celui-ci par la terminaison obtuse et l'épaisseur relative plus considérable de ses feuilles; il affecte aussi une ressemblance visible avec le PBrachyphyllum Orbignyanum de Brongniart, espèce des li- gnites crélacés de l'île d’Aix, que nous avons mentionnée plus haut comme ayant dû appartenir au genre Pachyphyl- lum. Mais le Zrachyphyllum Orbignyanum (Fucoides Orbi- gnyanus Brngt., Hist. des pl. foss., 4, pl. 2, fig. 6-7) est bien plus petit dans toutes ses proportions que notre Pachy- phyllum Z'ignoi, dont il représente une sorte de réduction. La figure grossie de Bronguiart égale à peine les rameaux de l'espèce véronaise; on ne saurait donc être exposé à confondre des formes séparées d’ailleurs l’une de l’autre par un intervalle vertical aussi considérable. LOGALITÉS. — Calcaire probablement oxfordien ou sus- oxfordien des Alpes vénitiennes, dans le Véronais et le Vicentin,; coll. du Muséum de Paris et la nôtre. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 183, fig. 4, Pachyphyllum Z'ignoi Sap., rameau accompagné sur l’un des côtés de trois ramules obliquement dirigés, d'après un échantillon prove- nant du Véronais, grandeur naturelle. Fig, 2, autre rameau de la même espèce, même provenance, grandeur naturelle. Fig. 3, autre rameau dépourvu de ramifications latérales et 512 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, muni de feuilles plus divariquées et plus saillantes, même provenance, grandeur naturelle ; fig. 3*, portion du même rameau, grossie, pour montrer la forme caractéristique et le mode d’agencement des feuilles du Pachyphyllum Zignoë. SIXIÈME GENRE. — ARAUCARIA. PI. 146, fig. 5-17, et 187, fig. 4-7. Araucaria, Juss., Gen., p. 413. — Rich., Conif., p. 153, tab. 20 et 21. — Endl., Syn. Conif., p.184; Gen. pl., p: 261. — Carr., Conif., p. #13. — Hænk. et Hochst., Nadelholz., p. 2. — Hildeb»., Die Veibreit. d. Conif., p. 275. — Parlat., nr D. C. Prodr., t. XVI, p. 369. — Schimp., Trailé de pal. vég., IL, p. 253, — Strasburg., Die Conif. und die Gnet., p. 60 et 231. DrAGNOSE. — Polia tum incrassata aut coriacea telragono- falcata apiceque incurva dorso autem carinata, tum com- planata plurinervia apice acula mucronatave, basi tortili restrictaque infra autem decurrenti insidentia, spiraliler inserta, sed secus ramos laterales et ramulos plerumque dis- tiche ordinata. — Squama strobili e bractea cum receptaculo ovulifero pro maxima parte coalita constans, ovulum uni- cum inversum Subimmersum basi fovens, apice autem in apo- physin convexo-rhombæam, carina tr'ansversa acuta sbyrius notatam appendiculoque acuminato superatam transiens; se- men substantiæ squamcæ intus excaval@ tegçumenti modo in- clusum vix ad micropylen extremo apice liberum, simul cum squama ab axi ad maturitatem solutum ; — amentum mascu- lui ovatum quandoque pergrande ex androphyllis multiplici- bus dense spiraliter congestis imbricalisque antice acuminatis, retrorsum sacculos polliniferos elongatos pendulos dehiscentiæ causa fimbriaio-laceros ferentibus efformatum, bas autem TERRAIN JURASSIQUE. —= VÉGÉTAUX. 413 perulis cruciatim oppositis ut plurimum involucratum. — Ar- bores axi verticaliter erecto elatoque, et ramis lateralibus secus axim centralem requlariter verticillatis constitutæ, ramis secundartis tertiartisque horizontaliter expansis, multiramu- losis, ramuls autem utrinque distiche seriatis. Dombeya, Lan., Il. des genres, tab. 828. Columbea et Eutassa, Salisb.,in Linn. Transact., \IIL, p. 315. Altingia, Don, in Lond. Hort. brit., p. 406. Araucaria et Eutacta, Link., in Linnæa, XV, p. 541-543, Araucariles (ex parte), Uug., Gen. et sp. pl. foss., p. 381. — — Gœpp., Monogr. Conif. foss., p. 231 (excel. plerisque speciebus ad Pachy- phyllum aut Sequoiam pertinentibus). HISTOIRE ET DÉFINITION. — Le genre Araucaria présente cette particularité qu'après avoir tenu une place impor- tante dans l’ancienne végélation européenne et avoir plus tard disparu de notre continent, il s’est maintenu pour- tant sur plusieurs points de l'hémisphère austral, soit en Amérique, soit dans l’Australie. Cette persistance d’un type de Conifère secondaire parvenu jusqu'à nous sans altération, à travers une longue succession de périodes, a de quoi étonner quand on songe aux renouvellements dont la flore terrestre a été le théâtre et qui ont modifié, à tant de reprises, les traits de sa physionomie. Cependant, les Salisburia nous ont fourni un autre exemple saïllant d’une semblable persistance ; et en interrogeant un passé encore plus ancien que les temps secondaires, on observe des genres comme celui des Æquisetum, probablement aussi le genre Selaginella, qui, après avoir fait partie de la flore carbonifère, n’ont jamais depuis abandonné le sol de l'Europe. Loin de rejeter, comme invraisemblable, la présence A4 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. des Araucaria dans les strates des anciens terrains, la pro- pension des premiers auteurs a été plutôt d'en exagérer le nombre et de décrire sous les noms d’Araucarra ou d'Araucarites une foule d’espèces dont les rameaux seuls étaient connus et que leur analogie apparente avec les Araucaria d'Australie portait à identifier génériquement avec ceux-ci. Ges indices étaient loin de suffire, et ce qui le démontre, c’est que la plupart des prétendus À rauca- ria énumérés à l’origine dans les ouvrages de Sternberg, de Gæppert, de Unger, dans le Fossi] Flora de Lindley et dans d’autres mémoires successivement mis au jour, en ont été distraits plus tard, à la suite d’études plus attentives ou par l'effet de la découverte des appareils fructifica- teurs ; en sorte qu'après avoir cru voir des Araucaria par- tout, on a dû se demander sérieusement si le genre avait réellement existé jadis en Europe, ou bien s’il ne s’agissait pas de types éieints, n’ayant des Araucaria que l'aspect extérieur, sans en posséder la structure caractéristique. Brongniart a été l’un des premiers à ouvrir la voie à cet examen. Dans son Prodrome, il ne cite aucun Araucaria parmi les espèces fossiles dont il a eu l’occasion de déter- miner le genre. Dans son Tableau des genres de végétaux fossiles (p. 70), en mentionnant le genre Araucarites de Presl, il conteste avec raison l'attribution à ce groupe de l’Araucarites Sternbergu, reconnu effectivement depuis, par M. Heer, comme étant un Sequoia. L’Araucaria pere- grina que nous avons décrit plus haut sous le nom de Pa- chyphyllum paraissait également à Brongniart différer beaucoup des Araucaria proprement dits, groupe dans le- quel il ne serait resté que les seuls Araucarites acutifolius et crassifolius Corda, de la craie inférieure de Bohême, formes demeurées jusqu’à présent fort problématiques, TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 415 puisque M. Schimper a négligé de les inscrire dans son traité de Paléontologie végétale. Le principal indice sur lequel était basée l'existence vraie ou supposée des Araucaria dans les terrains secon- daires et même dans le trias, le permien et le carbonifère, résultait de l'observation de bois fossiles, ayant la structure caractéristique de ceux des Aaucaria, c’est-à-dire présen- tant plusieurs rangées de pores aréolés, disposés en séries quinconciales sur la face principale des fibres ligneuses. Mais, ainsi que le remarque très justement M. Schim- per (1), cette même strueture a dû se trouver autrefois dans des genres et des types, les uns rapprochés, quoique distincts des Araucaria proprement dits, les autres faisant partie de tribus entièrement différentes. Il en est ainsi sans doute des Dadozylon Endl., Araucarites de Gæœppert, Arau- carioxylon de Kreutz (2)qui proviennent du terrain houiller et dont la structure rappelle d’une manière frappante celle des Araucaria actuels. Ces bois, d’après les recherches ré- centes de MM. Grand’Eury et Renault, représenteraient le corps ligneux des Cordaïtées, type de Gymnospermes cer- tainement éloigné des Araucariées et même des Conifères propres, mais qui semble plutôt confiner aux Salisburiées ou même aux Cycadées par certaines particularités orga- niques, et par les détails anatomiques relatifs à la com- position des faisceaux fibro-vasculaires. Il s'agissait donc de constater avant tout, non pas sur de simples ap- parences, mais d’après l'examen des organes de la fruc- tfication ou d'une partie de ces organes, la présence des Araucaria en Europe, à partir d’un moment déterminé de Ja période secondaire. C’est ce qu'a fait le premier M. W. (1) Schimp., Traité de Pal. vég., II, p. 252, (2) lbïd., IL, p. 380. 416 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. Carruthers, dans deuxarticles successifs, l’un inséré en 1867 dans le Journal of Botany « sur les fruits de Gymnospermes des terrains secondaires de l'Angleterre », l’autre dans le Geological Magazine de janvier 1869 (1). Les descriptions, accompagnées de figures, de M. Carruthers ont démontré avec certitude l'existence de vrais Araucaria jurassiques, représentés les uns par des cônes entiers, les autres par des écailles séminifères provenant de ces mêmes organes désagrégés. Le savant anglais signale en tout quatre es- pèces, sousles noms d’Araucarites sphærocarpus (Araucaria sphærocarpa Carruth., Geol. Magaz., , p. 350), Arauca- rites Pippingfordensis (Zamiostrobus Pippingfordensis Ung., Gen. et sp. pl. foss., p. 300 ; — Araucaria Pippingfordensis Carruth., Geol. Magaz., II, p. 250), Araucarites Brodiei (Geol. Magaz., VI, p. 3, pl. 2, fig. 1-6) et Araucarites Phil lipsii (bid., p. 6, pl. 11, fig. 7-9). De ces quatre espèces, une seule dont nous n’avons pas à nous occuper ici, l'A. Pippingfordensis, provient du wéaldien ; les trois espèces ont été rencontrées dans l’oolithe inférieure. L’Araucarites sphærocarpus, que nous figurons comme terme de comparaison, en lui appliquant, à l'exemple de M. Schimper(2), la dénomination générique d'Araucaria qu'il mérite par la netteté de ses caractères, esl représenté par un cône arrondi subsphérique, presque complet, dont toutes les parties sont encore en connexion et dont la ressemblance avec ceux de l’Araucaria excelsa R. Br. est vraiment frappante soit pour la forme générale, soit en ce qui concerne la structure et l’ordonnance des écailles. La (1) Voy. The Journ. of Botany Brit. and foreign, janv. 1867, p. 1-21, pl. 57-60. — The Geolog. magaz. or Monthly Journ. of Geol., janv. 1869, p. 1-7, pl. 1-2. (2) Traité de Pal. vég., II, p. 254. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 417 face antérieure, bombée et saillante, de chacune des écailles dessine une aire rhomboïdale, transversalement allongée, marquée sur le milieu d’une crête dont la saillie terminale surmontée par une pointe exserte et réfléchie a disparu dans la plupart des cas par l’effet du frottement ou des cassures que l’ancien organe a subies; ce- lui-ci a passé à l’état de moule, par suite du remplissage de la cavité résultant de sa destruction. Au-dessus de la crête appendiculaire dont il vient d'être question, M. Carruthers a distingué, sur l'échantillon original, les vestiges en saillie du support soudé à la bractée par la face commissurale de ces deux organes appliqués l’un sur l’autre ; l'extrémité libre du premier donne lieu effectivement à une pointe distincte de celle qui termine la bractée; c’est là une dis- position conforme à celle que montrent les figures 7 et 8 de notre planche 146, qui représentent une écaille déta- chée d’un cône de l’Araucaria Bidwilii, vue par-dessus (fig. 7) et de côté (fig. 8). L'auteur anglais s’est encore as- suré, à l’aide d’une fracture de quelques-unes des écailles de l’organe fossile, que chacune d’elles n’avait contenu qu'une seule graine, conformément à ce qui existe chez les Araucaria. Le strobile de l’oolithe inférieure du Som- mersetshire a donc certainement appartenu à ce genre, sans que l’on puisse toutefois former aucune conjecture au sujet des rameaux et des feuilles de l’arbre qui le por- tait. L’apparence et la forme générale de l’appareil fructi- licateur sembleraient indiquer une espèce analogue par le port à l’Araucaria excelsa R. Br. ; cependant la structure des écailles, qui ne paraissent pas avoir été atténuées laté- ralement en une marge membraneuse, comme dans la sec- tion Æ'utacta, mais avoir plutôt présenté une consistance li- gneuse et solide, à l'exemple de celles des Araucaria Bid- Ils Sér. VÉGÉTAUX. — III. 2H A4S PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. wili Hook., Muelleri Brngt. et Gris, et de l'A. e2mbrecata du Chili, cette structure ne fournit aucune indication assez précise pour servir de guide à l’analogie ; et l'incertitude ne peut qu'augmenter si l’on tient compte des divergences si accentuées, qui séparent les espèces citées en dernier lieu, et de la nature artificielle du caractère qui préside à leur réunion dans un même sous-genre, celui des Columbea de Salisbury. Les deux autres espèces de l’auteur anglais se rattachent au même niveau géognoslique que la précédente : l’une est l’Araucaria Brodiei (Carr.) Schimp., de Stones- field, l’autre l'A. Phillipsi, de l’oolithe inférieure du Yorkshire. Toutes les deux consistent également en écailles isolées, détachées par conséquent d’un cône parvenu à sa maturité; mais la structure de ces écailles est si bien caractérisée que leur attribution générique ne saurait être douteuse. Cependant la sommité de rameau, terminée par des rési- dus d’écailles et dénotant la base d’un strobile désagrégé, que lPauteur anglais a représentée, fig. 1 de sa planche 414, ne semble pas avoir appartenu à la même espèce que les écailles isolées, fig. 2, 3 et 4 de la même planche: cette fig. 4 reproduit plutôt l'aspect d’un Pachyphyllum à la tige épaisse, dont les écailles fructifiées auraient offert une di- mension bien supérieure à celles des écailles de lAraucaria Brodiei. Celles-ci, pl. 187, fig. 5-6, ont au contraire une taille des plus médiocres; deux fois plus courtes que celles de l'Araucaria Moreauana, de Verdun, elles se rapprochent sensiblement de la plus petite des espèces kimméridiennes que nous décrivons plus loin, de celle que nous désignons sous le nom d'A. falsani ; telle est du moins notre impres- sion, Tout ce qu'ajoute d’ailleurs l’auteur anglais à propos TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 419 des écailles qu’il examine nous paraît parfaitement juste et vient en confirmation de nos propres idées. M. Carruthers admet effectivement la conformité de ces organes avec ceux que M. Pomel avait observés autrefois dans l’oolithe de la Meuse, et, faisant ressortir en même temps leur incontestable affinité avec les écailles des stro- biles d’Araucaria, il repousse par cela même, comme in- vraisemblable, l’interprétation formulée en 1847 par l’au- teur français (1). Il démontre l'impossibilité de croire que les écailles rencontrées à l’état isolé n'aient pas été jadis réunies en strobile, mais plutôt insérées à part, à l’aide d’un onglet, à la base d’une bractée axillante et à l'extrémité su- périeure d’un rameau, de manière à constituer un genre de Taximées qui aurait été analogue aux Dacrydium actuels. Ce genre supposé, non seulement aurait compris, malgré la diversité apparente des espèces, la plupart des Conifères jurassiques, mais, suivant M. Pomel qui proposait pour lui la dénomination de Moreauia, il aurait englobé les Pachy- phyllum et les Brachyphyllum, en même temps que les Araucaria. M. Carruthers s'appuie, d’une part, sur la struc- ture des écailles, considérées isolément, pour reconnaître en elles de véritables Araucaria congénères de ceux d’Aus- tralie ; d'autre part, il invoque, pour expliquer labsence ou la rareté des strobiles, en regard de la fréquence des organes détachés, la facilité de désagrégation de ces or- ganes et les précautions qu’on est obligé de prendre dans les collections pour maintenir en place autour de l’axe les écailles qui tendent à s’en détacher. La présence des Araucaria dans l’Europe secondaire nous (1) Voy. Pomel, Matériaux p. servir à la fl. foss. des terr. jurass. de la France, in Amtl. Ber. ueb. d. fünfundzw. Vers. a. Gesel, : Deutsch. Naturf. in Aachen, sept. 1847, p. 348 et 349, #20 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. paraît donc certaine, à partir de l'oolithe inférieure. Non seulement ce genre persiste ensuile jusqu’à la fin des temps jurassiques, mais il se montre à divers niveaux successifs de la craie, représenté par des formes variées et puissantes, qui permettent de penser que celte dernière époque a été celle qui correspond à son plus grand développement en Europe. L’Araucarta cretacea (Brngt.) Sap., du grès vert de Nogent-le Rotrou (Eure-et-Loir), figuré par M. Schim- per, d’après un dessin que nous lui avions communiqué, a laissé de lui un cône auquel il ne manque, pour être com- plet, que les prolongements épineux des écussons apophy- siaires ; l'absence de ces prolongements est uniquement due à ce que l'organe n’a pu être entièrement dégagé de la gangue pierreuse dans laquelle il a été enveloppé; la cavité à laquelle sa destruction a donné lieu a été ensuite fidèlement moulée en relief par l’effet d’un remplissage. Nous possédons encore un rameau pourvu de feuilles fal- ciformes, analogues à celles des Araucaria excelsa et Cookii, recueilli par M. l'abbé Bourgeois dans les silex de la craie turonienne et provenant des ateliers de fabrica- tion de Preuilly (Indre-et-Loire) ; les mêmes concrétions siliceuses de la craie du tunnel de Montrichard, dans l’Orléanais, ont fourni de plus au regrettable savant que nous venons de ciler l'empreinte de la partie supérieure d’un cône d’Araucaria, remarquable par sa grande taille et par la saillie épineuse des prolongements apophysiai- res qui surmontent ses écailles. Ce strobile qui, dans son intégrité, devait atteindre la grosseur d’une tête d’enfant, semble devoir être rangé dans la section des Colombea. Enfin, nous signalerons en dernier lieu un magnifique ra- meau, dont les feuilles lancéolées-rhomboïdales et pluriner- viées acuminées-épineuses au sommet, présentent une res- 19 TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 421 semblance curieuse avec celles del’Araucaria Bidwilii Hook. Nous avons récemment publié cette dernière espèce (1) sous le nom d’A. T'oucasi ; elle a été découverte par M. Tou- cas dans les grès turoniens du Beausset, près de Toulon. Il est donc visible que les Araucaria ontsurvécu en Europe à la période jurassique, que leur plus grandeextension date de la craie et que c’est seulement à la fin de cette dernière période, ou même dans le cours de la période suivante, qu'ils ont été définitivement éliminés de notre continent. De nos jours, les seuls Araucaria vivants se trouvent confinés dans l'hémisphère austral. Les uns se rencontrent dans l'Amérique méridionale (Andes du Chili. — Monta- gnes du Brésil et de la Bolivie): ce sont les Araucaria imbricata Par. et brasiliensis Rich., que l’on a quelquefois distingués sous le nom de Columbea. Leurs feuilles sont planes, plurinerviées, et les écailles de leurs strobiles soli- des et non accompagnées latéralement d’une bordure mince et membraneuse. L’Araucaria Bidwilii Hook., arbre de la Nouvelle-Hollande orientale, dont nous avons figuré un rameau et une écaille fructifiée vue de trois côtés (voy. pl. 446, fig.5-8), se rattache à la même section des Colum- bea ; M. Parlatore, dans le Prodrome (2), y inscrit égale- ment, mais à tort selon nous, l'A. Æulei Ferd. Muell. (voy. notre pl. 146, fig. 16-17, qui représente une écaille de cette espèce, vue par les deux faces) dont les rameaux (3) sont conformés cependant très différemment, en sorte que l'A. Rulei semble opérer une transition vers le sous-genre (1) Voy. Le monde des plantes avant l'apparition de l’homme, p.198, fig. 27,2; Paris, G. Masson, 1879. (2) Prodr., t. XVI, p. 371. (3) Voy. sur la pl. 146, fig. 15, un ramule de l'A. Balansæ, Brngt. et Gris, de la Nouvelle-Calédonie, dont les feuilles ressemblent à celles de l'A. Ruleï, 422 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. ou section des Z'utacta. La plupart des Az'aucaria &’Aus- tralie ont le caractère des £'utacta, c’est-à-dire que leurs feuilles ont l’aspect de crochets tétragones à la base, atté- nués en une pointe recourbée en faux au sommet, plus rarement dilatées en lamelles coriaces, tandis que leurs écailles fructifiées, surmontées d’une pointe terminale ex- serte, sont amincies latéralement en une marge membra- neuse. Le support ovulaire soudé à la bractée demeure reconnaissable chez les Æutacta, aussi bien que chez les Columbea ; seulement, son apex ou sommet libre n’a rièn de raide, ni d’épineux, dans les premiers, et revêt l’apparence d’une lamelle scarieuse presque entièrement adnée à la bractée : les figures 12 à 14 de notre planche 146, qui repré- sentent les écailles fertiles, vues par dessus et par dessous, des Araucaria Cookii R. Br. (fig. 11-12) et Muelleri Brngt. et Gris (fig. 13-14), aideront à saisir ces nuances différen- tielles qui ne manquent pas d'importance, dès qu'il s’agit de la détermination des espèces fossiles. Les Araucaria excelsa R. Br., — Cunninghami Aït., — Cookii R. Br., — Muelleri Brngt.et Gris, — Palansæ Brngt. et Gris, — montana Brngt. et Gris et Æulei F. Muell., se rattachent tous de plus ou moins près au type commun des Eutacta. Le second, À. Cunninghami, forme de vastes fo- rêts dans la Nouvelle-Hollande orientale entre le 14° et le 30° degré de lat. mérid. Le premier, À. excelsa, a pour patrie l'île de Norfolk et les récifs qui en dépendent. L’Araucaria Cookii, depuis longtemps célèbre, dresse ses colonnes nues, parfois gigantesques, sur certains points de la Nou- velle-Calédonie et de l’Archipel des Nouvelles-Hébrides ; c'est le Cupressus culumnaris de Forster dont le port à la fois massif et hardi, par sa singularité comme par son élé- vation, n’a cessé d'attirer l’attention des navigateurs qui TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 423 visitèrent successivement sa principale station, l'ile des Pins. Les aulres espèces, dont quelques-unes étonnent par la consistance épaisse ou bien à la fois élargie et coriace de leur feuillage, ont été observées dans la Nouvelle-Calédonie, où elles ne forment cependant nulle part de vastes forêts, mais seulement des colonies éparses, limitées à certaines partiesintérieuresetaccidentéesdel’île,entouréesetcomme submergées par une armée de végétaux plus robustes qui menacent de les éliminer. Les travaux de la colonisation ne feront que rendre une pareille tendance plus irrésistible, en assurant la réalisation de ses derniers résultats. Ce sont là bien évidemment des signes de décadence. Le type des Araucariaaustraliens, peut-être plus rapproché en- core que celui d'Amérique de ce que furent les formes secon- daires du genre, ne comprend de nos jours que des restes et des épaves, échappés par le fait de circonstances excep- tionnellement favorables aux effets d’une destruction pres- que générale. Il faut donc croire que de toutes les conifères vivantes, les Araucaria sont celles qui nous traduisent le plus fidèlement le type des arbres jurassiques de cette classe. Cette rigidité d’aspect, ce port à la fois élégant et régu- lier, réunissant la force, la hardiesse et la beauté, cette pyramide qui s’élance sans se déformer, ces branches éta- gées avec tant d'art, à des distances sensiblement égales, cette flèche verticale qui monte sans s’arrêter et qui se ré- génère si péniblement si elle vient à périr, tous ces traits qui frappent vivement le regard doivent être un legs de la nature primitive aux modernes représentants des types d'autrefois; ces mêmes traits étaient probablement l’apa- nage commun de la plupart des Pachyphyllum et des Bra- chyphyllum, de même qu'on les remarque déjà chez les Walchia permiens et qu’ils durent caractériser les plus an- 424 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. ciens Araucaria. Enfin il est probable que les formes aus- traliennes survivantes nous donnent la mesure exacte des conditions de température et de climat qui présidèrent jadis au développement de la flore jurassique. Nous avons précédemment traité celte question en in- voquant les aptitudes actuelles du genre pour admettre l'existence d'une chaleur plutôt modérée que torride pour l’âge où nous reporte l'étude des végétaux caractéristi- ques du lias et de l’oolithe. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — La position de l’ovule uni- que, inverse, adné au support, subimmergé, plus tard inclus, à l’état de nucule aptère, dans une cavité intérieure vers la base de l’écaille, cette position sert à distinguer les Araucaria des Pachyphyllum etdes Dammara, chez lesquels la graine, égalementsolitaireetinverse, demeure libre et su- perficielle. Cette graine était comprimée, accompagnée d’un rebord cartilagineux symétrique, chez les Pachyphylrum ; elle présente la forme d’une nucuîe munie d’un appendice unilatéral,et par conséquentasymétrique,chezles Dammara. Dans les Cunninghamia, qui s’éloignent encore davan- tage, les ovules libres et superficiels sont au nombre de trois sur chaque écaille, et les feuilles sont parcourues par une côte médiane, cernée sur la face inférieure par deux fascies longitudinales où se trouvent disposés les stomates. Les feuilles des Araucaria au contraire, lorsqu'elles ne sont pas conformées en crochets tétragones ou en écailles solides et coriaces, mais planes et lamelleuses, comme celles des Araucaria d'Amérique et de l'A. Bridwil, sont toujours pourvues de plusieurs nervules longitudinales, fines, égales et parallèles, convergeant vers le sommet de l'organe, sans médiane distincte. Sur ces feuilles, les sto- mates punctiformes sont distribués en files ou rangées TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 425 longitudinales et situés à la face inférieure, chez les Arau- caria du type Bidiwili et imbricata, et sur les facettes laté- rales et supérieures chez ceux dont les feuilles sont tétra- gones, uncinées ou falciformes, comme les Araucaria excelsa, Cookü, etc. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 187, fig. 4, Araucaria sphærocarpa (Carr.) Schimp., cône presque entier, prove- nant de l’oolithe inférieure, d’après une figure de M. Car- ruthers, grandeur naturelle. Fig. 5-6, Araucaria Brodiei (Carr.) Schimp., deux écailles fertiles détachées, d’après des figures de M. Carruthers, grandeur naturelle. Fig. 6-7, Araucaria Phillips (Carr.) Schimp., deux écailles fertiles détachées d’un cône mûr, d’après des figures empruntées au mémoire de M. Carruthers, grandeur naturelle. N° 1. — Araucaria Moreauana. PI. 184, fig. 1-6, et 185. DIAGNOSE.— A. squamis seminiferis, sterilibusve, e strobilo maturilatis causa distractis, crassiuscule crustaceis nec dense lignosis, planiusculis ovato-oblongis in cuneum basi attenua- lis, semen nucamentaceum oblongum basin versus inclusum ferentibus, ad insertionis locum truncatis, dorso leviter me- dio carinatis, antice autem in apophysin mediocriter exten- sam convexoque rhombhæam acumine apicali elongato exserto- que superalam abeuntibus, squamis sterilibus ovato-oblongis cunealisque apice vix incrassalis acumine terminali destitutis. Araucaria, Brngt, Ms., Plantes foss. du cale. ool. des environs de Verdun. Moreauia araucarina, Pom. (ex parte), {. c., p. 350, quoad squamas ovuliferas Moreauiæ arauca- rinæ, suæ a CI. Pomel fructus vice tri- butas. 496 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. Il ne serait pas impossible que les écailles détachées d’un strobile d'Araucaria, auxquelles nous appliquons le nom d’'Araucaria Moreauana, eussent appartenu à l’es- pèce signalée précédemment et figurée sous le nom de Pachyphyllum araucarinum. Le doute subsiste jusqu’au moment où l’on aura rencontré des fruits en connexion directe avec les rameaux qui les supportaient. En l’absence d’une démonstration décisive de cette sorte, il nous a paru plus naturel de rapporter aux Pachyphyllum, dont ils affec- tent l'apparence, les fragments de rameaux dont nous vou- lons parler el de décrire séparément les écailles qui déno- tent d’une manière certaine la présence d’un Araucaria de la section Z'utacta, dans les calcaires coralliens de la Meuse. Adolphe Brongniart, à qui M. Moreau avait communiqué ces écailles dès 1841 et quiles avait examinées de nouveau en mars 1860, d’après une note manuscrite, accompa- gnée de eroquis, que nous tenons de lui-même, avait reconnu leur nature véritable à la dernière de ces dates; il les définit de la manière suivante : « quatre écailles de dimension presque semblable, paraissant appartenir à la même plante et ressemblant aux écailles des Araucaria australiens. Ce seraient probablement des écailles de cônes jeunes; 4 indiquerait peut-être l’attache de l’ovule (voy. pl. 184, fig. 3); la forme et la proportion ressem- blent beaucoup à celles des organes correspondants de VA. Biduwilii. » Nos figures 1 à 4, pl. 184, sont l’exacte re- produetion des échantillons désignés par Brongniart dans sa note, et que nous avons sous les yeux à lexception de deux d’entre eux (fig. 2 et 3), dont l’un est, il est vrai, le plus important de tous, parce qu'il montre avec une par- faite netteté, sinon la graine elle-même, du moins l'em- placement et la cavité, occupés par elle à l’extrémité infé- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 427 rieure de l’écaille, vers l’onglet atténué en coin par lequel elle adhérait à l’axe du strobile. Ces deux empreintes sont cependant authentiques, non seulement parce que Brongniart les a vues et dessi- nées, mais parce que leur existence est encore attestée par la description insérée dans le texte de M. Pomel et par des croquis joints à des lettres de ce savant, qui avait jus- tement basé sur leur examen l'établissement de son genre Moreauia, en les considérant dans une position inverse, comme si la graine eût été suspendue vers le haut de l’é- caille, tandis que la partie apophysiaire élait supposée correspondre à la base d’insertion de l’organe, attaché isolément au sommet de l’ancien rameau. Les figures 2 et 3, pl. 184, reproduisent fidèlement les dessins origi- naux de Brongniart, accompagnés de la note : « Somme- dieue, près Saint-Mihiel, — M. Moreau, 1841, — impres- sion et contre-épreuve d’une écaille de Conifère. » Ce sont effectivement deux écailles semblables, arrondies supé- rieurement, atténuées en coin vers la base par un mouve- ment identique des deux parts et présentant une impres- sion en creux à l'endroit de la semence qui paraît avoir occupé le milieu de la partie atténuée en ongjlet, soit un tiers au moins de la longueur totale de l'organe. Seule- ment, sur l’un des deux échantillons, la terminaison supé- rieure, arrondie en spatule, est entièrement mutique, tandis que sur l’autre on distingue un corps saillant, net- tement terminé en pointe obtuse vers le bas, et engagé par le haut dans la substance de l’écaille. Ce corps en saillie ne peut correspondre qu'à la graine ou peut-être à la cavité intérieure dans laquelle celle-ci était renfermée, absolument comme chez les Araucaria actuels. Seulement, comme il s’agit d’une empreinte à laquelle un moulag® 428 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. peut seul restituer son relief, il devient probable que la figure 2 correspond à la face supérieure ou ventrale de l’ancienne écaille, et que le renflement visible qu’elle pré- sente en réalité correspond à la saillie que la graine incluse produit sur cette face dans les écailles des Arau- caria (voy. pl. 146, les figures 12 et 14, destinées à servir de terme de comparaison), tandis que la figure 3 repré- sente l'empreinte de la face dorsale de la même écaille, surmontée d’une partie apophysiaire, relativement épaisse, et d’une pointe terminale exserte et acuminée, conforme à celle des figures 11 et 13, pl. 146, qui représentent Ja même face dorsale, considérée dans les écailles des Ar'au- caria Cookt, R. Br. et Muelleri, Brngt, et Gris. La forme seule du contour général est ici différente, l’écaille fos- sile étant moins large et bien plus atténuée vers la base que ne le sont les écailles des deux espèces vivantes; mais ces divergences ne sauraient surprendre, lorsque l’on compare les figures 11 à 14, pl. 146, avec les figures 16 et 17, même planche, représentant une écaille de l’A. Æulei A. Muel., distincte des précédentes par tant de côtés. Les espèces fossiles, à une époque où le genre était à la fois nouveau et puissant, devaient comprendre des écarts de même nature, bien plus accentués encore. La figure 14, pl. 184, représente un échantillon de Gibomeix qui fait encore partie de la collection de M. Moreau et qui se rapporte, selon nous, à la face dorsale d’une écaille d'Araucaria, pareille à celle que nous venons de décrire, mais pourvue, vers le haut, d’un rebord et d’un renflement apophysiaires, bien plus prononcés et prolongés en un appendice terminal épineux, légèrement réflexe, qui me- sure une longueur totale de plus d’un centimètre. L'ana- logie de cette pointe avec les appendices qui surmontent TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 429 les écailles de l'A. Pidwilü, mais surtout avec ceux qui terminent ces organes dans l’A. Rules (voy. pl. 146, fig. 16 et 17)et la plupart des Araucaria australiens, n’a pas besoin d’être signalée, tellement elle est évidente. La partie atié- nuée, inférieure, de cette même écaille, à laquelle notre figure 1*, dessinée d’après un moule, restitue son appa- rence, montre un renflement qui correspond à l’emplace- ment occupé par la graine, peut-être avortée dans le cas présent, circonstance qui se présente assez fréquemment pour les écailles situées à la base des cônes d’Araucaria. A plus forte raison en est-il ainsi des figures 4, 5 et 6, qui se rapportent sans doute à des écailles tout à fait stériles et que nous figurons d’après des dessins originaux de Brongniart, qui les avait considérées comme représentant des écailles gemmaires de Cycadée; mais cette interpréta- tion nous paraît infiniment peu probable, tellement, par leur aspect et la forme générale de leur contour, ces écailles concordent avec les précédentes. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Les écailles de notre Arau- caria Moreauana ne peuvent se confondre avec aucune de celles que l’on a signalées jusqu’à présent. Les Araucaria Brodier et Phillipsii (voy. pl. 187, fig. 5-6 et 7-8) ont des écailles plus petites, plus courtes proportionnellement. La pointe exserte qui les surmonte et leur apophyse étroite et peu étendue leur donnent pourtant de la res- semblance avec l'espèce de la Meuse que nous décrivons; mais celle-ci, à son tour, ne saurait être confondue avec l'espèce suivante dont les écailles ne mesurent qu’un dia- mètre plus petit de moitié et qui sont proportionnelle- ment plus larges et plus courtes. Nous ne trouvons pas, comme l’énonçait Brongniart, que les écailles de l'A. Mo- reauana se rapprochent par leur forme ou par leurs propor- 430 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. tions des parties correspondantes de l’Araucaria Bidiwilii. Les écailles de ce dernier sont entièrement ligneuses, épaisses et solides, surmontées d’une pointe fortement acérée. La consistance des organes fossiles est plutôt celle qui distingue les écailles strobilaires des Araucaria australiens du groupe des £'utacta; elle était plutôt crus- tacée que solide ; les bords de l’écaille semblent avoir été minces, sinon ahés ou scarieux ; enfin, l'empreinte à la- quelle ces organes ont donné lieu est peu profonde et dé- note une constitution en lamelle renflée vers le milieu et à l’extrémilé supérieure, amincie latéralement, comme chez les Araucaria excelsa, Cook et Cunninghami. Ce- pendant, malgré cette incontestable aflinité, ilsemble que la partie libre du support de l’ovule, conformé en pointe, qui se montre à la face supérieure des écailles d’Araucaria ne soit pas visible sur les empreintes de Saint-Mihiel, du moins si l’on consulte les dessins de Brongniart. Il est vrai que le seul échantillon complet que nous ayons eu entre les mains correspond à la face dorsale de l’écaille; la figure 2, pl. 184, qui représente une face supérieure, ne laisse voir aucun vestige de l’appendice en question; il se pourrait qu’il fût normalement peu visible ou même entiè- rement oblitéré dans l’A. Moreauana; sa présence est pour- tant reconnaissable sur les écailles de l’A. Prodiei et nous allons constater que l’espèce kimméridienne du lac d’Ar- maille en montre des vestiges ; il convient encore d’ajouter que la graine de notre espèce fossile paraît avoir occupé une place plus restreinte et plus reculée vers la base de l’écaille que dans la plupart des Araucaria actuels. Nous avons essayé de rendre ces analogies et ces différences en reconslituant le cône entier de l’Araucaria Moreauana, conformément aux données qui précèdent (voy. la pl. 185). TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 431 LOCALITÉS. — Gibomeix (Meurthe-et-Moselle), Somme- dieue près de Saint-Mihiel (Meuse) ; environs de Verdun ; coll. de M. Moreau et de M. Buvignier ; calcaires blancs supérieurs de l'étage corallien. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 184, fig. 1, Araucaria Moreauana Sap., empreinte d’une écaille de strobile, na- turellement détachée, d’après un échantillon communiqué par M. Moreau et appartenant à sa collection, provenant de Gibomeix, grandeur naturelle ; fig. 1°, même organe dessiné d’après un moule qui lui restitue son relief, vu par la face dorsale, grandeur naturelle. Fig. 2 et 3, empreinte et contre-empreinte d’une autre écaille de la même espèce, d’après des dessins originaux de M. Ad. Brongniart. La figure 2 correspond à la face supérieure, la figure 3 à la face dorsale de l’ancien organe; on dis- tingue sur celle dernière la trace visible de la graine enfoncée dans sa cavité alvéolaire ; ces deux figures sont de grandeur naturelle. Fig.4, autre écaille de strobile de la même espèce, probablement stérile; grandeur naturelle, Fig. 5 et 6, deux autres écailles reproduites d’après des dessins originaux de Brongniart et rapportées avec doute à la même espèce que les précédentes, grandeur naturelle. — P]. 185, Araucaria Moreauana Sap., strobile reconsti- tué d’après les éléments figurés sur la planche précédente, grandeur naturelle, N° 2. — Araucaria microplhylia. PI. 186, fig. 1-5, et 187, fig. 3. DIAGNOSE. — À. ramis ramusculisque minutis ereclo-flexzuo- sis dense foliatis, foliis plerurnque distichis patulisque coria- 332 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. ceis complanatis, tum linearibus linearique lanceolatis apice breviter acutis, tum lanceolatis obovatisve apice obtusatis, infra basin plus minusve restriclam decurrentibus ; strobilé globost terminalis squamis brevibus contermine late ovatis, basi vix in cuneum attenuatis truncatulis, apice mucrone brevi obtuse aculo superatis, semen inclusum unicum ovatum squamula viz prominente coopertum, mücropylen versus autem obtusis- sime attenualum ferentibus, ad maturitatem omnibus ab az solutis. Cunninghamites microphyllus, Sap., Notice sur les pl. foss. du niv. des lits à poissons de Cerin, p. 43. En considérant le rameau que reproduit notre figure 1, pl. 186, on reste frappé de sa ressemblance avec ceux du Füz-Roya patagonica Hook., type de Cupressinée particu- lier au Chili; mais un examen un peu attentif de la figure {*, qui représente une parlie du même rameau grossie, oblige à reconnaître la fausseté d’une pareille assimilation. Non seulement les feuilles du Fréz-Roya sont décussées ou même ternées, ce qui n’est pas le cas de celles de notre empreinte, mais elles sont munies d’une nervure médiane dont il n’existe ici aucune trace. Cette absence de côte médiane nous oblige également à rejeter, comme invraisemblable, la liaison que nous avions d’a- bord cherché à établir entre l’échantillon d’Armaille dont il est question et le genre Cunninghamia. Les résidus du | strobile qui terminent le rameau principal et qui affectent un aspect globuleux nous avaient paru de nature à favo- riser ce rapprochement, mais une étude suivie de l’ancien type, étude dont les figures 4 à 5 de la planche 186 sont le résultat, nous a porté à changer d’avis et à reconnaître, TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 433 dans ces restes épars, ceux d’un Araucarin de très petite taille, allié pourtant d'assez près à l'A. Bidwilë, et dont nous avons tenté d'opérer une restauration partielle, en figurant le cône de cette espèce, tel qu'il devait être avant sa désagrégation, d'après les écailles éparses recueillies dans les mêmes lils que les rameaux. Geux-ei sont du reste fort rares ; leur découverte est due à M. A. Falsan et notre figure #, pl. 186, représente très exactement le principal exemplaire dont les figures 1°, même planche, et 8, pl. 187, donnent les détails grossis. Les caractères deviennent ainsi parfaitement visibles : on distingue quatre ramules subérigés, flexueux et inégaux, sortant d’une même tige et naissant à des hauteurs inégales ; les deux inférieurs sur des points très rapprochés, le troisième un peu plus haut que les premiers et égalant ou dépassant la branche mère, celle-ci terminée par des résidus reconnaissables, sinon très nets, d’une portion de strobile encore en place. Les feuilles sont étalées et distiques sur tous les ramules ; elles sont lancéolées-linéaires, pointues et probablement piquantes au sommet, qui est cependant toujours un peu obtus, et rétrécies inférieurement à leur base d’insertion sur la tige. Ces feuilles ont dû présenter une consistance épaisse et cartilagineuse; la coloration foncée du résidu de la substance végétale, auquel leur empreinte a donné lieu, en témoigne suffisamment. Elles sont du reste trop petites et trop étroites pour laisser voir à l'œil nu d'autre détail que celui du contour extérieur ; mais, à l’aide de la loupe et en s’attachant aux plus larges et aux mieux con- servées de ces feuilles, surtout à celles qui accompagnent le rameau principal et qui sont les plus rapprochées de l'extrémité terminée par un strobile (voy. les figures gros- sies 4, pl. 486, et 3, pl. 187), on reconnaît que ces feuilles Ie Sen. VEGÉTAUX. — III. É 28 134 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. sont planes et parcourues par 3 à à nervures longitudi- nales, égales entre elles, qui courent parallèlement et convergent vers le sommet obtus et cartilagineux du limbe. Cette structure est bien celle qui distingue l’Arau- caria Bidwilii Hook, et l’on peut dire que, sous des pro- portions presque microscopiques, c'est-à-dire 6 à 7 fois moindres que celles de l’espèce actuelle d'Australie, notre A.microphyllareproduit fidèlement l'aspect de celle-ci. Les feuilles de l’A. microphylla, toute proportion gardée, sont cependant bien plus obtuses, moins longuement atténuées et moins aiguës au sommet que celles de l’A. Bidwilii. Sous ce rapport il serait naturel de comparer plutôt l'espèce fos- sile à l'A. Muelleri Brngt. et Gris, de la Nouvelle-Calédonie ; mais aucun Araucaria actuel n’est aussi menu dans toutes ses parties que l’Araucartia jurassique que nous décrivons ici. Les cônes, en rapport avec cette exiguité, n’ont dû me- surer qu'un faible diamètre. Les résidus dont la figure grossie 4°, pl. 186, fait voir la disposition se rapportent visiblement à la base d’un strobile désagrégé, dont les écailles les plus inférieures, probablement stériles, seraient seules restées en connexion et dont l’axe aurait disparu par le frottement. Ces écailles offrent un rapport évident avec d’autres écailles fertiles, rencontrées isolément dans les mêmes lits du lac d’Armaille et dont la structure carac- téristique concorde exactement avec celle qui distingue les parties correspondantes des Araucaria. L'attribution générique ne saurait en tout cas paraître douteuse. Il suffit pour s’en convaincre de jeter un regard sur nos figures, et de les comparer à celles de notre planche 146 (fig. 6-8, 12-14, 16-17) qui représentent des écailles fertiles de plu- sieurs Araucaria, vues par les deux faces. La conformité d'aspect est absolue; seulement les écailles fossiles sont TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 435 beaucoup plus petites; la plus grande des deux (fig. 2 et 3) mesure moins d’un tiers du diamètre transversal de celles des Araucaria Cook R. Br. et Muelleri Brngt. et Gris (1), et la plus petite (fig. 4, pl. 186), seulement un quart de cette même largeur diamétrale. Par leur consistance qui n'avait évidemment rien d'épais ni de ligneux, par les dé- tails et les linéaments encore visibles sur leurs deux faces, ces écailles s’éloignent de celles de l’Araucaria Bidwili et se rapprochent de celles des Araucaria de la section £utacta, qui sont membraneuses, minces et presque foliacées sur les côtés, surmontées par une pointe exserte et offrant au- dessus de l'emplacement occupé par la semence une lamelle appliquée et obtuse, au lieu d’une squamule spinescente et solide, aussi bien que la terminaison de l’apophyse même. Notre espèce se rangerait donc assez naturellement parmi les Zulacta, section dont la plupart des Araucaria d'Australie font maintenant partie. Il semble pourtant que les écailles fossiles aient été plutôt minces que réellement ailées et scarieuses le long des bords. Dans ce cas, elles pourraient être comparées aux organes correspondants de l'A. ARulei F. Muell. (voy. pl. 146, fig. 16-17) qui semble opérer à ce point de vue un passage entre les deux sections, Nos figures 2 et 3, pl. 186, représentent les deux faces de la même écaille : la figure 2 correspond, selon nous, à la face ventrale ou supérieure ; on distingue sur cette face (voy. la figure 2°, grossie) la trace de l'emplacement, re- levé en saillie, d’un ovule de forme ovoïde, obtusément alténué inférieurement à l'endroit du micropyle, dont l'extrémité vient aboutir au milieu de la partie tronquée qui répond à l'insertion de l’écaille sur l’axe du strobile, (1) Voy. fig. 14-16, pl. 146. 436 | PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. Vers le haut, l’éminence ovulaire se trouve surmontée par une squamule en forme de lamelle appliquée, terminée supérieurement par une sommité obtusément anguleuse, faiblement saillante. L'écaille elle-même, limitée par un contour inégalement arrondi, présente à son extrémité apophysiaire une pointe obtuse et courte, faiblement exserte. Cette partie apophysiaire est plus visible et mieux développée sur la seconde empreinte qui reproduit la face dorsale de la même écaille. La proéminence ovulaire est plus élargie vers le haut, et plus nettement limitée sur cette empreinte que sur celle qui répond à l’autre face. Une autre écaille (fig. 4 et 4°, pl. 186), plus petite et plus courte que la précédente, et surmontée d'une pointe apo- physiaire plus allongée, nous semble pourtant devoir être rapporlée à la même espèce; elle se rapporte à la face supérieure de l’organe, En admettant, ce quinous paraît fort probable, que ces deux écailles aient appartenu à une espèce d’Araucaria dont la figure 1 représenterait les rameaux, l’un d’eux sup- portant encore les résidus d’un strobile désagrégé, et en essayant de reconstituer ce dernier organe au moyen des éléments dont on peut disposer, c’est-à-dire d’après les écailles fertiles, en tenant compte d’ailleurs de l’aspect le plus ordinaire des formes vivantes, nous obtenons le cône représenté planche 186, fig. 5; les dimensions de l'organe ainsi reconstitué sont peut-être encore quelque peu supé- rieures à ce qu’il a dû présenter en réalité; mais, à tout pren- dre, ilest à croire qu’elles s’en rapprochent beaucoup. Quant à la disüinction que nous élablissons entre les écailles que nous venons de signaler et celles qui suivent, en combinant les premières avec le rameau feuillé, fig. 1,et réunissant les secondes à un autre ramule de la même localité, il y a cer- TERRAIN JURASSIQUE — VÉGÉTAUX. 437 tainement une part d’arbitraire dans la tendance qui nous a porté à adopter cette opinion; nous n'y avons pas été en- gagé cependant sans motifs; ce qui nous a décidé, ce sont, d’un côté, les différences manifestées par les ovules, les uns allongés, fusiformes, les autres largement ovoïdes; tandis que, d’un autre côté, nous avions cru saisir une ressem- blance assez étroite entre les résidus d’écailles qui surmon- tent le ramule fig. 1 (grossi en 1°) et l’une des deux catégo- ries d’écailles. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Par les feuilles et la dispo- sition des rameaux, l’Araucaria microphylla ressemble en très petit à l'A. Pidwilu et encore plus à l’A. Muelleri ; par la conformation des écailles, il se rapproche de ce dernier, ainsi que de l'A. Cookit R. Br.; mais les écailles fossiles sont beaucoup plus petites, plus courtes, plus arrondies, moins atténuées vers la base, plus largement tronquées et surmontées d’une pointe plus obtuse et moins longue. Par leur dimension et même par leur forme, à certains égards, les écailles fertiles de notre À. microphylla sont certaine- ment comparables à celles que M. Carruthers a signalées sous le nom d’Araucaria Brodiei et qui proviennent de l’oolithe de Stonesfield. Il existe une si grande disproportion de taille entre ces écailles et le fragment de cône terminant un ra- meau, que l’auteur (1) anglais réunit à son espèce en le figurant sur la même planche, que nous ne sau- rions admettre celte identification à moins de preuves plus convaincantes. Les écailles de l'A. Prodiei de Carru- thers, comparées à celles de notre A. muicrophylla, sont plus dilatées à leur sommet, plus atténuées en coin vers (1) Geolog. Magaz., NI, n. 1, pl. 2, fig. 1. 4,38 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. la base, la pointe qui les surmonte est plus fine, plus exserte, plus recourbée, tandis que celle des écailles de l'espèce française est plus raide, plus érigée, plus courte et en même temps plus solide; elle rappelle davantage celle qui surmonte les écailles de l’Araucaria excelsa et même de l’A. Zidwilii, malgré la disproportion de taille qui éloigne l’espèce du lac d’Armaille des formes austra- liennes actuelles. On peut effectivement supposer sans invraisemblance que l'A. mécrophylla constituait un ar- buste, analogue par la taille à nos Juniperus, plutôt qu’un arbre de première grandeur, comme ses congénères vi- vants des régions australes. LOCALITÉ. — Schistes marno-bitumineux du lac d’Ar- maille, près de Belley (Ain), étage kimméridien inférieur ; coll. de M. A. Falsan et la nôtre. EXPLICATION DES FIGURES. — P]. 186, fig. 1, Araucaria mi- crophylla Sap., branche divisée en plusieurs ramules, dont le principal est terminé par des résidus se rapportant à la base d’un cône désagrégé, d’après un échantillon re- cueilli dans les schistes du lac d'Armaille par M. A. Falsan, grandeur naturelle ; fig. 1*, portion de ce même rameau, grossie, pour montrer la forme et la nervation des feuilles, ainsi que l’aspect des résidus de strobile. Fig. 2 et 3, em- preinte et contre-empreinte d’une écaille séminifère déta- chée, provenant des mêmes lits que l’échantillon précé- dent ; la figure 2 se rapporte à la face supérieure, la figure 3 à la face dorsale de la même écaille, grandeur naturelle ; fig. 2*, la même écaille vue par la face supé- rieure grossie. Fig. 4, autre écaille plus petite, attribuée également à l’Araucaria microphylla, mème provenance que les précédentes, grandeur naturelle ; fig. 4, la même grossie. Fig. 5, Araucaria microphylla Sap., cône restauré, TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 439 supporté par un ramule feuillé, grandeur naturelle, peut- être légèrement accru. — PI. 187, fig. 3, sommité de l’un des ramules latéraux de la branche figurée pl. 186, fig. 1, grossie pour montrer la forme et l'agencement des feuilles. N°3. — Araucaria Falsamni. PI. 186, fig. 6-9, et 187, fig. 1. DIAGNOSE. — À. ramis ramulisque parvulis abbreviatis cras- siusculis gracilioribusve, densius laziusve foliatis, foliis te- niusculis e basi tetragonula sursum linearibus aut lineari lan- ceolatis, apice incurvo breviter aculis subfalcatis ; squamis strobili ab axi ad maturitatem solutis parvulis in cuneum bre- vem attenuatis bast truncatis, latere autem supero CrAsSiusCu- lis in apophysin mediocriter extensam abeuntibus, apiculo exserte aculo superatis, semen inclusum obovatum sursum obtusatum, deorsum autem ad micropylen sensim attenuatum foventibus, squamula vix apice obtuso prominula. C’est à l’aide de fragments épars, provenant des cou- ches du lac d’Armaille comme les précédents, que nous nous hasardons à signaler et à décrire cette nouvelle es- pèce, en la dédiant à notre ami M. Albert Falsan qui a su la découvrir. Les ramules sont représentés par deux échantillons, l’un plus épais (pl. 186, fig. 9 et 9°), l’autre plus grêle (pl. 187, fig. 4 et 1°), tous deux fort menus, que nous avons eu soin de représenter grossis pour en laisser mieux saisir la phy- sionomie et les caractères. Ces débris dénotent une es- pèce de très petite taille, mais qui semble pourtant devoir être assimilée aux Araucaria excelsa et Cookii, d'Australie, dont elle reproduit fidèlement les traits. L'un des ramules (pl. 186, fig. 9), bien qu’il mesure à h40 PALÉONTOLUGIE FRANÇAISE. peine 2 { centimètres de long, ressemble sous des pro- portions très réduites aux ramules cylindriques qui ac- compagnent les pousses terminales des branches secon- daires des Araucaria, particulièrement celles qui suppor- tent des strobiles. Sur ces ramules effectivement, aussi bien que sur celui que reproduit notre figure 9, pl. 186, les feuilles ne sont pas ordonnées dans un ordre distique, comme celles des ramifications latérales. Les feuilles fos- siles sont courtes, pointues etrapprochées, à la base du ra- mule qui a dû se détacher naturellement ; elles augmen- tent ensuite graduellement, en s’étalant de plus en plus ; elles sont conformées en crochet mince, atténuées en pointe, recourbées en faux par le sommet, et elles ressem- blent plus particulièrement aux feuilles des Araucaria excelsa et Cook, ainsi que l’on peut s’en convaincre en comparant la figure grossie 9°, pl. 186, à la figure 9, pl. 146, qui représente un rameau de l'espèce australienne ac- tuelle : l’analogie entre les deux formes est si étroite qu’elle saute aux yeux ; on constate néanmoins, au moyen de ce rapprochement, que les feuilles de l’espèce jurassi- que étaient environ deux fois plus petites que celles de l’A. excelsa R. Br. L'autre ramule rapporté à la même espèce présente des feuilles distiques ; il est plus grêle, plus allongé que Pau- tre ; ses feuilles sont plus écartées, moins épaisses et en même temps un peu plus élargies au sommet que celles de l'échantillon précédent. Ce second ramule a dû faire partie d’une ramification latérale. Notre figure grossie 4°, pl. 487, fait bien ressortir la disposition distique de ses feuilles ; on voit aussi que les inférieures sont plus étroites et plus pointues que les suivantes ; la courbure en faux est visible chez les unes comme chez les autres. TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 441 Les écailles séminifères détachées que nous attribuons à cette espèce (pl. 186, fig. 6-8), non sans quelque réserve, mais avec vraisemblance, diffèrent assez notablement de celles que nous avons considérées comme appartenant à l’Araucaria microphylla ; leur contour n’est pas arrondi sur les côlés, mais conformé en coin obtus et court ; ces écailles rappellent visiblement celles des Araucaria Cooki R. Br. et Muelleri Brngt. et Gris, qui figurent sur notre planche 146, fig. 11-12 et13-14; seulement elles sont beau- coup plus petites, puisqu'elles mesurent au plus 9 milli- mètres de long sur une largeur maximum à peu près égale. Ces écailles sont tronquées à la base, arrondies vers l'extrémité apophysiaire, qui est peu prononcée, et sur- montées par une pointe exserle en mucron aigu, qui n’a rien pourtant de finement acuminé et qui rappelle la partie correspondante des Araucaria précitéset aussi de l’Araucaria excelsa R. Br. C’est donc auprès des Araucarta excelsa et Cookii que notre Araucaria Falsant viendrait se ranger par la double considération de ses rameaux et des écailles de son strobile, si nos conjectures sont exactes. Notre figure 7°, pl. 486, représente une de ces écailles grossie; le contour de la graine ou plutôt de l’'emplace- ment convexe dans lequelelle était logée est parfaitement visible. La forme obtuse au sommet, atténuée inférieure- ment, dans la direction du micropyle, de ce contour lui donne une ressemblance des plus étroites avec ce que montrent les parties correspondantes de l'A. Cook (voy. pl. 146, fig. 12) ; il est donc probable que notre figure se rapporte à la face supérieure d’une écaille et que l'espèce elle-même, comme nous l’avons déjà exprimé, se rappro- che plus ou moins de l’Araucaria Cook, arbre des Nou- velles-Hébrides et de la Nouvelle-Calédonie (ile des Pins, 442 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. île de l’Observation), qui a depuis longtemps attiré l’atten- lion des navigateurs par la singularité de son port, mais qui est rare partout et qui paraît être en voie de déclin ou même de disparition. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Si l’Araucaria Falsant res- semblait, comme nous le croyons, à l'A. Cook, ce ne pouvait être que sous des dimensions très modestes, bien éloignées de celles des pieds colonnaires de l’île des Pins, dont les plus âgés atteignent jusqu’à 150 pieds d'élévation. L’A. Falsani diffère encore, par ses feuilles en crochets minces et recourbées en faux et par la forme caractéristi- que des écailles que nous lui attribuons, de l'A. mcro- phylla, qui lui est associé dans les couches d’Armaille. Ces mêmes écailles sont certainement assimilables à celles que M. Carruthers a décrites sous les noms d’Araucaria Brodiei et Phullipsii et qui proviennent de l’oolithe infé- rieure du Yorkshire. Cependant, il suffit de comparer les figures de l’auteur anglais (1) (Z. c., pl. 2, fig. 2-4 et 8-9) avec les nôtres pour reconnaître qu'il ne saurait être ques- tion de la même espèce. Les écailles de l'A. Zrodiei sont plus grandes, plus élargies supérieurement et plus atté- nuées dans le bas ; la pointe qui les surmonte est plus fine et moins saillante; celles de l’A. Phillipsi sont également plus grandes et terminées à la base en un coin plus étroit. Il existe pourtant une sensible analogie entre la dernière espèce et celle du lac d’Armaille. La pointe qui devait sur- monter l’'apophyse des écailles de PA. Phrllipsa n’est pas visible sur les figures assez grossières du mémoire de M. Carruthers. (1) Voyez aussi nos figures 5-6 et 7-8, pl. 187, qui reproduisent celles de M. Carruthers. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 443 LOCALITÉ. — Schistes bitumineux du lac d’Armaille (Ain), étage kimméridien inférieur. EXPLICATION DES FIGURES. — P]. 186, fig. 6,7 et 8, écail- les détachées d’un cône d’Araucaria Falsani Sap., gran- deur naturelle; fig. 7?, l’une d’elles grossie, vue par la face supérieure, pour montrer la forme et la structure de l’or- gane, ainsi que l’emplacement occupé par la graine in- cluse et le mode de terminaison de celle-ci à ses deux extrémités. Fig. 9, ramule naturellement détaché de la même espèce, provenant de la sommité d’une tige, gran- deur naturelle; fig. 9°, le même grossi pour montrer la forme et le mode d’agencement des feuilles. — PI. 187, fig. 1, autre ramule attribué à la même espèce avec des feuilles distiques, provenant d’une ramification latérale, grandeur naturelle ; fig. 1°, le même grossi. N° 4. — Araucaria lepidophylia. Ph'A187, 32: DrAGNosE. — A., ramulis dense foliatis, foliis late squa- mosis crassiusculis dorso leviter carinatis breviter acuminatis apice incurvis, laxe imbricalis. Nous rangeons encore parmi les Araucaria, mais avec doute, un fragment de ramule recueilli dans le gisement du lac d’Armaille par M. A. Falsan et quinous paraît être dis- tinet des Pachyphyllum, particulièrement du P. cérinicum. Les feuilles n’ont ni l'épaisseur ni la saillie de celles de ce dernier; elles sont lâchement imbriquées; elles sont ni planes ni allongées, mais tétragones, repliées en faux et elles affectent la forme et la consistance de celles de l'A. Balansæ Brngt. et Gris. Assises sur une base assez large, 544 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. légèrement incurves au sommet, atténuées en pointe ob- tuse, faiblement carénées sur le dos, elles se distinguent aisément de celles des deux espèces précédentes et déno- tent une espèce à part, encore imparfaitement connue, que nous avons tenu pourtant à signaler. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES, — Si l'Araucaria lepidophylla a réellement appartenu au genre dans lequel nous le pla- çons, il aurait eu des dimensions supérieures à celles des deux espèces précédentes. Par la forme et l'agencement de ses feuilles, il rappelle l'A. Zalansæ, dont nous avons figuré un ramule, légèrement grossi, sur notre planche 146, fig. 15. Les ramules terminaux des Araucaria excelsa et Cookii affectent également un aspect très analogue ; il se pourrait cependant que le fragment si peu étendu sur le- quel nous basons notre espèce dût être rejoint aux Pachy;- phyllum, dont la structure se rapproche sensiblement de celle du rameau que nous venons de décrire. LOcaALITÉ. — Schistes bitumineux du lac d’Armaille, étage kimméridien inférieur ; très rare. EXPLICATION DES FIGURES. — Pl]. 187, fig. 2, Araucaria le- pidophylla Sap., fragment de ramule, grandeur naturelle; fig. 2°, le même, grossi pour montrer la forme et le mode d’agencement des feuilles. Trib. IV. — ABIETINEÆ Folia spiraliter inserta, plerumque uninervia, acicularia aut plus minusve linearia, secus ramulos laterales horizonta- literque appensos sæpe (in abietibus) distiche ordinata, etiam (in Pinis) dèmorpha. vera ad bracteam reducta abortivaque, spuria (normalia dicta) axillaria elongata acicularia bina terna aut quina e gemmulis perulatis simul erumpentia ; TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 445 innovationes gemimis squamnoso-perulalis primum inclusæ ; — bractea axillans receptaculumque ovuliferum axillare, in amento fæmineo posteaque in strobilo, alter ab altero liberæ, nvicem continuo distènctæ, bractea plus minusve cito abor- liva aut sallem, si quodammodo permaneat, receptaculo mi- nor ; receptaculum autem ovula bina inversa lateraliter inserta gerens, infra pollinisationem accrescens, squamam strobili plane constituens ; squamaæ ipsæ maturæ tum persistentes tum ab axi solutæ caducæque, planæ unquiformes vel in apophy- sin umbone medio notatam ad apicem incrassalæ, primum conniventes demum apertæ, semina nucamentosa ala membra- nacea ex epidermide squamarum superficiei desumpta cincta superatave liberantes; — amenta mascula bracteis crucia- lim disposihs ad basin vestita, ex androphyllis spiraliter seriatis imbricatisque Sursum in appendiculum antice lanceo- latum erectumque abeuntibus composita, sacculos polliniferos binos retrorsum gerentia ; — arbores sæpius excelsæ hæmi- sphert borealis, ut plurimum, incolæ monticolæ, folüs fere semper perennantibus donatæ, ramis in plerisque speciebus requlariter secus axin ercclum verticillatis, horizontaliterque expansis. La tribu des Abiétinées est aussi nettement caractérisée, prise dans son ensemble, que difficile à scinder régulière- ment en divisions secondaires. Dans un groupe aussi com- pacte, l'ordonnance fondamentale varie si peu et son uni- formilé est si complète quela plupart des auteurs, surtout les Allemands, englobent encore la totalité des espèces qu’il comprend dans le seul genre Pinus, sans avoir égard aux particularités de structure qui distinguent les Abiéti- nées et qui permettent, si l’on y a égard, de reconnaître parmi elles un certain nombre de coupes génériques ou, pour mieux dire, de sous-genres, aussi nettement définis 116 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. que dans aucune autre famille de plantes, Les pins, les sapins, les mélèzes, les cèdres, ne sauraientêtre confondus, même par des yeux inexpérimentés, tellement leur aspect et la structure de leurs organes fruclificateurs présentent de différences appréciables ; mais, si l’on descend dans les détails, si l’on considère les subdivisions, elles-mêmes fort naturelles, des pins proprement dits, si l’on tient compte de celles des sapins, si aisément distribués en plusieurs groupes secondaires; on voit ces limites, si naturelles en apparence, perdre de leur valeur et s’effacer de façon à expliquer, sinon à justifier, l'opinion de ceux qui réunis- sent les Abiétinées en un seul genre partagé en sections. Nous pensons que la vérité est plutôt placée entre les deux opinions extrêmes et que, s’il n'existe pas de vrais genres parmi les Abiétinées, on doit au moins reconnaître chez elles un certain nombre de sous-genres, réellement distincts et remontant pour la plupart à une ancienneté relative, assez reculée pour autoriser leur maintien. Si l’on veut se faire une juste idée des Abiétinées, il faut débarrasser le groupe lui-même des types hétérogènes que l’on y a d’abord englobés et qu'Endlicher y compre- nait encore (1), tout en réunissant les Abiétinées vraies (Abietinæ veræ) dans une division à part. Les deux autres divisions se trouvaient formées par les Araucarinées et les Cunninghamiées, ces dernières embrassant, outre les Cunninghamia, les Dammara, Sequoia, Arthrotaxis et Sciadopitys, c’est-à-dire toutes les Taxodinées à ovule inverse. | En suivant celte filière d’idées, on considérait seulement la direction des ovules, et l’on faisait abstraction de deux (1) Syn. Conif., p.15, 80. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 447 autres caractères qui doivent être combinés avec le pre- mier, si l’on veut éviter d'établir une coupe purement artificielle. Ces deux autres caractères sont le nombre des ovules insérés sur chaque support et la nature du rapport entre la bractée axillante et le support ovulaire, situé à l’aisselle de cette bractée. On n’a qu’à tenir compte à la fois de ces trois particularités de structure pour reconnaître que les Abiétinées se séparent réellement de toutes les Conifères, parce qu'elles sont les seules qui présentent en même temps des ovules imverses au nombre de deux colla- téraux et des supports exempts d'adhérence avec la bractée axillante, le support se développant de façon à consti- tuer chacune des écailles dont la réunion forme le stro- bile à sa maturité, C’est là un ensemble de caractères fort nets qui distinguent les seules Abiétinées parmi les Conifères. Cette structure si bien caractérisée est encore par elle-même particulièrement significative. Dès que l’on consent, à l'exemple de Strasburger, et comme nous l’avons longuement exposé au commencement du volume (1), à considérer le support ovulaire comme un axe de seconde génération, réduit par atrophie aux seules parties élémen- taires et destiné à contracter avec la braclée axillante, généralement accrescente, une connexion plus ou moins intime, on voit de suite que les Abiétinées constituent une remarquable exception à cette tendance, puisque chez elles le support se développe indépendamment de la bractée et qu'il constitue à lui seul l’écaille du strobile, écaille tantôt plane et amincie vers les bords, tantôt épaissie en une apophyse surmontée d’une pointe soit centrale ou (1) Voy. plus haut: Introduction à l'hist. des Conifères, p. 147 et suiv., p. 153 et suiv., et spécialement p. 161 à 171. 448 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. umbo, soit terminale et plus ou moins allongée. Ainsi, des trois éléments qui ont dû primitivement donner naissance au strobile, un seul, l’atrophie de l’axe ovulifère, se mani- feste ici, tandis que deux autres éléments aussi essentiels en apparence, la soudure de cet axe changé en support avec la bractée et l’accrescence de cette dernière, font en- tièrement défaut; de telle sorte que la nature est arrivée à ses fins en produisant un strobile conforme à ceux des autres Conifères, et cependant sorti de combinaisons réel- lement différentes. La soudure du support et de la bractée, intime chez les Araucarinées, complète chez les Cupres- sinées el parlielle au moins dans les Taxodinées, ne s’ef- fectue pas ici, et le support ovulaire, développé d'une fa- çon à peu près indépendante, représente, d’après opinion de M. Strasburger (1), « un axe biflore, dépourvu de brac- tées, comparable pourtant à l'appareil femelle des Cepha- lotazus et à celui de certaines Cupressinées » ; il n’y aurait réellement, ajoute l’auteur allemand, qu’à se figurer la présence d’écailles libres et de fleurs comprimées sur elles- mêmes et réfléchies pour obtenir une concordance par- faite. On conçoit qu’une combinaison de cette nature re- porte l’esprit vers une époque des plus anciennes et à un stade du développement des Aciculariées relativement voisin du berceau même des Conifères propres : « lindé- pendance mutuelle des organes », en tout état de choses, ayant certainement devancé les combinaisons de structure qui ont pour base la soudure et la fusion plus ou moins avancée de ces mêmes organes. Chez les Abiétinées, les parties du cône sont moins réduites, moins transformées, et, on peut le dire, moins dénaturées que dans les autres 1) Die Coniferen und die Gnetaceen, p. 59. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 4349 tribus de Conifères ; seulement chez elles, la soudure absente est remplacée par l’atrophie et la non-accrescence des bractées demeurées libres, qui ne participent pas au mouvement de dilatation du support et se détruisent géné- ralement avant que le strobile ne soit devenu adulte, Dans un petit nombre de sapins seulement (Abies bracteata) les bractées persistent peu modifiées et conservent l’apparence de vraies feuilles associées aux écailles, entre lesquelles leur pointe aciculaire se prolonge en communiquant à l'organe une physionomie spéciale. On peut donc admettre à priori l'ancienneté reculée des Abiétinées ; on peut croire qu'arrêtées assez promptement dans leurs traits caractéristiques, elles n’ont ensuite varié que dans de faibles limites, donnant l'exemple d’une tribu très-fixe dont l’importance s’est accrue lentement, à mesure que des temps primilifs on s’avance vers des âges moins re- culés, pour aboutir enfin à l’époque actuelle. Il est pro- bable que cette extension graduelle et cette prépondé- rance, acquises à la suite d’une longue persistance du type, sont dues en définitive à la plasticité remarquable de ce dernier, qui lui a permis d’engendrer des variations par- tielles et par suite de se subdiviser facilement en sous-gen- res et en sous-espèces, partout où le groupe a pénétré, en se pliant sans trop de peine à des conditions locales très-di- verses. Cette souplesse a permis aux Abiétinées d’habiter sous des climats très-opposés, dans des sols offrant toutes les compositions et toutes les expositions, depuis les alentours du cercle polaire jusqu’au delà de la ligne dans la direction du sud. On observe des Abiétinées dans les sables, sur les coteaux et dans les rochers, à l'exemple des Pinus pinea, pinaster et halepensis ; on en rencontre dans les tourbières et au sein des montagnes, comme le pin svlrestre; sur Ils Séris. ViegTaux. — III. £ 9 450 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. toutes les chaînes, comme les divers sapins; ces arbres, tant au Mexique que sur nos Alpes et sur la déclivité des grandes chaînes de l’Asie, prolongent de vastes agglomé- rations sociales, vérilables nations au sein de la nature végétale. Ainsi, permanence de caractères essentiels très- anciennement fixés et tendance à la variété par le dédou- blement des espèces et des races : telles sont les notes dis- üinctives que présentent en première ligne les Abiétinées. Nous devons, à la suite de ces préliminaires, examiner plusieurs points relatifs aux Abiétinées ; d’abord la déter- mination des sous-types qu'elles renferment, ensuite leur distribution géographique actuelle, enfin leur origine pro- bable et la date approximative de leur première diffu- sion. Nous avons d'autant plus de motifs de nous étendre sur ces diverses questions que nous n’aurons à décrire en particulier qu'une seule espèce jurassique, rencontrée jusqu’à présent dans la région française, et cette pénurie elle-même vient à l’appui des considérations que nous aurons à faire valoir au sujet du berceau présumé de la tribu. Si l’on porte le regard sur les Abiétinées avec l'intention de les diviser à l’aide des particularités les plus saillantes de leurs divers organes, en s’attachant aux combinaisons les plus naturelles, à celles qui affectent de la façon la plus générale la physionomie de l’ensemble, on peut recon- naître parmi elles trois groupes qui paraissent plutôt jux- taposés qu’enchaînés dans un ordre linéaire : ce sont les pins ou Pénées, les cèdres ou Laricées et les sapins ou Sa- pinées. Chacun de ces groupes se distingue principalement par une disposition des feuilles qui lui est propre et qui est assez exclusive pour que l’on n'éprouve aucune difficulté à la saisir. — Dans les Pinées, sans exception, les vraies TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. ÉoA feuilles ou feuilles primordiales, désignées sous le nom de bractées, avortent normalement à l’état adulte et à leur aisselle se développent, dans l'immense majorilé des cas, d’autres feuilles ou feuilles aciculaires, fasciculées au nom- bre de 2, de 3 ou de 5, et sorties de minces bourgeons écail- leux. Cette structure des organes foliaires suffit pour faire reconnaître un pin au premier coup d'œil, même le moins exercé. Il faut remarquer ici: 4° que les rameaux des pins avec leurs feuilles primordiales retracent assez fidèlement l'aspect de certaines conifères très-anciennes, en particulier des Voltzia et des Palissya ; 2° que ces rameaux à feuilles primordiales nous ramènent nécessairement à un stade antérieur, durant lequel ces arbres n’offraient pas encore l’aspect qu'ils ont ensuite revêtu grâce à une particula- rité de végétation, devenue chez eux normale et défni- tive; 3° que cette production constante de bourgeons axil- laires, donnant naissance aux premières feuilles d’un ramule dont l'axe reste rudimentaire, a beaucoup d’analogie avec ce qui a lieu dans le strobile même des Abiétinées, où la bractée, véritable feuille, avorte également, tandis que le support ovulaire représente les rudiments d’un jet axil- laire imparfaitement développé (1). Cette assimilation est rendue plus naturelle par l’existence de quelques rares Pinus, chez lesquels les feuilles aciculaires naissent réu- nies et soudées, et elle peut même nous mettre sur la voie du procédé au moyen duquel s’est jadis constitué le stro- bile des Conifères, par « l'avortement normal de chacune des inflorescences axillaires » que le rameau fertile de ces plantes présentait originairement. On est amené à recon- naître de cette façon qu'une semblable disposition, se trouvant en connexion directe avec la structure intime (1) Voy. antérieurement, p. 109 et 110. 52 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, des organes reproducteurs, et ayant sans doute contribué au développement de cette dernière, doit être par cela même reportée à un âge fort reculé et cette présomption engage à rattacher à un passé des plus lointains l’exis- tence du groupe tout entier. La disposition des feuilles n’est pas moins caractéristi- que chez les cèdres ou Laricées, et cétte disposition ne semble pas s’accorder avec une moindre antiquité des végétaux compris dans ce groupe. Chez les Laricées, les feuilles des jets normaux, sortis des bourgeons destinés au prolongement des axes de divers ordres, sont éparses; mais celles qui naissent des bourgeons latéraux sont or- données en faisceaux étoilés; ceux-ci constituent autant de rameaux courts, persistant d'année en année et ne s’allongeant qu'avec une extrême lenteur.Une ordonnance semblable se retrouve du reste chez les Salisburia et même chez plusieurs angiospermes dicotylédones, entre autres dans les Zizyphus, Berberis et Gledistchia ; maïs le rap- prochement entre les Laricées et les ginkgos est une par- ticularité digne de remarque, à cause de la très-grande antiquité de ces derniers. Les Sapinées présentent à leur tour une disposition de leurs feuilles entièrement à part, puisqu'elles sont éparses et régulièrement spiralées sur les axes verticaux et déje- tées latéralement ou distiques sur toutes les ramifications secondaires et horizontales. Cependant, chez les Sapinées, l'insertion distique des feuilles sur les axes latéraux, ver- ticillés autour du principal, souffre plus d’exception ou du moins se montre moins uniforme que ne le font les modes de foliation propres aux catégories précédentes ; cette in- sertion n’en constitue pas moins un caractère général, dis- tinctif pour l’ensemble de la tribu. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 453 Du reste à ces trois séries de coordinations foliaires correspond dans chaque cas, comme pour mieux en con- firmer la signification, une distribution particulière des appareils mâles. Ces appareils, qui naissent toujours de bourgeons écailleux chez les Abiétinées, sont axillaires et situés constamment à la base des jets annuels chez les Pinées. Chez les Laricées, les mêmes appareils sont situés sur les rameaux raccourcis ; ils sont axillaires également, mais sans occuper sur le rameau une place strictement déterminée, chez les Sapinées. Eu partant du point de vue que je viens d'exposer, on obtient le tableau suivant qui montre la distribution ac- tuelle des Abiétinées en trois sections fort inégales, et la subdivision de celles-ci en genres et en sous-genres. 454 TRIBUS, GENRES, Genre Pi- nus L.... 1. Pinées... Genre Pseu- do-Larixz ABIÉTINÉES Genre Ce- UTUS. ee = Genre Abies Link. L Feuilles in- | sérées di- | rectement sur la tige par une base don- nant licu aune ciça- trice dis- coide. | 3. Sapi- nées. Genre Picea Link. / \ Feuilles \ Genre Larix ! PALÉONTOLOGIE: FRANCAISE. SOUS-GENRES. | 1. Feuilles fasciculées par cinq; — apophyse à protubérance terminale ; écailles du strobile te sistantes etats . Feuilles fasciculées pa ar cinq ; apophyse à protubérance terminale ; écailles du strobile ca- duques sr. -scuPrec-te 3. Feuilles fasciculées par cinq; — apophyse à pro- tubérance centrale; écail- les du strobile persis- ENV TOO OT OT OS 4. Feuilles fasciculées par trois ; — apophyse à pro- tubérance centrale; écail- les du strobile générale- ment caduques......... 5. Feuilles géminées ; apophyse à protubérance centrale ; écailles du stro- bile persistantes ou ca- duques...... ee Ccoc 19 S Feuilles caduques ; strobile pendant, à écailles lä- chement imbriquées, dé- tachées de l'axe à la ma- turité. s caduques ; strobile dressé à écailles persis- tantes à la maturité. Feuilles pérennantes ; stro- bile à écailles détachées de l'axe à la maturité. 1. Cènes érigés ;'écailles de strobile détachées de l'axe à la maturité ; brac- tées plus ou moins visi- bles, persistantes à la base des écailles... 2. Cônes petits, terminaux, pendants; écailles du strobile persistantes, peu nombreuses ; feuilles re- lativement larges et cour- tes, régulièrement disti- QUES. ............. 3. Cônes terminaux à écail- les persistantes; feuilles étroitement linéaires, ir- régulièrement distiques. Feuilles insérées sur des coussinets saillants et dé- currentsi STROBYS. CEMBRO. PSsEUDO-STROBUS TxpA. PiNASTER. ABIES VERA. Tsuca. Pseuno-TsuGa. On voit par ce tableau que les Pinées ne comprennent qu’un seul genre, mais divisé très-naturellement en cinq sous-genres ou sections, d’après la conformation de leurs écailles strobilaires, leur persistance ou leur caducité, TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 435 combinées avec le nombre des aiguilles réunies dans un même fascicule foliaire. Les Laricées, bien moins nombreuses, comptent cepen- dant trois genres que distinguent la persistance ou la cadu- cité des feuilles combinées avec des caractères lirés de la di- rection des sirobiles, à écailles persistantes ou caduques à la maturité. Les Sapinées se partagent d'abord en deux groupes, selon que leurs feuilles sont implantées directement sur la tige ou insérées sur un coussinet décurrent; mais le pre- mier de ces deux groupes (Abies) se subdivise comme celui des Penus, peut-être avec moins de netteté, en trois sec- tions ou sous-genres (Abies vera, Tsuga et Pseudo-Tsuga), que la situation érigée ou pendante de cônes et les écailles caduques ou persistantes, combinées avec certains détails relatifs aux feuilles, permettent de définir avec une netteté suffisante. La distribulion géographique de ces divers groupes offre des traits spéciaux que nous devons chercher à faire ressortir : les pins présentent la distribution la plus vaste; ils s'étendent, dans l’ancien continent de l'Himalaya au. Cap-Nord, et, par l’Indo-Chine et les îles de la Sonde, ils dépassent même la ligne et pénètrent dans l'hémisphère austral jusqu’au delà de Bornéo (Pinus merkusti Vriese), aux approches du 10° degré lat. S. Dans le nouveau con- tinent les pins partent du 61° degré lat. N. (P. Banksiana Lamb.), pour aller dépasser au sud le tropique (2. occi- dentalis Sw.), mais sans atteindre l’équateur. Leur aire est donc presque entièrement comprise entre le tropique du Cancer et le cercle polaire, et ce n’est que très-exception- vellement et sur un très-petit nombre de points qu’elle pénètre au delà, dans la direction du sud comme dans 456 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. celle du nord. Si l’on recherche, dans cette aire immense, les principaux centres d'irradiation ou régions mères, où les pins se montrent plus compactes et plus puissants qu'ailleurs, on les rencontre, en Amérique, vers le plateau mexicain et les parties montagneuses de la Californie; en Europe, des Pyrénées au Caucase, et enfin dans le massif himalayen. Il est visible par là que les pins préfèrent les régions chaudes et tempérées sans être brûlantes, les sols montagneux ou du moins accidentés, mais qu’au total les aptitudes de ces arbres sont tellement variées que tous les sols, depuis les plus sableux jusqu'aux plus compactes, et tous les climats, depuis les plus secs jusqu'aux plus humides, possèdent des espèces de pins qui leur sont pro- pres, les unes manifestant des préférences plus ou moins exclusives, les autres se montrant au contraire accommo- dantes et cosmopolites. Cette facilité des pins à se plier aux circonstances et aux diversités locales explique leur persistance à travers les âges : leur type une fois fixé s’est maintenu sans altération, tandis que, d’autre part, l'an- cienneté de ce type se trouve en rapport avec l’extension actuelle du groupe. Après avoir tenu compte de toutes ces considérations, c’est dans l’hémisphère boréal que l’on doit placer le berceau des pins et, en définitive, malgré leur extension prodigieuse, malgré la date reculée de leur première apparition, ils n’ont guère réussi à dépasser les limites de cet hémisphère, comme nous venons de le cons- tater. : Les Laricées occupent un domaine bien plus restreint; le groupe qu’elles constituent n'offre rien de continu; il est, de nos jours au moins, tronçonné, distribué en ilots épars formant autant de colonies limitées à cer- taines régions montagneuses, et il parait être en voie TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 457 de retrait relativement à ce qu'il a été sans doute au- trefois. Il en est ainsi surtout des cèdres, dont les affinités sont plus méridionales et qui s’accommodent d’un climat relativement chaud, tandis que l'humidité est absolument nécessaire au développement du mélèze, type essentielle- ment boréal qui, en Asie comme en Amérique, s’avance au nord plus loin que les pins. En Sibérie notamment, le Larix sibirica Lebed. pénètre bien au delà du 70° degré et dépasse la limite boréale de tous les autres arbres. Au sud, il s’arrête avant le 50° degré, mais la région de l’'Hi- malaya possède le ZLarix griffithiana Hook. qui descend, grâce aux effets de l'altitude jusque par delà le 30° et se trouve associé au Cedrus deodara Loud. Ce cèdre, à son tour, se retrouve, paraît-il, sur certaines croupes mon- tagneuses de l'Asie occidentale, vers l’Afghanistan, et l’on sait que le Taurus, le Liban et l’Atlas sont la patrie du Cedrus Libant Barr., dont le €. atlantica Man. n’est lui- même qu’une race, Nos Alpes ont le Zarix europæa D. C. qui se prolonge jusque dans les Carpathes, mais dont laire est bien étroitement limitée, puisque cet arbre est absent, à l’état spontané, des Pyrénées, de la France centrale, de l'Allemagne et de la Scandinavie. Le Japon a son mélèze (Z. leptolepis); les montagnes de l’Asie orien- tale renferment le Pseudo-lariz kœæmpfvri; enfin, l'Améri- que du Nord comprend à elle seule les ZLariz pendula Salisb., microcarpa Lamb. et occidentalis Nutt. Le Zarix microcarpa atteint par le Canada, vers les parages de la baie d'Hudson, le 65° degré. On voit que dans les Laricées il faut distinguer deux types, l’un plus méridional et pro- bablement plus ancien, celui des cèdres actuellement en voie de retrait, l’autre, celui des mélèzes, distinct du pre- 458 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, mier par des feuilles caduques, plus adapté aux hivers de la zone boréale, circonstance qui semble devoir assi- gner à ce dernier type un point de départ originaire en connexion avec les contrées polaires. On peut en dire autant des sapins; mais ici, malgré l’u- niformité apparente des divers types compris sous cette dénomination, des aptitudes très-variées, en rapport avec une distribution géographique pleine de contrastes très- marqués, se manifestent à l'observateur attentif. En pre- mier lieu, les Sapinées ont tous leurs genres diffus et amphigés, ce qui n'existe pas pour les sous-genres des pins, puisque chez ces derniers, les C'embra sont particu- liers à l’ancien continent et les Pseudo-strobus au nou- veau, ni pour les Laricées, puisqueles Cedrus et les Pseudo- Lariz sont exclus de l'Amérique. De plus, chacun des divers groupes de Sapinées, pris à part, manifeste des tendances et accuse des allures spéciales qui semblent dénoter une marche propre, tandis que d’autres indices permettent d'attribuer à l’ensemble des groupes réunis une origine assez ancienne, pour que chacun d’eux ait pu suivre une marche indépendante, après s'être détaché de la souche commune. On reconnaît d’ailleurs, d’une façon générale, que ces groupes, à l'exemple des précédents, accusent des attenances polaires plus ou moins pronon- cées, et les connexions avec les régions boréales, que l’on découvre en eux, sont trop significatives pour être tout à fait fortuites. Les Zsuga offrent des particularités de disjonction des plus remarquables, puisque le 75. Sieboldii Carr. se trouve limité à une des îles du Japon et le Zs. Brunoniana Carr. à la région de l'Himalaya, tandis que les autres 7'suga sont nord-américains et que le Zsuga canadensis s’avance vers TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 459 la baie d'Hudson au delà du 50° degré et qu'il atteint le 51° sur la côte occidentale; vers le sud, la limite de cette espèce passe par les montagnes de la Caroline. Le Ts. Brunoniana est sensible aux froids de l’Europe centrale et même à l'atteinte des hivers exceptionnels du midi de la France. Le TS. canadensis supporte, au contraire, les froids les plus rigoureux; mais s’il est transporté dans notre midi, il redoute les rayons directs du soleil; il exige la fraîcheur comme toutes les autres espèces du genre, qu'elles soient japonaises, centro-asiatiques ou nord-amé- ricaines. On voit que les Z'suga comportent des enseigne- ments spéciaux, qu’ils sont disjoints, peu nombreux, déli- cats par certains côtés, les uns limitrophes du cercle po- laire, les autres rapprochés du tropique. Ce sont là des indices d’ancienneté et d’une extension de beaucoup an- térieure à notre époque, que l’on ne saurait négliger. Les Abies « vrais», à strobiles érigés et à écailles cadu- ques à la maturité, représentent les cèdres dans le groupe des Sapinées. Leur distribution géographique ne s’écarte pas beaucoup de celle des Zsuga ; seulement leurs espèces sont plus nombreuses, séparées par de moindres espaces et par conséquent plus également disséminées. Les Abies excè- dent un peu en Amérique, vers la baie d'Hudson, le 60e degré lat. En Asie, l’A biès sibirica Lebed. (A. pichta Fisch.) touche au cercle polaire ; en Europe, l'A. pectinata D. C. ne dépasse pas la Silésie et les Carpathes. Dans la direction du sud, les Abies de l’ancien continent ont pour limites l’Atlas, les îles de la Méditerranée, les montagnes de l’Asie Mineure et la région de l'Himalaya ; c'est-à-dire qu'ils ne s’avancent pas au delà du 30° degré, dans la direction du sud, tandis qu’en Amérique ils descendent par le massif mexicain jusqu’au delà du 15° degré lat. N. L'Abtes religiosa Lindl. est sen- 460 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. sible au froid des grands hivers de Provence; l'Abées gran- dis Lindl., de Californie et les Abies cephalanica Loud. et pinsapo Boiss., du midi de l’Europe, ne peuvent être culti- vés én plein air, avec succès, au nord de la province de Liège. Ainsi, par plusieurs de leurs espèces, les Abies ont des attenances méridionales très-marquées; leur extension vers le nord ne s'opère qu’à l’aide de quelques-unes de leurs espèces, plus diffuses et plus cosmopolites que les autres ; la plupart demeurent cantonnés isolément dans les divers massifs montagneux de la zone tempérée bo- réale, et beaucoup se trouvent restreints à une aire régio- nale de faible étendue, comme, par exemple, les Azes ce- phalonica, numidica et pinsapo. Il en résulte pour les Abies, comme pour les Zsuga, quoique à un moindre degré, des présomplions d'ancienneté soit dans leur extension, soit dans leur première origine, leur berceau devant être re- porté vers les régions polaires, d’où ces arbres auraient ensuite rayonné, de manière à pénétrer à la fois dans les deux hémisphères ; ils se seraient ainsi avancés, en mar- chant vers le sud, plus ou moins loin, selon que les cir- constances favorables ou contraires aidaient à leur diffu- sion ou leur opposaient des barrières. Les Picea ont obéi sans doute à une impulsion sensible- ment pareille, bien que leur extension vers le nord, soit en Amérique, soit en Europe ou en Asie, paraisse en tout plus régulière, qu’elle côtoie de plus près le cercle polaire et qu’elle le dépasse même assez notablement sur les trois con- tinents. L'extension vers le sud des Picea est en compen- sation moindre, en Amérique aussi bien qu’en Europe; en Amérique, ces arbres se trouvent exclus de la région mexi- caine ; en Europe, ils ne franchissent guère les Pyrénées. En Asie seulement, ils parviennent jusqu'à l'Himalaya, TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 461 barrière commune contre laquelle viennent affluer toutes les Abiétinées et qu’elles ne franchissent pas, si l’on fait abstraction des quelques pins indigènes des îles de l’océan Indien. Il paraîtrait done, si les hypothèses mises plus haut en avant ont quelque vérité, que les Picea aient quitté plus tard leur berceau de l’extrême nord et que leur extension, par cela même, ait été moins rapide et moins générale. 11 se peut aussi que les aptitudes de ce dernier groupe et son exigence plus stricte de certaines con- ditions atmosphériques ou climalériques l’aient retenu plus longtemps dans les pays rapprochés de la zone boréale froide, en opposant des obstacles relatifs au mouvement de diffusion auquel ont cédé plus ou moins tous les groupes, à un moment donné de leur existence sur le globe. L'origine boréale et circumpolaire des Abiétinées, nous semble résulter, ainsi que celle des Taxinées, des don- nées même de la distribution géographique actuelle de ces deux familles. La structure intime et caractéristique de l'appareil reproducteur de ces Abiétinées, c’est-à-dire l’in- dépendance mutuelle du support ovulaire et de la bractée dans le cône, nous paraît être l'indice probable d’une grande ancienneté relative ; mais, après avoir formulé ces deux hypothèses, il s’agit de voir maintenant si elles sont d'accord avec les faits que la paléontologie novs fournit, Il est évident, en effet, que si nous constatons des traces certaines et remontant à des époques reculées de l’exis- tence des Abiétinées et que ces traces se rencontrent jus- tement dans le nord et mieux encore dans le voisinage ou à l’intérieur du cercle polaire, notre supposition devien- dra tout à fait vraisemblable. Il y a peu de temps, c’est à la craie inférieure (Néoco- 462 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. mien, Gault) que l’on rapportait les plus anciennes Abié- tinées connues. Lorsque nous avons commencé la publi- cation des Conifères jurassiques, il était à peine question des découvertes de M. A. Nathorst dans le rhétien de Sca- nie (1). Depuis, non-seulement elles ont été confirmées par de nouvelles observations du même auteur, mais les tra- vaux de M. Heer relatifs à la flore jurassique du Spitzherg et de la Sibérie d'Irkutsk ont éclairé d’un jour précieux la question qui nous occupe. Le mémoire de M. Nathorst sur les plantes rhétiennes - de Palsjü en Scanie (2) oblige de reporter à l’infralias la date de l’apparition des Abiétinées. Il est impossible effec- tivement de révoquer en doute l'attribution à cette fa- mille des graines ailées du Pinus Lundgrenti ni de celles du Pinus Nilssoni, les premières si pareilles à celles des mélèzes, les secondes ressemblant à celles des vrais pins, surtout de ceux de la section Sérobus. Les chatons mâles et les cônes attribués par M. Nathorst à son P. Lundgreni semblent dénoter l'existence d’un genre ambigu, tenant des cèdres et des mélèzes. Il ne serait pas impossible non plus qu’une partie des feuilles éparses et des rameaux à longues feuilles aciculaires (3) que M. Nathorst a figurés sous le nom de Palissya Braun, n’eussent appartenu à un Pinus encore dépourvu de feuilles vaginales, dont les Cam- (1) Voy. plus haut, p. 176, une note relative à ces découvertes. (2) Växter fr. rätisk form. vid Palsjô i Skane, Stockholm, 1876; — Ueb ein rhät. Pflanzen von Palsjü in Schonen, Stuttgart, 1878. — Voy. aussi : Les véqg. foss. de l'étage rhétien en Scanie, à propos d’un mém. du D° A.-G. Nathorst, par le comte G. de Saporta; Ann. d. sc. géol., Lx p.198. (3) Voy. quelques débris de ces feuilles étroitement linéaires et uni- nervées reproduits sur la planche 188, fig. 1-2; voy. aussi la planche 196, fig. 1-2 et consultez les figures 1 à 4, pl. 191, qui représentent le Camptophyllum Schimperi, Nath. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 463 ptophyllum représenteraient les strobiles. Nous examine- rons plus loin ces divers points en décrivant succincte- ment les espèces d’Abiétinées jurassiques découvertes par MM. Nathorst et Heer. Ce que nous voulons établir avant tout ici, c’est uniquement le fait de la présence de vraies Abiélinées assez peu éloignées des nôtres, dès la base ex- trême du lias, en Scandinavie, aux approches du 60° degré lat. N. Nous retrouvons des Abiétinées très-bien caractérisées sur un horizon jurassique plus élevé, dans l’oolithe infé- rieure du cap Boheman, au Spitzherg. Le Pinus prodromus Hr. est un vrai pin à feuilles quinées que M. Heer com- pare au P. Quenstedti de la craie. Le Pinus Nordenskiüldi Hr., au contraire, paraît être un sapin assez analogue à l'Abies cilicica Ant. kotsch., dont M. Heer croit avoir dé- couvert une écaille de strobile détachée. Le Pinus micro- phylla Hr., de la même localité, est connu seulement par des feuilles éparses qui reproduisent l’aspect de celles de nos Z'suga. L'ile d’Andü, sur la côte septentrionale de la Norvège, vers le 69° degré lat. N., a fourni à M. Heer un petit nombre de plantes appartenant au même horizon que les précédentes (zone à Ammonttes Murchisonæ) parmi lesquelles reparaissent les Pinus Nordenskiüldi et micro- phylla. Enfin, le dépôt d’Ust-Baley, dans la Sibérie orien- tale (Gouvernement d’Irkutok), par 51 à 52 degrés de lati- tude, renferme également un certain nombre d’Abiéti- nées associées à de Ginkgos et à des Zrichopitys, à des Baiera et à des Podozamites, qui forment une flore con- temporaine des précédentes, c’est-à-dire oolithique, On y voit reparaître le Pinus Nordenskiüldi ainsi que les semen- ces ailées (Pinus Maakiana Hr.) d’un Abies, que M. Heer assimile aux Zsuga. Les É'latides ovalis Hr., Brandtiana Hr., 164 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. parvula Hr., et falcata Hr., de la même flore (1), sont des strobiles de petite taille, que l’auteur attribue avec quel- que doute aux Abiétinées et qui dénotent, si cette attri- bution est exacte, un lype non sans analogie avec celui du Picea alba Link. de l'Amérique du Nord, et dont il serait possible que le Pinus Maakiana représentât les graines. Si cette hypothèse se confirmait, en la combinant avec les données précédentes, nous aurions à constater l’existence, dans la dernière moitié des temps jurassiques, d’une série de types se rattachant de plus ou moins près aux genres ou sous-genres Pinus, Larix et Cedrus, Abies, Tsuga et Pi- cea, c’est-à-dire que la plupart des sections aujourd’hui connues auraient eu dès lors des représentants. Ces prototypes jurassiques de nos Abiétinées se trouvent cantonnés, non pas exclusivement, il est vrai, mais prin- cipalement, dans les régions correspondant aux zones froides et glaciales actuelles ; du moins, c’est là seulement que leurs vestiges ont été rencontrés jusqu'ici avec une fréquence relative. En Sibérie, en Scanie, en Norvège et dans le Spitzhberg, on signale ces sortes d'empreintes qui sont inconnues ou du moins très-rares partout ailleurs. On a droit de conclure de celle circonstance que les Abié- tinées ont été originairement répandues surtout dans l'extrême Nord, et que leur berceau doit être reporté avec vraisemblance sur les confins du cerele polaire. Avant de décrire succinctement les espèces d’Abiélinées dont nous venons de parler, il ne sera pas inutile de considérer la physionomie affectée par ce même groupe dans l’âge immédiatement postérieur, au commencement de la craie. {1} Voy. les figures 10 et 11, 14 et 15, de notre planche 188. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 4163 Les Abiétinées, à cette date, ont fait visiblement de grands progrès. Non seulement elles paraissent plus nom- breuses, maïs elles sont aussi bien plus variées, et ce sont surtout les sections ou sous-genres qui se sont mul- tipliés, chez elles, par une tendance au dédoublement des types affines, tendance qui est restée l’apanage de la fa- mille, tout en ne produisant plus de nos jours que des effets secondaires, c’est-à-dire en donnant naissance à de simples races aux dépens des espèces dont l’extension est le plus grande, particulièrement chez les pins, C'est ainsi qu’une section, désignée par M. Schimper sous le nom de Cedro-Cembra, comprenait alors des espè- ces dont les cônes avaient leurs écailles conformées exté- rieurement comme celles des Cembra, mais supportant des graines ailées comparables, selon l’abbé Coemans, à celles des Cedrus. Un autre type, celui du Pinus yibbosa de Coemans, ne semble rentrer positivement dans aucune des sections ac- tuelles du genre, bien qu’il se rapproche évidemment de celle des Strobus. Le Pinites sussexiensis Carruth., du grès vert inférieur de Selmston (Sussex), rappelle également beaucoup par sa forme extérieure les cônes des Sérobus, bien que la termi- naison apophysiaire de ses écailles soit épaissie en écus- son. Le Pinus Andræi Coem., dont les cônes présentent une belle conservation, offre une telle ambiguïté de ca- ractères par la conformation de ses apophyses, qu’il se rapproche à la fois des Pseudostrobus, des Tæda et des Pinaster, et l’on peut faire la même remarque sur les cô- nes néocomiens de la Haute-Marne, recueillis par M. Cor- nuel, et dont nous avons vu une belle série dans la collec- tion de M. Tombeck à Paris. Ile SÉR, Vécéraux, — III, 30 166 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. Les apophyses de ces derniers organes sont renflées an- térieurement en forme d’écusson et marquées d’une pro- tubérance centrale; ce sont là certainement de vrais pins comparables à certaines espèces de Pseudostrobus et de Tæda actuelles, dont il faudrait connaître les feuilles et les rameaux, s’il s'agissait de déterminer exactement leur affinité systématique. Nous savons du reste que le Pinus Quenstedti de Heer, espèce de la craie moyenne, avait des feuilles fasciculées par cinq avec des écailles renflées anté- rieurement en un écusson pourvu d’une protubérance centrale; cette espèce se rangeail par conséquent sans anomalie parmi les Pseudostrobus. Plusieurs espèces de Laricées, dont les cônes présentent la conformation extérieure de ceux des cèdres, ont élé re- cueillies dans les divers étages de la craie inférieure, parti- culièrement dans le grès vert inférieur, soit en Belgique (Hainaut), soit en France (Normandie, environs de Beau- vais), soit en Angleterre (île de Wight et Maidstone, Kent), en sorte que l'existence et la diffusion du groupe à celte époque ne sauraient faire question. Le Cedrus Corneti Coem. de la Louvière, ressemble extérieurement aux cô- nes du C. Deodora. Le Cedrus Leckenbyi Carruth. (Shanklin, île de Wight, — néocomien inférieur de la Hève, près du Havre), n’est pas moins remarquable, la structure du cône, de même que la forme des semences, ne permettant au- cun doute sur l'attribution générique de ce fossile. Il est bon d’observer cependant que ce sont là des cônes entiers et que les écailles qui les constituent sont toujours adhé- rentes, ce qui permet de croire qu’elles ne se détachaient pas à la maturité, comme le font celles des cèdres actuels. Actuellement, il serait difficile à un cône de cèdre de pas- ser à l’état fossile, tellement l’organe est continu par son TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 467 pédoncule avec le rameau qui le porte ; la fréquence re- lative des cônes de cèdres secondaires autorise l’hypothèse qu'ils étaient naturellement caducs, et ce caractère, qui se retrouve chez les Pseudolarix, suffirait pour distinguer le type européen crétacé de celui des cèdres vivants, dont les strobiles ont au contraire des axes persistants et des écailles caduques. Les Pinus Omalii et Briarti de Coemans offrent l’appa- rence des cônes de Zsuga, peut-être avec une liaison vers les Picea. M. Carruthers (1) compare le Pinus Dunkeri Carruth. du Wealdien de l’île de Wight, aux cônes de l'Abies pec- tinata ; mais les Abiétinées, comme on pouvait le pré- voir, ont laissé surtout des traces visibles et répétées de leur présence dans la craie des régions polaires. Au sein des couches de Kome (Groënland sept., — 70° de- gré lat. N.), M. Heer a signalé un pin à feuilles géminées, Pinus Peterseni Hr., deux Zsuga, P. Cramert Hr. et P. lingulata Hr., et deux Abies propres, P. £irikiana Hr., et P, Olafiana Hr. (2). — Le Pinus Peterseni et deux autres espèces, les Pinus Quenstedti et Staratschini, ce dernier remarquable par ses larges aiguilles, se montrent dans la petite flore crétacée du Spitzberg. On voit par ces exemples que dans les terres polaires, aussi bien qu’en Eu- rope. les Abiétinées n’ont cessé de se répandre et de se multiplier par le dédoublement de leurs types primitifs, à partir du jurassique, et si leur classement présente encore quelque obscurité dans ce premier âge, il tend ensuite à (1) On Gymnosperm. fruits; in the Journal of Botany, janv. 1867, pl. 59, fig. 1-2. (2) Voy. Kreidefl. d. arctische Zone, p. 83-85, tab. 2, fig. 1; 12, fig. 10%; 17, fig. 6-8: 18, fig. 2b; 20, fig. 10; 23, fig. 9-15, 16, 18 et 19. ,68 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, devenir plus facile, à mesure que les sections que nous avons sous les yeux revêtent les caractères qui les dis- tinguent. CLASSEMENT APPROXIMATIF ET ÉNUMÉRATION DESCRIPTIVE DES ESPÈCES D ABIÉTINÉES JURASSIQUES SIGNALÉES JUSQU’A PRÉSENT. I. — PINÉES. Genre Pinus L. (sensu stricto). 1.— Pinites Nilssoni, Nath, Beïitr. z. foss. F1. Schwedens; ueb. einige rälh. Pflanzen v. Palsjù in Schonen, p. 32, tab. 15, fig. 11-19. — PI. 188, fig. 8-9. P. seminibus alatis magnis elongatis, nucula obovata, 5,5 millim. longa, ala cultriformi, 27 millim. longitudinaliter obsolete striata. Etage rhétien de Palsjü en Scanie. Cette graine ailée a certainement appartenu à un vrai Pinus; c’est la plus ancienne espèce du genre signalée jusqu'ici; elle annonce une forme de grande laille et rappelle surtout les organes correspondants des Sfrobus actuels, sous des propor- tions plus amples, cependant. Il ne serait pas impossible que les figures 1-2, pl. 188, représentassent des fragments de feuilles de cette espèce. 9. — Pinus prodromus, Heer, Beitr. z. foss. FL. Spüzbergens, p. 44, tab. 7, fig. 1* et 10, fig. 11-14. — PI. 189, fig. 1-5. P. foliis quinis rigidis longis, 1 millim. latis, nervo medio valido. Oolithe inférieure du cap Boheman, au Spitzherg (789,22, lat. N.). Les feuilles de cette espèce, étroitement linéaires et acicu- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 469 laires, uninerviées, fasciculées par cinq, se rapportent à un Pinus très analogue, suivant M. Heer, au P. Quenstedti, de la craie. Ce dernier, dont les cônes sont aussi bien connus que les feuilles, se range assez naturellement parmi les Pseudostrobus actuels. Les feuilles du Pinus prodromus ont dû être très longues. M. Heer suppose que l'empreinte reproduite par notre figure 6, pl. 189, représente peut-être un cône jeune ou un chaton femelle récemment fécondé de cette espèce; mais cette. attribution demeure entachée de doute, ainsi que celle de la nucule aptère, fig. 7, même planche, grossi en 7*, qu provient de la même localité. Il faut se contenter d'affirmer que le P. prodronus dénote certainement la présence d’un pin proprement dit dans l’oolithe du cap Boheman, au Spitzherg. II. — LARICÉES, Genre Protolarix, Nob. 3. — Pinus Lundgreni, Nath., /. c., p. 31, tab. 14, fig. 9°, 13-17; 15, . fig. 1-2, et 16, fig. 4? — PL 188, fig. 3-7, et 1957 nus. P, strobilis cylindraceis vel ovato-oblongis, 30-50 millim. longis, 12-20 millim. latis, squamis cuneatis apice dilatutis arcte imbricatis, versus marginem attenuatis, seminibus alatis 9-11 millim. longis, nucula ovali vel obovata circiter 3-4 miliim. longa, ala 6-8 millim. longa, 4 lata, oblonga, apice oblusa superata. Etage rhétien de Palsjô en Scanie. Un chaton isolé, qui ressemble au chaton mâle des cèdres, est rapporté avec doute, par M. Nathorst, à cetie espèce remarquable. Les semences ont un rapport évident par tous les traits de leur configuration, surtout par leur dimension et par la terminaison supérieure de l’aile qui les surmonte, avec les graines des mélèzes. Le cône resssemble à ceux de ces mêmes : arbres, mais les écailles qui les composent sont plus nom- breuses, plus larges, plus étroitement imbriquées, et leur sommet aminci paraît avoir été légèrement défléchi, Ces cônes rappellent par leur aspect ceux des Cedrus sous des dimensions plus exiguës, et au total le genre lui-même auquel l’espèce rhétienne a appartenu semble avoir servi de lien entre les mélèzes et les cèdres. #70 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. IT, — SAPINÉES. Genre Abies, Link. 4. — Pinus Nordenskiôldi, Heer, Beitr. z. foss. F1. Spitzbergens, p. #5, tab. 9, fig. 1-6; Beitr. z. Jura FI. Ostsiberiens und Amurl., p. 76, tab. 9, fig. 1-6. — PI. 190, fig. 9. P. foliis 2-3 millim. latis, rigidis, linearibus, planis, uninerviüis, apice acuminatis, basi obtusatis. Formation oolithique du cap Boheman au Spitzbersg ; Ust- Baley dans la Sibérie d’Irkoutsk et schistes jurassiques de l’ile d’Andô sur la côte de Norvège. Les feuilles éparses de ce Sapin ne sont rares dans aucune des trois localités où l’espèce a été recueillie. Ces feuilles sont longuement linéaires, uninerviées et acuminées au sommet, obtuses à leur extrémité inférieure. Elles ressemblent à celles de l’Abies grandis et de l’ Abies bracteata ; elles dénotent un arbre de grande taille. M. Heer rapporte à la même espèce une écaille de strobile, isolée, recueillie dans le gisement du Spitzherg. Genre Tsuga, Endl. 5. — Pinus microphylla, Heer, Beitr. z. foss. FI. Spitzbergens, p. 46, tab. 9, fig. 9. — PI, 190, fig. 6. P. foliis parvulis 6-7 millim. longis, lineari-oblongis, utrinque obtusis, planis, uninerviis. Formation oolithique du cap Boheman, au Spitzberg. Les feuilles éparses de ce Sapin dénotent par leur forme une espèce alliée de près à nos Tsuga. 6. — Pinus Mackianan, Heer, Beitr. z. Jura Fl. Oslsiberiens und Amurl., p.16, fig. 1, — PI. 188, fig. 14-15, P. seminibus 10-11 millim. longis, nucula breviter ovali, ala elliptica. Formation oolithique d’Ust-Balei, dans le gouvernement d'Irkoutsk. TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 471 M. Heer affirme que, par sa faible dimension et par la forme de son aile, cette graine a du appartenir à une espèce du groupe des Tsuga. Genre Elatides, Heer. Strobilus ovatus vel cylindricus, squamis plurimis spiraliter dispositis, imbricatis, coriaceis, parvulis, ecarinatis, lævvissimis, apice acuminatis vel in mucronem desinentibus. Genus forsan Piceis affine. 7. — Elatides ovalis, MHeer, 2. c., tab. 14, fig. 2 — PI, 188, fig. 10-11. E. strobilis ovatis 27 millim. longis, squamis coriaceis rhom- boidalibus acuminatis, 6-7 millim. longis. Formation oolithique d'Ust-Balei, 8. — Elatides Brandtiana, Heer, ibid., tab. 14, fig. 3-4. E. strobilis cylindricis 3-3 1/2 centim. longis, squamis coriaceis rhomboideo-ellipticis, apice acuminatis, interdum mucronatis. 5 millim. longis. Même gisement. En dehors des espèces d’Abiétinées jurassiques dont la mention précède et qui toutes ont été observées loin de la région française, sur divers points situés au nord du 50° de- gré lat., échelonnés de la Sibérie de l’Irkoutsk(51°-52° lat. N.) et de la Scanie (56° lat. N.) jusqu’au Spitzberg, nous n’ayons à signaler qu'une seule espèce découverte dans l’oolithe de Belgique par feu M. Coemans; elle provient par conséquent des approches du 31° degré; mais le gise- ment précis reste malheureusement inconnu, ainsi que nous allons l’expliquer. 472 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. SEPTIÈME GENRE. — PINUS. Pinus, L., Gen. ed;#4,/n9#794 — Juss., Gen., p. 414. — Link, in Linnæa, XV, p. 482. — Spach, Hist. des vég. phanérog., WU, p. 369. — Rica., Mém. s. les Conif., p. 145. — Endl., Conif., p. 137 (subgeuus). — Henk. et Hochst., Syn. d. Nadelholz., p. 19. — Carr., Conif., éd. 2, p. 381. — Parlat., in D. C. Prodr., t. XVI, p. 378 (subgenus). DrAGNOSE. — Folia dimorpha, normalia plerumque abor- tva, mox arida bracteæformia, rarius autem et in statu præsertim juvenili persistentia aut longe lineart-acicularia, nervo medio donata, alia caracteristica axillaria, e gemmis perulatis minutis erumpentia, bina, terna, quaterna vel quina rigida, longe stricteque linearia semi-teretia vel com- presso-triquetra ; — amenta mascula lateralia ad basin ramulorum novellorum congesta ; fœæminea terminalia soli- taria vel fasciculatim apposita ; strobili bractæa squamæ basi adnata, mox ab ortu imminuta, evanescens aut ad vesti- qium reducta; squama ovulifera lignosa aut saltem coriacea versus apicem in apophysin incrassata wnboneque terminal centralive superata. HISTOIRE ET DÉFINITION. — Les détails dans lesquels nous sommes entré précédemment, nous dispensent d’insister sur les caractères distinctifs du genre Pinus pris dans un sens restreint, c'est-à-dire ne comprenant ni les Laricées ni les Sapinées. L’ancienneté de ce genre, sous la forme et avec les caractères qu’il présente encore de nos jours, ne saurait être douteuse, à partir de l’origine même des TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 473 temps jurassiques. Durant le cours de cette période, il est vrai, les Pinus sont encore tellement rares, qu'ils ne nous ont guère transmis que des organes épars et isolés; mais par la combinaison de ces organes, 1l nous est cependant possible de reconstituer l’ancien type et de constater que ses éléments essentiels n’ont, pour ainsi dire, éprouvé depuis lors aucun changement. Le Pinus Nilssoni Nath. nous fait connaître les graines, et le Pinus prodromus Hr. nous découvre les feuilles fasciculées par cinq et inva- ginées à la base de ces pins primitifs, dont l’espèce que nous allons décrire nous montrera un strobile. Il est donc permis d’affirmer que les Pinus proprement dits, par la structure de leurs feuilles, comme par celle de leurs organes reproducteurs, ne s’écartaient pas sensi- blement, à l’époque jurassique, de l’état actuel du genre, bien qu’il nous semble difficile de faire rentrer leurs es- pèces dans l’une des sections qui de nos jours partagent ce genre. L'existence des sections actuelles est loin ce- pendant de constituer un fait récent. Dès la fin de l’éocène, peut-être plus anciennement encore, on observe des espèces similaires de nos Sérobus, de nos Pinaster et de nos Z'æda. Dans un âge plus reculé, spécialement à la base de la craie, ce sont des formes ambiguës, offrant avec les nôtres une analogie plus éloignée, que l’on rencontre généralement. Les sections modernes seraient nées ainsi d’une différenciation plus avancée des formes primi- tives, sorties par voie de ramification d’un tronc com- mun en s’écartant graduellement de la souche originaire, depuis atténuée ou disparue. 478 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. N° 1. — pinus Coemansi. PI. 191, fig. 6-7. Pinus Coemansi, Heer, in Litt. DiAGNOSE. — P. strobilis elongato-cylindricis, apice brevr- ter attenuatis, squamis oblique rnsertis, arcte imbricatis, antice in apophysin rhombæam oblique truncatam, depresso- convexam, sursum obtuse acutam abeuntibus ; seminum nuculis ovatis ala oblonga superatis. C’est à M. le professeur Heer que nous devons la con- naissance du cône remarquable, nommé par lui Pinus Coemansi, en souvenir du savant et regrettable Coemans. C’est en 1865 que l’auteur de la Flore fossile du terrain crétacé du Hainaut communiqua à M. Heer, entre autres végétaux fossiles à examiner, un échantillon unique sur lequel il attirait l’attention du paléontologue de Zurich. Voici les propres expressions extraites de la lettre de M. l'abbé Coemans, en date du 13 décembre 1865 : « Vous trouverez également dans la caisse un cône de Prnites qui provient de l’oolithe en Belgique. Je ne le trouve pas décrit et je l’ajoute (à l'envoi) afin de voir si vous ne le connaissez pas. Je ne possède que ce seul échantillon et je vous prie de vouloir bien me le renvoyer à l’occasion. » M. l'abbé Coemans ne confondait certainement pas cet échantillon unique avec les cônes crétacés du Hainaut, dont il adressait par le même envoi une série à M. Heer. D'ailleurs le faciès minéralogique n’avait rien de commun des deux parts : les cônes du Hainaut sont convertis en charbon, celui de l’oolithe belge consistait en une masse TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 475 calcaire. M. Coemans n'hésite pas dans son appréciation relative à la provenance, il mentionne l’oolithe, et M. Heer est d'avis que cette affirmation suffit pour entraîner la conviction, bien qu'aucune localité déterminée n'ait été désignée et que l'échantillon original soit aujourd’hui perdu, ou du moins que l’on ignore en Belgique de quelle collection il peut faire partie maintenant. Nous nous conformons au désir aussi bien qu’à l’opinion de M. Heer, en considérant comme oolithique une espèce assimilable d’ailleurs par ses caractères visibles aux plus anciens cônes de pin signalés jusqu’à présent, entre autres aux Pinus Dunkeri Carruth. et sussexiensis Carruth. Nous reproduisons fidèlement ici le dessin exécuté d’après l'échantillon original, sous les yeux de M. Heer de qui nous le tenons. La figure 6, pl. 191, fait voir qu'il s’agit de la moitié supérieure d’un strobile de forme allongée et cylindrique, brisé dans le bas et dépouillé de ses écailles les plus inférieures; l’organe, intact dans le haut, se termine par une pointe obtuse et courte. Le dia- mètre maximum mesure environ 24 millimètres; la lon- gueur de la partie conservée est de 6 centimètres !. Les écailles sont insérées très obliquement, ce que l’on re- connaît sans peine par celles d’entre elles qui se sont détachées; elles sont du reste étroitement imbriquées et leur face visible, ou face dorsale apophysaire, dessine un écusson rhomboïdal régulier, faiblement convexe ou même déprimé vers le centre ; cet écusson résulte d’une tronca- ture obliquement dirigée par rapport au plan longitu- dinal de l’écaille. On ne distingue sur cês écussons aucune trace bien nette de protubérance centrale ni terminale; mais, conformément à ce qui existe dans le Pinus Andræi Coem., auquel notre P. Coemansi ressemble beaucoup, 476 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, l'emplacement de l’umbo paraît correspondre à un point situé en contre-bas du sommet de l’apophyse et qui sur notre échantillon se trouve marqué par une sorte de dé- pression en forme d’ombilic. La figure G° représente une de ces faces apophysiaires, légèrement grossie et bordée extérieurement d’un bourrelet qui cerne le contour de l’aire rhomboïdale. Vers le sommet, les écussons s’in- clinent l’un vers l’autre, et leur sommet s’allonge en une sorte de pointe, qui ressemble en apparence à la termi- naison supérieure des écailles de notre Pinus cembro ; mais on sait que dans cette dernière espèce les écailles se trouvent insérées sur l’axe du strobile presque à angle droit, disposition qui n’exisie certainement pas dans l'organe que nous décrivons. Nous croyons, malgré cer- tains indices contraires, que les écailles du Pinus Coemansi, conformément à ce que montrent plusieurs strobiles voisins par l'âge de celui de l’oolithe belge, avaient leurs apophyses surmontées d’une protubérance centrale ou subcentrale, analogue à celle de nos Tæda et de nos Pinaster, au lieu d’être terminale comme celle des Cembra et des Strobus ; seulement cette protubérance était à peine saillante, ou même elle était remplacée par une sorte de dépression; c’est ce que l’on observe de nos jours dans plusieurs espèces de la section Zæda, comme les Pinus læda L., palula Sch. et Dep. et quelques autres. La figure 7, pl. 191, reproduit une coupe longitudinale du même cône, dont elle découvre la structure intérieure, entièrement conforme à celle des vrais pins. On reconnaît aisément sur cette figure l'insertion oblique des écailles; leur consistance ligneuse, l'emplacement des graines si- tuées à l'extrême base de chaque écaille et formées d’une TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 471 nucule ovale surmontée visiblement d’une aile allongée, ne sont pas moins manifestes, Chaque nucule a donné lieu par sa destruction à un moule creux qui reproduit exactement les contours de l’ancien organe et qui permet d'affirmer que les semences du Pinus Coemanst n'étaient ni très grosses ni aptères, comme celles des Cembra. Par ce dernier caractère, aussi bien que par celui que l'on retire de la structure de l’apophyse, l'espèce oolithique belge se rapproche plutôt des sections Tæda ou Pseudo- strobus que d'aucune autre section actuellement exis- tante. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES, — C’est surtout aux espèces du purbeck et des argiles du kimmeridge, du néocomien et du grès vert inférieur que le Pinus Coemansi doit être comparé. Par sa forme cylindrique et son mode de termi- naison supérieure, le strobile oolithique belge vient se ranger à côté du Pinus gracilis Carruth., du Gault de Folkestone (1), mais le nôtre est plus gros, plus épais, et il ne saurait être rapporté à la même espèce, ni même à une espèce voisine. Il ressemble certainement au P. sussexien- sis Carruth. (2), au P. Dunkeri Carruth. (3), du wealdien de la forêt de Tilgate, et enfin au Pinus Andrær Coem. (4), du grès vert inférieur de la Louvière. Mais il nous semble qu’on ne saurait confondre le P. Coemansi avec aucune de ces espèces : il se sépare de la première, que M. Car- ruthers assimile, nous ne savons pourquoi, à nos S/robus, (1) Voy. Carruth., Brit. foss. Conif., in Geologic. Magaz., vol. VI, 1, p. ?, tab. 1, fig. 93 — janv, 1869. (2) Id., Journ. of Botany Brit. and foreign; janv. 1867; n° 49, p. 15, tab. 58, fig. 5, et 59, fig. 1. (3) 1bid., p. 14, tab. 59, fig. 1-2. (4) Cocmans, F{. crétacée du Hainaut, p. 12, tab. 4, fig. 4, et tab. 5, fig. 1. 478 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE, par des dimensions moindres et des écussons moins éten- dus dans le sens transversal; de la seconde, par ses écailles ligneuses dénotant un vrai Pinus, tandis que le Pinus Dunkeri présente l'apparence structurale et les écailles minces des Ahzes ; enfin, le Pinus Coemansi ne nous paraît pas devoir être confondu avec le Pinus Andræi, dont il se rapproche quelque peu par sa forme cylindrique et la termi- naison atténuée-obtuse du sommet; en effet, les écussons du premier de cesdeux Pinus sont nettement rhomboïdaux, tandis que ceux du second ont le diamètre transversal plus étendu que l’autre et qu’ils présentent une carène relevée en saillie dont les écailles du ?. Coemansi n’offrent aucune trace visible. Cependant, s'il était permis de conclure, en l'absence de l'échantillon original, c’est avec le Pinus An- dræi, principale espèce du gisement de la Louvière, que le cône oolithique décrit par nous laisserait voir l’affinité la plus sensible, LOcALITÉ. — Belgique, élage oolithique, sans autre in- dication de localité, ni de gisement; ancienne collection de M. l’abbé Coemans. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 191, fig. 6, Pinus Coemansi, Hr., cône, grandeur naturelle, d’après un dessin de l'échantillon original, communiqué par M. Heer, gran- deur naturelle; fig. 6*, écussons apophysiaires de plusieurs écailles, légèrement grossis; fig. 7, coupe longitudinale du même organe, grandeur naturelle. Trib. V. — TAXODINEÆ. lolia spiraliter inserta, diversiformia, tum squamosa, tum acicularia vel falcata, secus ramos laterales plerumque disti- che ordinata, quandoque plana lineariave nervo medio uni- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 479 coque donata, sæpe etiam in eadem stirpe dimorpha polymor- phaque et inter se plus minusve dissimilia ; — strobilt mire structura formaque variantes, lun breves, tum elongatiores, in fossilibus elongatissimi; in omnibus, squama axillans re- ceptaculumque ovuliferum primum distinetæ, postea crescen- tiæ effectu ex parte fusæ, in adullo autem statu plus minusve quandoque etiam omnino coalilæ, semper atlamen discernen- dæ; bractea umbonem auf mucronem squamæ præstans, receptaculum vero (in plerisque Taxodineis excepta Sequoia) in lobos aut segmenta crenasve partitum, bracteæ impositum aut illam involvens el partem squamæ superam constituens ; in squama strobili Taxodinearum g#ur elementa bina plus minusve coalita, sed oculo etiam nudo secernenda, alter alterum æquans aut Superans, bractea tum productior tum receptaculo minor, tum ambæ œquales ; — squamæ strobili primum occlusæ, demum apertæ et tum persistentes aut ab axt solubiles ; — ovula bina vel plura, tum erecta (in Taxo- dineis), éum inversa aut potiore dictu inclinata intusque spec- tantia, nucamentosa angulata compressaque aut ala marginali utrinque cincta; — amenta mascula parvula aut mediocria, axillaria terminaliaque e squamis imbricatis sacculos pollini- feros 2-T retrorsum gerentibus constantia ; — arbores sœæpius excelsæ, pyramidatæ, præcipue borealo-hemisphericæ, in locis humidis vel secus aquas vigentes, paludosæ, etiam monticolæ, nunc Europa exclusæ, ut plurimum americanæ aut asiaticæ, paucæ australiasicæ. Notre cinquième tribu, celle des Taxodinées, n’a été considérée comme groupe distinct et naturel que depuis fort peu d’années, et seulement par une partie des auteurs qui ont décrit les Conifères, Nous avons été un des pre- miers à proposer une section comprenant à la fois les 180 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. Taxodiées et les Séquoiées, en faisant ressortir (4) la con- formité de structure de ces deux groupes, si l’on consent à faire abstraction de la direction de l’ovule, érigé chez les premières, inverse ou du moins incliné dans les se- condes. Mais, depuis lors, M. Strasburger a démontré que cette inclinaison n’était qu’une suite du mouvement d'extension de l’écaille des Sequoia, dont la base s’atténue en forme de pédoncule. A mesure que ce pédoncule se prononce, les ovules repoussés et comprimés par lui se recourbent et donnent lieu, en prenant cette direction, à une transition des tribus à « fleurs érigées » vers celles qui les ont « réfléchies ». Le développement est cependant le même que dans les Taxodiées; «les deux systèmes vasculaires (celui de l’écaille et celui du support ovulaire) parcourent sans se confondre l'intérieur de l’écaille du strobile des Sequoia ; l’un et l’autre se divisent en un grand nombre de rameaux et s'étaient plus ou moins sur deux plans contigus, sans que le supérieur entoure l’inférieur. » Dans la sous-tribu des Taxodiées, en suivant toujours les indications fort précises de M. Strasburger, le système des faisceaux vasculaires est double à l'intérieur de l’é- caille du strobile, et il se rattache à ce qui existe chez les Chamæcyparis (par conséquent chez les Cupressinées), en ce que le faisceau simple de la bractée se trouve latéra- lement entouré par les faisceaux provenant du support ovulaire accrescent. « En effet, ajoute Strasburger, les faisceaux les plus inférieurs de ce support sont à la fin situés à ja même hauteur que les faisceaux de la bractée ctils tournent leurs trachées dans le même sens que ces (1) Voy. Etudes sur la vég. du S.-E. de la France à l'époque tert., I, Flore d’Armissan, p. 188, et Ann, des Sc. nat, 5° série, tome IV, p. 44. TERRAIN JURASSIQUE., — VÉGÉTAUX. 481 derniers, en sorte qu'il faut les suivre dans leur parcours tout entier pour pouvoir s'assurer de l'indépendance rela- tive des deux systèmes (1). » Le même auteur décrit dans les termes suivants, le développement graduel du support ovulaire des Cryptomeria, à partir du moment de l’appa- rition des ovules : « Originairement, dit-il, le support consiste dans une faible éminence située à l’aisselle de la bractée; les ovules (auxquels le professeur allemand ap- plique le nom de «fleurs », Zläthen) débutent par deux protubérances en forme de croissant et demeurent long- temps distinctement bilabiés. L’apparition du support ne devance pas celle des ovules, mais elle succède à la for- mation de ceux-ci et le support se montre alors sous l'aspect d’un renflement, Anschwellung, à la base de la bractée dont l’accroissement a lieu en même temps. Le développement qui suit est semblable à celui qui existe chez les Cupressinées, avec cette différence seulement que ‘ la marge du support (écaille fructifère de M. Strasburger, Fruchtschuppe), à mesure que son extension se prononce, donne naissance le plus souvent à trois (dans les exem- plaires observés par M.Strasburger, mais le nombre de ces prolongements du support est normalement de 5 et peut s’élever jusqu’à 7) appendices libres, ou lacinies détachées, dont un médian plus fort que les latéraux. Le nombre des appendices est d’ailleurs assez variable, et ils doivent être considérés à, coup sûr, comme une production due à l’'hypertrophie marginale dusupportoudel«écailleàfruit», selon l'expression adoptée par M. Strasburger. M. Stras- burger affirme que par l'observation d’une série d’é- cailles supportant plus de trois ovules, il a pu s'as- (1) Voy. Strasburger, Die Conif. und die Gnetac., p. 229 et 230. Ile S£r. VÉGÉTAUX. — III. 31 482 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. surer que le nombre des lacinies n’était nullement en rapport avec celui des organes reproducteurs; il à vu souvent quatre appendices marginaux sur des écailles à trois ovules, et trois appendices seulement sur des écailles qui en supportaient quatre. Dans d’autres cas, le support demeure soudé à la bractée et tous deux prennent de l’extension ensemble par là base, jusqu’à ce queles appen- dices demeurés lires viennent se disposer sur le bord antérieur renflé de l’écaille. Les ovules, ajoute M. Stras- burger, sont constamment insérés tout près de l'aisselle de la bractée ; ils sont ensuite reportés plus haut à la surface du support; ils sont fortement comprimés, ainsi que leur exostome. Cet exostome est plus ou moins distinc- tement bilobé et, dans certains cas de montruosité, il paraît profondément bipartit. Aux yeux de M. Van-Tieghem, les écailles fertiles des Taxodiées sont aussi formées de la bractée et de la feuille carpellaire ou support, soudées ensemble par leur face su- périeure. D’après la façon de voir du savant français, cette feuille carpellaire, notre « support », porte les ovules à la base de sa face ventrale, Cette face ne prenant pas d’ex- tension, les ovules par suite demeurent érigés, tandis- que, là où cette extension vient à se produire, ces mêmes ovules affectent à la fin une direction inverse. M. Strasburger ajoute encore en forme de conclusion : « la réunion de la bractée et du support, dans la partie de l’écaille dustrobile des Taxodinées où s’opère cette fusion, est, pour ainsi dire, plus complète que dans l'organe cor- respondant des Gupressinées. Les deux systèmes de fais- ceaux, en effet, se rattachent si étroitement l’un à l’autre qu’il n’est guère possible de distinguer, à l’aide d'une coupe tranversale, les faisceaux appartenant à l’un ou à TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 4183 l’autre des deux systèmes. » Un examen attentif est néces- saire pour démontrer que les faisceaux limitrophes corres- pondent tous au système supérieur, celui qui dessert le support. On voit par ce résumé, qui permet au lecteur d’appré- cier les termes de la question dans ses éléments intimes, que les auteurs les plus compétents, en ce qui concerne la nature morphologique et la structure anatomique des Conifères, s'accordent à considérer l'insertion érigée ou inverse de l’ovule, comme le résultat d’un accident de croissance. Cet accident ne saurait dès lors avoir l’impor- tance qu’on lui avait attribuée d’abord, lorsque, se basant sur cette insertion, on englobait les Taxodiées parmi les Cupressinées et que l’on rejetait les Séquoïées dans les Abiétinées. Les mêmes auteurs s'accordent encore dans la significa- tion qu'ils attachent à l’écaille fertile des Taxodiées et des Séquoiïées, qu’ils considèrent comme résultant de la sou- dure de deux éléments réunis et accrescents, mais non entièrement fusionnés. Ces éléments demeurent en effet distincts dans l’écaille adulte, soit à l'extérieur, puisque le mucron correspond à la bractée el le bourrelet ou les cré- nelures du couronnement au support; soit à l’intérieur, puisque les deux systèmes vasculaires restent séparés, bien que voisins ou même enveloppés l’un par l’autre. En réalité, ils ne sont ni fusionnés ni anastomosés, comme chez les Araucariées, mais ils conservent leur indépen- dance mutuelle, malgré leur contiguïlé. Par là, les Taxo- diées, de même que les Séquoïées, se rattachent aux Cupressinées, dont l’écaille fertile présente la même dispo- sition; mais par cela aussi les deux premiers groupes s’é- cartent des Abiétinées, chez lesquelles nous venons de ESA PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. constater l'indépendance absolue des deux éléments dont la connexion partielle constitue essentiellement l’écaille des Taxodinées, D'accord sur ces divers points et par conséquent sur l’absence de divergences assez prononcées pour opposer un obstacle à la réunion des Taxodiées et des Séquoïées dans une seule section, les mêmes auteurs signalent encore une particularité de structure de nature à justifier cette réunion, bien qu'elle ne se retrouve pas absolument dans tous les genres de la tribu. Nous voulons parler des inci- sures du support ovulaire, qui se développent de manière à produire, dans divers lypes vivants ou fossiles, des ap- pendices ou simplement des crénelures qui couronnent le bord supérieur de l’écaille à la maturité. D'après Stras- burger qui a décrit l’origine et le mode de développement de ces incisures dans les Cryptomeria, leur apparition suc- céderait à celle des ovules et l’auteur allemand n’attacherait à leur présence qu’une signification secondaire, en consi- ‘dérant les appendices qui en résultent et débordent fina- lement l'écaille {voy. pl. 147, fig. 8), comme une simple découpure accidentelle de la marge du support. Il est vrai que chez les Sequoia, malgré leur évidente affinité avec les autres Taxodinées, les incisures du support se trouvent remplacées par unbourrelet qui s'accroît de la même façon et déborde également le bord supérieur de l’écaille adulte ; il est encore vrai que le nombre des appendices n’est pas rigoureusement d'accord avec celui des ovules; mais, comme nous le verrons bientôt, l'importance des lacinies est telle chez les anciennes Taxodinées; leur présence contribue si fort à donner aux cônes des genres éteints de cette tribu une physionomie spéciale et réellement carac- téristique, qu’il nous semble difficile de ne reconnaître TERRAIN JURASSIQUE. = VÉGÉTAUX. 485 dans ces organes qu'un simple accident de croissance. Si l’on remarque à quel point le strobile de plusieurs Taxo- dinées primitives ( Vo/{zia, Glyptolepidium (1), Schizolepis) revêt l’apparence d’un rameau simple, modifié par la présence des supports ovulifères à l’aisselle de ses feuilles, on sera certainement disposé à admettre que les lacinies de ce support peuvent bien répondre aux vestiges d’un bourgeon, dont elles représenteraientles feuilles atrophiées et confondues, comprimées par la pression et s’avançant plus ou moins au dehors, tantôt débordant la bractée, tantôt plus ou moins incluses et dépassées par celle-ci, Tous ces cas se présentent eflectivement, lorsque l’on examine les Taxodinées fossiles, et, comme pour mieux prouver que la particularité de structure dont il est ques- tion n’est pas spéciale aux seules Taxodiées, c’est-à-dire aux genres à ovules dressés, comme les Cryptomeria, il se trouve justement que chez les Taxodinées fossiles à écailles strobilaires découpées en lobes, que l’on a eu occasion d'examiner, les Voltzia par exemple, l’ovule était réfléchi comme chez les Sequoia, tandis que l’écaille de ces der- niers ne présente aucune trace de lacinies le long du bour- relet qui la surmonte, Un autre caractère propre à l’ensemble des Taxodinées consiste dans la polymorphie des feuilles, non seulement variables selon les genres, tantôt en crochet ou en faux, tantôt planes et linéaires, et dans ce cas toujours uni- nerviées (ce qui permet de ne pas les confondre avec celles des Araucariées), mais encore sujettes à des modi- (1) Ce terme a remplacé celui de Glyptolepis proposé en premier lieu par M. Schimper et qui désignait également un poisson fossille, Mais à la dénomination vague de G/yptolepidium, ce même M. Schim- per vient de substituer celle de Glyptcolepis, à la fois plus juste et plus courte. 486 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. fications sur le même individu; c’est ce que montrent entre autres les Volfzia et les Palissya, chez lesquels se manifestent des extrêmes de grandeur et de forme qui engagèrent les premiers observateurs à décrire comme des espèces les rameaux provenant en réalité des diverses parties du même arbre. Cette disposition est encore visible chez certains Sequoia terliaires; elle se manifeste même de nos jours dans les Glyptostrobus dont les ramules annuels diffèrent par leurs feuilles étroitement linéaires des jets per- sistants, recouverts de feuilles imbriquées-squamiformes. Le nombre des ovules et par conséquent des semences est variable chez les Taxodinées, aussi bien que leur direc- tion érigée ou inverse. Ce nombre est de deux chez les Glyptostrobus et les Taxodium, de trois à cinq chez les Cryptomeria, les Sequoia et les Arthrotaxis. Les chatons mâles sont petits, ovoïdes ou ovales-oblongs, tantôt axil- laires, comme chez les Cryptomeria, tantôt terminaux au sommet de ramules latéraux, comme ceux des Sequoia. Le nombre des écailles n’est jamais très considérable et chacune porte depuis 2 jusqu’à 7 (1) loges à pollen, insé- rées vers le bas de la face dorsale. Les Taxodinées qui dans l’ordre d’apparition ont de- vancé évidemment les Abiétinées, et dont l’extension a eu lieu bien avant celle du dernier de ces groupes, ont aussi décliné les premières. La prépondérance semble leur être acquise dès la fin du trias. A cette époque, qui nous est bien connue par la riche flore du rhétien, les Taxodinées sont partout; maiselles habitent de préférence les stations humides, tandis que les PBrachyphyllum peuplent plutôt les sols accidentés. En Franconie et en Scanie, dont les schistes marno-bitumineux annoncent l’action des eaux, (1) Voyez plus haut, p. 131 et 132, TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 487 au sein d’une contrée basse et marécageuse, les Taxodi- nées sont fréquentes et se manifestent par la présence de plusieurs genres fort curieux, dont les écailles séminifè- res, éparses ou réunies en strobile, sont reconnaissables à leur ressemblance plus ou moins éloignée avec celles des Voltzia triasiques. Nous avons eu soin de représenter, sur. notre planche 154, les principaux organes des Volézia ; nous allons voir des formes analogues modifiées dans leurs détails secondaires, mais modelées généralement sur le même patron, reparaître dans les divers étages jurassi- ques. C’est plus particulièrement à la base du terrain que l’on constate leur prédominance, puisque dans le cours de l'oolithe les Cupressinées, d’abord inconnues ou faiblement représentées, finissent par obtenir une partie notable de la place, jusqu'alors dévolue aux seules Taxodinées. Dans la craie, surtout dans la craie polaire, ce sont les Sequoia qui prédominent et saisissent le premier rôle, après l’ex- tinction graduelle des Taxodinées primitives; mais ces Sequoia polaires, nombreux et variés, sont déjà associés à des Glyptostrobus, peut-être à des Zaxodium, et ce furent ces mêmes types qui plus tard envahirent l’Europe en émi- grant vers le sud, lors du tertiaire moyen. De nos jours, la distribution géographique des Taxodinées, de même que leur composition, marquent à la fois leur déclin actuel et leur ancienne extension. Leur diffusion, la manière dont leurs genres se trouvent cantonnés, chacun dans une région à part, le petit nom- bre des espèces qu’ils comprennent se trouvent bien en rapport avec ce déclin et cette antiquité. Les Taxodinées ne sont pas exclusivement limitées, comme les Abiétinées, à la zone boréale. L'hémisphère sud offre dans les Arthro- taxis des représentants détachés sans doute depuis une date 488 PALEONTOLOGIE FRANÇAISE: très reculée, de la souche primitive d’où les Taxodinées sont autrefois sorties. L'origine polaire des formes actuel- les de Sequoia, de Taxodium et de Glyptostrobus paraît des moins contestables. Ces espèces, les seules qui aient sur- vécu à l’extinction des anciens types, sont venues jusqu’à nos latitudes par voie d'immigration, et elles ont réussi à se maintenir, non pas sur notre continent qui les a per- dues, mais sur divers points de l’Asie orientale et de l’A- mérique du Nord. Deux autres genres de Taxodinées, les Crypfomerra et les Arthrotaris, paraissent avoir eu leur berceau et leur cen- tre de diffusion ailleurs que dans les alentours du pôle arctique. Le genre Cryptomeria est maintenant indigène au Japon et limité à cet archipel. Les Arfhrotazxis sont ex- clusivement australiens et l’ont peut-être toujours été, car leur présence en Europe, à l’état fossile, quoique souvent signalée, n’est rien moins qu’établie. Nous verrons pour- tant qu’il existait dans l’Europe jurassique un genre de Ta- xodinées, proche allié des A7{hrotazris et dénotant unesorte de prototype ancestral d'où le genre tasmanien actuel pour- rait bien être dérivé d’une façon plus ou moins médiate. Les Taxodiées et les Séquoïées réunies en une tribu unique sous la dénomination de Taxodinées représentent selon nous une sorte de stade primitif qui se manifeste par une soudure déjà avancée, mais non cependant absolue, du support ovulaire et de la bractée, dans le cône. Ces deux éléments, encore indépendants l’un de l’autre dans les Abiétinées, se montrent ici dans un état de connexion ré- ciproque qui n’entraine pourtant pas l’absorption de l’un des deux. Les Cupressinées constituent le dernier terme de cette marche quitend à incorporer le support à la bractée. Dans les Abiétinées, au contraire, le support se TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 489 développe isolément, mais ce développement à part rend la bractée inutile et entraîne son avortement. Les Taxodi- nées marquent le milieu entre deux combinaisons exclu- sives dont les Abiétinées, d’une part, et les Cupressinées, de l’autre, représentent les points extrêmes. Entre les Taxodinées et les Abiétinées, il y aurait encore place pour le type des Sciadopitys, dans lequel la bractée et le sup- port soudés seulement à la base se développent à la fois, en en demeurant distincts par leur côté antérieur ; mais ce type entièrement isolé dans la nature actuelle, n’a d'autre re- présentant que le Sciadopitys verticillata Sieb. et Zucce., du Japon, et nous ignorons s’il a jamais donné lieu dans le passé à un groupe de quelque importance. Vis-à-vis des Cupressinées, malgré l’étroite parenté qui les relie à cette tribu qui semble autrefois avoir suivi une marche parallèle à la leur, les Taxodinées se distinguent par les écailles non décussées, ni opposées en croix de leur strobile, toujours ordonnées, aussi bien que les feuilles elles-mêmes, dans un ordre spiral. Nous avons vu précédemment, dans l'introduction à la description des genres et des espèces (1), que par la struc- ture anatomique de leur bois les Taxodinées paraissaient également offrir une transition vers les Cupressinées, sur tout parl'intermédiaire du Widringtonia, tout en montrant certains caractères qui leur sont propres, comme le pro- longement des rayons médullaires à travers le liber, jus- que dans la région corticale, et la présence de canaux ré- sineux dans le parenchyme cortical seulement ou tout au plus vers la périphérie interne de ce parenchyme ; mais il se trouve aussi que par leur bois les Taxodinées se lient tout aussi étroitement aux Podocarpées dans une autre di- (1) Voyez ci-dessus, p. 45 et 65. 490 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. rection. Noustouchons dans cette direction au groupe diffus des Taxinées, souche première d’où les Conifères propres et par conséquent les genres qui nous occupent ont dû nécessairement émerger. À tous ces points de vue résu- més, les Taxodinées nous amènent d’un état antérieur à demi fixé et, pour ainsi dire, flottant, vers des combinai- sons plus stables, plus définitives, par cela mème plus fé- condes. Ce sont celles que les Cupressinées réalisent au- jourd’hui encore sous nos yeux et dont la flore jurassique nous découvrira le tableau originaire, HUITIEME GENRE. — CHEIROLEPIS. PI. 199, fig. 1-10. Cheirolepis, Schimp., Traité de Pal. vég., I, p. 247. — Heer, F1. foss. helv., p. 135. DiAGNOSE. — ami inæqualiter distiche ramulosi ; folia dense conferta, e basi decurrente lanceolata acute subfalcato- incurva ; — strobilus fertilis cylindricus terminalis, strobali squamæ orbiculares sessiles extus bracteæ residuis obscure transversüm carinatæ, antice quinque fidæ lacints breviter obtuse aculis, e receptaculo margine inciso orientibus ; recepta- culum ovuliferum, utin Voltzüs, bracteæ vestiqia ad maturita- tem multoties superans ; squamaæ strobili ab axi ad maturita- temut plurimum solutæ ; ovula in quaque squama verosimiliter bina inversa ad basin incisurarum lateralium sita ; — amenta mascula, teste Schimper, sémplicia ovata parvula apicalia. Brachyphyllum, Fr. Br., in Münst. Beitr., VI, p. 30. — Ver- zeichn., p. 101. — Schenk, FI. d. Grenzsch., p. 187. Voltzia, Fr. Br., in Munst. Beitr., VI, p. 30. HISTOIRE ET DÉFINITION. — Frédéric Braun a distingué le TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 91 premier des écailles isolées de Schizolepis, dans l’infralias de Franconie, en les rapportant non sans raison à une es- pèce nouvelle de Volfzia. Effectivement, les Chetrolepis peuvent être considérés comme alliés de très près aux Voltzia triasiques, dont ils représentent un prolongement dans l’infralias. Les différences qui séparent les deux genres n’ont rien d’essentiel ; ce sont des divergences de détail, relatives à la consistance et à la forme extérieure des organes, qui n'affectent pas leur structure intime, évidemment modelée de part et d’autre sur le même pa- tron. Les cônes et les rameaux feuillés de Cheiropteris avaient été d’abord signalés comme des Brachyphyllum dans l’ouvrage de Münster, et plus tard Schenk dans sa flore de l’étage rhétien de Franconie (1) a adopté la même dénomination générique, en s'appuyant sur une affinité apparente des rameaux de Franconie avec ceux du Pra- chyphyllum mamillare de Brongniart. Cette affinité, bien que moins complète que ne l’admet M. Schenk, n’est pas en elle-même un motifsuffisant d'identifier génériquement les cônes à écailles incisées de l’infralias et les rameaux qui ont supporté ces organes avec l’ensemble des vrais Brachyphyllum, groupe compact, plus particulièrement oolithique, dont nous avons décrit les caractères saillants et figuré des exemplaires remarquables, mais qui certai- nement n’a jamais eu les écailles de ses cônes conformées comme celles des C'heirolepis. Ces derniers, si reconnaissa- bles à la structure de leurs organes fructificateurs, se mon- trent dans plusieurs localités infraliasiques ; mais il n’en existe, à notre connaissance du moins, aucun vestige dans les couches de la grande oolithe ou du corallien, où abon- (L) FT. d. Grenzsch., p. 181. 592 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. dent au contraire les Zrachyphyllum, alors à l'apogée de leur développement. Il était donc nécessaire, quels que soient les doutes que peut entraîner l'attribution des rameaux, considérés iso- lément, d'appliquer une désignation générique spéciale aux écailles de strobile détachées, fréquentes dans le rhé- tien, et analogues par leur marge antérieure lobée à celles des Voltzia. C'est ce qu’a pensé notre ami M. Schimper en proposant le terme de Cheirolepis qui a été adopté par Heer et appliqué par lui à une forme du lias inférieur de Chambelen. La ressemblance extérieure des rameaux feuil- lés et leur identité apparente dans des genres en réalité très distincts constituent un phénomène trop souvent si- gnalé chez les Conifères que pour nous ayonsla pensée d’en être surpris. On sait à quel point certains Sequoia crétacés ou tertiaires reproduisent l’aspect des Araucaria d'Aus- tralie ; tandis que d’autres Sequoia, à l'exemple du S. sem- pervirens Lamb. actuel, ont été assimilés originairement aux ifs, sous le nom de Z'axites. Il est bien certain que les rameaux et les ramules épars de Cheirolepis auraient été confondus avec ceux des Prachyphyllum et des Pachyphyl- lum, si les parties constitutives de leur strobile, détachées de l’axe à la maturité, n'étaient venues peupler les lits en voie de formation. Ce sont ces écailles et le cône formé par leur réunion dont il faut avant tout définir les ca- ractères. Les écailles, franchement caduques à la maturité, four- nissent un premier caractère plus accusé dans les Cheirolepis que chez les Vo/tzia. En effet, c’est presque constamment à l'état isolé que l’on rencontre ces organes dans les dépôts où ils ont été signalés jusqu'ici, notamment dans celui de Mende. Ces écailles sont courtes, aussi larges que hautes, TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 493 sessiles, terminées inférieurement par un onglet des plus obtus, incisées nettement le long de leur bord antérieur. Les lobes ou incisures ne sont pas subarrondis, ni émar- ginés, comme chez les Vol{zia, maïs terminés en pointe obtuse. La consistance de ces écailles n’a rien d’épais ni de solide, ni même de coriace; elles paraissent avoir eu une certaine souplesse, et leur apparence est telle, d’après les moules de leurs empreintes, qu’elles ont dû empiéter légèrement l’une sur l’autre en se recouvrant quelque peu par les bords. Les auteurs qui ont décrit ces écailles, aussi bien M. Schenk que Schimper et Heer après lui, se sont accordés pour ne leur attribuer qu’une seule graine. Nous avons lieu de croire cette indication erronée et de consi- dérer comme se rapportant aux vestiges de la bractée ad- née à la face dorsale du support lobé, la ligne enfoncée convexe antérieurement ou semi-circulaire, visible sur la plupart des empreintes (1), qui dessine une aire arrondie immédiatement au-dessous des incisures. En effet, les em- preintes qui présentent cette aire paraissent se rapporter à la face dorsale des écailles, et le sillon qui dessine le con- tour de l'emplacement attribué à la semence correspond naturellement à une carène légèrement saillante, au- dessus de laquelle les lacinies du support se trouveraient assises. D’après une empreinte de Mende dont je donne le dessin (voy. pl. 193, fig. 6) et qui représente la face supé- rieure d’une de ces écailles, celles-ci auraient été pourvues de deux graines ; et ces graines, inverses, arrondies et sur- montées d’un rebord cartilagineux, auraient ressemblé à celles des Poltzia, lelles que je les ai dessinées d’après les traces de leur emplacement. Le nombre et la forme des (1) Voy: Schenk, F1. de Grenzsch., tab, 43, fig. 7, 8 et 17; — Heer, FI. foss. helv., tab. 56; fig. 13. 494% PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. lobes sont évidemment sujets à beaucoup de variations, même dans les limites d’une seule espèce, puisqu'il sem- ble à M. Schimper, comme à nous-même, que M. Schenk a eu tort de distinguer le C'heirolepis Münsteri du C.affins, dans le rhétien de Franconie. Des lobes plus minces et plus pointus sont parfois entremêlés à d’autres plus larges, ou bien leur nombre, qui est ordinairement de cinq, se réduit à trois dans les écailles les moins développées. Les lobes latéraux sont parfois plus développés que les inter- médiaires, ou bien il existe entre les latéraux un seul lobe bifide. Les lobes plus larges paraissent correspondre à l'endroit où élait située la graine, circonstance qui se trouve d'accord avec la présence ordinaire de deux graines collatérales. Les cônes de Cherrolepis figurés par Schenk et que nous figurons d’après lui (pl. 192, fig. 6) sont cylindriques, allongés, terminaux et assez pelits; ils reproduisent sous de moindres dimensions l’aspect de ceux des Voltzia. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — On voit par ce qui précède que les Cheirolepis ne sont guère que des Vol{zia infralia- siques, amoindris dans toutes leurs proportions, ayant des rameaux plus grêles, des feuilles plus courtes et homo- morphes, des strobiles plus petits, des écailles plus ré- duites, moins atténuées vers la base et essentiellement caduques, lors de la maturité, circonstance qui a mis obs- tacle la plupart du temps à leur rencontre à l’état agrégé. On peut encore comparer les Cheirolepis aux Glyptco- lepis de M. Schimper, genre également allié de près aux Volizia qui se montre dans le Keuper, mais dont les strobiles, bien plus allongés, formés d’écailles lâchement imbriquées et persistantes, ne sauraient être confondus avec ceux des Cheirolepis. Les écailles strobilaires des TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 495 Glyptcolepis sont d’ailleurs conformées en spatule, atté- nuées inférieurement en un mince pédicule, ouvertes au sommet en éventail et ornées à la surface de 10 à 12 sillons divergents qui aboutissent à autant de crénelures margi- nales, en sorte que ces organes rappellent à l'esprit ceux des Glyptostrobus actuels. Bien au-dessus du keuper, dans l’oolithe inférieure du gouvernement d’Irkutsk, à Ust-Balei et à Kajamündung, M. Heer a signalé, sous le nom de Leptostrobus, un type très peu distinct des Glyptcoleprs, dont il reproduit les traits principaux. Cependant, le Leptostrobus semble réellement apparenté de plus près que le genre keupérien aux Vo/tzia, d'une part, et aux Cheirolepis, de l’autre, tout en ne pouvant être confondu avec aucun des deux. Les écailles bien plus obtusément atténuées à la base que celles des Glyplcolepis sont découpées sur le pourtour de leur sommet dilaté en trois ou cinq lobes obtus et profonds. Sur la face supérieure de chacune de ces écailles on distingue très nettement deux graines aptères, disposées à peu près comme celles de notre Cheirolepis de Mende. Quelques-unes de ces écailles paraissent conserver des traces d'une bractée axillante soudée au support, mais sans doute bien plus courte que ce dernier. M. Heer compare les Zeptostrobus aux Glypto- strobus actuels, et, pour permettre de juger des particulari- tés que nous venons de signaler, nous renvoyons aux figu- res très nettes de l’auteur ({) représentant ses Leptostrobus laxiflora et crassipes, qui du reste ne constituent peut-être qu’une seule espèce. EXPLICATION DES FIGURES. — PJ]. 109, fig. 1 à 5, Cherro- lepis Münsteri (Schenk) Schimp., rameaux de diverses di- mensions d'après des figures empruntées à l’ouvrage de (1) Voy. Heer, Tertiarfl. v. Polarländer, 1v° partie. 496 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. M. Schenk sur la flore rhétienne de Franconie, grandeur naturelle. Les figures 1, 2 et 4 correspondent aux figu- res 4, 2 ei 3 de Schenk et à son Prachyphyllum Münsteri ; les figures 3 et 5 correspondent aux figures 14 et 13 de Schenk et à son PBrachyphyllum affine. Fig. 6, Strobile de Cheirolepis Münsteri terminant un rameau, grandeur naturelle; d’après une figure de l’ouvrage de Schenk, Figures 7-9, écailles détachées du strobile de la même espèce, grandeur naturelle; d’après les figures de Schenk. Fig. 10, rameau dela même espèce (Prachyphyllum affine Schenk, tab. 43, fig. 15 de l'ouvrage allemand) terminé par des chatons arrondis, considérés comme des organes mâles, représentant peut-être des fleurs femelles récem- ment fécondées; fig. 10°, un de ces organes grossi d’après Schenk. N° 1. —_ Cheirolepis Escheri. PI. 193, fig. 1-8. Cheiropteris Escheri, Heer, F1 foss. helv., p. 135, tab. 56, fig. 13. DIAGNOSE. — Ch. ramis alterne vageque distichas, fo- lis spiraliter ordinatis lare imbricatis sessilibus breviter acutis apice falcato-incurvis; strobili squamis ab axi dis- tractis lato-rotundatis obtuse basi in unquem attenuatis trun- calisve sursum 3-ù inciso-lobatis breviter obtuse acutis ; seménibus binis inversis basi rotundatis sursum carlilagineo- appendiculalis ; amentis masculis? terminalibus e squamis arcte adpressis peltatis conniventibus efformatis. Les débris épars de cette espèce, ramules, écailles dé- tachées, débris de chatons mâles, peuplent certaines pla- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 497 ques descalcaires infraliasiques de Mende, où ils se trouvent associés à des Thinnfeldia et au Brachyphyllum Paparel. Cette accumulation s’est faite dans des eaux tumultueu- ses, entraînant pêle-mêle une foule de fragments associés dans le plus grand désordre; mais une comparaison de ces fragments avec les organes décrits et figurés par schenk, dans la flore du rhétien de Franconie, fait voir qu'il s’agit bien d’un Chetropteris, très rapproché de celui des schistes de Bayreuth. Les écailles détachées qui accompagnent les rameaux sont bien plus rares que ceux-ci; du moins elles sont rarement entières et assez bien conservées pour que leur conformation devienne facile à observer. Cependant, à côté du grand rameau, pl. 193, fig. 4, en a, on distingue aisément une de ces écailles, que nous reproduisons à part et légèrement grossie (fig. 1*), d’après un moule de l'empreinte qu'elle a laissée. Par la forme et la dimension de ses lobes, cette écaille nous paraît devoir être identifiée avec le Cherrolepis Escheri Hr., de l’infralias de Cham- belen (Argovie), et elle se distingue par les mêmes carac- tères de l'espèce principale du rhétien de Franconie, le Cheirolepis Münsterr Œffectivement, notre écaille est large de plus de 20 millimètres sur une hauteur de 12 mil- limètres ; elle est arrondie plutôt que tronquée à la base et couronnée dans l’autre direction par cinq lobes obtus, di- latés inférieurement, de manière à empiéter légèrement l’un sur l’autre par les bords, et terminés en une pointe ogivale au sommet. La figure donnée par M. Heer de son Ch. Escheri concorde entièrement avec la nôtre; seule- ment l’écaille de Chambelen, qui est unique, est un peu plus petite et un de ses lobes se trouve accidentellement (1) FL. d..Grenzsch., p. 87, tab. 43. Ils SÉR. VEGETAUX, — IIT, 32 498 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, moins développé que les autres. M. Heer a eu tort de considérer ce dernier caractère comme spécifique. Les écailles des strobiles de Cheirolepis présentaient norma- lement cinq lobes marginaux ; mais ces lobes se rédui- saient à trois dans les écailles du sommet des cônes et ils étaient sujets à s’atlénuer ou à disparaître dans les au- tres. Dans l’écaille que nous considérons, on observe un développement relatif assez notable des lobes latéraux par rapport aux autres. Ces lobes latéraux correspondent se- lon nous à l'emplacement des deux graines dont l’organe devait être pourvu. Il en est de même dans le C'heirolepis Münsteri (voy. pl. 192, fig. 9), dont les écailles présentent généralement des lobes latéraux plus développés que les intermédiaires; mais ces lobes sont en même temps plus étroits et plus acuminés que ceux du Ch. Æscheri dont le sommet dessine une pointe en ogive. On distingue très bien sur notre écaille, en dessous des lobes qui la sur- montent, l’aire arrondie et convexe qui, dans la pensée de Schenk, de Schimper et de Heer, correspondrait à l’em- placement d’une semence unique, occupant la partie cen- trale de l’organe. Mais, d'après le moule dont nous re- produisons le dessin (pl. 193, fig. 4°), l'empreinte serait celle de la face dorsale et, par conséquent, elle n’aurait rien de commun avec le côté qui supportait les semences. Nous sommes porté à admettre qu’il en était ainsi des échantillons figurés par Schenk et de celui d’après lequel M. Heer a établi son Chetrolepis Escheri. Dès lors, comme notre figure grossie porte à le croire, cette région représen- terait la bractée soudée au support et limitée antérieure- ment par une ligne convexe en forme de carène transver- sale, faiblement saillante et dénuée de mucron. Les lobes étalés du support, débordant au-dessus de la bractée TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 499 ainsi comprise lui servaient d’entourage et de couronne- ment, à peu près comme cela a lieu chez les Vo/fzia et même chez les Cryptomeria, si toutefois l’on fait abstrac- tion pour ces derniers de la consistance ligneuse des écailles fertiles. Les écailles des Cheirolepis, semblables en cela à celles des Vol{zia, avaient une certaine souplesse. Elles étaient plutôt minces et semi-membraneuses que réelle- ment coriaces, et il en était certainement ainsi de celles de l’espèce du rhétien de Mende, que nous décrivons, circonstance qui explique la facilité avec laquelle ces organes se sont détruits ou ont été lacérés, avant de ga- gner le fond des eaux. Pour ce qui est des lobes eux- mêmes, on reconnaît qu'ils étaient finement chagrinés à la surface et parcourus de stries longitudinales très peu marquées, mais ils ne présentent aucune trace de carène dorsale sur leur milieu. Une autre écaille plus petite, plus grêle que la précé- dente, moins élargie relativement et atténuée en coin à la base (pl. 193, fig. 6) a dû cependant appartenir à la même espèce, bien qu’elle ait seulement trois lobes au lieu de cinq ; mais ces trois lobes sont conformés semblable- ment; les deux latéraux sont plus larges que le médian, et celui-ci paraît émarginé au sommet, mais uniquement par le fait d’une cassure. Cette seconde écaille est impor- tante à considérer, parce qu’elle semble présenter la face supérieure, avec deux graines encore en place, très ana- logue par leur forme et leur fonction à celles du Zepto- strobus de Heer, arrondies inférieurement, amincies et peut- être cartilagineuses par le haut et certainement inverses. Une troisième écaille, située sur une autre plaque que la précédente, paraît divisée en quatre lobes; elle semble 500 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. avoir souffert du transport par les eaux ; plusieurs autres sont dans un état trop informe pour être décrites ni figurées. Il n’en est pas de même d’une autre empreinte (pl. 193, fig. 8) qui pourrait bien représenter, selon nous, les vestiges d’un chaton mâle ; elle montre un certain nom- bre d’écailles peltoïdes et légèrement convexes, étroite- ment contiguës et disposées dans un ordre quinconcial. Ces écailles auraient porté les sacs à pollen attachés à leur face inférieure, à peu près comme chez les Sequoia ; maisnous ne saurions beaucoup insister sur un rapproche- ment qui repose sur des éléments trop superficiels pour entrainer la conviction. Les rameaux du Cheirolepis Escheri (pl. 193, fig. 4 à 5) sont divisés, comme ceux du Ch. Münsteri, en ramifica- tions alternes, vaguement distiques, affectant une appa- rence subdichotomique. Les rapports de notre grand spécimen, pl. 193, fig. 1, avec ceux de Schenk et surtout avec la figure 13, pl. 43, de la flore rhétienne de Franco- nie, sont réellement frappants; seulement, les rameaux de l'espèce de Mende sont relativement épais et recouverts de feuilles plus denses, plus serrées et, à ce qu'il semble, moins divariquées. Le rameau principal, fig. 1, laisse à désirer sous le rapport de la conservation des feuilles dont les contours sont rarement nets, mais sur certains ra- mules épars (fig. 2, 3 et 5) leur forme se distingue mieux, surtout de profil ; elles sont courtes, sessiles, larges à la base, incurvées en faux, convexes et probablement caré- nées sur le dos; leur longueur totale n’excédait pas 2 mil- limètres sur les petits rameaux; elle atteignait à peine 3 millimètres chez les plus grandes. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — D’après ce qui . et sans vouloir répéter les détails dans lesquels nous venons TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 501 d'entrer, on voit que le Cheirolepis Escheri, bien que très rapproché du Ch. Münsteri (Schenk) Schimp., se distingue de celui-ci par de plus gros rameaux, par des écailles de strobile plus larges, pourvues de lobes marginaux plus obtus. L'espèce du lias inférieur de Mende et de Cham- belen, par toutes ses proportions, doit avoir été su. périeure à celle du rhétien de Franconie. La première se rapporte du reste à un niveau plus récent que la se- conde. LocaLiTÉs. — Environs de Mende, couches à Thinnfeldia et à Prachyphyllum, partie supérieure de l’infralias; col- lection Almeras ; envoi de M. l’abbé Boissonade, de M. Pa- parel et de M. Fabre, inspecteur des forêts (voir plus haut p. 325, pour les détails concernant le gisement). — Hors de France l’espèce a été signalée pour la première fois à Chambelen (Argovie), dans le lias inférieur. EXPLICATION DES FIGURES. PI. 193, fig. 4, Cheirolepis Escheri Heer, rameau plusieurs fois divisé, accompagné en a d’une écaille de strobile détachée, montrant sa face dorsale, grandeur naturelle; fig. 1*, même organe moulé et grossi, montrant l’aspect de la face dorsale de l’écaille avec son relief originaire. Fig. 2 à 5, divers fragments de ramules de la même espèce, respectivement grossis en 2°, 3°, 4°. Fig. 6, autre écaille détachée, provenant de la partie supérieure d’un strobile de la même espèce, montrant la face supérieure de l’organe, grandeur naturelle; fig. 6°. même organe grossi ; fig. 6°, même organe préalablement moulé et grossi, montrant la trace de deux graines encore en place. Fig. 7, écaille isolée de Cheirolepis Escheri, montrant sa face dorsale d’après une figure empruntée à l'ouvrage de M. Heer, grandeur naturelle. Fig. 8, frag- ment de chaton mâle ? accompagnant les ramules précé- 502 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. dents et rapporté avec doute au Cherrolepis Escheri, gran- deur naturelle ; fig. 8°, même organe grossi. NEUVIÈME GENRE. — SCHIZOLEPIS Schizolepis, Fr. Braun, Die foss. Gew. aus Grenzsch., p. 86. — Schenk, F1. d. Grenzsch., p. 179. — Schimp., Traité de Pal. vég., WE, p. 248. — Nath., Bidr. t. Swerig. foss. FI. ; Växt. fr. rätisk. format. vid Palsjü à Skane, p. 57; — Beitr. z. foss. FI. Schwed.; ueb. ein. räth. pflanz. v. Palsjo in Schonen, p. 28. DiAGNOSE. — Folia verosimiliter acerosa longe stricteque linearia uninervia sparsim inserta etiamque fasciculata ; — strobilus cylindricus elongatus terminalis; strobili squamæ imbricatæ unguiculatæ aut sessiles, ad apicem membranaceo expansum profunde medio bifidæ, semina bina verosimiliter erecta unæquæque gerentes ; receptaculum bracteam ad basin dorsalem adnatam multo superans. Voltzia, Fr. Br., AU. Zeit., 1846, n° 158. _ Endl., Syn. Conif., p.280. _— Gæpp., Monog. Conif. foss., p. 195. - Ung., Gen. et sp. pl. foss., p. 353. HISTOIRE ET DÉFINITION. — Frédéric Braun avait d’abord signalé, non sans raison, l’espèce type de ce genre, sous le nom de Voltzia; plus tard, il proposa le terme de Schizolepis et l'établissement d’un genre particulier. M. Schenk, dans sa flore du rhétien de Franconie, a mis ce groupe en pleine lumière, en définissant la structure caractéristique des écailles, dont il a donné de bonnes figures. Il a fait voir en même temps que les rameaux attribués par Fr. Braur à son Schizolepis appartenaient TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 503 en réalité aux Palissya ; mais il est bien loin d’être cer- ain que la nouvelle attribution proposée par Schenk ait plus de vraisemblance que l’autre. Les rameaux qu'il a figurés, fig. 4 à 5, pl. 44 de son ouvrage, présentent de longues feuilles étroitement aciculaires qui paraissent éparses le long des jets terminaux, et fasciculées sur de courts ramules latéraux et axillaires par rapport aux ra- meaux anciens. C’est là une disposition que présentent les cèdres, les mélèzes et le ginkgo ; mais justement à cause de cette dernière assimilation et desbifurcations visibles de quelques-unes des feuilles figurées par Schenk, M. Heer a pensé que les rameaux franconiens avaient dû appartenir plutôt à son genre sibérien (1) Czckanowskia et par cela même à une Salisburiée, Les organes foliaires des Schizolepis nous seraient donc inconnus, si une seconde espèce de Schizolepis n'avait été découverte dans le rhétien de Pals- jo en Scanie, par M. Nathorst, et comme les cônes de l'espèce scanienne se trouvent associés à des débris de feuilles étroitement aciculaires, uninerviées, qui jonchent la surface des plaques schisteuses, il est naturel de rappor- ter à une seule espèce les deux cat“gories d'organes, ainsi juxtaposés avec une égale abondance. Ce n’est là pourtant qu’une conjecture, et ces feuilles éparses ne se sont pas montrées jusqu'ici en connexion directe avec les rameaux qui les portaient; on a pu seulement constater qu’elles étaient parfois réunies en faisceau. Il ne serait donc pas improbable de voir en elles les feuilles de quelqu’une des Abiétinées dont les cônes ou les graines ont laissé des empreintes au sein des mêmes couches, ainsi que nous Pavons fait ressorlir plus haut.” (1) Voy, Beitr. z. Jura F!. Ostsiberiens und d. Amurl, p. 68. 504 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. Les cônes de Schizoleprs sont donc la partie que nous avons principalement à considérer dans la définition du genre. Ils sont allongés ou spiciformes, sans doute ter- minaux et composés d’écailles imbriquées dont le carac- tère essentiel réside dans la conformation bifide du som- met, dilaté en une expansion membraneuse le long des bords, et plus ou moins développés. Ici, comme chez les Voltzia et les Cheirolepis, le support ovulaire dépasse de beaucoup la bractée; mais, au lieu que ce‘support se trouve découpé en trois à cinq lobes, il n’en existe que deux, cor- respondant aux deux ovules changés plus tard en deux graines ovales ou arrondies, probablement érigées. La base de l’écaille, c’est-à-dire la partie qui résulte de la soudure du support et de la bractée, s’allonge plus ou moins; elle est atlénuée en un mince onglet en forme de pédicule dans l’espèce de Franconie; mais cette base est au contraire subsessile dans celle de Scanie, et dès lors les graines, au lieu d’être implantées vers le haut du pédicule, sur le point où commence la dilatation de l’écaille, sont placées à son aisselle et tout près de l’axe. Les graines de Schizolepis paraissent avoir été aptères, et les écailles des strobiles étaient persistantes, contraire- ment à ce qui existait chez les Cheirolepis, en sorte que l’on ne rencontre presque jamais ces écailles à l’état isolé, circonstance qui ajoute à la difficulté de leur examen. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le genre Schizolepis, incon- testablement lié aux Voltzia, diffère de ceux-ci par ses écailles persistantes et bilobées au sommet, par ses graines au nombre de deux seulement et érigées au lieu d’être inverses. Ce genre se trouve associé à celui des Palissya dans le rhétien; tous deux paraissent avoir habité les mêmes localités basses, humides et marécageuses. Cepen- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 305 dant, la difficulté d'observer les rameaux des Schizolepis semble dénoter pour ceux-ci une station plus à l’écart des rives palustres que ne l'était celle des Patissya. Les dépôts français n’ont encore fourni à notre connaissance aucun vestige de Schizolepis ; nous décrirons cependant les deux espèces qui suivent, comme caractérisant très nettement le rhétien, dans la prévision qu’elles seront rencontrées un jour ou l’autre sur quelque point des formations infralia- siques de la France. N° 1. — Schizolepis Braunii. PI. 194, fig. 1-4. Schilozepis Braunü, Schenk, F1. d. Grenzsch., p. 179, tab. 44, 6-8 (exclus. prob., fig. 1-5). — — Schimp., Traité de Pal. vég., II, p. 248, pl. Lxxv, fig. 12-13. DIAGNOSE. — S., strobilis oblongo-cylindricis, strobilorum squamis ex unquicula angusta sursum dilatatis bilobis, lobis ovato-lanceolatis muticis, seminibus ad basin loborum insertis rotundatis. Schizolepis liaso-keuperiana, Fr. Br., Flora, 18#1, p. 86. — = Gœpp., Monogr. Conif. foss., p. 195. = — Ung., Gen. et sp. pl. foss., p. 353. Voltzia schizolepis, Eudl., Syn. Conif., p. 280. Ainsi que nous le disions plus haut, il est fort douteux que les rameaux attribués par Schenk et après lui par Schimper à cette espèce, lui aient réellement appartenu. Nous voulons seulement ici décrire suceinctement les stro- biles et les écailles dont ils sont formés. Les premiers ont une configuration oblongue, cylindroïde. L’exemplaire 506 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, de M. Schenk, que nous reproduisons après lui (pl. 494, fig. 2), mesure une longueur de 3 centimètres sur À cen- timètre de large, mais il est douteux qu’il soit entier au sommet. Le strobile, fig. À de notre planche 194, est plus étroit et plus allongé que le précédent, mais il représente peut-être un organe encore jeune, tandis que la figure 3, même planche (fig. 7, pl. 44, de l’ouvrage de Schenk), se rapporte à un cône adulte et ouvert, montrant ses écailles écartées, comme le sont celles des cônes de Cryptomeria après la chute des graines. L'écaille des Schizolepis, dont M. Schenk a donné une figure grossie (pl. 174, fig. 4 et 4°), d’après un échantil- lon isolé, était atténuée à la base en un onglet graduelle- ment aminci, elle était par conséquent insérée sur l’axe par une sorte de pédicule, constitué, à ce qu’il semble, de la bractée et du support étroitement soudés. La terminai- son supérieure de la bractée donnait lieu à une crête trans- verse, sous la forme d’un étroit bourrelet, au-dessus du- quel s’étalait l'expansion bilobée, dont la face supérieure supportait à sa base les deux graines arrondies et aptères. Cette expansion d’une nature parfaitement analogue à celle qui termine les écailles des Vol{zia et des Cheirolepis, mais simplement bilobée au lieu d’être tri-quinquélobée, présen- tait sans doute une consistance mince et membraneuse, au moins vers les bords. Des stries ou veinules légèrement divergentes décrivaient à sa surface des linéaments très fins, bien visibles sur la figure de Schenk. Les deux lobes de chaque écaille sont lancéolés et assez profondément di- visés. Ils sont connivents inférieurement vers le point où avait lieu l'insertion des deux semences. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — L'’écaille atténuée à la base en un long pédicule distingue cette espèce de la suivante TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 507 dont les strobiles sont aussi plus longs et plus grêles que ceux du Schizolepis Braunii. LocaLITÉS. — Schistes argileux de la formalion rhétienne de Franconie : Strullendorf près de Bamberg, Jægersberg près de Forchheim, Veitlahm près de Kulmbach, Ober- waiz près de Baireuth, etc. EXPLICATION DES FIGURES. — PI]. 194, fig. 4, empreinte d’un strobile de Schizolepis Braunti, d'après une figure extraite, comme les suivantes, de l'ouvrage de Schenk, grandeur naturelle. — Fig. 2, autre strobile de la même espèce, grandeur naturelle. — Fig. 3, strobile adulte et ouvert de la même espèce, grandeur naturelle. — Fig. 4, écaille détachée d’un strobile de la même espèce, d’après une figure du même auteur, grandeur naturelle: fig. 4, même organe grossi montrant l'emplacement des deux graines. N° 2. — Schizolepis Follini, P1. 194, fig. 5-8. Schizopteris Follini, Nath., Bidrag till Sverig. foss. FI. väaxt. fran rätisk. form. vid Palsjü 1 Skane, p. 58, tab. 14, fig. 7-12 et 15, fig. 3-12; — Ueb, ein. rhät. Pflanzsen v. Palsjô in Schonen, p. 28, tab. 14, fig. 7-12 et pl. xv, fig. 3-12. DiAGNosE. — S., foliis acicularibus anguste linearibus uni- nerviis sparsim vel in fasciculum congestis; strobilis cytin- dricis spiciformibus, 3-8 centim., et ultra longis, À centim., circa latis, squamis strobili imbricatis bast rotundatis sessilibus sursum bilobis, lobis orato-lanceolatis longitudinaliter striatis, seminibus late ovatis apteris erectis fere contigurs, in quavis squama ad basin dispositis. 508 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. La découverte de cette seconde espèce est due à M. Alfred Nathorst qui en a donné une bonne description et des figures exactes dans son mémoire sur les plantes rhétiennes de Palsjü en Scanie. Le même auteur a bien voulu nous communiquer une série d’exemplaires origi- naux recueillis par lui dans le même gisement et qui nous ont permis de prendre une connaissance plus précise des caractères du Sch/zolepis Follini. Les strobiles de cette espèce sont fréquents, mais d’une étude d’autant plus difficile que les organes convertis en charbon n’ont laissé qu’une empreinte vague à la surface des feuillets schisteux du dépôt scanien; ils se trouvent, pour ainsi dire, incor- porés à la substance même de la plaque bitumineuse et les détails relatifs à la forme ou à la disposition des diverses parties du cône n’ont rien de très distinct, même consi- dérés à la loupe. Il faut croire aussi que la plupart de ces organes, charriés peut-être d'assez loin par les eaux, sont arrivés déjà frustes au sein des lits en voie de formation, après avoir subi des frottements et quelquefois dans un état de décomposition plus ou moins avancé. L'expansion bi- lobée qui surmonte les écailles devait être d’une consis- tance mince, et probablement fragile. Chacune de ces écailles était arrondie et sessile à la base, convexe sur ie côté dorsal, concave sur l’autre face, celle qui supportait les graines. La plupart du temps le couronnement bilobé des écailles n'offre que des lambeaux et des franges lacé- rées ; il faut beaucoup chercher pour en retrouver quel- ques-unes dont il soit possible de reconstituer le contour. L'une de nos figures (pl. 194, fig. 5), empruntée à l'ouvrage de M. Nathors, treprésente bien l’aspect et la forme géné- rale d’un strobile de Schizolepis Follini, mais la plupart des détails n’ont rien de précis. Nous sommes arrivé, de TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 509 notre côté, à des résultats plus satisfaisants par l’enlève- ment de tous les résidus charbonnés qui encombraient une des anciennes empreintes, et, en moulant le creux de cette empreinte, il nous a été possible de retrouver le relief et les caractères extérieurs de l’organe fossile. Notre figure 6, pl. 194, nous le montre tel qu’il a dû être réellement. Ce strobile a la forme d’un épi allongé. Les écailles qui le composent sont sessiles, imbriquées et étroitement appli- quées. Faiblement carénées sur le milieu de leur face dorsale, elles sont bifides plutôt que bipartites à leur sommet et les lobes qui résultent de leur échancrure apicale sont peu prononcés et généralement obtus. La figure 7 présente le même organe faiblement grossi et la figure 7° reproduit plusieurs écailles sous un plus fort grossissement. Les feuilles attribuées à ces cônes par M. Nathorst ont l'aspect et les dimensions des aiguilles de nos pins (voy. pl. 195, fig. 1 et 2); elles sont étroites, très allongées et couchées l’une près de l’autre dans le plus grand désordre. La figure 2 les montre sous un assez fort grossissement; l’un des fragments semble terminé au sommet en une pointe obtuse. Une des figures de l’auteur suédois (pl. 194, fig. 8) présente ces mêmes feuilles ou du moins des feuilles analogues réunies en faisceau ; comme si elles eussent appartenu à un bourgeon en voie de développement. Une certaine obscurité enveloppe cette dernière attribution, il faut bien l'avouer; les feuilles fasciculées de la planche 194 sont acuminées au sommet, tandis que celles qui re- couvrent la plaque schisteuse de la planche 195 parais- sent obtusément terminées. Sur cette même plaque on remarque la présence d’une graine ailée de Pinites Lund- grent Nath. Il est visible que nous ne possédons pas des 510 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. éléments suffisants pour trancher une question pareille. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Les écailles insérées sur l’axe du strobile par une base sessile, l’échancrure moins prononcée de ces écailles à leur partie supérieure, la structure plus fragile de l’appareil bilobé distinguent faci- lement l’espèce scanienne de celle de Franconie. Elle se sépare encore de celle-ci par la conformation de ses cônes remarquablement allongés. LOCALITÉ. — Palsjü en Scanie, étage rhétien. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 194, fig. 5, Schizolepis Follini Nath., empreinte d’un strobile d’après une figure empruntée à l'ouvrage de M. Nathorst, grandeur naturelle. Fig. 6, autre strobile de la même espèce, d’après une empreinte originale, provenant du rhétien de Scanie, reçue en communication de M. Nathorst, grandeur natu- relle; fig. 7, portion inférieure du mêmestrobile préalable- ment moulé et légèrement grossi; fig. 7°, plusieurs écailles de ce même strobile fortement grossies pour faire voir leur aspect et leur mode d’agencement. Fig. 8, feuilles aciculées-linéaires réunies en faisceau et attribuées à la même espèce par M. Nathorst, grandeur naturelle. — P}. 195, fig. 1, plaque schisteuse recouverte par des feuilles éparses, longuement aciculaires et uninerviées, attribuées par M. Nathorst à son Schizolepis Follini, grandeur natu- relle ; d’après un échantillon original provenant du rhétien de Scanie, communiqué à l’auteur par M. Nathorst. On distingue en a sur la même plaque une graine de Pénites Lundgreni Nath., que la figure 1° représente grossie. En b b, on distingue aussi des folioles éparses du Podozamites distans. Fig. 2, plusieurs fragments de feuilles de Schizo- lepis Follini, dessinés séparément et grossis; l’un d’eux paraît obtusément terminé au sommet. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 511 DIXIÈME GENRE. — PALISSYA. Palissya, Endl., Synops. Conif., p. 306. — Ung., Gen. et sp. pl. foss., p. 387. — Gœpp., Monogr. foss. Conif., p. 291. — Brongn., Tab. des genres de vég. foss., p. 104. — Schenck, Beitr., p. 78; — FI. d. Grenzsch., p. 175. — Schimp., Traité de Pal. vég., IE, p. 245. — Nath., Växter fr. rätisk. Form. vid Palsji it Skane, p. 55; — Beitr. z. foss. Fl. Schwed.; Ueb. ein. rhätisch. Pflanzen v. Palsjô in Schonen. — Sap., Les vég. foss. de l'étage rhétien en Scanie, in Ann. dise. géol., t."TX, p. 95. DrAGNosE, — Aami distichi; folia spiraliter plerumque dis- tiche ènserta heteromorpha, alia squamæformia (folia inno- valionum) leniterque falcato-incurva, alia (folia ramulorum lateralium) acicularia lènearia uninerviaque, sessilia pulvinulo decurrente insidentia ; strobilé ad maturitatem caduci squa- me primum conniventes imbricatæ dein apertæ persistentesque semina perfecta liberantes; squama unaquæque dorso cari- nata, e bractea sSursum acuminata cum receptaculo ipsa bre- viori marginibus ex utroque latere lobato-sinuato coalita, apice acuminato libera constans ; semina rotunda compressa aptera vel ala anguste circumcincta lobis receptaculi singulatim imposita; — amenta mascula, ut videtur, cylindrica. Cunninghamites, Pres], in Sfernb. FI. d. Vorwelt., II, p. 201. — Endl., Syn. Conif., p. 287. — Ung., Gen. et sp. pl. foss., p. 388. = Gœpp., Monogr. foss. Conif., p. 221. Taxodites, Pres], in Sternb. FI, d. Vorwelt, II, p. 200. = End, 4510%/ p.279; — Ungs,.l,6.,,p. 352. — Gœpp.,.l.e., p.192: HISTOIRE ET DÉFINITION. — À l’exemple des précédents, 512 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. le genre Palissya à été d'abord imparfaitement connu. La ressemblance de ses rameaux avec ceux des Sequoia à cependant frappé les premiers observateurs, et Endlicher, au moment où il rangeait son Palissya Braun parmi les Abiétinées, y inscrivait également les Ar/hrotaxis et les Sequoia. Schenk, dans sa flore du rhétien de Franco- nie (1), a fait également ressortir l’affinité des Palis- sya avec les Séquoïées par la structure de leurs cônes et celle des cellules de leur épiderme foliaire, Cet auteur a d’ailleurs ajouté très peu de détails caractéristiques sur les Palissya qu'il divise en deux espèces, Palis- sya Braunii Endl. et P. aptera, celle-ci pourvue de cônes plus petits avec des graines ovales, entièrement dé- pourvues d’aile marginale, le première ayant au contraire des graines ailées. Il semble que chez le Palssya aptera, espèce recueillie à Theta, d’où le ?. Braun est exclu, il y ait eu sur certains rameaux, comme cela a lieu chez les Cryptomeria et Arthrotaxis, une accumulation de cônes terminaux adultes et persistants, tandis que les cônes de l’espèce ordinaire étaient visiblement caducs; les strobiles du Palissya aptera sont plus petits, plus globuleux et les écailles qui les composent ne présentent pas la même con- formation. Il est donc fort douteux qu’il s'agisse d’une espèce vraiment congénère du Palissya Braunii dont les débris abondent sur tous les autres points de la formation rhétienne de Franconie. Nous serions porté à admettre que le Palissya aptera de Schenk a appartenu en réalité aux Sphenolepis, genre décrit ci-après. Schenk, dans sa courte description des cônes de Palissya, leur attribue des écailles en spatule et indivises; mais il (1) FU, d. Grenzsch., p. 179. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 513 figure en même temps (1) un strobile mûr, à écailles ouvertes et écartées, visiblement pourvues de lobes margi- naux, sur les côtés. On ne trouve aucune explication sur ce fait singulier dans la table des planches ni dans le texte lui-même. Il faut conclure de ce silence que le détail a échappé à l’auteur et, comme ilinsiste d’ailleurs sur la plu- ralité des graines supportées par chaque écaille, il est na- turel de conjecturer qu’il aura pris ces lobules latéraux, assez semblables à des crénaux, pour des graines encore adhé- rentes au support. Nous ne croyons pas une pareille inter- prétation admissible, et c’est en nous basant sur l'examen de deux empreintes de cônes, provenant de Saaserberg et étiquetées par Schenk en personne, que nous avons été porté à considérer les incisures marginales en forme de lobes sinueux qui accompagnent les écailles du Palissya Braun comme une particularité caractéristique servant à la définition du genre. Si l’on consent à tenir compte de cette particularité de structure, tout ce qu’a avancé Schenk demeure exact. L’écaille est carénée sur le dos et acuminée au sommet; sa struclure est loin d’être sans rapport avec celle des genres que nous venons de passer en revue ; elle comprenden effet, comme chez les autres Taxo- dinées, deux éléments réunis. la bractée axillante et le support des ovules. Ce support est lobé conformément à ce qui existe dans les Cheiroleprs ; seulement ici les lobes ou sinuosités, au nombre de 6 à 8, débordent latéralement la bractée qui dépasse le support et constitue à elle seule la terminaison supérieure de l’écaille, circonstance qui se présente du reste chez les Arthrotaxis dans la nature actuelle (voy. plus haut, pl. 147, fig. 5). Les rameaux des (1) FI. d. Grenzsch., pl. xui, fig. 9. Ile SÉRIE. VÉGÉTAUX. — III. 33 514 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, Palissya, à l'exemple de ceux des Sequoia, des Taxodium et surtout de certaines formes, fossiles comme le Sequoia Hardtü (Ettingsh.) Heer, étaient garnis, les uns &e feuilles plus étroites, plus courtes, éparses, subsquami- formes; les autres de feuilles linéaires, étalées et distiques, selon que l’on considère les jets terminaux destinés à la continuation des axes, ou bien les ramules subordonnés et latéraux. Les figures que nous donnons (voy. pl. 196, fig. 1-3) permettent d’apprécier ces deux sortes de feuil- les entre lesquelles il existe d’ailleurs des transitions ménagées. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES, — Le genre Palissya se rattache évidemment au même groupe que les Voltzia, les Chetro- lepis, les Schizolepis ; mais il se distingue de ces divers types par le développement proportionnel de la bractée dont l'extrémité libre dépasse le support et constitue à elle seule la partie terminale de l’écaille. Les découpures laté- rales du support, le nombre et la situation des graines dis- posées une à une sur chacun de ces lobes empêchent éga- lement de confondre les Palissya avec aucun autre genre de la tribu des Taxodinées. Par leurs rameaux feuillés, les Palissya ne sont pas moins distincts ; ils sont comparables aux T'axodium et au type représenté encore de nos jours par le Sequoia sempervirens ; comme eux ils ont dû fré- quenter les localités humides, les stations basses et maré- cageuses. Le genre, jusqu'ici, est confiné dans le rhétien et il n’a pas encore été observé en France. N° 1, — Palissya Braunii. PI. 196, fig. 1-3, et 197, fig. 1-6. Palissya Brauni, End., Syn. Conif., p. 306. — — Ung., Gen. et sp. pl. foss., p. 383. — —- Gœpp., Monog. d. foss. Conif., p. 241, tab. 48, fig. 1-4. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. S14 Palissya Brauniü, Brongn., Tab. des genres de vég. foss., p. 104. — Schenk, Beitr., p. 78, lab. 3, fig. 1. — FI. d. Grenzsch., p. 175, tab. 41, fig. 2-14. — — Schimp., Traité de Pal. vég., 1, p. 246, pl. Lxxv, fig. 1-3. — _— Nath., Växt. fr. râtisk. form. vid Palsjô à Skane, p.56, tab. 14, fig. 1-6; — Ueb. ein. räth. Pflanz. v. Palsjü in Schonen, p.27, : tab. 14, fig. 1-6. _— _ Sap., Vég. foss. de Scanie, in Ann. d. sec. géol., t. IX, p. 95, pl. xxini, fig. 1-2. DiAGNosE. — P., foliis linearibus sparsis attenuatis sub falca- tis plus minusve squamaæformibus, vel èn ramulis patulis lan- ceolato-linearibus uninerviis distiche ordinatis, ramis ramulis- que foliorum pulvinis decurrentibus obtectis; — strobil fœæminei squamis primum dense imbricatim adpressis apice acuminatis dein laxicribus palentim apertis, receptaculo bracteæ parti inferiori adnato, secus latera utrinque 3-4 lobulato-sinuatis, seminthus ovatis parvulis ala stricta cir- cumcinctis in lobulo unoquoque singulatin impositis inver- .sisque; — amentis masculis, ut videtur, terminalibus ovatis ovatoque cylindricis, e squamis arcte imbricatis constantibus. Taxodites tenuifolius, Presl, in Sternb. FI. d. Vorw., I, p. 200, tab. 33, fig. 4. _ — Endl., Syn. Conif., p. 279. — — Ung., Gen. et sp., p. 352. — — Gæœpp., Monog. d. foss. Conif., p.193. Cunninghamites sphenolepis, Braun, in Munst. Beitr., VE, p. 23, tab. 13, fig. 16-18. — dubius, Pres, [. c., p. 203, tab. 23, fig. 8. Ce que nous avons dit des Palissya, en définissant le genre, nous dispense de revenir sur des particularités de structure qui seraient seulement une répétition inutile. Voici quelques détails destinés à faire saisir nos figures qui 516 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. reproduisent directement les échantillons de Bayreuth, dont nous devons la communication à M. Schimper. Les rameaux du Palissya Brauniü sont fins; ils ont quelque chose de grêle et de flexueux qui leur donne de la ressemblance avec ceux du T'axodium distichum Rich. Les uns sont épars et simples comme la plupart de ceux qui se détachent des Sequoia (pl. 196, fig. 2 et 3) ; les autres sont divisés à l’aide d’une sorte de dichotomie sympodiale et irrégulière (pl, 196, fig. 1). Les feuilles qui garnissent ces rameaux et qui prennent une apparence écailleuse sur les branches et les innovations principales sont ici étroitement lancéolées-linéaires, sessiles et décurrentes à la base, atté- nuées au sommet en une pointe aiguë, mais non spines- cente. On distingue sur le milieu de chacune de ces feuilles le vestige d’unenervure médiane, pareille à celle qui existe dans les Sequoia et les Taxodium. Les plus longues de ces feuilles ne mesurent guère plus d’un centimètre ; mais il en existe parfois d’exceptionneliement longues, ainsi que l’attestent certaines figures de l’ouvrage de Schenk. Les graines isolées ne sont pas rares, associées aux rameaux, à la surface des plaques; nous en figurons plusieurs qui accompagnent le rameau fig. 4, pl. 196. Elles sont petites, arrondies, comprimées et elles paraissent cernées d’un mince rebord cartilagineux. Les figures 1, 2, 3 et 4, pl. 197, représentent plusieurs strobiles à divers degrés de développement. La figure 4 se rapporte vraisemblablement à un cône jeune et encore fermé, peut-être avorté. Il mesure en tout 4 centimètres de long. Le cône fig. 3, fermé comme le précédent, repro- duit une figure de Schenk ; il est composé d’écailles assez lâchement imbriquées, acuminées au sommet et carénées sur le dos. Les figures 4 et 2, la première empruntée à TÉRRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 517 l’ouvrage de Schenk, la seconde dessinée par nous d’après une empreinte originale, représentent également des cônes adultes et ouverts, après leur chute, On distingue très nettement sur eux la configuration de la partie infé- rieure des écailles, bordées latéralement d’une marge di- visée en plusieurs lobes arrondis, séparés par des intersti- ces (fig. 2 et 2). Ces lobules affectent une forme qui concordeavec celle des graines, et chacun d’eux (fig, 2? et 24) devait supporter une de ces graines, probablement inverses, bien qu'il paraisse difficile de se prononcer à coup sûr sur leur situation. Dans cet état dû évidemment à une caducité naturelle les cônes de Palissya Braun ont quelque chose de flétri et de desséché tres naturellementconcevable ; mais celte particularité même, tout en expliquant leur pré- sence, enlève beaucoup de netteté aux parties à examiner et devient ainsi un obstacle à la définition de certains dé- tails, trop.confus pour être exactement rendus. Le petit cône ou chaton ovoïde que représente la figure 6, pl. 197, se rapporle peut-être à l'organe mâle du Palissya Brauni. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Nous renvoyons aux géné- ralités sur le genre Palissya pour ce qui concerne les affi- nités ou les divergences de l'espèce vraisemblablement unique qu’il comprend jusqu'ici. LocacirTés. — Grès et schistes argileux de la formation rhétienne de Franconie ; — Strullendorf, Reindorf près de Bamberg, Jägersberg près de Forchheim, Veitlahm près de Kulmbach, Hart, Oberwaiz, Saaserberg près de Bay- reuth, etc. — Dépôts charbonneux de Palsjü en Scanie, étage rhétien. — L’espèce n’a pas encore été signalée en France ; mais il convient d’ajouter qu'aucun des gisements infraliasiques de notre pays ne reproduit l’aspect des dé- pôts schisto-bitumineux de la Franconie et de la Scanie. 518 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 196, fig. 4, Palissya Braunii Endi., rameau accompagné en a,a de graines épar- ses, d’après un échantillon original du rhétien de Fran- conie, grandeur naturelle; fig. 1”, deux graines fortement grossies pour montrer la forme de la nucule et l’étroil rebord cartilagineux dont elle est entourée. Fig. 2 et 3, deux ramules isolés de la même espèce, d’après des échantillons originaux, grandeur naturelle; fig. 2 et 3°, portions des mêmes ramules grossis pour montrer là forme et le mode d’agencement des feuilles. — PI. 197, fig. 4, strobile adulte et ouvert de Palissya Braunii, pro- bablement détaché après la maturité et la dissémination des graines, d’après une figure empruntée à l’ouvrage du professeur Schenk, grandeur naturelle. Fig. 2, autre stro- bile également ouvert et détaché, d'après une empreinte provenant de la collection de Fr. Braun et étiquetée par lui, grandeur naturelle; fig. 2%, portion terminale du même organe légèrement grossi, pour montrer la forme et la disposition des écailles du strobile; fig. 2», 2° et 24 por- lions d’écailles du même organe reproduites séparément et grossies, pour montrer la conformation des lobes laté- raux du support et le mode d'insertion des graines sur ces lobes. On distingue en 2? une graine détachée, voisine de son point d'insertion. Fig. 3 et 4, strobiles de la même espèce, l’un (fig. 4) plus jeune, l’autre (fig. 3) plus grand et presque adulte, maisencore fermé, tous deux composés d’é- cailles étroitement imbriquées, attribuées à la même espèce, grandeur naturelle. Fig. 5, strobile jeune ou fleur femelle récemment fécondée, terminant un ramule, organe d’une attribution douteuse, d’après une figure empruntée à l’ou- yrage de Schenk, grandeur naturelle, Fig. 6, chaton mâle? attribué par Schenk au Palissya Braunii, grandeur naturelle, TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 519 ONZIÈME GENRE. — SPHENOLEPIS. Sphenolepis, Schenk, Foss. FI. d. Nordwestdeutsch. Wealden- form., p. #1. — Schimp., Traité de Pal. vég., HI, p. 575. DIAGNOSE. — ARami ramulique allerni irregulariterque pinnati ; folia spiraliter disposita squamaæformia ; — strobili laxe racemosi in ramulo fertili solitarii terminales globosi vel ovoidei; squamæ imbricatæ lignosæ persistentes cuneatæ apice truncatæ intus concaviusculæ, maturitate hiantes hori- zontaliter patentes; semina in quacumque squama, ut videtur, bina vel plura ad basin inserta compressa, verosimiliter in- versa. Thuites, Dkr., Monogr., p. 20. — Schimp., Traité de Pal. vég., H, p. 340. Widdringtonites, Endl., Syn. Conif., p. 272. — Gæœpp., Monogr. d. foss. Conif., p. 176. — Ung., Gen. et sp. pl. foss., p. 342. — Schimp., {. c., p. 329 (ex parte). — Ettinsgh., Beilr.z. Weald. F1., p. 29. Araucarites, Ettingsh., £ ©, p. 26 et 27. Brachyphyllum, Brngt., Tab. des genres de vég. foss., p. 107 (ex parte). Lycopodites, Dkr., 4 :€,1p. 20. Muscites, Dkr., 7 Cp. 20. Juniperites, Bragt., (4 c%p.4108: HISTOIRE ET DÉFINITION. — M. Schenk a su le premier découvrir etsignaler les Sphenolepis confondus jusqu’à lui sous les divers noms de Thuyites, de Widdringtonites, d'Araucarites et même désignés parfois sous ceux de Zy- copodites et de Muscites. Ces termes vagues ou impropres ont été appliqués par une foule d’auteurs à des restes de Conifères dont la véritable nature restait à définir et qui 520 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. devront être, au fur et à mesure que des observations plus précises se produiront, distribués, soit dans des genres entièrement nouveaux, soit parmi des groupes encore existants. C’est dans sa flore wéaldienne du nord-ouest de l’Alle- magne, publiée à Cassel en 1871 (1), et par conséquent dans un terrain plus récent que ceux de la série jurassique, que le professeur Schenk a reconnu la présence d'un nouveau genre pour lequel il a proposé le nom de Spheno- lepis par allusion à la forme en coin des écailles (2). Les deux espèces qu'il décrit, Sphenolepis Sternbergiana Scbk. (Muscites Sternbergianus Dkr.; Araucariles Dunkeri Et- tingsh. (ex parte), Widdringtonites Dunkerri Schimp (3), (ex parte) et Sphenolepis Kurriana Schk. (Widringtonites Kur- rianus Endl., Thuyites Germari Dkr. Widddringtonites Hai-. dingeri Elüingsh.), proviennent également du wéaldien de Westphalie et du Hanovre. M. Schenk n’a pas eu de peine à démontrer que si, par la disposition des feuilles ordon- nées en spirale, squamiformes et sessiles, courtes et acu- minées au sommet, ces espèces ont quelque rapport avec les Widdringtonia, elles s’en écartent totalement par la structure de leurs cônes et qu’au total c’est parmi les Taxodinées et assez près des Arthrotaxis et des Sequoia qu’il convient de les placer. Les cônes des Sphenolepis étaient arrondis ou allongés, selon les espèces, mais toujours terminaux au sommet des ramifications de premier ou de second ordre et for- mant par leur réunion des grappes ou agglomérations pa- (1) Die foss. F1. d. Nordwestdeuts. Wealdenform., von D' A. Schenk, p. 41. : (2) De convo:, coin, et de }enis, écaille. (3) Voy. Dunk., Monogr., p. 20, tab. 5, fig. 10; et Schimp., Traité de Pal. vég., IX, p. 329. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 521 reilles à celles que nous offrent les axes fructifères actuels des Cryptomeria et des Arfhrotaxis.. Les feuilles, soit par leur forme, soit par leur disposi- tion, ressemblaient évidemment à celles du dernier de ces genres. Les écailles des cônes par leur aspect, leur struc- ture et leur persistance, montraient une double affinité avec celle des Arthrotaxis et des Sequoia, tenant, pour ainsi dire, le milieu entre celles de ces deux types. Lors de la maturité et après la dissémination des graines, les écailles des strobiles de Sphenolepis, d’abord étroitement conniventes, s’écartaient de l’axe sous un angle droit ou presque droit ; elles étaient solides, ligneuses, atténuées en coin à la base, épaissies au sommet et terminées par une sorte d’écusson obtus et peu saillant, correspondant, à ce qu’il semble, au sommet de la bractée étroitement soudée au support, comme dans les Sequorëa. Le support, non pas découpé en lobes ni crénelé, mais élendu en forme de bourrelet aplani et plus ou moins concave, avait visible- ment la structure de celui qui existe chez les Arthrotaxis ; seulement, dans ce dernier genre, la bractée dépasse gé- néralement le support qui demeure inclus, tandis que chez les Sphenolepis les deux organes se terminaient à peu près à la même hauteur, en donnant lieu à un sommet tronqué en biseau. M. Schenk ne remarque rien sur le nombre et l'emplacement des graines ; mais, d’après l’exemplaire que nous allons décrire, celte insertion aurait eu lieu à peu près comme dans les Sequoia et elle impliquerait l’exis- tence de deux graines au moins, peut-être de 3 à 5, atla- chées vers la base de la face supérieure de l’écaille, des deux côtés d’une crête médiane séparant deux enfon- cements collatéraux, et ces graines auraient été in- verses, comme celles des Arthrotaxis et des Sequoia, les 522 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, plus proches alliés actuels du genre européen jurassique. Il est curieux que nous ayons à signaler dans l'infralias un genre jusqu’à présent exclusivement wéaldien, et Schenk, tout en admettant une certaine ressemblance entre le T’huyites expansus Andrä, de Steierdorf, et ses Sphenolepis, était plutôt porté à reconnaître dans ces res- tes infraliasiques des vestiges de Cheirolepis ; cependant, l'empreinte de Hettange, que nous allons décrire, est bien congénère de celles du wéaldien de la Westphalie. Il faut admettre par suite la persistance des Sphenolepis du- rant le cours entier de la période jurassique; ce genre aurait précédé immédiatement celui des Sequoia que l’on commence à observer vers le milieu de la craie et dont il représenterait une sorte de rameau, détaché avant les au- tres de la branche mère, et plus rapproché que le type formé en dernier lieu de la souche commune d’où les Arthrotaxis, les Echinostrobus et les Sequoia paraissent avoir également émergé, N° 1. — Sphenolepis Terquemi PI. 198, fig. 3-6. DIAGNOSE. — S., foliis squamaæ/formibus e bast sessili sur- sum breviter acutis, leniter intus apice incurvis, dorso cari- natis, laxeimbricatis ; strobili bracteis plurimis dense congestis deorsum involucrati ambitu ovato-oblongi squamis ad maturi- tatem patentibus axi horizontaliter affixis lignosis, basi in cuneum obtuse attenuatis antice autem incrassalis, oblique truncatulis; seminibus binis vel plurimis ad basin squamæ ex utroque latere lineæ carinalis mediæ verosimiliter appo- silis. TERRAIN JURASSIQUE. —— VÉGÉTAUX. 523 Il nous a suffi de rapprocher l’empreinte de Hettange que représentent nos figures 5 et 6 (pl. 198), de ceïle du Sphenolepis Sternbergiana de Schenk (1) pour ne plus douter de l'affinité générique qui rattache l’es- pèce infraliasique à celle du wéaldien de Hanovre. En dépit de quelques différences légères, tous les caractères visibles et même les traits de la physionomie sont identi- ques des deux parts, et l’on peut dire que les Sphenolepis Sternbergiana et Æurriana de Schenk, bien que prove- nant tous deux de la même formation, s’écartent bien plus l’un de l’autre que ne le font les Sphenolepis Ter- quemti et Sternbergiana comparés, malgré la distance verticale vraiment énorme qui sépare ces dernières es- pèces. L’empreinte est celle d’un rameau court et simple, sur- monté par un strobile parvenu à maturité, dont les écail- les persistantes sont écartées l’une de l’autre et insérées à angle droit sur l’axe qui les porte. Le rameau mesure dans la partie conservée une longueur de 3 centimètres (fig. 5). Au-dessus, la base du strobile se trouve garnie d’une collerette de bractées ou écailles étroites insérées sur plusieurs rangs pressés et dont l’étroite analogie avec ce que montrent, à une place correspondante, les cônes du Sequoia sempervirens ne saurait échapper. Seulement ici les bractéoles horizontalement étalées suivent la même direction que les écailles elles-mêmes (voyez pour ce dé- tail la figure 6). Celles-ci ont la structure distinctive de celles des Sphenolepis. Disposées en spirale, atténuées à la base en coin obtus et amincies dans cette même direction, elles offrent une consistance ligneuse et s’épaississent vers le (1) Voy. Foss. Fl, d, Nordwestdeutsch. Wealdenform., tab. 17, fig. 10-11. 524 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, sommet qui se trouve tronqué dans un sens oblique. Un mucron dessinant une faible saillie, sous forme de carène anguleuse, semble correspondre ici à l’extrémité supé- rieure de la bractée. Celle-ci reste plus courte que le bour- relet du support atténué en une saillie qui dépasse l’au- tre. La superficie de l’écaille est légèrement concave, et elle présente distinctement vers la base la trace d’une crête médiocre, disposée en long et séparant deux fosset- tes qui doivent avoir servi à l'insertion de 2 à 5 graines comprimées, ailées, cartilagineuses et inverses, ayant sans doute une analogie plus ou moins étroite avec celles des Sequoia et des Arthrotaxis. Le cône du Sphenolepis Ter- quemt mesurait une longueur de 26 à 28 millimètres, sur une largeur de 17 à 18 millimètres avant l’écartement des écailles ; il devait offrir une forme ovalaire, ellipsoïde et en tout 1l ressemblait à ceux des Sequoia et des Arthro- taxis. XAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le Sphenolepis Terquemi Sap. se distingue aisément de son congénère wéaldien le Sphenolepis Sternbergit Schenk par les dimensions dou- bles au moins de ses cônes; ceux de la plus récente des deux espèces ne mesurant guère plus de 410 à 12 millimè- tres; mais si l’on fait abstraction de cette différence, on remarque des rapports si étroits entre les deux formes, soit par les cônes, soit par les feuilles, qu’il est bien diffi- cile de ne pas admettre que la plus ancienne ait été l’an- cêtre direct de celle qui vivait au commencement de la craie. Ainsi, Ce type aurait traversé sans variation très notable, mais en amoindrissant sa taille, la série entière des étages jurassiques. Le Sphenolepis Kurriana Scbhk (1) (1) F, d. Nordwestdeutsch. Wealdenforme. tab. 17, fig. 117. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 525 s'éloigne au contraire beaucoup plus par la forme globu- leuse de ses cônes, en même temps très petits, du Sphe- nolepis Terquemi, mais on serait tenté de se demander si cet autre Sphenolepis wéaldien ne serait pas une répéti- tion amoindrie du Palissya aptera Schk., du rhétien, et si par conséquent il n’y aurait pas lieu de créer un nouveau genre distinct à la fois des vrais Palissya et des vrai Sphenolepis pour y comprendre le Palissya aptera, à litre d’ancêtre rhétien et le Sphenolepis Kurriana en qualité de descendant wéaldien du premier, reprodui- sant le même type dans la partie inférieure de la craie. LocALITÉ. — Grès de Hettange, près de Metz (Moselle), étage infraliasique, zone à Ammonites angulatus; coll. de M. Terquem. EXPLICATION DES FIGURES. — PI]. 198, fig. 5, Sphenolepns Terquemi Sap., strobile ouvert et persistant, supporté par un long ramule, d’après un échantillon appartenant à la collection de M. Terquem, grandeur naturelle. Fig. 6, même organe reproduit d’après un moule. DOUZIÈME GENRE. — SWEDENBORGIA. . Swedenborgia, Nath., Kongl. sv. vet. Akad. Handl., Band 14, n° 3; Vüx. fr. rät. form. v. Palsjü à Skane, p. 65; — Beitr. z. foss. FI. Schwed. Ueb. ein. rhät. Pflanzen von Palsjü in Schonen, p. 30. DIAGNOSE. — Strobili ovales, post maturitatem caduci ; squamæ strobili secus axèn spiraliter insertæ primum adpressæ postea disseminationis causa palentim apertæ aut deflexæ, persistentes eliam pro parte distractæ, unaquæque e basi un- guiformi sursum dilatata, triangulari deorsum attenuata, singulæ apice palnato 4-5 fidæ, lacinüs rigédiusculis subpun- 526 PALÉONTOLOGIE FRANCGAISE. gentibus sulcatis divergentibus; semèna sub quavis squama verosimiliter plura (3?) squamaæ parti latiort intus transversim carinatæ deorsum affixa 1nversaque, compressa parvula, utrinque augustissime alata. HISTOIRE ET DÉFINITION. — M. Alfred Nathorst a ob- servé le premier dans le rhétien de Palsjü en Scanie ce genre remarquable dont il a fait connaître les cônes et les graines, très fréquents dans les chistes charbonneux de la localité suédoise; mais les rameaux et les feuilles sont encore à découvrir. M. Nathorst a tiré de cetle circons- tance la conclusion que les Swedenborgia croissaient un peu à l'écart des lagunes peuplées de végétaux aquatiques, au fond desquelles leurs strobiles détachés furent entrai- nés par l’action des eaux, et qu’ils fréquentaient de pré- férence une station plus élevée et moins humide. Le mode de conservation propre aux plantes fossiles de Palsjô, dont les restes convertis en charbon se- trouvent incrustés dans la pâte noirâtre des feuillets, oppose de grandes difficultés à l’analyse des anciens organes qu'il s’agit d’exa- miner. Ni leur contour extérieur, ni l'apparence exacte de leur empreinte ne sont presque jamais saisissables du premier coup. Il est indispensable selon nous, si l’on veut y parvenir, d'employer certains moyens artificiels, en- tre autres le moulage partiel et successif des diverses parties de l'empreinte. M. Nathorst n'a pas manqué, avec la sagacité qui le distingue, de faire ressortir l’affinité au moins apparente des cônes de Swedenborgia avec ceux des Cryptomeria sans aller jusqu’à croire que cette ressemblance pût impliquer pourtant l'identification des deux genres : « les écailles, dit-il, lâchement distribuées sur un axe relativement mince, présentent un assez long pédicule et sont partagées TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 527 en 4 à 5 lobes presque digités, étroits et plus ou moins acuminés. Ces lobes n’ont rien d’épais, comme ceux des Cryptomeria, mais ils sont ténus et ne montrent aucun vestige de bractée sur leur face dorsale. » — Cette absence de mucron dorsal ou terminal correspondant à la bractée, attestée par M. Nathorst, mérilait de notre part un exa- men sérieux qui nous mîtà même d'interpréter raisonna- blement la signification des différentes parties de l’écaille des Swedenborgia et de définir sa structure d’une façon plus précise que ne l’a fait l’auteur suédois. La bractée et les lobes du support paraissentici réellement coïncider et s’éta- lent à la même hauteur (voyez pl. 198, fig. 2°, 2 et 2°), de telle sorte que la bractée correspondrait au segment du milieu et les découpures du support aux segments laté- raux. À la face supérieure de chaque écaille, immédiate- ment au-dessous des segments, il existe une aire (pl. 198, fig. 3*) formée par la partie dilatée de l’écaille ; cette aire déprimée et lisse correspond sans doute à l'emplacement occupé par les graines, dont quelques-unes se montrent éparses et même en connexion avec les points où elles étaient insérées. Ces graines, si l’on considère le bourrelet d'insertion sur lequel elles étaient fixées, devaient être inverses, non pas solitaires, mais au nombre de deux à trois : leur forme est ellipsoïde, comprimée, et leur marge semble cernée, à peu près comme dans les Sequoia, par un mince rebord cartilagineux. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le curieux genre Sweden- borgia nous paraît tenir une sorte de milieu entre les Cryptomeria, les Voltzia et les Arthrotaxis. Il rappelle à la fois tous ces genres, et cependant il s’en écarte à cer- tains égards. La graine inverse, la consistance plutôt mince que solide des écailles, la caducité du strobile l’é- 528 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. loignent du premier. Les écailles longuement atténuées en onglet, la bractée égalant les lobes du support, la forme pointue des segments, les dimensions très réduites empê- chent de confondre les Swedenborgia avec les Voltzia, Enfin, chez les Arthrotaxis, le support en forme de bourrelet lobé est notablement plus court que la bractée axillante, circonstance qui n’a pas lieu dans le Swedenborgta, dont les strobiles sont d’ailleurs allongés et caducs. Il en est de même si l’on compare le genre rhétien que nous décrivons aux Æchinostrobus. Les cônes de ceux-ci sont persistants et globuleux ; ils paraissent avoir été composés d’écailles sclides et conniventes, épaissies en écusson au sommet. Le genre Swedenborgia est limité jusqu'ici au rhétien de Scanie, et ne comprend encore qu'une seule espèce dont les strobiles seuls se trouvent connus. N.1. — Swvedenhorgia cryptomerides. PI. 198, fig. 1 — 4. Swedenborgia cryptomerides, Nath., {. c., p. 66, tab. 16, fig. 6- 13 ; — Ueb. ein. rail Pr v. Palsjü, tab. 16, fig. 6-12. DrAGNosE. — S. strobilis ovalibus circiter 30-40 millim. longis, 20-25 millim. latis, caducis, squamis ad maturitatem patentim apertis, longe unguiculatis, antice ad apicem sensim expansum 5 lobatis, lobis breviter acutis ; nuculis ovalibus supra truncatis, infra rotundatis, utrinque angustissime alatis, longitudinaliter obsolete striatis, circiter 2-3, 5 millim. lon- gis, 2-3 mill. latis. | Les cônes jeunes de cette espèce, d’après M. Nathorst, sont ovales, presque globuleux, et les écailles qui les com- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 529 posent sont serrées et toujours plus rapprochées que sur les cônes déjà âgés ; mais ces organes sont rares à l’état jeune et le plus souvent ceux qui parsèment la surface des plaques schisteuses de Palsjô sont ouverts et détachés. On distingue alors un axe ou rachis nettement terminé à sa partie inférieure, relativement mince et atténué gra- duellement de la base au sommet. Ce rachis mesure une longueur d’environ 4 centimètres, lorsqu'il est dans son intégrité ; son épaisseur maximum n'excède pas 2 millimè- tres 1/2 et se réduit à un millimètre au plus dans le haut. A cet axe se trouvent attachées dans un ordre spiral des écailles grêles, décurrentes inférieurement, écartées sous un angle de 45 degrés, longuement unguiculées vers la base. Chacune d’elles mesure environ 12 millimètres ; la face extérieure de chaque écaille est marquée de 1 à 5 stries qui partent de la pointe de chaque lobe, pour aller se confondre inférieurement dans les deux rainures lon- gitudinales qui parcourent la partie étroite de l’écaille. Le sommet se trouve donc dilaté légèrement et divisé en cinq segments, dont le médian, généralement plus court et plus obtus que les latéraux, souvent aigus et divariqués. semble répondre à l'extrémité libre de la bractée (pl. 198, fig. 2). La face supérieure des écailles est lisse et laisse voir vers la partie dilatée l'emplacement occupé par les semences attachées à un mince bourrelet transverse, situé immédia- tement au-dessous des segments (fig. 3). Nos figures représentent les graines (pl. 198, fig. 4et 4°) d’après les dessins de M. Nathorst. Il semble que ces graines aient dû être normalement, non pas solitaires, mais au nombre de 2 à 3; mais dans ce cas elles ont pu deve- nir solitaires par avortement, Les rameaux feuillés du Swedenborqia cryptomerides Ils Sér. VEGETAUX. — IIle 34 #30 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. sont encore inconnus, comme nous l'avons déjà dit, et l'espèce scanienne est unique jusqu’à ce jour. LocALITÉ. — Schistes charbonneux de Palsjü en Scanie, étage rhétien. EXPLICATION DES FIGURES. —— P]. 198, fig. 4. Strobile ou- vert et détaché à la maturité de Swedenborgia cryptomerti- des Nath., d’après un échantillon original du rhétien de Scanie, grandeur naturelle; fig. 1*, le même moulé et grossi pour montrer la forme des écailles et leur mode d'insertion sur l’axe. Fig. 2, autre strobile de la même espèce, ou mieux agglomération d’écailles, présentant la plupart leur face dorsale, grandeur naturelle, même pro- venance ; fig. 2°, 2, et 2, trois écailles fortement grossies, d’après un moule, pour montrer l’aspect et la structure de ces organes vus par dehors. Fig. 3, fragment d’un autre strobile de la même espèce, présentant plusieurs écailles réunies autour d’un axe et se rapportant vraisemblabie- ment à la moitié supérieure d’un cône; d’après un échan- tillon original du rhétien de Scanie préalablement moulé; grandeur naturelle; fig. 3°, même organe fortement grossi pour faire voir la conformation des écailles du côté de leur face interne. Fig. 4, écaille isolée portant une graine encore en place, d’après une figure empruntée à l’ouvrage de M. Nathorst, grandeur naturelle ; fig. 4°, graine isolée et grossie montrant la nucule ceinte d’un étroit rebord cartilagineux. TREIZIÈME GENRE. — ECHINOSTROBUS. Echinostrobus, Schimp. (emend.), Traité de Pal. vég., H, p.330. — Sap., Notice sur les pl. foss. du niveau de Cerin, p. #1, — Descr. des poiss. foss. provenant des gs. du Jura, par feu V.Thiollière, 2° livr., p.41. TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX, RE DIAGNOsE. — ami crassiusculi rigidiusculi expansi repe- tito-pinnatim ramulosi, ramulis cylindricis foliis undique tec- lis plerumque simpliciusculis apice extremo obtusatis ; folia squamaæformia spiraliter inserta plus ménusve arcte imbricata basi adnata, parte libera breviter acuta, contermine dorsali rhombæa; strobili in ramulis brevibus axillaribusque soli- tarie terminales globosi, squamis appendice dorsali prœditis constantes. Arthrutaæites, Ung., Palæontol., IH, p. 254. Caulerpites, Sternb., F1. d. Norw., H, p. 21 et 22. HISTOIRE ET DÉFINITION. — Pour apprécier justement ce genre fondé par notre ami Schimper sur un échantillon de Solenhofen dont les rameaux sont pourvus de strobiles, il faut avant tout en écarter d’autres empreintes de la même localité qui n’ont en réalité rien de commun avec le type des Z’chinostrobus et qu’on a eu le tort de ne pas décrire séparément, sur la foi d’une vague ressemblance et malgré l’évidente diversité des caractères. Nous devons à M. le professeur Zittel, de l'université de Munich, la communication bienveillante des échantillons originaux, signalés en premier lieu par Sternbergsous le nom de Cau- * lerpites et plus tard figurés par Unger sous celui d’Arthro- taxites, plus exact, si l’on veut, mais s'appliquant à une série de formes arbitrairement réunies. En effet, certaines d’entre elles sont de vrais Brachyphyllum (voy. Brachy- phyllum nepos Sap., pl. 469), tandis que d’autres, plus nombreuses, se rangent parmi les Cupressinées par leurs. feuilles nettement décussées. Il en est ainsi non seulement de l’Arthrotazites princeps Ung. tel que l’auteur allemand l’a figuré (1), mais encore du Caulerpites sertularia Sternb., (1) Palæontol., I, tab, 31 et 32. 532 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. du Caulerpites elegans et même de lArthrotaxites Fris- chmanne Ung. (1), qui semblent reproduire autant de types distincts à certains égards et dont nous fixerons plus loin la signification en abordant les Cupressinées. Nous croyons au contraire que l'Arthrotaxites baliostichus Ung. (2) (Ba- liostichus ornatus Sternb.) ne doit pas être séparé du véri- table Æchinostrobus Sternbergi, dont le spécimen pourvu de cônes demeure le type incontestable. Nous séparons enfin de celui-ci, comme représentant des Cupressinées particulières au niveau de la grande oolithe, l’Zchinos- trobus robustus (Sap.) Schimp., du bathonien d’Étrochey (Côte-d'Or), et l’Z, expansus (Sternb.) Schimp., de Sto- nesfield et de Scarborough. Ce sont là des Cupressinées à feuilles squamiformes et réellement décussées, compa- rables à nos Palwocyparis Ilieri Sap. et elegans Sap., du niveau de Cirin, mais n’offrant rien, ni dans le mode de ramification, ni dansl’ordonnance des feuilles, qui les rap- proche des Z'chinostrobus vrais. Ce dernier genre, recueilli d’abord à Solenhofen et que nous retrouvons à Creys (Isère), à peu près sur le même horizon, se lie à la fois aux Arthrotazis, comme l’avait remarqué Unger, et à certains Brachyphyllum, particulièrement aux 2. Moreauanum Sap. et gracile Brongn. (voyez ces espèces figurées aux plan- ches 166, 167, 168 et 171). Ses rameaux cylindriques sont recouverts de toutes parts de feuilles spiralées, squamifor- mes, imbriquées, légèrement convexes sur la face dorsale, apprimées, et pointues à leur extrémité. Ces feuilles n’ont cependant pas la consistance épaisse de celles du 2rachy- phyllum; elles ne sont ni entièrement adnées ni accres- centes et mamelonnées comme dans ce genre singulier, (1) Palæontol., IV, tab. 8, fig. 9. E (2) Ibid., IV, tab. 1-3. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 533 mais elles ressemblent réellement à celles des Arthrotazis, et l’aspect ainsi que la conformation du strobile rappro- chent également les Æchinostrobus de ce dernier genre. La communication de l'échantillon original, conservé au muséum de l’université de Munich, nous a permis de le re- produire (voy. pl. 199, fig. 1) et d'examiner avec soin ce que l’on peut saisir de la structure des cônes qu’il présente. Ces organes sont malheureusement tellement comprimés que les contours extérieurs de leurs écailles se devinent plutôt qu'ils ne se laissent voir. On reconnaît cependant que c’est parmiles Taxodinées, non loin des Arthrotaxis, entre ceux-ci elles Cryplomeria, que le genre fossile vient naturellement se ranger. Les écailles épaissies antérieure- ment en un disque peltoïde sont évidemment surmontées par une pointe épineuse qui doit correspondre à la bractée ; mais il est difficile de décider si ce mucron dépasse et cou- vre le support comme dans les Ar{hrotaxis {(voy. pl. 145, fig. 5) ou bien si la pointe se trouve attachée en dessous du sommet apophysiaire, comme dans les Cryptomeria. Notre figure, qui reproduit une esquisse grossie de l’un des stro- biles, semble favoriser la première de ces deux manières de voir. Dès lors, le genre £'chinostrobus différerait réelle- menttrès peu des Arthrotazis, sinon par la consistance raide et acérée du mucron terminal de chaque écaille, et celui-ci répondrait à l'extrémité libre de la bractée. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Si les considérations précé- dentes sont justes, le genre Z£'chinostrobus, dont la durée en Europe aurait été fort courte, se serait écarté surtout par les cônes des Brachyphyllum avec lesquels on serait presque tenté de les confondre au premier abord ; mais les feuilles moins épaisses, plus pointues, moins complètement adnées, permettent d'établir une distinction, qui n’est ce- 534 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, pendant bien sensible qu’à l’aide d’une attention soutenue. Par la pointe aiguë qui surmonte les écailles étroitement contiguës et persistantes de ses strobiles globuleux, l’£’chinostrobus se sépare des Arthrotaxis, ses plus proches voisins dans l’ordre actuel. N. 1. — Echinostrobus Sternbergii. PI, 199, fig. 4, et 200, fig. 1. Echinostrobus Sternbergit, Schimp. (emend.), Traité de Pal. vég., p. 75, fig. 21 et. 24 (excel. fig. 11,22 et 23 et synonymis plu- rimis ut Arthrotaxites princeps, Ung. ; — Caulerpites sertularia, Sternb .'; — Caulerp. elegans, Sternb., ad Cupressineas pertinen- tibus}. — — Sap., Notice sur les pl. foss. du niv. des lits à poissons de Cerin, p. 42. DIAGNOSE. — Z., ramis cylindricis rigidiusculis pinnatim alterne ramosis, ramulis simpliciusculis aut parce divisis ; foliis lanceolatis breviter acutis adpressim imbricatis, dorso eviter convextusculis, contermine rhombæis, dorso medio glandula resinifera quandoque notatis ; strobilis ad apicem ramulorum lateralium solitarie appensis globulosis, e squamis arcte contiquis persistentibus mucrone brevi aceroso superatis constantibus. Caulerpites lycopodioides, füost., Sic in ectypo Mus. paleont. Univers. Monac. Arthrotaxites lycopodioides, Ung., in Bot. zeit., 1849, p. 345, tab. 5, — boliostichus, Ung., Palæontol., IV, tab. 1-3, Baliostichus ornatus, Sternb., F1. d. Vorw., tab. 25. Echinostrobus lycopodioides, Schimp., L. c., IF, p. 333. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 535 L'’échantillon type de Solenhofen, celui qui présente des cônes joints au rameau et que M. Schimper à figuré, porte mentionnés sur l'étiquette dont il est accompagné les noms de C'aulerpites lycopodioides Münst. et d’Arfhro- taxiles lycopodioides Ung. Il ne s’agit donc pas ici d’une seconde espèce plus ou moins distincte de l'Zchinostrobus Sternbergtü, mais d’un simple synonyme dont la dénomi- nation spécifique aurait dû peut-être prévaloir sur celle de Sternberqu, adoptée de préférence par M. Schimper et appliquée par lui à l’ensemble des formes hétéroclites, confondues par Unger dans la désignation d’Arthrotazites princeps. En réalité, il n’est aucune de ces formes qui se rapporte légitimement au type de l’£Zchinostrobus Stern- bergiü, défini! et figuré par Schimper, tandis que l'Ay- throtazxites baliostichus Ung. paraît, au contraire, lui ap- partenir. M. Schimper, en ne distinguant pas du nouveau type qu'il établissait les empreintes de rameaux à feuilles adnées et décussées, a commis une confusion regrettable, augmentée encore par cette circonstance que sur l’une des plaques de Solenhofen, attribuée en premier lieu à l’'Arthrotazxites princeps de Unger, se trouve un cône isolé et en partie désagrégé, qui se rapporte à un Pachyphyllum (voy. pl. 180, fig. 6) et qui n’a rien de commun avec le genre Z'chinostrobus, ni même avec le rameau auprès du- quel le hasard l’a placé. Ici donc, nous considérons exclusivement le rameau pourvu de strobiles dont M. Schimper a donné une figure très exacte dans son atlas (pl. 175, fig. 21) ; mais parmi les détails grossis qui accompagnent cette figure, un seul, fig. 24, appartient à l’{chinostrobus ; les deux autres, fig. 22 et 23, n'ont avec lui rien de commun. Pour plus de sûreté et d’exactitude, nous avons dessiné après M. Schim- 536 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. per l'échantillon original, dont l'empreinte a subi mal- heureusement une telle compression lors du dépôt des calcaires lithographiques de Solenhofen, que les détails ont beaucoup perdu de leur netteté et qu’ils ressortent à peine par une coloration légèrement ocreuse sur le fond gris-jaunâtre de la plaque. On distingue sur cette plaque un rameau principal subdivisé en ramifications secondaires, sur lequel un ra- meau plus petit, sans connexion directe avec le premier, se trouve posé. La différence qui existe entre notre fig. 1, pl. 199, et celle de M. Schimper, est très faible, si l’on tient compte du vague de certaines parties et de la faci- lité que nous avons eue de découvrir quelques points de- meurés cachés jusqu'ici. La disposition du rameau prinei- pal, telle que la montre notre figure, nous paraît plus exacte et en même temps plus naturelle que l'interpréta- tion de M. Schimper, qui implique une sorte de confusion entre l’axe de la branche-mère et celui du rameau détaché qui lui est associé et qui, du reste, provient sans doute de la même plante. En s’attachant à la branche qui porte les cônes, on voit qu’elle est épaisse à la base, qu’elle mesure sur ce point un diamètre de 6 millimètres, qu’elle est couverte de feuil- les éparses, imbriquées, acuminées, les unes apprimées, les autres plus ou moins divariquées, et qu’elle se divise promptement en deux rameaux, eux-mêmes subdivisés en plusieurs ramules alternes, la plupart simples, quelques- uns partagés dans le haut. Les feuilles sont assez nettes vues à la loupe ; elles ressemblent à celles des Aréhrota- as, mais elles sont plus nombreuses, imbriquées, légère- ment convexes par leur face dorsale, acuminées au som- met et décrivant une aire rhomboïdale un peu allongée TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 837 dans le sens vertical, dont notre figure grossie 4°, pl. 199, reproduit exactement l'aspect. Ces feuilles diffèrent de celles des Brachyphyllum , auxquelles elles ressembient beaucoup, par une consistance plutôt membraneuse que ferme et coriace et par l’absence de cet effet d’accres- cence qui transforme si promptement ces organes chez les Brachyphyllum en écussons entièrement adnés. Tous les ramules, de même que l’extrémité supérieure des tiges, affectent une terminaison obtuse dans l’Zchinostro- bus Sternbergu. Quant aux strobiles, ils sont au nombre de trois et chacun surmonte un ramule court et axillaire, situé à la base des rameaux, un peu au-dessus du point où il se subdivise. Un de ces strobiles appartient à la plus grande des ramifications, les deux autres à la plus petite. Tous les trois affectent la même apparence : le ramule qui les supporte se dilate vers le point d'insertion à peu près comme chez les Sequoia; le cône lui-même est globuleux; son diamètre mesure 12 à 143 millimètres dans tous les sens; il se compose d’écailles coriaces, persistantes, étroitement contiguës, dilatées en une apophyse discoïde surmontée d'une pointe aiguë et spinescente, courte, mais fort nette, qui correspondait sans doute à la bractée, comme nous l’avons dit. La figure grossie 1?, pl. 1499, montre tout ce que laissent entrevoir ces cônes, que la compression a visiblement déformés, au sujet de leur stçucture. Il nous semble que, tout considéré, cette structure ne s’écartait guère de celle qui caractérise les cônes des Arthrotaxis. Dans ces derniers, la braclée dépasse plus ou moins le sup- port et donne lieu à un appendice festonné sur les bords et plus ou moins obtus, qui n’affecte ni la raideur, ni la consistance épineuse des mucrons des Z'chinostrobus. Ce dernier type constitue une sorle de compromis qui le 538 PALÉONTOLOGIE FRANCGAISE. placerait à égale distance des Cryptomeria et des Arthro- tas. Nous ignorons entièrement ce qui concerne la situa- tion et la forme des graines. C'est à l'espèce que nous venons de décrire que nous réu- nissonsunrameau desplusremarquables, provenant de Creys et faisant partie des collections du Muséum d’histoire natu- relle de la ville de Lyon. Ce rameau a de grandes analogies d'aspect et de caractère avec celui de Solenhofen, que la figure de notre planche 200 permettra d'apprécier. Il re- présente un axe pourvu de nombreux ramules cylindriques et flexueux, la plupartsimples, alternes et divariqués, ter- minés par un sommet obtus. La conservation de l'empreinte ne laissant rien à désirer, les feuilles paraissent plus nettes et plus saillantes que dans l'échantillon de Solenhofen ; elles présentent pourtantla même forme etle même mode d’im- brication. Notre figure 1*, pl. 200, grossie, permet d’en juger et montre en même temps le vestige d’une glandule résineuse dorsale, visible sur la plupart d’entreelles. On voit que les feuilles de l’exemplaire lyonnais étaient étroitement imbriquées et légèrement convexes ; mais dans beaucoup de cas elles s’écartent de la tige et présentent leur som- mité libre, ce qui fait voir qu’elles n'avaient ni la consis- tance épaisse, ni l’insertion adnée de celles du Zrachy- phyllum gracile qui se trouve sur le même niveau et avec lequel on pourrait être tenté de confondre l’Zchinostrobus Sternberqii. {est vrai que l’assimilation proposée parnous, bien que des plus vraisemblables, ne repose encore que sur l’observation des tiges, les strobiles des Zchinostrobus n'ayant été encore rencontrés, ni à Creys, ni dans aucun des dépôts de l’horizon de Cirin. LOCALITÉS. — Solenhofen en Bavière, calcaires litho- graphiques, kimméridien inférieur ou corallien supérieur. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 539 Creys (Isère), kimméridien inférieur ; coll. du Muséum de Lyon. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 199, fig. 1, £'chinostro- bus Sternbergü Schimp., rameau muni de trois cônes; on distingue un second rameau détaché, jeté sur le princi- pal, grandeur naturelle ; fig. 4*, partie d’un ramule grossi pour montrer la forme et la disposition des feuilles ; fig. 4, un des strobiles grossi; — d’après l’échantillon original, provenant de Solenhofen, et faisant partie de la collection du Muséum de Munich, reçu en communica- tion de M. le professeur Zittel. — P]. 200, fig. 1, rameau complet ou petite branche de la même espèce, muni de toutes ses ramifications, d’après un échantillon de Creys, appartenant à la collection du Muséum de la ville de Lyon, communiqué par M. le professeur Lortet, grandeur naturelle; fig. 1°, partie d’un ramule grossie pour montrer la forme et la structure des feuilles. QUATORZIÈME GENRE. — SEQUOIOPSIS. DIAGNOSE. — ami ramulique sparsim distracti, plerum- que vage alterneque divisi ; folia spiraliter inserta, squamæ- formia, laxiuscula imbricata plus minusve dense conferta, illis Sequoiarum vel Arthrotazium aliquorum non absimilia. HISTOIRE ET DÉFINITION. — Nous réunissons, sous la dénomination commune de Sequoiopsis, des fragments de rameaux ou de ramules épars qui nous semblent devoir être rapprochés des Séquoïées d’une façon générale et qui reproduisent assez bien les caractères du Sequoia gi- gantea par l'aspect et la disposition de leurs feuilles. Le genre Sequoiopsis ne saurait être qu’un cadre absolument 540 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. provisoire, destiné à comprendre des restes d’une atiri- bution générique incertaine et que nous tenons pourtant à ne pas laisser de côté dans la revue que nous faisons des éléments de la Flore jurassique dans notre pays. La description des deux espèces rangées dans nos Sequotopsis permettra d'apprécier les caractères du groupe artificiel que nous établissons et dans lequel d’autres formes viendront sans doute plus tard s'ajouter. N°1. — Sequoiopsis Buvignieri. PI. 201, fig. 1-5. DIAGNOSE. — S., ramis ramulisque sparsim distractis, verosimiliter naturaliter caducis, foliis squamaæformibus lan- ceolatis breviter acuminatis laxe imbricatis dorso convexis leviter carinatis longitudinaliterque striatulis, ad basin innovationum densius congestis. Nous ne connaissons cette espèce que par des frag- ments épars, fidèlement reproduits par les figures 1 à 5 de notre planche 201. L'un de ces fragments, fig. 4 et 2, est celui d'un rameau relativement épais et déjà ancien, recouvert de feuilles squamiformes, ordonnées en spirale et assez lâchement imbriquées. Les deux figures reprodui- sent la même empreinte, mais l’une d'elles, fig. 2, lui restitue son aspect à l’aide d’un moule en relief. On voit que les feuilles sont courtes, lancéolées au sommet, dila- tées à la base, carénées sur le dos et légèrement recour- bées au sommet en une pointe obtuse. La figure 3 se rapporte à la base d’un autre rameau naturellement détaché, dont les feuilles sont pressées les unes contre les autres à la partie inférieure de l'organe, comme cela a TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. s41 lieu, chez le Sequoia gigantea, dans les ramules latéraux et naturellement caducs. Les feuilles de ce second frag- ment, que la figure 3° représente grossies, sont convexes sur le dos, lancéolées, acuminées-obtuses et assez lâche- ment imbriquées. Un autre fragment plus petit (fig. 4) présente les mêmes caractères. La figure 5 est celle d’un ramule long et grêle, muni vers le milieu d’une courte ramification latérale et terminé inférieurement, comme s’il s'agissait d’un organe naturellement détaché de la tige. Les feuilles dont ce ramule est couvert sont lancéolées- aiguës et plus allongées que celles des échantillons précé- dents. Tous ces fragments ont dû appartenir à une même espèce dont la physionomie et les caractères appelleraient ceux des Sequoia gigantea, parmi les formes vivantes, du Sequoia Couttsiæ Hr., parmi les fossiles, sans qu’il soit possible de bien préciser les affinités d’une plante connue seulement par quelques fragments. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Nous venons de comparer le Sequoiopsis Buvignieri à certains Sequora ; on peut aussi le rapprocher du type des Widdringtonites que nous pla- cerons en tête des Cupressinées ; cependant, les feuilles de ces derniers sont plutôt éparses que régulièrement spiralées, comme celles de notre Seguoiopsis. Celui-ci nous semble plus naturellement rangé parmi les Taxodinées que dans toute autre tribu. Nous dédions le Seguotopsis Buvignieri à M. Buvignier, auteur de travaux importants sur la géologie du départe- ment de la Meuse et le corallien des environs de Verdun et de Saint-Mihiel. LOCcaLITÉ. — Creue, près de Saint-Mihiel, Meuse; étage corallien. 542 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 201, fig. 1, Sequoiopsis Buvignieri Sap., fragment d’un rameau provenant de Creue (Meuse), n° 1924 de la coll. de M. Moreau, gran- deur naturelle; fig. 2, le même d’après un moule en relief de l’ancien organe, grandeur naturelle. Fig. 3, base d’un autre rameau de la même espèce, naturellement détaché, n° 4995 de la collection de M. Moreau, grandeur naturelle; fig. 3*, même fragment grossi, pour montrer la forme et la disposition des feuilles. Fig. 4, autre petit fragment de rameau de la même espèce, grandeur natu- relle. Fig. 5, autre ramule détaché et terminé inférieure - ment, de la même espèce, provenant de Creue comme les précédents et portant le n° 1926 de la collection de M. Moreau; grandeur naturelle. N°9. — Sequoiopsis echinata. PI. 201, fig. 6. DIAGNOSE. — S., ramulis gracile cylindricis simpliciuscu- lis, fols squamæformibus dense congestis, e basi crassa sursum ezxserle breviter uncinatis, patentin acuminatis. Nous ne possédons de celte espèce qu'un très petit fragment de ramule, simple, grêle, cylindrique, repro- duit par notre figure 6, pl. 201, et dont la figure 6° repré- sente une portion grossie. Il s’agit d’une espèce très nettement caractérisée dont les feuilles, étroitement ser- rées, s'élèvent sur une base épaisse et large en donnant lieu à une pointe divariquée, recourbée en crochet court et aiguë au sommet. | RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Nous ne connaissons au-, TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 5458 cune forme de Conifères actuelle que l’on puisse assimiler au Sequoropsis echinata ; c’est encore parmi les Arthrotazis que l’on rencontrerait les analogies les moins éloignées. La faible étendue de l’échantillon et l’absence de toute ramification nous interdit de formuler d’autres conjectu- res sur une espèce que nous avons tenu pourtant à signa- ler. Elle a laissé dans le calcaire corallien de la Meuse une empreinte vive eb netle, dont un moule ne reproduit qu'imparfaitement la saillie, les pointes divariquées des feuilles ayant donné lieu à des vides très fins imprimés dans la pâte du sédiment. LocauTÉ. — Creue, près de Saint-Mihiel, Meuse; étage corallien. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 204, fig. 6, Sequoiopsis echinata Sap., ramule dessiné d’après une empreinte pro- venant de Creue et appartenant à la coilection de M. Mo- reau; fig. 6*, portion du même organe préalablement moulée et grossie, pour montrer la forme et le mode d’agencement des feuilles. Trib. VI. — CUPRESSINEÆ. Folia sæpissime decussatim opposita ettam ternata quater- nataque, rarius sparsa aut trrequlariter spiralia, secus ra- mulos horizontaliter expansos in facialia compressa latera- haque navicularia plerumque discreta, um squamosa ad- pressaque arctius laxiusve 1mbricata, tum plus minusve lineari-acicularia et tune nervo medio percursa, basi vero adnata decurrentia, quandoque in eadem stirpe dimorpha, ætatis causa aut vegetationis impetu plurimum variantia; strobili e squamis paucioribus circa axin brevem insertis com- positi, ovoidei aut globulosi, galbuli dicti; strobili squamaæ 544 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, semper foliorum ipsorum ad exemplum decussatæ vel ter- natim quaternatimve congestæ, sed nec unquam spiraliter ordi- nalæ, paribus vel verticilles inter se alternantibus; squamæ consistentia tum lignosæ, primum stricte conniventes, postea ad maturitatem aperlæ, tum (in Juniperis) accrescentia cohærentes, èn baccam demum carnosam semina includentem coalitæ ; squama fertilis unaquæque a receptaculo cum brac- tea plane fuso constans, bractea mucronem anticum præs- tante, receptaculo autem bracteæ ünposito at illam invol- vente seminaque nucamentosa bina aut plurima angulata compressa membranaceove alata semper erecla fovente ; amenta mascula plerumque parvula elongata ad ramulas laterales apicalia, e squamis sæpius peltatis sacculos polli- niferos deorsum gerentibus efformata ; — arbores forma sta- turaque diversæ, tum proceræ, tum humiles, in regionibus præsertim calidis universi orbis dispersæ, monticolæ, etiam colles et planities aut margines aquarum paludesque quan- doque loca sabulosa aridaque utriusque hæmispheri colentes, in genera multa formasque multiplices distributæ, ex antiquis temporibus in nostrum ævum migratæ nec Europa exclusæ, sed æstui imminutione graviler percussæ paucioresque adhuc residuæ . La sixième et dernière tribu d’Aciculariées dont nous ayons à faire connaître les formes jurassiques, l’une des plus riches, comme aussi des plus remarquables, est celle des Cupressinées. Elle est en même temps la plus récente de celles qui sollicitent notre attention, puisqu'elle a commencé à paraître ou du moins à prendre de l’exten- sion à partir des temps jurassiques, et que c’est seule- ment après le milieu de la période, dans le cours de l’oolithe, qu’elle a tenu pour la première fois une place considérable dans la végétation de notre pays. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 545 Nous avons constalé, à l’aide de quelques exemples très saillants, qu’il existait réellement des Abiétinées dans ie nord de l’Europe, dès le rhétien. A cette même date on ne saurail encore signaler, en fait de Cupressinées, que des vestiges douteux, assimilables d’assez loin à nos Wzd- dringtonia, c'est-à-dire justement à un type pourvu de feuilles alternes, celui de tous dont l'écart vis-à-vis des formes caractéristiques de la tribu est le plus sensible et qui se prête le plus facilement à une transition vers les groupes voisins. Le plus ancien exemple d’une Cupressinée ou tout au moins de ramules à feuilles squamiformes et imbriquées sur quatre rangs, assimilables à ceux des Cupressinées par tous les caractères visibles, nous est fourni par le Thuites Parryanus Hr. qui a été découvert par M. Heer (1) dans les schistes carbonifères de l'ile Melville, terre si- tuée entre l'île Bathurst et l’île Prinz-Patrick, du 75° au 76° degré de lat. N. Le savant professeur compare cette espèce au Thuites Germari Dunk. (2) et au Thuïtes fal- lax Hr. (3). Mais ce sont là des assimilations toutes su- perficielles ; le petit fragment de l’île Melville est trop in- complet pour permettre d'affirmer qu'il ait appartenu réellement à une Cupressinée, et l'attribution même du gisement dont il provient à une formation carbonifère ne laisse pas que d’inspirer quelques doutes. Il faut redescendre vers des terrains plus récents pour constater une apparition moins problématique de formes visiblement alliées à nos Cupressinées ou en offrant au moins les caractères extérieurs. Ces premières Cupressi- (1) FL foss. arctica, I. p. 133, tab. 20, fig. 13. (2) Monog. d. Nordeutsch. Wealdbili,, p. 19, tab. 9, fig. 10. (3) Urw. d. Schw., tab. 4, fig. 16. Ile Sér. VéGéraux. — III. si 546 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. nées ont des feuilles alternes, assez lâchement imbri- quées, carénées sur le dos, et elle rappellent par leur as- pect les Widdringtonia, bien que jusqu’à présent aucun de leurs strobiles ne soit venu élablir sur une base so- lide les affinités génériques qu’on leur suppose : ce sont, entr’autres, le Widdringtonites keuperianus Hr. qui se montre à la fois dans le keuper de Franconie (1) et dans celui du canton de Bâle (2), etle Widdringtonites liasicus (Kurr) Hr. du lias alpin et de celui de Boll (Wurtem- berg) (3). Nous figurons aussi quelques espèces tracées sur le même plan et qui, en l’absence de strobiles suscep- tibles de servir de guide à l’analogie, laissent l'esprit d'autant plus incertain qu'entre le type des Wrddringto- nia et celui qui est propre à certaines Taxodinées, comme les Glyptostrobus, la distance est réellement très faible et qu’au total la tribu entière des Cupressinées peut avoir dérivé originairement des Taxodinées, en conser- vant plus ou moins longtemps des feuilles variables, non encore strictement décussées, ni surtout différenciées en faciales et latérales, mais rapprochées par paires ou inexactement et irrégulièrement opposées, le rameau de- meurant cylindrique, et l'insertion des feuilles pouvant se faire indistinctement sur le pourtour entier de l’axe. — Il est à croire en effet que les Cupressinées, sorties d’une évolution progressive, n’ont acquis que graduelle- ment les caractères qui leur sont spéciaux. Nous de- vons nous attacher d’abord à les définir. (1) Abbild. V. foss. Pfianzen aus. d. keuper. Frankem, V. D: Schænlen, tab. 1, fig. 5, et 10, fig. 5 et 69. (2) Heer. Urw., d. Schw., p. 52, fig. 31. (3) Kurr, Beitr. Z. foss. FL. d. Juraform. Wurtembergs, p. 10, tab.1, fig. ? D' ++ TERRAIN JURASSIQUE — VÉGÉTAUX. 547 Pour ce qui est de la structure organique de l’appareil reproducteur, les Cupressinées laissent voir, dans toutes les directions, un degré de complexité plus avancée, une fusion plus intime des éléments constitutifs de cet appa- reil que dans les autres tribus de Conifères, et en parti- culier que chez les Taxodinées, dont elles-mêmes pa- raissent issues. En un mot les Cupressinées représentent, pour ainsi dire, le terme extrême de cette dernière série. — Ainsi, dans l’ovule, les corpuscules se réunissent à la partie centrale et supérieure de l’endosperme, de manière à composer un seul groupe d’'archégones étroitement contigus, recevant simultanément la fécondation d’un grain de pollen unique. Les écailles du strobile des Cu- pressinées sont toujours rapprochées par paires ou par verticilles de trois ou de quatre, les paires ou les verti- eilles alternant entre eux; même chez les Widdringtonia, dont les feuilles sont éparses, le fruit se trouve composé de quatre écailles égales et conniventes. Il y a ]à l’ex- pression d’une loi générale tendant à modeler sur l’or- donnance foliaire celle des parties du strobile, celles-ci se trouvant toujours en correspondance directe avec la première. Les feuilles inexactement opposées et sub-al- ternes du Widdringtonia ont réalisé de bonne heure, dans le strobile de ce genre, une tendance vers la dé- cussation, qui est devenue effective dans les genres subséquents que nous représentent les Palæocypa- ris et les Thuyites jurassiques, ainsi que les Cha- mæcyparis et les Cupressus actuels. En suivant cette filière d'idées, on trouve que Je strobile du Wzd- dringtonia, fixé le premier, a dû se constituer à une époque où l'opposition des feuilles était une ten- dance plutôt qu’une disposition normale et définilive, 548 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE, chez les Conifères qui acquirent cette sorte d’organe. La liberté d’allure dans l'ordonnance des feuilles que nous altribuons aux Cupressinées primitives et dont les Widdringtonia nous offrent maintenant encore l’exemple, élait bien faite pour favoriser les diverses combinaisons qui se produisirent, chacune d'elles caractérisant un genre particulier. On sait que les feuilles sont décussées dans beaucoup de genres de Cupressinées, qu’elles sont ternées dans les Frenela et les Actinostrobus et rappro- chées quatre par quatre, les deux faciales étant inté- rieures par rapport aux deux autres de chaque verticille, dans les Callitris et les Zibocedrus. On sait aussi que dans chacun de ces genres le strobile se trouve conforme par l’ordonnance de ses parties avec la disposition bi- paire, ternaire ou quaternaire des feuilles. Il s’ensuit que lorsque le strobile de ces divers genres s’est consti- tué, leurs feuilles avaient déjà acquis le mode d'insertion qui les caractérise ; nous verrons bientôt que cette hypo- thèse se trouve d’ailleurs en concordance avec les faits, les combinaisons les plus simples étant évidemment celles qui ont dû se réaliser les premières aussi bien pour les feuilles que dans le fruit. L'écaille du strobile chez les Cupressinées résulte de l’union intime du support et de la bractée axillante. Cette union existe chez les Taxodinées, mais elle n’y est pas telle que les deux éléments ne demeurent distincts dans l'écaille adulte, la bractée conservant sa forme et le sup- port présentant fréquemment des divisions ou incisures plus ou moins prononcées qui accusent les feuilles du bourgeon primitif auquel correspond cet organe. Chez es Cupressinées, la réduction est encore plus avancée, et la fusion des deux éléments devient si complète qu'il TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 549 n'existe plus entre eux de séparation, en sorte qu'à la suite de l'acte fécondateur l’accrescence du support et de la bractée s'opère de façon à entraîner le développe- ment corrélatif des deux organes fusionnés. Les systèmes vasculaires respectifs demeurent seuls distincts à l’inté- rieur, mais la substance du support déborde plus ou moins, enveloppant la bractée qui n’est plus visible à l’ex- térieur que par la seule pointe ou mucron qui surmonte généralement l’écaille. Il existe du reste, dans le strobile des Cupressinées, toutes sortes de passages entre la sim- ple feuille et l’écaille fertile. Les paires de feuilles les plus rapprochées de la base des strobiles, influencées par le voisinage des feuilles fertiles, se trouvent plus ou moins modifiées. Dans tous les cas, le nombre des parties cons- titutives demeure relativement faible : les Cupressus et les Chamaæcyparis n’ont pas plus de cinq à six paires d’é- cailles dans chaque strobile ; les Z'huyopsis quatre ; les autres genres trois ou deux seulement, comme on le voit par les Zebocedrus, les Frenela et les Actinostrobus. Dans le dernier de ces genres, les verticilles de trois feuilles se réunissent de manière à constituer un strobile à six écailles conniventes. Les quatre écailles conniventes des Callitris sont inégales et celles des Zibocerus encore plus ; elles répondent évidemment à deux paires rappro- chées, l’une demeurant intérieure par rapport à l’autre, ordonnance conforme du reste, comme nous l'avons déjà remarqué, à celle qui préside à l’arrangement des feuilles sur les rameaux. Les graines des Cupressinées sont en nombre variable sur Chaque écaille. Il en existe deux chez les Ziota et les Thuya, trois chez les Callitris, quatre à cinq et jusqu’à sept chez les Widdringtonia et les Cupressus, un plus 550 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. grand nombre sur les écailles des Caamæcyparis. Ges grai- nes sont des nucules toujours érigées, anguleuses, tantô£ aptères, tantôt ailées, mais leurs ailes proviennent tou- jours d’une expansion latérale et non pas, comme chez les Abiétinées, d’une lame de tissu cellulaire empruntée au support. Les écailles du strobile des Cupressinées, d’a- bord strictement conniventes à la suite de l’accrescence qui amène leur développement, s’ouvrent et s’écartent à la maturité pour laisser échapper les graines ; mais par un dernier effet du mouvement évloutif dont l’action est manifeste dans la tribu que nous considérons, les écailles réduites en nombre, adhérentes entre elles et charnues à la maturité, des Juniperus donnent lieu à un fruit bac- cien, nommé « galbule », qui tombe sans s’ouvrir; il em- porte dans sa chule les graines, au nombre de trois au plus, que la seule décomposition met en liberté; mais ici, c’est surtout par l’intermédiaire des animaux qui se nour- rissent des baies du genévrier que la graine non altérée par la digestion est mise en état de germer. Cette com- binaison nous semble marquer le dernier terme auquel est venu aboutir, par ordre de complexité croissante, le mouvement auquel a obéi à travers le temps la famille entière des Conifères. Aussi, c’est seulement à la fin de l’éocène, dans la flore des gypses d’Aix, que se montrent les premiers vestiges authentiques des Juniperus. La marche d’une élaboration ainsi prolongée est plus aisée à suivre, par suite de l’abondance relative des do- cuments, si l’on s'attache uniquement aux feuilles pour se rendre compte des combinaisons auxquelles elles ont donné lieu, par une transformation graduelle de leur or- donnance. — Les feuilles sont d’abord éparses, obéissant à la formule phyllotaxique À ; c’est ce que l’on observe chez TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 551 les plus anciennes Cupressinées, spécialement chez le Widdringtonites keuperianus Hr., du trias moyen. Un peu plus tard, on commence à observer des formes à feuilles régulièrement décussées. Elles se montrent telles, par exemple, sur les ramules du Zhuites fallax Hr., du lias in- férieur de Chambelen, qui reparaît dans le lias supérieur ou lias alpin (1). Mais ce sont encore des fragments épars ou de petils ramules, tandis que, dans l’oolithe, particu- lièrement à partir du bathonien et, en remontant la série, dans le cornbrash, l’oxfordien, le corallien et le kimméri- dien, les Cupressinées se prononcentet s’accentuent de plus en plus, multipliant leurs types et les traces de leur pré- sence attestée par de nombreux et puissants rameaux. Les strobiles, peut-être uniquement à cause de leur per- sistance sur l'arbre qui Îles portait, font presque toujours défaut, et celte absence constitue un obstacle au classe- ment systématique de ces restes aussi remarquables par leur dimension que par la netteté de leurs caractères. En dehors des fruits que nous sommes bien forcé de laisser de côté, les parties de la végétation indiquent un pro- grès constant. Les Palæocyparis, si répandus dans l’o0- lithe moyenne, présentent toujours des feuilles opposées par paires, les paires de feuilles alternant entre elles; seulement le rameau, n'étant encore qu'à demi com- primé, et la distinction entre les feuilles faciales et latérales se trouvant encore assez peu sensible, la disposition décussée n’est pas toujours facile à dis- tinguer, de telle sorte qu’en s’altachant à un ramule isolé ou à certaines parlies du rameau, on croirait parfois saisir plutôt l'ordonnance caractéristique des Wèddring- (1) Voy. Die Urw., d. Schweiz, p. 97, pl. 4, fig. 16, et pl. 5, fig. 2-3. 852 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. tonia que celle qui distingue les Thuya ou les Cupressus. Il est cependant certain que les feuilles des Palæocyparis sont normalement décussées et que leurs ramifications secondaires prennent naissance le long du rameau prin- cipal à des distances proportionnées, dans un ordre et une direction déterminées. Toutes les partitions jusqu’à celles qui produisent les derniers ramules s’opèrent avec une constante régularité, conformémentà la disposition qui préside aux divisions correspondantes des Chumæcyparis el des Cupressus actuels. La seule différence qui sépare encore les lypes anciens de nos Zhuya et Thuyopsis modernes consiste dans une moindre détermination des feuilles fa- ciales et latérales, Cependant, à côté même de ces Palxæo- cyparis, mais surtout dans l’oolithe récente et à partir du kimméridien, on rencontre d’autres formes chez les- quelles ce dimorphisme des feuilles, changeant d’aspect selon la place qu’elles occupent sur le rameau, tend à se prononcer davantage, et le genre Thuyites, dont les ra- meaux affectent des dimensions plus modestes, plus rap- prochées par cela même de ceux des formes vivantes de la section, nous offrira des espèces qui semblent dénoter le moment où la différenciation foliaire en question ache- vait enfin de s’accomplir. Il est à remarquer ici, et la remarque s'applique avant tout aux Palæocyparis, que les formes fossiles de Cupres- sinées sont fréquemment plus grandes dans leurs propor- tions, par l'ampleur des feuilles comme par l'étendue des rameaux, que celles actuellement connues. La comparaison des parties naturellement caduques des anciennes espèces avec les parties correspondantes des espèces que nous avons sous les yeux conduit aux mêmes conclusions et atteste la présence de Cupressinées TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 553 vraiment colossales, au sein de l’époque jurassique. Les ramificalions suivent un ordre allerne, dans pres- que tous les cas. Il est cependant quelques rares excep- tions à celte règle, et lorsque ces exceptions, dont nous avons eu soin de figurer les exemples, viennent à se pré- senter, les rameaux s’étalent sur les deux côtés d’un axe principal, sortant d’une même paire de feuilles, conformé- ment à ce qui existe chez les Zibocedrus acluels. Mais cette ordonnance est rare et toujours exceptionnelle dans les Gupressinées jurassiques. Les principaux gisements de cette catégorie de plantes sont, à partir de la base de la série oolithique : Stonesfield, dans le bathonien du comté d'Oxford ; Etrochey, dans le cornbrash de Châtillon-sur-Seine (Côte-d'Or); le corallien de la Meuse ; les schistes bilumineux du lac d’Armaille et de l’Abergement (Jura) ; enfin les calcaires lithographi- ques de Solenhofen. A Stonesfield, les premières Gupressinées incontestables se trouvent associées à des débris de mammifères, sortes de Marsupiaux de petite laille, dont la dentilion dénote, selon M. Gaudry, un régime de broyeurs de fruits et de bourgeons. A Étrochey, ce sont des Zrachyphyllum, des Otozamites et des Zomatopteris qui accompagnent les Cupressinées; ce sont, aux environs de Verdun, el dans le corallien de la Meuse, des Brachyphyllum, des Pachyphyllum et des Cte- nopteris. Dans les schistes du lac d'Armaille ce sont en- core des Prachyphyllum, puis des Araucaria, des Zamites et des Cycadopteris. Les Lomalopteris reparaissent, ainsi que les Brachyphyllum, auprès des nombreuses Cupres- sinées de Solenhofen. Celte même tribu se trouve au contraire absente ou faiblement représentée dans les localités, comme celle de Scarborough, où abondent 554 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. les Fougères aux frondes délicatement découpées, les Salisburia amis du bord des eaux, enfin des Cycadées des genres Podozamites et Anomozamites qui manifestent les mêmes tendances. Il est donc probable qu'à l’époque de l’oolithe, les Cupressinées associées aux Zrachyphyllum et aux Pachyphyllum formaient de vastes forêts élablies sur des parties accidentées et relativement sèches, du sol continental européen. L'Europe avait été longtemps dé- coupée, il est bon de le rappeler, en un vaste archipel, dont les îles principales achevèrent de se rejoindre et de se souder en une seule région, durant le cours de la pé- rio de oolithique. Avant de passer à la description des genres et des es- pèces de Cupressinées jurassiques dont la plupart, encore inédites, figurent ici pour la première fois, nous devons faire connaître les bases de classification adoptées par nous et les motifs qui nous ont dirigé. Si nous remontons à plus de 30 ans en arrière pour consulter ie Genera et species plantarum fossilium de Un- ger (Vindobonæ, 1850) et le Tableau des genres de végétaux fossiles (Paris, impr. de L. Martinet, 1849) publiés pres- que en même temps, il est facile de constater l’insigni- fiance des Cupressinées jurassiques. Unger n'indique pour le lias que le seul Widdringtonites liasinus Kurr, deux autres types Z'axodites et Schizolepis élant des Taxodinées. Il n'inscrit en revanche aucune Cupressinée comme ap- partenant à la flore oolithique. — Brongniart est moins incomplet, mais il rejette parmi les Brachyphyllum le Widdringtonites liasinus et mentionne sans les décrire les Thuites divaricatus Sternb. et expansus Sternb., ce dernier avec un point de doute. Brongniart possédait, il est vrai, de très beaux dessins et des échantillons remarquables TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 555 du Z'huites expansus de Stonesfield et du 7h. divaricatus de Solenhofen, mais il n’eut jamais occasion de les décrire nide les figurer, et jusqu’au mémoire de Unger: Sur quelques plantes fossiles des schistes lithographiques de Solenhofen, inséré dans le tome II de Palæontographica, on voit que les deux genres Widdringtonites et Thuyites étaient les seuls qui eussent été proposés pour englober le très pe- tit nombre de Cupressinées jurassiques encore signalées. J'ai fait voir précédemment (1) comment Unger se basant sur l’existence dans les schistes de Solenhofen d’un ra- meau muni de plusieurs strobiles avait proposé pour lui le terme générique d’Arthrotaxites en l’appliquant à tort à toutes les Cupressinées et même aux Zrachyphyllum de la célèbre localité, c’est-à-dire à tout un ensemble de formes en réalité très diverses. J’ai constaté également l'erreur de M. Schimper qui, tout en substituant à la dé- nomination d'Arthrotaxites celle d'Echinostrobus (2), con- sacra pourtant la confusion créée par Unger, en ne sépa- rant pas du vérilable Æchinostrobus les échantillons de Cupressinées répondant au Z'huyites divaricatus Sternb., ainsi qu’au Caulerpites princeps et à plusieurs autres soi- disant Caulerpites du même Sternberg. M. Schimper alla plus loin en réunissant arbitrairement à son nouveau genre Æchinostrobus le Thuyites robustus Sap., d'Étrochey, etle Thuyites expansus Slernb., de Stonesfield, celui-ci avec quelques réserves. C’est en 1873, dans une notice Sur les plantes fossiles du niveau des lits à poissons de Cerin (3), que nous propo- (1) Voy. plus haut, p. 531. (2) Schimper, Traité de Paléontol. végét., II, p. 330 et 331. (3) Notice sur les pl. foss., du niv. des lits à poiss. de Cerin, par le comte G. de Saporta. Lyon, Georg, et Paris, Savy libraire, 1873. 556 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. sâmes l'établissement du genre Palæccyparis pour y comprendre une portion notable des Cupressinées de l’oolithe, qui avec des caractères spéciaux et des feuilles décussées, non sans quelque irrégularité dans le mode d'insertion, nous semblent pourtant présenter des rapports avec les Chamæcyparis actuels. En même temps nous dé- signâmes sous le nom de Phyllostrobus un genre à feuilles décussées et imbriquées sur quatre rangs, dont le stro- bile découvert à Orbagnoux, il y a des années, et dessiné autrefois par Brougniart, n’était pas sans analogie avec ceux des Callitris et des ZLibocedrus de l’époque actuelle. Nous rangions aussi dans le genre Wrddringtonia, dont la présence dans l’oolithe supérieure nous semblait attestée par divers indices, une couple d’espèces, tandis que d’au- tres, pourvues de rameaux comprimés et de feuilles nette- ment différenciées en faciales aplaties et en latérales na- viculaires se succédant avec une parfaite régularité, étaient laissées par nous dans le genre Z'huyrtes ainsi réservé aux formes les plus assimilables aux Thuya, Biota et Thuyopsis actuels. En adoptant ce plan, et sans nous préoccuper de l’exacte détermination de certaines espèces étrangères à la flore jurassique française, comme le Z'huyites Schiümbachi Scbk., dont les caractères n’ont rien de parfaitement précis, nous disposerons ainsi qu’il suit les genres de Cupressinées que nous allons passer en revue : 1, Widdringtonites Endl.; —2, Widdringtonia Endl. ; — 3, Palæocyparis Sap. ; — 4, Thuyites Brongt.; — 5, Phyllostrobus Sap. Cette notice est extraite de la livraison IT, du grand ouvrage intitulé ! Descr. des poiss. foss. prov. des gis. corall. du Bugey, par V. Thiollière. Lyon, Georg, 1873. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 5957 QUINZIEME GENRE. — WIDDRINGTONITES. Widdringtonites, Endl., Syn. Conif., p. 271. —— Brongt., Tabl. des genres de vég. foss., p. 72. — Ung., Gen. et sp. pl. foss., p. 342. — Gæœpp., Monog, Conif. foss., p. 176. — Kurr, Beitr. Z. FI. d. Jura form. Wurtemb., D. 10. _ Heer, Urw. de Schweiz, p. 101 ; — Ibid. éd. franc., p. 63 et 123; — F1. foss. Helv., p. 85 et 135. — Schbimp., Traité de Pal. vég., II, p. 329. — Schænlein, Abbild. vw, foss. Pflanzen aus d. Keuper Frankens, p. 20. — Schenk, Beitr. z. FI. d. Keupers, und d. Rhæ- tisch. Form. p. 123. DIAGNOSE. — Aami graciles foliati; folia spiraliter in- serta approximata, pleraque squamaæformia, adpresse vel laxius imbricata dorso plus minusve carinata. HISTOIRE ET DÉFINITION. — Endlicher a proposé l’établis- sement de ce genre dans son Synopsis, en 1847. Il lui at- tribuait alors, en le définissant, des strobiles globuleux à écailles valvaires et y comprenait non seulement le Widdringtonites lasinus qui en fait encore partie, mais aussi le W. Ungeri reconnu depuis pour un véritable Widdringtonia, attestant tout aussi bien que le W. anti- qua Sap. et plusieurs autres formes la présence dans l’Europe tertiaire du type actuellement confiné au fond de l’Afrique. Nous-même nous décrirons bientôt plusieurs espèces jurassiques qui nous paraissent assimilables à de vrais Widdringtonia, genre dont l'existence reculée n’a rien qui doive surprendre. A l’exemple de Schimper, nous restreignons donc quelque peu la signification du 558 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. genre Weddringtonites en appliquant cette dénomination à des fragments de rameaux ou le plus souvent à de pe- tits ramules que l’ordonnance spiralée ou du moins irré- gulière de leurs feuilles éloigne des Zhuyites aussi bien que des Palæocyparis, tandis que l’aspect écailleux de ces mêmes feuilles el leur mode d’imbrication leur don- nent une ressemblance sensible avec celles des Wid- dringtonia. La place de ces espèces, peu nombreuses et peu va- riées, dont le port et les organes reproducteurs demeu- rent inconnus, se trouve donc naturellement marquée dans un genre provisoire, intermédiaire aux Sequocopss et aux Widdringtonia propres, et qui semble tenir aux ori- gines même de la famille dont il jalonnerait, pour ainsi dire, les premiers débuts. Les ramules des Widdringtonites, seules parties de ces végétaux qui nous soient connues, sont grêles, allongés et nus, c’est-à-dire dépourvus de ramifications latérales. Les feuilles qui les recouvrent sont écailleuses, lancéo- lées, pointues au sommet, carénées sur la face dorsale et assez lâchement imbriquées. Les espèces les mieux dé- finies et les plus répandues se montrent dans le keuper et le lias ; plus haut, elles font place à de vraies Cupres- sinées, dont l'extension devient visible à partir de la grande oolithe. Le Weddringtonites Kurrianus Dnk., du wéaldien, a été reporté avec raison par Schenk (1), dans son genre Sphenolepis qui nous a fourni une belle espèce liasique, précédemment décrite. Après cette dis- traction fort légitime, les Widdringtonites ne compren- nent plus qu'un petit nombre d’espèces, la plupart lia- siques. (1) Die foss. FI. d. Nordwestdentseh. Wealdenform., p. 41. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 559 N° 1. — wViddringtonites kenperianus. PI:201; fige Widdringtonites keuperianus, Hr., Urw. d. Schweiz, p. 52, fig. 31; — 2 édit. alleman- de, p. 61, fig. 50; — Monde primit. de la Suisse, trad. par I. Demole, p. 64. fig. 31; — FI. foss. Helv., p. 86. tab. 4 et 5. — — Schenk, Beitr. Z. FI. d. Keupers und. d. Rhælischform., p. 23. — = Schænlein, Abbild. V, foss., d. Pflanzen aus d. Keuper Fran- kens, p. 19, tab. 1, fig. 34 et 3b; tab. 10, fig. 5 et 6. — — Schimp., Traité de Pal. vég., IL,°p. 330. DIAGNOSE. — W., rames ramulisque tenuibus elongatis dense foliatis, alterne disticheque plerumque divisis ; folris squamæformibus, lanceolatis apice acutis arcte imbricatés, dorso leviter carinatis. Les rameaux épars ou plulôt les fragments de ramules de cette espèce ont été rencontrés d’abord dans le keuper des environ de Bâle par M. Heer. Schoenlein et le profes- seur Sandhberger l’ont ensuite recueillie dans le keuper de Franconie, et Schenk en a publié dansle bel atlas des plan- tes keupériennes préparé par Schœænlein. La figure du Flora fossilis Helvetiæ de Heer n’est qu’une répétition de celle du Monde primitif de la Suisse. Ce sont toujours de très petits fragments de ramules allongés et minces, munis de feuilles serrées, disposées dans un ordre alterne, lancéolées-aiguës au sommet et se recouvrant mutuelle- ment. La face dorsale de ces feuilles est assez distincte- 560 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. ment carénée. Les échantillons figurés par Schoenlein et qui proviennent de la Lettenkohle d’Estenfeld, près de Wurzburg, sont plus complets que ceux des environs de Bale. Celui qui figure sur la planche 1 est un vrai rameau relativement épais, couvert de feuilles lancéolées et mon- trant l’origine des ramules auxquels il donnait latérale- ment naissance. D'autres ramules figurent sur la plan- che 40 ; l’un, fig. 5, est grêle avec des feuilles éparses, lâchement imbriquées ; mais les ramules, fig. 6, présen- tent des feuilles plus serrées, et leur ressemblance avec celui que nous figurons est tellement intime que nous n’hésitons pas à les réunir en une seule et même espèce. L’exemplaire représenté pl. 201, fig. 7, provient de l'in- fralias des environ de Mende; mais l’étroite liaison qui existe entre le rhétien et le keuper, déjà attestée par la présence de plusieurs espèces communes aux deux ho- rizons, vient à l’appui de notre manière de voir. Si l’on excepte le T'huyites Parryanus Hr., à propos duquel nous avons formulé des réserves, le Widdringtonites keuperia- nus serait pour nous la plus ancienne Cupressinée dont nous eussions Connaissance. Il est difficile, à l’aide d'aussi faibles débris et en l'absence des fruits, d'exprimer une opinion raisonnée à son égard, il est certain cependant! que par sa physionomie au moins elle reporte l'esprit vers les Widdringtonia, dont elle reproduit les principaux traits, soit par la forme, soit par l’agencement des feuilles. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le Widdringtonites keuperiu- nus doit être comparé au W. liasinus Kurr; mais celui-ci, qui appartient à l'horizon du lias supérieur, a des ramules plus faibles, plus menus, ainsi queles feuilles elles-mêmes. Ces derniers organes s’écartent d'avantage de la tige qui TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 561 les porte et elles sont obtuses à leur sommet. M. Heer, dans son Ælora fossilis Helvetiæ, a figuré, à côté du W2d- dringtoniles liasinus, une seconde espèce nommée par lui W. Bachmanni, qu'il avait d’abord confondue avec la pre- mière ; mais ici les rameaux sont plus grêles et les feuil- les plus lâchement imbriquées et plus courtes que dans le Widdringtonites keuperianus, dont les caractères dislinc- tifs sont d’ailleurs faciles à saisir. LOCALITÉS. — Keuper des environs de Bâle (Suisse), Moderhalde près Pratteln et Neue-Welt; — argiles du keuper d’Estenfeld, de Greinberg et du Faulenberg, près de Würzburg ; — infralias des environ de Mende (Lozère), calcaire capucin de M. Fabre, immédiatement inférieur au niveau des Mytilus minutus el Gervilia præcursor. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 201, fig. 7, ramule de Widdringtonites keuperianus, d’après le moule d’une empreinte recueillie par M. Fabre, inspecteur des forêts, à Rieucros de Rieumenou, près de Mende, grandeur na- turelle ; fig. 72, portion du même ramule grossi pour montrer la forme et le mode d’agencement des feuilles. N° 2. — wwiddringtonites gracilis, Pl202;"f0. "2 DIAGNOSE. — W., ramis ramulisque tenellis elongalis erecto-flezuosis, alterne divisis; foliis spiraliter insertis el- liptico-lanceolatis, subfalcatis, laxe imbricatis, dorso con- vexiusculis. Les rameaux de celte espèce du corallien de la Meuse sont grêles, allongés, légèrement flexueux. Les ramules secondaires, nus et érigés, suivent une direction ascen- dante. Les feuilles qui les recouvrent sont éparses, nom- Ile SÉR. VÉGETAUX, — III, 36 562 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. breuses, relativement courtes et lächement imbriquées, surtout le long des ramifications latérales. Etalées et re- courbées en faux, lancéolées-elliptiques et atténuées en pointe au sommet, elles se recouvrent mutuellement, sans être appliquées les unes contre les autres. Sur la figure que nous donnons, On distingue un rameaux principal pourvu de trois ramules latéraux, émis dans un ordre alterne, Erigés et minces, non subdivisés, ces ramules ont dû pourtant avoir été disposés à peu près dans un même plan ; à côté d’eux, on distingue un ramule isolé, recourbé vers le haut, qui: semble aller rejoindre inférieurement le rameau principal, comme s'il en avait été accidentellement détaché. Les figures grossies 1° et 1? reproduisent exactement la forme et l’ordonnance des feuilles de cette curieuse espèce; elles paraissent tantôt rapprochées par paires, tantôt réel- lement alternes et spiralées ; on peut dire avec plus de raison qu'elles sont irrégulièrement opposées, ce qui est effectivement le cas de celles des Widdringtonia actuels. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Une comparaison attentive permet de reconnaître une étroite affinité entre notre Widdringtonites gracilis et le W. BachmanniHr., du batho- nien de Suisse (1). Nous serions tenté de réunir les deux espèces, tellement elles se ressemblent par la forme des feuilles, la consistance et le mode de subdivision des ra- meaux. Cependant, les ramules de l’espèce suisse sont peut-être un peu plus grêles que les nôtres et ses feuilles plus écartées et moins nombreuses. Ce sont là au moins deux formes alliées de fort près, dont la plus récente est sans doute un prolongement de celle qui l’a précédée dans le bathonien. (1) Voy. Heer, F1. foss. Helv., p. 136, tab. £6, fig. 10-11. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 563 LocauiTÉ. — Environs de Verdun, calcaires blancs de l’élage corallien supérieur. EXPLICATION DES FIGURES. — PI]. 202, fig. 1, Widdringto- nites gracilis Sap., rameau subdivisé en plusieurs ramu- les dont un détaché, d’après un échantillon provenant de la collection de M. Moreau (n° 995), grandeur naturelle ; fig. 1* et 1°, deux fragments grossis pour montrer la forme et le mode d’agencement des feuilles. N°3. — NVid dringtonites Creysensis. P19201 fi e."8: DiaGxose. — W., ramulis gracilibus elongatis, foliatis, folis spiraliter insertis, elliplico-lanceolatis, breviter acu- minalis, apice leviter curvato-falcatis, laxe imbricatis, dorso aulem plus minusve carinalis. Un seul petit ramule nous a permis de signaler et de reconstituer celte espèce kimméridienne. C’est un frag- ment tronqué à l'extrémité supérieure, un peu flexueux et complètement nu. Les proportions sont plus fortes que celles de l'espèce précédente ; les feuilles sont visible- ment alternes, assez lâchement imbriquées, lancéolées- elliptiques, pointues et un peu recourbées en faux au sommet, leur face dorsale présente des traces de carène peu visibles sur l'original, mais elle était au moins con- vexe. Ilest naturel de ranger cette espèce parmi les W4d- dringtonites, mais la faible étendue de l'échantillon est un obstacle à l’exacte détermination des caractères qui la distinguaient. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — C’est au Widdringtonites keuperianus que ressemble surtout notre W. Creysensis. L'intervalle qui les sépare est trop considérable pour que 564 PALÉONTOLOCIE FRANÇAISE. l’on songe à les identifier. C’est encore au W. Bachmannè qu'il est le plus naturel de comparer l'espèce de Creys; mais le premier a des ramules bien plus grêles et des feuilles sensiblement plus petites, bien que par la forme de ces dernières soient très analogues à celles que nous ve- nons de décrire. LOCALITÉ. — Creys, dans l'Isère, étage kimméridien inférieur ; collection du muséum de la ville de Lyon. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 201, fig. 8, Widdring- tonites Creysensis Sap. ramule détaché, grandeur naturelle, d'après le moule d'une empreinte appartenant à la collection du muséum de Lyon; fig. 8°, fragment, grossi pour montrer la forme et le mode d’agencement des feuilles. SEIZIEME GENRE. — WIDDRINGTONIA. PL. 148, fig. 1-5. Widdringtonia, Endl., Syn. Conif., p. 31; — Catal. Hort. Vindob., I, p. 209. — Lind]. et Gord., Journal Hort. Soc., V, p. 203. _— Knight, Syn., Conif., p. 13. Carr. Traité gén. des Conif., p. 64. — Henkel et Hochst., Synops. d. Nadelsholz., p:292: — Heer, F1. tert. Helv., I, p. 48. — Sap., FI. foss., du S.-E. de la France, I, p. 58 et 187. — Schimp., Traité de Pal. vég., II, p. 327. DiAGxOSE. — ami pluries alterne partiti, plerumque graciles; folia approximata squamæformia adpressa laxe imbricata, sparsa inæqualiterve opposita ; — flores masculi in amenta minuta elongata ramulos laterales superantia digesti; — strobili e squamis quatuor valvatim connéventibus TERRAIN JURASSIQUE. = VÉGÉTAUX. 565 dorso autem plus minusve appendiculatis constantes; semina compressa angulata sursum utrinque breviter alala, sub quavis squama circiler 5-7. Pachylepis, Brnet., An. sc, nat., 17° série. XXX, p. 189. — Spach, Hist. nat. des vég. phanér., XI, p. 346. Thuyæ Sp., Linné. Cupressus, Thumb. HISTOIRE ET DÉFINITION. — À côté des Waiddringtonites ou formes de Cupressinées à ramules analogues à ceux des Widdringtonia africains, nous croyons devoir signaler un Widdringtonia véritable dans la flore oolithique fran- çaise. Déjà la présence dans l’Europe tertiaire de ce même genre a élé constatée à plusieurs reprises, el l’an- cienneté reculée du type des Widdringtonia, de même que sa fixité à partir du milieu des temps jurassiques, n’ont rien par elles-mêmes qui doive surprendre, dès que ce type est considéré comme la tige mère de toutes les différencialions dont la tribu des Cupressinées nous offre l'exemple et dont certaines ne dateraient que d’une épo- que relativement moderne. De nos jours, les Widdringtonia, réduits à un très petit nombre d’espèces, se trouvent cantonnés dans la région du Cap, dont ils habitent les parties montagneuses, entre 500 et 1,500 mètres d'altitude. Une troisième espèce, le W. Commersonû Endl., est indigène de Madagascar. Le genre a donc subi un mouvement de retrait parfai- tement en rapport avec son antiquité présumée. Exclus de l’Europe, il a été réduit à ne plus occuper qu’un étroit espace, et il se trouve par cela même menacé d’une extinction définitive. Le Widdringtonia et l'Araucaria se lrouvent ainsi les plus anciens parmi les genres actuels de Conifères, actuellement exotiques, dont il existe des 566 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. vestiges déterminés dans les couches européennes du terrain secondaire, Il ne faut pas oublier non plus que nous avons rencontré de vrais Pinus dès le rhétien et que les Cedrus, Abies et Tsuga se montrent de très bonne heure associés aux premiers dans les étages inférieurs de la craie. Chez les Wzddringtonia, les feuilles étalées et linéaires- uninerviées dans le jeune âge deviennent promptement squamiformes, appliquées et sub-imbriquées. Ces feuilles sont ordonnées selon la formule phyllotanique À, c’est- à-dire que la quatrième correspond plus ou moins exac- tement à la première, après un seul tour de spire. Mais sur les ramules latéraux ces mêmes feuilles, ce que l’on n’a pas assez remarqué, se rapprochent souvent par paires et deviennent alors sub-opposées, l’une des feuilles de chaque paire dépassant ordinairement sa compagne en hauteur, et celte ordonnance inexacltement décussée donne lieu à des passages vers l'insertion éparse. Les ramificalions sont disposées dans un ordre alterne; mais cet ordre n’a rien d’absolument régulier. Il n’en est pas ainsi des Cupressinées à rameaux pourvus de feuilles faciales et latérales; les paires de feuilles faciales ne donnent jamais naissance aux ramules. Ceux-ci sortent toujours de l’aisselle des feuilles latérales et il sont émis alternativement sur un côté, puis sur l’autre à la paire suivante, par conséquent dans un seul et même plan. C’est effectivement ce que montrent les 7huya, les Thuyop- sis et les Chamæcyparis; de là provient l’admirable régu- larité qui caractérise les divisions raméales de tous ces genres. Au contraire, les ramules des Wéddringtonia ne sont pas nécessairement élalés dans un même plan ; ils émer- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 567 gent plutôt à des distances irrégulières, de l’aisselle de certaines feuilles et le plus ordinairement dans une direc- tion opposée à celle du ramule précédemment émis; d’autres fois cependant, ils s’élèvent uni-latéralement le long du côté antérieur du rameau. Ils sont séparés les uns des autres par des intervalles assez souvent inégaux. Les derniers ramules sont nus, plus ou moins grèles, allon- gés et ordinairement ascendants. La disposition géné- rale des rameaux de dernier ordre est telle qu’elle prend assez bien l’apparence d’une dichotomie sympo- diale. Les chatons mâles des Wziddringtonia sont allongés, cylindriques et terminaux au sommet des derniers ramu- les. Ils se composent d’une série assez nombreuse d’an- drophylles peltoïdes, décussés et contigus, connivents par leurs côtés taillés en hexagones. Les sacs à pollen sont attachés par-dessous et déhiscents au moyen d’une fente longitudinale. Mais l'organe distinctif du genre consiste dans le slro- bile formé de quatre écailles ligneuses à peu près égales et conniventes, valvaires jusqu’à la maturité. Ces écailles tronquées ou atténuées en rond à leur extrémité supé- rieure sont pourvues en dessous de leur sommet d’un appendice en forme de mucron qui s’efface ou devient peu visible lors de la maturité du fruit. Celui-ci, le plus souvent persistant, s'ouvre pour laisser échapper les graines qui sont érigées, anguleuses, presque carrées, accom- pagnées d’une aile membraneuse bilatérale qui les surmonte et se trouve échancrée au point correspondant à l'ouverture apicale du microphyle. Les Widdringtonia constituent actuellement des arbres de moyenne grandeur, au port élancé, aux rameaux 568 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. ascendants et diffus, dont le port rappelle un peu celui de la Sabine. EXPLICATION DES FIGURES. — PI]. 148, fig. 1, ramule de Widdringtonia juniperoides Endi., grandeur naturelle ; fig. 4°, le même grossi. Fig. 2, strobile de la même espèce, vu par côlé, grandeur naturelle; fig. 3, même organe vu par-dessus, grandeur naturelle. Fig, 4, strobile mûr el ouvert de Widdringtonia cupressoides Endl., gran- deur naturelle. Fig. 5, graine aiïlée de la même espèce. — Consultez pour plus de détails explication de ces mêmes figures donnée précédemment, p. 192. N° 1. — wwiddrinmgtomia microcarpa. PI. 116, fig. 3; 217, fig. 5-6; 219, fig. 1-4 ; 290, fig. 1-3. Widdringtonia microcarpa, Sap., Notice sur les pl. foss. du niv. des lits à poiss. de Cerin, p. 44. DIAGxoss. — W. ramis ramulisque gracilibus pluries pinnatim alterne divisis elongatis flexuosiusculis, plerumque oblique etiam divaricatim partitis; foliis iminutis squamæ- formibus adpressim imbricatis alternis sub-opposttisque, bre- viter lanceolatis, leviter apice falcato-incurvatis ; — amentis masculis ad apicem ramulorum terminalibus, oblongo-cylin- dricis, squamulis plurimis contermine penta-hexagonulo decussatim conniventibus compositis ; — strobilis parvulis ovoideis quadrivalvibus, valvis apice breviter attenuato- truncalis, arcle inter se coherentibus. Widdringtonia flagelliformis, Sap., L. c., p. 4%. Widdringtonites Bachmanni, Hr., Fi. foss. Helv., p. 136, tab. 56, fig. 10-11. De nombreux échantillons, recueillis par M. A. Falsan TERRAIN JURASSIQUE. — YÉGÉTAUX. 3569 dans les schistes du lac d’Armaille, permettent dese faire une juste idée de cette curieuse espèce, la première et la seule, parmi les Widdringtonia jurassiques, dont les di- vers Organes nous soient connus et dont la détermination paraisse par Cela même assurée. Un des plus beaux exemplaires, pl. 219, fig, 1, repré- sente une branche conservée sur une longueur de 8 cen- timètres, garnie sur les deux côtés de rameaux disposés alternativement et subdivisés eux-mêmes en ramules. La tige ou axe principal est relativement mince; les rameaux et les ramules sont grêles, divariqués, étalés sous un an- gle d'environ 45 degrés. En examinant les dernières rami- fications, on voit qu’elles sontsimples à la partiesupérieure du rameau et pourvues à sa base d’une ou deux subdivi- sions étalées en avant. Les feuilles, bien visibles, sont al- ternes ou inexactement opposées, serrées, squamiformes, imbriquées et lancéolées-poiniues, ce qui permet de les distinguer de celles desautres Gupressinées d’Armaille avec lesquelles on serait tenté de les confondre. Tout l’ensemble d’ailleurs a quelque chose de grêle et de menu qui dénote un arbre d’assez petite taille. Les ramules ne mesurent guè- res plus d’un millimètre d'épaisseur. Dans le bas, on dis- tingue l'empreinte d’un strobile subglobuleux, de très pe- tite dimension, encore attaché à l’un des rameaux. Notre figure 1°, pl. 219, représente ce même organe grossi; il pa- rail formé de quatre valves et se rapporte sans doute à un cône avorté, qui n'aurait pas atteint ses dimensions nor- males et définitives. Les mêmes couches ont fourni d’autres fragments plus petits, pl. 119, fig. 2 et 3, qui se rapportent visiblement à la même espèce et dont nos figures représentent les prin- cipaux. Le mode de subdivision de ces rameaux, de même 570 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. que leur dimension, sont conformes à ceux qui Caractéri- sent la branche précédemment décrite, et l’ordonnance ainsi que la conformation des feuilles paraissent avoir été semblables. Nous réunissons avec plus de doute à la même espèce d’autres fragments qu’il nous semble pourtant na- turel de lui attribuer. Ce sont des rameaux un peu moins menus, à subdivisions plus allongées, moins régulières et plus érigées. Les feuilles sont aussi d’une insertion plus difficile à définir et plutôt rapprochées par paires que nor- malement éparses. C’est cette forme que nous avions d’a- bord désignée sous le nom de Wäiddringtonia flagelliformis; nous lui rapportons encore un échantillon du muséum de la ville de Lyon (pl. 220, fig. 3) dont les caractères sont à peu près semblables, mais qui pourrait presque avec au- tant de raisons avoir appartenu au Palæocyparis Falsani de la même localité. C’est une branche en partie dénudée, en parlie pourvue, sur l’un des côtés principalement, de ramifications simples ou elles-mêmes subdivisées en ra- mules peu nombreux. Ces ramifications sont minces, al- longées, sub-érigées et garnies de feuilles alternes ou im- parfaitement opposées, les unes lancéolées, les autres plus ou moins obtuses. Nous réunissons encore à notre Wäddringtonia micro- carpa les ramules figurés par M. Heer, dans son #lora fossilis Helvetiæ, sous le nom de Widdringtonites Bachmanni. Il est facile de s’assurer par la comparaison de nos figures avec celles de l’auteur suisse, qu’il s’agit bien d’une seule et même espèce. Le petit fruit attaché au rameau, figuré pl. 219, fig. 4°, n’est pas le seul indice qui atteste la légitimité de l’attri- bulion générique adoplée par nous. Un autre sirobile détaché, mais offrant Lous les caractères qui distinguent TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 571 ceux des Widdringtonia, a été recueilli par M. Falsan dans le même gisement du lac d'Armaille. Notre figure, pl. 219, fig. 4, le représente avec ses dimensions naturel- les, et la figure 4* le donne assez fortement grossi. Bien que notablement plus gros que le précédent, ce fruit est encore très pelit, puisque sa longueur excède à peine un centimètre sur une largeur maximum de 8 à 9 millimètres. Sa forme est ovoïde; il est tronqué au sommet et laisse apercevoir la terminaison apicale des deux valves latérales et de l’une des valves faciales dont il était composé. Cette structure n’a rien que d’exactement conforme à celle des strobiles actuels de Widdringlonia; mais elle est remar- quable par la médiocrité des dimensions qui se trouve concorder du reste avec celle des ramules et des autres parties de la plante. Tout en elle annonce un végétal d’une taille assez peu élevée. Un autre exemplaire d’Armaille, dont nous figurons les deux côtés, pl. 220, fig. 1 et 2, parce que ces côtés se complètent en laissant voir la continuation d'une seule et même branche, montre des ramificalions plus touffues, plus nombreuses, bien que conservant le même aspect et possédant des feuilles rangées dans lemème ordre, et ayant la même configuration. Plusieurs des ramules de cet échantillon offrent celte particularité remarquable que leur sommet se trouve renflé en une massue allongée et faiblement alténuée aux deux extrémités. Chacun de ces renflements cylindriques, que nos figures représentent assez fortement grossis, correspond sans doute à un chaton mâle, conformé comme ceux des Widdringtonia actuels, c'est-à-dire composés d'écailles peltoïdes, étroitement conniveutes et régulièrement décussées. Malheureusement, les empreintes manquent de netteté et, tout en laissant 572 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. voir l’ensemble, ne découvrent à la loupe que des détails assez peu précis; nous avons tâché de les rendre avec exactitude à l’aide de nos figures grossies, pl. 220, fig 22 79PeL2Pe RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Il est fort difficile dès l’a- bord de distinguer cette espèce des autres Cupressinées, particulièrement des deux Palæocyparis, auxquels elle est associée dans les lits kimméridiens du lac d'Armaille. Cependant, ses caractères généraux sont incontestables : des rameaux plus minces, des ramules plus grêles, les feuilles le plus souvent allernes et toujours moins obtuses que celles des Palæocyparis, permettent de ne pas la con- fondre avec ces derniers. Au total, le Wäiddringtonia nu- crocarpa ne semble pas éloigné du W. juniperoëdes actuel ou genévrier du Cap. Il en à la physionomie et il présente un mode de ramification des plus analogues. Cependant, à l’aide d’une comparaison attentive, on est obligé de re- connaître qu’en dépit de leur apparence grêle, les rameaux de l'espèce fossile étaient plus forts, moins allongés et moins flexueux que ceux de lespèce vivante, au moins d’après les exemplaires de celle-ci cultivés au golfe Juan, dans le jardin de M. Mazel, et que nous avons sous les yeux. Quant au strobile, il est bien plus petit que ceux du W. juniperoides, et ses valves paraissent avoir élé pourvues au-dessous de leur sommet d’un mucron bien moins sail- lant, caractère qui se présente dans le W. cupressoides Endl., dont les fruits, malgré leur grosseur (voy. pl. 148, fig. 4) auraient plus d’analogie avec ceux de notre W. mi- crocarpa. Locazrrés. — Schistes marno-bitumineux du lac d'Ar- maille, près de Belley (Ain), étage kimméridien inférieur, coll. de M. A. Falsan et la nôtre. — En Suisse le Wad- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 573 dringtonites Bachmanni Hr., que nous idenlifions avec no- tre Widdringtonia microcarpa, a été signalé par M. Heer à Hochmad, sur la chaîne du Stockhorn, dans des calcaires marneux grisâtres avec Zelemnites bessinus d'Orb. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 216, fig. 3, empreinte peu distincte d’un rameau attribué au Widdringtonia mi- crocarpa, d’après un échantillon provenant d’Armaille, grandeur naturelle. — PI. 218, fig. 5, petit rameau natu- rellement détaché, attribué au Widdringtonia microcarpa Sap., d’après un échantillon provenant d’Armaille, gran- deur naturelle; fig. 5°, portion de ramule grossi du même échantillon. Fig. 6, sommité d’un autre rameau de la même espèce provenant de la même localité, grandeur naturelle. — PI. 219, fig. 1, partie moyenne d’une bran- che de Widdringtonia microcarpa Sap., munie de ses ra- meaux secondaires et portant, à ce qu'il semble, un fruit jeune attaché à la base de l’un des rameaux inférieurs, grandeur naturelle; fig. 4* et AP, ramules grossis du même échantillon, pour montrer la forme et le mode d’agence- ment des feuilles; fig. 1°, autre ramule grossi supportant un fruit jeune ou imparfaitement développé. Fig. 2, au- tre rameau de la même espèce, spontanément détaché, grandeur naturelle; fig. 2, portion grossie du même ra- meau. Fig. 3, autre rameau détaché de la même espèce, grandeur naturelle; fig. 3°, ramule grossi du même échan- lillon. Fig. 4, strobile quadrivalve, naturellement détaché et adulte, rapporté à la même espèce, d’après un échan- liilon recueilli par M. A. Falsan dans les schistes d’Ar- maille, grandeur naturelle ; fig. 4, même organe grossi. — PI. 220, fig. 1 et 2, deux portions d’une même branche de Widdringtonia microcarpa, munie latéralement de tous ses ramules ; la plupart des ramules de la figure 2 se trou- 574 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. vent surmontés de chatons mâles allongés, grandeur natu- relle ; fig. 2*, 2 et 2°, trois sommités de ramules terminés par des chatons mâles assez fortement grossis, pour mon- trer la forme et la disposition des écailles dont ces organes sont composés; fig. 21, fragment de ramule du même échantillon grossi, pour montrer la forme et le mode d'in- sertion des feuilles. Fig. 3, fragment d’un autre rameau de la même espèce, muni de ramules plus allongés, dé- signé antérieurement sous le nom de Widdringtonia flagel- hiformis; fig. 3* et 3°, deux ramules grossis du même échantillon, pour montrer la forme et le mode d’agence- ment des feuilles. DIX-SEPTIEME GENRE. — PLÆOCYPARIS,. Palæocyparis, Sap., Notice sur les plantes fuss., du niv. des lits à poiss. de Cerin, p. 45. DrAGNOSE,. — ami ramulique plerumque robustiores plus minusve compress, alterne aut rarissime opposite pinnatim requlariter partiti, ex ulroque latere in eumdem sensum ho- rizontaliter expansi ; folia squamæformia arcte adpressa im- bricataque, in facialia lateraliaque obscure discreta, decussa- tim plerumque opposita, glandula punctiformi dorso infra apicem sæpius nolata ; — fructus vix el in sSpecie uniCa co- gnitus, e squamis peltatim stricte conniventibus decussatis, ut vitetur, constans. Thuytes, Sterob., FI. d. Vorw; I, 3, p. 38. _ Endl., Gen. pl., p. 263; — Suppl., IT, p: 23 Thuyites, Brongt., Prodr. p. 109. Thuites (ex parte), Ung., Gen. et sp. pl. foss., — p. 346. — Brongt., Tableau des genres de vég. 10552, po"71. TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 575 Thüiles (ex parte), Lindl. et Hutt., Foss. F1, IIL, tab. 167. Le Phill., Géol. Yorks., tab. 10. 18 Gœpp., Monog. Conif., p. 181. — Heer, F1. foss. Helv., p. 136. Thuyites, Schimper, Traité de Pal. vég., IX, p. 342. Caulerpites (ex parte), Sternb. Fl. de Vorw., I, p. 20. — Ung., Gen. et sp. pl. fnss., p. 2. Arthrotaæiles (ex parte), Ung., Palæontog., H, p. 254. Echinostrobus (ex parte), Schimp., {. c., p. 330. HISTOIRE ET DÉFINITION. — L'’extrême confusion dans laquelle on a jeté dès l’abord et longtemps maintenu l’en- semble de toutes les Cupressinées jurassiques, assimilables à nos Z’huya et à nos Chamæcyparis, a été pour elles une source d'erreurs toujours renaissantes et, pour ainsi dire, étroitement enchaînées. Un examen attentif est seul ca- pable de dissiper ces erreurs. Sternberg le premier a mé- connu la vraie nature d’une partie au moins des Cupressi- nées de l’oolithe de Stonesfield et du corallien de Solenhofen, en les rangeant parmi les Algues, sous la dé- nomination de Caulerpites. Dans le Genera de Unger, en 1850, les Caulerpites com- prennent encore la presque lotalité des Cupressinées ju- rassiques, le genre Thuites se trouvant réservé aux espèces tertiaires et à des formes wéaldiennes. Cependant, Bron- gniart, dès 1828, avait indiqué dans son Prodrome (p. 105) le rapport incontestable des plantes de Solenhofen et de Stonesfield figurées par Sternberg avec nos Zhuya, plus particulièrement avec le Z’huyopsiès dolabrata du Japon. Plus tard, en 1849, dans son Z'ableau des genres de Végé- taux fossiles, il insistait sur la réalité de ce rapprochement et sur la fausseté des prétendues Algues décrites sous le nom de Caulerpites. Gænpert avait suivi la même voie dans 576 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. sa Monographie des Conifères fossiles publiée à Leyde (1) en 4850, en inscrivant à leur place naturelle, parmi les Thuites, les T'huites expansus, divaricatus et articulatus. Peu d'années après cette dernière publication, dans le tome II de Palæontographica (2), Unger inséra une nolice dans laquelle, se basant sur la découverte de fruits encore attachés au rameau, dans les schistes lithographiques de Solenhofen, el réunissant sans raison en une seule espèce ei dans un type unique comparé par lui aux Arfhrotaxts, les prétendus C'aulerpites de Sternberg, il proposa le terme d’Arthrotaxiles princeps comme dénomination distinetive. En confondant arbitrairement des types en réalité très divers et leur attribuant des fructifications qui n’apparte- naient qu’à l’un d’entre eux, Unger commettait une erreur aussi regrettable que celle qu’il avait l'intention de re- dresser. M. Schimper, dans son 7raïté de Paléontologie végétale revint en effet sur l’assertion de Unger, et créa le genre Æchinostrobus que nous avons conservé pour servir de désignation aux strobiles de Solenhofen, assimilés par Unger à ceux des Ar/hrotaxis; mais M. Schimper, en opérant cette distinction, eut le tort de ne pas saisir que ces cônes et les rameaux qui les supportent n'avaient en réalité rien de commun avec les Cupressinées à feuilles décussées qui abondent à Solenhofen et qui constituent un genre entièrement à part, n'ayant d'autre trait com- mun avec celui des Zchinostrobus que d’avoir également laissé des empreintes au sein des mêmes couches en voie de formation. (1) Monogr., d. fossil. Conif., v. H. R. Gœppert; — Leiden, 1850. — Ouvrage couronné par la Réunion scientifique, tenue à Haarlem l’année précédente. (2) Palæontographica, Beitr. Z. Naturgesch. d. Vorw., Sweile Band, herausgeg. V. Hermann V. Meyer, Cassel ; 1852-53. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. SUR * Nous avons insisté plus haut sur ces différences en dé- crivant les rameaux et les fruits de l’Zchinostrobus Stern- bergü, d'après l'échantillon original communiqué par M. le professeur Zittel, de Munich; nous devons mainte- nant définir les caractères du groupe de Cupressinées, très imparfaitement connu jusqu’à présent, auquel appartien- nent selon nous les nombreuses espèces qui se montrent sur tant de points de l’Europe oolithique, dans le batho- nien de Stonesfeld et le cornbrash d’Étrochey, dans le corallien de Verdun, dans celui de Tonnerre, dans les schistes lithographiques de Solenhofen, enfin dans ceux du lac d’Armaille, sur l'horizon du kimméridien inférieur. Il est évident que ce genre, aussi remarquable par la vi- gueur et la beauté des espèces qu’il comprend que par la netteté de ses caractères, a dù jouer un rôle considérable dans la flore de la dernière moitié des temps jurassiques, au moins sur certains sols et dans certaines localités qui offraient des conditions de nature à en favoriser l’exten- sion. Ce sont des végétaux généralement remarquables par la dimension de leurs rameaux et des feuilles qui les re- couvrent. Ces dimensions sont telles que chez plus d’une espèce elles dépassent de beaucoup tout ce que montrent les Cupressinées actuelles, et cette circonstance s'oppose à ce que l’on puisse faire entrer aisément l’ensemble des parties conservées à l’état d'empreintes dans le cadre ma- tériel des planches destinées à les représenter. Ainsi les ramules du Palæocyparis robusta mesurent cinq fois le dia- mètre de ceux du Cupressus funebris Endl, et trois fois au moins celui des organes correspondants du Chamæcyparis Nutkænsis Sp. Les rameaux caducs ou parties anciennes destinées à se détacher naturellement de l’arbre, à mesure qu’il s’étale et qu'il grandit, parties qui chez la plupart Ille Sër, VéGéraux. — IL 37 5758 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. des Cupressinées offrent une étendue et une configuration constantes, caractéristiques pour chaque espèce, cessortes de rameaux sont reconnaissables chez les Palæocyparts, qui se dépouillaient de leur feuillage à l’aide d’un procédé particulier encore maintenant aux Cupressus et aux Cha- mæcyparis. Leur présence même est naturelle au sein des couches, où de semblables résidus ont dû s’accumuler après leur chute, sous l’action des eaux courantes. La terminaison nette de leur extrémité inférieure atteste effec- tivement que c’est bien là l’origine de quelques-uns au moins de ces fragments. Leur dimension a cependant par- fois de quoi surprendre. Elle peut atteindre ou dépasser plusieurs pieds, si l’on s'attache aux plus grandes espèces. La collection de M. Jules Beaudoin, à Châtillon-sur-Seine, comprend à cet égard de remarquables documents rela- tifs au Palæocyparis robusta, d'Étrochey, et des échantil- lons de la même localité que nous devons en grande partie à la bienveillance de M. E. Flouest, ancien procu- renr général, conduisent à des résultats identiques. Dans le gisement du lac d’Armaille, les Palæocyparis se montrent sous des dimensions plus modestes ; mais les caractères lirés des feuilles et du mode de ramification ne différant pas ou presque pas de ceux que présentent les espèces de la grande oolithe ou du corallien, nous avons pensé qu'il s'agissait d’un seul et même genre aussi puissant que va- rié, et, si l’on en juge par l’unique fruit venu jusqu’à nous, assez peu éloigné des Cupressus et des Chamæcyparis actuels, dont les espèces d’Armaille reproduisent fidèle- ment l'aspect aussi bien que les proportions. Les feuilles des Palæocyparis sont courtes, écailleuses, apprimées, étroitement imbriquées et obtuses ou lancéo- lées-obtuses, plus rarement un peu détachées de la lige et TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 579 recourbées en faux au sommet. Ces feuilles sont assez exactement décussées, c’est-à-dire opposées par deux et alternant d’une paire à l’autre. Le rameau qui les porte est plus ou moins comprimé et les ramifications s’étalent presque toujours dans le même plan. Cependant la dis- tinction de ces feuilles en faciales et latérales n’est pas tel- lement prononcée qu’elle n’offre des variations, surtout le long des derniers ramules et parfois aussi sur les bran- ches principales, qui, en grossissant, ont apporté du déran- gement dans l’ordre de succession des anciennes feuilles. Au total, l’aspect de ces rameaux faiblement comprimés et pourtant conservant leur forme cylindrique rappelle à lesprit ce que font voir de nos jours les Cupressus majes- hiea Hort. et funebris Endl., les Chamæcyparis Nutkænsis Sp. et obtusa Sieb. et Zucc. dont les rameaux n’ont ni la - régularité absolue ni la disposition décidément comprimée de ceux des Thuya et des Thuyopsis. Les feuilles des Palæocyparis sont convexes ou même obscurément carénées sur le dos; elles présentent parfois des sillons longitudinaux plus ou moins marqués, et, dans presque toutes les espèces, elles laissent voir la trace d'une saillie ou point ganduleux, situé au-dessous du sommet, vers le milieu de la carène dorsale. On observe une glande résineuse, située de la même manière dans un grand nombre de Cupressinées actuelles ; elle est surtout visible chez les Thuya et aussi chez les Chamæcyparis. Les ramifications, presque toujours étalées dans le même plan, empiètent cependant parfois les unes sur les autres dans les espèces dont les rameaux sont touffus, comme ceux du Palæocyparis Falsani. Le plus souvent c'est dans un ordre alterne que les subdivisions sont émises, de telle façon qu’elles naissent alternativement à 580 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, l’aisselle de l’une des feuilles de chaque paire de feuilles latérales, les faciales ne donnant lieu à aucun ramule. Les ramules se montrent en outre généralement plus nom- breux, le long du côté antérieur de chaque rameau ou partition de rameau. Bien que l'ordonnance alterne soit la règle, cette règle n’a pourtant rien d’invariable, et, à Étrochey de même qu'à Solenhofen, on rencontre des échantillons dont les subdivisions sont tantôt alternes et tantôt opposées, à l'exemple de ce qui existe chez les Z2- bocedrus. Il ne nous a pas paru cependant que ce fût là un caractère assez constant ni assez décisif pour justi- fier l'établissement d’un genre spécial, destiné à com- prendre les espèces chez lesquelles il se manifeste. On voit, ense restreignant aux organes végétatifs, queles Palæocyparis tiennent à la fois des C'upressus et des Chamæ- cyparis, des Thuya et des Libocedrus. I est vrai également qu'ils sont reliés entre eux par une physionomie commune qui conseille de ne pas les disjoindre; mais, en l’absence presque complète des parties de la fructification pouvant servir de guide au jugement, ces affinités multiples qui va- rient et prédominent tour à tour selon les espèces expli- quent et justifient l'incertitude où les auteurs ontétéjetés à leur égard. Dans bien des cas, les limites respectives des di- verses espèces ont même paru difficiles à tracer.On rencon- tre effectivement, soit confondues dansle mêmegisement, soit distribuées sur des points distincts appartenant au même horizon géognostique, soit enfin à des niveaux éloi- gnés l’un de l’autre dans le sens vertical, des formes de Palæocyparis que l’on serait tenté de réunir, quoiqu’elles offrent des différences saisissables, ou bien encore des variétés qui s’écartent de leur plus proche congénère par quelque trait de physionomie assez sensible pour mériter TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 581 une désignation spéciale, sans qu'il s’agisse pourtant de rien de bien tranché. Dans ces divers cas, nous avons tenu compte, non seulement des proportions générales, mais surtout du mode de subdivision des derniers ra- meaux, presque toujours disposés dans l'intérieur de chaque espèce d’après une ordonnance invariable ou su- jette seulement à des diversités comprises dans d’étroites limites. De plus, il nous a paru que des formes équiva lentes et probablement issues l’une de l’autre par voie de filiation se montraient à des niveaux successifs de la série oolithique, les formes coralliennes de Verdun et de So- lenhofen, les formes kimméridiennes des lits à poissons du Bugey répétant celles du bathonien de Stonesfield et du cornbrash d'Étrochey. C’est ià une sorte de récurrence dont il est juste de tenir compte, mais qui ne fait pas obs- tacle à ce que l’on adopte des dénominations spéciales, ap- plicables à chacune des races alliées dont on admet comme probable la filiation respective, mais qu'il nous est donné de considérer à des intervalles échelonnés. L’extrême rareté des strobiles, jusqu’à présent inconnus, est certainement le plus grand obstacle à l’exacte défini- tion des Palæocyparis. Cette absence aurait quelque chose d’étrange en présence de la multitude des empreintes de rameaux, si l’on ne faisait observer que ces rameaux, pro- bablement caducs, jonchaient le sol et furent aisément entraînés jusqu’au fond des eaux, tandis que les cônes, persistants comme ceux des Cyprès et des Chamæcyparis, ont dû adhérer à l’arbre lui-même et ne s’en détacher que par accident. Cette particularité qui se montre également chez d’autres Cupressinées, comme les Wéddringtonia et les Frenela, explique pourquoi les Cupressinées fossiles nous ont si rarement transmis l'empreinte de leurs stro- 582 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. biles, tandis que le contraire existe pour les Pins, les Cè- dres et les Sapins secondaires, dont les cônes sont beau- coup mieux connus que les rameaux ou les feuilles. L'unique exemple d’un strobile de Palæocyparis con- servé à l’état d’empreinte nous est fourni par une des plus petites espèces du groupe, dont les échantillons abon- dent dansles schistes du lac d’Armaille, La découverte en est due à notre ami M. A. Falsan. Nous décrirons plus loin cet organe ; il doit nous suffire d’en indiquer ici les caractères génériques : ovoïde-globuleux, de petite di- mension, il est constitué par des écailles peltées, irrégu- lièrement hexagones, strictement conniventes et décus- sées, au nombre de 6 à8 paires, L’analogie de ce fruit, dont la conservation, il est vrai, laisse beaucoup à désirer, avec ceux des Chamaæcyparis et des Cupressus parle d’elle- même. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Les Palæocyparis devaient avoir le port et la physionomie ornementale des Chamaæ- cyparis et des Cyprès à cime pyramidale, comme les Cu- pressus funebris Endl., {orulosa Don. et magestica Knight, avec plus d’ampleur et de force, quelque chose de plus trapu, de moins touffu et de moins entremèêlé dans le feuil- Jage. La structure du fruit dénote cette même analogie comme la plus probable. Élancés et puissants, avec des rameaux vigoureux, peut-être étalés de toutes parts et croissant avec rapidité, les Palæocyparis ont pu, en se mo- difiant, conduire vers les Cupressus et les Chamæcyparis, dont ils représenteraient la souche ancestrale. Is s’intercalent fort naturellement entre ces deux grou- pes, dont ils se distinguent principalement par les dimen- sions presque colossales de quelques-unes de leurs espèces. Les Palæocyparis ont dù former de véritables forêts ou TERRAIN JURASSIQUE. == VÉGÉTAUX. 5S 3 des associations plus ou moins étendues sur le sol de l’Europe oolithique, particulièrement dans l’intérieur des terres, sur le penchant des collines, mais surtout dans les régions accidentées, au-dessus des plages marines et du bord des eaux lacustres de l’époque. Le gisement de Stonesfeld en Angleterre, celui d'Étrochey près de Châtillon-sur-Seine, celui du lac d’Armaille, enfin les schistes lithographiques de Solenhofen, eu Bavière, sont ceux qui ont fourni le plus de vestiges de Palæocyparis. Ils sont associés dans la plupart de ces localités à des Lomatopteris, en fait de Fougères, à des Prachyphyllum, à des Pachyphyllum, à des Araucaria, en fait de Conifères, à des Zamutes et Otozamites, en fait de Cycadées. C’est là une associalion de plantes qui, lors de l’âge oolithique, fréquentaient les stations situées à l'écart des eaux. Aussi on ne rencontre point de Palæocyparis à Scarborough ni dans le jurassique de la Sibérie orientale où abondent, au contraire, les Aspléniées et les Dicksoniées, les Salisbu- riées et d’autres types amis de la fraîcheur. N° 1. — palæocyparis Virodunensis. PI. 102, fig. 2-3; 103, fig. 1-3. DIAGNOSE. — P., ramis ramulisque robustioribus, pinna- lim alterne partitis, ramulis ultimis torulosis, plus minusve elongalis, simplicibus aut parce diversis ; foliis ovato-rhombeis adpressim imbricalis, apice breviter aculis quandoque irre- qgulariter decussatis, dorso medio convexis glandulaque punc- tiformi notatis. La collection de M. Moreau renferme plusieurs échan- lillons de celle espèce que nous avons retrouvée dans 584 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. les schistes du lac d’Armaille. Le plus complet de ces échantillons provient de Gibomeiïix; les deux fragments dont il est composé se correspondent visiblement, mais leur continuité se trouve interrompue par une cassure de la pierre, et nous avons été obligé de les figurer sé- parément par suite de leur longueur. Sur notre plan- che 203, fig. 1 et 2, la figure 2 représente la base dénu- dée et déjà ancienne du rameau dont la figure 4 montre la terminaison supérieure. Cette base relativement épaisse est recouverte de résidus de feuilles converties en écus- sons légèrement saillants, de forme rhomboïdale ou ir- régulièrement hexagonale, et séparés par des sillons com- missuraux. On distingue sur le milieu de la figure une large cicatrice et çà et là les points d'insertion des ra- mules tombés. Dans la partie supérieure (fig. 4), les ra- mules sont encore en place; ils s’étalent dans une direc- tion très ouverte, au nombre de quatre, selon un ordre de grandeur décroissante. Ils sont nus et simples, à l’ex- ception d’un seul qui se montre pourvu vers le milieu de son parcours d’un petit ramule de dernier ordre. Los figures 2 et 3 de la planche 203 représentent deux autres fragments provenant de la même localité que le précédent et qui se rangent sans anomalie dans la même espèce. On voit que les feuilles sont courtes, étroitement imbriquées et serrées les unes contre les autres. Elles sont convexes sur le milieu de leur face dorsale, pointues au sommet et assez souvent recourbées en faux par leur ex- trémité libre qui est toujours d’une faible étendue. Une carène parfois assez nette marque longitudinalement cette face dorsale qui offre en outre une saillie médiane cor- respondant, à ce qu’il semble, à un point glanduleux. L'échantillon fig. 3, pl. 203, a été découvert par TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 585 M. A. Falsan dans les schistes kimméridiens du lac d’Ar- maille, il offre des caractères tellement conformes à ceux des exemplaires du corallien de la Meuse, que nous n’hésitons pas à reconnaitre en lui la même espèce. C’est un rameau court, un peu trapu et déjà âgé, dont la som- mité manque et qui se trouve garni sur ses deux côtés de ramules disposés dans un ordre alterne ou sub-al- terne. Ces ramules sont nus à la base, étalés presque à angle droit, les uns simples, les autres munis en des- sous de leur sommet d'une ou deux ramifications du der- nier ordre. Les feuilles que nos figures 3° et 3? repré- sentent grossies offrent le même aspect et la même conformalion que celles des échantillons précédents. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le Palæocyparis Virodu- nensis se rapproche évidemment des deux espèces sui- vantes avec lesquelles il manifeste un air de famille qui porterait à le confondre soit avec le Palæocyparis coral- lina, soit plus naturellement avec le Palæocyparis Ilierr. Mais le premier nous a paru présenter dans toutes ses parties des dimensions bien supérieures ; ses ramules, plus épais et plus longs, ont aussi des feuilles plus larges et proportionnellement moins courtes. Ces différences suffisent pour motiver une distinction spécifique. IL est plus difficile de saisir et de justifier une séparation des Palæocyparis Vürodunensis et Jtieri; peut-être même ne faut-il voir en eux que deux formes d’une seule et même espèce. Cependant le mode de ramification est loin d’être identique des deux parts : le rameau de Gi- bomeix en particulier ne ressemble pas à celui de l’A- bergement; on remarque des divergences sensibles dans la direction et l'insertion des ramules, qui sont plus courts, moins nombreux, plus raides et plus divariqués 586 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. dans l’espèce de la Meuse, aussi bien que dans l’échan- üillon du lac d’Armaille que nous réunissons à ce der- nier. Ces motifs nous ont persuadé de décrire séparé- ment le Palæocyparis Virodunensis, tout en le considérant comme allié de près à son congénère du Jura. LocaLtrÉ. — Gibomeix (Meurthe-et-Moseile), près de Saint-Mihiel, étage corallien, coll. de M. Moreau; schis- tes bitumineux du lac d’Armaille, étage kimméridien in- férieur, notre collection. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 202, fig. 2, fragment de rameau €e Palæocyparis Virodunensis, provenant des cavirons de Saint-Mihiel et appartenant à la collection de M. Moreau, grandeur naturelle; fig. 2, portion de ce même rameau, grossie, pour montrer la forme et le mode d’agencement des feuilles; fig. 3, autre frag- ment du rameau plus pelit, grandeur naturelle. — PI. 203, fig. 1 et 2, les deux portions d’un même rameau de Palæocyparis Virodunensis, dont la figure 2 représente la base et la figure 1 le sommet, grandeur naturelle, d’après un échantillon des calcaires blancs supérieurs du corallien de Gibomeix (Meurthe-et-Moselle), communi- qué par M. Moreau et faisant partie de sa collection; {* et 1°, deux portions grossies de ce même échantillon, pour montrer la forme et le mode des feuilles; fig. 3, rameau attribué à la même espèce, découvert par M. Fal- san dans les schistes bitumineux d’Armaille, grandeur nalurelle; fig. 3* et 3? deux portions grossies pour mon- irer la forme et le mode d’agencement de feuilles. N°2, — palæocyparis corallina. PI. 204. DIAGNOSE, — P., ranus ramulisque crassis teretibus alterne TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 587 partitis, ramulis lateralibus nudis plerumque simplicibus etiamve parce divisis oblique expansis, folès squamaæ/formibus arcte adpressis, breviter lanceolato-rhombeis, apice obluse aculis, sæpius exacte decussatim imbricatis, sed non in facialia lateraliaque regulariter discretis. L'échantillon qui donne lieu à cette espèce est unique, à notre connaissance au moins, mais les caractères qui le distinguent ont queique chose de très saillant, et il repré- sente, à ce qu’il semble, un rameau complet, nalturelle- ment délaché de la tige qui le portait. Les proportions sont presque aussi fortes que celles du Palæocyparis ro- busta décrit ci-après. Il s’agit certainement d’une Cupres- sinée de très grande taille, remarquable par ses larges feuilles étroitement imbriquées et généralement décussées, mais dont la disposition affecte une sorte d'irrégularité assez prononcée sur les derniers ramules. Cette irrégularité apparente provient de ce que ces ramules n’ont rien de comprimé et de ce que les feuilles, toutes semblables, ne se distinguent pas en faciales et latérales, comme chez plu- sieurs des types suivants. Ainsi, par l’ordonnance des feuilles, aussi bien que par la conformation cylindrique des ramules et les subdivisions peu nombreuses aux- quelles ces derniers donnent lieu, le Palæocyparis corallina ressemble aux Cupressus torulosa Don. et lusitanica Mill., bien plus qu’au Cupressus funebris End]. et aux Chamaæcy- paris; mais il leur ressemble avec des dimensions triples ou quadruples, si l’on s'attache à l’épaisseur des rameaux et à l'étendue des feuilles. Celles-ci sont lancéolées, rhom- boïdales-oblongues, terminées en pointe obtuse au som- met. Leur face dorsale est convexe, mais unie et sans ves- tige de carène longitudinale. Une seule de ces feuilles, sur 588 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, le milieu de l’axe principal, laisse voir la trace d’un point glanduleux. La plupart des ramules latéraux sont simples ; ils s’allongent en suivant une direction oblique; les plus élevés sont courts et montrent un ou deux ramuscules de dernier ordre. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Cette espèce corallienne est comparable au Palæocyparis robusta, du cornbrash d'Étrochey, dont elle n’est peut-être qu’un prolongement faiblement différencié. Elle se distingue du ?. Virodunen- sis par des dimensions notablement plus fortes et du P. Ilieri par ses rameaux à ramules plus épais et bien moins subdivisés. Mais l'espèce la plus rapprochée nous paraît être le Palæocyparis secernenda Sap., de Solenhofen, qui se rapporte à un horizon géognostique sensiblement pareil à celui du corallien de Tonnerre. Il existe pourtant des différences d’aspect et de mode de ramification dont nous avons cru devoir tenir compte dans l'appréciation des deux espèces. Les ramules de celle de Solenhofen sont plus menus, plus élancés, et, dans l’un des échantillons figurés (pl. 209, fig. 2), bien plus subdivisés. IL faudrait pouvoir disposer d'échantillons plus nombreux et rencon- trer les fruits, pour être à même de formuler une opinion décisive. LOGALITÉ. — Carrière exploitée aux environs de Ton- nerre (Yonne), étage corallien; don de M. G. Cotteau. EXPLICATION DES FIGURES. — PI], 204, rameau complet de Palæocyparis corallina, d'après un échantillon de notre collection, grandeur naturelle. N°3.— Palæocyparis robusta. PI. 206, fig. 1-3, et 207, fig. 1-3. DiAGNOSE. — 2., ramis ramulisque validis, quandoque TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 589 fere giganteis, ex arbore sæpius ætatis effectu sponte. deci- duis, subcompressis, distiche emissis, pluries alterne pinnato - partilis, rarius tamen opposttis, ramulis ultimis elongatis, a basi ad summum rami secundi ordinis sensim decrescentibus plerumque simplicibus rarius autem basin versus uniramulo- sis; foliis ovatis vel ovato-oblongis in facialia lateraliaque plus minusve discretis, apice adpresso obtuse acuto éntus cur- vato-falcatis, dorso convexis, longitudinaliter sulcatis obscure- que carinatis et puncto glanduloso infra apicem notatis. Echinostrobus robustus, Schimp., Traité de Pal. vég., IT, p. 32. Les magnifiques empreintes recueillies dans le gisement d'Étrochey (Côte-d'Or), où abondent les rameaux et même les branches de cette espèce, permettent de la décrire avec beaucoup de précision. Il en existe de nom- breux échantillons, plusieurs hors ligne par leur étendue exceptionnelle, dans la collection de M. Jules Baudoin, à Châtillon-sur-Seine. D’autres ont été recueillis par les soins de M. E. Flouest qui a bien voulu nous les commu- niquer, et nous en avous obtenu plusieurs encore des maîtres de la carrière d’Étrochey. Les empreintes reposent à la surface d’une assise cal- caire exploitée comme pierre à bâtir, un peu inégale, ct qui correspond visiblement à un fond de mer de l’époque bathonienne. Il existait sur ce point une baie tranquille et profonde, au sein de laquelle les eaux courantes charriaient la dé- pouille des forêts voisines de la plage. Nos figures 1 et 2, pl. 206, représentent deux rameaux, non pas à l’état de fragments, mais naturellement détachés, ainsi que le prouve leur base nettement terminée, La dimension inu- sitée de ces deux spécimens, auxquels nous aurions pu 590 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. ajouter plusieurs autres, nous a seule empêché de les re- produire intégralement; mais, à côté du rameau fig. 4, nous avons placé, en 4°, sa terminaison inférieure dont le contour arrondi et comme émoussé dénote bien la chute spontanée par l'effet d’une désarticulation; ce rameau, à partir de cette base, se trouve conservé sur une étendue de plus de 20 centimètres, après laquelle il est brisé; mais, si on le complète par la pensée en lui accordant le même nombre de rameaux secondaires qu’aux parties correspon- dantes du Cupressus torulosa Don, par exemple, soit une douzaine environ, on obtient une longueur totale de 60 centimètres au moins, dimension probablement inférieure encore à la réalité. Dans ces mêmes proportions, le rameau de l’espèce actuelle atteignant environ 15 centimè- tres, on voit que ceux de notre Palæocyparis robusta pré- sentaient des dimensions quadruples de celles qu'affecte le premier. Le second rameau, dont la figure 2 reproduit une partie notable, mesure 20 centimètres dans son intégrité. Il est beaucoup plus étroit et plus court que le précédent et pourvu de ramules latéraux simples, la plupart alternes, quelques-uns cependant opposés. Le Cuprèssus funebris End]. montre de semblables rameaux situés vers la base de certaines branches; ils mesurent avec un nombre pareil de ramules latéraux une longueur de 7 centimètres envi- ron, trois fois moindre par conséquent. Un rameau pres- que identique par sa conformation, observé chez le Cu- pressus majestica Hort., mesurait au plus 6 centimètres de long. Deux autres rameaux à peu près pareils (pl. 205, fig. 3, et 207, fig. 1), caractérisent encore par leur aspect la Palæocyparis robusta. Ts correspondent aux subdivisions TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 591 principales du grand rameau (fig. 4, pl. 206), comme si l’une des partitions latérales de cette branche s'était dé- tachée pour donner lieu à une empreinte particulière. Les ramules de ces deux rameaux, toujours étalés dans le même plan et tout à fait simples, suivent une direction obliquement ascendante; ils diminuent graduellement de longueur de la base au sommet du rameau et se trouvent plus nombreux sur l’un des côtés que sur l’autre. Le côté le plus garni de ramules doit correspondre au côté anté- rieur, ainsi que cela s’observe constamment chez les Cupressinées. Chaque ramule s’atténue insensiblement à partir de son point d’émergence jusqu’à sa terminaison su- périeure qui demeure cependant obtuse. Les figures 2 et ? de la planche 207 montrent des parties plus âgées de 4 même espèce dont les feuilles transformées en.écussons par accrescence, constituent finalement desaires rhomboiï- dales faiblement convexes, séparées les unes des autres par des sillons commissuraux. Les feuilles du Palæocyparis robusta sont bien visibles. Distinguées le plus souvent, mais non pas toujours ni dans tous les cas, en faciales, légèrement comprimées, et laté- rales, de l’aisselle desquelles partent les derniers ramules, elles sont larges et courtes, étroitement apprimées, obtuses et souvent même sub-arrondies au sommet. Cependant, leur partie libre, surtout chez les latérales, est assez sou- vent recourbée en faux. Les latérales embrassent étroite- ment les faciales et donnent lieu dans bien des cas à des articles successifs qui reproduisent assez fidèlement la disposition propre aux Z’huya. Mais, d’autres fois, l’ordon- nance décussée se distingue malet les feuilles insérées autour d’un axe cylindrique prennent l'apparence sut- alterne. C’est ce que montre la figure 4%, pl. 207, qui re- 592 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. produit une portion de ramule, sous un assez fort grossis- sement. On voit que les feuilles ainsi figurées ont leur face dorsale convexe et marquée de sillons longitudinaux qui accompagnent une carène médiane assez prononcée. Surle milieu de cette carène on observe parfois le vestige d’un point glanduleux un peu allongé qui pourtant ne se trouve jamais bien nettement délimité. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le Palæocyparis robusta, qui appartient à l'horizon du bathonien, semble avoir été l'ancêtre ou le point de départ de plusieurs autres es- pèces que l’on observe dans les étages subséquents. Il est naturel de le comparer aux Palæocyparis Virodunensis et corallina précédemment décrits. Le premier, autant qu’on peut le distinguer, a des ramules plus minces, plus étalés et subdivisés plus loin de la base; les feuilles sont aussi plus courtes, en même temps que plus pointues au som- met. Le second affecte une physionomie différente ; ses ramules épars, plus étalés et moins subdivisés, pourvus de ramuscules plus forts et plus divariqués, semblent dénoter une espèce différente : appréciation en rapport du reste avec l’espace vertical qui sépare le cornbrash d'Étrochey du corallien de Tonnerre. On doit en dire autant avec plus de raison encore des Palæocyparis recurrens Sap. et secernenda Sap., de Solen- hofen. Le premier a des feuilles plus nettement rhomboï- dales, plus régulièrement décussées, plus étroitement apprimées ; ses rameaux sont manifestement comprimés. Quant au second, il présente certainement une étroite analogie avec l'espèce d'Étrochey; mais ses ramules sont plus menus, plus multipliés, plus élancés et plus cylin- driques, avec des feuilles plus aiguës et plus allongées. Nous ne pensons pas qu’il y ail lieu à identifier des es- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 593 pèces observées ainsi à des distances considérables et sur des horizons aussi éloignés. L'espèce la plus voisine du Palæocyparis robusta est encore le P. Flouesti, dont nous a lons parler et qui n’en est peut-être qu'une forme, que nous avons eru pourtant utile de distinguer par une dénomination particulière. LOCALITÉ. — Étrochey, près de Châlillon-sur-Seine (Côte-d'Or), étage bathonien supérieur ou cornbrash; coll. de M. Jules Beaudoin, de M. E. Flouest et la nôtre. EXPLICATION DES FIGURES. — PJ]. 206, fig. 1, portion médiane d’un très grand rameau de Palæocyparis ro- busta Sap., pourvu latéralement de plusieurs rameaux de second ordre, d’après une empreinte appartenant à notre collection, grandeur naturelle; fig. 12, terminaison in- férieure du même rameau; fig. 2, partie supérieure d’un autre rameau de la même espèce, même provenance, grandeur naturelle; fig. 3, autre rameau de la même es- pèce dessiné d’après un moule, grandeur naturelle. — PI. 207, fig. 1, autre rameau de Palæocyparis robusta, d'après le moule d’un exemplaire original appartenant à la collection de M. Jules Beaudoin, grandeur naturelle; fig. 1°, portion grossie du même échantillon, pour montrer la forme et l'agencement des feuilles; fig. 2, fragment d’un autre rameau de la même espèce, grandeur naturelle; fig. 3, branche déjà âgée de la même espèce, d’après le moule d’une empreinte d’Étrochey, faisant partie de la coi- lection de M. Jules Beaudoin et communiqué par lui, grandeur naturelle. N° 4. — Palæocy paris Flouesti. P1:.208..fg.. 1-2. DIAGNOSE, — P, ramis ramulisque repetito-divisis alternis Ile Sér. Vécéraux. — I. 38 594 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. flexuosis divaricatisque compressiusculis in eumdem sensum plerumque expansis, ullimis tum elongatis tum brevroribus ; foliis in facialia lateraliaque, ut videtur, discretis lanceolato- rhombeis, facialibus autem obtusioribus, omnibus dorso medio conveziore carenatis punctoque glanduloso ut plurimum notalis. Dans les mêmes lits du cornbrash d'Étrochey où abon- dent les empreintes du Palæocyparis robusta, principale- ment à la partie supérieure et presque au contact de l’ox- fordien, on recueille une forme un peu différente dont les rameaux, moins épais et autrement ramifiés, affectent une physionomie spéciale et paraissent avoir donné lieu à des empreintes moins profondes, comme s'il s'agissait d’un feuillage plus aplati et plus mince. Nous avons figuré deux des principaux échantillons de cette seconde espèce peu distincte, il est vrai, de celle à laquelle ses débris se trouvent associés. La figure 1, pl. 208, représente la partie supérieure de l’un de ces rameaux et le mieux carac- térisé de tous. Mais peut-être se rapporte-t-il à une pousse encore jeune et en voie d'évolution. L’axe princi- pal est épais et certainement comprimé; les feuilles étrot- tement imbriquées qui le recouvrent sont visiblement dé- cussées et donnent latéralement naissance, dans un ordre alternant, à des rameaux secondaires, dont les inférieurs seuls sont développés et munis de ramules, tandis que les supérieurs se montrent à l’état de bourgeons, à l’aisselle des feuilles latérales de l’axe primaire. Les feuilles que les figures 4* et 4? reproduisent notablement grossies sont disposées par paires successives, les latérales se recour- bant de manière à embrasser étroitement les faciales qui sont obtuses, convexes sur le milieu et marquées, de TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 595 même queles latérales, d’un point glanduleux, parfois très nettement visible et situé vers le centre. Le second exem- plaire, fig. 2, de la même planche, constitue un rameau plus touffu, à ramules plus divariqués et toujours émis dans un ordre alterne, qui adhère encore inférieurement à une grosse branche, à l’état de tronçon, que nous n’avons pu introduire, faute d'espace, dans le cadre de notre planche. On distingue encore ici des feuilles faciales ob- tuses et convexes, plus lâchement imbriquées que celles du Palæocyparis robusta, et des ramules entremêlés dont la physionomie diffère quelque peu de celle qui distingue les parties correspondantes de cette dernière espèce. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Les rapports existant entre les Palæocyparis robusta et Flouesti sont tels que nous osons à peine les décrire séparément. Pourtant, les em- preintes respectives n’ont ni le même aspect ni la même consistance, La coloration plus grisâtre de celles que nous attribuons au ?. Flouesti indique pour celui-ci des organes végétatifs plus minces et plus légers. Le mode de ramification est loin d’être semblable des deux parts, en sorte que, tout en demeurant dans l'incertitude, nous avons tenu à imposer un nom particulier à cette forme d'Étrochey, sur laquelle notre ami M. E. Flouest avait bien voulu attirer jadis notre attention. LOcALITÉ. — Assises calcaires d’Étrochey (Côte-d'Or), étage bathonien supérieur ou cornbrash et base de l’ox- fordien. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 208, fig. 4, terminaison supérieure d’un rameau ou d’une tige secondaire de Palæocyparis Flouesti Sap., grandeur naturelle; fig. 4», et 1”, deux portions du même rameau grossies pour montrer la forme et le mode d’agencement des feuilles ; 596 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. Fig. 2, autre rameau complet de la même espèce dont la base seule n’a pas été figurée, grandeur naturelle. N° 5. — Palæocyparis Itieri,. PI5205; Palæocyparis Itieri, Sap., Notice Sur les pl. foss., du niveau des lits à poiss. de Cerin., 'p. 46, pl. 14, fig. 1; — extr. de la Descr. des poiss. foss. prov. des gis. corall. du Jura, par V. Thiollière, 2° livr., pl. 14, fig. 1 (in- fol., Lyon, Georg, 1873). DraGNose. — P., ramis robuslis crassis, bipinnatim al- terne parlitis plus minusve compressis, ramis secundarüs eæ ulroque latere secus axin principalem ordinatis, in eum- dem sensum expansis, oblique insertis, a basi ad summum gradatim imminulis utrinque ramulosis, ramulis plurimis elongatis flagelliformibus adscendentibus divaricatisque plerisque simplicibus aut rarius sallem uniramulosis; foliis squamosis breviter rhombeis arcle adpressis imbricatisque, apice obtuse breviter acutis dorso autem convexiusculis, in areas contermine rhombeas aut hexa-pentagonulas medio convexzo umbonulatas ætute conversis. Thuitcs Ilieri, Hr., Fi. foss. Helv., p. 136, tab. 56, fig. 8. Artluotaxites Frischmanni (ex parte), Ung., Palæontogr., IV, p. #1, tab. 8, fig. 4-54, excl..fig..9: Nous figurons une branche entière de cette espèce qui peut-être ne diffère pas ou du moins qui s’écarte peu de notre Palæocyparis Vürodunensis ; mais ici les caractères saillants du principal échantillon nous enga- gent, tout en tenant compte d’une évidente parenté, à TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 597 décrire séparément une forme aussi remarquable par ellc- même. La figure de la planche 205 a été exécutée d'après un dessin dont nous devons la communication à M. Brongniart et qui reproduit fort exactement une empreinte recueillie autrefois par M. J. Ilier, de qui nous tenons l’échan- tillon lui-même provenant de l’Abergement (Jura) et découvert en 1844. En dédiant à ce savant regrettable l'espèce qu’il a observée le premier, notre désir est de perpétuer le souvenir de ses recherches dans l'Ain et le Jura. La branche dont toute la portion supérieure est mise sous nos yeux est forte, trapue, visiblement comprimée, c’est-à-dire qu'elle porte ses rameaux secondaires étalés dans un même plan sur les deux côtés de l’axe principal. Aucune branche analogue, parmi celles des Cupressinées actuelles, n'aurait autant d'épaisseur à une aussi faible distance de son sommet ; quelques-unes s’en rapprochent cependant, si l’on veut bien tenir compte de la différence de taille, toute en faveur de l’ancienne espèce. Nous citerons le Cupressus magjestica Hort., comme offrant celte ressemblance non seulement dans l’ensemble, mais aussi par l'ordonnance et la configuration des rameaux et de leurs ramules. Les rameaux secondaires qui garnissent la branche (pl. 205), sont au nombre de 45 à 16 : sept d’un côté, huit à neuf de l’autre; ils sont émis dans un ordre alterne et sous un angle d’environ 45 degrés. Chacun d’eux pris à part mesure dans son intégrité une longueur de 1 déci- mètre au moins, de 12 à 14 centimètres même, si l’on tient compte de l'étendue des ramules terminaux qui servent de prolongement à l’axe lui-même. Presque tou- 598 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. jours simples, ces ramules relativement minces, obliques ou plus ou moins ascendants, et divariqués-flexueux, ont quelque chose de flagelliforme qui leur communique une analogie des plus intimes avec une des espèces d’Armaille que nous décrirons bientôt, le Palæocyparis Falsani, qui est pourtant bien plus menu dans loutes ses proportions, et avec lequel, selon nous, on ne saurait avoir la pensée de confondre le P. Jtieri. Les feuilles sont représentées à divers états successifs par nos figures grossies. La figure 1° les montre nor- males et encore jeunes sur les ramules du dernier ordre; elles sont courtes, rhomboïdales, étroitement imbriquées et décussées, légèrement convexes sur la face dorsale et terminées en une pointe obtuse. La figure 1? reproduit un ramule déjà plus épais et par conséquent un peu plus âgé, dont les feuilles étroi- tement appliquées sont agencées d’une manière moins régulière, Quelques-unes d’entre elles laissent voir sur le milieu de leur face dorsale plus où moins renflée la trace saillante d’un point glanduleux ; enfin, sur la figure {* qui reproduit une portion de l’axe primaire de la branche, on distingue les feuilles anciennes con- verties en écussons ou compartiments, marqués au cen- tre par une saillie en forme de mamelon, rhomboédri- ques ou penta-hexagonaux, et séparés les uns des autres par des sillons commissuraux très nets, quoique minces et assez peu profonds. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le Palæocyparis Itieri Sap. est caractérisé par la forme et la dimension de ses ra- meaux secondaires, dont les ramules presque toujours simples, obliques et ascendants, sont à la fois nombreux, relativement minces et allongés. Cette disposition les dis- TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 599 tingue assez bien de ceux du Palæocyparis Virodunensis dont les rameaux, plus divariqués et nus à la base, ne don- nent lieu qu’à un petit nombre de ramules et seulement vers le haut. Comparé au Palæocyparis Falsani, le P. Itieri s’en écarte par des dimensions sensiblement plus fortes ; mais ici les rameaux affectent respectivement à peu près la même disposition, en sorte qu’en faisant abstraction de la taille, on doit reconnaître qu’il s’agit de deux espèces probablement voisines et ayant vécu côte à côte, puisque toutes deux appartiennent au même horizon géognostique et ont été rencontrées dans des gisements presque conti- gus. Les ramules du Palæocyparis Itieri ont une épaisseur double de celle des parties correspondantes du ?. Falsani qui sont au contraire, ainsi que nous le verrons bienlôt, remarquables par leur ténuité. Ce caractère est suffisant pour motiver à lui seul une séparation d’espèces, la multi- tude des exemplaires connus de la dernière citée permet- tant en outre de vérifier la constance de ses dimensions proportionnelles. LOCALITÉ. — Abergement et Mont-Colombier (Jura), collection de M. Jules Ilier, étage kimméridien inférieur. — En Suisse, l'espèce a été signalée dans le kimméridien de Vuargney, entre Aigle et Sepey (muséum de Lausanne). — Nous rapportons avec quelque doute au Palæocyparis Ilieri deux fragments de ramules de Nusplingen, dans le Wurtemberg, recueillis à peu près sur le même niveau que celui des localités précédentes. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 205, fig. 1, parlie supé- rieure d’une branche de Palxæocyparis Itieri Sap., munie de tous ses rameaux secondaires, d’après un dessin de l'échantillon original exécuté sous les yeux de M. Bron- gniart et communiqué par lui, grandeur naturelle; fig. 4°, 600 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE, portion grossie de l’axe primaire du même échantillon pour montrer les feuilles anciennes transformées en écus- sons polyédriques; fig. 4° et 1°, portions de ramules gros- sies du même échantillon, pour montrer la forme et le mode d’agencement des feuilles. N°6. — Palæoeyparis expansa. PI.:209, fig. 4-5, DrAGNOSE. — P., ramis pluries altérne pinnatimque ramo- sis, ramis secundarts expansis sub angulo aperto sæpius emussis, compressis, ramus lertiari ordinis multiplicibus, bre- viter antice plerumque ramulosis; foliis squamæformibus adpressis decussatim imbricatis acute lanceolatis, facialibus acute rhombeis, lateralibus éntus apice falcato-recurvis, dorso lævi carinæ glandulæque resinosæ vestiqiis destituto, Caulerpites expansus, Sternb., FI. d. Vorw., Il, p. 22 — Ung., Gen. et Sp. pl. foss., p. 6. Thuites expansus, Sternb., {.°c., 1,3, p. 38; tab.138: = Lind]. et Hutt., Foss. F1., III, tab. 167. — Phill., Geol. of. Yorksh., tab. 10, si Eure EL — Gœpp., Monogr. Conif. foss., p. 182. — Brnegt., Prod.., p. 109 et 200 ; — Tab. des genres de vég. foss., p. 106. Echinostrobus expansus, Schimp., Traité de Pal. vég., IH, p. 334. Thuiïtes divaricatus, Brnget., Tab. des genres de vég. foss., p. Set 106 (quoad exemplaria an- glica). Thuites cupressiformis, Brngt., L, c., p. 72. Caulerpites thuiæformis, Sternb., 1. c., II, p. 22. — Bucklandianus, Sternb., ibid., p. 22, Thuites articulatus, Sternb., /. e.,1, 3, 1ab. 33, fig. 3. On a longtemps confondu à tort, en se fiant à des trails d'analogie superficiels, la Cupressinée caractéristique de TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 601 Stonesfield, notre Palæocyparis expansa, avec celle qui prédomine à Solenhofen et qui sera décrite plus loin sous le nom de Palæocyparis princeps. Cette confusion a élé commise par À. Brongniart dans son Prodrome, p. 200, et plus tard dans son Tableau des Genres, p. 106. Ce savant distinguait deux espèces à Stonesfield, ainsi que cela résulte des annotations de ses dessins originaux. Il nommait Thuites expansus où Bucklandia expansa VE- chantillon du musée de l’université d'Oxford reproduit par notre figure 2, pl. 209, et Z'huites divaricata celui que re- présente la figure 4, même planche, et qui existe dans la collection du Muséum de Paris, tandis qu’une contre-em- preinte également dessinée par Brongniart appartient au musée d'Oxford. C’est ce Thuites ou Bucklandia divaricata que Brongniart pensait voir reparaître à Solenhofen. En réalité, il n’y a qu’une seule et même espèce de Cupressi- nées dans l’oolithe bathonienne de Stonesfield, ainsi qu'on peut s’en convaincre par l’examen comparatif de nos ligu- res, pl. 209, et cette espèce s'écarte assez notablement de celle de Solenhofen qui appartient en outre à un horizon plus récent, pour ne pas être séparé de cette dernière. Nous verrons cependant que l’analogie qui rapproche la forme corallienne de sa congénère de l’oolithe anglaise, sans être aussi complète que l'avait cru Brongniart, est pourtant saisissable et dénote peut-être une filiation réci- proque, dont nous signalerons d’autres exemples, en nous attachant aux Palæocyparis de l’oolithe moyenne et supé- rieure comparés entre eux. Les rameaux primaires du Palæocyparis expansa, ceux qui dépendent des branches principales, sont étalés sous un angle plus ou moins ouvert, d'environ 45 degrés, dans l'exemplaire fig. 1, pl. 209, presque droit dans l’autre 602 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. exemplaire. Ces rameaux se prolongent et s’atlénuent à leur extrémité supérieure en émettant le long de leurs côtés, et suivant une ordonnance dislique et alterne, de nombreux ramules qui sont courts sur la branche fig. 4, parce qu'ils paraissent plus ou moins mutilés, mais qui s’allongent davantage dans d’autres cas. Ces derniers ra- mules sont tous pourvus à leur tour, mais le plus souvent le long de leur côté antérieur seulement, de ramuscules simples émis comme les précédents sous un angle ouvert ou presque droit. Telle est l’économie qui préside à la dis- tribution des rarmules de cette espèce ; on voit par les pe- tits rameaux, fig. 3, 4et 5, recueillis à notre intention par M. Gaudry dans les carrières de Stonesfield, que cette or- donnance toute relative varie selon les parties de la plante que l’on examine. Les rameaux principaux de la. figure 2, pl. 209, sont déjà moins fournis et moins étalés, peut-être plus dégarnis que ceux de la figure 1 qui représente une branche des plus vigoureuses mutiiée aux deux extrémi- tés par une cassure de la plaque schisteuse. Les petits ra- meaux fis, 3 et 4 sont plus faibles ; ils doivent avoir dé- pendu d'une branche maîtresse et s’en être ensuite naturellement détachés. La figure 4 représente plutôt un fragment qu'un rameau proprement dit; la figure 5° re- produit une partie de ce même fragment grossie pour montrer la forme et le mode d’imbrication des feuilles. Elles sont unies, c’est-à-dire non carénées ni marquées d’un point glanduleux sur leur face dorsale, apprimées et décussées, mais non sans une certaine irrégularité ; elles sont oblongues ou plutôt rhomboïdales-allongées, lancéo- lées-aiguës et souvent repliées en faux au sommet. La figure 2 montre bien sur la face de l'axe primaire la forme et la disposition de ces feuilles dont quelques-unes TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 603 laissent entrevoir des traces de carène dorsale vers leur üiers supérieur. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le Palæocyparis expansa ne saurait être confondu avec le P. robusta dont les ra- meaux sont plus forts et moins subdivisés et dont les feuilles sont plus obtuses. Il existe pourtant une certaine analogie entre les deux espèces, chacune ayant dû jouer le même rôle dans deux régions limitrophes, mais dis- tinctes, et dans un âge contemporain. Le Palæocyparis princeps, du corallien supérieur de Solenhofen, se dis- tingue de celui de Stonesfield, non seulement par son âge plus récent, mais parce que ses rameaux sont à la fois plus obtus et plus courts. Ils paraissent en outre plus manifestement comprimés et reproduisent en définitive plus fidèlement ceux des véritables Zhuya, tandis que le Palæocyparis expansa rappelle davantage les Chamæcyparts, particulièrement le Ch. Nutkæensis Spach. LOCALITÉ, — Stonesfield, près d'Oxford, grès de l'étage bathonien, et peut-être aussi Scarborough, dans le York- shire, sur le même horizon géognostique; coll. du Mu- séum de Paris, du musée de l’université d'Oxford et la nôtre. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 209, fig. 4, partie moyenne d’une branche mutilée sur un côté, munie sur autre de tous ses rameaux, de Palæocyparis expansa (Sternb.) Sap., grandeur naturelle, d’après un dessin exécuté par M. Brongniart de l'échantillon original appar- tenant à la collection du Muséum de Paris (n° 1760) et recueilli à Stonesfield par Buckland; fig. 2, autre bran- che mutilée en divers points de la même espèce, d’après un dessin de Brongniart reproduisant un échantillon de Stonesfield appartenant au musée de l’université d’Ox- 60% PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. ford, grandeur naturelle ; fig. 3, rameau plus petit, na- turellement détaché, rapporté à la même espèce, d’après un échantillon de Stonesfield déposé au Muséum de Paris et désigné par Brongniart sous la dénomination de Thuites cupressiformis, grandeur naturelle; fig. 4 et5, deux autres rameaux analogues au précédent, recueillis par M. A. Gaudry dans les carrières de Stonesfield et communiqués par lui, grandeur naturelle; fig. 5°, l’un d’eux grossi pour montrer la forme et l'agencement des feuilles. N° 7. Palæocyparis recurrens. PL 21002 DIAGNOSE. — P., ramis robustis compresso-teretibus, rigidis, alterne ramulosis, ramulis subcylindricis oblique emissis aut ascendentibus, obtuse terminatis, simplicissimis ; foliis squamæformibus arctissime adpressis, late rhombeis, regulariter trregulariterve decussatis obscure carinatis dorso- que medio punctulo prominente notatis. Arthrotuxites princeps, Ung., Sic in ectypo a CI. Zittel e museo Monac. tradito. — Frischmanni (ex parle), Ung., Palæontog., IV, p. #1, tab. 8, fig. 9. Echinostrobus Frischmanni, (Ung.) Schimp.., Traité de Pal. vége, UE, p. 332. Il se peut que ie rameau que nous figurons, d’après une empreinte de Solenhofen communiquée par M. Ziltel, représente seulement une forme de l’espèce suivante; cependant, ce rameau, dont la conservation est fort belle, nous à paru assez distinct, assez nettement caractérisé TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 605 pour mériter une description séparée. Il suffit de le com- parer aux parties correspondantes du Palæocyparis ro- busta (pl. 206, fig. 4 et 3) pour constater immédiatement une étroite analogie de l'espèce corallienne avec celle du cornbrash, de telle sorte qu'il semble que l’on ait sous les yeux un descendant direct et peu modifié de celle-ci. Le rameau de Solenhofen est épais, cylindrique et ce- pendant comprimé; il émet dans un ordre alterne, à des distances régulières, des ramules toujours simples, obli- quement dirigés ou même ascendants et élalés dans un même plan. Ces ramules, au nombre de six à sept de cha- que côté, sont entièrement nus, relativement courts et obtus au sommet. Les feuilles dont ils sont couverts sont étroitement appliquées, larges et courtes, transversale- ment rhomboïdales et généralement décussées. Cepen- dant leur ordonnance affecte parfois une irrégularité as- sez visible que nous observons du reste chez la plupart des Palæocyparis. Ces feuilles ont dû être assez obscu- rément distinguées en faciales et en lalérales. Leur par- lie libre est nulle ou presque nulle, tellement elles pa- raissent serrées les unes contre les autres. Sur le dos des faciales, on remarque très bien la trace d’une carène assez peu marquée et celle d’une saillie glanduleuse si- tuée vers le milieu. Les ramules du Palæocyparis recur- rens mesurent un diamètre de 5 à 6 millimètres; c'est la plus forte dimension atteinte par les Cupressinées de Solenhofen. À notre rameau doit être probablement réuni celui de Nusplingen que Unger a signalé dans Palæontographica (t. IV, p. 41) sous le nom propre d’Athrotazites Frisch- manni. L'étiquette de la plaque de Solenhofen dont notre " 606 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. ligure reproduit l'empreinte porte la désignation d’Ar- throtazites princeps Ung. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Notre Palæocyparis re- currens montre une visible affinité avec le P. robusta. Cependant, ses ramules sont plus forts, plus régulière- ment cylindriques; ils conservent à peu près la même épaisseur de la base au sommet, qui est tout à fait obtus. Les feuilles sont plus courtes, plus étendues dans le sens transversal, plus étroitement appliquées. Trop de dis- tance verticale sépare les deux espèces pour que l’on songe à les identifier; mais la plus récente peut bien n'avoir été qu'un descendant de la plus ancienne. Cest plutôt avec le Palæocyparis secernenda que l'on serait tenté de confondre notre ?. recurrens; cependant ses ra- mules simples, régulièrement espacés et tous à peu près de la même longueur, lui communiquent un aspect par- ticulier qui tend à justifier notre manière de voir. LOCALITÉ. — Schistes lithographiques de Solenhofen (Bavière) et calcaire de Nusplingen (Wurtemberg); coll. du muséum de l’université de Munich. EXPLICATION DES FIGURES. — PI, 210, fig. 1, rameau com- plet de Palæocyparis recurrens Sap., grandeur naturelle, d’après un exemplaire de Solenhofen communiqué par M. le professeur Zittel. N°8. — pPalæocyparis Secernenda. P]. 210, fig, 2-3 et 229, fig. 4. DIAGNOSE. — P., ramns primariis plerumque ro- bustis pinnatim vel ordine sympodialé etiam partitis, secun- darüs ramulisque multoties alterne divisis tum simplicibus elitis aut patulis, etiam divaricatis, pluries in ramulos ullimi TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 607 ordinis abeuntibus, omnibus cylindricis obscureve compressis, a basi ad summum leniter imminutis aut fere æqualibus; foliis tum rhombeis tum lanceolato-rhombeis arcte adpressis imbricatisque, apice plus minusve acutis, dorso lœvibus et punclulo quandoque notatis, in facialia lateraliaque parum aut etiam nullo modo discretis. Caulerpites colubrinus, Sternb., El. d. Vorw., p, 21, tab. 18, fig. 4. Arthrotaxites princeps, Ung., Palæontogr., U, p. 254, tab. 31 (excl. tab. ,32). Echinostrobus Sternbergii (ex parte), Schimp., Traité de Pal. vég .» II, p. 331. Deux espèces principales de Palæocyparis dont les empreintes jusqu’à présent confondues peupient les schistes de Solenhofen, ont élé successivement désignées sous les noms d’Arthrotaxites princeps par Unger, et d’Æchinostrobus Sternbergtüi par Schimper. Ayant appliqué la seconde de ces dénominations au rameau muni de stro- biles que représente notre planche 199, et que nous avons rangés parmi les Taxodinées, nous proposons celle de Paloæcyparis secernenda pour l’une de ces Cupressinées, en laissant à l’autre l’appellation spécifique de ?. princeps, qui remonte à Sternberg et avait été donné par lui à l’un de ses prétendus Caulerpites. Une des planches du mémoire de Unger (pl. 31), repré- sente un de ces rameaux que nous séparons de ceux de la planche 32 du même auteur. Ceux-ci et d’autres em- preintes semblables formeront notre Palæocyparis prin- ceps, décrit ci-après. Les rameaux ou plutôt les branches du Palæocyparis secernenda, dont la figure 1 de notre planche 222 offre un 608 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. très bel exemple, sont partagés en rameaux secondaires par un mouvement alternatif de dichotomie sympodiale, c’est-à-dire que les partitions latérales successivement émises ont à peu près la grosseur de l’axe d’où elles sor- tent. Les ramules eux-mêmes se subdivisent dans le même ordre ; ils sont cylindriques, élancés, un peu flexueux, de longueur inégale, ascendants ou divariqués, quelquefois entremêlés ou couchés les uns sur les autres. Deux autres rameaux (fig. 2 et 3, pl. 210), montrent la même espèce sous des aspects un peu différents. La figure 2 représente une branche touffue dont l’axe primaire est épais et qui se trouve garnie sur les deux côtés de rameaux secondaires entremèêlés, subdivisés eux- mêmes en ramules. Les feuilles de cet échantillon sont plus lancéolées et plus pointues que celles du précédent qui sont plus larges et plus obtuses, mais elles accusent la même espèce, et le mode de ramification, bien qu'il s'agisse d'une autre partie, ne diffère réellement pas. Le rameau fig. 3, même planche, est au contraire nu; il n'offre qu’un assez petit nombre de ramifications allon- gées et ascendantes. Nous rangeons ces divers échantillons dans une seule et même espèce, identifiée avec la bran- che figurée par Unger et dont le rapport inlime avec celui de notre planche 222 n’échappera pas à l’observa- leur. Les feuilles du Palwocyparis secernenda paraissent lisses sur le dos, sans Carène visible; elles sont généralement marquées d’un point saillant qui indique sans doute l’em- placement d’une glande résineuse. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Il existe un rapport évi- dent, soit par la forme des feuilles, soit par le mode de ramification, entre cette espèce etle Palæocyparis Flouesti TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 609 Sap., d'Etrochey, en sorte que le rameau fig. 2, pl. 210, correspondrait à celui de la planche 208, fig. 1, et la branche de la planche 229, fig. 4, à celle de la planche 208, fig. 2. La physionomie est semblable des deux parts, surtout au premier abord, mais une comparaison attentive fait découvrir des divergences : les ramules du Palæocyparis secernenda sont plus minces, moins divariqués et moins flexueux; ses feuilles sont plus étroitement appliquées que celles du P. Flouesti. Ce sont là pourtant deux formes alliées de très près. Quant au Palæocyparis princeps qui se rencontre dans les mêmes lits, le mode de ramification et la conformation des feuilles fournissent des caractères différentiels sur lesquels nous insisterons plus loin. LOCALITÉ. — Schistes lithographiques de Solenhofen ; étage corallien supérieur ; coll. du muséum de l’université de Munich et la nôtre. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 210, fig. 2, sommité d'une branche de Palæocyparis secernenda Sap., munie de toutes ses ramifications latérales, grandeur naturelle, d’après un échantillon provenant de Solenhofen et faisant partie de notre collection. Fig. 3, autre rameau de la même espèce, grandeur naturelle, d’après un échantillon de notre collection. — PI. 292, fig. 1, branche complète de la même espèce montrant le mode de ramification qui lui est propre, grandeur naturelle, d’après un échantillon de Solenhofen reçu en communication de M. le pro- fesseur Zittel et appartenant au musée de l’université de Munich. La plaque porte deux étiquettes; on lit sur l’une : Caulerpites colubrinus Slernb., — Daiting, et sur l’autre Arthrotaxites princeps Ung. — L’empreinte, en par- tie voilée par des herborisations, est visiblement conforme Ile Sén. Vééraux, — IL. 39 610 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. à l’échantillon qui figure sur la planche 31 du mémoire précité de Unger. N°9. — palæocyparis princeps. PI. 211, fig. 1-3; 219, fig. 1, et 222, fig. 2. DIAGNOSE. — P., ramis primarüs compressis, pinnatim alterne quandoque etiam opposite pluries partitis, axi plerum- que valido, ramis secundariis ramulisque in eumdem sensum utrinque expansis sat brevibus, ramulis ultimi ordinis late apertis abbreviatis obtusatisque; foliis in facialia latcraha- que plane discretis, obtuse rhombeis, dorso convezo striatis medioque carinatis punctulo hinc inde notatis, ramis autem secundaruüs e foliis lateralibus sæpius valde falcato-incurva- Lis, quandoque etiam divaricatis alterne aut etiam opposite erumpentibus. . Caulerpites princeps (ex parte), Arthrotaxites princeps (ex parte), Échinostrobus Sternbergii (ex parte), Thuites divaricatus (ex parte), Bucklandia divaricata (ex parte). Caulerpites elegans, — sertularia, Sternb., FI. d. Vorw., Il, p. 22, tab. 5. Ung., Palzontogr., II, p. 254, tab. 32. Schimp., Traité de Pal. vég., Il, p. 331. Sternb., £ c. (quoad exemplaria ad Solen- hofen pertinentia). Brngt., Tableau des gen- res de vég. foss., p. 106. Gœpp., Monog. Conif. foss., p. 182. Ung., Syn. pl. foss., p. 190. Brngt., ms. SIETHD... LCR AE tab. 3, fig. 3. Sternb.444s NeSNO Met tab. 6, fig. 2. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 611 Voici une espèce signalée depuis très longtemps, mais longtemps aussi considérée comme devant être rapportée au Thuites divaricatus de Stonesfield et par conséquent aux T’huiles erpansus de la même localité que nous avons décrit plus haut sous le nom de Palæocyparis expansa. Est-il besoin de dire qu’en réalité l’Arthrotaxites prin- ceps Ung., notre Palæocyparis princeps, de Solenhofen, diffère spécifiquement de son congénère bathonien du comté d'Oxford. Il suffit, pour s’en convaincre, de jeter les yeux sur la figure { de notre planche 209 qui représente justement l'échantillon type du Thuites divaricatus de Stonesfield, d’après un dessin original de Brongniart, et de comparer celte figure à la branche de Solenhofen, pl. 214, fig. 4, reproduite également d’après un dessin de Brongniart, pour reconnaître aussitôt que les deux formes ne sauraient être identifiées sans erreur, en dépit d’une certaine analogie d’aspect. Cette branche (pl. 211, fig. 1), une des plus complètes dont nous ayons connaissance, se trouve mutilée par une cassure aux deux extrémités. Unger, dans son Mémoire sur les plantes fossiles de Solenhofen (1), a figuré deux autres branches dont l’une ressemble à celle de Bron- gniart, tandis que la seconde se rapporte à une portion plus rapprochée de l'extrémité supérieure. Les rameaux secondaires sont toujours relativement courts et obtus, élalés dans un même plan et visiblement comprimés. Ces rameaux, émis des deux côtés d’un axe principal relati- vement fort et recouvert de feuilles persistantes encore en place, sont le plus souvent régulièrement alternes; mais, dans d’autres Cas, particulièrement sur des rameaux plus pelits et destinés à se détacher de l'arbre qui les por- (1) Palæontog., 1, p. 54, pl. 52. 612 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. tait, les subdivisions sont opposées, c’est-à-dire émises deux par deux d’une même paire de feuilles latérales, conformément à ce qui a lieu chez les Zibocedrus actuels. Sur la branche que nous considérons, (pl. 214, fig. 4), cette ordonnance opposée des ramules se montre rarement et seulement le long des axes secondaires. Chaque rameau latéral, pris à part, est épais, assez court et obtus au sommet. Les ramules irès rapprochés qui garnissent ces rameaux sont également courts et trapus; chacun d’eux se trouve muni, le long du côté antérieur, de deux à trois ramuscules, quelquefois nuls ou réduits à un seul. Cette structure est bien caractéristique; on dirait celle de certain Chamaæcyparis, comme le C4. obtusa Sieb., très grossis. Les figures 2 et3, même planche, représentent deux au- tres rameaux plus petits. La forme des feuilles et la disposi- tion opposée de certains ramules sont d'autant plus visibles que nous avons eu soin de les dessiner très exactement d’a- près des échantillons originaux, provenant de Solenhofen. La figure 2 est celle d’un rameau naturellement déta- ché, dont l’axe primaire se trouve recouvert de feuilles disposées par paire, chaque paire donnant alternativement naissance, sans distinction de faciales et de latérales, à un ramule subdivisé par le même procédé en ramuscules ob- tus et courts. Les feuilles sont écartées tantôt dans un sens, tantôt dans l’autre, et recourbées en faux au point d'émission de chaque jet secondaire, circonstance qui communique quelque chose de divariqué et d’irrégulier à l’ensemble du rameau. La figure 3 répond au Caulerpites elegans de Sternberg. C’est la sommité d’une branche ou d'un rameau terminal, dont la base est dénudée, mais dont les ramules, à partir de la moitié supérieure, sont régulièrement opposés par TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 613 paires successives. Celte même opposition se retrouve sur les derniers ramules, et l’on serait tenté de reconnaître dans ce curieux échantillon le vestige d’une espèce à part, si la conformation des feuilles n’était absolument pareille ici à ce qu’elle est dans les autres échantillons. La figure 3°, même planche, permet de juger de la configu- ration et du mode d'insertion de ces feuilles vues sous un assez fort grossissement. On observe que leur face dorsale est striée et plus ou moins carénée sur le milieu; leur ter- minaison, au moins celle des faciales, est obtuse; les la- térales se replient en faux de manière à embrasser la base du ramule auquel elles donnent latéralement naissance. La figure 1, pl. 212, représente un autre rameau qui a visiblement fait partie de la même espèce. Il est complet dans toutes ses parties, el la terminaison nettement tron- quée de la base indique qu’il a dû se détacher naturelle- ment. Cet échantillon nous représente donc un rameau caduc du Pulæocyparis princeps. Ici, les deux premiers ramules, à partir de la base, sont seuls opposés; les sui- vants sont alternes et émis à des distances rapprochées, bien qu’un peu irrégulières. Ces ramules sont eux-mêmes subdivisés en ramuscules simples, courts et obtus, rappro- chés les uns des autres; ils sont surmontés par un ramule terminal plus ou moins allongé selon les cas. Ge bel échan- lillon laisse juger de la physionomie affectée par cette forme remarquable, qui caractérise si bien la flore des schistes de Solenhofen. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le Palæocyparis princeps est le représentant corallien du P. expansa, du bathonien de Stonesfield. L'opposition fréquente des ramules, que l'on observe quelquefois, il est vrai, dans le Palæocyparis robusta d’Étrochey, sert à le distinguer, de même que la 61: PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. structure courte, trapue el nettement comprimée des ra- meaux. On pourrait encore comparer le Palæocyparis prin- ceps au P. Ifieri Sap., mais les derniers ramules de celui- ci sont bien plus longs, plus minces, et les deux plantes n'ont pas le même aspect. Nous ne pensons pas non plus qu'il y ait lieu de confondre l'espèce de Solenhofen avec le Palæocyparis Flouesti Sap., dont il affecte pourtant la physionomie sous des proportions plus ramassées et avec des ramules plus obtus, plus comprimés et plus courts. LOCALITÉ. — Schistes lithographiques de Solenhofen, Bavière ; élage corallien supérieur. EXPLICATION DES FIGURES. — PI]. 211, fig. 1, partie moyenne d'une branche de Palæocyparis princeps (Ung.) Sap., munie de {ous ses rameaux secondaires, grandeur naturelle, d’après un dessin original d'A. Brongniart qui porte en suscription : Pucklandia divaricata, var. B, So- lenhofen (coll. de M. Stlockes, 1895). Fig. 2, autre rameou de la même espèce, grandeur naturelle, d’après un exem- plaire de Solenhofen appartenant à notre collection. Fig. 3, lerminaison supérieure d’une branche de la même espèce qui montre des ramules opposés par paires succes- sives, grandeur naturelle; d'après un échantillon de So- lenhofen communiqué par M. le professeur Zitlel de Munich, qui porte sur une double étiquette : Caulerpites elegans Sternb., Daiting ; — Arthrotazxites princeps Ung. ; fig. 3*, portion grossie du même échantillon, pour montrer la forme et le mode d'insertion des feuilles. — PI. 212, fig. 4, rameau complet et naturellement détaché de ?a- læocyparis princeps, grandeur naturelle, même provenance que les précédents ; la plaque porte sur une seule éli- quette les indicalions suivantes : Caulerpites sertularia Sternb., Dailing, 1852, et Arthrotaxites princeps Ung. — TERRAIN JURASSIQUE. — YÉGÉTAUX. 615 PI. 222, fis. 2, extrémité supérieure d’un rameau de Pa- læocyparis princeps, grandeur naturelle, d’après un échan- tillon de Solenhofen, reçu de M. le professeur Ziltel et dont l’étiquette porte la désignation d’Arthrotaxites prin- ceps Une. N°10. — pPalæoeyparis elegans. PI. 213, fig. 1-2, et 214, fig. 1-5. Palæocyparis elegans, Sap., Not. sur les pl. foss. du niv. des lits à poiss. de Cerin, p. #7. DIAGNOSE. — P., amis ramulisque tenuibus, alterne disti- cheque ordinatis subpatentibus, ut plurimum teretibus aut leviter compressis, dense repetito-partilis, ramis ultimis brevr- ter antice sæpius ramulosis, ramulis lateralibus abbreviatis, terminali autem frequenter elongato simplicique; foliüs arcte adpressis, decussatim imbricatis obtusis transversim rhom- beis dorso convexiuculis punctoque glanduloso medio notatis ; — strobilo ad ramulos terminali parvulo obovato-globuloso, e squamis plurimis dense congestis decussatis, contermine rhom- beis hexagonulisque, apophysi peltato conniventibus constante. Nous possédons de nombreux rameaux et même deux fruits de cette jolie espèce, plus petite dans toutes ses proportions que les précédentes. De ces deux fruits, l’un est encore jeune et à peine fécondé, l’autre est adulte, à ce qu’il paraît. C’est à MM. A. Falsan et Locard que l’on doit la décou- verte du Palæocyparis elegans. Ces deux savants ont bien voulu nous communiquer les échantillons recueillis par eux dans les schistes du lac d’Armaille, et le premier a poursuivi à notre demande une série de recherches qui ont amené la connaissance des strobiles que nous allons décrire. 616 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. Les figures de la planche 213 offrent deux beaux exem- ples de rameaux qui traduisent fidèlement l'aspect et les caractères principaux de l’ancienne espèce. La figure 1 reproduit la partie supérieure d’une branche que ses di- mensions relativement modestes ont préservée de toute mutilation. L’axe primaire est ici accompagné de deux branches latérales, et ces trois parties, la médiane comme les latérales, se trouvent accompagnées de rameaux se- condaires très rapprochés et même çà el là entremèêlés, chacun d’eux donnant naissance à plusieurs ramules géné- ralement courts et le plus souvent situés le long de leur côté antérieur, tandis que leur sommité se prolonge en un ramule terminal nu, plus ou moins développé selon les cas, parfois même aussi courts que les ramules latéraux qu'il surmonte. Tout cet ensemble de rameaux et de ra- mules a quelque chose de dense et d’un peu trapu. La dis- position alterne et l’ordonnance distique préside à la dis- tribution des différentes parties de la branche, et pourtant, comme dans les Palæocyparis robusta et Flouesti dont cette espèce semble représenter une réduction, la distinction entre les feuilles faciales et latérales n’a rien de très net. et celles-ci n’offrent pas la structure naviculaire qu'elles affectent chez les Thuya et même chez les Chamæcypa- ris. cette circonstance rend parfois difficile l’observation de ces feuilles et de leur mode précis d'insertion. On voit pourtant, à l’aide des figures grossies 1, 1? et 23, qu’elles sont exactement décussées et que les faciales sont généralement enchâssées par les latérales, ce qui in- dique une sorte de demi-compression des ramules. Ces feuilles sont rhomboïdales, presque arrondies, très ob- uses, plus ou moins convexes par leur face dorsale et marquées au centre de cette face d’un point saillant TERRAIN JURASSIQUE,. — VÉGÉTAUX. 617 qui répond à l'emplacement d’une glande résineuse. La figure 2, pl. 213, représente une autre branche dont l’axe primaire mutilé et à peine visible porte deux ra- meaux latéraux, dont l’un complet est muni sur le côté antérieur de six et sur l’autre côté de cinq rameaux de deuxième ordre, conformés comme ceux de l’échantil- lon fig. 1. Les figures 1 à 5 de la planche 214 reproduisent divers rameaux plus ou moins étendus qui offrent tous la même disposition qui doit être considérée par conséquent comme caractéristique de cette espèce. Nous voulons dire que les rameaux du dernier ordre présentent des ramules courts et obtus, émis dès la base du rameau, le ramule terminal étant tantôt presque aussi court que les latéraux, tantôt allongé en forme de lanière cylindrique et les dépassant plus ou moins. Les deux strobiles attribués à cette espèce sont figurés pl. 214, fig. 6 et 7. La figure 6 montre la sommité d’un petit rameau dont le ramule terminal, beaucoup plus long que les deux latéraux, supporte un organe femelle, ou plutôt unstrobile jeune et récemment fécondé. L'organe est globuleux et formé de plusieurs écailles décussées, dispo- sées en autant d’écussons rhomboïdaux, contigus et déjà connivents. Les figures 6* et 6? font voir l'empreinte et la contre-empreinte de ce jeune fruit assez fortement grossi, avec les détails visibles, malheureusement assez peu nets, que la loupe permet d’apercevoir. On reconnaît sur la figure 6, plus précise que l’autre, environ 6 paires d’écailles décussées, disposées à peu près comme celles des Cupressus et de certains Chamæcyparis. Au-dessous du strobile en cours de développement les deux à trois dernières paires de feuilles rapprochées et légèrement 618 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, épaissies, forment une sorte d’involucre sur lequel se trouve posé le strobile. La figure 7 nous montre le même stro- bile détaché et probablement déjà adulte, d’après un échantillon recueilli en 1872 par M. A. Falsan. L’organe ne mesure ici pas plus de 7 millimètres de diamètre, sur une longueur totale de 9 millimètres. La fi- gure grossie 7* reproduit le contour des écailles en forme d’écussons connivents, les unes rhomboïdales, les autres irrégulièrement penta-hexagonales, dont le strobile était composé. Il est impossible de distinguer aucun autre dé- tail et l’organe aplati par la fossilisation est demeuré à l’état d’empreinte, sans qu'il ait été possible de songer à le mouler. Le fruit du Chamæcyparis obtusa Sieb., que nous avons représenté pl. 148, fig. 8, se rapproche de ce que de- vait être le fruit fossile du Palæocyparis d'Armaille. Celui-ci est seulement formé d’écailles relativement plus nombreu- ses et notablement plus petites. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Le Palæocyparis elegans Sap. se rapproche sensiblement du 2. robusta et plus en- core du ?. Flouesti, tous deux d’Étrochey ; seulement, ses dimensions sont beaucoup plus petites, en sorte que par ce côté il se rapproche de certaines Cupressinées ac- tuelles, tout en ayant des ramules plus épais et plus courts, des rameaux plus denses et plus trapus que la plupart de celles-ci. Il constitue au total une forme par- faitement distincte, et la difficulté consiste plutôt à le sé- parer de l’espèce suivante, Palæocyparis Falsani, dont les ramules ont à peu près la même consistance, mais qui diffère par un autre mode de subdivision des rameaux secondaires, ainsi que nous allons le faire voir. LOCALITÉ. — Schistes bitumineux du lac d’Armaille, près TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 619 de Belley (Aïn); étage kimméridien inférieur; coll. de MM. Falsan et Locard, et la nôtre. EXPLICATION DES FIGURES. — PJ. 213, fig. 1, sommité d'une branche complète de Palæocyparis eleqans Sap., pourvue de toutes ses ramifications, grandeur naturelle, d’après un exemplaire des schistes d’Armaille appartenant à M. A. Falsan et recueilli par lui; fig. 4° et 1, plusieurs ramules grossis pour montrer la forme et le mode d’agen- cement des feuilles. Fig. 2, fragment d’une autre branche de la même espèce, provenant de la même localité, gran- deur naturelle; fig. 2, ramules grossis du même échan- tillon. — PI. 214, fig. 1, fragment d’une autre branche de la même espèce, d’après un échantillon provenant d’Ar- maille et faisant partie de la collection du musée de Lyon, ne {1 de cette collection; fig. 4°, ramule grossi du même échantillon. Fig. 2, autre sommité de rameau de la même espèce, d’après un échantillon d'Armaille recueilli par M. Falsan, grandeur naturelle; fig. 2, ramule grossi du même échantillon, Fig. 3, fragment d’un rameau de la même espèce, d’après un échantillon d'Armaille, grandear naturelle. Fig. 4, autre fragment d'un rameau de la même espèce d’après un échantillon recueilli en 1866 par M. A. Lo- cart et faisant partie de sa coilection, grandeur naturelle. Fig. 5, petit rameau détaché attribué à la même espèce, recueilli à Armaille par M. Falsan, en 1871; fig. 5°, ramules grossis du même échantillon. Fig. 6, fragment d’un pelit rameau de la même espèce dont le ramule médian sup- porte un jeune fruit à son sommet; fig. 6*, même organe assez fortement grossi ; fig. 6°, contre-empreinte du même organe vu sous un plus fort grossissement. Fig, 7, stro- bile adulte, détaché, de la même espèce, à l’état d’em- preinte, grandeur naturelle; fig. 7°, même organe assez 620 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, fortement grossi, pour montrer la forme et la disposition des écussons correspondant aux écailles dont il est com- posé. N°11. — Palæocyparis Falsani. PI. 215, fig. 1-2; 216, fig. 1-2; 217, fig. 1-4; 218, fig. 1-3. DIAGNOSE. — P., ramis ramulisque alterne pluries repetito- partitis compressiusculis, ramulis multiplicibus tenuibus tere- tibus flezuosis, ut plurimum elongatis, flagellatis fascicula- timque etiam implexis, in ramo ullimi ordinis oblique emissis approxæimalis gracilibus sæpius nudis simplicibusque, omni- bus fere æqualiter productis ; fohis adpressis, lateralibus eliam semi-patentibus falcato-recurvis decussatim imbricatis, facialibus obtusioribus breviter ovato-lanceolatis ovatoque rhombeis, dorso lævi plus minusve convexis, puncto glandu- loso parce notatis. Widdringtonia flagelliformis (ex parte), Sap., Notice sur les pl. foss. du niv. des lits à poiss. de Cerin, p. 44. Il nous a fallu une attention soutenue et le secours de nombreux dessins pour reconstiluer cette espèce et la dis- tinguer de la précédente, d’une part, et, de l’autre, du Widdringtonia maicrocarpa, auxquels notre Palæocyparis Falsani se trouve associé dans les schistes du lac d’Ar- maille. Nous crûmes d’abord qu’il existait dans ces schis- tes une deuxième espèce de Wzddringtonia que nous avions nommée W. flagelliformis et qui aurait compris, avec certains échantillons réunis depuis au W. microcarpa, la plupart de ceux que nous rapportons maintenant au Palæocyparis Falsani. Mais l'observation exacte de ces derniers nous a démontré qu’en dépit d’une certaine di- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 621 versilé d'aspect, provenant en grande partie du mode de fossilisation, ils présentaient uniformément, soit par la conformation des feuilles, soit par le mode de partition des rameaux, la consistance et la direction des ramules, des caractères réellement identiques autorisant à les ran- ger ensemble dans une seule et même espèce. Cette espèce se place sans anomalie parmi les Palæocyparis, puisqu’à l’exemple de ceux-ci elle possède des feuilles décussées et des ramules étalés dans un ordre distique et plus ou moins comprimés, bien que cette compression ne soit pas celle dont les 7huya et les T'huyopsis donnent l'exemple, et que la distinction entre les feuilles faciales et latérales soit en- core loin d’être complète. En un mot, le Palæocyparis Fal- sani, comme ses autres congénères, rappelle plutôtles Cu- pressus et les Chamæcyparis. Pour se faire une juste idée du Palæoryparis Falsani, il faut consulter tout d’abord la figure 1, pl. 218, qui re- présente un rameau complet pourvu de toutes ses ramifi- cations secondaires et naturellement détaché de l’arbre qui le portait. — Bien que les proportions soient loin d’être exactement pareilles, qu’il s'agisse simplement de la taille ou du mode de partition, cependant il est facile de s'assurer que ce rameau fossile correspond à ceux qui garnissent les branches latérales ou axes de second et de troisième ordre chez les Cupressus et les Chamæcyparis. Ces sortes de rameaux s'arrêtent après avoir acquis un certain développement et ils se détachent ensuite suc- cessivement de l’axe, tandis que quelques-uns d’entre eux devenus permanents s’allongent à leur tour pour don- ner naissance à d’autres ramules destinés à se comporter de la même facon. Comparé à une rameau de Cupressus majestica, l'espèce vivante dans l’analogie avec le P, Fat 622 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. sani nous a semblé la plus frappante, le rameau fossile, avec une structure absolument pareille, nous a paru me- surer une longueur double ou supérieure d’un tiers au moins. ]l présente aussi quelque chose de plus élancé et de plus flexible, mais on conçoit qu’il ne s’agisse ici que d’une impression sujette à varier selon la force et la vi- gueur de végétation de l'arbre que l’on examine. Sur une base dont la désarticulation est visible, le ra- meau fossile s’'élance en laissant voir, le long de ses deux côtés, de nombreux rameaux secondaires disposés dans un ordre allerne et distique, contigus et obliquement étalés. Parmi ces rameaux, les supérieurs sont d'autant plus développés qu’ils se rapprochent davantage du som- met, et le dernier à gauche dépasse en vigueur et en éten- due la terminaison de l’axe primaire. Ce même mouve- ment sympodique se remarque dans les rameaux des Cu- pressinées actuelles. Chacun des rameaux secondaires pris à part comprend de nombreux ramules obliquement émis, élancés-flexueux, parfois divariqués, la plupart simples et nus, quelques-uns subdivisés en deux ou trois ramules de dernier ordre. La figure 3, pl. 217, représente un semblable rameau brisé aux deux extrémités, mais ayant le même aspect. D’autres rameaux de la même espèce, les uns plus petils (fig. 4 et 2, pl. 218), mais complets et naturellement déta- chés, les autres mutilés (fig. 4, pl. 217, et fig. 3, pl. 218), présentent un aspect et des caractères identiques. Les ramules grossis (fig. 2*, 3° et 3, pl. 218; 1° et 3°, pl. 218), laissent voir des feuilles étroitement imbriquées et dé- cussées, quelquefois (fig. 3*, pl. 218) avec une sorte d'irré- gularité, mais ayant toujours la même conformation. Elles sont courtes, ovales ou rhomboïdales-ovoïdes, obtuses, TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 623 convexes par la face dorsale; les faciales apprimées, les latérales plus pointues, souvent recourbées en faux et plus ou moins étalées, d’autres fois étroitement serrées contre les faciales. Les derniers ramules, cylindriques ou faible- ment comprimés, allongés-flexueux, pressés les uns con- tre les autres et suivant une direction obliquement as- cendante, ont tous la même physionomie; ils ne sont pas étagés, mais inégalement longs, et souvent tous ceux d’un même rameau atteignent à peu près la même dimen- sion. Les figures 1 et 2, pl. 215, représentent les deux côtés d’une même empreinte. Cette empreinte est celle d’un rameau épais à la base et plus trapu que les précédents. On observe de semblables rameaux à l'extrémite supé- rieure de certaines branches de Cupressinées qui cessent de s’allonger et sont sur le point de se dépouiller de leurs derniers ramules. Les ramules grossis, (fig. 1° et 2+), mon- trent des feuilles conformées comme celles des échantil- lons précédents, sauf d’insensibles variations. Enfin, nous rapportons encore à la même espèce les échantillons figurés sur la planche 216, fig. 4 et2, qui re- présentent des branches relativement âgées el en partie dépouillées de leurs rameaux. Quelques ramules épars et de petits rameaux de remplacement les garnissent à peine- Un reconnaît à la surperficie de l’axe principal la trace des anciennes feuilles transformées en écussons rhcmboï- daux, régulièrement disposés dans un ordre décussé qu’il est encore possible de suivre, Il est à remarquer cepen- dant que sur les rameaux d’une épaisseur correspondante des Cupressus et des Chamæcyparis actuels, les traces des feuilles s’effacent plus rapidement et ne persistent pas autant à l’état d’écussons contigus, disposés en mosaïque. 624 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. Elles se détachent à l’état de pellicule, et le bois de 4 à 5 ans est déjà lisse à la surface. C’est là une particularité dont il est juste de tenir compte et qui reparaît chez les autres Palæocyparis, autant qu’en peut en juger. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Les ramules allongés, pres- que égaux entre eux, multipliés et flexueux, la forme des feuilles, l'absence de points glanduleux sur leur face dor- sale, leur moindre régularilé, une compression moins prononcée, des rameaux plus contigus et plus entre- mêlés distinguent cette espèce de la précédente ; elle se rapproche beaucoup, dans la nature actuelle, du Cupressus majestica Hort., dont elle a l'aspect et dont elle affecte le mode de ramification, avec une si étroite analogie dans la dimension, l’agencement et la direction des ramules, que cette affinité ne saurait être négligée, d'autant plus qu'elie pourrait mettre sur la trace de rapports réels. Ces rapports ne pourraient être pourtant précisés que dans le cas où l’on rencontrerait des traces d’organes reproduc- teurs, Ce qui n’a pas eu encore lieu; à moins que l’on ne préférât attribuer à celteespèce le strobile que nous avons rapporté au P. eleqjans, d’après des indices qui nous ont paru vraisemblables. LOCALITÉ. — Schiste bitumineux du lac d’Armaille, près de Belley (Aïn), étage kimméridien inférieur; coll, de M. A. Falsan, de M. A. Locard et la nôtre. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 215, fig. 1 et 2, em- preinte et contre-empreinte d’un même échantillon d’Ar- maille, montrant la terminaison supérieure d’un rameau de Palæocyparis Falsani, grandeur naturelle. On distingue sur cet échantillon plusieurs rameaux secondaires entre- mêlés à de simples ramules, les uns ascendants, les autres divariqués, adhérant à l’axe primaire qui se trouve sur- TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 625 monté d’un bourgeon terminal; fig. 1° et 2%, ramules gros- sis pour montrer la forme et le mode d’agencement des feuilles. — PI. 216, fig. 1, fragment d’une branche ou axe primaire déjà âgé de la même espèce, pourvu de plusieurs ramules épars et divariqués, grandeur na- turelle. Fig. 2, autre fragment de branche de la même espèce, en parlie dénudé, conservant encore quelques rameaux épars, grandeur naturelle. — PI. 217, fig. 1, branche ou grand rameau de la même espèce, déta- ché naturellement et muni de tous ses rameaux secon- daires, d’après un échantillon de la même espèce re- cueilli par nous à Armaille, grandeur naturelle. Fig. 2, petit fragment attribué à la même espèce et situé à la superficie de la même plaque que l'échantillon précé- dent, grandeur naturelle; fig. 2°, même échantillon grossi pour montrer la forme exacte et le mode d’agencement des feuilles, très visibles sur cet échantillon, Fig. 3, autre fragment de rameau de la même espèce ayant la même provenance, grandeur naturelle; fig. 3* et 3°, divers ra- mules de ce même fragment grossis. Fig. 4, portion ter- minale d’un autre rameau de la même espèce, à ramules touffus et divariqués, grandeur naturelle. — PI, 218, fig, À et 2, deux rameaux naturellement détachés de la même espèce, provenant d’Armaille comme les précé- dents, grandeur naturelle; fig. 1°, fragment de ramule grossi du même échantillon. Fig. 3, portion terminale d’un autre rameau de la même espèce montrant des ra- mules touffus et plusieurs fois subdivisés, grandeur na- turelle; fig. 3°, un ramule grossi de ce même échan- tillon. Ile Sér. Vécéraux. — III. 40 626 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. DIX-HUITIEME GENRE. — THUYITES, Thuyites, Schimp., Traité de Pal. vég., I, p. 343. DIAGNOSE. — Aami ramulique alterne pluries partiti com- pressi, in eumdem sensum distiche requlariter expansi; folia in facialia lateraliaque plane discreta, facialia compressa ob- tusaque, lateralia autem navicularia falcato-incurva apice plus minusve acuta. Thuyites vel Thuites, Sternb., F1. d- Von Re p. 59. Thuytes, Brngt., Prodr., p. 109. Thuiles (1), Brngt., Tubl. de genres de vég. 1oss., p.11 — Ung., Gen. et Sp. pl. foss., p. 346. _ Gœpp. et Ber., Organ. Reste im Berst., I, p. 100. — Gœpp., Monogr. Conif. foss., P — Heer (ex parte), Fl. foss. Helv., p. 136. Caulerpites (ex parte), Sternb., 1.01, p.22: HISTOIRE ET DÉFINITION. — Les Palæocyparis, tels que nous les avons définis, avec leurs rameaux plus ou moins comprimés, leurs ramifications distiques et leurs feuilles décussées, imparfaitement distinguées en faciales et laté- (1) On voit que l'orthographe du genré a subi plusieurs variations. Nous avons adopté celle de Thuyites, à l'exemple de Schimper, comm plus conforme à la règle généralement suivie pour la terminaison ites, dans la nomenclature des genres de plantes fossiles. Cette ter- minaison entraine l'usage du masculin. C’est donc par une erreur ty- pographique que la légende de la planche 212 nomme l'une de nos espèces Thuyites pulchella, au lieu de Thuyiles pulchellus. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 627 rales, laissent en dehors d’eux un certain nombre d’espè- ces jurassiques qui se rapprochent davantage des Thuya véritables, comme aussi des Libocedrus, et dont les ramu- les visiblement aplatis présentent des feuilles des deux sortes, les unes faciales, généralement plus obtuses, fai- blement carénées et fortement comprimées, les autres latérales, à carène aiguë et naviculaire. C’est à ce der- nier groupe que nous restreignons la dénomination de Thuyites, appliquée d'abord par Brongniart à la plupart des Cupressinées jurassiques, en dehors de celles qui se rattachent de plus ou moins près au type des Wédding- tonia. Les fruits des espèces que nous rangeons parmi les Zhuyites étant inconnus, il nous est impossible d’éta- blir s'il s’agit d’un cadre artificiel ou d’un groupe réel- lement assimilable à certains de nos Thuya. D'après la physionomie des espèces décrites ci-après, le genre comprendrait des formes plus menues et plus délicates que la plupart des précédentes; ce serait aux Thuyopsis et aux Libocedrus qu'il serait naturel de les com- parer. Beaucoup plus tard, à partir de l’éocène, ensuite dans le tongrien de Provence, plus près de nous dans l’ambre et dans la végélation arctique miocène, d’autres Thuyites ont été signalés; mais ce sont là, autant que la découverte de plusieurs strobiles a permis d’en juger, de véritables Chamæcyparis. Si l’on enlève des 7huyrtes de Schimper le Th. Parryanus, espèce d’une détermi- nation douteuse, le 7’k. strobilif:r qui représente un type spécial, celui du Phyllostrobus Lorteti Sap., le Th. Ehrens- wardi Hr., de la flore arctique spitzhergienne, qui rentre sans anomalie parmi les Chamæcyparis, 1 ne reste plus dans le genre, tel qu'il a élé constitué par Schimper, que trois espèces, dont deux wéaldiennes, Thuyiles imbricatus 628 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. Dkr., et Germami Dkr., assez mal définies, et le Thuyites Schlëänbachi Schk. (1), de la formation rhétique. Ce dernier serait comparäble au Thuyopsis dolabrata Sieb., si la faible étendue et le mauvais état de l'empreinte, d’après laquelle il a été établi, ne soulevait pas de l'incer- titude au sujet de son attribution. Quant au Thuyites Hoheneggert EU., il ressemble plu- tôt à un Callitris qu’à un T'huya, de l'aveu de Schimper (2). C'est avec les réserves qui viennent d’être formulées, et dans les étroites limites indiquées plus haut, que nous rangeons les espèces suivantes parmi nos Z'huyites, en faisant observer qu’elles appartiennent toutes à l'horizon du kimméridien. No 1. — Fhuyites Locardi PI. 215, fig. 3-4, et 218, fig. 7. DIAGNOSE. — 7”, rats ramulisque gracilibus elongato- teniusculis, pluries allerne divisis, obliquis divaricatisque ; foliis distantibus, decussatim insertis, facealibus lanceolatis, in ramulis obtusioribus, puncto glanduloso medio sæpe nota- tis, lateralibus acute fulcato-incurvis. - Nous dédions à M. A. Locard cette espèce très nelle- ment caractérisée, dont les fragments épars sont assez fréquents dans les schistes bitumineux du lac d’Armaille. Les rameaux sont grêles, allongés, peu fournis, subdi- visés plusieurs fois en ramules alternes, obliquement émis, ascendants ou divariqués. La ténuité, l'allongement, l'aspect dégarni des rameaux et de leurs subdivisions (1) Foss. FI. d. Grenzsch., p. 191, tab. 42, fig. 14-17. 2) Schimp., Trailé de Pal. vég., LU, p. 344. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 629 les font aisément reconnaitre; leur campression n'est pas moins visible. Les feuilles, parfois difficiles à apercevoir même à la loupe, sont allongées et distantes, ordonnées par paires, décussées et distinguées en faciales et en latérales. Gelles- ci sont recourbées en faux, aiguës au sommet et plus ou moins élalées le long des rameaux, de manière à leur communiquer un aspect épineux. La figure 3, pl. 245, reproduit un de ces rameaux : il est raide, allongé, aplati et pourvu à droite et à gauche de quelques rami- fications obliquement émises, donnant lieu à un ou deux courts ramules. Les figures 3* et 3? représentent des parties grossies de ce même rameau dont les feuilles faciales font voir vers leur milieu un vestige de point glanduleux. Les latérales, aiguës et falciformes, s’étalent entre les faciales. La figure 4, même planche, représente un autre frag- ment de rameau de la même espèce, également mince et grêle. [ci, l’axe principal donne naissance à des ramules latéraux presque tous mutilés. Les derniers ramuscules sont remarquablement étroits. Nous attribuons à la même espèce un autre rameau, pl. 217, fig. 7, qui semble natu- rellement détaché et dont les ramules grêles et menus, plusieurs fois subdivisés, sont à la fois obhiquement émis et divariqués, RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Cette espèce nous paraît facile à distinguer de toutes celles qui ont été signalées jusqu'ici. Par le mode d’agencement de ses feuilles el la situation du point glanduleux sur les feuilles faciales, elle rappelle les C’hamaæcyparis; mais le port et le mode de subdivision paraissent différents. Il semble que nous ayons sous les yeux une espèce de petite taille, aux ( 630 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. rameaux ascendants et au feuillage clair. La physionomie générale aurait été celle de l’Actinostrobus, avec des différences dans la disposition des verticilles foliaires, sur lesquelles nous n’avons pas à insister. LocaziTÉé. —- Schistes bitumineux du lac d’Armaille, près de Belley (Aïn), étage kimméridien inférieur. EXPLICATION DES FIGURES. — P], 215, fig. 3, rameau de Thuyites Locardi Sap., recueilli à Armaille par M. A. Fal- san en 1872, grandeur naturelle; fig. 3* et 3, portions de ramules grossies du même échantillon, pour montrer la forme et le mode d’agencement des feuilles. Fig. 4, autre rameau plus petit de la même espèce, grandeur naturelle, — PI. 217. fig. 7, autre rameau naturellement détaché de la même espèce, grandeur naturelle, même provenance que les précédents. N°2. —_ Whhuyites thuyopsideus PI. 221, fig. 3. DrAGNOSE. — 7, ramulis crassiusculis, plane com- pressis ; folus dimorphis, decussatim oppositis, facialibus ovato-lanceolatis complanatis, dorso medio obscure carinato glandulo oblmga, ut videtur, notatis, lateralibus falcato- incurvis apice aculis. Un seul petit fragment de ramule, recueilli dans les schistes du lac d’Armaille, nous a permis de connaître et de décrire cette curieuse espèce dont la physionomie rappelle celle des Z’Auyopsis. Le ramule est relativement épais et visiblement comprimé; les feuilles faciales sont aplaties ou faiblement convexes et ovales-lancéolées: on distingue sur leur milieu la trace d’une carène obscure ou d’une sailiie glanduleuse allongée, très peu TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 631 prononcée. Les feuilles faciales sont encadrées par des feuilles latérales disposées dans l'intervalle qui les sépare, avec une terminaison libre incurvée en faux et aiguë au sommet. L’intensité de la couche charbonneuse qui remplit l'empreinte marque l'existence d’un organe épais et articulé à la façon des Thuyopsts, les feuilles se trouvant ordonnées en faux verticilles, les paires de faciales étant toujours intérieures et un peu supérieures par rapport aux latérales qui les accompagnent. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Cette espèce peut être comparée au Thuyites Schlünbachi Schk., du rhétien de Franconie; par une ressemblance qui lui est commune avec ce dernier, elle se rapproche du Thuyopsis dolabrata Sieb. du Japon. Toutefois, les feuilles latérales de l’espèce franconnienne sont plus obtuses et les faciales plus courtes et plus larges. Le fragment que nous figurons est trop petit et trop incomplet pour fournir les éléments d’une appréciation plus étendue. Il ne saurait pourtant être confondu avec le Zhuyites Locardi qui précède, à cause de ses dimensions plus considérables. LocauiTÉ. — Schistes bitumineux feuilletés du lac d’Armaille, étage kimméridien inférieur : notre collection, EXPLICATION DES FIGURES. — Pl. 221, fig. 3, fragment d’un ramule de T’huyites thuyopsideus Sap., grandeur na- turelle; fig. 3, portion du même ramule fortement gros- sie, pour montrer la forme et le mode d'agencement des feuilles. N°3. — Whuyites pulchellus PI. 2192, fig. 2 et 221, fig. 4. DIAGNOSE. — 7°, ramis parvulis compressis alterne requ- lariter pinnato-partitis; foliis dimorphis, facialibus compla- 632 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. natis aut dorso leviter convexis medioque longitudinaliter carinatis, obovalis, apice oblusis, lateralibus incurvalis breviter falcatis latiusculis apice attenuato acutis. Nous figurons deux fois cette jolie petite espèce afin d’être plus sûr d’en reproduire exactement les caractères. Le rameau de la planche 212, fig. 2, est le même que celui de la planche 221, fig. 5; mais les portions grossies ne sont pas les mêmes dans les deux cas, et la figure 5°, pl. 221, doit être consultée de préférence, comme étant celle qui rend le plus fidèlement les contours des feuilles de l’ancienne espèce. On voit qu’il s’agit d’un rameau pourvu de ramules latéraux simples, émis dans un ordre alterne, parfaitement régulier. Ces ramules n’ont pas plus de 2 centimètres de long et le rameau en porte huit en tout, sur une étendue totale de 3 centimètres seule- ment. Son épaisseur n'excède nulle part 2 { millimètres, 3 millimètres au plus. Le rameau est visiblement com- primé et pourvu de feuilles de deux sortes qui se suc- cèdent par paires très régulièrement, les unes faciales obovales ou ovales-lancéolées, obtuses au sommet, ca- rénées et faiblement convexes sur leur face dorsale, les autres latérales naviculaires, assez larges, lancéo- lées-aiguës au sommet , recourbées en faux. Ces der- nières embrassent plus ou moins les feuilles faciales qui sont intérieures par rapport à elles. Les ramules se terminent obtusément au sommet; les feuilles latérales parfois divariquées et saillantes sont très visibles à la loupe. La substance ligneuse charbonnée est demeurée intacte au fond de l'empreinte qu’elle remplit encore ; la roche est un grès dur et fin, d’un gris jaunâtre, sur le fond de TERRAIN JURASSIQUE, — ‘VÉGÉTAUX. 633 laquelle l'empreinte que nous décrivons se détache en noir. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Il existe une étroite affinité entre cette espèce et la suivante qui provient comme elle du kimméridien. Nous aurions été tenté de les réunir; pourtant, après un examen attentif, il nous a paru que le rameau de l'espèce de Boulogne était plus gros et autre- ment subdivisé que celui du Zhuyiles exilis de Tonnerre. L'examen comparatif des portions grossies permet aussi de constater des divergences dans la forme des feuilles. Ce sont là pourlant desespèces alliées de près et certainement congénères. Toutes deux sont également rares. LOcauITÉ. — Environs de Boulogne-sur-Mer (Pas-de- Calais), étage kimméridien; coll. du musée de la ville de Boulogne. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 212, fig. 2, Thuyites pul- chellus Sap.,rameau de petite lLaille,dessiné d’après l'échan- tillon original appartenant au musée de Boulogne-sur- Mer, grandeur naturelle; fig. 2, portion grossie pour montrer la forme et le mode d’agencement des feuilles. — PI. 221, fig. 5, même échantillon plus exactement dessiné pour servir de terme de comparaison avec le Thuyites exilis figuré sur la même planche, grandeur naturelle; fig. 5*, ramule entier du même échantillon grossi pour montrer les caractères tirés de la foliation. N° 4. — Thiuyites exilis PI. 221, fig. 4. DIAGNOSE. — 7, ramis tenuisimis, compressis plurées alterne pinnato-partitis, ramulis lateralibus oblique emissis breviter plerumque ramulosis, foliis dimorphis complanatis 634 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. decussatim insertis, facialibus ovatis ovatoque oblongis, late- ralibus falcatim patentibus apice recurvo acuminatis. Le seul rameau qui existe à notre connaissance a été découvert par M. G. Cotteau, de qui nous le tenons, dans le kimméridien des environs de Tonnerre. Il est très mince, élancé, comprimé, long de 4 centimètres et muni de cha- que côté de ramules courts assez obliquement émis, pourvus chacun de deux petits ramuscules dans le bas, d’un seul dans le milieu, et tout à fait simples vers l’ex- trémité supérieure du rameau. Rien de plus mince que cet échantillon qui serait comparable à ceux du Wäid- dringtonia microcarpa par l'aspect et le mode de subdivi- sion, si l'ordonnance des feuilles ne différait totalement; examinées à la loupe, ces feuilles se montrent régu- lièrement ordonnées par paires successives, nettement décussées et distinguées en faciales comprimées et laté- rales naviculaires. Les faciales, comme le fait voir la figure grossie 4°, sont arrondies et obtuses, tandis que les latérales sont étalées, recourbées en faux et atténuées en pointe supérieurement. Une seconde figure grossie qui reproduit un autre ramule laisse apercevoir des feuilles moins dislinctement, bien que toujours décussées, plus oblongues et plus lâchement imbriquées. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — C’est avec le Thuyites pul- chellus qu'il faut surtout comparer l’espèce des environs de Tonnerre ; l'aspect est semblable et la physionomie, de même que les caractères principaux, concordent entière- ment. On voit bien que ce sont là des formes congénères. Nous croyons pourtant que le Z'huyites exilis constitue une espèce à part dont les rameaux sont plus minces, les ramules moins étalés et les feuilles latérales plus étroites TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 635 el plus atténuées en pointe au sommet. De plus, on ne dis- tingue sur le dos des faciales aucune trace d’une carène, bien visible pourtant sur les feuilles de l’espèce de Bou- logne. LOCALITÉ. — Environs de Tonnerre (Yonne), étage kim- méridien ; notre collection. EXPLICATION DES FIGURES. — Pl. 221, fig. 4, rameau presque complet de Thuyites exilis Sap., d’après un échan- Lillon du kimméridien de Tonnerre découvert par M. G. Cotteau et communiqué par lui, grandeur naturelle; fig. 4 et 4, fragments de ramules du même échantillon, grossis pour montrer la forme et le mode d’agencement des feuilles. DIX-NEUVIÈME GENRE. — PHYLLOSTROBUS. Phyllostrobus, Sap., Notice sur les pl. foss., du niv. des lits à poiss. de Cerin, p. #7. DIAGNOSE. — Aamuli compresso-tetragoni; folia squamaæ- formia démorpha decussatim quadrifariam imbricata, facialia complanata ohovato-obtusa, dorso medio longitudinaliter sul- cata, lateralia breviter obtuse aut acutius falcata, laxe aut sub- patentim imbricata; — strobilus terminalis e squamis quatuor plus minusve valvatim conniventibus constans, squamæ stro- bali inter se inæquales duobus paulo externis minoribus, duo- bus paulo interioribus latioribus productioribusque, margéni- bus plus minusve extensis revolutoque membranaceis. Thuyites (ex parte), Schimp., Traité de Pal. vég., U, p. 343. Thuites (ex parte), Heer, Fl. foss. Helv., p. 136. HISTOIRE ET DÉFINITION. — Brongniart a eu le premier entre les mains l'échantillon d'Orbagnoux, recueilli par M. J. Ilier, d’après lequel nous avons proposé plus tard 636 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. d'établir un genre sous le nom de PhAyllostrobus. D'après l’annotation du savant français, il avait reconnu dans cet échantillon un fruit analogue à celui des Widdringtonia. Toutefois, ordonnance neltement décussée des feuilles s'oppose à cette assimilation. Le moulage de l'empreinte débarrassée des résidus charbonneux qui en remplissaient le creux a laissé voir un fruit ouvert quadrivalve, formé de deux paires d’écailles dont deux plus petites et un peu extérieures par rapport aux deux autres plus développées, amincies et comme membraneuses, en même temps que festonnées et repliées le long des bords. Les feuilles pa- raissent régulièrement décussées et imbriquées sur quatre rangs. Leur ordonnance rappelle celle qui préside à l'ar- rangement des feuilles d’une espèce de l’hémisphère aus- tral assez peu connue, le Zibocedrus tetragona End. (1), du détroit de Magellan. Toutefois, la structure et la consis- tance des écailles dénotent des divergences assez sensibles pour autoriser la créalion d’un nouveau genre destiné à comprendre l’unique espèce observée jusqu’à ce jour et dont M. Heer paraît avoir retrouvé des ramules en Suisse, sur un horizon correspondant à celui d'Orbagnoux. Pour mieux saisir la différence qui sépare le Phyllostrobus du Libocedrus, on n’a qu’à recourir à la figure 11, pl. 148, du présent volume, qui représente le strobile d’un Zibocedrus, le Z. chilensis Endl., comme terme de comparaison. L’ex- plication de la figure est donnée p. 193. N° 1. — Phyilostrobus Lorteti PI 221% f9.1-2; Phyllostrobus Lorteti, Sap., Notice sur les pl. foss., du niv. des lits à poiss. de Cerin, p. 48. (1) D. C., Prodr,, t. XVI, sect. post., p. 454. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 637 DrAGNosE. — P., ramuls compresso-tetragonis ; foliis re- qulariter decussatim ümbricatis, facialibus late ovatis rotun- dato-obtusis, leviter sulcato-carinatis, lateralibus laxe imbrt- catis, breviler curvato-falcatis, obtuse acutis, foliis in ramulis secundariis densius imbricatis; — strobilo terminali ad ma- turilatem aperto quadrivalvi, valvis duabus minoribus paulo exterioribus, duabus aliis majoribus latioribus marginibusque membranaceis reflexis sinuatisque tandemque laceris. Thuyites strobilifer (Sap.), Schimp., Traité de Pal. vég., HE, p. 343. Thuites Oosteri. Heer, F1. fossr Helv., p. 136, fig. 6 CURE Le strobile termine un assez court rameau, muni en dessous de l'organe qu'il supporte d’un pelit ramule la- téral. La figure 1, pl. 221, dessinée par Brongniart, re- produit l’aspect primitif de l’empreinte et montre encore en place les résidus charbonneux qui la tapissaient. On distinguait vaguement les contours du strobile et les dé- {ails de sa structure quadrivalve. Après avoir enlevé avec soin tous les résidus, nous avons procédé à un moulage de l'échantillon original ; c’est le moule résultant de cette opération que représente notre figure 2, qui ne diffère de la première que parce qu’elle est tournée en sens in- verse. On distingue sur cette figure deux parties princi- pales, l’axe feuillé et le strobile qui le surmonte; nous décrirons successivement ces deux parties, d'après le moule qui a restitué le relief primitif et l'aspect réel de l'ancien organe. Les figures grossies 2% et 2? laissent voir très claire- ment la forme et le mode d'insertion des feuilles ; elles sont tiès régulièrement décussées et imbriquées sur quatre rangs; l’axe principal, visiblement comprimé, a 638 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. dû être tétragone. Les feuilles faciales se trouvent enca- drées par les latérales. Ces feuilles ont dû être relative- ment épaisses; les faciales largement ovales sont obtuses ou même arrondies au sommet, marquées sur leur face dorsale d’un léger sillon ou dépression longitudinale, qui leur tient lieu de carène. Les latérales sont obtuses, si- tuées dans l'intervalle des premières, lancéolées, sub- étalées, un peu recourbées en faux et atténuées-obtuses au sommet. Elles encadrent les faciales et paraissent assez lâchement imbriquées. De laisselle de l’une de ces feuilles latérales, vers le haut du rameau, on voit émer- ger un court ramule secondaire, oblus au sommet et formé de petites feuilles décussées, étroitement imbri- quées et serrées les unes contre les autres. Vers le sommet du rameau principal, les feuilles faciales et la- térales s’élargissent et s’allongent comme pour servir d'involucre au strobile. Celui-ci que la figure 2°, pl. 221, représente fortement grossi est visiblement ouvert, vide à l’intérieur et formé de quatre écailles plutôt minces et membraneuses que coriaces. Aussi, ces écailles ont-elles subi par l'effet de la fossilisation une déformation qui nous les montre comprimées et comme repliées sur elles- mêmes. Les deux extérieures, plus petites que les deux autres, sont antéro-postérieures ; les deux autres, plus grandes et beaucoup plus larges, sont latérales ; elles pa- raissent partagées sur le dos par un sillon médian et pro- longées le long du bord supérieur en une expansion si- nueuse de consistance membraneuse. Les autres détails, ceux en particulier qui seraient relatifs à l'insertion des graines, échappent à l'observation. Tel est ce fruit qui semble placer le type jurassique qu'il caractérise non TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 639 loin des Zibocedrus actuels et surtout du ZLibocedrus tetra- gona Endi. Outre cet échantillon remarquable, il nous semble que le petit fragment décrit et figuré par M. Heer, sous le nom de Zhuites Oosteri et qui provient du Stochhorn (canton de Berne), et du même horizon que le Widdring- toniles Bachmanni, doit être réuni à notre Phyllostrobus Lorteti que nous dédions au savant directeur du muséum de Lyon, en reconnaissance de ses nombreuses et libé- rales communications. On n’a qu'à comparer les figures données par Heer, soit dans son Urwelt der Schweiz, soit dans son Flora fos- suis Helvetinæ, pour être convaincu de l’affinité et même de l'identité absolue des deux formes dont tous les carac- tères relatifs à la configuration des feuilles, comme à la dimension des rameaux, concordent complètement. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — La disposition décussée et parfaitement régulière des feuilles sépare cette espèce du type des Prachyphyllum et leur agencement tout parti- culier, le contour si obtus des faciales, l'ordonnance là- chement imbriquée et non apprimée éloignent également le Phyllostrobus Lorteti des Palæocyparis d'Armaille que nous avons décrits plus haut, Il nous semble done que la présence d’un genre spécial, distinct des Widdring- tonia par les feuilles, des Palæocyparis par le fruit, et re- présentant les Zibocedrus actuels dans l’oolithe supérieure de l’Europe, ne saurait être révoquée en doute. Ce genre devait vivre à l'écart des régions où les eaux ont accumulé les anciens sédiments, circonstance qui ex- plique la rareté de ses débris; mais, plus tard sans doute, de nouvelles découvertes et des explorations plus suivies permettront de le mieux définir et de reconstituer, à 640 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. l’aide d’autres fragments, sa physionomie et son port, comme nous avons pu le faire pour d’autres genres de Conifères et même de Cupressinées jurassiques. LOCALITÉ. — Orbagnoux (Jura), étage kimméridien in- férieur; coll. de M. Jules Itier, EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 221, fig. 4, empreinte d'un rameau surmonté d’un strobile adulte de Phyllos- trobus Lorteti Sap., d’après un dessin de l'échantillon ori- ginal communiqué à M. A. Brongniart par M. J. Itier en 1831, grandeur naturelle. Fig. 2, autre figure du même échantillon d’après un moule de l’empreinte ori- ginale, restituant l'aspect et le relief de l’ancienne espèce, grandeur naturelle; fig. 2°, même organe grossi pour montrer la structure du strobile, la forme et le mode d’agencement des feuilles et du petit ramule latéral au- quel le rameau primaire donne naissance ; fig. 23, por- tion du même rameau vu sous un plus fort grossisse- ment. Nous aurions voulu compléter la description des espèces jurassiques du groupe des Aciculariées par celle des types de bois fossiles qui accompagnent ces espèces et qui re- présentent leurs tiges. Ces sortes d'échantillons abondent dans cerlaines couches ; mais jusqu'ici, du moins, ils n’ont élé l’objet d’aucune recherche spéciale et les préparations à l’état de plaques minces susceplibles d'analyse microsco- pique sont extrêmement rares, en Ce qui concerne la région française. Cette pénurie, destinée à disparaître un jour, explique le nombre très restreint des documents de celte catégorie dont il nous a été possible de disposer. Nous avons tenu cependant à ne pasles passer sous silence, quand ce ne serait qu’à titre d'essai. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 641 VINGTIÈME GENRE. — CUPRESSINOXYLON. Cupressinoxylon, Gœpp., Monogr. Conif., p. 196. DiAGNOsE. — C'ellulæ ligni prosenchymatosæ, porosæ, ductr- bus resiniferis veris destitutæ ; celluls autem resiniferis sim- plicibus creberrime injeclis ; — pori rotundi, serie simplicira- rêus el in truncis annosioribus duplici triplicique serie in eodem plano ordinatr, in üs plerumque tantum cellularum parietr- bus qui sibi oppositi et radiorum medullarium paralleli sunt vel in parietibus radiis medullaribus obversis, interdum non- nulli, vel etiam plurimi tamen minores in omnibus inveniun- tur; — radii medullares minores simplici cellularum paren- chymatosarum porosarum serie ; — parieles eorum superiores et inferiores poris minutis, laterales majoribus instructi. Cupressozylon, Kr., in Schimperi, Traité de Pal, vég., t. 1, p. 374. — Gœæpp. et Menge, Die FI. d. Bernstein, p. 18. Thuioæylon, Endil., Syn. Conf., p. 281. — Ung., Gen. pl. foss., p. 354. HISTOIRE ET DÉFINITION. — La diagnose qui précède, em- pruntée à la Monographie des Conifères de Gæppert, nous a paru donner la définition la moins confuse des carac- tères distinctifs des bois fossiles compris sous la formule de Cupressinoxylon où Cupressoxylon, si l'on adoptait la dénomination de Kraus. Il suffit de recourir aux explica- tions données au commencement de ce volume, dans le tableau intitulé Z'ssat d'une classification des Coniferes d'a- près la structure anatomique de leurs tiges (p. 64 à 66), pour reconnaître qu’une détermination rigoureuse des bois ap- partenant à la tribu des Cupressinées ne pourrait avoir lieu Ile Ser, VEGETAUX. — III. 41 642 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. que si l’on possédait à la fois les régions ligneuse, libe- rienne et médullaire d’une seule et même tige, réunion réellement inespérée dès qu’il s’agit d'échantillons juras- siques qui, la plupart du temps, ne consistent qu’en éclats ou fragments épars. Il ne saurait donc être question ici que d’une détermination des plus approximatives et les bois que nous décrirons auraient pu tout aussi bien être ceux de Séquoïées et de Taxodiées que des Cupressinées propres. Ils ont pu également appartenir à des types éteints, intermédiaires à ces diverses catégories et servant à les rejoindre ou constituant encore des tribus aujour- d’hui perdues, comme létude des Brachyphyllum nous porte à le présumer. L'absence de vrais canaux sécréteurs de la résine dans le bois, jointe à la présence des ponctualions aréolées dis- posées en série généralement unique sur les parois des trachéides parallèles à la direction des rayons médullaires, constilue le principal caractère des Cupressinoxylon. Ils se distinguent ainsi des Pifyoxylon, d’une part, des Arau- cariozylon et Taxoxylon, de l’autre. D'ailleurs, l'absence de canaux sécréteurs ne saurait être constalée qu'à l’aide de coupes nombreuses qui font le plus souvent défaut, et l’on retombe ainsi dans l'incertitude, surtout vis-à-vis des Cedroxylon dont le bois est également destitué de canaux sécréteurs, à moins qu’on ne s’attache à la présence, si- gnalée par Kraus comme caractéristique des Cupressi- nozylon, de cellules résineuses simples et parenchyma- teuses, dispersées à travers le bois et très nombreuses d’après cet auleur. Il ne semble pas pourtant qu'une semblable particularité ait rien de fixe et celle qui résulte de la physionomie du bois, de sa texture serrée, de la dimen- sion restreinte des trachéides couvertes sur leur face prin- TERRAIN JURASSIQUE, — VÉGÉTAUX. 643 Cipale de ponctuations occupant presque toute la largeur de cette face, enfin les rayons méduliaires étroits dans le sens vertical, superposés en plusieurs rangées de cellules; nulle trace de stries spiralées associées aux ponctuations sur les fibres : telles sont à notre sens les caractères les plus faciles à saisir des Cupressinoxylon. En se restreignant à la série jurassique et ne consultant que la vraisem- blance, ces Cupressinozylon doivent avoir appartenu soit à des tiges de Brachyphyllum, soit, à mesure que l’on aborde les étages supérieurs, à de véritables Cupressinées qui abondent dans les assises de l’oolithe, surtout à partir du batonien et plus particulièrement à la hauteur du co- rallien et du kimméridien. Comme la présence de vrais canaux sécréteurs de la ré- sine, dans la région ligneuse, caractérise exclusivement les Pins et les Mélèzes dans l’ordre actuel, on pourrait se demander si ces organes ont été observés dans quelques- uns des bois de l'époque jurassique où les Pinus propres sont eux-mêmes si rares. Pour répondre à celte question et faire voir qu'il existait effectivement en Europe, même avant l’ère jurassique, des tiges présentant la structure anatomique de nos Pinées, nous figurons ici, d’après Schimper et Kraus, le Pityoxylon Sandbergeri Kr. (4), bois siliceux du Keuper qui, sur une coupe transversale, pl. 223, fig. 1, fortement grossie, laisse apercevoir un ca= nal sécréteur parfaitement distinct, à gauche et latérale- ment ; ce canal avec son entourage de cellules de bordure aux parois amincies se trouve cerné par un rayon médul- laire dont les cellules ont des cloisons visiblement poncluées. 1) Voy. Schimper, Traté de Pal. vég:, M, p. 318, pl. 79, fig. 8: 644 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. Dans le lias supérieur du Wurtemberg et de la Haute- Autriche, Schimper signale l’Araucariozylon Wurtember- gicum Kr. (1), comme représentant peut-être le bois du Pachyphyllum Æurrii. On sait que, chez les Araucariées, les fibres ligneuses offrent sur leurs parois une mosaïque de ponctuations aréolées en séries alternantes, muluelle- ment comprimées, de manière à dessiner des comparli- ments hexagonaux. On voit que, d’une façon générale, le bois des Conifères jurassiques présentait les mêmes diversités de structure que l’on remarque de nos jours, en examinant la région ligneuse des Conifères vivantes, RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Les bois fossiles rangés sous la formule générique de C'upressinozylon ressemblent non seulement à ceux des Cupressinées propres, mais encore à ceux des Taxodiées, Sequoïées, Podocarpées, et même d’une partie notable des Abiétinées, dont il est difficile, comme nous venons de le voir, de les distinguer, d’après les seuls fragments en notre possession. Mais, d'autre part, ces Cupressinoxylon ne sauraient être confondus ni avec les Pinées, ni avec les Araucariées, encore moins avec les Taxinées que leurs stries en spirale, associées aux ponc- tuations ou dominant exclusivement sur les parois des fibres ligneuses, font si aisément reconnéitre. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 2924, fig. 1, Pityoxylon Sandéergeri Kr., coupe transversale d’un bois silicifié du keuper de Kitzingen, montrant un canal sécréteur rési- neux au milieu d’un groupe de fibres ligneuses cernées latéralement par le trajet d’un rayon médullaire, sous un fort grossissement. 1) Traité de Pal, vég., II, p. 384. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 645 N° 1. — Cupressinoxylon Falsani, PI..223. fr.0, DrAGNOSE. — C’., cellulis prosenchymatosis latiusculis ple- risque poroso-areolatis, poris uniseriatis dense congestis sæpe subcontiquis aut inæqualiter spatiatis, fere omnibus orbicula- ribus ostioloque centrali notatis, quandoque etiam plus mi- nusve transversim elliptieis. Nous ne connaissons ce bois converti en silice que par un très petit fragment qui, considéré au microscope, sous un grossissement d'environ 30 fois le diamètre, laisse voir une série de trachéides étroitement accolées et parallèle- ment disposées, dont aucune ne montre de terminaison. La face, parallèle aux rayons médullaires, de ces tra- chéides se trouve occupée par de nombreuses ponctua- tions aréolées, ordonnées en file unique et longitudinale. Ces ponctuations sont généralement arrondies, rappro- chées ou presque contiguës et marquées au centre d’une ouverture. La figure 22, pl. 223, dont le grossissement est de 100 fois le diamètre, montre bien ces aréoles dont la série ne laisse entre elles aucun intervalle vide. Parfois ce- pendant il existe des interruptions et les files s'arrêtent pour reprendre plus loin, ou bien les aréoles s’allongent dans le sens transversal de façon à devenir ellipsoïdes, ou encore elles se trouvent remplacées par deux ou trois aréoles plus petites. Ce sont là des variations qui se pré- sentent assez fréquemment chez les Conifères dont on explore la région ligneuse, dans les Cupressinées et une partie des Abiétinées. Le niveau auquel se rapporte notre Cupressinoxylon Falsani, celui de l'infralias, autorise la supposilion qu'il représente le bois, soit des Brachyphyl- 646 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE, lum, soit de l'un des types de Taxodinées, tel que les Cherro- lepis, si répandus à ce même niveau. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — [L'absence des caractères différentiels que l’on aurait pu retirer de l’étude des rayons médullaites ou des cellules résineuses disséminées, soit dans le liber, soit dans le bois, et dont il n'existe ici aucune trace, devient un obstacle à tout rapprochement direct de ce bois fossile avec l’un des genres contemporains, dans les feuilles où les strobiles ont pu être observés. LocaLITÉ. — Lias inférieur de Saint-Romain, près de Lyon; d'après un échantillon de bois silicifié recueilli et communiqué par M. Falsan. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 293, fig. 2, coupe longi- tudinale, dans un sens parallèle aux rayons médullaires, d’un fragment de Cupressinoxylon Falsani, grossi 32 fois et montrant les trachéides ou fibres avec leurs ponctua- tions aréolés ; fig. 2*, portion du même fragment, sous un grossissement de 100 fois le diamètre, pour faire voir la forme et la disposition des ponctuations aréolées. N° 9, —_ Cupressinoxylon FTaonuri. PI. 295, fig. 3. DraGnose. — C., cellulis prosenchymatosis tenuibus dense congestis Sparsim punctato-areolatis, poris seu areolis orbicu- latis in seriem simplicem longitudinaliter ordinatis ap- proximatisque ; radiis medulsaribus e cellulis angustis cons- tantibus, 4-8 aut pluribus superpositis. Cette seconde espèce diffère évidemment de la précé- dente; les éléments du bois sont plus menus, plus fins, plus serrés dans toutes leurs proportions, Il s'agissait donc d’une tige de faible dimension, analogue à celles de nos gené- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 647 vriers actuels, La figure 3, pl. 223, représente une plaque mince vue au microscope sous un grossissement d’envi- ron 30 fois le diamètre. Les fibres ou trachéides, fort étroites et par conséquent très nombreuses, montrent leur face parallèle aux rayons médullaires. Cette face présente çà et là de nombreuses ponctuations aréolées, disposées en séries irrégulières, fréquemment absentes ou interrom- pues. Il semble aussi qu’on apercoive quelques parties scléreuses, répondant peut-être à des cellules résineuses entremêlées aux trachéides. Les aréoles qui recouvrent celles-ci sont distribuées en une file unique longitudinale; elles sont rapprochées l’une de l’autre et affectent une ap- parence assez conforme à celle des parties correspondantes de la première espèce. Les traces des rayons médullaires sont visibles et multipliées : ces rayons sont formés de cellules étroites dans le sens vertical, disposées en plusieurs files superposées, dont le nombre s'élève jusqu’à 8 pour ceux des rayons dont les rangées sont les plus nombreuses, RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — C'est parmi les Cupressi- nées ou bien encore les Taxodinées qu’il est naturel de placer ce bois. Il se rapporte à un horizon plus récent que le Cupressinoxylon Falsani et dénote sans doute une espèce de petite taille : Zrachyphyllum ou Palæocyparis. LOCALITÉS. — Bajocien du Mont-d'Or lyonnais ; dans les mêmes lits que les algues scopariennes. — D'après un échantillon découvert par M. Falsan. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 2923, fig. 3, coupe longitu- dinale, dans une direction parallèle aux rayons médullaires, d’un fragment de Cupressinoxylon Taonurr Sap., sous un grossissement de 30 fois le diamètre; fig. 3°, portion du même fragment plus fortement grossi(100/1), pour montrer la forme et la disposition des ponctuations aréolées. 645 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE. SUPPLÉMENT Le supplément qui suit contient, avec la description d’un certain nombre d'espèces de Conifères jurassiques, récemment observées en France, plusieurs indications ou éclaircissements relatifs aux espèces déjà publiées et de pature à compléter ou à rectifier les notions qui les con- cernent. Genre BRACHYPHYLLUM (Voir ci-dessus, p. 308, pour la définition du genre). N°8. — Brachyphyllum Girardoti. PI. 224, fig. 1-5. DrAGNosE. — 2. ramis rigidiusculis cylindricis plerumque nudis ; foliis spiraliter ordinatis dense congestis, junioribus ovatis obtuse acutis vel obtusioribus, plus minusve tumidis prominulisque, basi rhombæa arete adpressis imbricatisque, extremo apice solum libero parum intus curvatis, adultioribus œtatis effectu incrassalis in areas convexo-rhombæas pyra- midatim depressas sulcis commissuralibus ab alterutra dis- cretas tandem conversis ; strobilo, ut videtur, parvulo orbicu- lari e squamis paucioribus exacte convenientibus constanti, sed valde dubio. C’est à M. Girardot, professeur de sciences naturelles au lycée de Lons-le-Saunier, qu'est due la découverte du gi- sement d'où provient la nouvelle espèce que nous dédions à ce géologue sous le nom de Brachyphyllum Girardoti. Ce gisement est celui de Châtelneuf (Jura) dont les lits à plantes, outre les traces des végétaux, ont fourni des dents de poissons et, dans un banc immédiatement infé- TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX, 649 rieur, de nombreuses natices el des vestiges de l’Æemicyda- ris intermedia (tests et radicules), Un peu plus loin, à Ney, localité située à 5 kilomètres au nord de ChAtelneuf, les mêmes lits ont donné une fougère remarquable, le Sphe- nopteris Choffatiana Hr., qui n’a pu prendre place dansle tome I des végétaux jurassiques, mais que M. Heer à pu- blié dans son Flora fossilis Helvetiæ (pl. 51, fig. 1), d’après l'unique échantillon soumis à son examen par M. Paul Choffat, auteur de la découverte. Dans les lits à plantes de Châtelneuf, à côté du Brachyphyllum Girardoti, on re- marque la présence d’une autre fougère caractéristique de ce même niveau, d’un Sfachypteris qui doit être iden- tifié au Sf. minula Sap., d'Orbagnoux (Ain), gisement placé comme celui de Cirin, sur le niveau du kimméri- dien inférieur (1). Le Brachyphyllum Girardoti ressemble évidemment beaucoup au 2. Moreauanum Brgnt., espèce du corallien de Verdun (2) dont il est difficile de le distinguer, surtout au premier abord. Cependant la physionomie diffère, ainsi que le port, et le 2. Girardoti, un peu plus récent que son congénère, constilue au moins une forme, que nous avons préféré décrire séparément à raison du niveau spécial et du gisement qu’elle caractérise. La figure 5, pl. 224, montre la terminaison supérieure d’un ramule, qui était non seulement obluse, mais pres- que arrondie, La figure 4, même planche, reproduit le fragment d’un autre ramule, grossi en 4; on voit par ces deux exemples que les feuilles de ce Brachyphyllum étaient apprimées (1) Voy. ci-dessus, t. I, p. 390, pl. 51, fig. 1. (2) Voyez précédemment, p. 341, pl. 165, fig. 5; 166, fig. 1-4; 167, fig. 1-3 et 168, fig. 1. 630 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. ou même totalement adnées, qu’elles avaient très peu de saillie dans leur jeunesse, qu’elles dessinaient une aire rhomboïdale et que leur extrémité libre, à peine visible, était étroitement appliquée, obtuse et comme arrondie, Ces feuilles, devenues accrescentes, se gonflaient par le progrès de l’âge. La figure 2, pl. 224, reproduit une por- tion d’un rameau plus ancien, grossi en 2* et montrant la forme et la disposition des feuilles adultes. On voit qu’elles affectent l'apparence d’écussons, ovoïdes subrhomboï- daux, qu’elles sont légèrement carénées sur le milieu et vers le haut terminé par un renflement obtus. Tout à fait contre ce rameau, se trouve couchée en tra- vers une feuille étroitement linéaire et finement carénée vers le milieu qui semble dénoter la présence d’une ai- guille de Pin (fig. 2, en a); enfin, la figure 6, grossie en 6», représente un fragment qui semble se rapporter à un fruit de très petite dimension, à écailles subpeltées et peut-être ombiliquées au centre ; nous le figurons avec doute pour ne rien omettre et comme étant peut-être l'indice d’un strobile jeune de Brachyphyllum . La figure 1, pl. 224, plus complète que les précé- dentes, se rapporte à un long rameau dépouillé à la base, nu dans le reste de son étendue et recouvert de feuilles étroitement imbriquées, dessinant des aires rhomboïdales, obtuses au sommet et faiblement carénées sur leur face dorsale. Ce rameau situé à la surface de la même plaque que les précédents, dénote sûrement la même espèce. Il en est encore ainsi du tronçon visiblement plus âgé que représente la figure 3, pl. 224 ; ici, les feuilles se sont con- verlies en écussons rhomboïdaux, relevés en pyramide déprimée par une carène dorsale, et séparés par des sillons commissUuraux. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 651 RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Les rameaux plus nus, moins subdivisés, plus forts; les feuilles plus ovales, plus arrondies au sommet, paraissent marquer une différence entre cette espèce et le Brachyphyllum Moreauanum, de Verdun, dont elle est cependant très voisine et dont elle constitue peut-être une simple variété. On ne saurait la confondre ni avec le Zrachyphyllum nepos, plus robuste, à écussons foliaires plus larges et moins allongés dans le sens vertical, ni avec le Prachyphyllum gracile Brngt., dont les rameaux ont des proportions ordinairement plus minces. Il faut avouer pourtant qu'il existe entre toutes ces for- mes une affinité générale qui porterait à les confondre aisément, si l’on ne possédait un grand nombre d’échan- tllons et de branches à divers âges et dans divers états, pour aider à la comparaison. Dans ce but, le mieux est de recourir aux nombreuses figures de Prachyphyllum com- prises dans ce volume (pl. 161 à 169), afin de juger de la valeur de ces nuances différentielles et de la part de doute que laissent les appréciations les plus consciencieuses; il s’agit évidemment d’un genre dont les formes éfaient à la fois affines et cependant sujettes à des variations partielles mullipliées, Comme ce genre a persisté d’un bout à l’autre de la période jurassique avec une monotonie d'aspect très marquée, il est difficile de se prononcer à l'égard des di- versités auxquelles il a donné naissance et dont les enchaï- nements visibles s’opèrent à l’aide de nuances qui échap- pent parfois à la définition. LocaLITÉS. — Châtelneuf (Jura), étage astartien infé- rieur ; collection de M. Girardot à Lons-le-Saunier. DESCRIPTION DES FIGURES. — Pl. 224, fig. 1, Brachyphyl- lun Girardoti Sap., rameau dépouilié inférieurement de ses feuilles, pourvu dans le reste de son étendue de feuilles 652 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. étroitement imbriquées, grandeur naturelle. Fig. 2, frag- ment d’un autre rameau de la même espèce, grandeur naturelle ; fig. 22, le même grossi pour montrer la formeet l'agencement des feuilles. Fig. 3, tronçon d’un rameau âgé de la même espèce, grandeur naturelle. Fig. 4, petit fragment de ramule de la même espèce, grandeur natu- relle. Fig.5, extrémité supérieure d’un ramule de la même espèce, grandeur naturelle. Fig. 6, empreinte moulée rapportée avec doute à un strobile, grandeur naturelle ; fig. 6*, la même grossie. N°9. —_ Brachyphyllum assimile, PI. 293, fig. 4. DrAGNOSE. — PB. fois crassis tumidis elongatis patentim erectis late imbricalis, apice rotundato obtusissime breviter- que attenuatis. Malgré l’exiguité du fragment représenté par la figure 4, pl. 223, il nous paraît difficile de ne pas reconnaître en lui un type allié de fort près au Prachyphyllum Orbiqnya- num de Brongniart, figuré sous ce nom dans le cours élé- mentaire de Paléontologie d’Alcide d’Orbigny (1) et sous le nom de Fucoides Orbignyanus par Brongniart, dans son Hist. des véqg. foss., 4, p. 78 (pl. 2, fig. 6-7). C’est d’après le dessin original de d'Orbigny, demeuré en la possession d'A. Brongniart, de qui nous le tenons, que nous repro- duisons, pl. 223, fig. 5, la figure grossie du Brachyphyllum Orbignyanum, comme terme de comparaison avec la figure 4, même planche, qui représente le fragment en question sous le même grossissement. On voit que mal- (1) Cours élémentaire de Paléontologie et de Géologie stratigraphi- que de M. Alcide d’Orbigny. Paris, 1852, t. II, p. 650, fig. 529. TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 653 gré l’étroite analogie qui existe entre les deux espèces, celle de l’astartien du Jura a des feuilles moins divariquées, plus arrondies, mais aussi plus atténuées obtuses au som- met et moins élargies à la base que celles du Brachyphyl- lum de l'ile d'Aix. A. Brongniart avait retiré celui-ci des Fucoïdes en 1849 (1), mais il paraît avoir élé négligé par Schimper qui ne le mentionne pas dans son 7railé de pal. végél. Les strobiles de ce type sont encore inconnus; il se peut qu’il soit destiné à constituer un genre à part qui comprendrait dès à présent deux espèces : la nôtre et le Brachyphyllum Orbignyanum, de la craie inférieure. LOCALITÉS. — Châtelneuf (Jura), astartien inférieur; coll. de M. Girardot à quiest due la découverte de l'espèce. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 293, fig. 4, Brachyphyl- lum assimile Sap., fragment deramule, grandeur naturelle ; fig. 4*, le même grossi, pour montrer la forme et l’agence- ment des feuilles. Fig. 5, Brachyphyllum Orbignyanum Brngt., portion d’un ramule grossi, d'après un dessin original d’Alcide d’Orbigny communiqué par À. Bron- gniart, Genre PACHYPHYLLUM (Voir ci-dessus, p. 373, pour la définilion du genre). N°1. — pachyphyllum peregrinum (Voir ci-dessus p. 383, pour la définition de l'espèce). PI. 295, fig. 3-4. Nous avons reçu tout dernièrement plusieurs échantil- lons de cette espèce, provenant de Hettange et que (1) Tableau des genres de vég. foss., p. 69. — Extr. du Dicl: d'hist. nat, de d'Orbigny, art. Végétaux fossiles. 654 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. M. Eugène Pougnet a bien voulu soumettre à notreexamen. On remarquait, entre ces échantillons, des différences assez tranchées au premier abord pour faire croire à la présence de deux catégories distinctes, par conséquent de deux espèces. Nous avons tenu à figurer ici un exemple de ces deux sortes de spécimens pour faire voir qu'il s’agit tou- jours du Pachyphyllum peregrinum &iversement fossilisé. La figure 4, pl. 295, représente un rameau simple, dont les feuilles, vues de profil, ne sont conservées qu’en partie, mais celles de ces feuilles qui ont échappé à la destruction, fort nettement imprimées dans le grès, se montrent avec toule leur largeur, cernées par un contour fort précis et marquées d’une carène latérale très visible. La figure 4: reproduit deux de ces feuilles assez fortement grossies, pour mieux faire ressortir leur forme. La figure 3, même planche, reproduit un autre rameau subdivisé laléralement, dont les feuilles plus nombreuses et plus serrées paraissent aussi plus étroites, plus élancées et plus aiguës au sommet. Pourtant en dessinant avecsoin ces mêmes feuilles, fig. 32, sous le même grossissement que les précédentes, on relrouve trop exactement le contour caractéristique de celles-ci pour ne pas admettre leur réunion en une seule et même espèce. Dans le second cas, toutes les feuilles ont à la fois laissé des traces charbon- nées, mais Ces traces moins nettes sont réduites le plus souvent au vestige de la partie médiane, plus épaisse que les bords faiblement marqués, ce qui fait paraître les an- ciennes feuilles plus étroites qu’elles ne l’étaient en réalité. EXPLICATION DIS FIGURES. — PI. 295, fig. 3, Pachyphyl- lum peregrinum Schimp., rameau pourvu d’une subdivision latérale dont toutes les feuilles comprimées et converties en charbon ont laissé des traces plusou moins appréciables TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 655 dans le sédiment, grandeur naturelle ; fig. 3*, deux feuilles vues de profil, restituées et grossies. Fig. 4, autre rameau de la même espèce, montrant ses feuilles latérales impri- mées dans le sédiment à l’exclusion des autres, grandeur naturelle ; fig. 4, deux de ces feuilles grossies, pour montrer leur identité avec celles de l’échantillon précé- dent ; coll. de M. Eugène Pougnet à Landroff (Alsace-Lor- raine). No 6. — pPachyphyllum crassifolium. Pl 99260, 4 Pachyphyllum crassifolium, Schenk, Foss. FI. d. Nordwesl. Deutsch. Wealdenform., p. 38, tab. 19, fig. 6. DrAGNOSE, — P. ramis robustioribus, foliis spiraliter ordi- nalis, e basi late conica sursum crasse trigonis, patentim rigi- dis, apice falcato-incurvis. Nous devons à M. Zeiller, ingénieur des mines, la con- naissance de cetle remarquable espèce, dont il a bien voulu nous communiquer l’échantillon original, appartenant à la riche collection de l'École des mines. Il provient des calcaires, dits de la Porte-de-France, à Grenoble, calcaires lithographiques, à pâte fine, dure et légèrement enfumée, caractérisés par la présence de la Z'erebratula janitor, et placés à l'extrême sommet de la série jurassique, par M. de Lapparent (Zraité de Géologie). Cependant, au-des- sus du calcaire lithographique à 7. Janitor, M. de Lappa- rent, d'accord avec les principaux straligraphes, place encore le calcaire à Zerebr. diphyoides qui correspond trait pour trail à l'assise de Berrias, considérée par lui comme l'équivalent marin des couches de Purbeck. De 656 PALÉONTOLOGIE FRANCGAISE. toutes façons, nous touchons parles calcaires de la Porte- de-France à des dépôts de transition qui passent supé- rieurement et à l’aide d’un mélange de formes des deux séries, étroitement associées, au néocomien proprement dit. La figure de la planche 226 représente très exactement l'empreinte de l’École des mines. Elle se détache en noir sur le fond grisâtre de la roche, à pâte très dure, à cassure anguleuse et irrégulière, A raison d’un grain aussi com- pact, il y a eu un écrasement complet de l’ancien rameau, réduit à l’état de résidu charbonneux et dont l’épaisseur primitive devait être considérable. Ce rameau, sans doute âgé, est pourvu de feuilles rigides, trigones,étalées et recourbées en faux, quis’élèvent sur une base largement conique el décurrente, qui consti- tue à chacune d'elles un coussinet saillant, étroitement serré contre le coussinet de la feuille limitrophe. Par un effet de la compression, les feuilles latérales vues de profil ont été seules conservées. Les autres sont réduites à l’état de vestige. Nous avons essayé de restituer, fig. 1°, l’aspect primitif de l’ancienne espèce, d’après l’étude des linéa- ments de son empreinte. Les caractères visibles, la struc- ture des feuilles, leur épaisseur, leuraspect rigide, dénotent, selon nous, un Pachyphyllum plutôt qu’un Araucaria, dans cette espèce que ses proportions robustes distinguent aisément de ses congénères. On ne saurait la confondre avec aucune de celles que nous avons eu l’occasion de signaler jusqu'ici dans le terrain jurassique ; mais, après un examen attentif, elle nous a paru devoir être réunie au Pachphyllum crassifolium de Schenk. Il est vrai que cet auteur n’a figuré qu’un échantillon en assez mauvais état 1) Traité de Géologie, p. 894: TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 657 de son espèce, recueilli dans le Wealdien de l'Allemagne du nord ; il est vrai aussi que cet échantillon est un peu plus petit que le nôtre dans toutes ses proportions ; mais Ja conformation des feuilles montre tant d’analogie et la différence de taille perd tellement de sa valeur, en ad- mettant que le rameau de la Porte-de-France était adulte, que nous avons adopté l'identification des deux formes, l’une purbeckienne, l’autre wealdienne, comme la plus vraisemblable, en même temps qu’elle concorde avec le caractère de transition qu'’affecte notoirement la zone à Terebratula janitor, à laquelle appartient notre Pachyphyl- lum. De nouveaux éléments seraient nécessaires pour per- mettre de trancher la question d’une façon absolue, et il serait d'autant plus à souhaiter que l’on pût en obtenir, qu'il s’agit d’une espèce remarquable par sa force, sa vigueur, probablement aussi par le rôle qui lui était dévolu dans la végétation forestière de la dernière partie des temps jurassiques. RAPPORTS ET DIFFÉRENCES, — Comme nous l'avons dit plus haut, le Pachyphyllum crassifolium ne saurait être con- fondu avec le P. peregrinum du lias de Hettange, ni avec les Pachyphyllum cirinicum et Zignor dont les feuilles sont à la fois plus petites et plus courtes ; mais il ressemble beaucoup au Pachyphyllum araucarimum (Pom.) Sap., dont il diffère cependant par ses feuilles plus recourbées en faux et surtout insérées sur une base plus large et plus épaisse. Une comparaison de la figure de la planche 226 avec celles de la planche 180 permettra de saisir cette différence. LocaLITÉ. — Carrière de M. Carrière, à Grenoble, étage de la Porte-de-France, coll. paléontologique de l’École des mines ; — hors de France, schistes wealdiens de Reh- burg, Allemagne du nord. Ile Sér. Végeräux. — IT. = 19 658 PALÉONTOLOGIE FRANCAISE, EXPLICATION DES FIGURES. — PI, 226, fig. 1, Pachyphyl- lum crassifolium Schenk, empreinte d’un rameau adulte chargé de feuilles, d’après un échantillon original com- muniqué par M. Zeiller, ingénieur des mines, grandeur naturelle ; fig. 1°, portion du même rameau restaurée et légèrement grossie pour montrer la forme et la disposi- tion des feuilles. Genre SPHENOLEPIS (Voir ci-dessus, p. 519, pour la définition du genre). N° 1. — Sphenolepis Terquemi (Voir ci-dessus, p. 222). En décrivant cette espèce nous n’avons signalé que son strobile, situé à l'extrémité d’un court ramule, à la façon de ceux des Sequoia actuels. Nous rapportons, non sans un peu d’hésitalion, à ce même Sphenolepis Terquemi deux empreintes de rameaux, recueillis à Hettange par M. Eu- gène Pougnet qui a bien voulu nous les communiquer. Ces rameaux sont plus grêles, plus délicats, plus menus dans toutes leurs proportious que ceux du Pachyphyllum peregrinum et leur état de conservation, à raison même de cette délicatesse, laisse beaucoup à désirer. L'une de ces empreintes, pl. 225, fig. 4, est celle d’un ramule simple dont les feuilles écailleuses, recourbées en faux, sont insérées par une base décurrente sur un axe caulinaire fort mince, comparable par ses faibles dimensions à celles du ramule qui sert de support au strobile de Sphenolepis reproduit, pl. 198, fig. 5. L'autre empreinte, pl. 225, fig. 2, est celle d’un rameau subdivisé en ramules secondaires, dépouillé partiellement de ses feuilles et montrant çà et là TERRAIN JURASSIQUE. — VÉGÉTAUX. 659 la trace des latérales vues de profil, dans un état de con- servation des plus médiocres. Les figures grossies 1: et 2° reproduisent exactement l’aspect etle mode d’agencement de ces feuilles. Il nous paraît plus naturel de les attribuer, avec les rameaux qui les portent, au Sphenolepis Terquemi que de les considérer comme dénotant une nouvelle espèce. LOCALITÉ. — Lias inférieur de Hettange, près de Metz; coll. de M. Eugène Pougnet. EXPLICATION DES FIGURES. — PI. 295, fig. 1, Sphenolepis Terquemi, Sap., ramule, grandeur naturelle; fig. 1%, la même grossie pour montrer la forme et l’agencement des feuilles. Fig. 2, empreinte d’un autre rameau de la même espèce, grandeur naturelle; fig. 2%, portion du même grossie, pour montrer la forme des feuilles latérales vues de profil. Genre PINUS (Voir ci-dessus, p. 472, pour la définition du genre). N°92, — pinus oblita. PI. 295, fig. 5. DIAGNOSE. — P, Seminum nucula ovato-orbiculari, ala membranacea elliptica parum obliqua,apice obtusissime atte- nuato-rotundata superata. Nous avons signalé plus haut et figuré la trace d’une aiguille détachée, fort analogue aux aiguilles foliaires des Pinus propres (voir pl. 224, fig. 22). Un second indice de la présence d’une espèce de ce même genre dans la région du Jura, vers la fin des temps oolithiques, nous 660 PALÉONTOLOGIE FRANÇAISE. est fourni par une empreinte provenant des schistes du lac d’Armaille et comprise dans la série d'échantillons dont nous devons la connaissance à M. Falsan. Cette empreinte reproduite fort exactement, pl. 225, fig. 5, est celle d'une graine ailée, entièrement conforme à celle des Pinset dont le contour est des plus nets, bien que les détails superficiels en soient en partie effacés. 11 nous a paru difficile de voir une coïncidence fortuite dans un tracé accusé avec tant de précision. Il est fort possible que cette graine et l'aiguille isolée de Châtelneuf qui proviennent à peu près du même horizon géognostique aient fait partie d’une seule et même espèce. Nous avons voulu ne rien négliger à cet égard, tout en laissant aux futurs explorateurs le droit de conclure. LOCALITÉ, — Schistes kimméridiens inférieurs du lac d’Armaille. EXPLICATION DES FIGURES. — Pl. 295, fig. 5, Pinus oblita Sap., semence ? comprenant une nucule surmontée de son aile membraneuse, grandeur naturelle. TABLE ALPHABÉTIQUE & SYNONYMIQUE À Planch ira Pine te 2e. eh escocatereceus BE DEN RAS En lacet ee ces sccseses see ADIANELEES (er sparte),; GŒ@Pp...r-sssssesvence Adianiiiessaidtiatus, GŒ@pp......sssee ses esse see Aianiites HULONt GP. à » nv 010,0 0, 05060 52e + ANtEOP EEE and. C6 HUtsazsa dus ss ces sois me noms A Ganruthe. AS UEr semer cs ses 150 CTEDINI AS ADS eos + Sleretts so. à sr Mode 150 Biteaimmie, indl. et Hub," Diane ces oo s se 150 ARAUCARIA, Brngt. ms..... Re a mans sh épaeene ABAUCARTA, JUSS 2. 2.0 042 01010, 0 010 ts secrets e .. 146 et 187 Brodiei-(Carruth.},. Schimp..........s.…ssesss 187 ARR Sn eme: 186 et 187 lepidophylla, Sap....,....... ESS en EN dr ee 187 MICLOPRYIA;, SAP... sceau se + s.. 100. 61 187 Moreauana, Sap........ ns sance 184 et 185 Phillipsii (Carruth.), Schimp................... 187 Sphærocarpa (Carruth.), Schimp....,.......... 187 ATVAUGAREA; Lindl-etHutls, rss. s ADEME AE, Line, eMetsiete se ces site joe oie Araucaria peregrina, Lindl. et Hutt............... AEATDICARINEZR 7. . esse sejeissss sos seiee ABAUCARIELTON, KT. ec ss viee coco sas LEE ADtIQUUM KE... 00. RE EE ne D D tW Æ dE D © Æ HN 662 TABLE ALPHABÉTIQUE ET SYNONYMIQUE. Planch. Pag. ARAUCAREPES, Ett:::-,----0-..-0 RP NO 2 519 ARAUCARITES (ex parte) Siernb................. 374 ARAUCARITES (ex parte), Ung............ ARS 413 ATUUCANTLES ICTCYSCNSIS ISAD LR Mec se sos ceeee 402 Araucarites/peregrinus, Pres EE. 2..2t-e--e 38% ATaucarities ROIZUNUS,) MASSE eee ee 410 ARTHROTARITES (ex parte), Une"... 575 ARTHROTARIMESAUNEY. ES... IPN TER EME 531 Arthrotaxites baliostichus, Ung................. = 534 Arthrotaxites batiostichus (ex parte), Ung.......... 597 Arthrotaxites Frischmanni (ex parte), Ung.... 557, 596 et 604 Arthrotaxites lycopodioides, Ung............... Cite 53% Arthrotamites princeps, Ung. 09e. en. Er ... 604 et 607 Arthrotaxites princeps (eæ parte), Ung......... see 610 B BATERA (er parte) SCRIMP.. 6.660 0e CEE 283 Baiera dichotoma, Fr. Br....... ocre CCPLR EE 273 Buiera digitata (ex parte), Schimp............ eee 299 BAIERA, LME SOS Ton oO diedé cd cac : 269 AIPLEALA SCRIPT 29% SCACUIS BUILD Ne reet eee 157 et 158 277 lonstoha rs... esse ce ce DE 159 "279 Münsteriana MEL R see ceesceeres ° 190, 40010707 Balioshichus ornatus, (STeLnb ee -ecc--eserse sec d34 Balioshchus ornatus? Slernb.. "0... 397 BRACHYPAYLLUMI(er parte) Brngl 7." 374 BRACHYPHNYÉEUM, DENISE Se ec ess seems OISE 308 ASSINNIE SAP c-reescrec---c-c-teo CE 223 652 Desnoyersii, SAaD---2c meer 163 et 164 331 GITAFAOU, SAD A Se res emeceesccpeeee et CRE 224 648 BLAGUE, DENBL. ere eer eee CE 168, 170 et 171 365 JauDErt SAP 2e ccecrcec ere se. 109 1949 manmilare BEnet ee. ---co--ecc-e--EE 162 326 Moreauanum, Brngt.......,.... 165, 166, 167 et 168 341 HOPDOS SAD eee EeePC ee 168, 169, 170 et 172 356 Paparel Sa ere roreereres OS oc 161 321 BRACHYPHYLLUM, Brngt........ rc ce 519 BRACHYPEHYLEUM Er Br"... ere 490 TABLE ALPHABÉTIQUE ET SYNONYMIQUE, 663 Planch. Pag. Brachyphyllum Ealsant, Sap....":5:55 m0 0 366 Prachyphyllummous, Brngt A Pere: 392 Brachyphyllum majus (ex parte), Brngt............ 400 Brachyphyllum mamillare (ex parte), Schimp...... 332 et 357 Brachyphyllum peregrinum, Brngt.......... pero 384 Brachyphyllum Phillipsii, Schimp............,.... : 326 Bucklandia divaricata (ex parte), Brngt....,.…. es 610 C CanDiocanpus: Brngt.;s.. ossi cosmos does . 219 cornutus, Dws....... date nee dés sue ts rt . 190 244 drupaceus, Brngt....... Ce + 150 24% Gutbieri, Gein..... Pesleoineice Msecets sn RC 150 24% CAULERPITES,. Slernb.......:4. Or sacs DES 531 Caulerpites articulatus, Sternb......... soon ' 600 Caulerpites Bucklandianus, Sternb........ Mitch 600 Caulerpites colubrinus ? Quenst.,......,... DANS 357 Caulerpitesicolubrinus, Sternh........ , sise 607 Caulerpriiestelegans,; Sternb.:....,4.. 4.460000 0 : 610 Cauterpitesvexpansus, Slernb...........s..sesssse 600 CAULERPITES (ex parte), Sternb.......,.,,.... 75 et 626 Caulerpites intermedius, Eicht.............,... ss 397 Caulerpites lycopodioides, Münst........ SRRRAAL NE ét 534 Caulerpites princeps (ex parte), Sternb............. 610 Caulerpites thuiæformis, Sternb. 225 20 SU 600 CEDROXYLON, Kr:.::::6:: sise FR Le 70 CHEÏROLEPIS, Schimp............. JT dessus 192 490 Bschec rs. nette RES OERe AERLRERS . 193 496 CozumBEa, Salisb......... RAGE PIN ENNN 413 CoRDATrTES, Ong ERNEST ARR EE AE ci 217 borassifolius, Brngtieesene nu. SE LGE Opel 5 de CONNINGHAMITESPPTESL SMS, EN MAO Eu 511 Cunninghamites dubius, Presl..................... 515 Cunninghamites microphyllus, Sap...........,...... 432 Cunninghamites sphenolepis, Braun...... ACL 515 CUPRESSINE RS RME RENE este CODE 043 CUPRESSINOXYLON, Gœpp.............. cat 4 AC 641 HAISAUE SADE STAR R ASE Rec eee ns + 223 645 DAOHUEL DAD Se eee bte D Pr et rites see JEU 664 TABLE ALPHABÉTIQUE ET SYNONYMIQUE, Planch. Pag. CUPRESSOXYLON, Kr.......... Trecpenore SAS ne 67 Cupressus? latifolia, Buchm.......,...., SAR : 384 Cyclocarpus, Gæpp....... PE -: - MO SR 219 CYCLOPTERIS (ex parte), Brngt......... ee 283 CYCLOPTERIS (er parte), Zign. #2 eme 70 Cyclopteris digitata, Brngt.. 5.1. 24e 2e 29% Cyclopteris digitata (ex parte), Ung............... 29% Cyclopteris digitata, Lindl. et Hutt.........…. ose 299 Cycloptens Hähiont, Siernb!e. 76: 0Nr2Rn TRS. 299 D DADOXYEON 1ENpl- 3285 SN SERRE PERL CREER .. 215 Brandlingn: Endl.::::::4%4129% © Co not : 216 Mogesiacum Ung::17:1242:50:: ss oi 216 DICROPTERIS (ex parte), Pom............ AT ETS 270 DICROPTERIS, Pom....... SRE. CRIS De 26% Dicropteris flabellhformis ? Pom. Pr 267 Dicropteris laciniate, Pom: 1:22 008007 PONS 267 Dicropteris longifolia, Pom.............. ANS 280 E EcuiNosrrogus, Schimp. {femend.)......... Le 530 Sternbergii, Schimp. (emend.)........... 199 et 200 534 ECHINOSTROBUS (ex purte), Schimp.............. 575 Echinostrobus expansus, Schimp............... de. 600 Echinostrobus Frischmanni (Ung.), Schimp........, 600 Echinostrobus Frischmanni? Schimp........... D. 357 Echinostrobus lycopodioides, Schimp................ 534 Echinostrobus robustus, Schimp..................: 589 Echinostrobus Sternbergii (eæ parte), Schimp....... 357 Echinostrobus Sternbergii (ex parte), Schimp..... . 607 et 610 BLATIDES, HT. 22 secs esoce cuis chiolle RL. CCR 471 Brandtiana Her..." ses ect he ce 471 OVALIS, Er. eee. deserepefs sr abe LE cote DST EOTAXITES GP es ceetecere- peche EE da re 223 Ephedrites"antiquus, Hr.:..... "2-0 164 340 EUTACTA, Link..... SE ar See sc EC CRRE 413 EUTASSA, Salisb...... ere ose ASE SO AT 5 413 TABLE ALPHABÉTIQUE ET SYNONYMIQUE. 665 F Planeh. Pag. EDCOIDES/(ex parte), Brnglee..... ro Lee 270 G CANRG ON KŒMPle sas enttee e SAN 283 GRÉTOHIUMAAAR Taser 6 arf se 6 à aaaetete tete NT 294 CRT AU TION MS Eroiavoe astneterserennreternerensteraets 299 GINKOOPENLEUMAS AD} see e 6005 ue des 1e catreliias see 230 GET SSH S AD asie Ceretererdteinuai sel faveter sie di ur stetstele foie 152 230 GINKGOXYLON, Sap..... A PRE PUR OR EEE DU Ce 63 GEXPTOLEPIS VSCRIMP ss cross ed MT DIS RARS.S 239 J JEANPAULIA UNR ee: sonde “hoies ste 26% et 269 Jeanpaulia flabelliformis, Sap.............. eee 266 Jeanpauha laciniata, Sap. #4 ss se sosie ce dose 266 Jeanpaulia longifolia, Sap................... LS 280 Jeanpaulia Münsteriana, Presl........ SOL ESS à 273 JUNIPERITES, Brngt....... dnssnnt a MEET 519 L HARIGÉES. «00e see 5e tes it re 469 Leptocaryon avellana, Brngt........,.......... 151 248 HACOBODITES, Dkn nee res enroce ere 519 Lycopodites (Pachyphyllum, Schimp.) Williamsonis, inde UT SSL rdc eoranececeve 162 308 M MAMILLARTA; 6 Brngt.........04 eee ossi 309 Mamillaria Desnoyersuü, Brngt.................. 332 MOREAUTA (ex/parte) °POM............-.....0.0 310 MOREAUIA (ex parte) sect. PACHYPHYLLUM, Pom. 374 666 TABLE ALPHABÉTIQUE ET SYNONYMIQUE. Planch. Pag. Moreauia araucarina, Pom.............. per der 400 Moreauia araucarina (ex parte), Pom........... 005€ 425 Moreauia brevifolia ? Pom......... ce SRE DRE PETER 350 Moreauia imbricata," Pom... 12." Re RSA 38% MoreatuaTauberti, PORN eee 350 Moreuttia latijolia, Pom. 7... een 38% Moreau ri MP DIn nr: ren D diet 392 Moreauia thuyioides, Pom................. sat 342 MUSCETES DEEE nasa sua cauace ss se te APCE 519 N Nœggerathia cuneifolia, Brngt....... AO LE dose 223 Nœggerathia cyclopteroides, Gæpp........ Eee 224 Nœggeratliatezpansa,4Brngt® 0... per 223 Nœgaerathiarflabellata ind. Eee 229 Nœggerathia Gæpperti, Eichw.... .. nn Ce 224 P PACHYLEPIS, (Brngt..s.e......1mt ee SÉRNENe l'E 568 PÉCEYPAYLEUM IPON. 2 e. ses RER RE 11904373 araucarinumi(Pom.) Sap. RAR NA 178 et 180 402 Brardianum Braglee et RETENIR 173 382 CIFINICUM) SAP TN IEEE A OR 180, 181 et 182 402 cirinicum var. uncinatum, Sap........ .. 180 et 181 406 iterasSifoN EMA SChE AAOPMIAUR. 2 354 558 226 655 peregrinum, Schimp............ 173, 174, 175 et 176 383 SUppl 122 en enr TEE EN 225 654 IG NS APR CERN A 177, 178 et 179 391 LIg AOL SAP SE IN ES MS He 332 MPBOR: 183 410 Pachyphyllum rigidum, Sap. (non Schimp.)........ 402 Pachyphyllum uncinatum, Sap.............. 180 et 181 406 PALGOCYPARIS SAP: eee ne SR LE ST INS 574 Coralie Sapin ene Eure PAR CÉRERE CES 204 586 élegans, Sap rss tan taInRNre Le CRC 213 et 214 615 ÉXPANISAS SAP NAME bon nb 209 600 FalSanE Sape MAATs ne Sr aan 215, 216, 217 et 218 620 Flouesti}Sap RPM eR RRNE e me ee 208 593 TABLE ALPHABÉTIQUE ET SYNONYMIQUE. 667 Planch. Pag. UGS AD 5 dos eee nee ae ssl aie 205 596 DÉNCSRS NS AD esse etes mas sens de 211, 212 et 222 610 FÉCUPPEDSS SAP eee ne ee a ES en e 210 60% secernenda, Sapin is: 210 et 222 606 virodunensis SADLX 2224400 Ti 202 et 203 583 PALŒUXYEON BrERS 151213585058 48588 7288 215 medullare Bragtrnssrntistessinlrattinte seit 216 PAPISSEAS EN SEE RER mnt tir Len ER 511 (00 ES Pie LÉSÉRRR RARES RER E 196 et 197 514 PHVELOSTROBUSS 7 SA LH 2 44 net anse os men 635 LOrLOHS Sapin en sLiL Late eat RAC 221 635 PINS nest Con ere» VU 468 Pinues meduliarmss NVith:: : 210,329 AIRE, 216 Ponies Nussonm Nains. usines Re 188 468 PNUSS Das Pas sas sos asia te 180 a SE, 468 et 472 Coëmansi "HP::,52210 550102070080 Là 191 574 Lundgreni -Nathizsssiisvrsssssss ses. 188 et 195 469 Mackianas HP: 5522260 RS 2 188 470 microphylla, Hr...... s'aletgtats soute assises AVE PNENS 190 470 Nordenskioldr, Mrs nues ces 190 470 ODIHA ES ADE sn. entreuteste AM, 28 na Eee 225 660 DrOUTOMUSS SAP ado SE drone 189 468 Pissadendon antiquum,:Ung:...... cu 1% 216 PITYORYLON, KP .. s5ésssssusssese Te 71 Dandbergeri,: KT. seunerndenrs2 et as 0e" 223 644 POA=-CORDAITES, Glaces TN 847 218 PROTOPITYS, GP... 00 20 8 000 7 to ee ee TR 217 BucHiands- GŒOppDisoe re sou sde ss soie se cat 217 PsyGMoPayLLUM, SChimp....4.......cosse.ssoose 223 Cuneifolium, Schimp.:.. 5%. sssesesemesses ee 223 cyclopteroides, Schimp.............sosseeee eo 223: EXNANSUNMS: SONMIMN. ie 60 epson so je 000 ES 223 Habelatum,:Schimp 224 228 BEBROPHYLLUSS Nos. esatassmeenen 283 MALCANOPATLEUM, brnÉl ES renonce 217 R RHABDOGARPUS, Gles à sooouv ose e de TRE 451 et 152 215 BHDIUMICUUS, GDS ins mass see csv ds ssecsveses 151 247 668 TABLE ALPHABÊTIQUE ET SYNONYMIQUE. S Planch. SLISRUMA SN RS teniescceocracrece ER crenata (Brauns), Sapi:......: 0... c.cccen digitatas{Hrse M... 2. eee: EEE 160 Huttoni,{Hr4::.. hs. nsc ee .. 159 et 190 sibirica,/Hr:2.. 22.4 SHÉTOTT ON osier 160 SALISBURIEZM:. .16.s1.... eco. c -- SAPIN ES. ee couvesvee- EE SÉMIZOLEPIS FE. Br. .-0 coccte c c. Ce Bratmii SC eee 25e Te 194 Follini, Nath... Ie Sn io 194 Schizolepis liaso-keuperiana, Fr. Br..... ee. - SCHIZOPTERIS :yBean.. init... oc cob té Ces Schizopteris digitata, Will............. DEEE Schizopteris gracilis, Bean... .... ue ce Save c SCLEROPHYLLINA, Hr............ asset: 3e SEQUOIOPSIS, Sap....... 320 DOC soeecreTE. BUVIBIETS Sap n soc --ON 201 pChinata Sap- 2. 7... D RC Li nero 201 SOLENETES Endlset Hutt 2 2 SPHÆROCOCCITES (eæ parte), Presl............…. SPRENDLEPIS SCORE ES Edo ONE COEEe EE RÉTQUER SNS A DIE 2 CCD 198 et 225 Sphenonterislatifonian Phil Ste -ti. ER SWEDENBORGIAS Nath 0 LR LL ner E ee cryptomerides;/Nath, =: cruceccce ECC 198 T A XODENEE 52 Reese bip TAXODIMEEMPresl.......... RER RE Pasodites tenuifohus; Presl. 25.22 -e-ere Taxospernum, Gruneri, Brngt.......<...4.1 150 TAxoxxE ON, Ung.--- OR none ie ee THULRES KDKE.- RO RE ee ce ee THUITES (ex parte), Lindl. et Hutt...... SE = THUITES (ex parte), Hr........ NO ne cv LHULLES, Bengt 0-22... “52 Set = Éhuites cupressyormis, Brngl.. 4... ccm D © OT OX t9 OT OX 19 ©r Lei Q0 47 o11 515 243 - 62 519 ns 575 635 626 600 TABLE ALPHABÉTIQUE ET SYNONYMIQUE. 669 Planch. Pag. Thuites divaricatus, Brngt...... RES EP 600 Thuites divaricatus (ex parte), Sternb........... rs 610 Thuites expansus, Sternb............. Se eee 600 Lhuntes ltrerr, Hp En en, EP OO AE GUIdEC 596 HU OS OOSICTR HE. ee sacs uen pe M à ei 637 THUYITES VEL THUITES, Slerb........s..seoe 626 HERUN TES DENB ee use nesseceserecssces 574 THUYITES (ex parte), SChimp.............ese NA 635 DHUNITES, LSCHIMIP. 5e eo see se ecos esse ces 626 ÉRINSS SADieersnmeccescensss mouse se roc “… -221 659 Locardi, SAD..:.2...424. 2 encens .. 215 et218 628 pulchellus, Sap........................ . 212et221 631 thuyopsideus, Sap .......... anses ts oaa et AR 0 Thuyites strobilifer (Sap.), Schimp................. 637 THUYITES,) Schimp.........4. anna 579 TaUTONrLON, Bndl.s ee TT 641 DHUVTES, SIND. es seen snenese eee 574 TRICHOPITYS, SAP...... D 230 et 263 heteromorpha, Sap........................... 152 230 1aCInIata, SADissbereresespossse sers 155 266 Lindleyana (Schimp.), Sap.................... 455 -266 Trigonocarpus Nœggerathi, Brngt.............. 150 243 TSuGA, Ends esse NT Te ainees NA 470 U DLMANNIA, GŒpDes doi, Des NE a ee ee ne D 453 235 Li Vontzn Brnigt, fins sevistessemsessstosssssns é 236 heterophylla, Schimp.:....:...........:.:...6 154 236 VOBTZTAS Pr: Br: Miss otetenets tent. ss este: 490 et 502 Voltzia Schizolépis, Endl:.:.....::.:..:..:.:..:.. 505 WW WALCnA, SIOPnb. his. .a cad estesresoss 2932 hypnoides, Brngt.................:...:.i..... 153 232 piniformis, Sternb.:.......,,.,,i4.i..::..:..:. 15320293 670 TABLE ALPHABÉTIQUE ET SYNONYMIQUE. Planch. Pag. VA A TE CORRE. : docs renceebreneeocc@ei 302 WIDDRINGTONIA, Endl........ MN Eee das 148 56% MUICLOCATPA, SAPD.---- ee 116, 217, 219 et 220 568 Waddringionta Bachmannt, Ar... rer 568 Widdringtonia flagelliformis, Sap................. 568 Widdringtonia flagelliformis (ex parte), Sap........ 620 NVÉPARINGTONITES ABS. se eee vs severe ele 519 et 558 C'EYSORRS ES AD Lens ces sac ie De ce cine 201 563 BTACILIS SM ns ne mme eue ea eine cta cie 0e RL 202 561 Keupernanus Br. 222... as eneeee 201 et 240 559 Z ZONARITES (er.parte) (BrANBL. nee: 270 FIN DE LA TABLE ALPHABÉTIQUE ET SYNONYMIQUE. TABLE DES MATIÈRES CONIFÈRES OU ACICULARIÉES. — INTRODUCTION A L'ÉTUDE DES CONIFÈRES IDRASSIQUES: 252 2-0 oss gestes ces 200 I $ 1. — Structure anatomique des tiges............ 11 $ 2. — Organes de la foliaftion.....smrest .set Si S 3. — Organes de la reproduction.......... BE... 121 $ * OrganeS”"reproducteurs mâles................ 123 ‘* Organes reproducteurs femelles et fructifica- OM en idee ne n one UT 134 Classification générale des Aciculariées d’après la consi- dération des organes fructificateurs $ 4. — Extension géographique actuelle des genres d’Aciculariées, comparée à leur extension antérieure dans les temps géologiques... 196 $ 5. — Filiation présumée des Aciculariées et étude des genres prototypiques qui les représen- tent dans les périodes antérieures aux temps re Le Ses co 212 Dribi le =" SATISBURIER. 4.5 Master. des descente 251 GONPC EMOROPAENS nn ne ete se po due vor ad see 263 Genre BMEPR SES en ss 00 euud tacle lies cie sas nee 269 Fenre STASOURIT. Re RES es ns es nee 282 DID IL, = IWALCHIRÆ! 20e ects mare Dale en eo 302 Genre BrachyDRU RE Ses esta» sans sesces aise ss 008 tbe LIT, —- ARADCARIEE 8 0 costa 80e Sata Je Genre Pachyphyllum....... Rene Te eee <.. 018 Genre Araucaria...,.., Poeme AIME E ire sismise o 412 672 TABLE DES MATIÈRES. Trib. IV. — ABIETINEZÆ.. .... DO OS DAT ET HER enne Dinus En ee rertis SR Erib. V=—"Taxonmere:2.::: I Ne à Genre Cheirolepis... 2.12... Genre Schizolepis Genre Palissya.... sine ce das : Genre Echinostrobus Trib. VI. — CUPRESSINEZ.. ..... re MER Genre Wafdringtomitess: 1 ae ce ame dote ss Genre Widdringtonia ..... BUGOLRNE SIREN Genre. Palæsocyparis..HPMANQE RE 19, SM eee Geure rites: LORIE. ST JR EDEN EE Genre ÆeiloSirobus. 14.0 meselree-ect TEE Genre,Cupressinomylon:.s. she œheeet. 28 Supplément... DER E IEEE RES LL À ESS Table alphabétique et synonymique FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES. 1036-73, — Consmic. Typ. et Stér. CRETE. oser 00e 5.0 © »'ad clone n'ofote os ee élloïefslofs njeïe/olele 0 se s'ele) eos aie ve sis os este CRCHOECDONCICECRONCRONCACEON, C0 Genre SDBERMIEPIS.S. eee Te see AR . GENRE SMEAENRDONTIEN . à us... se céceac me0e R OICHONT HONCROECECSOICEOEC HOIOIICECIOIOENONMCMONOOIC CA) GONTE SEQUDIOPILS , à = «este se oise à se ee Ne ee COLE de es ee ee ae ele d'elersiétenn s rl PLEASE DO NOT REMOVE CARDS OR SLIPS FROM THIS POCKET UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY QE Orbigny, Alcide Dessalines d',. 755 Paléontologie française F8 07 sect.B Re9€T . É.3 Physical & Applied Sci. RTE re La