ACADÉMIE DES SCIENCES, ARTS ET BELLES-LETTRES DE DIJON. j SEANCE PUBLIQUE TENUE LK 3o AVRIL 1817. A DIJON, CHEZ FRANTIN, IMPRIMEUR DU ROI ET DE L'ACADÉMIE. M. DÇCG 3C^I. y >' . .^*. ."•^*^^. >.t ' .1 ACADEMIE DES SCIENCES , ARTS ET BELLES- LETTRES, DE DIJON. SEANCE PUBLIQUE TENUE LE OO AVRIL 1817. 1_j'assemblée étoit nombreuse et composée des personnes les plus distinguées par leur rang , leurs fonctions et leurs talens. Un grand nombre de Dames rendoient encore cette réunion plus brillante. M. Berthot, président , ouvre la séance, et dit : Messieurs , Lorsque l'Académie , dans cette séance solennelle , vient vous rendre compte de ses travaux , si elle n'a pas la satisfaction de vous annoncer d'ijnportantes découvertes , elle a du moins l'espérance de vous prou- ver qu'elle ne s'est point écartée des princi- pes qui doivent faire la règle de sa conduite; Méprisant ces succès éphémères , fruits d'une CTirioslté avide , qui veut tout expli- quer , elle n'oublie point que l'observation et l'expérience sont les seuls moyens d'étudier et d'interroger la nature j elle ne la suppose point soumise à des lois créées par l'imagi- nation , et n'invente pas des systèmes qui pourroient peut-être séduire un instant , mais qui rentreroient bientôt dans la classe des illusions , lorsqu'ils auroient la raison pour juge. D'un autre côté , Messieurs , si l'Académie sait admirer le magnifique ensemble des con- noissances humaines , elle ne se dissimule pas combien les diverses parties de ce vaste tableau laissent encore à désirer j elle est loin de penser que l'homme , bien que capa- ble de surmonter les difficultés delà science, ne puisse rien rencontrer qui soit au-dessus de son intelligence ; elle réprouve et con- damne l'orgueil de celui qui prétend que la sphère , dans laquelle il peut se mouvoir , n'a point de bornes. Cette honorable sévérité , qui nous défend d'adopter tout ce qui, dans les sciences phy- slqueSj ne seroit pas solidement établi sur des faits , qui nous prescrit de ne rien risquer , (3) (âans les sciences morales, qui ne soLt con- séquence nécessaire des vérités éternelles qui les constituent , peut nous exposer à nous présenter quelquefois les mains presque vicies 5 mais elle n'en méritera pas moins l'ap- probation de cette assemblée , composée d'hommes trop instruits et trop vertueux , pour ne pas préférer un petit nombre d'idées justes et utiles, à des productions variées et brillantes , mais qui devroientleur existence à des écarts de l'esprit ou du cœur. D'ailleurs, Messieurs , lorsque les sciences et les arts sont assez pertéctionnés, pour four- nir non-seulement aux besoins , mais encore aux agréraens de la vie j lorsque Tliomme a pour se guider ce flambeau divin qui ne s'éteindra jamais, malgré le souffle impé- tueux de la perversité ; ce qui reste de plus important à faire , n'est peut-être pas de découvrir des véi'ités nouvelles , mais bien de conserver celles qui sont connues , et de combattre l'erreur qui cherclieroit à les renverser. Un des principaux moyens d'atteindre ce but étant de diriger l'attention sur les faits antérieurement établis , et d'exciter les sen- timens généreux et élevés qui , en disposant aux douces imprçssipns du bien , le font (4) distinguer éans effort , et nous prêtent des armes contre tout ce qui lui seroit étranger 5 l'Académie , après avoir fait, l'an dernier, le plus noble appel à l'honneur et à la sensi- bilité,en proposant pour sujet de prix l'éloge du DUC d'Enghien , choisira cette année une question , qui sauvera peut-être de l'oubli quelques observations qui , n'ayant aucun intérêt en restant isolées , pourront acqué- rir beaucoup d'importance , lorsqu'après les avoir réunies et comparées , ou en dé* duira la solution de la question proposée. Un membre de cette compagnie vous fera connoître celte qiiestion, ainsi que la ma- nière dont elle devra être traitée , et vous entendrez la lecture du discours , qui a été distingué dans le grand nombre de ceux qui nous ont été adressés , et qui doit être cou- ronné aujourd'hui, malgré les taches qu'on y a remarquées , mais que l'auteur pourra •facilement faire disparoître. Nous ne pouvions espérer , Messieurs , obtenir un monument digne du jeune héros, dont il falloit célébrer l'infortune et la gloire j car où trouver un Bossuet ! Les suffrages de l'Académie ont donc dû être accordés à un ouvrage , dont le style est généralement no- ble et soutenu , qui offre des pensées et des (5) intentions fines et délicates , dont plusieurs passages se font remarquer par le movive- nient et la chaleur, qui n'appartiennent qu'à la véritable éloquence , et qui , abstraction faite du sujet , si touchant pour des Fran- çais , et sur-tout pour les habitans d'une cité, oùlenomdeCoKDÉ rappellera toujours de si précieux souvenirs , doit faire le prin- cipal objet de l'intérêt , qui pourra se ratta- cher à cette séance , qui va être remplie ainsi qu'il suit : Après la lecture du compte rendu par M. le secrétaire Vallot , D. M. M. GuENEAU DE MussY lira un rapport sur les pièces de vers envoyées au concours ; M. GiRAULT , une discussion sur l'épo- que du martyre de Saint Bénigne ; M. GuENEAU DE MussY , la traduction d'une idylle de Moscus , intitulée : l'Amour fugitif- L'ouvrage couronné , dont le sujet est l'é- loge de Monseigneur le duc d'Enghien , et qui porte pour épigraphe : Sta viator ! he- roem calcas, sera ensuite lu par le prési- dent, qui proclamera le nom du vainqueur. La séance sera terminée par M. Antoine , qui fera connoître le sujet du prix pour 1818. (6) ■■-'-'"--^ COMPTE RENDU Des travaujc de V Académie des sciences , arts et belles-lettres de Dijon. Messieurs , L'Académie des sciences, arts et belles- lettres de Dijon , en vous communiquant la notice des objets qui l'ont occupée , depuis sa dernière séance , sera satisfaite s'il en est quelques-uns qui méritent de fixer votre at- tention. On cherche depuis long-temps un procédé sûr et facile pour conserver les pommes de terre , d'une récolte à l'autre. Tous les livres d'agriculture indiquent des moyens qui sont insuflîsans , et conseillent des pré- cautions si embarrassantes, qu'il est diffi- cile d'y recourir. Le hazard nous a servi de la manière la plus satisfaisante , et le procédé nous a été communiqué ( x^ janvier i8iy ) par M. Bon- NET-CoquÉAU , associé résident. (7) Un père de famille des environs de la ville , désiroit soustraire au gaspillage de ses enfans , les pommes de terre qu'il avoit récoltées ; pour y parvenir , il prit le parti d'enfermer dans des tonneaux ces tubercu- les , qui s'y conservèrent très bien ; seule- ment lorsqu'il les planta , il fut surpris de ne les point voir germer. Il apprit de notre collègue que cet effet dépendoit de la pri- vation d'air à laquelle ces tubercules avoient été soumis. M. Bonnet employa cette méthode pour conserver les pommes de terre qu'il desti- noit à sa consommation , et le succès en constata l'efficacité. Ce procédé , qui est très simple , consiste « à défoncer des tonneaux , ce des foudres , et à remplir ces vases de ce pommes de terre , à replacer le fond , ce à fermer la bonde avec autant de soin ce que si les vases contenoient un fluide (i) , ce et à les garder à la cave , ou dans le cel- cc lier , pour les préserver de la gelée. C'est ce dans le courant de janvier , et même de ce février , avant le développement des ger- ce mes , que l'opération doit être faite. » (i) Cette précaution est indispensable, car si on la liéglige j on trouvera des tubercules germes. (8) Par cette disposition , les germes s'étei- gnent ; la saveur des tubercules est changée , elle devient très sensiblement sucrée , ce qui poiirroit offrir un grand avantage dans la fabrication de l'alcoliol de pomme de terre. Lorsque l'on veut prendre de ces tuber- cules pour l'usage , on défonce le vase , on enlève la quantité que l'on désire , et l'on recouvre le reste d'un linge , sur lequel on étend de la balle de froment , de seigle ou d'avoine, vulgairement appelée bouffe. On en fait une couche de l'épaisseur de huit pouces , afin de continuer à intercepter la communication de l'air. Trois années successives de l'emploi de ce moyen en ont confirmé l'efficacité , et aucun des tubercules renfermés, n'a été altéré. M. Groffier , médecin des hospices civils et militaires à Chalon-sur-Saône , correspon- dant , a envoyé à l'Académie {x6juin i8i6) une réponse détaillée sur des questions qui . lui av oient été adressées , relativement à cer- taines affections cancéreuses du visage. L'au- teur observe que ces affections sont assez communes en Bourgogne ; il en développe les caractères , la marche ; il fait oljserver combien il est dangereux de les irriter en les écorchant ou en y appliquant des corps (9) îrritans ou escarotiqiics , et il termine en indiquant les moyens usités aujourd'hui pour combattre cette sorte d'affection avec succès. On y est parvenu , en employant des re- mèdes internes, qui secondent l'action des topiques arsenicaux , signalés depuis plus de soixante ans , mais qui doivent être préparés suivant la formule j car , si l'on substitue l'orpiment , oxide d'arsenic sulfuré jaune , à l'arsenic blanc , oxide d' arsenic , il arrive des accidens qui exaspèrent le mal et aug- mentent la douleur j c'est sans doute ce qui a fait redouter , dans un temps , l'applica- tion de ce topique et qui l'a fait oublier. Le premier de ces remèdes , attribué à M. Chou ET , est le suivant : I^Cinnabre artificiel. Sulfure de mercure 5 ij Cendres de semelles de vieux souliers 3 j Sang dragon. grains, xii Arsenic blanc. crains, ix Pilez , en poudre impalpable, dans un mor- tier de verre. La dose est d'une forte pincée ou de grains XX. On la délaie jusqu'à consistance d'une bouillie claire , dans une coquille d'huître , puis on l'étend par couches , à l'aide d'un pinceau , sur la surface du mal y ( lo) on la recouvre par un pluraaceau de toile d'araignée , que l'on maintient avec un ban- dage convenable. Le topique doit se déta- cher seul , et , suivant l'état de l'ulcère , on réitère ou on cesse son application. Le deuxième de ces remèdes est attribué à M. ROUSSELOT. ^ Cinnabre . . . J Sang dragon.. / à â "S i] Arsenic blanc ' On le prépare comme le précédent ; la dose doit être d'un tiers ou de moitié moindre , on la délaie avec de la salive. Ce remède est la pâte arsenicale an frère CosME , et M. le professeur Dubois l'emploie encore à Paris , avec un grand succès. Le troisième de ces remèdes , que l'on at- tribue à M. Lassus , se prépare ainsi qu'il suit : BJL Arsenic blanc 5 "j Eau pure . . tb ij Faites bouillir et réduire à trois setiers , conservez dans une bouteille pour s'en ser- vir au besoin , en humectant de la charpie ou des compresses, que l'on applique sur les ulcères superficiels. M. GnOFFiER termine, en assurant que le remède dont la dame Damoiseau , de Cliâ-r Ions, fait un secret ,. n'est que la prépara- tion arsenicale , dont son mari , chirurgien à Verdun-sur-Doubs , lui a laissé la recette. M. Fbron , ancien chirurgien-major du 36.® régiment de ligne , correspondant à Paris, a envoyé {zz mai i8i6)un mémoire intitulé : Nouvel/es considérations sur l'en- térite adynamique , et sur l'utilité des toniques dans son traitement. L'auteur , après la description de l'entérite adjna^ inique (lièvre entéroinésenterique de M. Petit ) , annonce que cette maladie est le résultat de l'inflammation de la dernière partie de V iléon ; il conseille dans le prin- cipe les boissons mucilaglneuses, et lorsque la maladie devient plus grave , il y substitue le quinquina , dont l'action est éminemment secondée par l'application des véslcatoires. Dans un rapport, sur le Mémoire de M. le comte Chaptal , relatif à la Fabrication du sucre de betterave , M. Masson , pharma- cien , associé résident, a donné (24 avril i8i6) une notice sur l'établissement formé à la Colombière , près Dijon ; il nous ap- prend que les propriétaires de cette fabri- que sont parvenus , à force d'essais , à ob- tenir les mêmes résultats que ceux indiqués par le savant chimiste j la machine à râper ^ est très simple, très expéditive et sans au- cun danger pour les ouvriers. Trois presses construites avec solidité , expriment très promptement tout le suc qu'il est possible d'extraire de la betterave. La dépuration ,ré- "vaporatlon du suc , la clarification , la culte du sirop , enfin la cristallisation du svxcre s'exécutent sans peine et par le secours d'un seul ouvrier. Aussi les années précé- dentes, les propriétaires de l'établissement ont livré dans le commerce , au-dessous du cours , des sucres terrés et des moscouades de bonne qualité. Des échantillons de ces divers pi'odults ont été déposés à l'Académie. Aujourd'hui que le prix du sucre de canne a baissé , les propriétaires ne pourrolent plus soutenir la concurrence , et ils se conten- tent de fabriquer des sirops , dont ils ver- sent, tous les ans, environ dix milliers dans la circulation. M. TouRNON , docteur-médecin , associé correspondant , a envoyé (8 mai i8i6) une notice sur la terrible explosion du magasin à poudre de Toulouse : explosion qu'il re- earde comme l'effet d'un accident occasionné par le choc du charbon. Il appuie son opi- nion, sur un article contenu dans la notice de la séance publique , tenue le 6 septembre ( i3 ) î8o2 , par rAcadéraie de Dijon. Cet article, relatif" aux trois explosions successives de la Poudrerie de Vonges , en moins de trois mois , apprend qu'elles avoient été produites par le choc du charbon. Tous les chimistes savent que l'on peut retirer la gélatine des os , à l'aide des aci- des aff'oiblis. M. Darcet a mis à profit cette découverte , pour fabricpier des tablettes de bouillon , et il a pris un brevet d'invention, afin de s'assurer la propriété des opérations par le moyen desquelles il réussit. M. Masson , pharmacien , désirant met- tre à profit ses connoissances chimiques , s'est aussi occupé de l'extraction de la géla- tine des os , à l'aide des acides afibiblis. Par une série de procédés qui lui est propre , il est parvenu à se procurer de la gélatine , qui réunit toutes les qualités de la gelée de viande , comme on a pu en juger d'aprè$ l'échantillon qu'il a présenté à l'Académie j aussi on peut employer cette substance avec le plus grand avantage , pour la confection des bouillons dans les hôpitaux , les prisons , les casernes et autres établissemens , où la réunion des individus force à recourir pour leur nourritui-e , à des procédés économiques, d'accord cependant avec la salubrité des (H) substances alimentaires et la santé des hom- mes. M. Masson ignore si les procédés dont il l'ait usage sont les mêmes que ceux em- ployés par M. Darcet j mais il est certaiu que les résultats sont les mêmes. Le désir d'éclaircir quelques points d'his- toire naturelle a ensairé M. Vallot à rédi- il O ger, sur ces objets, plusieurs mémoires qu'il a communiqués à l'Académie. Le premier est intitulé : Notice sur deux espèces de Jleurs doubles [ig juin i8i6). Quoique les botanistes regardent comme des monstruosités les fleurs doubles, et que par suite de cette opinion , ils ne les fassent pas entrer dans leurs catalogues systémati- ques , comme espèces ; l'auteur a cru devoir noter le sureau à fleurs doubles , sambu- cusnigraj ver. fl. pLea. Cette variété, inté- ressante pour les amateurs , ressemble telle- ment au sureau vulgaire, que ce n'est qu'à l'époque de la floraison, qu'on peut l'en dis- tinguer , par la forme et la couleur des fleurs très blanches : la conversion des étamines en corolles, l'ait disparoître la teinte jaunâ- tre que leur présence donne à la fleur du sureau commun ; il aiTÏvc quelquefois que l'anthère subsiste au sommet ou même sur les bords de la découpure j Fauteur a vu ( IM cînq étamines exister sur une corolle întè» rieure j cette disposition explique comment il arrive que ce sureau à fleurs doubles pré- sente quelquefois des baies , peu nombreuses à la vérité : en semant les pépins , on ob- tiendroit peut-être des variétés plus belles , mais l'expérience n'en a point été faite. La variété dont nous parlons s'est trouvée par hazard , dans une haie , qui bordoit un champ de Van toux , sur le chemin de Dijon à Messigny j aussi dans toutes les excursions botaniques dir-igées de ce côté, on avoit grand soin de faire remarquer aux élèves cette variété, d'autant plus singulière qu'elle n'étoic point le résultat des soins de l'homme. Par le secours des boutures, l'auteur s'en est pro- curé deux très beaux pieds qui , avec celui du Jardin de botanique , sont actuellement les seuls connus : la haie dans laquelle se trou- voit le premier pied a été entièrement arra- chée. Parmi les nombreuses variétés de renon- cules , renonculus asiaticus Linn , il en est une que l'auteur n'a trouvée décrite nulle part, ni indiquée dans aucun catalogue, C'estune variété à fleur très double, inodore, dont les pétales, d'un -z/«?r/ ^-"/^e/-/^*?, sont co/'ia- ces^ terminés à leur sommet trilobé par un ( i6 ) point noir et cjixelques poils blancs forC courts , qui , avant l'épanouissement com- plet de la fleur, la font paroître comme cou- verte d'une très mince toile d'araignée. L'auteur a vu cette variété dans le jardin, de feu l'abbé Bretj cet amateur , qui en avoit reçu les griffes du Poitou , ignoroit com- ment son correspondant s'étoit procuré cette singulière variété, cultivée, il y a plus de cinquante ans , dans les jardins de l'Evêque de Blois. L'auteur de la notice , frappé de la struc- ture extraordinaire des pétales de cette va- riété , a faitinfructueusement des recherches , pour en retrouver Je type primitif, qui lui paroît devoir être différent de celui de toutes les belles variétés , si recherchées des fleu- ristes. Les trois observations suivantes ont pour objet certains êtres et certaines substances mal observées, ou observées avec peu de soin et prises pour d'autres. ( i^ février tSij. ) A. Il est question dans les éphéinérides des curieux de la nature ( 1682 décad. II, 1.'^ année 3 p. 38i , ohs. cuii) d'un poisson a PATTES. L'observation est de Georges Wolf- ganq Wedel , fameux professeur à Jéna. Dans sa bibliothèque anatomique {tom. 1 j ( î7) pûg. 470 , S- ccccxxxviri ), Hailer donne le titre de tous les ouvrages de Georges Tfolf- gang Wedex , et à la page i^'j'x , il met sous la rubrique E. N. C. Dec. II , année 1/^, obs. 157, pîscem bipedem. M. Vallot témoigne son étonneraent de ne trouver à cette citation aucune réflexion de Haller î cet anatomiste si habile n'a pu laisser échapper la singularité ai \xTi poisson à deux pattes ; il a dû rechercher ce qui avoit donné lieu à une observation aussi étrange j il ne l'a pas fait, quoiqu'il connût les ouvra- ges de SwAMMERDAM et ceux de Roesel , ce qui pourroit laisser croire que Haller admettoit l'existence d'un pareil être. Un professeur Italien appelé Jean- Antoine B ATT ARA , de E-imini , dans un supplément (^pag. 2,37^ S- rii , tab. m ,fig. G. H.), ajouté à la nouvelle édition in-folio , qu'il a publiée en 1773 , du cabinet de Kircher , donne la description et la figure d'un petit poisson inconnu , dit-il , à tous les ichthyo- logistes ; il l'appelle bratrachoscelos , et le conserve précieusement dans l'alcohol pour le montrer aux curieux. M. Vallot , en rapportant cet article , ajoute qu'il n'a pu concevoir , comment le 2. ( ^8 ) professeur Italien a méconnu , dans son pré- tendu poisson , dont il dit que les intestins sont roulés en spirale , la larve de la Gre- nouille , lorsqti'elle est pourvue de ses deux pattes coxales. Il suffit en effet de comparer les descrip- tions et les figures de Wedel , de Battara, avec celles de Swammerdam , de Roesel , de Spallanzani, et sur-tout avec l'observation, que cliacun peut faire aujourd'hui , pour demeurer convaincu que \e poisson bipède , est la larve d'un batracien à l'époque que j'ai assignée. Sur les plantes ou sur les arbres , qui ont été chargés d'une grande quantité de puce- rons , aphis LiNN. , on observe quelquefois ce des filets blancs longs de plus d'un pouce , à^ Ascophora ovalis, et sous celui d'^^ci- dium ovatum j Schrifft. d. Gessels. Natur- Jbrsch. inBerlin jtom. 3, pag. 247, t. 4,^-4'^' l[aétésuivij)a.r Jean-FredéricGMi.J.iN , qui , dans la XIII. "^ édition du Syslema naturae a (1) Ophion Luteus , I.jnn. S. N. edit. jcii^p. g3j^ sp. 66 , sub iclineumon. Cuv. reg. an ^ t. 3 , pag. 468. Uropoda vegetaiis, Linn. S. N. edit. j^iz ^ t. 3 y append. p. 22S , sub acanis. A l'occasion de ce dernier insecte, l'auteur observe que le Rédacteur du Dictionnaire des insectes de l'En- cyclopédie méthodique par ordre de matières , a rangé la Mitte végétante ( tom. vu , pag. 698 , n.° 26 ) parmi les espèces moins connues 5 qu'il s'est contenté de co- pier Gmelin, s. n. éd. XIII, tom. 1 , part. 5, pag. 2933 , n. 78 , sans alléguer Linnée ; il devoit cepen- dantsavoirque De Gi^JiR( ^c^. jS/oc^^, J768, et Mém. sur les insectes , tom. vu , pag. i23 , tabl. 7, f. i5 ) , en a parlé fort en détail, t Si l'on avoit le soin de remonter aux sources , dit l'auteur, les livres seroient remplis de moins d'inexac- titudes et de moins d'erreurs. (21 ) ZiiNN-, tom. 2, pag. 14B4, ii.''4, admet l'^jr-* cophora ovalis. Palissot-Beauvois (Dict. des Sciences natur. , tom. 3 , pag. 2.02 ) décrit ces œufs sotis le nom à^Ascophore perenelle. Dans le nouveau Diction. d'Hist. natur., édition de Déterville ( tom. 2, pag. 3io ) , on xoxtV A se ophore vzVûicd? figurer parmi les huit citées. PoiRET {^Encyclop. méthod. Diction, de botanique , Supplément ^ tom. 1 , pag. 480, col. 1) admet V Ascophore perenelle . Bosc ( Nouv. Diction. d'Hist. natur. , 2.* édition , Déterville , tom. 2 , pag. 588 ) dit que le genre de V Ascophore n'a qu'une es- pèce. M.'" Vallot termine sa notice en obser- vant , d'après ce qui précède , que tous les auteurs cités se sont copiés , et qu'il est im- portant de détruire une erreur qui , à la fa- veur du nom des savans qui la répètent , prendroit par la suite l'apparence d'une vé- rité. Le dernier Mémoire d'Histoire naturelle , communiqué par M."" Vallot, a pour titre : Sur le suif minéral ( 26 fév. 1817). Après des considérations générales sur la prudence ( " ) qui doit présider à l'admission de certains iaits, l'auteur rapporte différentes anecdotes, fournies par la précipitation , avec laquelle quelques observateurs ont admis des objets factices pour des êtres naturels ; il en cite plusieurs qui par-là sont devenus le plastron d'une mystification sanglante. Il indique la Dent d'or ( Dan. Sennerti D. M. ,profes. ■practicae medicae , Lib. II j Lugduni , i6^o , 8.° , pag. 60 , cap. XV de Dente aureo piierl Silesi'i ); les prétendues pétrifications décrites par Beringer (. Lithographia Wirzebur' gensis. Voy. Gesnek, de pétrifie atis , p. 58; Le Journal de Physique , an VIII , floréal , p. 326 ; Le Magasin encyclopédique , 1808 , novembre , toni, 6, pp. 116 et seq. ; ) le ver intestinal, admis par Scopoei ( Délie, insub. pag. ^6 y n.** XX ) , sous le nom de Fhyscis intestinalis ; ( Gmelin , Syst. naturae , edit. XIII. , tom. 1 , pars vi , pag. 3o8o , nota) , et qui n'est que la trachée artère d'un poulet ( Bulletin de l'Eeole et de la Soeiété de mé- decine de Paris y 1807, n". viii , pag. ii4 ) » la fameuse Hydre de Hambourg dont P. BoiSTEAU ( Histoires prodigieuses , p. 3i5 ) a parlé un des premiers , et dont Sera {Thés, tom. 1 , tab. 611 , f. 1 ) a donné la gravure citée par LiNNÉE {System, naturae _, edit. xii. ( ^3 ) tom. 3, pag. 358 , n».), Gmelin {System, naturae , edit. xiii , pag. io56, n''.) , et in- diquée par Haller {B'ibliotheca anatom, , tora. II , pag. ^"j^ , §. DCCccLxxvii) , sous le nom de Hydra sepdceps Hanibui'gensis ^ les basilics fabriqués avec des raies , et connus dès la plus haute antiquité ( Boistuau , Hlst, prodigleus , pag. 17.5). L'auteur a vu dans une collection, le Pechstein de Menil-mon- tant ou raenilite, [Manuel du minéralogiste , tora. 1, pag. 339, § cxxvi. S. Opalus piceus, Gmelin, System, nat. , edit. xiii.^ , tom. 3 , p. iSç , n.° 2 ), désigné sous le nom de Ko- seau des Indes pétrifié. Ces diverses anecdotes sont citées à l'oc- casion d'une notice que l'on lit dans le Journal de Physique , tom. lxxiv , 1812 , juin , pag. 434- Cette notice rappelle la dé- couverte dont feu Hermann , célèbre natu- raliste de Strasbourg , avoit fait part en 1764 àGuETTARD sur le Suif minéral. M."^ Vallot écrivit en 1812 au Rédacteur du Journal , pour lui faire part de ce que • Herriann pensoit lui-même de cette dé- couverte j la lettre n'a point été publiée 5 c'est ce qui a décidé M/ Vallot à commu- niquer à l'Académie ce qu'il avoit appris de la bouche de M. Hjermann lui-même. Voici (24) le fait. En 1764 , le père du naturaliste Hër- MANN étoit allé à Bar prendre les eaux pour raison de san té ; il remarqua à la surface de l'eau une substance graisseuse, pareille à du suif fondu 5 il en fit part à son fds, qui l'écri- vit sur-le-champ àGuETTARD: lalettre futlue à l'Académie des Sciences de Paris. Quelque temps après, M. Hermann découvrit que ce prétendu suif minéral , étoit le résultat de la supercherie d'un valet intelligent, qui, pour achalander les eaux, dont son maître étoit propriétaire , jetoit dans les chaudières des boules faites d'un mélange d'argile et de suif. Hermann s'empressa d'écrire à Guettard potir lui annoncer cette découverte , et le prier d'annuller son observation précédente. GuETTARD lut ccttc nouvellc lettre à l'Aca- démie , et les choses en restèrent-là. Dix ans après, Hermann fut très surpris de voir publier dans le Journal de Physique ( 1774, mai , tom. 3, part, v , p. 346) , cette observation sous son nom , que l'on avoit tronqué , car il est dit Hermand ; il fut en- core plus étonné de la retrouver dans Kir- wan , dans/e Manuelde Minéralogie (tom. 2, pag. '18, §. cxxxviii , F ), d'où plusieurs au- teurs l'ont tirée pour en parler dans leurs ouvrages. Gmelin. Syst.nat.j edit.xiii,tom. 3, pag. 38i , n." lo , l'appelle Bîtumen Sevuvu Malgré les réclamations continuelles cI'Her- MANN , l'erreur s'est propagée et se soutient encore , tant il est difficile de revenir au vrai , quand on s'en est écarté. A cette oc- casion, Hermann parloit de la cire de mon-' tagne , décrite par Resler j elle n'étoit éga- lement que le résultat d'une supeixlierie. Un de nos collègues , a vu lui-même que les eaux de Contrexeville , en Lorraine , ne dévoient leur qualité ferrugineuse ([u'à cinq ou six cents clous que le propriétaire faisoit placer secrettement à la source , après les pluies abondantes, afin que par leur oxida- tion, ils donnassent à l'eau une légère sa- veur astringente. Si l'on réussit à tromper sur des faits qu'il est aussi facile de vérifier , on doit être très réservé sur le degré de confiance qu'il faut accorder à une foule d'autres faits plus dif- ficiles à constater. La littérature a occupé plusieurs de nos collègues , qui ont communiqué à l'Acadé- mie quelques pièces que nous allons faire connoître. Un anonyme a adressé ( 2,4 avril i8iG) à l'Académie une pièce de vers intitulée : Hom- ( ^6 ) MAGE A l'Académie de Dijon ; la lecture de cette pièce a prouvé que l'auteur étoit animé des meilleures intentions , et qu'il annon- ^oit des disjDOsitions heureuses. M. Couturier , professeur de rhétorique au Collège royal, associé résident, lit ( z6 mai i8ij) une épître sur l'amour de la gloire , à madame de Vannoz. L'auteur commence par des réflexions gé- nérales sur les divers sentimens qui animent l'homme ; il les envisage ensuite sous leurs dif'férens degrés de force et sous la direction qu'ils peuvent prendre : il conclut que leur exaltation ou leur mauvaise direction en dé- terminent l'abus , et il regarde i' amour de la renommée après la mort , comme la suite de l'abus du sentiment de l'immortalité de notre ame ; rnalgré les preuves qu'il donne , l'auteur se défie de ses propres conclusions ; il les soumet à Madame de Vannoz , dont le talent est bien connu , et il la prie de lui communiquer ses propres réflexions sur un objet aussi abstrait. Outre cette pièce , dans laquelle l'auteur a encadré , avec beaucoup d'adresse , quel- ques passages des poésies de Madame de Vannoz, il a lu ( aa mai i8i6) une Ode (^7) Sur le mariage de Charles - Ferdinand d* Artois , Duc de Berry , avec Mairie- Caroline-Thérèse , Princesse de Naples. Un exemplaire , obtenu par les procédés li- thographiques , a été déposé à la Biblio- thèque ( ^oy^^^7/^/^ ^5/6"). M. le Marquis de Courtivron , académi- cien honoraire , a communiqué ( ix juin t8i6) à l'Académie , la traduction qu'il a faite d'une pièce allemande , en cinq actes , de ScHiixER , intitulée : La Pucelle d'Or- rÉÀNS î il a fait précéder cette traduction de quelques observations sur le théâtre alle- mand. Dans cette préface , M. de Courtivron fait un examen raisonné de la pièce de Schiller ; il la critique judicieusement ; il lui donne des éloges mesurés, sans adopter l'enthousiasme que cette pièce a excité en Allemagne . On sait que c'est à Weymar que Schiller composa sa Pucelle d'Orléans. Lorsque la première représentation en fut donnée à Leipsick , il y assistoit ; le public fit éclater, en ce jour , sa joie et sa satisfaction , d'une -manière unique , peut-être, dans les annales du théâtre allemand. Malgré l'excessive cha- (^8) leur , la salle étoit remplie de spectateurs / l'attention fut très soutenue ; et à peine la toile , après le premier acte , fut-elle baissée , que le cri unanime de vive Schiller ! se lit entendre j le bruit des timballes et des trom- pettes se mêloit aux acclamations de l'assem- blée. Le poëte saluoit, de sa loge, avec mo- destie. Lorsque la représentation fut achevée , tout le monde sortit avec impétuosité de la salle , pour le mieux considérer ; et en un instant , la place , qui est devant le théâtre , fut couverte d'un peuple immense ; Schi ller traversa ainsi en triomphe la foule de ses ad- mirateurs. Tous , la tête découverte , se px'es- soient sur son passage , et les pères disoient à leurs enfans, qu'ils soulevoient dans leurs bras : Le voilà ! ( La Qui/izai/ie littéraire j tom. i , pag. 4%'j. ) Une pareille scène prouve que les Alle- mands sont moins difficiles que nous , et qu'ils ne tiennent point à la règle des trois unités tracée par Aristote , Horace et Boi- XEAu : en effet, la tragédie de Schiller com- prend la vie entière de Jeanne d'Arc ; et cette héroïne, représentée suivant le goût du poëte , est totalement différente de cette PuceUe que nous peint l'Histoire. Aussi , dans ( ^9 ) cette tragédie , ne retrouve-t-on aucune de3 qualités qui rendent Jeanne d'Arc , si inté- ressante pour les Français. On voit, par cette seule observation , qu'il existe une grande différence entre les pièces allemandes les plus célèbres , et les chefs-d'œuvre qui il- lustrent le théâtre français. M. PoNCET , professeur à la Faculté de * droit , membre résident , a lu {^juillet i8i6) un mémoire intitulé : De l'influence réci- proque du Jury sur la morale publique , et de la morale publique sur le Jury, Ce mé- moire a obtenu une mention honorable de la part de l'Académie du Gard , qui n'a point accordé de prix. Elle avoit proposé cette question pour i8i3 : le concours avoit été prorogé jusqu'en i8i5, époque à laquelle la question a été retirée. L'auteur>commence par définir ce que si' gnifie le mot mœurs; ensuite il parle du Jury, dont il faitremonter l'origine jusqu'à lafonna- tionde la société, llsuitcetétablissement dans ses variations chez les différens peuples , et enfin il le décrit tel qu'il est aujourd'hui ins- titué en France. Ses recherches l'ont amené à établir un parallèle très frappant entre la na- tion française et la nation anglaise ; il le fonde ( 3o ) sur la différence du caractère de ces deux peuples , sur la diversité de leurs mœurs , de leurs iLsages , de leurs habitudes , sur la di- vergence de leurs opinions. C'est en lisant l'ouvrage , que l'on peut se f'aiie une idée de la peinture extrêmement ressemblante qui caractérise chacun de ces peuples , et qui éta- blit entre eux une digue qu'il sera impossible de détruire. L'auteur finit par s'en rapporter au temps pour donner la solution de la ques- tion proposée par l'Académie du Gard, qui , en la retirant du concours , a reconnu elle- même que la réponse ne pouvoit encore être donnée , parce que le temps , qui s'est écoulé depuis l'établissement de cette institution , n'est pas suffisant pour fournir les rensei- gnemens nécessaires. M. G1RAU1.T, avocat, membre résident, a continué son travail sur l'arrangement et le classement des médailles de l'Académie , et en a communiqué ( iz mars i8iy) le ré- sultat. Il s'est occupé de la seconde partie des médailles, qui comprend les pièces et mon- noies des Rois de France , du Baronnage et des pays étrangers , des médaillons , des je- tons de différens types et de différens mé- taux. De ce travail, il résulte que l'Acadé- ( 3i ) îîiie possède quatorze cents pièces , qui , join- tes à celles de la première partie , ( Séanc» pub. du ^o mars i8i6, p. i^.J donnent une suite intéressante. Savoir : Monnoies Jetons Médaillons Papes Monnoies gauloises.. Or. Argent. Bronze. 7 77 4«4 1 6 636 3Î 33 5 47 33 33 4 87 33 33 lO 100 8 33 102 1284 M. le Préfet de la Côte-d'Or, par une lettre, en date du 12 novembre 1816, deman- doitàl' Académie son avis sur deux /ra^c^z/z^^,, l'une à retordre y et l'autre à écheveaux , présentées par M. Quatremère-Disjonval* Empressée de répondre aux vues bienfai- santes du premier administrateur , l'Acadé- mie a nommé une Commission ( 23 novembre i8i6) j qui , par l'organe de M. Mathieu , a fait (xy novembre 1H16) un rapport étendu , dont nous allons présenter la substance. Il n'est personne qui n'ait quelquefois ( 30 examiné la manière dont les cordierS tra- vaillent j on a pu observer que toute coi'de, grosse ou petite , est formée de plusieurs brins tordus ensemble , en sens contraire de leur torsion partielle. Ces manœuvres néces- sitent deux opérations successives, et exigent beaucoup d'espace. La machine à retordre , qui a été placée sous les yeux de l'Académie, fait disparoître ces deux inconvéniens ; un espace , de quel- ques mètres carrés , suffit pour le jeu des macliines , destinées à fabriquer des objets de dimension moyenne ; la même machine tord dans les deux sens. Elle est construite d'une manière simple et ingénieuse j par le mou- vement de ses roues elle a quelqu'analogie avec le mouvement de la sphère terrestre. Elle peut servir à retordre depuis la soie au- dessiïs de celle appelée organsin , jusqu'à des cordonnets en soie , laine , etc. , des ficelles et cordelettes de deux à trois milli- mètres de diamètre. La machine à écheveaux , est également fort simple j elle présente l'avantage de fabri- quer très promptement les éclieveaux de toutes les longueurs, d'en serrer et d'en régu- lariser la contexture j en augmentant les di- ( 33 ) ïnensions, on pourroit s'en servir pour tou- tes les substances réduites en fil , mais le modèle qui a été soumis à l'Académie , ne peut être employé que pour obtenir des éclie- veaux de soie , et ce n'est guère que pour cette substance que l'on a besoin de cette grande régularité. M. BoNNET-CoQUEAU , assocîé résident , annonce {^i6 avril i8iy ), que M/' J. B. Cha.u- VELOT a singulièrement amélioré son système de fdature , puisqii'il obtient avec de la laine cardée des fdés n.° 4^. Pour rendre intelli- gible la nature de ce perfectionnement , il faut observer que dans les manufactures, on distingue deux sortes de laine , celle peignée et celle cardée. Pour obtenir la première, on la passe sur un peigne de fer à longues dents, cliauffé sur un feu doux ; le contact du fer chaud dresse les brins de laine , leur enlève une partie de leur ressort et de leurs aspérités, et les rend lisses et brillans. Cette sorte est employée à la confection des schalis et autres étoffes légères et unies , qui ne sont point soumises à la trituration du foulon- La laine cardée se prépare à froid ; elle consei've son ressort, ses aspérités j elle se feu- 3 (34) tre facilement et fournit des vêtemens plus ciiauds. Elle est plus difficile à filer que la première^ aussi jusqu'à présent, dans aucune filature , on n'a pu dépasser en laine cardée le n.*' 3o j les numéros dont on se sert pour désigner les filés , indiquent la longueur du fil fourni par une livre de matière première ; ainsi le n.° 3o apprend qu'une livre de laine filée a fourni un fil dont la longueur est de vingt-trois mille quatre cents mè- tres, et le n."4^> 1^^ ^st celui obtenu par M. Chauvelot , indique que ce fil atteint la longueur de trente-trois mille cinq cent qyarante mètres. Par suite de ce j)erfection- nement , M. Chauvelot peut fournir aux fabricans , des laines cardées , filées à un de- gré de finesse , bien supérieur à tous ceux connus , et leur procurer ainsi la faculté de faire des draps très légers et très chauds. On emploie , présentement à Dijon, ces laines cardées pour la fabrication de bas qui sont très cliauds , qui ne piquent point la jambe et qui Joignent à une grande douceur , une légèreté telle qu'une paire de bas pour homme ne pèse pas plus de quatre onces. M. Bonnet a fait voir à l'Académie , deux livres de laine mérinos cardée et filée d'après le nouveau (35) ■procédé , et deux paires de bas , confectionnées avec ces laines. Ces bas sont bien pins avantageux que ceux fabriqués avec des laines peignées , qui sont à la vérité brillantes, mais sèches et ne tiennent point chaud. En établissant à Dijon des métiers pour employer des laines cardées de la filature de M. Chauvelot, on réuniroit sur le même sol , les animaux qui nous fournissent leurs précieuses dépouilles , et les mains indus- trieuses qui en tirent un parti aussi avanta- geux. On fourniroit à la classe indigente, et sur-toiit aux individus débiles , des moyens d'existence très utiles , et on donneroit à Dijon une renommée d'industrie, qui pro- curerolt à cette ville une nouvelle branche de commerce, extrêmement importante. Mais les facultés pécuniaires de M. Chauvelot , sont trop restreintes pour lui permettre de faire une pareille entreprise. L'Académie des sciences , arts et belles- lettres de Dijon a reçu des envois de La Société royale et centrale d'agricul- ture , à Paris. La Société d'agriculture, commerce et arts ji à Besancon. (36) La Société d'agriculture du département de l'Indre , à Châteauroux. La Société d'agriculture , sciences , arts et belles-lettres , à Tours. L'Académie des sciences , lettres et arts , &. Marseille. L'Académie du Gard , à Nismes. La Société d'agriculture , d'histoire natu- relle et des arts utiles, à Lyon. La Société des sciences , belles-lettres et arts , à Bordeaux. La Société d'émulation et d'agriculture, à Bourg. La Société de médecine , à Toulouse. L'Académie des jeux floraux , à Toulouse. L'Académie des sciences , belles-lettres et arts , à Rouen. La Société d'agriculture , commerce , sciences et arts , à Châlons-sur-Marne. OUVRAGES IMPRIMÉS Envoyés à l'Académie, AisîNALES de l'agriculture française , par MM. Tessier et Bosc. (37) Journal des propriétaires ruraux pour le midi de la France. Lettre sur le rliythrae grammatical des lan- gues , par M. La Salette, adressée à M. le rapporteur de la Commission de la seconde classe de l'Institut. Paris, i8i5 , 8.° 3^ pag. i.'^'" mai i8i6. Annuaires statistiques , historiques et ad- ministratifs du département de l'Orne , pour les années i8o8 ■ — 1812, , par M. Louis Dubois, 5 vol. 12. Des melons et de leurs variétés , par le même. Paris , 1810, vol. 12. L'avenue des Châtelets , élégie , 4 pages. Notice sur les bains de Bagnoles , 7 pag. Dissertation sur le camp du C/idtellier, vulg. appelé Camp de Césary situé dans la commune de Mont-Meré , près Argenton , 4 pages. Recherches sur le jeu des échecs, 8 pag. Toutes ces brochures de M. Louis Dubois ont été adressées à l'Académie le i5 mal 1816. Courte notice sur la vie et les travaux de Louis-François-Emmaiiuel Mermet. Paris, 1814. ( 38 ) Addition à cette notice , par le môme ^ Lons-le-Saunier , 1816. Eloge de LouisXVI, de glorieuse mémoire, Koi de France et de Navarre , par M. l'abbé Mermet. Lons-le-Saunier, octobre i8i5. Réflexions sur les événemens présens , 1.*^' juillet i8i5. Ces brochures ont été communiquées à l'Académie le 2,2 mai 1816. Eloge historique de M. Vabenne de Fenixee , par M. Mer.met. 10 juillet 1816. Discours prononcé le jeudi 9 mai 1816, par M. Bourrée de Corberon , procureur du Roi près le tribunal civil de Beaune , lors de l'installation de ce tribunal. 29 mai 1816. Recueil de l'Académie des jeux floraux , 1814, i8i5, 1816. Toulouse^ vol. 8.". 5 jnai 1816. Ode sur le mariage de Charles-Ferdinand d'Artois , nue de Berry , avec Marie- Ca- roline-Thérèse j, princesse de Naples , par M. Couturier , professeur de rhétorique au Collège royal ; exemplaire tiré sur pierre. lo juillet 1816. Mémoire sur l'instruction publique dédié aux parens chrétiens , par Jean Couturier, (39) professeur au Lycée (Collège royal) de Di- jon , i8z5. \o juillet \'èi6. Le PrintempSy premier cliant du poëme chinois des saisons, traduit en vers français , et mêlé d'allusions au règne de Louis XYIII, par Charles- Léopold Mathieu , ancien substittit au ci-devant parlement de Nancy, membre de plusieurs sociétés savantes , na- tionales et étrangères. Nancy, 1816, xii et 28 pages. Première élégie de Tibulle , traduite en vers français par Charles-LéopoldMj THiBUy lue à la séance publique de la Société académique de Nancy , le 18 août 1814. Nancy , sans date, 2.0 pages. 01 juillet 1816. Hygiène militaire , par le D. J.-Rom.- Louis Kerckhoffs , médecin militaire de première classe , etc. Maestricht y i8i5 , 8.'' XXII et 187 pages. 6 août 1816. Instruction sommaire sur l'épizootie con- tagieuse , par M. HuRTREL d'arboval , a.*' édition. Paris, 1816, 8." 267 pages. 6 août a8i6. Méprises d'un géomètre de l'Institut, ma- nifestées par un provincial, o« Observations critiques sur le traité de physique expé- ( 4o ) rlmentale et mathématique de M. Biot , en ce qui concerne certains points d'acousti- c]ne , par M. Suremain du Missery , ancien officier d'artillerie , de la Société royale des sciences de Paris , et de l'Académie des sciences de Dijon. Fans, 1816 , 8.** 74 pages. i3 novembre 1816. Projet d'intérêt public , recommandé à l'attention du gouvernement et de tous les amis de l'agriculture , par J.- A. - Victor YrjRT. Paris, 1816, 8." 92 pages. Pvelation de la surprise de Berg-op-zora, les 8 et 9 mars 1814, par M. le chevalier Legrand. Paris, 1816, 8.° 102 pages. i3 novembre i8i4. Mémoires d'agriculture , d'économie ru- • raie et domestique , publiés par la Société royale et centrale d'agriculture , année x8i5. Paris, i8i5, îi." 5oo pages. Itinéraire descriptif de la France , par M. ■Watsse, inspecteur des postes - relais , cor- respondant de l'Académie , 8 livraisons. 4 décembre 1816. Préface de la nouvelle édition des Provin- ciales de Pascal , par M. le comte François DE Neufchateau , faisant partie des clas- siques français imprimés par M. Didot l'aîné. Z janvier 1817. ( 4i ) Sur les subsistances, par M. Tûuxot. 12 février 1817. Supplément au dictionnaire de médecine dogmatique, par M. Marchand , docteur en «lédecine à Besançon, "xd février 1817. Eloge historique de l'eu Pierre Thouvz- NEL, premier médecin consultant du Roi , par M. DE Haldat. 5 mars 1817. Éloge historique de Nicolas Savcerotte^ par le même. 5 mars 1817. M.'^ Gueneau de Mussy , Inspecteur d'Académie , a la parole , et dit : Messieurs , Si l'Académie doit se féliciter d'avoir à décerner aujourd'hui une couronne, qu'elle avoit également proposée à l'éloquence et à la poésie, elle ne peut se défendre en même temps d'un juste regret , en voyant les poètes vaincus dans cette lutte glorieuse et si digne de les inspirer. La vie , et sur-tout la mort du duc d'ENGHiEN, ne sont-elles point l'hé- ritage des Filles de Mémoire ? Nos douleurs et le sublime caractère du Héros ne nous donnoient-ils pas le droit d'attendre des ef- ( 42 ) forts plus heureux de ceux qui ont entrepris de le célébrer dans leurs chants ? Sans doute , la hauteur même du sujet a rebuté plus d'un poëte , dont la Muse a dû être d'autant plus effrayée , que son cœur étoit mieux pénétré des sentimens dont elle avoit à se rendre l'in- terprète : si nous devons apprécier ce mo- deste et respectueux silence , l'Académie doit aussi des encourageraens et même quelques éloges à la courageuse témérité de ceux qui ont essayé de jeter quelques fleurs sur la tombe du vertueux prince, dont la cruelle lin sera une source éternelle de regrets, po^ir la France. Trois pièces de vers ont été adressées pour le concours. Au milieu d'un grand nombre de vers médiocres et incorrects, l'Académie a. remarqué des germes de talent qxiî, mûris et développés par le travail , peuvent pro- mettre pour l'avenir des applaudissemens moins restreints et de plus éclatans succès. Celle des trois pièces qui a plus particuliè- rement fixé l'attention de l'Académie , a pour épigraphe : Purpureus veltitl cuiiijlos succisus aratro. Telle une tendre fleur , etc. L'auteur débute par une apostrophe au - ( 43 ) cliâteau de Vincennes, où il confondit ses serraens avec ceux des braves qui sollicitè- rent en vain l'honneur de mourir pour leur Roi : Lorsque d'un vil tyran , sur nos tristes remparts Pour la seconde fois flottoient les étendards , Quand Louis, s'éloignant d'une rive chérie', Emportoit loin de nous les dieux de la patrie. Là , devant ces murs si féconds en souve- nirs, tandis que l'auteur étoit enfoncé dans^ de pénibles rêveries, un vieux guerrier lui apparoît soudain : Tout-à-coup j'aperçus un vieux guerrier sans armes A genoux et courbé , de ses brûlantes larmes Arrosant un tombeau que l'herbe avoit caché. Ce vénérable vieillard avoit été constamment attaché à la personne du dr^c d'Enghien j après avoir donné des leçons de sagesse à son en- fance , il avoit plus tard combattu sous ses ordres : qui mieux que lui pouvoit faire con- noître ce Héros et déplorer sa fin prématu- rée ? Le poëte le représente racontant tout ce qu'il sait de la vie et de la mort du jeune Prince. Après un tableau rapide de la révolution, il transporte son Héros sur ces rives qui de- {44) vinrent le théâtre de ses exploits , et où les défenseurs du trône s'étoient réunis pour protester en quelque sorte contre les horri- bles attentats qui avoient souillé la France. Contraste merveilleux de forfaits , de vertus ! Quand le Rhin, étonné voit sur ses flots émus Fuir tous les défenseurs d'une cause chérie , Il semble qu'avec eux ait passé la patrie : Sur nos bords malheureux le crime arme ses mains , Et la vertu s'exile aux rives des Germains. C'est là que d'ENGiriEN , combattant à côté de son père et de son aïeul , se montre le digne émule de leur valeur et le digne hé- ritier de la gloire des Condésj c'est sur- tout au combat de Berstheim qu'il signale sa vail- lance , et il a la plus grande part au succès de cette journée. D'Enghien sur son coursier vole dans tous les rangs} De bonheur et d'espoir ses yeux sont rayonnans , Et son air belliqueux et sa taille imposante , Tout annonce un héros : tel on nous représente , Dans un jour de combat, Achille ou le dieu Mars Embrasant les guerriers du feu de ses regards. Il voit, il est par-tout, près des siens il s'empresse , Excite la valeur , anime la foiblesse. « Si les républicains sont trois fois plus nombreux , <£ Amis , dit-il , soyons trois fois plus courageux î » Sa tendresse filiale est mise à une épreuve (45) dont il étoit à craindre que sa valeur ne pa* rût un instant déconcertée ; mais son intré- pidité redouble en voyant son père hors de combat, il court le venger , et décide la vic- toire : Mais Bourbon est blessé : la soif de la vengeance Redouble de son fils l'indomptable vaillance J - Il court de ses soldats entretenir l'ardeur j Pour eux rien n'est changé , c'est la même valeur : Conservant des Coudé la gloire héréditaire , Le fils victorieux fait revivre le père j Le laurier triomphant déjà brille en sa main , Et devant lui se tait le chant républicain. A cette bouillante ardeur qui dans le com- bat emporte toujours ce généreux Prince dans le plus épais de la mêlée , l'auteur oppose la modération toute paternelle qu'il montre envers ses prisonniers , après la victoire ; et cette clémence lait un touchant contraste avec la férocité dont on usoit en même temps envers ceux qui avoient défendu avec lui la' cause sacrée du trône : Ferme dans les combats; mais, après les alarmes. Sur un cruel succès laissant tomber des larmes , Tandis que dans Paris ses soldats prisonniers , Montoient à l'échafaud et mouroient en guerriers , D'Enghien de ses captifs consoloit la misère ^ Devenoit leur ami , leur bienfaiteur , leur père ; Ils étoient tous Français j ils méritoient ses soins. (40 Satts que je veuille ici chercher d'autres tétaoïnSy Reponds, jeune Français qu'au milieu de la plaine Ce héros aperçut mourant au pied d'un chêne j Il ne voit que le fer qui déchire ton flanc , Il vole à ton secours , il étanche ton sang , Te prête son appui , te conduit sous sa tente ^ Où l'art victorieux par une main savante , Te conserve la vie , et vers le camp français Tu retournes du Prince exalter les bienfaits. Nous le savons. Messieurs, c'est ainsi que les Bourbons ont coutume de se venger. Les sentimens exprimés clans les vers suivans sont encore bien dignes de la grande ame d'un Prince si dévoué à son pays, malgré l'ingra- titude dont sa famille étoit la victime : Et toi que je combats , terre ingrate et chérie , J'aime à me souvenir que tu fus ma patrie j Et je garde en secret l'espoir consolateiir D'être un jour ton soutien et ton libérateur! Après un exposé succinct des différentes affaires où le duc d'Enghien se signala de nouveau, soutenu des regards et de l'exeuir pie de son aïeul , l'auteur nous le montre soignant les fleurs , cultivant les beaux arts, et goûtant dans le sein de la retraite les dou- ceurs de l'amitié et de la bienfaisance : Près de lui , vétérans de Mars et de l'honneur , Les soldats de Condé dont il connoît le zèle , Gardent de ses bienfaits la mémoire fidelle : (47) Sur tout ce qui l'entoure il étend sa bonté 5 Qu'ai-je dit , il prévient la triste pauvreté : Sous ses rustiques toits la timide indigence Chante l'hymne pieux de la reconnoissance , Et par tant de vertus Ettenheim embelli , Habité par d'Enghien rappelle Ciiantilli. C'est du sein de ce modeste asyle que l'a- troce perfidie du tyran l'arracha, au mépris du droit des gens, pour l'inamoler à son om- brageuse politique. Novis ne suivrons pas l'auteur dans les détails de cet exécrable as- sassinat ; le défaut de chaleur et de verve qui se fait sentir dans toute cette pièce , est plus particulièrement remarquable dans cette seconde partie , qui sembloit cependant se prêter davantage aux couleurs de la poésie* L'auteur, pressé sans doute par le temps, y a laissé ahsser un srand nombre de vers foi- bles et négligés qui en rendent la lecture peu supportable. Il est surprenant qu'aucun des concurrens n'ait essayé de chanter sur la lyre un sujet si susceptible de l'élévation et du mouvement de l'ode. Nos regrets et notre indignation deman- dent encore un interprète ; espérons qu'il s'élèvera quelque jour un poète dont les chants dignes de l'immortalité , comme la mémoire de son Héros, sauront retracer tout ( 48 ) ce qu'il y eut de grand et d'aîmable dans le cœur de ce jeune et malheureux Prince. Il dira de quel héritage de gloire la France s'est Vue dépouiller par le meurtre du dernier des- cendant des Condés, et peut-être rendra-t-il moins araères les larmes d'un père et d'un, aïeul qui désormais ne peuvent plus trouver de consolation qvi'en pleurant avec tous les bons Français. , M."" GiRAULT, avocat , a la parole , et lit le morceau suivant. DISCUSSIOI^ Sur V époque de la mort de St. Bejiigne ^ Apôtre de la Bourgogne. JLiE martyre de Saint Bénigne est le pivot de la chronologie de Dijon ; ce fait est telle- ment lié à l'histoire des premiers temps de cette ancienne capitale de la Bourgogne , qu'on ne peut l'en séparer , sans s'exposer à retomber dans une obscurité d'où l'on ne sortiroit peut-être plus. Bouillaud a critiqué l'authenticité de l'exis- tence de Saint Bénigne et de son martyre \ (49) îaiais si , malgré les diatribes anières Je ce sceptique , l'on ne sauroit , dit M. Legouz- Gerlant) (Diss. sur l'origine de Dijon, 1770, in-/^.^ ) , douter de la mission de Saint Bé- nigne en Bourgogne , on ne doit pas plus révoquer en doute son martyre, puisque l'un est la conséquence de l'autre. Mais à quelle époque doit-on fixer la mort de ce propagateur de la foi ? C'est sur quoi les historiens de cette province ne sont pas d'accord ; nulle question cependant ne fut plus importante à examiner j nous avons osé l'aborder et essayer de résoudre le problême. Par ADiN ( Annales de Bourgogne ^/ol. 17 ) prétend que Bénigne , Tliyrse et Andoche furent envoyés dans les Gaules par Saint Polycarpe environ l'an 225 , sous le règne d'Alexandre Sévère , et sous le pontificat d'Urbain I.®"", et qu'ils furent martyrisés sous Aurélien , qui régna de l'an 270 à l'an 0.^5 : cet annaliste s'appuie d'un édit de per- sécution de cet Empereur , publié dans l'Au- tunois , en conséquence duquel furent arrê- tés , dans le Langrois , Saint Bénigne et les trois fils de Sainte Léonille , qui furent mar- tyrisés en 270. M. Legouz-Gerland combat ce récit de Paradin , et dit : Il est ayéré que Bénigne 4 (5o) ëtoit clisciple de St. Polycarpe j or , cet évê-^ que ayant souffert le martyre en 167 , il est hors de toute probabilité que Bénigne , qui de voit avoir au moins trente ans , lorsqu'il fut envoyé dans les Gaules , y ait vécu cent trois ans , et y soit mort âgé de plus de cent trente j d'ailleurs , Saint Polycarpe mort en 167, ne peut avoir envoyé, en 235, des mis- sionnaires dans les Gaules. Ce raisonnement du savant bienfaiteur de cette Académie est certainement sans réplique. La CHRONIQUE DE SAINT BeNIGNE (5^/c//(S'^. d'Acher^ y t. 1.^% p. o(i6f^ ne mérite pas plus de confiance que Paradin. Elle porte : An. cil. i^S » imperante Severo, directus est Benignus Gallicae gentl Imperator Aurelius, qui et Aurelianus vu/go diceba- tur Divionense castrum ingressus, as- sistente Terentio comité, Benignum perqiùri j assit y ac vinctum et caesum conspectibus suis proesentari ; pai'ce que , suivant cette chronique , Saint Bénigne seroit resté de- puis l'an 195 à 270 dans les Gaules , c'est- à-dire plus de 'jS ans , tandis qu'il est acquis qu'il n'y resta que 20 à 21 ans j parce que la vie de ce martyre auroit été de plus d'un siècle ; parce que du règne de Marc-Aurèle à celui d'Aurélien , il y a cent ans d'inter- ( Si ) Vaile; parce que Polycarpe mort en 166 où 167(1), au plus tard, n'a pas envoyé des missionnaires dans la Gaule 28 ans après sa mort. Saint-Julien de Baleurre ( origine des Bourguignons , fol. 2o5 ) prétend que Saint Marcel et St. Valérien prêchèrent l'Evan- gile à Cliâlon l'an 161 , sous le règne de Vérus ; que plus de 60 ans après , Saint Béni- gne et ses compagnons, Andoche et Tliyrse, ■vinrent à Autun ; que Saint Bénigne resta 5.1 ans en Bourgogne, et y fut martyrisé sous le règne d'Aurélien , ce prince étant à Dijon , où il faisoit élever les premières fortifications. Saint-Julien a senti l'absurdité de faire vivre un siècle et plus l'apôtre de la Bour- gogne ; aussi dit-il que Saint Bénigne fut envoyé dans les Gaules , non par le disci- ple de Saint Jean , mais par un autre Poly- carpe , qixi vécut postérieurement j mais (1) Au commeuceraent de 166 selon De Ruinart et Lenain de Tillemont; l'an 167 selon l'abbé Fleiiry qui rite la lettre écrite sur la mort de cet évêque par l'église de Smyrne à celle de Pont : le savant abbé de Lon- guerue a composé une dissertation sur l'ajinée et le jour du martyre de Saint Polycarpe j insérée au 3.*^ vol. dt' s.«rs manuscrits. comme l'Eglise ne reconnoît pas deux Saints Polycarpe , l'échappatoire, que s'étoit fabri- qué Saint Julien , ne couvre pas son ana- chronisme. L'abbé Fror^hisi. de l' égliseSaint-Etienne deDijon fjbl. i3) dit que l'évêque de Smyrne vint à Rome l'an iSa, pour conférer avec le Pape Anicet , sur la célébration de la Pâque , accompagné de quelques-uns de ses disciples , qu'il envoya depuis Rome dans les Gaules , lesquels y prêchèrent la foi catholique pen- dant 2,1 ans j ce qiii fixeroit le martyre de Saint Bénigne à l'an 1/3, époque du passage de Marc-Aurèle dans les Gaules , voyage mentionné dans le martyrologe romain , Laur-Surii^s , Baronius et autres : cette date de 173, a été adoptée par Saulnier (dans son Autun chrétien) , et par Mille ( dans son ahr. chron. de Vhist. de Bourgogne ). Gaultherot (dans V Anastase de Langres, pog. 191 ) fixe l'arrivée de Saint Bénigne dans le diocèse de Langres à l'an i56 , et son martyre à l'an 176 ou 177 , puisqu'il est avéré qu'il y resta 21 ans 5 l'abbé Richard ( tahlet. hist. de Bourgogne , an i'j53 , pag. 65 ) , l'abbé CouRTÉPÉE [âisi. abrég. du duché de Bourgogne , pag- io3 ) , placent ce martyre à 178 , mais sans en administrer (53) aucune preuve ; Gagna re ( hist. de VEgl. d'Autun , pcjg. Sij ) , les savans auteurs de l'art de vérifier les dates ,fol. i5i , placent la mort de St. Bénigne à l'an 179; Barokius , dans ses annales y adopte la date de i58 ; De Mangin ( hist. du dioc. de Langres ) donne celle de 180 : voilà donc huit opi- nions différentes sur l'époque du martyre de Saint Bénigne ; nous nous sommes occu- pés de rechercher quelle devoit être la vé- ritable. Tous les historiens conviennent d'un fait , c'est que ce martyre eut lieu par les ordres et en la présence deMARc-AuRÈLE, pendant que cet empereur étoit dans les Gaules, le comte Térence étant prévôt à Dijon. Si nous pouvons préciser en quelle année l'empereur Marc-Aurèle vint dans les Gaules, nous se- rons parvenus à trouver l'époque fixe de la mort de l'apôtre de la Bourgogne. Lors des deux premières expéditions de Marc-Aurèle et Verus contre les Marcomans et les Quades , ces empereurs passèrent par Aquilée , traversèrent la Carniole pour aller gagner les bords du Danube : ainsi ce n'est point en 167 ni en 169 qu'il faut chercher le passage de Marc-Aurèle dans les Gaules , puisque les voyages qu'il y fit sont liés à ses (54) grierres contre les Marcomans, peuples qui liabitoient alors la Hongrie et la Moravie. Reste donc les deux dernières "ixerres de cet Empereur contre ces peuples. Après avoir été vaincus , les Marcomans devinrent vainqueurs à leur tour ; Vindex , général des armées romaines périt dans le combat j 20,000 Romains restèrent sur le cliamp de bataille. Ce revers décida Marc- Aurèle à marcher de nouveau contre ces barbares ; mais comme la peste régnoit tou- jours dans les pays arrosés par la Save et la Drave , il prit la route des Gaules , et se mit en route le 7 mars 170. Il resta trois ans en Allemagne à Carnunte , ville sur le Danube , toujours occupé à combattre les Marcomans , sans pouvoir les dompter ; il étoit même en danger d'être vaincu par eux , lorsque le miracle obtenu par les priè- res de la légion Melitine , sauva l'armée , et lui procura une victoire éclatante. Ce succès inespéré qu'il devoit aux sol- dats chrétiens , non-seulement rallentit la persécution de Marc-Aurèle contre le chris- tianisme ; mais au contraire , il écrivit en faveur des Chrétiens, cette lettre mentionnée et rapportée dans toutes les histoires ecclé- siastiques : ce ne fut donc pas en 1 78 , ni (55) même- en 176, à son retour de sa troisième expédition , qu'il faut placer le martyre de Saint Bénigne , puisqu'alors les persécutions contre les Chrétiens étoient suspendues ; ce ne fut pas non plus en 177 , année pendant laquelle il n'y eut aucune guerre. Mais en 178 , les Marcomans recommen- cèrent les hostilités , et Marc-Aurèle marcha de nouveau contre eux , à la tête des forces de l'Empire : ce ne fut pas la pes^te de Car- niole qui le décida cette fois à prendre la route des Gaules , mais des soulèvemens qui avoient eu lieu ( en 177 ) dans la Celtique, et notamment dans la province de Lyon 5 ces mouvemens ayant été attribués aux Chré- tiens , la persécution devint , contre eux , plus violente qu'elle n'avoit jamais été , dit Le Nain de Tillemont ( tom. 2 , pag. 47°)' Marc-Aurèle révoqua les édits de tolérance La campagne de 1790 se termina, et le cours des événemens vint enchaîner la valeur des Condé. Les campagnes suivantes se con- sumèrent en négociations. Le duc de Bour- bon fut chargé de plusieurs missions impor- tantes , et passa à cet effet en Angleterre. C'est au mois de juillet 1795 qu'il quitta le ducd'ENGHiEN. Sans le savoir, ce malheureux père embrassoit son fils pour la dernière fois. Il me semble voir ces deux princes se jeter dans les bras l'un de l'autre , rester étroite- ment serrés , s'étonner de répandre des pleurs dans une séparation qu'ils croient être de si courte durée , s'en adresser de doux repro- ches , essuyer leurs yeux humides , et enfin se séparer Pénibles adieux , tendres em- (70 brasseraens , vous êtes les derniers ', regrets du moment , vous deviendrez éternels 5 lar- mes d'un père , hâtez-vous de couler , tandis que vous pouvez vous mêler encore à celles d'un fds Un jour vous coulerez seules , et rien ne pourra plus vous arrêter. Le prince de Condé resta auprès de soti petit-fils, et adoucit, au moins pour lui, les regrets de cette absence ; et pendant que le duc de Bourbon traversoit les mers , son- geant toujours qu'un seul des hazards de la guerre pouvoit le priver d'un fils cliéri , le ducd'ENGHiEN s'apprêtoit à cueillir de nou- veaux lauriers , et à charger la renommée du soin de porter ses nouvelles en An- gleterre. L'occasion s'en présente bientôt ; la cam- pagne de 1796 s'ouvre, et le jeune duc s'y montre encore digne de sa réputation. Cô ne sont que remparts disputés avec opiniâ- treté, redoutes emportées d'assaut, escadrons mis en fuite ; ici c'est un pont défendu l'épée à la main , au milieu de tout le feu ennemi ; là c'est une rivière passée à la nage à tra- vers une grêle dé balles ; tantôt c'est une poursuite où par une manœuvre prudente , le prince force à se rendre prisonniers dos ennemis qui pouvoient encore combattre ; ailleurs , c'est une retraite où tout-à-coup ,' par un mouvement hardi il fait volte-face , repousse lesassaillans, reprend sur eux tous les éqiiipages de l'armée alliée déjà tombés en leur pouvoir, et trouble le vainqueur au sein même de son triomphe. D'autres fois ce n'est plus d'ENGHiEN , c'est le grand Condé lui-même qu'on croit voir, tant la ressem- blance est frappante j et pour ajouter encore à l'illusion , les lieux témoins des exploits de Condé deviennent le théâtre des exploits de son descendant. Condé chasse les Bavarois des plaines de Fribourg , et les force l'épée dans les reins , de se réfugier sur des mon- tagnes presque inaccessibles j un siècle et demi après, d'ENcniEN attaque l'ennemi re- tranché sur ces mêmes montagnes , l'en dé- loge , et le culbute dans cette même plaine de Fribourg , où son aïeul a triomphé. Ce sont des Bavarois commandés , il est vrai , par un chef intrépide, que Condé fait recu- ler j c'est une armée de Français que le duc d'ENGHiEK force à la retraite. Qu'on trouve donc un ennemi plus redoutable, plus brave , plus impétueux , et qu'on lui cherche un au- tre vainqueur que lui-même ! Ah si dans nos jours d'horreur, si dans nos jours de désastres, le nom français s'est couvert d'op- (73) ^ïrobre ; si des monstres épouvantables ont semé sur le sol de la France le carnage et le deuil; du moins ses soldats égarés, mais non criminels , entraînés dans i^ne guerre injuste , mais croyant combattre pour la défense de la patrie , ont montré , par leur courage , qu'ils désavouoient la lâcheté de ceux qui les dlrigeoient. Pour quelque cause que le sang français ait coulé , il a été également versé avec gloire ; et ne sait-on pas que l'effet inévitable des guerres civiles est de donner aux plus nobles sentimens une direction contraire , et de faire obéir aux passions , alors qu'on pense ne suivre que les lois de l'honneur. Soldats français des deux partis , que n'avez-vous pu vous entendre ? que de braves guerriers vivroient encore pour la perte et la honte de nos ennemis ; hélas ! ils jouiroient maintenant de leurs triomphes et de notre reconnoissance. Que ne puis-je borner ici ma carrière , et quitter xxne plume destinée à rappeler tant de désastres ; ou plutôt que ne m'est- il permis de montrer ces longues discordes éteintes , et tous nos maux appaisés par le retour inespéré de la paix et des Bourbons ! mais je ne dois point m'écar- ter des limites qui m'ont été posées , il me (74) Faut continuer un récit qui bientôt va ne devenir que trop pénible î Le prince de Condé fut chargé en 1799 (i) de défendre la ville de Constance , et il s'ac- quitta d'une mission aussi importante en capitaine consommé. Quant au duc d'EN- GHiEN , on le vit au sein de ces murailles aussi bon chevalier qu'il l'avoit été en rase campagne. Sa vaillance même s'indignoit de rester ainsi sur la défensive , et plusieurs sorties vigoureuses firent assez connoître aux assiégeans que la prise de Constance leur coûteroit la perte de leurs plus braves guer- riers. Dans une autre occasion , à Rosenheim , le duc d'EN CHIEN se trouve surpris par des forces considérables , sous le commandement j du célèbre Moreau. La situation du duc (1) Le texte portoit 1797; mais M. le comte Charles de Damas, qui s'est empressé d'assister à la lecture de l'éloge d'un Prince, qui lui laisse de si profonds souve- nirs , et qu'il a constamment suivi dans toutes ses campagnes, nous ayant fait observer que cette date étoit 1799 , nous avons dû la rétablir sans hésiter. Monsieur le Comte nous ayant en même temps rap- pelé que la ville de Constance n'avoit point été assiégée à cette même époque, mais simplement attaquée, nous invitons l'auteur à faire disparoître de ce passage les expressions qui seoiblent annoncer un siège. (75) ëtolt critique; son adversaire avoit parfaite- ment combiné son plan d'attaque , et il se croyoit sûr de vaincre un ennemi pris en défaut. Cependant sa prévoyance est inutile , ses espérances seront déçues , les dispositions de cet habile général vont échovier devant l'audacieuse tactique d'un jeune héros. D'En- CHiEN connoît tout le péril , mais il ne voit plus de salut, que dans une téméraire audace. Il fait rompre ses bataillons , ordonne de s'éparpiller en tirailleurs , et débouche en désordre du bois oii il étoit retranché. Mo- reau, étonné d'une attaque aussi imprévue, craint d'avoir été trahi par ses espions, et la prudence lui fait abandonner le terrain àun ennemi, dont le succès couronne la ruse. Ainsi le duc d'ENcuiEN montroit jusqu'où peuvent aller les ressources d'un grand ca- pitaine ; et c'est surtout lorsqu'il se trouva séparé du corps du prince de Condé, et obligé de tenir la campagne avec des forces très inférieures, qu'on le vit dans la conduite de sa petite armée déployer des talens , et faire preuve d'une sagesse qui font présumer qu'il seroit devenu le meilleur général de son siècle. Il étoit l'idole du soldat; ses grâces et son courage lui avoient gagné tous les cœurs. Personne dans l'armée qui ne lui dût ou un service ou une marque de bienveil- lance. Ses ennemis môme honoroient sa va- leur et respectoient sa vertu. Qu'on se repré- sente une de ces trêves où l'on ne suspend le carnage que pour s'y préparer de nouveau j où les deux camps se mêlent avec confiance ; où le soldat se rappelant qii'il est homme , oublie, en embrassant son adversaire, la haine qu'on lui commanda. Il me semble voir les grenadiers de l'armée républicaine recon- noître le duc d'ENoniEN , et enhardis par l'air modeste et affable de ce prince qu'ils avoient vu si audacieux et si fier dans les combats, lui rappeler ses glorieux faits d'armes , lui prodiguer les plus vifs témoignages d'amour et de respect , et le conjurer en pleurant de venir parmi eux. Sans doute le Prince re- jeta vivement une pareille proposition; mais qu'il dût être touché de cette franchise , de cet énergique langage , de ces larmes qui peut-être inondoient pour la première fois les visages de ces braves ! Citerai-je encore ce trait si connu , mais qui ne sauroit être trop répété. Au commencement de la campagne du Rhin , le duc faisoit une reconnoissance accompagné de quelques officiers , lorsque plusieurs émigrés à pied , accablés de fati- gue et en danger d'être pris par l'ennemi , (77) se rencontrent sur sa route. Le prince s'é- meut à l'aspect de ces vénérables militaires ; il descend de cheval , et force un des nobles soldats de monter à sa place. Sa suite imita aussitôt son exemple : c'est ainsi qu'ils ren- trèrent au camp après avoir fait plusieurs lieues. Marche vraiment triomphale ! cortège imposant ! spectacle plus magnifique mille fois que l'entrée d'un vainquevir dans une ville conquise. La gloire a aussi ses bornes ; les faits mi- litaires du duc d'ENGHiEN se terminent ici. Les alliés qui avoient juré de ne jamais po- ser les armes , concluent une paix aussi hon- teuse pour eux , qu'avantageuse pour leurs ennemis , et signent le traité de Lunéville. La mauvaise cause triomphe j des perfidies , elles sont de tous les temps , achèvent d'en- lever tovit espoir aux Bourbons. Le prince de Condé licencie son armée , sans avoir pu obtenir pour elle , les palmes qu'elle a si jus- tement méritées. Allez, braves défenseurs de la monarchie la plus légitime , séparez-vous : retournez dans votre patrie ; je ne vous di- rai pas , rentrez dans vos foyers , vous n'en avez plus. Vos femmes ont langui dans une longue captivité ou péri dans les supplices ; vos enfans , ô comble d'horreur ! quoi ! ne (78) les avez-vous pas reconnus clans la mêlée ? Ils coinbattoient contre vous. Trop jeunes pour vous suivre lors de votre exil , une loi barbare les a forcés de marclier au combat. Heureux si leur fer parricide n'a pas déchiré votre sein , ou si votre bras n'a pas sans pitié moissonné leur enfance. Le duc d'ENGHiEN connoissoit enfin le be- soin du repos j il avoit assez fait pour sa gloire ; et si le but qu'il s'étoit proposé , n'a- voit pas été atteint , c'est que les forces hu- maines n'y suffisoient point , et qu'il étoit réservé à la Providence seule de replacer les Bourbons sur le trône. Dix années d'une guerre active , des fatigues de toute espèce avoient vu s'écouler la jeunesse du héros ; il étoit temps qu'il jouît au moins d'une vie, que le sort des combats avoit respectée. L'Angleterre offroit alors un asyle à la Fa- mille royale , mais le duc préféra vivre dans la retraite. Ettenheim situé presque sur les bords du Rhin , lui parut réunir tous les avantages qu'il recherchoit. Bossuet nous a représenté le Grand Condé se dérobant aux acclamations publiques , et allant cacher ses lauriers sous les délicieux ombrages de Chantilly j il nous a montré ce Prince aussi grand au sein de cette retraite ( 79 ) qu'à la tête des années , aussi magnanime dans la paix que dans la guerre , et aussi entouré , aussi pressé par les siens dans ces jours de repos qu'il l'étoit aux jours de ba- tailles. Tel fut aussi le partage du duc d'EN- GHiEN ; et si son aïeul eut de vrais amis dans la prospérité , s'il les dût à sa profonde con- noissance des hommes , le jeune duc en trouva de nombreux , malgré sa mauvaise fortune , et l'adversité le dispensa du soin de les choisir lui-même. C'est à ces généreux amis que j'en appelle ; ils avoient suivi ce prince dans sa retraite, et ils surent aussi bien apprécier ses vertus pacifiques , qu'ils avoient admiré ses qualités guerrières; ils diront tous qu'il n'exista ja- mais un Prince plus accompli. Sa bonté en- courageoit toutes les demandes , sa grâce donnoit un prix aux moindres services, et la reconnoissance n'étoit jamais un fardeau pour ceux qu'il obligeoit. Plus de vieillards sans asyle , plus de veuves dans la misère , plus d'orphelins sans appui ; des couples do- tés par ses soins , s'avançoient avix autels en. bénissant son nom; tout respiroit le bonheur autour de lui. Au milieu de si douces jouissances, le duc d'E^GHiEN ne pouvoit oublier sa patrie j (8o) quelques lieues seulement le séparoient de la France , et il ne lui étoit pas permis de baiser le sol natal ; mais il trouvoit une con- solation à accueillir généreusement ses com- patriotes. Le Prince ne se lassoit point de leur parler de la France ; il se plaisoit à ap- prendre des triomphes , qui cependant éloi- gnoient sans fin le terme de son exil 5 et l'amour de la patrie triomplioit dans son cœur sur ses plus chères affections. Cependant cette France , l'objet de ses vifs regrets , a passé par toutes les vicissi- tudes d'une longue et cruelle révolution j si les vertus ont trouvé des bourreaux, les cri- mes ont aussi rencontré des supplices. Le plus aveugle des peuples, témoin coupable de Tassassinat de son Roi , en reçoit la juste punition. Agité par les partis , déchiré par tous les maux de la guerre civile , sujet du premier venu , il change chaque jour d'es- clavage et de tyrannie , et n'attend plus de repos que de la lassitude de ses oppresseurs. Tout-à-coup on voit naître au milieu des factions , on voit s'élever rapidement sur la scène sanglante, un homme d'abord obscur , mais poussé par son audace à la tête des ar- mées. Favori de la fortune plutôt que de la (8i) "Victoire , 11 cache sous des formes républi- caines des intentions despotiques , et couvre du voile de l'amour de la patrie le projet de l'asservir. Long-temps balotté sur une mer agitée par mille partis différens , un flot révo- lutionnaire le jette jusqu'aux pieds du trône : il s'y attache , repousse les compagnons de son naufrage et s'empare du souverain pou- voir 5 mais c'est peu pour lui d'échapper à tant de périls , et de se trouver à une hau" teur d'où il perd de vue le point dont il est parti. L'orgueil du commandement ne lui suffît pas ; chef du pouvoir suprême , il n'est point satisfait 5 et tandis que les nations s'épouvantent au seul bruit de son nom , un. seul homme , tranquille , retiré au-delà du Rhin dans un modeste asyle, un jeune guer- rier désarmé lui inspire des craintes dont il ne peut se défendre j il tourne souvent ses regards vers ce coin de terre où le juste vit en paix ; il s'agite , il roule dans sa pensée un farouche dessein. Quelle subite rage vient s'emparer de lui ! le trône est vide , il hé- site à s'y placer ; son bras saisit le scep- tre , il reste suspendu j le glaive homicide • brille dans ses mains ! Quoi! avant de se revêtir des dépouilles de la royauté, veut-il sacrifier quelque nouvçUe victime au Die.n 6 h' ( 8. ) de ramljition ? veut-il Il n'en faut plus douter , le sang d'un Bourbon doit sceller son alliance avec des régicides j il donne l'or- dre fatal , et ses esclaves courent l'exécuter. ce Malheureux Prince , qui pourra t'aver- . Affections cancéreuses au 'visage ... 8. Moyens curatifs • 9* Entérite adynamique ii. Etablissement de la Colomhière . . ii. Explosion du magasin à poudre de Toulouse 12. Gélatine des os par les acides ajfoi- blis i3. Sureau à Jleurs doubles \\, Renoncule à Jleurs doubles herba- cées i5. Poisson à pattes i6. Ascophore perennelle \6. Suif minéral az> Hommage à l'Académie de Dijon . . 26. Epître sur l'amour de la gloire . . . 2,6. Ode sur le mariage du duc de Berry . . 27. Traduction de la Puce lie d' Orléans de Schiller . , , a/. ( 90 De l'influence réciproque du Jury sur la morale publique 29» IXapport sur le médailler de l'Aca- démie 3o. Machine à retordre S^. JMachine à écheveaux. ....... Sa. Système de Jilature perfectionné . . 33. Rapport sur les pièces de vers envoyées au concours 4^* Discussion sur l'époque du martyre de Saint Bénigne 4*^* L'Amoiir fugitif j traduction 58. Mémoire couronné 60, Progranimç du prix .......... 86, SEANCE PUBLIQUE DE L'ACADÉMIE DE DIJON. ACADÉMIE DES SCIENCES, ARTS ET BELLES-LETTRES DE DIJON. SEANCE PUBLIQUE TENUE LE SAMEDI 4 JUILLET 1818,' A DIJON, CH^Z FRANTIN, IMPRIMEUR DU ROI ET DE L'ACADÉMIE. M, DCCC. XVIII. ACADEMIE DES SCIENCES, ARTS ET BELLES-LETTRES, DE DIJON. SEANCE PUBLIQUE TEJN'UE LE SAMEDI 4 JUILLET 1818. Xj'assêmblée étoit aussi nombreuse et aussi brillante que les années précédentes. M. Aktoine , D. m. , Président, ouvre la séance et lit le discours suivant : Messieurs , Les Sociétés académiques ont toujours mis au rang de leurs obligations l'usage où elles sont de rendre compte , dans une séance publique et solennelle , du résultat de leurs travaux. L'Académie de Dijon s'honore de remplir aujourd'hui ce devoir , devant une assemblée d'hommes instruits et distingués sur-tout par les qualités éminentes du cœur (2) et par les dons brlUans de l'esprit. Elle petit assurer que le zèle de ses membres ne s'est point ralenti , bien que leurs productions ne soient pas avissi nombreuses qu'elle l'auroit désiré j mais elle est loin de penser que ce soit un inconvénient grave : dans la culture des sciences et des lettres, il importe toujours moins de l'aire beaucoup que de faire bien. Au reste , sa correspondance n'a pas cessé d'être utile et très active ; elle s'en promet les plus heureux succès. Pourroit-on , en effet, ne pas entrevoir des avantages réels dans ce concert d'efforts multipliés que font les hommes éclairés de tous les pays pour coopérer au bonheur de la société? .On en. jugera tout autrement si l'on considère l'em- pressement avec lequel des personnages il- lustres et plusieurs savans d'une nation voi- sine ont témoigné le désir d'être associés aux travaux de l'A cadémie .Personne n'ignore que l'Angleterre, depuis long-temps célèbre par les grands hommes qu'elle a produits, et à la- , quelle la nation française doit tant de recon- noissance pour l'asyle sacré qu'elle a procuré à ses Princes pendant une grande partie de la trop longue durée de leur exil, possède encore aujourd'hui des hommes de lettres supérieurs dans tous les genres , et des savans du pre- (3) ïîiver ordre. Hé bien ! c'est parmi ces liom- nies d'un mérite reconnn que rAcadémic compte aujourd'hui plusieursdesesinembresj et sans doute elle a quelque sujet de s'enor- gueillir d'une telle association , peut - être unique en France. Aussi espère-t-elle tirer de grandes lumières de ses communications avec des savans laborieux dont les produc- tions les plus importantes ne pénètrent pas facilement dans ce Royaume. Cette séance , vous le savez , Messieurs , est particulièrement consacrée à la distri- bution du prix proposé dans celle de l'année dernière, où la même récompense fut dé- cernée à l'auteur du meilleur Éloge du Duc d'Enghien petit- fds de son auguste protec- teur. Mais en s'acquittant de ce triste devoir, elle s'attendoit peu qu'elle en auroit sitôt un semblable à remplir , et plus douloureux peut-être, celtd d'honorer par un éloge pu- blic la mémoire de l'aïeul de ce jeune et in- fortuné Prince que le Ciel sembloit avoir destiné à perpétuer chez les races futures le nom immortel de Condé. Ce nom , déjà de- puis long-temps l'emblème de l'héroïsme et de la gloire militaire , doit être encore celui de fidélité à son Roi, d'attachement etd'araour pour sa personne , de constance à supporter (4) le poids de l'adversité , de résignation à la volonté snprême de celui qui conduit et di- rige à son gré les événemens. Mais que de- vint cette inébranlable constance d'un Prince si supérieur à sa mauvaise fortune , lorsqu'il apprit la foudroyante nouvelle de l'assassinat de son petit-fils ordonné par le féroce ennemi des Bourbons ? Ses facultés furent-elles tout- à-coup anéanties , ou conserva- t-il assez de force pour prendre dans cette fatale conjonc- ture une résolution vigoureuse? C'est , Mes- sieurs , ce que je livre à vos réflexions ; le Prince de Condé étoit père , mais il étoit re- ligieux , et sa grande ame ne lui permit ja- mais de laisser germer dans son cœur le moindre désir de vengeance. A peine commençoit-il à jouir des heureuX' effets de la restauration du Trône , qu'il lui a fallu subir la loi commune à tous les hom- mes. L'Académie n'eut pas plutôt acquis la certitude d'une perte si affligeante pour elle, qu'elle s'est hâtée d'en témoigner sa vive dou- leur à S. A. S. Mg.' le Duc de Bourbon , et d'annoncer en même temps , sans attendre l'époque de sa séance publique, l'Eloge du Prince DE Condé, pour sujet du prix de 181 9. Dans cette triste circonstance , elle a osé , non pas dans la vue de mettre un terme à ses (5) regrets , mais seulement pour en acloucîï' l'amertume, prier Mg^'. le Duc de Bourbon d'accepter le titre de Protecteur qu'avoit porté si long-temps son illustre père. Ce gé- néreux Prince tout à la lois , comme il l'a dit lui-même , le plus malheureux père et le plus malheureux fils , a cédé sans hésiter aux instances de l'Académie ; il a consenti que son nom fût placé en tête du tableau de ses membres. Si, pénétrés du sentiment le plus pénible, à la seule pensée des longs malheurs d'une famille auguste qui les a si peu mérités , nous cherchons à en connoître la source , nous la trouverons dans la foiblesse et l'inexécution des lois, dans l'anéantissement de la morale publique et dans le relâchement de tous les liens sociaux , effets nécessaires des princi- pes corrupteurs scandaleusement répandus dans les écrits monstrueux qui ont pris nais- sance dans la dernière moitié du 18.*^ siècle, et qui ont attiré sur la malheureuse France tous les fléaux destructeurs accumulés pres- qu'en même temps sur elle. Oui, c'est aux écrivains trop fameux de cette époque sinistre que l'on doit la publication des doctrines anti-sociales qu'ils ont dirigées, sans pudeur comme sans remords , contre l'Autel et le ( 6 ) Trône, certains d'opérer ])ar-là plus sûrement la ruine de nos belles et antiques institutions. Se croyant appelés à la réforme du genre liumaîn , ils ont eu l'audace de régenter les Rois , sans autre mission que celle qu'ils te- noient d'une ambition effrénée et d'une pro- fonde perversité. Mais trop novices encore dans l'art de gouverner les hommes , ils n'ont pu prévoir les conséquences funestes d'un pernicieux apostolat , qui de voit aboutir à épouvanter le monde et à ensanglanter la terre. Que les Sociétés savantes réunissent donc tous leurs efforts pour opposer une digue insurmontable au torrent de ces désolantes doctrines, déjà depuis long-temps réprou- vées par l'expérience et par la raison : l'Aca- démie de Dijon les repousse loin d'elle et se fait un devoir de ne rien accueillir qui soit entaché d'un vice avissi contagieux. Bien ré- solue de ne point s'écarter de la ligne de ses obligations, elle veut fermement entrer dans les vues d'ordre et de tranquillité que travaille à maintenir un Prince ardemment désiré et rendu enfin par le Ciel, las de punir, aux vœux de tous les bons Français. N'en doutons pas , Messieurs, c'est à cette Providence éternelle qui donne aux hommes (7 ) et qui leur retire, quand il lui plaît, l'appui de sa protection toute puissante , que la France doit le signalé bienfait de posséder son légi- time Souverain deux fois remonté, comme par miracle , sur le Trône de Louis XIV , de Henri IV et de Saint Louis. Espérons qu'après avoir été long-temps agitée parles plus vio- lentes tempêtes et poussée par de grands dé- sastres jusques sur le bord du gouffre prêt à l'engloutir , elle n'oubliera pas que c'est la main paternelle et protectrice de son Roi qui l'a sauvée de l'abîme -, que c'est sur la tête de cet auguste monarque , pacificateur et lé- gislateur, et sur celle des princes de son an- tique dynastie, que reposent désormais ses destinées , et que l'exemple du passé ne doit pas être perdu pour l'avenir. Après la lecture du compte rendu par M, Vali.ot D. m. Secrétaire, M. le Marquis de Courtivron, membre honoraire, lira l'éloge historique de la Reine de Prusse : M. GiRAULT, la relation du séjour d'HENRi IV à Dijon , en juin i5g5 : M. Peignot , un fragment de son ouvrage sur le luxe et la somptuosité des Romains : M. Couturier , une ode sur la mort du Prince de Condé : (8) M. Antoine , D. M. , lira le rapport sur les oiivrases envoyés au concours. Le prix sera ensuite décerné à L'auteur du meilleur mémoire, et la séance sera terminée par l'annonce du sujet de prix pour 1819. ( 9) COMPTE RENDU Des travaux de V Académie des sciences _, arts et belles-lettres de Dijon . M ESSIEURS, L'Académie , fidelle à remplir ses obliga- tions, éprouve une satisfaction bien douce en vous rendant compte de ses travaux. L'extension qu'a reçue depuis un demi- siècle l'instruction publique , la multiplicité des foyers de lumière , la publicité donnée , par la voie des journaux , à toutes les décou- vertes intéressantes, enlèvent le mérite delà nouveauté à plusieurs objets dont nous au- rons l'honneur de vous entretenir j cepen- dant, comme ilsontétécommuniquésd'abord. à l'Académie , nous pensons qu'elle doit vous en entretenir, quoique plusieurs soient déjà rendus publics. M. GiRAULT , notre collègue , continue de se livrer avec ardeur à tout ce qui tient aux antiquités. 11 s'est occupé d'enrichir le mé- ( 10 ) daïller sur lequel il a fait plusieurs rapports ( i4 mai, i6 juillet iSiy , i8 février i8i8). Dans l'un d'eux , on remarque une note cu- rieuse relative à une médaille en bronze , ex- trêmement rare , portant d'un côté la tête de Pertin Ax , et de l'antre une libéralité à cinq ifigures ( 2,1 7nai 1B17). L^ans un autre rapport, M. Girault a en- tretenu l'Académie , d'une petite figure en bronze , dont la structure fort singulière est faite pour piquer la curiosité ( 29 avril 1818 ). La tête de cette figure se trouve tellement placée , que le visage regarde la face dorsale de la statue. Si cette disposition n'est point une malice de l'ouvrier , on peut présumer , que l'intention de l'artiste a été de repré- senter le supplice des devins décrit si éner- giquement par le Dante , dans sa divine co- médie, ce lis (les devins) ont, dit-il, la tête te et le cou renversés , et leur visage, tourné te à contre-sens , ne voit que leurs épaules , çc qui sont inondées de leurs larmes, ^j Che'l pianto degli occlii Le natiche bagnava per lo fesso. M. Girault a communiqué ( i8 mai 1818) le dessin qu'il a reçu de M. Guiton , biblio- thécaire à Autun , d'une mosaïque trouvée dans une cave de cette ville. (11) La présence des monumens antiques agran- dit notre existence , en nous rejiortant aux époques qui les ont vu construire : nous aimons àr nous identifier avec nos ancêtres , comme à vivre dans l'avenir, avec nos ne- veux. Tels sont les motifs qui font désirer la conservation des monumens. C'est pour rassurer contre la crainte de les voir devenir la proie du temps , ou de les voir succomber sous les coups du marteau destructeur, que l'on s'empresse de les décrire ; c'est dans ces vues, que M. Girault a lu {^2.6 novembre , 17 décembre 1817), un résultat de ses re- cherches , intitulé : Monumens des Arts à Dijon. Il parle des édifices consacrés au culte, de ceux destinés au soulagement de l'humanité souifrante, à l'instruction, à l'ad- ministration municipale , etc. j et à chacun de ces édifices , il rappelle les peintures ou les sculptures qui les décorent. Cette notice a été imprimée. Jaloux de constater tout ce qui tient à notre ville , et de lui rendre ce qui peut augmenter sa célébrité , M. Girault nous a communi- qué ( 1?) mai 1818) une Dissertation sur le Concile de Dijon. L'Histoire apprend que Philippe -Auguste fit casser son mariage avec sa seconde femme ( lO Jngeburge ou Isambiirge , fille de Valderaar et sœur de Canut VI , rois de Danemarck. A l'occasion de ce divorce , le Pape Inno- cent III convoqua à Dijon , un Concile , qui se tint le dernier mois du douzième siècle , et s'ouvrit, dans l'église de Saint-Benigne , le jour de Saint Nicolas , l'an 1 199. Ce Concile décréta la mise en interdit du royaume de France. Cet interdit dura sept mois ; il eut des suites très funestes pour la France : Philippe - Auguste, pour le faire cesser , reprit sa femme. Par ses recherches , M, Girault a démon- tré, 1.° que le Concile a réellement eu lieu à Dijon ; 2.° que la promulgation du décret n'a été effectuée que vingt jours après , lors- que le Légat du Pape se fut rétiré à Vienne en Dauphiné ; 3." qu'il n'y a point eu de translation du Concile de Dijon à Vienne , comme l'avance le P. Labbe , d'après une chronique dont la fausseté est démontrée par les preuves qu'allègue M. Girault. « Ce « n'est, dit-il, que depuis 1657, que le lieu ce de la tenue du Concile est devenu dou- ce teux ; parce que tous les écrivains, posté- cc rieurs à cette époque , ont copié le Père ce Labbe , sans remonter aux sources ; elles te étoient à la vérité d'autant plus difficiles ( i3) K à trouver, que le Duclié de Bourgogne « étant alors vin Etat souverain , ne se ressentit « point de l'interdit j c'est par cette raison « qu'aucun des historiens de cette province « n'avoit parlé d'un Concile qui n'avoit eu «. sur le pays aucune influence, ^j D'autres reclierches très intéressantes pour notre ville , ont également occupé M. Gi- RAULT , qui les a communiquées à l'Académie ( 8 ^^ i5 avril y \ et ij juin 1818 ). La disser- tation qui les renferme , a pour titre : Entrées solennelles des dijférens Rois de France ^ dans la ville de Dijon j depuis la réunion de la Bour^OQ-ne à la Couronne . Ce travail offre un double intérêt; d'abord sous le point de vue général , il fixe des dates qui se rap- portent à l'histoire de nos Rois ; et sous le point de vue local , il donne des détails très curieux sur les usages du temps , et sur l'éti- quette du cérémonial à ces diverses époques. Après s'être emparé de la Bourgogne , LouisXI voulut prenwdre solennellement pos- session de ce Duché ; il vint à cet effet , à Dijon , dans le mois de juillet i479 5 ^^ ^® rendit en l'église Saint-Benigne , où, la main sur les Saints Évangiles , il jura la confirma- tion des droits et privilèges de la ville et de la province, et reçut le serment de fidélité (14) des habitans. Conformément aux usages ob* serves sous uos Ducs, l'abbé de Saint-Benigne mit au doigt du Monarque , en signe d'al- liance , l'anneau ducal conservé au trésor de l'abbaye , pour servir à cette cérémonie. Ce fut pendant ce voyage que Louis XI ordonna la construction du château qu'on voit encore aujourd'hui. Charles VIII, pour se rendre en Italie , traversa la Bourgogne. Il fit son entrée à Dijon le 29 juin 1494 • il ^^^ conduit à Saint- Benigne où l'on suivit le même cérémonial que pour son prédécesseurj ce monarque tint une séance à la chambre des Comptes et ren- dit sédentaire à Dijon, le Parlement, qui jus- qu'alors avoit tenu ses séances, à Dijon, pour le duché ; à Salins, pour le comté de Bourgo- gne , et à Saint-Laurent-lès-Châlon pour le comté d'Auxonne. Louis XII vint à Dijon au mois de juin. i5oo, accompagné de la reine Anne son épouse 5 il prit possessicyi de la Province sui- vant le mode accoutumé : la ville lui offrit deux grands pots d'argent doré du poids de chacun 12 marcs , et deux coupes de 6 marcs chacune furent offertes à la Reine : la conta- gion quirégnoit alors dans la ville empêcha LL. MM. d'y fairecette fois un pluslong séjour. ( i5 ) Louis XII revint à Dijon le aS avril i5oi, et fut reçu au Logis du Roi : le 29 avril i5o5 il fit remettre par deux hérauts d'armes , au cliapitre de la Sainte-Chapelle , la couronne d'or de son sacre , pour être déposée sur l'os- tensoir qui renfermoit la Sainte-Hostie , in- vitant les chanoines de supplier le Tout'- Puissant de le maintenir en santé pour faire service à son peuple. Ce bon Prince revint à Dijon le 7 mai i5io , il y resta 4 jours : tous ceux-là se réputoient heureux qui le pouvaient voir ^ il ordonna le parachèvement du château commencé sous Louis XI , et la construction du Palais de justice j il quitta Dijon le 12 mai. Des ponts furent jetés sur l'Ouche et les Tilles pour faciliter le passage de la Cour. François F"", vint à Dijon au mois d'avril i52,i , le 16 , suivant la coutume romaine, porte le journal de Louise de Savoie j le 2.6 dudit mois , st^ivant les registres de la ville et du Parlement : la différence de ces dates donne lieu à une discussion, de laquelle il résulte que dès le Concile de Latran en i5i8 , auquel elle fut proposée , la réforme du calendrier fut suivie par la Cour de Rome. Ce Monarque tint une séance royale au ( i6 ) Parlement , accorda des fonds pour faire peindre les vitraux de la grand - chambre , et pour parachever les salles du Palais de Justice. Il étoit à Cîteaux au mois de juin de la même année , et il y tint un chapitre de l'ordre de Saint-Michel , dans lequel il fit beaucoup depromotionsj le 5 juillet ce Prince étoit à Argilly ; le 17 du même mois , il reçut àDijon, les Ambassadeurs des cantons Suisses et leur déclaration de demeurer à jamais unis à la couronne de France 5 il accorda aux officiers municipaux de Dijon, Beaune et Auxonne , le droit de posséder des francs liefs. Ce monarque revint à Dijon le 3o mars i52i , V. st. , ou i522 ; le 10 avril suivant, la Reine Claude de France et la Reine ré- gente vinrent l'y troiiverj le 8 juillet , même année , fut signé à Saint-Jean-de-I^ône , un traité de neutralité entre les deux Bourgognes. Le 18 janvier i53o , la Reine Eléonore d'Au- triche , seconde épouse de François F"^, fit son entrée àDijon : c'est dans le mémoire de M. G.... qu'il faut lire le détail de la fête superbe qui lui fut donnée ainsi qu'aux en- fans de France qu'elle ramenoit del'Espagnej i (17) Jamais pompe ne fut plus magnifique , plus galante, plus ingénievisement ordonnée. François I.^"^ étoit à Is-sur-Tille en octobre i535 ; il y signa sa belle ordonnance pour l'adaiinistration de la justice : il étoit à Ar- giily en septembre 1746 , il y donna un édit de suppression de la Chambre des requêtes du palais à Dijon. Il étoit à Rouvres au mois d'octobre suivant et y scella plusieurs édits j mais rien n'alïime que , si près de Dijon , ce Prince soit revenu dans cette ville , et M. G... respecte le silence de l'histoire. Le 1.^*^ juillet 1548 , Henri II fit son en- trée à Dijon par la porte d'Ouchej il fut con- duitsous le poêle à Saint-Benigne, où il prêta et reçut les sermens en la manière accou- tumée : ce monarque resta dix jours en cette ville. Charles IX vint à Dijon le i8 mai i564 ', il descendit auxChartreux, et fit son entrée dans la ville parla porte d'Ouche ; il fut conduit à Saint-Bénigne , où le cérémonial accoutumé pour la réception des Rois fut suivi : plu- sieurs arcs-de-triomphe furent dresses sur son passage ; le lendemain l'on donna à la Cour le spectacle d'un superbe tournoi préparé par les soins du maréchal de Tavannes; le surlendemain , Charles IX tint au Parle- (i8) ment de Dijon , un lit de justice où se trou- vèrent la Reine et le Chancelier, plusieurs Princes, Cardinaux , Ducs et Evêques ; une cause fut plaidée à cette séance mémorable , le Roi prononça l'arrêt. Le 2.6 mai , la Cour partit de Dijon, pour se rendre à Chalon- sur-Saône. Catherine de Médicis , en allant au de- vant ôi Henri III , qui quittoit le trône de Pologne pour prendre celui de France , ar- riva à Dijon le 19 aoiit iSj^ ; elle dîna aux Chartreux, et le soir elle lit son entrée solen- nelle dans la ville ; elle étoit accompagnée du Koi de Navarre , du ducd'Alençon, et autres grands personnages j le lendemain elle prit la route de Lyon. Henri III fit son entrée à Dijon , par la porte Saint-Pierre , le 3i janvier iSjB , et fut descendre au Logis du Roi : le lendemain S = M. donna audience aux Cours; elle fit hau- tement l'éloge de la conduite qu'avoit tenue Chabot-Charny qui préserva cette ville du massacre de la Saint-Barthelemi, et gratifia le sieur Desbarres d'une charge de Conseiller , en récompense de ses services pendant les années \5jc) et ^Sj^ qu'il fut maire de Dijon; le soir les Princes de la suite du Roi s'amu- sèrent à courir la bague dans la grande rue (ï9) Saint- Jean j le 3 février la Cour quitta la Bourgogne pour se rendre à Rheims où le Roi alloit se faire couronner. L'entrée de Henri IV sera lue par l'auteur dans cette séance , comme l'une des plus in- téressantes pour les faits et pour le héros. M, Vallot D. m. , a communiqué C ^o juillet iSiyJ j une notice sui^ un ouvrage d' Anatomic y qui paroît rai'e , puisqu'il n'est mentionné ni par Haixer , ni par Portal dans leur Bibliothèque anatoinique. Cet ou- vrage a pour titre : Figures et PoWaicts des parties du corps humain. A Paris ^ par Jacques Kerver , rue S. Jaques , aux deuoc Cochetz. 1 55 j , in-folio y figures. Cet ouvrage n'est composé que de planches en bois, au nombre de soixante-une sur trente feuillets , gravés des deux côtés , à l'excep- tion du premier feuillet qui porte Au lecteur, et au verso une figure. Les gravures sont d'IoLLAx et de Pierre WoERioT , ainsi que l'indiquent les mono- grammes qui se voient sur plusieurs d'entre elles. Ces planches ne seroient-elles point une réimpression de celles faites pour l'ouvrage de C/^«:r/d?^ Etienne, intitulé : de dissectione partium corporis humani y libri très , unà cumfiguris et incisionum declarationibus a Stephano Riverlo , chirurgo , compositis* Pansus i£45y fol. ? L'ouvrage de Charles Etienne ne se trouve point à Dijon, aussi la comparaison n'a-t-elle pu être laite. M. GiRAULT a lu ( x-^ juillet iSij ) , des Réflexions sur les nouvelles éditions projetées des OEuvres de Voltaire. Le but de M. Girault estde signaler le danger de publier des produc- tions qui n'auroient jamais dû voir le jour. Il examine les diflerens titres de Voltaire. Il distingue parmi ses ouvrages , ceux qui sont dignes d'être publiés , et il s'élève avec force contre les autres. Il termine en démon- trant que ces derniers , loin de contribuer à augmenter la gloire du Patriarche de Fer- ney, en ternissent l'éclat , et ne prouvent que les écarts où peut entraîner l'abus diT génie. Parmi les preuves employées pour donner au monde une antiquité extrêmement recu- lée , les auteurs s'attachent sur-tout à des j^riodes , dont la durée a voit jusqu'à pré- sent été regardée comme absoluej c'est à cette occasion que M. Vallot, D. M., a commu- niqué C 2.^ février i8i8 J une Dissertation sur les anciennes périodes égyptiennes . (i) Après avoir rappelé les opinions de MM. de (0 Elle est imprimée en entier dans la Bibliothèque tiniverselle pour i8t8. ( 21 ) X4 Nauze , DupuY , ( Mémoires de PAca^ demie des inscriptions , tom. XXIX J ^ du docteur Marcoz C Bibliothèque universelle ^ i8ij , décembre , Sciences et arts, vol. 6 , n.^ 4 , pag. 2,37 et suiv. ^ ^ il développe celle deM. DE Saint-Paul, mousquetaire du Roi. ( Mercure j l'jGx, avril , 7^ . vol. Précis ana^ ly tique des travaux de l' Académie de Rouen, Tom. 3 >po^g' 184. J Ce dernier savant , pen- dant son séjour dans l'Inde, s'étoit instruit dans la connoissance des anciens livres ; il s'étoit assuré que l'allégorie et le mystère étoient dans l'Orient , le moyen de trans- mettre les connoissances. Il découvrit chez les Indiens l'abus que leurs ancêtres avoient fait des diverses périodes ; il en donna la preuve , en expliquant leur période de 4 mil- lions d'années et plus, et en démontrant , qu'elle n'indique que des heures. Cette dé- couverte a conduit M. de Saint-Paul , à l'explication du passage d'Hérodote , qui parle d'une période de ii,34o ans. On sait que les Egyptien^ partageoient le jour et la nuit en 60 parties , puisque les In- diens , successeurs des Egyptiens qui pas- sèrent aux Indes , lorsque Cambyse dévasta l'Egypte , avoient conservé cette même mé- tliode. (Hlst. des cérémonies religlenseiS 1741. Tom. 6, pag. 335. ) D'après ce principe , M. de Saint-Paul , prouve que la période de ii,34o ans, est l'indication du nombre d'heures égyptiennes qui s'écovilent entre l'équinoxe du printemps et celui d'automne , c'est-à-dire pendant 189 jours, et la preuve s'en déduit des réflexions suivantes : Plutarque nous apprend que tous les temples égyptiens étoient orientés j que les Sabéens et les Chaldéens se tournoient pour prier, vers le pôle arctique j que les prêtres qui avoient soin des choses sacrées, les conservoient dans un lieu a-ppelé ^menikes , situé à l'orient ; que c'étoit de-là qu'ils ti- roient l'image du Soleil , povir l'exposer dans le sanctuaire de leur temple, et que le soir, ils reportoient cette image au même lieu de dépôt. Nous savons que le langage mystérieux et allégorique étoit employé par les prêtres égyp- tiens. Il n'est donc plus surprenant qu'ils aient donné le nom de Soleil à son image. D'après ces considérations diverses, le passage d'Hérodote s'explique avec la plus grande facilité . Ce passage est ainsi conçu : «e Les prêtres « égyptiens me dirent ( c'est Hérodote qui ce parle) que durant les ii,34oans, dontlls « ra'avoient parlé , aucun Dieu n'avoit paru cf sous une forme humaine , et que pas un ce des rois qui avoit régné devant ou après ce en Egypte , n'avoit été déifié ; que dans ce cet espace de temps, le Soleil s'étoit levé ce quatre fois des points où il a coutume de ce se lever , et que deux fois il avoit recoin- ce mencé son cours du côté où il se couchoit, ce deux fois il l'avoit £ni du côté où il se le- ce voit en même temps ; et que néanmoins , ce ce prodige n'avoit apporté aucun chan- ce gement dans l'Egypte , soit à la terre , ce pour la production de ses fruits , soit au ce fleuve , pour ses débordemens ordinaires, ce et que les maladies n'en avoient pas été ce plus fréquentes , ni la vie des hommes ce moins longue. >> Puisque les jours de l'équinoxe étoient pour les Egyptiens , des fêtes solennelles , leurs prêtres les célébroient avec la plus grande pompe. Il exposoient ces jours-là aux regards du peuple l'image du Soleil. Pour cet effet, il alloientla prendre à V Amenthes pour la porter au Sanctuaire , c'est-à-dire que le Soleil et son image alloient d'orient en occident , ce qui donne les deux levers dans le lieu ordinaire. Le soir, en prenant ( 24 ) l'image au sanctuaire et la reportant à \ Amenthes , il falloit aller du couchant à l'orient , ce qui a fait dire aux prêtres r |ue le Soleil ( c'est-à-dire son image ) s'étoit cou- ché, où il a coutume de se lever. En effet, dans le langage allégorique , on pouvoit bien se servir des mots lever et coucher pour dé- signer l'acJion de montrer au peuple et celle de soustraire à sa vue l'image du soleil , qui étoit prise pour le soleil lui-même. Cette explication simpleetnaturelledonnée par M. de Saint-Paul , s'adapte à toutes les variantes que présentent les traductions faites par différens savans, et s'accorde avec les di- verses parties du texte d'Hérodotej on ne peut qu'être étonné de ne la voir citée par aucun des auteurs qui ont écrit après lui. Pour s'assurer de l'exactitude de cette ex- plication , il suffit de comparer les efforts faits par tous ceux qui ont voulu prendre le passage à la lettre et l'expliquer. On trou- vera que Jérôme Fracastor , célèbre mé- decin du x-vi*^ siècle, a admis que l'écliptique avoit été perpendiculaire à l'équateur : le chevalier de Louville a adopté ce système. M. DE XA Nauze a cru qu'il ne s'agissoit que d'indiquer le lever et le coucher du soleil , dans le voisinage d'une étoile remarquable , ( ^5 ) à pareil jour de l'année. Dupujs a voulu prou- ver , par des calculs astronomiques , que le récit des prêtres égyptiens annonçoit positive- ment que le lever et le coucher du soleil avoient réellement eu lieu aux points diamé- tralement opposés à ceux où il se trouvoit du temps d'Hérodote j ces diverses opinions sont aussi peu probables l'une qvie l'autre. M. DE Saint-Paul démontre que la révo- lution perpétuelle des mondes , établie pâl- ies Chinois, est une allégorie pour désigner l'Egypte, qui tous les ans est submergée par le débordement du Nil. En effet, suivant un de leurs philosophes, chaque révolution est de 129,600 ans, divi- sés en 12 conjonctions. Les 12 conjonctions sont les 12 mois ou les 12 signes du zodiaque j les 129,600 ans ne sont que le nombre des jours de l'année multiplié par lui-même. M. Vallot pense que ce nombre 129,600 désigne le nombre d'heures de l'année , di- vjlsées chacune en six parties. Les Egyptiens avoient une autre période de36oo ans j elle étoit appelée saros. M. de Saint- Paul démontre qu'elle désigne le nombre d'lî,eures égyptiennes des deux mois, pendant lesquels les prêtres égyptiens sup- posoient que le débordement du Nil crois- ( 26 ) soit de jour en jour. Ces diverses explications ont engagé M. Val lot à examiner la pé- riode de 36525 ans , qui représente la durée de la grande année des étoiles fixes , ou du retour du point équinoxial à la première étoile du Bélier , dont il est parti. On la re- garde ordinairement comme produite par la multiplication de 2,5 par 1461 , parce que , suivant les Egyptiens , la période de 25 ans ramenoit à très peu près le soleil et la lune en conjonction, et que celle de i46i , qui est l'année caniculaire des Egyptiens, rame- noit les étoiles , le soleil , la lune et les pla- nètes au même point du ciel dont ils étoient partis. M. Vallot démontre que la période de 3602.5 indique exactement la durée de l'an- née égyptienne sacrée , laquelle étoit com- plette et sans jours embollsmiques (it/ig/zz. de l'Académie des Inscriptions , tome xxix , p. 104). Elle étoit en effetde 365 jours 7; et comme il est certain que les Egyptiens , pour leur année sacrée , avoient divisé le jour en 100 parties , au lieu de 60 , comme cela avoit lieu pour l'année ordinaire de 36o jours, on voit que le quart équivaut à 25, et que la période ci-dessus indique exactement 365 jours 25 centièmes de jours. Cette explication est encore rnne noiivelle preuve du soin que , prenoient les prêtres égyptiens, pour cacher aux profanes les mys- tères de leur relîeion . En suivant la même marche , il est facile de prouver que les pé- riodes de 3ooo , 9000, 18000 et 36ooo ans, ne sont que les mois , les saisons , la moitié et l'année vulgaire de 36o jours exprimés en, heures sacrées. On peut voir, dans le tome XXIII des Mémoires de L'Académie des Inscriptions , le parti que les divers peuples ont tiré de ces périodes, pour se donner une origine plus ou moins reculée. En suivant cette même marche , on trou- vera que la période chaldéenne de oySooo ans se réduiroit à 3oo ou plutôt 3oo \ ans ; Que celle de 436ooo ans. Indiquée par Bé- rose, pourroit bien désigner 436 ans, dési- gnés en heures sacrées , dont chacune est di- visée en dix parties j Que le cycle 1460 doit sans doute indiquer l'année exprimée en jours lunaires répétés autant de fois qu'il y a de semaines dans une année. 1460 = 2,8 x 52 y ; Que la période de Sa années des Mexicains est une allégorie qui représentoit l'année ex^- primée en semaines. M. Vallot termine son Mémoire en dé- montrant que la période de 600 ans n'exige pas beaucoup de temps pour être découver- te, parce qu'elle est le résultat d'une pro- gression arithmétique , dont la loi a pu être reconnue au bout de 60 ans. M. le Docteur Coindet, Correspondant à Genève , a adressé un Mémoire sur la Coque- luche ( Il février i8i8). L'intention de l'au- teur n'a pas été de donner un traité sur cette maladie, qui affecte plus ordinairement les enfansj il a eu seulement pour but d'expo- ser ses réflexions surune discussion, qui avoit eu lieu , à Londres entre de célèbres Méde- cins, à la Société médicale de Londres. M. Coindet termine son Mémoire en exposant la notice des remèdes qui lui ont le mieux réussi dans sa pratique : tels sont la ciguë, la phellandrie aquatique, le sulfure de potasse, à la dose de 6 à 10 grains , dans un sirop quelconque. M. Vallot a lu ("zy mai iSiyJ une note relative à un cas àe fragilité des os, dont il a été témoin. Il a pensé que ce cas rare, dont il y a cependant des exemples dans plusieui-s livres de médecine , étoit assez intéressant pour être recueilli, et c'est ce qui l'a engagé à le consigner dans les registres de l'Aca- démie. ( ^9 ) La rareté et la cherté des subsistances en 1817, par suite des mauvaises récoltes de 1816, avoient éveillé la cupidité, et excité plusieurs marchands à altérer les farines qu'ils débitoient. Malgré toutes les précautions pri- ses pour s'opposer à cet abus, on vendit dans Dijon des farines qui donnèrent du pain, si mauvais , que des plaintes en furent por- tées aux Magistrats. Pour prononcer avec connoissance de cause, les autorités judiciai- res et administratives chargèrent M. Masson, pharmacien, d'examiner ces farines , afin de reconnoître si elles ne contenoient aucune svibstance nuisible. C'est le résultat de ce travail que M , M asson a communiqué ('^o juillet i8iy ) à l'Aca- démie. Guidé par les recherches savantes de MM. Erdiof et Galvani , il isola les différentes sitbstances contenues dans ces mélanges frau- duleux; il répéta le procédé de Kirchof, qu'il avoit déjà employé , à l'effet de parvenir à déterminer la fécule contenue dans les fa- rines. D'après ces diverses expériences,M. Masson a trouvé que la plupart des farines examinées contenoient , Une assez forte proportion de son remoulu , ( 3o ) _ Une petite quantité de farines extraites de céréales avariées j De la farine de légumineuses ; Et deux centièmes de terre calcaire ; Quelques-unes contenoient de la farine do sarrasin. Ces mélanges écliauffés ont fourni une substance huileuse , fétide , et une matière végéto-animale en décomposition. Aussi toutes ces farines ne fournissoient qu'une galette noire , indigeste , de mauvais goût, et peu propre à remplacer le pain. M. Masson termine son mémoire, en ob- servant que, malgré les travaux entrepris pour déterminer la composition des substances nutritives, fournies par les plantes céréales et les légumineuses, on n'a point encore une sé- rie de procédés infaillibles potir démasquer les moyens frauduleux , mis en usage , soit par les meuniers , soit par les marchands de farines. On parviendroit peut-être à se pro- curer cette méthode , en faisant un grand nombre d'expériences sur différens mélanges faits à l'avance , et qui serviroient de terme de comparaison. M. le chevalier Régnier , Correspondant à Paris, a envoyé à l'Académie l'instrument (3i) qu'il a inventé pour pratiquer l'incision an- nulaire sur la vigne. Les expériences ont été répétées avec toutes les précautions requises, et dans quelques mois nous serons dans le cas de rendre compte du résultat d'une opération en faveur de laquelle existent des attestations respectables , et l'approbation de la Société royale et centrale d'agriculture. L'essai ré- pété en Bourgogne ne se bornera pas à une seule année ; on le réitérera assez de fois pour que l'on soit assuré positivement de la valeur d'un procédé qui intéresse si vivement tous les pays de vignobles. M. Couturier a lu une Ode sur la mort du Prince de Condé. M. le marquis de Courtivron , Membre honoraire, a lu l'éloge historique de la Reine de Prusse. M. CoiNDET, Correspondant à Genève, a donné à l'Académie des détails très intéres- sans sur le lac formé par le déplacement des glaces dans la vallée de Bagnes j et , dans une autre lettre, M. Coindet apprend les désas- tres effrayans amenés par la débâcle de la montagne de glaces : une submersion totale, le pays ravagé , les malsons enlevées , une forêt déplacée , sont les tristes effets d'un _ ( 32 ) phénomène dont il y a peu d'exemples dans l'histoire. M. Vallot a aussi communiqué à l'Aca- démie des éclaircissemens sur plusieurs points d'histoire naturelle. Sur le Cornu plantabile. C. B. Pin , p. 5j4) col. 2. (2/ mai 18 l'y ). JzAN Hugues de Linschot, voyageur estimable et véridique , annonce avoir vu , aux environs de Goa , et considéré de près , avec admiration , des cornes pour- vues de racines. ( Hist. de la Navigat. de J. H. de Linschot , Hollandais , aux Indes orientales. 3.^ édit. augment. Amsterdam , i638. Fol. pag. 112 ). J. EusEBE de NiEREMBERG ( Hist . iiatur. maxime peregrinae , pag. 3o4> Hb. xiv , cap, xxiv) parle aussi des cornes pourvues de racines, mais seulement d'après Linschot, qu'il ne cite pas. Pierre Borel, médecin du Roi à Castres, accusé, peut-être un peu trop légèrement , d'une grande cré- dulité, dit avoir vu des cornes de béliers et des cornes de bœufs, qui avoient poussé des racines comme celles dont parle Linschot. (^Pet. Borelli , med. reg. Castren- siSf Historiar. et Observât, medico-physicar. centuriae IV. Parisiis , i65j , pag. 3i8, cent, iv, obs. lu ). Gaspard Bauhin termine son Pinax par la note de Linschot, placée sous la rubrique , Cornu plantabile. Malgré l'assertion de deux témoins oculaires , Rédi ( Observât, sur div. chos. natur. ) révoque le fait en doute , et s'appuie sur des renseignemens négatifs , ( Collect. acad. , partie étrangère , tom. iv^ P'^g- ■Sôy) dont la valeur dis^aroît devant ce qui va suivre. (33) . On lit ( Mém. de VAcadém, des Sciences de Paris pour «7/7, Hist. pag. 11 , art. v j fig. p. 12) que M. DE Mairan a fait voir à l'Académie une corne de bœuf qui paroissoit avoir végété en terre. Les filets, partant de la base, ofl'roient un tissu soyeux, qui annoncoit le résultat du travail d'un insecte inconnu et souterrain. On trouve dans les Mémoires de l'Académie de Ber- lin {^Aliscellanea beroliniensia continuatio /'^. , 1723, p. 34) 9 une note intitulée, J. L. Frisch de Eruca canalicola et de Papilione qui ex ea fit. Dans cette note très curieuse, est citée l'observation de JVIai- RAN , que FmscH explique en rapportant que lui-même a vu, dans de grands vases remplis de terre pour élever des insectes , des canaux soyeux longs de neuf à douze pouces , construits par une chenille qui en occupoit l'extrémité la plus large. Il décrit cette larve, longue d'un pouce dans son état adulte , et d'un brun presque noir ; ses pattes sont jau- nâtres ; elle devient insecte parfait au commencement de mai. La phalène qu'elle produit est blanche , piquetée d'une grande quantité de petits points noirs , qui , par leur réunion sur les aîles supérieures , y forment des taches. D'après tous ces rapprochemens, on voit com- ment Linschot et Borel ont pu prendre des tubes de fausses teignes pour des racines : à l'époque où écri- voient cTes auteurs, l'histoire des insectes étoit dans le chaos , puisque l'on regardoit ces animaux comme le résultat d'une génération équivoque. Nous avons donc aujourd'hui la certitude que ces prétendues racines ne sont que les tubes construits par la larve , peut-être polyphage j de la gallerie des 3 . ( 34 ) CORNES , Galleria cornuum. Nob. C'est aux Natura^ listes voyageurs à nous apprendre si l'espèce qui existe aux Indes orientales est différente de celle d'Europe. Sur un Polype terrestre ( 26 juin iS/y). GuETTARD ( Mém. sur différ. part, des Sciences et des Arts , tom. 1. 1768 ; Préface, pag. xij et p. 80 )^ décrit un corps quipourroit être ««Polype terrestre j il l'a trouvé en Normandie , aux enviions de l'Aigle , sur l'Espergoutte ou Espargoute , Spergula Arvensis , Linn. Les détails, dans lesquels entre Guettard , ne laissent aujourd'hui aucun doute sur la nature de cette production, qui appartient à un champignon parasite du genre Erysiphé. Mais parmi les espèces décrites par les Botanistes , je n'en trouve aucune qui soit indiquée comme croissant sur l'Espargoute. Ce seroit aux Bota- nistes de l'Aigle à examiner de nouveau le corps décrit par Guettard; en attendant, je l'appelle Erysiphé de l'Espargoute , Erysiphé spergulae. Nos. Les mouve- mens que Guettard a remarques sur ce corps , sont hygrométriques comme ceux de beaucoup de crypto- games. Sur les HoTiFÈRES et les Tardigrahes. ( 7.6 juin i8t^). On trouve dans les Annales du Mus. d'Hist. nat. .Y.* année, r.^ cahier ^ cjciii.^ n.° , tom. xjjc , pag. S^y , des recherches sur les Rotifères , par M. du Tro- chet , qui dit s'être assuré que l'organe des Rotifères effectuait une rotation véritable. L'auteur s'est visi- blement laissé séduire par une illusion d'optique. La rotation n'est qu'apparente , puisqu'elle dépend du mouvement rapide de chaque cil , par suite de l'irrita- (35) biljté exquise du rebord du pavillon , doué d'un mouve^ ment péristaltique analogue à celui qui s'observe très facilement dans les branchies du Monoculus apus, Linn. Ce niouvementpeut être interverti , c'est pour cela que M. Dutrocliet a vu un mouvement en sens inverse , mais rarement. L'espèce décrite, par M. Dutrochet, sous le nom de Rotifer quadricircularis , a été vue d'abord par Leuir, Philos, trans. ; Baddam, act. angl. , tom. jr , pag. 374? ^^^' ^^>fio- 25-28. Baker, Microsc, pag. \o\. , tab. riii^f. 4. 5. Schœffer , Monograph. iyj5. tab. 1. 2. Eicliorn , Beytr. pag. 52 , tab. y , lit. J. Pallas , Zooph. elenchus, pag. 91, n.° 46, Bra- chionus tabifex. Linné, S. n. xii , t. 1 , pag. 1268 j n. 811 j Sabella ringens. Blunienbach , Vorticella tetrapetala. Gmelin , S. n. éd. xiii , t. i , pag. 3Sy3 , ^. Ç y BracJiionus tubifex. Lamarck range cette espèce dans son genre tubi- colaria. Le Rotifer albivestitus , Dutrochet,a été désigné par Leuwenoeck, et ensuite décrit et gravé exactement par Baker ( Microsc. pag. 100, tab. 8 , /". 2. 3. ) Eicborn ( Bcytreg. pag. "ij , tab. m , Jig. F. ) Les autres espèces de Rotifères, décrites par M. Du- trocliet , sont nouvelles. Il faut admettre plusieurs espèces de tardigrades : Celle observée d'abord par Spallanzani ( Opusc. t. 2, va>g. 346 1 tab. 5 , y. g ) , a le corps ridé , et 8 pattes coniques. Elle a été appelée par Muller, Acarus ur^ (36) scllus x c'est sons ce nom qu'on la trouve dans Gmelln ( S. n. éd. jciii , pag. 2924 , n. 36 ) , et sous celui de Mitte oursonne ( Encycl. meth. entom. tom. m , pag. 5^5 , Tt° 1 ). Celle observée par M. Dutrochet est hexapode ; elle a le corps alongé , annelé ; et les deux appendices do sa queue sont fourchus. Elle a été parfaitement décrite et figurée par EicJiorn , pag. 74 , tab. vu , f. E. J'appellerai la i"^^ espèce Lentigradus Spallanzani. nob. la 2."^ Lentigradus Eichornii. nob. Sur la Tezize des seaux ( "iS juillet iSiy), Cette singulière plante cryptogame se trouve presque toute l'année sur les seaux de bois de chêne, qui, après avoir servi quelque temps , éprouvent à leur surface une demi-décomposition. Elle est d'une consistance de cire , blanche 5 elle est petite , glabre , d'abord hémi- sphérique, puis concave et portée par un court pédicule. Onlaprendroit pour une goutte de suif, si on ne l'exa- minoit pas avec soin : c'est sur-tout en été qu'elle est le plus visible. Son habitation m'a déterminé à lui donner le nom de Peziza situlaeseda. Nob. Par sa cou- leur et ses dimensions , cette espèce diffère totalement de la Pézize aquatique. Sur l'YcHo. ( 20 aoiît 181^ ). Cette plante graminée , qui croît au Pérou , remplace le bois , sert à faire des nattes , à couvrir les maisons et à nourrir les bestiaux. Frezier {Relat. du Voyage de la mer du sud, aux côtesdu CJiiliet duPérou. Paris, 1732 , in-4°- , pag. i38, i65 , aSo), dit que le Llama, mouton du Pérou, ne se nourrit que de cette plante. Elle a été convertie eu animal par de ia Chêswayï ( 37 ) CES BOIS, dans son Dictionn. des Animaux , tom. iVf pag. 58o. Il est question de cette plante dans V Encyclopédie in-fol. , tom. j^rji , pag- 666 5 dans la 4-^ édit. du JDict. d'Hist. nat. par AI. Valmont de Bomare, tom. 10 , pi^g^ 11 ) tom, i5 , pag. 178; dans le Nouveau Dict. d'Hist. nat. , tom. jcjxiix , pag. 5io , où il est dit qu'on ignore à quel genre cette plante appartient. Cette assertion n'est point exacte , puisque Ruiz et Pavon ( Flor. peruv. i , p. 6 , tab. 6 , f. 6) l'ont ap-r pelée Jarava ichu ; Palissot de Beauvois ( Essai d'une nouv. agrostographie ; Paris, iSi2,p. ig^ Atlas, p. 6, tab. vi,fig. XII.) Stipa jaravaj Poiret ( Encyc. méth., Dict. Bot. suppl. tom. 3 , p. i3o ) , Jarava usitata. Ne seroit-elle pas la Stipa eriostachy a , Kiintli ? Don Félix de Azara ( Voyag. dans l'Amérique mérid. , tom, 2 , pag. ^5()) dit que « l'ychoicho est « une paille haute du genre de la. festuca ; on la mêle « avec les excrémens socs des différentes espèces de « chameau du Pérou. » Par une erreur typographique assez grave, l'éditeur a réuni en un seul mot les deux, ycho icho , qui indiquent les deux manières d'écrire le nom de la plante dont il s'agit. J'observerai qu'il est surprenant de trouver dans l'Amérique méridionale un usage des déserts de l'Afri- que et de l'Arabie. Dans ces deux régions si opposées, les excrémens des chameaux, mêlés avec quelques subs- tances végétales , sont employés comme combustibles. Sur le CziTMEX-os djoscoridxs (24 décemb. iSi^). La savante dissertation de Fabius CoL.v^iviX ( minus cogjiitarumrariorumque nostro cœlo orientiumstirpium EKC^PASlSjp. i54j cap. xLix) prouve que le Cly- ( 38 ) menosDioscoridis est la ctenillette , Scorpiurus srilcata , Linn. , ainsi que l'ont noté C. B. Pin. , pfig- 287 , I. Scorpioïdes buplevri folio ^ etHerra. Boerhaave, Index Plant. , pars 2 , pag. 5a , Scorpioïdes. I. Il est extraordinaire que JanusPlancus, dans l'édi- tion qu'il a donnée en 1744» ^^ (pVTo(2clCclvo& de Co- lumna, n'ait pas , dans son annotation xi , remarqué que Columna, qui avoit d'abord cru que le Clynienos Uioscoridis éloitle soucif Calendula officinalis,\Àxvn.^ ainsi que le rapporte C. B. Pin. , pag. 274 1 !• Caltlia l'ulgaris f avoit par la suite changé d'idée , et prouvé qu'il ne s'agissoit que de la chenillette , Scorpiurus stil- cata, dont il donne une excellente gravure, que je suis surpris de ne voir citée par aucun Botaniste moderne. Sur le ILafvntivm vmbellatum. {74déc. iSty). Fabius Cox,uMNA ( oper. citât, pars 1^. , pag. 22 , cap. IX ) décrit cette plante , et donne la gravure de deux fleurs et d'une capsule , pag. 24. Il y rapporte le Telephium purpurenni , Lobel , icon. tab. 47^ j ce qui a fait que tous les auteurs ont regardé comme unorpin, le Rapuntium umbellatum de Columna. C. B. Pin. , pag. 287 , le place sous la rubrique , Telephium pupureum majus. Raj , liist. Plant. , tom. 1 , pag. 689 , à l'article Anacampseros purpurea, ajoute, anRapuntium umbel~ latuni , Colum. ? Pag. 745, à l'article Rapuntium umbellatum, Col. Raj ajoute , an Telephium purpureum majus, C. B. ? Telephium floribus purpureis , Park ? Herm. Boerhaave {Index, pag. 1%%) cite le Rapun- tium umbellatum , Col. , parmi les orpins , à la 8.' (39) espèce désignée sous le nom de Anacampseros pur- piirea. Touniefort, Linné , et l'Encyclop. méth., n'ont cité ni la ligure très bonne de Lobel , ni la description par- faite de Columna : cependant avec une légère attention on auroit reconnu laTrachèle bleue , Trachelium cacru- leum , Linn. , dans la plante de Lobel et dans celle de Columna. Il est à croire qu'une transposition de nom , sur la figure de Lobel , aura été faite par l'imprimeur ou le graveur en bois 5 car on ne peut pas supposer que Lobel ait rangé parmi les polypétales une plante monopétale , et qu'il ait appelé rouge une fleur bleue. Sr/r l' HoRAU. ( 2^ décembre iSiy^. Kaempfer {Âmaenit. exoticac , pag. a54) •, en ci- tant le Père Avril ( Voyag. liv. 2 , p. 89 ) , a lu sauge au lieu de saule ; ce qui lui a donné occasion de dis- serter inutilement. Olivier ( Voyag. en Perse , tom. r, pag. ^4?) parle aussi des feuilles de saule , qui de la mer Caspienne vont au golfe persique. Kœmpfer dit que les feuilles qui flottent sur le golfe persique , sont celles de Pfioràu , ^(??/ Amygdalus marina sinus persici 5 Saga, Malaïcorum. Les détails curieux fournis par Ksempfer sur cet arbre , m'ont inspiré le désir de savoir à quel genre les Botanistes l'ont rap- porté. Adanson ( Famille des Plantes, tom. 3, tableau, P' 9 ' P'^b- 77 J 79 ■) 80 , 585 ) met l'Horàu dans sa fn- mille des Eleagnus. En parcourant la Flore d'Arabie par Forskôhl , j'ai trouvé , pag. lxxxii et pag. 37 , la des- cription d'un arbre qu'il appelle Sceura marina. J'ai comparé la description de Kœmpfer avec celle de Fors- (40) kohl , et j'ai reconnu que l'horàu du premier étoit !• Sceiira marina du second. Belon (^Singularitez y png. 277, liv, 2, chap. iix) parle d'un arbre de Rhamnus , qui croit aux rivages de la mer rouge : ne seroit-ce pas le Sceura ? Le genre du Sceura est indiqué par Gmelin, S. n. éd. xiii , t. 2, pag. 260. Je ne sais sur quoi l'on s'est fondé pour dire que le Sceura de Forskôlh est l'Avicenne cotonneux. Cette cjjinion , avancée dans le Nouv. Dict. d'Hist. natur. f édit. de Déterville , tom, ^^p- 293, torn. 20, pag- 218 ; deuxième édition , tom. 3 , p. 98, tom. g , pag. 539 ; répétée dans l'Encyclopédie méthodique ; JJictionn. d'Agric, tom. d .^ pag. 271 , col. \ ; Dict. de Botan. , suppl. , tom. v , pag. 83 ; a besoin d'ètro prouvée , puisque la corolle du Sceura est régulière y campaniforme , a 4 ou 5 divisions , tandis que celle de l'Avicenne est à deux lèvres. J'ai cru important de signaler cette erreur , pour s'opposer à ce qu'elle se propage. OBSERVATIONS DIVERSES. Le mérite des collaborateiirs , qui publient la 2.' édition du Nouveau Dictionnaire d'Histoire naturelle ^ chez Déterville, devoit donner la certitude que cet ouvrage ne contiendroit que peu de fautes, et que les éditeurs auroient eu le soin d'éviter celles typogra- phiques qui s'y rencontrent assez souvent. J'ai cru rendre service à la science en notant quel- ques-uns des articles qui m'ont présenté de graves erreurs. Parmi les fautes typographiques, je n'ai noté que le! suivantes : ( 4i ) t. Elégante Striée (tom. x, pag. iSS) l'animal <îe cette coquille est povirvu de deux dards 'vénéneux. Oss. Il est extraordinaire que l'on ait laissé subsister une épithète aiissi peu convenante. On sait que les hélices sont hermaphrodites ; que le mode de leur fécondation présente une singularité ^ qui réalise l'allégorie des traits de l'amour ; puisque les deux individus , en présence , se lancent récipro- quement un dard , nullement vénéneux , mais désigné sous le nom de dard vénérien , ( spicula venerea. ) 2. Un gordius.... (tom.xi, pag. 83), trouvé dans l'abdomen Au faucheur cornu, peut faire croire que ces arachnides sont sujettes à se nourrir de ces vers. Obs. L'auteur a certainement voulu dire que ce* arachnides sont sujettes à nourrir de ces vers , parce qu'en effet, il existe une TLlaire que l'on trouve quel- quefois dans le corps des insectes et dans celui des arachnides. 3. Agerite , Agerita ( tom. i , pag. 204- ) Genre de plantes etc. établi par Persoon. Obs. Persoon a dit ^gerita , et dans la flore fran- çaise , dernière édition , on lit Egerite. 4. Al'articleAouL, on trouve... ( tom. i, pag. 221). c'est une espèce de manne qu'on appelle Trangebris. Obs. Il faut lire Trangehin ( enc. méth. Bot. tom. vr pag. 397, 1 .''^ col.) Dans l'histoire générale des plantes Lyon, i653, tom. 11 , pag. 558, Dalechamp rapporte : Trunschibin,par les Perses ; tereniabin et trungibin, par les Arabes. Dans C. B. Pin. , pag. 497 , iv , transchibil, Ravpolf., mannœ genus aliud , tyriam jabyn , seu trungibyn dictum. (43) 5. Ces fibres ( tom. ii , p^g. 2.98 , lig. 29) , compo- sent un tissu retlculaire dont la cessation de dilecta- bilité Obs. Lisez dilatabilité. 6. Graine de lance ( tom. xiii , pag. 349)- Obs. Cette dénomination est très fautive 5 il faut substituer celle de graine de l'anse, donnée par les créoles aux fruits de Vomphalier grimpant , parce que cet arbre croît , sur le bord de la mer, et dans les enfoncemens qu'elle forme et qui sont connus sous le nom ê^anses. 7. Le gratgal à larges feuilles (tom. xiii , pag. 435), on le nomme bois de lame. Obs. Lisez bois de lance , à cause de l'usage auquel l'employoient les sauvages. 8. Alipha virginica ( tom. xx , pag. 307 , lig. 4)- Obs. Lisez acalipha virginica. 9. Mérendere.... ( Tom. XX , pag. 208), ce genre auquel Bergeron avoit donné le nom de géophylle. Oes. Z-zjfezîîergeret géophile. 10. De ce petit coquillage (tom. xx , pag. 323 ) ^ qu'il croit être Vambrette de Geoffroy, Obs. Lisez Ambrée. 11. Microscome (tom. xx , pag. 52i ). Obs. Lisez Microcosme. Pour peu que l'on veuille recourir à l'étymologie , on sent de quelle importance , il est de ne point laisser subsister de transposition de lettres. 13. Klopode , klopoda (tom. xvri , pag. io4 et io5). Obs. Irisez Kolpoda. C'est en effet ce dernier nom qui a été employé par O. F. Muller , dans son ou- (43) Trage intitulé : 'Anîmalciila infiisoria Haxniiae , 1786, 4'° pour désigner un animalcule dont le caractère se tire d'une échancrure ( sinus) , que l'on y remarque. i3. Malaperture, JMalaperti/rus. Lacep. (t. xviiij pag. 453. ) Oes. Lisez Malaptérure, Malapterurus. j4- Macropode Berglax ( tom. xviii, pag. 356.) Or.s. Lisez Macroure Berglax. i5. Jabebinftte ( tom. xvi , pag. 436 ), raie, qu'on pèche sur les côtes du Brésil. Obs. Z«fc jabebirette. Voy. Margr. Eres. lib. iv , cap. 16, et Dictionn. des animaux , par de la Chesnaye- des-Bois , tom. ir, pag. 5ii. 16. Jabie (tom. xvr, pag. 4^6 )j Adanson appelle ainsi une espèce de rocher. Obs. Lisez jabik ; Adans. coq. pag- 121. 17. Batan (tom. iir, pag. 3o8), JM. de Jussieu pense que l'arbre de l'Inde ainsi nommé par le voya^geur Lir:- cot est probablement la divrion. Oes. m. de Jussieu dit qu'il est probable que LInscot a voulu parler du Durion. Voy. Die. se. nat. , tom. iVj pag. 100. C. B. Pin. , pag. 434 5 ■^'11^ 5 avoit déjà rapporté le batan au durion. 18. Clusius a figuré la graine du cafeyer ( tom. iv j pag. 443 ) ^ et lui donnoit le nom de mattes. Obs. Lisez Mates. Voy. Clus. exot. lib. a , cap. 3o, tab. 3. Dalechamp, Hist. gén. des plant. , tom. 2, p. 712, x. C. B. Pin. p. 404 5 fruclus xiu. Plukenet mantiss. p. i5i . Raj. Hist. Plant, p. 1775, 3. (44) • iç- Les anciens ( tom. v, pag. i^*), ont désigné le Tadorne , en lui donnant la dénomination de Chelalopex ou de vulpanser. C. à d. oie renard ( tom. vi , pag. 228. ) Obs. Lisez Chenalopex. Il est démontré aujourd'hui que le Tadorne n'est point le vulpanser des anciens : Buffon , sur la foi de Turner , l'a cru, mais à tort. Le vulpanser des anciens est l'oie d^Egypte , anas aegyptiaca, révérée par les anciens égyptiens, à cause de son attachement pour ses petits. Voy. Cuvier reg. anim. , tom. i , pag. 602 et ^oj. 20. Céomice, ceomyce (tom. v, pag. 477 ) j genre de lichen qui rentre presque entièrement dans celui appelé BÉOMBicE et phyllocarpe. Obs. Lisez Cenomyce et non Cœnomyce^ comme il est dit (tom. m, pag> 52i ) , en renvoyant à ce mot. Il n'y a point de genre béombice, mais bien y.io-^ MYCÈs , Dec. bœomyces^ Ach. ; c'est donc à tort que (tom. iir , pag. 621 ), on lit boemyce , bœmyces au lieu de béomycès qui est le nom latin francisé. 21. Elphide (tom. X, pag. 182), nouveau genre de coquille.... abouche triangulaire.... , cette coquille ne présentant point de bouche.... Obs. Comment accorder la bouche triangulaire avec la non existence de la bouche ? d'où peut venir un» contradiction aussi forte ? 22. Erneute ou ERNOTE (tom. X, pag. 407) j nom vulgaire de la Terre Noix. Obs. Le nom vulgaire de la Terre Noix , Buniunt hulbocastanum^ Linn. j estSiro j Adans, fam. nat. , t. 2, (45) pag. 828 , 6o5. Suron, ibid , pag. 528 , 608. Les gens de la campagne disent que cette plante a été appelée Siro , à cause de la saveur sucrée et syrupeuse de sa racine. En Bourgogne les mots aneute , anotte ( venant évi- demment d'erneute, ernote) , sont employés unique- ment pour désigner la racine de la gesse tubéreuse ^ Lathyrus tuberosiis , Linn. N. B. Je n'ai noté que quelques unes des fautes typo- graphiques les plus graves; actuellement je vais indiquer une autre sorte d'incorrection , dont on a fait dans le temps un reproche très fondé aux rédacteurs de la pre- mière édition de l'encyclopédie. Elle a pour objet les renvois qui quelquefois sont mal indiqués, et presque toujours illusoires. 23. Faux perdrieux ( tom xi , pag. 2S1 ). Voy. fau perdrier. Obs. On cherche inutilement ce mot qui devroit se trouver à la pag. 157. Ce nom du temps de Eelon dési- gnoit le busard, proprement dit , yà/co aernginosus , Linn. Circus œruginosus , Vieillot ( tom. iv , pag. 45i.) 24. Gecko a tIte Plate ( tom. xir , pag. 5i4)> appelé à Madagascar , famocantraton , selon Drapper ^ qui a fait à son sujet un conte que l'on peut lire au mot famocantraton. Oes. En consultant le mot famocantraton (tom. xi , pag. 5i ) , on lit gecko à tête plate ; et l'on cherche en vain le conte qui y est indiqué. Je sais que ce conte, fait par Dapper, descrip. de l'Afrique, pag. 4^8, est assez ridicule ; mais il ne falloit pas le promettre ; à quoi sert de piquer la curiosité pour ne pas la satis- (46) 25. On trouve ce cynips (tom. vu , pag. i3o)j dans la galle du chêne tozin. Voy. ce mot. Obs. On ne trouve point ce mot parmi les espèces de chêne mentionnées , tom. vr, pag. 328 et suivantes. Ce- pendant à la 3. '^variété de chêne roure à larges feuilles, nommée chêne roure noirâtre , il auroit été utile de dire qu'elle est le quercus pyrenaica , Wild. et connue sous les noms de Tauzin ou Touza dans les Landes et les Pyrénées. 36. Dryandue, dryandra (tom. ix, p. 5^2 ), genre de plantes établi par R. Brown, aux dépens du genre Protée. V. Driandre. Obs. Pourquoi renvoyer au driandre ( pag. 678 ) , qui est un genre de la famille des tithymaloïdes , et en- tièrement distinct de celui de la pag. Sçs ? 37. Le gui de chêne (tom. xtVj pag. 3a ). Voy. Loranthe. Obs. L'article Loranthe ( tom. xviir , pag. 188 ) , ne dit rien sur le gui de chêne , et n'offre rien qui ait rapportàlacurieuse dissertation insérée dans le Dictionn. des sciences médicales, art. gui. Après avoir lu cette dissertation , on ne peut plus douter que le gui des druides ne fût le loranthus europœus. Linn. 28. Lapis fungifer ( tom. xvir , pag. 3i3), voy, fonçites. Obs. Fongite ( tom. xi , pag. 599 ). Guettard a ainsi appelé des madrépores fossiles en entonnoir etc. Cette citation n'a, comme on le voit, nul rapport avec le lapis fungifer ou plutôt lapis fungiferus ,àécv\t par beaucoup d'auteurs. Eoet. pag. 261, cap. 298. Mus. Worm. p. 91. J. B. Porta lib. 10 , cap. 70. Mus. Septal. pag. 4^ cap. XVII. Mus. Besler, pag. 1 10. tab. 4°} etc. etc. j et qui est la. pierre à Champignon. C'est un tuf volcanique , imprégné de carcite ( blanc de champignon) , qu'il suffit d'arroser pour lui faire produire des champignons dont ont parlé beaucoup d'au- teurs. C. B. Pin. pag. 373, XXXIII, fungus in saxis prove- niens. J. Bauh. liist. plant., tom. 3, p. 386 , cap. 36 , fungî suprà lapides. Micheli , nov. plant, gêner, p. i53 , n.° 4 5 fungus esculentus ex ingeiiti perenni... radice. Boccone mus, tab. 3oo. Battarafungi arimin., pag. 59 et 61 , tab. 34- A. Tu- beraster, vulgô pietra fungifera. Jacq. coUect.austr. sup., tab. 8 , g. Encycl. méth.botan.sup., tom. 3, pag. 674 , n.° 73. Boletus tuberaster. Nouv. dict. d'hist. nat. , éd. 3 , tom. vi , p. Sg. La fameuse pierre à champignon de Naples ... est im- prégnée de carcite.... du bolet tubérastre, et d'un agaric voisin de l'oronge par sa couleur. 29. JuBÉE, l'amande de ce palmier ( tom. xvr , p. 569), se mange sous le nom de coquito. CoQuiTo. (tom. VII, pag. 586) nom vulgaire du JUBÉE au Pérou. Obs. Pourquoi dans un article dire que coquito est le nom du palmier , et dans un autre le nom de feon fruit ? 30. Hyvourahé (tom. xv, pag. 55o ), c'est le gayac au Brésil. HtvouRAHÉ (tom. xiv, pag. 574)? fruit d'Amérique mentionné par Thevet Il paroît être celui du Spon- diiis myrobalanus. ( 4B ) (5ss. Il me paroit que la plante décrite par Thevet (singularitez de la France antarct. pag. 85 vers., pag. 92 , pag> 94 vers.), n'est pas encore parfaitement con- nue. I-es auteurs qui en ont parlé après lui sont : J. Bauh. Hist. Plant. , toni. r , p. 200 5 lib. 11 , cap. xv. Ç. B. Pin. p. i44j 'ï j Prunus brasiliana. Raj Hist. Plant., tom. ir, p. 1529, n. 2. Plukenet Almagest. , p. Boy. Prunifera americana dipliyllosj laurifolia, glycipliyllos. Mautiss. , p. i56. Hivouraë, tab. 327, f. 5. Malgré toutes mes recherclies , je n'ai pas encore pu savoir positivement à quelle espèce de végétal appar- tient l'Hivouralié. Thevet dit bien que la décoction de l'Hiuourahé est employée contre le pian; mais cette indication ne suffit pas pour prouver que c'est le gayac, et encore bien moins que c'est un fruit. iV. B. Si l'on s'attache aux élyniologies , on s'assurera que les éditeurs n'ont point été constamment heureux , et que dans plusieurs circonstances la manière dont ils lesexpliquent, ou dontils écrivent les noms, les rendent difficiles à saisir. 3i . Grassette , tom. xiir , p. 438. Nom de l'Orpin reprise, à cause de l'épaisseur de ses feuilles et de leur apparence graisseuse. Qbs, Les feuilles d'orpin n'ont point une apparence graisseuse ; elles sont seulement épaisses , charnues , et l'on sait que cette structure se retrouve dans toutes les plantes dési fanées en français sous le nom de plantes grasses. D'ailleurs on doit se rappeler que ce mot feuille grasse, est traduit ^d^ï folium crassum, et ïioiifoliun pingue. (49) 32. Herbe maur ( tom. xiv , p. 352). Reseda lutea. Obs. Il me semble que la dénomination doit être Herbe maure et désigner le Réséda odorant, parce que cette plante , qui croît en Afrique , a été apportée en Europe parles Sarrazins ou les Maures, et a été dési- gnée d'abord sous le nom d'herbe des Maures et ensuite herbe maure. 33. Herbe du Tan ( tom. xiv, p. 358). C'est la Bryone , Bryonia alba. Obs. On pourroit croire que la Brioine a des propriétés astringentes et qu'elle peut servir pour tanner les cuirs j il n'en est rien. La Bryone est appelée par les gens de la campagne Herbe du temps, parce qu'elle croît très-vîte et s'élève très-haut en grimpant, lorsqu'elle est dans le voisinage des arbres. On sait que dans le langage populaire ^ temps et ciel sont synonymes, ainsi qu'on peut le con- clure de diverses locutions usitées. Telle par exemple que celle haut comme le temps pour indiquer un or- gueilleux. 34- Herbe du vent ( tom. xrv, p. 359 ^» c'est l'a- uémone dont les fleurs ne s'ouvrent que lorsqu'il fait du vent. Obs. L'anémone ou l'herbe au vent est ainsi appelée parce qu'elle croît dans les lieux battus des vents. 35. BuRsÉRiE , Burseria ( tom. iv, p. 45o ). Genre de plante établi par Loeffling, sur la verveine lappu- lacée. BussERiA ( tom. IV, pag. 4^4 )• Loeffling appelle ainsi la Verbena lappulacea. Linn. Obs. Ce double emploi ne peut qu'induire en erreur, et s'opposer à ce que l'on connoisse le véritable nom; il 4 ( 5o ) est donc utile de dire que Burseria est le véritable nom et que Busseria doit être effacé. En multipliant ainsi les dénominations vicieuses , on embrouille la science. 36. Cagarelle, tom. iv, p. 568). Nom vulgaire de la mercuriale annuelle, dans le midi de la France. Obs. Je pense qu^il faut lire Cacarelle , synonyme de Foirolle , autre nom vulgaire de la même plante. Ces deux dénominations très significatives, désignent de la manière la plus exacte les propriétés relâcliantes de la mercuriale. On doit faire les mêmes remarques sur Caquenlit ( tom. V, p. 249 ), Mercurialis perennis ^ il faut lire Cac-en-lit. 37. CuAYA ( tom. 6 , pag. 208 ). Plante de l'Isoïde, dont la racine sert à la teinture. C'est une garance ou un Gaillet raie aigle. Obs. Il faut lire cliayaver , plante de l'Inde. Elle est connue des botanistes sous le nom d' Oldenlandia um- hellata. Que veut dire Gaillet raie aigle ? 38. Coucou ( Pain de ). (tom. viii , pag. 208 ). La primevère officinale porte ce nom. Obs. La primevère officinale est appelée fleurs de coucou , brayes de coquu , eu latin hrachulae cuculi , de hracae , brachae } et l'oxalis acetosella porte le nom de pain de coucou, Brunsfol. , soit parce que le coucou en mange , soit plutôt parce qu'à l'époque où cette plante fleurit , le coucou commence à chanter. Les ha- bitans de la Calabre donnent à l'oxalis acetosella le nom de juliola , que les Barbares ont cliangé en lujula , d'où l'on a fait alléluia. C. B, Pin. , pag. 33o , col. 2. P<.aj. Hist. Plaut. , tom. 2 , pag. 1098. (5i ) 39. Galiette et bien salée ( tom. xir , pag. 386 ). Conyza retusa , Lam. Ses feuilles ont un goût salé. Obs. C'est la raison pour laquelle cette plante est appelée la Saliette, la bien salée. Commerson l'avoit appelée Alix salsifolia. V. Encyc. méth. botan. , tom. 3 , pag. 90 , n". 39. 40. Arbre de sel ( tom. ir , pag. 435 ). Arbre de Madagascar, dont les feuilles servent à assaisonner les mets. On ignore à quel genre A appartient. Qbs. Il me paroît que cet arbre est VAlix salsifoliay Commers. Conyza retusa, Lam. , dont les feuilles ont une saveur salée assez agréable. C'est sans doute de cet arbuste que parle Sonnerat , Voy. aux Indes , tom. 3, pag. 58. 41. GiOLET (tom. XIII, p. 164 )j nom vulgaire du concombre sauvage. Obs. Lisez giceet : ce mot vient du verbe gicler ) employé en Bourgogne pour désigner l'action de lancer un fluide. Ce mot très expressif, dérive du latin /aca- lare , qui est la racine de plusieurs mots techniques. L'expression ^«'c/e/ est d'autant plus convenable, que le fruit du concombre sauvage, à l'époque de sa ma- turité,se détache du pédoncule,et lance à une distance considérable les graines et le suc qui les accompagne. JV. B. Parmi des explications fautives , on peut noter les suivantes : 42. Le Mésentère (tom. xx , p. 332 ) est ce qu'on nomme le riz de veau chez le jeune animal. Obs. Le mésentère des jeunes veaux est connu dans nos cuisines sous le nom de fraise de veau , et ce que l'on sert sur nos tables sous le nom de riz de veau, est le thymus de ces jeunes animaux. (50 43. La Mélique ciliée ( tom. xx j p. 91) produit un agréable effet , lorsqu'elle est en fleurs. Obs. Cet effet n'est produit que lorsque la fleur est passée , parce que la valve extérieure de chaque fleur fertile est garnie vers les bords, de poils blancs, soyeux, d'abord appliqués et peu visibles, puis étalés au mo- ment de la maturité des graines. 44- MzDiASTiNE ( tom. XX, p. 2. ) ; c'est la clavaire digitée de BuUiard. Obs. La médiastine , décrite par Dodard ( Mémoir. académ. , 1675, tom. 10 , p. 55y), est la Rhizomorplie fragile, Var. B. comprimée. Dec. Fl.fr. tom. 2 , p. 281, n.° 761 , b. 45. Maussane (tom. xix , p. 466 ) , nom vulgaire de la viorne obier. Obs. C'est un des noms vulgaires du Viburnum lan- tana , qiii est encore appelé raansienne , mansausse , coudre moinsinne , coudre moisine , sans doute à causa du duvet qui couvre les feuilles en dessous. 46. Fatague ( tom. XI , p. 80), graminée de Ma- dagascar , dont le genre est inconnu. Obs. On lit , dans Sonnerat ( Voy. aux Ind. orient, tom. 2 , p. 71 , n.° a ), Fatague , espèce de liseron qui,, rampant sur la terre , couvre les bords de la mer et les endroits sablonneux. Deux plantes différentes porteroîent-elles le nom de Fatague ? 47. Calebasse d'herbe (tom. v , p. i4)j Cucurbita lagenaria. Obs. C'est aussi le Trichosanthes' amara , ainsi que le pense M. Moreaii de Jonnès. 48. Fausse-rose des saules (tom. xi , p. i58 ) ^ (53) probablement occasionnée par la piquure de quelques insectes. Obs. C'est très certainement la piquure d'une Céci- domye qui produit cette espèce de galle. Swammerdam et de Geer s'en sont assurés , et avec un peu de pa- tience on peut en acquérir soi-même la preuve. 49. L'AcACiE à grandes gousses ( tora. i , p. 63 ) , Mimosa scandens On l'appelle vulgairement yece de Saint Ignace, Obs. L'acacie à grandes gousses s'appelle vulgaire- ment Liane à bœuf; sa graine est désignée sous le nom de cœur de Saint Thomas , châtaigne de mer. Le nom àefève de Saint Ignace est réservé pour dé- signer le fruit de VIgnatia amara. Linn. fil. Strychnos Ignatii , Lam. , Encyc. meth. ; Dict. Bot. tom. viii , p. 697, n.° 6. 5o. Hysope des gariques ( tom. xv, p. 549 ) : c'est l'iiélianthème , espèce de ciste. Ocs. Je ne parlerai pas de l'erreur de pagination qui a lieu , puisqu'après 544 on trouve 549 ', mais j'obser- verai qu'il faut lire Hisope des garigues ( Encycl. méth. bot. , tom. 2, p. 34? ^° 49) t à raison dés lieux oii croît cette plante. Garrigues .^ c'est ainsi qu'on ap- pelle en Languedoc les landes et les' broussailles. ( Ra- belais , édit. de Duchat, tom, 3 , p. 78 , note i4)' Il faut ajouter que l'hisope des garigues est le cistus ke- lianthemum , Linn., ou l'hélianthème commun, Desf. j Car on sait aujourd'hui que le genre heliantKemum Tourn. , supprimé par Linné , est rétabli par les Bota- nistes modernes. \ 5i. Jambon ( tom. xvr, p. 479 ) ; nom que quelques anciens Naturalistes donnoient à la Pinne ronde. ( 54 ) Obs. Parmi les coquilles qui forment le genre pinna, il n'en est aucune qui soit appelée ronde; aussi faul-il lire pinne rude , pinna rudis. Linn. 52. Notre Homard ( tom. x , p. 91 ) n'est point le cancer homarus , Linn. , mais le cancer marinus. Obs. Il n'y a point de cancer marinus dans Linné j on y trouve cancer gammarus , Lin. Astacus marinusy iFabr. 53. LiTHOPHAGE (tom. xviir , p. 204 ) j ou man- geur DE PIERRES (tom. XIX , p. 2o4 ) : Cet article est la copie de celui du Dictionn. des Animaux par de la Cliesnaye des Bois, tom. 2 , p. 197} et on ajoute : est-ce la chenille d'un insecte de la famille des tinéïles ? Obs. Réaumur a complètement résolu cette question; plusieurs mémoires insérés parmi ceux de l'Académie des Sciences font voir que ce lithophage est la larve d'une teigne dont il y a plusieurs espèces. Toutes ces larves ne mangent ni la pierre ni l'ardoise; mais elles se nourrissent du lichen botryoïdes et du lichen can- delarius. Act. Paris, 1666-1699, tom. x^p. 4^8 , ver litho- Réaumur, Mém. pour l'hist. des insectes , tom. m, .tM).--i%\ P- »79— '85. tab. i5. f. i_3. 'T .(i^f fJoiP- 187—192. tab. i5. f. 17—19. _.<.... tab. i5. f. 20—23. '; CoUect. acad., ^tom. 1 , p. 366. ^ Geoff. Ins. , tom. 11 , p. 204 , sp. 53 , la teigne des pierres à fourreau rond en capucKon. Goeze , entom. , tom. 3, part. 4 7 pag. 168, n. 289, tinea lg.pidellfi. Diçt.^ A.iiyi^^j,to^. 4j P« 3o7, teignes des murailleà. I ( 55 ) Nouv. Dict. Hist. nat. , tom. 23 , p. 5i2> la teigne des lichens. On trouve aussi aux environs de Dijon les fourreaux tournés en spirale de la larve d'une espèce de teigne , tinea helicoïdella. Nob. 54. LucET (tom. XVIII, p. 227). On ignore à quel genre appartient cette plante. Obs. Molina dit que le lucet est une espèce de myrte, qu'il désigne sous le nom de myrtus ugni. Voy. Encyc. met. bot. , tom. 4 1 pag. 4'^ 5 ri.° 16 , niyrte musqué. 55. LuNOT (tom. xviii, p. 24^) j coquille , proba- blement du genre des tellines. Obs. Cette coquille est désignée parGmelin , ( S. n. éd. XIII , tom. i , part, vr , p. 3282 , n.° 67 ) , sous le nom de x'enus sene^alensis. N. B. Il existe aussi dans ce Dictionnaire une certaine quantité de doubles emplois qui multiplient inutilement les recherches , causent une perte de temps considéra- ble, et augmentent la confusion qu'il seroit bien im- portant de bannir de la science. Parmi les preuves , je me contenterai d'alléguer les suivantes : 56. Le LuTJAN Adriatique (tom. xviii , p. 256), Labrus adriaticus. Linn. Obs. Il auroit été utile d'ajouter que le Labrus adria- ticus est le même que le Labrus hepatus , et qu'il étoit désigné dans le tom. xiii des Annal, du Mus. d'Hist. iiatur. , xxit. 8. , sous le nom de holocentlirus siago- nocus. 5j. Le LuTJAN MAGNIFIQUE ( tOm. XVIII , pag. 256 ) , Perça nobilis. Linn. Obs. La Perça nobilis de Linné a été appelée chae- (56) tûdon capistratus f Linn. (tom. vr, p. oaj, cliétodon ibridé). Chœtodon octo fasciatus , Linn. ( tom. vi j p. 324 ) chétodon huit bandes ). D'où l'on voit que le même poisson a été décrit sous trois noms différens. 58. Le LuTjAN CHRYsopxiRE (tom. xviii } p. 357), Perça chrysoptera. Linn. Obs. Ce poisson est déjà décrit ( tom. ix , p. 494 )f sous le nom de Diptérodon queue jaune. Lacép. 59. Macroramphose (tom. xviii, p. 356), genre de poisson établi par Lacépède pour placer le Silure cornu , qui diffère assez des autres pour en être séparé. Obs. Il en diffère tellement qu'il est le même que le Centriscus scolopax , comme l'observe très bien Cuvier ( Règne Anim. , tom. 2, p. 35o. ) Il paroît que l'indi- vidu mal desséché , qu'a observé Forskaël , ne lui aura pas permis de reconnoître un centrisque , et l'aura porté à en faire un silure, qu'il a appelé cornu. Ce n'est pas la première fois que des échantillons mal conservés ont été pris pour des espèces différentes. 60. Ibéride a tiges nues ( tom. xvr , p. 5). Elle constitue le genre appelé téesdalie par Alton , et gué~ pinte par Bastard. Obs. On trouve ( tom. xiv, p. 27 ) guépînie , genre de plantes que R. Brown a appelé téesdalie ; ce qui rend fort incertain sur le créateur du genre téesdalie. 61. L'Inule GiuTiNEUSE ( tom. XVI , p. 379 ) cons- titue aujourd'hui le genre Donie. Obs. Il auroit fallu rappeler que l'inule glutineuse a été décrite (tom. m , p. 25) sous le nom d'astère glu- tineuse , et que Wildenow en a fait un doronic. Ces (^7 ) rapprocliemens sont extrêmement utiles pour guider les recherches de ceux qui veulent s'instruire. 62. HoRAu de Kaempfer (tora. xv , pag. 28g ) Adanson en a fait un genre particulier. Obs. Cet arbre, très bien décrit par Kaenipfer , a été aussi observé et décrit par Forskaël , sous le nom da Sceura marina. Voyez notre notice , p. Sg. 63. Gocu£T ( tom. XIII, p. 277 ), turho fulminea y Gmel. Cette coquille fait aujourd'hui partie du genre natice. Obs. Il n'y a point de turho fulminea , mais bien nerita fulminea. Gmel. pag. 0672 , n.° 10. 64. GoEziE ( tom. XIII , pag. 278 ) : genre de vers intestinaux qui ne comprend qu'une seule espèce , le cucullanus ascaroïdes. Gmel. Obs. Il filloit ajouter que Zéder a donné à ce genre le nom de cochlé , et que R.udolphi l'a réuni aux Lio'- TÏnques. ( To^n. vu , p. 257 ; tom. viir , p. 536 ). 65. GuAiNuaiu ( tom. xiii , p. 566 ) On ignore à quel genre il appartient. Obs. Ce crustacé appartient au genre gécarcin. ( Tom. xn , p. 5i 1 ). 66. GuNDON ( tom. XIV, p. 52 ) , insecte que Dapper regarde comme une fourmi. Obs. Ne seroit-ce pas plutôt une espèce de termes'? 67. HÉMÉROCArLE DU Japon (tom. XIV, p. 307 ) y Henierocallls japonica , Thunb. Feuilles entières à sept nervures, fleurs bleues, disposées en grappe au sommet d'une luunpe. Obs. Cette description ne peut convenir à VHemc- rocallis japonica , Thunb. , qui a des fleurs blanches ; mais bien à VHemerocallis caerulea. ( 58 ) 68. Herbe d'ariot ( tom. xiv , p. 34^) , Leinna trîsulca. Linn. Herbe de hahot ( tom. xiv , p. 349 ) ' "°™ donné à la marchane des fontaines. Obs. Ces deux dénominations sont vicieuses , et la première est mal appliquée. Ou appelle en Bourgogne, HERBE d'alaud , la Marchanlie protée , Marchantia polymorpha. Linn. V. Durande, Flore de Bourgogne» i/'^ part. , p. 474 > "•" 124^ j et 2.^ part. , p. 286 , n. 1346 , et p. XXV. Je pense qu'à raison des grandes vertus supposées à cette plante , les anciens l'auront jugée digne de louan- ges , laudes^ et que pour la désigner , ils l'auront ap- pelée herbe que l'on ne sauroit trop louer, herba lau- dumi d'où l'on a fait herba laud , puis herbe d'alaud. 69. Herbe cassiennë ( tom. xiv , p. 343), Ilcrba cassiana Les Botanistes ne connoissent point cette plante , que J. Bauhin croit être une esjjèce de tabac. Obs. Il paroît reconnu aujourd'hui que cette plante est V Apalachine. Voy. C. B. Pin. , pag. lyo , VI t cassina herba. Cassina vera Floridanorum , Pluken. amaliJi. ^p 52, pi. 8 , tab. 'h'j'j , y. 4- Almag. mantiss, , p. 4° ? P^' ^ 5 tab. 376 , f. 2. Lamarck , JEncyc. niéth. y tom. 1 , p. ôSz , n.° 3 , cassine caroliniana. Ilex vomitoria , V'Villd. Ilex cassine, TValt. Cassine peragua , Mill. 70. Herbe de goinée , (t. xiv, p. 349) ' c'est le Milium altissimuni de Linnaeus. OjiS. Linné n'a point décrit de plants sous le nom ( 59 ) t!e milium aîtissimum. L'herbe de Guinée est le Pani» cum maximum , Jacq. ; Panicum altissimxim , Hort. Paris. } Panicum laeve , Lam^ Eiicyc. , tora. 4» p- 74*^» n.°5i. ji . GoiR A TiRicA ( tora. XIV , p. 4^ ) * "om brasi- Jien d'un oiseau rouge. Obs. Margrave a désigné sous le nom de guira ti- rica, l'oiseau appelé Loxia dominica. Linn. 73. GuRON : coquille du genre des huîtres. Obs. Le mot giiron est employé pour désigner l'huître à talon , spondyliis gaederopus. Linn. Voy. Dict. Anim. , tom. 3 , pag. 38i. 73. La Bacile (tom. m, p. 109 , ne s'élève qu'à quelques pouces. Obs, La bacile s'élève de douze à quinze pouces , ( Encyc. méth. botan. , tom. 1 , p. 347 ) > ^^ c'est à cette hauteur que croît le pied cultivé depuis long- temps au Jardin Botanique de Dijon. i - 74. Byssonie (tom. IV , p. 489 ) 7 genre auquel la moule pholade sert de type. ^ «-•■ Obs. Il aurolt fallu ajouter que le Mytulus pJioladis Linn. , ( Gmel. S. n. éd. xiii , t. i , part, vr , p. 3357 j n°. aj ) est le même que le Mya byssifera , Gmelin j p, 3223, n.° 21. ; ) ak'jjiakaO .vt Ces indications de double emploi sont extrêmement avantageuses pour perfectionner la synonymie. 75. Le Byssus FLOTTA-îCT (tom. IV, p. 490 ), Byssus Jlos aqi^ae, est une véritable conferve , ou plus souvent un résultat de conferves décomposées. ! Oes., Cette production est encore peu connue dans sa nature. 193 jii;>ob £ ,(£ .inoJ Beaucoup de Botanistes la regardent comme végétale } ( 6o ) cependant Weiss ( Cryptog. , p. Sg ) a dit, je croîs le premier, que cette substance n'est point un végétal , mais une matière formée par la réunion de particules des plantes aquatiques détruites par la putréfaction. Vaucher la regarde comme une oscillatoire , c'est-à- dire , comme un amas d'animalcules microscopiques. DecandoUe (FI. franc., tom. 2 , p. 53) adopte cette opinion. Girod CLantrans (Recherches chimiques et miscros- copiques, p. 38 , n.° 1 1 ) regarde le Byssus flos aquae comme appartenant au règne animal; à la vérité , les preuves qu'il en apporte ne peuvent pas convaincre , puisqvi'il a confondu des animalcules infusoires avec le Byssus flos aquae. .^rr' 76. Calaf ( tom. IV , p. 5j()) : il est très pro- bable que c'est un chalef. Obs. Le CALAF des Arabes a été très bien décrit par Prosper Alpin , qui l'appeloit aussi Ban. C. B. Pin., p. 474 1 col. 3. I. Salix exotica. Forskolil , qui l'a re- trouvé et l'a désigné sous le nom de Salix œgyptiaca ( FI. Arab., p. 170 , n.° 63) , observe que c'est par la distillation des fleurs mâles que l'on obtient cette li- queur si odorante désignée sous le nom de Macàhalef. 77. Camaruma ( tom. V, p. 55 ) : c'est la fève de Tongo des Boutiques , le dipteria de Wild. 'i i'>'^ Obs. Cet article contient ideux fausses indications ; car le nom de la plante est coumarouna : Aublet , t. 2, pag. 740 5 f. 296. Dipterix odorata , Willd. spec. pi. tom. 3, p. 910, gen. iSao. Baryosiiia tongo , Gaertn. , tom. 3 , p- 70 , gen. 679 , tab. çS , f. 1 . Gmelin , (S. n. edit. XIII, tom. 2), a décrit celte plante sous deux noms dilférens. Pag. 6oc) y lieiazia peregrina. Pag. io84j Cumarunci odorata. ( 6i ) Il est question cle cette plante dans l'Encyc. métli. botan. , tom. 2 , p. i4'5 } tora. 7 j p. 589. , col. 1. 78. Capilline (tom. v, p. 282). On compte six espèces de capilline , etc. Obs. Il ainoit été très utile , en décrivant les six espèces de BuUiard , d'observer que la première , la seconde et la cinquième ont été rapportées par Decan- dolle , FI. franc., n.° 691-693, au genre Stemonitis. 79. Casia poetica (tom. v, p. 344)- Clusius a donné ce nom au rouvet , Osiris alba. Camerarius , Lobel , Prosper Alpin , Gesner et Tournelort ont donné le même nom que Clusius au rouvet. Obs. Prosper Alpin n'a point parlé de V Osiris^ aussi le Rédacteur de l'Enclycl. méth. botanique, tom. vi ^ p. 319 5 a eu l'attention d'avertir qu'il ne falloit point rapporter àl' Osiris alba le synonyme de Prosper Alpin. En effet, ce dernier auteur , sous le nom de casia la- tinorum , décrit une plante entièrement différente du rouvet. Il paroît que C. Bauhin n'a su où la rapporter, puisqu'il n'en parle pas, et qu'il ne cite, p. 396 , que la cassia latinorum de Guilandinus , sous la rubrique spartum triphyllon. Les Botanistes modernes n'ont point fait connoître de quelle plante Prosper Alpin , ( Exot. f p- 40 )) a voulu parler. 80. HiÉROCHLoÉ (tom. XIV, p. 47^)5 JiieTOchloa f genre de plantes établi par Gmelin. Obs. Il n'y a pas de genre de ce nom dans Gmelin , S. n. édit. XIII. Je ne le trouve que dans Palissot de Beauvais , Agrof-tographie , p. 62 , gen. 53. 81, CoLLi DES Chinois ( tom. vu , p. ZZ'6)jaletris cîiinensis. Obs. C'est aussi le Dracacna terminalis. Linri, 82, Dragoneau de Médine , etc. ( tom. ix , p. 572), Larrey, qui a observé en Egypte plusieurs de ces pré- tendus vers , affirme que ce n'est que du tissu cellu- laire frappé de mort , c'est-à-dire, le bourbillon d'un faroucle bénin , qui prend une forme cylindrique , par suite de l'opération qui tend à l'extirper. La Pilaire de Médine ( tom. xi , pag. 4^4)) quoique d'une existence plus que douteuse, reste dans le genre rirAiRE. Obs. Il me paroît difficile de révoquer en doute l'exis- tence de la Pilaire de Médine , puisqu'une foule de té- moins l'ont vue , et que plusieurs rapportent en avoir été atteints. Voyez Kaempfer , Amœnit cxoticae , p. 534- Bruce : Koy. aux Sources du Nil , tom. i, p. 347 ; tom. m , p. 43 ; tom. v , p. 76. JDict. Sciences médicales , art. Dragonneau. d'Obsonville y Essais philosoph. , p. 4S. Bajon, Hist. de Cayenne , I. p. 021 . Je ne cite que quelques autorités principales, on pourroit facilement enaugmenter le nombre; et jusqu'à ce que l'on prouve par des faits que l'opinion des Na- turalistes sur le dragonneau est fausse , il faudra ad- mettre cet animal. 83. Pierre Borelli avoit signalé quelque espèce de sentiment ( tom. ii , p. 6 ) obscur , dans les fleurs de la centaurea jacea. Obs. Ce n'est point sur la centaurea jacea que Pierre Borel fit cette observation , mais bien sur \a. jacea aro' matica , ainsi qu'il est aisé de s'en assurer en recou- rant à la page 99 de son ouvrage. 84. Lang ( tom. xviî , p. 289 ) : quadrupède de la (63) Chine, dont quelques anciens voyageurs font mention y sans dire autre cliose , sinon qu'il a les jambes de de- vant fort longues et celles de derrière fort courtes. Obs. Il est facile , à cette description, de reconnoître cette singulière espèce de singe que Buffon a décrite sous le nom de gra.nd et petit gibbon , ffomo lar, Linn. 5 Simia longimana , Erxleben } langarm , MuUer. La description ne peut point convenir à la girafle, qui ne se trouve qu'en Afrique, taudis que \qs gibbons n'habitent que l'Asie. 85. Le Langouium littoreum (tom. xvir , p. 291) Rumph. 4 ) tab. 19 , est le vitex negundo , Linn. Obs. Lamark ( Encycl. méth.botan., tom. 2, p. 612 ), regarde le langodium littoreum Rumph. comme le vitex paniculata : il s'y est décidé par la comparaison d'échan- tillons rapportés par Sonnerat. 86. Les Turcs ( t. xviir, p. 33 ) font des tuyaux de pipes avec les branches de lilas, vidées de leur moelle. Obs. N'y auroit-il pas erreur dans cette allégation ? Je serois tenté de le croire d'après ce que dit Forskahl ( Flor. Arab. , p. xviii. , n.° 5 ). On cultive le jasmin commun, dit-il , dans les jardins de Constaiitinople , à cause de sa tige que l'on soutient artificiellement , et dont on fait des tuyaux de pipes, qui sont d'autant plus estimés qu'ils sont plus longs. Quand ils sont imprégnés d'huile de Tabac, ils sont plus doux et plus flexibles. Les branches de lilas sont rarement assez longues et assez égales pour être employées à cet effet. 87. Hairi ( tom, XIV, p. 144 ) de Thevet ; c'est le schunda - panna des Malabares, ou caryota urens des Botanistes. Obs. Cet article , comparé avec celui de I'atri (tom. (^4) III, p. 123) , palmier du Brésil qui paroît être une es- pèce d'AvoYRA, Elais^ laisse des incertitudes. Jussieu ( Dict. Se. nat. , tom. i , p. 4»o) pag. "iSo) , celle delà Noctuelle de la cardeke, noctua dipsacea, Linn. p. 856 , n.° j85j vit dans l'intérieur des têtes de cette (65) plante , et nuit souvent beaucoup aux produits de sa culture. Obs. La larve de la noctuelle de la CARoàRE est polyphage; elle vit sur la centaurée , le plantain , le char- don à foulon, etc. ( Encyc, méth. ent., tom. nu, p. 272, •vp. foy), et nullement dans l'intérieur des têtes du char- don à bonnetier. En consultant mes observations entomologiques{ in- sérées dans le magasin encyclopédique, août 1812), on s'assurera que la larve de l'intérieur du chardon à bon- netier est celle de la pyrale de la cardère, Pyralis dipsacana. nob. On verra que tous les anciens natu- ralistes, et plusieurs modernes, ont parlé du ver dans les têtes du chardon à bonnetier. Mouffet theat. , p. 256 , 257. Aldrov. de ins. , p. 272 , f. 5. Jonst. de ins. , p. i35 , col. 2. j4ynien . act. ext. acad. paris. , tom. iv , p. 389. F^c'aum. ins., tom. ir , p. 47^, tab. 34, f • 4 5 ^^^' 39 , f. 7. 8. Bonnet, Œuvres, in-4.°, tom. i , obs. xrx, p. 370-397. Kniin , naturforsch. 11 , Stuck. , p. 42-46- Encycl. mélh. entom. , tom, y , p. Gn-Gt4- Extrait tie Bonnet. Cette larve ne vit que dans l'intérieur de la tête du chardon à bonnetier, où elle dévore la moelle qui y est renfermée. Tous les paysans , qui supposent à cette larve des propriétés médicales merveilleuses , savent qu'on la trouve depuis le mois de septembre jusqu'au mois d'avril; à cette dernière époque, elle se file une coque de soie mince , sans sortir de sa demeure. Elle reste quinze à vingt jours en chrysalide j devient insecte (66) parfait, qui s'échappe du canal médullaire par une ou- verture que la larve avoit préparée. La jolie pyrale qui en sort, est une pyrale à crête, à deux palpes en spatule ; le corcelet gris est marqué de deux points noirs , et les ailes bleuâtres , piquetées de noir, présentent une bande de cette dernière couleur. Il est très probable que la présence de la larve dans la tête du chardon à bonnetier, nuit aux produits de sa culture 5 mais il n'existe point de moyens humains pour s'y opposer. I^. B. Je n'ai pas poussé plus loin mes observations 6Ùr le N. D. H. N. éd. 2; je désire que celles que j'ai notées puissent tourner à l'avantage de la science. M. Degouvenain C iH février iSiSj ^ an- nonce deux découvertes dont il est l'auteur. L'une a pour objet de faire connoître, dans tous les cas où cela sera jugé nécessaire^ si le porteur de titres , billets et efïets quelcon- ques en papier , en est le légitime possesseur. Cette découverte , sur laquelle , d'après une lettre de S. Exe. le ministre de l'intérieur, des commissaires ont fait un rapport très avan- tageux, présente une importance d'autant plus grande, qu'elle tend à conserver le cré- dit , et à tranquilliser tous les négocians. La seconde découverte est relative à la fabrication du vinaigre , par un procédé si facile à exécuter , que chaque individu pourra sans difficulté se procurer cette liqueur , dont l'usage dans nos cuisines est si répandu. ( ^7 ) C'est rendre un service important à riitima» nité , que de s'occuper de la bonne prépara- tion des substances dont use l'homme pour soutenir sa vie, puisque sa santé dépend de leur salubrité. M. MoREAU DE JoNNÈs , Correspondant à Paris, a envoyé f 4 février i8i8 J des Ob- servations sur l'ouragan des Antilles , du az octobre dernier. Cet ouragan eut lieu un mois après l'é- quinoxe de septembre, et il précéda de quatre jours la pleine lune d'octobre j ce qui offre une anomalie rare , dans les ouragans qui , depuis deux siècles , n'ont jamais exercé leurs ravages plus tard qu'au mois d'août , excepté cependant en 1780 , où il y eut un ouragan le 10 octobre. Dans celui dont il est question , le vent a passé du nord au sud par l'est jusqu'au sud-ouest , mais n'a pas dépassé ce dernier terme 5 ce fait fortifie une remarque de M. Moreau de Jonnès qui a observé que dans la mer des Antilles , les vents ne soufflent jamais de l'occident. L'ouragan du mois d'octobre dernier ne dépendroit - il pas de la débâcle des glaces du pôle ? C'est une question que propose M. Moreau de Jonnès. M. Petitot, statuaire I correspondant à (68 ) Paris , a envoyé un superbe morceau de scul- pture représentant la mort de Pindare. C'est un groupe en plâtre d'une belle exécution et qui rappelle les beaux temps de l'art. A sa dernière séance publique, l'Académie avoit proposé pour sujet de prix une question de médecine* Huit mémoires ont été adressés à l'Acadé- mie . La Commission chargée de les examiner a trouvé dans le plus grand nombre des recher- clies d'érudition très savantes , un historique bien tracé des travaux relatifs à la maladie proposée; plusieurs des concurrens se sont livrés à une théorie de cabinet qui n'étoit pointée que demandoit l'Académie; d'autres ont exposé des calculs très curieux sur la fréquence de la maladie , etc. ; mais je ne dois point anticiper sur le rapport qui sera fait dans cette séance. Depuis sa dernière séance publique , l'Aca- démie a fait des pertes dans la personne de MM.HoiN , Antoine (Antoine) , Maui-bon- d'Arbaumont et Durey de Noinville. Claude HoiN naquit à Dijon le 5 juin lySo^ il étoit un des fils de Jean-Jacques Hoin , chirurgien distingué , pensionnaire de cette Académie, associé de l'Académie royale de chirurgie de Paris. Son goût l'entraîna de (69) bonne Iieure dans la carrière des beaux-arts : ses talens pour le portrait et la miniature lui firent accorder par Monsieur , aujourd'hui Louis XVIII, le titre de peintre de S. A. R. A l'époque de la révolution , M. Hoin revint dans sa patrie : il fut nommé conservateur du Musée de notre ville. Il donna à cet éta- blissement un arrangement plus convenable à raison de son nouvel accroissement. L'Aca- démie de Dijon l'avoit associé, dès ^yj6f à ses travaux ; il en étoit le plus ancien membre résident, lorsqu'il succomba le 16 juillet 1817. Cet artiste réussissoit sur-tout dans le pastel et la gouache j il a laissé un cabinet précieux de tableaux originaux. M. Antoine (Antoine ) , associé non-ré- sident, naquit à Auxonne le 22, août 1744* Il se livra de bonne heure à l'architecture , et fit partie du corps des ingénieurs des ponts et chaussées jusques au commencement de la révolution, époque à laquelle il le quitta, dans l'intention de se livrer exclusivement à ses goûts pour l'étude; il fut nommé juge de paix du canton de Dijon extra muros , et s'acquitta de ses fonctions à la satisfaction de tous ses concitoyens. Il a publié sur la navigation plusieurs ou- vrages. M. Antoine écrivoitfort bien, et il ( 70 savoit manier avec adresse l'arme de la plai- santerie. Concentré dans le sein de sa famille, il conloit des Jours heureux, lorsque la mort est venue le frapper en mai dernier. Jean -Nicolas Maulbon - d'Arbaumokt , Juge honoraire au Tribunal de i ."^^ instance de Dijon, est mort le 3o juin 1818. Sa vie laborieuse fut consacrée à l'étude des lois ; il se délassoit de ses fatigues dans leseind'unefamilledontilfaisoitle bonheur, comme elle contribuoit au sien. Il se livroit à des recherches mathématiques et physiques, dont il faisoit un amusement 5 il aimoit sur- tout à vérifier les expériences délicates. C'est ce qui l'amena à confirmer une découverte bien étonnante. On sait qu'il existe dans certains vinaigres, des animalcules appelés improprement An- guilles du vinaigre, vîbrio aceti ^ MulL Le corps alongé de ces animalcules , laisse apercevoir dans son intérieur, par le secours du microscope, une rangée d'œufs. Si avec un canif on partage l'animalcule en deux , les œufs s'échappent du corps, augmentent rapi- dement de volume, et laissent apercevoir dans leur coque un embryon qui croît très rapide- ment, perce l'enveloppe et nage dans le fluide. Cette observation faite d'abord par Leuwe- noeck, a été répétée par le confrère que nous regrettons , et la complaisance, qu'il mettoit à communiquer le résultat de sesre- clierches , a donné à l'un d'entre nous la fa- cilité de répéter , avec un succès complet , une expérience aiissi extraordinaire. M. Alplionse-hou'is-Bernard Durey-de- NoiNviLLE, lieutenant-général des armées du Roi , est mort à Paris le 20 mai dernier , âgé de 82 ans. Cet officier supérieur, membre honoraire de l'Académie de Dijon , depuis le 2. juillet 17(^9, étoit le fds de M. Joseph DuREY, marquis du Terrait (1) et de M."'® de Crussol d'Usés, qui avoient fondé en 1766 un prix annuel de \oq fr. pour un sujet au choix de l'Académie. La distribution s'en est faite régulièrement , jusqu'en 1792. Mais en 1793 la suppression de toutes les corpo- rations savantes décrétée par la Convention, fit entrer dans le domaine de l'Etat les fonds de cette fondation , qui , ainsi que tous les autres , n'ont point été rétablis. M. Durey-de-Noinvïlle fit toutes les campagnes pendant la guerre de sept ans j il suivit constammentle prince deCondé avec (() Son éloge a été prononcé en 1770 par le docteur Mare t. ( 7^ ) lequel il rentra en France , et fut nommé Commandeur de l'ordre royal de Saint-Louis. Parmi ces pertes auxquelles l'Académie a été très sensible , il faut mettre en première ligne, celle de son auguste protecteur, Louis- Joseph DE Bourbon, prince de Cokdé , mort le i3 mai 1818. Les resrets de l'Académie ont été adoucis par la réponse autographe de S. A. S. Mg"^. le duc de Bourbon , à la lettre de condo- léance qu'elle lui avoit adressée, pour prier S. A. S. de succéder au Prince son père dans le protectorat. L'Académie a adjoint à ses travaux comme membres correspondans ; M. César MoREAU, élève vice-consul de France en Angleterre , à Londres (12. novem- bre iSiy.J L'activité de ce correspondant tient l'Académie au courant de toutes les nou- veautés dans les sciences et dans les arts , qui paroissent à Londres. M. MoREAu DE JoNNÈs , à Paris ^2,6" no- vembre i8iy J dont les travaux sont bien connus des naturalistes. M. Edward Dodwell , à Londres ( 14 janvier i8i8 J ^ qui s'occupe de la publica- tion d'un voyage en Grèce , curieux par MAIftlE DE DIJON. Réponse autographe de S. A. S. le Duc de Bourbon , à la lettre de condoléance que AI. le M.aire de Dijon avoit adressée à ce Prin ce au nom de la ville. « Paris, ce 26 mai i8j8. — C'est avec Ja plu» « vive senMbiliié, Monsieur, que j'ai reçu votre 1 « lettre qui m'ex|)rime d'une manière si touchante «c les regreis qu'éprouvent les habitans de la bonne te ville de Dijon de la perte irréparable que je viens « de faire de mon vénérable père. Ses sentiinens « pour eux étuient depuis long-temps [irofondément \ «c gravés dans mon cœur; c'étoit pour ainsi dii;e un u héiitige de famille. Hélas! Que n'ai -je encore « un fils à qui j'aye la jouissance de pouvoir les « transmettre î Pénétré de douleur, et le plus mal- ! « lieiireux des pères et des fils , c'est ce) endant une ' « consolation douce^ mou cceur abreuvé d'itmer- I « tume, d'avoir, dans cette triste occasion, b -^«tt»' « prier de témojf^ner à vos bons et fidelles habji'''fls « de toutes les classes , ma reconnoissance et l'in- « térêt que je ne cesserai de prendr» , tant que j'exis- »t terai , à leur bonlieur , ainsi qu'au vôtre person- cc sonnellemeni , Monsieur. Je suis votre véritable et « affectionné ami. « Signé L.-H.-J. DE BOURBON. » Pour copie conforme : Ze Maire de Dijon , ' Signé Théodore Morelet. Académie des sciences, arts et bexies-lettres DE Dl.tON. Copie de la réponse autographe de Mgr. le duc de Bourbon , à la lettre que M. le secrétaire de l'Académie a écrite au nom de cette Compagnie , à S. A. S, n Paris ce 26 mai 1818. « J'élois bien sûr, Monsieur j des regrets qu« «r l'Académie de F^on épronveroit de la perte cruelle « que je viens de faire du meilleur des pères; je « SUIS très reconnoissant de l'intérêt qu'elle me té- u moigne dans cette triste circonst inte , et le sujet ce du prix qu'elle a choisi pour 1819 fait h.inneuranx « sentinietis qu'elle sait si bien exprimer. J'»ccep'e 10 pages. a4- Séance publique de la Société d'Agriculture, Com- merce , Sciences et Arts du département de la Marne j année 1817. Châlons ; in-8°. 101 pages. 2.5. S."*^ volume de l'Instruction criminelle, considérée dans ses rapports généraux et particuliers avec les lois nouvelles et la jurisprudence de la Cour de cassation ; par M. Carnot , Conseiller à la Cour de cassation , chevalier membre de l'ordre royal de la légion d'honneur, de l'Académie des Sciences , Arts et Belles-Lettres de Dijon. Paris, 1817. In-4.° , 4^0 pages. 26. Séance publique de la Société d'Emulation de la ; (79) vilIâ de Cambrai , du i5 septembre 1817. Cambrai, 1817. Brochure in-8°. 27. Précis analytique des travaux de l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen j depuis sa fondation en 1744? jusqu'à l'époque de sa restauration le 29 juin i8o3; par M. Gosse au me, Docteur-Méde- cin, membre et archiviste de l'Académie. 3 v. in-8°. 28. Traduction de l'Enéide en vers et en prose , de M. MoLLEVAUT. 29. Précis historique et analytique des Pragmatiques, Concordats, Déclaration , Constitution, et autres actes relatifs à la discipline de l'Eglise en France , depuis St. Louis jusqu'à Louis XVIII ; par Gabriel Peiçnox. Paris, 1817. In-8.° , i56 pages. 30. Essai d'Hygiène militaire des Antilles; Observa- tions sur la fièvre jaune, avec des tables nécrologiques;; Précis topographique et géologique sur la Martinique : par M. MoREAU 1)E JoNNÈS. 3i. Histoire du Velay, par M. Arnaud aîné, Doc- teur-Médecin. Au Puy , 1816. 2 vol. in-8.'' 32. Liste des Membres de la Société philosophique de Londres. 33. Règlement de cette Société. 34. An Oratlon , delivered at the anniversary of the philosophical Society of London june 12 , 1817. By QUnthus Greoory. London 1817. In-8.° 36 pag. 35. An Oration delivered at the anniversary of the Philosophical Society of London, november 22 nd , 18 15; before his royal highness the Duke of Kent, and the officers and members of the institution. By W. B, CoLLYER. London i8i6. In-S.", vu et 34 pages. 36. So;aie account of the liyes and writings of Lope (8o) Fsttx DE Vega Carpio, and Guillen de Castro by Henry Richard, lord Holland. London , 1817. in-8.° 2 V. 37. Rapport sur les troupeaux Mérinos de M. le Comte de Polignac, dans le département du Calvados, fait à la Société Royale d'Agriculture et du Commerce de Caen. 38. Monumens des Arts à Dijon ; par M. Girault. 39. Liste des Membres de la Société d'Agriculture de Londres. 40. Catalogue des Ouvrages relatifs à la navigation, publiés en Angleterre. 4i. Description et gravure d'un nouveau mode d'at- telage inventé en Angleterre. /(.î. Catalogue des instrumens de Physique et de Chi- mie, confectionnés par Guillaume Harkis, dans le ma- gasin duquel on peut les trouver. 43. A practical andhistorical treatise on consumptive diseases deduced from original observations and col- lected from authors of ail âges } By Thomas Young. London 181 5. 44 • Notation musicale en général et en particulier de celle du système grec; par M. de la Salette. Paris, J817. In-8°. 3i pages. 45. Notice des Séances tenues par l'Académie des Sciences , Belles-Lettres et Arts de Besançon , des a5 août 1817 et 28 janvier 1818. In-8''. 78 pages. 46. Notice sur les Marbres du département de la Cûte- d'Or et des environs. In-8.°, 6 pages. 47. Liste des Membres de la Société royale de Londres pour 1818, et celle des Membres de la Société des antiquaires de Londres pour 1817. ( 8i ) 48. Carte polaire ; tracée par le capitaine Jean Ross j commandant une partie de l'expédition pour le pole- nord. 49. Le Jubilé académique, ou la 5o.^ année d'une asso- ciation littéraire, épître à M. Dumas, Secrétaire de l'Académie royale des Sciences , Belles-Lettres et Arts de Lyon, lue à la séance extraordinaire de l'Académie française , du mardi 3 février 1818 : par M. le Comte François de Neufchateau. Lyon, 1818. i5 pages. 50. Tableau de la distribution des Prix par la Société pour l'encouragement des arts et manufactures de Londres, le 27 mai 1817. 5i . Programme des Prix proposés pour i8i8 , par la même Société. 52. Discours prononcé, le 27 mars 1817 , par Arthur AïKiN , à la séance de la distribution annuelle des prix et récompenses par S. A. R. le Duc de Sussex, président. 53. Mémoire sur l'Instruction publique, dédié aux pa- rens Chrétiens 5 par Jean Couturier , Professeur au Lycée de Dijon : seconde édition revue et augmentée par Pauteur. Dijon , 1818. In-8.° , 75 pages. 54- Compte rendu des travaux de l'Académie royale des Sciences , Belles-Lettres et Arts de Lyon, pendant l'année >8»7 j par M. J. A. Dumas, président 5 lu dans la séance publique du 28 août de la même année. Lyon , 1818. In-8.° , 47 P^g* 55. An account of the mode of draining land according to the System practised, by M. Joseph Elkington ; se- cond édition , corrected and enlarged. Drawn up for the considération of the Board of agriculture , by John JoHNSTONE , land-siirveyor, London , 1801 , 8.** fig. ( 82 ) 56. Rapport fait à la Société royale et centrale d'Agri- culture , par M. François de Nevfchateau , sur l'agriculture et la civilisation du banc de la Roche , suivi de pièces justificatives , séance publique du 29 mars 1818. Paris, 1818. Iu-8.° , 4^ pages. 57. Transactions of the Society instituted at London, for the encouragement of arts , manufactures and com- merce with the premium offered in the year 1817. vol. XXXV. London , 1818. In-8.° , fig. 58. Programme des concours proposés par la Société royale et centrale d'Agriculture , pour la culture de la pomme de terre , la préparation et l'emploi de ses produits. 5^. Programme de la séance publique du Dimanche 29 mars 1818 , et des Prix proposés et distribués par la Société royale et centrale d'Agriculture, présidence de M. Tessier. 60. Programme d'un Prix proposé par la Société royale et centrale d'Agriculture , pour l'année 1820 , sur le crapaud des bêtes à cornes et à laine. 6 1 . Avis aux Cultivateurs sur la manière de multiplier la pomme de lerre par le secours de ses graines , publié au nom de la Société royale et centrale d'Agriculture. 62.. Rapport fait à la Société royale et centrale d'Agri- culture, dans sa séance publique du i3 avril 1817, sur le concours pour des observations de médecine vété- rinaire-pratique 5 par Messieurs Desplas , Girard y Tessier , Yvart et Huzaru , rapporteurs ; suivi du programme sur ce concours. Paris , 1817. In-S." , 3o pages. 63. Exposé d'un moyen mis en pratique pourempêcher la vigne de couler et hâter la maturité du raisin ; par ( 83 ) M. Lambry, pépiniériste à Mandres , canton de Boissy -Saint -Léger , département de Seine et Oise. Seconde édition. Paris, mars, x8i8. 02 pages , avec Mne planche. 64. Note sur la culture et les usages du Pin laricio de Corse , Pinus laricio, Lam. Encycl. 65. The code of agriculture including observations on «ardens, orchards , voods , an plantations, by the right lionorable sir John Sinclair. , Bart. founder of tlie Board of agriculture. London , 1817. In-8.° , fig. au frontispice duquel est une suscription très flatteuse de la part de l'auteur. 66. Annual reportof the royal humane society for the recovery of parsons appareiitly drowned or dead 1818. London , in-S." , fig. 67. Mélangeslittéraires, philologiques et bibliographi- ques , contenant des recherches sur l'étymologie des noms propres dans les premiers temps de la Monar- chie , etc. ; sur l'origine connue de quelques mots de la lancue française avant la révolution: sur les laneues» et particulièrement sur les ouvrages polyglottes , avec l'Oraison dominicale et quelques mots rendus en un grand nombre de langues ; sur la disposition de l'écri- ture chez les différens peuples; sur les langues celtique et gauloise ; sur les différentes éditions de l'art de véri- fier les dates , etc. , etc. : Par Gabriel Peignot , pro- viseur du Collège royal de Dijon, membre des Acadé- mies de Besançon, Paris, Dijon, etc. ^ etc. Paris, 1818. In-8.° , 167 pages , tiré à i5o exemplaires. '68. Histoire du passage des Alpes par Annibal, dans laquelle on détermine, d'une manière précise , la route de ce général depuis Carlhagène jusqu'au Tesin , d'après (H) la narration dePolybe, comparée aux reclierclies faîte» sur les lieux ; suivie d'un examen critique de l'opinion de Tite-Llve et de celle de quelques auteurs modernes. Par J. A. Deluc , fils de feu G. A. Deluc , membre de la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève , et de la Société helvétique des Sciences na- turelles ; avec une carte. Genève , 1818. In-8°. , 3o3 pages. 69. Avis aux Pères et Mères sur la Vaccine , ou ré- sultat des vaccinations pratiquées ; par M*". F. M. Rémond , Médecin du dépôt de mendicité du dépar- tement de la Côte-d'Or , ex-Chirurgien interne des Kèpitaux des vénériens et de la Charité de Paris , etc. Dijon , 1818. In-8.° , 24 pages. 70. Recueil deMonumens antiques, la plupart inédits et découverts dans l'ancienne Gaule ; ouvrage enrichi de cartes et planches en taille douce , qui peut faire suite aux recueils du comte de Caylus et de la Sauva- gère ; dédié à S. A. R. Mg"^. le Prince héréditaire de Bavière , par Grivaud oe la Vincelle , membre de plusieurs Académies. Tom. i. Paris, 1817 , et Atlas de 4o planches. In-4.° 71. Réflexions sur un Mémoire du Docteur Marcozj inséré Bibl. univ. , Sciences et Arts, 1817 , décembre. Tom. VI , p. a37 et suiv. Par M. Valt-ot , Doct. M, In-8.° , 16 pages. 72. Annales de l'Agriculture française (1), par MM, Tessier et Bosc. In-8.° (1) Dans le cahier du 28 février 1818, p. 25i , M. Desma- zières , en parlant VEUX QUE CEUX DE SeMUR 7 (9«) AIENT PARMI VOUS LE PREMIER RANG, E?î SIGNE DE LEURS SERVICES : JE LE VEUX ; ILS ONT SUIVI MA PORTUNE. CeUX DE DiJON m'ont déclaré incapable de régner comme HÉRÉTIQUE , c'est UN MÉCHANT ARRET QU'iL PAUT BIFFER. Il le fut en effet par le ministère des conseillers Briet, Berbisej ^ Bernardon et Ocquidam. Le 21 juin , le Roi voulut lui-même assister à l'élection du maire , mais sans entendre porter aucune atteinte aux privilèges de la ville, se contentant de remettre aux habitans une liste des échevins qu'il désiroit voir nom- més j Bén. Frerayot, qui avoit présidé la sec- tion du parlement de Semur , fu^t élu vicomte Maïeur , le roi goûta fort cette nomination J et s'empressa de la confirmer. | Le collège Godran lut fermé , les jésuites renvoyés, le P. Gentil leur recteur, banni pour l'ardeur trop outrée (i) qu'ils avoient déployée en faveur du parti de la ligue : il fut donné à ces pères une escorte pour les con- duire jusqu'à Dôle. (i) Un paysan d'Etevaux , homme simple , mais de bon sens , assistant par hazard à un sermon que prèchoit à la Sainte Chapelle le P. Christophe , et entendant ce Jésuite se répandre en invectives contre Henri IV qu'il (99) Le Roi reçut àDijon le serment cle Henri de Montmorenci en qualité de connétable de France, et prononça la mise en liberté de la princesse de Condé : A la sollicitation du prési- dent de Montholon , S. M. fit grâce à Etienne Bernard, et lui accorda même assez de con- fiance pour le charger de ramener Marseille en son obéissance, mission délicate de laquelle Bernard s'acquitta parfaitement. Henri s'at- tacha le président Jeannin qui , de conseiller intime du duc de Mayenne , devint l'ami et le plus fidèle ministre du meilleur des Rois. — Ce bon prince ne dédaigna pas de mettre lui-même le feu à X-xfollière de la veille de ^la Saint- Jean, au milieu d'une foule de peu- ple que la présence de son Roi à cette anti- que cérémonie remplissolt d'amour et de joie ; l'Lvêque de Cliâlon , Cyrus de Thyard , dissuadoit Henri IV de se hazarder au milieu de tant de a:ens de différentes humeurs ; mais ce prince, dont la plus pure jouissance étoit appeloit hérétique , relaps y s'amusant avec sa Ga- briëlle , etc. , etc. , l'interrompit par cette apostrophe : Tu ferais mieux de prêcher ton Evangile , que de dé" clamer con-tre ton Roi, On mit de suite en prison le trop véridique campagnard qui ne recouvra sa libertû qu'à l'arrivée de Henri IV à Dijon» ( ICO ) de se trouver ati milieu de son peuple , répondit au prélat, mon père, vous n'avez PAS TROUVÉ SUJET PROPRE A VOS OREILLES. — Quelques joui's après , il se rendit au pavillon du jeu deJ' arquebuse pour y tirer le coup d'honneur de l'oiseau de privi- lège ; il prenoit beaucoup de plaisir aux cavalcades et aux divertissemens de la Mère folle qui se donnolt ample carrière sur les ligueurs. Le 27 juin, le Roi donna une seconde au- dience aux Cours du Parlement et Chambre des comptes : il répondit à la harangue du Parlement : Je vous ai coaiMis ma justice , AVISEZ a la rendre A LA DÉCHARGE DE MA CONSCIENCE , ET AU SOULAGEMENT DE MES PEUPLES J VOUS ME TROUVEREZ BON MAITRE TANT QUE VOUS SEREZ BONS ET FIDÈLES SER''- viTEURS. Il dit à la Chambre des comptes : ALLEZ , ET GARDEZ BIEN DE VOUS ÉQUIVOQUER EN COMPTANT , plaisanterie dont chacun ne put s'empêcher de rire tout haut. Le 2. juillet iSpS , Henri IV assista reli- gieusement à la procession de la Sainte- Hostie, à laquelle se trouvèrent les religieux des dil'ferens ordres , le clergé des sept pa- roisses, les aumôniers de S. M. , les chanoines des collégiales. ( 101 ) Le Roi vêtu d'un grand manteau de satîn noir , par-dessus lequel étoit le collier de l'ordre du Saint-Esprit, marclioit sous un poêle porté par quatre deséchevins : — Sui- voient le connétable, le chancelier, les grands officiers de la couronne , les chevaliers du Saint-Esprit portant sur leurs manteaux , le collier de cet ordre 5 le maréchal de Biron. gouverneur de la province ; les Cours de Parlement et Chambre des comptes ; les of- ficiers du bailliage et autres juridictions j le corps municipal; les archers du Corps, bor- dant la haie et fermant la marche. — Tel fut l'ordre dans lequel cette procession se rendit en l'église Notre-Dame, puis à celle de Saint- Michel , et rentra à la Sainte-Chapelle où la messe fut célébrée par l'évêque de Langres : après l'office , Henri IV , par vénération pour cette Hostie miraculeuse, voulut lui faire toucher son anneau et sa croix du Saint- Esprit. Le 3 juillet, Henri IV partit pour laFranche- Comté , où il avoit fait passer 25,ooo hommes de ses troupes ; il revint à Dijon le neuf du même mois , y resta jusqu'au 10 qu'il en sortit l'après-midi pour aller coucher à Au- xonne , accompagné des ducs d'Elbœuf , de ( 102 ) Guise , de Montraorenci , et le lendemain il entra dans la Franche-Comté. Hexri IV se plaisolt beaucoup en Bour- gogne; ce fut dans cette province , à Arnay- le-Duc, le 27 juin i5jo y qu'il fit ses pre- mièi-es armes et remporta sa première vic- toire : MES PREMIERS EXPLOITS d' ARMES , di- soit ce Prince , sont a Arnay-le-Duc ou lE s'agissoit de vaincre ou d'être pris ; mais recommandant a Dieu xe succès de cette journée , IL LA RENDIT HEUREUSE. Ce fut dans la même province que vingt- cinq ans après , le même Prince combattit en personne pour la dernière fois et remporta sa plus brillante, sa plus importante victoire : PARTOUT AILLEURS , écrivoit ce Monarque à sa sœur, j'ai combattu pour la gloire, MAIS A Fontaine-Française j'ai combattu pour la vie. Henri aimoit à se rappeler ces deux époques remarquables de sa carrière militaire ; il aimoit à retrouver ses anciens compagnons d'armes dans la province qui fut le théâtre de leurs exploits et des siens : tels furent les sentimens que manifesta ce Monarque , lorsqu'il revint en Bourgogne dans le mois de septembre i6o5 : Henri IV aimoit les Bourguignons , et les habitans de cette province , détrompés des erreurs de la ( io3 ) iigTie , rivalisoient d'affection pour le meil- leur des Rois. M. Peignot a lu des fragrnens d'un mé^ moire sur la somptuosité des Romains dans leurs triomphes , leurs spectacles ^ leurs bâti- mens y leurs repas , leur ameublement , eX.c. etc. Ces fragmens regardoient particulière- ment les THÉÂTRES, IcS BATIMENS et leS REPAS. Les détails sur la magnificence des spectacles ont paru curieux etintéressans ; M. Peignot a passé en revue les théâtres de Scaurus , de Curion, de Pompée, deCornelius-Balbus, de Marcellus, etc. ; il a pai4é des frais immenses que leur construction a entraînés, et a donné la description non seulement de ces vastes ëdiiices , mais des principaux Jeux qvie l'on y a célébrés. Passant au luxe des Romains dans leurs batimens , luxe qui a commencé peu avant Sylla, M. Peignot a fait con- noître les édifices somptueux des Crassus , des Catulus , des LucuUus , des Clodius , les propriétés de Cicéron , les jardins délicieux de Salluste, le palais d'or de Néron, les salles d'Héliogabale , etc. , etc. Quant aux repas, M. Peignot a détaillé les profusions inouies que le luxe de la table a occasionnées chez les Romains. Après avoir parlé des mets les (io4) plus recherclaés, et classé les vins soit d'Italie, soit de la Grèce , auxquels on donnoit la préférence , il a présenté les scandaleuses dépenses que , pour assouvir leur gourman- dise et leur voracité , ont faites les Apicius , les Sylla , les Lucullus, les Esopus , les César , les Antoine et Cléopâtre , les Caligula, les Néron , les Vitellius , les Domitien , les Lucius-Vérus , les Géta , les Héiiogabale, etc. M. Peignot n'a pas négligé , dans le cours de son mémoire , de rapporter au franc ac- tuel, toutes les sommes exprimées en talens , drachmes et sesterces , d'après un mémoire particulier qu'il a préparé sur le rapport des raonnoies anciennes au franc. M. Couturier , Professeur , lit l'Ode sui- vante. ODE Sur la mort du Prince de Condé. Quelle morne douleur , comme un sombre nuage Se répand sur Dijon , en ce funeste jour ! CoNDÉ s'éteint. La mort, que bravoit son courage j L'enlève à notre amour. ïl n'est plus ce héros que l'arbitre céleste Voulut montrer long-temps illustre et malheureux : Tout périt ici bas 5 comptez ce qui nous reste De ce sang généreux. ( io5 ) Que Jis-je? tout périt ! Non, ce cœur magnanime , Au milieu des liazards défiant le trépas , Cent fois a consacré cette auguste maxime : La vertu ne meurt pas. CoNDÉ vivra toujours au temple de la Gloire, Dans le sacré parvis des Priiices et des Rois j L'univers à jamais gardera la mémoire De ses nobles exploits. Mais que lui serviroit la triste renommée , Et- l'immortalité que donnent les mortels ? Il voit se dissiper en trop vaine fumée L'encens de leiirs autels. Ah! qu'un objet plus grand attire sa grande ame ) La terre n'a plus rien de réel à ses yeux 5 L'ardente charité, sur ses aîles de flamme. Le porte dans les Cieux. Je l'y vois , ce guerrier , ce chrétien qui pardonne A la haine en fureur ses plus douloureux traits j II goûte au sein du Dieu que la gloire environne y Une éternelle paix. D'Enghien , le digne objet de sa vive tendresse , A ses embrassemens est rendu pour toujours; Rien ne peut désormais de leur sainte alégresse Interrompre le cours. Princes , qui reposez dans le bonheur suprême , Consolez de Bourbon l'ineffable douleur ; Que la divine paix sur un autre vous-même Répande sa douceur. ( io6 ) Voyez Louise en pleurs offrir le sacrifice D'un cœur toujours soumis aux volontés du Ciel; De ses tremblantes mains retirez le calice Dont elle a bu le fiel. Tourne aussi tes regards sur ta chère province , Et ranime, ô Condé , ses esprits abattus; Fais que tous ses enfans de leur augiiste Prince Imitent les vertus. N. B. Le temps, destiné à la séance, ayant été rempli par les lectures précédentes , n'a pas permis de lire l'article suivant. Cette notice, rédigée sur la demande de plusieurs de mes collègues , avoit été destinée à une séance particulière ( Z7 juin i8i8)i mais l'Académie , après en avoir entendu la lecture, a pensé que le sujet, malgré son peu d'importance , présenteroit au moins l'intérêt du moment. Il s'agit d'un instru- ment que la mode a mis entre les mains de tout le monde, et qui est d'ailleurs re- marquable par les effets surprenans qu'il produit. L'assemblée me pardonnera de di- riger son attention sur un objet qui n'offre qu'une simple récréation ; elle se rappellera que les jouets de l'enfance ont quelquefois ( 107 ) condviît à des résultats qui Intéressent essen- tiellement la science et même le bien-être de riiomme. C'est avec des bulles de savon que le premier des physiciens modernes, Newtox, a confirmé sa belle théorie de la coloration des corps 5 c'est avec un cerf-volant que l'il- lustre Franklin nous a enseigné l'art de conduire et de maîtriser la foudre. Je dois prévenir que j'ai puisé dans notre correspondance d'Angleterre tous les rensei- gnemens dont j'avois besoin pour ma rédac- tion ; j'ai écarté avec soin tout ce qui auroit pris une forme trop scientifique , et toutefois l'ensemble que j'ai l'honneur d'offrir sur l'histoire et les effets du Kaléidoscope , peut être regardé comme suffisamment complet. Lo nom qu'il porte est l'assemblage des trois mots grecs , kalos ( beau ) éidos (forme) skopeô (je vois), en sorte qu'il signifie lit- téralement,/y Wurtsbourg , 1657, ^^ ^- Schott répète, presque mot- à-mot, les paroles de son célèbre maître , le P. Kircher sur le sujet qui nous occupe j mais il ajoute ce passage trop remarquable pour être omis : « Ce ne ce sont pas seulement les objets placés sur « le demi-cercle , dans l'angle des verres, « qui sont vus et multipliés , mais aussi ceux ce qui sont éloignés, par exemple, un mur ce avec ses fenêtres , et dans ce cas, lamultipli- « cation produite par les miroirs fera naître ce une immense place publique ornée d'édi- « fices et de palais. Je pourrois citer quantité d'autres ouvrages,, où ce qui précède est répété , commenté , expliqué, mais il est temps de m'arrêterj nous voilà en état de juger le procès. (117) L'idée d'examiner les effets produits par deux glaces assemblées sous un angle , se présente si naturellement , qu'il seroit bien, étonnant qu'elle eût attendu M. BREwsTEa pour se développer. Mais on ne peut dis- puter à ce physicien , soit la forme com- mode qu'il a donnée au Kaléidoscope , soit la facilité qu'il offre aux artistes de former une multitude de dessins élégans , soit le moyen ingénieux d'introduire l'image des objets extérieurs dans le champ de cet ins- trument. Au reste, M. le docteur Brewster, que ses travaux sur la polarisation de la lu- mière , appellent ù partager la célébrité de MM. Malus et Biot , a assez de titres à l'estime et à l'admiration, pour abandonner ses prétentions à une invention aussi facile ; et on a lieu d'être surpris , de la chaleur avec laquelle il les soutient, et du haut inté- rêt qu'il semble y attacher. M. Amtoine , D. M., Président, termine la séance par la lecture de V Extrait du rapport Jait à C Académie sur les mémoires envoyés au concours pour le prix de i8i8. Si c'est une vérité généralement reconnue que les sciences et les arts sont , pour les ( ii8 ) peuples civilisés, un besoin de tous les jours; s'il est également hors de doute que ces in- ventions de riiomme concourent à multiplier ses jouissances et coopèrent à son bonheur temporel ; pourroit-on encore contester de bonne foi l'utilité , pour ne pas dire la né- cessité , de celui d'entre les arts qui veille spécialement à la conservation de la santé, le premier de tous les biens ? Mais cet art , il faut en convenir, est encore , comme tout ce qui sort de la main des hommes , loin d'être parfait. Plusieurs maladies graves , parmi celles qui affligent notre espèce , ne sont pas jusqu'ici assez bien connues pour n'en point redouter les atteintes , ou pour pouvoir , à l'aide de moyens efficaces , en arrêter les pernicieux effets. On doit cepen- dant rendre cette justice aux médecins de tous les pays , qix'ils ne cessent de s'occuper à diminuer le danger de ces maladies par les recherches auxquelles ils se livrent, dans la vue d'en saisir le véritable caractère et d'en connoître mieux la nature. Nous voyons , en effet , un exemple honorable de leurs efforts dans le résultat du concours sur le sujet pro- posé dans la séance publique de 1817 , et renfermé dans une question de médecine qui a fixé le choix de l'Académie. Cette question. ( 119 ) d'un in térêt général, lui a paru d'autant mieux mériter la préférence , qu'elle a pour objet une maladie des plus meurtrières, qui frappe principalement les en fan s , et dont les ef- fets désastreux, non -seulement répandent la consternation et le deuil dans le sein des familles, mais encore enlèvent cha([ue année à la société un très grand nombre de ces jeunes êtres qui, la plupart, auroient pu devenir pour elle des hommes précieux. L'Académie s'est donc empressée de faire annoncer ce sujet de Prix sous la forme d'un problême conçu en ces termes : ce Déterminer par des observations exactes, ce Quelles sont la nature et les causes de « l'hydrocéphale interne ouhydropisie aiguë ce des ventricules du cerveau ? ce En quoi cette maladie diffère des autres ce affections de cet organe , et quels en sont ce les signes caractéristiques ? ce Quel est letraitementqu'ilconvientd'ap- cc pliquer , tant à cette espèce d'hydropisie , c< qu'aux variétés qu'elle peut offrir ? Mais à peine ce programme étoit publié, que l'Académie fut instruite, tout-à-la- fois, que la Société de Médecine de Bordeaux avoit proposé le même sujet de Prix, et qu'elle avoit déjà couronné le Mémoire d'un des ( i^o ) concurrens.Sa première pensée fut alors Je retirer son programme pour lui en substituer un autre; cependant elle crut, avant de prendre une décision formelle , devoir se procurer un exemplaire du Mémoire cou- ronné, afin de l'examiner attentivement. Mais ayant remarqué , à la manière dont le sujet y est traité, qu'il restoit encore , du moins en partie, enveloppé de quelques ombres épais- ses que le grand jour seul pouvoit dissiper , elle a laissé un libre cours à son programme, et sans doute elle n'a pas lieu de s'en repen- tir aujourd'hui. Parmi les Mémoires qui lui sont parve- nus , et qui presque tous , à beaucoup d'é- gards , méritent des éloges , il en est deux qui ont attiré particulièrement son attention. Dans le premier, coté n° 6, et portant pour épigraphe cette sentence de Baglivi : ceriè in medicinâ multîim scire oportet et pauca agere ; l'auteur , après avoir annoncé dans un court avant-propos , que c'est en consé- quence de faits multipliés qu'il admet trois variétés ou trois espèces distinctes d'hydro- céphale interne , et qu'il s'est attaché spé- cialement à faire connoître , par un nombre suffisant d'histoires particulièresjl'une de ces espèces encore peu connue, et qui, pour le traitement , ne pourroit sans inconvénient être confondue avec les autres , aborde son sujet qu'il divise en deux parties , dont la première contient l'exposé des symptômes , des causes, de la nature et du traitement de l'hydrocéphale j et dont la seconde réunit les vingt-une observationssurlesquellesilafbndé sa théorie. Dans l'énumération des causes de cette ma- ladie , l'auteur comprend une prédisposition qui peut être originelle ou acquise, et qui rend les enf'ans plus sujets que les adultes à la contracter. Il en expose les signes distinctifs et caractéristiques j il fait servir les premiers à distinguer les espèces qu'il a établies ; et après avoir apprécié la valeur des seconds, quant à la propriété qu'ils ont de caractériser l'hy- drocéphale, il trace un tableau qui présente, rangés sous chacune des espèces, les signes propres à les différencier et à en former le véri^table caractère. Au moyen de cette distinction lumineuse, qui affermit sa marche en môme temps qu'elle l'éclairé , l'auteur est naturellement con- duit à rechercher quelle est la vraie nature de l'hydrocéphale interne. Il remarque , à ce sujet, que les anciens n'en ont eu qu'une connoissance imparfaite, et qu'il étoit réservé ( 122 ) aux modernes de mettre en évidence le dé- veloppement, la progression et l'issue d'une maladie qui sans doute a existé dans tous les temps , mais dont Tanatomie pathologique, mieux cultivée par ces derniers, pouvoit seule éclairer l'histoire. Cène fut cependant, ajou- te-t-il , qu'en 1768 que parut la première description détaillée de cette maladie ; mais cette description , due à Robert Wy tli , méde- cin d'Edimbourg , est si exacte que ceux qui ont écrit après lui, sur cette maladie, n'y ont presque rien ajouté. L'auteur passant au traitement qu'il con- vient d'employer contre une maladie qui s'an- nonce d'abord par des caractères équivo- ques , mais qui peut devenir bientôt grave et mortelle , dispose ses moyens curatif's de manière à les adapter avec un rare discer- nement aux trois espèces ou variétés qu'il a établies , et d'après la nature de chacune d'elles. Il apprécie avec sagesse les difi'ôrens genres de moyens dont il prescrit l'usage, et il termine cette première partie par l'indication de ceux qui lui paroissent les meilleurs pré- servatifs. Il les borne à l'application des lois de l'hygiène , et aux soins particuliers avec lesquels on doit s'attacher à prévenir les af- fections catarrhales, vermineuses et autres. ( 1^3) cîiez les enfans surtout qu'on peut soup- çonner disposés à l'hydrocéphale, etilreconi- mande particulièrement de ne pas les assu- jettir trop tôt à des études capables de fati- guer l'organe délicat de la pensée. La seconde partie n'étant pas susceptible ' d'analyse , attendu qu'elle se compose uni- quement d'observations qui paroissent avoir été recueillies avec le plus grand soin , qui sont d'ailleurs d'une admirable concision, et accompagnées, la plupart, de remarques ex- trêmement judicieuses ; nous nous contente- rons de les indiquer, et de dire que l'auteur les a sagement disposées sous les titres de ses différentes espèces, suivant qu'elles pré- sentent les caractères propres ù chacune d'elles. Ce Mémoire , qui suppose un talent peu commun , est écrit d'un style facile , toujours clair, et avec cette noble simplicité qui doit être celle de la science. C'est un ouvrage d'un beau travail , celui d'un praticien ins- truit , d'un médecin philosophe qui recher- che la vérité de bonne foi , et qui fortement pénétré de l'importance du sujet qu'il avoit à traiter , ne s'est point fait illusion sur ses difficultés , non plus que sur celles de son. art} il en rcconnoît même franchement l'im- ( 1^4 ) puissance dans plus d'vin cas , persuadé sans doute qu'il n'est pas donné à l'iiomnie d'at- teindre les limites de la perfection. Le second Mémoire , coté n.° 3 , et ayant pour devise : non verbis, sed factis , paroît venir d'une main habile et décèle un mé- decin très exercé. En établissant d'abord que c'est seulement par la réunion de beaucoup de faits qu'on peut parvenir à résoudre les diverses questions énoncées dans le pro- gramme de l'Académie , il se montre rigide observateur du conseil que renferme le sens de son épigraphe , car il n'épargne pas les faits ; et l'ouvrage qu'il a présenté à l'Aca- démie, contient vingt-neuf observations très détaillées de la maladie qui fait le sujet de son travail ; c'est sur cette solide base qu'il a élevé son édifice , et nous ne craignons pas d'avancer que les proportions nous en ont semblé régulières. L'auteur envisageant son sujet d'après le sens du programme , ne s'occupe d'abord que de l'épanchement aigu , plus ou moins rapide , qui a lieu dans le cerveau , et qu'il regarde comme toujours séreux, de quelque manière qu'il se fasse. Il passe ensuite à l'ex- position des signes de la maladie , et croit pouvoir admettre les trois périodes établies ( 125) par AVyth^ mais il avertit le jeune médecin de ne pas oublier qu'une semblable division ne devient utile que pour faciliter les des- criptions. En recherchant la nature de l'hydrocé- phale interne, il en observe attentivement la marche , ainsi que les diverses lésions qu'elle détermine ; puis il expose avec beaucoup de détail les symptômes qui signalent chacune de ses trois périodes,et le tableau qu'il trace de cette affection estde la plus exacte ressem- blance. Il en examine les causes nombreu- ses , la compare avec les autres maladies ai- guës du cerveau ; et , pour pouvoir en assi- gner la différence spécifique, il divise celles- ci en quatre classes , discute avec sagacité et le flambeau de l'observation à la main , tous les objets relatifs à sa division , et vient enfin au traitement de cette maladie et de ses variétés, qu'il a soin cependant de faire pré- céder par des considérations très sages sur les moyens prophylactiques, dont il parcourt la série en habile physiologiste. Il traite, après cela , des nombreux moyens curatifs usités jusqu'à ce jour contre l'hydro- céphale j il en prescrit, avec beaucoup de discernement , l'emploi varié et judicieux , qui seul peut promettre au praticien quelque _ ( 126 ) succès, et termine par un appendice qui contient plusieurs observations intéressantes de différentes maladies compliquées de l'iiy- drocéphale. Cette dissertation travaillée avec soin est l'ouvrage d'un praticien distingué , qui réu- nit à des connoissances étendues le talent de bien observer. On regrette cependant d'y ren- contrer de temps en temps des vices d'élo- cution , quelques inégalités de style , et par lois un peu de diffusion et d'obscurité, dé- fauts , au reste , qu'il est facile de faire dis- paroître. Le Mémoire n." 5, dont l'auteur a pris pour épigraphe ces deux vers de Lucrèce : Usus et impigrae simul experientia mentis Paulatiin docuit pedetentim progredientes. se présente avec distinction et paroît être l'ouvrage d'un Médecin d'une expérience con- sommée , acquise par un long exercice de l'art de guérir. La première de ses observa- tions, au nombre de douze , remonte en effet à l'année 1783, et la dernière a été recueillie seulement en 1812. L'auteur développe et fait marcher son sujet avec beaucoup d'or- dre et de méthode j la description qu'il donne de la maladie est très exacte , et ses vues cu- ratxvcs sont très sages. Il fait, à roccasiou '( 127 ) des signes caractéristiques de l'hydrocépliale interne , un rapprochement fort curieux des phénomènes qui suivent l'usage de la digi- tale pourprée , avec les symptômes de cette affection , et semble par là donner une idée assez juste de la cause de l'épanchement qui se forme dans les ventricules du cerveau, et qui la constitue. Mais il intéresse bien da- vantage lorsqu'il en expose les signes pré- curseurs , ceux qu'il importe certainement le plus de bien connoître , puisf^u'ils mettent sur la voie de prévenir les funestes effets d'une maladie insidieuse , qui n'est presque plus susceptible de guérison , quand l'en- sem))le des signes qui la caractérisent ne lais- se plus de dotite sur sa présence. Ou aurolt pu s'attendre que l'auteur du Mémoire n.° 7, ayant pour épigraphe ce pas- sage de Morgagni : Hydrocephali nomen etsi unuiTL est , pLures tamen , etc. _, arrive- roit un des premiers au but que l'Académie a marqué , et vers lequel il marchoit à grands pas, à en juger par le tableau rapide et animé qu'il a ti'acé de l'historique de l'hydrocé- phale : mais dans son ouvrage , écrit d'ail- leurs d'un bon style et renfermant des pré- ceptes sages , des conseils judicieux , on s'aperçoit qu'il a beaucoup trop multiplié les divisions , et accumulé , en quelque sorte, plutôt que rassemblé les citations ; ce qui toutefois n'empêclie pas d'y voir la preuve d'une rare érudition. En cliercliant à ne rien omettre, il est tombé dans des longueurs et des répétitions presque inévitables : on se- roit tenté de croire qu'il a voidu faire aux autres les honneurs de son opinion particu- lière, car il n'a fondé sa théorie sur aucune observation qui lui fût propre. Mais les vues de l'Académie ayant été de provoquer la com- position d'une monographie toute pratique, qui pût servir de guide aux jeunes Méde- cins,elles ne pouvoient être remplies par un ouvrage qui ne seroit que savant. Le Mémoire n.° 2, dont l'épigraphe, trop longue pour être transcrite ici, est tirée des Observations et Recherches de Médecine , se recommande par des observations faites avec beaucoup d'exactitude et de soin, mais sur-tout par un tableau synoptique et com- paratif f[xxi présente , sur cinq colonnes , l'hydrocéphale inteime et les autres maladies analo<^ues avec lesquelles on pourroit encore la confondre quelquefois, ainsi que les signes propres à chacune , et par conséquent propres à garantir de l'erreur. L'auteur de cet ouvrage critique en plusieurs endroits , un peu sévè- ( 129 ) îfement peut-être , mais , à ce qu'il nous sêili- ble j avec assez de justice, le Mémoire cou- ronné à Bordeaux. Il paraît avoir observé riiydrocépliale avec beaucoup d'attention f ayant été à portée de la voir assez fréquem-^ ment à Paris, et de la traiter, sous la direc- tion du docteur Jadelot, à l'hôpital des en-^ fans où il a été élève interne. Au reste, comme tous les praticiens qui se tiennent en garde contre l'esprit de système , il a étudié cette maladie dans la nature , et la croit essentielle. Il n'en est pas de même de l'auteur du Mémoire n.° 8 , ayant pour épigraphe cet hémistiche de Virgile, atque exsudât inu" tllia humor i il ne voit dans l'hydrocéphale aiguë qu'une variété de la lièvre ataxique- continue-sporadique ; et cependant la force de l'évidence l'oblige à reconnoître trois va- riétés dans cette maladie j variétés au reste qu'il caractérise avec justesse , et que sans doute il a vérifiées dans les observations fort bien détaillées qui se trouvent répandues dans son ouvrage , écrit d'ailleurs avec au- tant de facilité et de clarté que de précision, et disposé avec méthode. Cet ouvrage paroît être celui d'un jeune Médecin qui fait preuve d'instruction , et qui réunit les qualités né- 9 ( i3o ) cessaîres pour bien observer et bien écrire. Si l'on excepte les mémoires n.°* i et 4 que nous avons cru devoir passer sous si- lence , parce qu'ils laissent beaucoup à dé- sirer j tous ceux dont il vient d'être parlé, se font remarquer par l'excellence des prin- cipes , par l'exactitude des détails et par la fidélité avec laquelle ils présentent , tracé d'après nature , le tableau de l'hydrocéphale interne. Un seul diffère d'oîinion quant à la nature de la maladie , mais c'est sans au- cun préjudice pour le traitement , qu'iis ont tous établi de la manière la plus rationnelle et la pkis judicieuse. En supposant même que leurs ouvrages pussent se balancer sous ce rapport , il en seroit toujours auti'ement à l'égard du mérite de l'exécution , et c'est ce genre de mérite qui a dû fixer les rangs parmi eux. Sans doute ils ne pouvoient pas tous occuper la première place , mais les vaincus dans une lutte inégale ne sont pas pour cela, humiliés de leur défaite j il est encore une sorte de gloire pour ceux qui succombent, quand ils se sont mesurés avec im redoutable adversaire. L'Académie en applaudissant aux effortsde leur zèle, regrette sincèrement de ne pouvoir, en ce jour solennel, leur donner de pluséclatans témoignages de sa sat'sfaction. Après avoir entendu la lecture de ce rap- ( i3i ) port et pris l'avis de ses commissaires, l'Aca= demie a décidé que le prix seroit décerné à Fauteur du mémoire n." 6, que l'accessit étoit accordé à celui du n.° 3, et qu'il seroit lait une mention honorable du mémoire n.° 5. En conséquence, le président décacheté le billet joint au mémoire i)^° 6 et proclame lenomderauteur,quiestM.^/ï/^r6^MATTHEy, D. M. à Genève j secrétaire de la société de médecine de cette ville , médecin du bureau de bienfaisance et membre de plusieurs socié- tés savantes. Il ouvre ensuite le hillet cacheté joint au mémoire n.° 3 , et annonce que l'auteur est M. Edouard Petit , docteur en médecine de la faculté de Paris, médecin des épidémies* pour la sous-préfecture de Corbeil, médecin et administrateur honoraire de l'hospice civil, correspondant de la société de la faculté de médecine de Paris , de la société médicale d'émulation , demeu^rant à Corbeil , dépar- tement de Seine-et-Oise. L'Académie , s'étant fait une loi de n'ou- vrir que les billets joints aux mémoires qui ont obtenu le prix ou l'accessit , et de brûler les autres, ne peut indiquer le nom de l'au- teur du mémoire n.*' 5. Le Président termine la séance , en rappe- . ( 1^2 ) îant par la lecture du programme suivant ,• le sujet de prix à décerner en 1819. ; L'Académie , dans sa séance du iS mai î8j8, a proposé pour sujet de prix à décerner en 1819 , l'Eloge historique de Louis- Joseph DÉ Bourbon , PRINCE DE CONDÉ. Le prix consiste en une médaille d'or de la valeur de 3oo fr. Les morceaux envoyés au concours seront adressés , francs déport, au secrétaire de l' Académie , avant le 1." mars 1819. Ce terme est de rigueur. Les concurrens ne se feront connoître, ni directement, ni indirectement j ils joindront à leur mémoire , un billet cacheté , conte- tant leurs noms , qualités et demeure , et * portant la même épigraphe que celle mise en tête de la pièce. Le billet ne sera ouvert que dans le cas où l'ouvrage aura mérité le prix ou l'accessit. Les concurrens sont prévenus que l'Aca- démie ne rendra aucun des ouvrages qui auront été envoyés au concours ; mais les auteurs auront la liberté d'en faire prendre des copies , s'ils le désirent. Les membres résidens de l'Académie ne sont point admis à concourir. Signé ANTOINE , D. M. Président. VALLOT , D. M. Secrétaire, DISCUSSION HISTORIQUE SUR LE CONCILE TENU A DIJON EN 1 1 99 , ET SUR LES CHRONIQUES DE SAINT-BENIGNE (i). Par m. GIRAULT, Un des événemens les plus remarquables du règne de Philippe-Auguste est le Concile assemblé dans le der- nier mois du XII. ^ siècle, en l'église de l'abbaye de St. Bénigne de Dijon, Le service divin suspendu , le temporel des églises saisi , les évoques et les curés chassés et bannis , le tiers du revenu des biens confisqué , les impôts excessive- nient accrus, des exactions de tout genre autorisées , le rappel des juifs qui n'étoient pas alors pour les peu- ples , dit le véridique Mezerai (III-170) un moindre fléau que la peste et la famine , toute la France pen- dant sept mois dans les angoisses , le deuil et les larmes j (i) Dans la séance du 5 août 1818 , l'Académie a délibéré que ce morceau , qui intéresse l'histoire de France et spécialement celle de la ville de Dijon , seroit imprimé en entier à la suite du compte rendu de ses travaux. ( ^34 ) telles furent , de ce Concile, les déplorables suites el lef tristes effets (i). La cause en étoit la répudiation d'Ingelburge de Da- ncmarck que Philippe- Auguste avoit fait prononcerjafin de pouvoir épouser Agnès de Méranie : Ingelburge , dit l'arclievêque de Rheinis qui avoit béni son mariage , ( Dr. du Rad. Il-Zpg ) aussi belle qu'Hélène , et d'un port aussi noble que Polixène , sage comme Rebecca et chaste comme Suzanne , joignoit à la dévotion d'Ahne la prudence de Sara : Monemus , écrivoit le Pape In- nocent III au roi de France , ut praedictam reginam ( QUAM EX PLURIUM TESTIMONIO , QUIBUS EST RELI- GIONIS ET DIGNITATIS RATIONE CREDENDUM , MIRAE SANCTITATIS ET HONESTATIS AUDIVIMUS ESSE ) retî->. neas in gratiâ conjugali. Epis. Innoc. III , I-gS. Comment se fit-il que Philippe -Auguste se fût dé- goûté d'une princesse aussi accomplie, dès la première nuit de ses noces? On n'en a jamais bien su la raison ; les uns l'attribuent à un défaut secret dans le physique de la reine ; les autres à des charmes magiques et au pouvoir de la sorcellerie : quoi qu'il en soit , Philippe relégua sa nouvelle épouse à l'abbaye de Cisoin , près de Lille , et cessa de la voir. Il fit prononcer la nullité de son mariage, et trois ans après il passa à de secondes noces avec Agnès de Méranie. (i) Pendant près de huit mois que dura cette excommunica- tion , dit Saintfoix , les églises furent fermées , on ne disoit plus ni messes ni vêpres , on ne se marioit point, les œuvres du ma- riage étoient même illicites ; il n'étoit permis à personne de coucher avec sa femme parce que le Roi ne vouloit plus coucher avec la sienne, et la génération ordinaire dût manquer en France cette année-lù. fsj. hist. sur Paris ^ toin. II— 159, ( i35 ) • Ce fut contre cette seconde alliance, sur laquelle lepape Célestin avoit bien voulu fermer les yeux , que s'éleva le pape Innocent III son successeur , et il convoqua, pour le 6 décembre 1 199 , un concile national à Dijon. La présidence en fut déléguée à Pierre de Capoue ^ cardinal, légat du Saint-Siège. Renaud de Forets, archevêque de Lyon 5 Guillaume de Champagne , car- dinal de Ste. -Sabine, archevêque de Rheiras ; Aymard, archevêque de Vienne ; Amédée de Tramelay , arche- vêque de Besançon , y assistèrent , avec dix-huit évèques dont l'histoire ne nous a fait connoître ni les noms ni les sièges : les abbés de Saint- Denis de Paris, de 6"^- Remy de Rheims , de Cluny , de Vezelay , un grand nombre d'autres abbés ou prieurs en faisoient partie. Les séances de cette assemblée s'ouvrirent le jour de St. Nicolas , au mois de décembre 1199 j dans la basi- lique de St. Bénigne. La haute influence de ce Concile sur la France ne dut point être ressentie en Bourgogne , qui étoit alors gou- vernée par ses ducs , souverains particuliers de cette province ; c'est sans doute par cette raison qu'aucun des historiens particuliers du duché de Bourgogne , St.- Julien de Baleurre, Paradin , Duchesne, Gaultherot , Fyot , Courtépée et autres , n'ont fait aucune mention de ce Concile. On auroit dû s'attendre à en trouver les détails dans la volumineuse histoire de Dom Plancher , qui n'est pas avare de tout ce qui concerne son cou- vent 5 certes , l'assemblée d'un Concile devoit marquer dans les annales de son monastère , et cependant il a gardé le même silence. Nous en sommes donc réduits à consulter sur ce ( ,36 ) Concile les Viistorîens généraux de la France. Parmi ceux qui sont contemporains , en premier ordre , est RlGORD , historien du règne de Philippe-Auguste , le J)remier qui ait eu le titre d'historiographe de France ; RiGORD dont l'histoire , au dire d'un savant académi- cien (i ) , fut en très grande estime de son temps , la inieuK écrite de toutes celles qui nous restent de ce siècle , la plus détaillée , la plus exacte , c»lle qu'on doit préférer à toute autre pour les trente premières an- nées du règne de Philippe-Auguste, Voici dans quels termes cet historien s'exprime : 1199. Eodem anno , mense decembri , in festo S. 2\îcolai , convocatum est Concilium apud Divionem , à Petro praedicto cardinall , omnium episcoporum , abbatum et priorum totius regni. Sed quia contra regem Franciae et regnum ipsius sub interdicto ponere moliebatur , à nunciis régis ad romanam sedem est appellatum. Tamen ipse cardinalis appellationi non déferons , in eodem loco astantibus episcopis uni- VERSis , sententiam protulit. Sed usque xx dies post Nativitatem Domini non esse publicandam praecepit- Transactis vero xx diebus à Nativitate , tota terra Régis Francorum interdicto subjacult. ( Duchesne , Hist.Fr. V. 43). D'après ce texte , deux choses sont constantes : i.° Que ce Concile fut assemblé à Dijon : APun J)l VIONEM. a,° Que ce fut à Dijon , xir eodem 1,0 co , en pré- sence de tous les Pères du Concile , astantibus ^ — _. '■ ' (1) Laçurne ^e Sainte Palnye, ^cad, inscr. mém. t. xn, p. 3^2, ( i37 ) xpzscopzs UNiVERSis , que fut décrétée la mise en interdit du royaume. Aussi tous les historiens de France, Paul Emile, Nie, Gilles, Dutillet, Mezerai , Daniel, Velly, Hénaut , Dreux du Radier , etc. , etc. , ne parlent -ils que du Concile de Dijon. Guillaume Le Breton , autre historien contemporain et continuateur de Rigord , parle de ce Concile en ces termes t Petrus Capuanus , apostolicae sedis legatus , cort' vocato Concillo apud Divionem , oppidum Allobro- gum , totum regnum Franciae interdixit , pro eo qnod rex uxorem suam non exhibehat et superinductani tenebat ^ et hoc factiim fuit in festo S. JVicolai ; sed executio sententiae dilata fuit usqiie post natalem, et non multo post Pliilippus rex misitsolemnesnuncios ad Papam. ( Duchesne , loco cit. ) Suivant ce récit, il est donc également constant que ce lut dans le Concile de Dijon que fut portée la sen- tence d'interdit sur le royaume de France ; nous re- marquerons cependant que cet annaliste appelle Dijon ville des Allobrogcs , qualification qui ne sauroit con- venir qu'à Vienne qui en étoit la métropole 5 et nous conviendrons qu'entre les mots di viqnjem et Vxen' NAMf il y a bien pu avoir quelque méprise de copiste. Mais Rigord , mais Vincent de Beauvais , ujais les au- tres chroniques n'ont pas fait cette méprise et se sont expliqués clairement sur le lieu où ce Concile fut assemblé. Si l'on admettoit que les termes de Guil- laume Le Breton doivent s'appliquer à Vienne, il fau- droit accorder aussi que jamais ce Concile n'a été con- ( i3B) foqiié nî assemblé à Dijon, ce qui seroit en opposition manifeste avec ce qu'ont dit les autres contemporains : or, comme l'on ne sauroit récuser leur témoignage , il faut donc considérer l'épithète donnée à Dijon par Guillaume, comme une faute de géographie ou de co- piste; faute évidente qui a cependant été constamment; répétée par Sponde dans son Abrégé des Annales de Baronius. Vincent deBeauvais, autre historien contemporain y puisqu'il mourut en 1264 ; Duchesne en son Histoire des Papes} Paris, 1645 , in-fol. 5 Dattichl en son Histoire des Cardinaux ^ Paris, i653, in-fol. , ne nomment que Dijon pour lieu du Concile de uçg- N. Vignier, qui écrivoit vers le milieu du xvi.^ siè- cle , dans sa Chronique des Affaires de Bourgogne ( Basilese, iBjS , in-4'° ) » mentionne ce Concile en ces termes: CùmPhilippus Francorumrea: , repudiatâ con- juge, quae Daniœ régis soror erat, etaliam superindu- a:isset , Divione Concilium episcoporum, eâ de causai hoc anno iiQQ hahitum est , Petro Capuensi, Papœ legato , praeside , eu jus decreto , toti Franciae sacris interdictum fuit àferiis luminarium usque ad kalendas augusti. Adeo ut sitin quibusdam annalibus memoriae proditum f toto eo tempore in tabnlis et actis publiais Franciae sub SOT ih i solitum fuisse : régnante Christo, CBTO an/e Sulter 5 il n'existe pas dans les bibliothèques publiques de Dijon , Besancon , ni Lyon. Jean BouHiER, aïeul du célèbre président de ce nom, avoit composé l'histoire du divorce de Philippe-Auguste avec la reine Ingelburge et l'avoit appuyée de pièces justificatives {Fontette , 28,439) : ce Mss. étoit con- servé dans la riche bibliothèque de son petit-fils ; mal- heureusement ce précieux dépôt, acheté en 1781 par l'abbaye de Clairvaux , resté dans des caisses jusqu'à la révolution , ayant passé de ce monastère au chef-lieu du département de l'Aube, est perdu pour une province sur l'histoire de laquelle il renfermoit tant de mbnumens intéressans. Il nous a donc fallu recommencer le travail auquel s'étoient livrés dans leurs heures de loisir ces deux res- pectables magistrats ; et nous nous sommes fait la ques- tion que le dernier n'a certainement pas manqué de se faire : Pourquoi jusqu'en lôS/ , n'y a-t-il eu qu'une opinion sur le lieu des séances du concile de décembre 1199; et pourquoi depuis cette époque l'opinion est-elle changée? quelle confiance mérite donc le passage sur lequel cette dernière opinion est appuyée ? Ce texte est ainsi conçu : Anito MCC. Conciliuin apud DtrîONEM in eùclesiâ istâ convocatum esta D. Petro CapuensiS. Marias in. liiâ latd diacono cardinali apostolicae sedis legato : et interfuerunt ibi LugdunenseSf P\.hemens£S, Bisuntinen- ses et Viennenses Archiepiscopi et cum eis jxviii epis- copi,etabhatescluniacenses,vezeliacenses, S.Kemigii Rhemens.pS. Dyonis, Parisiens, etalii quàmplures qua- ( 142 ) fum nutnerutii non expressimus. Et duravit coiicitluM à festo iS. Nicolai , quod est menée decembri usqtie ad ri dies, Jusques-là cet auteur est en harmonie af ec tous les autres ; mais il en diffère quand il ajoute S Post paucos verd dies, praedictus Cardinalis aPVH VtENITAM PAB.TJCULARE REVOCAVIT CONCItlVM > uhi pTomulgavit sententiam , à D. Papa Innocente da- tant , in omni terra quae subjacet et obedit Régi Fran» corum : ilà quod in ecclesiis nullum. celebraretur offi- cium divinum , praeter baptisnia puerorum et pœniten- tiam mortuurnm , et duravit interdictum apud nos y à tertiâ die post purifie. B.M. usque in vigiliâ exal- tationis S. Crucis. Le P. Labbe dit avoir tiré ce fragment d'une chro- nique de Saint-Benigne , intitulée : Excerpta ex cJiro- nico Mss, S. Bejiigni Divionensis , adscripto in margine , ad Cycles Paschales ; contenant trois pages in-folio, mentionnées fol. 3o du Conspectus historicoruni Burgundiae , de Philib. de la Mare , et dans Fontette , n.° 12,352 : l'on s'est empressé d'y ajouter foi, parce qu'on a annoncé ce texte comme émané d'un témoin oculaire , et produit par un antiquaire savant, d'après lequel il n'étoit pas même permis de douter. Très certainement nous respectons les hautes connois- sances , l'étendue du savoir , la grande réputation du P. Labbe, et nous rendons toute justice à son érudi- tion immense et éclairée. Mais si l'on doit en croire ce que dit M. De Lacurne de Sainte-Pdlaye, au sujet même des écrivains de l'épo- que qui nous occupe ; « l'Histoire n'est fondée que sur (143) et le témoignage des auteurs qui nous l'ont transmise ; « il importe donc extrêmement, pour la savoir, de K bien connoître quels étoient ces auteurs: rien n'est « à négliger sur ce point , le temps où ils ont vécu ^ rc leur naissance , leur état , leur patrie , la part qu'ils « ont eue aux affaires, les moyens par lesquels ils en on t « été instruits , l'intérêt qu'ils y pouvoient prendre , au- « tant de circonstances qu'il n'est pas permis d'ignorer : « de là dépend le plus ou le moins d'autorité qu'ils doi- «■ vent avoir , et sans cette connoissance on court risque « très souvent de prendre pour guide un historien de « mauvaise foi ou du moins mal informé. » Si, disons- nous, ces principes d'un connoisseur en cette partie >, adoptés par la savante Académie des inscriptions (xii- 243 in-12 ) , sont vrais , nous oserons demander au P. Labbe. Quel est ce chroniqueur qu'il n'a pas craint de pro- duire ? Quelle est sa patrie , son état , le temps où il écrivoit ? D'où cette chronique lui est-elle parvenue ? Sur ces différens objets essentiels il ne nous dit absolu= ment rien : il ne nous apprend même pas si c'est lui ( le P , Labbe) qui a fait l'extrait de cette chronique ; (^excerpta aliquot , ce sont ses termes dans le sommaire en tête du volume qu'il publie) ; si cet extrait lui a été fourni tout fait , ou s'il est l'abrégé de la chronique de Jean de Salins, i.*^*^ chroniqueur de Saint-Benigne. Les réflexions que doit faire naître un aussi profond silence , ne sont déjà point avantageuses au rédacteur de la chronique que j'appelerai Cyclaire pour la dis- tinguer des autres ; mais ce ne sont pas les seules ob- servations qu'un examen approfondi doive suggérer. La cîirûïiique de l'abbaye de Saint-Benigne de ï)ijoft j dit Legendre {liist. de Fr. 1-23 ), fait d'autant plu» de plaisir à lire que l'on y voit en abrégé l'histoire sacrée et profane mêlées sans confusion : elle prend depuis 485 à 1 1 52 ; sa continuation par un moine qui écrivoit en i5i3 n'est pas du même mérite. (1) La chronique Cyclaire commence en ^53 et se fer- înine à i223 5 le continuateur de Jean de Salins prend depuis ii53 jusqu'en i5i3 5 le P. Chifflet Jésuite l'a continuée jusqu'en i65i , et Dom le Roi jusqu'en 1671* ï!,on fioursoîne. nique anonyme , mais ayant été écrite dans le temps qu'Halynard ■ '•'*''• étoit al)bé de ce monastère. -, , _ L'abhé Papillon a composé une dissertation exprès pour proii- moletz. ver que l'auteur de cette chronique étoit inconnu; il accorde iv-ai4. seulement qu'il étoit en 1026 moine de cette abbaye. Si ces historiens eussent pris la peine de recourir à l'original de cette chronique qui étoit jadis à la bibliothèque de Saint Bé- nigne , et actuellement conservé à la bibliothèque publique de Dijon , ils y auroient vu clairement que son auteur se nomme. Nos Divionensis sacri monasterii , àpARWho haBitatorss et amatores ^ salikensEs aliquanti afférentes filios suas , similiter contulerunt de rébus suis , inter quos Pater wbus xi otPerbns j dedit puteum et sedeni unius caldariae..,, î) Grancin Aussi les auteurs franc-comtois l'ont- ils nommé au rang ahi'ég. 299. des historiens de leur province , sous le nom de Jean le moine DE Saliks. Si l'on considère en effet que dans le Siècle o4 cette chro* îpignot, nique fut écrite , les individus li'étoi-ent connus que par leurs IVIel. philul. , , . , /• . 1 II . ,,, noms de baptême , leurs prulcssions et le nom de leur pays , \ts i6o. ( 145 ) Comment se fait-il qu'aucun des continuateurs de Jean de Salins n'ait parlé de la translation à Vienne du con- cile de Dijon; ils dévoient tous avoir connoissance de tce qu'avoit écrit, à ce sujet, bien avant eux, le chroni- queur Cyclaire. Pourquoi cette chronique Cyclaireïi'est- elle pas le premier supplément inscrit à la suite de celle de Jean de Salins sur l'original déposé à la bibliothèque publique , puisqu'elle est intermédiaire entre Jean de Salins et le premier de ses continuateurs? Pourquoi n'est- roms patronimiques '-'"'^ étoit manuscrite et con- servée aux archives du monastère , mais à sa suppression on ne l'y a pas retrouvée ; c'est ainsi qu'à la desti'uction des ordres re- ligieux nous avons perdu des richesses en tous genres qui n'ont profité à personne. Indépendaiument de cette chronique et des trois continuations que nous venons de signaler, M. de Fontette cite encore sous le n.° 12 , Sf/ un manuscrit intitulé : Chronicon brève S. Be- nimi Diuioiiensis conservé dans la bibliothèque île cette abbaye et dans celle du président Bouhier. Nous n'avons pu en avoir aucune connoissance ni savoir ce qu'elle étoit devenue. Guichenon , dans la liste des manuscrits où il a puisé pour son histoi re de Bresse et Bugey, cite une chronique intitulée Chro- nicon Benignianum Diuionense portant le nom de Cliarles Févret. Papillon avoue que personne n'a pu l'instruire de cette chro- nique et qu'il ne sait ce que c'est. Nous n'avons pas été plus heureux , mais nous ajouterons que lorsque M. Fevret de Fon- tette, descendant de Charles Fèviet , ne nomme même pas cette chronique dans le savant catalogue qu'il a donné avec le plus grand détail , des ouvrages qui pouvoient intéresser la ville de Dijon et la province de Bourgogne; c'est la plus grande présomption que cette chronique n'cxistoit pas , qu'elle n'est pas de Charles Fôvret , et que le nom de Fèvret n'y figure que comme celui du possesseur d'une copie delà chronique de Saint Bénigne , copie que Ch, Fèvret aura pu communiquer à Gui- chenoH, ( 148 ) rédigeolt sa chronique en France , sur laquelle cet in- terdit pesa si long-temps. Cet écrivain n'étoit donc pas un des chroniqueurs de Saint-Benigne. Ce chroniqueur Cy claire fait encore preuve d'inexac- titude lorsqu'il dit que cet interdit dura jusqu'à la veille de l'exaltation de la Sainte-Croix, c'est-à-dire, jus- qu'au i3 septembre , tandisqu'il fut levé , comme nous l'avons dit, auxkalendes d'août qui correspondent au 16 de juillet : il donne deux mois de plus à sa durée qui , d'après Mezerai , ne fut que de 7 mois. Ce ne fut point non plus trois jours après la Chandeleur que le service divin fut suspendu en France, mais xx jours après Noël , ou dès le 1 5 de janvier , transactis xx. à nativitate. Si dans une ligne, nous relevons trois erreurs ma- térielles de ce chroniqueur Cy claire , quelle confiance pouvons-nous prendre en lui lorsque nous le voyons rester seul contre Rigord et tous les contemporains? Car de ce que le P. Labbe et, d'après lui, plusieurs autres , auront répété que le concile de Dijon fut trans- féré à Vienne; ce n'en est pas moins une opinion iso- lée provenant du chroniqueur Cyclaire , puisée dans un auteur inconnu, ignoré, démontré inexact, non avpué du monastère dont il écrit les annales, n'y de- meurant même pas, et celte assertion fût-elle mille fois réimprimée , n'en acquerroit pas plus de valeur ; ce ne seroit toujours qu'une seule et même opinion. Cependant nous trouvons encore un autre annaliste , digne en tous points d'être accolé au chroniqueur Cyclaire, aussi inconnu que lui , sans garantie, ignoré jusqu'en 1682 , et toujours produit postérieurement à 1657 : c'est l'auteur des gestes d'Innocent III imprimés ( M9 ) em tête des lettres de ce Pape dans l'édition donnée par Baluze, Paris 1682. In-fol. Il dit pag. 21 : Congregato igitur apuo Divionem archiepisco- porum necnon abbatum et aliorum multorum conci- Ho , Rex praesentiens quod idem legatus -vellet pro- cedere contra ipsum , per nuncios suns fecit ad sedeni apostolicam appellari. Legatus autem , non ut appel- lationi deferret , sed ut differrct ad tempus quatenus alibi mandatum apostolicum commodiùs adimpleret ^ tandem APVD Viznnam , iiiultis archix:piscopis coNvoCATis , inter quos quidam de régna Francoruni fuere présentes ) interdicti sententiam promulgavit. Le mot Convocatis fliit ici toute la différence : si on le supprime , ou si on le remplace par celui Adstantibus , cet annaliste sera conforme à Rigord et antres contem- porains , car il est vrai que la sentence d'interdit portée au concile de Dijon, ne fut promulguée qu'à Vienne; si l'on conserve ce mot Convocatis , alors l'auteur des gestes rentre dans la narration du chroniqueur Cy claire, parce qu'il pose en fait la convocation à Vienne d'un nouveau ou d'un 2.^ concile. Au surplus , l'auteur des gestes n'offre pas plus de garantie que le chroniqueur Cy claire ^ on le dit contem- porain , mais on ne le prouve pas ; on ne fait connoître ni son nom , ni son âge, ni son pays, ni sa profession \ et les mêmes reproches que nous avons faits au chroni- queur Cy claire , nous sommes en droit de les adresser à l'auteur des gestes. Suffira-t-il donc de la découverte d'un manuscrit , dont on ne connoît ni l'auteur, ni la date, ni le lieu où il a été rédigé , ni le degré de croyance qu'il mé- rite, pour renverser ce qu'ont écrit , l'on pourroit dire ( i5a ) officiellement, les liisloriograplies avoués de nrts Rois, les écrivains dont on connaît le nom , l'Age , le pays , la profession , dont l'authenticité et la véracité sont certaines? Que penserions -nous aujourd'hui de celui qui prétendroit réformer l'histoire d'Henri IV, d'après cequ'auroient écrit,en pays étranger, quelques ligiieurs obscurs , sur le compte de ce monarque ? Quel intérêt avoient doncRigord et ses continuateurs pour ne nommer que Dijon et ne pas parler de Vienne, au sujet de l'interdit porté contre Philippe-Auguste et son royaume ? Peu devoit leur importer de quelle ville émanât ce décret; en quelque lieu qu'il ei^t été rendu, ses effets n'en étoient pas moins les mêmes 5 Dijon et Vienne étoient des villes alors étrangères à la France. Ces auteurs auront nommé Dijon , comme nous citons ua décret de Schoenbrunri , Berlin ou Madrid, quoiqu'il n'ait été promulgué qu'à Paris ; et c'est précisément l'hypothèse où nous sommes au sujet de ce Concile , dont nous voyons ajourner la promulgation , pour donner le temps au légat et aux évèques qui le composolent j de se mettre à l'abri de la colère de Philippe-Auguste. Mais si la translation du Concile de Dijon à Vienne est réelle , non-seulement les chroniqueurs de la Bour- gogne et ceux de Dijon , mais encore ceux duDauphiné et de la ville de Vienne ont dû en parler : nous avons consulté ces derniers , sans y trouver un seul mot du Concile de 1199 » quoiqu'ils s'expliquent très au long sur les autres conciles tenus en cette métropole pri- matiale. Nous n'avons pu ni recourir à la chronologie des ar- chevêques de Vienne ( citée par Fontette , n.° 1067g), se terminant à laSg , conservée au tome vi des Mss. ( 151 ) du P. Etiennot , qui étoient déposés à l'abbaye de St.- Germain- des -Prés ; ni nous jDrocurer le catalogue im- primé, tom. 2 des opuscules de Pierre de Villars(/^