?.^/n !3 S É À l^' E / PUBLIQUE DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, ARTS, AGRICULTURE ET BELLES-LETTRES D^AMI E NS, Le i5 Germinal An XII. A A M 1 E N S , De l'Imprimerie de Fr. Caron-Berquiek. Imprimeur de F Académie. An XII. "i~^«H n ••0^ .^^/^ SÉANCE PUBLIQUE DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, Arts, Agriculture et Belles - Lettres D'AMIENS, Le i5 Germinal an XI L ■ ■giwtOtt» w Mil PRÉCIS. On s'est réuni à l'Hôtel de Ville. Le Directeur a ouvert la Séance à 4 heures et demie. L'Assemblée était brillante et nom- breuse. Le Président a rappelle les motifs qui ont déterminé l'Académie à choisir pour la tenue de ses Séances publiques, le jour de la signature du Traité de Paix d'Amiens. Les Cités les plus florissantes auraient désiré cette distinction , la Ville d'Amiens l'obtint comme la récompense du bon esprit d© A A (4) SCS habîtani^ , dans les tems mêmes les plus orageux de la Révolution. Chaque année , à pareille époque , le Premier Consul^ objet auguste de nos aiTectionSjde nos espéran- ces et de notre gratitude, sera remercié de la préférence dont il a honoré notre Cité. M. Demeaux, Secrétaire perpétuel, a fait les Éloges Funè!)res de MM. Boktel , Der^eloy et Lendortny, Les larmes et les applaudissemens de l'auditoire ont honorablement ])rouvé que rOrateur avait sçu toucher et plaire. M. Dewailly a lu la traduction en vers Français, d'un Épisode de la fin du 3e. Livre de l'Enéide. Les Gens de Lettres dé- sirent depuis long-tems que cette belle traduction soit imprimée. La modestie de l'Auteur retarde trop leur jouissance. Cette lecture a été suivie de l'analjse de tous les Mémoires lus, pendant Tannée, dans les Séances privées de TAcadémie. C'est M. Dctneaux qui l'a rédigée. (5) . Un Discours de M. De Moyenneville sur les Jardins , a terminé la Séance. On savait qu'il était Ta mi , il a prouvé qu'il était aussi le peintre aimable et fidèle de la belle nature. Séance du 3o Germinal an XII, M. QuiNETTE 5 Préfet du Département de la Somme et Membre honoraire de l'Académie , a manifesté le désir que le Rapport analytique fut imprimé.Regardant les travaux de la Société comme un objet; d'utilité publique j ceMagistrat a offert d'en faire les frais. L'Assemblée a unanimemeni; arrêté qu'il en serait tiré 460 exemplaires ; qu'il en serait envoyé un à tous ceux qui s'occupent du bien public , et que M. le Préfet serait prié de recevoir les remerci- mens de la Compagnie. (6) RAPPORT Analytique des travaux de V Académie pendant Van \i , rédigé par M, Demaux , son Secrétaire perpétuel. M ESSIEURS, Les Révolutions bouleversent , presque toujours j les établissemens , les hommes et les choses. On ne considère ni l'antiquité des uns, ni le mérite des autres, ni Futilité de ce qui existe. Un ordre nouveau , étran- ger au passé, est le principe qui dirige tous les mouvemcns, toutes lesactions. Détruire, détruire encore pour recréer , voilà le mobile qui entraîne et qui décide du sort des Nations soumises à ces mouvemens convulsifs, L'Académie d'Amiens fiit enveloppée j en 1792, dans la suppression générale des Corps Littéraires. Ses membres , dont les travaux cessaient d'être un motif de réunion , n'en conservèrent pas moins le désir de se retrouver encore. (7) Une Société libre d'Agriculture fut éta- blie. Ses membres s'occupèrent de tout ce qui peut encourager, améliorer le premier et le plus utile des arts. C'est vers ce but que furent dirigés leurs premiers travaux. Une louable émulation ne tarda pas à se développer au milieu d'eux. Ce sentiment, semblable à l'esprit et au feu qui meurent s'ils n'augmentent , fit bientôt naître l'idée d'ennoblir la destinée de cette Société en accroissant ses attributions. Déjà des Sociétés savantes s'étaient réor-^ ganisées. La Cité d'Amiens , recommanda- ble à tant de titres, s'empressa de provo- quer le rétablissement d'un Corps Litté- raire sous le titre iV Académie des Sciences^ Agriculture , Commerce , Belles-Lettres et Arts du Département de la Somme, Cette dénomination antique , conservée depuis Platon jusqu'à nous , oubliée dans un tems où les institutions anciennes étaient méprisées , devait reparaître sous le génie tutélaire , qui ne veut , qui ne respire que la prospérité générale. Ce vœu a été exaucé. Le héros quiraccueilUtjajde (8) plus, accepté le titre de Proteciciir de cetle Académie. Ainsi la sphère s'agrandit. La réunion de toutes les parties des Sciences et des Belles-Lettres au Commerce et k l'Agriculture , en donnant plus d'essor , permettra une activité plus productive et plus honorable. Le premier soin de l'Académie a été d'arrêter un Règlement pour la direction de ses travaux. J'j vois dans l'art. 1 9 , une partie des devoirs qui me sont tracés. Cet article est ainsi conçu : « Le Secrétaire « rend compte, à la fin de chaque année , •« des travaux de la Compagnie qui déter- « mine le genre de publicité à donner aux « articles qui composent le rapport. Vous avez entendu , Messieurs, la lecture des Ouvrages fournis par MM. vos Collègues pour leur contingent. Vous n'avez pas perdu de vue ies objets d'utilité qu'ils ren- ferment. Je me bornerai donc à vous présenter une analjse succincte des objets qui ^ sont traités. C9) Dubo8. M. DuBos a lu un Mémoire sur l'agrlcul- turc. Le mojen d'en accroître les produits, est d'accorder des encouragemens à ceux qui se livrent à l'exercice de cet art si utile. L'on aime à penser avec Gesner , qu'on trouve dans Tame du laboureur , le sanc- tuaire de la pureté céleste : cette agréable fiction n'empêche psCs de croire que le la- boureur a besoin d'être stimulé. Plus avide de bénéfices que de gloire , il travaillera avec plus de succès , s'il obtient des récom- penses pécuniaires , des adoucissemens sur les impôts. En efFet , il n'j a pas d'agricul- ture si l'agriculteur n'est ôisé ou riche. Ce n'est que par de fortes avances que la terre se plaît à déployer ses richesses , et à en faire jouir ceux qui ont provoqué ses bienfaits. M. Dubos que l'expérience a éclairé et que les talens dirigent , insiste , avec raison , sur la nécessité de favoriser l'agriculture , en procurant des facilités à l'agriculteur. Il lui faut , comme en Angle» terre et en Irlande , des lois rémunéra- trices ; des dédommagemens pour ses essais infructueux 3 des primes pour hâter "" ses succès. ( lo ) HDerveiof. M. Derveloy, quc iious regretterons long-tem5 , traite des mojeris de restaurer les mœurs dans les campagnes, et ày ra- mener le bonheur par J'attrait delà vertu» L'Orateur parcourt 5 avec toute la pureté du style et la précision des idées , les diverses situations où s'est trouvé Thabitant des campagnes depuis la révolution. Il le con- sidère livré à lui-même , n'ajant de frein que sa volonté ; de désirs que ses passions y privé d'instructions civiles et religieuses j méconnaissant la Loi et les Magistrats chargés de la faire exécuter. M. Derveloy, qui voit déjà un retour naturel à l'état de civilisation , trace la marche à suivre pour ramener ces hommes , qui n'ont été qu'é- garés, dans la ligne de l'obéissance et du devoir : position qui constitue le bonheur de l'homme en société. Assurer l'instruc- tion par l'établissement d'écoles pour l'un et l'autre sexe ; former des atteliers de tra- vail 5 employer aux occupations rustiques les bras capables de servir j secourir les in- firmes par la formation des bureaux de bienfaisance ; bannir la mendicité , source trop ordinaire de vices et de corruption i ( 11 ) encourager les chefs d'attelîers qui auront occupé le plus d'ouvriers dans le besoin ; entretenir et respecter les Ministres du Culte j inspirer enfin le sentiment de la morale et de la religion , principes des ver- tus j tous ces objets j Messieurs , sont dé- veloppés avec cette sagacité et cette onc- tion qui entraînent et persuadent. M. Derveloy prouve à la classe précieuse qui habite les champs pour nous les féconder , que la félicité ne consiste pas dans un luxe trompeur, dans les honneurs et dans les illusions d'une philosophie qui dessèche le cœur ; mais bien dans la soumission aux lois et dans la pratique des vertus. Il invite les bons villageois à reprendre leur respect pour leur antique religion et ses augustes pratiques. M. Dervei,oy écrivait d'après son cœur : il aurait pu donner ses actions pour préceptes et sa conduite pour exemple. ^^•^y^ M. Lapostoïxe , toujours occupé de dé- couvertesutiles, et mettant à profit ses con- naissances multipliées dans la phjsique , la chjmie et la botanique , vous a donné un mémoire fort intéressant sur la Potasse , (12) c'est-à-dire , sur la Potasse que Ton peut extraire des fanes de Pommes de Terre. Ce feuillage , regardé jusqu'ici comme inutile , devient , par les procédés de ce naturaliste 5une nouvelle branche très im- portante de commerce. La Potasse que Ton en obtient , est d'une qualité qui égale , si elle ne surpasse la Potasse ordinaire. Cette découverte précieuse mérite une grande publicité. Le détail des procédés est pré- senté de manière à en rendre l'application facile. % Si les cultivateurs , n'étaient pas aussi familiarisés avec ce genre de travail , on lie leur proposerait que le l^rùlement des fanes de cette plante , afin d'en obtenir la cendre qu'ils vendraient dans les villes oii des atteliers de fabrication de Potasse ne tarderaient pas à s'établir. Mais ils aban- donneront difficilement à ces fabricans une partie d'industrie qui a une si grande ana- logie avec l'extraction du Salpêtre , que la ])lùpart d'entr'eux ont exécutée avec suc- cès , et dont les produits seront plus im- ^ortans pour leur prospérité. (i3) Multiplier ainsi ces fabrications dans les campagnes , c'est provoquer la culture d'une plus grande quantité de Pommes de Terre , et réduire cette espèce de fabri- cation à la dépense la plus modique. Car une grange , des baquets , un four et une chaudière , composent Fattelier d'un fabri- cant de Potasse. La France importe , chaque année, une énorme quantité de Potassse pour l'appro- visionnement de ses manufactures. Lorsque les procédés pour son extraction de la cendre des fanes de Pommes de Terre , seront connus et exécutés dans les campa- gnes , notre patrie se suffira sans peine : elle obtiendra même un superflu qu'elle exportera , quand les cultivateurs , plus éclairés sur leurs intérêts , utiliseront leurs jachères par la culture de cette plante. Le Gouvernement cherche à s'éclairer et à régler tous les objets oui intéressent le peuple. Un Code Rural qui remédierait aux abus existans , qui s'opposerait à leur renaissance , est digne de son attention. M. le Préfet ^ chargé par le Ministre de ( i4 ) . lui donner des observations à cet égard , a consulté rAcadémie sur les questions sui- vantes relatives Aux Abeilles ; Aux animaux nuisibles ; Aux arbres et à leur plantation ; A Tarpentage des terrains en pente j A Tassollement des terres j Aux bans des moissons ; Aux baux à longues époques; Aux biens communaux et à leur partage; Au cadastre j Au chaume j Aux chemins vicinaux ; Aux chèvres ,* Aux clôtures des terres; Aux défrichemens ; Aux dépenses locales ; Aux désséchemens ; Aux échanges des terres ; A Téchardonnage ; Aux encouragemens pour la prospérité de l'économie rurale ; Aux gardes-champêtres ; Au Glanage j Aux grains j quant à la liberté de ce commerce 5 ( i5) Aux inondations j Aux irrigations ; Aux marchés pour les blës ; Aux montagnes j quant à leur défriche- ment ; Aux moulins sur les rivières ; Aux parcours j Aux pauvres dans les campagnes | A la pèche ; Aux pigeons bisets ; Au rachat du droit de réméré ; Aux sentiers j Enfin aux servitudes rurales. Ce travail, divisé entre tous les Membres ^ suivant leurs connaissances respectives , a donné lieu à des recherches très intéres- santes. Vous avez traité chaque question avec méthode. Vous avez pesé les avan- tages ou les inconvéniens de Tétat actuel. Vous ne vous êtes pas bornés à louer ce qui était bien , vous avez montré le mal et indiqué les mojens de le réparer et de le prévenir. Un même zèle vous a animés pour montrer au Gouvernement que vous serez toujours empressés de vous rendre utiles. Le Magistrat à qui vous avez remis ( i6) votre immense travail. Ta justement aj>. précié ] en vous félicitant sur rexcellence de vos vues , il vous a témoigné sa satis- faction de cette nouvelle preuve de votre zèle. ai. D'Ar- ^œuves. M. d'Argœuves j qui réunit aux connais- sances du véritable cultivateur , le zèle et l'expérience de Tliomme qui a voulu tout vérifier , tout approfondir pour ne don- ner que des résultats positifs et prescrire une marche assurée , vous a donné un ta- bleau de culture comparative des Pommes de Terre. Ce n'est pas assez de faire des dé- couvertes en agriculture : il faut encore fixer le degré de leur utilité. Jusqu'ici on connaissait peu d'espèces de Pommes de Terre , ou plutôt , on les cultivait sans apporter une grande attention sur la dif- férence de leurs produits, et la précocité de leurs récoltes. Cette dernière considé- ration , surtout , est importante , puisque cette denrée pourrait Oiîrir une ressource précieuse dans les tems de rareté et de disette. Cincj ( 17 ) Cinq espèces de Pommes de Terre ont servi à Texpérience. 1^ Pomme de Terre jaune anglaise dite Cornichon, 2^. La rouge , pelure d'oignons. 3^ La longue rouge , nommée anglaise par les hortillons ou maraichers. 4*". Celle venant de Boulogne, donnée par le Préfet de la Somme. 5®. La jaune ordinaire , cultivée assez généralement dans ce Département. Les tubercules ont été confiés à la terre le 1 5 avril : opération qui aurait pu avoir lieu du i5 au 20 mars. Au premier août ^ les deux premières espèces étaient en maturité. La première a produit 8 pour un. La deuxième 1 1 pour un. La troisième j récoltée i5 jours plus tard, a donné 14 pour un. Les deux dernières espèces, récoltées ,4 la fin de septembre , ont donné le mèm^ produit que celle de la troisième. ( i8) La sécheresse de Vété de 1802, époque de Texpérience , a diminué les produits d'une manière sensible. Ces expériences , répétées en 1 8o3 011 la sécheresse a été plus excessive encore, ont donné les mêmes résultats. Une nouvelle espèce de Pommes de Terre peu connue à Amiens , mais cultivée à St. Omer , a donné le plus grand produit , et a été récoltée la première. L'Agriculture offre à Tobservateur un champ si vaste à parcourir , qu'on j trouve sans cesse à moissonner. M. Deinâux. M. Demaux , daus un Mémoire, démon- tre la nécessité de l'émulation pour l'ac- croissement de cet art intéressant ; source de la véritable richesse. Il envisage son sujet, principalement en faveur des classes appellées au travail qu'il faut éclairer par des secours. Il fait sentir les inconvéniens des théories savantes pour le simple Agri- culteur. C'est à la classe instruite de la société 5 à développer la science , à créer les méthodes, les procédés j à répandre lix (19) lumière et Fémulation. La partie laborieuse ne doit être mue que par l'attrait d'une utilité quelle croit personnelle, mais qui cependant procure l'avantage général. Une instruction égale chez tous, produirait une confusion universelle.L'hommedes champs doit être conservé à la simplicité de la nature. Si l'on voulait attendre de lui les grandes conceptions , et lui faire quitter 1a ligne du travail corporel j l'équilibre de la Société serait bientôt rompu. L'Orateur , par des transitions naturelles , arrive à par»- 1er des propriétés rurales et des inconvé- iiiens de les trop diviser. L'intérêt général s'oppose au morcellement des biens. Le petit cultivateur refusant à la terre les engrais et les préparations nécessaires, sa fécondité en est affaiblie. Les Marchés pu- blics seraient l'image de la stérilité , sans les grandes exploitations. Les exemples sont . appelles en preuves. Y a-t-il rien qui pré- sente mieux l'aspect de l'abondance et fixe plus le sentiment du bonheur , que les pajs de grandes cultures , comme était l'ancienne Normandie ? L'Auteur veut qu'oix excite l'émulation j que dans les paj§ ' (20) devenus pauvres par le funeste morcelle- ment des Biens, on favorise Finduslrie ad- ditionnelle, Le Commerce s'associe à Fj^gri. culture. Les filatures , la fabrication des étoflfes doivent remplacer le travail de la terre dans }es lieux où il manque et dans le ^ems où les bras sont condamnés à l'inaction. Les communes de Molliens , Belloj , Escarbotin , etc. ont sagement sup- pléé à rinfécondité des sols par une indus- trie accessoire. L'Auteur invite les Sociétés savantes à éclairer le peuple de la Cam- pagne sur les avantages cju'il retirera de son industrieuse activité , d\)ù naîtra une richesse nationale, qui assurera le bonheur de tous. ^ Brasic La culture de la Pomme de Terre a été, depuis près de 3o ans, Tobjet des spécu- lations d'une foule de Cultivateurs. Le sujet en paraissait épuisé. M. Brasle a trouvé le mojen de le reproduire sous une face nouvelle et particulière, la Pomme de Terre a paru un mojen supplétif dans les tems de disette 5 mais il était ré ervéà ces derniers tems , de faire rencontrer ensem-, ( 21 ) ble Tabondance et la cherté , suite natu- relle de la grande consommation de cette denrée. La Pomme de Terre est d'autant plus précieuse , que le pauvre , hors d'état d'acheter du Bled , trouve toujours en elle un aliment sain , abondant et commode. Cet étonnant végétal est devenu de nos jours la ressource du désespoir, et jusqu'à la base de la tranquillité des États, Dans les Communes où Ton ést'à^s^z obstiné pour ne pas s'empresser vers cet aliment , on voit les fflalheurs les plus dé- plorables. Des Épidémies naissent -les ma- ladies vermineuses se déclarent ; elles sont la suite du régime factice et dangereux que l'indigence adopte. Un pain faumatre et septique, composé avec le *on de la Bisaille , l'Avoine , la Vesce, la Pamelle , ete* est la nouriture du pauvre.il en résulte de$ disrestions crues, un chiîe vénéneux qui ont bientôt détruit et abbattu les sujets les plus robustes. j C'est ici le triomphe de la P'oMme de Terre. Elle supplée le Bled sans doinmagé.^ subséquens.Elle semble fournir à restomaCj précisément ce qui convient à rhomrfiè (22) laborieux des Campagnes , un lest suffisant; des résultats doux et jamais dangereux. Peut-être qu'un peu dVntliousiasme et de reconnaissance , la feraient préférer même à des alimens plus universellement admis et estimés. M. Brasle a commencé à vous faire part de sa pensée et de ses vues sages et politiques sur les ressources que présente la Pomme de Terre. Il vous a montré le travail des autres sur cet objet comparé au sien. Il annonce la suite, c'est- à-dire, une seconde partie à son Mémoire. On ne peut que désirer de voir réaliser son projet. '/rr- TWoj. ^^ département de la Somme semble , depuis trop long-tems, être réservé aux malheurs fréquens des incendies. On ne peut pas absolument en attribuer la cause à un plus grand nombre d'hommes pervers. Les constructions trop contigues , trop combustibles ; Tusage immodéré de la pipe ainsi que la criminelle négligence des fîi- meurs, facilitent 5 provoquent et multiplient ces ruineuses catastrophes. Il méritera bien des propriétaires et des feruiiers, le légis- (23) lateur qui saura rallentir ou quî pourra éteindre cette manie à la fois dangereuse, dégoûtante et nuisible. La journée des ouvriers en deviendra d'un tiers plus longue. M. De Thieuloy , affligé de ces évène- mens , s'est servi de son esprit et de son cœur pour vous exposer ce que la grande police pourrait faire pour les prévenir ou du moins les rendre plus rares. Mais la difficulté réduit presque à une vainc théorie , ce qu'il serait praticable de faire à ce sujet. Des constructions solides et plus espacées , le pisé , sont préférables pour des colonies nouvelles où les terrein et les matières n'opposent aucun obstacle. Mais ces mojens sont-ils admissibles pour les anciens villages? non Sans doute. M.,de Thieuloy prouve que le seul mojeii réparateur actuel , serait le rétablissement d'une Caisse de Secours en faveur des in- cendiés. Vous savez qu'il en existait une avant la Révolution : elle s'alimentait par le produit des quêtes. Les victimes des flammes trouvaient , dans les secours indi=- viduelsj une indemnité delà dépense pour ( 24 ) les couvertures en thuiles de leurs nou- yeaux bàtiniens. Mais pour en obtenir, il était indispensable que leurs Communes eussent fourni une somme quelconcpie à la caisse générale. M. de Tliieuloy vous a présenté les résultats heureux d'une longue expérience. Il désire que l'on expose ces vues au premier Magistrat de ce Départe- ment et au Prélat du Diocèse, en provo- quant leurs dispositions bienfaisantes. pour le rétablissement des Bureaux qui ont existé 5 afin d'éloigner autant qu'il est possible 5 les maux qui accablent les victi- mes de ces désastres, M. D'Ar- L'avantage de la suppression des jachères est encore un doute que les expériences pourront lever. M. d'Argœuve pense que cette suppression est à désirer ] qu'elle se- rait utile et ne présenterait aucun incon- vénient. Il démontre cette vérité en indi- quant la manière de cultiver 5o à 5i ar- pens de terre dans les soles dites terres à froment , qu'il suppose pouvoir être la- bourées par deux chevaux. -^ (^5) La culture des plantes lé gu ni i n élises 'j des Vesces, des Treffles, etc-. dispose fa*- vorabiement la terre pour les récoltes des Céréales. L'éloignemeiit des récoltes de Bled n'en diminue pas la quantité. La mul- tiplicité des fourrages produit^ celle des bestiaux. Ressource précieuse rpour La- griculture et très-utile aux. cultivateurs. , L'auteur fait consister k beâttté des ré- coltes dans un cours de cultures varié, et bien dirigé. 11 cite à cet égard les meilleurs^ cultivateurs anglais 5 cjui ont fattention de ne jamais exiger de Ieur$ sples .deux ré- coites consécutives de grains. Il indique les assolemens les plus avântao^enx pour les aiiterentes espèces de terrains. , Pour les terres , dites à Froment • pre- rriière année. Fèves , Vesces cl été et d'nj- ver j Pommes de Terre , Carottes^ ,etc. Deuxiènie année, Or^^es de mstrs ou Avoine. Troisième année, TrelPies , Luzernes, etc» f • j . ' ' ' . Quatrième année . Froment sur une simplç raye. Les labours faits aux époques que l'au- teur prescrit , ain:,i que les successions de ( 26) plantes , améliorent la terre , détruisent les herbes nuisibles et augmentent la fer- tilité du champ. Les mêmes mesures peuvent être em- ployées pour les petites terres et avec le même succès. Des expériences répétéessur diverses soles, dont le résultat a été cons- taté par des commissaires , ne laissent aucun doute à cet égard. "M. d*Argœuve indique la quantité de terre que l'on doit destiner chaque année pour chaque espèce de production, ainsi que les engrais à répandre : ces engrais seront d'autant plus considérables que les récoltes de fourages doinieront plus de moyens d'en obtenir. ' Les cultivateurs aisés doivent s'empresser d'essajer cette méthode que nous ne fai- sons qu'indiquer, et qui est très-détaillée dans le mémoire. L'objet traité par M^ d*Argœuve est d une îm.portance majeure €t bien propre à mériter l'attention de^ cultivateurs. (27) _ ^^- La iiccesslté de multiplier les bestiaux ■aveuse. ^ n'est point un problême en agriculture : c'est par de nombreux troupeaux qu'on obtient une plus grande quantité d'engrais: c'est du produit de la vente de ses bestiaux, que le laboureur voit l'amélioration de son état et l'accroissement de sa fortune. L'éducation des bêtes à cornes , a fixé particulièrement l'attention de M. de Saveuse. Eclairé par l'expérience, il a traité ce sujet avec un grand intérêt pour la classe des habitans de la campagne. Le nombre des élèves est trop restreint; leur choix trop négligé ; leur éducation mal dirigée. La culture des terres mieux suivie, pourrait subvenir plus facilement à leurs besoins. La beauté des races est un objet ira- portant. Pour l'obtenir 5 il faut que le choix soit fait parmi les élèves du pajs même , provenus des plus belles races étrangères. Ce qui est amené du dehors , dégénère presque toujours en s'aclimatant. M. de Saveuse fait voir les inconvéniens graves de la manière dcmt on élève les bestiaux: il oppose à la vieille routine la marche qu'il (28) suit pour ses propres élèves ,* leur nourri- ture , leur traitement en maladie. Il dé- montre les avanta^^es résultans de sa me- thode comparée avec ceile usitée par ses yoisins. Par-tout les preuves de succès soBt> mises à côté des abus qui existent dans la manière actuelle. . èrîl est facile dé jnger par les réflexions de M. de Saveuse , de la grande différence! ^liise trouve entre la pratique et la théorie: sa supériorité est bien véritable dans tou-* tjes les parties des eonnâisFances: fcu-* maihes ; mais il n'en est pas où sa *pré-« $éance l'emporte d'une manière plus prf^-^ poncée que pour tout ^eqiuei^a' fappprtîli ragriculture.oiiiiri riji [ •iiasvdjJi ïn-n'iDoq .vîùodaci reKLune " ï^'îi^o^dation' dcs prairieî5 dans les Su- perbes vallées d'Avre , de la' Somme et de FAuthje , enlève à l'a gri cuit tire des fèr- reins infiniment précieux: Fair en est in- fecté; les hommes comme les animaux en sont souvent les victimes. Cette espèce de calamité fixera sans doute Tattentioii Au Gouvernement 3 il en détruira la cause dont la principale est là multiplicité des ( 29 ) _^ usines établies sur les rivières. M. de Rhune qui habite une campagne exposée ^ ces événemens j nous indique des mojens préservateurs. Il veut que ^ comme a la Bassée , près de Lille , on creuse dans les prairies , un Canal conducteur qui reçoive toutes les eaux et les roule au loin , dans des ri- vières ])lus basses. Il propose à cet effet de pratiquer dans les prairies , de chacpie côté au-dessous des jnoulins, k la hauteur dç l'endroit du plus fort refoulement des eaux, des cunettes qui iraient se dégorger au- dessous des moulins suivans M. de Rbune, pour faire sentir les avantages de son pro- jet , a joint un plan qui présente les moyens d'exécution. L'expérience qu'il a acquise de cette pratique sur ses propriétés , lui répond du succès qu'il annonce. M. Lahave. Le Trèfle incarnat était presque inconnu dans ce Département. Quelques cultiva- teurs en ont introduit l'usage. M. d e Lahaye en a semé et récolté une petite portion, et a observé la marche de la nature' (3o ) pour ce genre de productipii. Il a rendu compte de ses premiers essais. Ce nouveau fourrage, dit-ilj deviendra d'un grand produit : il a l'avantage de pouvoir être semé dans les jachères 5 sans nuire par la suite. Sa récolte est hâtive 3 les bestiaux en sont friands ; le lait des vaches qui eu mangent est meilleur j le bœur excellent et doré. Il parle de la plante , de sa forme et de ses couleurs agréables ; du moment favorable et de la manière de semer y de le récueillir ; des précautions pour la ré- colte de la graine. Des essais plus engra»?d prouveront si ce genre de culture est une nouvelle conquête pour fagriculteur. M.BerviUe. L^^ Manufactures sont l'aliment du peuple et une puissante ressource pour les Gouvernemens. Les découvertes pro- pres à les améliorer et à en multiplier les produits , ont toujours un but d'utilité générale et particulière qui tourne à l'avantage de tous. M. Ber VILLE j frappé de cette vérité, vous a donné un Mémoire sous le titre d'Essai de Filature de Poils de Chèvre Angora^ du .Troupeau de Rambouillet, ( 3i ) Les Poils de Chèvres d'espèces recher- chées 5 sont d*uiie grande utilité pour beaucoup de fabriques , et notamment pour celles d'Amiens. Nous sommes tribu- taires de Smjrne et des Echelles du Levant, qui nous fournissent les Fils de Chèvre An- gora tout préparés. On évalue à des som- mes considérables les achats, en numéraire, de cette matière. On s'affranchirait de ce tribut, en formant des troupeaux. L'établissement de Rambouillet peut fournir l'espèce de Chèvres nécessaires ; et nos contrées stériles , sur-tout celles du midi , peuvent servir à féducation et à la propagation de ces animaux. M.Ben'l//e traite du peignage et du filage. Les fileurs de ce département viennent d'imiter et de surpasser les Étrangers. Les échantillons représentés sont en faveur de nos ouvriers , auxquels cependant on re- proche encore quelques imperfections que la pratique aura bientôt fait disparaître. L'auteur , après être entré dans quelques détails sur les résultats heureux de cette nouvelle manipulation, développe les, a van- (32^) tages qui résulteraient de la naturalisation de ces animaux en France. Les plus esseiv tiels sont çeu:?^, qui ont les rapports les plus directs à nos INJanu factures , et il ne les oublie p^.H. 11 ajoute ensuite: « ces avanta- « ges ne sont pas les seuls fruits qu on •c pourrait retirer de cette nouvelle bran- « che d'industrie. Les capitaux qui s'c- « coulent à l'étranger pour en tirer cette « matière première, resteraient en France. €c Une nouvelle branche de manipulation «t serait ouverte à la classe laborieuse du « peuple. Un accroissement de richesses « territoriales , se formerait rapidement. « dans nos campagnes , parce qu'indépen- « damment de leurs poils, ces animaux don- •c nent plusieurs autres sortes de produits^ « tels que du lait et du suif, et leurs « peaux très - recherchées dans le com- « merce. Enfin l'économie rurale tirerait « au: si sa part des avantages par diffé-' n rentes destinations dune utilité réelle. ^ Sous ce. dernier rapport ^* -M". BemJle observe ave^c raison que les chèvres sont moins sujctes aux maladies que les mou-* tons j qu elles supportent plus aisément la chaleur (33) cîialeur; qu'elles doiinent du lait avec une grande abondance , et (|u'on peut les nour- rir sans frais dans les brujères et dans les friches. Il craint cependant que ces ani- maux indociles , vagabonds et voraces ne soient un présent funeste à faire aux con- trées fertiles de la France. Il voudrait les réléguer dans les lieux incultes où la sté- rilité de la terre repousse les soins et Tin- dustrie du cultivateur. Enfin il donne la préférence à Tespèce des moutons dont il relève beaucoup les avantages. Mais les chèvres d'un caractère capri- cieux et d'un appétit destructeur , ne pour- raient-elles pas être maîtrisées et parquées? contenues ainsi , elles pourraient exister dans toutes les régions de la France , et r procurer, parleurs toisons , les avantages précieux exposés dans le Mémoire. ^yen- M, Demovenneville QUI s'occupe de TAgriculture et qui habite la campagne une partie de l'année, a embelli son séjour par la formation d'un jardin. On j trouve réunis , les choses utiles et agréables ,• des lieux enchantés à côté de retraites paisibles G ( 34 ) fel sombres ; des parterres ornés de fleurs au milieu de terreins remplis de légumes et de fruits. I,e Mémoire qu'il nous a lu sur les Jardins, est fait pour inspirer et le désir d'en posséder et le goût de les cultiver. II traite des Jardins depuis celui d'Alcinous jusqu'à ceux de Mousseau.ll a pris ses mo- dèles dans Homère, dans Virgile, dans Delille. Le but de M. de Moyenneville est de peindre la beauté et les avantages des Jardins et de les faire aimer. Ses descrip- tions , les grâces qui les accompagnent , entraînent et persuadent. 11 veut que les Jardins deviennent désormais la ressource et le bonheur des grands propriétaires. Ceux-ci, en les formant , ne les rendront plus l'asjle de Tennui. Ils ne les arrange- ront plus avec cet ordre monotone et uni- forme , qui fait sommeiller Famé et tue le sentiment. M. de Moyenneyiïle , ouvrant son cœur aux beautés de la nature, ne veut pas qu'on la contrarie par ces ornemens sjmmétriques qui diminuent les jouissances de rhomme dans la retraite du sage. Soi\ goût se rapporte à celui de ce Poète piimable ; qui disoit ; (35) Pourquoi dans nos mai Par cette méthode de rouissage il y a des^ pertes à éprouver qui proviennent d'ac- çidens inévitables, comme sont les orages^ les débordemens , la rapidité augmentée des eaux courantes. Par les procédés ordiii-^ires la beauté de la filature est souvent altérée ; sa quantité est moindre 5 les fils se couvrent d'une pous- sière nuisible ^ surtout pour les Séranceurs et les Cordiers qui les mettent en œuvre. L'auteur s'occupe depuis 18 ans à parer à ces ineonvéniens. 11 a trouvé un procédé simple dont la manipulation facile exige très peu de tems. Il a un dissolvant dont il connaît la vertu , propre à macérer le cortexe et la paille du Chanvre avec lequel il obtient une filasse superbe , blanche , forte et longue, supérieure à tovit ce qu'on a vu. Comme par le procédé de Seguin , on tannait le cuir en un instant , au lieu de îe soumettre à Tennuyeuse macération des fosses 5 de même M. BrasJe est parvenu en nu tems très court , en 6 heures , à faire du fil parfait et à éviter les dangers et les longueurs du rouissage routinier admis jusqu'à nos jours. Par sa méthode , cinq ï. (43) niuids d'eau sufEsent pour préparer la ré- colte de 80 ares. Dorénavant on pourra cultiver le Chanvre loin des rivières et des lieux aquatiques , puisque le rouissage n'e- xigera qu'une très petite quantité d'eau. L'observation lui prouve qu'il j aura l'éco- nomie d'un tiers en filasse qui est ordinal-, rement en perte par le lavage et la ma- nipulation. L'auteur calcule que la France évitera la dépense de l'importation des Chanvres étrangers , objet de 10 millions , parce que les Chanvres français seront beaux , plus promptement préparés ^ plus abondamment cultivés : partout ils seront d'une force supérieure , et n'auront pas besoin d'être collés pour recevoir le gau- dron. Ils seront plus blancs , et préférables en tout aux Chanvres du dehors: les échan- tillons présentés par M. Erasie prouvent qu'il n'a rien donné au hazard , qu'il a même plus fait encore qu'il n'a aimoncë. La connaissance des institutions et des choses est nécessaire au Législateur qui trace les préceptes et fait les lois , comme aux Administrateurs chargés de les faire exécuter. C'est en connaissant les localités , (44) Jes ressources ou les besoins des pajs, leurs raojeiis de réproduction , de communica- tion , Tesprit même de ceux qui les ha- bitent , que l'on n'exigera , qu'on ne pres- crira que tout ce qui est utile et bon. Le Gouvernement , persuadé de cette vérité , Teut qu'on s'occupe de la statistique de tous les Départemens , afin que , par ces divers travaux , on trouve réuni tout ce c{ui peut éclairer l'homme d'état , diriger rhomme privé dans ses spéculations -, et instruire tous les citojens qui composent la société. M. Lapostoi TE , persuadé de l'utilité de ce travail et jaloux iVj concourir , a donné lîn mémoire sous ce titre : F^ues générales sur le Département de la Somme, L'auteur a parcouru l'ancienne Picardie en Naturaliste, en Phjsicien , en Chjmiste: il ne s'est pas borné néanmoins à celle <îcs parties qu'il cultive avec plus de succès; dans sa route physicienne il n'a pas dédai- gné l'historique de notre pays. Comment seriojîs-nous indifférens à tout ce (jui s'est passé anciennement dans cette contrée ; fameuse depuis nos établissemens dans la Belgique j depuis notre réunion autour de ( 45 ) Tancienne Samara brise. Jusqu'à César , jusqu'à nous , que de choses intéressantes ! Cette voie publique d'une date si reculée, nommée sans vérité, Chaussée Brunehaut"^ ces Camps Prétoriens qui nous environ- nent ; ces Médailles de Marc Aurèle ; d'Antonin le pieux j des deux Sabines ; celles surtout de Grotien , fils de Valenti- nien premier- ces mobiliers des tombeaux; ces restes des Cultes idolâtres , que notre terrein récèle ; cette Manufacture d'Armes Romaines établie près le Moulin Taillefer, qui fournissait cette Cavalerie si estimée par les Romains ; tout autour de nous , atteste la plus honorable antiquité. M. Lapostolle entre dans le détail de tout ce qui existe de plus intéressant dans ce Département , en minéraux , en végétaux et en tous genres de productions. Descrip- tion du sol et des sites, variétés des ter- reins , tout a occupé SCS loisirs. On voit, par son travail , que ce Déparlement est un des Pajs les plus utiles à l'histoire. Tous les lieux j toutes les époques y sont remar- quables. Cette plaine nommée Sa ingterre j à cause de l'invasion cruelle des Huns vers le point de Lihons ; cette Vallée , théâtre de tant d'éTèuemeiis guerjûers 3 ce Pont de (46) Plcquîgnj bâti pour Tentrevue de Louis XI et d'Edouard j ces Campemeiis glorieux • ces Batailles de Tamant de Gabrielle ;tout fourmille de monumcns précieux propres à l'instruction , et dignes d'exciter la cu- riosité. M.«î« Votre dernière Séance , celle de la clôture •Thieuloj-. 1 o T. de vos travaux du Semestre détc, a été aussi agvéable pour vous^ qu'honorable pour l'Académie. L'arrivée du Héros Fran- çais dans les murs d'Amiens , a électrisé tous les cœurs. Vous avez partagé la joie .commune , qui ne peut être exprimée comme elle a été sentie. Admis à présenter vos hommages au premier Consul , vous aviez à lui exprimer , et vos sentimens d'admiration pour tout le bien qu'il opère , et votre reconnaisse de vous avoir rétablis sous le titre à! Académie, M. de TJiieuloy ^ votre Directeur et votre organe , a rempli vos vues et satisfait vos cœurs. Il a exprimé , avec dignité 5 vos vœux, votre sensibilité, YQtre amour pour le Restaurateur des mœurs j de la religion et du bonheur public. Il a plus fait: encouragé par les marques de bonté et d'affabilité de ce nouveau César j il lui a laissé entrevoir le désir de ( 47 ) le voir accepter le titre de Protecteur de Y Académie, Cette faveur fut accordée à Fiiistant même. Vous en avez senti tout le prix. Vous vous êtes enorgueillis de cette distinction honorable. Il est dans vos prin- cipes de continuer de la mériter par Futilité de vos travaux, par un zèle constant pour ce qui peut concourir à la prospérité géné- rale. Vos travaux de Tannée dont je viens. Messieurs , de retracer l'esquisse rapide , prouve votre amour pour les succès de l'Agriculture , pour les Sciences et les Arts utiles. Mais il est des productions qu'on ne peut extraire sans les affaiblir. Tels sont vos ouvrages. Tout j est intéressant et néces- saire. La publicité que vous leur donnerez, pourra seule mettre le peuple agricole dans le cas de pratiquer les préceptes qu'ils ren- ferment; de répéter les essais que vous avez commencés , et de recueillir les fruits de vos découvertes. Vous continuerez , par de nouvelles recherches, à remplir la tâche honorable que vous vous êtes hiiposée ) et le plaisir d'avoir opéré le bien , sera la ré- compense la plus douce pour vos cœurs. "" F I N. LISTE DES MEMBRES DE L'ACADÉMIE D'AMIENS, A N X I L pnoTÏCTBUR. NAPOLÉON BONAPARTE- ^ca dJmicic ns Honoraires. Messieurs. QUINETTE , Préfet du Déparltmeut de la Somme. DE YILLARET , Évoque d'Amitûs. A. DE BRAY , Maire d'Amiens. Joseph BONAPARTE, Grand Officier de la Légion d Ilonncaf. CHAPTAL, Ministre de i'Inlérieur. académiciens Résidans. DEWAILLY. B I Z E T. SCELLIER , Professeur de Mathématiquef. DÉxVIERY , Jurisconsulte. BOISTEL DE BELLOY, Jurisconsulte. LAPOSTOLLE, Professeur de Physique et de Chjmic. DEMAUX, Sécréta ire-Gén»'ral de laPiélocturc. ANSELTN, Chirurgien en chef du Dépôt de Mendicité. RTGOLOT , Docteur Médecin. DEU DE PERTHES, Receveur-Général des Douanes de Rouen, DELAMORLIERE , Teinturier. DÉJEAN, Ministre Directeur de la Guerre. GORGUETTE-D'ARGOEU\ K , Propriétaire Cultivateur. DE LAHAÏE, Négociant. DUBOS, Propriétaire Cultivateur. L'Abbé BRASLE. VIRGILE , ancien Lieutenant de Roi de la Citadelle. DUCROQUET DE SAVEUSE, Propriétaire Cultivateur. JOURDAIN DE THlEaLOY , Propriétaire Cultivateur. JOURDAIN DE L'ÉLOGE, Négociant. MASSEY , Négociant. MARESSAL , Propriétaire-Cultivateur. TRANNOY , Docteur en Médecine et Professeur d'Histoire Naturelle. LEQUIEU DE MO YENNEYILLE , Propriétaire-Cultivateur. BER VILLE , Négociant. L'Abbé TOURNIER. L'Abbé GLAUSEL , Grand-Yicairc et Archidiacre d'Amiens. RTVOIRE, Archiviste du Département de la Somme. PETIT , Commissaire du Gouvernenient près ieTribunal d'Amieas. LEVRIER, Juge -au Triimnal d'AppeL DESPRE-. , Docteur Médecin. ROUGEMONT, Chanoine de d'î:glise Cathédrale d'Amiens. L'Abbé GORfN , ancien Principal du CoJl<'ge d'Amiens. {«litfOISAT j Juge au Tribunal de première lixbtauce d'Auiiene. ^" «<„,»>■ inn.i i> ml > T^iii ■ Il j»ii I ■..I-..I I 11 III II, ■« « et même n'avait pas voulu l'entendre. Je ne sais ce qu'est devenu un parallèle fort détaillé , fort plai- sant, entre S. Louis et le piemicr Consul II n'en a pas été question à la séance publique. C'est sû- rement autant pour déférer au vœu très-pronon- cé de ses collègues que pour capter notn^ bien- veillance, que l'orateur l'a abrégé d'une longue moitié- J'ai observé qu'on lui tenait bon compte d*un sacrifice qui a dû prodigieusement lui coû- ter. C'est à la nature, à la forme de ce discours, autant qu'à la publicité qu'il avait préfnaturément reçue, qu'il faut, sans doute , attril)uer l'immo- bilité des mains de tous les spectateurs lorsque l'Abbé en a terminé la lecture II est vrai cepen- dant qu'un bruit sourd et timide est parti d'un coin de la salle j mais il n'a été que faiblement A a (4) imité. On s'est apperçn à tempe; que ce signal avait été donné par des mains amies. J'attendais, pour payer mon triluit, qu'il |)lût aux Académiciens de m'en donner l'exemple. Leur silence a déterminé le mien. De petits humanistes, comme nous, doi- vent avoir au moins de la prudence j car vous saurez, Madame, cjue c'est ainsi que l'Abhé Di- recteur qualifie ceux qui s'obstinent à ne pas le regarder connue un Quinliiien ou comme un Cicéron, encore moins comme un Demosthéne. Je me trompais, Madame, en vous disant (pie les Académiciens n'avaient ])ris qu'une part très- passive à l'amplification de l'Abbe. J'en ai vu plu- sieurs malignement occupés à compter sur leurs doigts. D'abord j'ai cru que c'était des iautes de français ou de grammaire , mais j'ai su depuis que c'était l'épitliète tuté taire ^ qui s'y trouve jusqu'à sept fois dans un terme fort ra pj)roclié. En voilà, je pense, plus que vous n'en deman- diez sur ce chapitre. IS'accusez , Madame, que vos ordres formels : je sens que vous me pardon- neriez plus facilement si j'avais pu vous intéresser davantage. Vous aurez à prononcer entre le peintre et la figure- Je terminerai cet article en vous apprenant que ce discours directorial doit être le cliant du cygne. Je souris en vous enten- dant dire de loin : Ainsi soit-il. J'ajourne au courrier prochain lasuiteducoinpte que j'ai entrepris. Attendez-vous à des choses pUis riantes, à des détails plussatisfaisans. C'est de M. Z)s de Wtn pas faire partie. J'ai l'honneur de vous saluer. R '■.:jn'i-*y^iérons, Madame , que les hé- ritiers de l'Abbé ne garderont yiovr eux que ses écus , et qu'ils puLUerout une édition de ses œu- (.7) , ' vres po'^thurnes. Les amis c\n défunt se cottlseront pour indemniser ]e Libraire. Vons donnerez, sans doute , votre obole. Ce n'est pas un enî^agt'ment pour lire. Attendez que votre Confesseur on votre Médecin vous en imposent la loi. Je ne vous de- mande qu'on L>e pî'ofiindis. Encore un mot , Madame , et ce sera le dernier sur l'ex-Directeur. Un maudit furet ne vient-il pas de trouver parmi ses papiers de rebut ^ je ne ais quel Discours imprimé de l'Abbé Tournyer, qui commence parle même mot que son discours Li au on rai. (*) Il faut , en vérité , quî l'Abbé ait perdu la mémoire, ou que , se rendant justice , il aitpenséqo'iines'en trouverait plus d'exem])laire. Voilà ic défaut des tics , dei;lia!)itDdes. Je connais des pei'soniu s qui , pour se mettre en train , com- mencent toujours leurs lettres par ces mots : J*ai l' lionne ur de vous écrire ces deux lignes pour m' informer de l'état de votre santé : quant à La mienne , eUe est bonne j Dieu merci. A un grand (*) Voyez les Afiicîies du Département de la Somme, n^. 38, du 3o nivôse an 9. Ce serait jouer un trop mauvais tour à l'Auteur que défaire réimprimer ce Discours. On n'a jamais rien lu de plus jjiat , depluslogoraachique : c'est un énergiur.ène qui se dé'oatdans iin bénitier. Le troisième alinéa se compose d'une phrase qui a quatorze lignes de longueur ; cela équivaut jiresqne à un mètre. Plus bas , il est question de JManichccnr, ; (^^Eumê- nides d'Enfer ^ du courage féroce et machinal de la brute ; àc poisons inocu'és ,* de sicaires qui ont volcan'isé L'air et la terre ,• de saillies de turcit:ides morales } ài'irtertiQ déboU" nairei d'héioïsme ^ àe p:/tridité cadai'ârevse ^ de corollaires atroces^ i^ ex -homme s de sanq ■ àc figures hideuseni.:nt pa-- tibi'laires ,' de monstres anonymes qui suent , sur toute leur épide nie , le crime ; de délire de la déraison , de ré^'es creux f de t'grec dcmnselést etc. etc. Oli ! pour le coup , voilà de quoi faire passer Tenvie de rire. (8) tiïner où il fiit question de cette dcconverte , on s'ainii«îa beaucoup aux dépens de l'Abbé. La cir- con.Ntance était réellenienC propice. Après avoir lono-tt-nips badiné sur les M /^ s ^ les Rcbus , les Eniui, , on finit par lui conseiller de s'en tenir dé- sormais aux Oremi/s. Je pense que c'est votre avis. Vous savez si c'est le mien. Observez, Madame, pour l'honneur de l'Aca- démie , que l'Orateur n'était, en i'an 9, qu'As- socié-Correspondant de la Société d'Agriculture. Je ne sais par qucH^ond il est sauté sur le fauteuil académique. On ne connaît ])as trop le diplôme qui lui donne droit d'y siéger. Il n'aura sûrement pas présenté ce Discours de campagne comme un titre à son admission. La recommandation eût été trop ridicule. Le mauvais état de la santé de M. Dkmaux ne lui a pas permis de lire ses Discours et sa savante analyse. L'Abbé Gorin et M. Rivoire ont paru se faire un plaisir de le suppléer. Tous deux ont la avec l'intérêt de l'estime et de l'amitié. L'Académie avait à déplorer la perte de trois de ses Membres. La mort a moissonné, dans un court intervalle , MM. Boistci. , Derveloy et I-E]S'DOR]MY. Ces hommes jouissaient de l'estime publique. Ils ont honoré leur Patrie.- Tous trois furent les amis, les collègues de M. Dem aux. Qui, mieux que lui , devait et pouvait répandre des fleurs sur la pierre qui les couvre ! L'Orateur n'a eu besoin que d'ouvrir son cœur. Les sentimcns les plus tendres, les expressions les plus touchantes sont venues se ranger sous sa plume. Conime Apelle , il ne lui a fallu qu'un coup de pinceau pour saisir la resseml)lance. Chacun se disait ; Les voilà tels que nous les avons vus , tels que nous les avons connus. D'hon orables larmes ont mouillé tons les visages. C'est en vain que M. Demàux a voulu nous cacher les siennes. Elles perçaient à travers ses mains. Il était dans la même situation que lorsqu'il écrivait Homme bon ! Homme sen- sible ! Ame vertueuse ! Cœur aimant ! qui ne re- chercherait, qui ne s'honorerait pas de ton affec- tion ? Au sortir de la séance, M. Després, Mé- decin , a dit avec la candeur et la bonhomie que vous lui connaissez : M. Dema7j.x me donnerait presque C envie de mourir pendant l'exercice de ses fonctions de Secrétaire perpétuel. Pour vous faire ma cour , je vais , Madame ,' mettre sous vos yeux l'admirable préambule qui a précédé les trois éloges funèbres. Vous pouvez vous en rapporter à la fidélité de ma mémoire. Si je sais oublier ce qui me déplaît, je sais aussi re- tenir ce qui m'intéresse. te Messieurs, 55 L*éloge des hommes qui sesontdistinguéspar 55 leurs tcdens et leurs vertus, est un tribut que la 55 société doit à leurs cendres. Cet hommage sus- 55 pend et justifie les regrets que cause leur perte : 55 il rappelle les jours brillans de leur succès j et 35 ce gnge delà reconnoissance publique envers le 55 mérite qui n'est plus , est un encouragement 35 pour ces âmes privilégiées qui se destinent à 55 suivre !a même carrière. Devoir triste et tendre 55 que mes fonctions m'imposent, puisse- je vous 55 remplir au gré de mes concitovens ! J'ose éle- 55 ver ma faible voix. Je vais répandre quelques 55 fleurs arrosées de mes larmes sur la tombe de 55 trois amis. Devoir sacré! Devoir si doux! que 55 vous êtes cruel pour l'amitié ! 5> Ce sont les talens , les vertus , les belles actions de M. Bûistel qui ont fourni la matière du pre- jnier éloge. L'orateur a .-^u réunir tous ses maté- riaux dai'suji cacliftort joli, quoique fort étroit. Tout s*esi tToi:ive classé Maus Tordre le plus cou- vena! Jt*. PiVi t d'écarts, point de boliffîsure ; sur- tour p«»ii.t do n.ots er.i:.{rriatiques, n d'épithèîes pardp'atv*; Un sryle simi)le, î.uge et coulant ; des traits y - : tinient pîurot que des^ saillies d'ima- gination ; d. V liaisons houretisc s ; -voilà ce qui ca- ractéiisi' émine >ni( nt coutjs les productions de M Dcîinaux. Les trois Cisconrs n'ont demandé cliacrr ou^- cix minute s de lectTire. Tout le monde les a troiivés frop <;oui ts II '^tait cependant bien txir de S')uU nir, d'in'ércsser noire attention sans lal.rioij(:r Ma..>vous connaissezsa modestie. Sans nos a^^ pj\.i.a.it>.semens, je crois qu'il aurait encore €ié mécontent de lui-même. J'an/ais grand l^esoin, Madame, que vous fis- siez comme moi. Puissiez-vous arriver à la fin do ma Itttre , sans vous être apperçue qu'elle est beaucoup trop longue! Vous me le direz peut- être. Mais ne sera-ce qu'une politesse? Je vous ferai connaître dans ma prochaine lettre les deux éloges de MM. Derveloy et Lendormy. Vous y reconnaîtrez la même touche Je ne terminerai macorrespondanceavecvousqu'après avoir épui- sé la séance publique de l'Académie. Si par ha- sard on me provoque à de nouveaux commen- taires, je ne refuserai pas le gant. Il paraît qu'il y a eu quelques indiscrétions de commises. Mal- gré Icssoinsprévoyans d'une vieille amitié, l'abbé Tournier a su que nous nous étions un peu éga- yés sur son compte. Il devrait bien nous permet- tre ea.'ilcncfc ce petit dédommagement. Gare aux explosions de i'amour-propre offensé ! J'ai l'honneur de vous saluer, R ( 11) TROISIÈME LETTRE. Amiens.^ t6 Tlofêal an /2. Madame , Vous avez beaucoup ri , Lr aucoup bâillé A ces sensations diverses et opposées, a succédé de suite l'attendrissement. Toutceia, dites- vonï;df.n^. votre cliarmanteréponse,estiiJor ouvrage S'il fimtvous en croire , j'aurais Theureux talert de mouvoir , à mon gré , vos fibres délicates, ttde leur donner la vibratiofi que je veux. Vous me permeti.rez , Madame , de ne pas m'attribue r tant d'honneur. Vous savez , aussi bien que m<>i, que plus les nerfs sont mobiles , pins Its j.ensat*ons son^ vives et promptes. Voilà pourquoi la fi^uie des *iames s'é- panouit, s'humecte ou se froTîce avec urie si éton- nante facilité. Les beautés robubt< scie lacainr-siine ne conna'ssent pas, n'éprorvent s^i^eres ces rnou- veiriens alternatifs. Leur v^'e se déroule dans un cerciede sensations presque touiourséAnlps. Je ne déciderai pas si c'est un Lien ot) un xwû pcjr elles. 11 y a beaucoup à dire p,our et contre. Tout se compense dans ce brts mfîiule L'extrême sensibi- lité est une source féconde de di^ucr'^ jouissances et de peines ainères. C'es( dans les cités , c'est dans les familles bien nets, qu'on rencontre plus habi- tuellement cette veiti.' de- belles âmes. Malgré les vapeurs, malgré les ioégil^tés qui marchent à sa suite, elle aura toujours la préférence de l'amour et de l'amitié. On trouve , il est vrai , plus de santé , plus de naïveté, plus d'nniformité sous les toits rustiques. Mais il y a de si jolis ca;^*riccs ! Les belles dames savent nous intéresser par de si jolis riens , par une si grande variété de tahic^anx ! l^'est pour elles seules (|iie Promcthée a conservé son feu. Qnand on ne veut contempler que des statues, il faut se borner à la fréquenta rion des Musées. Tous les hommes n'ont pas Je talent tt sur-tout la pa- tience de Pvpmaiion. Si i'en aile loisir, et (inc cela p'iisse vous amuser, je pourrai, ])eut-etrc , quelque four, achrv r le tableau que je ne fais qu'..bauclier. I^a mailère est riche . elle doit four- nir do piqu-îns contrastes. Reccnnaissczdonc en von'î-niême, Madame, la ca'^sc des mouvemcns divers que ma lettre vous a f Jt éprouver. Il est heureux , il est beau de pou- voir et de savoir s'abandonner sans réserye aux î ■ i'Ssions de son aine. Votre cœur comme votre vU;;H,e sont sans fard et sans masque. Vous êtes rcn? jnt gâté de la nature. Cette bonne mère vous a prodigué tousses dons. Vous êtes riclie de toutes ses faveurs Laissez à d'autres le soin de déguiser leurs senlimens et leurs affections., Vous ne pou- vez que gagner à paraître telle que vous êtes. Le physique et le moral n'ont à craindre chez vous ni la lidélitc du miroir ni l'œil exercé du scruta- teur. Vous ne serez jamais prise en défaut. J'aurais mieux fait de vous épargner la seule note qui accompagne ma précédente epître ; votre jolie bouche n'eût pas du moins signalé l'ennui , le dégoût qu'elle vous a fait éprouver. J'en con- viens avec vous , Madame , depuis que les presses gémissent , on n'a jamais rien publié de plus com- plètement absurde , que le discours que j'ai ana- lysé ; il m'en restera long temps , comme à vous, des vapeurs et des nausées. Envain ai-je eu la pré- caution de reléguer cette note fatale comme un hors d'œuvre, et de la faire aussi courte que pos- sible; elle a malheureusement fixé vos regards et ( i3 ^ rembruni vos pensées II est diffîcile,en effet, de ne pas secouer les oreilles etfronccrlesourciiauxsons mélodieux et pacifiques de saillies de turpitudes morales; de figures hideusement patibulaires ; de putridité cadavéreuse ;à.^ exdiommes de sang;ei d.xi courose machinal de la brute. La réflexion a été trop tardive. Ma lettre était déjà part'e. Il n'y a plus qu'un seul remède : versez , Madame , tout votre encrier dessus , et déboucliez tous vos fla- cons. Plaignez l'auteur. Votre ame est com])âiis- sante. Nul doutequ'il nefùtalors attaquédu détiré de la déraison. Les humeurs ne sont pas toujonrs en harmonie. Ce n*est pas sa faute , si fbn foye n'élabore qu'une bile de mauvaise qualité, (7esÊ probablement un vice d'organe. Il aurait mieux fait, dans ce cas, de se condamner à une inertie débonnaire . Pour éviter dorénavant la tentation de revenir sur le compte du malade, je prierai le furet de ne pas pousser ses recherches plus loin. Pour vous faire connaître et apprécier hs trois éloges funèbres qui ont été lus en séance publi- que, il faudrait les insérer en entier dans ina let- tre. Tout s'y enchaîne : tout fait tableau. On ne peut rien en détacher, rien en taire sans déparer l'ensemble, sans imposer un sacrifice. M. Oemaux a un beau , un l.âen estimable talent. Ces liois élo- ges sont les dignes pendantsde celui qui fut cou- ronné par l'Académie d'Amiens en 1778. Les mâ- nes du divin J. B Rousseau tressaillirent sans doute aux accens de son panégyriste. Alors, et seu- lement alors , le Pindare de la France se consola des morsures de la calomnie Cette apothéose se retrouve encore dans toutes les bil)liothèques Cha- cun se ressouvient de ces belles paroles du judi- cieux Fréron, lorsque, à'^x\sV Année Littéraire , année 1779, n°. 5, il rendit compte de cet ouyrago: "vf'loy naquit à Grandvillers le 18 mars 1744. * Vf.t à l'Université do Paris qu'il fit ses étu- des. L'é'.'ncat'Cn déviîoppa, d'une manière bril- lante > '"b g,erices de tous les talens et de toutes les vertus dont la nature avait enrichi son esprit etsoji cœi'.r. Dans tcus les temps il obtint toujours l'estitnfi et l'amitié de ses maît»-* s , de ses ca.'uara- des, de ses sur.érievirs, de ses col lègues, de ceux qui eurent des relations avec lai et qui furent à- portée de le connaître. Comme avocat, comme subdélégué, comme magistrat, Cjijmrne avlminis- trateur, il fut toujours laborieux, juste, ftrme, actif, judicieux, incc.rruptible. Devenu homme pub'.ic, il devint aussi tôt l'homme du peuple -«Les D5 habitansdes campagnes , dit M. Demaux, trou- » vèrent toujours sa porte onvert\j comme son » cœur. A toute heure, il était prêt à les enten- » dre , à les éclairer , à les diriger par ses conseils » sages, purs et désintéressés. Prëvenir on réfor- as mer les abus, protéger les opprimes, défendre » la veuve et Forphelin , secourir les malheureux , 33 telles furent les constantes occupations de son 33 honorable vie. En sa qualité de s^^odélégue , il 33 était tellement le père de deux c^n^ paroisses , » qu'on aurait pu croire que c'était ses toits , ses 3» prés, ses moissons que frappaient, que visi- » taient chaque année la grêle ou le feu, i'iron- 33 dation ou la foudre ». Jamais liomms n'eut !a travail plus facile, les vues plus justes, des con- naissances plus étendues que M- Derveloy. Il a prouvé que l'homme juste et écKiré sait répandre la lumière sur tous les objets qu'il fixe ou (ju'ii discute. Sa devise constante fut celle d« Législa- teur des Romains : Q/^e l^ salut public soit la loi suprême* L'Académie d'Amiens l'appelli en 1790 , au nombre de ses Membres. Le deuil de sa perte est en raison du prix de cette honorable conquête." Il vivra long-temps dans les souvenirs et les re- grets de ses Collègues. Pendant la Révolution , et tandis que le mouvement général subjuguait tou- tes les opinions , on le vit inébranlable dans les anciens principes de la justice. Nommé président du directoire du département, la douceur de son caractère , la bonté de son ame, son horreur pour le désordre et l'ascendant de ses vertus concouru- rent puissamment à écarter des rives de la Somme les troubles qui ont désolé tant de pays, et à maintenir dans le nôtre la tranquillité qui l'a fait citer pour modèle dans tous les lieux agités. Forcé de quitter l'administration , lorsqu'il ne vit plus de bien à y faire, il vécut en sage d;ins la retraite. Appelle, peu de temps après, au tri- bunal , il ne lit qu'y passer. Il y avait alors autant ( i6) d'instrîbilîté dans les choses (\ue dans les hommes. Les iu^es se rappellent les lumières, la pénétra- tion , l'imnarLiallté qui motivèrent toujours son opinion et ses avis. Qaeîqu:» temps après , M. Derveloy entra au conseil de l'anondiosement d'Amiens. Là, connne ailleurs , il apporta au zèle , des lumières et de la moralité. ïlédacteur des procès verbaux, la clar- té , la nofcio simplicité de son style en ont fait des modèles, ivl. Demaux termine l'élose de la -yia publique de son digne ami, par un trait ([ui en aciîève le tableau : « Successivement appelle dans 3> tous les établissemens, M. Derveloy fut tou- 3> jours désiré dans ceux où il n'était pas ». On n'a jamais plus dit en m.oins de mots. Cette pen- sée honore autant celui qui l'a conçue que celui qui en est l'objet. Vous aimerez, sans doute, Madame, à con- templer comîue nous M. Derveloy dans sa vie pri- vée. Ecoutez l'orateur ! Ses expressions me sont encore présentes. Le cœur est le meilleur tachy- graphe, ce Comme homme privé , M. Derveloy » était aimant, doux, simple, sans prétentions. M II provoquait les lumières des autres pour son 55 instruction particulière. Ennemi des plaisirs 3> bruyans et tumultueux, il ne fréquentait que les 35 sociétés paisibles où le trait de i'éj:>igraniine ne M se lançait jamais contre les absous. 11 banriis- « sait de sa conversation épurée , les réflexions 3î équivoques. 11 excitait à la bon té , à la douceur, 33 bien moins par l'austérité des préceptes ([ue 33 parla voie douce et persuasive de l'exemple. 33 Je ne sais quelle pensée rapide m'entraîne. Déjà ma première résolution est éteinte. M'.-s souvenirs se pressent, se nmltiplient. II faut encore que je mette sous vos yeux d'autres détails. Sûr d'inté- resser 07) rcsser votre ame sensible, je n'aurai pas de re- proches à craindre Vous ^oe remercierez. « M. 33 Derveloy savait apprécier le bonheur que pro- » curent les jouissances tranquUles En paix avec 33 lui-même^ il voyait avec quelle ra|)idité les éve- 3) nemens de la vie se succèdent et s'écoulent : 33 comme les faux plaisirs passent et sVf'facent : 33 combienil importe pour iesderniersjouîsl'une 33 existence aussi iiigitive et aussi courte, de sa 33 conserver une conscience sans remords 33 Ami des hommes et de la religion , son cœur 33 était pur comme son ame. Il pratiquait , avec 33 exact'tude , les devoirs que la religion com- 33 mande. Onle voyait dans les temple*^, pénétré 33 d'an saint respect pour les grandes vérités qu'on 33 y enseigne. 33 Tous ceux qui le connaissaient, étaient ses 33 amis. Il se dévouait à leur félicité ; ii les éciai- 33 rait par ses lumières ; leurs succèsluidevenaient 33 chers 5 il partageait leurs revers par son atta- 33 chement, et les affaiblissait par ses consolations. 33 Ce sentiment, si cher à son cœur , j'avais le 33 bonheur d'en éprouver souvent les effets, et '^3 de passer des momens heureux avec le meilleur 33 et le plus vertueux des amis 33. M. Demaux termine enfin l'éloge de son ami par cette conclusion touchante : ec Telle fut la car- 3i rière, hélas! trop courte que parcourut M. Der- 33 veloy.EUefut l'imagedes vertus sociales , delà 33 candeur, de la bienfaisance et de l'humauice. 33 II mourut le 2 fructidor an ii. Une maladie 33 funeste nous à enlevé l'homme juste. Elevons- as lui un tombeau dans nos cœurs, et coosacrons » à sa mémoire , pour nous servir d'exemple, ?> cette notice historique de sa vie 33. Je vous laisse, Madame, dans les douces pcn- B sées qu'exciteront irrésistiblement les extraits que je viens de vous donner. Les amcs mélancoliques s'électrisent avec faci- lité. Les impressions qu'on ressent, n'ont rien de pénible. Elles ont, nu contraire, un charme qu'on sent }>lus aisément qu'on ne l'exinrime. Abandon- nez-vous donc à l'attendrissement que j'éprouve moi-même, et remercions tous deux M. Demaux de ce qu'il a si bien su trouver le chemin de nos cœurs. Vous ne tarderez pas à connaître l'éloge funè- bre de M. Lendormy. Ce nom réveille la dou- leur et les rejrrets que cette perte si récente , SI imprévue , a lait naître dans les cœurs de tous ceux qui l'ont connu. Ce monde est une vallée de larmes où chacun a les siennes à répan- dre- La main qui les tempère ou f[ui les essuie, a àioit à notre reconnaissance. Si le temps et l'espace le permettent, je vous entretiendrai d'un beau morceau de poésie que M. Dewaiiiy a lu , ainsi que d'un charmant dis- cours de .M. de Moyenneviile , sur les Jardins. Dans le cas contraire, vous aurez une cinquième lettre. Recevez , Madame , l'assurance de mon respec- tueux dévouement. R QUATRIÈME LET':fRE. j4 miens y 20 JFlojéal a?i /2.' Madame , J'ai à vous faire connaître l'Eloge funèbre de M. Lendoiiny. C'çst le troisième et deroier qui (.'9) a été prononcé à la Séance publique du i5 Ger- minal. Comme celui de M. Derveloy , il a été tracé par le burin de l'amitié. Vous y reconnaî- trez éaalement son noble et touchant lan^atre. Il est connu que M. Demaux ne parle jamais que d'après son cœur. Ceux qui savent bien sentir, ne sont jamais embarrassés pour bien s'expiimer, La plume guidée par le sentiment, suriit à-peine à la rapidité de la pensée. On n'a plus besoin alors de se battre les lianes et d'échaufibr son imagination pour multiplier et remplir ses phrases. Chaque chose vient se mettre naturellement à sa place. Les couleurs sont conformes à l'objet. Le goût écarte les inutilités. On arrive à la fin de son travail, sans s'en être apperçu. J; ne crois pas que notre Orateur connaisse et suive un(? autre méthode. C'est-là tout son secret, tout son talent. Ne soyons donc pas étonnés de ses suc^s. Nous lui devons le plaisir qu'il nous a procuJI. Avant d'entrer dans un beau temple , on aime à contempler son frontispice. L'architecte veut nous faire pressentir les jouissances qui nous at- tendent. Il est sûr alors de provoquer notre cu- riosité , de soutenir notre attention , de recueil- lir les témoignages de notre estime. Ecoutez donc, Madame, l'exorde de ce Dis- cours. Vous verres si le vestibule est digne de l'édilice. 5> Lorsque l'Académie donnait, il y a un an , 3> à M. Lendormy, le témoignage le plusilatteur ?î de sa confiance et de son estime, en le nom- 33 niant son Secrétai»e perpétue! , qui de nous 3> aurait pensé (jue nous aurions si-îot à regret- 55 ter sa perte? que moi , d'une santéfaible, son 3> ami, son malade, j'étais destiné à lui rendre i> les tristes et douloureux devoirs de ramitié 5 Bij w à être l'organe de Testmie publique , de ses 33 confrères , de l'Académie! » O instabilité des choses humaines! le chêne 53 élevé, battu jiar les vents, leur résiste nuel- 53 que temj3s; mais il est l)ientôt ébranlé, aéra- is ciné par la tempête. L'humble , le faible roseau » se courbe, cède et survit à l'orage. Homme 33 aimable, homme vertueux, doux et modeste, 33 tu semblais créé pour honorer , secourir et 33 consoler l'humanité î Pour te peindre digne- 33 ment , il faudrait tes talens. Je n'ai que mon 33 cœur. Phocion était seul capable de faire le 33 portrait d'Aristide. 3> Ai-je eu raison , Madame, de vous vanter ce touchant , cet imposant prélude ! Il a fait un plai- sir universel. Tout le monde l'a retenu. Les Au- diteurs ont écouté, dans un religieux silence , les déiails dont se compose la vie publique et pri- vée de l'estimable Défunt. 33 Antoine- Joseph-Victor Lendormy est né à Mondidier , le 9 Mai 1754. La probité de ses Parens maternels était passée en proverbe. Hon- nêtes comme les TructeUes ^ disait -ou de quel- qu'un qu'on voulait louer. 33 Les Ayeux du Jeune -homme ont exercé, pendant plus de quatre cents ans, l'état d'Offi- ciers de Santé. Il lit ses études à Paris. Dès i'aga le plus tendre, on pressentit ce qu'il devait être un jour, Sa raison , qui avait devancé le cours des années, ne s'airêta pas aux amusemeus fri- voles de l'enfance. Sa langue n'articulait des sons que pour demander des livres. Ses jeux les plus passionnés furent de les parcourir. Avant quatorze ans, il eut terminé sa Khethorique. C'est vers l'art de guérir , que se dirigèrent toutes ses pensées, toutes ses étudts. Le célèbre Farmentier i son parent et son ami, lui apprit la Botanique, la Chimie , la Pharmacie. Avant d'é- tudier la Médecine, le jeune Victor voulut être Chirurgien. Formé dans cet art à l'école du grand Sabatier ^ il fut bientôt nommé Aide-Chirurgicn- Major de l'Hôtel des Invalides. Celte place était la récompense d'un mérite distingué , un titre sûr à l'estime publique. Il soutint dignement le rang qu'il avait acquis. Aussi avide de connais- sances, que prompt à les acquérir, les Médecins de l'Université de Rheims ne tardèrent pas à le proclamer Docteur de leur Faculté. Avant d'exer- cer cette honorable Profession , M. Lendormy voulut aller miirir à Paris ses talens. Ce théâtre était seul digne de lui. Ses deux années d'étude à- peine terminées, il fut reçu Docteur de la grande Faculté. " :)3 D'après un ancien usage, dit M, Demaux , 3> un des Membres delà Faculté de Médecine , 3> était chargé de haranguer, chaque année , en 33 latin , le Parlement de Paris. Tvl. Lendorniy 33 reçut cette mission honorable. On écouta lo y> jeune Orateur avec l'attention que commandent, 3> les choses peu ordinaires. On fut étonné de 5> trouver toute la force et la s^ravité antinues au 3> milieu des fleurs de la jeunesse que la figure 3> animée du nouveau Docteur peignait si bien.» Après un court séjour dans sa Patrie, M. Len- dormy vint se fixer, en 1793, à Amiens. « Sa ré- 3î putation , continue l'éloquent Panégyriste , l'y 33 avait devancé. Il y apporta des titres qui alteS" » talent ses talens littéraires, et démontraient: 3J l'étendue de ses connaissances dans l'art qu'il 33 professait. L'amour de la gloire remplissait soii 33 cœur. L'espoir flatteur de se rendre utile et ce- 53 lëbre, lui lit éprauverdcs émotions délicieuses 13 « ( 22 ) 35 qu'il n'est donné qu'aux grandes âmes de con- 3> naître. ■» L'Orateur rappelle ensuite les imporians ser- rées rendus parce Médecin , dans les Communes attaquées de maladies épidémiques. Sa présence, ses conseils, ses ordonnances tempéraient, chas- saient par-tout ces horribles fléaux et en préve- naient le retour. Il disputait et enlevait tous les ans à la mort des milliers de victimes. La recon-r naissance publique remercie hautement le Ma- gistrat qui l'avait exclusivement char2;é de ce soin utile et dangereux. Ce bieniait n est pas le moindre de sa paternelle et prévoyante adminis- tration. Il a prouvé, dans le choix de son suc- cesseur, que le bonheur des campagnes ne ces- sait d'être l'objet constant de sa sollicitude. M. Lendormy appelle à toutes les places réser- vées au mérite réel et aux talens acquis, les rem- -j)lit toutes avec l'exactitude et le dévouement de l'homme le plus scrupuleux et le plus jaloux de ses devoirs. C'est aux soins et au zèle du Juri de santé dont notre Docteur était le Président , que le Département doit la connaissance et la propa- gation de la vaccine. Plus de trois mille individus ont été soumis à ce préservatif salutaire et infail- lible. Aucun des vaccinés n'a été , depuis, atteint de la petite vérole. Aucun n'a succombé. Im- mortel Jenner î tu es devenu un des plus grands bienfaiteurs do l'humanité. Toutes les familles te doivent un autel. Sois tranquille pour la maison, qui t'a vu naître , pour celle que, tu habites. Nou- veau Marceîlus, Bonaparte saura l'honorer et la défendre. Ce grand homme te couvrira de toute sa protection , de toute sa personne- Ses Généraux, ses Soldats devineront sa pensée : ils sont Fran- çais j tu n'auras pas le sort d'Archimède. Je con-, .. . ( ^3 ) seillc au sanguinaire Pitt ^ au présomptueux Ha'wkesbury, à l'insolent Greenvillp , à l'hypo- crite Âddington j, et au féroce Wichaui , de se réfugier sous ton toit, lorsque nos armées triom- phantes marcheront sur Londres. Jene leur con- nais pas de meilleur as}^le pourlcssoustraire ànotre trop légitime et trop sûre vengeance. Mais que dis-je ! cet ami de l'humanité repousserait av'ec indignation ces hommes qui se sont montrés ses plus cruels , ses plus constans ennemis. Un Mi- nistère qui provoque, qui paie l'assassinat, ne peut qu'être en horreur à tous les gens de bien. Pardonnez-moî , Madame , cette Sortie. Vous n'aimez pas plus que moi leis vils et cruels ennemis de notre pays et de notre Empereur. Les haïr ^ les mépriser est un besoin , un devoir pour tous les Français. Revenons à M. Lcndcnny , et, pour vous plaire, laissons encore parler M. Demai/cvK Ecoutez cfes belles apostrophes. ce Vous , braves défenseurs de la Patrie , dont 53 il a conservé les mem!)res mutilés, que l'ines- 35 périence aurait sacrifies ! Vous , malheureux 3> indi.ffens qui n'offriez que îe plaisir d'ôtre utile » à l'humanité! vous savez tous avec quelle soUi- 55 citude, quelle générosité il vous prodiguait ses »5 soins et ses secours î 55 Et vous , mères sensibles , qui gémissiez; qui »* treml )liez sur le sort de vosenfans malades et pri- 3> vés de ressources, vous vo^srappellez le zèle qu'il 35 mettait à les soulager; et vous disiez , dans votre 3> honoralile attendrissement : Il ne suffit pas d^étre » médecin , d'être charitable pour se conduire « ainsi , il faut encore être père et en avoir les 33 entrailles ! «. X^ommé à la place de Secrétaire perpétuel de 334 rAcadémie , M. Lendormy a justifié le choix de ses co)]èn;ues. Des procès-verbaux où régnent la clarté , ia précision et l'élocjucnce ; une corrcs- poiulance active et lumineuse 5 les adresses, les rapports, lesdiscours fpi'ii a présentés pendant l'exercice de ses Icnctions; voilà des titres nou- veaux à sa gloire, à l'esûme et aujt regrets de la société. Encore une citation , Madame ; vous ne me blâmerez pas de les trop multiplier. 33 Pénétré du sentiment de l'amitié , M. Len^ 53 dormy savait en faire éprouver les douceurs. 35 Son cœur jouissait en retraçant dans ses écrits, 3> cette image du bonheur, ce présent des Dieux » offert à l'homme pour le consoler de sa fùgi- !>? tive existence. Il semblait créer des expressions 35 pour peindre avec plus de chaleur encore ce y* sentiment qui remplissait sori cœur et dirigeait 53 ses actions. Ses plus douces jouissances étaient 35 de servir ses amis. Il savait forcer, par l'ascen- 35 dant de son amabilité , à s'intéresser à l'objet 35 de ses sollicitudes et de son affection. 35 M. Lc7idormy\é\xv\x. aux lumières del'esprit, 55 l'activité qui les rend utiles. Conciliant l'amour 35 des lettres avec les devoirs de son état et 'les 35 agrémens de la société, il portait dans les cer- 35 clés ces vertus aimables, cette vivacité dans les 35 réparties, mais sur- tout cette égalité d'humeur, 35 cet esprit vif et animé qui lui conciliôrçnt tous 35 les cœurs et le firent estimer autant qu'on dé- 35 siroit sa présence etqu'on aimait sa personne. 5> C'est sur-tout au lit des malades qu'on aimait à contempler le médecin dont nous pleurons la perte. L'inqi^iétude de l'homme souffrant, les sol- Jicîtudes des amis, des parens qui l'environnent, gûnt toujours çuéyeil. Les yeux doulourcuscmcnî ( "-5 ) fixes sur les yeux du docteur , veuîentdevîner sa pensée , ses craintes ou ses espérances. M. Len- dormy ne se présentait jamais à eux qu'avec cet air de sérénité et de confiance qni sou la:- e le cœur, suspend le mal et provoque i'es|;(Hr Les forces •morales ranimaient les ibrces ph^:ri'|ues, et sou- vent, très-souvenr, le danger s'éloignait par l'en- jouement, la prudence et par les regards du mé- decin. L'instant fatal approche : une maladie cruelle se déclare. I^e docteur étudie son état et se juge. Bientôt désespérant de sa situation , il appelle sa femme, ses enfans, son frère , ses amis , son cher Lapostolle. Aprèslesépanchemens delà plus vive tendresse , il leur dit , d'une voix éteinte : « Si 33 vous avez des questions à me faire, des couso- ns lations à m'ofirir, profitez de cet instant; cette 33 nuit sera le terme de ma vie 33 Al'instant même , dit M. Demaux, toutcsses 33 sensations s'absorbèrentdans un sentiment pro- 33 fond et cher. La maladie n'avait plus Je dou- 33 leurs, la mort plus d'angoises. Hélas î ellel'en- 3î veloppait de ses ombres cruelles ; son cœur « respirait à peine il aimait encore ! 33 Ainsi vécut M. Lendormy. Fallait-il qu'une vie aussi laborieuse eût un terme aussi borné ! ses jours étaient marqués. Laparque cruelle dont il avait si souvent éraoussé le ciseau perfide , n'a- bandonnepas sa victime : il succomba le 4 vendé- miaire an 11 , et la carrière qui promettait d'être si belle , n'a eu que la durée d'un instant. Espérons , Madame , que ces nouvelles pro- ductions du secrétaire perpétuel de l'Académie , auront un jour la publicité qu'elles méritent. L'auteurnous féraitun véritable cadeau. On s'at-^ tendîiitfjuesescollèguescïiYOtei'aieiUi'impression* Ij n'en est pris un qui n'ait mêlé ses applaurîisse- mens à ceux de l'assemblée. J'ai ouï dire qu'elle avait été proposée , et , d'abord , unanimement consentie; mais des observations sages ont fait revenir sur ce premier mouvement. Arrêter l'im- pressioi es éloges funèbres, c'était en effet contracterl'o'' cation démettre sous les yeux du public tous ceuxqne den ou veaux décèspourraient occasionner. Par la sr^ui^lion de cette mesure > les Académiciens auraient paru vouloir s'assurer d'avance un passe-port à l'immortalité, ou con- damner quelques uns d'entre eux à une exception humiliante. La délicatesse, la modestie , la pré- voyance , de justes égards s'y opposaient. Un au- tre motif a pu les décider encore à revenir sur leurs pas : c'est l'incertitude de trouver par la suite une plume comme celle de M. Deraaux. Les ta- îens ne manquent pas dans cette société. Elle peut réparer honorablement ses pertes. Mais tous ne savent pas multiplier les heures et doubler le jour en abréiréant les nuits , en sacrifiant quelques plaisirs Irivoies : tous ne sçnt pas également dis- posés à se vouer aux fonctions de secrétaire per^ pétuel. Je souhaite , Madame , que ces motifs TOUS disposent aussi facilement que moi au saci^i- ficede leur publicité. J'ai eu besoin pour me con- soler , de les bien réiléchir , d'en sentir toute l'importance. Ausurplus, comoe ces éloges sont incontestablement la propriété de l'auteur , les instances de ses amis et l'empressement des ama- teurs, pourront, peut-être, ledéterminer un jour a s'assurer, par leur impression, de nouveaux ti- tres à leur estime et à leur reconnaî£5»ance. Comme l'impression du rapportranaiytiquedes ^travaux de l'Académie pendant le semestre pré- 'cédent, ne î3rése?itait pasles mêmerâncon vonienSj ( "^7 ) ,eîle a été ordonnée : M. le Prcfetena faltîes frais^ je vous en destine unexemplaire. X\. • » • • • • ^uww/.v-^gu.v.UigAiJHiiiM^..^ A-'?;? CINQUIEME LETTRE. Amiens^ 8 Prairial an /2,' Madame , Nous sommes convenus que je suivrais, dans ma correspondance avec vous , le même ordre qui 1 eu lieu dans la séance publique de l'AcadémiQ l'Amiens. Vous saurez donc qu'à la lecture des irois éloges funèbres , a succédé un très-beau nior- :eau de poésie de Pd, Dowaiily , et un charmant discours de M. de Moyenneviîle sur les Jardins. C'estautant pour ma propre satisfaction q-ae pour ia votre que j'ai commandé à ma mémoire d'en "etenir les beautés principales. Je vais donc es- sayer, Madame, de vous transmettre mes souve- lirs sur ces deux objets Vous serez au moins un peu consolée de n'avoir pu les entendre. C'est une chose connue que M. Dewailly, le :ontemporain et l'ami de l'immortel Gressct , cul- ive, dès sa plus tendre jeunesse, les muses. 11 serait nalheureux que leurs amans, ceux, sur-tout, |ui , comme lui, ont recueilli leurs pJus douces, eurs plus intimes faveurs, fussent tous aussi mys- :érieux, aussi silencieux, aussi modestes. Nous avons qu'il est dans le cœur de l'homme , d'un )oëte sur-tout, de mettre, tôt ou tard, le public lans sa coniidence.^Si Tibulle , Ovide ^ Pétra- lue y etc. eussent sUîvi les mêmes principes, les loms enchanteurs à.^ hesbie ^ de Julia j, de la belle Laure ^ ne seraient pas venus jusqu'à nous. I.a Littérature eût été privée des poésies qui les ont célébrées. On no jouit en effet qu'à moitié , quand on jouit tout seul II faut toujours que quel- ques aveux échappent à notre vanité. Lorsque le cœur est pLnn , le besoin des communications est si doux , si impérieux! On trouve tant de plaisir à parler de ce qu'on aime, à prouver que l'on est aimé! Ce n'est donc pas sans étonnenient et sans douleur que vous apprendrez que M. Dewailly s'obstine à faire exception à la règle générale Son ]>orte-f€uilîe est , dit-on , plein des productions dej sou aénie ; mais , semblable à l'avare , il cache im-} piroyablement son trésor> La plus mauvaise, Jaf plus injuste critique déchirait la sensibilité du tendre Racine. Notre poëte aurait-il ses craintes? aurait-il son cœur ? Comme lui cependant il peuti tlédaigner les Vradons. Il n'aura jamais à craindre/ (]ue les morsures de l'envie. \ Malheureusement pour les lettres, on ne peut encore juger les ouvrages de M. Dewailly , que par réputation, et sur le témoignage de quelques amis éclairés qu'il a rendus, par intervalle, lescon- iidens de son travail. Personne n'en connaît l'en- semble, n'en a médité les détails. Il a souvent dé- claré qu'il ne ferait jamais rien imprimer de son vivant. La société , ses amis , l'Académie consen- tiront plutôt toutes les privations, que d'accéié-' jev ^ p.ar d'imprudens désirs, le moment où le voile qui les couvre , sera déchiré. Ce n'est. Madame, qu'à force de sollicitations, je dirai même d'importunités, que les Collègues de ce vénérable vieillard , l'ont déterminé à lire, en pu})lic, un fra2;inent dei'Eneïde de Virgile qu'il fl traduite en vers dans les beaux jours de sa jeu- nesse: Parvenu à i'âge qù rimagination plus calme . . , ( ^9 ) écoute avec docilité les leçons du goût , jugez du fini qui doit caractériser cette traduction. La prudence et de justes égards me défendent de faire aucune citation. Quoique sans crayons et sans tablettes , j'ai, cependant, retenu quel- ques beaux vers. Consentez en , Madame , le sa- crifice. Nous fermerions pour toujours !a bouche à notre poëte. Respectons ses intentions, et éloi- gnons les reproches. Le public est sévère. Il faut ménager et non tarir la source de ses jouissances. ■ M. Dewailly a choisi pour sujet de sa lecture, l'épisode qui termine le 3<^. livre de l'éneide. Les romans, les poètes de toilettes n'ont pas absorbé tous vos instans. L'esjirit cultivé que vous laissez appercevoir dans la conversation et dans vos let- tres, atteste que vous avez consacré une grande partie de vos loisirs à la lecture , à Tétude des beaux ouvrages qui ont honoré l'antiquiié. } , Je ne vous rappellerai donc que des souvenirs, en vous retraçant le moment où Enée , ce pieux et vaillant héros de Virgile , aborde snv les côtes de Sicile, dans un port voisin duIVÎontKtna. Vous savez qu'il ren con tra un des compagnon s d'Ulysse, le grec Achéménide abandonné dans la caverne de Poliphême. Ce malheureux , après avoir ému la pitié des Troyens , par l'image pathétique de sa misère , leur raconte l'aventure et les dangers d'Uiysso dans l'antre du féroce Cyclope. 11 ajoute à ces tristes détails, les cruautés en tout geiiie ([u'exer- cent les géants sur cette terre inhospitabère. En- fin il les invite et les presse de s*ea garantir eux- mêmes , en s'éloignant promptemeut de ces fu- nestes bords. Enée fait lever aussi-tôt l'ancre. Le liéro3,àfor- çe de voiles et de rames, échappe aux po u : suites do (3o> PoîlpliOmc el aux menaces des autres Cyclopes qu'il voit s'attrouper et descendre du Mont Etna. Cet épisode est emprunté d'IIouière. La plume de Virgile en a fait un des plus terrilDlcs tableaux, qui ornent son poëine. Les connoisscurs admirent clans l'histoire d'Achcménide, cette recomman- dation toncbante de la pitié etde l'humanité que dcsennemis mêmes doivent exercer les uns à l'é- crard des autres ; les re«rets delà piété filiale nue '^ ' I T- ' 1 > • I 11 1 ^ manircste bnee , lor([u il apjprena la mort de son père j la descri])tion d'un volcan, d'une tempête j 1* exactitude du géographe, l'imagination brillantej du poète, en un mot, comme ledit De/i/le , laj réunion de tout ce que l'histoire , la fable , la' nature morale et physique offrent de plus tou-, chant , de plus beau et de plus pittoresque. Tel est , Madame , le sujet qu'à traité M. De^ ^Naïlly. Sa verve m'a paru abondante : sa touchoj est maie et nerveuse. La rime est par-tout juste, riche, harmonieuse. Lacoupedes vers est admi-' rable. Quelques ingrats que soient pour un poëte les détails géographiques , il a su les asservir au joug de la rime. Ce morceau offre le mérite de la difficulté vaincue. Je me suis senti ému , ravi par la beauté des images et la sublimité des ex- pressions.'On se rappellait, malgré soi, le beau récit de Théramène, Il y a des tirades qui sont dignes de figurer à coté de ce chef-d'œuvre de Racine. Si dans l'Elysée , le poëte de Mantoue se réjouit d'avoir trouvé un JDctîUe pour le tra- duire , j'ose alïirmer qu'il se félicitera plus tard de voir sa célébrité invariablement assise par la traduction de M. Dcv/ailly. Ces noms sont faits pour aller désormais ensemble. Je n'ai , Madame, pour tempérer vos regrets et vous donner un ayaut-goùt de3 jouissances qui vous sont réservées dans l'avenir, qu'un con- seil à vous donner Ouvrez Téneide de Delllle et portez vos yeux vers la fin du 3^. livre , à V alinéa f[ui commence par ces vers : » Cependant le vent tombe , et meurt avec le jour ^ ■yj Des Cyclopes cruels j'aborde le séjour 5 3J Je i'i£>uorais etc. » Pour moi qui ai eu le plaisir de lire l'un , et d'entendre l'autre , je ne sais auquel des deux je dois donner la préiérence. Que ne pouvons- nous. Madame , en enrichir nos bibliothèques î Sans devancer le temps , espérons que la traduc- tion de M. Dewaîlùy finira par y trouver sa place. Avec le plus grand désir de satisfaire votre im- patience , je me vois forcé d'ajourner au pro- chain Courrier l'analyse du discours surlesjardins. Vous ne perdrez rien, Madame, pour attendre. J'en aurai plus de temps pour ramasser mes idées éparses. On a besoin de se recueillir , quand on est réduit à la néceseité d'écrire de mémoire. M. de Moyenneville aurait mieux servi vos plaisirs et les nôtres , s'il l'eut fait imprimer. Par une fatalité singulière , le public est privé de ce qui pourrait lui plaire et l'intéresser , tandis qu'on l'inonde d'impressions qui l'ennuyent çt l'endorment. La modestie est le cachet du talent. La médio- crité seule fut toujours présomptueuse. C'est un mauvais guide que Tamour-propre : 11 nous aveu- gle et nous égare sans cesse. Lorsque les auditeurs ouïes lecteurs bâillent , il nous persuade que c'est de plaisir. Improuve-t-on , ou garde-t-on un si- lence expressif? c'est par envié ou par ignorance. Il est décidé que nous seuls avons de l'esprit et les nôtres. Comuie Mascarille, plus d'un pédant se dit souvent avec complaisance à chaque ins- tiintdu JQwr ; Vtsic ! ou mon esprit va-t-iL pren- (32) cire tantileff^entlUesscsi il y a tant de personnes que les sutïrages de la famille , des voisins et des coinrnères, consolent du mépris et du persllflage î Bonne nouvelle j Madame, pour ceux qui sont attaqués d'insomnie. L'opium va devenir à bon marché. L'auteur du Mus et détermines en col- ])orteun exemplaire z/z-S^. dans toutes les familles. L'abbé n'est pas mal avisé j car, d'honneur , per- sonne n'irait le chercher chez le libraire. Il se persuade bonnement que c'estla meilleure réponse (ju'il puisse l'aire à ma critique. Tout le monde s'accorde à dire qu'elh: est pleinement justifiée. Que serait-ce si, maintenant que ce mauvais dis- cours est ?-oumî? ati jugement dti public , je vou- lais prendre \:\ ])eine d'en signaler eoc-professo tous les ridicules, toutes les absurdités? Au mâle il faut la terne) le. Lp favori Mus^ sa chère Mue* Elle est toute vivante dans )^s affiches du dépar- tement de la Somme ,n.*' 38 , an 9. Ajoutez au bas des deux : Mons parturiens , nnscetur rîdiculus Mus, La montagne en travail enfante une Souris. Pour faciliter l'accolade de ce beau couple, je vais faire paraître, sous le même format, la Mue par l'impulsion profonde. On aura du moins le plaisir de les avoir réunis. Au surplus, je ne connais personne qui ait dit an coloorteur, crrand- merci. A quelque cîiose , malheur est bon. 1 \ • . * « ^ . i« "^'j^' iiiii»iiMMnii>i|i imii'iiiiiiii iiwiiiini SIXIEME LETTRE. Amiens ,^ 1^ Prairial an 12. Madame , Ce n'est pas assez pour vous d'avoir connu les productions, (33) productions intéressantes de TOratenr et du Poète de notre Acadénûe , il faut encore que je mette sons vos yeux i'éloqncntdi . cours de M., de Alù^f n- iie^ille , sur les Jartiins. Je sais que tout ce qui est l)on et beau , fut toujours en droit de vous plaire. I^onsles insrans de vos journées sont dis- tribués avec ordre et sagesse : ils se partagent entre les vivans et les morts. Ce n^est effectivement que dans cette heureuse alternative qu'on peut trou- ver le plaisir et l'instruction. La Botanique et l'Histoire Natuielle font , autant que la Littéra- ture , partie essentielle de vos études et de vos connaissances. 11 est tout simple alors de trouver dans votre bibliothèque une case pour les ouvrages desNaturalistes. Vous ne quittez Voltaire y Mon- tesquieu ou Rousseau , cjue pour converser avec Fll7ie , Linné j Bu f fou ou Bonnet, Suspendes donc , Madame , pour un moment votre estimable impatience ; elle va être satisfaite. Comme vous, j'aime les jardins : comme vous , j'aime à m'en occuper. Mais il fallait de l'ordre dans ma corres- pondance. AusurpluSjle hasard vous a bien servie, La disposition de la séance m'a mis à-même de graduer votre intérêt. Vous aurez le dernier dis- cours de la séance publique,pour ce qu'on ap{)elle la bonne-bouche. Il vous fera , comme aux assis- tans , oublier le déboire du premier. Les ombres sont nécessaires dans un tableau. Le plaisir naît des contrastes. Tout va pour le mieux dans ce monde. On se trouve bien, par fois , de croire à l'optimisme. Lenomsevd de jardin ouvre notre ame au plaisir. Il éveille, il rappelle miile pensées, mille souvC" nirs agréables. Nous nous trouvons, comme par enchantement,lransportésdanscetitc belle et riante saison de l'année , où la terre , se parant de sa robe C ( 34 ) . nuptiale , exalte notre imagination , caresse et réjouit tous nos sens par les suaves émanations des fleurs odorantes, par le feuillage verdoyant des arbres et les chants amoureux des oiseaux. Qui ne s'est pas souvent senti doucement ému par l'aspect des fruits naissans ou en maturité , des plan tes potagères, des eaux iimpidestj ni serpentent dans des canaux tortueux , ou qui séjournent en, masse dans de vastes bassins ? L'ame est naturel- lement livrée à de profondes méditations par la présence et la réproduction d'une infinité d'ôtres animés, qui, paria diversité de leurs formes, de leurs couleurs , de leur instinct et de leur desti- nation 5 attestent l'imposante richesse ainsi que la magique variété de la nature. Témoins d'une vé- gétation impétueuse qui, brisant avec éclat les chaînes qui la retenaient captive , fait sortir la vie du néant et donne l'existence à des millions de plantes et de végétaux, nos regards se portent involontairement vers le ciel. La puissance du Créateur nous étonne. La reconnaissance succède à l'admiration. JBosquets silencieux , réduits solitaires consa- crés à la méditation du génie , aux épanchemens de l'amitié, aux confidences de l'amour ! sombres et inélancholiques allées! devises ingénieuses et sentimentales! quedesoupirs, que de ré flexion s, que de douces et profondes pensées, que de clief- d*œuvres n'avez-vous pas fait éclore l de combien d'cfhibions n'avcz. vous pas été ies discrets dépo- sitaires ! C'est dans les jardins de Montbar que j'ai vu Jiuifon écrire le* pages immortelles de son His- toire. La verve abondante et facile de DrMlle s'est plus d'une fois échauffée dans les magnifiques jardins de Dessaux , dans ceux que l'Angleterre 'k (35) a créés sur son sol et répandus ailleurs. Plus d'un roman a pris naissance , tant pour le fonds que pour la forme , dans un beau jardin . J'aime à croire que M. de AIo\ennevîlLe lui-même a médité et écrit le discours que je vais analyser, dans celui que son génie a conçu , que \^% amateurs de la belle nature vont admirer à sa terre. II est, Madame, bien des époques, des situations dans la vie, où la lumière du soleil devient impor- tune. Qui n'a pas éprouvé le besoin d'être quel- quefoissoul ou sans d'autres témoinsque l'objet de ses affections? Le plus souvent, c'est à la lueur pâle et argentée de sa nocturne rivale , que , dans les beaux jours de la jeunesse et dans Tenceinte du jardin qui tient à la maison , les amans aiment à se contempler, à s'enlacer les bras, à dérouler Jes sentimens qui pressent , qui agitent leurs âmes bridantes. Tantôt se promenant avec lenteur; tantôt mollement assis sur le gazon frais j charmés d'être ensemble ; loin des rc£îards espions ou ja- loux; se communiquant leurs plaisirs, leurs peines, leurs espérances ; jouissant de toute l'ivresse de la vie \ les heures pour eux s'écoulent avec une in- concevable rapidité. C'est avec regret, avec dou- leur, qu'ils saluent rétoile du matin. 11 estsidoux de vivre, de converser avec son amie, lorsque tous les êtres animés sont plongés dans le som- meil! C'est ainsi qu'on voudrait parcourir le cercle entier de son existence. Mais la crainte , les con- venances font sentir le besoin de la séparation. Les adieux se pressent, se multiplient, serenou- /ellent cent fois. Cent fois on se jure de s'aimer oujours. On ne se quitte qu'avec la promesse de e retrouver encore aux mêmes lieux, aux mêmes eures. Il s'en fautque leur conversation soitlinie, iCS sources de l'esprit peuvent bien tarir j mais C 2 celles du cœur sont inépuisables. A peine sont- ils séj3aié.s que mille idées qu'on croit nouvelles , mille sentimens qu'on croit n'avoir pas exprimés, fixent, absorbent leur attention. L'un regrette une question omisej l'aiitre so reproche de n'avoir pas assez détaillé une explication. Tous deux cher- chent à se rappeller, à buriner dans leur mémoire tout ce qu'ils ont dit. Le sommeil vient les sur- prendre qu'ils se parlent encore. Des songes oHi- cieux perpétuent leurs jouissances. Leurs yens , quoique fermés , voient , comme sur une toile , les lieux qu'ils ont parcourus , les tertres ou les bancs sur lesquels ils se sont assis , tous les o!'jets témoins de leurs entretiens. Tout ce qu'ils ont dit, tout ce qu'ils ont fait, se retrace avec un nouveau charme à leur imagination enchantée. Rien n'est oublié; tout se renouvelle, tout s'embellit encore par le charme du souvenir, et sur-tout par l'espoir du lendemain. Cette digression , Madame , pourrait vous por- ter à croire que je vîens de lire un roman bien, tendre. Détrompez- vous. Depuis long-temps ils ont cessé de me plaire. Ma plume , sans m'en appercevoir, a tracé quelques souvenirs du bel- âge. Je devrais les effacer ; ils ne sont pas à leur place : mais en les conservant, je procurerai , peut-être , à quehjues personnes des réminis- cences agréables. Dans ce cas, les plaisirs des autres feront mon excuse. Si quelque tartuffe voulait me critiquer, dites-lui, comme moi, qu'il ne chiirche qu'à m isquer le passage de son ado- lescence à l'âge des réflexions et de la réserve. Maîheur à ceux dont le cœur ne s'est jamais at- tendri. Tel qui moralise avec sévérité , serait bien fâché qu'on connût, qu'on publiât toutes les fredaines de sa vie. Npus serons bien éton» ( 37 ) nés un jour de voir se déchirer , dans la fameuse vallée-de l'Ecriture , le voile hypocrite dont ils se couvrent à nos yeux Quant à uioi, je leur donne indulgence plénière. On a vécu j^our soi avant de comruencer à vivre pour les autres. Je reviens à mon sujet. M. de MoycnneviUe débute par les paroles qui furent adressées par J-iisandre y de Lacëdemone , 9. Cy,rus ^ lorsqu'à l'occasion des arbres que ce F;ii)ce avait plantés lui-même dans se s jardins, il s'eciia : w O Prince! » que tous les hommes doivent vous estim. r d'a- » voir su joindre ainsi la vertu à tant de gran- ds deur et de dignités! 35 II en conclut avec raison que , même dans l'enfance du momie , le goût des choses utiles et des occupations ihnocejjtes mérita et obtint l'estime et les éloges des sages. Il est sûr que l'art de composer les jardins n'a pu naître qu'après une longue possession îles arts. Le perfectionnement de l'agriculture, la ctm- naissance de tous les arbres et de toutes ies j)laî)tes que la Botanique a rassemblés dans It s deux hë- misphères, ainsi que la Peinture qui sait lier par une insensible harmonie les beaux effets de l'op- tique, ont dû nécessairement se prêter la main, pour créer et embellir ces jardins magnifiques que l'œil des curieux se plaît à contempler. Le besoin donna d'abord naisiance à de simples potagers. La commodité les fit placer près des ha- bitations rustiques. Une haie, reconnue comme insuffisante pour en écarter le bétail, fut bientôt remplacée par une muraille. Celle - ci avait le double avantage de garantir les arbres fruitiers des vents, et d'accélérer , par la réverbération de la chaleur, la matuiité des fruits. C'est ainsi que la simple raison a toujours été la source de cetto ioondatioa dç luxe qui a si fort enflé les besoins C 3 ( 38 ) de rhomme, et qui a rendu tous les peuples sî industrieux pour multiplier leuis jouissances. L'homme simple et pauvre ne iiit d'abord que le coopérateur de la nature. Devenu plus riche et plus instiuit par le temps et i'txperience, cha- cun des établisscmens nouveaux qu'il entreprit, réloigna d'avantage de cette nature qu'il avait primidvement caressée. L'ennui et le ^oùt du faste se combinèrent bientôt pour imaginer quel- que chose qui put enrichir et vivifier une Pro- priété devenue insipide et inanimée. D'abord le Potager fut agrandi. Il ne portait encore alors que le simj)le nom de jardin. Plus tard on le nomma jardin de plaisance. Mais avec le nom , la ibnne fut changée. I^a diversité des goÛLs et des formes en marqua la différence. ÏjSl nature disparut dans ces essais, pour faire place à une bisarre irrégularité ou à une monotone symmétrie. Notre estimable Auteur passe ensuite h l'histo- rique des jardins. Ceux de Sémiramis et de Ba- b^lone sont les plus anciens dont la romanesque histoire nous vante les merveilles. Le nom 'X' A/cinoils est dé venu célèbre par la beauté des jardins qu'il cultivait. ••* Les Rois de Perse se plaisaient à briller par la dépense de leurs jardins. Les Satrapes , encore plus o'gueilleux que leurs Maîtres en avaient , dans les provinces de leur District, d'une étendue prodigieuse : ils étaient clos de murs en forme de parcs, dans lesquelsils enfermaient toutessortes de bêtes pour la chasse. A fîome , on vantait, pour la magnificence, les jardins de Pompée ^ de Luculle et de Mécène. Ils se composaient de terres labourables , de vi- viers, de vergers , de jjotagers et de parterres. On . ( 39 ) y voyait des palais superbes et de*; maîsr>ns cîiam- pêtres Ces jardins dovinicnt , avec le temps , pittoresques. Un goût pins rt^fiéchi raproclia de la nature qu'on avait abandonnée et ontragée. Adrien fit les premiers pas ré^^ojrvades vers elle. Il l'appela dans ses jardins. Sri; cor ♦. uif orains les admirèrent , non seulement r^arce qu'il y trans- porta les cbefs-d'œuvres de 'a Grèce, inais parce qu'il sut imiter les sites les plus heurt- us t: 1:3 encadrer avec harmonie. L'art des jardins en Fiance date de Lo' isXIV. Laquintînie embrassa la partie utile ; henôive fut chargé de l'agréable. Après avoir le^ng-temps médité les plans qu'offrait l'Italie , il les trai.sj o'- tadanssapatrie. S'il rendit les jardins plnsrioblc.'î, en leur donnant plus de simplicité, û ne i>uf j;)- mais leur donner ce genre de vie qui les anime. Après la superbe exécution des jardins de Ver- sailles et des Tnilîeries qui avait fait sa réputa- tion, peut-être cet artiste célèbre ne fat-il pas le maître de travailler d'après un autre système. Par la raison que Louis A IV avait adopté ce genre , il fut imité , préféré par les grands , les çpurtisans , les gens riches et les propriétaires. La mode , on plutôt la routipe a transmis cette nianière jusqu'à nous. Pour vous donner , Madame , une idée du style de l'Auteur et de son brillant coloris , écoutez ce beau passage de son discours : 3> Cep» ndant » les plus grands Po êtes ont peint la natui e et la >3 campagne de manière à nous la faire aimer. •>? Ils ont appris à l'enrichir , à l'orner. Lisez » Homère y Virgile , le Tasse , ]\7ilton, lious^ yi seau y Voltaire j Bernis _, et tant d'autres Sans w doute ils connaissaient trop bien les moyens » de touclier et de plaire , pour toujours chanter C4 .-# ( 4° ) 5> les combAts. Eh ! combien ils nous charment ce d'avantijge quand, après leurs suj)erljes pein- 55 tfires des guerriers, des sages, des anges, des 3> diables, des ravages de la guerre, des rapports 5> de la politique et du géuie des aits, ils nous 3j ramènent dans ces retraites paisibles où un 3> bonheur pur et facile est ofVert aux âmes sim- 35 pies et détroin])ëes. Qui de vous, Messieurs, D> a oublié les tableaux c\n Homère a tracés des 35 jardins du bon ^/c/Vzoz/j /^ cette description cé- 35 leste faite par Milton des jardins d'Eden, tel 3> que Dieu l'avait formé pour riionime dont il 35 voulait la félicité? Qui n'a pas soupiré après D3 une retraite semblable à celle du berger chez 33 (jid Herminie trouva un si consolant asyle , 33 des mœui^ssi simples et tant de beautés réunies? 33 Qui de nous enfin, transporté par la puissance 33 de la plus vive imagination, n'a pas erré dans 33 les !)osqucts où Rousseau a rassemblé la vo-' 33 lu[)ré pure, la touchante innocence et toute 33 la félicité à\\ Paradis terrestre ? 3> Ces éloquentes descriptions ont cependant pro- duit peu d'effet en France. 7\int d'utiles leçons, eml^ellies du charme de la poésie , n'ont pres- que jamais échauffé nos artistes jardiniers. M. dey)/<93'5 Si quelquefois , dît-îl, un tel jardin surprend >•> au premier coup-d'œil, s'il flatte l'orgueil du 35 propriétaire, il est presque toajours sans at- 55 traits pour son cœur. Aussi quitte-t-il souvent ?3 son symétrique jardin pour aller chercher les 35 simples et intércssanstabieaux du dehors. C'est 35 le long des haies champêtres qu'il aime à er- 35 rer ; il parcourt avec plaisir les sentiers tor^ 35 taepx qui divisent les champs du territoire. Les ce bords sinueux d'un ruisseaului font facilement 55 oublier son magnifique et long canal , ou ses 55 bassins remplis d*eau sale et stagnante. Il aban* 55 donne sans cl'fbrts ses bosquets , pour parcou- 35 rir un bois dont les arbres touffus et vigoureux 35 sont grouppis sans symétrie. Ce sont véritable- 33 ment les bosquets de la nature. La variété 33 des arbres , leurs rnassifs entrecoupés de clai- 33 rières , cette verte pelouse qui en tapisse le 35 sol , tout a pour lui un charme nouveau ; de- 33 main encore, il traversera, par la voie la plus 33 courte, ses magnifiques jardins pour aller jouir 55 encore de l'aspect de ces simples et attrayans 33 tableaux qu'il avait parcourus la veille. 35 Tel lut, Madame, sous le règne de Louis XIV", ettel est encore assez généralement en France ,' le genre des jardins. On ne concevra jamais com- ment la nation la plus délicate et la plus difficile dans le choix de ses plaisirs , la plus inconstante dans ses goûts, la plus amoureuse des nouveau- tés, cçlle qui porta le plus loin la perfection des (H) arts d'agrément , n'a jainnis varié dans Tordon* nance Iroidement inéthodique de ses jardins. Bacun qui devina toutes les sciences et pres- sentit tons les arts, conçut et écrivit le premier que l'art des jardins devait être une des plus vas- tes et des plus belles parties de la peinture. Mais trop souvent les meilleures idées restent long-teras en dépôt dans les livres avant de fermenter dans les esprits. Près d'un siècle plus tard , JddissoTi renouvella les mêmes plaintes et les mêmea cri- tiques. Ce fut lui qui prépara et décida peut-être la révolution qui fit succéder en Angleterre le genre pittoresque au syrnétricjue. M. JVathely vint ensuite : il posa des principes et éleva dans ses écrits l'art des jardins à la dignité des plus vastes et des plus importantes conceptions. Les premiers essais , comme on s'en doute , fu- rent d'abordimparfaits. Il y entdes compositions bisarres. Quelques artistes tracèrent des jardins comme Skakespear écrivit la tragédie dans un siècle prescju'encoro barbare. Le sublime fat mê- lé au bas, l'abject au noble , le minutieux au grand, et quelquefois le hideux au terrible. ■ Chamberty s'avisa de décrire les jardins de l'Orient qu'il n'avait jamais vus. Quelques riches anglais , au lieu d'adopter les principes de M. Wathely, les abandonnèrent pour se livrer aux idées gigantesques de l'architecte. Séduit par i'cn- llure du goût oriental , M. Chamberly a beau- coup outré dans sa narration; il a détruit toutes les proportions et forcé tous les effets. Il change le grand et le beau en monstreux et bisarre ; il fait dégénérer le terrible en ridicule ; il peint enfin l'impossible en entassant des exagérations qui révolteraient dans les Mille et une Nuits. M. de Moyenneville justifie ses assertions par ( 45_ ) dos extraits qne Je crois inutile de rappeller ici. Sa plnme quitte un moment les jardins anglais , pour nous faire connaître ceux de la belle Italie* Je ne vous parlerai pas non plus , Madame, d'une lettre récemment écrite par un voyageur très- éclairé à un de ses amis qui lui avait demandé une idée juste des environs de Rome. Nous l'a- vons lue dans les papiers publics. Je la crois de M. de CJ] âtcaabriand ^ l'auteur d'Atala, Je pense avec notre Oratcurque les anglais ont emprunté des italiens , les églises gothiques , les ponts , les colones élevées surmontées de statues , les por- tes et tous ces pavillons ornés de toutes les ri- chisses de rarchitecture qu'on voit dans leurs jardins de quatre à cinq cents arpens. Pour les embellir encore , ils ont placé desmonumens éle- vés à la mémoire de quelques amis ou de quel- ques grandspersonnages 5 des grottes^ des tours; des ruines ; des hermitages. De tout côté on y .voit des temples : ici, celui de la concorde; là, celui de la victoire ; plus loin , celui des dames illustres : dans une même scène , le temple de la vertu moderne qui tombe en ruine. Sans doute, s'écrie M, de Moyenneville ^ ce luxe de décoration est un abus ; mais de telles incohérences furent le tâtonnement nécessaire du génie qui essayait l'art de composer des jar- dins de la nature. Cesdifférens essais ont fait ac- quérir la connaissance des meilleurs moyens à employer pour y parvenir. Ces moyens sont fon- dés sur des principes évidens par eux-mêmes. Cette science , cultivée par. les français , leur apprendra bientôt à tracer de grands tableaux, à connaître l'empire des objets extérieurs sur î'ame. Par la manière d'apprppricr le terrain, tout propriétaire pourra se donner, à volonté , des sentîmens , des pensées^ des occupations aussi tuiles poiir lui-mêaie ([ue pour la société. Il ne mettra plus à contribution la Cliine , Rorne et U Grèce pour embellir sa propriété ; mais il trouvera dans la nature tous les élemens de sa com[-ïOsition. Sati-fiit du site tel rju'il puisse être, i'homîne de goût n*ira pas en créer un disparate avec la nature environnante. L'ai^ricultare , la botanique lui fourniront richement les uioyens d*embellir, de féconder , de varier sa propriété ; et bientôt , jamais assez tu::, tous nos jardins de eampigne , ces jardins artistement fastidieux, seront transformés en jardins de la très -belle et très-savante nature. Quoique le genre symétrique soît encore au*- jourd'hui le genre dominant des jardins français, li*allez pas croire , Madame , que personne, )usqu*à présent, n*ait oser le critiquer, ni même en adopter un autre. M; de Moyenncvillc vous en offre la preuve par les vers suivans , tirés du charmantpoëme des saisons, du cardinal de Bernis : Pourquoi dans nos maisons champêtres JEroprison'ner les clairs ruisseaux , • Et forcer l'orgueil de ces hêtres A subir le joug des berceaux ? Qu*on vante ailleurs l'architecture De ces treillages éclatans : Pourquoi contrcindre la nature ? Laissons respirer le printems. Quelle étonnante barbarie 13'asservir la variété Au cordeau de la symétrie ? etc* etc* Ces Utiles leçons n'ont pas été perdues. Nom- bre d'écrivains et d'auteurs charmansont cherché soit en vers , soit en prose, à réveiller en France l'amour de la nature. Au son de la lyre d'Orphée, I les arbres et les rochers q uittaîent leur place pour venir len tendre. Delille dans son poëme des Jar- dins a dit : » Tombez devant cet art , fausse magifîcence î etc. >3 Des ornemens de l'art , Pœii bientôt se fatigue 5 » Alais les bois, maisleseaux, mais leur ombrage trais, » Tout ce luxe innocent ne fatigue jamais, etc. Les poètes inspirent , mais ils n'enseignent pas àsoigner les détails , à les choisir , à les lier de manière à donner à l'ensemble une entière perrection. Le créateur des jardins d'Ermenonville enseî- tna le premier anx français à composer ainsi es paysages. M. de Girardin remonta de la pra- ique la plus heureuse à la plus lumineuse ♦"héo- rie 5 et dans quelques pages, il a su faire un livre classique qui sera toujours étudié. C'est à dater de la magnifique composition à:^% jardins d'Ermenonville , que l'on a yû naître en France le goût des jardins imités de la nature ; de ces jardins plus généralement connus sous le nom àc jardins anglais. Notre auteur n'entend pas parler ici de ces productions , fruit du caprice, de la fantaisie , où, dans un espace de cent toises quarrées, et souvent moins, on trouve le lit d'une rivière sans eau ; un vieux château 5 un moulin 5 une montagne ; un tombeau ; une pyramide 5 un pont rompu ou tout neuf, mais sans rivière ou ruisseau. Un semblable tableau ressemble trop à celuid'Horace: Humano capiti cervicempictor equinam, etc. De telles conceptions ne sont en effet que de puériles caricatures. La mode seule a pu, jusqu'à» présent , faire donner la préférence à ce genre. Espérons que de ces folies naîtra le genre Yrni d* là nature. <4^) . . . M. ^e Mo^'ennéville , après s'être permis quelques •plaisanteries sur ces jardins à 1;\ Mode ,([iiittLC< tte arme qu'il manie avec goût et avec grâce , pour donner de sages et utiles conseils aux propriétai- res et artistes jardiniers. Tantôt il les appelle sur les montagnes pour y adndrtr les fréquents et sublimes tableaux que la nature y a dessinés ; tantôt il les promène avec lui dansées vallét?s qui offrent le spectacle enchanteur d'un jardin im- mense composé de mille jardins divers 11 leur fait voir que toutes les cultures n'y sont pas con- fondues, mais réunies Ce n'est pas un vaste can- ton exclusivement consacré à un seul genre de productions , mais qui rassemble toutes celles qu'un memeterrain peut porter. Toutes les cou- leurs , toutes les nuances ravissent à-la-fois la vue; tous les parfums se conlbndent et flattent Podorat. 35 Si, dans de sembla])les lieux, la nature s'est 35 plu à prodiguer ses beautés , vous y verrez , 35 continue l'Orateur, de grands lacs étendant 35 leurs nappesbrillantcs ei animées ; des maisons 35 pittoresques qui annoncent la richejse et la 33 simplicité de leurs habitansj denond^reux trou- y> peaux qui s'cngraitsent dans des plaines bien 35 cultivées: des monts f[ui danslescieux perdent » leurs cimes orgiuiilcuses ; les uns rouverts de 35 neige, les autres étalant la pi us fraîche verdure; 35 forment le cadre de ces imposans tableaux. 33 C'est à leur vue que Voltaire composa sa lettre 35 sur l'agriculture ; que Gessner a écrit ses tou- 35 chantes Idylles. Voilà la vraie, la sublime, l'en- 33 chanteressc nature. 55 Notre Auteur termine son intéressant discours par l'émission d'un vœu qui honoie son ( œur, et au succès duquel tous les vrais amis de la nature et et des mœurs primitives applauaira:Giit avec trans- port. II faudrait (jne tons les grands et riches pro- ])riétaires rénuissent de grandes propriétés en t'orine d'enclos. Ce serait le moyen de conipos.r le plus véritable de tons (es jardins de la nature. ce Quel véhicule, dit-il , quel attrait pour tons 33 ceux qui feraient de semblables réunions , si, T> remontant au principe de l'art des jardins , eix D5 même-temps qu'ils analyseraient ceux de la Dî meilleure culture de leurs propriétés , ils con- 35 cevaient le projet d'être à-la-fois cultivateurs, 35 jardiniers et peintres ! Eu formant des tableaux^ w en s'environnant des douces et grandes images 33 de la nature , vivant au milieu de compositiims 33 simples, mais pittoresques, quel est celui d'en- 33 tr'eux qui ne sentirait pas son ame , que peut- 33 être il n'a jamais interrogée ? La vie serait pour 33 lui celle des Patriarches, les plus respectables 33 de tous les hommes par la simplicité de leurs 33 mœurs, la bonté de leur ame et l'élévation dé 33 leurs scntirnens. Elle serait pour tous ce qu'elle 33 a été pour tant de grands hommçs qui ont aimé 33 l'agriculture, à qui Vllne ^\.Xéîioplion , qui 33 ne louaient pas envain , ont prodigué des 33 louanges. 33 Vous sentez , comme moi. Madame, que l'objet de l'Auteur n'est pas entièrement rempli. Aussi se propose-t-il de développer dans un second dis- cours les moyens de concilier la culture perfec- tionnée d'un terrain réuni avec la composition dts jardins de la nature. \'ous partagerez avec nous le désir et l'empressement dtj lui voir tenir sa parole. Ce discours très-bien écrit, fortement pensé, pleind'unesavanteérudition, annonce un homme de goût, -un cultivateur plein de zèle et de lu- in:ères, dont les afxectioiis sont douces j qui prë- iorerait volontiers les iiiiîérnens babitiuiis de la vie champêtre an tuniiiîtc du monde , et les Cijarmes de la solituiîe aux vains et dangereux plaisirs de la société. Nous avons dans sa per- sonne la preuve qu'on peut manier, avec un é^iil succès , la plume , les affaires , la louche et la charrue. Tout devient facile au mor^tel fortuné qui a reçu en partage un bon esprit , un bon coeur et une honnête aisance. lieurcux, cent fois heureux celui qui peut habiter et cultiver les cliamps, sur-tout lorsque sa fortune lui .permet d'embellir sa demeure, d'y recevoir de ])ons et loyaux amis, de secourir l'indigence, d'encou- rager l'industrie , de multiplier les essais et les dépenses pour accélérer les progrès de l'agricul- ture et la perfection du premier et du plus utile des arts ! M de Moyrnncvillc a toutes ces jouis- sances.On est d'accord qu'ilies mérite. Je souhaite avec tous ceux qui le connaissent , qu'elles se perpétuent long-tempe pour lui. Me voilà , Madame , arrivé au terme du tra- vail que j'avais entrepris pour vous plaire. Toute la séance pu]3liqi]e de notre Académie a passé sous vos yeux. Vous aurez encore à re^jrcîter inillc^choscs qu'il m'a été impossible de dérailler. On ne peut pas font dire dans des lettres. J'ai cherché à vous (?gaYer et à vous intéresser selon les occasions et les Dcrsonnes. Jamais je n'écris et ne parle que cl npres mon cœur et mon opi- lîion. La haine et la fl.'^sornerie n'ont iam^iis con- duit ma pluriîG : ces deux sentimens également vils et odieux , me furent toujours étrangers. Sans un motif plus (]ue plausible , je n'aurais ]pas iiiOnie ramassé le ridicule que j'ai rencontre ( 5i ) sur ma route. Il est si doux de n'avoir que du bien à dire et des élo^rcs à donner! Né profon* clément sensible, sanstortsavec personne, jen aipu voir qn*avec surprise et indignation , que, tout en me caressant, un faux ami cherchait gratuitement à me nuire et à me compromettre. J'étais loin alors de prévoir jusqu'à quels coupables excès se porterait l'amour-propre ofiénsc J'ai appris que la personne mécontente de ma critique , avait, pour se venger,, écrit une très-virulente diatril)Cs contre moij qu'elle s'y était permise des personalités offensantes et calonmieuses; qu'elle l'avait lue à différentes personnes et juscjues dans les Lmreaux de la Préfecture. Ce procédé est in- digi]e de tout homme d'honneur ; à plus forte raison d'un prêtre. Il a voulu nous rappeller le Taatœ-ne animîs cœlestibiis irœ ! Tant de fiel cntre-t-'il dans l'amc des dévots ! On m'a même assuré qu'il avait voulu faire imprimer l'ouvrage de sa violente colère. Il a bien fait de suivre les conseils que la pi-udencelui a donnés. (<2) D'une plaisanterie , il aurait fait une affaire trop sé- rieuse pour lui. Il existe des tribunaux pour pu- nir ceux qui diffament et qui calomnient. On sait si je l'ai attaqué dans ses mœurs , dans sa conduite et dans î^es actions privées. Qu'il em- ploie contre moi les mêmes armes ; rien n'est plus légitime. Je livre à sa censure, à ses plai- santeries tout ce que j'ai fait et pourrai faire imprimer. C'est un droit que donnent tous ceux (a) Ce clief-d'œnvre de méchanceté, de bêtise et d'indécence, n été depuis clandestinement imprimé et distribué. J'abiin- donne son auteur aux remords qu'il doit éprouver. Le Public lionncte a prononcé entre lui et moi. qui s'expasent aux regards an pul)lîc. Quand oh est au parterre , on pent siffler les acteurs qui nous déplaisent; mais il est des bornes que les convenances prescrivent et que des lois salutaires ne laissent pas impunément transgresser. {6) Si je trouve encore quelque chose que je juge digne de votre intérêt, je me ferai un plaisir et un devoir de vous le communiquer. Recevez, Madame, l'hommage respectueux de mon salut. R...... {b) C'est à l'Abbé plus qu'à personne , que s'adresse ce Ters du poëte Le Brun : L'Amour propre offensé ne pardonne jamais, £pître sur la bonne et mauvaise plaisanteiie. FIN 1 ^- ^y^yg-^^^Çg--»^-"-^ • c:^' -'^^g;2f,'"^ 'r — ACADEMIE DES SCIENCES, DES LETTRES XiDES ARTS -^^f^k^^^^ • ïi.ÈGLEMENT AMIENS TYPOGRAPHIE DE H. YVERT, BUB UKS TROIS-CAirXOt'X, fit. 187() ACADÉMIE DES SCIENCES, DES LETTRES & DES ARTS DAPyilENS ^*Tv»î#^lC*.e>- REGLEMENT L'Académie d' Amiens, fondée par Gresset, avec le concours des membres de l'ancienne Société li'lé- raire en 1750, rétablie en l'an XI, avec l'approbation formelle du Gouvernement, dans les attriimtions (pii lui avaient été conférées par lettres patentes de Louis XV données à Gompicgne, en Mai 1750 ; Vu les dispositions des règlements généraux et particuliers précédemment arrêtés pour son organi- sation intérieure, et désirant y apporter les modilica- tions dont l'utilité s'est fait sentir ; Sur les propositions de la Commission instituée dans la séance du 20 Juin 1871 ; A adopté le règlement suivant ; <•> TITRE I. BUT ET CONSTITUTION DE L'ACADÉMIE Article Premier. L'Académie des Sciences, des Lettres et des Arts d'Amiens, indépendamment des matières qui répon- dent plus particulièrement à son titre, s'occupe de toutes les questions qui intéressent l'Agriculture, le Commerce et l'Industrie. Son but est de contribuer au progrès intellectuel et moral, et au développement de la prospérité publique, particulièrement dans le département de la Somme. Elle s'interdit toute discussion étrangère au but et à l'objet de son établissement. Art. 2. L'Académie choisit ses membres parmi les hommes qui ont donné des gages de leurs connaissances générales ou spéciales. Elle se compose : de membres titulaires ; de membres honoraires ; et d'associés correspondants. Les membres titulaires sont au nombre de trente-six. Le nombre des membres honoraires et des asso- ciés correspondants est indéterminé. Art. 3. L'Académie est administrée par un Bureau composé : d'un Directeur ; d'un Chancolicr ; — 3 — D'un Secrétaire-perpcluel ; crim Secrétaire-adjoint ; et d'un Archiviste-trésorier. Art. 4. Elle tient des sessions annuelles dont les séances sont consacrées aux lectures, aux communications et aux discussions de ses membres. Elle publie des mémoires et fait connaître par la voie des journaux, ou par des publications spéciales, les travaux de ses membres et les extraits de ses procès-verbaux qu'elle croit de nature à inté- resser le public. Elle ouvre des concours sur des sujets scientiii- ques, historiques ou littéraires, et sur des questions d'intérêt général ou local. Elle correspond avec les sociétés savantes. TITRE II. MEMBRES DE L'ACADÉMIE. 1° ITIembres Titulaires. Art. 5. Les membres titulaires doivent résider habituelle- ment à Amiens. Tout membre qui cesse d'iiabiler cette ville, cesse, par cela même, de faire partie de l'Académie comme membre titulaire. Art. 6. Lorsque le nombre des membres titulaires est incomplet, l'Académie s'en adjoint de nouveaux par voie d'élection. — 4 — Art. 7. Nul n'est admis comme candidat s'il n'est âgé do vingi-cinq ans, et s'il n'a été l'objet d'une présenta- tion formulée par écrit et signé de huit membres titulaires. La présentation est faite en séance ordinaire, et immédiatement amioncée par le Directeur. La feuille de présentation fait connaître le nom et les prénoms du candidat, sa profession, le lieu et la date de sa naissance. Elle est transcrite au procès-verbal, puis déposée aux archives. Art. 8. Dans la séance qui suit la présentation, l'un des signataires expose les titres du canditdat. Dans la suivante, l'Académie procède à l'élection, au scrutin secret. Les élections ne peuvent avoir lieu qu'en séance ordinaire, et doivent être annoncées par les lettres de convocation. Aucun candidat n'est élu titulaire, honoraire ou correspondant, s'il n'obtient un nombre de voix égal à la moitié au moins du nombre des membres de l'Académie. Tout membre titulaire à le droit de voter. Le membre absent peut envoyer son bulletin de vote sous une enveloppe cachetée portant à l'exté- rieur sa signature et l'adresse du Directeur. S'il y a plusieurs élections dans la même séance, un bulletin doit être envoyé pour chacune, dans une enveloppe séparée. — 5 — Art. 9. Les candidats qui ont échoué dans une élection peuvent être l'objet d'une seconde présentation faite dans les mêmes formes que la première, mais après un délai d'une année au moins. Art. 10. Tout membre titulaire nouvellement élu en est officiellement avisé par le Secrétaire-perpétuel qui lui adresse, en même temps, un exemplaire du règlement. Il ne peut assister aux séances de l'Académie, ni prendre part à ses travaux, avant d'avoir été reçu dans les formes déterminées par l'articles suivant. Art. 11. Le nouvel élu prépare un discours sur un sujet de son choix, et le communique au Directeur ; puis, sur la proposition de ce dernier, l'Académie fixe la séance dans laquelle la réception aura lieu. Dans cette séance le récipiendaire donne lecture de son discours ; le Directeur lui répond au nom de l'Académie, et lui fait prendre l'engagement suivant : — Je promets, sur mon honnem\ d'observer le rôfflement de VAcndémie, et Je m'emjnfje h eoncomur nssiducment ii ses trnvmix. C'est à la suite de cette formalité seulement que le récipiendaire est définitivement admis et inscrit au tableau dos membres titulaires. II reçoit un diplôme en échange duquel il acquitte un droit fixé à dix francs. — 6 — Art. 12. Tout membre titulaire est soumis à une cotisation de quarante francs par an. Le membre nouvellement admis ne doit que les trimestres de Tannée restant à courir depuis le jour de son élection. Art. 13. Tous les membres titulaires, âgés de moins de soixante et dix ans, doivent dans l'année un tribut académique , c'est-à-dire une œuvre d'art ou la lecture d'un travail personnel (mémoire, compte- rendu^ étude ou notice), sur l'une des matières dont s'occupe l'Académie. Art. 14. Tout membre appelé à fournir son tribut |X3ut per- muter avec un collègue. Art. 15. Lorsqu'un membre laisse passer l'année sans ac([uitter son tribut, l'Académie, à moins d'excuses valables, exprime son regret, avec insertion au procès-verbal ; un extrait en est adressé au membre inexact. Art. 16. Tout mcm])re titulaire adroit, pour quatre séances ordinaires auxquelles il assiste, à un jeton de pré- sence qui peut servir au paiement de sa cotisation, et dont la valeur, à cet effet, est lixée à quatre francs. Toute fraction de jeton acquise est reportée à l'avoir de chacun pour l'année suivante. — 7 — Art. 17. Les membres titulaires ont droit à toutes les publi- cations de l'Académie postérieures à leur élection. Art. 18. Tout membre titulaire sera considéré comme démissionnaire : 1° Lorsque, sans excuse valable, dans les six mois à dater de sa nomination, il n'aura pas remis au Directeur son discours de réception ; 2° Lorsqu'il n'aura pas acquitté sa cotisation dans le cours de l'année. 3° Lorsqu'il aura cessé d'assister aux séances pendant une année. 4° Lorsqu'il aura laissé passer son tour deux fois consécutivement sans, apporter son tribut académique. 3° membres Honoraires, et Associés Correspondants. Art. 19. Sont membres honoraires de droit : Le Premier Président de la Cour d'appel ; Le Préfet du département de la Somme; Le Général commandant en chef à Amiens ; L'Évéque du diocèse d'Amiens ; Le Maire de la Ville d'Amiens ; Le Procureur-général près la Cour d'appel ; Le Chef de l'administration universitaire en rési- sidencc à Amiens. Les membres honoraires élus sont choisis parmi les — 8 — nolabilités scicnLiliqucs, liltcraircs ou artisliqiics, el. parmi les anciens membres titulaires et correspon- dants (le r Académie. Art. 20. Les membres honoraires, à l'exception des mem- bres honoraires de droit, ne sont assujctis à aucune condilion de résidence ; mais les associés correspon- dants doivent être exclusivement choisis parmi les étrangers à la ville d'Amiens. Art. 21. A l'exception des membres de droit, nul ne peut devenir membre honoraire, ou associé correspondant, ([ue sur une présentation signée par quatre membres lilulaires. L'élection vient à l'ordre du jour de la séance qui suit la présentation. Art. 22. Les membres honoraires élus et les associés cor- respondants sont tenus de payer dix francs pour droit de diplôme. Art. 23. Ils doivent sourcrire aux pubhcations de l'Aca- démie postérieures à leur réception, et verser à cet elTet une cotisation annuelle de cinq francs, ou une somme de cinquante francs, une fois payée. Art. 24. Ils ont le droit d'assister à toutes les séances de l'Académie. - 9 - Ils sont admis à faire des lectures, môme en séance publique. Les premiers ont en outre voix délibérative, mais seulement dans les matières scientifiques et littéraires. TITRE III. bureau de l'académie. Art. 25. Le Bureau a pour mission de gérer tes affaires de l'Académie, d'entretenir les relations et la correspon- dance avec l'Administration, les Sociétés savantes etc; et d'assurer l'exécution de toutes les mesures déci- dées par l'Académie. Il est exclusivement chargé de recueillir les votes et de dépouiller les scrutins. Art. 26. Tous les membres du Bureau sont élus au scrutin secret et à la majorité des voix exprimées. Le Directeur et le Chancelier sont nommés dans la première séance de chaque année et ne peuvent être réélus qu'après un an d'intervalle. Il est procédé, dans la même séance, à la désigna- tion du Secrétaire-adjoint qui peut être réélu. Le Secrétaire-perpétuel et le Trésorier-archiviste ne sont nommés qu'autant qu'ils obtiennent au moins dix-huit voix. Ils conservent leurs fonctions tant que l'Académie n'en décide pas autrement par un vote formel soumis aux mêmes conditions que celui qui assure leur élection. — 10 — Art. 27. Le Directeur veille à tous les détails de ladminis- tration, préside les séances, maintient Tordre dans les discussions, provoque la nomination des commis- sions, en propose les membres, les fait réunir en temps utile, proclame les décisions prises et les résultats des scrutins, assure l'exécution du réulo- ment. Il signe les procés-verbaux des séances et tous les actes de la Compagnie. 11 porte la parole en son nom, et convoque extraor- dinairement ses membres quand les circonstances l'exigent. Art. 28. Le Chancelier fait l'appel des membres a chaque séance, et constate les présences sur un rogish^e spécial. Il est dépositaire du sceau de rAcadémie ; il con- tresigne et scelle les diplômes délivrés et les actes expédiés en son nom. Art. 29. Le Secrétaire-perpétuel est chargé de la rédaclion des procès-verbaux des séances. Ces procès-verbaux, enregistrés sur un livre qu'il tient ta cet effet, sont signés par lui et par le Direc- teur, après qu'ils ont été adojjtés. Il en délivre des extraits aux membres qui en fout la demande. 11 signe, avec le Directeur et le Chancelier, les diplômes et les actes émanant de la Compagnie, et les expédie. — 11 — Il est chargé de toute la correspondance autre que celle qui est spécialement réservée à l'Archiviste- trésorier ; il conserve les lettres qu'il reçoit et garde copie, sur un registre spécial, de celles qu'il écrit. 11 adresse toutes les lettres de convocation. 11 présente, dans la séance publique, le compte- rendu des travaux de l'année. A la fin de chaque session, il dépose aux archives tous les documents et toutes les pièces qu'il possède et qui doivent y prendre place. Art. 30. Les attributions de l'Archiviste- trésorier compren- nent : 1** La perception des recettes et le paiement des dépenses de toute nature, la fabrication et la distri- bution des jetons de présence, et des médailles que distribue l'Académie ; 2" La réception, la distribution et la vente des mémoires et des autres publications ; 3" La garde et la conservation des archives et de la bil)]iothèque, l'enregistrement et le classement des publications, des ouvrages, des documents et des objets adressés «"i l'Académie ; •4" La correspondance qui a pour objet de com- pléter et de tenir au courant les publications des Sociétés savantes avec lesquelles l'Académie fait des échanges, et celle qui se rapporte à la comptabilité et aux intérêts financiers de la Compagnie. Il garde copie de ses lettres sur un registre spécial. — 12 — Art. 31. En l'absence du Directeur, le Chancelier en rem- plit les fonctions. Si tous deux sont absents, le plus ancien membre remplace le Directeur. Le Secrétaire-adjoint remplace le Secrétaire-per- pétuel absent; — il remplace également le Chancelier absent. titrf: IV. SÉANCES DE L'ACADÉMIE. — CONCOURS. t" Séances ordinaires. Art. 32. L'Académie reprend ses travaux tous les ans, au l*'' Janvier et les termine au 31 Décembre suivant. Les vacances ont lieu du 1" Septembre au 31 Octobre. Les séances ordinaires sont au nombre de vincft par année. Elle se tiennent le second et le quatrième vendredi de chaque mois, ou bien la veille ou le lendemain, quand l'un de ces vendredis est un jour férié. Elles sont ouvertes à huit heures du soir. Art. 33. Les membres titulaires et les membres honoraires en résidence à Amiens reçoivent à domicile, et l'avant-veille de chaque séance au plus tard, des lettres de convocation où sont monlionnés Tordre du jour et les noms des membres qui doivent faire des lectures ou des conmiunications. - 13 — Les membres litulaires sont avisés par le Secrétaire- perpétuel , deux mois à l'avance, de leur tour de lecture. Art. 34. L'ordre suivant est observé dans les séances : l"* Lecture du procès- verbal de la séance précé- dente ; 2" Dépouillement de la correspondance et rensei- gnements sur les opérations du Bureau et des Com- missions ; 3" Énumération des envois faits à l'Académie ; 4° Appel nominal des membres ; 5° Présentation de candidats ; 6° Réception de membres élus ; T Lectures ou communications réglementaires ; 8° Rapports des commissions ou des membres chargés de missions spéciales ; 9° Communications orales ou écrites. - — Proposi- tions diverses. — Nomination de commissions ; 10° Election de nouveaux membres ; 11° Indication de l'ordre du jour de la séance suivante. 9° Séance publique. Art. 35. L'Académie tient une séance publique avant la fin de chaque session annuelle. Art. 36. Le programme en est arrêté dans la dernière séance du mois de Novembre, sur la proposition do la Commission de publications. — 14 — AucLiiio lecluru iiv sera admise si elle n'a ele faite en séance ordinaire. Art. 37. Celte séance est ouverte par un discours du Directeur. Elle est continuée : l** Par le compte-rendu du Secrétaire-perpétuel qui analyse les travaux de la session, et présente une nolice nécrologique sur les membres décédés, à moins que ce travail n'ait été confié à un autre membre ; 2** Par les lectures annoncées au programme ; 'i° Par les rapports des commissions des concours. Le Directeur proclame ensuite les noms des lau- réats, et leur remet, s'ils sont présents, les prix qui leur ont été décernés. Il termine la séance en annonçant les sujets de prix mis au concours pour l'année suivante. 3" Concours. Art. 38. A la suite de la séance publique, le Secrétaire- perpétuel fait annoncer les prix proposés et les ([ucslions mises au concours. Art. 39. . Les ouvrages des concurrents doivent parvenir au Secrétaire-perpétuel avant le 1" Novembre, au plus tard ; ils ne seront point signés et porteront une épigraphe qui sera répétée sur un billet cachelé renfermant le nom de l'auteur ; — 15 — Ils devront être inédits et n'avoir point été pré- sentés à d'autres sociétés. L'aulour qui se fera connailre sera, par ce seul fait; exclu du concours. Le cachet n'est rompu qu'autant que l'ouvrage est reconnu digne du prix. Dans le cas contraire, la lettre est brûlée, en présence de la Compagnie, sans être ouverte. Tout mémoire présenté au Concours deviendra la propriété de l'xVcadémie; l'auteur ne pourra le retirer, mais il aura la faculté d'en prendi'o ou d'en faire prendre copie. Art. 40. Dés le 1^"* Novembre, le Secrétaire-perpétuel remet les œuvres des concurrents aux commissions des concours. L'Académie prononce son jugement dans la pre- mière séance de Décembre, après avoir entendu les rapporis des commissions. Si un ouvrage a été jugé digne de récompense, le Secrétaire-perpétuel en informe l'auteur. Art. 11. Dans la même séance, l'Académie, sur la [jroposir tion de la commission de publications, arrête les ({uestions à mettre au concours pour l'année suivante, et fixe la nature et la valeur des pi*ix. Art. 42. Les membres titulaires ne peuvent. prendre part a ces concours. — 16 — TITRE V. commissions. Art. 43. Dans la première séance de l'année, immédiate- ment après le renouvellement du Bureau, l'Académie nomme une Commission do comptabilité et une Commission de publications. Art. 44. La Commission de complabililé se compose do trois membres. Elle fait connaître, dans la séance qui suit sa nomination, les résultats de sa vérification des comptes du trésorier, et ses propositions relatives au budget. Son rapport , signé de tous les membres , est conservé dans les archives. Art. 45. La Commission de puhliciition se compose de cinrf membres choisis de manière à représenter les diffé- rentes branches du programme de l'Académie. p]lle a pour mission : V De composer la liste des mémoires que l'Aca- démie peut imprimer; et d'en surveiller l'impression. 2° De préparer le programme de la séance publique. 3'* De proposer les sujets à mettre au concours. Art. 46. Indépendamment de ces deux commissions, l'Aca- démie nomme, quand il y a lieu, des commissions spéciales. Les coinmissions clos concours, s'il y a lien, sont constituées dans la première séance du mois d'Août. Art. 47. 1° Le Directeur, le Chancelier et le Secrétaire- perpétuel font partie de toutes les commissions, et le Secrétaire-perpétuel les convoque; 2" Les autres membres sont désignés sur la propo- sition du Directeur, ou nommés au scrutin de liste, s'il est réclamé, et ta la majorité simple. 3° Les commissions nomment leurs présidents et leurs rapporteurs. i° Elles peuvent délibérer toutes les fois que la moitié des membres dont elles se composent est présente. TITRE VL PROPOSITIONS. - DÉLIBÉRATIONS. Art. 48. Toute proposition faite par un membre titulaire est })rise en considération dès qu'elle est appuyée par trois autres membres. Dans ce cas, l'auteur est admis à la développer séance tenante. L'Académie décide ensuite s'il v a lieu de la discuter immédiatement, ou dans une séance ultérieure, où s'il convient de la renvoyer à une commission. Art. 49. L'Académie no peut prendre de décision sur aucun sujet, (ju'il n'ait été proposé dans une séance précé- dente, misa l'ordre du jour, et indiqué sur les lettres de convocation. — 18 — Art. 50. Les décisions sont prises à la majorité. Le scrutin secret est de droit toutes les ibis qu'il est réclamé par trois membres. Dans ce vote, la majorité est déterminée en tenant compte des bulletins blancs dans le nombre total des suffrages exprimés. TITRE VU. MESURES D'ORDRE. 1° Publications de F Académie. Art. 5L Chaque année, au moment où elle arrête son budget, l'Académie détermine les sommes affectées à l'impression de ses mémoires et des autres publi- cations. Art. 52. Les mémoires et les autres ouvrages publiés par l'Académie portent, sur le titre, la mention suivante: — Les opinions émises par les auteurs des mé- moires leur sont personnelles et l'Académie n'en est pas responsable. — Chaque volume des mémoires se termine par la liste des membres de T Académie, à quelque titre qu'ils lui appartiennent. Art. 53. Les épreuves sont revues par l'auteur et par un membre de la Commission de publication. - 19 — Les bons à tirer doivent porter la signature du commissaire et celle de l'auteur. Art. 54. Toutes les publications de l'Académie sont remises par l'imprimeur à l'Archiviste qui donne reçu des exemplaires livrés. La distribution de ces exemplaires est constatée sur un registre spécial tenu par l'Archiviste. Le prix de vente est de 5 francs. ^'* ArcS&ives. Art. 55. Les archives se composent : 1° Des registres de procès-verbaux et de corres- pondance, des lettres adressées à l'Académie, clas- sées par date, et des anciens livres et pièces de comptabilité ; 2° Des manuscrits qui n'ont pas été livrés à l'im pression, des mémoires envoyés aux concours ; 3° Des livres et des collections (cartes, dessins, machines , modèles , instruments et autres objets) appartenant à l'Académie. Art. 56. Tous les objets ci-dessus désignés sont marqués de l'estampille do l'Académie et du numéro d'ordre sous lequel ils sont enregistrés dans un livre spécial, avec la date de l'entrée et le nom du donateur. Art. 57. Ils restent à la disposition des membres de l'Aca- démie, et leur sont contiés contre un reçu, s'ils — 20 — peuvent, sans inconvénient, sortir des archives, mais ils doivent être rendus dans un délai de deux mois. 3° Comptabilité. Art. 58. Les ressources ilnancières de l'Académie consistent: 1° Dans la cotisation de ses membres ; 2" Dans le produit de la vente de ses publications; 3° Dans les subventions accordées par l'État et le Département ; 4° Dans les dons qui lui sont faits ; 5° Dans les intérêts des sommes déposées chez le banquier et les revenus des donations qui pourraient lui être faites. Art. 59. Les dépenses comprennent : V La fabrication et le paiement des jetons de présence ; 2° Les émoluments du Secrétaire-perpétuel et la rétribution de Tappariteur ; 3" L'impression et la distribution des mémoires et autres publications ; 4** Les frais de registres, d'imprimés, de corres- pondance et les dépenses diverses. Art. go. Il est tenu un livre de caisse où toutes les recettes et toutes les dépenses sont inscrites, par ordre de date. Art. G1, Le Trésorier arrête ses comptes, chaque année, au 31 Décembre, et dresse un état résumé des recettes -Bl- et des dépenses et de la situation financière de la Compagnie. Une expédition de cet état est remise à la Com- mission de comptabilité dans la première séance de Janvier, pour demeurer annexée à son rapport. Après avoir entendu ce rapport, l'Académie ap- prouve ou redresse les comptes de l'exercice clos et règle son budget pour l'année courante. Art. 62. Le Trésorier a plein pouvoir : 1" De solder toutes les dépenses justifiées par les pièces comptables ; '2" De toucher les sommes dues à l'Académie ; ' Il acquitte les mandats d'ordonnancement ou déli- vre des reçus détachés d'un registre à souche. Art. 63. Les pièces comptables consistent: 1° Pour le paiement des jetons de présence, en un état nominatif, avec colonne d'émargement indiquant, pour chaque membre, le nombre do présences et le nombre de jetons qui lui sont dus ; 2° Pour le reste, en notes et hictures acquittées. Art. 64. L'état des présences est dressé par le Chancelier sortant d'exercice et signé par lui. Toutes les pièces comptables, émargées ou acquit- tées par les parties prenantes, demeurent annexées aux comptes du Trésorier et forment la jusUiicalion de ses écritures. 0Î> TITRE VIII. DISPOSITIONS DIVERSES. Art. 65. L'Académie envoie en mission des membres titu- laires dans les circonstances qui motivent cette mesure. Elle fixe, dans ce cas, des indemnités de voyage. Le droit de présence est acquis aux membres absents pour mission. Art. 66. L'Académie est représentée, aux obsèques de ses membres titulaires ou honoraires résidants, par une députation composée du Bureau et de six membres titulaires. Tous les membres de l'Académie sont invités à se joindre à la députation. Art. 67. Tout membre de l'Académie qui prend ce litre dans un ouvrage dont il est l'auteur ou le traducteur, doit en remettre un exemplaire qui est déposé aux archives. Art. 68. Le présent règlement sera imprimé dans le format des Mémoires de l'Académie, et distribué à tous ses membres. Il ne pourra être révisé qu'à la suite d'une propo- — 23 — sition motivée, prise en considération et renvoyée à une commission. Toute modification proposée ne sera définitivement adoptée qu'autant qu'elle réunira, dans un vote au scrutin secret, la majorité des membres titulaires. «-PtOrf^SiS ?}► ?5=#^a*»^ Amiens, — Imp. H. Yvkrt, rue des Troi»-Cai41oux, Cl. ACADÉMIE DES SCIENCES, DES LETTRES & DES ARTS -o-o-oO^fSJUoo-"-- RÈGLEMENT AMIENS TYPOGRAPHIE DE H. YVERT, RUE DES TROIS CAILLOUX, 64. J880. ACADÉMIE DES SCIENCES, DES LETTRES & DES ARTS D'AMIENS REGLEMENT L'Académie d'Amiens, fondée par Gresset, avec le concours des membres de l'ancienne Société litté- raire, en 1750 ; rétablie en l'an XI, avec l'approbation formelle du Gouvernement, dans les attributions qui lui avaient été conférées par lettres patentes do Louis VI données à Compiégne en Mai 1750 ; Va les dispositions des règlements généraux et particuliers précédemment arrêtés pour son organi- sation intérieure, et désirant y apporter les moditi- cations dont l'utilité s'est fait sentir ; Sur les propositions de la Commission instituée dans la séance du 26 Juin 1874 ; A adopté le règlement suivant : — 2 — TITRE I, but et constitution de l'académie Article Premier. L'Académie des sciences, des LetUres et des Arls dAmieiis, indépendamment des matières qui répon- dent plus particulièrement à son titre, s'occupe de toutes les questions qui intéressent l'Agriculture, le Commerce et l'Industrie. Son but est de contribuer au progrès intellectuel et moral, et au développement de la prospérité publique, particulièrement dans le département de la Somme. Elle s'interdit toute discussion étrangère au but et l'objet de son établissement. Art. 2. L'Académie choisit ses membres parmi les hommes qui ont donné des gages de leurs connaissances générales ou spéciales. Elle se compose : de membres titulaires ; de membres honoraires ; et d'associés correspondants. Les membres litulaires sont au nombre de trente-six. Le nombre des membres honoraires et dos asso- ciés correspondants est indéterminé. Art. 3. L'Académie est administrée par un Bureau composé : d'un Directeur ; d'un Chancelier ; — 3 — d'un Secrétaire-perpétuel ; d'un Secrétaire-adjoint ; et d'un Archiviste-trésorier. Art. 4. Elle tient des sessions annuelles dont les séances sont consacrées aux lectures, aux communications et aux discussions de ses membres. Elle publie des mémoires et fait connaître par la voie des journaux, ou par des publications spéciales, les travaux de ses membres et les extrails de ses procès-verbaux qu'elle croit de nature à inté- resser le public. Elle ouvre des concours sur des sujets scientifi- ques, historiques ou littéraires, et sur des questions d'intérêt général ou local. Elle correspond avec les sociétés savantes. TITRE II. MEMBRES DE L'ACADÉMIE t° M einSires TltialaSfes. Art. 5. Les membres titulaires doivent résider habituelle- ment à Amiens. Tout membre qui cesse d'habiter cette ville, cesse, par cela même, de faire partie de l'Académie comme membre titulaire. Art. 6. Lorsque le nombre des membres titulaires est incomplet, l'Académie s'en adjoint de nouveaux par voie de l'élection. — 4 — Art. 7. Nul n'est admis comme candidat s'il n'est ài^é de vingt-cinq ans, et s'il n'a été l'objet d'une présenta- tion formulée par écrit et signée de huit membres titulaires. La présentation est faite en séance ordinaire, et immédiatement annoncée par le Directeur. La feuille de présentation fait connaître le nom et les prénoms du candidat, sa profession, le lieu et la date de sa naissance. Elle est transcrite au procès-verbal, puis déposée aux archives. Art. 8. Dans la séance qui suit la présentation, l'un des signataires expose les titres du candidat. Dans la suivante, l'Académie procède à l'élection, au scrutin secret. Les élections ne peuvent avoir lieu qu'en séance ordinaire, et doivent être annoncées par les lettres de convocation . Aucun candidat n'est élu titulaire, honoraire ou correspondant, s'il n'obtient un nombre de voix égal à la moitié au moins du nombre des membres de l'Académie. Tout membre titulaire a le droit de voter. Le membre absent peut envoyer son bulletin de vote sous une enveloppe cachetée portant à l'exté- rieur sa signature et l'adresse du Directeur. S'il y a plusieurs élections dans la même séance, un bulletin doit être envoyé pour chacune, dans une enveloppe séparée. — 5 — Art. 9. Les candidals qui ont échoué dans une élection peuvent être l'objet d'une seconde présentation faite dans les mêmes formes que la première, mais après un délai d'une année au moins. Art. 10. Tout merajjre tiliilaire nouvellement élu en est officiel] oment avisé par le Secrétaire-perpétuel qui lui adresse, en même temps, un exemplaire du règlement . Il ne peut assister aux séances de l'Académie, ni prendre part à ses travaux, avant d'avoir été reçu dans les formes déterminées par l'article suivant. Art. 11. Le nouvel élu prépare un discours sur un sujet de son choix, et le communique au Directeur ; puis, sur la proposition de ce dernier, l'Académie fixe la séance dans laquelle la réception aura lieu. Dans cette séance, le récipiendaire donne lecLure de son discours ; le Directeur lui répond au nom de l'Académie, et lui fait prendre l'engagement suivant : — Je promets, sur mon honneur, d'observer le règlement de rAcadémie, et je m'engage à concourir assiduement à ses travaux. C'est à la suite de cette formalité seulement que le récipiendaire est définitivement admis et inscrit au tableau des membres titulaires. Il reçoit un diplôme en échange duquel il acquitte un droit fixé à dix francs. — 6 — Art. 12. Tout membre titulaire est soumis à une cotisation de quarante francs par an. Le membre nouvellement admis ne doit que les trimestres de Tannée restant à courir depuis le jour de son élection. Art. 13. Tous les membres titulaires âgés de moins de soixante et dix ans doivent dans l'année un tribut académique, c'est-à-dire une œuvre d'art ou la lecture d'un travail personnel (mémoire, comple- rendu, étude ou notice) sur l'une des matières dont s'occupe l'Académie. Art. 14. Tout membre appelé à fournir son tribut peut per- muter avec un collègue. Art. 15. Lorsqu'un membre laisse passer l'année sans acquitter son tribut, l'Académie, à moins d'excuses valables, exprime sou regret, avec insertion au procès-verbal ; un extrait en est adressé au membre inexact. Art. 16. Tout membre titulaire a droit, pour quatre séances ordinaires auxquelles il assiste, à un jeton de pré- sence qui peut servir au paiement de sa cotisation, et dont la valeur, à cet effet, est fixée à quatre francs. Toute fraction de jeton acquise est reportée à l'avoir de chacun pour l'année suivante. Art. 17. Les membres titulaires ont droit à toutes les publi- cations de l'Académie postérieures à leur élection. Art. 18. Tout membre titulaire sera considéré comme démissionnaire : 1° Lorsque, sans excuse valable, dans les six mois à dater de sa nomination, il n'aura pas remis au Directeur son discours de réception ; 2° Lorsqu'il n'aura pas acquitté sa cotisation dans le cours de l'année ; 3° Lorsqu'il aura cessé d'assister aux séances pendant une année. 4° Lorsqu'il aura laissé passer son tour deux fois consécutivement sans apporter son tribut académique. 9° Mexsibres Honoraires et Associés Correspondants. Art. 19. Sont membres honoraires de droit : Le Premier Président de la Cour d'appel ; Le Préfet du département de la Somme ; Le Général commandant en chef à Amiens ; L'Évéquc du diocèse d'Amiens ; Le Maire de la ville d'Amiens ; Le Procureur-général près la Cour d'appel ; Le Chef de l'administration universitaire en rési- dence à Amiens. Les membres honoraires élus sont choisis parmi les 8 notabililes scicatilîqucs, liltéraircs ou artistiques, et parmi les anciens membres titulaires et correspon- dants de l'Académie. Art. 20. Les membres honoraires, à l'exception des mem- bres honoraires de droit, ne sont assujettis à aucune condition de résidence ; mais les associes correspon- dants doivent être exclusivement choisis parmi les étrangers à la ville d'Amiens. Art. 21. A l'exception des membres de droit, nul ne peut devenir membre honoraire, ou associé correspondant, que sur une présentation signée par quatre membres titulaires. L'élection vient à l'ordre du jour de la séance qui suit la présentation. ART. iCiC' Les membres honoraires élus et les associés cor- respondants sont tenus de payer dix francs pour droit de diplôme. Art. 23. Ils doivent souscrire aux publications de l'Aca- démie postérieures à leur réception, et verser à cet effet une cotisation annuelle de cinq francs, ou une somme de cinquante francs, une fois payée. Art. 24. Us ont le droit d'assister à toutes les séances de l'Académie. — 9 — Ils sont admis à faire des lectures, même en séance publique. Les premiers ont en outre voix délibérative, mais seulement dans les matières scientifiques et littéraires. TITRE III. bureau de l'académie. Art. 25. Le Bureau a pour mission de gérer les affaires de l'Académie, d'entretenir les relations et la correspon- dance avec l'Administration, les Sociétés savantes etc. ; et d'assurer l'exécution de toutes les mesures décidées par l'Académie. Il- est exclusivement chargé de recueillir les votes et de dépouiller les scrutins. Art. 20. Tous les membres du Bureau sont élus au scrutin secret et à la majorité des voix exprimées. Le Directeur et le Chancelier sont nommés dans la première séance de chaque année et ne peuvent être réélus qu'après un an d'intervalle. Il est procédé, dans la même séance, à la désigna- lion du Secrétaire-adjoint, qui peut être réélu. Le Secrétaire-perpétuel et le Trésorier-archiviste ne sont nommés qu'autant qu'ils obtiennent au moins dix-huit voix. Ils conservent leurs fonctions tant que l'Académie n'en décide pas autrement par un vote formel soumis aux mêmes conditions que celui qui assure leur élection. — 10 — Art. 27. Le Directeur veille à tous les détails de l'adminis- tration, préside les séances, maintient l'ordre dans les discussions, provoque la nomination des commis- sions, en propose les membres, les fait réunir en temps utile, proclame les décisions prises et les résultats des scrutins, assure l'exécution du règle- ment. Il signe les procès -verbaux des séances et tous les actes de la Compagnie. Il porte la parole en son nom, et convoque extraor- dinairement ses membres quand les circonstances l'exigent. Art. 28. Le Chancelier fait l'appel des membres à chaque séance, et constate les présences sur un registre spécial. Il est dépositaire du sceau de l'Académie ; il con- tresigne et scelle les diplômes délivrés et les actes expédiés en son nom. Art. 29. Le Secrétaire-perpétuel est chargé de la rédaction des procès-verbaux des séances. Ces procès-verbaux, enregistrés sur un livre qu'il lient à cet effet, sont signés par lui et par le Direc- teur, après qu'ils ont été adoptés. Il en délivre des extraits^aux membres qui en font la demande. Il signe, avec leDirecteur et le Chancelier, les diplômes et les actes émanant de la Compagnie, et les expédie. — 11 — Il est chargé de toute la correspondance autre que celle qui est spécialement réservée à l'Archiviste- trésorier ; il conserve les lettres qu'il reçoit et garde copie, sur un registre spécial, de celles qu'il écrit. Il adresse toutes les lettres de convocation. Il présente, dans la séance publique, le compte- rendu des travaux de l'année. A la fin de chaque session, il dépose aux archives tous les documents et toutes les pièces qu'il possède et qui doivent y prendre place. Art. 30. Les attributions de l'Archiviste-trésorier compren- nent : 1° La perception des recettes et le paiement des dépenses de toute nature, la fabrication et la distri- bution des jetons de présence et des médailles que distribue l'Académie ; 2° La réception, la distribution et la vente des mémoires et des autres publications ; 3° La garde et la conservation des archives et de la bibliothèque, l'enregistrement et le classement des publications, des ouvrages, des documents et des objets adressés à l'Académie ; 4" La correspondance qui a pour objet de com- pléter et de tenir au courant les publications des Sociétés savantes avec lesquelles l'Académie fait des échanges, et celle qui se rapporte à la comptabilité et aux intérêts linancicrs de la Compagnie. Il garde copie de ses lettres sur un registre spécial. — 12 — Art. 31. En l'absence du Directeur, le Chancelier en rem- plit les fonctions. Si tous deux sont absents, le plus ancien membre remplace le Directeur. Le Secrétaire-adjoint remplace le Secrétaire-per- pétuel absent ; — il remplace également le Chancelier absent. TITRE IV. SÉANCES DE L'ACADÉMIE. — CONCOURS. t<^ Séances ordinaires. Art. 32. L'Académie reprend ses travaux tous les ans, au l" Janvier et les termine au 31 Décembre suivant. Les vacances ont lieu du l'^'" Septembre au 31 Octobre. Les séances ordinaires sont au nombre de vingt par année. Elle se tiennent le second et le quatrième vendredi de chaque mois, ou bien la veille ou le lendemain, quand l'un de ces vendredis est un jour férié. Elles sont ouvertes à huit heures du soir. Art. 33. Les membres titulaires et les membres honoraires en résidence à Amiens reçoivent à domicile, et l'avant-vcille de chaque séance au plus tard, des lettres de convocation où sont mentionnés l'ordre du jour et les noms des membres qui doivent faire des lectures ou des communications. — 13 — Les membres titulaires sont avisés par le Secrétaire- perpétuel, deux mois à l'avance, de leur tour de lecture. Art. 34. L'ordre suivant est observé dans les séances : 1* Lecture du procès- verbal de la séance précé- dente ; 2° Dépouillement de la correspondance et rensei- gnements sur les opérations du Bureau et des Com.- missions ; 3' Énumération des envois faits à l'Académie ; 4" Appel nominal des membres ; 5° Présentation de candidats ; 6° Réception des membres élus ; 7° Lectures ou commu-nications réglementaires ; 8° Rapports des commissions ou des membres chargés de missions spéciales ; 9° Communications orales ou écrites. — Proposi- tions diverses. — Nomination de commissions ; 10° Élection de nouveaux membres ; 11" Indication de l'ordre du jour de la séance suivante. 9" Séance publique. Art. 35. L'Académie tient une séance publique avant la fin de chaque session annuelle. Art. 36. Le programme en est arrélé dans la derniùre séance du mois de Novembre, sur la proposition de la Commission de pubhcations. — 14 — Aucune lecture n'v sera admise si elle n'a été l'aile en séance ordinaire. Art. 37. Celte séance est ouverte par un discours du Directeur. Elle est continuée : V Par le compte-rendu du Secrétaire-perpétuel qui analyse les travaux de la session, et présente une notice nécrologique sur les membres décédés, à moins que ce travail n'ait été confié à un autre membre ; 2" Par les lectures annoncées au programme ; 3° Par les rapports des commissions des concours. Le Directeur proclame ensuite les noms des lau- réats, et leur remet, s'ils sont présents, les prix qui leur ont été décernés. Il termine la séance en annonçant les sujets de prix mis au concours pour l'année suivante. 3** Concours. Art. 38. A la suite de la séance publique, le Secrétaire- perpétuel fait annoncer les prix proposés et les questions mises au concours. Art. 39. Les ouvrages des concurrents doivent parvenir au Secrétaire-perpétuel avant le 1"" Novembre, au plus lard ; ils ne seront point signés et porteront une épigraphe qui sera répétée sur un billet cacheté renfermant le nom de l'auteur. — 15 — Ils devront être inédits et n'avoir point été pré- sentés à d'autres sociétés. L'auteur qui se fera connaître sera, par ce seul fait, exclu du concours. Le cachet n'est rompu qu'autant que l'ouvrage est reconnu digne du prix. Dans le cas contraire, la lettre est brûlée, en présence de la Compagnie, sans être ouverte. Tout mémoire présenté au Concours deviendra la propriété de l'Académie ; l'auteur ne pourra le reti- rer, mais il aura la faculté d'en prendre ou d'en faire prendre copie. Art. 40. Dès le 1" Novembre, le Secrétaire perpétuel remet les œuvres des concurrents aux commissions des concours. L'Académie prononce son jugement dans la pre- mière séance de Décembre, après avoir entendu les rapports des commissions. Si un ouvrage a été jugé digne de récompense, le Secrétaire-perpétuel en informe l'auteur, Art. 4L Dans la même séance, l'Académie, sur la proposi- tion de la commission de publications, arrête les questions à mettre au concours pour l'année suivante, et fixe la nature et la valeur des prix Art. 42. Les membres titulaires ne peuvent prendre part à ces concours. — 16 — TITRE V. commissions. Art. 43. Dans la première séance de l'année, immédiate- ment après le renouvellement du Bureau, TAcadémie nomme une Commission de comptabilité et une Commission de publications. Art. 44. La Commission de comptabilité se compose de trois membres. Elle fait connaître, dans la séance qui suit sa nomination , les résultats de sa vérification des comptes du trésorier, et ses propositions relatives au budget. Son rapport, signé de tous les membres , est conservé dans les archives. Art. 45. La Commission de publications se compose de cinq membres choisis de manière à représenter les diffé- rentes branches du programme de TAcadémie. Elle a pour mission : 1' De composer la liste des mémoires que T Aca- démie peut imprimer et d'en surveiller l'impression. 2" De préparer le programme de la séance publique. 3'' De proposer les sujets à mettre au concours. Art. 46. Indépendamment de ces deux commissions, l'Aca- démie nomme, quand il y a lieu, des commissions spéciales. — 17 — Les commissions des concours, s'il y a lieu, sont constituées dans la première séance du mois d'Août. Art. 47. 1° Le Directeur, le Chancelier et le Secrétaire- perpétuel font partie de toutes les commissions, et le Secrétaire- perpétuel les convoque ; 2° Les autres membres sont désignés sur la propo- sition du Directeur, ou nommés au scrutin de liste, s'il est réclamé, et à la majorité simple. 3" Les commissions nomment leurs présidents et leurs rapporteurs. 4° Elles peuvent délibérer toutes les fois que la moitié des membres dont elles se composent est présente. TITRE VL propositions. - délibérations. Art. 48. Toute proposition faite par un membre titulaire est prise en considération dés qu'elle est appuyée par trois autres membres. Dans ce cas, Fauteur est admis à la développer séance tenante. L'Académie décide ensuite s'il y a lieu de la discuter immédiatement, ou dans une séance ultérieure, ou s'il convient de la renvoyer à une commission. Art. 49. L'Académie ne peut prendre de décision sur aucun sujet, qu'il n'ait été proposé dans une séance précé- dente, mis à l'ordre du jour, et indiqué sur les lettres de convocation. _ 18 — Art. 50. Les décisions sont prises à la majorité. Le scrutin secret est de droit toutes les fois qu'il est réclamé par trois membres. Dans ce vote, la majorité est déterminée en tenant compte des bulletins blancs dans le nombre total des suffrages exprimés. TITRE VIL MESURES D'ORDRE. 1° Publlcatioais de rAcadeEule* Art. 51. Chaque année, au moment où elle arrête son budsret, l'Académie détermine les sommes affectées à l'impression de ses mémoires et des autres publi- cations. Art. 52. Les mémoires et les autres ouvrages publiés par l'Académie portent, sur le titre, la mention suivante: Les opinions omises par les auteurs des mé- moires leur sont personnelles et l'Académie nen est pas responsable . Chaque volume des mémoires se termine par la hste des membres de l'Académie, à quelque titre qu'ils lui appartiennent. Art 53. Les épreuves sont revues par l'auteur et par un membre de la Commission de publications. 19 Les bons à tirer doivent porter la signature du commissaire et celle de l'auteur. Art. 54. Toutes les publications de l'Académie sont remises par l'imprimeur à l'Archiviste qui donne reçu des exemplaires livrés. La distribution de ces exemplaires est constatée sur un registre spécial tenu par l'Archiviste. Le prix de vente est de 5 francs. Z° Arclifives. Art. 55. Les archives se composent : 1" Des registres de procès-verbaux et de corres- pondance, des lettres adressées à l'Académie, clas- sées par date, et des anciens livres et pièces de comptabilité ; 2° Des manuscrits qui n'ont pas été livrés à l'im- pression, des mémoires envoyés au concours ; 3° Des livres et des collections (cartes, dessins, machines, modèles, instruments et autres objets) appartenant à l'Académie. Art. 56. Tous les objets ci-dessus désignés sont marqués de l'estampille de l'Académie et du numéro d'ordre sons lequel ils sont enregistrés dans un livre spécial avec la date de l'entrée et le nom du donateur. Art. 57. Ils restent à la disposition des membres de l'Aca- démie, et leur sont confiés contre un reçu, s'ils — 20 — peuvent, sansiacoiivenienls, sortir des archives, mais ils doiveiiL être rendus dans un délai de deux mois. 3" CoraptabSSltë. Art. 58. Les ressources financières de l'Académie consistent: r Dans la cotisation de ses ses membres ; 2° Dans le produit de la vente de ses publications ; 3° Dans les subventions accordées par l'étal et le Département ; 4° Dans les dons qui lui sont faits ; 5° Dans les intérêts des sommes déposées chez le banquier et les revenus des donations qui pourraient lui être faites. Art. 59. Les dépenses comprennent : 1° La fabrication et le paiement des jetons de présence ; 2° Les émoluments du Secrétaire-perpétuel et la rétribution de l'appariteur : 3° L'impression et la distribution des mémoires et autres publications ; 4" Les frais de registres, d'imprimés, de corres- pondance et les dépenses diverses. Art. 60. Il est tenu un livre de caisse où toutes les recettes et toutes les dépenses sont inscrites, par ordre de date. Art. 61. Le Trésorier arrête ses comptes, chaque année, au 31 Décembre, et dresse un état résumé des receltes — 21 — et des dépenses et de la situation financière de la Compagnie. Une expédition de cet état est remise à la Com- mission de Comptabilité dans la première séance de Janvier, pour demeurer annexée à son rapport. Après avoir entendu ce rapport, l'Académie ap- prouve ou redresse les comptes de l'exercice clos et règle son budget pour l'année courante. Art. 62. Le Trésorier a plein pouvoir : 1° De solder toutes les dépenses justifiées par les pièces comptables ; 2° De toucher les sommes dues à l'Académie ; i Il acquitte les mandats d'ordonnancement ou déli- vre des reçus détachés d'un registre à souche. Art. 63. Les pièces comptables consistent : 1* Pour le paiement des jetons de présence, en un état nominatif, avec colonne d'émargement indi- quant, pour chaque membre, le nombre de présences et le nombre de jetons qui lui sont dus ; 2" Pour le reste, en notes et factures acquittées. Art. 64. L'état des présences est dressé par le Chancelier sortant d'exercice et signé par lui. Toutes les pièces comptables, émargées ou acquit- tées par les parties prenantes, dcmeuicnt ;;iiiicxées aux comptes du Trésorier et formant In juslilication de ses écritures. — 22 — TITRE VIII. dispositions diverses. Art. 65. L'Académie envoie en mission des membres titu- laires dans les circonstances qui motivent celte mesure. Elle fixe, dans ce cas, des indemnités de voyage. Le droit de présence est acquis aux membres absents pour mission. Art. 66. L'Académie est représentée, aux obsèques de ses membres titulaires ou honoraires résidants, par une députation composée du Bureau et de six membres titulaires. Tous les membres de l'Académie sont invités à se joindre à la députation. Art. 67. Tout membre de l'Académie qui prend ce litre dans un ouvrage dont il est l'auteur ou le traducteur, doit en remettre un exemplaire qui est déposé aux archives. Art. 68. Le présent règlement sera imprimé dans le format des Mémoires de l'Académie, et distribué à tous ses membres. Il ne pourra être révisé qu'à la suite d'une propo- — 23 — sition motivée, prise en considération et renvoyée à une commission. Toute modification proposée ne sera définitivement adoptée qu'autant qu'elle réunira, dans un vote au scrutin secret, la majorité des membres titulaires. "^^^m'h»^^^' ^.^. y^P^v^ AiiiitiiS. — Imp. H. YvERT. rue des Trois-Cailloux. G4. ^ I