'M AW Digitized by the Internet Archive in 2009 witli funding from NCSU Libraries Iittp://www.archive.org/details/smiologieetdia01cad librena Ça,IVAÎ AGUSTINAS 1043 N.o. ENCYCLOPÉDIE CADÉAG II SÉMIOLOGIE r>ES MALADIES DES ANIMAUX DOMESTIQUES TOME I OUVRAGES DU MÊME AUTEUR Recherches expérimentales sur la morve (on collaboration avec M. -Mallct). (Rt-coinpt'nsi' pai lAfailéraie des scionces et par l'Afadéiuie de médecine.) Paris, 1886. 155 pages. Mémoire sur la contagion miasmique du charbon, de la cla- Vflér. de la morve cl de la luluTculose (en collaboration avec M. Mallct). (Couronné par l'Académie de médecine de France.) Recherches expérimentales sur les essences. — Etude des liqueurs (rabsintiie, d"ar([uehuse. i\t' ICau de mélisse des- Carmes, de Garus (en collabdiatiim avec le D"- Meunier). Paris, 18t>l. (Ouvrage couronné jiar l'Académie des sciences et récompensé par l'Académie d(! médecine de France.) Pathologie générale des animaux domestiques. 2" édiliou, '\90i. 1 vdl. iii-lN Jésus, avec ;J7 ligures. Paris. .j.-B. Baillière et fils. Sémiologie et diagnostic des maladies des animaux domes- tiques. -2'^ éclUion, 1904. 2 vol. in-18 jésus, avec ligures. Paris. J.-li. Daillière et lils {Enci/clopédie Cadéac). Pathologie interne des animaux domestiques. 8 vol. in-18 Jésus, avec figures. Paris, J.-B. Baillière et fils, 189G-18'.ll) (ICvcf/clopéilie Cadéac). Ouvrage récompensé par l'Institut, en l'.KII. Anatomie pathologique des animaux domestiques. 2'^ édition, l'.M)5. 1 vol. in-18 Jésus, avec flg. Paris, J.-B. Baillière et fds. 940i'-03. — ConnKiL. Ini[irinici-ie \i\>. Cbété. ENCYCLOPÉDIE VETERINAIRE F'ubliée sous la direction de G. GADÉAG SÉMIOLOGIE ET DIAGNOSTIC DR s MALADIES DES ANIMAUX DOMESTIQUES PAU C. CADÉAG PHOFESSF.rn de CLINIhIE a l'école vétérinaire I>E LYON DEUXIÈME ÉDITION TUMK I Appareil dir/estif. — Appareil reftpiraloire. Appareil circulaluirc. — Appareil urinaire. Avec 57 figures PARIS LIBRAIRIE J.-B. BAILLIÈRE et FILS 9, rue Bautrietti'le, près du boulevard SaiDl-Germain lOOo Tous ilroils réservés SÉMIOLOGIE SEMIOLOGIE DE L'APPAREIL DIGESTIF PREMIERE SECTION LÈVRES ET BOUCHE I. — LÈVRES. L'examen des lèvres est externe ou interne. a. Inspection des parties externes. — Elle révèle : 1'^ des tuméfactions : anasarque, gourme et morve aiguë des solipèdes, pesle bovine, phlegmons, abcès, intoxica- tions par les champignons chez tous les animaux; 2° des blessures et des plaies dues à des médicaments (acides, alcalis), à des brûlures, au tord-nez, à des fourrages épineux: elles sont suivies de tuméfaction et de déplace- ment des lèvres, d'anorexie, de salivation, d'engorgement des glandes de l'auge; 3° des tumeurs : carcinomes, épi- théliomes verrues, mélanomes, kystes divers; 4° des éruptions : horsepox des solipèdes, exanthèmes des solipèdes malades de la gourme et maladies cutanées contagieuses des carnivores ; 5'^ des ulcérations : fièvre aphteuse, noir-museau; 6° des convulsions : tremblements observés au début de la paralysie iabio-glosso-laryngée du cheval, secousses rythmiques des chiens choréiques, convulsions symptomatiques de la tremblante du inou- Cadéac. — Sémiologie, 2" édit. i 2 SÉMIOLOGIE DE l'aPPAREIL DIGESTIF. ton, contractions rapides des muscles de la face rendant la physionomie grimaçante pendant l'allaque d'épi- lepsie et d'éclampsie; 1° la paralysie du facial accom- pagnée de la déviation des lèvres et de l'écoulement de la salive, par suite du défaut de la fermeture de la bouche; parésie des lèvres caractérisée par l'afîaiblis- semenl de la lèvre inférieure chez les vieux chevaux, parfois chez les juments en état de gestation; affaisse- ment des lèvres chez les animaux affectés de paralysie double du facial, les sujets prennent alors les aliments avec les dents ; 8° une rétraction des lèvres par la con- traction des muscles commissuraux, symptôme de dou- leurs abdominales aiguës, rendant la physionomie grippée, ou des derniers efforts de Tagonie qui provoquent un véritable rictus [rire sardoniqiie). Les étalons qui appro- chent les femelles en rut font aussi une grimace caracté- ristique. b. Inspection de la muqueuse labiale. — Elle se pra- tique, chez les solipèdes, en saisissant la lèvre supérieure d'une main, la lèvre inférieure de l'autre main. Les grands ruminants doivent être, au préalable, fixés à un poteau ou maintenus par le bouvier. Les chiens seront attachés par une ligature passée en arrière des crochets et nouée au-dessus du chanfrein. On peut observer : 1° une rougeur intense, limitée ou diffuse, produite par les maladies éruplives (clavelée, fièvre aphteuse, horsepox, coryza gangreneux, peste bovine); 2° des ecchymoses, des sugillations ou des suflfu- sions sanguines, symptomatiques de la fièvre pétéchiale, de la fièvre typhoïde du cheval, du coryza gangreneux' du bœuf, du scorbut du chien; 3° une coloration jau- nâtre dans le catarrhe gastro-duodénal, dans la peste bovine parvenue à une période avancée; 4° des éruptions symptomatiques de la clavelée, de la peste bovine, du horsepox, de la fièvre aphteuse ou de l'hypertrophie des follicules glandulaires de cette région; 5° des ulcéra- BOUCHE. 3 tions consécutives aux stomatites spécifiques du chien; 6° des kystes par rétention, des inflammations glandulaires qu'on reconnaît en faisant glisser la langue entre les doigts. II. BOUCHE. I. Exploration. — a. Inspection de la muqueuse buccale. — Elle a une grande importance clinique ; la méthode employée varie avec chaque espèce animale. Le cheval étant tourné vers la lumière solaire, on prend la lèvre supérieur.e d'une main, et, de l'autre, on tire laléralemenl la langue hors de la bouche, ce qui oblige l'animal à écarter les mâchoires et l'empêche de les rapprocher. Cette exploration, sans instruments, suffit pour un examen superficiel des parties anté- rieures de la cavité buccale, parfois même des joues et des molaires. Quand on veut jeter un coup d'œil sur les parties profondes, on saisit la langue delà main droite et on la fait saillir en dehors vers la com- missure gauche pendant que la main gauche soulève la lèvre et la joue droite. On inspecte le côté gauche en opérant d'une manière analogue ; c'est-à-dire en portant la langue du côté droit, sans déchirer le frein de cet organe. Si les animaux rapprochent trop énergiquement les mâchoires, on se sert d'un spéculum. Ces instruments sont : 1° à axe fixe ; 2° à axe mobile. Les spéculums à axe fixe tels que lepas-d'dne(fig. 1) offrent l'inconvénient de ne pouvoir faire varier l'écartement des mâchoires. Fig. i. — Pas-d'àne, 4 SÉMIOLOGIE DE L'APPAREIL DIGESTIF. L'appareil de Martin (fig. 2) est l'un des plus recom- mandés. Les spéculums à axe mobile permettent de régler l'écar- tement des mâchoires. Les plus employés sont les Fig. 2. — Appareil de Martin. modèles de Rigot et de Mauri. Dans le spéculum de Rigot, le manche est muni d'un pas de vis qui permet le dépla- cement de l'axe horizontal inférieur. Pour éviter les excoriations des barres, on entoure les axes horizontaux d'un manchon de cuir, de caoutchouc ou d'étoupes. — Le spéculum de Mauri présente, au lieu des axes transversaux, deux plateaux garnis d'une bor- dure mélalliquc ; dans cet appareil, l'action dilatatrice s'exerce sur les incisives des deux mâchoires et non sur les barres. Le spéculum de Varnell se compose de deux axes hori- zontaux, garnis de cuir ou de caoutchouc, et dont l'écar- temenl est réglé au moyen d'un écrou qui se meut sur une tige verticale taraudée dans sa moitié inférieure. Le spéculum de Mackel (fig. 3) se fixe à l'aide d'une BOUCHE. 5 courroie passant sur la nuque ;la traverse supérieure se rapproche ou s'éloigne de Tinférieure au moyen d'écrous glissant sur les tiges filetées qui constituent les montants Fig. 3. — Spûculum de Mackel. de l'appareil. — L'appareil de Bissauge (fig. 4) est basé sur le même principe. Le spéculum à coin de Bayer (fig. 3) se compose de deux solides plaques métalliques rectangulaires, dentelées sur leur face externe et limilées par des bords saillants ; ces deux plaques sont réunies à angle aigu à l'une de leurs extrémités et reliées à l'autre par une traverse fixe munie d'un anneau qui sert de poignée. Quand le hœiif est docile, on peut explorer la bouche sans aucun instrument et sans utiliser de moyen de fixa- tion; l'opérateur placé latéralement en arrière des cornes saisit et relève le mufle d'une main et la langue de l'autre; l'animal ouvre la bouche et laisse apercevoir les diverses altérations qu'elle peut présenter. On peut compléter celte exploration en faisant tenir le mufle et une corne par un aide afin d'avoir les deux mains libres : l'une pour 6 SÉMIOLOGIE DE l'aPPAREIL DIGESTIF. maintenir la langue et l'autre pour écarter les joues, Fig. 4. — Spéoulum de Bissauge. OU toucher les diverses parties de la cavité buccale. Si l'animal est indocile, on fixe l'animal à un poteau ou Fig. 5. — Spéculum de Bayer. à un arbre; on utilise les spéculums employés chez le cheval. BOUCHE. Les chiens et les chats très doux se laissent quelque- fois examiner la bouclie sans difficulté; on peut l'ouvrir avec les doigts ou les mains. Ce moyen peut être utilisé par le propriétaire ; il n'est pas à recommander pour Fig. 6. — Spéculum de Gray. l'explorateur. On parvient à écarter les mâchoires sans danger en refoulant les lèvres et les joues contre les dents, de sorte que l'animal ne peut rapprocher les mâchoires sans se blesser. Quand le sujet est trop indocile, il faut le coucher et fixer une corde à chaque mâchoire, ce qui permet d'ouvrir la bouche à volonté. On peut encore uti- liser le pas-d'àne inventé par Bourrel, le spéculum de 8 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL DIGESTIF. Gray (fig. 6). Les autres instruments préconisés ne sont nullement employés. Le porc peut être inspecté à l'aide du spéculum, ou en introduisant un billot, un bâton solide entre les deux maxil- laires de l'animal couché et maintenu par des aides. Les procédés employés par les langueyeurs ne peuvent être convenablement utilisés par les vétérinaires. Chez les volailles, le bec est facile à écarter; on a recours au pas-d'àne pour le perroquet méchant. Chez tous les animaux couchés, on peut éclairer la bouche à l'aide d'un réflecteur. 6. Sondage. — Complète souvent l'inspection. Ce pro- cédé fait découvrir des fistules procédant de caries ou de nécroses. On utilise des sondes en S ou des stylets en fer rigides ou flexibles, droits ou recourbés à leur extrémité libre. c. Percussion. — Elle peut mettre en évidence une sen- sibilité anormale et provoquer des mouvements de défense caractéristiques d'une inflammation ou d'une nécrose. (l. Examen bactériologique. — Il révèle l'existence de l'oidum du muguet, de microbes spécifiques ou non spécifiques dans les caries dentaires, les périostites alvéo- laires, les stomatites ulcéreuses, l'actinomycose. On y trouve des bacilles et des spirilles à rôle mal délerminé, des pneumocoques, des microbes de la septicémie qui rendent les morsures des chats si dangereuses, des strep- tocoques, des staphylocoques capables de donner nais- sance à des angines et à des stomatites catarrhales, phlegmoneuses ; ils exercent des sévices même dans la stomatite mercurielle où l'injection s'ajoute et aggrave l'intoxication. Vignal a compté dans cette cavité jusqu'à dix-sept variétés différentes de microorganismes. Ils déter- minentdes inflammations, produisentla gangrène, altèrent l'épithélium et préparent les infections. La bouche est la partie la plus vulnérable du tube digestif : les maladies BOUCHK. 9 générales microbiennes (fièvre aphteuse, morve) s'ino- culent fréquemment par la bouche. Tant que celle-ci reste intacte, l'infeclion est généralement évitée, II. Modifications patliologiqucs. — Ces méthodes font apprécier les difficultés qu'éprouve l'animai à rap- procher ou à écarter les mâchoires, dénoncent la tempé- rature, l'humidité, l'odeur, la sensibilité, les troubles circulatoires ou intlammatoires de la muqueuse buccale, des gencives, des dents, de la langue, de la voûte pala- tine, du voile du palais et des joues. 1" Mouvement des mâchoires. — On ne peut ouvrir la bouche des animaux affectés de trismus ou d"arthrite de l'articulation temporo-maxillaire, les muscles masséters et temporaux demeurent contractés sous Tintluence du poison tétanique ou de la douleur déterminée par l'inflammation articulaire. L'animal ne peut fermer la bouche quand le maxillaire inférieur est paralysé comme dans la rage (rage-mue du chien), dans la luxation de l'articulation temporo- maxil- laire ou par suite de l'implantation de corps étrangers dans la bouche ou l'arrière-bouche. Pour établir le diagnostic différentiel chez le chien, très sujet à ces affections, on commence par enfermer l'animal; on lui présente un bâton pour le faire aboyer ou mordre ; quand rien dans sa physionomie ne décèle le moindre symptôme de rage, on examine attentivement l'intérieur de la cavité buccale pour y rechercher les corps étrangers qui maintiennent les mâchoires écartées. On rencontre assez souvent un os acéré, implanté dans la gencive ou la base de la langue. La paralysie simple de la mâchoire inférieure n'est pas rare chez le chien ; cette aiïection peut guérir à peu près complètement au bout d'un mois. 2'^ Température de la bouche. — Perçue en introdui- sant le doigt à son intérieur, au niveau des barres, elle 1. 10 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL DIGESTIF. consiste normalement dans une sensation de fraîcheur. Pathologiquement, elle est augmentée au début de toutes les maladies f^énéiales à fièvre intense et dans les affec- lions locales (stomatites, glossites), ou du voisinage (pha- ryngites) ; on dit que la bouche est chaude. La température est abaissée chez les animaux anémiés par des maladies chroniques ou par des déperditions san- guines abondantes. 3° Humidité de la bouche. — Elle est décelée par le même procédé d'exploration : le doigt qui apprécie la température éprouve une sensation d'humidité. Il est clair qu'une grande habitude est nécessaire pour reconnaître toutes les modifications physiologiques dépendantes de l'espèce ou de la race. Chez le bœuf, la muqueuse est plus humide que chez le cheval et chez le chat, les races de chiens dont la lèvre supérieure dépasse la lèvre inférieure (Terre-Neuve, Saint-Bernard, certains bouledogues), laissent normale- ment écouler la salive par les commissures des lèvres. A l'état pathologique, l'humidité peut être augmentée ou diminuée (Voy. Sécrétion salivaire). 4° Odeur de la bouche. — Elle est révélée par l'écarte- ment des lèvres ou par le doigt qui a servi à pratiquer l'exploration de cette cavité. Elle est fade, douceâtre, désa- gréable chez les herbivores qui ne mangent pas, en raison 'de la putréfaction de l'épithélium qui, n'étant plus enlevé mécaniquement par les aliments et les boissons, se des- sèche à la surface de la muqueuse et y forme un enduit passager auquel s'associent le mucus sécrété, des parti- cules alimentaires et des champignons. L'odeur est fétide quand, à la suite d'irrégularités den- taires, de difficullés de la mastication, les aliments rete- nus entre les dents, les joues, se putréfient. Chez les herbivores, les végétaux acérés, tranchants, les fourrages nouveaux, riches en bromes dont les piquants irritent la muqueuse, produisent fréquemment des abcès d'une BOUCHE. 11 fétidité remarquable. La fétidité de la bouche est encore due au sulfocyanure de potassium que renferme la salive mixte mélansée au mucus sécrété par les glandes sous-muqueuses; celte odeur se manifeste quand la déglutition est gênée par les maladies du pharynx ou de l'œsophage. L'odeur est putride quand du sang et des produits exsudés à la surface de la muqueuse sous l'influence d'une stomatite ulcéreuse du chien, de la stomatite mer- ctirielle, du coryza gangreneux du bœuf, de la diphtérie, de la stomatite gangreneuse du veau et de [néoplasmes divers, éprouvent la fermentation putride dans l'intérieur de la bouche. L'odeur acide, aigre, piquante est caractéristique d'une nécrose osseuse, de carie dentaire et de fistules établis- sant des communications anormales avec les sinus. o» Sensibilité de la bouche. — Elle est diminuée chez les sujets affectés de maladies ou de tumeurs cérébrales et chez certains animaux atteints d'immobilité à un degré prononcé; elle est augmentée dans toutes les stomatites, l'hyperesthésie acquiert son maximum d'acuité chez le bojuf, quand les papilles sont gonflées, irritées (inflam- mation des barbillons). 6° Troubles circulatoires de la muqueuse de la bouche. — Ils comprennent l'anémie,) l'hyperémie, les œdèmes, les hémorragies et les inflammations. a. L'anémie de la muqueuse est toujours liée à l'anémie générale; elle s'observe chez les animaux cachectiques ou ayant subi des déperditions sanguines considérables; elle se traduit toujours par une pâleur marquée. b. L'hyperémie est le premier signe de la stomatite aiguë; elle est peu appréciable quand l'inflammation est légère, superficielle; elle est invisible chez tous les ani- maux dont les muqueuses sont foncées. Pourtant la con- gestion du tissu sous-muqueux ne fait jamais défaut, quel que soit le processus inflammatoire local, i^a muqueuse est i2 SEMIOLOGIE DE L APPAREIL DIGESTIF. violacée dans l'intoxication par réméfique administré à l'état solide, et dans divers autres empoisonnements ; elle est rouge au niveau des gencives et des bords de la langue dans les autres inflammalions. c. Les œdèmes de la bouche succèdent aux stomatites, aux brûlures, aux phlegmons simples ou gourmeux ; ils se montrent de préférence au palais, à la face inférieure de la langue et aux joues. d. Les hémorragies se manifestent à la suite de trauma- tismes, du purpura, de la stomatite ulcéreuse et d'altéra- tions diverses des gencives chez le chien. e. Les inflammations sont symptomatiqiies {gourme, horse- pox, fièvre aphteuse, rage, fièvre typhoïde, tuberculose, morve), traumatiques, thermiques ou chimiques (corps étran- gers, aliments et boissons), toxiques (caustiques, acides, alcalis, mercure, etc.), parasitaires (muguet, sangsues, cysticerques), microbiennes (stomatite [ulcéro-membra- neuse, stomatite catarrhale). III. — GENCIVES. Sur les gencives, on observe : 1» de la rougeur et de la tuméfaction produites par la gingivite, les maladies érup- tives, la stomalile ulcéreuse, l'intoxication mercurielle ou plombique au début; 2» des vésicules, des pustules, des phlyctènes dans le horse-pox, la peste bovine, la fièvre aphteuse, le coryza gangreneux; 3° des ulcérations dans l'hydrargyrisme, le saturnisme, la gangrène de la bouche ou stomatite ulcéro-membraneuse. IV. — BARRES. Les barres sont fréquemment le siège de meurtrissures, de plaies ou même de nécroses déterminées par l'applica- tion fréquente du pas-d"àne chez les animaux qui effectuent, pendant cette exploration, des mouvements latéraux des DENTS. 13 mâchoires el surfout par la pression du mors chez les chevaux purs sang qui ont l'habitude de semballer; dans ce cas, les commissures des lèvres sont souvent épaissies et indurées. V. — DEKTS. Les den^s doivent être soigneusement examinées chaque fois que l'animal ne mange pas, que la préhension des aliments est anormale, qu'il y a de la salivation ou une mauvaise odeur de la bouche. Cette inspection permet de constater : 1° Véruiption des dents et les accidents pathologiques {cha- leur, douleur, rougeur et tuméfaction des gencives) qui l'accompagnent. 2° L'existence de siirdcnts, due à la persistance des dents de lait, à l'absence de canines ou de molaires chez le chien. 3'^ L'implantation irrégulière des dents, le chevauchement des incisives, leur position oblique ou transversale par rapport à l'arcade dentaire, comme si elles avaient éprouvé un quart ou une demi-torsion dans leurs alvéoles. Ce sont autant de défectuosités qui ne nuisent pas au foi\ctionnemenl des mâchoires. 4° Les anomalies de longueur et de direction des dents liées au pi'ognatisme naturel de la mâchoire supérieure chez le cheval, de la mâchoire inférieure chez certaines races de chiens, à la vieillesse qui, chez certains che- vaux, détermine une trop grande obliquité des incisives supérieures devenues trop longues (bec de corbin). 5° Une usure anormale des dents incisives chez les che- vaux qui ont l'habitude de mordre le bord de la man- geoire ou qui sont affectés de tic (Voy. ce mot), chez les chiens qui sont nourris habituellement avec des os; des molaires hérissées de pointes et d'irrégularités, blessant les joues, excoriant la langue et provoquant l'accumula- tion de fourrages entre les dents et les joues. Cet emma- j.'j. SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL DIGESTIF. gasinemeiitest suivi de fermentations, de mauvaise odeur et de dégoût de l'animal pour tous les aliments. 6° La mobilité des dents chez les ruminants, oh les inci- sives présentent toujours un certain degré de mobilité ; elles deviennent branlantes dans la stomatite ulcéreuse du chien, dans l'hydrargyrisme chez tous les animaux, dans le cours du rachitisme chez le chien, de la maladie du renitlement chez le poi'c, à la suite du dépôt de tartre au niveau du collet chez les vieux chiens, et de carie chez les vieux chevaux. 7" Une périostite alvéolaire, des exostoses suivies de per- forations, de collection purulente des sinus et de jetage infect, lors de périostite de la mâchoire supérieure ; la périostite purulente déterminée par la stomatite ulcéreuse est suivie de la tuméfaction de Fos ; le rachitisme amène également son gonflement. 8'^ Des corps étrangers insinués entre les dents et provo- quant, chez le chien, des symptômes rabiformes, chez le bœut, des accès épileptiformes. 9° Desnéop/rtsies (fibromes, sarcomes épithéliomeSjépulis, actinomycomes) ayant pour origine l'alvéole des incisives ou des molaires. Les tumeurs déterminées par les actino- rnyces se développent généralement au niveau des molaires inférieures et déterminent la tuméfaction du maxillaire; les néoplasies malignes du chien prennent ordinairement naissance au niveau des incisives. VI. — LANGUE. La langue peut fournir des symptômes importants; elle est dite chargée quand elle est recouverte d'un enduit plus ou moins épais, adhérent, composé de cellules desséchées réunies par la salive et le mucus ; pâteuse, quand ce sédi- ment est épais et blanchâtre ; sédimenteuse, lorsque sa face supérieure est blanchâtre ou jaunâtre; fuligineuse, quand le dépôt, mélangé à la poussière, à la chlorophylle des ali- LANGUE. 15 ments ou à des médicaments, affecte une coloration foncée ou noirâtre. Ces modifications, qui résultent du défaut d'élimination de l'épitliélium desquamé, sont symptomatiques de lu stomatite, de la gastrite aiguë ou chronique et des maladies fébriles aiguës. La langue est souvent d'un rouge plus ou moins vif à sa pointe et à ses bords dans le cours des maladies aiguës du tube digestif, dans la fièvre pétéchiale, la fièvre typhoïde, la fièvre aphteuse, la peste bovine ; elle est bleu foncé et pend hors de la bouche dans le cas de ligature élastique ; elle peut même se gercer ou se fendiller quand la fièvre est très intense et l'anorexie prolongée. Elle est le siège d'ulcérations occasionnées par l'évolu- tion du horsepox, de la fièvre aphteuse, de la stomatite ulcéreuse du chien et du mouton, par des brûlures (eau chaude, acides, etc.); de tuméfactions circonscrites ou diffuses, déterminées par la peste bovine, qui rendent cet organe deux ou trois fois plus épais que normale- ment, par l'actinomycose qui la dessèche (langue de bois), par la glossite traumatique (brûlures, corps étran- gers, ligature) ; elle peut présenter aussi des vésicules du cysticerque ladrique, bien apparentes au niveau des faces latérales de cet organe, des plaies et des blessures produites par le mors, le bridon, le filet ou la longe passée dans la bouche, par les dents, par les épillets de graminées, par des tractions trop fortes. La paralysie de la langue succède quelquefois, chez le cheval, à l'immobilité, à la fièvre typhoïde ; chez le chien, à la vieillesse. La paralysie est généralement incomplète, la langue est pendante, c'est-à-dire qu'elle fait saillie de quelques travers de doigt en dehors de la bouche; elle est dite serpentine quand l'animal [cheval ou bœuf) la remue sans cesse, la rentre et la sort à tout moment (1). (1) Fischer, tic de la langue serpenline cliez le bœuf {Annales de méd, vétér. de Bruxelles, 1857). 16 SEMIOLOGIE DE L APPAREIL DIGESTIF. Le canal, lingual est quelquefois, chez le cheval et chez le chien, le siège d'une tuméfaction allongée déterminée par robslruction et la dilatation du canal de Warthon. Chez le chat, les papilles linguales sont blanches ou jaunes, entourées d'un cercle rougeàtre dans les cas de stomatite. VII. — PALAIS. La muqueuse palatine, turgescente chez les jeunes animaux, déborde parfois la table des incisives supé- rieures. Cette tuméfaction sans gravité, connue sous le nom de lampas, disparaît très vite ; on trouve cependant des chevaux âgés qui ont conservé une saillie anormale de la muqueuse du palais. VIII. — VOILE DU PALAIS. Le voile du palais, très développé chez les herbivores, est fréquemment altéré dans le choléra du porc ; il est envahi, ainsi que les amygdales, par les fausses mem- branes diphtéritiques ; il est aussi le siège de prédilec- tion de la diphtérie chez les volailles. IX. — JOUES. L'exploration des joues est externe ou interne. L'examen extérieur fait constater des boutons et des cordes farci- neuses, des phlegmons, des abcès et des cordes gour- meuses, des indurations ; la palpation peut rendre compte d'anomalies dentaires. L'examen intérieur permet d'observer des rougeurs, des taches hémorragiques, déterminées par les irrégu- larités dentaires, des éruptions vésiculeuses, pustuleuses, des tumeurs, des abcès, des accumulations d'aliments putréfiés, des cicatrices. PRÉHENSION DES ALIMENTS. 17 X. — PRÉilEIVSIOlV DES ALIMENTS. Chez le cheval, les maladies des lèvres (œdèmes, bles- sures, paralysies) ; chez le bœuf, les maladies de la lanj^ue, (aphtes, ulcérations tuberculeuses, actinomycosiques ou sepliques comme celles du coryza gangreneux, scléroses) ; chez le chien, les altérations des incisives et les troubles paralytiques déterminés par la rage s'opposent à la préhension des aliments et des boissons. Les corps étrangers (aiguilles, épines, fils de fer, os) implantés sur la gencive ou la langue maintiennent les mâchoires écartées et empêchent l'animal de manger. Les contractions tétaniques des masséters chez les animaux atteints de lrismus,les fractures des maxillaires aboutissent au même résultat. Certaines maladies du cerveau (hydrocéphalie, hydro- pisie cérébrale aiguë, hyperémie du cerveau) troublent l'intelligence, altèrent la conscience et déterminent des irrégularités dans la préhension des aliments. Chez des animaux affectés d'hydrocéphalie, la préhension est souvent mordante, happante ; certains chevaux saisissent le fourrage avec les incisives; d'autres, après s'en être remplis la bouche, en reprennent, quelques secondes après, oubliant d'avaler la piemière bouchée. D'autres continuent d'effectuer les gestes qui caracté- risent la préhension des aliments, alors que ceux-ci îont défaut ; d'autres incapables de prendre le fourrage placé sur le râtelier, mourraient d'inanition en présence d'une ration abondante. 11 en est qui tirent tout le fourrage du râtelier pour le répandre sur le sol ou dans la crèche; d'autres, mis en présence d'une botte de foin, y enfoncent la lête qu'ils ne retirent que lorsque l'asphyxie commence à se manifester; d'autres enfin laissent sortir les aliments en dehors des commissures des lèvres et s'oublient dans cette attitude : on dit qu'ils fument la pipe. 48 SÉMIOLOGIE DE L'APPAREIL DIGESTIF. Quand ces animaux boivent, ils plongent les naseaux dans les liquides, quelquefois même le bout du nez est enfoncé jusqu'au fond du seau ; ils restent immobiles dans celle altitude et ne reliient brusquement la lêle qu'au moment où l'aspbyxie menace de se produire. D'autres chevaux font le simulacre de boire avant d'approcher des liquides ou sont dans l'impossibilité de boire quand le seau ne repose pas directement sur le sol. Tous ces animaux sont des inconscients. XI. — MASTICATION. La mastication est indispensable à la digestion. Les aliments doivent être divisés et broyés, imprégnés par la salive et les sucs digestifs pour être digérés. Normalement, il faut, en moyenne, à un cheval de taille ordinaire, une heure et quart pour manger 2 kilogrammes de foin sec, soit quarante-cinq secondes pour broyer une trentaine de grammes de foin, en donnant de 70 à 80 coups de dents par minute. Cliniquement, la mastication est difficile ou insuffisante, lente ou rapide. a. La difficulté de la mastication dépend d'une altéra- tion des dents : les irrégularités dentaires rendent la mastication imparfaite, la carie dentaire détermine une si vive douleur au moment où le bol alimentaire est serré entre la dent malade et la dent ou la gencive opposée, que l'animal s'arrête brusquement de mâcher; les alté- rations des glandes salivaires qui sollicitent l'animal à mâcher toujours du même côté, les inflammations de la bouche et du pharynx, les maladies de la langue (ampu- tation, plaies, etc.), qui empêchent la propulsion du bol alimentaire, le trismus, les fractures des maxillaires, les luxations du maxillaire inférieur, l'arthiile temporo- uiaxillaire, la paralysie des massétersqui immobilisenlles mâchoires rendent la mastication difficile ou impossible. FAIM. 19 On voit souvent, notaranienl chez les animaux qui ont des irrégularités dentaires, les aliments s'accumuler entre les dents et les joues ; on dit que l'animal fait magasin. Les sujets afTeclés d'immobilité ou de toute autre maladie cérébrale suivie d'inconscience, présentent de fréquents arrêts de la mastication. 6. La mastication est insuffisante quand les chevaux, trop gloutons, ingèrent les aliments sans les broyer ; on dit qu'il boivent l'avoine. Ces animaux contractent fréquemment des indisposi- tions résultant d'un défaut de mastication et d'insaliva- tion et font entendre, pendant qu'ils mangent l'avoine, un ronflement particulier, une respiration bruyante, quel- quefois un bruit de claquement de la langue consécutif à l'accumulation de grandes quantités de liquide dans la bouche (tétanos, pharyngite). XII. — FAIM. La faim est sujette à de nombreuses variations physio- logiques. Les chevaux de race commune mangent plus que les animaux de race distinguée; les individus d'une même race ont un appétit très inégal : il en est qui mangent beaucoup plus que d'autres; les vaches nour- ries habituellement de betteraves et de son boudent sur les fourrages durs : les chiens hospitalisés dans les écoles refusent fréquemment de prendre leur nourriture. Les impressions morales (l'enlèvement des petits, le change- ment d'habitation) ont autant d'intluence que le change- ment d'aliments. Le travail excite l'appétit des animaux sains et provoque l'inappétence chez les sujets trop ner- veux ou affectés d'un catarrhe gastro-intestinal ; alors les chevaux se mettent à bouder sur leur avoine après chaque course. Les troubles de l'appétit consistent dans une augmen- tation, une diminution ou une perversion. 20 SÉMIOLOGIE DE L'APPAREIL DIGESTIF. a. Augmentation de l'appétit. — Elle est désignée sous le nom de polyphagie quand elle procède d'un besoin de réparation créé par la diète, l'inanition, l'alimentation insuffisante, le surmenage, la convalescence de maladies graves (fièvre typhoïde, pneumonie); on l'appelle bouli- mie quand l'animal, restant maigre, ingère des quantités énormes d'aliments, sans pouvoir assouvir sa faim; on observe ce phénomène dans l'helminthiase, le diabète, l'albuminurie, dans la dilatation de l'estomac chez le chien et l'inflammation chronique de l'intestin ; l'animal périt souvent d'une indigestion. b. Diminution de l'appétit ou inappétence. — Elle se rencontre dans toutes les atfections aiguës de l'appareil digestif et dans la plupart des maladies fébriles. Parmi les exceptions à cette règle, citons certains chevaux éner- giques qui, afîectés de pneumonie, de gourme, conservent entièrement leur appétit; d'autres, ayant subi des opéra- tions très graves, continuent à manger leur ration. Vanorexie ou disparition complète de la faim est toujours un signe fâcheux, surtout quand il persiste après la disparition de la fièvre. Le retour de l'appétit est l'un des meilleurs signes de guérison des maladies fébriles. Quand l'anorexie reparaît pendant la conva- lescence, elle est un signe de complication grave ou de rechute. c. Perversion de lappétit. — Elle résulte d'un trouble sensoriel, c'est-à-dire d'une altération du goût. Ce sens peut être aboli {aguensie), exagéré (hijpergueiisie) ou abso- lument perverti [tics digestifs). Sous le terme générique de tics digestifs, on comprend les habitudes vicieuses qui consistent à ingérer, soit des matières inalibiles (tics avec aberration du goùl), soit de l'air (tic proprement dit). Vagueusie ou anesthésie gustative ne s'observe que chez l'homme. L' hypergueusie ou l'exagération de la sensibilité gusta- ABERRATIONS DU GOUT. 2i live est un phénomène pathologique plus rare encore et n'intéressant nullement le vélérinaire. XIII. — ABERRATIONS DU GOUT, APPETIT ALIÉNÉ. MALACIA, PICA. Définition, caractères. — On désigne ainsi une dépra- vation du goût qui soUicite les animaux à ingérer avec avidité des substances inalibiles ou absolument étrangères à leur alimentation. On peut observer cette perversion du goût à rétat physiologique : 1° Chez les ruiniiiaiil> qui ont l'habitude de lécher les vêtements et d'ingérer les corps étrangers les plus variés (cailloux, pierres, épingles, cheveux, clous, fragments de fils de fer, gants, os, fourchettes, courroies, manches de fouet brisés, pièces de monnaie, etc.), qui sont le point de départ d'altérations graves du rumen, du diaphragme, du poumon, du péricarde, du cœur, etc. Ils ont aussi, fréquemment, la manie de lécher, d'ingérer les poils de leurs voisins. Au pâturage, on les voit se rapprocher et se lécher réciproquement : il semble que la saveur salée du tégument n'est pas étrangère à cette habitude; 2° Chez les jeunes chiens qui avalent tout ce qui est à portée de leurs dents : tabac, son, marrons d'Inde, cail- loux du volume d'une grosse pomme de terre, copeaux, billes en verre, morceaux de vieux chiffons et de cuir, cheveux (chiens de coiffeurs}, etc. Consécutivement, on voit survenir chez ces animaux des gastrites, des entérites, des symptômes rabiformes, mais, assez fréquemment, les chiens suspects de rage à la suite de l'ingestion de ces corps étrangers guérissent en les vomissant; 3° Chez les porcs qui ont l'habitude de manger les défécations humaines quand ils vivent en liberté; 4'^ Chez les moutons maintenus en stabulation perma- 22 SEMIOLOGIE DE L APPAREIL DIGESTIF. nente; ils se mordillent et s'arrachent fréquemment la laine ; 5° Chez certains poulains qui lèchent leur mère par distraction; chez certains chevaux qui rongent continuel- lement la longe, les couvertures, les parois de la stalle ou delà mangeoire; 6° Chez les oiseaux qui passent toute leur vie à s'arra- cher les plumes. Pica pathologique. — Le 2^ic(i' morbide est quelquefois si passager qu'il est difficile ou impossible de le diffé- rencier du pica physiologique. Ainsi, certaines femelles, en état de gestation, appâtent les matières animales et les préfèrent aux substances végétales; beaucoup de vaches mangent leur délivre; des truies mangent leurs petits. Beaucoup de chevaux, pen- dant la convalescence de maladies du tube digestif ou d'affections générales graves qui les ont anémiés, débili- tés, mangent les parois des stalles, les barreaux, les crot- tins. Ce fait s'observe principalement au retour des grandes manœuvres. Le pica est alors le symptôme d'un trouble passager de l'innervation du tube digestif. C'est une incitation analogue qui pousse les animaux enragés à ingérer tout ce qui leur tombe sous la dent. Le pica continu a été injustement érigé en maladie ; il n'a pas de siège pathologique ni de lésions précises et ne répond actuellement à aucune détermination morbide. Cette dépravation du goût est l'expression d'un trouble permanent de la nutrition d'une misère physiologique ; créant des sensations anormales et produisant des besoins pathologiques qui portent les animaux à ingérer de la terre, du plâtre, des briques, des matières fécales, des poils, des aliments impropres à l'alimentation de cer- taines espèces. Ses caractères doivent cire décrits chez le cheval, le bœuf, le mouton, le porc; sa pathogénie est la même pour toutes les espèces. ABERRATIONS DU GOUT. 23 Dans Vespèce chevaline, on remarque des animaux qui mangent conlinuellemenl du fumier, se bourrent de sable, de terre, de plairas, et préfèrent même ces substances à Tavoine. M. Baillet a vu une jument manger des boules de terre de la grosseur d'une petite pomme. La saveur salée de certaines terres semble exciter les animaux à les ingérer. C'est probablement la même cause qui incite les animaux à se lécher enire eux; il est vrai que parfois les substances ingérées sont absolument dépourvues de goût. On signale, en effet, des chevaux qui mangent la craie qui se trouve dans les murs des écuries. On cite enfin un cheval Ae boucher qui dévorait de la viande crue en quantité considérable (10 kilogrammes dans l'espace d'une heure). L'ingestion de ces substances indigestes détermine des coliques, des obstructions intestinales, de l'anémie; les muqueuses sont pâles, décolorées; les crins ternes, cas- sants; l'appétit est considérablement diminué. Ces ani- maux tristes, nonchalants, souffrent de troubles digestifs consécutifs à cette aberration de l'appélit. Chez le bœuf, le symptôme pica se traduit par un appé- tit capricieux, de l'inappétence, une rumination pares- seuse et rare, un goût spécial pour les mauvaises herbes, les jeunes pousses des arbres, des buissons et les matières les plus inalibiles (chiffons, cuirs, excréments, terre, chaux, argile, mortier, purin, paille souillée de fumier, objpts divers, débris des bons aliments) ; ils lèchent les murs, les boiseries et se lèchent continuellement. Sous l'influence de cette fâcheuse tendance, la nutrition s'affai- blit, les animaux dépérissent, la peau se colle aux os, les sécrétions digestives se tarissent, les mouvements de la panse s'affaiblissent et s'interrompent: la muqueuse digestive s'enflamme au contact de cesalin "'tits irritants, les excréments deviennent secs, durs, fétiaes, coiffés de mucus; l'urine est acide, albumineuse. La putréfaction gastro-intestinale crée l'auto-intoxica- 24 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL DIGESTIF. tion, qui détermine à son tour une réaction fébrile de Oo,5 à d",5; le système nerveux présente une excitabilité extrême; l'animai se précipite contre la crèche, frappe violemment de la tête tous les corps environnants; il ouvre la gueule, mordlebois et mugit faiblement (Dupont). Il parait en proie à une folie furieuse ; il refuse toute nourriture; l'épuisement est complet; les muscles sont émaciés, le sang est séreux; des épanchenienls se pro- duisent dans la plèvre, le péricarde, le péritoine; on observe aussi parfois les altérations propres à l'ostéoma- lacie. Tous ces troubles peuvent être enrayés quand la nutrition n'est pas trop compromise, tant que le tube digestif peut récupérer son fonctionnement et rétablir l'équilibre nutritif que l'inanition avait détruit. Une alimentation riche en sels minéraux (phosphates et chlorures) additionnés de sel marin produit de bons résultats. Les veaux issus de mères malades ou insuffisamment alimentés se lèchent tellement qu'ils forment des œgagro- piles dont les dimensions sont suffisantes pour obstruer le pylore ou l'intestin : la mort en vingt-quatre à qua- rante-huit heures dans l'abattement ou les convulsions est la conséquence de cette obstruction. L'emploi d'une muselière après chaque tétée les préserve de tout acci- dent. Chez le mouluii, le pica s'observe sur les animaux de deux à six semaines ou sur les animaux adultes. Les pre- miers s'amusent à mordiller leur mère, les seconds, un voisin. On les voit tous prendre rapidement goût à cet exercice, et ingérer bientôt des quantités considérables de laine, principalement celle qui est souillée d'urine ou de matières excrémentitielles. Le nombre des mangeurs augmente rapidement, et une brebis ou un mouton est bientôt tondu. Le mal se pro^ page activement à tout le troupeau ; ces agneaux sucent et ingèrent les brins de laine des mères; tous les animaux ABERRATIONS DU GOUT. 25 présentent les mêmes troubles de la digestion et de la nu- trition. La laine ingérée absorbe les sucs digestifs et pro- voque une constipation opiniAtre, détermine une gastro- entérite fréquemment mortelle, forme des mèches et des pelotes du volume d'une noisette ou d'une noix, quelque- fois des aegagropiles qui sont capables d'obstruerle pylore. Les animaux qui ne réussissent pas à les évacuer avec le? matières fécales ou à les vomir présentent des coliques, du météorisme, font des efforts de vomissement et suc- combent dans l'espace d'un à deux jours ; on voit quel- quefois périr ainsi un grand nombre d'agneaux. On empêche l'extension et l'on guérit ce trouble nutritif en plaçant des pincées de sel gemme dans les coins de la bergerie, en promenant le troupeau dans les pâturages, en additionnant leur nourriture à la bergerie de phosphate de chaux (10 grammes) et de sel marin (o à iO grammes). Le pica incite le porc à manger avidement le bois pourri, les écorces d'arbres, les parois de la porcherie, les défécations. Il est très rarement mortel. Pathogénie. — Le pica est généralement l'expression d'un trouble nutritif produit par le manque ou l'insufli- sance de certaines matières salines dans les aliments et dépend de la constitution chimique du sol. On l'a signalé en France dans les Pyrénées, les Landes, la Loire; en Allemagne, il est fréquent dans la Forèt-Noire et, en géné- ral, dans tous les pays pauvres. Le défaut de phosphates dans les aliments joue parti- culièrement un rôle considérable. L'absence de sels de soude a été constatée par l'analyse chimique dans la Forêt-Noire, où le pica s'observe fréquemment. Le chan- gement de localité ou d'alimentation suffît généralement pour le faire disparaître. Cette influence permanente du sol a pu faire croire à l'hérédité de ce symptôme qui est simplement le résultat d'une anomalie de la nutrition, ou dune alimentation insuffisante ou irrationnelle. Caoéac. — Sémiolo'îie. '2^ édit. I. — 2 26 SÉMIOLOGIE DE L'APPAHEIL bIGESTll'. Signification. — Le pica est un symptôme de maladies de la nutrition et du tube digestif. 1° Dans Vostéomalacie, il est si fréquent que divers auteurs le considèrent comme le premier symptôme de cette affection. 2° Ses relations avec les maladies de. l'appareil digestif (gastro-entérites) sont prouvées parce fait qu'on peut le faire disparaître par une bonne nourriture et par l'emploi des antipblogistiques et des antidyspeptiques (acide chlor- hydrique très dilué, chlorure de sodium à petite dose, amers aromatiques, antiacides et absorbants) ; laguérison du catarrhe de la nuniueuse gastro-intestinale entraîne la disparition du pica. 3° Les maladies chroniques accompagnées d'anémie créent ce besoin anormal. 4° Vatimentation insuffisante, qualitativement ou quan- titativement, explique la fréquence de ce signe pendant l'hiver et sa cessation au piintemps. 0» Les maladies des centres nerveux altèrent quelquefois le sens du goût et peuvent provoquer, chez divers animaux, le besoin de lécher ou d'ingérer des corps étrangers. XIV. — TIC PROPREMENT DIT AVEC OU SANS USURE DES DENTS. C'est le tic rédhibitoire. Il est assez fréquent chez le cheval; on l'a observé chez le bœuf et chez le povc, mais on ne Ta jamais signalé chez le mulet. Il consiste essen- tiellement dans un effort convulsif de déglutition précédé d'une aspiration d'air et suivi d'un bruit plus ou moins sonore, coiniu sous le nom de rot. Ce bruit est considéré comme le phénomène caractéristique du tic. L'animal qui tique avale de l'air, c'est ce qui va ressortir de l'étude de ce symptôme (1). ^1) Consulter rarlicle Tic, par Cadéac, du Nouveau dictionnaire pratique de mi'decine, de chirurgie et d'hygiène vétérinaires, de H. Bouley et Rojnal, où le locleur trouvera de plus amples développements. TIC l'ROl'REMEiNT DIT. 27 \° Tic des éqiiidcs. — Le tic n'est pas une maladie ; il ne peut avoir ni symptômes ni lésions. Il consiste dans un mouvement difficile de déf^lulilion. Son étude clinique comporte : 1" l'examen des attitudes du sujet; 2° l'obser- vation du mouvement convulsif qu'il accomplit ; 3" les caractères et la pathogénie du bruit qu'il fait entendre. t. Attitudes. -- Le tic proprement dit peut s'effectuer dans des attitudes diverses qu'on peut ranger sous les trois chefs suivants : tic en l'air, tic à l'appui, tic mixie. a. Tic en Vair, ou tic sans usure des dents. — Le cheval qui tique en l'airne prend aucun point d'appui. En géné- ral, il commence par s'éloigner de la mangeoire, porte le nez au vent, hume l'air, comme en témoignent les mou- vements de va-et-vient des lèvres; parfois, celles-ci baltent légèrement l'une contre l'autre ou roulent de droite à gauche comme s'il formait dans sa bouche un bol alimentaire; en même temps, la langue se replie en dessous et s'applique ensuite contre le palais. Il peut s'en tenir là : ce tic commençant n'aboutit alors qu'à la déglutition de la salive qui n'assouvit ni son besoin ni ses désirs. b. Tic à l'appui, appelé encore ticavecusure de dents. — Cepen- dant, il n'est pas toujours ca- ractérisé par l'usure des dents : l'appui peut s'effectuer par les lèvres, la houppe du menton, le bord inférieur des ganaches, exceptionnellement par la ré- gion laryngienne; au préalable, le sujet promène fréquemment ses lèvres, répand la salive ou lèche même le corps qui doit lui servir de point d'appui. Du reste, les dents elles- mêmes, sur lesquelles l'animal appuie le plus fréqueni- '. — Usure des dcnis par le lie à l'appui. 28 SÉMIOLOGIE DE L Al'PAlilîIL DIGESTIF. ment, ne préseiileiU pas Loujours des iiréf^ularités fippré- ciables, notamment quand l'appui se fait régulièrement par toute la table dentaire ou que les mâchoires portent sur des corps dépourvus de résistance (fig. 7). Vusure normale présente un siège et des caractères dillérenls suivant le mode d'appui. (îoubaux et Barrier en ont donné une classification rationnelle à laquelle nous renvoyons (1). Dans tous les cas, on observe un biseau convergent vers le centre de la bouche. Les tables dentaires sont profondément entamées, à la fois sur leur bord antérieur et sur les bords latéraux, en liaison de la situation et du mode de convergence des biseaux ; elles présentent des gouttières ou des coulisses verticales dont le fond occupe quelquefois l'interstice compris entre deux dents adjacentes. On conçoit ([ue de telles altérations de la table dentaire rendent souvent très difficile la connaissance de l'âge. Les corps qui servent de point cVappui à l'animal tiqueur varient suivant qu'il est libre, qu'il est attaché à l'écurie, ou qu'il est au travail. Attaché, c'est la longe ou la chaîne du licol, le billot, le bord libre de la mangeoire, la rive interne de ce bord, le fond de l'auge, la traverse inférieure du râtelier. Je bat-flanc. On a vu des clievnux saisir à pleines dents, et jusqu'à la commissure des lèvres, les bords d'une man- geoire en pierre. Libre, c'est le bord de la stalle, le sol dénudé de litière, une botte de paille placée à sa portée, une bouchée de fourrage dur, de luzerne (Violet), le dos du voisin. Gunlher a vu des poulains tiquer sur l'un des canons de leur mère. L'animal peut tiquer aussi en prenant un point d'appui sur l'avant-bras, le genou ou le sabot. (I) Voy. Montani^, Extérieur du c/icval, iii Encyrlopéilie ri}léri)taire. TIC PROPREMENT DIT. 29 Au travail, on le voit tiquer sur le bout du brancard, sur le limon, la selle ou la sellette, sur lencolure du voisin. c. Tic mixte. — Certains animaux tiquent alternative- ment à l'appui et en Tair. A la vérité, ce tic est rare; Reynal (1) a fait connaître l'exemple d'un cheval qui tiquait à l'appui et qui se mit à tiquer en l'air dès qu'on lui retira les objets sur lesquels il avait coutume de prendre son point d'appui. Goubaux (2) a observé un cheval qui tiquait tantôt en l'air, tantôt à l'appui sur les bords de l'auge, sur la longe, le fond de la mangeoire, en faisant entendre un bruit particulier d'effort. 2. Mouvement convulsif accompli par le sujet qui tique. — L'animal ramène la tête vers le poitrail, roue l'encolure, cherche un point d'appui pour pousser une cer- taine quantité d'air vers le pharynx et vaincre la résistance offerte par le voile du palais et l'arrière-bouche; il con- tiacte spasmodiquement les muscles de la région Iraché- lienne qui se dessinent sous la peau, en même temps que l'œsophage et la trachée ; la bouche s'entr'ouvre, le sujet aspire de l'air et applique la langue sur le voile du palais ; il fait un mouvement de propulsion, pendant que le larynx est porté en haut et que la glotte se ferme; bref, il reproduit tous les phénomènes de la déglutition. On peut se faire une idée assez juste de la contorsion de l'encolure pendant le tic par celle que nécessite la déglu- tition d'un bol médicamenteux un peu volumineux. Cet effort de déglutition est suivi d'un bruit de rot. Au moment où le mouvement convulsif s'accomplit, les muscles des yeux et des oreilles ajoutent aussi par leur contraction à l'expression particulière que présenle alors la face du cheval liqueur : « Les yeux sont fixes, mais dès que le bruit guttural s'est fait entendre, les (l) Reynal, Journal île Lyon, ISCfi. p. -254. (i) Goubaux, Extérieur du cheval. 30 SÉMIOLOr.IE DE L APPAREIL DIGESTIF. paupières se ferment et s'ouvrent convulsivement, le corps clignotant lui-même passe rapidement devant la cornée lucide, tandis que les oreilles se portent en arrière (1). » Quelquefois on remarque, pendant le tic, un mouvement saccadé des membres antérieurs et presque toujours la queue se balance sur les jarrets. Puis le tic élarnt accompli, l'animal reprend sa position première. Le mouvement convulsif effectué parle cheval liqueur n'est en résumé qu'une déglutition isolée; il emprunte son caractère convulslf à la difficulté de préhension de l'air ; le sujet est obligé d'effectuer les mêmes efTorts que lorsqu'il éprouve une grande difficulté de la dégluti- tion, dans le cas d'angine, par exemple, où il rapproche la tête de la poitrine pour l'éloigner ensuite brusquement de cette région. Sous l'influence de ces efforts répétés, les muscles qui y participent (sterno-maxillaire et omoplat- hyoïdien) subissent une hypertrophie physiologique . 3. Bruit, sa pathogénie. — Le tic peut s'effectuer avec ou sans bruit; il est souvent silencieux quand le cheval vient de boire ou de manger, ou quand cette habitude n'est pas encore complètement acquise. Le tic sans bruit est généralement exempt de météorisation (Farges) (2). Le bruit que font entendx'e les chevaux tiqueurs est tantôt un bruit guttural, rauque, assez fort, tantôt une espèce de clapotement ou un bruit analogue à celui que produit la respiration haletante du chien. On l'a désigné sous les noms àe rot, à' éructation, derdlement, deftatuosité, de bruit de déglutition, mais ce sont les termes rot et éructation qui ont prévalu. Parfois sourd et à peine per- ceptible, le bruit devient quelquefois sonore et même éclatant; ordinairement court, il se manifeste entre l'ins- piration et l'expiration, après une forte contraction mus- (1) Liautard, Journal de Ljjon, 1861. (2) Farges, Recueil de méd. uét., 1864, p. 12. TIC PROI'REMENT DIT. 31 ciilaire. Chez les animaux qui tiquent en série, le bruit guttural diminue d'intensité et de sonorité à mesure que la série s'épuise, et l'animal finit par faire simplement le simulacre du lie (Liautard). L'origine de ce bruit a été l'objet de vives discussions. Il est produit par une déglutition d'air (Liautard, Gou- baux). Goubaux propose de désigner ce tic sous le nom de tic aéropinique pour le distinguer de tous' les aulres et pour rappeler l'acte essentiel qui le caractérise. Du reste, quand on vient à sectionner les deux nerfs lar3ngés infé- rieurs et à pratiquer la trachéotomie chez un cheval liqueur, on fait disparaître tout bruit de déglutition (Gou- baux). En dehors des faits expérimentaux établissant que le bruit du tic provient principalement d'une déglutition d'air, plusieurs considérations militent en faveur de cette opinion. Un grand nombre de preuves attestent, en effet, qu'il n'y a pas d'éructation chez le cheval liqueur : 1° Le tic est un acte volontaire au début, inconscient dans la suite, sans analogie avec l'éructation ; 2° L'autopsie ne montre pas de dilatation anormale du cardia; 3° On peut insuffler l'estomac par le pylore sans qu'une bulle d'air, malgré la pression employée, parvienne à sortir de l'estomac non ligaturé ; 4" La météorisation, étant en rapport avec l'intensité du tic, prouve que l'animal déglutit de l'air et qu'il n'en rejette point ; b" L'œsophage, mis à nu, permet d'observer de visu la descente d'une gorgée d'air dans la direction de l'esloman ; 6" Chaque contraction convulsive, caractéristique du tic, s'accompagne d'un mouvement de déglutition; 7" La section des muscles sterno-byoïdien, sous-sca- pulo-hyoïdien, hyo-hyoïdien (Gerlach), des sterno-maxil- laires (llering, etc.), empêche le tic, tant que ces muscles ne sont pas réunis ; 32 SÉMIOLOGIE DE L'APIUREIL DIGESTIF. 8" La perception de forts borborygmes chez les chevaux qui tiquent plaide également en faveur de la déglutition d'air ; 9° L'analyse chimique des gaz renfermés dans l'estomac et les premières portions de l'intestin révèle dans ces viscères la présence exclusive de l'air pur ; 10'^ Si le tic était caractérisé par une éructation, tout obstacle insurmontable à l'exécution de cet acte provo- querait du météorisme ; or le cheval qu'on empêche de tiquer n'en est pas indisposé; M" L'éructation et le tic s'exécutent dans une attitude inverse : le cheval qui vomit des gaz étend fortement la tête sur l'encolure, le cheval qui tique, la roue énergi- quement ; 12° Le bruit guttural caractéristique du tic est plus court, plus rapide, plus instantané et plus sonore que le bruit d'éiuctation. En résumé, l'expérience physiolo- gique, clinique; chimique, comme le résultat des investi- gations anatomiques permettent d'affirmer, que, dans le tic, il y a déglutition d'air. S'ensuit-il qu'il n'y ait jamais d'éructation? — Quelques auteurs, Gurlt et Slraub (1), se sont efforcés de concilier toutes les opinions. Ils prétendent, en effet, que le cheval rejette à l'instant même l'air qu'il vient d'avaler. Excep- tionnellement, il en ingère plus qu'il n'en évacue. Suivant qu'il le rejette ou le fait parvenir dans l'estomac, on con- çoit que l'animal liqueur se météorise ou soit exempt de ce trouble. Ce double mouvement d'introduction et d'expulsion d'air parait également ressortir des expériences exécutées par Farges. Ayant placé des pellicules de son et des lamelles d'argent devant des animaux liqueurs, il a vu parfois ces pellicules et ces lamelles s'élever par aspira- tion dans l'intérieur de la bouche, au moment où le (1) Slraub, Ilering's Jlepertoiium, 1850. TIC PROPREMENT DIT. 33 clieval, dilatant les mâchoires, permetlail souvent d'obser- ver un double courant d'introduction et d'expulsion. Fried berger et Frohner, tout en reconnaissant en prin- cipe que c'est un bruit de déglulilion, admettent que l'air accumulé dans le pharynx est tantôt rejeté au dehors, ou tantôt dégluti : « A ce moment, on entend un ou deux bruits de tic analogues à ceux de l'éructation. » De sorte que la pénétration de l'air dans l'estomac ou sa sortie du pharynx s'accompagne d'un bruit. S'il y a, à la fois, déglutition et rejet, le bruit est double ; mais dans aucun cas, il ne s'agit d'une éructation réelle. Pour Charles Martin (ij, le bruit est dû au choc de l'air contre les parois du pharynx au moment de son aspira- lion. On peut admettre aussi que l'air qui franchit le vestibule pharyngien produit un bruit parce qu'il passe brusquement à travers un rétrécissement, soit pour se diriger vers l'estomac ou pour faire irruption dans les fosses nasales. On s'est demandé d'où procède ce besoin d'avaler de l'air. D'aucuns ont prétendu que c'est une nécessité pour la digestion, mais, évidemment, cette opinion est erro- née, puisque la suppression du tic, à l'aide de divers moyens coercitifs, n'entrave nullement les fonctions digestives. La fréquence du mouvement convulsif caractéristique du tic est très variable. Tel sujet tique vingt fois par heure; tel autre, une seule fois. Il y a des chevaux qui présentent de véritables accès de tic; certains sujets saisissent le bord de la mangeoire et tiquent sans s'arrêter de deux à trente fois (Liautard). On voit des animaux tiquer pendant et après le repas, il y en a qui tiquent à chaque bouchée ; d'autres ne se mettent à tiquer qu'après avoir pris leur repas. La nature de l'alimentation et le travail de la diges- tion n'ont aucune influence sur la fréquence du tic. Farges (1) Charles Martin, Journal de Lyon, 1880, p. 83. 34 SEMIOLOGIE DE L Al'l'AHEIL DIGESTIF. a conslaté que ce phénomène se montre avec une quasi- réyuliiiilé aux divers moments de la journée. Circonstances capables d'empêcher le tic de se pro- duire. — La fatigue déternunée par les travaux pénibles s'oppose à la mauifestalion de ce mouvement convulsif. Les chevaux qui travaillent toute la journée se reposent la nuit ; ils ne songent pas à tiquer et ceux qui ne savent pas n'ont pas le temps d'apprendre. Les changements d'écurie, les déplacements l'ont quelque- fois cesser momentanément cette habitude. L'interruption est même parfois très longue. Bellanger rapporte qu'un cheval cessa de tiquer pendant toute la guerre d'Italie et ne reprit son habitude que lorsqu'il rentra dans son écurie. Ponsecchi (1866) a constaté la disparition du vice pen- dant les manœuvres et son retour après la rentrée au quartier, hdi surveillance d'une personne, le voisinage à' a\\ autre animal nuisent aussi à la production de cet acte. 11 y a même des chevaux tiqueurs qui attaquent violemment de la dent ou du pied les voisins de leur espèce qui les dérangent. I^es mauvais traitements, les p/ot'es siégeant au bout du nez, sur la langue, ou dans la bouche peuvent empêcher la déglutition d'air. Une sous- g orge trop serrée, un collier anti- tiqueur et divers autres moyens susceptibles de s'opposer àl'encapuchonnement peuvent amener le même résultat. Les maladies fébriles très aig^uès, afTections delà poitrine, du tube digestif, etc. font disparaître cette habitude qui revient au moment de laguérison. Le retour du ticestun signe favorable, il annonce la convalescence. La substitution d'une auge eu grès, en pierre ou en fonte à une auge en bois, quand les animaux tiquent à l'appui, n'exerce qu'une action préventive passagère, les animaux ne tardent pas à se remettre à tiquer. 2" Tic des bovidés. — Chez le Imi-uI' comme chez le cheval, le tic proprement dit est caractérisé par la déglu- tition d'air; il se produit d'une manière analogue, mais TIC PROPREMENT DIT. 3o il s'effectue généralement sans appui. Onl'oliserve, le plus souvent, après le repas, avant la niniinalion ou pendant celle-ci (1). Tic en l'air. — L'attitude et les mouvements du hœiif pendant le lie n'offrent pas la môme unité que chez le cheval; tantôt l'animal relève fortement la tèle, tantôt il l'abaisse, parfois il eiilr'ouvreà peine la bouche, d'autres fois les mâchoires sont démesurément écartées. La langue est le siège de mouvements latéraux précipités alternant avec des mouvements de mastication, elle peut, en frap- pant sur le palais la Joue correspondante, produire un bruit de claquement ; elle est quelquefois projetée hors de la bouche d'une longueur de 8 à 12 centimètres environ ; souvent l'animal la rentre et la sort alternativement, se lèche le mufle et les naseaux. Une salive spumeuse s'écoule des commissures des lèvres; le sujet fléchit la tète sur l'encolure, exécute un mouvement de déglulilion, contracte les muscles fléchisseurs de l'encolure, abaisse la lête et fait un effort nerveux suivi d'un bruit plus ou moins pro- longé, comparable à un bruit de glouglou plus ou moins fort, souvent perceptible à distance et quelquefois impos- sible à entendre. Les animaux se météorisent fortement : ils peuvent se soulager par des éructations précédées ou non de quintes de toux (Furlanetto). Tic à l'appui. — Furlanetto en a observé un cas sur un veauàG deux ans; Johne, Rudovsky, chez la vache. 3° Tic des suidés. — Chez le poi'c (2) on a signalé plu- sieurs cas de tic digestif. Les animaux appuient les inci- sives sur le bord de l'auge et font entendre un bruit semblable à celui qui accompagne le tic du cheval. (1) Fischer, Annales de Bruxelles, 1857. — Johne, Sâchs. Jahresber., 1861. — Weimanii, Adam's Wochenschr.. 1864. — Verdie, Becueil de inéd. vét., 1875. — Fontan, Reuiie vét., 1880. — Furlauelto, Revue i-éf., 1879. — Rudovsky, Berline}- Thicriirzt. Wochenschrift, 18'.il. (2) Clinique de Dorpal, in Repertorium, lS6i. 36 sÉMioLoiiii': DE l'api'Aueil digestif. I. Conséquences du tic. — Le lie n'étant pas une maladie, mais plutôt un trouble fonctionnel, un syndrome dont la déglutition d'air est le phénomène principal, les troubles digestifs qui l'accompagnent sont directement sous sa dépendance. Il n'y a pas plus de lésions primordiales et caractéris- tiques du tic que de la pousse. Le tic correspond à un mode de fonctionnement du système nerveux comme le soubresaut est une modalité de la respiration. Le cheval finit par avaler de l'air sous l'influence d'une excitation centrale anormale et involontaire, comme la physionomie d'un cheval affecté d'un tic de la face exécute une gri- mace. Mais ces deux névropathies n'ont pas la môme importance; le tic d'avaler de l'air est une source de dangers. La présence d'une quantité anormale de ce fluide dans l'estomac et le tube digestif des animaux tiqueurs est l'ori- gine d'un fonctionnement irrégulier de cet appareil. Les chevaux tiqueurs sont exposés aux indigestions par suite d'une trop grande distension des réservoirs digestifs qui ne peuvent ni se contracter ni sécréter avec leur énergie habituelle ; de plus, l'usure anormale des incisives gêne la préhension des aliments et entraîne parfois la perte d'une partie de la ration, notamment de l'avoine. Ces animaux sont sujets aussi à des coliques venteuses d'autant plus fréquentes et d'autant plus intenses que les déglutitions d'air sont plus répétées. Il est vrai qu'elles sontgénéralement sans gravité ; le travail en liberté, l'exer- cice rapide, une excitation un peu vive suffisent pour les faire disparaître. L'animal se débarrasse de ses gaz par l'anus, jamais par l'œsophage. Il n'est pas rare non plus de percevoir des borborygmes et d'observer une météorisa- tion prononcée. Beaucoup de chevaux ne cessent d'avaler de l'air que lorsqu'ils sont fortement ballonnés. Les digestions deviennent de plus en plus difficiles, les aliments fermentent et iriitent les niu(iiieiises gastrique TIC PROPREMENT DIT. 37 et intestinale, ce qui explique les lésions inflammatoires du tube digestif trouvées à l'autopsie des vieux tiqueurs. En outre, le tic est toujours une cause importaiile d'aggra- vation des maladies des viscères digeslifs quand il ne les fait pas développer. Les animaux tiqueurs, quoique mangeant aussi vite et autant que les sujets non affectés de ce vice, maigrissent, deviennent faibles, incapables de travailler; ils diminuent de valeur malgré les soins hygiéniques les mieux appro- priés. Parmi les inconvénients du tic, il faut signaler aussi la dégradation des harnais, des mangeoires, des râteliers et de tous les objets sur lesquels l'animal a l'habitude de s'appuyer. 2. Signification du tic. — Le tic est-il un symptôme des affections du tube digestif? — Diversauteurs admettent que les affections plus ou moins anciennes de l'estomac, gas- trite, dilatation de l'eslomac, amincissement des fibres charnues du cardia, rupture incomplète de l'estomac vers l'orifice du cardia peuvent lui donner naissance. Sur seize chevaux tiqueurs, Hertwig (1) a constaté neuf fois une dilatation de l'œsophage dont le calibre était trois ou quatre fois plus grand qu'à l'état normal. Il faut signaler aussi des obstructions ou des étranglements du pylore, des ulcérations de la muqueuse gastro-intestinale, des gastro-enlérites chroniques, des calculs, des tumeurs, des rétrécissements ou des épaississements de la première portion de l'intestin grêle. Mégnin a rencontré, dans l'esto- mac des chevaux tiqueurs, des altérations herpétiques très prononcées. S'il est vrai que la plupart des vieux tiqueurs ofl'rentdes altérations gastriques et intestinales, les poulains ou les ehevaux qui tiquent depuis peu ne présentent rien. Du (l)Herl\vig, Magasin, I8G9. Cadéac. — Sémiologie, 2^ édit. .3 38 SÉMIOLOGIK DE L'AFI'\REIL DIGESTIF. reste, les lésions qu'on a signalées peuvent avoir leur ori- gine dans les troubles digestifs conséculifs à la déglutition d'une trop grande quantité d'air et au méléorisme qu'il produit. Si le lie résultait d'une atrection inflammatoire du tube digestif, il devrait progresser ou disparaître avec elle; or, il ne fait jamais qu'augmenter d'intensité quand on ne fait usage d'aucun moyen coercitif pour l'empêcher de so produire. L'hérédité a une grande influence sur le développement de cette habitude. Farges a recueilli plusieurs faits qui établissent l'hérédité pa ro' 0 > 3 1 3 a - 1 0 1 0 c; > •p .5 r-' ^ ■5 " 1 ^ ç 3 ■5 "3 "S ï2 é "V _»' M co S 0 E« 3 1 •O 1 £D 0 ^^ 3d 3 -a ^' ■j: U 2 0 «T — î - ~ *o ^ •^ ■ ZJ .2 " = - "^ ' Tc-= >^ - S_' o o - •£ =" "i I ? s I 3 !« ' = 2 1 I S - ^ oc . 2 ' te I -c = Le ptyalisme n'a pas une grande importance diagnos- tique, en raison même de la diversilé des maladies qui le provoquent. 52 SEMIOLOGIE DE L APPAREIL DIGESTIF. IV. — PHARYNX. L'exploration du pharynx est généralement externe ; elle peut cependant être interne (fig. 10 et 11). I. Exploration exterue. — 1° Inspection. — L'ins- pection extérieure peut se faire par la vue, le toucher et l'auscullation. Elle est indiquée toutes les fois que la tète est tendue, laide, que l'encolure est immobile, ou que la déglutition ou la régurgitation s'etrectuent diffi- cilement. Elle permet de se rendre compte des chan- gements de volume (œdème de l'anasarque du cheval, de la cachexie aqueuse du mouton), de température (phlegmon gourmeux), et de sensibilité de la région (pharyngites). 2° Palpation. — La. palpation s'effectue de la façon sui- vante : chez le cheval et le bœuf, on comprime les unes contre les autres, les parties molles du pharynx avec la paume de la main ; chez les petits animaux, on opère avec les doigts d'une seule main ; dans tous les cas, la pal- pation doit porter sur la face antérieure et les faces laté- rales de la région. Ce mode d'exploration permet de recon- naître la présence d'abcès, d'indurations caséeuses ou crétacées, de fistules et de tous les accidents consécutifs à l'inflammation chronique du pharynx, à la tuberculose et à l'actinomycose du bœuf. 3° Auscultation. — V auscultation décèle quelquefois des bruits crépitants produits par l'air inspiré et expiré traversant des liquides accumulés dans le pharynx par suite de sa paralysie. II. Exploration interne. — 1" Inspection. — L'ea?p/o- ration interne est facile chez les volailles. On n'a qu'à ouvrir le bec de la n)ain gauche et à comprimer le larynx et le pharynx avec la main droite de manière à faire remonter ces organes. PHARYNX. 53 Chez les petits animaux [cJjatel chien), cette inspection f.k'CeM.OflCKEN.SO Fig. 11. — Pliarynx du cheval vu par sa face postérieure. T, trachée. — t, corps thyroïde. — o, œsophage. — e,e, trompes d'Eus- tache coupées près de leur teniihiaison sur le pharynx. — 1 , muscles ptérygo- pharyngiens ou coustricteur supérieur. — il, 2, muscles stylo-pharyngiens. — S, 3, grandes branches de l'hyoïde. — 4, hyo-pharyugien ou constricteur moyen. — 5, thyro-pharyngien ou faisceau thyroïdien du constricteur infé- rieur. — 6, crlco-œsophagien. — 7, muscle cesoph^igien longitudinal supé- rieur. — 8, origine de l'œsophage. — 9, muscle crico-aryténoïdien postérieur. (Chauveau.) s'opère aussi sans beaucoup de difficulté, surtout chez 54 SÉMIOLOGIE DE L'APPAREIL DIGESTIF. les races à tête courte. Après avoir ouvert la gueule, on comprime la base de la langue avec une spatule, une cuillère ou les ciseaux et on repousse de côté le voile du palais. On peut encore la pratiquer en saisissant et en tirant de côté la langue, nue ou recouverte d'un linge. Chez les grands animaux domestiques, la base de la langue adhère fortement au pharynx, le voile du palais est très long, les déplacements de la lète sont brusques, violents, et l'exploration interne est très difficile. Ce n'est qu'à l'aide d'une lumière intense et seulement par échap- pées que l'on peut voir la muqueuse pharyngienne. Si, après avoir couché l'animal, on abaisse la langue à l'aide de spatules spéciales s'appliquant, d'une part, sur la base de cet organe, de l'autre, sur l'épaule de l'opérateur et faisant olfice de levier interpuissanl, on peut, en éclairant cette région avec des instruments spéciaux, réflecteurs, miroirs, arriver à distinguer les piliers postérieurs de la langue. Ce n'estqu'avec le rhino-laryngoscope de Polansky et de Schindelka qu'il est possible de bien inspecter le pharynx. On voit alors très bien les orifices des trompes d'Eustache (Voy. Exploration du larynx). Chez le hœiif, l'exploration du pharynx, quoique très difficile, est moins laborieuse que chez le cheval, le voile du palais étant un peu plus court et ne touchant pas la base de la langue. La palpation digitale de la muqueuse pharyngienne est possible quand les deux màchoiressont entièrement immo- bilisées par un spéculum. La main réussit quelquefois à retirer directement le corps étranger qui obstrue l'entrée de l'œsophage. Grâce à ces différents procédés, on peut reconnaître rélat plus ou moins congestionné, enllammé ou ulcéré de la muqueuse, la présence de corps étrangers (pommes de terrpj'etc), chez les ruminants, ôe dépôts diphtéritiqnes (diphtérie des volailles), de tumeurs, d'abcès, d'actinomy- comes, de lymphomes [bœuf], de sarcomes [chien], de l'IIAHYNX. f)5 néoplasmes tuberculeux et même de parasites (œstres), chez les solipèdes. 2" Examen bactériologique. — Vexamen bactériologique du nniciis pharyngien met en évidence la plupart des microbes contenus dans la bouche. Rares tant que la salive exerce sur eux son action antiseptiqueet les entraîne vers Teslomac, ils deviennent très nombreux dès qu'il y a dysphagie. Les uns sont des germes spécifiques tiansmis par con- tagion qui s'y arrêtent et s'y installent accidentellement (bacille de la morve, de la tuberculose, de la diphtérie, de la peste bovine), les autres sont absolument dépourvus de spécificité; ils forment la grande majoiité. La plupart de ceux-ci sont des germes phlogogènes qui ne reslenl pas inoffensifs. Ils président à l'apparition et à l'évolution des lésions inflammatoires locales (angines aiguës), quand le froid ou toute autre cause a rendu pos- sible leur développement. Ils peuvent même s'éduquer; on voit un cheval prendre une angine à la suite d'un coup de froid, mais ceux qui deviennent malades ensuite n'ont souvent fait que subir le contact du premier. Chez tous ces malades, on trouve, dans le jetage et dans les produits d'expectora- tion, le Staphylococcus albits, le Streptococcus pyogenes, le diplocoque, le pneumocoque et quel(|ues autres microbes moins impoi'tanls, qu'on peut observer également dans la bouche des sujets sains. Les staphylocoques et les strep- tocoques deviennent pathogènes et causent les inflamma- tions aiguës du pharynx quand le phagocytisme normal qui s'exerce perpétuellement à la surface de la muqueuse pharyngienne est interrompu, quand le revêtement épi- Ihélial est détruit, quand les microbes sont devenus plus redoutables que d"habitude par leur quantité ou leur qualité. Les microorganismes introduits en grand nombre dans la cavité gutturale peuvent paralyser le phagocytisme par 56 SEMIOLOGIE DE L Al^PAREIL DIGESTIF. leurs sécrétions microbiennes. Cette fonction phagocy- taire physiologique s'exécute silencieusement au niveau du tissu lymplioïcle de la muqueuse pharyngée. Là sont accumulés un grand nombre de microphages et de macrophages qui forment une réserve de phagocytes. Quand ils ne peuvent sufQre à détruire les microorga- nismes apportés par les aliments, les boissons, l'air ins- piré, ceux-ci pénètrent dans les interstices des cellules épilhéliales, sécrètent des toxines qui suspendent le pha- gocytisme. Les nombreuses associations microbiennes qui se réa- lisent dans la gorge peuvent exalter la virulence de quelques-uns d'entre eux, rendre leur développement plus rapide et plus abondant et, partant, plus dangereux. Mais le terrain doit être en état d'opportunité morbide ou de réceptivité pour que les microbes puissent évoluer et mettre en action leurs propriétés phlogogènes. La résistance physiologique de la muqueuse pharyn- gienne peut être détruite par une plaie, un traumatisme (aliments acérés, piquants), une brûlure, un agent chi- mique. Les stomatites et les angines produites par les caus- tiques, par l'émétique, etc., se terminent généralement par l'infection générale : un simple trouble fonctionnel, une réaction nerveuse ou vaso-motrice, inliibitoire, sus- pendant momentanément la vie cellulaire, pourront permettre aux microbes, habitant la surface, d'y pulluler et d'y déterminer une inilammation locale superficielle. Cette inflammation est un acte défensif; elle reste localisée tant qu'elle suffit à opérer la destruction des microbes qui l'occasionnent ; elle devient profonde (angine phlegmoneuse) quand les humeurs, baignant la muqueuse, sont peu microbicides ; elle devient gangre- neuse et ulcéreuse quand ces microbes se sont associés pour nécroser des tissus ou convertir les éléments en globules du pus ; l'infection devient générale quand il y a ŒSOPHAGE. 57 i'itoxicalion par les produits qu'ils ont sécrétés ou péné- tration, dans la circulation, des fierraes éduqués. Les chevaux empoisonnés par l'émétique ou par d'autres caustiques meurent généralement de septicémie. La propagation de l'inflammation du pharynx aux autres muqueuses par continuité de tissus n'est qu'une continuation de l'infection. V. — (ŒSOPHAGE. Topographie. — L'œsophage est un long tube destiné à porter les aliments de la bouche dans l'estomac. Il com- tnence dans le pharynx, au-dessus du larynx, se prolonge en arrière sous la colonne vertébrale, reste exactement situé dans le plan médian sur la plus grande partie de la région cervicale, se dévie légèrement à gauche à la partie inférieure de l'encolure ; il pénètre ensuite dans la poitrine en passant entre les deux premières côtes, reprend sa position médiane, traverse le pilier droit du diaphragme et se termine sur l'estomac en formant le cardia. Il comprend deux portions bien distinctes : une, cervicale, qui peut être touchée, palpée, auscultée ; l'autre, thoraciqiie, qui ne peut être que sondée ou aus- cultée. a. Partie cervicale. — Exploration. — 1° Palpa- tion. — La palpation de la partie cervicale se fait chez le cheviilile la manière suivante : on applique la face interne des mains sur les deux gouttières jugulaires et l'on com- prime l'œsophage avec les extrémités tactiles. Chez le bœuf et les petits animaux, on saisit l'encolure de la main droite et on comprime l'œsophage de l'autre main. La palpation permet aiusi de reconnaître l'hypertrophie de la glande thyroïde due à une dégénérescence carcino- mateuse ou sarcomateuse, et les changements de forme, o8 SÉMIOLOGIE DE L'APPAREIL DIGESTIP\ de sensibilité de l'œsophage ; elle révèle siirtnat la pré- sence de corps étrangers dans ce conduit. C'est ainsi qu'on rencontre souvent, dans la partie inférieure de la portion cervicale et à gauche, certaines tumeurs circonscrites, allongées, fusiformes, de longueur variable, qui s'étendent d'une manière diffuse et irré- gulière vers les parties voisines. Parfois ces tumeurs se produisent immédiatement après la déglutition et disparaissent spontanément ; le mê/ne phénomène peut se manifester pendant la régurgi- tation (dilatations, diverticules, ectasie, œsophagisme). Les diverticules ectasiques sont plus ou moins durs, sui- vant que le contenu est plus ou moins ductile, liquide ou aéré ; les dilatations très dépressibles produisent un bruit (le glouglou sous l'intluence de la compression. Souvent les grandes tumeurs diminuent de volume par la palpa- lion; elles déversent leur contenu dans la portion lliora- cique ou les parties avoisinantes à la suite de la rupture du tube œsophagien. Des tumeurs crépitantes emphysé- mateuses, allongées, dessinant le trajet de l'œsophage, résultent de cette déchirure. Chaque déglutition est suivie alors de la pénétration d'air, de salive et de matières ali- mentaires dans le tissu conjonctif périœsophagien. La région cervicale peut être aussi le siège d'une tumé- faction inflammatoire, chaude, douloureuse, provoquée par la rupture accidentelle de l'œsophage. Dans le cas d'œsophagisme, la main appliquée sur le trajet cervical éprouve une sensation de rigidité compa- lable à celle d'une corde tendue à ses extrémités. 2'^ Percussion. — La percussion de l'œsophage donne le son de pot fêlé quand cet organe obstrué renferme beau- coup de li([uide et peu d'air; mais ordinairement, dans le cas de diverticules et d'ectasie, le son produit est tjmpa- nique ; le son est mat quand ce conduit est plein d'aliments. 3° Auscultation. — L'auscultation peut être employée tESOPUAGE. 59 pour étudier les bruits de la déglutition de solides, de liquides ou d'air, comme dans le tic. b. Partie thoracique. — Exploration. — Lajjartie thoraciqiic de l'œsophage est explorable seulement par la sonde et V auscultation. 1° Sondage. — Chez le hœuf et les petits riiwinauts, on emploie la sonde œsophagienne ; chez le cheval, on se sert du cathéter urétral pourvu d'un prolongement en forme d'olive, et d'une longueur suffisante pour atteindre l'estomac; chez le chien et le chat, on emploie les sondes humaines ou le cathéter urétral anglais ; chez tous les animaux, on maintient les mâchoires convenablement écartées à l'aide d'un spéculum. Il est indispensable que les sondes œsophagiennes soient lisses, bien arrondies à leur extrémité, et enduites d'huile ou de vaseline. Chez le cheval, il est dangereux de pratiquer cette exploration, si l'animal n'est pas préalablement couché. L'animal étant fixé à terre, on lui applique le pas-d'àne, ou un spéculum à ouverture circulaire, et, après avoir préalablement ramolli la sonde dans l'eau tiède, on la fait pénéti-er dans la bouche en l'appliquant sur la voûte palatine pendant qu'un aide presse sur la langue, et la tire au dehors. La difficulté de l'opération réside dans l'introduction de l'instrument dans l'orifice œsophagien. Quand la sonde pénètre accidentellement dans le larynx, l'opérateur en est averti par une toux violente, sinon la sonde s'enfonce dans le conduit sans difficulté jusqu'au niveau de l'obstacle (corps étranger, aliments, productions pathologiques). Si une résistance se fait sentir, il ne faut jamais cher- cher à la vaincre par une poussée brusque, il convient de retirer lentement la sonde et d'essayer de la faire péné- trer de nouveau avec beaucoup de précautions. Dans son trajet, la sonde éprouve une première résistance au niveau du voile du palais ; mais celle-ci est facilement 60 SÉMIOLOGIE DE l'aPPAREIL DIGESTIF. surmontée ; elle en éprouve une seconde à l'entrée de l'œsophage, c'est la plus difficile à surmonter quand l'ins- trument n'occupe pas absolument la ligne médiane ; enfin la sonde progresse lentement dans la portion thoracique de l'œsophage et parvient à vaincre la résistance du cardia peu dilatable. Chez les i-iuninaiits, le calhétérisme de l'œsophage s'effectue sans difficulté sur l'animal debout, à l'aide d'une sonde ou d'un poussoir improvisé. La têle étant portée en avant de manière à supprimer toute incurvation de la région bucco-œsophagienne, on introduit l'agent explorateur. Chez le chien, le sondage est très facile. Nous nous ser- vons fréquemment de ce moyen pour administrer les médicaments; les mâchoires sont maintenues écartées à l'aide d'un spéculum. 2" Auscultation. — U auscultation de l'œsophage, au niveau de la poitrine, permet de percevoir un bruit appelé bruit de déglutition. Le bruit de déglutition, perçu au niveau de la poitrine, est quelquefois confondu par les débutants avec les bruits pathologiques d'origine pulmonaire ; c'est un bruit clair, un peu argentin, comparable à celui d'un liquide qu'on laisserait tomber par jets dans un grand vase métallique muni d'un goulot. Il est très net et très bruyant quand les animaux boivent ou déglutissent de la salive ; il est sourd et ressemble à un gargouillement quand les sujets déglutissent des aliments. Chez les ruminants, on observe, en outre, un bruit de cascade, caractérisé par un bruissement particulier, déter- miné par la chute d'un bol liquide sur une nappe de même nature renfermée dans le rumen. Le bruit de déglutition présente son maximum d'inten- sité, chez le L(vuf,au niveau du tiers inférieur du dixième espace intercostal gauche (Delroye), dans la région moyenne et postérieure de la poitrine chez les solipèdes; DISPHAGIE. 61 il est inconstant et n'a aucune relation avec les mouve- ments de la respiration. Sa suppression complète peut servir à établir l'existence d'une obstruction de la iiortion thoraeiquc de l'œsophaye. 3° Examen bactériologique. — Les recherches bactério- logiques démontrent que l'œsophage n'est pas le terrain de prédilection des microbes; nous verrons plus loin que l'estomac est pour eux un milieu défavorable. Jabot. — Chez les volailles, l'exploration du jabot a une grande valeur pratique. Sa consistance varie avec les aliments qu'il renferme. Tantôt il contient des gaz infects et rend un son tympanique à la percussion ; tantôt, au contraire, il est dur au toucher, par suite de la pré- sence, à son intérieur, de corps étrangers et d'aliments grossiers. M. — DYSPHAGIE. Quand la déglutition s'effectue dilficilement, on dit qu'il y a dysphayie. La dysphagie peut être la conséquence d'al- térations des diverses parties de la bouche, du pharynx ou de l'œsophage. On peut dire que le dysphagisme est bucco-pharyngien quand il s'oppose au premier temps de la déglutition, œsophagien quand il s'oppose au second. a. Dysphagisme bucco-pharyngien. — Toutes les alté- rations portant sur la bouche et le pharynx s'opposent à l'exécution du premier temps de la déglutition. Les tumeurs de la mâchoire, de la langue, la paralysie de cet organe ou des parois de la bouche, de tous les muscles enfin qui concourent à la propulsion du bol alimentaire, sont des causes d'empêchement. Ajoutons à ces diverses causes, le trismus, les rétrécissements, les tumeurs, les affections douloureuses, la paralysie du voile du palais et du pharynx. La paralysie s'observe très souvent dans les affections Cadéac. — Sémiologie, 2' édit. 4 62 si-:miologie de l appareil digestif. cérébrales et bulbaires, ainsi que dans les fièvres. Quand le pharynx est paralysé, le bol alimentaire peut passer dans le larynx, provoquer l'oblitération de ce conduit, des quintes de toux et l'asphyxie rapide. Dans la rage, il se pi'oduit un spasme pharyngé qui empêche absolument la déglutition; dans le tétanos, le spasme tonique des constricteurs pharyngés est un sym- ptôme moins constant. La gourme, les abcès des ganglions rétro-pharyngiens, la fièvre pétéchiale, les actinomycomes pharyngiens, les dégénérescences tuberculeuses des ganglions lympha- tiques du voisinage du larynx, les sarcomes pharyngiens, les empoisonnements par les champignons et les ptomaïnes sont autant d'obstacles à l'exéculion de la déglutition bucco-pharyngienne. b. Dysphagisme œsophagien. — Ses principales causes sont les corps étrangers arrêtés à l'intérieur de l'œso- phage, un rétrécissement cicatriciel, une dégénérescence ou une compression par une lésion siégeant dans le voisi- nage (anévrysme de l'aorte), abcès prévertébral, paralysie ou spasme de l'œsophage. La paralysie de l'œsophage s'observe rarement, elle peut cependant être la conséquence d'une paralysie du pneu- mogastrique. En etîet, la section de ce nerf, chez le cheval, le lapin, amène laréplétion de ce conduit par les aliments. La suppression de l'innervation détermine la suppression du péristallisme. La dysphagie est toujours accompagnée du rejet par la bouche et les cavités nasales des boissons ou des aliments ingérés. Ces symptômes s'observent surtout chez le cheval: la disposition anatomique du voile du palais force les aliments à sortir presque en totalité par les narines. Cette difficulté de la déglutition peut être suivie d'accidents graves quand on veut faire ingérer de force aux animaux, qui en sont atteints, des boissons médicamenteuses. Les liquides, s'engageant dans le larynx, peuvent déterminer ESTOMAC DE RUMINANTS. 63 des (roubles asphyxiques et la gangrène pulmonaire. La dysphagie prolongée produit l'inanition et toutes ses conséquences. TROISIÈME SECTION ESTOMAC I. — ESTOMAC DES RUMIXAXTS. Le rumen ou panse, le réseau et le feuillet ne sont que des appareils de division, de trituration pour les aliments qui font antichambre dans ces organes avant de passer dans la caillette pour y subir la digestion gastrique véri- table. Les fonctions des trois premiers compartiments sont indispensables pour la régularité de la digestion gastrique et intestinale. Une partie des fourrages reste dans la panse pendant huit jours environ, mais la plus grande partie est expulsée rapidement el les parties indigestes sont rejetées en quatre iours sous forme de matières fécales. 1. Rumen. — Topographie. — Le rumen ou panse occupe à lui seul les trois quarts de la cavité abdominale ; il occupe la totalité de la région abdominale gauche; il est situé transversalement, dans une direction oblique, de haut en bas et de gauche à droite. Il s'étend en avant dans la poitrine jusqu'au niveau des treizième, douzième et même onzième côtes. La face inférieure repose entièrement sur la paroi abdo- minale inférieure. La supérieure, en avant, adhère à la face postérieure du diaphragme. Dans le reste de son étendue, elle est en contact avec la masse intestinale, et avec l'utérus chez les femelles pleines. Son bord gauche, qui supporte la rate, occupe la partie la plus élevée du flanc et de la région sous-lombaire; 6i SÉMIOLOGIE DE l'aPPAREIL DIGESTIF. le bord droit, longé par la caillette, se trouve dans la partie la plus déclive de riiypoctiondre et du flanc droit. Fi". 12. — Topograpliie du côt(5 gauchfi de la cavité abJorainale. (Delroye. A, région du rumen. — iJ, région du rein gjuclie. — GVX, limite de la partie costale et de la partie dépressible de la paroi latérale. — CT, côté du triangle ou distance iléo-roslale. — D. cliambre vide. — EP, régions inex- plorables. — C, situation de la rate. — M, légion correspondant à la corne utérine gauche. 1/e.xtrémité postérieure se met en contact plus ou moins immédiat avec les organes génitaux urinaires. Exploration. — Les méthodes d'exploration de cet organe sonll'inspection, la palpation, la percussion, l'aus- cultation, la ponction, l'examen chimique, l'examen mi- croscopique et l'examen bactériologique. d° Inspection. — L'inspection du flanc gauche permet de constater une augmentation ou une diminution du volume de la panse ; elle renseigne aussi sur le fonctionnement normal ou pathologique de cet organe. ESTOMAC DES RUMINANTS. 65 Son volume augmente, après un repas copieux, quand il y a surcliarge alimentaire et fermentation active; les gaz distendent la partie supérieure du flanc, les matières solides se réunissent à la partie inférieure de l'abdomen. L'augmentation de volume de la panse délermine la projection en arrière des autres viscères abdominaux, notamment de la vessie, du rectum; le diaphragme est repoussé en avant ; c'est le ballonnement symplomatique de la météorisation ou de l'indigestion avec siirchagede la tuberculose abdominale ou niédiaslinale. La diminution de volume ou « panse de misère » s'ob- serve après un jeûne prolongé résultant de l'absence d'appétit (maladie) ou du défaut d'aliments ; le flanc est plus ou moins creux, le ventre plus ou moins levrette dans les entérites, les diarrhées^chroniques et à la fin des indigestions. 2' Palpation. — La palpalion externe se pratique à gauche. Elle renseigne sur la composition physique et la quantité des aliments de la panse, sur le périslaltisme et l'état pathologique de cet organe. Les solides ou le mélange de solides et de liquides donnent une sensation pâteuse plus ou moins étendue, suivant leur quantité. On reconnaît ainsi qu'à jeun les aliments arrivent au niveau de l'angle inférieur du flanc ou un peu au-dessus. Chez la vache en état de gestation, les aliments s'élèvent plus haut après le repas, une pression suffisante révèle la réplétion complète de la région du flanc par les ali- ments. Après l'ingestion de boissons, la pâte alimentaire est dépressible au niveau du creux du flanc. Pendant la déglutition, il y a une variation sensible, à intervalles éloignés, du volume et de la consistance des matières du rumen. Cet organe a des mouvements bien sensibles au début, de la digestion : il éprouve deux contractions à la mi- nute. Ces mouvements sont perceptibles dans le flanc 66 SÉMIOLOGIE DE L'APPAREIL DIGESTIF. gauche. La digestion est troublée quand ils sont diminués ou supprimés (tympanite, indigestion du rumen, du feuillet). Les gaz donnent une sensation de tension plus ou moins forte suivant leur quantité, mais non pâteuse. Les liquides donnent une sensation de fluctuation. La palpation détermine de la douleur et une réaction du sujet quand il y a inflammation de la muqueuse digestive ; la douleur est encore plus vive quand cette inflammation s'est propagée à la séreuse. La palpation interne s'effectue par la voie rectale; elle renseigne sur la nature et fe volume du contenu de la panse. 3" Percussion. — La percussion complèle les résultats obtenus par la palpation. On emploie le plessimèlre et le percuteur ou l'on opère sans instruments. Sur la main gauche appliquée sur l'abdomen, on frappe fortement avec trois doigts de la main droite, l'index, le médius el l'annulaire maintenus rapprochés et fléchis. Physio logiquement , la région inférieure de la panse, qui correspond aux matières solides, donne toujours un son mat; la sonorité des régions supérieures de l'abdomen varie suivant le degré de réplétion du rumen. L'alimen- tation aqueuse, le régime du vert, la maigreur augmentent la sonorité ; l'embonpoint, l'état de graisse et la gestation la diminuent. On perçoit normalement un son tympanique dans le triangle du liane gauche; cette résonance est plus accentuée et plus étendue une heure après le repas. A droite, le son tympanique n'existeqn'au centre du triangle, chez le bœuf à jeun, il perd de son amplitude et de sa surface à mesure que la digestion se dessine et ne reprend qu'à la huitième heure de la digestion (Detroye). A l'état pathologique, on perçoit, du côté gauche, un son clair à ondes courtes, sur une grande étendue, dans la tympanite aiguë, dans Vobslruction œsophagienne, dans y indigestion aiguë du feuillet, dans les obstructions intes- ESTOMAC DES RUMINANTS. 6~ linales, les gaslro-entérites, et les péritoniles adhésives empêchant le rumen de se déplacer; un son mat, dans Vindiyestion avec surcharge; un son tympanique alternant souvent avec le son clair, dans l'indigestion gazeuse et parfois dans la gastro-entérite. 4" Auscultation. — L'auscultation abdominale doit toujours être immédiate. La région explorable par ce pro- cédé s'étend comme pour la percussion de la douzième côte au pli du grasset et des vertèbres à la ligne blanche. En haut, on peut entendre le bruit de déglutition, de glouglou ou de cascade, produit par les aliments ou les liquides qui tombent dans la panse. L'oreille perçoit, en outre, des deux côtés de l'abdomen un bruit qui ressemble à un feu de peloton, au bruit de la fermentation du raisin dans une cuve (Colin), à celui qu'on ressent en appliquant l'oreille sur un cousin de plume (Detroye) ou au bruit déterminé par une pâle en ébuUition, quand les explosions sont très rapprochées; c'est la crépitation de la panse, provoquée par la fermen- tation des matières alimentaires. On perçoit aussi un bruit de roulement comparable au grondement de l'orage, provoqué par le brassage des matières alimentaires sous l'influence des contractions péristaltique et rythmiques du rumen. Ce bruit s'entend particulièrement dans la zone moyenne deux fois par mi- nute chez le bœuf en bonne santé. La production de ce bruit est attribuée au déplacement des gaz (Delafond), au choc des parcelles alimentaires entre elles et contre les papilles du rumen (Detroye) (1). Il varie avec les individus; il est toujours plus fin chez les jeunes animaux que chez les adultes; il est affaibli et iirégulier pendant la gestation. Il est ralenti, diminué, ou supprimé dans le catarrhe (\j Detroye, L'exploration de i abdomen du bœuf, 1802. 68 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL DIGESTIF. stomaval, la tympanite intense, la surcharge de la panse dans y indigestion chronique du feuillet et dans toutes les maladies internes qui déterminent la parésie du rumen. 5" Ponction. — La ponction permet de juger des ma- tières contenues dans ce réservoir digestif. Pratiquée avec un Irocart volumineux, elle livre passage aux gaz (acide carbonique, carbures d'hydrogène et azote, gaz putrides et sulfhydrale d'ammoniaque), aux liquides et même aux matières solides. 6'' Examen chimique. — Vexamen chimique des gaz accumulés dans le rumen dans le cas de tympanite ou de fermentation anormale, donne des résultats très variables. Le rumen est une sorte de cuve à fermentation, qui fournit des produits en rapport avec les principes fermen- tescibles qui y sont renfermés ; les matières sucrées subis- sent la fermentation lactique ; les graisses, la fermenta- tion butyrique. Reiset a trouvé chez une vache météorisée : Acide carbonique 74 p. 100 Carbures d'hydrogèue 24 — • Azote " 2 — et sur un mouton 76 p. 100 de CO^. Erdmann, dans un cas de météorisation chronique, a isolé les gaz suivants : Carbure d'bydrogène 42 p. 100 Acide carbonique 35 — ■ Azole 20 — La réaction normale du contenu de la panse est alca- line ; elle devient acide dans les dyspepsies ; l'acidité existe normalement pendant toute la durée de l'allaitement. 7" Examen bactériologique. — Vexamen bactériologique et microscopique de ces matières dénonce l'existence de ESTOMAC DES RUMINANTS. 69 tous les parasites et de tous les microbes contenus dans les aliments et dans tous les liquides où macèrent des matières végétales. Il est à présumer que de nombreuses infections peuvent se produire dans cet organe, malgré l'atténuation due à la salive. Les fermentations anor- males y sont très fréquentes (Voy. Hétéorisation). 2. Réseau. — Topographie. — Le réseau ou bonnet, le plus petit de tous les estomacs, est allongé transver- salement entre la face postérieure du diaphragme et l'extrémité antérieure du sac gauche du rumen. Sa face antérieure adhère au centre aponévrotique du diaphragme, la postérieure à l'extrémité antérieure du rumen. Sa courbure inférieure est située dans la région sus- sternale, la supérieure répond à la petite courbure du feuillet, son extrémité droite louche la base de la caillette. Le réseau est le moteur principal de la digestion méry- cique ; sa paralysie empêche la ruminalion de s'accomplir. Exploration. — Le réseau ne peut être exploré que par la palpation. Chez le bœuf, on le presse avec le poing fermé, directement, en arrière de l'appendice xiphoïde du sternum. On peut renforcer l'action du poing par celle de la jambe correspondante engagée sous le ventre de l'animal. On met en évidence une sen- sibilité exagérée dans le cas d'indigestion ou de corps étrangers, une infection œdémateuse, un abcès consécutif à la perforation réliculite par corps étranger). 3. Feuillet. — Topographie. — Cet estomac, légère- ment incurvé, est situé au-dessus du cul-de-sac du réseau et de l'extrémité antérieure du sac droit du rumen. Sa face antérieure est appliquée contre le diaphragme, la postérieure répond à la panse; sa grande courbure atteint le foie, la petite est en rapport avec le réseau ; l'extrémité gauche communique avec ce dernier organe, la droite avec la caillette. Le feuillet est l'appareil de divi- 70 SEMIOLOGIE DE L AI'PAREIL DIGESTIF. sion le plus parfait pour les aliments; l'altération ou la suppression des fonctions du rumen supprime ou altère les fonctions du feuillet. Cet organe est inexplorable (1). Fig. 13. — Topograpliie du côté droit tic la cavilé abdominale. (I)olroye.; A, région droite du rumen. — B, région de la pointe du réseau. — C, région du feuillet. — D, région gastrique proprement dite ou caillette. — E, région inexplorable antérieure. — F, région du foie. — /■, vésicule biliaire. — 0, région intestinale de l'intestin grêle. — H, région du gros inlestin. — J, région du rein droit. . — J, région inexplorable. . — K, chambre vide. 4. Caillette. — Topographie. — Cet organe est piii- forme, allongé d'avant en arrière et incurvé sur lui-même. Il répond, à droite, au diaphragme et à riiypochondre, à gauche, au bord droit de la panse. Sa base touche le réseau ; sa pointe, dirigée en haut en arrière, se continue avec le duodénum. La muqueuse de la caillette s'irrite ou s'enflamme (I) Le bruit crépitant du feuillet disparait pendant l'indigestion aigm- Dotrove). I RUMINATION. 71 quand elle reçoit des matières imparfaitement riiininées. Toutes les affections des trois premiers compartiments modifient le fonctionnement de la caillette. Exploration. — Chez le veau de lait, cet organe fait saillie dans la région abdominale droite quand il est distendu à l'excès. II. — RLMIXATIOIV. La rumination est un acte essentiellement physiolo- gicjue exécuté par un groupe déterminé d'animaux. Ce phénomène d'ordre physique s'accomplit de la manière suivante : Le diaphragme refoulé en arrière comprime le rumen ; une dépression thoracique se produit par l'occlusion de la glotte; les aliments comprimés sont projetés vers le carJia, une partie pelote) s'y engage et progresse vers la bouche sous Tinfluence du vide, créé dans la poitrine, et des mouvements antipéristaltiques. Expéri- mentalement, on obtient le retour violent des aliments du rumen dans la bouche en obturant les naseaux et en excitant le pneumogastrique Toussaint). Le phénomène de la rumination s'accompagne d'un bruit facilement perceptible dans toute la panse, la poi- trine et la région cervicale, ce qui le distingue du bruit de déglutition qui n'est guère perçu que dans la région abdominale et à peine dans la poitrine. Le bruit de rumination ou de réjection est caractérisé d'abord par un fort gouglon dû au passage de la pelote alimentaire mélangée de gaz, puis par un bruit de roulement produit par l'entrée précipitée des gaz qui devancent le bol alimentaire. ModiGcation^. — Cet acte peut être interrompu par diverses causes physiologiques : l'exercice, le travail, l'épuisement, la présence de personnes étrangères et 72 SEMIOLOGIE DE L APPAREIL DIGESTIF. toutes les causes de frayeur empêchent la rumination, qui exige le repos le plus complet et la tranquillité la plus parfaite. Des circonstances insignitjantes arrêtent quelquefois ce phénomène d'une manière passagère. Les animaux nourris de matières vertes se mettent à ruminer plus promplement que ceux qui sont nourris de matières sèches. Vinrumination peut résulter de différentes causes patho- logiques. Tout animal qui ne rumine pas après le repas, indépendamment des causes physiologiques précitées, est un animal malade, mais la suppression de la rumi- nation n'a pas une signification morbide bien nette, en raison de la diversité des maladies qui la déterminent. Toutes les maladies graves fébriles (péripneumonie, pesle bovine, coryza gangreneux, elc.) et particulièrement les affections aiguës ou chroniques du tube digestif, les maladies nerveuses (maladies cérébrales, altération ou èection des pneumogastriques), les maladies cachec- tiques, les souffrances provoquées par des inflammations, p>ar des opérations chirurgicales entraînent l'arrêt de la rumination. Les affections de la panse (tympanite, surcharge alimentaire) paralysent ces mouvements et pro- duisent le même effet. L'inrumination provoque le tassement, la dessiccation et la fermentation des matières alimentaires dans le rumen ; ces modifications s'opposent ensuite au rétablis- sement des fonctions de cet organe. On peut observer aussi des modifications dans la durée et la fréquence de la rumination. Cette fonction est sou- vent intermittente; ou peut voir l'animal ruminer et mâcher incomplètement quelques bouchées dans la gastro-entérite et dans les affections fébriles. Le degré d'altération de cet acte est en rapport avec le degré d'intensité de la maladie. Le rétablissement de la ru- mination est un signe d'amélioration ou de guéri- son. ESTOMAC DES OMNIVORES ET DES CAHNIVORKS. 73 III. — ESTOMAC DES SOLIPÈDES. Exploration. — Topographie. — L'eslomacdu c//ei'fl/ est appliqué par sa face antérieure contre la face poslé- rieure du diaphragme et du foie. Sa plus grande portion est située du côté gauche ; le pylore seul se trouve du côté droit et vient toucher le lobe droit du foie. L'estomac des solipèdes est donc inexplorable, de sorte que le diagnostic des maladies de cet organe ne peut être fait que par des moyens indirects, la plupart dépourvus de précision. IV. — ESTOMAC DES OMXIVORES ET DES CARIVIAORES. Omnivores. — L' exploration de l'estomac chez le porc présente plus ou moins de difficultés suivant la taille, la race, l'embonpoint et le tempérament des animaux. Chez les porcs tranquilles, maigres, à parois abdomi- nales spacieuses, on peut, après un repas copieux, palper assez facilement cet organe au niveau de la région du cartilage xiphoïde, dans les régions costales droite et gauche. Carnivores. — Topographie. — L'estomac des carni- vores (fig. 14) est situé dans la région diaphragmatique de l'abdomen et s'étend dans la poitrine jusqu'au niveau de la huitième côte. Sa face antérieure est appliquée contre la face postérieure du diaphragme, son extré- mité gauche est en contact presque immédiat avec les parois costales ; son extrémité droite est en rapport avec le lobe droit du foie et la masse intestinale. Son bord inférieur vient au contact de la paroi abdoniinale infé- rieure, lorsqu'il est en état de réplétion (fig. 15). Exploration. — Chez les carnivores, l'exploration de l'estomac peut être faite par sept procédés : l'inspection, la Cadéac. — Séiuiologi»", 2^ édit. '6 74 SEMIOLOGIE DE L APPAREIL DIGESTIF. ptiipation, la percussion, le sondage qui permet d'extraire le contenu de l'estomac, l'examen chimique, l'examen microscopique et l'examen bactériologique. 1° Inspection. — Par Yinspection, on peut constater un bombement prononcé et ovalaire de la paroi abdominale au voisinage du cartilage xiphoïde, de l'ombilic et de la Fjg. 14. — État de vacuité de Tesloniac (d'après Millier). D, diaphragme. — F, foie. — E, esloniac. — R, rate. — N, rein. — 1, intestin. région costale gauche, symplomatique d'une surcharge d'aliments, d'une dilatation chronique de cet organe. Chez un chien de 7 kilogrammes, l'estomac plein d'ali- ments pesait 2''s,500 et formait une saillie prononcée des deux côtés du ventre (Cadéac). 2^ Palpation. — La palpation est facile à pratiquer et fournit de bons renseignements, principalement chez le chat. On procède de la manière suivante : les animaux étant debout sur les quatre membres, on opère une près- ESTOMAC DES OMMVORES ET DES CARNIVORES. 75 sion de plus en plus forte en se servant des doigts et en les appliquant derrière le cartilage xiphoîde et le côté gauche de la partie inférieure de la paroi costale. De l'autre main, on opère une pression en sens contraire. Chez les chiens, dont les parois abdominales ne sont pas très tendues, on peut reconnaître la tympanite, la dilatation stomacale'à la tension élastique de J'estomac; Fig. là. — Etat de plénitu.le de l'estomac (d'après Mûlier). E, estomac. — R, rate. — .V, rein. — F, foie. — I. intestin. la surcharge de cet organe par des aliments, l'existence de corps étrangers et même de tumeurs à la sensation de dureté, de résistance ou de consistance pâteuse que présente la masse explorée; les inflammations et les empoisonnements, au degré de douleur déterminée par cette exploration. Bref, la palpation permet souvent d'apprécier le volume, le contenu, la sensibilité de l'estomac. 3'^ Percussion. — La percussion révèle du côté gauche et dans la région moyenne et postérieure de la poitrine, 7G sii:miologie de l appareil digestif, sur une hauteur de 60 à 7o millimètres environ, et, s'avançant en avant jusqu'au huitième espace intercostal, l'existence d'un son manifestement tympanique, dû à la présence normale de gaz dans le sac gauche de l'esto- mac. Cette sonorité s'exagère sous l'iniluence de la tym- panile et des dilatations stomacales chroniques. 4° Sondage. — Le sondage permet l'étude physique du contenu stomacal. Pour extiaire le contenu de l'estomac, il suffit d'appliquer un pas-d'âne, d'introduire une sonde dans la cavité gastrique, de soulever le train pos- térieur et de faire (ousser l'animal. On reconnaît ainsi, chez l'animal à jeun, la quantité de mucus, de suc, de bile, la quantité et la nature des matières alimentaires non digérées. '6" Examen chimique du suc gastrique. — a. Acides. — Il permet de constater que, pendant toute la durée du repas, la réaction du contenu de l'estomac est alcaline ou neutre chez le chien (1) en raison de la quantité con- sidérable de salive déglutie : l'acidité commence immé- diatement après le repas, puis la proportion des acides s'accroît graduellement et atteint, chez tous les animaux carnivores ou herbivores, environ 2 p. 1000. L'acide lactique paraît prédominer au début de la digestion chez le cheval, parce que l'HGl libre est encore en petite quantité, et que les auteurs n'ont pas tenu compte de la quantité combinée. Plus tard, les propriétés antifermentescibles de l'acide HGl arrêtent la formation des acides organiques. Les variations qualitatives et quantitatives de l'acidité du suc gastrique renseignent complètement sur l'état anatomique et physiologique de la muqueuse stomacale. L'hyper acidité peut résulter d'une hypersécrétion d'IIGl ou d'acides organiques. (1) 11 en est do tnônio chez le clioval. ESTOMAC DES OMNIVORES ET DES CARNIVORES. '7 Elle s'observe dans certains états dyspeptiques; nous l'avons rarement constatée chez le chien. L'hyper acidité organique se manifeste quand il y a sta- gnation des aliments, bypoacidité chlorhydrique, rareté des peptones et digestion gastrique à peu près nulle. Les ferments des aliments, contrariés ou détruits norma- lement parrilCl, produisent des fermentalionsanormale?, des hydrates de carbone, des acides (lactique, acétique, butyrique), qui irritent la muqueuse de l'estomac et ensuite celle de l'intestin. Les fermentations anormales qui donnent naissance à ces acides produisent des ptomaïnes et des toxalbumines. Vhypoacidité réelle, c'est-à-dire chlorhydrique, a une grande gravité quand elle s'accompagne de stagnation et de fermentations acides exagérées, en raison des phénomènes d'auto-inloxication et d'irritation gastro- intestinale qui en sont la conséquence. La digestion des matières albuminoïdes est entravée ; elles ne sont plus transformées en peptones; mais ce travail n'est pas indispensable; l'intestin peut remplacer, à cet égard, l'estomac. On a supprimé l'estomac chez des chiens qui ont survécu et même prospéré; Czerny en a nourri d'autres directement par le duodénum, après occlusion du pylore, sans qu'ils aient dépéri. Cet organe a prin- cipalement pour fonction de désagréger les aliments, de les hydrater, de les dissoudre, laissant au suc pancréatique le soin de les peptoniser. On observe l'hypoacidité dans les maladies suivantes : dans la gastrite intense, le contenu^de l'estomac présente, chez le cheval, une réaction neutre ou même alcaline (Ellenberger et Hofmeister) ; il en est de même dans les maladies fébriles et dans les maladies infectieuses . L'acidifi- cation est également insuffisante dans la gastrite chronique et dans ]& dilatation de l'estomac. b. Pepsine et présure. — La pepsine et la présure sont les deux ferments renfermés dans le suc gastrique normal. 78 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL DIGKSTIF. La 2'e/is''«e, associée à l'HCI, convertit les matières albii- niiiioïdes eii syntoniue, propeptone et peptone. L'action de la pepsine est favorisée par l'eau et une température de 35" à 37° ; elle est entravée par le froid et abolie par les obstacles à la circulation veineuse qui retardent l'absorption des peptones-présures qui, parleur présence, gênent l'action de la pepsine. Le maximum d'activité de la pepsine, et couséquemment de la digestion de l'albumine, se manifeste trois à quatre heures après l'ingestion des aliments; quelquefois plus tardivement, quand la quantité ■ d'aliments ingérés est considérable. Les substances pepsinogènes subissent peu de varia- tions, il n'y a que V inflammation intense de la muqueuse stomacale qui soit capable d'entraîner leur suppres- sion. 6° Examen microscopique. — Ue.vamen microscopique du contenu de l'estomac y fait découvrir des cellules épitlié- liales de la bouche, de l'estomac, des globules rouges, des cellules lymphoïJes, des flocons de mucus, parfois des cristaux de cholestérine, de tyrosine, des aliments putréfiés ou en voie de putréfaction, des levures et des microbes. 7° Examen bactériologique. — L'examen bactériologique y fait reconnaître des microorganismes qui entrent nor- malement dans la constitution du suc gastrique (bacille de la fermentation lactique, de la fermentation buty- rique) ; on peut y trouver aussi les spores du Mycoderma accti, etc. Les microbes étrangers apportés par les aliments sont très nombreux et d'espèces très variées. On a signalé le Bdcillus siibtilis, le Bacillus amijlobacter, le Bacillus geni- culatus (Bary), le Bacillus pyocyaneus, le Vibrio virgula, le Bacillus mycoidcs, huit microorganismes inconnus. La plu- part sont inofTensifs, indifférents, ou jouent même un rôle utile dans la digestion (Duclaux, Pasteur). DYSPEPSIE. 79 Les microorganismes nuisibles comprennent : des fer- ments qui troublent le chimisme gastro-intestinal ; des microbes essentiellement pathogènes qui menacent à tout instant d'envahir l'organisme. Les ferments sont une source de troubles et d'accidents : 1° ils peuvent donner naissance à des produits irritants pour la muqueuse gastrique; 2" ils peuvent provoquer la production de gaz dont la présence devient une cause de gène, de distension et de dilatation; 3° les fermenta- tions peuvent fabriquer des substances toxiques; 4" dans la fermentation des matières albuniinoïdes, il peut se produire des substances alcalines capables d'entraver la digestion stomacale en neutralisant l'HCl ; 5" enfin, les fermentations gastriques peuvent avoir une grande influence sur les fonctions de l'intestin (Minkowski). — Les gaz qui résultent de ces fermentations anormales sont l'oxygène, l'azote, l'acide carbonique, l'hydrogène, le gaz des marais, l'hydrogène sulfuré. Divers microbes pathogènes v'went dans l'appareil digestif (microbe d'Eberth, microbe du choléra; ou se généralisent par cette voie (bactéridies et spores charbonneuses, bacilles de la morve, bacilles de la tuberculose, etc.) ; d'autres, au contraire, ne peuvent traverser impunément l'estomac. Qu en faut-il conclure ? Cest que le suc gastrique jouit de propriétés antifermentescibles, qu'il possède une action antiseptique. Spallanzani avait déjà établi que le suc gastrique non seulement empêche la putréfaction des aliments de se produire, mais l'arrête lorsqu'elle est commencée, qu'il est en un mol antiseptique. Les expériences de Strauss et de Wiirtz démontrent que lorsqu'on abandonne du suc gastrique de chien à lui- même, il se stérilise complètement en une huitaine de jours. Il fait disparaître la virulence du bacille de la tuberculose en dix-huit à trente-six heures, tue le Bacillus anthracis en quinze à vingt minutes, mais les spores résis- 8(1 SÉMIOLOGIE DE L APPARIilL DIGESTIF. tenl; le bacille d'Eberlh est tué en deux ou trois heures dans l'étuve à 38°. Les ferraentalions lactique et acétique sont de même arrêtées par le suc gastrique (Cohn). Ces expériences mettent en évidence l'influence préservatrice du suc gas- trique à l'endroit des microbes infectieux. Ceux-ci atta- qués et détruits partiellement par les phagocytes de la muqueuse pharyngienne trouvent dans le chyme stomacal un puissant agent de destruction. Mais que la sécrétion d'HCl soit diminuée ou tarie par Vinfîammation, le catarrhe stomacal, \a. dilatation stomacale, etc. ; quelespeptones et les autres substances susceptibles de se combiner à l'IlCl enrayent l'action de cet agent et les microbes traversent ce milieu sans péril et vont infes- ter l'intestin. Du reste, l'action microbicide du suc gastrique est atténuée par suite de l'évacuation rapide du contenu sto- macal dans l'intestin, qui permet aux microbes (bacille de la tuberculose, etc.) de séjourner dans l'éslomac pendant la durée de la digestion sans éprouver la moindre atté- nuation. C'est ce qui résulte nettement des expériences de Cadéac el Bournay (1). V. — DYSPEPSIE. Définition. — Toutes les fois que la digestion est troublée, il y a dyspepsie. Or, l'accomplissement régulier de cette fonction com- porte un phénomène physique (mastication), un phéno- mène physico-chimique (insalivation, une série d'actes chimiques (action du suc gastrique dans l'estomac, du suc pancréatique, du suc intestinal et même de la bile dans l'intestin), et .des phénomènes nervo-moteurs qui (i) Voy. IhiUetin de la Socii'té du hiologii'. 1893. DYSPEPSIE. 81 assurent le brassage et la progression physiologique des aliments. La dyspepsie peut survenir quand l'une de ces in- lluences fait défaut ou est troublée, d'autant plus que les niodilications de la motricité, de la circulation gastrique et intestinale changent toujours le chimisme gastrique ou intestinal. La dyspepsie est gastrique ou intestinale suivant l'ori- gine de ce trouble fonctionnel; mais ces deux formes sont trop étroitement unies pour être séparées ; l'estomac ne peut triturer et imprégner de suc gastrique les ali- ments mal mâchés et mal insalivés ; l'intestin ne peut attaquer les matières que l'estomac n'a pu ni chymifier ni brasser; il y a une solidarité parfaite entre l'estomac et l'intestin ; ces deux parties ont la même structure, la même innervation, les phénomènes morbides éprouvés par le premier retentissent sur le second et récipro- quement. Étudions les causes de ces deux variétés de dyspepsie. Pathogénie. — a. La mastication insuffisante ou impar- faite des aliments empêche ceux-ci d'être pénétrés par le suc gastrique et d'être digérés. Sont plus ou moins dyspep- tiques, tous les chiens dépourvus de dents, les chevaux affectés d'irrégularités ou de carie dentaires. b. L'iNSALiVATioN prend une part considérable à la digestion, la salive délaye les aliments, prépare l'action du suc gastrique, dissout et digère certaines matières alimentaires. La digestion salivaire se poursuit long- temps dans l'estomac, car on trouve des produits de transformation des matières amylacées (dextiine, sucre) pendant toute la durée de la digestion. Ces produits cessent d'être engendrés quand l'acidité du suc gastrique, très considérable, annule l'action de la salive. Les chevaux affectés de fistules salivaires accidentelles ne peuvent faire subir aux aliments qu'une mastication 5- 82 SKMlOr.OGIE DR L APPAREIL DIGKSTIK. imparfaite, qu'une insalivation insuffisante; ces matières franchissent l'estomac sans être suffisamment transfor- mées, — notamment chez leclieval dont l'estomac doit se vider trois fois pendant un repas de foin, — vont s'accu- muler dans le cœcum ou le côlon et provoquent des indi- gestions. Il en résulte que les petits repas de foin donnés à des intervalles rapprochés sont dij^érés plus vite et plus complètement que les repas copieux espacés par de longs intervalles. Ces derniers sont fréquemment suivis de dyspepsie chez les solipèdes. Chez le chien, l'introduction d'aliments dans l'estomac, alors qu'il contient encore une partie du repas précédent, est une cause de surcharge, de dilatation gastrique et de dyspepsie. c. Le suc GASTRIQUE présente son maximum d'activité digeslive quand il renferme chez le cheval 20 grammes en solution à 2 p. 1000 d'HCl, les autres produits importants (substances pepsinogènes) variant très peu. Les altérations quantitatives et qualitatives de ce suc sont des causes de dyspepsie. La gastrite, le catarrhe gastro-intestinal, les anémies, les cac/iexies, diminuent sa quantité, rnodilientsa réaction ; il reste quelquefois alcalin et est impropre à la digestion. Certaines substances très coriaces (productions épider- miques, poils, plumes, laine, corne, os, tissu élastique et parfois la cellulose) ne peuvent être attaquées par la quan- tité d'HCl qui se trouve dans le suc gastrique et la diges- tion est troublée. Il en est do même quand il y a hypersé- crétion de mucus; la muqueuse se recouvre d'un exsudât abondant qui neutralise une partie de l'acide chlorhydrique et empêche le suc gastrique d'agir. La présence constante d'un excès d'HCl est pour la mu- queuse gastrique une cause d'inflammation. L'altération sécrétoirese convertit en gastrite secondaire. Quand il y a slase sanguine ou anémie gastrique passagère à la suite DYSPEPSIE. 83 de catarrhes, ou d'infarctus, le suc gastrique peut digérer certaines parties de la muqueuse gastrique {ulcérations peptiques). Ou atténue, choz l'iiomnie, les effets d'un suc trop riche en acide chlorIi3drique en le diluant, en le saturant parles alcalins, en amenant son évacuation par le tube œsophagien. L'action de la pepsine peut être contrariée par les pep tones, quand l'absorplion de celles-ci est empêchée par un catarrhe stomacal, un trouble circulatoire, etc. ; les pep- lones empêchent la digestion de l'albumine quand elles sont en trop grande quantité. d.. Le suc PANCRÉATioL'E a un rôle important dans la diges- tion. Ses altérations et sa suppression à la suite de lésions destructives du pancréas, paraissent capables de produire la cj^anorrhée, la diarrhée pancréatique, les vomissements graisseux, la stéarrhée (V03'. Pancréas), c'est-à-dire une dyspepsie pancréatique des mieux caractérisées. e. Le rôle du suc intestinal dans la digestion et dans la production de la dyspepsie n'est pas élucidé. f. Les MOUVEMENTS DE l'estomac mélangent intimement le suc gastrique et la salive, puis les chassent dans le duodé- num à travers le pylore. On ne sait pas bien exactement si les aliments sont soumis à une sorte de circulation régu- lière du pylore au cardia et du cardia au pylore. Ross- bach (I), assure que, chez le chien, les mouvements péris- taltiques, faibles au début, prennent une intensité de plus en plus considérable pendant quatre à huit heures. Le grand cul-de-sac est presque immobile, mais il se fait une contraction énergique vers l'antre prépylorique. Les con- tractions commencent au milieu de l'estomac, elles deviennent de plus en plus foites à mesure qu'elles se rapprochent du pylore. Sous leur influence, il se produit une dépression profonde de la paroi qui se déplace pro- gressivement vers le pylore. (1) Trailé de médecine iieCUàvcol cl BoucliaiJ, 18D2. 84 SF.MI 'LOGIE DE L APPAREIL DIGESTIF. Le pylore lui-même rèsle complètement fermé pendant quatre à huit heures ; pendant tout ce temps, il ne laisse pas passer une goutte de liquide. Le papier de lournesol placé du côté duodénal de la valvule pylorique ne se colore pas en rouge. L'évacuation du contenu de l'estomac, au bout de ce laps de temps se fait rapidement; il y a quatre ou cinq pro- jections de suite de chyme dans le duodénum, de telle sorte que l'estomac se vide en vingt ou trente minutes. Richet a remarqué que les choses se passent exactement de la même façon chez l'homme. Les maladies aclynamiqi(es,\es inflammations de V estomac, les corps étrangers introduits dans l'estomac ou l'intestin, les adhérences anormaleti, Vexistence de tumeurs dans ses parois ou sa trop grande réplétion par des alitneuts peu- vent troubler sa motricité et déterminer la dyspepsie. Les phénomènes moteurs sont également supprimés quand l'acide chlorhyrique vient à manquer, car cet agent est l'un des principaux excitants de l'estomac. Les adhérences de la panse ou du réseau, consécutives à ime péritonite chrotiique, les néoplasies ou les hypertrophies ganglionnaires qui s'opposent à la rumination, la pression de l'utérus gravide sur le rumen, sont autant de causes de dyspepsie ; le pylore rétréci par des tumeurs sarcomateuses (ruminants) détermine la distension de l'estomac et la dys- pepsie. Le pylore insuffisant, c'est-à-dire relâché, déter- mine le passage trop rapide dans l'intestin des substances incomplètement modifiées par l'estomac et la dyspepsie intestinale en est la conséquence. Le reflu.x^ de la bile dans l'estomac piécipite le mucus, les peptones, et gène la diges- tion gastrique. On peut reconnaître, chez le chien, l'afîaiblissement du pouvoir moteur de l'estomac et la stagnation des liquides en introduisant une sonde dans cet organe cinq à six heures après le repas; normalement, il doit être vidé au })Out de ce temps, DVSPEI'SIE. 85 Effets delà dyspepsie. — La dyspepsie est suivie de fer- mentations anormales, de la distension de l'estomac et de l'intestin, de vomitiirilion, de vomissements plus ou moins fréquents ou incoercibles de matières alimentaires ou biliaires, de boulimie quand il y a excès d'HCl, d'irrita- lion, de dilatation de l'estomac, de constipation ou de diarrhée. Tous ces phénomènes généraux sont liés étroitement aux troubles de la digestion et aux modifications subies par l'estomac et l'intestin. Ces organes, distendus par les gaz, refoulent le diaphragme, gênent le fonctionnement du poumon etdu cœur, troublent larespiration et la circu- lation. A celte action mécanique etchimique s'ajoute uneaction toxique qui explique les vertiges, l'obnubilation des sens et le vertige stomacal. Les gaz et les toxines formés dans l'estomac et l'intestin sont des causes d'auto-intoxication quand il y a insuffisance de la sécrétion chlorhydropep- tiqiie et stagnation des liquides dans l'estomac ou l'intes- tin. On a retrouvé une certaine quantité d'HS dans l'urine. Bouveret et Devic, en épuisant par l'alcool le contenu de l'estomac chez un hyperchlorhydrique hypersécréteur, ont extrait une substance toxique capable de provoquer la tétanie par injection aux animaux. Von Mering attribue la tétanie gastrique à la suppression de la sécrétion buccale. Chez les sujets affectés d'un rétrécissement du pylore et d'une dilatation de l'estomac, la salive ne joue plus aucun rôle dans les échanges organiques; elle reste accumulée dans l'estomac qui ne peut ni l'utiliser, ni la résorber, ni l'évacuer vers l'intestin. Celte pathogénie de la tétanie est conflrmée par l'expé- rimentation. Les chiens, nourris par une fistule duodé- nale, présentent bientôt un ensemble symptoraatique particulier: tressaillements des extrémités de la face, rai- deur des extrémités, obligeant ces animaux à marcher pomme sur des échasses, cris plaintifs, grincements de 86 SEMT LOGIli; DE L APPAREIL DIGESTIF. dents, dilalalioii fréquente des pupilles, parésie de l'une des extrémités, soif intense, trismus, puis somnolence et asphyxie. Les phénomènes observés rappellent ceux qu'on noie après l'extirpalion de la glande thyroïde. L'action des produits loxii|ues formés et rinsuffisance de la digestion allèrent et rendent la nutrition insuffisanle. La digestion vicieuse crée une déchéance générale des tissus qui pré- pare les infections, les maladies générales et locales. VI. — ÉRl CTATIOX. On désigne sous le nom d'éructation Tacte par lequel des gaz sont expulsés plus ou moins brusquement de l'estomac. Signification. — C'est le plus souvent un signe d'indi- gestion ou de fermentation anormale des aliments dans l'estomac. L'ingestion de matières très fermentescibles et le séjour prolongé des aliments dans le réservoir gastrique favorisent cette fermentation. Les gaz distendent l'estomac et provoquent des contractions réflexes qui les chassent dnns l'œsophage, dont les mouvements antipéi'istaltiques les amènent au dehors. L'odeur des gaz expulsés est variable suivant la nature des aliments qui ont fermenté, et suivant la durée de la fermentation. Elle est herbacée chez les herbivores nourris de fourrages, acide et fétide chsi les carnivoros, et chez les niininaiits dont le feuillet est obstrué. Pourtant, chez les so/Z/jèf/es atteints d'indigestion stomacale, produite par des châtaignes, on peut entendre des rots sonores d'odeur acéteuse ou analogue à celle des excréments du cheval. La sortie de ces gaz s'accompagne parfois, chez ces mêmes animaux, d'un bruit aigu et plaintif. L'éructation est rare chez les solipèdes, beaucoup plus commune chez les ruminants; elle est fréquente chez les carnassiers. Ce trouble de la digestion est un symptôme de Vlndi- RÉGURGITATION. 87 gestion aiguë accompagnée de tympanite, des affections chroniques des premiers réservoirs digestifs des ru minants, de Vcngouement du feuillet, de la compression de l'œso- phage par des tumeurs (tuberculose des ganglions du mé- diastin) et de la dyspepsie chez les carnivores. Toutes les maladies ([ui troublent la rumination sont des causes de fermentations et, partant, d'éructalions. VII. —RÉGURGITATION. La RÉGCRGiTATioN est un acte consistant dans le trans- port des matières liquides ou solides de l'estomac dans la bouche sans nausée et sans effort. Ces matières arrivées dans la bouche sont rejetées ou soumises à une nouvelle déglulition, précédée ou non de mastication. C'est par la coniraction volontaire de l'esto- mac, des muscles abdominaux et par une diminution de la pression thoracique qu'une partie des aliments est amenée au cardia, puis une contraction antipéristaltique les fait progresser jusqu'à la bouche. Par son mécanisme, la régurgitation ressemble à la rumination, mais elle en diffère en ce que, physinlogiiiue- ment, elle n'est pas indispensable. On peut l'observer chez des animaux non ruminants et surtout chez l'homme. Ce phénomène se produit physiologiquemenl chez les animaux et les enfants à la mamelle; on voit aussi des idiots accomplir cet acte et déglutir de nouveau les ma- tières ré;.'urgitées. Signification. — Pathologiucement, la régurgitation se manifeste après l'ingestion d'une trop grande quantité d'aliments, à la suite d'une mauvaise digestion, de jabot œsophagien ; quelquefois, les gaz chassés par l'éructation entraînent des matières solides. Dans le cas de volvuhis ou de hernie étranglée, le refour des matières se fait plu- tôt par régurgitation que par vomissement. La régurgitation a été quelquefois signalée chez les 88 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL DIGESTIF. ruminants qui ont ingéré une trop grande quantité d'ali- ments, chez ceux dont la dernière molaire n'est pas tom- liée (I), mais la rumination ne tarde pas à se rétablir. VIII. — NAUSÉE. La nausée dérive d'une infinité de causes, directes ou sympathiques, parmi lesquelles il faut signaler : la réplé- tion excessive de l'eslomac, l'ingestion d'aliments indi- gesles, de substances irritantes, l'absorption de vomitifs, le rétrécissement du pylore, l'étranglement de Vintcslin {vol- vulus, hernies, invaginations). Tantôt la nausée reste isolée, tantôt elle est suivie de vomituritions, c'est-à-dire d'efforts identiques à ceux du vomissement, mais non accompagnés de l'expulsion au dehors des matières alimentaires contenues dans l'estomac parce que la pression intrathoracique maintenue trop élevée ne permet pas leur échappement. On appelle encore vomiturilion les régurgitations qui viennent de l'œsophage, quand il y a jabol ou spasme de cet organe. IX. — VOMISSEMEXT. Définition. — On donne le nom de vomissement à l'expul- sion violente par la bouche des matières contenues dans l'estomac. Cette évacuation involontaire est produite par les contractions spasraodiques du diaphragme et des parois abdominales qui compriment l'estomac et accrois- sent la pression intra-abdominale pendant que la contrac- tion des muscles inspirateurs abaisse la pression intra- thoracique, condition indispensable à la projection des aliments de l'estomac dans l'œsophage. Le vomissement n'est pas, à proprement parler, un acte stomacal; c'est plutôt un acte respiratoire. La parti- (1) Rov, Archives ri'li'riiKfires, 1870, |i, Utj, VOMISSEMKNT. 89 cipation des fibres lisses de la tunique musculaire de l'estomac n'est pas nécessaire à la production du vomis- sement; les mouvements antipéristaltiques de l'œsophage favorisent l'expulsion des matières contenues dans l'es- tomac. L'action des muscles agissanis (diaphragme, parois abdominales, musclesinspirateurs), dépend de l'excitation directe ou réflexe du centre vomitif situé dans le bulbe, tout près du centre respiratoire. Ce centre peut être excité directement ou indirectement par voie réflexe : toutes les influences excitatrices sont des causes de vomissement. Pathogénie. — Le vomissement ne se produit pas chez tous les animaux. Il en est qui vomissent facilement : ce sont les C!irn,issiers et un grand nombre d'omnivoves ; il en est d'autres, au contraire, qui ne vomissent point, ou ne vomissent que très rarement et avec une extrême diffi- culté : ce senties Aer/^irores monogastriques et les nuni- liants. Cette différence tient à deux causes principales : la conformation de l'estomac et l'état des aliments qu'il renferme. Chez les animaux qui vomissent (fîg. 16), l'esto- mac est simple, l'œsophage s'insère loin du pylore, vers l'extrémité gauche du viscère; ce canal a des parois minces, souples, et une dilatation infundibuliforme à sa terminaison. Cliez ceux qui ne vomissent pas (fig. 17), l'estomac est simple ou à plusieurs compartiments, le cardia est peu éloigné du pylore, l'œsophage a des parois très épaisses vers son orifice dépourvu de dilatation et resserré; de plus, le viscère se trouve, en ce qui concerne certains d'entre eux, les niiiniimi/s par exemple, dans des conditions exceptionnelles; les matières vomies par la caillette tombent dans la panse, et celles rejetées de la panse sont de nouveau dégluties comme celles qui reviennent normalement à cette cavité lors de la ru- mination. 90 SliMlOLOGlK ni': LAI'l'AliElL DIGE'^TIF, Les animaux qui vomissent, c'est-à-dire les cnrnassiers et les omnivores remplissent leur estomac de substances en général molles, humectées, glissantes et souvent très divisées, s'échappant très facilement à travers un cardia dilatable et un large œsophage. Les herbivores qui ne Fig. 16. — Esloni.tc du cliieii. A, cardia. — B, pjlore. vomissent point oiit l'estomac rempli de fourrages sou- vent mal divisés, peu imprégnés de liquide et comme feutrés. Lorsque ces matières sont soumises à une com- pression énergique, elles se tassent; les liquides qui les imprègnent s'échappent en parlie dans l'intestin, par un pylore ordinairement très large, et, par le fait de leur extrême compressibililé, la plus grande parlie de la force VOMISSEMENT. 91 qui tend à les expulser se perd à réduire leur volume; enfin, si quelques parties, une fois détachées de la masse, parviennent à s'engager dans l'œsophage, elles ne peuvent Fig. I A, cardia. — B, pylore. Estomac du cheval s'y mouvoir qu'avec une extrême lenteur. En somme, chez les premiers, tout est disposé pour rendre le vomisse- ment possible, et même jusqu'à un certain point facile, tandis que, chez les seconds, tout concourt à metire obs- tacle à l'accomplissement de cet acte (Colin). Aussi, les 92 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL DIGESTIF. causes de vomissement doivent-elles être étudiées séparé- ment chez les carnivores, les ownivores et chez les her- bivores. Voiuissement des carnivores et des omnivores. — L'excitation initiale, qui détermine le vomissement, peut porter sur les extrémités nerveuses d'un grand nombre d'organes. 1" Lq pharynx, irrité par la toux, par des corps étran- gers (herbes, aiguilles, fragments osseux, arêtes de pois- sons), détermine fréquemment, chez le chien et chez le chat, le réflexe provocateur du vomissement. 2" V œsophage enflammé, rétréci, dilaté ou contracté {œsophagitc, rétrécissement, dilatation, spasme) est souvent le point de départ du vomissement. Dans les maladies du pharynx et même dans celles de l'œsophage, le vomisse- ment se produit également pendant la déglutition. 3" Uestomac surchargé d'aliments (indigestion) s'en débarrasse fréquemment par ce mécanisme. Les autres causes capables de provoquer le vomissement en irritant cet organe sont : le catarrhe gastro-intestinal, la gastrite, les ulcères, les tumeurs de cet organe, les poisons irritants, Vapomorphine, les altérations et les néoplasies du pylore qui s'opposent à l'évacuation du contenu stomacal dans le duodénum. L'inanition est une cause de vomissement; elle agit probablement en déterminant une légère inflammation de la muqueuse stomacale. Ces causes agissent à la fois sur le pneumogastrique et le plexus stomacal d'origine sym- pathique, ce qui explique l'apparition du vomissement sous l'influence de l'apomorphine après la section des nerfs. Dans les affections stomacales, le vomissement se produit peu de temps après l'ingestion des aliments. 4° LHntestin est une cause de vomissement, quand il est obstrué par des corps étrangers (os, éponges, etc.), par des lolviihts, des invaginations arrèhinl la marche des VOMISSEMENT. 93 aliments. Cet arrêt est suivi de la distension du tube intestinal et de l'estomac, de l'irritation de ces organes par les produits résultant de la putréfaction des aliments fit de l'évacuation réflexe, symptôme qui se manifeste quelque temps après le repas. Les irritations intestinales intenses, déterminées par des parasites, sont également suivies de vomissement. 5° Les divers organes abdominaux (péritoine , dia- phragme, foie, rein, ulérus) sont également une source de vomissement. 6° Les maladies de l'appareil respiratoire provoquent des quintes de toux et des vomissements, en déterminant une hypersécrétion de mucus qui agit comme corps étranger. 7'^ Le cerveau et le bulbe peuvent être excités directe- ment, dans le cas d'inflammations ; le vomissement se manifeste au début de ces maladies. Le centre vomitif peut être mis en jeu par l'accumulation de poisons nor- maux dans le sang (urémie), par l'absorption de toxines microbiennes (rouget du porc, septicémie du chien, fièvre typhoïde des vohulles). S° Divers médicaments (ipéca, émétiue) capables de faire vomir quand on les a introduits dans le sang, agissent, au moment de leur élimination par la muqueuse gastrique, sur les ramifications du pneumogastrique. L'urée agit de même en irritant la muqueuse gastrique par sa trans- formation en carbonate d'ammoniaque. L'émétique agit à la fois sur la muqueuse et sur le centre bulbaire; l'éther, le chloroforme et l'oxyde de car- bone se comportent probablement de même. Vomissement des herbivores. — Les solipèdes ne vomissent que dans des conditions exceptionnelles et pour les raisons suivantes : 1° La nausée est difficile à produire, les sujets étant peu impressionnés par les vomitifs. 94- SÉMIOLOGIE DE l'aPPAHEIL DIGESTIF. 2° L'orifice du cardia esl étroit el pourvu d'une double cravate musculaire, jetée en écharpe, qui rétrécit cet orifice à mesure que l'estomac se distend. Néanmoins ces difficultés, presque insurmontables, sont vaincues quand l'insertion de l'œsophage sur l'estomac présente des dispositions particulières comme, par exemple, la paralysie ou le relâchement de cet organe, qui prend la forme d'un infundibulum et devient momentanément béant sous l'influence d'etl'orls violents et répétés. Le vomissement s'exécute ensuite sans difficulté. On a vu des chevaux vomir très facilement pendant trois ou quatre mois (Sanson, Leblanc). Gros-Claude a signalé un cas de vomissement accompagné d'hématénièse considérable; cette dernière complication est très rare chez le cheval. Ces modifications expliquent la production accidentelle du vomissement sous l'influence d'indigestions avec sur- charge d'aliments, de hernies, d'invayinatioiis, de volvulus, ou de jabot en communication directe avec l'estomac. Chez les ruminants, bœuf, mouton, le vomissement n'est pas très rare; il n'a aucune gravité (1). Signes cliniques. — Toutes les fonctions sont modifiées chez l'animal qui va vomir. Le sujet est en proie à une vive anxiété ; il fait de fortes inspirations ; la poitrine se dilate et la glotte se ferme; la tête, fortement étendue sur l'encolure touche presque le sol chez les carnivores et les omnivores ; elle est fortement abaissée chez les herbivores. L'animal déglutit une certaine quantité d'air pour distendre l'estomac; la bouche s'ouvre, le voile du palais se soulève, complètement chez les carnivores, très incomplètement chez les herbivores, et le contenu du réservoir gastrique est rejeté avec plus ou moins de rapi- dité et de violence. (i) Voy. Pathologie interne, liibliographie du vomissement au sujet des iiidiv'cstions. VOMISSEMENT. 95 Les alimenls sortent presque exclusivement par le nez chez le cheval, par suite de l'extrême développement du voile du palais ; ils s'échappent par la bouche chez les autres animaux. Le vomissement peut être répété plusieurs fois, à différents intervalles, el, plus il est facile, moins l'animal semble en être fatigué. Les solipècles, qui ont tant do difliculté à vomir, se couvrent de sueur, étendent les membres antérieurs, avancent ceux de derrière sous le corps et se livrent aux efforts les plus énergiques se traduisant par des secousses qui ébranlent tout le corps. Quand la barrière du cardia cède et que la réjection commence, l'animal éprouve un soulagement manifeste. Pourtant les sujets sont ordinai- rement épuisés après le vomissement ; ils tremblent, vacillent, toussent ; ils ont le regard fixe et la physiono- mie abrutie. Le vomissement peut être passager ou continu. Quand il est répété, persistant, incoercible, il dépend d'une altération matérielle, permanente de l'estomac ou de l'intestin {cancer, ulcérations, volvuhis, invagination). Il est passager dans le cas àHndigebtion. Caractères des matières vomies. — Les caractères des matières vomies sont aussi variables que ceux du jetage. On peut reconnaître la cause du vomissement par la quantité, l'aspect, l'odeur, la réaction et l'aspect micros- copique des substances rejetées. _ 1° Quantité. — La quantité de matières rejetées varie considérablement ; elle est très minime dans le cas de gas- trite intense du chien ; elle est ti'ès grande dans le cas d'indigestion avec surcharge, chez les carnivores, les omni- vores et les solipècles. Chez ces derniers, les matières alimentaires sont expul- sées en petite quantité à chaque ell'ort; mais l'estomac finit par se vider et un seau d'aliments peut être évacué en plusieurs heures. 96 SÉMIOLOGIE DE l'aPPAIîEIL DIGESTIF. 2'^ Aspect macroscopique. — L'aspect macroscopique des substances vomies varie avec l'espèce animale, le mode d'alimentation, l'état de plénitude de l'estomac, les phases de la digestion, la nature des matières inalibiles ingé- rées ou des mélanges anormaux qui se sont produits. On peut étudier le vomissement alimentaire, le vomissement glaireux, le vomissement bilieux, le vomissement de ma- tières inalibiles, le vomissement de sang. a. Le vomissement alimentaire est généralement le moins grave ; il indique le plus souvent une réplétion trop considérable de l'estomac ou une indigestion; le vomissement est un moyen de guérison qui prévient les conséquences de l'ingestion d'une trop grande quantité d'aliments ou de matières indigestes que la gloutonnerie de l'animal a accumulés dans l'estomac. Les carnivores et les omnivores rejettent l'excès de viande ou de soupe, sous forme de pâte ou en gros morceaux ; les chevaux expulsent un bol fluide ou consistant, de couleur verte, renfermant de fines particules alimentaires; le banif, des substances grossières. Les vomissements incoercibles des carnivores sont le signe de gastrite quand le rejet a lieu immédiatement après l'ingestion, ou d'obstruction intestinale quand l'ex- pulsion est plus ou moins tardive, comme en témoigne la cliymification éprouvée par les aliments. b. Le vomissement glaireux, caractérisé par le rejet de matières alimentaires mélangées à du mucus, s'observe également dans la gastrite. Les premiers vomissements sont alimentaires, mais cet acte se répétant, quand l'esto- mac est presque complètement vide, on observe le rejet de matières glaireuses, muqueuses, visqueuses s'élirant en fils semblables à du blanc d'œuf liquide ou un peu cuit. Ce vomissement est beaucoup plus grave que le pré- cédent; c'est un signe d'intolérance de l'estomac pour les liquides les plus sains, tels que le lait ; le vomissement se renouvelle même sous l'influence de l'ingestion d'eau froide. VOMISSEMENT. 97 c. Le vomissement biliecx est révélé par une teinte d'un verl jaunâtre ou plus ou moins noire des matières vomies, due aux reflux par le duodénum d'une quantité plus ou moins considérable de bile qu'on peut déceler par la réaction de Gmelin. Ce vomissement est un symptôme de gastrite, de gastro-duodùiite et de gastro-entcrite, mala- dies qui déterminent des mouvements antipéristaltiques dans l'intestin grêle et le duodénum. d. Les vomissements de matièkes inalibiles ou de ma- tières anormales consistent dans le rejet de paille, de chiffons, de poils, de corps étrangers ingérés par les jeunes chiens en s'amusant, ou sous l'influence du pica, de la rage; on peut y rencontrer aussi des spiroptères, quelquefois des ascarides et même des ténias. e. Les vomissements de sang connus sous le nom d'hématémèse consistent dans le rejet par la bouche de matières rouges, noires, chocolat, ou de caillots de sang contenus dans l'estomac. On peut reconnaître les globules rouges à l'examen microscopique. Ces vomissements sanguinolents sont plus ou moins graves suivant la quantité de sang expulsé. L'existence de quelques stries sanguinolentes, de quelques petits gru- meaux, de quelques masses allongées dans les matières vomies, est souvent sans gravité. Le rejet d'une grande quantité de sang est presque toujours le signe d'une alté- ration grave ; le liquide rejeté est fluide ou coagulé suivant qu'il a ou non subi un commencement de digestion; il est noirâtre et présente l'aspect de petits grumeaux, ressem- blant à du marc de café quand il a été modifié par la digestion comme on l'observe à la suite de petites hémor- ragies répétées. Les vomissements noirs d'origine sanguine se distin- guent des vomissements noirs biliaires par la présence de globules rouges, de cristaux d'hématoïdine ou d'hématine. LaPATHOGÉxiE des hématémèses est complexe. Plusieurs cas peuvent se présenter : Cadéac. — Sémiologie, î*: édit. 6 98 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL DIGESTIF. a. // peut y avoir une altération gastrique; le vomisse- ment de sang est alors un signe de tumeurs ou d'ulcères gastriques (1), de poisons violents, de corps étrangers, de blessures de l'estomac par des corps acérés, de parasites [Spiroptera sanguinolenta) qui ont ulcéré la muqueuse stomacale, de perforations d'anévrysmes aortiques ouverts dans 1 estomac et engendrés par les spiroplères. La pré- sence de quelques stries sanguines indique la déchirure de quelques vaisseaux capillaires, sous l'influence des eiïorls de vomissement déterminés par un catarrhe gas- trique. Chez le cheval, les hémorragies, stomacales, très rares sont dues à des tumeurs ou ulcères de cet organe (2). [i. Les altérations nasales, buccales, pharyngiennes ou bron- chiques, sont accompagnées fréquemment, chez le chien, de la déglutition du sang, puis du vomissement. Dans ces cas, une partie du sang rejeté est mousseux, rouge, rutilant; il n'a subi aucun contact du suc gastrique et il est expulsé abondamment sous l'influence d'efforts de toux. 3° Odeur. — Vodeur des matières vomies est acide quand les aliments ont subi un commencementde chymifi- cation; cette odeur permet de différencier le vomissement gastrique du vomissement œsophagien ; elle est fécaloide chez les caivj/voj'es dont l'intestin est obstrué; les matières liquides ou solides de l'intestin, revenues dans l'estomac, présentent une odeur fétide caractéristique. On peut cependant observer cette odeur quand les chiens ont l'habitude d'ingérer les matières fécales : ce sont les autres troubles généraux qui servent alors à établir le diagnostic différentiel. Les matières vomies parles animaux empoi- sonnés par le phosphore, l'arsenic, l'alcool, l'iodo- forme, etc., répandent une odeur spécifique. 4" Examen chimique des matières vomies. — Il permet (1 ) Vogel, Jo)trnal de l'Ecole vétérinaire de Lyon, 1803, p. 444. (2) Clicliy, Hec. de niéd. vét., 1831, p. 528. — Widmcr, Bévue vét., 18112, — Quàldsch, Berliner Thierarzt. Wocheiischr., 1K91, p. 51. VOMISSKMKNT. 99 de reconnaître certaines intoxications. On constate que ces matières présentent une réaction alcaline chez les rumi- nants, acide chez les carnivores et les solipèdes; elles deviennent alcalines quand elles renferment une grande quantité de sang. Dans le cas de jahot œsophagien, les matières retirées de l'œsophage, traitées par un alcalin, laissent dégager une odeur infecte qui les distingue de celles qui proviennent de l'estomac, o*^ Examen microscopique. — Il permet de découvrir dans les matières vomies la présence de globules rouges du sang, de cellules épilhéliales et cancéreuses, de sub- stances toxiques, de parasites, d'œufs et de larves. Conséquences du vomissement. — Les conséquences du vomissement varient beaucoup suivant les espèces animales. Presque physiologique chez les carnivores, il constitue un moyen rapide de guérison des indigestions et assure l'évacuation d'une grande partie des poisons formés dans le tube digestif lors d'une obstruction intestinale. Chez le cheval, le vomissement est aussi le signe de la guérison des indigestions ; il n'est jamais le signe pathogno- raonique de la rupture de l'estomac et d'une mort pro- chaine (1\ Les animaux dont l'estomac est rupture ne vomissent pas ou vomissent dans leur propre abdomen. Cependant, les etïorts nécessités par le vomissement peu- vent produire la déchirure du ventricule et la mort du sujet; mais la rupture, regardée quelquefois .comme la cause, n'est qu'un phénomène concomitant, produit par les efforts ; elle doit même faire cesser ret acte dès qu'elle est produite, à moins que les autres viscères ne bouchent la déchirure. Divers symptômes généraux permettent d'apprécier la signification et la gravité du vomissement. Si l'étalgéné- ral s'améliore après l'expulsion des matières alimentaires : (I) Voy. Pathologie interne. 100 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL DIGESTIF. l'estoinac ne s'est pas rupture ; l'animal tombe au contraire dans l'abattement et la prostration, prélude de la mort, quand cette complication s'est produite. Chez ]es ruminants a.du\leii{Lœu f et mouton), le vomisse- ment accompagne quelquefois les indigestions aiguës, ou chroniques du rumen et du feuillet, il n'entraîne aucun accident et n'a pas la même gravité que chez les soli- pi'des. Du resie, ce sont uniquement les matières conte- nues dans le rumen qui sont expulsées au dehors. Chez le veau, les vomissements de la caillette succèdent fréquemment <à l'indigestion laiteuse. QUATRIEME SECTION PANCRÉAS ET INTESTIN I. — PANCRÉAS. Topographie- — Chez le cheval, le pancréas est situé à la région sous-lombaire, en travers de l'aorte et de la veine cave postérieure, en avant des reins, en arrière du foie et de l'eslomac. L'extrémité gauche atteint la base de la raie; la droite, amincie, présente les canaux excréteurs au nombre de deux; un principal, dit de Wirsung, et un accessoire. Le premier sort par l'extrémité gauche du pancréas s'abouche dans l'intestin grêle, en commun avec le canal cholé- doque, et forme l'ampoule de Vater. Le canal accessoire part du premier, reçoit quelques branches de la glande et se jette dans l'intestin grêle en regard du canal de Wiisung. Cette glande est un centre, un axe autour duquel on trouve les organes les plus importants. Chez le bœuf, le pancréas n'est plus couché en traveis de la région sous-lombaire; il est situé à droite de la grande mésentérique entre les lames du mésentère. 11 a PANCRÉAS. 101 un seul canal excréteur s'abouchanL isolément à 40 centi- mètres environ plus loin que le canal cholédoque. Chez le mouton et la chèvre, ce conduit s'abouche avec celui du foie. Chez le c/iieii (flg. 18), le pancréas est allongé, et com- pris entre le feuillet mésentérique qui soutient le duodé- Fig. 18. — Topographie du pancréas chez le chien (d'après Maller). R, rein. — F, foie. — D, duod.'num. — P, pancréas. num. Il possède un seul canal excréteur s'ouvrant à ii cen- timètres plus loin que le conduit hépatique. Cette glande qui n'est pas explotable peut, quand elle estle siège d'altérations (tumeurs), empiétersur les organes voisins et se confondre avec eux. Le pancréas a un rôle physiologique important dans la digestion et les transformations de la glucose. Dyspepsie pancréatique. — La suppression du suc pancréatique détermine une séiie do troubles de la diges- tion ; \a. sialorrhée, phénomène rattc'^ché quelquefois à la 102 SÉMIOLOGIE DI-: LAPI'AHEIL DIGESTIF. destruction du pancréas, la diarrhée •pancréatique, engen- drée par une fluxion du pancréas comparable à celle qui se produit dans les glandes salivaires, la stéarrhce carac- térisée par le rejet de graisses non éiuulsionnées dans les matières fécales. Glycosurie pancréatique. — Minkowski et Mering ont réussi à produire, pai' Tablation du pancréas, un diabète incurable accoujpagné de phénomènes identiijues à ceux du diabète humain. La glycosurie apparaît, dès les pie- mières heures, après l'extirpation complèlc du pancréas, chez le chien; elle atteint son maximum deux ou trois jours après. Le diabète ne se produit pas si on laisse plus du dixième du volume total du pancréas. Ces résultats ont éié confirmés par M. Lépine, Hédon qui ont réalisé la greiTe pancréatique. Le pancréas intervient dans la glycogénie par l'inler- médiciire d'une sécrétion interiu'. En etl'et, Thiroloix a reconnu que le diabète n'apparaît pas quand le pancréas est supprimé anatomiquement et physiologiquenient par des injections de bitume de Judée dans le canal pancréatique. La ghjcomrie est passagère et se montre souvent à la suite d'extirpations partielles ou de simples lésions du pancréas sain ou sclérosé; l'exlirpation totale de l'organe provoque toujours l'ensemble symptomatique du diabète: uzoturie, glycosurie, perte de poids, cachexie. 11 est pos- sible que la destruction du pancréas ne soit pas la cause directe de celte glycosurie et qu'il faille rattacher celle-ci à une altération de l'appareil nerveux ganglionnaire ou à une irritation réflexe du système bulbo-spinal. II. - INTESTIN DES SOLIPÈDES. Topographie. — Les difîérenles portions du tube intestinal occupent dans la cavité abdominale des posi- tions normalement fixes (fig. 19). INTKSTIN DES SOLH'ÈDKS. UI3 Tandis que ['intestin gpéte se loge dans le flanc gaucbp, le cxcum, qui le suif, part de la région lombaire au niveau = = t. o — r « o , — 3 te 1 ç -^ -W 1 vT 1 _c CJ 1 t 1 1 ^ rf t^ •^' sj rt 0 s > 's «j' ■^ m ~ i' 1 -5 1 3 x c _c > 2 a ÇJ ÇJ 9 3 •^ •0 cr = u 0 0 S = 1 - "^ rf .^ X C •2 '5 -§ -l ^ -3 5 •r - ■"■ "^ -5 -î; 1 "~ C — X -J _-; ^ 1 £ — 0 J-. X" 0 p 1 1 -- b — ,r ^ or 3 — *c C ^^ ■> ^' 0 -2 ■< ■^ E. ç 1 0 c ~ ~ 0 0 a 1 te ^ s c .3 ^ = ;: :: ï ^ "^ du rein droit, s'applique à la face interne du flanc droit, puis se dirige en avant et en bas, en suivant le cercle car- tilagineux des fausses côtes pour venir appuyer la 104 SEMIOLOGIE DE L APPAREIL DIGESTIF, pointe sur le prolongement abdominal du sternum. Le côlon, parti de l'arc du cœcum, se dirige immédiate- ment au-dessus de la partie moyenne de cet organe qu'il suit jusqu'à sa pointe. Arrivé à la face postérieure du diaphgranie, il s'applique sur la paroi abdominale infé- rieure, se replie à gauche et remonte jusque dans la cavité du bassin. C'est alors qu'il s'infléchit à gauciie en formant la courbure pelvienne, revient jusqu'au centre phrénique, se replie à droite et en haut, appliqué au côté interne de l'arc caecal et à la face inférieure du pancréas. Le gros côlon est continué par le petit, qui part de la région sous-lombaire et se jette dans le flanc gauche pour se terminer en remontant dans le rectum. D'après l'exposé qui précède, on voit que les gros vis- cères se trouvent principalement dans le flanc droit, les intestins de petit calibre dans le flanc gauche. Exploration. — a. Exploration externe. — Vexplora- tion externe peut se faire par l'inspection, la paipation, la percussion, méthodes qui sont applicables seulement aux parties qui touchent à la paroi abdominale. L'auscul- tation permet de percevoir les borborygmes (Voy. Borbo- rygmes). 1° Les MODIFICATIONS PATHOLOGIQUES dc CCS orgaues con- sistent dans des changements de position et de volume. Leur POSITION est très sujette à varier. La longueur du mésentère, les dimensions considérables et la mobilité des gros réservoirs favorisent ces déplacements. Les coliques, la paralysie d'une anse intestinale, la tympanite, les obstruc- tions, les mouvements insolites, les elforts, le mouvement de roulement sur le dos, le saut d'un obstacle peuvent déterminer la déchirure de l'épiploon, du mésentère, des inflexions, descoudures anormales, des nœuds, des incar- cérations des anses intestinales et modifier considérable- ment les rapports de tous ces organes. l^es perforations diaphragmatiaues permettent à l'esto- INTESTIN DES SOLIPÈDES. 103 mac, à l'intestin grêle, au côlon même de pénétrer dans la cavité thoracique, où leur présence est dénoncée par un bruit tympanique très net à la percussion du thorax et par de forls borborygmes remplaçant le murmure respi- ratoire. 2" Les MODIFICATIONS DK VOLUME proviennent principale- ment du deijré de réplétion du gros intestin. La percus- sion, qui fournit un son mat ou un son tympanique, y dé- nonce la présence de gaz ou d'aliments. L'auscultation fait entendre des borborygmes dans une région limitée et fait constater leur absence dans d'autres points, 6. Exploration interne. — L'exploration interne com- porte deux moyens d'investigation : la ponction et Vintro- duction Je la main dans le rectum. Ponction. — La ponction peut être pratiquée au niveau du côlon, du ca?cuni et de l'intestin grêle (1); elle donne issue aux gaz, aux liquides contenus dans les tumeurs : c'est un élément de diagnostic des plus importants. L'exploration rectale sera, plus loin, l'objet d'une élude particulière ' Voy. Rectum). Examen bactériologique. — L'intestin est le milieu le plus favorable au développement et au séjour des microbes et des parasites. A côté des cestodes (ténias perfolié, mamillan, plissé), des nématodes (ascaride mégalocéphale, oxyure courbé, sclérostomes), logés exclusivement dans l'un des divers segments du tube digestif (intestin grêle, Cfecum), la mino- rité dans le côlon, on y rencontre des protozoaires dont sept espèces ont été décrites par Colin, et tous les microbes qui ont résisté à l'action du suc gastrique. Le contenu alcalin de l'intestin est en effet favorable à la grande masse des espèces microbiennes. Leurs fonc- tions y sont totalement respectées; le microbe pyocya- (1) Voy. Manuel opératoire. 106 SEMIOLOGIE DK L APPAREIL DIGESTIF. nique, introduit dans le cœcum des solipèdes, se retrouve dans les matières fécales avectoutes ses propriétés chromo- gènes (Cadéac et Bournay). Le microbe de la septicémie s'y rencontre habituellement ; on y trouve aussi des microbes qui déterminent la fermentation des aliments ; d'autres paraissent favoriser la digestion delà cellulose (Duclaux) ; d'autres, sans doute, sont indifîérents. Leur étude est encore très incomplète. III. — IXTESTIX DES RUMIXANTS. Topographie. — La disposition de l'intestin des rumi- nants n'est pas la même que celle des solipèdes. Du côté gauche, le flanc de ces animaux, rempli par le rumen, ne permet pas l'exploration de l'intestin. Du côté droit, l'angle formé par les côtes et la colonne vertébrale est occupée supérieurement parle rchi droit, ^ar le foie qui, appliijué contre le diaphragme, s'étend de la neuvième à la trei- zième côle. Le feuillet est placé au niveau des mêmes côtes; mais dans une région plus inférieure, son bord postérieur suit exactement le cercle cartilagineux des fausses côtes. La région costale est donc occupée du côté droit par le rein droit, le foie el le feuillet. Le gros intestin est explorable de la treizième côte ou du rem droit à l'angle externe de l'ilium ; il présente à ce niveau une direction sensiblement parallèle à la colonne vertébrale, mais se trouve séparé de la paroi abdominale par l'anse duodénale infléchie en U. L'intestin grêle se trouve immédiatement au-dessous du gros intestin enti e la région du grasset et la dernière côte. La partie inférieure de l'abdomen renferme, en arrière, la portion droite du rumen, en avant, la caillette. Exploration. — Les moyens d'exploration sont très réduits ; l't/zspecfjou et la percussion ne donnent pas de résultats précis. IMKSTIN DES CAHMVORKS. 107 Palpation. — La palpation met quelquefois en évidence une Sensibilité anormale dans un point circonscrit du liane ou de la face inférieure du ventre, comme dans Vin- vagination ou la diarrhée. La pression de la paroi droite fait souvent percevoir la tlucluation des liquides contenus dans l'intestin et révèle une sensibilité plus ou moins vive dans les entérites aiguës. Examen bactériologique. — Les saccharomyces s'y ren- contrent normalement ,Remak, etc.); VAspergillus fuini- gatus se fixe quelquefois sur les parois de l'intestin grêle, les coccidies provoquent fréquemment une dysenterie hémorragique (Proger, Zùrn,Hess), le bacille de la tuber- culose trouve là une porte d'entrée tout ouverle dans l'or- ganisme; il peut traverser les tuniques de l'intestin et infecter l'économie sans déterminer de lésions spécifiques au moment de cette migration. On y trouve encore parfois la bactéridie charbonneuse, des microbes des ali- ments et des boissons. Des cestodes (ténia denticuié, ténia étendu, téniablanc), des trématodes ( amphystomes , des ascarides, des strongles, des trichocépbales accompagnent les microbes. IV. — IXTESTIX DES CARMVORES, Topographie. — L'intestin grêle repose sur la paroi abdominale inférieure; il est suspendu à l'extrémité d'un mésentère très long qui explique la mobilité de cet organe et l'étendue des invaginations susceptibles de se pro- duire. Le cœcum forme un petit appendice tordu en spirale ; il échappe à toute exploration. Le côlon peut, comme celui de l'homme, être divisé en côlon ascendant, côlon transverse et côlon descendant; ces parties sont facilement explorables au niveau du flanc. i08 SÉMIOLOGIE DE L'AI'FARElL DIGESTIF. Exploration. — V exploration de l'intestin grêle et du colon se fait presque exclusivement à l'aide de la palpation ; on peut cependant utiliser les autres méthodes. a. Palpation. — La. jxil patio n se pratique de la manière suivante : on se place derrière Panimal et on examine les deux côtés du ventre en palpant avec l'extrémité digi- tale. La main est écartée, les pouces prennent un point d'appui sur la région dorsale. On peut sentir ainsi les accumulations anormales de matières fécales dans le côlon ou le rectum. Ce sont ordinairement des tumeurs solides, quelquefois dures, de consistance pierreuse, sphériques, ou plus généralement cylindroïdes, situées sous la région lombaire, atteignant la grosseur du bras et se continuant, en arrière, sous le bassin et en avant jusqu'au cartilage xiphoïde. La palpation peut également faire constater l'existence de corps étrangers (bouchons, pierres, os) dans l'intestin grêle. 11 est souvent nécessaire de changer l'animal de position, de le coucher sur le côté, sur le dos, de le sou- lever du train antérieur ou du train postérieur pour faire changer les corps étrangers de position et en faciliter le toucher. b. Percussion. — La percussion peut servir à démontrer les accumnialions de gaz ou d'aliments. Au-dessous de la limite inférieure du foie, au niveau des douzième et treizième côtes, et, au delà de ce point, dans une étendue variable de la cavité abdominale, Saint-Cyr a trouvé, plusieurs fois, un bruit très manifestement hydro-aérique qu'il a attribué à la présence des intestins, contenant en plus ou moins grande quantité des liquides et des gaz. Ce bruit est entendu chez les r/y/e/As- jouissant de la meilleure santé. c. Examen bactériologique. — Les microbes de l'intestin du chien sont très nombreux. Ils y sont introduits en quantité considérable quand les animaux ingèrent des aliments en voie de fermenlation ou de putréfaction COLIQUES. 109 {botulisme). Les bactéries de la putréfaction prospèrent dans le suc entérique et le suc pancréatique. Le bacille de la tuberculose résiste au suc gastrique, se diffuse dans l'intestin et les matières fécales (Cadéac et Bournay). Les spores charbonneuses se comportent de même. Le Cocci- dium perfvrans vit dans les cellules épilhéliales de l'intes- tin. Le chien est l'animal qui possède le plus grand nombre de parasites intestinaux. V. — IMTESTIX DU PORC. Topographie. — L'intestin ressemble, dans sa disposi- tion générale, à celui du bœuf. La connaissance de sa topographie a peu d'importance clinique : les différentes parties de l'intestin, chargées de graisse qui recouvre également l'abdomen, sont très difficiles à explorer. Il suffit de savoir que l'intestin grêle est situé en avant dans la région droite et gauche, tandis que le caecum et le gros côlon sont placés dans le flanc gauche et droit (région pubienne, inguinale et ombilicale). Examen bactériologique. — Les microbes y parviennent par la bouche ; ils peuvent venir par la circulation. C'est ce qui a lieu dans les maladies générales : le microbe de la pneumo-entérite, le bacille de la tubercu- lose, etc., peuvent évoluer à la surface de la muqueuse intestinale. VI. — COLIQUES. Définition. — On désigne ainsi un syndrome qui est l'expression générale d'un grand nombre de phénomènes pathologiques intéressant l'estomac, l'intestin (coliques vraies) et les parenchymes de la cavité abdominale (coliques fausses). Cliniquement, les coliques se caractérisent par des souffrances plus ou moins aiguës. Le mot colique est un terme générique qui s'applique Cadéac. — Sémiologie, 2« édit. 7 110 APPAREIL DIGESTIF. à toutes les douleurs abdominales (estomac, intestin, foie, rein, utérus, vessie); les troubles qu'il exprime font partie de la pathologie générale comme la pousse, l'ictère, la paraplégie, etc. Sa radiation de la pathologie spéciale est donc tout indiquée. Les coliques sont les effets de maladies diverses qui donnent lieu à une douleur dans l'abdomen, et sont généralement caractériséespar l'atonie du tube digestif qui est comme paralysé; elles sont dues à des causes très variées et s'annoncent par des mouve- ments désordonnés, dont les principaux consistent dans l'action de gratter le sol, de se coucher, de se rouler et de se relever plus ou moins fréquemment. Nous allons, tout d'abord, faire l'étude générale des coliques, puis nous envisagerons leur pathogénie et leurs caractères différentiels. Caractères généraux des coliques. — 1° cheval. — Les coliques surprennent les chevaux subitement, quelque- fois au repos, quelquefois pendant l'action de manger-, rarement pendant le travail. Elles sont exceptionnelle- ment précédées de tristesse, d'inquiétude, d'inappétence et d'éloignement de la mangeoire, puis Vagitation appa- raît. L'animal gratte le sol des membres antérieurs, tré- pigne, va d'un côté à l'autre de la stalle, ralentit le pas ou refuse de marcher quand il est attelé ou monté; il se regarde le flanc, se frappe le ventre avec l'un des pieds postérieurs qu'il engage sous le corps, fléchit sur les membres antérieurs, vousse la colonne vertébrale, se campe fréquemment sans réussir à uriner et se couche tantôt avec hésitation, tantôt brusquement en poussant une plainte prolongée. Couché, il reste au repos, plongé dans une somnolence profonde ou se livre à des mouvements désordonnés, se roule violemment, les pieds rapprochés du ventre et les genoux fléchis; il s'excorie la peau et se meurtrit les tissus aux parties saillantes du corps. Il se débat' avec COLIQUES. 111 énergie pendant un instant, puis il se redresse comme mù par un ressort, recommence à s'agiter, se recouche, se relève, pour se recouchera nouveau pendant un temps plus ou moins prolongé. Les douleurs ne sont pas toujours continues; l'animal éprouve des moments de calme qui ne durent que peu de temps ; les accès persistent, tantôt quelques minutes à peine, tantôt une demi-heure. Les périodes d'accalmie sont dues à la cessation de la cause provocatrice ou à l'épuisement du système nerveux. La douleur procède de l'irritation, de l'excitation, de la compression ou de la destruction des terminaisons sensitives des nerfs qui transmettent fldèlemenl aux centres les impressions de l'inlestin et du péritoine. Ces modifications nerveuses sont une source de réflexes qui incitent la motricité et exagèrent le péristaltisme des réservoirs ou des conduits excréteurs de la cavité abdo- minale. La paralysie n'est pas primitive; elle est peut-être la conséquence descontractions spasraodiquesqui demeurent inefficaces dans le cas d'obstruction intestinale. La stase des aliments, en amont de l'obstacle ou au niveau de la partie parésiée ou paralysée, est suivie de la viciation des sécrétions digestives, de fermentations anor- males, de météorisme qui font saillir les parois ventrales au niveau du Qanc, provoquent des nausées, des efforts de vomissement; il y a, en outre, compression des organes et notamment du diaphragme, qui est repoussé en avant, effacement des vaisseaux dans les organes distendus. Ces troubles digestifs et circulatoires sont des causes d'auto-intoxication et d'asphyxie ; les poisons, ies gaz formés sont résorbés; ils empoisonnent et prennent la place de l'oxygène dans les vaisseaux. Le sang accumulé dans le système veineux se surcharge d'acide carbonique, stagne dans les parties périphériques; de là, la conges- tion des muqueuses, la sueur, les battements forts et 112 APPAREIL DIGESTIF. précipités du cœur, l'accélération de la respiration et de la circulation pour subvenir aux besoins de riiématose. En ntiême temps, les animaux font des efforts pour uriner par suite de la réplélion de la vessie ou peut-être d'un réflexe d'origine intestinale. Quand les coliques ont une terminaison heureuse, elles disparaissent soudainement comme elles sont venues ; alors l'animal qui vient de se rouler se redresse, se secoue, s'étire, se campe pour uriner, expulse par l'anus des matières gazeuses ou solides et se remet à manger. Les reins redeviennent sensibles et de nombreux borbo- rygmes se font entendre : l'animal est guéri. Si la cause qui donne naissance aux coliques persiste, les souffrances vont, pendant quelque temps, en augmen- tant;' les coliques extrêmement violentes sont caractéri- sées parles mouvements les plus désordonnés. Le malade n'a plus un instant de calme, il se laisse tomber tout d'une masse sur le sol sans aucun instinct de conserva- tion ; puis, après s'être livré à des mouvements d'une extrême violence, il se relève brusquement pour se laisser tomber de nouveau, se rouler d'un côlé à l'autre, en opé- rant une détente très énergique des quatre membres au moment où il est en position dorsale. Les mouvements sont si violents et si précipités que peu d'instants suffisent pour que la peau s'excorie, que les os saillants (orbites, côtes, angle externe del'ilium), se dénudent. C'estalors que la physionomie se décompose ; il y a dilatation spasmo- dique des narines, froncement de la peau à l'extrémité du chanfrein, rétraction des lèvres, écartement des pau- pières entre .lesquelles les yeux, grandis en apparence, sans éclat, sans lueur et (ixes n'ont d'autre expression que celle d'une souffrance profonde (1). (1) Voy. Zundel, Dict. vétér., art. Coliques. — Laquerrièie, Journal des vét. militaires, 1883. — Legraia, Ibid., 1872. — Le lecteur trouvera dans ces articles tous les détails sur celle question que nous ne pouvons dévelop- per davantage. COLIQUES. H3 Bientôt surviennent un abattement des forces, un état apparent de calme qui succède à la tourmente des coliques. L'animal, immobile et la tî-te baissée, est insen- sible à toute excitation ; le pouls n'est plus perceptible ou est petit et filiforme ; les muqueuses apparentes, notam- ment celles de la face interne des lèvres, se décolorent, la respiration est lente, costale; la peau est froide ; les poils sont mouillés et collés par plaques : ce sont les pro- dromes de la mort qui survient souvent au milieu du plus grand calme, mais quelquefois aussi au milieu des con- vulsions. 2° Bœaf. — Chez le bœuf, les symptômes des coliques sont à peu près les mêmes que chez le cheval. Sourdes dans les entérites hémorragiques, elles sont violentes quand il y a étranglement ; l'animal est agité, se regarde souvent le flanc, cherche à se donner des coups de pieds au ventre, agite la queue, se jette violemment par terre pour se relever brusquement, mais sans chercher à se placer en décubitus dorsal ; la défécation est difficile, retardée ou complètement supprimée ; l'appétit et la rumination ont cessé, et il existe une météorisation plus ou moins considérable. 3° Porc. — Les coliques d\i porc surviennent, en géné- ral, d'une manière assez brusque, surtout après l'inges- tion d'aliments indigestes ; le ventre est généralement douloureux à la pression, souvent ballonné ; l'animal se roule en poussant des cris plaintifs ; les extrémités sont froides; l'évacuation de gaz par le rectum est toujours suivie d'un grand soulagement; quelquefois il y a des éructations. Les vomissements sont assez rares; quand il en existe, ils sont le plus souvent muqueux, et s'ils contiennent des substances alimentaires, ce sont presque toujours des liquides, tandis que les solides sont conser- vés. Il existe ordinairement une constipation opiniâtre; parfois, il survient un peu de diarrhée. 4° Chien. — Les chiens atteints de coliques deviennent 114 APPAREIL DIGESTIF. subitement inquiets, ils sont agités ; ils se déplacent conti- nuellement, s'accroupissent, se couchent de temps à autre, mais se relèvent bientôt, regardent leur flanc, y donnent quelquefois des coups de dents et manifestent, par des gémissements, les douleurs intestinales qu'ils ressentent. Le regard est mat, triste; la température du corps est changeante, l'appétit cesse et la défécation est ralentie ou même complètement supprimée. Les douleurs abdominales présentent généralement des rémissions bien prononcées, mais reprennent bientôt toute leur intensité. Ces coliques ont ordinairement peu de durée et se ter- minent le plus souvent par la guérison ; ce n'est que dans le cas où des matières stercorales sèches, très dures, ou des concrétions en sont la cause, que des lésions méca- niques, même la gangrène des parois intestinales et une péritonite mortelle peuvent survenir, si l'on ne réussit pas à faire disparaître ces causes d'obstruction. Signification. — Les douleurs abdominales caractéris- tiques des coliques sont liées à un grand nombre d'états morbides dont l'énumération serait fastidieuse si elle n'avait pour but de différencier les principaux processus pathologiques qui les occasionnent. A. Coliques par occlusion intestinale. — Elles sont provoquées : 1° Par obstruction de la lumière de l'estomac ou de l'intestin. — a. Les indigo^tions stomacales du cheval sont suivies de coliques qui apparaissent immédiatement après le repas ; elles s'exagèrent après l'administration de breuvages ; l'animal bâille fréquemment, se déplace avec peine, se couche avec hésitation, reste longtemps couché. Si les aliments sont très fermentescibles, il présente parfois des éructations, des vomituritions, des vomissements et les signes de la rupture de l'estomac; il offre, en même temps, des signes de vertige et des COLIQUES. 115 symptômes rabiformes, si les aliments renferment des principes toxiques. b. L'accumulation, le durcissement, la dessiccation des matières alimentaires dans le caecum, le côlon se tra- duisent par des douleurs modérées, sourdes, intermittentes ; l'animal se ballonne, dirige la tête du côté du ventre, pousse des plaintes, frappe le sol d'une manière presque continue des pieds de devant, rapproche les quatre membres du centre de gravité, se couche avec précaution, reste longtemps en décubitus latéral complet et dans l'immobilité absolue. c. Les calculs intestinaux, le gravier, le sable s'observent chez les chevaux des meuniers, des boulangers, qui consomment une grande quantité de son, chez les chevaux qui pâturent dans les terrains sablonneux, qui mangent du foin vase ou qui sont affamés; ces corps étrangers sont révélés par leur étiologie spéciale, et par des coliques légères ou graves qui affectent le carâctève périodique ; ces coliques sont quelquefois suivies delà rupture de l'intestin et se distinguent des précédentes par leur marche plus rapide, par leur pronostic plus grave. d. Les corps étrangers ingérés par le chien (cailloux, balles de plomb, de fer, pièces de monnaie, bouchons, châtaignes, éponges, ficelles) déterminent une gastrite, une entérite, suivies de Ïocclusio7i intestinale caractérisée par des coliques accompagnées de vomissements féca- loïdes tardifs, de dépression nerveuse et fréquemment de symptômes rabiformes avec fièvre consécutive à l'auto- intoxication, etc. e. Les matières fécales accumulées dans le rectum, qui constituent les pelotes stercorales, sont révélées par des coliques qui augmentent progressivement d'intensité et par une constipation opiniâtre ; le cAeva7 reste plus ou moins longtemps couché sur le dos, ou dans l'attitude d'un chien assis ; tous les animaux font de violents efforts expulsifs ; l'exploration du rectum fait consia- H6 APPAREIL DIGESTIF. ter sa réplétion complète par des matières sterco- rales. 2" Par étranglement de l'intestin. — a. Il est déterminé chez le cheval par des torsions [volvulus] ou des nœuds, des anses intestinales, des inflexions, des coudures, des incarcérations, causes de coliques passagères et sourdes, ou violentes et continues, suivant le degré d'occlusion. Souvent les animaux se mettent à genoux en restant debout du train postérieur, mais cette position n'est nul- lement pathognomonique. b. Par la hernie inguinale, caractérisée par des coliques extrêmement violentes accompagnées fréquemment d'un mouvement de balancement de la tête, qui s'abaisse et se relève avec la régularité d'une pendule ; les hernies ombilicales peuvent produire des coliques faciles à recon- naître, car la cause déterminante est apparente; les coliques qui succèdent à la hernie diaphragmatique se reconnaissent à la gêne de la respiration et à l'existence de borborygmes dans la cavité thoracique. c. Les étranglements d'une anse intestinale dans l'hiatus de Winslow ou dans les replis de l'épiploon ne se recon- naissent généralement qu'à l'autopsie. Chez le bœuf, Vétranglement intestinal, produit au niveau d'une perforation de l'épiploon, du mésentère, du ligament large, du diaphragme ou de la hernie pel- vienne, ne s'accompagne pas de coliques ayant une signi- fication univoque. 3° Par obstruction de l'intestin lui-même ou par des lésions des parois. — Ces coliques reconnaissent trois variétés de causes : a. Les invaginations déterminent [des douleurs intesti- nales tellement vives que l'animal est continuellement agité; il se roule sans discontinuité et se laisse tomber brusquement, comme une masse. 6. Le rétrécissemenl cicatriciel consécutif à des pertes de substance est généralement suivi de coliques intermit- COLIQUES. 117 tentes, sourdes, de diminution de l'appétit et d'amaigris- sement. c. Le rétrécissement produit par des néoplasmes des parois (fibromes, myomes, sarcomes, lipomes, polypes) finit par provoquer l'occlusion intestinale ; les animaux sont sujets à des coliques qui augmentent graduellement d'intensité; ils sont toujours constipés et périssent d'une obstruction intestinale. B. Coliques par météorisation. — Ces coliques sont déterminées par la déglutition d'air ou l'ingestion d'ali- ments très ferraenlescibles; elles sont reconnaissables à la distension de l'abdomen, au son tympanique produit parla percussion et à la fréquence des boiborygmes. C. Coliques a frigore, coliques spasmodiques ou ner- veuses. — Ces coliques se déclarent d'une manière brusque, souvent sans cause connue, d'autres fois, après un refroidissement, lorsqu'il fait beaucoup de vent ou du brouillard, et résultent de la compression des terminai- sons nerveuses par les contractions intestinales. La douleur est assez forte quoique vai'iable ; l'animal se couche et se relève brusquement, se campe fréquemment pour uriner; il présente des contractions spasmodiques des parois abdominales, de la constipation, mais plus fré- quemment de la diarrhée ; la persistance de la défécation dénonce les contractions spasmodiques de l'intestin. De forts borborygmes et des bruits dits métalliques compa- rables à celui d'une goutte d'eau tombant sur une plaque de métal très mince confirment cette exagération du péristaltisme intestinal. D. Coliques thrombo-emboliques. — Elles procèdent d'anévrysmes vermineux qui déterminent la thrombose ou l'embolie d'artères intestinales et la paralysie de l'intestin. Ces coliques débutent d'emblée, sont d'une vio- lence extrême et sont continues. Ces caractères les diffé- rencient neltement de toutes les autres. E. Coliques vermineuses. — Ce sont des coliques 118 APPAREIL DIGESTIF. légères, plus ou moins intermittentes, qui tirent leurs signes caractéristiques de l'expulsion par l'anus d'un assez grand nombre de vers (ascarides, sclérostomes, proglotlis divers, etc.). Le rejet de quelques entozoaires n'est pas une preuve absolue qu'ils sont la cause des coliques. L'état de maigreur dans lequel se trouve l'ani- mal atteint de ces coliques peut aussi être un indice ; on voit quelquefois les malades se frotter violemment la queue contre les parois de l'écurie. On peut observer des symptômes rabiformes chez tous les animaux. F. Coliques inflammatoires. — Les inflammations de rintestin, du péritoine et quelquefois des plèvres s'expri- ment souvent, au début, par des coliques. Quand celles-ci sont dues à Ventérite, elles sont précédées d'un état de malaise caractérisé par la diminution de l'appétit, l'affai- blissement des facultés locomotrices et le refroidisse- ment de la peau. La météorisation manque, les borbo- rygmes sont fréquents et des excréments marronnes ou coiffés de mucosités sont rejetés ; l'agitation est moyenne et les douleurs ne sont pas continues. Dans la péritonite, les coliques sont modérées, quoique le ventre soit très douloureux (1); elles sont continues, l'animal gratte le sol d'une manière permanente, il y a de la dyspnée, parce que le diaphragme ne fonctionne pas. L'animal ne se couche pas ou se relève très vite; la constipation est souvent très opiniâtre. Dans la pleurésie, les coliques ne se manifestent que pendant les deux ou trois premières heures; les sym- ptômes particuliers à ces maladies permettent de recon- naître l'origine de ces coliques. G. Coliques hépatiques. — Les coliques hépatiques sont fréquemment accompagnées d'ictère, ce qui per- met de les difTérencier. Les douleurs sont souvent périodiques et accompagnées de symptômes dim- (1) La douleur des parois abdominales.fait très souvent défaut dans la péri tonite de castration, on peut enfoncer le poing sans déterminer de réaction. MÉTÉORISMK. 119 mobilité dans certaines formes d'Iu'patite interstitielle. H. Coliques dépendant d'une affection de l'appareil génito-urinaire. — Les maladies des reins, de la vessie, de la prostate, les calculs et toutes les lésions de l'appareil génito-urinaire s'expriment par des coliques connues sous le nom de coliques néphrétiques, coliqaes cystiques et coliques calculeuses. Le cheval qui en est affecté frappe le sol avec les pieds, se campe fréquemment, lord la queue; le bœuf trépigne des membres postérieurs, agite la queue, fait de nom- breux efforts pour expulser l'urine et présente à chaque effort un soulèvement de l'urètre connu sous le nom de bond urélral [coliques calculeuses). L'exploration de la vessie par le rectum fait reconnaître la rétention d'urine. Les coliques consécutives à la cystite sont spécifiées par la présence de cellules épithéliales et de globules de pus dans l'urine, par la dysurie et l'extrême sensibilité de la vessie. La néphrite est caractérisée par des coliques et l'expul- sion d'urine rouge, sanguinolente, albumineuse, riche en cylindres. La métrite détermine des coliques dont l'origine est dénoncée par un écoulement niuco-purulent par la vulve et par la sensibilité de l'utérus. La parturition s'exprime également par des coliques dont le diagnostic précis est facile à faire (1). Certaines maladies fébriles [encéphalite, pneumonie, fièvre typhoïde, fourbure, arthrite) peuvent troubler la digestion, déterminer des congestions passives, des phénomènes d'aulo-intoxication et des coliques. L'exis- tence d'une fièvre intense en fait reconnaître la nature. VII. — iMÉTÉORISME. Définition. — Le méléorisme consiste dans une accu- (1) Voy. Obstétrique, in Encyclopédie vétérinaire. 120 APPAREIL DIGESTIF. mulalion anormale de gaz dans la panse chez les rumi- nants et dans l'intestin chez les autres animaux. ^ On le désigne sous le nom de ballonnement, de flatu- lence, de pneumatose, de tympanisme, d'enflure, de météO' risation. A l'état normal, on trouve des gaz dans toutes les par- ties du tube digestif; ils viennent de l'extérieur ou résul- tent des fermentations gastro-intestinales. Us n'ont pas la composition de l'air atmosphérique : il y a peu d'oxy- gène, ce gaz étant facilement résorbé par les parois de l'intestin; on trouve surtout de l'azote, de l'acide carbo- nique, des hydrogènes carbonés, sulfurés produits par les fermentations des matières sucrées et de la cel- lulose. Signification. — Le raétéorisme est symptomatique : 1° d'une production anormale de gaz; 2° d'une atonie du tube gastro-intestinal; 3° d'une obstruction du tube di- gestif; 4° d'une déglutition d'air. 1° La production anormale de gaz peut résulter du catarrhe gastro-inteslinal qui ralentit ou supprime la sécré- tion du suc gastrique, en modifie la composition et dimi- nue son action antiseptique et antifermentescible. La dilatation de l'estomac, chez le chien, détermine le ballon- nement en troublant les sécrétions et en provoquant la parésie de la membrane charnue. L'ingestion d'aliments riches en galactose (trèfle, luzerne), qui fermentent rapidement, produit souvent la météorisation chez les ruminants qui vont aux pâtu- rages, le matin ou le soir, par une rosée abondante, les jours de pluie ou de vent, ou par les temps chauds et orageux. Dans ces conditions, les animaux ingurgitent de grandes quantités d'air et de microbes, c'est-à-dire beau- coup de ferments et de matières fermentescibles. Les aliments fermentes (légumineuses laissées entassées, soupes, drèches, racines et tubercules moisis ou altérés, METEORISME. 121 petit-lait chaud) provoquent rapidement les symptômes du ballonnement. Les graminées des prés marécageux, les tiges de pommes de terre, les choux, le colza, les betteraves, les mauvaises herbes difficiles à digérer qui poussent dans les champs de blé, fermentent dans les réservoirs digestifs et déter- minent la météorisation. C'est ainsi que la cellulose et l'albumine provoquent, dans le cfecum du cheval, la for- mation de certains gaz (hydrogène carboné, acide carbo- nique et hydrogène sulfuré), de phénol, d'indol et de scatol, qui déterminent des symptômes d'intoxication ou qui sont éliminés par les urines. 2° V atonie et [a paralysie du tube gastro-intestinal entraî- nent le ballonnement, parce que les parois intestinales ne s'opposent plus à l'expansion des gaz. Aussi le météorisme se manifeste toutes les fois que la membrane charnue est altérée (maladies générales, affec- tions typhoïdes des solipèdes), immobilisée par la douleur [péritonite), paralysée à la suite d'un trouble circulatoire [thromboses et embolies intestinales) ou d'un trouble nerveux déterminé par l'ingestion de plantes toxiques mélangées aux aliments (grande cigué, belladone, if, vératre blanc, tabac, pavot). 3» Tout bstacle à la progression des aliments ou des gaz dans le tube digestif est une source de tympanite. Les rétrécissements, les compressions, les obstructions de l'œsophage par des tumeurs, des corps étrangers, des ganglions médiastinaux tuberculisés, empêchent les éruc- tations, la rumination, et sont une cause de météorisation ntermiltente. Les tumeurs des trois premiers réservoirs gastriques (sarcome, polype, fibrome), les égagropyles produisent cet accident par le même mécanisme. Les adhérences anormales du rumen, du bonnet ou du feuillet aux parois abdominales à la suite de ponctions répétées, de corps étrangers pointus, de raumatisraes 122 APPAREIL DIGESTIF. divers, de hernies diaphragmatiques suivies de la soudure du réseau peuvent également déterminer la météorisation chronique. Les rélrécissemenls, les obstructions intestinales par des corps étrangers {os, calculs, pelotes stercorales), par invagination ou volvidus, par une tumeur ou un étrangle- ment, amènent un arrêt des matières alimentaires dans la panse des ruminants, dans l'estomac ou l'intestin des autres animaux. L'action digestive étant troublée ou annihilée au niveau de l'obstruction, les microbes, renfermés dans les matières alimentaires, trouvent, dans ces modificalions, les conditions favorables à leur développement et à leur fonctionnement. Les fermentations acétique, lactique, butyrique et putréfactive fournissent leurs produits nui- sibles ou toxiques. 4° Le tic ou plutôt la déglulilion d'air est également susceptible d'amener la tympanite chez les solipècles, les ruminants et les porcins. Quand les déglutitions d'air sont très fréquentes, la distension des réservoirs digestifs est très prononcée; l'air avalé entrave la digestion et pro- voque de nouvelles fermentations. Caractères cliniques. — Le météorisme est un syndrome essentiellement caractérisé par une augmentation de volume de l'abdomen, etsubsidiairement par des troubles généraux importants. Les gaz issus des fermentations distendent les réservoirs digestifs et produisent un ballonnement plus ou moins rapide et intense suivant la cause. Ils effacent et soulèvent le creux du flanc qui devient saillant, sonore à la percus- sion (son tympanique, son clair métallique); ils se répan- dent dans tout le tube digestif, font explosion à travers les matières liquides ou demi-solides qui y sont conte- nues (bruit de crépitation, de roulement, de glouglou, etc.), tendent les parois abdominales, repoussent le dia- BORBORYGMES. 123 phragme en avant et les viscères pelviens en arrière. Ces modifications sont surtout accusées à droite chez le cheval, à gauche chez le i>a?u/" dont le flanc saillit sous forme d'une tumeur qui surplombe les reins et la pointe de la hanche. Tous les troubles consécutifs s'expliquent. L'accumu- lation des gaz altère mécaniquement et chimiquement toutes les fonctions. La respiration s'accélère et se préci- pite à mesure que le champ de l'hématose se restreint et que l'acide carbonique résorbé ou non éliminé excite les centres respiratoires; les muqueuses se foncent, des ecchymoses peuvent se produire, les veines superficielles se gonflent proportionnellement au degré d'obstruction des vaisseaux contenus dans la cavité abdominale par les viscères ballonnés; des coliques résultent de la disten- sion des intestins, des tiraillements et des pressions exer- cées sur les extrémités nerveuses ; des fissures sont engendrées parla tension extrême des gaz enfermés dans le rumen qui ne peuvent s'échapper par la voie œsopha- gienne, que la distension même maintient fermée. La rumination et les éructations sont totalement supprimées. L'animal intoxiqué par les toxines sécrétées par les ferments, par l'acide carbonique et divers gaz (parfois le sulfure et le phosphure d'hydrogène), asphyxié par pri- vation d'oxygène, ouvre largement la bouche pour res- pirer, chancelle du Irain postérieur, tombe et meurt d'une apoplexie cérébrale, d'un œdème du poumon, d'une rup- ture de l'estomac ou de l'intestin quand il n'a pu évacuer les gaz accumulés dans ce réservoir. VIII. — BORBORYGMES. Définition. — Les borborygmes sont des bruits produils dans l'intestin par la circulation des gaz à travers les matières liquides ou semi-liquides qui y sont renfermées. On les appelle gargouillements., flatuosités ; ils se 12i APPAREIL DIGESTIF. remarquent chez tous nos animaux. On les entend facilement en appliquant l'oreille dans le flanc droit des solipèdes (borbory^mes de l'arc du caecum); chez le chien, on les ausculte indifféremment à droite ou à gauche du ventre; chez les ruminants, ils sont très nombreux et se produisent principalement dans la panse et le réseau (Voy. Exploration du rumen). Caractères cliniques. — Les borborygmes varient beaucoup dans leur intensité, leur durée et leur timbre ; ils sont plus ou moins forts; leur timbre est souvent mé- tallique et leur tonalité tantôt grave, tantôt aiguë. Ils sont fixes ou ambulants, fixes dans le cajcum du cheval par exemple, ambulants dans l'intestin grêle où ils par- courent les trajets sinueux de cet organe en se succédant plus ou moins rapidement, de manière à imiter le bruit d'une fusillade ou le roulement du tonnerre. Les dépla- cements du fœtus chez les femelles pleines produisent des bruits analogues, mais plus sourds. Telles sont les différentes variétés de borborygmes que l'on peut percevoir à l'auscultation de l'abdomen de nos animaux. Ces bruits peuvent se répercuter dans la poi- trine; ils peuvent être assez nombreux, assez forts, assez persistants pour masquer les bruits de la respiration. Modifications. — Ces bruits subissent des variations PHYSIOLOGIQUES. L'état de gestation avancée fait disparaître les borborygmes dans le flanc; ils sont faibles chez l'ani- mal à jeun; ils augmentent après le repas et surtout im- médiatement après l'ingestion de boissons ou d'aliments très aqueux. Les borborygmes sont également modifiés par divers ÉTATS PATHOLOGIQUES. Ddus Ics indigestious , les coliques, la tympanite, ils sont très nombreux et résultent de fernientalions intestinales anormales. Quand ils sont forts, intermittents, irréguiiers, semblables à un bruit de glou- ENTÉRORRAGIE. 125 glou, ils annoncent une diarrhée prochaine; "s'ils sont irréguliers, petits el rares, ils sont un signe de consti- pation. Ces bruits ne sont pas toujours fâcheux. Dans les pelotes stercorales, où le cours des aliments est suspendu, ils indiquent la débâcle des matières alimentaires rete- nues ; leur retour coïncide avec le déplacement des ali- ments et avec le rétablissement de la digestion ; ils sont rapidement suivis de défécations_, de flatuosités el de la guérison du sujet. Les borborygmes permettent aussi de diagnostiquer les hernies intestinales par rupture des parois abdo- minales et les hernies diaphragmatiques; l'auscultation de ces bruits dans la poitrine est un signe pathognomo- nique de cet accident (H. Bouley). IX. — EXTÉRORRAGIE. C'est un syndrome lié à un grand nombre de processus morbides, et variable dans ses caractères suivant les causes qui l'engendrent. Tantôt l'hémorragie intestinale se traduit par des défécations sanguinolentes, on a alors la forme la plus expressive de ce phénomène ; tantôt le sang épanché reste dans l'intestin, on ne constate que la pâleur des muqueuses, la petitesse du pouls, le refroidissement de la peau et l'afTaiblissement général. L'entérorragie peut être diagnostiquée quand ces modifi- cations surviennent rapidement dans le cours des coliques thrombo-emboliques ou d'aiîections générales capables de troubler la circulation intestinale. L'aspect du sang évacué varie avec l'intensité de l'hé- morragie. Le sang est rutilant et forme des caillots mê- lés à du sang liquide quand l'hémorragie est intense [coliques rouges, blessures du rectum) ; il est noirâtre (m-œ- lena) et ressemble à du goudron quand il a séjourné dans l'intestin et subi l'action des sécrétions intestinales. 126 APPAREIL DIGESTIF. A l'examen microscopique des matières fécales, on peut reconnaître les globules rouges détruits ou en voie de destruction et transformés en masses d'hémo- globine, on peut les distinguer ainsi des préparations de fer, de bismuth et de matières colorantes de la bile qui communiquent aux excréments une couleur anormale. Les entérorragies sont toujours une cause d'anémie, d'hydrémie et d'hydropisies du péritoine, des plèvres, du péricarde, etc. Signification. — L'entérorragie est un symptôme : i" de lésions mécaniques produites par des corps étran- gers (os, esquilles, arêtes de poissons, feuilles aciculaires des conifères), par des parasites intestinaux (larves de gastrophiles, échinorrhynque géant, ténia échinocoque). S'il est très difficile de reconnaître l'existence des corps étrangers et impossible de remédier aux troubles qui ac- compagnent leur implantation, on peut retrouver les pa- rasites, leurs œufs ou leurs embryons dans les matières fécales. 2° Les stases veineuses déterminées par les volvulus, les invaginations, les étranglements intestinaux produi- sent des hémorragies qui se différencient de celles [qui succèdent aux insuffisances valvulaires cardiaques, à Vem- physème pulmonaire, à la cirrhose du foie et aux throm- boses de la veine porte, par l'ascite qui est le symptôme caractéristique de ces dernières affections. 3° Les gastro-entérites aiguës, sporadiques ou enzooti- ques qui déterminent de l'entérorragie sont caracté- risées par un grand nombre d'autres troubles qui en dénoncent la nature. 4° Les affections microbiennes (fièvre charbonneuse, septicémie, etc.), et divers empoisonnements sont suivis d'hémorragies qui résultent d'une altération du sang et des vaisseaux. 5° Les troubles circulatoires (thromboses, embolies, ané- ANUS. 127 vrysmes des artères mésentériques) déterminent des fluxions collatérales et provoquent quelquefois la rupture des vaisseaux. Labat et Cadéac ont observé une Jument qui présentait des excréments sanguinolents à la suite de l'ouverture d'un anévrysme de l'aorte dans le côlon flottant. X. — AXUS. Topographie. — L'anus ou l'ouverture postérieure du tube digestif forme, sous la queue, une saillie qui, avec l'âge, se développe chez le chien et diminue chez les solipèdes. On distingue dans l'anus : Vorifice anal à bords froncés et la marge de Vanus, partie saillante au centre de laquelle est percé l'orifice anal. Une muqueuse fine, onctueuse, riche en glandes sébacées, un sphincter ex- terne formé de fibres circulaires rouges et un sphincter interne constitué par une couche musculaire qui est le prolongement de celle du rectum complètent l'organisa- tion de cet organe. Chez les chevaux fins, l'anus est petit, bien conformé, régulièrement arrondi et saillant; il est volumineux, mou, mal formé chez les chevaux vulgaires ou épuisés. 11 est peu saillant, mal délimité, parfois enfoncé et béant chez les chevaux vidards. L'anus maintient le rectum fermé, il empêche la sortie des excréments, particulièrement des liquides; son rôle peut quelquefois être supprimé par l'inhibition du centre ano-spinal. Exploration. — ^inspection de l'anus et des parties environnantes rend compte d'un certain nombre d'états pathologiques. Les proglotlis attachés à la marge de celte ouverture chez le chien, les oxyures et les gastrophiles chez le 128 APPAREIL DIGESTIF. cheval, révèlent l'existence de ces parasites dans le tube gaslro-inlestinal. On y rencontre des niélanoses chez le cheval, des adénomes chez le chien, des concrétions de matières fécales retenues par les poils, des abcès des glandes anales, un eczéma du pourtour de l'anus chez le chien ; cette région peut être encore le siège d'œdèmes, de tumeurs, de plaies, de déchirures, de fistules chez tous les animaux. L'anus est souvent relâché chez les jeunes chiens, poi'cs, veaux, à la suite de diarrhée intense. La paralysie est permanente chez les sujets affectés d'une maladie de la moelle épinière, chez les juments vieilles et épuisées. Les chevaux qui digèrent mal (chevaux vidards) ont l'anus enfoncé et béant. L'anus est fortement repoussé en arrière de telle sorte qu'on peut se rendre compte des caractères de la mu- queuse (rougeur, tuméfaction, ulcération, plaies, etc.) après des repas abondants, dans le cours des catarrhes intestinaux, pendant la rage chez le hœuf, et quand la gestation est avancée chez la jument. Chez les solipècles atteints d'emphysème au troisième degré, l'anus éprouve un mouvement de va-et-vient qui suit les mouvements respiratoires; les volailles affectées de diphtérie présentent des inflammations du cloaque. XI. — RECTUM. Topographie. — Le rectum fait suite au côlon flottant et termine l'intestin; il s'étend en ligne droite de l'entrée du bassin à l'anus. Il est en rapport : en haut, avec le sa- crum; sur les côtés, avec les parois du bassin ; en bas, avec la vessie, les canaux déférents, les vésicules sémi- nales, la prostate et les glandes de Gowperchez les mâles, avec l'utérus et le vagin chez les femelles. Chez le chien, le rectum présente, près de l'anus, deux RECTUM. 129 ouvertures aboutissant à deux poches glandulaires con- tenant une matière brunâtre d'odeur fétide. Comme il y a peu de vaisseaux dans le rectum, on peut explorer la cavité abdominale par l'anus sans provoquer d'hémor- ragie interne. I. Exploration. — a. Toucher. — L'exploration rectale se fait chez le cheval et chez le bœuf k l'aide de la main et du bras ; chez les petits animaux, on procède avec le doigt ou une sonde élastique. Jo Cheval. — L'exploration rectale nécessite quelques précautions. Il est recommandé de n'opérer, autant que possible, que sur l'animal à jeun, d'administrer avant l'exploration quelques lavements savonneux, de se rac- courcir les ongles et de s'enduire le bras à l'aide d'un corps gras (huile, vaseline). Il est également indiqué d'appliquer un tord-nez, de faire lever un pied et, dans certains cas, d'entraver les membres postérieurs pour empêcher les ruades. L'explorateur, placé derrière le cheval et autant que possible du côté gauche, prend la queue de la main gauche et la presse énergiquement sur la croupe pendant que les doigts de la main droite, disposés en cône, pénètrent lentement dans le rectum en exécu- tant des mouvements de semi-rotation. Si les animaux font des efforts, on oppose une résistance passive en laissant la main tranquillement fermée sur place. Quand on a franchi l'anus, on pénètre facilement dans la portion élargie du rectum; mais il faut toujours éviter de léser la muqueuse en exerçant des pressions violentes. 2o Bœuf. — L'exploration rectale se pratique assez facilement chez le bœuf en raison de son peu d'impres- sionnabiJité, de son tempérament calme et du peu de dé- veloppement du sphincter anal qui cède aisément à l'effort dilatateur. Les règles à observer sont les mêmes que pour les solipèdes, ajoutons cependant qu'il est pru- 130 APPAREIL DIGESTIF. dent d'assujettir la bêle, soit en lui serrant les nasaux, soit en l'attachant court ou en lui levant un pied, puis de donner un lavement pour évacuer le contenu de la poche rectale. 3° Chez les petits ani- Wcinx, on ne peut prati- quer que l'exploration di- gitale ; le doigt humecté d'huile ou d'un corps gras quelconque est introduit dans l'anus ou le rectum de l'animal, couché ou maintenu debout, toujours solidement fixé. b. Inspection. — Au toucher, on peut joindre l'inspection. Il faut alors se servir d'un spéculum (fig. 20). Le plus recom- mandable est celui de Sims, constitué par une gouttière demi-cylindrique montée à angle droit sur un manche. Cette gouttière bien huilée étant introduite dans le rectum, on tire sur le manche, l'anus s'enir'ouvre et la portion de muqueuse rectale laissée libre se trouve éclairée par la gouttière. 20. — Spi^culums du rectum (d'aprc'S Millier). II. Palpalion interne. — La palpation interne ren- seigne : 1° sur l'étal du rectum ; 2" sur l'état des organes environnants. 1" MoDiFiCATio.\s DU RECTUM. — Lcs sigucs tirés de l'état du rectum consistent dans des changements de volume, de conformation et de température de cet organe. a. Volume. — Les dimensions sont considérablement accrues chez les vieux chiens qui présentent fréquemment RECTUM. 131 des diverticules énormes dans cette région, à la suite de stase prolongée des nialières fécales. Nous avons cons- lalé chez un Terre-Neuve une ampoule qui renfermait 700 grammes de matières excrémentitielles durcies. La dilatation de cet organe est également consécutive à des parésies et à des paralysies intestinales. Dans la redite, le rectum peut acquérir jusqu'à 40 centimèties de cir- conférence et une épaisseur de 4 centimètres (Donariex). Le rétrécissement du rectum est congénital ou résulte d'épaississements, de cicatrices, de pertes de substances de la muqueuse, d'abcès ou de tumeurs siégeant dans les organes voisins. Ces rétrécissements sont ordinairement suivis d'une obstruction du rectum; dans quelques cas, on peut à peine, chez le chien, et chez le porc y intro- duire le petit doigl. h. Conformation. — La conformation du rectum peut être modifiée : 1" Par des abcès intra- et périrectaux déterminés par des corps étrangers venus du dehors ou par des débris alimentaires implantés dans le rectum, quelque- fois par des maladies inflammatoires générales (gourme) ou locales [vaginite, cystite, rectite, etc.) ; 2'^ Par la recf ife, qui provoque des saillies ou des bosse- lures à la surface de la muqueuse ; 3° Par des ruptures des blessures transversales ou en lambeaux résullant d'une parturition laborieuse, de la fixation des chevaux dans une position décubitale, de corps étrangers introduits dans le rectum ou de trau- niatismes divers; 4'^ Par des fistules aboutissant à des abcès du bassin ou du canal de l'urètre (Lisbet), de la vessie, etc. ; 0'' Par des tumeurs (kystes séreux, polypes, néoplasies malignes, hémorroïdes ; 6" Par des cicatrices succédant à des escarres, à des blessures, à des abcès ; 7° Par des rétrécissements déterminés par des épaississe- 132 APPAREIL DIGESTIF. menls des parois ou par des plissements valvulaires congénitaux ou pathologiques ; 8° Parle prolapsus ou le renversement du rectum consé- cutif à la redite, à des néoplasies rectales, à la constipa- tion, à la dysenterie, aux épreintes, aux corps étrangers ou à l'exploration rectale ainsi qu'à un relâchement anor- mal du sphincter anal. c. Température. — L'exagération de la température rectale se manifeste dans toutes les maladies fébriles. Dans la proctite, la main introduite dans le rectum éprouve une chaleur brûlante et perçoit, en même temps, la tuméfaction et l'infiltration des parois rectales. La température est diminuée dans les paralysies intesti- nales. d. Matières contenues dans le rectum. — La réplétion du rectum s'observe dans la parésie et la paralysie de cet organe, dans les maladies cérébrales aiguës et dans toutes les affections {péritonite, gastrite traumatique du bœuf) qui rendent la défécation pénible et douloureuse. Le rectum du chien est souvent obstrué par des aliments non digérés (os, corps étrangers acérés). Chez le cheval, on y rencontre quelquefois du sang, des vers, du pus séreux, tluide, sanguinolent, fétide, des fausses mem- branes quand la muqueuse est irritée, enflammée par des parasites (gastrophiles) ou par des explorations récentes et brutales. Chez le bœuf, les hémorragies rectales sont égale- ment symplomatiques de déchirures, déterminées par une exploration violente, ou de la fièvre charbonneuse 2o Modifications des organes environnants. — L'explo- ration rectale permet d'apprécier, chez les grands animaux, le degré de sensibilité, de vacuité ou de réplétion, de mobilité, d'inertie, de déformation ou d'altération des organes digestifs, génito-urinaires et même de quelques pai lies de l'appareil circulatoire. On peut aussi se rendre compte de la nature des obstacles RECTUM. 133 qui troublent les fonctions de l'intestin, de la vessie, des ovaires, de la prostate ou qui s'opposent à la défé- cation. L'opérateur peut atteindre: i" en bus : la courbure pel- vienne du côlon replié, la vessie, le bord antérieur du pubis, la prostate et la portion pelvienne de l'urètre, le vagin, le corps et le col de lutérus cbez la femelle ; 2° en haut : la région postérieure et inférieure de la colonne vertébrale, la portion terminale de l'aorte, les uretères, les ovaires et les ligaments larges; 3" .sur les côtés et en bas, les cordons testiculaires et l'anneau ingui- nal ; chez lehœuf, la panse à gauche, le gros intestin et l'intestin grêle à droite. La palpation de ces organes à travers les parois du rectum permet de juger de l'étal de plénitude, de tension du contenu et de la sensibilité anormale de la courbure pelvienne du gros côlon et du côlon flottant. On peut reconnaître ainsi une pelote stercorale, un calcul ou la torsion du côlon flottant autour du rectum ; ce dernier accident est caractérisé par la présence d'une corde, formée par le mésentère et située à la hauteur de la quatrième vertèbre lombaire ; en outre, il existe une deuxième corde tendue dans la région gauche du flanc. L'exploration par ' le rectum de l'anneau inguinal supérieur, chez les animaux entiers, permet de recon- naître, quelquefois, l'existence de hernies inguinales, d'apprécier les dimensions de l'anneau et de sentir l'anse intestinale qui y est engagée. On palpe l'anneau inguinal gauche de la main droite et inversement. Ce procédé peut également faire diagnostiquer, chez le bœuf, unehertiie interne; la main introduite dans le rectum palpe la paroi abdominale depuis l'entrée du bassin jusqu'à l'anneau inguinal où elle peut trouver une tumeur pâteuse, plus ou moins douloureuse, du volume d'une pomme, du poing ou même de la tête; elle peut réussir à constater aussi quelquefois une Cadéac. — Sémiologie, 1'^ édit. 8 134 APPAREIL DIGESTIF. tumeur cylindrique, allongée, douloureuse, constituée par une invagination intestinale. Par le même moyen, on reconnaît les calculs et les tumeurs de la vessie, les maladies des reins, de Vutérus, des ovaires des ganglions, les thromboses de l'aorte, des artères iliaques, crurales et pubiennes chez les grands animaux; on met en évidence la douleur vive intra-abdo- minale que présentent les sujets affectés de péritonite, de cystite ou de mêtrile. Chez le chien, on peut constater, à l'aide du doigt, les modifications de volume de la prostate : Yhypertrophie, les tumeurs, les abcès de cet organe. XII. — DÉFÉCATION. Les matières fécales sont le résidu de la digestion. Les aliments non absorbés et convertis en fèces par- viennent dans le rectum el sont plus ou moins rapidement rejetés au dehors. Cette expulsion constitue l'acte de la défécation. Celle-ci résulte de la contraction des muscles abdomi- naux, des mouvements périslaltiques de l'intestin, du diaphragme, du relâchement du sphincter anal déterminé par l'excitation réflexe du centre ano-spinal situé dans la partie lombaire de la moelle. C'est le plus souvent un acte volontaire et indolore. Il faut l'envisager dans son mode et dans sa fréquence. 1" Mode. — Relativement au mode, on peut distinguer : 'a)|la défécation involontaire produite par les lésions du centre ano-spinal (écrasement de la moelle, myélite, affai- blissement nerveux de l'agonie, inhibition réflexe dans le cas de diarrhée ou modification cérébrale engendrée par la frayeur, etc.) ; b) la défécation difficile et doulou- reuse sous l'influence de l'inflammation du rectum, du rétrécissement de l'anus, de corps étrangers ou de fèces DÉFÉCATION. 135 concrétées dans cette cavité, de péritonite, d'entérite, de rhumatisme des muscles de l'abdomen, du flanc, de ma- ladies du diaphragme. On dit qu'il y a ténesme quand l'animal présente des envies fréquentes, inutiles et douloureuses de fienter avec sentiment de tension de l'anus. Le lénesme est donc un signe d'excitation anormale de l'anus. Pendant ces eflorts violents et fréquents, le rectum est poussé en arrière, le dos se vousse, l'animal fait entendre des gémissements. On désigne sous le nom d'épreintes les efforts dou- loureux et inutiles que fait l'animal pour expulser les matières fécales. Le sujet tient les membres postérieurs écartés et engagés sous le ventre : la queue est relevée, le dos arqué; il pousse des plaintes en se livrant à des efforts expulsifs considérables comme s'il allait rejeter la masse intestinale; mais il ne rejette que peu ou point d'excréments. Il ne sort qu'une petite quantité de matières muqueuses souvent sanguinolentes, au moment où la muqueuse rectale franchit l'anus et s'étale au dehors en forme de champignon, pour rentrer dès que les efforts cessent. Epreintes et ténesme s'observent dans la peste bovine, la fièvre typhoïde, le charbon, Ventérite diarrhéique et dysentérique des jeunes animaux, dans V helminthiase, dans les inflammations vives du rectum et dans les empoi- sonnements par les plantes acres, 'par l'acide arsé- nieux, etc. Le ténesme provient encore de la tuméfaction et de l'inflammation de la muqueuse anale, de la présence de corps étrangers dans l'anus. 2° Fréquence. — La fréquence de la défécation varie beaucoup suivant les espèces animales, le repos, le tra- vail, et surtout suivant le mode d'alimentation des ani- maux et la quantité d'aliments ingérés. Les carnivoves défèquent moins souvent que les her- 136 APPAREIL DIGESTIF. bivorcs ; le chien, une à deux fois en vingt-quatre heures ; le cJieval, huit à dix fois; le bœuf, douze à dix-huit fois dans le même laps de temps. Divers états morbides peuvent diminuer ou augmenter le nombre des défécations en modifiant plus ou moins profondément les caractères des matières fécales. La diminution de la défécation constitue la constipation; l'exagération, la diarrhée. XIII. — CONSTIPATION. La constipation est caractérisée par la sécheresse, le durcissement et le retard plus ou moins prolongé de l'expulsion des excréments. Pathogénie. — Les causes qui altèrent la fréquence de la défécation procèdent : 1° de l'arrêt des sécrétions intes- tinales; 2" d'un trouble de la sensibilité, delà motililé de l'intestin et des muscles abdominaux ; 3° d'une altéra- tion du centre dit ano-spinal ; 4» de l'obstruction du tube digestif. 1° La dimimition ou l'arrêt des sécrétions digestives s'observe dans les maladies fébriles infectieuses, générales ou ocales,dans le catarrhe intestinal chronique, dans l'ictère et le diabète après les purgations intenses, la lactation très active, les transpirations exagérées et les saignées abondantes. Toutes ces influences sont des causes de constipation. La convalescence amène fréquemment la constipation en exagérant considérablement l'absorption. 2» Les troubles de la motilité et de la sensibilité, capables de produire la constipation, sont : l'obstruction du canal cholédoque, qui empêche la bile d'exercer son action excitante sur les parois de l'intestin, le catarrhe gastro- intestinal aigu ou chronique, l'entérite, la dégénéres- cence des fibres lisses consécutive à des fièvres intenses, CONSTIPATION. 137 la vieillesse entraînant l'atonie de l'intestin et supprimant ou diminuant les mouvements réflexes et les sécrétions de cet organe, les tromboses et les embolies artérielles qui paralysent une anse intestinale, les coliques qui dis- tendent à l'excès les parois de l'intestin, la péritonite qui immobilise ce tube, la cystite, le rhumatisme des muscles de l'abdomen, les lésions du diaphragme qui empêchent les efforts de défécation. 3° Le centre ano-spinal est une cause de constipatioyi quand le système nerveux intestinal, la moelle, le cerveau sont altérés. La constipation se produit, parce mécanisme, dans le cas de paraplégie, d'atfection cérébrale (vertige, im- mobilité). 4° L'obstruction du tube digestif par des pelotes sterco- rales, des bézoards, des calculs, des tumeurs intestinales, des étranglements intestinaux, des volvulus, des invagi- nations, des adhérences anormales, des vers, par l'hyper- trophie, les tumeurs et les abcès de la prostate, la tu- méfaction des glandes anales, par des brides ou des rétrécissements au niveau de l'anus, ou la compression de cette oaver»"\re, chez le chien par des poils agglutinés et feutrés eir.^échant la sortie des matières fécales, est une cause de constipation. Ce symptôme résulte fréquemment de l'ingestion de fourrages trop secs, indigestes et dé- pourvus de principes excitants, d'aliments composés exclusivement d'os, de pain, de bouillie de farine chez les carnivores, ou de fatigues excessives. Les chiens qui vivent dans les salons ou dans une niche en sont très fréquemment atteints, parce qu'il font très peu de mou- vements, ou qu'ils se privent de rejeter leurs excréments. Caractères cliniques. — Ce syndrome doit être envi- sagé chez le chien et chez lécherai. Chez le chien, on constate des efforts violents et dou- loureux suivis de l'expulsion d'excréments petits, secs, durs, terreux, fétides et coiffés, c'est-à-dire enduits d'une 138 APPAREIL DIGESTIF. pellicule luisante, quelquefois de fausses membranes et de stries sanguines. La défécation est quelquefois totalement supprimée, les efforts expulsifs restent improductifs ou font seulement hernier la muqueuse anale. La rétention des matières fécales détermine des troubles locaux et des troubles généraux. Les excréments s'accumulent et se tassent dans le rec- tum et le côlon flottant, distendent cette portion du tube digestif et la convertissent en un boudin volumineux qu'on peut sentir en explorant le ventre à l'aide des deux mains appliquées sur chaque flanc, et allant à la rencontre l'une de l'autre; on perçoit ainsi une masse dure, dépressible ou pâteuse, cylindrique, dont la forma- tion est d'autant plus rapide que l'animal continue de manger. La distension du rectum, par ces matières, provoque une chaleur vive, une douleur intense, mise facilement en évidence par l'exploration, une tuméfaction inflamma- toire prononcée de cette région. En outre, l'obstruction intestinale est une cause de coliques, d'auto-intoxication, puis de vomissements alimentaires d'abord, fécaloïdes ensuite; on peut observer, plus tard, des complications d'entérite, de nécrose de la muqueuse et de péritonite par perforation, ou la reproduction de diverticules intes- tinaux suivis quelquefois de rétractions cicatricielles et de rétrécissements définitifs. Les animaux marchent avec peine, la queue portée raide et de côté. Tristes, abattus, retirés dans les coins sombres, couchés, pelotonnés, minés par la fièvre d'into- xication, ilsmeurent d'inanition au bout dehuità quatorze jours, quelquefois plus tardivement. Chez les solipèdes, les matières fécales se dessèchent dans le rectum par suite de la résorption graduelle des liquides et jouent ensuite le rôle de corps étrangers. Ces matières provoquent l'inflammation calarrhale de la DIARRUHE. IS*) muqueuse, déterminent, par compression, des ecchy- moses, des pseudo-membranes qui recouvrent les excré- ments, des nécroses et des hémorragies abondantes, il peut y avoir enfin, par le même mécanisme, déchirure du caecum, ducôlonetdu rectum. Les excréments compriment la vessie, déterminent des fermentations, de la méléorisa- tion,des coliques, des plaintes et des efforts suivis du rejet de crottins durs, secs et coiffés. La mort est la conséqueice de la constipation, quand celle-ci se prolonge au delà de deux ou trois jours, parfois ce trouble de la défécation est intermittent ou présente des rémissions qui en prolongent considérable- ment la durée. C'est ainsi que dans les rétrécissements valvulaires congénitaux du rectum, suivis de dilatation et de parésie consécutive de cet orgarne (Mauri), il y a impossibilité plus ou moins complète de la défécation, suivant le degré de perméabilité du rectum. XIV. — DIARRHÉE. Pathogénie. — La diarrhée consiste dans le rejet fré- quent de matières alvines liquides. Cette fluidité est due soit à un défaut d'absorption intestinale, soit à l'ingestion d'une trop grande quantité d'eau, soit à une hypersécrétion des glandes intestinales, à une augmentation du péristaltisme intestinal qui di- minue l'absorption et hâte l'expulsion des matières contenues dans l'intestin. a. La diarrhée provoquée par un défaut d'absorption s'observe fréquemment chez les jeunes animaux, à la mamelle, atteints d'indigestion ou de catarrhe gastro-in- testinal ; chez les animaux adultes dont la muqueuse intestinale est le siège de stase sanguine consécutive à une endocardite chronique, aune maladie du foie. f>. L'ingestion (Valiments riches en eau (fourrages verts) ou l'ingestion de grandes quantités d'eau, chez les ani- 140 APl'ARElL DIGESTIF. maux dont la puissance absorbante du lube digestit est diminuée, provoque la diarrhée. L'hydropisie abdominale, la rupture d'une collection purulente, d'un anévrysme dans l'intestin, déterminent la liquéfaction des fèces et la diarrhée. c. La diarrhée par hypersécrétion des glandes intestinales s'oberve dans certaines maladies générales infectieuses localisés sur la muqueuse intestinale (fièvre aphteuse, clavelée, peste bovine, fièvre typhoïde, tuberculose), dans l'embarras gastrique et l'indigestion intestinale, le bo- tulisme ou l'intoxication par des aliments putréfiés, dans la septicémie, dans la plupart des intoxications aiguës ou chroniques, dans les affections vermineuses, dans l'enlérilé aiguë ou chronique. Elle succède fréquemment aux changements brusques de régime et résultent encore ici d'une irritation de la muqueuse. d. Ldi suractivité des mouvements péristaltiques intervient dans tous les cas de diarrhée; elle contribue à produire ce symptôme en hâtant l'expulsion des matières liquides de l'intestin. Ces mouvements spasmodiques de l'intestin sont, comme l'ont démontré les physiologistes, sous la dé- pendance du système nerveux. A l'état normal, les vaso-moteurs modifient les sécré- tions glandulaires, la production de mucus, et jouent un rôle essentiel dans la digestion. Ils peuvent provoquer une vaso-dilatation au niveau de la muqueuse, une hyper- sécrétion prononcée, un flux de liquide et la diarrhée. Budge, extirpant les ganglions du plexus solaire sur des lapins, a observé au bout de vingt-quatre, trente-six, quarante-huit heures, une diarrhée séreuse, muqueuse et même sanguinolente. La diarrhée est, dans ce cas, le résultat d'unedilatation extrême d'une stase des vaisseaux des parois intestinales suivie d'œdème, c'est-à-dire d'une plaie séreuse dans le canal intestinal. II est possible aussi qu'à la suite decette extirpation, les ganglions ner- veux des parois intestinales dépourvus de frein modérateur DIARRHÉE. 141 entrent en activité. L'excitation de ces ganglions déter- mine un écoulement abondant des liquides glandulaires. Or le système nerveux peut être excité par un grand nombre de produits qui agissent sur les extrémités ner- veuses de la muqueuse intestinale après ingestion. La plupart des microbes (staphylocoque, streptocoque, Bacilhis coiicommunis) qui prospèrent dans le suc entérique et le suc pancréatique peuvent influencer le système nerveux par leurs produits de sécrétion et déterminer la diarrhée. Les aliments avariés, les matières fermentées ou putréfiées apportent des microbes qui déterminent une infection intestinale suivie de diarrhée à la suite d'une action locale et à la suite d'une action à distance détermi- née par les poisons formés. Beaucoup de produits microbiens, incapables de pro- voquer la diarrhée quand ils sont introduits dansks voies digestives, déterminent ce trouble quand on les injecte dans la circulation. Agissent ainsi la plupart des cultures microbiennes. Elles modifientles vaso-moteurs, produisent des embolies, des stases et des exsudations intestinales. Caractères cliniques. — Les évacuations alvines sont plus ou moins fréquentes. Tantôt elles sont espacées, tantôt presque continues. Les matières excrémentitielles ne sont rejelées qu'après des efforts plus ou moins vio- lents qui font apparaître, au dehors, la muqueuse rectale congestionnée et irritée; elles s'écoulent naturellement par l'anus béant ou salissent le pourtour de l'anus, le périnée et les fesses, et déterminent la dépilation et l'inflammation de la peau dans cesrégions. Les excréments expulsés sont plus ou moins fétides et accompagnés, suivant la cause productrice de la diarrhée, du rejet d'aliments non digérés (indigestion), de pus quand il y a rupture d'une collection purulente (abcès ou kyste) dans l'intestin, de mucus ou de fausses membranes, dans les cas d'entérite couenneuse des ruminants, de matières 142 APPAREIL DIGESTIF. grisâtres, quelquefois teintées de sang dans Tentérite dianhéique et dysentérique des jeunes animaux. La consistance des matières diarrhéiques varie suivant la période de la maladie et la nature de l'affection; la diarrhée estséreuse quand les fèces sont délayées dans une grande quantité d'eau (entérite diarrhéique des jeunes animaux), muqueuse quand elles sont mélangées de mu- cosités plus ou moins abondantes ressemblant à du blanc d'oeuf; elle présente ce caractère dans rinflainmation des dernières portions de l'intestin. La diarrhée diminue l'absorption, ralentit les échanges, diminue l'appélit et détermine rapidement l'amaigrisse- ment et raffaiblissement des sujets. Elle constitue un signe fâcheux quand elle survient dans le cours des maladies générales; elle précède fréquemment l'agonie et la mort. C'est un signe heureux dans le cas d'indigestion ; son apparition est le signal de la désobstruction. XV. — DYSENTERIE. Définition. — On désigne sous ce nom le rejet fréquent de fèces liquides, fétides et sanguinolentes à la suite d'eflorts violents et douloureux (épreintes ou ténesme), suivis de coliques plus ou moins intenses. La dysenterie peut succéder à la diarrhée comme le typhus, à Ventérite couenneuse ou à une inflammation spéciale caractérisée par des ulcérations du gros intestin et particulièrement du côlon (dysenterie sporadique, dysenterie épizootique). Le mot dysenterie exprime à la fois un symptôme et une maladie particulière déterminée chez l'homme soit par un bacille (Chantemesse et Vidal), soit par une amibe préparant le terrain -aux microbes de la suppuration (Kartulis). La production de cette maladie chez les ani- maux est inconstante. Chez le chat, cet auteur a pu ce- pendant produire une diarrhée avec selles muqueuses et MATIERES FECALES. 143 sanglantes en injectant des cuUiires d'amibes dans le rectum. Les coccidies déterminent la dysenferie chez les rumi- nants (Hess, etc.). XVI. — MATIÈRES FÉCALES. Nous les envisagerons aux points de vue suivants : quantité, forme, consistance, couleur, enveloppe, odeur, réaction, caractères macroscopiques, caractères micros- copiques, gaz ou tlatuosités. 1° Quantité. — La quantité de matières fécales, éva- cuée en vingt-quatre heures, varie normalement avec l'espèce, avec le poids de la ration et le degré de digesti- bilité des aliments. Les herbivores évacuent une plus grande quantité de matières fécales que les carnivores; le porc tient une place intermédiaire. Les chevaux sains expulsent 10 à 15 kilos de matières fécales quand ils sont nourris exclusivement de foin; 9 à 12 kilos quand ils reçoivent du foin, de la paille hachée et de l'avoine. Chaque défécation, chez le cheval, amène le rejet de 1 à 2 kilos de matières. Les bœufs en rejettent 20 à 40 kilos en moyenne ; le chiffre le plus bas est obtenu avec la ration d'entretien, le chiffre le plus élevé, avec la ration d'engraissement. Les moutons et les chèvres fournissent de 1 à 3 kilos de crottins, les agneaux, 0^s,o à 1 kilo par jour. Les porcs en donnent 2 à 3 kilos avec une nourriture composée de son, de lait,0''8,oà l'^s,5 quand la nourriture est constituée par du maïs, de l'orge, de l'eau ou du lait. Les chiens, oO à 2oO grammes; ils en éliminent le plus quand ils sont nourris de pain, et le moins quand ils sont nourris de viande. Chez les animaux malades, V augmentation de la quan- 144 APPAREIL DIGESTIF. tité de matières rejetées est difficile à juger par suite de l'étendue des variations normales; elle devient cependant évidente après l'administration de purgatifs, après une constipation intense et pendant la diarrhée. La diminution de quantité résulte du manque d'appé- tit, de l'affaiblissement ou de l'absence de sécrétions digestives ; ces deux effets sont produits par les mala- dies fébriles, les maladies infectieuses, les affections cérébrales. Les altérations de la mastication, de la déglu- tition, la constipation diminuent notablement la quantité d'excréments. 2" Forme et consistance. — La forme et la consistance des matières fécales dépendent de la quantité d'eau ou des produits de sécrétions qu'elles renferment. Normale- ment, elles varient beaucoup suivant les animaux et suivant les aliments. Chez le cheval, ce sont des masses de la grosseur d'une pomme de terre, arrondies ou aplaties sur un des côtés, à consistance ferme ou molle, plus ou moins friable, formées d'environ 75 p. 100 d'eau. Les fèces du bœuf ont l'apparence d'une bouillie molle, la consistance d'un électuaire ; elles sont rarement disposées en gâteaux et renferment environ 85 p. 100 d'eau. La chèvre et le mouton rejettent de petits crottins de la grosseur d'une noisette, plus ou moins régulièrement arrondis ou ovalaires, réunis le plus souvent en chapelet et contenant 55 p. 100 d'eau. Les excréments du chien ont la forme de boudin ou de saucisse; leur consistance est dure ou molle et leur con- tenu aqueux varie de 63 à 75 p. dOO. Les matières fécales du porc sont molles ou forment une bouillie de consistance variable ; leur contenu aqueux présente de grandes oscillations. Les volailles rejettent des excréments semi-liquides, MATIÈRES FÉCALES. 145 ■qui se durcissent légèrement dans le cloaque et prennent une consistance solide en se mélangeant à lurine qui renferme beaucoup d'urée. Les aliments font subir aux matières fécales de chaque espèce de nombreuses modifications; tous les animaux à la mamelle rejettent des matières fécales molles. Les crottins du cheval nourri de fourrages verts sont mal moulés ; les matières fécales des ruminants qui man- gent beaucoup de navets et de betteraves sont très fluides; les excréments du chien qui reçoit beaucoup d'os acquièrent la dureté de la pierre. L'exagération de la consistance est le fait d'un grand nombre de maladies qui augmentent la résorption du liquide intestinal et ralentissent le périslaltisme de cet organe. Telles sont les maladies fébriles et toutes celles ■qui déterminent la constipation (entérites chroniques, rectite, catarrhe intestinal, etc.). Chez tous les animaux atteints d'inflammation, gastro- intestinale, chronique, les crottins deviennent petits, secs, durs, foncés, entourés d'une matière agglutinative mar- ronnée. Chez le bœuf, il se forme des espèces de masses cir- culaires fortement agglutinées, dures, recouvertes de mucus (Voy. Constipation). La DIMINUTION de la consistance s'observe dans toutes les formes de diarrhée consécutive aux maladies sui- vantes : intlammation gastro-intestinale, lièvre typhoïde, empoisonnements, pyohémie, septicémie, charbon, dysen- terie, coryza gangreneux du bœuf, rouget du porc, tuber- culose, trichinose intestinale, diphtérie, vers intesti- naux, etc. (Voy. Diarrhée). 3" Couleur. — La coloration des matières fécales est due à celle des aliments (chlorophylle, hémo^^lobine), aux matières colorantes de la bile et à certains médica- jaaenls. Cadéac. — Sémiologie, 2*^ édit. 9 J46 SEMIOLOGIE DE L APPAREIL DIGESTIF. Chez les herbivores, les fourrages verts communiquent aux crottins une coloration vert-olive ; les iourrages secs, une couleur brun verdàtre; la paille, une teinte jaunâtre. Chez les carnivores, ils sont noirâtres, si les animaux sont nourris exclusivement de viande, blanchâtres, s'ils sont nourris d'os (coloration due aux sels calcaires), jaune pâle, s'ils reçoivent une nourriture mixte. Le porc fait des excréments de couleur très variée ; ceux des volailles sont verdàtres, jaunâtres, brunâtres, suivant l'alimentation et recouverts quelquefois d'une couche formée par l'urée; chez tous les animaux à la mamelle, les matières fécales ont une couleur jaune. Pathologiquement, on peut observer de nombreuses- modifications de couleur. Dans les affections hépatiques, (ictère par rétention) et dans les maladies fébriles qui altèrent la sécrétion biliaire, les excréments prennent une coloration plus claire ou se décolorent entièrement; ils revêtent une coloration verdâlre, jaunâtre ou bru- nâtre ou une teinte chocolat dans le cas d'extravasation sanguine, d'hémorragie, de blessure, de déchirure, d'inflammation (dysenterie), de thromboses ou d'embo- lies intestinales, dans les maladies infectieuses (fièvre charbonneuse, septicémie, peste bovine, maladie du jeune âge, fièvre pétéchiale), dans les entérites parasi- taires (dochmies, échinocoques du chien), dans les enté- rites toxiques (colchique, cantharides, euphorbe), à la suite de l'ingestion de corps étrangers et sous l'influence de tumeurs de l'estomac et de l'intestin. Les excréments prennent la couleur du purin dans les inflammations catarrhales aiguës de l'intestin, dans les entériles septiques; ils sont blanchâtres dans la dysen- terie blanche du veau ; ils sont jaunes ou bilieux dans certaines diarrhées du chien. Les médicaments colorent très diversement les matières fécales ; le calomel les colore en vert (production d» MATIERES FÉCALES. 147 biliverdine), les ferrugineux en noir par formation de sulfure de fer. 4° Enveloppe des excréments. — Normalement, les crottins des Jievhivores sont recouverts d'une couche muqueuse fréquemment susceptible d'être détachée, facile à distinguer par son aspect brillant; son épaisseur varie considérablement avec le régime, les animaux qui reçoivent beaucoup de navels et de pommes de terre rejettent des crottins très coiffés. Cette membrane muqueuse est épaisse, floconneuse incolore, gris verdàtre ou jaunâtre, formant quelquefois des masses gélatineuses ou fibrineuses eu forme de réseau membraneux composé de mucus, de cellules épilhéliales, de leucocytes, dans la fièvre typhoïde du cheval, la proctite catarrhale, les catarrhes intestinaux intenses, la fièvre pétéchiale, la dysenterie et l'entérite couenneuse du hojuf. Cette enveloppe muqueuse est tachée de sang dans le catarrhe chronique intestinal du bœuf, dans Tin- vagination intestinale, la constipation et l'helminthiase chez tous les animaux. 0° Odeur. — Les excréments des herbivores ont une odeur aromatique non repoussante ; la bouse de vache répand un parfum musqué ; les crottins du mouton sou- mis à un régime ordinaire n'ont pas d'odeur caractéris- tique, ils rappellent l'odeur de bouse de vache quand ces animaux sont nourris de substances riches en matières huileuses. Les excréments des carnivores et des omnivores lais- sent exhaler une odeur douceâtre, désagréable, repous- sante, fétide, qui s'exagère sous Tintluence d'une alimen- tation riche en matières grasses. L'odeur parlicuiière des matières fécales change avec les maladies : le catarrhe de l'intestin, le catairhe gaslro- intestinal des animaux à la mamelle que l'on vient de 148 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL DIGESTIF. sevrer, la constipation, la fièvre pétéchiale du cheval, la fièvre typhoïde, le coryza gangreneux du bœuf, la peste bovine, le choléra aviaire, etc., communiquent au\ excré- ments une odeur «cide, aigrelette, très désagréable, infecte même par suite de décomposition ou de fermentations anormales. L'odeur est "putride dans les catarrhes intestinaux intenses, dans l'entérite hémorragique, dans la maladie du jeune âge chez le chien, dans la dysenterie épizoo- tique des jeunes animaux, dans le catarrhe enibolique du gros intestin, dans l'intoxication par les aliments fer- mentes ou putréfiés. 6° Réaction. — Elle est variable suivant le régime des animaux et la fréquence de la défécation. Chez les her- bivores, la réaction normale des excréments est le plus souvent alcaline. D'après Siedamgrotsky et Hofmeister, elle devient acide si ces animaux sont nourris d'aliments riches en hydrates de carbone et en graisse. Les carnivores et les omnivores ont des excréments à réaction acide ou alcaline, suivant le régime. La réaclion alcaline est due à des composés ammoniacaux; l'acidité est le plus souvent due à l'acide lactique ; d'autres acides {acétique, sulfurique) et sels acides ingérés avec les ali- ments peuvent intervenir. La rétention des matières fécales dans le cas de coliques, de catarrhe intestinal, d'indigestion donne à celles-ci une réaction acide. 7° Examen macroscopique. — Les excréments sont composés d'aliments, non digérés ou transformés, mélan- gés en proportion variable à de l'eau et aux sucs digestifs, auxquels s'ajoutent fréquemment des substances étrangères. A l'état normal, on trouve, dans les excréments, des grains d'avoine non mâchés, et non digérés chez le cheval et les ruminants nourris de celte substance. MATIÈRES FÉCALES. 449 Chez le porc et le chien surtout, on trouve aussi des débris alimentaires non digérés, particulièrement des restes d'os ou de tissu élastique. Pathologiquement, ces débris sont en plus grande quan- tité ; il est d'ailleurs difQcile de séparer l'état pathologique de l'état normal. L'abondance de ces matières alimentaires non digérées indique des troubles de la mastication, de la rumination et de la digestion. On l'observe, en effet, chez les animaux vieux, à mâchoires imparfaites, à dents irrégulières qui mâchent difficilement, chez ceux atteints de maladies de la langue, de stomatite, de catarrhe intes- tinal, de diarrhée, etc. Les excréments peuvent être rendus mousseux par des gaz intestinaux abondants. On trouve souvent, mélangés aux fèces, des corps étrangers, tels que sable, plâtre, pierres, concrétions diverses, perles, crins, laine, etc., ou des produits de l'in- flammation de la paroi intestinale (mucus, pus, sang, masses croupales floconneuses membraneuses, tubulaires ou cordiformes, portions nécrosées de la muqueuse ou de la paroi intestinale, etc.), ou encore des vers intestinaux à l'état adulte, à l'état embryonnaire ou à l'état d'œufs. Citons : l'.Ascaris megalocephala, VOxyurus curvula et mastigodes, le Sclerostoma armatus, te traçant hum, les Tœnia plicata, mamillana, perfoliata, les larves d'œstridés chez le cheval; Les Tœnia denticulata, expansa, alba ; VAmphistoma t liber culatum, l'Ascaris vitiili, le Strongylus ventricosus, le Trichocephalus af finis chez le bœuf; Chez le mouton, les Taenia expansa, alba, ovilla, centri- punctata, VAscaris ovis, les Strongylus filicollis et ventri- cosus, le Sclerostoma hypostomum ; Chez \e porc, Y Echinorrhy nchus gigas, VAscaris suilla, le Trichocephalus crenatus, la trichhia spiralis, le Distomum hepaticurn, lanceolatum et uninfusoire,le Balantidium coli ; Chez le chien, les Tœnia serrata, marginata, cœnurus, serialis, cucumerina, litterrata, VEchinococcus canina, les 150 SEMIOLOGIE DE L APPAREIL DIGESTIF. Botriocephalus lutus et cordatus, le Distomum echinatum, V Ascaris marginata, VOxyiirus vermicidaris; Chez le chat, un grand nombre des vers du chien, V Ascaris mystax, le Tecnia elliptica. 8" Examen microscopique. — L'examen microscopique des matières fécales nous fait reconnaître chez les her- bivores : des résidus alimentaires tels que cellules végé- tales diverses ; chez les carnivores : fibres conjonctives et élastiques, fragments d'os et crislaux de sels calcaires, débris normaux de l'intestin lui-même (cellules épi- théliales, corpuscules muqueux), débris pathologiques (pus, sang, masses croupales, parties nécrosées, cellules cancéreuses) comme dans les gastro-entérites ou les tumeurs malignes de l'estomac ou de l'intestin. On observe aussi des œufs de parasites intestinaux qui ne sont pas toujours visibles à l'œil nu (coccidies, œufs de cestodes, trématodes, nématodes). Le microbe de la septicémie gangreneuse s'y trouve constamment ; la plupart des ]apins et cobayes auxquels on injecte 1 centimètre cube d'extrait aqueux d'excré- ments frais, meurent de septicémie en trente heures. (Gadéac et Bournay). On y rencontre aussi, du moins chez le chien, des sta- phylocoques et des streptocoques qui ont déterminé des abcès volumineux ou réduits chez le lapin et chez le veau; tous les microbes ingérés se retrouvent normalement dans les matières fécales. La bactéridie et les spores charbonneuses survivent à la digestion gastrique, puisque, douze heures après l'injec- tion, leur inoculation est mortelle pour le lapin et le cobaye ; le microbe pyocyanique ingéré par le cobaye ou injecté dans le cfecum du cheval passe dans les matières fécales en conservant toutes ses propriétés ; le bacille de Koch résiste à l'action de tous les sucs digestifs et peut se MATIÈRES FÉCALES. 151 dilFuser par les matières fécales des chwns qui mangeai des matières tuberculeuses (Cadéac et Bouriiay) (1). On y rencontre aussi des organismes tels que sarcines, levures chez les animaux nourris de résidus de distillerie, certains parasites végétaux non détruits par les sucs digestifs, comme les champignons de la carie et de la rouille du blé. Mais ce sont les microbes qui sont parti- culièrement nombreux; l'homme rejette journellement, avec les malières fécales, de 12 à 14 milliards de microbes ; ce nombre est encore plus élevé chez les animaux. 9» Toxicité. — La décomposition des matières alimen- taires dans l'intestin détermine l'apparition de toutes les substances engendrées par la putréfaction (acides acétique, butyrique, valérique, sulfliydrique; ammoniaque, leucine, tyrosine, indol, scatol, crésol, phénol, hydrogènes carbo- nés). On y trouve aussi les alcaloïdes de la putréfaction et Vexc7'étine, dont Marcel a fait connaître la toxicité. La production de ces principes toxiques dans le tube digestif est facilitée par l'humidité, la chaleur, par des germes de l'atmosphère dont l'action se fait sentir dès que l'acide chlorhydrique et la bile ont disparu ou changé de nature. En 1853, Stich a démontré que les matières fécales sont toxiques. Les extraits alcooliques sont moins actifs que les extraits aqueux. Les extraits aqueux sont forte- ment hypothermisants et provoquent du myosis ; les extraits alcooliques modifient peu la température et déterminent de la mydriase. Les matières toxiques de l'intestin passent dans les urines et modifient considérablement leur toxicité. Cette toxicité parait très variable : l'extrait aqueux des excréments d'un chien nourri de pain tue, un jour, le lapin à la dose de 12"='=, 3 par kilogramme d'animal et le laisse (I) Bull. Soc. de bioL, et Lyon méd., juin 1893. 152 SEMIOLOGIE DE L APPAREIL DIGESTIF. indemne, un autre jour, à la dose de 21", 3. L'extrait aqueux des matières fécales d'un chien nourri de viande putréfiée a tué à la dose de 6",3 par kilogramme. Chez le cheval, les variations sont également très grandes ; la toxicité des matières fécales est moindre chez les herbivores que chez les carnivores (Cadéac et Bournay). La désinfection du tube intestinal diminue la toxicité de l'urine de la moitié ou même des deux tiers. CINQUIEME SECTION FOIE ET RATE I. — FOIE. Topographie. — Le foie des animaux domestiques est situé dans la cavité abdominale, à la face postérieure du diaphragme, dans une direction oblique de haut en bas et de droite à gauche. C'est un organe mobile, qui s'avance et recule avec le diaphragme à chaque excursion respiratoire. Chez le cheval, le foie est divisé en trois lobes, lobe droit, moyen et gauche. Le lobe moyen est en rapport avec le centre phrénique du diaphragme; le lobe gauche avec la partie inférieure et gauche de la même région ainsi qu'avec une faible étendue de la portion charnue; le lobe droit a les rapports les plus intéressants; il est appliqué sur la partie supérieure et droite du diaphragme, en contact avec l'hypochondre droit, qu'il peut même déborder en arrière ; il touche au rein droit et au pan- créas par son bord supérieur. La face postérieure du foie est en rapport avec l'estomac, le duodénum, la face pos- térieure du côlon. Chez le bœuf, le foie est entièrement reporté dans la région diaphragmatique droite ; ses trois lobes ne sont plus distincts; il se prolonge jusque sous la neuvième FOIE. 153 côte, en avant; il est en contact avecle cercle de l'hypo- chondre jusqu'à la dernière côte, en arrière. Chez le chien, le foie, divisé en cinq lobes, est très volumineux ; il est en contact de haut en bas avec le diaphragme et la région thoracique droite depuis la gouttière vertébrale jusque vers le cercle cartilagineux Fig. 21. — Foie chez le chien (d'après Mviller). E, estomac. — -X, rein. — F, F, F, foie. — P, pylore. — PE, parois de l'estomac. des côtes, et d'avant en arrière depuis la treizième côte jusque vers la neuvième côte ou même la huitième côte (fig. 21). L'organe hépatique peut être étudié au point de vue sémiotique par deux procédés : Le premier, topogra- phique et manuel, donne des renseignements sur la situation, la dimension, la forme, la consistance du foie; le second repose sur la connaissance des caraclères his- 9. 154 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL DIGESTIF. tologiques et des propriétés physiologiques de la cellule hépatique. Exploration. — a. Inspection. — La position du foie des animaux domestiques est très défavorable à l'explo- ration clinique. L'examen de la région costale qui recouvre le foie ne donne ordinairement aucun renseignement. Rœll dit que jamais on n'y voit de saillie; on peut observer le bombe- ment de cette région à la suite d'hypertrophie considé- rable du foie (échinocoque, tuberculose du bœuf, carcinose du chien et du chat). b. Percussion. — La percussion de la région hépatique donne un son mat, en même temps qu'on perçoit avec le doigt une sensation bien caractérisée de fermeté. Cette matité s'étend normalement chez le cheval, jusqu'à la treizième côte en avant, jusqu'à l'hypochondre en arrière ; elle n'est pas horizontale, mais arquée. On peut consta- ter son extension, en arrière surtout, lorsqu'il y a hyper- trophie du foie. Les renseignements obtenus ne sont qu'approximatifs, carie côlon, rempli de matières fécales denses, peut quelquefois s'appliquer contre la face posté- rieure du foie et contribuer à étendre la surface mate de cet organe. Chez le Jjœuf, la percussion renseigne aussi sur l'aug- mentation de volume du foie, et d'une manière plus pré- cise que chez le cheval. La matité s'étend, à l'état physio- logique, jusque vers la neuvième côte, en avant, et l'hypochondre, en arrière, le foie déborde la dernière côte quand il est hypertrophié comme dans la tuberculose, l'échinococcose, le cancer ou l'adénome de cet organe. Chez le chien, la matité se perçoit de la neuvième à la treizième côte. La percussion n'indique que des augmentations de volume considérables; les altérations peu prononcées ne sont pas décelées par ce procédé d'exploialion. L'étendue FOIE. 155 de la raadté peut être diminuée quand le foie s'atrophie (cirrhose, atrophie jaune aiguë du foie). c. Palpation. — La. palpât ion se pratique en appuyant à plat, la main droite sur les dernières côtes et en intro- duisant le pouce dans le cercle cartilagineux des côtes, ce qui est possible quand la paroi abdominale est relâ- chée. Le foie peut être encore exploré par le rectum, chez les bœufs courts, quand cet organe est fortement hyper- trophié par des échinocoques. La palpation du foie four- nit de meilleurs renseignements chez les petites espèces, [chiens et chats) que chez les grands animaux. Chez ces derniers [cheval et bœuf), cette exploration est presque impossible; la sensibilité pathologique du foie est très difficile à différencier de la sensibilité nor- male qui est elle-même très prononcée; l'épaisseur de la paroi costale ne permet pas non plus de sentir les limites du foie et de reconnaître son hypertrophie ou son atrophie. Chez les petits animaux, la palpation du foie se fait à droite. Elle permet de constater : une sensibilité exagérée à la pression, dans les intlammations aiguës du foie, la distomalose, les abcès du foie. On peut constater l'hypertrophie du foie quand cet organe déborde la dernière côte (tumeurs). d. Ponction. — La ponction du foie a peu de valeur en vétérinaire; on peut cependant, par ce procédé, donner issue au liquide contenu dans les vésicules d'échinocoques et dans les abcès hépatiques; mais ces derniers sont très rares et les vésicules parasitaires sont difficiles à dia- gnostiquer. Fonctions de la cellule hépatique. — Le foie occupe une des premières places dans la hiérarchie nor- male et pathologique de nos organes. La cellule hépa- tique possède des fonctions multiples; elle collabore à la 1S6 SÉMIOLOGIE DE l'aPPAREIL DIGESTIF. digestion et à la nutrition, sécrète de la bile, forme du sucre, de l'urée, agit sur la fibrine, sur les globules sur l'hémoglobine et constitue, au point de vue de la circula- tion, un diverticule de l'oreillette droite, arrête les poisons d'origine intestinale ainsi que les alcaloïdes végétaux. Cette complexité fonctionnelle de la cellule hépatique découle du perfectionnement de son protoplasnia. La cellule hépatique fait partie d'une glande en tube ; son protoplasma comprend : 1° Des granulations colorées, formées de pigments biliaires répondant à la fonction biligénique et préparées pendant l'état de jeûne. 2" De petites masses amorphes, de gljcogène, abondantes surtout dans les cellules du centre des lobules qui se forment principalement pendant la période digestive. 3° Des granulations de nature graisseuse, qui occupent surtout les cellules de la péiiphérie des lobules; elles augmentent normalement de nombre sous l'influence de la digestion, de l'embonpoint et de la lactation. 4o Des granulations pâles moins réfringentes, regardées à tort par la plupart des auteurs comme de nature glyco- génique (fig. 22). Les cellules hépatiques forment des trabécules unicellu- laires chez beaucoup d'animaux tels que le lapin et con- stituent les racines des canaux biliaires; elles ne sont pas seulement en rapport anatomiquç et fonctionnel avec les voies biliaires; elles sont également en contact direct avec les vaisseaux sanguins; si bien qu'on pourrait leur attribuer une véritable activité bipolaire ; à chacun des pôles de la cellule correspond une fonction différente : pôle biliaire et pôle glycogénique (Chauffard). Les cellules hépatiques sont placées dans les mailles du réseau formé par les vaisseaux du lobule et se terminent par des prolongements canaliculés représentant l'origine des conduits biliaires. Le foie, qui est un organe biligé- nique et glycogénique, est, de plus, un organe sanguin; FOIE. d57 le réseau sanguin est double au point de vue anatomique et physiologique : réseau porte, surtout fonctionnel et réseau arlério-capiilaire, surtout nutrilif. ■ 3 2.?- ■■3 -^u-ë 5 « .- ^ 3 ' s, ^ "^ - r. "5 = 2 3 ^ -a s =° g £^ S o JS _; 5" •- := ô o J2 — ^ — ■ ^ C 60 a 05 o Le foie s'encapsule pour ainsi dire dans un réseau vei- neux. Il i^ubit le contre-coup de toutes les altérations car- diaques. Les capillaires sanguins présentent, au niveau du 158 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL DIGESTIF. foie, la même structure qu'au niveau des reins; ce sont de simples tubes proloplasmiques semés de noyaux ; les échanges entre le sang et les cellules se font ainsi plus facilement et plus rapidement que partout ailleurs. Il faut étudier les troubles de chacune des fonctions du foie : 1" fonction biliaire; 2° fonction glycogénique; 3° fonction uréogénique; 4° fonction d'arrêt des poisons. II. — SÉCRÉTION BILIAIRE. BILIGÉNIE. I. Quantité. Composition. — La bile est un produit de sécrétion composé de déchets toxiques et de principes indispensables à la nutrition. Les deux cinquièmes de la bile sécrétée rentrent dans la circulation (Bidder et Schmidt). Elle coule dans le duodénum par les canaux hépatiques et cholédoque ou s'emmagasine dans la vésicule biliaire greffée sur les canaux précédents. Le réservoir se vide à la fin de la digestion ; l'excrétion biliaire est intermittevte. L'homme adulte sécrète en moyenne, par vingt-quatre heures, 6o0 centimètres cubes de bile, soit environ 10 centimètres cubes par kilogramme; le chieil en donne 14 à 15, le chat 15 à 20, le mouton 25, le lapin 130, le cobaye 170, l'oie 12 grammes par kilogramme de son poids. Les yierjbivores produisent ainsi plus de bilequeles carni- vores, mais, chez les premiers, elle est un peu plus étendue. Au moment où elle sort du foie, la bile est un liquide alcalin, clair, sirupeux, de couleur verdàtre chez Vherhi- vore, très légèrement acide, jaune orangé ou brun chez le Carnivore; elle contient un peu de mucine, mais pas d'albumine; elle se concentre dans la vésicule biliaire, devient plus foncée et y laisse déposer des globules graisseux, de fines granulations de phosphate calcique et des lamelles de cholestérine. Sa densité varie entre 1005 et 1010; sa teneur en matériaux solides est d'environ 120 p. 1000. SÉCRÉTION BILIAIRE. BILIGÉNIE. 139 Au point de vue pathologique, ses éléments constitutifs les plus importants sont : 1" des matières colorantes spé- ciales ; 2° des acides biliaires ; 3° de la cfiolestérine. La bilirubine est la matière colorante la plus répandue; elle est susceptible d'engendrer par oxydation tous les autres pigments biliaires (biliverdine, etc.). On trouve celte matière, qui paraît se produire aux dépens de la matière colorante des globules rouges, dans les cellules hépatiques, dans le sérum sanguin. Elle est soluble dans l'eau, l'éther, le chloroforme et se présente sous la forme d'une poudre amorphe, d'un rouge orangé ou de cristaux microscopiques d'un rouge foncé. La bilirubine, examinée au spectroscope, éteint, par son pouvoir colorant, la par- tie droite du spectre et la partie couverte peut atteindre et même dépasser, vers la gauche, la raie B de Frauenho- fer. Sous l'action de l'acide nitrique nitreux (réaction dite de Gmelin), elle s'oxyde et donne la biliverdine. Cette substance existe dans la bile des omnivores en petite proportion et d'une manière presque exclusive dans celle des herbivores et des animaux à sang froid ; on l'a rencontrée aussi dans des calculs biliaires, dans le contenu de l'intestin, sur le bord du placenta du chien, etc. (Gautier). Les acides biliaires sont Vacide taurocholique qu'on trouve exclusivement dans la bile du chien, l'acide glyco- cholique qui accompagne l'acide taurocholique dans celles de bœuf et d'homme, acide taurohyocholiqiie de la bile de porc, chénolaurocholique de celle d'oie, tous suscep- tibles de donner divers dérivés. Ces acides sont directe- ment formés par la cellule hépatique et ne préexistent pas dans le sang ; ils sont tous toxiques, ils détruisent les globules rouges dont la matière colorante passe dans les urines quand ils sont introduits, même en faible quantité, dans le sang; ils s'éliminent normalement à l'état de sels de soude. Ils se convertissent dans l'intestin en un pro- duit excrémentitiel insoluble, la dyslésine et la bilirubine i60 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL DIGESTIF. qui se précipite au contact du chyme acide et forme la matière colorante des fèces; une faible proportion de ces acides est résorbée et détruite dans le torrent circula- toire. La cholestérine , préformée dans le sang, fait partie chi- miquement de la classe des alcools; elle se montre sous forme de tablettes, de paillettes rhomboïdales solubles dans l'éther ou le chloroforme et maintenue dissoute dans la bile, grâce à l'un des sels biliaires, le choléate de soude ; elle se précipile quand celui-ci devient insuffisant et prend ainsi la plus grande part à la formation des calculs biliaires. La quantité de cholestérine dissoute dans la bile (5 p. 1000) ne varie pas. Ni l'alimenlalion ni la richesse du sang en cholestérine ne peuvent modifier ce chiffre. Chez le chien, le lapin, on peut administrer plus d'un gramme de cholestérine par la voie hypodermique ou gastrique sans modifier sa proportion dans la bile. Quelques-uns des principes que nous venons d'énumé- rer jouent un rôle essentiel dans la digestion et possèdent des propriétés antiseptiques indispensables. II. Propriétés. — a. Rôle de la bile dans la digestion. — La bile remplit un travail chimique complexe dans la digestion intestinale. Elle joue un rôle prépondérant dans la digestion des graisses. Dastre l'a prouvé par l'expé- rience suivante : Chez le chien, il résèque 15 millimètres du canal cholédoque, de façon à supprimer tout afflux direct de la bile dans le duodénum; puis il abouche la vésicule biliaire dans l'intestin grêle, à 50 centimètres ou un mètre au-dessous du duodénu m. Après un repas copieuse de graisse, de viande et de lait, l'animal est tué en pleine digestion : on trouve les chylifères transparents entre l'estomac et la fistule cholécysto-inteslinale, laiteux au- dessous de la fistule. Pour Vémulsion et Vabsorptio7i des graisses, il faut donc l'intervention combinée de la bile et du suc pancréatique. SÉCRÉTION BILIAIRE. BILIGÉNIE. 161 Il en résulte que, dans le cas où la bile fait défaut dans l'intestin, l'absorption des graisses est imparfaite et les fèces présentent une couleur grisâtre, un aspect luisant caractéristique de la stéarrhée. La bile est plus utile que le suc pancréatique à l'absorp- tion des éraulsions graisseuses ; elle favorise l'absorption des matières grasses, c'est-à-dire leur passage à tra- vers les membranes intestinales et contribue aussi à la digestion des albuminoïdes, en précipitant ces substances et en arrêtant ou en insolubilisant le ferment pepsique, qui est susceptible d'annihiler l'action du ferment pan- créatique. La bile agit encore en stimulant les contrac- tions intestinales. Sa propriété saccharifiante est admise par quelques auteurs (KaufFmann), contestée par d'autres. b. Rôle antiseptique. — Les propriétés antiseptiques de la bile font de la glande biliaire un organe protecteur par excellence contre les germes pathogènes qui circulent dans le tube digestif. Le canal excréteur de cette glande, en continuité ana- lomique et physiologique directe avec la cellule hépa- tique dont il constitue l'une des voies de décharge, s'abouche, par son autre extrémité, dans le milieu intestinal dont il partage, dans une certaine mesure, les accidents pathologiques. Sans l'action microbicide de la bile, qui rend et maintient le tractus biliaire aseptique, l'infection serait inévitable par cette voie. En effet, le milieu duodénal où se déverse la bile est l'habitat normal de nombreux germes (staphylocoques, streptocoques, Bacterium coli commune) qu'on y rencontre communément. Bien d'autres peuvent s'y arrêtera l'état pathologique, lis remontent même quelquefois sans déterminer de troubles dans la dernière portion du cholédoque (Duclaux). La bile cystique ne contient pas de germes et les voies biliaires sont également aseptiques, grâce aux tauro- cholates. Emiech a démontré que 2 à 5 p. 1000 d'acide taiiro- 162 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL DIGESTIF. choliqiie empèchenl la putréfaction d'une infusion de chair ou de pancréas et arrêtent les fermentations alcooliques et lactiques. Ces mêmes doses entravent les efîets de la pepsine et de la ptyaline, ainsi que l'action saccharifiante du suc pancréatique. L'acide glycocholique est beaucoup moins actif. L'acide cholalique mélangé à des propeptones ralentit également la putréfaction. La suppression de l'afflux biliaire trouble l'intestin, détermine des fermentations anormales dans cet organe, prépare l'infection du foie, et parlant celle de l'organisme. Toutes les causes qui augmentent ou qui diminuent la sécrétion biliaire augmentent ou diminuent la digestion, la nutrition et la résistance à l'infection. III. Modifications de la sécrétion biliaire. — 1 " Augmentation. — L'augmentation de la fonction biligé- nique est déterminée par des cholagogues qui exagèrent l'activité sécréloire de la glande hépatique ou qui accé- lèrent l'expulsion de la bile sécrétée. Celte sécrétion, quoique continue, s'active deux heures après le repas, augmente encore durant cinq à six heures, puis dimi- nue. Les cholagogues sécrétoires ont été l'objet de recherches expérimentales sur des chiens à fistule biliaire, permet- tant de comparer la quantité de bile sécrétée sous leur influence. On a reconnu ainsi que la quantité de bile augmente avec une nouriiture mixte de viande, légumes et pain. La bile est le plus puissant de ces agents cholagogues. Injectée en nature dans l'estomac d'un chien et jusqu'à la dose de 40 à 50 centimètres cubes, ou sous forme d'ex- trait, on observe une augmentation considérable et rapide de la sécrétion biliaire. Cette bile absorbée est réexcrétée par le foie; on en a la preuve en expérimentant sur des animaux d'espèce dif- SÉCRÉTION BILIAIRE. BILIGÉNIE. 163 férente : chez le chien, en effet, après ingestion de bile de bœuf, la bile devient plus verdàtre, prend une odeur musquée spéciale, qui appartient en propre à l'espèce bovine el contient de l'acide glycocholique qui, norma- lement, .n'existe pas chez le cliien. Les acides biliaires s'éliminent donc spécialement par le foie et provoquent par leur passage une polycholie intense et constante. La suppression de ce stimulant physiologique du foie jette la glande biliaire dans un véritable état de torpeur sécré- toire. L'huile d'olives, à haute dose, provoque, au bout de trente à quarante-cinq minutes, un accroissement notable de la sécrétionbiliaire;laliponine, lesalol, lesalicylatedesoude agissent de même et sont d'excellents cholagogues fluidi- fiants. L'acide benzoïque, le benzoale de soude, l'essence de térébenthine, la terpine, le terpinol, l'évonymin, le podo- phyllin sont moins actifs ; les sels de soude, bicarbonate, sulfate el chlorure, les sels de Carlsbad, les bromures alcalins, l'arsenic, l'alcool, léther, sont indifférents. Les cholagogues excrétoires sont le calomel, le sublimé, la coloquinte, l'aloès, le jalap, la rhubarbe, les lavements frcrids; ils déterminent la contraction de la vésicule biliaire, exaltent le péristaltisme intestinal et provoquent l'expulsion de toute la bile sécrétée. La résorption d'une partie de celle-ci devenant impossible, le foie est privé des matériaux d'une sécrétion nouvelle, de sorte que la plupart des cholagogues excrétoires, notamment le calo- mel sont des agents dépresseurs de la biligénie. 2° Diminution delà sécrétion biliaire. — Elle est réalisée par l'abstinence, par une alimentation riche en graisses, par une altération dégénérative du foie {cirrhose, dégéné- rescence graisseuse), par le catarrhe du canal cholédoque, par toutes les maladies qui s'accompagnent d'inappétence. Quelques médicaments, tels que les iodures alcalins, l'atropine, la strychnine, agissent dans ce sens. 164 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL DIGESTIF. La bile cesse d'être sécrétée quand la température tombe à 28 ou 29° ; elle ne représente que le tiers ou la moitié de la quantité normale quand la température se maintient à 41° ou au-dessus. De nombreuses causes empêchent également l'excrélion de la bile. Les tumeurs du duodénum, les néoplasies malignes des voies biliaires, les calculs biliaires, les para- sites (douves), produisent ce résultat. Or, le premier efîet de la rétention ou du défaut de sécrétion biliaire, c'est la putréfaction des matières alimentaires dans Tintestin; le second consiste dans l'infection des voies biliaires. L'ob- servation et l'expérimentation confirment cette double action. Les animaux qui perdent leur bile par une fistule rendent des excréments d'une odeur repoussante; ils émettent beaucoup de gaz odorants et putrides; ils mai- grissent; leur poil tombe; ils deviennent languissants à la suite de la résorption de ptomaïnes et autres sub- stances toxiques dues à la putréfaction intestinale des résidus de la digestion, putréfaction qui s'accélère lorsque la bile n'intervient plus. Exceptionnellement, ils arrivent à se bien porter en ingérant une quantité énorme de viande. D'autre part, la rétention biliaire crée pour l'infection une véritable opportunité morbide. La frontière qui sépare la zone canaliculaire aseptique de la zone intestinale infectée peut être alors franchie parles microbes; l'infec- tion biliaire se produit avec ses réactions inflammatoires et pyogéniques. La bile elle-même perd son aspect carac- téristique; elle se convertit en un liquide muqueux, visqueux, pâle ou à peine coloré en jaune, on bien elle se transforme en une sorte de boue biliaire à petits grains noirâtres et granuleux; en même temps, elle devient un bon miheu de culture pour le Bacterium coli commune et le Staphxjlococcus aureus, etc. Ce sont les microbes qui jouent le principal rôle dans la sclérose du foie consécu- SECRETION BILIAIRE. BILIGENIE. iG5 tive à la rétention biliaire. En efTet, lés résultats de la ligature du cholédoque sont ditrérenls suivant qu'elle est septique ou aseptique. La ligature septique, réalisée par Charcot et Gorabault chez le cobaye, parW. Legg, chez le chat, détermine une sclérose envahissante à la fois péri- et intralobulaire accompagnée du développement de vibrions dans la bile stagnante et de petits abcès biliaires et péricanaliculaires parpériangiocholite suppurée. La ligature aseptique, pratiquée par Lahousse chez des grenouilles, des cobayes el dt3s lapins, par Dupré chez le chien (ligature incomplète), détermine à la longue une hyperplasie conjonctive interlobulaire avec atrophie lente et centripète des lobules hépatiques, tuméfaction trouble ou stéatose des cellules. Ainsi, la bile pure est nécrobio- sante, mais non suppurative ; quand elle est retenue dans les canaux biliaires, elle engendre, dès la sixième heure, des foyers de nécrose cellulaire dans le foie; puis, à la suite de ces lésions dégénératives, se produisent des altérations ectasiques et inflammatoires sans suppuration. Celle-ci résulte d'une angiocholite infectieuse. Des expériences le prouvent surabondamment. Charria et Roger inoculent les cultures atténuées du Bacterium «o/i commune, relire d'une angiocholite suppurée humaine, dans les voies biliaires du lapin par la laparotomie, l'ou- verture du duodénum et l'injection directe dans l'orifice du cholédoque ; ils produisent ainsi la mort, en huit jours, avec cholécyslite et angiocholite suppurées, périangio- •cholite, abcès biliaires typiques. Les angiocholites ont leur source dans une infection du cholédoque. L'infection n'est possible qu'à la suite de la rétention de la bile ou de la perversion de sa sécrétion, •c'est-à-dire à la suite d'un trouble hépatique. La rétention joue un grand rôle dans l'infection des voies urinaires; une vessie qui se vide bien et complète- ment résiste à l'infection, même expérimentale (Lépine); 166 SEMIOLOGIE DE L APPAREIL DIGESTIF. sitôt qu'elle esl en élat d'insuffisance évacualiice, le moindre calhétérisme l'infecte. Il en est de même pour les voies luliaires. 3» Perversion de la sécrétion biliaire. — Elle est le fait des maladies générales ou locales graves. Les matériaux fixes de la bile augmentent quand il y a rétention biliaire, embarras de la circulalion hépatique; l'iclère l'enrichit en pigments; la néphrite, V hydrothorax, l'atrophie du foie déterminent Tapparition d'une notable proportion de cho- leslérine cristallisée dans la bile. Ce produit devient au contraire plus aqueux dans l'hydropisie, le diabète, la tuberculose, les affections intlammatoires du poumon; la bile devient albumineuse dans les maladies du rein avec albuminurie, après l'in- jection d'eau dans le sang et dans l'hyperémie hépatique; elle s'enrichit en urée après les altérations profondes des reins et dans le cas d'urémie ; elle présente de l'hémoglo- bine dans le cas d'hémoglobinémie ; du sucre chez les diabétiques ; il suffit du reste d'injecter du sucre de canne dans les veines pour le voir apparaître dans la bile. Beau- coup de poisons sont éliminés par le foie et passent dans la bile : l'arsenic, l'aritimoine, le cuivre, le mercure, le plomb, les iodures, le ferrocyanure de potassium, l'essence de térébenthine, l'acide phénique, le salicylate de soude sont de ce nombre. Les altérations de la sécrétion biliaire ne favorisent- elles pas les infections d'origine sanguine comme les infections d'origine intestinale? La bile ne s'infecte ni dans le charbon, ni dans la morve, ni dans la peste bovine, ni dans la pneumonie. Que la bile soit altérée ou retenue, elle perd ses propriétés antiseptiques, de telle sorte que la glande biliaire est accessible aux germes infectieux de provenance intestinale, mais reste fermée à, ceux qui proviennent du sang. GLYCOGÉNIE. 167 III. — GLYCOGÉME. Le foie arrête au passage les matières amylacées et sucrées pour les transformer en glycogène qu'il emmaga- sine avant de le métamorphoser de nouveau en glycose et de le livrer au sang pour les besoins de l'économie. I.a fonction glycogénique disparait dans le foie malade ; elle peut être augmentée ou diminuée par un grand nombre d'influences. a. Diminution. — La diminution ou l'abolition de la fonction glycogénique du foie se produit dans les fièvres, dans certains traumatismes (péritonite opératoire); elle peut êlre obtenue à l'aide de tous les poisons stéatosants (phosphore, antimoine, arsenic). Chez les animaux arseniqués, la piqûre du plancher du quatrième ventricule ne produit plus le diabète expéri- mental. Sous l'influence du jeûne, le glycogène hépatique diminue et finit par disparaître ; la réserve glycogénique du chien n'est épuisée qu'au bout de trois semaines environ. Le refroidissement fait disparaître le glycogène ; il disparaît également sous l'influence du vernissage et de la fatbjue à la suite d'un exercice violent après la ligature de l'artère hépatique, du canal cholédoque et la section des pneumogastriques au cou. Le glycogène diminue oudisparaità la fin de l'infection charbonneuse, de l'infection streplococcique. La bactéridie produit un ferment qui transforme le glycogène et l'ami- don en glycose, et consomme ensuite celte dernière sub- stance. b. Augmentation. — La glycogénie hépatique est aug- mentée par les substances antipyrétiques (antipyrine, etc.). La teneur du foie en glycogène s'accroît, d'au moins un cinquième par kilogramme d'animal, chez les cobayes ■168 SEMIOLOGIE DE L APPAREIL DIGESTIF. anlipyriiiés, tandis que la proportion relative du sucre hépatique est un peu diminuée. Gel arrêt de la transfor- mation du glycogène en sucre semble être, en partie du moins, le résultat d'une action directe sur la cellule hépatique (Lépine). La glycosurie toxique peut être déterminée expérimen- talement, chez les animaux, par un grand nombre de poisons : le curare qui, paralysant les nerfs moteurs, supprime la consommation fonctionnelle du sucre par les muscles ; le chloroforme, le chloral, l'alcool, l'éther, modifient directement la cellule hépatique et ralentissent toutes les mutations nutritives ; les solutions de sel marin au centième, celles de carbonate, d'acétale, de valérianate, de succinate de soude, de carbonate, de phosphate, d'hyper- phosphate de soucie et de gomme arabique ; les acides chiorhydrique, phosphorique, lactique en excès, agissent en diminuant l'alcalinité des humeurs et en empêchant la combustion du sucre ; l'oxyde de carbone, l'ammo- niaque, le nitrate d'amyle altèrent les globules sanguins et les dépouillent de la propriété de fixer l'oxygène et de le transporter aux cellules. La phlorydzine est l'agent qui se prête le mieux à ces recherches. C'est un glycoside capable de déterminer, •chez le chien, une glycosurie durable et intense par la voie sous-cutanée ou par la voie stomacale. Chez la grenouille, il provoque le diabète, même après Textirpalion du foie. La glycosurie est déterminée chez le chien sans qu'il y ait glycémie; on peut l'obtenir chez des animaux privés d'aliments depuis dix-huit jours, comme chez ceux qui sont entièrement privés d'hydrocarbures. L'élimina- lion du sucre commence environ trois heures après l'ingestion de la phloridzine, s'accroît rapidement et •cesse de même trente-six heures environ après. La quan- 4,ité de sucre éliminée par l'urine varie entre 6 et 43,5 p. 100. En continuant à faire ingérer la phloridzine, on GLYCOGENIE. 169 maintient les animaux dans un état comparable à celui des diabétiques graves, puisque la glycosurie persiste même à l'état de jeune et quelle que soit l'alimenta- tion ; elle est plus considérable avec le régime gras qu'avec les hydrates de carbone el la viande. La phlo- ridzine n'exerce pas d'action sur la température du corps (F. Moritz et W. Prausnilz). La fonction glycogénique du foie peut èlre troublée par l'intermédiaire du système nerveux qui détermine une stagnation du sang dans le foie, et prolonge le contact du ferment saccharitlant avec les cellules hépatiques (Schiff). On admet généralement que les irritations du système nerveux déterminent la glycosurie en amenant des dila- tations vasculaires paralytiques ou actives, soit dans le foie, soit dans d'autres territoires vasculaires. Ces congestions provoquent la formation du ferment, hâtent la sortie du glycogène, ou empêchent les cellules hépatiques de transformer le sucre alimentaire en glyco- gène pour l'emmagasiner temporairement. M. Bouchard incline à penser que les lésions nerveuses déterminent la glycosurie en exerçant une action inhibitoire sur la nutri- tion générale ou en inhibant la fonction glycogénique des cellules hépatiques (1). « Depuis que Cl. Bernard, en 1849, a produit la glyco- surie en piquant le quatrième ventricule au-dessous de l'origine des pneumogastriques, bien des expérimenta- teurs ont réussi à déterminer l'excrétion d'urines sucrées en traumatisant tel ou tel point du système nerveux. « Ce phénomène a été obtenu par la section des couches optiques, des pédoncules cérébraux, de la protubérance, des pédoncules cérébelleux moyens et postérieurs, de la (1) Voy. le mémoire de Chauveau etKauffmann, Études sur les perturba- tions et la régulation de la fonction g lycoso- formatrice et sur les phéno- viènes de la nutrition qui sont liés à cette fonction (Recueil de méd. vét.. juin 1893.) Cadéac, — Sémiologie, 2*' édit. 10 170 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL DIGESTIF. moelle au niveau de la deuxième verlèbre dorsale, des lésions isolées, mais étendues, des cordons posté- rieurs ou antérieurs, même à la région dorsale, la sec- tion du nerf sciatique (Schiff), la section du bulbe avec respiration arlificielle, la section du ganglion cervical supérieur du grand sympathique, celle des filets sympa- thiques qui se rendent dans le canal des apophyses transverses (Pavy), celle du ganglion cervical inférieur (Eckard), celle du ganglion thoracique supérieur et l'extirpation de la gaine que l'anneau de Vieussens forme autour de l'artère sous-clavière (Cyon, Aladoiï), l'abla- tion du plexus solaire (Munck et Klebs), l'excitation du nerf dépresseur chez le lapin (Filebne, Chauffard) (1). » IV. — LRÉOGÉiVIE. Le foie est le piincipal foyer de formation de l'urée. Cette production de l'urée semble liée aux phénomènes de dénutrition qui s'accomplissent dans les divers tissus, et surtout au travail d'élaboration et de préparation des matériaux nutritifs que le foie déverse incessamment dans la circulation générale (KaufTmann). Cet organerenferme chez les mammifères une substance qui, à la manière d'un ferment soluble, transforme peu à peu l'acide urique en urée : c'est le ferment uropoiétique. Ce ferment n'existe pas chez les oiseaux qui excrètent leur azote sous forme d'acide urique et non d'urée. Murchison et Brouardel démontrent que le taux d'urée et la quantité d'urine sécrétée dépendent de deux fac- teurs principaux : 1° état d'intégrité ou d'altération des cellules hépatiques ; 2° activité plus ou moins grande de la circulation hépatique; la congestion de cet organe augmente quelquefois, dans des proportions énormes, l'excrétion de l'urée. (1) Traité de médecine de Cliarcot el Boucliard. ACTION DU FOIE SUR LES POISONS. 171 Diverses substances ingérées, glycocolle, brucine, aspa- ragine, sarcine, alanine, chlorhydrate d'ammoniaque peuvent s'y transformer en urée et augmenter son taux dans l'urine. Perrin vérifie ce fait chez un cheval qui, à la suite d'un coup de pied sur la région du foie, présente de lapolyurie. L'altération des cellules hépatiques réduit au minimum la quantité d'urée excrétée. Toute cirrhose produit, au contraire, un résultat opposé. La plupart des affections chroniques du foie [intoxications, distomatose, dégéné- rescence graisseuse), vendent les urines rares et pauvres en urée, mais on manque encore, chez les animaux, d'in- dications précises à cet égard. Ces modifications sont pourtant très importantes puis- qu'elles donnent la mesure des altérations des cellules hépatiques; la polyurie et le taux normal d'urée jugeant généralement, de la manière la plus heureuse, les ictères et les affections graves du foie. Une maladie de cet organe accompagnée d'oligurie est toujours une maladie des plus graves; la polyurie, au contraire, annonce la guérison prochaine. Il est à présumer qu'il doit exister chez les animaux, comme chez l'homme, des pigments biliaires anormaux (urobiline, etc.), qui correspondent à une atrophie ou à une dégénérescence de la glande qui brûle les matières azotées d'une manière nouvelle sinon anormale, et engendre des pigments nouveaux susceptibles de passer dans l'urine tant que le foie demeure apte à les fabriquer. Le syndrome urologique des affections hépatiques est presque entièrement à étudier chez les animaux. V. — ACTION DU FOIE SUR LES POISONS. Le foie arrête les savons, les peptones, modifie l'albu- mine du sang porte, retient, transforme ou élimine les poisons. Ce rôle a été établi par les recherches de Heger, de 172 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL DIGESTIF. Schiff, de G. -H. Roger. Ce dernier auteur est arrivé aux conclusions suivantes : Le foie arrête et retient les mé- taux lourds, les sels de cuivre, de fer et de plomb, fixe les iodures, les bromures et laisse passer, au contraire, les tels de soude et de potasse, aussi la potasse forme-t-elle les 45 p. 100 de la toxicité urinaire. Pour les alcaloïdes végétaux tels que la nicotine, la quinine, la morphine, le curare, 50 p. 100 environ sont arrêtés par la barrière hépatique. La bile résorbée dans l'intestin abandonne, dans le foie, ses substances toxiques. Les alcaloïdes animaux, dus à la putréfaction des sub- stances organiques, sont arrêtés de même. Le foie transforme la caséine (Bouchard), agit sur les sels ammoniacaux à acide organique ou carbonique, mais il ne retient l'alcool qu'en proporlion assez minime, et laisse passer l'acétone et la glycérine. L'indol, le phénol, se sulfoconjuguentdanssonparenchymeet donnent naissance à de l'indbxyl ou a du phénylsulfate ; c'est-à-dire à des corps peu toxiques. Le foie détruit les ptomaïnes, les poisons microbiens. Exceptionnellement, il peutaccroître l'activité des poisons microbiens qui le traversent, comme c'est le cas pour la toxine diphtéritique (Teissier et Guinard). De plus, la fonction d'arrêt toxique semble liée à l'in- tégrité de la fonction glycogénique : un foie qui ne con- tient plus deglycogène (chez l'animal inanitié, par exemple) laisse passer les alcaioïiles; plus le taux de glycogène hépatique augmente, plus grande est la quantité d'alca- loïdes retenus au passage. De ce rôle protecteur du foie, une nouvelle preuve est donnée par l'état de la toxicité urinaire, par les relations intimes qui l'unissent aux lésions hépatiques et à la glycosurie alimentaire. Quand le foie est incapable de fixer les matières féculentes ou sucrées, il est également incapable d'arrêter au passage les toxines d'origine intestinale ; les deux ACTION DU FOIE SUR LES POISONS. 173 fonctions sont solidaires et les cas où le foie laisse passer les substances toxiques sont ceux où sa fonction glycogénique est compromise (Chauffard). Iljoue, dans ce cas, le rôle d'une véritable soupape de sûreté, dont le libre jeu ou l'arrêt décident souvent de la guérison ou de la mort du sujet atteint d'une maladie du foie. Les symptômes toxiques appartiennent aux formes aiguës de l'insuffisance hépatique ; l'imprégnation toxique des centres nerveux réalise des symptômes analogues à ceux de l'urémie. Le foie renferme toujours des poisons. L'extrait de 15 à 20 grammes du foie préparé avec l'eau salée, à 7 p. 1000, est toxique. Les animaux semblent anéantis et ne se meuvent qu'avec peine, les pupilles se rétrécis- sent et deviennent punctiformes ; puis, au bout d'une heure ou deux, il se produit de la diarrhée, accélération de la respiration, prostration, mort quelquefois précé- dée de légères convulsions. Si l'on ouvre le thorax, le cœur continue à batlre. Après coagulation des matières albuminoïdes, il faut 167 grammes de foie (G. -H. Roger) pour déterminer la mort; les extraits alcooliques produi- sent une salivation excessive (Bouchard). Quel est le mécanisme de la fonction antitoxique du foie ? Est-ce une fonction spécifique de l'organe ? — • Les expériences de Physalix sont favorables à celle interpré- tation : le mélange au quart ou à moitié de bile de vipère et de venin neutralise le venin et l'injection sous-culanée de bile vingt-quatre à trente-six heures avant le venin produit une immunisation très nette. Cette action immu- nisante serait due au glycocholate et au taurocholate de soude el la cholestérine posséderait à la fois des propriétés neutralisantes et vaccinantes. D'autre part, Vincenzi a constaté que la bile des ani- maux qui ont reçu dans les veines une petite quantité de toxine tétanique acquiert des propriétés antitoxiques ; 10. 174 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL DIGESTIF. Koch, que la bile des animaux morts de peste bovine contient une substance immunisante; Frantzius, que dans la bile des animaux rabiques existe une antitoxine qui n'existe pas dans la bile de l'animal sain ; Galmette, que la bile exerce une action anlitoxique sur la toxine tétanique et les venins. VI. — SYNDROME ICTÈRE. Définition. — Caractères cliniques. — On désigne sous le nom dHctére, un syndrome caractérisé par une colo- ration jaune spéciale des téguments et des muqueuses due à leur imprégnation par la matière colorante de la bile. L'urine élimine ce même pigment biliaire; elle devient jaune foncé ou jaune brun, tirant sur le vert, caractéris- tique de la teinte ictérique. Cette coloration se manifeste d'abord au niveau des muqueuses apparentes, principa- lement de la sclérotique, de la conjonctive, puis c'est la muqueuse buccale, la peau fine comme celle du ventre, de la face interne des cuisses «jui s'imprègnent graduelle- ment et passent par diverses teintes depuis le jaune pâle, le jaune-citron, jusqu'au jaune verdàtre quand l'ictère est intense. Mais cette imprégnation ne se limite pas aux parties superficielles, le plasma sanguin surchargé de pigment biliaire le fixe dans la plupart des tissus; la graisse, le tissu conjonctif, le périoste, le périchondre, les muqueuses, les os, les muscles, les reins se font remarquer par leur jauneur; les ligaments, les tendons, les cartilages moins pénétrables sont moins colorés ; les liquides, les sérosités, les produits de sécrétion, le sérum sanguin sont très jaunes; l'encéphale, la moelle et les nerfs, le pancréas, les glandes salivaires, la salive, les larmes restent seuls incolores. Le foie paraît quelquefois injecté de bile, les voies biliaires renferment de véritables calculs pigmentaires SYNDROME ICTERE. 17o en miniature, et les cellules hépatiques remplies de granulations jaunes irrégulières succombent à cette infillration pigmentaire, le noyau ne se colore plus. Les hémorragies peuvent être attribuées à l'insuftlsance de la nutrition. L'ictère itrinaire est aussi caractéristique que l'ictère organique; le pigment biliaire imprègne Tépithélium des tubuli, détermine de la dégénérescence granulo-grais- seuse, de la néphrite épithéliale, et passe dans les urines plus vite même qu'il ne se dépose dans les tégu- ments. Les urines ictèriques sont jaune foncé, ou jaune verdàtre ; on peut y déceler la présence du pigment biliaire par le procédé classique de Gmelin. L'urine est placée dans un verre conique et Ton fait couler lentement, le long des parois, une certaine quantité d'acide azotique nitreux, l'acide tombe au fond du verre el au niveau de la zone d'affleurement des deux liquides se forme une série d'anneaux colorés qui sont, de haut en bas, verts, violets, jaunes, mais la teinte caractéristique, celle qui prédomine toujours, c'estla teinte vert-émeraude, due à la transformation, par oxydation, de la bilirubine en biliverdine. Quand l'urine ne renferme qu'une très petite quantité de pigment biliaire, on peut filtrer l'urine et déposer ensuite une goutte d'acide au centre du filtre étalé ; les anneaux colorés formeront, à l'entour, une série de zones conceniriques très nettes. Si l'urine est trop fortement colorée, il suffit de la diluer pour rendre la réaction plus nette. Conséquences de l'ictère. — L'accumulation de la bile dans le sang et dans les urines est suivie de troubles fonctionnels importants. Le tube di;jef>lif, généralement privé de la quantité de bile nécessaire à son fonctionnement, ne peut plus digérer les graisses ; les matières fécales sont décolorées, 176 SEMIOLOGIE DE L APPAREIL DIGESTIF. argileuses, graisseuses (stéarrhée) ; elles renferment des cristaux d'acides gras; la nutrition générale est com- promise; les fermentations anormales se développent et l'auto-intoxication vient aggraver les troubles digestifs. A rauto-intoxication d'origine digestive, s'ajoute l'auto- intoxication d'origine biliaire. La bile est un produit des plus toxiques. La bile de bœuf, étendue de deux fois son volume d'eau et injectée dans les veines du lapin, produit la mort à la dose de 4 à 6 centimètres cubes de bile pure par kilogramme d'ani- mal ; décolorée par le charbon, elle perd les deux tiers de sa toxicité. La bilirubine tue à la dose de o centigrammes par kilogramme. Les sels biliaires, quoique toxiques également, le sont dix fois moins que la bilirubine, et, à volumes égaux, la bile est neuf fois plus toxique que l'urine (Bouchard). Contre cette auto-intoxication biliaire permanente, luttent la reprise par le foie d'une partie de la bile excrétée (Schiff), la précipitation dans l'intestin d'une certaine quantité de pigment biliaire devenu insoluble, la combustion dans le sang et les tissus des acides biliaires et de la faible quantité circulante de bilirubine. La protection hépatique et intestinale fait défaut dans le cas d'ictère par rétention, mais l'imprégnation pig- mentaire des tissus fixe et neutralise une large part de la toxine la plus active, la bilirubine, en même temps que le jeu de l'émonctoire rénal maintient à un taux suffisant la dépuration organique. L'imperméabilité ré- nale devient alors le plus grand danger (Bouchard). Par la bilirubine, et aussi par ses acides biliaires, la bile est donc un vrai poison qui intoxique certains organes d'élimination, comme le rein qu'il frappe de néphrite parenchymateuse, et le système nerveux central. Par l'intermédiaire de ce dernier, elle exerce une action toxique spéciale sur le cœur. La bilirubine, en effet. SYNDROME ICTERE. 177 ralentit d'abord les pulsations cardiaques, puis les accé- lère, mais la pressioi\ reste abaissée parce que les systoles sont moins complètes (De Bruin). Des expériences analogu(!S, faites avec le taurocholate et le glycocholate de soude, ont donné, pour le premier, un ralentissement notable du pouls, pour le second, de la tachycardie et surtout de l'hypotension artérielle. Mais la toxicité cardiaque de la bilirubine est double de celle du glycocholate de soude, et la matière colorante de la bile semble pour le cœur un poison bien plus nocif que les sels biliaires. Ceux-ci portent leur action sur tout l'ensemble de l'appareil nervo-musculaire du cœur; ils paralysent à la fois et le myocarde et les ganghons excito-moteurs et frénateurs du cœur. Le ralentissement du pouls provoqué par l'injection veineuse des sels bi- liaires persiste après la section des pneumogastriques (Chauffard). Le cœur est frappé d'asthénie, puis d'une véritable myocardite par intoxication biliaire; tous les échanges nutritifs sont altérés et le pouvoir glycogénique du foie lui-même se Irouve modifié. Les expériences de Dastre et Arthus ont montré que la biligénie et la glycogénie sont complémentaires consé- quentes l'une à l'autre et résultent d'une même opération de chimie intracellulaire. Si, par la ligature d'un seul des quatre canaux hépa- tiques du chien, on produit une rétention biliaire partielle dans le foie, on peut, chez le même animal, au même moment (du sixième au quinzième jour) comparer une portion de foie ictérique à une portion d'organe restée saine. L'évaluation de la teneur du parenchyme ictérique en sucre lolal (sucre -\- glycogène) montre un abaissement constant du pouvoir glycogénique, et cela dans la propor- tion de 13 ou 12 à 10 environ. La détermination directe et distincte du glycogène par la méthode Kùlz conduit au même résultat. 178 SEMIOLOGIE DR L APPAREIL DIGESTIF. « Cette modification du pouvoir glycogéuique, même dans ces limites restreintes, doit exercer un retentisse- ment appréciable sur la nutrition. Elle explique, étant données les relations de la production glyoogénique avec l'activité musculaire et la chaleur animale, l'influence sur l'organisme entier d'une altération de la fonction biliaire, même aussi simple et aussi passagère que l'icl ère de cause mécanique. )> (Dastre et Arthus.) L'affaiblissement de la nutrition diminue la résistance des vaisseaux etprépare les hémorragies finales; il déter- mine aussi l'affaiblissement des forces; les sujets mai- grissent, ils sont paresseux, restent couchés etse déplacent difficilement; ils finissent par tomber dans l'inertie la plus complète. La cachexie et la mort en sont fréquem- ment la conséquence. Pathogénie. — Sa production est, chez tous les ani- maux, le résultat de la résorption intrahépatique du pig- ment biliaire normal ou modifié. Cette résorption est provoquée par l'inversion du courant sécrétoire biliaire, déterminée elle-même par une exagération de la pres- sion dans les voies biliaires, de telle sorte que la bile rencontrant une pression moindre au niveau des lympha- tiques s'y engage et pénètre ainsi en plein torrent circu- latoire. Si la biligénie est une fonction normale de la cellule hépatique, l'ictère en est la fonction morbide nécessitant pour son accomplissement deux actes bien définis, la rétention et la résorption de la bile dans le foie. Tous les obstacles mécaniques qui s'opposent à l'écou- lement de la bile doivent, dès lors, déterminer une stase biliaire suivie de résorption ou d'iclère par rétention. Ce mode pathogénique se confirme par l'expérimentation et la clinique. Saunders ligature le canal cholédoque chez le chien, et, deux heures après, il constate la coloration jaune du sang sus-hépatique et de la lymphe provenant du foie. SYNDROME ICTÈRE. 179 La glande hépatique possède autant d'activité pour résorber que pour sécréter; une simple modification de pression peut changer brusquement le cours de la bile, comme le montre l'expérience suivante. On engage, dans le cholédoque, le tube d'un manomètre plein d'une solution de sulfate d'indigo, les téguments et les tissus se colorent en bleu dès qu'on augmente la pression verticale du liquide et l'on reproduit ainsi l'image parfaite de l'ictère par résorption intrahépatique. Cette résorption ne s'accomplit pas avec la même facilité chez tous les animaux : chez le cobaye et le lapin, la liga- ture du cholédoque ne détermine ni ictère, ni passage du pigment biliaire dans les urines; chez le chat, l'ictère est très tardif; chez le chien, il est plus rapide et plus constant ; chez le mouton, il est aussi plus facile à pro- duire. Du reste, l'injection veineuse de bile ne provoque pas infailliblement l'ictère ; une injection massive et rapide tue l'animal avant que l'ictère ait eu le temps de se pro- duire (Feltz et Ritter). Pratiquée lentement (Vulpian, 2o0 grammes en trois jours chez le chien), elle donne des résultais positifs; l'injection veineuse de bilirubine pure reproduit également l'ictère (Bouchard). L'ictère par rétention peut se manifester quand des tumeurs, développées sur le canal cholédoque, le com- priment ou effacent sa lumière, quand il est obstrué par des calculs, des douves hépatiques, des échino- coques, comme on l'observe fréquemment chez les rumi- nants. Dans la plupart des ictères des animaux, le catarrhe du canal cholédoque est la cause de l'obstruction, la rétention biliaire est manifeste; l'ictère catarrhal est un ictère hépatogène. Les obstructions des canaux biliaires par des tumeurs, par des parasites, par du tissu fibreux de sclérose, déterminent le même résultat. Jusqu'ici l'ictère est considéré comme un symptôme 180 SEMIOLOGIE DE L APPAREIL DIGESTIF. exclusivement hépatogène; ii'existe-t-il pas d'ictères héma togènes ? Cette question a été résolue affirmativement, au début, par l'expérimentation. L'injection de sang défibriiié sous la peau, l'ingestion d'hémoglobine ou son injection dans une grande séreuse ou dans les veines rendent la bile épaisse, filante, foncée, doublent son taux pigmentaire et font apparaître des pigments biliaires dans le sérum et l'urine. Qu'on injecte, de même, la bilirubine, le foie concentre et excrète encore l'excès du pigment (îirculant. l'ictère tégumentaire et urinaire se montre seulement si les limites de l'activité biligénique normale du foie sont dépassées. L'hémoglobinémie expérimentale, déterminée par des injections d'eau dans les veines des chiens (Hayem), par des inhalations d'hydrogène arsénié (Naunyn et Stadel- mann), par ingestion de la morille rouge (Ponfick), de toluylendiamine et de phosphore (Afanassiew, Stadel- mann),épaissitetfoncelabile parhypercholie pigmentaire, provoque l'hémoglobinurie et un ictère proportionné au degré de destruction globulaire. Les ictères consécutifs à de vastes brûlures, à l'em- poisonnement par le naphtol, l'alinine, etc., se pro- duisent par le même mécanisme. L'hypercholie pig- mentaire prévient souvent même l'hémoglobinurie et l'ictère, de sorte que le foie garde encore ici le rôle essentiel. La lupinose est également caractérisée chez le mouton, la chèvre, le bœuf, le cheval par un ictère qui précède l'atrophie aiguë du foie et qui est sans doute engendré par le même mécanisme que les précédents. C'est à la même transformation du pigment sanguin qu'est dû l'ictère consécutif à l'empoisonnement par l'opium, aux morsures de serpents ou aux maladies septiques ou infectieuses qui provoquent de l'hémoglobinémie (sep- ticémie, fièvre typhoïde des solipèdes, pneumonie con- RATE. 181 tagieuse du cheval, charbon, etc.). Les ictères infectieux du chien ont la même origine (1). Les produits chromogènes provenant de la destruction des hématies s'opèrent dans le foie. Les ictères toxiques ne sont que des ictères par rétention relative, résultant d'une hypersécrétion, d'une hyper- tension dans les canaux biliaires, suivie d'une résorption finale; les ictères de cause mécanique sont des ictères par rétention absolue. VU. — RATE. Topographie. — Chez le cheval, la rate est située dans ia région diaphragmatique de l'abdomen, tout près de i'hypochondre gauche, comme suspendue à la région sous-lombaire et à la grande courbure de l'estomac par un frein séreux. Sa face externe est en rapport avec la portion charnue du diaphragme, l'interne touche le gros côlon. La base répond au rein gauche et à l'extrémité gauche du pan- créas. Chez les l'unnnants, la rate adhère au^diaphragme et au sac gauche du rumen; chez les carnivores, elle est suspendue au grand épiploon, à une certaine distance du sac gauche de l'estomac. Exploration. — La rate est inexplorable chez les grands animaux domestiques. Exceptionnellement, elle peut déterminer, chez le chien et chez le chat, un bombe- ment du flanc gauche, quand elle est très hypertrophiée. Palpation. — A la palpation, les tumeurs de la rate se distinguent de celles du foie par leur position plus cen- trale ; on peut du reste arriver à percevoir un inlervalle entre la rate et le foie. L'inflammation de la raie (splé- îiite, etc.), très rare à observer, se traduit par une exa- . ^1) Voy. Pathologie interne de V Encyclopédie vétérinaire. Cadéag. — Sémiologie, 2'^ édit. I. — il 182 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL DIGESTIF. gération de la sensibilité au niveau de l'hypochondre gauche, à la hauteur de la deuxième à la quatrième ver- tèbre lombaire. Les autres altérations de cet organe ne peuvent être reconnues. La rate échappe à la plupart des lésions banales qui atteignent les autres viscères; mais elle joue un rôle des plus importants dans les maladies infectieuses. Le tissu splénique se congestionne, augmente de volume dès que des microbes pathogènes circulent dans le sang. Dans le charbon, les vaisseaux, les veines de la pulpe se rem- plissent de bâtonnets dirigés dans le sens du courant; le viscère est mou, peu tendu, hypertrophié. Cette conges- tion splénique, qui accompagne la plupart des pyrexies, est probablement en rapport avec la propriété que pos- sède cet organe, de délruire et de foi mer des globules sanguins. La rate est le siège de congestions chroniques dans les maladies du foie avec gêne de la circulation de la veine porte ; il en est de même dans les maladies du cœur qui s'opposent à la circulation de retour. Les congestions chroniques de cet organe sont suivies d'un certain degré de splénite interstitielle avec induration, épaississement de la capsule. On y trouve aussi beaucoup de tumeurs. SIXIÈME SECTION ABDOMEN EN GÉNÉRAL Après avoir examiné chaque organe en particulier, if est nécessaire d'envisager la cavité abdominale dans son ensemble, afin d'en tirer quelques indications générales sur l'état du péritoine et des organes qu'il renferme. Exploration. — Les moyens d'investigation, suscep- tibles d'être utilisés, sont : l'inspection, la palpation, la percussion, l'auscultation, la ponction, la mensuration. ABDOMEN EN GÉNÉRAL. 183 Inspection. — C'est en comparant l'abdomen et le tho- rax qu'on peut aisément se rendre compte des varia- tions subies par la première de ces cavités. Physiologiqiicmcnt , la forme, le volume de l'abdomen varient avec la race, le sexe, l'alimentation et le travail. C'est ainsi que les chevaux de sang ont moins de ventre (lue les chevaux de race commune; les femelles ont le ventre beaucoup plus développé que les mâles, surtout pendant la gestation. Après plusieurs parturitions, le ventre reste volumineux. Chez les solipèdes, l'abdomen a des formes très variables. On peut distin{^uer : le ventre de vache, le ventre levrette, le ventre de biche, le ventre de foin, le ventre plein. Les chiens et les porcs très gras ont égale- ment le ventre volumineux. L'alimentation intensive et condensée le rétrécit; au contraire, une alimentation abondante, grossière, en amène la dilatation. Il arrive fréquemment que chez les jeunes chiens, après un repas copieux, on voit l'abdomen se dilater considérablement. Les animaux destinés à fournir un travail de vitesse {chevaux de course, chiens de chasse) ont au contraire le ventre levrette, peu développé. C'est l'inverse chez les sujets qui restent à l'étable : le b'cufà. l'engrais, par exemple. Ces considérations sont importantes pour le praticien, qui ne doit considérer comme pathologique qu'une dila- tation extrême de la cavité envisagée. En tout cas, un œil exercé est indispensable pour apprécier les variations de volume : augmentation ou diminution. a. L'augmentation anormale de la circonférence abdo- minale reconnaît une foule de causes : l'accumulation de grosses masses alimentaires dans l'estomac et l'intestin, dans le csecum et le côlon chez le cheval, dans la panse chez les ruminants, dans l'estomac chez le chien. L'accumulation de gaz dans ces organes (coliques ven- teuses, tympanite aiguë ou chronique), de liquides dans 184 SEMIOLOGIE DE L APPAREIL DIGESTIF. le péritoine (ascite, rupture de la vessie), la réplélioii anormale de la vessie (paralysie, calculs), la présence de volumineuses tumeurs du fuie (carcinome, échino- coque), de la rate (leucémie), des reins (hydronéphrose, carcinomes), des glandes mésentériques (tuberculose du porc, cancer), des ovaires (kystes), de l'intestin (carci- nomes), de la prostate (abcès, carcinomes) et de l'utérus .hydroniétrie, pyométrie, hydropisies des ligaments de l'œuf) sont autant de causes amenant fatalement la dis- tension des parois abdominales. Les processus pathologiques aboutissant à ce résultat sont si nombreux qu'on ne peut tirer de conclusions précises de la simple inspection. C'est la palpation qui complète les renseignements que le praticien aura pu acquérir de visu. C'est tout au plus si le renseignement suivant peut avoir une valeur diagnostique, à savoir qu'un épanchement de liquide dans la cavité abdomi- nale occupe les parties inférieures et latérales, les gaz siégeant au contraire dans les parties supérieures. b. La DiMiis'UTiOM de volume de la cavité abdominale est la conséquence d'une alimentation altérée, prolongée pendant quelque temps; elle apparaît également très vite dans l'inappétence, dans la diarrhée profuse avec consomption générale intense, à la suite de fièvres, de douleurs, etc. ; elle se produit lentement dans une foule d'altérations digestives et alimentaires chroniques (ca- chexie). En général, elle est la conséquence de presque toutes les maladies internes. Certains états intlamma- toires du péritoine, les contractions de la tunique mus- culaire, le tétanos, sont autant de causes de rétrécisse- ment de la cavité abdominale. Ce retrait de l'abdomen s'annonce extérieurement par une obliquité plus prononcée de la ligne inférieure du ventre, par une tension anormale de la paroi inférieure du flanc (ventre levrette) ou par la dépression de la région supérieure (fosse de misère). ABDOMEN EN GÉNÉRAL. 185 Outre cos augmentations et ces diminutions de volume g ;nérales (le la cavité abdominale, il arrive fréquemment qu'on rencontre des dilatations partielles, locales d'un grand intérêt pour le clinicien et pour le chirurgien. Elles peuvent siéger un peu partout, mais surtout dans les parties déclives, être la conséquence de la hernie ombi- licale, de la hernie abdominale du flanc, de la hernie i iguinale (cette dernière entraîne souvent la production d' coliques); elle peut apparaître chez nos petils ani- maux dans la région ombilicale à la suite d'a'^cite, ou au voisinage du cartilage xiphoïde dans le cas de gastrite traumatique ou d'empoisonnement par l'arsenic. Les parois abdominales peuvent de plus refléter des états particuliers de l'animal : c'est ainsi qu'il est aisé de sen- tir les mouvements du fœlus dans le cas de gestation, de reconnaître un péristaltisme intestinal intense chez les petits animaux à tuniques lâches. Palpation. — Elle permet de se rendre compte de la tension, de la sensibilité de la cavité abdominale, de la grosseur, de la forme, de la consistance, de la position des différents organes inclus. La tension varie avec l'es- pèce, la race, l'individu, l'état alimentaire; il en est de même pour la sensibilité au toucher (juments pisseuses). Le diagnostic des états pathologiques est également très difficile chez les animaux indolents, phlegma- tiques (le bœuf, par exemple), parce qu'ils n'expriment pas la douleur vive qu'ils ressentent. Certains chiens défiants, peureux, répriment la douleur qu'ils éprouvent. Chez nos grands animaux domestiques à peau épaisse, à tissu conjonctif abondant, la pression ne peut sou- vent pas êtie faite avec assez d'énergie pour atteindre les organes abdominaux ; souvent aussi les inflamma- tions douloureuses de la peau et des muscles du ventre peuvent donner le change et faire croire à des douleurs internes. On comprend donc combien, dans tous ces cas. iS6 SEMIOLOGIE DE L APPAREIL DIGESTIF. le diagnostic est rendu difficile, combien aussi la palpa- lion doit ètce faite méthodiquement et avec précaution. Elle se fait difîéremment suivant que l'on a affaire à lin grand ou à un petit animal. Chez le cheval et le bœuf l'opérateur tourne le dos à la tête du sujet, appuie une main sur le dos, tandis qu'avec l'autre, posée à plat, il explore les différentes régions. Il palpe en avani, en arrière^ sur les côtés, en appuyant plus ou moins forle- ment, suivant que les parties touchées sont peu ou très Jépressibles. Chez les animaux sensibles, il faut redoubler de pré- cautions, les caresser, les aborder par toute la sur- face de la main, le contact des doigts ou des ongles pouvant les impressionner et provoquer des mouvements de défense. Pour éviter les coups, il faut se placer autant que possible en avant, et procéder à l'exploration en position latérale baissée. Chez les ijetits animaux, les chiens par exemple, la palpation peut se faire sur l'animal debout ou couché, l'explorateur la pratique alors à l'aide des deux faces palmaires. Quoi qu'il en soit, qu'on ait affaire à un cheval on à un chien, la pression ne doit pas être brusque, mais pro- gressive et continue; quand il en est autrement, l'animal s'y soustrait brusquement en contractant les muscles abdominaux. La tension de la paroi ventrale est la conséquence de la péritonite, de l'inflammation slomaco-inleslinale, du tétanos; elle est, dans tous ces cas, accompagnée d'une augmentation de circonférence et, par conséquent, de tympanile. La tunique abJominale est, au contraire, molle; relâ- chée dans le cas d'hydropisie, d'ascite, ou par suite d'une diète prolongée. Toujours, quand il y a sensibilité exa- gérée, on peut en déduire une inflammation soit des tuniques, soit des organes. ABDOMEN EX GÉNÉRAL. 187 Percussion. — Elle se pratique chez le Lœuf etle che- val à l'aide d\in plessimèlre et du marteau à percus- sion; chez nos petits animaux, avec les doigts. Dans les deux cas, il ne faut pas oublier que plus la paroi est f'îpaisse, plus le son obtenu est mat et plus il faut frapper fort. Suivant que Tintesliii renferme de Pair, des matières peu ou très consistantes, le son est lympanique, mat, très bas. Quand le tube intestinal est distendu par les gaz, ses parois vibreni, on obtient alors, chez les animaux malades, un son tynipanique,clair ou métallique, parfois même le son plein. On obtient un son mat quand il y a 4nmeur; il peut même arriver, dans le cas d'ascite, par t'xemple, que la matité change suivant la position de ranimai. Auscultation. — C'est la perception des bruits de la •cavité abdominale, bruits produits par les mouvements périslaltiques de l'intestin, lesquels varient suivant son état de plénitude ou de vacuité, et suivant la nature des substances qu'il renferme. Pour percevoir tous ces bruits, l'observateur se place la tête tournée vers la croupe de l'animal et applique successivement l'oreille sur les deux faces de l'abdomen. Chez les grands animaux, il est nécessaire de rester en contact avec l'animal en appuyant la main sur le dos : on commence l'auscultation par les parties antéro-infé- •rieures et Ton remonte petit à petit, en se j'approchant du flanc; tout en évitant toutefois les atteintes de l'ani- mal. 11 est indiqué d'attacher court les chevaux méchants ■ou de les faire tenir en main par un aide robuste, afin de se mettre à l'abri des dents de l'animal. 11 faut égale- ment se défier des atteintes de la rotule quand les animaux soulèvent le membre postérieur. 11 va de soi que si la peau est sale, il est facile d'intercaler entre l'animal ■et l'oreille du praticien un tablier ou un lin^e propre. 188 SEMIOLOGIE DE L APPAREIL DIGESTIF. Chez le bœuf, ces mouvements sont très importants pour le diagnostic; chez le cheval et les autres animaux, ce sont surtout les bruits inteslinaux qui peuvent éclai- rer le praticien dans la détermination de la maladie. A l'état normal, ces bruits sont facilement perçus, leur caractère physiologi((ue est déterminé par l'endroit où ils se produiseut et la composition du contenu intestinal. Dans l'intestin grêle dont le contenu est le plus souvent liquide ou semi-liquide, ces bruits sont claquants ou bruyants ; ce sont des bruits liquides, de cascade, de roucoulement ou de glouglou. Ceux du gros intestin chez le cheval, de la panse chez le Lœuf ont le caractère des bruits produits par des solides. Quelquefois sourds, d'autres fois roulants ou donnant la sensation de gar- gouillement, de tapage, etc. (V03'. Exploration de ces organes). Ces bruits sont d'autant plus intenses que la pression péristaltique est plus intense, et la tension de la paroi intestinale plus grande. Sous ce rapport, on distingue des bruits très hauts, hauts, faibles et très faibles. Chez l'animal sain, les bruits ne sont pas toujours entendus ni perçus avec la même force et le même caractère. Quand l'animal a ingéré une certaine quantité de liquide et après le repas, ils sont plus clairs, plus intenses, plus nets. L'absence complète et permanente de ces bruits an- nonce l'existence d'un état pathologique. Quand ils existent, leur intensité varie suivant qu'on est à droite ou à gauche : c'est ainsi que le périslallisme de l'intestin grêle est plus net à droite, celui du gros intestin à gauche. Les médicaments peuvent renforcer, diminuer ou sup- primer les bruits intestinaux; quand la muqueuse est excitée, le bruit devient plus fort. Les catarrhes intesti- naux, les inflammations superficielles de l'intestin, l'ingestion de purgatifs renforcent le bruit perçu. ABDOMEN EX GÉNÉRAL. 189 Par contre, les bruits sont diminués ou supprimés quand Tintestin esl obstrué ou paralysé. C'est ce qui arrive, par exemple, dans la tympanile intense, l'inilammation grave de la muqueuse intestinale, les variations de position de l'intestin, la péritonite, différents empoisonnements par ingestion de stiptiques. 11 arrive assez souvent que les bruits sont altérés par suite de coliques ou de paralysies partielles du cœcum et du côlon. Dans les coliques nerveuses compliquées de crampes, on entend parfois un bruit particulier claquant, donnant l'impression d'une goutte d'eau qui tombe d'une certaine hauteur sur une plaque métallique résonnante. Ce bruit s'explique par la difféience de tension qui existe entre les différenls segments de l'intestin et le passage de gaz d'une région dans laquelle ils sont à haute pression dans une autre où la pression esl beaucoup moindre. Ce bruit n'est pas pathognomonique des coliques, on l'ob- serve en outre dans la méléorisalion. Ponction. — La ponction de la cavité abdominale, à l'aide d'un trocart ou de l'appareil Dieulal'oy, permet de reconnaître l'existence et la nature d'un épanchement liquide dans le péritoine. Cette opération doit être pra- tiquée en observant scrupuleusement les règles indi- quées (1). Mensuration. — On détermine la circonférence de l'abdomen en le mesurant. On peut démontrer ainsi la présence d'un liquide dans la cavité abdominale et cons- tater son augmentation ou sa diminution. (1) \o\. Manuel opératoire de V encyclopédie vétérinaire. il. SEMIOLOGIE DE L'APPAREIL RESPIRATOIRE PREMIERE SECTION NEZ ET CAVITÉS NASALES I. — NEZ. Inspection. — Vlmpcclmi extérieure du nez rend compte de son degré de sensibililé, de sécheresse, d'humidité, elle fait apprécier le gondemenl ou les déforinalions de la peau des parties osseuses ou cartilagineuses. a. Cette région est le siège de démangeaisons dans les maladies suivantes : noir-museau [gale du mouton), coryza parasitaire du chien et du mouton, maladie du jeune âge chez le chien, chez le chut, eczéma de la peau chez le cheval. Les grands animaux se frottent le nez contre les membres antérieurs et tous les objets durs ; les petits animaux y portent fréquemment les pâlies comme pour en arracher un corps étranger. On prétend que le groin du porc envahi par les cysticerques du Tsenia solium est insensible, mais ce fait n'est pas prouvé. Parfois le bout du nez est dévié à droile ou à gauche et affecte ane position asymétrique (paralysie simple ou double du facial). b. A l'état normal, le bout du nez du bœuf, du porc el du chien est humide et rosé. Ce caractère dépend des glandes •sébacées très abondantes dans celle région et de l'ha- NEZ. 191 flDitude qu'oHl ces animaux le bœuf surloni; d'y passer la langue. La dessiccation et la sécheresse du nez se produisent sous l'influence d'une (lèvre intense qui tarit les sécrétions; quand la réaction fébrile se prolonge, il se parcheminé et çeut même se gercer et se fendiller. Le nez est souvent souillé par du jetage limpide, séreux, rouillé, brunâtre, noirâtre, albuniineux ou purulent; par ■des croûtes jaunâtres, grisâtres ou noirâtres. c. Les déformations duhoul du nez résultent d'œdèmes,de «écroses, d'éruptions, de tumeurs, de plaies, de cicatrices. i° L'œdème du bout du nez est un signe caractéristique •de la fièvre pétéchiale ; il accompagne la gourme du ■clieval] il est très fréquent dans le horsepox, dans la morve aiguë, dans les abcès profonds de la région guttu- rale ou parotidienne dans la se/)?tc(?mie, consécutive à des •traumatisraes de l'orbite, de la bouche ou des cavités nasales, dans les blessuresdela tête ou du cou quand l'ani- mal tient la tète abaissée, dans les stomatites déterminées par le trèfle, dans l'eczéma chronique de la face, chez les solipèdes et chez tous les animaux qui manifestent du {)rurit au niveau de cette région. " Le bœuf atteint de coryza gangreneux, le mouton affecté ■de peste bovine ou de charbon contracté par ingestion, les animaux piqués par des vipères offrent également un •engorgement du nez. 2° Les éruptions consistent dans des pustules chez le cheval, atteint de horsepox ; dans des bulles et des vési- cules chez le bœuf q\. le pave atteints de fièvre aphteuse ; dans des pustules rouge violacé chez le chien frappé de -gale démodectique ; dans des vésicules et des croûtes chez le mouton galeux ou affecté de noir-museau; dans des furoncles et dans des abcès résultant, chez le chien, d'implantation de corps étrangers ou d'une forme spéciale de la maladie du jeune âge caractérisée par des inflamma- "tions phlegmoneuses des lèvres et du nez. 102 SÉMIOLOGIE DE L'aPPAREIL RESPIRATOIRE. 3° Les tumeurs se résument dans des papillomes et des verrues qui, chez le chien, occupent, en même temps, les lèvres et la bouche; dans des fibromes communs chez Viine el le mulet ; dans des sarcomes, des carcinomes et des épithéliomes qu'on rencontre à peu près exclusivement chez le chien âgé ; dans des tumeurs osseuses, des gonflements, des déformations du groin, chez le porc atteint de rachitisme ou de maladie du reniflement. 4" Desplaies succèdent à la préhension de liquides trop chauds, à l'administration de fumigations bouillantes, ou sont consécutives à des morsures, à des ulcérations, à des élevures et à des tubercules chez les soiipèdes morveux ; à des pustules et à des vésicules, à des nécroses du tégument chez le bœuf atie'ml de coryza gangreneux; à l'écoulement prolongé d'un jetage irritant; à des ulcéra- tions incurables chez le chat affecté de cette maladie improprement désignée sous le nom de cancroïde. 5" La nécrose du cartilage des ailes du nez complique quelquefois les plaies contuses, les déchirures, les fractures. 6° Les cicatrices sont toujours reconnues par l'absence de pigment; elles indiquent des éruptions disparues (clavelée, liorsepox) des blessures anciennes (brûlures) ou l'application fréquente du tord-nez; la disposition circulaire de la cicatrice permet d'affirmer qu'elle provient d'une application trop brutale de ce moyen de contention. II. - CAVITÉS NASALES. I. Exploration. — a. Inspection externe. — Vexamen extérieur des cavités nasales peut révéler des contusions, des hématomes sous-cutanés, des plaies par instruments piquants, tranchants ou contondants, des déchirures, des déformations, des fistules, des kystes sébacés au niveau de la fausse narine, des fibromes au niveau de la muserole ou du rhinosclérome éléphantiasique caractérisé par CAVITES NASALES. 193 l'épaississement el l'induration des lépumenls, des inflammations, des fistules, des fractures des sus-naseaux el même du maxillaire supérieur déterminées par des Fig. 23. — Coupe transversale montrant la disposition des cavités nasales et de la bouclie. 1, fosse nasale. • — 2, cornet supérieur. — 3, cornet inférieur. — 4, section médiane du nez. — 5, partie centrale de la cavité buccale. — 6, 6, parot latérale de la même. — 7, coupe de langue. (Chauveau et Arloing.) coups de pied; ces lésions sont fréquemment suivies de l'œdème de la face, d'emphysème sous-cutané et d'un jetage spumeux et sanguinolent ou d'épista.xis. On peut constater aussi la paralysie d'une ou des deux fausses narines résultant de l'inertie du muscle petit sus- maxillo-nasal. 194 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL RESPIRATOIRE. b. Inspection interne. — V exploration interne des cavités nasales peut s'efTecluer chez les animaux couchés ou debout; elle donne les meilleurs résultats chez le cheval parce que ses naseaux, très vastes, se dilatent l'acileuienl. Le bœuf se prête peu à cette inspection en raison de l'étroitesse des naseaux ; on peut constater cependant des ulcérations ou des véfçélalions. Les petits ruminants et les carnivores ne laissent apercevoir que 'l'entrée des cavités nasales, aussi les moyens employés pour pratiquer cette inspection, comme les résultats qu'elle donne, s'appliquenl-ils exclusivement au clieval. On peut procéder à cet examen ; i" à l'œil nu et par la palpalion; 2° à l'aide du miroir réflecteur; 3° à l'aide de rhinoscopes à lumière externe. Les spéculums nasi univalves, bivalves ou lubulaires ne sont pas usités. \° L'a't/ nu suffit généralement quand l'animal est debout et que la lumière arrive directement dans les cavités nasales. On peut opérer avec ou sans aide ; avec aide, on appuie l'une des mains sur le chanfrein et on utilise le pouce et l'index de l'autre main pour soulever l'aile interne du nez et pour l'ouvrir largement; sans aide, on relève la tête d'une main et on écarte le plus possible les ailes du nez avec les deux premiers doigts de l'autre main. On immobilise les animaux irritables à l'aide d'un tord-nez appliqué à la lèvre inférieure ou à l'oreille. L'examen des deux cavités nasales doit êlre successif : l'opérateur qui écarte les deux naseaux à la fois, un aide soutenant la tète, juge très imparfaitement de l'état de la pituitaire dans les parties profondes. Quand on explore soigneusement chacune des cavités, on peut apprécier les caractères de la muqueuse sur une hauteur de 12 cen- timètres environ. C'est fréquemment sous l'aile interne du nez, qu'il faut soigneusement relever, que siègent les tubercules et les chancres caractéristiques de la morve chronique. CAVITÉS NASALES. 195 La palpation fail sentir les altérations qu'on n'a pu voir, €t préciser les caractères de celles que l'inspection a fait découvrir. Le pouce convient très bien pour cette explo- ration, ronj,'le étant coupé très court et la main appliquée sur le chanfrein, ce doigt, placé dans l'extension et intro- duit dans la cavité nasale, perçoit des masses molles et glissantes constituées par du jetage desséché, des saillies dures, résistantes, dénonçant des tumeurs, des abcès fluctuants, des ulcérations à bords mous, déchiquetés, indices de morve. Cette exploration ne doit être pratiquée que lorsqu'une maladie grave peut être soupçonnée glande dans l'auge) et doit être suivie d'une désinfection complète; c'est le moyen d'éviter de servir de véhicule aux germes conta- fMCux ou d'en être la victime. Le palper digital renseigne aussi sur l'état de l'extré- mité inférieure des cornets. Chez le Jjœuf, on peut explo- rer l'orifice pharyngien des cavités nasales, en immobili- sant les mâchoires à l'aide d'un spéculum buccal solide et en introduisant la main en supination dans le pharynx, les doigts recourbés derrière le voile du palais peuvent atteindre cet orifice. 2° Le miroir réflecteur permet d'examiner les animaux pendant la nuit et de compléter les renseignements four- nis par l'examen direct. On s'est d'abord servi d'un miroir plan, qui ne peut être utilisé qu'à la lumière ■solaire ; on a employé ensuite un miroir concave dont l'usage doit être proscrit à la lumière solaire, car il déter- mine la brûlure de la muqueuse; il donne au contraire de bons résultats à la lumière artificielle (lampe Priestley Smith ou à la lumière ordinaire. Friedberger et Frôhner emploient, à la lumière ordinaire, artificielle, et même solaire, un miroir faiblement concave d'un diamètre de •9 centimètres, construit d'après le principe du miroir oculaire Tig. 24\ On tourne la tête de l'animal du côté opposé à la d96 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL RESPIRATOIRE. source lumineuse. L'aide, soulevant une aile de la narine, l'explorateur prend l'autre aile de la main gauche, tient le miroir de la main droite et projette la lumière dans les cavités nasales. L'œil de l'opérateur, qui n'est pas pré- servé par le miroir, doit être fermé pour éviter la projec- tion de jetage dans l'œil. 3° Les rhinoscopes à lumière externe comprennent : 1° le réflecteur électrique de Bayer, le panélectroscope de Leiter et les tubes rhinoscopiques de Polansky et Scliindelka. Ces auteurs ont imaginé un appareil consis- tant en un tube vitré qui, introduit dans les cavités nasales, Fig. 24. — Miroir (d'après Friedberger et Frohner). peut faire voir les diverses régions de la piluitaire : on l'éclairé avec la lumière électrique produite par le pané- lectroscope relié à une pile (fig. 25, 26). c. Examen bactériologique. — Vexamcn bactériologique révèle la présence constante de microbes dans les cavités nasales où ils sont enti aines par l'air inspiré. Les staphy- locoques, les pneumocoques, les streptocoques s'arrêtent dans ce premier segment des voies respiratoires (nez, pharynx et larynx). Les cavités nasales protègent ainsi les voies respiratoires profondes et constituent, selon l'expression de François Franck, nne sentinelle respiratoire. Elles arrêtent dans leurs anfractuosilés les poussières organiques et inorganiques, vivantes et mortes renfermées en si forte proportion dans l'air inspiré; elles humectent et réchauffent l'air qui pénètre dans la poitrine. Leur excitation artificielle provoque un spasme des bronches qui empêche les impuretés de l'atmosphère de pénétrer jusqu'aux alvéoles. CAVITÉS NASALES. 197 On peut y retrouver aussi les mi- crobes de diverses maladies infec- tieuses (gourme, morve, peste bovine, tuberculose, etc.). II. Modifications pathologi- ques. — En combinant ces divers Fig. 25. — Panêleclroscope, instrument produisant \ la lumière : il se compose d'une boite ouverte G, ^ië^ d'un miroir Sp^ concave, de 50 millimètres, et Fig. 26. — L'extré- d'un porte-lentille V pouvant se déplacer, dans le- mité externe de cet quel on peut mettre la source lumineuse L, et un instrument, qui est infundibilum T . La source lumineuse est une lampe en contact avec le H incandescence fixée à l'aide de vis calantes K,K, panêleclroscope, est avec les fils de la pile, fils auxquels on peut fixer munie d'un ressort en Le. le câble d'une pile. Une lige Cf. peut em- en spirale pa,r lequel pêcher le passage du courant. Quand le courant on la fixe dans ce est lancé et que la lumière tombe sur le miroir Sp, dernier. — Cette dis- elle est réfiéchie parallèlement au tube fixé en T, position permet de et l'objet peut être vu grossi par un miroir Y, Le tube diriger la lumière de sert surtout pour les vues d'ensemble de la pituitaire . tous les côtés. 198 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL RESPIRATOIRE. procédés d'exploration, on peut observer la coloration de la pitnilaire, des éruptions variées, des œdèmes, des exsudations, des abcès, des cicatrices, des tumeurs, des troubles nerveux dont il convient d'apprécier la signifi- cation elles caractères. a. Coloration. — La pituitaire est jîd/e dans l'anémie, la leukéniie et dans le catarrhe chronique; elle est roitge • sont molles, peu étendues et remontent vers les parties supérieures des cavités nasales. d. Des exsudats se déposentà la surface de la pituitaire dans les inflammations très intenses, simples ou spéci- fiques : fièvre pétéchiale, morve aiguë, coryza folliculaire du cheval, peste bovine, diphtérie des ruminants; intoxications par les vapeurs de chlore, d'ammoniaque, liquides irritants introduits dans les cavités nasales. e. Les abcès sont produits par la morve, la fièvre pétéchiale, la gourme, le horsepox, chez le chevnl; le coryza gangreneux, chez le bœuf; la maladie du jeune Age, chez le chien; les Iraumatismes du chanfrein, chez tous les animaux; ils se différencient par les caractères du pus. Les abcès morveux sont remplis de pus séreux, huileux, visqueux et jaunâtre; les abcès gourmeux, de pus blanchâtre, crémeux ; les abcès consécutifs à des bles- sures ou à des corps étrangers renferment du pus sangui- nolent et fétide. f. Les cicatrices succèdent à des plaies produites par des blessures (coups d'ongle, etc.), à la guérison de chancres morveux, d'ulcérations de l'anasarque chez le cheval, du coryza gangreneux chez le honif. Elles sont sail- lantes, irrégulières, rayonnées, étoilées dans la morve, déprimées et circulaires dans les autres cas ; les trauma- tismes peuvent engendrer tous les types. CAVITÉS NASALES. 201 Les cicatrices sont rarement pathognomoniijues; elles doivent toujours être considérées comme des signes graves quand elles sont accompagnées d'adénite des glandes de l'auge. g. Les néoplasies de la piluilaire consistent dans des polypes muqueux, des angiomes, dans des tumeurs déve- loppées primitivement dans les sinus el implantées par extension sur la muqueuse nasale. Diverses néoplasies, sarcomes, carcinomes, ostéomes, lipomes, adénomes, kystes dermoïdes prennent quelque- fois naissance et évoluent à la surface des cornets. La muqueuse des cavités nasales est souvent épaissie par inflammation chronique catairhale oupar rhinosclérome. h. Les lésions traumatiques comprennent les fractures desosetde la cloison cartilagineuse, récentes ou anciennes, simples ou compliquées de nécrose, de cal, de perforation de la cloison. i. Les corps étrangers trouvés dans les cavités nasales sont des aliments qui y ont pénétré par une fistule dentaire ou par les orifices gutturaux sous l'influence de la dys- phagie, des tampons d'étoupe, d'ouate, des éponges, des rouleaux de bande, des tuyaux de plume, des morceaux de bois, un botillon de paille introduits intentionnellement, une branche de ronce, un bâton de sureau introduits accidentellement dans les cavités nasales du cheval et du Jjœuf. Chez le chien, on y a trouvé implantée une longue soie de porc. Les parasites peuvent également s'y fixer : les hémopis chez le cheval, les linguatules chez le chien. j. Les troubles nerveux sont : 1" Vanosmie ou la perte de l'odorat, déterminée par toutes les causes mécaniques (paralysie faciale, polypes, tuméfaction de la muqueuse), s'opposant à la pénétration, jusqu'à la muqueuse olfactive de l'air chargé de particules odorantes ; elle est fréquem- ment le résultat de l'atrophie sénile {chien) ; 2" ïaiiesthésie de la piluitaire à la suite d'altérations des branches nasales du nerf trijumeau ou de ses noyaux d'origine; 202 SÉMIOLOGIE DE l'aPPAREIL RESPIRATOIRE. 3° Vhyperexcitabilité réflexe sous riiilluence de rinflam- malion. Épistaxis. On dit qu'il y a hémorragie naaale ou épistaxis quand le sang qui s'écoule provient d'une etïraction des vaisseaux des cavités nasales ou des sinus. Les épistaxis sont fré- quentesen raison de la richesse vasculaire de la pituitaire ; elles sont tantôt unilatérales, tantôt bilatérales. On peut distinguer des épistaxis primitives ou essentielles et des épistaxis secondaires ou symplomatiques. Les cpislaxis primitives sont celles qui apparaissent sans traumalisme comme sans altération appréciable de la muqueuse nasale ; elles semblent procéder d'une fragilité native des vaisseaux de cette région. C'est ainsi que les fatigues de l'entraînement déterminent quelque- fois chez les chevaux de sang des épistaxis qui nuisent à l'utilisation de ces animaux. Chaque course est suivie d'une hémorragie. L'action de ces violents efforts- musculaires est secondée par la chaleur extérieure. Les hémorragies nasales sont fréijuentes chez certains chevaux edectuant un travail pénible par une tempéra- ture élevée. On les voit aussi se produire chez le bœiil qui laboure par un temps très chaud. La fréquence de cet accident chez certains animaux maintenus au repos témoigne d'une prédisposition procédant d'une organisation défectueuse des vaisseaux ou d'une altération du sang engendrée par la leucémie ou l'hémophilie. Les épistaxis secondaires ou symplomatiques sont les plus communes. Il faut citer en première ligne les traumatismes des parois nasales avec ou sans fractures, les blessures de la pituitaire par les sangsues ou par des corps acérés s'accornpagnant presque constamment d'une hémorragie nasale dont l'intensité est en rapport avec l'étendue de la lésion. CAVITÉS NASALES. 205 Le bœiiC les provoque quelquefois en introduisant sa langue dans les naseaux, le chien et le mouton affectés de coryza parasitaire présentent parfois un jelage hémor- ragique, inlerinittent ; les animaux éteiiiuent fréquem- ment et témoignent, par les mouvements de leur tête ou de leurs pattes, de lexislence de corps irritants dans les cavités nasales. Tous les corps étrangers sont susceptibles de les produire. On observe des épistaxis chez les chevaux qui consomment du sainfoin avarié, chez ceux qui travaillent dans les fours à chaux ; elles sont déterminées alors par l'action corrosive sur la pituitaire des fines particules de chaux en suspen- sion dans l'air inspiré. Ces hémorragies sont souvent produites par des polypes ou des tumeurs nasales ulcérées telles que les angiomes, les sarcomes, les carcinomes ou les épithé- liomes ; ces tumeurs déterminent tôt ou tard, en s'ulcc- rant, des hémorragies plus ou moins abondantes. Les inflammationsaiguës ou chroniques de la pituitaire, herpétiques ou spécifiques de cette muqueuse, accompa- gnées ou non d'ulcération, sont susceptibles de provoquf r des épistaxis ou de préparer leur apparitiou. Diverses maladies générales engendrent aussi des épistaxis en altérant la muqueuse, les vaisseaux ou le sang. Le DIAGNOSTIC DiFFÉRE.NTiEL n'ofTre généralement pas de difficultés; l'épislaxis est unilatérale ou plus marquée d'un côté que de l'autre. V hémoptysie se manifeste avec la même intensité par les deux naseaux et par la bouche chez quelques animaux; le sang qui s'écoule est spumeux et les symptômes res- piratoires (toux, accélération de la respiration, dyspnée, râles, sueurs) sont très marqués. L'héinatémèse s'accompagne chez les carnassiers d'un rejet de sang noirâtre, marc de café, par la bouche et les naseaux. 204 SÉMIOLOGIE DE l'aI'PAREIL RESPIRATOIRE. Quand Texistence de l'épistaxis est bien établie, il est nécessaire d'en reconnaître la cause provocatrice ; l'exa- men direct pei'met de l'établir dans la plupart des ca« ; les épistaxis de nature traumaiique sont caractérisées i)ar les blessures plus ou moins étendues de la muqueuse, de la paroi osseuse; l'écoulement sanguin présente son maximum d'intensité au moment de l'accident et décroît ensuite ; l'hémorragie s'arrête ordinairement très vite pour ne plus se reproduire. La persistance de ces hémorragies accuse donc la per- sistance de la cause provocatrice. En dehors des maladies générales, qui s'accusent par des symptômes très nets, comme la fièvre pétéchiale, les épislaxis devront faire soupçonner d'emblée l'exislence de la morve ou d'une tu- meur. La malléine permet d'élablir expérimentalement le diagnostic différentiel; l'examen clinique des cavités na- sales et de l'auge décèle généralement aussi des signes caractéristiques. Les épistaxis déterminées par des tumeurs ou des ulcé- rations morveuses sont généralement récidivantes et peu intenses ; les épistaxis abondantes, susceptibles d'avoir une issue fatale résultant presque toujours de l'ulcération ■artérielle engendrée chez le chevalpar les slrongles armés. La trachéotomie provisoire et les injections d'ergotine sont d'excellents moyens pour arrêter les hémorragies ; on peut aussi tamponner les cavités nasales avec des tampons imprégnés de gélatine. III. — SIIVUS. Exploration. — Chez les solipèdes, on peut explorer les sinus frontaux et maxillaires dont la topographie est indiquée dans \e Manuel opératoire el la Pathologie interne (t. III, p. 410). Chez le bœuf, les sinus frontaux se prolongent dans les SINUS. 203 chevilles osseuses qui supportent les cornes, et jusque dans le pariétal el l'occipital; ils enveloppent Jonc de la manière la plus complète la partie antérieure et supé- rieure du crâne, en formant une double paroi à cette boîte osseuse. Ces sinus sont extrêmement diverticulés. Ils ne communiquent point avec ceux des os sus-maxillaires. On les voit s'ouvrir de chaque côté, dans les cavités na- sales, par quatre Irons ordinairement percés sous la base de la grande volute ethmoïdale. Chez le bœuf on ne trouve qu'une paire de sinus maxil- laires; ils sont très vastes et partagés en deux comparti- ments par une lame osseuse qui supporte à son bord su- périeur le conduit dentaire supérieur. Le compartiment externe ou maxillaire se prolonge dans la protubérance lacrymale ; l'inlerne occupe l'épaisseur de la voûte pala- tine. Un large orifice, percé à la base du cornet maxillaire, fait communiquer ce sinus avec la fosse nasale. Les sinus sont le siège d'altérations importantes qu'on peut reconnaître parles procédés suivants : 1'^ inspection extérieure ; 2" palpation; 3° percussion; 4" trépanation; 0° examen bactériologique. 1° L'inspection extërieare peut déceler chez les solipèdes des exostoses déterminées par des coups de pied, des déformations produites par le rachitisme chez le porc, des dépressions et des fistules résultant de trépanations antérieures ou d'inflammations des alvéoles denlaires; des fractures, des détoncements des os, des sinus; des tuméfactions des os maxillaires ou des os frontaux. L'inflammation chronique de la muqueuse des sinus pro- voque la résorption des parois osseuses, le ramollissement et le soulèvement de la région occupée par le corps étranger ou par le pus ; le sinus maxillaire supérieur chez le cheval, et le sinus frontal chez les ruminants, sont le siège habituel de cette tuméfaction. Chez les oiseaux, l'inflammation diphtéritique déter- mine fréquemment l'accumulation d'une matière jaunâtre Cadéac. — Sémiologie, 2'= édit. I. — 12 206 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL RESPIRATOIRE. au-dessous de l'angle interne de l'œil et derrière la racine du bec. Celle matière, logée dans la cavilé inlraorbicii- laire, provoque un soulèvement hémisphérique mou, chaud et très douloureux. I.es altérations des cavités des sinus s'accusent par un jetage unilatéral faisant défaut dans les lésions externes. 2° Par la palpalion, on peut juger du degré de sensibi- lité, de chaleur, de tuméfaction et de consistance de la région des sinus ; ce moyen fait apprécier la mollesse des œdèmes, la dureté des exosloses, l'adhérence de la peau aux tissus sous-jacents, l'amincissement et la flexibilité des parois osseuses usées par le contact du pus ou l'inva- sion progressive des néoplasies malignes. 3" La percussion à l'aide du médius replié sur lui-même, d'un marteau ou d'une clef, indique le degré de sonorité ou de matité de ces cavités, et par suite leur état de va- cuité ou de réplétion par des liquides ou des solides. Quelques précautions sont indispensables pour exécu- ter fructueusement cette exploration. Il faut : i° fermer l'œil du côté oii l'on explore ; 2" frapper graduellement et modérément afin de ne pas eifrayer les animaux ; 3° fermer la bouche des sujets au moment de la percus- sion, l'ouverture de cette cavité modifiant le son et le timbre du bruit produit par la percussion ; 4° tenir compte de l'âge ; les animaux âgés ont des poils plus fins, une peau plus mince, des sinus plus spacieux et plus sonores que les animaux jeunes ; 5° comparer la sonorité des parties homologues ; le sinus plein fournit toujours un son plus mat que le sinus vide. La réplétion des sinus est complète ou incomplète. Le contenu est formé de pus, de mucus, de produits caséeux ou de néoplasies diverses; paifois l'affaiblissement de la sonorité résulte de l'épaississement de la muqueuse. De légères altérations ne sont pas révélées par la percussion; il faut recourir aux autres moyens d'exploration. POCUES GUTTURALES. 207 Chez le bœuf, la percussion des sinus et de la base des cornes est 1res douloureuse dans le coryza ganf^reneux €t dans le catarrhe purulent de ces cavités. 4° La trépanation est le moyen le plus sûr pour appré- cier la gravité et la nature des lésions des sinus: chancres morveux, épaississements gourmeux, néoformations en- gendrées par le calarrhe chronique, accumulations puru- lentes déterminées par la pénétralion de matières ali- mentaires; injection de la muqueuse provoquée par des parasites (larves d'œstres), réplétion purulente de ces ■cavités et parliculièremeiit du maxillaire supérieur ; épithéliomes, carcinomes, sarcomes, myxomes, etc. 0° L'examen haclérxologiquey révèle les mêmes microbes que dans les caviiés nasales et peut servii- au diagnostic de maladies spéciriques(morve, tuberculose, gourme, etc.]- IV. — POCHES GUTTURALES. Exploration (1). — On examine les poches gutturales par la pâlpation, qui permet de percevoir la lluctualioii du pus, la consistance pâteuse de la matière caséeuse, lélaslicité de l'air dans le cas de pneumatose de ces ca- vités ; par la pre>sion, qui lait refluer le pus ou l'air par les trompes d'Eustache et fuit diminuer le volume de la tuméfaction ; par la ptRCCssiON, qui révèle une sonorité mate dans le cas de réplétion purulente, une résonance tympanique et un jjruit de glouglou dans le cas de réplé- tion gazeuse. Les signes fournis par ces méthodes complètent ceux que l'on a recueillis par I'inspectio.n extérieure et per- mettent de différencier le gonflement des poches guttu- rales des abcès péripharyngiens, parotidiens ou des adé- nites des ganglions rétro-pharyngiens. Seule, la réplétion des poches gutturales se caractérise par un jetage rau- (1) Pour la topographie, Voy. Manuel opératoire de V Encyclopédie vété- rinaire. 208 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL RESPIRATOIRE. queux, purulent, grumeleux, caséeux, plus ou moins odo- rant, qui s'exagère quand l'aniinal baisse la tète ou quand on comprime la région parolidienne. Les catarrhes de ces cavités se montrent dans la (gourme, dans la moire et dans la. pharyngite. Liautard y a constaté une ulcération morveuse; Rivoila, des moisissures. \. — JETAGE. Le mot jcta;/e sert à désigner la matière morbide qui s'échappe des cavités nasales. On dit que les animaux jettent quand ils sont afTectés d'un écoulement nasal; le jetage a toujours une signification pathologique. ïl a une grande imporlance clinique ; il est provoqué par un grand nombre de maladies et s'observe chez tous nos animaux domestiques, mais le chien, le bœuf ei \e mouton l'en- lèvent avec la langue. Les caractères du jetage dépendent de l'organe qui le sécrète et de la cause qui le produit. A. Orif»iuc du jetas'e. — L'inflammation de toutes les parties de l'appareil respiratoire, depuis les cavités nasales jusqu'aux alvéoles pulmonaires inclusivement, peut lui donner naissance. 11 peut procéder aussi de la bouche, du pharynx, de l'œsophage, voire même de l'estomac. Sa quantité, sa coloration, sa consistance, son odeur varient suivant sa provenance. La quantité est proportionnelle à l'intensité de l'inflam- mation et à l'étendue de la surface enflammée. On distingue un jetage unilatéral et un jetage bilatéral. Le jetage unilatéral est symptomatique des affections des premières voies respiratoires (pituitaire, sinus, poches gutturales) ou de la morve chroniciue. Il caractérise les altérations unilatérales de ces organes. Les affections de la pituitaire, inflammation aiguë ou chronique, corps étrangers, tumeurs des voies nasales, JETAGE. 209 nécrose des coniels qui lui donnent naissance, sont faciles à diflférencier. Le coryza se traduit par un jetage séreux au début, muco-purulent, blanc, jaunâtre à la période d'état; il est constitué par du mucus, des globules blancs et des cellules cylindriques globuleuses ou pourvues encore de leurs cils vibratiles; il est souvent double, plus abondant par l'une des cavités nasales, le liquide sécrété diminue graduelle- ment de quantité, reprend sa transparence ; les chevaux s'ébrouent, les chiens éternuenl; les animaux toussent rarement. Les corps étrangers déterminent un jetage purulent et fétide accompagné d'une périostite alvéolaire, d'une carie dentaire et d'une communication de la bouche avec les cavités nasales; les tumeurs elles nécroses déterminent un. jetage ichoreux ou sanguinolent et fétide. ' On observe en outre une inégalité dans les cônes formé^s" par l'air expiré, du cornage et un engorgement des ganglions de l'auge, tous signes qui font défaut dans le coryza simple. Le jelage de la morve chronique n'est pas caractéristique (Voy. Morve). Le jetage des sinus frontaux et maxillaires est mal lié, grumeleux, purulent, franchement unilatéral, chronique, généralement inodore, quelquefois fétide, permanent; il s'exagère par l'exercice et coule abondamment quand on fait baisser la tète; il est ordinairement accompagné delà tuméfaction des ganglions de l'auge, dont la mobilité con- traste avec la densité et les adhérences de la glande de morve. Le jetage qui procède d'une tumeur des sinus est géné- ralement fétide, sanieux et s'accompagne d'une matité prononcée du sinus maxillaire supérieur, lieu d'élection habituel des néoplasies. Le jetage qui procède des poches gutturales est souvent périodique; il s'exagère ou se reproduit quand l'animal 12. 210 SEMIOLOGIE DE L APPAREIL RESPIRATOIRE. baisse la tête, pendant la mastication ou quand on com- prime cette région. Jetage bilatéral. — Les aiïections de tous les autres organes de l'appareil respiratoire ou digestif se traduisent parun jelagedowfc/e. L'origine dujetage double est dénoncée par la présence de produits sécrétés normalement, de matières alimentaires et par l'existence de symptômes locaux caractéristiques. Le jetage bronchique esimucoso-Tpnrulent, plusabondant au repos qu'à l'exercice, jaune dans la bronchite aiguë, pâle dans la bronchite chronique ; il est projeté au dehors par une toux spontanée, douloureuse et pro- fomîe. Le jetage pulmonaire ou intra-alvéolaire esl séreux, citrin, rouillé ou d'une teinte orange vif quand il résulte de la congestion et de l'exsudation qui caractérisent le début de la pneumonie aiguë; il est déliquescent, putride, de couleur jus de réglisse ou de prune dans la gangrène pulmonaire; purulent, jaune-paille, caillebotté, fétide, abondant ou en petite quantité quand il dépend d'une caverne pulmonaire. Les jetages de Vappareil digestif proviennent de la bouche, du pharynx, de l'œsophage et de l'estomac. Le jetage symplomatique de la carie des deux premières lomaires contient de la salive et des parcelles[alimenlaires ; il est fétide et s'accompagne d'une grande difficulté de la imastication. La carie perforante des trois dernières molaires provoque rinflammation du sinus maxillaire et la production d'un jetagejauneblanchàtre, caillebotté, putride, mais dépourvu de matières alimentaires. Le jetage salivaire ou pharyngien renferme les produits de sécrétion de la bouche et de l'arrière-bouche ; il est blanc, spumeux par son battage avec l'air, liquide, plus ou moins abondant et teinté par des parcelles alimentaires rouges, jfuines, blanches, provenant de la mastication du JKïAGI^. 2J1 foin, des carottes, delà luzerne, des farineux, etc. Il résulte de la dysphaf^'ie (V^oy. ce mot). Le jctage stomacal est caractérisé par son odeur chy- nieuse et par les matières alimentaires qu'il renferme. Il résulte du vomissement. B. Caractères* du jetajfc. — Les caractères du jetage varient suivant la cause qui le produit. On peut distinguer à ce point de vue les jetages d'après leur quantité, leur couleur, leur consistance, leur odeur ou leur mélange avec des matières étrangères. i° Quantité. — La quantité varie considérablement. Faible dans le coryza simple du clieval, dans la tubercu- lose du bœuf, elle est abondante dans la bronchite du che- val, du chien, dans la gourme des solipèdes, dans la maladie du jeune âge du chien et du chat. Les collections des sinus du cheval, les bronchites ver- mineuses des yuminants, là clavelée du mouton déterminent des sécrétions nasales et bronchiques très abondantes. On observe souvent des oscillations dans la quantité des matières qui s'écoulent par les naseaux. Le jelage des catarrhes des sinus, des poches gutturales, des cavernes pulmonaires, très abondant pendant l'exercice, peut dimi- nuer ou cesser entièrement pendant quelques jours. 2° Couleur. — La couleur du jetage est blanchâtre, gris blanchâtre, jaunâtre, gris jaunâtre ou citrine, rouillée, rougeâtre, brunâtre ou verdàtre ; elle peut changer dans le cours d'une même maladie; certains jetages séreux, comme ceux du coryza, au début, et quelquefois de la morve chronique du cheval, sont toujours incolores. a. La coloration blanchâtre appartient à la généralité des inflammations aiguës ou chroniques des diverses parties de l'appareil respiratoire parvenues à la période d'état : coryza, laryngite, bronchite simple ou bronchite vermineuse. Vemphysèine pulmonaire ancien détermine un jetage 212 SEMIOLOGIE DE L AI'PARlîlL HESl'lRATQIRE. blanchâtre et mousseux, étalé en nappe sur la lèvre supé- rieure ou autour des narines; il coïncide avec une toux laible, quinteuse et avec un essoufflement rapide. b. La couleur citrine appaitient à tous les jetages qui se produisent dans le cours désaffections iotériques; c'est la matière colorante de la bile qui communique à tous les tissus et à toutes les sécrétions cette coloration particu- lière. c. Le jetage rouillé, roiigeâtve, sanguinolent, hémorra- gique résulte de l'association d'une quantité plus ou moins grande de globules rouges et d'hémoglobine, aux produits de sécrétions pathologiques de l'appareil respiratoire. Il est en général le signe de la stase sanguine dans les capil- laires des vésicules pulmonaires, ou d'une altération des parois des capillaires de la pituitaire ou des sinus par un accident traumalique ou par une maladie spécifique. On dit qu'il y a épistaxis quand le sang provient des cavités nasales, hémopty&ie quand il provient des bronches eu des poumons; on dit qu'il y a du jelage rouillé quand le sang de ces diverses provenances est mélangé à une quantité notable de sérosité, de mucus, ou de pus. Dans la pneumonie du cheval, du chien et même des autres animaux, la congestion du poumon provoque une filtration séreuse et une hémorragie diapédétique dans les alvéoles pulmonaires. Le produit de cette transsuda- tion filtre par le méat inférieur des narines, se dessèche surles lèvres supérieures, etforme des croûtes peu épaisses et peu adhérentes de couleur Jaune d'ocre dont la signifi- cation est révélée par la difficulté de la respiration, parla submatilé et le râle crépitant constatés à l'examen de la poitrine. Quand la maladie estarrivée à laseconde période, l'exsudat se coagule et le jetage cesse de se produire. Le jelage est rouillé dans la morve aiguë, dans la fièvre pétéchiale et parfois dans les tumeurs des sinus, dans le coryza gangreneux du bœuf et la maladie du jeune âge chez le chien. JETAGE. 215 d. La coloration brunâtre du jetage résulte d'une décom- position du sang épanché ou d'une putréfaction. On dit qu'il y a hémoptysie quand le sang provient des bronches ou des poumons ; jetage rouillé quand le sang de ces diveises provenances est mélangé à une quantité notable de sérosité, de mucus ou de pus. Le jetage hémorragique peut procéder aussi de maladies des cavités nasales et des sinus, des bronches, du poumon, du cœur, des reins ou de maladies générales. 1. Maladies locales. — Les fractures des sus-naseaux,. les blessures de la pituitaire par des corps acérés, les pen- ias^omes délerniinent des hémorragies nasales ou des épis- taxis. Cet écoulement peut résulter aussi de polypes, de tumeurs nasales ramollies et ulcérées, d'inflammations herpétiques de la pituitaire, de piqûres de sangsues. Les néoplasies pulmonaires, les affections cardiaques,, les maladies des reins peuvent provoquer des congestions pulmonaires et nasales suivies d'hémorragies. 2. Maladies gé.nérales. — Dans la pneumonie du cheval, du chien, et même des autres animaux, la congestion du poumon provoque une filtration séreuse et une hémor- ragie diapédotique dans les alvéoles pulmonaires. Le produit de cette transsudation flue par le méat inférieur des narines, se dessèche sur la lèvre supérieure, et forme des croûtes peu épaisses et peu adhérentes, de couleur jaune d'ocre. Dans la iièvre pctéchialc, le flux hémorragique des cavi- tés nasales annonce la mortification pituitaire et coïncide avec l'œdème généralisé (anasarque). La morve est fréquemment suivie d'hémorragies inter- mittentes ; celles-ci se produisent au niveau des chancres apparents ou cachés dont la coïncidence avec un engor- gement des ganglions sous-glossiens et avec un amaigris- sement du sujet a une signification des plus graves. . La septicémie, le charbon ramollissent les vaisseaux, provoquent des stases sanguines et des ruptures des capil- 211 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL RESPIRATOIRE. laires des muqueuses ; l'intensité de la fièvre, l'état géné- ral du sujet, l'examen microscopique, l'inoculation, les cultures du sang mettent en évidence la cause essentielle •de ces jetages et dénoncent la nature réelle de la maladie. Le coryza gangreneux du bœuf détermine le ramollisse- ment de la muqueuse nasale et un jetage hémorragique sanieux comparable à celui de l'anasarque. La maladie du jeune âge, localisée à la piluitaire ou aux îiQumons, provoque des congestions et Iranssudalions liémorragiques qui expliquent la dyspnée, lesouftle labial et tous les troubles de la respiration. \,di leucocythémic, en iluidifiant le sang, en altérant la nutrition des vaisseaux, en déterminant Faccumulation de leucocytes dans les capillaires est une source d'hémor- ragies nasales ; c'est la numération des globules qui fixe le mieux sur l'origine de ce flux sanguin. Vanémie des chiens de meute [chiens vendéens), causée jpar les dochmies trigonocéphales, détermine des hémor- ragies nasales. e. Lejetage est verdatre quand les animaux herbivores, atteints de dysphagie, rejettent, parles cavités nasales, les particules alimentaires qu'ils n'ont pu déglutir. 3" Consistance. — La consistance des jetages permet de les classer en séreux, muqueux, purulents. Chacune de ces variétés est susceptible de présenter diverses nuances. a. Le jetage séreux existe souvent au début des affec- tions spécifiques (morve), comme des aflections inflam- matoires simples (rhinite). Le flux séreux et aqueux, •d'origine morveusp, annonce la présence ou l'évolution prochaine de chancres et de glandes. Le jetage qui est séreux et irritant dans la peste bovine acquiert, tôt ou tard, une teinte noirâtre et une consistance visqueuse qui le rend adhérent comme de la glu. Ce jetage poisseux n'est pas absolument caractéristique ■de la morve; on l'observe quelquefois au début de la gourme et de certaines pharyngo-laryngites ; on a alors JETAGE. 215 un jetage séro-muqueux ou muqueiix. C'est un liquide filant, albumineux, incolore ou vitreux, qui s'étire en fils ou adhère au pourtour des cavités nasales. On trouve ce jetage à la période d'état des maladies aiguës ou chro- niques des voies respiratoires, dans les bronchites para- sitaires, dans Femphysème pulmonaire. 6. Le jetage muquecx est souvent additionné d'une quantité plus ou moins considérable de globules purulents, on dit qu'il est muco-purulent. Le jetage présente ces caractères dans la maladie du jeune âge, chez le chien, et dans la gourme, chez le cheval. c. Le jetage pcrulent est épais, bien lié, crémeux, branc ou jaunâtre dans la gourme ; jaune verdàtre et fréquem- ment strié de sang dans la morve, caséeux dans les- collections des sinus et dans les abcès pulmonaires ^ mélangé à des fausses membranes dans le croup des bovins. 4" Odeur. — L'odeur du jetage est l'indice de la putré- faction qu'il subit dans les organes qui sont le siège de cette sécrétion morbide : sinus, poches gutturales, pharynx , larynx, trachée, bronches, alvéoles. Cette putréfaction nécessite l'intervention de germes; elle ne peut se produire que dans des points où l'air a un libre accès; le contenu des cavernes pulmonaires reste inodore tant que la paroi est fermée. Le jetage putride, gris sale ou brun sale, renferme fré- quemment des fragments de tissus mortifiés : tissu pul- monaire dans la tuberculose, la péripneumonie contagieuse^ la gourme, la. pneumonie par corps étrangers; morceaux de pituitaire dans la fièvre pétéchiale, dans le coryza gangre- neux, dans la peste bovine et dans les néoplasies malignes. Les larves d'œstres accumulées dans les cavités nasales du mouton déterminent fréquemment un jetage muqueux putride. 6'^ Matières étrangères mélangées au jetage. — Le jetage est, comme nous l'avons vu plus haut, souvent 216 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL RESPIRATOIRE. mélangédesanj,' dans diverses affections, de débiis hémor- ragiques, de fourrages, de boissons dans les cas de dysphagie. Quand le jelage est mélangé à l'air, il devient mousseux, spumeux; c'est le caractère des jetages salivaires, de la pharyngite notamment, de ïempfiysème pulmonaire et de tous les jetages qui proviennent du poumon, car dans le long parcours qu'ils effectuent pour arriver aux cavités nasales, ils sont battus par l'air atmosphérique. Le jetage peut renfermer des strongles (bronchites venimeuses). L'examen microscopique permet d'y reconnaître les œufs, les embryons des strongles, etc.; I'examExN bactério- logique y fait déceler les microbes spécifiques de diverses maladies contagieuses; on y trouve les microbes de la suppuration, de la septicémie; on peut y rencontrer la bactéridie charbonneuse, le microbe de la morve, de la gourme, de lajmeumonie, du choléra des oiseaux; le bacille de la tuberculose, etc. En dehors des streptocoques qu'on y rencontre constamment, on y trouve encore un grand nombre de microbes vulgaires, bacilles, sarcines, oïdium ou saccharomyces. DEUXIÈME SECTION LARYNX ET TRACHÉE I. — LARYIVX. Exploration. — a. Extérieurement, on explore cet 'Organe par Vinspection, la palpation et par ^auscultation ; îintérieuremenl à l'aide de laryngoscopes ou par la tra- chéotomie sous-cricoïdienne. L'inspection et la palpation font apprécier les change- . ments de volume : œdème, phlegmon produits par la pha- ryngite, l'adénite rétropharyngienne (gourme), la paroti- LARYN'X. 217 dite, les tumeurs aclinomycosiques chez le bœuf, œdème (le la cachexie aqueuse du mouton; les modiQcations de FORME : fraclures du larynx, paralysie et alrophie des muscles dilatateurs gauches du larynx dans le cas de cor- nage; les modifications survenues dans la température^ dans la sensibilité de cette région (Voy. Toux). Chez les animaux corneurs, on peut souvent en/'oncer le cartilage thyroïde gauche dans la lumière du larynx, et produire, au repos, un bruit de cornage intense faisant prévoir ce qu'il est pendant l'exercice. De plus, la main appliquée sur le larynx éprouve un véritable frémissement déterminé par la propagation des vibrations exécutées par les membranes croupales ou par les produits exsudés à la surface du larynx atfecté d'une inflammation diphtérique, phlegmoneuse ou œdéma- teuse. L'auscultation du larynx fait percevoir, chez les ani- maux sains, un bruit qu'on retrouve dans la trachée et dans les bronches. Les bruits trachéaux, bronchiques et pulmonaires, résultent en grande partie de la vibration de l'air inspiié ou expiré au moment où il franchit le rétrécissement laryngien; l'intensité de ce bruit laryngien est en rapport avec le degré de rapprochement des cordes vocales ; il est très fort pendant le cornage parce que le larynx ne subit qu'une dilatation partielle en raison de la paralysie de l'aryténoïde gauche. Toutes les causes (altérations inflammatoires, exsudais, abcès, paralysies) qui exagèrent le rétrécissement produit par les cordes vocales sont l'origine de bruits plaintifs, sifflants, ron- flants ou stridents. Ces diverses altérations peuvent pro- duire ces mêmes bruits quand elles siègent dans la tra- chée ou dans le pharynx, de telle sorte qu'il faut recourir à l'auscultation pour préciser le point où ils prennent naissance. b. L'inspection intérieure du larynx est impossible chez les animaux domestiques, excepté chez les volailles, à Cadéac. — Sémiologie, 2'= édit. I. — 13 218 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL RESPIRATOIRE. moins d'avoir recours à des laryngoscopes. L'emploi du laryngoscope présente d'assez grandes diffi- cultés. Le LARYNGOSCOPE, OU rhino-laryngoscope in- venté par Polansky et Schindelka (tîg. 27), utilise la lumière élec- trique comme moyen d'éclairage ; on l'in- troduit par le nez de la manière suivante : le cAevai étant debout, on met un tord-nez à la lèvre inférieure ; on fait tenir la tête ou l'on cocaïnise la pitui- taire chez les animaux très difficiles; on ouvre ensuite un naseau d'une main et l'on in- troduit l'instrument en le dirigeant contre la cloison médiane, sans jamais quitter le méat inférieur. Le rhino-laryngos- cope doit être tenu en plume à écrire et ma- nié avec précaution pour éviter de produire des blessures. Quand l'appareil est parvenu dans le larynx on retire l'enveloppe protectrice et l'on aperçoit î'ouver- Fig. 27. — Laryngoscope de Polansky et Schindelka, d'après Friedberger. TRACUEE. 219 ture du larynx, les cordes vocales, le pharynx, les cavités nasales, les trompes d'Euslache, les végétations diverses les polypes, les néoplasies, les parasites qui se sont déve- loppés ou fixés sur la muqueuse laryngienne. Selon Friedberger et Fiohner, cet instrument facilite l'examen détaillé de la muqueuse laryngée et des cordes vocales, il rend de grands services dans le cas de suspi- cion de morve; son prix élevé est son principal inconvé- nient. Chez les chiens à tète courte, l'exploration intérieure du larynx ne nécessite pas l'emploi du laryngoscope. 11 suffit d'ouvrir fortement la gueule par les procédés qui ont été exposés plus haut, mais cet examen présente sou- vent de grandes difticullés. Chez les volailles, on ouvre le bec, on écarte foiieraenl les deux mandibules et Ton presse sous le larynx pour le relever et l'examiner plus facilement : on peut apercevoir ainsi les produits inflammatoires, les parasites, les corps étrangers contenus dans le larynx et même dans une partie de la trachée. La trachéotomie sous-cricoïJienne permet aussi de dia- gnostiquer les lésions : tumeurs, déformations, parasites du larynx . Le larynx, soi point de vue bactériologique, fait partie du premier segment des voies respiratoires. II. — TRACHÉE. Exploration. — La trachée n'est qu'une région de passage par laquelle l'air, modifié dans les premières voies, est conduit jusqu'aux alvéoles pulmonaires. Par la palpation, on peut constater des déformations, destraces de trachéotomie, des incurvations descartilages en dedans comme à la suite de l'aryténectomie, des apla- tissements de la trachée, des tumeurs. Par la pression, on provoque une douleur étendue à 220 SEMIOLOGIE DE L APPAREIL RESPIRATOIRE. tout le tube Irachéal dans le cas de trachéite, une douleur limitée dans le cas d'ulcérations morveuses ou tubercu- leuses ; la main peut ressentir enfin un frémissement produit par la vibration des fausses membranes diphtéri- tiques. L'auscultation révèle dans la trachée l'existence d'un bruit déterminé par le passage de l'air à travers l'orifice rélréci de la glotle, ce bruit assez fort est perceptible aux deux temps de la respiration. Les rétrécissements du tube Irachéal par des cicatrices, par des abcès sous-muqueux, par des fistules et des ulcérations morveuses sous-mu- queuses, par des néoplasies et des végétations, par des exsudations ou des fausses membranes augmentent l'inten- sité de ces bruits et leur communiquent une sécheresse, une humidité, un timbre, en rapport avec la cause de la sténose. L'inspection intérieure peut être faite par la trachéoto- mie qui permet de recueillir en même temps le mucus, les produits nouveaux ou les corps étrangers et d'en faire i'exâmen microscopique et bactériologique. III. — TOUX. La toux est un acte réflexe défensif caractérisé par une ou plusieurs expirations spasmodiques, bruyantes, s'ac- compagnant d'un rétrécissement de la glotte et aboutis- sant à l'expulsion d'une plus ou moins grande quantité •d'air, de mucosités ou de corps étrangers. Kohts place le centre de ce mouvement réflexe au niveau du calamus scriptorius ; mais cette localisation n'a pas clé confirmée par les expérimentateurs. Mode de production et mécanisme de la toux. — La toux résulte de l'excitation des extrémités nerveuses d'un grand nombre d'organes : larynx, trachée, bronches, pou- mon, plèvres, cœur, péricarde, mais le point de départ TOUX. 221 de ce réflexe se Irouve le plus souvent dans la sphère de dislribulioii du nerf laryngé supérieur. Exceptionnelle- ment, la toux peut être provoquée par une excitation partant de l'intestin, de l'estomac, du foie, de l'utérus du plancher du quatrième ventricule, etc., ou de la moelle allongée chez le chien. Cette excitation est spontanée ou artificielle. La toux SPONTANÉE est produite par les troubles patho- logiques des organes qui précèdent : irritation, inflamma- tion du larynx, de la trachée, etc., qui excitent les- extrémités nerveuses. Elle peut être provoquée encore, chez les animaux sains, par l'action du froid, de l'humidité, de la fumée, des vapeurs irritantes de brome, de chlore, d'iode, par les poussières des fourrages, par l'adhésion de jetage pul- monaire ou bronchique à la muqueuse laryngienne, par la volonté de l'animal qui cherche à se débarrasser des mucosités qui encombrent l'arbre bronchique. La toux ARTIFICIELLE résulte de la compression d'une partie de l'appareil respiratoire : pression exercée sur le larynx par la sous-gorge, sur la poitrine par le décubitus prolongé. On peut faire tousser les animaux : Je cheval, en com- primant fortement le larynx et les premiers cerceaux de la trachée ; le bœuf, en exerçant des pressions saccadées sur les cerceaux de la région moyenne et cervicale de la trachée, ou en comprimant fortement la partie antérieure du larynx ; les petits ruminants et le chien, en pressant fortement la trachée; on réussit à faire tousser presque tous les animaux affectés d'une maladie de l'appareil res- piratoire, en percutant fortement la poitrine. Dans chaque espèce, on trouve des animaux qu'il est difficile de faire tousser : certains chevaux lymphatiques,, à encolure courte et épaisse, abaissent la tète, contractent les muscles et résistent à la pression d'une et quelquefois- même des deux mains; cependant la pression du cartilage- 222 SEMIOLOGIE DE L APPAREIL RESPIRATOIRE. thyroïde suffit généralement à produire la toux chez ranimai sain. Chez les bœufs qui se défendent énergiquemenl et chez lesquels il est toujours difficile d'obtenir la toux, on peut la produire, surtout dans les cas de maladies des voies aériennes profondes, de la plèvre, en utilisant le procédé indiqué par Friedberger et Frohner. On plisse la peau du dos avec les deux mains et on exerce une forte pression sur le thorax au moment où le dos s'affaisse; il en résulte un ébranlement des bronches et fréquemment la mani- festation de la toux. La toux se produit toujours par le même mécanisme^ le centre tussipare, impressionné par les extrémités ner- veuses périphériques impressionne à son tour les nerfs moteurs du larynx, qui provoquent la fermeture de la glotte, et ceux qui déterminent la contraction des muscles expiraleurs (muscles abdominaux et muscles thoraciques). Une violente expiration réflexe chasse brusquement l'air du poumon, détermine l'élargissement subit de l'orifice giottique, le soulèvement du larynx, la dilatation du pharynx, de la trachée et des bronches, la tension des cordes vocales et la vibration de l'air, qui produit ce bruit caractéristique qu'on appelle toux. Elle est destinée à expulser les sécrétions accumulées dans les voies respiratoires ; elle est un moyen de défense et de protection; elle constitue généralement un phéno- mène salutaire, un acte presque physiologique. La toux retentit, d'une part, dans l'ouverture gutturale, la bouche, les cavités nasales et, à une distance plus grande qui en rend l'audition plus facile, d'autre part, dans la trachée et l'arbre bronchique, ce qui permet de l'entendre par Y auscultation du thorax. L'auscultation de la toux présente quelques difficultés : les animaux qu'on fait tousser se déplacent très brus- quement; la loux elle-même ébranle tout le corps et dé- range les rapports de l'oreille avec la poitrine. Pour TOL'X. 223 pratiquer celte auscultalion, il faut appliquer 'très exac- tement roreille sur la poitrine du malade, boucher J'oreille restée libre à l'aide de la paume de la main cor- respondante, embrasser la partie supérieure de la poi- trine à l'aide de l'autre bras, afin de pouvoir suivre tous !es. mouvements de l'animal pendant qu'un aide le fait tousser. Par cette méthode, on perçoit, chez les animaux sains, un bruit sourd, confus, étouffé, plus distinct en arrière de l'épaule et an centre de la poitrine que dans les régions supérieure, inféiieure et surtout postérieure: chez le •cheval, ce bruit est souvent nul en arrière de la onzième côte (Delafond). Ce bruit est renforcé par toutes les causes qui augmentent la densité du poumon. L'auscul- tation de la toux peut renseigner, nous le verrons plus loin, sur la nature des altérations subies par le poumon. Caractères et signification de la toux. — Examinons d'abord les caractères physioloyiques et pathologiques de la toux recueillis par l'audilion simple. a. A l'état physiologique, les caraclères de la toux va- rient suivant la structure et l'étendue des cordes vocales ; c'est-à-dire suivant l'espèce animale et làge des sujets. Chez le cheval, la toux est claire, forte, sonore et suivie ■d'ébrouement ; chez le cheval âgé, elle est courte et sèche ; chez le bœuf, elle est sèche, faible, basse, traînée et sui- vie d'une brusque secousse de l'abdomen et de l'allonge- ment de la tète ; chez le mouton, elle est petite, courte, sèche et peu sonore ; courte et rauque chez le porc; sèche et petite chez le chien. Quand les expectorations se suc- cèdent rapidement et continuent pendant quelques ins- tants, on a des quintes de toux. b. La TOLX PATHOLOGIQUE résulte d'un grand nombre de maladies et de troubles organiques. Les caractères de la toux varient suivant les maladies et un grand nombre d'autres causes (âge, espèce, co:istitution, etc.) qui em- 224 SÉMIOLOGIE DE l'aPPAREIL RESPIRATOIRE. pèchent d'en faire un signe clinique bien important. Aussi les distinctions basées sur la fréquence (loux rare, toux fréquente), sur la force (toux faible, toux forte); sur la durée, sur le timbre, sur la quantité d'air expulsé n'ont-elles pas une grande signilication diagnostique; il suffit d'étudier les origines et les variétés de toux. 1" Maladies du larynx. — La muqueuse laryngienne est la partie la plus sensible des voies respiratoires, et la toux se manifeste dans les affections les plus variées de cet organe : inflammation aiguë ou chronique du larynx, cicatrisation anormale dans le cas d'aryténectomie et maladies spécifiques variées (gourme, moi-ve, maladie di» jeune âge, tuberculose, pneumonie infectieuse, diphté- rie des volailles). Ce symptôme constitue, dans bien des cas, un des meilleurs éléments pour établir le diagnostic différentiel. La toux est quintense, très douloureuse et ébranle tout le corps dans la laryngite aiguë ou suraiguë ; elle est forte,, convulsive, souvent suivie d'un sifflement aigu et de l'ex- pulsion défausses membranes dans la laryngite croupale;. elle est sifflante, répétée, fréquente, provoquée par l'in- gestion d'eau froide, par l'inspiration d'air frais par les mouvements de la tète ou de l'encolure, par l'accéléra- tion de la respiration dans la laryngite chronique. La toux est franchement sifflante, ronflante dans le cas d'hémi- plégie laryngienne. Chez le chien, la laryngite détermine des accès con- vulsifs de toux, souvent suivis, ainsi que chez le poi-c, de vomissements, d'allongement de la tête en avant, simulant la strangulation. Quand la muqueuse laryngienne est saine, la toux se produit rarement; des excitations brusques, opéra- lions graves, aryténectomie, insufflations d'iodoforme,. pansements compressifs, ne la déterminent pas parce qu'ils suppriment la sensibilité réflexe de la muqueuse. 2° Maladies des bronches. — La loux, symptôme de TOUX. 223- toutes les maladies des bronches, se manifeste rarement dans les maladies de la trachée ; l'opération de la trachéo- tomie, les excitations directes ne la déterminent pas, la muqueuse trachéale saine est moins sensible chez les- solipèdes que chez l'homme et les carnivores ; sa sensibi- lité augmente à partir de sa bifurcation, et s'exagère dans les ramifications bronchiques où elle est aussi vive- que dans le larynx. La toux se fait entendre dans la bronchite aiguë ou chronique, dans la maladie du jeune âge, la gourme, la bronchite vermineuse, l'emphysème pulmonaire. Elle est sèche, quinteuse, pénible, douloureuse, dans la bronchite ai- guë; grasse, rauque, profonde, dans la bronchite chronique, que ces inflammations soient d'origine vermineuse, micro- bienne ou traumatique. Elle est sèche, faible, quinteuse, sans rappel, ressemblant au son produit par une cloche fêlée dans l'emphysème pulmonaire ; elle est sèche, faible et rare dans les insuffisances valvulaires. 3° Maladies du poumon et des plèvres. — Les alvéoles pulmonaires étant dépourvues de nerfs, ce sont les extré- mités nerveuses des bronchioles qui sont excitées par la sérosité et les coagulums intra-alvéolaires et bronchiques de la pneumonie fibrineuse, de la péripneumonie conta- gieuse du bœuf, par le muco-pus de la broncho-pneu- monie, de la maladie du jeune âge, de la gourme, de la morve, par des corps étrangers, la pneumonie gangre- neuse de tous les animaux, par les embryons du Strongij' lus vasoïum par les échinocoques du poumon du bœuf, parles Aspergillus et diverses mycoses qui évoluent sans déterminer de bronchite. La toux d'origine pulmonaire, spontanée ou artificielle, fréquente ou rare, forte ou faible, sèche ou grasse, n'a pas une grande signification diagnostique. Elle indique simplement que la région pectorale est le siège d'une sensibilité anormale quand la toux est indépendante de- toute hypeiesthésie du larynx ou de la trachée. C'est par 13. 226 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL RESPIRATOIRE. les signes qui accompagnent la toux que l'on peut diffé- rencier les causes qui la provoquent. L'existence d'une partir de celle-ci, le foie ne laisse plus apercevoir que de la malité. Du côlé gauche, à partir de la onzième jusqu'à ki treizième côte, on entend le son tympanique dû à la pré- sence des gaz occupant la partie supérieure du rumen ; dans tout le reste de la région, le son perçu est franche- ment pulmoiial. Dans la région inTérieure et sur toute rétendue de la partie limitée par les treizième, douzième^ Fig. 31. — Résonance de la poitrine de la vache (d"après Sainl-Cyr). A, matité. — B, submalilé. la présence du rumen. — C, son clair. — D, son tympanique dû à dixième, neuvième et même huitième côtes, on n'obtient que le son mat produit par le foie; de la neuvième à la quatrième, on perçoit le son clair. A gauche, la région précordiale, c'est-à-dire celle qui répond au tiers inférieur des troisième, quatrième et cin- quième côtes, est plus sonore que chez le cheval. Chez le bœuf, en efîet, une lame de poumon est interposée entre le cœur et la paroi thoracique. On trouve la matité vers la neuvième ou dixième côte, on perçoit le son pulmonal dans le reste de la région. c. Dans l'espèce canine (fig. 32), la poitrine est remar- 240 SEMIOLOGIE DE L APPAREIL RESPIRATOIRE. quable par sa sonorité; elle est perculable jusqu'au premier espace intercostal, quand on porte fortement en avant les pattes antérieures. A gauche, sur une surface limitée, à la neuvième côte en avant, à la dernière en arrière, en bas par le cercle cartilagineux des fausses côtes, et, en haut, par une ligne i[|l[[[i|[ jHII WjV- îtit « Fig. 32. — Résonance de la poitrine cliez le chien (côté gauche). (D'après Saint-Cvr.) A, raatité. — B, submalité. — G, son clair, la présence du sac gauche de l'estomac. D, son tympanique dû à distante de 3 ou 4 centimètres de ce cercle, on perçoit un son très vague, il y a submatité (Saint-Cyr). Au-dessous de cette région, on en trouve une autre, située dans la portion moyenne et postérieure de la poi- trine, limitée au huitième espace intercostal en avant, offrant le son tympanique normal, dû à la présence des gaz accumulés dans le sac gauche de l'estomac. Au-dessus, et dans l'espace répondant aux treizième, douzième, onzième, dixième côtes, le son devient mat ; cette malité est très probablement due à la présence de la rate. Dans tout le reste de sa surface, la paroi pectorale gauche POITRINE. 241 donne un soj\ clair très net. On ne perçoit point de chan- l^enients à la région cordiale en raison du volume réduit du cœur et du poumon qui le recouvre. A droite de la gouttière vertébrale (cercle cartilagi- neux des fausses côtes dans une région , comprise entre les onzième et treizième côtes, la matité décèle la pré- sence du foie. Le son est ensuite assez vague jusqu'au tig. 33. — Résonance de la poitrine chez le chien (côtt? droit). (D'après Saint Cyr.) A, matité. — B, matité due à la présence du foie. — C, son clair. — D, son hydro-aérique dû à la présence des intestins contenant à la fois des liquides et des gaz. neuvième espace intercostal ; au delà, il devient clair. Il conserve cette qualité dans le reste de la paroi thoracique droite. Toutefois, M. Saint-Cyr fait remarquer qu'il est possible de percevoir « au-dessous de la limite inférieure du foie, au niveau des douzième et treizième côtes » un son hydro-aérique, dû, sans doute, à la présence des intestins contenant des liquides et des gaz en plus ou moins grande quantité. Chez la chèvre et le moutoih la résonance présente la même distribution que chez les bêtes bovines ; le poumon CvDÉAC. — Sémiologie, 2« édit. I. — 14 •242 SIÎMIOLOGIE DE L APPAREIL RESPIRATOIRE. recouvre complètement la face gauche du cœur; il en résulte que cette région, qui donne un son mat chez le cheval et chez le bœuf, résonne chez le luoulon. Quand cet animal n'est pas tondu, l'usage du plessimètre s'im- pose. Chez \q porc, la résonance de la poitrine est à peu près nulle quand l'animal est gras; elle est prononcée, en arrière de l'épaule, chez les animaux maigres ; elle est très faible dans les régions inférieures et supérieures des deux côtés de la poitrine. Résultats de la percussion. — Les bruits obtenus par la percussion de la poitrine, saine ou malade, peuvent être classés de la manière suivante : 1° son clair ; 2° son clair exagéré; 3° son clair diminué ou submatité ; 4° son mat; 5" son tympanique; 6» bruit de pot fêlé; "i^ son métallique; 8" frémissement hydatique ; 9° sensation d'élasticité ou de résistance. Pour bien apprécier les signes pathologiques fournis par la percussion, on commence par frapper les parties saines, ou qu'on suppose telles, et on arrive graduellement aux parties malades, de manière à saisir le contraste entre la résonance des régions saines et des régions malades. Le poumon sain étant percuté avant le poumon malade, l'ouïe perçoit les plus légères nuances du son, indices d'une lésion au début; si des doutes persistent, on revient, comme contre-épreuve, au côté sain. Lorsqu'on constate par la percussion les limites d'une tumeur, d'un épanche- ment, on peut en suivre la marche croissante ou décroissante en coupant les poils à ce niveau ou en traçant des traits ou des points de repère susceptibles d'indiquer les changements survenus. 1" Son normal ou son clair. — Le son clair est celui qu'on obtient en percutant le milieu de la cavité thora- cique, un peu en arrière du bord postérieur de l'épaule. POITRINE. 243 chez un animal bien portant. Ce son, conipaié à celui d'un tambour ou d'un tonneau vide, est produit par des vibra- tions ayant une certaine amplilude et se prolongeant pen- dant un certain temps après le choc. Il indique que le poumon est sain, bien aéré, au niveau du point perculé. Son intensité est modifiée par làge, l'embonpoint, la fourrure, l'épaisseur des couches musculaiies et par la force de percussion. Chez les sujets secs, maigres, chez les jeunes animaux, chez les vieux chevaux, la résonance est plus forte que chez les animaux gras ou adultes. Le son est toujours amoindri dans les régions musculaires; un thorax mince donne toujours un son plus clair qu'un thorax épais. La fourrure (laine, poils) obscurcit le son produit par la percussion. L'ampleur de la poitrine, la rondeur des côtes, augmenlentaussila résonance. Les percussions fortes exa- gèrent également l'intensité et l'amplitude des vibrations. 2° Son clair exagéré. — L'excès de sonorité consiste dans un son plus fort, plus éclatant, très clair, conser- vant le caractère de la résonance normale. Il est géné- ralisé ou limité. Le son clair généralisé est un signe physiologique dépendant de l'amaigrissement général, ou un signe pathologique lié à Vemphysème pulmonaire généralisé et au pneumothorax. Le pneumothorax est une rareté caractérisée le plus souvent par un son tympa- nique. L'emphysème pulmonaire généralisé fournit ordi- nairement un son plus clair en certains points que dans d'autres, et s'accompagne de l'afTaiblissement ou de l'abolition du murmure respiratoire, du soubresaut et de la discordance des mouvements respiratoires. Quand un côté de la poitrine résonne plus que l'autre, c'est l'auscultation qui fait reconnaître le côté malade. L'exagération liniitée du son clair se manifeste dans les affections suivantes : l^ emphysème pulmonaire partiel, quand il n'est pas limité aux lobes antéiieurs ; 2» exca- 244 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL RESPIRATOIRE. valions pulmonaires, tuberculeuses, cavernes, quelle que soit leur origine, quand elles sont spacieuses, complè- tement vides de liquide, et pourvues d'une paroi souple; 3" pneumonie, au niveau des parties restées saines; 4" pleurésie, au-dessus de l'épancliement; o° hernies sous- cutanées, caractérisées par des tumeurs molles, élastiques. 3" Son clair diminué ou submatité. — L'afTaiblissement du son clair est l'indice de la raréfaction de l'air dans le poumon, ou de l'épaississement des parois thoraciques. La submatité est physiologique cbez le porc et chez tous les animaux très gras : elle est alors égale des deux côtés. La submatité pathologique s'observe dans les maladies des parois thoraciques, de la plèvre et des poumons. L'infiltration œdémateuse des parois, un abcès, une tumeur, développés dans leur épaisseur, diminuent la résonance. La pleurésie, accompagnée d'un épanchement encore peu considérable, de fausses membranes tapis- sant les deux feuillets de la séreuse, ou d'atélectasie pulmonaire détermine une diminution de la résonance thoracique pouvant aller jusqu'à la malité. 4° Son mat ou matité. — La malité appelée encore son de cuisse, son bus, consiste dans la disparition complète de la résonance et indique que l'air a été complètement chassé de la partie percutée. Elle peut varier dans son étendue et dans son siège, mais elle est toujours partielle. Le volume de poumon privé d'air ne peut être inférieur à une bande mesurant 5 centimètres de largeur et 2 centi- mètres d'épaisseur. La matité est irrégulière, fixe, à convexité supéro-pos- térieure et va graduellement en diminuant dans la pneu- monie lobaire arrivée à la période d'hépatisation ; elle est un peu moins nette dans VApncumonie infectieuse; elle est droite, horizontale et a sou maximum d'intensité en bas chez l'animal debout, dans l'hydro thorax, les pleurésies POITRINE. 245 séreuses, fibrineuses, hémorragiques, purulente»; elle est étendue ou disséminée dans la pneumonie infectieuse, la pneumo-enterite du porc, dans la péripneumonie conta- gieuse de l'espèce bovine parvenue à la période d'hépati- sation ou compliquée de séquestres pulmonaires et de cavernes entièrement fermées ; elle est bornée ou ftiit défaut dans la tuberculose de la vache; elle est quelque- fois complète et simule un épanchement occupant toute la cavité thoracique dans la mélanose du cheval et dans les néoplasies malignes du chien; elle est superficielle et très limitée dans les infarctus hémorragiques superficiels, et dans l'échinococcose du poumon. Elle intéresse tout un côté de la poitrine chez les animaux dont les sacs pleuraux indépendants sont affectés d'une pleurésie compliquée de collapsus pulmonaire {até- lectasie, splénisation); la compression du poumon par un épanchement empêche l'entrée de l'air pendant l'inspiration et aboutit à la résorption graduelle et complète de celui qui est contenu dans les alvéoles ; celles-ci s'affaissent et le poumon se densifle. La matité est moins nette dans \a j^neumonie catan^hale ou broncho-pneumonie, parce que l'air n'est pas entièrement chassé du poumon et que les lésions forment des foyers séparés par du tissu sain; il en est de même dans Vœdème du poumon, dans la pneumonie de la maladie du jeune âge, dans la pneumonie par corps étrangers et dans [es pneumonies métastatiques on traumatiques ; elle manque généralement dans la. pncuinonie vermineiise . 0° Son tympanique. — Le son tympanique ressemble entièrement à celui qu'on obtient par la percussion du ru- men distendu par des gaz. Il se produit dans les cavités remplies d'air à parois lisses comme du verre (Gerhardt), moyennement tendues (Skoda). Le poumon isolé du thorax donne un son tympanique ; insufflé forlemeni, il donne un son très clair, comme sur 14> 246 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL RESPIRATOIRE. I"aiiinial vivant. De même, l'inteslin, moyennemeni tendu, donne un son tympanique normal; quand il est distendu par les ga/, il donne un son clair anormal (météorisme). On oblient un son tympanique normal en percutant le larynx et la trachée (parois rigides, lisses, non tendues). D'après Schweigger (1), le son tympanique se produit dans le poumon non tendu, comme si l'air contenu dans ses alvéoles résonnait en liberté, non enfermé. Selon Gerhardi, l'air se réfli'chit sur la paroi thoracique qui forme la pavi i lisse. Le mécanisme de sa production n'est pas encoie parfaitement connu. Les allérations suivantes sont susceptibles de l'engen- jlrer ; fi"> Vemphysèine sous-cutané de nature traumalique ou TSî^ticémique détermine un son tympanique qui s'accom- pagne d'une crépitation révélée par la palpation. 2° L'œdème pulmonaire, qui diminue l'élasticité des alvéoles, réalise les conditions favorables à la manifesta- tion du son tympanique. Il en est de même dans les infiltrations séreuses, catarrliales, purulentes des parois alvéolaires procédant de la -pneumonie au début ou à la période de résolution, de la congestion des parties qui avoisinent la zone hépatisée dans la pneumonie lobaire, dans la pneumonie caturrhale, dans XnpneuuLonie infectieuse, dans la maladie du jeune âge. 3° La. pleurésie exsudative donne naissance à ce signe, immédiatement au-dessus du liquide, dans la partie du poumon supprimée par l'épanchement pleurélique ; de sorte que le son t\ mpanique coïncide avec une diminution de la quantité d'air conlenue dans les alvéoles pulmo- naires. 4° Les cavernes pulmonaires résullant de la pneumonie par corps étrangers, de la pneumonie infectieuse, de la tubercidose ou des dilatations bronchiques se lévèlent par (i) Friedberger et Frohner. POITRINE. 247 un son tympanique quand elles sont spacieuses, super- ficielle?, pleines d'air et que leurs parois sont lisses et épaisses. Ce son peut changer de timbre sous finfluence des quintes de toux qui modifient la qualité et la quan- tité du contenu des cavernes; 0° Le pneumothorax s'accompagne d'un son tympanique et d'un soufffe amphorique qui précèdent l'exsudation et le gargouillement pleurétiques ; 6'' Les hernies diaphragmo tiques sont suivies d'un son tympanique quand l'inlestin est plein d'air et d'un son mat quand il est plein d'aliments; on entend, en même temps, des borborygmes. 6° Bruit de pot félé. — Ce bruit est analogue à celui que donnerait, par la percussion du doigt, un vase fêlé. On peut le produire artificiellement en rassemblant la paume des deux mains l'une contre l'autre el en frappant ensuite le dos de l'une d'elles contie son genou. 11 n'a aucune signification pathologique. On l'entend dans les cavernes pulmonaires tuberculeuses, vastes et superficielles commu- niquant avec les bronches et renfermant des gaz et des liquides (Vogel), dans ï hydro-pneumothorax des petits animaux Delafond), quand la cavité pleurale communique avec une bronche ou une fistule pulmonaire par laquelle l'air peut s'échapper ; dans la broncho-pneumonie du chien au niveau des parties antérieures (Saint-Cyr), dans les inflammations pulmonaires, notamment dans la pleuro- pneumonie contagieuse, quand des ilôts de poumon sain sont entourés par du tissu hépalisé, quand l'inflammation d'une mince couche de poumon se complique de l'inflam- mation de la plèvre (RœiP. Ce bruit peut être encore perçu dans la péripneumonic contagieuse des bêtes bovines, dans la pneumonie lobaire du cheval, dans lapleurésie exsudative el dans Vemphysème sous-cutané où il remplace le son tympanique. On l'obtient accidentellement quand le plessimètre, mal appliqué, 248 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL RESPIRATOIRE. repose sur un thorax pourvu d'une fourrure abondante. 7° Son métallique. — Le son métallique se rapproche du son tynipanique; on peut l'imiter en percutant la Louche ouverte avec le plat de la main, en frappant une cruche ou un tonneau à moitié vide. Ou peut le comparer au son produit par une plaque niéiallique vibrante. C'est toujours un bruit pathologique; il a été signalé dans le pneumothorax quand l'air est sous une forte pression dans les grandes cavernes ou les cavernes communicantes et dans la pneumonie lobaire. 8° Frémissement hydatique. — Le frémissement hyda- tique, appelé encore frémissement vibratoire, peut être pro- duit en secouant dans la paume de la main une acépha- locyste; on peut s'en faire une idée en frappant sur de la gelée de viande dont la résistance est ferme. C'est un signe de Véchinococcose pulmonaire. 9° Sensation d'élasticité et de résistance. — La résis- tance à la percussion est plus grande chez le cheval et le bœuf k peau épaisse, à musculaluie forte, à côle large,, que chez le chien et le mouton. Vélusticité est toujours notablement augmentée par l'exagération de la quantité d'air renfermée dans la cavité thoracique [emphysème pulmonaire, cavernes vides). La résis- tance est toujours plus forte s'il y a, dans la plèvre, un épancheraenl de sang, de pus ou de sérosité, s'il y a des fausses membranes ou des adhérences, une induration du lissu pulmonaire. Ou peut établir, en principe, que la résistance est d'autant plus grande que le poumon contient moins d'air. Elle présente son maximum d'inten- sité dans les névplasies cancéreuses de la plèvre et du pou- mon, dans la tuberculose et dans la pleurésie exsudalive. VI. Auscultation. — Méthode. — L'auscultation tmmé- POITRINE. 249 diate faoilile un examen rapide : les vibrations de l'air se propagent aux parties osseuses delà tète et les bruits, même éloignés du point ausculté, sont recueillis par l'oreille. C'est le mode d'exploration qui convient le mieux pour le cheval el le bœuf; c'est le seul applicable dans les régions ilio-spinale et sterno-costale de ces espèces animales. L'auscultation médiate est plus circonscrite ; l'étendue- de la partie auscultée correspond à la partie évasée de l'instrument ; les sons recueillis sont plus faibles, mieux localisés, plus précis dans leur siège et dans leur signifi- cation ; c'est le procédé préférable chez le chien el le chat. Le stéthoscope peut, en outre, s'insinuer sous les grosses masses musculaires de l'épaule et rend possible l'examen de ces régions qui sont fréquemment le siège de lésions et qui sont inexplorables autrement. Ces deux procédés réunis répondent à toutes les exi- gences de la clinique et permettent de distinguer le siège et l'étendue de la plupart des lésions matérielles intra- thoraciques, de suivre leur marche ascendante ou décrois- sante et de reconnaître leur situation définitive. 1° Bruits iiorinaux de la respiration. — Les bruits respiratoires varient suivant l'espèce, l'âge, la race, l'étal d'embonpoint ou de maigreur des animaux et la région examinée. Espèces. — L'oreille appliquée sur la poitrine d'un cheval sain et qui respire d'une manière normale, perçoit, pendant l'inspiration, un bruit très doux, très moelleux, qui donne à l'oreille la sensation d'une très fine crépita- tion : c'est le murmure vésiculaire. L'expiration est complètement silencieuse : le souflle glotlique ne se propage pas dans les conditions physiolo- giques. Chez le bœuf, le bruit respiratoire naturel, géné- ralement plus fort et un peu plus rude que chez le cheval est souvent perceptible dans les deux temps de la re&pi- 250 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL FESPIRATOIRE. ration, du moins dans cerlaines régions que nous spéci- fierons plus loin ; mais le bruit expira toire est toujours plus faible, plus ronflani, beaucoup moins prolongé que celui d'inspiration et provient toujours de la propagation du souffle glotlique. Chez le mouton et la chèvre, ce bruit est également très net, mais moins fort et moins rude que chfz le bœuf. Chez le chien, il est à la fois très foil et très pur, moins moelleux cependant que chez le chevril; il se compose, comme chez le bœuf, de deux bruits, l'un d'inspiration (murmure vésiculaire), doux et prolongé, l'autre d'expira- tion (souille glottique), rapide et un peu soufflant, sur- tout dans certaines régions. Age. Race. Embonpoint. — Le murmure respiratoire est d'autant plus marqué que les animaux sont plus jeunes, et d'autant plus faible qu'ils sont plus âgés; il est plus pur et plus net chez les animaux de race distin- guée que chez ceux de race commune, chez les animaux maigres que chez les animaux gras, chez les animaux reposés que chez ceux qui viennent de courir. Régions. — Chez le cheval, la région auscultable est limitée en haut par le bord inférieur du muscle inter- costal commun, en avant par le bord postérieur des muscles scapulo-olécraniens, en arrière par la dernière c^ôte et le cercle de l'hypochondre, en bas par le bord supérieur du muscle sterno-trochinien. Pour la facilité de l'étude, on peut, à l'exemple de Saint-Cyr, diviser celte région en deux zones, par une ligne horizontale parlant de l'extrémité inférieure de la tubérosité aciomienne. « Dans la zo7ie sujjérieure (A, fig. 34), le murmure respi- ratoire est perçu très distinctement depuis le bord posté- rieur de la rcgion scapulaire correspondant à la sixième côte jusqu'à la quatorzième à droite et de la quinzième à gauche; à partir de ce point, il cesse de se faire entendie au niveau c'e la seizième àdioite et delà dix-septième à POITRlNt;. 231 gauche. La présence du foie dans le côté droit explique cette légère différence. « Dans la zone inférieure, le murmure respiratoire ac- quiert son maximum d'intensité dans la partie antérieure et supérieure de celle zone, depuis le milieu de la poitrine Jusqu'à la veine sous-cutanée thoracique, et depuis la -^4^^ Fig. 34. — Respiralion du cheval (d'après Saint-Cyr). A, respiration silencieuse. — B, respiration faible. — C, respiration forie. quatrième jusqu'à la septième ou huitième côte environ, espace où l'on peut même percevoir quelquefois, chez cer- tains sujets, surtout quand la respiration a été accélérée par l'exercice, un très léger bruit d'expiration. Il diminue de force à mesure qu'on se porte en arrière, et cesse de se faire entendre, à droite, au niveau de la quatorzième côte, à gauche, au niveau de la quinzième à peu près. Au- dessous delà veine de l'éperon, ce bruit s'affaiblit rapi- dement à mesure que Ton descend et qu'on se porte en 252 SEMIOLOGIE DE L APPAREIL RESPIRATOIRE. arrière; il disparaîtcomplélemeni, en lias, au niveau des muscles pectoraux, et, en arrière, un peu en avant et au- dessus du cercle cartilagineux des côles, c'est-à-dire sur la limite delà région sternale. « Enfin, du côté gauche de la poitrine (fig. 3o), à la pa-- tie antérieure et moyenne de cette zone inférieure, et dai s 4Fig. 33. — Respiration du cheval (d'après Sainl-Cyr). A, respiration nulle. 3), bruits du cœur . B, respiration faible. — C, respiration forte. — ■un espace large à peu près trois fois comme la paume de 'la main, correspondant au.x quatrième, cinquième, ■sixième et septième côtes, l'oreille perçoit très nettement, outre lebruitrespiratoire, d'ailleurs fortaffaibli, un double bruit très différent par son timbre, très régulièrement rythmé, dont on peut donner une idée par les syllabes tic tac répétées à intervalles égaux : ce sont les bruits du cœur qui obscurcissent un peu le murmure de la respira- POITRINE. 233 tion, mais ne rempècheiit pas d"ètre perçu. .\vec un peu d'habitude, on parvient aisément, non seulement à distin- {;uer ces deux bruits, mais encore à les isoler, à faire abstraction de l'un d'eux de manière à ce que celui sur lequel on concentre exclusivement son attention — soit le bruit respiratoire, soit le tic tac du cœur — soit le seul entendu. « Chez le bœuf, le bruit normal de la respiration peut, en général, être perçu assez distinctement, quoique faible- ment, dans la région scapulaire, au niveau de la fosse sous-épineuse, à travers le muscle sous-épineux, moins épais que chez le cheval. 11 peut l'être également dans la partie antérieure de la région ilio-spinale au niveau des septième, huitième, neuvième et dixième côtes. A partir de cette dernière, il diminue rapidement et cesse de se faire entendre au niveau de la. douzième, quelquefois de la onzième côte. « Dans la région moyenne., dont les limites sont à peu près les mêmes que chez le cheval, le murmure respira- toire est très fort, très superficiel et un peu rude, depuis la quatrième côte jusqu'à la huitième à peu près ; et, dans tout cet espace, le murmure est perceptible, non seule- ment dans l'inspiration, mais encore dans l'expiration, plus faible et surtout plus bref à la vérité dans ce der- nier temps, ainsi que nous l'avons déjà indiqué. En ar- rière de la huitième côte, quelquefois de la septième, le murmure devient exclusivement inspiratoire ; en même temps, il diminue d'intensité à mesure qu'on se porte eu arrière, il disparait complètement à partir de Id^douzième côte, quelquefois de la onzième, toujours un peu plus lût à droite qu'à gauche, à cause de la présence du foie. Dans la zone inférieure de cette région, et du côté gauche, on entend aussi les bruits du cœur et l'on perçoit le choc de cet organe contre les parois thoraciques, au niveau des quatrième, cinquième et sixième côtes, un peu moins nettement toutefois que chez le cheval, à cause dune Cadéac. — Sémiologie, 2'- édit. I. — lo 254 SÉMIOLOGIE DE l'aPPAREIL RESPIRATOIRE. lame du poumon qui s'interpose ici, entre le cœur et la pai'oi pectorale. « Rien de particulier à signaler pour la région inférieure ou sternale. «Chez le chien, le bruit de la respiration est très fort, et peut être ausculté dans toute l'étendue de la poitrine; même le long des gouttières vertébrales, à travers le muscle ilio-spinai, — même à travers l'épaule, dans les fosses, sus et sous-épineuses. Dans la moitié antérieure au moins de la poitrine, il se fait entendre pendant les deux temps de la lespiration (toujours notablement plus bref dans l'expiration) ; il acquiert son maximum au niveau des cinquième, quatrième, troisième et deuxième côtes^ que l'on peut facilement mettre à découvert dans leur partie inférieure en faisant poiier le membie en avant par un aide; et le bruit d'expiration acquiert souvent en ce point un caractère manifestement soufflant, même chez le chien très bien portant. C'est aussi en ce point, c'est-à- dire à la partie inférieure du thorax, entre la deuxième et ia quatrième côte, que l'on peut ausculter les bruits du cœur, très forts dans cette espèce, malgré l'épaisse lame du poumon qui entoure l'organe, et perceptibles des deux côtés de la poitrine à peu près indilTéremment. « Tels sont les caractères essentiels du murmure res- piratoire naturel chez nos principaux animaux domes- tiques (1). » (Saint-Cyr.) Les bruits normaux de la respiration comprennent : 1" un Iruit supérieur on glottique qui prend naissance auniveau de la glotte, se propage, en s'afîaiblissanl, dans la trachée, les bronches et le poumon ; il est perceptible dans les deux temps de la respiration; 2'^ un bruit inférieur ou pulmo- naire qui se produit au point d'embouchure des dernières ramifications bronchiques dans les alvéoles pulmonaires ; il ne s'entend qu'au moment de l'inspiration. A l'état (1) Sainl-CjT, Manuel de l'exploration de poitrine. POITRINE. 25& physiologique, chez le cheval, \e murmure respiratoire est exclusivement vésiculaire ; il est vésiculaire et glottique (•liez les autres animaux. 2° Bruits accidentels non pathologiques. — a. Bruit rotatoire. — Assez semblable au roulement lointain d'une voiture pesante, il pourrait être pris un instant pour celui de la respiration ; il s'en distingue par son caraclère permanent et par son indépendance des mouvements respiratoires. H est produit par la contraction fibrillaire des muscles thoraciques; on peut l'imiter eu appliquant fortement la paume de la main sur l'oreille. b. Bruit de crépitation. — Il ressemble à celui que l'on produit quand on presse légèrement avec la main sur une partie emphysémateuse ; il cesse dès que la tète ou le stéthoscope, exactement collés aux parois thoraciques, ne subissent plus de déplacements. Il est dû au frémissement des poils, à la crépitation du tissu conjonctif sous-cutané; il n'est nullement lié aux mouvements respiratoires. Le bruit de déglutition, les borborygines, la crépitation du rumen sont étudiés ailleurs (Voy. Sémiologie de l'appa- reil digestif). 3° Sig;nes fournis par l'auscultation de la poi- trine. — Ils consistent dans une modification du mur- nmre respiratoire (exagération, diminution ou suppres- sion), dans une exagération du bruit bronchique (respira- tion rude), ou dans des bruits anormaux (râles, souffles) et quelques autres bruits pathologiques. a. Exagération du murmure respiratoire. — Désignée sous le nom de respiration forte, exagérée, supplémentaire, juvénile ou hyperccsiculaire, elle est générale ou locale. Elit- est GÉNÉRALE quand elle est produite par des causes phy- siologiques (jeune âge, course rapide, etc.) et par Vanhé- matosie. •236 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL RESPIRATOIRE. La respiration juvénile ou hypervésiculaire des jeunes animaux est seulement plus bruyante pendant l'inspita- tion; la respiration supp/cmen/a/re des sujets affeclésd'an- hématosie est surtout exagérée pendant l'expiration. L'intensité accrue du bruit respiratoire dans une région LIMITÉE du thorax est toujours un signe pathologique lié à rinsuffisance de la respiration dans une autre partie du poumon; la région saine supplée par un surcroit d'activité à l'inaction de la région malade. C'est ainsi que le murmure respiratoire est renforcé dans la. pleurtisie, au-dessus du niveau de l'épanchement, dans la pneumonie, la phtisie pulmonaire, à la périphérie des points hépatisés, luberculisés ou congestionnés. b. Diminution du murmure respiratoire. — 1*^ La. dimi nufion du murmure respiratoire est générale el permanente chez les sujets à parois thoraciques épaisses, chez les ani- maux affectés d'emphysème vésiculaire généralisé du pou- mon, mais ceux-ci sont faciles à reconnaître, car ils pré- sentent le syndrome pousse (toux, soubresaut, résonance exagérée, essoufflement); on l'observe aussi dans les maladies intestinales très douloureuses qui s'accompagnent d'une expiration petite et courte, dans Vimmobilité, dans Vanémie; l'état général du sujet et la percussion fournis- sent les éléments différentiels. 2° L'affaiblissement partiel est produit par tous les obstacles à la pénétration de l'air dans les alvéoles pul- monaires. V emphysème pulmonaire caractérisé par la dilatation des vésicules pulmonaires privées de leur élasticité, la coH(/ei;- tion du poumon qui amène la compression et empêche l'expansion des vésicule?, la tuberculose et la morve qui déterminent la production de granulations dans le tissu pulmonaire, \a pleurésie qui diminue l'ampleur de l'inspi- ration et provoque un épanchement qui chasse graduelle- ment le poumon dans les parties supérieures, la bronchite POITRINE. 257 qui obsirueles canaux "bronchique et rend difficile l'entrée (Je Tair dans les vésicules, sont des causes d'affaiblisse- ment du murmure respiratoire au niveau des parties malades, et d'exagération des bruits respiratoires dans les parties saines. Les autres signes fournis par l'auscultation, réunis aux signes donnés par la percussion, permettent de différen- cier ces maladies. c. Abolition du murmure respiratoire. — Vaholitiondu murmure respiratoire, appelée encore respiration kulleou SILENCIEUSE, est généralement un fait pathologique lié à l'obslruclion ou à la compression des bronches par un corps étranger, par du sang, du pus, du mucus, des caillots fîbrineux, à l'oblitération des vésicules pulmo- naires par des produits solides ou liquides, à la présence dans les plèvres de gaz, de liquides ou de solides. Les par- 1i?s silencieuses correspondent aux régions du poumon qui ne respirent plus. Les maladies qui présentent ce signe sont : 1° La pneumonie lobuire à la période dhépatisation, afTection dans laquelle les alvéoles pulmonaires sont remplies par un exsudât fîbrineux coagulé ; le murmure r spiratoire est remplacé par le soulfle tubaire; 2'^ La pneumonie catarrhale, caractérisée par la desqua- mation de Tendothélium alvéolaire et par la splénisation du poumon ; 3° La. pneumonie gangreneuse, qui provoque le ramollis- sement du poumon, des râles sibilants suivis de râles caverneux et souvent de pyopneumothorax; , . 4° La pneumonie infectieuse, dont les caractères tiennent à la fois de la pneumonie lobaire et de la pneumonie catarrhale; 5° La maladie du Jeune âge, souvent caractérisée par l'œdème du poumon, qui obstrue les vésicules pulmonaires, la pneumonie catarrhale, la broncho-pneumonie dans les- 258 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL RESPIRATOIRE. quelles les lobules et les bronchioles sont obstrués par un exsudât séreux, muqueux et souvent purulent; 6° Les pneumonies par corps étrangers sont accompa- gnées d'un silence complet dans toute la partie du pou- mon correspondant à la bronche oblitérée; le poumon peut parfois rt'cupérer la perméabilité et le murmure respiratoire sous l'influence d'efforts de toux qui amènent •le déplacement du corps étranger; 1° Les bronchites ccUarrhales chez les sujets qui expec- torent difficilemeni, déterminent l'accumulation dans les bronches de produits de sécrétion muqueux épais qui, au «lorhent de l'inspiration, interceptent l'accès de l'air dans les vésicules pulmonaires. L'abolition du murmure res- piratoire est alors passager et mobile; les mucosités voyagent dans les bronches sous l'influence des mouve- ments d'inspiration et d'expiration et sont même proje- tées au dehors par les quintes de toux ; 8° La tuberculose pulmonaire entendre des masses tuber- culeuses qui suppriment une étendue plus ou moins con- sidérable du poumon, mais les tubercules isolés occupent une surface trop leslreinte pour entraîner l'abolition du jnurmure respiratoire; 0'' Les sarcomes, les mcHanomes, les tumeurs épithéliales peuvent destituer entièrement une partie du poumon de toute fonction physiologique; l'existence de tumeurs ■extérieures permet quelquefois de soupçonner la nature de ces altérations matérielles du poumon ; 10° Dans ]a pleurésie avec épanchement, il n'y a pas de poumon dans les paities inférieures, et partant plus de murmure respiratoire dans une région limitée par une ligne horizontale chez tous les animaux ; 11° Les ncoplasies de la plèvre compriment le poumon correspondant et le réduisent à une sorte de moignon imperméable et silencieux. L'auscultation et la percussion ne peuvent permettre d'établir un diagnostic sans le secours de la Ihoracentèse. POITRINE. 239 (/. Exagération du bruit bronchique. — L'exagération ou BRCiT BRONCHIOLE, désignée encore sous le nom de res- piration rude, respiration râpeuse, respiration bronchique forte, consiste clans un renforcement du bruil bronchique ■aux deux temps de la respiration, mais surtout dans une rudesse particulière de l'expiration. La respiration rude peut être constatée dans toute l'étendue de la poitrine, mais elle présente son maximum d'intensité au niveau des grosses divisions bronchiques. Elle résulte d'une exagération du bruit laryngien ou glottique et se manifeste : i° Dans la laryngite qui augmente les diflicultés ■qu'éprouve l'air à franchir l'orifice glottique ; 2° Dans la bronchite qui détermine la dessiccation, la •congestion et le rétrécissement des canaux bronchiques; 3*> Dans le coup de chaleur ou anhcmatosie, caractérisé par la congestion, la densiflcation et par l'exagération des propriétés conductrices du poumon; 4° Dans la pneumonie lobaire au début, les alvéoles pul- monaires sont rétrécies, le murmure vésiculaire est affai- bli et le bruit glottique renforcé jusqu'au moment où il ■est remplacé par le souffle tubaire; dans la pneumonie lobaire à la période de résolution, le souffle tubaire fait également place à la respiration rude ; 3° Dans la, pneumonie catarr haie, la. rudesse des bruits respiratoires est l'un des signes les plus importants; on différencie cette maladie de la bronchite, par la percus- sion qui révèle de la submatité dans le cas de pneumonie catarrhale et une résonance normale dans les cas de bronchite ; 6° Dans la pneumonie infectieuse et dans la pneumonie ■Qourrneuse, dans la fièvre typhoïde, la respiration rude persiste souvent autant que la maladie; c'est au contraire nn signe passager dans la pneumonie fibrineuse oii l'hépatisalion et le souffle lubaire succèdent à la conges- tion et à la respiration bronchique forte ; 200 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL RESPIRATOIRE. 7° Dans la maladie du jeune âge, plus fréquemment caractérisée par la splénisation que par l'hépatisation, la respiration rude trahit l'inflammation catarrhale des bronches et du poumon; 8° Dans la phtisie, la rudesse persistante de la respira- tion dans les lobes antérieurs du poumon est Tun des meilleurs signes diagnostiques; 9° Dans Yemphysème pidmonaire, la rudesse du murmure respiratoire est liée à la bronchite, qui tôt ou tard se greffe généralement sur la paralysie et la dilatation des vésicules pulmonaires; c'est alors un signe de bronchite et non d'emphysème pulmonaire. I. — RALES. Ce sont des bruits anormaux produits par le passage de l'air à travers des rétrécissements bronchiques, des matières liquides ou semi-fluides exsudées dans les bronches ou les alvéoles pulmonaires. — On distingue cinq râles : 1" râle crépitant; 2° râle muqueux; 3*^ râle caverneux; 4° râle ronflant; o° râle sibilant. io Râle crépitant. — Le râle crépitant a été comparé au bruit produit parune pincée de sel jetée sur le feu, au froissement d'une mèche de cheveux. Il est déterminé par le passage de l'air dans les alvéoles pulmonaires ren- fermant un liquide aussi ténu que l'eau. On l'entend exclusivement pendant Tinspiralion. Chez le chien, il est fixe et permanent, c'est-à-dire qu'il persiste dans le point qu'il occupe tant que durent les conditions pathologiques qui lui ont donné naissance. Chez le cheval, il est souvent imperceptible pendant les inspirations faibles, et devient très net pendant les grandes inspira- tions obtenues en fermant les naseaux du sujet, ou en le faisant tousser. Ce râle ne peut servir à différencier la nature du pro- RALES. 261 duit inlia-alvéolaire : sérosité dans le cas d'œdème, de congestion pulmonaire, sang dans le cas d'apoplexie, exsudât séreux dans le cas de pneumonie catarrhale, ou librineux dans la pneumonie lohaire et dans \i\. péripnen- monie contagieuse. 11 indique seulement la présence d'un liquide dans les alvéoles du poumon et tire sa significa- tion des autres signes morbides. Signification. — Le râle crépitant est un symptôme pathognomonique de la pneumonie et de la péripneumonie au premier degré quand ile.xiste avec le jeiage rouillé, la plainte, la subraalilé et une température élevée; il est alors remplacé par le souffle tubaire qui indique le passage de la maladie à la période d'hépatisaiion. Ce même râle esl caractérislique de la résolution de \di pneumonie. On l'appelle râle crépitant de retour. 11 est, en etJ'et, précédé de trois signes importants : la matilé, l'abolilion du mur- mure respiratoire, le souifle tubaire; il est suivi de'la respiration rude, du murmure vésiculaire et de la réso- nance normale. On peut rapprocher du râle crépitant ^un bruit de cra- quement, appelé à toit râle crépitant sec, qu'on entend dans l'emphysème vésiculaire comme dans l'emphysème inter- lobulaire. 11 ressemble au bruit produit par une petite vessie sèche que l'on insuffle ; il est dû au passage de Tair dans les cavités du tissu cellulaire interlobulaire el à la distension des parties emphysémateuses. 2° Râle inuqueux. — Le râle muqueux, désigné sous le nom de râle bronchique humide, de râle sous-crépi- tant, de râle huileux, peut être comparé au bruit que l'on produit en soufflant avec un chalumeau dans de l'eau savonneuse ou dans un liquide visqueux. Ce bruit est dû au passage de l'air dans lesbronches contenant du mucus, du pus, du sang, de la matière tuberculeuse ramollie. On l'entend dans les deux temps de la respiration ; il n'est ni fixe, ni permanent; la toux fait tantôt disparaître, 15. ^62 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL RESPIRATOIRE. tantôt apparallre ce bruit en rapprochant ou en éloignant les mucosités qui le provoquent. L'abondance et la visco- isité plus ou niuins grande des liquides qui existent dans les bronches ainsi que la force et la fréquence de la res- piration angmenlent ou diminuent le nombre des bulles, et donnent naissance, suivant le volume des bionches, à des bulles grosses, moyenne*, petites ou inégales : le 'fâle mu queux est dit gros, moyen, ou fin. Signification. — l.e râle muqueux est un des sym- ptômes les plus importants de la bronchite aiguë ou chro- mque ; il e>t précédé de la respiialion rude, parfois de râles ronflants et sibilants; il coïncide avec la toux et avec la sécrétion catairhale des bronches. Dans la broncho-pneumonie, il se produit dans les moyennes et les petites bronches ; il est souvent accom- pagné de raies ronflants, sibilants et de l'abolition du murmure vésiculaire. La percussion, qui révèle la per- sistance de la sonorité thoracique dans le cas de bron- chite, différencie cette maladie de la broncho-pneumonie, ■où les régions silencieuses ou souillantes sont le siège d'une submatité plus ou moins prononcée. Dans la tuberculose, le râle muqueux est produit par du pus, du mucus, provenant d'ulcères bronchiques ou de petites cavernes communiquant librement avec les bronches; le râle muqueux se confond alors avec le râle caverneux. L'hémoptysie, la congestion et Vapople.vie pulmonaire s'accompagnent aussi de râles muqueux dont la signifi- cation est dénoncée par le jetage hémorragique ou l'écou- lement du sang en nature. Dsins les pleurésies anciennes, navide muqueux à grosses bulles, simulant le râle caverneux, se fait entendre quand le pouuion est refoulé dans la gouttière vertébrale. Dans la gourme, dans la maladie du jeune âge, les bronches sont le siège d'une inflammation catarrhale et •de râles muqueux très abondant?. RALES. 263 Dans ïemphi/sèine pulmonaire, le ràlemuqueux annonce l'apparition de la bronchite. 3° Râle caverneux. — Le râle caverneux est un bruit muqueux à plus ou moins grosses bulles qui se produit dans une excavation pulmonaire communiquant librement avec les bronches et contenant des matières liquides. On l'entend dans un espace circonscrit, dans la région moyenne et inférieure du poumon, aux deux temps de la respiration ou à un seul; il est fixe et annonce l'existence d'une caverne superficielle, d'assez grandes dimensions, et remplie d'un liquide assez fluide pour être traversé par l'air. Les cavernes profondes ne sont indiquées ni par le râle, ni par la toux caverneuse qui permet de difTérencier le râle caverneux fixe du râle muqueux mobile. Il existe aussi un grand nombre de cavernes qui ne communiquent pas avec des bronches et qui, pour ce motif, sont absolu- ment silencieuses. Le râle caverneux est un symptôme rare dans la phtisie pulmonaire, plus fréquent dans la péripneumonie contaijieu&e, compliquée de gangrène et de ramollissement, dans la pneumonie gangreneuse et dans les abcès pulmo- naires dont le contenu est évacué dans les bronches. Il est toujours accompagné d'un jetage fétide. 4'^ Râle ronflant. — Le 7'àle ronflant^ connu sous le nom de ronflement, de râle grave, de râle sonore, est engen- dré par les vibrations de l'air au moment de son passage à travers un espace rétréci des bronches. Il ressemble au ronron du chai, au roucoulement de la tourterelle, au ronflement d'un homme qui dort; il siège dans le larynx, la trachée ou les grosses bronches; il peut être entendu à distance et se manifeste de préférence dans l'expiration. Il est généralement mobile et disséminé, larement fixe, ordinairement mélangé de râles sibilants produits, par le 264 SEMIOLOGIE DE L APPAREIL RESPIRATOIRE. même mécanisme, dans des canaux bronchiques plus étroits. 5° Râle jsibilaiit. — Le râle sibilant, désigné sous le nom de râle aigu, râle sifflant, râle musical, sibilance et de râle sonore, comme le précédent, est un bruit soutenu que l'on a comparé à celui que fait le vent qui siffle à travers une ouverture étroite, le Irou d'une serrure par exemple, au piaulement des petits oiseaux et des poussins, au bruit qu'on fait avec la bouche en prononçant avec une certaine force la lettre s. Il prend naissance dans les petites bronches, sedéplace avec la plus grande facilité, disparaît et reparaît sous l'influence de la toux, d'inspirations pro- fondes. On l'entend à un seul ou aux deux temps de la respiration, isolé ou mélangé aux râles ronflants ou à diverses variétés de râles sibilants. Signification. — Les ro/es sonores (ronflants et sibilants) indiquent la présence, dans les bronches, de mucus épais, plus ou moins adhérent que l'air fait vibrer. La bronchite aiguë' provoque d'abord la sécheresse des bronches, la rudesse du bruit respiratoire, puis des râles ronflants et sibilants mélangés de râles muqueux. La bronchite chronique se révèle par un râle ronflant, principalement quand l'inflammation repasse à l'état aigu ; il disparaît quand la sécrétion bronchique, plus humide et plus abondante, donne naissance à un râle muqueux. L'emphysème pulmonaire, qui s'accompagne de bron- chite, tantôt aiguë, tantôt chronique, permet d'entendre des râles sibilants variés, plus rarement des râles ron- flants. La phtisie tuberculeuse de l'espèce bovine a pour sym- ptôme un râle sibilant sec prolongé ou continu, souvent localisé à la partie antérieure du thorax, un peu au-des- sus du coude. Ce signe coïncide avec une respiration rude, de la submalité ou de la matité et une toux traînée et peu sonore. SOUFFLES. 265 II. — SOUFFLES. On désigne, sous le nom de souffles, les bruits anor- maux de la respiration dont le caractère soufflant imite le bruit que fait l'air en sortant de la douille d'un souf- flet. Ils sont au nombre de trois : le souffle tubaire, — le souffle caverneux, — le souffle amphorique. 1° Souffle tubaire. — Le souffle tubaire ou bronchique est fixe, permanent, quand il est intense, intermittent, quand il est très faible ; il a généralement son maximum d'intensité au niveau des grandes divisions bronchiques; il se fait entendre, soit dans Vexpiration, le cas le plus fréquent [souffle ascendant), rarement dans l'inspiration seule souffle descendant), quelquefois dans les deux temps de la respiration [souffle double'. Il est perçu sur une petite surface ou dans un large espace; il est con- sidérablement renforcé par l'occlusion momentanée des naseaux, par la pression du larynx, la toux et par toutes les causes qui provoquent de grands mouvements respi- ratoires et rendent plus bruyant le passage de l'air dans les canaux bronchiques. Le souffle tubaire résulte de la résonance de l'air con- tenu dans les bronches et du retentissement intrathora- cique du bruit glottique transmis à l'oreille par un tissu pulmonaire dense, privé d'air et devenu un meilleur con- ducteur du son. Cette palhogénie découle de l'expérimentation. M. Tras- bot, chez un cheval atteint de pneumonie et présentant un souffle intense, divise la trachée en travers et retire le segment inférieur au dehors ; aussitôt, plus de souffle; si l'on remet la trachée en place, le bruit de souffle repa- raît. Chauveau et Bondet incisent la trachée d'une jument affectée d'un souffle double, sur une longueur de 20 cen- 266 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL RESPIRATOIRE. timètres; si l'on fait respirer le sujet par l'ouverture Ira- chéale, le souffle inspirafoire disparaît, le soufQe expiru- toire persiste mais plus bref et très affaibli. Signification. — Le souffle tubaire est le symptôme des maladies suivantes : 1° L&pneumonie et la péripneiimonie à la période d'hépati- safion sont généralement accompagnées de souffle tubaire. Chez le cheval, il apparaît le second, le troisième ou le quatrième jour de la maladie. Chez le bœuf, il apparaît rarement avant le cinquième et parfois même après le huitième jour de la maladii^' ; il succède au jetage rouillé, au râle crépitant, à la respira- ^tion rude, et est remplacé par ces mêmes signes au mo- ment où la résoUilion commence; il débute, en avant, au niveau du tiers inférieur de la poitrine, puis il s'étend en haut et en arriére à mesure que la maladie progresse; il persiste autant que l'hépatisalion pulmonaire à laquelle il ^st lié. Le degré d'intensité du souffle indique le degré de l'induration; l'étendue dans laquelle il est perçu signale l'étendue de la lésion anatomique ; son début marque le commencement de l'hépalisation; sa persistance avec phénomènes graves, la succession de rhépatisation grise ; sa diminution, la résolution de la phlegmasie ; sa prolon- gation, le passage de la pneumonie à l'état chi'onique (Barlh et Roger). Ce souffle fait défaut quand l'hépatisalion est incomplète, quand la surface solidifiée et cohérente est très limitée ou quand les bronches sont obstruées ; la pneumonie infec- tieuse, la pneumonie typhoïde, la broncho-pneumonie sont fréquemment dépourvues de ce signe. Dans les pneumonies massives, dans la pà'ipneiimonie contagieuse aiguë ou chronique, caractérisées par l'oblité- ration des bronches remplies d'exsudat, l'air, ne circulant plus dans les canaux bronchiques, ne peut propager le bruit glottique dans les parties solidifiées qui demeurent absolument silencieuse?. SOUFFLE?. 267 La pleurc>^ie est suivie du souffle (ubaire quand le pou- mon est atéleclasié par la pression du liquide épanché; mais ces phénomènes s'opèrent lentement et le souffle, qui en est la conséquence, apparaît tardivement; il ne se manifeste guère avantle huitième ou même le douzième jour de la maladie ; il est faible, voilé ; il paraît éloigné et est susceptible de disparaître brusquement pour repa- raître après plusieurs jours d'interruption, de sorte qu'il n'a aucune signification au point de vue du pronostic de la maladie. La phtisie i>uhnonaive donne naissance au souifle tubaire quand de grosses masses tuberculeuses infillrent le pou- mon, sans oblitérer les bronches. Ce symptôme fait son- vent défaut dans la tuberculose miliaire où les tubercules sont séparés par un tissu pulmonaire sain ou perméable, dans la tubtrculose des lobes antérieurs où le souffle ne peut être peiçu dans la tuberculose la plus complète, parce que] la matière tuberculeuse envahit les bronches, les remplit et les oblitère. La broncho-pneumonie , chez le chien, détermine souvent un souffle tubaire dans les parties antérieures du poumon ; ce bruit est moins fori, moins pur, moins franchement tubaire que dans la pneumonie et se rapproche beaucoup de la respiration rude. Les apoplexies pulmonaires, les œdèmes du poumon, les tumeurs malignes du poumon, capables de déterminer exceptionnellement le souffle tubaire, sont trop rares pour justifier une élude des signes diti'érentiels qu'on peut trouver dans l'état général du sujet. 2° Souffle caverneux. — Le souffle caverneux ou la respiration oeuse se produit quand une excavation pulmo- naire, engendrée par la gangrène, le ramollissement ou la suppuration du poumon et dépourvue de liquide, com- munique avec les bronches par un large canal. 11 est tout à fait comparable au bruit que l'on détermine 268 SÉMIOLOGIE DE L'aPPAREIL RESPIRATOIRE. en inspiianl et en expirant fortement dans ses deux mains réunies et disposées en cavité ; il est fixe, le ton en est bas, le timbre creux, et il est d'autant plus fort que les parois de la caverne sont plus fermes, mieux disposées pour favoriser les vibrations de l'air qu'elle contient et que les tissus environnants sont denses. Il s'entend dans une région limitée, exclusivement, pendant l'inspiration. Il alterne souvent avec le râle caverneux et il a la même signification pathologique. Signification. — Le souffle caverneux annonce la gan- grène pulmonaire quand il est accompagné d'une toux entraînant des matières infectes, grisâtres ou rougeâtres; un vaste abcès pulmonaire si les malières rejelées sont blanchâtres et répandent une odeur de pus altéré ; une caverne tuberculeuse quand les matières expectorées ren- ferment des granulations calcaires, des bacilles de Koch, etc. 3*^ Souffle amphorîque. — Le souffle amphorique res- semble au bruit produit en souftlant dans une amphore ou dans une grande cruche vide. Il est quelquefois accompagné d'un tintement métallique et s'appelle souffle ou respiration métallique. Il se produit pendant l'inspira- tion chez les animaux pourvus d'une fistule pulmonaire qui permet à l'air de passer dans le sac pleural. Ce souffle disparaît et est remplacé par le bruit de gargouillement pleiirétique dès que l'épanchement pleural dépasse le niveau de la fistule. 4" Bruit de gargouillement pleurétique. — Le bruit de glouglou ou de gargouillement pleurétique a les plus grandes analogies avec le bruit fait par une bouteille que l'on vide à plein goulot. Ce bruit superficiel, perma- nent, qu'on entend pendant l'inspiration, résulte de l'explosion de bulles gazeuses à la surface de l'épanche- ment tboracique. BRUIT DE FROTTEMENT. 269 Il est pathognomoniqiie d'une fistule pulmonaire ouverte dans la plèvre au-dessous du niveau du liquide épanché. Ce signe révèle ainsi la gangrène du poumon (pé/ipneuwo- nic, pneumonie contagieuse, gourme, etc.) ou une blessure du poumon par un corps étranger (pneumonie par corps étrangers), chez les solipèdes et sui tout chez les runii- nnnts qui ingèrent des corps acérés capables de traverser le rumen, le diaphragme et de perforer le poumon. III. — BRUIT DE FROTTEMEXT. Frottement pleural. — Pendant les mouvemenis des poumons, les deux feuillets pleuraux glissent l'un sur l'autre sans produire le moindre bruit. Ce glissement peut, dans certains états morbides des plèvres, donner lieu à un bruit semblable à celui que produirait le frotte- ment réciproque de deux surfaces inégales. Effeclive- ment, ce bruit est déterminé par les fausses membranes et les néo-membranes de la pleuréde ou par les néoplasies développées à la surface des plèvres. Son intensité et sa rudesse dépendent du desré d'induration et de résistance des surfaces rugueuses; on distingue : 1° Le frottement doux ou le frôleme>t est comparable au bruit produit par le froissement du papier neuf; il est symptomatique d'une exsudation pseudo-membraneuse molle, mince; 2'^ Le frottement rcde, le bruit de cuir neuf annonce que les pseudo-membranes sont anciennes, épaisses et dures. Parfois, la main, appliquée sur la poitrine du malade, perçoit une sorte de frémissement caracté- ristique. Le bruit de frottement, généralement lié à la pleurésie au débul, consiste dans un frôlement léger qui se fait surtout entendre dans l'inspiration, rarement dans l'expi- ration ; il est nettement perceptible chez les animaux maigres lorsque les deux feuillets pleuraux sont revêtus •270 SKMIOLOGIE DE L APPAREIL RESPIRATOIRE. de fausses membranes récentes ; il n'a qu'une existence temporaire et disparaît après douze, vingt-quatre et trente-six heures, dès que l'épanchement est assez abon- dant pour déplacer le poumon et isoler la plèvre pulmo- naire de la plèvre costale. Pendant la résolution de la pleurésie, le froltement pleural se fait encore entendre lorsque la résorption du 'liquide épanché permet, à nouveau, le rapprochement des deux feuillets pleuraux tapissés de membranes ou de néomembranes. Dans la phtisie tuberculeuse, le froltement des plèvres, hérissées de tubercules qui forment des aspérités, des saillies dures et sèches, détermine fréquemment un bruit de râdcment plus ou moins prononcé. Ce bruit est également perçu chez le chien affecté de pleurésie can- céreuse. Le bruit de frottement peut être confondu avec le râle crépitant, la respiration rude, et le frottement péricardique; •on peut le distinguer de ces deux bruits par son caractère saccadé, superficiel et son indépendance du murmure vésiculaire (Voy. Auscultation du cœur). IV. — RESPIRATION. Les méthodes employées pour recueillir les signes four- nis par la respiration sont : I» l'inspection du flanc, du thorax et des naseaux; 2° les appareils enregistreurs des mouvements respiratoires. 1° Inspection.^ L'inspection permet de suivre les modi- fications éprouvées par le flanc, les côtes et les naseaux, pendant les mouvements d'inspiration et d'expiration. Les naseaux, presque immobiles au repos, sont agités, après une course, proportionnellement aux difficultés de la respiration ; l'écartement est très prononcé chez les solipèdcs; les naiines du bœuf, du mouton, du chien, se -dilatent liés peu. BESPinATION. 271 Pendant les temps froids, la vapeur de l'air expiré forme deux cônes dont la force, la durée, les inégalités ren- seignent sur la fréquence et le rythme de la respi- ration. Le thorax augmente de capacilé pendant rinspiration ; les côtes éprouvent un léger mouvement de torsion en avani ; les espaces intercostaux s'exagèrent principale- ment le long des hypochondres; pendant l'expiration, la poitrine se resserre, les côtes se reportent en arritre et se rapprochent; les hypochondres se rétrécissent, l'air inspiré est rejeté au dehors. Ces mouvements d'expansion et de resserrement alLer- naiifs de la cage ihoracique, peu appréciables, à l'état norn.al, s'exagèrent dans le cas de dyspnée intense ou d'affections de la cavité abdominale et diminuent dans d'autres afTections (pleurésie). Le /?anc, plus mobile, exécute des mouvements plus éten- dus qui sont absolument synchrones avec ceux des naseaux et du thorax; il se remplit, se dilate et s'élève pendant l'inspiration, se rétrécit et s'abaisse pendant l'expiration. Ces mouvements s'elTectuent d'une manière régulière et uniforme à l'état normal; d'une manière irrégulière, inégale, saccadée à l'état pathologique. On peut les observer si facilemeni, qu'on se borne généralement à examiner cette région pour apprécier la fréquence et le rythme de la respiration. On se place en arrière ou en avant, mais toujours obliquement, de manière à suivre les déplacements de la corde du flanc. Pendant l'examen, l'animal doit être maintenu immo- bile; il faut l'empêcher de flairer, de voir, d'écouter et le tenir à l'abri des piqûres de mouche et de toute cause d'excitation. Les animaux lymphatiques sont plus faciles àinspecter que les animaux irritables; ceux-ci ne peuvenf, non plus, être explorés fructueusement pendant leur repas, pas plus que les cinimaux de l'espèce y^oTi/ze pen- dant la rumination. Les efforts, la peur déterminée par 272 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL RESPIRATOIRE. le voisinage de personnes étrangères ou de chiem^, trou- blent la respiration. 2° Appareils enregistreurs. — Les instruments qui ser- vent à inscrire les mouvements d'ampliation de la poi- trine sont appelés pneumographes ou thoracomètres. Toute poche élastique remplie d'air appliquée contre la poi- trine au moyen d'un lien circulaire et reliée à un tambour à levier peut servir de pneumographe et fournir un tracé des mouvements de dilatation et de resserrement aller- Fig. 36. — Pneumograplie. natifs de la poitrine. Le 'seul défaut que présente le pneu- mographe adopté par Saint-Cyr, c'est que la courbe monte à l'inspiration et descend à l'expiration, à l'inverse des courbes manométriques. On peut remédier facilement à cot inconvénient en retournant le tambour à levier. Dans l'ancien pneumographe de Marey, modifié par Paul Bert (fig. 36), le tambour est cylindrique et c'est sur les bases de ce cylindre, constitué par du caout- chouc, que s'exerce la distension déterminée par l'aug- mentation de volume de la poitrine. Chaque extrémité du cylindre est, en elfet, pourvue d'un crochet, permet- RESPIRATION. 273 tant de l'appliquer à l'aide d'une ceinture thoracique embrassant étroitement le corps de l'animal. Il y a communication, par un embout et un tube de caout- chouc, entre ce tambour thoracique et un tambour récepteur pourvu d'un levier enregistreur. Les mouve- ments de l'air dans le tambour récepteur se font dans le même sens que dans le poumon ; la pointe qui inscrit les mouvements respiratoires, sur une feuille de papier enfumée, trace une courbe descendante pour l'inspiration et une courbe ascendante pour l'expiration. Sig^ues fournis par la respiration. — Les princi- pales modifications de la respiration peuvent être classées de la manière suivante : l'^ fréquence de la respiration; 2° mode de respiration; 3" difficultés de Ja respiration; 4° bruits de la respiration ; 5° caractères physiques et chimiques de l'air expiré. 1° Fréquence des mouvements respiratoires. — On l'apprécie en comptant, dans un temps donné, une minute par exemple, le nombre des mouvements respi- ratoires. Si leur rythme est très régulier, il suffit de compter pendant une demi-minute; s'il est irrégulier, on refait plusieurs fois la même numération et l'on prend la moyenne. Quand les animaux sont effrayés, inquiets, très agités, il est souvent difficile de préciser le nombre de respirations ; on peut enregistrer alors les mouvements respiratoires ou recourir à l'auscultation de la trachée principalement ou du thorax. Normalement, le nombre des mouvements respiratoires est d'autant plus grand que l'animal est plus petit. Les chiffres indiqués par les auteurs sont très variables; on peut estimer qu'en moyenne le c//eva7 présente 12 respi- rations par minute; le bœuf, 18; le mouton et la chèvre, 17 à 18 ; le porc, 13 ; le chien, 20 ; le chat, 22 ; les oiseaux de Lasse-cour, 40 à oO. 27 i StMIOLOGlE DE L APPAREIL RESPIRATOIRE. Modifications physiologiques. — Les causes physiolo- giques capables de faire varier le nombre de mouvements lespiraloires sont : Vâge, le sexe, la taille, le travail, la température, la. préhension d'aliments, la gestation, le décu- bitus et la station. a. Les animaux jeunes respirent plus fréquemment que les animaux adultes ou vieux. May a obtenu les résultais suivants sur les animaux de l'espèce bovine : le veau de quatre jours présente 56 mouvements respiratoires; à qualor^e jours, 50; à cinq seuiaines, 37 ; à six mois, 30 ; à un au, 27 ; à deux ans, 26 ; de quatre à neuf ans, 20 à 22. Delafoad admet que !e jeune cheval respire 14 à 15 fois par minute ; le c/jeva/ adulte 9 à 10 fois ; vieux, 8 à 9 fois ; la bête boyine jeune, 18 à 21 fois; adulte, 16 à 18 fois, vieille, 12 à 15 fois ; les moutons et les chèvres jeunes, 15 à 18 fois; adultes, 12 à lo fois ; vieux, 9 à 12 fois; le chien jeune, 20 à 22 fois; adulte, 16 à 18 fois ; vieux, 14 à 16 fois. b. Le sexe influe également sur le nombre des mouve- ments respiratoires. La. jument respire plus fréquemment que le cheval; il en est de même chez les autres espèces animales. c. La taille élevée a pour résultat de ralentir les mou- vements respiratoires dans chaque espèce; les petits chiens ont une respiration saccadée; les grands une respiration tranquille, régulière. Les porcs anglais de taille moyenne, 14 respirations ; les petits cochons de lait, 16 à 18. d. La marche, Yexercicc au trot nécessitent une ventila- tion pulmonaire plus intense; le nombre des mouve- ments respiratoires est en rapport avec la rapidité de la course, le trajet parcouru et la dépense musculaire. Les animaux entraînés ont une respiration plus ample et moins fréquente. e. La température extérieure élevée provoque une accé- lération très grande de la respiration, principalement chez les animaux de l'espèce bovine ou ovine. Delafond RESPIRATION. 275- a compté oO, 70, 80, 100, 120, loO respirations par minute chez les motitous; 50, 70, 90 et 100 respirations chez les bètes bovines. f. La digestion exagère le nombre de respirations chez les nuniuants. Les vaches hiitièrcs tenues clans des étables, à température moyenne, et présentant 40 à 30 mouve- ments respiratoires par minute, ont 24 à 40 mouvements pendant la rumination. g. La gestation augmente le nombre de mouvements respiratoires de 2 à 3 par minute au début, de 4 à o pen- dant la période moyenne, de 6 à 8 et quelquefois davan- tage vers la fin. h. Le décubitus, chez les solipèdes et plus encore chez les ruminants, peut provoquer 4 à 10 mouvements respi- latoires de plus que d'habitude. i. V engraissement est une cause importante d'accéléra- tion ; les porcs gras ont souvent de la dyspnée. k. Les émotions, la peur, les désirs déterminent égale- ment, à l'état normal, une augmentation du nombre des mouvements respiratoires. Modifications pathologiques. — Pathologiquement, le njmbre des mouvements respiratoires est augmenté ou diminué sans qu'on puisse affirmer (par le seul fait de cette exagération ou de cette diminution) que l'animal est affecté d'une maladie des voies respiratoires. Il faut recourir à l'auscultation et à la percussion pour recon- naître les lésions pulmonaires ou pleurales capables de modifier le nombre des mouvements respiratoires. a. Accélération de la RESPIRATlo^'. — h' accélération de la respiration est déterminée par les causes suivantes : 1° Le réiréciisement des voies aériennes restreint le passage de l'air dans le poumon ; la fièvre pétéchiale en déterminant l'œdème et la fermeture des naseaux; le coryza, la larytigite, la bronchite en exagérant les sécré- tions de ces muqueuses; les parasites (strongles), en for- 276 SÉMIOLOGIE DE l'aPPAREIL RESPIRATOIRE. mant des pelotons dans les bronches ; les polypes des cavités nasales et des sinus, la paralysie des muscles aryténoïdiens, les trachéocèles accélèrent la respiration par ce mécanisme. 2° La douleur déterminée par les mouvements des côtes et du diaphragme, limitant les mouvements respiratoires, oblige l'animal à respirer plus fréquemment. Ldi pleurésie, au début, provoque une douleur costale qui immobilise les cotes ; la myosite rhumatismale des muscles de la poitrine empêche le soulèvement des côtes ; la péi^i- tonite, les corps étrangers, etc., ingérés par les ruminants diminuent le jeu du diaphragme. 'S" Les crampes et les contractions tétaniques des mus- cles respirateurs empêchent le soulèvement des côtes et nécessitent un plus grand nombre de mouvements respi- ratoires. Le tétanos peut provoquer aussi 70, 80 et même 100 respirations par minute ; ïéclampsie des chiennes qui allaitent est caractérisée, après chaque accès, par une accélération semblable ; ïépilepsie rend, après la phase stertoreuse, la respiration innumérable. 4° Divers poisons excitent les centres respiratoires, tels sont : les essences, l'acide prussique, l'atropine, etc. 5" L'élévation de la température dans les affections lébriles exerce la même action que les causes mécani- ques précipitées. A une augmentation de un degré de tem- pérature correspond, généralement, une augmentation de six mouvements respiratoires. La température élevée et Taccumulalion de l'acide carbonique dans le sang sont des causes d'excitation des centres respiratoires. La plupart des maladies fébriles agissent aussi en altérant les globules et en diminuant la quantité d'hémoglobine. 0'' L" appauvrissement du sang en hémoglobine est une cause d'accélération de la respiration. L'animal supplée à l'insuffisance hémalogène du sang par une précipitation des mouvements respiratoires. RESPIRATION. 277 Vanéinie simple ou pernicieuse, la leucocythémie qui diminue la quanlilé d'oxygène absorbé parle sang, néces- sitent l'accélération de la respiration. Les combinaisons de l'hémoglobine avec des gaz irrespirables (GO, etc.), rendent la respiration extrêmement fréquente. 7° La réduction de la capacité respiratoire du poumon {oblitération, compression ou atrophie des vésicules) est compensée par l'accélération de la respiration. Les vésicules se remplissent d'un exsudât fibiineux coagulable dans la pneumonie, de sérosité et de cellules épithéliales dans la pneumonie catarrhale, de sérosité dans V œdème "pulmonaire, de cellules épilhélioïdes et lym- phoïdes dans la tuberculose, d'œufs ou d'embryons et de leucocytes dans diverses maladies parasitaires [stron- (jyloses et échinococcose), d'un tissu anormal comme dans les néoplasies malignes, de sang comme dans les hémopty- sies. Dans toutes ces maladies, l'exagération de la respira- tion est proportionnelle à l'étendue de poumon oblitéré. La diminution de volume des vésicules pulmonaires est souvent la conséquence d'une congestion active ou passive du poumon. Ce phénomène est réalisé par ïanhé- matosie, par les maladies du cœur et du péricade, myocar- dite, endocardite, insuffisances ei rétrécissements vaioulaires; par la dégénérescence graisseuse du cœ.ur, qui tantôt crée des congestions actives, tantôt des congestions passives, ou successivement des congestions actives et passives. Les épanchements des plèvres {pleurésie et hydrothorax), le météorisme, Yascite, les tumeurs thoraciques agissent à l'égard d'un poumon comme les causes précédentes à l'égard des alvéoles. L'atrophie ou la paralysie des vésicules pulmonaires est liée soit à Y emphysème pulmonaire qui provoque leur dilatation, la dégénérescence et l'atrophie des vaisseaux et des fibres élastiques, soit au processus scléreux qui détermine des végétations fibreuses qui circonscrivent et étouffent les alvéoles. Cadéac. — Sémiologie, "2'' édif. I. — 16 278 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL RESPIRATOIRE. b. Diminution du nombre des mouvements respiratoires. — La diminution du nombre des mouvements respira- toires est le fait : 1" d'un défaut d'excitation des centres bulbaires, ce que l'on observe dans les maladies céré- brales, vertige, épilepsie, dans Vagonie et après l'adminis- tration d'émétique (H. Bouley) ; 2° d'une diflicullé de l'expiration qui en prolonge la durée comme dans V emphysème où le nombre des mouvements respiratoires est parfois réduit à six . 2'^ Mode respiratoire. — Sous ce titre, on va étudier les qualités intrinsèques des mouvements respi- ratoires, c'est-à-dire le type, l'intensité et le rythme. a. Type respiratoire. — Le type respiratoire physiolo- gique est à peu près le même chez tous les animaux : (ype costo-abdo minai. La respiration devient costale quand le diaphragme est condamné à une inertie absolue ou rela- tive. La paralysie et l'atrophie de ce muscle, lascite, la péritonite, les tumeurs du foie peuvent limiter ses mouve- ments; la péritonite détermine une douleur si vive que l'animal immobilise lui-même le diaphragme; mais ce sont surtout les rétrécissements des voies aériennes, les aîTections du poumon et des bronches [bronchite, broncho- pneumonie, œdème du poumon, hyperémie chronique du poumon par insuffisance valvulaire, pneumonie chronique interstitielle) et toutes les maladies qui rendent difficile l'entrée de l'air dans le poumon, et changent le type de respiration. La respiration est abdominale ou caractérisée par un mouvement prédominant des parois abdominales quand la douleur déterminée par le soulèvement et l'écartement des eûtes, au moment de l'inspiration, est trop prononcée {pleurésie au début), quand le poumon a perdu son élasticité (facteur principal de l'expiration) comme dans Vem^'hysème pulmonaire du cheval. 11 faut reconnaître RESPIRATION. 279 aussi que les animaux se servent plus ou moins du diaphragme ou des côtes suivant le degré de plénitude de l'abdomen par des aliments, par le fœtus chez les femelles, etc., enfin divers troubles passai^ers (coliques) peuvent momentanément changer le type respiratoire. 6. Intensité de la respiration. — V intensité de la respi- ration a trait au degré d'amplitude des mouvements dos côtes et du diaphragme pendant l'Inspiration et l'expi- ration. Les variations dans l'intensité se traduisent, dans les tracés, par les variations de la hauteur de Vordonnée ou de la perpendiculaire abaissée du sommet des courbes respiratoires sur l'abcisse. On peut apprécier aussi ces modifications par le degi é de soulèvement et d'affaissement du thorax, du ventre, du tlanc, des naseaux. Quand l'amplitude des mouvements est très prononcée, on dit que la respiration est grande, large, ample; elle est courte, petite, au contraire, quand les mouvements sont peu prononcés. La respiration grande est un signe d'insuffisance de l'hématose (Voy. Dijspnér). Physiologiiiuement, l'exercice exagéré ou le défaut d'air produisent ce résultat. Alors les naseaux du cheval, très dilatés, surtout à la partie infé- rieure et interne, prennent la disposition d'un pavillon. Le larynx s'abaisse, les côles exécutent un grand mou- vement de torsion sur elles-mêmes, le thorax s'élargit fortement et les mouvemenis du flanc sont parfois si étendus qu'ils ébranlent tout le corps. Chez \e bœuf, la tète portée bas est allongée sur l'enco- lure, la bouche est ouverte, mais les naseaux n'éprouvent que des mouvements restreints. Le porc relève le groin et fait saillir, en avant, les bords latéraux des naseaux. Le chien, comme le cheval, présente des mouvements thoraciques et abdominaux d'une très grande amplitude. 280 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL RESPIRATOIRE. La respiration courte est quelquefois confondue avec la suspension des mouvements respiratoires en raison de l'immobilité apparente des côles et du flanc. Très peu de maladies sont caractérisées par une respiration courte. On peut cependant citer la pleurésie, la péritonite, le tétanos, parfois V immobilité, Vanginc, V empoisonnement par Xémétique et la digitale. c. Rythme respiratoire. — Le rythme respiratoire com- prend : 1° la durée des mouvements respiratoires (inspira- tion et expiration); 2" la forme et la succession régulières de l'inspiration et de l'expiration ; 3" le mode d'association des mouvements dans un temps déterminé. 1. Durée. — La durée du double mouvement d'élévation et d'abaissement des côtes et du flanc varie beaucoup. La respiration est dite lente, quand chacun de ses mouve- ments s'accomplit en un temps relativement long, comme dans V emphysème pulmonaire et Vimmobiliié; elle est dite vite quand les deux mouvements s'effectuent avec rapidité, c'est un signe de dyspnée. La respiration rare est ordinairement lente et la respi- ration fréquente est toujours vite. Mais ces expressions ne sont nullement synonymes, les qualiflcatifs fréquente et rare se rapportent au nombre de respirations qu'on peut compter dans une minute ; les dénominations vite et lente s'appliquent uniquement à la durée absolue de chacun des deux temps de la respiration, inspiration et expiration considérées isolément. 2. Forme et succession. — La /"orme et la succession régu- lières de rinspiration et de V expiration ne peuvent être nettement appréciées que dans les tracés pneumogra- phiques, où la respiration est représentée par une courbe qui se décompose en une ligne descendante (inspiration) et une ligne ascendante (expiration). Ces deux mouve- ments s'efTectuent normalement, sans variation brusque de vitesse, sans crochets, il n'existe enfin aucun arrêt entre RESPIRATION. 281 l'expiration ell'inspiration. La durée de l'inspiration repré- sente les (rois septièmes d'une respiration complète, l'expi- ration les quatre seplièmes ; il existe le synchronisme le plus parfait entre les mouvements des cotes et ceux du flanc. A Yétat pathologique, le rapport entre l'inspiration et l'expiration peut changer (expiration abrégée., expiration prolongée) ; l'inspiration peut nécessiter un véritable effort (respiration énitante) ; des régularités et des arrêts peuvent se produire sur la ligne d'inspiration ou d'expi- ration (respiration tremblotante, respiration soubresau- tante); il peut y avoir enfin opposition complète du tracé costal et du tracé abdominal (respiration discordante). I. Expiration abrégée. — V expiration esirateurs à produire Vampliation thoracique (dyspnée ins- DYSPNÉE. 287 piratoire); 4° d'un obstacle à laffaissement du poumon et à la sortie de l'air (dyspnée expiratoire) ; o" d'une g^ne qui est à la fois inspiratoire et expiratoire. a. Dyspnée inspiratoire. — Ladysp^iéeinspiratoù-e con- siste dans des inspirations forcées qu'effectuent les ani- maux quand l'air pénètre difficilement dans le poumon. Tous les muscles inspirateurs entrent en aclion : le dia- phragme se tend comme une voile, le grand dentelé, le petit dentelé, les intercostaux, le scalène, le grand dorsal et les muscles dilatateurs des naseaux se contractent for tement. Les grands animaux se tiennent debout et ne peuvent" respirer autrement [ort hopnce) ; ils sont éloignés de la mangeoire; les naseaux, très dilatés, prennent la forme- d'une conque, la tête est fortement allongée sur l'enco- lure, afin de donner à l'air qui rentre un trajet rectiligne plus court ; les membres antérieurs sont tenus écartés,, les coudes déviés en dehors pour agrandir la base de sustentation et pour faciliter le jeu du thorax; les côtes- et le flanc s'élèvent à une hauteur considérable; les- fausses côtes sont surtout portées en avant ; la colonne vertébrale étendue suit les mouvements des côtes et éprouve fréquemment un mouvement d'élévation et d'abaissement. L'anus, la vulve exécutent un mouvement de va-et-vient d'avant en arrière. Le chien, \e poi'c, les i-uminants ellei volailles dorment la bouche ouverte ; le ciiien et le porc restent souvent assis sur le train postérieur ; la tête, étendue sur l'enco- lure, présente un rétrécissement de la partie antérieure de la poitrine. La durée totale de l'inspiration par rapport à l'expiration, est considérablement augmentée. Les ÉTATS MORBIDES accompagnés d'une dyspnée inspi- ratoire sont les pohjpes, les phlegmons du nez, du larynx, V inflammation catarrhale dipidéritique à\i nez, du larynx^ du pharynx, de la trachée et des bronches. 288 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL RESPIRATOIRE. La paralysie des muscles aryténoïdiens chez les chevaux empliysémaleux, Vœdùme de la i/lotte, l'œdème, la conges- tion, rhémorragie, V inflammation pulmonaire sous ses diverses formes, les tumeurs, les affections parasitaires du poum,on et des fcroncAes (actinomycose, pneumonie myco- sique, bronchite et pneumonie déterminées par des slrongles), sont également susceptibles de déterminer ce type de dyspnée. En oiilve, Idi compression du diaphragme pa.T la distension du rumen, rempli de gaz ou d'aliments, les épanchements de la cavité pectorale ou de la cavité abdominale, la parésie des muscles intercostaux sont des causes de dys- pnée inspiratoire. 6. Dyspnée expiratoire. — La dyspnée expiratoire se produit quand le poumon a perdu sa rétractililé et que le rejet de l'air est entravé. Les animaux font alors appel aux muscles expirateurs auxiliaires pour chasser l'air emprisonné : les muscles abdominaux, les obliques et le transverse de l'abdomen, secondés par le petit dentelé postérieur, le triangulaire du sternum et par les faibles intercostaux internes, entrent en jeu et s'efforcent de suppléer à l'élasticité et à la force de rétraction du poumon. Ce type de dyspnée est ainsi caractérisé par une vio- lente contraction des parois abdominales, par un soubre- saut, par la projection de l'anus en arrière à chaque expi- ration, par récartement des ailes du nez, par une expi- ration bruyante prolongée et une inspiration brève. Les MALADIES daus lesquelles on observe cette dyspnée sont : 1" ï emphysème pulmonaire, qui amène la dégénéres- -cence des fibres élastiques du poumon et le rend inca- ►pable de se vider; l'emphysème interlobulaire du chenil et du bœuf, parfois même l'emphysème vésiculaire du ■chien produisent la dyspnée par ce mécanisme; 2° les pleurésies anciennes, les néoplasies et la tuberculose pleurale. ASl'UYXIE. 289 qui déterminent la soudure du poumon à la plèvre parié- tale. Les bronches ectasiées empêchent le poumon d'éva- cuer son contenu. Chez Y lioinmc, la contracture du dia- phragme qui maintient en inspiration forcée la partie inférieure du thorax est une cause de dyspnée expira- toire. c. Dyspnée mixte. — La dyspnée résultant d'une gène à la fois inspiratoire et expiratoire est la plus fréquente de toutes. On l'observe dans les maladies cardiaques, àdiVi^ les affections fébriles très intenses, dans les maladies infectieuses, dans les inflammatio7is vives des séreuses; elle fait partie du cortège symptomatique des grandes hémor- ragies, du surmenage, des coliques, du tétanos, des empoi- sonnements, du décubitus forcé des grands animaux, etc.; il est inutile d'énuraérer tous les cas dans lesquels cette forme de dyspnée peu se produire. VI. — POUSSE. L'association du soubresaut, de la toux et de Vessouffie- ment constitue le syndrome pousse, érigé pendant long- temps en maladie. Il est l'expression d'une insuffisance de la respiration liée à toutes les affections chroniques- du poumon ou du coeur. Vemphyscme pulmonaire et Vendocardite chronique en. sont les causes les plus communes. VII. — ASPHYXIE. L'insuffisance de l'hématose est caractérisée par ixrv ensemble de phénomènes morbides qui constituent ce- qu'on appelle Vasphyxie. Pathogénie. — On peut reconnaître deux sortes de causes d'asphyxie : les unes dépendent de l'animal lui- Cadéac. — Sémiologie, 'je édit. I. — 17 290 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL RESPIRATOIRE. même, les autres du milieu dans lequel il se trouve placé. a. Les causes procédant de l'animal sont toutes celles qui amènent la DYSPNÉE. i" Les obstacles mécaniques à Ventrée de l'air dans les voies respiratoires, tels que les abcès du pliaiyiix ou du larynx, les corps étrangers, les breuvages qui ont fait fausse route, les pommes et les racines qui, arrêtées dans l'œsophage, compriment la trachée, la constriclion du cou, la strangulation déterminée par une sous-gorge trop serrée, par la longe passée autour du cou, la méléo- risalion qui provoque la compression du diaphragme. Citons encore la lésion ou la compression du pneumogas- trique qui paralyse les bronches et abolit la sensation du besoin de respirer; la paralysie des muscles inspirateurs 'déterminée par une lésion de la partie supérieure de la moelle épinière, la contraction spasmodique des muscles •dilatateurs engendrée par le tétanos. 2° Un obstacle à Vafjlux du sang dans les capillaires du poumon : l'hydrothorax, la pleurésie, les pneumonies, la bronchopneumonie, la phtisie, etc., agissent par ce mécanisme. 6. L'asphyxie qui provient du milieu où vil l'animal /reconnaît une cause unique : la privation d'oxygène (asphyxie par délaut d'air respirable). Le manque d'oxy- 4;ène peut tenir à la rareté de ce gaz dans l'atmosphère ambiante (atmosphères irrespirables de gaz inertes, ■hydrogène, azote, etc., ou de gaz suffocants, acide sulfu- reux, ammoniac, chlore), soit aune consommation énorme eiT la. digitale, le iafeac, etc., s'ac- cusent par des battements bruyants, vibrants, qui soulè- vent la paroi Ihoracique et peuvent quelquefois être vus et entendus à distance. 2" Le choc précordial est dimlnué dans la parésie car- diaque, la dégénérescence graisseuse du cœur, dans les em- poisonnements avancés, dans les maladies cérébrales qui affaiblissent l'innervation générale. Quand les fibres cardiaques sont altérées, œdématiées [péricardite, myocarditc, maladies infectieuses, empoison- nements chroniques ou intoxications par la digitale à haute dose, \ejaborandi, le cyanure de potassium et autres poisons du cœur), le choc fort, retentissant au début, diminue graduellementd'intensilé et devient insensible à l'approche de la mort. Les battements cardiaques sont également diminués, étouffés, quelquefois même supprimés dans le cas dVpan- c/iement péricardique ou pleural; il en est de même dans l'œdème et dans V emphysème cutané ou pulmonaire du côté gauche. Pendant longtemps, le cœur se trouve soumis à un travail forcé qui a pour but de maintenir la circulation dans ses conditions normales, mais il finit par s'atlaiblir, ses contractions deviennent insuffisantes : il y a asystolie. Asystolie. — Ce phénomène est marqué par Taugmen- tiition de la tension veineuse et l'affaiblissement de la tension artérielle. Ces troubles de la circulation générale CIRCLLATION t.ARDIAOLE. 325 >•• traduisent, à leur tour, par des conj^estions, des inflam- mations chroniques de tous les viscères et par des aité- lations l'onclionnelles de ces organes. Le poumon se congestionne, s'œdémalie dans les parties déclives, les vaisseaux capillaires de cet organe s'atrophient, se rupturent, de petites hémorragies ou des infarctus se produisent, puis le tissu conjonctif pro- lifère, le poumon s"indure et se pigmente. Les plèvres sont le siège d'un épanchement abondant, le foie se congestionne [foie cardiaque), les vaisseaux sus-hépa- tiques se dilatent, les cellules placées près de ces vais- seaux s'infiltrent de graisse, de irranulationspigmentaires, de cristaux d'hématoïdine, le tissu conjonctif végète et Torgane se sclérose. La stase sanguine gagne ensuite la veine porte, les vaisseaux de la rate, de l'intestin, du pancréas, de l'utérus, des reins. Le rein s'altère à la suite du ralentissement de la circulation ; on voit apparaître ïalbuininurie en même temps que l'abaissement de la tension artérielle pro- duit l'anurie. Les glomérules sont le siège d'hémor- ragies diapédétiques : des cylindres fibrineux et du sang sont excrétés à la place de l'urine et la néphrite intersiitielk diffuse (rein cardiaque) succède à Taffaiblis- semenl du cœur. La peau est le siège d'œdèmes volumineux envahissant le ventre, la poitrine et les membres. Des épanchements se produisent dans toutes les séreuses. Le sang, incom- plètement hématose et ralenti dans sa marche, n'apporte plus aux tissus une quantité suffisante d'aliments et ne les embarrasse plus de leurs déchets; l'innervation est amoindrie, le cœur est moins bien nourri, moins excité à se contracter par un sang altéré et par un système nerveux parésié. Il se produit souvent des coagulations dans son intérieur et celles-ci sont le point de départ d'embolies. L'asystoUe. passagère dans certaines intoxications, est Cadéac. — Sémiologie, 2'- édit. 1. — 19 326 APPAREIL CIRCULATOIRE. souvent permanente dans les affections organiques du cœur et prépare une terminaison fatale 1). c. Fréquence. — Le nombre des battements du cœur varie beaucoup chez les diverses espèces animales. A l'état pathologique, ils peuvent plus que doubler, tripler et même devenir tellement précipités qu'ils sont iiinumé- rables. i° L'accélération des battements cardiaques ou la tachy- cardie résulte : 1° de la paralysie des nerfs modérateurs; 2° de l'excitation directe ou réflexe des ganglions auto- moteurs, des nerfs accélérateurs ou de leur origine spinale. Ce fait s'observe dans les inflammations rives d'organes plus ou moins éloignés du cœur, dans les inflammations (lu cœur et de ses enveloppes et dans la plupart des maladies fébriles. L'accroissement de la température organique et l'accé- lération du cœur sont tellement liés qu'on a pris la fréquence du pouls comme mesure de la fièvre. On compte six pulsations par degré de température (Lieher- meister). Ce rapport cesse d'être exacr, quand les méninges, le bulbe, les pneumogastriques sont irrités, l'excitation des nerfs vagues empêche les contractions cardiaques de s'accélérer malgré la fièvre. L'augmentation du nombre des battements cardiaques s'observe également après des courses rapides où l'exagé- ration des contractions musculaires entraine une activité plus grande de la circulation. Toutes les causes qui ébranlent vivement le système nerveux, qui l'excitent (anémie, hydrcmie) produisent cette même accélération par suite de l'action stimulante qu'exerce le sang altéré sur les ganglions automoteurs ou les nerfs accélérateurs. 2° La DIMINUTION du nombre des battemenls cardiaques (1) Tondeur, Joitrn. de méd. vét, cl de zootechnie, )S!H. CIRCULATIOX CARDIAQUE. 327 esl la conséquence d'un affaiblissement graduel et continu des fonctions cérébrales, d'excitations du pneumogastrique, d'obstacles au passage du sang dans les cavités du cœur {rétrécissement des ouvertures, lésions des valvules, produc- tions flbrineuses). On l'observe aussi dans la cyanose, la myocardite et dans la dégénérescence graisseuse du cœur. Certains étalons présentent des battements moins nom- breux quoique bien portants. Le ralentissement du cœur est également produit par Vopium, la nicotine, la digitale, l'intoxication bilicnre, la pilocarpine et les composés cyaniques. Plusieurs toxines microbiennes ralentissent aussi les mouvements cardiaques. Les toxines du Proteus nilgaris augmentent, en même temps, leur amplitude et parais- sent agir comme les cultures du Baciltus septicus ; mais le cœur empoisonné par la culture du Proteus conserve son excitabililé par les agents mécaniques ou physiques, tandis que les cultures du Bacillus septicus rendent le cœur complètement inexcitable, même aune période peu avancée de l'intoxication. Les toxines du bacille diphtéritique ralentissent légère- ment les battements et diminuent un peu leur amplitude (Roger). Il est à présumer qu'un grand nombre de toxines se comportent de même. d. Rythme. — Les irrégidarités dans les battements du cœur sont extrêmement variées; tantôt elles consistent dans la suppression d'un battement complet après un certain nombre de battements normaux, tantôt les irrégularités ne sont dues qu'à des contractions incom- plètes du cœur. Ces irrégularités d'intensité et de nombre affectent quelquefois un type régulier et revien- nent à peu près le même nombre de fois dans un temps donné; elles n'out rien d'absolument caractéristique; on peut les observer dans des maladies sympathiques 3-28 AI'PARIilL C1R^;L'LAT0IRE. comme dans des maladies idiopathiques qui sont alors des lésions profondes et graves comme les induralions, les déformations des valvules, la cardite, Veiidocardite, les blessures et les ruj^tiires du cœur. Chez le cliicn, on peut constater quelquefois des batte- ments triples dans le cours d'une seule révolution car- diaque complète. Cette irrégularité s'observe rarement chez le cheval. On peut remarquer aussi si le choc est brusque ou lent; mais tous ces faits sont recueillis avec plus de précision par l'auscultation. B. Bruits anormaux. — Les bruits anormaux perçus par la palpation consistent dans une prolongation ou un redoublement du choc cardiaque, accompagné ou non de ce frémissement particulier connu sous le nom àQ mouve- ment vibratoire ou de frémissement cataire. On le désigne encore sous le nom de thrill, de tintement auriculo-métal- lique et semble dû à une tension plus énergique des val- vules aui"iculo-ventriculaires. On peut comparer cette modification des mouvements du cœur au frémissement que Ton éprouve en plaçant la main sur un corps mis en vibration sur le larynx d'un individu qui chante ou crie. Cette modification s'observe dans les cas de fièvre, intense, de lésions des orifices cardiaques {rétrécissement) dans certains empoisonnements (digitale), dans les maladies septiques, dans la fièvre charbonneuse, le typhus, etc. Les sensations recueillies par la palpation permettent de prévoir, dans une certaine mesure, les résultats de l'auscultation. 4" Percussion. — On percute la paroi pectorale gauche à Taide des doigts ou du plessiuiètre. La percus- sion plessimétrique du thorax au niveau du cœur fournit de bons lenseiiinements chez le cheval et le hœut'. La CIRCULATION CARDIAQUE. 329 profondeur de cet organe chez les autres espèces, son peu de volume chez les petits chiens, les variations de dimen- sions suivant les races, l'embonpoint du pore, la présence d'une fourrure abondante, chez le mouton et chez certains chiens, rendent cette exploration presque impraticable. Résonance normale du cœur. — Après avoir porté le membre antérieur gauche en avant et fléchi le genou sur l'avant-bras, on percute la région du cœur en prenant les mêmes précautions que pour la poitrine. i° Chez le cheval, la. percussion donne un son mat dans un espace en forme de V, de 10 à 12 centimètres de haut, correspondant au tiers inférieur du cœur et limité en avant par la quatrième côte, quelquefois par la troisième ; en arrière, par la sixième chez les animaux de race com- mune, par la septième chez les purs sang; en bas, par le bord supérieur du muscle grand pectoral. Partout ailleurs, on rend évidente la résonance normale du poumon ou la matité des muscles environnants. 2" Chez le bœuf, les côtes et le sternum sont aplatis, les muscles moins épais, le pectoral plus grêle, et la percus- sion plus facile. Elle révèle une matité prononcée dans un espace compris entre la quatrième et la sixième côte et répondant également au tiers inférieur de la pointe du cœur. Cette matité fait complètement défaut chez les ani- maux gras : elle est très nette en arrière du coude chez les animaux très maigres. 3" Chez le mouton et chez la chèvre, le cœur est petit et entièrement recouvert par le poumon ; on peut obtenir, en frappant très fort, un son presque mat au niveau de la cinquième côte; mais ce point est difficile à délimiter. 4" Chez les chiens de haute taille, la percussion fournit un son mat, à droite comme à gauche, au niveau de la septième côte, sur une hauteur d'environ 1/. Bruits pleuraux déterminés par les mouvements du cœur. — Dans la pleurésie double ou dans la pleurésie unilatérale gauche, des adhérences peuvent s'étahlir entre le cœur et la bande de poumon qui le recouvre, de telle sorte qu'à chaque systole ventriculaire, on peut constater, à gauche, un bruit de frottement, un bruit de cuir neuf oa un bruit de râpe synchrone des battements du cœur et qui a toutes les apparences d'un bruit péri- cardique. Ce bruit est favorisé dans sa production par Fhépati- sation du poumon qui l'empêche de changer de volume et permet au cœur de le presser étroitement contre la paroi costale ; mais il peut se produire dans le cas de pleurésie simple et indépendante de toute adhérence entre le poumon et le péricarde. Ce bruit peut même persister après l'arrêt de la respiration obtenu par la fer- meture des naseaux. Son origine véritable est reconnue par la percussion, par l'auscultation, c'est-à-dire par la constatation des divers signes de la pleurésie ou de la péricardite. '-'. Bruits de souffles pulmonaires déterminés par les mouvements du cœur. — Chez les animaux de l'espèc bovine atteints de péricardite avec épanchemenl (1) (Cadéac), chez le chicjj atteint de bronchopneitmonic ou de bronchite capillaire, on peut entendre un bruit de souffle pulmonaire provoqué par le choc cardiaque. C'est (1) lievue ictér maire, 1884. LIPOTHYMIE ET SYNCOPE. 347 un bruit de souffle systolique, limité, brusque, très fort, localisé aux parties antérieures du poumon, là où le cœur se trouve normalement recouvert par le poumon; il est lié aux mouvements respiratoires et disparait quand on suspend ces mouvements, mais ce fait n'est pas absolu : il se manifeste indifféremment pendant l'inspiration ou pendant l'expiration. La production de ce souffle a été diversement expliquée. La majorité des auteurs l'attribuent à l'expulsion violente d'une certaine quantité d'air du poumon sous rinfluence de la systole cardiaque. Il se produit à ce moment-là un violent courant d'air qui détermine le bruit de souffle. D'après Potain, ces bruits résultent non de l'expulsion de l'air contenu dans une partie du poumon en rapport immédiat avec le cœur, mais de l'aspiration brusque d'une certaine quantité d'air dans la partie du poumon située entre le ventricule et la cavité thoracique. Au moment de la contraction venlriculaire, il se produit un écartement brusque de la paroi du cœur et de la paroi thoracique, et le poumon, en se précipitant dans le vide ainsi produit, augmente de volume. L'aii- aspiré à la suite de cette augmentation de volume est la cause de ce bruit de soufÛe. III. — LIPOTHYMIE ET SYACOPE. Définition. — La lipothymie est un syndrome caracté- risé par la disparition presque totale de la sensibilité et de la motilité à la suite de l'afTaiblissement des mouve- ments cardiaques et respiratoires. L'exagération de l'état précédent constitue la syncope dénoncée par la perle de connaissance, l'absence de pul- sations artérielles perceptibles, l'arrêt du cœur ou la persistance de quelques battements très faibles. Les animaux affaissés sont inertes, insensibles; les muqueuses 348 APPAREIL CIRCULATOIRE. sont pâles; ils paraissent morts; seul le premier bruit du cœur reste perceptible quoique très affaibli. Au bout de quelques secondes ou de quelques minutes, cet état se dissipe elles sujets reviennent à eux. L'influence morbide qui détermine cet état semble exercer sur les ganglions automoteurs du cœur, une action d'arrêt : elle produit, en même temps, l'anémie cérébrale et consécutivement la perte de sensibilité et de mouvement. La lipothymie et la syncope ne sont pas très rares chez le c/^t'VY;/(Rodet, Rey), chez les bêtes bovines (Hering) ; elles sont plus communes chez le cliien : Y endocardite, la myocardite et la péricardite, les opérations chirurgicales douloureuses, la saignée, les hémorragies peuvent les pro- duire. IV. — ACTION DES ALTÉRATIOXS VALVLLAIRES SUR LA CIRCULATION GÉNÉRALE. Il règne une solidarité parfaite entre le cours du sang dans les cavités du cœur et la circulation générale. Les lésions valvulaires retentissent sur tout l'organisme. Quand un orilîce est altéré {rétrécissement ou insuffisance) cette lésion gène le cours du sang et provoque deux résultats immédiats : raccumulalion du sang dans les cavités situées en avant de l'obstacle et une contraction plus énergique du cœur. L'accumulation du sang dans l'oreillette gauche, à la suite d'un rétrécissement ou d'une insuffisance, en pro- voque la dilatation; puis le sang s'arrête dans les veines pulmonaires et la circulation est enrayée dans le poumon et bientôt, de proche en proche, dans l'artère pulmonaire et le ventricule droit. Cette participation du cœur droit au processus morbide est le signal d'une phase nouvelle; cet organe se dilate à on tour et beaucoup plus rapidement que le gauche, car CIRCULATION ARTÉRIELLE, CAPILLAIRE, ETC. 340 il est infiniment moins résistant. Il s'hyperlrophie, la valvule Iricuspide devient insuffisante par suite de la dilatation ventricidaire; le sang reflue dans l'oreillelte, s'y accumule, stationne dans les veines caves qui ne peuvent plus s'y décharger, et, peu à peu, l'enrayement circula- toire s'étend à tout le système des vaisseaux sanguins. S'il s'agit d'un rétrécissement de Vorifice aortique, l'écoulement dans les cavités situées en aval est entravé, le sang tend à s'accumuler dans le ventricule gauche qui se contracte avec une énergie en rapport avec l'obstacle à surmonter; une hypertrophie compensatrice se produit Dans Vinsitffisance aortique, cette hypertrophie com- pensatrice retarde considérablement les stases veineuses et les autres troubles circulatoires: le phénomène domi- nant consiste, pendant longtemps, dans une oscillation considérable de la tension artérielle à chaque systole cardiaque, par suite du reflux continuel du sang dans le ventricule. Lorsque le mal commence du côté droit, la marche est plus rapide, car la première étape des processus pré- cédents est supprimée ; le cœur gauche n'est d'aucun secours pour résister à l'obstacle, la circulation générale entre immédiatement en scène. Quel que soit le siège du mal, les troubles de la circulation cardiaque entraînent une hypertrophie compensatrice, suivie, lot ou tard, de troubles généraux de la circulation. TROISIKMI-: SECTI(3N CIRCULATION ARTÉRIELLE, CAPILLAIRE, VEINEUSE ET LYMPHATIQUE Les artères propagent au loin l'action du cœur ; leur élasticité facilite l'action de cet organe et transforme son mouvement intermittent en mouvement continu ; leur contractibilité règle la distribution du sang dans chaque Cadkac. — Sémiolo»ie, '2'' édit. I. — 20 3î)0 APPAREIL CIRCULATOIRE. viscère. Les modifications fonctionnelles éprouvées par les artères dépendent des nerfs qu'elles reçoivent (vaso- constricteurs et vaso-dilatateurs). Le pouls est le principal signe qui permet de suivre les changements physiologiques et pathologiques de la circulation artérielle. ï. — POULS. Le pouls consiste en une sensation de soulèvement brusque que le doigt éprouve lorsqu'il déprime légèrement une artère reposant sur un plan résistant. Ce phénomène est le résultat du durcissement de l'artère déterminé par l'exagération de la tension artérielle à chaque systole venlriculaire. Technique. — La pression digitale est la seule méthode d'exploration du pouls chez les espèces animales. Il faut choisir une artère volumineuse, superficielle et reposant sur un plan résistant. Chez V homme, on a recours à divers appareils; on n'en possède aucun qui soit applicable à nos animaux domestiques. Chez les solipèdcs, on peut explorer le pouls aux artères glosso-faciale, sous-zygomatique et collatérales du canon. Pour explorer Tarière glosso-faciale, généralement choisie, on pose une main sur le chanfrein de l'animal et l'autre main sur la partie inférieure de la joue de manière à appliquer le pouce sur la face externe du maxillaire et les autres doigts sur l'artère, au point où elle s'engage de dedans en dehors dans la scissure maxillaire. On appuie légèrement sur le vaisseau main- tenu contre l'os maxillaire et l'on perçoit aussitôt les pulsations. A l'artère sous-zygomatiqi;e, située au-dessous et en avant de l'articulation temporo-maxillaire, le pouls est exploré en plaçant la pulpe des deux ou trois premiers POULS. 3bl doigts sur le trajet de l'artère au-dessous de la crête sous-zygomatiqne. L'artère collatérale dl' canon des membres antérieurs termine la radiale postérieure ; elle est située le long du bord interne des tendons fléchisseurs. Celles des membres postérieurs est une branche terminale de la pédieuse; elle est logée entre le métatarsien rudimentaire externe et le mélatarsien principal. Normalement, on ne peut tàter le pouls à ces artères que sur les chevaux à peau fine et à membres secs. Chez les bêles bovines, on palpe les artères glosso- faciale, humérale et coccygienne. L'artère glosso-faciale, plus petite, et entourée d'un tissu cellulaire mou, est plus difficile à trouver que chez les solipèdes. On l'explore plus facilement sur le côté de la joue, à deux ou trois travers de doigt au-dessus du bord du maxillaire, qu'au niveau de la scissure de cet os. Les ARTÈRES coccYGiENNEs inférieures se prêtent bien à cet examen. On saisit la queue entre les deux mains à lo ou 25 centimètres de son origine, en plaçant les deux pouces sur la partie supérieure de la queue et en appli- quant la pulpe des quatre doigts sur le côté externe de la crête médiane des os coccygiens ; les pulsations perçues sont petites et faibles. Chezlesbètesbovinesjeunesou maigres, on peut prendre le pouls à Vartère humérale, en passant la main sur la face interne de l'articulation scapulo-huméraie et en appli- quant les quatre doigts à plat au niveau du milieu de la première côte. Chez le cheval et le bœuf, on peut encore explorer Vaorte postérieure et les grosses divisions des troncs pelvi-cruraux, en introduisant la main dans le rectum et en portant les doigts à plat à la région sous-lombaire. Chez le mouton, la chèvre, le porc, le chien et le chitt, on peut explorer le pouls à l'artère radiale dans le sillon marqué au-dessus du genou, à la face interne du membre 352 APPAREIL CIRCULATOIRE. antérieur entre les muscles et le radius. On peut aussi percevoir facilement le pouls à l'artère fémorale, après sa sortie de l'arcade crurale en appliquant les doigts à plat dans le fond de l'aine, en haut, à la lace interne de la cuisse. 1. Pouls normal. — Pour bien juger des caractères du pouls morbide, il est indispensable de connaître le rythme, la qualité et la fréquence du pouls chez les animaux sains. Rythme. — Normalement, le pouls est égal et uni- forme chez le cheval el chez le bœuf, c'est-à-dire que, dans un graphique, toutes les courbes se ressemblent absolument; mais chez Vdiie et \e mulet, les pulsations sont brusques, inégales, irrégulières et parfois intermit- tentes. Les petits animaux, très excitables, présentent aussi, à l'état de santé, un pouls inégal. Il faut tenir compte de la fréquence de cette irrégularité dans les recherches cliniques. Qualité. — La sensation perçue par les doigts (jui explorent le pouls est un peu différente suivant l'espèce. Elle tient au degré de volume, dé fermeté ou de mollesse de l'artère. Delafond a reconnu que : Chez le cheval, l'artère est généralement grosse, médiocrement tendue, les pulsations sont larges, pleines el souples; Chez Vâne et le mulet, l'artère est tendue, raide ; Chez les hèiQ% bovines, l'artère est généralement souple, roulante et les pulsations sont longues, molles et égales ; Chez IdiClièvre, le vaisseau artériel est toujours dur et les pulsations artérielles dures et courtes ; Chez le mouton, l'artère est assez dure elle pouls petit, vif etmou ; Chez le porc, elle est tendue et le pouls brusque et dur. POULS. 333 L'artère du cineu et du chat est raide, ferme. Ces carac- tères doivent être bien connus, afin de ne pas confondre l'état normal avec l'état pathologique. Fréquence. — Chez l'animal adulte, ù jeun et au repos depuis duuze heures, les pulsations sont égales en nombre, semblables en force et se répètent après un es- pace de temps régulier. Voici la moyenne du nombre des pulsations exécutées pendant une minute par les divers animaux domestiques, d'après les observations de Girard, Rigot, Hériug, Delafond. Millier, etc. Chez le cheval 36 à 40 ^ Chez r.iiie et le mulet 45 à 50 Chez le bœuf ^. , 35 à 50 J'P-6c Chez le porc, le mouton et la chèvre 70 à 80 ^ ^<~. / i- Chez le chiei»! 90 à lOO ù .r- f " Chez le chat .' 110 à 140 Ces chiffres sont sujels à de nombreuses variations physiologiques dépendantes des circonstances suivantes : âge, taille, race, sexe, gestation, tempérament, tempéra- ture extérieure, moment de la journée, digestion, exercice, respiration, émotions. '«. Age. — Le pouls des jeunes animaux est très fré- quent. Che/Ae poulain, nouveau-né, Héring a constaté 100 à 120 pulsations; ,1. Munk, 130 à IGO. Vers l'âge de quinze jours, Héring compta de 90 à 100 pulsations; à trois mois, de 08 à 76 ; à six mois, de 64 à 72; à un an, de 48 à 56; vers deux ans et demi de 40 à 48; à quatre ans, de 38 à "oO; à i'àge adulte de 36 à 40. Selon Dieckerhoif, on compte 36 à 48 pulsations chez l'adulte, 34 à 40 pour les chiffres extrêmes. Chez le poulain, just[u'à trois mois, 48 à 38; de trois à sept mois, 45 à 48 ; de huit à douze mois, 40 à 42. Chez les bêles bovines, Héring a constaté : chez le nouveau-né de 92 à 132 pulsations; à un mois, 68; à six mois, 36 à 68. Rigot et Minot indiquent les chiffres 60 à 70 chez les jeunes ; 45 à 30 chez les adultes et 40 à 45 20. 36-40 Vieux. . 3 2-0 8 46-50 — 45-60 45-50 _ 40-45 70-80 — 55-60 70-80 — 55-60 90-100 _ 60-70 120-140 — 100-120 354 APPAREIL CIRCULATOIRE. chez les vieilles. Delafond a publié le tableau suivant : Clieval jciiue 00 72 Adulte Ane et mulel 65-75 — Bœuf 60-70 — Moutou et chèvre . . . 85-95 — Porc 100-110 — Chien 110-120 — Chat 130-140 — b. Taille. — Dans une même espèce, la fréquence du pouls offre des variations assez grandes avec la taille. Les petits ont le pouls bien plus accéléré. Suivant Delabère- Blaine, la différence peut être de 12 à la pulsations chez le chien; elle est souvent plus considérable. Chez les grands chiens, la moyenne est de 75, chez les moyens de 85 et chez les petits de H9 à 120; il y aurait donc près de 50 pulsations de diilerence. c. Race. — L'influence de la race est considérable. N uck indique pour les chevaux hongres, communs, de 33 à 46 pulsations ; pour les juments distinguées de 29 à 36, pour les communes de 35 à 55. d. Sexe. — L'influence du sexe des animaux a surtout été signalée par Leisering. Le nombre de pulsations chez les e7a/o/7S n'est pas le même que celui des chevaux hongres ou des juments placés dans les mêmes conditions. Cet auteur a vu le chiffre des pulsations chez les étalons des- cendre à 23; le maximum qu'il ait constaté est de 33. Schwarzenecker l'a vu varier de 24 à 36; J. Munk donne 28 à 30 pour les entiers, 23 même pour les sujets âgés, 36 à 40 chez les juments et les chevaux hongres; Schmidt- Mulheim,pourles entiers 24à36; hongres et junwntsS^iiiO. e. Gestation. — Chez les femelles, la gestation, aux dernières périodes, accélère le pouls. Delafond fait re- marquer qu'à partir du cinquième mois le nombre des pul- sations augmente environ de 4 à 5 par mois. /'. Tempérament. — Les animaux lymphatiques ont tou- jours le pouls plus lent que les nerveux; les animaux Î'OL'LS. 35ri sanguins ont aussi le pouls plus fréquent et plus plein que les lymphatiques. 7. Tempe'rature extérieure. — Le nombre des pulsations varie dans le même sens que la température. SlockÛelh a vu une même vache donner 48 pulsations dans une étable froide, tandis qu'elle en avait i^e dans une écurie chaude et même 120, au pàturape, pendant les fortes cha- leurs. On a remarqué de même que le pouls était plus lent en hiver qu'en été. Delafond note sur les ruminants des variations qui dé- passent de moitié les chiffres normaux. Dieckerkoff si- gnale Ta à 100 pulsations chez le cheval en état de trans- piration générale. Harms a constaté, pendant l'été, comme Stocktleth, 120 pulsations chez les bovins. h. Moment de la journée. — Les variations journalières de température, l'état de digestion, etc., amènent de grandes variations dans la fréquence du pouls. i. Digestion. — Après le repas, et surtout après un repas copieux, le pouls est toujours plus accéléré qu'avant le repas. La nature de l'alimentation est aussi à considérer chez les ruminants ; une nourriture sèche est accom- pagnée de plus de pulsations qu'une alimentation verte (Stocktleth). ;. TravaiL — Pendant le travail, on peut constater, chez des chevaux, une augmentation de 8 à 10 pulsations même après une demi-heure de repos. Chez le bœuf, on a compté de 49 à 74 pulsations. DieckerkofF en a constaté 73 et même 400, pendant le travail que nécessite l'appa- rition de la sueur; après un effort léger, il faut attendre vingt minutes, avant que le pouls soit redevenu normal, une heure, en moyenne, quand le travail effectué est très pénible. k. Émotions. — La colère, la crainte, la peur, la joie font aussi varier considérablement la fréquence des pul- sations; Millier a vu le pouls des chiens atteindre 240 et 260 par minute. Il est donc indispensable de tranquilliser, 356 APPAREIL CIHCULAÏOIRE. (le rassurer les animaux quand on veut explorer le pouls. II. Pools pathologique. — Les modifications du pouls, sensibles dans la généralité des maladies, fournis- sent des renseignements cliniques importants. On peut les "rouper sous trois chefs: le nombre le mode et le rythme. A. Aombre. — Le nombre des pulsations peut être apprécié d'une façon mathématique ; il suffit d'avoir une montre à secondes et de compler le nombre de fois que le doigt est soulevé dans une minute, ou même dans un quart de minute. A cet égard, on dislingue : 1° le pouls accéléré ou fré- quent; 2° le pouls ralenti ou rare. 1" Pouls accéléré ou fréquent [tachycardie). — On dit que le pouls est fréquent lorsque le nombre de pulsations est augmenté d'un cinquième environ. Chez le cheval, le pouls est fréquent quand il y a plus de 40 pulsations par minute; on dit qu'il est modérément fréquent quand on compte GO pulsations environ, très fréquent quand ce chiffre s'élève à 80, 100 ou même 120 par minute. C'est l'un des principaux signes de la fièvre : le pouls fébrile est synonyme de pouls fréquent ; on Tobserve au début de toutes les maladies inflammatoires : le pouls est alors, fréquent, large; de plus, le nombre des battements augmente avec les progrès de la maladie. Si l'accélération persiste pendant la période d'étal, on doit craindre une aggravation ; au contraire, s'il devient moins fréquent, mou, c'est l'indice d'une amélioration et d'une heureuse terminaison. L'accélération du pouls est déterminée par l'altération du cœur; tant que cet organe reste sain, le nombre des battements ne change pas, malgré l'élévation de la tem- pérature. Dans la morve, par exemple, le nombre de pulsations POULS. 357 reste le même, bien que ki température s'élève à 42". Mais les maladies sej^tiques, qui font subir au cœur la dégénérescence graisseuse, rendent le pouls tumultueux (80 à 100 pulsations par miniUe). Ces maladies sont : la pneumonie, la septicémie, ïin- /[uenza,]a péritonite, l'entérite, les coliques intenses, ['anthrax et toutes les maladies du cœur et du péricarde {endocar- dite, myocardite, faiblesse cardiaque, péricardite trauma- tiqiie du bœuf, insuffisance des valvules, hypertrophie du cœur avec dilatation de ses cavités). Les rétrécissements artériels, les thromboses, l'emphysème pulmonaire peuvent produire le même résultat. Chez le hœaf, la septicémie puerpérale, le mctéorisme, la pneumonie, la peste hocine, etc., se traduisent aussi par une accélération du pouls. Chez le chien, la maladie du jeune âge, arrivée à la pé- riode ultime, la septicémie, l'entérite, la gastrite intenses, peuvent porter le nombre des pulsations à 200 et même à 250. Chez le porc, on peut compter lOO-loO pulsations [fièvre puerpérale, etc.). On peut aussi remarquer une accélération manifeste dans les affections anémiques (anémie, anémie pernicieuse, leukémie, hémorragies très abondantes, émissions san- guines répétées) ; le sang pauvre en oxygène est un exci- tant du système nerveux accélérateur. Enfin l'empoison- nement par la digitale, la paralysie des imeumogastriques sont caractérisés par une fréquence plus grande des pulsations. Le maximum de fréquence a été signalé dans le coU'apsus. 2° Pouls ralenti ou rare. — Le pouls est lent lorsque le doigt explorateur ne perçoit les pulsations qu'à de longs intervalles. Cette modification s'observe dans les affections des centres nerveux et de leurs enveloppes (période de dépression de l'inflammation cérébrale, immobilité du 358 APPAREIL CIRCULATOIKE. cheval, épanchenients, ramollissement, épilepsie, tétanos) àla suite d'e.rci/a^ions du nerf vague; on la remarque aussi dans Victère, Vobésité cardiaque ; elle est symptoraatique de l'inanition, des grands cpanchements des séreuses splanchniques, de certaines maladies du cœur (sténose aortique et initrale), des empoisonnements par les narco- tiques; elle résulte enfin de l'action de quelques médica- ments (digitale, scille, strophanlus, opium, etc.). Pendant la convalescence, la rareté du pouls est connue depuis longtemps : c'est un signe de boa augure. B. Mode. — On entend par mode, les qualités intrin- sèques de chaque pulsation, l'impression que fait subir l'artère au doigt qui la comprime ; c'est l'examen d'une seule pulsation. A ce point de vue, on peut distinguer le pouls : fort, faible, vite, paresseux, dur, mou, filiforme, etc. Une pre- mière division peut être établie en tenant compte du degré d'amplitude de chaque pulsation. 1° Pouls fort, vigoureux, plein, grand, large, ample, développé. — Cette variété consiste dans une poussée énergique du sang dans l'artère. 11 se remarque norma- lement sur les animaux sanguins. Pathologiquement, on le trouve dans la fièvre, le surme- nage des animaux, dans les inflammations et les conges- tions parenchymateuses (pneumonie, fourbure, etc.), dans V hypertrophie du cœur gauche, surtout s'il y a insuffisance aortique, dans les néphrites chroniques. 2° Pouls faible, débile, pauvre, filiforme, filant, insen sible, inexplorable. — Cette variété est caractérisée par son peu d'amplitude. On l'observe dans une foule de ma- ladies qui amènent Y affaiblissement du cœur : intoxica- tions, maladies infectieuses, anémie, leukémie, insuffi- sance des valvules, endocardite, péricardite, myocardite. POULS. 359 dégénérescence graisseuse du cœur, sténose aorlique et mitrale. Dans la péritonite, la gangrène, la dysenlerie intense, à la suite d'hémorragies abondantes, le pouls devient petit, faible. Les poison»' c«)'d(rt(/ues (digitale, opium, strophantus, etc.) et les anesthésiques à dose toxique, amènent également raffaiblissement du pouls. S'il est excessivement faible, il devient tremblant et même insensible. Dans quelques cas, le pouls est nul [période extrême des maladies du cœur, asphyxie, empoisonnements^a.Tlesiox\q\ies cardiaques, épilepsie, commotion cérébrale, thromboses, compressions artérielles par des tumeurs). L'arrêt prolongé amène la mort, s'il se manifeste sur tous les vaisseaux; il peut se prolonger indéfiniment quand l'arrêt n'intéresse qu'un seul vaisseau comme dans le cas de thromboses, de brides fibreuses, etc. L'artère lésée est inerte, au-dessus, le pouls est dur et rebondissant. La rapidité avec laquelle s'établit la pulsation permet de distinguer un pouls vite et un pouls lent. 3° Pouls vite, bondissant. — Il consiste dans une sensa- tion brusque et brève de durcissement de l'artère. Il résulte d'une systole énergique et subite du ventricule. On le remarque dans V hypertrophie, du cœur gauche, dans l'insuffisance aortique (le sang reflue vers le ventri- cule pendant la diastole). A la première période de l'inflammation des séreuses splanchniques ou articulaires, dans la. métrite et {'entérite compliquées de péritonite, après une hémorragie, le pouls présente encore ces caractères. Il ne faut pas confondre cette variété avec le pouls fré- quent ; en effet, le pouls peut être vite et rare, c'est-à-dire que la sensation peut êlre brusque mais répétée un petit nombre de fois dans l'unité de temps. Il est cependant plus commun de trouver réunis le pouls vite et fréquent. 360 APPAREIL CIRCULATOIRE. 4" Pouls lent, paresseux. — La pulsation se développe lentemenl sous le doi^t explorateur. C'est la conséquence d'une systole difficile, lente, comme on le voit quelque- fois chez les chiens et les chevaux âgés. Il caractérise Vanévrysme, la sténose aortique et mitrale. Dans les hydropisies des grandes cavités splanchniques, dans Vanémic, le pouls est toujours lent et mou si le sujet est examiné au repos, car, après l'exercice, il peut devenir vite et très accclcré. La tension du sang à l'intérieur de f artère donne une sensation de dureté plus ou moins grande, caractéris- tique du pouls dur et du pouls mou. 0° Pouls dur, résistant, tendu. — Dans cette variété, l'artère est résistante, roulante sous le doigt. Ses parois sont distendues par une pression intérieure très grande : c'est le pouls des inflammations aiguës, des séreuses splanch- niques et articulaires (pleurésie, péritonite), des lésions du cœur (atrophie, dégénérescence graisseuse, lésions d'orifices), des altérations du péricarde et des poisons car- diaques (opium, digitale). On le rencontre dans le tétanos, les coliques de plomb, les coliques violentes . la fièvre inflammatoire, ï hyper- trophie du cœur gauche, Vartério - sclérose , Vendarlé- rite. Si, en même temps, le pouls est petit, on dit qu'il est serré (première période des fièvres éruptives) ; ce pouls traduit la disparition des forces. Ces caractères s'accentuent aux approches de la mort ; si ce pouls persiste malgré le traitement spécial, la mort est presque inévitable ; s'il succède à un pouls ample, c'est un signe grave annonçant fréquemment une hémorragie, particulièrement quand il s'accompagne de pâleur des muqueuses. Il peut être remplacé par un pouls fo7't cl ample, après une médication énergique ; ce dernier con- stitue alors un bon signe. POULS. 361 6» Pouls mou. — L'artère est flasque, facilement dépres- sible, c'est dire que la pression artérielle est faible. Le vaisseau peut être volumineux, mais le sang le remplit incomplètement. Cette variété accompagne le lymphatismc exagéré, Vhydvohémie compliquée d'épanchemenl, la fai- blesse du cœur. Si, en même temps, il est très petit, on dit qu'il est filiforme. '" Variétés associées. — Les diverses variétés de pouls sont fréquemment associées; le pouls peut être à la fois vite et rare, c'est-à-dire qu'un graphique, obtenu par vivisection, montre une dilatation brusque de l'artère (pouls vite) et un nombre très restreint de pulsations dans un temps déterminé i pouls rare). D'ailleurs le pouls peut être lent, sans pour cela être rare; dans ce cas, l'artère se soulève lentement; mais à peine une dilatation s'est-elle produite qu'une autre la suit. Cependant, ces deux caractères s'allient rarement, le pouls letit ne peut être un pouls très fréquent. Le nombre des pulsations dans une minute n'est jamais considérable quand chacune a une durée prolongée. Ajoutons que le pouls rare peut être également un pouls ii7e, grand ou pe^ inégal. — Le pouls est inégal quand les pul- sations sont de force et de grandeur différentes. Une pul- sation d'une force insolite peut remplacer, à divers inter- valles, une pulsation normale, c'est le pouls intercident. a. Ce pouls arythmique est généralement un signe grave : les affections gangreneuses, septiques, l'endocardite, les maladies inflammatoires graves, les maladies éruptives au début, Y affaiblissement du cœur, la dégénérescence de cet 364 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL CIRCULATOIRE. organe, les inmfflsances valculaires non compliquées, les maladies du cœur et enfin les maladies cérébrales sont ca- pables de le produire. Presque toujours, le pouls intercident est, en même temps, dur et vite; ce pouls est dû à l'arythmie car- diaque, consécutive aux lésions de cet organe et aux mo- difications réflexes déterminées par le trouljle d'un organe plus ou moins éloigné du cœur. b. Le pouls est alternant quand une pulsation forte alterne avec une pulsation faible; cette forme s'observe notamment chez le chien, même à l'état normal. c. Le pouls est dit en queue dk rat [myure], quand les pulsations présentent une décroissance graduelle dans leur énergie : d'abord fortes, ensuite faibles, elles revien- nent insensiblement à leur premier état, et la déclinai- son se fait remarquer de nouveau. Ce pouls accompagne les hémorragies. d. Le pouls est différent quand deux artères homolo- gues présentent des pulsations différentes ; celte modifi- cation peut se rencontrer sur les animaux sains (chevaux et chiens). Celte inégalité du pouls aux deux glosso- faciales, par exemple, peut dépendre d'un obstacle à l'ori- gine des carotides, qui gène la pénétration du sang. Une différence assez prononcée, accompagnée d'un retard, caractérise les anévrysmes. e. Le pouls est paradoxal quand les pulsations dispa- raissent dans une profonde inspiration {tumeurs médias- tines, sténose des voies aériennes, fusion de feuillets péricar- diques de l'homme, etc.). Pouls de l'artère collatérale du canon. — A l'état nor- mal, l'artère collatérale du canon, située au bord interne du tendon du membre antérieur et entre le métatarsien latéral externe et le principal des membres postérieurs, ne renseigne que d'une façon confuse. Dans certains états morbides, au contraire, le pouls acquiert une grande netteté à ce niveau. 11 devient très TROUBLES DE l'ÉLASTIi:iTÉ. 365 distinct dans toutes les maladies de pied. La foiir- biire aiguë notamment s'accuse par une grande dila- tation de cette artère et par un pouls très net. Il faut explorer comparativement le membre sain et le membre malade. Pouls de l'aorte postérieure. — L'aorte postérieure ne peut être explorée que sur les grands animaux, particu- lièrement chez le cheval. On examine le gros tronc et les quatre branches divisionnaires ; on peut parfois aussi atteindre les troncs mésentérique et cœliaque, et y décou- vrir des anévrysmes. Dans quatre cas d'ariévrysme delà grande mésentérique, Rohling a senti, sans difficulté, les battements de l'aorte, en plaçant la main sur le dos; phénomène déjà signalé par Lafosse fils. Dans les cas de thrombose des iliaques, le pouls est bondissant en amont, nul en aval. Les lésions organiques du cœur en modifient le nombre, l'araplilude et engendrent des souffles faciles à percevoir (Constantin Paul et Trasbot). II. — TROUBLES DE L ÉLASTICITÉ ET DE LA COXTRACTILITÉ ARTÉRIELLES. a. L'ÉLASTICITÉ des artères augmente le travail du cœur, facilite la progression du sang et convertit en mouve- ment continu le mouvement intermittent que les systoles ventriculaires tendent à lui communiquer. Quand l'élasticité est affaiblie, comme dans le cas d'ar- térite chronique, l'impulsion cardiaque se fait sentir plus loin qu'à l'état normal dans l'arbre artériel et peut favoriser les ruptures vasculaires (Hallopeau). Mais cette modification des parois artérielles, fréquente chez l'homme, est rare chez les animaux, hormis les cas d'anévrysmes de l'aorte postérieure, communs chez les soUpt-des. h. La coNTRACTiLTTÉ des artères complète, à l'égard du •sang, l'action propulsive du cœur; elle préside à la dis- 366 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL CIRCULATOIRE. tribulioii et à la répartition du sang dans les organes de Féconomie proportionnellement à leurs besoins. Deux sortes de nerfs, les vaso-constricteurs et les vaso- dilatateurs exagèrent ou diminuent cette distribution en modifiant la conlractilité vasculaire ; c'est-à-dire en dila- tant ou en rétrécissant le calibre des vaisseaux. L'excitation des vaso-coustrictenrn diminue l'afflux du sang et produit l'anémie dans la partie où se distribue le vaisseau ; simultanément, les combustions se ralentis- sent, la température est abaissée, les sécrétions et toutes les fonctions sont diminuées, la stase et l'exsudation liydropiqiie surviennent. La paralysie des vaso-constricteurs ou Vexcitation des vaso-dilatateurs amène la dilatation des vaisseaux, l'in- jection et le gonflement des tissus irrigués. Les combus- tions sont plus intenses, la température s'élève, la dia- pédèse et l'exsudation plasmatique sont abondantes ; des hémorragies capillaires sont possibles ; des troubles graves de la nutrition se produisent (1). III. — CIRCULATION CAPILLAIRE. Ses modifications ne peuvent être perçues qu'au niveau des muqueuses (conjonctive, bouche) ou îles parties dépigmentées de la peau. Elles consistent dans des chan- gements de volume de ces canaux, dans une coloration anormale et dans des troubles congestifs, hémorragiques ou inflammatoires survenus dans le territoire qu'ils irriguent. Le volume des capillaires est sous la dépendance des vaso-moteurs qui peuvent augmenter le calibre de ces vaisseaux (vaso-dilatateurs) ou le diminuer (vaso-con- stricteurs) (2). La COLORATION des muqueuses est très pdle dans les (1) Voy. Vaso-moteurs in Pathologie générale de l'Encyclopédie vétéri- naire, |). 324. (2) Cadéac, Pathologie g/hv-rale de l'Encyclopédie vétérinaire, p. 254, 315. CIRCULATION CAPILLAIRE. 367 maladies cachectiques, clans ranémie, les hémorragies, les maladies chroniques ; elle est rouge safrané dans la pneumonie fibrineuse, etc., et clans toutes les maladies où l'hémoglobine se dissout en plus grande proportion dans le sérum sanguin. Cette coloration s'accompagne d'un œdème de la conjonctive dans la fièvre typhoïde, elle est jau7ie dans l'iclère par rétention complète ou incomplète (catarrhe du canal cholédoque, distomatose, échinococcose, calculs, entérite et gastro-duodénite) ; elle est rouge violacé (cyanose) dans l'asphyxie par défaut d'air, dans les maladies cérébrales qui ralentissent ou suppriment les mouvements du cœur et de la respiration et dans les affections du cœur qui rendent l'hématose insuffisante. Les troubles congestifs (1) se résument dans Yinjection et larougeurdes parties irriguées d'une manièreexcessive. Les troubles hémorragiques de la circulation capillaire sont les pétéchies et les ecchymoses. Pétéchies. — Les pétéchies sont des infiltrations san- guines de forme circulaire, très petites, ne dépassant pas les dimensions d'une pièce de cinquante centimes. On les rencontre sur la peau, les muqueuses, les sé- reuses et quelquefois dans les parenchymes. Suivant leur ancienneté, leur couleur est rouge vif, rouge foncé, rouge brun, noir, ardoisé; quand le sang est très altéré, elles présentent, dès le début, une teinte livide. Les variations de teinte qu'elles subissent résultent de la décomposition de l'hémoglobine et de la désagrégation des globules rouges épanchés. Les pétéchies ne soulèvent jamais l'épiderme ; on ne peut les sentir par la palpation ; elles se différencient des taches congestives qui disparaissent sous la pression du doigt. Signification. — Ces hémorragies dépendent d'un (I) Voy. Congestion et Inpammation in Pathologie générale de l'Ency- clopédie vétérinaire, t. III. 368 SÉMIOLOGIE DE l'aPPAREIL CIRCULATOIRE. grand nombre de maladies ; Vanasarque du cheval au début, les fièvres éruplives, la fiéire typhoïde, la fièvre charbonneuse, la variole ovine, la peste bovine, le coryza gangreneux, Vanasarque des bêtes bovines, le purpura, le scorbut, sont fréquemment accompagnés de pétéchies. Ces hémorragies sont presque constantes dans Vendocar- dite ulcéreuse ou chronique végétante, dans Vathi'rome suivi de la désagrégation des plaques dégénérées. Les intoxications par les sets biliaires (ictère grave, gas- tro-duodénite, hépatite), par les narcotiques, paiV la réten- tion d'urine dans la néphrite et la cystite, par l'asphyxie sont toujours suivies de pétéchies. C'est un signe d'altération du sang qui altère les vais- seaux et les rend plus perméables et plus faciles à déchirer. Ecchymoses. — Les ecchymoses sont des taches san- guines caractérisées par des hémorragies mal délimi- tées, irrégulières, de dimensions variables et toujours en relief sur les parties voisines ; elles résultent de trau- malismes de la peau ou des muqueuses. Leur coloration passe par les mêmes phases que dans les autres hémor- ragies (Voy. ce mot). Les troubles inflammatoires des vaisseaux capillaires seront étudiés (Voy. Inflammation). IV. — CIRCULATION VEINEUSE. La circulation veineuse fait suite à la circulation capillaire, et ramène le sang au cœur. Le sang circule dans le système veineux en vertu de la pression qu'il reçoit des capillaires et de l'aspiration produite par le coeur au moment de la diastole. D'après Delafond, cette partie du système circulatoire renseigne : 1" par le gon- flement des veines; 2" par leur affaissement général; 3" par \a présence de 7wdosités;i" par le poids veineux. \° Gonflement des veines. — C'est l'indice d'un leni- CIRCULATION VEINEUSE. 3G9 pérament sanguin. On le remarque sur les membres fourbus, et en général dans les parties congestionnées, à la périphérie des lumeurs cancéreuses où ce gonflement est constant. Lorsque cette modification est permanente jet très prononcée, elle constitue les varices. 2° Affaissement des veines. — C'est un signe de con- gestion interne, d'hémorragies des viscères ^foie, pou- mon, intestin) ; dans l'anémie et la cachexie, les veines sont également atlaissées. -- 3° Nodosités. — Elles sont dues à des thromboses veineuses, coexistant le plus souvent avec des throm- boses des terminaisons de l'aorte postérieure ou d'artères importantes : elles sont l'expression d'une stase prolon- gée et d'un grand embarras de la circulation [endocardite chronique). 4° Pouls veineux. — Normalement, le sang circule dans les veines sans engendrer aucun phénomène apparent. A l'état PATHOLOGIQUE, ou lorsque l'animal est dans une position anormale, on peut percevoir soit par la vue, soit par le toucher, une sorte de pulsation qu'on a désignée, par analogie, sous le nom de pouls veineux. Ce phénomène est dû à la dilatation excessive du système capillaire, permettant à la systole cardiaque de se transmettre directement au sang veineux : c'est alors le pouls veineux direct. Après la section du filet cervical du sympathique, Claude Bernard l'a vu se produire sur la veine coronaire labiale et même à la jugulaire. Cramer et Mosso l'ont provoqué dans les veines du cerveau du chien et du veau; Donders, dans les veines du globe oculaire. Mais sous le nom de pouls veineux, on comprend, le plus souvent, celui qui se produit dans la jugulaire, par suite d'une marche rétrograde du sang. C'est une ondu- lation visible sur l'encolure, de bas en haut, et perçue par le doigt placé sur son trajet. On le nomme poids veineux récurrent. 21, 370 SÉMIOLOGIE DE L'APPAREIL CIRCULATOIRE. Quand ce pouls veineux est le résultat de la contrac- tion auriculaire, il se produit avant la systole cardiaque, il prend le nom de pouh veineux présijstolique. Le pouls veineux- systolique, suite d'une insuffisance tricuspidienne, se définit de lui-même. Le pouls veineux récurrent est déterminé (Poiseuille, Colin) par le mouvement- d'expiration, surtout quand la circulation cardiaque est gênée; l'aspiration qu'exerçait le poumon cesse brusquement, il s'ensuit un arrêt subit, qui se transforme même en reflux par suite de rafîaisse- ment des côtes. L'absence des valvules à l'entrée des veines dans l'oreillette permet au sang de refluer quand Gelle-ci se contracte. Le pouls veineux récurrent a son maximum d'intensité quand la systole auriculaire s'eiïectue en même temps que l'expiration. Le mécanisme du pouls veineux a été élucidé par Potain (1868), Mosso (1878), et surtout par François Franck (1882). Sous l'influence de la systole auriculaire, le sang reflue dans la veine cave antérieure, le cours régulier étant suspendu dans la jugulaire, le sang s'y accumule, le pouls veineux apparaît. Si on emploie les appareils enregistreurs, on perçoit deux autres soulève- ments de la veine ; l'un au début de la systole, dû à la fermeture de la tricuspide, l'autre à la fin de la systole, dû au déplacement de la base du cœur, et peut-être à la chute des sigmoïdes. Signification. — Ce signe est constant sur toutes les veines voisines du cœur, chez le chien et le lapin, à l'état normal. Colin l'a vu sur le cAevai arrêté dans une course; on le voit toujours sur les animaux couchés. Delafond Ta signalé sur la jugulaire externe du Ixeiif, avant les attaques d'épilcpsie. La péricardite aiguë ou chronique, la dégénérescence du cœwr (Bouley et Colin), la pleurésie chez le cheval (Colin), les hypertrophies excentriques, la dilatation du cceur droit, CIRCULATION LYMPHATIQUE. 371 ïcmphy:<éme pulmonaire au dernier degré, le rétrécissement tricuspide, Vengoiiemcnt des veines, l'affaiblissement des systoles cardiaques, une grne respiratoire en sont les causes les plus communes. V. — CIRCULATION LYMPHATIQUE. Le système lymphatique forme les globules blancs dans ses nombreux ganglions et draine les organes au niveau de ses racines ou de ses vaisseaux. Vaisseaux el ganglions se tiemienl; la lymphe altérée qui circule dans les réseaux propage, aux ganglions, les altérations des lymphatiques. Les MODIFICATIONS PATHOLOGIQUES de Cet appareil consis- tent dans l'hypertrophie, dans l'ulcération ou dans la dilatation des vaisseaux ou des ganglions lymphatiques. a. Hypertrophie. — V hypertrophie des vaisseaux et des ganglions lymphatiques est symptomatique: 1° De la morve, caractérisée par des ulcérations (chancres) et des tubercules de la cloison nasale, suivis de cordes et principalement d'une glande dure, bosselée, indolente, de consistance cartilagineuse, très adhérente et généralement incurable comme les lésions provocatrices; 2° Du farcin, qui détermine l'engorgement des réseaux lymphatiques, des cordes noueuses qui se ramollissent et s'ulcèrent par places; 3° De la gourme, qui provoque des lymphangites et des adénites, qui se terminent par suppuration. 4° De la tuberculose, qui, chez quelques animaux, amène la production de cordes indolentes, sinueuses, saillantes, aboutissant à des ganglions qui se tuméfient et éprouvent la transformation caséeuse; 5° Du farcin du bœuf, qui détermine des tumeurs dures ou fluctuantes généralement indolentes de Tavant-bras, à la face interne de la cuisse, le long du canon et sur le 372 SEMIOLOGIE DE L APPAREIL CIRCULATOIRE. trajet des principaux lymphatiques ; il se forme des abcès sur le trajet des cordes et des adénites se produisent : elles s'abcèdent, s'indurent et ne se résolvent jamais; 6» Du farcin d'Afrique, ou lymphangite épizootique, qui provoque des cordes, des adénites se terminant par ulcé- ration mais fournissant du pus de bonne nature; l'inocu- lalion les différencie des cordes morveuses ou farcineuses ; 7° De Vinfection cancéreuse, qui détermine l'hypertrophie et l'induration des ganglions sans ramollissement, sans ulcération et la production des cordes qui relient la tumeur primitive à la tumeur secondaire ganglionnaire ; 8" De ïinfectmv septique, engendrée par la résorption des germes de la putréfaction au niveau des extrémités et suivie de lymphangites et d'adénites; 9" Des maladies parasitaires (gales, etc.), piqûres d'in- sectes, qui amènent des lymphangites peu graves; 10° Des lymphadénomes, qui sont caractérisés par la production des tumeurs lymphatiques ou par l'hyper- trophie des ganglions préexistants, mais sans ramollis- sement et sans ulcération de ces tumeurs. 11" Des adénites parasitaires, engendrées par le Lin- guatula denticulata qui séjourne dans les ganglions mésentériques des ganglions des ruminauls. b. Ulcérations. — Les idcêrations des ganglions et des lymphatiques sont fréquemment la terminaison des lymphangites spécifiques (morve, farcin, etc.). Les lym- phangites et les adénites de nature néoplasique, ou pro- voquées par des venins, etc., ne s'ulcèrent pas. Dilatations et varices. — Les dilatations et les varices des vaisseaux lymphatiques résultent de stases sanguines, de cachexie consécutive à l'asystolie : on l'observe dans l'endocardite valvulaire des orifices gauches (Nocard). SEMIOLOGIE DE L'APPAREIL URL\AIRE L'exploration approfondie de l'appareil urinaire, la connaissance des caractères normaux et pathologiques de l'urine, son mode d'expulsion ont une grande impor- tance dans le diagnostic des maladies du rein et de la vessie. L'urine par sa composition ou par ses caractères mi- croscopiques, révèle des altérations générales [diabète, affections microbiennes), des maladies du foie {ictère), du sdit) g [hémoglobinémie) , du tube digestif {auto-intoxications). Toutefois, les maladies uropoiétiques, si bien étudiées chez l'homme, sont peu connues chez nos animaux; il est vrai que l'étude de l'urine est plus complexe en médecine vétérinaire. L'urine des herbivores ne ressemble pas à celle des carnivores ; celle des omnivores a aussi une composition spéciale. L'appareil urinaire nous renseigne : 1° par les modifi- cations physiques des organes qui le composent ; 2° par le mode d'expulsion de l'urine ; Z° par sa quantité ; 4° par ses caractères physiques; 5" par ses caractères chimi- ques; 6° par ses caractères microscopiques. A. — MODIFICATIONS PHYSIQUES DES ORGANES URINAIRES. Exploration. — Elle peut être interne ou externe. a. Exploration interne. — Toucher rectal. — Pour pra- tiquer l'exploration interne des organes urinaires, il faut 374 SÉMIOLOGIt: DE L APPAREIL URINAIRE. fixer l'animal, se couper les ongles, se graisser le bras qu'on introduit dans le rectum vide, par un mouvement de pression et de térébration; en portant la main rn haut, on ne peut guère toucher les reins que lorsqu'ils sont hypertrophiés ou flottants, sauf le rein droit accessible chez le bœuf qu'on peut trouver atrophié ou hypertrophié, mais on atteint facilement les uretères ; en bas, au bord antérieur du pubis, on peut palper la poche vésicale qui est ferme lorsquelle est vide, élastique et projetée dans l'abdomen quand elle est pleine. On retire lentement le bras, les doigts étendus sur la portion postérieure de la vessie, pour explorer le col vésical et la portion pelvienne du canal de l'urètre. Cette portion des voies urinaires est seule explorable chez le mouton, le porc, le ehioii et le chat. Chez ces animaux, comme chez l'homme, on se sert de l'index et du médius. Normalement, l'exploration des voies urinaires est tou- jours suivie d'efforts expulsifs modérés; ces efforts deviennent violents, et sont accompagnés de mouvements désordonnés dans les cas de néphrite, de pyélite, de cal- culs rénaux, de cystite, d'entérite, de rectite; la main doit explorer ces organes doucement et lentement. Les uretères sont sensibles à la pression quand ils sont enflammés {uretcrite) ou dilatés [calculs oblitérateurs). Chez les grands ruminants mâles, la main peut suivre l'uretère droit dans tout son parcours et apprécier son degré de dilatation ; l'uretère gauche, dissimulé par le rumen, n'est accessible qu'au niveau de la vessie. La vessie est douloureuse à \3l palpation quand elle est distendue par l'urine, distension si accusée parfois que la poche vésicale repose sur les parois abdominales [chute de lavessie) ; elle est affaissée quandcet organe est rupture; elle est dure, quand elle renferme des calculs; de consis- tance inégale, quand elle est le siège de tumeurs (sarcomes, carcinomes, épithéliomes). MODIFICATIONS PUYSIQUES DES ORGANES URINAIRES, 375 La portion pelvienne du canal de l'urètre est gonflée, distendue, douloureuse quand elle est enflammée [urê- trite] ou qu'elle contient des calculs. La palpatton peut enfin révéler, à travers la vessie et 1 urètre, des éminences osseuses de la symphyse pu- 1) enne, susceptibles d'amener l'inflammation des organes U! inaires. Toucher vaginal. — 11 achève de piéciser les renseigne- ments donnés par l'exploration rectale et est préférable à cette dernière méthode pour les femelles. Le méat urinaire est visible à o ou 6 centimètres de la vulve; il suffit d'écarter les lèvres de la vulve et les parois vagi- na'es pour l'apercevoir. b. Exploration externe. — La palpatiox extérieure de Ja région des reins des solipèdes et des ruminants ne donne aucun renseignement sur les changements de volume de ces organes; mais on peut reconnaître une hyper esthésie significalive . Chez les chiens maigres et longs et chez tous les chiens anesthésiés, la main engagée sous les fausses côtes peut apprécier les modifications de siège, de volume, de mobi- lité et de sensibilité symptomatiques de la distension des ligaments des reins, de tumeurs ou d'inflammation de ces organes. La PONCTION des reins, pratiquée par la voie lombaire ou par la voie abominale à l'aide d'un trocart aseptique, permet de distinguer Vhydronéphrose d'une tumeur solide. La palpation externe de la vessie par dépression du ventre est impraticable, chez les solipèdes et les grands ruminants, en raison du volume considérable du ventre et de l'épaisseur des parois abdominales ; mais elle est possible chez les jeunes ruminants et chez les petits animaux comme le chien et le chat, en s'aidant de la msition et de la pression. 376 SÉMIOLOGIE DE l'aPPAREIL URINAIRE. On se rend ainsi facilement compte de l'état de vacuité ou de plénitude de la poche vésicale et de la douleur dont elle est le siège. On réussit souvent ainsi à provo- quer l'expulsion de l'urine. Cette exploration est facilitée par l'anesthésie qui supprime la contraction des muscles abdominaux. On peut juger ainsi de l'état de la portion extra-pel- vienne du canal de l'urètre, mais la disposition ana- tomique de cet organe rend souvent l'exploration incom- plète. Chez le cheval, le canal de l'urètre est superficiel au niveau du contour ischiatique, puis il devient profond et presque inexplorable. Chez les hâtes bovines, au contraire, le canal de l'urètre occupe une position profonde à son passage sous les ligaments suspenseurs du pénis, dans la gouttière du corps caverneux; il devient superficiel à mesure qu'il approche de sa terminaison. Chez le mouton et le chien, le périnée est également explorable et le pénis, comme chez le cheval, peut être retiré à l'extérieur. Pour cela, le mouton ou le chien est placé sur le derrière, le corps entre les jambes de l'opé- rateur, la colonne vertébrale voussée, le pubis rapproché du sternum. On repousse le fourreau en bas et en avant, et l'on met ainsi la verge à découverl. Cette opération est plus facile chez le chien que chez le mouton ; chez celui-ci il n'y a pas d'os pénien qui maintienne le pénis toujours raide. Il est très difficile de sortir la verge au dehors chez les bovins et les porcins; toutefois, chez le bœuf, la pal- pation permet de reconnaître la présence de calculs au niveau de l'S pénienne. Quand des calculs distendent l'urètre, il y a un bond urétral, rétention d'urine et coliques plus ou moins vio- lentes ; chez les grands et les petits ruminants, les con- crétions calcaires se rencontrent toujours au niveau de MODIFICATIONS PUYSIQUES DES ORGANES URINAIRES. 377 rs pénienne ; chez le chien, on les trouve à l'origine de l'os pénien : ils s'opposent, plus ou moins, à l'écoulement de l'urine et amènent la dymrie, la strangiirie ou enfin Vischiirie. Vouvertiire du canal de l'urètre est enflammée, rouge et tuméfiée dans Viirétrite ; son faible calibre, chez le mouton, permet aux calculs de s'y arrêter chez le cheval; des concrétions sébacées et calcaires se forment, à l'extrémité du tube urétral, dans la fossette naviculaire et s'opposent à la miction. Le CATHÉTÉRisME de l'urèlre et de la vessie doit être envisagé : 1° chez les mâles; 2'^ chez les femelles. Chez les mâles, le calhélérisme de l'urètre et de la vessie exige l'emploi de sondes souples afin de ne pas blesser la muqueuse. Pour le cheval, on utilise un cathéter en caoutchouc ou en gomme élastique muni d'un mandrin; il doit avoir 1 m. 10 environ de long, 1 centimètre de diamètre. Chaque fois qu'on s'en sert, on le rend glissant et asep- tique en l'enduisant de vaseline, de glycérine ou de pommade de Guyon. Poudre de savon, glycérine et eau 33 grammes. Phénol 1 gramme. Le cathéter étant préparé, on entrave les membres postérieurs, on applique un tord-nez ; on vide le rectum, on se place vers le flanc droit et à l'aide de la main droite enfoncée dans le fourreau, on saisit la tête du pénis qu'on amène en dehors par une traction douce, lente et conti- nue. On confie alors cet organe à un aide ; l'opérateur désinfecte ses mains, puis il introduit dans l'ouverture urétrale l'estrémilé effilée de la sonde pourvue de son man- drin, il pousse lentement le cathéter dans le conduit jus- qu'au niveau du contour ischial; il retire alors légère- ment le mandrin pour permettre à l'extrémité de la sonde de s'incurver et de franchir sans difficulté cette courbure. 3", 8 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL URINAIRE. s"engager dans la portion pelvienne de ce canal et péné- trer dans la vessie. On peut d'ailleurs facililer le passage de la sonde à ce niveau en exerçant de légères pressions extérieures avec l'extrémité des doigts; on peut même guider pour ainsi dire la sonde jusqu'à la vessie en exer- çant simultanément cette compression au niveau du con- tour ischial et en appuyant légèrement, de l'autre main, sur le plancher du rectum pendant qu'un aide pousse f^raduellement la sonde dans le conduit urétral. Dès que lasonde est parvenue sous la vessie, on achève de rntirer le mandrin et l'urine s'écoule ; on peut faciliter sou écoulement en comprimant légèrement, la vessie. On retire la sonde dès que la vessie est devenue souple et à peu près vide. Chez le bœuf, on opère de la manière suivante : l'opé- rateur placé ordinairement à gauche de l'animal solide- ment fixé, saisit de la main droite, jusle en avant des bourses, la verge et la peau qui la recouvre, puis en tenant le tout solidement il pousse la main en avant jusque vers l'ouverture du fourreau; l'extrémité de la verge s'engage dans l'ouverture et la main gauche la saisit entre les deux premiers doigts. Afin qu'il ne se pro- duise ni glissement, ni échappement lorsque la main droite est déplacée pour effectuer une nouvelle prise du corps du pénis, on peut recourber l'extrémité de la verge. On peut ensuite introduire le cathéter jusqu'à l'S pénienne; mais il ne peut franchir cette double inflexion. Pour faire pénétrer la sonde jusqu'à la vessie, il est indis- pensable d'avoir recours à l'urélhrotomie ischiale et d'in- troduire le cathéter par cette ouverture. Quand on pratique i'urétrotomie scrotale, on peut également explorer le canal urétral de haut en bas depuis cette ouverture arti- ficielle jusqu'à l'exîrémité du pénis. Chez le nioulon, on peut tirer doucement le pénis hors de sa gaine et l'allonger jusqu'à effacement complet de l'S pénienne ; mais l'ouverture du canal est si étroite que MODIFICATIONS PHYSIQUES DES ORGANES URINAIRES. 379 la soude ne peul s'y engager; il est nécessaire d'ouvrir l'iirèlre au-dessous de la tète du pénis et de faire péné- trer la sonde en caoutchouc par cette ouverture. Chez le chien, on utilise une sonde en gomme de 30 à 3p centimètres de longueur et de 2 à 3 millimètres de largeur. On place l'animal sur le dos, on incurve légère- ment la colonne vertébrale, on fait maintenir ou Ton fixe les deux membres postérieurs, puis on fait sortir le pénis et on le tient de la main gauche pendant que la main droite introduit dans l'urèlre la sonde préalablement trempée dans l'huile ou enduite de vaseline boriquée. On réussit généralement à pénétrer dans la vessie sans peine, quand il n'existe pas de calcul obstruant le canal. Chez les femelles, le cathétérisme delà vessie est plus f icile que chez les mâles ; on peut utiliser une sonde plus rigide sans risquer de blesser le canal urétral qui est plus court et plus large. La. jument est fixée comme le cheval ; puis on introduit unesondeà double courant ou une sonde simple en gomme élastique, longue d'environ 20 centimètres, dans l'orifice du canal urétral situé à environ 10 à 13 centimètres de l'entrée de la vulve au-dessous d'une large valvule tendue trans- versalement sur la paroi inférieure et qui sert de point de repère. On écarte les bords de la vulve, on introduit l'index de la main gauche à l'entrée de l'orifice urétral, on fait glisser la sonde sur ce doigt qui sert de conduc- teur et on pousse le cathéter dans la vessie. Chez la vaeho, cette opération est plus difficile que chez 1.1 Jument, en raison de la disposition anatomique spéciale du canal de l'urètre. Il existe, en etfet, à l'entrée du méat urinaire, une petite valvule fixée sur la paroi inférieure du canal et dont le bord libre, tourné eu arrière, forme un c:il-de-sac dans lequel le cathéter peut venir buter; la sonde doit passer au-dessus de cette large valvule. On peut utiliser une sonde en gutta, en verre ou de préfé- r ;nce en métal parce qu'.lle est plus facile à stériliser. 380 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL URINAIRE. La vncbe est solidement fixée ; mais il est le plus sou- vent inutile de réunir par une plate longe les membres postérieurs. Tenant la sonde de la main droite, l'opérateur la fait glisser le long de l'indicateur gauche au préalable intro- duit dans le vagin, le doigt parvient ainsi dans le cul-de- sac qu'il suffit d'abaisser pour faire engager la sonde dans le canal. On peut également effectuer le cathétérisme sans l'aide du doigl ; l'indicateur tombe dans la fossette ; il suffit alors d'abaisser sensiblement la main droite tout en poussant la pointe légèrement en avant, on sent une légère résistance et la sonde s'engage d'elle-même dans la vessie. Chez la chienne, le méat urinaire est situé à environ 1 centimètre de la commissure inférieure de la vulve ; les plis de la muqueuse sont nombreux, de sorte que le son- dage est difficile. On se sert de la petite sonde en gomme utilisée pour le mâle. La chienne est maintenue debout et muselée ; on procède ensuite comme chez le mâle. Afin de diminuer les difficultés qu'on éprouve à introduire le cathéter dans le méat, on se sert d'un spéculum à lames mobiles de manière à tendre légèrement ou effacer les plis de la paroi inférieure de la vulve. B. — MODE D'EXPULSION DE L'URINE. Mécanisme. — L'expulsion de l'urine résulte de la con- traction de la vessie et du relâchement des sphincters du col vésical. Généralement, avant d'uriner, l'animal fait une forte inspiration et presse la vessie par l'intermédiaire des vis- cères abdominaux, pour l'aider à vaincre plus facilement la résistance du col vésical. De plus, chaque espèce animale favorise l'expulsion de l'urine en prenant une attitude spéciale. Les solipùdos se campent; ils ne peuvent uriner qu'au RÉTENTION d'URINE. 381 repos, le clieval entier sort complètement le pénis du fourreau, le c//eva7 hongre ne le sort que partiellement ; la jument entr'ouvre et remonte la commissure inférieure de la vulve et agite le clitoris. Les ruminants mâles mangent et marchent en urinanl ; ils ne se campent point. La vache, comme la jument, se campe et écarte fortement les membres postérieurs; elle relève aussi la queue qu'elle tient ordinairement horizontale, quelquefois même recourbée en arc. Le porc urine longtemps, par saccades et en marchant; la truie se campe comme les autres femelles et expulse l'urine dans un jet uniforme. Le t'/ii'e/y, jusqu'à six ou sept mois, fléchit les jarrets et émet l'urine sous .forme d'un jet continu ou saccadé ; l'animal adulte recherche un arbre, une muraille, une touffe d'herbe et relève l'un des membres postérieurs. En général, ces animaux urinent chaque fois que, sur leur route, ils trouvent un point où un des leurs a opéré le même acte. La chienne se campe, fléchit fortement les jarrets et relève la tète. Chez les oiseaux de basse-cour, l'urine forme dans le cloaque une couche blanchâtre autour des résidus intes- tinaux ; elle est expulsée avec ces derniers. A l'état PATHOLOGIQUE, il peut y avoir : 1" rétention d'urine; 2" incontinence d'urine; 3" ténesme vésical. I. — RÉTENTION D URINE. Pathogénie. — La rétention d'urine dans la vessie, les uretères ou le bassinet rénal résulte de l'obturation de l'urètre ou du col de la vessie par des corps étrangers : calculs urétraux et vésicaux, sédiments de l'S pénienne chez les ruminants, membranes croupales, caillots san- guins ou fibrineiix, détachés de la muqueuse vésicale, matière sébacée accumulée dans la fossette naviculaire chez le cheval. 382 SÉMIOLOGIE DE l'aPPAREIL URINAIRE. On peut y trouver aussi des tumeurs polypeuses obstruant le canal de Turèlre, des corps étrangers, brins de paille, thermomètre chez les femelles, etc., introduits dans ce conduit. Le paraphimosis, le phimosis, la fracture de l'os pénien sont également suivis de rétention chez le chien. La parésie ou paralysie de la vessie {cystites), la para- lysie réflexe de la musculeuse vésicale [hémoglobine mie, coliques, fièvre vitulaire) , la compression et l'obturation de l'urètre et du col de la vessie par des tumeurs de la prostate, de l'utérus par l'accumulation d'excréments dans le rectum, le spasme du col de la vessie {tétanos, coliques) produisent le même résultat. Ces causes mécaniques et dynamiques produisent une rétention complète ou incomplète ; dans le premier cas. la vessie distendue laisse couler Turine goutte à goutte à travers le col dilaté ; dans le second, le jet d'urine varii; d'intensité pendant la miction. Conséquences. — Les effets immédiats de cette rétention se traduisent, chez le cheval et le chien, par des signes d'inquiétude, de douleur et de coliques; ils écartent les membres postérieurs, se campent et sortent le pénis du fourreau ; ils sont tristes, apathiques, sans appétit et pré- sentent des poussées de sueur. Chez le hœufei le mouton, on n'observe souvent aucune manifestation, au début, puis le bond urctral apparaît; les animaux n'urinent pas et l'exploration de la vessie permet de constater la réplétion de cet organe. On peut reconnaître aussi par le cathétérisme de l'urètre et de la vessie la cause de la rétention. Les effets éloignés sont : la cystite, la néphrite, Yhydro- néphrose, Vurémie, ou la rupture de la vessie, la péritonite et la mort dans tous les cas. L'extension des troubles de la vessie aux reins a été RÉTENTION D URINE. 383 suivie expérimentalement par Guyon et Albarran ; Hallo- peau a résumé leurs conclusions. Si l'on pratique, chez un animal, la ligature de la verge, on voit se produire une série de troubles fonctionnels et de lésions;. Pendant vingt-quatre heures, la rétention se produit seulement dans la vessie qui se distend ; bientôt, la coucLe musculaire se dissocie, son épithélium s'aplatit et tombe; rien ne s'oppose plus à la résorption. D'autre part, la stase s'étend de l'uretère aux calices, au bassinet et aus^i aux canalicules des reins; ils deviennent le siège d'une pression excentrique, le courant descendant se trouve ainsi amoindri, puis annihilé; il y a stagnation dans tout l'appareil excréteur; si des microorganismes ont pénétré dans l'urine, ils peuvent remonter en surnageant. A ces conséquences purement mécaniques s'ajoutent des troubles dynamiques : le premier en date et le plus important est la congestion. Chez le chien, elle est appré- ciable dans les reins de la quinzième à la vingtième heure ; elle est liée d'abord à une dilatation réflexe des vaisseaux; plus tard, la distension des canalicules agit dans le même sens en comprimant les veinules. Des hémorragies se produisent dans les canalicules, leur épithélium se desquame, et il en résulte un trouble pro- fond dans les fonctions des reins, leur activité diminuant, l'urine n'est plus sécrétée en quantité suffisanle, tandis qu'au début, il y avait polyurie. La.mort résulte de la rétention des produits excrémen- titiels normalement éliminés avec l'urine, elle est beau- coup plus rapide si des microbes infectieux ont été introduits dans la vessie, comme il arrive trop souvent quand le cathétérisme n'est pas pratiqué avec de rigou- reuses précautions antiseptiques ; elle survient chez les animaux en expérience du deuxième au troisième jour. Le bœuf, qui succombe le plus souvent aux effets de la 384 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL URINAIRE. rupture de la vessie, résiste souvent pendant huit à qua- torze, quelquefois même dix-huit jours. II. — IXCONTIXExXCE D'URIi\E. Définition. — Uéiiurésie ou Vincontinence d'urine est caractérisée par l'écoulement coiilinu de Turiue au dehors ; ce liquide ne séjourne plus dans la vessie par suite de la faiblesse ou de la paralysie du sphincter urétral. La cystite intense, les lumews du col de la vessie, les altérations de la prostate, la destruction du col à la suite •de la cystolornic, les paralysies d'origine périphérique, spinale ou cérébrale, la rétention d'urine sont autant de •causes d'incontinence. Certains chevaux entiers et hongres urinent dans leur fourreau ; cette anomalie de la miction n'est parfois qu'une mauvaise habitude du sujet ; d'autres fois, elle tient à des affections du fourreau, du pénis, de Vurètre, provoquant une irritation des tissus et une rétention d'urine. Vincontinence est complète quand une lésion intéresse Ja partie inférieure de la moelle lombaire, elle est géné- ralement incomplète dans les autres cas, et procède sou- vent, chez les chiens, d'une parésie du col. Il ne faut pas confondre l'incontinence d'urine avec les mictions fréquentes. Les mictions sont fréquentes dans la cystite. Selon Delafond, l'émission d'urine interrompue et reprise brusquement avec bond urétral atteste l'exis- •tence de calculs urétraux, III. — TÉi\ESME VÉSICAL. Définition. — Le ténesme vésical est caractérisé par des efforts fréquents, involontaires et douloureux que fait l'animal pour uriner; ces contractions aboutissent ■ordinairement à l'expulsion de quelques gouttes d'urine. Ce trouble comporte plusieurs degrés {dysurie, stran- QUANTITÉ D URINE. 385 gicrie, ischurie), il s'observe chez le cJjîen et chez le cheval à la suite d'une irritation des voies urinaires ou digestives. La DYSURiE ou la miction difficile, prolongée, résulte de l'inertie complète ou incomplète de la vessie ou d'une diminution de calibre du canal excréteur. Elle s'observe dans le cas de rétrécissements urétraux, de calculs, d'hypertrophie de la prostate, d'iirétrite, de spasmes du col, de paralysie vésicale, dans le tétanos où les muscles abdominaux contractures ne viennent plus augmenter la pression supportée par la vessie au moment de l'émission d'urine. Elle est encore sympiomatique des maladies de la vessie, du péritoine. Les animaux sont inquiets, trépignent, gémissent, agitent la queue, se frappent le ventre avec les pieds [coliques urinaires) . Quand, par suite d'une obstruction presque totale des voies urinaires, la miction est très douloureuse et que l'urine s'écoule lentement, goutte à goutte, il y a stran- GURIE. La strangurie est une exagération de la dysurie ; elle s'observe dans les cystites et les urétrites. Cette diminu- tion de la miction aboutit presque toujours à sa suppres- sion plus ou moins complète ; alors l'urine s'accumule dans la vessie (ischurie), si la fonction rénale n'a pas disparu, comme cela se produit à la suite d'inflammations graves de cet organe (anl'rie). La PALPATiON, en rendant compte de l'état de plénitude ou de vacuité delà vessie, permet de distinguer sûrement Vanurie de Vischurie. C. — QUANTITÉ D'URINE. Cet examen doit porter sur Turine expulsée dans vingt- quatre heures, c'est-à-dire sur l'urine totale d'une journée. La quantité d'urine rejetée normalement par les ani- Cadéac. — Sémiologie, î*" édit. I. — 22 386 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL URINAIRE. maux n'est connue que d'une manière approximative ; elle subit de grandes variations sous l'influence du régime du vert, du séjour des animaux dans les pâturages, sous l'influence du froid et de l'humidité. Chez les carnivores, la quantité d'urine émise augmente avec la ration de viande. Selon Siedamgrotzky et Hoffmeister, le cheval émet de 4 à6 kilogrammes d'urine par jour et par oOO kilogrammes de poids vif; le hn-ufi à dO kilogrammes ; le chien et le mouton 1/2 kilogramme à \'^",'6. Lustig, Dieckerhoffroff, May, Henneberg, etc., ont donné chacun des résultats différents. Friedberger et Fruhner ont fait des recherches nombreuses à ce sujet; ils ont donné, dans le tableau suivant, la quantité de liquide urinaire émise, en moyenne, par les différents animaux domestiques dans l'espace de vingt-quatre heures : litres, litres. Cheval 3 à 6 Maxinuim.... iO Bœuf 6 à 12 — .... 2a Mouton et chèvre 1/2 à 1 — 2 Porc '. 2 à 4 — .... G Grand chien 1/2 à 1 — .... 2 Petit chien 1/4 à 1/2 — Chat i, 10 ù 1/2 — Pour recueillir l'urine, plusieurs procédés ont été em- ployés. Une personne peut rester auprès de l'animal et surveiller la miction, mais c'est là un moyen long et en- nuyeux, sauf dans le cas de polyurie très accentuée. On oblige les grands animaux à uriner en comprimant lavessie parla fouille rectale, les grands 2'UJMi/ia;j^s opèrent naturellement cet acte le matin en se levant; la miction est rapidement provoquée par la titillation de l'urètre des femelles et par l'introduction d'irritants (poivre) dans le tube urétral; on peut retirer l'urine de la vessie par le calhétérisme. Les chiens urinent là oij un des leurs, surtout ui e femelle de leur espèce, a opéré le même acte ; on pei t POLYURIE. 387 encore arriver au même résultat, chez ces animaux, en comprimant les parois abdominales. Pour avoir un échantillon d'urine chez le cheval, on peut utiliser le vase de Haubner, récipient que l'on adapte au-dessous du fourreau. La sécrétion urinaire peut être augmentée {polyiirie), diminuée [oligurie], supprimée [anurie); il y a alors intoxication [urcmie). I. — POLYURIE. Pathogénie. • — La poljurie, appelée encore diabète aijueux ou insipide, pisse, phtisurie vu l'amaigrissement des sujets, joo/yd(psie en raison de la soif qui l'accompagne, s'observe en général sur les chevaux entiers; elle est rare sur les chevaux hongres ; elle n'a jamais été vue sur les juments. Ce symptôme se montre pendant l'été, à la suite de grandes fatigues et frappe quelquefois un grand nombre d'animaux ; il apparaît pendant la convalescence de mala- dies fébriles graves, mais dans ce cas, la polyurie est quelquefois si peu prononcée qu'elle peut passer inaper- çue ; au moment de la résorption des épanchements, durant la défervescence des maladies graves {urines cri- tifjues) ; dans les empoisonnements par la cantharide, le colchique, Vessencc de térébenthine, la scille; dans Vhyper- hémie rénale, due à la digitale ou concomitante à la né- phrite interstitielle chronique ; elle accompagne le diabète. Le glycose entraîne avec lui de grandes quantités d'eau; il sollicite un mouvement d'osmose qui appelle l'eau des tissus dans les vaisseaux et augmente la pression arté- rielle. On a vu la polyurie succéder aux traumalismesdu foie (d), à l'écrasement de la région sous-lombaire par une roue de 0) Penin, Société centrale. 23juill. 1885. Benjamin, /Ai'./., 1886. 388 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL URINAIRE. voiture (Holzmann), à une alimentalion par du foin moisi (Weber) ou de Vavoine chauffée (Moiroud) (1), à un entraî- nement trop rapide (Cagny) (2). Divers amateurs l'ont observée dans la tuberculose du cheval; on l'a signalée dans la leucocythéinie du chevalet du chien (3). Enfin, quelques auteurs : Cagny, Gagnât (4), ont émis l'idée de contagiosité de la pisse; ces auteurs ont vu tous les chevaux d'une même écurie devenir polyuriques quelque temps après l'arrivée d'un cheval lui-même atteint de polyurie; cesanimaux, une fois guéris de cette atl'ection, auraient l'immunité pendant un certain temps. La polyurie, due quelquefois à la pohjdipsie qui déter- mine une augmentation de la masse du sang, a été pro- duite expérimentalement par Moutard-Martin et Charles Riche t. A un chien qui avait excrété 28 centimètres cubes d'urine en trois heures, ces auteurs firent une injection intraveineuse de 44 grammes de sucre interverti dissous dans de l'eau: le sujet rejeta 364 centimètres cubes d'urine dans la demi-heure qui suivit l'injection. Ces expérimentateurs pensent que le sucre favorisant la dia- lyse, le sang, saturé de cette substance attire une grande quantité d'eau qui augmente la pression dans les glo- mérules et produit la polyurie. En général, l'urine augmente quand la tension dans les glomérules s'élève (Ludvvig) et aussi quand le courant sanguin est plus rapide (Heidenhain) ; mais la tension dans les glomérules étant sous la dépendance du système vaso-moteur [du rein, n'est pas toujours en rapport avec la tension artérielle. Les expériences d'Eckhard, de Cl. Bernard, de Vulpian, (1) Moiroud, Recueil, 1830, p. 327. (2) CagDv, Société centrale, Vi oct. 1883. (3) Nocard, Archives vétérinaires, 1880. (4) Gagnât, Ibid., 1881. OLIGURIE. 389 ont montré que les vaso-constricteurs et peut-èlre aussi les vaso-dilatateurs des reins sont contenus dans les nerfs splanchniques; aussi, la section de l'un deux produit rapidement la congestion rénale ; d'ailleurs, si la piqûre du quatrième ventricule produit la polyurie, ce n'est que par excitation des nerfs vaso-dilatateurs des reins, et aussi des nerfs sécréteurs (Vulpian). Conséquences. — Les conséquences de l'exagération de la sécrétion urinaire se résument dans une soif ardente, rejet d'urine transparente d'une densité toujours inférieure à celle de l'urine normale ; ce sont surtout les sels de chaux (carbonates) qui disparaissent. Il reste à rechercher s'il n'y a. isimaïsazoturie, c'est-à-dire excès d'urée. L'urine est expulsée en quantité considérable (20, 30 à 40 litres) ; les malades urinent quatre à dix fois par heure ; on observe la dysurie et parfois une véritable inconti- nence d'urine ; les urines sont fréquemment albumineuses. Les animaux maigrissent, leurs forces baissent, le pénis est pendant; les sécrétions digestives diminuent; il y a de la constipation sans fièvre, sans troubles circulatoires bien appréciables. Ce trouble sécrétoire persiste pendant un mois à six semaines; la guérison est la terminaison habituelle. II. — OLIGURIE. Pathogénie. — On désigne sous le nom d'oligurie, îa diminution de la quantité d'urine sécrétée. Ce symptôme est l'expression de maladies inflamma- toires du rein [néphrite a frigore, empoisonnement-^) ; toutes les affections caractérisées par une transsudation anor- male de liquide dans un point de l'organisme amènent une diminution de la sécrétion urinaire ; les diarrhées, les maladies avec êpanchements pleuraux, péritonéaux, pro- duisent ce résultat. Les affections cardiaques {dilatations ou insuffisances)^ 22. 390 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL URINAIRE. tliminuent la filtration urinaire en abaissant la tension sanguine dans les artères. Il en est de même quand, pour une cause quelconque, les veines et les artères rénales sont comprimées. Enfin, les maladies félriloi intenses, les affections contagieuses produisent également ce symptôme sous rintluencedes microbesetdestoxinesquirestreignenl la filtration urinaire. La sécrétion normale du rein peut êlre réduite au quart. III. — AIVURIE. Pathogénie. — Poussée à sa dernière limite, Voligîtrie&e convertit en anurie ; alors la sécrétion urinaire est tota- lement abolie. La miction est suspendue comme dans ïischiirie, mais la poche vésicale non ruplurée est vide. L'anurie s'observe dans les cas de néphrites paren- chymateuses graves, a friyore, infectieuses ou toxiques {chlorure de iiotassium, acide oxalique, cantharide), dans V hémoglobine mie rhumatismale du cheval, dans les cas d'oblitération des uretères par des calculs ou des tu- meurs. Si elle persiste plusieurs jours, elle aboutit à Vurémie; cependant, les animaux paresseux, lymphatiques qui restent en stabulalion permanente peuvent résister long- temps à Vanurie (Soula) (1); il paraît en être de même cliez les jeunes animaux qui désassimilent peu et dont les autres fonctions sécrétoires suppléent au défaut de sécré- tion urinaire (2). En dehors de ces cas, la résistance n'est pas la même dans chaque espèce animale : trois jours chez le lapin et le chien; dix à onze jours chez Vhonnne, un peu plus chez les grands animaux. (1) Soula, Atrophie du rein chez un porc gras (Bévue vétérin., 1887). (2) Laporle, Oblitération complète de la vessie chez un veau de six tonaines {Journal de Lyon). URÉMIE. 391 IV. — UREMIE. Définition. — On désigne sous le nom d'urémie l'en- semble des troubles consécutifs à rinsuffisance rénale. La ligature des vaisseaux du rein chez le chien, l'injection dans les vaisseaux delà quantité d'urine sécrétée en trois jours, ceqiii représentelequinzième du poids de celanimal, produisent immédiatementdes manifestations urémiques. Caractères cliniques. — Les caractères cliniques de l'urémie ont peu attiré TaUention des vétérinaires. Ils sont un peu différents suivant qu'on l'observe chez les carnivores ou chez les herbivores', mais chez tous les ani- maux, c'est le système bulbo-spinal qui est le premier atteint par le poison. Chez le cliien, on voit survenir de la faiblesse, du coma, des convulsions et même des attaques épileptiformes. L'animal présente des nausées, des vomissements, un pouls irrégulier, pelit, fréquent, une respiration inégale, suspirieuse, et un grand abaissement de température. Les ma'ières fécales, la peau, l'air expiré présentent une odeur urineuse ou même ammoniacale. La mort survient dans le collapsus le plus complet. Chez le mouton, Dammann a vu alterner des contrac- tions épileptiformes avec l'état soporeux. Fluga observé, chez une vache, des accès d'éclampsie avec opisthotonos suivis de coma. John Vick (1) a signalé chez une vache dont les deux reins étaient malades (abcès, calculs, hy- pertrophie) la projection de la langue, des tremblements de cet organe et des muscles de la face, sensibilité du ventre, respiration profonde et lente. Chez le chcva], il ne paraît pas y avoir de coma. On remarque plutôt des symptômes analogues à ceux du vertige, puis la paraplégie apparaît. Capelleti a signalé, (1) Vick, Annales de med. vélér., 1863, p. 207. 392 SÉMIOLOGIE DE l'aPPARETL URINAIRE. chez une jument, la lenteur de la respiration et des con- vulsions. Suivant \Villiam, on remarque les signes d'une légère intoxication alcoolique ; les yeux sont brillants, la sensibilité est diminuée, mais le pouvoir moteur n'est pas changé. Dans un cas de suppression totale de la fonctio» rénale, pendant cinq jours, Tanimal était incapable de diriger ses mouvements et tournait continuellement de droite à gauche. Bientôt tout le côté gauche du corps se couvrit de sueur, tandis que le côté droit restait absolu- ment sec ; le quatrième jour, il y eut une paralysie par- tielle du membre gauche; l'animal finit par se rétablir et l'on put constater, plus tard, l'atrophie du rein gauche et l'hypertrophie du droit. Pathogénie. — Chez l'homme, on distingue une forme cérébrale, une forme respiratoire, une forme gastro-intes- tinale, une forme articulaire; chez les animaux, on n'a pas fait de recherches suivies dans ce sens. Pour expli- quer les troubles observés dans l'urémie, on a émis diverses théories. 1° On a accusé l'œdème cérébral et l'anémie cérébrale produits par l'hydrémie, l'hypertrophie du cœur, etc. Mais cette modification réalisée par Y hydrocéphalie, di- verses inflammations cérébrales, etc., n'engendre nulle- ment les accidents de l'urémie. 2° On a incriminé Vurée et le carbonate d'ammoniaque résultant de sa transformation; l'expérimentation aruiné cette théorie. 3° Bouchard a établi la multiplicité des poisons de l'urine. L'urémie est un empoisonnement complexe déterminé par tous les poisons introduits normalement ou fabriqués dans l'organisme. Les poisons de l'urine proviennent : 1° des aliments (potasse, etc.) ; 2" de la désassimilation incessante des éléments anatomiques; 3° de la bile; 4" des produits engendrés par les putréfactions intestinales (acide valé- UREMIE. 393 rique, butyrique et sulfhydrique) et des ammoniaques composées, des hydrogènes carbonés, de l'indol, du scatol. Toxicité de l'urine. — De nombreuses expériences (^Fellz, Ritter, Bocci, Schiffer, Lépine, Duparc, Guérin, Bouchard, Charrin, Guinard) ont mis en évidence la toxi- cité de l'urine. Si Muron avait déclaré ce liquide inoffensif, c'est qu'il l'injectait dans le tissu conjonctif sous-culané et que l'élimination se faisait aussi vite que l'absorption. Préparation du liquide. — La preuve expérimentale de la toxicité urinaire peut être donnée soit par injection sous-cutanée ou intrapéritonéale, soit par absorption, soit par inhalation, soit de préférence par injection intra- veineuse. Le lapin convient très bien pour ces recherches ; son maniement est commode et, chez ce sujet, les injections dans le sang sont très faciles par la veine marginale qui passe à la face dorsale et le long du bord postérieur du pavillon de l'oreille. 11 faut tout d'abord filtrer, neutra- liser l'urine qui va pénétrer dans l'organisme par la voie sanguine, afin de rendre plus difficile la destruction des globules rouges. Effets de l'injection. — Le premier symptôme de l'ab- sorption urinaire, c'est la contraction pupiilaire, contrac- tion lente et progressive, plus ou moins accentuée et qui atteint un maximum correspondant à la toxicilé du liquide employé; les mouvements respiratoires augmentent en nombre et diminuent en amplitude ; le cœur s'accélère, la sécrétion urinaire s'accroît, la température baisse. Si la dose est suffisante, le sujet meurt sans convulsions, le cœur étant toujours accéléré et la pupille toujours con- tractée. Si le 7;?py/2 résiste à l'injection, il s'affaiblit, devient comateux et somnolent ; la polyurie est intense, la respi- ration courte, puis l'animal se rétablit, la température s'élève et la pupille se dilate. La TOXICITÉ de l'urine varie, même normalement, sui- 394 SÉMIOLOGIE DE l'apPAREIL URINAIRE. vant la porte d'entrée, la sensibilité du sujet, la tempé- rature, l'espèce animale, etc. Chez un même sujet, l'action de l'urine change suivant certaines modifications physiologiques et pathologiques, suivant l'âge, le mode d'utilisation, etc. D'autre part, quand le contenu de la vessie se modifie dans sa compo- sition et ses propriétés, les réactions qu'il provoque sur l'organisme sont forcément changées. Tel ou tel microbe fait passer dans le rein tel ou tel poison qui donne à l'urine telles ou telles propriétés. Rappelons enfin que les urines du sommeil, quoique plus denses, plus foncées, sont moins nocives que celles de la veille ; de plus, elles sont ordinairement convul- sivantes. Les urines des animaux en pleine urémie expérimentale ont perdu la plus grande partie de leur toxicité. La toxicité de l'urine chez les divers animaux a été étudiée par M. Guinard, auquel nous empruntons ses con- clusions. Leur toxicité est considérable, elle oscille ordinairement entre 10 et 14 centimètres cubes par kilogramme avec quelques variations très peu impor- tantes. D'après le pouvoir toxique de leurs urines et par ordre de croissance, l'homme et les niiiminifères domestiques se classent ainsi : chien, homme, porc, bœuf, cobaye, mouton, chèvre, due, cheval, lapin, chat. Cette classification des urines des animaux suivant leur toxicité est toute naturelle. Sauf pour le chat, nous des- cendons du chien, animal Carnivore, aux omnivores [liommc et porc) et ensuite aux berhivores. D. — CARACTÈRES PHYSIQUES DE L'URINE. La coloration, la transparence, la consistance, Fodeur, le poids spécifique et la réaction doivent être envisagés successivement. COLORATION. 395 I. — COLORATION. Il est quelquefois difficile de qualifier la couleur de l'urine. On distingue trois couleurs fondamentales four- nissant chacune trois nuances : ,„ ^ , /jauue pale. , _ , naune rou?eatre loGouleurlJ '^ . Jo Couleur S ■ " -, ., ' — clair. .. < rouge jaunâtre jaunâtre i . rougeatre > " ■' (jaune. ° V rouge. o„ /-. I / rouge brunâtre 3" Couleur V . i f„ „x < brun rousreàtre. brune ou foncée i . , =., ( noir brunâtre. Très utilisables quand on est en présence d'urines claires ou limpides, ces qualificatifs sont d'une appli- cation difficile quand il s'agit d'une urine boueuse ou sédimenteuse. Bien souvent alors, on emploie des termes de comparaison entre ce liquide et les substances con- nues, et l'on dit : urine jaune-miel, jaune-soufre, jaune- ambre, jaune-or, jaune-orange, rouge-rubis, rouge-sang, couleur d'olive, brun de bière, couleur chocolat, couleur de purin, couleur sanguine, etc. Coloration normale de l'urine chez nos animaux domestiques. — Elle varie avec l'espèce, le mode d'ali- mentation, la durée du séjour dans la vessie. En général, elle est d'autant plus claire que l'animal ingère une plus grande quantité d'eau. L'urine du cheval est d'une couleur jaune clair ou jaune rougeâtre, elle se fonce si l'alimentation est plus abon- dante ; pendant la miction, elle est comparable à de l'eau soufrée ; ce caractère résulte de la grande quantité de sédiment {carbonate de chaux) qu'elle tient en suspension. Ce n'est qu'après la disparition des substances salines, en suspension, que l'urine apparaît avec sa couleur véritable; exposée à l'air, elle se fonce assez rapidement par suite des transformations de sa matière colorante. 396 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL URINAIRE. L'urine du bœuf, du mouton, du veau, de Ja chèvre est jaune clair ou jaune vineux ; elle devient brun foncé si la ration du sujet est riche en azote (paille de lentilles, de pois, trèfle, etc.). Elle renferme une matière colorante, Vindican, et, dans quelques cas, elle peut contenir une quantité notable de ses dérivés {indicanine, bleu dHndigo) ce qui explique les urines bleues signalées par quelques vétérinaires (Benjamin) (i). L'urine du chien a une coloration très variable ; elle est tantôt jaune ou ia.une-paille, tantôt jaune d'aniline ou jaune-miel, etc. Elle devient brunâtre pendant la saison chaude ou sous l'influence d'une alimentation sèche. Le chat fournit une urine analogue à celle du chien ; celle du porc est pâle, un peu jaunâtre, celle des volailles, riche en sédiments, se mélange aux excréments. Modifications pathologiques. — Peu de maladies changent la couleur de l'urine, et, bien souvent, la nuance nouvelle n'est qu'accidentelle . L'urine est toujours pâle on jaune très pâle 'dans le diabète sucré, la. pohjurie, la néphrite interstitielle chronique ; elle offre parfois cette coloration dans les empoisonnements par les moisissures, après l'administration de diurétiques {digitale, caféine, calomel). Les urines critiques ont encore ce caractère. Vurine foncée, jaune foncé, rouge foncé, brun foncé, encore appelée urine hémaphéique, doit sa coloration à l'urobiline de Jaffé (2) ; elle devient brun foncé, si on la soumet à l'action de l'acide azotique; elle apparaît dans tous les étals morbides accompagnés d'une élé- vation notable de la température, et qui sont suivis d'une diminution de la sécrétion, d'une augmentation des com- bustions et d'une plus grande proportion de matières (1) Benjamin, Sociéla centrale vétérinaire, 22 avril 1880. (2) Gautier, Chimie, t. II, p. 349. HÉMATURIE. 397 colorantes dans l'urine; la privation d'eau, le jeûne, aboutissent au même résultat et par un mécanisme ana- logue. Quand l'urine du cheval et probablement celle des autres herbivores devient foncée, elle prend une réaction acide. L'urine jaune, jaune-safran, jaune brunâtre, verdâtre, rouge brunâtre, s'observe quand les principes colorants de la bile traversent en plus grande quantité le filtre rénal ; sa mousse est aussi de couleur jaune. Elle se pro- duit dans l'ictère grave, mais si celte maladie [forme bénigne; ne change pas sensiblement les propriétés ma- croscopiques du liquide urinaire, il est toujours indiqué d'y rechercher, par l'analyse, la présence des sels biliaires. Vurine rouge {rouge-sang, rouge brunâtre, brun foncé) dénote la présence de sang mélangé au liquide de la vessie ; elle apparaît dans Yhématurie et Vhémoglobinwie, deux symptômes d'un grand nombre de maladies. Exposée à l'air, sa nuance se fonce; elle devient brune ou chocolat, suivant la quantité de sang qu'elle renferme. II. —HÉMATURIE. Pathogénie. — L'hématurie, ou pis'^iement du sang, n'est qu'un symptôme caractérisé par la présence du sang en nature (globules et plasma), dans l'urine. C'est une hémorragie d'une partie quelconque de l'appareil urinaire, r«/"eme;2^ du rein, presque toujours de la vessie. a. L'hématurie est symptomatique : De cystites traumatiques succédant à des contusions, des meurtrissures de la paroi vésicale produites par des calculs irréguliers hérissés d'aspérités ou engendrées par des chutes, des fractures du bassin ; De cystites néoplasiques (sarcomes, carcinomes, épithé- lionies ulcérés, papiliomes télangiectasiques qui font saillie dans la cavité vésicale); Cadéac. —Sémiologie, 2« édit. I. — 23 398 SÉMIOLOGIE DE l'aPPAREIL URINAIRE. De cystites toxiques (térébenthine, cantharide, aliments altérés, etc.). Il existe chez les animaux de l'espèce bovine une maladie appelée hématurie, qui est caractérisée par des lésions de la vessie et quelquefois des uretères et qui produit de grands ravages. b. L'hématurie est également syniptomatique : Denéphrites traumatiques (calculs, congestion et déchi- rures rénales déterminées par des coups violents portés sur les lombes, par des chutes, etc.) ; De néphrites néoplasiques (sarcomes, carcinomes, etc., suivies de l'ulcération du bassinet rénal) ; De néphrites parasitaires (strongles, hydaLides) ; De néphrites toxiques déterminées pai' des principes métalliques (sels minéraux), des principes microbiens, des principes végétaux (essence de térébenthine, jeunes pousses, pins, sapins, conifères, plantes acres, hellébore, colchique, renoncule, mercuriale, etc.) ; c'est alors la maladie de mai, le mal de brout, la maladie des bois, la maladie des pâturages, la gastro-entérite enzootique suivit- de néphrite hémorragique; De néphrites microbiennes ou qui altèrent le sang et par suite le filtre rénal (pneumonie contagieuse, septicémie, fièvre typhoïde, charbon) ; de néphrites emboliques (infarc- tus rénaux, stases passives de cet organe). Caractères des urines. — La quantité de sang renfermée dans les urines est en rapport avec l'étendue de l'altéra- ration destructive ou avec l'intensité de l'inflammation du rein ou de la vessie. Dans quelques cas, le liquide excrété est constitué par du sang presque pur. Il est absolument purquand il pro- vient d'une hémorragie de l'urèlre. Les urines sanglantes présentent un dépôt glaireux riche en muco-pus dans la cystite aiguë, des parcelles de tissus revêtant un aspect villeux dans le cas de néoplasies de lavessie, une coloration DÉMOGLOBINURIE. 39y uniforme unie à des cylindres dans les 7}éphrites, à de nombreux globules de pus dans lespi/élo-m-phrites ; le sang rejeté est rutilant à la fin de la miction dans le cas de cystite hémorragique. A l'examen microscopique, on y reconnaît la présence de globules sanguins le plus souvent altérés, et de coagu- lations fibrineuses dont la forme elles dimensions varient suivant qu'elles se sont développées dans les lubes urini- fèresou dans les voies d'excrétion. La coagulation du sang dans les tubes excréteurs peut empêcher la miction et devenir une cause d'urémie. III. — HÉMOGLOBIXLRIE. Définition. — La présence de l'hémoglobine en dissolu- tion dans le plasma sanguin constitue l'hémoglobinémie; son apparilion, sous la même forme, dans l'urine constitue Vhémoglobinuric. C'est un trouble marqué par le passage dans l'urine de l'hémoglobine sans les globules. Cette altération de l'urine résulte d'une dissolution des hématies, par des toxines microbiennes ou des poisons. L" hémoglobine ou la méthé- moglobine mise en liberté traverse le filtre rénal et colore l'urine en rouge, en rouge brun, en brun sale ou en noir. L'hématurie de la vache n'est, le plus souvent, que de i'hémoglobinurie. Les urines rejetées sont sanglantes, mais, fait essentiel, on n'y trouve pas de globules sanguins ou ceux-ci y sont peu nombreux. Pathogénie. — Ce symptôme se rattache : 1" A l'anémie engendrée par le défaut de nourriture, les privations ou les maladies ;on peut provoquer l'/^emo- globinurie par l'injection intravasculaire d'eau, de sang dissous, de sérums, de sangs étrangers, ou de chlorates qui dissolvent les hématies. Un grand nombre de cas d'hémoglobinurie du hœuf, décrits à tort sous le nom d'hématurie, résultent de l'anémie. 400 SÉMIOLOGlli DE l'aPPAREIL URINAIRE. 2° La concentration trop grande du sang produite par la sudation, la transfusion ou par toute autre cause amène une altération globulaire telle que l'hémoglobine dissoute colore les transsudalions et se retrouve dans l'urine du cheval (Maas). 3° Les empoisonnements déterminés par l'hydrogène ar- sénié, l'hydrogène phosphore, les acides chlorhydrique, sulfurique, arsénieux , pyrogallique, la glycérine, la nitrobenzine, l'émétique, les champignons, les acides biliaires, etc., produisent ce trouble. On l'observe aussi à la suite de brûlures étendues et d'embolies. 4» Les maladies infectieuses, susceptibles de provoquer l'altération du sang (septicémie, fièvre typhoïde, pneu- monie contagieuse), sont fréquemment suivies d'hémo- globinurie. o" Vh&moglobinurie se rattache à cet ensemble de mala- dies connu sous le nom de paraplégie, de congestion de la moelle, de strangiirie noire, ûliémoglobinurie on d'hémoglo- binémie du cheval, àlicmoglobiniirie paroxystique ; alors la méthénioglobine qui provient de l'oxyhémoglobine est la substance qu'on trouve ordinairement seule dans l'hémo- globinémie sporadique ou enzootique de nos animaux domestiques. L'hémoglobinurie est le principal symptôme d'une maladie transmissible, microbienne, qui sévit sur les bœufs, en Roumanie (Babès). L'hémoglobinurie est quelquefois le symptôme de conges- tions rénales passives ; il faut donc renoncer à la décrire comme une maladie spéciale (1). IV. — COLORATIOIVS DIVERSES PRODUITES PAR DES MATIÈRES ÉTRANGÈRES. Médicaments. — L'urine peut subir des changements de coloration accidentels résultant de l'élimination (1) Voy. Hémoglobinémie [Pathologie interne, ia Encyclopédie vétérinaire). TRAiNSPARENCE DE L URINE. 401 de substances médicamenteuses par la sécrétion rénale. Divers médicaments (soit minéraux, soit végétaux) modi- fient la couleur normale de l'urine. Le goudron, l'acide phénique, le salol, la créosote, les dérivés de la benzine lui donnent une coloration vert foncé, vert-olœe. La thalline la rend d'un brun vert tournant au rouge par l'addition de perchlorure de fer ; la rhubarbe, la gomme-gutte, le chélidoine, la carotte, le séné la co- lorent en jaune 1res accusé ; la santonine en rouge pur- purin si elle est alcaline, et en jaune rougeàtre si elle est acide ; la mercuriale, les merises, les mûres, les baies de sureau en rouge ; les préparations d'indigo la colorent en bleu, la garance en rouge. Exposée à l'air, l'urine du cheval et du bœuf (Siedam- grotzky et Hoffmeister) prend quelquefois la teinte bleue; mais il est exceptionnel d'observer cette coloration d'une manière spontanée chez nos aiiiwaux doincstitjiies. Chylurie oulypurie. — Dans ce cas, l'urine est plus ou moins chargée de graisse à l'état de 1res fines granula- tions ; elle a un aspect blanchâtre qui lui a encore valu la dénomination d'urine laiteuse; cette urine a été obser- vée chez l'homme dont le foie ou le rein sont malades; elle est inconnue chez nos animaux domestiques. Lesfails signalés sont dus au déversement d'abcès rénaux primitifs ou secondaires dans les voies urinaires. Scriba a provo- qué expérimentalement la lipurie en injectant dans le sang de l'huile ou de la graisse émulsionnée; Chabrié, en pra- tiquant la ligature du gros intestin, a obtenu le même résultat. V. — TRANSPARENCE DE LTRINE. Technique. — La transparence s'apprécie facilement en regardant l'urine recueillie dans une éprouvette. Tantôt elle est claire et limpide au moment de son 402 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL URINAIRE. émission, et ne se trouble qu'après avoir été exposée un certain temps à l'air, tantôt elle est déjà troultle au moment de la miction ; mais elle se clarifie au repos par le dépôt des sédiments. Le dépôt des sédiments est d'autant plus rapide que l'urine est plus limpide ; il est lent si ce liquide est chargé de mucus. Entre l'état trouble permanent et l'état sédi- menteux, on peut placer Vétat nuageux., qui se produit dans les urines limpides exposées au contact de l'ain I. Transparence normale. — Cheval. — En géné- ral, l'urine de cet animal est trouble, surtout à la fin de la miclion, elle est comparable à de l'eau argileuse ou à de l'amidon gonflé. Il est exceptionnel que l'urine du che- val so\t claire; d'ailleurs, le refroidissement détruit sa limpidité. Son opacité est due à la présence de sels terreux, de carbonate de chaux (CAO. C0-) précipité et formé par le dégagement d'un équivalent d'acide carbonique du bicar- bonate de chaux; le trouble augmente quand le séjour de l'urine dans la vessie est prolongé ; il atteint son maximum d'intensité quand ce liquide se refroidit par exposition à l'air libre; il diminue apiès l'ingestion d'une grande quantité d'eau. Le sédiment, lorsqu'il est concentré, se présente sous la forme de fines granulations, ce qui le rend comparable à de l'argile boueuse; elle est très riche en mucus. Quelque- fois, il renferme des cylindres formés d'une substance hyaline parsemée de corpuscules calcaires. Ces pis cylin- driques sont abondants dans les urines des animaux en convalescence de maladies fébriles ; on les a rencontrés même chez des sujets sains dont l'alimentation avait été réduite ou suspendue pendant un certain temps. Hœuf, mouton, chèvre. — Leur urine est claire au mo- ment de la miction. Chez le bœuf, comme chez le cheval, la nuance se fonce à l'air par la transformation du bicar- TRANSPARENCE DE L URINE. 403 bonale de chaux en carbonate de la même substance; mais le trouble met plus longtemps à se produire et n'est jamais si accentué. Carnivores:. — L'urine du chien et du chat est limpide au moment de son émission et elle garde celte limpidité jusqu'au moment oii elle se décompose parla fermentation. Si elle est très concentrée, elle présente un aspect niia- f/ei d'albumine. Un dépôt qui couvre lu base du verre (r(5actif). . . . 0,^5 p. 1000 Un dc'pôt égal au I 10 du liquide 1 — — nu I i — (1, -23 p. 100 — — a la 12 — 1 — Un mo3en simple et rapide d'analyse quantitative con- siste dans l'emploi de l'albumimètre de Esbach (1). C'est un tube gradué, contenant de l'urine jusqu'à la marque U et du réactif de U à R, puis complètement, rempli avec une solution composée de : acide picrique,2; acide citrique, 5 ; eau distillée, 24o. On agite et on laisse reposer vingt-quatre heures. Il se fait un dépôt d'albu- mine qui se mesure sur la graduation du tube. Chaque division indique la proportion d'albumine, à 1/10 p. 100. Bien d'autres moyens sont employés pour rechercher les matières albuminoïdes (2). Le réactif le plus délicat jusqu'à ce moment, c'est l'acide sulfosalicylique -,011 ïempWie en solution à20p. 100, ou sous Ibrme de cristaux que l'on projette dans l'urine à analyser. Il révèle une proportion de 1 p. ^0 000 d'albu- mine. Mais l'urine ne renferme pas seulement de l'aibuniine, H l'état de sérum-albumine ou de sérum-globuline; elle peut contenir encore des substances précipitables à froid par l'acide acétique [pseudo-mucines, nudéo-albumines) ; des propeptones et des peptones et de Vhémoglobine ; il faut savoir les reconnaître. Afin de mettre ces recherches à la portée des praticiens, nous croyons devoir reproduire ici la marche à suivre, conseillée par Nicolas, pour déceler dans l'urine une ou plusieurs de ces matières albuminoïdes. (t L'urine filtrée et jiarfaitement limjnde est additionnée (1) Picot, J\'ouveaux processus morbides,^. 609, vol. II. (2) Gautier, t. 111, fasc. 1, p. Oi. 416 SEMIOLOGIE DE L APPAREIL URINAIRE. de quelques gouttes d'acide acétique. Lorsqu'elle renferme des proportions notables de substances semblables à la mucine (pseudo-mucines) les premières gouttes d'acide provoquent l'apparition d'un précipité insoluble dans un excès de réactif, ne disparaissant pas par la chaleur, mais se dissolvant aisément dans les acides minéraux (chlohydrique, azotique). La précipitation nette d'une urine obtenue à froid par l'acide acétique peut avoir une signifi- cation pathologique. Les pseudo-mucines se montrent en quantité notable dans l'urine lors d'altération des reins (néphrite, maladies aiguës aveclésions rénales) ou d'affec- tions des voies urinaires (catarrhe de la vessie). Albumine. — Si l'essai précédent a été positif, on se débarrasse des pseudo-mucines en les précipitant au moyen de l'acide acétique (deux ou trois gouttes d'acide suffisent pour 20 ce. d'urine) et filtrant. On remplit alors les deux tiers d'un tube à essai d'urine ainsi filtrée et l'on chauffe la moitié supérieure du liquide j usqu'à l'ébullition : l'apparition dans cette partie d'un trouble ou d'un préci- pité, rendus très visibles par la comparaison avec la moitié inférieure non chauffée et restée limpide, est l'indice de la présence d'albumine dans l'urine. « Lorsque l'urine ne s'est pas troublée par l'addition d'acide acétique (absence de substances précipitables) il est préférable pour la recherche de l'albumine d'opérer de la façon suivante. Un tube à essai est rempli aux deux tiers d'urine filtrée, mais non acidulée ; la moitié supérieure du liquide est chauffée jusqu'à ébullition, que l'on prolonge une demi-minute environ ; puis, sans se préoccuper du précipité qui a pu se former, on ajoute, goutte à goutte, de l'acide acétique, en observant ce qui se passe lorsque chaque goutte traverse la partie chauffée de l'urine et en espaçant de quelques secondes deux addi- tions successives d'acide. En agissant ainsi, on peut voir différents phénomènes se produire : i" La moitié supérieure de l'urine reste limpide après ALBUMINURIE. 417 l'action de la chaleur et l'addition de chaque goutte d'acide acétique; lurine ne renferme pas d'albumine; 2° Cette même région limpide après le chauffage, se trouble après l'addition d'acide acétique et donne un précipité qui se rassemble peu à peu en flocons; l'urine est albumineuse ; l'acide acétique favorise la coagulation de l'albumine, que la chaleur seule ne produit pas tou- jours (il en est ainsi dans les urines neutres et alca- lines) ; 3° Un précipité se forme dans l'urine sous la seule action de la chaleur. Ce précipité peut se comporter différemment vis-à-vis de l'acide acétique. a) Il disparait presque entièrement par la première goutte d'acide acétique et se dissout totalement dans les gouttes suivantes ; la dissolution s'effectue avec ou sans dégagement de gaz. L'urine ne renferme pas d'albumine, le précipité était formé par des carbonates (urines d'herbivores, urines de carnivores ou d'omnivores au régime végétal) ou des phosphates terreux (urines de carnivores ou d'omnivores). b) Il ne disparaît que partiellement par l'acide en excès : ce qui reste est de l'albumine ; ce cas se présente habi- tuellement avec les urines albumineuses d'herbivores. c) Il ne disparaît pas sous l'inlluence de l'acide : ce précipité est formé d'albumine coagulée. d) Le précipité, non soluble dans les deux ou trois premières gouttes d'acide acétique à la façon des carbo- nates et phosphates bi et Iricalciques, se dissout dans un petit excès de cet acide ; il s'agit encore d'albumine ou plutôt d'une variété d'albumine que nous avons rencontrée parfois dans l'urine des vaches et des chevaux. On peut remplacer dans cette recherche, l'acide acétique pour Tacide azotique dilué, employé suivant le même mode obli- gatoire, mais ce réactif doit être utilisé avec circonspec- tion ; quatre à six gouttes ajoutées à l'urine chautfée suffisent largement, et il est indiqué de ne pas continuer 418 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL URINAIKE. l'action delà chaleur après l'addition de l'acide, de diluer l'urine à i/2 ou au 1/3, pour éviter la précipitation de certains composés uriiiaires, quelquefois abondants (acide uri([ue, urée sous forme d'azotate). En mettant à profil ces observations, la coagulation par la chaleur, aidée de l'acide azotique, peut être employée avec fruit; il est bon d'ajouter que l'acide azotique fonce l'urine, surtout celle du cheval, normalement très riche en indican, par son action sur certains corps présents dans le liquide, matières colorantes, indican, etc. » Le procédé de recherche de l'albumine, que nous venons de décrire, est simple, il ne nécessite qu'un outillage rudimentaire; il est en même temps très sensible : la moitié inférieure du liquide, non chauffée, reste limpide ; sa comparaison avec la moitié supérieure, vue sur fond noir, permet de saisir l'apparition dans celle-ci du moindre louche. Le précipité floconneux d'albumine (albumine coagulée) est plus ou moins abondant, suivant la quantité de cette substance que renferme l'urine ; parfois la réaction, tout en étant positive, se réduit à l'apparition d'un simple louche dont l'intensité peut varier également dans des limites assez étendues. La quantité d'albumine contenue dans l'urine est souvent inférieure à 1 gramme par litre; 4 à 0 grammes constituent une forte proportion ; on peut en rencontrer jusqu'à 20 à 30 grammes. L'albumine s'observe habituellement : 1" Dans toutes les lésions du parenchyme rénal; 2» Dans les affections qui s'accompagnent de troubles circulatoires ; 3" Dans les maladies infectieuses et fébriles ; 4" Dans nombre d'empoisonnements. L'albuminé existe, cela va de soi, dans les urines qui renferment du sang et du pus. Protéoses {albumoses ou propeptones ou 'peptones). — «L'urine albumineuse est mélangée à un volume égal d'une ALBUMINURIE. 419 solulion «alurée de sel marin, puis portée à rébullitioii et additionnée, pendant le chiiuffage, d'acide acélique en excès. Les matières albuminoïdes dont il a été question jusqu'ici, coagulent; on filtre à chaud pour les séparer. Lorsque l'urine renferme des propeptones (albumoses), un trouble ou un précipité apparaissent dans le filtrat par le refroidissement. Ce précipité se redissout à chaud, pour se raffermir lorsque le liquide se refroidit. Cette alternative de disparition et de réapparition du précipité, sous l'influence de simples variations de température, est significative de la présence des albumines dans lurine. Pour la recherche des peptones, l'urine neutralisée est débarrassée des malières albuminoïdes précédentes (albumine et albumoses;, par saturation, au moyen du sulfate d'ammoniaque et filtration consécutive. Le liquide de filtration et addition d'une solution fraîche de tannin : l'absence de précipité indique l'absence de peptones ; s'il y a précipité, lo filtrat peut renfermer des peptones que le réactif de Tanret, ajouté en excès, mettra en évidence, par la formation d'un précipité qui se dissout sous l'action de la chaleur. Causes et mode de production. — L'albuminurie peut provenir : i» d'une altération du filtre rénal ;2o d'une altération du sang ; 3° d'un trouble de la circulation. i" Altérations rénales. — Les lésions de cet organe dialyseur, spécialement du gloménile, de Vépitliélium des tubes contournés, sont indispensables à la production de l'albuminurie; ce sont les cellules de la membrane, qui, normalement, empêchent l'albumine de filtrer avec les autres éléments du sérum. Valbuminurie est aussi sous la dépendance d'une lésion rénale, tantôt primitive comme dans la néphrite, tantôt consécutive à une altération du sang ou à un trouble de 420 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL URINAIRE. la circulalion. La néphrile aiguë, la néphrite chronique, la dégénérescence graisseuse ou amyloïde des reins disloquent le filtre et suppriment la dialyse. Les néphrites microbiennes, les maladies infectieuses réalisent l'albuminurie par des procédés multiples; les microbes, contenus dans le sang, exercent sur Tépithé- lium rénal une sorte d'action traumalique ; ils provoquent sa desquamation ou sa dégénérescence, obstruent les vaisseaux, modifient les pressions sanguines, excrètent des produits solubles plus ou moins irritants qui s'éli- minent comme eux par la voie urinaire. Les microbes et toxines de la septicémie, de la pneumonie infectieuse, de lanasarque, de la fièvre txjphoide et de la plupart des maladies contagieuses fébriles donnent aussi fréquem- ment naissance à des néphrites infectieuses secondaires qui sont des néphrites toxiques. Leur action est renforcée par les modifications qu'ils impriment au sang et à la circulation tout entière. 2° Altérations du sang. — La membrane filtrante ne peut subir impunément le contact d'un sang adultéré. Le passage dans le rein de corps altérants comme le pigment biliaire dans l'iciére ou la glycose dans le diabète, de poisons comme l'alcool, le plomb ou le mercure, les gaz toxiques rendent l'animal albumineux. L'injection sous la peau de solutions de matières extrac- tives [leucine, tyrosine, créatinc, créaiinine, xanthine, hypoxanthine) provoque la dégénérescence épithéliale des reins et l'albuminurie (Gaucher), L'injection sous-cutanée de teinture de cantharides provoque, quarante minutes après, la production d'un exsudât albumineux dans les glomérules. Les matières extractives produisent ainsi les mêmes lésions que le mercure, le plomb, les cantharides. D'autre part, l'injection de sel marin, à la dose de 1 gramme par kilogramme d'animal, rend constamment ALBUMINURIE. 421 le chien albuniinurique ; l'injection d'une solution à.& sul- fate de soude détermine le même résultat ; les sujets privés de chlorure de sodium deviennent également albu- minuriques. Or, dans la plupart des infections aiguës, les sels de potassium, de sodium, les sulfates, les phosphates, tout est soumis à des variations susceptibles de changer les conditions de la fillration. Quoique la limite de saturation du plasma sanguin par l'albumine soit encore inconnue, il n'en est pas moins évident que la surabondance de ce corps dans les vaisseaux doit rendre l'animal albuminurique. C'est sur cette idée que Gubler a basé sa théorie de l'albu- minurie. Il peut y avoir superalbuminose quand l'animal ingère en grande quantité des substances azotées ou quand celles-ci, insuflisamment détruites, s'accumulent dans le sang. Ces faits peuvent se réaliser expérimentalement; les individus nourris d'albumine deviennent albuminu- riques ; le même symptôme {albuminurie) survient chez le sujet que l'on soumet à des injections intraveineuses de matières albuminoïdes (blanc d'œuf, albumine du sérum, albumine des épanchements patliologiquesj ou chez celui dont les combustions sont ralenties par raré- faction d'oxygène. L'asphyxie due au manque d'oxygène ou à l'inhalation de gaz toxiques, les sudations abondantes qui concentrent le plasma sanguin rendent aussi les urines albumineuses. L'albuminurie de Vanémie, de la leucémie, du diabète, procède d'une altération du sang. Des changements dans la composition de ce liquide peu importants en apparence, produisent l'albuminurie : les injections sous-cutanées de lait, de sérum sanguin, provenant d'un brightique ; les changements dans la composition du liquide nutritif, en apparence peu impor- tants, augmentent cependant les principes albuminoïdes ; la transfusion du sang d'une espèce à l'autre provoque Cadéac. — Sémiologie, 2« édit. I. — 24 422 SÉMIOLOGIE DE L'APPAREIL URINAIRE, Valbuminurie par suite de la dissolution des globules rouges d'une espèce dans le sang de l'autre. Certaines influences plus minimes peuvent, soit en im- posant une constitution chimique au sang, soit en modi- fiant la circulation, faire filtrer ce qui ne filtrait pas. {Jujiper thermie peut provoquer l'albuminurie en augmen- tant la porosité des vaisseaux, en exagérant la pression, en altérant le cœur, en enrichissant le sang en acide carbonique, en modifiant le sérum, les globules rouges, les hématoblastes. Si l'existence d'une albuminurie physiologique e&l encore douteuse, chez nos animaux domestiques, car Frohner, qui a examiné l'urine de cinquante chevaux sains n'a trouvé de l'albumine que deux fois ; elle est, au con- traire, bien démontrée chez l'homme. Ici elle est due à diverses causes : exagération du travail musculairej lefroidissemenls légers, alimentation azotée. Sa quantité est variable (10 à 20 p. 100). 3° Troubles de la circulation. — L'augmentation de la pression artérielle n'est pas une cause certaine d'albumi- nurie; l'exagération de cette tension par la ligature du tronc cœliaque, de la mésentérique, de l'aorte en aval des artères rénales peut la produire. La diminution de la pression artérielle la produit sûre- ment. Overbeck a montré que si on lie, pendant quelques minutes seulement, l'artère rénale, la sécrétion uri- naire, d'abord complètement supprimée, reparaît au bout d'une demi-heure ou de trois quarts d'heure et renferme alors de l'albumine qui a filtré au niveau des glomérules; il y a, en même temps, altération de l'épi- t hélium rénal. Les embolies rénales, la section des nerfti vaso-moteurs du rein, celle des splanchniques, certaines lésions médul- laires, la destruction des centres albumlnuriques (au- dessus du centre glycosurique, en avant de l'origine des MAL DE BRIGHT. 423 nerfs acoustiques) aboutissent à ralbuminurie en créant une congestion a-Hive du rein. En clinique, on a toujours vu l'albuminurie survenir dans la congestion rénale, le:» infarctus rénaux, etc. La stase veineuse, déterminée par la ligature de Vartère rénale, son oblitération ou sa compression pathologique, par les afTeclioiis organiques du cœur, du foie, par le fœtus, par la ligature des uretères et les stases urinaires rend les urines albumineuses. L'albuminurie peut également se montrer pendant la gestation [albuminurie gravidique) ; elle provient alors de troubles plus ou moins intenses apportés dans la cir- culation et la composition du sang par le fœtus. Remarquons que l'albuminurie est d'autant plus pro- noncée, dans ces diverses circonstances, que l'urine est moins aqueuse. Les microbes qui circulent dans le rein provoquent fréquemment des thromboses, des embolies, des infections, des œdèmes, des anémies, de Thyperther- mie, des troubles vaso-moteurs qui changent simultané- ment le filtre, les liquides à filtrer, les pressions et les vitesses. De nombreuses causes se réunissent pour engen- drer ce trouble. II. — MAL DE BRIGHT. Signification. — L'expression de mal de Bright a été employée en médecine humaine à la suite des travaux de Richard Bright sur les maladies du rein. Appliquée d'abord pour désigner l'élat clinique étudié par cet auteur, état caractérisé par V albuminurie , les hydropisies et les lésiois rénales, elle a servi depuis, et selon les circonstances, à désigner soit une, soit un groupe, soit l'ensemble des maladies du rein. En médecine vétérinaire, on en a fait un usage abusif, en l'appliquant aux diverses néphrites, aux paraplégies, à hémoglobinurie, etc. En réalité, les études de Bright 424 SEMIOLOGIE DE L APPAREIL URINAIRE. n'ayanL porté que sur un ensemble symptomaliqne donl nous avons indiqué les caractères et non sur une maladie unique, l'expression de mal de Bright doit conserver son acception première, n'être qu'une expression symptoma- tique, indiquant un syndrome, caractérisé, nous le répé- tons, par l'albuminurie des bydropisies et des lésions rénales et pouvant se rencontrer dans bon nombre de maladies. On peut encore trouver dans l'urine du sucre, des sels biliaires (Voy. Ictère). III. — GLYCOSURIE. Définition. — On désigne sous le nom de glycosurie le passage du glycose dans les urines. Ce phénomène se produit quand il y a hyperglycémie, c'est-à-dire quand la quantité de glycose qui existe dans le sang dépasse 2 p. 1 000. Mais la glycosurie peut se pro- duire sans hyperglycémie : la phloridzine est susceptible de produire le diabète sans augmenter la quantité de sucre dans le sang (Voy. t. If, Foie). Il semble qu'on doive tenir compte de l'élément rénal qui influe sur la production de la glycosurie, en laissant quelquefois filtrer le glucose quand le taux de cet élé- ment est normal dans le sang. Moyens de déceler le glycose dans les urines. — On peut utiliser trois procédés : 1° Les urines sucrées chauffées avec la potasse et la soude caustiques prennent une coloration brune. 2» Les liqueurs cupra-alcalines comme celles de Fehling, ie que dans celles du bassinet. Cbez la jument, la valvule du méat urinaire enflammée Fig. o2. — Acide hippurique (Ch, i\ohin). peut donner des éléments analogues; ce fnit est sans importance. L'urine renferme aussi les éléments du sang, (globules 438 SÉMIOLOGIE DK L APPAREIL URINAIRE. blancs el globules rouges), ainsi que des cellules puiii- lentes ; celles-ci revêlent tous les caractères des globules du pus et proviennent soit du va()in ou de la matrice des femelles, soit du prépuce des mâles ; leur présence dénote encore l'existence d'une cystite, d'une pyélite, ou d'une népltrite, etc. Les hématies, quand elles ne proviennent ni du f(Miireau ni de l'utérus, indiquent toujours une lésion .?,©u. ,^ des organes urinaires. ■^^i^vv?S*? Le mucMS est surtout abondant dans l'urine \«-~'S^ï-l^A du chev.il: il augmente dans les atl'ections \W-'':^®fy0 catarrhales de la vessie, du bassiiiet, etc. Il foinie quelquefois des traînées semblables à des cylindres urinaires, mais ceux-ci ont plus d'uniformité, plus de netteté sur leurs bords (0''. 53). 'vi:fe:3à Fig. 53.— Mu- cus de l'uriue saine. c. Cylindres urinaires. — Ce sont des pro- ductions filiformes, de nature variable, ve- nant des canaux du rein dont elles conservent la forme et les empreintes. Ils sont assez fréquents chez le cheval, rig. 54. — Moules granuleux; (iueU|ues-uns pourvus d'rpillirliiini. Deux sont d'une couleur foncée par la présence d'urate de souple. mais rares chez les autres animaux. (»n a classé les cylindres urinaires selon leur nature. On a reconnu : CAHACTKRRS MICROSCOPIOUKS DE L l lUXli. 4:v.» Des cijlind)'e:< de chaux, composés de iiuicus infiltré de carbonate de chaux; ils font effervescence lorsqu'on les soumet à l'action de l'acide acétique ; Des cylindres épithéliaux courts, foncés, granuleux, lé- gèrement dentelés sur les bords, de dimensions variables, et dus à l'accolement des cellules des tubes contournés; Des cylindres (/ranideux (fig. 54) qui dérivent d'une sécré- tion épithéliale pour les uns, d'une destruction cellulaire pour les autres, et qui sont formés d'une substance albu- minoïde riche en granulations protéiques, graisseuses et minérales ; ils ne font pas effervescence avec les acides; ils apparaissent dans la néphrite épithéliale et dans la congestion du rein ; Des cylindres hyalins homogènes, clairs, réfringents, difficiles à percevoir, visibles seulement après l'action de certaines substances colorantes comme l'iode ou l'aniline, et se rattachant par leur forme aux précédents, qui ne paraissent être, d'ailleurs, qu'une variété de ces derniers: on les trouve surtout dans la néphrite subaiguë; Des cylindres colloïdes (fig. 55) apparaissent après la Fig. 35. — Grands et petits moules cireux. néphrite chronique, ils sont de couleur jaune et résultent de la dégénérescence colloïde des cellules urinifères. Les cylindres d'hématies, les cylindres d'hémoglobine ne sont que des variétés des précédents. 440 SÉMIOLOGIE DE L APPAREIL URINAIRE. d. Éléments divers de l'urine. — Elle renferme norma- lement des gouttcleltes graisseuses chez leficquidps ; elle penl, aussi tenir en suspension des spe?'wa. IX. — Joues IG X. — Prkhensio:s oes aliments 17 XL — Mastication 18 XII. — Faim 19 a. Augmentation de l'appétit, 20. — h. Diminution de l'appétit ou inappétence, 20. — r. Perversion de l'ap- pétit 20 XIII. — Aberrations du hout, appétit aliéné, malacia, PICA 21 XIV. — Tic propremknt dit avec ou sans usure des dents. 20 L Tic des équidés ... 27 1. Attitudes, 27. — 2. Mouvement convulsif accompli par le sujet qui tique, 29. — 3. Bruit, sa patho- génie 30 IL Tic des bovidés 34 111. Tic des suidés 35 TABLE DES MATIÈRES. 443 XV. — Soif 30 a. Augmentation de la soif on polydipsie, 40. — b. Dinii- nulian et suppression de la soif. Adipsie, 40. — c. Perversion de la soif 40 XVI. — Baili.kment 41 DEUXIEME SECTION Gorge. I . — Parotide 42 H. — Skcréiions sauvaires 4"2 I. Exploration des glandes salivaires 42 a. Salive parotidienne, 43. — b. Salive sous-maxil- laire, 45. — c. Salive sublinguale, 47. — (/. Salive mixte. Propriétés 47 II. Modifications pathologiques 48 a. Diminution, 48. — b. Augmentation, 49. — c. Per- version 49 III. — Ptyalisme 49 IV. — Pharynx ht I. Exploration externe, 52. — 1° Inspection, 52. — 2» Palpation, 52. — 3" Auscultation 52 II. Exploration interne, 52. — 1° Inspection, 52. — 1° Examen bactériologique 55 V. OESOPHAGE 57 a. Partie cervicale 57 Exploration, 57. — 1» Palpation, 57. — 2° Percussion, 58. — 3° Auscultation 58 h. Partie thoracique 59 Exploration, 59. — 1» Sondage, 59. — 2" Auscultation, 60. — 3" Examen bactériologique 01 Jabot Cl VI. — Dysphagie Cl a. Dysphagisme bucco-pharyngien, Cl. — b. Dyspha- gisme œsophagien 62 444 TABLE DES MATIÈRES. TROISIÈME SECTION Estomac. I. Estomac des ruminants Ci 1. Rumen 03 Exploration, 04. — 1» Inspeclion, 04. — 2" Palpa- tiou, 05. — 3° Percussion, 00. — 4" Auscultation. 07. — 5° Ponction, 68. — O" Examen chimique, 08. — 7" Examen baclériolopiquc 08 2. Réseau 01) 3. Feuillet 0!) 4. Caillette 70 II. — Rumination 71 III. — Estomac des solipèdes 73 IV. — Estomac des omnivores et des carnivores 73 Exploration, 73. — !<> Inspection, 74. — 2° Palpation, Ti. — 3° Percussion, 75. — 4° Sondage, 70. — 5° Examen chimique du suc gastrique, 70. — 0" Examen micro- scopique, 78. — 7° Examen bactériologique 78 V. — Dyspepsie 80 VI. — Éructation 86 VII. — Régurgitation 87 VIII. — Nausée 88 IX. — Vomissement 88 Définition. 88. — Pathogénie, 89. — Signes cliniques, 94. — Caractères des matières vomies, 95. — Consé- quences du vomissement 99 QUATRIÈME SECTION Pancréas et intestin. I. — Pancréas 100 Dyspepsie pancréatique, 101. — Glycosurie pancréa- tique 102 II. — Intestin des solipèdes 102 Exploration, 104. — a. Exploration externe, 104. — b. Exi)loration interne, 105. — Ponction, !0.i. — Examen bactériologique 105 III. — Intestin des ruminants 100 TABLE DES MATIÈRES. 445 Exploration, lOC. — Palpation, 107. — Examen bactério- logique 107 IV. — Intestin des carnivores 107 Exploration, 108. — a. Palpation, 108. — h. Pcrcu?sion. 108. — c. Examen bactériologique 108 V. — Intestin do porc 109 Examen bactériologiqui- 109 VI. — Coliques 109 A. Coliques par occlusion intestinale. lU. — B. Coliques par météorisation, 117. — C. Coliques a frigore, co- liques spasniodiques ou nerveuses, 117. — D. Coliques Ihrombo-embûliques, 117. — E. Coliques vermineuses, 117. — F. Coliques inflammatoires, 118. — G. Coliques hépatiques, US. — H. Coliques dépendant d'une affection de l'appareil géuito-urinaire 119 VII. — Météorisme 119 VIII. — BORBORYGMES 123 IX. — Entérorragie 125 X. - Anus 127 XI. — Rectum 128 I. Exploration, 129. — a. Toucher, 129. — i. Inspection, 130. — II. Palpation interne, 130. — a. Volume, 130. — b. Conformation, 131. — c. Température, 132. — (l. Matières contenues dans le rectum 132 XII. — Défécation 134 XIII. — Constipation 136 XIV. — Diarrhée 139 XV. — Dysenterie 142 XVI. — M.vtières fécales 143 10 Quantité. 143. — 2° Forme et consistance, 144. — 3" Couleur, 145. — 4° Enveloppe des excréments, 147. — 5° Odeur, 147. — 6° Réaction, 148. — 7° Examen macroscopique. 148. — 8° Examen microscopique, 150. — 9° Toxicité • 151 CINQUIÈME SECTION Foie et rate. I. — Foie 152 Exploration, 154. — a. Inspection, 154. — h. Percussion, 154. — c. Palpation, 155. — d. Ponction 155 440 TABLE DES MATIERES. Fonctions de la cellule hépatique Iô5 II. — SkCRÉTION biliaire. BILIGÉNtE. ... 158 J. Quantité. — Coaiposition 158 11. Propriétés, ICO. — a. Rôle de la bile dans la diges- tion, IGO. — b. Rôle antiseptique IGl m. Modifications de la sécrétion biliaire, 162. — 1» .\ug- mentation, 162. — 2" Diminution de la sécrétion bi- liaire, 163. — 3° Perversion de la sécrétion biliaire. I6(; III. — Gl.YCOOKNIE 107 a. Diminution, 167. — b. Augmentation 167 IV. — Uréogénie .• 170 V. — Action du foie sur les i'Oisons 171 VI. — Syndrome ICTÈRE 174 Définition. — Caractères cliniques, 17 i. — Consé- quences de l'ictère, 175. — Pathogénie 178 Ml. — Rate 181 SIXIÈME SECTION Abdomen en général. Exploration, 18'2. — Inspection, 183. — Palpalion, 185. — Percussion, 187. —Auscultation, 187. — Ponction. 180. — Mensuration 1 89 SÉMIOLOGIE DE L'APPAREIL RESPIRATOIRE PREMIÈRE SECTION Nez et cavités nasales. I. — Nez 190 II. — Cavités nasales 192 1. Exploration, 192. — a. Inspection externe, 192. — h. Inspection interne, 194. — c. Examen bactério- logique, 196. — 2. Modifications pathologiques, 197. — Epistaxis 202 m. — Sinus ^O't IV. — Poches gutturales 207 V. — .Ietage 208 A. Origine dujetage, 208. — B. Caractères du jetage... 211 TABLE DES MATIÈRES. 447 DEUXIK.ME SECTION Larynx et trachée. I. — Laisynx 21G H. — TlSACHÉE 21'.) m. — Tuux 220 Mode de production et mécanisme de la toux, 220. — Caractères et signification de la toux, 223. — 1° Mala- dies du larynx. 224. — 2° Maladies des bronches, 224. — 3" Maladies du poumon et des plèvres 225 IV. — Expectoration 227 V. — Voix 227 VI. — ÈBK0UE>lE^T. — Éterxuement 228 vu. — r^lAlNTE 229 TROISIÈME SECTION Poitrine. Exploration, 230. — I. Palpation, 230. — II. Pression, 231. — III. .Mensuration, 251. — IV. Succussion, 231. — V. Percussion, 232. — Résultats de la percussion, 242. — 1" Son normal ou son clair, 242. — 2" Son clair exa- géré, 243. — 3° Son clair diminué ou submatité. 244. — 4° Son mat ou matité, 244. — h° Son tj'mpanique, 245. — 6° Bruit de pot fêlé, 247. — T» Son métallique, 248. — 8" Frémissement hydatique, 248. — 9° Sensation d'élasticité et de résistance, 248. — VI. Auscultation, 248. — 1° Bruits normaux de la respiration, 249. — 2° Bruits accidentels non pathologiques. 255. — 3° Signes fournis par l'auscultation de la poitrine 255 I. — Raies 260 1° Râle crépitant, 200. — 2» Râle muqueux, 261. — 3» Râle caverneux, 263. — 4" Râle rouilaut, 263. — 5" Râle sibilant. 264 II. — Souffles 265 1° Souffle tubaire. 265. — 2° Souffle caverneux, 267. — 30 Souffle aniphorique, 2G8. — 4» Bruit de gargouille- ment pleurétique 268 III. — Bruit de frottement 269 Frottement pleural 269 448 TABLE DKS MATIERES. IV. — Respiration 270 |o Inspection, 270. — 2" App.ireils enregistreurs, 272. — Signes fournis par la respiration, '^73. — 1» Fré- quence des mouvements respiratoires, 273. — 20 Mode respiratoire, 278. — 3" Mode d'association des mouvements respiratoires 284 V. — Dyspnée 280 VI. — Pousse 289 VII. — Asphyxie 289 VIII. — Bnurrs oui accompaonent i.a hespiuation 293 IX. — Cornage 294 X. — Bruit de gouttelette 29G XI. — Am EXPIUK 297 SÉMIOLOGIE DE LAPPAREIL CIRCULATOIRE PREMIÈRE SECTION Sang. I. Technique de l'examen du sang 300 «.Examen pliysique, 301. — 6. Examen histologique, 301. — c. Examen chimique du sang, 30G. — d. Analyse spec- troscopique du sang, 308. — e. Examen baclériolo- gique du sang 309 II. Altérations du sang 310 1. Modifications des éléments figurés normaux du sang, 310. — A. Modifications des hématies, 310. — B. Mo- difications des hématoblastes, 313. — C. Modifica- tions des leucocytes, 314. — 2. Modifications de la fibrine et du processus de coagulation, 315. — 3. Mo- difications du sérum sanguin, 31 G. — 4. Modifications du sang déterminées par des éléments anormaux em- pruntés à l'organisme, 317. — 5. Présence dans le sang d'éléments parasitaires 318 DEUXIÈME SECTION Circulation cardiaque. Exploration 320 1<^ Cardiographie, 321. — 2° Inspection, 321. — 30 Pal- pation, 322. — A. Choc précordial, 322. — Asystolie, 324. — B. Bruits anormaux, 328. — 4° Percussion, 328. — 5» Auscultation 330 TABLE DES MATIÈRES. 449 I. — Modifications des enuirs nokmaux 333 II. — Brlits anormaux du coeur 338 1» Bruits intracardiaques, 338. — 2" Bruits extiac;ir- diaques 344 III. — Lipothymie et sv.ncope 347 IV. — Action des altérations valvulaires sur la circu- lation GÉNÉRALE 348 TROISIÈME SECTION Circulation artérielle, capillaire, veineuse et lymphatique. I. — POLLS 350 I. Pouls noriiiai 352 II. Pouls pathologique 356 A. Nombre, 356. — B. xMode, hb^. — C. Rythme.... 361 II. — Troubles de l'élasticité et de la contractilité arté- rielles -385 III. — Circulation capillaire 366 Pétéchies, 367. — Ecchymoses . . 368 IV. — Circulation veineuse 369 V. — Circulation lymphatique 37 1 a. Hypertrophie. 371. — b. Ulcérations, 372. — c. Dila- tations et varices , 372 SÉMIOLOGIE DE L'APPAREIL UHINAHŒ A. — Modifications physiques des organes urinaires. E.xploration, 373. — a. Exploration interne, 373. — b. Exploration externe 375 B. — Mode d'expulsion de l'urine. I. — Rétention d'urine 381 II. — Incontinence d'urine 384 III. — Ténesme vésical 384 C. — Quantité d'urine. I. — POLYURIE, 387 II. — Oligurie 389 430 TABLE DES MATIÈRES. m. — AiNuiiiE ;j!)0 IV. — Ukémie ;j91 Caractères cliniques, 3dl. — Palhogénie, a'J2. — Toxi- cité de l'urine 39*} D. — Caractères physiques de l'urine. I. — Coloration 395 Coloration normale de l'urine chez nos animaux do- mestiques, 395. — Modifications pathologiques 306 II. — Hématurie 397 III. — HÉMOGLOBlNUHIli 399 IV. — Colorations diverses PRObLiTEs par des jiatiéres ÉTRANGÈRES 400 Médicaments, 400. — Chyluiie ou lypurie 401 V. — Transparence de l'urine 401 VI. — Consistance de l'urine 404 VII. — Odeur de l'urine 405 VI il. — Poids spécikique 405 IX. — Réaction de l'urine . 406 E. — Caractères chimiques de l'urine. Composition normale, 408. — État pathologique, 408. — Variations des éléments normaux, 408. — 1° Chlo- rures et phosphates, 408. — 2" Indican, 409. — 30 Urée, 410. — 4° Acide urique, 411. — 5" Acide hippurique, 41:2. — 6° Phénol 412 I. — Albuminurie 413 II. — Mal de Brigut 423 III. — Glycosurie 424 F. — Caractères microscopiques de l'urine. «. Cristaux, 433. — b. Éléments cellulaires, 436. — c. Cylindres urinaires, 438. — d. Éléments divers de l'urine, 440. — e. Microbes 440 9402-03. — CoBBEiL. Imprimerie Ed. Cbktê. CHEVAL Le Cheval, eiténcar, régions, pied, proportions, ipioit bu, allures, âges, aptitudes, robes, tares, Yices, achat et vente, examen critique des œuvres d'art équestre, structure et fonctions, races, origine, production et amélioration, démontrés à l'aide de planches coloriées, découpées et superposées. Dessins d'après nature par E. CL'YER, texte par E. ALIX, vétérinaire militaire, lauréat du mi- nistère de la guerre. 1 vol gr. in 8 de 703 p. de texte, avec 173 fig. et 1 atla^ de 16 pi. coloriées. Ensemble 2 vol. gr. in-8, cari . 00 fr. Ce lure s ajresse aux Téléniiaires, aux marpchaui, »Ui éle>eurs, d tous ceui qui, soit par nécessité, soil par goût, s'occupent du chcr.il et Teulcot ériter dans leurs acqui- s tioiis le» erreurs qu'enlraine l'ignorance de l'organisation du clieiil. Le texte est dû à la plume autcnsc^e de M. E. Alix, Télériuiire on premier de l'armée, dont les travaux et l'expérience garantissent l'eiactitude de ses descriptions et la compétence de ses conseils. Ce qui constitue l'oriû^iualilé des seiie planches hors texte, coloriées, découpées et tUi>erposée-i, dessinées par Ed. Cdtïr, prosecteur à l'Ecole des Beaui-Arts, c'est qu'elles rf h l-nt tingihles et saisissahles tous les détails des différents organes. Des>in'^i's d .»i)ri> nature, eiacies en tous points, quant à la situation, aux rapports, à la forme, à Ici leiuLe et aux proportions des parties, ces planches sont irréprochaùles au point de Tue artistique. Les i^llureS du Cheval, planche coloriée, découpée, superposée et articulée, par E. CUYER. 1886, gr. in-8, 43 pages, avec 13 figures et 1 planche coloriée 7 fr. 50 Anatoirie Artistique des Animaux, par Ed CUYER, professeur à l'Ecole nationale des Beaux-Arts. 1903, 1 vol. in-8 de 300 pages avec 143 figures 7 fr. 50 Ostéologie, Arthrologie, Myologie du cheval, du bœuf, du mouton, du porc, du riiat, du chien, des oiseaui. — Proportions et allures du cheval. Amélioration de TEspèce chevaline, par des accouplements raisonnes, pa» Alasonmbre. 1885, in-8, 126 pages 4 fr. Le Cheval anglo-normand, par a. gallier, mé- decin vétérinaire, inspecteur sanitaire de la ville de Caen. 1900, 1 vol. iu-16 de 3"20 pages, avec figures, cartonné 4 fr. L'anglo-normand. Ses origines; histoire de la famille normande; l'an^lo-norraand ci>d- lidéré comme reiifoducteur, comme cheraJ Je guerre et comme cheval de service; l'admi' nistralion