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SOUVENIRS INÉDITS

SUR

L'ABBE PAINGHAUD

ANCIEN CURÉ DE Ste-ANNK DE LA POCATIÈRE

PAR

HORACE TÊTU

ÉDITION INTIME

QUEBEC 18P4

SOUVENIRS INEDITS

SUR

L'ABBÉ PAINCHAUD

ANCIEN CURÉ DE Stk ANNE DE LA rOCATIÈRE

PAR

HORACE TÊTU

ÉDITION INTIME

QUEBEC 1894

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SOUVENIRS INEDITS

SUR

L'Abbe PAINCHAUD

L'abbé Painchaud, ^ a composé, deux pièces de vers dont l'une, la suivante, à l'occasion de l'anniver- saire de la naissance de sa nièce et filleule, Marie Virginie Ahier, devenue plus tard Mad. Vital Têtu.

1 Curé de Sainte-Anne de la Poca- ti?*rp donnis le dix-sept sontemhre 1S14 jusqu'au iieui icvriof iS.Jo, épuiiucde sa mort. M. Paincliaud fonda le collège de Ste. Anne de la Pocatière en 13-37.

Je reproduis textuellement l'or- thographe du curé rainchaud.

A Mademoiselle Virginie Ahier le jour anniversaire de sa naissance.

Air : heurepx KxrAXT, etc.

" De Virginie c'est la naissance " Qui nous amenne dans ce jour ; '• Célébrons dès son enfance, " Elle nous paiera de retour.

" A pareille heure, même journée " Ici comme prêtre accourant, " Virginie hélas nous est née " Me dit le Père tout tremblant.

'■ Le noir destin de ses allarmes *•' Avait déjà rempli ces lieux, " De toute part coulent les larmes '• Au ciel on adresse des vœux.

" Comme l'aurore rougissant^e, " Chasse les ombres de la nuit : " Dès que Virginie naissante " Parait, tout le chagrin s'enfuit.

" Dès ce moment, comme la Rose " Règne seule parmi les fleurs, *' Virginie à peine est éclose " Qu'elle règne sur tous les cœurs.

'■ Son Père l'adore, sa mère

" Semble souvt^nt la dédaigner ;

" Mais à tous les deux, elle est chère,

" C'e^t à qui saura mieux l'aimer.

'• Puisse la Parque favorable

" Pour toi filer des jours heureux !

" Puisse tes jours sans intervalle

Toujours être des jours joyeux.

•' Enfant chtric dès ton enfance,

' C'est ton oncle c'est ton Parrain, ' (^ui vient célébrer ta naissance,

Reçois le baiser de sa main ! "

L'autre poésie du curé Pain- chaud a été composée à roccasion du mariage de demoiselle Marie Luce Casgrain, une de.s filles du Seigneur de la Rivière-Ouelle avec

M. Philippe Panet. avocat de Qué- bec, et devenu plus tard le juge Panet. C'était le quatorze juillet 1818.

Air : Tu tas rkmplir le vœc de ta texdressr

Quand Dieu créa le ciel, la terre et l'onde Un seul humain fut formé sous les ci eux. Ce seul humain fut ciuelque temps au

[monde Hélas lui seul (bis), il n'était pas heu-

[reux.

Donnons-lui donc une aimable corapa-

[g'ie, Se dit alors le Dieu de l'univers : C^u'il soit heureux, oiseau de la campa- gne, A son bonheur (bis), unissons nos con-

[certs

Heureux amants que la vertu rassemble Et que le ciel à nos yeux vient d'unir, So3'ez heureux, vivez longtemps ensem-

|ble, A la vertu (bis\ ne cessez d'obéir.

" La sagesse nous ordonne de vivre au jour le jour. Les hommes en général sont plus malheureux du passé ou de l'avenir que du présent. Tout remettre entre les mains de Dieu et vivre content de son sort, voilà la sagesse sans laquelle il n'y a point de honheur.'^ (Extrait d'une lettre du curé Pain- chaud.)

Le presbytère do Sainte-Anne avait quelquefois la visite d'une tante du curé Painchaud, madame "Whitney née Painchaud et de l^lusieurs jeunes nièces de cette dernière, les demoiselles Pain- chaud de l'île aux Grues. Elles venaient passer quelque temps à Sainte-Anne,où elles étaient reçues

à bras ouverts par une jeune parente, Virginie Ahier, ^ élevée au presbytère et nièce de l'abbé Paincliaud.

Les jeunes filles conçurent un jour le dessein de jouer un beau tour à la tante Whitney. Il fut donc résolu que l'une d'elles se revêtirait du costume d'un collé- gien, puis on appellerait la tante et en sa présence le •prétendu éco- lier embrasserait les cousines. Ce qui fut dit fut fait. Le choix tomba sur Virginie Ahier qui s'habilla en conséquence, et puis comme il avait été convenu, on fit venir la tante et alors Vécolier se mit à courir après les jeunes

1. Dont le nom est mentionné plus haut.

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filles et à les embrasser à tour de rôle.

La tante qui ne reconnaissait pas sa nièce sous ce déguisement d'écolier fut fort scandalisée et alla en toute hâte prévenir le curé. Celui-ci d'arriver aussitôt. A pre- mière vue il reconnut sa nièce Virginie sous son habit d'emprunt et se mit à rire aux éclats, puis se tournant vers la tante AVliitney, il lui dit : Pauvre tante, ne recon- nais-tu pas notre nièce Virginie ? Madame AVliitney devint alors pâle de dépit d'avoir été ainsi mystifiée et dit à sa nièce : " Ma bougresse de Virginie, tu me paye- ras ça."

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Parmi les habitués du presby- tère de Sainte- A nue, se trouvait une personnalité bien connue dans le Colonel Vincent Dubé, ancien milicien de la guerre de 1812. C'était un des amis les plus inti- mes du curé Pain chaud; il l'accom- pagnait très souvent dans ses voyages à Québec et spécialement lors de la construction du collège de Ste-Anne de la Pocatière.

^otre Colonel était chantre de TEglisede Ste-Anne lorsqu'à l'âge de trente à quarante ans, il lui prit une extinction de voix, qui ne le quitta jamais, et lui fit craindre de mourir de consomption avant longtemps. Il fit part de ses craintes au curé Painchaud, en

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lui disant qu'il voulait renoncer de chanter au chœur. " Xon, lui répondit le curé, ne fais pas cela, Vincent ; continues h chanter et je te prédis que tu vivras vieux." En effet, le Colonel Dubé a vécu au delà de quatre vingt-dix ans.

Une figure très familière au curé Tainchaud était celle du capi- taine Carolus Eoulcau qui voya- geait avec sa goélette de Sainte- Anne de la Pocatière à Québec et vice versa. Le curé de Sainte-Anne reposait une grande confiance dans la probité du capitaine qui accomplissait à la lettre tous les messages dont on le. chargeait soit

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pour le collège de Sainte- Anne, le presbytère, etc. Malgré son infir- mité (il avait une jambe de bois) le capitaine Eouleau était très actif et il a navio;ué pendant un grand nombre d'années.

. Malec, tel est le nom d'un che- val qui a été au service du curé Painchaud et qui fit bien des voyages de Sainte- Anne de la Poca- tière à Québec et vice versa, bien .avant l'apparition d'une ligne de cbemin de fer sur le côté sud du fleuve St. Laurent.

Après la mort de son seigneur et maître, Malec fut employé au service du collège de Sainte-Anne

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de la Pocatiëre, il se distingua toujours par con bon tempéram- ment. Contrairement à tant de membres de la gente chevaline, 3f(ilec, à raison de ses nombreux services, mérita de mourir de sa belle mort, et cela dans un âge fort avancé.

Le curé Paincliaud disait sou- vent : "Que d'enfants dans les cam- pagnes sont remplis de talents et que l'ignorance ou la pauvreté <les parents empochent de se pro- duire au dehors" I

L'abbé Painchaud avait à son service un ane célèbre qui portait

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le nom de JRoussin et qui jouissait d'un instinct merveilleux. Ainsi quand on lui montait sur le dos et que ça ne lui plaisait pas, il Içva.it les pattes de derrière, se renversait sur tous les sens pour jeter à bas son cavalier, et quand il ne réussissait pas par ce moyen, il se frôlait le long d'uoe clôture, de manière à déchirer les panta- lons de celui qu'il portait, et, si possible, à lui entamer la peau.

Le fameux Roussin a été quinze ans au service du curé de Sainte- Anne, depuis l'année 1818 jus- qu'en 1833 il mourût.

On lui composa une épitaphe qui se lit comme suit :

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Elrgie sur li mort de Maître Boussin.

Unnssin n'pst nlns ' nnrès qiiinzp fln<5 <lo

[gloire, Il est rangé du no'iiibre des héros. II n'a (]nnc plu? fin niT"' lnn^n<> î-îiéiiv ire, Un peu de cendre, un éternel repos. Quedehautsfaits, qued'exploitsensavie L'ont signalé parmi tous les anons ! Jeune il était des àncsses l'envie, Jeune il était le mignon des mignons. Le peuple aimant gente aux longues

[oreilles, A qui dit-on il fit longtemps la cour, Pour la tendresse et les jeux de l'amour, Du pauvre mort raconter les merveilles. Il fut plus tard un valeureux coursier, Un bon mulet, forte bête de somme, Prompt, vigoureux, léger, franc de ool-

[lier, Bon serviteur, dign( esclave de l'homme 'En connaissance il n'avait point d'égal Pour le travail on vante son adresse Xe craignant point en plein de rival Plein de vi<rueur, de beauté, de sagesse Il était le Roussin des Roussins,

Par A"-*-''-* Québec, IS'^S.

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Le retour d'un parent ou d'un ami impressionnait le curé Pain- chaud et lui faisait verser des larmes de joie et de reconnaissance envers la Divine Providence.

Le curé Painchaud a gardé plu- sieurs chiens dont l'un semblait doué d'un instinct tout particulier. Ainsi quand un quéteux arrivait au presbytère, le chien, cherchait à lui mordre les mollets, proba- blement pour lui apprendre à ne pas ■;e présenter en haillons. Si, au con- traire, le nouvel arrivant était un prêtre, alors le chien frétillait de la queue pour manifester sa joie à la vue d'un confrère de son maître.

FIN,