BIBLIOTHÈQUE DE L'ÉCOLE DES LANGUES ORIENTALES VIVANTES
TOME QUATRIÈME
TEXTES ARABES DE TANGER
TRANSCRIPTION, TRADUCTION ANNOTEE, GLOSSAIRE
l BIBLIOTHEQUE DE L'ÉCOLE DES LANGUES ORIENTALES VIVANTES )
TEXTES ARABES DE TANGER
, 1 I / . TRANSCRIPTION, TRADUCTION ANNOTEE, GLOSSAIRE
PAR
W; MARÇAIS ♦♦♦
PARIS IMPRIMERIE NATIONALE
ERNEST LEROUX, EDITEUR, RUE EONAPARTK, 28
MDCCCCXI
A ISIDORE LEVY
MAI 1911
ÂVANT-PROPOS.
Des textes en dialecte de Tanger ont été recueillis par plusieurs arabisants, notamment par MM. Lûderitz, Meiss- ner, Blanc, Marchand et Kampffmeyer^'l Mis à même d'en recueillir à mon tour, j'ai cru utile , pour apporter quelque chose d'un peu nouveau, de choisir des spécimens du dia- lecte différents de ceux de mes devanciers. Leurs textes étaient des proverbes, des histoires humoristiques, des
''^ H. LiJDERiTZ, iSpi-ûchwôrler au» Marokko mil Erlduterungen ap, Mit- theitungen de» Setninar» fur Orientalitche Sprachen, II,, Berlin, 1899 (p. 1 <r . . . Ich habe im AHgemeinen den in Tanfjer {jebràuchiicheren Ausdrûcken den Vorzug gegeben. Auch bel der Transcription isl in erstcr Linie die Tangerer Aussprache beriicksichligt worden.n). — B. Meissner, Neuarabitche Gescinchlen au» Tanger ap. ibid., VIII,, Berlin, igoS. — t B. Blanc, El-Ma'dni, conte en dialecte marocain de Tangei- ap. Archive» niarncaines ,Yl, i-ii, Paris, igoS; — Deux conte» marocain» en dialecte de Tangei- ap. ibid., VII, Paris, 1906. — G. Marchand, Conte en arabe marocain, publié, traduit et annoté ap. Journal a»iatique, série X, t. VI, novembre-décembre i()o5, Paris, tgoS (irle conte que je me permets de présenter est d'un dialecte courant à Tanger, Larache et Babat», p. fin ). Cl. Kampfkmkykr, Texte au» Fei. Mit einem Texl au» Tanger ap. Mitteil. de» Seminar», 1909, — D'importantes observations de détail sur le dia- lecte de Tangei- sont contenues dans les éludes marocaines de A. Fischer {Marokhanische Sprichworlei' ap. Mittheilungen de» Seminar», 1898; Hieb- und Stichwajfen und Me»»er im heutigen Marokko et Znm Wortion im Ma- rokkanischen ap. ibid., 1899; aussi eine intere»»ante algiei-itch-marokka- niiche Genetivum»chreihung ap. Z. D. M. G., LXI, 1907; et magnûn nvpilcplikfi ap. ibid., LXIl, 1908) et de G. Kampffmeyer (surtout llnter- »uchungen iiber den Ton im Arabi»chen I ap. Mitteilungen de» Seminan, 1908).
L
Tiii AVANT-PROPOS.
contes merveilleux^''; j*ai tenté de fournir, dans les cadres de récits composés exprès, la description de quelques faits de la vie sociale tangéroise : renseignements sur les rap- ports de famille, les réjouissances populaires, l'alimenta- tion, les petites industries locales, les jeux et les chansons des enfants, les habitudes des milieux spéciaux. Les élé- ments de ces récits ont été recueiUis par moi pendant deux séjours d'un mois chacun à Tanger, l'un en août 1900, l'autre en août 1907. J'ai eu pour informateurs : 1° des mitrons (torm/i); ce sont eux qui m'ont renseigné sur le travail du four, qui est la matière propre du récit n" I; ils m'ont aussi instruit, en y jouant devant moi, des particularités de la toupie marocaine (n° III); enfin ils m'ont chanté les chansons satiriques des enfants sur les Juifs, les teigneux, les nègres, les Drâwa, etc. (n" V). — 2" Des femmes, notamment S'oûdîya, domestique au ser- vice de MM. Gilles et Biarnay ; avec sa sœur Khadîja qui lui donnait la réphque, elle m'a montré l'allure des disputes de femme qui figurent au récit n° II; je regrette de ne pouvoir joindre aux textes, des photographies de sa mi- mique, qui était expressive'. S*oùdîya m'a renseigné aussi sur la visite au tombeau de Sîdi'l-Masmoûdi, qui figure au même récit. — 3° Des tolbas, notamment le tâleb Mo- hammed ben el-Hâdj Ahmed el-Ouâdrâsi, auxiliaire de M. Gilles à son cabinet d'interprète; la matière du récit n" IV provient presque entièrement de lui. — à° Le m'al- lem el-*Arbi ould Ahmed el-Mouaffaq, joueur de clarinette
(^5 Le texte donné par Kahpffheyer fait exception; c'est une descrip- tion des cérémonies funéraires à Tanger.
AVANT-PROPOS. ix
très renommé à Tanger; la description des parties de cam- pagne, à l'occasion de la *^Ansra (n° II), est de son cru. — 5° Le moqaddem des chorfa d'Ouazzân *Abd es-Slâm el- Hamâm; il m'a fourni nombre de renseignements utiles sur la fabrication du pain et des pâtisseries et sur la con- struction du four (n"!) que j'ai pu vérifier au four du m'allem Boû-Guettâya (récit n° I ).
Enfin et surtout, j'ai eu pour collaborateurs assidus à Alger, cinq jeunes étudiants tangérois, à savoir: *Abd el- Qâder ben *Abbâs, Ahmed ben 'Omar et Mahboûb ben Mahmoud, de novembre 1906 à juillet 1907; Ahmed ben 'Omar, Mahboûb ben Mahmoud et Mohammed el-Ya*- qoûbi, d'octobre 1907 à juillet 1908 et de janvier à juil- let 1910; Mohammed el-Ya'qoûbi, d'octobre 1908 à juil- let 1909; 'Abd el-Qâder ben 'Abbâs et Mokhtâr ben *Abd es-Slâm , d'octobre 1910 à mai 1911. Anciens élèves de la Médersa franco-arabe de Tanger, ces jeunes gens ont été envoyés à Alger sous les auspices de la Légation de France au Maroc, du Gouvernement général de l'Al- gérie et du Comité de patronage des étudiants étrangers, pour y suivre les cours de l'auxiliariat médical indigène; ils ont été placés sous ma surveillance directe et confiés à mes soins. Je me suis acquitté de mon mieux de la tâche qui m'incombait, et en même temps j'ai profité de l'occa- sion qui m'était oft'erte d'examiner de près un dialecte ma- rocain. C'est une partie de mes études langéroises que je publie aujourd'hui dans ce recueil de textes. La combinai- son des éléments variés, dont j'ai parlé plus haut, en ré- cils de quelque tenue, est entièrement l'œuvre de mes cinq
1^
X AVANT-PROPOS.
pupilles; je me suis borné à guider discrètement leurs qualités naturelles de composition. Entrant dans mes vues avec beaucoup de bonne grâce et de finesse, ils se sont pa- tiemment prêtés à mes recherches et ont bien voulu me consacrer pendant quatre ans leurs instants de loisir. J'ai pu avoir avec eux, durant tout leur séjour à Alger, deux ou trois heures d'entretien presque chaque jour. Je ne saurais leur exprimer assez vivement ma reconnaissance. J'ai souvent fait assister à nos séances de conversation et d'information des tolbas tlemceniens, algérois, constan- tinois, biskris, laghouâtis, etc. J'étais curieux d'observer l'effet produit sur eux par le dialecte de Tanger. Je dois dire qu'il â paru sonner étrangement à leurs oreilles; plus d'une fois j'ai vu mon entourage algérien ne pas com- prendre du tout la langue usée et profondément altérée des Tangérois. Pour ma part, j'avoue qu'il m'a fallu quatre mois d'exercice quotidien pour entendre parfaitement m^s informateurs lorsqu'ils conversaient entre eux. C'est au reste en écoutant ces entretiens que j'ai fait le plus d'ob- servations utiles. Je suis convaincu depuis longtemps que les musulmans un peu cultivés de l'Afrique du Nord s'ef- forcent plus ou moins consciemment, quand ils parlent à un étranger (européen, ou musulman de langue arabe d'une autre région) d'adapter leur dialecte à une sorte de xoivrf, et que leur véritable langue ne peut être entendue que dans les conversations qu'ils ont entre eux. Parmi mes collaborateurs algériens je dois remercier tout spécia- lement Ahmed ben Rahhâl de Nédroma, Mohammed 'Aboûra de Tlemcen, 'Abd el-Ilaqq ben Ouattâf de Gon-
AVANT-PROPOS.
stantine et 'Alî ben 'Abd el-Qâder de Laghouat; après deux mois d'exercices, ils sont parvenus à saisir avec beaucoup de précision les particularités qui distinguent le tangérois de leurs parlers respectifs, surtout au point de vue de l'accentuation (^^ et de la longueur des sons. Ils m'ont sou- vent aidé aussi à comprendre des expressions obscures.
Je regrette vivement de n'avoir pu m'aider dans la fixa- tion de ces textes, du secours des appareils de phonétique expérimentale ; eux seuls permettent d'établir avec quelque certitude deux faits d'une importance capitale, particu- lièrement difliciles à saisir avec l'oreille en tangérois : la présence ou l'absence d'éléments vocaliques, si légers qu'ils soient, et la longueur des sons. On peut prévoir que toutes nos enquêtes sur les parlers magbribins seront à reprendre le jour où l'Université d'Alger possédera un la- boratoire de phonétique expérimentale. J'espère toutefois que le présent travail conservera alors un intérêt parti- culier et une valeur, pour ainsi dire, subjective; il de- meurera le tangérois «entendu par des oreilles algé- riennes ».
''^ Après avoir compris ce qi^était l'accent d'intensité, Alimed ben Hahhàl le désigne de la manière suivante : llimf -èlli-lcHn-t'lih q»»i'ml-bâli «ria lettre sur laquelle la voix s'élève >» (c'est-à-dire devient plus forte).
SYSTÈME DE TRANSCRIPTION.
^ attaque vocalique forte , explosive du larynx , » .
h souffle sonore ,6.
h spirante sourde émise par le larynx dans la position de la voix
chuchotée , g . ' spirante sonore émise par le larynx comprimé , g . q occlusive arrière-vélaiie sourde (A:*) avec occlusion simultanée du
larynx , i . Il spirante vélaire sourde (a?'), ^. y spirante vélaire sonore (5'), P- /•; occlusive palatale sourde , V • ff occlusive palatale sonore , Jj ; il représente :
i (q), dans des mots arabes vraisemblablement empruntés
à d'autres dialectes ;
g roman ou berbère , dans des mots empruntés ;
ô (ff)' P^^ dissimilation au cas de séquence d'une des spi-
rantes cacuminales et dentales s, s, s, z, z (comp. Fischer,
Marokk. Sprichwôrter, p, 5 et 6; Meillet ap. Bulletin de la
Société de linffuisti/jue de Paris, n° 5i, ex).
s spirante cacuminale sourde, ji».
c aiïriquée cacuminale sourde, g; dans des mots étrangers ou d'origine douteuse; g géminé sonne te (cf. Sievers, Phonetilc^ , S 556), nnitial du complexe, ayant, du reste, un autre point d'articulation que le t ordinaire du dialecte.
i spirante cacuminale sonore , g .
g- affriquée cacuminale sonore, g; l'alfrication primitive de g n'est conservée qu'en cas de géminalion, et g géminé sonne d^ (cf. Sievers, /. c), d initial du complexe, ayant, du reste, un autre point d'articulation que le d ordinaire du <lialecte :
XIV SYSTÈME DE TRANSCRIPTION.
(jiid^a ff masse de cheveux n, pluriel q"zëi; cl^hcl rr\a montagûB" ( \jijLl), ihel ff montagne T) ( V^).
s spirante dentale sourde , ^y» .
s spirante dentale sourde emphatique , ^ .
z spirante dentale sonore , j .
2 spirante dentale sonore emphatique, j.
t affriquf^e dentale sourde, t>-t>; / g^mind sonne f/ (cf. Sievers, /. c), t initial du complexe, ayant, du reste, un autre point d'articulation que le t ordinaire du dialecte.
t occlusive dentale sourde : i° dans des mots étrangers ou d'oi'i- gine douteuse; a" pour ^ (/) dans quelques mots, au con- tact ou au voisinage de i ou de r non emphatique : ainsi , par exemple, tnttrqâ ff marteau « 'H-SySLa, tâgïm ff calotte de laine blanche n <*j<!*V^ (cf. Spitta, Grarn., p. ^), Irëq ff chemins ^^^wfli, tertoq ff faire éclater n ^^-^; 3° pour /, par dissi- milation, immédiatement devant une spirante dentale ou ca- cuminale (comp. Fischer, ùp. laud., p. 5); k" pour/, souvent devant les liquides l, r, et la nasale n (comp. id., p. 5).
i occlusive dentale sourde emphatique, ^; fréquemment pour d représentant -^-iHi: dans certains cas, la prononciation avec t est seule usitée ; le sujet parlant a complètement perdu la notion d'un d primitif : ainsi hyàrt ffen face à&n ^^*^, ytàr ff sorte de grand plat njliaC., qtëh ff baguette'' cysis^», etc.: dans d'autres cas, la prononciation avec t apparaît, à côté de la prononciation avec (/, demeurée possible : ainsi ylêt frgros" à côté de yU'd JiLAc., thiik ffi-ireu à côté de dh/ih V^^ WÎ't ffmaladen h côté de mrëd isijyo, etc.
d occlusive dentale sonore , ^ - j» .
(/ occlusive dentale sonore emphatique , ^ - ii .
p occlusive bilabiale sourde, c^; dans des mots étrangers ou d'ori- gine douteuse.
h spirante bilabiale sonore. Cf.
SYSTEME DE TRANSCRIPTION. xv
b (»cclusive bilabiale sonore , o» ; l'occlusion primitive de Cf a été consei"vée seulement : i° au cas de gémination : bb et non bb; 9° immédiatement après m imb et non mb; 3° après le / de l'article : "ibab ffla porlen en regard de bâb tr porte»; k" spo- radiquement dans quelques vocables, ainsi : nrb''ia ff quatre i <*Ji^»l, qolb ffcœurr) c^, fiçlb tr chien n Ca13. / spirante labiodentale sourde , ^J . m nasale labiale , ^ . n nasale dentale , v . n nasale vélaire, v. r vibrante linguale médiane , » . r vibrante linguale médiane emphatique, j . / vibrante linguale latérale, ^ . / vibrante linguale latérale emphatique,^ . M u consonne , a . / t consonne, ^.
Les signes gk, i$, ^m, dt, etc., notent des sons hétérogènes à ini- tiale ou implosion sonore et à finale ou explosion sourde.
Une consonne écrite en petits caractères au-dessus de la ligne (-', -', -% etc.) est réduite.
Le signe " placé , à la médiane entre deux consonnes {f'd) , à l'initiale devant une consonne {"Ihlâ), indique l'existence d'une syl- labe sans élément vocalique et non accentuée; le signe *, placé dans les mêmes conditions , indique l'existence d'une semblable syllabe , mais accentuée; et dans les groupes "Ihlâ, f'd, le signe <> indique que la consonne sous laquelle il est placé est le sommet de la syllabe sans élément vocalique {f„^d, "Ij^la).
VOYELLES.
i i moyen.
e entre i et é fermé français.
XV. SYSTÈME DE TRANSCRIPTION.
e é fermé i'raiiçais.
ç è ouvert français.
e c ouvert labialisé {e muet français).
d entre é ferme labialisë {eu français de peu) et u français.
0 entre e muet français et o ouvert.
M entre ou français et u français.
a a moyen.
â entre a et o ouvert.
a plus près de a que de è ouvert.
a plus près de è que de a.
u ou français.
u plus près de ou français que de o ferme.
0 plus près de o ferme français que de ou.
0 0 ouvert français.
ç 0 très ouvert (voisin de o).
t, ë, à, ô, û, etc. voyelle longue non accentuée.
t, ê, à, ô, û, etc. voyelle de quantité variable : ou longue, ou de
longueur moyenne. i, ê, â, ô, û, etc. voyelle longue accentuée, t, ç, a, 0, u, etc. voyelle de longueur moyenne non accentuée. i, é, à, ô, û, etc. voyelle de longueur moyenne accentuée, t, e, à, ô, û, etc. voyelle brève non accentuée, t, e, â, ô, û, etc. voyelle brève accentuée. -) -') -% -% -"y etc. voyelle ultra-brève (réduction de voyelles éty- mologiques, phonèmes de transition, éléments brefs de diph- tongaisons secondaires, etc.).
Le signe ", placé sur une voyelle, indique qu'elle est fortement nasalisée.
[,e signe - — -, réunissant par-dessous deux voyelles [au, au, a", °u, etc.), indique qu'elles forment diphtongue.
SYSTEME DE TRANSCRIPTION. xvii
Le signe -, re'unissant plusieurs mots, indique qu'ils ont été pro- noncés sans arrêt et comme un ensemble par le sujet parlant.
En dehors des textes , on trouvera , notant des sons étrangers au taugérois , les signes de transcription suivants : S spirante interdentale sonore , >> . S spirante interdentale sonore emphatique , Jo-Is . 1; 6 spirante inlerdentale sourde, >i».
TEXTES ARABES
ET
TRANSCRIPTION
TEXTES ARABES DE TANGER.
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TEXTES ARABES DE TANGER.
I. ^lhkâià-(tlfnrrân.
^Ihàhz hêia-nmj'^ima-diSidé-ïHi, hëhâ-hna-misin; umid"- iia-uàk^-lqâiêda : "l/iAl-ssyar^ mnëv-hataitéhum immâ- hum ^Ihûhz, kd'^htâz-ihmûlia "uiqtjlo-bp^Hrnlldh; md- has-iàkfhjha. urrâzl îlâ-zâ-idkûlha , îld-tâMo-ftiûta- 5 f^l'ard, kôïrfda '-uihûsha ûinkla. "^id(j-kam-tnàst-J^zz'nqâ umf-se-trêif-mtê}âh-qodd(imo, kéirfdo uihûso ui'^qêh- fHâh"-ttuéqâ ullorsoqq^-hfâra mhdi'da-rnn-ttrêq, hàs- wxi-izjiôm-flêha ûUAhâllëf-fUhà-hMd. }/lJu\qq dik-Urê- fâd-d^llj(thz, ^lU-kçikijno-J^ttuêqât-tâiluij kêiziu-l/jômQq lo fhâl-mfânza uJimot-lozzân , mn^iri-k&dJiûl-iHêhurnrd^ii''i , kéimmi4gçngf(}-J^thf4i^q i''lârdik-HréfM-d^lhûl)z , idbsïn- umzenz^rin , in'^dm-allnh mm-fùiah-uhi}maMêmma. iihàd-"IJuil/z, n(js-^IJ)l(id-k(]mlil4t-h(jhlum , kmdzno-lljûhz- f^diàrum; ulli-mâ-idndum-hddd ul/mmiien 'lli-kei^dkhj i5 y<jr-lazin-sHmdif, , kniirùjha msâkeu yèr-nin-idnd-^lhàb'
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I
DE TANGER. 5
bfjzin. ûmndfna mih "n'âzï-lî-him-b^ddrhum, "uimst- sri-lhûhz-m-ss(jq ; flâ-hâtâr-lhàbhâzàt, mà-kâï-âkûl- Ihûhz-diqlum yél-li-mâ-mndo-nefs , mén-Mnèh "h''fén- ûlûsâh-ulmsâsàh. ûmâ-hëUrîo yêr-dik-Hthên-nnàiàh , mûl- ^f/lifjn - nri^tàlj dîk - ^lyâmèl Hi - kçïhqâ - mrmi- 5 f^lhzâtn rnn-mm-skto. ulhàbbâmt, ^Jrn/itèb hom-lli-kei- saimrlum-^lhûhz ; ni'^rnllum uâJf-rrdzl Hi-keiûznâhpn , kull-hûbza-btqmàna. ûlmôddi-HU-keigelso -fêhq - lljàb - bâzin, hê-a-f^ssfjq-d'^hârray mûr-lplâsa umgàblil-lmëllâ- hen; uâhrén-f"ss(jq--dd(îhQl, qodddîn-^Ibdnka-frdnses, lo ubyàrt-"§fqqdia, mmjfîn-ffml-"hdsknr, yer k^-^fd- fUia-tik^i^sëd i"lik; udzbàrhiim fllil, kuU-mhda l/jfnêidr diqla qodddma.
drnna-dàba-nh(ibz-ddiàr "lli-keimznuha mudlêha, hù- dfik-dt^fismid, hùdèk-dntthén, hùdek-d^zzrdf; ukatn-tàni- i5 Imsqken , "lli-kptqêo - Ih û bz - "dd'rduH-uddfidm, kulld- ua^dâ-qodd-ziihdo. ukun-nhdr-keùdzno bàs-mâ-thtahûm- si- Ih (i bz - rnti - ilddr ; ukull - ddr - its/i dl - kàldfzen . u hif\ d mnêin-katqâde-I/hfzm, ukêtsedà-së-tréiëf, katuiddel-bêh- dngid bâs-kathdzzâr-boh bnd-âii-fnjta; nkâin-nfn- ao ddidr, nhdr-'^lljmîs-unhdr-^IJjddd, mâ-keimznûsi; knqq&h- skso. ukâin mn-ddéâr-idud "IJt-kuIl-'sbdh kcjmzno- rr)âij Im-kétfiro ; "uh^zin-diàlum f/uU-l(fmn-d^lb(ibz; bljjâqq, kçûj-lda-ljmfra uz<jria, {xU-kalnUk-nUl^q.
6 TEXTES ARABES
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DE TANGER. 7
û^mn-lqrâsel-ulfqâqos , keùamlohum yêlla-kàii~mndum- si-fàrh Hlld-fh-tâd; uh-zîn-diâlum këïzîdo-fêh-âssûkkar, uhàbbêt-h"lâua, uzenzlqn, ulrnska, ussmen, "ulhmîra- bzâid; iikeikûhho-Jêhum-mÀ-zhar . uh^zîn keiqêuqh-qâsâh, ûkefitemh-addlîk, h"Hd-kèmtlôq . umnêi-keimzno- 5 Ifquq.s-d^hHdr^ssyér, ^lhnat-^lli-kéîkûno-kêîd^lko-lq''!zin- mm-nnsâ, mnêin kêîqâdeo-hèddHik , ukéMôu-iqàtho- Ifqaqç? , "uiqurt'sohum , dik - ^{hnàl - ^[li- kdno-kêidelko- mmhum , ktill-uéhda-m\mum kàddi-turf miyddêlka hâs- tmddel-msâ-ullâda. mnéi-knqâdeu-nnsd-h^ttqrês, ukêî- lo hjno-mmi-rjdo-ttedjâr, kéïd<jro-fêhwn-bbnat. këtqfdû- liim : ff idd-rfjto-UhâJâr, hdUiunna-uàh^-ttéifor-klnr, bas - n}dddlo-misât - ullàdqt. n kèiziu - nnsd-kêîq il lu lum : ntqçddtkum-qôdd-h'^râred, untnm katj^tsûli-idd i^lâ-îdi- sat-ullâdal! -n keizîu-Wnât këïqiilûlum : r^ûhiâ-xiîli! m- i5 HHbdh mhnd-kanqàtpo-ktâfna-tmdkum, udàba h^tfa-tf^ifnr ma - Jryëtû^i- tljdlliimh^yna ! bpWillàh - àlqdâ ! m- luUl- ^hHôb! V kadumulâ(l-''ddr kalsnuhwm; katqtiUum : ^ahiq- Ullaî kadzîu-riddiâr-dtnmts, ukq(byêû-Cqqén~frdi! îlâ- byaQ-tteifor, Jjdllïmhlum! miUi-rn n-H^bdh ûhijma keiqat- ao UQ-miâna-klâJum! udàba ma-nIjMlëhnmsë-qqen-lidIjom ! r, hnztu-dik-^lbnàt keidoro-félm , kfiquldla : ^ hàiui-kât- mj-daba! mudlin-ddâr-.HoIm} uUazzAin-k^Jr^, n knmsiu- b^ha-bélia ndik-"U(;if(}f "llé-h^yiâ-kbtr, kull-iiàhda féidda
M
8 TEXTES ARABES
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DE TANGER. 9
ttàrf-d^l/Un-diàla hàs- imddld- misât --ullgdat. àr^nna dâha fr^ta - Ibnftat - "sstituîn ; kull - iidhda - katyâu-t iHâ-immdha twtéha-lqfmn , hâs-imddlo-misat-fdildgd- diâlum. nknhdon-ù^rho-fl/zîn h^tta-kêindlek, kêthàr- Uôha ukeimmlo -bêha-uah^-ddmttra-fhàl-ddçgq-d^Iqaf- 5 fûla-lkhîra; ukêîziho-lmijs , knhdôu-izorho-m^ n-dgnàh- diâla rnn-iHâ-hârra; ukeimddlo-snînqt, ukéîzîbo uâJf- zzû-Wfràhèl; kéîhdUfohim-fçq-mênna , ukëUîho-udhed- âhôr, ukêharrdnh-m^m-fnq ; ujhull-qand-d^lhàrhûl, keiq- qêu-zzhdr. vdik-ttrêtf-li-sdet, keimmlûlo-fhâl-ddâqq- lo d^hnhdmmsa; uhâd-"zzhdr kêîzîho-mh'^-Urêi^f d^lfzm, iikëîhgrhUh-h^Ha-kéiuUifhal-ddnqq-d^ uknztho - lliudmi, ukéihdou - îqattfo -fêh rnn - uàh'*- d^êha f/iâl - ddçqq - deWriis ; ukéilouîunh - f là - hmtélo ; uknrkzéh f^lqnijd-d^IhfrâhèL ukeimmlo -ushda-khîra- i5 f^hiost. umnêîv-kadzi-in l-ljmrdn knmllqôha J^ssdSr- d [bu, uhjtbqâ-têmma-mmllqâ, kndrabhg-rréli bàs-ma- toymeln, h^ttq-bHd-"lklnr; ukeihdrrsuha fçq-^lqron- dlhduli iiiqklûhà
kàin-Jtdnza-udhd-Udsrm-d'IJrdfn. ufkull-hduma kqtn- 90 hU-lhud-llfrdf iK f [hduma-Uq^sba knil-lf'ndn-lhsiiÇ'n fht-bâm-inrmn, uj rrdl-lhàl-'luhàr [li-fôq-înmô nah~ "Ihni jhcd-ddnqq-d^m'mm f^IJiduma-llgnrna. uf^ljjdwna dzrd-qàbidn, kqil- IJnvran-d^did, ulfàn'dn-d Itaymis ,
10 TEXTES ARABES
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DE TANGER. H
ulfrrân-dâzêriqh , ulfrràn-tsâkm; ufdîh-lhdimia hêia- lli-sâknîn-féha-lhâbbâzgd-d^lblad. ufJhduina degz^nnâia kâil-lf^rrân-dbu-gHâm, uljurran-dméimûn^ ulj^rrân dbèn-dgîlâli "lli-hdâ-sîde-iHî-bèn-hdmdus, uîfân'dn d^nnuîno f^sfqqdiq - dgîda "lit- (frîb - "nsîdi- hmêd- l/n- ndsâr, uhoiû^d fhdlëk iH-^zzâvqa-d^lmûstfa-ddiikkâli^ flmiz-fuàd-ahdrdân ; Hlqâk-obyârtok "Ifrràn - dbii-mr- râqeia qodddmo - lhd'"mam - u Ifurnâci. utldf-fhdlek - }"l- "zznê'qa-dddr-b^n-sêmmul, tèhrûz-J^lqeisdrh'a; dzbàr- ^If^rrân-ddgamai, mgâbël-dâr-lrrihtëb-lqdma ulhûnûd- (tlgofsdli , lli-kunna-kdmnû-ïnn-idndo ssnîdtqât-^sstiltfen ul/ddqe ulibare-d^lheâtâ. umèn-têmma hnud fhdl('k iàl- Iqàus dbisînti uthûl flâ-dâr-ssîied; kéilqçk-flA-iddek- f^smql "IJ^rran-dimld-^lhàt-sfâièb , mûr-zzimiq-dliM- / ^qqêt, "lli-jêhq-liûmq-llfttânuen^ "Ui-zâbo-iHêha-tlënfi- da înn-mnd-"m')ltân. um"ih(êmma, djjàl-ml-lqâm-disîde- dî-lni-dduûd; kadzdôq-f'éHt-lgdra-dddr-lbdvod; kalséb- ^If'irdn dl/r - râbàh qâddqm - dgàmai - d'si- mbp- "sldm- tluzâni. uzid-fhâlpk-mën-lêmma làl- Ihduma-d^lbijrz ; këîtlàqâk - '^IJarràn - dqasom . uly,î- iH-zznéqa-dtrruêda- dmûlét-mbp-sl(jm ; wnn-têmm zîd-doyri h"U/i-lfrrdn- d'zznlùna frigmër. katAoud-f/uîlek-hnkdâk /iâUd-t-lijsôn- nlfrran-dzêllul. uzîd )"là-mulêi-mb-qâd^r, ul^,î /"l- çzzriéqa-dddr-ûhdrd(ln, (tzbar-lfijdn drnryÎH, rnn-
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12 TEXTES ARABES
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DE TANGER. 13
têmma h^bât-fhâlek ml-lhânûd-'^deggâg, ugûz-ml-lqâus- ddâr-ssiêdi, uzîd flà-sîdï-ssêh, uh^bât flâ-dâr-hmâu- re, iigûz fqôlh-ssqqâiq-dgdîda, uhrûz-fhâlëk f^Iqâus- °ddâr-rrâi^ hâlga, usojl fhâlek làl-lhàrrazin; fhruz- byar^-ddâr- terres, rnn-têinma, tldi-fH-^ssëidyen, uqlëf- 5 fhâlek fl-zzânqa-d'lmêUah; keUqàk-JJ^rrân d'rryîui, h°uà-Uôûli. utjdf h"*ta - zzdnqa - ddâr - "Imênkân ; fzûmba lsêb-"lfyrdn-d^lgafmore. inn-têmma, hov}'^ h^tta-ttldqâ- IJàrran-d^lmmllëm-molmmmëd-h'^màrti. ulhénta-mtm-tâfàrrdnt, ^Ikhîr-diâla houâ-lâmin "Ui- lo kéihkëm-iHêkum f^romw-f^snm. fhâl-dâha, ^Imidllèni m(î-itMsi-lliûhz-"mlïha nynh'^-dddr, ulU-hallqhAlhum- fhmôt; kéimsiu tdîê\iai-mnd-elinhtë^. kéizi-hn/jtèh kriqûllum : rr hM-'^ddiua mdsî-diâli, dHâmin; sfrn-idnd- làmîn ^Immllèm-mhdmméd-hn-g^Udia "lle-idndo-lfairdn 1 5 f^thdiima-degz^nnàja. n houa-kéfhkèni iHêkwn; kdm- b Immllia , hdu-mâsî-sàldhhom ; Hlla-kdmi-iidhed-mn- dn-lhàqq, kcihduëm iHd-iâhôr iaitêh-hàqqn. msânnai, idq-ddâhzo-mm - lm"mUém , kçïdfêudi-mnd-lâmtn-idun- ntl. uhmin-mldi-lâfàrrdnl, msêmmi-iHâ-Hdd-lrnhtëh. 20 h''m-Ui-mkêllëb-b^lJj((hz-d [hàbbâsa, ujêha-mndç-rrbâh. uhjirbai-muUàni-si-lidza rnn-mnd-lm''mll''mîn d^lflir- rân, fhàl-ddiârâl ^lli-^hkëm-iHêhum-béhnm. ulfmrân hom-m {mi-rtim-barra Jluil-mk''-lhzîn ; uféh-
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DE TANGER. 15
ândâhol, kéîm-bît-nndr. uhad-hït-^nnâr, mqabba rnn- dâhol-um-bdrra, umdo"ra, ulqâi-diâla mfârivs-b^llâzor- tuîl "lli-kéîzi-inl-lh-râfs um^n-â^zra; ufht-^Uâzor mêbni-fârsa-jfârsa h"lmHdh ulhâmri. -uhnHdh keiqqêoha bâs-katH^bbàr-shâna,ulIiamri bâs-keiqbôt-llâzor. uqod- 5 dâm-fymm-bît-nnâr, "ImôtÂi-fei-ke'hm-uâqoJ-ImmIlëm , katsêmma-lhçfra; ufêha katkûl-l'mdêhna mnëi^-kéiliruz- ddûhhaii; uml-limin uml-lêmr knn-znd-dkàken; ^Ui- ml-limîn mmllqâjôq-rnnna-lqùjfa , uolli-ml-lësâr kâin- fht-rnrma tcûncar, "IJi-kemltlo-bêh : fijâl tla-kdnt-si- lo modai-déqa, keiqijlo r^hâ-tcuncdr, hâ-bU-nnâry^.imm- f(jq-blt-nnâr, kéil-lqiibba-lli-kéiffzno féha "h'^yâd, ul- qâldàt ^lli-kéizihohum mèl-lyâha, bdqien-hôdur, uféin kâin '^ah-'^Msem , knhdllioha-hàuia;j^^ùua ketnéiso- féha-Urdràh'^lli-diorhum-bfâd. uJ^dzûmbd^jf^iTân, kâin- i5 Irm fei-kétr^htç-lhmîr; ulmotdi d^lhmîr, Jëhq-lrnrbôd- diâlum, ulmédued féi^-kptmlfo ; vfôq-^rr^d, kain-uah"- ssMda féi-knmmln-ttben-unnâljhqL ulmdihin-dmNl-lJ^rrân, hûmq-lh^dxml; huma fxiAd-H^- lêm-tô"âl iim^^slûbin um-rrâii-diâlum rqdq, Jliàl-ddôqq- ao d'iq^^ba-d^lhmmâla, hÛH-koiqUb-bëhùm-lh ûbz. ulmfdrdh, Iiij7n^-f/tdl-^lhduynl;ulâkm-mmlumf iia/j"-
lpàla-d[lr)/j , mh'^Hlâ, nftba, urnii-zéh-(-"h^d, ylêlâ- miiës; tnn-iànma uhêia-hâuiuida kàterhâf h"Ha-rrdH^
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16 TEXTES ARABES
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DE TANGER. 17
diâla; ummlet fhâl-ddôqq-d^hndâua, hâs-mnei-kéizï- zhêd-^lhûhz-rnl-lfyrân, doyia-keizhàq-fht-lh ûhza. ul- hennâs Ifttd-h-yd iêd-'^dHém, fhdlo-fhdl-^lhdtiml; ufy- râs-diâlo myh(jta-uàh-Hg"duâra, qâdd-ma-mêila , ukulld- srddoq,ffml-lhqndâzq-d-haddàua, hàs-keisîsa-lmmUëm , 5 vkmttôh-hëha-hît-nndr. uhâd-^lkennas, ké'mttlo-hêh- ànnâs; îla-kdn-sî-udhed môssâh-lfzzâf, keiqijlo : ^Jhdln fhdl-"lkênnas.r) ulpdlahàs-kéizhed-^hdj'ia, l/^td-hë yêr tàrf-d'h^okkaz; ufjrds-diqlojkdtkfm-mlf-ljidh-d^lhdid, âu-d'lqàzdir hâs-kéizifd-hêhq-hdfia. ulydnzo, hmq- lo ^ddHêm mulqn; ufrdso kâin-nâhd-^lmohtâf-d^îji''- dtd-mrékkëz; uhêh kéizhëd-lfuàd ^llt-haitîn-flfdrrân kài'îfm. ulmmllëm mndo-qodddmo lanmd-msttfin ûiàb- sin; uyêr-kéihyè-ddhhàl- \mhd- ^h^od - "hhît - ^mar, knqossro-I/lpldnca; hêia uâh-Hlàrf-d^lhdid mqànntrïin- i5 il(ltÂ-dd(rv}kiiqh , kdtkun-tqélay ulqih-didla-mb'ijisoty "lli- kdntj id-Jiasrdj J^lMinm-diAla, h^liîdd-diâla, ukdnet- hp^mln, ukeihdddo-hêhq-lh''udiz J^ddidr; h'^Ud-'Ullât idda-mhdrres , tdli"t-m-"zzmâmât, umà-hqà-hâddkçigkH- mrha yMld-kfibâli-^éha; urzi''dt-fîi^-Urdrâh, ketqnssro- ao hêhq-lfiiAd-j^lJàrràn. uiand-lmidllëm zûzd-utlâtd-llm- yâfn mzëllgin fyuh'^-lhcjrsa-dt^iisêlk, ^ns-ketpdnsâr~ "Ihûf/z qt/lmâ-itrdhha; f/âs mnéi-fkum-^bîf-^nndr û-
TEXTRS ARABR3.
18 TEXTES ARABES
'tiMtAAjQUl ^â.la juwAAA «aiul^ idf^^ t^^3^ ^J>*j>jjO ^jwui)Vo 0>^^ ,<>^
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DE TANGER. 19
tshçn, mâ-tterthqsi. ukânt-mâsi-nnsd 'mûlâi-"h''drq--H- iQur, miêbbès-uâh'^-ttîhisa h^Hd-keioqçb-budhdo ; hddak h6iiq-lli-keîro--ttrdràh-nUrêq; fêr-keisûf-çh ukéisèmw : rr rf^d-hdmmel ri , katsûf^ - ^ttrêràh-dmsîkën , yêr-keiddêm- mèm-mm-lhiot , ukeiqûl : r^ ând-inttqih-lelldh â-hmdl- 5 lém! wm^yê-mâ-mdud! D hâdqk-houa '^lli-kétkum-mml- loq mnd-râs-^lmmUèm, foq-^lqàus-d^lhôfm, bàs-keisû- f"6h kqmlin; ufoq-rnnnô ^Im-réfaî ^lU-kéikuri-fôq- m^nno-lqându.
nmà-lhwd-qlfyrdn, keikûno-mmmmrên bèly-ndzo, lo ulmsdmàr-mdqôqên few-keimllqo-ttrdrâh âqorbdn- diâlmn ulkoi^zdzât; ulknrzdza Jhâl-dd(}qq-dlqàrsûla uhéia - ml<j"ia - ^pSsr0Qt ulfrûz - d^lmêlf rnm -foq ; umën-ddhol mmmm^ra b^ddrûr; uféha yah-'^ttrétf-d^l- qônnèb bas keihissla-Umrdh-fràso ; ufiàd-"lkoi'zâza kéiU- i5 mèllui mnêin-kéîrj^d-lôsâle-ttqdl , y^ttuâzen delms^lmin, ulqdûr-rssljîna dHéhud j/ds-md-keî^todbàrsi rdso; ubmd- dâksi, Uorrah féimma-sebtêh , dâiman mndç-Udf)a}-frdso. dik~tMf^i kçikûllo m^n-ddbêi'-ctl"(}slâ, lii)m uyodda, k^Ha-kèirzai-rdso mdb()r fhdl-ttlidr-d^lhmdr d'IrrKjqoJ, ao uUd-fhâr-rds-dd^y(jye. uila-si-firdh râdd"-bêh^ udrek-si-hâia f sî-nhâf Ua-dddbêz-mid-si-mhed, kvi- qûUo-iâhxW : itskûl! s/jd(dek /jm-ma-kanmrfûksi! nsîlî- 'qqrà^ mldobrd-dl(^^âlç "Ui-ffdqà-jrdu^kï un{i-idd-katdi^
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5 ^^\^^ -i^^lii vj;W^ V?}»^^>*- ç« çJDJD^jJ\5^ ol^Uiûl V^i»
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20 ^3-à-3 l-jo^V-sw jL^ ^3_j-^l j^ 1)3 "^"^ j^^^3 <*iakjU î*^3
^ c<juaj U J^IjjI^ t?*3 ^i^^ Jj**^ v3%)^^ ^^ Vi^v>*â
rl^HP DE TANGER. 21
me"- nnêflia ! r> kéiii-hy/i-kpi^hsêm, "uïskut; hhâl-li- qâllo : ^^Ih^zata ulhrd-f^sfbbâtâlv dâba dik-lhmîr "lli-keikûno-mybçtên J^rrud, keizî- mûrâhum- "Ihàttdb , fllar^bm - f?sbdh ; kêïb^rddnom ; • kéfimëllum ddk-èsnâdât; ukpindqhhum mm-hmtr-dîk- 5 Ifrdrèn - d^lhduma ukeihruz - bëhâm - nssoq ; uhàttdba- hrén tâni^ kéitobo-îitSmma, d"lfrdfn-iidlhà''^mdmal; ukpitlàqàu -f^^snq . keitôho - iHâ - zbêl- fkbîr, ukeimsîu- t^lyâba. keiqdiHu-^hâtbo. f^llnHi, keiuûrrdo-lhmir. mnetn - katqârrnb - zzûz - Htlâta , kéirfdo- fl-lhmir dûk- i o ^h"u(id, ukeindhohum, uknhdôu-hâumdin h"tta-kéi-osl()- nssijq. ^Ihâttdba-kéimsiu-f/idlum , ulhmîr kéiq^bto-ttréq , kull-hmir kéimsiu-tlfmTdn-diâlum; ma-keintelfo , mâ- kéimsiu-flâ-trêq-àhrd. ui'^zû^a i(î-sidiï nhâd-^lhmîr "Hi-kêîmrfulèk-ttréq rnn-ssnq-dbârrd iâ-lj^'^-lj^irdnf i5 usskêîri îla-msd l/tta-tmisaf , ma i^idrftksi m^nn-qhnd- rrâfâin.
umnêi-këuiu-lhmîr, kêîsêbo-ttrdràh mUzûdin kêttfîjmiû- hum; yer-hijima-kéii/ggbo , kéirfdo-tènqêza-iidhda , këîl- qàuhum Inzdh-J^sfntêha, li^'ta-tqul )^(jlmo-)"léhum-mâ- ao Un; kull-zûz-kettêro-iHn-ydhed , ^dhed-kpiz^rr m^l- luûdnîn, mhed-kpid[fdf-in"-8sûuâl; uqâlq^a-mjidâ nn- nd8-m^hs(nra-fjtrêq; Jhdl-ma-{qûl ivfmi îlld-dik- ^zznâi'^q-dê'qén ; ilâ - yqôf-hmdr-l/lhmêl , mâ-tseb-lj/idd
22 TEXTES ARABES
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5 oVA^sSOl^ '^^^ -^^.JC^J ^'dljs ^âifJ\6 j*jjJ\5 •^^jiiZ'lcL ^^^\ ^\^a3 ^ h>^^ ^3Xw^3 ^)l^'^^ sJ^'^'^j^ ^^ ^ ^ H^
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(JiLaï Usdua-À-jV^^ 0^.;)\^ <f^f>'^^n '^:?j^^ >^^3 Caa^-1^3 ^1 -«i^l
y i->ft ft c^ l-m \ f^X^V^a 'éajÇU juamÛI ^^^ pA^^ oUjuaxa)!
10 ii-!uugjilj5 jàV? ^l-iP^ o^^^aùl V«XÀ« v33^0^ Va:?^3 ï^«i»lsûl
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DE TANGER. 23
mnétn-igûz, uiossak h^llfmel-d'lhtàh. iinnds-kafssdidâr hdàk-^Utêh iidâk-ttrûf-HdHêm qôddr^sàht. heiqûlûlum : cf niûtn - màsî-thddd^mo - luidân - diHhdd-^Uâh ! -n hâtda ulmmllém knrj^d-b^rq, kéidrâb-ttfgitêm, ukéiii-fiés- toni : ^ s-hâd-^lmuzânêq mmlindh-ulàd-misa! v keisîr- 5 kemihhàt-fêhum tlàtd- r'^hm-Hsàhtàt-fmhed; ma-tsmdi yêr - "zzgî - Htrdrâh ; ukeibdôu - trfdo-j^lfmd , "uisê'hn- pôst-JJârrân. fdzzr-Hluh-àh%rq^lli-mmod-fêhum-JdsJ(û i^sdnaij fsshdh-h^kri, qhèlmd-tsrçq-^lqdila , krizi-Ufar- rân; kêizbèd-laiyAd "lli-heitim-bbU-^nnâr, ukeimiH- lo nuah-Htorrâh kêîzîblo-qâbb-d^lmd; keifzz^.g-ïkmnds ukêiknes- bit-nmr ; kmzmài-dîk-zzbël-kâmël d^h^iiàd- "IJi- kdno - bâitîn - têmma ; keikdhh''zum ndgéhn - dlèsâr; knq(}sser-uà}f-b''()d; kèi'im^l-lqsiràd-didlo-Jôq-Imytrdh, îikfiïzîh-mh"-ddrira mUêia-b^zzît, uknqqêha-tht-lqk- i5 rât; kèigrm iiàh'^-sspmtîyu iikndàhljdlha-fmôtdf-àbâfta uketkhj-fimèl-foq-m^mid lamidât-^irqdq bds kàtsbot- "hdfia-fékum. umnéi-katsidl-^hâfia , iâd kèîbdq-inzzel lamAd-fôq-rnmum. kfithu fnq-ddûkkdna-d^lhôfrn ukçib- da-ttkêi'f mm-rdso uknmfQ'-Uorrdh iziblo-kQS-dàlAi "«/- ao Id-kâs - d'iqàhm rnn - idnd- "Iqâhwîzi umhd-^sHpnm- iifljîia; mnH-knftàr-miâ-nUo -uiqâdê k^î^dou-h^iâl izîu-miy-ijdfia; hnqùUum : rr bâqd-md-tafjuL "n kêîfnnôu- lia k"^la-t{^h uflâ-l^êid-inn-\l^li-âlidjia knf^da-eibbês"
24 TEXTES ARABES
^^-^15 ^\ ^j-Aj -ï^-isaVjSJ)^ gV"^^ J^;^ ^^:?V^ a^l^^ ^j^ ^^ /i.,> l^^-z^l^j ji>l^l je? WôJaj lifcoli t>a*Vi -i^xftVjDl
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DE TANGER. 25
^ lluàh-d" Imhddra umnêï^-hqthûl-hâfia-tuhât kêîbdâ-ïfêr- rôqha f^ttuâgër uhéihda-itràh f^rryâif uf'lftâi-r ilâ-zdhû- lûsi; uttrâràh keifttho uirôsso usî-mâ-kfdhÀr-fëh rnn- hkret-hâfia mhqrrqâ uUorfîn-â^h'^md ulqsûr-unnzâra. umnéiîi-kêîzi-lmmlléw, keisêh-^jf^iTan kif-kfqûlo msUçh- 5 rnrsûs h^zzhSl- h ^ta - llhdnsûs; uk^zo^H- fUh-àdgellàh ukéi-hhot-tlhôfra ukèhêip-lôsâle-llhàhhâzîn bâs-iztbo- fêhûm-lhàhz; mnêîn këîzihohum kêihda-lmmllém itài^h- hum. kê'nzzlûlo-lôsâle qoddâïn-lhôfra. kêhonollum- "zzîf ukffhdd-tpamàrhum iimud kêihde-Hra''hum; umnéi- lo knqàde-h^ttréh-d^lhàbbazqt, kêîhdàu iziu Imde-kjdeàf ; iitHÛf kûU-'Oslâ foq-m^nmi-lpîua-d^lmidllèm. uhdd-poslà mâ-katsbqh-ànhâdi : kull-iiêhda uhûhza-fnéul. ulmmllêm, kif keinzzlo-ly4slâ-d^lhû^z-qodd4mo, kéîddi-idino miâ- ssyéra; tlq-8âh-"ssyêra-mqàrr8a~i>^zzâf, këîqiH : nêh! i5 ^[lâ-er'hmêk à-sîde-idhd-rràhm^l-lniëzdûh "lli-qal
■
iHâta-lkéJf uddéjjf IC^^r^dddta mêf-rryêfa fqû l-t/wnd-mselléf ulld kqtsS-t Imidlièm hsifa n.
idr'hda y(r-kêmhn-"uinml; ukêïq(m-n Umlh ; r^hûd-
26 TEXTES ARABES
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DE TANGER. 27
^Ihûhz dcjâr-fjân? -n këîqiïUo : ^ïeh almmllèmn kêïqûl- h : nannêin fddtlq-lhûhz, qûïla uoUâh mud iqqtâlt- hâkda, iâ-lhdbz diâla mâ-tmudf-thûl tlfrrân-diâli. v ukêrféd-dik-^ssyêra, ukêïsidtha fçq-uàh-àl-ôslâ "lli-ka- tkùn-qoddâmo-hâuia , hâs-kêi-imèl-féha-ssydiàr-^lhodâr; 5 uknhrek-Jdik-lhûhz ipdnsâr h^ïrn'ndil ûkiiV-si, h^Ha-kei- rôdd dik-lrnndîl fhàl-kerbdllo. ukéihda-dâba-itrdh- f^/Jjûhz-^ddiâr; kftâhtah-!''lêha. ïdâhi-hâmra, këîtrdhha héh-fèh; uilà-kanèt-hâqâ, kddzi-mûlâta katqâllo : r^lhûhz-diâli, mnn-thmer, târhdli-Jlimeny). umnëi-kàth- lo mpr-lhûhz kéfimél-lmmllëm hlôsâm-dmfdâta. utftieh- dlimîn kêîknm-mnzzoz, mà-kattêh-lq^^ra hHa-katlêh- ^[hopa; uttedh-t^.^mdl, qoddâm-fpi-kdtkûl-bdfia, kddzi- lliiihz mglûfa; îlq-lHÛja tqul-tdiha; w/i^m i^zin-mën- ddliol. ulizâva-d'lmmllëm hêia-tkûn-idsra-f'Imia. fhâl- 1 5 dnha ^Ihûhz-d^lhâbbdzat, Hddi fdsra-f'Ijma; ulhûhz- d'ddeàr, dddr-lli kqtdizen msrd-llhubzât , kéiddi-men- m'm-iidhdd; ukâd(iUk f/fqdq^H ulqrâsel. y/imma-iTydif, fIcuU-tdIda kpiddi-n''/jda . umâ-misqt-iiUàdqt, mà-krit- hullôm iHêhum. vkâdqlik-uamitdl tttidzfmd^llhdm uUiid- t<o (rir d^UiM, HÎua-fUHd-lkbîr, kêïhdllso hnqdâr-llàhhi f/IJûn-f'^'-Udzen .
dfnna-dqhanhêiqlna-ltrdràh, ulâd-g^rtéta. këïkqnn, yêr rnn-km^stâsâr-snd-nfhf , J^âs kçiqçdrQ - Iddidç - uddidj;
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28 TEXTES ARABES
^3^^ U^3 vj'^Vû'^ J^bj J^^ fr*^ 0**-=*-* ^3 ^ l^^^tfco^
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1^
DE TANGER. 29
itlçqqâu-'^nnsâ, "uitsàhlirôlum. umâ-tsëf-fêhum iêr rimfa uzhâla, û"'mâ-ulâd-^lblâd, Ivkân-îmût-JMgêi , ma-irzài- si-torrah. unnqâua mndum-tâmt : yêr-lûsâh-ulmsâh. ntmènnâlëk dik-"rr^zUn, fyjvs-fêhiim-bbsàl; us^%bât- mndum houa-lyês-ub'^fên, kâma-qâlQrllçuUien : 5
a mtkenni bëttâ
fzlo-m^'^bbptâ
paiiôtlo blesmo tqûllek a. v
udik-^ttârbus ddimqn h^lhbâka. uttoirâh "Ui-zhro-kéi-
lèbso; 'mârra-tsêbo-b^lkébb(U umhàzzëm-iHêh ^p^svêt^ lo
umârra-tsébo- }flq^sâb-t^S()f, umarra-tsébo yêr-^"tc4-
mira ussdrml. umèn-zéh-t-^Rslâba , ulqhâha, uqâllet-
"Ihidy ussfdha, mndum-tdmt. Mtsûfum-J^Ihtiom yér-kei-
féro-Jhâ-dgédiqn; Uaddôu - b-fdred - disidna - sulimqn.
ûmd-si-kflàim-idndum ^lli-mâ-iqdâr-hâdd ijhdmhum, i5
inn-qôuH-tâhràmi'qt uUmjrîta utfzdùa ^llir-fêhum. ulel-
l(jh-d(il/a às-mâs-ff^hdm fhàd^^lk'lqm : ^dêmmèn hâd-
"[hûhz? — dahuâni "IJi mlta-ddi^ ûzârra-nssôq-dzah^fÀm.ri
ûmq-llu'dma-diâlum^ keiziu H-^Hsbdh-h^krty Iqijl kpthglo
i/jJlmo-flf^rrdn. yêr kîf-kéîhQlto, kèîidllqo (ufrbân-did- ao
lum udjflàlëb; kull-ydliëd kê'rfêdt-s^ttâba ukan-dtâ,
tikéihdâu, Hdd-km-tôb, uHdd-keikdrràt, Jhal-d^nûn
hpsrnllàh Wâhma-^rdhëm. mnëîn kfiikêmmlo bhâdi-si,
30 TEXTES ARABES
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DE TANGER. 31
keîkûl-lm'^mllém-zâ. kêïséîftom-blôsâle mnd-'^lhàbbazin , keizîbo-lhûbz. keisêbo-hâjia-tâhàt; keiddiûlum "hdfia. yçr keifjldêu m-^ssyûl-d'lhàbbâzat, kéizi-lnfmllém; keùdiHlom ukéi^imëllum-ttrêha. uttrêha, hêiq-lmdgd- d^lksûr "lli-lzëm-tfiTâh hzmdnom. ushâl-màkam-bdqe 5 kéih^sso f^bddad-diqlo, këïkêmmlumlo-lmmllêm bpSsâh- tâd-d^h^rq, kull-yâhed iHâ-qodd'^-zûhdo. uknhorzo- rnn-têmma kull-ydhed këîtfSrrçq-î'^lâ-zdnqâ. utbdâ- t^tndi yêr-loyiiât fzznâioq léu umà-pêu ukéibdou-eqûlo : cr iêriririnrirâm rt umnei-kéihlot-im-dâi\ bas-if qsêha * o hjl-lhuhzg-hfjmra , kê'sôqqoq-^îbâb, tla-kdift-^ld-z"kr(jm tikézge rrhqmrî u n ûïla-Imnt-lbdb-m^Mda-^^zzokrom, kéiqqe-fiimmo f^hdinïmï-llmjtdh, ukéizgi. um-âlin- ddiâr îla-kânt-idndum ^Ihû^zhàmra, uttrrdh-mà-zmi, kéibdou-idûqqo f^lhôrsa-d^lbâb, hâdi-mûr-hàdi. Hrdràh iT) y<}r-k(fsêmiO-dlk-ddôqq, tsûfyifl-lfràkâh-diâ lum kéîdgr- bfj-fy fqlium; uâUi-sbQq-fêh(im-ll(Juli-n^dur, uUd-kn- kiju-kpissohljdrla, hHid-lli-knddi-lhul)Z. mnnn kéioqof- f [bàb kéqûlla r^f^êyâ-llà-lui! n kqtaitëhqlo, ukdtbda- tuôs.se-fêh; katqiHlo : ^qêha qnddûm-hn'^idllërïi; mndijk- 9«> ih dllehd - tâhmnt ! uzihhà li - dnyiaî n uîla fia t- ëddn qq , umà'kCmûsë-ttrdiahfdïk-lhduma, îdà-kân-gàiz n-mlhed mn-dgirqn, ka/qt'dlo : ^qhià-sidi! àllA-erhâm-i4uldik ! f^èWiyli-had- fjj nbz-Nfrnin ; mq-thdllç^^^^
32 TEXTES ARABES
^jlc jJ^\:6 ^jJiKi U.3 Un3 J^àjV^ 3* jdLl5 ^%.» V^i^ào
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^jJi ]jtUtJijM,J[j5a dlÀA WftÂlj P^^^^ W.<?1^ ^^r^^ W-HSmO^û
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& A -g .Q -<$LjM-£aJl .j^*AyiiV$3 éljl) ^^ ^^3 °^\a^^3 v^^ 30 ^jcuJU!^ ^ax^lAj3 ^'U=»3)l ^^ jxà. \^i\5^ <-rl>^^ vJ^ '<^am£3)1
DE TANGER. 33
ddq-qoddâmi.-n kéize-h-yd kpiqûlla : r^uâhhd-h^ritiv. héihni-iH-^JrQslâ, héirjda, knddêha, uhâdi qâiêda mnd'^- na : îla-hànt-si-rrfrd mâ-zôh'ot Hï-tsohhdrla îlâ-hln- si-râzel gâiz m"l-lhduma, ulsàkhro, ma-iqdârsi iqûlla- Id; iHd-qëbâ''-rrzdl keihâsmo mn-^nsâ. 5
mnêin kdttëh-^ljiàhz, kêizi-lmmllëm , kéirféd-loslà- ddik-'^lhûbz , ukë's&hha-pôst-lfdrran. ukeihdd-izhèd- "^Ihûhz m"'-hît-nndr ukm&ba-nUœrah. k&hda-tfrrah- ihjfa-rnnnà; ukéiifttfa Jdik-pôslâ. mnéi-kçîkêmmël- lm"mllèm, keiqàllo-tfirdh txsnfûaf-n kêîqiïllo-lmmllcni lo vsufi.n dik-^sdm kéirf^d-dik-poslà, ukêtddéha-mmnd- lëha. mnêin kéihlçt-'^bdh-^dddr kéizgi : ^fi ua-llà- htilv katqûUo-mûlâ^-dddr ^shàrln kathrûz; kdtqhof- mênno-lhûhz; katmirêhii m"-lmêndil; îl(i-hêin~sâhla-mli- ka utdiha-mzidna tmà-tmlloUâsi-héha , kalaitêh-àUi^ra- i5 khtra ; ukatqûllo : r^mjfifk â-ulidi! /r'idydljed-ina-iddéha rnii-yêr-ntin. -n ûïla mâ-sâhtmi-tdiha-mlélj, ulla-hdmta, Hlla-ftéra, "ulld-yër-hdrda, kalsêbbfo- Iqârn ms^Jfdra ufddo-fdd''-bdbdh, ukàtaUéh-dlk mi syéra, ukatqtjllo : ^sir-iHiia, d-uudd- Ih'^rdm! uolldk i^ômnCr-babàk ao lâ-sdfa-bmino ! n k(Hmsi dik-^lmèhnq, dik-ttrrdh, bêha- hêhan Ifdnan; knllôb-dik-ljimi jâqrdb; uhjibda yèr- irjëd-lomle uibèllây^om-"'mutllëlium. \ihad- Ikmr-lli- kêîzmiô-ttràrdh , Ulum; kqi'àkln hi)mâ-oifâJdéhum : hà-
TKXTKS ARUIES,
M TEXTES ARABES
•c4£=Jl ^^3 ^3kL -^'l^^ '^^ jJiC l>aU b gljl,! ;; ^\'^\ \
5 Ua \.gi X \ c. Wx.d.MO 1^1 ^3!^ Ud3Mold \^3 WykÀJ U^^ÀSw l«^Adi' U ]a)\%Ài j5j^ yjJto ^^Jti ^jcsL' VI3 W> J>*»W^ ûî*' ^^^f^^***.'?
ijtAr^-^l CisL VV- C>^3^ «^ b^if^^ W]yM C:P^ V> l'^lai*
1»^ U»!^ •^^\ Ha-^3 jos^^ vi I3XC. j^^^
Ajçlaus^jV5 g:;!^^ jJ^ y^^y J^^ ^yj*^^ Ji^^^ J:?^ y
^axAlc ^^:>U jjj^^3^^Aç:J9 Jliàil ,jJc y^ii*-*A;! ΫJC^ 3I ^3j
i5 y^Xj^ \^\ ^^\JL^\^ ^:x^UfÙl3 CiUAàcopi3 \uA^3^1x^l
îiol^ 1-0 ^^ dLXAAj jiilî «3Ua31 3) 3J» j^JuuJO <*jili^jl5 ûj^-ï^b
1»)
DE TANGER. 35
da-hâs-kdtkdllso. uttorrdh, dàman-dzohro-mlhtjf ml- Uiiira; iër ftêh-Hk^^rd-uqtlô. urn ii-i'^dôr-nnàs kè'qû- lûlum : ^d-f]jâh, id-lmërrâh, id-lmëiét-iHâ-ksird. fi ukdina-mud uâlf-lkelma- hrd "lU-kat¥mmel- hdt-si, sfêha, umd-mnd-hâdd-mq-ismdi-fëha; hsmna-Tiqûlù- 5 //a; ulâken kdnsûfo mud, ilâ-nfktâ-iHêha , ma-fsfâdûst- unns-rnnnd; ulld-izi sî-myêtor-^lmunkâr eqrdha ma-iz- hârhâsi-kàmla ihdq-iqul : rryê-mâ i^rôfsi-kêmmla! qâl kêi^hsëm.-n uâldkën nqfthjha; ukêîqfil-lmîtâl r^^lU-hsëm- jnèin-dàrro, ssétân-ydrrç.n hdsa-mêlli-qrdha këîzidûlo : lo rr hduuït-iêmmak-tht-^lhsêra. v
ytfrrâh, ûa-itns-^lmmllèm, hôua kêîmsi-zihlo-lmà-rnn- (jdéâr, hàs-isrâh. mnçîn kéildçt ndddr "lli-mdsi-zîm- rannq-lmâ, kHzge : cr ;ê yâ-llâ-hti! yuh-àss'rê^a-llmâ l Im'^mllëmlv t5
7nnëi''-kdddel-lmayrèf^ , kêîzgi-lmidllèm )^l-^ttrdrâli; kmê'f"t-zûza-iitldta 'iftso-}''l-nnâlihal llhmîr: uiâhrên, kijif'rrQq-i'^léhum ssydfr tdqrdsçl iirruskitat ulfqdqn i/nydif îla-kdno-fdtidu-si. utlâhâqç, kê'zêmio fimhd- l"(}dâ khira d fhâbbdza, uk(jirfêt-tldfâ-ii-ar^b'*m-llhuh- uo zàf md/ihij'mîn, uknsêiflnm-ndddr-dùUQ. unlud kéi'^ite- n minai si-synrât, zyhd-mâ-takul. ulbdqe kêîtolliç- i/s8oq, h''m-msdii(if, Ms-ibùç. dr"nna-d(jha ifUrârâl/, "IJi^m^âti-isriu-nnnljlial. knU-mhçd kmdjiun-nzêuqà ,
8.
36 TEXTES ARABES
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1 o N3M^^ l<).n.q.T^]:$3 ■;i.jjj,ijxù\\ \y^ijjtJ\5 v^ajOI^ v3^^^ l^^u^.].^ V* *\-^ sJ^3'^"*-- (J^v33*^ ^3jUW ,.^^3 î^^àSîJ ,j«io V^^^i»
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DE TANGER. 37
umà-tsmdi iêr : cr à -mën -mnda-nûhhal! â -mën-mnda-nûh- halln hêihda-isri mn-hull-dâr Ifttûmm, umiss-tumni , ulfrrhîfi , h^tta-hêïqàûmr-rrôhe, ûlld-nuss-mûdd, flà - hsfj h - ^Ijlih ^Ui- ftâh - àlmmllëm . iihddo - lli- mmu ihîio-ssyâfr , mâ-fsmdf wr ^zzgè-diAlum héil-lq^hmfi : 5 a sgrt-symar!a sare-qnsml a sqre-ryêjqtlnuma- kpisêîfiom-"Immllêmihiw-hadt-sih^Hd-kê\mfmrlmn-kull- hdza bqémtha ukf^ossêhum hnqûllum : rrqdé-nmdé, ûrôdd-JJûseh-miâh r>. tittorrdh \mâ-tuQSSë-tm-i''Ll-hkâli\ knkun-harse, ulla-mdàrse "ulla-fnrh-'^<tiTqz-mn"sse. lo dfnna-dàha "nhdr-èdgiïmm fhHîla, mnr-m\hnl. ttrd- ràh kéîmsiu-ifzznâi-qd^IJhiidkeùdiHo r^àlârêsalv ukêî- zêtmo-lqdûr-f^shêna. dik-^nsdià, tmjlek-^mïmmir, wqfr lëk-f^lbâh-d^l/arrdn, hpH-njha, im-hâmâiot. tqûl sî- h(kdi zd m^-zhûga ûhud-rn skîm-mqnUdi , yér fordstéi'o , i5 mlrffës hpfhid-llqdûr : dik-^lhnâCt-tndçllnn fîa-udnOy mqârros uahdrsmsiia-k^lila, môsslja htd-katirrçq ^ îla- ldhàt-}àl-lh''zar, Hhàrrçs, m^n-kép^et-^JJjnez-uUot, i'^Jâ- dik-Hâmtma-d^lmumzei'; ûyuh'^-dgfjha-lli-lâhës, kâtai-, qâl tHâ-zdd-^nnmêl, rnn-ketrël-tdila h^Hd-rnà-mnd- 90 ImJmha htd-si-nôul; umhd-^ssdrunl mfidbbQt-)''lâ- kutbo, kulln-tbdfb, l/Ud-ksfif-vdulo; sî-mijk-fr*zln mtdrt'fïn, IrHa-mà-bqà-memmdha lâ-zdçr luilâ-itdli imlâ- lÂli; uhdrijg m/i"-Hskdra fu'niqn^ kûlla-rqdi"i. yhnua
38 • TEXTES ARABES
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DE TANGER. 39
hadddm yêr- Hyrâh-ezib-se-qdrd-dt^sshçiia, Im^hrà- mnnô, umzzla fVard, katkûm-fôq-mênna tlàla-syâr; kéirfêd-hôu-a-hâms-uzéh , ukëhmêha-fslmrto ; màsr- uzû^h, kéimkkla-llm'^mllêm; ukê'hqâ hqkdâk Ij'^Ha-kêït- qâduu-lqdûr-kâmlîn. kéibda-huà-tm'kkél, ulmmllém- 5 kéitràh; ûmnêin ikemmel-Jfttrêh-dtSshêna k&zîd-l- m'^mllëm-lfund-mûrdhum.^uUûdd-hâh-lfrrân,uidite- Imëftdh-nssûmmir, uiddêh-ih&to-miâh. uUdyoddd- J^^shâh, hqkdâk mm-ttrnniai âu-Umenia-ûnàss , kif-kéizi- Immllènij ssùmmir-kêijtâh-lfrrdn; ukëïzîd-"lm"mllèm lo hêha-hêha ^llhôjra; ukeihdâ-ïzhëd-flqdûr; ussâmmir kèiqhot-mênno , uké'tfzzélj ukéfhsèb-^lqdûr kàmlïn. ukéîbdâu - ttrâràh - ih êdmo ; "lli-zâb-se- qdrd kêiroddà- Imfdâta ukataitêh- àlk'srà.
40 TEXTES ARABES
j^l^ll^ Jla.^13 oUaJuOI^ »W0\ l^a^^l^ (^-axsDljijVaBùi) ^ •iO^H,! ^yV^1:5 jJuoV^ ^5^^V^ ûP^ ^3^3 ^^3 y^r c^^
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DE TANGER. 41
ti- II. "hdnsrafzhêl-l'hhir.
fénnhâr-d^lmnsrakeihorzo-nnsd ^ulhnftqt urrzâl uh'^zàra ^uh^yd-ûl ûmâ-kéibqâ yël-lq-lil-fnnds-flmdina Jhâl- li-myÀqqrên uhdd; uMduk-lli-keihorzo kâmlin kai- zêmw-lmâkla yûgûlmi -oUror tUthol; urrzâl "uU^zârq-lU 5 kpikijno-m'-âlai keihdrrzn-miâhum "ikâmânzât ub^êdan nrrhâhqt ulgnâhër ûlëqâma-dlûtdr "lU-kâth^^s-kâmla; û"'mq-rrhâhqt hdfd-ma-këïddiuhum kqlhqàu-mnzzlin flqànd-delmàmûni au ket/rèsiuah heil-lq^ha-mhrd- , d^lmàmûnilU-mhâlfin, iHà-qêhâl ^irhëibiia qlâl,Hqljed- m ffàlêf, mâsi Jhâl-haw^âdin ulkâmânzîia "uJgvqhrîia ulfrrâra; zû-ûl yër-rhéihi ûmCi-muâlin-hql-lhéntât- kqmlin ^lli-qûnna firhéUn tséb-'âlèf-mèn- hMo iiqês fiaês. h"Hd-zuhdên rnn-sî-d'nnâs ^lli-keikôno-tâzrîm- h^zzqfkeiddiu-iHîlo hëlyqita. hdd iHilo smâh ^Inudllëm- i5 idllql; Idki'nni iHâs-hôûâ- qsésâr urqêuoq, uh-uinâd- diâh q(}dd-èh'uinqd-d^ljltlës; umnqi Isûfo-tnl-lôura- mâ^i tqul hâda yèr u(ih''-lfiiuH dmHm-snin mël- hiiêsh - -Ui - msh n-fbbi. mnëî - kéibdq - iyétnt kqilmddo- idinn ûknlnëfho-hnâko 7nm-uâh''-rrçzza-mndo-kbira 90 la H-' - ri '(') : :n fsséli -dëbn ï-msa u uar vdiiclU ba "nss'b bâd- diàlo mnêiv - këîbleu ukëibyë - bëi ûm ukêUçllduym - 11 dfriilfh'a hnl-lbïbân niâ-kë'zbâr hUa-udhed "lU-Urë-
à2 TEXTES ARABES
U j^ -ao^ IbÙIj^ '«^yj^^ CP^ t^^^^O^ v5^ ^axA*o^ ^
V»^ ,JL_»U^1 jJc î*3ç!.A«5 ^\i;»\QW j^ «jyf^^ V»îi3 j-^^ J^ vj^V^ j5*Uûl ^^ dû\j^ >J>^1^ Jf^^^ «*J>3ijJ V^W ^^..) éU^V \^3 vJ3x^^ c5^ j't^^"^ J^ ^^^ 5*3 c^-G*J3
j^ik^. jui) juo^j15 U ï*àSfJÛ) -^ ya^ W]; ^j^ ^^3 'i^l^^^ J^U» J^^r^^ «V^V-i^ JU j^ Uu? iiyi»^ -^^ JçStî^ ^^ j^ \0 J^jLï U ^ii^3 ^CJuOljiJliàl ^\ ya> Jj>^^ Jil j^ 1 5 jO W^^ (iJÛl jJii Sj\5 U -«^L^AiDl^ î«6uaDl j^ J*!:^ (<»^^ Vjn_A_* (^J^j ciPI jgi» \S15 U 0VI3C.VÛ i*:4Lx \^\^ Uju* <*J^; -c^tta. v>3 <*A» ^^J «*3^_^Aaj ^1 j^ 'J)\6 U^^^i^ii <*JUa. Iji^^ :33 lM ^5 J^V^ ^3 J^i-»y <Ub ^\^y\5V -^j^^
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DE TANGER. d3
hûm-mènnâ moi3-q(ju''t-^^sô'y-r "Ui-S'yêr h"^ta-tqûl si-frêroi au zdiuda hrînien. nmâ nhâr-hHd-ïkhirf^shdh, yér- kéîddhheu-nnds tninnith-tsûfo mchjuâr h^lq-f.y-d^lTÇÙ? nhoiia fàstom, fhdl-ddèbbûza ^Ut-ddarha-diâla darha- htôz mâ-tnèbbêtsi-ssmr, mzfhi'^^-dgéllab , msdmmàr îHâ- 5 drmno ulabès uak'-ttbânta-^dgeld ûmâ-kêïdôhro-fêh yêr dik-h^uînqt fhél-hblîs, udik-irozza fhâl-âsàso umtê^ha-iHd-ktâfo. ûins-sàbèk-tsûfo qâbot-blïdued diâlo mihdi-Udqor kéiûzèr-rtâl-fmiiss nh^yu-haddam yër- knhdrres-f^lqrnn uimëkkên-tihâh Umçt, uliddin-diàlo lo mhàbbten-bëdd^mûint tqûl-kéifres ; hddt-si-kûllo "un- nJhd-nrCm-fâq; yêr '^lli-kei-lidâr-'^midh kflâqtieh yêr- bp^sêta-UMra "nlJd-rféd-rdsok; umên-ketrêt-^nnèffjd mâ- knrddsi-msi-lUfiwm m-nnèl-lhôfra isâyçt fêha fhdl- Ihàddâda iâhrën. b^l/mqqJ^JJjâqq'^-drHbbi hom-lmidllêm i5 "(mhàiiâr delblàd; "uîld-mâ-nqûllek-J^lydrb-kâmèl f^^snm-d^lyàita , mà-kd'mi- lU-rp^dlô - rzln-féha . iiîda- zîtêh ^ntâmuiiqt mâ-kâînsi-lli-fdggzo-fêlm. utda-zîléh nssak mà-kd^mi-Ui- bHôUn-iddo-féh . urnn-zêh"t-IJcëm- màra mâ-hjinsi-lli-'lqâli là-mdini-yûlâ-zê^li mla-fdfob ao uâla-qubbdn uâla kdin ran-Mn, lû-i'^lâ-umh-Hbêrr yâld- dâ-umh-^lbphdr ; uida zitêh ^lldi^^p-^Uêntrnz ûldi^b- -ddâma "ulknrtà mâ-kâinsi-Ui-yôlho-fëhum; sdid-m""- HHifdddn; lâ-flldi''b-zzJ^.mni ulâ-lldi''b-d'IJi}ma; ûfjtébb
44 TEXTES ARABES
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DE TANGER. 45
ufiélm-IJâlàk mfrît men-i^fâft-sîdna sûlîmân "ub^ôhjm- Éèddûnia-kâmltn zmàimm-frâso; imggez-Ht/doh-lmhâi- iàr. ûflhântàqêra , kàdâlika-uâmitâl : kéidôuar-lkâyét uihêho xiitqâiia-h peseta; ukéïqfi zmî^i-mën-iihdom-iHêh, uàhhà-ikun skû-mà-kqn; kéiroddo-qoddâmo-tohka, 5 ufhâl tôzzân -ûlla fhàl-mâni-sâmsâm \^iq-lkàfér, iâ-uk- kâWhzàr--ss(ymm ulhdndi kâtaisçm^. hâdi qûla-nhbâbèk unnâfk ullfêha-llféha, uffHa-llfêha-Csshâmfqdi-^ttazen. dfnna-^nriâs "llï-mâsi-^mnsro; kêînûdç-b^kri flfiff hâqe-ddàu lëzrçq , îhma-nqûllek^nnznm-hâqên f^smd^ lo idmi f°l-"nnebbijr{ (^nnëbbûri h(Pa dâk-îcuîco (jt^ifftbdh HH-keikûno-lérzdq keitfirqo); êya ké^kûno kàmlin-fdqOj utuuddâo, ûsâllâo; pdmlo-lbqâlez-ml-t'mMmâr ; fiuhj- dum "lli-mkçllfîm-bp^Hsyùl, "lli-kéisue-llnjbz , krisuêha, "ulli-kmdhhàr-ryâifkèîsdljh^num; iiila mndum-se-qrd- t5 sel, kéizèbdùhum; ûlU-mà-idndum yAlo rnii-hqdf-^i, kmdrrdo-lfnûm I/^rf^d) riâl âu-zû-llb^Uijny isrtlum "rtàl âu-rtldin-f^sfênz m^n-mndt-^HtfJdnz. mùr-dik-siy kçînzzlo - ssinija , uhjîkubbo - Iqdhtia , ukç^l^dôu irêiqo uke'z^nndiJiha mhh-mâ-ilmëkkén; i^lâ-qêbâl ^Jmyârba- a» duinna, y,ullâh timà-kdnt kêrmm menfnlja umidmmra sdhh ma-itmêkken, '^ullàh lâ-ljdUfo h alfa; uàU Untéhum dobl/n fijiàlja uàla-iljallftjha. uissàk-ilôluj mël-lhlàd
46 TEXTES ARABES
\^JuLà. jJ\ j-c A.^\ •iolii3 ^3^*^^ j^ ^j^iû* ^3^ ji'V \^.J^lxJ^^ 13^JA>3 l3Aj\53 V^^ jJ^ ^3^1^r?V5 j^u^Uû^
gV^l3 ^^-A.xJl3 iiua.13 \j jJuo ^^aiSÎ J3À3V5 J^lii ^^h ■'dJ\sù\ v» VV^3* V^Uî^a>. ^j-^ ^3»C^i ^ii^3 ^VJ«i?» v>»^ Jp^l^
jl^l j^l^ ûp^ *3» V> ^^'j^ j^-^ U WilJ» '<*^Vi^ ^3»^ ^^ J^ J^ J^3 ^^-^O^^ ^3 ï*^3f)Ui» -a^jU» j3^V5 «;3=^ t_£kJl c*JiJu>V^ éV?V? $1^3 6^ v> ç^j*J j^U jiî^ ^j*!^o
DE TANGER àl
I/ttd-nzbêl-lekhîr, ytkûma Hà-riluml fssoq-dhàrrd hdida inêzfo iimâ-ihqâlumsi-lguâim bas inâqqzo Iptà- rnfjôq-Ôttrûq. udâha-nnsd, mnêî-yolqo-ttnâfés, kaitmâ- tào ml-lhûiâk ukéîlâhrfo, -uïydmhpSO, iikeimi'to ^lydrh- hàddàr; ukaîhdou-qâhtën-Hrêq htq-lmçtdi df^Lâd-^kàd, 5 nnsâ f/^lq/nl ulhmnl. umâ-tgébst fêi-0rkez-"lHhra ; iittrêq- ^dgbêl katqûl r^vqas-ninni {â-uâhed! n -ulydh'a "uh^zâz nâed. h^ttd-zuhdén Hla-tloqqào bpSë-hàttâbin houmdtn- rnl-lyâba, kçfhtâz irnddo-lhmîr-diâlum, h^Hà-iselko- dàq^q(jm--Uâhr-^h''dida kâinla, uitqadâ dîk-lmuzânêq, lo iirikmêl-dëq-qâ labortaj. iâd-kéîgûz-dâk-lhàttdm-rnskm , ukâflqâh dik-^lyhâbâr iHà-lûzdh h^fta-tqiH : v^dbâba hâ- dikl nulsi-lydirraiv mén-qàuût-^lli-kqtbqâ odddr d^rj^ai- sâm. l/Ha-kéîbda-mdidâr rnskîn -uëqûî : vhndi- ImhdUa-dmnléi-slîmân, mâU-zzûiârln kattella wwâ- i5 Uhhnr, J^qdar-^Imtêl, si-i^gûza, kdtkun-sârfa-mrjûna njhâl-hdqrob , ufffâl-si-Miia, lli-kêikûn-ssêmmke^qtàr m- mnâh ra ; ukathtôm-mënnô - dâk- çlkelmât , ukdddm- fih. flaha '^llâh ikun-f'Udun-ddÂk'lhâuâm-raskîn; â s masi-sind} mi-zdd(')''fdd^-Imbàh knbélh-^lkf/ralukàlèbdâ- 90 Içk-i'^léh dâffa : ^kqtmi{(jnna! hàm8à~vh'md-}''lâ-m{m'k! lâ-hlmqâuai-ldhor iâ-b^lmêili-ldljfjr n îikpsëmioha-jdh- ren-dâba : f^s-uindi'k d -mma-Jldna? n ukê^d/yrn; kat- fnïllum : '^dàk- /Jjid(l/ih d^-qàl-ûqid d ukç'^d<julçk-i"léh
«
48 TEXTES ARABES
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V-os-ïV* H-3*|3-? >>3JBuJl ^13 ji3d ^_^Aû o'Vv pY*^^ Ç^W" W3
jiMjaOl3 jW^'CS^i» ^>^l? W*? *W-3 1)^3 '^M»» O'Ia. JUB3
liLj»3 ,_j-?) jH-*Huj^ oJ^-si2,l3 jj\3opi3 olilÀ3Ll3 j^^j^T (j^^ •^3> "^ >M V ^j^jo JU-o ç^l JK j^ IbûIjj; ^^k^l g^l ç«^
90 Vj^jj, j(3uuJl ^ 3I ï#.^C^Û1 j^ ç^l ^3^ I33LV5 jjI jA
('^ Coran, xvi, 7. j
j
DE TANGER. à9
l/lsân- uàhed: t^â ntînal "Ihâria diâlçk hâqâ-mâ-ih^t. J^lhlâdî uziti-katshdi fsiddëk ulad-"lqâf ulhâi nssmâm mèn-drdi! -ollàh uhâ-sërmôh-hënnâ ulld-ràznnd Ifttà-isëmmiéh àqâjf"dh sella- tsmail uiuurrik hâhàk ûz'^dek s"nne-h-ua! uïcurrûlek-fàmmèk -uùamlûlek-fêh- 5 -iliarzalrimà-kéijlët-mênmim dâk-^lhattâm-fnskin illd- hUdqqe-ïànfus, yélla-keizih-llâh sï-zurh au si-trêq mhanjd, kéiflfiua-mmha , hns-kéislëk; ukçiqûl, mnéi- keilqâh-àlmd ukeity^ios Jsi-yëidsa uhûua keihâdrëf : rmldqia mm-lydis utmnâra yâU-mm-dik-kmimër-^ltiéil! lo (pjûzo flîia mâ-gqz }'^ld-tamim--ddâr. dna halUllnm-lJâh tihàd-^lydli mûl-ydha.
ûmâ-zâmai-Hmqrdij zât-yêr-foq-i^Ad-lèhud hmh-miâ- lêin-hâlfaj u^iêda-dâ-sid-^lrnamùde qçdd rnl-lmdîna nz4mai -Hmôqrdi . uhêia-zâl mmqqha-ilmhdddra; uzd- ir> fêha h^bd-tsszdr, ulhândi, mfjjdh, ulhmr-Udfzza; uzât-iâlia f(}q-"lbphdr : katsûf-lhphdr qnddâmëg-gella, ûlntà-dmërsdn flit-mëniid. ufmmtna sëiîhti minëk, tsâf- Wrûq j^udgmlnqt y ulphdir, ^ulhëirqd-disidi-rijbbi. uhdd- zàmai-Hinqrdi , ^Ihùdra-diàla jhàl-lq''rdi mitdl, hêiq- «o Iniskùra uhêi'--lhlûua 'hdldida, '^lU-mâ-hHnsi lêdd"- mênna; ulblqd-kqmla mnêi-kmitu-hmu-ûlqrdi J^lpldsa
TKXTES AnABKS.
■«rniMii» atTloauti
50 TEXTES ARABES
^5JLa^3 êl4-^b ^^-=^0^ ^ «-^'^r^^ û:^^ VviC.3 g^l
5 çia^il éjljDji ju» -^1 j^Junill V^^^3 J^h J'^b J3^^^
^>u^U v^l sj^y^ '<*■***« JU* vj^ '<!!3ia.û i^^V ^>^^
VK) ^;b j-l) ^^i- J^^l ^V^iJl j^Judj JjHS^^ jJiC. lii^3 Ijîuu» Uv^ l^la. ^1^1 W3
^3 Ô33 «^b ■^*^^^ J^^ i^»^ j^ J^3 £3^^ ûPb ^"^^
V» Vg>.a. ^J«'^<^ CalAU c^^U «^Uàs^l ^A.la jJl^ ÀJ^^l .^AOa
i5 ^1 V?i^ ^^3j3iî^ «3* J« Jr=^^^ ^^^ J* '^^^^ ^3 ^1^1 ,J^Î5-a^ Uuic ^3 Ç^l ço\a* J* V4i>.3 ^l^T U»3Juuj1£3
j^]^\ y>\:S (jaiO^ olis?^»»»^ J;^3 v3^^3 o^-*3*3 'l>3i'^3 «'» Vj; jr* ^^^ ^^ <-^b^-^ ^i^b-H^^^J^l^b <-?^^ v>^3
■
DE TANGER. 51
àu-f^soq-dhh.a, kmhtàz ïii'qsiu, ïdà-hia dzamai-^Im^qrm âu-ulla.iimnéin-kguiijluhim : f^ïiâhn^ kêïsêbbyo-lqdrm- f^slâui, àu-"àhrd, "UemIJo-Jffjmmum , uiqdi'sôha htàrf- ^Isânum, kâ-hlum ^Hillà-la. hada-dzrîh-lqrài . umndek fanï-lhrif fhd^-llingas utffjdh ulrud-lhahjr ulyudddn 5 ulhdmri. umndek IJidndi-hnljdi'ra, héia d^hdl-hnôtdi; katkijn hqrdà-uh-lùua, iHà-qehâl mnèbbptd yêr-fëlhzàr ; ulMndi-d^lhzar hêia-hnkhjra; umd-hsen mén-hql- IMndi, îla-Ji0si Ihdndi-duAd-rqs urfd-iddek. ûmd-lmrâtdh , zâu féha lidida uhdida, ml-limm tii"!- lo ^Hsmâl, ^lyrôs-dennsdra, mèljnîien bt^mr-ctlhmr uz- ■ zrdb;jêhum-lli-bp^selk ulli-bëlldh. upcûV-bd{) kain-dkik- na "ulld-zûL ufim-itrêq kèin uàh"-bdqha, mdnm- i/ttlo"!, hâltd-zuhdpn ml-tmniïm diâla, Wsëmmîûha, mnêi-kf'kijno tMien,Hi-hàJfàlli(m-q(}lbum, (jUdqha-tfisê- i5 rât. fi'ua, "lit kéi^na, kmglh-hrtâh , fudJf-ddukkâna inn- dûk-''ddkdkm, rnn-qau-d-zztjr; m^dq-dik-n kmmmm ha-lmrâtàh. uhdllina rnn-zâmdi-Hniqrdi. uzid i'^lêha It^^td-lmrâtdh, uâfnna d4ba dgla.
âgla zât fh-hômâr ufôq-sid-hni^rnùde. z(it mqba^ 90 Udlidûra, nhdvfat, uljnddoq, iihfdre, usçlliljât.; nnfltl kdin-tcdli ukdil-lhiêf ulkrdknr-d^ljjmr. uilq-ddêvdcm- m'nddmi nien-dtik-'sHpllilidl, nid-toqôf, yélla-kân fjèdli
52 TEXTES ARABES
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V-3 J3-ÀJ U j^iJi U juiOl Wj»3 Wj^c- 3^b j^ j^ (^*^
V-r>^i'-^3 ^C^^^ lAj lo Vi^ ,J^' <^b Wào V>^^3 Vv^ C' Coran, xv, 5o.
DE TANGER. 53
mkdi''uâr, uhéin-dâk-sht-àUâh kâmèl, u^ôm^ro mâ-iq-
ku^-lhûhz-^ktdr. "s-mâsi-nqûUek : hàd-âgla, uâht-tâma-
ra, ualf-lfdâh-ëTalim fêha! umd-mskçr-fêha, hëlâf
^nnwgâs-^lrnskt, udik-nnôuâr elU-keïfiâh-h^lUl. hèlhâqq
înui-lhsên-fëhâ-lfzzâf; "ottenr Hâ-kidl-^skel. katshdh
j^^shdh kqtsèhhdh-nïlâh , uthdin-Iqçlb nëlU-kan-mndo-
inêiët; fpassqk îlq-sêmio-nàym-lntur rnn-mnd-hmdm-
ren. keidoro dik-nnds' ^Ui-kêïsëtnwha katsdr.sâi: këtqû-
luld : rxhsâra-dîk, ta-mh-lhsên, mnêi-katsrâh rnl-lmd
d^Jbdkoi' kqtthéihâh , umd-katëhq/m-ttkçllërn; ms-sâh
lûkà-kûnti kdtëhqà '^Ijdm umi-tâl! -n hâd-qgla.
luqbçd-dâha dâk-^hdqha ^Ui-kéiqùlûla b''qêl)a-d"h''g(jiz
\usîr kqHsêhhçt iHq-Mëk-ûrzlëk ; ûmq-lbhêma md-tslëk-
léksi; kdfhtqz-ddor }"M-^àh-ttréq mtdrrba mqsi-mhâd-
\l^ra Jhdl hal-hdqba, ma-tslSksi-lbhéma-féha; uldi-kqtb-
\da-th(hiûd uàhd^-^smies; iâ-Uâsôl bhùd-ldlla-mfdâti-
^IqUÏ; yêr lôtà umd-ità ulmrdbai ^-^msiêr-lmâzôze bp^ss-
\pM frâso. 'i^ên uê n "nnsîm jdmi kij^n-hêia ''ulhdl
li^lêha; udik-simâ-tdndi-ma-nqijllëk ussqlâm. d'/jdh lûkâ-
ikmti-mfii-dik-si, mM-tshdsi dz0ûl-n(}d^^
\na. mjlâ''-eljdlli-lbdin mâ-rât! ussqlmn. nhdddc-'Iotd ^
ny ? 'd?Ç - /wA di^-rên - ddgla , kûmd - lit - kçïk niiff - {tymv a .
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5/» TEXTES ARABES
Wu-^^13 ^jUxûi^ j^i^^ ^^.^ \^ S)y''b 6^^^ jb^^
X.^;«^1 .^y». yOJl^ai:^ °<(r^'!>^ V^^ H^^ O'ia» C^lCOa ^^^uJÛla
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^jaDL^U jJl£L J^*;U V C:P^ J^V^^ J^l 3» c^l i|3t>*^l V^ j^ ^V^l^ \«]^lî J^0\ ^^ jJil ^'^^ ^Hy>«îl 1cx\^j]£= l^-ftJusL_î^ ajqOVjj» j^*^^ 3*3 J^^^^ J?" b'«*-3 olj^b*^*^^
«o ^ LrO.-ÀJ(L.^ ^û»^>k_j^ jl^jJls; ^JoV^y lyiAftJ^ ^^1-? ^^r^^
Vjo p,^ f]y^ vUsaJI 1^ AfoAc -aAjOjji^ gV"«=i^3^3 b^3*^3
DE TANGER. 55
mnai-nqohto-ttrêq dâha dôyri, iâdrhantqôhhpto huah- ttrêïqâ dêïqâ, m"n-qo^d-"zzrâh ^uhdllêq, h^Hâ-hqlshdh nuah'^-ttrêq fssuani, kê'qulûld-hûhdshas. nmnâi-kan - horzo ^lâ-fûmm dâh-zzdnqâ, mt-hanzëhro-lmhddg- "ïkhîr "Hi-keîhdrrez nhônsàr. mà-kanhâllfûsi mrin- 5 h alfa, ukanhôrzo f"hônsâr, sâfi hdçUo-sëfdto. kdnzèbro uâhd-lqhô^ qçdd-ma-ilâ qçdd-ma-ddr uqôdd-ma-dàUol !''lâ-dik-"hônsâr-kamél; uhâd-ëlqhô, h'^ud-yër-dt^Hsmr d^zzéitfm lutlbéilèm. dmdrân-diâlum ulurôq , hûmd-kei- mmlo ddhjl utthâfd ulfrisk -unnsîm. unf/j t Z(jt uûhd-^ljiôfra i o khîra tqun-ntîn yër-lyûnsà d^zzrdi; usi-mà-safi fêha fliâl-ddMh, uhàred, uhfîf; "umnâdëm isûf-lheiil diàlo fqâw, rnn-qàu'^d-dàk-lhùjta ussfaua. ulmd-keîljrûz- mén-uah'^-b-mhèb, rnn-qdi-H'drd, hyâhdUo , mën-àuuûl- '^dània; Mttd-yMhéd-mâ-hâfro mlà-mddio; mën-mnd- i5 rqhhi kân-hmdak. uma-mshjr fliad-Uônmr yêl-luurd- "ssg^lmâsi; tsûfo, mûlàia, hdm mar, usi-ruaiâ/j-féh kqlmltos; usaëïshân ulbërqâq-lhlinsi , uzîd-}"lêh bUà- Jpw/tqêze, tdmi dâk-lbêrqoq ^lli-h(}"a-k/jdL unnâs-lli- hûma Mz^qm-iHà-màlum , kéitobn-li^bid-diâlum iHâ- 20 frâk-lebyâl bëlbrâmël ulbràrd J sstiâri'al, uimmmrç ml-lwnsâr umél-lyrâs-didlum, "uiyQlq--lbrâr"d Inrand, "Uëqattio-lmsdmém-d^nnouâr, uidourijkum Jfmzlo, -'wë- Aow"rfo ukûll-^sbd/j, udmia, iH^hyim }},ât-m}qiân-dçlmd;
56 TEXTES ARABES
^^13 -iM^CÎl VflXA^ J^:^ -^^ Uv.« O'ia. jlja. lilJ» jlj?v ^jlàk -(iiJtujl^ -a^iix)! ^lâhl^ UxA*oa j^ O'ia.^ '«4^Va '<i^U 'i^li^l
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yj^U y l ... .? «oji dO i^j^V^ j^^i -iu^AO jjc 0.101
DE TANGER. 57
mn"'rom ma-ké'haUêiMh. ujoq-hônsàr h^àhd-lqsôm- unûss, âu-q^mâin, nzehro-cûrrâr, hât-currur zàt fêhd- fhrd, ikûm-fêha-llâl/'riia uàhd-lmiat-qàina mdlkîia; uzât-postà uahà-ttoqha udsm, hâfz-m'^na-lmÂ, séif- uscuà; iôm/^ro mà-héiqtm . udâk-"lmâ sa ^fifhd-nnoqrd; 5 usqrha-mënnô rhêsa hëdduniâ-ûmâ-fêha, iHàs yér- Isràhp-sôrha, uahha-tkûiJ-klUi Hi-klili, tedrâh-tâzen utqtjl fâinoua.
mnâi kêitohô-dak- nms , mndek-lli-hum rnn-zâmâi- Hmqrdi, kéidJjlo-lyrQs-diâlum. Jmda îla-kdn-^nnhar- lo tuîl qôdd.-^srêt, fdâU-hHiia-nnît kfi'tôho-nasêied. tda kân-nnhâr-q^êr , 7nâ-tsêhpsi tlmkk-f-râwk l/Ha-ddel- Imàyréh, hfhdlliu //tld-kptshdh-^sshâh; uknnodn-H- nnèbbijri, qhèlma-isêrho-dgdnd. Ijdllëhum, udrânna- dàha nmiuîlin-dghêl, mudlin-agla ûqês-nqh. mndek- 15 hdduk qhélmq-idoli lo-lyrôs-diâlum, iiÀh h a-tkun-çssêms
flAin-tàyrëh , yér-keiuésslo-ifssêied, kpUqâhnm-lmqàd- dém-flbàh : viHâ-slâmd-zzûiârlr) kç'qfdûlo : ^"Jlàh- iséWmèk n kç^zijulo-sshâhot-f^lbâh ukéioqfo; kêïq(fb''Ptôlo fârruz-farruz. kç^dhdh/mtn, ukûma-mqfin, i^ld-qëlfàl , so ùla-f(hint-^Jfârruz-f)^zznf, kêîqijlo : rrhhmar-dinn- na tuîl. n iiîda mâ-farlôlsi, knqijln : rr Idimar di/inna qsêr. v uknmmlo fqôlbum hqidàk Ujni, Ij^Ha-f^^dgedidn idli^uMa d Iféd-^lkbîr; "rmMÏ-kp^kùnn-f^ddbéha mssàsin.
58 TEXTES ARABES
iOV-}^j..«.,0 1^ mV| slV^g ,3^^^ I^^V:?!^ ,J^ "^Ixil J>^3«^ 5 ÎAuoKÀi^l ajOeO CAASLl^a ^.Mi>y^ 'gj^-AJuSa^l ^ ^JOaxA.^ \y:S^]5A
\i,\^ jV2U=^3 J3\^1 3^ jj\rûl i.3«iV by^^3 "ï^b Jw^^ 10 ajcuoT^-si. v* CJl 3^ ^^,<& V» Vvf^^ ^ ^3Ji^'V^ »WÀi3 V;^
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DE TANGER. 59
/êr-m^-ttjàrtêt. këinssro-heddémm-'^dik -^Ifrdroz fsoUê- r'tum ulmfnsol - d'iddum - udrêzlum, uhéidoh lo - ifssêml. kéîMso f^JJiiot iikmqûlo : vhnd-inën-didJ-uUilh ildeâjék! â-mrd-lydha! -n Ita-kaidohlo-nddhol. ukeihûso-lqhàr- diâlo, ukéimsho-uzhùm J^lk'Hifâ-dt"§séied. ukadgihhpn ^lmqàdd*'ma ^Imëimâr âu-nnhêhra, ukëtbahl/ro J/Ijàd- Iqmâri, âu-d^dui, u"hsd-luhdn. uîdd-mndùm Ifnnm au rdzlum tâloh, kçiqrdlum m^-ssêied; y,tla mâ-mndhûmU, keim-to-lhnqaddém [ hèltun-mcymèl-mh^ ukeiqrdlhnm. mnéi-kfiïqrd, kéirjédlum-jûtha , uUréq-^/li-kndziho kaf- mbbêh. ârâk nnnsd; kifzêhdn mén-sréra-mên-tdhnm ûuHla rnn-hzâmum zûz-àu-tlâtd-llqràt^-t'ssmdr, kéïft- /jo-lqârtos-^Uyûliukéîzêhdo-mênno zûz au tlâta-tsmidml; idtéirkznhumf^lhdkqd-d^lqàzdir^li-hûm {nm uah^-hmêmar mlessôq J^lmârfai, hns-knydrrso- ssmdm Ir^td-nfh-âuuq-miilss. dr^nna dâh(i-}U''uâlôq mnèi-kê'tôho mid-yuldéhum-ifssêied; uâldéhum hdUjjl- hâu imdo .ismdi; uliijma kç'qqm-lmêsmm këihûso-plddr- huz di^sséjed. uhûmâ-knq(do : mnt/h-allâh-Hhjli! Ijnd- mzdûgin -fik ! id - sié - Irn^modê! âta - sîd- ^htiamôde! hnd-fm-llàh pdrok! iâ-ttêr-l^lidur! iâ-qândîl-^lydha! m-ssâkfil-tzhàl! q(dbe-hzîn; iërzciqna utfjm-iHîna. dia- rbbiî dzmnni-i/ ddi-jldn tima-"dm-llmili; zibli-Ui-féh- 4nnfd}, iiUumd i'^lija qUl-IJàida. fd-hm qnlbi myâitâr
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•yj» jJ^-C^ jlxasS jJ^c,^ «*-*J-CL ^^^^^ -^1 jt9*^^ ^i^ J^
5 y) f^juJÙl^ Vr^pi ^WaÎI J^ 1^''^î^^v3^\P^ ^f"^ Vt>^"^3 ^^^jJl&jÛI ^jJil U^aU^ l^V>>r>^ oU>P^ oUaàaU V|)^ l^.'XV^.a
aJûI-j j3-iJ>V:5 yjWil:^^ j^l ^a^l^ jdLl3 j*»x»3 olil^iOl? ^is £1-^1 j3^ j^^y^l-? b;3^^3 ^)^^ '^^ ^^ ^'^ ^*
DE TANGER. 61
h^zzâf; MIS ia-r^hi s-hndt-ssA^i^d-mndil iâ-rhhil rfed- iHîia-hM-"lrnh(jq; àllâh-ishàt-iHêh lufdâ mhdbbpto m^ilâ-mën-sdrrdo-mndil n
ukûll-qhllia m^-nnsâ ûmn-errzâl kéidçhlo-lyôrsa-diâ- lum Kkëïtfêrrqo. mèn^hûm-^rrzâl , kêïifzzlô-ml-lbhêirn- 5 ^rrhêl; -unnsâ, mnéi-kefiiêuhum ddk-^lhuâiz, kêîtôlqo- dàk-lhs(}r fua/f-lmàmûni kéîkun-kbir b"zzâf. kéitolqo m^-ttlâts ukéîfàiTso-lmtârèb ûkeigêlso. dâbq-nnsâ keinz- zlo-ssînîia; keHâqqmo-iâtâi; kp'têho ml-lkisân d^râbp- s^mmès. mnèi kêîqâdm bâtai, mrmum ^nnsâ-lkbdr kéi- lo zebdo-Ubol, y^gûlqn, kétbdou-ùdmro-Hmedho. ârâk- ^llbnitât "ulbndt; keïbdâu-ithaudo îH-'^ltadêq-d''mQtéisa, féin-imllqoha ûJmâs-imllqQha. katqM-^lbent : vhndy md-mnd^nâ-si lâ-srêt, lâ-qônn^ba, là-hbél, lâ-hta-udh, ulqfi^-nnedua.y) kàtqul-làhra, mnéf-kqlsmdi-dik-U : 1.5 rrmse-hnd tçUdina-rrhél iâl-lbhçim? ulhmel d^lbhéma Idbédd keiklJm-mtàu^çl bpUnâqâl uqês. n kàdzi-mhd-dhra ukqthâuûd kqtqiil : ^ idlla-mmsiu-nssiiâri! ssmlq bdqe- mybot-fêh!-!) mâ-tqijl illà keîmsiu rnn-mhnd-nnàhnd, hltd-nhdâ-zzàr^ ; ukëïdoro J^p^nsyAn dâur-^lhâténi , si- ao knqlëm-mënn-àhna mi keiqlém-mènn-dhna, h^ttd-kçi- lêlm-bêh kfnzelmjh; kétforho. kqtqi'dlum ^lli-hâudâtum : ff md-qullqlknmsi? uhd-r^bbi-zMl/nnd Ijâs-n'^mmlo-mô- léisa, ljâs-^mmul(.so-ss<jif-kdmla. n keiqulûla : rr y,ollàli-
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Vjo ^v-il l^K-sr?!-^ Wj^Jii^^ <*^3C3^ U-*Jol jiulAï V^-*^-» y^ù^JUS ç-îuy-Jl CAià^V^ •i^t?'-^ çr^ <<»1^ j^^ e**^ y>à.-?i^
j^mV^ Udla* l^iïsj I^s+jI^ '<(r?^^^ i»^^3^ J^a»- V'*^'^ |3J»5^l?
ciJdA U jt^3 VI o^j*^ l3l V UxAÀo ^1 -i^uxAil i? :3 uo
•<j^1 ^3 jJuC y^i^Jù dS}\j \>\^Sa \y\ ]ax^^^]5 W^ j^
V^^HS-<» ^r:?5 U>Ji d^ (-^^3 '^^^3tÀ5tM>3 fV^'r>^3 '«^^^E^*^ ^3^
30 VjQDtj3V:ïV:$ ^H^ isyi-]^ 1«u? cxAtiJ C33 '<Wï^^^ j^ cosLi
f'' Contamina lion des deux formules aMU iL^xJI et aM'o liL}.c.
DE TANGER. 63
elld-lmhâîida-dmlpk-m":Jdna! um"§sfiaqg-na naitêuâk tUnies ntîna-Uûûlîia, iêr-nmllqnha!n keihdôu, fsdh-ma- tfsàh, zbêd-mâ-dzhéd; hdi'^dma keikûm-m"Hdud-I/zzâf- kéitffjdh. IfHd-zuhÂén sî-dHûlidât-sydr, hotum, km- sàfzho-fêhum ; knqfdûlum : et Iffâft-hddol ^h-idd^m-b^l- 5 Idh! doyid-f^skohlf) kêïyAzbùhùm-^lbndt; k&qùlûUm : ^"s-shâb^lkum; "Ihmtia kàtéylSbp-^ssJm ! v këïqiUo r^ial- luhoîf) kêïmsiu h^tta-nudlf-ssêzra kéibyu-imllqo-féha. kadd(/r-"lbênt fàhra katqidla : ^i'^uîsaî êua hqt-ssézra- msijusa urdsia; tttiîsq-llûûliia dzi mkdfora flà-uzhqk. r lo katmzba tdcatqûlla: rr la iq-l/ibiba! '^llah-en^dgini! fâtk fàmrqûbëk! n katqtilla : rr Id-ia-lhbiba! lli-byëhdlék ! dna- yàr-quUlék-ûkdn ; md-fèlléltsi iHîk.n kqtqi'dla : rréiiâ hâkdâk? iallà^ nfjsô i'^lâ-udh"-ssêzra, tkfm-shéha, uhâ- dra, umnàmnm, ukij-ihébb-q()lb^na "MÎrtd.r) haidâk i^^ keùdmlo. kéimstu-dûga-dûga h^Ua-uqâi-'^d^nàn; k^sêbo- l'ârd yÀtta, us^zra nqbta j^lmst, kîf-ènuâii mm-hàtroni. këîqAlo hén-keisébo-dâk-^^s'zm : r^êua àlluî-fuhia i'^lâ- q(')dd-q(db^na ! lûkdn tlnbna m-! (a h mûdd-déluiz, kdn-iai- têh'-'nna.n kêîdoro-bbdHim. v dâbn-eim! "Iqonnba hâln! ao mneira mrdûda, um6(éim-kdlhs.s; êikù -hallôqha? n kalqûlla : ranlinaln kalqûUa : rr ld-w~l/ibiha! !()m^"rç mâ-lld)l-fss'zia tudd-lsèbbâU félia : ka^ljijf-énléh! n
64 TEXTES ARABES
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DE TANGER. 65
kafmzbâ-ljrd katqûUa : t^ntî-hathàf^-ttêh, mna-ka^hâf- "nté/i; màrfna-mhéd , im/ife-ljâh! skn-imllqâ? n kat- qi'dla : rrmiiet-^fjhâk! Mu kân-mqom-mmia qqddam- "ssmri.T) kalqiiUa : r;miietlo d-ljtili! mffâkin kdthda- tmi-tlo mèn-qiu-àlyôfsa : ^a hailn mâ-kàdïi-lkêm- 5 md zûzd-ûtlâlà-lhailât, l/ttd-kêïkyn-itdqof mnd^-râmm : fts-éhyêto? ii^ddâHo-ddunia-Iflyuâtat! iirrzidât katsmdi- mûr-ezzroh; hqt-sî mih-flikum q-lhnâtï n kêtqfdûlo : rr Ijlâsnam -^iisddi à-sîdi! — fi'' hlaskum! uoUàh wmmor- kum lâ-détrt^h ! mâ-fèhqau yçr-kculdôfro-mhl -n tcmma- lo kéiqtio-l/iêss. mnêi-kéUûfum hnidâq-qhdrhum, kp{}''(iz:o flêh. keiqijllum : r^âna yê-kdntmèll<î'y-m"mkum ! anâ- mt-muti 'rrëkkéhkum iHâ-tdhre, undàliljdlkum-llmm- mânia, umhhur'lkum f^llzamat. n dik-luAhl kèiforho ukdhdçu-keîtâ/iko; kfi'qnlûlo : rxddha kqthdiiëmiml lu ^Uah-emzzîna fîk!n hùma-mCm-hcdfrvdd, yor-kn- (dhko-midh, z(uma, mnài kdtlmfdljliim- [bdiva; flâs- Ibnât dkàrlum-zzyâz ûqtlum. kêihd(i-ifq.sélmm, mnçi- kç'sûfum rtuh-hâtràm-i^lêh. C^mdi-dik-lmhtj kull-léir- ilyê-hèlydh. kêiqijllum : r^êyu flàH-mi^Uiïli? r> kalqijllo- so dâha-ljtô : ^êua-ljâi! hnd hyêna Imlloqnna môtma, iHà-qëhul lind-mâ-qddrnàsi nmllqôka. sdm, mnn-u(i hdit-fqdi'd-i'^lmq-lmqal, lûlind mà-hàz/''nâHi fhâd-lhd- (jra kqmla.n kçïq(dlum : r^ém {ryêln yêr-nmllnq^ikiim-
TFATKS AnAIlKS, 5
66 TEXTES ARABES
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^AJl c*C^^l ^x iii, ')]5^ ddsbj v> ^Vs<ak31 c^AMij^^ ^1^A)1 »1 *M> X *>! ^t-^ •ii>.^\yaù\ j>g^y,i l^iu^li^ <Aa1^1 j^^ùoV^^ dukl
5 U^si*^ "^^^ ^iH>:?V^ J^ £ U Ov^^amOI £l>ki ^V? gs^:» <*^
cribla (J^ Ç^-^V^ <^? '^iT? J^^'^ji^^ ^ (J^^ <****? J>=il^
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DE TANGER. 67
môtéisa? êua iâ-ràhàhîn kéinffjàm-mn--eddûm dak- Hlml, ukèïsêihp-$fhhât-rnr-rezh, ukëmdd-dgellâh "ÎJi- Hêh, ukmmmâr-kmâmo ukfhda-fitê-làhzata qoddâm- "nnsà ^sûfûnï-'âna ma-qôdd''ni-hâddî ri nh<Pa msîkëii, fhdl-l(fmha,tënfàh-flêh êtêh; h^Ihàqq qoddâm-^midlat, 5 mâ-tëmmasi; kéihda-dâha-hèfna t/da?, kéitsèbbnt l/ttd-fei- kntf'rrqo dmdrân. knhda dâhq-ilizér-Jfmno, "s-mn-am- dér ieqhot-"érhot-féh; këïtjdi-fuâhéd hàs-mqsi-rhot-fêh. mâ-tqûl îlld-dâk-dmdçr-râst. "hdil-rnskîn mâ-hdm- m^si, mâ-toUdh-lfsâh. hAida uhêia kdthda kcUyoïiût- lo iHêh, hâdîk-^Ui mm-hto : ^êh-â-sidil fn-imsi-torhçt? kdthye-pdijMh-sî-udhda-fina? n mnéi-kqtsmdi-àhtô , kdt- qlèf-fêha, kafqûlla : ^md-ishâhlëksi }dndèk-^lmJ)d! u^did-dik-si , shdl srâlek-bàJ^àk-ménnô? v kê^ni)do Uédd- f^lqâdga umâ-tsmdi mèn-îdndum iêr : ^d-iHhdd-àllahl i5 fûkko-rroh ^IJi-hârrom-^Uâh! v êyd "hâil mà-lqi)l ïlld- kmhëddôl-dik-dmdér ukêîsûf uah^-dgdid ukéirhçt-fêh. mnëin- kèifhto mhh-mà - itmëkhm , kelhoud-^llnif rôq- damdràn, ukâ'nàqqôz tënqézâ-u^hdd nl\ird. ^Ibnàt yâr kmûfn - môtéim - tmllqot ^ md - kçikéddho-f^iditâ, h ^tld - a o k(ndoro-héha; kpihdôu-imiîfo-féha "uemrhno-fêha; uhdid mâ-kdno UM-f^lqndga, yqûlli nqûlWc., ulqmé-ûlqMa, mnn-Mfo-môlma um}i<'m-lildf tqûl u'minr-dik-si-mâr- kdn. hdhum nàf-dik-Hi qâllnm : fràh-iq-nnsd! iq-l/mi!
5.
68 TEXTES ARABES
V^$>-ajv ^cO^jJl ^joxaùL U ^V 0^^ Uulc I^aJlsL' j:)^\? '<(r^S^'=^ l^K-Sr^V^ (^jVàjOI t>V)^^ Vs^ W? ^j|;3^^ jo^ioliT joîa.
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DE TANGER. 6&
allâh-'-mâkim-my-ràhmàto ! n uktir mnêi-k&sûja héJia- hêha miYlld uqâtla : cr sir-doyid nfôq-râs-lyorsâ "llmâ- mûni; zîJfna uàhd-lmhûdda^ hâs-y/tt^o-hêha-môtéisa, ijiiâhd-zzrêhïia-syêra, hàs-igelso-flêha, "Ui-hàqe ma- Ihqâtum-nnûha.n hdidnk-kdn; tQh''qt-kddzri; Hdh-lâ- 5 hsqêhaî mà-^qûUek Ula-kâttldf li^Hd-llmCimûni ; kauUro fêha dâk - ^ssârfat làiqârèh , ukéihdou - iy{mto - fUha 1/hûn-udhed : ^m-ikûHek id-ijmllekï "s-kHlrf-^Jjâh iHina hndiaî "rrzûlôt unn§ual-li-mmnsren hjmlin- késémw ! untnma katgmdoînkddgi dâk-hdila in^kîna, 10 kdfhsêm hdttd - kaddû h; umà - katsêf-féin-tdwi èl-'ûzh a- tidgîrân-kéisèmm ! hdida uimmaha katkùn-fJJftana kn- tdimél-^Hsyûl. kqtsmdi-dik-sî; keihârqa qôlha ktîr^ mnétTi-katsûb-bèntd, y,ûzha-hmdr mzçnnèg. dâk-hiàht katqûlla : rxh-nd-n"h0zeklr) ukatsômmâr iHà-lizit iikat- i5 qidla : rrmâ-kdimi gômla-fhdlèk, ia-lgôuâla dhdlhàqq! d-sslâla d^lgôyâlin! a-ssldla t^séifâlîien! ia-sfêha! â-qli- let-"lhf{d! ia-tcinka! iq-lhdnza! ia-lmtouta! ia-lmhâhà- dln-d,qrdnek ! ia-ldhhdst-ttodzënî katshdi-fsiddek uldd- "frzâl "Inudssrën-d^ldil , '^lli-kf'ïsijinmo-dd^Jlrin-didlum ao kéisèhwlr) ukatqûUâ-hrd : rrskiko uh'^zdr-^ludd! mn- l/^H^k uhoss-l/nsôk usëhid-ddmdmël fnnssok! m-smrfn ! iq-bdiha! ia-ll/ziiâla! in-hû-sndun! iâ-hu-smUlor! iâ- Iqâûudda! iq-lljdiia-tmnàrî iâ-fd()u(-oll<th ! m-lhi'iiîha-
70 TEXTES ARABES
J^jL3 dJ\jj^ \^^\^ J^-^^ ^ Ô^J^^ ^ jy^ ■'^^ ^^ UxJtjo Ci; M» V?^ V>3 03U3 •<^*>.^1^ -i^lxiD (JÛU jiîl ^3^
^3Vc j^:3 Vy o>^3t?U3 •a.uj^l^ Ci-lî^ ê^'^3 -i^iW VI}» j^Jlj \j (J cù]» î*jC3^ jl? a3 ci)U <*û\>^ «y,l duic <>5^
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DE TANGER. 71
d^âhgnnem! {â-sslâla-llqàrsâlin ! n mâ-keibqâsi-beinâ- tum; ukeihdôu mm-bdUëtmn yêr ^iHêni naitêkn. kéidoh- lo-rrzâl-dtâlum : ri; as httd-lqàlaba? tqâllèk "Imorstam- blâ-têqân! -n kâtëbda mrâto tqun-nyâhed : rxâs-qâlet- "Ilmila-ssyêra, uqâlet! umnêi-k^dàrt-^miâha^ fitf/d- 5 dâk-èddqôm-^lhânez, mâ-byât-tsûddo! fhâl-dgârua- lm"s!(jra! umm-làhhqr qâltli-lqàrsâla! n ukéibye-rrâzel- diâla-itêr fdâk-^ssâm; ukéihruz ^^llbâb-delyorsd iikéf'oqôf. âràk nâhôr; mund bêrket-i'^lêh-^lmrâ-diâlo , qàltlo béin ^ flâna qâlfli iâ-ikûllekï ia-ijmllekî ucerret-fûmma- lo ftialf) fâud-yrâzël-diâla kéibyë-têr-"uinzêl; kéîltâh- [bâb ûHhriiz; ukêîzbàr héi^na-iâhor f^lbâb, mâ-kê'sûjsi hàltd-Jêh. keimetlo-âhôr, ^lli-kân-f^lbâb-uàqof; kei- qiïllo : vrs-idndekfn keiqâllo : r^miâ-nnsâ-diâlekl ikûn- mndum uàlâ-î-âkléhln kéîq(dlo : (x ià-latêf! àlW'-en^^ê- 15 hum! ntîna âs-qâlët- Imrd-didlèk uqâtt h^Hd-znhdén qaiét-llmrâ "Iqàrsâlav qàllo hâua ^ iâ-làtêf hêia-qâlld? n qàllo rxidhv ûthlo-^zûz-lîlum , iimâ-horzo hta-t-sâlhô- liam; ubâso-rreds-d^bâflèlum, utqûl iômrnr-dik-sî-mâ- kân. 9 0
Mm drànna - dâba - Ihdila ; fjdk - ^Imhadda - uzzdrhi^a uhôu^det-hjdzri ukadzdrzâr-fêhum h"Hâ-d-y,ôssl(}t qod- dâm-motéisa; qàlûla : rr H-mndek-lmttâlti? tqûllek msiti- dzîb-"lmi)^ ^p^^m^llnh! V kaiqûlla : vhiêd ^Ibld iHîia!
72 TEXTES ARADES
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DE TANGER. 73
ûkâ-Hlci mâ-gâz-iHâ-msêbhpti! f) katqâlla : rxiHâs- à-uUi?n hatqidla : fxêual ssàrfàt hadzêhum-lyèta-m- ^ssyârâtfn katqûlla : ^fbbî-^mzzînaféhum! à-uîli! "îmrd sârfa usâiha uhnâka mkèmmsm fhâl-lhnâk-d'Trâhozl uhéia mdrkatimdi trzddi n^sôy'-uddidânl rôbbi-mà-i- 5 mi' mm uld-imënnêhum! àllâh ùazzîna-fêhum! ktj^n-^o- ma mhàu^hen! T)
kê'hdou-dâba, mhdd-kattàiHs^ uidhra-kaddfdi-béha-rnô- léim. keihdôulek-ddba-ml-lynâ. um^l-ly-nd-lli-keiyonnïuah hoûa 10
mllçqtd mùteim fq^iy,idât "nnisd "ntqiiés unyonni anà û-iày,i8â
môteisd mllîtd 1 5
umnëîn-zd mâhbûhi tbafto-ij-Ijàllitd
ubdid-lynd knbdôulèk ml-b"r(jhi umënnj
in-lydqfa iâl-mstdh
iq-lmderrgqni l/ssldiar ao
iQJl-oliinf h dk-'^dzrdh
mndrûb-b^riih "Ipndtàr
74 TEXTES ARABES
DE TANGER. 75
bèlfnmm tqulli hlilî ma-rêtmûrâk munfêm h^Hsenn tëdhék lïlî ûqçlbék fêh-àlhdêm
sëh iâ-lalld uând-nseh 5
-umdmmro bûrzè hâli klàm-énnsà rêhjtrêh klâm-êrrzàl i'^zîz uyâli
ia-lmâlkâni hnodrok
iq-zzâida fê-)^adâhi lo
Imënnît fdrf-nsedrék
urêqok Jujua-srahi
tmennît rasé hàmmdm
mëhnê-i la-m h'h-nàro
mén-foq mâ-hân duhluin i5
rnii-tâht tàbo-hzârç
hàddêk nmuir turki
urêJuék idd-ëlqmâri
mnêin nêtj^ ^kkrôk nêbki
mnéin nsûfèk {"siân-nârç ao
76 TEXTES ARABES
V-J^ j^-i-c- V-3 ^j-^j5jV^3 jHHolKà. c>jUi)^l3 l«wAc Ipi^:)!^
,jOkAk VI )^^ UÀol5a y\tfS< 'i$>2blaa gS^OXl^ i$>2>.la ja£1 ^yuM^A
f
DE TANGER. 77
ûl/^fk-lmda, mnéi-kmqâdm rnl-h^rôhi âu-lyûnta, héi- tolqo dznyrttâ u^hdà. ukéihdou, yêr hddi katyônni utali- rd-kafrôdd-iHêha; uzzyâft-hâddâmïn; ubârkillék flâ- dik-môtéisa, yêr udhdd-tâhhnt ûu^hda-ttldi. ukêîhqâu- hakdâk IjT^td-katyêb-^sséms bb-dhra 5
78 TEXTES ARABES
(^jj^ \j)\a \AA&J jaii>ll?\) "(tJ^i O^]^ ]jo '<^UuO '<^&:L) Vt^3^ 1^^
5 cJi cao^ adyJl^ ^.^xcs^l jJc -«uJ^Câ^ ■^.A:01 Ujoû.^
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DE TANGER. 79
m. ttrômba.
âna uulâd-lhàuma hpfttd-hînd kânt-bàqâ-l^hâsor ifi- tnêin uâna-Mf-srit-\uiJf-Urômha inn-ssëiâyen zdida hâ- qâ-mzâuoq. târrozca ^tttrêzq-lhjuliia iH-Uersëf ussûha- 5 trêdmet. aûlt-^miâ-nfsi : ^hâdt-i^suka dëlhdtd, oheuî-
IC t2'»0 J 'O ' ' 7..,,.
inrdûma; haida yên-nëmsi mnd-ûlâd-Hhduma , imîho- iHî^a-kâmlin. uoUâ''-ma-rrdâha! n qhôtt-'^ttrêq, uzttt idHa^-ialldh , dûga-dûga, htâ-usçJt îilhab-llhânut d'^f- lilo, ôuqôft. nsêh-mndo zû-dt^sfôf-tUuok. hdida h(Pa- lo qâlli hén-sâf-Urômba fiddi : ^ h^^sôk-si-sûka? v qûttlo riêh. V zâ-ho hturli-mka-d'lhénd; qùltlo : vshdl?r> qâlli : frhëliûn.n ilt-dna-qùltlo : txsqêhâli bas ma-tt^démsi. n qâlli : ^zîd fdsr-uzéh idâ-katf)'yêha-insqêia.n ma- mfdmi îlla-zîtto-idsr-ûzéh , hds-shhàr-Hromhd, urëkkêh- i5 ha-fèzz()Hâr, ûqâllada-ssûka-lqdîma , uhâlla yër-ttoq- ^a-Htrômba hduia. sèbbâr-^ssûka-d'lhénd Hli-mqânnta, usêihha-bbit-^nnâr, uhnpdllëm kéïsot- Iflktr-mèllâura, ljUd-rii^gt-hâmra-kdtuy,luçL qbçthci bèllâqqât, uséibha Jiqâbb-d'lmâ. bdidma-kdni't-béila kntmjq fha-nnôqra, ao mnéi-fHqât, "ulldt-k^hldf h^^ta-dihdnni-fêhd-lfi{}b. rfcd- ha^ ^bbâr mk^-lluêqa-C^mf tryêra, ul^yd'-i''m(jlhdla féïk-Uoqha , hds~ierkéz-^'ssûka. qiilllç-ând : r^l/'ldiqollti
80 TEXTES ARABES
J-g«j Ijil Jl^ ^Ic o?>^^i» <^^^^ ^^^ J333 '^^^"^^ J4^ ^" U ». A r^V5a \^*^ ^j.Qjjjii]^ •ciJ(U.Aà.a vguujl^ Jî^-*^ &\r^^ ''^'^.J^
CA-LftJl V*l3 \1 rA >g11^ <-?yr^^ ^"^b J^ W^s^a. V)i^-»" C3I3 <^ <j»ia*^3 <iu« (>).«=^3 <*Ji:s^Ai^^ ûi'^ Ç3^^ t>C^ <*^.*
i5 jJic -abL^ jjyuékxj^ «**iÀ<ûl ^ Uxj>^1j3 çoV^ Uw ^^^" Vii^'^
^ Ul ç«H^ y> \jJùuàj\^ Ij^ijyt) ^^ JO3C31 j^ ^^3b l^^s-^J^V:^ jb^»31 j-^^l^ J3^3*^^ L^-^=^3 ^^y ^yi j^
g-ol.:?.l j>-d Và-Xjo iia-l^ f]a. '^A^Ua <*A^^ (^^=^. C^"^ vj3^
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■ DE TANGER. 81
B sèbbàrt ualf-zzû-d'rnsàd-ctzdâd iimtëtnmlo , hns-emm- H lum f^ttôqha-'^ttrômba' qhëlmd-irhes-sûha; fizûuol dâk- W ttârf-f^sof, iHâ-qëhâl idd-i^imél dik-Htàrf-f^mf, flmiz- durgéïla, utqêla; umnêi-nannêlla-rrîsa ^ kathrûz-frujn, kdtsmer^ uhfifa kdlsëmma fnâun; ukeizfho-lmilàl-didla 5 fiUbéb mnéw-kë'ljoûfnni-vhsâr, kaîjq(illum : r^^lle-îdn- do-fnnn, ma-ihâf-ni nnôî -n uq^bôtta iâ-ulkli, udràhla-
' J a • ' •• ' J O ' .7fe.i T 7...».
mm-ltêrsef, h^Ha-tgQri%t-nmr. qijll : (rahhdi-^ij-hêia! hàde-hêia-ttrômba ulld-tëntrêk! h^asd yêr-uah-ttàrf- "IJqéitân; ijma-lqônnèh b^dgri-kritsçlldljln H^bbây' -tli-éq lo umsit mnd-"lbnqqâl hyinfna ftêlo-hâms-ûïdh; iHane- tarf-delqéitân hmàr d'igûrziân féh-felt-^drû'}. zdne- tnêl; qboUô tiqâ.mirt-rnyvô, ndâljljdlt-fëh mlf-Uohà- ^tturr, b^hrd, mnêi-nuirroz, ka/Jj.sarli-lqntân M-lhdbai diêddi, md-ipjllm. umsil-ifddâr-didnna ydna-taer i5 ifijdrha; nqbêlrna-nnids ^ IjMdiUi-f/nidrJo : u'indëk némsi-bëhd - ndgûmdt ^'uiddihd H- Ifqé , ûmléne - trêha f^ldz-zïbta-miâia.
ullâyodda-f^llouU , kif-hduserna, nntJaqna m'*-dg(hnatj dna-gâtz flà-mrdh-^lmffddmy uméb-"h"iid"ûl idmlîl- ao i^dudr, knl(fibo-Urdmbe. J^dddur- llnuli^ ma-tsmdi yêr I rr.sshijn-m^-sslujnf) ztU-ifddâur-Udni, mçlj-unhëd, nzzÀjl-uWmba-diàln uqâl: ^skûl-li-drâb, fb^frlUo-s/ifia. ri
TK\TCS AinilKS.
82 TEXTES ARABES
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VaOliiii j^iaiv«JÛ^3 j^ v33^>^^ VjJ»3 «^^^ao) U>3\jS» c*^^3 £V^^
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20 j-sj; v>^ t>-J?-*3 c^^*^ c?syl3 LA»i5 U3 C^>^ U *^^1 ^
DE TANGER. 83
:d-mhéd mmna-f^dgnmai , udràh; htâ; ifzzél-dialo. hdôu-âhrên kçidârho-iHêha, dârha sâft'a, uâhed-huâ- hed; liàmUn-htàii; "llàJM-nzzél-diâlo. hdim-kpU/fiho ûlâkfimi hlâ-gam. zît-ând Urômba-diâli mâ-kântsi- niiâia. rf/tta-hèlkdiha hià-nddâr, serrait -"Ibâh , u- 5 dth(dt-hêdgrimnakallhet. dârna thnlfn. qalûli : r^ s-mn- deh? n q(dtlum : ce udlo; zît-mur-ttrômba, fdtn'ia-ttrôm- ba?n qâlûli : <xntê-i''mèltêhq-lbarâh, qbèlmd-tënms^ flmârto. -n msît-kdnft^; kdnzbâr yêr mh-kohhdtlt- ^ssmâim mn-idm-nùml, ummha mlf-tu\rf-d^lqonncb, lo mnâi-kûnt ma-âfruf, Id-nhéb, ûld-ntârroz/uld-llqçf. Mît- kanymn. nddo-knflso - midja -J^dddr. îât-fëzhar iiûldrhdlti kdn-kçibeb-béka; umnain-qddâ , lom-iHéhq- lqpÂtànyUmmla-f^lmuir-d:'lkômûda.mnêw^ sôy t/ûCl-bêha tëmmà Jui-ssyêra uà^itâthAli; mdudètli : i5 ffskii-i^mélha-lêrmna? v rf^d-dak-kohhâilet-^asmdim ulqQnnèh-dt4la "rmito, udik-^lmzâuçq hê'a-^ulqntan- diâla, rf'Ud ui'^mêlta fmik^-sskâra-mrrâksl'a, bas mnâi- mmsi- Ihéf^ , tda - zf^àrt-'^h^ml, y M - li-ktdr-rnnni hibibo, uyêr-'^lli-kpimmlo dnqqâ-btsqâ, nêhem-mulhum ao yêr bdik-kdhhdilt-^widim; iiîla-zbàrt yrr-^lU-syâr- ménnt, nëbdd-nëhém-rïfiâhum I/lmzduoq; umnét^- iihtd, n7fzz(jl-kohlulil('t-"H.wiâ{m; tirj^tldlêk-bèdgri; Vr- 8â)m(/,U '(d-flydd, mà-tyoddil^ii unià-kdn[-kannqnf,
0.
84 TEXTES ARABES
OJL»^ ^liûVj l^-A-Jtb ^]a Aa^Kf.yr\')^ ^f'^^^ V^ C^^^^j^^^
0_>^a ^^^ aj|uo^A)l jdC A^iLl CiJp V»»^^ ^^^ <^'!-*f^ j^.}^j)iJl y^\^ ^U^ Uv^^^l ^iT^ (^>^^ J"^'^ '^ <^ Waam) VaxX? -ia ^y j**^i^ J3^i^^ b3^ C::? VV"^ b^3 ^^^ V^^^^
2 0 j^ u^jlUUS U> JU3 WWj <*^ WjÀùJJ Vv^^ ^^^3 <*^lJii
C Coran, cxiv, 6.
I
DE TANGER. 85
Ir'lâ-iiqôft frm-ddàur, ntljdltttlëk mmkum; unsêhiim mâsi-Uiho-JflgAm. uqûlt Imfd-^Urômha-lU-mnzzld : r^dddhhânna h^Uâhrêrfn mà-bydèi. hqêt kanthdiiel-iHéh , uhdndûh-iHêh^ ukdnaimêllof^ttaPpmt, IrHa-tdi'ëhto. qâlli: vdhûHr) louît-^lhêtt ml-ttràmba-diâli , uhdît-kandrâm- 5 mmhum. ddarha-Uoulï'a, fmêltln uahd- imëbhàl-Jêhd, qodd-dnyôr ; uhqà mâsi-ttertàq hèlyâdda, deUi-idhrêl- li-ddirem-bîna herko kéimdtho-ftddum , uketnimlo-sâm- ha, "Uttâhko-fHêh, ml-ttrôviba bdqâ-mzduoq, nnèbbél- tâlo. ud/ied-àhâr dràb-bzût-fhrërdt; sëibhdlo hûd^ël- lo msr--qddm. dràb-iâhôr; qurrobha-Ugàm iiah''-mitm. drâb-âhôr; "ûssla-"fûmm-ëlgdm. zdtni-dna mën-dgën~ nati-'Unnds y f/idl-"§smên mm-lfsH, f/idl-li-dràb-"lkfjlh bp^sfênza. dràU-mk^-dilrêbaj^Vàrd , umà-Jryêtu-ndràb- i'^Uha : idndëk-nhdrr^za-rnn-têmm. ^qâf-ttrâmba-diàli, i5 nâna-houfân, kanUermd : mndëk-n^litâ. ubdàu iqi)lfdi : (f ardu - l^mzditJ(}q-dihâms-d^âq ! n dràbta bèttàhréra-llô"- lîia; ma-ddît-mënnd lâ-hàqq uàld-lmtâl. J/rkô-lli-ddi- rem-bîna, keiqâlo : ^nhukkô-lli-Jûkko! -n ukdllç(jfàlek ëllçqfa-Uânia , ndràhla^ utmiÀqla h"'td-z/iru(}Ua mh"- ao Hzàrveta fost-lgdm , sâfta. uqtdi-àlfùmm "IJi-ma-iqûl- »i : rx àllàh-ehênn-fUk a~lmrrim! ha:z Hik hmsrd- Ubzâuzlv dàba mûl-Urômba i''qzzt-flêh Urômba-didlo; ùljdf mndidc-llêssqôhaln. rfêdha nqâl : ^ma-kalhëb^,};!-
86 TEXTES ARABES
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I
DE TANGER. 87
mmkumir) qulnâlo : n^âr-mdssrôha hàqq-lU pàddëhna- dêha, ômsonnâhâ. htà-llgâm.ri qânna-h°ud : v^lâltt iidârna-bêh, uhdîna-flêh : r^ â-i^qzzaz-Htrômba! hâi- Hmmâh usrd-lhumhâ! r> uhoura-ihhi ummèl-Hddô fHïz- ho; ukéiHëlha-hy/thd-àlêt j^hainîna-diàlo ; uhrék-iqâs- 5 sro; uhdà-isU-^ddémm. sêmiçna-ihâl-ahrên. sêmho f^lbêh, uzâu-isûfo skàn-yoss. qâliinna : r^ s-mud^kum? v zâ-uahâd-mnâdf-fîna, iiqâllum : ^d rn^kinl âjët '^IJi-Jmno tqàiiah; fUha-kéihki. -n zâ-uah"-sslêh qâl : rt la! mà-hêhsi-âlêt ! ûlnkin yossas! Ijàllàna h^Hd-msonna- lo Urçmba-Ugqm , qànna md-kalbéhpsi-midkum. "n qâlûlo- hijma : fxhsûriia-flîkl tHêhmn ùdssrôha, "ûild-mâ- hyêtisi-tëbéb , Hqh-là-ilda'^hëk! -n zd-hm-hsêm-innnûrn. nzzëlhânna fiost-^lgâm. fdik-^^sm'^, Iqolnqha m-"(}st- "Igâm, utërna-héha fi\dlêit-ssmd. uthùne-Mhi hëd- i5 gri, "lli-mÛHë-umàr, "ulU-yddi-tfdrroz. msônna-nani- râh,fuahd-lgâra-k})îra, "'fàrrsa yër-h"tlrdh, mâjelum- tlêr.sef. dôqqêla hp^mka-diàla fél'urd, h^tla-lydrvH^t- ^ssûka-didla h^Ha-nshu-ùmm. ^hhàyt-Hlrâh ^ hdllçUâ If^lbzaq, uhdif kamdkkor-fêha , uhdit kandhélla ukan- 20 hânnUa, hqs-ff^zêg ulèrtdhj hgs-lién-nmssdr, ttd^sëra- Unuliia, fdhûl-Jêhq smka~Ur(}mba-di<}l{. mietna hp^s- mëlld^^ uhdîL Uaisêra-llôuUia utldnia ulldlta. tëiurllo- iniind-tsqâ , qoddr^hdi-'^lkhîr-diqU. mâ-zîûi-nkêm-
88 TEXTES ARABES
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1
DE TANGER. 89
mel-bSra-Mârhad-diàli , h^tta-tombâqtâlo kâmla. zâ- sdhbi-ttani nêbbèlhalo-kâmla. zâ-ttalët g^zdërlà-ss('fi"d; zâ-irâbài mà-zbâr fâin-edrâb. nnjl-^ftrâmba Irrcd-Jéh- àddémm; ubqâ keU/^llôt-ma-eqsdi. bërk6-lmmld,fîia hnhdrrso-fêh. uâhëd-keiqidlo : ^"JJâh-ùdddom-èrdzâr- 5 fêhaïri udhed kpiqùUo : ^fbbi-ehli-Jàloïr) kâizi-dàha Hi-rnn-zéhto keiqùllum : vhâd-ludfd k'itbo-llâh! lâ- liduJa mld-qçmla ïlld-belldh! '^Uâh-ezidl 'dhharna hsen-mën-nuunnaï ri zdumjli, kéibyë-fèUel-i'^ltia. kan- qullo-âna : r^fômmQr-dîk-nnhiîrmq-tsûJo. mâ-kptmfm- »o héima, yêi'-izhêd-bèliûn , mmsi-sri-trombd-ljra! n
90 TEXTES ARABES
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DE TANGER.
91
IV. "Ihkâia-Htôlha.
nhâr-lârh"(u, kéittgfqo-ttôlha mûr-ddh&r : Iién-it/idrro , hdzémio f^ljâsàr-^lhjuli; utkûl- ImUqia flntà - d^tnpân. hfîtj^rrqô. mûl-"lhjra kémm-nddrum këîzib-^lhjra; ukéin- fàh. nttôlha-hrên, héinf^ho-li'tUj-hum. îimnêî"-këïsûfo-l- msâr-^ljQÛle-tld! , kéitobo - llôtà - d^rnrsân hâs- itlâqâu . kéifhro-miil-lhjra-zhqum, kéi'fnnâhum. keiqulûh : r^ â-s^-ttàloh uatdrni-fik-mrrtm! shoqtîna! dnindra- mJâhti?T> këîqûllum: rr uêî-le-dik ! ^nfdht udhd-mèjhd- iniai-kwh-nnhds ! I/tta-lhêllzn-mni, uhdàt-kàddhàrli skend^riia-mnia, utr(jfha-zdi''fran.ri kê*qf}lulo : rràllâli- êhénn-iHîkt â-s-uâlohî ^iT^q-llmle-tldi; mq-tmen- nîna fêr-si-yâlqât-fkso-hlûzdh.v keiqijl-àhçr : r^dna- hqUit-huUïda kâtjtel. •» kç^qijl-âhor : cr hnllïta-kglhdljljâr v kèizi-iâhor-kéiqid : ^ ludlila-kqtsâqqe. n kç'hdau irljkn- i"léh-kamlîn kdh kâh k^li k^/j! rr hâdi-kedha-zêrqâ-mb'rrqn! hdqà-ssêms kqtfftdh- ùlâda , "uimmdh - kqtsnqqe - dàha ! hàdi-yêr-lhàdra qàltlijk-lujdt-si! n kfiqtillo-jdlior : rr hû- di-néda k4r\^t-gàiza-i''l-lmëlldh, ulqètêhaî a-SH-^Halnh! (djâh- ëkûl- hjna - mlâk ! v kéïze-h-iid iâlisém f-ostiim ; mmd-nnjjid-êhûdiia [^JJâh-hnml-^lhsis] uhtPa hdâk- ^IJtsmiia, ûka-mh-ràrd ukd-djjàl-fêha! knkêmmi'Uô mliçd^lqâfia; kê'qûlh : ^àllidi-ç}dddQm-''rdzâr! d-'s-"l-
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DE TANGER. 93
talol) , Jd(lh-tt%in-àhzAh-Hi-hdrfrliï hâd-elkëdhd, kçîlfHsok thdrfz-iHêha hàmsin-fsslâki, hâ^-^lÇf^da.n kriqiHlo-âhôr : ^hât-sî-qlîl-j^hâqqok! umâ-gzêîtèk, hjnt-hêia qàdthe-Huàhed; uqlil-fUk-mdlri kéiqiil- Imëlfôq : r^i^lâsfri k&qûllo-âhor : ^ iHâ-qêbâl-^lkedha , 5 ^X'^r-^(?^^^/i"V^-^-?iK'??/(^/-"'^«i'-7^'^^^^«'?*^> ûzUi-kadz(}rr- fêhaln liHd-mëzmài-àttôlha kêîb"rkn-îqijilo h^hidhed : r(H0h-ehzîk id-ihlîs!n hnûa keishdblo kê'ndilo-ssétân ; uhûmd-keidtfjwlo
kéîzi-lkbîr-fehum. keiqûllum : fxhqlllmh-dàbaî êiiuo"- lo lld^'ibo ! h"Hd -nkuno -f^dgâmm , ikûn - ^irsi)q -Hlâne-tjd} , iidik-^ssdm md-"nmddlûlo-ssyûl , i'^lâ-hqd-lkédbd-lU- kdêb-flîna. r> ukéirfèd-^lkora, keiqûllum : « bp^.fmeUdho ! Ii"nasi-ïnn^kum? t) kêihduo izô'Ho-dg^âleh ussbdbot ukéi- horbj-llgâra. kéidor-uâhed-fudhëdkçiqâllo: 'x&t^ard -hna iTi h^lmmkël-kàll/i''ibo ! ^ll/ih-ë^^bbâr "lU-ltrèh ùlo- hnâfro ! Ijdrrzo ila-mllmûkûmsi! n dîk-^sâm kêzid-Umst, ukéiU- mël l/lhjra fdllêit-^ssmd bëdgnmb-^lb^rrâni d^fzlô; ûha- dik-h-id ddch'ba-ttàlbî'a. "uîda-dràbha l/lfiz(jh-d-)-"zl(), âu-h^dgûmb - "ddoh lâni , hadi- hêia - dd/irba - Iqxibbdni'a; 9 0 krilj drrzo-Uôlba hddnk-lli-kmdrà b b^ddarba- Iq nbbdnîia . lîçibdou idzdbqo-flêha. ^tli-sbôq-lUd, hHqoJlia, kèib- da - iliéb - bçha . kmidllëh a - mûr - tdhro , kéilqfa - Ifiddn . knzi-âbôy kffqûllo : r^fjckdr-â-s^-uàlobîr. knze-h"%d
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DE TANGER. 95
kpùdllehâlo. kéilqofhd. kéizi-dik-^lkhir-fëhûm kçiqilllo : ^yfdilf) keimllëha-fmndy hta-âzdâq-m'^idllia hêdgët- mrîn-qâmâ-malki'a këîyo^td-dêha youtà-ifhda. kéim- siu - keizerriu - Ma fimntdf fas- mûs-Htêh. kéizi-uâhed kê'nâqqâz-Hêha uâh-ttevqêza, bâs-màsi-lqâfha , l/lld- 5 dôhrolo ulâd-î-U. zâ-iàhôr h^tfô-hudh-hi'^kél. uzdho- flà-gûnnet-râso , ûhtfa-hôua, uqâllo : v zmd^-^dloiok! n uzâd-'^llmst, ubdd-kfibéb-bêha. ndîk-ttâlob "lli-kan- kdêh-iHêhumj zâto-lyêra. nâd-uâqof uzàd-iddhhâr- kârto. huma iallm-^lkih'a, uhpa-nâqqôz-iHéha; uzà- k) mhed dnrbo-Imâlf-nnûss, uzâbo-mti^i^ fhâ-lmàs^ bû- noqsd; h"'ta-nad keizôrr-fnûsso. kéizi-lkbîr-fëhûm kei- qûllo : r^tràl-fik? hdda hâqq-^lkêdha-lU-kdêbti! mâ- li allât ksi Hâ-tëmsi-ndminai.n kéizido-ttôlba kéila^fbo. utk- rtî ussàhhàqêiat unnsâs ulmhâff^ hàddâmin; mâ-tsrm'n i5 yër-rdêh utsartêh-d^lkiuîraf , h^Hd-y'rbët-iisémL uddk- -U('}lha-kâmlin-nzfô , o^frûqâtum-katssâkèf, uhûma-këï- lëhlOy mèsh/Uîn; ukeùlddum ^rnûq--Uàni~dennëfhd, dtk- 'mha kéirf do-fat ha; iiknlébso-i'Héhum-dglâlèh-diâ^^^^^^^ ; ukfiitîmu-mézmtjfe^-ndgmnaf. kçùifoddâu; koimWhj- ao Im/iyrob. k(nq(iUum-"lkhîr-fëhûm : rrêm-kqnffârqo! mijr-^lhqzbf '^Imldqia ndgâmai.ri dik-mUa, ^Ui-mën- nûm-mé-lblâd , kéinm-nddrUm bas kë'dèbbâr uïzib- ^[t''M-didlo-nl((}!ba. "utlâ-^d b~sî-lidia - mzorrfa , qrèn -
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DE TANGER. 97
f>ûkkdr-"ulld-tâi, ûllâ-hûhz, kèirfdâ-ue^qêha-fht-innnô , hqs-hddêhq-ndgâmai . umd-lâhrên, kâin-nien^hûm "lU- keimsîu Hsrîu-ssékka]\ zûz-"ullq-tlâta-llquâléh , uâtdi "llî-kfâhum, unnâmai. ukéizïho-ssîniia ulbêrrdd-ulkîsqn. uqbèlmd-keimsin-Hlgfihâ, kâno-ttâfqo-iH-^ttàzen dâs mase-qêudh, kâ-d^Uhdm-tdld-d^lhét, ulld-d^lbtâtâ. îda- kânn-mndum "IJlûs-b^zzâf, kéïqijlo : ^kéih^^fna ttâzîn- d^llhdm, ulld-delh^ôt , îkûm-mhddêm, mygddêr-h^zzjût, " u ikun-hdrr, bphrd-iëqhdfii nq-nnefha. uîlâ-kân-mn- dum "Iflûs-qlâl, kéiq(dlum-"lkhîr-feh(nn : crsVm yçr- '^Ibptâtâ-ukdn! nqqêûha-b"ttqWa , unk^Urolhd-j^zziûJ; ulm'^idry, nzëmujhum; ulniii^irôf-llî-knm-féh-àllhdm , nktibbuhd-J^ttâzen. kéiziu-iahrên kéîqûlûlo : ^^llé-qqèli, d-sl-mohàmmëd^ gâiza. -n iittaloh-^^syér, kàn-téi'bliim- ttâzen; mdmmàr-^zzir-Ylmâ, ulbërràdq-ssyêra bds- knsnrbn; u^qà-lkafàtêra-fnq--nnâr. iimnèi-qàrrbnt-Wisa , kéirf^d-^lqûjfa uh''okkdz, uHmsî-zmdi-Hmidrof. kéiinst- nddiijr "lli-mrUbin - mndum - Uôlba. dddr-^lji- hé^a I bddêjfa-dellêh, keidôqq-fëha }/hV}kkqz, tldtq-dduqqât ; udduêra-lli-7m-mndasi- Ibdb , ûlkfim - md()^ra - b^zzàrb , hilld-^èlhdndi, idmlil-lô yâlf-l/iâzra-mmtna, k\nra- kiUës, mn^diima-lîlo, msêmmhnha ^'Ihdzra-htdlobn bas mnei-kèizi-mûr-lmâ^irnf, kçidôqq-féha. uyér-^d^^ç kçîsmdi-àddàqqâ-Htâlob , uhtPa kéinod-fêh-"ssmr. k&-
TEXTES ABABES.
98 TEXTES ARABES
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DE TANGER. 99
ziu myâli^-ddâr, îdâ-kan-mndum y,ûldum-syêr, keizéîfto idrâh-dgrô iHâ-héidmen imidgdo-lmâ^frôf-nttâloh. u- mnéi-këîhdrrzûlo- Imâ^mjf kêïqûllum : cr Hlâ^-ihdl-^lbâ- râkan ukéizib - ndgâmai - àlqûffa, mmmmra h^lhûhz uigmz. 5
mnéi^ - kqttkellëm - là^da , keïdzâmw- ttôlha . keîtuoddàu "Uesàllëu-lfsâ. kéizi-lfqë-ddgâma! kéfMhum-hnf^ tdh. kéidohlo k^Mddd-dêhum ; keigelso. kéino—ttâlQh-^ssyh; kéizhëdf-ssfîra, keïnzzélha. këîd(h'o-bêha. nhadt-^nsfira
^ ' >■ o J ' >^o « ^••..1. , . I, o J
héia mtâi-Hi'^zêf iâl/^, fhal-ddôqq-fsfddâza, ûlâken lo héîa-mdoûra uylêta-uâh'^-ssûiiës; ulkûb'-diâla ikijn uâh-lqâma-f^ddâra; umnda-zu-d^lhrôs , kûll-xtèhdd- mèn-zêh, ^âs-katUdlloq-ninnûm; ukdin '^àlf-lydnzo , flqdi-^d^âmai, ^lU-katlmllçq-fêh; y,}dndum-yàhd-dlira- syêra, hâs f^Hshdh kéiftro-iHêha; uflydâ ulld-f^lfsd, iT) kéiàklo - ml - Ikhira ; umnéiii-keiqudeo- Jflmqkla , "Ihûl/z- "Ui-katsêtlum f^nsfira, kmhdlllnhd-tëmm ukë'luéu- ssfîra hkûU-sî^ ukeimllqoha j^lydnzo; bas îlà-iâ- Hi-uàhëd-Jfrrdni-l/^dgdi , ukéihtt-i'^l-'^Uôlha, kéitlçm- mënnum-ël'iâ'n, hâs-kmmsi-nHsfîra iêrfit-t/irf-d^lhûbz. ao udlf-sii'Jrd kàn-udhed-rnnnûm-k^rsdxf.i^ kç'msi-srçq-' "'llmbz-m-^ssfira. kmdiêu-feh : mà-keiddiû-rrinno yêr^ ^[hàfl, i''ld-lj<ll/ir-h"m-mJ^ll(J8, mâ-keinfdi-feh Id-dfdtli
100 TEXTES ARABES
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■** 11)
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I
DE TANGER. 101
ûlà-rêh. ttdfqo-zuz-âû-tlâtà-llkbihrên-d^ttôlbay qâl- uàhéd-nâhér : rr d-'s-^ttâloh ! hâd héi^nq "lli-hreznna- slâta-d-ssfîra, ihîna-ndiêu-fêh. mâ-mfâi-Jeh-k^Hâ- qeisân. udâha âra-73^qêulo-ddnqq-ttidhi; nuho-m1f-_ Ihâsha^ "ûnn^huhâlo-j^ssftra. ri hâllou-h^^ta-lhnâyroh , 5 uzâho-uàh^-lhasha, "ûnshûhd, hla-hhàr-li'Hà-uahed; u- pdttlo-Mfsâ; ulirzo-ran-dgdmai ugelso heithâhâu flà- hdrra. hétna my}-Vdmqna hâllâ-ttàlha-gnhin , unâd- dihdn-ndgâmai. sdm-sdm, uhûma hnsèinw-lyuâd- dthéi'na mûl-lâimâîl. nddo-dik-ttôlha keidgnrou; Irltô- ^o i'^léli hâddâm kéifûkk-^lliMha-m^-iddo. stfdo-ddàu Ims- emrf()h--skùnuua. qàlûlo : ^ hàkda-lmrîhàh ! êm zdhk- ^j!âh-fïdd''na! v uh(Pa-Jiâsmqn, yârçq-f^zUiln. znHulo- dik-Uujsha-m^-Hddo; mhûlo-"iddô- hëddémm , umfujr- rsillo-zu-llsdhaf. këîqijlûlo : Khddi-gze'tëk! ia-yzâl- i5 '^Uâlha! êy,ollâh! "nnîid-hknft-fîklri uhma lâ-hddm- la-klqm : irodd- ddëhum-^lhdit, ûh(pa-mq-{r()ddise- iHêhum. uhqàu-flêh h^llqdreq ^-ulkëmmâra , h"Ha-tms- 80U, uqddâu. ulm'm-ss^ffdr-m^sktn, f^a/f-p'(')kna; kei- Mmrnrn-iHd-iddo. h(Ulâ-Uôlha-htâ-n(fisn failli; zmdi- ao Hhy,iz4d-diâlo, 'iqdhum-f^lhdnsa; ulktû^-ullèh-didh ^ fhdnsa-uàhd-dhra; uldqâ-lfu(îm-d^ljjn(js{-mnl-lm(ë/nm; [ yqâliym iHn-kUjfn ; uyàttâhum-b^lhâik ; uiVimt^-h'ôkkqz- fîddn, uidiët ^m"n"-dhna-gQ,zo ! n Iml-ma-shdh.
102 TEXTES ARABES
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I
DE TANGER. 103
dfnna dàha-nttôlha. mnét-gelsû-îtmssâu, keiz-^ttâlob- ^ssyêr, kéinezz'llum-Hâzen, ulhûbz, "ulmmrof, ukêigles, "Ib^irada-d^lmd-qoddâmo, ussmâm-féddo. ttâlob-'^Ikhîr kéîbda-thtâr-^lmmrof ^ïli-fêhq-ïlhdm , kéikûbbà-fjtàzen. kéizïu-h()ma kéiqulûlo : a uhM-lmmrof-llï-mâ-fëhimsi- 5 llhdm, iHâs-hàllïtêhum? n këïqûllum : ^iâ-uddiî ly^td- vkémmlo-hàd-"llhdm ^lli-f^uâzîn -ulbptâtâ, urrzié-lî- lum.-n kéiqulûlo': v^iâk! fkersna-mâsi-ku"-kûll-si!'n këïqûllum : vêhlv këîqûlûlo : ^ hâllot-kûll-st ! nâkHn- hum mhâUtën.y) kêizi-h''yd kethâllçt-kûll-si , keihdlli- lo yêr~fmm. keiqàrrbo-hùma. këï¥8sro-dik-lhûbz-kamla. kéiqul-hôûa : 'xbpSmëllâho d-ttolba!n kéibdou-iâklo- Imrâq-ulhûbz. mnew-kéisûfum dik-'^ttâlob bydo iâJiflo- llhdm; iqûllum : ^bpSmêllâho-f'llhdmln "UÏla-si-tâlob mêdd-Hddô qbël-ma-iqûl (^bpSmMllâho-J^Uhdmïri ke^b- i5 dàu-iHêh bëttqâreq ulkëmmàra ; uidîyfbo-fléh-ql'nfiâni. kéiqul-iidfied-nâhôr : ^d-s^-^uâlob! mà-mndëk-hbàr? ni - hëta - kàinq - liûma uàh" - llîla - d^iHsâua ! îda-sâutëk tëmsî-tfârroz fiiah-héi'na-fërrâs n ukdda-m-mârra h^Hd- kêîdêrku-inûdo itséitro-i'^lêh. »o
umnéi- kçikêmmlo - bëlmakla - Htàzin , kêibdou - ïnzzHo - Uiâm, shdl-mâ-kdno d^lmhâfe-mndum, y,dhdd-mûr- uéhda. këïqûllum -^Ikbîr-fëhûm : ^bp^sm^llâho-J^tpâm a-Uôlhaln kéibdoû-iâkln . kull-udhëd-^mên^kmn kctddhhâl-
104 TEXTES ARABES
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s3^^ yt^ y*3 "V»!^! jin ,juij^Jxyuj U j»V» o^^3 J=!y^ ^ ji«T?V^3 j)3? y> ^W»3^ j^ ^Mw l^^V^ «**^ï»à ûPl -^i^l ^U ^3V^3 Ua>3.m*.A-}V-^ j^ V^Ji"^ ^^àxjI^^ '^|juL1 A**)3
^ C3^3 ^_y> j^ J^ ^ y^3^ V^ ^^^ 'VîltfîOl}» é^riliDl^ jL* jaU«3J Jla* j^ ^^ sj^\l*^ ^3^Au\5 V» l^jMyV^ U Xjt..^kJ[ t\.KA^\ Vj^ W3 /yyfA*^^ (j|3^1^ jùoK^l .V^V*
LA-3V-^01 jV-s-^1 ^1^ \yji «^^jXa- ,J^iia» V?r^.-? >J^ bj^ ^
I
DE TANGER. 105
Z1J - Ihâhm f"Os - tUâm , ukéitëhhm - mûrâhum ^llsâbm - dhren. Hï-sûfum-iqid kêï'aklu hzû-d^llsâhai ; ukûina- kéithlo-bèzzàz ^ûihorzo-b^lhdmsa. ukiill-ydhed keitgllai- iiâhd-^llûqma, qodd-mà-mêila, ukéibde-%(/uar-fêha, Iptâ-katërzâi fhd-lttcîna, ukfiisêîftâ-nsoltâl-lh''ldqom. 5 ma-tsmdi yêr frtdm-bla-mdydn. "ûild-imâ-Uâh si- ndhed fehâm, uzhàqlo-tpâm j^hnâzro, ukéibda-isiél, mâ-kémfio , iêr inôd-udqf^ , bàs-ma-isidUi-iH-^Uôlba. umnèïîi-këiynrroq ^llwfra-lli-qodddnio , kéibda-i-hdêm f^ifidm m^n-foq, ukeùdmmâr fiôst-^lhôfra, ukç^bqâu- lo hakdâk h^Hd-keiUhsuhd. umutl/m kpizîbo-lffLsdfe-ridhren, Jiddi-mur-hddt , JjrHd-keisoltohum- kâmlin, ulqâieda - 'Htôlba , ida - kdno-niimfuên , fhdl-s{-m-f)sèm "ulld-si-zêrda, ttôlba-ssyar Hi-mâ-zâlin l/Hd-ma-hdd- (jrosi-mmbum, md-kéîhddro , mâ-keitkeWmo : sâgrem- i5 mhj^nin fhdl-bû-màqqâs-J^zzît; umd-knhdfjro yêr Uôlba-lkbâr, muàW-llhê, ssldymua, myéli^-ttrdbp^s- t^snf nfmngren; ûmd-dik-"tt(}lba-ssyâr, msâkën, y h "Iq-bijm-mdellHn flâ-uzhum, "uîddâm inddhhHin fljt- ëdgêllqb, umhdizi'-rrkdni, qâUên-^zzéi. uhtà-ida-zd- ao hiim-làftôs, îmj-iqodrosi-sôrho Jrila-zûyma-(tlmd qod- ddm-lk'hdr : uâloh^-^ssyér dûqmo-nâtf, uqôWo-kêît- qultm, nhPa-mhùr. mnn-kêîg^lso uf-ssjîra keig^hn )"la - rkhd - unni'm , kull" - udhed héin -fummo - '^rkàhlo
106 TEXTES ARABES
5 \^^]5 fVJu^l auA l3j3K»l^ J^ ^^^^ V03 gJOJÇyV^ (j-ii jl^ JyÀj!\5 <fJu^ jÇli\iji>.\ ^\5 Vsu> ^J;Jù\ cOWOl ^A*«3n
^Ic ,*x>M3 V«x?W>ljà^Câl J3À>V^ <jj>? j«*^V?iùl J3ij\3 ^lîii
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1 0 J3-À->1^ cViAA)! jk* j3^V^ ^\jji jAxSaDl V-?J" j^l^ vr^3^V?
v^-xu^ t;ijV:^3 ^(^ïf^l jdc »V4A)1 13x01:^ lyV^^Wi^l ^^ al^Ul Wii j^ «^1 ^ y^* <^ 1^ Ç«H^ Wii j^ cOW>
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<;V» a3 J3ij\5 ^3 «uki l3^aSsjl5 13^3 ^mr^v»? 13^!^ jis^Cî^ j,3±j V^J^ ^3^*5 J;^ dû J3ij\5 ^1^)3 ça^aLl ^ o^^a^l ^i^ dû j^jaBuJ ^Upl j3du V^J^ J3«jl^jâ^^ <*^ oi^3 -a-uJ^^an
1
DE TANGER. 107
afH'^m-llsâhai. ulb'^nân-d^rzh) mâ-héidohrôsi; -ûîda- kâno-keidQhro , usdfo-se-tâloh-ahôr, héizge-fléh: rrâ- jlànî dik-nms râum-kéidohro! n îda-kân-âhôr-knjhqm, kêîhde-ïdde-mino-mm-rzlo . "lli- keisêh - fzlo -i^oriqmn , këyàuëhum. u-idd-mâ-kdnsi-kéifham, mnd-yâttâhumst , 5 kfiidofo-fêh-qttôlba, kéiqiilo : vd-ss-Uâlohî "lysim-ïtfm- naïn kêîzi-iâhor kéïddi-mno; keiqûl : «"s-hhârnifn i)iâhor-kéiqullo :' ^ià-uddi! '^lysîm-nfidna! v kéizi- Ikhîr-diâlum knqûl : ^ttfqles-h^zzâf!r> kéiqul-ldhor : rr sâhha-mâbto ! -n md-kéïfhqm-râso, dîk - "lli-fzlô-i^o- \ »» riânin. kèïhda-iyàuêhum hp^mi-ës. kéizi-dîk-lkhir-dià- lum keidf/r-f^^ttôlba, kè^qûllum : ^dik-héùna iâd-dorbët- féh ûserJft. r>
mhd-nnhdr, kâno-dMmw-Uâîha fl-essfîra. ukdnçl- Itâmsin-tâlob fdik-dgânun. yrm-kîf-qâlo-bp^iiillâh i5 fdik-lmqkld , udh-ttulob-hmnzâui fllWlo-if/ihd-lh''ûz- qâ. sémrdh-ottôlba; uiôlqo-fljka-n^hda-kàmlin. dik- "llalob-inHkîn hsêm. mid-lahljnr dâro-bbdiUm "tibdâu keiqnzmo-iHêh. nâhed-koiqidlo : n^hâul téiàh-^mijss- f^d(ràmaiïn ydhd - kéiqâllo : vard uqàllboh! mndèk ao tkul-lqmiàm "uyl/'lloln idhor-kêîqùl : nmndk-iki)n '^zzmU-t-hdiTeslo uldhor-kçîqàl : <^ mndo-lbdrud-lwgliz '^ulmdj'di sain; dôrbel-J^l/mid-dgàmai ijhQrzel, n ukullhd-
108 TEXTES ARABES
-JUougyJl ^kâwla Wa» ^Â1^3 ^a^^I >^^ ^^3 '«^^Is^^ V> ^y^
jU^ ^j3 j-s^ jU3 ^ W c^\ j4m«. c>3W01 Wii
dLMiUPLJ <* » \ f*. CajJ^ '^^ é^J^C \o \£=ï3 ]ja9U» ASi.^3 ]£DJu;i <^Lm)j-5 &J0 jV-2^3 ^oJliDl^ J^3^^ ^^'^t^ ^S^*^^ /T^^ ^ cit^^My^la
<0 c^l »u •^- ^>-<axj «V^ oPV^^ ^^^ ^^ ^'*^]) ^V^ C^yyo 5^3 gV-^ (K^^^ c^uJlJ aUuo ca^ laa^:^^ ^V^ 303 jjolaeOl 5l'^l jUoVjU uXo ^tfcn'i ^^"^ 3 çi^-J' g3j <3 -^v^l Ç^* ''^if**'
V_i».l3 A-A. J\J\ jc^ l3j>io\53 fVlAll jAÀijV) lyli f^xjjCJlsi
*wH^
DE TANGER. 109
'His-héiqul. zâ-yxih-Uâloh Ifrez-tnn-dgmâm, uzdh-ua/f-' Iq^sba, umllçq-fêha-udh-"sfhnua, ubdd-keiqûl :
rx d-lhàzzâq f/dgmâm
robbê—hzéh
tçlbéh ^mûlài-bu-s^d 5
ihê'tôlô frméh. -n
dik-^ttalob-inskîl-le-qqâlia, hsem; ûkâ-zbâr-^rdrd, ûkân-sçqqa udihdl-fëha; lâken mà-mndo-qâdara. yôW- bët-iHéh-nJsô -ûlhsûma. mâ-ftçn Ji'Hd-zbëd-lmHS*' d^lqlûm, ugâz-mfâ-kysogouzâ-u^hda, Ij^Hd-qàudi-âmsdr- lo no. mnâin nddo-ttôlba m-ssfîra, bqà-h'i^-gât^. ttôlba këishâbHum bqà-gales-b"bâni; uhâya-mîiet : qtèr-rdsn- bHddo. 'uâh-'^ttâlob zë-ïhdzzç, iàhsâ^lo ddàh-ànn'^ids; ulwûa-tâh. kéiseb-fht-mènnô gelta-ddèmm. tdh srét * ^tdi-àssrêt * lâ-roh-ftldi * la-hrd-tâhbôt * mit * i5 -ûîiânio qçt-sfdt * ulâ-^qâ-fi^àdo mâ-imbdt * kyjmh udèfnéh. udhd-^nnhâr-dHarJfdi, kdnç-r^sqen- ttôlba, ukéîsybo-fdtqi. zâ-udhed qâllum : rr hsdra hnl-lkâs-dâ- tûi ^lâ-ssî-Jlân! '^Uàh-'erhmâ-in^kînlv kéizi udhed- mljor keiqàUo : rc hzdrn-iqobtôh. -n ao
110 TEXTES ARABES
<*j \^^^^\5y£^jjba^jA\ ^3 j.*io T^jàb 1^1 jlàcaDl JUsû\ I
'.lOLJL^-Aâ -(i>..a.^.X.JLjo Vi9'^'S!S£:^V^ ^1 ^^jQDU^l^ j\j^ l^XU^.l^
y
DE TANGER. 111
V. ^ly-nâ-debhâl.
I. "bHâl-^ssyâr îlâ-tloqqâu hsî-ydhed-k^hdl-mjàntâz ketdoro-béh ukéùamlàh-J^luôst ukéibdou-ïyônniu ukèî-
ûlo
a^^ha'^hd-elgerhûz 5
^^ dhdh 'emmdh usrd-ddèbbûz
^^m a uâ bd-elqarran
^^B bâi -emmdh usrd-lfârrân
^^m â bd bd-êlfàntêz
^^H ij^di -emmàh mrà-bantéz lo
I II. %ila-tqôbbt()-fjtrêq hydhd-^lehudi-smîn kéîy,çqqf(}h ukçïqqémh-J^lmst ukêiyônniu-iHéh
Id ilâha inn-àljuh
mât "Ihduli ûdj'ènndh
iHd q-^âr "ssûhadd i5
l^hûdi ^2-qdrfadd
hàrresnd i'^ld iemmdh
mià^^^t b*rrâdd
■
umîipt^-keîdidmw îa^ndl-d^lhduma knqûlo : « tâllâ'^-mnmu- lléhûd kéîmstu nifdiàr dHëhûdln. ddàic "lli-kehêbuha- ^^ mëjtùha umyôjj'la , kfidldo, kçÏHdddd-dçhijim-"lb4l) m^ij-
112 TEXTES ARABES
^oxAkl l^^àJo l^^Aj^ v^Aaa)) ^ jJn^^Ax)!
Lfc-
■ _^^^ DE TANGER. 113
Bi dâholj bas, îla-^-si-tmfwd usindi-àfyôut tikéidtfai-âlbàh, m kéKsêba-m^Mda. udik-^lehûdua-Ui-frnmd âu-ehudi keîbdôu-iyonniu-iHêh
msâ Hnfâq â-kétto
sâq-msâfnfî-qufhô 5
tâhàt- iàliiâ rozHô
nadot-lili mm^Hô
nàdot-tèbrék fiiâ
iaitêha 'dlf-dettqâl
-ulhûmma-ttûlfiid lo
qqàt-lhuâiz felqozâr
iimsat-tâhdâr bèin-^l^zâr
qàlûla zôybiid
uttorràfa-d'lêhûd Hi-f^Iqiâfn tm}q-d''hd(ra keîdzâmw- h-iAl iHa-Jàmm-lqéitnn ^liëhdm-insdd-iUhum t5
idiqob md-rdâ bélyolbd h^ttd-tqollsè-mnêh (')
I^^^^H hdlh-hbîz'jto ^^^-fnttàqà ^^^^H umsd-llâhrâ ^^izéi ^^^ ^^^^B hdllâ-Uârbus hdllq-ltésfa ao
halld ulâdô f^lk^^d
ké'Ijruz-lehijdi mn-lqèitun kê}nzzél-"liMJa ulfêrdija-
f'^ Prononciation juive.
TEXTES AR/IBES. , 8
ivriiiiniii XTisiiLc.
lia TEXTES ARABES
gH^U5 joaw j^\i \a>^^]:S 1^3^ u^y^ 'i^Jûuùl^ ^V^lj;
^^Hï;*^ c=»^ 3-^3 <-fïr* J3b^ j'-^ JV^^ V^ ^*b ^^^ 5 g^ jyo gW> j:3Vy ^ t
j3— a-Jl U^ «3U1) "i
10 Jb vi^^^^ J^.^^ j^3 '**^yr^ £j«v-^^V^ V03 ,ja»J3**)JU*û^ l3"yj \^^^]^^ c^yU^ t<.V? j^ ,*D lyi»3jV5 ^^^^iâ-lji
<OJl ^-^^ '«^Ws
juki I3JÀ) l3VbOp jjtïVJl
90 jaW»^^ J/^3 ^^- 8^
1
1 ^l^DHH^iSr DE TANGER. 115
H di^shhàt ulJ^tla-d^lqQnnèb "ûliebrd; kéïrfda h^dgrî hlà- ' kêîtéhlo-smài-àlhdm"^ ulrnlhd rnn-sûno
III. "uîld-tlçqqàu-b^ml bpSe-drâui gerrâh ohiia-hâqe- hsîm uMdhul pê-hdiima kéibdou-iCbiéh ukéîqijtlûlo
a 'izyâui ta h rnn-stdh 5
ha 8 ksojuuafy Hlâh-e^hdî-mèmmâ ifôûrô â^^zydua ta -hHuàr
IV. ub^iâl, fûiàh kéîmsiu isnu-se-hâza mn-mnd-lhàq- qâl-sûsi umâ-kçi'^itêhum-tnhrësa uhêia sû'm-d^[/iâlua i» ulld-d^lhômmis, kéi"oqfûlo-bbdh-^lhânût ukéibdou iqûlo
zéinànà iâilêm-Hlâh kân-tâ^êt "Iféllûsd malhâ -ullâ m'ssûsa
V. umnéi-kéiku^-gâles miâhum se-qrdi ukpihdé-i-mièl i'> fàntàzîia-iHêhum , urnn-idlamat-lqrdi kéiknm-mydnën , bm-ikûkkulo mnâhro f'Vdrd "utrôddo idmi à-iîdi ndhëd nièn-diiuha-nnds keihdju-iyônmu flêh
éT^-lqrdi dlfortas
^df îçmmâh usrd-lqâf^â? ao
8.
116 TEXTES ARABES
^ jwl é»3»aj\53 >o>>^^l ^J^^ «**4) 3jU? 3;U^ ç^:3^ \
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JUsù\ y^àïV^ gVy=»31 jJiC jMjsgl) jVo3 (jîyi*^ V-mLV^j VI
\jcil3juJl KÀ^ V» /> » » ? l^^^wA^^^a Ji^amJÛ l3<\tf\.?\5 Vjy^
DE TANGER. 117
â Iqrài ià-%'àdd-nnQS fîk-^nnôqra fîk-^nnhds fîk elbêlbûld hailâ
mrrt râsok nelqaild
tsûf tsiâdek kif daird 5
fuiàh késmdi-àlqrdi dik-sî kâtèylîlo-lqdrm frâso kéizi- jâhôr kéizïd ukeitèbiéh iâhren
â Iqrdi bârô bârô
^ûtqëbdfimosrânô
o'^sslâ ma-isâllëhd lo
"ûlqarfd miné-dëhd
îikeintçq udhed f^bhâl bqs-ikémméllu-îhâsba kéiqul : cr ^llàh-'erhâm '^llouliién-^lli-qâlo
Id-fhâlçt êlq^rdf
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VI. uketh'ssok tsûf"nhâr-lhmîs iH-^ssbâh keikijino-h^tâl mhdrren keitâlfo-nssoq ukeUr^ô-bî^^t rnn-idnd-wXx^i- qen. k^hdbto-llhduma ukçiqâzzboh uknbdihl-ihhbo-bék. ao
118 TEXTES ARABES
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Iâ-bëlUrez ta q tâq hâllâ-ûlâdo fo U^fàq émsa iéssâd f^lhzel dôrbo ménzel ne rrzêl qàlla iâ misa ^-/j/t ^^
120 TEXTES ARABES
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DE TANGER. 121
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122 TEXTES ARABES
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DE TANGER. 123
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124
TEXTES ARABES
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125
10
I
TRADUCTION.
I. Le Four.
Le pain est le bienfait de notre Seigneur Dieu; c'est de lui que nous vivons. Aussi y a-t-il chez nous une habitude : c'est que les petits enfants doivent embrasser le pain donné par leur mère, et dire cfAu nom de Dieu 75; c'est seulement après qu'ils le mangent. Si un homme, mangeant du pain, en laisse tomber une petite miette par terre, il la relève, l'embrasse et la mange. Et si , marchant dans la rue , il aper- çoit devant lui un bout de pain tombé à terre, il le relève, l'embrasse et le met dans l'embrasure d'une lucarne, ou d'une prise d'air, à l'écart du chemin, pour que personne ne le foule aux pieds, ou ne passe par-dessus (^). Or, ces bouts
('^ Comp. BuDGKTT Mbakin, The Moors, p. 80 in fine. Ces marques de respect pour le pain existent dans beaucoup de civilisations. Elles doivent se trouver dans la plupart des pays musulmans. Personnellement je les ai constatées dans toute l'Afrique du Nord. Elles sont aussi connues de l'Egypte (Lane, Modei-n Egyptian»^, II, p. 366, 367), de l'Arabie (Man- zoNi, El-ïemen, p. 89;comp. Kremer, Vergleich. Ctdturgeschichte , ap. S.B, dei- Kais. Akad. d. Wistensch. in Wien, CXX, m, p. U), et de la Pales- tine (Baurr, Das palaxt. Arabitch, p. 906). Ce sont bien entendu des pra- tiques extrêmement anciennes. L'habitude de ramasser le pain jeté à terre et de le manger est attribuée au prophète lui-même (Ibn Mâga, Sunan, le Caire , 1 3 1 3 , p. 1 67 ); le respect du pain est recommandé par de nombreux hadits (cf. {jlose de el-Hifnï sur elwazïzï sur el-gâmit es-mytr, le Caire, i3o4,I, 29a, 393-, el-iiqd el-farid, le Caire, i32i,III, p. ai^l; Iljin inlfim edrdln^ le Caire, i3i6, II, p. 4). Sur le fait de l'embrasser, les auteurs canoniques sont en désaccord. Ibn EL-Hitifi le bhlme comme constituant une hidm (Madhal, I, 919 m princ, 335) mais SujjCtî y voit une itd;a belle et permise (extrait de el-flâ^î ap. Ibn /Ibidîn, el-mqûd ed-durrîia, le Caire, i3ii, II, p. 869; comp. la discussion sur le fait d'embrasser le Coran, ap. Itqân^ éd. Calcutta, 879, 878). — Ramasser
128 TEXTES ARABES
de pain, vieillis dans les lucarnes, les fous comme Chafànja et Ahmed Tozzân lorsqu'ils sentent Taiguillon de la faim, se mettent à fureter à leur recherche; (ils les trouvent) tout secs, tout verts de moisissure, et restés là depuis Dieu sait quand (^^
Et quant au pain, tous les gens de la ville qui ont une fa- mille, le font chez eux. Ceux qui n'ont personne, les étrangers qui connaissent seulement le ragoût des croquants, pauvres diables, ne peuvent qu'acheter le pain des boulangères. Mais, chez nous, on trouve honteux qu'un homme, qui a un intérieur, s'en aille acheter le pain du marché (■'^'. Il faut
les miettes de pain qui s'éparpillent pendant le repas et les manger est aussi une action bénie. A Tlemcen on désigne celte pratique par le nom de tMqât çdd'nûb «rramassage des péchésn; il faut rapprocher de cette dénomination, le texte du hadîts *J yxè. ïyuJI jj.» lax*» L» J5l ^JA «Celui qui mange ce qui tombe de la nappe obtient le pardon de ses péchésn (cf. El-/azïzî sur el-gâmii es-saytr, I, p. agS; et sarh siriat el-'islâm de /ALÏ ZlDEH, éd. Constantinople 1299, p. 178 où il est dit encore que cries miettes de pains ramassées sont les dots des hourisn). — 11 est égale- ment prescrit de ne pas fouler anx pieds les céréales et la farine ; j'ai dit que dans la banlieue de Tlemcen, les cultivateurs ne devaient marcher que pieds nus sur l'airè à battre {Dialecte de Tlemcen, p. aSi note 1 ). On comparera aux recommandations de Ibn Bt-HioG ap. Madhal, 111, p. 199 et ao3.
(•) Chafànja et Ahmed Tozzân sont deux de ces pauvres fous que , sui- vant la pratique commune à toutes les populations musulmanes de l'Afrique du Nord, on laisse librement dans les rues, entourés parfois d'un respect quasi-religieux. D'autre part, le fait de se nourrir des restes de pain ramassés par terre et mis dans les trous des murs par les passants est un trait de sainte humilité , qu'on rencontre parfois dans la biogra- phie des saints maghribins; cf. Dustân fi êikr el-auliin bitilimsân, éd. d'Alger, p. 88.
(^^ De même dans toute l'Algérie; chacun fait son pain chez soi (cf. pour Tlemcen, Bel, Population musulmane de Tlemcen, p. 29). Un pro- verbe populaire exprime bien le mépris où l'on lient le pain fait hors de la maison; dans toutes les villes, les vieilles familles du pays se plaignent d'être supplantées par des nouveaux venus : elles exhalent leur ran- cœur en disant : tlëmsân tdhûbz-çssûq mà-iakûlha ■yçl-lborrâni «Tlemcen
DE TANGER. 129
vraiment n'avoir pas d'amour-propre pour manger le pain des boulangères; il est fait sans soin, de la façon la plus malpropre. Ces boulangères n'achètent que de la camelote de farine, à cinq sous la livre, moisie, et oublie'e dans les magasins depuis l'année cfoii l'on s'est tu (^^75. C'est ie moh- tasib qui fixe le prix du pain aux boulangères ^^^ ; il a institué à leur intention un peseur, et ainsi chaque pain a son prix déterminé. L'endroit oh s'installent les boulangères se trouve au grand Socco^^^, derrière la Plaza (*^, en face du coin des sauniers. D'aulres vendent sur ie petit Socco^^^ devant la banque française, et en face de la fontaine; elles sont là rangées comme des soldats et «enlève-moi les clients que je te les enlève ! r? Et à la nuit, vous les trouvez, chacune avec sa petite lanterne devant elle.
Parlons maintenant du pain fabriqué par les particuliers dans leurs maisons; il y a pain de semoule, pain de farine fine et pain de farine de blé; et encore les pauvres font du pain de moulure grossière et de farine mêlée de son, chacun suivant ses moyens. On pétrit tous les jours pour que le pain ne manque pas à la maison, et chacun pétrit plus ou moins (suivant ses besoins). Quand la femme a fini ses pains, s'il lui reste un bout de pâte, elle en fait un paneton à son fils
(Alger) est comme ie pain du marché; elle n'est mangée que par les élrangers». On comparera au tatlîm el-mulaïallim de Zinyivâ où l'interdic- tion motivée d'user de ia nourriture du marché figure à p^pi i Jux».
(') C'est-à-dire depuis un temps immémorial; j'ignore l'origine de celte expression inconnue en Algérie.
'*) Cf. sur celle fonction du mohtasib, Arch. mar., II, 128; Aubin. Le Maroc d'aujourd'hui, p. 3o/i: comp. J. A., septembre 1866, p. I9i.
''^ Le grand marché situé au sud-est de la ville , en dehors de bâb-ël- fah$; cf. sur l'emplacement occupé par les boulangères, Arch. mar., 1. 49.
'*^ Cf. infra, p. 169, note a.
(*' La petite place où s'élargit la rue d'f «-«fiaypn , entourée aujour- d'hui de constructions européennes, et qui est par excellence le quartier européen de Tanger.
TKXTRS ARABKS. Q
rurKiHntir RATioiAi,it.
130
TEXTES ARABES
ou à sa fille pour obtenir qu'ils soient sages. Il y a aussi des maisons où l'on ne pétrit pas le jeudi et le dimanche; ces jours-là on fait du cousscouss. Enfin, il y a des gens chez qui, tous les matins, on fait des feuilletés pour le premier déjeuner. Leur pâte est comme celle du pain, mais sans levain et plus légère, de façon qu'elle soit bien plastique. Quant aux qarchoûlaet aux faqqoûsa ^^\ on ne les fait que quand on a une fête de famille ou aux fêtes religieuses. On ajoute à leur pâte du sucre , de l'anis , du sésame , de la gomme mastic , du beurre et force levain; on y verse de l'eau de fleur d'oranger; on fait la pâte très ferme; après quoi on la brasse jusqu'à ce qu'elle devienne plastique. — On a pélri les faqqoûsa de la fête de la Rupture du jeûne; les femmes ont fini de brasser la pâte; elles se sont mises à y découper les faqqoûsa , et à les façon- ner en galettes; les fillettes ont aidé à brasser la pâte; alors chacune d'elles en attrape un bout pour faire une ^âtcha oul- lâda^^h Les femmes ont achevé de façonner les galettes; elles
('' Espèces de gâteaux , cf. glossaire s. âJ^^JS, ^yJLs.
f^' Cf. sur le gâteau appelé misa ullâda, Doutté, Magie et Religion dans l'Afrique du Nord, p. li'jli. Je crois intéressant de donner ici une représentation réduite de ce gâteau quasi-rituel. Peut-être faut-il rappro-
cher ce gâteau aux bords crénelés de la pâtisserie andalouse appelée JLi-!.>v., représentant un mur de ville, et qu'on fabriquait au Naïrûz; cf. Maqqarï, éd. de Leyde, II, /i63.
DE TANGER. 131
vont enlever les tables; mais voilà les filles qui les entourent en disant : ffSi vous enlevez les tables, laissez- nous-en au moins une grande, pour que nous fassions nos ^âïcha oullâda! — Vous voilà à présent de la taille de vrais gaillards, re'- pondent les femmes , et vous en êtes encore à vouloir des *ai- cha oullâda! — Ah là! Quel malheur! reprennent les filles; depuis ce matin nous sommes là à nous échiner avec vous, et maintenant vous ne voulez pas nous laisser une table! Que Dieu nous épargne cet ennui! Quelle histoire !r) La maîtresse de la maison vient à les entendre et elle dit aux femmes: tf Alors quoi! Ma chère! Vous venez chez les gens et vous voulez jouer à la conseillère! Si elles désirent la table, laissez-la leur donc! Est-ce que depuis ce matin elles ne sont pas là à s'échiner avec nous! Et maintenant je ne les laisserais pas un peu faire à leur guise ! » Alors les filles d'entourer la femme et de lui dire : «Eh bien toi! Tu vois à présent! Les parents du mort prennent leur mal en patience et les visiteurs de condoléance geignent comme des païens ^^^ Iv Tout de suite elles s'en vont à cette grande table qu'on leur abandonne, chacune ayant son bout de pâte à la main pour la pétrir et en faire son ^âïchn oullâda; sans compter que les bambines, elles aussi, se mettent à hurler aux oreilles de leurs mères pour qu'on leur donne de la pâte, et qu'elles confectionnent leurs ^âîchettes! Là dessus, les fillettes commencent à tra- vailler la pâte, jusqu'à ce qu'elle soit bien brassée, et l'al- longent en un rouleau qu'elles courbent ensuite en une cou- ronne pareille à une grande qajfoûla. Après quoi, armées d'un couteau, elles entaillent le bord extérieur et y découpent des dents. Puis elles prennent deux rouleaux de pâte qu'elles croisent sur la couronne et par-dessus encore, elles en mettent un troisième en travers. A l'extrémité de chaque
C' Cotnp. sur ce proverbe Lûdehitk, Sprùchwôi-tei- aus Marokko, n°LXX\III; Hkn Guknkb, Prov., n° i36 et les rélV-rences.
y-
132 TEXTES ARABES
rouleau elles font une fleur d'oranger et modèlent le bout qui de- passe, en façon de main porte-bonheur. Quant à la fleur, elles la font avec un petit morceau de pâte , roulé de la grosseur d'une cigarette, puis aplati et de'coupé en frange, au cou- teau, tout le long de l'un de ses bords ; après quoi, cette ban- delette est enroulée sur elle-même et plantée aux extrémités des trois rouleaux de pâte; au milieu du tout, on plante une grande fleur. Quand '^âïcha oullâda revient du four on la suspend au mur du fond de la chambre et elle reste là , ex- posée au vent, qui l'empêche de moisir, jusqu'à la fête dos Sacrifices. Alors on la casse sur les cornes du mouton (du sacrifice) et on la mange.
- 11 y a à Tanger une vingtaine de fours à raison de deux à trois dans chaque quartier (^l Dans le quartier de la Qasbaf'-', il y a le four de Hasîwcn, en dessous de la porte de Marchân et dans le quartier d'el-Gourna le four d'el-Hâdj et-Tàhar, au-dessus duquel s'élève une construction semblable à un mi- naret. Dans le quartier de Jerâ Qabtân^^^ il y a le four neuf, le four de Laghmich, le four d'Azeriâh et le four de Châ- choûn. C'est dans ce quartier qu'habitent les boulangères de la ville. Dans le quartier de Gzehnâya '*), il y a le four de
('^ Pour toute la topograpliie de Tanger décrite dans ce qui suit, il faut consulter la liste et la description des rues de Tanger puLliées par Budgett MejIKIn dans The Times of Morocco, 1888, n"' 169, 170, 171; aussi le plan de Tanger publié par l'État-Major de l'armée espagnole : Tanger; levantamiento ejecutado por la comisiàn del cuei'po de E. M. del Ejército en Marueccos {escala i,ùooo); zincografia del deposito de la Guerra, 1906.
f*) Cf. sur la qasba de Tanger, la porte de Marchân qui s'ouvre à l'ouest sur le plateau du même nom, et le quartier d'el-Gourna qui oc- cupe l'angle sud-ouest de la qasba. Arch. mar., I, p. 111 et suiv.
('' On entend aussi : znâ-qârbtân , znâ-qàhtân, znâ-qârlân, zrâ-qârtân; ce nom reporte probablement à un originaire yLla^-iJI ylJLai. oii le con- cours de plusieurs sonantes a amené des dissimilations et des métalhèses par lesquelles la stabilité du mot a été détruite.
W Du nom d'une tribu rifaine dont des individus ont primitivement peuplé ce quartier comme le village d'er-Rïiïiîn dans le sud du Fahs
DE TANGER. 133
Boû-Guettaya , celui deMeïmoûn, celui de Ben ed-Jilàli qui est en face de (la zâouïa de) Sîdi 'Alî ben Hamdoûch^'^^ et le Four d'en-Nouîno rue Fuente-nueva près (de la zâouïa) de Sîdi Ahmed ben Nâser^^). Si maintenant vous descendez la rue de Mostafa ed-Doukkâli (^\ vous arrivez au quartier de Oued Ahardan^*'; vous trouverez en face de vous le four de Bou-'Arrâqîya ^^^ à côté du bain maure et de la chaufferie.
(cf. Arch. mar., I, 169): la tribu de *jLjy$ est mentionnée par les an- ciiîns géographes et historiens arabes; el-Bekrï lui assigne déjà le terri- toire, qu'elle occupe aujourd'hui; cf. sur son état actuel Mouliéras, Maroc inconnu, I, 118, lai.
('^ On trouvera une courte biographie de Sïdï /alï ben Hamdûs ap. Nasr eî-MaOàm, II, cahier 26, p. U. Ce personnage serait mort en 11 35 de l'hégire. Sur la confrérie des Hâmâdâa (sing. hamdûsi) fondée par lui, cf. Montet, ap. Revue d'histoire des religions, XLV, p. 19; Bcd- GETT Meakin, The Moors, p. 33; Arch. mar., II, p. io5-io6, VIII, 122- 123, i34-i36; MouLiÉBAS, Maroc inconnu, II, p. 128 (hnâdia). Cette confrérie n'a pas d'adeptes en Algérie; le nom même de hamdûsi est in- connu sauf à Nedromah où on l'emploie dans le sons de «un grand gail- lard».
f*' Cf. sur cette zâouïa Arch. mar., II, p. 110. — Il s'agit ici de Abûl-zabbâs Ahmed ben Mohammed ben Mohammed ben Nâser ed- Dar/ï mort en 1128, auquel on rapporte ordinairement l'organisation de la confrérie des Nâsrîia; cf. Nasr el-MaOânt, II, a* cahier, p. 116, v"— J>^5 ^y^) fl^jsJlo «lyùUI ^JJ» (JlSI^iaJI yil! *^l ; cf. sa biographie dans le Art»r, loc. cit., et en tète de sa Rihla, publiée à Fez en i320 (9 tomes en un volume); sur son père Mohammed (t io85), cf. Nasr, II, p. 16-20; et sur son grand'père Mohammed (f loSs), id., I, i83. Sur l'ordre des Nâsrîia (avec fausse attribution de l'organisation de l'ordre à Mohammed ben Nïïser), cf. Rinn, Marabouts et Khouans, p. 976; Depont etCoppoLANi, Les confréries religieuses, p. 4 79; Montet, ap. Revue d'histoire des i-eli- //io)i«, XLV, p, 9 0, 21; Arch. , mar., II, p. 110; db FovckVLJt , Recon- naissance au Maroc, p. 298.
('' Du nom d'un particulier de Tanger.
(*' Cf. sur ce (juartier autrefois égout à ciel ouvert, et aujourd'hui re- couvert, et dénommé d'après une ancienne famille de Tanger, Arch. mar.. Il, io3, note 1.
f'' C'est-à-dire faisant partie des habous afTeclés au tombeau de Sîdi Mohammed Bû-/arrâqîia , le patron de la ville, la trcburonnc de Tanger»
i:{/i TEXTES ARABES
Remontez par la ruelle de ia maison de Ben Chimolt^', vous déboucherez dans la Qeïsârîya. Vous trouvez le four (habous) do la mosquée ^^\ en face de l'ancienne maison du mohtasil) et de la boutique de Gonzalès^^^ oii nous îichetions les petites boîtes, les dés et les aiguilles à coudre. De là, descendez tout droit par l'arcade deVicente^*^ vous arriverez à la mai- son du chérif d'Ouazzân ^^^ et à main gauche vous aurez le four du fils d'el-Hâdj Ch'âyeb, derrière la zâouïa des gens d? Toqqît'^) occupée aujourd'hui par les Keltâniyîn^"^) — ils ont obtenu à ce sujet du sultan un acte de mise en posses- sion. — Engagez-vous de là sous les arcades de Sîdi ^Alî bcn Dâwoud^^^ vous arriverez juste au milieu du placis de Dàr el-bâroûd; vous trouverez le four de Ben Râbah devant l'école de Si *Abd-es-Slâm et-Toûzâni (^). De là continuez par le quartier 4'el-Borj; en chemin s'offre à vous le four de Qàsem. Tournez par la ruelle del'édicule de Moulêy *Abd-es-Slâm(*'''
(tâz-t(inza). Cf. sur ce personnage mort en i9!j6 de l'Hégire (1718 do J.-C.) Arch. mai'., I, p. 9/i5, note i; II, p. 117 et suiv.; XVII, p. 6() et suiv.
('^ Un particulier de Tanger.
(*^ De la grande mosquée
W Un particulier de Tanger.
(*î Du nom d'un particulier do Tanger.
(*' Mot à mot du ff seigneur».
(") Cf. sur celte znouïa Arch. mar., II, 11 3.
(') Sur cette confrérie de fondation récente et sur son fondateur, cf. Arch. mar., II, p. 111, 112, et VIII, p. i43.
'*' Sous cette voûte se trouverait , d'après mes informations , un monu- ment commémoratif consacré au saint jebalien de Mernïsa , Sîdi ;alï Ben Dâuûd, sur lequel cf. Mouliéras, Maroc inconnu, II, p. 867, 871; (mort en t 1026 d'après Safuat man intasar, éd. de Fez, p. 47). Mais d'après Arch. mar. , II , 1 2 4 , le monument en question serait le tombeau d'un saint rifain de même nom, mort il y a une vingtaine d'années.
('^ Maître d'école coranique de Tanger.
('"' Il s'agit d'un monument commémoratif élevé au grand saint jeba lien Mouléy /abd-es-SIïïm ben Msîs (t 620) enterré au LxJ\ •Xt-^ dans la tribu des Bënï ;'rôs (ij«>^ (S^)-
fmr ■ DE TANGER. 135
et continuez tout droit jusqu'au four de l'olivier dans le quartier d'Agmer; en descendant ensuite dans la même direction vous arriverez au four de Jelloûl. Continuez jus- qu'à la zâouïa de Moulêy 'Abd-el-Qâder(^), tournez par la ruelle de Dâr Ahardân, vous trouverez le four de Merghîcli. De là descendez devant la boutique de l'orfèvre, passez par larcade de la maison d'es-Sa^di^^^ et continuez vers la zâouïa de Sîdi-ch-Cliîkh t^^. De là descendez par la maison de el- Mesaouri (*^ et passez au milieu de la rue Fuente-nueva. Sortez par l'arcade de la maison de Bâlga, le capitaine du port (5), et arrivez ainsi jusqu'au quartier des cordonniers; vous sortirez en face de la maison de Torrès (^). Montez par la rue des or- fèvres, tournez par la rue du Ghetto, vous trouverez tout d'abord le four d'er-Reghîwi. Montez jusqu'à la rue de la lé- gation des États-Unis; contigu à cette légation, vous avez le four d'el-Ga*môri, de là descendez jusqu'à ce que vous arri- viez au four du patron Mohammed el-*Amârti.
('' Cf. sur cette zâouïa Arch. mar., II, p. 107-109; les adeptes de la confrérie du grand saint panisiamique ;abd-ol-Qïïdir el-Gîlïinï (t .^)()i) sont appelés au Maroc iilàla (toujours sans l'article), sing. zilçili, et en Algérie qadrçia (prend l'article), sing. qàdre.
<*^ Particulier de Tanger.
('' Il s'agit du fondateur de la grande confrérie du Sud oranais lahà- el-Qâder ben Mohammed el-BEi-bekri (t loa/i) surnommé g^-ûJ! <5«>'^>-»' (à Tanger, on prononce sîdï-sèêh et dans le Sud oranais sidr'»èîh)\ d. Depont et CoppoLANi, Confréries religieuseï, p. 468 et suiv. — Sur la zâouïa tangéroise de sîdî-sgçh, cf. Arch. mar., II, p. 1 i3.
(4) Particulier de Tanger.
t'"' Cf. sur les fonctions de râis-''linâr8a , Arch. mar., I, aa, a 3.
W L'ancien iiâib-essollân, représentant de sa Majesté chérifienne au- près des ministres étrangers à Tanger, el-Hïïdg Mohammed cl-Torrf's -^"-IxJt o-^ ?r'-^- Ce personnage aujourd'hui décédé étant resté longtemps en place, son nom est presque devenu pour le bas peuple de Tanger celui de la fonction même de nçib; non seulement l'hôtel de la niiâba continue à s'appeler aujourd'hui w maison de Torrès n mais on entendra très bien dire : 'IfrêbOiiii rifii-torrçs « c'est el-Guebbas qui est devenu Torrès» c.-à-d. ff représentant du Sultan»; comp. la destinée du nom dV-Rtigi.
130 TEXTES ARABES
La corporation des fourniers a à sa tête 1 amîn qui est leur juge relativement aux différends professionnels (^l Ainsi lors- qu'un boulanger a mal cuit le pain d'une maison ou a laissé le levain aigrir la pâte, les particuliers lésés le citent devant le mohlasib. Mais ôelui-ci déclare que la chose regarde l'a- raîn et non lui, et dit aux plaignants d'aller trouver Tamin , le patron Boû-Guettâya qui a son four dans le quartier de Gzennâya. C'est ce dernier qui juge. S'il y a lieu à concilia- tion, il concilie les parties; si l'une a pour elle le bon droit, il force l'autre à lui donner satisfaction. De même lorsque les ouvriers boulangers se sont dispute's avec le patron, ils citent ce dernier chez l'amîn. Cet amîn est nommé par le moh- lasib. Il est chargé de faire le pain des prisonniers, ce qui est pour lui une source de profit; il a encore le bénéfice de quelques menues choses, de la part des patrons boulan- gers, par exemple des amendes qu'il leur inflige.
Le four, du dehors, offre l'aspect d'un entrepôt. Mais en dedans il y a le foyer qui est construit en voûte intérieure- ment et extérieurement, de forme hémisphérique et pavé en ])riques longues provenant d'el-Harârech^^î ou d'Anjra^^l Sous le revêtement de briques, il y a des couches superposées de glaise rouge mêlée de sel. Le sel est destiné à garder la chaleur'*) et la glaise rouge à maintenir solidement les briques. Devant la bouche du foyer se trouve l'endroit oi!i se tient le patron, la fosse comme on l'appelle, ayant au-dessus d'elle la
(*' Sur ies pouvoirs de /âmtn, pi. lâmînât, te prévôt d'une corporations, cf. pour Tanger, Arch.mar., I, hs, A 3; pour el-Qsar el-Kbîr, td.,11, i3i, i35. Sur le mot, cf. glossaire s. ^j^!.
W Village du Fahs peuplé de Jbâla, cf. Arch. mar., I, 193.
(') Cf. sur cette province du Nord marocain : Mouliéras, Maroc in- connu, II, p. 701 et suiv. ; Gentil, Dans le Bled es-Siba, p. 1 à 5o. Je n'ai jamais entendu à Tanger, l'ethnique de â^ira que sous la forme lâ^ire avec pour pluriel hàl-à''zra (ï-^TjuûI).
<*' Pratique très ancienne dans le Maghreb pour la conslruclion des fours; cf. Mamlim el-'imân, III, p. Sa.
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cheminée par laquelle s'échappe la fume'e. A droite et à gauche sont disposées deux banquettes. Au-dessus de celle de droite est suspendu un cabas; au-dessous de celle de gauche il y a le tchounchâr dont le nom est passé en proverbe : on dit en parlant d'un endroit très e'troit : «Ici le tchounchâr et là le foyer !r> Au-dessus du foyer il y a la rotonde où Ton met la provision de bois ; c'est là qu'on range les souches apportées encore vertes de la forêt; on y ménage un espace vide oii dor- ment l'hiver les mitrons qui demeurent loin du four. Con- tiguë au four est l'écurie des ânes, avec la corde où on les attache et la mangeoire où l'on met leur provende. Au-dessus de l'écurie, on trouve une soupente pour la paille et le son.
Le matériel du maître fournier se compose d'abord des fourgons, longues perches de chêne-liège, effilées et minces à l'extrémité comme des cannes à pêche, avec lesquelles on re- tourne le pain , et des pelles à enfourner, faites comme les four- gons mais ayant à l'extrémité une palette en bois large et lisse et qui, assez épaisse du côté du manche, va en s'amincissant vers le bord comme la lame d'un couteau; ainsi faite, la pelle glissera sans difficulté sous le pain dès que le fournier voudra le retirer du four. Il y a l'écouvillon ; c'est aussi une perche en chêne-liège semblable au fourgon, avec un gros paquet de chif- fons attaché au bout, des haillons pareils à la souquenille des Heddâwa (^'; le patron le trempe dans l'eau et balaye, avec, le foyer. L'écouvillon est passé en proverbe : on dit d'un individu très sale : r 11 est comme l'écouvillon du four, w II y a encore
''' Sur ]a confrérie mendiante des Haddâua (toujours sans i'article il Tanfjer; cependant ï^l^x^Jl ap. J.A., décembre igoS, p. 46i, i. /i)i sin(j. haddâui, cf. Mouliéras, Maroc inconnu, II, p. i83 et suiv.; Montkt, ap. Hcvue d'hittoire det religions, XLV, p. 19-91; MAnctiAND, ap. J.A., do- renihre igoS, p. 458 et suiv.; Raynaud, Etude sur l'hygiène au Maroc, p. 108-109; ■^^c/i. mar., II, p. ii3; Socin et Stumme, Houwâra, p. 68, hadâ^i, pi, hadâ]}a, glosé par der^ii.
138 TEXTES ARABES
la pelle à feu qui n'est qu'un bâton avec une pelle en fer, ou en fer-blanc, à son extrémité; c'est avec elle qu'on écarte le feu. 11 y a aussi le crochet, bâton de chêne-liège terminé par un crochet en fer qui y est fixé; avec lui on attire les mor- ceaux de bois qui ont passé la nuit, dans le foyer, à sécher. Le patron a devant lui les morceaux de bois bien rangés et secs. Lorsqu'il veut en introduire un dans le foyer, il l'écorce avec le coin. C'est un bout de fer, de forme triangulaire, très lourd et plat. Dans la fleur de sa prime jeunesse, il avait une poi- gnée, il était en bon état, on repassait avec lui dans quelque maison. Mais un beau jour sa poignée s'est cassée; il a été mis au rancart; personne ne l'a plus entouré desoins et ne s'en est plus préoccupé et il est arrivé jusqu'aux mains des mitrons qui, avec lui, écorcentau four les morceaux de bois. Le patron a encore deux ou trois aiguilles enfilées dans un anneau de fil de fer, avec lesquelles il petce le pain avant de l'enfourner; c'est pour éviter qu'à la chaleur du four il n'éclate. J'allais oublier notre Seigneurie nerf de bœuf, si sec, archi-sec, qu'il se tiendrait debout tout seul. Ainsi fait il ramène les mitrons dans le chemin de la vertu. Vous les verriez, aussitôt qu'ils l'aperçoivent et qu'ils entendent : tf Soulevez-le pour la correc- tion!», se couler chétifs, les pauvrets, le long des murs. Vous les entendriez dire : tfJe me repens envers Dieu, maître, jamais je ne le ferai plusl» Le nerf de bœuf est pendu au- dessus de la tête du maître, à l'arcade de la fosse, bien exposé à la vue de tous. Au-dessus de lui est la petite étagère qui supporte la lampe.
Les murs du four sont tout garnis de crochets, de clous, plantés là pour que les mitrons y accrochent leurs sacoches à pain et leurs coussinets. Le coussinet a la forme d'un gâteau en couronne; il est garni de bandes d'étofie, de lisières de drap enroulées, et intérieurement bourré de chiffons; un bout de corde y est fixé qui permet au mitron de le maintenir sur sa tête. Celui-ci se sert du coussinet pour porter les lourdes
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planches à pain , les poêlons des musulmans et les marmites de sekhina^^'> des juifs. Il protège ainsi sa tête des écorchures. Mal- gré cela, jamais vous ne rencontrerez de mitron qui n'ait une marque à la tête; elle provient de la blessure de la planche à pain. A la porter aujourd'hui comme demain, la tête se blesse, tel le dos des ânes de louage, ou le crâne du Deghoûghi ^^\ Si un mitron, arrivé à quelque chose par un heureux concours de circonstances, se dispute un jour avec un autre individu, cet autre lui dit : «Tais-toi donc! T'imagines-tu que nous ne te connaissons pas ! Tu as oublié la sacoche et la blessure des planches à pain qui orne encore ta têtel Et par-dessus le mar- ché tu fais des embarras !w Alors l'ancien mitron se tait: c'est comme si on lui avait dit : «L'air altier et la fiente au soulier! '^^75
Dès quatre heures du matin, le pourvoyeur de bois vient chercher les ânes attachés à l'e'curie. Il les bâte, les garnit des cacolets et les pousse avec les ânes des autres fours du quartier. Il les emmène jusqu'au grand Socco où sont aussi montés d'autres pourvoyeurs des fours et des bains. Après s'être rencontrés au grand Socco, ils montent au Jebel elke- bîr (*^ et se rendent à la forêt. Là, ils passent la maline'e à faire
(') Sur la thçna, cf. infra, p. 1Û9 note 3.
(*' Sur la confrérie des Dyôyêia (sin/j. d-y^e)in9ue de celle des Hâmâd- Sa et sur son fondateur Sïdï Ahmed ed-Dyôyï, cf. Montet, loc. ct<. ,p. i3; Arch. mar., II, p. 106. Cette confrérie est inconnue en Aljjérie. Au cours de iour séance rituelle, les Dyôyêia lancent en l'air et reçoivent sur la tête des boulets de pierre; c'est à cette pratique que le présent texte fait allusion.
('^ Ce dicton est inconnu en Algérie; mais on dit dans le même sens dans la province d'Aljfcr : eljantàziia xjLulqmél fiimsiia «des embarras avec des poux dans la chéchia» (cf. Mohammed ben Ciieneb, Proverbe», II, n" i33^4).
(*) C'est le massif montagneux situé au nord-ouest de Tanger, le long de la côIp jusqu'au cap Spartel, cf. Arch. mar., I, t. 53 et suiv. — On trouvera ap. Flmky, Choix de correspondances marocaines , n" XXIII, texte, p. 5t, traduction, p. î?i, un intéressant document diplomatique relatif au
UO TEXTES ARABES
du bois. Au moment de la prière de midi , ils mènent boire leurs ânes et vers deux ou trois heures ils chargent le bois sur leurs bêtes, les poussent devant eux et redescendent au grand Socco. Les pourvoyeurs s'en vont et les ânes prennent tous le chemin de leurs fours ou de leurs bains. Ils vont tout droit à leur but, jamais ne s'égarent ou prennent un autre chemin. Est-ce étonnant, mon cher monsieur, que ces ânes con- naissent leur route du grand Socco jusqu'à leur four, tandis que le pochard s'il vient à avoir une pointe d'ivresse, ne se retrouve plus d'ici à là!
Les bêtes arrivent; elles trouvent les mitrons qui les atten- dent; à peine apparaissent-elles qu'ils ne font qu'un bond et Iqs voilà face à face avec les bourriquets. Vous diriez qu'ils ont pressenti leur arrivée. Ils se précipitent à deux sur une même bête, l'un tire par les oreilles, l'autre pousse par la queue; et quel hourvari! Les gens ne peuvent plus passer. 11 faut dire du reste que les rues sont tout à fait étroites; un âne chargé suffit déjà pour boucher le chemin; et qu'est-ce alors avec une charge de boisl Les gens évitent en grommelant le choc des souches, de ces énormes souches de chêne-liège: trVous allez démolir les égouts des gensw, disent-ils. Là-dessus le patron attrape le nerf de bœuf et d'une enjambée le voilà au milieu des mitrons : ^ Qu'est-ce que c'est que ce vacarme que font les fils d"Aïcha(')?w II dis- tribue dans le tas, à chacun d'eux, trois ou quatre bons coups et alors on n'entend plus que les cris des mitrons. Ils se mettent à enlever les morceaux de bois et à les jeter au milieu du four. Que Dieu glorifie le nerf de bœuf qui leur a communiqué ce pétillement d'activité!
droit de prendre du bois et de fabriquer du charbon dans la forêt qui couvre le versant nord du zhël-lskbîr (toujours ainsi prononcé avec tr an- nexion du qualificatif au qualifién).
'') C'est-à-dire (tmauvais garnements?». Je ne sais quelle est l'origine de cette expression inconnue en Algérie.
DE TANGER. lAt
L'ouvrier vient au four le matin, très tôt, avant que le soleil ne brille. Il tire les morceaux de bois du foyer oii ils sont restés la nuit, appelle un mitron pour qu'il lui apporte un seau d'eau, mouille i'écouvillon, balaye le foyer, rassemble tous les détritus des souches qui sont reste'es dedans pendant la nuit et les pousse sur le côté gauche. Il écorce un mor- ceau de bois et en place les éclats sur la pelle à enfourner; puis il prend un lambeau d'e'toffe impre'gné d'huile, le fourre sous les éclats de bois, craque une allumette, introduit le tout dans le foyer et peu à peu ajoute du menu bois pour que la flamme y monte. Une fois le feu bien allumé, il met dessus des morceaux de bois. Puis il monte sur une des ban- quettes de la fosse et savoure tranquillement une pipe de kîf. Il envoie le mitron lui chercher un verre de thé ou de café chez le cafetier avec un beignet grillé. Il déjeune à son aise et au moment oii il termine, les enfants commencent à venir chercher du feu : frLe feu n'est pas encore tombé ii, leur dit-il; et alors ils attendent; lui, en attendant ({ue le feu tombe, sèche les planchettes à Coran des enfants de l'école'^). Une fois le feu tombé, il en distribue dans les ter- rines; et si on a apporté à cuire des feuilletés ou des fouaces, il commence à les enfourner. Les mitrons balayent, arrosent, mais il n'y paraît guère, tant il y a de charbons du feu qu'on emporte répandus par terre, et de bouts de bois, d'écorces et de copeaux; si bien que lorsqu'arrive le patron, il trou\e le four comme on dit tr balayé, arrosé, avec de la saleté jusqu'au nezw.
Lorsque le patron est veau, il enlève sa jellâba et descend à la fosse. H envoie porter aux boulangères leurs planches, pour qu'on apporte leur pain au four; et lorsque le pain arrive, le patron se met à le cuire. Les mitrons
('^ Naturellement, ce service pieux rendu aux enfants do l'école est tout gratuit; aussi à Ticmceri, comp. Dialecte d« Tlemcen, p. aSi.
U2 TEXTES ARABES
posent à terre les planches, à côté de la fosse. Le maître enlëvft le linge qui recouvre chacune d'elles, perce les pains et les enfourne. Quand il a fini d'enfourner le pain des bou- langères, les planches des maisons particulières commencent à arriver. Sur le dessus de chacune, il y a le petit pain^^^ du patron. Chaque planche est différente des autres, et le pain qu'elle contient a aussi son aspect propre. Le patron , aussitôt la planche posée auprès de lui , jette un coup d'œil sur le petit pain; s'il le voit fortement aplati, il dit : «Que Dieu te fasse miséricorde, ô Sidi 'Abd-er-Rahmân el-Mej- doûb(2), qui a dit:
De la paume de la main elle l'a frappé . Au point de le rendre pareil à un feuilleté. On dii-ait qu'il est fait de farine d'emprunt, Ou que la ménagère garde rancune au patron.
Et le maître se met à proférer des injures et des malédic- tions : K C'est le pain de chez un tel , dit-il au mitron ? — Oui maître. — Eh bienl Quand tu le lui rapporteras, dis à la femme que, par Dieu, s'il elle me fait encore un petit pain comme celui-là, son pain, n'entrera certes plus à mon fourîr» Il enlève ce petit pain, le jette brutalement sur la planche à pain vide qu'il a auprès de lui, pour recevoir les petits pains non cuits, et il tape à coups d'aiguilles dans le pain de cette planche, perçant le mouchoir avec le reste, au point de le trouer contre un crible. Puis il commence à enfourner le pain des particuliers. Il tape sur chacun. Si la pâle est levée,
<'' Cf. infra, p. i43, note i.
(■-') Il s'agit du fameux Santon Sïdï /abd-er-Rahmïïn b. /aiiâd os-Sanhïïgî, surnommé elmeidûb frrilluminé», mort en 976 de l'hégire et enterré à Mequinez, sur lequel cf. de Gastries, Gnomes de Stdy Abder-Rahman el vwdjedoub; Arch. mar., II, p. 169-179, XVII, p. 376-877; et Stummë, Dichtkunst uiid Gedichte der Schluh, p, 9, sub I, et Remarque ab. — Le dicton qui lui est attribué ici figure avec des variantes notables, ap. nu Gastbibs, op. laud., p. i5, n° ao, et est commenté p. 16, n° 21.
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il enfourne immëdialement. Si elle ne l'est pas encore, la femme auquel appartient le pain vient lui dire : «Lorsque mon pain sera levé, enfourne-le moi à la droite du four 77; et le maître, lorsque le moment est venu, tient compte de la recommandation de la ménagère. La cuisson de la droite du four donne un pain bien ferme; la croûte n'y est pas cuite, sans que ne le soit aussi la mie ; et quant à la cuisson du côté gauche , dans le voisinage immédiat du brasier, elle donne un pain très défectueux : à le voir on le croirait cuit, et à rinlérieur c'est encore de la pâte. Le salaire du patron comporte dix pour cent du pain cuit par lui; ainsi sur cent pains des boulangères, il en prend dix pour sa part; sur dix pains confectionnés dans une maison particulière, il en prélève un. De même pour les faqqoûsa et les qarchoûla. Sur chaque éventaire de feuilletés, il perçoit un feuilleté. Il cuit, sans aucun salaire, les *âïcha oullâda; de même, il n'est pas rémunéré pour la cuisson des poêlons de viande et des terrines de poisson; il faut faire exception pour les poêlons de la fête des Sacrifices; il reçoit, par poêlon, un salaire minimum d'un vellon (^l
"' Le salaire du fournier se paye donc essentiellement en nature, à Tanger; de même à Cherchel. Le fournier prend un pain sur dix, ou, quand le nombre des pains est inférieur à dix, le (rpotlt painn (pj^ia, pi^a ou syçra) fabriqué tout exprès à son intention. Hoest parle aussi pour son époque d'un salaire du fournier en nature; mais il indique un taux plus élevé (environ le quart de la fournée, cf. Nachrichten von Marékos, p. 101). Il devait en être de même en Andalousie, où il est probable (jue le mot pÇia (pty.a), conservé à Tan{jer et à Cborchel, désignait le petit pain que le maître du four prenait pour son salaire; et ce n'est (jue dans la suite, par la substitution de la rétribution en argent à la rétribu- lion en nature, que le mot a pu prendre le sens, attesté par le castillan poya, catalan puja, de «cierlo derecbo que se paga en el horno comun»; cf. SiMONET, Glosario, p. /463. — D'autre part à el-Qsar el-kbir, comme à Tlfmcen, Alger, Constantine, Tunis et le Caire, le salaire pour la cuisson du pain se paye en argent (cf. Arch. mar., 11, 65; Aiioii BiiKn ben Ciioaïb, Uiaget de droit coulumier, p. 78 et suiv.; Spitta, Gramm., p. ^^9, note 5)
U/i TEXTES ARABES
Parlons maintenant de nos frérots les mitrons, les court- vêtus; on ne les prend qu'au-dessous de quinze ans, pour qu'ils puissent entrer chez les particuliers, voir les femmes et leur faire leurs commissions (^). Ce sont tous des petits Rifains ou Jebaliens; un petit Tange'rois, mourût-il de faim, ne se ferait pas mitron (^). La propreté est vraiment leur fait! Dégoûtants du haut en bas! Je voudrais que vous vissiez ces pieds faits pour y planter des oignons f-^), ne connaissant de chaussure qu'une couche de boue et d'ordure, et cette ché- chia, avec son indélébile raie de crasse; c'est d'eux que les anciens ont dit :
Son nom commence par un tâ^*',
Ses pieds sont naturellement chaussés ,
Appelle-le par son nom, il te dit frâ».
Le mitron s'habille de ce qu'il trouve; une fois, vous le trouvez vêtu d'un paletot, avec une corde en guise de ceinture, une autre fois, habillé d'une jellâba de laine, une autre encore, couvert d'une seule chemise avec un pantalon.
(') Gomp. les information» de Lehchunoi , VocabuL, p. 80, sub anacalo, ffno puede pasar de unes 11019 anos a causa de sus mujeresn; et les rficommandations à ce sujet do, lus el-IIâgg, ap. Madhal, III, 9o5, in princ. Il en est de même à Alger, où le tfel-knsa {sic pour iLij.5^ J.jLb) ftmiti'onn apporte le pain au four et le rapporte après cuisson à ses pro- priétaires; aussi à Tlemcen, où ce sont les petites filles qui portent le pain au four (cf. J. A., juillet 190/i, p. 78, I. ai), mais où parfois le mitron {mçtiallem ëlfprrân) le rapporte quand il est cuit (cf. Abou Bekh ben Choaïb, Usages de droit coutumier, p. 76).
'^' En Algérie aussi le métier de mitron est méprisé; cf.le dicton cité par Ben Cheneb, ap. Proverbes, III, n° 2279.
('^ Des expressions analogues sont connues dans toute l'Algérie : à Tlemcen, tézrai-fehum ëlkâbûia ffon y sèmerait des citrouilles» ; à Gonstan- tine, tézrai-fêhum çlmélh «on y sèmerait du 9e\n.
(*' Cf., sous la même forme, des chansons et devinettes, ap. Stumme, T.M.G., p. ga, 106; Marchand, ap. /. A., décembre igoS, p. liàg, in fine; Desparmet, Arabe dialectal (2° période), p. 76, i38, 176, aoa, etc.
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Et pour la canaillerie, la méchanceté, Teffronterie, Tinso- lence, ils sont maîtres .'Vous les voyez dans les quartiers de ia ville bondir comme des chevreaux, dépassant en mali- gnité les afrîts de notre Seigneur Salomon'^^. Ils usent entre eux d'expressions que personne ne peut comprendre, tant ils sont pleins de roublardise, de diablerie et de pétulance. Je vous prie de me dire ce que vous entendez à ceci par exemple : «A qui est-ce, ce pain? — C'est le pain d'Ahvvàni que le chacal a mordu et traîné jusqu'au marché de Zah- wâni ^'^K^ Parlons de leur travail : ils viennent au four très tôt le matin, si tôt qu'on dirait que le four a été l'objet des songes de leur nuit; à peine entrés, ils accrochent (au mur) sacoches et jellâbas, etchacun, armé d'un balai et d'une raclette, balaye d'une main , ratisse de l'autre ; on dirait des djinns — au nom de Dieu le clément le miséricordieux (^'. — Lors- qu'ils ont terminé, le patron est arrivé; il les envoie avec les planches chercher le pain des boulangères ; lorsqu'ils revien- nent, le feu est tombé; ils emportent du feu aux boulangères. Après quoi le patron les appelle et leur répartit la lâche : on entend par là le nombre des morceaux de pain que chaque mi- Iron doit ramasser; ce qui est en moins (au bout de la journée), le patron le complète à chacun par un nombre égal de coups de nerf de bœuf; la tâche de chacun d'eux est proportion- née à ses forces. Ils sortent, se dispersent dans les rues, et
'■5 Comparaison très courante en Algérie; cf. pour TIemcen /. A., juil- let igoi'i, |). 53, i. 19. Bien entendu, elle a son origine dans les légendes coraniques sur Salomon largement développées par la littérature musul- mane postérieure.
''' Propos ailitérés sans aucun sens plausible.
'^' On évite de prononcer le nom des djinns, et lorsqu'on le prononce on le fait suivre d'une formule pieuse, destinée à rendre sans danger cette imprudence, généralement la ba$mala, ou VistiiâSa (comp. Bel. Population de TIemcen, p. 7). On prononce aussi ces formules quand on a mentionné dans ia conversation quelque calamité redoutable, la niorl, la peste, etc.; cf. infra, p. 1G9, I. 1 : p. 17A, 1. 9.
TEXTKS IIIAIIKS. lO
U6 TEXTES ARABES
alors on entend leurs cris fc'^êrîrîrîrîrâ ^à. . . J^h. Quand le mitron arrive devant une maison et qu'il veut demander si le pain est levé, il entrouvre la porte, lorsqu'elle n'a pas do
verrou, et crie : wLevé ?w Si la porte est fermée par un
verrou, il met la bouche au trou de la serrure et crie. Les maîtresses de maison qui ont leur pain levé, quand le mitron n'est pas encore venu, frappent plusieurs coups avec l'anneau de la porte. Vous verriez alors les mitrons , aussitôt qu'ils enten- dent le choc de l'anneau, prendre leur jambes à leur cou. Le premier arrivé ou celui qui d'habitude fait les commissions de la ménagère emporte le pain. Quand le mitron s'arrête à la porte il dit : rf'Èou! Madame ma sœur!» La maîtresse de maison lui donne le pain, et lui fait des recommandations : tr Mets-le tout auprès du patron; prends garde qu'il ne le laisse aigrir; et après rapporte-le-moi tout de suite. ^7 Si elle a inuti- lement frappé, qu'aucun mitron ne se trouve dans le quartier et qu'un voisin vienne à passer, elle appelle ce passant: tfEh là! Monsieur! Que Dieu fasse miséricorde à tes parents! Porte-moi ce pain au four ; ne le laisse pas aigrir ainsi , devant moi.» L'homme lui répond: tr Allons! C'est bon, ma fille. fl II se baisse, soulève la planche et l'emporte. Telle est l'habitude chez nous; une femme, qui ne trouve personne pour faire ses commissions, en charge tout homme qui passe dans le quartier; et lui ne peut pas refuser, parce que les hommes sont honteux avec les femmes ^^K
") Comp. pour le cri des mitrons à Tunis, Sooin, Mai:, p. a8, n. Sa.
'*) Comp. pour Tiemcen, J.A., juillet igoi, p. 78 : fret sa mère met- tait dans un cruel embarras les passants obligeants qu'elle suppliait de porter son pain au four»; et, sur la honte qu'il y a pour un homme à repousser la demande d'une femme, les observations de Bel, ap. Djdzya, p. i56, 167; il serait intéressant de rapprocher ce fait, dans une étude spéciale, de divers autres, notamment du rôle politique des femmes comme messagères de paix (nombreux exemples pour le Maghreb, ap. I. HaldCn), et du droit de donner asile qui leur est reconnu, depuis l'époque antéislamique jusqu'à nos jours, dans presque tout le mondearabo.
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DE TANGER. 1A7
Lorsque le pain est cuit, le patron prend la planche qui le contenait, la jette au milieu de la chambre du four, com- mence à retirer le pain du foyer, et le lance au mitron. Le mitron attrape au vol les pains et les range sur la planche. Quand le patron a terminé, le mitron lui dit : te C'est tout pour celle-là? — C'est tout^^, répond le patron. Alors le mi- tron enlève la planche et l'emporte à la maison d'où elle Nient. Arrivé à la porte, il crie : rf ""Eou ! Madame ma sœur! — Attends un peu .'75, répond la ménagère. Elle sort, prend de ses mains la planche, découvre le pain, en soulevant le mou- choir. Si elle le trouve beau et bien cuit et que le mitron n'a pas lardé à le rapporter, elle lui en donne un bon gros mor- ceau en disant: ff Grâces te soient rendues, mon enfant; personne autre que toi ne m'emportera mon pain au fourin Si elle trouve le pain mal cuit, aigre, incomplètement levé, ou simplement froid, elle accable le mitron d'injures'^', lui, son grand-père et son arrière-grand-père ''^), et lui donne un tout petit morceau en disant : «Fiche-moi le camp, enfant du péché! Par Dieu, jamais de sa vie ton père ne verra plus de mon pain l-n Le misérable mitron s'en retourne tout droit au four, rencogne son quignon dans la sacoche et se remet à enlever les planches et à les reporter à leurs propriétaires. Les morceaux de pain ramassés par les mitrons sont pour eux; eux et leurs parents les mangent; ces morceaux consti- tuent leur salaire; vous les en verrez toujours très aVides; donnez un morceau de pain à un mitron et après vous pouvez le tuer ^^^. A cause de cela, les gens ont bien raison de dire :
'•' Cf. glossaire sub yJi.
'') L'habitude d'insulter et de maudire les ascendants d'un adversaire
osl domouréo, malgré l'interdiction formollo attribuée au Prophète, une
pratique courante dans tous les p.iys arabes. On dit piltoresquomont à
Tlenicon, de celui qui s'est livré à un débordement d'injures contre le
_ i;rand-p»''re ot r.irrièrc-grand-père de son adversaire : wll ne lui a pas
H laissé un ascendant dormir tranquille dans la tomber tiiû-hnllà-lii {rjdd'rqqnd
H W C-à-d. il est à votre merci.
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rMitron, petit fripon, qui te ferais tuer pour un quignon. 71 On ajoute encore au dicton quelque chose qui le complète; c'est très grossier et désagréable à entendre; j'ai honte de dire; mais nous considérons que, d'une part, si nous nous taisons, nous priverons les gens de l'utilité (de le connaître); que d'autre part, quelqu'un de malintentionné lisant ceci, et ne trouvant pas ledit complément, pourrait bien dire ; w II n'a pas su donner tout le dicton ; c'est pour ça qu'il a prétexté la vergogne. . . . v Aussi bien nous allons le dire; car suivant le proverbe : w Sotte vergogne à vos dépens, est duperie de Satan (^) 75; donc, — sauf votre respect, lecteurs — on ajoute: wJ'ai eu ta mère sous le paillasson Iv
Lorsque le maître a soif, le mitron va lui chercher de l'eau dans les maisons particulières. Arrivé à la maison où il est venu demander de l'eau, il crie : tf 'Èou I Madame ma sœurl Une petite gorgée d'eau pour le patron î»
Lorsqu'on appelle à la prière du maghreb, le patron fait venir les mitrons, en envoie deux ou trois chercher du son pour les ânes, et répartit entre les autres les petits pains, les qarchoûla, les biscuits, lesfaqqoûsa et les feuilletés, s'il en a. Puis il rassemble tout le reste sur une grande planche comme celle des boulangères; il en prend deux ou trois pains choisis qu'il envoie chez lui et donne à l'ouvrier quelques petits pains, en nombre suffisant pour sa consommation; puis lui ou l'ouvrier monte le restant au marché pour le vendre. Re- venons aux mitrons qui sont allés acheter du son; chacun d'eux enfile une rue, et l'on n'entend alors que : wQui a du son à vendre, qui a du son à vendre?» Le mitron achète le son de chaque maison au boisseau, au demi-boisseau, au quart de boisseau, jusqu'à ce qu'il ait rempli un quarteron ou un demi moudd, selon l'argent que lui a remis le patron.
"' Ce proverbe est aussi connu en Algérie, cf. Mohammed Ben Cheneb, Proverbes arabes de l'Algérie et du Maghreb, I, n° 188; comp. ibid., I, 11° 689, et III, n" 1933.
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Quant aux mitrons, qui sont allés vendre les petits pains, on n'entend que leurs appels, aux alentours des cafés : wQui veuf acheter des petits pains, qui veut acheter des qarchoûia, qui veut acheter des brioches ?75 Le patron ne les envoie ])as vendre, avant d'avoir fixé le prix de chaque article et de leur avoir fait ses recommandations: wFais, et fais bien, et rap- porte ton argent avec toi!w (Paroles superflues, au reste) — adresse-t-on des recommandations à un orphelin à pro- pos de ses pleurs f'^? — le mitron est vrai limier de police, vrai tâleb de médersa, vrai apprenti tisserand avisé (^\
C'est l'après-midi du vendredi, après le *asr. Les mitrons se répandent dans le quartier juif criant: trâlârisaii et ramas- sent les marmites de sekhîna^^\ A ce moment-là vous verriez le
^') Gomp. Freïtag, Arab. Prov., II, chap. xxiii, n" ûoa (à corrigei d'après Maidânï, Boulac, II, p. la/^i); III, p. 54o, n' SaiS; co proverbe qui était andaiou (Hadàiq, cahier 39, p. 3, I. 7, 8 : LCJ! (<v^JI jUjO' Ji\ «N'enseigne pas à pleurer à un orphelin») ne m'est pas connu en Algérie.
f*^ Ce dicton est connu à Tlemcen, où, du reste, la roublardise de l'apprenti tisserand est proverbiale, cf. J.A., juillet 190^ , p. io4, io5.
'^' La thîna est un mets juif composé d'œufs, de pommes de terre, de riz, de pois chiches, parfois de viande et de safran. On le pré- pare dans une marmite en terre qu'on bouche hermétiquement; ajjrès quoi on le fait cuire soit à la maison, soit au four banal. La sinna est faite le vendredi dans l'après-midi. Elle cuit toute la nuit du vendredi au samedi et est mangée au déjeuner du samedi. Le nom de xh'ma n'est donné à ce mets que par les Juifs de l'intérieur du Maroc, et par les musulmans, qui ne le confectionnent pas mais en mangent volontiers. Le mot *;>-itf" (cf. Nihàia, II, p. i5i) était connu en Andalousie où il désignait une sorte de bouillie de farine; cf. Pedro de Alcala, p. 166, 1. 37; Viicabulista, p. 545, sub pultes (emprunté par l'ancien espagnol zahinas; cf. Dozv et Engelmann, p. 30 1 ; Egiiilaz y Yak- ouAs, p. 531). Les Juifs de langue espagnole de Tanger n'appellent pas le mets slàiia, mais adafina; et à Tlemcen, Nedroma, Alger, Gonstan tine, il porte le nom de djlna; c'est proprement le mets cuit à l'étu- vce, enterré dans la cendre, comme l'a très bien vu Eguilàz y Yanouas dans son intéressant article Adajina, ap. Glomrio, p. /io-ûa; comp. Lkiiciidxdi, Vocabulario , p. 20, sub adafina; BtinoBTT Meakin, The Mnort, p. 464. Ce mets était aussi en usage parmi les Juifs d'Espagne
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gardien (') debout à la porte du four! Quelle superbe! Quels embarras! On dirait un juif venu de Lisbonne, et pourtant ce n'est qu\m pauvre déguenillé de juif indigène (^) abîmé comme par le contact de sept marmites. Voyez ces mècbts de cheveux qui lui pendent sur les oreilles, cette chéchia noire, écrasée sur la tête et luisante de crasse; elle tombe- rait sur une piene qu'elle se briserait, tant elle est sale et graisseuse; au-dessous d'elle apparaît la caboche du bâtard. Il est couvert d'une houppelande, si vieille qu'elle se souvient de l'aïeul des fourmis (^), qui a tant servi que son père déjà
l'époque musulmane. D'autre part, il faut mentionner à titre de curio- sité que les rabbins tangérois ont voulu trouver au mot adajîna une origine bébraique; ils l'ont mis en relation avec Exode, xvi, a3 : les Israélites auraient répondu à Tordre : IDN IDXD Tl^'N DK, par ces paroles : 1j"'DN 11 zo-âfînu «Voilà ce que nous avon? cuit«, et de ces deux mots combinés on aurait tiré le nom de Vadafina. — La horna désigne dans l'espagnol des Juifs de Tanger un plat de même genre que la ahîna, mais de composition plus simple; on n'y met généralement pas de viande et Ton remplace le riz par du blé pilé; on y ajoute force poivre rouge. La honsa est toujours cuite au four (comp. Aubin, Le Maroc d'aujourd'hui, p. 378). C'est naturellement l'arabe iu>oj<â (cf. Eguilaz y Yanguas, op. cit., p. 490, harija, hariza). Mais ce mot qui a désigné et désigne encore, suivant les régions, des mets de composition variée (cf. J. A., novembre 1860, p. 38 1 et suiv. ; Delphin, Recueil de Textes, p. 21a, 9i3; à Alger aujourd'hui une sorte do pâtisserie) est inconnu dans l'arabe de Tanger (comme à Ticmcen et Nédroma) cl par là s'explique la corruption que lui font subir les mitrons dan» leur cri â-lârçsa, â-tôrêsa.
^') Cf. glossaire sub wv^w
('^ On fait une grande différence entre le juif indigène de langue arabe ou berbère et le juif venu d'Europe (surtout de Lisbonne) à une époque plus ou moins lointaine; cf. Nahon, Les Israélites du Maroc, ap. Revue des études ethnographiques et sociologiques, 1909, p. 969 et aGo.
(^> Cette expression est connue à Tlemcen; à Alger on emploie pour parler d'une époque très reculée une expression analogue : ktj-kdn gkld- çiinmél latrùs «au temps otj le grand-père des fourmis était boucn. On ne me fournit au reste aucun détail sur l'aïeul des fourmis; et il n'est plus (juestion dans l'Afrique du Nord ni de y^'^, ni de (JJi^ (cf. Lisân el-ia- rab, XI, p. 160).
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n'avait plus de couleur; un pantalon qui n'est que taches, dont la couleur primitive est indiscernable, lui tombe jus- qu'aux chevilles; il a aux pieds des savates rapiécées, dont la mère n'avait plus déjà ni ascendants, ni proches, ni descen- dants ('^; il s'est passé au cou un sac tout rapetassé; et il est là à s'employer: à peine le mitron a-t-il apporté une marmite de sekhîna , qu'il la reçoit de ses mains , et la pose à terre. Sur le dessus delà marmite, il y a trois sous; il en prend un, le jette dans son sac, et donne les deux autres au patron. Il continue ainsi jusqu'à ce que toutes les marmites soient arrivées. Alors lui les passe et le patron les enfourne. Une fois l'opération finie, le patron ajoute du bois dans le foyer derrière les mar- mites, ferme la porte du four et donne la clé au gardien qui l'emporte chez lui et la garde toute la nuit. Le lendemain matin, vers huit heures ou huit heures et demie, lorsque arrive le patron, il ouvre le four. Il descend immédiatement à la fosse et commence à retirer les marmites. Le gardien les reçoit de ses mains et les pose à terre; puis il les comple toutes. Alors les mitrons commencent à travailler; celui qui a apporté une marmite la remporte à sa propriétaire qui en échange lui donne un morceau de pain.
"' Cf. glossaire sub Jj.
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IL La *ansra (^^ au jebel elkebîr (^l
Le jour de la *ansra, les femmes, les fiUes, les hommes, les garçons, les enfants, tous sortent. Il ne reste en ville que très peu de gens, ceux qui ont un deuil de famille par exemple ou quelque autre empêchement. Et tous ceux qui sortent se munissent de provisions, de tambours longs, de tambours de basque et de timbales; et parmi les garçons et les hommes, les fanatiques de musique emportent avec eux des violons, des luths, des rebâbs, de petites guitares et tous les accessoires d'instruments à cordes dont ils doivent avoir besoin (^l Pour ce qui est des rebâbs, on a beau les emporter, on les laissera à terre dans le coin de la tonnelle, ou fourrés entre deux des roseaux entrecroisés dont elle est faite, car les joueurs de rebâb sont rares. On les trouve dans la propor- tion de un sur mille. Ce n'est pas comme les joueurs de luth, les violonistes, guitaristes et tambourineurs; il faut mettre à part les joueurs de rebâb, car, pour un d'entre eux vous trou- verez mille des autres instrumentistes mentionnés; jugez par
C Sur la fête maghrit)ine de la lansra, cf. Douttk, Magie et religion, p. 565 et suiv.; et Meirâkech, p. 377-881; Westebmahck, Midsumtner Cnstom» in Morocco [Folklm-e, XVI, 1905, p. 28-47); pour cette fête chez les Béni Snous et clans la province d'Oran, Destaing, Fête» et cou- tumes saisonnières chez les Benî Snous, ap. Revue africaine, 1907, p. 961-972. Dans la province d'Alger, la fête est connue sous le nom de lanslâ, cf. Desparmet, Arabe dialectal, 9° période, p. i33, i34.
(^' Cf. supra, p. 189, note II.
W Sur les instruments de musique maghribins, cf. Bel, Djdzya, p. 9^ , 95, 96 du tirage à part (longue note sur le rbâb et la yfiita); Delphin et GniN, Notes sur la poésie et la musique arabes, p. 37-61 ; Budgett Meakin, The Moors, p. 209, 9o3 (avec de bonnes reproductions du gumbri, de la yâita et du tbel); Hoest, Nachrichten von Marôkos, p. 961 et suiv. (avec une orthographe souvent fautive) et planche XXXI (bonnes reproductions); Bc /alï el-^au^î, Kasf el-qinâi lan âlîit es-samûi, Alger, i399,p. 98 à loû; Salvador Daniel, La musique arabe, p. 66-82.
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là! Il advient même que certaines gens, très riches, em- mènent avec eux ^Aiilo et sa clarinette. Ce personnage s'ap- pelle de son vrai nom le maître 'Allai; (on ne le surnomme 'Alilo) que parce qu'il est tout petit, tout menu, avec des yeux comme ceux d'un petit poussin. En le voyant de dos, quand il marche, vous jureriez un gosse de quatre ans, tant Dieu l'a créé mal fichu! Quand il commence à jouer de la clarinette, ses yeux se ferment, ses joues se gonflent au- dessous d'un turban si prodigieux qu'on dirait de celui du Cheikh des Benî Msaouar^'l Quand sa jeilâba et ses souliers sont usés et que voulant les vendre il les porte au marché au bric-à-brac qui se tient entre les deux portes'^', il ne trouve personne pour les lui acheter; il est de trop petite [aille! On dirait que c'est un cochet nain ou une poule naine! Et le jour de la grande fête^'^, le matin, aussitôt que les gens ont fait les sacrifices, je voudrais vraiment que vous puissiez le voir, entouré de paniers pleins de têtes de mou- tons C''). Il est plante' au milieu comme une de ces massues, dont le choc fait partir la vie dans un vent et empêche le poil de repousser, ayant mis bas sa jellàba, retroussé ses manches sur ses bras, et ceint un tablier de cuir. On ne lui voit que ses petits yeux comme ceux du diable et ce turban
(•' Cf. sur cette trit)u jebalienne, Modliéras, Maroc inconnu, II, p, 607-618,
<*' Cf. sur la place située «entre les deux portes» immédiatement avant hâft-'l/ah* , Arch. mar., I, p. 100.
'^'1 La fête des Sacrilices.
'*' C'est riiabitude dans les faraillos tangéroises, comme à Tlomren et à Medéa , de manger des têtes de mouton le deuxième jour de la J'ôte des sacririCTs;cf Lerchundi, Vocobulnrio , p. i'75,sub carnei'o. Les forgerons de la ville creusent un trou dans la rue, y allument du feu et y flambent les tètes de mouton qu'on loiir apporte, moyennîint rétribution. Cette ha- liiliide (levait exister en Andalousie et c'est vraisemblablement à elle (|ii'1bn Guzmàn fait allusion dans la jolie pièce de p. 97*, 1. 7 : yLi i^ (»)CU. JS'i (»)Ci.^ o-^y K»>-i^ fet pour le flambage des tètes, il y a un trou dans rlia((ue quartier».
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large comme une mesure à grain qui lui tombe sur les épaules. Vous auriez plaisir à le voir empoigner de sa me- notte une hache qui pèse une livre et demie (^), s'employant à casser les cornes pour passer vite les têtes à son frère qui les grille; des mains maculées de sang comme s'il dévorait (la viande crue)! Et avec tout ça, par-dessus le marché, une superbe! Qu'on vienne à lui parler, il vous ferme le bec en disant : fr C'est un franc de monnaie espagnole, ou sinon enlève-moi ta tête(^^!7î Son orgueil est tel qu'il ne consent pas à aller creuser, comme les autres forgerons, un trou dans la rue pour y griller les têtes de mouton. Toute- fois, il faut avouer, pour l'amour de la vérité chère à Dieu, que c'est lui le meilleur musicien du pays. Je devrais peut- être vous dire même que dans tout le Maroc il n'y a personne à lui faire la pige comme joueur de clarinette. S'il s'agit en- core de jouer du luth, nul ne peut l'y prendre en faute! Si vous lui demandez de la sorcellerie, nul ne peut lui rendre vains ses prestiges I Et quant au coup de gueule! personne ne peut lui tenir têle, citadin ou montagnard, lettré ou igno- rant, ni qui que ce soit au monde sur terre ou sur mer! Si vous abordez avec lui les échecs, les dames, les cartes, il est imbattable; c'est un fort entre les forts, invincible aux jeux anciens comme aux jeux modernes. En médecine, en astro- nomie, c'est un afrît d'entre les afrits de notre seigneur Sa- lomon (^l Toutes les sciences de l'univers se donnent rendez- vous dans sa cervelle et il vous met à quia le meilleur tâleb. En prestidigitation, tout de même : il roule un bout de papier, l'avale et vomit une pièce ^d'un franc. Il rive leur
(') Une livre et demie «bouchère» rtàl g^zzâre, c.-à-d. un kilo et demi (cf. Gilles, Le Dialecte marocain, n" i, p. 7 et 8).
'^' Mot à double sens «remporte la tèle de mouton que tu apportes à {jriliern ou «enlève de devant mes yeux ta propre tête, que je ne te voie plus»,
('^ Conf. supra, p. iltb, n. 1.
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clou à tous ceux, quels qu'ils soient, qui font les malins avec lui, et les rend des objets de rise'e comme Tozzân ou comme Mâni Samsam — vieux païen, vieux mangeur de pierres dures et de figues de Barbarie constipantes — ^*l Voilà ce que je vous prie de dire à vos amis et à vos parents, même aux plus éloipnés, même à ceux qui vous sont unis par un lien aussi faible que l'odeur de la graisse restée au fond de la marmite ! Revenons aux gens qui vont aller fêler la 'ansra; ils se lèvent très tôt, au point du jour, lorsque la lumière bleue (du crépuscule) demeure au ciel, ou même lorsque les étoiles brillent encore, au moment du nebbouri — le nebboûri, c'est cette faible lueur de la première aurore, instant où les subsis- tances sont réparties entre les humains — ^~\ Or donc tous
(') Ce sont des fous de Tanger (cf. $upra, p. 1 98 , note 1); les mois entre tirets qui suivent le nom du second sont un brocard rimé, assez vide de sens, que les enfants lui décochent quand ils le trouvent dans la rue.
(^) La croyance que la subsistance terrestre est répartie entre les bu- mains, cbaque jour, au point du jour, se trouve aussi en Algérie. 11 faut se lever de bonne beure, pour obtenir du «f diviseur des subsistancosn {jâmâm lerzâq, au moment où il opère sa distriltution, une part aussi abondante que possible. Je ne connais rien dans la littérature du liadîts qui atteste exactement la même croyance à une époque ancienne; mais je tiens la croyance magbribine actuelle pour un développement de la croyance orthodoxe, qu'au point du jour, les anges gardiens de la nuit remontent vers Dieu , tandis que les anges gardiens du jour descendent sur la terre (cf. Bumârî, Mauâqit, n" tG); un développement dans ce sens est déjà marqué par le curieux liadîts rapporté par Taiiabï, Taftir, XV,
p. 88 (sur CoBAN, XVII, 80 IJwÛ-« yli'j^l (j)y» {jl; COmp. EL-HiFNÏ
sur d-^('tmit e»-myir, 1, p. 49 8); dans l'heure qui précède le point du jour. Dieu, descendu au ciel inférieur avec la troupe des anges, promet de pardonner à ceux qui imploreront le pardon, de donner à ceux qui demanderont, d'exaucer ceux qui formuleront des vœux, jusqu'à la pre- mière aurore. (Jne comparaison s'impose avec le '^vyB'/\\iepov de la ver-' sion arabo-éthiopicnne du Tetlament d'Adam pul)liée par Hezold, ap. Th. Noldcke Orient. Studien, II, p. 893-913 : à la dixi«"'mc beure de la nuit (celle qui précède le point du jour) «les portes du ciel s'ouvrent, les vœux des croyants sont exaucés, les demandes sont accordées, les bienfaits et les dons de Dieu descendent sur la terre» (p. 901-902).
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se sont éveillés, ont fait les ablutions et la prière; on a mis les cafetières sur les braseros; chaque enfant s'acquitte de la besogne dont il est chargé, l'un grille le pain, l'autre met à chauffer les feuilletés. Si dans la maison on a des qarchoûla , on les apporte; si l'on n'en a pas, on envoie le fils avec un quart de réal ou deux vêlions acheter une ou deux livres de beignets au marchand de beignets. Après quoi, le plateau posé à terre, le café versé, on commence à déjeuner. Chacun se garnit la panse de son mieux, car nos Marocains, s'ils n'ont pas. Dieu m'est témoin, le ventre gonflé et l'estomac rempli le plus possible, sont incapables d'avancer d'un pas; vous leur donneriez un doublon pour un pas qu'ils se refuseraient à le faire I Et alors comment voudriez-vous qu'ils montent de la ville jusqu'au Jebel elkebîr, et à pied encore? Arrivés tout juste au grand Socco, ils seraient à bout de forces et n'auraient plus de jambes pour faire le saut jusqu'à l'em- branchement des chemins. Or donc, les femmes, quand on n'a plus un coin de vide dans le corps, attrapent leurs haïks, se drapent et se voilent, et l'on crie : ff(En route) le Maroc est vert^'Mw Nos gens prennent le chemin qui les conduit à l'oued des Juifs (2). Il y a là des caravanes de femmes et des charges (de provisions). On ne trouverait pas où planter une aiguille, et la route du Jebel dirait volontiers : trSi un seul, ô rien qu'un seul, voulait bien s'enlever! 77 A tel point que si tout ce monde rencontre quelques bûcherons descendant de la forêt (^^, ces malheureux doivent ramener en arrière
('^ Traduit par conjecture; il faut vraisemblablement considérer cette expression comme une altération expresse du dicton de Sïdï ;abd-er-Rah- "mânel-Mezdïib^io^ Vj*-" (cf. de Castbies, p. 76, n° 18/1); mais j'ijjnore pourquoi ces mots sont employés aujourd'hui à Tanger comme une excla- mation signifiant K dépêchons-nous!».
'*) Cf. sur cette rivière, et la dépression où elle coulo, Arch. mar., I, p. i56, 1.57.
('' Cf. supra, p. 189, ilio.
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leurs ânes jusqu'à ce que s'écoule celte cohue du bon Dieu, que cesse ce pêle-mêle et finisse ce vacarme. Alors seulement le pauvre bûcheron peut passer en affrontant les flots d'une poussière, si épaisse l'espace d'un bon quart d'heure, que vous en diriez : wPas possible que ce soit de la poussière, c'est du brouillard! 15 Le malheureux commence à pester : a- C'est la mahalla de Moulêy Slimân'^^, cène sont pas des pèlerins! 75 Et voici par exemple que tout à fait à l'arrière-garde suit une vieille, une très vieille toute décrépite, pareille à un scor- pion, pareille à un serpent dont le nez distille le venin'--. Elle a saisi au vol ces paroles du bûcheron; elle se tourne vers lui, et alors, que Dieu soit en aide au pauvre diable! que ne va-t-il pas entendre sur son grand-père et le grand-père de son père, du temps qu'il jouait à la balle '-^M Elle com- mence à l'attraper : «Tu vas nous porter la guigne! Mes cinq doigts et la ce'cilé dans ton œil! Fils de déguenillé! Fils de banni !i? Voilà- t-il pas que d'autres vieilles l'entendent :
('^ En 1996, ]e neuvième des sultans delà dynastie /alauïia, Moulêy Slimàn ,ben Mohammed réunit contre les Berbères Geruân une armée considérable, où figurèrent des contingents de toutes les tribus maro- caines soumises au pouvoir des Cbérifs. L'expédition échoua complète- ment. Ce gros effort militaire et son échec retentissant ont vivement frappé les historiographes marocains (cf. Isliqxâ, IV, p. i/i3, 1. i3, i4 : /^làf ^...i^yiXLi j^a^l j.^ yd (S-^'i comp. les réflexions d'EZ-ZAjÀNÏ ap. etlur^umân elmuirib, traduction Houdas, p. 198) et la mahalla de Moulêy Slimân est demeurée proverbiale dans le Nord marocain. Proverbiale aussi est «la lettre de Moulêy Slimànn : uhhhâ-diib-brâ-dmnlçi-sliman «(je ne le ferai absolument pas) apporterais-tu même la lettre de M. S.??. Le sultan Moulêy Slîmftn fut grand épislolier; trois lettres de lui aux gens de Fez sont particulièrement célèbres, la dernière contenant son testament politique; es-Slâi)! a rapporté le texte de deux d'entre elles, et analysé l'autre (cf. hliqsâ, IV, i54-i55, iSg, 166). C'est vraisemblablement à l'une de ces lettres que I3 dicton fait allusion, peut-être à la deuxième qui provoqua à Fez une véritable révolution (cf. ibid., p. lOo).
^'' Comp. Ben Cheneb, frov., n"' 805, 981 ; Delpuin, Recueil de textes, p. 118, note 10.
'■^' Comp. nnpra, p. i/i'j, note a.
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ff Qu'as-tu, mère une telle ?n Et elles se détournent : ff C'est ce bûcheron, répond-elle, qui vient de dire ceci et ça!w Alors toutes commencent d'un même coup de gueule : tf Eh dis donc, toil Ta fiente n'a pas encore se'ché dans le pays et tu veux avaler tes seigneurs et maîtres, les gens de vieille souche, de famille puissante, dont les chandelles ont une coudée de long ^^^ ! Par Dieu , si notre fils ou notre mari t'avaient entendu, ils te ierai(Mit entendre, espèce de pignouf, ce que tu n'en- tendras jamais ! Ils te feraient voir ce que sont ton père et ton grand-père; ils t'ouvriraient la bouche et t'y mettraient du piment rouge '^'îw Le pauvre diable n'échappe à leurs injures qu'à grand' peine. Il faut que Dieu lui fasse trouver quelque haie, quelque coude du chemin oh il s'empresse de se défiler pour se mettre à l'abri; et lorsque, plus bas, il rencontre l'oued et qu'il s'enfonce dans une fondrière, il dit tout hors de lui : w Mieux vaut la boue et la fatigue que ces gueules de male'diction. Elles m'ont fait supporter des épreuves comme celles de Tamîm-ed-dâr'^^; je les laisse à Dieu et au Saint maître de la forêt ('^'.w
Jâma* el-Moqra' '^^ est situé imme'diatement au-dessus de l'oued des Juifs, à environ deux cents pas. Cette localité est à moitié route de Sîdi '1-Masmoûdi à la ville; c'est un cn-
('' Cf. un dicton analogue en Algérie ap. Ben Chrneb, Proverbes, lit, p. 117, n° 9286. — L'emploi de longues chandelles serait un raffine- ment d'élégance; comp. JCL>^ Juufû^ dans la chanson marocaine sur le thé, ap. MouLiKRAS, Maroc inconnu, II, liSi.
(^^ Supplice marocain bien connu; cf. Aubin, Le Maroc d'aujourd'hui, p. 118.
('' C'est sous ce nom qu'est connu , dans l'Afrique du Nord , le légen- daire compagnon du prophète ,5r!jJI (O* (cf. Basset, Les aventures mer- veilleuses de Temim ed Ddri, extrait du Journal de la Société asiatique italienne, V, 1891, p. 1 1, 1. 29; p. 1 3, n. n); et il en était probablement de môme en Espagne (cf. G. Roble, Leyenda de Temim addar, ap. Leyendas moriscas, II, p. 97 et suiv.).
'*^ C'est Sîdi 'l-Masmoùdi , cf. infra, p. 63 et suiv.
(^^ Gros village du Falis peuplé de rifains, Arch. viar., I, p. 197.
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droit accidenté avec beaucoup d'arbres, des cactus, de larges dalles et du grès tendre, dominant TOcéan. Vous aper- cevez devant vous la mer comme une mare, et en dessous de Jâma' el-Moqra^ la plaine de Marchân(^); et oii que vous jetiez iee yeux, vous voyez les chemins, les jardins, les pota- gers et tous les biens de Monseigneur Dieu! Les légumes de cette localité, les courges notamment, sont les plus renom- més, les plus doux, les plus savoureux; il n'y en a pas d'un goût plus agréable. Tout Tangérois qui achète des courges à la Plaza^^^ ou au grand Socco ne saurait manquer de deman- der si oui ou non elles viennent de Jâma'' el-Moqra\ Si le marchand répond : ffOui^i, l'acheteur attrape une courge — courge dite d'es-slâwi^^^ ou autre, — il y mord et la goûte du bout de la langue pour voir si elle est douce. Voilà la ma- nière de goûter les courges. Vous trouverez encore à Jâma* el-Moqra' les fruits, poires, pommes, ligues -fleurs, figues violettes et figues brunes; et les figues de Barbarie les meil- leures viennent de là. Elles sont fraîches et douces, parce qu'elles sont poussées parmi les pierres; et les figues de Bar- barie des terrains pierreux sont les plus renommées. H n'y a pas meilleures figues de Barbarie que celles de Jàma^ el- Moqra'; je n'en excepte que celles d'Oued Râs*^^, et après, tirez l'échelle.
A el-Merâlah(^), on trouve à droite et à gauche les jardins
f' Le plateau bien connu qui domine Tanger au Nord-Ouest, cf. Arch. mar., I, 153, i5û.
'*' CVst le marclié aux iégumos qui serait appelé aussi qâiàt-lfiitdra , d'après Arch. mar., I, 5o et loo.
(■^' Sorte de courge longue et vert pâle, cf. Kaif er-Rumùz, p. 77; sur les variétés de courges du Nord marocain, Arch, tnar., VJII, p. 3o, n. '.].
'■''"> Région limilioplic d'Anjra et du territoire des Benï Msamiar; cf. MouLiKRAs, Maroc inconnu, II, p. 76G et suiv.
<** Cf. sur celte loralilc Arch. mar., I, i5/i; l'explication populaire du nom de mrâlah, fflieux de repos», a beaucoup pour elle (cf. rî^nh -bri wso reposer»; et le secondaire tunisien rallah ap. Stlmiie, Tun. frr., p. 16O).
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des Européens, entourés de murs de pierres ou de haies; il y en a aussi qui ont des clôtures de fil de fer et d'autres qui ont dos clôtures en planches. A chaque porle il y a un ou deux bancs. A mi-chemin, Ton trouve une montée très raide, si raide même que ceux qui la gravissent, le cœur leuF man- quant, rappellent la montée du pont du Jugement dernier (^). Or donc, celui qui est fatigué s'assied et se repose dans son accablement sur l'un des bancs dont nous avons parlé. C'est pour cela qu'on nomme l'endroit el-Merâtah (les reposoirs). Laissons derrière nous Jâma' el-Moqra\ laissons aussi el- Merâtah, et parlons maintenant d'Agla.
Agla (^) est silué au-dessous de el-*Onsar et au-dessus de Sîdi 'i-Masmoûdi, dans un terrain accidenté, avec des préci- pices, des ravins, des trous, de larges roches glissantes; et au-dessous il y a le rivage de la mer, des récifs, des blocs de pierres amoncelés. Si quelqu'un roulait sur ces pierres glissantes, il s'en irait dégringolant jusqu'au rivage au beau milieu de ce chaos du bo» Dieu, et ça lui ferait passer le goût du pain! Que puis-je vous dire? Agla c'est un endroit 011 l'on s'esquinte, un vrai « châtiment douloureux w '"*^ On ne trouve à y louer que ses poires musquées et une espèce de fleur qui s'ouvre la nuit. Toutefois, les rossignols y sont nombreux et aussi les oiseaux de toute espèce. Lorsqu'ils chantent les louanges de Dieu le matin, ils feraient revivre un cœur mort! A plus forte raison lorsqu'ils ont crficndu la mélodie des instruments à cordes des gens de la 'ansral Et ceux-ci, entendant à leur tour la chanson du rossignol^, se tournent vers lui et lui disent : ff C'est dommage, rossignol,
''^ Jj'imagination populaire au Majjhreb se représente te pont du Sirïït non seulement «affilé comme un sabre et mince comme un cheveu ^î conformément à l'eschatologie orthodoxe, mais encore comme s'élevant en pente très rapide.
'^) Cf. sur cette localité, Arch. mar., 1, p. i54.
'^^ Cf. supra, p. 59, n. i.
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(jue, quaud tu as bu le jus dés figues-fleurs, lu t'enroues et cesses de chanter (^); tu répondrais à notre de'sir en conti- nuant tout le long de Tannée !t? Voilà ce qu'est Agla.
Maintenant attrapez-moi la montée qu'on appelle le rai- dillon des bonnes femmes et continuez en grimpant à quatre pattes; les bêtes de somme ne s'en tireraient pas. Il leur faut faire un détour par un chemin où le sol est de la terre; dans un chemin sur le roc comme celui de cette montée, elles ne s'en tirent pas. C'est seulement au haut que vous commencez à descendre un peu et que vous rejoignez notre bonne maîtresse Madame la plaine. Alors plus rien que la plaine et les dons de Dieu (2), les herbages, l'orge tardif en épis. Où est-il, où est-il ce zéphyr? Quelle chose exquise ^^'î Je n'ai rien de plus à vous dire. Oui! Si vous voyiez tout cela, vous ne vous résigneriez pas à en détourner le regard de vos yeux. Que Dieu laisse à l'œil ce qu'il a vu, et voilà! C'est dans celte plaine que se trouvent les plus beaux ver- gers d'Agla. Maintenant, quand nous prenons le chemin tout droit, nous entrons dans un sentier très étroit, tout obstrué de haies et de ronces, et qui ressemble à un chemin des Souâni '*) appelé Boû Khachkhâch. Une fois à rextrémité de ce passage , nous retrouvons la grand'route qui aboutit à el- 'Onsar; dix pas à peine et nous y voilà! Voilà cette source pure avec son ombre et toute sa beauté. Il y a là un berceau aussi haut que large et ombrageant à proportion toute la source; voûte d'arbres, rien de plus, oliviers et osiers. Ce
C' L« rossignol finit de chanter avec la fin de la saison des amours, c'est-à-dire au mois de juillet; ce moment est aussi celui de la maturité des fi{jues-fleurs; on attribue le silence du rossignol à l'action sur sa voix du jus des fijjues-lleurs.
'') Traduit par conjecture; l'allitération Iq0 uma-içâ, très courante s Tanger, est inconnue en Algérie.
'•^) Cf. glossaire sub J.^ .
'■'''> Cf. sur ce village peuplé de Rifains, situé à deux kilomètres de Tanger sur la route de Fez, Arch. mai-., I, igS.
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lIMrSlR lATIOlALI.
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sont leurs branches et leur feuillage qui donnent Tombre, la fraîcheur et tempèrent le zéphyr. Au-dessous il y a un grand trou en forme de tre'mie de moulin à grain, rempli d'une eau pure comme Tor, fraîche et légère; au fond le visiteur voit se refléter son image, tant le liquide est clair et limpide. L'eau sort de terre par un petit orifice naturel , depuis le com- mencement du monde. Personne n'a creusé la source , personne ne l'a aménagée; c'est Dieu qui l'a faite ainsi. Il n'y a de re- nommé parmi les productions d'el-'Onsar que la rose de Sijilmassa, royale, d'un rouge éclatant, avec un parfum pénétrant qui faitéternuer^^^; on trouve là aussi la sesbanée, les prunes dites de Valence, et aussi la Portugaise, variété de prune noire. Les esclaves des gros richards (^'montent avec des mulets chargés de tonneaux et de gargoulettes dans des chouâri. Ils remplissent leurs récipients de l'eau d'el-'Onsar ou de l'eau de leurs jardins; ils bouchent fës gargoulettes avec du laurier; puis ils cueillent des bouquets qu'ils en- tourent de traînasse , et ils redescendent. Chaque jour, matin et soir, ils vont ainsi chercher de l'eau; ils n'y manquent ja- mais. A environ sept à dix minutes d'el-*Onsar se trouve Tchourrâr (^). Il y a là un rocher d'au moins cent brasses mâlekites'''^, avec une large excavation au milieu d'oii l'eau
(') C'est celle qu'on appelle aussi «rose du Tafilelt», cf. Dozy, Suppl., p. 995, sub jS*-ï>.
(*) Cf. glossaire sub ^jj*^-
(') Cf. Arch. mar., I, i54; éçrrâr, avec un pi. crâur, signifie ft cas- cade»; le mot est probablement d'origine romane, cf. Lerchundi, Voc, p. 353; SiMONET, Glosario de voces ibérica», p. 167, 168; toutefois en Algérie, on a dans ce sens êàrsâra (maltais carcdra, ap. Falzon, p. 38), pour lequel il ne faut pas perdre de vue le classique JuiJ^ .
("^ La «brasse malékite» (qâma malkîia) n'est pas du tout une mesure de longueur usuelle à Tanger. Il n'en est guère fait mention que dans les récits des conteurs, et quand on interroge sur ses dimensions on obtient les réponses les plus fantaisistes. Les lettrés renvoient à la fixation de la iUU indiquée par les commentateurs du précis malékite de Sîoi halîl ( généralement «sept pieds?» ou «quatre coudées»). Par contre les conteurs
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sort été comme hiver. Jamais elle ne cesse de couler. Elle est pure comme de l'argent; et en payant de ce bas monde et ce qu'il contient '*' le plaisir d'en boire une gorgée, on ferait vraiment un bon marché! Buvez-en une seule lampée : au- riez-vous mangé autant qu'il est possible que vous mettant à taper sur un ragoût, vous diriez bientôt : tfMais où est-il donc passé ?w
Lorsque toute cette foule monte au Jebel, ceux qui sont de Jâma' el-Moqra' entrent dans leurs jardins, et alors, si ce qui reste de la journée est encore long comme une corde, dès le soir même ils vont visiter le Saint. S'il ne reste plus que peu de temps jusqu'à la nuit et qu'avant que vous vou# grattiez la tête, l'appel à la prière du maghreb doive retentir, on remet la visite au lendemain matin. On se lèvera au point du jour, avant le chant des poules. Laissons-les et voyons ceux qui sont montés vers le Jebel, vers Agla, etc. Ceux-là, avant d'entrer dans leurs vergers, même si le so- leil est près de se coucher, ne manquent pas d'aller voir le Saint. Le gardien vient au-devant d'eux à la porte : ff Salut aux visiteurs. — Que Dieu te donne le salut!'', répondent-ils. Ils enlèvent leurs souliers à la porte et se tiennent debout '^^.
populaires assignent à la cbrasse mal(5kite» des dimensions extravagantes : "Iqâma-lmqtkiia f(ha-r''b" lèn-dra' t (ria brasse malékito contient quarante coudées» ! L'cpithète de (_pL» caractérise dans divers textes des mesures de longueur; ainsi j3UL tU j ou JÛi3L« cl,i ap. Ibn Batoutah, I, p. 291; y. A., nov. - déc. 1886, p. Û99; Aumed beï Kahal, Livre de» ferle» enfouie» , passim , par exemple p. i 4 , p. 1 38 ; aussi à^L* Ua^ , ibid., p. i38 (communication amicale de G. Wibt).
t*) Expression empruntée à la langue de l'éthique musulmane, et déjà fréquente dans le hadits (par ex. Bchârî gihâd, n° 5, n° 6; bad'-elhalq , n'S).
<*' El-Kattànï, dans les 68 premières pages du tome I de la Soldat el-'anfa», a donné un véritable petit traité du culte des saints au point de vue de la dortrino niaghribine, et un rituel de ce culte; sur la plupart des points, il rapporte et discute les opinions des rigoristes musulmans
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Ils tendent au gardien des coqs, l'un après l'autre. Lui les égorge''^, tandis qu'ils restent debout à regarder. Si le coq tressaille très fort, ils se disent : fc Noire vie sera encore longues; et s'il ne tressaille pas, ils se disent : cr Noire vie sera courte t'. Ils pensent de même dans leurs cœurs pour les chevreaux et les moutons de la fêle des Sacrifices ^^l Quand on les égorge, les femmes sont là atlenlives à guetter les frémissements des victimes. Nos gens s'oignent du sang des coqs au front, aux articulations des mains et des pieds (•''), puis ils entrent au tombeau du Saint. Ils embrassenl les murs en disant : tfNous sommes les botes de Dieu et tes hôtes, ô maître de la forêt !n Puis* ils pe'nètrent à l'intérieur, em- brassent le tombeau et se frottent le visage à l'étoffe qui le recouvre '^^. La gardienne leur apporte le brasero ou le brûle- parfums et ils font des fumigations d'aloès, de jâoui ou d'encens. Si leur fils ou leur mari * est tiileb, il leur récite du Coran auprès du Saint; sinon, ils appellent le gardien —
qui se sont occupés de la question, notamment celle de Ibn el-Hàgg dans le Madhal. — Il recommande expressément aux visiteurs des tombeaux des saints d'enlever leurs chaussures, p. 38, 89.
t') L'auteur de la Saluât el-anfâs s'étend longuement sur la question des sacrifices aux marabouts (p. 55 in fine et sniv.); n'osant trop les blâ- mer, il cherche à n'y voir qu'une aumône do la chair des bêtes sacrilices, et examine surtout dans quels cas la consommation de cette chair sera licite. — Les sacrifices de coqs et de poules sont extrêmement fréquents dans l'Afrique du Nord (cf. Doutté, Magie et Religion, p. /i55, A56, 463, 464, 475, avec de nombreuses références), et semblent même spécifiquement africains (cf. Goldziher, Muham. Studien, II, p. 348-
(^) Gomp. sur le présage tiré du tressaillement des victimes : Doutté , op. cit., p. 468; Goldziher, lac. cit., p. 347.
(■^) Les onctions avec le sang des victimes sont rarement pratiquées en Algérie. Cf. cependant Doutté, op. laud., p. 470 et 478; cf. glossaire sub -ûJ.
(') Formellement blâmé par l'auteur de la Saluât el-'anjâs, p. 43, «parce que c'est une pratique des chrétiens». L'auteur cite Irn el-Hâgg Madhal, I, p. 918, 919.
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cinq sous n'ont jamais causé de honte à personne ^^^ — et celui- ci récite pour eux ^'^K Après quoi il lève les mains pour la fàtha^^) à leur intention, et le chemin qui Ta amené le rem- mène. Et maintenant les femmes tirent d'une poche dans
'■) Expression proverbiale inconnue en Algérie.
*^ La pratique de la récitation du Coran au tombeau des saints, cou- rante en Algérie et au Maroc , est discutée longuement au point de vue de l'orthodoxie musulmane et légitimée ap. Saluât el~'anfàs,ï, p. 3i-35.
•'' C'est-à-dire ffils adressent des vœux à Dieu en élevant les mains, les paumes ouvertes tournées vers le ciel, à la hauteur du coun; comp. pour la signification de cette attitude, Goldziher, ap. Nôldeke Orient. Studien, I, p. 827. L'explication de l'expression elle-même donnée par Vassel {Uher marohk. Processpraxis , ap. Mitt. d. Seminars, V,, 190a, p. 188) «prière avec les mains ouvertes (ne pas confondre avec la première sourate du Coran)» me semble difficilement admissible. A vrai dire, à Tanger non plus qu'à Fez (cf. Kahpffheyer, Texte ans Fes, ap. Mitt. d. Semi- nars, XII2, 1909, p. 27, note 3), à Tlemcen (cf. Dialecte de Tlemcen, p. 948, note 1), à Sfax (cf. NARBEsauBEn, Aus dem Leben in Sfax, p. 19 noie 33), la récitation de la première sourate du Coran (à Tanger, "Ifâtiha, en Algérie IMmdulillâh) ne prend nécessairement place dans la J'âlha. Mais elle a dû d'abord servir d'introduction ou de conclusion aux vœux qu'on formulait dans l'attitude particulière décrite plus haut, donner son nom à leur série; c'est ce que constate expressément l'auteur de la Saluât el-'anfâs dans l'intéressant passage où il apprécie la valeur de cette pratique (II, p. 160, 161 ;comp. Cuebbonneau, Essai sur la littérature arabe au Soudan, p. 17, 18). De même en Arabie, la/«tAamecquoise, par laquelle on conclut tous les actes imporUmIs de la vie sociale , et qui est accomplie dans la même attitude que la fatlia marocaine, comporte es- sentiellement la récitation de hfâtiha (cf. Snouck Uvrckojhk, Mekka, II, p. 35 et particulièrement note 3; et comp. pour une fonction analogue de la récitation de la Jâtiha, ELii Qocdsï, Corporations de Damas, p. 20 etsuiv. ;p. 29, le pfl(erno»<er appelé ^^^Lajjl JlsrU ); par contre , on trouve, dans l'Arabie du Sud, dt'ajaliha sans récitation de Coran (cf. Landberg, DaOina, p. 5.59, .^)6o ; 718, 719; 1070, 1071). En outre, il n'est pas rare, à Tanger (dans les fiançailles, comp. Lane, Mod. Egypliam, I, 202, 2o3),à Alger (surtout au cas de fStha pour la guérison d'un malade) et chez les Bédouins d'Oranie (cf. Delpiiin, Textes, p. 3i5 in fine), (|u'on termine la série des vœux par la récitation de la pre- mière sourate du Coran.
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leur dos ou dans leur ceinture deux ou trois paquets de bougies, ouvrent le premier, en sortent deux ou trois bougies et les plantent dans des chandeliers de fer blanc (^). Ces chan- deliers sont très courts avec une pointe au milieu fichée dans la planche de support, pour qu'on puisse y planter la bougie de bonne façon (^l Mais n'oublions pas les jeunes filles qui sont monte'es avec leurs parents voir le Saint. Ceux-ci sont tout occupés à allumer des bougies; mais elles, tout en fai- sant semblant d'embrasser la balustrade du tombeau, disent au Saint : w Chose de Dieu, pour l'amour de Dieu'^'I Nous cherchons asile auprès de toi ! 0 Sîdi M-Masmoûdi I 0 Sîdi M-Masmoûdi nous sommes sous la protection de Dieu et sous la tienne; ô oiseau vert^^^ ô lampe de la forêt, ô toi qui ha- bites les montagnes! Mon cœur est triste; accorde-nous le bien et donne-nous tes faveurs, ô mon Dieu! Fais que j'épouse un tel et que je n'épouse pas l'autre. Procure-moi celui qui me sera avantageux et éloigne de moi celui dont je n'ai que faire. 0 mon Dieu! Mon cœur est tout allligé. 0 mon Dieu! 0 Seigneur! En voilà une chance que la mienne! 0 mon Dieu, débarrasse-moi de ce vaurien; que Dieu le maudisse , lui , son amour et ceux qui l'ont envoyé vers moi ! n Or chaque famille, hommes et femmes, entre dans son
(0 Pratique approuvée par l'auteur de la Sahiat el-'anfâs, I, p. 6'i in fine.
(*^ Cf. glossaire sub ÂXïj .
(■*) C'est la formule par laquelle les mendianls sollicitent la charitô publique (cf. glossaire sub ^jo»); ceux qui ont à obtenir du saint uno faveur se présentent comme s'ils demandaient une aumône.
C*' Le nom d'«f oiseau vert», donné ici à Sîdi'i-Masmoùdi est donné à TIemcen par les femmes à divers saints. Le célèbre lliéolofjien es-Senoûsi notamment , d'après la légende locale , se serait montre sous la forme d'un oiseau vert. Goldziher a étudié la croyance musulmane à la migration des âmes des martyrs et des saints dans les corps d'oiseaux verts, ap. Globus, mai igoS, LXXXIII, n" 19, Die Seeleiivngel im islamischen Vollcs- glauben, p. 3o9; cf. aussi Lindberg, Dadîna,p. 1018.
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jardin; et une fois là, on se sépare. Les hommes enlèvent le bagage du dos des bêtes et passent aux femmes les usten- siles et provisions. Celles-ci étendent les nattes dans une vaste tonnelle, déploient alors les tapis, disposent les matelas et s'asseyent; puis elles posent à terre le plateau, font du thé et commencent à s'enfiler des verres à tire-larigot. Quand on a fini de boire du thé, les femmes attrapent les tambours, les tambours longs, et se mettent à fêter la *ansra par des chansons. Parlons maintenant des filles, petites et grandes; (îUes se concertent pour suspendre la balançoire '^^ : où et com-
('' Cf. sur la balançoire dans l'Afrique du Nord, Doutté, Magie et Religion dans V Afrique du Nord, p. 58o, 58 1 ; et Dialecte de Tlemcen, p. 9o6. A Tanger comme à Tlemcen, le jeu de la balançoire est en hon- neur tout l'été , sans qu'on le pratique plus spécialement à des jours dé- terminés. A Tétouan, on s'y livrerait surtout, d'après Doutté {loc. cit.), au moment des abricots. La chansonnette de p. 17^, 1. ai, ferait alors, semble-t-il, allusion à cette habitude. En complément à ce qu'a dit DoDTTÉ {loc. cit.) il faut dire que dans la région de Teniet el-hadd, on se livre surtout au jeu de la balançoire au moment du battage des céréales r parce que le va-et-vient de la balançoire passe pour amener la brise néces- saire au travail des vanneursn. La balançoire est connue dans toutes les régions arabes et berbères de l'Algérie et sous les noms les plus variés. Le tnâtesa ou mçtçïia de Tanger qui était aussi andalou (Pedro de Alcala, 169, 1. 28 sub colunpio) ne m'est connu en Algérie, qu'à Chercliel, sous la forme mtçia, mais il est à rapprocher du ieijald des Juifs tlem- ceniens et algérois et du tçtçïàa de Tolga. Par ailleurs, le dui-ziha du Maghrib oriental (cf. Stcmme, T. G., p. i65; M.G.T., p. açj'j, darziha) se retrouve dans le Sud conslantinois [dçri^lui), et avec métalhèse dans le Sud algérois, et chez les bédouins et ruraux d'Oranie dçhraiza; à Oujda lath"nza. Un autre groupe de noms est celui de gailûla à Alger, gotlçila chez les ruraux du Tell algérois et constantiuois, guyltln à Tlemcen, à rap- procher du tailùila de La Calle. D'autres noms apparaissent encore isolément : dfiuçika à Mazouna, mhalh'la à CoUo, hallçiza à Bougi(!, iennâiqa à Msila, iembaita à Guelma, ■yollfiia à Nedroma. Le nom de la balançoire à Negaous murzàh est proche des classiques X^^^J 1 iK^j.-^-^, *^'^; (par la conta- mination desquels peut être expliqué le groupe durztha; cf. Z.D.M.G., i8y6, p. 3a8) et de» noms orientaux : égyptien murgêha ou murgûha
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ment? L'une d'elles dit : rNous n'avons ni corde de palmier nain, ni corde de chanvre, ni corde d'aucune sorte, rien du tout, rien de r'ienlv Une autre, l'entendant, dit alors : tf N'avons-nous pas monté le bagage sur des bêtes? La charge de la bête de somme, il faut qu'elle soit attachée par des cordes entre-croisées; et d'une I n Une autre vient alors donner son avis et dit : «Preste, allez! Au chouâri! les cordes y sont restées attachées, w Aussitôt les voilà parties d'ici à là jusqu'auprès de la haie, et elles entourent le chouâri comme la bague entoure le doigt. Les unes l'inspectent par ici, les autres par là, jusqu'à ce qu'elles tombent sur ce qu'elles cherchent. Voilà une corde trouvée! Grande joie! Alors, celle qui a donné ce bon conseil : «Ne vous l'ai-je pas dit? Voyez! Dieu nous a donné de quoi faire une balançoire à nous ba- lancer tout l'été! — Par Dieu, re'pondent les autres, ton conseil était bon! Et nous te devons de te laisser te balancer la première, aussitôt la balançoire pendue. w Alors, dénouant par ici, tirant par là, si solidement que soit attachée la corde, elles finissent par l'avoir; même que des petits garçons leurs
(cf. GoLDZiBER, Z.D.M. G., 1879, p. 611 in fine; Hartmann, i4ra6. Sp'ach- fùhrer, p. 2 44, sah Schaukel); omam mrungâha ou mrengiha{l\fAmi\nm, ?i b); mecc^uois mudreiha ou murdeiha (Snouck Hubgronje, Mekka, II, p. i3, note 3); palestinien marzûha (cf. Bauer, Pal. Arabisch, p. i34 in fine). Le syrien est isolé avec lanzûqa ou qanzûia (cf. Almkvist, Kleine Beitràge, p. 176). — Le jeu de la balançoire était bien connu de l'Arabie antéislamique : la âSjJ^^ (cf. les lexiques sub voce, et Ahlwardt, Divans, p. r-'i, 1. 1) semble avoir été une bascule en bois; quant à la <g-».j-%^l ou JCa^^.ai.-« , il semblerait que , chez les Harlar, elle aurait été l'es- carpolette (cf. Lisân el-mrab , XIII, 1. 97; comp. Tababï, glossaire CCLIX; QasjaïjL.sut Bmilîiï, Manâqib el-'Amâr, n" 44; Abu Diiiûd, Marâsîl [le Caire 1 3 1 0 ], p. 5 4 : ^^I Ul gkt.^ y*\ ) , tandis que , chez les Arabes , elle au- rait été la bascule , l'escarpolette étant désignée par les noms de Âa^J^a.» [Lisân, loc. cit.), Â^L^>i Â^tjilsi Âbt^? Àfil^j {Lisân, III, p. a8i, 1. 11, 19). — La »\0f:> semble avoir été aussi une sorte d'escarpolette, à laquelle jouaient les jeunes filles (cf. Mufaddallint , éd. Thorbeckk, XL, V. 11; éd. du Caire, II, p. la, i. 6; Litân, IV, p. 1/47 in princ).
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frères en sont tout éoierveillés et leur disent : wCe sont vrai- ment des djinns! Le refuge est auprès de Dieu! Elles ont dénoué en un clin d'oeil! 15 Les filles leur re'pondent : ffQue croyez-vous donc? En s'entraidant, on vient à bout du lion'^^! Allons, preste! 11 Et les voilà reparties jusqu'à un arbre au- quel elles veulent suspendre la balançoire. L'une d'elles, se tournant vers l'autre, lui dit : «'Awicha, eh bien! Cet arbre est vermoulu, pourri; au premier branle de la balançoire, tu vas dégringoler sur la figure! — Non, ma chère, répond l'autre, que Dieu m'en pre'serve, que ton mauvais augure soit pour tes talons (^) ! — Eh, ma chère, dit la première, pour les talons de celle qui souhaite ta chute! J'ai dit ce que je pensais, voilà tout! Je n'ai pas voulu te porter la guigne! — Allons, c'est comme ça, reprend l'autre, eh bien, cherchons un arbre solide, vert comme la menthe, tel que le désire notre cœur.w Aussitôtdit, aussitôt fait! Et les voilà reparties tout droit jusqu'au bout du jardin : voici une belle place bien unie, avec un arbre planté au milieu, répondant bien à leur désir; aussi, dès qu'elles l'aperçoivent, elles disent : wDieu a comblé le souhait de nos cœurs; nous lui aurions demandé un moudd plein de louis qu'il nous l'aurait donné ! 7: Puis, s'entre-regard an t : ffMaintenant, voilà la corde, voici l'arbre, mais pas encore de balançoire; qui va la pendre? — Toi,
^'' Ce proverbe est connu aussi en Algérie (cf. Ben Ghenrb, Proverbe$, I, n" 678); le texte de la hulba burlesque donné par Douttk (ap. Recueil de mémoire» en l'honneur du XIV' Confrrès, p. a 16, I. 0) y fait à mon sens allusion.
(*' Cette expression a des équivalents en Al|;érie : fàleU-ti'ihl-oqdàmek ff(jue ton augure soit sous tes talons»; à MgoA'-juif fàlck fihdfrdk uààetân itàfrnk crque ton augure Foit pour la plante de tes pieds, et que le diable soit ton adversaire.?) Le iiiiuivais sort s'atlaclie aux talons, que le Prophète a sj)érialement menarés du feu de l'enfer {r{. Biiiàbî, udïi', n" 97 et n" 29). Comp. Dozy, SuppL, II, p. /173 sub woi5^(ajouter le jeu de mots iip. MAyijAnî, I, p. 983, I. 22); Krkmer, Beitr. z. Lexic, II, p. /i6; Jaussk.i , Vin dfii Arabe» au pay» de Moab, p. 38A ^ LANDBEno , lidtim, p. 86.
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répond l'autre. — Non, ma chère, jamais je ne suis montoe à un arbre, jamais je n'y ai grimpé; j'ai peur de tomber. — Tu as peur de tomber, eh bien, moi aussi; nous avons la même maladie, et c'est Dieu le guérisseur; qui va pendre la balançoire? — Appelle donc ton frère 1 II était là de])out avec nous à côté du chouâri; appelle-le, je t'en prie, ma chère !w L'autre se met à appeler du fond du jardin : wEh mon frère !w Elle n'a pas crié deux ou trois fois que le voilà auprès d'elles: ff Qu'est-ce que vous voulez? Vous cassez la tête aux gens avec vos cris, et les hommes entendent derrière les haies! C'est une honte pour vous, ça, mes filles! — Ça suffît, assez de scandale comme ça, monsieur! — Ah oui! Ça suffît ! Par Dieu, vous ne serez jamais bonnes à rien! Vous resterez vieilles filles à vous tresser les cheveux blancs! 75 Alors les gamines ne soufflent plus mot, et lui, après les avoir muselées, se sent pris de compassion pour elles, et il leur dit : ff Allons, c'est pour rire! Moi, je ne souhaite même que de vous porter sur mes épaules pour vous mettre dans la litière nuptiale'^), et de vous tenir (ce jour-là) la bride du cheval. 71 Alors elles sont contentes; elles se mettent à rire, ff Voilà maintenant que tu nous dores la pilule! Que Dieu nous fasse recevoir les condoléances de ta mort!r) Celte fois- ci, ça n'est pas sérieux; c'est seulement histoire de plaisanter; leur vanité est agréablement chatouillée, parce que, les filles, parlez-leur de mariage, après vous pouvez les tuer, tellement ça leur fait plaisir! Quand il les voit d'humeur douce, il les interroge. C'est alors que chaque oiseau fait en- tendre son ramage (^): ffEh bien, pourquoi m'avez-vous ap- pelé? 75 Sa sœur lui dit : ffMon frère, nous voulions que lu nous suspendisses la balançoire, parce que nous, nous ne pouvons pas; mais à peine arrivé, tu nous as coupé le sifflet,
'■> A Tanger, la mariée se rend au domicile nuptial dans ime litière portée sur le dos d'une mule (d. Arch. mar., I, p. 280 et suiv.). '*' Comp. Ben Cheneb, Prov., n" i5o3.
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et nous n'avons que faire de tout ce bavardage î^^ Lui, dit alors : «Hein! Vous voulez seulement que je vous suspende la balançoire? Allons, ça y est^^^!'' Il leur arrache la corde des mains, envoie promener ses souliers, met bas la jellàba, retrousse ses manches, et le voilà à faire le malin devant les femmes : ff Regardez-moi bien; personne n'est de ma force!" Et pourtant, le pauvret, il est comme un brin d'herbe; d'un souffle on l'abattrait! Mais devant le beau sexe, peu importe. Et voilà le frérot qui grimpe jusqu'au fourchet de l'arbre, ins- pectant les branches; laquelle va-t-il attraper pour y attacher la corde? Il monte vers l'une d'elles dans cette intention. Bon! Voilà qu'elle est pourrie; le pauvre gosse n'y a pas songé, il n'y a pas fait atlention. Mais la fillette qui est avec sa sœur commence à lui crier : tfEh là! Monsieur, oii vas-tu attacher la corde? Est-ce que tu veux estropier l'une de nous?:5 A ces mots, la sœur du garçonnet se retourne vers sa compagne : wDis donc, est-ce que tu crois que c'est ton esclave? Et au fait, combien ton père t'a-t-il acheté d'es- claves ?n Les voilà debout, s'empoignant à la tignasse, et l'on n'entend que ces mots : w Serviteurs de Dieu, venez sauver une vie humaine qu'il a faite sacre'e ^■'' ! n Le garçon , bien entendu , change de branche, en choisit une jeune encore, et y attache la corde. Quand il l'a attache'e le plus solidement possible, il descend jusqu'au fourchet de l'arbre, et d'un bond, il saute à terre. Les filles, aussitôt qu'elles voient la balançoire pendue, ne se le font pas dire deux fois. Elles sont là à en- tourer la balançoire, à l'examiner, à l'inspecler; et après qu'on était les mains à la tignasse, et fcdis-moi, je te
<■' Cf. glossaire suh ^^ .
(') CVsl la formulo liabiluolle par laquelle, dans les rixes de femmes, la plus faible appelle au secours. Elle contient visiblement une allu- sion aux mots du Coran : J^b i)l aMI -^ <^l j-jUJ! I^ixli" i)^ (Vi, i59; XVII, 35; XXV, 68); comp. aussi Dialecte de Tlemcen, p. a66, I. 1.
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dirai 75, et à échanger des gros mots, il suffit d'avoir vu la balançoire et de s'en être approché; c'est comme si rien de fout cela n'était arrivé. Leur frère, témoin de la scène, leur dit: «Et vous autres femmes, serpents! Dieu vous a oubliées dans la distribution de sa miséricorde ^^M^i Et c'est surtout (juand il voit sa sœur appeler de suite son amie et lui dire : ff Va-t'en vile au bout du jardin, à la tonnelle, et apporte- nous un coussin qui fera un siège moelleux à la balançoire; apporte aussi un petit tapis où s'assiéront celles qui atten- dront leur tour. 55 Et il en est ainsi. L'autre part en cou- rant; que Dieu lui épargne sa peine! La voilà qui monte à la tonnelle, et les vieilles, les scorpions l'entourent et com- mencent d'un même coup de gueule à l'attraper : tf Qu'il t'ar- rive ceci; qu'il te soit fait ça. . . Mais de quoi, je. vous demande un peu, Dieu nous a-t-il chargés, nous antres! Les iiommes, les femmes qui fêtent la 'ansra, tout le monde entend, et vous autres, vous êtes là à gueuler! 55 La pauvre petite a honte, une honte à en fondre; elle ne sait où cacher sa figure; et les voisins qui entendent! Or sa mère, qui est dans la cuisine à travailler, entend tout ça; elle se sent au cœur une brûlure violente, à voir sa fille le visage empour- pré, rouge d'humiliation, et elle dit à l'autre femme : « Vrai- ment, tu tombes à pic! 55 Et sans crainte du scandale, elle commence : «Il n'y a pas une gueularde comme toi, la vraie gueularde, d'une famille de gueulards; famille de chena- pans, insolente, efl'rontée, vieille savate, bête puante, archi-
(') C'est, avec un jeu de mots sur nsà, à la fois «oublier» et «femmes», un des nombreux dictons maghribins, qui, d'accord avec le Coran (cf. Kasèâf, sur S. XII, 28), divers adages anciens (cf. Freytag, Prov., XXV, p. /ia; Mostatraf, trad. Rat, II, p. 616-618) et divers hadits (cf. Goldziher, Muh. St., Il, 296, notes 1, 5 et 6) expriment l'o- pinion musulmane sur la malignité des femmes; cf. Bel, Djdzya, p. i56; Ben Cheneb, Prov., II, n" 1578; Daumas, La viearabe, p. 18/1; dkCastkies, Gnomes de Sidi Abd-er-rahnian , n"' 1, a, 3, li , 5, 6, 7, g, 10, i5, 17; Dmv,\nwET, Arabe dialectal {ù' période), p. ']li.
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puante, la dernière des gens de ta clique, espèce de le'cheuse de casseroles I Tu veux donc avaler tes seigneurs et maîtres, les gens qui ne souffrent aucune souillure à leurs habits (^^, qui n'ont qu'à flairer leurs ongles pour se rassasier! n L'autre répond : ffSkîko et la pierre de l'oued ^^M Qu'est-ce qui te manque, et manque à ce qui te manque? Et puisses-tu avoir aux flancs sept furoncles! Vieille infirme, espèce de téton- nière, avec tes grandes dents, tes crocs, espèce de procu- reuse, vipère des joncs, ennemie de Dieu; tu es du bois pour l'eufer, race de tribades!^ Bref, elles se disent tout et le reste et elles se mettent à échanger sans relâche des injures. Leurs maris entrent : «Qu'est-ce que c'est que ce boucan? On dirait l'hôpital des fous aux murs sans fenêtres ^^^.77 Alors, Tune d'elles répond à son mari : rr Qu'est-ce qu'elle n'a pas dit et dit à la gamine? Et moi, quand j'ai voulu lui parler, elle a ouvert sa bouche puante et n'a plus voulu la fermer, une vraie chienne enragée, et en fin de compte elle m'a appelée tribade. n Le mari, en entendant ça, est sur le point de s'envoler (de colère); il sort vers l'entrée du jardin et s'y arrête. Or, l'autre femme, de son côte', a entrepris son mari : ffUne telle m'a dit qu'il t'arrive ceci, qu'il te soit fait ça, et elle a ouvert sa bouche (pour me manger)! n Et son mari, lui aussi, est sur le point de s'envoler, puis de s'abattre. Il re- pousse violemment la porte, sort et trouve l'autre compère à l'entrée du jardin; il ne veut pas seulement le regarder; mais Tautie, qui est debout à la porte, l'appelle : <r Qu'as-tu donc? — Mais j'en ai à ta femme; puisse-t-elle avoir de quoi man- ger et ne pas pouvoir ('*)! — Miséricorde! Que Dieu l'en pro- tège ; mais toi , qu'est-ce que n'a pas dit et dit encore ta
("^ C'est-à-dire wdes gens d'tionneurn ; comp, pour la langue an- cienne, GoLDziuER, Gabwal b. Aus al-Hutei'a, p. i38, l3<J.
f*^ Formule cxclamative contre le mauvais œil, inconnue en Algéiie. '•''' C'est-à-dire «r un vacarme intense»; inconnu en Algérie. (*) En tombant dangereusement malade ou en mourant.
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femme, que même elle a appelé la mienne tribade. — Miséri- corde, elle, elle a dit ça? — Oui, vraiment.» Là-dessus, ils entrent tous deux auprès des femmes, et ne sortent pas avant de les avoir réconciliées; elles s'embrassent réciproque- ment la tête, et c'est comme si niea de tout cela n'était arrivé.
Retournons maintenant à la petite fille; elle a emporté le coussin, le tapis, et elle court vers le bas du jardin en les traînant jusqu'à la balançoire, w Qu'as-tu? lui demandent ses compagnes; tu as bien tardé. On dirait que tu es allée chercher la mort — au nom de Dieu'^M — Que Dieu éloigne de moi le malheur, répond-elle; ah! Si tu avais vu ce qui est arrivé à cause de moi! — Et pourquoi, mal- heur de malheur? — Eh, pardi, ces vieilles sont jalouses des jeunes! — Que Dieu nous fasse recevoir les condo- léances pour leur mort! Malheur de malheur! Faut-il qu'une femme soit vieille, ait des cheveux blancs, des joues ridées comme celles d'un soufflet, et qu'elle désire malgré ça revenir jeune et accortel Que Dieu ne les fasse pas vivre, qu'il ne leur donne rien de ce qu'elles désirent; qu'il nous fasse recevoir pour leur mort des condoléances; quelles loufoques ! ri
Maintenant on commence à se balancer; l'une se balance et l'autre pousse l'escarpolette; et on commence. à chanter; et voici, par exemple, ce qu'on chante :
J'ai suspendu la balançoire
Dans les chères branches de l'abricotier;
Je me balance et je chante
Avec ma chère 'Âicha.
Je lançais en l'air la balançoire , Et quand mon ami est venu, Je l'ai laissée pour le suivre.
C' La mort est très lourde. Si on Tallait chercher, son poids ralentirait la marche de celui qui la rapporte*
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Après le chant , vient le *aroûbi , comme , par exemple :
Toi qui à la terrasse montée Fais . pour mes yeux , de sa murette un rempart , Regarde par-dessus ; vois ton amant , blesse' , Atteint par le fer des poignards.
Ta bouche me dit : Mon ami ,
Mais , à te suivre , qu'ai-je trouvé de bon ?
Lorsque des dents tu me souris ,
Ton cœur est plein de trahison ''^
Chante, ô ma maîtresse, je réponds à Ion chant; Nous rempUrons la tour qui maintenant est vide. La parole des femmes, c'est du veut dans du vent; La parole des hommes est précieuse et solide '*^
0 toi dont le regard me fit tien, Qui de nouveaux tourments me tortures sans cesse. Que je voudrais avoir mon sein contre ton sein . Ta salive me donnant l'ivresse.
Je compare ma tête à i'étuve du bain Dont la fournaise ardente est sous la salle. En dessus nulle fumée ne parvient , En dessous la chalem* cuit les dalles^''.
Tes joues sont des fleurs de Turquie ,
Le parfum de l'aloès est ton odeur;
Quand je me souviens de toi, je gémis;
Quand je te vois , le feu s'allume dans mon cœur.
"^ Comp. des dictons de Sïdî /abd-er-Rahmân el-Mezdûb , ap. de Cas- TKiEs, op. laud., p. 71, n° 96, et p. 81, n" 1 15.
''^' Guiiip. ibid,, p. i3, n" 17, et p. 17, n° ai; Stiihme, Neue luni». Saiitmlungen , n" 66; sur l'expression «du vent dans du vent», comp. Ben GHiNBB, Prov., n" 1291, i54i.
'•'^ Comp. Desparmbt, ap. AcIph du XIV" Congre», lll, p. 5o3-.5o/i.
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Et je dois vous dire encore que quand elles ont fini le *aroûbi ou les chansons, elles poussent toutes ensemble des you-yous; puis elles recommencent, Tune chantant, l'autre répondant, et les you-yous marchent leur train. Elles ne laissent pas chômer la balançoire; Tune descendue, Tautre y monte; et elles continuent ainsi jusqu'à ce que le soleil dis- paraisse dans les flots de la mer.
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111. L\ TOUPIE ('^
Nous étions six, enfants du quartier; c'était deux jours avant 'âchoùrâ^^^, et je venais d'acheter à la rue des orfèvres une toupie neuve, encore dans tout son lustre. Je la lançai. Au premier coup qu'elle tourna sur le pavé, sa pointe s'é- moussa. Je me dis en moi-même : «Ça, c'est une pointe en fer; ia voilà émoussée! Si je m'en vais, ainsi équipé, jouer avec les enfants du quartier, sûrement ils me feront tous une
t'^ Le jeu de la toupie à Tanger diffère sensiblement de celui pratique dans les villes algériennes. Peut-être est-il emprunté à l'Espagne comme le nom de l'objet lui-même (cf. lexique, sub JL^Js). On met la toupie en marche (târroi) en la lançant par un déroulement rapide de sa corde. On peut jouer (tchaud sur chaud» ("sshûa /"Z-"»»/(»ïn), c'est-à-dire chercher à atteindre, en lançant sa toupie, une antre toupie déjà en marche. On peut jouer aussi, en prenant pour cible la toupie d'un partenaire, posée à terre, sur le flanc {barda «froide»). Dans ce cas, on joue soit aà coup net» (dârha-sâf'ia) , soit avec fflibération» (tàhrçr). Au jeu «à coup net", la toupie lancée doit, du premier coup, atteindre celle qui est à terre, sous peine de la remplacer comme cible. Dans le jeu «à libération», le joueur a le droit, aussi longtemps que sa toupie tourne {tfpz), de la ra- masser dans le creux de sa main {Iqçf), et de la projeter, en choisissant sa position et sa distance, contre la toupie-cible. S'il atteint cette der- nière, il est ff libéré» (mhàrràr). Parfois, un des joueurs n'a pas réussi, en lançant sa toupie, à la faire tourner; si, voulant tricher, il la ramasse promptement et tente une «libération», ses partenaires se récrient en disant qu'il «libère à froid» [fiàri-àr h^'lhârûdi). — Enfin une partie ne finit guère sans la fixation d'un but. Le «but» {gàm) est un trou creusé à l'extrémité du terrain de jeu. La toupie-cible que les joueurs réussissent à y amener par le choc des «libérations» successives est passée «à la dizaine» {laiiâr). Elle est fixée ou terre, et chaque joueur lui assène dix coups de la pointe; de sa toupie, jusqu'à ce qu'elle soit fendue en deux, ou du moins complètement déchiquetée. La perte totale ou la détérioration de la toupie est ainsi la sanction de la maladresse du joueur.
(*) Les vacances de tâiîirâ sont le temps particulièrement consacré au jeu de la toupie.
TKXTEs .\nAnr.s,
I
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avanie; par Dieu, je ùe veux pas de çal^i J'enfilai la rue, et j'allai tout droit jusqu'à la boutique de SVlîlo; je m'arrêtai devant et j'aperçus deux rangées de pointes de toupie. Lui, voyant la toupie dans nia main, me dit : w Tu as besoin d'une pointe? — Oui, répondis-je.w II me choisit une pointe d'acier, tf Combien est-ce? demandai-je. — C'est un vellon. — Trempe-la-moi, pour qu'elle ne s'émousse pas. — Alors, si tu la veux trempée , donne deux sous de plus. r> Il n'y eut pas moyen de m'en tirer autrement. Il attrapa alors la toupie, la mit dans l'étau et arracha la vieille pointe, ne laissant à sa place qu'un trou béant. 'Alîlo prit ensuite la pointe d'acier aux arêtes saillantes et la jeta au brasier de sa forge, tandis que, derrière lui, l'apprenti tirait le soufflet. La pointe de- vint d'un rouge de braise. Alors *Alîlo la saisit avec les pinces et la jeta dans un seau d'eau; de blanche, brillante comme l'argent, elle devint noire, une fois trempée; j'en fus émer- veillé. Il l'enleva alors, prit un brin de laine et voulut le mettre dans le trou de la toupie, pour y ficher la pointe. Moi, je lui dis : «Tout doux!» Je me saisis de deux plumes de poulet et les lui tendis pour qu'il les mît dans le trou avant de ficher la pointe. (C'est ce qu'il fit,) et il enleva le brin de laine; et bien sûr s'ill'avait mis, la toupie aurait été lourde, un vrai sabot, tandis qu'en lui metlanl une plume, j'en fai- sais une fine, bien ronflante, légère ^^), ce qu'on appelle un fenoûn. La toupie qui est comme ça, il y a dans le jeu une ex- pression proverbiale qui la concerne; à ceux qui me font craindre que je ne perde, je réponds : te Celui qui a avec lui son fenn n'a rien à craindre de son fait.» J'attrapai donc, mon cher, ladite toupie, et je la lançai sur le pavé, que le feu en jaillit : «Qu'elle est chic, me dis-je! C'est une vraie toupie, ou bien il n'y a pas à en chercher; il ne lui manque qu'un
'^î Dans l'espoir de rendre la toupie légère et bourdoni)ante, on a Thabitude, à Tunis et sur plusieurs points de l'Algérie, d'enfermer une mouche dans le trou où se loge la lige de ia pointe.
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bout de cordelette, car quant à de la ficelle, elle s'efliloclierait lout de suile.w Je pris la rue et j'allai chez l'épicier vis-à-vis de chez nous. Je lui donnai un sou et il me donna un bout de cordonnet de fil rouge mesurant trois coudées. Comme il était trop long, je le pris et en cassai un bout, puis j'y fixai une lamelle de tambourin, qui, dans le lancement de la toupie, devait retenir la corde entre mes doigts et l'empêcher de m'échapper. Sur quoi, je rentrai à la maison, l'allégresse me donnant des ailes (*). Avant de dormir, je cachai ma loupie dans l'armoire; il fallait (bien sûr) prendre garde de l'emporter à l'école, de me la faire confisquer par le maître et de recevoir en outre une bonne volée pour ma peine !
Le lendemain, vers raidi, nous étions entrés en vacances, et juste on venait de nous lâcher de l'école, quand, passant sur cette place que vous connaissez, je trouvai les enfants réunis en cercles, qui jouaient à la loupie; dans le premier cercle on n'entendait que ce chaud sur chaud w; je continuai au deuxième cercle, et voilà que l'un des joueurs avait amenéà terre sa toupie, disant: tr Allons! Qui est-ce qui frappe, mais à coup netlv Un de mes compagnons d'e'cole frappa et rata; il amena sa toupie. Tous les autres commencèrent à frapper, à coup net, l'un après l'autre; tous ratèrent; et le dernier amena sa toupie. Us commencèrent alors à jouer, mais sans but. Moi, justement, je n'avais pas ma toupie; je [)ris mes jambes à mon cou jusqu'à la maison, j'ouvris la porte toute grande, et j'entrai précipitamment, hors d'ba- loine. Mes parents stupéfaits me demandèrent : t Qu'as-tu? - Rien, répondis-je, je suis venu chercher ma loupie, où osl-elle? — C'est toi-même qui Tas mise hier dans l'armoire, avant d'aller au Wi.n J'allai la chercher, mais je ne trouvai
C' Mot à mot : (r m'en volant de joie» ; celle expression est aussi usitée à Tlemccn (cf. J. A., julllel 190A, p. 60, I. lA).
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qu'une «noiraude de canicule '^^w, vieille de l'an dernier et, avec elle, un bout de ficelle, du temps où je n'entendais rien au jeu, ni pour lancer ni pour ramasser. Je me mis à hurler, et tout le monde se leva pour chercher avec moi. Seu- lement alors, il se de'couvril que mon cousin avait joué avec ma toupie, puis après, avait enroulé la corde autour, et mis le tout dans le tiroir de la commode. Pendant que nous la cherchions, ma petite sœur tomba dessus à cette place, et me la donna, en disant : «Qu'est-ce qui l'a mise là? w Moi j'attrapai la noiraude de canicule, je jetai sa ficelle, et quant à ma belle toupie avec sa corde, je la pris et la mis dans une sacoche de Marrakech. Une fois au jeu , si je trouvais seulement des partenaires plus âgés que moi, de ceux qui à chaque coup font une entaille, je ne jouerais qu'avec ma noiraude de canicule; si par contre je rencontrais des parte- naires plus jeunes que moi, je commencerais à jouer avec ma belle toupie, et si je ratais, j'amènerais la noiraude! Je pris mes jambes à mon cou, abandonnant même mon de'- jeuuer, et, sans avoir mangé, je ne m'arrêtai qu'au cercle des joueurs. Je me mêlai à eux et je les trouvai juste qui allaient jouer avec un but. Je dis au propriétaire de la toupie qui était amenée : « Veux-tu que j'entre dans le jeu , pour jouer h libération ?v II refusa; alors moi, je me mis à ruser, aie circonvenir, à user avec lui de finasseries , jusqu'à ce que je feusse amené à consentir : rr Allons, entre!» Je cordai ma toupie, et je commençai à frapper avec les autres. Au pre- mier coup, je fis à sa toupie une encoche, grande comme un trou dans une haie. Il en aurait crevé de dépit, surtout que les autres commencèrent à battre des mains et à ap- plaudir. Ils se tordaient de voir la toupie encore toute belle, encochée par moi. Un autre frappa et avec deux libérations, poussa la toupie d'environ dix pas; un autre encore Tap-
('^ C'est-à-dire tfune vieille toupie» (cf. glossaire siib. *Xf^).
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procha un peu plus du but; puis un autre l'amena jusqu'à l'entrée du but. Moi, je trouvai l'affaire dans un état idéal ^^^ comparable en douceur au beurre mêlé de miel; j'étais comme un cbien qu'on bombarde d'un beignet! Je frappai doucement un coup à terre ; je ne voulais pas frapper sur la toupie, de peur de la tirer de là. Puis je ramassai la mienne, tout tremblant de la crainte de rater. Les autres joueurs commençaient à dire : trAboulez la belle toupie de cinq onces !fl A la première libération je ne fis à la toupie ni bien ni mal. Ceux qui nous entouraient commencèrent à dire : ffNous frotterons les oreilles de celui qui le tirera de là!» Je ramassai ma toupie, pour la seconde libération, et cette fois mon cboc fit pirouetter celle du partenaire, d'un seul tournoiement, juste au beau milieu du but; et rompue soit la boucbe qui ne dit pas alors : «Que Dieu te soit compatis- sant, sacre' lascar! Bravo, dix fois bravo !» Mais à ce moment, le |)roprie'taire de la toupie ressentit de la compassion pour son bien; il redouta de la voir déchiqueter et il l'enleva en di- sant : ff Je ne veux plus jouer avec vous! — Allez, aboule-là, dîmes-nous, nous allons la passer à la dizaine pour la peine que nous avons prise à Tamencr au but. — Non ! v Alors nous autres, l'entourant, nous commençâmes à chanter : wEh! Celui qui tient à sa toupie, il a vendu sa mère pour acheter une bombe!» Lui pleurait, le visage dans les mains; et il s'occupa à tourmenter un orgelet qu'il avait à l'œil; il se mit à l'écorcher et le sang coula. D'autres enfants, nous en- tendant, abandonnèrent leur partie pour venir voir qui esirce qui trichait : w Qu'est-ce que vous avez?», nous dirent -ils. Une méchante gale d'entre nous répondit: trLe malheureux! Un orgelet qu'il a à l'œil s'est mis à suppurer; c'est ça qui le fait pleurer!» Un elfrontë reprit : (fNon! Ce n'est pas l'or-
'"' Mot à mot : «des djinns et des hommes», c'est-à-dire aussi parfait qu'une récitation inté|p-ale du Coran (ce sont les derniers mots du livre saint). Cette expression est inconnue en Al|;firic, sauf à TIcmcon.
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frelell Mais cest un tricheur! Il nous a laissés amener sa loupie au but, pour nous dire maintenant : Je ne joue plus avec vous. — C'est une honte, ça! lui dirent les autres; donne-leur ta toupie qu'ils la passent à la dizaine; et après, si tu as assez du jeu, que Dieu ne te fasse plus jouer! v Lui, alors, eut honte d'eux, et amena sa toupie au milieu du but. Nous, nous la cueillîmes et l'emportâmes d'une volée qui s'élançait dans les airs. Mes amis me suivaient en courant, les uns pour passer à la dizaine, les autres seulement pour voir. Nous arrivâmes au placis, dans un endroit large et sans pavé, avec un sol de terre; je fichai la loupie en terre par la pointe, l'enfonçant d'un doigt et demi; puis je pris de la poussière, la délayai avec de la salive et je commençai avec à vous farder la toupie, à la pommader, à la passer au henné, pour la mouiller et l'attendrir. Comme ça, dès le premier coup de ma dizaine , la pointe de ma toupie entre- rait dedans. Nous disons : rAu nom de Dieun, et moi je commence : un coup, deux coups, trois coups, et je fais voler un éclat gros comme mon pouce; je n'avais pas fini mes dix coups que la toupie n'était toute que plaies et bosses. Celui qui me suivait la déchiqueta de toutes parts. Le troisième mit le comble à son infortune, si bien que le quatrième ne trouva plus de place où il pût frapper. Le propriétaire de la toupie sentit son sang se refroidir; il rou- lait des yeux sans rien voir, d'autant que les mauvaises gales se mirent à le taquiner. L'un lui disait : w Que Dieu te donne pour sa perte une belle récompense f^' ! -n Et un autre repre- nait : tf Que Dieu la lui remplace '^M » Un de ceux qui avaient
'■' C'est la formule consacrée de condoléance pour la mort d'un proche (cf. glofe&aire sui> *ïàc); naturellement elle est employée ici dans une intention ironique.
(■^' r''bbi ehlï-fâlo {fJl^^^jJe) signifie «que Dieu lui donne un augure misé- rable?7 ; mais par une prononciation rapide , on peut créer une confusion avec r^hhi el/lfrjlo («J LjjUic' J^) trque Dieu la lui remplacer, si bien qu'un
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pris son parti répondit : wDieu avait écrit ce malheur; il n'y a de force et de puissance qu'en Dieu; qu'il nous donne une fin meilleure que notre début '^^.N Par là, il voulait à moi me porter la guigne. Aussi je lui répondis : «Ce jour-là, lu ne verras jamais! Notre frérot n'a qu'une ressource: c'est de prendre un vellon, et d'aller acheter une autre toupie, n
interiocuteur naïf risque de prendre cette malédiclion pour une condo- léance. C'est un exemple moderne (il y en a d'autres) de ces trà peu prèsn injurieux dont l'usage a été répandu de tout temps dans la société arabe (cf. notamment Blhârî, IsttSân, n° aa; comp. Doutté, Merrâkech, p. 35 et suiv. ; Desparmet, Arabe dialectal (a" période), p. 35).
('^ Cette locution proverbiale s'emploie souvent comme allusion iro- nique à l'adresse d'un interlocuteur orgueilleux. En constatant avec lui quelque cas frappant d'infortune, on lui rappelle que nul n'est à l'abri des vicissitudes du sort; et même on indique d'une façon détournée que l'avenir pourrait lui réserver des surprises désagréables. C'est une for- mTile à double sens. Elle est courante aussi dans l'Ouest algérien et était fi m nue en Andalousie (cf. Hadàiq, cah. 39, p. 3,1. 6).
184 TEXTES ARABES
IV. LesTolbasC).
Le mercredi, les tolbas se concertent, après ia prière de midi : dès qu'on sera libre de l'étude ^^), on se re'u-
(') Il s'agit ici des étudiants (cf. glossaire sub uJlL) des petits villages de la banlieue de Tanger. Le Coran et les diverses ^récitations» du texte sacré (rm«uï() sont leur unique étude (cf. Arch. mai:, V, p. /i3i etsuiv. ; XVII, p. 89, à rectifier d'après Nôldeke, Ge$chichte de» Co- rans, p. 287-998, Sell, The faith of Islam, p. 333 et suiv.; d'inté- ressants renseignements sur l'introduction des différentes récitations au Maghreb, ap. Maqqarï, Najh at-Tib, I, p. 5o4). Celte prédilection pour l'étude du Coran et des riuâiât se retrouve, au Maroc, chez les monta- gnards du Rif et des Jebàla (cf. Mouliéras, Maroc inconnu, II, p. ^9) et , en Algérie , chez les populations des massifs des Trâra , des Beni-Senous et de la Grande Kabylie (cf. Hanoteau et Letourneux , La Kabylie et les coutumes fcfl6t//e8, II, p. 109). Les tolbas étudient, mangent, prient en commun dans l'unique salle de l'école qui, dans le Fahs, sert parfois de mosquée au village ; souvent les tolbus étrangers à la localité y passent la nuit. Beaucoup continuent d'y vivre jusqu*à l'âge mûr (cf. Arch. mar., VI, p. 390 etsuiv.; XVII, p. 90, 96; Maroc inconnu, II, lov. cit.; Delphin, Recueil de textes, traduction Fadre-Biguet, p. 96, 96, loa).
(') A Tanger comme en Oranie , les cours vaquent dans les écoles et les mosquées, du mercredi après-midi au vendredi après la prière solennelle de midi; parfois certains élèves viennent à l'école le jeudi malin pendant quelques heures ; mais ils se contentent d'écrire la leçon sur leur plan- chette, sans l'apprendre et sans la réciter (comp. Arch. mar., I, 2 44; XVII, p. 91; Abou-bekr BEN GuoAÏB, Usuges de droit coutumier dans la région de Tlemcen, p. 90; comp. pour la Kabylie, Hanoteau et Letour- neux, op. laud., II, p. 107; pour le Tell algérois, Despabmet, Arabe dia- lectal, 2* période, p. 36 in fine; pour Tunis, Clermont, L'arabe parlé tu- njs!en,p. 219). La vacance du jeudi est considérée comme une sounna remontant au calife 'Omar (cf. el-Uarôîlânï, Rihla, édition d'Alger, p. «> '^ \ La répugnance à étudier ce jour là s'exprime dans le dicton suivant, très courant en Oranie : çlli-qrd nhâr-ëlhmis yçr h"mdr-bû-tfllis uèllâ-ulîdât-ëblîs ff Celui qui étudie le jeudi, ne peut être qu'un âne porteur de tellts ou un rejeton de Satan». Les voyageurs maghribins ont fréquemment mar- qué l'ennui que leur causait au Ilijàz Tobligation de suivre des cours le
DE TANGER. 185
nira, au premier temps du 'asr (^^; et le rendez-vous sera dans la plaine de Marchân. Là-dessus ils se séparent. Celui qui a la balle s'en va chez lui la chercher, et mange le hachîch ^^K Les autres aussi le mangent. Puis lorsqu'ils voient venu le pre- mier temps du *asr, ils montent au rendez-vous à la plaine de Marchân. Ils y trouvent celui qui a la balle, déjà arrivé, qui les attend : « Alors comme ça , monsieur le tàleb , lui disent- ils, lu es un vrai lascar! Tu nous as devancés! As-tu mangé le hachîch? — Tu peux le dire, toi ! répond-il. Je m'en suis fourré une dose solide, blindée de cuivre f^^; mes yeux s'en sont mis à clignoter, même que j'ai pris Alexandrie pour Alméria^*^ avec des bords en safran! — Que Dieu te soit compatissant, monsieur le tàleb; la première ivresse est montée; nous ne désirerions que quelques ventrées de couss- couss gavm^^K-n Là-dessus, l'un d'eux dit : tr Moi j'ai laissé ma
jf'udl et d'avoir par contre congé le mardi (cf. el-IJabOïlAnî , loc. cit.', r.L-nuksï, éd. de Fez, I,p. 289, 1. 8 et suiv.; en-NâsirI, éd. de Foz, 11, fTSv, 58).
('J On distingue deux moments dans le temps canonique de la prière de yuxA ; le premier mmr précède d'environ un quart d'heure le second lasâr.
'*) Sur la préparation du hsis marocain (graines de chanvre grillées et pulvérisées) et la manière de l'absorber, cf. Fischer, Hieb- und Stichwaffen und Messeï' im heutigen Marokko, p. a3i, aSa; Ravnaiid, Etude sur l'hy- giène et la médecine au Maroc, p. 106 cl suiv.; Mauciuni), ap. J.A., novembre-décembre 1905, p. A59; Arch. Mar., XVII, p. 193.
'') Traduit par conjecture; l'origine de l'expression ki^h "nnluit qui est connue à Tlemcen (hà-ttrêha nlâ'i htôb-ënnfuis rrune frottée à tout cassi-rlT») ne m'est pas claire. Le cuivre est souvent pris dans l'Afrique du Nord comme symbole de la dureté et de l'indcxibilité; dans une satire contre les Fàsi, connue dans tout le Nord marocain, il est dit : hçijilna hal-fâ» luiêh ûzéhadg^nna ulqlùh qlùh-''nnhds (tNos frérots, les gens de Fez! Leurs visages sont visages du Paradis, mais leurs cœurs sont cci'urs de cuivre»; comp. B. A., 190^, p. 10 : ^l-^Jlo oUi--» «enveloppé do cuivre, impénétrable»; cf. infra, glossaire sub t-».JiJ. , (*' Traduit par conjecture. \ <*' Le hachirli est considéré comme un apéritif; cf. Raynaud, /oc. ciV.
186 TEXTES ARABES
mère en train de le rouler! — Moi, je l'ai laissée en train de le cuire à la vapeur, dit un autre. — Et moi, dit un troi- sième, je Tai laissée en train de l'arroser. «Là-dessus, tous commencent à se moquer de lui en riant aux éclats : ff Ça , c'est une craque bleue, manifeste! Le soleil fait encore danser ses enfants (*\ et à cette heure, sa mère arrose le cousscouss ^^' ! C'est la plante verte ^^^ qui t'a fait dire cette énormité. w Un autre ajoute : k C'est une malédiction qui passait sur le che- min du ghetto^''), et tu l'as trouvée en route, monsieur le tâleb; que Dieu t'assiste et nous assiste !w Lui, au mi- lieu d'eux, a honte; avec son ivresse (peureuse comme une)
^'^ C'est-à-dire «est encore dans toute sa forcer ; cette expression est inconnue en Algérie; cependant dans certains parlers ruraux d'Oranie (celui d'Ammi-Moussa , par ex.), on dira : çsséms râhi-bûlidatha-liàm «au- jourd'hui le soleil a des enfants» c.-à-d. «est brùlantr.
'^' On n'arrose le cousscouss qu'au moment de le servir.
('^ «Le hachîch»; cf. glossaire sub *\yti>^.
'*' Les Juifs sont avec Satan les grands maudits chez les musulmans de l'Afrique du Nord; la malédiction des Juifs à tout propos est parti- culièrement fréquente dans les milieux fanatiques (tolbas) où tous ont présentes à l'esprit les imprécations répétées du Coran (II, 89, iblt; IV, Ag; V, 16, 69). L'épithète de meniçl «maudit» ou de mnual «petit maudit» est appliquée aux Juifs (cf. Bel, la Djâzya, p. 61, note 3 du vers 7; Dialecte de Tlemcen, p. 960, 1. i5; Hartmann, L. W.,]^. 35 in fine; Littmann, Mod. Ar. Taies, p. 19, 1. 19; p. i3, I. 4). Une chan- sonnette des petits Tlemceniens et Tangérois est consacrée à la ma- lédiction des Juifs : allâh ienu'd lehûd çlbdliin uûdgëdûd uulli tàht- ijllohûd «Que Dieu maudisse les Juifs, vieux, jeunes, et enfermés dans les tombeaux!» La malédiction est essentiellement faite pour les Juifs; quand à Tlemcen un musulman se laisse aller à maudire un de ses coreligionnaires, il est habituel que celui-ci réponde : mdr-^ënfanms gnnôda-llehûd ! «Ne me maudis pas! La malédiction est faite pour les Juifs!» Cf. aussi infra, glossaire, sub «^JOijû. Enfin le présent texte montre bien que, dans la pensée des tolbas tangérois, il y a toujours quelque malédiction vacante qui se dirige vers le ghetto où elle trouvera son emploi légitime; et ceci esta rapprocher du curieux passage d'EL-'ANBÀRÏ sur le JLoJJI gj^«-j cité par Goldziher, ap. Abhandlungen zur arabischen Philologie, 1, p. 1 18.
I
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juive f^^ — que Dieu maudisse le hachîch ! — et en outre cou-* vert de confusion , s'il pouvait il se fourrerait dans la terre ! L'un d'eux complète l'avanie en lui disant : «Que Dieu te donne une belle récompense pour- la perte des huit hizb que tu viens de repasser ^^); une blague comme celle-là il faudra pour la racheter que tu achèves cinquante récita- tions de tout le Coran. — C'est peu, dit un autre, pour ta récompense; ce que tu mériterais c'est un bon renfoncement de chacun de nous, et même encore ce serait peu! — Et ])ourquoi donc? demande le pauvre diable. — Pourquoi? Mais parce que voilà un mensonge qui allait sa route, et ('tait arrivé à la porte du ghetto, et que toi tu t'es mis à le tirer en remorque! w Et alors tous les tolbas, l'un après l'autre, disent : rQue Dieu te confonde, Satan îw Lui pense qu'ils maudissent le diable, et en réalité c'est à lui que s'adresse leur injure.
Le plus vieux dit alors : w Allons, laissez-le maintenant! Au jeu! Attendons à être à l'école; la seconde ivresse sera montée, et alors nous lui réglerons son affaire, pour ce mensonge qu'il nous a fait.» Là-dessus il attrape la balle et dit : tf Allons, dites : au nom de Dieu; y êtes-vous?» Chacun d'eux met bas sa jellâba, enlève ses souliers, et ils prennent place sur le terrain de jeu. Se tournant l'un vers l'autre, ils se disent : rf N'est-ce pas, nous jouons avec le croc-en-jambe; que Dieu donne l'endurance à celui qui se cassera le nez! C'est le moment de montrer ce qu'on vous a appris!» Le plus Agé s'avance au milieu et lance la balle en l'air (') avec
O L'ivresse du hacliîcli est ajuiven parce que, dil-on, elle rend peureux comme un Juif; cf. Dblphin, Texte», p. 110, n. f et p. 111.
'*^ ffTon mensonge en a détruit le mérite; tu peux les considérer comme défunts et recevoir pour leur perte des condoléances^ (cf. supra, j>. 18a, n. 1).
'^' La manière de jouer à la balle décrite dans le présont texte est, à <|ii(}lqu«'s déluiis près, la variété du jeu étudiée ap. Doutt^:, Merrdkech, p. 3i8-3iy : lutte générale, engagée autour de la balle, où le plus
188 ■ TEXTES ARABES
le côté extérieur du pied; ça c'est le coup du tâleb; mais frapper avec le dessus, ou avec le bout, ou avec le côté inté- rieur du pied c'est le coup des ignares, et celui qui frappe ainsi est exclu du jeu par les tolbas. Ils se mettent à se précipiter vers la balle. Celui qui arrive le premier, la TvI- inasse, et commence à jouer avec; il la lance en Tair derrière son dos, la rattrape avec la main. Un autre lui dit alors : ff Pense aux autres, monsieur le tâleb 7?; alors il la jette en hauteur pour l'autre qui la ramasse. Le vieux tâleb dit : ffEn l'air! n Et alors la balle est lancée et s'élève d'une vingtaine de brasses mâlekites^^^. Une clameur monte poussée par tous les tolbas, et ils courent vers l'endroit oij la balle va tomber. L'un d'eux bondit pour l'attraper, d'une seule foulée, si furieuse qu'il montre ses testicules. Mais un autre, d'un croc-en-jambe, le renverse la tête la première, et lui enlève la balle, en lui disant : «Ramasse tes côtes! 75 Puis il continue jusqu'au milieu et commence à jouer avec la balle. Voilà que le tâleb, notre menteur de tout à l'heure, est jaloux de ces exploits; il se dresse et s'avance prêt à montrer son habileté. Les tolbas ont jeté la balle en l'air; lui bondit vers elle. Mais un autre l'atteint d'une prise à la ceinture, et le ploie comme un couteau à cran^'^), si bien
résistant est vainqueur, sans formation de deux camps, sans détermina- tion de buts, sans emploi de crosses ou de bâtons pour frapper la balle. Cf. encore sur le jeu de la balle dans l'Afrique du Nord : Doutté, Magie et Religion, p. 55/i; Delpuin, Recueil de textes, traduction I^aure-Biguet, p. 71 ; MouLiÉRAS, Maroc inconnu, II, p. 177, 178; Revue du Monde tnusulman , VI , f. i/ii; Destaing, Béni Snous, p. 177-178; Desparmet, Arabe dialectal (1" période), p. i64; Illustration, 17 septembre 1910, p. 187. Le jeu est aussi connu chez les Touaregs où les enfants y jouent avec des bâtons (cf. Ben Hazera, Six mois chez les Touaregs du Ahaggar, p. 19-20).
('' Cf. supra, p. 162, n. li.
(^) La comparaison de l'individu qui se courbe on deux avec le couteau pliant (mâtjta est le nom même du couteau de ce genre en Egypte) se trouve en andalou ap, Irn Gijzmân, A3° 1. i3 : j~j-« jLar (^^.Iaj* bl^.
DE TAINGER. 180
qu'il se relève, traînant ses reins :ff Tu as écopé, lui dit le jjrand tâleb! C'est le prix de ton mensonge; il ne t'a pas laissé attendre jusqu'à ce que tu sois à l'école, w Les lolbas continuent à jouer : crocs-en-jambe simples, passements de pied, prises à la ceinture, crocs-en-jambe doubles vont leur train. On n'entend que cbocs et claquements des guiboles, jusqu'au coucher du soleil; tous sont à bout de force; la sueur coule à flots; il sont essoufflés , rendus , et la deuxième ivresse dubachîch leur monte à la tête. Alors ils disent une fâlha^'^, remettent leurs jellàbas et s'en vont tous à la mosquée; ils font leurs ablutions et prient la prière du maghreb. Le plus âgé leur dit alors : tr Séparons-nous; après le hizb^^^, rendez- vous à l'école ! 7? Alors, ceux qui sont originaires de la localité s'en vont chez eux aviser à apporter leur part de dîner aux tolbas. S'ils trouvent quelque chose à traîner, du sucre par exemple, ou du thé, ou du pain, ils font main basse dessus et le cachent sous leurs vêtements pour l'emporter à la mos- quée. Quant aux autres, il y en a qui vont acheter deux ou. trois pains de sucre, du thé en quantité convenable et de la menthe; ils apportent aussi un plateau, une théière et des verres.
Avant d'aller jouer, les tolbas se sont entendus pour la confection du ragoût du soir; sera-l-il de viande, de poisson, ou de pommes de terre? Lorsqu'ils ont beaucoup d'argent.
('^ Cf. iwpra, p. i65, n. 3.
'*) Dans l'Alrique du Nord, une récitation collective d'un hiih du Coran a lieu dans la plupart des mosquées, une ou plusieurs fois par jour, à l'issue de certaines prières: le moment du hizb est variable, suivant les mosquées. Parfois ce sont des lollms do Itonne volonté qni accomplissent cette pratique pieuse; parfois des fondations ont étô faites pour assurer la récitation du hizb dans telle ou telle mosquée, et la rétribution des hazzàh. Les discussions des savants maghribins sur la bidia de la récitation du hizb se trouvent réunies dans la glose marginale de Mohammed b. ulï Gennun sur eb-Rahûnî sur /abd-el-Biqî ez-ZdrqInî sur Halïi. (Boulac, i3o0), II, p. h'^.
190 TEXTES ARABES
ils disent : tfll nous faut un ragoût de viande ou de pois- son, abondamment assaisonné d'huile, et fortement pi- menté, pour qu'il nous renfonce notre ivresse! w S'ils n'ont que peu d'argent, le plus âgé leur dit : tf Achetez des pommes de terre seulement; nous les ferons frire avec beaucoup d'huile. Quant aux aumônes, nous les réunirons; nous ver- rons celles où il y aura de la viande et nous la mettrons dans le ragoût.A Les autres lui répondent : «Si Mohammed, tout ce que tu feras sera très bien, -n Or le plus jeune des tolbas leur a mis le ragoût à cuire; il a rempli d'eau la cruche et aussi la petite gargoulette où ils boivent. Il a mis la bouillotte sur le feu. Lorsque le moment de la prière du soir approche, il attrape le cabas ^^^ et le bâton (^' et s'en va ramasser les aumônes. 11 se rend aux maisons qui donnent la pension aux tolbas (^l A celles qui ont une porte en bois, il frappe
''^ Parfois, au lieu d'un cabas, les lolbas emploient un grand pot en métal pour réunir les aumônes.
(') Les tolbas marchent volontiers en s'appuyant sur un bâton comme les membres de certaines confréries religieuses (cf. Rinn, Marabouts et Khouan, p. 333; Mooliéras, Maroc inconnu, II, p. 786; Arch. mar., II, i3i); c'est une sounna des prophètes, un signe auquel on reconnaît les vrais croyants (cf. Bustân el-mnfin, p. 93 en marge de Tanbih el- yâfilin. Le Caire, i33i).
'•^^ Dans les villages du Nord marocain où des habous ne sont pas affectés au fonctionnement de l'école, ce sont les habitants qui se chargent d'assurer la nourriture des étudiants par des aumônes journalières: suivant ses moyens, chacun pourvoit à la nourriture d'un ou de plusieurs étudiants, ou prélève une part pour les tolbas sur la nourriture quotidienne de la maison (cf. Modliéras , Maroc inconnu, I, p. 62 , II, p. 9 , 10, /19, i55, 760, 751; j4rc/i. mar., I, 344; XVII, 90). Il enest de même en Oranie (cf. Delphin, Recueil de Textes, trad. Faure-Biguet, p. io3 in fine); il y a dix ans, quelques familles aisées assuraient encore la nourriture quotidienne d'un certain nombre d'étudiants à la Médersa de Tlemcen; mais aujourd'hui cette pieuse pratique est perdue; seuls, à ma connaissance, Sï-l-Baydâdi ben lûsef el Sï-1-Hâgg Mohammed bon Tïïmïna, professeurs à ladite Médersa, fournissent encore, à titre d'aumône, la pension rgtba à plusieurs de leurs élèves.
DE TANGER. 191
I de son bâton trois coups sur la porte. Dans les maisons où il n'y a pas de porte, la clôture étant de ronces ou de cactus, on dispose une pierre massive et assez large, tout exprès à son intention, et qu'on appelle même la pierre du tâleb. Lorsqu'il vient chercher l'aumône, il frappe sur cette pierre. Le chien de la maison, entendant le coup du tâleb, devient furieux; les maître» du logis, s'ils ont un jeune fils, l'en- voient chasser l'animal (à coups de pierres), pendant qu'ils préparent l'aumône pour le tâleb. Lorsqu'ils la lui apportent, celui-ci leur dit : «Que Dieu vous bénisse !n Et il rapporte à Te'cole son cabas plein de pain et de choses bonnes à manger avec le pain.
Lorsque retentit l'appel à la prière du soir, les tolbas se réunissent, font les ablutions et la prière du soir; le maître leur donne la clé de l'école. Ils entrent, ferment la porte et s'assoient. Le plus jeune des tolbas enlève (du mur) la nappe et la pose à terre; tous font le cercle autour d'elle. La nappe est faite en feuilles sèches de palmier nain comme une natte (^^; mais elle est ronde, assez e'paisse, et a une hau- teur d'hornme de diamètre. Elle est munie de deux oreilles, une de chaque côté , par lesquelles on la suspend. Au mur
''' Dans les familles tangéroises, on mange habituellement autour (l'une table basse en bois (cf. glossaire sub ^yLJ3). Mais les tolbas miingenl toujours autour d'une natte (comp. Mouliôas, Maroc inconnu , II, p. lo); il en est de même en Oranie où cette natte est généralement on alfa (cf. Delphin, Recueil de Textes, p. ^Mi n. 85; traduction Faure- BiuuET, p. 9')). Il arrive en Oranie que les tolbas rendent la natte res- ponsable de la maigreur de leur ordinaire; ils vont solennellement lui donner des coups de bâton, quand depuis longtemps il ne leur a pas été offert de festin; la natte s'exécute et le festin ne tarde pas à venir opiès cette mesure de coercition. L'emploi de la natte à manger est l'ob- servation d'une iounna bien connue (cf. Buhâbï, 'n\nma n° 7); l'usage des tables à manger est une bidm pour les moralistes de l'islam ; elle est tolérée par EL-^AZÂLÏ, Ihiâ, II, p. r : J^Sit <_j!*>) , proscrite par Iun-bl-Hâgi; , Mmlljnt, I, ivv, et UansarIsT, ap. Arch. mar., XII, 356 (traduction à recti* fier); conij). aussi Goldziiikii, Mulunn, Siudivn, II, p. u.") iiijine.
192 TEXTES ARABES
du fond de la mosquée, il y a un crochet disposé à cet effet. Les tolbas ont une autre nappe plus petite , pour le premier déjeuner du matin; au deuxième déjeuner et au dîner, ils mangent autour de la grande nappe. Lorsqu'ils ont fini le repas, ils laissent dans la nappe les resles de pain. Ils la plient avec ces restes dedans, et la suspendent au crochet; et si quelque élranger survient ayant faim, il se présente aux tolbas et leur demande la permission d'aller à la nappe prendre un morceau de pain. — 11 y avait une fois parmi les tolbas un glouton qui volait du pain de la nappe. Ils invo- quaient contre lui la colère divine, mais sans obtenir aucun résultat, car c'était un misérable contre lequel malédiction, ou quoi que ce fût d'autre ne servait de rien. Deux ou trois des tolbas les plus âgés se concertèrent et l'un d'eux dit à l'autre : ff Monsieur le tàleb, il y a parmi nous un frérot qui est un vrai fléau pour (le pain de) la nappe! Nous avons eu beau invoquer Dieu contre lui, nos imprécations n'ont pas eu d'effet. Maintenant nous allons lui jouer un tour de tâleb; il faut apporter un piège que nous tendrons dans la nappe. w Ils attendirent le coucher du soleil, apportèrent un piège et le tendirent sans en informer personne. Puis le dîner étant retardé, on sortit de l'école et on s'assit à de- viser. Le fre'rot, coutumier du larcin, laissa alors les tolbas assis, se leva et entra à l'école. Bientôt après ils entendirent les cris du coupable. Ils se levèrent, se hâtèrent de courir et arrivèrent auprès de lui comme il cherchait à se délivrer la main du piège. Ils allumèrent la chandelle pour voir qui était le voleur : w C'est comme ça, heureux homme! Allons, Dieu t'a livré en nos mains! 75 Lui restait couvert de honte, enfoui dans ses vêtements. Les autres lui retirèrent sa main du piège; elle était en sang, avec deux doigts brisés. «Voilà ta récompense, la fleur des tolbas '^M Oui, par Dieu, c'est
(') Mot à mot : trgazelle des tolbas».
noire (excès de) confiance qui t'a amené où tu en es! v Lui ne soufflait mot; le mur plutôt que lui aurait répondu! Ils continuèrent à le railler, à l'insulter jusqu'à la fin du dîner. Le malheureux voleur était dans un coin, absorbé par la douleur de sa main. La nuit, il attendit que les tolbas fussent endormis, ramassa ses pauvres effets et les mit dans un sac, mit dans un second ses livres et sa planchette, lia en- semble les ouvertures des deux sacs, les chargea sur son épaule et les recouvrit de sonhaïk; puis il saisit son bâton et dé- guerpit à la hâte ^^^ ; le matin ne le trouva pas là où il avait passé la nuit'^J.
Une fois les tolbas assis, le plus jeune pose devant eux le ragoût, le pain et les aumônes; puis il s'assied, la gar- goulette d'eau devant lui, et une bougie dans la main. Le plus âgé des tolbas se met à trier les aumônes qui contiennent de la viande, et la verse dans le ragoût. Les autres lui disent alors : tfEt ces autres aumônes qui n'ont pas de viande, pourquoi les as-tu laissées? — Ma foi, répond-il, finissons d'abord la viande et les pommes de terre du ragoût, après nous mangerons les aumônes sans viande. — Eh quoi ! Tout doit bien prendre le chemin de notre ventre! retor- quent-ils. — Sans doute. — Eh bien! Mêle tout, nous mangerons le mélange '^^ ! 75 Et il fait ainsi ne laissant à part que le cousscouss.Les tolbas s'approchent alors de la nappe, mettent en morceaux tout iepain^'', el le plus grand dit:
'■' M. à m. il s'écria : trOn a passe par ici!n, expression proverbiale.
t*' C'est-à-dire «il disparut en un clin d'œiln; celte expression pro- verbiale se retrouve dans tout le Maghreb; comp. Houwâra, p. 63, 1, 8; p. 78 in fine; aussi en maltais : beiiet ma tebbah; cf. Falzon, p. 19', 1. a.
'') Comp. MouLiKRAs, Maroc inconnu, I, p. laS; en Pespèce, le mélange des diflércnts mets n'a pas la valeur de pratique pieuse ([ue lui attribue Ibn-el-HàÔo ap. Madhal, 1, l^v in fine.
'*' On rompt les galettes; on ne les coupe pas : j--àiJ '^'j^ (tl. Itlidf et-Sàda , V, a j 9 ; MadlMl , 1 , 1 9 j in fine ).
TEXTES AHAUKS.
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194 TEXTES ARABES
T Allons! Dites : Au nom de Dieuîw Et ils commencent à manger du pain trempé dans la sauce. Lorsque le plus âgé voit qu'ils ont envie d'attaquer la viande , il leur dit : w Dites : Au nom de Dieu! Pour la viande. t^ Si un tâleb a tendu la main vers le plat''), avant que le plus grand n'ait donné ce signal, les autres commencent à le railler, à l'insulter, à lui décocher des allusions (blessantes). L'un d'eux dit à un autre : rrEh! Monsieur le tâleb, peut-être ne sais-tu pas que ce soir nous avons une séance d'Aïssaouas! Situ désires aller te divertir à voir Un de nos chers frères dévorer la viande crue^^^ ! ... w Et souvent même, ils vont jusqu'à flanquer des mornifles à leur compagnon (trop pressé).
Une fois le ragoût fini , on pose à terre le cousscouss ; cha- cune des terrines, quelque soit leur nombre, a son tour. Le plus grand leur dit : ce Dites : Au nom de Dieu pour le couss- couss! Les tolbasl v Et ils s'y mettent. Chacun d'eux introduit deux doigts au milieu du cousscouss, et les fait suivre des trois autres (^^. A les voir, on dirait qu'ils ne mangent
('' La viande ne figure pas toujours à l'ordinaire des tolbas; elle est l'objet de la convoitise générale (comp. Delphin, Recueil de Textes, tra- duction Faure-Bighbt, p. 97-98); chacun désire en avoir sa part; et la communauté veille à l'égalité du partage. On comparera la réglementation particulière, très précise, sur ce point des zâouïas kabyles ap. Hanoteau et Letourneux, La Kabylie et les coutumes kabyles, II, p. 119, 128, 195.
'*) Il est bien connu que parmi les exercices propres à la confrérie maghribine des Aissaouas , figure i'absortion de quartiers de viande crue sommairement dépecés avec les ongles et les dents (cf. Doutté, Les Atssdoua à Tlemcen, p. i3, Châion sur Marne, 1900; et Magie et religion, p. 489 et suiv.; Aubin, Le Maroc d'aujourd'hui, p. 438).
(^) Au Maroc le cousscouss est généralement mangé sans cuiller; les tolbas surtout se font un point d'honneur de ne le manger qu'avec leurs doigts (cl. DouTTÉ, Merrdkech, p. 344 ; Recueil de mémoires publié par les professeurs de l'Ecole des Lettres d'Alger et des Médersas , p. 916 n. 2). Il faut probablement voir dans cet usage une persistance de la suspicion où , depuis le 111° siècle de Tliégire jusqu'à nos jours , a été tenue dans les milieux puristes de l'islam, la bidm de la cuiller (cf. Kaisâf sur
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qu'avec deux doigts; mais s'ils entrent avec deux ils sortent avec cinq'^H Chacun ramène une bouchée formidable et la roulant en boule (^) en manière d'orange , l'expédie (en cadeau) à Sa Majesté le sultan du gosier. On n'entend que bruit de déglutition sans mâchement. Si Dieu, aveuglant quelqu'un d'entre eux, lui fait avaler de travers et que le malheureux commence à tousser, il n'a rien d'autre à faire que de se lever : de cette façon il ne toussera pas sur les tolbas. Celui ([ui a profondément creuse' le trou qui est devant lui^^^ fait ébouler le cousscouss de dessus, et comble le trou. On conti- nue ainsi jusqu'à ce que la terrine soit léchée à fond ; alors les autres plats de cousscouss sont également apportés l'un après l'autre; et (on ne quitte la partie) que quand tout est raclé.
Lorsque les tolbas sont re'unis pour quelque solennité ou quelque festin, il est de règle que les plus jeunes, ceux dont aucun duvet n'estompe les lèvres, ne prononcent pas un seul mot; ils sont muets, bouche close, comme le perce-oreille dans l'huile ^*\ Il n'y a que les plus âgés qui puissent parler, les tol-
Coran, XVII, verset 79; Madhal, I, c^a m medio; commentaire de iàvh kr-Ra'Cf Ei/-MuNÀri sur àanuVil (en marge de nû kl-q1hi' sur iamnil, Le Caire, 1817) p. 2 35; Journal asiatique, septembre 1899, P* ^^o, 35 1; SsoLCK HoBGBONJE, Mchkan. Sprichwôrter, p. 28 ).
'') Au point de vu»; de la stricte orthodoxie ii faut manger avec trois doigts : ]e pouce, Tindex et le médius; manger avec un doigt est le fait du diable; avec deux le fait des tyrans orgueillcuï; avec trois le fait des propliètos, avec quatre ou cinq le fait des gloutons. Cependant il est toléré qu'on mange avec cinq doigts les aliments qui n'ont pas do consistance solide (cf. el-Munàiiï, loc. cit.; comp. /alï BL-QÀm', p. a3a in fine et p. 935).
'*' Comp. MaqqarI, II, p. 90Û, i. 20.
^'^ Il faut prendre au plat sur le bord, non au milieu, et devant soi (cf. Aut Dàiud, Sunan |i;î8o], II, p. 96, 92; liuMÂitl, 'aXnina n° 9).
'*' Cette comparaison se retrouve à Tlcuiccn : kç-ziil l'Ui-ini-mqm» (TComme l'huile sur le perce-oreille» (cf< Jaui'nal aniatique, juillet 190'!, p. 5o, 1. U et p. 68).
i3.
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bas barbus et moustachus, ceux qui se coiffent en casseurs d'assiettes de leurs chéchias de laine. Quant aux jeunes, les pauvres garçons, ils doivent avoir le capuchon rabattu sur le visage, et les mains rentrées sous la jellâba; et ils se blottissent dans les coins, ne souillant mot; et même, s'ils ont soif, il ne peuvent pas boire une seule gorgée d'eau devant les grands; un jeune tâleb, eût-il la bouche sèche, le cœur près de défaillir, ne doit pas broncher.
Lorsque les tolbas s'assoient autour de la nappe, il s'as- soient, un genou à terre ('^, et entre l'autre genou et la bouche , l'espace de quatre doigts. (11 faut alors faire en sorte que) les doigts de pied ne se montrent pas^^^. Si un tâleb les laisse voir, un autre les apercevant lui crie : «Ehl Un tel 1 Ces gens-là se montrenti» Le premier, s'il comprend, jetle un coup d'œil sur ses pieds et, les voyant découverts, les cache; s'il n'a pas compris- et ne les cache pas, les tolbas se tournant vers lui lui disent : «Ehl Monsieur le tâleb! Nous avons un rustaud avec nous, r, L'autre jette autour de lui les yeux et (ne s'apercevant de rien) demande : « Qu'est-ce que vous avez avec moi? — Vraiment mon cher, reprend un autre , nous avons ici un rustaud. — Les ignominies sont nom- breuses (sur terre), dit le plus âgé des tolbas. — Il en a trouvé une bonne, ajoute un autre, et elle, non plus, ne Ta
t') Ainsi dans toute l'Afrique du Nord (cf. glossaire sub *^). Dans cette position , chacun n'occupe que le plus petit espace possible et tout le monde peut prendre place autour de la natte; c'esl d'autre part une des façons de s'asseoir pendant le repas, prescrites par la sounna. Cf. Madhal, J, i^}F : L^^J-c j— laç yl j^ ^^ (^y^^ 1*^^ i^-ft-" *-^^ (fi-'U ; comp. hJulf es-Sâda , V, p. 21 4 1. 27 : '-fy^^ -LjJaJI Jl_c jJLa. til aMI Jj-w, yO
'^^ De même en Oranie, à l'école coranique, le maître allonge des coups de badine sur les pieds des élèves s'ils viennent à être découverts. El-^azAlï dans son traité sur l'éducation (Tunis, i3i/i, p. 5) demande qu'où fasse considérer aux enfants comme inconvenant le tjl-bi)l (JLi5 (comp. Revue africaine, 1901, p. 106).
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manqué! 55 Enfin seulement, celui qui aies pieds découverts comprenant de quoi il s'agit, les cache tout doucement; et alors le plus âgé se tournant vers les autres leur dit : w Voilà enfin que le rappel aux convenances a touché le frérot et a produit son effet! 55
Un jour les tolbas e'taient réunis autour de la nappe; il y avait cinquante tolbas dans cette école. Ils venaient de dire rAu nom de Dieu 75 pour commencer le repas, lorsqu'un fàleb, un fort qui savait la récitation de Hamza^^^, laissa tchapper un vent^^^. Les autres l'entendirent; et ce fut un seul éclat de rire. Le malheureux eut grand'honte. Après, les tolbas, se tournant l'un vers l'autre, commencèrent à le blaguer : ffLe voila qui a abattu la moitié' de l'école, dit l'un d'eux! — Il faut le fouiller, dit un autre; peut-être bien que la douille de la cartouche ne veut pas sortir. — Peut-être bien, continua un autre, que le chien de son fusil s'est cassé. — Il a de la poudre anglaise, ajouta un quatrième, et un canon puissant; le boulet a frappé le mur de l'école et a con- tinué sa course. 75 Enfin chacun disait son mot, et l'un des tolbas sortit du groupe, apporta un roseau, y suspendit un mouchoir et commença à chanter : ff Celui qui pète en société, que Dieu le couvre de confusion! Montez-le à Moulêy Bou- Chetâ (^) qu'on lui couse les fesses, v Le malheureux auteur de
■'' Les toliias liamzâ^i, c'esl-à-dire qui savent réciter le Coran selon la ë'-lj» (le Alm-'iiniâra Hamza b. Habib el-Kûfï (t i56 ou i58), sont rares, p.irliculièrement estimés, et obtiennent parfois du sultan l'exemption do tout impôt et de toute charge (cf. Arch. mar., V, p. 434; VI, p. 3a6; XVII, p. 89).
*'' Le pet est considéré comme un acte déshonorant pour celui qui le fait, ot comme une injure pour ceux qui Tentcndent (cf. Doutté, Maipe fil relifjion, p. 397; Moui.ikras, Maroc inconnu, II, 466,467, 709, 710; pour l'Egypte, llazz el-quhûj [Le Caire, iSaa], p. i56).
'^' Cf. sur ce personnage (t 997 = 1589) enterré dans la tribu je- balicnno de Feàtâla, et qui a à Tanger un monument commémoratif à la Qasba, Moulikras, Maroc inconnu, II, p. 11; Arch. mar., II, p. laS, la/i-, VIII, 170, 171; XVII, p. 890, 391.
198 TEXTES ARABES
l'incongruité était rempli de honte. S'il avait pu, il aurait fendu la terre pour s'y fourrer. Mais il n'y avait pas moyen de se soustraire (aux lazzis). La honte l'accabla; il ne lui resta de présence d'esprit que pour tirer son canif à tailler les plumes, et se le passer d'un trait sur le ventre, se coupant les en- trailles. Les tolbas se levèrent de la nappe; lui resta assis. Les autres s'imaginèrent qu'il faisait exprès de rester, et en fait il était mort, il s'était tué. Un tâleb vint le secouer, croyant qu'il s'e'tait endormi, et il tomba; on trouva sous lui une mare de sang. «Il tomba comme une corde; ce fut fini pour lui d'avaler; plus d'expiration à monter dans sa poi- trine, plus d'aspiration à descendre; il mourut, et ses jours furent finis, et son bois n'eut plus la force de pousser^^^r? — On l'ensevelit, on l'enterra. Or un mercredi, les tolbas, un peu ivres de hachîch, étaient à boire du thé, lorsque l'un d'eux dit : tfQuel dommage de boire celte tasse de thé sans monsieur un tel (et il le mentionna)! Que Dieu lui fasse miséricorde, pauvre de lui!w Là -dessus un autre ré- pliqua : «Puissent les pierres de son tombeau le bien re- tenir '^J ! 7>
(') Ce passage est emprunté au langage en prose rimée, fortement influencé par la langue littéraire, des conteurs populaires du grand Socco.
(^' On prononce celte formule quand on mentionne dans la conversa- tion im mort dont on redouterait l'apparition; dans la province d'Alger on dit dans le môme sens : iahhakmûh iëbrêin tr Puissent deux empans de terre le bien tenir!»
DE TANGER. 199
V. Chansons des enfants.
P
R I. Les garçonnets, iorsqu ils rencontrent un nègre camus,
B forment le cercle autour de lui et se mettent à chanter :
I ft 0 le nègre I 0 le coquin !
D a e'goi'gé sa mère et acheté un gourdin !
0 le nègre! 0 le cornard!
Il a vendu sa mère pour acheter un four!
0 le nègre au nez camus !
Il a vendu sa mère pour acheter un e'tron I
IL Et si d'aventure, dans la rue, un juif gras vient à leur tomber entre les mains, ils l'arrêtent, Tentourent et chantent :
Il n'y a de Dieu que Dieu !
Le mouton est mort et nous l'avons enterré
Sur le tombeau des martyrs.
Le juif à la grosse nuque ,
Nous avons cassé sur sa mère
Cent gargoulettes.
Lorsque les enfants d'un quartier sont réunis, ils se disent: ff Allons, sus aux Juifs!?? Et ils vont au ghetto^'). S'il trouvent quelque maison restée , par négligence, ouverte, ils entrent. Ils referment sur eux la porte, par en dedans : un passant, entendant les cris, voudrait la pousser, qu'il la trou- verait close;puisà la juive ou au juif qui sont là ils chantent :
Il est allé aux provisions ! Malheur à lui ! Il a rapporté fies tripes dans son cabas. La bande de son turban est tombée sur moi. Sa tante s'est levée contre moi , S'acharnant sur moi.
»" Cfis vexations fanaliques deviennent rares n Tanger où il n'y a plus proprement de glielto; cf. Nahom, Let hraélite» du Maroc, p. l*.
lëM
200 TEXTES ARABES
Que Dieu lui donne mille balles de fusil
Et lui envoie la fièvre tierce !
Elle a mis ses effets dans la boîle
Et est partie se pavaner parmi les richards.
Ils lui ont dit : k Misérable ! «
Il y a des savetiers juifs instalie's dans des petites lentes au grand Socco^''; les enfants se rassemblent à l'entrée de la tente et se mettent à chanter :
Ya'qoûb n'a pu supporter l'infortune,
Si bien que ses yeux en sont retournes.
Laissant son petit pain dans l'embrasure de la fenôlrc,
Il s'en est allé du monde mourant de faim.
11 a laissé la chéchia'^', et laissé l'alêne
Et laissé ses enfants exposés aux coups du sort.
Alors le juif sort de la petite tente; posant l'alêne, le sou- lier qu'il tenait, le fil de chanvre et l'aiguille, il s'enfuit, si précipitamment, qu'il laisse choir de son giron le bout de cire vierge et le morceau de cuir à ressemeler.
III. Et si quelque porteur d'eau, un Drâwi^-'^ nouveau venu, encore tout lourdaud, s'engage dans un quartier
t'^ Cf. Arch. mar., I, p. 41 et p. ^8-69.
<'' Le savetier juif ramasse son petit matériel de travail dans une vieille chéchia.
'■') Les poricurs d'eau de Tanger sont généralemont originaires de uàd drâ. Telle est la prononciation populaire à Tanger et ailleurs au Maroc du nom de cette région du Sud marocain sur laquelle cf. de Fou- CAULD, Reconnaissance au Maroc, p. 268-820. On forme de ce nom un ethnique drâui, avec un pluriel drâua qui, à Tanger, ne prend jamais l'article. L'orthographe JCc,>> , constante chez les géographes et les historiens (cf. Nallino. Les noms géographiques du monde musulman dans les publi- cations arabes modernes, Le Caire, 1907, p. 11), représente sans doute une autre prononciation, aujourd'hui inconnue dans le Nord marocain. Cette opposition entre l'orthographe traditionnelle et la prononciation actuelle n'a pas échappé aux lettrés marocains modernes, le Nasr el-
DE TANGER.
de la ville, les enfants qui le rencontrent le suivent en disant :
Eh ! Le Jeghâwi ^^^ ! Il est tombé de la terrasse.
Tiens ! Le cousscouss répand son odeur.
Que Dieu aide maman à le faire cuire.
Eh I Les Jeghâwi ! Eh ! Les borgnes !
IV. Il arrive que les enfants étant alie's acheter quelque ciiose à l'épicier Soûssi ^^^ ce dernier ne leur donne pas de friandise — c'est un peu de bonbon ou des pois chicbes; — alors ils s'arrêtent à la porte de la boutique en chantant :
Zeinâna ! Dieu sait bien ^^^L, Si la poulette est cuite ,
^^W« Si sa chair est salée ou fade ''\
V. Lorsque dans une réunion d'enfants, il s'en trouve un teigneux ^'*\ et qu'il se met à faire des embarras — et un des
MaOâni, I, p. 76, la constate expressément et donne au reste, pour une époque récente des exemples des {jraphies K.> et <5^K^ (corap. ibid , I, p. 61, i56, 195, aussi <^x.> ap. Safuat man inlaiar, p> 8).
''^ On donne fréquemment à Tanger aux porteurs d'eau drâua, le nom de zycma (ou le plus souvent iyâua par imitation ironique de la pro- nonciation chuintante qu'on leur attribue; toujours sans l'article), sing. zyûui. Je ne puis que songer aux ïj^^ africains des géographes, voya- geurs et historiens arabes, sur les relations ethnographiques desquels les voyageurs modernes ne sont pas d'accord (cf. Barth, lieisen, II, p. 993-, m, 38i; Nachtigal, Sahàrâ und Snddn, II, i85, 186, 191, 198, 9o5 et suiv. ; Rkcrkh, ap. der Islam, I, p. 169 et siiiv.). En fait zyâui et drâui sont aujourd'hui à Tanger, sans acception nette d'origine, le* noms par lesquels on désigne les négroïdes grossiers et incultes (comp. Quedknkkldt, l'opnlation berbère au Maroc, traduction française, p. 11, n. 1).
'^' L<'8 gens du Soûs, »u(iga ou hal-sfi» (sing. sûti, cf. Fischer, Iheb- und Slichwajfen, p. 998), ont prcs(|ue monopolisé dans les viHcs maro- caines le commerce de l'épicerie (cf. Arch. mar., 1, p. /17, 5o, 968; Aliun, Le Maroc d'aujourd'hui, j). 99^»).
<•''. Jeu de mot intraduisible entre rn't-tm (^^-«Jl y^) rroriginaire du Soûs 7) et m"ji»ûn (^j.;^— •) (rfade».
<'> L'individu qu'une maladie a rendu chauve occupe une place à part
202
TEXTES ARABES
traits caractéristiques des teigneux est leur entêtement ^^^ — pour lui rabattre le nez par terre, et le remettre à sa place t^^, voici, cher monsieur, ce que les autres commencent à lui chanter :
Eh! Le teigneux I Vilain chauve!
Qui a vendu sa mère pour acheter des cartouches.
Eh! Le teigneux! Fils de bonne famille!
Tu as (sur la tête) de l'argent et du cuivre
Et de vieilles miettes de belboùla '^\
Allons! Découvre ta (été au soleil,
Tu verras comment sont celles de tes maîtres !
Là-dessus, le teigneux sent sa teigne lui bouillir sur la tête; et un enfant ajoute, les autres lui emboîtant le pas :
Eh ! Le teigneux ! Baro haro 1
Avec ses boyaux percés.
La prière il ne la fait pas ,
La teigne absorbe toute son attention.
dans beaucoup de littératures populaires. Parfois, il joue un rôle tiono- rablc. Le plus souvent il est odieux ou au moins ridicule; il semble en être ainsi dans l'Orient musulman (cf. Weissbach, /. A., p. 187 inpi-inc; BuRCKHARDT, Avah. Proverbta , III, p. 79, n" 458; Snouck Hurgronje, Mek. Sp'ichw., p. io4; PrCfer, Ein àgypt. Schattenspicl , XVI, note 3). Dans tout le Maghreb, le teigneux sert fréquemment do plastron aux plaisanteries et est l'objet du dégoût générai; cf. Hourvàra, p. io4 m fine; et les proverbes cités ap. Ben cheneb, Proverbes, II, p. i3i, n" iSaT); a8i, n" 1801 (avec les références).
C' L'entêtement des teigneux et lîur esprit de contradiction sont déjà proverbiaux en Andalousie (cf. Hadâiq, cahier 28, p. 7, 1. la : f^ o^-ièl tJ>l). Il en est de même aujourd'hui à Tanger. Suivant un dicton popu- laire, il existe trois individus dont on ne peut venir à bout : «le boiteux qui se raidit, le borgne qui se cramponne, le teigneux qui s'obstine à contredire» lairôz ila-uttàr "uWuâr ilà-i^bàr -ulqrdi îla-tyân''n.
('' Mot à mot «le rendre l'un d'entre vous, ô les gensin, c'est-à-dire un individu quelconque de la foule.
('^ Les croûtes de teigne sont comparées à l'orge moulue qui constitue la bëlbûla (cf. gloss. sub JUyJb). A Alger, dans le même sens, la crasse
DE TANGER.
Et l'un d'eux pour achever de lui régler son compte ajoute : tf Que Dieu fasse miséricorde aux anciens qui ont bien dit^^^ :
Ne fréquente pas le teigneux ,
Ne revêts pas ses habits.
S'il y avait quelque bien dans le teigneux ,
Il aurait des poils follets sur la tête.
VI. Il faudrait que le jeudi matin vous vissiez les enfants, libres de l'école, monter au grand Socco, pour y acheter un vanneau aux gens qui sont venus au marché. Apres, ils redes- cendent dans leurquartier, coupent les ailes de l'oiseau, et se mettent à jouer avec lui. C'est un oiseau très rusé; même que quand les enfants le posent sur un coffre et lui disent : ff Meurs pour ta religion! 77, il baisse sa tête, dressant sa huppe; et là-dessus les enfants chantent ^^^ :
Eh! Vanneau!
Prie le 'asr et descends!
Il a trouvé le chat
Qui jouait de la flûte.
Eh là ! Le pou !
Tu es ceinturé d'un brin de jonc.
blanche de la tête est appelée dqçq ^lyôrha «farine de Tabsenre»; elle présage, pour celui qui en a, une prochaine et longue absence. On com- parera lo latin /wr/'f/r capilis, ancien castWhm forfolas , passé en arabe d'Andalousie (cf. Simonet, Glos., p. 935) et connu aujourd'hui encore à Alger-juif sous la forme férfûiq.
('' Ce dicton dont les variantes se trouvent un peu partout en Algérie est parfois attribué à Sïdi /abd-cr-Rahmân el-Mezdûb ; un quatrain de même coupe et d'expression très voisine , mais sur un autre sujet , est donné par DK Casthies, Gnomes, p. ii3, n° i55; comp. aussi Mohammed ben Chê- ne^ Proverbes, H, n" iSgg.
'*' Comp. pour les n"' vi, vu et viii, cliansons enfantines où de8 animaux familiers sont rais en scène, Dtnlecte de Tlemcpii, p. a88, n. 1; de même en DaWna les enfants chantent une chanson sur la huppe (Lanobkbg, DaOïna, p. 710 note); aussi Lisân el-iarab, XIII, i.5i injine (dictons anciens sur la perdrix et le qa^à).
204 TEXTES ARABES
Eh là ! La puce !
Te voilà un bâton à la ceinture,
Sous le mûrier ,
Qui coupes la route aux caravaniers.
VIL Lorsque les petits enfants aperçoivent la cigogne dans la plaine de Meghôgha (^), ils chantent :
Ah 1 Cigogne taq laq !
Elle a laissé ses enfants dans la corbeille
Et est partie chasser les perdrix.
Un coup de faucille l'a atteinte à la jambe ;
Elle a dit à sa sœur : ff'Âïcha , ma sœur !
Donne moi un petit doigt de miol
Pour que je me soigne cette jambe I»
Un fil rouge.
Un fil jaune,
Un fif rempli de perles'*'.
VIII. Il vous faudrait voir les enfants descendus à la .rue Fuente-Nueva pour y acheter des bonbons; les abeilles les entourent, et alors eux commencent à chanter :
Ah!Dâgdâg,rabeille!
Ta mère a uriné sous elle,
Ton père a découvert la terrine
Pour manger du bàzîn'^'.
Il a trouvé l'abeille dans la terrine.
IX. Lorsqu'à leur sortie de l'école, les enfants voient la pluie tomber comme des fils qui descendraient du ciel , ils
(') Vallée du Falis au sud-ouest do Tan|i[er sur la route de Tétouan, avec deux villages Myô-ya-lkbîra et MyQya-ssyçra (cf. Arch. mai:, I, p. i52 et 192).
(^' Cette conclusion se retrouve fréquemment pour les chansonnettes d'enfants dans l'Afrique du Nord (comp. Dialecte de Tlemcen, p. 999).
(') Cf. glossaire s. ^^^vb!.
DE TANGER. 205
s'en vont jouer dans les ruisseaux coulant à pleins bords; ils sont tous retroussés pour ne pas se mouiller et ils chantent :
Oh là ! Pluie , pluie , pluie !
Oh ! Enfants des laboureurs !
Appelez-moi papa ,
Qu'il m'achète une jellâba
Pour fêter la fête prochaine
Avec du rôti et de la viande salée.
X. Et le jour de *Arafa, les enfants supplient leurs parents de leur acheter des petits poêlons, des petites marmites, de petits ustensiles de cuisine pour faire la dinette; le deuxième jour de la fête, ils cuisent cette dînette et avant de la man- ger ils disent :
Dînette! Dînette!
1^^^^^ La dînette est facile à cuire ,
^^^H Mais attendons que viennent les Gnâwa ^^\
^^^B Les Gnâwa ne viendront pas !
^^^V Et nous , nous ne mangerons pas !
^'' On dési{fne sous le nom de gnàua (toujours sans l'article, comp. ¥\^c\\v.v,, ZumWortton, p. 98^ ; LCdkritz, Sprùchworter, n° Lxxxvni,et Mercier, ap. Arch. mar., VIII, 126 donnent le mot avec l'article, ce qui ne vaut pas pour l'Algérie et pour Tanger) la communauté des nègres du Soudan, en tant qu'elle accomplit certains exercices ou rites religieux qui lui sont particuliers; cf. Arch. mar. , l, p. a6^i,II,p. ii4, VIII, p. i/io- 1/19; Aubin, Le Maroc d'aujourd'hui, p. Sai. Le nom est connu aussi dans l'Ouest algérien , où ^Igiumtia désigne toute langue soudanaise autre que l'arabe ou le berbère. Gooley a longuement étudié ce nom et chercbé à déterminer son étymologie (cf. The Negroland of ihe Arab», p. i8-3o n. 44; comp. Basset, Les nom* des métaux et des couleurs en berbère, ap. M. S. L., IX, 1896, p. 87, et Mission an Sénégal, I, p. 9.37; Motymnski, Le dialecte berbère de H'edamès, p. i4o). Ge nom, connu de Léon l'africain et de Marmol, est déjà attesté dans les géographes et auteurs arabes du moyen ûge, avec des transcriptions variées du son g : les manuscrits du Kitàb el-gayrâfîia (vi* siècle) ont tantôt ïj'J^ tantôt «jU* (cf. Bulletin de correspondance
206 TEXTES ARABES
XI. Lorsque les enfants ont e'té lâchés de l'école, ils se réunissent dans le quartier et s'asseyent à tailler des ba- vettes, à se conter des hlagues; mais voilà que l'un d'eux les met en branle en disant: rr Allons! Partons nous prome- ner! 75 Et ils entonnent la chanson suivante :
Je suis en roule pour Ouazzân '*', Là parle poudre, siffle plomb, Et là Hammou est en factiou. Tandis que les filles regardent. Toi qui les chameaux va paissant, Ramène à la nuit tes chameaux. A la beauté si tu te rends, Sache qu'elle est échue à Tâmo '^'. Tâmo, pour tuer, c'est un coutelas; Un maître récemment l'acquit , En gaine neuve l'enferma Et un habit d'argent lui fit. 0 chère mosquée d'ech-Charf '*', 0 toi qu'ombrage un caroubier, Quiconque nous maudira moi ou toi , Dieu lui donne le prix de son inimitié Avec une chéchia percée en sa moitié Et un grand mouchoir rayé.
africaine, iSSli^ p. 195 n. 5); Idrïsï a *jjI.^ (Description de l'Afrique, p. 1-, 1. 7; p. 69 n. 2); Ii(^LT a »jU5^(il en fait des Berbères , IV, 307); IbnGuzmân, /i7\ i. ii,donnc^Jo; le ms. de Paris de Hadàiq a »jUa (fol. 84 verso), et le texte de Fez SjU^ (cahier 99, p. 7, 1. 17) dans le dicton andalou : âJLS>»5 »y4)~^ »>'-^ (fl-^à^' «fmanière des Gnâwa de faire des colliers, pêic-mélc perles et coquilles».
C Variante : pour Oued-Ràs.
(-' Nom de femme, caricatif de /«|»/ia (cf. Doutté, Men'âkech, p. 342 in fine).
(•■'^ Nom d'un village du territoire des Fahsïia au fond de la baie de Tanger (cf. Arch. mar.,l, i^h).
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La plupart des faits relatifs au parler d'Alger-juif sont puisés dans la monographie de M. Cohen, Le parler arabe des Juifs d'^/gcr, actuellement en cours d'impression.
Un certain nombre d'informations sur le tunisien m'ont été gracieuse- ment fournies par H. Stcmme et son informateur et ami Sï Hamda ZyiTEN.
GLOSSAIRE.
1,1,1
/ ojbi àbâztn «sorte de cousscouss très grossier». Ce mets n'est guère connu dans la ville de Tanger; par contre, il entre pour une part im- portante dans l'alimentation des Jbâla (cf. Arch. Mai:, XVII, p. 121 ). — ^^-Xi^ ne prend jamais l'article; c'est une berbérisation de (j;,»;W (*JOvL?) qui se rencontre sporadiquement dans tout le Maghreb et y désigne des mets assez variés, généralement des sortes de bouillies : Alger, Tunis bâzîiia (cf. Beacssikr, p. 35); Tripoli bâztn (Stumme, M.G.T., p. 990); Sfax bezzîna (cf. Narbeshuber, Au$ dent Leben in Sfax, p. 27). Le mot apparaît dans les textes tunisiens du moyen âge (cf. (j,>j,L? ap. Mamlim, IV, p. 178, 1. 5; p. 9/18, l. 5); cf. DozY, I, p. 579, sub (jtijf); Observations sur Beaussier, p. 4i5 et les réfé- rences. — La forme ahâiîn de supra, p. 191, L 11, est une corrup- tion, pour la rime, de àbàzin.
ji\ Cf. y^Jt-
a.i Cf.^.
i^\j\ àtâi fftbén ; le mot apparaît fréquemment dans le contexte sous la forme iàtâi, surtout lorsqu'il est précédé d'une voyelle (tendance à l'élimination de l'hiatus; comp. Stuhhb, Taz,, S i4) : srahna-ialâ> <Kfio\i8 avons bu du thé»; kçHorho-iâtâi «Ils boivent du thé»; mais précédé des prépositions b,f, l, d, il a toujours la forme àtâi et jamais iàtâi : iffouzQ bâlâi rrll l'assaisonne d'un verre de thé»; llàlA-Ukisân-dçttâi «trois verres de thé», etc. Le mot ne prend jamais l'article et n'a pas de pluriel usité. — A Tlemcen le mol ne prend jamais l'article, non plus, même quand il a le sens déterminé, mais connaît un pluriel àlâlât dans le sens de «verres de thé servis dans un café». — A Alger, et chez les ru- raux d'Oranie et du Tell algérois, le mot a, indéterminé, la forme çilâi [àtâi) et, déterminé, la forme /^/nt; il a le pluriel (/■lâiût. Dans toute la province do Constantine c'est <âi (Conslantine /ai) avec l'article ^tlâi comme à Tunis (cf. Clebmont, L'arabe parlé tunisien, p. 95i ), sans phi»
'>16 TEXTES ARABES
riel. — La forme ^^bl (avec l'article (^bill) se retrouve au Sénégal (cf. Fr. Marie-Bebnabd , p. 1 18, p. 122; Reynier, p. i3o; Basset, Mis- sion, I, p. 826). — Le mot est vraisemblablement venu en Algérie du Maroc , avec le produit lui-même. Le marocain afâi représente une tra- dition très différente du iâi des dialectes arabes d'Orient. Tandis que le second provient du turc <iUi. et par là du russe (cf. Z.D.M.G., 1897, p. 807 ), le premier doit être un emprunt à une langue européenne occi- dentale, espagnol té ou anglais tea (ce sont les Anglais qui ont implanté Tusage du thé au Maroc; cf. Godard, Description et Histoire du Maroc, p. 584, 585). L'initiale a et le traitement syntaxique particulier du mot ( incapacité de prendre l'article) révèlent d'autre part que l'arabe marocain n'a pas emprunté directement le mot, mais bien par l'inter- médiaire du berbère (le mot a du reste la même forme en selba, cf. Stcmme, Taz., p. 16g). Emprunté à son tour à l'arabe marocain par les dialectes algériens, le mot a gardé sa forme berbère, mais a reçu un traitement syntaxique arabe dans les provinces d'Oran (sauf à Tlemcen) et d'Alger. 11 a été arabisé de forme dans la province de Constantine. — Dans le Maghreb la tradition du »ât oriental se retrouve en Tunisie (à côté de tâi), à Tripoli et dans le désert de Libye : sâhi vlhén (con- tamination par étymologie populaire avec \/^4-;; cf. Stummë, M.G.T., 810). — Dans la poésie marocaine en l'honneur du thé, donnée ap. Mou- uéRAS, Maroc inconnu, II, 48 1 , et qui est une œuvre de demi-lettré, les deux formes <^bl (avec l'article) et jLi; se rencontrent; comp. à celte poésie marocaine les chansons sur le même sujet du désert de Libye ap. Falls, Beduinenlieder der Libyschen Wûste, n" 59-6*2.
Oewl Cf. c:*i..
*Xà.l Cf. J.^.
y^' àhçr «autre»; la vocalisation m (m, ç, 0) de la deuxième syllabe apparaît dans tous les parlers maghribins (aussi maltais ihor; juif d'Alger àhûr), à de rares exceptions près (Tripoli âJ^ar; Souf âhâr; Ouled Djellâl du Sud constantinois çuhar), et se retrouve dans l'Oman (cf. Reinhardt, p. 3 16, 1. i5; p. 817, 1. 5; p. 344, 1. 12). Elle me semble difficilement explicable. — A Tanger, «l'autre» peut être exprimé par làfiçr c'est-à-dire àhçr pourvu de l'article; et même, * dans les formules d'injure où il figure si fréquemment (cf. par
DE TANGER. 217
exemple, supra, p. ^7, 1. 32), le mot, à ma connaissance, n'a jamais une autre forme. Mais en dehors de ce cas, c'est àhor sans l'article qui est ie plus généralement employé, aussi bien dans le sens déterminé que dans le sens indéterminé; peut-être faut-il voir là l'influence ana- logique des mots berbères à initiale a qui ne prennent pas l'article lorsqu'ils ont le sens déterminé (cf. infra, aguâî, anyçr etc.). Enfin, il- existe une autre forme du mot, {àhor, également employée dans le sens déterminé de «l'autre» et dans le sens indéterminé de «un autre»; elle se montre presque toujours lorsque le mot vient dans le con- texte après une voyelle; il faut, je crois, attribuer l'apparition du t initial à une tendance à l'élimination du hiatus (comp. Stumme, Taz., S \U) '. sàhho-iâhor «son autre compagnon»; za-iâhor qallo «Un autre (ou l'autre) se mit alors à lui dire », etc. Au reste, actuellement l'emploi de la forme iàhor est étendu à d'autres cas de voisinage phonétique {tâlob iâhor «un autre tâleb» ; iàhor -kçiqûUo «Un autre lui dit»); mais iâhor est moins fréquent dans ces cas que âhor, et il est complètement impossible après les prépositions/, b, l (h), d : Jahor «dans un autre»; hàhor «par un autre»; nàhor «à un autre»; jamais *Jiâhor, *hidhor, *niàhor, etc. — Le féminin est, avec les mêmes distinctions, âhra (déterminé lâhra ou âhra) et ta/ira (déterminé et indéterminé), làhra est employé à Tanger dans le sens de «la vie fu- ture», parfois dans le langage (moins toutefois que "l'àhha), et fré- quemment dans les dictons : Jlahra tlçni-b''lhrâ «Dans l'autre vie, enduis-moi d'excréments» (se dit pour marquer que malgré les reproches, on entend persévérer dans une conduite peu conforme à la morale musulmane); ddûnia blûièh ulàhra bëzzrdçt «En ce monde, on règle sa conduite d'après la léle des gens; dans l'autre monde on aura des coups de bâton» (se dit quand on constate un acte de partialité en faveur d'un puissant; comp. Ben Gbeneb, Prov., n° 796); cf. suj»-a, p. ii3, 1. 19. Shra, représentant de ï-i.) a été confondu avec àhra, fém. dialectal de àhor. — Ainsi, à Tanger, la forme uhra du Maghrib (mallais uhra) = class. <^*i.I cède le pas à une formation nou- velle directement tirée du masculin et gardant la vocalisation â de la première syllabe (même procédé à Alger-juif où l'on a âhilrâ fém. en face de âhûr masc, àhûrîti pi.; et, en Orient, dans le dialecte arabique de Dofàr : âhra fém. tiré de âhar masc; cf. Ruodokanakis, II, 8 53e). — Avec les mêmes distinctions, le pluriel à Tanger est âhr^n {làhrfti) et iàhrën avec la vocahsation du masc. sing. pour la première
/
218 TEXTES ARABES
syllabe , tandis qu'à Tunis, en Algérie, à Malte, il a une voyelle u par analogie avec le féminin (cf. Brockelmann, Grundriss, I, p. 288). Chez les fclléh de Palestine, la vocalisation m du féminin (£y^\ a même conta- miné Tetbnique luhri (pi. luhriiîn) qui sert de masculin (cf. Bauer, Dm palast. Arabisch, p. 77); et c'est apparemment par une contamination . semblable que s'explique le masculin ohar (o^r) en hassania du Séné- gal (cf. Basset, Mission. I, p. SaS; p. hoa, 1. 9). D'autre part, le çuhar des Ouled Djellâi du Sud conslantinois (en face de fém. uhra, pi. tihrçn) s'explique peut-élre par l'analogie de quuoI, fém. «"/a, pi. y" /in.
â^^r; ce représentant dialectal de class. ^Tne signifie pas à Tanger «dernier», mais «terme». Il apparaît parfois, sous l'influence de la langue littéraire, avec un * initial, surtout quand on l'emploie sans l'article : lldh-eziàl-'ahhama hsçn men 'çuunna; cf. tupra, p. 89, 1. 8 ; avec l'article, on entend, à côté de "fâhhar, avec » très net, llàhhar avec / initial redoublé (comp. Fischer, Mar. Sprichworter, p. 3a); et lâhhàr, sans redoublement de /, dtns le seul cas où le mot est précédé d'une voyelle longue; ainsi : f'Uâhhàr «à lafinn, "ullàhhar «et la fîn.. .», mais mià-làhhar «en dernier lieu». Le redoublement de la deuxième radicale (h) se retrouve à Alger, dans la Mitidja, dans la province do Constantine comme en maltais (lahhar) et en omâni (Rein- HABDT, p. ii4, ahhar). Brockelmann (Grundriss, I, p. 298) y voit avec raison une influence analogique de Jjl (comp. pour une influence ana- logique exercée sur l'un des termes du couple Jjl - »^) par l'autre terme, Barth, ap. Noldeke Or. Studien, II, p. 789). Dans la plaine du ChelifT, on entend llâhor «en dernier lieu» avec une voyelle longue â et sans redoublement du h; au Souf, on fait la distinction curieuse de lâ^ar «ie dernier» et lahhar «l'archi-dernier, l'ultime»; à Tunis, on a ihir (cf. Stumme, T.G., p. 4a) et à Tripoli âher (cf. Stumme, M.G.T., p. 275). En Oranie et dans le Sud algérois, ce mot n'est guère employé; il est généralement remplacé par tàli. — Quant au redoublement du l de i'arli£le, il apparaît à Alger exactement dans les mêmes conditions qu'à Tanger : uullàhhgr? «et après tout, eh bien quoi?», mais fl-lâhhor, jniâ-lâhhor «en dernier lieu». Il se retrouve aussi chez les fellâli de Palestine (cf. Bauer, Dus palàst. Arabisch, p. 81, note 3).
llâh''ri, fém. Uàh''Aia, pi. llàU-Aien «le dernier»; je n'ai jamais entendu employer le mot que déterminé i^-r^^S ; mais le redoublement de / initial
DE TANGER. 219
permet de supposer que, pour la conscience du sujet parlant, lâh'ri ((^-i.i)I avec agglutination de Tarlicle initial) représente la forme du mot à l'état indéterminé; IWyrlta «au moins; au dernier mot?». — Le mot ne se retrouve en Algérie, à ma connaissance, qu'à Alger-juif (//e/i'n); ailleurs en Algérie on dit lait ou ahràni (déterminé lahrâni); aliiri, fém. ahirla ^dernier» était andaiou (cf. Pedro de Alcali,. p. 35, 1. i; p. 39, 1. 14).
3! ahhai {'hhai, "''Mi) c^l^t; exclamation qui marque l'étonnement et l'admiration: ahhclt dràfâl (caUlJo) tf Ah! Quelle chose charmante!» ; '[ihâi {"zûha «Ah! Quelle chose merveilleuse!?); et aussi, suivi de "«- hma, "n-hêùi, "n-hôma : ahhâi-''n-h°iui ! drêf! tr Ah ! Qu'il est charmant In; ahhâi-''n-hêia ! nC'ziâna ! (rAh là! Qu'elle esthelle!?). Comp. Lerchcndi, Voc, p. 938, 289 sub cuan. — <thhai reporte vraisemblablement à à-hai «0 mon frère !n qui apparaît à Tlemcen, dans le môme emploi d'exclamation admirative. Il correspond au iakhi d'Alger, de Constan- tine et de Tunis (cf. Stummk, T.G., S 187), uiln do Tripoli (cf. Stlmme, M.G.T., p. 317). Le akhait du Sud marocain {Houwara, p. ha, ex) est vraisemblablement ahhài avec Taugment t. — Quant au n de a/i/Mîi-"H-/i(>ua , il est possible de l'attribuera l'influence analo- gique de ktf-"n-hôua «comme il est. . .în, courant à Tanger comme à Tunis, et employé fréquemment dans un sens voisin de ahhâi-''n-hvua comme exclamation admirative (aussi avec combinaison de ahhài : ahhâi- ii-kifn-h()ua «Ah ! Comme ça se trouve!'' dans le langage des femmes). — Ce n ne peut guère avoir de rapport avec le en du piût de Socin- Stcmme (Z.D.M.G., 1894, p. 99, 1. iii), considéré par ces auteurs comme le même relatif que celui qui apparaît sporadiquement en tunisien (par exemple eliùd en haiiit hih tikuil ap. Stumme, T.M.G., p. 49 , 1. 1 7 ; fréquent dans les {"rûbtiât). Cf.^.
l»ài Cf. -Os» et (.^Li*.
t^àl Cf. ^l.
yiî uà^x fforeille?», pi. "udnîn, subst. fém. Lorsqu'on emploie udçn avec les affixcs personnels, il faut généralement l'enlendre dans le sens de «les deux oreilles» à moins qu'on ne spécifie qu'il s'agit de «l'oreille droite» ou de «l'oreille gauche» : "ûdnç «ses oreilles»; "ûdn(hty,dl «Ses oreilles sont longues» (syntaxiquement traité en pluriel); "udno d'ihnln «son
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oreille droite»; -udnQ dïsimâl wson oreille gauche». — D'autre part, l'ancien duel "udnîn est employé : i° dans le sens de «les deux oreilles» d'un individu ; mais il ne prend jamais les affixes personnels : tf ses deux oreilles» ludntn-diâlo et non *'udnçh; 2° comme pluriel à l'exclusion de udin : kdnç kéisëmiç K"ttà-lludmn «Il y avait six oreilles pour entendre». — Enfin il a été retiré de l'ancien duel un nom d'unité ^tidnîna (c^j-^' -f •) qui est de beaucoup le mot le plus employé dans le sens de «une oreille» et même il existe un pluriel "udntnat de hidtàna. Cf. Lerchundi, Foc, p. 566, sub oreja. — Le diminutif est «dîna, pi. udlnat: tm"nnîlëk - tidma - utsmdi «Je voudrais que vous fussiez petite oreille pour entendre (ce qui se dit)!»
Cf. yS.
i^y (ira, pi. àrâQ «donne, donnez!» est très courant à Tanger, comme à Alger, à Tlemcen, Nedroma et dans le Sud marocain (Houwâra, p. 36 ed), tandis qu'il est connu, mais peu employé chez les ruraux d'Oranio et de la province d'Alger, et inconnu dans la province de Gonstanline. Le mot se retrouve dans le berbère du Sud marocain (cf. Stumhb, Taz., S io3 a), et il semble bien qu'aussi en andalou une forme 3 ! existait avec le sens de «donne» (JJXjJos» j!^ «Donne ta main que je l'embrasse» ; ^ii j-J c>^ L» »l «Donne ce qui le plaira, je ne refuserai pas» ap. Ibn GuzmIn, ^3* in fine; SS'il. 31; U^iJa Kl SaïJJ «Donne un petit morceau au chat» ap. Hadâiq, cah. Sj, p. 3, 1. 11; ms. Paris, 89 verso, ^l). En tripolilain ara et arâk, en maltais ara apparaissent comme particules démonstratives avec des sens très différents de celui que leur connaît le marocain et l'algérien. Au point de vue de la phonétique et de la morphologie, comme k celui de la sémantique et de la syntaxe, il est extrêmement difficile de rattacher ces particules maghribines à class. V^^l^. Il vaut mieux, semble-l-il, y voir avec Barth des équivalents dialectaux de la vieille particule nord- sémitique ^TX 1 1")N» qui &e dissimulerait en arabe classique sous l'énig- matique oo^l (passé par étymologie populaire à o^.UI; cf. Sprachwiss, Untersuch., Il, p. 37 et suiv.). — àrànna (ar''nna = UJ <^,I) et àràk ( Jl^l) sont très courants à Tanger, comme formules de transition dans la conversation ou le récit, afrina se construit avec un complément direct ou avec la préposition n (i) : âr^nna dâba-lydrb ou âr''nna-dâba- n'iyârb [lljârb) «Parlons maintenant du Maroc»; dfnna-dàba-Uçlba ou w"?.'p7/'« «Parlons mainlenanl des tolbas»; dr''nna-dçiba-tânza ou ntânza
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Ions maintenant de Tanger». — Quant à arâlc il se construit tou- jours avec la préposition n (/); dràk-daba-ntdnza «Parlons maintenant de Tanger». En principe, la seule construction logique pour ar^nna est celle avec un complément direct (mot à mot «apporte-nous la question de ...»); il est vraisemblable que la construction avec la préposition n (Z) est diie à une contamination par aràk-n (l), le sens primitif de àr'nna, aràk étant du reste oblitéré pour le sujet parlant, dans ces for- mules de transition très employées. — arâk mën répété dans une énu- mération de substantifs a le même sens que hûdçk (cf. infra, p. 388 ) «aussi bien. . . que. . . » : arâk m^n-ddhalgz , aràk nCl-lhuâlëm «aussi bien des bracelets que des bagues». — ârànna est connu, à Tlemcen, dans le même emploi qu'à Tanger, construit avec un complément direct. A Mogador aràk se trouve aussi comme formule de transition mais généralement construit avec i'iâ (cf. Socm, Mar., p. 19, 1. 16; p. 16,1. 10; p. 18, 1. 2, etc.) D'autre part, avec le sens et la construc- tion qu'il a dans le texte de SociN, Mar., p. 5o, 1. 17 et 18, arâk est inusité à Tanger.
^1 'îs'm, pi. 'asâtni, 'asmât, 'asmàuât «nom»; c'est la forme littéraire de |<w| (avec * initial par outrance maladroite du désir de se rappro- cher de la langue classique). Elle est très employée par toutes les classes de la société. Il existe à côté une forme très populaire hèm, pi. Uûma, issue de la forme déterminée j<wiH , avec agglutination du / de l'article : avec les aflixes l^tmi, Içsmëk, Içtmç, etc.; (comp. supra jt. 99, 1. 8, t'aiifjtlç) hl^smç «Tu l'appelles par son nom»); et, actuellement dans le dialecte, avec la détermination dialectale : "llsëm «le nom», pi. "llsûma. — Enfin , pour interroger quelqu'un sur son nom ou celui d'un autre individu et pour répondre à cette interrogation, on emploie la série «mânt, smàk, smàh, smâ/ia^etc. , sur laquelle cf. UlàdBrâhîm, p. 169, note 9: i^nni-smâk «Quel est ton nom?»; smani h'mêd «Je m'appelle Ahmed.» H existe à Rabat d'autres formes du mot (cf. Fischer , Marok. Sprichw. , p. 91, noie t ).
^Ji) àiâir), pi. iuâiç ou àiâiûua^ yiiLii\ yii\yii «mesure à grain en palmier nain tressé contenant un 8* de muddv- inconnu dans les dialectes arabes d'Algérie ; ce mot ne prend jamais l'article ; il est vraisembla- blement d'origine berbère et à rapprocher du iàsu «sac à grains» (tellîs), de Destaing, Béni Snnus, I, p. 18.
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Zi\ afràr y)yi\ tr poterie rouge en argile n (comp. Arch. Mai:, XVII, p. 97). Ce mot berbt»re (rien à voir avec <Ï;>*t» ni avec "ins) ne prend jamais l'article. Toutefois il existerait, suivant Arch. Mar., VI, p. 989, chez certains ruraux du Nord marocain , une forme complètement ara- bisée du mot :frûr, avec l'article Clfrûr.
(_>J»t aqràh,^\.àqm-hàni->\Ji\ y b J»l , diminutif «grf 1^6 ou grft^ft «sacoche en palmier nain» (comp. Lerchundi, Voc. p. 620, sub mochila; Saluât el-'anjat, II, p. i33, 1. 9 : v'7*W o"'^' •*"** c*-«^'*-i' n'^ y^ rï^^v'T?")' Le mot se retrouve aussi à Nedroma dans le sens de «r sacoche en palmier nain du berger». A Tlemcen, je ne le connais que dans la locution : mmël kî-aqrâb «fait très grossièrement». Sous celte forme le mot, qui à Tanger ne prend jamais l'article, provient sûrement du berbère (zouaoua aqh-àh, sclha aqràh tcpoche» ap. Stumme, Taz., p. i63); mais il représente vraisemblablement la forme berbérisée de l'arabe v'y»» 1^^ existait en andalou avec le sens de «sac» (Dozy, II, SaS) et se retrouve sous la forme qràb dans les dialectes du Sud et de l'intérieur du Maroc (cf. Houwàra, f. 74 fy; Quedenfeldt, Répartition de la population , trad. française p. 71 ; Marchand, ap. J.A., nov. 1906, p. 46/i). A Alger et chez les ruraux et bédouins d'Algérie, je ne con- nais le mot que sous la forme gràO ou g'râb avec la signification de «sa- coche» (en cuir ou en palmier nain); cf. aussi Beacssier, p. 534 <_»M ff cartouchière, giberne».
JjjI aguàl, pi. àgûlàn JI^I yil^SI «tambour long dont la caisse est en terre cuite», diminutif àguiiël ou guiiël, agtiîuûl ou guîuùl. Cf. Ler- chundi, Voc, p. 577, suhpandero; Doutté, Meii-dkech, p. 3i7; Hoest, Nachrichten v. Mnrôkos, pi. XXI, n" 9. — Ce mot berbère (cf. Boi- LiFA, Textes de l'Atlas marocain, p. 335) ne prend jamais l'article à Tanger; la forme elgûal que donne Llderitz, Spriichwo'rter, p. 6 et 7, n'est pas tangéroisc. — Le mot ne se rencontre en Algérie qu'à Nedro- ma agt^l, pi. agnnlât, et à Tlemcen sous la forme guàl (cf. Bel, La population musulmane de Tlemcen, p. 5o); cf. aussi Dozy, I, p. 3o. — On dit proverbialement à Tanger ilqàfqàf-ul't'dd dqguâl «rien du tout», parce que, disent les Tangérois, agiml est un cylindre sans anse (-t'dd); peut-être faut-il mieux entendre qu'à la différence du {bol, aguâl se joue «sans baguette à grosse tête» 'idd {cï. Lerchundi, Voc, sub atabd, p. ii4; Budgett Meakin, The Moors, p ao3).
J^! Cf. J^, ^.
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laJ) àlH ia^i fforgeleln; comp. Lgbchdndi, Foc, p. 568, suh orzueîo. Ce mot est d'origine berbère : zouaoua e//oJ; dialecte arabe de Gollo uîlol; Nedroma âlotte; Tiemcen lotte. A Alger musulman et chez les bédouins d'Algérie, Tarabe siëra est seul employé (cf. Doutté, Men-àhech, p. 86, 87, note 1); à Constantine bu-s'êra; à Alger juif sâroq.
«Jl Cf. *} et*U^.. pi Cf. ^y. et la:.
^ÔKje\ amdar, ^\. amdràn ff branche»; comp. Lerchundi, Voc, p. 665, sub rama. Ce mot d'origine berbère ne prend pas l'article. 11 est complè- tement ittconnu en Algérie.
^-*i amràh ^ly«l «place; espace large et uni». Je n'ai jamais entendu le pluriel. C'est l'arabe ^1** qui est très vivant dans les dialectes bédouins d'Algérie (cf. Obsei^vations sur Beaussier, p. 486; aussi à Bougie m'ràh (fia cour intérieure de la maison»), passé par le berbère. Le mot ne prend jamais l'article. — Sous la forme berbère amràh, le mot se re- trouve aussi à Tiemcen rrendroit sale et mal tenu»; knûs-ëdddr rë-yêl- Isi-amrâh a Balaie la maison! Elle est sale comme amràh !n
^jmX«I àmçîluB (j«jJL-»l (Tvase d'une fondrière»; comp. Lerchundi, Voc, p. 478 sub lodo, p. 770 sub tarquin. Le mot aussi berbère (zoua- ona, et arabe de Nedroma âmâlûs) se retrouve dans divers parlcrs arabes maghribins : Sud algérois màlûs; Tell algérois milût; Nord tuni- sien milûsi cf boueux». A Tanger àm^îlûs ne prend jamais l'article.
/y») 'àmin ^J^\ dans le sens de ff administrateur cliériGcn» Çàmin- dixjiàna «administrateur de la douane»; 'amin "Immtâfad rradminislra- teur des propriétés du Mahzen» ; '^mtn-"»s''kkâ «radminislraleur de la trésorerie» etc.) a un * initial et fait au pluriel 'iimàna. L'influence do la langue littéraire est visible. — Dans le sens de «prévôt de corpo- rations le mot n'apparaît, même indéterminé, qu'avec l'article de la forme déterminée agglutiné, làmtn, et a un pluriel làminat (comp. Arch. Mar., II, p. i3lt, note a; Gaiixard, Fez, une ville de l'Islam, p. l'u)). D'autre part, jamais dans le cas de détermination n'apparait le redoublcmont de /, qui existe pour certains autres mots où l'initiale / provient d'une agglutination de l'article (cf. sup-a, lâh'-'ri sub ~i.l , Itëtn sub »m\; injra, làifir sub ^J., Imhai sub ^**9) : h^yiârlamln «C'est lui l'amin»; kçikûl-ldmin-gàlfs «Eti'amln est assis. ..»; htiâ-lâmin-'U^bbdla
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(jULiLJli) «C'est lui ramîn des joueurs de tambour». A Tlemcen lâtnln est aussi la seule forme employée , même à l'étal construit : làmin- çddëllala s l'amîn des crieurs publics» ; de même à Lagtiouat : lâmin-bni mzâb tframîn des Mozabites». A Constantine, lâmîn est aussi possible pour la forme déterminée, comme pour la forme indéterminée; mais on entend encore pour cette dernière âtmn (dans la région de Sétif , on a aussi iâmln) avec un pluriel iemna (représentant dialectal de *UJil ). A Alger le mot tend aujourd'hui à sortir de l'usage, avec la disparition de la fonction qu'il dénommait; mais il avait aussi la forme invariable lâmm. Cette forme se perpétue dans les noms de certaines familles algé- roises, par exemple : Içimin-ddëbbàyçn , lâmm-çstêkka , lâmîn-"'' qbâil (JoLJlJI), lâmîn-ossommârçn. Le pluriel était lâmïnât, et, exception- nellement, f/uwmna (représentant dialectal de classique «>L1«I) dans le seul lâmin-çhiûmna «amin des amins». A Tunis, on distingue la forme pourvue de l'article /âmrn de la forme non pourvue de l'article âmtn (cf. Stumhe, T.M.G., p. 9, 1. 19; p. 10, 1. 1). — Le mot ^J^ dans le sens de «chef de corporation» se trouve de Tunis au Maroc et était aussi andalou (cf. Dozr, I, p. 38). Par contre, il semble inconnu en Orient : c'est j^ qui seul est employé; cf. Snouck Hurgrowe, Mekka, II, p. 38 et suiv. ; Wetzstein ap. Z.D.M.G., XI, p. 483, note 9; Elu QoodsÎ, Les Corporation» de Damas, passtm; Littmann, Modem Arabie taies, ^15 ^Ji, p. 90, 1. 15.
àmâna, pi. àmâin et amenât; aussi avec le » initial de class. âjL*I encore sensible 'àmâna (inQuencc littéraire) : 1° «dépôt» : 'âmâna lànd-z^màna uzçrmâna hàu^âna (ju!^) wun dépôt confiée Zermâna; et Zermâna est une voleuse» ; ce dicton s'applique à un dépositaire infi- dèle; 2° «affaire, histoire» dans un sens péjoratif : mûW'àmàna «le compère auteur du méfait»; aussi dans ce sens à Tlemcen, Alger, Constantine; et comp. Houwâra, p. 46, note dh.
(^->àJu«l am^ndrâ «Eh bien, quoi?» = (S^'> (j«t, cf. Socin, Mar,,p. 16, note 53; Dialecte de Tlemcen, p. igB, note 1 ; Ulâd Brâhîm, p. 199.
^Ja:«?! Cf. ^J>UuJ.
obi any^r, pi, atfyran m-«jI olj*Jl «trou» et surtout «trou dans une haie». Ce mot d'origine berbère ne prend jamais l'article. — Il m'est inconnu en Algérie, sauf à Tlemcen, où nyÇr désigne la «niche où couchent les poules» (tandis que chez les ruraux d'Oranie sezna, t-iûsa
DE TANGER. 225
êà g'rèna; à Tanger agrûr mot berbère, cf. Boulifa, Textes, p. 335); après les prépositions, le préfixe a apparaît: nyôr rék-sâkën-fêh «C'est dans un vrai trou à poules que tu habites!»; glzdâd rùm-fanyâr «Los poules sont dans leur troun.
JkJUÎ angul, pi. (rare) angûlàt , diminutif {à)ngmiil «petit pain renflé à ses deux extrémités et avec un étranglement au milieu». — Ce mot ne prend jamais l'article; il est d'origine berbère (rifain, d'après Mou- LiÉBAS, Maroc inconnu, I, p. i43, aneggul; snoussi Oangult, ap. Destaing, I,p. 302; selha owgtt/, ap. Stdmme, Taz.,Tp. i Gb ; languit , ai). QuEDENFELDT, Répartition, traduction française, p. aii in fine). Dans les dialectes arabes d'Algérie , il est inconnu , sauf à Nedroma où ângûl, pi. ngàuol, diminutif «g'tuo/ , est «pain d'orge allongé et de forme ovale».
Ji5l 'ahlîia, p].'ahlîiàl âIL*! «famille», est un mol de lettrés qui est passé dans le langage courant; employé aussi à Tlemcen.
x*3^\ Cf. 'i).
Jjt ôiiùl; ce représentant dialectal de classique Jjl ne signifie pas à Tanger «premier» (sauf dans des complexes hérilés de l'ancienne langue par exemple : :mçl-lçuûl ou :m(l-'âuuul= Jjill ^^^Lçr; cl. aassi lâm- nçuûl infra, p. 896), mais «début», opposé à àhhar (cf. supra f. 218). Il apparaît parfois, sous l'influence de la langue littéraire, avec un « initial : 'âuuiilna «noire début». Avec l'article, on entend, à côté de "fâuuùl, avec • très net, "UquûI avec / initial redoublé, quand le mot n'est pas précédé d'une voyelle longue. Ce redoublement se trouve aussi à Rabat, et, en Algérie, à Alger, à Tlemcen, dans le Tell algérois.
"llûuli, fém. 'llûulna, pi. "lliluliien, «le premier». L'ethnique Jjl , connu de randaloii,ost rare au Maghreb (tandis que les représentants de l'autre ethnique jiljl sont très fréquents). Je ne le connais en Al- gérie qu'à Nodroma et à Alger-juif, et à Tlemcen dans un sens par- ticulier (voir ri-dessous). Par contre, il apparaît fréquemment dans les dialectes orientaux (Spitta, Gramm., p. 169, 1. 5, le pi. au^aUim; Hartmann, L.W., p. 196, n" 85; Heimiardt, 8 i55; Rhodokanakis, I, p. i/i, 1. 9, 10; Meissmer, Neuar. Geich., XXX, S 4; Weissrach, LA., p. 63. 1. 11 ). A Tanger je n'ai jamais entendu employer le mol que déterminé Jp! ; mais le redoublement do / initial permet de supposer que , pour la conscience du sujet pariant, lûuli (J^iH avec agglutination
TEXTES ARABES. ) 5
UtraiMCKlB lATK
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de Tarticle initial) représente la forme du mot à l'état indéterminé. Ce redoublement du / de l'article à la forme déterminée se retrouve à Rabat (cf. Fischer, Mar. Sprichw., p. 92, note 1), à Mogador (cf. SociN, Mar., p. i64, 1. 10) et, en Algérie, à TIemcen, où le mot n'est usité que dans l'acception spéciale de «premier appel à la prière du von- dredin (cf. la suite de cet article); à Tanger : "llûûli l/llûùli ''ullàJi'ri b''lluh''ri «toute chose à son rang, la première au premier, la dernière au derniers? ; "hâm-"Uûuli «]» première année» (à distinguer de lâm- nçuùl «l'année dernière»; cf. infra, p. .396). — "llûuli est en outre, à Tanger, «le premier appel à la prière de midi» , et de là simplement l'heure de «midi à midi un quart» (comp. Fischer, loc. cit.; Budgett Meakim, An introduction, p. 1/17, n° i45). Chaque jour, il y a deux appels à la prière de midi , comme à celle du matin et à celle du lasr (on distingue aussi "hâsor "llûuli). 11 en est de même à Tunis où lui Jjill a pris également la signification de «midi» (cf. Stumme, T.G., p. 179). A TIemcen, il y a deux appels à la prière de midi, seule- ment le vendredi; et le premier de ces appels est désigné sous le nom de çllou"li; mais çllou^li n'est jamais «l'heure de midi». En consé- quence, l'origine du terme marocain de "llûuli étant telle, il n'y a vraisemblablement aucun rapport à établir entre ce nom de «l'heure de midi» et le nom de J^ill donné à la «prière de midi» dans les anciens textes de hadits (cf. BuhàrI, Mauâqtt, n° i3, 4°).
LjI ma «oui-da! or donc; or çà!». Cette exclamation dans ce dernier sens, ayant une valeur impérative, forme un pluriel ëuâo «Or çà ! Vous autres» par analogie avec les formes verbales, cf. NôLOEKEap. W.Z.K.M,, 1896, p. 961, note 1, cl Dialecte de TIemcen, p. 195, note a. Cf. sur cetle particule, très connue dans tout le domaine de l'arabe, Landberg, Prov. et Dictons, p, a4o.
bu baba «mon père», bàbàk «ton père», bàbàh «son père», etc. La con- science populaire ne conçoit que difficilement la notion générale de pa- renté, sans acception particulière des individus entre lesquels la parenté existe; l'idée de «père» en soi reste à peu près inexprimée; "Ibô «le père» (cf. infra, p. 288 , sub y>) ou "l'ab empnmté à la langue littéraire, qu'on obtient sur interrogation, n'apparaissent pas souvent dans la
DE TANGER. 227
langue courante; on ne connaît guère à Tanger trie père» d'une façon abstraite; mais bien trton père» ou ttson père» etc.; «J'ai un père» idndi-uàhd-haba (j'ai un mon père); ffU a un père qui le gâte beau- coup» idndo ttdhf-hnhdh Léif''sso-h''zzaf (il a un son père). Quand le mol est mis en relation d'appartenance avec un nom commun ou un nom propre, il apparaît encore avec l'affixe possessif de la troisième personne, suivant la construction étudiée par FiscaER, Z.D.M.G., 1907, p. 178 et suiv. : «le père de Mahboûb» hqbâh d'màhhûh. Ces faits se retrouvent dans le langage de beaucoup de peuples primitifs (cf. Lévï-Brchl, Les fondions mentales dans les sociétés inférieures, p. 189). — Le mot n'a pas de pluriel; à la rigueur, on emploiera uâldln, cf. infra, p. ^98, sub .i^y
ia.*^ b'zmàt ff biscuit; pain auquel on a fait subir deux cuissons suc- cessives»; tnbëimpt «très cuit; dur et sec en parlant du pain»; ainsi à Fez (cf. Kamppfmeyeii, Texte, p. 7,!. 8, 10, 11) et déjà chez les auteurs marocains du moyen âge (cf. Dozv, I, p. 5i), tandis qu'en Algérie on a bëimSt et mbëémot. Cf. sur l'origine étrangère de ce mot, DozY, I,p. 90; Z.D.M.G. , 1896, p. 687.
y^ hlwra (phêra), pi. hhâir (phair) »«t^ 7^^ ffcliamp pour la cid- lure maraîchère, surtout pour celle des melons, concombres, courges et pastèques»; comp. Arch. Mar., VI, p. 298. Le mot se retrouve avec le sens voisin de «jardin potager» dans la plupart des régions de l'Al- gérie (dialectes ruraux et bédouins, et Constantinc, bh^ira comme ap. Ihmwâra, p. 7A, 1. 27); à Blida, il désigne aussi une plantation d'o- rangers (cf. lÎEALSSiER, p. a3). D'autre part, dans l'Est algérien (Bône, la Callc, Souk-Ahras , Khencbela , Tcbessa), comme dans le Nord tuni- sien, bhçra a gardé le sens étymologi(ju(! de «plaine basse» (diminutif de ».Ji?); et ce sens se retrouve dans le Sud marocain, clici les Itliâmna (cf. DoLTTÉ, Men'àkech, p. 3o3, Soi). — On trouve des exemples de i*^^ avec le sens de «jardin fruitier ou potager» dans les auteurs du moyen âge (cf. DozY, 1, p. 53, et Geogr. arab., IV, p. i85). Le mot ajqtaraît plusieurs fois dans Ma>âlim el-'imân avec l'acception spéciale de «champ de menions»; cf. IH, p. 89, I. i5 ; IV, p. 176, 1. 1 7 ; ai8, 1. 4; et il a également ce sens en maltais (cf. Falzon, p. ait; Stuhme, Malt. St., p. 65, n" 27, phaïra).
y^. hahhâr «cuire le cousscouss à la vapeur»; comp. Lerciiundi, Voc, p. 5i, sub alcuTxut; c'est aussi le terme consacré à Tlemcen. Ailleurs
i5.
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en Algérie, on emploie dans ce sens fQU^àr (cf. infra, p. itS; Del- PHiN, Textes, p. 307, se croit obligé d'expliquer -f^, terme quasi- étranger dans un dialecte rural, par ^5-«->), et bahhàr est seulement fr faire des fumigations». Cf. y^-
yj briri , ïém. brîriia , pi. brîni^n (Sjf.jî «tout potit; nainw, en parlant des poules; en parlant des autres animaux et des hommes, on emploie qliuûl. — Le mot est inconnu en Algérie ; il est très peu employé à Tanger, et considéré comme appartenant au parler des Jbâla; peut-être à rapprocher du abyru {d:aia abyru) de Fischer, Zum Worllon, p. 282; cf. aussi l'égyptien birbir «jeune pouletn ap. Spiro, Foc, p. 38.
à-j berd «froide? est quelquefois prononcé bnrt quand on l'emploie avec emphase: "Ibàrtfna «J'ai un froid de loup»; y^r-^bart «rien du tout!»
bën'àd, pi. hrâr''d jIo «théière»; le mot se retrouve avec ce sens dans toute l'Oranie, dans le Tell algérois, comme au Souf, à Tunis (cf. Stuhmg, T.G., p. 55), dans le désert de Libye (cf. Falls, Beduinen- lieder der libyschen Wûste, p. 206, pièce 6a in fine; p. 199, vers 127) et au Sénégal (cf. Reynier, p. 128). A Constantinc, ce mot dé- signe un pot, qui peut servir de théière, mais qui peut servir aussi à mettre une boisson froide; à Laghoual «grande cafetière de métal»; à Bou-Saâda «grand pot en terre» où l'on met aussi bien du café que de la limonade.
bërrâda, pi. bèiràdàl et bràrëd ï^io, est à Tanger «gargoulette», comme à Alger, à Tlemcen et dans toute l'Oranie (comp. Dozy, I, p. G8). A Conslanline, le mot est beaucoup moins employé dims ce sens que mqqâla (cf. Dozy, I, p. 25 et p. 775). A Laghonat et à Bou- Saàda beiTàda signifie «petite cafetière en fer blanc» ; à Tripoli «jatte à lait» (cf. Stdmme, M.G.T., 8 86); à Malte, «vase à conserver les provisions» (cf. Falzon, p. i3).
HJo bràq «éclairs», collectif, est féminin à Tanger : ulbraq bâita-kâthtqf «Toute la nuit les éclairs ont fulguré». Le mot a à Tanger comme dans la plupart des dialectes algériens (non employé dans l'ouest du Tell algérois et dans l'est du Tell oranais; mSlom est dans le parler de ces régions le mot usuel pour «éclairs») une forme fml qui, en face du classique ^Jfj, étant donné que la deuxième radicale est une liquide,
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parait surprenante. Il faut y voir peut-être une forme dialectale ancienne non enregistrée par les lexicographes classiques (cf. hébreu p^3) ou une formation analogique nouvelle due à Tinfluence de riad rrtonnerren, qui se trouve aussi dans les dialectes précités, et où la deuxième radi- cale / justifie le passage de class. Jlm {^^) à dialectal y}a/. La hassania du Sénégal connaît aussi une forme brag (cf. Reynier, p. 109). Le tunisien offre, à côté Tune de l'autre, bm-q et bràq (Stcmme, N.T. Samml., p. io5, pièce 5; T.G., S ^7, p. Û3); et de même le libyque a barg et barag (Hartmann, L. W., n° 2, Str. 1; p. 100 in fine). A Cherchel, et au Souf, comme chez les bédouins de Tripolilaine, une forme à schème J^ij conservé {borq, barg) se rencontre (cf. Stuhhe, T.B.L., pièce x). — Le mot, à Tanger, peut être employé comme nom d'unité, mais un nom d'unité morphologiquement caractérisé bërqà est connu, comme dans le parler des Juifs d'Alger et en maltais (cf. Falzon, p. 21), par exemple dans le dicton agricole : fmâr» katkûn yçr-ifrqa-*bërqà (**t^) <fEn mars tout rayon de soleil est suivi d'un éclair d'orage». — Je ne connais pas d'autre part à Tanger d'équiva- lents des pluriels algériens ^\j>, (iiyi qui n'apparaissent guère du reste qu'en poésie (cf. Sonneck, Chantt du Maghreb, II,, p. 8).
bràq «briller» en parlant des éclairs, des objets qui reOètent la lumière. — bèrroq à la u' forme : 1° «rfaire briller» ; 2° «couvrir de con- fusion en dévoilant un mensonge»; kçdba mbërrqà «mensonge manifeste»; ce sens est connu aussi en Oranie; 3' bèn'oq-iainç «regarder fixement et les yeux grands ouverts»; ce sens très classique et qui se trouve aussi dans le dialecte de l'Oman (cf. Landberg, DaOina, p. i3oo; Reinhardt, p. doit, I. 12) et en maltais (cf. Falzon, p. ai; Stumme, Mail. St., p. Uo, I. 27) m'est connu dans le Nord tu- nisien, à Conslantine (beiroq) et dans le Sud algérois (bàrrog). Peut- être se rencontre-t-il aussi ailleurs; l'andalou le connaissait (cf. Hadâiq, cah. 3i, p. 1,1. 1 et s).
JfJKJ bërq^q «prunes», collectif, ^y^; nom d'unité bèrq^qà; comp. Ler- chdndi, Foc., p. 191, sub ciruela. En Andalousie et au Maghreb, le mot signifiait «abricot» à l'époque d'IsN BaitAr (xrii* siècle), et encore à l'époque d'IsN Loyon (xiv* siècle); cf. Dozt, I, 76 et l'inté- ressant article de Simonet, Glosario, p. 33; comp. Houdas, Monographie de Méquinez, p. 8 ot 9. Dans l'Afrique du Nord (y compris la Libye, cf. Hartmann, Libysche Wûile, p. i5i^), le mot signifie généralement
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«rprane» aujourd'hui; cependant sur quelques points isolés de l'Algérie bergûg esl encore ttabricot» : ainsi à Msila, Tebessa, Bou-Saâda;de môme en maMais berqfiq , et dans le berbère de Oiiargla, de TAurès ot du Sud tunisien tberqnqt {taberqûql, taherqûq) trabricoln. Il se peut que de même, en Egypte, le mot, qui aujourd'hui ne signifie plus que «prune» ait encore été le nom de «l'abricotn au xvu* siècle; cf. Kaiilg, Zur Gesch. des arah. Schattenthealers , p. 35, note i ; il aurait encore ce sens à Aden suivant Stage , Voc. , p. i a ; comp. Z.D.M.G. , 1 889 , p. 65G.
dJjihrçk: 1° «s'agenouiller»; 9° construit avec /î «s'acharner contre quelqu'un ou quelque chose en action ou en parole» ; 3° construit avec i'tà «s'occuper sans relâche d'une chose» ; W suivi d'un verbe au présent, brçk a la valeur d'un inchoalif, mais toujours avec une nuance indiquant l'activité physique, que ne marquent ni zâ, ni glçs, ni hdà (d.infra, p. 255 et 443); br§k (birk) comme inchoalif est fréquent .dans le parler de Mogador (cf. Socin, Mar., p. 12, noie 22; J.A., juillet igoi, p. 54, 55). Dans certains parlers du Sud marocain, c'est le mot le plus fréquent pour «s'asseoir».
'ji /«îzz, avec la préposition '"/â, «bravo pour»; il existe un pluriel bzauz: vhâzz^'"lik hiasm-llbzâuz «Bravo, dix fois bravo pour toi»; dans le même sens on a à Tlemcen baz-hk,el chez les ruraux d'Oranie bàZ'lek; peut-être à expliquer par Lj, cf. Ulâd Bràhlm, p. 110. Cette expression ne m'est pas connue dans les provinces d'Alger et de Constantine, mais cf. pour un emploi voisin de ^b, Beaussier, p. 21.
Jo bëzzûla,p\. bzâzgl JCJjyj <i')^yi «niamelle». Ce mot connu de tous les par- lers arabes maghribins (aussi bëzïda, ap. Socm, Mar., p. 3S, I. 10; avec n pour / final dans le désert de Libye; cf. Hartmann, L. W^., n" 4, str. 9; n° 19, str. 5; n° 56 passim; Falls, Beduinenlieder der liby- êchen Wûste, n° 87, i3; n" 89, 1 1 ; n° 77, 1 1) se retrouve dans les dia- lectes de l'intérieur de l'Afrique (cf. Kampffmeyeb, Beduinendialekte , p. 216) et au Sénégal (cf. Fr. Marie-Bernard, p. 227); chez les ruraux et les bédouins du déparlement d'Alger on distingue bezzfil «léline do la chèvre» de bezzûla «mamelle de la femme» (comp. Jlouwàra, p. 38, bezzûl «tétine de la chèvre»); à Monastir bezzûl «ma- melle de femme», tandis qu'à Tunis bezzûla (cf. Stumme, T.M.G., p. 47, 1. 97; p. 110, pièce 191, vers iS); en maltais, bezzûl et bezzûla existent aussi côte à côte (cf. Falzon, p. 9 3). — L'étymologie persane
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du mot proposée par Scheer [alfâS fàrislia , p. sa) semble très con- testable. Cf. Landberg, Hadr., p. 53o.
bëziiâla Â)ljj? ff femme quia de grosses mamelles», terme d'injure, inconnu en Algérie.
Uj^ Cf. (jrijb)
xLfwJ h^snCllàh aMI^»«o trau nom de Dieu» a pris une valeur impéra- tive et signifie : «Dis b''§ni'llàh et commence!» Il a alors, par analogie avec les impératifs, un pluriel h''8ni'lîàho «Dites l/sni'Huh et commencez !» H en est de même à Tanger, comme dans toute l'Afrique du Nord , d'un certain nombre d'interjections impératives; cf. Dialecte de Tlemcen, p. igS et les références de la note a.
U.^\ J/ssêtà, pi. hmsot ou h'sHçtat »L..iq; «pièce d'un franc» ; naturel- lement espagnol peseta; comp. Houwàra, p. Sa, note bq. — Le mot n'est pas connu en Algérie dans le sens de «franc» (on emploie l'em- prunt au français frânk); comme nom de monnaie, il était encore usité à Constantine dans riûl bâsëla, il y a trente ans (cf. Bresnier, Chrestomalhie arabe, p. a3; Beahssier, p. 36); aujourd'hui il tend à disparaître; cependant, dans diverses réglons du Tell et du Sud con- slantinois bâsëta désigne encore la somme de a fr. 5o. D'autres formes du mot se sont conservées comme noms de bijoux : Oranie, hçît bëstît «collier fait de pièces d'argent enfilées»; cf. Delphin, Textes, p. 193, note )<:)e;EuDEL, Dictionnaire des bijoux de F Afrique du Nord, p. 19.
x*iu Cf. ^Ja).
aj blalà SialiAi «pommes de terre», collectif; aussi «une pomme de terre», avec un pluriel biMàt; naturellement espagnol batata patata. En Algérie , en Tunisie et à Tripoli , on a bâtâtâ. Dans nombre de parlers algériens, le mot est collectif et nom générique, et on ne lui donne pas de pluriel; quand la notion de nombre s'y ajoute, on le fait précéder de qurd, pi. qrâd (en Tunisie de ka'ba)', qûrd bâtâfa «une pomme do terre»; 0('lO-ëqrâd bàlâta «trois pommes de terre», ou de habba, pi. habbàt. — Dos formes trôs voisines du mot se retrouvent en Oient : Syrie bal/ita, bulâta; Iraq batçta (cf. Weissbach, LA., p. ao8, 1. 33) en maltais jua(â/a (aussi avec un sens obscène; cf. Stumme, Malt. St., p. 43, 1. 35); cf. Z.D.M.G., 1897, P- 319.
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iJoj pSUa iuLkj = Jùu^, comp. Dozr, I, ga : i* (traie de painn (cf. Ler- GHDNDi, Foc, p. 5i5, sub miga)\\e mot est inconnu dans ce sens en Al- gérie; on dit Ihàba comme à Tunis (maltais Ibieha); 3° fcmoilet» (cf. Lerchundi, Voc, p. ï)'j6 panlorilla; rien à voir avec batta qui a le même sens dans les parlera syriens, cf. Almkvist, Kl. Beit., p. 38), également inconnu en Algérie oii l'on emploie les mots les plus variés : saga Nedroma et Tlemcen, habra k Alger, lazzàra à Laghouat , /ara i Gonstantine comme à Tunis (cf. Stdmhe, T.G., p. 67); au Sénégal ^LmJI ï^Siii (cf. Reynier, p. 118).
*>s^ baida = 1>j«j; comp. Stuhme, T.G., p. 161. Le sens de cet adverbe est assez difficile à préciser; je ne lui vois pas d'équivalent exact en français; d'une façon générale haida indique que l'état ou l'action exprimés par la proposition dans laquelle il se trouve succèdent à d'autres étals où à d'autres actions dont l'idée plus ou moins précise existe chez celui qui parle et chez ses interlocuteurs. Suivant les cas, on peut rendre iayda par «et alors; au surplus; justement» : hallçmi- bdida «Et alora, paie-moiln; bàida-ÇsArfo «Au surplus tu le connaî- tras !»; /''x«p(y-rf6«frr(f 6<{/da inçzfo «Arrivés tout juste au grand Socco ils seraient à bout de forces»; klëbitlo-hâida? — ktêbtlo-hàtda ! «Et alors lui as-tu écrit? — Mais oui justement je lui ai écrit!» — On entend parfois au lieu de baida, baidan avec la nounation conservée (ou réin- troduite par influence de la langue littéraire). Fréquemment aussi baida est renforcé par l'adjonction de la particule o>^ (cf. infra, p. 483) en baidânit (pas *baidânnît) , baidâniti, ba'dânitçk. — Les sens et les emplois du baida tangérois se retrouvent dans les parlers d'Oranie. Dans certains des exemples cités plus haut , on peut trouver en germe le sens de «déjà» que baida a pris dans les parlers des départements d'Alger et de Gonstantine (cf. Beaussier, p. 49), mais non en tunisien où l'idée de «déjà» est inexprimable (cf. Stumme, T.G., p. i39 in fine). — bai'dma L» joi^ «même si, bien que»; cette locution conjonctive courante à Tanger est très employée dans tonte l'Oranie (souvent sous la forme baidemma baidumma qu'elle n'a jamais à Tanger; cf. Ulâd Brâ- hîm, p. 161). Il est remarquable que le Bustân, texte tlemcenien du XVII* siècle, a y! Jol; dans le sens de «quoique» (p. 90 in fine), ba'^dma n'est pas usité dans la province de Gonstantine, ni dans le Sud algérois.
yXi biar ff fiente des bêtes de somme, chameaux, ânes, mulets, chevaux» (*i>j, est inusité à Tanger); par contre «bouse de vache» n'est pas
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hiar mais beiâtà ( JUiUo) et ff crotte de mouton et de chèvre» est b''pnu. — haïra «une crotlen; tnë/hôtlo-lbàira «La crotte lui a gonflé dans le ventre» c'est-à-dire «Il s'est enorgueilli». Cette expression est inconnue en Algérie.
(jâxj *haitët, avec la série des pronoms aflixes pluriels baitètna , hailètkum , haitëthum {baitétum)^ (rnous, vous , eux ... les uns les autres» ; aussi avec les affixes sing. baitëto, baftela trlui-méme, elle-même», quand il s'agit d'objets conçus par le sujet parlant comme des ensembles de parties homogènes (cf. sup., p. 9, 1. i/i). On entend très rarement *baidët avec conservation du jb sonore. — Celte forme assez énigmatique doit sûrement être rapprochée de la forme baièeiet (singulier de l'ethnique féminin) du Tell oranais et de la forme baiduàt (pi. de l'ethnique fémi- nin) de Fez (cf. Ulàd Bràhlm, p. 1 69 ; Kampffmeyer, Texte , p. s 1 , 1. 9 ; p. 28, 1. 10; aussi ba'diialum , ap. LiIderitz, Sprûchw., p. 38, 1. i3).
^jj byà -ibye est le verbe habituel pour «vouloir» à Tanger; hahb, qui est le mot le plus courant dans ce sens à Tlemcen, Alger et Coustanline, n'est usilé à Tanger que dans le sens de «aimer». En Algérie byâ est aussi le verbe habituel pour «vouloir» chez les ruraux et bédouins d'Oranie et dans le Tell algérois ; dans la province de Constantine et dans le Sud algérois, c'est ità (^y^;;^!) qui est le plus courant.
^Ai.^ hhqllz (aussi bàqnz), pi. bqâlfz «cafetière» à Tanger, tandis que MJàlçra est «bouilloire». Les variantes do ce mot d'origine turque {^yJLi), répandu dans toute l'Afrique du Nord, âont nombreuses.
jÂi baqqàl, pi. haqqalln JIsÏj «épicier». Le mot, qui était andalou, (cf. Dozï, I, p. \oU) apparaît aussi en Orient, et est passé en turc (cf. Barbier de MerniRD, Dictionnaire turc-français, I, p. 3o5). 11 se ren- contre déjà chez les auteurs du moyen âge (cf. Geogr. arab., IV, p. 199). H est connu également du Sud marocain (cl". Uouwàra, p. 3o, llP L a3; àelha abaqqàl, ap. Stdhmb, Taz., p. i56), mais est tout à fait inconnu en Algérie. Pour les ruraux d'Oranie, l'épicier est ëlhn$re «le citadin» par excellence; pour les ruraux cl bédouins des départoments d'Alger et de Constantine, c'est le «boutiquier» par excellence (généra- lement AuâHa,- dans le Sud algérois liaunàt; au Souf Imàuti). Dans le» viHes, l'épicier est désigné par des noms variés, dont chacun est tiré du nom particulier d'un des divers produits qu'il vend (comp. yL^ ap. Glots. Geogr., IV, p. aoa ; tammàn en Syrie ap. Harfolcii,
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Drogman arabe, p. 121) : skàkri frmarchand de sucre» à Alger; mUh- à Tunis comme dans divers parlers orientaux.
ïj hàqç 5^ «rencore» est d'un emploi extrêmement fréquent à Tanger pour exprimer l'idée de conlinuation de l'action ou de l'état; hô"a hâqe syçr ffll est encore jeune»; hçia bdqâ syçra {oabâqia) (rElle est encore jeune»; hçma bâq^n syâr (ou bdqien) «fils sont encore jeunes». Il pré- cède fréquemment, dans cet emploi, un verbe à un temps personnel; et peut alors, ou rester invariable (bàqç), ou s'accorder en genre et en nombre avec le sujet de ce verbe : bâqe kêïhdëm «Il travaille encore» ; bdqâhâlhdëm trElle travaille encore» {ou hâqia ou bâqe); bâqên-hanhêdmo ffNous travaillons encore» {ou bàqièn ou hâqe). «Vas encore» se rend par bàqe-mâ précédant un verbe : hdqe-ma-zâ «Il n'est pas encore venu» ; hâqâ (ou hàqia ou bâqe) mà-zat trEUe n'est pas encore venue»; bâqçn (ou bàqièn ou bâqe) ma-zâu «Ils ne sont pas encore venus» ; ma... «après bâqe est possible, mais moins usité que ma : bâqe- mà-za-si. — Comme réponse à une interrogation expresse ou tacite , bâqe (bâqi, bâqèn) signifie «encore» ou «pas encore», suivant que le fait sur lequel on interroge implique la prolongation d'un état, la continuation d'une action, ou l'apparition d'un état nouveau, l'entreprise d'une action nouvelle : udik-^lhâdëm 'lU-kâtiël-kàthdëm iândkum ? — bâqà. «Et cette négresse qui était à votre service? — Elle y est encore» ; rà-hua /^''djjâmai daba ? — bâqe Cmmâ. « Il est dans la mos- quée maintenant? — Il y est encore». Et d'autre part : idbët? — bdqâ «Est-elle cuite? — Pas encore»; qadçtç-behr? — • bdqe «Vous en avez fini avec lui? — Pas encore».
tàbâqe 5^-3 «reste, surplus». Ce vocable énigmatique est peut-être un masdar de la vi' forme JLj emprunté à la langue savante, avec conserva- lion par allongement de la voyelle brève de la première syllabe ; des équi- valents divers apparaissent dans certains parlers algériens : TIemcen, mâtàboqqâ, plaine du Cliéliff mûtâbâqâ. Sud algérois inatbâqqâ et melbàqqe. Ces vocables peuvent prendre l'article. Ils nous offrent vrai- semblablement des contaminations de 5^-P" ^> cÏ^-h'-* (comp. Clebmom, L'arabe parlé tunisien, p. 269, 1. 8) par les participes ^J-oi* 5W^-
yS^ bâkiir ^>^Ij «figues-fleurs», collectif, est féminin à Tanger; nom d'unité bâkûra; le mot qui dans ce sens était déjà andalou (cf. Dozï et Enoelmann, p. 61 ) apparaît aussi dans la plupart des parlers algériens; mais je ne le connais en Algérie qu'avec le genre masculin. Dans cer-
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laines régions du Nord conslantinois (par exemple CoUo el les envi- rons), ce mot n'est pas usité; pour «figues-fleurs» orf emploie Infor qu'on doit sûrement rapprocher du hiOai- du Nord tunisien (même sens) et du baitar du maltais (cf. Falzon, p. 9).
J^xJb hëlhfda àJj-Jj «orge écrasée, mouillée et cuite à la vapeur». On mange ce mets à Tanger, surtout quand Torge est fraîche , au moment de la moisson ; ailleurs au Maroc ce mets est connu sous le nom de belbid. A Tlemcen, belbûl désigne aussi un aliment de farine d'orge (cf. Bel, Population musulmane de Tlemcen, p. 98). Dans le Sahara algé- rois, on appelle belbîd , par dérision, un cousscouss mal roulé. Le mol se trouve un peu partout en berbère et est vraisemblablement emprunté à cette langue par les dialectes arabes maghribins : zouaoua abèlbûl; Beni-Snous qbelbûl (cf. Dèstaing, p. 3ii); à Figuig, arabe belbfda, berbère abelbûl (cf. Doutté, ap. La Géographie, Vil, p. 190).
-s^o hëllëz «fermer une porte au verrou» est connu à Tanger, mais non employé c<)uramment; le mot était andalou; c'est vraisemblablement un dénominalif de Aj qui, non usité à Tanger, est très connu dans le Nord-Est algérien et en Tunisie, ble: «verrou de bois ou de fer qui barre une porte à deux battants», andalou pUg; cf. Simonet, Glot., p. /i38. — A la ï* forme tbèllël «se fermer à moitié (yeux); clignoter à cause de l'éblouissement d'une vive lumière» , courant à Tanger, est peut- être le réfléchi de bëllëz. Mais il faut considérer aussi le classique y/Vo, compté parmi les adJâd , comme impliquant les deux sens opposés de \/g'i et de y/<i\5^(cf. El-'Anbàrî, addûd, p. a6i, aCa.)
T^vV /'^Wâr^i «cigogne» ^;i*^. Ce mot depuis longtemps idenlidé comme 'aeXapyàt existe dans toute l'Afrique du Nord (cf. Dozr, I, p. 107; et ajouter, pour les auteurs du moyen âge, Mamlim, IV, p. 198, 1. 3, a.f. où jjJ->.^5^ est à corriger en jj*^,2Aj). La forme marocaine du mot se retrouve dans les provinces de Gonstanlinc, d'Alger, et à Tunis {bel- lûrei, ap. Stumme, T.G.,p. 65). Dans la province d'Oran, dans le Sud et l'Est algérois et dans le Sud constanlinois, c'ost la forme berrfireg [bcr- rurez) qui domine. J'ignore où se rencontre la forme jr>^>?» proche do l'andalou ^>Jij , signalée par Hélot (cf. Dozv, I, 108). — Lercuundi, Voc, p. 189, suh cigiieha, donne un nom d'unité i^^^; il n'existe pas à Tanger : «une cigogne» on «des cigognesi se dit également hel- larfi, — LiiDRRiTZ {Mar. Sprûchrv., LXX) donne elbelarei «los cigognes»
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avec Tarticle; le tunisien connaît aussi la forme déterminée avec l'ar- ticle (cf. Stumme, Neue tun. Sammlungen , p. m) et le selha de Tazerwalt l'a adoptée, à côté de la forme indéterminée (Stumme, Taz., 8 io). A Tanger, le mot ne prend jamais l'article, et non plus en Algé- rie : héllârçi est ffcigogne^?, «la cicogne», rrdes cigognes??, (fies cigognes» (comp. pour le Sud algérois, KAMPFFMEYEn, Sudalgerische Studien, p. 228, note 9). Il semble que pour la conscience populaire ce nom soit un nom propre, et même un nom propre où bel, ber ini- tial représenterait jjI suivi de l'article, ^^i)l^l (comp. llemcenien beiègqèâq «cigognen à côté de bûigqèàq =(jL£jLii y>\). On comparera les intéressantes observations de Schdchardt sur ce mot ap. W.Z.K.M. , 1908, p. 36i , 362.
iaJb b^llçt «rouler des yeux tout ronds» se retrouve à Tlemcen, Nedro- ma, Alger, Constantine; c'est vraisemblablement une dénomination de beîlçt «gland» (comp. bellçtâ «prunelle de l'œil» ap. Dombay, Gram- matica, p. 56). Chez les ruraux du Tell algérois et du Tell oranais on dit dans ce sens bâllog; comp. aussi l'oméni bellah (Reinhardt, p. 3oA, 1. i3) — Les autres sens algériens de iaXi (cf. Beaussier, p. ^7) sont inconnus à Tanger.
xAj b^Ua SixXi «beaucoup»; comp. Lerchundi, Voc, p. 7^1, sah smnû- mero. Ce mot, complètement inconnu aux dialectes algériens, apparaît aussi dans le Sud marocain sous les formes bilia, bihad, biliat (cf. SociN, Mar., p. a6, note 3o). Personnellement, je considère le mot comme issu de o^jJb «en grand nombre» (comparer la série des adverbes maghribins dans la composition desquels entre la prépo- sition b : bëzzëzz, bëzzôr, hëzzâf, bzâid, etc.). La chute du i> final, naturelle déjà dans une particule très employée, a pu encore être facilitée par le fait que généralement le mot était construit avec la préposition d, et que dans une prononciation rapide la gémination (originairement la surgéminalion) qui en résultait devait être très peu • sensible : iëUad dënnâs (bëliadd-dënnâs) > bëlia^'d^nnàs :> hêlia-d''nnds. D'autre part, si la forme parallèle ^5*0 donnée par Lerchundi, loc. cit., existe vraiment (elle est inconnue à Tanger), il faut l'expliquer peut-être par .xc ^j «sans nombre».
(jMkÀAj blînsi; b^qçq hltnsi «petite prune blanche», comp. Lerchcndi, Foc, p. 191, sub ciruela; ethnique de blîmia «Valence» (prononcé
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aujourd'hui à' Tanger bâlînsia); inconnu en Algérie; toutefois, à Alger, une variété de prune est dénommée bèllesiâna ou belsiâna (Alger-juif bènsiâna), ce qui est peut-être à interpréter par Valenciana; mais peul-être aussi par ^JL*«JJ «Vénitiens», sur lequel cf. Nallino, ap. Centenario de M. Amari, I, p. 352.
i.tySj b''liûn, pi. bîâin «pièce de vingt-cinq centimes» , espagnol veîlon, cf. Lerchcndi, Voc, p. 669, sub real. On n'emploie jamais le pluriel en comptant, mais le singulier déterminé précédé de la préposition d : zû-llb"liûn, tlâta-llb''liûn ^^jj^-JLJii âS'^', y^-JLJli ^^; (comp. Dialecte de Tlemcen, p. iSg in medio); on n'emploie le pluriel que quand on ne spécifie pas de nombre: idndo skâra malla-blâin [=h''lblàin avec dis- similation) «11 a un sac rempli de vêlions». — Le mot est inconnu en Algérie dans ce sens. — D'autre part, hëliun n'a jamais à Tanger, pas plus qu'en Oranie le sens algérois et tunisien de «seau, baquet» (origine romane disculée, cf. Simonet, Glosario, p. lili).
» * ^ bumba, pi. bumbat «bombe» esp. bomba; n''zzfl-bûmba «faire un mensonge» a des équivalents en Oranie : chez les ruraux ibûneb; à Tlemcen ibutnbi. — Chez les ruraux de la plaine du Cheliff, bçinba désigne aussi un «grand chaudron en fer».
(^ hénna pi. bnân et bènnàt àXj yLo «doigt de pied» (comp. Lerghundi, Voc, p. a6o, sub dedo). Le mot se retrouve dans l'Arabie du Sud avec le sens de «doigl» en général; cf. Landberg, lladr., p. 973. Il n'est pas douteux que bnàn soit, à Tanger, non un collectif mais un pluriel. Le yLo de la langue ancienne avec pour nom d'unité JLiLo est déjà traité comme pluriel, dans un vers, ce qui a paru assez extraordinaire aux grammairiens (cf. Sîbawaihi, II, p. l'^f', 1. âo;Li«ân el-iarab, XVI, p. 2o5). Il est vraisemblable que dans les dialectes, la voyelle brève de la première syllabe étant ou disparue ou réduite et de timbre indécis , ylij a totit naturellement été ramené analogiquement à la classe des pluriels Jlo. — D'autre part, à Tanger il existe un véritable collectif dialrctal bënn, qui signifie «coup porté avec la pointe du pied»; cl. Lkrciiiindi, p. G5/i, sub punlapté. — En Algérie, bentia n'apparaît qu'à Tlemcen et, à ma connaissance, dans la seule expression to'iïer- ëlbénna «il a trébuché»; quant A bnân, qui est un pluriel, il signifie dans le parler de cette ville aussi bien «bouts des doigts de main» que «bouts des doigts de pied» : jVmit l'iâ-bndnu «Il marche sur la pointe
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des TpiedsTi ; rdk-iàd syff tardai bndnèk «Tu es encore toUt petit, lu t«îtes les doigts !n; uléd-kçtcdua '"tôr-fezzébda târQ-bndnu «Le fils de Ketcâiia ayant heurté une molle de beurre s'est fichu les quatre fers en Tairn (dicton tlcmcenien par lequd on raille la délicatesse efleminée des Al- gérois; sur ie quartier Ketcàiia à Alger, cf. IkiooLX, ap. R.A., 1876, p. ^193-494; ibid., 1868, p. 107, 977). — bnân n*est pas usité à Alger, mais il est courant chez les ruraux d'Oranie et dans le Sud algérois avec le sens de «pointe des pieds» ; quand le mot est en annexion avec fes alTixes personnels, il prend, par analogie avec les pluriels (anciens duels) des noms de parliçs doubles du corps, un suffixe i entre sa der- nière radicale et Taffixe personnel : par exemple, Delphin, Textes, p. 3i'i, 1. 3; p. 34a, noie l'V; de même à Laghouat : iestdhtel i"ld- bnànçh «Il se faufile sur la pointe des piedsn.
owb bent, pi. bnàl «fillen, a le diminutif 6nl|a comme à TIemcen et déjà en andalou, cf. Ulâd Bràhîm p. 119, et Brockelmann, Grundriss, I, p. 4o5.
j^gj hhema, pi. hhàim JU--f? f-^^i «bêle de monture ou de labour» (che- vaux, ânes, mulets, bœufs); comp. Gloss. Geogi:, IV, p. igô. Le zàila «bêle de somme» des dialectes algériens et tunisiens est inconnu à Tanger. — A TIemcen , bhëma s'entend de toutes les botes de labour, de monture et de pâture. — A Nedroma, c'est spécialement «bête de pâture» (moutons, chèvres, bœufs; comp. Dei.phin, p. 9 5o, note 5); à Mogador, behâim «boeufs» (Socin, Mar., p. 46, 1. 9) et à Fez «mulets» (cf. Kampffmeyer, Texte, III, passim). Pour les ruraux des trois dépar- lements, et aussi à Constantine, et dans le Sud algérois, bhema est essentiellement «ânesse», féminin de bhëm «âne» (aussi bhçm «âne» à Tunis, cLStcmme, T.G., S 67; à Tripoli, cf. Stumme, M.G.T.,y>. 76, 1. 98, et comp. Snouck HuncnoNJE, Mekk. Sprichwôrter, p. 19, n°4).
l^l^ hêha hçha «tout droit en continuant son chemin sans s'arrêter et aussi sans se presser»; telles sont les nuances que je crois exprimées par cette locution qui se retrouve dans le Sud marocain (cf. Socis, Mar., p. i4, note 38) et dans la plupart des parlers du Tell algérien; dans le Nord tunisien, elle signifie «définitivement».
y> bç dans le sens de «père» ("Ibç «le père» ) n'est pas courant à Tanger (cf. sup. , p. 996 sub Ijb ) , sauf dans certaines expressions ; par exemple : "Ibç
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■ulmô ffle père et la mère»; nCl-bû-lzçdd 5^4^ >*-"(j-» «du père au grand-père» (de père en fils), qui provient peut-être d'un autre dialecte (le traitement du Ig de ^Jl dans cette expression est tout à fait anor- mal par rapport à la phonétique du tangérois; cette expressioD se retrouve à Tlemcen, Alger, Constantine; à Tunis, eUtû taizidd; cf. Stumme, t. m. g.,]). 5o, 1. 12). — D'au tre part, ftô est 1res employé comme premier terme de complexes à l'aide desquels on désigne des individus ou des objets par une particularité extérieure considérée comme caracté- ristique : bû-snâdçr «aux longues dents écartées» , hû-ktirra frà la bosse» (bossu); hû-dçrhnla ffà la loque» (loqueteux); hil-noqsa «au cran d'ar- rêt» (couteau); bû-'iddo «à la longue poignée» (espèce de seau), etc. Ce mode de formation est encore très vivant dans le dialecte ; tous les jours , do nouveaux sobriquets, formés avec bô et un substantif, peuvent ap- paraître (cf. notamment les noms de la plupart des agitateurs maro- cains). Les sobriquets formés à l'aide de bç s'appliquent à Tanger, comme à Tlemcen, à des choses et à des êtres du genre féminin comme du genre masculin : bu-hntîna «à la morve» se dit aussi bien d'un tf petit garçon morveux» que (rd'une petite fille morveuse». Il en est autrement à Constantine, à Tunis et dans les dialectes ruraux et bédouins d'Algérie : à un masculin formé avec bfi correspond comme dans les dialectes orientaux un féminin formé avec umm {mmu, "mu, mu) : "'mfi-hmlna, en face de bti-hnûna. — Dans la plupart des cas, il ne semble pas douteux que les formations avec hv soient de véritables iuj;5 d'origine arabe; mais il est possible que certaines d'entre elles soient à attribuer à une influence du berbère , où le préfixe bû se ren- contre, dans un emploi analogue (cf. Stumme, Taz. 8 37). Les noms à préfixe bn dans les dialectes maghribins pourraient fournir la matière d'une étude spéciale de beaucoup d'intérêt. Il semble bien que, dans de nombreux cas, le préfixe bû soit apparu par analogie là où il n'avait étymologiquement rien à faire; il semble aussi que la pré- fixation de bû ait été parfois un moyen d'arabiser des emprunts au berbère.
o»j bàb, pi. bibàn <_>lo yL-o «porte» est féminin à Tanger avec un dimi- nutif/wî/mjL,»^ Il en est de même à Tétouan,à Tlemcen, à Nedroma à Djidjelli, à Collo, chez les Beni-Moussa du département d'Alger, à Fer comme il ressort de l'onomastique et du style des auteurs modernes ( Gaix/^al el-Iqtibàs , p. 1 3 3, 1. a 1 ïy^ <->li; Saluât el-anfa,ê, II,
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''(7,1. 17 ; «Iw».^ tjl^ avec mise à l'état construit de l'épithète, cf.. Tlemcen, p. i5/i; Dauhat en-Nààir, p. 72, 1. 6 jy|j-juJI<_»Ljl; comp. Ldciani, Prolégomènes théologiques de Senoussi, p. 98, note 3). En Orient, <_.b est aussi féminin dans le dialecte de l'Iraq (Meissner, Neu- arab. Geschichlen, p. 16, 1. 35 : indegget eîbâb ; Weissbach, Beitràge zur Kunde de» Irak-arabischen , 1, p. 1, 1. 8 : ib-bâb^nafkûka). Dans le Maghreb, d'autre part, bâb est masculin chez tous les ruraux et bédouins d'Algérie, à Constantine, à Tunis, dans le Sud marocain (cf. SociN, Mar., p. 26, 1. i4, i5, t6; Houwâra, p. 60, 1. 9, 10); à Alger, il est de genre commun.
Z^ Cf. ^.
■fh*:> tbçibàh ffs'enrouern ; comp. Lerchurdi, Foc, p. 705, sub ronco. mbpbàh «enrouée; à Tlemcen, Nedroma, Alger tbahbah, mbahbah; chez les ruraux et bédouins des départements d'Alger etd'Oran, bahh; dans le département de Constantine et à Tunis bhâh; classique ^«
Ia>jo 6t6p( « vanneau »; comp. Lehgbundi, Voc, p. 363, sub yratïectco; DoMBAY, Gramm., p. 63, vanellus. Le mot ne prend pas l'article et n'a pas de pluriel, bîbot est «vanneau, le vanneau; des vanneaux, les van- neauxn. — bîbot trvanneaun estaussi connu dans le Nord constantinois (aussi l^..^iO dans le Nord tunisien; cf. Beaussier, p. 58). La forme la plus courante du mot en Algérie est bîbîH {btbël) ; en zouaoua hîWS. Le nom est vraisemblablement une onomatopée ; l'oiseau a été désigné par son cri comme dans toute une branche des langues germaniques.
ci^wM bu, pi. biîit «chambre», diminutif buèièl, est masculin à Tan- ger comme à Tlemcen (aussi fém.), à Nedroma, dans le Sud maro- cain (cf. Houwàra, p. 5o passim). Toutefois le complexe bît-''nnâr «foyer du four» (connu aussi en Algérie et à Tunis; cf. Clebmont, L'arabe parlé tunisien, p. 2o3 in fine) est féminin, sans doute parce que nâr «feu» est féminin. — Le mot ciwo est féminin à Alger, Constantine et chez tous les ruraux et bédouins d'Algérie (chez les nomades des départements d'Alger et de Constantine, bçît est «tente», tandis qu'en Oranie, «tente» est seulement hçima). Le mol est aussi féminin à Tunis avec un diminutif buïla{zî. Stijmme, T.G., p. 68 in princ.)&i est déjà attesté avec ce genre ap. Ma'âlim (par ex. IV, p. 6/i, 1. 56; p. 191, 1. 9 etsuiv. ; âxj^ p. 56, L 2). Il est vraisemblable, comme le propose Brogkelmanh pour le Tigre bèt «maison», que le t fi-
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nal , occasionneHement signe morphologique du féminin , a déterminé , par analogie, le passage de (:y-o au genre féminin, dans les parlers maghribins précités (cf. Brockelmann, Grtindriss, I, p. 42 ô in fine).
«Xxj l'iâ-bçid-màii tren attendant que; pendant le temps que», probable- ment yl L» js-o (_^ , généralement employé comme locution conjonc- tive, suivie d'un verbe; s'emploie cependant quelquefois comme locu- tion adverbiale , sans verbe subséquent, dans le sens de wen attendante : nëzzçlha i'ià-bçid-man ffPose-la en attendant». J'ai donné ap. Ulâd Bràhîm, p. 197, une liste des équivalents andalous et algériens de celte locution; Pedro deAlcala a beidemm, p. 60, 1. 27; et beidçin, p.. 3i8, 1. 4, confirmé par le |»0yo de Hadàiq, cah. 29, p. 7.
itwu beilëm trosiern ; cf. Lebchundi. Voc, p. 5i6, sub mimbre. Le mot est connu en Oranie (ruraux, hçilëm; Tlemcen bîlèm); je ne l'ai pas trouvé ailleurs en Algérie. Cette acception de i^ est inconnue aux lexicographes classiques; et peut-être faut-il songer au latin vimeii, par l'intermédiaire d'une mélathèse vinetn et d'une dissimilation de nasales vilem.
tyKi bçin trquen représente yb classique; le * précédé de » est passé par Ju^«.j à t : hi^n; puis la semi-voyelle a, comme il est fréquent dans les dialectes maghribins, développé une voyelle brève antérieure {b(i(n) et absorbé la voyelle brève suivante (bçin). L'analogie de fçin trou» = jj,».U = ^^\i a pu aussi exercer quelque influence. — Les équi- valents de bèiii langérois apparaissent dans divers dialectes marocains : llouwàra, buinna, buina, p. 4a, 1. 4 , 5; b"in, p. 44, I. ai; Socin,. Mar.f bein, p. 46, 1. 7; bain, p. 53, 1. i5; èf/i, p. 48, note 91. En Algérie, je ne connais d'équivalents que dans les dialectes juifs d'Alger et de Tlemcen {bôiën) et à Tlemcen musulman dans bçin-'ln trquo assu. rmienln : qallibîin-''tid-gi ff II m'a dit qu'assurément il viendra» ('/a = îll particule de renforcement d'affirmation; cf. Ulâd lirâhhn, p. igB)^
Jb pàla, pi. pâ/fiff ii^ «pelle»"; espagnol pala; cf. Fisciieii, llieb- uiid Stichwaffen, p. 234, note 7; aussi à Alger avec p initial : pdla; mais partout ailleurs en Algérie avec b : bSlâ.
iti
TKXTKS AHABKS.
•le MATlnuilft.
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r*^^ ppr.'î??? (S'yi^ri «fprune de couleur brun foncén ; cf. Lerchundi , Foc, p. 191, sub ciruela. Cette prune portugaise est inconnue en Algérie.
(jo5\j plâsa, pi. p/â«a| iUs^ «rplace». A Tanger le mot désigne spéciale- ment le marché aux légumes sur lequel cf. sup-a, p. 169, n. 2. — C'est évidemment un emprunt à l'espagnol plaza; à Tunis, la forme biSm est de même un emprunt à l'italien piazza (cf. Stomme, Neue tunis. Sammîungen, p. ii8,l. 7). — En Algérie, dans la plupart des parlers, blasa; à Alger, plâsa; à TIemcen, bliâs (sauf dans l'expression ulçd ^Iblàsâ «voyou»). Cette dernière forme du mot représente sans doute le français «place»; quant aux autres formes à finale a, il est possible qu'elles reportent à l'espagnol plaza; mais il est possible aussi qu'elles représentent une arabisation du mot français, comme on en trouve beaucoup dans les dialectes maghribins pour les mots européens à finale consonantique (ou à finale e muet français); ainsi lîtra ou 1-ttla = «litre», mîtra = «mètre», dans les parlers algériens; tarda = angl. «yard», en langérois, et tarda en mallais (cf. Falzon, p. 171 ); j'ai même entendu de la bouche d'un Saharien tumbîla pour «auto- mobile» !
A^Uj plànca, pi. plàitiçit «fer à repasser»; c'est l'espagnol plancha qui a le même sens; Lerchundi, Fqc, p. 617, ne le. donne pas. — Le mot est inconnu en Algérie et à Tunis où l'on n'emploie pour «fer à repasser» que h'did. — Le miky,a, mikiiàtç des dialectes orientaux semble inconnu dans le Maghreb.
yfcoij pansâr «percer le pain avant de le mettre au four» ; c'est vraisem- blablement l'espagnol pinchar. Le mot est inconnu en Algérie.
^UÂj| pçniàr, pi. p'Mâtar «poignard» = espagnol punai. Dans les parlers algériens où le mot se rencontre , le p roman a été rendu par b : bëniàr. La forme muniâr qui apparaît aussi en Tripolitaine (cf. Stumme, T.B.L., p. i36) a son principe dans une assimilation de nasalisation b~n>m—n; cf. aussi sur le mot Fischer, Wajfen, p. a3i, note 2.
*^v P'^U^y pl- P^^h et plus rarement pfita, p]. pûiàt «petit pain servant de salaire au fournier»; c'est le castillan poya, valencien pt^/a, connu de l'arabe d'Andalousie (cf. Pedro de Alcala, p. 117, 1. sli,poya = bollo), sur lequel cf. Simonet, Glos., p. 463; et supra, p. i43, note 1; à
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Cherche!, dans le même sens, pûia; à Miliana bûia, en voie de dispari- tion, avec l'usage du payement du fournicr en nature.
>■ tbànta, pi. tbàntât âxjLo «tablier de cuir (du forgeron)»; aussi dans le Fahs, «rtablier de peau de moulon des moissonneurs»; cf. Arch, Mar., I, p. 936; Lerchundi, Voc, p. 961, sub delantal; p. Û92, sub mandil. — Le mot est connu dans tout le Tell algérien : tbànta à Tlemcen et Nedroma, et aussi en berbère de la Petite Kabylie; tbanda à Alger et chez les ruraux des trois départements; Bâbanda en Grande Kabylie. Il reporte à Tespagnol devantal; mais il est remar- quable qu'à Alger juif on ait bëntal, pi. bnàtgl, qui représente une autre forme romane du mot (apan(a/?); cf. Schdchardt, ap.W.Z.K.M., 1908, p. 95o, note 1. — Dans l'Est constantinois (Guelma, Souk- Ahras, Tebessa) et dans le Nord tunisien, on emploie pour fftablier» UB tout autre mot : mednâna ou meOntna.
tâz^ya^b est en somme rarement employé à Tanger dans le sens de «négociant»; il signifie habituellement «riche». Employé substantive- ment, il a les p\\irKh tuâfràr ^^&«J' ou <£âr (t'/âr) ^^\ employé comme adjectif, il reçoit de préférence le pluriel tâzrm ^^^.^^.13 (tzàr et tudgâr étant cependant possibles). Ce sens se retrouve à Tripoli (cf. Stuhme, M.G.T., p. 70, I. 3) et dans l'Arabie du Sud (Landbkrc, DaBina, p. 1963; Avabica, III, 63; Bhodokanakis, QoJ'dr, II, p. T)); mais il n'apparait pas dans les parlers algériens. L'évolution sémantique est la même que celle qui a amené Âa^l^, du sens de «négociant» (Dozv, I, p. 4io) à celui de «fortuné» (Stumiie, T.D.L., v. 76; aussi dans le Sud oranais chez les Duï Mnî'); et l'italien mercanle au tunisien mârkânti «millionnaire» {T.G,, p. 180), àl'algérien »wuiiân(t «riche». — lâz^r est en outre l'habituftlle dénomination au Maroc du non-musul- mande quelque importance; cf. Fumev, Correspondance» marocaines, I, p. i38, 189; DoLTTÉ, Merrdkech, p. 38; ot comp. pour Jl^^I^^ en Egypte, Spitta', Grain., p. 137, note 9.
*i)^ irik (ou |rpA;) «abandonner une pratique; perdre une habitude» ; jamais «laisser» une personne, ou «quitter» un lieu : [nrfjk "sslà «qui a abandonné la pratique de la prière»; \rik-i'lik had-'' dûlihan «Quille
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donc celte habitude de fumer!» — A la ii° forme, tçrrgk est «confisquer complètement les biens d'un individu» (en parlant du Mahzen), nom d'action tftrïka. Des sens voisins existent en Algérie : tf dépouiller com- plètement quelqu'un» ; aussi «saisir par voie d'huissier», — La vu* forme ntr^k (ntrok) signifie «être abandonnée; tomber en désuétude (en parlant d'une pratique)»; aussi dans l'expression âuuUâ-tënirçk «ou sinon, il n'y a plus qu'à abandonner la partie (il faut déscpérer d'obtenir)»; à TIemcen, ntrék! «Débarrasse-moi de ta présence I», qui est inconnu à Tanger.
(•o t^rma, pi. (râmet trëm S^ji -ly» -y» «cul». Le pluriel irâm apparaît surtout avec les pronoms aiTixes : gàlstn f°la-trâmnm «assis sur leurs derrières»; tandis que tlrém-dialùm mn''Jfhém-b''h''sà «Leurs derrières sont tuméfiés des coups de bâton qu'ils ont reçus». Quant au duel t^rmîn (t^'mçh), qui se trouve dans la chansonnette de p. 109, 1. 60, il n'est pas usité à Tanger dans la langue courante ; il est usuel au con- traire dans certains parlers algériens où t^rma est non pas «cul» mais «fesse». — Le mot iUy> avec le sens de «cul» ou avec le sens de «fesse» ou avec les deux sens à la fois apparaît dans tout le Maghreb (cf. Beaussier, p. 64 infne; Tunis, tùtna, ap. Stumme, T.G., p. 161 ; Tri- poli, teiim, ap. M.G.T., S lag).
x*Mj tnsî'i'n^4uh à côté de thâi (plus rare) ^L»^*, «de l'espace; de la place»; mn-"<|âst'/ «de loin, en espace découvert» ;y7*|asî'/ «de côté; à part». — tâsîta **,j*».b, nom d'unité «espace libre», avec un pluriel luâsai : l'tâ-lîah "Ihçîr-dçUudsai «Dieu a donné beaucoup d'espace»; et avec un diminutif : tuîsm «petit espace libre»; comp. Lercudndi, Voc, p. 81, sub anchura, et en §elha, tasiia, ap. Stumme, Taz., p. a3i. — Nous avons sûrement affaire à des formations secondaires dialectales de \/^i , proprement même de ^*-jI ; elles se retrouvent en Oranie (cf. Dialecte de TIemcen, p. 3o4; Ulâd Brâhltn, p. 3 0, note 3), et ont pour équivalent, dans les départements d'Alger et de Constantine, Usât, qui est vraisemblablement le représentant dialectal (de forme très anormale du reste) de pL«^I. — D'autre part, il est possible que ces mots soutiennent quelque rapport avec le tàsiia «large espace» du Sud marocain (SociN, Mar., p. 44, n. io4); mais ce dernier, ainsi que le libyque usîie «large étendue de terre» (Hartmann, Libysche Wûste, p. 86 in fine) font beaucoup plutôt songer au <KX*uj de Dozr, II, p.807; Spiro, Foc, p.642; VoLLERs,ap.Z.Z).M.G., i896,p. 636.
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\JCi tàfzza ïjib «r sorte de grès tendre» non pas «tuf» d'après Jolt, Arch. Mar,, VIII, p. 817; Léon l'Africain (édit. Schefer), I, 270 , a tafza trpierre tivertine». Ce mot, qui . à Tanger, ne prend jamais l'ar- ticle, apparaît dans toute l'Afrique du Nord; en Algérie, généralement tâfza (tâ/za); cf. Beaussier, p. 66, ï^b. H est vraisemblablement d'origine berbère (cf. Destaing, BeniSnous, I, p. 178, dafza).
JSj tqçl, pi. tqâl = Jl^jl!; «balle de fusil en plombn; cf. Fischer, Mar. Spriehw., p. 18, note 1; le mot est rare à Tanger dans le langage courant.
vJii) tàgra, pi. tuàg§r 's'jjb, ^a\p «rpoêlon en terre»; comp. Lerchunbi, Voc, p. 180, sub cazuela; Arch. Mar., XVII, p. 117 et p. ii5, fig. En andalou, le mot existait avec les sens de «rvase» et de «boîte»; cf. DozY, I, p. i38, »-»b. Il se trouve aussi dans certaines régions de l'Algérie avec des sens différents du sens marocain : ainsi , chez certains ruraux et bédouins d'Oranie, tô^ra «jatte en bois» (comp. Beaussier, p. 66, 67, »j5b et »j5b); aussi à Nedroma, tandis que le mot est inconnu à Tlemcen; à Teniet el-hadd «coupe en terre» ; dans le dépar- tement de Constantine , il apparaît sous la forme dâgra : «vase en terre» à Bougie; «pot en cuivre» et aussi «bocal à poissons rouges» à Gon- slantine; et dàgra (à côté de tçgra) se trouve aussi en Tunisie avec le sens de «vase en terre» (cf. René-Leclerc, Le$ arts et industries d'or- nementation en Tunisie ; situation en igoù, Alger, 1906, p. 6; Glkh- MONT, L'arabe parlé tunisien , p. 191, note 3). Le mot existe aussi en Selha et Stumme lui assigne une origine berbère (Taz., p. 227; cf. aussi Basset, Nedromah et les Traras, p. 98, n. h; Mission au Sénégal, I, p. 234). D'autre part, il se retrouve avec des sens analogues au sens maghribin en vieux portugais et en vieux castillan; cf. Simonet, Glo- sario, p. 59 5.
jj**AJ" t(llts, pi. llâlUs j-Jb, jJyj; 1' «long sac en laine qui sert à transporter des grains»; ce sens existe dans tout le Tell algérien; dans le Sud algérois, tçllîs est non pas «sac en laine» mais «sac double en alfa ou en feuilles de palmier tressées» (à Tanger, un sac semblable, mais en palmier nain se nomme qari, pi. qrûia); 2° «sorte de tapis ras à raies de couleur», assez semblable au hambël (cf. infra, p. 269) mais de moins belle qualité et moins richement décoré; cf. Lerchundi Foc, p. 55, sub aljombra; Arch. Mar., XVII, p. 29, note 1. Dans ce
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sens, Içllis ne m'est connu en Algérie, jusqu'à nouvel ordre, que chez les montagnards de la région de Nedroma (pour sac de laine à trans- porter les grains, on spécifie dans ces pari ers |f//j»(/f//iztn ). Au Souf, le mot désigne trun tapis fait de vieux morceaux d'étoffe cousus ensemble». — Le mot, vraisemblablement d'origine latine (cf. Simonet, Glos., p. 5a6; Vollebs, Z.D.M.G., 1897, P* ^*^i contra Fraenkel, Aram. Fremdwôrler , p. 1 9-7-1 98), désigne à l'origine une espèce d'étoffe» mais le sens de «sac» est ancien, et celui de «rtapis» apparaît déjà dans le copte eAXiC (cf. Dozv, Noms de vêtements, p. 869, 870; Suppl. ,1, p. 1 5o ; sur le sens de ff caparaçon de bote de somme» , indiqué par cet auteur, comp. Bustàn, éd. d'Alger, p. 970).
yï tàmàra »jLt rfatigue; peine physique»; le mot ne prend jamais l'article. Il se retrouve dans toute l'Oranie , dans le Tell et le Sud algé- rois, en zouaoua. Il ne m'est connu ni à Alger ni dans le déparlement de Constantine. — A Tlemcen et à Nédroma, il a même donné un verbe dénominatif (eumer tr prendre de la peine». — Au Maroc, le mot se retrouve dans le langage de Mogador (Socin, Marok., p. 3o,note Aa) et en §ellia (Stumme, Taz., p. aSo). Socin et Stdmme ont proposé d'expliquer ce vocable énigma tique par une meta thèse de arabe y/d>-^; peut-être pourrait-on supposer un emprunt ancien du persan S;^^.
/jjf tàman «tprix» est à mon sens un emprunt du littéraire (J*^- H n'en est pas moins très employé dans la langue la plus courante, mais seule- ment au singulier; le tangérois n'a pas emprunté le pluriel en même temps que le singulier, et il n'en a pas non plus reformé un dialectal. L'allongement des deux voyelles brèves (lâmàn), et notamment celui de la voyelle de la deuxième syllabe (tamân), est toujours maintenu lorsque le mot reçoit en annexion les affixes personnels vocaliques : t^mânç , tàmàna (tqmànç, tamàna) == *JUi', l^JUi'. Mais, dans le mot non pourvu d'affixes, le recul ou le maintien de l'accent sur la pre- mière syllabe amène souvent l'abrègement de la voyelle de la deuxième syllabe : taman. Le mot se retrouve avec une vocalisation analogue et la même accentuation à Fez (cf. Kampffmeybh, Texte aus Fes, p. ly, 1. 5 et 6; comp. Untersuchungen ûber den Ton im Arabischen, I, p. 62 in princ. ) et aussi à Mogador avec à de la dernière syllabe ; cf. Socin , Mai'., p. lu, note 36. — A peu près partout en Algérie, un représen- tant dialectal de ^^ classique semble inconnu; cependant dans laMi- tidja et dans la plaine du Cheliff, 6men wprix» est employé; c'est là
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une forme bien vulgaire , et non un emprunt à la langue littéraire ; elle se retrouve dans le Nord tunisien.
Uitnni (£.^ pi. tmâna «mesure de capacité pour le son et les céréales, équivalente à un 8" de muddn c'est-à-dire, à Tanger, à 8 litres (cf. Gil- les , Le dialecte marocain , p. 6 ; cf. pour el-Qsar el-Kebîr, Arch. Mar. , II, p. lûo; et pour le Fahs, ibid., I, p. 281 ). — Le Oumni est aussi connu dans la province de Constanline; mais il y vaut 1/8 du sâi pU», c'est-à-dire un double décalitre; cf. Cohen-Solal, Mot» usuels de la langue arabe, p. 126.
(^ tl§nna «attendre» jls à côté de tsgnna et ««p«na; cette forme se retrouve chez les ruraux d'Orauie, dans la plaine du ChelifiF, dans le Sud algérois (ttenna)-, quant au stçhna, jU.*! , qui, dans la plu- part des dialectes, est la forme de ce verbe d'origine douteuse, il n'apparaît pas à Tanger ; le préGxe de la x* forme est au reste géné- ralement dans le dialecte de cette ville non pas st, mais ts passant le plus souvent à ss; cf. Fischer, Mar. Sprichw., p. 43, kU.
-«.2W ibâr est à Tanger le mot habituel pour «f trouver»; de même à Mo- gador (SooiN, Marok., pastim) et en hassania du Sénégal (cf. Basset, Mission, I, p. 337; Retnieb, p. i85, 1. 27, etc.). Le mut est aussi connu dans ce sens chez les Houuâra du Sous, mais dans le parler de cette tribu, il est moins fréquent que lgâ — (^. En Algérie, ibâr {gbâr) fftrouver» est un mot rural ou bédouin; il est compris à Tlem- cen et à Alger, mais peu employé; c'est»aA qui est généralement usité pour «trouver» en Oranie et dans le Tell algérois, et Igâ dans le Sud algérois et dans le département de Gonstantine. — A Gonstantine, gbâr est proprement «retrouver un objet égaré», comme en andalou (cf. Vocabulista, 555, sub recuperare); en mallais gabar est le verbe habituel pour «réussir, ramasser».
(j-^^ ihûga «Lisbonne»; cf. Lerchundi, Foc, p. i^G. Une forme avec aphérèse de / initial, tenu analogiquement pour l'article, apparaît déjà dan.s les géographes du moyen âge {iôy^S à côté de S3yf£j). Le i tangérois pour J; est dû à l'assimilation de sonorité ib'^zb (mais dans les écrits marocains contemporains encore ÂJ^^I ; par ex. Isttqfà,
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IV. p. 19, I. 12; p. 106, î. 35). D'autre part Juj-^-iJ et Juj^I pro- viennent de la forme ancienne Ltxèona (en andalou Lixbôna, ap. Pedro BE Alcala, p. 99Û); et zhûga reporte vraisemblablement au moderne Lisboa (juif d'Alger lîzbûa); mais le g fait dilTiculté.
Jaa. zëbli, pi. zbâla, «originaire de la province des Jbàla»; cf. Mou- LiÉRAS, Maroc inconnu, II, passim; Arch. Mai:, XVII, passim. Le plu- riel zbâla ne prend jamais l'article.
w
«X:v :dâda6i\j\^ ffpoulé«, pi. zdâdat, collectif zrfâd, àiminxiûf zdîuda , pi, emphatique ou péjoratif zdStid, d'où le nom de métier idàudi «mar- chand de poules» (comp. Lehchundi, sub recovero, p. 678). Celte mé- tathèse de Âs^La.^ se retrouve, en Algérie, à ma connaissance, seule- ment à Tlemcen, Nedroma et Alger-juif; elle existe d'autre part dans les dialectes bédouins du centre de l'Afrique (cf. Kampffmeter, Beduinen- dialekte, p. 196). Elle date à Tanger de l'époque où ^ était encore g- affriqué. En dehors des parlers précités, dans l'Afrique du Nord : 1° là où ^ est g affriqué, le classique ^l-^»» est généralement devenu gâg, avec l'article çlgàg; le nom de métier gQuuàg «marchand de poules», le pluriel emphatique gîgnn, usités par exemple à Alger, sont des formations secondaires qui mettent bien en relief la réduction de j-U».^ à ^Ui.. Cette réduction se retrouve en Syrie et en Palestine (cf. Brockelmann, Grundris», I, p. aôg; Salhani, Contes arabes, p. 90, I. 6; Bai;er, Pal. Arab., p. io4 in fine; Littmann, Mod. Arab. taies, p. 175, 1. A , 6; p. 9 00, 1. 8; p. 918,1. 5, etc.); 9° là où, à une époque relativement ancienne , ^ est passé de l'affrication à la spirantisation pure , i<Zg, le mot n'est pas altéré : ainsi chez les Ulâd Bràhîm de Saïda, dans tous les dialectes sahariens, à Tunis et à Tripoli (Stumme, T.G., S 56; M.G.T., S 76, dzâi), à Rabat (Fischer, Zum Wortton, p. 982).
^»X^ mzçddçz ^.Xa: «émaillé». Le mot reporte naturellement à l'anda- lou g'j^ (cf. DozY, I, 58i; Ibn GuzmIn, 35\ 1. 16; aussi pour l'Al- gérie, Beaussier, p. 963). Mais les lettrés marocains ont complè- tement perdu de vue la forme originelle du mot et ne la restituent pas dans leurs écrits (écrit ^'^y»> ap. Saluât el-'anfâs , II, 953, I. 5; .III, p. li, 1. 4; p. a5, 1. 6, etc.). Les transformations subies par ce mot datent, je crois, de différentes époques de l'évolution phonétique du tangérois et mettent bien en lumière les deux tendances entre les- quelles a oscillé le dialecte dans le cas particulier de concours de sif-
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fiantes et de chuintantes : i" tendance ancienne à la dissimilation , re- montant à l'époque où ^ était encore affriqué g : mzeggpg> mzeddeg : c'est cette forme employée du reste parfois à Tanger {mzçddçz), à côté du plus fréquent mzçddçz qu'exprime la graphie citée plu? haut; 9° tendance nouvelle, apparue avec la spiranlisation complète de ^ (g>i), à l'assimilation de s' — i* en z} — i-, d'où mzçddçiz^ mzçddçz.
&«X^ zdat, pi. z<f M/a tr poulain» = pjs^. — dzpdda/ (^J^') «être vif comme un poulain» (en parlant d'un jeune enfant): nom d'action : fidçia «pétulance».
;=.cf.^.
'fj^ Cf. ji^.
y^y^ zarzar «traîner par terre, traînailler»; aussi algérien (cf. Beaus- siER, p. 82); naturellement formation quadrilitère de Z^.
•»A. zro, pi. zrà {jl^ pi. *ly^), est à Tanger beaucoup plus usité que kçlb dans le sens de «chien»; fém. iùrya «chienne»; diminutif zre«i, fém. zfêua, pi. commun zrçuàt. En Algérie gTj» (pluriels, suivant les parlers, grâu, grâ, goruin) est seulement «jeune chien» (chez les ruraux et bédouins, fréquemment sans emphase du r, et toujours avec l'économie syllabique du classique yZ^ : gfru ou zfru).
(Sf^ ^^^j ^*^^' ^*" (avecr non emphatique), «courir»; cette première forme du verbe est dans ce sens moins employée à Tanger que la ii*. — ira iizra (avec r emphatique et fut. a) «arriver, survenir» en parlant d'un événement. Ces deux acceptions du verbe se trouvent dans la plupart des parlers algériens, ainsi que les différences d'articulation du r et de vocalisation du futur qui les caractérisent; de mémo dans le Nord tunisien : ira iizri «courir»; ira inra «survenir». Le Iripoli- tain , l'égyptien connaissent aussi la double acception de (^ys^ , et la distinction corrélative de vocalisation du futur (cf. Stiimhe, M.G.T., p. 187, note 1; VoLLERS-BuRKiTT, p. 191); et fandalou l'offrait déjà (cf. Pedro de Alcala, 76, 1. 87; 77, 1. 3o; à côté de 128, 1. la, i3). Par contre, le maltais a le futur {igri, aussi bien pour «il courra» que pour -ça surviendra» (cf. Stuume, Malt. Sf. , p. 3i, 1. 28; p. 5i, 1. 37). Je ne puis expliquer la vocalisation du futur de ira {Ura «survenir»
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que par l'influence analogique du synonyme trâ iëlra ( '^^ ) ; c'est , il faut le remarquer, à l'influence de trà qu'est due dans les dialectes oranais le changement de «3r(^Lo) «advenir» en «m (cf. Doutté, Un texte oranais, p. 35, 1. a et suiv.).
z^rra, fut. izifrri « courir n <ij^ • Cette ii' forme du verbe est plus em- ployée que la première dans le dialecte de Tanger dans ce sens. Elle existait déjà en andalou et se rencontre en maltais (Pedro de Alcala, 128, 1. i5; Falzon, p. 88: Ilg-Stumme, n° i84-, comp. pour l'emploi fréquent des 11" formes dans les verbes qui expriment l'idée d'un mouvement physique Ulâd Brâhim, p. 91; Spitta, p. 19/i, 196). En Algérie , elle ne se trouve, à ma connaissance, usitée dans ce sens, que dans le dialecte juif de TIemcen; partout ailleurs, zçi-ra (gfn-a) est «faire courir».
hëdgrî «vite; à la hâte» (&j4'^.i déjà fréquent en andalou; Pedro DE Alcala, p. 36 1, bajun «prestamente»; Ibn GczmIn, A"", 1. 5; la', 1. 7; 48*, 1. 11, etc.; aussi en maltais bilgiri «vite» (Falzon, p. 26). Cette locution adverbiale existe un peu partout en Algérie : dans les villes, belgri, chez les bédouins et ruraux, bëlgçri ou bëzz^ri; à Alger bëgrî indéterminé tandis que beîgn {ràh bëlgri) signifie «qui a un cours de ventre». A Constanline, on dit plutôt è'gf'na.
(Sj^ Cf. <5^.
yM^^ Cf.yAÎ.
Jjc^ «mettre» n'est employé à Tanger que dans les souhaits : ^llâh iziàl-''lbâràka «Que Dieu y mette la bénédiction» ; ïlâh -ezâilgk mën «Que Dieu te mette au nombre de ...» ; d''ziânm n*ddi-Jldn « ( 0 mon Dieu , ) tu me feras épouser un tel». Il en est de même dans la plupart des parlers algériens (on trouve cependant J-»-=^ employé couramment au' sens de «placer, poser matériellement» dans les textes de Desparmet, Arabe dialectal, passim; je l'ai aussi entendu avec ce sens dans les par- lers du Sud constantinois). Dans le Sahara oranais, on entend souvent avec métathèse Idh-la-ùôileh «Que Dieu ne te mette pas...»; cf. d'autres emplois du mot ap. Beadssier, p. 87.
^oJ^t. zuyma, pi. hiymàt (iU-»~=>.) «gorgée (de liquide)» est un mot ca- ractéristique, commun à tous les parlers maghribins; à Tripoli zyima; cf. Stcmme, M.G.T., p. 396; au Sénégal *jLi. «fumer du tabac»; cf. Fr, Marie-Bernabd, p. 2 a 1 ; comp. aram, yD^* — ^ Tanger, on emploie à
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côté de zuyma, zukfa qui reporte à iuLSj > zugfa^zukfa (par assimila- tion do sourditég/> Â/), et doit être d'origine bédouine. En Algérie, un synonyme bédouia de zuyma est ggrloi (cf. Delphin, Textes, p. 216, note 93). Quant au classique âcj^ donné par Bealssier, il se peut qu'il soit employé dans certains parlers algériens, mais personnellement je ne le connais pas.
J^ zlqil spans de vêtements», Jo5^». est employé surtout à Tanger dans certaines expressions : miâssâr-ëdglâil «aux pans, d'habits bien propres» (cf. p. 385, sub v«axt); yàrpq J'zléilç «enfoui dans ses vête- ments». C'est le pluriel d'un ilâl, peut-être pluriel de J^ devenu dialectalement singulier (cf. Dozy, I, p. 2o3; Landberg, Da&ina, p. 1239, note 2), inusité à Tanger, mais connu de certains parlers algériens (Beaussier, p. 89; notamment à Alger dans l'expression fàlëk figlâlek «Que ton mauvais augure soit pour le pan de ton vête- ment!»; cf. Ben Cheneb, Prov., n" 1307). A Ammi-Moussa, le bord frangé du burnous en laine est gétlfil. — D'autre part, £/«/, pi. zçlla (*JU.I), dans le sens de «couverture de cheval», qui est courant dans les parlers bédouins d'Algérie , n'est pas connu à Tanger.
otA^ zçllàh, plus rarement içllàha, pi. Uâlëh (ij5*^, iu^Lw; pi. i-Jil^) «vêtement ample à manches courtes et larges et muni d'un capuchon» ; cf. i'énumération des différentes variétés de ce vêtement ap. Moulié- RAS, Maroc inconnu, II, p. iG, 17; Arch. Mar. , XVII, p. 122, 193; aussi BuDGETT Meakin, The Afoors, p. 58, Sg. Le vêtement et le nom de gè^lçba (jamais gêllçib) sont très connus à Tlemcen et dans l'Ouest de l'Oranie; le nom est connu, mais le vêtement considéré comme marocain, dans l'Est de l'Oranie (cf. le diclon de Sïdi Ahmed bon lûsef rapporté ap. Delphin, Recueil de textes, p. 48, ig); peu connu à Alger, le nom est entièrement inconnu à Gonstantinc. D'autre part, gillâb «voile de femme» se retrouve on omàni (cf. Rei>uardt, 8 53 et p. XXII, I. a). — La forme zçllâbtia est inusitée à Tanger, mais cou- rante dans d'autres régions du Maroc (cf. Dozt, I, 2o4; Lehcuundi, a5i, À^^^k. et cj3^k., mais 829, Âli^^i.; Eciiuz et Yanguas, p. 375; DP. FoicAiLD, lieconnaitsance , p. 11, 93). Elle était andalouse (cf. Dozy, lac. cit.) et le mot se retrouve en Egypte {gallâbtia, d'qllâb'iia) pour désigner un vêtement très différent : la blouse de toile bleue longue, ajustée et sans capuchon, des gens de la basse classe. Il existe aussi un vêtement de femme du même nom (cf. Almkvist, kl. Bcil. ,
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p. 84). — DozY, après avoir considéré v^-?- comme une déformation de vU^^ (cf' Noms de vêtements, p. 1 93 et suiv.), a proposé une autre étymologie du mot (cf. SuppL, I, p. soi, 9o5). C'est, à mon sens, sa première explication qui reste la plus vraisemblable. Au point de vue phonétique, la disparition par dissimilation do l'un des deux b dans cjLjU., mot d'origine étrangère (cf. Nôldbke , iVewe Bet(. , p. 53) semble très naturelle.
(JmA^ Cf. J-Jj».
(J^ zlà, fut. 'iili, ff chasser, bannir», participe passif m^zh'; 'f^à «tétre banni» (aussi à Mogador; cf. Socin, Mar., 3o, 1. 19). Dans ce sens, le mot en Algérie n'est connu que des parlers ruraux et bédouins*, «bannir» est uniquement nja à Algpr, TIemcen et Constanline {mënfi «baoni" connu aussi à Tanger), tandis que glà y e»t «exposer la ma- riée le jour du mariage» (à Tanger hërrçz). A Tripoli, ilâ est «s'expa- trier» comme dans le Sud algérois (fut. ieila):, et c'est la 11* forme iella qui a le sens actif de «bannir» (Stumme, M.G.T., p. 5,1. 23, 24; comp. aussi Socin, Dîwân aus Centralarabien , \ll , p. 2 54). — J'ai entendu de la bouche d'un conteur du Sud marocain ilâ dans le sens de «perdre». — 11 faut noter enfin que, dans le Sahara et chez les bédouins d'Oranie, inà '"là est «émigrer loin de» et zsnna «ban- nir» (comp. Beaussier, p. 95, et Socin, Diwân aus Centralarabien, p. 954).
%S^ iâmat, pi. zuâma' ^^, J;^'>^» ^^t féminin à Tanger comme à Tétouan et vraisemblablement dans d'autres villes du Maroc; toujours masculin en Algérie : 1° «mosquée»; dans ce sens, le mol apparaît très fréquemment à l'état construit avec l'adjectif qui le suit : zâma' "dgîda «la mosquée neuve» = «^.oJi ^••'^ {avec, dissimilation de dgdîd en dgid)\ zâma>-"lkbîr «la grande mosquée» (aussi à TIemcen), avec, dans ce nom, l'adjectif au masculin (comp. pour el-Qsar ap. Arch. Mar., 11,1^. i5o, i5i, y^i^\ ^.*U.,mais »\N-ot->JI (^^-)- Cette construction se rencontre dans le Maghreb pour divers substantifs dé- signant des édifices ou des localités {:bel, bâb, etc.); 3° «école cora- nique»; de même à Constantine ; en Oranie, on emploie gâma» de préférence à mstd {chez les nomades, «tente-école» est srp 'a); et chez les ruraux du Tell algérois , gàmat est courant à côlé de msid. Au con- traire, à Alger-ville, msîd est seul usité.
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"wsw znan rrjardin, verger situé en dehors de la ville», pi. znânat, dimi- nutif zntwun, u^i caULLi>, y>--^" Le inân est planté d'oliviers, de figuiers ou de vignes ; sous les arbres , on sème parfois de l'orge à cou- per en vert {qsèl); cf. Arch. Mar., VI, p. 99/1; XVII, p. 196. Le mol dans le sens de «verger» existe dans toute l'Algérie, avec généralement le diminutif g/mV/i et des pluriels variés : Tlemcen et Constanline gnânât, Alger g'nâm, bédouins et ruraux gçnna {zçnna = Sj^\). Il se retrouve dans le Sud marocain {Houwâra, p. 73, 1. 5), à Tunis {pi. azçnna), à Tripoli (cf. Stumme, M.G.T., p. 65, 66) et en maltais {gniçn pi. gonna; cf. Falzon, p. 95); il était andalon; cf. DozT, I, p. 220; P. DE Alcala, iSi, 1. 3o; aussi le pluriel cabUa^ ap. Dauhat en-Nâsir p. 78, in fine. — L'explication la plus proche est celle de Dozv pi. yUa. de Sj^ employé comme singulier (comp. riad «jardin», pro- prement pluriel de **»jr; le pluriel anormal JLowl donné à iUa^ par les lexicographes et qui est en fait le pluriel de ijli^). Mais il ne faut pas perdre de vue yLi^ = f^.f^ «terrain non bâti entourant la maison et en dépendant» et l'analogie possible de dévelo|)pement sémantique avec iusjc (cf. infra, p. Ao3, \j>y^)' Dans le texte de la Ihâta cité par Dozy dans son article (»^loo J^waxll yUjil i), y^^ est bien (jUi» . — Il faut noter enfin que *^i-^i-=>- des dialectes orien- taux, connu en maltais, à Tunis, à Constantine, et à Alger, est in- connu à Tanger comme dans la plus grande partie de l'Algérie.
c^-Jj^ zumb [zumb), pi. znâh «côté»; toujours avec cette vocalisation à Tanger, probablement sous l'influence du complexe labial mb'C^'if'^ comp. pour Rahàt, Fischer, Mar. Sprichœ., p. aa, note; en Algérie, toujours genb ou gemb (zenb, zemb)'^ à Tunis zneb (cf. Stcmme, T.G., p. 43).
v^V^ mz^ni^r est la prononciation la plus courante à Tanger de j^y* «couvert de vcrt-de-gris» , et de là «couvert de moisissures vertes» {z-z'>z-z). — z^niûr désigne à Tanger le « vert-de-gris», tandis qu'en Algérie zengâr est proprement l'ff acétate de cuivre tinctorial», ffvert-de-gris» étant dzçngîr j*^y; cf. Beaussier, p. 376.
,_^^V5fc. z^nilçin. «sésame»; aussi avec cette forme dissimilée à Alger
musulman, à Fez (KAMPrPMEYER, p. 7) tandis qu'à Alger-juif et à
Tlemcen f(^/^/ân , à Tunis zilzlàn (cf. Stumme, T.M.G., p. 60, 1. 17), à
I Malte ^n7g^/tfn(lLG-STUM ME, n" 180), à Constantirte //f/g-/ânjia = ^Jik^<^.
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L'andaiou offrait diverses altérations des sonantes de ce mot (cf. Pedro DE Alcala, p. 98, 1. ao, 23, a/i; Eguilaz y Yanguas,p. 30/i; Ruzicka, Konsonantische Dissimilation , p. 48). Cf. sur ce mot Landberg, DaOîna, p. 358, note.
«X^ zuhd. Uobservalion de Fischer (Wortton, p. â83) est juste; ce mot (•x43w) ne signifie ffzèle» ni à Tanger ni en Algérie, mais pro- prement «force» et «efforts» (Alger gàhrd, Tlemcen hhd) : mà-mi%dûis (l^uh'd «Il n'a pas de force»; bzûhd-àllah nannSlha «Je le ferai avec le seoïtirs de la force divine»; kndràb-hëd^ûhrd «Il frappe de toutes ses forces» (Alger : iédrob t'Iâ-gâhdQ ûma-igib)^ '"mël-zûhdo «Il a fait tous ses efforts» (dans ce sens, plus fréquemment mëih^d). — znhd-mà «suffisamment pour employer toute la force» : zûhd-ma-inkul (rsuflisant pour subvenir au maximum de sa consommation»; qqç-ddçk fhnd shûa zûhd-tna-tàhmël «Mets ta main dans l'eau, aussi chaude que tu pourras la supporter»; zûhd-mâ-féha ikûnQ-d''ftâin «ayant tout au plus deux coudées» (LCderitz, Sprûchw., n" XXXIII); glçs-m'iâna zûhd-morsràh- "Iqâhua «Il s'est assis avec nous, juste le temps de boire le café»; iûhd-mn-kld nâd «Juste après avoir fini de manger, il s'est levé» ; comp. Beaussier, p. gS et g6.
iiihdan )tx4^ «et même; et à vrai dire», souvent explétif, ne m'est pas connu en Algérie.
^_^A. zûz (zvz) «deux» ; telle est l'habituelle prononciation de ^^^ à Tanger (comp. pour Rabat, Fischer, Mar. Sprich., p. 4i; pour le Sud
^ oranais et le Sud marocain, UlâdBrâhîm, p. 18, note 3). A l'heure actuelle, la tendance à l'assimilation des sifflantes aux chuintantes en cas de voisinage semble dominer en tangérois. — La répartition géo- graphique de ^^ «deux» mériterait une enquête spéciale. Les dia- lectes orientaux semblent l'ignorer entièrement , et aussi les dialectes du Sénégal et du centre de l'Afrique ( Kampffmeyer ap. Mitteilungen des Seminars, 1 899 , llj, p. 1 48 , 1^9; Gaudefroï-Demombynes , Rabah et les arabes du Chari, p. 55; Reymer, p. 54). Les dialectes citadins d'Al- gérie et du Maroc l'emploient à l'exclusion presque entière de jjjJo! . Les dialectes du Maghreb oriental et les parlers sahariens d'Algérie admettent par contre y-yi^t à côté de ^j^ (Stumme, T.G., dnîn, p. i35; M.G.T., p. ii'jli,tnçn, fém. tmtgn), de même que le maltais (zffluc, zis. à côté de itnçin, itnçi, Z.D.M.G., 1904, p. 907, 912), et les dialectes andalous (Ibn GczmIn, 78^ 1. i4; 84^ 1. 16; 85% L 20, à côté de
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25^ 1. i3; 29', 1. i4; 53% i. ail'. Pedro de Alcala, ao6, 1. 20, 21, iBnei et zeuc; Vocabulista, p. 358, ^y^ et ^^iJJi\).
zûza, duel zust^in, pi. zuâz «paire»; en Algérie, on emploie surtout ziùga (ziiîza), duel zuîztâin (zutztçïn, zuîztçn), avec le pluriel Z]iâi (à Laghouat zuîzât), qui est, en fait, celui de zûi employé dans le sens de «paire» à Tunis (zûz) et dans le Sud constanlinois.
>^ ce >s.
-»_j^ zûha, pi. zfihàt (Sj^^^) «long vêtement de dessus en drap sans manches»; comp. pour Tétouan, Arch. Mar., XV, p. 1/19. A Tanger, les musulmans portent peu la zûha, mais une zûha de couleur sombre est l'habituel vêtement des Juifs. Cf. sur ce mot Dow, Noms de vêtements, 1 27-13 1; Supplément, I, 2 3o; Kahle, Zur Geschichte des arab. Schattentheaters , p. 28, note 4 et les références; Rhodokanakis, Dofdr, II, p. 9 et les références; Weissbach, LA., p. /io, 1. 10 et note. Dans le Maghreb, le mot se retrouve à Tunis (zjl/ia «sorte de caftan», Stumme, T. M. G., p. 76, note 3). Mais, en Algérie, il n'est usité à ma con- naissance que dans les dialectes juifs d'Alger et de Tlemcen : gûha «le grand caftan des rabbins orientaux»; aussi «la soutane des prêtres catholiques».
Jb^ dgiltria »^^ désigne à Tanger le marché à l'encan des vieux vêtements et des vieilles armes qui se tient sur la petite place précé- dant hâh-''lfàhs {cf. supra, p. i53, note 2). Lerchundi (Foc, p. 68, sub almaneda) écrit i^«.La-^ . Le terme n'est pas très usité; il est vrai- semblable que ce nom a été donné au marché à l'encan de Tanger, comme aussi à celui de Rabat (cf. Arch. Mar., VII, p. 807), par ana- logie avec le marché de la place ÀXls^, à Fez (cf. Arch. Mar., XI, p. 322; Massignon, Le Maroc dans les premières années du xvi' siècle, p. 282). — Quant au nom de S^hyA, on ne peut guère l'expliquer que par celui des célèbres Chorfa ^y^ , sur lesquels cf. Arch. Mar. ,
1,432.
s-
La^ ià, fut. tu, «venir», a très fréquemment à Tanger, surtout dans la narration, la valeur d'un simple inchoatif qui peut parfois être négligé dans la traduction française; (comp. pour l'omùni, Reinhabdt, p. 36a, note 1). En Algérie, il est rare dans cet emploi (cf. J.A., juillet 1904, p. 92), sauf dans le dialecte juif d'Alger. — L'impé- ratif est âzi (à Mogador ëzi, cf. Socin, Mar., p. 3o, 1. 5), qui,
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en Algérie, est essentiellement citadin (Alger, Nedroma, TIemcen, Cherche!; à Constantine, tgi chez les Musulmans et aigi chez les Juifs; à Tunis, îza); les ruraux du Tell, d'un bout à Tautre de l'Al- gérie, emploient dans ce sens, aruâh (cf, Ulâd Brâhtm, p. io5); et t'âla est usité dans certains parlers ruraux et sahariens, comme à Tripoli, dans le Sud marocain et au Sénégal (cf. Houœàra, p. 7/1, 1. 16, 19; Retnieh, p. 178, 1. 17; aussi conservé en maltais dans talahaun «viens ici» ; cf. Falzon, p. à 10). — Le participe esta Tanger mâzt, fém. mâzia (màzia) ou mâia (parfois mazza), et le pluriel mâziin (màzien) ou mâzîn (parfois màzztn). Ce participe est en Algérie essentiellement citadin (Alger, Nedroma, TIemcen, Cherchel; à Constantine, usité à côté de gâi, comme à Tunis, mais moins que lui). Les parlers ruraux et bédouins ne connaissent que zâi (gâi), fém. zâia ou iâiia, pi. zâitn ou iàiitn (avec deux t très nets; par conséquent sous cotte forme représentant vulgaire de â-oLsi.; comp. Houwâra, p. 70, passim; p. 76,1. 3, 6). L'intervention de l'influence analogique de ^gSiU invoquée par Fischer est à mon sens l'explication la plus admissible de cette apparition d'un mâzi dialectal; je crois qu'il ne faut pas manquer de considérer l'union des deux participes dans l'expression màèi-mâzi, courante dans tous les dialectes n)aghribins qui connaissent mâzi. C'est dans cette expression qu'a pu apparaître d'abord, par jLp't, une unification des initiales, qui a persisté ensuite pour mâzi employé isolément. Il faut y joindre que m est, pour la conscience du sujet parlant, une préformante normale de participe actif, puisqu'elle est celle de tous les participes des formes dérivées. — Mais il faut considérer d'autre part l'existence des impératifs anormaux âzi, tgi, îza, aigi dans les dialectes qui précisément connaissent mâgi; elle semble corroborer l'opinion de Landberg que t^^t» est le participe de la forme parallèle ^^1 , connue de nombreux dialectes (cf. Fischer, Mar. Sprichw. , ip. 18, note; Landberg, Z)aôma, p. 698, 699). Quoiqu'il en soit, il est certain que V "^^ïj^^î ayant deux «infirmitésr, était par- ticulièrement propre à fournir dans les dialectes des formations anor- males.
Aa^ içha (Âf^) ffcôté, direction»; celte forme, avec allongement de la voyelle brève classique, apparaît dans tout le Maghreb et au Sénégal (cf. Basset, Mission, I, p. 878, 1. a); comp. aussi Wetzstein ap. Z.D.M.G., 1868, p. 19a, note 1. Elle était déjà andalouse (par
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temple la graphie iLa^ ap. Ibn Guzmân, 37", 1. 16; 'ii\ 1. 1). Le pluriel est iuàiah ou iéhàf comme en Algérie (cf. Ulâd Brâhlrn, p. iSg). — La forme iëh, avec perte de la voyelle finale, existe aussi à Tanger comme dans le Sud marocain (cf. Houwûru, passiiii). Elle se retrouve dans quelques parlers ruraux d'Oranie; à TlemCen, seulement dans (|uelques expressions : '"là-kull-gèh vde tout côté:^; men-dik-çlgèh rrde ce côté-là r» ; elle est inconnue par ailleurs en Al- gérie.
-^ cçrr, fut. icurr, ^déchirer dans le sens de la longueurs (par exemple une bande d'étoffe); aussi n'ouvrir (la bouche) toute grande» (péjo- ratif). Le mot est inconnu aux parlers algériens. Peut-être est-ce un dénominalif de iarra wun accroc dans une étofl'e?i, qui semble d'ori- gine romane; cf. Lercbundi, Foc, p. iiôo, sub yù-ort; Simonkt, Glos., i55, charra.
^^ cçlluq, pi. clâloq ^^JL*-, jJ^l». ffcbiflbn». Lerchundi, Foc, p. 81, sub arulrafro, a culldqa, qui in'osl inconnu pour Tanger. — Le mot a des équivalents dans toute l'Afrique du Nord : Alger cçlleq, mais au plu- riel cuâloq; TIemcon cëlleq, pi, clâloq; Tunis iûltqa, pi. iuâlâq (cf. Stimmk, r.6'.,p. 170); le mot semble inusité à Conslanlinc-ville; par contre chez certains ruraux du Nord constantinois, é(llig est trpièce d'étoffe dont les femmes se couvrent les épaules?^. Chez les ru- raux et bédouins d'Oranie et du déparlenïcnt d'Alger, on a iell'iga, pi. i/rt/jg- Tchiffonn.
j_^2*. ((ili "rivage de la mer»; comp. Lrrciiundi, Foc, p. h^H ., sub marfren; p. .567 sur orilla; p. 699 sub rihera. Le mot est complètement inconnu eu Algérie. Il est peu admissible qu'il soutienne le moindre rapport avec càli wrivagc» de l'iraqois (cf. Mkissner , Neuar. Getch. , 1 4i); ce dernier doit être ramené, conformément à la phonétique particu- lière au dialerto, à "JiS^ (comp. *50 et i\X«).
-57 himtr et câmtra, pi. camîrat *^L^, »_^L^ ffcberaise de dessous» ( synonyme làhliàtmia ) ; à Tétouan , (? sorte de surtout .en laine» ("cf. Arch. A/a»-. , XV, p. lia). C'est le pluri<'l de w>(<:>:^ (lui-même inusité), à savoir ^LûJ, où le groupe l» s'est résolu en c, qui est devenu sirigu-
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lier et a été pourvu de la terminaison du nom d'unité; comp. Ler- CHUNDI, Foc, p. i64, sub camisa, èâmtr; Dozy, I, p. 785; Delphin, Recueil de textes, p. 196, note 56. A TIemcen tinmîr, pi. tsâmër, et à Nedroma câmîr, pi. cuàmër, est le mèâmàr [m''smàr) de Tanger, c'est- à-dire le «cordon bouclé en huit passant derrière le cou avec lequel les femmes se retroussent les manches» (oriental iumâr; cf. Almkvist, Kleine Bettràge, p. 70).
y^vc^ cuncàr ^^.«^-?- «petit espace libre ménagé sur le côté de la fosse du fourn; cf. supra, p. 187. Ce mot, vraisemblablement d'origine romane, est employé dans le dialecte espagnol des Juifs tangérois pour désigner une habitation étroite et misérable.
«JkÀafc cinka iSj^. Lerghundi, Voc, p. a 69, donne ce mot sous chanca («savate»). Mais, à Tanger, «»fca n'est guère employé que : 1° comme in- jure entre femmes; a° au jeu de cartes, pour indiquer les basses cartes (de même à Alger), opposées aux cartes marquantes {kra', pi. kçnçn; à Alger, rpmt ;^jr ! ). Dans le sens de «paire de savates», on n'em- ploie à Tanger que le pluriel cnûk {Saluât el-anfâs, III, p. 235, a, 1. i/i, JjLiJI JljoJI, et 1. 5, J^JLiJI). — A TIemcen, le mot n'est guère connu que dans l'expression 'âmël kîctnka «très mal fait». Ailleurs en Algérie, le mot est inconnu. C'est le vieux castillan chanca; cf. DozT, I, 395; SiMONET, Glosai'io, p. i5/i.
cuîcQ : tcutcQ-t"ssbdh «le premier point du jour»; le mot semble être le diminutif de câucàti, qui est à Tanger le nom du merle (cf. Si- MONET, Glotario, p. i56, 157); le sens propre de l'expression serait alors «le merleau du matin», et il faudrait la comparer à l'expression exactement synonyme "Ifriiahrfsshàh «l'oisillon du matin» (cf. infra, p. 4 10, sub r-f)'-' ^^'' Jbâla emploieraient dans le même sens câuL Le mot est inconnu en Algérie.
Ijabb, fut. ihobb (iliebb), est surtout employé à Tanger dans le sens de «avoir de l'affection pour» et très* peu dans celui de «vouloir» , tandis que dans les villes algériennes habb est le verbe habituel pour «vouloir» ; cf. supra (gi-i.
hdbbët-h'lâi^a s^^W iu^ «anis» n'apparait jamais qu'avec celte
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forme indéterminée et ne prend pas l'arlicle; de même à Tunis, à Tlemcen et à Constantine. A Alger et dans la plus grande partie de la province d'Alger, on a habbet-çlh''lâua , aussi bien dans le sens déterminé que dans le sens indéterminé. A Bou-Saàda, «anis» est hahb't-qttçiba, et dans la plaine du Cheliff habb-ettçiba; cf. DozY, I, p. 2^1. L'andalou connaissait dans le même sens âI^ ïjJLa. (cf. Pedro de Alcala, p. 102, 1. 11, sub unis), d'où l'espagnol batafolua, catalan batahulua (cf. Dozy et Engelmann, Glos., p. 288; EgtjIlaz y Yangcas , p. 3 1 2 ).
hh'tb «---sj.^ n'apparaît guère à Tanger dans le sens d'trami» que comme corroboratif après sahàh, qui est le mot habituel pour trami» : sàhbi uahbtbi «mon ami intime 77; aussi dans l'exclamation d-bâba-îhbtb ffô père bien-aimé ! 75 , que les enfants poussent sous l'empire de la peur ou de la surprise. — Le sens habituel du mot à Tanger est celui de «oncle materneb; il apparaît dans ce cas avec la série des pronoms il^xes {hhlbi, hhihék, hhîbo , eic.) et , rais en relation d'appartenance avec un nom commun ou un nom propre, garde, comme les autres noms de parenté, l'alfixe possessif de la troisième personne : «l'oncle maternel de Mahboûbn hbiho d'màhbûh (cf. Fischer ap. Z.D.M.G., LI, p. 178 etsuiv.). On emploie comme pluriel hbaib, qui, construit avec les aflfixes (hbàihi, hbâibëk, etc.), signifie «oncles matornelsn; ot qui, lorsqu'il n'est pas construit avec les aflixes ("Ihhâih, "Ihhâib diâli), est employé dans le sons do «amis». Les femmes emploient volontiers hbàif>àt : hbâihqli «mes oncles maternels». — Le féminin Ijbtha signifie «amie» (tandis que mhha est «maîtresse d'un individu»). On emploie comme pluriel, à côté de hbâib, hbâh qui sert aussi pour désigner «l'en- semble de la famille», comme à Tlemcen. — Comp. liôbbo en omàni, hàhâha dans toute l'Arabie du Sud et au Darfour, employés pour dési- gner la ergrand'mère»; cf. Landberg, Dadina, p. 637; Rkinuardt S i36; Kampffmetkr, Beduinendial. , p. 170, note a.
(_)***•> lidbbciH ,j«U^, employé au pluriel "/AtK&iâxa, signifie «les prisoa- niers» (les gens de la prison); maison n'emploie jamais hàbbtls au sin- gulier dans le sens do «prisonnier»; on no dit que ui'iian {m'gitln) = y>^-«, pi. mifiiHn. — A Tlemcen et à Alger, habbâ» signifie exclusive- ment «geôlier».
\ÎXx^. hhaka, pi. hhakàl *5L.^ «couche de crasse»; le mot est inconnu en Algérie dans ce sens; je connais par ailleurs hAàka chez les ruraux
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260 TEXTES ARABES
d'Oranie dans le sens de rfil mal calibré qui se marie mal avec le tissu d'une étoffe et y fait un défaut??; et à Larba des Beni-Moussa, gébêç mél-lh''bdka (rll l'a saisi au collet».
ni'htèb, pi. tnhâlëb «--ois: (rmulitasib?? ; telle est aujourd'hui à Tanger la forme courante de «-^^y-ag; comp. Lgrchundi, Foc, p. 69, sub almotacen. Elle doit se retrouver à Tétouan (cf. Mouliébas, Maroc inconnu, II, p. 202) et était aussi, suivant le témoignage de vieux Algérois, celle autrefois usitée à Alger. — Le mol tj«..wJLs: a subi dans d'autres dialectes marocains d'autres altérations; cf. Hoest, Nachnchten von Marôkos, p. 277; comp. Arch. Mar., VII, p. 892; et Doutté ap. Recueil de mémoires de l'Ecole des Lettres, p. 199.
m
âUa» hàtia (ICtta, lc'ta)-d; la conjonction ^^^a. «jusqu'à ce que» , suivie d'un verbe, prend très souvent à Tanger dans le parler de cer- tains individus la forme hàtta-d : ubdât-tëmiî IcUà-d-iioslnt ti'ddâr (f Et
j .. s j s „ • . . . s • • • • .
elle se mit en roule jusqu'à ce qu'elle fût arrivée à la maison»; uhûma keizçrriu h^'tà-d-inùdu ffEt ils courent jusqu'à ce qu'ils soient fatigués». hàtta suivi d'un nom ne prend jamais la forme hàtla-d. Le d semble jouer ici le même rôle que le n représentant y! du hàtMn des dialectes saha- riens d'Algérie. Il est assez difficile à expliquer; on peut songer à da = trfâ = li>l; on peut songer à di, ddi, pronom conjonctif; mais ce pronom n'est pas employé à Tanger, et il faudrait alors que U'ita-d provînt d'un autre parler marocain, ce que l'avenir établira peut-être; enfin il est possible que nous ayons affaire au ffLokalexponent de mou- vement» berbère d, ou, plus précisément encore, à la particule sub- jonctive ad, dont ce «Lokalexponent» est un des éléments (cf. Stumme, Taz., p. 178, 174). hàtta-d est inconnu en Algérie.
w
g hudga S^ tfune affaire de; environ» est employé, soit à l'élat con- struit : hudgçt tQsrin-hnlfa «une affaire de vingt pas», soit déterminé et suivi de la préposition d : "Ihâdga d^-'âsrin-hâlja. — Le mot est connu dans ce sens à TIemcen et à Nedroma.
mhadg ^ «chemin praticable aux bêtes de somme»; je n'ai pas en- tendu de pluriel. Lerciiundi, Foc, p. i6i, sub camino, donne, à côté de m.hadg, mhadga (iC^ classique), que je ne connais pas à Tanger, avec un pluriel mfiàiz déjà andalou (cf. Vocabulista, p. Gao, Â^ , pi. g'I.^; comp. injra, p. 376, mhàdda, pi. mhâid). ^ était déjà andalou (cf. Ibn Guzmân, 27\ 1. 9); il ne semble connu aujourd'hui en
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Algérie que dans le Sud oranaig (cf. Actes du XIV" Congrès, III , p. 3o2 , 338).
tX&. hàddSd où^jt^ «r repasser le linge?' ; ainsi dans toute l'Algérie.
v^. haiTor ^Y^ : i" «donner congé à des élèvesn; nom d'action fàhrër; tàhrêra trjour de congé»; comp. Dootté, Merrâkech, p. 162, et le sens andalou «dispenser de travailler» ap. Dozt, I, p. 969. — Le mot. est connu dans ce sens à Tlemcen; ailleurs en Algérie, on emploie sçrrah, et, dans quelques parlers du Sud Constantin ois, srô/" (comp. 'Oumâra du Yémen, p. 36, n. 3); — ■ 9° au jeu de la toupie «ramasser dans le creux de la main la toupie en rotation pour la lancer sur la toupie- cible qu'on pousse vers le trou du but», cf. supra, p. 177, n. 1; tàhrêra «action de lancer une fois la toupie de la façon décrite».
,Jj^ harhûl, pi. hrâbël J^^-f^ «rouleau de pâte très mince». Le mot est aussi connu à Nedroma et à Tlemcen (cf. 7./!. , juillet 190/i, p. ii3 m Jine). — hqrhëln rouler un harhTdn. — Peut-être le harabul de Pedro dk Alcalv (p. 118, 1. 5 «borde»; p. 879, 1. 17 «repliego») osl-il le même mot (DozY l'enregistre sous J>?j-«*, II, p. 653; cf. aussi Simonet, Glos., p. 963). — Dans la province d'Alger, on a dans le même sens, non hqrbfd, mais harbîii; cf. BEinssiE», p. 111.
^Jiy^. Vhrêia, pi. <^«j"« jLûo-^ «menue friandise» offerte par l'épicier à l'enfant qui vient lui acheter quelque chose pour ses parents; de même un enfant qui mange un gâteau en donnera un petit morceau à un camarade comme tàhrçia; «recevoir et manger cetle friandise» est hàrrgi : l'ijni slilo nhàrt-qs «Donne-m'en un peu à titre de tiihrç- sar>. — Le mot se retrouve, avec des sens voisins, dans la province de Constantine «petite collation»; aussi à Alger et dans le Nord tunidicn «casse-croùle»; cf. Beaussier, p. 112. A Constantine-ville, ^ahrçia est spécialement un médianoche de fruits secs qu'on sert dans les soi- rées de noces. — Peut-être faut-il assigner au mot un sens primitif de «apéritif, chose qui excite l'appétit».
ijp^ hàrse 4,«<s^; ce mot n'est guère employé que dans le dicton cité supra, p. 37, 1. io;demémeà Tlemcen. — A Alger, les vieilles gens se rap- pellent encore que/iar^j» signifiait «agent de police» ; mais aujourd'hui, dans le langage courant, je ne connais le mol que dans i'expre^ion udhd-àlkdrsf ffh «Quel harfe ça fait!» qu'on emploie en parlant d'un enfant méchant. C'est le («^^ de la langue ancienne (cf. Bu^isI,
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Libâs, n" 83) connu de i'andalou {Vocabulista , p. 566, sub sagio) et enregistré par Beaussier: (gM>y^, p. i la (comp. Dacmas, La vie arabe, p. /«02, hharsi; Venture de Paradis, Revue africaine, 1897, '^° s^lt, p. 109, arsi). Le mot est donc aujourd'hui tout près de tomber en désuétude; par une évolution facilement explicable et qui se retrouve pour 4^-^ («policiers puis «rfilou», cf. Dozy, I, 7^5), il ne subsiste plus qu'avec une signification nettement défavorable , et au reste à peu près uniquement dans des dictons.
f>>^ Uïhràinîinl call»!-^ ffcoquinerie, ruse»; le mot n'est usité que sous celte forme, qui est celle d'un pluriel; le mot ne prend jamais l'article; dans. le Sud marocain, il existerait un singulier tahàràml{a, cf. Houwàra, p. 5o, note dw. — Des équivalents de cette formation berbère appliquée à arabe -1^ se trouvent dans toute l'Algérie : Oranie, ta/*râ- mtiet et tharmi; province de Constantine et Sud algérois, tahrâmU; plaine du Cheliff, tahrâimît, etc.
(^y^ b'hra «^-a? : i" «tout juste; à grand'peinen : hàhrà-n''qdur~naimêlha «C'est à grand'peine que je pourrais le faire»; de môme à ISedroma; avec ce sens, celte locution est aussi entrée en sellia (cf. Stumme, Taz., 8 220). A Ncdroma, bàhra exprime encore une idée légèrement différente : oftpY^o/ — là ! bàhra içhrob «Lâche-le doncl — NonI A la rigueur il serait capable de s'enfuir!» ; — 2° «pour qu'à la rigueur» ou tout simplement «pour; de façon que»; ce sens conjonctif s'est déve- loppé du sens adverbial précité de bàhra. Lorsque deux propositions coordonnées se suivaient, 6fl(/im adverbial, toujours placé en tête de la deuxième, subordonnant logiquement l'état ou l'acte exprimé par cette deuxième proposition à l'état ou l'acte exprimé par la première , est devenu conjonction, agent de subordination grammaticale : «dèf/t- hàlt-fçh uàh''-ttoçsâ-'^tturr, t/hrâ kathsiirli-lqéitân «Et j'y introduisis une lamelle de tambourin; à la rigueur (en cas' de besoin), elle me retiendrait solidement le cordon (aux doigts)»; d'où : «pour qu'elle me retint solidement». Ce sens conjonctif de hàhf-a n'existe pas pour ses équivalents algériens. — Pour le premier sens , ces équivalents sont : à Tlemcen bëlh'râ; à Saïda bëUôhra (cf. Ulàd Brâhtm, p. 189, 190); dans tout le Tell algérois bëlhâra. Nous avons affaire dans toutes ces expressions à w'c^y*- classique, qui apparaît déjà en andalou ((^yA.^) avec le sens de «à peine»; cf. Dozv, 1, p. 280; fréquent ap. I. GczmAn, par exemple 53% 1. 13.
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(.."'^â^ hazb, pi. hzàb, «60' partie du Coran»; la forme hçzëb (bf^'b) , où rallongement de la voyelle brève de la première syllabe est imputable au désir de reproduire la vocalisation classique çjj^ , existe également à Tanger, comme dans tout le Tell oranais (cf. Dialecte de Tlemcen, p. 58 in fine) et aussi à Fez, Alger, Constantine ; c'est elle quon entendra par exemple toujours à Tanger dans le serment : hàqq-ftlin- hêzëb tâhera «par les soixante hizb purs du Coran!» — Cf. supra, p. 189, note 9.
<j^ hazzàr «cajoler, amadouer» (un enfant); comp. Boclifa, Textes de l'Atlas marocain, p. 353, hezzer tfcaresser, cajoler». Le mot est inconnu dans les parlers algériens avec ce sens. Toutefois, en Oranie, on emploie hàz&r <)^ avec un sens tout voisin: «chercher à faire disparaître la rancune»; cf. Delphin, Textes, p. 3 1 3, 1. 4; à Tlemcen hàtor appar- tient surtout au langage des enfants: «faire des avances à un camarade avec lequel on était brouillé».
(^'y^ hzoq «péter»; hdzoq l'iâ-mâlo «pétant sur son bien», c'est-à-dire «très riche, ne regardant pas à la dépense». Peut-être faut-il comparer au classique V ^r^' (cf- Habîrî, Maqàmât, II, p. 443). A Alger on dit dans le même sens hâzgq fëlm'lûfât «pétant dans des étoffes de drap». — Dans l'argot d'Oranie, hàzqq est au contraire «misérable; sans le sou» ; avec le même sens : {àhzqq t'I-çlhût iâqlçh «rqui ferait frire du poisson en pétant dessus».
jL«fc hëss «bruit» en général (class. j-^); et plus spécialement «bruit de la voix» (la voix elle-même est sout). Le mot, bien coimu dans ce sens des dialectes orientaux, est courant aussi, avec des différences de voca- lisation {hass, hoss, huss), dans tout le Maghreb. L'expression qtdi-àlh^ss «rester coi» (synonyme g{a/-<ïzzft, cf. i/jZ/'a, p. 395; aussi Alger ç(<f;- àlgr^t), courante à Tanger, est aussi très répandue dans les parlers algériens, cf. Beadssier, p. 117; Delphin, Textes, p. 283, note 7. On dit aussi, à Constantine, iqaliç hsâsu (avec un pluriel inusité en dehors de celte expression) «Personne ne parle plus de lui».
t,Ao>»^ Cf. t-^v.^ et <-«^. ,
(jM<^. A°i(i J-.,.A^ subst. fém. , diminutif hiçîia, «graines de chanvre grillées et pulvérisées»; comp. Fiscuer, Hieb- und Stichwajfen , p. a3i. On n'emploie pas dans ce sens à Tanger h'itia qui est habituel
364 TEXTES ARABES
• ea Algérie (cf. Delphin, Textes, p. iio). D'autre part, hfm n'a pas ■'•'ftottramment à Tanger le sens dVherben qu'il a on Algérie; «fherboTî
• est Wrt'/ (le proverbe de LCderitz, Sprùchworter, XX, où ji^^A^ figure
• : tfvoc le sons dVhorben, doit appartenir à un autre dialecte). —
fhâèiçi ff faire usage du liachîchn. — hmiii, pi. hiâiitia, (rqui fait habi- tuellement usage du liachîch».
Lmw^ hâia LiL^ : i' s'emploie sans complément avec le sens de trà Dieu ne plaises. Souvent alors il est renforcé par l'adjonction de tia-mpiàd- ^llah {M\ S^-ju» contaminé par ^Ijuj-*; chez les bédouins et ruraux d'Algérie correctement mâiâS-àllâh; comp. Wright, Arab. gram., II, p. 3^1.2 in medio), ou de ualsUah (uallnh, tiallah= aMj; dans le Sahara algérois , *jQLîj au lieu de <^j, cf. Kampffmeyer, Sûdalger. Stu dicn, p. 280, 1.16; en Oranie, chez les demi-lettrés fmàâ-ukçlla =3C). On emploie ces exclamations pour marquer qu'on est scandalisé, ou incrédule, à renonciation d'un fait inconvenant ou invraisemblable : "Iqàde "Ibâràh zbàrto-shrân. — luisa-na-më!àd-''Ucih ! «Le cadi, je l'ai ren- contré ivre hier. — A Dieu ne plaise! (ce scandale est invraisemblable)». Imsu est aussi employé ironiquement; par exemple : hdèa giujrçt-iaklu- zzbîb «A Dieu ne plaise que les gens de Gouàret mangent du raisin sec!?? (Gouâret est un village du Fahs à 5 kilomètres de Tanger; on se sert de ce dicton dont j'ignore l'exacte origine pour marquer qu'on n'ajoute pas foi à la dénégation d'un interlocuteur) ; — 9° hâsa s'emploie suivi du pronom afïixe de la deuxième personne ou d'un nom constrgit, soit directement , soit avec la préposition tnen, dans le sens du fran- çais (T sauf le respect que je dois à . . . n hâsâk, hâéàkum, hâsa-ssàmien, hâsa-lli-smaiia ou hâsa-mëlli-stnana (L^ji^wj JJi ^^ L^L^). Cette for- mule accompagne la mention d'une chose inconvenante ou impure. Elle
• peut venir après cette mention ; mais le plus souvent , elle vient avant pour en atténuer l'inconvenance en y préparant. On dit aussi hâènk pour s'excuser d'appeler l'attention d'aulrui sur un objet impur : ainsi, par exemple, en montrant des souliers usagés, mais non en montrant des souliers complètement neufs (comp. sur J1a....>> signifiant «souliers» dans l'Arabie du Sud, et sur LiL». l.a.,..^ en général, LANDBEnr., Dadîna, p. 3i8 et suiv.). - — On le dit encore pour empêcher un in- dividu auquel on doit le respect de vous rendre un léger service ma- tériel (avancer les soufîers, secouer la poussière du vêtement) ou pour
. s'excuser de ne pas l'en avoir empêché à temps. Cf. sur l'emploi de Jiàèôk
DE TANGER. Sô-»
en Algérie, Bel, Djdzya, p. 81 , 8a; la bibliographie de UiL^ ji'.a^, ap. FiscHEB, Z.D.M.G., 1905^ p. 81 4, note 7.
yMi-\ ià-hàsrâ «r hélas!» en regrettant le temps passé, répondant au clas- sique 6b-M»>^l^, a toujours un s dans les dialectes maghribins. A Tanger, comme à Constantine [m-lurâ) et à Tunis (cf. Stumme, T.G., p. 1^9 in fine), le h final, très sensible dans la plupart des parlers algériens , (ia-hàsrâh) a complètement disparu.
hsêr, masc. , ou hsëra , fém. yjyaa- '».>,>a->. sont usités indifleremment à Tanger avec le sens de (t natte» , et on emploie aussi indistinctement les pluriels h^çr, hsàuir, h^ëràt. La forme masculine j^ja^ est seule classique; mais déjà au moyen âge, la forme féminine ïj-y^^ est si- gnalée comme populaire par les lexicographes orientaux [Misbâh, I, p. 95:t^Lc "^^ ^>^^^'))' Cette forme féminine, connue aujourd'hui de l'Egypte et de la Syrie (mais le masculin existe aussi dans certains parlers ruraux do Syrie, d'après une information de A. Barthélemî), pré- domine dans les dialectes maghribins : Tripoli, Tunis, Constantine, Al- ger, TIemcen, etc. hsëra (hmra, ap. Stumme, M.G.T,, p. 10, 1. 7; T.G., S 58) ; «V-^jm^ se retrouve au Sénégal (cf. Reïmer , p. 1 98 ) , à Malte (cf. FALZ0N,p. ti5);par contre, la Libye a conservé hmir (cf. Hartmann, L.W., n" 68, vers 2). L'andalou ne semble avoir connu que ^«»n-w (cf. Pedro de Alcala, p. 945, I. 87, snb estera; Vocabtilisla, p. 599, sub Blorium); peut-être est-ce par un apport andaloii que s'explique la présence à Tanger de hsërk côté de h*ëra. Enfin, sporadiquement dans les parlers algériens, h»çr désigne une «grande natten par opposition à [i»ëra (T petite natte»: ainsi à Nedroma, à Saïda, à Hou Saàda, et ailleurs sans doute; c'est un des nombreux exemples de l'emploi du féminin comme diminutif dans les parlers algériens.
ç^*^-^ fuà-lûbàn «encens» ; les autres prononciations enregistrées par Leii- CHDNDi, Foc, p. 4fl5, sub incemw, et Arch. Mar., t. VIII, p. !*o, note i (avec chute de A initial, cf. MoiiuéRAS, Maroc inconnu, H, ap. /i8t ; B0UI.IFA, Texte» de l'Atlas marocain, p. 345) ne sont pas courantes ù Tanger. Le mot ne prend jamais l'article. Il est aujourd'hui inconnu en Algérie, mais semble avoir été usité à Alger au xiii' siècle (cf. *Abi) rr-BazzAq el-Gazàibî, Kaif er-rumûz, p. i35). Cf. sur ce sub- stantif composé Flbischeb, Klein. Schrijlen, II, p. 5o. — Quant ù la prononciation /H6fln=yLj, avec allongement de la voyelle brève de la première syllabe, elle était andalouse (cf. Dozr, II, 595) et se
2Ctù TEXTES ARABES
retrouve aujourd'hui dans toute l'Afrique du Nord (cf. Bealssier, p. 628; Stdmme, r.G. , s 18; Taz., p. 90/1); à Constantine , on entend même Içubân avec diphtongaison secondaire.
jÀ^"^ mhadre, pi. mhàdra <g.*as: s^L^ «relève de recelé coranique»; comp. Lercuundi, p. 289, sub dtscipulo; Arch. Mat'., XVII, p. 82. Le mot se retrouve chez les ruraux d'Oranie (cf. Delphin, Textes, p. 25o, note 6) et est passé en seiha sous la forme amhdâr (cf. Stumme, Taz., p. 16Û). C'est un ethnique de ïyiijc qui signifiait «école» en andalou (cf. Dozï, I, p. 298), et qui est courant avec ce sens au Sénégal (cf. Basset, Mission, I, 296, sub «écolen; Reynier, p. i5i ) et dans le Sud algérois (mahàSra); aussi à Tlemccn mhadra, et à Conslantine mafiàS- j'a «réunion des élèves de l'école coranique».
via», hçfra, pi. hfâre «yLa.. c^^U:»- «trou»; spécialement «fosse qui se trouve devant la bouche du four banal» ; connu aussi à Tlemcen dans ce dernier sens.
j*-^ h/à, fut. iahfa Li^ ULç : 1° «être émoussé», comme dans toute l'Algérie; 2° «être à bout de forces» : hfâlç qôlbç «Son cœur n'en peut plus»; hfd-mqlo «Son cerveau est sans force». — A la 11* forme hajfa, fut. iha£î : 1" «émousser» ; 2° «mettre à bout de forces». — Le deuxième sens de fifa et haffa ne m'est pas connu en Oranie, ni à Alger, ni à Constantine; il se retrouve toutefois chez les Béni -Moussa de Larba (Tell algérois), dans le Sud constantinois et probablement ail- leurs : yît «Je suis à bout de forces»; haffâni «Il m'a mis à bout de forces».
c^sSk, hkâ, fut. iuhki, «raconter»; hkâia iolXk. «histoire»; à la vi' forme ihâka «se raconter des histoires». — A la 11' forme hakka ihakki est <r contrefaire , imiter» (dans la langue ancienne, c'est la m" forme S^ qui a ce sens); le «lézard de murailles» s'appelle /i"/i;fcatt-"s«/a «celle qui contrefait la prière» (comp. Lerchundi, p. 7.^, sub saîamanquera) parce que, avec ses pattes écartées, il semble prendre l'altitude du sugûd (comp. Dalhan, Palàst. Dîwân, p. lyA). — Dans tous les dialectes algériens, «contrefaire; imiter; faire une grimace» est non pas hakka mais mkka comme en andalou (cf. Dozy, II, p. 167); et à Laghouat c'est même toute la racine classique ^_^ qui a un représentant dialec- tal Juc : !''kâ ioïki «raconter»; i-kâia «histoire».
DE TANGER. 267
Ji»». hal dans l'expression ktfn-hô^a "ulhàl l'iêh (kîj^n-hé'a, làf'n-hçma. , . ("îêha, l'iêhum) (rQuelle chose admirable!»; on entend soit hal, soit hal' , soit hnl. Je crois qu'il faut chercher dans Joi- l'origine de cette expression obscure : <t Comme il est beau et qu'il serait doux de pouvoir licitement en devenir maitre»; cf. Beaussier, p. i34 :^[^JJJ JJl ï\yj\ ffla femme qui peut légalement se remarier» ; et comp. h'ilel «donner le moyen d'obtenir légitimement» (en parlant de Dieu), ap. Kampff- HETER, Texte aus Fes, p. ag, note i. — L'expression tout entière est au reste inconnue en Algérie.
/jIl.^ hèlqâ et hàlqà, pi. }ilâqe *JLX^ 55*^»- «dé à coudre»; aussi à TIemcen et à Nedroma, halqà, pi. h'ioq, et chez les ruraux et bédouins des déparlemenls d'Alger et d'Oran, halga (ou luilqû), pi. hl§g. Alger-musulman ne conuait que qostbîna (Chercbel, qostbîn; cf. Obterv. swr Beaussier, p. 473); mais Alger-juif ne connaît que hàlqa. A Conslantine hnlqà est le trdé sans fond» [blà-dmây, c'est-à-diro «sans tête» ) composé d'un large anneau de fer, tandis que qostbîla est le «dé muni d'un fond». JULi;^ dans le sens de dé à coudre était andalou (cf. Dozy, I, p. 817; mais on employait aussi yLo—j; cf. VocabuUsta, p. 3 li^, auh digitale; Ibn Guzmà.n , 39°, 1. 10); et le mot se trouve encore en maltais [holqa; cf. Pauon, p. 1 aa). Le mot est aussi attesté pour le tunisien au moyen âge ap. Ma'âlim, III, p. igB, 1. 9; mais aujourd'hui, c'est hfisâ, pi, htiçs, qui est employé pour «dé à coudre» dans le Nord tunisien et dans le Sud constantinois.
aAa^. a côté de hàlqiim = ^^IX^ , on emploie à Tanger, avec le même sens de «gosier», une forme féminine hûlqûma, qui existe aussi dans de nombreux parlers algériens (halqûm aussi bien que halqûma sont toutefois inusités à Alger). Le pluriel hlàqom est aussi couramment employé à Tanger dans le sens du singulier; comp. hnâiàr, mnâhâr, hnâfàr. y
aX^ hlëm «rêver», synonyme de tu'nn inûm. — hlem est inconnu à Alger, Constantine et Tlemccn; on n'emploie que n^m, avec le futur inûm, à Alger, Tlemccn, inêlm à Constantine. — A Nedromo, hlem est «faire un mauvais rêve» par opposition à nom «faire un bon rêve»; comp. pour le Sénégal , Reymeb , p. 1 a t . — hlem est connu des dialectes saha- riens, avec le sens très classique de «avoir un rêve erotique»; chez les ruraux d'Oranie stahlem, comme dans l'Oman (cf. RKi»iHAnnT, 8 18a).
268 TEXTES ARABES
Jx^ Cf. S^x^.
y^ hamri iS-f^ '• i" subsf. masc. «terre rouge ferrugineuse»; comp. Lerchcndi, Voc, p. i33, sub ban-o; aussi dans dans toute l'Algérie, mais avec des vocalisations différentes de la première syllabe : hamri, homri , humri ; a" subs. fém. «variété de figue noire n; cf. Arch. Mar.,
XVII, p. 301.
hammàr, pi. hammàra >U^^ *)^' i° non pas «ànicr^ mais trcon- ducteur de bétes de somme pour le transport des bagages» (comp. FiscHEB, Mar. Sprkhw., p. 3o); — 2° caravane qui effectue les trans- ports d'une ville à une autre (cf. Mocliéras, Maroc inconnu, 11, p. 33o; Delphin, Textes, p. 34o, note 67).
'y^ hamzâui <ijl>^ cr làleb qui sait le Coran suivant la riuâia de Hamza»; cf. supra, p. 197, note 1.
fjo^ htimmès j<i «"»■>. «pois chiches» (collectif), nom d'unité hummèsa. — La vocalisation anormale du mot dans la langue classique ( joî».) ne s'est pas conservée dans les dialectes modernes : dans les parlers orien- taux apparaît généralement une forme hummus {humbus avec différen- ciation mtn>mb en Daôîna, cf. Landbebg, p. 363) qui se retrouve, dans le Maghreb, à Constantine et chez beaucoup de ruraux et bé- douins d'Algérie (hummps, Immmçs). A Tlemcen, on a htints, à Tunis comme à Bou-Saàda hnnvs, nom d'unité humsâ, et à Alger-juif, hams, nom d'unité hamsâ. A Alger -musulman on a, aussi bien comme nom d'unité que comme collectif, hmçsa. — La forme marocaine setable reporter à la variante o*î^ signalée par les lexicographes indigènes.
la^ hmot ffs'aigrir; devenir acide»; toujours avec t à Tanger, pour class. jh^.
J^ liammël «soulever les pieds de quelqu'un pour lui donner la baston- nade»; nom d'action tàhmîla; rfed-hammèl ! «Soulevez-le pour la bastonnade!»; comp. Dialecte de jT/ewicen, p. 3o6; inconnu à Alger, où l'on ne dit dans ce sens que rfëd; inconnu aussi à Constantine; mais le mot se retrouve à Tunis et est, du reste, déjà attesté dans ce sens ap. Ma'àlim, IV, p. a3i, 1. 9, 3.
hamla SJ^ : 1° «crue d'une rivière ou d'un ruisseau»; connu dans ce sens dans toute l'Algérie; 2° «fluxion»; comp. Lerchundi, p. 369, suh fluxion; à Tlemcen, Aam/a est spécialement « fluxion des gencives» et «rage de dents» qui est à Tanger h-bçt.
DE TANGER. 269
i^ hmîia Â-^5- ;runion; esprit de corps»; le mot avec ce sens (très bien expliqué par Dozy, I, p. 829) n'est employé que dans le proverbe cité plus haut, p. 63, 1. 7; comp. p. 169, note 3.
JuJkA. hambël, pi. hnàhël «sorte de long tapis de laine dont la décora- tion consiste en raies de différentes couleurs et en bandes quadrillées»; souvent , dans le hambel marocain , on trouve l'emploi alterné de deux techniques : tissage proprement dit et point noué; comp, Ler- CHCNDi, Voc, p. 55, sub alfomh'a ; Fischer, Mar. Sprichw., p. 22, note 2. Le mot, avec la même signification, est connu dans toute l'Algérie et en Tunisie (cf. René-Leclerc, Les arts et industries d'art en Tunisie, p. i3). Snouck Hdrgronje le signale à La Mecque avec un sens analogue (cf. Mehk. Sprichw., p. 29, note 2). Déjà au xii' siècle JoJL^ «tapis» est attesté à la fols en Andalousie et en Egypte (cf. Ibn GuzMÂN, 91*, 1. i; Nôldeke Orient. Studien, I, p. 231, 1. 11; ap. Ma'âlim, IV, p. 68, 1. 6, le mot semble désigner un tissu pouvant servir de vêtement drapé). Voir encore sur ce mot Dozy et Engblmann, p. 101, 103; Eguilaz y Yanguas, p. i56; et sur son origine probable en arabe, Nôldeke, Neue Reitr., p. 53, 5i.
fiànûl, pi. hiiânçt ca^Lsi. ool^.^. est le seul mot pour «boutique» à Tanger comme à Tunis, à Malte , en Algérie et au Sénégal (cf. Basset, Mission, I, p. 289); c'est aussi le seul que donne Pedro de Alcala, sub tienda, p. 61 3. Par contre dukkan des dialectes orientaux reparaît dans le Maghreb, à Tripoli. — cajjL^, commun de genre dans la langue ancienne, est aujourd'hui féminin à Tanger (avec un dimi- nutif hutnla), comme à TIemcen, Nedroma, Alger, Cherchel, Con- stantine, Tunis (cf. Stummb, T.G., S 89, remarque I). Par contre, dans tout le Sud algérois et chez les ruraux du Tell, il est mas- culin (diminutif AuçmU), comme dans le Sud marocain (cf. Houwâra, p. 3o, I. 1 3, 1 4) et en maltais; chez les Beni-Moussa de Larba, on distingue hânfil (masc.) «magasin» de hànûla (fém.) «boutique». — hfinfil est «gourbi» chez certains ruraux du Tell algérois et de l'Oranie (comp. ahànu «chambre» en sellia, ap. Stummr, Taz., p. 29; Boulipa, Textes de l'Atlas, p. 335); enfin sporadiquement en Algérie (ainsi dans la plaine du Chelilf; sur les hauts plateaux algérois, on dit môme hànût sidna dàuud, probablement par souvenir deCoHAW, xxxiv, 10), In mot signifie encore «soulllet de forge», comme au Sénégal (cf. Rky-
MEH, p. 1 l3).
i
270 TEXTES ARABES
t:'<»AiL% finatçt oCjL.^ ttraèches de cheveux qui pendent le long des oreilles»; le mot, que je n'ai entendu qu'au pluriel, n'est pas courant à Tanger; beaucoup de Tangérois ne le comprennent pas. Ce serait surtout un mot du vocabulaire des femmes, et un terme de mépris par lequel on désignerait des nuàdar (mèches de cheveux qui descendent le long des tempes, cf. Fischer, Zum Worlton, p. aSoJn fine) sales et peu soignées; peut-être à rapprocher de hàntît, trassa fœtidan qui apparait à Tanger comme dans tout le Maghreb pour class. o>-oiJ.a> (cf. DozY, l,p. 33i).
^e£V^ hanzçra ï^^mpL»^ désigne la «trachée artère n ; on emploie aussi très fréquemment le pluriel hnâzàr ysJs^. dans ce sens (comp. hlâqom. mnâhâr, etc.). — Ce représentant dialectal de classique ^^^^. est connu avec le même sens à Tlemcen ; chez les ruraux et bédouins d'Oranie et du département d'Alger, le mot désigne le «jabot» des oiseaux (plaine du Cheliff hungra). — A Alger, c'est «rgoilre» (comp. Ben Cheneb, Prov., n° 95oa) ou simplement «pomme d'Adam [l'oqda) proéminente». — Le mot est inconnu à Constantine.
UtÀ^ hentà ou hantà, pi. hentât et hnâte âLà^ ^Ja\J,s^ «corporation»; comp. Arch. Mai:, 11, i3/i et suiv. Sur les hantâ «services» de la cour marocaine, cf. Aubin, Le Maroc d'aujourd'hui, p. 196 et suiv. — Le mot est entièrement inconnu en Algérie. Je ne connais pas son origine. Pour l'établir exactement, c'est sans doute à Fez qu'il faudrait enquê- ter. Il est possible que hantà, hmtâ «corporation» reporte tout simple- ment au classique SW»y «blé»; actuellement ce dernier mot semble inusité dans l'Afrique du Nord ; mais il apparaissait en andalou (cf. Pedro DE Alcala, p. ûao, 1. 19, sub trigo) et le nom de métier hannal. IslX». «vendeur» ou «mesureur de céréales», est encore bien connu au Maroc et dans différentes régions de l'Algérie, hmtâ aurait d'abord dé- signé spécialement la corporation des «vendeurs de blé» qui aujour- ' d'hui même semble jouir à Fez de certains privilèges et avait une importance particulière (cf. Revue du Monde musulman, IX, p. 629, 63o). — Il me parait peu probable que hentâ «corporation» soit un emprunt moderne de l'espagnol ywnto, encore employé dans le sens de «consistoire» par les juifs tangérois.
iiXX^. henka ou hànka SiSj^ , ^p], hànkin on fynâk, «mâchoire, bas des joues». Ailleurs au Maroc, on emploie dans ce sens hank (cf. Fischer, Zum
f
DE TANGER. 271
Wortton, p. 281) comme en Oranie, à Aiger et à Tripoli (cf. Stumme, M.G.T., 8 69, 4); la forme Ynek Ifnak (class. kiLli.) existe dans le Tell et le Sahara algérois comme à Tunis (cf. Stomme, T.G., S ^7, p. 43); à Constantine, hank est généralement employé; mais la forme li"nekse trouve dans l'expression êarb-elh"nék do^ t_>-jo cr action de dire des blagues». La forme J.ll^ (non JtH.) est connue encore au Séné- gal et dans rOmân (cf. Basset, Mission, I, p. 3o6; Reynier, p. 116, Reinhardt, p. 298, 1. 9o). Cf. sur ce mot Ulâd Brâhîm, p. 62, 63. — Jamais hank ou hfnak n'est dans l'Afrique du Nord «palais de la bouche» (non plus que dans la plupart des parlers arabes modernes; on Egypte c'est le mot courant pour «bouchen). — Le pluriel tan- gérois hankîn est une formation analogique d'après les anciens duels devenus pluriels, dans de nombreux dialectes, pour les noms de parties du corps doubles. Il n'est pas usité avec les aflixes personnels; on dit toujours hnâko hnâkëk, jamais *hankçh *hankik.
(J>-^ hànna, fut. ihànni, w teindre de henné» (A^»na=*LL^); dans le sens d'wenduire complètement de henné», il se construit avec un régime di- rect : hànna-lgçuza dialo «11 a recouvert d'une couche de henné sa taba- tière (pour lui donner une belle couleur brun rouge)»; mais dans le sens trde mettre à quelqu'un du henné aux pieds et aux mains», on le construit avec la proposition l (n) : keihàimiu ti'li'rçsa «On teint au henné les pieds et les mains de la mariée». A Tlemcen, Alger et chez les ruraux d'Oranie, on emploie dans ce dernier cas , non pas hànna, mais rbat èlhànna traltacher le henné».
^»A. htûi r'-^^*'' «avoir besoin de» se construit à Tanger comme en Algérie avec un complément direct (comp. Dozr, I, 333). Employé im- personnellement, soit avec un verbe subséquent, soit avec un com- plément précédé de /, il signifie : «être nécessaire»; keilUnz-îs"qsiu ffll est nécessaire qu'ils interrogent»; 'ehtâzli iu-d"lbydl y/td/^ «J'aurai besoin de deux mulets vigoureux»; 'ektâzlç Hhdëm «11 lui faudra tra- vailler». Ce sens et cette construction du verbe se retrouvent dans toute l'Algérie et dans l'Otnân (cf. Reinhardt, p. a46, note 1).
hâza S^\^. : 1° «besoin» : âna f'IliAza fdtk-"lklAh «J'ai besoin de ce livre»; 2° «chose» dans le sens le plus général, comme dans la plupart des parlers modernes. — Le pluriel huàii ^l>^ (diminutif huïzàt) signifie : 1° «besoins»; 9' «objets, ustensiles», surtout «vêtements», comme dans la plupart des parlers et déjà chez les auteurs du moyen
27-2 TEXTES ARABES
iige (cf. Dozv, Noms de vêtement*, p. 3o3, noie i ; SuppL, 1, 333). ' Mais le singulier hâza, pas plus à Tanger qu'en Algérie, ne peut être employé pour dire «un vêtement". — D'autre part la distinction des pluriels cal^L^ «choses» et gl>^ «besoins», connue de l'égyptien (cf. Spitta, Gram., p. i43), n'apparait ni à Tanger ni en Algérie.
V%>-^ Cf. V:>^>.
lay^ Cf. la^t^.
Ùy^ Cf. uLo..
J^Sfc. hâl, fut. j/nï/, «changer», en parlant de la couleur d'une étoffe. Le participe hàil Jol^ signifie «vieux», en parlant des aliments suscep- tibles de conservation (cf. Lerchundi, Voc, p. 665, 666, sub roncio). Suivant Hoest {Nachrichten aus Marôkos. p. 279), âAjI^ se dirait de la laine vieille de deux ou trois ans. Chez les ruraux d'Oranie, hàil signifie «très vieux» en parlant de tous les objets matériels; à Nedro- ma, cette épithète ne s'applique qu'au beurre {dhàn) qui a sept ou huit ans d'âge et qui est* très apprécié. — La signification très clas- sique de hàil «âgé d'un an», donnée par Lerchundi (Foc, p, 88, sub anejo), m'est inconnue à Tanger. — Cf. infra, p. ioo, sub <^.s*.
hauli, pi. huàla Jy^, <JI>a^ est le mot le plus usité à Tanger pour dire «mouton». Le mot est aussi connu à Tlemcen. Dans diverses régions du Tell oranais hauli est, conformément au sens étymologique , «mouton d'un an» (comp. en libyque Hartmann, Libysche Wûsle, p. i^d; et pour l'Arabie du Nord, Jaussen, CotUumns de Moab, p. 373); dans d'autres parlers de l'Oranie, hauli est «mâle de race caprine ou ovine», et on distingue hâuli nlâ''f-y'lém et hâuli ntâ"i-''m>çz. — Dans tout le Tell et le Sahara algérois hauli est «chevreau» (cf. Ob- servations sur Beaussier, p. 496), et en Tunisie, on emploie parfois le mot dans le sens de «poulain» comme au Sénégal (cf. Reynier , p. i38; Fr. Marie-Bernard, p. 60; comp. Socin, Diwàn aus Cenlral- arabien, 111, 969). Le mot apparaît dans l'Iraq avec le sens de «veau» (cf. Weissbach, la,, p. 137, 1. 8). — Mentionnons enfin qu'on appelle parfois par manière de plaisanterie à Tanger les «rats», "Ihuàla d''lmtàher «moutons de latrines».
fliâl Jl-^i est le mot habituel à Tanger pour «comme» ; IiImI Jla? n'y est pas usuel , tandis qu'il est courant dans d'autres dialectes maro- cains (aussi maltais phal; aussi andalou : fréquent ap. L Gvzmân;
DE TANGER. 273
Pedro DE Alcala, p, 179, trcomo^ bahâl; Vocabulista, p. 079, Jlas- ffsicutn; aussi au Sénégal, cf. Basset, Mission,!, p. S92). Les dialectes du Sud marocain paraissent employer de préférence kibhâl ( jL^uLj5) qui est aussi très usité à Alger (par ex. Houwâra, p. 96, 1. 11; p. 69, 1. 17; p. 66 ,1. 3o; etc.).
shâl, cf. J^.
hauual, pi. huâuûl Jl>^, Jj'>^ «perche avec laquelle on retourne le pain dans le four?? ; comp. LEncncuDi, Foc, p. ûi 1, sub horno; p. 575, sub pala. Le mot n'est connu en Algérie qu'à Tlemcen où l'on emploie le verbe houuol pour tr retourner le pain avec le houuâlv.
r-^^ hauma, pi. haunuil el h'uom JU^^. «quartier d'une villen; ce sens se reirouve dans toute l'Algérie et à Tunis (cf. Stumme, T.G., S 98); Dozr donne ce sens comme déjà ancien dans le Maghreb et en Anda- lousie (I, p. 349), et d'autre part, on Orient, encore que les lexico- graphes classiques ne l'aient pas enregistré, il apparaît dans Harïrï, Maqâmât, I, p. 1 5, 1. 1 : f\*ljo caLtoj.»., glosé par E§-Sarï§ï , par I^jL^jé.; cf. Gloss. Geogr., IV, p. 991.
(^_^^. hauua (ii* forme) construit avec un régime direct : «avoir des rap- ports sexuels avec»; ce verbe est toujours employé dans ce sens à la II" forme à Tanger, comme à Tlemcen, à Nodro a. A Constanline, on l'emploie à Ja 1" forme, huâ, fut. ùVmi, comme dans certains dia- lectes marocains (cf. DoniTÉ, Meifâkach, p. 161 , n. 1; Houwâra, p. 61 , note ez; Stumme, T.G., p. i63). Euphémisme à l'origine, le mot est aujourd'hui devenu bas et grossier, et on l'évite avec des interlocu- teurs auxquels on doit quelque respect (cf. Th. Nôldeke Oriental. Sludicn, I, p. 499; Landberg, DaOîiia, p. ii3o). — huâ est «coïN à Tlemcen , tandis qu'à Tanger on dit li"uâia.
jASk liàiz jjL». (m* forme do y/ j-j^) «acculer, resserrer à l'ér^rtn serait ))eu employé à Tanger, et n'apparaîtrait guère qu'au participe mhâiz .racculén. Los racines \/j!~^ '"ty^^^' pa''t''^"*^rofïit confondues dans la langue ancienne le sont aussi aujourd'hui dans l'Africpie du Nord et dans les dialectes du Sud de l'Arabie (cf. Landrero,, DaO'inn, p. 600); ainsi hâz ihilz «mettre à part des objets qui vous appartiennent en propre» dans la plupart des parlers algériens; mais, dans le Sud algé- rois, hâz ihfz. hàiëz (m' forme) n'apparaît en Algérie, à ma con- naissance, que dans le Sud algérois; il y a le sens de «chercher à
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cerner» et 8*'y distingue de hàuuz (tchasser, éloigner» (cf. Beaussirr, p. i/i6).
^i*-fc hait, pi. At^( la^, l9>«a>; telle est la forme de ce représentant du classique laSL^ à Tanger, comme à Tlemcen, Constantine, Sfax (cf. Narbeshuber , n" 6), chez les ruraux et bédouins d'Algérie et en maltais (Falzon, p. 109); tandis qu'ailleurs au Maroc, comme en Hadra- mout (avec un autre sens), en Egypte, en Palestine, à Tripoli, à Tunis, et, en Algérie, à Alger et au Souf, on a hçt (cf. Fischer, Mar. Sprichw. , p. 33, 1. 3; Lamdberg, Hadvamout, p. 437, 1. 2; Spitta , Gram. , p. 45; Bauer, Pa/. i4r., p. 63: Stcmme, T.G., p. In; M.G.r.,S7i, 6).
v^»A>» hâfa, pi. hj.ëf, «rocher escarpé»; les pluriels cil^.». de LERCuifhDi, (Foc, p. 633, sub precipicio) et <j£\y^ de i'andalou (Dozr, I, p. 338; Pedro de Alcala, p. 3^7, 1. 2, sub pena) ne sont pas usités à Tanger. — Le mot est connu dans toute TOranie dans le sens de «bord d'un préripice», avec le pluriel hâfât.
^^ haiia, pi. ;^tot ( formation analogique) ii^:^, is^^^ rr serpent». En Al- gérie, le mot, avec le pluriel haijfft, est usité dans le sens de «vipère» sur divers points du Tell et du Sahara constanlinois; aussi dans le Nord tunisien. — A Constantine, à Bou-Saàda et probablement ailleurs, il s'applique à tout reptile et insecte venimeux (lo scorpion, par exemple, est haiia). A Alger-juif, ie mot signifie frcancer». — D'autre part haiia m'est inconnu , dans le sens de «serpent» ou d'ff ani- mal venimeux», en Oranie et dans la plus grande partie de la pro- vince d'Alger. «Serpent» dans les parlers de ces régions est seulement h'nçi (à Tlemcen parfois hum). Dans certains parlers marocains, hani est «serpent mâle» (cf. Fischer, Mar. Sprichw., p. 3i); mais à Tanger hani, pi. Aufii, est «lombric» et hania est «ténia» (comp. en maltais IjMnei «ver» ap. Falzon, p. 112).
j-*-^ "fhpàrni j^L-i. ji! = j^Lâ.1 *^ <gl «Qu'est-ce que j'ai donc?». Cette locution s'emploie pour provoquer une explication franche, en présence d'une attitude malveillante qu'on sent, sans en démêler les motifs. Quoique hhâr reporte sûrement à ^Uà>I, pluriel de yî^', le «
DE TANGER.
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de isjlîj apparaît toujours dans cette expression; et il est remarquable ^ qu'à Tlemcen, à Nedroma, à Alger, on dise dans ie même sens ôi- 6m» {(^ 1^')' janaais ai-btia (j, J;!).
'wuàk. hihz j*^ ffpainn, terme générique, est féminin à Tanger comme à Xedroma. — hultza «un pain'5, pi. hubzat. — hàbbâza «bou- langère»; comme ce sont à Tanger exclusivement des femmes qui confectionnent le pain pour la vente, le masculin est inusité; mais comme pluriel de hàbbâza, on emploie parfois le pluriel masculin liàbbâztn à côté de Mbbàzàt.
n»-^ hhot\ on n'emploie guère à Tanger la i" forme de ce verbe dans le sens de «frapper» . alors qu'elle est très usitée dans le Sud maro- cain (cf. Houwâra, p. i5, note g) et dans les parlers ruraux et bé- douins d'Algérie (compris mais peu employé à Tlemcen et non employé à Alger). — La n' forme elle-même est surtout employée au participe : mhàbbpt béddmâiàt, mhàbbot b"lyç» «tout souillé de sang, de boue» (aussi à Tlemcen, mais avec la préposition /«). La v" forme thâbbptfi Tse débattre au milieu (de l'eau, de la bouc, du sang)» est d'un usage courant à Tanger, comme dans la plupart des parlers algériens; a Laghouat dans ce sens thabbâê avec ê.
x*-^ hobbai «Jli. «cacher»; et à la v' forme thobbai «se cacher»; de même à Fez; cf. Kahi>ffmkykr, Texte, p. 17, 1. h. Le mot est in- connu en Algérie où on a hobba et ihnbba dans les parlers de Tlemcen, d'Alger et de Constantine , et lizen thazzen chez les ruraux et bédouins
des provinces d'Oran et d'Alger. — Un renforcement de V W^ en ^r^ ^^^ certain; mais il n'est peut-être pas, malgré l'existence de faits analogues (LÎyî > ^p ap. SociN, Mat:, p. 2 4), proprement dialectal marocain; les lexicographes indigènes signalent anciennement le parallélisme des deux racines l^ et 5^-
lyi (en alternance avec ht, "hl) «sœur» n'apparait (|irom|)loyé avec les afiixes personnels : hli{''lui), hlek {'klek), hio {"hlç), hiù [k'iha "fcta), ^"^na, h''^kum, lilum {^litum, h^thim). La conscience populaire ne conçoit que diflicilement la notion générale de parenté, saas acception particulière des individus entre lesquels elle existe. L'idée de «sœur» en soi reste à peu près inexprimée; sur interrogation, on obtient "Uigf. (7'»7) ou "l'nht emprunté à la langue littéraire oÀ.ill qui n'apparaissent pas Iréfjuemmcnl dans la langue courante. Lorsque ce mol est mis en rela-
276 TEXTES ARABES
tion d'appartenance avec un nom commun ou un nom propre , il garde Taflixe possessif de la troisième personne : w la sœur de l'enfantn htç d'iiâil; ffla sœur de Fàman hla d'Jâma; cf. Fischer, ap. Z.D.M.G., 1907, p. 178 et suiv., et comp. infra, p. 387, U.. *hâ. — Le pluriel est |ijfô(at (de même à Tlemcen, Nedroma, Alger, Gonstantine) ou hû^. Ce dernier qui signifie en fait (tfrèresTi {cf. infra, p. 987), est de beaucoup le plus employé. Il est le seul possible avec les aflixes personnels. Par exemple pour rendre «Ces deux-là sont sœurs», on dira aussi bien : Mduk-''zzû'' hudlat que: hnduk-''zzû' htU; mais «mes sœurs, sos sœurs», etc., est toujours hilti, hiltç, etc.. jamais huâtâli, hiiâtâlo, etc. De même, en maltais, /mt avec les aflixes est employé aussi bien pour «rsœurs» que pour ff frères» (cf. Falzon, p. 189; Stumme, Ma/t. 5(., p. 20, I. 3i, 82) et en égyptien w/iuât (cf. Spitta, Gram., p. 189). Comme hûti, hûtç signifient aussi «mes frères, ses frères» il est fréquent, quand il peut y avoir confusion dans Tesprit de l'interlocuteur, qu'on spécifie : jiû^t ma (ou lantâjiât = oljLiJilI) trmes frères, des femmes»; lândo ^Idta-dhûtç-nsd «Il a trois frères du sexe féminin», c'est-à-dire «trois sœurs». — Le diminutif */i/i| n'est employé qu'avec les aflixes : hliti, hlUèk, hplç, etc. â-htiti «0 ma chère sœur» est très fréquent dans la bouche des femmes dans le sens de «ma chère amie» (de même hîti, a-hitt-lh''biba des Tlemccniennes ; cf. J.A.. août-septembre igo/i, p. 10^).
«Xà. mhadda ïSji «oreiller» a à Tanger à côté du pluriel mhaddàt le plu- riel mhûid de Tlemcen, d'Alger, de l'andalou (cf. Dialecte de Tlemcen, p. 109; Pedro DE Ai,CALA, p. 99, 1. 35, sub almohada; ap. Voc, à côté de calosjt: et ùSlsi, aussi .jjLia qui est confirmé par Ibn GuzmAn, 9*. l 16).
-«Xài. hdem signifie : 1° «travailler»; c'est le mot commun maghribin dans ce sens (aussi maltais et déjà andalou; cf. Dozy, I, p. 354; et ajouter comme références aux auteurs maghribins du moyen âge, Ma'âlim, IV, p. ko, 1. 9). Ce sens du mot apparaît aussi dans les' parlers de l'Arabie du Sud (cf. Reinhardt, p. 91 , 1. 1; p. 807, 1. 9, 11, i3; Rhodokanakis, Dnfdr, II, p. i5, 16); 9° «être le serviteur religieux d'une zaouïa, d'une lignée de chérifs ou de marabouts»; très courant aussi en Algérie, en Tunisie (déjà ap. Mamlim, IV, p. 986,1 L i3), et se retrouve dans l'Arabie du Sud; cf. Landberg, I>a6tna, p. 455,] 456 , note.
DE TANGER. 277
hàddam -lovi. : i" «laborieuï (adjectif)», pi. hàddàmîn; 3° «ou- vrier» , pi. hàdddma ; 3° ce trnom de métier» sert de participe présent à hdëm dans le parler de Tanger, suivant un processus qui se retrouve pour plusieurs autres verbes (cf. Jjp», ■i^, J^}, qui était déjà anda- iou et se retrouve sporadiquement ailleurs (ainsi en maltais mddçi = (g\.S£. «passant», cf. Stumme, Malt. St., p. 10g, 1. 9, 3). Dans cet em- ploi , le mot a toujours pour pluriel hàddàmîn : zbârtiim hàddatnin rrJe les ai trouvés travaillant». D'autre part, hàddam, dans un emploi très comparable au lammâl (lam) des dialectes syrien, nedj- (lite et égyptien, se place devant un verbe au g;'~»^»* 6t lui donne le sens de «être en train de»; mais à la différence de lammâl, il s'ac- corde toujours en genre et en nombre avec le sujet : uh't^â hàddam kéifûhh «tandis qu'il est entrain de délivrer...» uhûma hàddâmin
]:çih''slo «tandis qu'ils sont en train de laver». ~' ° . . . . „ " '
Mim /»j.x^ «serviteur religieux» a pour pluriel hoddam ^\o<£^,
en fait pluriel de -ijLi. qui est inusité dans ce sens.
hâdëm, pi. hdëm ^<>^, c.xi., diminutif huidma, a, à Tanger comme dans tout le Maghreb, le sens de «négresse» (aussi ap. Falls, Beduinen- lieder der libyscben Wûste, pièce lU, vers 7; pièce 78, vers 8; Hart- mann, L.W., n" ao, vers 1 1), que lui connaissait déjà l'andalou (cf. Ibn (jDZMÂN, p. 8o*, 1. lû; comp. pour le tunisien du moyen âge, Mwâ- litn, m, p. sS, in fine; i/i5, 1. 17); le sens de «domestique femme» est attesté pour ce mot par les lexicograj>hes indigènes; el Landbkrg {Da- 6îna, p. /i56,note) a réuni pour ce sens un certain nombre d'exemples tirés du hadits; comp. Hamâsa d'EL-BcHTual, p. 19H, vers a, 3; et EL-GlHi^, Buhalâ', p. 11, 1. 6 ; p. 1^6,1. 1.
hudmi, pi. hdâma ««o^^, tf^!.xi> «couteau» , est masculin à Tanger comme dan» la plupart des parlers algériens, tandis qu'à Tlemcen il est féminin. Le mot est inconnu à Casablanca (cf. Fischer, Hteb- und Stichwajfen, p. a33); il léserait aussi à Tétouan (Arch. Mai:, VIII, 299, note 5). C'est un des mots caractéristiques du Maghreb. A Tunis, il apparaît sous la forme /if(fmt( assez. rare), et dans la plupart des par- lers algériens c'est le mot habituel pour «couteau». Il était déjà anda- lou (Pedro de Alcala, p. iGi, 1. 33; Voc, p. 397, tf'^i-, pl.tf»ljvi>, et d'après le contexte, probablement [«Ij^jç «avec des couteaux» à lire pour |*tJs^, ap. Ibn GuzmIn, 1 7^ 1. 18). — L'origine même du mot est obscure; on peut songer à classique v/f»'*»»-; on peut songer aussi pour un objet en fer d'usage journalier à une désignation euphémis-
278 TEXTES ARABES
tique à Taide de V/i*"^"^ (comp. Th. Nôldeke Orient. Studien, 1, h3li, 435); on comparera aussi dans le dialecte sud- arabique de DaBîna , JUj^ic trcouteau de cuisine», ap. Landbehg, DaOtna, p. 455, note.
Ty^ hÂrrçi ^r^ • *° «avoir achevé une fois tout le Coran en cours d'étudesT?; il faut peut-être comparer à ^ ris?" cf avoir achevé ses études et passer maître», très courant dans la langue du moyen âge, et sur lequel cf. Geogi: arab., IV, p. a33; 3° (rréciter tout le Coran à l'occa- sion d'une solennité». Le nom d'action est thriza qui signifie : i" «achè- vement des études coraniques; a" «récitation solennelle de tout le Co- ran»; connu aussi à Fez (cf. Gaillard, Une ville de l'Islam, Fez, p. i6a, i63; Aubin, Le Maroc d'aujourd'hui, p. SaS) et on Oranie; inconnu à Alger et Constantinc; comp. Dialecte de Tlemcen, p. 3o6.
(jPj^ horfa, pi. hros et hrâse xo-i., (joC^, (r^U^ '• i° «anneau ou boucle sans ardillon»; a" «large boucle d'oreille» (cf. EIudel, Dictionnaire des bijoux, p. io6, 107); 3° «poignée tressée de la natle»; d" «anneau- lu'urtoir de la porte »; comp. Fischer , Hieb- und Stichwaffen , p. 2 a 6. Cette forme féminine déjà attestée à côté de la forme masculine tj'y^ chez les lexicographes indigènes se retrouve à Tlemcen , où horsa est comme à Tanger «anneau-heurtoir de la porte» (à Alger halqâ comme à Tri- poli halga; Stimme, M.G.T., S lag). Mais chez les bédouins d'Oranie, on a la forme masc. hurs, pi. hras «grande boucle d'oreille» (comp. Delphin, Textes, p. 193, note /io).
0*j^ hrif \J^.y^ , subst. masculin à Tanger comme dans les départements d'Alger et d'Oran ; au contraire , féminin à Constantine (cf. infra , p. 36 a , sub ij»-y<s) : 1° «automne»; a° «fruits frais», collectif opposé affikia «fruits secs»; dans les départements d'Alger et d'Oran, hrtfnest usité que dans le sens de «récolte des fruits d'automne » ; comp. Beaussier, p. i64.
(jjwàfc. a. hrâq «percer de part en part» (par exemple : une montagne en y creusant un tunnel, un ennemi en lui passant le sabre à travers le corps. — /3. hrfg : 1° «faire une déchirure, un accroc; crever (un tambour, une feuille de papier)»; hurga «accroc»; 2" «enfiler un vêtement» (expression péjorative); dans cette acception, le mot n'est connu en Algérie qu'à Nedroma ; mais à Alger, on dit dans le même sens cffcfc, proprement «piquer».
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. ^iÀ. hzgv «rregarder fixementn; très employé dans toute TAfrique du Nord; Tunis hzar (Stumme, T.G., p. 166); TIemcen , Nedroma, tous les ruraux d'Oranie et du département d'Alger hzçr; Alger musulman et Constantine hzâr; Alger juif yzor, avec assimilation de sonorité hz>yz.
(jy^ hztn, pi. hzâin, ^^ j-^ , y^'j^ «magasin, entrepôt», comp. Lerghundi, Foc, p. 63, sub almacén. Le mot, dans ce sens, est inconnu en Oranie (il y signifie ttchose mise en réserve», cf. Delphin, Textes, p. 276 note 1), mais se retrouve dans le Sud algé- rois.
(^'x^ hzà : 1" «être couvert d'opprobre» ; dans ce sens , le verbe n'est em- ployé qu'à la deuxième personne du singulier du parfait, comme formule de malédiction : hzit «Puisses-tu être couvert d'opprobre», et de là : ffPuissé-je ne plus te voir», hztt ^''lâ-sàrfëk-lhânfz «Honte à toi pour tes procédés répugnants». Cette expression doit, je crois, être expli- quée par 00 ji- , emprunté à la langue classique; le caractère d'emprunt apparaîtra clairement si l'on songe que, d'une part, le dialecte ignore, sauf dans des formules conservées ou empruntées, l'emploi optatif du parfait (i^*xU); que, par ailleurs, dialectalement, la deuxième personne singulier du parfait a pour désinence non pas t mais (1. — hzit mënneh «Je suis excédé de toi, disparais à mes yeux !» atteste par sa construc- tion la perte dans la conscience du sujet parlant de la valeur originelle de hzU =-- o^j^ ; hzit uaniàlt = osijJj ov.yi- , formule de malédiction plus forte, également usitée, montre, par lé barbarisme pédant du se- cond terme, le sentiment d'un emprunt à la langue classique; à Al- ger, on dit hzît unidlt, ayant pour équivalent chez les ruraux du Tell algérois hàziqt^ uanàilalpi = xoJj â^jà». — A Constantine, on a dans le même sens hzçit, où la diphtongue, non justifiée étymologique- ment, et exceptionnelle au reste dans le dialecte, prouve aussi la pré- occupation maladroite de s'éloigner du parler courant, et de se rappro- cher d'une prononciation classique. — Notons encore à Tanger içmm&r {"lâ-hzit, mot à mot : «retrousser ses manches pour dire : sois couvert d'opprobre», c'est-à-dire : «injurier sans retenue». — 2° «couvrir d'opprobre et de confusion»; dans ce sens, jizà est le représentant de
la IV* forme Cf. j«a^.
(S'j^i
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280 TEXTES ARABES
J^tMÀ.' hsel« laver» = J-»*ê; cette assimilation de sourdité (y« > /i«) se re- Irouve dans la plupart des dialectes citadins de l'Afrique du Nord, Tunis, Constantinc, Alger, Tiemcen; mais elle n'apparaît pas à ma connais- Himcv. dans les dialectes ruraux et bédouins. Elle existe aussi en syrien, on palestinien et en maltais (cf. Brockelmann, Grundriss, I, p. i6a; E. LiTTMANN, Vollcspoesie, p. i/i, 1. a, a.f.; Bauer, Pal. Ar., p. 943, note i); déjà en andalou; cf. Pedro de Algala, p. 246, 1. 34.
hàiha, pi. lièèh et hàibàt **-û.i. : i* «poutre»; 3° «piège à lapin ou à chacal»; le mot est inconnu en Algérie dans ce dernier sens, avec lequel il a été emprunté par les dialectes berbères du Nord marocain (cf. BiABNAY, ap. R.A., 1910, p. 133, note 1 ).
-ci*^ hiim e.st parfois entendu pour et à cpté de y»îm = |<vi^ «rustre, peu expérimenté» (comp. Hartmann, L.W., p. 189 inmadio); il y a, en contact, assimilation de sourdité rys^-Zii; mais quand le contact cesse , l'assimilation cesse et l'on a , au pluriel , toujours yçima.
^joÀ, hoss, fut. ihgss «faire défaut à, être nécessaire à»; h'xsok ou kfi- hmok «il t'est nécessaire, il te manque» ou, avec un sens affaibli, «il serait désirable pour toi». Jâi-, déjà andalou dans ce sens (Pedro de ALCALA,p. 949,1. 1, fffaltar»; VocabuL, p. 334, sub dejicere), est attesté dans l'arabe maghribin du moyen âge (cf. Dozy, I, p. 375; Mamlim, IV, p. 195,1. 3). C'est un des mots caractéristiques du voca- bulaire maghribin; il se trouve de Tripoli au Sous (Stcmme, T.M.G., p. 79 , 1. 37; M.G.T., S 49, p. 234; Socin, Mar., p. 1 1, note i5; fré- quent ap. Houwâra; aussi passé en chelha; cf. Stumme, Taz., p. 186), et est courant dans tous les pariers algériens. La hassania du Sénégal le coimaît aussi (cf. Reynier, p. 199, 1. 8). Le substantif classique JCoLua^ «manque, pauvreté» montre l'existence, déjà dans la langue ancienne, du sens maghribin de la racine Jâi^. D'autre part, pour certains dérivés modernes de cette racine, il est permis de songer à une confusion avec racine JIà. (ainsi hsës-Ql}"qol «manquant de sens» peut-être = ancien j.^<j*«.à.; cf. Brockelmanis, Giniridriss, p. i55 in fine; Dozy, I, p. 370 j«~^^ «déficit»; Littmann, M. Ar. taies, p. lâg,!. 11, Ji'.À- «ayant en moins»). — L'expression mrt-/io«sofc m/iV« tCssâk de p. 69, 1. 22, est connue des ruraux des provinces d'Alger et d'Oran : hussgk nhàss-hàssgk ûhass-gôlbek (ainsi par exemple chez les Ulâd Brâhîm); c'est surtout une expression de femmes. — Au lieu
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du hgss-ommuâh ffll ne manquerait plus que çaln (mot à mot : «il manque à sa mère») de la langue familière de TIemcen et d'Ora- nie (cf. /. A., juillet- août 190^1, p. 86) qui a des équivalents dans les provinces d'Alger et d'Oran {hâss-"mmû dans la plaine du Chelill; hasi-iemmâh à Alger), on emploie à Tanger mâ-h*sg babah (bâbak, hâbâha) yçr, mot à mot : «il ne manque à son père quen; êuama- h'ss-babdh yer-itârzçm «Oui vraiment! Il ne manquerait plus que ça qu'il remplisse les fonctions d'interprète ! (il en est incapable et la chose est inadmissible)».
j/tf»^ /«âr = class. v-»^ : 1° «perdre» , par exemple au jeu ; 9° «dépenserri . ce deuxième sens se retrouve dans l'Arabie du Nord (Mosil, Arab. Pe- trœa, III, 296,1. 18; Littmann, Mod. Ai: taies, p. 2 5 4, i. 18) et du Sud (cf. Landberg, Dadîna, p. 89Û; 959, note 2; Rhodokanakis, Dofâr, II, p. 16). A TIemcen, à Alger, à Conslantine, le mot signifie «dépen- ser» d'une façon générale, comme à Tanger; chez les ruraux d'Oranie et du Tell algérois, c'est ^dépenser inutilement». Le mot reporte à classique -.«oà.; la prononciation avec s se retrouve à TIemcen, à Alger, à Tunis et à Tripoli (Stumme, T.G., p. 9, .S 8; M.G.T., p. 295, 296) mais non à Gonstantine ni dans la plupart des parlers ruraux et bédouins, hsâr; par contre, dans tous les parlers algériens sans distinction, le représentant de classique ï^L»^ sonne hsàra [h^s^ra) «dommage» (emphase psychologique?).
«*r*>^ hdâr, pi. /i^(Zâr = class. -lii.!, pi. .<a-^ : 1° «verln; 9° «pas cuit», en parlant du pain, des légumes, de la viande; ainsi à TIemcen, Ne- droraa, Alger. Par contre, à Gonstantine et chez la plupart des ruraux, on emploie ce mol en parlant de la viande {bêâr ou àhêàr suivant les dialectes), mais non en parlant du pain.
hâdra «I««à^ est à Tanger «hachîch»; ainsi appelé à cause de sa cou leur verte; le mot n'est pas connu dans ce sens en Algérie; mais il faut y rattacher l'expression hoddôrha «Il a fumé le kif» de Nedroma. A Alger et à TIemcen, hodra désigne «l'absinthe» (aussi à cause de sa couleur verte).
hàddàr ,.^^ «commencer à pousser, en parlant (je la barbe» : [làddro iuârhr) «Ses moustaches ont poussé»; ou «avoir une barbe qui commence à pousser» : hdd-ihâddàr-''iiu^rëb «11 a des moustaches naissantes» ; on emploie parfois dans ce sens, par plaisanterie, l'énigmatique "lyarb hàddàr de p. 67, 1. 4 (cf. aussi tupra, p. 56 , note 1 ) : on
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282 TEXTES ARABES
dit d'un jeune homme qui commence à avoir de la barbe : "lyàrb hàd- dar ia-kçdâr (^La-jj l,)) «Le Maroc est tout vert, grand carcan 1» L'em- ploi du verbe .*a->, dans ce sens se retrouve dans toute l'Algérie avec les deux mômes constructions qu'à Tanger. Chez les bédouins et ruraux généralement hSàr sârbu (,Lài^I xi* forme dialectale): cf. Beaussier, p. 170; Delphin, Textes, p. 260, note 6. L'équivalent de ces expres- sions existe déjà dans la langue classique (cf. E§-Sarïsî sur Maqâma XXXIX, in princ). Il est intéressant qu'à Laghouat on dise dans ce sens, non pas hSàr, mais zrag iârbu «sa moustache bleuit».
>^»Vt^ mohtSf, pi. tnhàty, cillajc; outre les sens de «crochet» et de «ancre» , le mot a aussi à Tanger le sens de «croc-en-jambe» qui se retrouve chez les ruraux du Tell oranais.
\JùÀ. htà «manquer» (ne pas atteindre le but); «manquera» (faire défaut à), construit avec un complément direct; ce verbe a le plus souvent, à Tanger, un futur iêhtà comme à Tlemcen et à Tunis (cf. Stumme, T.G., p. 9o), ce qui autorise à y voir un représentant de ^k^ an- cien. — A Alger, à Constantine et chez les ruraux et bédouins d'Al- gérie, le mot avec ces deux sens et dans divers autres (cf. Beaussier, p. 171) a toujours un futur te/i<f, ce qui autorise à y voir un repré- sentant de LL^I classique; cf. de Goeje, Glossaire du Dtrvân de Moslim, XX; Geogr. arab., IV, p. 227. — ila-htaéi ^^ LL^ IJl «si on en excepte» reste invariable : «excepté elle» Ua-htâii hçia; «excepté nous» ila-htâse-hnâ. — A Tlemcen, on dit dans le même sens ila-htat-mën (avec toujours le féminin dans le sens impersonnel) : «excepté nous» ila- htat-mënna; «excepté Ben /Alî» tla-htât mën-bçn-i'lî ; comp. aussi le mhali de Houwâra, p. 68, note fp.
hâltâ : 1° «faire manquer un but à quelqu'un»; a" «négliger, man- quer à l'accomplissement d'un devoir»; k$ihàfte-dgâma!-b''zzâf «Il manque beaucoup l'école»; /o'mrp ma-kêïhàtle-sslâ «Il ne manque jamais de faire la prière» ; inconnu dans ce sens en Algérie.
f^À. muhfiia, pi. mhàji * . i.si , jli; «jatte profonde en poterie ou en mé- tal émaillé(M()rqiâ)»; le mot était andalou (cf. DozY, I,p. 387;EGuiLAzy Yanccas, p. 282, almofia), se trouve en maltais (cf. Falzon, p. 266) et apparaît aujourd'hui très localisé un peu partout dans le Maghreb avec des sens divers; à Tunis, «jarre en poterie» (cf. Stumme, T.G., p. 60 in fine); à Alger-juif «lé'yïjj'a «assiette creuse» (inconnu à Aiger-musul-
DK TANCER. 283
man); à Constantine «pot ventru à mettre le beurre». Le' mot ne m''est pas connu dans la plus grande partie du Sahara et du Tell algérois; mais à Teniet el-hadd, il se retrouve , et désigne une «coupe en terre munie d'unpiedn. A Tlemcen et dans une grande partie de l'Oranie, le mot est inconnu; mais chez certains ruraux du Tell oranais (par exemple Ulâd Brâhïm) et chez les nomades du Sud oranais (Hameiiân, >"^mïir, etc.), mohfha désigne un «plat enboisn, plus petit et un peu plus pro- fond que la gosm.
(jaXi. Ida? (jsS*^ «ça suffit, en voilà assez!» Quoique le mot soit pro- prement un substantif, son emploi comme interjection impérative lui a fait donner une construction verbale , avec les pronoms aflixes ; et c'est ainsi que le pronom de la première personne singulier prend toujours avec lui le n de JyLSj : hlasni «ça me suffit» (et non hla^e), hlàsgk, hlaso, etc. Ce sens et cet emploi du mot ne sont pas connus en Al- gérie; d'autre part, avec ie sens de trau plus haut point», et, avec la négation, «absolument pas» [mâ-iehdémi hUh «il ne travaille pas du tout») qui apparaît dans nombre de parlors algériens, le mot n'est pas employé à Tanger.
uAik. hlot «arriver à un endroit» se construit généralement avec la pré- position l (n); «survenir auprès de quelqu'un» se construit générale- ment avec la préposition /"/«; cependant dans le premier sens aussi, la construction avec l'iâ est possible. En Algérie, le mot, très courant dans les dialectes ruraux et bédouins où il se construit avec l'ià, est compris mais peu usité à Tlemcen et encore moins usité à Alger. C'est un des mots caractéristiques des parlers maghribins, connu de Tunis (cf. Stumme, T.G., p. loi; construit avec '"là, T.M G., p. 65, 1. 33; avec l,p. lia, l. io;avec quddâm, p. 76, 1. Sa), au Sous (par exemple Houwâra, p. 64, 1. 96; p. 66, 1. 3); il faut naturellement comparer au classique lajli».
v-AAà. hdlja, pi. hàlfàt âjLU> , caLjLU. «pas»; llgi^a qui est seul connu dans ce sens dus dialectes algériens est inusité à Tanger.
hàllëf : 1° «faire un pas»; inconnu en Algérie; a° «enjamber», con- struit avec l'iâ; dans cette acception, le mot est connu à Nedroma; et à Tlemcen et Alger on emploie dans ce sens hâlef (cf. Beaussiek, p. 180). Les ruraux et les bédouins disent seulement ihànà et tthà{{à (cf. Ulâd Brâlitm, p. 109); à Tunis on dit /a/i/wi. On corn-
28A TEXTES ARABES
parera à Mllëf trcnjamber» du tangérois i'andalou uU-i- «traverser (la mer, une rivière)?;, proprement «laisser derrière soin; cf. Dozy, I, 395-, et comp. l'éthiopien »tAA-
/il/â/" ou plus fréquemment ni^»-/ip/â/' «excepté, hormisn ; à côté de ces formes influencées par la langue classique (c^^^ ^J^) apparaît la forme vraiment vulgaire m'^-hlâf; c'est aussi la seule qui existe dans les dialectes de l'Ouest algérien (à Nedroma, mghlâf); ces expressions sont connues mais assez peu employées dans la province de Constantine et chez les ruraux de la province d'Alger; à Alger on emploie de pré- férence bglilàf; cf. Beaussier, p. 181; comp. à Tunis htihûlâf, ap. Stumme, T.G., Si 67; aussi en maltais, liliçf ap. Falzon, p. i36; Stcmhe, Malt. St. , p. i3, I. 7, 1. t8;en Egypte, bihilâf ou hilàf, ap. Spiro, Voc, p. 180; Pbûfer, j4egj/pt. Schattempiel , Tp. 5o, 1. i5. — A Tanger, ni'n -hlàf peut se construire avec les affixes personnels et l'affixede la première personne du singulier prend fréquemment , après rri'n-hlàf, le n de Jy^j : m"n-hlâfni, ou nCn-hlâfni-^àna ; mèn-hlâfëk ou m'ra-Wâ/fc'nlm «excepté toi» ; mais, le plus souvent, m'a-t-il semblé, on emploie après in''n-hlâf les pronoms indépendants : nCn-hlàf-âna , nCn-hlâf-ntin , etc.
(y^ hloq : 1" «créer»; 2° «naître»; dans ce sens, le mot se retrouve dans le Sud marocain {Houwâra, p. 6/i, 1. 3) et au Sénégal (Basset, Mission, I, p, 282; Retnier, p. 172 in fine), où le participe jJLi- a pris le sens général de «existant; se trouvant» (cf. Reynieb, p. 208, 1. i4; 935, 1. 5, etc.). A Tanger, le participe passif mohlûq est seul employé dans le sens de « né n. hloq «naître» représente sûrement le passif (^li. qui apparaît avec le même sens dans des textes du moyen âge (cf. YiQÛT, IV, p. 482,1. i5; Ma>âlim, III, p. 175, dernière ligne; 178, 1. 1; Maqqarî, I,p. 660, 1. 2 a. /.). — D'autre part, il n'existe plus aujourd'hui, à Tanger, trace de différence de vocali- sation entre les représentants dialectaux de jii- et de vj^^^ ^" contraire, dans l'Arabie du Sud où ,»Xd, apparaît dans le sens de «naître» , il a une vocalisation de passif dialectal huluq (cf. Landberg, Dadîna, p. 77, 1. i5; 4o5 in fine; Stage, p. 22, sub bm-n; Reinhardt, p. i55, 1. 18). En Algérie, le mot n'est guère employé daus le sens de «naître», que dans l'expression melli-hloqt «depuis que je suis né»; à Constantine , le verbe a dans cette expression une vocalisation dialec- tale passive melli hluqt qui s'oppose nettement à la vocalisation active
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de hlâq «créera. Pour Tunis, Stcmme donne, dans un texte poétique, le présent l'wWâç wii naît» {T.M.G., p. 106, 1. 3, a./.).
A^ ham «brut, non travaillé» ne se trouve à Tanger que dans èmâi- àlham «de la cire vierge» (toujours à l'état construit; tandis que ap. FcMEY, Correspondances marocaines, I, p. 83, n" xxxix, -Ul ^f^^\ comp. Stacb, Foc, p. i85, -Li-^i sub raw-VDax)\ la prononciation du mot oscille entre Mm, ham et ham""; à Alger, on prononce hâm dans mmbâr-hâm «ambre vierge» ; et h''rîr-hâm «soie grège» (Alger juif; comp. Dozt et Engelhann, p. i34; à Tripoli kettân-elhâm Stumme, M.G.T., p. 78 1. 6); à TIemren, on prononce toujours liemm dans la seule locution où le mot est employé : sçkkûr- §lhémm «de la cassonade»; comp. aussi en andalou 1^ «crudus», ap. Voca- buliata, p. 32 0. Il n'est pas douteux que le mot représente le per- san -Li- emprunté par la langue ancienne et connu de la plupart des dialectes ( cf. Dozy, I, 4 19; Z.D.M.G., 1896, p. 63); il n'a rien à voir avec V*-^ sur lequel cf. Landberg, Dadlna, p. 1109; Rhodokanakis, Dofdr, II, p. 17.
>^ hmtra Sj^^ç' «levain» qui était déjà classique est seul employé au- jourd'hui à Tanger comme dans toute l'Algérie. «Levain» n'est jamais hmîr; ce mot n'apparaît que dans le dicton "Uier ulhmlr «la grande fortune» que connaissent aussi la plupart des parlers algériens (cf. Journal a»ia<tçue, juillet-août i9o4,p. ii3) et où je vois une transformation, par l'influence de l'initiale du premier terme de la JLa^^ljj» sur l'initiale du second, du classique y^y j-^i. (cf. HAiiinî, MaqânuU, I, p. 199).
(ji*>î^ mhammsa (mham'^sa), pi. mhammsàt i-^ , caL»ï^, est le mol employé à Tanger pour désigner la main porte-bonheur appelée hàmta à Alger, humsa à Constantine, à Tunis (cf. Clermont, U arabe ■parlé tunisien, p. 173 , note 2), et dans les parlers ruraux et bédouins d'Al- gérie, hamxa à Sfax (cf. Narbeshuber, p. 95), f/mîsa à Tlemcen; cf. Egdel, Dictionnaire des bijoux de l'Afrique du Nord, p. 81, Sa; DoiiTTÉ, Magie et religion, p. 320; Seyboli), ap. Z.D.M.G., 1909, p. 36o-36i.
jMJôh. hani «serpillière» ; hania, pi. hnçiii «sac en grosse toile, semblable à la serpillière» (cf. Lehchundi, Foc, p. 713, saco) et plus spéciale-
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ment wsac renfermant la planchette à Coran et les effets de rechange (le l'étudiant», d'où le verbe dénominatif hqnnëi jiJo». amener la vie d'étudiant vagabonda. Le substantif et !e verbe sont passés dans le selha (Stumme, Taz., p. 186, 9 00). Beaussier ne donne pas le mol pour l'Algérie ; fmnsa est cependant connu en Oranie avec le sens de ffsac à livres»; il y est probablement emprunté aux parlers marocains. — Les mots JiJLi., xii.JLi. doivent vraisemblablement être rappor- tés à ji.,>i> , Â.â'i^ ( cf. DozY, I , i 1 6 , 4 1 7 ) qui précisément n'existent pas à Tanger, mais se trouvent dans tous les parlers algériens avec le sens de «serpillière, toile d'emballage».
fji.it...k.<. haniûi, pi. jinâ|"< Ji^AJ^, JLwljL^ «museau, groin» et de là «visage» dans un sens péjoratif; cf. Lerchundi, Foc., p. /io6, sub liocino. Le mot connu dans toute f Algérie existe aussi en berbère (Destaing, Beiii Snous, p. 196 : almnzui; Biarnay, Ouargla, p. 3i3 : ahaniui); comp. aussi jiyiJK' oriental, ap. Dozv, 11, 6/19.
vAiaÀ^ luintàqçra '»-^Lta*à. «magie blanche»; telle est la forme habi- tuelle du mot à Tanger, tandis qu'en Algérie on a généralement ImnqEtçra. A Gonstantine et chez les ruraux du Tell algérois, le mot n'a le plus souvent que le sens affaibli de «ruse». — Il apparaît déjà dans la langue du moyen âge chez El-BCnï (t ôaa), sous la forme ILiyJaJLx^ «formule d'incantation magique» et «cérémonie dans laquelle on récite cette formule»; cf. DoniTÉ, Magie et religion, p. 98 et suiv. Je ne puis le rapprocher que de (^JeJdi calv.JajLU «écriture magique» = Ç>vXa,x~ ri^pta qui a donné dans la langue du moyen âge c:>l^yLjUS; cf. Dozv, 11, 397; Fleischer, Kleinere Schrijîen, II, 73S, 734; Vollers, ap. Z.D.M.G., 1897, P- '^00 ; mais la disparition de ci et l'apparition de h initial font sérieusement difficulté.
hari/çra ïj^jLLi. «museau d'un animal» ; aussi «nez» (sens péjoratif). On emploie surtout dans ce dernier sens le pluriel hnâj&r (aussi dans le Sud marocain et au Sénégal , cf. Houwâra, p. 34, note bz; et Basset, Mission, I , p. 3o9 ; peut-être par analogie avec mnàhâr, cf. infra, p. li'jlt ) ; cf. Beaussier, p. 186, y*-^-^ «narine». Le diminutif /inj/»-a est employé à Tanger dans l'expression dd,hàs ulhmfra ïyJujJL^ j*!,:*.^! qui désigne «la foule compacte». — Chez les ruraux des départements d'Alger et d'Oran, on a hanfra «museau d'un animal» et aussi «visage» (péjo- ratif). Dans la plaine dy Cheliff, jianfra est aussi «une espèce de gros
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chardonn. En Tunisie , ïjjUJLi. apparaît avec le sens de «grosse lèvre» (cf. Z)a/«/, p. AA, -^l).
•À. *hâ Li. ff frère 75 est employé uniquement avec les affîxes personnels {hâi, hâk, hâh, etc.); la conscience populaire ne conçoit que difficile- ment la notion générale de parenté sans acception particulière des indivi- dus entre lesquels la parenté existe : l'idée du tr frère n en soi reste à peu près inexprimable; "Ihû et le frère n ou "l'ah emprunté à la langue litté- raire, qu'on obtient sur interrogation, n'apparaissent pas fréquem- ment dans la langue courante; on ne connaît guère à Tanger le «frère» d'une façon abstraite, mais toujours «ton frère» ou «son frère», etc. : «J'ai un frère» lândi-iMhdrhai (rai un mon frère); «11 n'avait qu'un frère» kân mndo yêr-hâh udhed {l\ avait seulement son frère un unique); de même dans toute l'Algérie et comp. Spitta, Gram., p. 86 in princ. Quand le mot est mis en relation d'apparte- nance avec un nom commun ou un nom propre, il apparaît encore avec l'affixe possessif de la 3' personne suivant la construction étudiée par Fischer, Z.D.M.G., LI, p. 178 etsuiv.: «le frère de Maliboûb» hdh-d'màhbûb ; cf. tup. ULj. — Ces particularités semblent inconnues aux dialectes du Sud marocain où «frère» est hç (cf. Houœâra, p. 70). — Le pluriel à Tanger est hût, avec la série des pronoms affixes hûti, Imlëk, hûtQ, etc. Comme le singulier */i«, le pluriel hût mis en relation d'appartenance avec un nom prend l'alfixe de la troisième personne (hiilo d'mûhhûh «les frères do Maliboùbn); et il se construit dans une fouie d'expressions avec l'affixe personnel : «J'ai trois frères» làiidi tlàla dhûti; «Combien as-tu de frères?» ihdl-iandëk-dhûlëk ? Cependant l'idée générale de «frères» est exprimable dans la langue courante : «Nous sommes de vrais frères» hna-hùt; «11 y avait trois frères» kàni? tln^a d^lhût. — hût a visiblement été tiré des représentants dialectaux de 6^1 munis des afiixes personnels : hûti = ij^l ; hûtëk = iibj-i.t , le 5 de 5^1 n'étant plus senti que comme t par lo sujet parlant : hût se retrouve dans le Sud marocain (cf. Houwàra, p. 76, 1. 1, hûtëk), dans la plupart des dialectes algériens (cf. Observations sur Beaussier, p. /ii 1), à Tripoli (cf. Stlmme, M.G.T., p. lia, 1. ai; p. /i3, I. 3) et au Séné- gal (cf. Heysiek, p. ia4, laS m p-inc.). Le tiemcenien, l'algérois et le dialecte du Souf font exception , l'un avec un pluriel huà {lohua, huàia, huàk); le deuxième avec un pluriel hàua {^Ihàua, mais h]^ici, hifâ-mah- bûb), le troisième avec un pluriel ^uâ (l(}hua, çjf,uti , çhiftëk); les dialectes
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juifs d'Alger et de Tlemcen ont un pluriel huân = (j\f^\ (cf. Dialecte de Tlemcen, p. 962). — Le diminutif est à Tanger *hêi, qui n'est em- ployé au singulier qu'avec les aflîxes hè'ii, hê'{çh;'û représente l'ancien èl qui apparaît sous la forme classique dans l'exclamation de douleur des femmes, lorsqu'elles pleurent la mort d'un proche : a-uhfii «0 mon cher frère !» Le pluriel du diminutif est h^'iàt qui s'emploie très bien avec une valeur absolue, sans allixes personnels: mà-hnâ îllâ-hç'iât «Nous sommes de vrais frères les uns pour les autres». *hêi est fréquem- ment employé dans, le même sens et pour marquer la même nuance d'ironie comique que le français «compère». — Sur ahhài, cf. tupra p. 319.
T-j^ hQuoh ry^' 1° f creuser en grattant avec un instrument pointu» : par exemple, vider une noix ou un gland en n'en laissant que la coque; déboucher un canal obstrué par des dépôts durs; nettoyer les interstices des dents avec le cure-dents (nëbbai). Ce sens se retrouve dans les départements d'Alger et d'Oran ; et des sens voisins de \/^^ apparaissent dans la langue du moyen âge; cf. Dozy, I, 4io, 611, ipé' «devenir creux», ^pa «creux», et Geogr. ar., IV, p. 280. A Tlemcen on emploie dans ce sens hçha ihçhe, part. pass. mhçhe; 2° «troubler l'esprit» ; mhçuhoh «qui a l'esprit troublé» ; comp. Pedro de Alcala, 8ub atreguado, p. 108, I. 1. Le mot est connu dans ce sens à Alger, mais inconnu en Oranie; comp. *l-^j,-^ = jyl chez les lexicographes.
^y^ hûdçh ^à^^ , répété dans une énumération de substantifs ou d'adjec- tifs, «aussi bien. . .que» hûdçk-dl'ssmîd , htidgk-dotthên , hûdik-d''zzrâi «aussi bien de semoule que de farine fine ou de farine de blé». L'im- pératif hûd «prends» Js^ entre sûrement dans la composition de cette particule, qui a des équivalents dans divers dialectes maghribins; ainsi par exemple: hûd. . .hûd sans aflixes, exactement avec le même em- ploi dans le Sud marocain (cf. Socin, Marokho; p. AS, 1. 18); hilSka «combien de» répété dans une énumération, chez les ruraux du Tell algérois : hûSha-ylem hûSha-bgur dôhlu lëxsôg «Combien de moutons, combien de bœufs il est venu au marché ! » ; mâ-hûd . . . mâ-hûd avec les divers pronoms aflixes, «tantôt. . . tantôt. . . » à Tlemcen, et hç^ah. . . hçSah avec le même sens chez les ruraux d'Oranie (cf. Ulâd Brâhîm, p. 196, 197); enfin un équivalent apparaît aussi en hassania; cf. Basset, Mitsion au Sénégal, I, p. 384, làj-i. glosé par *l^*i/.
i
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w^ /igtV n'est pas usité à Tanger comme comparatif «meilleur» , ni comme adverbe «mieux» ; c'est htçn jj^—^l qui est généralement em- ployé dans ces deux sens. Le mot n'est courant dans le dialecte que comme substantif, signifiant «bien» , «bienfaits» et «abondance de fortune». Dans ce dernier sens, le mot a les pluriels hriûr, h-iûràt (pluriel composé marquant une nuance d'emphase) et hpràt : l'tah- allah "Ihçîr ulhriûr «Dieu lui a donné une fortune abondante». On entend aussi parfois tous ces mots avec r emphatique {h°iûr, hriûrat, hçîràl). Les deux premiers de ces pluriels ne me sont pas connus en Al- gérie. Le troisième est connu dans toute l'Afrique du Nord. Il est pris fréquemment dans le sens spécial de «biens de la terre» (comp. Geogr. arab., IV, p. aSi ). Très souvent aussi, on spécifie que ce sont les «biens accordés par Dieu»; ainsi à Tanger: "Ihçtràd-dsîdi-rbbt ; comp. Stumhe, M.T.G., p. 6, 1. 7; J.A., juillet 1904, p. 53, 1. i3. — Dans le sens de «choses douces et agréables» , ^\y^ est très fréquent dans la langue classique de l'éthique, et apparaît déjà dans le Coran (cf. ix, 89). Il est considéré par les lexicographes indigènes comme le pluriel, non de w^, mais de ï^-sà-, ce qui est en fait exact.
/<V^ haiiSm /«L^ avec l'accusatif, «faire à quelqu'un des compliments ironiques et exagérés» ; thaiiêm ("là à la v* forme a le même sens. — Inconnu en Algérie.
ô (J ET i)
cjlà dâha «maintenant». Ce mot , si usité à Tanger, n'apparaît guère dans le Sud marocain, où l'on retrouve les équivalents des dçi-uàq, ^à- ruok, etc. algériens = oJ»p! \à (Socin, Mar., p. aA, I. la, drûq; drûh, p. 3o , 1. 4 ; Houwâra, généralement drog, drok ou drûga, p. 38 , note az; rarement dàba, p. 58, 1. 7; parfois dàba drôg, p. 44, 1. la; des équivalents do drok se retrouvent au Sénégal et dans l'Arabie du Sud; cf. RKYNiER,p. 96; Stack, p. 1 1 5 , sub at once). En Algérie, dàba n'apparaît que dans les parlers juifs de Tlemcen et d'Alger et dans quelques expressions seulement du dialecte arabe de Tlemcen : m/<n- dâba-uùzdid «dorénavant»; mfn-dnba tçl^-tiàm «d'ici à trois (quatre, cinq, etc.) jours». On peut tenir pour à peu près certain qu'il est en marocain un apport andalou (cf. Dozy, I, p. 4 19, i_>!.>; p. 483, tjlj; Fleischkb, A^/et'n. Schriften, II, p. 607, 5o8; chez Ibn GuzmAn,
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où le mot est fréquent, tj\i). Son origine demeure pour moi obscure. L'explication de Hartmann (ap. Zeitschrift f. Assyriologie , XIX, p. 36/i) par *j \i\ est la plus acceptable, sans être cependant en- tièrement satisfaisante.
tiilà dàk, dîk, représentant dli masc. do la langue classique, liLi fémi- nin post-classique, sont employés à Tanger, comme adjectifs démon- stratifs s'appliquant aux objets non rapprochés, indifféremment, sans distinction de genre et de nombre; des deux, c'est dlk qui est le plus courant : dîk-''rrâz{l «cet homme-là», dlk-^lmWà «cette femme-làn , (/?/;- "fTzal ffces hommcs-làn; mais dàk est parfaitement possible dans les trois cas; dûk (plur.) est possible seulement avec un substantif pluriel , et n'est pas en somme très employé. — dâk, dîk, dûk, dans le dialecte , peuvent être suivis non seulement d'un nom pourvu de l'article, mais très fréquemment aussi d'un nom détermine par autre chose que par l'ar- ticle (nom propre, nom à l'état construit, nom pourvu d'affixe person- nel) : dàk-hmêd (fcet Ahmed-là»; dik-hp'na «notre frérot en question»; dûk Tnuâlin-''ddâr «ces maîtres de la maison»; cf. infra p. /i84, sub !J<i6. — dâk, dîk, dûk ne sont jamais pronoms démonstratifs; hadàk, hndîk, hndûk sont seuls possibles dans cet emploi, la distinction des genres et des nombres étant rigoureusement observée : hndak est pour le masculin singulier, hadtk pour le féminin singulier, hàduk pour le pluriel : hndak-''lli-:â «celui-là qui est xenuy); hadik-''lli-Z(jt «celle-là qui est venue» ; hndûk-lli-znu «ceux-là qui sont venus» ; hqdak hotiâ «c'est celui-là»; hàdik-hçià «c'est celle-là»; hdduk-hûma «ce sont ceux-là».
oà Cf. vyÂ-
«jà dbëz (^d'bëz) «bonder; bourrer pour remplir» : uah''-lb"stâm mëd'bûz- b"lflûs «un porte-monnaie bondé d'argent». Ce sens n'apparaît pas, à ma connaissance , en Algérie , oîi du reste la i" forme de ce verbe n'est guère employée; cependant, dans quelques régions du Nord con- stantinois, on connaît d"bez, avec le sens de «donner des coups de poing», qui, dans la plupart des parlers algériens, appartient à la II' forme debbez. Au Sénégal dbez apparaît avec le sens de «battre les céréales» (cf. Reynieb, p. aïo tn fne). — A la vi* forme, tdâhë: {ddçbëz), masdar tdâhiz (c'est-à-dire J-j^Lb par analogie de Jl^ouLs de la II' forme), signifie à Tanger «se battre réciproquement», ou «se dis-
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puter réciproquement 7), ou, construit avec vim, cse baltren ou erse disputer» avec quelqu'un. Ce verbe est très employé à Tlemcen et Ne- droma avec les mêmes sens qu'à Tanger; il est compris mais très peu employé à Alger et Constantine, inusité dans la plupart des parlers du Sud algérois et constantinois; le Maghreb oriental semble l'ignorer. En revanche, il est très courant chez les ruraux du Tell algérois et oranais avec le sens de «se battre (surtout à coups de poing)». Le mot semble bien un dénominatrf du suivant.
débza, pi. d'bèz et dëbzal »jj^ rrpoing; coup de poing», et aussi Tdispute». Le mot esl très répandu avec les sens de tf poing; coup de poing» dans les parlers algériens , même dans certains d'entre eux où ddàbëz n'est pas usité; il est cependant ignoré de divers parlers du Sud algérois et constantinois , et ne semble pas connu non plus du Maghreb oriental. Quel rapport soutient-il avec ^^5^ ? C'est ce qui sera examiné sous ce dernier mot.
dëbbuz et dëbbûza, pi. dbâhëz j^'^s, iy^-S^i , jjLi^ (tbàlon court, terminé par une massue». En Algérie, l'aire d'emploi de ce mot est très vaste mais très discontinue. Il apparaît dans des parlers géogra- ])hiqucment assez éloignés , et manque dans les parlers des régions in- termédiaires. On le trouve dans la plus grande partie du Nord con- stantinois, oîi , parfois, on distingue debbûz «gros bâton» de debbfiza, tf petit casse-tête»; ainsi à Collo, el-Milia, Mila, Guelma, etc. 11 est aussi connu dans la Mitidja; en Oranie, dans les régions de Mazouna, Kelizane, Saint-Denis-du-Sig; mais il est inconnu à la majorité des parlers du Tell oranais et algérois; dans la région de Nedroma, on trouve la forme berbérisée àdëbbîiz avec le sens de «pilon»; aussi en zouaoua adebhîiz «massue». H faut sans doute rattacher à ce mot le dcib- bftza «bouteille» du Maghreb oriental (cf. Stumme, T. G., p. i65; M. G. T., p. 997; connu aussi avec ce sens dans le Nord-Est constanti- nois, mais comme terme d'argot); mais à Tunis, ce nW pas debbûz qui est employé dans le sens de «bâton casse-tête»; c'est debbûs (cf. St(;mhk, t. g., p. 66; pour Souq el-Khemis on ma donne dabbîis «gros bâton», debbmti «petit casse-tête»; cf. toutefois \^i ap. Ma'âlim, IV, p. 989, 1. 5; Bkaiissikii, p. igS); et o-jj^ non enregistré par BEAossiEn se retrouve en Algérie, dans le Sud algérois et constantinois. ^j»^^ est connu dans les dialectes orientaux (cf. Littmann, lieduimnerzak- luufren, II, p. 36; Bauer, Palànt. Arab., p. 6'i , 1. 7; Littmann, Arab. taies, ij»^<> et***^^, p. 179, I. /i; Socm, Dlwân, I, Excurs R, .'i),
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au Sénégal et dans Fintérieur de l'Afrique (cf. Basset, Miaion, 1, p. 288 in fine; Fr. Marie-Bernard, p. 71; Kampffheyer, Studium der ar. Beduinendialekte Innerafrikas , p. 217); il est maltais (Falzon, p. 5o) et élail andalou {Vocabulisla , p. 294, sub clava).
Le mot or^?"* ^'^^^ '® ^^^^ *^*^ «massues appartient au reste à l'arabe ancien (avec le pluriel oLwjj>> , a^p.Ayànî, VI, p. 78, 1. 7, a.f., que me signale Nôldeke). Il figurerait môme, d'après les lexicographes indi- gènes, dans un vers du poète antéislamique Laqït ben ZurIba. Il est passé de l'arabe en éthiopien (J^fl*A, et fr'îO'ft avec diiïérencia- tion de la médiale géminée). Aucune étymologie plausible ne peut l'expliquer à l'intérieur de l'arabe ; et de ce fait , les lexicographes in- digènes le dénoncent comme mot étranger. On l'a expliqué comme un emprunt ancien du turc, osmanli '^)^, djagataï c5)^>>j' «masse d'armes» (cf. Z.D.M.G., 1897, p. 3o6), qui, a une époque récente, a été réem- prunté sous la forme toppûz, avec le même sens, par certains parlers arabes mésopotamiens (cf. Z.D.M.G., 1882, p. 267, 1. 1; dombûz de Oppehheim, Vom Mittelmeer, II, p. io3, s'explique peut-être par une contamination récente par 3>iJ>Ic de (j«>5^ ou mieux du o«<j-»J.> enregistré par Meissner, Neuarab. Gesch., p. 122). Mais la présence de (j«>3» dans un vers antéislamique empêche , comme me le fait observer Nôl- deke, de considérer le mot, sous cette forme, comme un emprunt direct au turc. Peut-être faut-il supposer l'intermédiaire du persan ^j^a qui a la même forme que l'arabe, et le même sens; la vérification de cette hypothèse exigerait la connaissance exacte, qui me manque, de . l'histoire du mot dans les parlers turcs et en iranien. — A propos du maghribin debbûz , il se pose une série d'autres questions auxquelles il n'est pas actuellement facile de répondre. On pourrait admettre , à pre- mière vue , que debbûz offre une forme dialectale ancienne , plus proche de )>J>^ , et que l'existence , dans le Maghreb , d'une variante de o»>?<> avec finale sonore z confirme l'hypothèse de l'étymologie turque pro- posée. Mais les difficultés commencent, lorsque l'on examine les rap- ports de \^i> avec les autres rejetons maghribins de v/j?'* • C'est d'abord le debbûza rr bouteille» du Maghreb oriental qui semble énig- matique. On peut vraisemblablement supposer que cette dénomination a son principe dans un rapprochement (humoristique ?) entre la formo du récipient et la forme de la rmassue»; mais il reste à expliquer pourquoi debbûzçi avec z apparaît au Maghreb précisément dans des parlers où le nom de la massue est debbûs avec s , et non debbûz avec z.
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I^ solution de ce petit problème est sans doute à chercher sur le ter- rain des emprunts interdiaiectaux. Ce n'est, au reste, qu'une hypothèse actuellement invérifiable ; la copénétration ancienne et récente des voca- bulaires , dans les parlers arabes nord-africains se révèle de plus en plus clairement au fur et à mesure que progressent les études de dialecto- logie maghribine; mais l'immense majorité des faits de détail qui en relèvent restent encore à rechercher et à établir. — Les rapports de debbûz tt bâton casse-tête ?? avec debza «poing» ne s'établissent pas non plus nettement. On pourrait cependant admettre que la dénomination de debza a été donnée au «poing fermé» par comparaison avec la «rtéte ronde de la massue» (comp. à l'inverse ïjj^ «poing» servant à caracté- riser la forme de la tête du bâton-massue, ap. Delphin, Textes, p. i3, aote 10; p. ici, note 4); debza maghribin nous offrirait une variante dialectale de Ténigmatique dàba$a «petite massue» de certains parlers orientaux (cf. Socin, Diwân, I, Excur» R, 6; pour l'accentuation du mot, III, S 9Ji/.' est-ce le djagataï <5jl^^?); et ïyj^ serait dans la même relation phonétique vi*-à-vis de iUo^ , que ^y3ù vis-à-vis de (j«<>5.> . — Enfin, il semble très douteux qu'il faille rattacher à une origine commune debbûz , debza et le verbe dbëz. On ne saurait guère considé- rer dbëz comme tiré d'un de ces deux substantifs; d'une part, en effet, il est extrêmement rare que les dialectes maghribins utiUsent la i" forme aux fins de formation dénominative. D'autre part, les sens de dbez, «bonder» en tangérois, «battre les céréales» en hassania (et pré- cisément dans un parler où l'on a debbûs «massue» et non debbûz), n'offrent avec ceux de debbûz et de debza que de lointains rapports. — Je conclurai sous toutes réserves que \Jyi^ «battre, bourrer, fouler» est peut-être un élément ancien du vocabulaire purement arabe, non enre- gistré par les lexicographes (comp. Jo.>, L^, le syrien A^i ap. Dozy, I, p. 4 a /i ; l'andalou ;j?«>, ap. Pedro de Alcala, p. ai4, 1. lo); qu'il n'a rien à voir originairement avec i^^i — *ji^i ni avec ^yfi^> — ^jJ.>; mais que c'est précisément par l'influence contaminante de y'ji^ que o«^t> — iL»o.> , avec « sourd , sont passés dans le Maghreb à ^^^, »j?i>, avec z sonore.
^oi dêblii, pi. dbàl^i ^^'> ^l?^ «large bracelet en métal»; comp. Ler- CHUNDi , \oc. , p. 1 /19 , sub brazalele. Le mot se retrouve en iQ\\}&{ddublii, ap. Stumme, Tazei-w., p. 176). Il représente, avec la dissimilation de sonantes nd>bl, un ^v-'-«->, voisin du ^ù ^^<> attesté dans la
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iangue classique , connu des dialectes orientaux , et aussi du désert de Libye, et de rinlcricnr de l'Afrique (cf. Falls, Beduinenliedei' dcr Libyschen Wûste, pièce 81, vers 7/i; pièce 96, vers 5, etc.; Kampff- MEVEn, ap. Milleil. des Seminars, 1899, II, 2, p. i5a in fine). La forme dissimilée se retrouverait dans le Maghreb oriental; cf. Eudel, Dictionnaire des bijoux, p. hU, hh. Personnellement, le mot ne m'est connu, en Algcrio, que dans le parler du Souf, sous la forme à métathcse mecUez «bracelet en argent». — Il est intéressant de constater que ce vieux mot éthiopien , ayant connu une métathèse à son entrée dans le vocabulaire arabe, n'a pas maintenu sans altération, dans les dialectes modernes, la forme qu'il avait reçue dans la langue classique (cf. Fragnkel, Aram. Fremdw., p. 56; Nôldeke, Neue Beit., p. 53).
i»âk.à mdâhhàm. ^.y^ trexcellent; de première qualité». Ce mot, inconnu aux dialectes algériens, reporte à classique \/(*^ '■> °" entend au reste , avec d = ^ conservé , mdâhhàm à côté de mdahhàm (Lerchundi , Voc. , p. 689 , s\ih primera , primoroso donne a^o^; mais Blanc, ap. Arch. Mar,, XI, p. 455, écrit mdàhhétna). On dit aussi à Tanger dans le même sens trdhêm-''l'dda (expression littéraire) = J>.*i'I j<vasjJl,
^à dçrra, pi. drçr et t/rwr ïCj , ^J^> , ^J^^> : 1° cf chiffon d'étoffe blanche», aussi (rdrapeau blanc qu'on hisse le vendredi au gundàri ( mât du minaret , Alger kundâri)n. Le mot ne se retrouve en Algérie avec le sens de (flambeau d'étoffe» qu'à Nedroma et à Tlemcen. A Fez dçi-ra a le sens de (rmouchoir» (Kampefhbveii, Texte aus Fes, p. 11; Lerchitndi, Vocab., p. 577, sub pano, panuelo). Chez les Khlot, le mot se retrouve sous la forme durva avec le sens de «mouchoir de couleur» {Arch. Mar., IV, p. 81; comp. aussi Budgett Meakin, The Moors , p. 364, dirra «mou- choir de soie et d'or de la mariée»). En Andalousie derre, pi. direr, était «natte» (Pedro de Alcala, p. a46, i. 1); et peut-être le mot a-t-il quelque rapport avec le dorre «drap jaune» signalé par Dozy, Noms de vêtements, p. 17g, note 1. D'autre part, en Algérie, je connais le mot avec le sens de «queue de lézard de sable» dans le Sud algérois, «queue d'oiseau» à Constanline. — 2° «longue parcelle de lerrc, planche mise en culture maraîchère»; ce sens se retrouve en Algérie à Médéa, à Larha des Beni-Moussa (Tell algérois) et probablement ailleurs.
J^j^ dçrhqla xlb.^ «vêlement long (tf//çii ou sglhàm) usé, troué et ra- piécé»; un vêtement court {bëdiêia ou zàbàdçr, c'est-à-dire «gilel» et
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rveste») qui serait dans cet élat ne sérail pas dénommé dçrhâla. Le mot est un des vocables caractéristiques du Maghreb. Il se retrouve du Sous à Tripoli (cf. Houwâra, p. Sa , note bn; Stbmme, M.G.T., p. 67, 1. a6, 28) et aussi en Zenaga avec le sens de «rgilet» (Basset, Mission, I, p. ia3). Le Tâg l'enregistre comme mot populaire avec le sens de rhabit grossier des mendiants» (VII, p. 821 in fine). — En Algérie, on emploie dans plusieurs parlers la forme masculine dçi'bâl (aussi passé sous cette forme en selha, cf. Stummb, Taz., p. 167). Le pluriel drâhël a, à Tanger comme en Algérie, le sens de ^haillons».
mdçrhel Jo,J^* «ren loques (vêtements)»; aussi «habillé de loques».
^;i. Cf. ^^.
cjiji dçrdëh «faire dégringoler une chose»; à la 11" forme ddçrdëb (cj^,jo>) «dégringoler en roulant le long d'une pente»; comp. Ler- CHCNDi, Voc, sub rodar, p. 708. Le mot était déjà andalou avec ce sens (cf. D'ozr, I, ûSa); et ddçrdeb «dégringoler» est connu à Tlemcen; dans le reste de l'Algérie, le mot m'est inconnu avec celte signiGca- tion; mais chez certains ruraux d'Oranie, je connais avec le même sens dqhreb; peut-être peut-on en rapprocher les derba, dderba de divers parlers algériens et du tunisien qui ont des sens voisins de dçrdëb et dd^rdëb tangérois (cf. Beaussier, p. 197; T.M.G., p. 90, n'aa; p. gi, n° 24; certains lexicographes classiques enregistrent Lî,jO' avec la signification de «rouler comme une boule»); comp. aussi le syrien i-»5^^ ap. Z.D.M.G., 1897, p. 189, noie 1. — ddçi-deb est au Souf «être suspendu» ; ailleurs en Algérie, dçi-deh est «trépigner» (cf. Beaussier, p. 197) et aussi «faire la dçrdba en parlant des nègres»; aussi à Tanger dçrdba SLi^à «séance des nègres gn&xiia (cf. twpra, p. ao5) avec danses, chants accompagnés au tambour et aux casta- gnettes en fer». Ce sens du mot se retrouve dans les trois départements d'Algérie; cf. Bel, La population musulmane de Tlemcen, p. i3 et pi. XIII. La dfrdba de Tanger et d'Algérie est probablement à identi- fier avec la yl.>yN«JI ïiiO^:> de Maqqarî II, l=I=, 1. /i ; cf. aussi cliez les lexicographes indigènes t_>lo,^ «bruit du tambour»; et RCzicka, Kon». Dissimilalion , p. lao.
{jfr^^^ dçrd^i «moudre grossièrement» ou «concasser». Le mot est inconnu en Algérie, avec ce sens; c'est deiiei J^-Hù qui y exprime la môme
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idée; il est vraisemblable que dp'dçs offre une contamination de J^-^-in (cf. infra, sub ji>>) par (j«r>> ou par le dialectal sçrrçd qui a à peu près le même sens (r moudre grossièrement ?i.
d^rdûs Jij'i^'i frmaïs (ou orge) grossièrement moulu et non passé au tamis n; inconnu en Algérie. ,
^>à dràz, pi. dràz4t')\^'> «métier à tisser, boutique de tisserand». — dçrrqz, pi. dçrrâzm, )l^'>, {ji')^)'^ «tisserand»; cf. Lerchcndi, Voc, p. 771, sub tejedor; et les détails techniques àeArch.March., II, 98 etsuiv. — L'emploi du mot dràz dans ce sens est géographiquement bien déli- mité; il appartient au Maroc et aux villes de l'Oranie (Tlemcen, Ne- droma, Mazouna); comp. J.A., 190^, p. 52, 1. 11 ; Delphin, Textes, p. 194, note 55. Beaussieu enregistre ^I^^ pour l'Ouest de l'Algérie et le verbe ^j^ que personnellement je n'ai pas entendu employer. — A mon sens, le modeste dràz du Maghreb occidental moderne procède historiquement du^l^ califien, et le premier mot, au point de vue phonétique, n'est qu'une variante dialectale du second. ^1^ désigne en Orient, dès une époque ancienne, une manufacture de tissus de soie, soit pour l'usage particulier des califes , soit pour l'usage de tout le monde (JL2>Ul ')^y^i *iL*JI^I^, cf. Alï Bev Baghat, Les manufactures d'étoffe en Egypte au moyen âge , Le Caire, i9o4; comp. Ibn HaldCn, Prolé- gomènes, II, p. 66 et suiv.; Maqrîzî, Sultans mameluks, IIj, p. ']U et suiv.). Le mot ^l-L? connu en Espagne dans le sens de manufacture royale ou de manufacture privée (cf. Idbîsî, p. 389) pour le tissage de la soie, désigne dans le Qirtâs (éd. Tobnberg, p. 26) un «métier à tisser toute étoffe» . Quant à l'équivalence ^^.i et ^-L? , elle ne fait pas grande difficulté ; il est à présumer qu'à côté de la forme classique '^Jo de cette racine em- pruntée , un ^ ^^ plus proche du mot persan a toujours existé , au moins dans la langue populaire , avec une signification parfois un peu différente ; il est remarquable que les lexicographes arabes connaissent '^^o ^Jo dans le sens de «tisserands et tailleurs» ; cf. Lisân, Tàg et comp. pour la Syrie Alhkvist, Kleine Beitràge zur Lexicographie des Vulgàrarabischen , p. 18. Le même flottement entre v,b et '^^ù apparaît dans les textes maghribins de basse époque ; d'une part le Bustânfi-Sikr el-'auliia bitilim- sân a ^1 Js) «atelier de tisserand» (éd. d'Alger, p. 38, 1. 1 9; p. 89 , 1. 6); d'autre part un monument épigraphique llemcenien du xviii' siècle a '^\^i dans le même sens (cf. Eev. afr., 1861, p. 171); aujourd'hui encore, le berbère des Beni-Snous a adrraz «brodeur (Destaing, Béni
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Snous, p. 187); mais Saluât el-'anfas a ^!^ cr tisserands (III, p. ii3, I. a/i, 95).
ç.>i dra'i subst. masc. : 1° pi. (tj-t'in «bras». La voyelle longue de la forme ancienne pI^3 esl abrégée dans la prononciation courante du dialecte, d'où le pluriel analogique dyi'în qui est dans la même relation vis-à- vis de dra> que r''zlîn (pluriel, ancien duel) vis-à-vis de rigl (cf. ir^ra, p. 309); comp. Dialecte de Tlemcen, p. 59; Fischer, Mai\ Sprtch- wôrter, p. 11 et Aa. D'autre part la forme dra'i à voyelle brève n'appa- rait pas avec les affixes personnels; c'est drà' avec voyelle longue qui est conservé, mais avec le sens de «les deux bras^î {drâ>e «mes bras», dràfç «ses bras», etc.) à moins qu'on ne spécifie qu'il s'agit du bras droit ou du bras gauche : drdiç d'Umin «son bras droit» ; drâm d^iimâl «son bras gauche». — Quant à d'ri'în il est employé : a. dans le sens de «les deux bras d'un individu» ; mais il ne prend jamais les ailixes per- sonnels : ddy^'in-diâlo «ses deux bras», jamais *d''rfêh ; jS. comme pluriel , à l'exclusion de drâ»:«Je n'ai pas trois bras !» ma->dndii tlâtq-ddçri'in; comp. infra, J^^, jj-?*, p. 809 et 899. — Un autre pluriel d(i'>àn, connu dans certains parlers algériens comme dans le Maghreb oriental , n'apparaît à Tanger que dans l'expression miômmâr i''lâ-d''ftânç «ayant retroussé ses manches sur ses bras». — 9° «coudée» (synonyme qàla, comp. Fischer, loc. cit.; Revue africaine, 1861, p. 39 et suiv.; W. Marçais, Musée de Tlemcen, pi. II, 1; Dozv, II, p. 996). Dans ce sens, le mot a un pluriel drû'i, et un duel dyiàin {d^fâi^n) avec la ter- minaison àin (âin çin) qui caractérise les duels des noms de mesure de temps, de monnaie, de longueur, de capacité, de poids dans divers dialectes citadins de l'Afrique du Nord (ainsi à Tlemcen, Rabat, Alger).
]^\^ dçrroq construit avec l'accusatif et m^n : i* «abriter quelqu'un de; dérober quelqu'un à la vue de»; 9" «s'abriter de; se dérober à la vue de». Le verbe dans les dialectes d'Algérie n'a que le sens actif; le sens réfléchi n'existe que pour la v* forme ddçiToq (ddçrfog) qui à Tanger sert à exprimer une nuance un peu difléronle : «cherchera s'abriter».
J>i^^ dçrgël «faire avec les pieds en marchant ou surtout en dansant lourdement un bruit irrégulier»; durg^t/a JU^^^ «toupie lourde et qui tourne mal» ; inconnus en Algérie. Au Souf, dçi-gel est «faire rouler», et dergâla «cerceau d'enfant»; comp. sur jSy,>, Jj,^ «danser», *^'*
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ff sorte de jeu», Tàg, Lisân, Nihâia, s.v.; Z.D.M.G. , 1897, p. 189, note 1. En maltais dii'gla est «r bruit, tumulte n (cf. Falzon, p. 58). Dans le Nord constantinois, dp-gçl apparaît dans l'expression Açrgçlha «Il a fait la noce».
^Oi Cf. (^yi:3M»\ .
(ji> dfiâui ^^U:i> : 1° trdeuxième farine» ; comp. LKRCHCNDi,roc., p. 7^19, sub soma, harina segunda. Après la mouture, on enlève la farine fine [Uhçn-ssâfi) et le gros son ["nnuhhal) et ce qui reste s'appelle d,8âuê; on on fait une sorte de pain qui s'appelle d"mâia [d^màia Jûil^>>). Ce mot est complètement inconnu en Al{jérie. Étymoiogiquement, encore qu'il soit aujourd'hui féminin singulier dans la langue de Tanger, il est vraisemblable qu'il faut y voir un pluriel péjoratif J^Ui de J^'^^ {J^.K&^). De fait d^îm (titsa) est à peu près exactement chez les ruraux d'Oranie ce qu'est dtsàus à Tanger (cf. Delphin, Recueil de textes, traduction Faure-Biguet, p. 61); mais à Tanger, d,«?i (jamais tiua) est tout autre chose, à savoir du grain moulu, non tamisé et non bluté, et accommodé avec de l'eau, du sel et du beurre (comp. Dozy, I, p. 44a).
^à doyri (£yéù crtoul droit» ; cf. Lerchundi, Voc, p. 67/», sub recto. Encore que'le turc c5vc^'> soit pour ce mot, bien connu des dialectes orientaux, la seule étymologie plausible, il demeure surprenant qu'il soit employé dans le Maghreb, de Tripoli au Tazerwalt (Stumme, Taz., p. 176), et que les dialectes sahariens en fassent un usage courant. Le mot est très vraisemblablement bien antérieur dans les parlers maghri- bins à l'arrivée des Turcs à Alger; une fausse connexion établie par la conscience populaire avec \/y^'> (très commun chez les ruraux et bédouins dans le sens de trpousser, piquer avec un bâton, pour faire marcher») lui a peut-être aussi permis de s'acclimater facilement.
^à doyia Lc^ tf immédiatement; promplement» ; comp. Lerchundi, Voc, p. 645, sub prontamente; 479, sub luego; ttn'j, sub inconli- ncnli; Fleischer, Klein. Schriften, 111, p. 43i. Le mol est inconnu aux dialectes algériens ; on le comprend cependant , sans l'employer, à Nedroma.
Oà deff, pi. d/ûf: 1° «tambour de basque carré», comme en Algérie, mais l'objet (et par suite le nom) bien connu dans d'autres régions du
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Maroc (cf. Lkkchundi, Foc, p. 676, sub pandero; Arch. Mar., VllI, p. 190, noie 3; Hoest, Nachrichten, p. 361, écrit vJ»-><â et donne à la planche XXXI n" 6 une reproduction de cet instrument qui ne vaut pas pour l'Algérie; Budgett Meakin, TheMoors, p. 3o3, écrit aussi dîf) n'est pas usuel à Tanger, non plus qu'à Tlemcen; a" abattant du métier à lisser» (cf. Joly, ap. Arch. Mar., XV, p. 106); ce sens, non indiqué par Beaussier, se retrouve dans la plupart des parlers algériens, en maltais (cf. Falzon, p. 5o) et dans les parlers orientaux {Z.D.P.V., VIII, p. 180); 3° dans le dicton de jabd er-Rahmân el-Mezdïib donné plus haut, p. 25, 1. 17, dëff m^ été expliqué par trcoup donné avec la paume de la main ouverte» (contra de Castuies, Gnomes de Sidi Ahd er-Rahman, p. i5); mais le mot n'est pas usité dans ce sens dans la langue courante de Tanger; cf. Stdmme, M.G.T., p. 297; Land- BERG, Hadr., p. /J75.
deffa, pi. dfëf *à:>, vJt»^ trbattant de porte»; le mot se retrouve avec cette signification dans le Sud du Maroc (Socin, Mar., p. 16, note 5a), dans toute l'Algérie et déjà en andalou (cf. Dozy, I, ^77; Eguilaz y Yanguas, Glos., p. 03, adufa; le diminutif Âi-ïi.> ap. Pedro de Algala, p. 359, 1. 93).
v»i dfir, pi. d,y„»in, rrongle» ; je n'ai jamais entendu à Tanger le repré- sentant de classique JLli qu'avec d non emphatique. Le pluriel en in est du à l'influence analogique des anciens duels devenus pluriels pour les noms de parties doubles du corps ; il ne se construit jamais directe- ment avec les affixes personnels : ddl'f^rin dialç trses ongles», et non *d,''f^réh. Au contraire, en maltais, où do/rein s'emploie comme pluriel, la construction directe avec les aflixes personnels est possible (cf. Stumme, Malt. St., p. 5o , I. 34, dofreih trses ongles»).
xià dëjfa' ^^ construit avec la préposition / «viser quelqu'un par une allusion blessante»; inconnu dans ce sens en Algérie.
w
^i doqq «rmanière d'être» (mot à mot : «frappe») : dd6qq-"ttâlbi «la manière de s'y prendre des \o\haf,v -^Jhàl-ddiiqq «comme, du môme type que» (3>^' J^ (j-*) construit avec la préposition d est très courant à Tanger; comparable comme procédé d'expression au ki-iyul «à la façon de» des parlers algériens, et au zet-/;asm de Palestine (cf. Bader, Pal. Aral)., p. iGC, 1. 3). Ce sens et cet emploi de ^3^ sont inconnus eu Algérie.
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dëggàg, pi. dëggâgin ^LS^ (rjoaillier qui fabrique des bijoux d'argent» (synonyme nqairi qui est un JoL»i dialectal tiré de nQqfa; cf. infra, p. 680). Le mot sëiay que Lerchundi donne seul sousjoyero ( èC^s) est actuellement peu usité à Tanger, mais a antérieurement donné son nom à la grande artère centrale de la ville siçtàyën. dëggàg, avec la prononciation de g—^ , est un emprunt aux parlers ruraux ; le mot se re- trouve avec le sens de «joaillier» chez les ruraux et bédouins des dépar- tements d'Alger et de Constantine (cf. Doutté, Texte oranais, note 83); dans le Tell oranais, le mot consacré pour «faire des bijoux» est degg idugg, — Lerchundi (Foc, p. 67, sub alhaja) donne (j^ pour «bijoux d'argent» ; le mot n'est pas usité à Tanger; mais il doit se trouver dans le Sud marocain, puisqu'il est passé précisément avec ce sens dans le berbère de l'Atlas (cf. Boclifa, Textes de l'Atlat marocain, p. 346).
/»Jiâ dqum {tqHm) , pi. (rare) duqmtn, *Sj, (jy-j\> «bouche»; employé k côté de fumm. Le pluriel duqmtn est dû à l'influence analogique des anciens duels de noms de parties du corps doubles, devenus pluriels dans le dialecte; cf. Lerchundi, Voc, p. iliZ, sub boea. Le mot ne m'est pas connu en Algérie; il était courant en andalou (Pedro de Alcala, p. 117, 1. 7 et 8, dûcam et dûqm; Vocabulista, p. 5o5, *J^ sub os; Ibn GuzMiN, 4a\ I. 10; 43*, 1. i4 ; Ibn-'âsim , Hadâiq, cahier 3o, p. 1, 1. 7), et apparaît dans le dialecte de l'Oman avec le sens très proche de «visage» {dqûm, pL daqame, ap. Reinhardt, p. 74, L 3; mais duqmek «ta barbe», p. 996, I. 9). L'identiflcation avec ^^i pro- posée par YoLLERs, Z.D.M.G., 1896, p. 498, me semble peu satis- faisante. — Beaussier donne (p. 2o5) Âf^>> «bavette» qui est peut- être à rapprocher de *3>> «bouche» marocain et andalou.
{^^ dukkâna, pi. dkâkgn, iuL5i> (j5oS «banquette en maçonnerie de pierre ou de brique»; cf. Lerchundi, Voc, p. 63 1, poyo de piedra. Le mot apparaît déjà avec ce sens chez les auteurs du moyen âge (cf. Dozy, I, p. 454); il se trouve à Alger, Tlemcen, Tunis (cf. Stumme, T. G., 8 65); à Laghouat, «banquette en briques crues» et aussi «marche d'es- calier». A Nedroma, dukkâna est «soupente de débarras sous l'escalier»; et à Constantine, «sorte d'alcôve basse dans laquelle on met les provi- sions et sur laquelle on empile les couvertures». — La forme mascu- line yO^, connue de la langue ancienne dans le sens de «estrade» , est donnée par Beaussier comme synonyme de dukkâna (p. 206, yO.> «banc en pierres»). Dans le sens de «boutique» ce mot est inconnu en
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Algérie, à Tunis et dans le Nord marocain; hànût est seul employé (cf. supra p. 269); mais duhkân «boutique» doit se trouver dans le Sud marocain puisqu'il est passé en selha (cf. Stumme, Taz., p. i58, adukkàn (fLadenn); d'autre part il est courant à Tripoli {dukk'ân).
»iUà dlfk : 1° ff masser au bain maure»; aussi dans toute l'Algérie; 9* ff pétrir la pâte»; inusité dans ce sens à Tlemcen et à Alger, mais employé dans le Sud algérois et chez les ruraux d'Oranie (cf. Del- PBiN, Textes, p. 2i3, note 16); nom d'action dlîk.
dflka sS3.> «masse de la pâte qu'on est en train de pétrir».
^à d^lëm «chéne-liège» dans le Nord marocain; comp. Lerchundi, Voc. , p. 5o, sub o/co7'no^«e; MouLiÉRAS, Maroc inconnu, II, p. 870; Arch. Mar., XVII, p. 168; toutefois, à Tétouan, rf/em serait le nom de «l'osier» et du «saule», suivant Arch. Mar., XV, p. i33, note 1. Dans le sens de «platane» que donne Arch. Mar., VIII, p. 3i , n. 1, le mot m'est inconnu ; mais ii est vraisemblable que dlêm représente , avec un de ces changements de signification fréquents dans le vocabulaire bota- nique, le <_J>> classique (cf. Ibn Baitâr, II, 90; Dozr, deléb, dheléh, I, 456 ; pour l-b > l-m, comp. >»J)>> «<; v^j»* î >»V < v!P» ^P* Dozy, I , 477; II, 559); d'iëm est inconnu en Algérie où chéne-liège est J^rnàn.
iji dflla J^ «laisser pendre (des cheveux, le pan d'un vêtement)». C'est l'expression consacrée, comme dans toute l'Algérie, pour «coiffer le capuchon et en abaisser le bord sur le visage» (aussi avec ce sens dans les auteurs maghribins par exemple, Bustân, éd. d'Alger, p. Sa, 1. 6; p. 36, 1. 5). Le participe mdflli a, à la fois, la signification passive et la signification active : ulqhûm-md^llitn ^^(^à^ i^yJLi\y «les capu- chons étant baissés» ; mdçllien-''lqbtU> «ayant baissé leurs capuchons».
(Jj*^ d^lli «de ce que» formé de la préposition dialectale d, et du relatif dialectal "lit : tih^ud-f^qsan dfllt-iahrên-q^fàuàh «étant irrité de re que les autres l'avaient bafoué»; cf. supra, p. 85, 1. 7; complètement inconnu en Algérie; à Tlemcen et Nedroma même où la préposition d {di, ddi) existe, on ne dira dans ce sens que mëlli ou '"l-^lli.
I*â dëmm «sang» = class. -S avec redoublement de m comme dans la plupart des dialectes (cf. Noldeke, Neue Beil., p. 118). Dans nombre de parlers algériens cette trilitarité secondaire est mise en relief par des pluriels dialectaux dmûm (comp. Sogin, Dtwàn aus Cen-
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tralarabien, III, p. 2 65) ou dmûmçit, ce derniet pluriel d'emphase : ffdes flots de sang». A Tanger dmilm et dmûmât ne sont pas courants; dans le même sens emphatique que Talgérien dmûmât , on emploie dmâiàt, inconnu en Algérie, dmâiât, représente vraisemblablement un pluriel de pluriel de *L«|>, qui, lui-môme inusité à Tanger, existait en andalou.
«^ ddëmmëm «se faire humble pour éviter un danger ou obtenir une pro- tection» représente ^^, usité en andalou avec ce sens ou avec des sens voisins (cf. Dozy, I, ^99; Ibn GuzmAn, 18', 1. 6 et 7 gy^j^ «►^.xj); connu aussi en Algérie (bédouins et ruraux êSemmem).
^J^ ddçn, -iddçn «appeler à la prière» représente le classique yil. Le * initial a complètement disparu à Tanger comme à Tlemcen, à Alger, à Constantine et chez la plupart des ruraux du Tell algérois et constan- linois. Dans le Sud constantinois , on a comme à Tunis §SSçn, fut. içSSpi (comp. aussi pour l'Egypte Spitta, Gramm., p. 219, avec une explication peu admissible; Vollers-Bcrkitt, p. 92; en maltais idden, fut. iidden «chanter [en parlant du coq]», ap. Falzon, p. i43); chez les ruraux oranais, «»t(5<îf«, fui. iuuSSçn, comme dans l'Iraq, à Mardin et au Sénégal (cf. Meissner, Gesch. aus dem Iraq, p. i^5; Z.D.M.G., 1889, p. 270, 1. 7 ; 271, 1. 2; Reynier, p. 2/i5, 1. a; p. 25o, 1. 8). A Nedro- ma, on emploie tiudd^n pins que ddçn au parfait, mais iuuddçn moins que ieddçn au futur. A Tétouan, on entend nden avec différenciation de dd^::>nd (comp. LERCHiniM,' Vœ., p. 48 1 , sub llamar). Le futur yj^j était déjà andalou (cf. Vocabulisla, p. 29^1, suh clamare ; Ibn GuzMiN, 91*, 1. i3; 5i°, L 8; Hadâiq, cah. 29, p. 5,1. 8 : 1^^ v*l t-»L4îi yLnjj j.*^iyOs»). — A Tanger, dd^n est non seulement «appeler à la prière», mais «retentir» en parlant de l'appel à la prière : dd'nçt- "U'sâ «L'appel à la prière du soir est fait» ; de même en Algérie pour les divers représentants dialectaux de yiij (comp. Dialecte de Tlemcen, p. 3o3). Cet emploi, qui apparaît chez les auteurs du moyen âge (cf. Ma'àlim, IV, p. 170, 1. 8), a été condanmé par les puristes classiques (cf. Th. Nôldeke Oi'ient. Studien, I, p. 216, 1. 1).
J«X5à dçndûla JUjJo,^ «toute chose qui pend»; à Alger, deldtda qui semble la forme originaire , non dissimilée, du mot (comp. Eudel, Dic- tionnaire des bijoux, p. 67, deldûl «Routes sortes de pendeloques»). Le tripolitain dçndûna «boucle d'oreille en or» (Stumme, M.G.T., p. 297)
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offre une autre variante phonétique du mot. La forme dissimilée J^3 semble prédominer dans ies dialectes (cf. Stuhhe, T.M.G., p. 54, 1. 10; LiTTMANN, Ar. taies, p. 87, 1. 6; p. 96, 1. 7; Z.D.M.G., 1883, p. 21, 1. 12; RûziCKA, Kons. Di&similation , p. /i8; Ilg- Stdmme, n° 57).
^^^ dâh, idûh ^!3, ^jOs» : 1° «avoir levertigen, courant dans ce sens en Algérie; 2* construit avec *"/« tr chercher à circonvenir quelqu'un en lui faisant des flatteries» ; inconnu dans ce sens en Algérie.
cijà dûga, dfiga rr directement » ; à Alger, dans le Tell algérois, dans certains parlers du Sud conslantinois tr tranquillement et sans s'arrètern. A Tlemcen, dans le Tell oranais, à Constantine et dans le Sud algérois, on a gûda gûda dont diiga dûga n'est peut-être qu'une métathèse ; cf. Ulàd Brâhîm, p. 1 84 ; et il faudrait alors rapporter ces expressions à :>^ qui apparaît du reste à Tanger comme dans le Sud marocain (cf. Hou- wâra, p. 47, note dm) dans goud «directement» : l'iâ-gôudo «droit devant lui», '"lâ-ggud- gâma> «tout droit vers la mosquée». Mais d'autres équivalents maghribins de celte expression adverbiale font difficulté; ainsi à Mila (Nord constautinois) gâda gâda, et sporadi- quement dans des régions variées dâga dâga : p. ex. dans le Nord tu- nisien, dans la région de Ain-Bessem (Tell algérois), à Géryville (Sud oranais) et probablement ailleurs. Peut-être y a-t-il eu contamination de i^ par ^jl.> , participe actif de ^>> , qui est connu de divers parlers ruraux et bédouins avec le sens de (rmarcher directement» : rdh dâgg'- Içh «Il est allé droit vers lui.»-
(^^ ddà, fut. 'iddi, «emporter, emmener, enlever» représente <5>l ; mais le * initial a complètement disparue Tanger, comme dans le Sud marocain (cf. Houwâra, p. 99, 1. 90; p. 60, 1. i5) et dans la plus grande partie de l'Algérie. A Tunis, par contre, et dans le Sud constautinois, la voyelle de la première syllabe est conservée au parfait et ne disparait qu'au futur (cf. Stumme, T.G., p. 96; comp. pour les dialectes orien- taux où le verbe a d'autres sens, Vollers-Burkitt, p. g^ in fine; Mbiss- NBR, Gesch. au» dem Iraq, S 78 f; SociN, Ditvân au$ Centralarabien III, S i4o). Le mot est très employé k Tanger, concurremment avec >abba, tandis (ju'à Tlemcen, il est considéré comme rural et complè- tement remplacé par mbla. ddà a sensiblement à Tanger les mêmes sens et le même emploi qu'en Algérie, par exemple : ddcihâli «Il me l'a confisquée» ; </(/â/i -«««"'«« «Le sommeil s'est emparé de lui». Le sens
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de «prendre en mariage», connu de ce verbe dans le Sud marocain, est courant à Tanger (cf. Houwâra, p. aS, note am), mais non celui de «fcoïter avec» (cf. ibid., p. 61, note ez). — Le participe présent est, à Tanger, mMdi, comme à Tunis (cf. Stumme, T.G., p. 96), à Con- stantine et à Tlemcen. A Alger, on entend, à côté de meddi, une forme mâddi visiblement due à l'influence analogique des participes actifs JxU delà première forme; c'est à la même influence qu'il faut attribuer la formation ddûi connue chez les ruraux et bédouins des départements d'Alger et d'Oran (cf. Ulâd Brâhîm, p. 91).
^«Xj^ dîdàn y!oo.>. Ce mot étranger (emprunt ancien au persan) n'a jamais à Tanger le sens de <f habitude». Il signifie, comme aussi en Algérie trforces, bonheur de la jeunesse», et n'apparaît au reste à Tanger, à ma connaissance , que dans l'expression 'sfQy "uddidàn .A<aH yl0s»>>JI> «la jeunesse et sa vigueur».
o3 dftVr ~ji, avec l'aflixe masculin singulier de la troisième personne, signifie r arriver à quelque chose de bien, réussir» : ilâ-ihdëm 'eqdâr- idéirç «S'il travaille, il pourra y arriver»; uollâh 'ômmorkum lâ-dçirlah ffPar Dieu! Vous n'arriverez jamais à rien»; kaddûnn-frçhak-çddçirç (»-5^ï) «Est-ce qu'en toi-même tu t'imaginerais réussir !» — Cette expression énigmatique est inconnue en Algérie.
J
^Jo)^ r&s fftéte» = class. ^yt\^ a le pluriel riûs {rem) qui n'apparaît par ailleurs , à ma connaissance , dans les dialectes maghribins , que dans les parlers juifs d'Alger et de Tlemcen et en maltais; il est possible que cette forme dialectale représente comme le propose Brockelmann une dissi- milation vocalique de rum > ri'ûs'> riûs [riûs) (cf. Grundriss, I, a53 in fine); mais il est possible aussi que nous ayons afl'aire à un Jjji* dialectal (comp. dâr, pi. diçir; rài, pi. riûi). — 11 est remar- quable que ras (ràs) qui est le mot panarabe pour «tète» ne soit pas le plus courant dans ce sens à Constantine; dans le parler de cette ville, le mot habituel pour «tête» est dmây = éL»i>;comp. Kbemer, Beifràge z. arahischen Lexicographie, I, p. Sg; Prûfer, Ein àgypt. Schatten- spiel, p. 64, l. 3; p. 108, 1. Il; et Socin, Divoân aus Centralarabien , m, p. 965.
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ràis, pi. rûiàs joîL, ^_^^) ff capitaine de navire» ou plus modes- tement ff patron de barque» ; comp. Lerghundi , Voc. , p. i o3 , sub arraiz; râis "Zmar«â ^capitaine de port»; cf. i4rcfc. Afar., 1. 1, p. 9 2, a 3. A Alger, le mot a également le sens de «patron de barque» (à l'époque turque, ff capitaine corsaire») et aussi celui de wchef» en général (cf. Beaussier, p. 29 4). — A Constantine, râis est spécialement «patron de four public»; à Tunis, le mot apparaît avec le sens de «chef» et avec les sens spéciaux de «capitaine de navire» et de «chauffeur du bain maure» (cf. Clebmont, L'arabe parlé tunisien, p. 187, note 5; rais oarâis, pi. riâs, riâs, ap. Stummb, [T. M. G,, p. 34, 1. 19; p. 36 . 1. 3o, 1. 34 ). Ce représentant du classique (j--0) a dans presque tous i(!S dialectes une forme à première syllabe longue et à deuxième syllabe brève rôn« ou raiiis (cf. Bbockelmann, Grundriss, I, p. 79; ap. Bustân, éd. d'Alger, dans une poésie d'un auteur du ix* siècle, I4— Sl^j, p. 48, 1. 1; toutefois ap. Landberg, Hadr., p. 494, 1. l'o, reits). Mais à Alger, à côté du pluriel rçiiSs (Alger juif, rç'ias) cor- respondant au tangérois rûiàs ( jUi de Joli dialectal), il existe un plu- riel rësa qui au point de vue de la morphologie du dialecte répond à un singulier rji» inusité (comp. Pedro de Alcala, p. 356, 1. 17, râyç, pi. royaci = «^jj).
^^U rà «voir» est peu usité à Tanger; c'est sâf tiLi qui est le verbe habituel pour «voir». Toutefois rà se rencontre dans certaines expres- sions empruntées à la langiie littéraire (cf. par exemple supra, p. 53, I. 21); aussi comme ^ht ] .s-Sy après sâf : tna-sûft ma-rit «Je n'ai absolument pas vu». — Quant à l'emploi de la particule râ pour indi- quer l'actualité ou l'imminence d'un état ou d'une action, si fréquent dans le Maghreb central et aussi, semble-t-il, dans le Sud marocain, il est à Tanger assez rare (de même à Tunis, cf. Stumhe, T.G., p, t45), et différent au reste de celui que connaissent les parlers algériens ; râ semble , à Tanger, avoir bien conservé , dans la plupart des cas , la signi- fication primitive de «vois; voici que» ; et il a à peu près la même valeur que hà. D'autre part, il apparaît très bien sans la série des pronoms affixes, simplement suivi d'un nom, et invariable, quel que soit le genre ou le nombre de ce nom : râ-nnhâr tlâ' «Voici que le jour est levé»; rd-kirii-m'âmmra «Voici mon ventre plein »; r4-j'"2/» »"|aM «Voici mes pieds fatigués»; râ-ljl(il(s faqqsç «Voilà les poussins éclo»»; uM- ra-zzyaf-prâfQ «s'il avait des poils follets («-«-i)) sur la tête». Cet
TEXTES arabes. 90
mPRlHIRlE NlTIOKiLt.
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emploi de fâ sans pronoms afBxes ne m'est pas connu dans le Tell algé- rien ; mais il se trouve en Libye , et , en Algérie , dans le Sud algérois et peut-être ailleurs; cf. Hartmann, L. W., n" ^5, str. 2, rà-ssôb; Kahpffheyer, Sùdalg. Studien, p. aSo, 1. 12 : fcVdn râ ftha ^ûgrâ «Voilà que j'ai une ampoule forcée au pied». — rârfain, mot à mot «voici où», est le mot habituel à Tanger pour «làn. — Enfin, lorsque la particule râ est suivie des pronoms personnels, c'est généralement des pronoms indépendants {a)na (iâna), n^i, hçua, hçia, etc. , plutôt que de la série des aflîxes ni, k, h {hç), ha {he)\ ainsi : râna (LjI k) majt- nt^r0q b'iydâid «Me voici sur le point d'éclater de dépit»; rd-nti-mqâde «Te voilà à bout»; râ-hna Iflmsakçl-kallâ' 'hç «Nous voici disposés à jouer avec des crocs-en-jambe», etc.
râi (^U «avis, conseil» fait le pluriel rât4| et plus souvent le pluriel analogique nût; gqtâ-rrot, synonyme /|a-n'di (c^lJl j;il) «jouer au donneur de conseils».
Vj r6^6 , pi. rbçibàt lj^\ , diminutif rbîièb t-*lji> , «instrument de musique à boite bombée et oblongue et à deux cordes» ; cf. supra, p. 162, note 1 ; et Brl, Djdzya, p. 94, 96. C'est le rbâb citadin qui a cette forme; mais chez les Sahariens d'Algérie, on trouve un autre rbâb qui con- siste en une petite caisse sonore ronde à laquelle est adapté un long manche. Ce rbçib du Sud algérien est garni d'une seule corde qu'on attaque avec un archet comme celles du rbâb citadin , et son son est tout autre. Les rbâb maghribins sont très différents du rabâb égyptien (cf. Lane, Modem Egyptians, II, p. 71; Viiloteau, ap. Description de l'Kgypte, XIII, p. 353) et de la rbâba des bédouins orientaux (cf. A. Mdsil, Arab. Petrœa, III, p. 286; Littmann, Arab. Beduinen- erzàhlungen, II, p. 3, fig. 1; comp. Oppenheim, Vom Mittelmeei; II, p. 197; sur la rabbàba maltaise qui n'est pas un instrument à cordes, cf. Falzon, p. 355). — Le pluriel iroLi» de Lerchcndi, Voc, p. 663, sub rahel est inusité à Tanger.
rbêibi, pi. rbeibiia, «joueur de rbâbj) était déjà andalou; aussi algé- rien et tunisien (cf. Stumme, T.M.G., p. 66, 1. i4, 26). ^Jb^ donné par Lercuundi {Inc. cit.) dans ce sens n'est pas usité à Tanger.
^^ iâ-râbàh ^\^^, «0 gagnant I» est une exclamation qu'on pousse lors-] qu'on se prépare à entreprendre quelque chose, pour indiquer qu'on le' fait de, bon cœur; de même à Tlemcen et Alger. Bien entendu, il faut en voir l'origine dans la recherche du bon augure. Chez les ruraux
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d'Algérie , on salue volontiers de ià-râboh les gens qui se rendent le matin au marché; les mendiants surtout n'y manquent pas en deman- dant l'aumône (cf. Delpiiin, Recueil de Textes, p. ii5,note i). C'est aussi par w,-rabgh qu'on rappelle, s'il est nécessaire de le faire , un indi- vidu qui s'éloigne et auquel on veut éviter le mauvais augure de la nesm (comp. Delphin, ibid., p. lia, note 6).
mi-îbàh ^y» «heureux coquin!» se dit ironiquement à un enfant ou à un camarade pris en faute et auquel va être infligée une correction ; on comparera au {a-mràbbah de Stomme, M.G.T., p. 34, 1. a. — Au point de vue morphologique, le mot semble un diminutif de ^w*qui n'est pas usité en tangérois , mais qui était andalou et est encore algé- rien avec le sens de «gagnant, prospère» (cf. Pedro de Alcala, p. 283, 1. i; Beadssier, p. 226); la forme de participe passif JyJu» de T^iy 1 avec un sens aciif, s'explique , je crois, comme celle de menhûs «cfiiDieste», par l'influence analogique de yj-ç^ et de [«^-û-» {mlsûm); c'est par une réduction analogique semblable qu'il faut expliquer proba- blement dès la langue ancienne oouL» > ^yu^^ ; comp. aussi djUl» > J^j*^ moderne sous l'influence de yj-»-^; cf. Bbockelmann, Grundris», I,p. 993^ La croyance que le sort de l'homme dépend de puissances occultes peut au reste amener l'expression par des formes verbales du passif des idées de «être heureux» ou «être malheureux».
'^\ ràboz, pi. ruàl/z ;^!r «[wtit soufflet domestique de fabrication eu- ropéenne»; el aussi «soufllct-outre», tandis que le grand soufflet des forgerons est ktr; comp. Lerchundi, Foc, p. 367, svh fuelle ; Arch. Mar., XI, p. 382 note 2. L'aire d'emploi du mot en Algérie est remar- quablement discontinue : dialecte juif de TIemccn; quelques parlers ruraux oranais; majorité des parlers constantinois (avec un verbe dénominatif rçboz); certains parlers des hauts plateaux algérois (avec le sens de soufllet de forge); zouaoua QaràbûzO. Une étude exacte du mot devrait naturellement s'appuyer sur une étude des différents types de soufflets en usage dans l'Afrique du Nord. Une semblable enquête ethnographique n'a pas encore clé faite, quoique A. van Gennep ait récemment réuni sur la que|tion d'importants matériaux. Le mot sou- tient-il quelque rapjiort avec l'énigmatique alcaraviz de Dozy et Kngei,- mann, p. 8^1, EcdiLAz Y Yanguas, p. iSa? C'est ce que je ne décide pas. — A la langue très familière de Tanger appartient l'expression iândék-''irâhÇz ou tiçnë-rrdhçz (esp. tiene «vous avez») «Tu as rai- su.
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son», où ràbçz doit être une déformation plaisante de ràzûn (tiene razon).
20 r/'"'(r'',^"0» pî* rP^' (r.*'*') «quart». D'autre part, le représentant de ^jïl| «moins un quart» (cf. Spitta, Gram., p. Sa 3) est à Tanger llàrçh avec chute du » final , ou même Uàrçi avec réduction du b : sâm- lldrçp «une heure moins un quart», rtâl-làr^b «trois quarts de livré», riâl-larçb «trois francs soixante quinze centimes», et par contre tou- jours sâ'à-urbâ' «une heure un quart», rlâl -urbâ' «une livre un quart», etc. ; comp. Lûderitz , Mar. Sprûchw. , p. 35 , 1. 19; Kampffmeïer , Unter- suchungen iiber den Ton, I, p. 56. — Cette chute du > final se retrouve à Tunis dans la même expression : làrb «moins un quart»; cf. Stdmme, r.C, p. 197 inprinc. — En Algérie, elle n'apparaît, à ma connaissance, qu'à Nedroma, dans le langage des tisserands, pour le mesurage des pièces d'étoffes , et à TIemcen , dans la seule locution rtôt-llârçb. Pour peser la laine filée par les femmes , on se sert dans cette ville d'une balance très primitive dont un des plateaux est chargé de poids en pierre. Ces poids représentent le rtgl d^àzi «livre de tisserand». Lorsque l'aiguille de la balance incline légèrement du côté des poids , on estime que la quantité de laine pesée équivaut à rtôl-llàrçb «trois quarts de livre». Il est possible que llàrob ait été jadis très généra- lement employé à TIemcen et Nedroma dans le sens de «moins un quart»; il aurait cédé le pas au yêr-rb^ai des parlers ruraux voisins, et ne se serait conservé que dans des expressions techniques du voca- bulaire de l'industrie textile.
rçbie, pi. rçb'eiat (^^ «mesure de capacité pour le son et les céréales, égale à un quart de muddn, soit à Tanger 16 htres; cf. Gilles, Le dialecte marocain,^. 6 (Tanger, 1908); comp. pour el- Qsar el-Kbîr, Arch. Mar,, II, p. 1/10; pour le Fahs, ibid., I, p. 93 1. — En Algérie rçb'e, dans la province d'Oran, est l'hectolitre; ailleurs c'est le quart du «â*, c'est-à-dire deux doubles décalitres; cf. Abdeu- RAHMAN Mohammed, Enseignement de l'arabe parlé , 1" période, p. 79; CoHEN-SoLAL, Mots usuels de la langue arabe, p. 126.
làrba't [làrb" a') ; nhâr làrba'* «le merg-edi». Le représentant de »Ij«o^! perd son a final à Tanger, TIemcen, Nedroma (lârbai), Alger-juif (ler- bw) et au Souf où l'on a aussi, à côté de lârba* «mercredi», edOlâO «mar- di» (ainsi tout à fait comme en Egypte, cf. Spitta, Gramm., p. 16a in fine); de même_ aussi au Sénégal ^^i)l -^ (cf. Fr. Marie-Bernabd ,
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p. 161, 1. 5). li faut peut-être rapprocher aussi le ^^ enregistré comme néologisme par les lexicographes {Tâg, V, p. 346, 1. 98; comp. Landberg, Arab., V, p. 190). Je crois, ou bien à la suppression de la ter- minaison féminine dans un mot qui , commun de genre à l'époque clas- sique, est devenu (sous l'influence prépondérante du concept de trjour») uniquement masculin dans les dialectes magliribins, ou bien à l'in- fluence analogique des autres noms des jours de la semaine, dont quatre sur six (»w,»,4! doit être mis à part) n'ont pas la terminaison fé- minine.
mràba' ^Iy« «pâturage d'herbe». C'est un pluriel J^cLL» dont le singulier est inusité à Tanger; le pluriel seul apparaît avec le sens pré- cité. Mais chez les ruraux d'Oranie (par exemple Ulâd Brâhïm), on connaît à m'rçibçt un singulier mërbâ'i ce ancien emplacement de douar laissé en pâturage oîi l'herbe pousse drue».
4_Aj> rçtba et rotba *>j^ «pension donnée à des étudiants» cf. supra, p. 190, note 3. Le mot, bien connu en Oranie, apparaît dans la langue des auteurs maghribins modernes (cf. Bustân, p. 4o, 1. 1).
tnroUëb i-oy» qui est bénéficiaire delà rôtba; cf. Dozr, I, p. 607.
cMo ^^l «pied», pi. f"zlin, diminutif riiiçl, pi. rzilàt, est masculin à Tanger. Lorsqu'on emploie rz^l avec les afiixes personnels, il faut généralement l'entendre dans le sens de «les deux pieds», à moins qu'on ne spécifie qu'il s'agit du pied droit ou du pied gauche : rçilç «ses pieds», rçilç mçsglifn «Ses pieds sont sales» {^j^J^y» au pluriel)» r0ç d^ltmtn «son pied droit», j-''zIq dttimàl «son pied gauche». Cet emploi du mot se retrouve à Nedroma. — D'autre part, à Tanger, film, ancien duel j^^JUL^, est employé : 1° dans le sens de «les deux pieds d'un individu» concurremment avec rz^l, mais il ne prend jamais les affixes personnels rrçzltn-dialç «ses deux pieds» et non rp7p/i comme dans les dialectes algériens: a' comme pluriel à l'exclu- sion de riil : «Le chat à quatre pattes» "IqfU tdndç àrb'"'id-d''p'^zlin. Comp. infra, ^j^, p. 399.
râzfll J>>!^ «homme» a à côté du pluriel rzçil (r non emphatique) un pluriel riûlàt qui est surtout employé par les femmes avec une nuance d'emphase.
J^^) rhfl J->^^ : 1° «déménagement»; aussi en Algérie (chez les nomades : «changement de camp, migration»); a° «bagage trans-
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porté sur des bêtes de somme»; inconnu en Algérie dans ce sens qui était déjà andalou; cf. Dozr, I, p. 517.
^^y rdah; nom d'action rdeh g.>^ «choquer bruyamment» ; le mot serait peu employé à Tanger; il a des sens différents dans les parlers algé- riens : ttécraser en choquant; piler; précipiter à terre»; cf. Beaussier, p. 287 (à Alger juif, «s'affaisser» en parlant d'un terrain =tangéroi8 rzah)', chez les ruraux et bédouins d'Algérie, j'ai toujours entendu rSah (avec S spirant); comp. classiques ^'>yGt '^y
f•i•^ rdëm : 1° «combler» (un puits, un silo); 9" «faire écrouler» (un mur, un las de pierres); 3° «émousser une pointe»; inconnu dans ce sens en Algérie. Passif (viii* forme dialectale) 'ffdëm : 1° «s'écrou- ler»; 9° «s'émousser» (en parlant d'une pointe).
\y rozza 6?, : 1° «gond de la porte»; sens déjà connu de l'andalou et cou- rant dans les dialectes algériens (cf. Dozy,I, 593); dans ce cas le mot a à Tanger le pluriel rzàiz; 9° «turban d'étoffe blanche» (cf. Fischer, Mar. Sprichw. , p. 9 3); dans ce sens le mot a les pluriels rzoz et rozzh. rozza avec cette signification est passé en àelha ( cf. Stcmme , Taz. , p. a 1 6 ). En Algérie, le mot n'est connu que dans l'Ouest de la province d'Oran (Delphin, p. 194, note /i5, le donne comme marocain); il y désigne un turban blanc plus petit que la i'mâma : un simple taloh porte une rozza, un savant porte une '"marna. — Il est remarquable que le Muhtt donne *i/,' dans le sens de 'îy-JJj» (I, p. 778 ; comp. Dozy, Noms de vêtements, p. 188).
ia5C»Mj ruskîtâ, pi. ruskttât SUXwJ «sorte de gâteau sec en couronne fait par les Juifs»; espagnol rosquita; inconnu en Algérie.
J^*ij 1° rsâq «être de bonne humeur» (p. ex. par suite de la gaieté que donne une légère ivresse); riûq «légère ivresse»; rsûq a aussi ce sens à Tlemcen (synonyme nçsua)', et en seiha le mot signifie «joie débor- dante» (cf. Stumme , Taz., p. 9 1 5). râsoq, pi. ràiqên, «de bonne humeur; légèrement ivre»; à Tlemcen, mrëséoq; 2" construit impersonnelle- ment avec l de la personne et '"la de la chose «plaire à» : ma-rsaqliii ncUmèl «Cela ne me disait rien de faire . . . »; plus fréquemment reéqot (avec le féminin dans le sens du neutre) : rçsqoûo iàî-lmsârîa «Il ui a plu d'aller se promener». Cette construction, avec ce sens, existe à Alger et à Tlemcen; enfin à Alger, on entendra couramment : rçiqôtlo be'nt-çlbâi c^LJI o-îj gJ c^Jui. ; ou avec une construction différente : rahe
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râsqa i'iêh dans le sens de «Il est un peu ivre». — Ces divers sens semblent inconnus à Constantine.
^^j rià, fut. Hria, «s'abimer; se pourrir; devenir peu solide» (en parlant du bois, de l'étofle). — ràii, pi. râmn (râsien), trpeu solide; abîmé; pourri». C'est un des mots caractéristiques des parlers maghri- bins. Il est peu probable qu'il faille comme le propose Fumey {Cor- respondances marocaines, I, p. liô) le rapporter à s/c^ùJ; il faut peut- être songer plutôt à une variante Jil^ de jil^ «r faible, maigre, peu solide» enregistré par les lexicographes classiques; pour le parallélisme de ^U et lu, cf. la série d'exemples réunis par Nôldekb, Neue Beit., p. 907 et suiv.
rià, fut. -irii, ff corrompre un fonctionnaire par un pot-de-vin [rçsua)7).
Oi««>^ tçrsef \Ji.i^J> «pavé»; comp. Lerchundi, Foc, p. 10/i, sub arre- cife; ce mot est inconnu en Algérie; cf. sur «JLwo^ «route pavée», Geogr. arab., IV, p. 3/17; et sur Tandalou vJLôj «paver», Dozr, I, 534.
Cj-Jôj rtàh, fém. fthà, pi. rçt^h ou r''tbtn, «doux au toucher, souple, moelleux, tendre» au physique et au moral : du papier bien lisse, un siège moelleux, du cuir souple, une terre friable, un coeur tendre, sont qualifiés de rtàb; mais l'idée d'huraidilé et de fraîcheur que y't-ôs» exprime dans la langue ancienne et aujourd'hui encore, dans les dialectes orientaux est exclue du rtâb marocain et algérien. — Le diminutif est rtçtob , pi. rtethm, qui se retrouve à Alger et à Tlem- cen, et était andalou; cf. P. de Alcala, 3i6, 1. 17. — rfâé a exactement à Tanger la flexion des adjectifs de couleurs et de difformités; et il en va de même des représentants de «^'^^ dans la majorité des parlers ma- ghribins. Cet adjectif de forme exceptionnelle a été ramené à la classe nombreuse des représentants de Juiil. L'influence particulière de J^y^\ auquel , dans le Maghreb , w^« s'oppose exactement comme sens, n'a peut-être pas été étrangère à cette évolution morphologique. En outre il faut remarquer qu'en tangérois et dans la plupart des parlers algé- riens tJJ» ancien (c'estrà-dire jJîi) étant paàsé à rfâb (c'est-à-dire Joii) s'est trouvé phonétiquement confondu avec la nombreuse classe des JJij dialectaux représentants d'anciens JJuil. A Tlemcen et à Nedroma sa flexion est exactement la même qu'à Tanger. Chez les
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ruraux du Teil algérois , du Tell oranais , et dans de nombreux parlera du Nord constantinois on a rtâb, fém. ràtba, pi. rçtb ou rofb; à Alger, Constantlnc, Bône, etc., on a, conformément à la flexion normale des noms de couleurs dans les parlers de ces villes, rfpé, fém. rgtba, pi. rtub. A Tunis, sur quelques points du Sud constantinois, et en mal- tais, où les représentants dialectaux de Jjtiï ont «initial, la même l'éduction analogique a donné artâb, fém. râtba, pl.-rtuJ ou rçfb (cf. Stumme, T.G., p. 80 in fine; Falzon, p. 6). Isolément on trouve dans le Maghreb une autre flexion du mot : ainsi dans certains parlers du Sud oranais : rtàb, fera, ràtba, pi. rfib; dans la plaine de Setif : ^rtpb^, fém. ^rtçbba, pi. 'rtçbbîn; sur divers points du Sud algérois, du Sud constantinois et chez les ruraux du Nord tunisien, on a un masculin singulier rçfb, avec conservation du groupement syllabique ancien, féminin rçtba, sans pluriel, ou avec les pluriels rtub, rçfb, fQtbin, rfib. — r'ttàb (ii* forme) «rendre doux au toucher, souple, moelleux, tendre» au physique et au moral. — rtàb (xi* forme dialectale; cf. Dialecte de Tlemcen, p. 84, 85) «devenir doux, souple, moelleux, tendre».
*— **^J T7?fa> P'- ry^if *^^) ét^i*^ andalou; cf. Dozy, II, p. 538; comp. Lercudndi, Foc, p. 793, sub torta; à Tanger, c'est un « feuilleté fait de bandes de pâte pliées et superposées» qu'on cuit au four du boulanger. Le mot se retrouve avec le sens de «galette de pain» (nom générique ryt/) dans le Nord tunisien; mais il m'est inconnu, en Algérie, dans les provinces d'Alger et d'Oran, sauf à Cherchel oîi il dénomme une sorte de pain d'épice pimenté. Je n'ai jamais constaté dans ce mot à Tanger la réduction ry > 7 que signale Landbebg pour la Syrie {Prov. et Dictons, p. 93 1) ni la métathèse yr qui se trouve en Egypte (cf. Spitta , Gram., p. 4 5o , yarif; par contre , Contes , p. 3 1 , 1. 1 1 ; 39 , 1. a, rayif)\ d'autre part, à Conslantine, on connaît yrâi/" pluriel et collec- tif, nom d'unité qursà-yràif «sortes de crêpes épaisses généralement mangées au miel» (aussi zouaoua 6ayrçf6; c'est le ^ji-? du pays arabe), qui s'explique vraisemblablement par «JLoc^ avec métathèse ry >yr; une étymologie populaire a dû contribuer à ramener ày/<j-^, très vivant dans le dialecte, un vocable de v/'-*^^ complètement isolé.
«Xij 7y??(i «soulever; enlever; contenir»; ce verbe est employé dans ces divers sens à Tanger comme dans les provinces d'Alger et d'Oran, tandis que, dans la province de Constanline, c'est le hazz tunisien, et
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au Souf, le »/a» (ripolitain qui est r soulever?» et aussi remporter» et «contenir» (cf. Stcmme, T.G., p. i8a; pour des exemples de rfai à Tripoli dans les divers sens du ooj de l'Ouest maghribin indiqués par Beacssier, p. 966, cl'. Stumme, M.G.T., p. 5,1. 5; p. 8, 1. 5; p. 9, 1. 18; p. 17, passim; etc.; aussi à Tunis, r/a' ff contenir» ap. Stumme, T.G., p. 166). D'autre part, yû apparaît aussi dans le Sud marocain avec le sens de ff soulever» (cf. Socin, Mar., p. 36. note 73), et rfa> est connu (pas très courant) à Tanger dans le sens de «élever en l'air» (par exemple mpra, p. 96, 1. 9). — i-fèd apparaît à Tanger dans di- verses expressions : rfëd iiddëk «lève tes mains» , tout à fait l'équiva- lent du français populaire «tirez l'échelle»; rfëd rzçl «soulever les pieds de. . . » , c'est-à-dire «vaincre» ; rfëd fâtha «réciter la fàlilia avec les mains élevées» (cf. supra, p. i65, note 3); rfÉdha bèlkà'ba ou hëdgrî, tout à fait équivalent au français populaire «prendre ses jambes à son cou», avec un emploi du pronom féminin Lft dans le sens du neutre, courant en maghribin et sur lequel cf. Landbebg, Proverbes et dictons, p. j65.
(jj rqçuoq, fera, rqçuqa, pi. rqçuqèn, «tout mince», diminutif de ^■^^; aussi à Tlemcen et à Alger, suivant un paradigme 4j-h^ qui est fré- quent pour les diminutifs dan» les dialectes de ces villes: inconnu à Constantine et à Tunis, comme chez les bédouins et ruraux d'Al- gérie.
t-Oj rëggëb; ce représentant de w«j>^ n'apparaît à Tanger, comme dans les dialectes, même citadins, d'Algérie, qu'avec g pour 3; il se con- struit avec l'ia et signifie : 1° «épier, surveiller»; 9° «apparaître de loin, se montrer aux yeux de quelqu'un»; dans ce deuxième sens, il est inconnu en Algérie.
AÏj rçqta, pi. rqâj^t et rqâ'e âjlÏj, ^'-»; : 1° «pièce mise à un vêle- ment»; de même en Algérie; chez les ruraux et les bédouins rçgia, pi. Tgn{q'; 9° «pièce d'étoffe tissée juste de proportions suffisantes
. pour faire un vêlement déterminé {z(Uçh par exemple)»; inconnu dans ce sens en Algérie. — D'autres sens algériens du mot sont inconnus à Tanger, par exemple, celui de «pièce de terre» (cf. Beaussier, p. gSo ; Delphin, Textes, p. 38 in princ.) et celui de «peau de mouton où l'on met la péte à fermenter» (cf. Delphin, ibid., p. 37, note 1; p. i65, note lio).
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caS^ rûkba "unnuss vJLaJ-JI^ Jù5» «tun genou et demin; cf. sur cette ma- nière de s'asseoir, sup'u, p. 196, note 1, et Lerchundi, Foc, p. 729, sub sentarse. En Algérie, on dit dans le Ynême sens rukba unms (uuajj sans l'article); et cette expression est connue dans tout le Nord de l'Afrique et jusqu'en Libye (cf. Hartmann, Libysche Wûste, p. 179 in fine ). D'autre part , EliA Qoudsî , dans sa Notice gur les corporation» de. Damas, p. s5, décrit avec précision, sous le nom de ÂJl5^ vJuoJ , une manière de s'asseoir qui est exactement le oLtaJ^ Ju5^ maghribin.
/j.j7 rhin ou rukna (^\-, SàS^, pi. ryiknat ou rkâni, «rentrant intérieur d'un coinn; de même à Alger (à Tunis terkîna), tandis que qànt (cf. infra, p. 433) peut désigner aussi bien le «rentrant intérieur» que le «saillant extérieur» d'un coin.
OW»^ rhâf tiLâ, «s'amincir»; est aussi employé en Oranie; c'est une xi" forme dialectale de \JsJ^^ .
(jbjij rçda ou plus fréquemment râuda, pi. rifdS,^ ou râudàt, diminutif ruçda [ruçda), n'a pas à Tanger les sens, fréquents ailleurs, de «cime- tière» ou de «monument funéraire» (cf. Dozy, I, p. 670; encore au- jourd'hui dans le Sud marocain «cimetière», cf. Houwâra, p. 46, 1. 19; DouTTK, Merrâkech, p. 3o8, noie i ; Arch. Mar., VII, p. 335, note; aussi en èelha rrôt<Zrr6dt; cf. Stumme, Taz., p. 916). Le mot désigne à Tanger un petit monument commémoratif qu'on élève en l'honneur d'un saint non enterré dans la ville; comp. Arch. Mar., XVII, p. 977 in princ.
f£^^ ruâ, pi. l(ry,tia (je n'ai jamais entendu ce dernier sans l'article), *lj<, iyjrill «écurie»; comp. Lerchundi, Voc, p. i53, sah caballeriza (pi. Xjy^ et <^^.}%)- Le mol se retrouve à Mogador avec le même sens sous la forme eruâ (Socin, Mar., p. 96, 1. 17, 18), tandis que chez les Houuâra et en selha il a d'autres sens : «vestibule, parc à bes- tiaux, aire à battre» (cf. Houwâra, p. 76, note gb; Stumme, Taz., p. 916). Il était déjà andalou (cf. Dozy, I, p. 574) et est connu dans toute l'Algérie. En Oranie, il désigne proprement une «écurie attenant à une maison». A Constantine, il a le sens particulier de «petite pièce servant d'office, pour les légumes, les fruits, le lait». A Nedroma, on emploie parfois le mot, par ironie injurieuse, dans le sens de «syna-
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gogue». — VoLLERS a vu dans *I^r maghribin et andalou un doublet de ^!j_j (cf. Z.D.M.G., 1887, P* 373). Personnellement, je crois que nous avons affaire, soit à une forme dialectale ^55,1 correspondant à hébreu riTlK, soit à un vieux pluriel *l^rl, ou à une métathèse du pluriel connu cfj'^l, ^Ijl, du vieux sémitique ^^). — Les lettrés marocains hésitent sur l'orlhographe du mot : Nasr el-Madànî, I, p. 99 , 1. 9 i , écrit *l^^ , mais Saluât el-'anfâs , II , 2 1 6 , 1. 18, écrit <£)^\ . Il faut noter enfin que rtiâ «r écurie n a toujours dans le Maghreb un r non emphatique. Avec r emphatique, ruâ signifie à Tanger rthu- miditén et à Tlemcen «bouillon à arroser le cousscouss», c'est-à-dire
^y réh «ventn : çrréh trrien du tout»; çrrêhk "lli-lçddt nCn-tàndi! «Oui! Tu n'obtiendras rien du tout de moi !» — Dans le même sens, à Alger : çlh'uâ-uurrêh : rbâfu-mënno yér çlh'ud uurr^fi aJe n'ai rien pu obtenir de lui»; comp. Beaussier, p. 967 : ^Jl |«^, ^yi\ â^^, etc.
kKjj râd, trid «vouloir» = ^1,1, Js!j^; le mot n'est guère employé qu'en parlant de Dieu : r^bbi râd '"lina h'ihëïr «Dieu a voulu pour nous le bien» (ou râd''nna). Par ailleurs, râd n'apparait à ma connaissance que comme ![jÂi2 y-S^ dans habb-ûrâd «aimer et désirer».
(jîo^ t'YiU {t'riii) J^t^.^ «frange effilochëc»; comp. Lerchundi, Foc, p. 358, sub y?eco. Le mot est inconnu en Algérie; mais, chez les ruraux d'Oranie, on appelle bû-^ia «le foulard à franges» (cf. Delphin, Textes, p. 190, n. a3); à Tanger, sëbnîia-dyni q%\, aussi un «mouchoir de soie à franges».
^>^ rîq «salive»; le pluriel J^^ est toujours prononcé à Tanger avec un g pour 3: «des fils de bave» : keilçhçlo-i-riûg «La bave lui tombe de la
. bouche». Il en est de même à Alger; comp. Beaussieh, p. aOi : içlIq- t'ifh riûgç «Sa bave en découle» , c'est-à-dire : «L'eau lui en est venue la bouche».
rçioq : i* «enduire de salive»; a" «déjeuner le malin pour la pre- .mière fois»; nom d'aclioa ffiîqa {syrien tir^iqa); dans ce sens, ce verlie semble un dénominatif de '"l-^rrïq «à jeun» ( Jt'JI J^, aussi algérien et déjà connu de la langue classique); ce serait alors une II* forme dialectale t.JL>U à ajouter à celles signalées par les grammai- riens indigènes (cf. de Sxcr, Gramm. arabe, ï, p. iSa; Nôldeke, Neue lieil., p. 101 et suiv.). — Le verbe est inconnu en Algérie avec ce
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sens. Des équivalents se rencontrent dans les dialectes orientaux; c'est généralement la v* forme jSy^i Oflr" q"i 6st employée (cf. Cuche , Dict. , p. 996, 9 9 6 ; Meissner , Neuar. Gesch. , p. 1 9 5 ; Reinhardt, p. 3 1 8 , 1. 7 ). — A Alger rîigq s'emploie comme terme d'argot dans le sens de tr boire avec excès».
J
^^'■^ zboq «devancer»; à la ti* forme dzâboq {zzâboq) J^tj^ «chercher mutuellement à se devancer». C'est naturellement ^.^.w avec assimila- tion de sonorité »t> zb; on entend aussi sans cette assimilation sbçq, tsâboq, comme en Algérie (bédouins sbeg).
J^\ zbël «ordures ménagères» (zbël doddâr) ou «immondices de la rue» [zbël d'zzànqâ). Le mot ne signifie jamais à Tanger ni «fumier d'en- grais » , ni comme dans certains parlers d'Algérie , du Nord tunisien et au Sénégal, «bouse de vache» (nom d'unité zëbla; cf. Beacssier, p. 903; Retnier, p. i36).
zëbbël construit avec la préposition/ (i) «insulter quelqu'un»; nom d'action d''zbil J>-oyî; inconnu en Algérie.
^]jà^ zdâq : 1° «parvenir à; se trouver; arriver à»; 9° «être d'un bon service, d'un bon usage; réussir»; c'est, je crois, le classique (3.n*ï «tenir sa promesse, faire jusqu'au bout ce qu'on a à faire» , avec l'assi- milation de sonorité «</ > zd, déjà notée comme prononciation dialec- tale par les lexicographes indigènes. — Le mot se retrouve avec les deux acceptions dans les départements d'Alger et d'Oran , mais sous la forme sdâq. A Tlemcen, au cas de contiguïté, sd initial passe à zd : zdâq; mais « est restitué lorsque la contiguïté cesse : sëdqot «elle a^ bien servi». A Tanger, l'assimilation s'est étendue à toute la conju- gaison. A Constantine, dans le Nord constantinois et dans le Nord timisien, sdâq (ruraux sdeg) a conservé le sens de «dire la vérité»; il a aussi le sens de «réussir; être d'un bon service»; mais le sens de «arriver à» est inconnu.
t-fjj Landberg a montré les difficultés qu'on éprouve à fixer le sens pri- mitif de ijjj dans les parlers de l'Arabie méridionale (cf. Dadîna, p. 65o etsuiv.). Ces difficultés se retrouvent pour les représentants maghribins du mot; en outre, dans l'Afrique du Nord, la dualité mor-
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phologique zarb-zrah complique encore la question. Il faudrait, pour la trancher, poursuivre sur le mot une enquête minutieuse dans tous les parlers maghribins; les quelques faits réunis ici n'autorisent que des conclusions provisoires. — Tout d'abord il est certain qu'à Tanger zàrh, T^\. zrçb Qi zrçha , signifie exactement «haie», aussi bien «haie vive» que «haie sèche». On retrouve la même forme (zârb, zorb ou zârb, pi. zrçb, zrôba et zrâb) et le même sens du mot dans des ré- gions très variées de l'Algérie : ainsi à Nedroma, dans l'Est de l'Oranie ( Ammi-Moussa , Mazouna), dans le Tell algérois (plaine du ChelifT, Miliana, Médéa), à Alger, dans une partie du Tell constan- tinois (Colio, Djidjelli, Mila, El-Milia, Guelma), en général, semble- t-il, dans des régions de culture arbustive et maraîchère où l'on clôt les jardins aussi bien de haies vives que de haies sèches. — A Tlem- cen et à Constantine on a avec le même sens zrob (à Tlemcen avec un pluriel assez rare zrçba; à Constantine sans pluriel). — D'autre part, dans la majeure partie du Tell oranais, sur les hauts plateaux, au Sahara, dans la plaine de Sétif, dans l'Est constantinois , on désigne sous le nom de zrob (^zrâb, z'ràb) la masse de broussaillc sèche (jujubier, asperge sauvage, genêt épineux, etc.) qui entoure le jardin rustique, la pièce de terre située au bord d'un chemin, le gourbi, ou protège le bas de la tente ; zrob est dans ce cas un collectif, et n'a pas de pluriel ; il semble bion que ce sens et cet emploi du mot se retrou- vent dans le Sud marocain (cf. Houwàra, p. 5o , 1. i5, 16). — Dans quelques parlers , on emploie à côté du collectif zrob un nom d'unité zorba «une branche de zroi» ; ainsi dans l'Est constantinois, chez les ruraux du Nord tunisien, dans les oasis du Sud constantinois et algé- rois : par exemple aux Ouled Djellâl, à Laghouat, à Ain Madhi, zrâb, collectif masculin singulier, désigne «les branches de jujubier sèches» avec lesquelles on protège le haut des murs de clôture en terre ; nom d'unité zâréo «une branche de jujubier sèche». De ces faits, je con- clurai provisoirement que le sens primitif de vj) est «broussaiile épi- neuse coupée pour faire une clôture». Le sens de «haie» pris par le mot dans certains parlers serait secondaire; d'abord «clôture de bran- ches sèches épineuses» (la plus répandue); puis «toute clôture végé- tale», «haie vive» aussi bien que «haie sèche». — Quant à la forme zrâb, zrob, il faut reconnaître que, phonétiquement, elle est anormale; la présence de r comme consonne médiale aurait justifié, dans la plupart des parlers maghribins, le maintien de la structure syllabique çA (cf>
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Ulâd Brâhîm, p. 63, 63). Je crois qu'il faut expliquer rapparition de zrâb par une analogie morphologique ; le mot a pris la fonne JJii» qui caractérise un grand nombre de collectifs, dont le nom d'unité est ÂLt»; zrâb «de la broussailles, en face de zârba «un brin de brous- saille» , offre la même alternance syllabique que àtâb «des branches sèches» vis-à-vis de sàtba «une branche sèche», «'a/'« des folioles de palmiers vis-à-vis de sw/a «une foliole de palmier», s'reb «des épines de palmier» en face de sçrha (rune éçàne de palmier».
zreb «se dépêcher». Ce verbe, très courant à Tanger (cf. Fischer, Marok. 5|>ricAtp., p. 87; comp. Lekchcndi, Voc, 376, sub dêtpmehar), est inusité en Oranie, où l'on emploie yâuol ou l'zem; il n'est pas non plus connu à Alger, où l'on emploie surtout hoff (aussi à Tanger bvff-Y'^^^^ «dépêche-toi»), ni dans le Sud algérois, où l'on exprime les différents degrés de l'idée de «précipitation» par les verbes ysob, éàugt, è0r, sâSêof. Par contre, à Constantine, zreb est le verbe habituel pour «se dépêcher» et le mot est aussi connu à Tunis (cf. Clermom, L'arabe parlé tunisien, p. 181, note 1). — L'adjectif zfrtôw yb»; «qui se dé- pêche», très usuel à Tanger, est connu dans la province de Constan- tine; d'autre part, le participe passif mèzrûb «pressé» est employé un peu partout, même là où zreb est inusité. — hèzzgrba J^yJ^ «en toute hâte» (cf. Lerchdndi, Voc., p. 6/17, sub prontamente) est courant dans la province de Constantine comme à Tanger. — Au Maroc, cj;)» «se presser» , est passé en selha (cf. Stcmue, Taz., p. a/ja ); et en Tunisie dans le berbère de Sened (cf. Pbovotelle, Sened, p. 109).
zârbiia, pi. zrabi JL^y^ , jj^^ «tapis». Ce vieux mot arabe (cf. Coran, Lxxxviii, 16; Nihâia, 11, la/i; Fraenkel, Aram. Fremdwôrter, p. 9a; NÔLDEKE, Neue Beit., p. 53) appartient aujourd'hui à tous les dialectes maghribins, tandis que les dialectes orientaux (et aussi l'andalou) semblent l'avoir perdu. Chez les ruraux et bédouins algériens, on a le pluriel zrâba (aussi au Sénégal, cf. Fr. Majue-Bernard , p. 197), soit seul, soit à côté de zrâbi. Le diminutif est à Tanger zréhïia, comme à Alger et à Constantine â^,!;) ; à TIemcen zrêbia,
ày zçrda, pi. zrâdi »^^^ , «S'il^) «régal», et particulièrement «festin offert aux tolbas» ; comp. Doutté ap. Recueil de mémoires de l'Ecole des Lettres d'Alger, XIV' Congrès des Orientalistes, p. 2o3. En Algérie, le mot désigne dans la province d'Oran et dans la plus grande partie de la province d'Alger tout régal offert par un individu à ses anjis ; cf. Del-
F
[StPHiN. Recueil
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ï^PHiN, Recueil de Textes, p. 2 au, note 1. Dans la province de Constan- tine et dans le Nord tunisien, z§rda, pi. zrgd, est plus spécialement un banquet solennel fait au tombeau d'un marabout à l'occasion de sa fête ou à l'occasion de prières publiques (par exemple de rogations). Quant à l'article »*>^3 de Beaussier, p. 965, «réunion solennelle sur la tombe d'un marabout pour décider une prise d'armes ou cimenter la paix entre deux tribus» , il n'est plus exact dans l'état politique actuel de rAI]gérie; il est surprenant au reste que cet auteur n'y fasse pas mention d'un repas en commun; aujourd'hui, en Algérie comme au Maroc , la zçrda est essentiellement une agape.
ç.y\ zra' est à Tanger et dans le Nord marocain trblé», tandis qu'en Oranie c'est tforge», et dans le Tell algérois et constantinois «toutes le? céréales»; au Sénégal, c'est «mil» (cf. Reynier, p. 199). Le mot a toujours à Tanger z et r emphatiques, tandis que «semer» est zra>, avec z et r non emphatiques; de même à Tlemcen.
0>3 zçrrëf «jeter à l'abandon, laisser traîner». A Alger et à Gonstantine, le mot existe avec les sens un peu différents de «chasser quelqu'un; lancer ou jeter quelque chose». A Tlemcen et Nedroma, le verbe est employé surtout au participe passif dans l'expression : fdl mzçn-ëf k'\\ est passé comme une flèche»; cf. Beaussier, p. 965; comp. l'andalou azraf ap. Pedro de Alcala, I99, 1. 96, sub botar.
(^>\ zroq, fém. zçrqà, pi. zûroq, «bleu», répondant dans le dialecte classique à3r^I,*Lï,^, 3^^; cf. Fischer, Mar. Sprichw., p. 99. — k^dba- z(r(jà «mensonge bleu» , c'est-à-dire «mensonge énorme» , ne m'est pas connu en Oranie , mais est courant dans la province d'Alger ( kdéb- ëzrôq et chez les bédouins çlkéS'b-lâzrog). Il est fort douteux que zfrqà dans cette expression ait du rapport avec ij^j Jui,^ «tromperie», ^Ir^ «trompeur; hypocrite», sur lesquels cf. Fleischer , Kl. Schr., II, 544; Kreher, Beit. z. arab. Lexicof^raphie , I, p. 71. — Dans le Sud constantinois, on dit dans le même sens kéSba-hàmra «un mensonge rouge».
^^)) ^îH^i «lancer en faisant tourner», nom d'action dzâr^i laj^yj}-, chez les Jbùla, on entend zârjot comme en andalou (-t^J; *P" ^'^■•> p. 539, suh prnicere; zârj^t «grincer» dans la province d'Alger), bjj^ se retrouve avec le môme sens et avec divers autres voisins dans toute
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TAIgérie (cf. Beàdssier, p. 266, 267; en berbère de Ouargla, zei-ueS ap. BiARNAT, Ouargla, p. 819).
K\ hëzzëzz ou avec haplologie hëzz «de force» : bëzz-nCnnç *U ^ «tmalgré sa résistance 5) ; cf. Lerchundi, Voc, p. 53, sub forzadamente ; aussi en selba bezziz (cf. Stcmme, Taz., 8391). H est possible, comme le pro- posent Socin et Stum me [Houwâra, p. 60, 61, note ey), que le mot reporte à ;Cjb, où le l initial, tenu analogiquement pour l'article, aurait fini par être assimilé à la sifflante subséquente. Mais, sous la forme ^^ , le mot était courant en andalou et le Tàg el->arûa, qui le donne, mentionne celte particularité dialectale (IV, ki : jJooilb â*SLï J^; comp. DozY, I, 590, 591; Ibn Gczmàn, 91*, 1. 21, yy^^)- Le mot est compris, mais non employé couramment, en Oranie. L'information de Delphin [Recueil de textes, p. 207, note 1) sur ^jJI ojc est intéres- sante à rapprocher du yJ\ i^l^j^ d'Iew Haldûn, cité ap. Doit, 1, 591,1 1.
A^V ztom ou stom, construit avec t"lâ, «fouler aux pieds» , aussi «se pré- cipiter contre»; comp. Lerchundi, Voç., p. 6i5, Gi&, suh pisada, pi- sado, pisar; Arch. Mar., VI, p. 178 in fine. Sûrement le mot reporte à (.j«o; mais stom, malgré qu'il ait, comme le vocable ancien, ? initial, est, dans l'évolution dialectale du mot, postérieur à la forme parallèle ztom. Il faut partir de zdom llemcenien, nédroméen, algérois, où ^j» est passé à z par assimilation de sonorité au contact de o [d par assi- milation d'emphase de s primitif; ainsi sdom > sdom > zdom). Dans l'évolution postérieure, d s'est assourdi en t (changement inconditionné fréquent dans certains dialectes citadins maghribins et particulière- ment en tangérois); puis t a ramené par assimilation de sourdité la sourde» (zt>>»() dans la forme stom, plus rare au reste que ztom {z.tom). L'emphatisation de •i en d n'existe ni à Tunis {T.G., 167, zdum «assaillir»), ni dans le Sud algérois {zdom,), ni à Constantine {zdâm). D'autre part, on a à Tanger, comme développement postérieur de ce radical, dzâhtom {'"là) «violer un domicile» , peut-être par conta- mination avec ^•> (inusité à Tanger, mais courant chez les ruraux ora- nais; cf. Beaussier, p. 210).
AfcV za'ma «pour ainsi dire, par exemple»; souvent explétif. Ce repré- sentant de 1^3 se retrouve dans toute l'Afrique du Nord; dans le Sud constantinois, za»"»», avec le sens de «il pourrait donc se faire que;
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ainsi donc», comme le z^fina du Maghreb oriental (Stumme, T.G., p. i5o; M.G.T.,Î 195).
<r^3 ^î*7,^'' ^^™* zV''ypi'<^f p'- zyâti <^^, J.tji) tf malchanceux, pauvre hèren; kmâmër dçzzyâbi «des visages de pauvres hèresn; très courant à Tanger et peut-être andalou (cf. Dozr, I, 596); ce mot, en Algé- rie, appartient aux parlers de l'Oranie et de l'Est algérois, mais avec le pluriel zyâba.
f^\ zgâ, fut. Hzge ffcriern ; construit avec la préposition /, «appeler», nom d'action zgê; le mot se retrouve dans le Sud marocain (cf. Socin, Mar., p. 34, note); il est des plus courants dans les provinces d'Alger et d'Oran (en Oranie et dans le Sud algérois, généralement à la II* forme : zegga ou zâga)^ nom d'action zgâ; mais inusité dans le Nord constantinois. Il est remarquable que, partout où il est connu dans le Maghreb , ce représentant de U^ classique a g pour ^ .
(•y5\ zokrom, pi. zkârom fij^) «verrou»; cf. Lerchundi. Foc, sub cer- rojo, p. 187; DozY, I, p. 697. — Le mot se retrouve dans les pro- vinces d'Alger et d'Oran ; chez les ruraux , sans la voyelle longue de la dernière syllabe : zukràm ou zukrom «verrou, serrure, crochet qui ferme intérieurement la porte»; à Alger, parfois zekrûn, k côté de zekrûm, mais au pluriel toujours zkârom; à TIemcen, à côté de zekrilm, parfois zekpim'' avec un b implosif (c'est-à-dire avec la fin de m dénasa- lisée). Le mot n'apparaît que sporadiquement dans l'Est algérien. — zokrom «fermer au verrou».
vJuj zçllëg ^^ «enfiler; disposer en chapelet». Le mot ne m'est connu jusqu'à nouvel ordre en Algérie dans un sens voisin, qu'à TIemcen et chez les ruraux de la région : zçllcg «faire des zlâgn (pi. zlâgâl), c'est- à-dire «des chapelets de feuilles de tabac» après la cueillette. Dans ce sens, il faut vraisemblablement attribuer au mot une origine berbère et le rapprocher de : zouaoua zlçg «recourber, lordro'i; nzlag «ligne en zigzag; file d'objets» ; ôar/ag-ô «collier»; B. Snous ezli' (cf. Dkstaing, I, p. 1 14); chaouïa zW (cf. Hdyghi! , DicUfrançaig-chaouia, p. 699, sub «tordre»); chelha tailagt «bracelet» (cf. Stummk, Taz., p. 933). C'est à la même origine qu'il faut sans doute rapporter aussi d'autres sens de y/v^J; courants dans toute l'Algérie et dans la Tunisie du Nord : ainsi un peu partout : zlçg «retordre le fil de laine après qu'il a été filé (à TIemcen, généralement zçlleg qui s'emploie aussi pour «lisser le
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mplllIlIIIIK KJtTlOUiLE.
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fil pour la couture des souliers» =■ tangérois sëffa isëffî) ; dans les dé- partements d'Alger et de Constantine «remanier le gros cousscouss appelé mAam"" «an (à Alger-juif généralement zçUeg; en Oranie hbek). D'autre part, il est notable que dans les parlers algériens, les repré- sentants dialectaux d'arabe class. s/^i'^ «glisser» se distinguent net- tement au point de vue phonétique des formations ci-dessus étudiées de berbère y/ jJ; ; les premiers ont toujours q pour 3 dans les parlers citadins et ont z et / emphatiques dans les parlers ruraux et bédouins : zlâq ou dog, zlàg «glisser».
zillûg, pi. zlâlëg jpj «chapelet de figues» , syn. mâqqiid, pi. mqSqod.
(•jj zmâm, pi. zmâmàt p^)» k:aL«L«v «registre, livre de comptes»; le mot est employé avec le même sens à Alger et à Constantine, avec le plu- riel zmâim; cf. aussi Dozy, I, p. 601. — tdh m-''zzmdmât «Il est tombé des registres» : c'est-à-dire : «Il a été mis au rancard». A Alger, on dit de même : ds-ënhâf-mënno 1 inahhçni mn-^zzmdm ? «Et qu'ai-je à craindre de lui? Est-ce que par hasard il rayerait mon nom du registre?» (c.-à-d. :«II ne me mangera pas tout vivant I»). Je crois que ces locutions sont empruntées au langage technique des institutions militaires ma- ghribines; elles signifient proprement «être rayé des contrôles de l'ar- mée»; comp. Dozv, I, p. 661 : yl^jJI ^^ ^^laiwl «Il les raya des contrôles de l'armée», employé par les auteurs magliribins et courant aussi en Orient (par exemple MaqrIzï, I, 3 11, I. 39; 3i3, 1. a8).
«Xij zçnnëd .xj^ : zçnnëdha Lioo^ «Il s'est rempli le ventre» (avec le pronom féminin, soit tenant lieu de kçri «ventre», qui est féminin, soit dans le sens du neutre; cf. Landbebg, Prov. et dictons, p. i65); de même à Nedroma, Alger, z^nned est connu, d'autre part, de tous les dialectes ruraux et bédouins d'Algérie dans le sens fort classique de «remplir une outre complètement, de façon que la peau ne fasse pas de plis».
znâd, pi. zmdàt »>U; «platine de fusil»; comp. Lerchundi, Voc, p. 689, sub llave; Fischer, Mai: Sprichw., p. 3o; de même en Al- gérie; cf. Delphin, Textes, p. 956, note ►*; et en Orient, cf. Cuciie, Dtct., p. 339; SociN, Diwàn, III, p. 27^. Cf. sur les noms des diffé- rentes parties de la platine du fusil tétouanais, Joly ap. Arch. Mar., XI, p. 970 et suiv.
jjp\ zànqa, pi. zdnqà^ et znài^q Juu^ «rue»; diminutif znf'^a, p|. zne'qàl. Signalé par les lexicographes classiques . dans le sens de «ruelle», JuLj;
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> zanqa est aujourd'hui en marocain et dans le Tell oranais (cepen- dant, à Nedroma, on dit surtout dp-b pour wrue») et le Tell algérois le mot habituel pour «ruen. Par contre, c'est ^jU^ qui est le plus usité dans ce sons à Constantine, à Bône et le seul usité dans les parlers sahariens (Constantine zqaq,,p\. zqaqat; Laghouat, Ain- Madhi, El-Oued, etc. zgâ g, pi. zfg-g-a = *5jl ; Ain-Sefra, pi. CM^g-a). — La forme du mot semble avoir été âïLj^ en andalou ( Pedro de Ai.- CALA, p. i35, 1. 19, zanâca, pi. zndyq: Voc, p. 976 «caliisw , âsU^, pi. c^LiLjj; chez les deux à côté de 0^;)» et c'est peut-être à un singu- lier znàqa, aujourd'hui inusilé, que reportent le diminutif et le pluriel morphologiquement anormaux du tangérois, zneqa et znâi°q. Le mot est connu aussi en tunisien , en tripolitain et eu maltais ( T.G. , S5o,p. ^5, zanqà; M.G.T., S H(^, zqnga; Falz^n, p. 5oi). — Enfin, chez les ruraux d'Oranie, znçtga est «petik espace laissé en pâture entre deux terrains labourés»; comp. *xjj trlingua terra^i ap. Geogr. aval)., IV, 955.
vjijj tonnëg ^jJv trcouvrir de confusion, faire rougir de honten; mzonnëg tr rouge de honte»; dzonnëg ^-Ji ffélre couvert de con- fusion». Le mot, toujours prononcé avec z (l'emphase de l'initiale est probablement psychologique dans son principe : recherche d'effet ora- toire dans un mot de signification fortement péjorative), est inconnu dans ce sens en Algérie; il est peut-être à rapprocher de ^y tracculer, mettre dans la gène», sur lequel cf. Dozy, I, 607; Spiro, Voc, p. 957; Lanoberg, Udnim, p. 79, n" xxi. — Chez les ruraux du Tell algérois jet oranais, zenneg (sans emphase) est «rmettre une béte à pâturer à la rnftg'a» (cf. le mot précédent); dzenneg fétre mis à la znçtga» : ddôula ttM-ddzenuegi ^ <^j^ '-• ^^j-*^' «Ln troupeau de bœufs tout entier ne se met pas à la zmgar), c'est-à-dire : «On ne peut accorder à un grand nombre une tolérance qu'on accorde à un seul»; comp. Beaussier, p. 975.
yt>\ zliar, collectif masculin singulier : 1° tf fleurs d'oranger ou de citron- nier»; pour les fleurs des autres arbres fruitiers, on emploie nçuâr, nom d'unité tuluâra, qui désigne aussi les fleurs de jardin et les fleurs des champs. Le mot n'a pas de nom d'unité; tfune fleur d'oranger» h/ibba d'zzhàr; f trois fleurs d'oranger» ttaUi'tluïbbad-d^zzhàr. — mà- zhâr y^-^ *L« Teau de fleur d'oranger»; ce complexe ne prend pas l'ar- ticle à Tanger, non plus qu'à Tlemcen; à Alger il peut le prendre
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{^Imà-zhar); — a° cfmorceaux de ténia rejetés avec les excrémenls». — D'autre part, y^^ n'apparait pas à Tanger avec le sens de «chancefl qu'il a dans la plupart des parlers algériens et dans le Nord tunisien (originairement «tdé à jouern, sens qui existe aussi pour le mot à Alger et à Gonstantine; cf. Beadssier, p. 276; Dozy, I, p. 608; Lahmens, Mots français dérivés de l'arabe, p. i33; Almkvist, Kleine Beitràge, p. i85, note 1). «Chance» est, dans le parler de Tanger, l'arabe ta*t'd (jou«), ou l'hébreu mâzzHn (^ÎD)» ou l'espagnol suçrti {suerte).
f^'^ zhâq «glisser 75 était andalou (cf. Dozy, I, 609). Le mot n'a jamais ce sens dans les parlers algériens; il en a divers autres (citadins zhâq, bédouins zhâg) que BEAcssi«n indique bien. D'autre part, ^«J;, commun à tous les dialectes algériens dans le sens de irglisser» , est inusité à Tanger (cependant Lerchundi, Voc, donne jJ^ à côté de ,3-^3, p. 896, sub escurrirse, et ne donne que ^^, p. 688 , sub resbalar).
^^^ zâr, fut. izpr ^V^, ^yyj «faire une visite pieuse à un marabouts; z'jâra «visite pieuse»; zàir, pi. zuiiâr {zûiar, zniiâr, zu'jor ), «pèlerin qui accomplit la visite pieuse à un sanctuaire».
zçr ^3 «accablement, abattement» : m"n-qQud-''zzçr (^^Ul »jj j^) «si grand est l'accablement» (cf. supra, p. 5i, 1. 17) est la seule expression où zçr ait aussi ce sens à Alger et à Tlemcen ; mais on ne dira pas en Algérie, comme on dit à Tanger : dhàl-i'léh-âzzâr «L'abat- tement le prit»; hàssît hëzzôr «.le me suis senti accablé (par ex. par une charge trop lourde)»; le sens algérien de «effort violent, dépense de vigueur» n'existe pas par contre à Tanger; on n'y peut pas dire : tkéllëmrbëzzçr «Parle le plus haut possible!», dfâ>àlbâb-bëzzôr «Il a poussé la porte violemment», àhkém bèzzôr «Tiens bon!», qui sont courants dans les dialectes algériens. Le mot dans le sens de «force, violence» est bien connu des parlers arabes orientaux et représente un emprunt ancien du persan ^y^ (cf. GauIlIq!, Mwarrab, p. 36 in fine).
(jjjj^ mzôMoq 3^1 j*, sans pluriel, «toupie neuve»; inconnu en Algérie. zâug ^)V^ , construit avec la préposition f {i), «chercher asile, pro- tection»; tnzâug «qui cherche protection»; z«âg- «protection»; comp. Lerchcndi, Foc, p. 676, 677, sub refugiar, refugiarse. Les particula- rités du zuâg ou azuâg marocain ont été souvent décrites par les voya- geurs; cf. aussi Arch. Mar., III, p. ihU et suiv. — Le mot est complè-
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tement inconnu en Algérie. H est très probablement d'origine berbère ; cf. Stuhhe, Taz., p. i65, amzûug ctproscrit»; Basset, Mission au Sé- négal, I, p. 219, ezzâug tf bannir».
Jj^ mà-zàl JI^L» ff encore n se retrouve à Tanger comme dans tout le reste du Maghreb; mais il est beaucoup moins employé qu'en Algérie; c'est èâ^e (cf. supra, p. 334), qui est surtout employé pour rendre l'idée de continuation de l'action ou de l'état exprimée par un verbe. mâ-zâl n'a plus à Tanger la conjugaison partielle ou totale qu'il a conservée dans la plupart des dialectes maghribins (cf. Stuhme, T.G., p. 189; Ulâd Brâhîm, p. 192); par contre, par analogie avec les par- ticipes présents devenus particules verbales {bâqe, mâsi, etc.), il peut prendre les flexions nominales du féminin et du pluriel : mâ-zâl kéi'.dèm «Il travaille encore», mâ-zâla kdthdëm (à côté de mâ-zâl) «rEUe travaille encore», mâ-zalîn kànhëdmo «Nous travaillons encore» (à côté de mâ-zâl). 11 en est de même à Nedroma. — «rPas encore» se rend par mâ-zâl ma : mâ-zâl ma-kéihdëm «Il ne travaille pas encore»;
mû si est possible, mais moins employé que ma {mà-zâl-ma-
kçihdémii).
f^^\ zuà, fut. 'ezue : 1° «crier, piailler» (cri de la souris, du lapin, d'un jeune enfant, piaillement d'un oiseau); le mot se retrouve avec ou sans z emphatique et avec ce sens dans la plupart des parlers algériens , dans le Nord tunisien et d'autre part au Sénégal (cf. Reynier, p. i4o, i45); nom d'action zuf; c'est aussi à zjfâ que je rapporte zai (g'^ de l'expression qta'-àzzai, qui s'emploie dans un sens transitif : qtd>-fehûm "zzâi «Il les a domptés et réduits au silence»; et dans un sens moyen : qlâ'-àzzài cil s'est tenu coin; cetle expression est aussi connue en Oranie et dans le département d'Alger; comp. au Sénégal zai crgious- sement» ap. Basset, Mission, I, p. 3oo; âJ) "un bruit» ap. REYNiEn, p. 2 56, i. 17. Il est vraisemblable que nous avons affaire à une va- riante dialectale, à initiale sonore, de (^La qui est attesté dans la langue ancienne avec le même sens; — 9° «donner à quelqu'un un coup violent qui lui coupe la respiration» ; inconnu en Algérie; à Alger et dans le Tell algérois, zuâ, iez^i est «cingler avec une badine ou un fuuet»; cf. Lanoberg, Dadlna, p. 3 16.
«Xj^ fnâid oôlyj «beaucoup»; en Algérie et en Tunisie, bëzzâid, bizzâid (Stumme, T.G., p. lûo). Ce mot, comme pëzzâf, peut aussi servira
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rendre l'idée de (rtropn (corap. Meissner, Neuarab. Geschichten aux dem Iraq] p. 19 5, zd'id (ttropn). Mais, à aller au fond des choses, il semble bien que l'arabe maghribin ne puisse rendre avec une entière exactitude a nuance particulière exprimée par le mot «trop''. En maltais, bezzeiied = OoljJb a le sens de « suffisamment".
o*jj zit ou zçit, pi. ziû^, ff huile» est féminin à Tanger comme à TIemcen et à Alger; à Tunis, il semble de genre commun (Stumme, Neue Tun. Samndung., p. i la , 1. 9; p. 1 19 m Jine)\ cf., pour la raison possible de ce changement de genre, Brockelmann, Grtmdriss, I, p. /iâ5 injine. A Constanline et dans la plupart des parlers bédouins et ruraux de l'Algérie, c^s?; est masculin comme à Tripoli (cf. Stommk, M.G.T., p. 3i, 1. 0 et 7) et en maltais.
oj zçiiàr {zç'iàr) ^^,^ (pas de pluriel usité), «étau» représente le clas- sique ^^\. A TIemcen et à Alger, on a une forme sans redoublement du i médial : z'iâr; mais, dans le Tell algérois et constanlinois ol dans le Sud algérois zçiiâr, et à Constanline zîiâr. Le redoublement de la semi-voyelle médiane à Tanger et la vocalisation « de la pre- mière radicale sont dus à l'influence analogique des pluriels jUs. L'étau étant composé de deux parties, le mot qui le désigne a reçu la forme du pluriel (comp. mari, infra, p. 3/i4; français «tenailles, pincettes, ciseaux»; zouaoua OitnqosOîn «ciseaux», diyumSin «tenailles»; selha tuzlin «ciseaux» ap. Stumme, Taz., 8 87). Peut-être faut-il inter- préter de même les formes algériennes zîiâr, zçiiâr (le pluriel jLl» de JoU n'a pas u de la première syllabe dans les dialectes algériens); mais peut-être aussi y a-t-il pour zçiiâr influence analogique de Jli*, paradigme s'appliquant à des noms d'instruments.
oijj 'îfi p'- ^'*f/' «^serviette, essuie-main»; comp. Lerghundi, Foc, p. .577, 8ub pano; p. SgS, sub hazaleja.Le mot avait un autre sens en andalou (cf. Dozy, I, 619) et en a d'autres dans d'autres régions du Alaroc (chez les Klilot «morceau de soie de la couleur de la selle placé derrière le Irousqiiin», Arch. Mar., IV, 8/i; «étoffe qui recouvre le tâbîit d'un marabout» ap. ibid., III, p. i/»5). Le mot se retrouve en selha sous la forme tazzift «mouchoir de poche» (Stumme, Taz., p. 233). Il m'est complètement inconnu en Algérie.
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tyi\ m'zian y'v.y»» p'- m''zmntn, diminutif mzîuun, est le mot habituel à Tanger pour «physiquement beau, matériellement bonn ; en parlant des qualités morales, il peut aussi être employé (cf. par exemple Meissner, Neuarab. Geschichten aus Tanger, p. 44, 1. 89; p. 56, 1. 97); mais, dans ce cas, mlèh ^-U est plus fréquent. Comme adverbe «bien», ndèh est aussi plus courant que m'zian : kéi" iraf-''hârbna-mlêh «Il sait bien l'arabe»; keitâiieh-lhûbz mlêh «Il cuit bien le pain»; mais cf. ni'ziàn employé adverbialement ap. Meissner, op. cit., p. 60, 1. 17. — En Algérie, le mot signifie spécialement, dans les provinces d'Alger et de Conslantine , «en bonne santé; ayant bonne mine». yL^ytalgéro-marocain doit être considéré comme un JLxjL» de la racine y^^.^ (ou comme le participe de la xi' forme dialectale yL,;^ «devenir beau, s'améliorer»): mais le tunisien miziân «jeune» (cf. Stumme, T.M.G., p. 17, 1. 96) doit être rapproché du berbère amzHàn am''zziân «petit». — Chez les ruraux d'Oranie , on distingue très bien , dans la prononciation , mëziàn «en bon état; beau» (ar. y^j^,»)), de tnpjtan, nom propre d'origine berbère (ainsi à côté de Mazouna, un petit village porte le nom de Clâd Moziân; comp. Basset, Nedromah et les Traras, p. 4o).
t-*-»»* sëbba, pi. »bàib et sèbbàt, est le mot habituel pour «cause» à Tanger comme dans la plupart des dialectes algériens, à Tunis, à Tripoli et au Sénégal (cf. Stumme, T.M.G., p. 34, note 7; M.G.T., p. hS, 1. 4; Reïnieb, p. 909, 1. 7; comp. aussi pour l'Orient, Socin, Dîwân aus Ceiitralarabien , III. p. 976; LA^DBERG, Hadr., p. 968; Spiro, Voc., p. 966); »à6a6 = i_^Xil. n'est employé que par les demi-lettrés. En outre, avec la série des afllxes ou à l'étal construit, apparaît une formation *msëbba {l'iâ-msébbti «à cause de moi», '"là msibbël-''lfqç «à cause du maître d'école», etc.), qui, plus employée à Tanger dans ce cas que sëbba, m'est inconnue en Algérie.
(^J^Mt Cf. ^iy
(^^A-«* fhnîia, pi. sbçini i^fX^M, jC-* <» toute espèce de mouchoir, mou- choir de poche, mouchoir de léte». Dans ce sens, le mot était andalou (cf. Dozï, I, p. 63 1 ) et il se trouve aussi au Sénégal (cf. Basset, Mis- sion, I, p. 3o8; Reymier, p. i3fl); cf. sur le mot en Orient, glos-
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saire de Moslim, p. xxix;Vollers ap. Z.D.M.G., 1897, p. 298. Le mot est inconnu en Algérie, sauf à Nedroma, où il est exclusivement «foulard de tête pour les femmes».
:y-A*M spîntç ^_yf;jf*u «allumettes» collectif, spîritiua «une allumette», pi. spinttuàt; espagnol espiritu; le mot est entièrement inusité. en Al- gérie.
stîtç yUSM «petit», fém. »t?<Ma, pi. stitutn (parfois stîtuln avec « consonne). Lebchundi, Foc, p. 697, sub pequeno, et hvDKRnz , Mar. Sprdchwô'rter, p. 29 in fine, écrivent j l->..t-i .4» . Personnellement, à Tanger, j'entends t occlusif, mais non emphatique, comme dans un certain nombre d'autres mots (de même spîrîto , et cf. supra, p. xiv). Le mot, dont l'origine, à coup sûr étrangère, ne m'apparaît pas clairement, est inconnu en Algérie, sauf à Nedroma, où on l'emploie, rarement du reste, comme s'il était un nom propre, dans une comparaison désavan- tageuse : mmël kistUç «très mal fichu». — Il faut probablement consi- dérer stitQ, très courant à Tanger dans le sens de «un peu» , comme une variante de slito, où la substitution de « à «initiale est due à l'in- fluence contaminan e des synonymes àuiifs et «jtf i y ^ .
«JimM Cf. ., t-IM».
oiJuw «"««e/" «ranger, disposer en lignes ou en couches régulières»; cf. Observations sur Beaussier, p. 489.
»Xi^ Cf. ^•>-w.
<-*^ shah, fut. Hshâb (~>^-^, <_jI.^>sî, construit avec la préposition /, «sembler à», toujours conjugué impersonnellement à la troisième per- sonne masculin singulier. Ce verbe peut recevoir la flexion du présent {këïshâb), du futur [Hshâb), mais il m'a paru employé surtout au par- fait, aussi bien avec le sens du présent qu'avec celui de l'imparfait et du passé : shâhli «il me semble, me semblait, m'a semblé». Il est courant à Tanger qu'à celui qui emploie cette expression pour for- muler des excuses [shâhli «je pensais que») on réponde en jouant sur les mots : "sshdf-f'ssmâ *U»JI j 4_.Li«vJI «C'est dans le ciel que sont les nuées». — Sûrement, on peut discerner dans cette expression énigmatique une meta thèse de hsâb (t_>L»,>^) qui est très courant aussi à Tanger avec le même sens et la même construction. Il existe dans les dialectes maghribins, avec le même sens, de nombreuses expressions,
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™ f\nni hpaiicnii
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dont beaucoup peuvent se rattacher étymologiquement à y<-..>«>.-^ ; parfois des contaminations avec d'autres verbes synonymes ont produit des déformations très sensibles; certaines de ces expressions ne sont em- ployées qu'impersonnellement; d'autres ont une conjugaison per- sonnelle complète; cf. Ulâd Brâhim, p. 109 et les références; Houwâra, p. 44, note da. — Il est probable qu'il faut reporter hsâb {shah) au substantif v'-**^ «compte, opinion». Le complexe nominal formé par ce substantif muni des affixes personnels, <j.L~»^ (JoL».».) «mon (ton, son) opinion est que» exprimait une idée qui est rendue d'or- dinaire par des verbes, soit impersonnels (ainsi -.4I3 avec J «sembler à»), soit personnels (ainsi ^ «croire, estimer»). Il en est résulté que, tout d'abord, il s'est construit avec la même série d'affixes mé- diats {H, lek, lo) que les verbes (avec les aflixes immédiats et notam- ment ni et non i, dans d'autres parlers); qu'en outre, il a été fléchi en une conjugaison partielle de verbe impersonnel (ailleurs en une conjugaison complète). Il est permis de formuler cette hypothèse en présence des formes intermédiaires de l'évolution du mot, offertes par l'omâni et le maltais. En omâni, h$âb, non fléchi, se construit avec les aflixes personnels, comme un participe, pour exprimer l'idée de «penser, croire» (cf. Reinhardt, p. i/ia, 1. 1). En maltais bahsiçb =s ijL^, construit avec les aflixes personnels dans le sens de «se propo- ser» et de «s'imaginer», a gardé sa valeur primitive nominale; mais il est remarquable que , déjà , c'est l'aflixe ni et non l'aiBxe t de la pre- mière personne singulier. qui lui est adjoint (cf. bahsiçbni ap. Stumhe, MaU. 5t., p. 6a, I. 10; p. UU, 1. 3; tandis que bahsiebek ap. Ilg- Stdmme, n° 316).
v^ sàhr, parfois »ehr, le plus souvent avec assourdissement et réduction de r final, sah'', seh', ou même gah avec chute complète de 1; pi. »ht}r, «sorcellerie» =^^' LCdebitz, Spriichwôrter, p. a4, n° xlvii, donne en outre la forme shar.
(3^ sdhhâqpia Â^li «liement de jambe» dans la lutte; ce terme technique est peu employé à Tanger, où on me l'a donné comme pro- venant des parlers de l'intérieur du Maroc.
ini^ ghât, construit avec ''là, «frapper de sa malédiction», en parlant de Dieu, des Saints, aussi des parents. Ce sens, dérivé tout naturelle- ment de celui de laie classique «être irrité contre», se relrouve dans
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toute l'Algérie (affaibli à Nedroma, où s^àt, en parlant des parents, est simplement trgrondern). Quant au sens de «métamorphosera ou spécialement de trchanger en pierres», en parlant de Dieu, dont la genèse est bien expliquée par Dozr, I, 638 (comp. Vollers ap. Z.D.M.G., 1896, p. 643; Spitta, Gram., p. 607 in fine), il existe en Algérie (cf. notamment Delphin, p. 56, note 3), mais non à Tanger; c'est msah qui a ce sens dans le parler de celte ville (cf. infra, p. /466). On n'emploie pas non plus à Tanger la u* forme du verbe (tandis qu'à Alger tsôhhot utyàddob «Il écume- de rage»), ni la v* (tandis qu'à Constantinc {ësmhhât «Il se répand en plaintes et en malédic- tions»).
$&ht est à Tanger «tout lléau envoyé par la colère divine» (en Al- gérie, généralement nhât, shot). — sahtâ S,]n^ est spécialement la malédiction prononcée par le sultan contre une tribu rebelle, sur laquelle cf. Arch. Mar., XVII, p. 36, 37. — Dans les expressions gpdrf- "tfjit «énorme», sahl-^llàh d'imâl «une fortune considérable», etc., le sons de $àht est très affaibli ; un emploi analogue du mot se trouve en Algérie; par exemple à Alger inshôt ntd>-àltnal «une grande quantité d'argent», à Constantine : 'dndu mâl-shôt ou mhlâ-mâl «Il a une richesse énorme»; comp. Beaussier, p. 290, qui fait faussement de shot et sâhtâ dans cet emploi un adjectif lajc?! , fém. *LLac
_jâtf' shà, fut. Hsha, «faire bon marché d'une chose, n'y pas tenir»; comp. le classique (jc ^^wjLj o^-oê- . Ce verbe se construit , soit avec un verbe suivant au futur, soit avec un nom ou pronom précédé de la préposi- tion b : ma-ishdèi-bt'Q (a**^) «Il ne se résignera pas facilement à le vendre»; ihâ-shênqëi-hik «Nous n'en avons pas assez de toi, nous ne nous résignons pas à te quitter»; shat-b'-uldd «Elle a fait bon marché de son fils et a consenti à l'abandonner» (cf. les observations de Fleischer, Kl. Schi-iflen, II, 552-553). Cette acception de Laï- se retrouve dans le Sud marocain (cf. Socm, Mar., p. 92, note h, sèha, avec une explication fausse; et Diwân aus Centralarabien , III, p. 82, sub ig^p), et, en Algérie, à Tlemcen et à Nedroma. — Le verbe est employé dans certains parlers orientaux (avec » > ») dans un sens tout voisin «consentir volontiers à» ; cf. Rhodokanakis, Dofdr, I, p. 72 , 1. 1 2 , et II, p. 33; Saliiani, Contes arabes, p. 60 , 1. li ; p. 61, 1. 9.
kN.*M sudda, pi. sùddàt 65J». «soupente»; comp. Lerchundi , Foc. , p. 1 63, sub câmara. Ce sens se retrouve dans les villes d'Algérie, mais le mot
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est toujours vocalisé sçdda, pi. sdçd. Dans les habitations des ruraux sédentaires du Tell algérois et du Tell oranais, la s(dda est une sorte de large banquette, à environ i m. 5o de hauteur du sol, occupant la largeur de l'un des bouts du gurbi, et où Ton place les vases et les outres. — Un autre sens algérien du mol, «tribune des u^iJL^ dans les mosquées cathédrales?), semble inconnu à Tanger. — Le mot a d'autres sens encore dans le Maghreb oriental (cf. Beaussier, p. 991; Stdmhe, M.G.T., p. 3o9); il est bien connu qu'en maltais sodda est le mot habituel pour tflit».
^iS**t gfddâza, pi. sçddâzat JLwUxah tr natte ovale en palmier nain tressé»: comp. Lerchundi, Foc, p. 335, sub estera. sf</</«ia provient de ïjLkt par une métathèse qui se retrouve, je crois, dans tous les dia- lectes maghribins, où ^ est encore affriqué g, ou l'était encore à une époque relativement récente (c'est le cas à Tanger) : ainsi, en Al- gérie, à Tlemcen, Alger, Constantine, Cherchel, chez la plupart des ruraux du Tell; mais, là où i est habituel pour - et zi pour ^, le mot apparaît sans métathèse; ainsi à Laghouat, chez les Ulâd Brïïhîm, dans le Sud oranais [sçiznda), dans le Maghreb oriental [sezzqda). Le mot signifie étymologiquement «natte de prière''; mais, à Tanger, la «prf- dàza sert à d'autres usages encore qu'à la prière; on s'assoit dessus; on enveloppe d'une s^ddaza le cadavre pour le déposer dans la tombe. Dans la mosquée, on place pour i'imàm une fdtlâza dans le mahrûh (en dehors des mosquées, on fait le plus souvent la prière sur une lëhda). De même, dans la plupart des régions de l'Algérie, êçddâia {Hçizâda) est «natte ovale" en général, et non spécialement «natte à prière» (comp. à Tripoli sezzâda «couverture» ap. Stumme, M.G.T., S 86). D'autre part, à Laghouat, la Hezzûda est une peau de mouton sur laquelle on fait la prière. Mais, dans tous les cas, elle n'est nulle part en Algérie, à ma connaissance, «petit tapis» , comme l'indique Beaussier, p. 388.
^»Xa» sd(i; pi. tdûr, sdûra; classique ^.>w^o, avec « pour « initial comme dans la plupart des dialectes maghribins : 1* «poitrine»; le mot dans ce sens a quelquefois le pluriel fdrin, dû à l'influence analogique des anciens duels, devenus pluriels dialectaux, des noms de parties doubles du corps; q" Hxd^-d'lbi^ «mur de fond d'une chambre, opposé à celui où s'ouvre la porte»; de même à Tlemcen et dans le Sud marocain (cf. SooiN, Mar., p. 48, 1. i3). — Il est remarquable que, en face de
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tdçr, sôdra (tblanc de poulet» (inconnu à moi en Algérie) a toujours ? initiât.
^jMi srah (f chanter» en parlant du coq; c'est ^^ avec gp passé à », peut-être par influence de r non emphatique-, ^yo, déjà ancien dans ce sens particulier (cf. Haiàt el-Haiauân, II, sub ^)^; et Ibn el-'Aôîr, Nihâm, II, 257), était aussi andalou (cf. Pedro de Alcala, p. lai, 1. 1 1). — gçrrâha est à Tanger le nom de la ttcoqueluche» (comp. Lerchundi, Foc, p. 79a , sub tos).
Jkv*«» Cf. 49^<0.
(^jot* tsàra ou ssàra, fut. Htsâra ou Hssâra, est le mot habituel à Tanger pour wse promener» ; le mot est compris, mais peu employé, à Tlemcen. A Alger, tsàra est «se promener en flânant sans but déterminé», tandis que l^àu^os est «fail-e une promenade fixée». Diverses étymologies ont été proposées pour ce mot (cf. Observations sur Beaussier, p. iûo), mais aucune ne semble réellement satisfaisante. Je crois qu'il convient de rattacher ce vocable énigmatique à l'andalou ï^L-J «promenade», longuement étudié par Dozy etENCELMANN, Glossaire des mots portugais et espagnols, p. 180 (comp. Dozy, Supplément, 1, p. 71a). Les finales longues non accentuées étant devenues brèves dans les dialectes ma- ghribins, msâra (< »\U-«) a pu être rattaché par la conscience popu- laire à le racine \^ (&y '• «He se trouvait dans le même rapport avec cette racine que tXj!iLt>mlâqà avec \/j-'. Puis, de msâra, une VI* forme dénominative a été tirée par la construction de la quatrième proportionnelle mlâqâ : tlâqâ : : msâra : tsàra. Dans la suite , l'apport andalou msâra, auquel tsàra devait son existence, a été éliminé par une formation nouvelle : msâria «promenade» , qui est seule connue aujourd'hui à Tanger. En effet, à Tanger comme dans divers par- 1ers algériens (cf. Ulàd Brâhim, p. laa), les représentants des masdars ïLcLJL» des m* formes de verbes défectueux sont généralement remplacés par des masdars JL^LL». formés analogiquement d'après le modèle des iULcUu* des verbes réguliers; de même mlâqâ «rencontre» a cédé le pas à mlâqJM; cf. infra, p. ^58.
yXtué Cf. jJue,
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oum syêr, pi. syar j-JL*» «petit»; le s initial de y^j-^s est passé à » à Tanger, mais je n'ai jamais entendu dans le parler de cette ville l'assi- milation régressive de sonorité zyir des dialectes orientaux que Meissneb note passim dans ses textes de Tanger; elle existerait chez les Juifs de Fez d'après Biarnay ap. R.A., 1910, p. lûo, note 3. — On ne dit jamais syèr pour «pièce espagnole de cinq centimes» : on dit pfra syçra ou hàms-uzâh; on ne dit jamais iûz-syar pour «dix centimes» : on dit pfra kbira ou pfra gçrdâ (espagnol pei'ra gorda) ou lasr-uzâh; mais «quinze centimes» est tlâta-sy&r (jamais tèlt-syar, comme on pourrait s'y attendre).
syçra, pi. syçrat, diminutif syftra, pi. «yptrat ou «yâj^r, «petit pain qui sert de salaire au patron du four», synonyme pïua; cf. supra, p. 262. — Le diminutif *iy?iàr, fém. syçïra, n'apparaît à ma connais- sance que dans cette acception spéciale. Dans tous les autres cas, le diminutif de gyçr a à Tanger la forme Jj-o»-* (cf. Dialecte de Tlemcen, p. 99 ) : syèuâr, fém. syçura.
jijkM gjira, pi. sjiral »j*ju« «natte grossière en feuilles de palmier nain sur laquelle mangent les tolbas». L'objet et le nom sont connus en Oranie; mais la natte en question est généralement en alfa (cf. Del- PHiN, Textes, p. 3/i4); c'est naturellement ïj*jui.. A Alger, sofra (»yL«. avec <>«) est «mouchoir qu'on met sous le plateau (»ni) ou sous la table basse (mida) pendant le repas» et aussi «mets» (pi. sfâre); comp. sur ce dernier sens Bel, Djâzya, p. 86; aussi fofrâ «table» à Tripoli (Stumme, M.G.T., S 7&, 1, r); à Tunis, indifféremment sujra et»«/ro «table servie» et «repas» (Stumme, T.M.G., p. 3i, I. 18 et 38; p. 69, \. 18; p. 52, L a4); aussi en Palestine, fujra «table» (Baueb, Das palàst. Arabisch, p. 336); cf. sur ce mot Landbebg, Dadina, p. 6a3 , 6a&.
JoUm sjël JuL-l n'est pas usité à Tanger, tandis que, dans le parler d'Alger, le mot, comme adverbe «en bas», est extrêmement employé, à l'exclusion de o>^ («»/?' «^en bas», lUssffl «vers en bas», mëssfçl «d'en bas»); je crois néanmoins que c'est par JuL»! qu'il faut expli- quer le m''ssâl des écoliers tangérois : ''lbd-^ahdd-m''ssâl «Le <_* a un point en dessous»; comparer, pour la môme réduction «/"> « (««) dans ce mot, l'andalou min içél vdebaxon ap. Pedro de Alcala, 309, I. 3/1, et le dadinois essdl «en bas» ap. Lahobebg, DaBina, p. 1 tSg. — sëjli (à côté de fhii) est courant à Tanger dans le sens de «étage infé- rieur d'une maison».
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fffël construit avec la préposition h «chercher à discréditer quel- qu'un par des propos qui attaquent l'honneur»; inconnu en Algérie.
sàfàli, fém. sàfàltia, pi. safàh\çn, cgrossier et insolent, qui in- jurie sans crainte du scandales; le mot, connu en Algérie (cf. Beaus- siEB, p. 298 "I^Jum), a tous les caractères d'un emprunt littéraire (^ULw), comme aussi le sâfàli mijhâh ^IJi liLil». «dont la grossièreté est manifeste" qu'emploient couramment les demi-lettrés tangérois.
,ÀXt** Cf. ^■-i^-
^it*à nqa, fut. 'isqç, masdar soqiân : 1° «arroser, donner à boire, fournir de l'eau»; 9° «tremper le fer» (cf. Noldeke, Doktor und Gar- hoch, p. 18 1. 1 et noie 1; p. Sa, note 9); fqua «trempe de l'acier»; aussi dans toute l'Algérie et au Sénégal (cf. Rkïnier, p. 11 3); 3° «em- poisonner» (comp. DozY, 1 , p. 664; et ajouter Ma>àlim, III, p. 5, I. 4). Ce sens est connu de la plupart des parlers algériens; chez les ruraux du Tell algérois (et peut-être ailleurs) on distingue même sgà «irri- guer; approvisionner en eau» de sqa «empoisonner». Je crois que, dans ce dernier sens, le mot est un euphémisme (comp. |»j«tn< ap. Noldeke Oi-ient. Studien, I, p. 436, et tiukkel ap. Lercuundi, Foc, p. 317, sub envenimar qui sont aussi connus à Tanger). — Le passif (viii* forme dialectale) est 'fsqà. — La 11' forme, fqqà, ifqqe, masdar rsqç'a, est le terme consacré, comme dans la plupart des régions de l'Algérie, pour «verser le bouillon dans le cousscouss».
fqqaia, pi. fqqàiat , «fontaine publique»; se retrouve à Tlemcen; sur le redoublement de la deuxième radicale dans ce représentant dia- lectal de SifjjLM, , cf. Ulâd Brâhîm, p. 119. Le mot est inconnu ailleurs en Algérie; à Alger et à Constantine, «fontaine publique» est simple- ment min; à Laghouat, à Géryville comme à Tlemcen-juif et à Tunis, sebbàla.
c:A$LkM mën-mm-fklo «depuis l'année où l'on s'est tû», c'est-à-dire «de- puis un temps immémorial»; j'ignore l'origine de cette expression, inconnue en Algérie.
sktk't; cf. infra, sub ^SiSLu.
^Xm skçiri, pi. skçinia (^yilSLu «ivrogne»; c'est, bien entendu, un de ces Joljti , noms de métiers si fréquents dans les dialectes du Maghreb (extension analogique du procédé dialectal de l'adjonction de la nisba aux pluriels de quadrilitères); mais skçiri n'est connu en Algérie qu'à
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Tlemcen. D'autre part, les sekkàr et sûkârgi, habituels en Algérie dans le sens dV ivrogne», sont inconnus à Tanger.
sukkàr ^li2» ffsucren; de même à Fez; cf. Kampffmeyer, Texte, p. 7, 1. 3 ; à Tlemcen et à Alger, on trouve une forme à voyelle longue ti, sçkkûr («"Afcûr); ailleurs au Maghreb, c'est la vocalisation Jlw qui est générale : stikkur chez les bédouins et ruraux d'Algérie et à Con- stantine, comme à Tunis et à Sfax (cf. Stumme, T. M. G., p. g4, 1. 9; Narbeshlber, Aus dem Lehen in Sfax, p. 6 1. 29); à Tripoli sukkur (Stumme M.G.T., p. 52, 1. i3); chez les ruraux du nord tunisien suk"r avec perte de la gémination. En maltais l'apparition à l'initiale d'une afTriquée ( (tokkor) révèle une contamination de Sm par l'italien zucchero. Cette vocalisation se retrouve dans l'Arabie du Sud (cf. Land- BERG, Dadina, p. liliS, sukkur et sunkur). Ailleurs en Orient, et jusqu'en Libye (cf. Hartmann, L. W., n° 6, str. 8), c'est JC«.qui semble prédo- miner; cf. cependant sur rlC*. en Orient, Landberg, Primeurs arabes, I,p. 16.
jm»Xj>m fksç ffcousscouss«. Le mot, à ma connaissance, ne prend jamais l'article : hâd-fksQ tn'zidn «Ce cousscouss est bon?»; fksô-ddâr-fldn (ySXi \^'>i) Wdhém-^fd'la «Le cousscouss de chez un tel est de pre- mière qualité». — sëks'ç se retrouve en Algérie chez les Berbères de la Kabylie et dans le dialecte arabe de Djidjelli. — A Alger, on a ksSksç, correspondant au y^S^ de l'andalou, kosksu du maltais (cf. DozT, Supplém. ,11, 468; comp. Kaif er-Rumûz, p. i4o; Falzon, p. 190; Li'deritz, Sj»ùchworter, p. 66, 1. 6, akeskesu, qui m'est inconnu pour Tanger). A Médéa et à Bou-Saàda, on dit A:u«/vUs,- dans le Maghreb oriental fcu»A:"«t (cf. Stumme, 1\G., p. 178; M.G.T., p. 99, 1. 36; Narbeshuber, Aus dem Leben in Sfax, p. 30, note 68; et comp. Spibo, Foc, p. 519; aussi au Souf); au Sénégal keskes (cf. Revnier, p. 127). Quant à la forme yy.«X»o (cf. Kampkfmeyer, Arab. Ueduinendialekte Innerafrikas , p. 209, note 1), je ne l'ai jamais entendue; mais les Marocains l'écrivent (par exemple Saluai el-anfâs, III , 16a, 1. U ,avec l'article : yy»JC~J3l), peut-être par désir d'employer la forme du mot dont s'est servi le Prophète, d'après l'anecdote très connue des lettrés maghribins que rapporte Dozy dans son article yS^. Il est remarquable <|u'on la trouve d'autre part en Palestine (cf. Bauer, Das palàsl. Arabisch, p. :i56, kusuksôn et kuskuson). Chez la plupart des bédouins d'Algérie et à Tlemcen , l"iâm est seul employé : une femme
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(le Tlemcen ne comprendrait pas kuslfsç. Les ruraux d'Oranie em- ploient volontiers m'tàs; et à Constantine «cousscoussn est ngnna.
OIXm ssâkëf Ul5u»3 ff dégoutter» (en parlant de la sueur); le mot ne m'est connu en Algérie jusqu'à présent que dans les parlers du Sahara et des hauts plateaux algérois; peut-être faut-il le reporter à sjuyj*,\ avec à pour au, comme il est fréquent à la x* forme des verbes assimilés dans les dialectes arabes (cf. Ulàd Brâhim,^. io&,note i).
yXjSuM sktkç, n'est employé que dans skîkç uhzar-''luâd (cf. supra, p. 69 , 1. 21); c'est une expression de femme, destinée à écarter le mauvais œil (pour ù\^\:> ^ comp. sans doute Z.D.M.G., 1888, p. 588; W.Z. K.M. _ 190a, p. lii); elle est inconnue en Algérie; peut-être a-t-ellc quelque rapport avec le skik't «rsilence!» de la langue des enfants, qui apparaît dans le dicton : »fctfe"| / ''Ui-'°hdar tûlfd-i^mmàh hâiia uflitu «Silence ! Celui qui parlera , sa mère enfantera un serpent et un poussin».
cxIaw nCslût, ou aussi nCslûta, pi. msâlçt cj^jLm*, oJL».* «bâton un peu recourbé et aminci dans le bout»; le mot est connu dans la plupart des parlers algériens; il désigne généralement crune gaule mince» (cf. Dialecte de Tlemcen, p. 809).
oAaw sfllîha, pi. s(llîhàt fJeJ^ «pierre plate et glissante»; m'est in- connu en Algérie.
liXXw sûlka, pi. slâki, «les soixante hizb du Coran envisagés au point de vue de la récitation». Ce sens se retrouve dans toute l'Oranic , dans le Sud et le Tell algérois , sporadiquement dans le Sud constantinois , mais avec une vocalisation gçlka, pi. sl^k ou sflkât (comp. Delphin, Textes, p. 3/16; GoHEN-SoLAL, Mots usuels, T^. 12, i3). Lemot est peu usité à Alger ville, et semble inconnu dans le Nord constantinois; et Beaussier ne le donne pas. — Chez les Jbâla, sulka a un autre sens, un peu différent, et étudié ap. Arch. Mar., XVII, p. 85.
^-*M smah : 1' construit avec la préposition / «pardonner à quelqu'un»; 3° construit avec la préposition Ji «abandonner, ne pas réclamer quelque chose». — La m* forme sâmàli ^^, avec les mêmes construc- tions, a les mêmes sens; de même à Nedroma, tandis qu'à Alger, Tlemcen et Constantine , sâmah se construit toujours avec un complé- ment direct et a seulement le sens de «pardonner» , non celui de «abandonner».
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wffvw sinçr : i" «passer la nuit en causant» : "Ibârâh bîlt-sâmër «J'ai passé ia nuit dernière en causant»; ce sens classique n'est pas enregistré par Beaussier, et de fait je ne le connais pas jusqu'à nouvel ordre dans les parlers arabes d'Algérie; 2° de là, «passer la nuit dans l'insomnie», masdar smir : fija-stmîr «Je suis fatigué d'avoir passé une nuit d'in- somnie»; 3° «faire entendre un son prolongé» (par exemple : bruit de la toupie qui ronfle, tenue de note de la clarinette arabe) : "ly^ijai kfismçi' /"lynâ «Le joueur de yaitâ prolonge le son». Le mot est com- plètement inconnu dans ce sens en Algérie; il faut probablement en rapprocber le smâra des Ait-lmoûr «jouet d'enfant qui fait entendre un ronflement très violent», signalé par Doutté, Men-rfAec/i, p. 399. Pour cette dernière acception, peut-être faut-il songer à une étymologie berbère ; peut-être est-il possible de penser à l'étymologie "yif^\ pro- posée par Metz pour le classique js»* (Nôldeke Orient. Studien, I, p. 25o) et combattue par Landberg, Dadîna, p. 994.
summtr «préposé juif» chargé de veiller à ce que les prescriptions de la loi religieuse soient observées dans la préparation de certains ali- ments pour ia communauté; naturellement hébreu "IDW
/y*»» $çnn, qui figure avec le sens de «dent» dans la chanson donnée p. 75, 1. 3o, n'est pas connu dans la langue courante de Tanger avec ce sens; ce mot ne signifie que «âge» : kbtr-''§8çnn «âgé», s^nn «dent» n'existe à ma connaissance dans le Maghreb qu'à Tripoli, au Souf et dans certains parlers du Sahara oranais. Partout ailleurs dans le Maghreb, le mot, féminin dès la langue ancienne, a pris le signe morphologique du féminin (de même en maltais et en égyptien; comp. Spitta, p. 120), et on a ê^nna, qui, à Tanger, fait un pluriel snân (ailleurs »ntm, ou sçnnin qui en réalité est un duel; cf. Fischer, Mar. Sprichw., p. 34, note 1). Au Sénégal, senti est conservé (cf. Bas- set, Miition, I, p. 394 ; Retnieh p. 116) comme dans la plupart des parlers arabes orientaux. — Il existe encore à Tanger un autre pluriel Hnâun, qui a un sens intensif et péjoratif: bç-gnàun «qui a de vilaines grandes dents».
\«XjUm s^ndûra, pi. xnâdfr ï^ySÂM , ^>>ljLu. «dent longue et saillante». Le mot est employé seulement au pluriel dans les provinces d'Al- ger et d'Oran. — mt^ndër ^,xju.m* «qui a les dents longues et sail- lantes».
TEXTES ARAKES. 2'J
IIIPIII1I»IE KiriUKÀLI.
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cu^.w shal: i" v. actif «réreinter» (par des coups, par une fatigue exces- sive); m'shtU «éreintén- A Larba des Beni-Moussa (Tell algérois) on a, à la u' forme, sahhat ffdonner une volée de coupsn; dans la plupart des parlera ruraux d'Oranie, on a, dans un sens voisin, sahhad «bles- ser grièvement»; a" v. neutre tfêtre à bout de forces, abattu» (par la fatigue, la maladie); sâhat trabattu»; aussi avec un sens affaibli «res- tant tranquilles : çddûnia sâhta «Tout est tranquille; rien ne bouge» ; "luâd sâhat «La rivière coule paisiblement». Le mot se retrotive spora- diquement en Algérie avec des sens voisins; ainsi, à Bou-Saâda, dans le Sud constanlinois, «être abasourdi»; à Lagbouat, «être exténué»; dans le Tell algérois et constantinois , on a shad « être absorbé ; être hébété». On comparera à l'égyptien sihhit «être prostré», ap. Z.D.M.G., 1891, p. g 9. — U est possible que 0^44» qui n'est pas attesté dans la langue ancienne, offre un doublet dialectal de caU»<; et o^4*«, dans le sens susindiqué, un doublet de ^L». D'autre part il semble que dans plusieurs parlers algériens ces deux racines se soient partiellement confondues avec ^/.x^^ (cf. infra, p. 36o, sub la^-s),
Jk^^ ssâhal JlaLJI , antiphrase euphémistique pour désigner le 'â^or, - -n" «milieu de l'après-midi»; cf. Nôldeke Orient. Studien, I, p. 4 34; BuDGETT Mkakin, An Introductton , n" i45.
ç.y*i snm **U. : 1° «bientôt, tout à l'heure» (en parlant de l'avenir); a° «mais, toutefois»; connu un peu partout en Algérie dans ce sens. — sâm-sàm : 1° «de temps en temps»; 2° «tout à coup», en parlant d'un incident survenu d'une façon brusque, inattendue et aussi prématurément. Aucun adverbe français ne rend exactement cette nuance : «bientôt après et subitement».
[AyM* saq, fut. isôq ^jL«, ^ij^-»»^, signifle à Tanger «apporter»; ce sens du mot ne m'est connu en Algérie que dans certains pariers de la région de Nedroma (cf. Basset, Nedromah et les Traras, p. 58); il existait en andalou (cf. Dozy, I, 706); saq-hbâr signifie à la fois «in- former quelqu'un» et «être informé, avoir vent d'une chose» : sâqli hbâr '"là «Il m'a informé de», et sâqli-lhbàr «Il a eu vent de mon affaire». — Dans le sens de «pousser des bêtes», (jL». se prononce toujours à Tanger sâg, ce qui dénote un emprunt à la langue rurale. sûuàq, pi. sûuâqen vj'i-»" *g6ns qui viennent vendre au marché»; tandis que sûuàg, pi. sûuâgtn, «conducteur de bêtes».
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siieb signifie à Tanger «tiâcher, abandonner w/omme ailleurs; c'est en outre le mot habituel pour «jeter» (comp. Lercuundi, Voc, p. 377, sub echar). Ce sens, qui était aussi connu de l'andalou (cf. Dozy, I, p. 710), n'est connu en Algérie qu'à Tlemcen et Nedroma (par ex. w jeter la navette» dans le langage des tisserands); mais dans les par- lers de ces villes, siieb n'est pas le mot habituel pour «jeter»; comp. pour l'Egypte Kahle, Zur Geschichte des arab. Schattentheaters , p. 4o, note 45.
ijmaam sâs, fut. ists j«Lw, j.**-*j «plonger, tremper dans l'eau». Le mot m'est entièrement inconnu dans les dialectes algériens. — sàs isns quia le même sens à Tétouan (cf. Arch. mar. VllI, p. 3i5) m'est connu dans le Sahara oraaais avec des acceptions très différentes : «vider en secouant» (par ex. un sac); «secouer ses vêtements» (pour reprendre la liberté de ses mouvements après une halte); et de là «se remettre en route», sâs isûs aurait aussi le sens de «secouer» dans certains parlers marocains.
xaam sëià-y, pi. sçmyèn ^C-w «orfèvre», représente l'ancien cLjo, déjà noté comme dialectal par les lexicographes indigènes (cf. Lisân el-iarab, X, p. 39 5) et encore très usité dans les parlers algériens et à Rabat (cf. Fischer, Mar. Sjn-ichw., p. 3o, 1. 5). Aujourd'hui, «fujy n'est plus courant à Tanger dans ce sens; il a été remplacé par nqairi cl dëggâg; mais , antérieurement , le mot a donné son nom à la grande artère de Tanger, ssçiâyçn.
Juum sïiâla, pi. siiàlàl *JL1*k, diminutif stûula, «tatouage vertical du menton pour les femmes». Les Tangéroiscs ne le pratiquent pas; mais, chez les femmes du Falis, ce genre de tatouage est courant (cf. Arch. Mar., [, 175, 176; IV, 9/1, 95 ). De là vient que le mot siiâlàt est em- ployé pour désigner «les femmes». Le mot dénomme aussi un tatouage de ee genre à Constantine, à Nedroma et à Tlemcen. Chez les ruraux et les bédouins d'Algérie , et dans le Nord tunisien , il désigne une bande blanche sur le front et le chanfrein du cheval (cf. Beaossier, p. 32 3; SoNNECK, Chants du Maghreb, II, fasc. 9 , p. 55). C'est de ce sens au reste (class. JUSU,) que le sens de «tatouage vertical du menton» dérive vraisemblablement. — D'autre part, en Orient, on a satiâl avec le sens de «tatouage du menton» chez les ruraux palesti- niens (cf. Dalman, Pal. Diwân, p. 35 in fine); et saiùlla «tatouage des
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coins de la bouche» chez les bédouins de Moab (cf. Musil, Arabia Petreea, HT, p. 169).
/y^ytM sîniia, pi. simiàt et suant, diminutif «utnna , jLsJL^.u>, S^^w, iLSjyui «plateau en métal» ; le mot est passé en §elha (cf. Stdmme , Taz. , p. 920, sêiniia «plateau à cafén). Le mot se retrouve à Tunis avec le sens de «plateau» et de «plaque de four» (cf. Clermont, L'arabe parlé tunisien, p. 368, note 4; p. 95 1, note 4). En Algérie, il est courant à Tlemcen («întm) et à Nedroma (sçnîia). A Constantine, sinîia est aussi connu avec le sens de «plateau en métal pour le café», distinct de snî «pla- teau sur lequel on place la nourriture pour les repas». Dans une partie du Tell oranais , on distingue aussi du snî, «plateau» en général , la sinîia , sçniia (ou s(imia) «plateau garni de la théière et des verres à thé». Par contre, à Alger et chez les ruraux et bédouins du département d'Alger, sinîia ou sçnîia sont inconnus, et «plateau en métal» est toujours sni (Sud algérois snQÏ, qui semble un diminutif), pi. SQnia (Alger avec l'article : lasgnia); le petit plateau sur lequel on sert le café est spé- cialement désigné par un diminutif féminin ««ma , ou, dans quelques régions , sntia. — 11 est certain que sînîia tangérois , tunisien, tlem- cenien et constantinois , et sçnîia du Tell et du Sahara oranais reportent à Â^P-->o «plat ou plateau de porcelaine de Chine». Dès une époque ancienne, ce mot a perdu son sens propre et a été employé pour dési- gner un plateau de n'importe quelle matière , le plus souvent de métal ; c'est dans ce sens que le connaissent aujourd'hui la plupart des dia- lectes orientaux (cf. Dozr, I, p. 867, 858; Geogr. arab., IV, p. gSi ; Tabarï, III, p. 1089, 1. 10 t-^ioi XJLk^^\ El-Gâhi^, Buhalâ', XV; Landberg, Prov. et Dictons, p. 121; Eliâ Qocdsi, Corporations, p. 20, i. 1; p. a8, 1. 8; HuBER, Voyage en Arabie, p. 198; Z.D.M.G., 1889, p. 964, 1. 5; Reinhardt, p. 35 1, 1. 7; p. 39 3, 1. 19 sinniie; à Dofâr encore un platde porcelaine ; cf. Rhodokanakis, II, p. 34). D'autre part, snî, commun à la grande majorité des dialectes algériens (Tlemcen, une partie du Sahara oranais et le Souf l'ignorent cepen- dant), doit aussi reporter à ^^i-yo (ou mieux au turc ^^ <$>.?>*»'), mais avec la disparition par dissimilation du premier î, suivant un processus qui apparait également dans le tripolitain et le palestinien sûnîia (<;«îmta; cf. Stummb, M.G.T., p. 3o6; Littmann, Mod. Ar. taies, p. 3o, 1. 1 9 , 17; p. i65, 1. 1, 9) et dans l'égyptien sanîi§(d. Spitta, Gram., p. 1 19 in pnnc; aussi sanîiç «plaque de four» ap. Bauer, Pal.
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Arab., p. a 54). — Dans ceux des pariers ruraux d'Oranie qui con- naissent à la fois snî et sfniia, il est vraisemblable que les deux mots sont empruntés, conune les deux ustensiles qu'ils dénomment, à deux milieux citadins différents. En fait de plateau , les ruraux n'ont dû connaître longtemps que le tbâg en sparterie. L'usage et le nom du snî provien- draient de la province d'Alger. Alger fut en effet un centre important de fabrication (ou d'importation) d'objets en cuivre rouge à l'époque turque. La sënîia «plateau à thé» tirerait par contre son origine, avec l'usage du thé, de Tlemcen ou du Maroc; et l'emphatisation de la sif- flante initiale (»>») ne reporterait pas à JLÇJl^as, mais marquerait l'application à reproduire le mot quasi étranger sinîia dénommant un objet de luxe.
^mLm èâéiia, pi. iuàii, ju^Lï, ^\yii : i° trcalotte noire, peu profonde, qui est la coiffure habituelle des juifs indigènes»; 9° tr calotte rouge, pointue et assez longue, que portent les mhaznir) (en Oranie làrbù»). Le mot ne désigne pas la calotte rouge , ronde , peu profonde et mimie d'un gland , qui est l'habituelle coiffure des jeunes gens et des indi- vidus de rang modeste; cette coiffure est à Tanger tàrbûi (cf. injra, p. 368). Au contraire, à Tunis, et, en Algérie, dans les départements d'Oran et d'Alger, c'est à elle qu'on applique le nom de iâiiia. A Con- stantine, par contre, on la nomme kebbûs (qui signifie à Tunis «ché- chia non encore travaillée»; cf. Glerhont, L'arabe parlé tunisien, p. aSo, note 4) et iâiiia signifie (rcoiffure de femme conique et rigide» ou «capuchon»; cf. sur ce mot Dozt, Noms de vêtements, p. aio et suiv. ; Suppl., 1, p. 809; Ben Cheneb ap. Rev. afr., 1907, p. 55 (texte d'EL-GlHi^ déjà cité ap. Kbemer, Beitràge zur arab. Lexicographie, I, p. i4).
iëbbâba,Yil. iëbbâbçil, àjLLs «flûte en roseau»; comp. Lerchitndi, Voc, p. 358, 6uh Jlaula; Hoest, Nachrichten von Marôkos, p. a6l et pi. XXXI. Le mot est moins courant à Tanger que son synonyme Ifra (Saluât el-'anfàs , III, p. 38, 1. It a. f. : ï^ = andalou l-j^^ly., avec agglutination de l'article de la forme déterminée; cf. Dozy, II, p. 85o). — Le mot iebbâba est connu dans le Maghreb oriental. En Algérie, il ne m'est pas connu, sauf à Djidjelh et dans la région voisine, où il apparaît sous la forme iebbaiba. 11 est attesté dans des textes égyp-
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tiens du moyen âge (cf. Quatbemkiie, Sultan$ mamelouks, I, p. i36; comp. pour Tépoque moderne Description de l'Egypte, XIÎI, p. 434), et en andalou (cf. Dozï, I, 718; Eguilaz y Yanguas, Glos., p. 3ii). H est très courant aujourd'hui dans les dialectes du Nord de l'Arabie (cf. A. MnsiL, Arabia Petrœa, III, p. 239, a84; comp., pour l'Arabie du Sud, Landbebg, Hadramout : CL^ «jouer de la flûte», p. i38, 139).
yJJit tbhàr y^, est à Tanger le mot habituel pour «prendre»; il s'est à peu près complètement substitué aux divers représentants de i<i>I qui apparaissent dans le reste du Maghreb. — Dans le Sud marocain , èèbbar est «saisir violemment» (cf. Houwâra, p. ai, note ap). A Tanger, il a du reste aussi le sens de «empoigner». — Le mot est inconnu dans ce sens en Algérie; à Tlemcen, sëbbar est «prendre quelqu'un à parti au milieu de plusieurs autres» (comp. Beaussieb, Z^ «se tourner vers quelqu'un»). — Il s'explique vraisemblablement par èbër «empan»; mais il est remarquable qu'un sëbbër avec r non emphatique existe à Tanger comme en Algérie avec le sens de «mesurer en empans». — Il faut signaler enfin que dans le jargon secret des Juifs d'Alger, iebbor est «briser»; mais c'est alors hébreu 132^.
la «.A ibfi «grimper» est courant à Tanger à côté de tiëbbo\ la" A? , qui est seul usité pour «grimper» en Algérie et apparaît seul dans la langue du moyen âge (cf. Dozy, I, p. 720); aussi en palestinien ]a^ ap. LiTTMAMN, Mod. Ar. taie», p. 196, 1. 8; p. 228 1. 10. En Algérie sbàt a d'autres sens (cf. Beaussier p. 324); aussi «se cramponner» en Oranie.
• ^^wû ilâ [icâ) *U*ï, subst. fém. , est le mot habituel pour «pluie» à Tanger, comme à Tlemcen , Nedroma , Alger, Cherchel , Djidjelli et Tunis (cf. NÔLDEKE ap. W.Z.K.M., VIII, p. 269); de même en maltais iita ou iitta «pluie». Par contre, chez tous les ruraux et bédouins d'Algérie et aussi à Gonstantine, c'est nou {nau, mî) qui est usité; dans quelques régions, mtàr; et parfois, dans le Sud mez'n et shâb. s" tua ÏjjU; «hiver»; de même en maltais (cf. Falzon, p. agi); en Al- gérie dans divers parlers, «un hiver» déterminé; à Alger, «pluie vio- lente»; mais «hiver», terme générique, est dans les départements d'Alger et de Contantine stà (masc. chez les ruraux; fém. à Gonstan- tine, Gherchel); à Alger-ville zmàn-çsstâ ; en Oranie mesta.
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J^ shâl JL^ ffcombien» reporte à JU. ^ «^l; cf. Dialecte de Tlemcen, p. 186. La forme à initiale vocaiique ashâl, qui apparaît parfois en Algérie, n'existe pas à Tanger. D'autre part, devant un mot à initiale consonantique , le / final se réduit ou même disparait entièrement dans une prononciation rapide. — Le mot était andalou (Foc, p. 549; Pedro DE Alcala, p. 160, «rcuanto» axhâl). H est aujourd'hui le mot usuel pour «combien» dans tout le Maroc et dans les départements d'Alger et d'Oran. Dans certains parlers ruraux et bédouins de ces dé- partements, kem, représentant du classique *j, est encore connu (cf. Mercier ap. Actes du XIV' Congrès, III, p. 96; Delphin, Textes , p. 19, note 2; kemm apparaît seul pour « combien» au Sénégal; cf. Basset, Mission I, p. 299; Fr. Marie-Bernard, p. 29). Mais il semble reculer devant shàl. En fait , on peut admettre que ce dernier est un apport andalou , qui s'est d'abord acclimaté dans les parlers urbains du Maghreb occidental; puis ce mot, étant un terme essentiel du vocabu- laire commercial, s'est étendu aux dialectes ruraux et bédouins sous, l'influence économique prépondérante des villes (comp. Ulàd Brâhim, p. 188). Dans la province de Constantine et dans l'Est algérois, on re- trouve le qoddâs {qoddâh; ruraux et bédouins gçddûs, gçddàh) de la Tunisie et de Tripoli.
^jji*il i^-dûqa, pi. srâdoq SSyùyii, ^jj^IjA trchiflon (plus spécialement de grandes dimensions)»; c'est vraisemblablement un développement qua- drilitère de \f^Z^; comp. class. 3J^-i, v^r^i o-'*--' ôr*^- — Un syno- nyme igrdûta, pi. èrâdgl (comp. Lerchundi, Foc.,' p. 8i,sub andrajo, SJh-i, pi. J>>\y£i), semble dû à une contamination de ^jâ par Jl^s>> (cf. supra, p. 394). Ces mots sont inconnus en Algérie.
ifa-i irçt, pi. iortan t->jK .•:,;, yUs-.^; «r corde en palmier nain» (comp. Ler- chundi, Foc, p. 745, sub soga de esparlo); ainsi chez les ruraux d'Al- gérie; chez les Sahariens, «rcorde en bourre de palmier». A Alger, Con- stantine et Tunis, «rptest ffgalon, tresse plate de doublure» (à Tanger irçlâ, qui est par contre à Tunis (rcorde à sécher le linge»; aussi au Sénégal t^,K^ «galon» ap. Basset, Mission, I, p. 34o; en Egypte et en Syrie «rit; cf. Nallino, p. 225 «nastro»; Ciciie, p. 296). A Médéa, Bou-Saâda et Tlemcen , on distingue iSrçt «galon» (Tlemcen aussi iàrçt ) de irfl «corde en palmier nain»; et à Alger-juif #rft «tresse d'oignons» (attachée avec une corde en palmier nain) de iârit «galon»; iàrfi iàfft et iârit représentent, à mon sens, non pas directement l'arabe
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ia^.yii, mais, avec des traitements diiTérents, le turc >>^.yii, u>^r^« sur lequel cf. Barbieb de Metnard, Dictionn. turc-françai» , II, p. iù5.
^-*M sçrra' «ouvrir une porte toute grande» ; ce sens se trouve dans toute l'Algérie; il apparaît déjà dans des textes du moyen âge; cf. Dozv, I,p. 747.
{^y^ iàrfûna Ji3^»Uï «très vieille», employé seulement comme ^Lsl dans l'expression sârfa èârfûna «une vieille très vieille». La même ex- pression est connue tout près d'Alger, aux Beni-M oussa ; à Alger, on dit dans ce sens ''gûza-'ag^âza; (comp. 'àzûTM *âzza à Tunis ap. T.M.G., p. ho, 1. 7).
(^yi* iràq : 1° «se lever» (soleil); 2° «étinceler»; le mot ne s'emploie qu'en parlant de certains corps, autant qu'il me semble, très brillants et jetant un éclat très clair, par exemple un diamant, du cristal, un morceau d'argent poli. — Il apparaît aussi à Alger dans le sens de «briller», quoique BEAnssiEn ne le donne pas; mais on l'emploie en parlant d'autres objets qu'à Tanger.
La^yM ««rwfâ , - pi. irâmpt Ât-i..*j.i, ix)»\~ii «lambeau d'étoffe»; le mot est assez peu employé à Tanger; c'est le suivant {gàruçtà) qui est cou- rant; par contre, les équivalents de iâpnétâ sont fréquents dans les dialectes algériens , comme dans les dialectes orientaux. A Alger-mu- sulman on prononce 6ptn^t, mais à Alger-juif «ojTnft.
Idjyw éhruêtâ, pi. irâ'ut, «lambeau d'étoffe allongé»; le mot se retrouve à Nedroma; à Tlemcen sâruçt; il m'est inconnu dans le reste de l'Al- gérie; d'autre part, il apparaît au Sénégal (cf. Reynier, p. 208, 1. 3). Il se trouve dans la langue écrite des auteurs marocains modernes, par exemple Noir el-MaOâni, I, p. 122 , la^^\yA.
i£>M* iuâri, pi. suârtiàt (£\\yiii, c»!^,!^ «grand panier double qui se place sur le dos des bétes de somme»; ainsi dans presque toute l'Al- gérie. En fait, suâri est le pluriel de *,>>Ui, qui est inconnu à Tanger, mais est usité à Tunis (sârïia ap. Stumme, T.G., p. 169) et apparaît très sporadiquement en Algérie (ainsi sûria dans le Sud-Est constantinois, d'une part, «un des deux paniers de la charge»; et chez les montagnards du Nord-Ouest oranais, de l'autre, «grand panier bombé où l'on conserve les grains»; à Bou-Saâda dans le même sens iûnia; probablement ailleurs encore d'autres formes du mot). — suâri est
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proprement «les deux paniers de la chargea; mais ces deux paniers formant un ensemble inséparable, le mot, étymologiquement pluriel, qui les désigne , est devenu un singulier à Tanger et dans les dépar- tements d'Alger et d'Oran. A Constantine et dans le Nord constantinois par contre, quoique le singulier sâria soit inconnu, iuâri a gardé sa valeur étymologique de pluriel et est syntaxiquement traité comme tel. Cf. sur ce mot Dozt et Engelmann, p. 367; Simonet, Glos. p. 676, sub xaira.
<-y«iaÀil »"ttoh «balayer»^ et «"ttaha, pi. itàtoh JôLta^, t^Hxi trbalai». Ces mots étaient andalous (cf. Voc, p. 673, sub tcopare, scopa); en Algérie, ils sont connus aussi tous les deux à Nedroma. Chez les ruraux du Tell algérois et du Tell oranais, sâltâb est spécialement tf balayer avec un fagot de broussaille [sâtba) les brins de paille et la balle pour les séparer du grain après le dépiquage». Dans le Nord tunisien également on appelle iâttaba, chez les ruraux, un petit balai en branches de passerine [meBnàn). — Par contre, dans l'Est constan- tinois, iàttâb a un autre sens; c'est «piocher» à l'aide de la pioche appelée sâttSbiia (cf. Beaussier, p. 335, 336).
jX-«i«^AM ia'iw «égayer et étourdir; donner une pointe d'ivresse» (en parlant d'une boisson alcoolique ou du kif) : "Ihâdra ia'i'tâtç ou ià'k'i'at frâsQ «Le hachich lui a donné une pointe d'ivresse». — tsaiia* (11" forme) «avoir une pointe d'ivresse; être égayé et étourdi par la boisson». — Quoique Beaussier ne donne pas exactement ce sens du verbe, il est courant dans toute l'Algérie et dans le Nord tuni- sien : «donner une pointe de gaieté» (en parlant de la boisson) : râh mià'iat «11 a une pointe de joyeuse ivresse».
"■**>' i'àt : 1° «jeter à terre avec violence»; 9° «frapper de dérange- ment mental» (en parlant des djinns); et de là le participe passif méi'çi construit avec f'ià «fou d'une chose, en ayant une envie irrésis- tible». — Lerchundi, Voc, donne encore p. 698, sub revolverie, LhA «se retourner dans le lit», qui ne m'est pas connu à Tanger; mais la V* forme lianât est employée dans ce sens. Il a encore iajui avec le sons de «donner un coup de fouet» (p. 465, sub laligazo), quim'est également inconnu à Tanger; c'est ihat k-sc qui a ce sens. II est remar- (|uable qu'en maltais xehet — lA^ a sensiblement la même significa- tion que i'ât tangéroLs (cf. Falzon, p. 484). — kx^ est inconnu en
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Algérie comme dans la langue classique. En Orient ie mot apparaît aujourd'hui avec des sens différents de ceux qu'il a à Tanger; cf. Cuche , Dict., p. 3o9; Stage, Foc, p. 171 , sub lear; p. 187, sub whipp.
î"*^ rjf^r» P'- Tff^T^ ^U-ï «voleur»; le mot est aujourd'hui à Tanger synonyme de sârâq, y^. surraq ; ci. Houwâra , p. 3o, note bg. — Le mot est connu aussi dans les provinces d'Alger et d'Oran; et Beaussier indique exactement le sens étymologique de «coupeur de bourses» (de ByL^ «couteau») et le sens oranais de «pick-pocket sur les mar- chés». Le mot n'est pas courant dans la province de Gonstantine. — èèjfâr «dérober» , verbe dénominatif, est usuel à Tanger.
^Àaw sfênz, à côté de sfënz «beignets» (collectif); nom d'unité sfënza, nom de métier fffâni [s'jfài), avec application boiteuse du paradigme JljLà à un quadrilitèrc ; on entend aussi quelquefois à Tanger comme ailleurs «"ffài ( cf. Doutté ap. Recueil de Mémoires de l'Ecole des Lettres , p. 207). La forme avec s initial sfënz de ce mot d'origine étrangère est antérieure à la forme avec ». Cette dernière est due à l'influence de la chuintante finale sur la sifllante qui la précède, suivant un processus qui est constant aujourd'hui en tangérois {s-i, z-z'^ i-z, i-z, etc.). La forme à s initial est la seule qu'on trouve en Algérie : sfeng, sejfâg (ou sfângi). Le mot, depuis longtemps identifié comme aitàyyos,» conservé le sens de «éponge» dans les dialectes orientaux (cf. Spitta, Gram., p. io4 inprinc; Bauer, Pal. Arab., p. ^U). Au Maghreb, ce sens n'apparaît pas à ma connaissance ; et l'Andalousie l'ignorait aussi («éponge» est en Algérie sengâl ou nçsèàfa; au Maroc zëjfàfa comme en Andalousie; cf. Dozr et Engelmann, Glos., p. iA5). ^jL* dans l'Afrique du Nord désigne toujours aujourd'hui une espèce de beignet, comme déjà en Andalousie et chez les auteurs maghribins du moyen âge (cf. DozY, I, p. 99; Stumme, T.G., p. 65; Narbeshuber, p. 19, note /i8; Mamlim, III, p. 7, 1. 19; p. 19, 1. 18, 20; IV, p. 197, 1. 4, etc.); de même en maltais sfnga «frittella», ap. Falzon, p. 890.
jjj-M* soqq-heâra, pi. soqq-heàràt ï^L*i. ,^ «prise d'air, petite ouver- ture en forme de meurtrière» (proprement «fente de concombre»; à rapprocher de l'énigmatique saq bidingina «encrujizado» de P. de Al- cala, 933, 1. 1 5 ?) Ce complexe est devenu pour le sujet parlant un seul mot, suivant le processus étudié par FLEi8CHER,ir/em.5c/iri/ien, I, p. 5o. Toutefois, je n'ai jamais entendu ce mot avec l'article. La forme ^.a
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5\L^ de Lerchundi (Foc, p. 5, sub abertura; p. 718, sub saetera) m'est inconnue pour Tanger.
soqqoq ^Jiw «entr'ouvrir une porter; ainsi dans tout le Maghreb (bédouins et ruraux seggeg).
ji-û sqà : 1° fut. Hsqà «prendre de la peine» : mâ-tsqasi «Ne prends pas la peine de»; ainsi ailleurs au Maroc, en Algérie, en Tunisie (comp. Fischer, Mar. Sprichw., p. 26, n" 16; Stumme, T.M.G., p. ai, 1. 29). Ce sens maghribin de J-i existait en andalou(cf. Voc, p. 448, sub laborare) et se retrouve dans l'Arabie du Sud (cf. Landberg, Hadr., p. 623); 3° fut. -ièqe «rcauser de la peine, de la fatigue, déranger»; le mot apparaît surtout dans la formule llâh-ld-iiqe . . . (rQue Dieu puisse éviter la peine à. . . », souvent employée ironiquement (cf. infra, sub llâh ). Dans ce sens , le mot , représentant vraisemblablement ^^^I , est courant aussi dans les dialectes citadins d'Algéi'ie; mais à Alger, au lieu de iqà, ieiqe, on emploie de préférence iàqqâ, iiàqqe = ^^
•5L*M àkàr «faire l'éloge de»; m^sUçr «loué» et «louable»; ainsi dans tout le Maghreb, comme déjà chez les auteurs du moyen âge et aujourd'hui dans de nombreux parlers arabes (cf. Dozv, I, p. 777; Landberg, DaOîna, p. 634; Spiro, Voc., p. 819; Bauer, Palàst. Arab., p. 2o4, 1. 27; p. a5o, 1. 22); aussi au Sénégal (cf. Reynieb, p. i56).
ihâra, pi. shâuir, diminutif ikç'ra, ï,lX;i, oLCi, apparaît chez les auteurs maghribins du moyen âge; cf. Dozy, I, p. 777; le mot était andaluu et est connu aujourd'hui au Maroc, dans toute l'Algérie, à Tunis, à Malte {ikôra ap. Stdmme, Malt. Stud., S 17) et aussi au Sénégal (cf. Reynier, p. ii5). Quel rapport soutient-il avec son syno- nyme berbère aikar, diminutif taskart (cf. Stumme, Taz., p. 169, 282; aussi zouaoua)? Je ne puis le décider. 11 n'a pas à Tanger le sens habituel de «grand sac en toile» qu'il a en Algérie, ikâra est «sacoche en cuir qu'on porte en bandoulière» (cf. Arch. Mar., VIII, p. 267 et suiv.). Lorsque le mot désigne un sac en toile à mettre la farine, le grain, un complément déterminalif doit le spécifier : ikdra-d''lhâni , dôithçn, d'zzrài.
JxJiè ik^l, pi. ikâl, «espèce, 8orte» = cla8s. jî-i; inusité en Algérie.
mëik^l, pi. miçik^l JXû.*, Jk5Lû-» «croc-en-jambe» ; à Tlemcen et Nedroma, on dit dans ce sens ikàl, dont l'andalou ialék {çancadilta ap, Pedro de Alcala, p. i64, 1. 9) n'est qu'une métathèse (elle se
348 TEXTES ARABES
retrouve en andalou pour d'autres mots se rattachant à y/jXi; cf. Dozy, I, p. 788). On emploie à Tanger dans le même sens mçhtàf (cf. supra, p. 989), qui est aussi connu à Alger-musulman à côté de cengâl (persan puis turc JtSjL^); chez les ruraux d'Oranie, «croc-en-jambe» est ''çggçila (comp. en berbère d'Ouargla bû->aggal ap. Biarnat, Ouargla, p. 348) et chez les ruraux et bédouins de la province d'Alger >'okk^la; à Constanline ^a'Ma ou qoUa; à Alger-juif sàrki; à Tunis, «donner un croc-en-jambe» est >agrej{cî. Stuhue, T.G., p. 178); chez les ru- raux du Nord tunisien aussi 'aklef.
^Kmi i^llà : 1° «ce que ne»; comp. pour l'Algérie Sonneck, Chants du Ma- ghreb, 11^, ip. 5g, etpour le maltais (a:i7/o), FALZ0N,p. 496, avec un bon exemple; isëmm>'tik sçllù-lsnw «Ils te feront entendre ce que tu n'enten- dras jamais»; qalÎQ sQllâ-iuqâl «Il lui a dit des choses qui ne sont pas à dire» (jUUi passif conservé dans cette expression, qui est usitée aussi à Tlemcen); k0dhul Jiglld-eteq (^i^Jaj) «Il se mêle d'un tas d'his- toires auxquelles il n'entend rien» ; hêîfttnna éflld-n'aqlQ «Il nous dicte un tas de choses que nous ne pourrons pas retenir». Je ne puis expliquer s^llà dans cet emploi que par il L^ (comp. pour des assimi- lations semblables du tanwîn à i), minlla, qalblla ap. Fischer, Mar. Sprichw., p. 43 in princ), 9' «combien!» exclamatif : hçua-fâitëk- biçllâ""'^ «De combien il te dépasse !»; s^llâ mâ-nsri «Combien j'aurais de choses à acheter!» ; i§lld'^ '^ ma-'"tah d''ljlûs «Combien d'argent il lui a donné ! » Dans ce cas , sçlla reporte peut-être à s(lld-iûrd ^= ^ ^ (/■J, qui est encore courant dans le parler juif d'Alger avec le même sens de «combien!». A Alger musulman comme dans tout le départe- ment d'Alger et dans celui de Constantine, içlla ne m'est pas connu
' dans ce sens.
4^<M s§llâh «enlever par éclats ou par lambeaux» {sçlha «un lambeau d'écorce»; cf. Lerchundi, Voc, p. 665 sub raja) : tsçllàh «s'en aller par lambeaux, s'effilocher» (en pariant d'une corde). — Ce verbe se trouve à la i" ou à la ii* forme avec des sens voisins dans divers parlers algériens (cf. Beaussier, p. 344). Je ne le connais cependant pas chez la plupart des ruraux du Tell oranais.
iaXm slot : 1" «égorger (une bête) d'un coup net, en une seule fois»; 9° «jouer un mauvais tour à quelqu'un en le prenant au dépourvu»; 3° «vider un plat à fond , en manger tout le contenu» («é^/Apt «lapper», en
DE TANGER. 349
parlant des animaux , est peut-être dû à une contamination de èlot par y^, inusité du reste dans le dialecte). — Le mot a en Algérie des sens variés : à Tlemcen, «regorger d'un coup net», comme à Tanger; chez les ruraux d'Oranie et du Tell algérois «inciser, découper de la viande sans en séparer complètement les morceaux» ; dans l'Est «éra- fler» (cf. Beaussier, p. 344).
^xXàw s'iyûma, pi. slâyom JL«jjJLi, *^3A^ «moustache»; le singulier est peu usité; on l'entend cependant dans le sens de «une pointe de la moustache»; le pluriel désigne «toute la moustache» (comp. le fran- çais «moustaches» pour «moustache»). Il en est de même en Algérie (parfois avec un singulier sçlyûm, comme par exemple à Alger juif; à Tlemcen, sing. sçlyma). Ce mot caractéristique du vocabulaire raaghri- bin est d'origine obscure. Il se retrouve en berbère (zouaoua aselyûm), mais il est possible qu'il y soit un emprunt à l'arabe. Il faut comparer le -jJaJLi «grosse lèvre» de l'égyptien (cf. Spiro, Voc, p. 3ai et 3i6). slâymi, pi. ilâymîia ^5Auï «moustachu»; ethnique tiré du pluriel ilâyom, suivant un mode de formation très répandu dans les dialectes maghribins.
/rtt, mëimûm, pi. vûàmëm, «bouquet»; cf. Dozy, I, p. 78Û; ainsi dans toute l'Algérie.
c;:44VM imàta, pi. èmâil Àj'U^, ooUâ «propre à rien»; ce substantif masculin est connu avec ce sens dans toute l'Algérie; à Alger, à côté d'un pluriel itnâi^, on entend aussi un pluriel iu$mm^t.
'oJit iëmmah «mouiller», rmëmmah «mouillé», tiëmmah «se mouiller»; comp. Lerchundi, Voc, p. 683, sub remojar; comp. Dozy, I, 786. Le mot est connu dans la plupart des parlers algériens ( en Oranie aussi «cmma/i); mais il ne paraît pas usité dans le Maghreb oriental.
iâmha ÂicLi : '"mël-sâmha «applaudir» ; cette expression est inconnue en Algérie (on emploie ?àJfoq, Tlemcen keffef), sauf à Nedroma, où idmha l'iik signifie «bravo pour toi» (souvent employé ironique- ment). Peut-être est-ce JL»^ avec un allongement emphatique de la voyelle; peut-être est-ce plutôt un emprunt à l'hébreu nnpt?.
j^ Cf. j#*. .
yâ>.*A iëmmëi : drâb-àëmmës Ju^ <->~jA «à tour de bras» ; tdh làl-lmâkla dràh-iëmmë» «U est tombé à bras raccourci sur la nourriture»; hrék
350 TEXTES ARABES
*àl-lktâpa drahp-i''mmëi «U s'est mis à écrire sans relâche» ; cette ex- pression est inconnue en Algérie.
x^w imàta, pi. imâiàt ÂeUâ, oL^Lrâ «rbougie»; collectif ëmâ' «rdes bougies» ou «de la cire»; c'est probablement le pluriel gUi de Tan- dalou (cf. DozT, I, p. 787, 788) devenu collectif, et auquel on a ajouté le ï d'unité; ou peut-être encore est-ce sma> < «Jki, avec allon- gement de la voyelle brève accentuée suivie de * (comp. smâni ap. Fis- CHBB, Maroh. Sprichw., p. 11; et «"ddâ'lç, supra, ^. 65, 1. 7). — Cette forme du mot est entièrement inconnue en Algérie, où l'on a iëmm, pi. èëmmt, collectif itna'.
«>sJUm inâd, pi. inâdat , «sorte de porte-charge en bois» que l'on place sur le dos des bétes de somme; on entend parfois lesnâd avec l'arliclo agglutiné; et aussi la forme berbérisée asnâd (et alors toujours sans' l'article). Quant à la forme c»LjusJ, donnée par Lerchcndi ( Toc. , p. 82 , sub angarillas), elle ne m'est pas connue à Tanger. Le mot et l'objet sont entièrement inconnus en Algérie. D'autre part, Os<Li, pi. Ji^JUi, apparaît en Andalousie et en Orient avec des sens tout voisins de celui de snâd tangérois (rf. Don, I» 790). ènàd est vraisemblablement un pluriel (.>U-w! = les deux Osi.i) devenu singulier parce que les deux objets qu'il désignait formaient pratiquement une paire indivisible (comp. supra, p. 3/iû, iuâri, sub <^^).
t^jiaXm i^ntroz «jeu d'échecs»; cette meta thèse de class. ^ ^ ■■"■■■ se retrouve en Oranie (cf. Bel, Djdzya, p. io3; Ulàd Brâhtm, p. 19, santrgz, sentrâi). A Alger et à Gonstantine, on a sotrong (ftrçng). Quant au « initial du tangérois, je ne le considère nullement comme le représentant direct de ji ancien : une forme sentroz, qu'on entend parfois à Tanger, offre xme étape intermédiaire du mot dans le dia- lecte; elle date de la période où la tendance à la dissimilation des chuintantes était prédominante (i-z >»-£). Aujourd'hui, semble-t-il, c'est la tendance à l'assimilation à distance qui triomphe (cf. supra, ^^^1 ^-^^1 etc.) et sçntroz représente, je crois, un s§ntrgz antérieur, avec » repassé à «. g;Jsu« est au reste ancien; cf. Tàg, II, 64.
Jl-i-*» snaq, pi. snâqat (jU-i «corde qui serre et réunit l'ouverture des deux paniers du suâriv; comp. Lerciiundi, Voc, p. 725, sub seron. Le mot se retrouve en Oranie (ruraux snâg), avec ce sens, voisin de celui de l'arabe classique ^5lJUï = ff*l5^ de l'outre» ; et il désigne aussi,
I I
DE TANGER. 351
dans certains parlers ruraux d'Oranie, la corde à l'aide de laquelle on porte ou l'on suspend l'outre. A Tlemcen, snaq est aussi le cordon de soie, passant sur la tête, qui réunit les deux boucles d'oreille et soulage de leur poids le lobe de l'oreille. Chez certains ruraux du Tell algérois, le g"sat est la corde qui réunit l'ouverture des deux paniers {'"Ma) du mari; mais, si l'on met par-dessus, en tra- vers, une charge, la corde avec laquelle on l'assujettit s'appelle inâg; de là vient probablement le sens de inâg chez certains ruraux du dé- partement de Constantine et dans la Mitidja : «toute charge du milieu, surmontant les deux charges latérales d'une bête de somme» (»}5lc classique = i'/w oranais = w/utja de Tanger), surtout ffsac de charbon» ou «rcharge de bois à brûler».
y^^ sqh.ua Hj.^ ffgoût, passion, inclination»; dans les formes pourvues des affixes personnels vocaliques, le h médial tombe parfois : sàuti trmon goût» , à côté de sâhrûti, shâuti et sahiiâli. La disparition de h est fréquente pour cette racine dans d'antres parin^ arabes (cf. Oft- $ervataons sur Beautster, p. 445, jc-i; aussi tlemcenien niëili «rradis» = algérois »ie«</ie = andalou ^qï!?. « ap. Voc, 5 5 1, sub rap/ianus). — Le sens de «r envie sur la peau» que le mot a fréquemment dans les parlers algériens est inconnu à Tanger; on dit seulement tûhfma [tàhçmn =
^Jiyi* CL supra ^Lii.
iûyit sQuot «flamber, passer au feu» (par exemple les têtes de mouton pour leur enlever le poil : Vsuèt-''rrem)\ du pain qui a reçu «un coup de feu» est hrf,hz insçulà. Ce sens fort classique était andalou (cL Dozy, I, 8o3; Ibn GuzMlN, 27', 1. 7) et se retrouve dans beaucoup de parlers d'Algérie (aussi içusot à Laghouat comme à Tunis; cf.* Clebmont, L'arabe parlé tunisien, p. 35o, note 3 ; ièl^t dans le dialecte juif d'Alger) et en maltais (cf. Falzon, p. 48a). Le sens de «rôtir» que ce verbe a à Tripoli (cf. Stumhe, p. a3, I. 6; p. aS, 1. 3a) est inconnu dans le Maghreb occidental , mais se retrouve au Souf.
• iijyjit iûka, pi. iûkà^ ou suok, collectif sûk : 1° «épine»; a" «pointe» (par exemple pointe de toupie, d'une aiguille, d'un canif; comp. Lerchundi, Voc, p. 65o, sub pua). — Un troisième sens, «recoin dans une chambre» (par exemple entre un meuble et le mur), cou- rant à Alger, o'est pas connu à Tanger.
352 TEXTES ARABES
J^ iûual, aussi iu^ïl et iûij.ila J\yii, JyJ-i, pi. ixta-'ul, «queue d'un quadrupèdes; comp. Lerchundi, Voc, p. 197, sub cola. Ces mots sem- blent moins courants à Tanger que dçnnlh ou dçnnîha, zonr^t ou zon- nçpâ. souuâl désigne aussi la w queue du cheval» dans certains parlers du Sud oranais (par exemple chez les Hâméiiân); il apparaît sans doute ailleurs encore en Algérie. Chez les Ulâd Brâhïm (Tell oranais), c'est, non pas la «queue», mais la trverge» du cheval. Les mots qui désignent la «queue» varient beaucoup dans le Maghreb suivant les régions. — iûjfâZ se retrouve en §elha sous la forme aiual (cf. Stumme, Taz., p. 109); cependant il ne me semble pas douteux qu'il ait son origine dans arabe y/jj-i (comp. SJ\}^ «queue du scorpion» ap. Landeerg, Badina, p. 859).
iyi,jyM!t sy,tifi (èuiifi) «peu» : uàhd-''isuiiës «un peu», b''èsuiiçs «peu à peu»; aussi à Fez iuiiii ap. Kampffmeyer, Texte, p. 19, 1. 5; à Té- touan b^isuiiiûi, qui est inusité à Tanger; c'est sûrement une abrévia- tion de iuçi-iuçi, comme dans beaucoup d'autres dialectes (égyptien, syrien, mésopotamien , cf. BR0CKELMA^^, Grundriss, I, p. a6o; aussi en Lybie, cf. Falls, Beduinenlieder, p. 997, vers 7/1 , et dans l'Afrique centrale, cf. GAnoEFROï-DEMOMByNEs, Rabah et les Arabes du Chari, p. 45 «doucement» bechéich). Cette abréviation n'apparaît pas à ma connaissance dans les dialectes d'Algérie.
laxA iSt, fut. iiçt, «être superflu, rester en trop»; avec ce sens le mol se retrouve à Alger, dans le Tell et le Sahara algérois (cf. Desparmet, Arabe dicdectal, 1" période, p. i63, 1. 1). Mais, à Tlemcen et en Oranie, c'est sâti qu'on emploie dans ce sens; et à Constantine st/it (bUa-il, XI* forme maghribine).
M»<M> s^bb^t, pi. sbâbot bLl*s, IajL*s «paire de toute espèce de chaus- sures» (terme générique). En Algérie par contre, le mot désigne toujours une espèce de chaussure particulière, le soulier. Ce mot qui se trouvait en andalou avec s initial (cf. Dozt, I, p. 6s 5; Hadàiq, éd. Fez, cah. 3i, p. 1, 1. i3, LsL"^!; maisms. Paris 89^ hll^\), et qui est écrit blLw ap. Ma>âlim, IV, p. 163, 1. 16, apparaît aujourd'hui dans tout le Maghreb avec «. — A Tanger, s"bbala est employé pour
i
\\
DE TANGER. -swîmswk 353
désignera une des chaussures de la pairen (synonyme /"/Y/no Css^bbât). Cet emploi du nom d'unité est entièrement inconnu en Algérie, où ffun soulier» est toujours Jerdet-sobbât , Jerl'-sobbât, Jerda-sobbal.
x-M© «,^«'5 subst. masc. , wdoigt» a les pluriels sob'ên et isâbat. Le pre- mier est dû à l'influence analogique des anciens duels devenus pluriels pour les noms de parties doubles du corps. Il se retrouve peut-être en maltais (cf. Ilg-Stdmme, n' ii3, submiia; l'explication de cette forme comme un singulier dialectal, proposée par Stimme, p. i5, est discutable; cf. au reste dofrein servant de pluriel en maltais, supra, p. 399). Le deuxième est^Leill l$âba>, avec agglutination de l'article (à Alger et à Constantine àsaba', sans agglutination); à l'état déter- miné, "llsâbai. Dans le sens propre, les deux pluriels sont employés indifleremment. Il existe pourtant entre eux une diflerence au point de vue du traitement syntaxique : le pluriel hâbaf peut se construire avec les suflixes personnels directement annexés : Isàbi'o «ses doigts»; par contre, pour sob>çn, la relation d'appartenance ne peut être ex- primée que par l'intermédiaire de la préposition dialectale dicJ, : «mes doigts» "gsob'çn diâli, jamais *gohfçia. Comme nom de mesure de lon- gueur, sba> a pour seul pluriel usité Isâhai (de même à Alger àsàba>). Le représentant de classique ^**9l a dans le Maghreb généralement un
singulier Jlxi (Tanger, départements d'Alger et d'Oran «6a»; fréquem- ment chez les ruraux et bédouins, à Constantine et à Tunis ?bo"t); la forme Jut* du tripolitain et aussi du parler du Souf («06"' ap. Stuhme, M.G.T., p. a/19 in pi-inc; aussi sâba' en maltais; aussi mJJo à Aden; cf. Stace, Voc, p. 65, sub fmger) s'explique, je crois, par l'influence analogique de la longue série des JJL», noms de parties du corps dans ces dialectes [dùf'r, uuè'n, has'm, déh r, uui'h, etc.). — Le mot a des pluriels variés dans les dialectes maghribins, sbâ', s^âbat, fçtb'àn, màba'tin, fb^'Hn, à la formation desquels il est plausible d'assigner aussi des causes analogiques.
^«X.»o Cf. aJ^av.
' ^*Ko Cf. çj^^-
tj^ Cf. 3^.
ijo mrrlid est à Tanger : 1° le mot habituel pour (renvoyer»; comp. FisciiKK, Zwn WorlU)n, p. a8i in fine; a" «^congédier quelqu'un avec
TKXTKS AIUUKS. 215
35A TEXTES ARABES
qui on a terminé une aflfaire»; 3° «passer en revue» à côté de sàrrot. (Lerchundi, Voc, a <>y>u et bl» revistar, p. 697). Le premier sens ■ est inconnu en Algérie; le deuxième se trouve à Nedroma; pour le troisième , c'est . sàrrot qui apparaît seul dans les parlers algériens : «passer en revue un à un; compter des pièces d'argent; faire défiler; aligner» (cf. Beaussier, p. agi). On peut proposer de voir dans sârrot ime variante phonétique de sàrrâd qui apparait avec le sens de «comp- ter de l'argent» dans des textes orientaux (cf. Dozr, I, 897) et qui doit lui-même être ramené à •iy*» (cf. sur >>-«» «aligner, mettre en fde» et sur ses rapports possibles avec 11^, "ilDi Barth, Elym. Stu- dien, p. .56, 67; GESENlus-B^mL'^ p. 53i). Quant à sâi-râd «envoyer», ii est possible qu'il faille y voir une métathèse de ,o^jo qui existe avec le même sens dans l'Arabie du Sud (cf. Landbebg, Hadr., p. 63 1).
-(o-o ?àrsâr «gazouiller»; comp. Beacssier, p. 366; dans le Sud algé- rois, sârsàr est «souffler», en parlant d'un vent froid; dans le Sud oranais «bruire» en parlant d'un oued.
lôwte srçt «avaler vite» (tandis que blat «avaler posément»), class. ^y*», a pour masdar srçt; le masdar «Vf3n (class. ylbli,) n'apparaît que dans l'expression frlâm-blà-màyân «avaler sans mâcher».
f^j*o sàrtàh (aussi sSrtàh avec s initial) «faire claquer un fouet» ; tsartdh «claquer» (en parlant d'un fouet); le masdar tsàrtçh signifie aussi bien «action de faire claquer» que «claquement». Le mot m'est inconnu en Algérie.
srâtàh Je\y£> «mensonges»; le mot a une forme de pluriel, mais je ne lui connais pas de singulier. Il m'est inconnu en Algérie.
J^y*o sâfifàl, pi. srà-ul Jl^**», Jj'j*» «pantalon»: de même, avec « = » classique dans l'Oman (cf. Reinhardt, p. 55, 1. U; p. i63, 1. 23), et, en Algérie, à Alger et à Tlemcen (à Tlemcen, le plus souvent srâuo/ «pantalon» , pi. srâulât, de même que dans la langue ancienne Ju^lj», pi. cyUj}!».*, source d'embarras pour les grammairiens et lexicographes indigènes). — Par contre, chez tous les ruraux et bédouins d'Algérie, on a s(ruàl, pi. «râjtï/.
KMXno sdà' «tapage, bruit désagréable». Le mot représente 2!.x*3 avec (/ pour d{i>), par assimilation d'emphase à « (^_^) contigu; de même à Alger sdà^; et dans la plaine du ChelifTz^/â», avec assimilation de sono-
DE TANGER. 355
rite sdz>-zd; ailleurs en Algérie sdât, sdâ'f. £l>>^*s apparaissait en an- dalou avec un sens tout proche du sens tangérois, qui se retrouve aussi aujourd'hui dans la plupart des parlers algériens (cf. Dozy, I, p. Saû). D'autre part, le sens classique db wmal de tète», inconnu à Tanger et à Tlemcen , se retrouve pour ce mot à Alger, chez certains ruraux d'Oranie , dans le Sud algérois et probablement ailleurs encore en Algérie (cf. Beaussier, p. 364). Il est possible que le sens de «bruit désagréable, qui casse la tête» ait son origine dans une confusion de fI>>-o et de Ijw«j.
»"dda> «importuner (surtout par un bruit désagréable); casser la tête (par un bavardage importun)». Ce sens déjà ancien se retrouve dans toute l'Algérie {sâdda>) et dans le parler des Houwâra du Sous; mais , dans ce parler, il y a eu passage de * > « sous Tin- fluence de d subséquent (seddat ap. Houwâra, p. Aa, 1. ao), tandis que, à l'inverse, il y a eu à Tanger passage de d^d sous l'influence dé s.
jno stâra, pi. stâjÂr ï.LLuôî jjl-ia-o «parapet, murette du rebord delà terrasse»; comp. Lerchlndi, Voc, p. 86, sub antepecho ï^LLa.»; et p. 58o, suh parapeto ïjLx-n.. Le passage du t de ï^Lx.» à t., et, consécu- tivement , le passage de » à » dans ce mot , se retrouve à Médéa , où fk'ira est «auvent en bois abritant une boutique du soleil» (au Souf sçllàra; comp. Tabari, III, p. ao45, 1. g). A Alger, par contre, on a, avec le même sens qu'à Tanger, «parapet, murette de terrasse» tlâra (et aussi anciennement avec le sens de «avant-mur»; cf. Dozy, I, p. 632; le souvenir de ce sens se perpétue dans le nom de la rue Rempart-Médée : sçr uustàra). A Tlemcen et à Ncdroma le mot est inusité; «parapet» se dit «"tatâ. Cf. infra , yia-y*s .
yXto far, fut. ^ff'àr ou ^ff'çr, «être enragé», au propre et au figuré. Le participe passif vCsi'çr est seul employé comme qualificatif «enragé» ; aussi f'âr «rage». C'est naturellement le classique »*-* (cf. Lerciiundi, p. 663, sub rabiar), qui était andalou dans ce sens (Dozr, I, 655; j-j*L«-» «chiens enragés» ap. Maqqarï, II, i^v, \, i4). .^ju««« «enragé» est connu aujourd'hui des bédouins du Nord de l'Arabie (cf. Musil, Arab. Petreea, III, p. kik; comp. aussi (^ylJt^ «enragé» ap. Spiro, Foc, p. 979; SpiTTA, Gram., p. 376, 1. 4, «oTâm). En Algérie, il est employé à Constantinc, Djidjelli, Mila : m«;»(5r «enragé», fçr «être en-
a3.
356 TEXTES ARABES
ragé». A Tlemcen , s>or est «faire étalage de sa force» , et «faire le beau devant la femelle» (en pariant du mâle des animaux); et on emploie comme qualificatif le partie, actif «â»ar; mais «être enragé» est, comme dans tout le reste de l'Algérie, kleb, avec, comme qualificatif, le participe passif meklûb «enragé» (langue classique <-J;5 eti-*,J5);dc même à Tunis, à Tripoli et en Lybie (cf. Stumme, M.G.T., p. 17, 1. i/i; Falls, Beduinenîieder, p. aaa, piè*e gi, 1. 5). JiyAj^ qu'on trouve dans ce sens au Sénégal (cf. Basset, Mission, I, p. 996) ot \^Jju» qu'on trouve dans l'Arabie du Sud (cf. Stage, Foc, p. io3, suh mad) sont inconnus dans le Maghreb.
sai'ar «fixer les prix» = -âa».; il n'existe pas dans le langage cou- rant de Tanger de représentant dialectal de class. JL*- «prix»; c'est tçmàn qui est le véritable mot du parler pour «prix»; cf. supra, p. 266. — En Algérie, ««'V «prix», et surtout le pluriel s'âr, sont très usités dans la plupart des parlers ruraux et bédouins : l^s'âr rLjuwill est surtout employé dans le sens de «les cours des céréales au marché».
sMDtJO smidâr, construit avec tnëii, «maugréer contre quoiqu'un ou quelque chose en cherchant à s'en débarrasser» = ^jo^Jw4l/l ; la racine classique v/r^ a un d dans le parler de Tanger; cf. infra j«ic p. 385 ; une assimilation d'emphase à distance a fait en outre passer à ss la géminée initiale ss, provenant de la réduction de »t (ou ts), fréquente pour les x" formes de verbes dans le dialecte. — Quant au sens de ssa^dâr, il est tout voisin d'un des sens de ^ Joou«/l dans la langue ancienne «demander aide, demander justice contre» (de même que ^j^*l «venir en aide à, faire justice à»; cf. les lexiques; A'tTiôja, III, p. 76; et les commentaires sur BchàrT, Mayâzi, n° 34 : ,.Xja-wL» fut^j ^ aMIJ^^^ JJL» ^ J^-?-5 {^ Jo'*'-*4 {j^ y-!i-«-'-~-^l »-&.*-• L> JUl» (jTT jjj M\ Jyjc ^ ; comp. les références de Gesenius-Buhl'*, p. 679, sub lîi?). Ce sens du représentant dialectal de ,Jotx.«/l est inconnu en Algérie; 8ta>Sçr est employé dans divers parlers sahariens dans le sens de «s'excuser».
^-.*o s'ffàha Âa^lLo «rocher large et plat à fleur de terre», collectif s^jfâh; aussi andalou et algérien (cf. Dozï, I, 835; Beaussier, p. 869; Delphin, Textes, p. 378, note a). — A Alger, hàgra soffâha, collectif hgar snjfâh, désigne les pierres plates qui pavent les vieux chemins turcs de la banlieue ; l'on dit d'un misérable sans feu ni lieu : iûrqod /"l-essnffah «Il dort sur les pierres du chemin».
DE TANGER. 357
yXAo ffra, pi. «"frà^, est le mot habituel à Tanger pour et fois w; il est inconnu dans ce sens en Algérie. C'est naturellement ïykm «voyage, tournées; dans la racine classique \/jjL«<, le s initial est fréquemment passé à s dans les dialectes citadins de l'Afrique du Nord ; ainsi sâjar «voyager» à Tanger, Tlemcen, Alger, Constantine, Fez (cf. Kampff- MEYER, Texte, p. 21, 1. 3), Tripoli (cf. Stdmme, M.G.T., p. 5o, 1. ai ; p. ^5, 1. 22) et occasionnellement à Tunis (Stumme, T.M.G., msâfer, p. 3i, 1. 92; safra, p. 5i, 1. i3; tas/ar, p. 5i, 1. 28, à côté de msâfrin, p. 23, 1. 90; ëtsâfer, p. 23, 1. 3o). Chez les ruraux et bédouins d'Algérie, les delà langue classique est généralement con- servé : tâfer «voyager» (comp. Houwâra, p. 48, note dq msâfri).
soffàr -jUï «siffler»; toujours à la n" forme comme il est fréquent pour les verbes exprimant l'idée de «produire un son»; de même en Algérie; masdar fsfçr.
fffàra, pi. «"ffârat ïrlLo «sifflet».
ç^Ao soffa, fut. i?oJJî, «ressortir après avoir parcouru une certaine dis- tance sans s'arrêter depuis le point d'entrée» : drab-yQttçis-h'nâ usçffâ- rûfâin «11 a plongé ici et est ressorti (en nageant sous l'eau) jusque là-bas». Chez certains ruraux d'Oranie , «âj^a est «traverser» (en parlant d'un objet lancé, par exemple une balle qui traverse un corps). Dans le Sud algérois, gja, fut. iosfa, est «parvenir, atteindre à» : hâS-èttâgâ idlia iâsér ma-tsfàlliâi «Cette fenêtre est trop haute pour que tu puisses l'atteindre» (tandis que Ihag «rattraper en route»); comp. le palesti- nien sa/a, fut. iisfa (construit avec mlâ), «atteindre, monter à» (en parlant d'une somme d'argent) ap. Bauer, Palàst. Aiab., p. 176, 1. 16; et le maltais sofa «arriver à être; devenir» ap. Ilg-Stumme, n° 371. — Je ne connais pas gfd ou mjfa avec ces sens dans les dialectes cita- dins d'Algérie.
f^aXto ?âqsâ, fut. ùâqfe, nom d'action mtàqséa, «interroger»; le carac- tère emphatique ou non emphatique des deux sifflantes dans ce mot m'a semblé variable suivant les individus , dans le parler de Tanger ; j'ai entendu aussi tàqnà et aussi mqsa, isàq»i; comp. Fischer, Mot. Spi-ichwdrler, p. 43, fqsa et fq»a; de même dans les dialectes algé- riens : en Oranic mqfà (cf. Ulûd Brûhim, p. i58 in fine) à côté de tqqta (cf. Doutté, Un texte oranait, p. 18, note 11); à Alger toqsà; à Constantine et dans le Sud algérois tgqta. Ce verbe, qui était déjà andaiou (cf. Dozï, I, p. 661 j^v-Jù*., ^.nifo), a toujours en Algérie q.,
358 TEXTES ARABES
même dans les dialectes ruraux qui connaissent g pour ^ ; c'est vrai- semblablement, dans ces parlers, un emprunt aux parlers citadins, qui tend aujourd'hui à se substituer partout aux vieux xâl jLw des ruraux et bédouins de l'Ouest, nifd (aussi tunisien) des ruraux et bédouins de l'Est. L'étymologie ^»nii'v.»l a été déjà indiquée par Fleischeb {Kleinerc Schriften, II, p. 557), ^"i sipnale que le maltais a pardé staqta; le zouaoua , qui a emprunté ce mot, a aussi gardé le ( de ^laJfY..,! dans son ësOoqsi (par contre en selha sqsu ap. .Stumme, Taz., p. 221). Le dialecte juif d'Alger connaît de ce mot une forme tpqsà qui est assez énigmatique.
vJU0 ggàr «se taire»; construit avec '"là, «faire le mort à propos d'une chose» , par exemple «ne pas chercher à rappeler une dette qui vous pèsen. sagor jSLo «muet, ne soufflant motn. — Des formations do y/yus ou y/ji-w apparaissent sporadiquement dans les parlers algé- riens avec des sens voisins de celui de sgâr tangérois; ainsi : dans le Sud cohstantinois sgor «se taire en prêtant attention»; chez les ru- raux du Nord tunisien, dans le Nord-Est constantinois et aussi dans le Sud algérois, c'est ssâgggr {Uàgggr) qui est employé dans un sens voisin : «écouter en siiencen. A Tlemcen, on a sqâr «ne souffler mot» et aussi «s'apaiser, rester tranquille» (cf. Gaudefroy-Demombynes ap. J.A., juill.-août igoi, p. 5o, 1. i ; p. 97, note 57). Chez les ruraux du Tell d'Oranie, »qàr est «garder le silence», aussi «se blottir en embuscade sans faire de bruit»; dans le Sud oranais, rJu«, JL«.j, existent aussi avec le sens de «se taire, écouter en silence» (cf. Meh- ciER, Actes du XIV' Congi'èi, III, p. 355). Enfin à Constantine, à Mila, mqor (construit avec un complément direct) est «guetter quel- qu'un avec une intention mauvaise». Peut-être faut-il voir dans sqâr {.igàjr) une formation secondaire de 1ïxm\ ; cf. aussi le yï,a" = uiJllj signalé par les lexicographes classiques. Peut-être enfin faut-il songer à im emprunt au berbère; mais il semble beaucoup plus pro- bable que les dialectes berbères qui connaissent le mot (par ex. Ouar- gla ; BiABNAY, p. 32i) l'ont emprunté à l'arabe.
i-*Xiio slçb, pi. slàb <_.wJLo, v^^ 1 «méchant, effronté»; d&ba «mé- chanceté, effronterie», connu à Tlemcen, à Nedroma et à Constantine.
iaXo «/^tâ «fléau, calamité» : âulâ-illâh thadt-''s*làtâ ! «Grand Dieu! Qu'est-ce encore que cette calamité!» L'expression hr§z-slatà-*''lâ
DE TANGER. ' 359
devenir un fléau pour» est courante à Tlemcen et à Alger, comme à Tanger, slatà est naturellement l'équivalent dialectal de classique ÂbSUn ; de même , sàllot w déchaîner comme un fléau n ( en parlant de Dieu), tsâllol ffse déchaîner contre» (tous deux construits avec '"là), qui reportent à lajLw, LL^. Le passage de « initial à s dans cette racine est un fait général dans toute l'Afrique du Nord et très fréquent dans tous les dialectes arabes (cf. Beaussieb, sub ÂbiUs et laJ-»>, p. 3o5; Stumme, T.M.G., p. 63, note 3; et comp. Reinhardt, p. 3o5, 1. i; Weissbach, LA., p. i85, 1. 9; Landberg, Hadram., p. 634).
xjuio sollçia iùuJUj «rfrontn; JûiLo, que donnent Lerchcndi, Voc, p. 365, sub fronte, et Dombay, p. 84, n'est pas usuel à Tanger. A Tlemcen et à Nedroma sàllèm, à Alger sàllçm sont, conformément au sens primitif de y/«J-io, ((haut d'un front dénudé».
ao "ssmâim «^UwJl tria canicule»; cf. Dozt, I, 680, «Sl«wJl; le mot a toujours un s initial à Tanger comme en Algérie. Le principe de cette emphatisation est vraisemblablement psychologique, la connexion avec
Vj<w n'existant d'ailleurs plus pour la conscience du sujet parlant. — Gf.iO^.
yt^to smàr «jonc» collectif, sàmra «run brin de jonc»; le mot apparaît déjà dans la langue du moyen âge sous la forme ,Us« (cf. Dozy, I, p. 689; en maltais, gimâr ap. Falzon, p. 894). Il est très peu em- ployé à Tanger; dans le parler de cette ville, comme à Tétouan, le mot habituel pour «jonc» est dis, nom d'unité disa (cf. Arch. Mar., XV, p. i3i), qui, en Algérie, désigne une tout autre plante (cf. Beaus- sieb, p. 3i6). En Algérie, un équivalent de gmàr, avec voyelle brève, se trouve à Alger-juif, à Tlemcen-juif et à Nedroma sous la forme «mor; ailleurs, on a avec voyelle longue : smâr ou s'mâr, nom d'unité tmàra ou s^màra; à Constantine, a'màr est «jonc» et aussi «natte en jonc» (pi. smàrât ou tmàiàr); dans le Nord tunisien, Hmàra joue aussi le rôle de collectif.
sàmra 6^,mo «humidité», surtout «humidité de la nuit, serein»; comp. Lebchundi, Voc, p. 733, sub lereno; en Selha simar «rosée» (Stumme, Taz., p. aai). Le mot est inconnu en Algérie dans ce sens.
m'smâr, pi. mfàmàr ^U«m «clou»; le mot a toujours s pour jj«;
II
300 * .TEXTES ARABES
classique ^t.«v>*i«; de même fréquemment en Algérie, à Tunis et à Tripoli (cf. Stumme, t. g., p. 60, 1. 5; M.G.T., S log).
^♦J>e> .snmm, pi. sçimàl. cl ?mâip. Xa-^jo, est le seul mol pour «minaret" dans tout le Maghreb; les madna, mçdna, mnàra des dialectes orien- taux (Egypte, Syrie, Iraq) sont inconnus. — Cette forme du mot, avec voyelle brève de la première syllabe, se retrouve à Tlemcen (pi. pvra>), à Alger (pi. surmàt), comme à Constanline ( pi. »mp"») et dans le Maghreb oriental (Stcmme, M.G.T., S 199; T.M.G., p. U'], note 4), tandis que les ruraux du Tell algérien emploient généralement sçtn'a, pi. suâma* = SJutyHs. — L'abrègement de la voyelle longue dans les dialectes précités est probablement une réduction analogique de S^yi-, forme très rare, à la classe nombreuse des JUSii. Cette réduction a pu être favorisée du reste par un fait phonétique général dans les dialectes arabes maghribins : l'abrègement des voyelles longues en syllabe dou- blement fermée; cf. aussi *L*.«-o ap. Fraenkel, Aram. Fremdworter, p. 969; NÔLDEKE, Neue Beitrdge, p. 59. — Il est notable qu'aux Ouled Djellàl, ce dérivé isolé de v/^-»*» a été rattaché à y/^Jwo : son>a.
HJiXJLo sondûq, pi. snâdoq ^j'SXms « coffre n ; le mot a gardé son s ini- tial ; mais ce s est passé à « dans le diminutif snîdoq , pi. sntdqat. II en est ainsi dans la plupart des parlers algériens. A Alger, on a même sçndûq (avec «) «rcoffren, mtdoq crpetlt coffre» distingué de stiidqâ (rtabatièren. Au Souf, s^ndûg «coffren, existe à côté de sàndçq «boite à mettre les dattes 55, qui est visiblement un emprunt à un autre parler. Il est bien connu que les lexicographes classiques signalent déjà vi^ou^ à côté de ^^oJ-o; et le mot se retrouve avec « dans les dialectes orientaux (par ex. Z.D.M.G., 1889, p. 261, 1. 12).
^Ù40 fntëha, pi. mâtàh **jJLjL^ «front». A Alger et à Constanline, on a sâritçha «front large» ; comp. Beaussier , p. 3 1 4 , j-j-Li* «front bombé» ; il faut rapprocher du syrien sandiha, cf. Harfouch, Le drogman arabe, p. 73; nous avons affaire à des développements quadrilitères de v/iûl (r*^^^; *^f' Landberg, DaOina, p. /io5), peut-être pour 1^1*3, à une contamination de Je^ par Jslj .
xJUo mna>, pi. mnnâi ^^, ^^^ «compagnon ouvrier».
k^Atf sàhh «grosse chaleur étouffante»; c'est le classique o^^*e avec assi- milation d'emphase de d final à s initial en d, puis assourdissement
DK TANGER.
361
de d en t, suivant un changement phonétique spontané fréquent à Tanger : sàh'd > sàh^d > sahH. Le mot se retrouve sous la forme mh'd, avec le même sens, dans la plupart des pariers algériens; chez certains ruraux d'Oranie, le s est passé à s au contact de h : sah'd ou sliod (cf. Ulàd Bràhtm, p. i5).
msàhhàt Xa^wa-* (rabattu par la maladie, à bout de forces»; à Alger nisâhhâdt tr hébété n (tandis que sàhhât «frapper à coups redoublés»); à Tlemcen moshçt «éreinté», de *hât «éreinter»; chez les ruraux d'Oranie moshûd. Dans le Sud et sur les hauts plateaux algérois, skad est «atteindre d'un coup meurtrier»; moshûd «atteint d'un coup meur- trier»; il est possible qu'une confusion se soit produite dans divers pariers algériens enjlre ^o^^o et les dialectaux yOsa-« et y'o^w; cf. iupra, p. 338.
iayo ?at, fut. isQt : i° «souffler le feu»; comp. Lerghunoi, Vqc, p. 701, sub soplar; c'est surtout «souffler le feu avec un soufflet»; pour «souffler avec la bouche», on emploiera de préférence nfàh; a" «souffler» (en parlant du vent); comp. Houwâra, p. i4, note h; p. 66, 1. 18. — Le mot est connu des dialectes algériens, où il apparaît parfois avec s initial. — Il est possible qu'il y ait eu contamination par étymologie populaire de l'arabe bL« «fouetter» par le berbère »ud «souffler» (cou- pant notamment dans les dialectes berbères marocains étudiés jus- qu'ici; cf. Stumme, Taz., p. 2a3; Bouufa, Textes de l'Atlas marocain, p. 370 ; Destaikg , Béni Snous , I , p. 1 53 ) ; cf. Observattoiu sur Beaussier, p. liliZ-Ulili.
^yo Cf. 5^.
{jyo min, pi. sâintn (jjjUs «solide, de bonne fabrication»; aussi au figuré sain miâ-râ^ç «avisé et vigilant»; le mot ne m'est pas connu en Algérie.
^y.*o sàh, fut. isfh ^Us, ^*^., signifie «chanter le s^inhy> dans le '"rçhi donné ci-dessus, p. 76, 1. 5; mais, dans ce sens, c'est générale- ment la II* forme du verbe, sçiHh, qu'on emploie à Tanger; s'iâh est une chanson des femmes, composée de quelques mots sur lesquels on prolonge indéfinimonl l'émission de la voix. A Laghouat, on a sàh, isçh «chanter à tue-tote»; à Tlemcen, jâ/t, is^h, construit avec ^t, est le mot le plus employé pour «insulter»; mais il signifie aussi «chanter», tandis que la n* forme fei}ah est, comme dans tout le Tell oranais
362 TEXTES ARABES
et dans la province d'Alger, ttcrier» (en parlant de ia chèvre), aussi ff mugir» (en parlant de la vache, tandis qu'on a zpujfofc tr beugler??, en parlant du taureau); cf. Beaussieb, p. 879; Dozy, I,p. 855; pour le Sénégal, Reynier, p. i38, ^Lo «bêler». A Algçr, »âh, isçh est «chan- ter» en général; mais dans le langage technique des musiciens indi- gènes , c'est «chanter le sevâhn , c'est-à-dire une petite pièce qui sert de prélude, dans un concert, à une chanson de style maghribin, sans avoir aucun rapport avec elle , ni quant à la mélodie , ni quant aux pa- roles; cf. Acte» du XIV' Congrès, III, p. 54 1 , note i.
«Xaa0 Cf. le suivant.
{jiAK*o ssâd, fut. 'pssad, «chasser», offre la réduction Li*a>|_^ d^ns ^Usuot que connaît le tlemcenien; le ■> final est devenu d par assimilation d'emphase à l'initiale ». La même assimilation s'observe dans tous les équivalents tangérois des dérivés de classique \/>->»o : seâdâ «chasse»; sçiàd, pi. sçiaden ou sfiàdà, «chasseur». Généralement, on a stad dans les dialectes algériens; mais à Alger, on entend le plus souvent sdad ou zdSd avec assimilation progressive d'emphase <-d>t-d et assi- milation régressive de sonorité st-d > zd-d; cette forme, d'après mes informations personnelles, apparaîtrait aussi à Tunis à côté de stad.
jOa,^ ssgitâr, construit avec '"là : Mti.»n" «brimer quelqu'un par de légères violences» (des bourrades, des claques). C'est un mot qui n'est guère employé que par les tolbas , et il est possible que ce soit un em- prunt à la langue littéraire (proprement «se comporter en maître vis- à-vis de»; cf. Coran, ui, 87; lxxxviii, aa; Nihâia d'iBN-EL-'AôîR , II, p. 161). — On retrouve en Algérie le mot au Souf, mais avec s : ssçitor ''là ( Jt* >U>».'i") «faire montre de sa force vis-à-vis de quelqu'un». — D'autre part, les nombreux dérivés dialectaux algériens de yjti*»' (yCLAo), sâtor (Alger), sgutor (Tiemcen) «frapper, rouer de coups», «ottor «frapper» (Constantine), «donner des élancements» en parlant d'un mal (un peu partout), sont inconnus à Tanger (corap. Socin, Ditvàn au» Centralarabien, III, p. a 83; Meissner, Neuarab. Gesch,, p. ia6).
»ft/' «été» est féminin à Tanger, peut-être par influence de «"tua «hiver», avec lequel il forme couple; d. supra ouyi., p. 378.
DE TANGER. 363
lajLyio sçtfot ou, plus rarement, z§ifot «renvoyer n; le mol est très courant à Tanger, moins employé peut-être cependant que sàrrad (cf. supt'a, p. 353). A Marrakech et sur la côte de l'Atlantique, se/jt est le seul mot employé pour «renvoyer» (cf. Fischer, Zum Wortton, p. 981 m fine; Lerchundi, Voc, p. 976, sub despachar; pour Mogador, Socin, Marokko, p. 39, note lili). Ailleurs encore au Maroc, il apparaît sous les formes o^Lo, o^Lw, lasLu, IxLw, et se trouve en selha sous les formes sâfed, safed, saffed, sâffed, sijid,sufud (Stumme, Taz., p. 917). En Algérie , les équivalents de ce verbe apparaissent en Oranie et dans certains parlers du département de Constantine. Dans ces derniers, le mot a un sens légèrement différent du sens marocain et oranais: c'est ffse débarrasser de quelqu'un, le renvoyer aux calendes grecques» ; à Constantine sfifpt; à Bougie zîfot; il existe peut-être ailleurs encore dans le département de Constantine d'autres formes du mot (cf. R.A., 1869, p. 307). Par ailleurs, dans tout le Tell et le Sahara algé- rois et constantinois , «çt/bt est inconnu; trenvoyer» est toujours b>ad (b'at), rsfl, ou dans le Sud algérois s^iieb. — Chez les ruraux du Tell oranais, on a zpjat; dans le Sud oranais, Ini^io et laiLs (cf. Mercier ap. Acte» du XIV' Congrès, III, p. 36o). A Nedroma , ?âfot, lajUs est la seule forme employée aux troisièmes personnes du parfait {safot, sâftot, sSjïç) et sçfat est la seule forme employée dans le reste de la conjugaison. A Tiemcen, sSfot est possible à côté de zçfot et gçfot à la troisième personne du parfait, et impossible dans le reste de la conjugaison (seulement ?çfot, zçfot). Il existerait un équivalent tripolitain (cf. Fischer, loc. cit.), et en libyque on & sfit, siîfit trenvoyer» (Hartmann, Libysche Wûste, p. Ai; p. iSa, 1. 35); au Sénégal , laJL^ apparaît dans le sens de «raccompagner»; ap. Rey- NiER, p, 170, 1. 19; cf. aussi DouTTÉ, Un texte arabe, p. 90. — Cher- HONNEAo {R.A., loc. cit.) a proposé comme étymologie un développement de class. ^«>ij; Stumme {Taz., loc. cit.) rapporte le mot au berbère yftu. Personnellement, j'estime que sâfed s'expliquerait bien, en tenant compte de la phonétique et de la morphologie maghribines, par Jj>jju«l. Mais les autres équivalents dialectaux (?^fpt, zçï/bf , • etc. ) font difliculté. — farfed, sërfed, inconnus à Tanger, qui apparaissent aussi avec le sens de rrenvoyer» dans le selha de Tazerwalt, s'ex- pliquent bien, comme le propose Stumme, par une combinaison de Ctyo et .xiLo (cf. Tnz., p. 918; Z.D.M.G., 1896, p. 391); mais on peut songer aussi à une contamination de >>Zm par j^iLe .
36/1 TEXTES ARABES
&"
(là)
AjoLô dama : i" «jeu de damcsn, lat'lh-ddama ou h'il)--ddàma; a" «da- mier» composé de cases pleines et de cases creuses, ou, à la mode européenne, de cases noires et de cases blanches {d&r et bit; cf. Revue du monde musulman, VI, p. i4o); 3° «dame, pion damé»; dans ce sens, le mot a un pluriel d'iom et un duel dâm^çin. Il existe un verbe dénominatif dam, fut. edçm, «damer un pion; le mener à dame». — Ce mot est sûrement emprunté aux langues romanes (espagnol, ita- lien dama). Des équivalents existent dans toute l'Afrique du Nord : Tunis dâmma; Tlemcen, Alger et divers parlers ruraux du Tell damma {dâm'"a;cL Delphin, Recueil de Textes, p. 378, note i); Constantine et la plupart des parlers ruraux ^àmma. Sur les équivalents orientaux , cf. Nallino, L'Arabo parlato in Egitto, p. 281; Almkvist, Kl. Reit., p. i84, note 2; Dozy, II, p. 1.
yK*ô dbâr «blesser en écorchant par im frottement prolongé», nom d'ac- tion dbff (yf;^); réfléchi (vin* forme dialectale) 'fdbàr «s'écorcher, être écorché par un frottement»; dobra «blessure faite par un frottement prolongé» ; bien entendu , dbâr est le représentant dialectal de classique -j^l. Le passage de d à d dans cette racine se retrouve en Palestine (cf. Bàuer, Palàst. Arab., p. 3^4, 1. i5, mdabbar). Dans la plupart des parlers algériens, le ^ initial est resté d et n'est pas passé à d; et d'autre part, le mot ne s'emploie, comme o.>I ancien, conformément à son étymologie , qu'en parlant du dos des bêtes de somme. A Tanger, dbâr et dobra s'emploient en parlant de toute blessure faite par frottement.
^ Cf. ^^.
i-Jy»o Cf. <^-io.
\iy*o dârbçz, pi. drâhoz \^yô, v?'y^ : «balustrade qui entoure la galerie du premier étage de la maison», comp. Lerchundi, Foc, sub baranda, p. i3i; «barrière en bois qui protège le cénotaphe d'un ma- rabout»; comp. Saluai el-'anfâs, I, p. 3o, 1. 7; et Arch. Mar., XVII, p. 5o3, note 2, Le sens de «balustrade» se trouve à Alger. A Tlem- cen, dorbûz signifie «couloir couvert» qui court autour de la cour inté- rieure et sur lequel s'ouvrent les portes des chambres. Le mot, qui déjà
DE TANGER.
365
apparaît en andaiou (Pedro de Alcala, p. 495, i. i5, tarbuç sub uaran- das), a sûrement, comme Dozr Ta marqué (I, p. 43 o), du rapport avec le (-jyjlM> (aussi jjj.jy?>i>, y^jjKj) des dialectes orientaux, connu des auteurs du moyen âge, et qui est une adaptation du grec Tpaitéliov, mais le processus par lequel ^^ljK^ a abouti à^^,^ n'apparaît pas clai- . rement. Il est probable que drâbzi, usité à Constantine, représente une étape intermédiaire (cf. sur des chutes de n final, dans des terminaisons in, Ulàd Brâhîm, p. 97, note 1); puis (^•yi\^i, répondant comme forme aux (JoLxi, ethniques tirés de pluriels JoLxà, si fréquents dans les dialectes (déjà en andaiou), a permis de passer à un pluriel u?Ki> et de lui donner un singulier analogique 3>^^>> (comp. pour des forma- tions semblables Z.D.M.G., 1878, XXXIII, p. 760, 761, note 2; SociN, Dîwân aus Centraîarabien , III, p. 269, sub ^JU^.).
yt40 d'çra, pi. d'çrât ï-s**» ff amende»; comp. Lerghundi, Voc, p. 53a, sub multa; classique v/y^'*- Le mot d'çra est inconnu en Algérie, où tramende» est toujours rg^..t^-^ htçia; mais, dans ses dérivés, le clas- sique -e3 est aussi yuâ en Algérie; cf. Observations sur Beaussier, p. 45i ; de même en selha; cf. Stumme, Taz., p. 177 ddmirt.
jÀjo = jXià Cf. -*.>.
xjuià doha, pi. dlç'' et dob'çn Â*Lâ, ^>J^, tT^^*^ «côte». Le pluriel doU'çn est dû à l'influence analogique des pluriels (anciens duels) des noms de parties du corps doubles; il est employé quand le mot est sans affixfis personnels, dlç'f par contre est seul employé avec les alTixes personnels : dl^'ç (rmes côtes», jtimais *doî>èia. Partout où il est em- ployé en Algérie, et aussi à Tunis et à Tripoli, le mot a la forme iXxi (cf. Stumme, M.G.T., Si33; déjà ap. Ma'âlim, IV, p. a38, 1. 3). En maltais, il a une forme iUx^ deuha (cf. Falzon, p. 55). «JL<i de la langue ancienne , féminin dès ie principe , a pris le signe morpholo- gique du féminin ; il en est de même de divers autres noms de parties du corps (cf. supra, SJum).
J^ =J^ Cf. y^.
)yô. Tous lus dérivés dialectaux de la racine classique ^^ sonnent à
Tanger avec d initial; et cette emphatisation apparaît souvent dans la
graphie vulgaire , rLï, ;>-»; cf. Rrockklmann, Grundriss, I, 167, 168.
dçr ou dàur, pi. dunr, avec l'article l'duar, trcercle» (de tonneau, de
366 TEXTES ARABES
tamis); aussi «cercle» formé par des individus rassemblés; mais, dans ce dernier sens , on emploie surtout dàura , pi. dâuràt.
dàr : i" pi. diôr et duir «maison»; le premier de ces pluriels, qui se trouve aussi ailleurs au Maroc (cf. Fischer, Mar. Sprichw., p. Sa m Jine ) , est inconnu en Algérie. — dSr est fréquemment employé à Tanger, comme en Algérie, par un mari ou par les interlocuteurs d'un mari , pour désigner sa femme ; comp. Nôldeke Orient. Sttidien, p. Û36. Dans ce cas, dS.r est traité syntaxiquement comme un pluriel (proba- blement par influenc* de nàs, hal, qui sont aussi employés dans œ sens) : ddre (ou simplement ddâr) mrât «Ma femme est malade» (jcsl-»); iuu-dârok? (ou simplement ddâr) «Ta femme est-elle venue?» D'autre part , l'emploi du mot avec les pronoms affixes est le suivant : un homme, une femme mariée, pour désigner la maison où ils ha- bitent, disent chacun : dàre «ma maison»; on dit : darok «ta maison», en s'adressant à l'un d'eux; dàrç, dara (dârha), en s'adressant à des tiers. Mais un fils, une fille non mariés qui habitent chez leurs parents disent, en parlant de la maison familiale : darna; pour designer cette maison, on dit : darkum, en s'adressant à l'un d'eux, dSrtim {darhum), en s'adressant à des tiers; une femme mariée distingue Mre «ma mai- son» (c'est-à-dire «la maison où j'habite avec mon mari») de darna «la maison de mes parents» : dna maia-ndâre «Je m'en vais chez moi»; dna mâia-ndârna «Je m'en vais chez mes parents». Enfin, darna est, pour un enfant, non seulement «la maison de mes parents», mais «les habitants de cette maison» c'est-à-dire «ma famille»; le mot, quand il est pris dans ce sens, est, bien entendu, traité syntaxiquement comme un pluriel; — 2° suivi d'un nom de mesure de temps, de poids, de monnaie, etc., «une affaire de» : ddar duàhd-''l>3irtn-riâl «une affaire de cent francs»; odddr - d''rba' -sâm «environ l'espace d'un quart d'heure», etc.
dara, pi. dâràl, «cercle», par exemple «un cercle d'oiseaux qui tour- billonnent»; aussi «un cercle de gens».
dçuâra, pi. duâuâr, diminutif dxilura : 1° «circonférence»; 2° «roue de loterie, cerceau d'enfant»; 3° «tripes»; comp. Beaussier, p. 21 3.
(_A^ tâbba, pi. tbâib *IJ<?, t>oUb «tache». Le mot se retrouve avec ce sens à Constantine; comp. aussi Beaussier, p. 889, «plaque noire sur
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DE TANGER. 367
une partie du corps» ; comp. aussi à Fez ie verbe tabbeb «se couvrir de taches de moisissure» ap. Kaupffmeyer, Texte, p. 7, L 11 et 19. — D'autre part, chez les ruraux et bédouins des départements d'Alger et de Constantino et dans le Nord tunisien, le mot, avec un pluriel tbeb, signifie «pièce mise à un vêtement»; bornçs 'mtobbëb «bur- nous rapiécé». Bbaussier ne donne pas ce sens, qui est courant et tout proche de celui de x^ dans la langue classique. Au Souf , tâbba est ff haillon»; de plus, le mot y désigne, comme ailleurs dans le Sud constantinois, un «petit foulard de femme, blanc ou noir, avec des bro- deries de soie sur le bord». Enfin dans le Nord-Est constantinois et en Tunisie, tâbba signifie «parcelle de terre arable» (cf. Daltl, n° r, p. rr-, n° 3, p. 89, note 3); comp. ÂIl» «bande de sable» dans la langue ancienne; et en Algérie iùiSJ, à la fois «pièce pour raccom- moder» et «parcelle de terre».
Julo tabla, pi. tuàbèl ÂJbUs, espagnol tabla : 1° «table européenne», comme dans toute l'Algérie; 9° «plaque de fer blanc» sur laquelle on met à cuire les feuilletés; inconnu dans ce sens en Algérie.
' Ig^ t^''pM, pi. tà''piàt iu^lb «ruse»; terme d'argot d'origine étran- gère, usité aussi dans l'espagnol des Juifs de Tanger; inconnu en Al- gérie; synonyme à Tanger du pluriel tà''pia^, trampât, qui vient de l'espagnol trampa.
/yaip thçn (jf~^ : 1° nom d'action de than «moudre»; 9° «mouture que l'on porte au moulin»; 3' «farine» en général. Le mot a aussi ces trois sens en Egypte (cf. Spitta, Gram., p. 97, 1. 9; p. 38i, 1. i5; SpiRo, Voc, p. 36 1; Falls, Beduinenlieder, n° 63, vers i5). (jifJp «farine» appartient aussi aux dialectes syriens et palestiniens (cf. Wetzstein ap. Z.D.P.V., XIV, p. 4; Almkvist, Kleine Beitrdge zur Lexicogr., p. i35 in fine; Bauer, Palàst. Arab., p. 906, n° 12 \g\\ LiTTMANN, Arab. taie», p. 961, 1. 7; comp. aussi Landberg, DaOina, p. io53, et Dozr, II, p. a8); dq(q {dgîg, v^>>)> <iui est commun dans le sens de «farine» à tous les parlers algériens, n'est pas usité à Tanger.
jiû tàrr, pi. frÇr, «tambour de basque». Cette forme dialectale dc^Uo, qui existait déjà en andalou (cf. Dozr, II, p. 99), se trouve, en Algérie, à TIemcen et à Ncdroma; diminutif à Tanger irfuàr, à Tlemcen et à Nedroma trfj^. — Partout ailleurs en Algérie, on a tSr, pi. t^ân
368 TEXTES ARABES
(aussi dans le Sud marocain; cf. Dootié, Merrâkech, p. 817). Par contre, le nom de métier est partout comme à Tanger torràr, pi. tôrr&ra (^t'rrSrên) , sauf à Nedroma, où Ton emploie traire.
LjJiû mlàrrba , \\. mlar^h et mtâijbàt iôlL-» «matelasn, aussi bien pour dormir que pour s'asseoir dessus (autrement dans d'autres dialectes marocains; cf. Fischer, Zum Woi'tton, p. 281; le matelas qui occupe comme siège tout le fond de la chambre porte à Tanger le nom parti- culier de fddâriia, pi. sdâd§r; cf. supra, ^•N*-). Le mot reporte naturel- lement à jb-ià.«; cf. Observations sur Beaussier, p. 'i5i. Il était déjà andalou, et est connu dans toute l'Afrique du Nord. A Alger (mdârrio) et à Constantine (mSârrba) est «matelas à deux places»; à La- ghouat, mSârr'ba est «large couverture rembourrée et piquée» (à Tanger /Aô/'); et à Tunis, tnSàrba, pi. mêSreb, est «matelas» (cf. Stumme, r.G., S 72 et ii3; Trip. Tun. Beduinenlieder, p. i45). A Tlemcen, mdârrba (mtàrrba) est «coussin en drap bariolé» et aussi «matelas à deux places».
(jijyô tàrhûi, pi. trâbës ji^Js, J:-^\Ja «bonnet rouge en laine» (la chéchia algérienne); cf. Dozy, Noms de vêtements, p. 260 et suiv. Le mot iâsiia de Tlemcen , Alger, Tunis , etc. , est inusité dans ce sens , aussi bien que le kebbûs de Constantine. — tarbus-nûss-"rrâs «chéchia à moitié tête», c'est-à-dire chéchia dont le fond est moins profond que celui de la chéchia algérienne. — trâpèi, pi. trâbiiia, «porteur de tàrbûi, jeune homme qui n'a pas encore pris le turban». — En Oranie, târbûi est la chéchia pointue des mhazni marocains (cf. Delphin, Textes, p. 3oo, note 1; ainsi les parlers d'Oranie nous offrent relativement à iUiLï et à Ji-yi-ic la contre-partie du tangérois; cf. supra, p. 34 1, sub jLj^Li). Au Souf comme à Tunis, târbûia est «capuchon» en général (cf. Stumme, T.G., p. 172); et, à Laghouat, ce mot désigne spécialement le «capuchon d'un burnous d'enfant».
yry^ troi «tourner» (toupie, cerceau); «courir sans cesse» (enfant tur- bulent); à la II' forme, tàrrôz «faire tourner une toupie, un cerceau». tàrrâia «toton des enfants» (à Alger, dûuâma). C'est, je crois ^^j, où ù, par influence de r emphatique, est passé à d, et de là s'est assourdi en t (changement inconditionné extrêmement fréquent à Tanger). On a chez les ruraux d'Oranie dçrrçïga «roue» et «cerceau d'en- fant»; à Teniet el-hadd, durràga; à Laghouat, dprrâza avec les mêmes
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DE TANGER. 369
sens; et dorraz «faire tourner une roue ou un cerceau» (comp. Socin, Dîwân aus Centralarabien , III, p. 2 64, sub. «^Ij^).
^J^ Iraff «mettre le pain au four», nom d'action trëh ^.j^'-, ainsi en Oranie d'une part et dans le Nord tunisien de l'autre (déjà avec ce sens ap. el-nqd el-farîd; cf. Dialecte de Ttemcen, p. 3io). Une des accep- tions de ^-Jio en daôînois est aussi «placer le pain sur la braise» (cf. Landberg, Dadîna, I, p. 53, 1. i4, i5).
tort-dh, pi. trâràh r}^, ^l'j^ «mitron»; comp. Lerchundi, Foc, sub anacalo, p. 8o; aussi à Tlemcen, Nedroma, Rabat et Tunis (cf. Fischer, A/ar. Sprichw.,p. 3o; Stumme, T.G., p. i83). Beadssier a faussement ^^y, pi- *a.>lj-'; cf. Observations sur Beaussier, p. 4 19. Mais, dans les départements d'Alger et de Constantine, le mot est inconnu dans ce sens : torrâh est «matelassier»; et, à Alger, «mitron» est tJël-kUm (plus souvent tjël-hûsa avec b > <), pi. tfàl-kûs.
treha xssrJa : 1° «volée de coups»; ce sens, connu dans toute l'Al- gérie et aussi à Tunis (cf. Stumme, T.G., 8 58), est déjà attesté dans les auteurs du moyen âge (cf. Dozv, II, 39); 9' «tâche assignée au mitron du four». Le mot existait en andalou avec le sens de «tâche assignée» (cf. Pedro de Alcala, p. h 10, 1. 34) et est attesté indirecte- ment par l'emprunt du mot par le castillan sous la forme tarea (cf. Dozv, loc. cit.; Egiilaz y Yanguas, Glos. etimolôgico, p. 5o3). On comparera, pour Tunis, Clermont, L'arabe parlé tunisien, p. aio, note 3, ÂjÇjb «ouvrage»; p. 939, note 3, «ouvrage assigné à l'ouvrier»; et, pour l'Egypte, Spiro, Voc, p. 363, *jc"jWLj JuLi «task work». Beaussier donne le mot pour Alger avec le sens de «tâche de couture donnée par la maîtresse à l'école». Aujourd'hui, le mot ne semble plus usité dans ce sens. Il n'apparait avec un sens voisin que dans le vocabulaire de l'industrie des tourneurs de bracelets en corne {mqàisim); c'est la «tâche que l'ouvrier emporte à faire à domicile». — A Tanger, le mot ne serait employé que dans le vocabulaire des foumiers; c'est la quan- tité de planches à pain que chaque mitron doit apporter au four dans sa journée. D'autre part, comme, pour chaque unité manquant au nombre fixé, le mitron reçoit du patron un coup de nerf de bœuf (cf. sup-a, p. 145), la conscience populaire, d'après mes informateurs, assigne au mot trçha, dans ce sens particulier, quoiqu'il ait vraisem- blablement à l'origine une autre signification, le sens, indiqué plus haut, de «correction».
TBXTBS arabes. 2 4
370 TEXTES ARABES
m^trâh, pi. mtâràh ^'r^ «pelle à enfourner»; comp. Lercuundi, Foc, p. 579, sub pala; aussi à Nedroma et à Tlemcen; comp. pour l'Egypte â^ÇL^ «pelle de boulanger» ap. Spiro, Foc, p. 363; Z.D.M.G., 1891, p. 93 ; et pour la Syrie farina «planche à mettre le pain» ap. Land- BERG, Pi'ov., p. 79. Partout ailleurs en Algérie, j^l^*-» est inconnu dans cette acception. — A Alger, «pelle à enfourner» est fërkûn (cf. SiMONET, Glosario de voce» ibéncas, p. a9 5,/orco'w); à Conslantine mo)fbât (comp. Glerhont, L'arabe parlé tunisien, p. 206, note 3).
^^U>U t^tâq «faire éclater» et à la 11* forme ttçrtâq «éclater avec bruit». Dans ce mot l'emphase du t initial et celle du r apparaît encore dans les parlers bédouins d'Algérie : tàrtog et ttârtog. Au contraire dans les parlers citadins (Alger, Tlemcen, Conslantine) on a, comme à Tanger, t^toq avec perte de l'emphase du f initial, et r non emphatique (cf. Mupra, p. xit); comp. Cughe, Voc, ^y^ et jJalls; et le tunisien iârtàq, qui a le même sens (Stumme, T.G., p. 37 infine).
ôJd iàrf, pi. frâf, trrçf, et tarfîn: 1° «bout, bord, extrémité» ; 9° «mor- ceau, fragment». Le mot représente le classique tilb; et ce passage de Jul4 ancien à JJti se retrouve en andalou , en maltais et dans tout le Ma- ghreb (cf. Ulâd Bràhîm,Tp. 69,63; noter cependant à Tunis trafh côlé de tar/" ap. Stumme, T.M.G., p. 43, 1. sh, 99). Le sens de «morceau», déjà ancien (cf. Lane, Dict., I, p. i843) existait en andalou (cf. Dozr, 11, p. 37) et apparaît aujourd'hui dans tout le Maghreb; il semble peu connu par contre des dialectes arabes orientaux. — Le pluriel frâf est seul usité en Algérie. Le pluriel tàrftn du tangérois est difficilement explicable ; il est vraisemblablement dû à l'influence analogique des plu- riels (anciens duels) ^JiJ^ des noms de parties doubles du corps, ap- pliqués dans le dialecte à tous les aulres noms de parties du corps; mais il se trouve que précisément, avec le sens de class. ciCla qui aurait pu fonder cette analogie, celui de, «extrémité du corps», le mot n'a jamais à Tanger le pluriel tàrftn, mais seulement le pluriel tràf (je ne l'ai entendu employer qu'avec les affîxes personnels : hi^l- frâjëk «Lave tes mains et tes pieds» ; hànnaula-trâfa trlls lui ont rais du henné aux pieds et aux mains», etc.). Le pluriel tàrfîn (torfîn) n'est du reste employé qu'avec le sens de «morceaux» (concurremment avec t'râf, t-rçf); dans le sens de «extrémités, bords» on n'emploie que t'râf et t-rçf: tràf {trçfyîblâd «les environs de la ville»; tprftn d^lblâd «des lots de terrain».
DE TANGER. -^-v.. ^^j
tôrràf, pi. torrâfa et tqrràfin ci!^ «savetiern, comp. Arch. Mai:, I, 61; II, 109. Le mot est inconnu en Algérie : «savetiern est à Gonstantine mellâk comme à Tunis (cf. Stumme, T. G., p. 181), à Alger lièiràz, en Oranie rekkfib (cf. Delphin, Recueil de textes, p. 76, n. 7). - — tarrof «exercer le métier de savetier; remettre des pièces aux chaussures??. Naturellement tàrrof et torrâf sont des dérivés dt
t»rf-
(_.«^'
tJa tromba,^l^ tràmbe Ht^Ja (^a\J>s rfloupie?? est le valencien trom- pa; dans d'autres parlers marocains on a trèmbo, qui est le castillan trompa, déjà emprunté par les dialectes arabes d'Andalousie; cf. Simo- NET, Gtosario de voces ibéricas, p. 552. Ces mots sont complètement inusités en Algérie. Dans la plupart des parlers algériens, le nom de la rrtoupien à corde est, comme à Tunis, zarbôt (aussi sârbôt à Tunis, cf. Stumme, T. G., p. 171); à Bou-Saàda, on distingue zarbôt tttoupie à corde» de zarbçtà trtoton qu'on fait tourner avec la main»; à Laghouat et à Teniet el-hadd zarbî't; à Ain-Sefra (Sud oranais), zrambçt (zrambï't) offre peut-être une contamination de zarbçt algérien, par (rpmèa marocain. Aux Ouled Djellài, la toupie est appelée msft/îto ; à el-Kantara, nati-a. — La langue ancienne et les dialectes orientaux ont pour «toupie» divers autres noms très différents des termes ma- ghribins. Cf. Almkvist, Kleine Beitràge, p. 175.
JuaJo Cf. Juo,.
Axid t"tàm fX*!a n'est pas à Tanger le nom générique du cousscouss comme il Test à TIemcen, Nedroma et chez la généralité des ruraux et bédouins d'Algérie (cf. Airh. Mar., VII, p. It'ào in jn'inc.). Mais on nomme cependant t'iàm à Tanger le cousscouss offert en aumône à des lolbas ou à des pauvres. — Sur l'évolution naturelle de -Liib (raliment» pour désigner l'alimont par excellence des Maghribins, le cousscouss, rf. Obsei-vations sur Beaussier, p. 458, sub ^i.^; dans le mt'me ordre, il est bien connu que -Luis signifiait anciennement «blé» dans la langue du Higàz (cf. les lexicographes et KnEHER, Vei-gleich. Cullur- getch., p. 19). Ce sens du mot apparaît aujourd'hui encore à Tripoli, et, en Arabie, à Dofâr (cf. Stumme, M.G.T., p. ',\i,\. is; Kiiodokanakis, Der viilgàrarabische Dialekl im Dofâr, II, p. 36). En Da&îna f,L»ie est «millet» (LiNDREnc, Dadïna, p. 889; corap. pour Aden, Stace, Foc, p. 91, suh jowaree ; p. 70, sub grain). Dans la charte hispano-arabe pu-
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bliée par H. Derenbourg et L. Barrac-Dihigo (extrait de Revue hispa- nique, XV, XX), [.Uis est traduit par pan dans le texte espagnol (p. 9 in Jtne).
^iJô mrtjî JIm en parlant des beignets (sfenz) «qu'on a laissé refroidir, puis ouverts, et mis à griller». Cette préparation est inconnue en Algé- rie. — D'autre part, 7n''ift-f'U"sél «éteint dans le miel» se dit de di- verses pâtisseries (^moqrçt, «"bbâklia, etc.) qu'on plonge dans le miel après la friture; de même à Tlemcen et à Alger; à Ipistantine on dit miahhàr; à Tunis mtàffi ou mrçnnfh.
t-JHô tâlob, pi. tolba i-JLb oLVo (ou X.Jla) : \° «étudiant adulte d'une zaouïa, d'une médersa, d'une écolo coranique»; les petits enfants de l'école coranique ne sont pas tolba mais mhâdra (cf. supra, p. 266, sub - A^ )• a» «qui sait le Coran par cœur» (comp. Fischer, Mar. SprichvD. , p. 4 ). tàlob ne s'emploie pas comme en Algérie , dans le sens de «lettré» : Jlàn tàlob signifie en Algérie : «Un tel a plus ou moins étudié le droit et la grammaire, en plus du Coran», tandis qu'à Tanger il faut entendre : «Un tel sait le Coran par cœur cl peut lire ol écrire» (pour ce degré d'instruction on spécifie à Alger : tâlgb qoriân). Le mot ne s'emploie paS non plus à Tanger dans le sens oranais ot constantinois de «maître d'école coranique»; c'est fqe qui est usité dans cette acception à Tanger. Cf. injra, p. 4i5, sub n-xi.
xXia toUah-hsâb <_>L«.». «Jb «faire attention», comp. Lerchundi, Voc, sub caso, p. 177; usité aussi dans la plupart des parlers algériens; à Alger on dit plutôt qrâ hsàb t_.L«..^ ly» .
^^J^ doq; en plus des sens donnés par Beaussier, p. 4oi, et qui se retrouvent presque tous à Tanger, le mot veut dire dans le parler d»; cette ville «étirer un corps plastique sans le rompre» (par exemple une barre de métal travaillée par le forgeron; un fil de métal; de la pâte élastique et bien brassée); nom d'action Ûêq; — à la vu' forme nûoq «s'étirer sans se rompre».
^^j>^tJO Cf. ,3->Àb.
or? t^ tâmtma, pi. tâmtmàt iiC«I-<»l~ «caboche; grosse et vilaine tôte». Le mot est inconnu dans ce sens aux dialectes algériens. — Beaussier, p. 4o3, donne *»\r\t]n jUU»1j «colossal» qui sont essentiellement
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algérois et constanlinois ; comp. Weissbach, LA., tumufmâni tr esclave à grosses lèvres», p. loo, I. 6.
^jj-«jJô tombal] «faire une bosse à la suite d'un coup»; tâmbtjqa, pi. tnâboq, «bosse»; comp. Lebchundi, Foc, p. aSi , sub chichon; Tp. 789, sub tolondro. Ces mots inconnus en Algérie étaient andalous (cf. Dozy, 11, 63).
«^Jb thar, pi. thçra, «dos» est généralement prononcé à Tanger avec { initial pour d (jjlo); aussi à Tiemcen; dans les parlers de ces villes le changement inconditionné de sonore d en sourde t est fréquent, et la prononciation thar de ^^ est un fait phonétique normal; mais il est remarquable que cette prononciation du mot se retrouve à Sfax, dans un dialecte qui semble ignorer par ailleurs le passage incondi- tionné de d ( Jo-là) à t, cf. Narbeshober, Aus dem Leben in Sfax, p. 6, 1.5, a./.
Sya Wz, prononcé aussi toz ou to^^ monosyllabe par lequel on imite le bruit du pet; qqâ-tôz^ «11 a pété»; dèrha btçz «un coup qui fait partir la vie comme un pet» , c'est-à-dire «qui laisse raide sur place» ; ni qâifoh-tçz^ n-"«»oA/i'r-"//â/i« Qu'est-ce qui peut bien rapprocher tçi' de la formule «je demande pardon à Dieu!» (sséhfer= -JlmjuJ avec ré- duction de «t>«« et assimilation desourdité de yf'^hf) ; on emploie ce dicton pour fermer la bouche à un interlocuteur qui établit mala- droitement une comparaison entre deur choses non comparables (la formule sgohfer-''llâh s'emploie volontiers après une éructation; la pro- noncer quand on a lâché un vent serait ajouter une inconvenance à une incongruité). — Le mot est aussi connu en Oranie et à Alger avec la prononciation tozz, tozz. A Alger, il est même devenu verbe et se conjugue; quand un individu emploie le mot tQzzêna «une dou- zaine» , il arrive qu'un interlocuteur lui réponde en guise de plaisan- terie : «tp:zp/ia? tçzzçt uûhdèk! «Nous avons pété? C'est toi tout seul qui as pété» ; aussi dans une chanson des enfants d'Alger : bdb-Hixix{ehr [çzz zn-iehrâ l'mçl-ko'hh tçzz «Le vieux petit papa Tozz a voulu fienter; il a toussé et lâché un vent». — Comp. jis et jL» jb comme interjec- tions de mépris en égyptien ap. Spiro, Voc, p. 366; Landberg, Bâtim, p. 75, n" XXIX.
\^yo tmà, pi. t^%ut et tesan Jûolb yLa^ ; i* «écuelle à boire en pote- rie ou en métal», et notamment «écuelle en cuivre» du ggi'rûb
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(cf. infra, p. 438); 2° «écuelle iarfje avec laquelle on puise de l'eau au bain«; 3° «soucoupe de tassen. Le diminutif esf. tuêsà {iLn.i^) qui si- gnifie aussi «lamelle de tambour de basque» (synonyme tencâna). — Le mot se rencontre dans tout le Maghreb, avec une grande variété do sens, variété qui existe pour tous les noms de vases et de récipients; et partout il doit cire distingué de tàg qui a, lui aussi, suivant les localités, des significations, très diverses. A Tanger, tSs est le «bassin dans lequel on se lave les mains après le repas» (cf. Bddgett Meakin, The Moors, p. 85; à Alger et à Tlemcen liân, à Constantine uçêêàia); ù el-Qsar, ta» est le nom d'une sorte de «cruche en terre»; cf. Arch. Mar., II, p. 107, fig. — Cf. sur le mol Z.D.M.G., 1896, p. 645; Landberg, DaQ'ma, p. 769 et suiv.
i^yû ici «crasse, saleté». Beadssier n'enregistre pas ce mot pour l'Al- {jérie; il est cependant connu des parlers algériens: chez les ruraux du dé[)artoment d'Alger, rfht-oUçt est «la mauvaise odeur des peaux mal désinfectées». A Djidjelli, ici «odeur du petit-lait corrompu». A Alger le mot n'est usité que dans l'expression, bqa-tçt bin-çnnâs «Il est demeuré couvert d'opprobre dans le monde». A Tlemcen, âttçt]a^\ est «saleté» généralement accouplé à usgfi : âsëm hdd-çlusgh uâUôt «Quelle saleté !» A Mila (Constantine), tçt est le «mélange fétide de farine et de lait aigre dont ou se sert pour préparer les peaux» ; aussi au figuré : ««/i/û mézuod-ottçt «Quel goujat!» Le mol provient vraisem- blablement du berbère où il se retrouve un peu partout, avec le même sens qu'à Mila : zouaoua çSç^; Petite Kabylie çtçt; Béni Snous âltQ^. — mtçuot hpeij» «sale», dénominatif du précédent; inconnu en Algérie.
e>cf.^.
(^y^ tàqa, pi. tèqàn et l^qàl *»U? yUub «fenêtre»; comp. Pedro de Ai- gala, p. 427, 1. i5 et 27, tâca «ventanan; de même à Alger Ûqa, pi. i&qat et tuàqe; aussi à Constantine avec parfois le pluriel tiâq; chez les ruraux et bédouins d'Algérie, fréquemment tagâ, pi. /««gt; en maltais tiçqa; dans le Sud marocain làqâ (Houwâra, p. 18, 1. 1, 2). Par contre, à Tlemcen et à Nedroma, fenêtre est tâq, pi. tçqân cf. Dozï, II, p. 70). Le mot est masculin à Nedroma avec un diminutif tueiioq, pi. tuçiiqën; tandis qu'à Tlemcen, bien qu'il ne soit pas morphologiquement caractérisé comme féminin, il osl féminin
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avec un diminutif tueiqà. — A Tanger, le diminutif est tuçqa. Le tii- minutif andalou *t«tl:^ (Pedro de Alcala, 427, !• 96) ne m'est pas connu aujourd'hui dans i'Afiique du Nord.
tçuaq (^pa «rfaire avancer une chose en la frappant avec une autre» ; ce mot ne s'emploie qu'au jeu de la toupie (cf. supra, p. 85, 1. 20) et au jeu du bouchon (betc) où il est le terme consacré pour ^pousser avec son palet {bûiètâ) le palet d'un adversaire».
J^ tâl, fut. itçî Jlb JjJaj «durer longtemps; demeurer longtemps dans un état» ; tàil JjU» «qui est demeuré longtemps» ; avec le même sens en Oranie; comp. aussi Beaussier, p. 4o6; Sonneck, Chants arabes, II, fasc. 2, p. 70, donne dans ce sens Jpa.
tiiâl, pi. tuâlat Jl^b cai)!^ «corde en chanvre avec laquelle on attache la charge sur le dos d'une béte de somme»; comp. Lerchundi, Foc, p. 243, sub cuerda; p. 7A5, sub soga; tqaUâi-bêh-ottuâl «La corde s'est coupée pour lui» , c'est-à-dire : «Il s'est trouvé complètement sans ressources». Le mot a le même sens à Tlemcen et à Nedroma, à ceci près que tuâl désigne plus spécialement une corde en laine. Mais chez les ruraux et les bédouins d'Algérie et dans le Nord tunisien, tuâl est «longue corde, avec laquelle on attache un cheval au pâturage» (différente de la rçtta qui est une corde tendue à laquelle on entrave court les chevaux; cf. Delpbin, Textes, p. 166, note l"^). Il est à peu près certain que le mot est une forme dialectale, parallèle du classique J^ ( J4^) qui apparaît dans des textes très anciens {Muiallaqa de Ta- BAFA, V. 69; cf. W.Z.K.M., XX, p. 61 ; BcHiRî, gihâd, n° 1, n° 69); Jl^ était déjà andalou (cf. Voc, J\^ p. 4o2, sub/unt«; ap. Pedro DE Alcala, p. 376, 1. 5, il semble bien d'après le pluriel atuila *J^\ que tiguâl soit plutôt Jl^ que J^; mais Ibn Guzhan, 45*, 1. 1 a, a Jpc»). D'autre part il est douteux que je mot ait quelque rapport avec le syrien et arabique iJ!^ «écurie», sur lequel cf. Dozy, II, 78; Vol- LERs, ap. Z.D.M.G., 1897, p. 3i4.
tçuol Jyio «attacher avec la corde t^Mv ; de raérae à Tlemcen et à Nedroma; aussi avec le sens de «mettre un cheval à la corde» dans certains parlers d'Algérie et dans le Nord tunisien (cf. Beaussier, p. 407); mais chez les ruraux et bédouins d'Oranie, dans la plaine du Cheliff et dans le Sud algérois, c'est la m' forme iS^ol qui est usitée dans ce sens.
(jiH^ Cf. jiix..
376 I TEXTES ARABES
x^ tni itç't elb ^.Ja^. class. ^Lbl «obéir». — L'expression (â;-/a«fZ aêtre l'apanape; élro le fait de'' ("hélm ldi-tand,-JInn «La science est le fait d'un tel»), courante à Tanger, est inconnue en Algérie. Il est vraisem- lilahle (lu'il faut voir l'origine de cette expression dans o^JLc ^Ib «tom- l»or chez, échoir à»; à Tanger l'assimilation régressive hi>ii est presque constante comme chez les rurauî d'Oranie; la forme tâi pour tàh, issue de cette assimilation momentanée, s'est étendue à toute la conjugaison tàiàt land «elle est l'apanage de» , etc. De fait à Tlemcen, où l'assimilation hi>n n'existe pas , mais bien l'assimilation progressive ht':>hh, on a dans le même sens tàh-hand déchoir â»; au féminin t&hàt land.
^uuJia Uifor, pi. fiô/flr ^yi-J* y»^^ «rtable basse sans bords sur laquelle on mange» (la mtda de Tlemcen); comp. pour Fez, Aubin, Le Maroc d'aujourd'hui, p. 28. A Tlemcen et à Nedroma tëjçr est une table basse, ronde, souvent peinte et enjolivée de dessins, avec un rebord circulaire haut de 5 centimètres , sur laquelle on prend le thé , et dans laquelle les cadeaux de noce sont transportés au domicile de la mariée (cf. Gai;- defroï-Demombïnes, Cérémonies du mana^'e, p. 19; photographies de t^fçr tlemcenien, ap. Bel, La population musulmane de Tlemcen, pi. XXII). A Alger-juif,, le mot désigne spécialement une table de cette espèce quand elle est garnie des cadeaux de noce, et de là, aujourd'hui la grande corbeille, <jui tend de plus en plus à se substituer à la petite table pour le transport de ces cadeaux. Le sens de rr table» pour ^j-M» existait déjà en andalou (cf. Dozï, II, p. Itg; Eguilaz ï Yanguas, p. 999). Quant au sens de trplat creux» il existe en Algérie: à Alger où le mot désigne un grand plat en cuivre rouge élamé, souvent orné de godrons (cf. G. Marçais, L'exposition d'art musulman d'Alger, pi. XI), et à Constantine où il désigne une assiette creuse de métal étamé, et de dimensions plus petites que le tejçr algérois; aussi à Alger comme injure : iâ-uûtc-oUefôr «visage de plat à cousscouss!» c'est-à-dire «large et laid». — ■ Il faut vraisemblablement considérer ta/'ûr du Nord tuni- sien «chaudière de bain maure» comme une variante de ^^LAs.
(^^ lahba, fut. iiabbi, trcmporter, emmener»; comp. Lerchundi, Voc. , p. ^83, sub //euar; aussi à Fez, cf. Kampffmeyer, Texte, p. i5, 1. i3.
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6 et 7. — Le mol est à Tanger employé à côté de ddà 'iddi, cf. sufva , p. 3o3. En Algérie , il en est de même à Nedroma, A Tiemcen, mbba (remportera est seul employé à l'exclusion de ddà; par contre les dialectes ruraux d'Oranie ignorent labba et n'emploient que ddà. Le mot reporte à class. LXc dont le représentant avait déjà le sens de fremporter75 en Andalousie (cf. Vocabulista, p. 629, siib portare). Partout ailleurs qu'à Nedroma et Tiemcen, mbba n'est jamais «em- portern en Algérie. A Alger, c'est (rcharger une bêle de somme». Il a le même sens à Constantine et aussi celui de «rcharger sur son dosn; aussi à Tunis rrcharger une bête» (cf. Stcmhe, T.M.G., p. 19, 1. 19); aussi en maltais rrcharger; charger sur son dos» (cf. Falzon, p. 5o5). — Dans le Maghreb, labba n'esl jamais rr remplir» comme dans la plupart des dialectes orientaux; il faut signaler cej)endant à Laghouat un sens voisin : rr cueillir des fruits et les placer dans l'ouverture de devant (mbbtin) du vêtement».
*Xa* labd, pi. {"bîd, est le mot habituel pour rrnègre» à Tanger comme dans toute la province d'Oran; de même dans la plupart des parlers arabes orientaux; mais le féminin labda rrnégresse», usité aussi dans ces der- niers , est tout à fait inconnu dans le Majjhreb; on n'emploie que hàdem, cf. mpra, p. 1877. — Dans les provinces d'Alger et de Constantine, on emploie pour (rnègre» plutôt que labd, ««p/'vJLjej, pi. uusjàn (connu aussi à el-Qsar el-Kbir, d'après Arch. Mar., H, p. i38; inusité à Tan- ger; le Mahzen marocain emploierait oUjo^ dans sa correspondance avec ses pachas quand ils sont nègres d'après Uevue du Monde musulman, mars 1911, p. .^93); labd et ««ç/* semblent employés également à Tunis et à Tripoli. — Cf. sur l'ancienneté de ce sens de Oy-c, Noldeke, BeiL, p. 88, n. 3.
(^^ làtoq, pi. l'imtoq, diminutif /"«i/^â Jj'lc jjlys JuLi^.^ rrjeune fille nubile». En Algérie le mot, dans ce sens fort classi<|ue, est citadin (Tiemcen, Nedroma, Alger, Cherchcl, Constantine, Mila); mais il n'est pas usité chez les ruraux et bédouins (on a dans ces parlers, sui- vant les régions, êbiia, tàzha ou hek'r) on n'y est connu que comme un emprunt aux dialectes citadins.
mlliiqâ, pi. l'iâloq etmUnq^, rrpoule qui n'a jamais pondu»; le mot ne se trouve, à ma connaissance, en Algérie, qu'au Souf, laltûga; mais il est connu du tunisien, du tripolitain et du maltais (cf. Stummk, M.G.T., p. 807; Fauon, p. 5 18).
378 TEXTKS ARABES
«Xfi Cf. ^.
c^iXft laddëh (_>j^ n'est pas «punir» , mais «tourmenter, donner de ]a peine» ; liaddëh oJoij construit avec t'iâ « se donner de la peine au sujet d'une chose»; ainsi dans toute l'Algérie (bédouins et ruraux laSSeb; fmSSeb); comp. Dozy, II, p. 106.
J«Xc tadd^l : 1° «régler, ajuster»; comp. Lerchondi, p. 89, sub ajuslar: !àddçl-''lhsâh «régler le compte» ; nfàddlulç-isyûl «Nous lui réglerons son affaire» ; lâddçlli-lmâgâna-diâli «Règle-moi ma montre» ; a" de là «fabriquer» dans un sens très général : fêi-kèuâddlQ-Urdhësf «Où fabrique-t-on les tarbouchs?»; keiiàddlo-rryâij f^'ddàr «On fabrique les feuilletés à la maison». Ce deuxième sens est inconnu en Algérie; il se trouve par contre au Sénégal (cf. Reynier, p. 171, 179, etc.); il ré- pond tout à fait au ^^^-w «faire» de certains parlers orientaux (déjà ap. Haiia<ïanî; cf. Geog. arab., V, gloss. xxxi).
c_>yfr i*rçhi 5.>jc «sorte de chanson»; cf. Stuhhe, T.M.G., p. xii et suiv. ; T.B.L., p. 55. — Le mot est à Tanger employé à la fois comme collectif et comme nom d'unité, et je ne lui connais pas de pluriel. Il est connu dans tout le Tell algérien; cependant à Tlemcen et dans plusieurs ré- gions d'Oranie, cette sorte de chanson porte le nom de iâite. A Ne- droma , on dit généralement i'rfbi.
/wj^ larbûn y>?>c «arrhes»; larbën «donner des arrhes» et de là dans les textes qui précèdent, p. 67, I. ai, «essayer» qui n'est pas du tout un sens habituel à Tanger.
^jS. larrùd, pl.i'râred i^l* «gaillard , homme fort et grand» ; le mot est inconnu aux dialectes d'Algérie; mais dans le Sud algérois, larrâd se trouve avec ce sens. Par ailleurs, dans les dialectes du Tell oranais et dans les parlers sahariens, larrâd est très connu dans le sens de «gazelle mâle, chef de barde» (fréquemment aussi nom de chien); cf. SoNNECK, Chants du Maghreb, II, fasc. a , p. 78; Beaussier, p. ^37 (faussement J=»Ivc); aussi Hartmann, Libysche Wûste, p. 80, tarrâde «gazelle»; comp. class. >>-ê et hébreu iny «onagre» (Gesenics- BuHL^S p. 61a; et NÔLDEKE, Dekctus , p. 108, note 9). — Notons enfin qu'à Tlemcen, on qualifie une femme effrontée de t'ràidîia.
m
ôyft mâ'irof, pi. miârôj Ct^yju» , 4J»,L«jt : i° tf aumône» et spécialement «aumône faite pour l'entretien des tolbas pauvres»; comp. Arch. Mar., XVII, p. 87, 90. Le sens de «raumône» déjà andalou (cf. Vocabulista, p. 363, elemosina) se trouve aussi dans toule l'Algérie (à Laghouat, il existe un verbe dénominalifma/ro/'K faire des aumônes»). C'est un déve- loppement naturel du sens de la langue du Coran et de l'éthique mu- sulmane; cf. un autre développement de sens dans le Sud marocain, ap. hovTTÉ, Magie et religion, p. 48o, 48 1. — 3° Synonyme dejatha, cf. supra, p. 90, c'est-à-dire wvœux qu'on adresse à Dieu en faveur d'un individu, en élevant les paumes des mains ouvertes»; rjed mà'irôf, synonyme de rfëd fàtha; comp. pour le Sud oranais Mercier, Actes du XIV' Congrès, III, p. 363. — D'autre part la formule "Imâ' *rôf Içllâh , très usitée par les mendiants d'Algérie pour demander l'aumône , n'est pas courante à Tanger dans cet emploi.
^jjvjC i'ràq (yS «sueur» est féminin à Tanger comme à Tlemcen, Nedro- ma, Mila; masculin au contraire à Alger, Constantine, comme chez les ruraux et bédouins d'Algérie et à Tunis; le mot a un pluriel i^rûqat «des flots de sueur» qui se retrouve dans toule l'Algérie (bédouins et ruraux i^rûgât); cf. sur les pluriels c»i)jjt> Dialecte de Tlemcen, p. iilt.
f'arq, pi. i^rilq, est à la fois «veine» et aussi par confusion «tendon»; cf. Dozy, II, p. 119, l'arq d§ttour «nerf de bœuf»; à Tlemcen, zebb elferd; à Alger, zebb elbegri; à Mila et Constantine bûi (verge) ït^çr ou i'$ab; dans le Nord tunisien msbet-begri ; comp. Kremer, Beitrâge zur arab. Lexicographie, I, p. 70, iX^\ v) •
<_Aj.fi larqiib, pi. /"râqoh <^yiyC , <^\ye. est pour les hommes le «tendon d'Achille» (jamais le jarret qui est "Ihuâ dyrukba, cf. Pedro de Al- CALA, p. i58,l. 11; ni proprement le «talon» qui est âurçz, mot d'origine berbère); pour les bêles c'est le «tendon du jarret»; comp. pour Fez, où l'on emploie largiiba, Kampffheyer, Texte, p. 3o, note 1. Le mot signifie aussi «tendon d'Achille» chez les ruraux et bédouins d'Algérie; «talon» à Tripoli (cf. M.G.T., p. 807) comme en maltais (cf. Falzon, p. 516) cl dans l'Arabie du Sud (Landberg, lladr., p. 279; Stage, p. 80, sub heel; mais «cheville» ap. Lamdberu, DaOina, p. 896; et «08 saillant du jarret du chameau», ap. SociN, IMwàn, I, p. 387). A Alger, tarqûb est «jarret» même pour l'homme; à Tlemcen le mot n'est employé (ju'au pluriel t'râqob avec le sens péjoratif de «jambes maigres», des «flûtes».
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TEXTES ARABES
tarqoh ttcouper à une Léte les jarrets», pour implorer le secours d'uii individu ou d'une tribu; ce genre de sacrifice s'appelle à Tanger, fmrqfha; à Fez, tiargîba; cf. Kampffheyer, Texte, n" v.
-vfi mrrîm, pi. ("rârëm (►h^, n'j* «homme brave e« énergique». Le mot est passé dans les dialectes berbères du Maroc (cf. Stumme, Taz., p. 171, aiarrîm «rhéros»; Boulifa, Textes de l'Atlas marocain, aiarrim «célibataire», p. 333). Le mot n'est pas connu en Algérie; par contre >ai-rïim «brave» m'est connu chez certains nomades de l'Ouest oranais (par exemple Ulâd Nhâr) et se trouve probablement ailleurs encore (cf. Rradssier, p. /»3o etDAUMAS, La vie arabe, p. '175, ^^^ «brave»). A Tlemcen mrrtim est employé, dans le langage des femmes, en mau- vaise part : «mégère»; cboz les ruraux du Tell algérois, je connais mrrûma dans le sens de «vieille vache maigre» qui est probablement tout autre chose, à savoir une métalhèse de class. [•>*;• — L'andalou connaissait dans le sens de «brave» -jU: (cf. Vocabuliita, p. 261 , sub audax):, le pluriel de ce dernier mot apparaît parfois à Tanger dans la langue courante dans le sens de «jolies femmes provocantes» !"uârëm; en Algérie, dans cette acception, le mot appartient essentiellement à la langue de la poésie vulgaire; cf. Sonneck, Chants arabes, II, fasc. 9, p. 76.
'^ i^azz, fut. ii'azz : 1° construit avec l'ià signifie, non pas précisément comme en Algérie, «être cher à; avoir du prix pour», mais «inspirer de la compassion». — En Algérie, le verbe dans le sens de «être cher à» se construit aussi avec b (cf. Beaussier, p. A3i ); je ne connais pour Tanger la construction avec b que dans l'expression l'azz bîia {bîk, beh)4hâl «être affecté d'une chose désagréable» (équivalent du bqi hatre, hatrok, etc., d'Algérie qui n'est pas usité à Tanger); — 9° con- struit avec un complément direct «aimer, chérir, tenir à»; aussi, en parlant de Dieu «glorifier; faire prospérera; "Uâh i>''dzzsk «Que Dieu te glorifie» est la formule par laquelle on répond à hàmk (cf. supra, p. 26/j, Lil»-). Dans ce cas, /"azz représente vraisemblablement la iv' forme classique ixl , ou l'équivalent dialectal de jc ykj , sur lequel cf. les lexiques indigènes; connu aussi en Algérie, en Tunisie, et dans la plupart des dialectes orientaux.
Vyfi lazri, pi. i''zara (sy-f^, ci;')* «célibataire», comp. Lerchundi. Voc, p. 7A8, sub soltero; p. 336, sub doncel. Le mot existe avec ce sens à
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Nedroma d'une part, et d'autre part à Laghouat, au Souf, dans le Nord tunisien, à Tripoli (Stdmme, M. G. 7"., 8 i38) et dans le désert de Libye (cf. Falls, BeduinetUieder der libyschen Wûste, pièce i6, vers i, 7, i5). Il est passé avec ce sens en berbère du Sud tunisien, en zoua- oua et en selha (Stcmme, Taz., p. 171; Provotellb, Sened, p. io5). Ailleurs en Algérie lazri est «rdomestique» et plus spécialement tfdomes- tique blanc» (cf. Bel, Djdzya, p. 110, note 1); à Alger: màni-hdtmëk , mdne-mzrihl cfJe ne suis pas ton domestique!»; aussi crpalefrenier» (cf. Beaussier, p. 439; Ben Gheneb, Prov., n° 5o9; comp. Stumme, T.M.G., p. 39, 1. 18, lazzâra). A Laghouat et sur les hauts plateaux algérois, c'est aussi le nom de mépris que l'on donne au gendre qui s'engage en se mariant à venir loger dans la maison de ses beaux- parents. Dans certains dialectes sahariens, le mot signifierait (tcha- meau de charge»; cf. Daumas, Chevaux du Sahara, p. ^9 3. — A Con- stantine /arri est un adjectif signifiant «pervers».
Oyfr /"z^ «palmier nain» comp. Lûdebitz, Sp'ûchworler, p. 60, 1. /i ; lazfa «feuille de palmier nain». Suivant Arch. Mar., VIII, p. 19, {"zéf ne serait que la feuille de palmier nain et le palmier nain lui- même serait dfwi comme en Algérie ; mais à Tanger, c'est bien l'z^f qui est seul employé dans le sens générique de «palmier nain» , et dûm désigne le fruit du palmier nain {-yôz d'après Arch. Mar., loc. cit., comme en Algérie). Le mot se retrouve, en Algérie, à Nedroma et précisément avec le sens que lui assigne Arch. Mar., /"ze/" «feuilles de palmier nain», nom d'unité mz/a. — D'autre part, cij* est signalé par Ibn Baitâr, comme particulier à la langue du Maghreb dès le xiii* siècle (Notices et extraits des mss., XXV, p. 445). Peut-être même apparait-il dès le xii* siècle dans un vers d'lB\ Guz- mAn que je n'entends pas bien (Si*", 1. 3). On le cherche en vain chez les lexicographes arabes {Tàg, Lisân, Muhassof); mais il est courant aujourd'hui dans l'Arabie du Sud avtc le sens de «feuille de palmier nain» et Landbkrg l'a longuement étudié ap. Iladramout, I, 43o, /i3i ; Dadtna, p. 6o.5; nous avons donc affaire à un mot dialectal ancien non enregistré par les auteurs classiques. A mon sens, zmf, za'fa qui apparaissent sporadiquement en Algérie (TIeracen, aussi «brin de paille»; Constanline, cf. Revue du monde musulman, VII, p. 997) per- mettent d'identifier le mot. Nous avons affaire à une variante à initiale sonore de ULu- (de même en Egypte, comp. Spiro, Voc, p. aSo;
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TEXTES ARABES
Spitta, Gram., p. 18), avec métathèse (cf. sur les métathèses dans les racines ayant un * Ulàd Brâhîm, p. 10). sw/a «foliole de palmier» collectif S'a/" (classique SJJum et uULi) est très connu de tous les pap- iers sahariens d'Algérie; sur les hauts plateaux algérois et oranais sa>fa s'emploie aussi pour «brin d'alfa».
(j,'-r^ 'azza, fut. itazzi, étant à la 11* forme, qui dans les dialectes maghribins exprime généralement l'idée factitive . a pris à côté du sens de «faire des condoléances» celui de «faire faire des condoléances à quel- qu'un» (en parlant de Dieu) c'est-à-dire «le priver d'un proche par sa mort, d'un bien par sa perte» (comp. Beaussier, p. /i33). Le sens du participe passif m »azzi «qui reçoit des condoléances» et «qui a perdu» {»bàht m>âzzi fçh k>S (syu* o»^î-ol «Je l'ai perdu») a au reste vraisem- blablement favorisé ce passage à l'idée factitive. — Comme participe actif, le tangérois utilise le nom de métier >azzât, fém. 'azzàia, pi. tazzâiçn.
iiMhft mss, fut. ç'ots, «garder» utilise comme participe présent le nom de métier tas$à$, fém. lastçua, pi. 'assâêin (construit avec ''là); de même à Tlemcen.
Ju*** t'sçl «miel» est féminin à Tanger comme à Tlemcen, Nedroma, Alger, Mila; il est masculin à Tunis, à Constantine, chez la plupart des ruraux et bédouins d'Algérie ; il est bien connu que le mot est de genre commun dans la langue ancienne.
(^Mwfi fattâk JLI1.C «à plus forte raison s'il s'agit ....»; c'est JL^c «peut-être bien toi» qui est certainement à l'origine de cette expression dialectale; l'affixe de la deuxième du personne singulier s'y rapporte comme dans mndek[c{. infra, p. 891) et arâk (cf. supra, p. 290) à l'interlocuteur dont la présence et même l'opposition sont conçues avec plus ou moins de netteté. Cette expression dont il faut rapprocher l'an- dalou yl 4^vi**t L» (cf. Foc, p. ^09, quanto magis) se retrouve dans le Sud marocain sous la forme uamsâk (cf. Socm, Mar., p. 3o, I. 2 ; p. 3A, 1. 10) et a été empruntée par le §elha sous la forme u>assâk (cf. Stdmme, Taz., p. â/i6). — Elle se retrouve dans la plupart des parlers algériens sous la forme fâsâk. Beadssieb, p. /i34, donne un bon exemple de son emploi après une proposition affirmative; après une proposition néga- tive, un exemple est fourni par le proverbe du Tell algérois : ma-rjéd- (Imâ'iza hâlla-hzgq 'â»âk-iztd-§lzdi «Il n'a pu soulever la chèvre sans
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en péter! A plus forte raison, ne pourrait-il soulever par-dessus le marché le chevreau» (comp. sur ce proverbe Ldderitz, Marok. Sprûchw. , LXXII). Dans les parlers ruraux d'Oranie, on a dans le même sens '"sa ou t"sâk, ou hsâ ou hsûk avec un passage de * > h sur lequel cf. Ulâd Bràhîm, p. lo; il faut vraigemblablement considérer aussi comme des altérations de JL«^ ^^vu^ les expressions de même sens thèia (Mazouna) et uâsàk md (Nedroma). Dans le dialecte juif d'Alger, on a, avec le même sens, laf''sâk avec le J de .x-pb; à Tanger lâ-mssâk, ou là représente vraisemblablement la négation i), est tout autre chose; c'est une négation ou même une dénégation énergique : «Non, ça n'est pas vrai!» J'ai entendu des enfants prononcer nà-tassâk; équi- valent algérois lâ-iandâk.
msmr : i" «donner le *"»()?• dime sur les biens» ; 9° «payer les droits de douane sur les marchandises importées»; 3° au jeu de la toupie «frapper une série de dix coups avec la pointe de sa toupie pour fendre la toupie du vaincu»; cf. sup-a, p. 177, note 1; le nom d'action est tatèçr; le nom d'unité twiera désigne «un coup de la série des dix coups».
"Itâiçr ^^IjJl toujours avec l'article : 1° le nom de la fête de *l<j-i;L£ au dixième jour du mois de muharram; a° le nom du mois de muharram lui-même (dans le Maghreb les noms de fêtes surve- nant au cours de certains mois tendent à remplacer les noms de ces mois : "'j''t<i-"'«»yer = JIjUi ; ''h'td-''lkbtr=: S2d\ ji ; "Imfilûd = Jyi\ ^^^)\ de même au Sénégal (cf. Retnier, p. 100) et dans l'Iraq (cf. Meissner, NetMr. Gesch. , p. 1 1 0 ). — Lerchundi ( Voc. , p. 1 !) a ) fait une distinction entre ^>-ile, nom du mois, et \^yiilc, nom de la fête, qui n'existe pas à Tanger, mais se retrouve à Médéa {'âiôrâ «nom de la fête» shar-ël'àiçr «muharram»). La forme ^J-~^ el ,^ljJI à côté de «l^^le et 'i^^LxJI , et d'autres formes encore sont déjà enregistrées par les lexicographes classiques (cf. Lane, Diction., p. 2o53; Jôg-, III, p. Ixoo : Jl (jj-» sùyac' i^^yjuj] ; en andalou I^^UJl ap. Ibn GuzhIn, 45*, 1. 9). A Mazagan apparaît la forme faiiûr (Doutté, Merrâkech, p. 383). — En Algérie on a, par ailleurs : à TIemcen, Nedroma et Djidjelli ël'âiçr pour la fête et le mois; à Alger, Gonstantine, chez la plupart des ruraux et bédouins >âsçrà et ihar-'àiçrà. Le nom de iâi'i-àl'âiçr (^^LxJI^jU; généralement prononcé iç^'i-'hàiçr) «celui qui accompagne "hàiôrn par lequel on désigne à Tanger le mois de
n
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yuo a des équivalents dans toute l'Algérie (à Laghouat sçi-iâèçirâ avec ici pour ^Uï comme sçi-mçilûd ^= jUJI ^))-
'"uàigr j-ilj.fi ffvacancesfl accordées aux écoliers à l'occasion dos fêtes religieuses; co sont à Tanger : à propos de la fôte de la rupture du jeûne, les quinze derniers jours de ramadan, et les huit jours qui suivent la fête; à propos de la fêle des sacrifices, les dix premiers jours de Jû-lliigga, et les huit jours qui suivent la fête; à l'occasion de 'âSûrâ, trois jours; à l'occasion de la Nativité du prophète ïes douze premiers jours de rabî» el-'aimal et les huit jours qui suivent la féte; comp. pour les Jbâla, Moulikras, Maroc inconnu, II, p. ii4; pour Fez, Aubin, Le Maroc d'aujourd'hui, p. 287; pour le Tell algérien, Despabmet, Enseignement de l'arabe dialectal, a* période, p. 87. — Li; mot '"uàsp- est usité dans le même sens dans toute l'Algérie (ruraux et bédouins '"uàstr). Il est possible qu'à l'origine il ait désigné spécia- lement les vacances accordées à propos de la fête des Sacrifices, c'est- à-dire deux décades consécutives à partir du 1" de ^u-lhigga; puis le nom aurait été étendu aux vacances également bi-décadaires , accor- dées à l'occasion des deux autres grandes fêtes, rupture du jeûne, et Nativité du prophète. Dans le texte du Baiân cité par Dozy, I, p. 1 3 1 , il semble bien que yii\^\ désigne la période de réjouissance des dix (ou vingt) premiers jours de 5&-lhigga.
mmçr j-i^c ftmettre les enfants en vacances??, verbe dénominatif tiré de '"uàè^r (comp. Ulàd Bràhtm, p. 106, 107); nom d'action fmusîr; le nom d'unité fmustra désigne la somme d'argent que les enfants remettent au maître de l'école coranique à l'occasion des vacances (comp. Arch. Mar., VII, p. 118); à la 11' (orme Uauiçr ,^ya rrêtre mis en vacances».
yitA i'àà: 1° =«>Lû»fi «prière du soir»; dans ce sens le mot est féminin : "li'sd-dd'nçt 0.33! pUi.xJI «L'appel à la prière du soir a retenti»; le mot apparaît déjà avec ce genre dans la langue ancienne (cf. Fischer, ap. Z.D.M.G., 1906, p. 857, note 1 ; Buhàrî, Mauàqtt, n" 89, n" 4i, ««LûjlÎI «jwJLo) qu'il a aussi dans tout le Tell algérien (généralement chez les ruraux çh'esa, avec conservation et allongement de la voyelle brève de la première syllabe, par influence de la langue litté- raire). 3°= /"Lii «repas du soir»; dans ce sens, le mot est masculin à Tanger : "h'sa-udzçd «Le repas du soir est prêt», et donne avec les affixes personnels : f'sâia, ^'sàk, f'sah, etc.; il en est de même chez les
i
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'ruraux et bédouins d'Algérie, dans les parlers du Sud marocain (cf. SociN, Mat:, p. lili, 1. 3; Houwâra, p. lia,], ii), à Tunis et à Tri- poli (cf. Stdmme, T.M.G. , p. 6, 1. 9; p. lil, 1. 12; M.G.T., p. àfi, 1. 33, 3/i); au contraire à Tlemcen, Nedroma, Alger, comme aussi à Rabat, le mot est féminin et sonne avec les affixes personnels '"sali, '"éâtëk, etc. (cf. Fischer, Mar. Sprichw., p. 37; Z.D.M.G., 1907, p. 262, note i ). Le diminutif à Tanger est »'«îuj', et le pluriel l'ëâuat; ce dernier est surtout employé pour désigner les repas funèbres qui sont entièrement fournis aux parents d'un mort par des amis, pendant les trois jours consécutifs du décès, et mangés dans la maison mor- tuaire.
msiàua »jLï.c tf dînette des enfants à la fête des Sacrifices «, tandis que lassâia JuLî.* est trgrand plat en terre»; inconnus en Algérie.
ywifr iossàr (rtordre du linge»; c'est la deuxième forme qui est employée à Tanger comme à Tlemcen et Nedroma, de préférence à la première : mmssâr d^lâtl «aux pans d'habits bien tordus après la lessive», c'est- à-dire «dont l'honneur est sans tache»; cf. supra, p. 178, note 1; de même à Nedroma : bjM - ëm>â»sâr «d'une propreté éclatante» j!»-oI
iàsàr yole «temps de la prière de l'après-midi». Cet allongement de la voyelle brève de la première syllabe dans le représentant dialectal de JSxti. se retrouve en Algérie dans tout le Tell, chez citadins et ruraux, mais non dans les parlers sahariens où l'on a >as°r.
AAâft >'§om «constiper»; de même dans divers parlers du Tell et du Sud algérois, de l'Oranie, et à Gonstantine. A Alger, on dit surtout qbo\ (jix^5); comp. pour Rabat, Fischer, Zum Worlton, p. 28^, 1. 3. — Par ailleurs, en Algérie, le mot le plus fréquent pour «constiper» est h'«or jiOA.; dans quelques parlers (par exemple Cheliff, Teniet el-hadd), luifràn (^yo^.
{jaS- Cf. L^.
■jihs. i"dor dans l'expression inën l'd^ , avec les ailixes mën lodre,
inën lodrok, etc. ou nwn '"dçre reporte à ^j>x; mot à mol : «[ceci est à compter] comme excuse valable à ... ». Cette locution s'emploie pour exprimer l'idée qu'une action blâmable ou insolite en apparence est, en fait, justifiée ou explicable : mën-i6dre ma-ny^iiût «J'ai motif sérieux
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de crier» ; mën-!''dQr-''nnâs 'lli-qalo «Les gens ont certes bien raison de dire. . . ». Celte locution ne m'est pas connue en Algérie. ssa'dàr Cf. supra, ybjuo, p. 356.
Laft mit, fut. iVaff, «mordre» = jic , toujours prononcé avec tt pour dd à Tanger.
jiaS. /aHâ/ ff empêcher quelqu'un de faire une chose» ou «l'empêcher de la faire à temps» se construit avec un régime direct (personne) et la préposition ;°/â devant le complément qui désigne la chose : lattlç tàl-lhodma «Il l'a empêché de travailler»; comp. Lerghundi, Voc, p. 117, sub atrasar; de même dans la .plupart des parlers algériens et en Tunisie (cf. Stumme, T.M.G., p. 19, I. 33). — Uattâl (v* forme) : construit avec la préposition b «différer une chose, la remettre à plus tard»; construit avec la préposition '"là «se mettre en retard pour commencer une chose»; cxtnstruit avec la préposition/ {Ji) «demeurer longtemps à faire uue chose».
«lâfi t'dom : 1° «devenir grave» (maladie, affaire); «devenir grosse» (en parlant de la mer); a" construit avec la préposition '"là «faire l'im- portant vis-à-vis de quelqu'un»; comp. pour l'andalou Voc, p. 698, sub superbire; à Tiemcen dans un sens voisin «faire le méchant, se montrer brutal envers quelqu'un».
laddom, à la 11* forme, «rendre considérable» : "llah-etàddoim-''Tâ:àr «Que Dieu rende la récompense considérable» est à Tanger la formule habituelle de condoléance pour la mort d'un proche ( parfois on y ajoute uibëddçl-"lmhébba b^ssbàr «et qu'il change en résignation l'affection pour le disparu»; comp. Kampffmeyer, Texte, p. 33, 1. i5). Des formules de condoléance analogues existent dans toute l'Afrique du Nord (cf. Beaussier, p. 439); comp. aussi pour l'Oman, Reinhabdt, p. 995.
«Ojjifi m/rît, pi. '"/âft os»j»-c, cajLic; en dehors des contes populaires, et de l'expression '"fàft sîdna sulîmân «les tafrît de notre seigneur Salomon» (cf. supra, p. làS, note 1), le mot n'est guère employé à Tanger dans le sens propre de «démon»; mais il est fréquent dans la langue courante, dans le sens de «très malin, très capable, très débrouillard» (comp. Landberg, Pi'ov. et Dict., p. 995); aussi «très espiègle» en parlant d'un enfant. Par contre yUa^ qui apparaît avec ces sens dans les dialectes orientaux, n'a jamais, comme épithète.
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dans l'Afrique du Nord, que ies sens de (rméchant, mauvaise langue, brandon de discorde?'.
tmfrçt cavi-jo*, nom d'action fm/nta, ffêtre malin, espiègle».
^ks. (*Âc) laffâk JLLc : i° bravo!» cf. Lerchundi, Foc, p. i/ig, sub bravo; 2° trs'il te plaît». Cette locution se rencontre à Alger avec le sens de «bravo!» : mjfnk iorlbâi «Bravo mon cher» (mot à mot : que Dieu t'épargne, ô bey!). — A Tlemcen, en Oranie et dans la plaine du Cheliff, on a mfàk «bravo» = JUlc à la m' forme, comme dans le selha de Tazerwalt (cf. Stcmme, Taz., p. a/iS). Cette expression m'est inconnue dans l'Est algérien. — On trouve lafqk avec le sens de «bravo» en Palestine (cf. Bauer, Das palàst. Arab., p. 106, 1. 11; p. 237 in fine)\ en Egypte, on a mfâh allâh dans un emploi particu- lier (cf. Spitta, Gramm,, p. 387).
JJift f"qâl, fut. ia'qàl, construit avec /"là, non pas «comprendre» Ou «connaître», mais «se souvenir de», ce qui est un sens fort ancien; cf. glossaire Tabarï, s. v. ; aussi Bohârî, el-nlm, n° 18 : ^^yJl ^ja oJJLc îff l^Vf JCâc où les commentateurs expliquent li^Iic par oLh i-h . — Ce sens se retrouve à Tlemcen , où , en outre , '"qât construit avec un régime direct est «reconnaître quelqu'un»; à Alger et Gonstantine , l'qàl est non seulement «reconnaître», mais «connaître (aussi bien une chose, un livre, une histoire, qu'une personne), tandis que «se souvenir de» est à Alger surtout tbet '"là ( J^^ o^i; aussi à Tunis; cf. Stumme, T.M.G., p. 45, 1. 6) et à Gonstantine s/a, fut. (eifa, con- struit avec '"là. — Dans le Sud marocain, c'est la ii* forme mqqel construite avec »"/â qui est employée dans les sens de «se souvenir de», et «faire attention à» (cf. Houwàra, p. 36, note cg; p. 64, 1. 8; p. 68, 1. 1); et elle est passée avec les mêmes sens en selha (cf. Stumme, Taz., p. 245, >aqqol à côté de mqol).
yift '"gëz construit avec '"là «être impuissant à faire quelque chose»; aussi «ne pas pouvoir résoudre une difficulté ou répondre à une question»; à la 11' forme, 'afrfjez «rendre impuissant, mettre dans l'embarras». C'est naturellement j:Ê avec dissimilalion g — s > g — z (cf. supra, p. xiii). -^ et j^ sont employés avec les mêmes sens dans la plupart des parlers algériens; naturellement le concours de g — z amène dans certains d'entre eux une meta thèse ou une dissimilation : ainsi généralement dans les parlers sahariens on a i-zez, tazzez (meta-
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thèse); et à Laghouat on a ''dez 'oddez (dissimilation, figée depuis l'époque où dans le dialecte, j-, qui est aujourd'hui i, était encore une affriquée g, à implosion voisine de d).
Sa takkàr ^^iic «fard vermillon»; cf. Bodgett Meakin, The Moors, p. 70; Lerchondi, Voc, p. 37, ^U^, sub afeite; Doutté (Merrâkech, p. Sii) a pour le Sud marocain 'âqer qui est inconnu à Tanger. A Tlemcen , on a '"ker, et à Alger, f'kor «carminn qui répond bien au ^ilc andalou d'IeN GuzmAn, 31% 1. 30; 8o\ 1. 18. A Constantine, et dans le Tell et le Sahara algérois '"kor est inconnu; on n'emploie dans le sens de afard rouge» que hômmàinr y.U^; par contre mkri tfdc couleur carmin» est connu partout en Algérie et jusqu'en Tripolitaine (cf. Stumme, T.B.L., p. 1 66; à La^hoyiatfelfel mkri, ou simplement »afcrt , est wpiment rouge»). Il est admissible que dans re sens andalou et maghribin ^^ soit un emprunt roman ochra, avec contamination possible par ^X* «lie de vin, rouille» de la langue ancienne.
takkor à la 11' forme : 1° «triturer, délayer, gâcher» (par exemple du mortier); c'est le sens tlemcenien (cf. Dialecte de Tlemcen, p. 3ii)et déjà andalou (cf. Pedro de Alcala, p. 800, 1. 36); s" «mettre du fard rouge», sens voisin du sens algérois «rendre rouge» (cf. Beaussier, p. liltb.', à Alger mkkôrlQ uûtco «Il lui a fait monter au visage le rouge de la honte»); dans cette acception le verbe est un dénominatif de ^Ux
(M
•Ss- l'çkkaz, pi. i'kâkçz -j^SiA, j.5Lilc «bâton sur lequel on s'appuie pour marcher»; de même à Alger, en Oranie, à Tunis (Stumme, T.G., p. 55, 1. 19); à Constantine et à Laghouat ^'çkkâza.
^^\£■ >alleq J^JCc «ronces» collectif; nom d'unité 'allçqa = class. J,Jx avec réduction de la diphtongue, tandis qu'à Alger et Tlemcen cette diphtongue s'est dissociée en ai : t'ollûiàq.
a\s. içlm «science, connaissance» (à côté de 'alm) a une vocalisation due à l'influence de la langue littéraire ; le pluriel t'çlûm avec voyelle longue de la première syllabe, est une adaptation de [»>J-c, emprunté à cette langue ; >'liim avec voyelle réduite de la première syllabe est le plu- riel de l'iâm «drapeau» (à côté de ''Içma). Généralement, en Algérie, le mot JU a gardé comme à Tanger, le schème syllabique classique; cependant dans le Sud algérois on a t'iem avec une forme sursautée. >''lëm : 1° «savoir» en parlant de Dieu; en parlant des hommes, le
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mot n'est employé, à ma comiaissance , que dans la seule expression '"lém uhôqq «Sache bien et sois certain que. . . » ; 2° construit avec t°là ffi'tre au courant de ou plus exactement «se douter d'une chose sans on avoir été informé"; comp. Houwàra, p. lio, 1. ih; le même sens existe dans divers parlers algériens , mais le verbe f'iem y est construit avec la préposition b; ainsi Alger : '"lémt-bèh bçtli-gt «Je me suis douté qu'il viendrait»; synonyme à Laghouat, l'iém't bëmzêh; au Souf, ''Um't biçiidnah; à Tlemcen, ^'lômt bçllf-'gt; à Tanger, i''lêmt-*''léh bein-izi; 3° construit avec le nom de la personne à l'accusatif, et le complément exprimant la chose précédé de la préposition b, «informer quelqu'un d'une chose» '"almuni bçh «On m'en a informé»; de même dans la plupart des dialectes algériens, à Tunis, au Sénégal (cf. Reïnier, p. 109 in fine); dans ce sens t'iem représente la iv* forme ancienne
mq'ilûm («^Jju» «bien connu»; aussi «déterminé par convention»; de même en Algérie (cf. Beaussier, p. iig) et dans le Sud marocain (cf. SociN, Mar., p. i4, 1. 8).
(_jAfi) ^^S■ iHl : ulâd-t"ll, mot à mot «les enfants de 'Alî», désigne «les testicules». Cet euphémisme, employé par plaisanterie, se retrouve dans le Sud algérois, et chez les ruraux d'Oranie; il m'est inconnu à Alger, Tlemcen et Constantine.
t'iâi =*(^-i (£\ J^ est passé à Tanger du sens interrogatif de «pour- quoi» au sens conjonctif de «parce que»; le '"lâ-hâtor (hàtàr) habituel dans ce dernier sens en Algérie et dans le Maghreb oriental (Tunis mhfiâtgr) est connu, employé occasionnellement, mais non courant à Tanger ; c'est f'iârqfbàl ( emprunt de J4» à la langue classique avec allongement des voyelles brèves conservant leur timbre) et *°lâs, dans la langue populaire, qui sont les plus fréquents dans le sens de «parce que». Cet emploi conjonctif de '"Isi est inconnu en Algérie; cf. cepen- dant les constructions signalées ap. Tlemcen, p. 176; Ulàd Brâhim p. i58. On comparera à l'emploi conjonctif de >ni en maltais («parce que» aussi bien que «pourquoi») et de l^i {IçHn, l^h) en palestinien; cf. Bauer, Dos palàst. Arabitch, p. ia5, note a; fréquent ap. Litt- MANN, Ar. taie», p. ^7, 1. 24; 48, 1. 2a, etc.
t'ullpt-''stmâ *U-«Jl Jv.iix «en l'air»; kçi^nnël bfha t3ll(it-''»gmA «Il la lance en l'air»; lârç f'''tdl(il-''g»mâ «Ils s'envolèrent vers le ciel». Le premier terme de cette expression reporte vraisemblablement à class.
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Âj^A^ qui apparaît chez les ruraux et bédouins des départements d'Alger et d'Oran dans l'expression de même sens '"lâit-Qssmâ {>°lâit- çssmâ).
i°làin y^Slc crprcsquc, sur le point de ...«; Lerchundi l'enre- gistre, Voc, p. 61 5, a pique; p. i85, cerca. Ce mot peut se construire : 1° avec un substantif: l'içiin 8âf"têm «presque deux heures; h^'la-i'lâin- tan:a «presque jusqu'à Tanger»; '"lâin Uçlba-knmlin «presque tous les lolbas«; 2' avec un verbe au f;^<i*" (je ne l'ai jamais entendu employer avec un verbe au (x^^) ; uàhha-tktln-çisémi '"lâin-lôyrëh «même si le soleil est sur le point de se coucher»; dàrhçh-h'''ta-'°lâin-iq''tléh «Ils le frappèrent au point de le tuer presque». — '"lâin est probablement à expliquer par J^ -\- le f^\ à signification à la fois locale et tempo- relle des dialectes maghribins (cf. Ulâd Brâhîm, p. i83, iqS). Cette locution entièrement inconnue aux dialectes algériens se retrouve dans les parlers du Sud marocain (cf. Houwâra, 'ulén, p. 26, av) et est passée en §elha (cf. Stcmme, Taz., p. 2^5).
L^*J>A Cf. >-«.S-
•♦* i"Tnâr «vie» , sans pluriel usité , est masculin à Tanger, comme à Tunis, à Constantine, tandis qu'il est féminin à Tlemcen, à Alger, dans le Tell et le Sud algérois et oranais; avec les affixes : f'omre, l'omrok, ''otnrQ, t''omra{>'om"rha, '"màrha), 1" marna {i'om°rna), i''màrkum{''oTn°rkum), l'omnim ['"tnàrhnm, t'om-rhum). — D'autre part le mot est employé adver- bialement dans le sens de «jamais» en tangérois comme dans la plupart des dialectes arabes. Dans ce cas, il se place en tête d'une proposition négative et se construit : 1° avec un affixe personnel se rapportant au sujet et s'accordant avec lui en genre et en nombre ; on a la série i'ovpTre, i'om"'rok, l'orr^rç, l'om^ra [l'ommorha), l'ommorna, i'ommorkum, ^'om^'r-um, [t'ommorhum). Le redoublement de la deu>- xième radicale dans toute la série se retrouve à Tlemcen (corriger sur ce point Dialecte de Tlemcen, p. i83) et à Rabat (cf. Fischer, Mar. Sprichw., p. Ito in fine). Il a dû apparaître d'abord dans les formes pourvues d'affixes à initiale consonantique qui sont les seules de la série à l'avoir dans la plupart des dialectes algériens (cf. Ulàd Brâ- him, p. i53); puis il s'est étendu (généralement réduit) à toute la série; — 2° avec un nom à l'état construit; il sonne encore dans ce cas l'ommor, forme qui , vraisemblablement , a été tirée de celle de la séné pourvue d'affixes personnels : lômnCr bâbâk /â-io/b «Jamais ton père, il ne
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la verra » ; t'ômmor dik-'iinhâr ma-tsûfç «Ce jour-là, tu ne le verras jamais venir»; comp. Socin, Mar., p. isa , 1. i; p. 38, i. la. Cette construc- tion se retrouve dans les dialectes algériens et dans le Nord tunisien; elle apparaît du reste aussi dans les pariers arabes orientaux; cf. par exemple Bâsim, p. 77, n" xxxii; Littmann, Ar. taies, p. 924,1. 18, 19; p. 244, L 20. Il faut noter en outre que, dans le Sud constanti- nois, 'ôm^r, isolé, sans pronom afiixe, sans substantif à l'état construit qui le suive, peut être employé pour rendre l'idée de «jamais» ce qui est impossible à Tanger : ainsi au Souf iôm'^r mâ-zê «Il n'est jamais venu».
mmmârijfl, pi. mmmâniat iîjrUlfi «caisse en bois recouverte d'étoffes dans laquelle on transporte la mariée au domicile conjugal» (ainsi dans tout le Nord marocain, cf. Arch. Mar., I, p. 281 et suiv. ; toutefois à Tétouan, ce véhicule porte le nom de bûza, cf. Lerchundi, Foc, p. 74, sah amaria, et Dozy, I, p. i25). Le mot iyvlic apparaît dès une époque ancienne avec le sens de «litière» aussi bien en Orient qu'en Andalousie; cf. Dozr, II, p. 171-172; TabarI, Glossaire s. v. ; et la longue note de Geogr. arab., IV, p. 3o4, 3o5. — En Algérie, le mot ne se trouve, à ma connaissance , que dans la vallée du Sebaou., où il est employé exactement avec le même sens qu'à Tanger.
^ landa, pi. '"mail -U^, JoUx «action (généralement mauvaise)» synonyme fada, pi. fmil; hu'-miâil «vaurien»; connu avec ce sens dans toute l'Algérie (aussi synonyme à Tlemcen, hedma, pi. hdàim)', comp. Stuhme, M.G.T., p. 8, 1. 17; Glerhont, L'arabe parlé tunisien, p. 83. note 6; Dozt, II, 176, 176; Spibo, Foc, p. 4i5, colonne 2; CuGBE, p. 43o. g
lambûh, pi. t'nàhëb, diminutif *°nîi(?t v>■^**^ 'r^'^'-Cj ^r*•^*** «bec de la cafetière, de la théière; oriljce d'un tuyau»; aussi à Tlemcen et à Nedroma {lanbûb) : classique tjj^J avec '>«; dans le Maghreb oriental avec le même sens tnbûba et nebbûba; cf. Stdmme, M.G.T., p. 3i5 et les références.
«XÂ^ tandëk Joo^ : i* «prends gardel» comme interjection de valeur impérative; de mêilie en Algérie; tandëk i^ul être suivi d'un verbe au 2;'-^>^ : 'dndék-itêh ^jiaJ J>x࣠«prends garde de tomber». En Algérie, ce ^'->i" est généralement précédé de la négalion explétive là, habituelle après les verbes «metuendi et cavendi» (cf. Landbbbo,
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DaBîna, p. 667, 568); mais à Tanger, l'apparition de cette négation explétive est inconnue après mndëk comme après ces verbes ; a"* de ià : «il faut prendre garde que^î ou «que ne . . . pas» avec une valeur con- jonctive : >àndëk 'iddihali-lfqê «Il fallait prendre garde que le maître ne me la confisquât pas»; >dnd(lc-nhàrr'za-mën-lémm «Que je ne m'en aille pas la tirer de là ! n Cet emploi de mndëk est impossible en Algérie.
vAOÀfc "banfra ï-aûJuJI «la fête du solstice d'été»; cf. supra, p. iSa, note 1 ; cf. sur l'origine du mot, ses divers sens, et son aire d'emploi, DozY, II, p. 181 (ajouter pour l'Egypte au moyen âge MaqrîzT, /ittat, I, p. 265, 1. 5). Le mot se trouve avec la même forme en Oranie; toutefois chez les Berbères des Beni-Snous, il est passé avec la forme iansàra (cf. Destaing, ap. R.A., 1907, p. 961, note 3). Dans les dépar- tements d'Alger et de Gonstantine on prononce lanslà. Le mot se trouve dans les auteurs espagnols sous la forme cdhansara, alhanzaro, cf. Eguilaz y Yancuas, Glosario, p. 187; Dozy et Engelmann, p. i35, i36. tamàr yaic «fêter la >amra dans une partie de campagne»; le sens général de «être en vacances» donné par Arch. Mar., I, p. 987, ne m'est pas confirmé pour Tanger. A Tlemcen, mmor est employé dans les sens de «faire des fumigations» et «dégager une fumée épaisse en brûlant mal» : gssfçt emngor «Le lison fume»; évidemment c'est l'habi- tude souvent signalée d'allumer à la tansra des feux dégageant une fumée épaisse , qui a donné naissance à cette acception du verbe.
'Jais, tantfz ^.. t-i ; c serait une injure qu'on adresserait aux nègres; il faut vraisemblablement y voir une combinaison de mbd et de fantfz «au nez épaté» , qualificatif fréquemment donné aux nègres; cf. supra, p. 111, l. 9, 10; peut-être aussi y a-t-il eu influence de tantçz, pi. t'nâtoz •• j tn i r «étron», inconnu en Algérie, aussi bien que >antfz.
JiÀfi langor «se coiffer de travers et en découvrant le creux de la nuque», mnggr-Uârbus ; rmangor «qui se coiffe ainsi» (homme), ou «qui est mise ainsi» (coiffure); ainsi dans toute l'Algérie (corriger dans ce sens Dialecte de Tlemcen, p. 236 , qui n'est pas absolument exact ) et dans le Nord tunisien. Le mot est peut-être un dénominatif de mngra, qui n'est employé à Tanger que comme terme de boucherie «cou du bœuf» 'Uàngra dgttçur (aussi au figuré, dans un sens obscène «pubis de femme grasse»), mais qui est courant dans divers parlers algériens avec le sens de «creux de la nuque», et répond au iangûra du Haurân,
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mngûr de l'Arabie centrale (cf. Landberg, DaBina, II, p. ii63, note 1. 5; SociN, Dîwân aus CentrcUarabien , III, p. ag/i); mais il est remar- quable d'autre part qu'en Egypte, yf^ ait exactement le même sens que j-t-JLc maghribin; cf. Spiro, Foc, p. 4i6.
^^Lft marna, pi. m'mni (£Ju», jL*v« tf allusion mordante»; dràb~''lm' mni «lancer des pointes, parler malicieusement à mots couverts» (construit avec '"/ô ) ; cf. Blanc , ap. Arch. Mar., VI , p. 1 68 et suiv. ; cette acception du mot est aussi courante dans toute l'Algérie; à Alger, il faut noter un pluriel dialectal analogique m't'ûn (y^ut).
marna, fut. imami (^ju», c^-«-^.. construit avec '"là, «faire allusion à»; connu aussi en Algérie; naturellement formation dénominative secondaire; cf. Ulâd Brâhîm, p. io8.
i>kft md (iâd) : i" «bois non débité en planches», terme générique; 3° «morceau de bois non travaillé (par exemple morceau de bois à brûler)»; le mot dans cette acception fait le pluriel '"uâd comme à Tlemcen, Constantine et Alger, tandis que chez les ruraux et bédouins d'Oranie et dans le Sahara algérois, il a le pluriel >çdân; au Souf et aux Ouled Djellâl, comme à Tripoli, le pluriel tçdân (cf. Stdhhe, M.G.T., S 189; comp. SociN, Dîwân aus Centralarahien , III, p. 29^); 3° «luth»; le mot dans cette acception fait le pluriel içdan comme à Alger, tandis qu'à Tlemcen, il fait encore le pluriel '°^âd. En Egypte, tout à rencontre de ce qui existe à Tanger, ^^ a le pluriel ytov^e dans le sens de «morceau de bois» et le pluriel ^1^1 dans le sens de «luth»; cf. Spiro, Foc, p. 4 19.
lauuàd, pi. lauuâdin ^i^)^, yii^^lj^ «joueur de luth»; là^au^àu {<C lâ'auuâdt) >^^\^^ «métier de joueur de luth» avec la forme ber- bère bien connue pour les dialectes de l'Algérie et du Maroc ( cf. Dia- lecte de Tlemcen, p. 97).
làd ^L*; cette troisième personne singulier de parfait de verbe est devenue particule à Tanger comme dans les autres dialectes raaghri- bins; elle est complètement figée, n'a conservé aucune trace de conju- gaison, et ne reçoit jamais en annexion les afiixes personnels. L'idée essentielle dont elle sert à exprimer diverses nuances semble la sui- vante : «les choses étant à ce point, il se trouve ou il arrive que» : "Imrd iârfa uiâiha uhçia 'âd,-kaUmâ' ffià'li n'sfçy «Une femme est vieille, a des cheveux blancs, et [les choses en étant à ce point] elle brûle de revenir à sa jeunesse!»; k^iiôlqç-dàk-''Pigôr/^uh"-lmçimûni. , .
394 TEXTES ARABES
kçitolqg m'-tdâts «Elles étendent ces nattes dans une tonnelle, puis [les choses en étant à ce point] étendent les tapisn ; iâd,-kathda-thQuûd (t[Les choses en étant à ce point-là] tu commences à descendrez; umâ- gz4t^çh kànl hfia qad,he-luàhed; uqlil->''lik-'âd «Ta récompense serait de recevoir de chacun un renfoncement sur la tête, et [même après que les choses en seraient arrivées là] ce serait encore insuffisant». Il est fréquent que la proposition qui suit 'âd soit précédée de bai; une nuance particulière de l'idée générale exprimée par tâd apparaît alors : à savoir que l'accomplissement de l'action, ou la survenance de l'état, exprimés par la proposition qui suit tàd, sont subordonnés à l'accom- , plissement intégral de l'action ou à la préexistence entière de l'état dont tâd exprime la présomption : «les choses doivent en être arrivées là pour que» : ilmsç-lhûbz "uiqûlo-h "srri'lldh ; 'âd-bns-iâk'lûha «Ils embrasseront le pain et diront «au nom de Dieu»; (il faut que les choses en soient arri/ées là) pour qu'ils le mangent». — Cet emploi de *âd se retrouve en Oranie (cf. Ulâd Brâhîm, p. 190); mais dans les parlers de cette région, 'âda, en plus, d'autres sens, notamment celui de «encore» (jusqu'au moment dont il s'agit) que ne lui connait pas le tangérois. Au reste, les sens et les emplois de 'âd dans les divers parlers arabes du Maghreb offriraient matière à une petite étude spéciale d'un réel intérêt.
>âud (iâjiûd, iàud)ù}^. Cette troisième personne singulier de par- fait de verbe (proprement «ça a recommencé» ) est devenue à Tanger une particule invariable signifiant «aussi (de même, en outre); encore (de nouveau)» : drâk nàhçr; muûd bérk§l-t''lçh-''lmrâ-diâlQ «Et quant à l'autre, sa femme l'a aussi (de même) entrepris»; ukâin nCn-ddéàr- 'àud "Ui-kull-'Mh kfi'àzno «Et il y a aussi (en outre) des maisons où tous les matins on pétrit. . . »; 'iioUâh mud ''qatâli hâkda «Par Dieu, si elle me la fait encore (de nouveau) comme cela». Très fréquemment mud apparaît, dans le dialecte, renforcé par les particules tâni «aussi» (arabe à^), ou (plus spécialement dans le parler des Jbâla ) "nnîl «même, précisément» (berbère, cf. infra, p. U8B): làuttâni {iàultâni, muttàn) 'âud-^nnît {tàunnît, tàunit) suivant un procédé pléonastique qui a pro- duit le synonyme du Sud marocain zâttâni=^\3 6^1^ [Houwâra, passim), le synonyme du Sénégal zôd-Mni»iM//t = Jy* ^k (cf. Basset, Mission, I, p. 896, 1. 3) et le synonyme algérois fàuddâh {dâh, assez énigmatique, n'apparaît pas isolé; il faut vraisemblablement le rapprocher de dâya «aussi» sur lequel cf. Observations sur Beaussier, p. ZiSa; mais dâyalui-
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même est d'origine douteuse ; je ne sais s'il faut ie considérer comme ber- bère [sellia day ap. Stumme , Taz. , p. 1 74 ; zouaoua Sâyan] ou comme turc [L<âi> &•>])• — 'âud, iàuUûni (muUûntk, muttâniâk, muttàinàk) sont les équivalents tlemcéniens de iâud, iàuttâni tangérois; 'âud-hrébt-jxh ? ff Et tu l'as encore retouché ?» ; gît-mutlàinak ? «Tu es encore revenu ?» ; inzîdu-muttân-çssçhhûr «Et ils y ajoutent en outre du sucre». Ces parti- cules ne me sont pas connues ailleurs en Algérie.
yy& '"uàr, fém. mura, pi. l'i^mr ou murèn «borgne»= ^^! , fém. ^Uyt-, le mot a la même flexion à Tlemcen, à Nedroma et à Rabat; cf. Fischer, Mar. Sprichw., p. sm; Dialecte de Tlemcen, p. 106.
J^ Cf. Jl^.
I«^ iàm «année» a, à Tanger, des pluriels dialectaux mmàl c^LéLc (aussi dans certaines régions de l'Algérie) et l'iman yL^ (aussi au Sénégal, cf. Reynier, p. 102) et un duel iàm§in «deux ans». Les pluriels mmat et l'èmàn sont employés de préférence à snin, pluriel de sna, en dehors du comput : gaz^sf-tàmâd-dçdgât «11 y a eu quelques années de disette»; hadi ''i """^ tnan mardhàr «Voilà des années qu'il n'a pas paru»; snïn est, du reste, possible dans ces deux exemples. Dans le comput, on a >àm «un an»; fâmçin «deux ans»; puis avec les nombres de 3 à 10, le plus fréquemment, le pluriel «nmde «na, mis en annexion directe avec les noms de nombre , qui prennent alors la flexion parti- culière de leur état construit (cf. Dialccle de Tlemcen, p. i58; Fischer, Mar. Sprich., p. 4a) : ainsi «trois ans» lçlt-''mîn. D'autre part, les pluriels l'îmàn et 'âmàt sont aussi possibles à Tanger dans le comput; mais ils ne sont jamais construits directement avec les noms de nom- bre; ils ne peuvent être employés que précédés de la préposition dialectale d; et les noms de nombre gardent dans ce cas leur forme non fléchie : ainsi tlâtçhd''l'âmât [tlçld-lhâmat) et ^lçilâ-d''h'imçin {tl^td- llt'îmân). Je ne connais, jusqu'à nouvel ordre, rien d'analogue dans les parlers algériens. Avec les nombres supérieurs à 10, >âm et «no peuvent être employés; mais gna est plus courant que 'âm : Imôgldiàr- xnâ ou hmotlâiàr-'dm «quinze ans»; miât-sna ou miât-'am «cent ans»; âlef-tnà ou àlëf-'âm «mille ans»; de même avec ihàl-mën «com- bien» ihdl-mén-»nd plus que ihàl-mën- 'dm. Il en est de même à Tlem- cen, à Constantine et à Rabat (avec sâna au lieu de tna; cf. Fischer, loc. cit.). A Alger-musulman et dans la plupart des parlers d'Algérie,
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sna est seul employé; au contraire à Alger-juif, c'est fâm qu'on emploie dans le comput avec les nombres supérieurs à lo. — /iad-"Z»ôm «cette an- née» (de môme chez les citadins d'Algérie ; à Constantine , chez les ruraux et bédouins, généralement gssna, 'âtn-çssna)', "Uâm "Imâzi «rTannée pro- chaine»; lâm-lçifûî «l'année dernière», à côté de tàm-nç^ûl (courant aussi dans le Sahara algérois , et bien connu des dialectes orientaux ; cf. Brockelmann, Grundriss, I, Û67), tandis que «la première année» est 'l'âm-'llçuli {d. supra, Tp. 336); làmnçulçin «ravant-dernière année» ; xiùl'âmnçulçin «l'avant-avant-dernière année»; des formations dialec- tales analogues (duels) existent dans la plupart des dialectes algériens; cf. Dialecte de Tlemcen, p. i85.
taib, pi. >'iûb; à côté du sens de «vice», le mot a couramment à Tanger, comme dans toute l'Afrique du Nord et ailleurs, le sens de «cause de honte» et «honte» : 'àib t'iik «C'est une honte pour toi»: klâm-''l'âib «propos inconvenants».
'âib, îém. tâiba , f\. iâihin t_oLe «estropié»; de même en Algérie, mais aussi avec un pluriel 'oiiàb. En andalou , on employait dans ce sens le participe passif v>e*^î <"f' Pedro de Alcala, p. 4i5, 1. 36, sub lollido.
taiiëb i_4* •* 1* construit avec un complément direct «estropier quel- qu'un»; 3° construit avec '"là «blâmer fortement; faire honte à quel- qu'un de sa conduite», de même dans la plupart des parlers algériens ; comp. Beadssier, p. A(j3; Dozy, II, 198.
yA£ tàr X& est peu employé à Tanger dans le sens propre de «honte, opprobre» que lui connaissent les parlers algériens; cependant on dit klâm-''l'âr «des propos déshonorants». D'autre part, le mot est très courant dans le sens de «protection» : âna-fmrok «Je me place sous ta protection»; avec cette acception le mot est connu en Oranie; il n'est pas usité dans les départements d'Alger et de Constantine. Le passage du sens de «protection» à celui de «opprobre» est bien mis en lumière par les expressions : mre '"lik «Que la honte qui m'atteindra rejaillisse sur toi» (cf. SoNNECK, Chant» du Maghreb, II,, p. 78); rmiît t°lik ëhâr «Je rejette sur toi la honte» (cf. Actes du XIV Congrès, ÎII, p. 36.^) par lesquels on implore le secours d'autrui; comp. Saluât el-'anjas, I, p. 55, 1. U; cf. sur les cérémonies du »âr «recherche de la protection», Kampffheter, Texte aus Fes, n" V; sur la position prise par l'ortho- doxie marocaine vis-à-vis de ces pratiques. Soldat el-anjus, I, p. 54 et suiv. (très important). — Le développement sémantique de mr est
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parfaitement comparable à celui de >L«i et de *J»i dans la langue an- cienne (cf. NÔLDEKE, Fûnf mo'allaqàt, II, p. 45, note 3). L'idée qui explique ce développement, à savoir qu'il est déshonorant de laisser offenser un protégé ou un client , est restée jusqu'à nos jours un article essentiel du code éthique de toute société arabe, surtout arabe nomade.
miiàr JL^, nom d'action ta'nh- wwoC> cr contrôler les métaux précieux avec la pierre de touche» {miiar ou hàzra d'haiiar; Alger hàgrët çl- Aar);delà «éprouver, contrôler la qualité de toute chose»; comp. Lerchundi, Foc, p. 64 1, sah probar. A Tlemcen, le mot a les mêmes sens , et aussi celui de «rbien regarder quelqu'un pour connaître le fond de sa pensée».
>er (*çr) à côté de yêr {yâr, yçr, yë) = j^^ «seulement; ne. . .que». Cette forme curieuse à t initial ne m'est pas connue dans les dialectes arabes d'Algérie; c'est à elle toutefois que je rapporte le îr du dialecte berbère des Beni-Snous ( Destaing , Béni Snous , I , p. i o). Il faut naturelle- ment en rapprocher le 'âl des Houwâra , le içl ('en) du Tafdelt (comp. yçl pour ■pfê. à Tlemcen). Le passage de l k > dans ce mot se retrouve dans le dialecte de Dofâr; cf. Bhodokanakis , II, p. i3i, mr (variante yara) = ill ; et aussi la disparition complète de ' <Cy, comme dans le berbère des Beni-Snous; cf. id.; aussi en sehri; cf. Landberg, Dadina, p. i43o.
^^v«4a£ ''ifâui ffapparlenant à la célèbre confrérie maghribine fondée par Mhammed ben «'îsa» de Mequinez (t i5a4). Le pluriel t'isâ^nne prend jamais l'article non plus qu'à Rabat, à Tlemcen, à Alger (cf. Fischer, Wortton, p. 384); le Imisàiia de Dialecte de Tlemcen, p. 980, 1. 65, aussi bien que le SjL,»^! -jol* de Lerchundi, Voc, p. 67 sont des fautes (corriger aussi tluàt en tuât ap. Tlemcen, loc. cit.). La mémo particularité existe à Tanger pour beaucoup d'autres noms d'ordres religieux et de tribus ; je crois qu'elle a commencé par ceux où le plu- riel (ou mieux le collectif) était formé par la substitution d'un a au t final de l'ethnique singulier, par analogie avec les vieux noms arabisés de tribus berbères à finale a (ethnique singulier en i) qui ne prennent jamais l'article (chez I. HaldOn, et les autres historiens, on a toujours S3I wiL* , JL^l4JuK9 , juU5\, &(Uj , etc. ; comp. aussi sur le terrain propre- ment arabe ,jU5^en face de JuLo, (5^1 j* en face de K^lj»,etc.); ainsi d'abord pour dérqây,a , zilçla , comme zyâ^a , gnâ]fM , en face des sin-
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guliers dërqàui, Mali, zyâ^i, gnâ^i; puis à Tanger et ailleurs , cette par- ticularité s'est étendue môme aux pluriels d'ethniques qui représentent de véritables pluriels arabes iiJULiii ou jL*i : ainsi sans l'article hmâdàa, zhàla, etc., en face de singuliers hàmdûsi , iëhli, etc. — La forme l'nâua n'est pas usitée à Constantine, ni, semble-t-il , dans le Maghreb oriental ; on emploie, en regard du singulier >'tsâm, le pluriel i'itâuiia JQ^L-o-s* qui prend l'article (cf. Narbeshubbii, Atu dem Leben in Sfax, p. a 9 et suivi).
(jJ*Aft tâisa'ullàda s^^y JlioLc ne prend pas l'article ; t'csorte de gâteau n sur lequel cf. snpra, p. i3o , note 9 ; 9° «partie inférieure médullaire do la racine du palmier nain»; on l'appelle à Tlemcen '"rçst-çddûm **«5jc J.30J! et chez les ruraux d'Oranie »'«»'«,• les enfants la mangent.
la,*C taiiot : 1° «t prononcer à haute voix une formule» ; >diiot Ifimëllah frll a dit à haute voix: au nom de Dieu»; 2' ^rappeler quelqu'un en élevant la voix»; se construit dans ce sens avec l, ou avec '"là; taiiôtlç «Ap- pelle-le»; tâiiot '"Id-rbbi «11 invoqua le secours de Dieu»; construit avec / et »°/â à la fois, «appeler pour quelqu'un ime autre personne» : 'âietôle "dd-bâbà «Appelez-moi mon père». — Le mot a les mêmes sens en Oranie. Dans les départements d'Alger et de Constantine, il s'em- ploie aussi dans le sens de «crier» (sans appeler) pour lequel on trouve la m' forme tâiot iajlc dans le Maghreb oriental (par exemple Stumme, M.G.T., p. 33, 1. 98; T.M., p. .5o, 1. 11; mais la 11' forme ap. Ma'â- lim , IV, p. 1 1 6 , 1. 1 1 ). Dans les dialectes orientaux , c'est la 11° forme qui semble seule employée (cf. les lexiques; chez les ruraux de Pales- tine, »anâ( est le verbe habituel pour «pleurer»; cf. Bauer, Paldsl. Arab., p. 39 , note a); aussi en maltais.
JiAfc lâil, pi. >'iàl JuU, jUc «enfant du sexe masculin» et «jeune garçon»; tàila, pi. lâilàl «enfant du sexe féminin» et «jeune fille»; diminutifs, masc. '"xiiiel, pi. '"uàuûl; fém. «"ui'/a, pi. >"uiHàt. Les mots >âil et mila sont souvent pris à Tanger en mauvaise part (cf. Mouliékas, Maroc inconnu, II, p. i^, /17a); on ne les emploie avec les affixes person- nels, ou avec les prépositions d, diâl d'appartenance, que dans un sens défavorable : "hdil dialëk «ton mignon», jamais «ton jeune fils» (6'nefc); "Uâila-dt'jàddûr «la prostituée maîtresse de Caddour», jamais «la fille de Caddour» {b''nt6-d,qâddûr). Par contre, le pluriel et le diminutif, mis en relation d'appartenance , sont très bien employés pour désigner
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ffles enfants de. . . , le petit enfant de. . ., les petits garçons ou les petites 611es de . . ». En Oranie, mil et fàila ne sont employés que dans le sens de (rprostitué» et «prostituée». Ces mots sont inusités dans ie reste de l'Algérie; mais f'iâl, pi. ''iâlqt est partout en Algérie très courant dans le sens de «famille» et par métonymie de convenance dans celui de «femme»; cf. Beaussier, p. 5o.
/jAft min, subst. fém. : i° pi. minîn «œil». Lorsqu'on emploie min avec les afiixes personnels, il faut généralement l'entendre dans le sens de «les deux yeux» à moins qu'on ne spécifie qu'il s'agit de «l'œil droit» ou de «l'œil gauche» ; mino «ses yeux»; >âino-kûhàl «Ses yeux sont noirs»; mino-hmâro «Ses yeux ont rougi»; mais làino-d'ltmin «son œil droit»; comp. pour le langage d'Ech-Chaoun , Mouliéras, Maroc inconnu, II, 6i5, note Sbis. — D'autre part, l'ancien duel minîn est employé : a. dans le sens de «les deux yeux» d'un individu, mais il ne se construit jamais directement avec les affixes personnels : "Uainin- dinlo et non * minçh ; ^. comme pluriel à l'exclusion de min: ukàno-kçî- iuj-çh tm''nid-d''lfâinin «Et îl y avait huit yeux à le voir» ; y. avec le sens de «maladie des yeux (ophtalmie, conjonctivite) :_/p'^-a/»<i>ntn «Il a les yeux malades», — 3° «source» avec le pluriel ''ifin. — Le mot dans les deux sens a le diminutif i'uîna, pi. f''utnat.
minîna, pi. minînat *m^^ est de beaucoup le mot le plus employé dans le sens de «un œil»; il a encore divers autres sens : celui de «bou- tonnière», celui de «un des paniers du iuàri double» (Algérie générale- ment l'dila) — C'est naturellement comme ^udnïna (cf. supra, p. 219) un nom d'unité dialectal, tiré secondairement du duel. — Il est remarquable qu'en andalou Ibn Guzmân donne (pour les besoins du mètre?) un tanwïn au duel vulgaire ^!y-^À-ï* : '>^ LljLjxs^ 88*, 1. i4.
•aC yoftra =clas8. ï^X« «poussière» et «matière en poudre». Avec le sens de «poussière», le mot se retrouve dans l'Ouest oranais (Nedroma, ruraux de l'arrondissement de Tlemcen), dans les parlers de tout le Sud, dans la province de Constanline, en mallais et dans le Nord tuni- sien (cf. T.M.G,, p. 45, 1. 8). A Tlemcen on a yobra qui représente peut-être ïj^ (comp. yubre dans l'Iraq ap. Meissner, Neuar. Gesch.
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AÔO TEXTES ARABES
Iraq, p. i35; yabra ap. Weissbach, LA., p. 170, L 19). — Dans d'autres parlers algériens (Alger, Cheliff, majorité du Tell oranais) ■yabra est seulement «matière en poudre» ; et «poussière» est y'èôr ^U«- Mais à Tanger, ^L^ 7^i>^T ^st seulement «fumier d'engrais» (tandis que zbel Jo; est «ordures ménagères»); cf. Lerchundi, Voc, p. 336, sub ettieixol; Saluât el-'anjas, II, p. 252, 1. 16; de même dans tout le Sud algérien (fréquemment dans les parlers sahariens q'bâr), dans la plupart des parlers du Nord constantinois , chez les ruraux de l'arron- dissement de Tlemcen, à Nedroma, dans le Nord tunisien (cf. Beaus- siEB, p. 467; Dalîl, n" f, p. 1., 11). Vraisemblablement il faut con- sidérer y'Aâr «fumier» comme un euphémisme.
■ybâbàr vjL.c «flots de poussière» est le pluriel d'un singulier ^Uc inusité à Tanger, mais courant chez les ruraux et bédouins d'Algérie «tour- billon de poussière»; cf. Delphin, Recueil de textes, p. 809, dernière ligne; comp. Beaussier, p. ^67. — ■ybâbhr est aussi à Tanger le plu- riel de yabbâra «couvre-selle en étofle de couleur» ; mais il est moins fréquent dans ce sens que ■yàbbâràt.
«XP yudda ï,y «dépit, mécontentement» : tôllat fiia ]iLàh'4yûdda kbira «Il m'a causé un vif mécontentement»; le pluriel ydâid est aussi très courant dans le même sens. — yaddçd (11' forme) «causer du dépit»; tyaddçd «ressentir du dépit» ; comp. class. Jscl = 1 .Ntftr. — Le mot yudda et ses dénominatifs se retrouvent avec les sens précités à Tlemcen : rmâ '"liia-lyûdda «Il m'a fait de la peine». Je ne connais pas cet emploi de yudda ailleurs en Algérie; cependant à Alger, dans le langage des femmes, yudda apparaît avec un sens voisin, celui de «souffrance» : nhâr-èliûm iA'tnël-yûdda «Cette journée-ci est pénible» (par exemple à cause de la forte chaleur). Il faut aussi citer également en Oranie l'expression mirr (bédouins morr) kelyûdda, ou mpr lyâddèd «extrêmement amer».
vJs* yëdd§r «épaissir un liquide, le saturer d'une substance; impré- gner un solide de liquide; remplir un vase jusqu'au bord». Comp. Saluât el-'anf as, III, p. 108, 1. 6: »)-U ^1 H^JJL» LuLS' jUu«. — Le mot apparaît avec ces sens, ou avec des sens voisins dans toute l'Algérie et dans le Nord tunisien; cf. Beaussier, p. 468; SoNNECK, Chants du Maghreb, II, fasc. a, p. 79; ainsi à Tlemcen, qàhua myaddra «du café très fort»; à Constantine, koSra myaddra «une purée d'absinthe»; à Alger, myadd^- «complètement ivre
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[plein)» et dans le dicton : iia-lhtûm yàddro kùlo ubêddro «Si pen- dant les sept jours de husûm la pluie tombe abondamment, man- gez et même gaspillez (l^^jo)» (car Tannée sera bonne et il n'y a pas à économiser la nourriture). On comparera aussi certains sens de Tandaiou ap. Dozv, II, p. aoa; et en maltais yaddar wsubmergern, myaddar «submergé» ap. Falzon, p. agi, 525. — Il est vraisemblable que dans ces diverses acceptions , ^.sA est étymologiquement dénominatif de yjo^: ff remplir comme un ^jO^-c; rendre épais comme l'eau d'un
ij*X* yuddàn y!.xc «grosses figues noires» ( collectii") , subst. fém. ; nom d'unité yuddàna; comp. Lerchundi, Foc, p. 1Û9, sub breva; Recueil de Mémoires de l'Ecole des lettres d'Algei; p. 2o3, note i; Arch. Mai., XVII, p. 201. — Le mot qui n'est pas donné par Beaussier est courant à Tlemcen(masc.);il est par contre inconnu à Alger et Gonstantine. Hoest {Nachrichten von Marôkos, p. 3oû) donne jjo^ qui n'est pas connu à Tanger, mais doit être identique à yuddàni, usité au lieu de yijddân dans divers parlers oranais (par exemple chez les Ulâd Brâhîm). — Le mot ylo^ apparaît déjà chez les auteurs marocains du moyen âge avec le sens de -«variété de figue»; cf. Houdas, Monographie de Mequi- nez, p. 10, note 2.
^tXft ydâ I.XC ffaller, partir» n'est pas usité à Tanger, non plus que dans les villes. algériennes. En Algérie, il n'appartient qu'à certains parlers ruraux et bédouins. — De même le participe yâdi, féminin yàdia ou yâda, pi. yâditn «allant», est très j)eu employé à Tanger pour former le futur «immédiat» périphrastique , comparable à celui que le français obtient avec le présent du verbe «aller» suivi d'un verbe à l'infinitif. G'est mâii (cf. infrà, p. ^167) qui joue surtout ce rôle à Tanger; et yàdi ap- partient proprement à d'autres parlers marocains (cf. Fischer, Mur. Sprichw., p. 17, note 2: Marchand, ap. J.A., Nov.-Déc, 1905, p. 469; fréquent ap. Socin, Mar. ; comp. (£.s£ «devenir» en omâni ap. Reinhardt, p. 134, note 1).
yodda \o^ «demain» comme à TIemcen, a Nedroma, à Alger, à Fez (cf. Kahpffmeyer, Texte, p. 17, 1. 9, yddd), tandis que chez les ruraux et bédouins d'Algérie et à Gonstantine on a ygd^ia, yudua ou ydâ (Tunis yudua, cf. Stumme, T.G., p. 17Û); cf. Dialecte de TIemcen, p. i84. — «AprAs-demain» est hat'd-ygdda; dans le langage des femmes on entend aussi hût-yodda, ho^-yodda, qu'il me parait impossible d'expli-
TEXTE8 arabes. sG
402 TEXTES ARABES
quer par une déformation de ba'°d yadda. li faut rapprocher ces formes du bâtâyodd de Souk-Ahras qui a le même sens, et songer probablement à I.XC .^ (cf. sur y>y «après» Bbockelmann, Grundriss , I, ^99 , 665 et les références). — llâ-^gdda «le lendemain?) ; comp. Meissner , Geschichteti ausTanger, passim; Lerchdndi , Voc, p. 389 , sub dia \S^ Sll ; à Mogador, tWô-yad, ap. Socin, Mai:, p. 16, note 69. Cette expression énigma- tique a un équivalent en Algérie dans le ll^yda trie lendemainn de la plaine du Cheliff et de Teniet el-hadd (peut-être aussi ailleurs). Peut- être un des / représente-t-il la préposition / et l'autre l'article (comp. Sud algérois lilqudua = ïyiJJJ , ap. Kahpffmeyer , Sûdalger. Studien , I, 1. 3; p. 998, 1. 1); à Nedroma «le lendemain?) est, avec la prépo- sition (j^ , t'iâ-yodua.
o^ yrob «se coucher n en parlant du soleil. Ce verbe est très peu usité en Algérie; on emploie généralement chez les ruraux et les bédouins tmëssa ou drëg, et dans les villes tâh, yâb (ainsi à Alger, Tlemcen, Constantine). — A la 11' forme, ynrrob est non pas «se coucher?», mais «incliner vers le couchant» en parlant du soleil; de même dans les dé- partements d'Alger et d'Oran. Il est remarquajjle qu'à Tanger yroh, yarrob, et màyrob ont un r non emphatique, tandis que yarb «Maroo) et myorbi, pi. myârba «marocain» ont un r emphatique.
tnâyrgb <~>yju» : 1° «coucher du soleil»; 9° «prière du coucher du soleil», est féminin à Tanger* comme à Tlemcen et à Mogador (cf. Socin, Mar. , p. Vj8 , 1. 1 1) : qarrbol "Imâyroh «Le coucher du soleil Cst proche» ; dd'nçt-"lmayrob «L'appel à la prière du couchant a retenti». Au con- traire à Alger, Constantine et chez les ruraux et bédouins d'Algérie i^yu* est masculin. A Nedroma le mot est de genre commun comme en Egypte (cf. Spitta , Gram. , p. 1 96 in princ. ). — Je crois , en tangérois et en tlemcenien comme en égyptien, à l'influence analogique de *L&jJI (cf. supra, p. 384), qui dès l'époque la plus ancienne est associée à tjyiX\ dans un ■-■^Joui bien connu yîLûjJ!. Bien que le prophète se soit élevé contre cette dénomination (Buhàrî, Maiiâqlt, n" 19), l'emploi courant s'en est maintenu dans la langue du droit musul- man.
(jo-ft yrô« «planter»; dans tous les mots de classique sfiy^ le » final est passé à » à Tanger; à la 11' forme yarros signifie «enfoncer» (un clou , un couteau) et «enfder les petits morceaux de viande» qui forment le ky^ta dans la brochette appelée m^yro»; cf. Lerchundi, Foc, p. 109,
DE TANGER. /403
sub mado et asador. Dans ce sens , ^j-tlè. était déjà undalou (cf. Vocabu- lista, suh Jîgere, p. 889) mais est inconnu en Aljjérie.
yorsa, pi. yros et yrâse SMs~â, o^j*- is^^-j^ «jardin polaj^^er et fruitier attenant généralement à une petite maison de campagne -î: pour le sens du mot dans d'autres régions du Nord marocain, cf. Arch. Mar., VIII, p. 995; XVII, p. 189. La forme masculine yors (comp. Geogr. arab., IV, p. 3o8, ^'L£= hortus) existe à Tlemcen. — Quant au mot larsa, pi. '"rase, qui est employé dans ce sens ou avec un sens voisin dans d'autres parlers marocains (cf. Douttk, ap. Recueil de mé- moires de l'Ecole des Lettres, p. 3o4 , note 3 ; Houwàra , p. 7/1,1. 91), il est inusité à Tanger. Malgré que la dissimilation 7— >•> »— »• soit possible (comp. supra, p. 397, »ër<js^; sellia mrq <C èJT^' ^P- Stumme, Taz., p. 345), j'hésite à voir dans mrsa, comme on l'a maintes fois proposé, une modification phonétique de yorsa. Le sens classique de îjojc. ff espace non bâti attenant à une maison» (et hinc^j-um, campus ap. Geogr. arab., IV, p. 398) peut très bien expliquer le sens dialectal maghribin de «jardin». Ce sens se retrouve, en Algérie, à Tlemcen (comp. Bustân, p. i45, 279), à Nedroma, et dans la Mi- tidja, où le mot désigne spécialement une «orangerie» ; et JCojC «jardin» a reçu droit de cité dans la langue écrite des auteurs marocains modernes (par exemple : Nasr el-MaOànî, I, 3o, 1. 93; Dauhat en-Nàiir, p. 38, 1. 9). Il semble que HoyA «jardin» se retrouve en Arabie (cf. Socin, Diwnn, III, p. 990); dans lT)mân, c'est le mot habituel pour «place du marché» (cf. Reinhardt, p. 101, 1. 90; p. 199, 1. a ; p. 33o, 1. 4 etc.). — En Algérie, dans les provinces d'Alger et de Constantine, le mot larsa a de tout autres sens : chez les citadins «colonne» ; chez les ruraux aussi «pied de cactus» ; cf. Dozv, II, p. 111.
10^ byàrt «en face de»; c'est ^Jayb où d final est toujours prononcé t sourd; nous avons affaire vraisemblablement à un apport andalou (cf. Pedro de Alcala, p. 968, 1. 5, garâd «en frente») pour cette pré- position marociiine caractéristique, complètcmexit inconnue en Algérie.
(j^yè' yrâq , fut. 'eyràq, «se noyer» est commun en maghribin; md\%yurt] "profondeur», yàroq «profond», n'apparaissent en Algérie, à ma con- naissance, qu'à Nedroma. Ils se retrouvent par contre à Tunis (cf. Stummb, T.G., p. 174), au Sénégal (cf. Basset, Mission, I, p. 3i/i, Fr. Marie Bernard, p. 9i3) et ^jf,;^ «profond» se rencontre aussi en Arabie (cf. Socin, Diwàn, III, p. 396); comp., pour la langue du
afi.
404 TEXTES ARABES
moyen âge, Dozr, II, p. 909. — A la ii' forme, yaiToq «noyer, sub- merger, inonder n et «creuser profondémentn s'entend très souvent avec un r non emphatique; myârroq b"lmâl «très riche»; myârroq hëddén ffaccablé de dettes»; — aussi fréquemment r non emphatique dans yarrîqâ «une fondrière» et aussi «une grosse somme d'argent» qui est inconnu en Algérie.
«M
iy*À yasi, fut. iyuis, «tromper», surtout «tricher au jeu» ; aussi, en par- lant de l'âne et du mulet, «marcher paresseusement». — ynss «tri- cherie»; yàiiâi «tricheur», aussi «paresseux et lent» en parlant de l'âne. Ces acceptions de la racine jijt se retrouvent en Oranie (chez les ruraux et bédouins moyiài «tricheur» et «paresseux» [âne], dans ce dernier sens ayant pour équivalents : ^Âg-g-rTr dans le Sud algérois , mekkâr dans la province de Constantine et le Nord tunisien). Mais à Alger et Constantine , cette racine a un tout autre sens : yitii est «dépit, irritation»; ygië^i «causer du dépit»; tygssçs «ressentir du dépit». A Tunis, les doux sens de la racine Ji~à apparaissent côte à côte dans yasèâi «faiseur de dupes» (Stomme, T. G., p. 55, S 64), yuès «dépit» {ibid., S 44), yâises «causer du dépit» (ibid., p. 2/1 in fine, $ 26); comp. aussi la formation secondaire de Tripoli : tmay- iei «ressentir de l'irritation», ap. Stcmhe, M.G.T., p. 49, 1. 35.
, ^^g ydâr, fut. iëydàr, «tromper, trahir»; ydar «trahison», yàddar «traître» ; le d de classique ^0^ est toujours devenu d emphatique à Tanger.
wJlé ylëb «vaincre»; à la i" forme se construit avec un complément direct. — yollèh à la 11' forme se construit avec »°/a et marque une nuance un peu différente : «prendre complètement l'avantage sur quel- qu'un plus faible que soi» ; peut-être faut-il l'expliquer par un ancien passif i^JLc; peut-être plutôt par une 11' forme dialectale employée dans le sens de la v' (J^ ^r'Si:>, cf. Ulâd Bràhtm, p. 99; p. 98, note 1); mais la v° forme tyoîlëb est aussi usitée à Tanger, construite avec '"là dans le sens de «cherchera prendre l'avantage sur quelqu'un».
yulha âJLc ; yolba de la chanson , p. 1 1 3 , 1. 16, avec la vocalisation 0 de la voyelle de la première syllabe, constitue une imitation ironique de la prononciation juive. Le mot combine au Maroc comme en Algérie les deux sens de «victoire, avantage» et de «défaite, accablement» (comp. Beaussier, p. 478), c'est-à-dire «un triomphe gagné» et «un
DE TANGER. 405
triomphe subi» : 'llah-en^'dgtna m^n-yûlbêd-zzman uyûlhH-ri'zâl «Que Dieu nous préserve du triomphe gagné sur nous par les hommes, et du triomphe gagné par le sort 55. La yulha est attribuée aux hommes cl au temps, et pour eux c'est une victoire; pour ceux qui prient Dieu de les en préserver, c'est une défaite.
(iJLi yloq, fut. ieyloq, à côté du sens de tr fermer, boucher n, a le sens de rrmanger beaucoup^ c'est-à-dire «fse boucher le ventre» ; yàlqà, pi. yàlqat «une bonne ventrée» (synonyme b^t'ntia). — yàllaq (^^i^ et ylçîqe jj2JUï «goinfre»; comp. Doutté, ap. Recueil de mémoires de l'Ecole des Lettres, p. 2i5, note 3. — On emploie dans ce sens à Tlemcen et à Alger au lieu de yloq la 11' forme yàllgq.
iji-'*^ yambès «se voiler, se couvrir du hâik» en parlant des femmes; on peut songer à un développement quadrilitère avec insertion de la nasale Il {yambes <Z yanbei) de y/j^^-ë, comme myâubès «renfrogné» en est un autre développement avec insertion de la semi-voyelle u. Mais il est également admissible de chercher au mot une origine étrangère , et de le considérer comme un dénominatif provenant d'un substantif roman inconnu aujourd'hui au dialecte. Ce nom roman peut être, soit l'ancien castillan gambax, soit l'ancien castillan gambux. C'est au premier qu'on rapporte généralement l'arabe ;l*J>* , connu aujourd'hui encore de divers parlers orientaux , et attesté chez les auteurs maghribins du moyen âge (cf. Dozy, SuppL, II, 928; Noms de Vêtements, p. Sa^; SiMONET, Glosario, p. a^o, aSi; Z.D.M.G., 1896, p. 616). Le mot, là où il a été signalé jus<ju'ici, désigne toujours un vêtement d'homme; mais il semble difficile de ne pas considérer comme une variante pho- nétique de ;LjLc le yâmbûz qui apparaît dans le Sud algérois , dans le Sud constantinois , dans le Nord tunisien (et probablement ailleurs) avec le sens de «voile de femme»; verbe dénominatif, yâmbez «se voi- ler». Quant à gambux, il ne semble pas avoir été emprunté par les parlers arabes occidentaux; mais la variante cambux était passée en andalou et dans les parlers maghribins dès le moyen Age sous la forme J^-^^iS [d. Dozy, II, p. /191, Aga; Noms de Vêlements, p. 890 ; Dozr et Engelmann, p. 945, 2/16; Simonet, Glosario, p. 80, 81); ketnbûi se trouve aujourd'hui encore dans divers parlers algériens avec le sens de «pièce de mousseline dont les hommes s'entourent le cou et la tête, et se voilent au besoin le bas de la face» (cf. Obser- vations sur Beaussier, p. 48o); mais à Tanger et ailleurs au Maroc, le
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kembûi est un vêtement de femme; c'est le «voile de] la mariée» comme en Andalousie (cf. Lerciiumdi, Voc, p. 8i3,8ub vélo; Pedro DE Alcala, p. 109, 1. 35, sub antifaz; Arch. Mar., Il, p. 71, don- nent kambuz pour el-Qsar el-Kbir).
«X$ yàmd fffourreau'5 est moins employé à Tanger que y'iûf (sur les autres mots pour «tfourreau», au Maroc, cf. Fischer, Hieb- und Slirhwaffen, p. 3 ai). Très souvent, le mot sonne avec d final réduit yàm', ou même yàm, d final étant complètement tombé. Je n'ai jamais entendu le pluriel, et ce n'est que sur interrogation qu'on m'a donné pêle-mêle ymûda, ymâd, ymâdàt.
y^ yànën jjjj'-c construit avec un complément direct «contredire quel- qu'un, ergoter avec quelqu'un» ; participe actif myân^n; nom d'action myànna (JLjlju»). Cette m" forme dialectale de (^c a le môme schème dans la plupart des dialectes algériens; déjà elle apparaissait en anda- lou avec le dédoublement de la deuxième radicale ( cf. Voc. , p. 3 1 3 , sub contendere de pari). — A la vi' forme, tyânën «se contredire réci- proquement» ; aussi, construit avec mm «s'entêter dans la contradiction vis-à-vis de quelqu'un».
jjik^-ifi Cf. J:>sà.
y^f^ yanzQ, pi. ynâiç, «crochet». Le mot est inconnu à Tlemcen et dans la plus grande partie du Tell oranais; on n'y emploie dans le sens de «crochet» que muhtaf; à Alger on a yancç «crochet», pi. yancçu^t; à Constantine yângo, pi. yuânëg; à Tunis yânzu (cf. Stdmme, T.G., p. 175); dans quelques localités du Sud oranais, gânip «crochet de boucherie»; espagnol gancho, italien gancio.
(joXs. yunsâ, pi. yngs, ynâse et yunsât ÂuaJLc, jaJLc, ^^joUî «trémie de moulin». Lerchundi, Voc, p. 789, sub tolva, donne Ju-Jti, pi. j— 5l>c« Le mot est inconnu dans ce sens en Algérie ; chez les bédouins d'Ora- nie, yansa, pi. ynâis, est «un vieux morceau d'étoffe de tente».
^^vft ynà *Llc «chant», tandis que yunia, pi. yuntat, dimin. ynîua, est «chanson» ; de même à Alger et en maltais ( yana [ >ana ] et yania [mnia] ; cf. Ilg-Stuhhe, n° d; Falzon, p. 597); tandis qu'à Tlemcen «chant» est 7*na, mais «chanson» yunnàia qui se retrouve dans divers parlcrs ru- raux du Tell oranais , algérois , constantinois. Dans les dialectes orientaux ,
DE TANGER. 407
ce sont des formes à troisième radicale u, et non t, qui semblent pré- dominer; cf. Spiro, Voc, »j-ii «tchanson»; ïjLic «chanson», ap. SociN, Dîwân aus Centralarabien , III, p. «97; aussi en Libye ■yennâue «chanson», ap. Hartmann, Lieder aus Libyschen Wûste; -yunnâune ap. Dalman, Palàst. Diwàn, p. xxii, note a; yinâune ap. Bacer, Palàst. Arub., p. 5i in medio.
il>^ yçuût sù>^ est le mot habituel à Tanger pour «crier»; yçut et yuâ t traction de crier»; yçuta, pi. youtat, «cri». Le mot est peu usité en Oranie (cf. sur la meta thèse possible touuoy < ^^, Dialecte de Tlem- cen, p. 74). A Alger et à Constantine, il est connu dans le sens de «appeler au secours».
y^ Cf. ^*.
^joxfi yës ou yft», pi. emphatique y^iûsat i^Loy^£ «boue»; yç^â, pi. yêiasàt JUsllc «bourbier»; comp. Dozr, II, p. 281; tyâ'iôs jaXks «s'enfoncer dans la boue». Le mot est inconnu à Alger; il est peu em- ployé à Tlemcen, mais courant à Nedroma et chez certains ruraux et bédouins d'Oranie : yçs (avec «; chez les «"mûr, qçs avec q — ^ suivant la phonétique du parler de cette tribu).
laxt yaitâ, pi. yaitàt rarement yiot ou ytàle âLs^ «sorte de clarinette» cf. supra, p. i53, note 3. Ce mot appartenait à la langue d'Andalousie et se rencontre déjà chez les auteurs magliribins du moyen âge (cf. DozY, II, p. 335). Mais l'origine romane qu'on lui assigne généra- lement (cf. DozY, loc. cit.; SiMONET, Glosario, p. i38) est contestable, en présence du turc lo>-^ (cf. Barbier de Meïnard, Dictionnaire, II, p. 392) qui a le même sens. Au reste, le mot apparaît aussi avec le sens de «Cornemuse» sur toute une partie du domaine slave (polonais , petit russe, bulgare, serbe). Pour décider s'il y a emprunt et dans quel sens , ou si la ressemblance de JCL.,«.c et l>-vc est lortuite , il fau- drait d'abord connaître l'histoire du mot dans cliacune des langues où il se trouve. Quelle est l'époque la plus ancienne à laquelle lo^c est attesté en. turc? Je l'ignore. — Le mot est aujourd'hui connu dans presque tout le Maghreb : avec réduction de la diphtongue à Tunis yflâ (Stumme, Neue Tunisische Sammlungen, p. lao, n" 3o), comme à Con- stantine, à Rabat y^la (Fischer, Z. Wortlon, p. a8i); avec un â long yâità, pi. y^aiot, en Oranie et dans la province d'Alger. Dans cer-
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tains papiers du Sud constantinois , on emploie pour désigner l'instru- ment non pas yptô mais znrna, pi. zron (cf. Dozï, I, p. 58g et 83 1 , Ljyo); dans le Tell constantinois, les deux mots sont usuels.
De là à Tanger yçiot «jouer de la clarinette»; ■yçiàt, pi. yê^tâ btlé wjoueur de clarinettes (en Oranie plutôt ■ynàito)', vt tàyëtàlt olsllèb' «métier de joueur de clarinette» (formation berbère qui ne prend jamais l'article ).
JU Cf. J* et J^.
c^i yr*/fflj pi- ftà^l *^) ^)^ «miette de pain» est moins usité à Tan- ger que le diminutif ^<mta , pi. ftiutàt. En Algérie on emploie _/lâta , collectif/tâ(; à Alger, ^\. ftâut, diminutif /]!m|a; à Tlemcen , pi. /iât| . diminutify|m(a. — Dans le langage des femmes , le pluriel du diminu- tif, ^mtât, désigne à Tanger «les petits orphelins de père restés à la charge de leur mère»; à Tlemcen dans le même %en?i /tentât.
^jMtJCi ftfs : 1° construit avec t'ià «chercher»; 2° construit avec un com- plément direct «fouiller quelqu'un ou quelque chose» (comp. Houwàra, p. 79, 1. 90 ). — La i" forme n'est employée à ma connaissance en Algérie que dans les dialectes juifs de Tlemcen et d'Alger; dans le pre- mier, ji.i» apparaît généralement sous la forme fd§8 avec un chan- gement de sourde t, > sonore d dont je ne vois pas la cause ; dans le deuxième de ces dialectes (Alger-juif), le verbe a subi une autre alté- ration; le groupe ti dans les formes de la conjugaison où il y a contact immédiat de ces deux consonnes ayant donné êê {te) (de même en mal- lais, cf. Stumme, m. St., p. ig, 1. 3o; Ilg-Stommk, n° 120), une for- mation secondaire J^cc (Jëtc) s'est généralisée, avec une conjugaison normale de verbe sourd J^tcît,J^tcina, etc. (étudié dans le détail par M. Cohen, p. 187). — Partout ailleurs en Algérie, c'est la 11' forme J'ëtlïi (aussi employée à Tanger) qui est seule usitée.
Jx» ffçl est à Tanger comme dans toute l'Algérie le terme consacré pour «rouler le cousscouss» (comp. Maqqabï, II, p. 2oi , 1. ig); aussi «rouler la licelle de chanvre».
/^//a, pi. j\dàt ou ftali JlU», jLx> «une aiguillée (par exemple de fd poissé de savetier)»: «un bout de corde» {f,lla-d''lqonn^h)] cf. Beaus-
DK TANGER. 4(«)
siEH, p. ^90; et pour Tunis, Clermont, L'arabe parlé tunisien, p. zkh , note h\ aussi pour l'Egypte, Spiro, Voc, p. hhh.
^*X9 fdà, fut. 'ifdi, avec complément direct «délivrer quelqu^un en payant sa rançon^i; 9° ff remplacer quelque chose à quelqu'un, l'indemniser de sa perte»; le mot désignant l'objet remplacé est complément direct, et le mot désignant le bénéficiaire de l'indemnité, complément indirect précédé de / • nëfdtha-leh «Je te la remplacerai»; 3° «revaloir à quel- qu'un quelque chose», soit en bien (dans ce cas le mot désignant la personne est complément indirect précédé de /), soit en mal (dans ce cas le mot désignant la personne est complément indirect précédé de mën) : nëfdtleh "Ihfir "Ue-qqêti ft'a «Je te revaudrai le bien que tu m'as fait»; nëfdi-ni'nnék "Ihdil udgdtd «Je te revaudrai tes méchancetés présentes et passées»; connu aussi à Tlemcen avec la même con- struction. — 'ffda à la viii' forme dialectale «être racheté, être rem- placé».
fidia iyoo «rachat des châtiments de l'au-delà»; ce mot désigne la curieuse cérémonie, dans laquelle l'individu vivant simule ses propres funérailles; il est lavé, enseveli dans le linceul qu'il s'est préparé; des tolbas l'entourent, récitant les passages du Coran qu'on récite auprès des morts ; la fidia se termine par une distribution d'aumônes. Cette cérémonie est connue aussi dans certaines régions de l'Algérie où on la nomme fèdua.
^ji Jarrûi, pi. frâroi ^)y», xi^'f ''coq». Le mot avait déjà ce sens en andalou (Pedro de Alcala, p. 269, /«nticA, 1. 3i, à côté de diq, 1. 35; Iladàiq, cah. 98, p. 8, 1. 3; cah. 99, p. 8, 1. 3). 11 existe dans ce sens à Tripoli (cf. Stumme, M.G.T., 8 87), à Rabat (cf. Fischer, Zum Wortton, p. 982), et, en Algérie, à Tlemcen, à Nedroma, dans le Sud algérois, sur les hauts plateaux constantinois. Chez les ruraux du Tell, «coq» est suivant les régions dîk ou t^rdûk; et à Tunis, Alger, Constantine et Malte, «coq» est serdûk, etfarrûi (farrûg) est «Cochet».
^J* /"r^tïl» «écraser, assommer, rompre»; de même à Alger /(?rt<l|i «écra- ser, bossuer»; à Tlemcen férloh «assommer; battre le linge à tour de bras» (avec t non emphatique; mais écrit jfe-i ap. Buslân, p. 932 in fitie)', ailleurs en Algérie ^-i (aussi libyque «frapper à la tête», ap. Hartmann, L.W., p. 9o3,l. 6, 9), ^ (aussi palestinien, ap. Littmann,
410 TEXTES ARABES
Ar. taies, p. 2 45, 1. a a; p. alto, 1. a), ^y, ^^yi; cf. Beaussier, p. /igi, 5o6, tigb, 497; comp. Pedro de Alcala, mufardah, sub que- brantado, p. 363, 1. 4; Vocabulista, ^-i, p. 387, sub alidere. — Je crois à une copénétration des racines ^0^, ^^^, ^■>-^.
^yi fàrh, : i" ffjoie»; a° «fôte de famille»; pl./rôA; c'est une fête pour une circoncision, pour une naissance et aussi pour un mariage; de même aujourd'hui en Algérie, en Tunisie, en Egypte et en Syrie (cf. Stcmme, T.M.G., p. 17, 1. i4; Nabbeshuber, Aui dem Leben in Sfax, p. 17, note 10; p. 18, note ai; Lakdberg, Prov. et dicton», p. ag). Ce sens est déjà attesté chez les auteurs maghribins du moyen âge (cf. Dozr, II, p. 349). — Dans le Sud de l'Arabie, le mot désigne spé- cialement une fête autre qu'un mariage (cf. Landberg, Daôina, p. 860, note 4). Sur la forme maghribine du mot ^arA en regard de clas- sique ^"j» (déjà andalou; cf. Pedro de Alcala, p. a 6 3, 1. 34 ; aussi mal- tais; cf. Falzon, p. 79), cf. Ulâd Brâhîtn, p. 63, 63.,
*• vi 1° '•farh, fl.frâh, «petit d'oiseau» ; et surtout «pigeonneau» (comp. Dozï, II, p. 349); de même à Alger et à Tlemcen. Chez les Jbâla le mot s'appliquerait aussi aux petits des quadrupèdes comme il est courant dans divers parlers modernes ( Malte, Palestine , Mésopotamie , Ifaq); mais il n'en est pas ainsi à Tanger, non plus qu'en Algérie. Le diminutif est /rijé'/i, pl./H/iât; "Ifniëhnfsshâh «le point du jour» (mot à mot «le jeune oiseau du matin»; comp. supra, cutcç, sub^-^j^). s' fârh, ip\. frâh ou frçha, avec r emphatique, «jeune garçon solide et turbulent»; aussi «jeune mulet solide»; l'emphase du r, quand le mot a ce sens, a probablement un principe psychologique. La distinction des sens suivant la prononciation de r se retrouve en Algérie, à Tlemcen : ferh «petit d'oiseau, pigeonneau», pi. frâh; fàrh «bâtard, polisson», pi. frçha. Elle existe vraisemblablement ailleurs, quoique non signalée encore. Généralement le mot apparaît avec r non emphatique (cependant il a r emphatique dans certains parlers ruraux d'Oranie); il a chez les citadins le pluriel /râ/» , chez les ruraux et bé- douins le pluriel frûha; parfois les deux pluriels coexistent, mais marquent une distinction de sens : ainsi dans la plaine du Cheliff/râ/i « oisillons »,/râ/ia «bâtards, polissons». — Quant au sens de «bâtard» pour ^ji, il est inconnu à Tanger. Il se rencontre un peu partout en Algérie et dans le Nord tunisien. Au Souf/oj'^, pl./rp/ia, signifie «pédé- raste passif». On comparera pour ces sens défavorables l'andalou Ls^ ^yi
■
DE TANGER.
/Ml
(DozY, II, p. aig), romani frêha «femme de mauvaise vie» (Rein- ■ UARDT, 8 386) et ^j> «enfant trouvé» ap. Kremer, Beitràge z, arab. Lexicographie, II, p. a6; Hartmann, L.W., p. i25, I. 8 et suiv.
ivi Jërdi, pi. frâda <5>>>à, cS^Ij» «un objet dans une paire ou dans une collection» s'emploie avec les substantifs dont le nom d'unité est mas- culin : fërdi d'ihlàlol «un bracelet de pied d'une paire» •■tf'fdi ddbâlflz (^bjJli) «un bracelet de poignet d'une paire» ; /"ftit dlûtar «une corde d'instrument à cordes» (noms d'unité halhâl, dëbliz, ûtar); mais avec les substantifs dont le nom d'unité est féminin, on emploie/"f dn'a : f"rdîia tssobbat «un des deux souliers de la paire» ; firdîia dftqasàr «une des deux chaussettes de la paire» •,f"rdna d"lquàqob «une des deux galoches de la paire» (nom d'unité : fbbàtâ, Vqiêra, qâuqàba). Cette distinction est inconnue en Algérie où l'on emploie indistincte- ment dans tous les cas prda\ cf. supra, p. 352, sub bU**.
\yi fii-z : i' «différence» : qqâ-lfërz «Il a fait la différence»; 2° ipl.frûz v^ji «levée de terre qui sépare les bassins des salines»; cf. Arch. Mar., V, p. 278; 3° pi. id. «couture qui réunit dans la babouche le quartier d'arrière à l'empeigne» (en Algérie udén, «<î^/i = yil); 4° «lisière de drap»; dans ce sens le mot est connu (peu employé) à Tlemcen (à Gonslantine et à Alger on dit fëàia, pLJiës, sur lequel cf. Simonet, G/o- sario, p. 199, 200). Dans ce sens, le mot yï'rz semble bien identique avec ie àelha Iferuzan «franges» (Stumme, Taz., p. 198) que Schu- cnARDT propose de rapporter au vieil espagnol freso {W.Z.K.M., XXII, p. 357, note 1). Mais le classique ^^^ dans sa double origine doit être pris en considération (^-> sémitique et ^^ dénominatif de ^j^ = persan \iyi'i remarquer surtout le classique ')ij^ v>^ ou f^^ ')iy*-»'', cf. Tàg, IV, p. 66 in fine; Kremer, Beitràge z. ar. Lexic, II, p.a8). Il faut rapprocher aussi /erz «raie sur le canon du fusil», ap. SociN, Diwân aus Cenlralarabicn , III, p. 298.
jjiji fârrôi : 1° «étendre un tapis à terre» se construit de deux façons : fârrog-''lb{l bëtllnts cl fàrr^i-ttJal^» /"Ibit «I! a étendu les tapis sur le sol de la chambre»; de même à Tlemcen; 2° «paver un sol de carreaux de tuiles, de briques; l'enduire d'une couche de mortier»; connu dans ce sens à Alger, Constantine, Tunis (Jerrçi avec r non emphatique); à Tlemcen on emploie dfor -Jui. fâria, pi. fàriçit JuS-» «couche de briques; lit de mortier».
412 TEXTES ARABES
frisk «fraîcheur», comp. Lerchdndi, Voc, p. 365, sxxh fresco; connu aussi dans les villes d'Algérie ; espagnol fretcn,
^yXtnjio\\i fçrSstçro; ce nom de «étranger» (espagnol/ora«(ero) est donné au Maroc aux Juifs indigènes de langue arabe, par les Juifs d'origine et de langue espagnoles {Arch. Mar,, II, p. sho; VI, p. i44).
(jûloji fSrtSs, pi. frâfs ^J>^y» «teigneux» (plus teigneux que le qrdt; cf. tn/j-fl, p. tialx). C'est un des mots caractéristiques du Maghreb, connu dans toute l'Algérie et aussi à Tunis et à Tripoli (cf. Stumme, T.G., p. 175; M.G.T., p. 255, 8 99); aussi en mallais/or<â« «chauve» (cf. Falzon, p. 68); cf. sur ce mot Observation» »«r Beamsier, p. A 62.
lalovi fârtot «agiter convulsivement les ailes ou les pattes (animal égorgé)»; à Tiemcen «remuer sans cesse (enfant turbulent)»; proba- blement dénominatif de j Ia,.t^^ , jlab^ «papillon», mot d'origine berbère dont des équivalents variés se retrouvent dans tout le Maghreb , à Malte et au Sénégal (cf. Basset, Mitsion, I, p. 822 ; Retnier, p. i46); mais à Tanger, le nom du papillon eslj^rtîto (avec r et t non empha- tiques; peut-être par influence de »; comp. supra, stîto, p. 828).
i- yi frâkàh il-i «pieds sales, ou difformes, ou démesurément grands». Je n'ai jamais entendu le mot qu'avec cette forme de pluriel. Il ne m'est connu en Algérie qu'à Nedroma: mais à Tiemcen on a avec le même sens krâfah, avec un singulier kçrfû'h, employé dans l'expression drgb elkgrfû'h «marcher vite et beaucoup».
ij%3 firrân, f\. frârën (jl3, u^'j* «four banal à cuire le pain»; comp. Lerchundi, Voc, p. Ato, sub horno; Fischer, Mar. Sprichwôrter, p. 3o, note 2; aussi employé à Fez (cf. Kampffmeïer, Texte, p. 7); et à el- Qsar (cf. Arch. Mar., II, p. 110). En Algérie, le mot n'est employé qu'à Tiemcen et à Nedroma. Dans l'Est de l'Oranie, à Alger, à Cher- chel, à Gonstantine on n'emploie que kûëa comme à Tunis (cf. Stumme, T.G., p. 52; Observations sur Beaussier, p. iSo) qui à Tanger, comme à Tiemcen et Nedroma, est spécialement «four à chaux, four à poterie» (comp. Lebchundi, Voc, p. 160, 161, sub calera; à Tri- poli, kûia est «fournaise»; cf. Stumme, M.G.T., p. 25i, 1. 2) et aussi «charbonnière» (chez les ruraux du Tell oranais et algérois fr'ena). A Tetouan fàrrân est aussi bien «four à poterie» que «four à pain», et kûia est «fournée de poterie» (Joly, Arch. Mar.,
l
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VIII, p. 369, 970). — Le mot yl^i est passé dans la langue écrite des auteurs marocains modernes avec la signification de four (cf. Saluât el-'anjas, II, 69, 1. 10 et 1 1 qui emploie péle-mêle yt3 avec la signi- fication de «four», avec celle de «patron defour» et le pluriel yl-àl du yj> de la vieille langue). — Dans le Sud marocain, c'est le curieux équivalent habbâz qui est employé dans le sens de (rfourn ; cf. Houwâra, p. 17, y. — ff Patron de fourni est à Tanger rmallëm d'if'rrân et non frârni comme à Rabat (cf. Fischer, loc. cit.). — tàjarrànt ool^b ttmé- tier de patron de fourn est une formation berbère qui ne prend jamais l'article.
/-ia-bô ^rnôci «chaufferie du bain maure»; cf. Lrrchundi, Voc, p. 1 3 1 , sub baho. Le mot reporte à l'andalou ^'^y» ou mieux au vieux castillan /orttoj: (cf. SiMONET, Glosario, p. 228); mais la terminaison» fait quelque difTiculté. Peut-être y a-t-il eu combinaison avec l'ethnique turc gi {ci) qui, quoique beaucoup moins fréquent en marocain qu'en algérien et en tunisien, apparaît cependant sporadiquement à Tanger (tàbzi «artilleurn ; qâhuàzi «cafetier»); puis le «nom de métier» serait devenu «nom de local» comme cela s'est passé peut-être pour ylti (cf. le mot précédent). De fait, à el-Qsar, on A/urnâii «chauffeur de bain maure» (cf. Arch. Mai:, II, p. 1 10); mais, à Tanger, on emploie dans ce sens tëiàh. — A Tlemcen, on a fernaq «chaufferie» et/emSqgi ou cahcàh «chauffeur» ; à Alger fumaq et furnaqjri; à Constantine fer- n&q et frânqe; à 'ïunh funiàq, frânqe ou furmqzi (cL Stummb, T.G., p. 175); à Nedroma, on a ferndk «chaufferie», mais knuuâi «chauf- feur».
Oji fzëg «être mouillé»; fzâg «humidité d'une chose mouillée»; à la II* {orme, J^zzëg «mouiller»; mfëzzëg «mouillé»; cf. LKnciiuNDi, Foc, p. 333 , sub mojar. Le mot, complètement inconnu dans ce sens en Algé- rie (fezzeg est «érailler une étoffe» à Tlemcen et à Alger), est sûrement d'origine berbère; il faut le rapporter au ebzeg «être mouillé» qui apparaît un peu partout dans les parlers berbères (Roulifa, Texte» de l' Allai marocain, p. 345; Dkstaing, I, Béni Snous, p. 169, ëbzi\ Biar- fCAY, Otiargla, p. 3io, bzeg; Motïmnski , R'edamèx, p. i3/4, ibzeg, ibzeg; Basset, Loqmân berbère , p. 999).
^fO foàh «délier, détacher, disjoindre»; passif 'Çf^sàh. Le mot se retrouve avec ce sens chez les ruraux du Tell constantinois , tandis qu'à Alger
AU TEXTES ARABES
il ne s'emploie qu'au sens figuré : «rompre une association, un marché, un mariage» et aussi : «briser un enchantement» (à l'aide du Jasfih ou fsûh; cf. Snouck Hurcbonje, Mehka, II, 193). A Tlemcen fsoh est «dégager une chose d'une autre qui la recouvre» et aussi «passer (en parlant d'une couleur)»; ce dernier sens, inconnu à Tanger, se ren- contre dans beaucoup de parlers algériens et dans le Nord tunisien, comme dans divers dialectes orientaux (cf. Spiro, Voc, p. 455-, Stage, Voc, p. 61, suhfaded). A Alger juif, fsoh est le mot habituel pour «effacer».
fëifii «pétiller» (en parlant d'un liquide chargé d'acide carbo- nique); j'ai rapporté à cette racine quadrilitère {supra, p. 99 , 1. 7) l'expression n&djçhfàifâi (toujours sans l'article) «Il a été pris d'une activité fébrile»; mais il est très possible qu'il faille lui assigner une tout autre origine; peut-être est-ce jiU^iU «Dans quoi donc? Dans quoi donc?» interrogation réciproque de gens surpris, se hâtant en désordre de rassembler leur bagage et de l'empaqueter ; dans tous les cas , le mot n'a vraisemblablemeut rien à voir avec Ténigmatique Jisfa de SociN , Diwân aus Cenlralarabien , III, p. 999.
Jjioi fsSla JULaj : 1" «coupe d'un habit»; ainsi dans toute l'Algérie: 9° «manière d'être; type» : fiUa uahda «du même acabit». — Jhâl- 'fsâla ou Jhâl-ddôq-d'lfsâla « comme ... ; sur le même modèle que ...» (cf. swpra p. 979 et p. 999, hâl, doqq). Ces expressions pléonastiques sont inconnues en Algérie.
/-jiiii fdâ, fut. -ifdâ, «être tirée au clair, recevoir une solution définitive» (en parlant d'une aSaire); fade, Tpi. fàd'im (fad'ien) , «de loisir». — A la II* forme, fddà construit avec m^n «en avoir fini avec»; construit avec b «avoir fini de se servir d'une chose» (f, "ddçti h''lhndmi diàli «As-tu fini de te servir de mon couteau ?»); construit avec un complément direct, «finir quelque chose». Ces sens def/ddâ se retrouvent à Fez où le verbe se construit avec la préposition b (cf. Kampffmeïer, Texte, p. 9, 1. 8; p. if), 1. 6), et sont aussi courants à Tlemcen où foddâ {ou fdâ dans le même sens) se construit comme à Tanger, et avec les mêmes distinctions; ne m'est pas connu dans les départements d'Alger et d»; Constantine et Beaussibr ne l'enregistre pas.
Jai flçra, pi. ftàii^r ïy^A» , -5LLi «espèce de gâteau sans levain, sorte defouasse». En Algérie, le mot désigne, à Alger, «les pains azymes» des
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Juifs et une wtourte feuilletée»; à Tunis wles pains azymes» et aussi, comme à Constantine, (run beignet de pâte plus grand que le sfënz-n.
— En Orient 'iy;^ est aussi le nom de diverses pâtisseries ; cf. Dozv, II, 968; Landberg, Pror. et Dictons, t^. 126; Bacer, Z)a« pa/ast. i4r«è., p. 954; aussi pour Malte, Falzon, p. 82,
jaJii Jaqqçsâ, pi. fqàqos, trsorte de brioche ronde»; Lerchundi, Voc, p. ii5, sub bollo, en donne la composition, mais écrit Â.0Iλ qui est, je crois, une forme inusitée à Tanger; le mot est inconnu en Algérie dans ce sens.
A» fqë, Tpl.fuqiàn : 1° «lettré» (cf. Fischer, Mar. Sp-ichw., p. 4 ,note3); 2° «maître d'école coranique ( ainsi en Egypte, ap. Lane, Modem Egyp- tians , 1 , 7 4 ) ; dans ce sens , fqêh est usité , en Algérie , à Nedroma ; mais dans le reste de l'Oranie on dit surtout talob ou chez les ruraux dçrrâr
»(cf. sur ce mot : Obseitations sur Beaussier, p. 433, 434; il doit être usité dans certaines régions du Maroc, car les auteurs marocains mo- dernes l'emploient ; cf. jDa«Aa< en-Nàsir, p. 99,1. i5). A Alger- ville, on dit aussi dçrrâr; dans les départements d'Alger et de Constantine, talob ou, surtout, séh;k Bône, on retrouve meddeb (cji>p«) connu en Tunisie (cf. Stumme, T.G., p. 180). Au Sénégal, le seul mot employé semble être mrâbot (cf. Basset, Mission, I, p. 3ô6; Reynier, p. i5i).
— fqç est bien entendu le classique *-JLi (cf. Kahpffheter, Untersu- chung. liber den Ton, I, p. 5i) pour lequel la perte du » final est fré- quente dans les dialectes arabes, égyptien, tripolitain {fgi, cf. Stumme, M.G,T., p. 309) et déjà andalou (Ibn Guzhân, p. Z'f, I. 1 1 ; 7g^ 1. 7; ôi*", 1. 11 a à la fois ikJii et i^»). La forme /i/é avec son pluriel analogique yit^ian et son féminin analogique fqfia «maîtresse d'école pour les fillettes» est inconnue en Algérie.
JÀ fil (t augure bon ou mauvais» et «r influence favorable ou défavorable sur la destinée» (sur la confusion de ces deux concepts et leur expres- sion par un môme mot, cf. Doutté, Magie et religion, chap. vu). La prononciation du représentant dialectal de classique JU oscille à Tan- ger entre fàl, fàl' etfqll; comp. en andalou JU, ap. Vocab., p. a63, sub augurium;fll ap. Pedro de Alcala, p. 94, 1. 35; en maltais /c// ap. Falzoî», p. 70. Toutefois, le mot construit avec les ailixes person- nels, n'apparaît que sous la forme /ô/, notamment dans un certain nombre de dictons :fàl^kja'arqûhëk «Que ton mauvais augure soit pour
il
416 TEXTES ARABES
tes talons n; Jâlç mi'jlùl uqdiç nChlûl «Que son augure soit brisé et son derrière ouvert», etc. — Le redoublement dialectal de la consonne finale apparaît dans les formations verbales dénominatives : fëim JiXi à la II" forme construit avec »"/« tf donner un augure (bon ou mauvais) à quelqu'un» cl ff influencer (favorablement ou défavorablement) par actes ou surtout par paroles la destinée de quelqu'un» (comp. Ler- cuuNDi, Foc, p. 118, sub augurar). — "««/"«^ (*//?0 ^ ^^ '"^ forme, construit avec mën «considérer comme de bon augure» ou «rechercbor comme d'influence favorable» des propos ou des actes d'autrui; 3° pers. fém. sing. "tsfallif^, *" pers. sing. "ssfàlltt, etc. La gémination de la der- nière radicale, que la flexion fait apparaître dans ces formes, n'est pas, du reste, particulière au représentant dialectal de JULxwI ; elle peut affecter en tangérois d'autres x*' formes de verbes concaves ( ainsi "ssqallçt ==i:i>J^JjjM\\''ssfàddU=is>>JL:iM\). — La il* forme /e/if/ qui existait on andalou (cf. Pedro de Alcala, p. 80, 1. h) se retrouve en Algérie, à Tlemcen, avec le même sens qu'à Tanger; le tlemcenien connaît en outre ypMuo/ qui signifie : 1° construit avec /, «porter chance à quel- qu'un»; 9° construit avec '"là, «prendre bon augure de, s'assurer l'influence lavorable de»; synonyme afâl {stfàl, x" forme) construit avec '"là. ' Dans la plupart des parlers algériens , on a fçuugl ( con- struit avec / ou avec '"là) «donner un augure à» et «porter chance ou malchance à»; et stfàl (construit avec tnën ou avec '"là) «considérer comme de bon augure» et «rechercher comme d'influence favorable»; dans le Sud algérois , on trouve ttef^ol au lieu de *tfàl; comp. pour le pas- sage de V J^ à v''^^* ^"^ formes dérivées du verbe, dans les dialectes orientaux, Spiro, Foc, p. 468; Cuche, Dict., p. '«69, 670; Rein- HARDT, 8. 44 1; Landberg, Hodr., p, 679, 680. — Dans le Nord-Est constantinois , on retrouve pour x' forme stfàil comme en tunisien ( cf. Stumme, r.fî.L., p. 147, i48),
fjnSi fëlg {grec <p6XXts ; d. Fraenkel, Aram. Fremdwôrtei; p. 192) «un sixième de mçzûna (centime)»; cf. Modliéras, Maroc inconnu, II, p. 695; le diminutif y^nes est le nom du douzième de la mçzûna; iu-ljlûs {iu-ct'lflûs ^ ^yiJj\i ^jv) ^Aeutjëlsn est le tiers de la mô- zûna. — Le pluriel yiffa est comme à Tunis et à Tripoli le mol habi- tuel pour «monnaie»; il a au reste gardé dans la langue la valeur syntaxique d'un pluriel et n'est pas devenu pour la conscience popu- laire un singulier comme en Egypte (cf. SpntA , Gram., p. 3 11, note 1).
DE TANGER. Ml
drâham, habituel en Algérie (aussi dans les textes; cf. Bustàn. p. 95, 1. ii;p. 81, 1. i5; comp. pour La Mecque Snodck Hurgronje, Mek- kan. Spfichtvôrter, p. 102; pour l'Oman, Reinhardt, p. 100, 1. 11 ; p. io5 in fine), est peu usité à Tanger dans ce sens.
flis «faire faillite, être ruiné»; participe actif/â/fs «qui a fait faillites; la 11' forme J^llçs signifie non pas «rruinerTi mais «frapper d'une malé- diction qui cause l'ignominie»; de môme à TIemcen (cf. J.A., juillet 1904, p. 53, 1. 7; p. 56, 1. 5); mpUfs «misérable descendu au dernier degré de l'ignominie »; ffjisa, pi. tfàlçs JÙ«.-JjL> «état de dégradation résultant de la malédiction de Dieu, des Saints ou des parents 7» ;/f//f« dans la langue familière de Tanger signifie aussi «far- fouiller n.
fillûs, Tj)l. Jïâlis or>^' j**^^î féminin y?//M«a, pi. ftllûsat. Ce mot identifié depuis longtemps comme latin puîlus (cf. Dozy, II, p. 978; SiMONET, Glosano, p. 28/4) était andalou (cf. Pedro de Alcala, p. 35a, I. i4, 16, suhpollo, polla; Vocabulista, p. i56; Ibn GuzmIn, 49*, 1. g, et 64^ 1. 9-j, j-JSl» pour ^-JiV» non compris du copiste); c'est aujour- d'hui un des mots caractéristiques du Maghreb (Stumme, M.G.T., S 87; T.G., 8 66; Fischer, Zum Wortton, p. 989; aussi dans toute l'Algé- rie; aussi berbère; cf. W.Z.K.M., 1908, p. 879).
iiUi fàlàk=iàJ<i avec deux voydles longues dans 'elm-''lfdlâk «l'astro- nomie »; le mot est visiblement un emprunt à la langue littéraire; la forme populaire est filk «sphère céleste» qui apparaît dans le pro- verbe rapporté ap. Fischer, Mar. Sprichw., p. a 5 in fine (à Rabât/u/fc); de même, dans le Sud algérois, une forme /e/'/c apparaît dans le nom même de l'astronomie >-lem çlfel'k (cf. sur ce passage dialectal de JJL» à JuL> Ulûd Bràhlm, p. 63 , note 1 ).
Ai Jiim"' «bouche» avec les afllxes personnels yiimmi, fiimmç, etc., a, à Tanger, le diminutif /jfpipm et le pluriel /jt^m (J^àtn). A Rabat, le mot fait comme à Tlemccn un pluriel y"»iâ»i (cf. Fischer, Mar. Sprichw.,
p. 25).
^ fenn n'est usité dans le sens de «toupie» que dans le dicton donné supra , p. 8 1 , 1. 6 , 7 ; ce sont les formes /nûn , Jhàun qui sont courantes chez les enfants dans le sens de «bonne toupie légère»; encore que morphologiquement ils semblent des pluriels, ces mois sont employés indistinctement comme singulier (féminin) et comme pluriel; dimi-
TF.XTE8 ARABES. 27
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mitilfmuna, pi. /ntMnâ|. Ces mots de vocabulaire spécial, dont je ne vois pas bien l'origine , sont inconnus en Algérie. ,
Jl^jVjLd /niz/p, nom de la « traînasser) (herbe des saints Innocents): inconnu en Algérie.
^ À ,* fàntazna Â^UaJLi t grands airs, embarras», espagnol /antasta; en Algérie toujours fàntâzîia (italiens fantasia) comme en turc et dans les dialectes arabes orientaux (cf. Barbier de Meynard, Dictionnaire turc, II, 399)-
•ylaJL» fàntfz -y^AXi ffau nez épaté»; aussi mjantoz, épithète qu'on applique aux nègres; inconnu en Algérie; comp. classique j-iai et j-txii; il est remarquable que \/j-^^ a dans la langue ancienne une variante y/j^aà ; cf. Observations sur Beaussier, p. /iôa, 463.
^^ Jah, fut. ifûh, «répandre une bonne odeur« est peu usité à Tanger dans la langue courante (on emploie surtout n^ssëm)', le mot par contre est fréquent dans la poésie vulgaire. — La deuxième forme fûy^àh ff répandre une odeur quelconque (plutôt mauvaise)» n'est pas non plus usuelle; dans la chansonnette donnée plus haut, p. 1 15, 1. 6, le sens tlemcenien, mais non tangérois, de fûuâh, rrdégager de la vapeur» en parlant des aliments qui cuisent, semblerait bien con- venir.
f$ha, f\.fuâiàh ou Jçhàt, S^^ ^l^j «odeur bonne ou mauvaise»; le mot était aussi andalou ; de là à Tanger l'expression "IJçha dflféha «l'odeur de l'odeur» dans le sens de «les parents même les plus éloi- gnés» (l'odeur de la parenté la plus légère); on dit dans le même sens chez les ruraux d'Oranie slhâtëk urîhâtëk «toute ta famille jusqu'à tes arrière-cousins». Le mot fçha ne se retrouve en Algérie, à ma connais- sance, qu'à Nedroma où il s'emploie surtout dans le sens de «rien du tout» (dans une phrase négative) : mâ->''tâni fçha «Il ne m'a rien donné du tout»; aussi ma sôbnâlu lâ-zérra là-fçha «Il a complètement disparu» (nous n'avons trouvé de lui ni trace, ni odeur). Dans le département d'Alger c'est ^pAa qui est usité, et surtout dans le sens de «odeur forte et désagréable» (opposé à inha qui signifie plutôt «bonne odeur»). — \^ri^ ^^ \r^ ^^ rencontrent déjà à côté l'un de l'autre dans la langue ancienne.
\^ /çuâr ,p «dégager de la vapeur»; aussi à Tlemcen et à Nedroma. Ce n'est jamais «faire cuire à la vapeur» (le cousscouss), comme chez les
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ruraux d'Oranîe et dans les départements d'Aiger et de Constantine. — Dans la pièce n° III, p. 1 15, où il apparaît dans ce sens, le mot est un emprunta un autre dialecte; «t faire cuire à la vnpeur» est à Tanger hahhâr, cf. supra, p. 927.
pf!^fûiâh (Jviâh) à côté defûiâq «quand n = c^Sj ($!i. Dans le parler des Jbàla on afiuâh,fîuâq. La chute du t final et l'altération du ^ de c^JJj sont fréquentes dans les équivalents de cette loculion adverbiale connus des divers dialectes maghribins [Tlemcen faiuoq , Juuoq ; Mgerfçiuoq, uçiuoq; Alger -juif alugk; Sud oranais UQÏriok; Fez fûqâs; cf. J.A., nov.-déc. 1906, p. iôg; Cherchel rfw^ai provenant de dërupq^dtuj -\-às, proprement «quel maintenant», etc.). Quant à la métathèse tua [aiua) > ûia , il est possible qu'elle soit le résultat d'une dissimi- lation, succédant à une assimilation : ainsi ftuâh';>-ffmâh^:>fûiâh. — fûiâh (fûiâq) qui n'avait primitivement que le sens interrogalif (quand?) est passé couramment dans le dialecte au sens conjonctif (au moment où).
(^^ jaq, fut. ifiq, ffs'éveillern ; aussi «se rendre compte d'une chose» : féqt m"iâ-rd8e ^g-K «j» «sJLà rrie m'en suis rendu compte»; c'est la IV* forme ^3'^' avec chute du j inital. Elle est de tout point devenue une i" forme dialectale avec un participe actif ^ata^r « éveillé», une II' forme fçiàq «réveiller» {^i), un «nom de métier» Jfiàq trréveille- matin»; de même dans ceux des parlers algériens où le mot est usité, à Tunis, en Syrie et en Palestine et déjà en andalou (cf. Beaussikh, p. 599; Dozï, II, p. 289-290).
o qàhb, pl. qhûh Jo, v>^ «capuchon», comp. Lercudndi, Foc, p. 170. BuDGETT Meakin, douuc qubb [An introduction, p. 76, n" 67) et cette vocalisation , inconnue à Tanger, est celle que j'ai entendue chez les Duï Mhî» du Sud oranais, où le mot est usité {qçbb, pl. qbûba); comp. Saluât el-anju», III, 170, 1. i5; 935, 1. 9 (wô). Le mot, en dehors du Sud oranais, est inconnu aux parlers algériens; et reproduit dans la biographie du Seih es-Senîisî, par un hagiographe algérien, il a été souvent non compris et altéré par les copistes (cf. Bustànfi Sikr 'auliia tt7)'»»«ân, édit. d'Alger, p. 9/1/1, note 1, repro- duisant A'flj/ el-ibiihàfr, édit. de Fez, 1817, p, 35i, 1. 95). Le
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mot est vraisemblablement d'origine romane (cf. Simonet, Glosano, gû, sub capel)\ il y a difficulté à l'expliquer par ^5 (cf. Dozy, Smj»- plément, II, 3o3; Noms de vêtements, p. 8/17, note 3) avec chute de » final.
qubb, pi. qhâb, frseau» en général ; diminutif qblieb («r^, v^» "-r^)- Le mot est connu à Tlomcen dans le sens de «baquetn et de «seau en bois du bain maure». Dans le parler de cette ville, outre le diminutif qbtleb , il existe un diminutif à terminaison féminine q^biba qui désigne «fun petit vase en bois cerclé de cuivre dans lequel on apporte à boire». A Alger-musulman (pluriels qbûb et qbâb), le mot désigne le «seau du bain maure». A Alger-juif, c'est le vase en cuivre dans lequel la femme transporte ses accessoires de bain (ailleurs tSs, mahbës). Le mot ne m'est pas connu dans les autres parlers algériens. Il était déjà andalou et a probablement une origine romane (cf. Dozy, Supplément, II, 397; Simonet, Glosario, p. lis), — <_>U» «fabricant de seaux et de tonneaux» est attesté pour Fez dans l'inscription de 1689, publiée par Bel, ap. R.A., igoS, p. aSa.
(jiSAi Cf. le suivant.
IftAJ» qbot «saisir» (Ia-.5 pour o!»<J>); le mot est généralement prononcé avec t pour jo classique; il n'y a que les lettrés qui restituent parfois jo : qbod (comp. Fischer, Zum Wortton, p. 278). — A la 11' forme, qàbbot est employé dans l'expression qabbotlQ4klâm «Il lui a lancé des allusions malignes ». — La v* forme tqàbbot construite avec la prépo- sition b signifie «mettre la main sur. . . ; arriver à trouver quelqu'un ou quelque chose» ; chez les ruraux d'Oranie tggbbâS avec la même construction est «s'attacher aux pas de quelqu'un qu'on est parvenu à rencontrer; ne plus le lâcher»; dans le Tell algérois «s'attacher à quel- qu'un comme à une planche de salut». Beaussier, p. 523 donne d'autres sens algériens.
/yxS qubbàn, pi. qbàbën yÇ*, ^j^'-J» «illettré, philistin», comp. Ler- CHUNDi, Voc, p. 607, hombi'e sin letras; p. 43o, indocto. Le mot est très connu dans la province d'Oran , et paraît entièrement inconnu dans le reste de l'Algérie. Il semble bien ne se rattacher à aucune origine dans la langue ancienne {contra, Delphin, Fez, son université, p. 12; et une autre étymologie, Textes, p. 269). Je ne lui crois non plus aucun rapport avec le persan y L^^ «berger» passé dans les dialectes
DE TANGER. 421
de Palestine avec la signification de «propre à rien 55 (cf. Dalman, Paîàst. Dîwân, p. Sa). Le mot, qui appartient à l'origine au langage des étudiants, doit être venu dans les dialectes de TOranie, du Maroc, où les tolbas de l'Ouest algérien vont souvent faire leurs études. Peut- être le petit détail mentionné dans le texte n" IV de ce recueil (p. igB, 1 96 ) permet-il de proposer une étymologie : le qubbân serait primi- tivement, dans Targot scolaire, l'étudiant peu avancé dans ses études qui ne peut paraître dans l'assemblée des tolbas que le capuchon qàbb (cf. supra,]). Uig, liso) rabattu sur le visage, proprement «l'encapu- chonné».
yjki qbç (sans pluriel) «voûte»; cf. Dozy, II, 807; à Tlemcen qbç est un «réduit ménagé dans le mur de l'étuve du bain pour ceux qui veulent procédera l'épilage rituel»; et aussi, comme à Alger et à Constantine, c'est «un petit renfoncement pratiqué dans le mur de fond d'une chambre, en face de la porte d'entrée, et muni d'une banquette»; comp. pour Tunis, Clermont, L'arabe parlé tunisien, p. 9 28, note h.
¥ qridga, pi. qzçi â'JL, ^4. «chevelure épaisse, tignasse»; synonyme rujfa. — Le mot est complètement inconnu en Algérie. — bû-qudga a été le surnom de plusieurs personnages marocains; c'est encore celui du célèbre er-Reisûli. — *^^yi àe Arch. Mar., II, p. laô est une erreur.
y^ qzar, pi. qzàrat ou qiûra ^Uï, »;>^ «boîte»; diminutif qzîiàr ~>jÏ. D'après LEnciioNDi, Foc, p. 169, sub cajôn de mesa, il semble que dans certains parlers marocains le mot a le sens de «tiroir» comme ses représentants algériens et tunisiens : Alger-musulman qgfr, pi. qljlâr; Alger-juif et Tunis qgorr {qzar'), pi. qgorrât; Tlemcen qjjgr, pi. q'gâr; Laghouat qzçr, pi. qgzràuàl; Ngaous t^qgîr, pi. tqàgfr. Mais à Tanger, il n'a jamais ce sens; «tiroir» est miàr (cf. infra, p. 468). — Sur une étymologie possible de ce mot spécialemenUma- ghribin, cf. Obtervations tur Beaussier, p. ^67.
/o»^ qzëm »JL construit avec ''là «se moquer de quelqu'un» ; de même à Tunis «plaisanter avec quelqu'un»; à Nedroma, à Tlemcen et Con- stantine «plaisanter, blaguer, bavarder», tandis qu'à Alger ^^^m est le mot habituel pour «parler, causer». Cf. sur ce mot Dozy, II, 809; il faut vraisemblablement lui chercher une origine étrangère, «.dL qui ap- paraît avec le même sens à Mardin (cf. Z.D.M.G ib8a , p. a64 , 1. 3;
I
/j22 textes arabes
p. 970,1. 10; p. 978, 1. 5) doit, selon toute apparence, être rapproché de M.aL maghribin.
*Xi'» *qodd'-inâ-mîU J->-« L» ^ avec les affixes : qôdd'-mà-m^ilo «Combien il est grand!» ; q6dd'-mà-m§ila {mfitha) trCombien elle est grandeln L'ori- gine de cette expression ne m'est pas claire , et les équivalents algériens ne sont pas faits pour donner la solution de cette petite énigme : Tlem- cen qôdd mà-ilu bëlqôdd; Laghouat gédd''-malu bëlgédd; Alger qôdd' mnnin-qôdd; Const&nûne qodd' - inàèën - qodd et qôdd' -tnâ- tènqôdd. oô «mesure, taille» de tous les dialectes maghribins paraît être, pour la conscience des sujets parlants, un des éléments composants de ces expressions , et je n'ose guère rappeler le Jwo» l^'loJi de Banal Swàd (cf. Jbn Hiiàm, éd. Guidi, p. 198, 199).
qaddid Os!->j» «viande de conserve coupée et salée»; qaddida «un morceau de qaddidn. Le redoublement de la consonne médiane dans ce mot est largement répandu dans les dialectes maghribins (dans toute l'Algérie; aussi à Tunis, Stumme, T.G., p. 176; et à Fez, KxMPrF- MKYER, Texte aus Fes, p. 9). Je crois que l'influence analogique du redoublement de «JOô (ii* forme), qui, depuis l'époque ancienne jus- qu'à nos jours, est le terme consacré pour «préparer la viande de conserve» n'est pas étrangère à ce passage de Js»«>^ à oojô.
^tXi qoddah ^jO» «donner un coup violent sur le sommet de la tête»; qâdhe, pi. qâdheiat (^^-si «coup violent sur la tête». Très généralement , on entend qâdthe ou qâthe avec assimilation de sourdité de (/A > th. Lerchundi , Voc. , p. 606 , sub pescozada, écrit iuJsJ» et ^làS . — y/^oô est connu dans ce sens à Tlemcen qoddah, à Nedroma qoddah et qnddûhe, et aussi dans la province de Constantine qdah. Les ruraux d'Oranie et de la province d'Alger ne l'emploient pas. A Alger on dit dans ce sens cëppoh et cëppâiha dont le représentant tangérois cëbbâha a un autre sens : «coup qu'on se frappe sur la joue gonflée en signe de dérision» (de même à Alger-juif cëppiiha, Tunis iubbîha, andalou cuppâha, cf. Dozr, I, 168; Simonet, Glosario, p. 168, 169). A Tunis on emploie dans le sens de «coup sur la tête» staka (Stcmme, T.G., p. 171).
ytSi qadra, pi. qdûr SjJo, ^^«Jo «marmite»; de même avec q initial dans les dialectes citadins d'Algérie , avec g dans les parlers ruraux et bédouins. Le classique ^oô, féminin dans la langue ancienne.
DE TANGER. 423
a fréquemment pris dans les dialectes modernes le signe mor- phologique du féminin (ainsi en Egypte, Syrie, Palestine; cf. Nôldeke, Beitràge zur Semit. Sprachwtss., p. 70, note 9). Dans le Maghreb, r>J> sans » final apparaît encore à Tripoli (cf. Stcmme, M.T.G., 879, 3) et au Souf avec le sens de «grand chaudron n; et il est intéres- sant que dans ce dernier dialecte ged'r soit masculin , et se distingue de gedra féminin, qui signifie «marmite»; un processus analogue se retrouve dans Tlraq où Ton a aujourd'hui ^0o (gidïr) «grand chaudron» (masc.) et âj>>3 {gidrii§) «petite marmite» (cf. Weissbach, /. A., p. 128. 1. 1, 10; Meissnbh, Neuar. Gesch., p. i38).
JuiJ» qàriala, pi. qàriâlat JLiLi-ji fctribade»; comp. Lebchundi, Voc, , p. 745, sodomita; vraisemblablement de qariçU «peigne à carder», qàrgfl «carder» (cf. Lerghundi, p. 179, carda; Arch. Mar., II, n° 9, p. 98-99 ; S1M0NET, GI08., p. 1 0 1 ) ; on comparera en Oranie qàrdâia avec ce sens, de qàrdâi (cf. Beacssier, I, 536), et à Ouargla ^^i*^*» «pédé- raste» (cf. BiARNAY, Ouargla, p. 355). A Alger on dit hâkkàka; et Léon l'Africain et Hoest donnent pour Fez le âsLïs: de la langue ancienne {Description de l' Afrique, éà. Schefer, II, p. 187; Nachrichten von Marô- kos, p. 176). Les Telliens d'Alger emploient une autre expression (cf. Beaussier, p. 3ii , sub ^j.ir.>M.*).
qàriûla, pi. qrçigl S2^y», J-i!j» «sorte de gâteau en couronne». Le mot existe aussi à Fez , et désigne une espèce de biscuit différente des qàréûla tangéroises (cf. Kampffmeïer, Texte aus Fes, p. 7). Ler- CHi'NDi (Foc, p. 706, sub rosca) écrit îiLiiS et iJ^S, et Dozy enregistre à côté de âXi:.^ (d'après Lerghundi) le pluriel J^Iy» (sub laLfi^j, I, p. 90). Ces formes sont toutes inconnues à Tanger. — Le mot n'existe, à ma connaissance, dans aucun parler algérien. Il est peut-être à rapprocher de qrgibtl «galettes de pain azyme» dans le parler juif de Constantine.
ij^j-i qârs, pi. qrçs ou qrÇsa ^yi, ^^^ «délente de fusil» ; de même en Algérie (à Nedroma qarra» ^jsly»); cf. Lercuundi, Voc, p. 990, sub disparador. Il est possible que l'énigmatique carç de Pedro de Alcala, sub dexo, lexo de ballesta (comp. Dozv, I, xxi) soit à expliquer par «dé- tente d'arbalète». Il est vraisemblable aussi que le yars "gâchette» du Sénégal (Revnier, p. 1 1 5) est une altération de ^■^.
qçrm Juay», connu des dialectes bédouins d'Algérie avec son vieux sens de «galette de pain» sous la forme gnrêa, n'est em|)loyé à Tanger
1^
424 TEXTES ARABES
que dans l'expression qçrsa d'ildà'^a «un gâteau»; par contre le dimi- nutif qrçm (à Tlemcen g°rfsa avec g, ce qui dénote un emprunt bé- douin) y est connu avec le sens de «petit pain». — D'autre part le verbe ^jsyi (jàrrps est très courant à Tanger dans le sens de «façonner et aplatir la galette de pain» ou «aplatir un objet comme une galette de pain»; comp, pour Fez, Kampffheyer, Texte, p. 7, 1. 5 et 6; pour l'Algérie, Beaussier, p. 587; aussi en Egypte et en Syrie (cf. Ccche,
Voc., p. 59/1; Spitta, Gram., p. aïo in medio).
> (jalôji qârtSm ou qortàsa, collectif gârt3« ou qçrt3§, pi. qratog (JùolJoJ» jobl J») «cartouche». — En Oranie et chez les bédouins et ruraux du tiéparlement d'Alger qortas est «cartouche» (pas collectif); à Alger «cartouche» est fiâk (turc Jui.*) et qçrtâs est «paquet roulé» et «cornet», sens connu aussi de la plupart des parlers algériens, du tunisien (Stumme, T.G., 8 78) et du maltais (cf. Falzon, p. 338); à Laghouat on distingue qàrth «paquet» de qorth «cartouche». Cf. sur o"^7* Fraencel, Aram. Fremdworter, p. 9 45.
qàrlQsa : 1° collectif çôr<p» , pi. qràto» (iUsjisJ»), synonyme de qçrtSm «cartouche», mais moins fréquent que lui et considéré dans la ville de Tanger comme un mot du Falis ; qârtçs se retrouve avec ce sens dans certains parlers algériens (cf. Beacssier, p. 538); a' qârtçs (nom d'unité, pas collectif), pi. qrStps, «paquet»; on n'emploie jamais qorta^ dans ce sens.
t Ji qra>, fém. qarm, pi. qôra>, «teigneux» représente les classiques ^J»l, «l«cJ», gy». En Algérie je ne connais le mot, même dans les dialectes citadins, qu'avec ^"^ g, tandis qu'au contraire même dans les dialectes ruraux du Maroc le mot semble avoir q = (i {Hou- wâra, p. ia, passim). — qarm «teigne» *ey»; de même à Tlemcen, Nedroma et Alger gorm, tandis que dans les dialectes bédouins et ruraux g-râ» = glï . — qarrÇ'e jj3 «béte sans cornes»; comp. algérien ^Uffji ap. Observations sur Beaussier, p. iOa et le classique J<^\-
qarm, pi. qartàt, collectif qra' (gjj», *Ay»), «courge» ; qarm dl'sslàui ((^ji*-«Jli *Êy») «courge longue et de couleur vert pâle» (cf. Arch. Mar., VIII, p. 3o; et supra, p. 169, note 3). Le mot est inconnu à Tanger avec le sens de «bouteille» qu'il a dans la plupart des parlers algériens (chez les bédouins et ruraux qarm «bouteille» est souvent dis- tingué de gorm «courge»). En Algérie, exceptionnellement on a pour «bouteille» debhûza au Souf comme à Tunis, hotth à Nedroma
DE TANGER.* A'i.')
(ailleurs en Algérie «cruclionn; cf. Beaussier, p. 38; Simonet, Glos., p. 56; alboUà ap. Stumme, Taz., p. i63), sgâga ou zgâga S^^'^ dans certains parlers du Tell algérois; à Tanger « bouteille n est toujours rdçtna (cf. Simonet, Glos., p. a3); mais qarm apparaît avec le sens de ffbouteillen dans le Sud marocain (cf. Socin, Mai:, p» 59, 1. 3). Cf. £^.
iSiJi qarfâda, 6>>Uj> «grosse nuque découvertes; inconnu en Algérie; vraisemblablement développement quadrilitère de \/^>J>^ qui n'est pas représenté à Tanger, à ma connaissance, mais a donné dans les dia- lectes sahariens d'Algérie l'intéressant gufda «derrière de la tête du chameau»; aussi ».xjL» «t nuque n dans le Nord tunisien ap. Dalîl n° i,
p. AA.
(jJ> qrâq : i" «vouloir couver en parlant d'une poule»; qorqot «Elle a voulu couver» ; de même dans les dialectes citadins d'Algérie; chez les ruraux gçrgot. Dans le Maghreb oriental et à Constantine, l'équi- valent de ce mot a deux k comme dans divers dialectes orientaux (cf. Stlhhe, T.G., p. 178; SociN, Diwàn ans Centralarabien , III, p. 3o6 et les références); a" construit avec la '"là, «prendre quelqu'un à la gorge pour l'étrangler»; le mot m'est inconnu avec ce sens en Algérie. — A la II' forme, qàrroq construit avec '"là signifle «monter une scie à»; et à la vi' forme, tqàroq «se monter réciproquement des scies», ou, construit avec '"là, «se mettre à plusieurs pour monter une scie à quelqu'un» ; ce mot appartient essentiellement au langage spécial des tolbas; le nom d'action est tq&rçq, sur un paradigme J-^^lJb des masdars de la vi* forme, dû à l'influence analogique du masdar J-oub de la II* forme. — Les sens des 11* et vi* formes me sont inconnus en Algérie; on comparera au sens de i^Z» en égyptien «plai- santer à mots couverts» (cf. Spino, Foc, p. 484); en maltais qan'aq «tromper quelqu'un; lui jouer un tour» construit avec b (cf. Stuhme, Malt. Studien, p. 13, 1. 3a; Falzon, p. 337).
lAyi qàrn, pi. qriin, «corne» ; "Iqàrn mit''jjara "im débordc^ment d'injures» mot à mot «la corne et le sifflet»; qàrn a probablement eu à l'origine dans cette expression le sens andalou de «corne d'appel, trompe» (cf. Pedro de Alcala, p. 1 18, 1. 3o, sub bozina)\ cette expression est inconnue en Algérie. D'autre part, à Tanger, yJ», avecg' initial pour 0> gàrn , signifie « mèche de cheveux que les Rifains se laissent pousser sur le
426 TEXTES ARABES •
côté droit delà têten; avec cette prononciation le mot est assurément un emprunt aux pari ers marocains ruraux, l'usage du gâni n'étant pas répandu du reste parmi les Tangérois citadins; comp. Douttk, Merrdkech, p. 35o.
qrën ^j-S trcompagnon, pair», surtout «individu du même âge»; le mot, dans ce sens, à Tanger, apparaît généralement avec les alfixes personnels, qrçni, qrçnek, etc. Le pluriel est qrin (ylJ> ou peut-être (jl J»l , plÎKlu singulier yJf, qui n'a pas de représentant dans le dialecte) qui est employé aussi surtout avec les aflixes personnels : qrâni, qrànëk, etc. (fceux, celles de mon (ton) âge; mes (tes) pairs»; de même à Alger. A Tlemcen ce pluriel n'apparaît à ma connaissance que dans d'expression ia->6rrol q'rdnek ffO honte de tes semblables» (comp. J.A., juillet-août igoi, p. /17, 1. 8); c'est un autre pluriel qràin (peut-être pluriel de -iU^J» qui apparaît anciennement employé comme masculin, cf. Dozt, II, p. SBg) qui est employé, à Alger à côté de qràn (cf. notamment le proverbe donné ap. Ben Gheneb, Pi-overbes, I, n° 609 ) , et à Tlemcen à l'exclusion de qràn. — qrçn est passé , à Tanger, au rôle d'adverbe signifiant «comme par exemple». Cette évolution du mot a son point de départ dans l'emploi de qrçn, ayant gardé sa valeur de nom , à l'état construit avec un autre nom ou avec mû : -utlâ-sab-si- hdza-mzçiTfa , qrên-sûkkàr «S'il trouve quelque chose qui traîne, du sucre par exemple. . . »; uqrfn-ma-itbài dik-ii «Et toute chose qui est de la même espèce que cela » ; puis qrçn, détaché de tout complément, a pris une valeur proprement adverbiale; par ex. : qrçn daha ila-ddahzç- iû'^-dçnnas «Comme par exemple si deux individus se sont disputés». — A Tlemcen et Nedroma , c'est le pluriel qrâin qui , dans le même sens , a subi la même évolution; on le trouve employé aussi bien avec les af- fixes personnels, ou à l'état construit avec un substantif, qu'isolément avec une valeur nettement adverbiale. Dans le premier cas, il est re- marquable que le langage hésite sur le traitement syntaxique de qràin; ainsi on entendra très bien à côté l'un de l'autre et exactement dans le même sens : qrdinu mâ-i- mmlûsi hâd-çssî, et qrâinu ma-i'imélèi liâd-çèsi « Un homme comme lui ne peut agir ainsi ». Dans la première construction qrdinu est encore senti comme un substantif pluriel (mot à mot «ses semblables») sujet du verbe qui le suit, et le verbe est en conséquence au pluriel; dans la deuxième, qràin n'est plus senti que comme un adverbe ([quelqu'un] comme lui) et le verbe, ayant pour sujet logique le nom (ou pronom) singulier en relation d'appartenance avec qràin,
DE TANGER. 427
reste au singulier. Cet emploi de qrâin se retrouve chez les auteurs tlemceniens modernes (cf. déjà dans le Bwstôn, JJi jjjI^, p. 87). Je ne l'ai pas constaté personnellement ailleurs en Algérie.
t_AJJ» qurnâhi ou qurnâhi «bavardage futile»; connu à Tlemcen (cf. /.^., juillet-août igoi, p. 53, 1. 6); aussi dans la Mitidja et probablement ailleurs en Algérie. Il faut vraisemblablement chercher l'origine de ce vocable dans qârn-ènmb (cf. infra, sur ce sens de nàh, p. /t.83).
(_>"J» qâzzëh «couper les ailes d'un oiseau»; comp. Lerchundi, Voc, sub podar, p. 52 9; naturellement c-^âi avec »>-z par assimilation de sonorité {sb>zh ; comp. zhoq < ^-t^ )•
^Cf. ^.
(JmÏ (jioM désigne à Tanger, parmi les objets mobiliers, spécialement «la vaisselle de poterie»; cf. Lerchcndi, Voc, p. 54, sub alfareria. Le mot est connu dans la plupart des parlers algériens avec le sens de «ensemble des bardes et du menu mobilier»; à Constantine spécia- lement «efl'ets d'habillement»; dans le Tell algérois, on emploie parfois le mot dans un sens obscène : «parties sexuelles»; à Tlemcen, qosi bghta «les hardes de Bahtan désigne ironiquement un «fouillis d'objets en désordre». Le mot est encore employé souvent en Algé- rie dans le sens de «bagage» qui ne lui est pas couramment attribué à Tanger. Ces sens algériens , inconnus en Egypte et en Syrie , se retrou- vent dans les dialectes d'Arabie; cf. Landberg, Hadramout, I, 690; SoGiM, Diwàn au» Centralarabien , III, p. 3o3; Rhodokanakis, II , p. 48. — D'autre part, gesi, au Souf, guis, à Bou-Saâda, apparaissent dans un sens voisin de jiJ» classique, «détritus à balayer», et sont distingués de qàii «menu mobilier». — Dans le Nord-Est ronstanlinois et dans le Nord tunisien , on trouve geis avec le sens de «paille» que lui con- naissent certains parlers orientaux (cf. Fraenkel, Aram. Fremdw., p. 187); et on le distingue de qoi» «hardes, menu mobilier».
qiàui ji^LiJ» est un pluriel péjoratif du précédent «vieux objets domestiques, vaisselle ébréchée»; d'où qiàuiij,a «marché du bric à brac». qiàui est connu à Alger dans le même sens (synonyme grfbbeg); à Tlemcen, le mot désigne «les hardes de la mariée».
ooMkï q'iiçib ou q''iinha, pi. qiàiëb ou q'iiâbàt [ijLÂS, JûLm-S, i_^M»;L&i), est à Tanger la gandoura algérienne «longue blouse de coton ou de
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laine fine qu'on porte d'ordinaire par-dessus le gilet et sous le bur- nous ou la jellâba » ; cf. sur la qâiiâba des Jbâla, Arch. Mar., XVII, p. 1 3 1 . — Le mot est connu avec le même sens dans le Sud oranais. Mais dans la province de Constanline et d'Alger, qgiiâbîia désigne un vêtement de dessus, assez semblable à la jellâba marocaine, tantôt avec, tantôt sans capuchon. A Tunis, le mot apparaît sous la forme qàisàbna avec le sens de «blouse»; cf. Stumme, T.G., p. 177.
yu*^ q^sra, pi. qsûr, «écorce; enveloppe». Le mot désigne l'enveloppe de beaucoup de corps différents; ainsi : l'écorce des arbres; toute peau épaisse ou coque de fruits ; la coquille de l'œuf; la croule du pain ; la carapace de la langouste et du crabe {qâmrçna et kçi'rçiia; tandis que l'écaiile des poissons est béer, nom d'unité bëira); toute coquille réellement ou apparemment d'une seule pièce, aussi bien celle du colimaçon (aylâl) que de l'oursin {qdira; par contre toute coquille à deux valves est màhhâr, nom d'unité màhhâra). 11 en est de même dans les parlers algériens (ruraux et bédouins gçira, pi. g«ûr; à Tlemcen croira « écorce , enveloppe» distingué de gëira «rpain de figues sèches ouvertes», em- prunt rural ) ; cependant dans divers parlers ruraux et bédouins , l'em- ploi de s^j> est limité par celui de iflfa, pi. ilûf. — q''§ra signifie encore à Tanger «rmorceau de liège» et «bouchon de liège»; il a alors un pluriel g"»Vâ| qui s'emploie dans le comput : tlâlçi-llq''grât (*Si*^ caL A..t.l|>>) (ftrois bouchons»; le pluriel qsûr est employé dans le sens de ff liège» (terme générique) et syntaxiquement traité aussi bien comme sing, que comme pluriel : "Iqsûr yâli ou yâlien (jj^Lc) «Le liège est cher». — Enfin q'îra est aussi chez les Jbâla le nom du disque de liège avec lequel on joue à un jeu très semblable au la'b elgûra ou laé eddûhal de l'Orient (cf. Almkvist, Kl. Bekrdge, p. 168).
jUmJ» qsa* « voir mal , en faisant effort» ; le mot a toujours un sens péjo- ratif comme à Tlemcen et à Nedroma. Il est inconnu à Alger musul- man et par contre est très employé à Alger-juif comme à Tlemcen- juif (fc»a» avec^5=fc) dans le sens de «voir, regarder» sans nuance péjorative; cf. Observations sur Beaussiei', p. ^72 et les références; Landberg, DaOina, p. 1197 et les références. Le mot dans le sens de «regarder, apercevoir» est très fréquent dans les textes mésopotamiens de SociN ap. Z.D.M.G., 188a (Mosoul, giso', p. i3, 1. 7, 8, 9, Mar- din, qasat, p. 25û, 1. 6 etc.).
qoèm, pi. qiû'i (*juio c^-ùJ»), «objet de vaisselle», comp. Lerchundi,
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Voc, p. 5û , sub alfareria. Il existe un pluriel péjoratif qèâuà'; et un di- minutif ^-«P'a, ^\.q-së>àt; "Iq'iê'âd-dfosiâua »jLï.Êi c^lj^-ûJiJI désigne les petits objets de vaisselle dans lesquels les enfants font et mangent leur dînette le jour de la fête des Sacrifices. — Tous ces mots sont complètement inconnus en Algérie.
/wij» qçisàn y Lû-J> « malédiction , mauvaise chance» : âs-mën-qçisân-darhç «Quel malheur l'a atteint»; "Iqfisân ulàmdr-''zzhtbi «le malheur et la perdition». Le mot est complètement inconnu en Algérie. Son origine est obscure; peut-être faut-il songer au classique ^>^^, qui est connu sur les hauts plateaux et dans le Sahara algérois : gâsçr «homme de mauvais augure» (cf. sur V/ y^ en Orient, Landberg, Dadîna p. 1 1 16, 1 1 17). On peut aussi songer à le rapprocher du palestinien qaéal qui a à peu près le même sens (cf. Bauer, Das palàst. Arab., p. 30 4, note 3; p. 988) et se retrouve en Egypte et en Libye avec le sens de «misère» (cf. Dozr, II, p. 35t; Spiro, Voc, p. 488; Hart- mann, L.W., p. 196, n" 85).
/tA> Cf. jaiv».
^fLi qâsàh, pi. qàshen ^ii «dur» a toujours un « au lieu de « (-sô) à Tanger comme à Tlemcen et à Alger ; au contraire chez les ruraux et bédouins d'Algérie gàsoh.
«X^âi» qâsod jv-oU «directement».
v*ai q???àr, fém. qsçsra, pi. qsëtrçn (>ia>>fl»), «tout court» ; ce diminutif de qnçr suivant le paradigme J.*-ïJt» est employé aussi à Alger (dia- lecte musulman et dialecte juif) et parfois à Tlemcen (moins que qfèuor); cf. Dicdecte de Tlemcen, p. 99-100.
AAûi q»om «partager, diviser» a toujours à Tanger comme à Alger, à Tlemcen et à Tunis, f pour classique », fCfJi (cf. Stumhe T.M.G., p. ag, 1. 17; p. 81, 1. 8, 11); au contraire chez les ruraux et bédouins d'Algérie gtem {k»em).
q»om «cinq minutes», duel q'smqin «dix minutes», pi. qsàni : hitiix- 'qsam «vingt-cinq minutes» ; ce représentant de classique »JLS est inconnu dans ce sens en Algérie. Lerchundi donne pour «cinq minutes» à côté de *-.S, ^^^ ( Voc.', p. 517). Ce dernier doit appartenir à un autre parler marocain; il se retrouve dans l'Est de l'Algérie et en
430 TEXTES ARABES
Tunisie (Stumme, T.B.L., p. iSg; T.G,, p. i65), mais n^est pas usité à Tanger.
^^*à.i qdà, fui. 'eqde : i° ^décider» en parlant de Dieu; qda «décision divine» »Uà*; ysmëlldh-alqdu «Au nom de Dieu, quelle destinée!» se dit quand on constate une chose imprévue et désagréable ( cf. Textes , n" I , p. 7, 1. 1 7). Les témoins d'un tour de force remarquable diront , si l'auteur en est un musulman : thdrkMlâ->"lçh «J-c ^1 J^Uj■ (cf. J.A. , juillet-août 190^, p. 86); mais si l'auteur en est un infidèle : h''sm''lldh- alqda. A Alger on dit dans le m<^me sens : bësmellâh-àlqdâ uûlkûffdra; — a" «pourvoir à un besoin» surtout à un besoin de la vie domestique (comp. Spitta, Contes, p. 20A). Le masdar est alors ^«(fian qui apparaît dans tout le Maghreb (à Alger, Tlemcen qodiân; Constantine qo^iân; Nord constantinois , Tunis qà^mn), et aussi en Orient (cf. Salhani, Contes, p. 58 , 1. 4 ) : qudiàn liâza ou simplement qndiàn« action de faire le mar- ché pour la maison»; comp. Arch. Mar., I , p. 47 1 inprinc; à Tlemcen « te- nue du ménage». — qdç umdç «Fais bien et complètement» = jj>.*)jjhïl (comp. à Tlemcen mà-iéqdemâ-iénte «Il est incapable de rien faire» expliqué ap. Ulâd Brâhtm, p. 206). — A la m* forme qâdâ ^f^o^ construit avec l'accusatif «terminer quelque chose»; construit avec b ou mén «en avoir fini avec une chose». Le mot est courant avec ces sens aussi à Nedro- ma et dans le dialecte juif de Tlemcen (kâdâ), mais il est inusité dans le reste de l'Algérie. — A la vi' forme tqâdâ ^^Ub'«se terminer» apparaît aussi dans le Sud marocain (Socin, Marok., p. 16, 1. 6; 5o, 1. 1). Lkrchundi {Voc, p. 11, sub acabarse) donne dans ce sens la v' forme (gî^JLs qui m'est inconnue à Tanger.
xJaj mqàtta', pi. mqâtt''tçn fJ^'» «en haillons, déguenillé» et de là «vaurien»; mqulUen sfrâ'^ûl «aux pantalons en lambeaux» est une ex- pression injurieuse pour désigner les Espagnols pauvres.
/JoA q§itàn yUa-i «cordon» est un nom générique sans nom d'unité et sans pluriel : «un cordon» turf-d''lq§itân; v des cordonsii trâfd''lqîitân; cf. DozY, I, 878; Flkischeb, Kl. Schriften, II, p. 719; Voij.ers, ap. Z.D.M.G., 1897, P- 3o6.
qçitûn, pi. qiâtôn yjla-^ y^^ «petite tente rectangulaire avec un toit à deux croupes» et spécialement «échoppe de toile de savetier au grand Socco de Tanger»; diminutif quçton, pi. quêtnàt. — Le mot y^Ja-J» apparaît déjà anciennement dans des textes maghribins avec
DE TANGER. 431
le sens de « tente n; cf. Do/y, II, 878. Il désigne en Algérie et en Tunisie toujours une trtente de toile», par opposition à h(ima ou b^it trtente en poil tissé». C'est, par exemple en Algérie, le nom de la tente militaire en toile blanche, qui à Tanger n'est jamais qçitûn mais hzâna (cf. Lercbundi, Voc, p. 781, sub tienda). D'autre partie mot est aussi connu (rarement employé) à Tanger sous la forme gçitûn (avec §• = ^3) qui décèle un emprunt bédouin, et est la seule connue en Algérie et en Tunisie (dans ces dialectes souvent avec un pluriel gnâton [ou gwâtfn]; cf. Stcmme, T.G., p. 85 in fine).
*Xjm qà>eda trhabitude, règle établie par l'usage»; le mot qui est visi- blement emprunté à la langue littéraire (»^l5) est aujourd'hui très courant à Tanger et dans les villes algériennes. En Algérie, il est, par contre, très peu usité chez les ruraux et bédouins. Il a, à Tanger, à côté des pluriels qâ'ëdàt et quâ'ad qu'on peut tenir pour des forma- tions dialectales vraiment populaires, un pluriel qauà'çd, connu surtout des demi-lettrés, et qui représente o^!p> emprunté à la langue littéraire.
^jj qàjjfû'h , ^\. qfâfàh ^>iS, ^lii ffiburdaud, propre à rien»; injure que les citadins adressent aux Jbàla; aussi mqâjfuh : uàh'-dgêhli mqâffàh; le mot ne m'est connu en Algérie qu'à Tlemcen.
JÀS qafla, pi. qfûl et qaflàt JUiU, JyL* ff bande de pèlerins» surtout employé au plur. dans l'expression b''lqfûl : "nnsd l>''lqfûl frdes bandes de femmes en pèlerinage»; de même à Alger. — Avec la prononcia- tion ^—g, gàfia, pi. guâfël et gàflàt, le mot signifie à Tanger «cara- vane» et est un emprunt bédouin.
qàjftda, pi. qfâfël et qàffûlàt i^yiS, JjLti «sorte de gâteau en cou- ronne» semblable comme forme à la qâriûla (cf. supra, p. 4a3), mais dont la pâte est plus grossière et moins sucrée; m'est inconnu en Algérie.
jjj» qfà, '(-qfi jji «tourner en dérision, couvrir de ridicule»; qà/la, pi. quâfi iUiU et qofia, pi. qoj'ià^ iuii «plaisanterie mordante». Ce sens m'est complètenieni inconnu en Algérie. Un rapprochement s'impose na- turellement avec l'explication proposée par Goldziher du classique *-ï*U (cf. Abhandlungen z. arab. Philologie, I, p. 83 et suiv. ; contra, Lanbberg, DaBîna, p. 1976 et suiv.).
432 TEXTES ARABES
c^ï qàlàha JuJj» frtumulte, désordre»; aussi à Nedroraa et à Tlemcen : âsem hdd-ëlqaldba «Qu'est-ce que ce tumulte?» et au plu- riel qalàbât kbàr frun tumulte effroyable»; aussi «des embarras». C'est JilJL» emprunté à la langue littéraire; ce mot savant a pris dia- lectalement un sens assez différent de son sens ancien (cf. BhhArî. Igâra, n" 16); il est possible que le Lx» turc (aussi ^*i^, emprunté par le dialecte arabe de l'Iraq, galabâlty ap. Weissbach, LA., p. 200 , 1. 97; p. 909, 1. 39) représente aussi JujU» avec une évolution sé- mantique analogue, et il n'est peut-être pas nécessaire de l'expliquer par Â^ (cf. Barbier de Meynard, Dict., II, 387).
Ji£>J.^Xi qàlàhortâl jLbjsilU «tapage, tumulte». I^ mot est inconnu dans ce sens en Algérie, mais il est sans doute à rapprocher de JiaoLli» de Beacssier «pillage» qui, disparu aujourd'hui de la langue d'Alger dans ce sens, appartenait vraisemblablement à l'argot des corsaires turcs (attesté par Venture de Paradis, ap. Revue africaine, 1895, p. 3ja, cara porta «pillage»); c'est à ces derniers qu'avaient dû l'emprunter les corsaires marocains {harabata ap. Hoest, Nachnchten von Marôhos, p. 191). Dozy, II, 39 3 in fine, propose de le rapprocher de l'espagnol garabatear «harponner». — Aujourd'hui, à Alger, qâràbortân signifie «viscères de mouton ou de bœuf qu'on donne à manger au chat»; cf. Beaussier, p. 539; à Alger juif kârâburtâ.
♦Xaj qalda, pi. qatdat ïjJ\J : 1° «taille» généralement pris en mauvaise part : ^a/da-d^/éy^/ «de la taille d'un mulet»; 9° «souche de bois à brûler destinée au four public». — Le mot est inconnu en Algérie.
ij*^ qâllçi «dresser en l'air» par exemple la tête {qâll^s rSsç), ou les oreilles [qàllçs ^udnç), en parlant d'un âne ou d'un cheval; comp. Houwâra, p. 78, note gh ; — mqàllçs «assis sans bouger, dans une inactivité stupide». — A la v' forme, tqâllçS en parlant des yeux «se retourner de telle sorte que la prunelle disparaisse et que le blanc de la cornée reste seul visible». — La racine s/j^ est employée avec diverses significations dans certains parlers algériens ; mais dans aucun ù ma connaissance, avec les sens particuliers au tangérois; à Mardin, en Mésopotamie, on trouve qalai «renverser» (cf. Z.D.M.G., 1889, p. 959,1. 7).
j4 qmâri(£^lï,"ltàd''lqmàri(£^lïJ\ j^l «aloès pour les fumigations»; cf. Dozv, II, -**4; Lerghdnoi, Foc, p. 69, donne «^^UXll J>^ et ■iyA
DE TANGER. /i33
(5_>Ui3l et aussi Budgett Meakin, An introduction , p. G8, n° 33 {dôd elkinâri). A Tanger jamais on n'entend, à ma connaissance, le mot avec k pour ^5. Quant à la mise à l'état construit du nom avec l'adjectif, elle s'entend parfois : iàd-''lqmàri , comme aussi en Algérie (cf. BKAiissiEn, p. 563).
J4 qâmla JUj" «rpou» a le pluriel qâmlat qui s'emploie dans le compul avec les noms de nombre. Il existe d'autre part un pluriel qmiil (aussi andalou et maltais, cf. Dozy, II, p. 407; Falzon, p. 333) qui s'em- ploie en dehors du comput. Ce pluriel n'est pas connu en Algérie. Par contre, le coWeciiî qmel (gmel) des dialectes algériens est inusité à Tanger.
qônnëb i-*ÀS «rde la corde en chanvre», uah''-ttârf d''lqonnëb «un bout de corde en chanvre n; qgnn'ba, pi. qnànèb, «une corde (des cordes) en chanvre». Dans le Maghreb, la forme non différenciée de ce mot étranger depuis longtemps identifié {xdwctëis) ne se trouve, à ma connaissance, qu'au Maroc (aussi dans le Sud, cf. Houwàra, p. 60, 1. i4) et dans les parlers sahariens d'Algérie (Laghoual, Géryville, Souî gfnnèb; cf. Arch. Mar., VIII, p. a 48, note a); elle apparaît aussi en maltais ['annep, qannep; cf. Falzon, p. 334; Stcmme, Malt. St., p. 45, 1. la). Dans loute l'Algérie du Nord on a, avec différencia- tion de nn>rn, qârneb, comme à Tunis (cf. Stumme. T.G., p. 88 inprinc); exceptionnellement chez les Tràra de Nedroraa (et peut-être ailleurs) qçineb. La forme /«ô de l'andalou (Dozy, II, p.'4i4; Pedro DE Alcala, p. i38, I. 21) n'existe à ma connaissance nulle part dans le Maghreb.
*i qànt, pi. qnût et qndl oJu» cajJLi, subst. masc, «rcoin, angle», aussi bien «rcoin intérieur» que «saillant extérieur»; cf. Lerchundi, Foc, p. 333, suh esquina; de même à Nedroma et à Tlemccn, tandis qu'à Alger, qànt est «saillant extérieur» et ptkna «coin inté- rieur». Le mot est inconnu dans l'Est algérien et en Tunisie. Est-ce vraiment l'espagnol canto comme le propose Dozy. II, 4 09? — mqânti^t «aux a nU es vives, aux angles saillants.»
,*^V* qàniû'a, [A. qnàiai jCe^^vj», ^^*i «huppe de plumes ou de poils»; le mot est inconnu en Algérie; il est vraisemblablement à rapprocher de Âf^Li classique (sur ^ji» andalou «grand chapeau» cf. Dozy, II, 1 1 1, et ajouter Ibn GuzmAn, 5^ 1. a6).
textes arabes. a 8
434 TEXTES ARABES
y^ qâuuâr ^y^ (ramasser peu à peu une grande quantité d'une choses; exactement de même à Tlemcen. A Alger, le sens est un peu différent : «dénicher, trouver à force d'efforts une chose presque introuvables (par exemple bâge-mfdhum hàtta-qâuuarhum «Il n'a pas cessé de s'en occuper jusqu'à ce qu'il les eut dénichés»). Beadssier, p 568, donne dans ce sens rp; mais gouuor avec g^ n'a. à ma connaissance, là où il existe (Tell oranais et algérois), que Je sens de «arrondir, creuser en rond, mettre en cercle».
Cf. ;,S,
«LS "Iqâul, 'ulqâla JOULlI^ JjJtJl «les on dit, les propos div.ers»; de même à Alger çlqçl uulqala, à Nedroma flqçl ulqMa, à Tlemcen çlqâla uulqel (ou glmqâil). Ce sont les équivalents maghrihins des clas- siques jUj Jyô. Peut-être faut-il y rattacher le qâlqâl algérien, nom d'action tqàlqèl «parler à tort et à travers, colporter des racontars»; cf. Bbabssier, p. 363; et comp. Làndberg, Hadramout, p. 86, note 9. Cf. J^.
ftyH qSm, iqûm «se lever» a pour 11' forme à Tanger comme dans toute l'Afrique du Nord qçiem ç^ «faire lever» (déjà ainsi ap. Mamlim, IV, p. 9 5i, 1. h)\\\ en était ainsi en andalou (cf. Dozy, II, p. 4 93) et KÎ3 apparaît aussi en maltais (cf. Stcmmk, M. St., p. 9, 1. ag; Ilg- Stomme, n° 4 1 ) et dans certains parlers orientaux (cf. Socin, Dtwân dus Centrcdarabien, III, p. 3o5 ; Stage, Foc, p. i3^ , sub raise). Au reste le sémitique septentrional ancien connaissait déjà cette forme. — D'autre part, qQUum -p existe aussi à Tanger avec les sens de «pourvoir quel- qu'un, le mettre en état de faire quelque chose» et aussi «évaluer».
eqama JutLsl «matériel nécessaire pour l'exercice d'un métier», comp. Lebchundi, Foc, p. 91, sub opero. Le mot se retrouve avec ce sens à Tlemcen ; tandis qu'à Alger et à Constantine , on emploie plutôt dûzân y'3j>>. — leqàma d/ittar ^b}i)!l> JUUil! «les accessoires d'instru- ments à cordes»; leqama datai j^bli JUUi)l «les objets et ingrédients nécessaires à la préparation du thé marocain» (cf. Mouliéras, Maroc inconnu, II, 48 1); mais très souvent, cette expression désigne plus spécialement la «menthe» avec laquelle on parfume le thé.
Cf. j.^.
^£Ji qçua Sp» «force»; mew-qÇuût . . . '«Ç3^, construit avec un substan- tif, ou men-qQuut-''lli ou mën-q^ut-mà, suivi d'un verbe à un temps
DE TANGER. à'db
personne] , adjectif ou participe, «tant est grand...?? : uié»-qç-d-''zzôr «tant est grand l'accablement t?; — mën-qôuût-''lli-taila ou mërj-qâtiû t mâ-tâila, ou mën-qôuûl mâ-hêia taila, ou mèn-qôuiit-''Ui-tâlët «tant elle est demeurée longtemps??.
jÏ qà, fut. iqë, ou plus fréquemment qqâ, fut. 'fqqe 5 (5' ) <^ ((^.) «faire?? ; comp. Lerghundi, Voc, p. Sgi, sub hacer *U; aussi «placer, poser, mettre?? dans l'emploi le plus général. Le mot est courant dans la langue de Tanger (comp. Meissner, Neuar. Gesch. aus Tanger, passim) et très fréquent aussi à Tétouan. Il faut vraisemblablement y voir ^^1 avec une assimilation lq'>' qq, exceptionnelle dans le dialecte et qui n'a pu apparaître que dans un verbe d'un usage extrêmement fréquent (comp. la conjugaison de np? en hébreu). De fait le représentant non défiguré de JJÎ, <^Jj à savoir Iqa, Hlqe est courant dans le sens de «faire?? dans les parlers de certaines tribus jebaliennes {âs-lalëlqe «Qu'est-ce que tu fais???; là au lieu de ka est le préfixe du présent actuel dans ces parlers), comme aussi dans les dialectes du massif algérien des Tràra {Ikâ avec q>k, conformément à la phonétique de ces dialectes); et <^l «faire?? se trouve aussi dans* l'Arabie du Sud, Landbbrg, La langue arabe et ses dialectes, p. 6i. — A Tanger même, Iqà réapparaît dans le passif 'tçlqâ (viu' forme dialectale), à côté de tlqa : tlârhûi kei'tçlqâ-'''l-QtTàs «Le tarbouch se place sur la tête».
ijajJi qas, fut. iqH (_y»ls, ja-Ji^. (classique j«U, j^-Ji,») : T «juger par comparaison??, uqes vqçs «Et juge du reste par ce que tu sais??; de là avec un sens affaibli « et caetera ?? ; a" «atteindre quelqu'un ou quelque chose?» avec une arme à feu, une pierre ou simplement par un choc, etc. Ce sens qui apparaît aussi dans le Sud marocain (cf. Socin, Marok., p. 46, note ii3) se trouve dans le parler d'Alger {qât) et dans les dialectes du Sahara algérois et de la province de Constantine {gûs, iglt). En Oranie et dans l'Ouest algérois, qis n'est pas «atteindre?? mais «lancer, jeter quelque chose?? (aussi dans l'Arabie du Sud, cf. Lamdbebg, Dadîna, p. 634 , 635), et à la m* forme qui» est «atteindre quelqu'un ou quelque chose en lançant??.
«/aite? = joli à la il* forme «prendre mesure; essayer; goûter?? : in-iqdi'ëfle «Il est venu me prendre mesure d'un costume??. Ce sens du tangérois se retrouve à Tlemcen (qaiies à côté de qàs «essayer??, mais toutefois jamais «goûter??). Ailleurs en Algérie, à ma connaissance, on n'emploie dans ce sens que la i" forme : ainsi dans le Tell constantinois
a8.
436 TEXTES ARABES
qâs ff essayer, prendre mesure» , tandis que gàs tr atteindre» ; et à i' inverse en Oranie et dans l'Ouest algérois, gà» «essayer, prendre mesure», tandis que qàs «jeter, lancer» (cf. ij»^).
9fà« — tj«U5 «mesure»; h''gs()-yer-''lfâs ulqeâs «li ne manque plus pour lui que la pioche (pour creuser son tombeau) et la mesure (de ce tombeau)» c'est à-dire : «11 est mort» (on prend la mesure du tombeau sur le mort avec un roseau vert), qeh a le sens de «comparaison» dans : qeâs-''lh4ir «Que celte comparaison n'amène que le bieni» l'une des nombreuses formules prophylactiques contre le mauvais augure. Cette formule est connue aussi à Tlemcen, Nedroma, Alger. Elle s'emploie lorsque, dans le récit que l'on fait d'un événement fâcheux, on est amené, pour se faire entendre de ses interlocuteurs, à prendre l'un d'eux comme exemple ou comme terme de comparaison. Ainsi je raconte à qâddûr que t°lî a reçu une balle dans le bras et pour bien montrer l'endroit atteint, je l'indique du doigt sur le bras de qàddûr; je dois m'empresser d'ajouter : qeâs-"lhfir. — Quand la comparaison est inconvenante au point de vue religieux, presque sacrilège, on n'emploie pas ^«^-"7/if tr mais uâ-lâ-itmëtlçl ; cf. infra, p. 'i63, sub J.i^.
,_|aÏ qançl J^ «passer toute la journée»; de même à Tlemcen, où on le distingue de geiiçl «passer à l'ombre le moment de la forte chaleur de midi» ( »gî/ = mg-// = J-JU ) qui est un emprunt aux dialectes ruraux. Le verbe apparaît avec ce sens en Orient, à Aden (cf. Stage, Voc, p. 119, sub pass). A Alger- juif, qêiël est «passer toute l'après- midi quelque part»; de même au Sénégal (cf. Reïnier, p. 9o4, 1. i4; Basset, Mission, 1, p. 286). Ailleurs en Algérie, qaiiel (Alger), g-çue/ (ruraux et bédouins) est «faire la sieste»; et «passer à l'ombre le mo- ment de la forte chaleur» (comp. Landberg, Hadr., p. 875; Rhodo- KANAKis, II, p. 5o. Il est remarquable qu'en omâni, le mot ait pris le sens de «bavarder» ; cf. Reinharot, p. 916 in fine; p. 927 in fine; il y a là un développement sémantique comparable à celui de j«w étudié par Landbebg, DaOîna, p. 998 et suiv.). Dans la plaine du Cheliff et peut-être ailleurs, à côté de gfiiel «se mettre à l'ombre au moment de la grosse chaleur» on emploie qçtiiel dans le sens de «donner une gifle». — Le nom de métier qaiial, pi. qaiiâlin JI45 sert à Tanger de participe présent :uânaqàiial-kdr3hdëm -j^ic'LS^ JLÇS Ls!^ «tandis que moi je passe la journée à travailler» (comp. supra, heddâm, tassas); de même à Tlemcen.
DE TANGER.
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qaiuûli fffêle de femmes qui a Heu pendant la journée»; aussi «séance de jour d'une confrérie religieuseTî (opposé à Ma «séance de nuitn); cf. Arch. Mar., t. II, p. io5;à Tlemcen , on nomme «o^im/ une fête de femmes qui a Heu pendant la journée, surtout à l'occasion des mariages; cf. J.A., juillet-août 1906, p. 67, 1. 9.
qâila JUoU «soleil» synonyme de sems et même plus fréquemment employé; "Iqâila-katsrôq f'ihàmsa-fsshàh «Le soleil se lève à cinq heures du matin»; "Iqâila yôrrhët «Le soleil s'est incliné vers le couchant»; "Iqnila yôrhët «Le soleil est couché» ; de même à Tlemcen où on prononce gâila : çlgâila nôqrot «Le soleil est levé»; çlgàila tâhat «Le soleil est couché»; comp. aussi Kampffmeïer, Studien der arab. Beduinendialekte Innerafrikas , p. 1 54 , n° 128, et p. 21 3. Par contre, gâila chez la plu- part des ruraux et bédouins d'Algérie, et qàila à Alger désignent seulement «l'ardeur du soleil» dans toute sa force, de 10 heures à 2 heures de l'après-midi (tout à fait la gciitâla des fellah égyptiens). — Au Sénégal, gâila signiGe «temps de la journée de dix heures à midi»; cf. Reynier, p. 99; Basset, Mission, 1, p. 986.
J-^ gâbël JJ3 «faire face à» est toujours prononcé à Tanger avec g= a initial ( Ji'ô ) , tandis que qabèl avec q est «ester en justice contre quelqu'un»; cette distinction se retrouve dans certains parlers ruraux du Tell oranais et algérois; mais à Alger et à Tlemcen le verbe n'ap- paraît dans les deux sens qu'avec q.
)'^^ gëzdçr : i" «s'écorcher le visage en signe de deuil». A Tanger, ce sont surtout les juives qui ont cet usage. Il faut sûrement en rap- procher l'andalou ^j^-iiJ», ^Ov^ «plangere» de Vocabulista, p. 169, p. 525. Le»mot est inconnu dans ce sens en Algérie; mais il faut signaler un certain nombre d'expressions, où il ligure, et où, quoi- qu'il n'ait plus aujourd'hui aucune signification nette pour le sujet pariant, il a dû primilivement avoir le môme sens qu'en tangérois : malé- diction des femmes d'Alger : tgézdçr uu^hândëb; malédiction des femmes de Tlemcen : arrék tgçzdçr uulhâidgr; arrçk tgçzdçr ^u\hdhe «Puissé-je te voir gémissante plongée dan» le malheur»; ruraux du Tell algérois \dhnt, gezdjrt, ëèieît «J'ai fait de vains efforts». —
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3° crabimer, mal faire»; aussi «faire» dans un sens péjoratif : g''zdçr lo-gâtdç ffH a démoli sa chance». — 3° En argot «avoir des rapports avec une femme» construit avec l; connu aussi dans ce sens à Alger et à Tiemcen.
g"|d«r ^o^:3cS «malheur, disgrâce accablante»; Hdd-''lg"tdûr l'içh «Puisse-t-il lui arriver malheur». Aussi à Alger et à Tiemcen; aussi au pluriel gg-ôdfr, à Tiemcen, «chose embarrassante et sale» : siieb >"liia hâdrçlggddçr 1 «Débarrasse-moi de ces sales nippes I» — D'autre part à Alger apparaît une forme énigmatique (vraisemblablement ber- bérisée) atâgçzdurt dans l'expression haqq-olhçr alâgçzdûrt «En récom- pense du bien, de mauvais procédés!» par laquelle on reproche à (|uelqu'un son ingratitude.
j^ Jo gèduâr, pi. gdà"ûr rl^^, r^I^J «chiffon, haillon»; la forme fémi- nine gëd^àra est aussi employée. — Beaussier ne donne pas le mot pour l'Algérie. Or, s'il est complètement inconnu dans les départe tements d'Alger et d'Oran , il existe dans le département de Constan- tine : à Constantine geduàr, pi. gdàiior «chiffon» (surtout chiffon que Ton met dans les langes de l'enfant); de même à Guclma geduâra. D'autre pari, dans certains parlers de l'Est algérien (par exemple Djidjelli, Tebessa), geduâr, et, au Souf et dans le Nord tunisien geduâra désignent la «gandoura» (gendûra est inconnu dans les parlers de ces régions) comme déjà dans IdrTsî (cf Dozï, II, p. 4io, sub d^jjJLS); et on comparera chez les Jbâla ageduâr «haïk de femmes» ap. Arch. Mar., XVII, p. 19 5.
<_SJ gërrâb, pi. gërrâba t->\^ «porteur d'eau qui vend l'eau dans les rues et approvisionne les maisons»; cf le proverbe qui concerne les gerrâba ap. Fischer, Mm: Sprichwôrter, p. 99; naturellement nom de métier tiré de gfrba, pi. grçb, «outre» qui, à Tanger, a toujours g pour ^5 (îw^S) et se révèle par là comme un emprunt aux parlers ruraux. — Le «porteur d'eau» est désigné en Algérie, là où il existe, par d'autres noms. A Constantine on le nomme sâqqâ *UL»/ (sic, non sàqqâi comme il serait normal d'après la forme habituelle des noms de métier tirés de racines défectueuses dans le dialecte), pi. sâqqàia; de même à Tunis (auprès de gei-bàzi; cf. Stumme, T.G,, p. 177; Beacs- sier, p. 3oi) et au Souf segga; au contraire à Bou-Saàda et à Laghouat seggâi. A Alger, les porteurs d'eau étant généralement originaires de Biskra, on les désigne très couramment par l'ethnique bèskri, pi. b»â-
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kra. Dans le Tell algérois les porteurs d'eau des marchés sont appelés snrrâb.
■yjJi gçrhûz, pi. grâhëz \^^ ., pi. ^!Ji «vilain nègren; comp. Lerchundi, Voc. , p. Sa 3, sub esclavo o">?>3, qui ajoute que le mot signifie proprement fffigue noire et sèche»; dans ce dernier sens le mot n'est pas courant dans la langue de Tanger; mais certains dialectes berbères con- naissent ag'uritz ff mauvaise figuen (GiD Kaoui, Dictionnaire français tachelKit, p. 109); dans certains parlers algériens, gerbûz est «outre usée et ratatinée» et tgçrhez signifie «se racornir; se ratatiner et se flétrir» (cf. Beaussier, p. 535; Dozy, II, p. 324). — Dans la signifi- cation de «vilain nègre» il se peut que gçrhûz soit jj^, t^v?» «fripoii, coquin » connu de la langue classique et considéré par les lexicographes comme d'origine étrangère (cf. GauAlîqî, Mumrrab, p. iiv, lYTF)', c'est bien dans un sens voisin de u?j5 classique qu'il faut entendre gçrhûz dans le dicton populaire rapporté ap. Saluât el-'anjas, I, 3o, 1. 7 : y-« L-ol^oJI c^s^yjl^ff Combien de propres à rien reposent sous les ba iuslrades des tombeaux des saints» (cf. supra, p. 364, \y^~>6), Ge dicton est l'équivalent d'un autre plus littéraire rapporté ap. Mouliéras , Maroc inconnu, II, p. 628 : ^UJI ^ **LL« ,! jj ^^y* «5; comp. Ben Gheneb, Prov., n" 2818.
U "j?* gurziàn ou gçrziàn : 1° «aloès du Mexique»; nom d'unité gurziâna «un pied d'aloès»;.comp. Lerchundi, Voc, p. 616, sub pita; Budgett Meakin, An introduction, p. i33, n" j3i (Dombay, p. 76 a gerziâno qui n'est pas usilé à Tanger); dans ce sens le mol n'est pas connu en Algérie; — 2° «gros fil à coudre»; comp. Budgett Meakin, An introduc- tion, p. 72 , n" 4o, s.ub thread. Le mol dans ce sens est connu à Tlemcen, et en Oranie, sous les formes gurztàn el gurzi'ânç; de même sur les hauts plateaux et dans le Sud algérois gurziân «fil blanc». Très vraisembla- blement, il a désigné d'une façon spéciale à l'origine le fil fabriqué avec la fibre solide de Valoe mexicana; de même on appelle à Alger la corde à mèche de fouet sobbâra (ou goppâra) du nom de l'agave américaine dont la fibre sert à fabriquer de la corde.
hja^ g'^m «couper très court»; employé surtout au participe mg'rtot «coupé court» (cheveux, queue du chien, etc.). Lerchundi, Voc, p. 666 , sub rabôn, donne labJl «couper la queue». — g^rtçlç «homme de très petite taille; nabot» ne prend jamais l'article. — S [Ma dans
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l'expression lâbëg g''rtètà «vêtu très court d'un habit qui arrive au- (Jessus du jjenou». — g'itç! est très vraisemblablement un dévelop- pement quadrilitère de ^byi, et Simonet, Glosario, p. 108, n'est jjuère à prendre en considération. — En Alfrérie ce sont les quadri- litères gorgoi ou gormot. qui sont {çénéralement employés (comp. pour la Syrie Landberg, Proverbes et dictons, ÀlsyiJi p. 137, Ia-«J» p. i33; et cf. RûzicKA, Kons, Dissimilation , p. 167).
^y'i gra' trfaire jaillir le feu, battre le briquet, craquer une allumettefl. Le mot est connu à Tanger, mais considéré comme étranger. En Al- gérie, je le connais avec g initial dans le Sud oranais; mais dans le Tell oranais et algérois, il apparaît, même chez les ruraux, avec q initial, qrat; cf. Beaussier, p. 338. — On a encore à Tanger la forme réflé- chie à préfixe 't (correspondant dialectal de la viii" forme) : U'gra' ff jaillir» en parlant du feu. — A la v' forme, tgçira' : 1' «s'allumer par déflagration, faire explosion»; ce sens se retrouve dans les départe- ments d'Alger et d'Oran; ainsi à Alger au sens figuré, en parlant d'une chaleur torride : g"hànnëm-tgçiTtat-(î{çin cr Aujourd'hui l'enfer a cré- pité!»; a" frroter»; le mot dans ce sens se trouve aujourd'hui dans tous les parlers maghribins; nom d'action tëgrf>; tfun rot» tëgrçm (comp. Fischer, Mar. Sprichw., p. 7; le iùt,»lib de Lerchundi, Foc, p. 678, est faux pour Tanger et pour les parlers algériens). Le mot ne semble pas avoir été andalou dans cette acception; le Vocabulista et Podro de Alcala ne connaissent que le LÂx3 <; Lû^" des dialectes orientaux.
— En Algérie comme à Tanger, lgfrra> «roter» et tëgi-î'» «rot» ont toujours, même dans les dialectes citadins g initial. Il est vraisem- blable qu'ils sont à rapprocher de plii «avoir des hauts de cœur; roter», ^.^ «haut de cœur; rot» de l'égyptien (cf. Spiro, Voc, p. 5i6; Nallino. L'Arabo parlato in Egitto, p. 819).
(j^ gurna «abattoir», comp. Lerchcndi, Voc, p. 5oi, sub matadero; aujourd'hui aussi «la fourrière aux bétes de somme»; enfin on emploie aussi gurna par dérision pour désigner la synagogue. Un quartier de Tanger porte le nom de quartier à'çlgurna, cf. supra, p. i39, note 9.
— Le mot est inusité en Algérie, sauf à Nedroma, et passe pour un des mots caractéristiques des parlers marocains; cf. Delphin, Recueil de textes, p. 348, note 108.
j5^ garrç, pi. grâfQ et garrêuàt, «cigarette» a des équivalents très voisins de forme dans tout le Maghreb : Tiemcen gôfro, Alger gârro.
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Tunis gaiTû, Gonstantine gàro (pi. guâra), Sud algérois gâ'^rç (pi. giwrro), etc. Cf. Stdmhe, T.G., p. 177; Fischer, Hieb- und Stich- ivaffen, p. 982.
(^'^i gzàia iirftjS ffrétribution?' est naturellement *jIj=w avec dissimilation (le gz'^gz; dans les dialectes algériens , on a dzôm, avec une autre dissi- milation gz > dz. — *jl y?- n'apparaît pas au reste dans la langue ancienne, qui ne connaît que ^Ij^- de (Sy^ et *ly=». de tfjlj^.
•Aâi gk»»àr «gâter, rendre familier, laisser prendre de la liberté à»; — à la%* forme, tg^^ssàr /"là «prendre de la liberté avec»; — gk?»?'» (f effronterie, hardiesse»; gk?ôre (S)y^ «effronté». La racine dialectale y'yâS à laquelle se rattachent ces mots représente le classique y-»^ avec dissimilation de gf^gs, et emphalisation de « en » au voisinage de r. — Dans les dialectes algériens le g initial a subi une autre dissi- milation; il est passé à d; d'où dser, dsàra, cf. Beaissieh, p. 200; là ou r final était emphatique, le » médiat est passé à «, et même le d initial est passé à d : dsàr ou dsàr (Oranie, Tell algérois).
j*A<ai gk'f'ci, pi. ksà'ç {gk?àfe) JuluiS, ^«UoS «large plat peu profond généralement en poterie, parfois en métal ou en bois» (cf. Arch. Mar., II, p. 107; VIII, p. 27g). Le mol a toujours à Tanger g initial pour ^ classique, ce qui dénote un emprunt aux dialectes ruraux; il en est de même dans tous ceux des dialectes algériens, citadins ou ruraux, qui connaissent le mot (inconnu à Alger, oîi on emploie pour désigner ce vase, sahfa)\ la gogm algérienne est généralement un plat à bords larges creusé dans une pièce de bois.
J*^ ^"gk\0'' i*fgkt<t') ^ia-iu^' «franchir d'un bond»; c'est naturellement une x' forme dialectale à préfixe ts au lieu de st de la langue clas- sique; la prononciation g- de ^5 initial (v/»lai) dénote vraisembla- blement un emprunt aux parlers ruraux. Ce verbe (c'esl-à-tlirc des représentants de *iaiLXu*l) n'est pas employé en Algérieàma connaissance. — Le nom d'action est tfgkt?'' (nom d'unité ti^g^t^ta «un bond pour franchir»), sur un paradigme Jt,ouL«J, assez fréquent en tangérois pour les masdars de la x' forme, et qui a son principe dans une in- fluence analogique de Jujub, masdar de la ii* forme (formation très fréquente aussi en maltais).
^yo» gottàja, pi. gQt(àiçl AijLLj cal^Uaî «longue mèche de cheveux qu'on laisse pousser au sommet de la tête». C'est un des mots caracléris-
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tiques du Maghreb; il se retrouve dans le Sud marocain (cf. Socin, Mar., p. 59, 1. Il), dans toute l'Algérie (généralement sous la forme gvUSia, pi. gtàte), aussi à Tunis (avec le sens de s huppe» et de «pompon de la selle») et à Tripoli (cf. Stumme, M.G.T., S 86). Il est vraisemblablement aussi à identifier avec le gtàli du libyque «poils du cou du chameau» (Hartmann, Libysche Wûste, p. 86 in fine). — Ler- CHDNDi [Voc, p. 387) donne comme synonyme £ai.lo«^, inconnu à Tanger, qui représente vraisemblablement l'emprunt du castillan gue- deja (cf. SiMONET, Glos., p. 955). Mais l'étymologie guedeja proposée par DozY (II, p. 878) pour guttàia lui-même, semble, au8siT)ien au point de vue phonétique qu'en raison de l'aire d'emploi du mot , peu admissible.
aXi gëjjfot «retrousser le bas d'un vêtement» (pantalon, qassàba, etc.); à Alger qàlfot; chez les ruraux du Tell algérois et oranais goljot (LjU* «réunir les bagages» dans le Sud oranais, cf. Actes du XÎV Congrès, III, p. 878); à Tlemcen qârfot, cf. Dialecte de Tlemcen, p. 3i3 et les références. Dans l'Est et le Sud constantinois et dans le Nord tu- nisien, on a dans le même sens gpffâS et à Bou-Saâda gel/âS.
oJJ» gçlla, pi. glçt, gçltàt, glati kJj, «>i3, j5VS «mare large et peu profonde». Le mot a toujours un g pour (i classique à Tanger, ce qui dénote un emprunt aux parlers ruraux; il en est de même dans les parlers citadins d'Algérie; à Tunis, par contre, il a un g (cf. Stcmme, T.G., p. 177; et Z.D.M.G., 1896, p. 934). A Alger on emploie le mot pour désigner une flaque d'eau dans la rue. A Tlemcen , il a un sens un peu diflerent; c'est un trou profond et peu large, généra- lement dans le cours d'un oued; chez les Sahariens le mot désigne aussi un trou profond , soit dans le cours d'un oued , soit dans le roc , où l'eau s'amasse et demeure, même pendant les chaleurs de l'été. C'est pour des nuances de signification tout à fait semblables , que les lexico- graphes classiques ont classé le mot o*^ parmi les jIo^! (cf. el-'An- BiRî, addâd, p. 970). D'autre part, le mot, féminin dans la langue ancienne sans être morphologiquement caractérisé comme tel (cf. Abû- Zaïd, Nauâdir, p. 57, ligne 9, a./. ), a pris la terminaison du féminin dans les dialectes maghribins et dans les dialectes de l'Arabie (cf. Hdber, Journal d'un voyage, p. 1/19; Landbesg, DaOîna, p. 69^, 695).
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ijttXi glgs — j-J^ , avec disslmilation g- - s > g- - s , est le mot habituel pour «s'asseoir» à Tanger, tandis que jJ^ est à peu près complète- ment inusité en Algérie, comme dans le Maghreb oriental; par contre le ir)ad (Alger et Conslantine q>ad comme Tunis) de tous les parlers algé- riens n'est pas employé à Tanger; comp. pour la répartition des deux verbes en Arabie , Landberg , Z)a9?na, p. 1993. — glçs a aussi comme g*ad algérien le sens de «rester»; il s'entend encore dans le sens de «faire la guîsa (Âa«..lL) c'est-à-dire la tr séance de beuverie avec les femmes»; kei" >ràf-igl^s «Il sait comment se comporter à la gulsav, c'est-à-dire : «Il sait observer tout le code de politesse et de galanterie cpii régit une gulsa bien ordonnée».
oiAi glëf «brûler un aliment en dessus sans le cuire à l'intérieur»; passif (tiii° forme dialectale) 't(glëf; tnëglûf «hrùié et non cuit». Ce mot n'est pas très courant à Tanger. Beaucoup de Tangérois semblent l'ignorer. En Algérie , je connais le mot avec un sens voisin dans certains parlers du Sud algérois; par exemple à Ain-Madhi m^g'/a/'w morceau de viande très desséché par la cuisson»; aussi dans divers parlers ruraux et bédouins dans un sens ironique mëglûfa, pi. mgâîif, «des pieds larges et maigres». A Tlemcen, glof avec / emphatique «être éreinté», gâlof «éreinté». Le mot se retrouve sans doute ailleurs avec ces sens ou des sens voisins. A Alger on emploie , dans le sens du tangérois glef, coqlef, participe passif mcôqlef. — On ne peut songer pour le tangérois glëf, mëglûf au classique vJLLi., ^ji^, qui a le même sens, le passage de •^'A g dans ce mot étant inadmissible d'après la phonétique générale du dialecte.
^J^ gunn^t-rrà» ^«IjJtÂiS «occiput»; le mot, encore qu'il ne soit pas donne par Beaussier, est connu dans divers parlers du déparlement d'Alger et du département de Constantine. Il ne semble pas connu par contre en Oranie; cf. Landrebg, DaOtna, p. 887.
^j~*-i3 gëmbri, pi. gnâhër <5j^àj, jjLàî «petite guitare», cf. $upra, p. iBa, note 3. — Ce mot semble appartenir à tout le Maghreb. Le pluriel ^U» est déjà attesté dans Ibn Battût* (cf. Dozv, II, p. 4o8); l'in- strument et le mot se retrouvent à Tunis (cf. Stumme, T.G., p. 178); dans le Sud constantinoi8,g'wnuiri. A Alger on distingue : le gimbri (pi. g-Mm67-?îrtj) «grande guitare à deux ou trois cordes, et à caisse de bois trapézoïdale»; le gàmbûr «guitare à deux cordes, en écaille de tortue
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ou en boisn, dont jouent les nègres; et le gntbri, instrument des fu- meurs de kîf, semblable au précédent, mais plus petit, fait parfois d'une noix de coco. A Tlemcen on connaît aussi le gnmbri «guitare des nègresn et le g'^rùbi-i plus petit, instrument déjeunes gens et d'enfants.
L-ÀAÂi gfngëf ffîurcter en flairant comme un chien n. Ce mot m'est inconnu en Algérie; il est probablement à rapprocher de vJÛS «faire la moue» de Beaussier, p. 566; à Tlemcen gennèf '"là «faire un mauvais accueil à quelqu'un et lui tourner le dos».
5^» gara, pi. gàràt Ï^IS, c»Kl* «grand espace uni et libre, placis». En Algérie, le mot avec ce sens est usité à Tlemcen et à Nedroma; ailleurs dans le Tell le mot semble inconnu , et il ne se retrouve que dans les dialectes sahariens, avec une autre signification «colline isolée en forme de tronc de cône» (cf. Mercier ap. Actes du XIV Congrès, 111, p. 878; Gautier, Le Sahara Algérien, p. 8, 9); de même en Libye (cf. Falls, Beduinenlieder, pièce 63, v. 1; Hartmann, Libysche Wûste, p. 65, n. 1; p. 90, n" 99, sir. 1; p. i5o , n" 77, str. 6); c'est là un sens très voisin de celui du ïjL» de la langue classique, et des dialectes arabiques; cf. RvHEti, Journal d'un voyage en Arabie, p. 3ii; Sociw, Dtwân, lll, p. 3oo; Landberg, Dadîna, p. iio5.
jjy» gaz, fut. igûz, «passer» =;^>' avec dissimilation de g — z7> g — z; ailleurs au Maroc on a dâz, fut. idûz, avec une autre dissimilation; cf. Fischer, Mar. Sprichw., p. 6.
g-jtâz «tout ce qu'on mange avec le pain pour le faire passer»; ailleurs au Maroc dyâz, Algérie guâz; cf. Dialecte de Tlemcen, p. 3o4.
J^ gçuûl : 1° «jouer du aguâl (cf. supra, p. 229) ou de tout tambour qu'on frappe avec la main» : keigQUûl-Jh''mnd,sa «Il joue du tambour aux Hamâdcha»; — 2° «gueuler; vociférer des insultes» (en parlant des femmes); et aussi «frapper de la paume de la main droite le dessus de la main gauche fermée»; ce geste de signification primitivement obscène (dénommé par le masdar fguîl) accompagne les insultes dans les disputes de femmes. Le verbe se construit avec la préposition /, gçulçtla L4J *tf*Jj3 «Elle lui a vociféré des insultes». — gçiiâla, pi. gçugJàt et gçuàlin, «femme grossière et qui a l'habitude du Cgxiîli>. — Le verbe gçuùl dans le sens de «gueuler des insultes» et les substantifs qui s'y rattachent doivent peut-être être ramenés à JLS, J^x,»; l'apparition de g pour q dans ce mot s'expliquerait soit par un emprunt aux dialectes
DE TANGER. Ub
ruraux , soit par la tendance observable dans les dialectes maghribins à donner aux mots de signification grossière un traitement phonétique anormal. C'est sûrement à JlS qu'il faut rapporter gouuol trréciter l'éloge funèbre d'un mort'' à Constantine, el «rimer» dans certains parlers bédouins d Algérie (cf. Beadssier, p. 670). Mais il se peut qu'à Tanger, le sens primitif du verbe soit «tjouer du tambour» ; dans celle acception, connue aussi à Tlemcen et Nedroma, gôuûl est sûrement dénominatif de aguâl tr tambour long». Le geste injurieux du t^guil aurait été comparé à la percussion du aguâl; sur les 11" formes dénominatives exprimant l'action de jouer d'un instrument {tobbël «jouer du tholn-, •yëiot «f jouer de la yaitan , etc.), cf. Doutté, Texte oranais, p. 31.
(•yj gam -LS, aussi gam"" «but» au jeu de la toupie seulement, cf. supra, p. 177, note 1 ; le mot est inconnu en Algérie; à Tunis, on appelle gàb (pi. gibân) «une cible tracée à terre», également au jeu de la toupie.
guqim «membres du corps, bras et jambes»; le singulier semble inu- sité à Tanger comme aussi à Alger, tandis qu'il est connu des ruraux, des bédouins d'Algérie (gâima aussi «un gigot» chez les Sahariens; comp. au Sénégal gâima «cuisse», elguâirn «les «membres» ap. Rey- NiER, p. 118), et aussi dans les parlers de Tlemcen et de Constantine gqima. A Tanger, comme dans toute l'Algérie, ce représentant du clas- sique JLeU», pi. «jl^i, a toujours g pour ^5 initial; k Tunis, il a ç (cf. Stuhhe, T.M.G., p. 34, 1. 3i). Dans les parlers de l'intérieur de l'Afrique à côté de la forme féminine JUjU, apparaît une forme mascu- line ,i|jl* (jjJ^)> cf. KiMPFFHEYER, Studtum dev arab. Beduinendialekte Innerafrikat , p. 319.
^O kâra 6^15; b^ssçtâ d^kàra (-llkàra) «pièce espagnole d'une peseta». C'est proprement la monnaie à «effigie» (espagnol cara). Comp. Lerghumdi, Vocab., p. 855, sub peseta.
U«IS kâma «comme» (conjonction suivie d'un verbe j do lu page 99, 1. 5, est un emprunt à la langue littéraire ( Uj). A Tanger le mot n'est pas courant dans le langage; populaire. Les formes kt et kima «commt;» des dialectes algériens (à Tlemcen aussi kemma) ne sont pas non plus usitées ; c'est kif et kîfma qui sont employés.
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yiS^kbîbar, fera. kMhrà, pi. kbîbrên, (rgrandelet» j?<i^-P; diminutif do kbtr — yt-S, suivant un paradigme J-»-;** fréquent à Tanger surtout pour les adjectifs de couleurs, et qui se retrouve à Tiemcen et à Alger ' k'bîbor, et en andalou {cubaybar ap. Pedro de Alcala, p. 64, I.7).
V^^> këbbçt, pi. kbâbot Isj-J^, iojL5. Le mol désigne aujourd'hui à Tanger un vieux paletot européen; mais à Tiemcen c'est un vête- ment indigène en drap bleu , ou en drap brun , orné sur le devant de dessins multicolores , de la taille et de la forme d'un veston , et muni d'un capuchon. A Alger-juif keppçt désigne un ncaban». Cf. sur ce mot, Dozï, II, 436. Noms de vêtements, p. 38o; Almktist, Kleino Beitràge, p. 3i8; Vollers, ap. Z.D.M.G., 1897, P- 3i6 : ^^^, »:a>jl^; Stumme, T.G., S 66, kabbôl «Joppe».
(.jLo ktef « épaule", substantif masculin, a les pluriels k'tfin (ancien
duel) et klâf. Ce dernier est le seul employé avec les affixes personnels :
• ktâfi, ktûfç, jamais *k§tfna, *k''tfçh. — ktàf tr épaules n a, à Tanger
comme en Algérie, le sens de ff appui, soutien, protection»; cf. Beaus-
siER, p. 579.
^J^ këtcina iU^4- «cuisine»; comp. Lerchundi, Foc, p. 194, sub cocina. Ailleurs au Maroc, le mot a la forme k"stna ou k''zîna (cf. Fischer, Mai: Spi'ichw., p. 10, note 1; Socin, Mar., p. a 8, 1. 6). A Alger on a kûzina (à côté de hiàma); à Tunis kûztna (Stumme, T.G., p. 179) et dans l'Est tunisien kstna (Stdmme, T.B.L.,Tp. iltg)- Le mot est in- connu à Tiemcen ; on dit h'zàna. — Le mot , est bien entendu , un emprunt aux langues romanes : espagnol cocina; italien cucina.
•, ^ khàz ffse pousser de côté»; à la ii* forme, kahhaz «pousser de côté». Le mot est connu dans toute l'Algérie. Dans le Tell , la prononciation khaz est, je crois, générale; au contraire, les parlers sahariens ont ghaz, à la ii* forme gahhaz, qui est étymologiquement justifié; le mot doit être identifié en effet avec le classique yï. dont un repré- sentant ghaz est normal dans les parlers bédouins; le khaz du Tell offre vraisemblablement g-Ziaz avec assimilation de sourdité g-^> fc/i; apparue d'abord dans les formes grammaticales où g- et A étaient en contact, cette assimilation s'est étendue ensuite à toutes les autres. Cf. Observations sur Beaussier, p. 478; Landberg, Dadîna, p. i9 56.
^^C> kàhkàh ftrire aux éclats»; pour imiter les éclats de rire, on fait kah kah kah kah; comp. Beaussier, p. 58i. A Tiemcen on dit kahkah
DE TANGER. àil
aC^; comp. classique xJL^», andaloii JLÏ, et le passage de Màqqabî cité ap. Dozr, II, p. 3io.
Jk^ kôhhâila, pi. kôhhâilàt xL^ «vieille toupie» {kohhàUa-d^ssmâim ou hôhhàilçt-''s$màim)\ cf. supra, p. 180.
IpfcarrV^^ff répéter une leçon»; surtout «r repasser le Coran de temps en temps dans une récitation ininterrompue (sûlka) de tout le livre»; connu aussi avec ce sens en Algérie.
(J^^ fcgî'èaZ/o^^ff crible» fait d'un morceau de cuir percé de trous, qui sert à passer le cousscouss pour qu'il soit roulé en grains égaux. Le mot est inconnu en Algérie. Lerchcndi, Voc, donne, p. 286, sub a-ibra, le pluriel ^^^ que personnellement je ne connais pas à Tanger; .sur interrogation j'ai obtenu im pluriel krâblîuoi que donne aussi BcDGETT Meakin (An Introduction, p. 89) et qui serait jebalien (on attribue aux Jbàla beaucoup d'autres pluriels analogues). Le mot ne prend jamais l'article. Il reporte vraisemblablement à l'es- pagnol cribello (peut-être passé par le berbère) et n'a qu'une res- semblance fortuite avec le kerbâl (kurbâl) de la Syrie et de l'Arabie du Nord (cf. Wetzstein, ap. Z.D.P.V., XIIl, p. 3; Mdsil, Arabia Petrœa, III, p. 3o^; Jl>^ qui est probablement d'origine persane a un autre sens dans la langue ancienne; mais J^>J y signifie «cribler»). A Tanger kfrballo se distingue de bô-fçiâr qui est aussi en cuir, mais a des trous plus grands, et de slâtto «tamis en crin» sur lequel cf. Leb- CHUNDi, Voc, p. 181; SiMONET, Glosurio , ip. 699. — Un représentant de JUj* n'est pas usuel à Tanger.
\^kgrzàzâ, pi. korzàzat »;';^ «coussinet qu'on place sur la tête pour porter dessus des corps pesants»; comp. LEncHUNDi, Voc, p. 708, sub rodete. Le mot est incoimu en Algérie; à Alger on appelle le même objet kâ'ka nta' t-àtê^Uçq «rond en chiffons».
^JiS k(r», pi. krûi, est resté féminin à Tanger comme dans toute l'Al- gérie; le mot signifie «ventre» d'une façon générale. - Une formation nouvelle, morphologiquement caractérisée comme féminin, kfria, dé- signe la «panse des ruminants» (à Tunis on distingue aussi kiri «ven- tre» de fctria «estomac» , cf. Stgmme, T.G. , p. ko et 45). Enfin le dimi- nutif kriia Sji,^,y) désigne spécialement le «bas-ventre». — Ces distinc- tions se retrouvent dans les dialectes algériens.
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k^iâui, pi. k^-sàyliën c^^L^i^ «gourmand» inconnu en Algérie-, c'est une formation analogique d'un ethnique âui, tirée de kçrs tr ventre»; proprement «qui se préoccupe de remplir son ventre».
Jô»"j karrât (r racler, gratter»; comp. Lerghundi, Foc, p. Sai, suhescav- bar. Le mot est connu de la plupart des dialectes algériens (cf. Beaus- siEH, p. 585). Je crois qu'il faut le rapprocher de karrad «gratter, ratisser» du Sud-arabique (cf. Landbkrg, Hadr., p. 70Q, note 9) qui apparaît lui-même dans le Maghreb avec le sens de «se grat- ter» (par exemple Lagbouat kçrrçd, Tlemcen krçd). A Djidjelli «racler» est kerreè (comp. jijJ Sud-arabique «gratter, démanger» ap. Hadr., p. 703, note 1). Mais krod kord qui apparaît un peu partout en ber- bère, avec les mêmes sens, doit aussi être pris en considération (cf. Stcmme, Taz., p. 198; BorLiFA, p. 3^7).
fcarràfn Jîlelpff raclette à nettoyer le sol »; à Tlemcen korrat, syno- nyme kfssûla chez les ruraux oranais (cf. Delphin, Textes, p. iCG, note 45). — Cf. aussi , pour Tétouan, mkirta «blanchard», Arch. Mar., VIII, p. 949.
kàrtà «cartes à jouer»; la'''b-"lkàrtà «jeu de caries»; ainsi dans tout(î l'Algérie; c'est l'espagnol carta. D'autre part, le mot n'est pas employé à Tanger comme il l'est en Algérie pour désigner «tout écrit ofli- ciel».
^jj krât «ensemble de la jambe et du pied» pour l'homme, et aussi pour les animaux; cependant pour les bestiaux, on dit plutôt à Tanger .fërqûs , pi. Jr&(fs. Ce représentant de ^S est masculin fi Tanger et a la même forme à voyelle brève qu'à Tlemcen, et dans la plupart des parlers algériens (cf. Brockelmann, Grundriss, I, p. 64) , et le même pluriel analogique fc^'?" (cf. ibid., p. 988; aussi à Tripoli, cf. Stcmme, M. G. T., S laS). Mais on trouve, à côté, un autre pluriel kuàrat qui existait déjà en andalou (cf. Dozt, II, p. 457) et qui se retrouve dans les provinces d'Alger et de Constantine (à Constan- tine même, kràua>). C'est un exemple isolé en tangérois d'une forma- tion J^l^, fréquente dans les dialectes pour les noms de parties du corps (cf. Spitta, Gram., p. i43;Stummk, T.G.,?> 110 c). A mon sens, J-cI^, paradigme de pluriel caractérisé, a été appliqué d'abord aux S^li, J-iitU non caractérisés dialectalcment comme pluriels, qui prove- naient de divers JjcUI, J-^aL»! anciens, ayant subi l'aphérèse de I initiai (^Lol, 2^1^', ^Uà!, etc.); puis l'analogie a étendu ce paradigme à
DE TANGER. 449
d'autres noms de parties du corps (tunisien iuânah, iuajer, etc.). Il est vraisemblable enfin, qu'en maltais, des singuliers comme geunah traile", deul'a «côte», sont à considérer comme des reformations dia- lectales tirées des pluriels guiçnah (^\y^), duiçla> (tJI^), etc. — ■ D'autre part à Tanger, le pluriel kuâra' est seul possible avec les affixes personnels: kuâne «mes jambes», jamais *k''j'ma. — Le diminutif est à Tanger fcrîjaj, pi. knmt , et ktârà' , pi. kuîr'àt; ce dernier semble être dû à l'influence du pluriel kuâraf. — A Tlemcen , je coimais aussi le diminutif fcnp'ô|, employé seulement au pluriel.
kfrrat ^^j «donner un croc-«n-jambe simple»; nom d'action Ckin't; nom d'unité rkinm, pi. Vkruàl «un croc -en -jambe»; aussi à Ne- droma.
j5-J kàrkôr, pi. kràkor ^^y> . Tj ^^^^ ^^ pierres» (surtout tas de pierres sacré). Le mot est bien connu depuis les études de Doctté [Les tas de 'pierres sacre's dans le Sud du Maroc, Alger, 1908; Merrd- kech, p. 58 et suiv. ; Magie et religion, p. iao et suiv,). En Algérie, le mot est connu dans tout l'Ouest oranais (cf. Dialecte de Tlemcen, p. 31 5, korkçr ou hurkâr; le nom du plus célèbre des tas de pierres sacrés de Tlemcen, celui de 'Ain el-Hût, a gardé le nom berbère de akorkôr; comp. aussi Jacqdot, Expédition du général Cavaignac dans le Sahara Algérien, ^. 69, pour les hauts plateaux de l'Ouest oranais). H existe aussi en sellia (cf. Stumme, Taz., p. 169, akerkur). En Al- gérie, les provinces de Constantine et d'Alger ignorent ce mot.
\j^^^ karmas ^_J^J-*^ «figues», collectif, nom d'unité karmçsà, est com- mun maghribin (aussi tunisien, Stumme, T.G.,$ 79, 80, karmûs)\ il ap- paraît aussi en maltais avec le sens de «petite figue non mûre» ( Falzon, |i. 176). Le mot est féminin à Tanger comme à Tlemcen, Nedroma, Mazouna, Alger; il est masculin chez les bédouins et ruraux d'Algérie. Sporadiquement, sur divers points de la province de Constantine, le mot est icmplacé pur kartôs ^^-^ (^^-j; féminin à Constantine; masculin chez les ruraux). — Un rapprochement s'impose entre karmçf et karma ( â-«^) qui appartient aussi avec le sens de «figuier» à la généralité des tlialectes de l'Afrique du Nord (aussi Sud marocain, cf. Houwûra, p. .5o, I. 99, 98 et 3o : karmas, karmm et karma); mais l'origine de la terminaison ûs ({!») n'est pas claire; cf. Schuchabdt, ap. W.Z.iT.i»/., 1908, p. 375» 37G.
TKXTES ARABES.
3 y
450 TEXTES ARABES
ÙKt*jS'k^ssëd construit avec '"la tr empêcher quelqu'un de vendre; dé- tourner de lui les clients»; aussi algérien et bien connu des parlers orientaux.
y*éS këaar, ou k'ssâr avec » , comme dans certains parlers algériens et à Tripoli (cf. Stumme , M.G.T., p. 38 , 1. six), -i5^ est uniquement employé à Tanger dans le sens de ttrompre le pain» (cf. infra, kçsra); ff rompre, briser» dans les autres sens est seulement hqrr^s ^y». — A la i" forme ksâr avec » signifie «mettre en déroute»; employé aussi dans l'expression ksâr-beh {bijfl, bîk, etc.) -àlfidl «avoir une rechute dans une maladie».
k^sra, pi. ksûr Sy^, ^y^i diminutif fc«tro, «morceau de pain que l'on donne au mitron»; cf. supra, p. 1^7, i/»8. Dans les villes d'Al- gérie, kçira est «morceau de pain» en général (comp. pour les bédouins d'Aden, Stage, Foc, p. laS, sub pièce). Mais chez les ruraux et bé- douins, kçira est le mot habituel pour désigner «le pain» (en galettes) fabriqué et cuit à la maison ou dans la tente (comp. Stumme, T.B.L., p. lig; comp. pour le Sénégal, Basset, Mission, I,p. aSS, a 99, 3ii «pain; biscuit; galette»; pour l'Egypte, Spitta, Gram., p. 377, note 1 «pain de conserve»). Dans divers parlers du Tell oranais et algérois, et dans les parlers sahariens, on trouve une curieuse dislinction secondaire entre kasrà (avec « et r) «morceau» et kçsra «pain» : ainsi à Laghouat kàsrà kçsra «un morceau de pain». — A Tanger la distinc- tion de kçsra et kàsrà [k^srà) se retrouve; mais k''srà a un tout autre sens, celui de «déroute d'une armée».
ytMS^k^'ma, pi. ksâui ïy^, ^^^L-j «étoffe qui recouvre le cénotaphe d'un marabout». Le mot se retrouve avec ce sens en Orient (cf. Dozy, II, p. /i 69) et en Algérie dans le département de Constantine (proba- blement souvenir de la 'sj-^^de la Ka»ba). A Alger-ville, on dit pour l'étoffe d'un marabout rdâ, pi. rdàuât; à Tlemcen rdâ ou mlahfa; à Laghouat îzâr; à Bou-Saâda slîl.
^.JuitSksëf: 1° «découvrir»; a° «enlever sa protection» en parlant de Dieu (c'est-à-dire l'exact opposé de ttçr «couvrir de sa protection» en parlant de Dieu, suivant une opposition qui apparaît déjà dans la langue ancienne de l'éthique; cf. BchIrI, ''adab, n* 60); de là nksëj «être frappé par l'adversité après avoir connu le bonheur»; m"ksûf «frappé par le malheur»; — 3° «passer complètement» en parlant d'une
BE TANGER. A51
couieur; ce sens ne m'est connu en Algérie, jusqu'à nouvel ordre, qu'à Nedroma; il apparaît d'autre part aussi, en Orient, dans It* parler de l'Iraq (cf. Weissbach, LA., p. 9o5, 1. aS, iitsif, ceief).
k^àfa iuLû^ff malheur, misère noire»; de même en Oranie;à Alger c'est aussi «scandale» : par exemple bâf-àlh/iji usrâ-lkçxfa «11 a perdu toute pudeur» (mot à mot : il a vendu la pudeur et acheté le scandale); comp. Beacssier, p. 692 ; l'exclamation eUi-ixSlj «malheur à moi» ap. Maiâlim, III, p. 96, 1. i4; le mot apparaît aussi en andalou avec un sens analogue ap. Hadâiq, cah. 99, p. 2 , 1. 7. — Le pluriel ksâif esl employé à Tanger dans i'expression ïlld-b''lkèâif «avec toutes les peines du monde»; connu aussi à Tlemcen, où l'on emploie encore dans ce sens ill(i-bs§llà-usçtttn-k(ifa (cf. J.A., juillet-août 1906, p. 62 , 1. 11).
L..Ktuka>ba, pi. k>âb Jujl5', t_.L*5'« cheville du pied» , de même aujourd'hui dans tout le Maghreb avec cette terminaison féminin (dans toute l'Algérie; cîf. pour Tunis, Stcmme, T.G., p. 45; pour Tripoli, M.G.T., S 74, T, a). — La langue ancienne connaît déjà *<.»j, mais pas précisément dans le sens de «os de la cheville».
kfQb-''nnhâg ^L^! vyO' cf- 'upra, p. i85, note 3; peut-être pourrait-on comprendre cette expression énigmatique comme «des chevilles de malheur»; comp. supra, p. 1 85, note 3 et les réfé- rences; mais le pluriel v!jj>j de la langue ancienne et des dialectes orientaux n'est pas usité aujourd'hui à Tanger, non plus que son sin- gulier vJti; comp. aussi /.o"6i «malheureux; pauvre hère atteint de dé- veine.» (Lerchundi, Voc, p. 274, sub desgraciado; Lïderitz, Spriichw., n''LI)avec lequel, malgré Van Vloten, il est à croire que h (^jS d'EL-GlHi^, Buhala, p. 56 n'a rien à faire (cf. ibid., XI in Jim).
^^jCj kamâr «faire rouler à terre»; tkamâr «roulera terre»; le mot est connu aussi dans certains parlers algériens; à Nedroma, dans la chanson d'enfants donnée ap. Dialecte de Tlemcen, p. 297, et dans cette chanson seulement, on a i^lkamor au lieu de {çtkouyiqr. — karfiàr semble au reste un développement quadrilitèrc de ^^ comme aussi ika'bar de Tunis et de Malte (Stumme, Neue tun. Samnd., p. i43 Fauon, p. 175, 176) qui est connu à Constantine.
lAJù kày^t LujrLS^ff papier»; cf. Fischbr, Zum Wortton, p. 378. La forme tangéroisedu mot se retrouve à Alger-juif et à Tlemcen-juif; en Algérie, on a généralement kg,yo{, isolément kàynd comme à Tripoli (Stumme,
39-
452 TEXTES ARABES
Jtf. G. T., S 83) tandis qu'à Tunis kaSah, kàSây {Stvvke, T.G., S 6iJ. En andalou ie mot semble avoir été o^O et JsO (cf. P. db Alcala, p. 342, 1. 25; Ibn GuzMlN, 52^ 1. i6). Cf. sur i'étymologie du mot. Z.D.M.G., 1896, p. fi52.
{jn>^ hëjjë» «souiller, noircir»; mkëjjfëi «souillé au physique et au mo- ral»; ainsi, d'une jeune fille que son mari ne trouve pas vierge, on dira : s'bhal-mkSffsa. C'est un dénominatif de këjfûs , employé à Tanger dans le sens de trsuie» (mais moins que nfc^i); et surtout au sen? figuré de «vilenie, action malpropre» : 'shad-'lk'fjus >'mêlli «Quelle vilenie tu as commise 1» — Le mot est aussi connu en Algérie à Tlemcen : këfféslu uùihç «Il lui a meurtri le visage»; mkéjfës l'ià-sâ'du uiiâmu «ayant perdu tout bonheur et toute considération dans la vie» (««^l^); hdd-çlmkéjfës «ce misérable» (cf. /./4., juillet-août igoi , p. 5i, 1. 13). — Dans cette acception, je crois qu'il faut chercher au mot une origine berbère {ekfuas «enduire de suie, noircir» , akufas «noir de fumée, suie» ap. Bodlifa, Textes de l'Atlas marocain, p. 8^7, 336). — A Alger et chez les ruraux du Tell algérois et oranais, le mot est connu dans un tout autre sens : «mutiler la main» (cf. Beaussier, p. 'igi, et comp. le tunisien kâfei, tripolilain fcôie/'ap. Stuhhe, T.G., p. 179; M.G.T., S 83). Ce sens n'est pas sans rapport avec celui de j.jS de la langue ancienne.
^^ kfà «suffire» a beaucoup plus fréquemment le futur -ikfa que le futur Kkfi; de même à Mogador (cf. Socin, Mar., p. 24, 1. 1 5) et en Algérie dans le dialecte juif de Tlemcen (cf. Dialecte de Tlemcen, p. 70). Les auteurs marocains modernes emploient aussi le futur Lii^j (cf. Saluât el-anjas, II, 284, 1. 1 ) qu'on retrouve dans la poésie citadine de l'Algérie (cf. de fréquents exemples ap. Yafïl, Magmû' el- 'aynita, passim). C'est aussi cette forme qui semble avoir prédominé en andalou (cf. Vocabulista, p. 597, sub sujicei'e; Ibn Guzmàn, p. 18', 1. 8; p. 3i', 1. 1 ; p. 8o^ 1. 11 ; p. 88', 1. 10, etc. ); et elle se trouve en Orient chez les auteurs du moyen âge et des temps modernes (cf. Fleischer, Klein. Schriften, III, p. 438; comp. Salhani, Contes arabes , p. 3i, 1. 6; p. 52 , i. 1 4; Prùfer, Ein àgypt. Schattenspiel , p. 110,
jtXS tkçllëm; l'emploi tangérois de ce mot dans le sens de «retentir» (en parlant de l'appel à la prière) n'est pas possible, à ma comiais- sance, en Algérie. . . - .-; .;
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yS'klà {k'ià) wmanger», qui apparaît seul dans les dialectes algériens, dans ceux de Tunis et de Tripoli, est à Tanger le représentant de. J^l le plus employé. Abstraction faite des particularités relevant de la pho- nétique et de la morphologie générales du dialecte, la conjugaison de klâ est, à Tanger, analogue à celle que lui connaissent les parlers pré- cités (cf. Dialecte de Tlemcen, p. 71; Ulâd Brâhim, p. 87; Stumme, r.G., S 93; M.G.r., 8 53"). D'autre part on entend aussi à Tanger omployer la conjugaison suivante : kçl;klçt {k'içt); kçlti (kulti); kçlt (kult); klu {k'iô); k§llQ {kulto); kçlna {kfnna; kulna, kunna), d'après un type qui se retrouve dans le Sud du Maroc (cf. Socin, Mar., p. 28, 1. 6; Houwâra, p. 4o, 1. 3i ), dans certains parlers orientaux (cf. Spit- TA, Grain., p. 919; Landberg, Hadr., I, p. 392) et était peut-être connu de Tandalou (cf. Pedro be Alcala, p. 18, 1. i3, coït). 11 est remarquable que certains parlers sud-arabiques mélangent les deux séries, la première apparaissant lorsque la flexion comporte des dési- nences à initiale consonantique (cf. Landberg, Dadina, p. 1307 ; Reinhardt, s 3i5). Enfin à côté des deux séries klà, klâl, etc., et kçl, klçt, etc. , Lerchundi donne encore une troisième série kal, kalet (cf. Ru- dimentos, 3' éd., p. 233) qui est peut-être à interpréter comme kâl, kâlet, et à rapprocher des formes maltaise (fctf/) etbassania {kâl JO; cf. Reynier, p. 93; à côté de klâ, p. 235 in fine). Cf. sur Torigine pos- sible de klâ, Rrockelhann, Grundriss, I, p. 91; Landberg, Da6tna, p. 1206. — Le futur est iâkul, iâklo (lâfc'/p); l'impératif est kùl, kûlç; le participe actif est uâkil trayant mangé et satisfait sa faim» comme à Tlemcen, Tunis, Tripoli et au Sénégal. Le participe passif est mçkûl (rentamé, dont on a déjà mangén comme à Tlemcen {meu- kûl), à Alger, Gonstanline {rnûkûl), à Tripoli, au Sénégal, et aussi en andalou (cf. Reïnier, p. 93; Vocabulisla, p. 3oi, sub comedere J^JS^). Il faut vraisemblablement attribuer mçkûl à l'influence ana- logique des participes passifs de verbes à prima jt; à côté de mçkûl, formation dialectale, on trouve, à Tanger comme à Tlemcen, màkûl, emprunté à la langue littéraire, et employé dans le sens de ff nourri- ture» : 'Imâkûl 'uiiàrdb «le boire et le manger» = «_»lr^'.} J>^*-ll'
V* këmmàra, pi. kmâmër ïXJi -j*^ «r vilaine figure, gueule»; et de là «coup de gueule, bagou, insolence dans la répartie». Le mot est connu dans la plupart des régions de l'Algérie avec les sens de «rgrpuin de cochon» et de «tvilaine figure».
454 TEXTES ARABES
(Ji.^mkëmmëi JiJiSi» «ridé»: rfcmi» ji^3 w des rides n (coUectif); nom d'unité t'kmîsa; corap. Lerghundi, Foc, p. 107, sub arruja; connu dans toute l'Algérie et déjà andalou dans ce sens.
(j**X5 kçnnà», pi. knân"» ^j-Uj, j-jLo «écouvillon du four» (cf. supra, p. 187), comme à Alger et en andalou (cf. Dozv, II, igS); en maltais, dans le même sens, feenmf«a = JÙ«Ll5'( cf. Falzon, p. 180). A Tlemcen kemiâs est «balai à long manche», par opposition à m'^kfinsa «balai à petit manche». Ailleurs en Algérie le mot est inconnu avec ces sens et ne signifie que «balayeur».
yi^ kçra, pi. kçràt, collectif kçr, «balle; boule; boulet» = classique ï-j; cf. Vlâd Bràhîm, p. 6g; déjà andalou (cf. Dozr, II, p. i 6 a, 499) et se trouve ap. Mamlim, IV, p. 54, 1. 2.
fcpjtâr ^^5 «rouler en boule»; aussi andalou et connu dans toute l'Algérie. C'est, je croiâ, un dénominatif dialectal de kçra dialectal, bien plutôt que le représentant de ^^ancien.
fjiô^j^ kçmûdâ, pi. kçmûdât, «commode»; espagnol cémoda, inconnu en Algérie.
^jP ù/cçin, cf. yL5^.
kçfiûn yjp «garder le silence», mkçuun «qui reste coi, ne soufflant mot»; à l'impératif: kçuun! «Bouche close!»; construit avec '"/ô, «garder le silence au sujet de quelque chose; faire le mort» par exemple au sujet d'une dette qu'on ne tient pas à acquitter. — Ce mot avec ce sens m'est inconnu dans le Tell algérien; mais il se retrouve au Souf; et, dans le Sud algérois et dans certains parlers du Sud constantinois , tkouiion est «se tapir en embuscade»; tkçuugl-lu «Il s'est mis en embuscade pour le guetter».
(^^5 keia *Jp: 1 ° «cautérisation»; a" «douleur morale». Le mot est fréquent dans des interjections et malédictions appartenant surtout au langage des femmes : iâ'tek-kêia «Que Dieu t'envoie la souffrance!»; â-kçîtç; â-kçîti «Ab! Malheur pour lui! malheur pour moi!», etc.
\,.À*P ktf «chanvre indien préparé pour être fumé»; cf. Fischer, Hieh- und Stichwajfen, et les références, p. aSi , note 1.
Biâjî ilp «fumeur de ktfn emploie comme pluriel kiiàfa (comp. FïscHEH, loc. cit.; Lerghundi, Foc, p. 368, suh fumador). Au moment où Moulêy el-Hasan prit des mesures contre la consommation du kîf
DE TANGER. 455
(cf. Arch. Mar., IV, p. 162 et suiv.) les enfants de Tanger chantaient aux fumeurs : "Miafa rydo-ludhkum uhorzo-lblâd «Fumeurs de kîf, en- levez vos planches à hacher le kîf et sortez du pays».
ifcîi^uuSi' est à Tanger tr fumer du fct/n. — A Alger c'est «se repo- ser à son aise en fumant n : ietkçiief fi-qàhhàutç «Il prend tranquil- lement son café en fumant une cigarette r?; comp. Lamdberg, Prov. et dictons, p. 187, i38-, tandis qu'à la ii* forme Miief est «griser» et «se griser». — A Constantine tkçiief est «faire des manières, faire le renchéri».
J
.il «briques» (collectif); lâzçra «une brique», pi. làzçrât; déterminé avec l'article, "llàzèr; c'est le classique ^ysJ d'origine ara- méenne (cf. Fbae.nkel, Aram. Fremdworter, p. 5 ), avec agglutination de l'article de la forme déterminée comme à Tlemcen, Nedroma, Alger, Rabat (cf. Fischer, Mar. Sprichw., p. Sa) et déjà en andalou (cf. DozY, II, p. 517). C'est aussi sous cette forme que le mot est passé en zouaoua OàlâznrB, pi. Ôîlâzûren. Au contraire, à Constantine et dans les dialectes ruraux et bédouins d'Algérie comme à Tunis, on a iàgçr {tàzûr) déjà connu des lexicographes classiques ^^^U»
^ji. Iftcin ^j^ «oranges» (collectif); Iftctna «une orange», pl. Iftcinàt; avec l'article, "llçlctn; ainsi à Tlemcen et dans une partie de l'Oranie. Dans l'autre , comme chez les ruraux et les bédouins des départements d'Alger pt de Constantine, on a 6tn, nom d'unité iina, pl. êinàt. — A Alger et à Constantine cîna est à la fois collectif et nom d'unité; «trois oranges» téll-hahbàtr-cîna. — Ce nom de l'orange n'apparaît qu'au Maroc et en Algérie; en Tunisie, on a burdëgàna, burgëdàna, équiva- lents du yUL>y de la Méditerranée orientale (cf. Stcmme, T.G., p. 160). Il faut sûrement voir dans le éîna, letcîna algéro-marocain le nom de la Chine (espagnol la China) d'où l'orange douce a été importée dans le bassin de la Méditerranée , dans les temps modernes. On a dû avoir d'abord JCLj^^jj, ou JCL^^^^I , ou iu-s^jOJ; puis, très naturellement, le second terme de ce complexe a seul été con- servé pour désigner couramment le fruit. Par là s'expliquerait qu'à Alger et à Constantine cina [china) soit à la fois collectif et nom d'unité. Quant au collectif iin {l^tcin), au pluriel iinçit (l^tcîn^t), connus
/i56 TEXTES ARABES
fl'aulrès parlera, ce sont des formations analogiques dialectales tirées de rina (Iftèina). — La forme l^tcina du Maroc et de i'Oranie est assez i-nigmaliquc ; la chose la plus probable , à mon sens , est que le / ini- tial y représente l'article espagnol de la China : lim lactnà (ainsi chez les j'mûr lâïtna et làcîn) > lim Içtcina; il est vraisemblable que le mot a été réemprunté par l'espagnol moderne à l'arabe marocain sous la forme lechina (cf. Eguilaz y Yanguas, Glos., p. 487).
/»&. Iham ff viande» est féminin à Tanger; de même pour le représentant de aA. dans certains parlers syriens (cf. Z.D.M.G., 1897, p. aoi, 1. l^ ). ]jC mot, en Algérie, à ma connaissance, est toujours masculin.
(^mu l"§qâ, pi. liâq et l^iqat JuLûJ tf éclat de bois; fragment de roseau»; aussi «morceau de pain coupé en sifflet»; comp. Lerghundi, Foc, sub astilla, p. 11 3. En Algérie, la forme JULû.^ m'est inconnue. Mais dans le Nord-Est constantinois , on trouve , avec les mêmes sens que le l''sqà tangérois, lâqia (legia) qui apparaissait déjà en andalou (cf. Dozr, II, .544); dans le Nord tunisien, on distingue làqsa «fragment de roseau» de leqéa «éclat de bois; éclat de pierre; bout de rocher qui se désa- grège; morceau de pain». Le maltais connaît aussi, avec des sens voisins, laqxa, collectif /a^ar, verbe dénom. laqqax (cf. Falzon, p. 1 97 ). Peut-être faut-il en rapprocher reëqâ «fragment de roseau pour faire une plume» qui est courant dans toute i'Oranie. Ce mot, donné par Dombay pour le Maroc (cf. Grammafica linguee mauro-arabicœ , p. 78), n'est pas, à ma connaissance, usité à Tanger, où «fragment de roseau» est léçqà (JLLyû.-'); mais le verbe dénominatif fisoq «fendre un roseau» y est connu. Il est difficile de considérer resqà dans ce sens comme un dé- rivé de y J.^; ; d'autre part la fréquence des permutations de liquides en arabe moderne autorise à y voir une variante phonétique de ÂiUJ. — Suivant Simonet, Glos. , p. 3 1 3 , l''sqà et loqsa auraient une origine romane (cast. lasca, valenc. llesca, ital. liêca):, il serait possible que le doublet tunisien s'expliquât par deux emprunts romans difl'érents; làqsa serait, par l'andalou JuïJlJ, l'espagnol lasca; leqsa serait l'italien lisca; il serait notable, dans ce cas, que la même métathèse {sq>qi)se fût produite dans les deux mots à deux époques différentes de la vie du parler. — 11 n'y a guère à songer à persan J-ûJ , gS^aJ.
l(ssçq «déchiqueter du bois, lui arracher des éclats», verbe dénomi- natif tiré du mot précédent.
DK TANGER. A'ol
JgJ Itâh «pousser avec force eu lançant»; nom d'action Itëh; de même à Tlemcen et à Nedroma. Ce sens est tout voisin de celui du tunisien, «jeter à terre» (cf. Stumme, T.M.G., p. 68, 1. 8; p. 75, 1. 6) qui appartient dans la langue ancienne non pas à iJ mais à Jei. Ailleurs en Algérie , à ma connaissance , le verbe n'est employé qu'à la 11* forme loUàh et avec le sens connu des lexicographes classiques de «couvrir d'ordures» (au physique et au moral).
(^jtî la'qa SJLxJ «infortune persistante; influence mauvaise qui s'attache à un individu et fait que tout tourne mal pour lui»; m^bôq , pi. mldfàq .jytJL», ^^S^.* «misérable atteint de la lafqa-n\ et de là «vau- rien, triste sire»; comp. 3>*-^ synonyme de ^^^o», ap. Lûderitz, Spriichwôrter, n° lxxiv. — Ces mots sont inconnus aux dialectes algé- riens. Il me paraît probable que Iwqa représente, avec la meta thèse du ' fréquente dans les parlers arabes (cf. Ulsd Brâhîm, p. 10), JùuL^ «atteinte du mauvais œil», connu dans la langue ancienne et, aujour- d'hui encore, dans certains parlers orientaux (cf. Reinhardt, p. 3ia in fine ).
!«X£^ Uàyqdda, cf. tupra, p. 4oi, sub !os^.
^^ lyà, fut. Hlye : 1° construit avec la préposition /, «appeler quelqu'un; l'interpeller» ; 3° dans le sens général de «chanter, faire entendre sa voix» n'apparaît à Tanger (jue dans le dicton donné plus haut (p. 65 , 1. 30); de même à Alger. — Dans la plupart des parlers ruraux et bédouins d'Algérie, lyà est très courant dans le sens de «appeler quelqu'un» (construit avec la préposition / ou avec la préposition '"là); mais il a toujours im futur iflya; dans ce sens il est connu aussi à Tleracen, où, en outre, construit avec l'iâ, il a le sens de «injurier». — Dans le Nord tunisien, le verbe est aussi courant avec un fut. ialya dans le sens de «appeler quelqu'un»; exceptionnellement, dans le dicton cité plus haut, qui est très connu, c'est le futur {alyi qui apparaît.
lûJiî làqqêt, pi. Iqâqol buJ «pinces, tenailles»; le mot existe aussi dans tous les parlers citadins d'Algérie ; et déjà en andalou d'où il est passé en espagnol, alicates (cf. Dozr et Engelmann, p. 160).
^_ÀiJ Iqof: 1° «attraper au vol»; de même en Algérie; jamais «cueillir» comme en andalou; 9" au jeu de la toupie «ramasser la toupie à terre dans le creux de la main , sans en interrompre la rotation».
458 TEXTES ARABES
MtM lâqqom (rpréparer le thé». A Tlemcen et à Nedroma, làqqom est plus spécialement «rajouter un peu de thé dans la théière pour redonner de la force au breuvage, après qu'on en a bu déjà deux tournées». Dans les départements d'Alger et de Constantine, c'est, seu- lement pour le café, «mettre le compte de cuillerées {tëlqçma) du mélange café et sucre dans la cafetière et transvaser pour bien mêler» (cf. Beaussier, p. 619; à distinguer dans le Sud de leggem «faire la boulette de cousscouss [lugma]'n). Le mot apparaît avec un sens ana- logue dans les dialectes orientaux; cf. Socin, Diœân, III, p. 809 et les références; Oppenhbih, Vom Miltelmeer, II, 89, /ugtnf «petite cafe- tière»; Spino, Voc, p. 544.
(<jyM làqyM, fut. ilàqui, «couper la parole à quelqu'un, lui fermer la bouche» est vraisemblablement un dénominatif de lâq^a (class. ïjJi.}) «paralysie buccale» qui est surtout employé à Tanger comme malé- diction de femmes : "UàqxjLa «Que Dieu te ferme le bec!» — Le mot itjJLl apparaît aussi à Tlemcen dans la malédiction ia'\çk-ëll6q\s,a «Que Dieu t'envoie la loqiiav, qui est courante, sans qu'au reste on attache au mot aucun sens précis ; quant au verbe dénominatif laqua , il ne m'est pas connu dans les parlers algériens.
(^ Iqà «rencontrer»; dans le Sud algérois et dans la plupart des parlers du département de Constantine, c'est le mot habituel [Igà) pour «trouver»; de même dans le Sud marocain {Houwâra, passim). — La II* forme n'est pas courante à Tanger; c'est la m* forme làqà, ilâqe qui a le sens de «faire se rencontrer; réunir deux personnes ou deux choses »: _rfiiW-/âgeno ( UosiS^» ju) «Puisse Dieu nous faire nous rencontrer!»; lâqâni-béh «Il me l'a fait rencontrer»; Idqâ-lfuam d"lhnasi «Il réunit les ouvertures des deux sacs»; de même en Oranie; cf. Ulâd Brâhim, p. 94. — La v* forme tloqqà construit avec b ou avec un complément direct signifie : «trouver sur sa route, tomber sur»; inusitée en Oranie. La vi" forme tlàqâ «se rencontrer avec» se con- struit avec l'accusatif , ou avec b ou avec'wnâ («-•); courante aussi dans les dialectes algériens , où , suivant les régions , on la construit de pré- férence avec l'accusatif ou avec b.
mlâqia JLJ>5U «rencontre», masdar analogique de la m* forme, connu aussi en Oranie et à Alger; cf. Ulâd Bràhîm,Tp. laa; à Tlemcen, on emploie aussi un masdar de la vi' forme, formé d'après l'analogie des masdars de la m*, mëllâqj.a.
DE TANGER. fib\)
/J3 lâkçn ou làkin (influence littéraire) «mais»; souvent avec « ou ua préfixe • uâlâl-çn, ûlâkçn. — D'autre part, à côté de lâkpi, ûlçikçn, uâlâ- fcfn, on trouve à Tanger diverses amplifications ou déformations : uâlaktfnnit, où Ton peut discerner la particule "mit sur laquelle cf. iitfra, p. 483; et d'autre part : lâkçnni, lâinni, lakfnni, ou, le plus sou- vent, uâlàkçnni {ulâkçnni), uàlàinni (uîàinni) uàlakÇnni [ûlakfnni). Leur origine est obscure. 11 est douteux que le ni final y représente Taffixe de la première personne du singulier, de ce fait que l'annexion d'autres affixes personnels à lâkçn [uàlâkfn) est, sinon inusitée, du moins très rare : jamais je n'ai entendu lûkçnnëk, ou uâlâkçnno, etc.; cependant je dois dire que, sur inteiTOgation , on m'a affirmé que lâik^nnëk était possible. Il est plus probable que nous avons affaire , dans lâkçnni, etc. , au suffixe dialectal maghribin n, ni, dont la provenance est douteuse (cf. Ulâd Bràhîm, p. iSû). Ces amplifications n'ont pas du reste, à Tanger, autant qu'il me semble, le même emploi que lâkfn, ulùkçn, uâlâkçn. Ces derniers marquent une opposition absolue entre la proposition qu'ils introduisent, et les énoncialions précédentes : ukà-zbàr-''ràrd ukân-iôqqa . . .lakçn mà->àndo qadSra «S'il avait pu, il aurait fendu la terre . . . , mais il n'y avait pas moyen pour lui ...» ; ulâkfnni , ulâkfnni, ulâinni introduisent simplement une restriction aux énon- ciations précédentes : hdàu-keilâ' 'hç ûlâkV'nni blq-gam «Ils commen- cèrent à jouer, toutefois sans fixer de but dans leur jeun. Dans le dernier exemple ûlakfnni peut être remplacé par ûlâkçnni, ulainni, mais non par lâkfn: et dans le premier, lâkçn ne peut être remplacé par aucune des trois particules amplifiées. — Certaines de ces trois par- ticules ou des équivalents (par exemple, à Alger, jiâlemkfnni, ualâim- k^ni) sont employées dans divers dialectes algériens. On ne pourra en proposer avec certitude une explication qu'après les avoir réunies et comparées quant à leur forme et à leur emploi.
{joXJj lingas ,^UljJ «poires» collectif; lingàm «une poire», pi. lingSm^. La forme différenciée ,_yï'-?:'l du mot ^^^l-^-' d'origine araméennc était déjà ancienne ; elle se trouvait en andaiou, et se rencontre dans toute l'Afrique du Nord avec le sens de «poire»; d'autre part, l'agglutina- tion de l'article de la forme déterminée , qui caractérise le lingas tangé- rois, se retrouve au Maroc à Rabat (cf. Fischeb, A/wr. Spiicli., p. Sa); en Algérie, à Tiemcen, à Alger, à Constantinc (lëngas), et en mallais (langât). Mais «Ile n'apparaît ni dans le Sud algérois (Laghouat nzâi,
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avec l'article ^nnzâi, Aïn-Madhi anzài, avec l'article lanzâi; cf. Kampff- MEiER, Sûdalger. Studien, p. 936, note 3), ni dans le dialecte juif d'Alger (nMgSs), ni dans le Maghreb oriental (cf. Fischer, loc. cit.), ni dans les parlers de Syrie (cf. Almkvist, Kleine Beitràge zur Lexico- graphie, p. 107, i58). En Egypte, le mot, qui n'est plus employé aujourd'hui, apparaît encore dans les textes vulgaires du xvii* siècle avec le sens de tr prune» (cf. Ka^hle, Z. Geschichte des arab. Schatten- theaters,^, 35, note 1 ; par contre avec le sens de itpoire», ap. Paii- KER, Ein ngypt. Schattempiel , p. 54). On entend parfois à Tanger, surtout dans la bouche des enfants, ntngas, avec />n sous l'influence de la nasalisation de i, ou même nîggas avec assimilation complète de » à g, le souvenir de la nasale primitive n'étant plus conservé que dans la forte nasalisation de la voyelle précédente (ainsi ap. Dohbay, Grammatica linguœ mauro-arabicee , p. 70, neggàs «pyrum», dis- tingué de idgâs «pyrum sylvestre» qui ne m'est pas connu pour Tanger). — Le mot n'est pas employé dans certains parlers du Tell algérien; notamment dans l'Ouest les ruraux appellent la poire bo- i-uçîda ».>s>>cj~? (c'est-à-dire trayant un bâtonnet comme queue»).
AJ 'llàh {lah, Hah) reporte, je crois, plutôt à AJil! qu'à aMI dans les nombreuses formules où il vient en tête de phrase, immédiatement suivi de la négation là, et d'un verbe au futur : Uahrià-iuûrrïh-mrr «Que Dieu ne te fasse pas voir l'adversité!» (réponse à des compli- ments de condoléance); llah-lâ-itiûii-lk-bâs trQue Dieu ne te fasse pas voir de mal I» (réponse du malade à ceux qui lui souhaitent le rétablis- sement); llàh-la-ièqêk «Que Dieu t'épargne ta peine!» (cf. supra, p. 3^7); et aussi lah-lâ-ifbbhuk «Que Dieu ne te fasse pas gagner!»; Hah-lâ-îlâ"°bëk «Que Dieu ne te fasse pas jouer!», etc. Il est remar- quable en effet que llah n'a jamais dans ces locutions la prononcia- tion emphatique , caractéristique de ^Uàh = aWI . Il en est de même en Algérie ; et même à Nedroma et parfois aussi à Tlemcen , llàh passe à Hèh (probablement souvenir du i disparu de *J1). — Le Hah-la «peu importe après tout» que j'ai signalé chez les ruraux d'Oranie (cf. Ulâd Brâhîm, p. 200) est connu à Tanger; dans le Sud algérois on prononce llâh-ld,
^^^ Ihà, fut. Hlhe, «occuper l'attention; distraire d'un souci en occupant d'autre chose» représente la iv' forme ancienne ^^^1 (en Algérie, on emploie dans ce sens la n* forme lahha). Le complément exprimant la
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chose dont on distrait se construit avec t'ià; celui qui exprime la chose par laquelle on distrait se construit avec b. Par contre Ihâ ielha des parlers sahariens d'Algérie «r s'occuper de» (construit avec b) et ffêtre de loisir», qui est inconnu à Tanger, représente (^, ^^fL» ou L4J y^, , dont le participe actif ^il est devenu au Sénégal l'ins- trument d'expression du futur immédiat (cf. Reynier, p. 172). — La vin' forme dialectale 'flha construite avec les prépositions b ou fî (/) signifie à Tanger «s'occuper d'une chose, y prêter attention». — Dans plusieurs parlers algériens , son équivalent èltha a , outre ce sens , celui de ffétre de loisir»; cf. Beaussier, p. 629; la différence entre VtrfJ et jj^^y^i, t_>^y^! et (jc^,4XJI dans la langue ancienne contenait en germe l'opoosition de sens qui a abouti à ce véritable J^«o dialectal.
^^ lu'h {lèh) : 1° nom générique dû (rbois» lorsqu'il a été débité, raboté, réduit en planches; la palette de la pelle du boulanger, une porte, un coffre, un seau fait de planchettes assemblées, sont en lû'h; au con- traire la cuiller, la toupie, le billot (^ârfâ), le grand plat creux {g^sm)^ taillés à même dans une pièce de bois plus ou moins massive , ne sont pas en lû'h mais en l'ûd (cf. supra, p. 898 ). Il en est sensiblement de même à TIemcen; mais à Alger et à Constantine, le nom de lû'h s'étend à tout bois travaillé, qu'il ait été ou non réduit en planches, du mo- ment que sa forme de tronc ou de branche n'est plus discernable; et la cuil- ler, la toupie, le billot, le grand plat creux (sahfa) sont dits êtro en lû'h. Par contre chez les ruraux et les bédouins, t'ûd est le nom générique pour désigner le bois sous n'importe quelle forme, et lû'h {Içh, Içuh) est seulement «planches» collectif. — 11 existe d'autre part à Tanger un «nom d'unité» dialectal lijha, pi. lûhàt, qui signifie «planche»; de même dans toute l'Algérie, en Tunisie,- en Syrie et en Palestine (cf. Dozv, II, p. 556; Bauer, Pal. Arab,, p. 19; mais, en Egypte, lôh «planche»; Spitta, Grom.,p. 1/1 3; aussi en maltais). ly,'h -P comme nom d'unité n'apparaît à Tanger que dans le nom de «la planchette à écrire le Coran», pi. If^àh ^l>JI, diminutif l^iiàli (cf. 'Oumâra du ïémen, II, p. 36, n., a; El-GiuiJ, Haiauàn, II, p. 5, 1. i5). Il en est de môme au Sénégal (cf. Fh. Majue-Bernard, p. 70 in fine) et, en Algérie, au Souf. Ailleurs en Algérie, «planchette à Coran» est lûha, pi. lûhàt ou luah; et lû'h, nom d'unité, n'apparaît plus que comme déno- mination de certaines «r planches» servant à un usage déterminé : Alger- juif et certains parlers de l'Est algérien «planche à laver les morts» ; un
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peu partout chez les ruraux du Tell «pelle en bois à vanner» (aussi en maltais; cf. Falzon, p. 9o5); Alger lûh-àlhubz, TIemcen lû'h dUlkubz, «planche à porter le pain au four^. — a"* ce qu'on peut tenir de grain, de substance en poudre, dans la paume de la main étendues duel lûhâin, pi. luàh; avec ce sens, le mot se retrouve dans l'Ouest ora- nais (à TIemcen simplement «une petite quantité»; probablement à y rapporter aussi le sens teciinique tlemcénien de «nappe mince de laine couvrant la carde dans le cardage»); aussi dans le Sud algérois, dans la plupart des parlers du département de Conslantine , dans le Nord tuni- sien; mais ce sens est inconnu dans la majorité des parlers ruraux d'Oranie et du Tell algérois; cf. Beadssibr, p. ôaS.
•j>L« mâri'o «armoire». C'est naturellement l'espagnol armario avec sup- pression de ar initial tenu pour l'article, et probablement par l'intermédiaire d'une forme à dissimilation almario {r — r > l — r). J'ai entendu le pluriel mâriim; sur interrogation, on m'a fourni mâ- rî'uàt. A TIemcen mârip est spécialement «armoire à glace»; à Ne- droma «étagère à rayons». Le mot est inconnu ailleurs en Algérie.
i^'Wy-* màzQze «tardif» (en parlant des fruits et des récoltes); «dernier né» (en parlant des enfants). Le mot se retrouve dans tout l'arabe maghritun jusqu'à Tunis. Il provient vraisemblablement du berbère; en zouaoua amkçgz a le même sens; cf. Dialecte de TIemcen, p. âoi.
A^L* mâmûnt, pi. (rare) màinûnt0l, «rtonn^le faite de roseaux entre- lacés». Ce mot est connu avec le même sens à Nedroma et à TIemcen et inconnu ailleurs en Algérie. Son origine est pour moi obscure. H semble hasardeux de le rapprocher de pabellon. Il est bien invraisem- blable d'autre part que, dans le nom du rustique mâmûni marocain, se perpétue le souvenir du célèbre et somptueux pavillon d'agrément élevé par El-Mâmûn b. Jî-n-Nûn (cf. Ibn Badroun, p. 277; Maqqahî, 1, p. 347; II, p. 678). Peut-être faut-il simplement entendre mâmûni, conformément à l'étymologie arabe, comme «endroit sûr» et songer à la description de la tonnelle de jardin idéale faite par Ibn Loyon : «au cœur du jardin, ayant la vue de toutes les directions, placée de façon qu'un intrus n'entende pas ce qu'on y dit et n'y puisse accéder sans
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être signalé» (cf. Lerchdndi et Simonet, Crestomatia avâbigo-espahola , p. i36 in fine).
xju» mfdf-allàh-eltàh est aM aMI »U^ avec disparition par dissimilation de / initial de îillâh. C'est la formule habituelle d'entrée au tombeau des saints dans la visite pieuse; c'est aussi fréquemment la formule de demande d'aumône : trchose de Dieu, pour l'amour de Dieun. Cette formule, avec les mêmes emplois, est connue en Algérie; comp. aussi pour Fez, Acbin, Le Maroc d'aujourd'hui, p. 38i ; pour Tunis, Stumme , T.M.G., p. &6, l 7; pour Tripoli, Stdmme, M.G.T.,^. 56, 1. 19; p. 57, 1. 6.
JCu» mtjl, pi. mtûl, «exemple; proverbe»; !e pluriel J>i-«, inconnu en Algérie où l'on n'a que mtâl , môâ/ (jUui), existait déjà en andalou (cf. Vocabulista, p. 875, sub exemplum)'^ f^qdar-''lmtfl «simplement à titre d'exemple; par supposition pure».
mitai, pi. mitàlât, «exemple; proverbe» est Jli* emprunté à la langue littéraire, la voyelle brève étant conservée par allongement; mais aujourd'hui le mot est courant à Tanger dans la langue la plus vulgaire; aussi employé adverbialement : «par exemple» (synonyme madàlçn = sti-» dans la langue des demi-lettrés ) ; kadàlika uamitâl «exactement de même» est naturellement aussi une expression em- pruntée à la langue pédante des tolbas.
mëltçl Jti*, à la 11' forme, construit avec la préposition b «prendre comme exemple typique; faire passer en proverbe». — bnettfl, à la v* forme, «être pris comme exemple, comme point de comparaison» apparaît dans l'expression iiâ-ln-ilmëttil Jï^,» il^ qu'on emploie pour s'excuser d'avoir recours à une comparaison inconvenante au point de vue religieux et presque sacrilège; par exemple, si en décrivant un livre européen, on dit qu'il a le format d'un mdshâf (tic) du Coran, il faut ajouter aussitôt : uâ lâ-i(mëllfl «H n'y a pas au reste de comparaison possible»; des équivalents de cette formule, employés dans le même cas , existent un peu partout en Algérie : Nedroma , Constantinc , Alger uà-lâ-iûmâtifl {jS^_)i)) , Laghouat et Tunis lâ-iumd9dçl, Tlemcen ^dlu- niettâl et mçi-itu-met^âlt
•aS mzàr, pi. rniilra et mzârà^^l^, »\^ «tiroir»; diminutif niiîjiîf. Dans d'autres dialectes marocains, le mot a gardé sa forme étymologique mzarr = ;^(VC^; cf. Fischer, Mar. Sprichw.,^. 1 1 , note 1 ). Le mot
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est inconnu en Algérie où «tiroir» est généralement yJi. A Tanger, comme il a été dit plus haut (cf. p. 4a i), qzârest «boîten; au reste les deux mots ont subi Tinfluence l'un de l'autre; et si la forme qzorr du parler juif d'Alger est vraisemblablement due à la contamination par Is: (cf. supra, p. iai), il est vraisemblable aussi qu'à Tanger le passage de mzarr à mzàr est dû à l'influence de qiâr. — Il faut né- anmoins envisager une autre hypothèse : miâr serait un pluriel de mzar {mzarr -.s;, cf. Ulâd Bràhim, p. m) employé dialectalement comme singulier; comp. aussi migàr «commode» dans l'Iraq ap. Weissbach, /. /4., p. 201, 1. 8.
(^*jsi mûzànçq j-oLai.^ «vacarme, tumulte» reporte vraisemblablement à .jwJL*L» «catapulte», n} a disparu avec allongement compensatoire de la voyelle qui le suivait, sous l'influence dissimilatrice de n*; ce processus , dont on peut citer quelques exemples en arabe maghribin , est particulièrement fréquent , dans le domaine sémitique , en aramécn (cf. Brockelhann, Grundriss,!, p. 2^7). A Tanger cette voyelle longue a été a , après la labiale m. A Tlemcen elle est ô : màgçn^q dans le parler de cette ville a le même sens que mûzânëq à Tanger : blâ-mà- gànfq l'iiia «Ça n'est pas la peine de me faire tout ce scandale I» Le mot ou des équivalents du mot n'apparaissent pas ailleurs en Al- gérie , à ma connaissance.
*>v« m^d, duel muddâin, pi. tndûd, est encore aujourd'hui, à Tanger, une mesure de capacité en usage pour les légumes secs et les céréales ; le mudd tangérois vaut 64 litres (cf. Gilles, Le dialecte marocain, p. 6); comp. pour sa valeur très variable, et aussi instable, dans diverses régions du Nord marocain, Arch. Mar., II, p. 94 0; VI, p. 953-954; XVII, p. 980, 33 1, 353; sur le mudd à Fez, R. Leclerc, Le commerce et l'industrie de Fez, p. 19 4. — En Algérie, le Ovi (Oranie mudd, pro- vinces d'Alger et de Constantine medd) n'est plus une mesure de ca- pacité courante que dans quelques régions (ainsi, à Laghouat, un litre; à Nedroma, cent dix litres); mais l'usage du mudd-çnnbî ^^JJ\ .Sj* s'est conservé dans certains milieux rigoristes pour le mesurage de la fâtra «aumône de la fin de ramadan»; sur la capacité et la forme du (^jJ\ o^ (appelé à Tanger sunni, pi. sunniiat, «le sounniten), cf. Bel, Djdzya, p. 78, 79; R.A., 1905, p. 281 et suiv.; Delphin, i?ec«ei7 de textes , traduction Faure-Bigcet,^ p. 53 ; G. Marçai^ , L'exposition d'art
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musulman d'Alger, pi. X.X; comp. Snoick Hurgronje, Mekka, II, p. 98, note 9.
p»<X>« mdah «jouer du tambourin" ; et de là «frapper dans ses mains pour applaudira. En Algérie mdah est tr chanter une qasîda du genre medhr), consacrée à l'éloge du Prophète, des Compagnons et des Saints (comp. Delphin, Textes, p. 2^0, traduction Faure-Biguet, p. 68). Comme le mëddâh «chanteur ou conteur populaire (à Tanger, pi. mdâdàh) s'accompagne généralement sur un tambourin (en Algérie souvent aussi sur un tambour long, gollàl), le mot ^j^-« qui désignait originairement la récitation de la poésie elle-même, en est venu à désigner la percussion de l'instrument d'accompagnement. — mëd- dàha, pi. mèddâhàt *^!,x* «accompagnatrice de ia chanteuse des noces appelée /^era 75 (cf. Arch. Mai:, I, p. 280). — Le mëddâh «chanteur mendiant», ou «mendiant», de la Syrie et de l'Arabie a obtenu son nom pour de tout autres motifs : ce n'est pas au Prophète ou aux Saints qu'il adresse ses louanges, mais à ceux dont il sollicite la générosité (cf. Z.D.M.G., 1867, p. 482 ; Arabica, III, p. 71; Snocck HoRGnoNJE, Mekkan. iSpnchwôrter, p. 4 9).
^yA menâh ^-II* «vif, espiègle» ne s'emploie à Tanger que dans le dicton sur le mitron rapporté plus haut, p. 35, 1. 3. Le mot est in- connu en Algérie. — Chez les Jbéla mèrrah signifie «aller vite».
fj\!a*£>y* morslân «hôpital» et spécialement «hôpital des fous». La forme yLx*«--« pour yU*.^L« se rencontre déjà dans d'anciens textes (cf. DozY, II. p. 682). La voyelle q à Tanger est vraisemblablement due à l'influence de la labiale précédente. — Lerchundi, Foc, p. 4ii hospilal, p. ûga manicomio, donne une forme ^JlJa*«-« qui m'est inconnue pour Tanger. — Le mot n'est guère connu en Algérie , sauf à Alger où morslàn est «asile d'aliénés»; on le trouve aussi avec le même sens à Tunis (cf. Clerhont, L'arabe parlé tunisien, p. 89, note 6) et en Orient (cf. murustân, ap. Spibo, Voc., p. 56 1; mûristân et buvis- lân ap. Spitta, Contes, p. 6; muristân ap. Z.D.P.V., 1881, p. (»).
\Jpy*- Cf. le suivant.
Isj* màrt «maladie»; uirçt, pi, mràt, «malade», avec .je>>/, sont les prononciations les plus fréquentes à Tanger de ^y», <J^.y»\ aussi à Tlemccn, surtout dans le langage des femmes.
TEXTES ARABES. 3o
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^JMJ» m''ssu», fém. ni'siûsa, pi. m^Mûsm = class. ^J^iyL^ , apparaît avec le redoublement de « à Tanger comme dans toute l'Algérie (cf. Ulâd Brâhîm, p, ii3). Le mot qui, en Algérie, signifie essentiellement «pas assez salé»i s'emploie à Tanger exactement dans le sens de «fade, insipide» : du thé Sans sucre, de l'eau sans saveur (en Algérie sâmot), seront qualifiés de m''s$ûs aussi bien qu'une soupe insuffisamment salée. Il en était probablement de même en andalou (cf. Hadâiq, vas. Paris, 89*, 1. ) 8 : ij-^-^ ^y^^^ c>y^^ 'r*"*^i Vocabuliita, p. 435 «insi- pidum [de omnibus]»). — L'antiphrase nCssûs pour désigner le mëllâh, quartier juif, connue ailleurs au Maroc (cf. Budgett Meakin, The Moors, p. 496; Jewish Encyclopedia , IX, 98), n'est pas usuelle à Tanger.
jfi*^ mêàh «métamorphoser» (dans ce sens classique, peu connu en Al- gérie); et de là «aflliger d'une difformité, d'une laideur morale ou physique» (en parlant de Dieu); nom d'action mësh. Ce deuxième sens se retrouve à Alger (cf. aussi Dozy, II, 5go; Cuche, p. 696; Rho- DOKANAKis, Dofdr, II, p. 56; et supra, lajsï-). — D'autre part, msàh est «salir matériellement» à Tlemcen, Nedroma, dans le Sud ora- nais et algérois; aussi «salir moralement» en Oranie {mSshç bësséhb «il l'a couvert d'injures»); à Constantine messgh à la n* forme est aussi «salir». Ce sens du verbe ne se montre pas à Tanger; mais c'est par lui qu'il faut cependant expliquer les expressions allitérées lu$àh ulmsâk , lusàh ulmsâsâh «la saleté repoussante». — A Tlemcen également, il existe un substantif jn«â/i «saleté» : had-ëssrâuçl iérfëd-çlmsdh «Ce pantalon n'est pas salissant, les taches n'y paraissent pas»; synonymes usoh et usâsgh (formation comparable au msâsàh tangérois). — A Alger, une expression allitérée toute voisine existe aussi : lûsdh uunnsâh «la saleté repoussante». — mâssâh «salir» se trouve aussi en tunisien. Stumme {T.G., p. 180) admet une formation secondaire tirée du participe -^y» (à Tunis màssâh, à Tanger généralement mçssàh). Au moins est-il vraisemblable qu'il y a eu dans la plupart des dialectes maghribins, des contaminations de j#--« et ■£}.
dUMk^ mësha iiSL^ «gomme mastic»; comp. Lercuundi, Vvc, p. 6^, sub niâciga; et Arch. Mar., VIII, p. tiS , note 3. Cette forme du mot se retrouve à Fez (cf. Kampffmeyer, Texte, p. 7, 1. 3), à Tlemcen et à Nedroma. A Constantine on a messka, à Alger on dit mestka, et dhez les ruraux et bédouins mestka, comme à Tunis, mestka ; k SÎAt nuistqâ
1
DE TANGER. . 467
(NARBESHtiBER, Aus ilctn Leben in Sfax, p. ai); en maltais, avec métathèse, miskta. C'est naturellement lXL*a^. Il est remarquable que l'emphase des consonnes médianes a disparu dans les parlers ma- ghribins (comp. pour l'Egypte, Spiro, 7oc., p. 671; Spitta, Qram., p. 5ia; Ben Gheneb, Prov. , a° i564); en outre au Maroc et à Tlem- cen et Constantine le groupe st l'est réduit k s (ss) suivant un pro- cessus fréquent en arabe maghribin, et aussi dès la langue ancienne (cf. Brockelmann, Grundriss, I, p. 65 in fine; p. 178, 179; l'espa- gnol almdciga s'explique peut-être par une réduction analogue dans certains parlers arabes d'Andalousie; cf. Dozy et Engelmann, p. 147). Peut-être y a-t-il aussi contamination du mot par Jum.« «musc»; le nom de la nCsha, qu'on mâche pour se parfumer la bouche, aurait naturellement subi l'influence du nom du parfum le plus employé, le ni'&k.
i^iiKja mià , fut. Hmsi : 1 ° c'est le verbe généralement employé comme à TIemcen et à Alger pour «tpartir» et craller». ydà, qui en Algérie appartient exclusivement à certains parlers ruraux ou bédouins, appa- raît au Maroc dans des parlers citadins, mais non à Tanger (cf. supra, p. 601); quant à ràh irçh ^1^ qui est le verbe habituel pour (rallern et «(partir » dans la plupart des parlers algériens (aussi courant à Alger, à cAté de msà), il est inusité à Tanger; la 11" forme rçuah y a un sens voisin de son sens ancien : trarriver le soir» (comp. Mercier, Actes du XIV Congi'ès, III, p. ai , a a et 70). — a" ila-msâ {ïda-msâ) suivi de h'tta et d'un verbe au parfait, exact équivalent de «s'il vient à»; le verbe de l'apodose peut être au futur ou au parfait : tla-iniâl h"' là'Zàhqot thdn-'sçt «Si elle vient à glisser, elle se cassera»; t7a-m«t| K'tlà-sûflék n''fdi-m''nnêk "Ihdil-'^udgdid «Si Je viens jamais à te revoir, je te réglerai ton compte pour ta conduite passée et présente 1» — Le participe présent tnâii, fém. mâsia ou mâia, pi. mâiifn ou tn^im, sert à Tanger comme à Tunis, à Tripoli, à Alger et à TIemcen, à exprimer le futur immédiat : dna-maii-mmit «tje vais partir» (cf. Fi.EiscHEB, KL 5c/»-., m, p. 'i36 in fine). Très fréquemment, il appa- raît aussi, à Tanger comme à Tunis, sous la forme abrégée et invariable (sans distinction de genre ou de sexe) mai; cf. supra, p. gS, 1. A, et comp. Stumhb, T.G., p. l'ia.
y-AA/» m'âràna, pi. ms^fn *j|»»a.«, y^La^ «boyau»; le mot est, à Tanger comme à TIemcen, un féminin morphologiquement caractérisé. Dans
3o.
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la plupart des dialectes algériens on emploie le masculin moaràn; et chez les ruraux et bédouins du département d'Alger, dans le Sud oranais et dans le Sud constantinois , on lui donne généralement un pluriel msçr, dont un équivalent apparaît en Arabie comme singulier (cf. Landbgrg, f/a(/r., p. 889; Rhodokanakis, Do/dr, II, p, 56); cf. sur rorigine du mot Dialecte de Tlemeen, p. 108.
juâu« mdây «mâcher» a pour masdar indé-y. Un autre masdar mqdyân n'apparaît que dans l'expression »''rtâm-blâ-mdyàn «avaler sans mâ- cher».
^^Aiji* mda «faire complètement» = class. ^jjiàu») n'est guère employé à Tanger que dans l'expression qdà-umda\ cf. supra, p. 87, 1. 8: et comp. à Tleracen mà-iéqde mâ-içnte, ap. Ulâd Bràhim, p. 9o4. — Le participe présent mode ^^L* est courant dans le sens de «coupant :i en parlant d'un couteau ou d'un sabre, comme à Tunis (cf. Stumme, T.M.G., p. 91, 1. 9), dans le Sud algérois, dans la province de Con- stantine, et aussi dans certains parlers d'Oranie (comp. Fischer, Hieb- und Slichwaffen, p. 335, note 5). "Imàde est aussi à Tanger «le tran- chant d'une lame» (opposé à thar «dos»). — Il existe aussi une II* forme dénominative du verbe: moddâ «alTiler». — mdaua «affilage d'une lame»; mtidi uàh'-lmûs fçh àî-mdaua kâtëhri-zzu'^àl «J'ai un couteau dont le tranchant est si affilé qu'il couperait l'alpiste».
fi^ ^ ■« motëisa ou tnàfêia *.iS~Jcy», xi.^bL« «balançoire», cf. supra, p. 267, note 1. Le mot ne prend jamais l'article, non plus que l'équi- valent cherchelois mtçia.
màttài jiia^ «se balancer», dénominatif de m(îfçi«a , est usité à côté de tçiëi; cf. Lerchundi, Voc. , p. 5o3, sub mecer.
Ùaa \viMXh (Jc>Wi construit avec '"/â «se pencher sur quelque chose ou quelqu'un» (pour le saisir, le frapper, etc.); aussi dans ce sens dans les départements d'Alger et d'Oran.
(»*« mâ>'ûn tj>c'-« est à Tanger «ustensiles ou outils professionnels» comme en andalou (cf. Dozï, II, p. 6o3), à Tétouan {Arch. Mar., VIII, p. 211, note 3; p. 268, note 1), et à Tunis (cf. Clerhont, L'arabe tunisien, p. 901, note 1; Ma'âlim, III, p. i53, 1. 19). Le mot s'applique aussi spécialement dans le Nord marocain au «tour à potier» (cf. Arch. Mar., loc. cit., et II, p. 106) comme en Tunisie
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(cf. R. Leclerc, Les arts et industries d'ornementation en Tunisie, p. 5), et dans diverses régions de l'Algérie (à Nedroma m^>ân ou mà>ân). A Constantine le mot désigne spécialement les «routils du cordon- nier». Enfin il est passé en zouaoua avec le sens de «charrue» : "hnâmn, pi. lëmhràmn. — Dans la plupart des dialectes algériens mâ''ûn a le sens de «objet de vaisselle» comme à Tripoli (cf. Stimme, M.G.T., p. 5o, 1. Sa), en Egypte (cf. Spiro, Foc, p. 559), dans l'Iraq (cf. Meissner, Neuarab. Geschichten, p. i43; Weissbach, LA., p. 190, n° 939) et dans divers dialectes arabiques (cf. Reinhardt, p. 343; p. 397 in fine; p. 393, 1. 1 1 ; Rhodokanakis, Dofdr, 11, p. 49; Stage, Voc, p. 181, sub vessel). 11 est remarquable que certains des plus vieux exégètes du Coran aient glosé y^_cLil de Soura cvii, 7, par ,j»Lij Ij ^jJ!^ s.sjJ\ ; le sens de « ustensiles domestiques » a dû être cou- rant dès l'époque ancienne (cf. Tababi , Tafsîr, .KXX , 1 76-1 78 ; Nôldekr , Neue Beitrdge, p. 99; Rhodokanakis ap. W.Z.K.M., 1911, p. 67 et suiv.). Dans le sens de «objet de vaisselle» le mot apparaît aussi dans le Sud du Maroc (cf. Houwâra p. 3o, î. 19, 90) et est, du reste, sinon courant, du moins compris à Tanger (le mot habituel pour «vaisselle» est qsû't). Le mot fait alors à Tanger comme dans les pariers citadins d'Algérie un pluriel miiâmn, qui en argot désigne aussi «les testicules» (synonyme huâqàl J^l>?). Chez les ruraux et bédouins d'Algérie, le mot fait le pluriel m^à'çn {mmà'çn). Le pluriel m'àin du Sud marocain (cf. Houwâra, loc. cil.) se retrouve à Tétouan (cf. Arch. Mar., VIII, loc. cit.)^
(jaJLo mqàf, pL mqçsâ, «ciseaux» = JâiU; cf. Stumhe, T.G., S 69; Ulâd Brâhîm, p. 11t. — La forme maqqâs donnée par Fischer, pour Rabat (Mar. Sprichœ., p. 11, note 1), et qui reporte à une forme ^Uut avec recul de l'accent et abrègement de la voyelle longue non accentuée, ne se rencontre à Tanger que dans le nom du «perce- oreille» hû-màqqag (à TIemcen bu-mqôss). Il est très naturel que dans certains dialectes marocains mqâss ait pris la forme jLii qui est fréquente pour les noms d'instruments; comp. Ulâd Bràhim, p. 119. màqqos jojU «couper avec des ciseaux»; aussi à TIemcen; dénomi- nalif du mot précédent; Sud algérois mâggof.
JX* mëkkçl «tendre, mettre en main» = ^^^ (comp. Beaussier , p. 644). Le passage de n>/ s'est effectué d'abord par assimilation régressive dans les formes où le radical verbal était suivi des suffixes mé-
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diats li, lek, lo, etc. Le sens même du verbe fait qu^il n^apparait le plus souvent dans le langage que construit avec ces suffixes. La forme mëkhçl des très fréquents mëkkfl-li, nmëkkçl-lëk , imëkk^l-lo, tmëkkçl-la, etc. a été ensuite étendue à toute la conjugaison du verbe ; comp. le Ju; , J^i^ de Lerchundi, Voc, p. 58o, 58 1, sub jiarccer (inconnu à Tanger), qui doit bien être yUsjl «paraître beau« (par iziâl-li iziâl-îek) et le syriaque *7ni «donner» (cf. Brockelmann, Grundriss, I, p. 991 )• — RûzicKA considère mëkkgl, aussi bien que *7n3 comme de simples dissimilations de nasales (cf. Kom. Dissim., p. 106; p. 79).
^sA mëllàh ^iL» «ghetto» est connu uniquement au Maroc; on l'emploie déjà à Oujda; mais il n'apparait à ma connaissance nulle part en Al- gérie. A Constantine, on appelle le quartier juif èàrai; à Tunis hâra {T.G., p. i63); à Tlemcen et à Nedroma, on dit simplement df'rJ- lihûd (ainsi déjà, ap. Bustân, p. aôg m fine). -7- Je trouve peu admissible Texplication de Dozï, I, 3i3 (corruption de *jLs:). Celle de BuDGETT Meàkin, The Mooi's, p. ^96, 497, suivi par Mercier, Arch. Mar., VllI, p. 167, note 2, «quartier des Juifs forcés de saler les têtes des rebelles pour l'exposition publique» me semble de beau- coup la plus vraisemblable (cf. contra, Socin, Mar., p. 12, note 7).
j^ mëlha, pi. mëlhàt et mlàhe ÂarL* «morceau de cuir pour la semelle». Le mot est commun maghribin, avec un verbe mellàh «mettre un morceau de cuir à la semelle» (cf. Stumme, T.G., p. 181, mallâh «savetier» comme à Constantine; Neue tun. Satnmlungen, p. i44; et Observations sur Beaussier, p. ^188).
i^A ndâya *£5U «plaisanterie»; mlûye ^yL» «qui aime à plaisanter»; le verbe à la t* forme, Imëllày ^jûi", signifie «plaisanter»; comp. Ler- chundi, Voc, p. aig, sub chanza, chancearse; le mot en Algérie ne m'est connu qu'à Tlemcen et Nedroma; comp. Beaussier, p. 666.
{.JiXa mëlf vdra^Ti est un des mots caractéristiques des dialectes maghri- bins; il apparaît jusque dans le désert de Libye d'une part (cf. Hartmann, Libysche Wûste, n" 56, p. i3o) et jusqu'au Sénégal de l'autre (cf. Basset, Mission, I, p. 354; Retnieb, p. i39). Il était déjà andalou (cf. Vocabulista, ^JJS» j)annus ; Pedro de Alcala, p. 67, 1. 3o). La forme tangéroise du mot est celle de la plupart f'es dialectes algé- riens et du Maghreb oriental (cf. Stumme, T.G., p. 4o; M.G.T. , p. 59, 1. 17). Mais à Aiger, Nedroma et Tlemcen, on trouve la forme
DE TANGER. lill
mlef, pius proche du C*JL» dont provient vraisemblablement le mot maghribin (cf. Observations sur Beaussier, p. 4 89 et les références, Ulnd Brâhtm, p. 1^9).
ov-tf mâmzèr ffbàtardn, injure que les musulmans adressent aux juifs, seulement pour avoir entendu ceux-ci se l'adresser entre eux; c'est l'hébreu lîDD.
f»iU^ mnâdëm et homme» au sens générique; aussi en arabe du Sénégal (cf. Faidherbe , Lang-Mes sénégalaises , y>- aSi, n° 286; Reynier,p. i83, 1. 7; Basset, Mission, I, p. 89 4, vers tt), et en palestinien (cf. Bauer, Das palàst. Arab., p. 168, n. 9; Littmann, Arab. laies, p. aBy, 1. 2).Sur les hauts plateaux algérois, on trouve le pluriel mm-âdem avec le sens de «femmes» (euphémisme; comp. Th. Nôldeke Or. Studien, I, p. 497). Le jL*ji^, jL«Os-y.« ffhumain» de certains parlers d'Arabie doit aussi être rapproché (cf. Z.D.M.G., 1868, p. 119; SooiN, Diwàn aus Centralarabien , III, p. a4o). — Naturellement, le mot reporte à [•'*'(j^'» avec une assimilation de nasalisation 6w>mn dont le tan- gérois offre d'autres exemples ( ainsi mnëjzîz = ^J^oiJb ) , et qui est connue dans tout le domaine de la dialectologie arabe. — Le mot apparaît dans toute l'Afrique du Nord avec des variantes {b'>â- dem, bûnâdem, cf. Stdmme, T.M.G., XXIV, n. 3). A Tanger, on ne lui donne pas de pluriel et il ne prend pas l'article. 11 en va autrement dans d'autres parlers maghribins (cf. Brockelmann, Grundriss, I, p. ASi ; avec l'article, cf. Delphin, Textes, p. i3i, 1. 1 ; Stuhme, T.G., p. 9^,1. 1).
xXj9 mànat, pi. mân'ën «jL« ffdiffîcile; pénible» : "hâqba mdn>a wLa côte est pénible à gravir»; hadrdtç mdn'a «Son langage est diflîcile à com- prendre»; inconnu dans ce sens en Algérie, se retrouve dans le Sud marocain (cf. Socin, Marok., p. 38, l. 90).
(^^ mënna, fut. imënni, «exaucer les vœux» (en parlant de Dieu); le mot est connu dans ce sens à Alger; il ne m'est pas connu en Oranie.
e:;^ mû| «mort» est féminin aujourd'hui à Tanger comme ses équiva- lents, en Algérie, à Tunis (cf. Stcmme, T.M.G., p. 88, 11° 11) et en mallais [meut\ cf. Ii-g-Stummk, n" aôi; Falzon, p. 'a3o); la Anale t a probablement aidé à ce changement de genre des représen- tants dialectaux de classique <^^ (cf. Bbockelmann, Grundriss, I,
i
472 TEXTES ARABES
p.^i5 in fine; et comp. pour ic àcllia où Imûl est aussi féminin, Stuhhe, Taz., S 35).
^y» mûr «derrièren (prép.). Cette corruption de *Iiî(j* (Socin, Dtwàn, III, 83, propose pour l'équivalent arabique mûuarâ une étymologie *I^L*) se retrouve dans certains parlers oranais (cf. Ulâd Brâhîm, p. 65). Elle n'apparaît, ni à Alger où l'on a toujours mura, ni à Con- stantine où l'on a mnûra comme dans le Maghreb oriental; mura est au reste employé à Tanger à côté de mûr, et il est seul possible avec la série des pronoms aflixes : mûrâia, mûrâk, etc. — urâ n'est pas usité à Tanger, mûr et milra l'ont complètement remplacé; et le sentiment de l'étymologie *l;j^ étant effacé, une nouvelle composition avec mën est intervenue, m''nmûr {m''nmûra), inconnue en Algérie, mais qui se retrouve à Fez (cf. Kampffmeyer , Texte, p. 9, 1. a). On comparera à Tomàni min mmnd (RfiiNHAnDT, S 177 g") où m de mmnd semble bien une abréviation de min (Reinhardt y voit ma', 8 9o5), et au men mntttffd'ouT) du Sénégal (cf. Reynieh, p. 180, 1. 1 ). — Le mot signifie à Tanger : 1° ffderrière» (sens locatif); a° «après» (sens temporel) (comp. UIM Brâhim, p. 178); 3° wà la recherche de»; k^iziu-my/-''l>âj\a fflls viennent chercher du feu» (comp. «après» dans le français popu- laire). Ce dernier sens n'apparaît pas chez les ruraux et bédouins algé- riens. Il existe à Fez (cf. Kampffmeïer, loc. cit.), et aussi à Alger et à
, Tlemcen pour mura : gît mûra-drdhmi «Je suis venu chercher mon ar- gent»; comp. pour uarà en andalou Pedro de Alcala, 979, 1. 99.
{ji'y* mus ou mu»s {mus'), pi. m^âs et msàs, diminutif msuë», «canif; couteau de poche pliant»; mûs'-d''lhsdna «rasoir»; miîs'-d^lqlûm «canif à tailler les plumes». La chute du à final dans ce représentant de ^^y est générale dans les dialectes arabes, du Sénégal à l'Arabie du Sud. — Le mot, masculin en principe (l'étymologie de Vollers, Volkssp-ache und Schriftsprache, p. g5, me semble avoir beaucoup pour elle), n'est passé accessoirement au genre féminin dans la langue ancienne qu'à cause de sa fmaie à. Mais, demeuré masculin dans la plupart des dia- lectes (notamment dans le Maghreb), il y a perdu cette finale, caracté- ristique morphologique du genre féminin (cf. Brockelmann, Grundriss, I, p. 663). — Quant à la forme à voyelle brève et à consonne finale géminée, elle existait en andalou (cf. Vocabulista, p. Itgd , novacula , j^, pi. Q«iL«-«l; Hadàiq, cahier 39, p. '9, 1. 7, j-^; ms. Paris, 89', 1. 7, jJt; mais Ibn Guzmàn a toujours u«j-*, par exemple 17'', 1. 18;
DE TANGER. 473
1 g*", 1. 3 ). Elle se rencontre dans les parlers d'autres villes marocaines , et, en Algérie, à Tlemcen (cf. Fischer, Hieb- und Stichwajen, p. 229; Dialecte de Tlemcen, p. 172).
xl^j^ tnôlat, pi. muâta', Tendroit, place»; ce représentant de ^y a généralement en tangérois I- pour jb; mçdai est aussi connu à Tan- ger, mais beaucoup moins que rtiçtat. — Le mot dans le dialecte est féminin (aussi à Fez, cf. Kampffmeyer, p. 19, 1. i3; jamais, à ma connaissance, en Algérie), avec un diminutif morphologiquement carac- térisé comme féminin muétia Âsdojiy»; et une forme *7nôt''iat {*môta'''t) apparaît en annexion avec les aflixes personnels : tnôtaHi, môtà>àtna i^ccjtlsy», Luxky*. — Le mot a encore à Tanger le sens particulier de ff petite chambre louée par un célibataire pour ses plaisirs, garçon- nière» (synonyme mànga, pi. m'nàgi).
çj***"^ i£,y^ "'mui-lhspn «rossignol», subst. fém. Ce mot, sans pluriel, ap- paraît avec la même forme, qu'il soit déterminé ou indéterminé. Des équivalents variés existent dans les autres dialectes maghri- bins : à Tlemcen mîâhsen, à Nedroma '^'"mua-lâhsen, à Alger mm"- ëllft^n, à Tunis ûmm-êlh''sçn (^y«~il %I qui est probablement la forme primitive (cf. aussi Lercuundi, Foc, sub ruiienor, p. 709) et qui apparaît déjà en andalou (cf. Dozy, 1, p. 35;1bn Gdzmàn, 37^ 1. 7). Dans une poésie du x* siècle, ap. GaSuat el-Iqtibâs (Fez, i3o9), p. 83 , 1. 24 , je relève la forme ^J■:.■'^^ f\ . Le mot est inconnu à Con- stantine où l'on ne dit que belbel.
nébbët : i" «produire» (en parlant d'un terrain); 9* «pousser des branches, des bourgeons» (en parlant d'un arbre); 3° «garnir de pierres précieuses». Ces divers sens existent en Algérie; cf. Beadssier, p. 656.
^*j nhàli, pi. nhçha et nhàhàl r^j, X-^y^-J «galerie couverte qui court devant les chambres autour de la cour intérieure d'une maison». Le mot est connu à Fez (cf. Kampffmeyer, Texte, p. 9, 1. 7). Un le trouve aussi en Oranie, où il désigne plus spécialement le préau peu profond qui fréquemment dans les maisons arabes occupe un des quatre cotes d»; la four, tandis que la galerie couverte sur laquelk s'ouvrcnl les chambres
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est dprbûz (Bougie shan [y^?]; Alger, Cherchel shçn, pi. »hâin\ Gon- stantine mqâdd'ma, pi. mqMëm). Je ne puis l'expliquer que par ^L-« «endroit où il est permis aux étrangers de pénétrer» (au contraire des chambres où se tiennent les femmes); et c'est ainsi que semble l'en- tendre l'auteur de Saluai el-anjas, III, 287, 1. 5, qui écrit ^W* • Cf. sur la dissimilation de labiales inb>nb dans les dialectes maghribins , Dialecte de Tlemcen,p. 29, 98; Utâd Brâhîm, p. 96.
vs£S» nbthra »yàe^ «brûle-parfums»; telle est la forme que prend par dissimilation, surtout dans le langage des femmes et des enfants, ï~se>f*^ diminutif de >^.à;:s^; cf. sur les cas de dissimilation mb'^nb, supra ^. — D'autre part comme la tendance à assimilation nb;;>-mb réapparaît aujourd'hui dans le dialecte , la forme dissimilée ancienne n'est nettement maintenue que quand le n initial est géminé , c'est- à-dire quand le mot est pourvu de l'article. — Cf. une reproduction de brûle-parfums marocain ap. Budgett Meakin, The Moors, p. 82.
y*J nëbbûri (g^yîJ «faible clarté de la première aurore». Le mot est en- tièrement inconnu en Algérie. Peut-être faufil le rapprocher de netnri du Tell ora nais «réflexion lumineuse qui précède le lever et suit le cou- cher de la lune»; cf. Delphin, Textes, p. 955 in princ. (dissimilation de nasales n—m > n—b ).
Jû^ nëbbël : 1° «coudre à grands points; faufder»; de même à Tlemcen, Alger et Gonstantine ; 2° «faire une entaille ( nëbbûl , pi. nbâhël)7)\ dans ce sens, le verbe nëbbël (ainsi que le substantif né'èèâ/) est surtout employé au jeu de la toupie (cf. supra, p. 85, 1. 6, 9). Peut-être soutient-il quelque rapport avec l'énigma tique <jLp «couteau» de l'andalou (cf. DozY, II, 687; SiMONET, Glosono de voces ibéricas, p. 895).
vitf monfiâr, pi. winâ/iaf ^LiL•, ^ljL«, est le mot habituel à Tanger pour «nez». Le singulier monhâr est très bien employé dans ce sens : "sskçtn kêtmsàh-''lhansus-diâlç bkêjfç ukçïqûl sûbhdl-le-hlôq luzdh- bla-ni'nhâr «L'ivrogne passe sa main sur sa trogne et dit (n'y trouvant pas son nez , tant il a perdu la raison ) : « Gloire à Celui qui a créé le visage sans nez I » Mais le plus généralement , c'est le pluriel mnâhàr qui est usité : fiàkk'lç mnàhrç /"l'ârd «Il lui a rabattu son caquet» = classique *jL>I *.c^. — mnàhor dans le sens de «nez» est connu à Ne- droma , et usuel dans les parlers musulman et juif d'Alger ( mnàkor avec r non emphatique). Le pluriel manàlùr est aussi le mot habituel pour
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«rnezn en Egypte (traité comme un masculin singulier au Caire); de même mnifhn- en maltais (aussi traité comme un singulier; cf. Ilg- Stumme, n°' 299, 3oi;Falzon, p. 266); dans le même sens, le singulier munhâr ou le pluriel manâ/nV sont indistinctement employés en Syrie (cf. Landbebg, Prov. et Dictons, p. 69). En Algérie mçwhàr ou plus fréquem- ment monhra est «narine» {môhra «rnez» de Tomâni = »jà^^; cf. Z.D.M.G. , 1 89.5 , p. 697; comp. pour le centre de l'Afrique , Kampffmeyer, Beduinendialekte , p. i5o,note 46; à Dofàr, nhôr «nez», ap. Rhodoka- HAKis, I, p. 19, 1. 6); et «nezn est dans les départements d'Alger (Alger-ville mis à part) et d'Oran nîf (bédouins et ruraux souvent nëtf, nef) et à Conslantine et dans le Sud constantinois hsem comme à Tripoli et à Tunis {hsam, ap. T.G., p. i64; hai'm, ap. M.G.T., S 79, 3), et au Sénégal (cf. Retnieh, p. 116).
Jctf" nuhhàl Jllè «son». La forme jLà? apparaît en andalou (cf. Dozy, II, 65o; mais aussi iJJLac'ap. Hadàiq, cah. 99, p. 7, 1. 7). En Algérie, on a comme représentant de *JL=6? classique, soit nuhhâla dans les villes (Tlemcen, Alger, Gonstantine, comme à Tunis, cf. Stuhhe, T.G., 8 65; aussi en maltais np/i/iâ/a; aussi dans l'Oman, nohhâlç, ffSiebspreurj ap. Reinbardt, 8 5a), soit nliàîa {n"hâla) sans redou- blement de h dans les parlers bédouins (aussi Alger-juif nhâla; à Bou- Saâda j'ai entendu mhâla avec la dissimilation nh > mh qui s'oppose à l'assimilation m/i>»/i étudiée ap. Ulàd Bràhtm, p. 96). La forme ntihhàl n'apparaît, à ma connaissance, que dans le Nord constantinois (ainsi à Ujidjelli nghhàl) et dans la poésie vulgaire (ainsi dans une qasida du barde oranais Berrahho, on cite msà-ssmid ubqa-nuhhdlah (iuLàc?) ffLa farine fine est partie et le son qui y était môle reste seul»). Dans le Sud marocain nuhhâl et nuhhàla apparaissent conjointement (cf. Houwâra, p. i4, 1. 5; 99, 1. là: 99, 1. ao; 5o, 1. i5); aussi Jli? en Libye ap. Falls, Beduinenlieder, n" 63, vers i5.
OiXi mëndëfi^ySj» dans l'expression qdiiëin-''lmêndèf ou "hnmd^j (construit avec la préposition /) «faire lever le (ou les) mëndff (contre)» c'est- à-dire «jouer un mauvais tour à quelqu'un; lui amener une affaire désagréable avec d'autres personnes». Le mot est vraisemblablement à rapprocher de >n^;idâ/"« piège» dos dialectes algériens et tunisiens, qui est inconnu à Tanger mais doit être employé ailleurs au Maroc car LKncHUMDi le donne, Foc, p. /i66, sub lazo. -- A B(»u-Snà(la twddpf est ffaire jouer un pièjje, rabattre un filet».
I
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mrûidtfi, pi. mnçidj'tta i^Lu «celui qui cherche à jouer un mauvais tour» (surtout en excitant les gens les uns contre les autres); inconnu en Algérie.
^*X3 n^dua *yy^ esl usité dans quelques expressions : ICUa-nnçdua «rien, si peu que ce soit»; utqûn"nçdua (sjOOJI J^j) «pas même la plus petite quantité», synonyme utqtd-lfçha (cf. supra, p. 61 , 1. 1 5 ). Il est probable que le mot avait d'abord dans ces expressions le sens de «goutte d'eau» (comp. â^oo, ap. Dozr, II, p. 654), que le tangérois ne connaît pas aujourd'hui, mais qui se trouve dans certains dialectes ruraux d'Oranie : tebqâli yçr-n§dua figérbti «Il ne me reste qu'une goutte d'eau dans mon outre»; ënnôu rdhe-Uçh bënrifdiia «11 tombe des gouttes de pluie», etc.
jj «."zzoz yyj «rendre (le pain) dur par une bonne cuisson»; mn''zzçz «consistant et bien cuit»; aussi dâqq-mnozzoz «un coup vigoureux qui claque sur le dos de la main» au jeu des osselets.
Jjj n^zzel «poser (un objet)»; hâlt habituel dans ce sens dans tous les parlers algériens est inusité à Tanger; n"zz(l est seul employé, aussi bien pour «poser un objet au-dessus qu'au-dessous de soi» : tÇ'zzçl-ha- ltâ^afQq-hdd-"lmorfà' «Pose ce bol sur cette étagère».
^J^^J nçss; ce mot apparaît avec les afiixes personnels, comme complément des verbes g^i^ et '"mel «faire», dans les expressions qqa ou '"me/ n^ssç, ou bngssç {qqà^, mmlël ngssa, ou bnèssa; qq?^, '"mël^ nçssi, ou bngssi, etc.) «il a fait (elle a fait, j'ai fait, etc.) semblant», nçss nous offre, je crois, une réduction de j— «J, qui était connue de l'andalou (cf. Pedro DE Alcala, p. 3ii, 1. a3, eneçu «lui-même»; Vocabulista, p. 862, bl j^wJl «egomet» ). Une semblable réduction de j~jLj n'apparaît en Algé- rie, à ma connaissance, que dans le dialecte juif d'Alger où l'on em- ploie comme formule prophylactique, après mention d'un individu mort d'une façon tragique ou atteint d'un mal terrible : ngsso uàhdu «Que sa personne (*«wjLj) reste seule (à avoir ce sort)!»
y>S*>i néisàr «faire la t^içra [ï~^lj)r) c'est-à-dire une onction au front et aux articulations avec le sang de victimes sacrifiées au tombeau d'un saint, ou avec l'eau d'une source miraculeuse ou encore avec l'huile de la lampe d'un sanctuaire. Il semble bien que dans la SyùJ antéisla- mique vis-à-vis de laquelle les traditionnistes prêtent au Prophète
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une altitude douteuse, les aspersions et les onctions de liquide sanc- tifié aient joué un certain rôle (les textes les plus explicites, à ma con- naissance, sur ce sujet sont Ibn Miga, éd. i3i3 avec glose d'Es- SiNDî, II, p. 118, 119; Madhal, I, p. 807). En Algérie aujourd'hui, nesra désigne le sacrifice (et la victime sacrifiée) aux djinns ou à un marabout au culte duquel est associé le culte des djinns, pour obtenir la guérison d'un malade, généralement d'un possédé. Mais dans la nesra algérienne, il n'y a jamais, à ma connaissance, onction avec le sang de la victime (cf. Gaudefroï-Demombïnks ap. J.A., juil- let 190^, p. 11, 1. 2; Desparmet, Arabe dialectal, 2' période, p. i64).
jwaj nuss, pi. nms : 1° «moitié» comme dans la plupart des dialectes (uuaj); 2° «milieu du corps, des reins au ventre» (comp. à Tripoli nufs [nusf\, ap. Stumme, M.G.T., p. 38, 1. 10); et de là, «prise à la ceinture d'un adversaire pour le tomber».
(.../^àolï nsâb «placer, disposer» ne s'emploie, à ma connaissance, à Tanger, que dans un nombre limité de cas; ainsi pour : «placer la marmite sur le feu»; «tendre un piège» (/ohh «piège à oiseaux à ressort»; moduos ou moduoz «reginglette» ; hasba «piège à lapins»; aussi «dispo- ser une branche taillée et munie de gluaux » yur/ca ou Jiilka; comp. DozY, II , p. 6)5; déjà fort ancien dans cet emploi ; cf. Zuhair , X , vers i5); aussi au sens figuré «tendre un piège à quelqu'un» (con- struit avec la proposition /); «mettre en batterie une pièce de canon»; «dresser une échelle». Dans beaucoup de parlers algériens et à Tunis, le verbe connaît un emploi plus étendu (cf. Beaussier, p. 67a; Stdhme, T.M.G.,p. 69,1. 4,1. 34).
«."sha iUiaj : 1° «poste de chasse au piège»; 2° «mauvais tour joué à quelqu'un».
Q>*JÙ nia$ «dormir»; de même à Nedroma; partout ailleurs en Algérie, nms n'est jamais «dormir», mais «avoir envie de dormir, somnoler» et «dormir» est seulement rqgd {rged chez les ruraux et bédouins). Dans le Sud marocain i-gid et nms semblent également usités (cf. Houwâra, p. 76, I. 10; p. 58, 1. 20; Socm, Mai:, p. 36, I. 7, 1. 9, I. li).
Jjù nml «maudire», nada «malédiction». Cette meta thèse de classique ^*2 se retrouve dans tout le domaine de l'arabe vulgaire; peut-être a-trclle son principe dans une altération expres.sc (cf. Brockelmann,
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Grundiisg, I, p. 396; de Gastries, Gnomes de Sidi AbdeiThatnan , p. 75-, Z.D.M.G., 1883, p. 677). Mais la métathèse entre liquides et nasales est si fréquente dans les dialectes arabes qu'il est aussi légitime de considé- rer (jmJ >► ntal comme un fait proprement phonétique ; même certains dialectes offrent avec^jjjij(LANDBKR6, Dadîna, p. 871 ; Hartmann, L.W. , p. aoi in jine) la forme intermédiaire qu'on peut au moins supposer dans les métathèses de cet ordre (comp. infra, p. 4h3 , nçul < tîjJ).
ffXi na'ima «toute nourriture à base de céréales» , surtout le «pain». Dans les parlers maghribins il semble que JUj«j «bienfait» et JUjù «bien-être» se soient confondus. A Tlemcen et à Nedroma, on dit nottna, et dans le Sud algérois etoranais, na>ma, dans le même sens qu'à Tanger na'fma. A Constantine no>ma est le nom le plus courant du cousscouss. On comparera Bkacssikr, p. 678, îLf*^ «céréales» et «bonne récolte» pour les ruraux du Tell. — A Tunis, namut a le sens de «nourriture» en général (cf. Stumme, T.M.G., p. 38, 1. 35; p. 4o, 1. 1; p. 56, 1. 17); mais chez les ruraux du Nord tunisien, narnia est proprement «'céréales». — En Syrie na»ma, dans certains dialectes, est synonyme de duqàq «farine avec laquelle on fait le pain de qualité ordinaire» (cf. Z.D.P.V., XIV, p. 4; comp. aussi pour Mosoul, Z.D.M.G., 1882, p. ai , 1. 9). — Le sens primitif de «bienfait divin» (ainsi iUj«j) me semble certain; le texte I, p. 3, 1. 9, du présent recueil l'atteste. Les précédents sont fréquents dans la langue des auteurs de traités d'éthique : cf. Sïdî *Alï ZIdeh, Sarh iirmt el- islam, p. 178 : L^JàjO' M\ Jljt-J; Madhcd, I, p. 335 in fine : aMI S4J «.^ ^^ J5;t6td.,III, p. âo3, 1. i5. — Dans le même ordre d'idées, Doutté signale dans le Sud marocain tna'iam ^S-Xif pour «manger» c'est-à-dire «profiter des faveurs divines» {Recueil de mémoires de l'Ecole des Lettres, p. 909, 1. 9). A Tanger, ce verbe est inconnu avec cette acception; il signifie «avoir une vie large» (synonyme à Tlemcen tmetta>); dans le Sud algérois tnatmm '"là «se montrer généreux envers quelqu'un».
xÀx3 mnamat «vert comme la menthe» {na'màt; Tétl)uan ni"màt); cf. Dialecte de Tlemcen, p. 999 in fine.
aÀj noym «son des instruments à cordes »( npym Ititâr); on n'emploie
guère noym en parlant du son d'un instrument à vent, et pas du tout
pour un instrument percutant, ou pour la voix humaine; de même à
./.Nedrpma et à Alger, — mçvyçtn j*^iJU «qui a uji.beau. §o.n»,. en par-
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lant d'un instrument à cordes. — noyma tr mélodie»; "nnoyma d'U'oèèaq «rmébdie des amoureux» (pour ^jjLûjL*!? cf. Dozr, II, p. i3i) est une mélodie qu'on chante le matin quand on a fini la gulsa (JuJ.^ «rséance de beuverie nocturne»); synonyme sobbûhe s^^ ou sabàhzi.
ÀJ3 nfah «manger le hachîch» ; cf. iupra, p. 268; nëfha JLÂJ «rabsorption d'une dose de hachîch» ; nëfhân yl^-j «qui est sous l'influence enivrante du hachich». Dans ce sens nfah est inconnu aux dialectes algériens. Peut-être est-ce un euphémisme. — La ii* forme nëffafi signifie «priser du tabac» (comp. Lerc bondi, p. 69Û, sub poho; p. 761,. sub tobaco; FiscHKR, Hieb- und Stichwaffen, p. 982 ); fnfeha «prise de tabac»; nfqihe «priseur». Le mot est connu à Tlemcen dans ce sens, mais moins employé que ietnm. A Alger neffah est «prendre ime prise en passant, quand un ami vous en offre une», tandis que iemm est «priser habi- tuellement»,
^si nêfha XjLj «orgueil»; ainsi dans la plupart des parlers algériens (à Nedroma njaha)', employé aussi comme épithète invariable : râzf/ né/Twi «homme orgueilleux»; nâs nëjha «des gens orgueilleux».
«xi» t^n/Yda = classique »J.-oLi3 «acte de mise en possession émanant du sultan»; cf. Arch. Mar., t. I, p. 33 et suiv.
(jMjb fnfisa, pi. tiô/'"'» JL»..-i;.:<, j-jUj : 1° nom d^unité du masdar de inëjfës «respirer, prendre haleine» (le masdar de la v* forme a , à Tanger, (|uand il est usité, la même forme J->*jlj que celui de la ii* forme) : hàllim-ntnëffég uàh'-t^nfita «Laisse-moi un peu reprendre haleine»; 3' «trou pour laisser entrer l'air» , par exemple «trou du soufflet; orifice du conduit de la vapeur au bain maure»; de même à Tlemcen et à Alger; de là «tout orifice du corps humain»; yôlqç-t^nâfëê «Ils ont mangé au point de se boucher tous les orifices du corps»; ^ënfisa a naturellement dans l'argot de Tanger comme à Tlemcen le sens de «anus».
xÀJ nfif «utilité» = tij; munftm, tn''nfî'a, aussi mumfim {mà'"fi'a), avec le même sens, est courant dans la langue la plus vulgaii^>. La première radicale liquide empêchait JUlxjJî de passer à la forme dialectale mfada habituelle dans le dialecte pour les mots de ce schènic (cf. Ulàd Brâhtm. p. 61 ). Le mot, offrant un type exceptionnel en tangérois, *manfia, a été faussement senti par la consciencs populaire comme mot d^rigine
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littéraire et «littérarisé» le plus possible par une vocalisation barbare; il y a d'autres exemples de ce fait dans le parler de Tanger; le musà- mtha= JucL»-» de Houwâra, p. 46, 1. 8 est un exemple pour le Sud marocain.
vJii nçqra ÏJU «argent» est presque seul employé à Tanger à l'exclusion defodda (*«ii) qui est à peine connu. — Le mot est usité à Tlemcen et a Nedroma mais non chez les ruraux d'Oranie (Delphin, Texte», p. i86, le cite comme mot marocain); et à Alger et Gonstantine, il n'est pas compris.
yij nàqqoz «sauter», toujours à la forme intensive à Tanger comme dans toute l'Afrique du Nord (à Tunis avec g:naggez, comme naturellement à Tripoli et chez les bédouins et ruraux d'Algérie; cf. Stdmme, T.G., p. i8i in fine).
(jiijj nçqia JLûJLJ «ressort»; mus' -hû-nçqm est le nom du couteau à cran d'arrêt de fabrication européenne. Le mot est probablement à identifier avec /pg«o de LERcnrNDi, Foc, p. .53o, sub muelle, qui ne m'est pas connu à Tanger. JLûJd désignait en andalou une pièce du mécanisme de l'arbalète qu'il n'est pas facile d'identifier (cf. Dozr, II, p. 544). nçqèa et loqèa me sont inconnus en Algérie avec le sens de ressort; nçqia, à Tlemcen et à Alger, signifie «couture à point croisé» (dans ce sens, on vocalise à Tanger nàqsa). Cependant à Tlemcen, c'est peut-être par
*• le sens de «ressort» qu'il faut expliquer le nom de ngqia (pi. 'nqasi), donné dans le métier à lisser à la «longue baguette qui reçoit le mou- vement des marches»; ce sens est peut-être conservé encore dans l'ex- pression familière , bien connue aussi à Tanger : pll^tlu-nnôqia ooJU AùJlJI xI «Il est devenu fou» proprement : «Son ressort usé s'échappe» (Tanger /o/la/p-nnogia = iJiûJU).
-xj munkàr SIà : y?iàr 'Imunkâr ( Alger-musulman ^Imunkçr, Alger-juif èlmënkûr , Tlemcen et Nedroma çlmunkor) «chercher à nuire à quel-
' qu'un , à le contrister de propos délibéré». Les explications de Dozy, II, p. 234, éclairent l'origine de cette expression. — A Tanger «un mal- intentionné qui cherche à nuire» est myfiqr-''lmûnk&r tandis qu'à Tlem- cen et Alger on dit yçiiâr-ëlmûnkçr {coxaç.J.A., 1904, p. 69, 1. i3).
«^ nhàr, pi. nhàràt, nh^a et nh^àt^L^, c^Kl^J, »j^, diminutif tihçyÂr ^yt:^ «jour» : i' le mot apparaît encore dans l'emploi que lui
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connaît la vieille langue : «nom générique de la portion des au heures pendant laquelle le soleil éclaire»; ainsi : "Uîl unnhâr wnuit et jour» "(toujours avec cet ordre des mots dans cette expression à Tanger, comme le plus souvent encore dans le reste du Maghreb et ailleurs; cf. Fischer, Tag und Nacht ap. Abhand. der philol. Klasse der kôn. fàchs. Gesellschaft dei- Wissenschaften , XXVII, n° XXI, p. 7^1 et suiv.); h'''t(i-etïâ>-ànnhâr «jusqu'à ce que vienne le jour»; 9° nhâr tend à rem placer complètement -^ «jour» unité de temps, au singulier : ainsi toujours nhàr ou nhàr-uàhed «un (seul) jour» dans le comput; uahd- "nnhâr [corn]), déjà pour l'andalou, Ibn Guzmân, 89", 1. 18, 20) «un certain jour»; nhâr-''lh(idd, nhâr-l'tnin, etc., dans les noms des jours de la semaine; dik-''nnhàr (aussi dtk-''nnhàiar, dîk-nnherâli, dÂk-nnhûiràli) «l'autre jour»; fcM/i"-nAâr« chaque jour», -jv., prononcé suivant les cas tadm ou iVtm, n'apparaît plus au singulier que dans quelques expressions ; ainsi "liûma «aujourd'hui (cf. infra, p. 5o4, suh |»>j); iàum-mël-liiâin «un jour d'entre les jours» dans la langue des conteurs, à côté de nhdr-tnèl- Itiâm; iàum-"lqe'âma «le jour de la résurrection», mais fréquemment com- plété par nhdr-''llisâh "ul'''qâb «jour de la reddition des comptes et du châtiment»; aussi kûlla-mum chez les demi-lettrés (comp. Dialecte de Tlemcen, p. 189) à côté de knn'-nhdr. Dans le comput avec les nombres de onze à quatre-vingt-dix-neuf, c'est iàuin (|ui es! enqdoyé à l'exclusion de nhâr; fndiàr-iaum «douze jours»; timn'ien - tàum «quatre-vingts jours»; avec mia «cent» et à/y «mille», par contre, on emploie nhâr : miât-''nhdr «cent jours»: lSl^miât-''nhdr «trois cents jours»: 'âl'J'-nhdy «mille jours»; avec les nombres composés de cent ou mille et d'un nombre supérieur à dix, on emploie nliâr ou iàum, mais de préférence iâum : miàruhum$in-nhdr ou jaum «cent cinquante jours». — Au duel on emploie exclusivement jMmgin «deux jours» et non *nhârâin. — Au pluriel on emploie exclusivement tiam (demi-lettrés '(iiâm) ou iiçimàl : hiMijÂm «ces jours-ci»; dîk4iiâm {dik-lti^ma^) ^le8 jours passés»; iî-iâmât «quelques jours». Dans le comput, avec les noms de nombre de trois à dix, on a tëlt-iiâm «trois jours», etc.; et avec le» noms de nombre de cent trois à cent dix, tniâ^ufmn^iâm «cent huit jours», liâm (non îiâmàt) étant seul employé. — C'est encore îiàm qui apparaît exchisivement avec les sens de «époque; vie; destinée» : fliiâm dmnlfi-lliasân «à l'épocjue de Moulêy el-Hasan»; *ûïiârnQ qot-ifàt «et 868 jours furent terminés» (cf. supra, p. 109, 1. 16); sâ'dn uiiçmQ «sa part de bonheur en ce monde»; comp. sur tout ceci Fischer, of. cit.,
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p. 747, note 1, et p. 748; et infra, -j.,». — Les pluriels nhâràt, nh(lra, nhâràt ne sont employés à Tanger, à ma connaissance, que quand on veut spécifier qu'il s'agit de (t portions des ai heures éclai- rées par le soleil» : imsi J^ssçif katsêblëk-ii-nhârdt (uâl q6ddr''§srçt ''ufss'ty.a kâin-$t-nhêurâj qsçsren fhd-l^udnîn-d'lfâr «En été on a des journées longues comme une corde, et en hiyer on a de pauvres petites journées, courtes comme des oreilles de souris». L'emploi respectif de iûm et de nhâr à Tlemcen est tout à fait identique à celui que con- naît le dialecte de Tanger. Avec quelques différences de détail cet emploi se retrouve dans la plupart des parlers algériens. Cependant chez les ruraux et bédouins, l'usage de -^ pour désigner le «fjour», unité de temps, semble fréquemment mieux conservé.
^^j nâh,'î\iL inuh [iriêh) ^U «gémir» est très peu employée Tanger; on ne l'entend guère que dans l'expression kçihhi "uinâh «Il pleure et gémit»; c'est la 11* forme nûuàh qui est généralement usitée; de même à Tlemcen. — Par contre, le participe de la i" forme nâiàh gU est très courant à Tanger dans le sens de «mauvais, de basse qualité» en parlant des choses; «incapable, propre à rien» en parlant des per- sonnes. En Algérie, je ne connais le mot qu'à Tlemcen, où nâiàfi en parlant des personnes est «mou, maladif, sans énergie».
(jfy^ nad, fut. inôd ^jalj «se lever». Ce mot qui ne semble pas avoir été andalou et qui n'est pas maltais apparaît d'un bout à l'autre du Ma- ghreb: dans toute l'Algérie (mais moins usité dans divers parlers de l'Est constantinois que Oâr, i9ar), au Maroc, à Tripoli (cf. Stumme, M. G. T., p. 3ii, sub -Ls) dans le désert de Libye (cf. Falls , Beduincn- lieder, pièce 18, v. 5, 18, etc.; Hartmann, L.Ï^., p. 90, 1. 9; p. i/ii in princ, etc.). A Tunis seulement, on semble employer exclusivement g5m et non nSd pour «se lever». L'opinion de Landberg {Dadîna, 1981) qu'il faut y voir une forme dialectale parallèle de ^jx^ a beaucoup pour elle; d'autre part, les représentants dialectaux de jh^j sont aussi connus au Maghreb : chez les bédouins et ruraux d'Alger nhâS, à Tanger nhàt, à Tlemcen nthâd{j3^]), construits avec /i (/) , «rabrouer quelqu'un»; au Sahara «partir en razzia». — La ii* forme est à Tanger nâ'içd «faire lever, éveiller», à côté de nçu^d; de même à Alger -juif. C'est un exemple de l'extension, dans les formes dérivées de verbes concaves , du domaine de J^ aux dépens de Jj_i , qui était fréquente en andalou et déjà connue du sémitique ancien (araméen);
w
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cf. Ulàd Brâhitn, p. 29, 3o. 11 faut aussi songer, dans le cas particu- lier de nçiod (nà'iod) provenant de y/ JojJ , à l'influence analogique possible du quasi-synonyme /ptag «r éveiller r».
J»j iwul, pi. nuâî, «f couleur, espècen; métathèse de uyJ incoiuiue aux dialectes algériens. Le Ubyque oflre la forme loi (cf. Hartmann, Libysche Wûtte, p. 85, note 3).
c^yo nàb »rdes blagues»; hàddâmîn^i°l-''nnab voccinpés à dire des blagues»; le plus généralement, "nnâb ulqarnâbi avec le même sens (cf. supra, p. 123, 1. 10). — Le mot est connu en Algérie dans cette acception (cf. Beaussier, p. 699, t_>UJ! vy^)- D'autre part nàb n'est pas courant à Tanger avec le sens propre de trdent canine» qu'il a chez les ruraux et bédouins d'Oranie(pl. nîbân)el ailleurs au Maroc (cf. Fischer, Mat: Sprichw., p. 2 5 t»j medio). rrDent canine» et «défense de sangler» est Tûb (pi. niâb) comme à Tunis (cf. Stumme, T.G., p. 4i); et niba (cf. Fischer, loc. cit.) est, à Tanger, spécialement la «défense de sanglier ou le morceau d'os poli avec lequel les femmes lissent ou aplatissent la couture nouvellement faite».
[.rût, placé immédiatement après un nom ou un pronom, «préci- sément; même» : fdik-"std*a-Hnit «à ce moment-là précisément» ;yi/iA-- "Imçta'-ànnît «précisément à cet endroit-là»; hçua-nnit «lui-même»;
lUo-nnît «à lui-même»; h''tta nnit (avec un nom ou un pronom
intercalé entre les deux particules) «aussi, également»; comp. Ler- CHiiNDi, Voc., p. 766, sub tambien, tampoco. Cette particule se combine avec diverses autres pour les renforcer : avec >àud «aussi» en *àunnU (cf. supra, p. 394); avec uâlakt^ en uàlaktçnnît «mais» (cf. supra, p. 459); avec baida «au surplus» en ba'dâni^ {d. supra , p. 23a); avec fëmm, ^ëmma, en tëmm-"nnît «juste à cet instant-là», et lêmma-niù^ «juste à cet endroit-là». — Ce mot est d'origine berbère; cf. Stumme, Tazerw., p. 2»a; Houwâra, p. 97 ax. Il n'est pas usité à Tlemcen; mais à Nedroma il se rencontre dans l'expression /rt/'-^«t/.« comme de juste n. A Alger, combiné avec A<ir(|a il est connu dans le sens de «aussi»: hdttçnnit ën^d mnihiim «Toi aussi tu es avec eux!»; et chez les Beni- Moussa de Larba (Tell algérois) c'est lui qui apparaît vraisemblable- ment dans Bàtùt «aussi», courant au lieu de 6âni (jLâ-f-c>eJ). — On le retrouve encore avec le sens de «même», ou devenu particule cxpictive, dans le Sud oranais (cf. Mercier ap. Actes du XIV' Congrès,
3i.
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III, p. 396, 332); et dans certains pariers du Tell oranais, il a un sens temporel : Sîk-çnnît «face moment-là même" (cf. Delphin, Textes, p. 67, note 11; p. 3^8, 1. 10; traité comme un féminin à cause de sa finale t; cf. supra, p. 9/10, slii , sub c>-o).
lA^'} nîi fr abricots» (collectif); riiia, nom d'unité, tfun abricot» et aussi (Tun abricotier», pi. niiât; ainsi dans tout le Nord marocain. Le mot est inconnu en Algérie où l'on ne dit que mëimâi (aussi dans le Sud marocain et en §elha, cf. Stcmme, Taz., p. 9o3) et dans quelques par- iers bërgûg (cf. «t/pra, p. 229, sub vj*r?)' Dozy, II, p. 7^3, assigne à ce mot une origine persane.
i«Xift hàda a, comme pronom démonstratif, un féminin hàdi et un pluriel hqÂç ffcelui-ci, celle-ci, ceux-ci». Comme adjectif démonstratif «ce. . . ci, cette. . .ci, ceux . .ci», le mot prend toujours, sans distinction de nombre et de genre, la forme hàd; il en est d'abord ainsi devant les noms pourvus de l'article, comme dans les dialectes algériens : hqd- 'rrâiçl «cet homme-ci»; had-''lmrâ «celte femme-ci»; hâdr^nnàs «ces gens-ci»; mais la même élision de la finale a été étendue, à Tanger, aux cas, très nombreux dans le dialecte, où le démonstratif reçoit après lui un nom déterminé par autre chose que l'article (nom propre, nom à l'état construit, nom pourvu d'alTixe personnel) : hàd- gndua «ces Gnàwa-ci»; had-fâfmâ «cette Fâlma-ci»; had-hçi'na «ce fré- rot à nous que voici». Cette construction, parfaitement connue de la langue ancienne et interprétée par les grammairiens indigènes comme une «apposition explicative» (cf. Nôldeke, Zur Gramm., p. /19, 5o; Fischer, ap. Z.D.M.G., 1906, p. 85o, 85i), devient fréquente chez les auteurs postérieurs (cf. Fleischer, Klein. Schriften, I, p. 7^19, 760; nombreux exemples ap. UsIma, p. rr, dernière ligne; p. ^^, 1. 5, etc.; ap. Mamlim, IV, p. 182 , 1. 2 , 3; p. 292, 1. i /i , etc.). Elle est très répandue aujourd'hui dans la plupart des dialectes (extrême- ment fréquente ap. Littmann, Arah. taies, p. i5, 1. 5; p. 91, 1. 8, 9; p. 196, 1. 4, etc.; ap. WmssBACH, LA., p. i3, 1. 7; ap. Z.D.M.G., 1882, p. 959, 1. 9; p. 961, 1. 5, etc.; ap. Stumme, Malt. St., p. 11, 1. 38, 39; p. 23, 1. 36; p. 33, 1. 9 5, 96, etc. ) et notamment courante dans toute l'Algérie. Mais les pariers algériens ne connaissent pas avec cette
DE TANGER. 485
construction la perte de la voyelie finale du démonstratif hàda , hâdi , hfldu, et à Tlemcen comme à Alger et Constantine, par exemple, on aura dans les exemples donnés ci:^essus : hadu-gmua, hàdi-fâtma, lifida-hçiina. — Enfin il fa<it noter qu'à Tanger la perte de la voyelle finale est encore possible pour hâda pronom démonstratif tf celui» suivi tlu relatif "Ui : had-"lli-gâlçs h'nâia; had-''Ui gâlsa h'nâia; had'-''lli galsin h'nâia {k côté de hàda-Ui, hâdi-lli, hâdo-lli) «celui (celle, ceux) qui est (sont) assis ci-près».
Sur hâdâk, hâdik, hçdûk, cf. supra, p. 390, sub dàk, dik, dûk.
\Jb harza, pi. h°r(z ï^yft ff bouchée d'une chose acre et brûlante, par exemple de piment rouge » ( une bouchée d'une chose trop salée est dçgga). Le mot m'est inconnu en Algérie. — Le verbe /i-rfz auquel se rattache le mot harza n'est employé à Tanger que dans le sens de «châtrer» (comp. Lerchcndi, Foc, p. 170, sub capar), et non dans celui de «défoncer» qu'il a dans le Sud marocain {Houwâra , p. 29 ba).
U*»yÔ harr^s est le mot habituel à Tanger pour «casser, briser»; k'uâr n'est employé que dans un sens très spécial (cf. tupra, p. 45o). — Ce mot était aussi courant en andalou (cf. Dozv, II, p. ']blx-,Hadàiq, cah. 38, p. 8, 1.9 : Q-lA*.*A-«o>JiJ lil [rectifié d'après ms. Paris]). En Alger rie, il est aussi très répandu. A Tlemcen et dans la plupart des parlers d'Oranie, il est employé dans le sens de «casser» concurremment avec hfsêâr; néanmoins, quand on voudra exprimer l'idée de «briser en nombreux morceaux», on l'emploiera seul à l'exclusion de kfs»âr, et c'est dans ce dernier sens seulement, jamais dans celui de «casser» simplement qu'il est employé à Alger et dans le Tell algérois; à Alger- juif, il est à peu près inconnu. Dans le Sud algérois et dans le dépar- tement de Constantine, c'est non pas «casser» mais «broyer, mettre en miettes», comme au Sénégal (cf. Reynieb, p. fia) et en Syrie (cf. Cuchb, p. 708).
(jjvA h'râq a toujours un sens passif «être renversé» (en parlant d'un liquide ou d'une substance en grains); à Alger, le sens actif apparaît dans la locution hr^q-ôlmâ «uriner». — A Tanger, c'est la ii* forme hqrràq qui a le sens de «renverser, répandre».
lar-A h'zaià i2o\-y^ «grands airs, embarras» ; hàzzçt «faire des embarras»; hàziii «ffaiscur d'embarras». Ces mots sont inconnus de la plupart des
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papiers algériens; cependant, à Alger, on emploie couramment hàzzol dans le sens de «rse vanter faussement et maladroitement»; et hâzzat dans le sens de «vantard»; cf. Peaussier, p. 709. — A Constantine, h^zot est «être effrayé».
ia$ hàmàiçt h^lj*\^ «tapage, démonstration solennelle et bruyante»; le mot existe aussi dans la langue espagnole des Juifs tangérois , et c'est vraisemblablement à leur parler que l'arabe tangérois a emprunté ce mot; il me paraît certain qu'il est l'hébreu DVDn de Proverbes, I, 21. Il est inconnu en Algérie , même dans le dialecte juif d'Alger.
*3sjii5 hand «acier»; aussi à Tlemcen à côté de tkîr j-}5i; connu aussi des ruraux d'Oranie, mais beaucoup moins employé que êhir; le mot semble inusité dans le reste de l'Algérie, mais il apparaît d'une part dans le Maghreb oriental et de l'autre au Sénégal ; il était andalou ; cf. Dialecte de Tlemcen, p. 3i6; Dozy, II, p. 765, 766; Stumme, T.B.L., p. i59, i53; Revnier, p. 11 3.
hnndi ^>JLiâ «figues de Barbarie» (collectif) est féminin à Tanger; nom d'unité handlia «une figue de Barbarie», pi. handtial; il y a aussi un pluriel d'abondance h^nûd «des tas de figues», employé par exemple dans le cri du vendeur de figues de Barbarie : "Ih'nûd "llah-en'âl-èhûd « Figues de Barbarie ! Que Dieu maudisse les Juifs I » Le nom de handi est aussi celui par lequel on désigne couramment la figue de Barbarie dans la plupart des parlers du département de Constantine (féminin à Constantine) et dans le Maghreb oriental (cf. Stomme, T.G.,% 82; T.B.L., p. i53). Dans les départements d'Alger et d'Oran ce nom est connu, mais assez peu employé. Cependant, à Nedroma et dans la région, handiia est courant, à la fois comme collectif et nom d'unité. A Tlemcen et à Alger, handi n'apparaît guère que dans le cri du vendeur de figues de Barbarie : glhdndi çlhdndi "ulmûs mën->Andi «Figues de Bar- barie I Et c'est moi qui donne le coup de couteau pour fendre l'enve- loppe!» (comp. Desparmet, Arabe dialectal, 1" période, p. 178, 1. 4). C'est, comme on l'a reconnu depuis longtemps, la «figue d'Inde» (c'est-à- dire des Indes occidentales; comp. le nom de ce fruit en maltais, ilbai- tar ta gindia; Ilg-Stumme, n° 285); cf. à titre de curiosité l'étymologie indigène rapportée ap. Delphin, Recueil de texte», ^. 190, note 29. — Dans la généralité des parlers des départements d'Alger et d'Oran , le nom courant du fruit est harmos-onmara «figues des Chrétiens»; dans le Sud
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algérois k'ramrënnsâra (cf. KAMPFFHEyER, Sûdalgeiische Studien, p. 286, \. 16); dans la plaine du Gheliff kapnûs-sara (aussi Alger-juif kormtis- mra); à Alger et dans la Mitidja, on a karmos-sara (comp. Despar- MET, op. cit., p. 97, 1. 18; p. 60, 1. li); enfin, dans d'autres régions (Médéa, Mazouna), on entend fcj"um, ou kunn, ou kum-ossara. Toutes ces déformations du mot sont issues de dissimilations diverses : dispari- tion de «^ par l'action de s* ; de n* par l'action de m' ; de r' par l'action de r*. Le fruit est aussi appelé nàsràntia dans le Tell algérois et oranais.
\.yjjb handâza »;loOL^ frsouquenille en haillons» et spécialement wsou- quenille des Haddâua»; comp. J.A., nov.-déc. 1906, p. 46o, 1. 16. Le mot est complètement inconnu en Algérie.
âkift hçuud (11* forme) «descendre» et plus spécialement «descendre une côte, un chemin en pente», tandis que h"bot (Ia<-<â) est «descendre un escalier; descendre le long d'une échelle; s'abattre (en parlant d'un oiseau)». Ce mot semble ignoré du Maghreb oriental; il est employé à peu près partout en Algérie {hâuuod, houmd) quoiqu'on lui préfère hadder dans le Sud conslanlinois, et râb dans quelques régions du Tell algérois (p. ex. Teniet el-hadd); à Alger-ville houod est complète- ment inusité; hbot ($ic) est seul courant pour «descendre», h'bât, qui est très employé à Tunis, se rencontre en Algérie à Tlemcen et dans le Nord-Est conslanlinois ; il est généralement peu usité dans les dialectes ruraux et bédouins des départements d'Alger et d'Oran. — Dans divers parlers algériens , /ipuuod, ayant la 11' forme qui exprime d'ordinairo l'idée factitive, signifie, en plus de «descendre» (v. neutre), «faire descendre» (verbe transitif factitif). Mais, à Tanger, hçtiud ne connaît pas ce sens. A Tanger le nom de métier, hçuàd, pi. hçuâdm >>l^ , sert constamment de participe présent à hôu{id, suivant un processus qui apparaît fré- quemment dans le dialecte (cf. J|j, Jl/J, pO^^), qui semble avoir été andalou (cf. Vocabulista, pa»sim), et dont le maltais et certains parlers algériens (juif d'Alger, tlemcénien) offrent quelques exemples.
hâuûd {hà'ud) J^Lé, iii* forme, nom d'action tnhâuda, «conseiller quelque chose à quelqu'un». Ce verbe a deux constructions différentes : ou bien le nom de la chose conseillée est régime direct, tandis que le nom ou pronom désignant la personne conseillée est précédé de '"là; ou bien le nom de la chose conseillée est précédé de la préposition / (n) ou de la préposition »a/â, et le nom ou pronom désignant la personne est
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régime direct : ainsi indifféremment : «fcyn hé^ûd l'iik hq*-ddxiâ (ou ^'tnël h</-dduâ), ou àkûn hâudçk nha^-ddiid (ou '"lâ-ha'-ddyd; ou lâtmel ha -dduà) «Qui t'a conseille ce remède?»
Le mot est inconnu dans ce sens en Algérie où hçn/Lud signifie seule- ment «marchander à quelqu'une» (construit avec le nom de la personne, complément direct, ct/« devant le nom de l'objet marchandé), ou «rrécon- cilier» (avec i^), ou à Tlemcen «chercher à se réconcilier avec quel- qu'unn (avec un complément direct); comp. Dozr, II, p. 768; Ccche, p. 716, 717. — La vi' forme thâuûd (thà'ud) signifie à Tanger «se con- certer, s'accorder w; le nom d'action, comme beaucoup de ceux de la vi' forme, a un schème J-i>cLij' thàuid, par extension analogique à toutes les formes dérivées du J-oub" de la u' forme. Le mot a à Tlemcen le môme sens qu'à Tanger; à Alger il signifie spécialement «s'accorder au sujet d'un prix débattu 77.
)«XAiô hâida «comme ceci» (à côté de hàkda)-, hâidàk «comme cela» (à côté de hçikdak);ces adverbes n'apparaissent à ma connaissance , en Algé- rie, que dans les dialectes juifs d'Alger, Constantine et Tlemcen; cf. sur la particule démonstrative )| qui est le premier de leurs éléments compo- sants, Barth, Sprachw. Untersuchungen, I, p. 19 et suiv. —On emploie hâida ( hâkda ) pour caractériser une action ou un état personnels et ac- tuels; haidak (hâkdak) pour caractériser une action ou un état d'autrui et non actuels ; Ahmed montrant à Maliboûb comment on roule une ciga- rette lui dit en en roulant une : tâ'tnël hâkda «Tu devras faire comme ceci» ; Maliboûb répond : noqdàr-na'tnèl-hâidak «Je suis capable de faire comme cela (comme tu fais, toi)». U essaie et interroge : hâida? «Est-ce bien comme ceci?» Ahmed répond : hâkdak «C'est bien comme cela (comme tu fais, toi)».
Qj»iAifc hçiiiûn «la (leur de l'âge; le beau temps de la jeunesse»; tout à fait l'équivalent du classique ylyULc. Le mot ne m'est pas connu en Algé- rie, sauf à Laghouat dans la seule expression z(i-/Aginun « Voilà le hçinûn arrivé I» qu'on emploie en parlant d'un accès d'extravagance dont est pris un individu jusque-là calme. L'origine du mot est obscure; peut- être est-ce une déformation du nom du mois de J>Jbl , inconnu aujour- d'hui dans le Maghreb, mais qui était employé en Andalousie (cf. Ibn GrzMÂN, 91', 1. 1 et 9); peut-être est-ce un emprunt déformé de l'hébreu D^?!*?!! ou de l'hébreu 77^n, venu de l'andalou.
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iî» uàd, pi. utdàn : i° «cours d'eau naturels; 2° «conduit; égout». Ce deuxième sens se trouve aussi, en Algérie, à Tlemcen et à Nedroma. — La perte du t final de (^^Ij est déjà attestée dans la langue ancienne (cf. Lisân, XX, p. 269 in fine); i'andalou la connaissait (cf. Pedro DE Alcala, p. 38 1,1. 27, 29; Voc, p. 563, sub ..nvu«; Hadàiq, cahier 3o, p. 7, 1. 8; cah. 3i,p. 3, 1. 4; et comp. l'onomastique géographique de l'Espagne); on la retrouve en maltais uift(cf. Falzon, p. ^76; Stcmme, M. St., p. A5, 1. 26), au Sénégal (cf. Retnier, p. 107), chez les fellah de Palestine (cf. Bauer, Paliist. Arab., p. 1 13 , 1. 7 ; p. 208 in fine; p. 221, è, n" i3; Z.D.P.V., XV, p. 110, m), dans tous les parlers de l'Al- gérie et en Tunisie. A Tripoli et en Libye par contre, on a uâdi* comme dans la plupart des dialectes arabes orientaux (cf. Stuhme, M.G.T., 8 189; Hartmann, L.W., p. 65, 66 et passim).
J^ Cf.Jjî.
y^ tfô/p, cf.^j^.
3ju)^ uàlàrni «évidemment; je m'aperçois que...?5. Sous cette forme invariable, et toujours suivie defik «à Ion sujet», cette locution sert à marquer à un interlocuteur une surprise ironique à la constatation d'un acie ou à l'audition d'une parole qu'on n'attendait pas de lui (cf. supra, p. 91, 1. 9). Au reste celle locution doit être d'un emploi assez rare à Tanger, car l'ayant entendue dans ia boudie de certains informateurs, j'ai, au cours d'une enquête ultérieure, rencontré d'autres informateurs auxquels elle était inconnue. Il faut évidemment ia rapprocher des locutions de forme voisine et de même sens qu'on rencontre, non seulement dans les dialectes algériens et marocains {]iQtren, ^çdrân, tranni, utopùk, uatirïk) et au Sénégal (cf. Basset, Mittion, I, p. 897, i. 10, (^y^I)' ™*"^ ^^"® beaucoup de dialectes orientaux , et sur lesquelles cf. Obteiratiom sut- Beauaier, p. 4 19 , Û20 ; SociN, Mogador, p. 3o, note 89; Dialecte de Tlemcen, p. 186; et Land- BRRO, DaOma, p. 699 et suîv.
jjj ut&r «cordes des instruments à cordes-^; lût&r «l'ensemble dos instru- ments à cordes n; c'est vraisemblablement le pluriel ,bjl devenu collec- tif (comp. Dozv, II, p. 778, ,bjill «la musique instrumentale»); «une
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corde d'instrument» est à Tanger aussi «|ar ou /"fdi dlûtâr, pi. u^àràt ou frâda dlûtâr; «trois cordes d'instruments» est tlâld-dlûtârat ou plus fréquemment tlâtâ^Ufrâda (d'I frâda) dlûtâr. Içqâma dlûtâr désigne l'en- semble des accessoires d'instruments à cordes (résine, cordes de rechange , etc. ). — A Alger et à Nedroma , on a de même , à la fois comme collectif et comme singulier, utàr avec un pluriel utàrâl. A Tlemcen comme à Tunis , des représentants distincts de yfj , singulier, et de ^bjl, pluriel, se.sont maintenus : Tlemcen utor, pi. utSr (déter- miné leutar) «r corde d'instrument» ; aussi «corde qui réunit les deux tra- verses du battant dans le métier à tisser» ; Tunis, utâr{t> t) , pi. utSr (cf. Stumme, T.G., 8 100, p. 8i). A Rabat «corde d'instrument» est "w/ra, pi. utàr (cf. Fischer, Mar. Sprichw., p. ao), qui, à Tanger, si- gnifie «cordelette de la ligne à pécher». >
c*A.j ^âzëb «répondre»; cette métathèse de v^W' se retrouve dans le Sud marocain (Socin, Mar., p. 38, note 76), dans toute l'Algérie et aussi en tunisien et en maltais (cf. Brockelmanm, Grundriss, I, p. 37a).
*^3 ûzah, pi. uzûh (uzâh); la perte du h final dans ce mot, si fréquente dans les dialectes arabes, que l'Andalousie connaissait, et que certains parlers maghribins connaissent encore (Tlemcen, Alger, Malte), ne se produit jamais à Tanger. Le mot signifie dans le parler de cette ville : 1° «visage»; 9° «le dessus de toute chose : dessus du pied; empeigne du soulier; côté extérieiir du jellâb, etc.»; 3° «la garniture de légumes qu'on place sur le dessus du cousscouss»; 4° «centime»; dans ce sens, le mot n'apparait pas au singulier, mais bien son synonyme mçzûna; en revanche «ipzûna n'est pas employé au duel et on dit seulement ^uzhâin «deux centimes»; le pluriel uzâh [tçlt-uzëh «trois centimes», etc.) est aussi employé, à côté de mçziinàt {tlàtd-llmçziinât , jamais tçlt), pi. de mçzûna; cf. Hoest, Nachrichten v. Marôkos, p. 380, note; et Modlié- RAs, Maroc inconnu, II, p. 698.
Cf. *js^.
«Xâk.^ nàhçd «un, unique, un seul»; razf/ ua^^ed «un homme, un seul homme » ; la vocalisation , de quantité très instable , n'est pas facilement explicable; elle décèle peut-être un emprunt ancien à la langue litté- raire (soit o»^!^, soit o>-o>.j, avec la voyelle brève conservée et allongée); uàhèd est très employé dans la langue la plus courante, à côté de y^âhçd qui est le représentant normal dans le dialecte de J>«^)^ ancien. — Le
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féminin est uahda représentant, soit un ancien ».Xa-^, soit simplement fcx^lj , avec abréviation de à suivi d'une spirante iaryngale en syllabe fermée (ainsi dans la plupart des dialectes). — ii-uàhed «quelqu'un»; ii-uahda {ii-u''hda) «quelqu'une». — Il existe à Tanger comme à Tlemcen et à Alger un diminutif nhehad, fém. uhehda (cf. sur les dimi- nutifs JaufXi, Dialecte de Tlemcen, p. 99, 100), employé pour marquer la commisération ou la tendresse^ /"uiiçl-uhêhad «un unique petit en- fant»; marrà-uhçhda «une seule malheureuse fois».
uàhd , précédant un mot déterminé , sert à rendre l'idée de l'article indéfini. La voyelle a n'y est jamais longue; elle est toujours, ou brève [uàhd), ou de longueur moyenne [uahd)\ mais son timbre est nette- ment a; et de ce fait, il faut considérer ce uahd comme procédant de xiâhàd = «J^'^, qui apparaît, dans les dialectes algériens, dans le même emploi que uahd tangérois , avec la quantité de la voyelle longue ô géné- ralement conservée. La diminution de longueur â > a devant la spi- rante larpgale h n'est pas surprenante (cf. Fischer, Mai: Sprichw., p. 1 1 ) et l'altération de la quantité ancienne dans un mot très employé est au surplus très naturelle; il semble d'après la graphie d'IeN Gdzhân que, dans le même emploi, en andalou, uàhid était aussi passé à itahd (fol. 87", 1. 20; 39", 1. 18 et 30 ). D'autre part, à Tanger, ^ahd article indéfini perd fréquemment son d final; il en est de même dans le parler des Houuâra, mais seulement, semble-t-il , devant un nom dont l'initiale est une occlusive dentale ou sifflante. A Tlemcen jiâhad, article indéfini, se réduit couramment à fia (cf. Dialecte de Tlemcen, p. 118). A Alger-juif, «un, unique» est uâhe <:zy^^y avec chute du d final comme en omàni (cf. Rbinhardt, p. 10, 1. 6 et S 47). — ^ahd (jfa/t), article indéfini invariable, précède généralement un substantif mas- culin ou féminin déterminé par l'article : }iahd-''rrdzfl «un homme»; uah''-lmrâ «une femme». Il est aussi très courant devant un nom composé (ou d'origine berbère) n'admettant pas l'article, ou devant un nom déterminé par un afTixc personnel : ^ah-i^qq-hedra «une prise d'air»; 'ândQ-uahd-'immâh kâtj^iiç h'zzâf «Il a une mère qui le gâte Iwancoup» (conip. à Tlemcen liLk-i) ldha^bh"â «j)as un père à moi»; L;L».il là ha-mnî^â «pas une mère à moi» ap. /.i^., juillet-août 190^, p. 6a, L 18). Mais contrairement à co qui existe dans les dialectes oranais, ^a^(uaA) ne peut pas, à Tanger, être employé avec un plu- riel : «des gens» est «-««'«, jamais unlud-nnà». — Enfin (le\nnt un nom de nombre, yiahd suivi de l'article {]^ahd-''l, xiali"-l) exprime
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ridée de «une affaire de, environ» ou, par affaiblissement de sens, devient simplement explétif : uàK'-Udsnn-tâlgh «environ vingt tolbas»; uah'-ziûi^d'p-uât «deux bouts de plume»: de même en Algérie (cf. UlddBrâhim, p. ttxS) et dans le Sud marocain (cf. Houwàra, p. 58, 1. 95, uah-tlata d'rrzAla — trois hommes).
*uahd ou *uahdit : avec les affixes personnels uahdi, jta/idp, uahdëk, etc. ou ifêhditi, i^ahdUo, uèhdilëk «moi seul, lui seul, toi seul»; le plus souvent précédé de la préposition b: huàhdi, buahdîlQ, etc. *uahd dans cet emploi représente le classique y^ ; *uahdu qui est entièrement inconnu aux parlcrs algériens, doit vraisemblablement être rapproché de *baitêt [*ba<det) sur lequel cf. supra, p. 333; mais il faut aussi tenir compte de i'infixe t qui apparaît en berbère entre certaines parti- cules et certains des affixes personnels; et précisément en Selha, uahdu {uahdut) est du nombre (cf. Stumme, Taz., 8 la^, 129', aai ).
Lûk.^ uahha {ua'ha) : 1° «Bienl C'est entendu!» connu aussi dans le Sud marocain et en §elha (cf. Houwàra, p. 4i; Stumme, Taz,, p. aie); 2° «même si»; équivalent du français «bien que». Ce sens, courant à Tanger, s'est développé du précédent ; uàhha , particule adverbiale d'affir- mation , lorsqu'elle venait entre deux propositions , soulignait et détrui- sait à la fois une incompatibilité apparente entre l'idée exprimée par la première et l'idée exprimée par la deuxième; elle subordonnait ainsi l'une à l'autre, au point de vue logique, et est naturellement devenue agent de subordination grammaticale : ukêiqfi-imf >-mën- iâ'doifn-i''lçh uahhd-ikun skû-mâ-kan «Et il rive leur clou à tous ceux qui font les malins avec lui; oui bien! Ce serait n'importe qui!» c'est- à-dire «quand bien même ce serait n'importe quiv. uahha est com- plètement inconnu en Algérie ; son origine est obscure; Budgett Meakin (An introduction, n° 977) a proposé j«^^ qui est discutable.
Ci*à»^ uâht «temps» à côté de «âgt=:o»Sj; dans ce mot, le groupe ql a été diversement altéré dans la plupart des dialectes ; d'une façon géné- rale, l'arabe moderne a fait disparaître la succession, à la finale, de l'explosion formidable de 3 et de l'implosion de ca. Mais le procédé du tangérois , spirantisation de g > /» est rare dans le domaine de l'arabe vulgaire; j'ai toutefois entendu en Egypte, chez les fellah de Saqqâra, deluàht «maintenant»; on a aussi y,oht<Zv>3f en Zenaga et en berbère du Sud tunisien (cf. Basset, Mission, I, p. 279; Provo- telle, Sened, p. 88, 91, gti). — Ailleurs q est passé à k dont l'ex-
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plosion est moins forte : Tell oranais Sàk-çluàkt ffà ce moment- là»; Sa'îd égyptien deluakt «maintenant» (Landberg, Dadîna, p. 4i5, note) et aussi deluakti; iraqois uak't = 005 ; Sud algérois uçtk't et uçïkta «quand?». — Enfin dans les locutions adverbiales et conjonc- tives d'un usage très fréquent, «maintenant» et «quand», 0Ô5, entré en composition avec d'autres éléments, perd généralement son t final : c'est le cas du deruoq tlemcénien, êàruok rural oranais «maintenant», dont des équivalents variés se retrouvent dans presque toute l'Algérie (cf. DocTTÉ, Un texte arabe en dialecte oranais, p. 25, note 70), dans le Sud marocain (cf. Houwâra, p. 98, note az) et aussi en Syrie (hallaq); c'est aussi le cas du Joiàq, fijiah tangérois et de ses équiva- lents maghribin s variés; cf. supra, p. iig, g>à.
b^ Cf. ;>-..
^£y^ uHn-a, fut. iuûrn, «montrer», se retrouve à Tanger comme dans tout le Maghreb et dans la plupart des dialectes arabes orientaux. On a proposé d'expliquer ce verbe par une meta thèse du (^3; (= (S^) '1 cf. Brockelmank, Grundriss, I, p. SgS) qui se rencontre avec le même sens dans les dialectes du Sud de l'Arabie (cf. Landberg, Hadr., p. 596; Stace, Foc, p. i55, sub show; en omâni, à la ni* forme, ràue ap. Reinhardt, 8875) et de la Mésopotamie (à Mardin rauiia ap. Z.D.M.G., 1889, p. 943, 1. 10; à Mossoul le futur imit ap. Z.P.Af.G. , 1889, p. i3, 1. 11; p. 93, 1. 19). De fait les métathèses entre semi- voyelles et consonnes sont fréquentes dans tout le domaine des dialectes arabes (cf. Brockelmann, Grundriss, I, p. 379) et on a voulu précisé- ment expliquer par une métathèse, de sens contraire il est vrai, à l'intérieur du sémitique ancien, l'existence de l'arabe (^^^ en face de l'hébreu min et de l'amharique uaré (cf. Barth, Etym. Studien , p. i3, i4; une autre hypothèse sur l'origine de miil ap. Z.D.M.G., 1887, p. 396 in fine). — D'autre part on peut supposer que, au futur de la iv' forme (^■J>,, la voyelle brève du préfixe a été allongée {ûri; la tendance à reprendre une trilitarité que deux «infirmités» faisaient perdre à ce verbe, expliquerait suffisamment cet allongement qui se retrouve en maltais pour Je futur de la i" forme {iàra «il voit») et qui a fait passer le participe actif 4^** à mûri dans la langue des auteurs du moyen âge (cf. El-BattAnî,' Glos.; comp. Dozt, I, p. 698; aujourd'hui encore au Maroc mûi-i, pi. wu^ra, «aiguille de montre»). De ce futur {ûri aurait été reformé un parfait aura (^i^l) qui appa-
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raît précisément dans divers dialectes (arabique, andalou, égyptien, iibyque, maltais; chez les ruraux d'Oranie ie futur iûri dans la seule formule lâ-iûrik mâ-iûz'ak «Que Dieu ne te montre pas ce qui pour- rait te causer de la douleur»). Vollehs, qui voit aussi dans aura une reformalion secondaire d'après le futur iûri, suppose pour le passade de (£yi^>iûri un intermédiaire iu'ri, que rien ne justifie à mon sens (cf. Volkstprache und Schriftsprache , p. gi). Puis, comme dans la plupart des dialectes , et notamment dans les dialectes maghribins , la II' forme s'est complètement substituée pour exprimer l'idée factitive à la IV* forme éteinte, aura serait passé à uurra. — Enfin l'existence dans toute TOranie d'un participe actif uâri avec le sens de «évident'' (je ne connais personnellement ni parfait ni futur employés) permet de formuler une troisième hypothèse, celle de l'existence pour t^^ du sens de «être clair», négligé par les lexicographes (cf. cependant Kaiiâfsur Coran, vu, lia; Asâs el-balàya, II, p. 33 o, 1. 4; et les dic- tionnaires sub K^), mais conservé dans les dialectes: dans la plupart d'entre eux, aux thèmes dérivés; sporadiquement dans le Maghreb, au participe actif du thème fondamental: à diverses formes la racine \'(£)i a le sens de «cacher» ou, plus exactement, de rx cacher une chose en en montrant une autre»; elle serait à compter parmi les addâd, exactement comme ^^^ et y/^^ (cf. El-Anbâbï, Addâd, p. 961, 369).
la*oy uçs^-ddar «cour intérieure d'une maison» (sans pluriel) = la*,^ ^IjJI. La réduction de »t (»f) >«»>>« apparaît fréquemment dans les dialectes arabes. Elle est naturelle, tout particulièrement, dans un mot composé, d'un usage très courant, comme uost-oddàr; il faut ajou- ter que la présence d'une dentale subséquente (d) pouvait faciliter la disparition du t par dissimilation. Le mot est à Tanger féminin; c'est le genre du deuxième élément composant {dâr) qui a dominé comme dans bU-''nnâr et soqq-heâra (cf. supra, p. alio et 346). — Le mot se retrouve avec la même signification à Alger (le plus souvent -oss-gddâr avec réduction de st), à Constantine et à Tunis (sans réduction; cf. Clermont, L'arabe parlé tunisien, p. aaS, 1. 4); mais il est, dans le parler de ces villes, du genre masculin. A Tlemccn on a dans le même sens fQs-odddr où /initiale représente la préposition i aggluti- née; le mot est aussi féminin : 'ànd'na hâ-Jçs-oddâr uns m helgràra «Nous avons dans notre maison une cour intérieure large comme une
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plaine n. Comp. Tidentité sémantique en berbère à Ouargia, Sened, Gbadamès («cour intérieure" = «moitié de la maison») ap. Bubnat, Ouargia, p. 268; Prototelle, Sened, p. 107; Mottlinski , /ÎWam^» , p. 11 4.
Ju^sj uoslâ, pi. osàle JCLs^, JU»? «tablette rectangulaire sur laquelle on porte le pain au four»; cf. Lerghunsi, Voc, p. 87, sub anacal; p. 860, sub tabla de pan. Le mot était andalou (cf. Dozt, II, 8i3). Il est inconnu aux dialectes algériens. A Tlemcen et à Nedroma, la longue planche à porter le pain s'appelle Wh dglhubz; et à Alger, la tablette de même forme et de mêmes dimensions que la uoslà tangé- roise est dénommée luh-àlhubz. Mais à Tlemcen, le terme consacré pour porter le pain au four est encore aujourd'hui uossol; cf. J.A., juil- let 190Û, p. 54, 1. 16.
^utsol : 1° «faire parvenir, conduire»; 3° «parvenir, arriver à» employé dans ce sens concurremment avec la 1" forme mW; comp. zçj-ra et ira «rcourir», supra, p. 249.
tt«o? JusIÏjI construit avec b «rejoindre, se réunir à»; aussi chez les ruraux d'Oranie, mais avec un sens un peu différent «être lié à; s'attacher à». Ce représentant dialectal de Juaj! (viii* forme de Juaj) est un exemple caractéristique : 1° de l'allongement de la voyelle brève qui suit le tt initial de la vin* forme des verbes assimilés , phénomène apparaissant sporadiquement dans les dialectes maghribins (cf. Ulâd Bràhim, p. io4): 2° de l'emphatisation du t formatif de la viii* forme en t, phénomène dont il existe aussi des manifestations isolées dans tout le domaine de l'arabe maghribin (cf. Ulâd Bràhim, p. 21). En l'espèce, l'emphatisation peut ne pas être une modification d'articula- tion, entièrement spontanée; il faut envisager l'hypothèse d'une assimi- lation d'emphase à $ subséquent.
^i Cf. ^y».
4>x^ tfai'd «malheur (fixé par Dieu)»; le mot est aussi employé dans ce sens dans toute l'Oranie et à Alger. Selon toute apparence, c'est un euphémisme; comp. Arch. Mar., XI, p. 471, 471?.
^jjJ»5 (/â/09 JibI «convenir de. s'accorder sur» construit avec ''là. Ce représentant dialectal de (jjJbl (viii* forme de Jij), avec allongement de la voyelle brève qui suit le tt initial, se retrouve dans les parlers algériens (cf. Ulàd Bràhim , p. loû).
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Jk*5 uyôl ff être enfoncé profondément et à frottement durn : "lq*srà-uylçt- frrdçma «Le bouchon (s'étant cassé) ne peut plus être extrait du gou- lot de la bouteilles. Le mot s'emploie aussi au sens figuré (rétre engagé dans des difficultés dont on ne peut se dépêtrer». Je ne connais pas lo mot dans les parlers algériens.
j'i^ nqâr wdeuil» ^Uj; muôqqâr Jiy» ttqui est en deuiln; comp. Bcdgett Meakin, The Moors, p. 878, ûqdr. — En Algérie ces mots ne sont employés avec ce sens particulier qu'à Tlemcen; partout ailleurs, mtfàqqâr est seulement «respecté»; d'autre part -35 apparaît en Egypte avec un sens tout voisin (cf. Spiro, Voc, p. 648). — ûq&r a toute l'apparence d'un euphémisme; il est à noter qu'on ne l'emploie qu'en parlant du deuil des musulmans; pour les juifs et les chrétiens, on ne dit jamais ûqar et muâqqàr, mais hzën et hàzn^n qui sont en Algé- rie, dans la plupart des parlers, les mots habituels pour «deuil» et «en deuil».
v_À»^ mçqof \Jiiyt «endroit où stationnent les bêtes de louage (surtout les ânes), ou les manœuvres qui désirent s'embaucher à la journée»; cf. Lercrcndi, Voc, p. 459, suhjomalero; Arch. Mar., II, p. 117. Il y a des <Jb^ dans la plupart des villes d'Algérie : à Tlemr^n, les journaliers agricoles se réunissent dès l'aube au meuqof de la place de la Sikak ; à Gonstantine , le tnçqof était rue Gahoreau ; il y en avait aussi et il y en a encore dans les villes d'Orient (cf. Maqrïzï, I, p. 346 m fine; Spiro, Voc, p. 649; Z.D.P.V., t. VI, p. 47). D'autre part, le mot apparaît, à la fois à Mogador et à Tripoli, dans un emploi tout à fait analogue (Mogador hrâ lilmûqf «louer au mQqQfn; Tripoli haddâm elmôgof V ouvrier du mçqo/Ti), mais avec le sens particulier de «travail du maçon»; cf. Socii», Mar., p. 18, 1. 68; Stumme, M.G.T., p. 3i6. Peut-être le mot a-t-il pris dans ces deux parlers ce sens particulier, parce que les ânes du niçqof étaient surtout loués pour le transport des matériaux de construction, et les journaliers du mçqof surtout embauchés comme goujats; mais la glose de Socin, Mar., loc. cit., à savoir qu'à Mogador et en àelha mçqof esi un terme technique de ma- çonnerie, fait difficulté. — Blanc donne pour Tanger l'intéressant mçqofzi «journalier», qui serait tiré de mçqof par l'adjonction de l'ethnique turc 5 (cf. Arch. Mar., VII, p. 489). Le mot ne m'est per- sonnellement pas connu.
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Jtj oqeia -^oj, â^^I ffonce» ; duel ôqèîtçin, pluriel àuaq et oqeiat; sur la valeur de Vôqêia comme momiaie et comme mesure de poids, cf. Bddgett Meakin. An inti-oduction , p. 58, Bg; aussi Mocliéras, Maroc inconnu, II, p. 696, 697 (mais la forme singulier uaq signalée par cet auteur est inconnue à Tanger). Le pluriel âuaq reporte à un ancien 51^1 (ô'^') dont le i final est tombé. Il est déjà attesté ap. El-Bekbï {Description de l'Afrique, p. 117, 1. ifr ,j!^i)l); Tandalou le coimaissait (cf. Vocabulista , ^. 635, ^3l5! sub uncia; mais Pedro be Alcala, p. 829, 1. 10, li , avâqui)\ et le maltais en offre un équivalent çuiçq (cf. Falzon, p. 476); il se trouve aujourd'hui en Pales- tine (cf. Bacer, PcUàst. Arabisch, p. 190, 1. 10) et dans tout le Maghreb (dans tous les parlers algériens, et à Tunis; cf. Stumme, T.M.G., p. 78, 1. 3). — A Tanger âuaq s'emploie exclusivement dans le comput ; il suit directement les noms de nombre , qui prennent leur flexion particulière d'état construit : t'it-duaq, hàms-âuâq, etc. Le pluriel oqeiat s'emploie en dehors du comput; de plus, lorsqu'une confusion est à redouter dans l'esprit d'un interiocuteur entre l'once- monnaie et l'once mesure de poids, on peut avoir recours pour nom- brer des unités de cette dernière au pluriel ôqeiàt précédé de l'article et de la préposition d (jamais construit directement avec les noms de nombre) : ainsi flt-âuaq, àr^b't-diiaq tt trois onces, quatre onces en poids» (trois onces, quatre onces en monnaie ne sont plus en usage à Tanger aujourd'hui), mais humsa-dlçqèiâl «cinq onces en poids» à côté de hams-âuâq qui est à la fois «cinq onces-poids» et «cinq onces- monnaie, quatre sous». — h'''td-ng''b'-âuâq-unû?s- «jusqu'à six sous» (sept onces ot demie) s'emploie en argot à Tanger dans le sens de «à fond, d'une façon complète»; j'ignore l'origine de cette exprès^ sion.
0(5^ ûkân : 1° «seulement; voilà tout», toujours placé à la fin de la pro- position : hàms-uiêh ûkân «seulement cinq centimes»; kûl-ûknn «Occupe- toi seulement de manger»; en réponse : ûkân «Oui, voilà tout!» En Algérie, celte expression est particulière aux parlers d'Oranie; dans 4es départements d'Alger et de Constantine, on emploie dans ce sens tj^hlaf, ubarka [uberk). Elle se retrouve à La Mecque et dans l'Arabie du Sud (cf. Landberg, DaQîna, p. 4 02 et suiv. ; Snouck Hurgronje, Mekkan. Sprichw., p. 38). — a" «si», synonyme de lîikân^jiS^ ([ui est commun maghribin; souvent aussi sous la forme ûkà (comp. la chuto
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du n final dans des expressions courantes : viàkâs ffil n'y a pas»; km «ty a-t-il?»; Sud algérois haSq-mekkd' vet voilà tout» yLS^L» Ijoa, etc.). Cette expression se retrouve dans le Sud algérois (cf. Kampffmeyer, Sûdalger. Studien, p. 234, 1. 4); il est vraisemblable que c'est le kàn «tsi» des ruraux oranais et du Maghreb oriental, précédé de la copule ^ ; mais il ne faut pas perdre de vue que au et u apparaissent dans le Sud marocain avec le sens de «si»; cf. Houwâra, p. 69, note df; p. 16, note s.
*>J^ ^êUtd ^\} dans le sens de «rpère» et uàlîda »oJI^ dans le sens de «rmère» appartiennent à la langue des demi-lettrés, comme en Algé- rie; par contre, uàldtn (j*>Jl^ trpère et mère», avec les aflixes person- nels : ]iàldiia, uàldik, uàldeh, appartiennent à la langue courante; les demi-lettrés prononcent volontiers uâltdîn.
xJj millû'i {mûlà>), pi. muâhn ^^y*-, ^^y, wamateur passionné (sur- tout de musique)»; de môme à Tlemcen meulu-t. A Alger, on emploie de préférence le participe passif de la 11' forme muullat. Chez les ru- raux d'Oranie, on a indifféremment le participe passif mçt/u"» (cf. Ulâd Brâhîm, p. Ag) et le participe actif uâlo' (cf. Dodttk, Texte oranais, p. 11, 1. 1), surtout dans le sens de «tamateur passionné de chasse»; comp. SociN, Mai'., p. i4, note 45; et Stomme, Taz., p. 9o4; «J^l j^-s*aJlj ap. Ez-ZnRQiNÏ sur le Munalta' (Le Caire, i3io), III, p. 1 98, 1. 30.
^^ uàlo «rien»; cette particule se retrouve en Oranie et dans le dépar- tement d'Alger: par contre, elle est inusitée dans le département de Constantine; (rrien» y est exprimé par hatta-si (hat'-si). Elle semble employée dans tout le Maroc. — D'autre part la construction avec un substantif subséquent {mà->ândi uâlo-jlùs tr Je n'ai pas du tout d'argent» ; udlç-hbâr «pas du tout de nouvelles») très courante à Tanger, et ail-
r leurs au Maroc (cf. Fischer, Mai: Sprichtv., p 97 in fine), est impos- sible en Oranie ; uàlu y est toujours employé seul dans le sens négatif absolu de ffrienw ; et ne peut être suivi d'un nom dans le sens de trrien en fait de,..; pas du tout de...». L'explication par ^^ «quand bien même; et même» est la plus plausible (comp. l'emploi ancien de yt^ non suivi d'une proposition, par exemple BunÂRî, Bad' el-hal^fV." 5 avant-dernier liadîts ) ; la conservation, par allongement, de la voyelle brève ancienne de ^ s'expliquerait par un accent initial d'emphase:
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il est remarquable que quand le sujet parlant veut insister sur l'idée de négation absolue exprimée par uàlo, cette voyelle, par un pro- cessus oratoire très naturel, devient fréquemment ultra-longue tid'^Vn- (cf. SociN, Mai:, p. a8, note 33). On comparera à l'accent initial du uâlà mecquois qui a à peu près le même sens et le même emploi que le uâlo tangérois (cf. Snouck Hurgronje, Mekhan. Sprichw., p. 28, note 9).
«W^ Uuluul : 1° «siffler en parlant des balles»: 9° au figuré, s'emploie en parlant d'un fer rouge, d'un feu de braise qui jette un éclat sombre; aussi d'un mets très épicé qui brûle la bouche (moins que zb^r), etc. — • Le sens de «pousser des youyou de joie» que j'ai signalé à Tlemcen (cf. Dialecte de Tlemcen, p. 93o) est inconnu à Tanger; on ne dit que zeyrçt. En Algérie, ce sens particulier de jp^ ne se retrouve, à ma connaissance, qu'à Tlemcen et Alger. Il était andalou dès le xii' siècle (cf. Ibn Gdzmàn, ôg*", 1. 19, Jjilj; p. ir)*", 1. 16; Dozr, II, p. /i 8 9).
ty «ô/t «saint musulman» représente Uy à Tanger comm^ dans les dia- lectes algériens (cf. Ulâd Brâhitn, p. 70); il a un pluriel 'àult'a em- prunté à la langue classique (*LJjl). Dans le sens de «parent, protec- teur» , ie mot n'apparaît que dans quelques expressions : ''lâ-qôll^t uâliia «à cause de mon manque de protecteur» ; là udli uàlâ-tâli «ni protec- teur ni client», c'est-à-dire «aucun parent»; pour exprimer la même idée d'isolement absolu, on dit à Gonstantine lâ-fiâH lâ-hâmi; comp. aussi le là ualad ualà talad syrien, ap. Landberg, Prov. et dicton», p. 9i5; DozY, II, p. i5o.
"ulla, fut. t*M//t <jj «s'en retourner» et «devenir» est moins usité à Tanger dans ces deux sens que rza' (^;). Le nom de métier *ullâi, pi. 'ullâ^n {*ultaiîn), sert de participe présent; cf. supra, -I.XÀ., ij»Li^,
mûla (iyi «maître, seigneur». Pourvu de l'article ou du pronom afiixe de la première personne du pluriel, le mot désigne «Dieu (le Seigneur, Notre-Seigneur)»; et généralement, dans ce cas, la diphtongue classique de la première syllabe est prononcée : "Imçula, mçulçina (à côté de mûlçina). Avec le pronom afDxe de la première personne du singu- lier, le mot sonne mûlàia ou mûlâi; sous celte dernière forme, il précède le nom des sultans marocains, de certains chérifs, et de certains saints
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musulmans particulièrement vénérés. D'autre part , mûlâi ou mûlàia est une appellation familière , par laquelle on apostrophe dans là conversation , avec une nuance d'ironie, un ami intime; on se sert encore de ces mots comme qualificatifs emphatiques et comiques , avant on après mention de choses remarquables à quelque égard : mûlâi-h'ârq-o'Uçur trmon Seigneur le [puissant] nerf de bœuf»; uahd-hdud mûlâia q6dd-ma->''lâ qçdd-ma-mîà «un maître cheval aussi gras (mot à mot plein) que haut»; uâhd-m.ûlâi4hatt tqul-krâb" s-d''lqtçt «une écriture magnifique qu'on jurerait des griffures de chati» (ironique). — mûla, construit avec un complément déterminatif, sert, à Tanger, comme dans les dialectes algériens, à marquer la relation d'appartenance, l'attribution d'une qualité, etc.; il s'est complètement substitué à i_.cwLo, qui, dans cet emploi , est encore connu des parlers ruraux et bédouins d'Algérie ( cf. Bbaussier, p. 369). Dans ce cas, mûla mis à l'état construit avec un complément pourvu de l'article perd, eu Algérie, à Tunis, à Tripoli et au Sénégal sa voyelle finale devant l'initiale de l'article et sonne mûl {mçl) (cf. Stcmme, T.G., p. 93; M.G.T., S i5i, d; p. 62, i. ai; RETNiEn, p. 194). A Tanger, cette perte de la voyelle finale est géné- ralisée; quelle que soit l'initiale du second terme du complexe, mûla, à l'état construit, sonne mûl : mûl-"ddâr «le maître de la maison»; mûl-had-*dâr wle maître de cette maison»; mûl-uah''-ddar «proprié- taire d'une maison»; mûl-»' tt-" min «âgé de six ans»; mûl-b''liûn «valant un vellon»; il semble qu'il en est de même en libyque (cf. Hartmann,L.îF. , n° 18: mal miûn Sebâiil). Exceptionnellement , à Tan- ger, Jj-« à l'état construit sonne encore mûla dans le souhait que s'adressent les femmes à l'occasion des fêtes : "Uah-ehâllilëk mûlâ-dar'k «Que Dieu te conserve le maître de ta maison (ton mari)!» — En an- dalou, le mot avait perdu sa finale vocalique même à l'état isolé (cf. Pedro DE ALCALA,p. 207, 1. 82, meul, pi. meguel, sub duem; Vocabu- Itsta, p. 356, J^, pi. Jlp», sub dominus; comp. le vocatif j'â-mu/, dans le dialecte juif de Tlemcen, ap. Dialecte de Tlemcen, p. l^^). — Le féminin ï^iy» n'apparaît qu'à l'état construit {mûlât) ou encore avec les aflixes personnels mûlâli, mûlàlo, etc.; mûlât-^ddâr «la maî- tresse de la maison»; mûlât-fU-''mîn «âgée de six ans». La finale â{t) ( »t ) de ce mot reste longue à Tanger comme en Algérie. En andalou , il semble bien qu'elle était analogiquement passée à a = » (cf. Pedro DE Alcala, p. 307, L 35, mevle; p. 67, 1. 87, mauletna; Vocabulista, p. 356 , *J>-»); et au Sénégal, c'est aussi à SJ^ que reporte l'état cons-
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truit mu/f (cf. Retnier, p. laû). mûlàti trma maîtresses est employé comme qualificatif emphatique et comique : îdlla-rmllâti-lçta «notre bonne maîtresse la large plaine»; uàhd-''lyQrsa mûlâti tm^nntla-mûlhi ffun jardin superbe que je souhaiterais m'appartenir?!. — Le pluriel muàlln ^J^i>-• est commun à mûla et à mulât; il offre ime combinai- son du pluriel externe dialectal en în et du pluriel ancien j!^ (comp. aussi le pluriel c^L,'!^ ap. Tabarî, Glox.), connue ailleurs au Maroc, dans les dialectes algériens et au Sénégal (cf. Vlâd Bràhîm, p. iZia; Fr. Marie Bernard, p. 64 in fine; au Souf comme en Tunisie et en Tripolitaine , un représentant exact du classique <jl^ s'est maintenu: muâli). A l'état construit i'n final du mot se maintient; mais il n'ap- paraît pas avec l'annexion des affixes possessifs : muàltia, muâleh, etc. muàlîia «mes maîtres» est employé de la même façon que mûlâia et mûlixti , comme qualificatif emphatique et comique : si-he-ûl muâlna! dgrâ kçiVyâmzo-f'Uhnm (l^y«LxxjL5 ) «Des chevaux superbes! Les chiens se font signe en les voyant (pour être prêts à manger leurs cada- vres)».
> Jj^ uçil «calamité» s'emploie dans des injures ou dans des malédictions : kmâ)nër-''ly^il «des gueules de malheur»; ''Uah-tn''zzçl-f''lçh-àlyîîl «Que Dieu le frappe de calamités!» — Dans le langage des femmes, les vieilles exclamations J.j/, AXjy etc. sont fréquentes : ô-ut/i, ô-jfj/ffc, etc.; dans ce cas, la diphtongue ai est toujours réduite à ï. En Algérie, elles sont surtout rurales ou bédouines et provoquent parfois les railleries des citadins. — Les rapports de J^^ et de J^j dans la langue an- cienne ne sont pas nettement établis. De même en tangérois dans uâi- li '"Itk {'"If h) «Heinl Te voilà enfoncé!» (pour triompher d'un succès remporté sur quelqu'un d'autre), il est douteux qu'il faille expli- quer Mât-/. . . par J.,»^ plutôt que par J^^y En faveur de la première explication, on peut invoquer les exemples anciens de J^ Js>j (cf. le vers célèbre d'EL-'A'§i ap. Lïall, Ten Arabie poem», p. 1/16, 1. la ; Ayant, IX, 133, 37; XX, 1 55, 17; Hama^ânî, Maqâmât, p. 7 ; en prose moderne, cf. Salhani, Con<e«,p. io,l. i5, iG). En faveur de la deuxième , il y a la conservation de la diphtongue de jfât (et son allongement) en regard de la réduction qu'on trouve dans a-^îli, a-^Uek, etc.; U y a aussi l'analogie de l'exclamation )fo/i-/t '"lik ( '"Içh) JLJLc J «1^ qui a exactement le même sens et le même emploi. — (^/ et Js»^ étaient éga- lement andaious (cf. Pedro BE Alcala, p. 38).
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^
y*j "ibra, pi. tbâre »j^., t^^Urf «aiguille»; dans le comput, on emploie, précédé de Farticlo et de la préposition d, le pluriel 'ihràt; diminutif tèpra, pi. tbçràt. Cette forme du mot (class. »->! ) se retrouve en Algérie à Alger- juif; à Tlemcen et Nedroma on a iebi-a, avec r non emphatique, pi. îbâri. A Alger-musulman et à Constantine , on a bra ( comme en omàni, cf. Reinhardt, 8 88), avec l'article lçbi^a,p\. àbâri, diminutif èwira Çb-ira) et aussi , à Constantine , briua 1 Chez les ruraux et bédouins d'Algérie la forme dominante est bra (ou (bra), pi. ibâri, diminutif tifra; à Mazouna le pluriel est bâri et te diminutif bîra, avec perte complète du * initial; à Tunis tibra, pi. âbàri, et à Tripoli ibra, pi. ibâri {d. Stcmme, T.G., p. 90; M.G.T., S lia); le maltais connaît dans ce mot une agglutination de l'article de la forme déterminée , labra, pi. labar, d'où un verbe dénominatif /aWar ( cf. Falzon, p. igi, igS). Le pluriel ancien ^1 , qui était encore représenté en andalou ( cf. Pedro de AtcALA, p. 95, 1. 1 ; Vocabulisla , p. 280) et qui se trouve aujourd'hui en Orient et à Malte , semble bien perdu dans l'Afrique du Nord.
*X> 'idd (t main 55, pi. Hddln, avec le redoublement de la consonne finale qui apparaît dans de nombreux dialectes, est masculin à Tanger. Lors- qu'on emploie -idd avec les afllxcs personnels , il faut généralement l'en- tendre dans le sens de «les deux mains», excepté si l'on spécifie qu'il s'agit de la «main droite» ou de la «main gauche»; iiddç «ses mains»; ■iddêk mosshèn «tes mains sont sales» ((jyjjjcy* au pluriel); 'iddi'-dltmîn «ma main droite»; itddi ràsmâl «ma main gauche». Cet emploi du mot se retrouve à Nedroma. — D'autre part, à Tanger, l'ancien duel iiddin = ;j.J<Xsi est employé : 1° dans le sens de «les deux mains» d'un individu; mais il ne prend jamais les aflixes personnels : «ses deux mains», IHddta-diàlo et non *'iddfh; 3° comme pluriel: tqûllëk héihdëm- b"r btâr-ll'iddin «On dirait qu'il travaille avec quatre mains». — Le diminutif est idiied, pi. idtdàl. — Le mot a encore divers autres sens à Tanger : «poignée d'un instrument, d'un sabre» (surtout dans le langage des femmes , les hommes disent plutôt qâbtâ; cf. Fischer , Hieb- und Stich- waffen, p. aaà); «anse d'un vase; manche d'un outil; main de papier; aiguière qui contient l'eau avec laquelle, à la fin d'un repas, on se lave les mains dans le tjU {ndd-^q{tm)n ; l'ensemble du bassin (/««) et de l'ai-
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guière s'appelle ta» u'iddç (cf. Bddgett Meakin, The Moors, p. 85, qui a bu-iddu inconnu à Tanger).
->>o i</am = j,|^j tle la langue ancienne, fttout corps grasn, et spéciale- ment fftout condiment gras pour la cuisine»; dans ce dernier sens idam connaît un pluriel emphatique îdftmM c»L»jjo. Le mot , avec la même forme et la même signiflcation , se retrouve dans toute l'Afrique du Nord; la notion de «nature grassen y est essentielle; et, à l'inverse du -1^1 de la langue ancienne, le idàm maghribin ne désigne jamais des condiments non gras (p. ex. le vinaigre). — mtdûm, avec la forme du part. pass. Jyti-*, signifie trgras par nature»; làhma mldûma «run mor- ceau de viande très gras et qui donne à la cuisson une sauce grasse». — 'iddëm, à la ii" forme, signifie ff enduire d'un corps gras» (p. ex. «grais- ser une arme; souiller une étoffe de graisse»), et aussi «accommoder les mets avec des condiments gras»; part, passif mitddëm (m'iddëm, meîddëm); nom d'action Hdima. — En Oranie, on retrouve, avec les mêmes distinctions de sens, midûm (ruraux et bédouins, générale- ment meidûm) et mieddëm, ieddëm [miçddëm, içddëm), A Alger, ieddëm, mieddëm sont connus, mais midûm est inconnu. A Constantine midûm et mieddëm (ieddëm) sont tous deux inusités; c'est mîdëm qui est employé dans les sens de «gras» et de (raccommodé au gras».
xUo ialla^ [ialla), parfois aussi iàllâ'' {iâllâ), «Allons! Vile! Allons viens!»; sur cette exclamation connue de nombreux dialectes arabes (aussi du maltais), cf. LA^DBKRG, Prov.etdict., p. 75. — A Tanger,comme à Tlem- ren, cette interjection de valeur impérative est traitée comme un verbe à rimpératif, et a un pluriel iallâhç, iâllShç, employé quand on s'adresse à plusieurs individus (comp. Dialecte de Tlemcen, p. 195, note 2; Nôl- DEKE ap. W.Z.K.M., 1896, p. 261, note 1; Stuhmb, Taz., 8 io3a).
(-♦j 'imma «ma mère» ; 'immàk «ta mèro» ; Hmmàh «sa mère» ; etc. La con- science populaire ne conçoit que diflicilcmenl la notion générale de parenté sans acception particulière des individus entre lesquels elle existe. L'idée de la «mère» en soi reste à peu près inexprimée; j'ai entendu dans la conversation "Iôq 'ulmç «le père et la mère"', où le second terme a sûre- ment son origine dans une influence analogique du premier; mais beaucoup de Tangérois m'ont déclaré d'autre part (ju'ils n'employaient pas mç pour «mère». Par ailleurs "luumm, ou "fnmm emprunté à la langue littéraire , qu'on obtient sur interrogation, n'apparaissent giièrt!
50/4 TEXTES ARABES DE TANGER.
dans la langue courante; on ne connaît guère à Tanger «la mère» d'une façon abstraite, mais ttma mère», ou wta mère», ou crsa mère», etc. : «Tu as une mère qui te gâte beaucoup» lândëk uahd-'immâk kâtf''8s'k bëzzâf (mot à mot : une ta mère); tf L'homme n'a jamais qu'une mère» >râzp/ ma-mndç yfr-Hmtnàh-uSfidd (mot à mot : sa mère unique), etc. — Quand le mot est mis en relation d'appartenance avec un nom commun ou un nom propre, il apparaît encore avec l'aflixe possessif de la troisième personne, suivant la construction étudiée par Fischer ap. Z.D.M.G., LI, p. 178 et suiv. : «la mère de Mahboûb» ■immâh d'm''hbûb. Comp. supra, y, 996 , Lb. — Le mot est complètement inusité au pluriel à Tanger et n'a par conséquent pas de pluriel.
«M iâum, pi. tiâm {'(iiâm), »|^ma(, «jour»; cf. sur l'emploi de ces diffé- rentes formes dans le dialecte, supra, p. 48 1, sub ^L^. La réduction de la diphtongue, *j.,>>îûw, n'apparaît, à Tanger, que dans le duel iûmçin et dans "liûma «aujourd'hui». — 'Uûma (à côté de "liûm) «aujourd'hui», avec a final, se trouve aussi dans le Sud marocain (cf. Houwâra, p. i8, 1. 95); cette forme ne m'est pas connue en Algérie. Brockelmann (Grundriss , I, p. 469) y voit un cas de conservation spo- radique de l'i'râb, classique j»>-JI • Personnellement, je crois à une formation analogique : ou bien 'Uûm a été pourvu de la terminaison a sous l'influence de la série des adverbes de temps qui ont cette termi- naison Cd'origine diverse , a féminin, a adverbial) : sâm «tout à l'heure», dâba «maintenant», yodda «demain» (comp. ^^ passé à iUjj à Jéru- salem sous l'influence de xLJ ap. Bauer, Pal. Arab., p. 83 in fine; et içmâti «de jour» sous l'influence de lêlâti «de nuit» ap. Spitta, Gram., p. 118); ou bien nous avons affaire à un L^j,» «aujourd'hui» qui apparaît peut-être chez les auteurs classiques (cf. Brockelmann, Grun- driss, I, p. 467) et semble exister dans le dialecte de l'Adrar sous la forme lOMma (cf. Kahpffheter, Arab. Beduinendîalekte , ip. 9o6); puis l'article aurait été donné à ce vieil accusatif adverbial , figé en a final , sous l'influence de son synonyme "liiim , connu aussi du dialecte.
TABLE DES MATIERES.
Pages.
AVAST-PROPOS TIl
sïstème de trasscription xiii
Textes arabes :
I. "Ikhâm-d'ljarrân a
II. ''lfdnsraf''zbêl-t'kbtr Ao
III. ttrçmba ly 8
IV. "Ihkâia-'^ttQlba , go
V. "ly-nâ-dçli'iâl l 1 0
Traduction :
I. Le Four 127
II. La 'Ansra au Jebel eikebîr 162
III. La Toupie 177
IV. Les Tolbas i84
V. Chansons des enfants 19g
HlBLIOGRAPHIE SOT
Glossaire 2 1 5
BIBLIOTHÈQUE 1)K L'ÉCOLE DES LANGUES ORIENTALES VIVANTES
TEXTES ARABES DE TANGER
TRANSCRIPTION, TRADUCTION ANNOTÉE, GLOSSAIRE
PAR
W. MARCAIS
PARIS IMPRIMERIE NATIONALE
ERNEST LEROLX, KDITELR, RUE BONAPARTE, 28
WDC.CCCXl
f
14
II
ERNEST LEROUX, EDITEUR,
HUE BONAPABTK, 3 8.
BIBLIOTHKQliE DE l/ÉCOLE DES lANGlJES ORIEMALES VIVANTES.
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par Julien Vinson. In-S" écu 7 fr.
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Tome III. Morceaux choisis en grec savant du xix° siècle réunis et publiés
par Emile Leguand. Textes en prose. In-8° ccu 7 fr. 5o
Tome IV. Textes arabes de Tanger. Transcription , traduction annotée,
glossaire, par W. Mauçais. ]n-8° écu. 1 9 fr.
Tome V. Grammaire de la langue turque (dialecte osmanli), par .1. Deny.
( Sous presse. ) Tome VI. Contes arabes de Syrie, par Ad. Bartuélemt. {En p'éparation.)
Ousàma ibn Mounkidh (1 096-1 1 88 ). Un émir syrien au premier siècle des Croisades, par Haiitwig DERENBouno. Avec le texte arabe de l'auto- biographie d'Ousàma, publié d'après le manuscrit de l'Escurial.
Première partie. ■ — Vie d'Ousàma. In-8° 90 fr.
Deuxième partie. — Texte arabe. In-8'' i5 fr.
Le Maroc de 1631 à 1812. Extrait de l'ouvrage intitulé Ettordjemân elmo'arib 'an douel ehnachriq ou 'Imaghrib, de Aboulqâsem ben Ahmed Ezziàni. Texte arabe et traduction, par 0. Houdas. In-8°. . . . i5 fr.
Nozhet-Elhàdi. Histoire de la dynastie saadienne au Maroc (1 5i 1-1670), par Mohammed Esscghir ben Elbadj ben Abdallah Eloufrâni. Texte arabe , publié par 0. Houdas. In-8° 1 5 fr.
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ben 'Imrân ben 'Amir Es-Sa'di. Texte arabe et traduction française, par é^'
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par G. Houdas , avec la collaboration de E. Benoist. In-8'' .... 1 5 fr.
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