^ <> THÉORIE DES FONCTIONS ALGÉBRIQUES ET DE LEURS INTEGRALES. ÉTUDE DES FONCTIONS ANALYTIQUES SUR UNE SURFACE DE RIEMANN. %^ PARIS. — IMPHIMERIE GAUTIIIER-VILLARS ET FILS, QUAI DES GRANDS-AUGUSTINS j 19363 THÉORIE DES FONCTIONS ALGÉBRIQUES DE LEURS INTEGRALES. ÉTUDE DES FONCTIONS ANALYTIQUES SUR UNE SURFACE DE RIEMANN; Paul^PPELL, MEMBRE DE l'iNSTITUT, PROFESSEUR A LA FACULTE DES SCIENCES. Edouard GOURSAT MAÎTRE DE CONFERENCES A l'École normale supérieure. PARIS, GAUTHIER-VILLARS ET FILS, IMPRIMEURS-LIBRAIRES DU BUREAU DES LONGITUDES, DE l' ÉCOLE POLYTECHNIQUE, Quai des Grands-Augustins, 55. 1895 (Tous droits réserves.) c4 ftM HdÂ-^td . i-4 MATH-STAT. QA-3'il Aù>r MATH.- STAT. UBRARY PREFACE Le Mémoire de Piiiseux suivies fonctions algébriques, publié en i854, a ouvert le champ de recherches qui a conduit aux grandes découvertes mathématiques de notre époque. Ces décou- vertes ont donné à la science du Calcul des principes nécessaires et féconds qui, jusqu'alors, lui avaient manqué ; elles ont rem- placé la notion de fonction, restée obscure et incomplète, par une conception précise qui a transformé l'Analyse en lui donnant de nouvelles bases. Puiseux a le premier mis en complète lumière l'insuffisance et le défaut de ce point de vue où l'on se représen- tait, à l'image des polynômes et des fractions rationnelles, les irra- tionnelles algébriques et toutes les quantités en nombre infini qui ont leur origine dans le Calcul intégral. En suivant la voie de Cau- chj, en considérant la succession des valeurs imaginaires, les che- mins décrits simultanément par la variable et les racines d'une équation, l'éminent géomètre a fait connaître, dans ses caractères essentiels, leur nature analytique. Il a découvert le rôle des points critiques, et les circonstances de l'échange des valeurs initiales des racines, lorsque la variable revient à son point de départ, en décrivant un contour fermé comprenant un ou plusieurs de ces points. Il a poursuivi les conséquences de ces résultats dans l'étude des intégrales de différentielles algébriques. Il a reconnu que les PREFACE. divers chemins d'intégration donnent naissance à des détermina- tions multiples, ce qui Ta conduit à l'origine, jusqu'alors restée entièrement cachée, de la périodicité des fonctions circulaires, des fonctions elliptiques, des transcendantes à plusieurs variables définies par Jacobi comme fonctions inverses des intégrales hyper- elliptiques. Aux travaux de Puiseux succèdent, en 1867, ceux de Riemann accueillis par une admiration unanime, comme l'événement le plus considérable dans l'Analyse de notre temps. C'est à l'exposition de l'œuvre du grand géomètre, des recherches et des découvertes auxquelles elle a donné lieu qu'est consacré cet Ouvrage. Une conception singulièrement originale leur sert de fonde- ment, celle des surfaces auxquelles est attaché le nom de l'inven- teur, formées de plans superposés, en nombre égal au degré d'une équation algébrique, et reliés par des lignes de passage, qu'on obtient en joignant d'une certaine manière les points critiques. L'établissement de ces lignes est une première question de grande importance, rendue depuis beaucoup plus simple et plus facile par un beau théorème de M. Lu roth. S'offre ensuite la notion des surfaces connexes, de leurs ordres de connexion, les théorèmes sur l'abaissement par des coupures des ordres de connexion, puis la formation du système canonique des coupures qui ramènent la surface à être simplement connexe. De ces considérations pro- fondes et délicates résulte une représentation géométrique, qui est un instrument de la plus grande puissance pour l'étude des fonctions algébriques. 11 serait trop long de rappeler toutes les découvertes portant l'empreinte du plus grand génie mathéma- tique, auxquelles elle conduit Riemann; j'en indiquerai seulement quelques-unes. Longte'mps avant les travaux de Puiseux, les points critiques s'étaient offerts dans la théorie des courbes algébriques, leur nombre déterminant la classe, ou bien le degré de l'équation PREFACE. C de la polaire réciproque. On avait reconnu que la classe d'une courbe s'abaisse lorsqu'elle a des points multiples et qu'alors des points d'inflexion disparaissent, mais ces résultats si intéres- sants restaient dans le domaine de la Géométrie. Riemann joint la Géométrie à l'Analyse, en leur donnant une notion nouvelle et féconde, celle des substitutions oii les coordonnées s'expri- ment en fonctions rationnelles de deux variables, ces variables étant aussi des, fonctions rationnelles des coordonnées. Tantôt on a égard à l'équation de la courbe, on les nomme alors substitutions birationnelles ; tantôt on en fait abstraction, on les appelle dans ce cas substitutions de Cremona, pour rappeler les beaux travaux que leur a consacrés l'illustre géomètre. Les équations en nombre infini qui se déduisent de l'une d'elles par ces transformations sont regardées comme équivalentes, leur ensemble forme une classe, et elles ont toutes un élément commun ayant le rôle d'in- variant. C'est un nombre entier que Riemann nomme le geni^e àe la courbe et désigne par/?; il est lié au nombre des points cri- tiques n, et au degré m, par l'égalité 71=^ 2(771 -î- p — i). La conception de classe des équations algébriques, celle du genre et la relation qu'on vient de donner comptent parmi ses plus mémorables découvertes; elles ont conduit à ce résultat im- prévu, que les points multiples, qu'on n'avait encore considérés qu'en Géométrie, ont en Analyse un rôle capital, comme éléments caractéristiques des propriétés fondamentales des fonctions algé- briques. On a, en effet, ce beau théorème que les équations d'une même classe se ramènent à une équation normale de degré p -\- 2, ayant un nombre de points doubles égal à ^p(p — i)* ^^ prenant l'énoncé sous la forme simple qui est due à ^L Nôther, et où n'entrent que des points doubles à tangentes séparées, j'en rap- pelle quelques conséquences. Supposons que p soit nul, l'équation normale est du second degré, ses coordonnées sont des fonctions rationnelles d'un para- PREFACE. mèlre : il en est donc de même pour tontes les courbes du genre zéro, qui ont le plus grand nombre possible de points doubles pour nn degré donné. Ce sont les courbes antérieurement étudiées par M. Gajlej, et auxquelles l'illustre géomètre a donné le nom, généralement adopté, (ï anicursales. Supposons ensuite p = i et /? = 2, ce nombre maximum sera successivement diminué d'une ou de deux: unités; il faudra alors s'adjoindre la racine carrée d'un polynôme du quatrième ou du sixième degré par rap- port à la variable auxiliaire. Les expressions obtenues par cette voie s'appliquent d'abord à l'intégration des fonctions algé- briques de genre />, c'est-à-dire de fonctions rationnelles de la variable et de la racine d'une équation de ce genre. Pour/? = o, ces quantités s'obtiennent sous forme finie; poury^rmi^ elles se ramènent aux intégrales elliptiques; on voit ainsi quelle extension prend la méthode fondée sur l'emploi des substitutions, dont l'usage était auparavant si restreint. Mais c'est dans un autre ordre de question, dans le théorème d'Abel tout d'abord, que la notion du genre se montre avec toute sa portée et sa puissance. Abel avait fait la découverte capitale qu'une somme d'un nombre quelconque d'intégrales à limites arbitraires, de la même fonction algébrique, s'exprime par un nombre fixe d'intégrales semblables auxquelles s'ajoute une quantité algébrique et loga- rithmique. Riemann établit que ce nombre est le genre de la fonction; il complète ainsi l'œuvre d'Abel et donne à son théorème sa forme définitive par un énoncé d'une simplicité frappante. En même temps, et au moyen de considérations géométriques, il parvient à la définition des intégrales de première, de seconde et de troi- sième espèce, sous un point de vue entièrement nouveau, qui n'est plus celui de la théorie des fonctions elliptiques, et démontre qu'il existe p intégrales de première espèce et p intégrales de seconde espèce, linéairement indépendantes. On sait que ce mé- PREFACE. morable théorème d'Abel a ouvert, avec la théorie des fonctions elliptiques, le champ de l'Analyse moderne. Jacobi lui découvre, comme il le dit, son véritable sens, en généralisantJe problème de l'inversion de l'intégrale elliptique, et définissant les fonctions de plusieurs variables à périodicité multiple qui ont un théorème d'addition comme les fonctions elliptiques. Gopel et Rosenhain résolvent les premiers la question de l'inversion dans le cas de l'intégrale hyperelliptique du premier ordre; M. Weierstrass en- suite la traite pour les intégTales d'ordre quelconque, et obtient l'expression générale des nouvelles transcendantes. Les décou- vertes de l'illustre analyste dans une question hérissée des diffi- cultés ardues propres aux fonctions de plusieurs variables , se placent parmi les plus importantes et les plus belles qui aient été faites en Analyse. A ses travaux succèdent ceux de Riemann : le problème de l'inversion des intégrales de fonctions algébriques est alors traité dans toute sa généralité, et ce sont de nouveau les fonctions holomorphes à un nombre quelconque de variables, ana- logues à la transcendante 0 de Jacobi, qui en donnent la solution. Mais le grand géomètre part d'autres principes et suit la voie qui lui est propre ; il emploie la marche de la variable sur la surface formée de plans multiples superposés, les lignes de passage entre ces plans, le système des coupures par lesquelles elle est rendue simplement connexe; il tire de ses méthodes originales et pro- fondes d'admirables découvertes. Les auteurs de ce Livre ont eu pour but d'enseigner ces découvertes : ils se sont proposé d'ouvrir un accès facile aux considérations nouvelles qui en sont le principe; ils se sont atta- chés à donner des explications détaillées sur la construction des surfaces de Riemann, sur la notion de connexion, à familiariser avec l'emploi des coupures, qui ont remplacé les lacets de Pui- seux, dans l'intégration des fonctions algébriques. Les plus simples de ces fonctions, qui dépendent de la racine f PRÉFACE. carrée d'un poljnome, et la surface à deux feuillets correspondan à cette racine sont considérées en premier lieu; leur étude sert d préparation aux théories générales. En suivant cette marche e commençant par un cas particulier, on demande moins d'effort pour acquérir l'intelligence de méthodes abstraites et délicates et la difficulté est diminuée pour les aborder ensuite dans tout leur étendue. Dès le début, la notion du genre est donnée sou le point de vue entièrement élémentaire où s'est placé M. Weier strass ; la relation simple entre le genre et le nombre des ligne de passage s'off*re alors comme d'elle-même ; puis le théorème qu sur cette surface les fonctions algébriques considérées sont uni formes avec des discontinuités polaires en nombre fini, et sa récî proque qui est du plus haut intérêt; enfin, en passant de FAlgèbr au Calcul intégral, la définition et les caractères essentiels des inté grales hyperelliptiques des trois espèces. Les mémorables décou vertes de Riemann sur ces quantités sont exposées en détail, elle montrent avec éclat la puissance des méthodes qu'il a introduite dans l'Analyse. Le but essentiel de cet Ouvrage est donc d'initier à ces création du génie, en exposant avec clarté les questions complexes de con nexion, la transformation par des coupures de la surface à deu: feuillets en surface simplement connexe, le rôle des coupure comme lignes de discontinuité, cette discontinuité donnant un origine nouvelle aux périodes de Puiseux, nommées modules d périodicité de V intégrale, enfin les relations entre ces module sur lesquelles se fonde la solution du problème de l'inversion e la définition des intégrales normales. Cette étude des intégrale hyperelliptiques, où se succèdent tant d'idées profondes etfécondes tant de beaux et importants résultats, est l'enseignement d'u] nouvel Art analytique qui se poursuit dans un ordre de question plus élevées où l'on considère les fonctions algébriques sous 1 point de vue le plus général. La voie a été éclairée d'avance e PREFACE. g s'ouvre plus facile pour le lecteur; il retrouvera sous un jour plus étendu les mêmes recherches, et l'originalité de la méthode ne sera plus un aussi grand obstacle. Il acquerra aussi la connaissance des recherches récentes, des beaux travaux auxquels s'attachent les noms illustres de Klein, de Glebsch et Gordan, de Brill et Ncither, de Luroth, d'autres encore, qui ont ajouté aux décou- vertes de Riemann et les ont complétées dans des points essen- tiels. Un de ces points consiste à ramener, par une transformation birationnelle, une courbe algébrique, quels que soient ses points multiples, à une autre n'ayant que des points doubles, à tangentes distinctes. Il est traité, d'après une indication recueillie d'Halphen, avec les développements que demande son importance. La re- cherche des intégrales hyperelliptiques s'exprimant sous forme logarithmique, qui a été aussi le sujet des travaux d'Halphen et de M. Picard, les applications àla Géométrie du théorème d'Abel, si fécondes et si intéressantes, celles qui concernent spécialement les quartiques planes, bien d'autres encore que je ne puis signaler, appellent l'attention du lecteur. Ge Livre rendra un grand et signalé service aux élèves des Facultés des Sciences, aux jeunes géomètres auxquels il s'adresse, en leur donnant, sans trop d'efforts, la claire vue, l'intelligence complète de l'œuvre mathématique la plus belle de notre époque par la puissance de l'invention. Il les conviera à s'en inspirer et à suivre la trace des auteurs, M. Appell, M. Goursat, et de tant d'autres disciples de Riemann, dont les travaux, qui occupent une place considérable dans l'Analjse de notre époque, sont une application directe et immédiate des méthodes du grand géo- mètre. CH. HERMITE. ERRATA. Page 43, première ligne, à compléter ainsi : L'ordre est en général le nombre des infinis ou des zéros de la fonction ration- nelle V V := ^^ ; R" il peut être supérieure ce nombre si, pour certaines valeurs de z, un infini de v^ coïncide avec un zéro de v^ ou inversement; alors des zéros et des infinis dispa- raissent dans le produit v^v^ et l'ordre de v est supérieur à celui de v^v^. INTRODUCTION 1. Nous supposons connues les propriétés générales des fonc- tions analytiques d'une variable complexe z. Nous rappelons seulement les définitions et les théorèmes dont nous ferons prin- cipalement usage. Fonctions régulières. Zéros. — Une fonction analytique /(^) est dite régulière en un point a si, dans un cercle suffisamment petit de centre «, elle est développable en une série procédant suivant les puissances positives croissantes de z — a. Si la fonc- tion s'annule au point a, les premiers termes de cette série ont des coefficients nuls, et si m est l'exposant de la plus petite puis- sance de ^ — a dont le coefficient est différent de zéro, on dit que z =: a est un zéro d'ordre ni. Points singulières. Pâles. Résidus. — Si, en un point a, la fonction n'est pas régulière, a est un point singulier. C'est un point singulier isolé, s'il est possible de trouver un cercle de centre a ne contenant à son intérieur que le seul point singulier :; =z= a. Soit C un cercle de centre a dont le rayon est moindre que la distance du point a au point singulier le plus rapproché. La fonction f{z), étant supposée uniforme dans ce cercle, peut, d'après le théorème de Laurent, être représentée par la somme de deux séries convergentes, f{z) = ^X,{z-ay' La partie de ce développement qui contient les puissances né- gatives de :: — a V=— oo yk,{z-ar II INTRODUCTION. s'appelle \^ parue principale relative au point singulier a; le coefficient A_, de — ' — est le résida relatif à ce point. Si la partie principale se réduit à un polynôme de degré m en r^.— ' le point singulier ;: r= a est dit un pôle d'ordre m. Si la partie principale comprend un nombre infini de termes, a est un point singulier essentiel. Dans le voisinage d'un pôle, le module de la fonction /(^) augmente indéfiniment; au contraire, dans le voisinage d'un point singulier essentiel, la fonction s'approche autant qu'on le veut de toute valeur donnée à l'avance ('). En écartant le cas où a est un point singulier essentiel, on peut toujours mettre, dans le voisinage de ce point, la fonction /(^) sous la forme /(^) = (..-a)nBo-HBi(^-a)+...], q étant nul si le point a n'est ni un pôle ni un zéro, égal à un nombre entier positif si le point a est un zéro d'ordre q^ égal à un nombre entier négatif si ce point est un pôle d'ordre — ^ ; le coefficient B» est supposé différent de zéro. Si ^ = o, la dérivée logarithmique — ^^'"^ est régulière au point a; sinon, elle admet le point a pour pôle du premier ordre, avec un résidu égal à q. 2. Point à Vinfmi. — Lorsqu'on veut étudier une fonction /(^) pour les valeurs de z de module très grand, on pose ordi- nairement ^ = -:, et l'on est ramené à étudier une fonction C5(^') dans le voisinage du point ^' = 0; mais on peut aussi procéder directement. Appelons domaine du point ce la portion du plan extérieure à une circonférence G ayant son centre à l'origine et de rayon très grand R. Si l'on peut choisir ce rayon assez grand pour que, dans le domaine qui vient d'être défini, la fonction /(^) soit représentée par un développement ne contenant que des puissances négatives de z (') E. Picard, Traité d'Analyse, l. II, p. 119. INTRODUCTION. III la fonction y(^) est dite régulière au point oc. Elle tend vers une valeur finie Ao, lorsque le module de z augmente indéfini- ment. Si les premiers coefficients sont nuls et que le développe- ment commence par un terme en ^^, le point à l'infini est un zéro d'ordre m. Si une fonction n'est pas régulière au point oc, on dira encore que ce point oo est un point singulier. Nous ne nous occuperons que du cas où c'est un point singulier isolé, c'est-à-dire où Ton peut prendre le rajon R assez grand pour qu'à l'extérieur du cercle C la fonction /(c) n'admette aucun point singulier à dis- tance finie, et où la fonction /"(:;) est uniforme dans ce domaine. Soit C un second cercle concentrique au premier G, et de rayon R^>R. Dans la couronne circulaire comprise entre les deux cercles G et G', la fonction /(-3) est uniforme et régulière en chaque point; on peut donc lui appliquer le théorème de Laurent. Gomme le rayon R' peut être supposé aussi grand qu'on le veut, et que les coefficients du développement ainsi obtenu ne dépendent pas de ce rayon, on voit que ce développement est valable pour toutes les valeurs de z de module supérieur à R. Par conséquent, lorsque le point à Pinfini est un point singulier isolé, on peut déterminer un cercle G de rayon assez grand R pour qu'à l'extérieur de ce cercle la fonction j\z) soit représentée par un développement de la forme La partie qui contient les puissances positives de z V=— 1 est ici la partie principale relative an point ce. Si cette partie prin- cipale se réduit à un polynôme de degré /z, le point oc est un pôle d'ordre n] sinon le point oc est un point singulier essentiel. 3. Résidu à V infini. — On appelle résidu relatif au point à l'in- fini le coefficient de - changé de signe, c'est-à-dire — A|. Pour INTRODUCTION. justifier cette définition, il suffit de remarquer que le nombre ainsi défini jouit de la propriété caractéristique du résidu : l'inté- grale I /{^) dz^ prise le long du contour limitant le domaine d'un point singulier, dans le sens direct, est égale au produit de ir^i par le résidu relatif à ce point. Dans le cas où nous nous pla- çons, c'est la circonférence C qui limite le domaine du point ce; cette circonférence doit être décrite de façon à laisser à gauche le domaine du point ce, et, par suite, en sens inverse du sens habituel. Dans l'intégrale le seul terme qui n'est pas nul provient du terme en -, et l'on a (C) Il est à remarquer que le résidu au point ce d'une fonction régu- lière en ce point n'est pas nul en général. Par exemple, la fonction z — a admet un seul pôle à distance finie z=.b^ avec un résidu h — )^ on suit le chemin {z^ lu) (a'P'y), dans le feuillet inférieur, puis yo's' {z, ii^) dans le feuillet supérieur. 3. Pour désigner un point de la surface de Riemann, au lieu d SURFACES DE RIEMANN A DEUX FEUILLETS. 7 dire qu'il se projette en z et qu'il est dans le feuillet supérieur ou le feuillet inférieur, on dit souvent le point (^, u^) ou le point (;, U2) en indiquant à côté de la variable indépendante z celle des déterminations que l'on prend pour w, ce qui revient à indiquer Fig. 4. le leuillet dans lequel on place le point ;:. On appelle point ana- lytique {z,u) l'ensemble d'une valeur de z et de l'une des déter- minations correspondantes de la fonction u. D'après cela, à chaque point analytique correspond un point unique de la surface de Riemann et réciproquement. En particulier, à chaque point y de la ligne de passage corres- pond un point analytique qui est différent suivant que ce point y est considéré comme appartenant à l'un ou à l'autre des feuillets qui se croisent suivant OL ; c'est ce que nous avons expliqué plus haut en détail. Au point O lui-même les deux feuillets se réunis- sent; pour ^ = o, les deux points analytiques {z, u^) {z, U2) se réunissent en un seul (o, o). Ce point se nomme point de ramifi- cation de la surface de Riemann. Gomme le rayon R est aussi grand qu'on le veut, les considé- rations précédentes s'étendent à tout le plan des ^, qui se trouve ainsi recouvert de deux feuillets indéfinis soudés l'un à Tautre le long d'une ligne de passage OL indéfinie dans le sens OL. 4. Pour étudier la fonction u à l'infini, on pose ^ = -, et Ton est ramené à étudier la fonction a'- = l. 8 CHAPITRE I. dans le voisinage de ^' = o. A chaque valeur de V {fig. 5) cor- respondent deux valeurs u^ et u^_ de u égales et de signes con- traires. Ces deux déterminations, suivies par continuité, repren- Fis. nent les mêmes valeurs quand i;' revient au même point sans avoir tourné autour de l'origine O' ou après avoir tourné un nombre pair de fois autour de O'; elles se permutent, au contraire, quand z^ tourne un nombre impair de fois autour de O'. C'est ce que l'on voit immédiatement, comme ci-dessus, pour le point ^ = o (n" 1). On pourra donc remplacer le plan simple ^'O'jk', sur lequel la fonction u de z^ n'est pas uniforme, par une surface de Riemann à deux feuillets raccordés le long d'une ligne de passage O'L' issue de O' et indéfinie dans un sens, dans le sens O^ x\ par exemple. On exprime ce fait, par analogie avec ce qui précède, en disant que la surface de Riemann pri- mitive a un point de ramification à V infini. En ce point ^' == o, les deux déterminations de u sont égales et infinies. En résumé, la surface de Riemann à deux feuillets, sur laquelle la fonction u est uniforme, a deux points de ramification ^==o, c = X et une ligne de passage allant de u à l'infini, c'est-à-dire de \ an de ces points à Vautre. o. On peut simplifier un peu ces considérations, à l'aide de la transformation suivante. Sur le plan xOy de la variable ^, élevons une perpendicu- laire 00' égale à i et, sur 00' comme diamètre, décrivons une sphère {fig. 6). Soit z un point du plan des xy, la droite O':; coupe la sphère en un point Ç et le triangle rectangle O'O^, dans lequel Ov est la hauteur issue du sommet de Tangle droit, donne SURFACES DE R I E M V X X A DEUX FEUILLETS. 9 On peut donc dire que la sphère est la transformée du plan par ravons vecteurs réciproques, le pôle de transformation étant O'. Nous faisons correspondre ainsi à chaque point -; du plan un point Ç de la sphère et inversement. Fis. 6. Supposons que le plan œOy soit recouvert par la surface de Rieniann à deux feuillets, précédemment définie, avec la ligne de passage indéfinie OL dirigée suivant O^. Nous avons supposé qu'en chaque point z de chaque feuillet on a inscrit la détermi- nation correspondante de u, de façon que, à chaque point de la surface de Riemann, corresponde un point analytique déter- miné (3, u). Si Ton applique à cette surface de Riemann la trans- formation par rayons vecteurs réciproques que nous venons de définir, chacun des feuillets se transformera en un feuillet sphé- rique : la surface se transformera en une autre, formée de deux feuillets sphériques appliqués sur la sphère, soudés l'un à l'autre le long de la ligne de passage OAO' qui est une demi-circonfé- rence transformée de la demi-droite indéfinie OL. A chaque point analytique (^, u) de la surface de Riemann plane corres- pond un point Ç de la surface de Riemann sphérique, où l'on pourra supposer inscrite la valeur correspondante u et que nous appellerons le point (ï, u) de la surface sphérique. La valeur de la fonction u, en chaque point de la surface de Riemann sphé- rique est ainsi bien déterminée. Quand nous dirons que le point analytique (Ç, u) décrit une courbe sur la surface sphérique à deux feuillets, cela signifiera que le point analytique correspon- dant (g, u) décrit sur la surface de Riemann plane la courl)e correspondante. CHAPITRE L'avantag-e de cette nouvelle représentation est que la nouvelle surface de Riemann est limitée; les points à l'infini dans le plan des z ont pour image sur la sphère le seul point O' qu'on appelle le point oo ; on voit, d'après cela, que la surface de lliemann spliérique a deux points de ramification O et O^ et une ligne de passage OAO' joignant ces deux points. Pour étudier la fonction u pour des valeurs très grandes de z-, nous avons posé z = — • Cette transformation aune interprétation géométrique simple dans la figure précédente. Menons en O' le plan tangent à la sphère et, dans ce plan, un axe O' x', parallèle à O^ et de même sens que O^, puis un axe O'y' perpendiculaire, dirigé en sens contraire de Oy. La droite OÇ perce le plan x'O'y' en un point z' qui est précisément la représentation du point z' , lié à z par la relation zz' = i . En effet, les deux triangles semblables 00' 3' et O'O^ donnent immédiatement 0^.0'^'= 1; de plus, l'angle xOz est égal à x' O' z' . Donc, en vertu de l'orien- tation des axes Oy et O'y' ^ les quantités imaginaires z et z' ont des arguments égaux et de signes contraires, ce qui prouve la relation annoncée zz'=^i. La surface de Riemann sphérique à deux feuillets est donc aussi la transformée par rayons vecteurs réci- proques de la surface de Riemann du plan des x' y' que nous avons introduite pour étudier la fonction «, dans le voisinage de z' ^= o. Remarcjuc. — Si l'on étudiait de même la fonction u-^={z~e^){z — e,), on verrait qu'elle est uniforme, sur une surface plane à deux Fig. 7. / feuillets soudés suivant la ligne de passage e^he^ joignant les deux points de ramification (?<, ^2. A l'infini, les deux feuillets sont II SURFACES DE RIEMANX A DEUX FEUILLETS. séparés : le point x n'est pas un point de ramification {^fig^ 7). En construisant la surface sphéiique correspondante, on aurait une surface sphérique à deux feuillets soudés suivant la ligne de passage £, Aso transformée de CiLe^- Cette surface serait de même nature que la précédente. 6. Prenons maintenant l'équation e,) où e,, e-i, 63, ^4 désignent quatre constantes différentes et A. une constante différente de zéro. A chaque valeur de z répondent encore deux déterminations z/, et 112 égales et de signes con- traires. Posons Z — 62= /'2(C0S6.2 z — es= r3(cos63 tsin6i), tsinôj), tsiaôs), z — ^4 = ^4(00564-1- i sin64). Si nous figurons les points fixes e,,^2, <^3»^4 elle point z, Fig. 8. /•, est la distance , 0^, .... On a «1 = ^n r.2 /'3 7-4 y/ A f cos ^ -r- i SHi J ' "2= y//l/-2/-3/-4 l \/A co> 0,_ 0,-03-7-04 ^-) ;i„(«-l^^^rtliZl^„.)] CHAPITRE I. OÙ y/ A désigne Tune des déterminations de la racine da nombre réel ou imaginaire A. Ces deux déterminations u^ et u^ ne peuvent devenir égales à distance finie que si elles sont nulles, car la somme ffs -h U2 est nulle ; elles ne deviennent donc égales qu'aux quatre points e,, ^2, ^ placé au-dessous du point de départ (2, w<). On a figuré également le chemin suivi par le point analytique pour remonter de (^, ^^2) en (5, w<) quand z tourne autour de ^o- Les quatre points , L2;3 + i,^. A chaque point de cette surface répond un point analytique {z, u), et réciproquement; quand z varie d'une manière continue sur la surface de Riemann, la valeur correspondante de u vaiic aussi d'une manière continue. Cette surface est figurée ici avec les mêmes conventions que précédemment (y^^. 1 4). Etudions la fonction dans le voisinage de z=::o. Si l'on fait ve ^ = - > on trouve z " = Jij^i_ /(i — ei^') (1 — e^z')...{i — e^j,+iz'). SURFACES DE RIEMANN A DEUX FEUILLETS. '21 Les deux déterminations du radical sont régulières au point ;'^o, mais le premier facteur , ^. a deux déterminations qui s'échangent quand le point z' tourne autour de z' = o, et qui deviennent infinies pour ^'= o. Le point ce est donc un point de ramification (comme dans l'exemple I) , pour la surface de Riemann, car, lorsque z' tourne autour du point z' = o, le point analytique (z, u) passe d' un feuillet dans l'autre. Si l'on construit la sphère double correspondant à la surface de Riemann par la méthode d'inversion exposée dans le n° o, à propos du premier exemple traité, on voit que cette surface de Riemann sphérique a 2/?+ 2 points de ramification -2/J-Hl , 0' avec/? — 1 lignes de passage (Ji A 12, .134, . . . , A.2„_ /'-1> 2/J, A,„^ 2/J-i-lO' 11. Deuxième cas : n pair. — Soit /? = 2/? + 2. Nous tracerons alors, dans les deux plans P< et Po? /> H- i ouvertures deux à deux égales joignant les points t?,^..,, e^ej^, . . . , e^/j+i , ^2^+2 ; puis nous Superposerons ces deux plans en soudant chaque bord d'une ouverture du plan P, au bord opposé de l'ouverture correspon- dante de P2. 22 CHAPITRE I. Nous aurons ainsi une surface de Riemann à deux feuillels avec ip -\- 1 points de ramification à distance finie et/? + i lignes de passage, surface analogue à la surface de \^ fig. lo, pour la- quelle /? = I . Voyons enfin ce qui se passe au point oo. Dans le cas actuel (/i pair), le point o) n'est pas un point de ramification. Si l'on fait ^ =: -, > on a /(] - c^z') {\ — e^z'). . . (I — e2yp+2-s')- Les deux déterminations du radical étant régulières au point 3'= o, chacune des déterminations de u est uniforme dans le voi- sinage du point 3'= o et admet ce point pour pôle d'ordre /> + i . Le point 00 est donc dans chaque feuillet un pôle d'ordre p -f- 1 de M, avec un résidu qui est le coefficient de z^ dans le dévelop- pement de la détermination correspondante de u suivant les puis- sances de z' ^ ce coefficient étant changé de signe. La surface de Riemaftn sphérique correspondante a 2/) + 2 points de ramification s,, £0, «••? £2/7+2 et /? -}- i lignes de pas- sage A^2, Ag,, Ao/j+n 2/J+2- Elle est de même nature que celle du cas précédent (/i impair), avec cette seule difi'érence que, quand n est impair, l'un des points de ramification £2/7+2 coïncide avec le point O' {^fig- 16). 12. Cette identité de nature des deux surfaces de Riemann, correspondant aux deux cas de n pair et de /z impair, deviendra tout SURFACES DE RIEMANN A DEUX FEUILLETS. 23 à fait évidente dans l'étude que nous allons faire des fonctions uniformes, et particulièrement des fonctions rationnelles en^ el u sur une surface de Riemann. La surface de Riemann, et non la relation algébrique, sera alors prise comme point de départ, et il est aisé de voir que toute fonction rationnelle sur une surface de Riemann, pour laquelle /i = 2/? -i- 2, peut se ramener à une fonction rationnelle sur une surface de Riemann pour laquelle /l = op -i^ I . En effet, dans la relation (i) a^ = A(z — ei){z — eo) . . . {z — e^p+i), faisons le changement de variable d'où e/,= -2 ^2/J+î (e^p-^:, — e/,) z' — (ei— e/,) Si k est différent de 2/? -}- 2, on peut écrire ek = ( ^2/;-^2 — ^a) — ; 7 .^k = ) ^2/> + 2 ^1 et pour k- = 2p -\- '2 Substituant et posant OÙ A'= A(e2p+-2 — ei)(^2/J+2 — ^2) • • • (^2/^+2 — ^2/>4-l' on a li Il = (.-'-i)^- D'après cela une fonction rationnelle sur la surface de Riemann correspondant à la relation (i), pour laquelle n = 2p -\- 2, c'est- à-dire une fonction rationnelle de n et z. se transforme évidem- ment en une fonction rationnelle de u' et z', c'est-à-dire en une fonction rationnelle sur la surface de Riemann correspondant à la relation (2), pour laquelle n =^ 2 p -\- i , el réciproquement. •24 CHAPITRE I. 13. Occupons-nous maintenant de Fétude des fondions uni- formes sur une surface de Rieniann. Si nous imaginons une des surfaces de Riemann précédemment étudiées, nous dirons qu'une /o/ic/^'o/i v de z est uniforme sur la surface de Riemann quand elle ne prend qu\uie valeur en chaque point (z, u) de cette surface. Par exemple, une fonction ration- nelle c:A.(^, u) de z et u est uniforme sur la surface de Riemann; il en est de même des fonctions eë\yz,u) ^ tang est dite régulière diW point (^q, u^) si, dans un certain domaine o de ce point, elle est développable en une série = 2a.( procédant suivant les puissances entières et positives de z SURFACES DE RIEMANN A DEUX FEUILLETS, 25 Si la fonction s'annule au point {zq, Uq), les premiers termes de cette série ont des coefficients nuls, et le développement est de la forme r = (:; — ::o)'" [\m ^ A„,+i (^ — ^o) -^- • • ], \m étant différent de zéro. On dit alors que le point (^05 ''0) ^st un zéro d^ ordre m. Si au point (zq. Uq) la fonction n''est pas régulière, ce point est y\n point singulier. Nous ne considérerons que des fonctions ayant des points singuliers isolés : alors, dans un domaine 8 suffisam- ment petit du point (r^, Uq), il n'y a pas d'autre point singulier que (^0, Uq). Gomme, dans ce domaine, v est une fonction uni- forme de ;:; avec le seul point singulier Zq^ la fonction v peut d'a- près le théorème de Laurent, être développée en une double série procédant suivant les puissances positives et négatives de [z — Zq) V= -00 la partie de ce développement qui contient les puissances négatives de :; — Zq est \ii partie principale de v au point singulier (^05 ^^0)? le coefficient A_, de est le résidu relatif à ce point. Si la z — ^0 partie principale est une série illimitée, le point (zq^ Uq) est un point singulier essentiel; si la partie principale contient un nombre limité de termes, c'est-à-dire est un polynôme de degré ^ en 7-3JT"' 1^ point {zq, Uq) est un pôle d'ordre q. 15. Voici quelques remarques importantes au sujet des défi- nitions qui précèdent. L'intégrale-^^ l^^dz prise dans le sens positif sur le contour du domaine & du point [z^^Uq), dans lequel les développements précédents sont valables, est égale au résidu A_, relatif à ce point : en effet, les intégrales de tous les termes de la série sont nulles à l'exception de -1-. f^^ d., ■i-ij z — z^ qui est évidemment A_,. 9.6 CHAPITRE I. En laissant de côté le cas où le point [zq^ Uq) est un point singulier essentiel, on voit que dans tous les autres cas la fonc- tion (' peut, dans le voisinage de ce point, s'écrire sous la forme r = (^ - ^o)nBo+ Bi(-3 - ^o) + B2(^ - -o)- + ...], où k est un entier positif, négatif ou nul et Bq un coefficient constant différent de zéro. Si k est positif, le point [z^^ Uq) est un zéro d'ordre k; si k est négatif, ce point est un pôle d'ordre — k; si k est nul, ce point est un point neutre où la fonction est régu- lière et ne s'annule pas. Ce nombre k est le résidu de la fonction ," au point (z-o, Uo)- On a, en effet, c/logi^ _ k , n , p ., .^, . — i • — H- Uo -h L. 1 { X, — ^07 + • • • > az z — Zq car, Bq étant différent de zéro, la dérivée logarithmique de la série entière est aussi une série entière. Le résidu relatif au point (^o> Uq) est bien k. Considérons le point [zq, — Uq) superposé à {zq^ Uq) dans l'autre feuillet et appelons v^ et ç-> les deux déterminations de r dans le voisinage des points (^05 '^o)? (^o? — '^o)- Le résidu de la fonction uniforme de ^, <^i-H^^2> au point Zq, est la somme des résidus de r aux deux points (^o? '^0) ^t (^0? — z^o)- En effet, les coefficients de — dans les développements en séries de c, et r.> étant A_, et A'_, , celui de — dans (^, -\- To est évidemment a_, + a:,. Si aucun des points [zq^ Uq)^ {zq^ — ;^o) n'est un point singu- lier essentiel, les développements de p, et ç^ sont, dans les do- maines respectifs de ces deux points, de la forme V, ~- (z-zoy'[B', + b; (.- - ^0) + B'2 {z - .-0)2 -f- . . . ] , avec Bq et B'^ différents de zéro. La fonction uniforme (^,(^0 sera donc donnée par un développement contenant (z — z^Y^'^^' en facteur; r,P2 admettra le point ^o comme zéro, infini ou point neutre, suivant que k -\- k' sera positif, négatif on nul. SURFACES DE RIEMANN A DEUX FEUILLETS. 27 i6. 11 s'agit d'étendre les définitions précédenles aux poinls de ramification. Définissons d'abord, d'une manière précise, ce qu'on appelle domaine d'un point de ramification ei : c'est l'en- semble des poinls analytiques qu'on peut atteindre, en partant du point e/, dans l'un ou l'autre feuillet, et assujettissant le module de z — Ci à rester plus petit qu'un certain nombre ô, moindre que la distance du point ei au point de ramification le plus rapproché. Celte portion de surface de Riemann est représentée ci-contro d'abord dans l'espace, en supposant les deux feuillets séparés (comme dans la Ji^. 3); c'est la portion de surface située dans Fiî un cylindre de révolution, de rayon ô, ayant pour axe la ligne o), le point c/ est appelé un zéro d'ordre A", dans le deuxième cas (A P, = (^ - e,-) ' L Bo + B, (^ - e,-)^ + B2 {z-e{)^.. \ , v^=.{-Yf{z-eif\'^,-\>„{z-eif^\^,{z-ei)~..\, Le produit v^ Co est donc bien égal à (^ — eiY multiplié par une série entière en z — c/, non nulle au point ei. 17. Il nous reste à examiner les points à l'infini. Supposons d'abord n pair et égal à ?,/? + 2 ; le point à l'infini dans chaque feuillet est un point ordinaire : ces points se distinguent en ce que, pour z infini, le rapport ^^^^ a une certaine limite +y/A dans un des feuillets, et la limite — y/A dans l'autre. Prenons un de ces points à l'infini oo, dans le feuillet V ^ ; nous appellerons do- maine de ce point la portion du plan située dans le feuillet cor- respondant à l'extérieur d' un cercle de centre O et de rajon R assez grand pour que tous les points de ramification soient dans ce cercle. Dans ce domaine, u et par suite ç sont des fonctions uniformes de z. La fonction est régulière au point ooi si, dans le SURFACES DE RIEM.VNN A DEUX FEUILLETS. 3l domaine de ce point, elle est développable en une série =2 \yZ-^ y = Q ne contenant que des puissances négatives de z : si la fonction étant régulière s'annule au point ce,, les premiers coefficients sont nuls et si le développement commence par un terme en — ,1e point Xi est un zéro d'ordre m. Lorsque la fonction n'est pas régulière au point oc,, ce point est un point singulier que nous supposerons isolé, c'est-à-dire tel que dans le domaine du point ce, il n'y ait pas d'autre point singulier. Dans ce domaine, la fonction est représentée par la somme de la série V = 1 l'ensemble des termes à exposants positifs est la partie princi- pale : s'il n'y a qu'un nombre limité de termes à exposants positifs, la partie principale se réduit à un polynôme de degré q et le point oc, est un pôle d'ordre q. Dans le cas contraire, le point co, est un point singulier essentiel. Dans tous les cas, le résidu relatif au point x, est le coefficient (\g - cJianiié de si^ne, c'est-à-dire — A,. Ce résidu est égal à l'intégrale 4-/-^ prise dans le sens positif sur la circonférence limitant le do- maine dans lequel le développement ci-dessus est valable, comme on le vérifie immédiatement en remarquant que tous les termes du développement ont des intégrales nulles, excepté le terme en -• z En écartant le cas où le point x, est un point singulier essen- 32 CHAPITRE I. lie], on a, dans le domaine de ce point, I \ ^" / I T oLi Bq est différent de zéro. Si l'entier k est positif, la fonc- tion s'annule au point oc, qui est appelé un zéro d'ordre k : si cet entier est négatif, la fonction devient infinie au point ce, qui est un pôle d'ordre — k ; si k esL nul, le point cxd, est un point neutre où la fonction est régulière et différente de zéro. Comme en un point à distance finie, l'entier k est égal au ré- sidu de — ~— au point oc,, car d ioiiv k \ l r^ .,1 ^ \ dz développement dont le résidu à l'infini est /■. Pour le point à l'infini coo situé dans le deuxième feuillet, on a des développements analogues. Si nous appelons c, et ç^ les dé- terminations de V dans le domaine des points oc, et coo, A, et A', les résidus respectifs de ces deux déterminations, k et A' les puis- sances de - qu'elles contiennent en facteurs, la fonction uniforme r, + To a pour résidu à l'infini A, + A', et la fonction uniforme i-, i'o est, dans le domaine de ^ = ce, représentée par un déve- loppement de la forme contenant (-j en facteur, Gq étant différent de zéro. Nous venons d'étudier le cas de n pair : passons maintenant au cas de n impair, « = 2/? + i . Le point co est alors un point de rami- fication et, dans la surface de Riemann, une des lignes de passade va du point 62^,^1 à oc, la ligne Ls^ + i,^ ; décrivons de O comme centre, sur la surface de Riemann, une circonférence de rajon R plus grand que la distance du point O au point de ramifica- tion le plus éloigné. Pour que cette circonférence se ferme, il faut tourner deux fois autour du point O, car on change de feuillet, SURFACES DE RIEMANN A DEUX FEUILLETS. 33 comme le montre la fig. i8, en traversant la ligne de passage Fiof. iS. Les points de la surface de Riemann situés à X extérieur de cette circonférence constituent le domaine du point ce. Les valeurs de u el de z^ correspondant aux points analytiques de ce domaine, peuvent s'exprimer en fonctions uniformes d'une variable auxiliaire t par les formules _ I _ \^\ v/( i—ei/-)(i —g.7 /-)...( i—e.>„^, f^) où Les deux déterminations de u s'obtiennent en donnant à t des valeurs égales et de signes contraires. La fonction r est donc, pour ces mêmes valeurs de ^, une fonction uniforme de f, et, en supposant R suffisamment grand, on pourra développer la fonc- tion i' en une série .=;Sa..v V: L'ensemble des termes en z- à exposants positifs est la partie principale. S'il n'y a qu'un nombre limité de termes à exposants positifs, la partie principale se réduit à un polynôme en :;- ; le point à l'infini est un pôle. S'il n'y a pas de termes à exposants positifs, la fonction est régulière au point ce, et enfin si le déve- loppement commence par une puissance négative de z'- , le point oc est un zéro. A. ET G. 3 34 CHAPITRE I. Le résidu au point oo est le double du coefficient de - changé de signe — 2A2; c'est la valeur de l'intégrale—. / (^^i [{z — e,){z — e.^). . .{z — en)]"! . On amènera ainsi le numérateur et le dénominateur de r à ne contenir?/ qu'au premier degré, et Ion mettra v sous la forme Z3 -t- u Zi Z,,Z2,Z3, Z4 désignant des pohnomes en :;. Multiplions et divi- sons cette expression par le facteur Z3 — Z/Z; et remplaçons encore u- par sa valeur en fonction de z^ nous au- rons V sous la forme '= RW ' oii P(^), Q(:;), R(^) désignent des polynômes en z que nous pouvons toujours supposer sans diviseur commun : si ces poly- nômes avaient un diviseur commun, on le supprimerait au numé- rateur et au dénominateur. 19. Cherchons quelle est la forme de la fonction ç dans le voi- sinage d'un point ordinaire (-::o) ^'o) ^^ ^^ surface de Riemann. 36 CHAPITRE I. Soil{zo,iio)unpo\nlde\diSUTÏ''dcedeR\emsinndlslinct d' un point de ramification; nous l'appellerons pour abréger un point ordi- naire de la surface de Riemann. Dans un domaine o de ce point la fonction u, qui se réduit à Uonu centre du cercle, étant uniforme, finie et continue, est développable en une série procédant suivant les puissances entières et positives de z — z^ par la formule de Maclaurin u= Uo-] Uq -I- ^ -^ — w„ ^ . . . , les polynômes P(s), Q(;) et R(::) peuvent aussi être développés suivant les puissances de (^ — ^o) par cette même formule, et l'on aura, dans le voisinage de ^ = ^o^ F {z)+ uQ_{z)=^ a,^ ai{z — Zo)+ a.^z - z^^^ . . . , R{z) = Ro^{z-z,)\V, 1 .1 Koi 1^0 1 • • • désignant les valeurs du polynôme l\ et de ses dérivées pour z = Zq; aQ^ ai, . . . des coefficients constants, Pour traiter le cas le plus général, supposons a^, a^ . . ., a^. , nuls, avec a^ dilFérentde zéro, Ro, Rq^ • • • , t^o"~" nuls et R,,''^ diffé- rent de zéro. On aura alors P + ï^Q = (^ — 5o)'?[a,y + a^+-i(- — sj) + ... J, d'où, en divisant, ^ = -^^^^ = ( — ^o)^-'' [ Ao + Al (^ - 5o) + A2(.- - ^o)^ -f- . . .] , où la série entre parenthèses est le quotient de la série a./ + «7+1 (^ — -o) +. •. par le polynôme dont le premier coefficient est différent de zéro. Le coefficient est par conséquent différent de zéro. SURFACES DE RIEMANN A DEUX FEUILLETS. 87 Si ^ > /• la fonction r admetle point (^o, «o) comme zéro d'ordre q — r\ si <7 < /• , elle admet ce point comme pôle d'ordre r — q', enfin, si q =^ r, elle est régulière et diflerente de zéro au point (^0, ^0)5 tpi 6st un point neutre. i20. Voyons de même quelle est la forme de v dans le voisi- nage &\m\ point de ramification. Soit o -^ ^1 (- - eiY -hb^iz- Ci) -h b,{z — e^y^. . . , R = Co -+- Ci(^ — ei) -+-c.2{z — eiy . .., dont la première procède suivant les puissances entières positives de (z - ay. Pour traiter le cas général, supposons nuls les coefficients bo,bi, .. .,bq-i, Co, Cl, . . ., c,._i, 38 CHAPITRE I. les coefficienls bg et Cr étant différents de zéro. On aura P -+- i.Q :^ (^ - eiY' \h, -\- b,^y{z - eiY -4- VaC ^ -et) +...], R = (^ — et)'- \Cr-\- Cr+i {z — Ci) -|- C^+o ( - — e/)2-}-.. .]; d'où, en divisant. P-f-wQ (]—ïr D'après ce développement, le point a est un zéro d'ordre q — 2r, ou un pôle d'ordre ir — ^, ou un point neutre, suivant que q — ir est positif ^ négatif on nul. 21. Voyons enfin les points à V infini. Si n est pair, et égal à 2/j) -h 2, il y a vin point à l'infini dans chaque feuillet ; étudions la forme de la fonction dans le voisinage de l'un de ces points, le point oo, par exemple. On a, pour des valeurs de z dont le module surpasse une certaine limile p suffisamment grande, u = ..*. v/Â^/(,-^)(.-'^)...(>-^ ou u ^ zi>+^ /a ( I -1- — + —-}- . I ^2 — Donc P + wQ est de la forme (Iq étant différent de zéro et q un entier positif ou négatif. On a de même r désignant le degré de R : donc, en divisant et supposant le module de z plus grand qu'une limite convenable, . = — ^^ - Ao-hA.--.A •i-) On voit que le point oo^ est un zéro d'ordre r — q ou un pôle SURFACES DE RIEMANN A DEUX FEUILLETS. oQ d'ordre q — r, suivant que /' — q est positif ou négatif^ quand /' — i^/X(I + ^^-^^ d'où P — wQ = ^2 [^«o-i-«i (l)"-^«2 (-\ ^^M J)''"^••• R = ^'^ ( 60 -+- 61- 4-. . . -t- br — et en divisant ir — q P i^=er[A,.A,(i)^..i.A3(i)^...]. Le point de ramification à l'infini est donc un zéro d'ordre ir — q ou un pôle d'ordre q — 2/-, ou un point neutre, suivant que ir — q est positif, négatif ou nul. 22. 11 résulte de ce qui précède qu'une fonction rationnelle en z et u est une fonction uniforme sur la surface de liiemann, n'ayant à distance finie ou infinie d^ autres points singuliers que des pôles. Réciproquement, une fonction v uniforme sur la suif ace de Riemann, et n^ ayant pas d'autres points singuliers que des pôles, est une fonction rationnelle de z et u. En effet, appelons u^ et u.2 les deux déterminations de z^ cor- respondant à une même valeur de ^, ^, la valeur de la fonction ç au point {z^u^) de la surface de Riemann, V2 sa valeur au point (3, U2). Posons 4o CHAPITRE I. les fonctions ^(z) et ^(z) étant définies par ces équations mêmes, qui donnent immédiatement comme on le voit^ en ajoutant et s'appujant sur ce que u^ -h 1/2= o. Ces formules montrent que 'f(^) et ^(z) sont des fonctions uniformes de z\ en effet, z étant donné, u,^^ u^-, iU et ç^ ont des valeurs bien déterminées; quand z décrit une courbe fermée dans le plan simple des z, u^ peut se permuter avec a^.-, mais alors v^ se permute avec ^2 , et les fondions symétriques cp(^) et ^(s) ne changent pas. De plus, ces fonctions uniformes o et ^ n'ont pas d'autres singularités que des pôles; car, dans le voisinage d'un point ordinaire (^Zç^^ Uq\ les développements en série de p< , ^'2, — ■) — ne contiennent qu'un nombre fini de puissances néf>atives de ^ — Zq\ il en est donc de même de o et t!;; dans le voisinage d'un point de. ramification e/, les développements de v^. ^2, — et— ne contiennent qu'un nombre fini de puissances négatives de \l z — les puissances fractionnaires disparaissent et o et 'h n6 contiennent qu'un nombre limité de puissances négatives de (^ — (z) et tj>(s), étant uniformes dans tout le plan simple des ^, et n'ajant d'autres singularités qne des pôles, à distance finie et infinie, sont des fonctions rationnelles de z. La fonction r, étant égale à 'j(z) -^ u^(z) en tous les points delà surface de Riemann, est donc une fonction rationnelle de zet de u. Le raisonnement qui précède montre que l'expression géné- rale d'une fonction uniforme sur toute la surface de Riemann est ç = 'f (^) -f- uà(z)^ cp et 6 étant des fonctions uniformes de z. Si la fonction ç n'admet qu'un nombre fini de points singuliers sur toute la surface, ^ (z) et à (z) n'admettent également qu'un nombre fini de points singuliers dans tout le plan de la va- riable z. SURFACES DE RIEMANN A DEUX FEUILLETS. 4l 23. 11 est important de remarquer que toute fonction v uni- forme sur la surface de Rieinann et régulière en tous les points de cette surface, à distance finie et infinie, est une constante. En effet, appelons v^ et ^2 les deux déterminations de cette fonction correspondant à une valeur de :; , on verra, comme ci-dessus, que les fonctions sont des fonctions uniformes de z. Ces fonctions sont, de plus, régulières pour toutes les valeurs de z finies et infinies : ce sont donc des constantes. Les deux déterminations, i', et Co, sont racines d'une équation du second degré à coefficients constants : elles sont constantes. Gomme ces deux déterminations deviennent égales aux points de ramification, elles sont égales à une même constante, et la fonction v est constante. 24. La somme des résidus d'une fonction rationnelle r de u et Zj en tous les points de la surface de Riemann, à distance finie et infinie, est nulle. En efi^et, appelons t'i et T;. les deux déterminations de r en deux points superposés des deux feuillets : nous avons démontré, au moment de la définition même des résidus, que, en un point ordi- naire Zq, le résidu de la fonction uniforme r, -f- To est égal à la somme des résidus de v aux deux points superposés (^o^ ^^o) et (^0? — lia)-) et que, en un point de ramification, le résidu de i'i H- To est égal au résidu de v en ce point. Donc la somme des résidus de v est égale à la somme des résidus de la fonction uni- forme v^ -h i'o, qui, d'après les relations 2P se réduit à la fraction rationnelle-^- Comme la somme des ré- sidus d'une fonction rationnelle est nulle, le théorème est dé- montré. Ce théorème s'étend à une fonction n'ayant qu'un nombre fini de points singuliers, parmi lesquels des points singuliers essentiels. 4'2 CHAPITRE 1. Voici une conséquence importante de ce théorème : Le nombre de zéros d'une fonction rationnelle de z et u sur toute la surface de Rieniann est égal au nombre des infinis de cette fonction, chacun des zéros et chacun des infinis étant compté avec son degré de multiplicité. Pour le démontrer, il suffît d'appliquer le théorème précédent à la dérivée logarithmique de la fonction (^, dlogv I dv dz V dz qui est évidemment une fonction rationnelle de u et z, puisque la dérivée -,- est une fonction rationnelle de u el z. dz Nous avons établi, en effet, que les seuls points singuliers de la C ' d loiïP ^ ^ . • ^ • 1 1 ronction iv = — ^ — , ou le résidu ne soit pas nul, sont les zéros et les iniinis de (^; en un zéro de ç le résidu de iv est égal à l'ordre de ce zéro, en un infini de (^ le résidu de w est égal à l'ordre de cet infini changé de signe, et en un point neutre de ç le résidu de iv est égal à zéro. La somme des résidus de (v étant nulle, la somme des ordres des zéros de ç est égale à la somme des ordres des infinis. On peut aussi établir ce théorème en remarquant que la diffé- rence entre la somme des ordres des zéros et la somme des ordres des infinis de ç est égale à cette même différence pour la fonction rationnelle car nous avons vu que chaque zéro et chaque infini de ç donne un zéro ou un infini du même ordre dans Çi (^2- Gomme le nombre des zéros de toute fonction rationnelle de z est égal à celui des infinis, le théorème est démontré. 2o. Nous appellerons ordre total d'une fonction rationnelle ç de z et u le nombre de ses infinis, chacun d'eux étant compté avec son degré de multiplicité. Le nombre des zéros est aussi égal à l'ordre de la fonction. Si l'on appelle Çi et v^o les deux détermi- SURFACES DK RIEMANN A DEUX FEUILLETS. {3 nations de r, l'ordre est le nombre des infinis ou des zéros de la Ibnction rationnelle L'équation ^' — G = o, où G désigne une constante arbitraire, a, sur toute la surface de Riemann, un nombre de racines égal à Tordre total de v; car la fonction ç' — G est rationnelle en z et u, et le nombre de ses infinis, c'est-à-dire l'ordre total de cette fonction, est le même que celui de r. 26. Exemple. — Soit u- rationnelle ; considérons la fonction z — 1 et déterminons ses infinis, ses zéros, ses résidus. A distance finie, le seul infini est le point de ramification .: = i . Si l'on fait c = i -j- :?', on a, dans le voisinage de :;'= o, !'t -^ z'y*— U(\ »■- T 1 ' ^ '2 (--.)= 4--(.-)-^-^ Le point de ramification ^ ^^ i est donc un pôle du second ordre, le résidu étant égal à 2. Les seuls zéros à distance finie sont les points ^ := o, u =^ziz i, car l'équation z'*-^ uz- = o donne ^-=0, ou z- ^= — u, équation qui n'a pas de racine à distance finie. 44 CHAPITRE I. Prenons le zéro j;^ =z o, u = /, on a, dans le domaine de ce point, I — I '^ c'est donc un zéro d'ordre 2 ; le point ^ = o, u=: — / est de même un zéro d'ordre 2. Points à V infini. — Les points à l'infini dans les deux feuillets se distinguent en ce que, pour l'un d'eux ce, , le rapport -- tend vers -f- I , et, pour l'autre oo^, vers — j . Dans le voisinage du point 00,, on a -(-ir-(-.;T. Z _ I I — 1 z z- r ( V = Z-' \7. ; + . 2 •}. 1 3 I p = 5-Mîi-+-- + — H- — + - — Le point 00, est donc un pôle d'ordre 3, et le résidu en ce 3 int est '1 Enfin, dans le vaisinage du point cc^, 1 1 I [ 2 z* donc I I - H z z- _ I I 1Z 2^2 m La fonction est régulière au point cca, qui est un zéro du pre- ier ordre; le résidu du point 0C2 est — -• SLIIFACES DE UIEMANN A DEUX I EUILLETS. 4^ En résumé, on a le Tableau suivant : Points Nature analytiques. des points. Résidus. = I, u = o. Pôle d'ordre 9. •?. = o, u -^ i. Zéro d'ordre 2 0 = o, H - — i. Zéro d'ordre 2 0 u Pôle d'ordre 3 3 2 u Zéro d'ordre 1 1 2 I.a somme des résidus est nulle; la somme des ordres des zéros est 5; celle des ordres des infinis est aussi 5. L'ordre total de la fonction v est 5. Il est aisé de véiilîer que l'équation (' = C a 5 zéros, quel que soit C. 27. Nous allons introduire maintenant, en suivant une méthode de M. Weierstrass, une notion d'une grande importance, celle du genre d'une relation algébrique. Une fonction uniforme de c régulière en tous les points à dis- tance finie et à l'infini étant une constante, une fonction rationnelle de z devient infinie au moins en un point. Nous avons remarqué (Introduction) que l'on peut former une fonction rationnelle de z avec des pôles arbitraires et des parties principales également arbi- traires : par exemple, la fonction devient infinie en un seul point arbitraire a avec un résidu arbi- traire A. Il en est autrement pour les fonctions rationnelles de z et u^ u étant lié à z par l'équation u'^ = X{z — ey^{z — e-i) . .. {z—en), avec n = 2p -T- 1 ou n = ip -T- 2. Si une fonction r, rationnelle en z et u, devient infinie en un seul point analytique {z^, Uq) arbitraire, l'ordre de cet in- fini ne peut pas être moindre qu'un certain nombre entier. 4b CHAPITRE 1. Cet ordre minimum diminué d'une unité se nomme, d'après M, Weierstrass, le genre de la relation algébrique entre u et z^ ou encore le genre de la surface de Riemann correspondante. Un point analytique arbitraire est un point dont on peut faire varier à volonté la position sur la surface de Riemann; ce point est donc supposé distinct cV an point de ramification. Nous allons démontrer que le genre des surfaces de Riemann précé- demment étudiées est égal à y?, si n — - ip -\- i ou ip -4- 2. Cher- chons à former une fonction v rationnelle en z et u avec un pôle d'ordre r au point (^07 ^^o)- Cette fonction r peut s'écrire, comme nous l'avons vu, P, Q, R désignant des polynômes en z sans diviseur commun. Remarquons que, si un point ^0 distinct d'un point de rami- fication est une racine d'ordre A' du polynôme R(5), la fonc- tion V admet au moins un des deux points analytiques (i^o? i/o)> (^05 — ^^0)7 correspondant à ^ = ::o 7 comme pôle d'ordre A". En effet, on ne peut pas avoir en même temps P(xJo)^«oQ(^o) ^ o, P(x;o) — «oQ(-o) ^ o, car, «0 n'étant pas nul, on aurait P(^o)-o, Q(^o)-o et les polynômes P, Q, R admettraient un diviseur commun (5 — ^o)- Supposons, pour fixer les idées, P(3o) + ?/oQ(^o) dif- férent de zéro : alors la fonction r devient infinie d'ordre k au point analytique (^o? «o)j et la proposition est démontrée. Si le polynôme R(5) admet ei pour racine d'ordre A, et siP(> + i est assujetti à cette condition que le déve- loppement de dans le voisinage de ^ = i^o? u^= — if^a-, contienne [z — ^o)^^' en facteur. On a donc P(-^) + X{z-z,)P^^, A désignant une constante : d'où enfin résulte pour v l'expression {z — z^)-\-...^ "'^ {z — Zç,)P-^U u\ = A + G— ' '-''-P ^z-z,y^-^ avec deux constantes arbitraires A et C. Nous avons supposé le point {zq, Uq) arbitrairement variable sur la surface et distinct des points de ramification. Une fonction ayant un seul pôle placé en un point de ramification peut y de- venir infinie d'un ordre moindre que (p -+- 1). Ainsi, quel que soit le genre, la fonction SURFACKS DE HIEMANN A D E U \ F E l I L LET S. 49 devient, au seul point de ramification (^ - a,y^^ ...{z- aq)y-, ; P est de degré au plus égal à r, Q de degré au plus égal à /• — p — I ; le numérateur P -t- ; constantes qui figurent dans Q (:;), il y a entre eux p relations. 29. Formons ces relations dans le cas simple où tous les pôles sont du premier ordre, ai = «2 — . - . = a^ -- I . Alors rz q^ R = (^ — ay)(z — a,) ...(z — a,.) ; Q(^) est de degré /• — p — i , Viz ) de degré i\ et l'on a P(ai)-^6iQ(ai)=ro, ï\a,)~b^(l{a^)r^o, V{ar)-b,.C){ar) =0, puisque P-f- wQ doit s'annuler aux: points (a, , — ^i ), (ao, — ^2)? . . . , [ar, - bf). Si l'on fait P(^) = AR(^) + Pi(>), P, étant de degré /' — i , on aura Pi(«i)-: 6iQ(ai), Pi («2)-- ^2QC«2), Pi («,.)=. b,(){a,.), relations qui déterminent enlièiement le polynôme P,(:;), doni on peut écrire l'expression par la formule de Lagrange. On obtiendra une forme remarquable de v par la méthode sui- vante, qui fournit immédiatement les/> relations entre les coeffi- cients des parties principales relatives aux pôles (a,, 6,), ..., Décomposant rrrr^ ^^ r7^" ^" tractions simples, on a P , C, G, C,. K z — «1 z — a=> z — Ur Q_ Al A, A,. R z — ci\ z — a=i z — cip P + mQ , Cl -f- Al M C^-\- X^ii G,.-fA,. w. V = ■ — p r-^ A H i -— + . . . H — , R z — «1 z — a-i z — ar A, Cl, . . . , Cr, A, , Ao, . . . , A,^ étant des constantes. SURFACES DE RIEMANN A DEUX FEUILLETS. 5l Pour z := a^, 11= — bij là valeur de ç doit rester Jinie, car la fonction v doit avoir le pôle («, , ^, ) et non (a^ , — bi). On a donc A;.^;. Cl -A 1^1 = o\ de même C,-\,b, = 0, • • • ) G. et la fonction ç s'écrit (a; 1 V = A -+- Al 'A^ ^ A, U -h l>: \ - fonction qui, à distance finie, admet évidemment les seuls pôles («,, bi ), («25 ^2)? • • • j {(^r, br) du premier ordre. Mais les coefficients A,, Ao, . . . , A^ ne sont pas arbitraires : en effet, ce sont les résidus de la fraction rationnelle ^, dans la- K quelle le degré du numérateur est r — p — i, celui du dénomi- nateur étant r. La somme des résidus de cette fraction rationnelle à distance finie est donc nulle, et il en est de même de la somme des résidus des fractions _, -j^, ..., ___, car le degré de z-P-^ Q est encore inférieur de deux unités à celui du dénominateur, de sorte que le résidu à l'infini est nul. On a donc, entre A,, Ao, . . . , A^ et a,, «2, ..., «r les/? rela- tions nécessaires A,-i- A2-1-. . . — A,. = o, Ajai-j- A2a2-{-. . --^ A^a,. = o, (3) { Ai«f-f- A,a2_|_. __i_ \^.^2_ o^ Al <-i ~ A,«5-i -. . . -f- X,aP,-^ Ces relations sont suffisantes pour que la fonction trouvée remplisse toutes les conditions demandées. En effet, on vérifie que, si ces conditions sont remplies, la fonction v définie parla relation (a) est finie à l'infini. Par exemple, si n est pair et égal à 2/? -t- 2, on a dans le voisinage du point x, dans l'un des feuillets Il = v/Â Z^/'+i-f- Go^P+ Gi^/'-i + . . . + C/,_, z -^ G,,-- li^±i ^. . . V 62 puis «i CHAPITRE T «1 af T «2 <^l ^r^ ^v et ainsi de suite. Subslituant ces développements dans l'expres- sion (a) de ç et tenant compte des relations ([^), on voit que les coeflicicnts des puissances positives de z sont bien nuls. Si 71 est impair, /i = 2/> + i , on a pour z infiniment grand Il z= y/A I z 2 n 1 Cos 'P-\ iMïf-A et, en vertu des relations ([^), les coefGcients des puissances posi- tives de z dans le développement de ^^ disparaissent encore. Le résidu relatif au pôle («i, b^) étant, d'après l'expression (a) de r, Bi=:2Ai6i, et les résidus relatifs aux autres pôles les /? relations ([3) donnent, entre les résidus B,,Bo, ..., B^., /? relations de la forme Bi al T> «« ^ a hi bo b,. {k 2, . 0- Les relations (jB) rendent évident ce fait que nous avons déjà démontré autrement, que r doit être au moins égal kp -f- i. Eq effet, si l'on avait 7'^/>, ces relations linéaires et homogènes en A, , Ao, . . . , A^ donneraient pour tous ces coefficients des va- leurs nulles, car le déterminant des coefficients de k^^ A^, ...^ A^, dans les r premières relations, est «1 I «2 al SURFACES DE RIE M A NX A DEUX FEUILLETS. 53 déterminant qui est différent de zéro, puisque toutes les quantités «, , rto) • • : (^r sont supposées différentes. Si les points («i , b^ ), (a^j ^2)7 • • • ? (<^rj ^r) n'étaient pas arbi- traires, c'est-à-dire variables indépendamment les uns des autres, la fonction v pourrait exister pour r <^/? + i . Par exemple, si l'on prend les deux points (<7,, 6,), («,, — ^,), qui sont superposés dans les deux feuillets, il existe une fonction admettant seulement ces deux pôles au premier degré, c'est A: 30. Nous venons de voir que le genre de la relation if2= k{z — ex){z — ei) . ..{z — en)i où n=z 1 p -\- i ou ip -f- 2, est p. Le genre des deux relations prises d'abord comme exemple, (5) u'^ = z, u-= X{z — ei){z — e-i), est zéro. On peut donc former une fonction rationnelle de z et u avec un seul pôle du premier degré placé en un point arbitraire; sous ce rapport, ces fonctions sont de même nature que les fonc- tions rationnelles d'une variable représentée sur le plan simple. La raison en est que l'on peut exprimer, dans les relations (5), u et z en fonctions rationnelles d'un paramètre ^, de telle manière qu'à chaque valeur de t réponde un seul point (:?, u) de la sur- face de Riemann et réciproquement ; pour employer un langage géométrique, cela tient à ce que les courbes (5) sont unicur- sales. En effet, pour la première des relations (5), il suffit de poser z = t\ u = t, et pour la seconde u=ts/X{z — ei), \ d où z - , u = /a i- et l'on voit que la condition est réalisée. En imaginant le plan 54 CHAPITRE I. — SURFACES DE RIEMANN, ETC. simple des t^ on peut dire qu'à chaque point du plan simple des t répond un point de la surface de Riemann et réciproquement. La surface de Riemann peut donc être représentée point par point sur un plan simple : l'étude des fonctions rationnelles de z et u se ramène alors à l'étude des fonctions rationnelles de t et in- versement. INTÉGRALES II Y PE R E L L I PT I Q L ES. 55 CHAPITRE II. INTÉGRALES HYPERELLIPTIQUES (»). Propriétés générales. — Singulai'ités des intégrales hyperelliptiques. — Différentes espèces d'intégrales.— Le nombre des intégrales de premièi^e espèce est égal au genre. — Intégrales de troisième espèce avec deux points critiques logarithmiques. — Intégrales de deuxième espèce avec un seul pôle. — Mojen de déduire ces intégiales de celles de troisième espèce. — Expression d'une intégrale hyperel- liptique quelconque à l'aide d'intégrales des trois espèces. — Expression d'une fonction rationnelle par une somme d'intégrales de première et de deuxième espèce. — Décomposition en éléments simples. — Exemple. — L'intégrale élé- mentaire de deuxième espèce est une fonction rationnelle du paramètre. — Expres- sion d'une fonction rationnelle à l'aide d'intégrales de première et de troisième espèce. 31. Soit (' une fonction rationnelle de :? et u '= KÎV) ' (intégrale Az,iù }{z,u) = j vdz est une intégrale abélienne attachée à la relation ir- = k{z~ ex){z~e^_) ..Az — €n), ou à la surface de Riemann correspondante. Les intégrales abé- liennes ainsi formées se nomment JivperelUptiques (-). On sup- pose la limite inférieure placée en un point analytique déterminé [zq^ Uq) de la surface de Riemann, et l'intégration effectuée le (' ) Ouvrages à consulter : Nkumanx, Théorie der Abelschen Intégrale: Clebsch et GoRDAX, Théorie der Abelschen Functionen : erster Abschnilt. (*) On d^'^eWe, en ^éï\éva\, intégrales hypeielliptiques ceWes qm ne contiennent, sous le signe d'intégration, d'autre irrationalité qu'un radical carré portant sur un polynôme d'un degré supérieur au quatrième. Toutefois nous conserverons ici le même nom, quel que soit le degré de ce polynôme. 56 CHAPITRE II. long d'une certaine courbe tracée sur la surface et aboutissant au point analytique [z^ u)^ qui forme la limite supérieure. La valeur de l'intégrale est une fonction de la limite supérieure, c'est-à-dire du point analytique (;:;, «)•, elle dépend aussi, dans une certaine mesure, du chemin d'intégration allant du point (^o^ ^^o) ^^^ point (s, u). Quand, ces points restant fixes, le contour d'intégration varie, les différentes valeurs que peut acquérir l'intégrale ne dif- fèrent que par certaines constantes additives appelées modules de périodicité, car toutes ces valeurs de l'intégrale ont même dé- rivée V par rapport à :;. 32. Nous allons d'abord étudier la nalure des points singuliers d'une intégrale lijperelliptique sur la surface de Riemann. Si en un point à distance finie de la surface de Riemann la fonction ç est régulière, l'intégrale J(^, u) est aussi régulière en ce point. Gela résulte immédialement de ce que l'intégrale d'une série procédant suivant les puissances positiçes croissantes 1 de z — Go ou de (z — Ci)'^ est une nouvelle série de même foime, convergente dans le même domaine que la première. Voyons maintenant comment se comporte l'intégrale J(g, u) dans le domaine d'un pôle de la fonction ç. Soit («a, b/() un pôle de P", d'ordre m^ placé en un point ordinaire de la surface à dis- tance finie. Dans le domaine de ce point on a, en appelant Ryi le résidu de i^ et écrivant le premier le terme en -^ — -h Ao-+- Ai(^ — «A-) -i- AaC^ — a/,)--^ En intégrant et désignant par G une constante d'intégration, on a l'expression suivante de l'intégrale, A^alable dans le même do- maine 0 du point [aji^ b^), A— m A_,,,.+-i J(.^, u)=C-i- Ra- log(^ - a^-) - (m — i)(^ - a/,)'«-i {m — ■j.){z — a/,) iii — i A_2 . , . . iz — ai,.f- z — ak 1 Donc, lorsque le résidu R/; est nul, l'intégrale J(g, u) est uni- INTÉGRAL KS II Y PEU E L L I PT I Q U ES. 67 forme dans le domaine o du point (a^, bh) qu'elle admet comme pôle d'ordre m — i. Mais, lorsque le résidu R/f n'est pas nul, l'in- tégrale n'est plus uniforme dans le domaine o : elle augmente de 27r«RA quand le point (z^u) décrit, à l'intérieur de ce domaine, un contour fermé tournant une fois dans le sens positif autour de («A) bk)' On dit alors que le point (a^, bk) est un point singulier logarithmique de l'intégrale. Soit maintenant un point de ramification^/ que la fonction r admet comme pôle d'ordre /??, le résidu étant R/. On a, dans un do- maine 0 du point ei, en écrivant d'abord le terme en , ^ - — ei _ ^^' , -^-/n _^ A-;„+i ^ A-3 -i- ■ '' "'-y 4- Ao -f- AiC j — e/)^ -+- A2(^ — e,-) -H . . . , i^-en' car, par définition, le résidu R^ est le double du coefficient de En intégrant et désignant par C une constante, on a, dans le même domaine, l'expression suivante de l'intégrale : (Z,U) ^C-h- R/l0g(3 — Ci)- -jj^-^ (ni — 2)(.3 — Ci) - (m — 3)(^ — et) - 2 A-3 - 2 \| ^ — — — ^+2A-i(^ — e/)2 + Ao(^ — e/)4- ~~ (z — ei)'^ - {z-etY ^ Lorsque le résidu R/ est nul, l'intégrale est uniforme dans le domaine 3 du point ei qu'elle admet comme pôle d'ordre m — 2, tant que m est supérieur à 2; si/?? = 1 , elle est régulière en ce point; le cas de m = 2 ne peut pas se présenter avec l'hypothèse R/= o. Lorsque R/ n'est pas nul, l'intégrale n'est plus uniforme dans le domaine S du point ei\ elle augmente de 2-iR/ quand le point (5, u) décrit autour de ei dans le sens positif et à l'intérieur du do- maine 8 une courbe fermée sur la surface de Riemann, ce qui exige, comme nous l'avons vu (p. 2-), que^ ionme deux fois au- tour de et. Le pointe^ est alors un point singulier logarithmique de l'intégrale. 58 CHAPITRE ri. Eludions, pour lermincr, la forme de l'intégrale dans le domaine d'un j)oint à l'infini. D'abord, si n est pair, les deux points à Tinfini dans les deux feuillets sont des points ordinaires de la surface de Riemann. Dans un certain domaine d'un de ces points, oc, par exemple, v est de la forme, en prenant le cas le plus général, ^ ^ _ _j°_ _^ A_,„^'«-^- A_,„+i^'"-i-k ... k-,z ^.A„ • z AÏ i ï en commençant par le terme en - , et appelant R^'' le résidu re- z latif au point oo, , résidu qui est le coefficient de - changé de signe. z En intégrant, on a, dans le même domaine, }{z,u) ^ C-f-RL^Mog- 4- AzZ^^m+i_^^...^. ^-A^2_^ AoZ z m -^ \ 9. _- 4, i _ ^ _L _ ' ' z '2 Z^ Lorsque le résidu l\J est nidy l'intégrale est uniforme dans le domaine du point co, ; si (^ admet ce point comme pôle d'ordre 7?z, .) l'admet comme |3Ôle d'ordre /n-\~i. Lorsque le résidu R^" n'est pas nul, l'intégrale n'est plus uniforme dans le domaine considéré du point cCi ; elle augmente de 2T:f RjJ' quand le point (z, u) décrit dans le sens positif à l'intérieur du domaine consi- déré un cercle de centre ^ = o. Le point ce, est alors un point singulier logarithmique. Pour que l'intégrale J(^, ?<) reste finie, c'est-à-dire soit régu- lière au point cC|, il faut, d'après le développement ci-dessus, que le développement de v commence par le terme en --> et que tous les coefficients précédents soient nuls, c'est-à-dire que ç soit dans le voisinage du point ce, infiniment petit de l'ordre de — ou d'un ordre supérieur. Les mêmes remarques s'appliquent au point GOo, qui peut être un pôle, un point singulier logarithmique ou enfin un point où l'intégrale est régulière. IXTÉGHALES II Y PE R E LL I PT I Q U KS. 69 Si l'infini est un point de ramification (/z imj3air), on a, dans un certain domaine de ce point, i R '3 //^-1 1 ^..(0^-A,(i)V..(l)^..., en appelant R^ le résidu relatif au point ce et écrivant le terme en - le premier. On a donc, en intégrant, J(^,zO = C-i-R3,log('^) 2 A. 2A._, I , , , 2A-1 i Ao^-f-— ^^^-^ -2 A3 m -:- I (if- T- Lorsque le résidu R^ est nul, J est uniforme dans le do- maine du point oc; si ç admet ce point comme pôle d'ordre m, J l'admet comme pôle d'ordre m + 2. Lorsque R^ n'est pas nul, l'intégrale n'est plus uniforme dans le domaine du point oc : elle augmente de 2t:/R^ quand {z, a) décrit sur le domaine du point, dans le sens positif, une circonférence fermée autour du pointoc, circonférence qui doit être parcourue deux fois, comme nous l'avons vu (p. 33). Le point 00 est alors un point singulier loga- rithmique de l'intégrale. Pour que l'intégrale soit finie, c'est- à-dire régulière au point oc. il faut et il suffit que le premier terme 3 du développement précédent de v soit le terme en ( -- j , ou un terme de degré supérieur en - • En résumé, dans le domaine d'un point quelconque (a, b) de la surface de Riemann, ou bien l'intégrale est régulière, ou elle admet ce point comme pôle, ou elle admet ce point comme point singulier logarithmique. Dans ce dernier cas, si 1 on appelle R le résidu relatif au point (a, b), on a, dans un certain domaine de ce point, J(^, u) = Rlog(^ — a) — o(z, u), fo étant uniforme dans le domaine du point (a, b), régulière en ce 60 CHAPITRE II. point, ou radmeltant comme pôle. Dans celte formule, pourrésii- M~ mer tous les cas, il faut convenir de remplacer z — a par (^ — Ci)- quand (a, b) coïncide avec un point de ramification, par - quand (a, b) est un point ordinaire à l'infini, et par ( - j quand (rt, b) coïncide avec un point de ramification à l'infini. 33. Gomme la somme de tous les résidus de la fonction ç est nulle, l'intégrale J peut na^oir aucun point singulier logarith- mique, si tous les résidus de v sont nuls séparément ; mais, si elle possède un point singulier logarithmique, elle en a au moins un second, car tous les résidus ne peuvent être nuls, sauf un seul, puisque leur somme est nulle. Les intégrales les plus simples possédant des points critiques logarithmiques sont donc celles qui en possèdent deux avec des résidus nécessairement égaux et de signes contraires. Toute intégrale abélienne est une somme d'intégrales rentrant dans l'une des trois catégories suivantes : 1° Une intégrale abélienne est de première espèce quand elle reste finie, quel que soit le point analytique (^, w), à distance finie ou infinie, formant la limite su])érieure : une telle intégrale est une fonction du point analytique (:;, u), régulière en tous les points de la surface de Riemann, mais non uniforme ; 2" Une intégrale abélienne est de deuxième espèce quand ell devient infinie en un seul point de la surface de Riemann et qu ce point est un pôle de l'intégrale; W Une intégrale abélienne est de troisième espèce quand ell devient infinie seulement en deux points (a, b) et (a', b') de 1 surface de Riemann, qui sont des points singuliers logarithmiques de telle nature que, dans le voisinage de ces points, elle puisse être représentée par des expressions de la forme — log(^ — a) + cp {z, u), co(5, u) et '^' {z^ u) désignant des fonctions régulières respective- ment aux points {a, b) et {a', b'). INTÉGRALES H V P E R E LL I P T I Q U ES. 6l 34. Nous éludicrons d'abord les intégrales de première espèce. Soit .»)^r "^V^uO dz une intégrale de première espèce. Le polvnome P doit être iden- tiquement nul. En effet, appelons (v' et w" les deux détermina- tions de Tintégrale aux deux points analytiques superposés (-•, ;/,) et (;, «2)5 if^x et Wo désignant les deux déterminations de u cor- respondant à une valeur de z\ nous aurons w = / ^ dz, w = P R "^^ d'où div' div" P-f-z/iQ P-^?/,0 9 V dz ~^ dz ~ R ' R " -R' et, par suite, = \[ -r''^- L'intégrale (v étant de première espèce, toutes ses détermina- tions w' et w" doivent rester finies, donc aussi la somme (t' -h w" . Or, si P n'est pas identiquement nul, ou bien la fonction ration- P nelle -^ dépend effectivement de z, et alors elle devient infinie en un ou plusieurs points où l'intégrale qui donne ^v' -\- w" devient P également infinie^ ou bien ^ est une constante C différente de zéro, et alors l'intégrale qui donne iv' •+- w" ^ étant égale à 2C(^ — ^o)j devient infinie à l'infini. Pour que tv' H- (v^^ i este finie, il faut donc que P soit nul identiquement. L'intégrale w ne peut être que de la forme qui peut aussi s'écrire, évidemment, en appelant S le polynôme f m'^^- 6-2 CIIAPITRK II. Il reste à voir ce que doivent être les poljnômes S et R, sup- posés débarrassés de leurs facteurs commuus, pour que w soit par- tout finie. Tout d'abord l\doil se réduire à une constante. En eflet, si K admettait une racine r^, distincte d'un point de ramification, d'ordre /r, on aurait, au voisinage de z ^=z a. u\\ ^ {z — aY^ """ ^z — a)'^-^ -^ • . . + -^-3- .- (Ile -i- . . . , + «/i-i lo<^(^ — «)+..., expression infinie pour z = a. Si R admettait comme racine d'ordre k un point de ramification ei, on aurait, dans le voisinage, _i_ <^A-l ^k ... .j -: ^ -i . . . , (z-e,)-' {z-e^r^ S «0 ai « R , A+ j A-i ^0 {k--i){z-e,r-^ {k~i){z^^e,)"-^ (z-eo^ expression infinie pour z = e/. Le poljnome R ne devant admettre aucune racine est une constante , et l'expression de l'intégrale de première espèce devient II-- Toute intégrale de cette forme est finie en tous les points à du tance Jinie, car, dans le voisinage du point intégrales spéciales de première espèce (r,, (Vo, . . . , Wp. Ces inté- grales (ï,, (T;,, ..., Wp sont linéairement indépendantes; il est impossible de trouver des coefficients constants G,, Co, •••, C^ tels que l'on ait Cl wi -i- G2 «^-2 -r- . . . -h Cp H'y, = const. ; en elTet, la différentiation donnerait la relation G, ^ G.2-3 -^ G3S2 -- . . . -i- Cpzi'-^ = o, qui ne peut être satisfaite identiquement que si les constantes G|, G2, . . . , Gp sont nulles. 64 CHAPITRE II. En résumé, le nombre d^ intégrales de première espèce li- néairement indépendantes est égal au genre. Toute intégrale de première espèce est une fonction linéaire à coefficients constants de ces p intégrales particulières. 35. Voici maintenant comment on obtient les intégrales de troisième espèce. Proposons-nous de fortner une intégrale possédant les propriétés suivantes : elle est partout finie sur la surface de Riemann, excepté en deux points analj'tiques donnés, (a', b') et (a, Z>); dans un certain domaine du premier, elle est de la forme log(s — a') -+- Oy{z,ii), et, dans un certain domaine du second, de la forme — \o^{z — rt) H- ^{z, II) , C2, et c? désignant des fonctions régulières respectivement aux points (a', b') et (a, b). Conformément à la convention que nous avons faite pour les points singuliers logarithmiques (p. 60), il 1 2 faudra dans ces deux expressions remplacer (s — a) par (z — Ci) ou --. ou ( - ) j suivant que le point (a, b) coïncide avec un point de ramification, un point ordinaire à l'infini, un point de rami- fication à l'infini; de même pour (z — a') à l'égard du point («', b'). Supposons d'abord ces deux points («', b') et (a, b) à distance finie, l'intégrale J 'iu\z — a z — a remplit les conditions de l'éjioncé. Prenons d'abord pour (a', b') [a, b) des points analytiques dis- tincts des points de ramification. L'élément différentiel devient, à distance finie, infini aux points de ramification, car en ces points u s'annule ; mais en un de ces points et l'élément différentiel devient infini comme ^ j? et l'intégrale est régulière en ce point. L'élément différentiel devient encore infini à dislance finie aux INTÉGRALES H YPERELL I PT I QU ES. 65 deux points (a', b') et («, b)^ chacun de ces infinis étant du premier ordre avec les résidus respectifs 4- i et — i . En effet, la fraction I u -{- b' iii z — a! reste finie au point {d ^ — 6') dans le domaine duquel elle est ré- gulière, et devient infinie du premier ordre avec un résidu égal à I au point (a', b'). De même la fractioa I u -^ b est finie au point (a, — 6) et devient infinie du premier ordre au point («, Z>), avec le résidu — i . L'intégrale a donc bien dans le domaine des deux points ( a', 6'), (a, b) la forme requise. En outre, elle est régulière à l'in- fini, car on peut l'écrire P (-^, - ^)d. + f^ (-*-, -. -±-) a., J 1 \z — a z — a) J iu\z — a z — a J et les deux intégrales séparées sont manifestement finies pour c = ao : dans la première, l'élément différentiel est, pour z infini. /i^tZ^iment petit de l'ordre de (M , et, dans la seconde, il est infi- niment petit de l'ordre de Cette intégrale m remplit donc toutes les conditions demandées. Il est bon de remarquer que, si les deux points (<:/, b'), (a, b) sont superposés, a' =z a, b' =^ — b, et l'intégrale prend la forme I X (z,u) h_^dz — au La même intégrale m continue à remplir les conditions deman- dées quand l'un des points (a', b'\ (a, b) vient coïncider avec un point de ramification. Supposons, par exemple, a =6/, ^' := o, on a \i\b J 2.U \z — ei z — a / cette intégrale se comporte aux points de ramification autres que A. ET G. 5 66 CHAPITRE II. o.. On la remplace alors par l'une des intégrales suivantes conve- nant à toutes les valeurs de n. Soit d'abord n pair^ n^= ip -^ i. Prenons le point (a, b) au point 00, de Tun des feuillets caractérisé par lim = v/A zi'^^ pour ji? = co. L'intégrale remplit encore les conditions demandées relativement aux deux points {a'jb') et od, . En effet, aux points de ramification et au point (a',b'), elle se comporte comme nous venons de le voir, l^our étudier cette intégrale à l'infini, écrivons-la J a V^ — a' u / J iu{z — a) INTÉGRALES II V PE R E LL I PT IQU ES. 67 Maintenant la seconde intégrale est régulière aux deux points éloignés indéfiniment oc, et ooo. Quant à la première, on a dans le domaine du point ce, I z — a' z Z-' z^ >J'kzP _ I ^1 P2 ~ir-~z^'^-~^j^~^-"' d'où 0)2)'^' = — log - -f- fonction régulière en ocj ; dans le domaine du point ooo, on a. au contraire, sfkzp _ • 2i_â!_ --iT- 'z" z^- z^ ••" le terme en - disparait dans la combinaison 1 \/\zP -, -+- i z — a II et l'intégrale est régulière au point ooo. Lorsque, n étant pair, les points {a\ b') et (a, b) sont à l'infiui dans des feuillets différents, {a\ b') au point oco pour lequel lim = — i/A et (a, b) au point oc, pour lequel lim — - = -h /a , on a une intégrale remplissant toutes les conditions en prenant En effet, cette intégrale est finie à distance finie; dans le do- maine du point oc,, on a Il Z Z- ' z'^ 68 CHAPITRE II. d'où TO*2 = — log - -h fonction régulière. Dans le domaine du point ccs, on a de même 7îj*f = log - -t- fonction régulière. z /ri -r . est une intégrale de troisième espèce, attachée à la relation u-^=.\ — z-, avec deux points singuliers logarithmiques à l'infini. Enfin, supposons n impair et (a, h) placé au point de ramifica- tion infiniment éloigné, l'intégrale TH^'''^' = / -, dz J 'lu Z — a remplit encore les conditions requises. Elle se comporte à dis- tance finie comme l'intégrale primitive m^''/" à l'égard du point (a', b'). Écrivons-la , A, r I 7 r b'dz TiT«''*'= / — r.dz^ / r-r, J -2 (^ — a) J '2u{z — a ) nous voyons que la seconde intégrale est régulière à l'infini et que dans la première on peut faire, pour z très grand, I I il z — a') -iz d'où ^a',b- _ _ log ( - ) + fonction régulière. 37. Nous avons ainsi formé une intégrale de troisième espèce pour toutes les positions possibles des points singuliers logarith- miques; l'intégrale de troisième espèce, la plus générale, corres- pondant à une position déterminée des points singuliers logarith- miques, est égale à l'intégrale que nous avons formée, augmentée d'une intégrale de première espèce Al Wi -f- X2 W'2 -t- . . . -h X/j Wp, INTÉGRALES H Y P ERE LL I PTI Q U ES. 69 avec p coefficients arbitraires )h , ^^2, •••7 ^/j- En effet, si deux intégrales de troisième espèce ont les mêmes points singuliers logarithmiques (a', b') et (a, ^), avec les résidus respectifs -f- 1 et — I, leur différence est partout finie; cette différence ne pour- rait devenir infinie qu'en un des points {a', b')^ (a, b): dans le domaine du point («, b)^ les deux intégrales sont de la forme — log(^ — a) -+- fonction régulière au point (a, b); leur différence est donc évidemment régulière au point (a, b). De même au point (a', b'). Cette différence étant régulière partout est une intégrale de première espèce. 38. On peut former une intégrale unique de troisième espèce qui conserve un sens, quelle que soit la position des points (a', b') et [a, 6), à distance finie ou infinie. Pour cela, désignons par A une constante arbitraire essentiellement différente de a et de a', puis posons Cette expression, dans le cas où (a', b') et (a, 6) sont à distance finie, ne diffère de l'intégrale que par une somme d'intégrales de première espèce, car tous les termes, tels que -^^^ dz (v = o, I, 2 .. .,/> — !,) sont des intégrales de première espèce. L'intégrale W se réduit d'ailleurs à nj^;^ , si l'on fait ). infini, ce qui est permis quand (a', b') et (a, b) sont à distance finie, car \ est assujetti à la seule condition d'être différent de a et de a' . Mais cette intégrale W possède cet avantage de conserver encore un sens quand l'un ou 70 CHAPITRE II. l'autre des points singuliers (a', b'), (a, b) ou tous deux s'éloi- gnent à l'infini. Pour le montrer, écrivons cette intégrale sous la forme plus simple suivante, où nous remplaçons les progressions géomé- triques -^ i , et imaginons que le point (a, b) coïncide avec le point de ramification co. Alors le rap- b 1 , , port —j^^ tend vers zéro, la quantité .z — a tend vers zéro, et l'on a expression qui ne diffère de ru^*' que par des intégrales de pre- mière espèce et qui tend vers tu^'^ quand on prend ). infiniment grand. L'intégrale la plus générale de troisième espèce admettant les points singuliers («, b) et (a', 6') est encore ^'a/ô'' -+- >^1 ^^1 4- X, tV, -I- . . . -i- \p Wp. 39. Voici quelques propriétés des intégrales précédentes. On a d'après l'expression même de rn etT, car la permutation de {a\ b') et (a, b) change le signe de l'élément différentiel. En particulier, si [a , b')^=[a^b) ^ les intégrales m et W sont identiquement nulles. Soient u^ et Wo les deux déterminations de u correspondant à une même valeur de z. Les sommes <:b\z, u,) -f- <'i'' {z, u,), -^-2 d'^+'^T. U--l,^,- _-— -^——^ ^^ _ . . . , de sorte que l'élément différentiel est une fonction régulière au point (^, — -^i). Enfin, pour étudier l'intégrale dans le domaine du point (i,'^), on écrit comme précédemment dz ,.(.,«;i„)=-(v..)r r^ (So. «0) 0^+2 2W(^ — O^-^l (-^^)--^-^"-C'^^ V-.2 ^^- integrales hyperelliptiques. î: „ \ 75 Puisque, dans le domaine du point (ç, t^), u est développable par Ja série de Taylor, sous la forme u= P> (-_r,V-2 ^V4-2^ I.2...(v -i-2) q,i^ ^{=0,",) L2"(2 — a') 111 J ' qui est une intégrale de troisième espèce avec les deux points singuliers logarithmiques {a', b') et 00, ; puis viennent enfin les INTÉGRALES H Y PE RE LL l PT IQU E S. 87 termes contenant les puissances négatives de a dans lesquels le coefficient de — -est h, c'est-à-dire X}'^-^\z^ u\ oc,). On a donc le développement nj:;;f = aP Wi -i- a/^-i W2 + . . . -f- a Wp 4- t^t'^';^' W, , Wo, . . ., W^ désignant des intégrales de première espèce. En différentiant cette relation par rapport à a et remplaçant a, h par ?, Tj, on trouve développement valable dans le domaine du point oc, . Dans le domaine du point oco, on aura de même Si n est impair et égal à 2/? + i , l'intégrale f ï <2 z — a considérée comme fonction du point analytique {ci^h) est, dans le domaine du point oc, développable en une série de puissances i décroissantes de d' . Les coefficients de cette série sont encore, 1 partir du terme en (- j , des intégrales de deuxième espèce qui 88 CHAPITRE II. ont pour pôle unique l'infini. En effet, dans le domaine du point I II h iu z — a ■î(a — z) •iu{z — a) 2 \a a~ a' I 2 U \ Z z'^ \ p-y-\( I— Al Aa \ a a^- a^ ) y a a- ) La première partie de ce développement ne contient que des puissances entières négatives de a, la seconde que des puissances fractionnaires de a, d'ailleurs positives ou négatives. Dans la première partie, le coefficient àe — — ^ est v^^"^ ; donc, dans le développement de l'intégrale roj/f', le coefficient de -^ I est ■idz^z^—zl= ^(2v-i)(^^ u;ao). Quant au développement de la deuxième partie, on peut l'en- visager comme le produit de ( - ) par le développement de •iu\a a^ ) y a a^ / ' qui est le développement rencontré dans le cas précédent. Cette deuxième partie donne donc dans le développement de nî^';f des termes de la forme 1 comme on le vérifie immédiatement d'après les expressions trou- vées plus haut pour les intégrales Ç^^v)^^^ ;^. ^^^^ On a enfin, en réunissant les deux parties que nous venons INTÉGRALES H YPE RE LL I PT I QUE S. 89 de trouver, 2^—1 2;?—:» (x = 2 aa2 En différentiant par rapport à <2 et remplaçant «, ^ par ;, r,, on obtient le développement alable dans le domaine du point ce. 44. Étant donnée une intégrale hyperelliptique quelconque, on peut l'exprimer à l'aide d'intégrales de première, de deuxième et de troisième espèce. Soit (-o,"o) » une intégrale abélienne, p désignant une fonction rationnelle de z et u. Comme nous l'avons vu, cette intégrale est régulière en tous les points où elle reste finie. Les points où elle devient infinie sont de deux sortes, des pôles ou des points singuliers logarithmiques. Supposons qu'il j ait q points singuliers logarithmiques (a,, ,3, ), (ao, j3o), ..., {oLç, Pq)\ dans le domaine du point (a^, ^a), on a I = Rk log(z — %,,)-h Of,{z, m), c3a(z, u) désignant une fonction uniforme dans le domaine du point (a/t, j^a), pouvant admettre ce point comme pôle. D'après les conventions antérieurement faites, il faut remplacer ^ — a/^ 1 par (-3 — e/)" quand le point (a^, J^/f) est un point de ramifica- tion eij par - quand (a/j, j^y^) est un point ordinaire à l'infini et go CHAPITRE II. par I - j quand il est \\n point de ramification à l'infini. Le coef- ficient R/( est le résidu de v relatif au point (ay^, [3yt). On sait que la somme de tous les résidus d'une fonction ration- nelle V de z el u est nulle. Donc Bl-+- R2 4-. . .+ Ry = o. Considérons alors l'intégrale . dz - R, Ti.^;$;(^, u)- R2<;'|;(^, ^)-. . .- r,_, r^i^-^ l-Oi "0) -fV' {z, u) obtenue en retranchant de 1 certaines intégrales de troisième espèce multipliées par R, , R2, . . . , R^_i . Cette nouvelle intégrale ahélienne J n'a plus de points singu- liers logarithmiques. En eff'et, dans le domaine du point (a< , (3<), on a V dz = Kl log(2 — ai)H- 0]_{z, u), donc ^a'}i ~ log(-^~ ai)H- fonction régulière; i V dz — Kl w^"L' = ^1(^5 w)+ fonction régulière (Zû> «0) ^ ' puisque les autres intégrales de troisième espèce retranchées sont régulières au point (a,, p,), la différence est uniforme dans le domaine du point (a,, p<) comme la fonction cp, (5, u) et peut ad- mettre ce point pour pôle, la partie principale étant la même que celle de çp,(^, u). On voit de même que J n'a plus aucun des points singuliers logarithmiques (as, ^2), • • • , (a^_, , P^_0- Q^ant au dernier (a^, p^), il disparaît également, car, dans le domaine de ce point, on a J = R^log(5 — a^)+cp^(^, u) + (Ri+ R2 + . .+ R^y_i)log(5 ~ a^)4- fonction régulière, et comme Ri + R2 + .. .-+- R^ = o, ie terme logarithmique disparaît encore. La proposition est donc établie. INTÉGRALES H Y P E R E L L I P T IQUE S. Qï L'intégrale J, qui n'a plus de points singuliers logarithmiques, peut avoir encore des pôles. Nous allons faire disparaître ces pôles en retranchant de J des intégrales de deuxième espèce. Suppo- sons que dans le domaine d'un pôle (a, b) d'ordre v, on ait At A2 Av /•.•'!•« J = ! 1 h. . .H- !- fonction resruliere, z-a (2 — a)2 {z — ay où il faut remplacer z — a par [z — ei)- ou - ? ou ( 3 ) > suivant que a coïncide avec un point de ramification, un point ordinaire à l'infini, ou un point de ramification à l'infini. Dans ces condi- tions, la difTérence J — Ai^(2, w; a,b)~P^,'Ç{z,u\ a,b) — .. .— kyV-''~'^\z, u\a,b) est régulière au point ( <7, ^), car, dans le domaine de ce point, on a Ç (z, w; a, 6) = 2 ^~ fonction régulière, a C(-5, «; a, b) = — 4- fonction régulière, V"^~'^Uz, u: a, b)= h fonction réf^ulière. ^ ^ {^z — af^ D'ailleurs, comme les fonctions Ç, Ç', ... sont régulières par- tout, excepté au point {a, b), la différence ci-dessus a les mêmes pôles que J, moins le pôle (a, b). On a donc extrait, pour ainsi dire, le pôle (a, b). En opérant de même pour tous les pôles, et retranchant de J des sommes d'intégrales de deuxième espèce correspondant à tous les pâles de J, on obtiendra finalement une expression, H = J - :S[Air(2, a; «, b) -+- A,r(-, u: a, b) -r- .. .-i- Ay^^''-'^\z, ir.a, b)\ (où le signe S s'étend à tous les pôles), n'ayant plus de pôle, c'est-à-dire partout régulière. Cette expression H est d'ailleurs une intégrale abélienne, car c'est une somme d'intégrales abé- liennes : comme elle est partout régulière, c'est une intégrale de première espèce, c'est-à-dire une expression de la forme H = Xi M^i -h )v2 «^2 H- . . . -i- Xp Wp -T- const. 92 CHAPITRE II. Remplaçant H par cette valeur et J par son expression, on ob- tient enfin pour l'intégrale abélienne I l'expression (...) '-''-' 2^^ i> dz = > Ryî: HT ,ait'Pfc H- Xi MP-i + X2 W2 "*-•••+ ^/> w^P + const. Toute intégrale abélienne peut donc être mise sous la forme d'une somme d'intégrales de première, deuxième et troisième espèce. On remarquera que les coefficients R^et A/ sont connus immé- diatement, si l'on connaît les points singuliers de l'intégrale et les parties principales. Il n'en est pas de même des coefficients Al , À2, • • • 5 AjE,. 45. Une première application importante de cette formule est la représentation dhine fonction rationnelle v de z et u par une somme d^ intégrales de première et de deuxième espèce; ou, en d'autres termes, la décomposition en éléments simples d'une fonction rationnelle de z et u. Une fonction rationnelle p de -3 et w est une intégrale abélienne -J- étant une fonction rationnelle de z et u. dz Comme v n'a pas de points singuliers logarithmiques, la formule générale ci-dessus appliquée à (^ ne contient pas d'intégrales de troisième espèce et donne la formule V = 2[Ai^(s, u: a, b) -f- A2C(5, u\ «, b) +• • •+ Av^^^-i^^, u\ a, 6)] + Xi p^i + X2 «^2 H- • • • H- ^/j Wp + const. , le signe S indiquant une sommation étendue à tous les pôles de r. Les coefficients A,, A2, ..., Av sont les coefficients de la partie principale de v dans le domaine du pôle (<:/, ^), A, A, Av a)2 ' "* i^z — ay fonction régulière. INTÉGRALES II Y PE R E LLl PT I Q U E S. 98 Cette formule est d'une haute importance; elle donne la fonc- tion rationnelle v sous une forme mettant en évidence les pôles et les parties principales correspondantes de cette fonction. Elle est analogue à la formule de décomposition d'une fraction rationnelle de z en fractions simples, à laquelle elle se réduit d'ailleurs quand n ^= i ou 2, c'est-à-dire quand la courbe ii^' = \(z — ei)(z — e2)...{z — en) est unicursale (p = o). On appelle cette formule formule de décomposition en éléments simples : les éléments simples sont les intégrales de deuxième espèce Ç^^^(:î, u ; a, h). 46. Donnons un exemple de cette formule. Soit I w -f- r, v= r^, 111 z — ^ (?, Ti) étant un point fixe, à distance finie, distinct d'un point de ramification. Cette fonction v n'a que des pôles du premier ordre qui sont : I** Les points de ramification à distance finie, car u s'annule en ces points; 2° Le point (^, r,). Dans le domaine d'un point de ramification et, on a. en adop- tant les notations antérieures, u = {z- eiY Ui = (z- e,p [EJ,'' + E(/'(^ - e,)-. • •], EJ étant différent de zéro. D'après cela, dans le domaine du point ., , Ao, •••, '^'p- Nous allons montrer que ces coefficients sont jiuls et vérifier en même temps la for- mule. En effet, en remplaçant les intégrales Ç par leurs expres- sions et X, , ).2, • • • 7 ^^/> P^r zéro, on a à vérifier la formule y ?^ + '^i -^ (- — 0 -TF •lu z — \ J(z,,u,) iu{z — :^f Or cette formule résulte immédiatement de ce que la dérivée du premier membre, par rapport à z, est nulle. En eflet, cette dérivée est, après des réductions évidentes. r T df] ^ I 1 du r, d\ , I 9.U Z-l II dz ^-^ ' -2 {^ — ei)(z — e J- expression identiquement nulle, comme on le voit en décompo- sant en fractions simples la fraction rationnelle en z I I du z — ^ u dz c'est-à-dire I I / 1 1 I — - \ 4-. . .^ — ç '2X^ — 61 z — e.2 z — e, INTÉGRALES II YP E R EL L i P T IQ U E S. qS et remarquant que le résidu de cette fraction rationnelle au pôle z = q est I / I I 1 \ i chi 'ou encore - -j^ Gomme toutes les intégrales s'annulent quand (c, u) coïncide avec la limite inférieure (^oj "0)5 la constante G, qui figure dans la formule (A), a pour valeur G = -L ^^izt^' . iuq ^0 — ; En écrivant la formule ainsi obtenue sous la forme z= 1 on arrive à cette conséquence remarquable que ^intégrale élé- mentaire de deuxième espèce est une fonction rationnelle du paramètre (i, r,). 47. Voici une deuxième application de cette même formule de décomposition en éléments simples. Quand nous avons défini le genre de la relation entre u et ^, nous avons, entre autres, établi le résultat suivant. Pour une re- lation de genre/?, il existe une fonction (^rationnelle en z et u^ ad- mettant pour pôles simples (/>-!- i) points analytic/ues arbi- traires (a,, 3,), (ao, j'jo), (^'-/j+i, ?/;+i); soient A 1 A 2 A ^-4-1 z — OL^' z — OL.y' Z Xp+i les parties principales de ^' relatives à ces différents points. La formule de décomposition en éléments simples donne V — Al l{z, u; oci, ^1) -+- X2^[z, u; ao, ^2) -t-- • • 4- A/;+i ^j, U] oLp^i, ^p+i) -i- Xi Wi -^ l,w,~...— IpWp -i- const. Gette formule montre que l'intégrale élémentaire v(:?, ?/; a,, 3,), avec un pôle arbitraire (a,, [^,), peut toujours s'exprimer linéaire- ment à l'aide d'une fonction rationnelle r, d'intégrales de première t 96 CHAPITRE II. espèce et de p intégrales de deuxième espèce, ayant pour pôles des points donnés arbitrairement (as, ^o), •-•, (^p+n P/j+i)- ^e même raisonnement s'applique d'ailleurs à une intégrale quel- conque î^^'^^ de seconde espèce. 48. La décomposition d'une intégrale lijperelliptique en inté- grales des trois espèces fournit aussi Vexpression d\ine fonction rationnelle v de z et u à V aide d^ intégrales de première et de troisième espèce. Appelons Vq la valeur de v au point (sq^ ^^o), on a 1 ^ / ^ dv , — dz. L'intégrale figurant dans cette formule est une intégrale abé- lienne : on peut donc lui appliquer ce que nous avons dit de l'expression générale d'une intégrale abélienne par une somme d'intégrales de première, deuxième et troisième espèce. Ac- tuellement cette expression ne contiendra pas d'intégrales de deuxième espèce. On reconnaît facilement que tous les points oii l'intégrale devient infinie sont des points singuliers logarith- miques : aucun d'eux n'est un pôle. L'intégrale considérée est donc une somme d'intégrales de première et de troisième espèce. Formons cette somme : supposons d'abord que la fonction (^ n'ait que des zéros et des pôles simples; soient («1,^1), («2,^2), •••, (a^, è^) les zéros, («1, Pi), (a,, P2), •■•, (ocr/, ^q) les infinis, qui sont en même nombre que les zéros. Dans le domaine du point [a^ , &^ ), on a t^ = (-5 — <^i) [Ao-f- Ai(^ — ai) + A2(z — «1)24-. . .], où Ao est différent de zéro, z — a^ devant être remplacé par V-^ — Gi si (a^^ bi) est un point de ramification «>-T- const. On a enfin ^'^^ r ^ ^ ^av' ,3v"^ ^^1 *'^i + X2 ^2 + . . • 4- Ip IV p -f- const., (5) v = kç,e ■ ' "-^^ '"-'^'- V?v, A- désignant un facteur constant. La fonction ç est ainsi exprimée, à l'aide d'intégrales de pre- mière et de troisième espèce, par une formule mettant en évidence les zéros et les infinis de la fonction rationnelle r. Elle est analogue à la formule qui donne une fonction ration- nelle de z sous la forme du quotient de deux polynômes décom- posés en facteurs du premier degré. Elle se réduit d'ailleurs exactement à cette formule élémentaire, quand on suppose que la relation u^ = >l{z — ei){z — e.) . . .{z ~ en) se réduit à ce qu'on peut réaliser en supposant que /i = i, que A tende ver: A. ET G. -7 gS CHAPITRE II. — INTÉGRALES II V PERE LLIPT I Q U ES. zéro et que et augmente indéfmiment, de telle façon qucAci tende \ers — I . En effet, en supposant u = \, rintégrale de troisième espèce devient (--0. "o) ' s — a, Zft- dz — loî ^ — ai et e, ^eo. La portion de sphère intérieure S,, située à gauche de la fente, peut, par déformation continue, être retirée vers la droite à tra- vers la ligne de passage comme un ruban et être amenée en S\ : la portion de sphère So peut de même être retirée vers la gauche à travers la ligne de passage et être amenée en S'^. Cette opération serait analogue à celle qui consisterait à retirer dans la fig. 11 les deux portions de ruban S, et So à travers la ligne de passage 6^62- Après cette opération, l'ensemble des deux sphères sera transformé en la surface de la fig. 26 c, où Ton a un peu écarté les deux parties S', et S!,. C'est une surface simplement connexe. On peut, par déformation continue, l'amener à la forme d'une sphère avec un trou, puis l'appliquer sur un feuillet simple. Ainsi la sur- face de Riemann à deux feuillets et deux points de ramification, percée d'une fente, est simplement connexe. Nous avons dans ce qui précède, pour être plus clair, supposé la sphère intérieure fendue du point e, au point e^. Mais cela Fig. 27. n'est pas nécessaire. Si l'on fait seulement dans la sphère inté- rieure une petite ouverture / (yt^. 27 a), on peut imaginer que 106 CHAPITRE III. l'on fasse passer celte sphère à traders la ligne de passage, car les deux feuillets qui se croisent suivant eie.2 sont supposés n'avoir aucun point commun : il n'y a donc aucun obstacle à la sortie de la sphère intérieure; après cette opération on aura lajîg. 27 6, constituée par deux sphères extérieures reliées par un tube. Il faut remarquer que la partie Si de la sphère intérieure qui était primitivement à gauche est venue à droite en S\ après la sortie de la sphère, et inversement la partie droite S2 est venue à gauche en S2. D'ailleurs l'extérieur de la sphère interne 8182 est resté à l'extérieur de la sphère externe S\ S'^. 52. Pour définir le sens positif du contour d'une surface sim- plement connexe, il faut distinguer l'une de l'autre les deux faces de la surface. La surface est un feuillet analogue à une pièce d'étoffe avec un endroit et un envers. Faisons choix d'une face qui sera appelée V endroit ou le coté positif de la surface, puis dé- formons la surface et appliquons-la sur un plan horizontal, Ven- droit étant au-dessus : alors le sens positif du contour du feuillet plan ainsi obtenu est le sens dans lequel se meut un observateur debout sur le plan et décrivant le contour en ayant l'aire à sa gauche. A ce sens correspond, sur le contour de la surface primitive simplement connexe, un sens déterminé qu'on appelle aussi sens positif de ce contour. Ce sens est marqué par des flèches dans les exemples précédents, où l'on a choisi comme endroit les faces suivantes ; pour le ruban de l'exemple 2° la face supérieure du bord 8, ; pourle domaine d'un point de ramification de l'exemple 3, la partie supérieure des plans V ^ et P2 ; pour les sphères de l'exemple 4°? l'extérieur de ces sphères ; pour les sphères de l'exemple 5° l'extérieur de la sphère extérieure et, par suite, l'in- térieur de la sphère intérieure ; enfin pour les surfaces sphériques de Riemann de l'exemple 6^^ l'extérieur de ces surfaces. Pour toutes les surfaces de Riemann dont nous nous occupe- rons par la suite, V endroit ou côté positif de la surface sera la face extérieure des feuillets sphériques ou la face supérieure des feuil- lets plans supposés étalés sur un plan horizontal. 53. Il est essentiel de remarquer que toute coupure faite CONNEXION DES SURFACES A DEUX FEUILLETS. 107 dans une surface simplement connexe la découpe en deux mor- ceaux distincls. En effet, après la réduction de la surface à un feuillet plan à contour simple {fig- 28), toute coupure deviendra une coupure telle que pmcj partant d'un point du bord pour re- venir en un point du bord ou pour se couper elle-même; dans les deux cas, cette coupure sépare évidemment la surface en deux morceaux. Nous ne tracerons pas de coupures sur les surfaces simplement connexes. Les coupures que nous employons plus loin ont pour but de transformer des surfaces qui ne sont pas simple- ment connexes en des surfaces simplement connexes. Enfin une dernière propriété des surfaces simplement connexes est la suivante : Toute ligne fermée tracée sur une suif ace simplement connexe peut, par déformation continue sur la surface^ être réduite à un point. Gela se voit immédiatement sur le feuillet plan à contour simple dans lequel on peut, par dé- formation continue, transformer la surface. Ainsi la ligne MoGMo peut être réduite au point Mq {fig- 2g). Fi g. 29. o4. Voici maintenant des exemples de surfaces non simplement connexes ou surfaces à connexion multiple : nous allons voir que ces surfaces, parmi lesquelles se trouvent les surfaces de Rie- mann à deux feuillets et à plus de deux points de ramification, io8 CHAPITRE III. peuvent toujours, à l'aide de coupures convenablement tracées, être rendues simplement connexes. i" Considérons d'abord un feuillet plan circulaire percé d'un trou {fig- 19, p. 100). Cette surface n'est pas simplement connexe; on ne peut pas, par déformation continue, sans déchirer la cou- ronne comprise entre le trou et la circonférence, la réduire à un feuillet plan à contour simple. Actuellement le contour se com- pose de deux courbes distinctes : ce seul fait permet d'affirmer que la surface n'est pas simplement connexe. Il existe des lignes fermées MoMNMo {fig- 19, p. 100) tracées sur la surface, qui ne peuvent pas, par déformation continue sur la surface, être ré- duites à un point : ce seul fait permettrait aussi d'affirmer que la connexion n'est pas simple. Mais, dans cet exemple, à l'aide à^une seule coupure, nous obtenons une surface simplement connexe. En effet, traçons la coupure AE allant d'un point de la circonférence à un point du bord du trou et ajant pour bords afi et oy {fig' 3o) : nous obtenons une surface simplement connexe Fi^. 3o dont le contour parcouru dans le sens positif, à partir de P, est PajSQRôySTP :1e sens de ce parcours est indiqué par des flèches ; on remarquera que les deux bords de la coupure AE sont parcou- rus en sens contraire. On ramène immédiatement à ce cas la surface formée par une sphère percée de deux trous : il suffit de tracer une coupure réunissant les deux trous. 2** Prenons maintenant un feuillet circulaire avec des trous, trois par exemple. Il faudra tracer trois coupures pour rendre celte surface simplement connexe, comme le montre la y?^. 3i. Après le tracé de ces coupures, la surface est limitée par un con- CONNEXION DES SURFACES A DEUX FEUILLETS. 109 loiir simple; si un mobile parcourt ce contour dans le sens positif, indiqué par les flèches, les deux bords des coupures sont parcourus Fig. 3i en sens contraires. On ramène immédiatement à ce cas une sur- face connexe, comme une sphère avec quatre trous, en traçant trois coupures réunissant un trou aux trois autres. 00. Les deux exemples précédents nous montrent des surfaces non simplement connexes, avec des bords formés de plusieurs lignes distinctes. [1 ne faudrait pas croire que ce fait se présente nécessairement pour toute surface qui n'est pas simplement con- nexe. Dans les exemples que nous allons donner maintenant, et qui comprennent les surfaces de Riemann, les bords de la surface sont formés d'une seule ligne continue. i'' Prenons deux sphères extérieures reliées par deux tubes cy- lindriques L, et Lo, Vendroit ou côté positif de la surface étant l'extérieur [fig. Sa). La surface est fermée; nous l'ouvrirons en Fig. 32. y pratiquant une petite ouverture /dont les bords formeront les bords de la surface. Au point de vue de la connexion, cette sur- face est identique à un tore percé d'un petit trou ; car on peut lÔ CHAPITRE III. évidemment, par déformation continue, en faire un tore. Cette surface n'est pas simplement connexe, car il existe sur elle des contours fermés, tels que Imnl, qu'on ne peut, par déformation ■continue sur la surface, réduire à un point. On la rend simple- ment connexe à l'aide des deux coupures suivantes. Partons du bord du trou f et traçons une première coupure h entourant la base du cylindre L, , sur la sphère de gauche, de façon à détacher ce cylindre de cette sphère, comme le montre la figure supérieure 33, où les deux bords de la coupure b sont appelés b' et b" . La surface est encore connexe sans l'être simplement : elle est, au point de vue de la connexion, identique à un tube ouvert aux deux bouts, ou à une sphère percée de deux trous, ou à un feuillet circulaire plan percé d'un trou; cela revient au même, comme le montre la comparaison des Jig. 33 et 34, car le tube, ouvert aux deux bouts, peut se déformer en un cylindre droit ouvert aux deux bouts, et cette dernière surface en une sphère percée de deux trous, ou en un feuillet plan circulaire percé d'un trou. Comme nous l'avons déjà dit, la surface obtenue parle tracé de la coupure b (première surface de la Jig. 33) n'est pas simple- Fij?. ment connexe, car la ligne fermée Imnl ne peut pas encore être réduite à un point par déformation continue. Traçons alors une nouvelle coupure a allant d'un des bords b' de la première cou- CONNEXION DES SURFACES A DEUX FEUILLETS. III pure à TaiUre bord h>' en suivant le cylindre Lo. Cette nouvelle coupure est figurée sur la deuxième surface de \di Jig. 33 ; elle est figurée également sur les différentes surfaces qu'on peut déduire de cette surface par continuité, tube ouvert, cylindre, sphère avec deux trous, feuillet plan avec un trou {Jig. 34). Après le tracé des deux coupures a et 6 la surface est devenue simplement connexe. On peut, en effet, par déformation con- tinue, appliquer cette surface T' {fig- 33) ou une des surfaces dérivées (/?^. 34) sur une aire plane à contour simple. C'est ce qui est réalisé sur le feuillet plan de ln/ig. 34; on pourrait aussi développer le cylindre de \di fig. 34 pour transformer cette sur- b' h" Fis. 34. face en un feuillet rectangulaire dans lequel les côtés opposés pro- viennent des bords opposés des deux coupures. Au mobile qui parcourt le contour de ce rectangle dans le sens positif (le côté positif du rectangle provenant de l'extérieur du cylindre) corres- pond sur le cylindre et, par suite, en remontant, sur la surface dé- coupée T' de la. Jig. 33, un mobile parcourant le contour de cette surface constitué par les bords des deux coupures dans le sens positif. Ce sens est indiqué par les flèches; on voit que les deux bords de chaque coupure sont parcourus en sens contraire. 2° Le cas de deux sphères, dont l'une est intérieure à l'autre, reliées par deux tubes cylindriques L, et Loj est identique au pré- cédent auquel on le ramène d'ailleurs immédiatement. Nous pre- nons pour côté positif de la surface l'extérieur de la sphère exté- rieure. Supposons une petite ouverture /dans la sphère intérieure et traçons, en partant de f, une coupure b qui entoure la base du cylindre L, sur la sphère intérieure, de façon à détacher la sphère du cylindre L, {Jig. 35 a). Nous retirerons alors le cylindre L, vers l'extérieur en le retournant comme un doigt de gant et il restera à l'intérieur une sphère avec un trou b'' que nous retour- nerons aussi, à travers le cylindre Lo, comme un gant. Nous aurons 12 CHAPITRE m . ainsi ramené la surface à l'état de la surface précédente après le tracé de la première coupure {fig> 35 [3). Pour la rendre simple- ment connexe, il faudra tracer la coupure a {fig. 36 a) qui permet Fig. 3c (a) de développer la surface sur un rectangle, comme on l'a vu dans l'exemple précédent. Il est important de figurer ces coupures en place sur la surface primitive : c'est ce qui est réalisé ci-dessous {fis- 3^ ?) ; on a en outre marqué par des flèches le sens du mou- Fig. 30. Ca) CP) vement d'un mobile parcourant, dans le sens positif, le contour de la surface finale rendue simplement connexe. 3° Surfaces de Riemana à deux feuillets et à quatre points de ramification. — Nous prenons, pour embrasser tous les cas, la surface sphérique à deux feuillets avec quatre points de ramifi- cation. Nous choisissons comme endroit ou côté positif de la surface l'extérieur des feuillets sphériques. Cette surface est for- mée de deux sphères, l'une intérieure à l'autre, se raccordant sui- vant deux lignes de passage e, e. et e^e, : elle oflre la plus grande analogie avec les surfaces précédentes; la seule différence est que CONNEXION DES SURFACES A DEUX FEUILLETS. Il3 les cylindres de raccord des exemples précédents sont remplacés par des rubans de raccord se croisant le long des lignes de pas- sage. On suppose une petite fente faite dans la sphère intérieure en/" pour donner des bords à la surface. On trace, comme précédem- ment, une première coupure b {Jig- 3^ a) entourant la ligne de Fig. 3-. (O.) passage e^ e-i-, de façon à détacher la sphère intérieure de la sphère extérieure le long de cette ligne : on peut alors retirer vers l'ex- térieur les bouts de ruban qui se croisent en e, e^ et qui ratta- chaient les deux sphères ; opération analogue à celle de la page i o5. Les deux bords de la coupure b sont alors b' à l'extérieur et b" à l'intérieur, 6'' formant le contour d'un trou dans la sphère in- terne {^fig> 37 P). Les deux sphères sont maintenant rattachées seulement par les rubans qui se croisent sur e^e^ comme dans l'exemple 6, page 104. On pourra, par déformation continue, faire sortir la sphère intérieure à travers la ligne de passage e^e^ : il Fis. 38. suffira d'opérer comme on l'a indiqué dans l'exemple 6, page lob. On a enfin la surface représentée dans \difig. 38, qui peut se ra- mener à une surface convexe avec deux trous b^ et b" ^ ou à une A. ET G. 8 Il4 CHAPITRE III. surface circulaire plane avec un trou (exemple de la page m). Une dernière coupure a rend la surface simplemenl connexe en réunissant les deux trous. Il est important de figurer ces coupures en place sur la surface primitive de Riemann ; c'est ce qui est fait dans Xdijig. Sg. La première coupure b est tracée tout entière sur la sphère intérieure, elle entoure la ligne de passage e^e2\ elle est marquée en traits ponctués, le trait plein étant réservé pour les lignes tracées sur le feuillet supérieur. La seconde coupure a part d'un point a^ du bord de la coupure b^ traverse la ligne de passage ^3^4 à partir de laquelle elle passe sur le feuillet supérieur, sur lequel elle continue son cours jusqu'à la ligne de passage e^e^ Fig. 39. qu'elle traverse en passant de nouveau dans le feuillet inférieur; elle vient enfin se terminer sur le bord de la coupure a opposé au point de départ a[S. Les deux coupures n'ont aucun point com- mun dans le voisinage du point P de la figure, car elles sont tra- cées dans des feuillets différents; a passe au-dessus de b au voisi- nage de P. Si nous figurons ces mêmes coupures sur la surface plane de Riemann, elles prendront la disposition de \^fig' 4o,oii le point e,, peut d'ailleurs être à l'infini. Nous appellerons ordinai- rement T' la surface de Riemann ainsi découpée, en réservant la lettre T pour la même surface sans coupures. On a indiqué par des flèches le sens du mouvement d'un mobile parcourant le con- tour de la surface finale simplement connexe T', dans le sens po- sitif. Il est important de distinguer le bord positif el le boî^d négatif des deux coupures a et b. La coupure a affecte la forme d'une courbe fermée entourant les deux points 62 et e^ : nous appelle- CONNEXION DES SURFACES A DEUX FEUILLETS. Il5 rons bord positif àe cette coupure le bord extérieur \ marqué de signes + sur la Jîg. 4o, et marqué en traits plus gros sur la fig. 4ï ; le bord négatif de a sera le bord intérieur p. Ensuite, pour la coupure b, nous choisissons comme bord positif le bord de cette coupure que doit suivre un mobile pour aller du bord po- sitif ô de a au bord négatif y de a, en ayant à sa gauche la surface deRiemann (l'extérieur de la coupure) ; ce sens de circulation du mobile est indiqué par les flèches. Le bord positif de b est mar- qué de la lettre À et des signes -h dans \difig. 4o ; il est marqué en trait plus fort dans la /^. 4i. Le bord opposé p est le bord Fig. 4i. négatif de b. Quand un mobile parcourt les bords des coupures dans le sens positif (indiqué par les flèches), il décrit les bords opposés en sens contraires. Il6 CHAPITRE III. Il est bien entendu que la disposition seule des coupures est imj)ortante. On peut faire varier leur forme d'une manière con- tinue comme on veut, ainsi que la forme des lignes de passage Ci e.2 et ^3^4. On peut aussi intervertir le rôle des deux feuillets : supposer par exemple la coupure b tout entière sur le feuillet su- périeur, la coupure a dans le voisinage du point apyo sur le feuil- let supérieur et dans le reste de son parcours entre les deux lignes de passage dans le feuillet inférieur. Pour avoir la figure corres- pondant à cette disposition des coupures, il suffirait de tracer en traits pleins ce qui est pointillé, et inversement. 56. On traitera de même le cas général d'une surface de Rie- mann à deux feuillets, avec un nombre quelconque de lignes de passage. Les surfaces sphériques correspondantes sont analogues au système de deux surfaces sphériques reliées par autant de tubes cylindriques qu'il y a de lignes de passage. Prenons, par exemple, pour traiter encore en détail le cas de six points de ramification, deux sphères extérieures, reliées par trois tubes cylindriques L|, Lo, L3. On fait d'abord une petite ouverture /"dans la sphère S ; puis on trace, en partant de cette ouverture et en y revenant, une pre- mière coupure bi entourant la base du cylindre Li sur la sphère S, Fig. 4- de façon à détacher ce cylindre (Jig: 42 a); il faut imaginer que cette coupure 6< tourne sur la sphère S derrière la base du cy- lindre L^ . Partant ensuite d'un point £ de cette coupure bi on trace une seconde coupure ec^r^b^bo^ venantse terminer sur elle-même en 0, de façon à entourer la base du cylindre Lo et à détacher ce cy- lindre delà sphère; cette seconde coupure, que nous désignerons CONNEXION DES SURFACES A DEUX FEUILLETS. 117 par Co-h ^25 se compose de deux parties, une portion de coupure Co de £ en t,, puis une autre portion ^o affectant la forme d'une courbe fermée comme b^. Après ces deux coupures, la surface n'est pas encore simplement connexe ; en la déformant un peu on lui donne la forme représentée dans lajig. ^2 j^. Cette nouvelle surface est composée d'une sphère S avec un trou dont le bord b\ c'.-, b[, c"., est formé par les bords extérieurs de bi et 60 et les deux bords de Co, puis d'une deuxième sphère S' reliée à la première par un cylindre L3 et portant deux tubes cy- lindriques L, et Lo ouverts par deux trous dont les bords b\ et bl sont les bords intérieurs des coupures ^, et bo. Cette surface a donc trois trous distincts : elle peut, par déformation continue, être ramenée à une surface sphérique avec trois trous ou à un feuillet plan circulaire avec deux trous {Jig. 4^ bis). Fig. 42 bis. Pour rendre la surface simplement connexe, on se trouve ra- mené à un problème traité antérieurement: il faut réunir un de ces trois trous aux deux autres par deux coupures a, et «2, de façon à n'en faire qu'un seul trou. Nous joindrons par des coupures le Fis:. 4 trou de S aux deux trous b'\ et b"., de S\ La coupure a, joindra un point de b\ à un point de b\ ; de même la coupure adjoindra un ii8 CHAPITRE III. point de b'^ à un point de b'., {fig. 43 a). La surface est alors simple- ment connexe. Il importe de figurer ces coupures en place sur la surface primitive; c'est ce qui est fait dans la deuxième y^^. 43 p. Si l'on trace les mêmes coupures sur la surface déformée comme dans Xd^fig. 42 bis^ on obtient les surfaces de Xd^fig. 43 bis, Fig. 43 bis. où il est évident que le tracé des coupures rend la surface simple- ment connexe. Dans ce qui précède, les sphères sont extérieures. Si l'on avait deux sphères intérieures, réunies par trois tubes, L<, Lg, L3, on procéderait de la même façon. On commencerait par détacher de la sphère intérieure S les deux cylindres L< et Lo par deux cou- pures b^ et c- -h Z>2 entourant les bases de ces deux cylindres ; puis l'on retournerait la sphère interne, à travers le tube L3, comme un gant; on retournerait de même vers l'extérieur les tubes Li etjLo et l'on serait ramené identiquement au cas précé- dent {fig. 42 p). 57. Prenons maintenant le cas d'une surface de Riemann sphé- rique à deux feuillets et 'trois lignes de passage e^ e^^y et qui remplacent les cylindres L<, Lo, L3. Traçons sur la sphère intérieure, à partir d'une fente/, une première cou- pure ^^ entourant 2 opposé à a'[^'. Les coupures étant ainsi tracées, on s'assure aisément qu'un mobile peut parcourir la suite des bords des coupures d'un mouvement continu: le sens de ce parcours, supposé effectué dans le sens positif par rapport à la surface extérieure des spbères, est figuré par des flèches. Aux points tels que P les coupures passent l'une au-dessus de l'autre, car elles sont, l'une dans le feuillet inférieur, l'autre dans le feuillet supérieur. La même figure, étant faite pour la surface plane de Riemann, prend la disposition suivante {fig- 4^) 7 0^1 nous avons mis les Fig. 4 mêmes lettres et où le point eç, peut être à l'infini. Les cou- pures «, et rto affectent la forme de courbes fermées : le bord positif + marqué d'un trait plus fort est le bord externe. Pour les coupures b^ et 62, le bord positif est défini par la même con- vention que précédemment, page 11 5. Le bord positif de />, est CHAPITRE III. celui que suivrait un mobile pour aller du bord positif de a^ au bord négatif de a, en marchant, par rapport à la surface de Rie- mann, dans le sens positif (aire enveloppée à gauche, sens marqué par les flèches). Ainsi, en partant du point a (bord positif de a^) et marchant sur le bord extérieur de h<^ dans le sens de la flèche, on revient, en ne tenant pas compte de la coupure C2, au point p (bord négatif de «<). C'est donc, sur la figure, le bord exté- rieur de h^ qui est le bord positif. Si l'on parcourait le bord opposé dans le sens positif marqué par la flèche, on irait, au con- traire, de Y sur le bord négatif Aç, a s. en 8 sur le bord positif. Pour la coupure ^o, le bord positif est de même le bord qu'il faudrait suivre pour aller du bord positif de «2 au bord négatif de a2 en marchant dans le sens positif. Ce bord positif est, dans X-à fig, 48, le bord externe de Z?2, qui conduit, comme on le voit, de a' (bord positif de <22) en ^' (bord négatif de a^^ dans le sens des flèches. Le bord positif de c^ est arbitrairement choisi. 58. Nous venons d'examiner en détail le cas de six points de ramification avec trois lignes de passage, qui est au fond identique à celui de deux sphères extérieures reliées par trois tubes. Si l'on prend la surface de Riemann correspondant à la relation dans laquelle n=^ ip-\- 'i^ ou 2/> + i , il j a sur la sphère ou sur le plan p + i lignes de passage et ip + 1 points de ramification, dont un à l'infini quand n est impair. La surface sphérique de Riemann est, au point de vue de la connexion, identique à un système de deux sphères extérieures reliées par/? + i tubes cy- lindriques Li, Lo, . . ., L^_^i. En opérant identiquement comme dans l'exemple précédent, on rendra la surface de Riemann simplement connexe à l'aide des ip coupures suivantes, aue nous traçons sur la surface de Rie- mann plane. Tout d'abord on mène les coupures Z? et c + 6 toutes dans un même feuillet, le feuillet inférieur,' par exemple, comme il suit. On trace {fig. 49) une coupure fermée h^ entourant les deux seuls points de ramification ^4 , e^ ; puis, partant d'un point de />,, une coupure Co H- h^ venant se couper elle-même, formée CONNEXION DES SURFACES A DEUX FEUILLETS. lïi d'une branche Co et d'une boucle entourant les points ^3,64; ensuite, partant de même d'un point de b-i, on trace une cou- pure C3 4- bi venant se couper elle-même, formée d'une branche c-^ et d'une boucle 63 entourant les points ^5, e^, ... ; enfin, partant d'un point de bp_i , on trace une coupure Cp+ bp venant se couper elle-même, formée d'une branche Cp et d'une boucle entourant les points Cop-i-, C-2P' Sur \dijig. 49? on a figuré ces coupures en siip- Fig. 49. ■7/ ^sy^^s] J^-^::^''--J/ w'e. // ^— ' "<^z posant les points coupures a. La coupure a^ part du bord de la coupure ^, en a^3 dans le feuillet inférieur {/ig- 5o), traverse la ligne de passage L,o pour monter sur le feuillet supérieur, tra- verse ensuite la ligne de passage ï^-2p+i,2p+2 pour revenir dans le feuillet inférieur et vient se terminer au point yo sur le bord de bi opposé au point de départ a[B {Jig. oo). Dans la fig. 5o, pour ne pas surcharger, on a désigné les points de ramification par leurs indices seulement, en mettant 1, 2, 3 au lieu de ^i, eo, (?3, .... De même, la coupure a^ part du bord interne a^ de 60, traverse la ligne de passage L34 joignant les points e-^, ^4, tourne autour du point eo^+, en traversant la ligne 124 CHAPITRE III. de passage L2p+i,2/?+2 et vient se terminer en yS sur le bord de Z>2 opposé au point de départ a[3. Les coupures «3, . . ., cip sont tracées de la même façon à l'égard des coupures ^3, ..., bp. Toutes ces coupures a franchissent la ligne de passage l^2p+\,-ip^'i Fis:. 5o. 2r>*2 et affectent la forme de courbes fermées entourant le point e^p^K associé à d'autres points de ramification. Ainsi a^ entoure +i ? • • -, «a entoure i). Gette intégrale est nulle, car, dans le chemin d'intégration que nous venons d'indiquer, les bords opposés des deux coupures ai et bi sont parcourus en sens con- traire, et comme /(;î, u) prend les mêmes valeurs aux points cor- respondants des deux bords des coupures, les éléments de l'inté- grale sont deux à deux égaux et de signes contraires. D'après cela, il n'y a pas de module de périodicité le long de Co ; l'intégrale abélienne F(z, a) de première ou de seconde espèce prend les mêmes valeurs aux deux bords opposés de Co, de sorte que, même si l'on supprimait cette portion de coupure appelée C2, l'intégrale F(:;, u) resterait uniforme sur la surface T^ ainsi modifiée. Le même raisonnement montre que, sur chacune des coupures bh{k = 1, 2, ...,/?), l'intégrale admet un module de périodicité Ba, et que sur chacune des portions de coupures Ch{h = 1, . . ., p) le module de périodicité est nul; Ba est égal à l'intégrale j /(^) u)dz prise dans le sens négatif sur une courbe fermée en- tourant les points e< , ^2, ^3, . . ., ^2^-,, e^p+i. CONNEXION DES SURFACES A DEUX FEUILLETS. l35 L'intégrale F(:;, u), qui est l'intégrale la plus générale, coii*- posée d'intégrales de première et de seconde espèce, a donc 2p mo- dules de périodicité Al, Ao, .... Ap, Bi. B,, ..., Bp, relatifs respectivement aux coupures ou portions de coupures cil, CI2, . . . , dpt bu ^2, • • , bp. Cette intégrale est uniforme sur la surface de Riemann T' ren- due simplement connexe par les coupures a^, bh et c^. Elle ces- serait de lètre si l'on supprimait les coupures, ou, ce qui revient au même, si l'on permettait au point analytique {z , u) de franchir les coupures. Si nous continuons à appeler F(:;, u) la valeur unique que prend lïntégrale en un point {z ^ u) quand la variable (:;, u) ne franchit aucune coupure, la valeur la plus générale que puisse prendre l'intégrale en ce point , quand le point (;;, a) peut franchir arbitrairement toutes les coupures, est F(^, u)-r- mi Al ~ m^X^,-^. . .— nipAp-^ /«iBi -f- /?2B2 H-. . .— fipBp. m^, 771.2, ..., 77ip, /li, /?o, ..., 7ip étant des entiers quelconques positifs, négatifs ou nuls. En effet, chaque fois que le point (z, u) franchit une coupure, la différence entre les valeurs de l'intégrale f ' f{z,u)dz et ¥{z.,u) augmente ou diminue du module de périodicité correspondant. Ainsi, par exemple, considérons (/Z^-. 5o)le chemin Pop).p'A'(:?, u) qui franchit les deux coupures <7o, «3, en )., p et)/, p', avant d'arriver au point (^, n). L'intégrale prise de Po en p estF(p) puisque la limite infé- rieure est au point Pq par hypothèse. Prise de p à X elle est 7iulle, car l'épaisseur de la coupure est infiniment petite. Prise de A à p' elle est F(p') — F().), de p^ à )/ elle est nulle; enfin de )/ en {z, u) elle est F(^, u) — F(>/). La valeur de l'intégrale de Po en {z, u) l3fi CHAPITRK III. le long du chemin considéré est donc, si l'on fait la somme des intégrales partielles ci-dessus, F(p) + F(p') - F(X)-l- F(z, II) - F(X'), c'est-à-dire F(^, ^0 — ^2- A3, car, sur «25 on a F(X)-F(p) = A2 et, sur «3, F(X')-F(p') = A3. Remarque sur le calcul des modules de périodicité . — Nous avons vu qu'un module de périodicité tel que K^ est égal à l'in- tégrale / /(s, u) dz prise, dans le sens positif, sur une courbe fer- mée G quelconque partant d'un point du feuillet inférieur et en- tourant une fois les deux points de ramification e^ et e^ {fig- 53). On peut, en particulier, donner à cette courbe la forme suivante. Partant du point O du feuillet inférieur, on suit d'abord un che- min rectiligne O l jusqu'en un point / infiniment voisin de e\ , puis on décrit un cercle infiniment petit (7^ [autour de , traverse U, tourne dans le feuillet inférieur autour des points 4-t et -f- i, traverse la ligne de passage L et revient aboutir au point a^S en face de ycJ. Nous supposerons le point O, (0,1) placé sur le bord positif de cette coupure b. Tci/? = i (figure analogue aiUiLjig. 4o et 4i)- H y a deux modules de pério- dicité pour chaque intégrale de première ou de seconde espèce correspondant à la relation algébrique considérée, c'est-à-dire i38 CHAPITRE III. pour chaque intégrale elliptique de première ou de seconde espèce F(^, w)= //(^, z^) intégrales de première espèce linéairement indépendantes Nous appellerons Aa-i, Ax-2, .-., ^kp, Bai, Ba-2, . . . , ^kp les modules de périodicité de Wk le long des coupures a^.a^, . ■ ■ . ap et 6i, 62, . .., bp. Posons, en désignant par k un des nombres i, 2, ...,/?: Aj, Ào, . . . , X^ étant des constantes. La fonction w^^'^ est aussi une CONNEXION DES SURFACES A DEUX FEUILLETS. 149 intégrale de première espèce : ses modules de périodicité, que nous appellerons «Al, Clkïj •••, «A/^, ^Al, ^A-2; ^A-pj sont donnés par les équations (4) «Al = ^^1 An -t- X2A21 — . . . ^ Xpkpx^ «A^ ^= ^lAi2 "+~ A2A22 --' . . . -r- Ap\p->, «A7J= ^1 Aiy,-T- X2A2/, ^P App, (5) / ^^;;.i ^^ XiBh + X2B21 -- . . . -I- XpBpi, ) 6a-2-XiB,,-+-X2B22-|- ... -^XpBp2, ' ^A-p= XlBjp-i- X2B2P-7- ... -i- XyjBpp. Tout d'abord, le déterminant des modules de périodicité A^ ^ An, A21, • ? Api A12, A22, . .. -V Ai/j, A2p, • • 7 App est différent de zéro. En effet, s'il était nul, on pourrait déter- miner les constantes )h i ^^2, • - • ? ^^p de telle façon que les modules de périodicité ak\ , «as, • • - ' ciup donnés par {^) fussent tous nuls à la fois. Car on aurait, pour déterminer les constantes \^p équations linéaires et homogènes à p inconnues, le déterminant des coeffi- cients étant nul : on aurait au moins un système de valeurs des \ non nulles toutes à la fois. Mais alors la fonction ^v^^^ {z, u) serait ime intégrale de première espèce pour laquelle tous les modules de périodicité relatifs aux coupures ai, ag, . . .^ap seraient nuls, ce qui est impossible, comme nous l'avons vu à la fin du numéro précédent. Le déterminant A n'étant pas nul, nous déterminerons les X en écrivant que, dans l'intégrale w^^\ tous les modules de périodicité relatifs aux coupures a sont nuls, excepté celui qui se rapporte à la coupure Uk et que nous ferons égal à irù, '^kh 0, {hXk) cikk IJO CHAPITRE III. JNoiis aurons ainsi, pour déterminer À<, A2, • • • » ^/?? un système de p écfuations linéaires à/? inconnues, le déterminant des coeffi- cients étant différent de zéro; nous trouverons pour les \ un seul système de valeurs. L'intégrale \v^^\z^ii)^ ainsi déterminée, est une intégrale normale de première espèce. Comme l'entier k a une quelconque des valeurs 1,2,...,/?, nous formerons de cette manière/? intégrales normales de première espèce w^^\ w^^-', ..., W^P\ pour lesquelles tous les modules de périodicité relatifs aux cou- pures a sont nuls, excepté : Pour w^i' le module a^ — iTzi, Pour w^2) „ ^^^__27ri, Pour (v^^-^ » «/,7c = 2 71^", Pour (p(/^^ » app='2T.i. Les intégrales \v^^\ (v^-\ ..., w'^P^ ainsi formées sont encore linéairement indépendantes, car s'il y avait entre elles une relation linéaire à coefficients constants \k^^ jjio, . . . , ui^ de la forme ^x^w^i) -1- [^2^(2) 4_ . _ _|_ r^XpW^P^ — const., tous les modules de périodicité du premier membre seraient nuls. Or le module de périodicité du premier membre sur la coupure a^ est 2u.i7Zi, carie module de (V^^^ est '>.tù et ceux de w^'^\ . , ., w^p^ sont nuls. On aurait donc jj-i — o. De même, en écrivant que les autres modules de périodicité sur les coupures a^, ...,ap sont nuls, on aurait [a, = 0, [^3 = 0, . . . , ]Xp = o. Il n'y a donc pas de relation de la forme supposée et les w^^^ sont linéairement indépendantes. 72. Les intégrales normales ainsi formées admettent le long des coupures />< , Z»o, . . ,,bp des modules de périodicité, qui sont, pour l'intégrale w^^\ bj,,, ^ao, . . . , b^p. Ces modules de périodicité étant CONNEXION DES SURFACES A DEUX FEUILLETS. l5l rangés en un tableau dans lequel les différentes lignes sont res- pectivement les modules de iv'^^K w^-K . . . , w^p^ bn. bi2. .... bip bi\i ^22r • • • . b^p i bpi, bp2 bpp forment un déterminant symétj^ique : c'est-à-dire que Ton a bjik = bkh- Pour démontrer cette importante propriété, appliquons aux deux intégrales w'^^^ et w'^^^ la relation générale établie au n*" 67 entre les modules de périodicité de deux intégrales de première espèce F et F' AiB'i — BiA'i-^AaBo — B.A; -\- . . . -^ P^pWp -BpX'p = o. Nous aurons, d'après les notations actuelles, (6) «/il 6/,i — bja a/,1 ~ a/i2 b^z — ^A2«a-2 -t- • • . -f- a^pb^p — bjipaj^p = o ; mais tous les modules a sont nuls, excepté ceux qui ont les deux mêmes indices akk et a^, qui sont tous deux égaux à irJ. Il ne subsiste donc dans la relation (6) que les deux termes sui- vants : ahhbkh — b/ikCf^kk = o et. comme il reste i>hk = bjcht ce qu'il fallait démontrer. 73. Comme résumé de ce qui précède, formons le tableau des modules de périodicité des intégrales normales de première espèce. En vue de la suite, il est plus commode de mettre en évidence dans les modules de périodicité bhk ^m facteur 2 en posant bhk = 'i^/ik' la condition bhk^^kh entraîne alors évidemment :x.hk = ^kh' CHAPITRK m, Nous aurons le tableau suivant, où sont inscrits sur une même ligne horizontale les modules de périodicité de chaque intégrale pp(o^ ^(2)^ ^ ^ ^^ -^^ip) Qi g^J. ^^j^g même colonne les modules relatifs à chaque coupure a/i ou bk. TABLEAU DES PERIODES. a, «. «. ^ ^. *. w(0 2TC \l— I 0 O 0 2Ti: \/— I 0 0 0 0 2 a., 2 a,, 2^ 2 a,, 2 a,, 2 1: v/^ avec la condition a^/^ = a^;^. 74. Voici une dernière propriété des modules de périodicité relatifs aux coupures b. Le déterminant ^11) «12, • • -, «!/) ] ^21 j «22, . . . , a^p • • • » • • • 1 «jolj «p2j • • • 5 «/;/^ est le discriminant de la forme quadratique P F *ï> ( JUi , ma, . . . , nip ) = ^ ^ ^hk nij, m/, = a^ mf h- . . . h- 2 aia mi ma -^ . Séparons, dans les modules de périodicité, la partie réelle et le coefficient de y/ — i ^hk = ^hk + "J-hk si - i et posons A >t o à l'intégrale de première espèce On a ici, en mettant en évidence les parties réelles et imaginaires des modules de périodicité de W, \!j = 2 ( nii %'l., — ma a'^^ — . ■ . -t- rUpT.'') /'^ ^ d/?iv et la formule de Riemann devient 1 -T-^ H- . . . H- mj3 -— ^ = 4 -? /«i, • • • . '^^/j) < ^• diiiY ^ àmpj La forme quadratique cp(/?i,, ..., m^) est donc négative pour toutes les valeurs réelles des indéterminées /??, , mo, . . . , nip. C est une forme définie et négative. Cette propriété^ qui est la généralisation évidente de la pro- priété rappelée plus haut pour le rapport des périodes de l'inté- grale elliptique de première espèce, est fondamentale pour Fin- version. Pour le moment, nous en déduirons seulement la remarque suivante. Il peut se faire que les ip périodes de quelques-unes des intégrales de première espèce se ramènent à un moindre nombre; mais cela ne peut avoir lieu en même temps pour les ip systèmes de périodes simultanées des p intégrales de première espèce. En d'autres termes, il est impossible d'avoir, entre les l54 CHAPITRE III. ip périodes A4 , Ao, . . . , A^, B, , . . . , B^ de chaque intégrale de première espèce, une relation de la forme mi Al + . . . -f- nip Ap -1- /Il Bi -+- . . . H- Zip B/; = o , m^^ ...,77ip, ?if, . . . ^ ?ip étant des nombres entiers, la relation devant être la même avec les mêmes entiers pour toutes les inté- grales de première espèce. En effet, s'il existait une pareille rela- tion, on aurait en particulier pour l'intégrale normale w^^^(z, u) p 1 nth-K \J— I H- 2 \^ rik^hu — o ou, en prenant la partie réelle, / / , do 2nia/,i -f- 2n2a/^2 + ...-+- iripa'j^ij = —^ =:= o. On aurait pareillement et par suite '^{ji\, . . . , /^^) = o, ce qui est impossible. 75. Intégrales normales de deuxième espèce. — • Soit Ç(^, u\ a, U) une intégrale élémentaire de deuxième espèce avec le seul pôle simple (a, b) de résidu i. Soient A4, Ao, . . ., A^; Bi, Bo, . • ., Bp ses modules de périodicité. L'intégrale Z — t{z, u\a^h)-\- Vi w^i^-f- V2W^2) . . . -i_ v^np(y>) est encore de deuxième espèce, quels que soient les coefficients constants Vi, Vs, ..., v^. Nous déterminerons ces coefficients en écrivant que les modules de périodicité de Z le long des coupures a sont tous nuls. Nous aurons ainsi Ai+ 2Vi7rf = o, A2+ SV^TTf = o, ..., car le long de a^ le module de périodicité de Z est k^ + 2V|7ri, celui de w^"""» étant iizi et ceux de w^-\ ..., w^P^i étant nuls. L'intégrale Z , ainsi formée , a le long des coupures h^ , b^, .-., bp des modules de périodicité B'^ , B^, . . . , B' , les mo- dules A'^, ..., A^ étant tous nuls : c'est l'intégrale normale de CONNEXION DES SURFACES A DEUX FEUILLETS. IDJ deuxième espèce. Les modules de périodicité B, , . . . , B^ de cette intégrale ont des valeurs remarquables que Ton trouve comme il suit. Associons cette intégrale Z à l'intégrale normale de première espèce et appliquons à ces deux intégrales la relation du n°68, établie pour une intégrale quelconque de première espèce et une in- tégrale élémentaire quelconque de deuxième espèce. Cette rela- tion est (7) AiB; — Bi a; -+ AoB; — B.2 a; ^...~ A;,b;,— b^a;, ^—lirj^a, b), f{a^ b) étant la valeur que prend la dérivée de l'intégrale de pre- mière espèce considérée au pôle («, b) de l'intégrale de deuxième espèce, valeur qui, dans la notation actuelle, est Ok(a, b). La relation (-) se simplifie beaucoup, car : i° les modules de périodicité A', , A.,, .... A' de Z sont tous nuls ; i^ les modules de périodicité A,, Ao, . . . , A^ de l'intégrale normale (v^^' sont tous nuls, excepté Aa ou akk, qui est égal à 2r.i. Il ne reste donc qu'un terme AaB^^c dans le premier membre de (7\ et Ton a \/,B'/^.:^ — iiT.Of,(a, b); d'où, comme A/,= 2^7:, B';, = -o,.(a,b^. Ainsi, pour l'intégrale normale de deuxième espèce, les mo- dules de périodicité relatifs aux coupures a sont nuls, et ceux relatifs aux coupures b sont respectivement — oi(a,b), —02{a,b), ..., —Qp{a,b). Nous avons supposé que (a, b) n'est pas un point de ramifica- tion, ni un pointa l'infini. S'il en était autrement, il faudrait dans le second membre de la formule (7) remplacer o^(a, b) par le l56 CHAPITRE III. résidu du produit dZ{z, u) W^'''{Z, II) au point (a, b). Il est intéressant de remarquer que les modules de périodicité de l'intégrale normale Z de deuxième espèce sont des fonctions rationnelles de (a, b) : cela résulte de l'expression même que nous venons de trouver pour ces modules de périodicité. On peut s'en rendre compte a priori en se rappelant que l'intégrale élé- mentaire de deuxième espèce, Ç étant une fonction rationnelle de (<2, b), comme nous l'avons vérifié (n° 46), ses modules de périodicité, qui sont les différences des valeurs de l'intégrale aux deux bords d'une coupure, sont des fonctions rationnelles de (a, 6). Les coefficients Vi, Vo, ..., v^, définis plus haut, sont donc aussi rationnels en (a, b) et, par suite, l'intégrale normale Z est une fonction rationnelle de (a, b) et a pour modules de pé- riodicité des fonctions rationnelles de (a, b). 76. Les considérations précédentes ne s'appliqueraient pas sous la même forme aux intégrales hjperelliptiques de troisième espèce, car ces intégrales,, à cause de la présence des points sin- guliers logarithmiques, ne sont pas des fonctions uniformes de leur limite supérieure sur la surface découpée T^ de Riemann. Mais elles deviennent des fonctions uniformes de leur limite supé- rieure si l'on modifie la surface T^ de façon à exclure les points critiques logarithmiques. C'est ce que nous allons démontrer en détail pour l'intégrale élémentaire de troisième espèce (n° 35) f f{z,u)dz. '(-o>"o) Cette intégrale est régulière en tous les points de la surface primitive T de Riemann, excepté aux deux points (a, b) et (a', U). Dans le domaine du point (a, 6), elle est de la forme Txi{z, II) —- — log(z — a) -h fonction régulière; dans le domaine du point (a', 6'), de la forme Trf(2, II) — log(s — a') -\- fonction régulière. CONNEXION DES SURFACES A DEUX FEUILLETS. ID~ Si l'un des points, (a, b) par exemple, coïncide avec un point de ramification e/, il faut remplacer dans la première expression z — a par ^z — ei; si (a, b) est un point simple à l'infini, il faut remplacer z — a par -; enfin, si (a, b) est un point de ramifica- tion à l'infini, z — a par -— • Dans tous les cas, d'après les défini- tions posées précédemment^ la fonction rationnelle /(^, u)^ dont rn{z, II) est l'intégrale, a, sur la surface de Riemann, tous ses ré- sidus nuls, excepté les résidus relatifs aux points (a, b) et (a^, b'), qui sont respectivement — i et + i. La valeur de l'intégrale /• f{z, u)dz, prise dans le sens positif sur la limite du domaine du point (a, 6 }, est égale à — 2.T,i, et, sur la limite du domaine du point (a', 6'), à -t- 2 7:;. L'intégrale tj5(z, u) n'est pas une fonction uniforme de (^, u) sur la surface de Riemann P, rendue simplement connexe par les coupures «a, bk, Ck- Pour obtenir une surface sur laquelle elle soit uniforme, il faut transformer la surface T' par le procédé suivant. Marquons sur la surface de Riemann {Jig. 55) les points (a, b) et («', b') que nous supposons pour fixer les idées dans le feuillet supérieur en des points ordinaires. Partons d'un point (a, 3) du bord d'une des coupures de T', de ap par exemple, et faisons dans un Fis. 55. feuillet de la surface de Riemann une fente / aboutissant au point (rt, 6), sans franchir aucune coupure, puis une nouvelle fente m de {a, b) à {a' , b'), sans franchir aucune coupure. Dans la Jig. 55, nous avons élargi cette fente dans le voisinage des l58 CHAPITRE III. points («, /;) et {a' , b')^ de façon que ses bords prennent la forme de deux petites circonférences o- et o-' de centres (a, h) et (r/, 6') ; mais il est supposé que la largeur de la fente et les rayons de o- et 0-' sont infiniment petits. Gomme nous l'avons fait précédem- ment, pour les coupures, nous distinguerons le bord positif et le bord négatif de cette fente /+ 7n. Soient 0 et x les points où les bords du petit cercle a-' rencontrent les bords de la fente m : nous choisirons les bords positifs et négatifs de m de telle manière qu'un mobile parcourant la circonférence a-' dans le sens positif au- tour de (a', 6') (sens contraire de la flèche) conduise du bord négatif de m au bord positif. Le bord négatif est donc celui qui aboutit en X, le bord positif celui qui aboutit en Q. Le bord négatif de la fente m -\- l se prolonge ensuite, par continuité, de x jusqu'en p, et le bord positif de ô en a. On a marqué du signe 4- et de la lettre "k le bord positif, la lettre p étant mise en face de A sur le bord négatif. Désignons par T" la nouvelle surface de Riemann déduite de la surface T', en ajoutant au système de coupures <2^, Z>/f, c/i la fente l-^ m, qui n'est qu'un prolongement du bord positif de la cou- pure ap. Le contour de cette surface simplement connexe T" est formé par les bords des coupures cik, bk, Ch et de la fente /-t- m. Si un mobile décrit le contour de cette surface T'' dans le sens positif (aire enveloppée à gauche), il parcourt les bords des coupures a^, b^^ ca, comme dans la fig. 5o, avec cette seule différence que, lorsqu'il arrive en a sur le bord positif de la cou- pure cip {fig. 55), au lieu d'aller directement en ^ et de conti- nuer, il va de a en o, s, 0, le long de la fente / ^- m, puis revient par G , T., 7|, V jusqu'en p, d'où il continue son mouvement comme auparavant. Revenons maintenant à l'intégrale ^a,'/. '(-^' ") = / f{^, U)dz. Sur la surface simplement connexe T% la fonction rationnelle f{z, II) est uniforme et n'a que des résidus tous nuls, car la fente l -^r m a précisément supprimé les seuls points (a, b) et {a', b'), où les résidus n'étaient pas nuls. L'intégrale m{:z, u) est donc une fonction uniforme du point analytique {z, u) sur la CONNEXION DES SURFACES A DEUX FEUILLETS. 09 surface T'^ de Riemann. Si l'on compare les valeurs qu'elle prend aux points correspondants des deux bords d'une coupure, on trouve, en répétant identiquement ce qui a été dit au n° 63 pour les intégrales de première et de deuxième espèce, les résultats suivants. La différence ^(a) — ^(p) ^ "ne valeur constante le loDg de chacune des coupures «a. 6a, Ch et des fentes l et m. On a Le long de «a-, tîî(X) — ^(p) = ^^k I Le long de 6a-, t!t(X) — Tn(p) = llbA- \ Le long de c/j, w(l) — rjs(p) = o; Le long de /, ^0') — ^(p) = -Cj Le long de /??, Tn{X) — vj(p) = DTL. Les constantes A^a? '^''^à- sont les modules de périodicité de l'in- tégrale de troisième espèce w sur les coupures «a et ^a- Nous allons déterminer les valeurs des constantes S^ et OIl, et mon- trer que J^= o, Ole = 2t:î. En effet, commençons par DTl; cette constante est la valeur de la différence tjsO.) — ^(p) le long de la fente m : on a donc en particulier Oit = m{f)) — cî(x), ce qui montre que DTi, est la valeur de l'intégrale 1 f{z^ u)dz, prise de x en 0 le long d'un contour quelconque ne franchissant aucune fente ni coupure, par exemple le long du cercle a-' dans le sens positif autour de («', b') (sens contraire de la flèche sur la fig. 55). Or cette intégrale est égale à 27:1 multiplié parle ré- sidu de/(^, u) au point (a', b')^ qui est i. Donc Olu est bien égal à 2-/. On a ensuite .C-nT(5)-C0(v); -Ç^est donc la valeur de l'intégrale / f{z^ u)dz, prise dey en 0 sur un contour quelconque G, ne franchissant aucune coupure ni fente, par exemple sur le contour yo-TiX^GîTO : le contour doit être regardé comme fermé, car o est infiniment voisin de y. D'après le théorème de Gauchj, celte intégrale est égale à 2-/ l6o CHAPITRE III. multiplié par la somme des résidus de /(s, u) relatifs aux pôles situés dans le contour d'intégration que nous venons d'indi- quer : les deux seuls pôles situés dans ce contour sont les pôles (<2, 6), (a\ b') avec les résidus — i et + i dont la somme est nulle. Donc 4^ est bien nul. ^ On peut donc dire que l'intégrale élémentaire de troisième espèce admet ip -h i modules de périodicité, cAai, oRfl,, . . . , cilojy sur les coupures afc\ 2 7ri sur la fente m. Si l'on supprimait le système des coupures et des fentes, l'inté- grale nT(^, u) ne serait plus une fonction uniforme de (^, u) sur la surface T de Riemann. Elle prendrait en chaque point (^, u) une infinité de valeurs qui se déduisent toutes de l'une d'elles par l'addition et la soustraction des 2/?+i modules de périodicité. Ainsi, l'une des valeurs étant tj5^ (^, u)^ la valeur la plus générale de l'intégrale sera TÀ5{z, u) = mi{z, u) -+- nii JUi -+- m2p + /Il lILl ^ 712 1112 + • • • + 'î/j lAîp -4- 2 71 t: i, in^ , wzo, . . . , nip, /11, 712, ' • 1 rip., n étant des entiers quelconques positifs, négatifs ou nuls. C'est ce qu'on voit, comme précé- demment, pour les intégrales de première et de deuxième espèce (n" 63). Nous avons fait la figure en supposant que les points («, Z>), {a! ^ h') sont des points ordinaires à distance finie. D'après les dé- finitions données du domaine d'un point quelconque de la surface de Riemann (n°46-17), on sait comment il faut modifier les cercles a- et a-' formant les domaines des points (a, 6), (a', h'), quand l'un ou l'autre devient un point de ramification ou s'éloigne indéfini- ment. Nous avons figuré dans l'angle de la fig. 55 la nouvelle forme ^\ que devrait prendre cr' si le point (a', h') était un point de ramification ei. 77. Intégrales normales de troisième espèce. — Posons n a', 6' (5, u) = î^«''^*' {z, U) + Xi W(l) + X2 W(2) _i_. . .+ \ wkp) CONNEXION DES SURFACES A DEUX FEUILLETS. l6l )v, , Àoi • • -, ^^/j étant des constantes et (V^'\ iv^-^^ . . . , w^p^ les inté- grales normales de première espèce. Cette intégrale II est, comme TU, une intégrale de troisième espèce. Pour obtenir l'intégrale nor- male de troisième espèce, on détermine les À de telle façon que les modules de périodicité de n le long des coupures a, , ao, . . . , ap soient nuls. Le module de périodicité de H le long de «a- est car celui de m est ^l,A, et les modules de périodicité de tv^'^, (v^^)^ ^ iV^P^ sont tous nuls sur «a, excepté celui de {V^^\ qui est ir.i. On déterminera donc les X par les conditions cW- -r- 2 Xyt - t = G (A- = I, 2, .. .,/>). L'intégrale H ainsi obtenue est Vintégrale normale de troi- sième espèce avec les deux points singuliers logarithmiques (a, b) ei{a',b'). Cette intégrale admet encore les modules de périodicité sui- vants : Sur b};, le module de périodicité IJlj'yt, Sur m, le module de périodicité i-i, car, sur les deux bords de m, les intégrales w^'\ (p(-\ ..., w^P^ prennent les mêmes valeurs. 78. Les modules de périodicité oJb'^ ont des expressions remar- quables. Pour les obtenir, considérons l'intégrale Jj„ dz oij w est une intégrale quelconque de première espèce, l'inté- grale H étant prise dans le sens positif sur le contour de la sur- face T", contour formé par les bords des coupures a>;, hk-^ Ch et des fentes / et m. La fonction dW est uniforme sur la surface T" et a tous ses résidus nuls. En effet, les deux facteurs sont uniformes. Le premier est partout fini; le A. ET G. II l62 CHAPITRE III. deuxième a tous ses résidus nuls, car l'intégrale II ne devient infinie qu'aux deux points (a, h) et («', 6'), qui sont exclus de la surface T". Le produit {v -r- di donc bien tous ses résidus nuls, et l'intégrale H est nulle. Nous allons évaluer directement cette intégrale. Le contour de T'^ est formé du contour de T' (bords des cou- pures cik, bk, c/i), des bords de la fente /, des bords de la fente m et des bords des circonférences a- et a-' {Jîg- 55). L'intégrale H peut donc être divisée en cinq parties, l'une relative au contour de T', l'autre aux bords de /, la troisième aux bords de m, les deux dernières aux circonférences a- et a-', et l'on a, en désignant par les indices T', /, m, Pn ••• étant des constantes. Dans le produit w -^, lecoeffî- dz CONNEXION DES SURFACES A DEUX FEUILLETS. î63 cient de , ou le résidu est donc (v(a', 6'). On vérifiera d'après les définitions données que ce résultat est général et a encore lieu quand (rt', h') est un point de ramification ou un point à distance infinie. L'intégrale X w —r- az est donc égale à — 2iTnv(a', b'). De même l'intégrale affectée de cm dz l'indice a- est égale à 2iT.iv(a, b), car le résidu de -r: an point («, b) est — I . L'équation (8) nous donne donc (9) J tp — c?-3 — 2i-[w{a',b') — w{a,b)]=o j. az où il ne reste plus qu'à évaluer la première intégrale. Mais le calcul de cette intégrale est identique à celui qui a été fait (n° 6o) pour le calcul de l'intégrale appelée I, sauf le changement des inté- grales F et F' en iv et II. Appelons A;t, B/f les modules de pério- dicité de w, 'X'f^^ iiî))^ ceux de II le long des coupures a/i et b/,- : l'in- tégrale I iv -Tz dz a pour valeur, en vertu du calcul du n'' 65, A,Di,; - Bi .1,; -h AaDi; - B2 Ao'o + . . .-T- A^,\)i,;,- Bp.l,;,; mais, comme II est l'intégrale normale de troisième espèce, les modules de périodicité z\,\, ^l.'.-,, . . ., A, ,(.-)!< B (/> = ! m — n ). Si l'on prend pour z un point à l'intérieur de ce cercle et pour u une valeur dont le module r est inférieur à l'unité, on a |Pi-CTIONS ALGÉBRIQUES d'uNE VARIABLE. 1 69 En réalité, cette dérivée admet, comme u^ m valeurs pour chaque valeur de z: mais on obtient sans ambiguïté la valeur qu'il faut prendre, en remplaçant dans le second membre u parla racine dont on cherche la dérivée. Tant que la variable z reste à d¥ l'intérieur de C, le dénominateur — ne peut être nul, puisque Ja racine considérée est racine simple de l'équation (2). La dérivée est donc elle-même une fonction continue de i: dans ce domaine. Il suit de là qu'à l'intérieur de C la racine u est développable par la formule de Tajlor uz=: b -^i^{z — a)-f- '7.^_{z — a)' -h. . . , et le ravon de convero^ence de cette série est au moins és^al à o' mais peut lui être supérieur. De même, si,.pour ;3 = «, l'équation (2) a m racines simples bi^ b2j . . ., bniy on peut trouver un cercle C de centre a et de rajon assez petit pour qu'à l'intérieur de ce cercle les m racines soient des fonctions uniformes et régulières. Les m racines sont alors représentées par m développements distincts : on a, par exemple, pour, la racine w/ qui se réduit à bi au point z = a, Ui = bi -h aV'(^ — a) -h 'xf{z — a)^ -h. . . . Les rayons de convergence de ces différentes séries sont, en gé- néral, inégaux. Nous avons ainsi défini un élément de fonction algébrique. Pour définir cette fonction lorsque la variable z décrit un chemin quelconque, on étendra la définition de proche en proche. Sup- posons que le polynôme F (.s, u) soit indécomposable, c'est- à-dire ne soit pas le produit de deux autres polynômes entiers en z et u. Alors l'équation F(^, u) =0 n'aura de racines mul- tiples que pour des valeurs de z en nombre fini. On obtiendra ces valeurs de z en éliminant u entre les deux équations d¥ marquons dans le plan des z ces valeurs de z^ ainsi que les racines de l'équation 'fm(>^) = o. On appelle ces points les points singu- liers. Cela posé, prenons deux points non singuliers Zqj Z, et un 170 CHAPITRE IV. chemin L joignant ces deux points et ne passant par aucun point singulier. Soient «,, «o? •••5 "m les m racines simples de l'équa- tion F(iïo? f^) = o ; si l'on part de Zq avec une de ces racines, a^ par exemple, la valeur de cette racine sera fixée tout le long du chemin L par la condition de continuité. En iin point ^ii voisin de- z^^ l'équation F(i:,, z/) = o admet une seule racine u^ voisine. de «, ; en un point z-i voisin de z^^ l'équation admet une seule ra- cine u^ voisine de w', , et ainsi de suite. On arrive au point Z avec une valeur de u déterminée sans ambiguïté. Nous devons maintenant étudier l'influence du chemin suivi par la variable. La proposition suivante est fondamentale : Soit A une aire plane limitée par un seul contour, ne ren- fermant aucun des points singuliers; si l'on va d' un point ^^ à un autre point X par deux chemins contenus tout entiers dans Vaire A, en prenant la même valeur initiale pour u, on arrive au point Z avec la même valeur finale. Fig. 56. Soient ZQmTj^ z^nTj {fig. 56) les deux chemins allant de Zq à Z. Joignons les deux points /tz et n ; nous formons ainsi deux contours fermés z^mnzoj nmXn. Si les deux chemins ^q'^^^î ^o^-^ i^e con- duisent pas à la même valeur finale pour w, il v aura au moins un des contours fermés z^mn^o, nf?iZ n qui, décrit tout entier en pre- nant au point de départ une des racines de l'équation (2), ne ramè- nera pas cette racine. En effet, on peut remplacer le chemin z^mT, par le chemin z^mn -j- nmTj. Supposons qu'en allant du point ^0 au point n par les deux chemins Zomn, z^n on obtienne la même racine u' ^ puis que, partant du point n avec la racine u! ^ on aille au point Z par les deux chemins /iZ, nmX^ et qu'on arrive dans les deux cas avec la même valeur pour ;i-, alors les deuxchemins z^mT^ et ZquV^ sont équivalents. Si donc ces deux chemins n'étaient pas équivalents, il j aurait au moins deux des chemins {z^mn^z^n) et FONCTIONS ALGEBRIQUES D UNE VARIABLE. I7I {n'Li nnilj)^ qui ne seraient pas non plus équivalents. Supposons, par exemple, que les deux chemins z^mn et z^n ne conduisent pas à la même valeur de u au point n. Alors le contour fermé Zor?i/iZo, décrit avec la valeur initiale Ui pour «, ne ramènera pas celte racine. En décomposant de même le contour z^ninz-Q en deux contours plus petits, un de ces contours au moins devra changer une des racines de l'équation (2) quand il sera décrit tout entier. En continuant ainsi, on a une suite d'aires, toutes comprises les unes dans les autres, et, si l'on choisit convenable- ment les lignes de division, ces aires décroissent indéfiniment dans toutes leurs dimensions. Elles ont donc pour limite un point M, intérieur à A. Par conséquent, si l'on considère un cercle de rayon aussi petit qu'on le veut, ayant son centre en M, il devrait toujours exister à l'intérieur de ce cercle un contour c, ne ramenant pas à sa valeur initiale une des racines de l'équa- tion (2). Le point M serait donc nécessairement un point singu- lier, ce qui est contraire à l'hypothèse. 81. Il nous reste à examiner ce qui se passe lorsque la variable indépendante z tourne autour d'un de ces points singuliers que nous avons mis de côté. Soit ^ = <7 un point pour lequel Péquation F(:j, u) = o admet une racine u = b d'ordre n. En un point ^07 voisin de a, l'équa- tion aura /z racines voisines de 6 lll, lU, .... Un. Si la variable z part de ^0 ^^ décrit une petite courbe fermée G autour du point a, la fonction ayant la valeur initiale ;/,, cette fonc- tion leprend sa valeur initiale, ou, comme sa variation ne peut être que très petite, sa valeur finale est une des autres valeurs de u qui, pour z = z^^ sont voisines de b. Dans le premier cas, la racine Ui est une fonction uniforme de ;: dans le voisinage de z z= rt, développable en une série procédant suivant les puissances entières et positives de z — a. Dans le second cas, soit Ui la valeur finale; si l'on décrit de nouveau la courbe G dans le même sens avec la valeur initiale z//, il est impossible que l'on retrouve la ra- cine Uij car Je chemin inverse doit ramener «,. On obtiendra donc u, ou jLine autre des racines non encore obtenues. Si l'on re- FONCTIONS ALGÉBRIQUES d'uNE VARIVBLE. IJS //,, 11-2^ ' -'1 fip sont des fonctions uni/ormes de .3^ En effet, si z' décrit une petite courbe fermée ne tournant pas autour du point z.'= o, ;; décrit une petite courbe fermée ne tournant pas autour du point a et chaque racine reprend sa valeur initiale. Si z' décrit une petite courbe fermée tournant une fois autour du point z'zzzo, z décrit une petite courbe fermée tournant p fois autour du point a, comme il résulte de la substitution : chaque racine reprend donc encore sa valeur initiale d'après la façon dont ces racines s'échangent. D'après cela, Wf, par exemple, est une fonc- tion analytique de z' ^ devenant égale à b pour ^'= o, uniforme, finie et continue pour les valeurs de z' appartenant à un domaine suffisamment petit du point z' = o. Cette racine U{ est donc développable, par la formule de Tajlor, en une série procédant suivant les puissances entières et positives de ^, ux = b ^biz ~ 62-'--+-. . . -f- év -'^ H- Si l'on revient à l'ancienne variable 5, liée à z' par l'équation écrite plus haut, qui donne z'={z-a)P, on a le développement suivant pour w, 1 2 2. u^ = b-^bi{z — a)P^bi(z — a)f'-^..,-^b.,{z — a)P-^..., j^ procédant suivant les puissances entières et positives âe (z — a)P . On obtiendra des développements de même forme pour «o^ //j, ..., iip. On peut d'ailleurs les déduire de celui de Ui en s'appuvant sur la loi même de permutation des racines. Posons (jj = e P . Prenons la racine w, définie par la série précédente et sup- posons que l'on fasse décrire à ^ un petit cercle autour du point z =^ a, dans le sens positif. La racine «1 devient z/o et {z—a)P devient iû(z— a)P, car, l'argument de z — a augmen- tant de 2-, celui de (z — a)P augmente de — • On a donc le déve- 174 CHAPITRE IV loppement suivant pour ^^>, u, = b-^ bi io{z — ay H- b. io2 (z — a)'' -^ . . . -^ 6.; a>v(^ — a)^ -h. . . . .. Un nouveau tour de z autour du point a donnera «3 en chan-' 1 1 — , — - . de sorte que les p valeurs de u seront représentées par un développement de la forme --[ - - 1 u^{z—a) ^ [ao-f-ai(j — a)^ — a2(^ — a)^-l-...J. C'est un développement de même forme que les précédents, sauf qu'il présente à gauclie un certain nombre de termes à exposants négatifs. Si /> = i , le point z = a est un pôle pour la racine con- sidérée, au sens élémentaire du mot; si p est plus grand que i, c'est en même temps un point de ramification. 83. Pour étudier les racines de l'équation en u lorsque z de- vient infini, on pose et l'on est ramené à étudier les racines de Péqualion transformée pour les valeurs de z' voisines de zéro. Plusieurs cas peuvent se présenter suivant que ces racines ont des valeurs distinctes et finies, des valeurs égales ou des valeurs infinies. Dans tous les cas 176 CHAPITRE IV. possibles, les m valeurs de u sont représentées dans le voisinage de s' = o par un ou plusieurs développements de l'une des formes suivantes 1 ( 1 i u = z' ^ \ao -4-ai^'^ + a2-s'^ +. . ./. Par conséquent, les m valeurs de u^ pour des valeurs de z de module supérieur à une certaine limite, seront données par un ou plusieurs développements tels que u — b u = [., + a, (:)''+ a, (1)" + ...J, On peut résumer comme il suit tous les résultats obtenus : Dans le domaine de tout point z=^ a^ les m racines de V équation (2) sont représentées pai^ un certain nombre de dé- veloppements en série de la forme ^~\ - - 1 u — {z — a) ^ Lao+ ai(^ — a)^H-a2(^ — a)^4-. . .J, en convenant de remplacer z — 00 par -• Il est essentiel de remarquer qu'il n'y a jamais qu'un nombre fini de termes à exposants négatifs. 84-. Nous voyons qu'une fonction algébrique n'admet que deux catégories de points singuliers : i" des pôles, c'est-à-dire des points où une ou plusieurs branches de la fonction deviennent infinies, de façon que les inverses restent des fonctions régulières dans le voisinage ; 2" des points critiques algébriques, c'est- à-dire des points autour desquels un certain nombre de valeurs de u se permutent circulairement, les valeurs d'un même système circulaire étant représentées par un même développement en FONCTIONS ALGÉBRIQUES DL'NE VARIABLE. I79 se permutent entre elles, et de chaque point ai tirons une ligne L/ s'étendant jusqu'à l'infini, de manière que ces lignes ne se croisent pas entre elles. Soient ^o un point distinct des points singuliers, et a,, ao, ...,a„f les m racines simples de Téquation F(^07 w) ^ o. Lorsque la variable z décrit un chemin quelconque sans fran- chir les lignes L/, les m racines de l'équation restent des fonc- tions uniformes de z. Quelques-unes de ces racines peuvent de- venir infinies en certains points isolés, mais elles restent uni- formes dans le voisinage de ces points. Désignons par u^^ i/o, . . ., Um les m racines qui se réduisent respectivement à a, , ao, . . ., a„, pour z = ^07 et appelons chemin direct de ^o à ^ tout chemin joignant ces deux points sans franchir aucune des lignes Lj. Pour suivre la marche de la fonction u lorsque la variable décrit un chemin quelconque, il suffit de savoir comment s'échangent les m fonctions m,, ?/o, ..., Um lorsque la variable franchit une des lignes L/. Soient ai un point critique, Zi un point infiniment voisin; joignons le point Zf au point Zq par une ligne droite, et du point «/comme centre décrivons un petit cercle passant par le point Zi. Le chemin ZoZ-ininziZo s'appelle un lacet {fig. 5"); il peut être décrit dans le sens direct ou dans le sens rétrograde, suivant qu'on laisse le point ai à sa gauche ou à sa droite. On le représente par la notation («/) ou («/)_!, suivant qu'il est décrit dans le sens direct ou dans le sens rétrograde. On dit que le lacet («/) unit les deux racines w^, U]^ si, en partant du point ^o avec la racine a^, et décrivant le lacet, on revient au point de dé- part avec la racine a^ ; on dit qu'il est neutre par rapport à une racine, s'il reproduit cette racine. Un chemin quelconque allant de ^o ^n -^ peut être remplacé par une suite de lacets suivie du chemin direct unissant ces deux points. Par exemple, le chemin Zo'xm'^n^pz {Jig. 58) peut être remplacé par ZQy,mzQ-[- ZQm'^nzQ-^ ZQn-(pzQ-{- Zopz] z^aniZo peut, à son tour, être remplacé par le lacet («i), ZQm^nzQ parle i8o CHAPITRE IV. lacet («o)-!? ZqTi^pZq par le lacet (aj).,, et z^pz est un chemin direct allant de ^o à ^. Fig. 58. Nous terminerons ces généralités par la remarque suivante. La racine ui^ qui se réduit à a^- pour z = ^oj est développable par la formule de Taylor dans le voisinage de ce point; quel est le rayon de convergence de cette série? Ce rayon est égal à la distance du point ^0 au point critique le plus voisin où la racine considérée devient infinie ou se permute avec une autre. Mais le cercle de convergence de cette série peut contenir des points où les racines, autres que w/, se permutent ou deviennent infinies. 87. Dans ce qui précède, nous avons établi a /?/'/o/7' l'existence des s^'stèmes circulaires et la forme des développements en séries des racines. Il nous reste à montrer comment on peut obtenir ces systèmes circulaires. Les valeurs de z, pour lesquelles l'équation F(^, u) = o admet des racines multiples, s'obtiennent en élimi- d¥ nant u entre les deux équations F = o, -— = o. Soit z ^=- a une ^ ' Ou valeur de z pour laquelle l'équation F (3, iC) = o admet une racine h d'ordre n. En général, ~ ne sera pas nul pour z^= a, u--=b. En langage géométrique, cela signifie que le point de coordon- nées (a, b) de la courbe qui a pour équation F(^, u) = o est un point simple où la tangente est parallèle à Taxe des u. Mais, si l'on a en même temps -— = o, le point (a, h) est un point multiple de cette courbe. En définitive, les points critiques de la fonction algébrique u de z correspondent : i'^ aux points de la courbe où la tangente est parallèle à Vaxe des u; 2° aux points mul- FONCTIONS ALGÉBRIQUES D UNE VARIABLE. l8l tiples. Nous laissons de côté pour le moment les points à l'infini; leur étude se ramène, comme on l'a vu, à celle des points à dis- tance finie. Supposons d'abord que, pour ^ =: a, on ait une racine b d'ordre /z, et que -^ ne soit pas nul pour z = a^ a = b. En rem- plaçant z par z -\- Cl et u par u H- b, ce qui revient à transporter l'origine au point (a, 6), F(-:, u) sera de la forme (6) F = Az^Bu''-^uzo(z,u)^'l>{z, ii) = o, 6{z, u) ne contenant que des termes de degré supérieur à n par rapport à u et du second degré au moins par rapport à ;:; A et B sont des constantes différentes de zéro. Pour z =^ o, ona n racines nulles et n seulement, c'est-à-dire que l'axe des u rencontre la courbe en n points confondus à l'origine, qui sera un point ordi- naire si /i tzi: 2, et un point d'inflexion si n est supérieur à 2. Si l'on pose l'équation (6), divisée par ^''% devient (7) X-^Bi-n^z'U{z',i>) = o. Pour z'=o^ l'équation (7) admet n racines simples fournies par l'équation binôme A + B p« = 0 . Soient ces n racines rangées par ordre d'argument croissant, l'argument de chacune de ces racines étant égal à celui de la précédente, augmenté de -^- Pour une valeur de z' voisine de zéro, l'équation (7) admettra n racines qui seront des fonctions régulières de z' dans le domaine de l'origine et se réduisant respectivement à v^^ ^'2, •••? Vn pour ^'=:o. Ccs 11 raciucs pourront être représen- tées par a,, ao, . . . , a,i étant des fonctions régulières de z\ qui sont nulles l82 CHAPITRE IV. pour z' = o. L'équation (6) admettra les n racines i i 1 pour savoir comment se permutent ces racines dans le domaine de l'origine, faisons décrire à la variable un petit cercle dans le sens direct autour de l'origine; l'argument de 5" augmente de — ; le i i produit v^z'^ devient donc V2Z"' et la racine u^ se change en 1 1 27t/ a', étant infiniment petit avec 5, car c'est, au facteur e" près, ce que devient la quantité a, quand on augmente l'argument de z' de — • Cette racine doit faire partie des n racines w<, 1121 ..., Un- Elle ne peut être égale quà u^, car, si elle était égale à u^ par exemple, on aurait i i 1 1 V'iZ"' -h a'. Z"- = i^^z'i -+- oLz^" ' et, en divisant par 5", de sorte que la quantité finie Ço — ^3 serait égale à une quantité infiniment petite. On verrait de même que, après que z a décrit un petit cercle dans le sens direct autour de l'origine, 112 se change en ?^3, u^ en ?^/,, ..., u,i en w<. Les ii racines forment donc un seul sjstème circulaire. Ces n racines peuvent être représentées par un même dévelop- pement en série. La racine de l'équation (y), qui se réduit à ^i pour ^'=0, est régulière dans le voisinage de z'=o-^ elle peut donc être représentée par la somme d'une série convergente telle que pj + «i^'h- a^z'^-h ... ; la racine correspondante Ui de l'équation (6) sera égale à la somme de la série Viz~^-i- ai\z~i) -ha2\z~t) -+-.... Or, quand z tourne autour de l'origine, cette série prend n va- \ \ FONCTIONS ALGÉBRIQUES d'uNE VARIABLE. l83 leurs distinctes que l'on obtient en donnant à z'^ ses n détermina- tions; et, d'après ce que nous venons de voir, ces n valeurs repré- sentent les n racines de l'équation (d), qui s'annulent avec ;. 88. Supposons maintenant que le point (a, b) soit un point multiple de la courbe F(:;, w) = o; nous porterons encore l'ori- gine en ce point. Avant d'aborder le cas général, nous étudierons deux cas particuliers très simples : 1° L'origine est un point double à tangentes distinctes, et au- cune des tangentes ne coïncide avec l'axe des u. Si l'on ordonne F(:?, u) suivant les puissances croissantes de u et de :;, on aura l'équation (8) ¥ {z,u) = aii'^-\- -ibuz -{- cz--{- '■:i{z,u) = o, a ^ o, b- — ac ^ o, o{z^ u) ne contenant que des termes de degré supérieur au second. Pour ^ = 0;, deux valeurs de u sont nulles; posons u = vZj l'équation (8) devient, en divisant par z-^ (9) aç^-{- ibi' -{- c -i- z^(z, v) = o, et la nouvelle équation admet, pourr=:o, deux racines simples (^1, Ç.2' Dans le domaine de l'origine, l'équation (9) admet par con- séquent deux racines qui sont des fonctions régulières de z, t^' = Pi -}- ai ^ 4- ^1 -32 -+- . . . , Les valeurs correspondantes de u sont représentées par deux l(l= ViZ -i- OLiZ^-h ^iZ^-i- . . . . U,= Ç.2Z -\- «2^2+ ^iZ^-h Chacune de ces racines est donc régulière dans le domaine du point ^ := o. 2" L'origine est un point de rebroussement, et la droite w ^ o est la tangente de rebroussement. L'équation proposée est de la forme (10) F(^, u)= ut ^ au^ ^ bu'^ z ^ cuz^--h dz^-h cf(z, u) = o, l84 CHAPITRE IV. o(;î, u) ne contenant que des termes d'un degré supérieur au troi- sième. Si l'on pose et qu'on divise par^'»*, Téquation devient (il) v'^-^ d + z'^{z',v) = o. Supposons que d n'est pas nul, ce qui aura lieu si l'origine est un point de rebroussement de première espèce. Pour z'=^o^ Téquation (i i) admet deux racines simples ±.\J — c/; pour d voisin de zéro, on aura deux valeurs de v régulières dans le domaine de l'origine et se réduisant respectivement à ±:y/ — d pour z'=^o. On en conclura, comme plus haut, l'existence de deux valeurs de Li^ racines de l'équation (lo), Ux = \ v — d -+- OLi) z^ , 11=1 = ( — y/ — d -f- «2) z~^ , se permutant quand on décrit un petit cercle autour du point ^ = 0. Ces deux racines sont encore représentées par un même dévelop- pement en série u=^—dz^--\-az^--{-^[z'^) +..., dans lequel on donne à z'^ ses deux déterminations. 89. Après ces cas particuliers, arrivons au cas général, où l'ori- gine est un point multiple d'ordre quelconque. L'équation en u ayant n racines nulles pour ^ = o doit contenir un terme de la forme Au^^ où A est une constante non nulle, suivi de termes parmi lesquels ceux qui ne renferment pas z contiennent u à des puissances supérieures à ii. Elle est donc de la forme (1-2) ¥{z,u) =z Aii'^-\-ZAa^u^z^ = 0, les exposants a et ^ étant des entiers positifs ou nuls assujettis à la condition que, si ^ est nul, a est supérieur à n. Alors, pour ^ = o, il j a bien n racines nulles. Nous emploierons, pour par- tager ces n racines en systèmes circulaires, la méthode donnée par Puiseux dans son célèbre Afémoire sur les fonctions algé- FONCTIONS ALGÉBRIQUES DUNE VARIABLE. l85 briques ('). Admettons que chacune des valeurs infiniment pe- tites de u est d'un degré infinitésimal déterminé par rapport à c, ou peut être mise sous la forme |ji étant un nombre positif et v une fonction de z qui a une va- leur finie et différente de zéro pour ^ = o. Remplaçons u par cette expression dans l'équation (12), le degré infinitésimal du terme général est aa + J^ et celui du premier /z a, expression qu'on peut faire rentrer dans aix + [i en faisant pour le premier terme a = /z, p = o. Soit m le degré du terme qui a le plus petit degré, après cette substitution. 11 y aura au moins deux termes de degré m^ car, s'il n'y en avait qu'un, en divisant par ^"% on aurait une quan- tité finie qui serait égale à une quantité infiniment petite. Il faudra donc qu'il j ait au moins deux termes parmi lesquels peut être le premier, tels que et tels que, pour tout autre terme P^^^n o^n u'^" z^' ^ on ait |jLa"-i- 3"^ laa-h 3. Pour trouver les valeurs de iji qui remplissent cette condition, on se sert d'une représentation géométrique dont le principe est dû à Newton. Traçons dans un plan deux axes de coordonnées rectangulaires Oa, O^ et marquons les points qui ont pour coor- données les exposants (a, P) des diff'érents termes de l'équa- tion (12). Au terme indépendant de z correspondent les points de l'axe Oa; le premier, qui est fourni par le terme h^u^^ est d'ab- scisse n. De même, les termes de l'équation indépendants de u donnent des points sur l'axe O 3 {fig- Sg). Ces différents points étant marqués dans le plan, pour avoir le degré aa 4- ^ en ^ qu'acquiert un terme AapM°'^P par la substitu- tion u = çz"^, il suffit de mener par le point de coordonnées (a, j3) (') Journal de Mathématiques pures et appliquées, t. XV; i85o. l86 CHAPITRE IV. une droite A de coefficient angulaire — a y-^ ;-t(^ — a) et de prendre l'ordonnée à l'origine Oo de celte droite : cette ordonnée est en effet |j.a + [i. Donc, si par tous les points mar- qués dans le plan aO^, on mène des droites A parallèles ajant pour coefficient angulaire — [Ji, les ordonnées à l'origine de ces droites donneront les degrés que prennent par la substitution I^i g- 5 9- // .p .^ \\^ ^^^ A^ \A ■^sA N A \' '^ ap \ - 0 ^^ =^ '"a u^i^çz^ les divers termes de l'équation. Le terme de plus petit degré en z correspond au point (a, 8) situé sur la droite D dont l'ordonnée à l'origine est la plus petite ; comme il doit y avoir au moins deux termes ayant le plus petit degré, il faut déterminer jj. de façon qu'il y ait au moins deux des points (a, ^) sur celle des droites D de coefficient angulaire — [x ayant la plus petite or- donnée à l'origine. Le nombre — p. est donc le coefficient angu- laire d'une droite joignant au moins deux des points (a, p), et laissant tous les autres au-dessus d'elle. Voici comment on déter- mine toutes les droites possédant cette propriété. Concevons une droite mobile d'abord couchée sur O a. Faisons-la tourner de gauche à droite autour du point d'abscisse n sur Oa, jus- qu'à ce qu'elle vienne rencontrer un ou plusieurs autres points; faisons-la ensuite tourner, toujours dans le même sens, autour du dernier de ces points, jusqu'à ce qu'elle vienne à rencontrer de nou- veaux sommets du réseau, et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'on obtienne une droite passant par le premier sommet du réseau / situé sur 0[3. On a ainsi formé une ligne polygonale, allant du point n au point /, dont tous les sommets sont des points du réseau, et telle I FONCTIONS ALGÉBRIQUES d'uNE VARIABLE. 187 que, si Ton prolonge un quelconque de ses côtés, on laisse tous les autres sommets du réseau au-dessus de ce côté. Le coefficient angulaire de chaque côté de cette ligne polygo- nale, changé de signe, fournit une valeur convenable de |j.. Soient (a, [^) et (a', ^') les coordonnées de deux sommets du réseau situés sur un même côté, de coefficient angulaire — a. La droite, à la- quelle appartient ce côté, a pour équation et le point où elle rencontre O |ii a pour ordonnée ^ + u.a. Il est clair que l'on aura ^ -^ ua =3'+ aa', tandis que, pour un sommet du réseau (a", ,3'') situé au-dessus du côté considéré, on a Cela posé, considérons un côté G/ de la ligne polygonale allant du sommet (a,-, ^3/) au sommet (a/+,, [3/+«), et soit (a, P) un point quelconque du réseau situé sur C/, et (a', 3') un point quelconque du réseau situé au-dessus de G/. L'équation proposée pourra s'écrire (i3) F(^, ^0 = Aa,p,^^^.^^' +21 ^a?"^-^ a.-^.f5i-..«"'-'-'"*^'-^2^^a.3'^^^'^^ A^,^.&,^.w^ Soit u le coefficient angulaire changé de signe du côté G/; on aura a/ jjL -h ^,- = a a -t- ^ = a/+ , ix + p^+i , a' |Ji -h ^' > cci [x h- §/ ; on tire de là = ^~^' = ^'-^' ~ ^^ = 1 a^— a a/— a/^i p La fraction — étant supposée irréductible, on a l88 CHAPITRE IV. k et ki étant des nombres entiers. Posons, dans l'équation (i3), z = z'P, u = vzi\ elle devient mais on tire des relations écrites plus haut et, en divisant par z'^^i-^P^i^ l'équation devient (i4) v^i+^^{v) + z'W{z',v) = o, ^^\z' , ^) étant une fonction entière de v et de z\ et ((^) désignant le polynôme Pour ^'= o, cette équation se réduit à pa.u-i <î>((;) = o; elle admet a/ — a/_|., racines finies et différentes de zéro; pour une valeur de z' voisine de zéro, elle admettra donc a/ — a/_^, racines respectivement voisines des précédentes et, par conséquent, l'équation en u aura le même nombre de racines de la forme vzP , la quantité v tendant vers une limite différente de zéro lorsque z tend vers zéro. Le côté G^- de la ligne polygonale fournit donc (a/ — ^iJr\) racines d'un même degré infinitésimal^- En opérant de même avec chaque côté, nous obtiendrons un nombre total de racines (n — ai)-4-(ai — a2)+ ... -+-(a„ — o) = n. On retrouve ainsi les n racines de l'équation (12) voisines de zéro. Chacune de ces racines est donc bien d'un degré infinitésimal déterminé, et de plus ce degré est commensurable. FONCTIONS ALGÉBRIQUES D UNE VARIABLE. 1 89 Considérons maintenant en particulier les racines du degré infinitésimal -? qui sont fournies par l'équation ^(c^') = o. Dans le polynôme ^{^), tous les exposants sont des multiples de p; ainsi a/ — ^i+i = kip, a — a/^i = ( ki — k)p. Si l'on pose r/* = X, l'équation 0(r) = o est remplacée par l'é- quation (r5) n(À) = Aa,p,X^-. -i-^ Aa^)/<-^- + Aa,,.p,., - o. Soit A une racine simple de l'équation (i5) et les/? racines de l'équation vP = a, rangées dans un ordre tel que les arguments forment une progression arithmétique de raison — ^- Ces racines sont racines simples de l'équation <ï>(r)i=o; par conséquent, pour une valeur de z' voisine de zéro, l'équa- tion (r4) aura/? racines voisines des précédentes, qui seront régu- lières dans le voisinage de z' =^ o. Soient i^i -h ai, v-i-^i-i, ..., Vp-\-7.p ces/? racines, a,, ao, . . . ^ oLp étant infiniment petits avec -3^ L'équation (ï3) admettra les p racines '1 ç '1 et Ton verra, comme plus haut (§87), que ces p racines se per- mutent circulairement autour de l'origine. Supposons que la racine de l'équation (14)7 qui se réduit à r,, soit développée sui- vant les puissances croissantes de z' V = ç>i -T- az -\- bz'^ -^ ... ; la formule u = v,\zn ^a\zP) -^b[z") -f-..., OÙ l'on attribue successivement à z^ ses p déterminations, repré- sente les/? valeurs de u, qui se permutent circulairement. Ainsi, à igo CHAPITRE IV. toute racine simple de V équation (i5) correspond un système circulaire de p racines. Si l'équation (i5) a ki racines simples, le côté C^- de la ligne polygonale nous fournira kt systèmes circulaires de p racines. S'il en est de même de loules les équations analogues pour les autres côtés, la séparation des racines en systèmes circulaires sera effec- tuée dès la première approximation. Supposons maintenant que l'équation (i5) ait une racine mul- tiple A d'ordre n' , et soit ç^ une racine de l'équation vP z=\\ v^ sera une racine multiple d'ordre n' de l'équation <ï>(r) = o. Lorsque z' tendra vers zéro, l'équation (i4) admettra n' racines voisines de Ti . Pour séparer ces n' racines, nous poserons (^ = t'i + v' , ce qui nous conduit à une nouvelle équation (iG) F'(^>') = o, ayant n' racines infiniment petites avec z' . Appliquons à cette nouvelle équation la méthode précédente, et supposons que ces // valeurs de v' se répartissent en systèmes circulaires dès Ja pre- mière approximation. Soit 'x[z'i"y +a {z'i") 7'+i un de ces systèmes circulaires àe p' racines. L'équation en u ad- mettra la racine u = z'^(çi -4- v') = z'^i [i^i-\- wi Kz'P'Y -+- . . .J ou U = Vi \zl'l") + (Vi {zPi") -+- On a dans le second membre un développement suivant les puis- sances croissantes de zVP\ dans lequel les trois nombres qp', pp', q' ^ qp' sont premiers entre eux. Ce développement prend/?/?' valeurs différentes quand la variable z tourne autour de l'origine; il représente donc un système circulaire de pp' racines de l'équa- tion en u. En effet, lorsque la variable z tourne autour de l'ori- j_ gine, le radical zPP' prend pp' valeurs différentes. Après p tours, le premier terme se reproduit, mais l'argument du second aug- FONCTIONS ALGEBRIQUES D UNE VARIABLE. I9I mente de —L ?:; ainsi les p premières racines diffèrent par le pre- mier terme, qui est la partie principale. Ensuite, de p en p, les valeurs obtenues diffèrent par le second terme. On a donc bieny?yo' valeurs différentes pour u. 90. Si les n^ racines de l'équation (i6) ne peuvent se répartir en svstèmes circulaires dès la première approximation, on opérera sur cette nouvelle équation comme on a opéré sur l'équation (i 3), et ainsi de suite. Au bout d'un certain nombre de transforma- tions successives, on arrivera à des équations n'ayant plus que des racines simples, et, en remontant de procbe en proche, on voit que la séparation des racines de l'équation proposée en systèmes circulaires sera effectuée. Il ne pourrait en être autrement que si la suite des opérations conduisait toujours à des équations ayant des racines multiples. Il nous suffira donc de montrer que cette circonstance ne peut se présenter. L'équation (i3) admet une racine nulle d'ordre n pour ^ = o, et l'équation (i6) admet une racine nulle d'ordre n' pour ^' = o. Or n^ est au plus égal à a, — a/^,, et par suite au plus égal à n. Si la séparation des racines de l'équation (i6) n'est pas effectuée dès la première approximation, on en déduira une nouvelle équa- tion ayant une racine nulle d'ordre n pour -3'' = o, et /i^' sera inférieur ou égal à n! ; et ainsi de suite. On aura donc une suite de nombres entiers positifs a«, n', /i'^, . . . n'allant jamais en crois- sant. Si aucun des nombres de cette suite n'est égal à l'unité, il faudra évidemment qu'à partir d'une certaine équation tous ces nombres soient égaux. Supposons, pour fixer les idées, que cela ait lieu dès la première équation. Comme rî est au plus égal à rj.1 — ^•ijf.K'i il faudra qu'on ait a/ = n , a,+i = o, ^z = o, ?i+i = nq , et la ligne polygonale se réduira à un seul côté, allant d'un point n sur l'axe Oa à un point nq sur l'axe O ^. Si l'on pose dans l'équation (i3) u =: vz'f, elle devient, par hypothèse, 192 CHAPITRE IV. et, par suite, les n racines infiniment petites ont une même valeur approchée Posons ensuite v = ('0 + ^', l'équation en v' aura n racines nulles pour ^ = o et si l'on écrit v' = wz^' , q' étant choisi conve- nablement, elle devient, d'après l'hypothèse, et les n valeurs de u auront encore même valeur approchée En continuant ainsi, on voit que les n valeurs infiniment petites de u différeraient entre elles d'une quantité dont l'ordre infinité- simal serait aussi élevé qu'on le voudrait-, ce qui est impossible si l'équation est irréductible, et, par conséquent, n'admet pas de racines égales pour toute valeur de z. Imaginons, en effet, que l'on forme l'équation aux carrés des différences des racines de l'équation proposée; on aura une équation de même nature que la première, dont les racines nulles pour ^ = o seront d'un ordre infinitésimal déterminé. En définitive, lorsque pour ^ -— a l'équation (2) admet az ra- cines égales à ^, les n valeurs de a qui tendent vers 6, lorsque z tend vers a, sont représentées dans le domaine du point z ^=^ a par un ou plusieurs développements de la forme suivante u — h-\- ai(^ — aY -\- CLi{z — aY h- . . . + a/(^ — aY -f-.. ., OÙ l'on attribue successivement à (^ — ay ses p déterminations, et où l'on prend la même détermination dans chacun des termes. Quelques-uns des nombres entiers positifs ^,, ^o, ...^qi peu- vent avoir des diviseurs communs avec p, mais il ne pourra pas arriver que tous les nombres qt aient avec p vin autre diviseur commun que l'unité, de sorte que le second membre aura bien/; valeurs distinctes. Si l'on a un seul système circulaire de n racines, le points = a est dit un point de ramification d'ordre n — i ; pour n = 2, on dit aussi que c'est un point de ramification simple. Si l'on a plu- FONCTIONS ALGEBRIQUES D UNE VARIABLE. Ï9^ sieurs systèmes circulaires, au point ^ = a sont superposés plu- sieurs points de ramification distincts. 91. Exemple 1. — Considérons l'équation (*) u^ — 3 a -h 2^ = o. Pour r = -i- I, on a deux racines égales à -f- i , qui forment un système circulaire, et une racine simple égale à — -2; de même, pour ^ = — I , on a une racine simple égale à 2 et deux racines égales à — i, qui forment un système circulaire. Pour toute autre valeur finie de z^ les trois racines de l'équation sont distinctes et finies. Traçons dans le plan des z deux coupures indéfinies sui- vant les lignes 1 h- oc, — i oc; les trois racines deviennent des fonctions uniformes dans toute l'étendue du plan. G e Appelons Uq, Ui, u-^ ces trois racines, qui se réduisent respective- ment à o, -f- y^3, — y/s pour ^ = o. Si l'on construit la courbe représentée par l'équation précédente, on reconnaît que, z crois- sant de o à -f- I par valeurs réelles, u^ croît de o à + i, «, décroît de y 3 à 4- I, et u^ décroît de — y/3 à — 2. Par conséquent, quand on franchit la coupure L, on passe de ^/q à //,, de u^ à f^o, mais it-i ne change pas. De même, quand on franchit la coupure U, «„ et u^ se permutent, tandis que u^ ne change pas. Si l'on décrit de l'origine comme centre un cercle de rayon supérieur à l'unité, on revient à la valeur initiale après avoir décrit trois fois la circonférence et rencontré les trois racines. Ces racines forment donc un seul système circulaire dans le domaine du point ;: = cc; ce qu'on vérifie aisément par la méthode générale. - .. V; -r Exemple IL — Soit Téquation (-) . «3__ 3„2_^ -6 = 0. (') Briot et Bouquet, Fonctions elliptiques, p. 5- (') Briot et Bouquet, loc. cit., p. Sg. A. ET G. ]3 194 CHAPITRE IV. Pour ^ = o, OQ a la racine simple u =^ 3, et deux racines nulles. Si l'on pose/W= vz', Téquation devient 3y2_i_ç,3-' pour 3 = 0 elle admet deux racines simples -—, -— • Les valeur v/3 s/3 de u qui tendent vers zéro avec z sont par conséquent régulière^ dans le domaine de l'origine et ont pour premier terme de leur développement Ui = Nous désignerons par Uq la racine qui se réduit à 3 pour z = c> Pour chacune des six valeurs de z données par l'équation z^ = \. on a une racine simple u =: — i et une racine double iiz=z 2, ei les deux racines qui tendent vers 2 se permutent autour du point critique. A partir de chacun de ces points de ramification, Ira— .^ çons une coupure indéfinie suivant le prolongement du rajon joi- gnant ce point à l'origine; les trois racines deviennent des fonc- tions uniformes dans toute l'étendue du plan [Jig^ 61). Fis. 61, Pour voir comment se comportent les racines quand on fran« chit les coupures, il suffit de construire la courbe qui représente- l'ensemble des solutions réelles de Téquation r- = 0: on reconnaît aussitôt que, lorsque t croît de o à 2 par valeurs FONCTIONS ALGEBRIQUES D UNE VARIABLE. igS réelles, les trois valeurs de u vont respectivement des valeurs ini- tiales Wo, W|, Ui aux valeurs finales 2, 2, — i. Donc, lorsque z décrit une des lignes 0<7,, 0^3, O^s, les trois racines ^^j, «,, u-^ tendent vers les valeurs 2,2, — i ; par suite, quand on franchit une coupure d'indice impair, on va de la racine Uq à la racine ?<,, de ?/, à Wo) mais Wo «^ change pas. De même, lorsque z décrit un des rayons 0^2? Oa^, 0«6j t va de o à — 2 par valeurs réelles, et les racines Uq^ w,, 11.2 tendent respectivement vers 2, — 1, 2, de sorte que, en franchissant une coupure d'indice pair, on passe de Uq à ^/o? ^e u.2 à ?<0 7 mais u^ ne change pas. Les lacets («o), («4), («e) unissent donc les ra- cines ?/o, if-i et sont neutres pour la racine «,, tandis que les lacets (rtj), («3), («5) unissent «0 et w,, et sont neutres pour la racine ^2- Si l'on décrit un cercle concentrique à l'origine conte- nant les six points de ramification, ce chemin équivaut à six lacets, et chaque racine revient à sa valeur initiale. La méthode générale montre, en effet, que le point à l'infini est neutre pour chacune des racines. On peut faire l'étude complète des fonctions algébriques et de leurs intégrales au moyen des lacets. C'est la méthode employée exclusivement par Briot dans sa Théorie des fonctions abé- liennes. Nous nous servirons, dans cet Ouvrage, du mode de re- présentation de Riemann ('). 92. Suif aces de Riemann. — A toute relation algébrique irréductible à deux variables, telle que F(3, ?^) = o, on peut faire correspondre une surface plane à plusieurs feuillets, qui joue le même rôle que la surface à deux feuillets pour une équation du second degré en u. Exemple I. — Considérons la relation à chaque valeur de :; correspondent m valeurs de u qui se permu- tent circulairement quand la variable tourne autour de l'origine. (') Le lecteur fera de lui-même le rapprochement entre le Chapitre I et les paragraphes suivants. 196 Soit CHAPITRE IV, p(cos6 H- isin6), ol6<27c, 0 . . 0 m = p'" ( cos h i sin — m m u,_ = p"^f cos i sin 6-^<î7: ihn = p'« cos t(m — ï)tz . 0-f-2(m — 1 -^ — -h f sin — m m ,.] Prenons m feuillets plans limités par une circonférence de centre O et d'un rayon très grand R, et dans chacun de ces feuil- lets traçons une coupure suivant l'axe réel; si à un point :; du feuillet P/f on fait correspondre la valeur Uk {fig- 62), u,^ — p"w cos [i±^ii^^] H- .-sin [i^llii^'i^] Fig. 62, on a ainsi sur ces m feuillets la représentation complète de tous les systèmes de valeurs de u et de z satisfaisant à la relation donnée W"-^=z. Plaçons maintenant ces m feuillets les uns au- dessus des autres, les indices se succédant dans leur ordre naturel, et le feuillet Pi étant le plus haut; puis réunissons le bord y<>2 de Po au bord ag ^3 de P^, et en général le bord v/ô^ de P^- au bord a/.,., !^/^, de P/+,, puis le bordY,„o„, de P„, au bord a, [ii de P, par de petites bandes de surfaces. On obtient ainsi une surface ï à plusieurs feuillets dont la section par un plan perpendiculaire à la direction de la coupure olfrira l'aspect ci-dessous (/?^. 63). La dernière bande de surface, celle qui joint YmO,„ et a, pj, traverse toutes les autres, mais nous conviendrons, comme plus FONCTIONS ALGEBRIQUES D UNE VARIABLE. 197 haut, qu'il n'y a pas de connexion entre deux nappes de la surface le long d'une ligne double, de façou que deux courbes de la surface qui se croisent en un point d'une ligne double n'ont un point commun que si elles sont tracées sur la même nappe. La fonction Fig. 63. Il de z devient alors sur la surfaceTainsi obtenue une fonction jouis- sant des propriétés suivantes : i^à chaque point de T correspondent une valeur de 3 et une valeur de imparfaitement déterminées; 2** cette valeur de u varie d'une manière continue quand on décrit un chemin quelconque sur la surface ï. A chaque point d'une ligne double correspondent deux valeurs de u^ que Ton distinguera d'après la nappe de surface à laquelle ce point est censé appar- tenir. Le raisonnement est tout pareil à celui du n'^ 2. Nous avons figuré {fig- 64) en perspective la surface obtenue en supposant le nombre de feuillets égal à 3 (m = 3). Fig. 64. Imaginons maintenant que le rayon R augmente indéfiniment et que les m feuillets, au lieu d'être à une distance finie les uns des autres, soient à une distance infiniment petite. Nous représente- rons la surface par sa projection sur un plan avec la ligne de pas- igS CHAPITRE IV. sage o h 20, en marquant par un trait différent les chemins situés sur les différents feuillets. Ainsi isijïg. 65 représente un chemin fermé entourant l'origine sur la surface à trois feuillets, avec une ligne pleine pour les chemins sur le feuillet supérieur, une ligne formée de points sur le deuxième feuillet, de traits et points sur le troisième. Si l'on projette sur la sphère, on aura une surface sphérique à m feuillets, avec deux points de ramification, le point O et le point O'. Exemple IL — Reprenons l'équation étudiée plus haut u^ — Zu ^'IZ — o, qui admet les deux points critiques ^ = ±: 1 . Considérons trois feuillets dans lesquels nous tracerons deux coupures partant des points 4-1 et — i {fig. 6Q). Appelons Uq^ ?/,, u^, les trois valeurs de a qui se réduisent res- pectivement à o, + y/S, — sj?> pour ^ = o, et sur chaque point du feuillet P^- marquons la valeur correspondante de ?//. Pour former la surface de Riemann, superposons ces trois feuillets; pour savoir comment on doit réunir les hords, reportons-nous au n° 91. FONCTIONS ALGÉBRIQUES d'uNE VARIABLE. 199 Quand on traverse la coupure L, Uq se change en «,, //, en «0, mais 11.2 ne change pas. Il faudra donc réunir ao ,3o et v,ô,, a, j3, et Yo^oj p"is ao J^o et yoOo. De même, il faudra réunir, le long de la seconde coupure, Aq |jio et v^po, )^2 [-'•2 et Vopo) a, a, et V, p,. Lay?o-. 67 représente la projeclion d'une courbe fermée si- Fig. 67. tuée sur la surface. On a inscrit, à côté de chaque ligne de pas- sage, les feuillets qu'elle réunit, et l'on a indiqué dans Tangle de la figure le trait employé pour figurer un chemin dans les feuil- lets o, I et 2. 93. Abordons maintenant le cas général. Soit F (3, ?/) = o une équation algébrique entière, irréductible, àe degré m en u. On peut former de bien des manières une surface T, composée de m feuillets superposés, correspondant à cette relation. Voici une méthode générale. Marquons dans le plan les divers points «,. <72, ..., a>' autour desquels plusieurs racines se permutent, et tra- çons à partir de ces points des coupures s'étendant jusqu'à l'infini, de façon que ces coupures ne se croisent pas entre elles. Soit en- suite Zq une valeur de z telle que l'équation ait m racines distinctes et finies, 6,, 605 •••5 ^/«- Appelons z/,, 11-2^ ..., Uni les ni racines qui se réduisent respectivement à 6|, ^2, •••, l>ni pour :; = ^o, et qui restent des fonctions uniformes de Zj tant que cette variable ne franchit aucune coupure. Imagi- nons m feuillets plans superposés, admettant tous les mêmes cou- pures allant des points ai à l'infini. A chacun de ces feuillets atta- CHAPITRE IV. chons une valeur de u et donnons au feuillet le même indice qu'à la racine correspondante. Il s'agit de voir comment on doit réunir les bords des coupures de ces diflérents feuillets. Pour cela, considérons en particulier le point critique ai et une racine 11^. Si le lacet («/) ramène la racine Uh à sa valeur initiale, on supprimera la coupure aico dans le feuillet correspondant. On opérera de même pour tous les feuillets correspondant à des racines que le lacet («/) ne permute avec aucune autre. Les autres racines se partageront en un certain nombre de systèmes déracines se per- mutant circulairement autour du pointa/. Soit(?/a5 '^p? ••■1 '')o ^^]^) un de ces groupes; le lacet (a/) décrit dans le sens direct change Uy^ en ?/p, u^ en ii^, ..., u\ en u^. Réunissons le bord droit de la coupure sur le feuillet a au bord gauche de la même coupure sur le feuillet p, le bord droit de la coupure sur le feuillet p au bord gauche de la coupure sur le feuillet y, . . ., et enfin le bord droit de [ji. au bord gauche de a. Dans le voisinage du point <7/, les feuillets d'indice a, [3, ..., X, [x sont ainsi liés les uns aux autres, mais ils'sont complètement isolés des autres feuillets. Ils peuvent cependant les traverser, mais suivant des lignes doubles de la surface, et nous conviendrons toujours qu'il n'y a point de connexion entre deux nappes de surface le long d'une ligne double. Opérons de même avec tous les feuillets et tous les autres points critiques. La surface Tainsi obtenue jouit des propriétés suivantes : i'' à chaque point de cette surface correspond une valeur bien déterminée de z et de u\ 2° à un déplacement infiniment petit sur cette surface correspond une variation infiniment petite de u^ sauf, bien entendu, dans le voisinage des pôles, qui sont en nombre fini. Cette surface T est la surface de Rieraann correspondant à la relation F(^, u) = o, étendue sur le plan des z. Projetons cette surface sur la sphère par le procédé déjà employé plusieurs fois (n° 5) ; nous obtenons une surface sphérique formée de m feuillets, qui peut remplacer la surface plane. Aux valeurs de z de module très grand correspondent les points de la sphère voisins du point O', et la liaison des feuillets autour du point O' résulte de leur liaison autour des autres points de ramification. Par exemple, si une racine est uniforme dans le domaine de ^ = go, quand on décrira un contour fermé sur la sphère autour du point O' en partant du feuillet correspondant à cette racine, il pourra FONCTIONS ALGÉBRIQUES d'lNE VARIABLE. 20 1 se faire qu'on traverse plusieurs feuillets différents, mais, après un tour complet, on reviendra au point de départ sur le même feuillet. Considérons une valeur a de :; pour laquelle a valeurs de u de- viennent égales à h et forment un seul système circulaire dans le voisinage de ce point. Sur la surface T, on aura un système de ;j. feuillets liés les uns aux autres dans le voisinage de ce point, mais séparés des autres feuillets. Tls pourront les traverser suivant des lignes doubles, mais on ne pourra pas passer par continuité d'un de ces ui feuillets à un autre différent de ceux-là, en restant dans le domaine du point a. Nous dirons que ces a feuillets forment un cycle, et le point commun à ces a feuillets est le sommet du cycle; c'est un point de ramification d'ordre u. — i . Il peut se faire aussi que, pour z^^a^ on ait plusieurs systèmes circulaires de racines. Au-dessus du point :; = a du plan des ^, on aura sur la surface T plusieurs cycles distincts dont les sommets se projettent en ce même point. Par extension, on dira quelquefois qu'un point de la surface, par lequel ne passe qu'un seul feuillet, est un point de ramification d'ordre zéro. Un même point du plan des z peut être la projection de plusieurs points de ramification d'ordre zéro et d'autres points de ramification d'ordre supérieur. A un point double (a, h) de la courbe F(^,^/) = o, par exemple, correspon- Fig. 68. dent deux points de ï par lesquels passent deux feuillets tout à fait distincts : la surface ne présente rien de particulier en ces points. Ldijïg. 68 représente quatre feuillets superposés P, ,Po, P3, P^; le point a est un point de ramification d'ordre i pour les feuillets i 202 CHAPITRE IV. et 2, d'ordre o pour les feuillets 3 et 4; ces deux derniers feuillets sont entièrement distincts au point a ifig- 68). Remarque I. — Quand on dit d'un point de T que ce point n'appartient qu'à un seul feuillet, on fait abstraction des lignes doubles. Pour un point pris sur une ligne double, il faut ajouter à quelle nappe le point est supposé appartenir. Remarque II. — Il est clair que la façon de réunir les feuil- lets pour former une surface T n est pas unique. Par exemple, il n'est pas nécessaire de supposer que les lignes de passage sont des lignes droites; on peut leur donner des formes absolument arbitraires. Lorsqu'il n'y a que des points de ramification sim- ples, on peut employer un procédé particulier dû à Luroth. ( Fo/r Picard, Traité d^ Analyse, t. II, p. 367 et suivantes.) 94-. On appelle point analytique {z.,u) l'ensemble d'une valeur de^ et d'une valeur de u vérifiant la relation considérée F (;j,w) = o. A tout point de T correspond un point analytique et inversement. Soit (a, b) un point analytique ; on a F(a, 6)= o et en général u ^=^h est racine simple de l'équation F(a, u) = o. S'il en est ainsi, le point de T qui correspond au point analy- tique (a, ^) estdéterminé sans ambiguïté. Il ne peut y avoir excep- tion que si u = b est racine multiple de l'équation précédente. Supposons d'abord que les n valeurs de u voisines de b pour une valeur de z voisine de a appartiennent à un même système circu- laire. Sur la surface T on aura, au-dessus du point z ^= a, un cycle de n feuillets, dont le sommet sera le point unique de T correspondant au point analytique (a, b). Il n'en est plus de même si les n valeurs de u voisines de b se partagent en p{p^ i) sys- tèmes circulaires. On aura/? cycles sur T, dont les sommets cor- respondent au même système de valeurs z- = a, u = b. On aura en réalité p points analytiques (a^b), qu'il faudra distinguer les uns des autres. Mais ceci ne peut avoir lieu que pour un nombre fini de systèmes de valeurs de a et de b. 95. Nous nous proposons d'abord d'étudier les propriétés gêné- FONCTIONS ALGÉBRIQUES d'uNE VARIABLE. loS raies des fonctions uniformes sur la surface T ou, ce qui revient au même, des fonctions uniformes du point analytique (^, a). Soit en premier lieu {a, b) un point à distance finie de la surface par lequel ne passe qu'un feuillet. Découpons un petit morceau de surface entourant ce point et situé tout entier sur un seul feuillet; lorsque le point de T restera sur cette portion de surface, le module de z — a restera inférieur à une certaine limite, et la branche de fonction considérée sera, dans ce domaine, une fonc- tion uniforme de ^ — a. Il peut se faire que cette fonction ç soit, dans ce domaine, égale à la somme d'une série convergente (> = Ao-i- Ai(^ — rt)-f-. . .-h kg{z — a)'7-f-.. . ; alors la fonction r sera dite régulière au point (<7, b). Si Ao= Ai =. . .= A^_i — o, sans que A^ soit nul, le point analytique («, ^) est un zéro d'ordre q. Si la fonction r n'est pas régulière au point ( a, Z>), ce point est un point singulier. Nous supposerons que c'est un point singulier isolé; alors, d'après le théorème de Laurent, on aura, dans le do- maine de ce point, V = Ao-F Ai(2 — a)^. . .-^ kg{z — a)l^.. . z — a {z — ay^ S'il n'y a qu'un nombre limité de termes à exposants négatifs, le point (a^b) est un pôle, dont Tordre est égal à la plus haute puissance de dans le développement. S'il j a un nombre il- limité de termes à exposants négatifs, le point analytique (<7, b) est un point singulier essentiel isolé. Dans les deux cas, le coef- ficient de est encore appelé i^ésidu. Supposons maintenant que le point analytique (<7, ^) soit le sommet d'un cycle de a feuillets à distance finie. Découpons sur T un petit morceau de surface t ne contenant à son intérieur d'autre point de ramification que celui-là; t se composera de cer- taines portions des ijl feuillets qui passent par ce point, et sera li- '204 CHAPITRE IV. mitée par une courbe fermée qui, vue en projection sur le plan des z^ tournera [x fois autour du point z^=^a. (La figure repré- sente cette courbe limite, pour p. = 3, la convention pour les traits ([ui figurent les chemins étant la même quey?^-. 65). Fi g. 69. C'est cette petite portion de surface que nous appellerons le do- maine du point (rt, h). Il est facile de voir que cette surface peut se ramener à une portion de surface plane, située sur un même feuillet. Posons, en effet, s = « + ^^H- et représentons encore la variable ^' par un point dans un autre plan. Traçons les droites issues de l'origine qui font entre elles des angles égaux à — ? et du point ^' ^ 0 comme centre décrivons un cercle de rayon ;- très petit. On a ainsi une surface t\ composée de [jl secteurs circulaires égaux. Lorsque la variable d décrit un de ces secteurs, z décrit^ autour du point <7, toute la partie d'un feuillet aboutissant à ce point comprise à l'intérieur d'un cercle de rayon /'H-. A la surface t' correspond ainsi sur T un domaine entourant le point analytique (r/, ^), domaine que l'on peut prendre pour la surface t. Ces deux surfaces t et t^ se correspondent point par point et, sauf au point ^' = o, l'application est conforme. Toute fonction uniforme du point analytique {z^ ?/) pourra donc, à l'intérieur de ^, être remplacée par une fonction uniforme de z' à l'intérieur de i . Il suit de là que cette fonction sera dans le domaine de {a^b) une fonction uni- forme de {z — a)^ , chaque détermination du radical correspondant à un des feuillets. S'il n'y a pas, dans le voisinage du point [a, 6), une infinité d'autres points singuliers, la fonction v sera donc représentée, dans le domaine de ce point, par un développement ayant l'une des FONCTIONS ALGEBKIQUES D UNE VV Kl A BLE. formes suivantes i 1 -1-00 (II) r=yA,(.^--a)i^, V ,111) ,^^^{^^^{--af' V = — 00 Dans le premier cas, on dira que la fonction v est régulière au point (rt, 6); si Ao = A, = . . .= A^_, --^ u, sans que A^ soit nul, le point ( rt, b) sera dit un zéro d'ordre q. Dans le second cas, le |)oint (rt, b) sera appelé un pôle d'ordre n, et, dans le troisième cas, un point singulier essentiel isolé. Dans ces deux derniers cas, si les développements contiennent un ternie en _ _ ^? z — a un appellera résida le produit ;jlA_[x. Il est facile de justifier ces définitions. Imaginons un contour Iracé sur T autour du point de ramification {a, b)\ puisque, par ce point, passent ;j. feuillets, ce contour doit faire a tours autour du sommet du cycle. Cela posé, considérons l'intégrale /• prise le long de ce contour, de façon à avoir à sa gauche le do- maine du point (V/, b). Le seul terme qui puisse donner quelque chose dans celte intégrale est le terme en j A I / ^dz. et, comme Targument de z — a augmente de i^xr. quand on décrit le contour précédent, cette intégrale a pour valeur ^iir.'xk_^,. On a donc, en appelant R (r/, b) le résidu, R(rt, b) = — !-- V dz, 206 CHAPITRE IV. l'intégrale étant prise le long d'un petit contour entourant com- plètement le point (<7, b), de façon à avoir à sa gauche l'aire en- veloppée, comme dans le cas d'un point («, b) qui ne serait pas de ramification. Pour justifier la définition de Tordre d'un pôle ou d'un zéro, remarquons qu'un zéro d'ordre q àe, v donne toujours une va- riation de iqiz dans logr, quand la variable z décrit un contour fermé dans le sens direct autour du point analytique («, ^), tan- dis qu'un pôle d'ordre n donne une variation de — inr^ dans logç'. En d'autres termes, un zéro d'ordre q de r donne dans la dérivée logarithmique un résidu égal k -\- q^ et un pôle d'ordre n un résidu égal à — n. Soit, en effet, ç = {z-a)v\k^-^h,{z-af+...\, Ao^o. On aura + ( ay^^kd^~af V...J, , -Al (s — a! i dv q !^ V dz [JL ( 2 — a) 1 Ao+ Ai(^ — rt)!^4-... Le développement du second terme commencera par un terme de degré i ou de degré plus élevé; le résidu sera donc ^ X u. = ^. On verrait de même que, pour un pôle d'ordre n de r, le résidu de la dérivée logarithmique est égal à — n. Passons, maintenant, aux valeurs infinies de z. Pour plus de généralité, supposons qu'on ait à l'infini un cycle de a feuillets. En posant ^ =z — , la fonction uniforme p se change en une fonc- tion à[z')^ qui est uniforme dans le voisinage de 5'= o. Écartons le cas où cette fonction '^{z') admettrait une infinité de points singuliers dans le domaine de l'origine; dans ce domaine, ^(^') FONCTIONS ALGÉBRIQUES DUNE VARIABLE. lOJ sera représentée par un développement de l'une des formes sui- vantes : + 00 ^(z')="^k,z'^^. •j — X La fonction v sera donc représentée, dans le domaine du point à l'infini considéré, par un développement de l'une des formes suivantes : _i 7 (I) v = X,-^k,z ^-...-^X,z E^-..., — a: (If) v=. 2 Av^-~i^; V =—n (III) r= Va,., i^-. Dans le premier cas, la fonction r est régulière au point à l'in- fini; si le développement commence par un terme en z ^, ce point sera dit un zéro d'ordre q. Dans le second cas, le point à l'infini est un pôle d'ordre /?, et, dans le troisième cas, un point sin- gulier essentiel isolé. Si le développement contient un terme en -, '-^j on appellera résidu le produit — ;^-^-a- Ces définitions se justifient comme précédemment. Le résidu de la fonction v pour un point à l'infini est égal à 21T.J l'intégrale étant prise le long d'un contour fermé limitant le do- maine de ce point à l'infini, de façon à avoir ce domaine à sa gauche. Un zéro d'ordre q et un pôle d'ordre n donneront res- pectivement ^ et — n pour résidus dans la dérivée logarithmique. 2o8 CHAPITRK IV. Remarquons encore une fois que la fonction peut être régulière à 1 infini sans que le résidu soit nul. 96. Soient ç une fonction analytique uniforme du point analy- tique (^, u) et Vi, {^2i ' • '■) <'m les m déterminations de cette fonc- tion pour une valeur quelconque de z; il est clair que toute fonc- tion symétrique de (^,, t'o, . • ., ^m sera une fonction uni/orme de z. Supposons que, pour z = a, quelques-unes des valeurs (^,, i'2, • ••, Vm ne soient pas régulières; alors la fonction p du point analytique (z, u) admettra comme pôles ou points singuliers essen- tiels quelques-uns des points analytiques [a^ h) qui sont superpo- sés au point ^ = a du plan des z. La somme des résidus de la fonction v, relatifs à tous ces points singuliers^ est égale au ré- sidu de la fonction v^-\- v^-^- - - - -^- t'm relatif au point z = a. Si aucun des points analytiques (a, b) que la fonction ç admet comme points singuliers n'est un point de ramification, la démon- stration est immédiate. Supposons que l'un de ces points soit un point de ramification d'ordre ]x — i; dans le voisinage de ce point, a des valeurs t^,, ('2, ..., v,n, seront représentées par un même développement en série suivant les puissances de (^z — aj^ . Soit A_p. le coefficient de dans ce développement. Dans la somme c, 4- i'.. + . . . -f- r,,^ on aura le terme ' " ""' provenant des a valeurs de v appartenant à ce système circulaire. En opérant de la même façon avec tous les points analytiques («, 6), on voit que la proposition est exacte avec la définition du résidu que nous avons adoptée. On reconnaît tout pareillement que la somme des résidus de la fonction v^ pour les points à l'infini deT, est égale au résidu de la fonction ^i + (^2 + • • • + ^'w pour ^ = oc. Supposons que la fonction v du point analytique (3, u) n'ait sur T qu'un nomhve fini de points singuliers. La somme des ré- sidus de cette fonction sur toute la surface T sera égale, d'après ce que nous venons de voir, à la somme des résidus de la fonction <') + <^^2 -l- • • • + <'w7 q^ii est une fonction uniforme de z, pour toutes les valeurs finies et infinies de z. Or cette somme FONCTIONS ALGÉBUIQLES D ' U N E VARIABLE. 209 n'a évidemment qu'un nombre fini de points singuliers, et, par conséquent, la somme de ses résidus est nulle {voir Introduction). On a donc le théorème suivant : Soit ç une fonction uniforme du point analytique [z. u) qui Ji admet, sur toute la surface T, qw un nombre fini de points singuliers; la somme des résidus de cette fonction sur toute la surface est égale à zéro. 97, Parmi les fonctions uniformes du point analytique (z, u)^ les plus simples sont les fonctions rationnelles de z et de u, P etQ étant des polvnomes entiers en r et u. Dans le voisinage d'un point analytique [a, b) à distance finie, où u reste fini, le numéra- teur et le dénominateur peuvent se développer en séries ordonnées suivant les puissances de z — a, si parce point ne passe qu'un seul feuillet, et de (:; — «j^si ce point est le sommet d'un cycle de a feuillets. Le quotient ne pourra donc contenir qu'un uovahva fini de termes à exposants négatifs, si le dénominateur est en z — a d'un degré infinitésimal supérieur à celui du numérateur. La fonc- tion ç est donc régulière au point (r/, ^), à moins que ce point ne soit un pôle. Le raisonnement est le même pour les points de T où u devient infini et pour les points à l'infini de la surface. Par con- séquent, toute fonction rationnelle de u et de z n'admet sur toute la surface de Riemann que des pôles. Réciproquement, toute fonction uniforme du point analy- tique (;, «), qui y sur toute la surface de Bieman/t, n'admet d'autres points singuliers que des pâles, est une fonction ra- tionnelle de z et de u. iNous nous servirons, pour le démontrer, de la remarque géné- rale suivante : Toute fonction uniforme du point analytique [z, u) peut être mise sous la forme Po(^), P| (c), . . ., P„,_, [z) étant des fonctions uniformes de z. A. El G. i4 •2)0 CHAPITRE IV. Par hypothèse, l'équation irréductible F(3, u) = o est de dé- gré m en u. Soient Ut, 112, . • ., Ujfi les m valeurs de 11 correspon- dant à une même valeur de z, et ^, les m valeurs de correspondant respectivement aux points analytiques (:3, «,), (z, U2), . . ., (^, Uni)' Posons ^2 = Po— ^2 Pi H- ... -h ll'i^~^ P/n-U t^.,.= Pr on peut résoudre ces m équations par rapport à Pq, Pi, . car le déterminant D Ho «^est pas identiquement nul. On en tirera, par exemple, ou P.= D' 1 Ui . a[-^ ^1 U\^^ . . . u'I'-^ l U2 . . u'f^ V.2 a'+^ . . uf-^ 1 U,n ' ■ ■ <7^ Vm . u'I^r^ p D/- Faisons décrire à la variable z un contour fermé quelconque^ les lignes du déterminant D se permutent d'une certaine façon. Mais, par hypothèse, les vt se permutent de la même manière que les Ui, de sorte que les lignes du déterminant D/ s'échangent entre elles exactement de la même manière que celles de D. Les deux déterminants sont donc multipliés par un même facteur, égal à dz I, et, par suite, P^ est une fonction uniforme de z. Supposons maintenant que la fonction v du point analytique (3, u) n'admette que des pôles sur toute la surface T. Les déve- loppements des Ui et des r/ dans le domaine d'un point quelconque de la surface ne contiendront jamais qu'un nombre fini de termes FONCTIONS ALGEBRIQUES D UNE VARIABLE. 2IÏ à exposants négatifs. Il en sera évidemment de même de D et de D/, et, par suite, de P/. La fonction uniforme P/(^), n'admet- tant d'autres points singuliers que des pôles, est une fonction ra- tionnelle; d'où résulte la proposition énoncée plus haut. Toute fonction uniforme du point analytique (^, u), qui est régulière en tous les points de la suif ace T, est une constante. En efîet, soient r,, r^, . . ., ^'m les ni valeurs de v correspon- dant à une même valeur de z. Les fonctions symétriques sont des fonctions uniformes de z qui restent finies pour toute valeur, finie ou infinie, de cette variable. Ce sont donc des con- stantes et, par suite, v est racine d'une équation à coefficients constants. 98. Le nombre des zéros d' une fonction rationnelle v =i':i{z, u) sur toute la surface T est égal au nombre des pôles, chacun d'eux étant compté a^;ec son degré de multiplicité. La dérivée logarithmique d^ d'o du I dv dz du dz est aussi une fonction rationnelle de :; et de u^ et les résidus de cette fonction proviennent des pôles et des zéros de r. Un zéro d'ordre /??/ de v donne 4- nii pour résidu, et un infini d'ordre n^ donne — /?a pour résidu. On a donc, d'après un des théorèmes précédents, Im/ — I/?^ = o ou -mi = ^n^. Cette proposition donne lieu à quelques remarques. L La fonction '^,(:^, «)=-— peut admettre d'autres pôles que ceux qui proviennent des zéros ou des infinis de c. F^ar exemple, supposons que, dans le domaine d'un point de ramifica- tion d'ordre a — i , on ait V on en déduit a 12 CHAPITRE IV. Le point z^=^ a est un pôle d'ordre [jl — v pour -^, et, par suite, le résidu correspondant est nul. II. On aurait pu aussi démontrer le théorème précédent en remarquant que la diflférence entre le nombre des zéros et celui des pôles de la fonction (^ est égale à la même différence pour la fonction rationnelle V\ ^o . . . Vm de z. m. Soient V r= ^(^, w) une fonction rationnelle de z et de u, et N le nombre des infinis de cette fonction sur toute la surface. On dira que cette fonction est d'ordre N. La fonction C5(^, u) — A- a les mêmes pôles que cp(;3, w), quelle que soit la constante /.-. Elle a donc aussi IN zéros, et la fonction (^ = cp(5, it) passe N fois et N fois seulement par toute valeur donnée à l'avance. Les propriétés précédentes rapprochent, on le voit, les fonc- tions rationnelles de z et de u des fonctions rationnelles d^une variable. Si l'on connaît, soit les pôles de la fonction rationnelle r = cp(:j, u), avec les parties principales correspondanles, soit les pôles et les zéros (qui devront être en nombre égal, en tenant compte de leur ordre de multiplicité), cette fonction ç sera déter- minée, à une constante additive près dans le premier cas, à un facteur constant près dans le second. En effet, s'il existe deux fonctions rationnelles de z et u satisfaisant à ces conditions, leur différence dans le premier cas, et leur quotient dans le second cas, est une fonction rationnelle de z et de u, restant finie en tous les points de T, c'est-à-dire une constante; mais il n'en résulte pas qu'on puisse choisir arbitrairement les pôles avec les parties princi- pales, ou les pôles et les zéros. Nous savons même (voir Ghap. I) qu'il n'en est pas généralement ainsi. L'étude des relations entre les résidus ou entre les pôles et les zéros sera faite plus loin. IV. On emploie quelquefois l'expression ordre d'une fonction en un point (a, [3). Cet ordre est zéro, si le point (a, p) n'est ni un pôle ni un zéro; il est égal à -4- ii, si ce point est un zéro d'ordre n, à — n' si ce point est un pôle d'ordre n' . Le théorème sur l'égalité du nombre des zéros et du nombre des infinis peut alors s'énoncer ainsi : La somme des ordres d' une fonction rat ioii- iielle de z et de u sur toute la surface de Riemann est nulle ( ' ). (') tÎRiOT et Bouquet, Fonctions elliptiques, p. îi;, FONCTIONS ALGÉBRIQUES DUNE VARIABLE. 2l3 Lorsqu'il y a quelque ambiguïté à craindre, on peut dire que Vordre total d'une fonction est égal à N, si elle admet en tout ]N pôles, chacun d'eux étant compté avec son degré de multipli- cité. 99. La définition des zéros et des infinis est purement analy- tique; on peut également la justifier par des considérations algé- briques et géométriques. Étant données les équations de deux, courbes algébriques indécomposables (i8) ^{z,u)^o, d'après la théorie générale de l'élimination, les abscisses des points communs aux deux courbes s'obtiennent en éliminant u entre ces deux équations. Le résultat de l'élimination est iti, it-2j ' •', ihn désignant les m racines de l'équation (17). Soit (a, j3) un point commun aux deux courbes; lorsque z tend vers a, /•des racines de l'équation (17), U\, Ui, • • • ■> i^r, par exemple, ten- dent vers p. Le nombre des points d'intersection des deux courbes qui sont confondus au point (a, [3) est, par définition même, le degré du produit ^{z, «, ) . . . O (z, u,-) en (z — a). Il faut remar- quer que A(;) peut contenir (z — a) à une puissance supérieure à celle-là, si les deux courbes ont d'autres points communs d'ab- scisse égale à a. Cela posé, supposons d'abord que les /• valeurs de u égales à ^ pour z = x forment un seul système circulaire; ces /• racines sont alors représentées par un même développement l * u = p-i- Ai(-3 — a)'- -h A^_{z — a)'- ~- 1 où l'on attribue au radical [z — a)'' ses /• déterminations. Quand on remplace u par ce développement dans ^{z^ u), le résultat est nul par hypothèse pour ; = a, et l'on a un nouveau développe- ment 2IÎ CHAPITRE IV. Chacune des expressions <ï>(^,?^i), ..., (5, «,) est donc du degré ^ en (z — a) et, par suite, leur produit est du degré q. Or q est précisément l'ordre du zéro de la fonction ^{z^ u) au point (a, |3). Donc le nombre des points dHntersection des deux courbes (i^) e^(i8) confondus au point (a, ^) est égal à V ordre du zéro de la fonction ^(z^u) au point analytique (a, [^), u et z étant supposés vérifier la relation F (::;, ?^) = o. Si les r valeurs de u qui deviennent égales à ^ pour ^ = a se partagent en k systèmes circulaires, il j a, sur la surface de Rie- mann correspondante à l'équation F(^, u^ = o, k points analyti- ques (a, [3). Le même raisonnement montre que le nombre des points communs aux deux courbes confondus en (a, P) est égal à la somme des ordres des zéros de ^[z^u) en ces différents points analytiques (a, [^) (^). Si le point commun aux deux courbes considérées est à l'infini, on ne peut plus appliquer la même règle. Par exemple, les deux courbes ¥{z,u) =^ uz — I = o, <ï>(z, u) = uz"^ — I = o, ont une asymptote commune ^ = o, et dans le domaine du point ^ = o, on a ce point n'est donc pas un zéro pour <ï>(^, u). L'emploi des coor- données homogènes permet, comme on sait, d'éviter ces diffi- cultés; on peut dire encore, ce qui revient au même, qu'une transformation homographique ramène le point commun à dis- tance finie et supprime la difficulté. La remarque suivante s'applique à tous les cas. Soit F (:;,?/) = o l'équation d'une courbe algébrique indécomposable et f{z, u)^ '^j{z^ u) deux polynômes quelconques du même degré /i; dési- (^) Nous renverrons le lecteur au Mémoire de M. Halphen: Sur les points singuliers, etc. {Journal des Savants étrangers, t. XXVI), où l'on trouvera une dclinition géométrique du même nombre. FONCTIONS ALGÉBRIQUES d'uNE VARIABLE. 2l5 gnons par ç(:?, ii) la fonction rationnelle '1(Z. u) o{z, u) /(^, «) Cela posé, soient (a, ^3) un point quelconque de la courbe F = o, q le nombre des points communs aux deux courbes F = o, /= o confondus au point (a, j^), q' le nombre des points communs aux deux courbes F = o, -i/ = o confondus au point (a, ^). La diffé- rence q' — q est égale à la somme des ordres de o (;, u) aux diffé- rents points analytiques (a, p). La proposition est une conséquence immédiate de ce qui pré- cède si le point (a, ^) est à distance finie. Si ce point est à l'infini, on le ramènera à distance finie par une transformation homogra- phique az -\- bu -\- c a z --- b' u -+- c' s = "TT-, nr—, T. 5 u = -Y-, T^—- if ^ a z -\-b u -^ c a z -r- o u -\- c cp(^, u) devient , ^^{z\u') où 'li (^', u') = o et fi {z\ u') = o sont les équations des deux courbes de même degré qui se déduisent des courbes 6(z, u) = o, y(^, u) = o, par la transformation homographique précédente. Or l'ordre d'une fonction rationnelle en un point ne change pas, comme on le verra au Chapitre Y [, par une transformation homo- graphique. La proposition est donc générale. 100. Le théorème classique de Bezout, sur le nombre des points communs à deux courbes algébriques, peut être considéré comme un simple corollaire de l'égalité du nombre des zéros et du nombre des infinis. Étant données deux courbes algébriques, de degrés m et n respectivement, choisissons une droite D ren- contrant le système formé par les deux courbes en m -]- n points distincts, et faisons subir aux deux courbes une transformation homographique, de façon que la droite D devienne la droite de l'in- fini. Les /?^ 4- n directions asymptoliques du système formé par les deux courbes sont alors distinctes; nous supposerons de plus qu'aucune de ces asymptotes n'est parallèle à l'un des axes de ^l(> CHAPITRE IV. coordonnées. Les équations de deux courbes s'écrivent alors ( 19) F(^, ^0 = ^'-/.. (' , '{) - ^"^-'f,n-^ ( .. ") +. . .= o, //, cp/f sont des polynômes entiers en - d'un degré au plus égal à leur indice. En outre, les éqnalions/„i(i , c) = o, cp,, ( i , c) = o ont toutes leurs racines simples et n'ont aucune racine commune. La surface de Riemann, qui correspond à l'équation F(^, u) =r. o, se compose de 7n feuillets et n'a aucun point de ramification à l'in- fini; les m valeurs de u pour ^==roo sont représentées par m déve- loppements de la forme u = CiZ + a'o'"' + -;- -+- (i =1, 2, . . ., m). Chacun de ces points à l'infini est un pôle d'ordre n pour ^(Zyu), car le développement de ^(z^ii) commencera par un terme de degré n, z" cp/;(i, a), qui, d'après les hypothèses, ne peut être nul. La fonction $(^, u) a donc mn zéros à distance finie, chacun d'eux étant compté avec son degré de multiplicité; les courbes ont par conséquent mn points communs à distance finie. Il est clair d'ailleurs qu'elles n'ont aucun point commun rejeté à l'infini. 101. Toute surface de Riemann ayant des points de ramifica- lion d'ordre quelconque peut être considérée comme limite d'une surface de Riemann n'ayant que des points de ramification simples. Soit ^(z^ u) le poljnome le plus général de degré m en ^ et u. Nous pouvons supposer que la courbe qui a pour équation ri(z, u) = O n'a aucun point multiple, et que les m asymptotes sont distinctes, de telle sorte que les m valeurs de u pour z = 00 -sont fournies par m développements de la forme Uf =: CiZ + a'/'' -^- ilL ^- . . . ii=i,2, ..., m); le point ^ = GO est un pôle du premier ordre pour chaque valeur FONCTIONS ALGÉBRIQUES DLNK VARIABLE. >. 1 7 de II. Les points de ramification sont tous à distance finie et pro- viennent des points de la courbe oii la tangente est parallèle à l'axe des u. Si l'on a pris les axes, ce qu'on peut toujours sup- poser, de façon qu'aucun de ces points ne soit un point d'inflexion, ces points sont au nombre de jn{m — i) et chacun d'eux est un point de ramification simple. La surface de Riemann T,, cor- respondant à la relation ef(^, «) = o, a donc m feuillets et m{m — i) points de ramification simples «i, «2, .... «>• [N — /??(/?? — [)]. Imaginons maintenant que les coelficients du polvnome 5{z^ u) varient d'une manière continue depuis leurs valeurs primitives et admettons, pour fixer les idées, que le coefficient de u'"^ ne devient pas nul. Quelques-uns des points de ramification peuvent venir se confondie, mais la surface de Riemann correspondante se compose toujours de m feuillets. Pour voir nettement ce qui se passe, il est plus commode d'employer les lacets. A partir de chacun des points critiques <7), a.^^ ..., «>• tirons, dans le plan de la variable z, une coupure s'étendant jusqu'à l'infini, de façon que ces coupures ne se croisent pas entre elles {fig. 70). Soient z^ l'origine des lacets et u^, 11-2^ ..-, ihn les m racines, qui sont uniformes tant que z ne franchit aucune des coupures. Supposons que les deux lacets («,) et (rto) unissent les deux racines ?/, et u-2 et soient neutres pour les autres racines. Un chemin tel que ZqJUJizq est équivalent à la suite des deux lacets («i), {0.2) et ramène chaque racine à sa valeur initiale. Si l'on imagine maintenant que, les coefficients de ,, on aura autour de ce point un système circulaire de /• + I racines. La méthode précédente est évidemment générale et montre suffisamment comment tout point de ramification d'ordre quel- conque peut être envisagé comme provenant de la réunion de plusieurs points de ramification simples, suivant la conception de Riemann. 11 est clair, en effet, qu'on peut passer de la relation ^[z^ u^ = o 3. toute autre relation du même degré par une varia- tion continue des coefficients. Soient D le nombre des points de ramification simples qui sont venus se confondre en un point z = b et R la somme des ordres des points de ramification qui sont superposés au point z--—b. La différence D — R est nulle ou égale à un nombre pair positif. FONCTIONS ALGÉBRIQUES DUNE VARIABLE. 219 Pour démontrer cette propriété, nous supposerons que les D points critiques a,, a^i . . . , «d viennent successivement coïncider avec le point z ^ b. Après i opérations, par exemple, les points <7,, a^, * . .., ai seront venus se confondre avec le point b et l'on aura en ce point b un certain nombre de points de ramification superposés, les points (//+», . . . , «0 restant des points de ramifi- cation simples. Soit R/ la somme des ordres des points de ramifi- cation superposés au point b après ces i opérations. Après la première opération, on a Di = i, Ri=i, Di-R, = o, et, en général, 0/= /. Imaginons que le point (<7/+) ) vienne à son tour se confondre avec le point b. Le lacet (<7/+, ) unit deux racines u/i, ifk- On peut faire plusieurs hypothèses : 1° Les deux racines u/i, Uk sont uniformes dans le domaine du point b. Lorsque aiJ^^ sera venu en Z>, on aura en ce point un point de ramification du premier ordre de plus; par conséquent D/+1 = ?■ 4- I , R,+i = R/ -M , D,>,-R,+i = D,-R,. 2° Une des racines, u^ par exemple, appartient à un système circulaire de racines se permutant autour du point b. et Uk est uniforme dans le domaine de ce point. Supposons que le lacet Fi°:. 71. (<^*f/+t) unisse les racines «, et ;/a et que le lacet {b) permute les racines u^, ..., Up, la racine Uk restant uniforme au voisinage de b. Un chemin tel que z-QmnzQ (Jig. 71) conduit de w, à Uk. de Uk à Wo, • • ., de Up à ?/,. Lorsque a/_,_i sera venu en b, le lacet 220 CHAPITRE IV, (h) permutera les/> + i racines i/,, u^^ ;/o, . . . , Up, et les autres systèmes circulaires seront restés les mêmes. On aura encore D,+., = D/ + I , R,^i = R . _^ r , D,+i — R,+i = D, — R, . 3" Les deux racines Uh^ u^ appartiennent à un même système circulaire de racines se permutant autour de b. Par exemple, suppo- sons que le lacet (6) permute les racines {Ui,ii-2,---,ità',iik+\^ -'•i"p) et le lacet {(U^^ ) les racines «, et u^. Le chemin (z^Qmnz^^) per- mutera circulairement les racines Quand le point <7/^, sera venu en />, on aura deux systèmes cir- culaires de racines («1, ti/i+i, ••■, Up), {ih, Ui, ■■■, ii/t), et il n'y aura rien de changé aux autres systèmes circulaires. On aura toujours Dt^^ = i -\- i; pour avoir R/4.1, remarquons qu'au lieu d'un système circulaire de p racines on a deux systèmes cir- culaires de (A — i) racines et de (/> + i — h) racines. Donc Ri+ 1 — }\i — h — 1 -\- p — h — {p — i) = — \ ^ 4" Les deux racines que le lacet (cti^^) réunit appartiennent à deux systèmes circulaires différents autour du point b. Par exemple, le lacet («/+i) unit u^ et Uh et le lacet {b) permute les racines (w<, , . ., Up)^ (u/,, Uh^,, . . ., Uh+g). Le chemin z-QUinz^ permute alors les racines dans l'ordre A la limite on aura DiVi = t + I , n■^^ — ^■=zp -+- q ~{p — i) — q =1, D,+i -R,4-i = D,-R,. En définitive, quand on change i en « + i , le nombre D/ — R/ FONCTIONS ALGÉBUIQLES d'une variable. 221 ne change pas, ou augmente de deux unités. Comme D, — K, = o, on en déduit la proposition énoncée. Appliquons celle relation à tous les points de ramification d'une surface de Riemann; le nombre -D^ est égal au nombre des points de ramification simples de la surface primitive, c'est-à-dire à m{/}i — 0, qui est un nombre pair. On en conclut que la somme !'(/• — i), étendue à tous les points de ramification d'une surface de Riemann, est un nombre pair, /désignant le nombre des feuil- lets qui appartiennent à un même cycle. 29.2 CHAPITRE V. CHAPITRE V. CONNEXION DES SURFACES DE RIEMANN. PERIODICITE DES INTÉGRALES ABÉLIENNES. Connexion des surfaces en général. — Ordre de connexion d'une surface quel- conque; d'une surface fermée; d'une surface de Riemann. — Généralisation de la relation d'Euler pour les polyèdres. — Coupures sur une surface de Riemann. — Exemples. — Equations binômes. — Surfaces de Riemann régulières. — In- tégrales abéliennes. — Propriétés générales. — Périodes. — Classification (*). 102. On a vu an Chapitre III comment une snrface de Rie- mann à denx feuillets pouvait être transformée en une surface sim- plement connexe, par un système convenable de coupures : il en est de même des surfaces à un nombre quelconque de feuillets; mais les considérations intuitives dont on s'est servi pour le cas particulier déjà traité deviennent plus difficiles à saisir pour le cas général. Aussi nous allons reprendre la théorie de la connexion des surfaces à un point de vue tout à fait général. Rappelons qu'une surface est dite coAine.rê lorsqu'il est possible de réunir deux points quelconques de cette surface par un trait continu situé tout entier sur la surface. Si l'on a affaire à une sur- face fermée, ou n'ajant pas debords, comme une sphère, un tore, une surface de Riemann, on commence par lui donner une courbe limite en pratiquant une petite fente dans cette surface ou en enle- vant un petit morceau de cette surface. Les coupures dont il s'agira ici sont considérées comme de véritables traits de ciseaux, par- tant d'un bord et s'arrêtant dès qu'on rencontre un nouveau bord ; quand on trace plusieurs coupures successivement, les coupures ou (*) Auteurs à consulter : Riemann, Inauguraldissertation, Théorie der Abel'schen Functionen ; — Neumann^ Vorlesungen Liber Riemann's Théorie, etc.; — E. Picard, Traité d'Analyse, t. II, Chap. XIII et XIV ; — Simart, Thèse de doctorat; — Jordan, Recherches sur les polyèdres {Comptes rendus, t. LX- LXII; — Journal de Crelle, t. LXVI-LXVIII) ; — Note sur la déformation des surfaces {Journal de Mathématiques, i" série, t. XI). CONNEX^IOX DES SURFACES DE RIEM\NN. 213 portions de coupure déjà tracées doivent être regardées comme de nouveaux bords, de sorte qu'une coupure ne peut pas se traver- ser, mais peut s'arrêter en un point de son trajet. Nous prendrons pour définition de la surface simplement con- nexe la propriété suivante : une surface connexe est dite simple- ment connexe lorsqu'il est impossible de tracer une coupure sur cette surface sans la morceler, c'est-à-dire sans la décomposer en deux morceaux n'avant plus de connexion entre eux. Dans le cas contraire, elle est plusieurs fois connexe, ou à connexion mul- tiple. La sphère, le plan indéfini, la surface d'un cercle ou d'un rec- tangle sont simplement connexes. Au contraire, une surface plane à plusieurs contours, le tore, une surface de Riemann à deux feuil- lets et plus de deux points de ramification, etc., sont à connexion multiple. Par exemple, dans la surface ABCD {^/ig- 72) Fis:. on peut tracer les trois coupures a^, yo, cvj sans morceler la sur- face; une nouvelle coupure la morcellerait. Prenons la surface du tore (Jig- 73); une coupure telle que omnpo ^ tracée suivant un Fis. 7?. méridien, la transforme en une sorte decvlindre recourbé, et une nouvelle coupure telle que o^io' transforme la surface en une sur- face à connexion simple o^Fo'o, M, o, . Inversement, en réunissant 'iu CHAPITRE V les côtés opposés d'un rectangle, on obtient une surface leriné ee analogue à la surface du tore 103. La définition précise de l'ordre de connexiim d'une sur- face repose sur les propositions suivantes : I. Une surface simplement connexe S est décomposée par une coupure en deux morceaux simplement connexes ('). Supposons d'abord que la coupure ah joigne deux points de la limite totale de S. Prenons snr les deux bords de la coupure deux points infiniment voisins /??, m' \ il est clair que tout point de S peut être réuni à l'un des deux points m ou m' par un trait con- tinu situé sur S, sans franchir la coupure ah. On a donc décom- posé la surface S en deux portions connexes séparément S', S'^ et, Fig. 7l. (1 ) (M-) par hypothèse, il n'j a pas de connexion entre S^ et S'^ 11 s'agit (le faire voir que chacune de ces surfaces S' et S" est simplement connexe. En effet, si S', par exemple, n'était pas simplement con- nexe, on pourrait, sans la morceler, tracer dans S' une coupure. Soit cd cette coupure, telle que l'indique la première figure à gauche. Cette coupure cd ne morcelant pas S', tout point de S' peut être joint par un trait continu au point m sans franchir la coupure cd. Si maintenant on supprime la coupure primitive rt^, tout point de S'^ pourra également être joint au point /;« sans franchirez/. On pourrait donc^ contrairement à l'hypothèse, tracer sur S une cou- [)ure c i) ; si l'on trace dans S une coupure cj ne morcelant pas cette surface, on obtient une surface S', qui est (N — ^) fois connexe. Soit N' l'ordre de connexion de S'; si v coupures successives décomposent S' en a morceaux simplement connexes, on aura N' = V — a + 2, et, comme on a passé de S à S' en traçant une coupure, on aura aussi N = V 4- I — a 4- 2, et, par suite, N' = N-i. On conclut de là que toute surface, S qui est N fois connexe, peut être transformée en une surface simplement connexe au moyen > i ), on peut tracer une cou- pure sans la morceler, et l'on a une surface S' qui est N — i fois connexe ; si N est plus grand que 2 , on pourra tracer dans S' une nou- velle coupure et l'on obtiendra une surface S'^ quisera(N — 2) fois connexe, et ainsi de suite. Au bout de N — i opérations, on arrivera à une surface dont l'ordre de connexion sera N — (N — i ) = 1 , c'est-à-dire à une surface simplement connexe. Le même raisonnement prouve que, sur une surface N fois con- nexe, on ne peut tracer plus de N — i coupures sans la morceler. L'ordre de connexion d'une surface est donc égal au nombre maxi- mum de coupures que l'on peut tracer sur cette surface sans la morceler, augmenté d'une unité. lOo. Appliquons ceci aux surfaces fermées. Le type des sur- faces fermées simplement connexes est la sphère; après la sphère, la surface fermée la plus simple est le tore, qui est triplement connexe. Mais il n'existe pas de surface fermée doublement con- nexe, et, d'une manière générale : L'ordre de connexion d'une surf ace fermée est un nombre impair. 228 CHAPITRE V. On s'appuie, pour démontrer ce théorème, sur les remarques suivantes : 1. La limite totale dUine surface simplement connexe se compose dhine seule courbe (V). 11 faut entendre par cet énoncé que celte limite totale peut être décrite d'un seul trait continu. Supposons qu'on ait deux courbes limites distinctes C, C, et soit ah une coupure allant d'un point de G à un point de G'. Gette coupure ne morcelle pas la surface; pour le prouver, il suffit évidemment de faire voir qu'on peut réunir deux points infiniment voisins m, /?^', pris sur les deux bords opposés de ah^ par un trait continu, sans franchir cette coupure. En effet, soient n et n! deux points infini- ment voisins de G' de part et d'autre du point h {Jig- 76). On peut aller de m en n et de n' en m' en longeant la coupure. D'autre part, la courbe limite (}' n'ajant qu'un point commun h avec la coupure, il est clair qu'on peut joindre les deux points n et n' par un trait continu restant toujours infiniment voisin de G' et ne traversant pas ab. Il existerait donc, contrairement à l'hy- pothèse, une coupure ne morcelant pas la surface. II. Si dans un système de surfaces 2 on trace une coupure, le nombre des courbes limites augmente ou diminue d'une unité. Il suffît d'examiner tous les cas qui peuvent se présenter et qu'on a figurés ci-dessous en donnant aux coupures aZ>, abcd des (*) Cette propriété est évidente, si l'on définit une surface simplement connexe, comme au n° 51. Pour l'identité des deux définitions, on pourra consulter la Note de M. Jordan Sur la déformation des surfaces {Journal de Mathématiques, 2® série, t. XI). CONNEXION DES SURFACES DE RIEMANN. 229 épaisseurs finies pour qu'on voie leurs deux bords {fig. 77). Si la coupure réunit deux courbes limites différentes A et B {^fig. 77, i), ces deux courbes limites sont remplacées par une seule qu'on peut parcourir dans le sens marqué par les flèches. Au contraire, si la coupure joint deux points d'une même courbe limite (2) ou se termine en un point de son parcours (3), le nombre des courbes limites est augmenté d'une unité. Dans tous les cas, ce nombre change de parité. Fig. 77. Cela posé, soit S une surface fermée N fois connexe. La limite totale se compose d'une seule courbe infiniment petite, et la surface se transforme en une surface simplement connexe au moven de N — i coupures. Comme, à chaque coupure, le nombre des courbes limites change de parité, et que toute surface simple- ment connexe a une seule courbe limite, on voit que N — i doit être pair. Plus généralement, l'ordre de connexion d'une surface et le nombre des courbes limites sont de même parité. 106. Soit N = 2/> -r- I l'ordre de connexion d'une surface fermée 5 le nombre entier/? est appelé le genre de la surface. La sphère est de genre zéro, le tore de genre un. Le type des surfaces fermées de genre/) est la sphère solide avec/? trous, ou le système de p anneaux soudés l'un à l'autre, formant une chaîne non fermée. Pour transformer une pareille surface en une surface simplement connexe, il faut un système de ip coupures. Par exemple, on peut tracer ces ip cou- pures de façon que/? d'entre elles tournent autour d'un trou, les/? autres passant à travers un ou deux trous. Tout ceci est à rap- procher du début du Chapitre III; les surfaces qui y sont étudiées 23o CHAPITRE V. ne sont au fond que des surfaces du genre/». Les considérations qui y sont employées prouvent directement que la surface de Riemann à deux feuillets et à 2/> + 2 points de ramification est de genre p ; résultat que nous vérifierons tout à l'heure. 107. Soit S une surface connexe; isolons un point sur cette surface par une courbe infiniment petite G et supposons enlevé le morceau intérieur; on obtient ainsi une nouvelle surface S', dont V ordre de connexion est supérieur d'une unité à celui deS{fig.^%). Fig. 78. A C Il est évident d'abord que la surface S' sera encore connexe. Joi- gnons un point 6 de G à un point a d'une courbe bmite A de S par une coupure ab^ ne morcelant pas S^ (n° 102), et soit S'' la nou- velle surface ainsi obtenue. Les ordres de connexion des trois surfaces S, S', S^' sont respectivement N, N', N". Imaginons que V coupures successives q tracées dans S'^ la décomposent en a morceaux simplement connexes; on aura d'abord Gomme on passe de S' à S'^ en traçant dans S' une seule cou- pure ab^ on aura aussi N'= V + 1 — a-f- 2. D'un autre côté, si l'on trace dans S la coupure abcb, on la décompose en deux, le morceau simplement connexe intérieur à la courbe G et la surface S'^; si l'on trace ensuite dans S'^ les v coupures g, on obtient a morceaux simplement connexes. On a donc N = V -h [ — (aH- i) 4- 2 et, par suite, N'=N + i. CONNEXION DES SURFACES DE RIEMANN. 23 1 D'une manière générale, quand on enlève n morceaux simple- ment connexes d'une surface connexe, l'ordre de connexion aug- mente de Ti unités. Remarque. — Quand on applique ce théorème aux surfaces fermées, on doit supposer qu'on a déjà donné une limite à la sur- face. 108. On déduit aisément de cette remarque une généralisation de la relation, due à Euler, qui lie le nombre des faces, le nombre des sommets et le nombre des arêtes d'un polyèdre. Soit T une surface fermée connexe, de genre/?; imaginons qu'on ait décomposé cette surface en F portions simplement con- nexes par un système de coupures. On aura sur cette surface une espèce de réseau polygonal ayant F faces, S sommets, A arêtes. SI l'on entoure chaque sommet du réseau d'une petite courbe et qu'on enlèye le morceau intérieur, on aura une surface connexe T' dont l'ordre de connexion sera, d'après ce qui précède, jN' = 2/? -h I -h S — I = ip -+■ S, car une des petites courbes doit être regardée comme formant la limite de T. Si l'on trace ensuite dans T' des coupures suivant les A arêtes, on trouve F morceaux simplement connexes. On a donc N' = 2/?-T-S = A — F-i-2 ou bien A — F — S = 2/)— 2 (V). Si /? = o, on retrouve la formule d'Euler. Si/?= i, il reste A = F-|-S; comme vérification, reprenons le tore et ses deux coupures, on a A = 2. F = i, S = i. La formule précédente est souvent utile pour trouver le genre d'une surface fermée. 109. Nous allons appliquer cette théorie générale aux surfaces (*) Lhuilier, Annales de Gergonne, t. III. 232 CHAPITRE V. de Riemann. Le premier problème que l'on ait à résoudre est le suivant : Etant donnée une surface de Riemann connexe T, composée de m feuillets, dont on connaît les points de ramifi- cation, trouver le genre de cette surface. Il suffit de procéder comme pour établir la formule d'Euler gé- néralisée. Supposons la surface T composée de m feuillets éten- dus sur la sphère et soient a^^ . . . , a^ les q points de la sphère où se projettent les points de ramification. Au point at^ par exemple, sont superposés ni points de ramification dont quelques-uns peu- vent être d'ordre zéro. Prenons un point O de la sphère au-dessus duquel passent m feuillets distincts; isolons chacun des m points qui se projettent en O par une courbe infiniment petite, et enle- vons les portions de la surface intérieures à ces courbes. Opérons de même avec tous les points de la surface qui se projettent aux Fig. 79- points «1, «2, . . ., aq, et soit ï' la surface ainsi obtenue. Le nombre des morceaux enlevés est m + n< H- . . . -f- /z^; comme une des petites courbes doit servir de limite totale à T, l'ordre de connexion de T' sera, en appelant ip -j- i celui de T, N'= 2/) -t- /?ZH- /Il -f- /l2-H. . .-i- Tlq. Pour fixer les idées, supposons les lignes de passage de T tra- cées suivant des lignes allant du point O aux points a^, a^i • •-, Œq. Si, sur chacun des feuillets de T', on trace les q coupures allant de O aux points a,, ..., a^, on a, au moyen de ces mq coupures, décomposé T' en m morceaux simplement connexes. Par suite, on a N' = 2/> H- m -i- Ail 4- . . . 4- n^ = mq — /ti h- 2 CONNEXION DES SURFACES DE RIEMANN. a33 OU 'Ji.p z= \ ( /?i — m) — 2 /?i -r- 2 ; 1 or m — Ri est égal à la somme des ordres des points de ramifica- tion qui sont superposés au point «/, S(/?i — iii) représente donc la somme !(/• — i) des ordres de tous les points de ramification de la surface; il vient donc, en définitive, SCr — i) p = m -h I , 2 Telle est la formule fondamentale due à Riemann ('). On voit que la somme -(/• — i) est toujours un nombre pair (n® 101). Exemple. — Pour une surface à deux feuillets, ayant ip-{- i points de ramification, la formule précédente montre que le genre sera égal à/?; ce qui est bien d'accord avec le Chapitre III. 110. Le second problème à résoudre est celui-ci : Etant donnée une surface de Riemann, de genre /?, transformer cette surface en une surface simplement connexe au moyen de ip coupures. On peut employer pour cet objet plusieurs systèmes de cou- pures. Nous adopterons un système dont s'est servi Riemann (2). Remarquons d'abord les propriétés suivantes : 1° Toute surface dont la bmite totale peut être décrite d'un seul trait continu est connexe. En effet, si l'on prend d'abord deux points quelconques infiniment voisins de la limite, on peut passer de l'un à l'autre par un trait continu infiniment voisin de cette limite. Si l'on a ensuite deux points quelconques de la sur- face, il est clair qu'on peut réunir chacun d'eux à un point infi- niment rapproché de la courbe limite. 2° Étant donnée une surface à connexion multiple limitée par une seule courbe, on peut tracer dans cette surface une coupure terminée en un point de son parcours et ne morcelant pas la sur- (') Gesammelte Werke, p. 106. (') RiEMANX, Abelschen Functionen, § 7. '^34 CHAPITRE V. face. Par hypothèse, on peut tracer une coupure ne morcelant pas la surface. Cette coupure part d'un point a de la limite; suppo- sons qu'elle se termine en un autre pointa de la limite. Marquons sur cette coupure deux points et! ^ h\ infiniment voisins des points a et h^ et réunissons-les par un trait continu o! b' infiniment voisin de ah {fig. 80); si l'on supprime la coupure ^6' et qu'on trace une coupure a' b' , on a la coupure aa! cV oJ qui est terminée à un point de son parcours et qui ne morcelle pas la surface. Gela posé, considérons une surface de Riemann ip + i fois connexe (/> > o) To^^, 5 soit A une courbe infiniment petite servant de limite à cette surface. Soit, de plus, a^ une coupure ne morce- lant pas cette surface ; on peut supposer que les deux extrémités de cette coupure sont sur la courbe limite A. En effet, si cette cou- pure se terminait en un point b de son parcours, on pourrait prendre pour courbe limite de To^.^, une petite courbe entourant Fig. 81. le point 6, et supprimer la portion de coupure comprise entre A et b^ ainsi que la courbe limite A. La nouvelle surface To/,, ainsi obtenue, est ip fois connexe; on peut donc réunir deux points infiniment voisins, pris de part et d'autre de «,, par un trait con- tinu. Traçons une coupure b^ le long- de ce trait continu; la sur- face obtenue To;,., est encore connexe, car sa limite, comme le montre ^'à fig. 81, peut être parcourue d'un seul trait continu. CONNEXION DES SURFACES DE RIEMANN. 2i35 Si/?>>i, T.2p_i sera encore plusieurs fois connexe, et l'on pourra tracer une nouvelle coupure, partant d'un point de ^, et terminée en un point de son parcours, ne morcelant pas la sur- face. Soient c, «2 cette coupure, et To^_o la nouvelle surface, qui est encore à connexion multiple, ainsi obtenue. On pourra ensuite joindre deux points infiniment voisins, de part et d'autre de a^-, par une nouvelle coupure 60, et la nouvelle surface Tojs-s sera connexe, car sa limite totale pourra être parcourue d'un seul trait (/-•Sa). Fig. 82. Si y? ^ 2, To^_3 sera simplement connexe. Si /? >> 2, on con- tinuera de la même façon. Au bout de p opérations, on aura transformé T en une surface simplement connexe T' au moyen de/? systèmes de deux coupures (^v, ^v), ('-' = 17 2, . . . , p), réunies par des coupures Cv(v = 1,2,...,/? — i). Remarquons que les coupures Cv et «v+i (sur la figure c, et rto) ne forment en réa- lité qu'une seule coupure se terminant en un point de son par- cours. D'après la façon dont on a opéré, on voit que les coupures sont absolument disposées comme celles qui nous ont servi dans le cas d'une surface à deux feuillets. La seule différence entre les deux cas, c'est que les coupures Cv employées ici joignent une cou- pure by à une coupure a^^t. Mais ceci importe peu; on a déjà fait remarquer, en effet, que l'on peut, par une déformation con- tinue, déplacer l'extrémité de la coupure Cv de façon à Tamener en un point de ^v+i . On verra d'ailleurs que ces coupures Cy ne jouent qu'un rôle tout à fait auxiliaire. Relativement aux bords positifs et négatifs des coupures a^ et 6v, on peut choisir arbitrairement le bord positif d'une coupure «v? et le bord positif de b^esl alors dé- ■^36 CHAPITRE V. fini par la convention du Chapitre III. Par exemple, si la cou- pure «v, vue en projection sur le plan des z^ a la forme d'une courbe fermée, ne se coupant pas elle-même, on prendra pour bord positif le bord extérieur. IH. Appliquons ces considérations générales à quelques exemples. Exemple 1. — La surface de Riemann correspondant à la relation se compose de quatre feuillets; les points z = y. et ^ = y sont des points de ramification d'ordre 3 ; au point z=^ sont superposés deux points de ramification simples, enfin le point à l'infini n'est pas un point de ramification. La surface est donc du premier genre, d'après la formule générale. Nous supposerons les lignes de passage tracées suivant des lignes droites indéfinies issues des points a, p, y : soient i^, u.., u,i, u,, les quatre valeurs de u, rangées par ordre d'argument croissant, qui correspondent à une valeur de z différente de a, p, y, et P,, Po, P3, P, les feuillets cor- respondants de la surface de Riemann. Les lacets (a) et (y) unissent les racines u, et lu, 11-2 et u^, u^ et ?/,, u, et w,. Les lignes de passage issues des points a et y unissent donc les feuil- lets Pi etP„ P2etP3, P3 etP,, P, et P< . Au contraire, il y a deux lignes de passage distinctes issues de p; l'une d'elles unit les feuillets P^ et P3, l'autre les feuillets Po et P,. Lafig. 83 montre Fig. 83. h r>' ■^ // // If ta ;-- -hA — ^ -•. les deux coupures a et 6; on a adopté un trait différent pour chaque feuillet, comme il est indiqué à côté de la figure. CONNEXION DES SURFACES DE RIEMANN. 287 Exemple 11. — La surface de Riemann correspondant à l'é- quation a quatre feuillets et six points de ramification; les points a et v sont des points de ramification d'ordre 3 ; aux points jj et oc, on a deux points de ramification simples superposés. Le ^enre de la surface est donc égal à 2. jNous supposerons toujours les lignes de passage tracées suivant des lignes droites allant des points a, p,y au point à l'infini. Adoptons les mêmes conventions que dans l'exemple précédent. Quand on tourne dans le sens direct autour du point a, on rencontre les feuillets dans Tordre P,, Po, P3, Pj ; Fig. 84. quand on tourne dans le sens direct autour de y, on les rencontre dans Tordre P,, Pj, P3, Po. Du point [^partent deux lignes de pas- sage unissant Pi et P3, Po et P4. Sur \dijig. 84 on a tracé les cou- pures a,, 6,, c,, «2, b.2' Exemple III. — La surface de Riemann correspondant à la relation ..3=A(.--a)(^-3)(3-Y)(^_5)(M (') Cette équation a servi de point de départ aux recherches de M. Picard Sur les fonctions de deux variables indépendantes analogues aux fonctions modulaires (Acta mathematica, t. II, p. ii4)- 238 CHAPITRE V. a trois feuillets et cinq points de ramification du deuxième ordre, a, [^, y, 0, co : le genre est donc égal à 3. Quand on tourne dans Je sens direct autour des points a, p, y, o, on rencontre toujours les feuillets dans le même ordre P^ , Po, P3. Sur la fig. 85 on a Fig. 85. supposé les lignes de passage allant des points a_, p, v, S à l'infini ; on a tracé les coupures «2, , èi, c< , «2, ^2, Co, a^, b^ en figurant par un trait continu, par des points ou des points-traits, les lignes tracées dans les feuillets i, 2, 3. 112. Proposons-nous encore, comme application, d'étudier le genre d'une équation binôme (i) i^'" = R(5), R(^) désignant une fonction rationnelle. Si, pour une valeur CONNEXION DES SURFACES DE RIEMANN. l3g finie ou infinie de z, R(^) a une valeur finie différente de zéro, les 771 valeurs du radical ^R(^) restent des fonctions uniformes de z dans le domaine de ce point. Il en est de même si, dans le domaine d'un point z = a à distance finie, on a ou si Ton a, pour ^ = ce, q étant un nombre entier positif ou négatif, et R, [z) une fonction rationnelle qui prend une valeur finie et différente de zéro pour z = a, ou pour z =^ ce. On obtiendra donc les points de ramification de la surface de Riemann, correspondant à la relation binôme (i), en cherchant les pôles ou les zéros de la fonction rationnelle R(^) dont Tordre de multiplicité n'est pas un multiple de 77i. Soit a un de ces points, un zéro par exemple, et 7i son degré de multiplicité. Dans le do- maine du point ^ = (7, les 77i valeurs de u sont représentées par V(i;-a)'*Pi(z), P, (^) désignant une fonction uniforme dans le domaine du point z = a et le radical ^{z — «/' devant être pris avec ses m déter- minations. Lorsque l'argument de ^ — a augmente de 27r, l'argu- ment de II augmente de — -- Supposons — réduit à sa plus simple expression -; après /' tours de la variable z autour du point «, l'argument de u a augmenté de 2t.s et, par conséquent, u revient à sa valeur initiale. On a donc, en supposant m = /-a, a cycles de /• feuillets ayant leurs sommets au point z ^ a. Soient rt,, ao, . . . , a^ les différents points de ramification, et /, , /'o, . . . , 7'q les nombres entiers qui jouent le même rôle que le nombre /■; le point ai est le sommet de a/ cycles de r/ feuillets. Posons m = a, /'i = a2 /'2 = . . . = ocg r'q ; tous les nombres /'i, /*o, . . ., 7'q font partie des diviseurs de m su- 24o CHAPITRE V. périeurs à l'unité et ne sont pas iorcément inégaux. La formule générale de Riemann nous donne alors ai(/-l — l)^...-f- g (/y — t) L — L (m — i)=p ou / 1p — 1. Les surfaces de Riemann, qui correspondent à une équation bi- nôme, sont des surfaces régulières. On appelle ainsi les sur- faces de Riemann telles qu'en chacun des points de ramification les m feuillets de la surface se partagent en un certain nombre de cycles composés d'un même nombre de feuillets. Soient «,, <225 ' ' '^ciq les points de ramification; si au point ai les m feuillets se partagent en a,- cycles de 77 feuillets (m = a/ 77), le genre de la surface est encore donné par la formule précédente. La détermination de toutes les surfaces régulières d'un genre donné dépend donc en premier lieu de la recherche des solutions en nombres entiers et positifs de l'équation (2), /'<,..., /-^ étant des diviseurs de m supérieurs à l'unité. On peut encore écrire cette équation m{q — 2; — (aiH-... + a,^)=r 27?— 2, a,, a2, . . . , a^ étant des diviseurs de m, inférieurs à m. Examinons les cas les plus simples. Si /? = o, l'équation (2) donne q-1 etj comme - est au plus égal à -, on en conclut que l'on a q — i<^ ou q <\. Si q =2, l'équation (2) devient m m ri /•2 CONNEXION DES SURFACES DE RIEMAXN. 24! ce qui exige que l'on ait m = /-< = /-o. En prenant ^ = 3, on doit avoir III - H ^ - >i, /•l /'2 ''3 équation qui n'admet qu'un nombre fini de solutions en nombres entiers et positifs. Toutes les solutions de l'équation (2) sont, dans ce cas, renfermées dans le tableau ci-dessous : (q = 2, m = f'i = r,; / 771 = 2/1, /'i = 2, fi — 2, 7'i = n ; p = oi ) m = 12, /•i=2, /•o=3, ri=3; I i m = 24, /•i = 2, r,^3, /•j=4; \ \ m =z 60, '*! = 2, /■2— 3, /•:i=5. Si /> = I , l'équation (2) devient -2-2;!- = o; îomme — est au plus égal à -, on doit avoir q'^i -i- ~f ou ^ = 4" Si ^ = 4? OQ a forcément /v= 2. Si ^ == 3, l'équation devient ï I h — = I /'2 '-3 et n'admet encore qu'un nombre fini de solutions, qui sont four- nies par le tableau ci-dessous : q = 4, '"i = ''-2 = /'3 = /^ = 2 ; I /'l =: O, /'■■> = J, /'g = J 5 /> = I < ] ' = 3 j ri = 2, 7-2 = 4, ''3=4; ( /'l = 2, /'2 = 3, /-j = 6. Enfin, si Ton suppose p supérieur à un, l'équation (2) n'admet encore qu'un nombre limité de solutions en nombres entiers et A. ET G. 16 ^42 CHAPITRE V. positifs, répondant à la question. En effet, on a ^-^ < ? et, par suite, 7n iq — 1 — ) ^ ^y — ^ OU (3) m{q-^)^\p-^. Comme m est au moins égal à 2, on en conclut que q satisfait à l'inégalité q — \%ip — ?. ou l'égalité n'ayant lieu que si tous les nombres m et r, sont égaux à 2. Il y a donc une limite pour q. En second lieu, pour une va- leur donnée de q^ il y a une limite pour m et, par suite, pour j\ , r2, . . . , Fq. Ceci est évident, d'après l'inégalité (3), si q est su- périeur à 4- 11 ne peut y avoir de difficulté que si ^ = 3 ou — ai)«i(s — a2)«2...(^ —as)"^. Supposons connues les valeurs de q^ /'<, r^, . . ., r^. Le nombre .V est égal k q — i ou à ^, suivant que le pointa l'infini est ou non un point de ramification. Quant au nombre /?z, il est toujours égal au plus petit multiple commun M des nombres /'i , /'o, . . ., rq. En effet, le rapport — réduit à sa plus simple expression doit être de la forme —S ce qui exige que m soit divisible par ri. On a donc m = MQ, et, par suite, ni r'i , M tous les nombres ni sont donc divisibles par Q, et, par consé- quent, on a Q = I : autrement la relation ( 5 ) ne serait pas irréduc- tible. Cette remarque permet d'éliminer un certain nombre des solu- tions trouvées pour l'équation (2), auxquelles ne correspondent (') Riemann a démontré qu'à toute surface connexe à plusieurs feuillets cor- respond une fonction algébrique. (Picard, Traité d'Analyse, t. II.) CONNEXION DES SURFACES DE RIEMANN. 2^5 pas d'équations binômes. Nous voyons de plus que, lorsque yo = I , les valeurs de m sont respectivement m = 2, 3, 4, 6. En nous bornant au cas de /? = o et de y;» = i , nous n'avons donc en tout que six cas à examiner : /> = o, ? = 2, /77 = n — ''î, /) = o, ? = 3, /?î = 2/1, ri = 2, /% = 2, rg = n {n impair p = h ? = 4, /?i = 2, ri = ^2 = ''3 = ^4 = 2 ; î = 3, m = 3, /•i = /'s -= /-s = 3 ; î = 3. m r^ 4, r, = 2, r2 = /'3 = 4; 9 = 3, m = 6, /'i =: 2, ro = 3, /'s = 6. La discussion n'offre aucune difficulté et toutes les relations bi nomes de genre o ou i sont fournies par le Tableau suivant : /> = o «2)' III.. IV. . V... VI.. VII. VIII ir- = [Ri {z)y-{z — ai){z — a.2){z - a^jiz — «4); ir^ = [Ri{z.)Y^{z-ai)iz — a,){z-a^); m3 = [Ri(\s)]3(- — «i)(-s — «2)(- — «3); . u^ = [Ri{z)]Hz — ai)(z — a.); u^ = \Ri(z)f{z - aiY-iz - a.y-(z - a^r-; u^=[Ri{z)\^{z-aiy{z-a.y- IX u'*= [Ri(z)]'-{z — aiY-iz — a,){z - as); X u' = [R,(^)]H- - «i)'-(- -«2); XI u'^ = [Riiz)]*{z — a.2){z — as); xu. ... u* = [Ri(^)]H^ - «i)'-(- — «2)H- — «3)^ ; \ XIII... u'*=[Ri{z)y-{z^aiy-{z-a.y\ XIV. ... u'* = [Ri{z)]-*{z-aoy{z - «3)^ ; XV 11^ = [R,{z)]H^ — ay)(z - a.y-iz — a^y; XVI.... ii^^[Ri{z)Y{z — ai){z-a.2y; ii^=^[Ri{z)y(z-a,){z-a,y; «6 = [ Ri (z)y {z — a.yiz — «3 )-^ ; u^ = [Ri{z)Y{z-aiy{z-a.y: «6 = [Ri(.)]6(^_«l)3(-_«3)5; ?.6 = [Ri(^)]6(-_ a2)H--«3)^- XVII. . XVIII. XIX... XX. . XXI... XXII. . On peut remarquer que ces équations se déduisent de quelques ^46 CHAPITRE V. unes d'entre elles par des transformations simples. Ainsi, en effectuant sur z une substitution linéaire, on peut ramener les trois dernières équations à la relation (XTX), les équations (XVI), (XVII) et (XVIII) à la relation (XV), (XIII) et (XIV) à (XK), (X) et (XI) à (IX), (VIII) à (VII), (VI) à (V), (IV) à (III), (II) à (I). On peut déduire de même (VII) de (V), (XII) de (IX), (XIX) de (XV) en changeant ..en^. Enfin, si Ton remplace u par uK^{z)^ on voit que toutes les équations bi- nômes de genre un se ramènent à quatre équations distinctes Iir.. . . m2 ={z-~a^){z — a^){z — a^){z — a,)) VU'.... u^ = {z-a,Y{z-a,Y{z~a,Y- Xir.. . . u'^ ^{^z — a^ Y{z — a.y{z — «3)3 ; XIX'... u^ = {z — a^y{z — a^f{z — aiY, dont elles peuvent se déduire par une substitution linéaire effec- tuée sur z^ accompagnée de l'une des transformations U Toutes les équations binômes de genre zéro se ramènent de même à la relation unique 113. Nous avons vu qu'il existe en outre quatre surfaces de Riemann régulières de genre zéro, composées respectivement de 12, 24, 60, in feuillets. Les équations algébriques correspon- dantes jouent un rôle important dans un grand nombre de re- cherches ( ^ ); nous allons les indiquer ici. Nous nous appuierons pour cela sur les identités suivantes qu'il est facile de vérifier (^)^— (^)^ {u'* — 2 v/=^ m2 + i)"^ _ (wi _|_ 2 v^IITs t^2 _|_ 1)3 ^ _ 12 s/'^[u{u'* — l)]2, (a8 -h 14 u'* 4- i)3 _ fo8 [i^(i^4_ ,)]4 = (ïil2_ 33 ^^8 _ 33 u'* -f- l)2, == — [w30+T-4- 52'2(w2S_ u^)— IOOo5(w20+ wl0)]2. (' ) Voir, par exemple, l'Ouvrage de M. Klein, Vorlesungen iiber das Jkosaedei CONNEXION DES SURFACES DE RIEMANN. 1^'J Cela posé, les équations algébriques (z/«-i)2 (M«-l-l)2' (m*— 2V/— 3w2^l)^ [u^^is/^lW^-hif (m8+i4w* + i? I08[M(z^i-l)]*' (— m20_^ 228?^13__4g4;^10_ -2lSu'^ — -1)3 i-ji^u^^u^^^iiu'^- -1)5 OÙ 1 on considère :? comme la variable indépendante et u comme la fonction, admettent pour surfaces de Riemann des surfaces ré- gulières de genre zéro. Démonlrons-le, par exemple, pour la seconde. La surface de Riemann se compose de t2 feuillets ; pour :: = o, les douze racines sont égales 3 à 3 et les racines égales for- ment un seul système circulaire. Le point z = o est donc le som- met de quatre cycles de trois feuillets, et l'on voit immédiatement qu'il en est de même du point z = ce. D'autre part^ la seconde des identités écrites plus haut montre que les douze racines de- viennent égales deux à deux pour ^ = i , une racine double étant infinie. On a donc , au point ^ = i , six points de ramification simples. Pour faire voir que la surface n'a pas d'autres points de ramification, il suffit de montrer que'pour toute autre valeur finie de z les douze racines de l'équation en u sont distinctes. C'est ce qu'on peut voir facilement. Si, en effet, pour z = a l'équation en u admettait une racine multiple u = b, on aurait ^ — ^ — 7 — : Zi ) et le numérateur de -r^ contiendrait en facteur (u — bY'*. Or du ^ ' un calcul facile donne clz _ 8 \-— 3 ?/(a' —I ) (?/>— 2 y/^^ zr2 ^ i)^ et le numérateur n'admet pas d'autres racines que celles qui pro- viennent des valeurs o et i de :j. ^ »° CHAPITRE V. 114. Intégrales ahéliennes. — Soit (7) F(^, M) = o une relation algébrique irréductible, de degré m en u, T la sur- face de Riemann correspondante, composée de m feuillets éten- dus sur le plan des z, cp(s, u) une fonction rationnelle de z et de II. L'intégrale ' cp(z, u) clz est dite une intégrale abélienne appartenant à l'équation (7). Nous supposerons qu'on a pris pour limite inférieure (^o, «o) un point de la surface par lequel ne passe qu'un seul feuillet et pour lequel cp(z, i^) reste fini. Occupons-nous d'abord des points singuliers que peut ad- mettre cette intégrale. Il suffit d'examiner les différentes formes possibles pour cp(^, u). Soit d'abord (a, h) un point analytique à distance finie, par lequel ne passe qu'un seul feuillet, dans le voisinage duquel la fonction cp(^, w) est régulière. Dans le do- maine de ce point, on a o(s, w) = Ao-i- Ai(^— a) + A2(^ — a)2 + ... et, par suite, A A w^ H+Ao(^ — a)+ -l(^_a)2-f- _? (^ _ a)3 4-. . . ; l'intégrale w est elle-même régulière dans le domaine de ce point. Supposons ensuite que le point {a,b) soit un pôle de on en déduit «^ = " + (Tir^ (T=:^ + - ••+ A- jog(z-a) + Ao(z --.«) + .. .. Si A_, est nul, le point analytique («, h) est un pôle d'ordre ii — i de l'intégrale; si A_, n'est pas nul, c'esl un point singu- lier logarithmique. Lorsqu'on tourne autour du point (a, b) sur la surface, l'intégrale augmente ou diminue de itûK_^. CONNEXION DES SURFACES DE RIEMANN. 249 Supposons ensuite que (<7, b) soit un point de ramification d'ordre jjl — i . Plusieurs cas sont à distinguer : i« La fonction cp(^, u) est régulière en ce point \_ « 0(2, w) = Ao ^- Ai(.^ - a)H- -+- A2(^ — a)H- -T- . . . . On aura w= j o{z, u)du = 11 — S^q(z — a) a — I a — 2 On voit que l'intégrale est également régulière au point (a^b). 2« Le point analytique {a. b) est un pôle d'ordre inférieur à a. On a tf{z, m) = A_5j,+„ -^ 4-. . . (z-a)' V- et, par suite, n L'intégrale iv est encore régulière dans le domaine du point ana- lytique (rt, 6), quoique sa dérivée devienne infinie en ce point. 3° Le point analytique {a, b) est un pôle d'ordre supérieur à u-, et le résidu est nul. On a 0{Z, u) =A-^-n- ^ -<-••• et H ^ A_,j._rt d' = H . -t- . . . , n 1 (z-cc)'^ l'intégrale abélienne w admet le point {a, b) comme pôle d'ordre n. 4« Enfin si le point («, b) est un pôle d'ordre égal ou supérieur à jJL, sans que le résidu soit nul, ce point est pour l'intégrale périodes cycliques et une période polaire égale à i-kî. Remarquons encore qu'il ne peut y avoir d'intégrale plus simple ayant des points critiques logarithmiques. En effet, si la dérivée --r- a des pôles simples, elle en aura au moins deux, avec des résidus égaux et de signes contraires; en divisant l'intégrale par une con- stante égale à l'un de ces résidus, on ramènera les résidus à être dz I . 118. On verra, dans un des Chapitres suivants, comment on peut former ces trois espèces d'intégrales. Nous nous bornerons, pour terminer ces généralités, à rappeler quelques conséquences de la formule de Riemann. Soient w une intégrale de première espèce et A| , . . . , A^p, R, , Bo , . . . , B^ ses ip périodes, Av = av + av / — I , Bv = pv 4- [^v / — i • D'après la formule de Riemann, l'expression ^(avp;-Pv<) est essentiellement positive; elle ne pourrait être nulle, d'après la façon même dont on établit cette formule, que si w se réduisait à une constante. On en conclut immédiatement que, si ^v ne se réduit pas à une constante, il est impossible : i*' que les parties réelles ou les parties imaginaires de toutes les périodes soient nulles; 2° que les périodes relatives à toutes les coupures a^ ou à toutes les coupures Z>v soient nulles en même temps. Une autre conséquence, sur laquelle nous voulons appeler l'at- tention, c'est qu'à une relation algébrique de genre p ne peuvent correspondre plus de p intégrales linéairement dis- tinctes de première espèce. Soient, en effet, w^, (Po, ..., tv^^,, p -f- I intégrales de première espèce ; on peut toujours trouver/) + i coefficients constants Xj, \2i • • • ? ^^p-\-\i dont un au moins sera dif- CONNEXION DES SURFACES DE RIEMANN. 255 férent de zéro, tels que toutes les périodes de l'intégrale Xi«^i-^ . . . -f- Xp+iWp^i, relatives aux coupures «v, soient nulles; on a en effet, pour déter- miner ces coefficients, p relations linéaires et homogènes à /? -f- i inconnues. L'intégrale précédente se réduit donc à une constante, et, si A^+o par exemple, n'est pas nul, on voit que Wp_^.i est une combinaison linéaire à coefficients constants des p intégrales iVi, ..., Wp. Il y a donc au plus/? intégrales distinctes de pre- mière espèce. On démontrera plus loin qu'il y en a p effecti- vement. 256 CHAPITRE VI, CHAPITRE VI. TRANSFORMATIONS BIRATJONNELLES ('). Transformations rationnelles générales. — Transformations birationnelles. — Conservation du genre. — Ordre et classe d'un cycle. — Transformation d'Halphen. — Théorème de Nother. — Définition géométrique du genre. — Courbes de genre zéro. — Courbes de genre un. — Courbes de genre deux. 119. Soit (l) /(^, M) = 0 une équation algébrique irréductible, de degré m en u et de degré n en z. Prenons deux fonctions rationnelles de z et de u d'ordres f/ et v respectivement; la fonction cp(^, u) admet jjt. pôles sur T, en général distincts, et la fonction ^(5, u) en admet v. Si Ton élimine z et u entre les équations (i) et (2), on est conduit à une relation algébrique entière entre Z et U, (3) F(Z,U) = o, qui exprime la condition nécessaire et suffisante pour que les trois équations (i) et (2) admettent un système de solutions com- munes en z et u. Il est facile de trouver le degré du polynôme F(Z, U) par rapport à chacune des variables. A une valeur de Z la relation Z = (d(z, u) fait correspondre par hypothèse a points (') Auteurs à consulter : Nother, Sur les systèmes singuliers, etc. {Mathe- matische Annalen, t. IX, p. 166-182) ; Halphen, Note ajoutée à la traduction fran- çaise du Traité des courbes planes, de Salmon. TRANSFORMATIONS B I R A T I ON NE L LE S. >.j- analjtiques sur la surface T, et par suite aussi u. valeurs de U; inversement, à une valeur de U correspondent v points de la sur- face T et, par suite, v valeurs de Z; l'équation (3) est donc de degré ui par rapport à U et de degré v par rapport à Z. 120. Le polynomeY [T^ U) est irréductible, ou il est une puis- sance exacte d'un polynôme irréductible. Soit en effet (Zq, Uo) un couple de valeurs de Z et de U, véri- fiant l'équation (3) ; il existe sur la surface T un point analytique {zq^Uq) tel que l'on ait soient ensuite (Z,, U, ) un autre couple de valeurs de Z et U, satis- faisant à l'équation (3), et (::?,, u^) un point analytique correspon- dant de la surface T, c'est-à-dire tel que Ton ait ./(-i,Wi) = o, Zi = ç(^,, ;/i), U, = •}( Ji, f<,). Imaginons que l'on aille sur la surface T du point (^Zq^ Uq) au point (^,, u^) par un chemin ne passant jiar aucun des pôles des fonctions cp(;, u) et ^(^, u). Alors Z variera d'une manière con- tinue de Zo àZ,, et U variera de même de Uq à U,. Donc, si l'on considère la fonction algébrique U de Z définie par l'équation (3), on voit qu'il est possible de faire décrire à la variable Z un chemin allant du point Zq au point Z,, tel que, U avant la valeur initiale Uo, sa valeur finale soit U, ; Uq est une quelconque des racines de l'équation F(Zo,U) = o et U, une quelconque des racines de Féquatiou F(Z„U) = o. Or, cela n'est possible que si le polynôme F(Z, U) est irré- ductible ou est une puissance exacte d'un polynôme irréduc- tible (§ 85). \ oici comment on pourra distinguer les deux cas. La relation Z = '^iz,u) A. ET G. 258 CHAPITRE VI. fait correspondre, à chaque valeur de Z', a points analytiques sur T, en général distincts, (G) (-l,«l), (-2, "2), ... (-fJo^^ljJ- De même l'équation fait correspondre, à chaque valeur de U, v points analytiques (G') {z\,u\), {z',_, u'.^), ..., (-;, <). Si les valeurs considérées Z, U vérifient l'équation (3), un ou plusieurs points analytiques devront faire partie des deux groupes. On a donc deux hypothèses à examiner : 1° Supposons d'abord, ce qui est le cas général si les fonctions > //. On aura donc, dans tous les cas, la relation la somme \](/7 — //) étant étendue à tous les points de ramifi- cation de T, et la somme \^(/^ — i) à tous les zéros de -77 distincts des points de ramification. Cette égalité peut encore s'écrire 266 CIIAPITUE VI. OU — m-T-i — 1 > -^ _ a + I. 2 22' Or les deux membres de celte égalité sont égaux respectivement aux nombres p elp' qui, d'après la formule générale de Riemann, représentent le genre de la surface T et de la surface T<. Le théo- rème est donc établi. Remarque. — Etant donnée une relation algébrique entière f{z, 11)^0, on peut à volonté considérer z ou u comme la variable indépen- dante. On a ainsi deux surfaces de Riemann distinctes T, T, qui sont du même genre, d'après le théorème précédent. On peut donc, pour évaluer le genre de la relation f{z^ u) = o, considérer à volonté la surface T ou la surface T^. Par exemple, si la relation est du premier degré par rapport à l'une des variables, l'une des surfaces de Riemann se réduit à un plan; on peut affirmer que l'autre surface est simplement connexe. 123. Soit (0(5, u) une fonction du point analytique (z, u)] si l'on suppose ;: et u remplacés par leurs valeurs en fonction de Z et de U, to(z, u) se change en une fonction Û(Z, U) du point analytique (Z, U). Soit (A, B) le point analytique qui correspond à un point analytique (a, b) de la première surface : si la fonc- tion 03(5, u) est régulière dans le domaine du point (a, b), la fonction Û(Z, U) sera régulière dans le domaine du point ( A, B) ; si le point («, b) est un pôle ou un zéro pour w(-g, w), le point (A, B) sera un pôle ou un zéro du même ordre pour Q(Z, U). Pour plus de généralité, supposons que le point analytique (<2, b) soit un point de ramification d'ordre r — i de la première surface, et le point (A, B) un point de ramification d'ordre / — i de la seconde surface. D'après les développements du paragraphe précédent, on aura, dans le domaine du point (r/,, ^), 1 1 2 (Z — A)^ — ai{z ~ ay'-\- i^i^ ~ «)'' — • . ., «i ?^ o, et inversement dans le domaine du point (A, B), _i 1 2 (^ _ af = ?i(Z -ky-^ p2(Z - Ay +. . ., pi ^ o. TRANSFORMATIONS R I R A T 10 NN EL LE S. 267 Toute fonction to(w, u) régulière au point («, b) est égale à la somme d'une série convergente ordonnée suivant les puissances positii^es el croissanles de (z — a)'"; la fonction Q(Z,U) sera donc égale à la somme d'une série convergente ordonnée suivant 1 les puissances positives et croissantes de (Z — A)^. Si le premier développement commence par un terme en (.- — a)'', le second développement commencera par un terme en (Z — A)^; le point (a, b) sera un zéro d'ordre q pour w(^, w), et le point (A, B) un zéro d'ordre q pour Û(Z, U). Si le point (a, b) est un pôle d'ordre q' pour Lo (z, u), on aura, dans le domaine de ce point, =:!?.'( 1 j iû(z, u) = (z — a) '' ^ «0 — «1 (-s — «)'■ -f- . . . ) , «0 ^ G, et par suite -'7' « -^.(z-Ay 12(Z,U) = (Z-A) ^ ^' ' ^'^" '^\ %^o, Yo?^o Yo-f-Ti(Z — Ay-i-... ou _r i 1 / 0(Z, U)=(Z-A) / (ao4-oi(Z-A) -^... i, ôo?^o, de sorte que le point (A, B) sera un pôle d'ordre q' pour Û(Z, U). Le raisonnement reste le même si un des points (<7, b) ou (A, B) s'en va à l'infini sur l'une des surfaces. Il suffira de rem- placer z — X par -5 ou Z — ao par y Soit(v= j Il{z^ u) dz une intégrale abélienne relative à la courbe /(^, u) = o ; si l'on pose ^ = 4>(Z,U), 11 = W(Z,l]), cette intégrale se change en une nouvelle intégrale abélienne / II, (Z, \J)dZ relative à la courbe transformée F(Z,U) = o. En particulier, si la première intégrale reste finie en tous les points de la surface T, il en sera de même de la nouvelle inté- ^G8 CHAPITRE VI. grale. Donc une intégrale de première espèce se change en une intégrale de première espèce, et ceci n'exige pas que la transfor- mation employée soit réversible. Si à la première courbe sont attachées q intégrales distinctes de première espèce, il j en aura au moins q pour la seconde, mais elle pourra en avoir davantage. Si nous supposons, en outre, que la transformation soit réversible, le nombre des intégrales de première espèce pour la seconde courbe ne pourra être supérieur à ^; caria transformation inverse donnerait pour la première courbe plus de q intégrales de première espèce. Ainsi, deux relations algébriques de la même classe admettent le même nombre dHntégrales abéliennes distinctes de première espèce. On voit de même qu'une transformation birationnelle change une intégrale de seconde espèce en une intégrale de seconde es- pèce et une intégrale de troisième espèce en une intégrale de troisième espèce. Parmi les transformations birationnelles, une des plus simples est la transformation homographique, définie par les formules «ZH-6U-f-c a'Z^ b'\] -^ c' a"Z-^b"V-^c" a"7.-\-b"V^c"' soit m le degré d'une relation algébrique /(s, u) = o, en z et u^ c'est-à-dire le degré de la courbe représentée par cette équation. Choisissons une droite D rencontrant cette courbe en m points simples distincts; on peut disposer des coefficients de la transfor- mation homographique de façon que celte droite soit rejetée à l'infini et qu'aucune asymptote ne soit parallèle à l'axe des U. L'équation transformée sera de degré m en U, et les m valeurs de -y pour une valeur infinie de Z seront distinctes et finies, de sorte que les m valeurs de U seront représentées, pour des va- leurs de Z de module très grand, par m développements de la forme a'/' U = c/Z + a'o'^+-^ + ... . La surface T correspondante n'aura pas de point de ramification à l'infini. Les points de ramification proviendront des points mul- tiples de la courbe et des points où la tangente est parallèle à TRANSFORMATIONS B I R A T I ON N E LLE S- 269 l'axe des U. On peut toujours supposer que ces derniers sont des points de ramification simples ; il suffit pour cela que Taxe des U ne soit parallèle à aucune tangente d'inflexion. 124. Avant d'aller plus loin, il est nécessaire d'entrer dans quelques détails sur la théorie des courbes planes algébriques et sur un important théorème dû à M. Nother. Étant donnée une re- lation algébrique entière et irréductible en z et u, / (-: «) = 0, si l'on considère z et a comme les coordonnées cartésiennes d'un point du plan, cette équation représente une couj-be. Au sens étroit du mot, la courbe se compose simplement des points dont les coordonnées réelles vérifient l'équation pré- cédente. Mais nous conserverons le nom de courbe pour dési- gner l'ensemble des solutions, réelles ou imaginaires, de cette équation. Soit z = a. Il ^ b un point de cette courbe à distance finie. Si pour z = a l'équation /(«, u) = o admet IN racines égales à 6, il résulte de l'étude faite plus haut (§ 81) que, pour une valeur de :: voisine de a, l'équation /(::, w) = o admet N racines voisines de b', de plus ces N racines se partagent en un certain nombre de systèmes distincts. Les racines d'un même système sont repré- sentées par un même développement en série (5) u — b = oc^{z — a)'^ -^ 7.i{z ~ ay^ -V... où ao, a,, ... sont des coefficients quelconques, dont le premier n'est pas nul, 7?^, /?z,, ... des nombres entiers positifs croissants, et où les exposants sont supposés réduits à leur plus petit déno- minateur commun n. Quand on attribue au radical (z — a)" ses n déterminations, le second membre prend /i valeurs distinctes ; il faut remarquer toutefois que dans le calcul on doit prendre dans chaque terme une même détermination de (z — a)". En langage géométrique, ces résultats s'énoncent comme il suit : Soient «, b les coordonnées cVun point d'une courbe algébrique. Au CHAPITRE VI voisinage de ce point , les diverses branches de la courbe sont représentées par un ou plusieurs développements de la forme (5). La portion de courbe représentée par une équation telle que (5) s'appelle un cycle et le point (a, b) est V origine de ce cycle. De l'équation (ô) on tire inversement un développement de z — a suivant les puissances positives de {u — ^)'", commençant 71 par un terme en [u — b)'"- ((i) z — a= ^^{u — bY^-\- ^^{u-by^-^.... Le premier exposant — pourra ne pas être réduit à sa plus simple expression, mais m sera le plus petit dénominateur commun de tous les exposants. En effet, supposons que ces exposants puis- sent être réduits à un dénominateur commun m' << m. On aurait m — m'k^ n — n' k^ /ii — n\k , et la formule (6) pourrait s'écrire n' n'i On en déduirait ensuite pour u — b un développement procédant suivant les puissances positives de (g — a)"', de sorte que u pren- drait/zSaleurs différentes, et non pas n, lorsque z tournerait autour du point z ^= a. Des deux développements (5) et (6) il y en a au moins un qui commence par un terme dont le degré n'est pas inférieur à l'unité. Supposons par exemple — ^ i ; le nombre n est appelé V ordre ouledegré dvi cycle : si Ton avait au contraire — << i , alors — serait supérieur à un, et le degré du cycle serait égal à in. Le degré d'un cycle est indépendant du choix des axes de coordonnées ou, d'une manière plus générale, ce degré se con- serve par toute transformation liomographique. Supposons qu'une transformation homographique fasse correspondre au point (a, b) TRANSFORMATIONS B I R A T I ONN E LLES. 271 un point de coordonnées (A, B). Les formules de transformation sont de la forme 7 A - ^'(--^)-^^'(''-^) L'équation (5) qui représente le cycle, supposé d'ordre /?, peut être remplacée par le système des deux équations z = a-h f", i, = b -^ocot'" -h ' ■ .-■, si l'on remplace z — a et u — b par ces valeurs dans les formules de transformation, on obtient pour Z — A et U — B des dévelop- pements suivant les puissances positives de t, dont l'un au moins commence par un terme en t". Si , par exemple , cela arrive pour Z — A, on en déduira pour U — B un développe- ment procédant suivant les puissances positives de (Z — A)". Au cycle primitif correspond par conséquent un nouveau cycle dont le degré est au plus égal à fi. Ce degré ne peut être inférieur à n, car, si le degré d'un cycle ne jieut s'élever par une transformation homographique, il ne peut pas non plus s'abaisser. Remarque. — Considérons un point de coordonnées (c, u) appartenant à un cycle ayant son origine en un point {a, b). Le rapport ^^^- tend vers une limite finie et différente de zéro si m — n; il tend vers zéro si m > n et il croît indéfiniment si m < n, lorsque z — a tend vers zéro. La droite passant par l'origine du cycle et par un point infiniment voisin de ce cycle tend donc vers une limite parfaitement déterminée que nous appellerons la tan- gente du cvcle. Si cette droite est parallèle à l'axe des z, on a my>n; si elle n'est parallèle à aucun des axes de coordonnées, on a m = n. En particulier, si le cycle est linéaire ou du premier degré, et si la tangente au cycle n'est pas parallèle à l'axe des u, la valeur de u est représentée par une série ordonnée suivant les puis- sances entières et positives de :; — a u = b--~oL{z-a)-^^^{z-ay'-^ .... ^7'^ CHAPITRE VI. Si un point {a, b) est un point simple d'une courbe algébrique, le cycle qui a son origine en ce point est toujours linéaire (§80). 125. Pour définir le degré d'un cycle, dont l'origine est un point à l'infini de la courbe, on commence par ramener l'origine du cycle à distance finie par une transformation homographique. D'après ce qu'on vient de voir, le degré du nouveau cycle sera le même, quelle que soit la transformation homographique employée. Pour évaluer ce degré, il est commode d'introduire les coordon- nées homogènes. On a à cet égard la règle suivante, qui résulte immédiatement de ce qui précède : Les trois coordonnées homo- gènes d'un point étant dé^^eloppées suivant les puissances en- tières et croissantes d' un paramètre, qui correspond uniformé- ment à un point du cycle, formons trois combinaisons linéaires et homogènes X, Y, Z de ces coordonnées de telle sorte que les développements c/eX, Y, Z commencent par des termes à expo- sants tous les trois différents, et soient a, b, c ces degrés rangés par ordre de grandeur croissante : le degré du cycle est b — a. Si l'on a, en elTet, X = A '« 4- ... Y = B;^^+ ... on peut adopter pour coordonnées cartésiennes Y B , X A ^ ^ •• Z C X A ^ • • • ' d'où l'on déduira un développement de u suivant les puissances de z^'~~"- commençant par un terme en c—a r— b Z"~^ _— ^ b—a Le nombre c~b s'appelle la classe du cycle; c'est le degré du cycle corrélatif, c'est-à-dire du cycle qui se déduit du pre- mier au moyen d'une transformation par polaires réciproques. On TRANSFORMATIONS B I R A T I 0 N N E LL E S. ^73 peut prendre en effet pour coordonnées homogènes d'un point du cycle corrélatif les expressions Xi = \dZ — Zd\\ Y, = Zd\ — \dZ, Z, =Xd\ — Yd\. el, en remplaçant X, \, Z par leurs développements, il vient X, = (r — 6)BG?A^^-'-^ ... Yi = (<7 — c)AG/^+«-i^ . . . Z, = (/>-«) AB^^+'^-i-^ Les exposants, rangés par ordre de grandeur croissante, sont ici a -^ b — \ . a -^ c — I , h -^ c — I ; le degré du nouveau cvcle est bien égal à c — h\ comme on devait s'y attendre, sa classe est b ^ a, c'est-à-dire le degré du cycle primitif. Remarque. — Si Ton a un cycle représenté par l'équation u = kz " -^ . . . on peut le considérer comme représenté en coordonnées liomo gènes par les équations Y = xV ^"+v -h . . . Z= i; sa classe est donc égale à v. Proposons-nous maintenant d'évaluer le degré et la classe d'un cycle ayant son origine à l'infini. Plusieurs cas sont à dis- tinguer. Premier cas. — Le cycle est donné par un développement tel que le suivant m in—\ 1 2 u = A_„j z^ H- A.-,„+i z "^ -h . . . -t- B + Cl ^'"" -4- G2 ^ ~ " -i- où A_,„ ^ G. A. ET G. 18 274 CHAPITRE VI. Employons les coordonnées homogènes X Y puis posons X=i, Z-^«; il vient Si n est plus grand que /?^, les exposants, rangés par ordre de grandeur croissante, sont o, n — m, n ; le degré du cycle est n — m et la classe m. Si n = m, il faudra considérer dans Y l'exposant du terme suivant. Si n est plus petit que m, les expo- sants, rangés par ordre de grandeur croissante, sont n — m, o, n] le degré est m — /i et la classe n. Deuxième cas. — Le cycle a un développement de la forme u = Ao H- A,„ / ^j -'r- \„i+i G)"--^ 'origine du cycle est à l'infini sur 0^. Posons encore X Y ^ ^=r "=z' ^- = 1, Z = ?'^ 1 reste On a les trois coordonnées homogènes X=: I, Z = ^«, Y — AoZ = A,„^'«+«+ ...; le degré du cycle est /z et sa classe m. ' Troisième cas. — Le cycle a son origine à l'infini sur O u rn 1 U = \-,n {z — af ^ -\- . . . -h Xo -h Xi{z ~ a)'' + . . . . Il est équivalent au cycle représenté en coordonnées homogènes par les équations Y = A_,„ + A_;„+i t-\-...-hAo t"' H- A, ^"H-i + . . . , X= ^'"+«; le degré est m et la classe n. TRANSFORMATIONS B I R AT lONN E LLES. 275 Considérons en particulier un cycle représenté par le déve- loppement Il = A Z»^ H- B 3'«-l -f-...-^H-i-^^...; d'après ce que nous venons de voir, si m est^ i, le degré du cycle est m — i. Si donc m est supérieur à 2, le cycle n'est pas linéaire. Ce résultat peut sembler étrange, mais il est facile de le vérifier sur des cas particuliers. Par exemple, la courbe if = z^ présente un point de rebroussement à l'infini, car la transforma- tion homographique T :;' u = ---, ^ — —, IL U remplace la courbe donnée par la courbe u'- = z'^^ qui a bien un cycle du second degré à l'origine. Si m = i, le degré du cycle est toujours égal à un, mais la classe peut être quelconque. Si une courbe n'a que des cycles du premier degré, il en sera de même de toutes ses transformées homographiques. La courbe étant de degré m, supposons que la droite de l'infini la rencontre en m points distincts et qu'aucune asymptote ne soit parallèle à l'axe des u. Alors les ni valeurs de u pour ^ = ce seront représen- tées par m développements de la forme a'/' al,'' u = CiZ -^ y.^' ^ — -i- -j- -^ . . . (t = I, 2, . . . , ?n ), les m coefficients ct étant différents ; les m cycles ayant leur ori- gine à l'infini sont linéaires. La courbe peut avoir des points multiples d'ordre quelconque; mais, si aucune des tangentes en un de ces points multiples n'est parallèle à l'axe des u, hypothèse qu'on peut toujours faire, chacun des cycles de la courbe ayant son origine en un point multiple sera représenté par un déve- loppement de la forme u — b = oi{z — a)-\- '^{z — ay--\- Les seuls points critiques pour la fonction algébrique u de z dé- finie par l'équation y (;:, u) = o seront les points de la courbe où la tangente est parallèle à l'axe des w, si ces points ne sont pas ajô CHAPITRE VI. des points d'inflexion, ce qu'on peut toujours supposer, la sur- face de Riemann n'aura que des points de ramification simples. 126. JNous donnerons encore quelques détails sur une transforma- lion employée par Halphen et qui nous sera utile. Soient G(/?i,''.87) une courbe plane quelconque, S une conique directrice. A chaque point M de C, on fait correspondre le point de rencontre M' de la tangente en M avec la polaire de M par rapport à S. Le point M' décrit une courbe O qui correspond point par point à la courbe C, si la conique 2 n'a pas été prise d'une façon particulière. On peut remarquer qu'en partant de C^, polaire réciproque de G par rapport à S, on obtiendrait la même courbe C/. Considérons un cycle de C, de degré n et de classe v, et cher- chons le degré et la classe du cycle correspondant de C. Nous supposerons que le point M n'est pas sur Set que la tangente en M n'est pas tangente à S. Prenons pour triangle de référence MM, M', M, étant le pôle de MM' par rapport à 2; ce triangle est conjugué par rapport à S, et cette conique est représentée par une équation de la forme AX2+BY2-^GZ2=o, que l'on peut écrire, sans diminuer la généralité, X2 -f. Y2 + Z2 = O. TRANSFORMATIONS B I R A T I ONNE LL ES. 277 Soient ^,y, ^ les coordonnées homogènes d'un point de C, x\ y, z' les dérivées de x^y, z par rapport au paramètre t qui cor- respond uniformément aux points du cycle ayant son origine en ce point. La polaire M, M' a pour équation Xx -i- YjK — 7jZ = g ; la tangente MM' a de même pour équation X Y Z X y z X y z' ou \(yz'—zy)-^\(zx'—xz')^Z{xy—yx') = o. On en déduit pour les coordonnées homogènes de M' X=y(xy—yx') — z{zx'—xz') = ociyy'-^ zz')— x'(y--^z'-), y =y{zz'-^xx')~y{x^'-hzi), Z = z{xx'-^jy)— z'{x'--^y''). On peut toujours supposer le cycle de C représenté par les équations x = t'^, y = at'^+'^^ . . ., -=i; il suffit de prendre MM' et MM, pour les côtés X et Y du triangle de référence. Il vient a7'=/i/«-», j'z= (/i-f-v)rt^« o^ et les coordonnées d'un point du cycle correspondant de C auron pour expressions = — «/«-l-h .. ., Y = ntïn-\]^at'^^''^ . . .] — ([+ ^2«)[(,z + v)rt^«+v-i+ . . . j ^ — (n -i- v)a/"+v-i_,_ Z = /ir2«-i -^ {n-h v) «2 r-n+iy~i _ 278 CIIAPITRK VI. Les premiers termes des développements de X, Y, Z sont les suivants : ^ =^— nt'i-i -\- . . . , Y =— (/i-i- v)a^«+v-i_|_ _^^ 2. = nt^'''-^ -^ . . . ; trois cas sont à distinguer : Premier cas, v > /^. — Les exposants, rangés par ordre de grandeur croissante, sont n ~\^ 'in — \, /^ _j_ v __ i • le degré du nouveau cjcle est /2, et sa classe v — n. Deuxième cas^ v < n. — Le degré du nouveau cycle est v, et sa classe n — v. Troisième cas, y=zn. — Y et Z commencent par un terme en t-^~^ ; le degré du nouveau cycle sera égal à /z, et la classe s'ob- tiendra en cherchant le degré du premier terme dans nY + 9.7îaZ. En résumé, le degré du nouveau cycle est égal au plus petit des deux nombres /?, v. Dans aucun cas, il ne peut dépasser le degré du cycle primitif. Si n et v sont différents, la classe du nouveau cycle est zt (/i — v). Supposons maintenant que le point M est sur la conique direc- trice S et que la tangente au cycle n'est pas tangente à S; pre- nons pour côtés du triangle de référence la tangente en M à la courbe G et les deux tangentes à la conique S aux points où elle est rencontrée par la tangente à G. La conique 2 aura pour équation Y2-!-2XZz=o; x,y^ z, x',y, z' ayant la même signification que plus haut, les coordonnées X, Y, Z d'un point de G' seront données par les formules X =yiccr' — y.v') — .t{zx'- xz')^ Y = x(yz' - z.y) - .z.{xy~yx'), Z =z{zx' — xz')—j'{yz'~--zy). Le cycle de G étant représenté par les équations x=zt", y = at''-^'^-^ ., .^ z=i, on aura, pour le cycle correspondant de G', X = — /Z^2«-l H- . . . , Y = — 2xy-{-x'y — — (n -\- 2v)«?2«+v-i_|_^ _ ^^ Z = y -h y y = /zv«-i + . , , . TRANSFORMATIONS R I R AT I ONN E LLE S. 279 Les exposants, rangés par ordre de grandeur croissante, sont 71 — 1 . 171 — 1 , 2 /i + V — I ; le degré et la classe sont les mêmes pour le nouveau cycle que pour le cycle primitif. Dans la suite, nous supposerons toujours que la conique direc- trice I rencontre la courbe C en des points distincts, ainsi que sa polaire réciproque, et que ces points sont origines de cycles du pre- mier degré et de la première classe. SI la tangente en un point M de C est tangente à Z sans que M soit sur 2J, on est ramené au cas précédent, car le point correspondant M, de la polaire réciproque C, sera sur S sans que la tangente en M, à Ci soit tangente à S. 127. Etant do7inée une cou7^be algéb7^ique quelco7ique, on peut lui faire co/'7'espondre, poi7it pa7' point, pa7' ujie transf 07^- mation bi7xitio7i7ielle, utie aul7'e cou7'be algéb/^ique n'ayant que des cycles linéai7'es. 11 suffît évidemment de montrer que, si une courbe algébrique a des cycles de degré supérieur à un, on peut, par une transforma- tion birationnelle, abaisser le degré d'un de ces cycles sans aug- menter le degré d'aucun autre cycle. Soient 71 et v le degré et la classe du cycle considéré; appliquons à la courbe la transfor- mation précédente, la conique directrice I n'ayant, comme il a déjà été expliqué, aucune position particulière. Si v est inférieur à /i, le degré du nouveau cycle sera égal à v, et, par conséquent, inférieur à /z. Si v est supérieur à /î, le degré du nouveau cycle sera égal à 71, mais sa classe sera v — n. En répétant la transfor- mation par rapport à la conique - ou à de nouvelles coniques un nombre assez grand de fois, on finira par arriver à un cycle dont la classe sera inférieure ou égale à n. Dans le premier cas, une nouvelle transformation abaissera le degré du cycle. Le seul cas qui demande un examen particulier est donc celui où la classe est égale au degré ou à un multiple du degré. Em- ployons les coordonnées cartésiennes et supposons qu'on ait pris pour origine des coordonnées l'origine du cycle, l'axe des y ne coïncidant pas avec la tangente au cycle. Le développement de y contiendra un certain nombre de termes entiers en .r, a g+i y =i'P{x)-\- kx'^^'' -~ k^x^^ «-T-... o l'équation rendue homogène de la conique directrice S; le point (X, Y), qui correspond au point (^,jk), est à l'intersection des deux droites On tire de Jà on aura ensuite d^ ù^ , d^ La fraction qui donne Y' n'est pas, il est aisé de s'en assurer, indépendante de y, de sorte que Y' dépend bien effectivement TRANSFORMATIONS B I R A T I ON N E LL E S. 'iSl (\ey" ( ' ). On aura ensuite en posant lAI ây" Oo do , Oz> „ Ox dy -^ dy' "^ I et, d'une manière générale, I — iin^-r, y, y , ...,y ) . / do ^ do , do ^A" Supposons qu'on ait choisi les coefficients de la conique direc- trice de façon que j-^et ^ + ^ j'^ j^y ne soient pas nuls pour l'origine. La première dérivée Y^«^, qui deviendra infinie pour l'origine du cycle transformé sera la dérivée d'ordre q. On a donc r = q — i^ c'est-à-dire que les termes fractionnaires apparaissent un rang plus tôt dans le cycle transformé que dans le cycle primitif. Gomme on peut répéter la transformation tant que q est supé- rieur à 2, on finira par arriver à un cycle représenté par un déve- loppement tel que y = ax -h bx- -h ex " -\- . . . o<2.) laisceau de courbes de degré (/?? — i) passant par les ;- points doubles et par '2 m — 3 points simples pris à volonté sur G', r . . , ^ ^ i('^î — i)(m — 2) ou par un faisceau de courbes Lim-2 passant par les points doubles et par m — 3 points simples de G'. Inversement, supposons :; et u exprimées par des fonctions ra- tionnelles quelconques d'un paramètre t ^ = F(0, ii = ^{f)-^ le point de coordonnées (^, u^ décrit une courbe G de genre zéro. Si à un point de la courbe G ne correspond qu'une valeur de /, la démonstration est immédiate. Des formules précédentes on tire en effet t = W(:j, u), W étant une fonction rationnelle, et la courbe G correspond point par point à la courbe de genre zéro, iv ^= t. Elle est donc elle-même de genre zéro. J^orsque plusieurs valeurs de t donnent un même point (^, ?/), la représentation est impropre, et le raisonnement précédent ne s'applique plus. Mais M. Liiroth (*) a démontré qu'il suffit d'un simple changement de la variable indépendante pour être ramené au cas précédent. Soient les expressions des coordonnées, /(a), cp(X), «J>(a) désignant trois polynômes. Nous supposons qu'il existe n valeurs de À donnant le même point (^, u) ou, d'une façon plus précise, que les deux équations ^ ^^ ^O^i) ^(>0' ^ih) '^{l)' (') LùROTH, Mathematische Annalen, t. IX, p. i63. TRANSFORMATIONS R 1 R A TIO NNE LLE S. 289 ont, quel que soit).,, rt racines communes ).,, )w, . . ., \,i. Ces n ra- cines sont en général distinctes, sauf pour des valeurs particulières de X,. En effet, écrivons les équations (i3) si \i était une racine multiple de ces deux équations, on aurait et par suite f\h)^{h)-^'{h)fai) = o. Le rapport j^— y- serait donc une constante; or, la racine mul- tiple )>/ varie évidemment avec A,, et l'hypothèse est inadmis- sible. Si donc on cherche le plus grand commun diviseur des deux polynômes /(À)M^^h)-'K^)/(>-.) et 'f 00 'M>h ) - '^OO ?(>^0. on obtient un polynôme de degré n en )., qui n'est autre que le produit (A — A,) (À — Ào) ... (a_à,^), abstraction faite d'un fac- teur indépendant de À. Soit '}(a, A,) ce plus grand commun divi- seur 5 comme les deux polynômes précédents ne font que changer de signe quand on permute \ et A,, 'i{\ )h ) sera aussi du degré n en 1,, 6(X,Xi) = Oo(X,)X«4-cpi().,)X«-i+...+ cp„().i), ?o()^i), 'f I ()^i), . . ., '-p/i(X, ) étant au plus du degré n en À,. Si dans l'équation 'J;()., a,) = o on remplace successivement X, par Ao, . . ., A„, cette équation aura toujours les mêmes racines, car les valeurs A,? ^^2, • • •, A/^ q"i correspondent à un même point (^, u) forment un groupe inséparable. Il s'ensuit que les coefli- co -f X ) cients ^'-^ reprennent les mêmes valeurs quand on y remplace A par )v,, Ao,..., A,i- Choisissons 'f/(A) de façon que ce coefficient ne se réduise pas à une constante, et posons cpo(X)' A. ET G. iq 290 CHAPITRE VI. à un point (^, u) de la courbe considérée correspond une seule valeur de [jl. Inversement à une valeur quelconque de [i. corres- pondent au plus n valeurs de X; or, si \^ est une de ces valeurs, les autres valeurs du même groupe )w, ).3, . . . , \a vérifient la même équation. Il s'ensuit que cette équation est bien du degré n en A et qu'à une valeur de a ne correspond qu'un point (^, u). Si donc on prend [jl pour variable indépendante, on voit que z et u s'ex- primeront rationnellement au moyen de [i., et qu'inversement jj. sera une fonction rationnelle de z et de u. Considérons, par exemple, la courbe représentée par les équa- tions _ (X2-HJ)2 _ À(X2.4-i) En appliquant la méthode précédente, on trouve La représentation est donc impropre. Mais si l'on prend pour paramètre on vérifie que ;: et u s'expriment rationnellement en ti. et l'on a inversement u 131. Étant données deux courbes de genre zéro C, G', on peut toujours les faire correspondre point par point d'une infinité de manières. Soient, en effet, les formules qui concernent les coordonnées d'un point de C, y, cp, t: étant des fonctions rationnelles, Z = F(T), . U = 4>(T), T = n(Z,U) TRANSFORMATIONS B I RAT lONN ELLES. 29I les formules analogues pour C. Si Ton établit entre ^ et T une relation linéaire (14 ) AT;-f-B^-i-CT-^D = o, on voit que Z, U s'expriment rationnellement au moven de z^ u et inversement. On a ainsi la transformation birationnelle la plus générale que l'on puisse établir entre les points des deux courbes G, C; il est clair, en effet, que toute correspondance biration- nelle entre les points de ces deux courbes donnera entre ^ et T une relation algébrique qui devra être du premier degré par rap- port à chacune des variables. La relation (i4) dépend de trois pa- ramètres dont on peut disposer de façon qu'à trois points déter- minés de C correspondent trois points arbitraires de G^ Comme cas particulier, il peut arriver que ces deux courbes coïncident, et l'on voit qu'^Y existe une infinité de transformations hira- tionnelles, dépendant de trois paramètres arbitraires , par lesquelles une courbe du genre zéro se change en elle- même. Les intégrales abéliennes relatives à une pareille courbe se ra- mènent immédiatement à des intégrales de fractions rationnelles. Il n'y a pas d'intégrale de première espèce. 132. Passons au cas oii /? = i. Etant donnée une courbe du premier genre C, nous pouvons toujours supposer, d'après le théorème de M. Nother, qu'elle n'admet que des points doubles à tangentes distinctes. Si elle est de degré m, elle aura donc (m — \)( m — 2 ) m (m — 3 ) . -, 11 ^ m (m — 3 ) -^ —1= — ^ pomts doubles. Ces — ^ - points doubles^ joints à m — 2 points simples pris à volonté sur C, déterminent un faisceau de courbes d'ordre m — 2, ^m~2i car jnim — 3) (m — 'i)(m-\-\^ -f- m — .2 = I . j. 1 Soit (i5) ^{z,u)^t'h{z,u) = o l'équation d'une courbe de ce faisceau; elle rencontre la courbe C en /w(/n — 2) points dont deux seulement sont variables avec t. 292 CHAPITRE VI. En effet, chaque point double compte pour deux points d'inter- section, et l'on a bien m {m— 3 ) + m — -2= m{m — 2 ) — 1 ( * ). On obtiendra les coordonnées de ces deux points d'intersec- tion variables par la résolution d'une équation du second degré à coefficients rationnels en t^ de sorte que les coordonnées d'un point de G s'exprimeront au mojen de t par des formules de la forme suivante : p -f-Qv/K(0 Pi S(0 ' (16) Si(0 p, Q, Pi, Qi, S, Si, R étant des polynômes entiers en t^ dont le dernier R(^) est supposé sans facteurs multiples. De considéra- lions géométriques bien connues (2), on déduit que R(^) est du troisième ou du quatrième degré; c'est aussi une conséquence immédiate du théorème général sur la conservation du genre. Po- sons, en effet, «. = y/R(7); des formules (i5) et (16) on tire ^ et wp en fonctions rationnelles de z et de u. La courbe G et la courbe G' représentée par l'équation (v-= R(^) se correspondent ainsi point par point par une trans- formation birationnelle. La courbe G étant de genre un, il doit en être de même de la seconde courbe, ce qui exige que R(^) soit du troisième ou du quatrième degré (§ 109). Si R(^) est du troisième degré, la seconde courbe sera du troi- sième degré. Si R(^) est du quatrième degré, soit a une racine de l'équation R(^)= o; la transformation birationnelle I y X x^ (*) Si un seul des deux points d'intersection inconnus était variable avec t^ les coordonnées de ce point seraient des fonctions rationnelles de t, et la courbe serait du genre zéro. On peut employer aussi un faisceau de courbes C,„_,, pas- sant par les points doubles, et 2 /n — 2 points simples de C. (^) Clebscii, Ueber diejenigen Curven dereii Coordinaten sich als elliptische Functionen eines Parameter darstellen lassen {Journal de C relie, t. LXIV). TRANSFORMATIONS B IR ATIONNELLES. 298 ramène encore à une courbe du troisième degré. Ainsi, ci toute courbe de genre un on peut faire correspondre, par une trans- formation hirationnelle, une courbe du troisième degré, qui sera nécessairement sans point double. On dit que la cubique sans point double est la courbe normale du premier genre. Inversement, les coordonnées d'un point d'une cubique peuvent, et d'une infinité de manières, s'exprimer rationnellement au moyen d'un paramètre t et de la racine carrée d'un polynôme du quatrième degré en t^ R(0- ^ suffît de couper la cubique par un faisceau de droites y —yQ= t{x — x^), passant par un point fixe {oCq, y^) choisi arbitrairement sur cette courbe. Les racines du polynôme R(^) ont une signification géo- métrique évidente; ces racines sont les coefficients angulaires des quatre tangentes que l'on peut mener du point {^qi^q) à la cu- bique. Quel que soit le point (^o; J'o) choisi sur cette courbe, ces quatre tangentes ont même rapport anharmonique, et, par consé- quent, Finvariant absolu de la forme biquadratique ^^, R ( — ) ne dépend pas du point (^o? J'o)- On n'obtient donc pas de représen- tations essentiellement distinctes. Le théorème de Géométrie qui vient d'être rappelé se démontre très aisément au moyen d'une remarque qui peut être utile. Sur une courbe du troisième ordre, sans point double, prenons deux points fixes A et B, et soient X, \k les coefficients angulaires des deux droites AM, BM joignant les deux points A et B à un point quelconque M de cette cubique. Il est clair qu'il existe une rela- tion algébrique entre ). et iji, et cette relation doit être du second degré par rapport à chacune des variables ; elle est donc de la forme )v2(A{Jl2_}_B;jL-4-C) ^ ^^ j +X(Aifji24_Bi;jL-T-Ci)+ Ao.u^^-Ba.u+Co et peut encore s'écrire Si la droite de coefficient angulaire X, issue du point A, est igi CHAPITRE VI. tangente en un aulre point à la cubique, les deux valeurs corres- pondantes de [A doivent être égales. Par suite, les coefficients an- gulaires des tangentes issues de A sont les racines de l'équation du quatrième degré . ox \ R(X) = (BA2 + Ba+B,)-2 ^ ^ \ -4(AX2 + AiX-i-A2)(G).2+CiX + C2) = o. De même, les coefficients angulaires des tangentes issues du point B sont les racines de l'équation Il s'agit de faire voir que le rapport anharmonique des quatre racines est le même pour les deux équations. Comme ce rapport anharmonique ne change pas par une substitution linéaire, la pro- position sera évidemment établie si l'on démontre qu'on peut, par une substitution linéaire de la forme ^ , a\ -y- b , aa H- B A = -.— — -, j \x = — '- , ck -^ a Y[Jt.-i- 0 ramener la relation (17) à une relation symétrique en X et [Ji. Choisissons pour cela, ce qui est toujours possible, les coeffi- cients des deux transformations, de telle façon que, pour X = o, l'équation (17) ait une racine double infinie en u., et, pour a = o, une racine double infinie en \. Dans ces conditions, on a A2 = B2 = o, G = Cl = o et la relation (17) prend la forme A X2 fx2 -1- X|Ji ( B X -H Al [JL-H Bi ) + C2 = o. Si AiB n'est pas nul, il suffira de remplacer u par — pour être Al ramené à une relation symétrique. On ne peut avoir A,B= o; on vérifie, en effet, que les deux équations R(X)=r=o, R,(!jl) = o auraient chacune une racine double. Ce cas ne se présenterait que pour une cubique ajant un point double. 133. Considérons, comme application, les courbes de genre un représentées par une équation binôme. On a vu (n° 112) que ces TRANSFORMATIONS B I R ATI ONNELLE S. 2^5 courbes se partagent en quatre groupes; les équations apparte- nant à un même groupe peuvent, par quelques transformations simples, qui sont précisément des transformations birationnelles, être ramenées à une forme type. On peut prendre, par exemple, pour formes types les suivantes : (A) u^.^(^z-a)(z-b){z-c), (B) iû = {z-a)(z-b), (C) u'*=^(z-a}(z-by-, (D) u6 = ç^-^ay{z — b)K Nous n'avons évidemment à nous occuper que des trois der- nières équations (B), (C), (D). Si, dans l'équation (B), on pose K = t^ il vient a-\- b / /a -i- b\- . et cette équation, jointe à la relation u = t^ donne évidemment une solution du problème. De même, dans l'équation (C), posons z = a-^ t^-^ il vient u'* = t^-{t^- ^a — by-j d'où l'on tire u =: \/ 1 i^t- -\- a — b). Enfin, dans l'équation (D), il suffit de poser z = b-\-t^ et Ton obtient pour u la valeur u = tï sj ti — b — a. 134. Toute courbe du premier genre admet une infinité de transformations birationnelles en elle-même. La proposition sera établie, si on la démontre pour une cubique; or, dans ce cas par- ticulier, le théorème est presque évident. Il suffit en effet de prendre sur la courbe du troisième degré un point quelconque A et de faire correspondre à un point M de la cubique le troLsième point de rencontre de cette cubique avec la sécante AM. 296 CHAPITRE VI. Cette remarque' bien simple permet déjà d'intégrer l'équation d'Euler. Soient l'équation d'une courbe du troisième degré, (a, P) les coordon- nées du point fixe A, {x, y) et {x' , y') les coordonnées des points M et M'. On a entre ces coordonnées des relations de la forme (.,^) \x=\\ (^',y,a,P), et inversement (22) i ^'=R (^,r,«,P), R et R, étant des fonctions rationnelles. L'intégrale de première espèce, attachée à la courbe (20), dx J \Jx'^ -4- px- -\- qx -^ r devient, après la transformation (21), une intégrale de première espèce attachée à la même courbe y^- = x'^ -^ px'- + qxJ'^ + r c'est-à-dire que l'on a J Vx-^-+-px^-h qx-+- r J ^x"^ dx' -i-px'^ -+- qx' -v r et, comme les deux transformations (21) et (22) sont inverses l'une de l'autre, on a forcément A^ = i, et par suite (23) "^^ , dx' s/x^-^px-^^ qx-+-7^ \/x'-i-i-px'-^-^qx'-{-r Les formules (21) donnent donc une intégrale de l'équation (23) et, comme ces formules renferment un paramètre arbitraire (a, (3), elles donnent l'intégrale générale. Il est facile de développer les calculs. Soit y = mx -\- n ^équation de la droite M A M'; x,x\^ sont les trois racines de l'équation TRANSFORMATIONS B I R A T I ONNE LLE S. 297 On a donc OL -^ X -h t' = m- — /?, a{x -T- x') -T- xx' = g — imn, axx' = n- — /•- L'élimination de m et n entre ces trois équations conduit à la relation cherchée a(x-i- x') -+■ xx' = q — is/ {r -^ ocxx'){p H- a -i- x -i-x')y qui contient une constante arbitraire a. En combinant deux transformations birationnelles telles que la précédente, on obtient de nouvelles transformations, par lesquelles la cubique se change en elle-même. Ainsi, étant don- nés deux points A et B sur cette courbe, faisons se correspondre les points M et M' tels que les sécantes BM' et AM concourent en un nouveau point de la cubique. Si le point A reste fixe et qu'on fasse varier le point B, on obtient une infinité de trans- formations dépendant algébriquement d'un paramètre, l'abscisse du point B par exemple, et, lorsque B est venu en A, la trans- formation considérée se réduit à la transformation identique. Ainsi, toute courbe de genre un admet une infinité de trans- formations birationnelles en elle-même, dépendant algébri- quement d^ un paramètre t, x' =K {x,y,t), y = Ri{x,y,t), et telles que, pour une valeur particulière /q de ceparamètre, on ait identiquement x'=Xj y = y. i3o. Considérons encore les courbes du genre 2. Si une courbe C,„, de genre 2, n'a que des points doubles ordinaires, le nombre d de ces points doubles est égal , d'après la for- mule (10) (§129), à (m — \')(m — 'i) m(m — 3) — ^ — 2 = — I. 9. 2 On peut encore trouver un faisceau de courbes rencontrant 298 CHAPITRE VI. — TRANSFORMATIONS B I R A T I ONNE LLE S. Cm en deux points variables seulement, soit en prenant un fais- ceau de courbes de degré m passant par les d points doubles de Cm et par 3 /?z points simples, soit en prenant un faisceau de courbes de degré m — 3 passant par les d points doubles de Cm- En repre- nant les raisonnements du n° 132, on en conclut que les coor- données d^ an point d'une courbe de genre 1 s'' expriment ra- tionnellement au moyen d'un paramètre t et de la racine carrée d'un polynôme du sixième degré R(^) (^ ). D'une façon plus précise, à toute courbe de genre 2, on peut faire correspondre, par une transformation birationnelle, une courbe représentée par une équation de la forme (24) w^- = X{t — ai) {t — a,) . . . {t ~ a(,) . Si Ton pose encore ^ = ^, w ^=:^ [x — a^)[x — <^2)jKj on voit que la courbe (24) correspond point par point à la courbe du qua- trième ordre (25) j2(^ — ai){x — a^) = A(^ — «3) ... (x — «g), qui a un point double à l'infini. Inversement, toute courbe du quatrième ordre, ayant un point double, est du genre 2. On peut donc prendre cette courbe pour la courbe normale du genre 2. (') ScHWARZ, Essai de déîiionstration d'un théorème de Géométrie {Journal de Mathématiques pures et appliquées, 3" série, t. VI, p. iii-ii/j). NTEGRALES NORMALES. 299 CHAPITRE VII. INTÉGRALES NORMALES. — DÉCOMPOSITION D'UNE INTÉGRALE ABÉLIENNE EN ÉLÉMENTS SIMPLES. CAS DE RÉDUCTION (i). Formation des intégrales de première espèce. — Courbes adjointes. — Intégrales de seconde et de troisième espèce, — Intégrales normales des trois espèces. — Périodes des intégrales normales. — Échange du paramètre et de l'argument dans les intégrales de troisième espèce. — Intégrales de seconde espèce déduites de l'intégrale de troisième espèce. — Réduction d'une intégrale quelconque à une partie algébrique, à des intégrales de troisième espèce et à 2^0 intégrales de première et de seconde espèce. — Intégrales algébriques. — Intégrales lo- garithmiques. — Intégrales de première espèce réductibles à des intégrales elliptiques. 136. Nous avons déjà indiqué sommairement (n^ 117) comment on partage les intégrales abéliennes en intégrales de première, de deuxième et de troisième espèce. Nous allons, dans ce Chapitre, revenir sur ce sujet, et nous proposer d'abord de former les inté- grales de ces trois espèces. Pour déterminer les intégrales de première espèce relatives à une courbe donnée (i) F{z,u) = o, de degré m, nous supposerons qu'on a effectué, s'il est néces- saire, une transformation homographique de façon que les m coefficients angulaires des asymptotes aient des valeurs distinctes el finies. Aucune asymptote n'étant parallèle à l'axe des w, l'équa- (') A.uteurs à consulter : Riemann, Théorie der AheVschen Functionen; — Clebsch et GoRDAN, Théorie der AbeVschen Functionen, Chap. IV et V; — Abel, Sur l'intégration de la formule différentielle j ^-j=^.j R et p étant des fonc- tions entières. 300 CHAPITRE VII. tion (i) renferme un terme en ^^'^% et peut s'écrire (i') F(^, u) = Aoa'«+ Aiw"^-i +... + A/w'«-i'+...+ A„i = o, Ao étant une constante et A/ un poljnome en jz de degré i an plus. Les m valeurs de u pour une valeur de ;:; de module très grand sont fournies par m développements distincts, tels que ,0 . Ui = CiZ -h ai^ ^ -^. .. (i— 1,2, m). z Soit f ^{z,u]dz (-o,"o) une intégrale abélienne relative à cette courbe. Il est évident que, si cette intégrale est de première espèce, c'est-à-dire reste finie pour toute valeur de ^, la fonction rationnelle 0(5, w) satisfait aux conditions suivantes : i^ Pour des valeurs infinies de ^, elle est de l'ordre de — ou z^ 2° Si en un point analytique (zto, u^) à distance finie, cp(^, u) devient infinie, elle le devient d'un ordre fractionnaire et infé- rieur à l'unité par rapport à _ ^ ? de sorte que ce point (^o? «3, u)^ ordonné en groupes de termes de même degré en z et u, contienne un groupe de degré inférieur à^ — 1, Q(^, u) = '1/,{Z, u) -{- ^;,+i{z, u) -h ... {ka(«^ ci) = o. Si k est inférieur k q — i , il faudrait donc avoir à la fois et le polynôme 6a (i, c), de degré inférieur k q — i, aurait q ra- cines distinctes. Si, au point multiple (a, 6), l'axe des u était tan- gent aune des branches de courbe, on aurait, en prenant ce point pour origine, F{z,u) = z9oq-i (i, ^^j le raisonnement s'achèverait comme plus haut et conduirait à la même conclusion. Enfin, supposons que le point («, b) soit un point de rebrousse- ment de première espèce où la tangente n'est pas parallèle à l'axe des u. On a, en portant l'origine en ce point, F{z,ii) = A(u — y.zy^-h:^^{z, u) -^ o:,{z, u) ~ . . . ^ les polynômes homogènes '-^si^-, w), Oi(z,di)j . . . étant d'un degré marqué par leur indice, et o-i(Zj u) n'étant pas divisible par u — OLZ. On en déduit pour u un développement de la forme (n° 88) u = y.z-^ '^z'^-+--(z^--^ ..., OÙ ^3 n'est pas nul. Si Ton remplace u parce développement dans FU^, M) = 2A(w-a^)-l--^ + ..., 1 le résultat de la substitution est évidemment de l'ordre de z'-. Pour A. ET G. 20 3o6 CHAPITRE VII. que l'intégrale f lf'( reste finie pour 5 = o, il faut évidem- ment que Q(5, u) ne contienne pas de terme constant. La condi- tion est d'ailleurs suffisante, car Q{z, u) est alors de l'ordre de z ou d'un ordre supérieur. La condition est la même si la tangente de rebroussement est parallèle à Taxe des w, car on a identiquement, en vertu de la relation F' du + FI <^^ = o, / Q(z, u)dz _ f Çl{z,u)du et, en raisonnant sur la nouvelle intégrale, on voit qu'elle restera finie au point (a, 6), si Q(a, ^)= o, et dans ce cas seulement. En résumé, pour que l'intégrale / Q(.,.)^^ ¥\,{z,u. soit de première espèce, il faut et il suffît que tout point multiple d'ordre q de la courbe F(^, u) — o soit un point multiple d'ordre q — I de la courbe de degré m — 3 représentée par Téquation Q(3,w)= o. CecisupposC; bien entendu, que la courbe F(^, u)^= o n'a pas d'autres singularités que celles qui ont été spécifiées plus haut. 138. Pour déterminer le nombre d'intégrales de première espèce d'une courbe de genre/?, il suffit, comme on l'a déjà remarqué, de considérer une courbe n'ayant que des points doubles à tan- gentes distinctes. C'est ce que nous allons faire. Soient m le degré de la courbe, d le nombre des points doubles; on a {m — \){în — -i) p = a. -^ 1 /-w / \ 1 1 ' o • miin — 3) Tout polynôme Q(^, u) de degré m — 6 contient — ^-^ ^-4- i coefficients arbitraires. En écrivant que la courbe Q(^, «) = o passe par les d points doubles, on établit entre ces coefficients d relations linéaires; il restera dans Q(^, u) un nombre de coeffi- cients arbitraires égal à — ^^ : + I — cZ = i — cl— p. INTÉGRALES NORMALES. 3o7 On ne peut pas conclure de là immédiatement que la courbe admet p intégrales distinctes de première espèce; on pourrait craindre, en efl'et, que les â? relations établies entre les coefficients du polynôme Q(^, u) ne soient pas distinctes. Mais le raisonne- ment prouve que la courbe possède au moins p intégrales dis- tinctes de première espèce. D'ailleurs, elle ne peut en admettre plus de /> (§ 118). Donc on peut énoncer le théorème général suiv^ant : A toute relation algébrique F(^, ?«)=o, de genre p, sont attachées p intégrales abéliennes distinctes de première espèce. Nous disons que p intégrales w^ , Wo, • . • , iVp sont linéairement distinctes, s'il n'existe aucune relation linéaire à coefficients con- stants de la forme Cl tvi + G.2 w, -}- . . . -^ G^ w^ H- G/,+1 = o, où Tune au moins de ces constantes soit différente de zéro. Si «',, W2^ .. ., iVp sont/? intégrales distinctes de première espèce, toute autre intégrale de première espèce est égale à Xl Wl-H A2tP2+ • ♦ . -4- '^pWp-^ ^^p+i- Remarque. — Un polynôme de degré m — 3 en g et w contient (m — i)(m — 2 ) fp • . 1 • . • • I ■^ ^ coethcients arbitraires; par suite, le genre dune courbe de degré m est au plus égal a ^^ -, ce qu on peut voir aussi directement sans difficulté. Pour que cette limite supé- rieure soit atteinte, il est nécessaire que le polynôme Çlm-3 ne soit assujetti à aucune condition, c'est-à-dire que la courbe considérée n'ait aucun point multiple. 139. Le théorème qui précède étant fondamental, il n'est peut- être pas inutile d'en donner une démonstration toute différente, où n'interviennent pas les surfaces de Riemann. Il suffît de mon- trer qu'une courbe de genre p ne peut avoir plus de p intégrales distinctes de première espèce. C'est ce qui résulte du théorème suivant : S'il existe un faisceau de courbes algébriques rencontrant 3o8 CHAPITRE VU. une courbe algébrique donnée en q points variables seulement, et si Von peut dispose?^ de ce faisceau de façon qu'un de ces groupes de q points puisse être choisi arbitrairement, la courbe donnée a nécessairement moins de q intégrales distinctes de première espèce (^). Soient F(:;, u) = o Féquadon de la courbe donnée, f{z,ii)^l'\>{z,u) = o l'équation d'une courbe du faisceau et (^<, w, ) . . . (zq, Ug) les coor- données des q points d'intersection variables avec X; soit enfin (f{z, u)dz une intégrale de première espèce. Posons ' c^{z,u)dz; la somme VV = w{Zi, Ui)^ «^(-32, ^^2) -T- . . . + M^(^<7, Ug) est une fonction du paramètre \, qui conserve une valeur finie pour toute valeur de X. On a d'ailleurs dW ^ . dzi dzq des relations i)F dui dY dui _ dui d\ dzi d\ "" ' df dz-i df duj \ ( ^"^ ^^i ^^ diii\ _ on lire pour -^ une fonction rationnelle de zi^ ui^ A Par suite, -^ est une fonction rationnelle et symétrique des q (') La démonstration suivante est due à M. Picard {Bulletin des Sciences ma- thématiques, 2^ série, t. XIV; 1890). INTÉGRALES NORMALES. SOQ couples de valeurs {z-t ,?/,)... (Zq, Uq). Elle se réduit donc à une fonction rationnelle de )., R(a); or l'intégrale d'une fonction ra- tionnelle devient infinie au moins pour une valeur de )., à moins que R()v) ne soit identiquement nul. C'est ce qui arrive nécessairement ici, et la somme W est constante ('). On a donc o{zr,iii)-^-^...-i-o{z^,Ug)-^ =o. S'il existe q intégrales abéliennes distinctes de première espèce wi = I tfi{z,u)dz, W2 = j oz{z,u)dz, on aura de même dz, = I Oq{z, U)dz, Oi{Zi,ui)^ -^...-r-^i{Zq,U,j)'-^- =0, ?2(-l,Wl) -^ -T-...-+-02(^y,Z/^) dzç^ dX dZq d\ Oq(Zi,Ui) dzi 'dï ...^Oq{Zq,Uq) dz 1 _ dl Gomme les points (3,, Ui), . . ., (zq, Uq) sont variables avec )., il faudra donc que Ton ait 01(^1, ? + i coefficients arbi- traires au moins. On pourra disposer de ces coefficients de façon à faire passer la courbe Q(^, 11):= o par p points arbitraires pris sur la courbe donnée F(^, u) = o. Les autres points d'intersec- tion seront au nombre de m{7?i — 3 ) — 2d —p = p — 2. Par ces p — 2 points et les d points doubles de la courbe donnée, on pourra faire passer un faisceau de courbes de degré jn — 3, chacune des courbes du faisceau rencontrant la courbe donnée en p points variables seulement, et cela de telle façon que l'une des courbes du faisceau soit la courbe déterminée tout à l'heure, qui passe par p points choisis arbitrairement. Il suit de là que la courbe F(^, u) = o aurait moins de/> intégrales de pre- mière espèce, et nous avons vu qu'elle en a au moins p. Cette contradiction démontre le théorème. INTÉGRALES NORMALES. 3ll 14-0. Étant donnée une courbe algébrique Cm n'ayant que des points doubles ordinaires, on appelle courbe adjointe toute courbe passant par les points doubles de la première. Les inté- grales de première espèce sont fournies, on vient de le voir, par les courbes adjointes du degré m — 3 j ces courbes adjointes Qm-^ forment un système p — i fois indéterminé et sont comprises dans une équation de la forme (^{x,y) = l, Qi(:r, j) + l,Q,{x,y) +...-- lpQAT,y) = o, les y;» polynômes Q/(^,Jk) étant linéairement indépendants. Par p — I points pris à volonté sur C, il passe une courbe adjointe de degré m — 3, et une seule en général. Par/? — i -^ h points pris au hasard sur C, (/i > o), il ne passe en général aucune courbe adjointe de degré 7?z — 3. Enfin, toute courbe adjointe G/„_3 ren- contre la courbe G en 2p — 2 points variables, en dehors des points doubles. On a, en effet, d'après l'expression du nombre/?, m (m — 3 ) = 9.d -\- ?,/> — t.. Pour donner un exemple simple, prenons une courbe du qua- trième ordre C4 ; les courbes adjointes sont ici des lignes droites passant par les points doubles de C4. Si Cj n'a pas de point double, toute ligne droite est une courbe adjointe ; il j a trois inté- grales distinctes de première espèce. Si C4 a un point double, les courbes adjointes sont les droites passant par ce point; il y a deux intégrales distinctes de première espèce. Lorsque C4 a deux points doubles, il y a une seule courbe adjointe d'ordre m — 3, la droite qui joint ces deux points et, par suite, une seule inté- grale de première espèce. Enfin, si C4 avait trois points dou- bles, il n'y aurait plus de courbe adjointe du premier degré ni d'intégrale de première espèce. 141. Si la courbe donnée C/« présente des points singuliers d'une nature quelconque, on appelle encore courbe adjointe toute courbe représentée par une équation Q(:î, u) = o, telle que l'in- tégrale abélienne (l(z,ii)dz F'^{z,u) reste finie en tous les points singuliers de la courbe donnée; 3J2 CHAPITRE VII. Q(^, u) est un polynôme adjoint. On suppose toujours, comme plus haut, que tous ces points singuliers sont à distance finie. Cette condition est indépendante du choix des axes, ou, d'une façon plus générale, la définition précédente est projective. Imaginons, en effet, qu'on effectue une transformation homogra- phique az' -\- bu' -^ c a" z' -^ b" u! -\- c" b' u' a z -\- b" u' -\- c" la courbe considérée Crn se change en une nouvelle courbe C^, ayant pour équation (6) §{z', u') = {a"z'-i- b"u'-{- c")'« F \a z az'-^bu'-hc a' z' -h b' u' -\- c' ' -+- b" u' H- c" ' a"z' H- b" u' -+- c" et de même la courbe adjointe Q(z, u) = o de degré u se change en une nouvelle courbe de degré u. (7) ^(z',Li') = (a"z'-i-b'u'-hc")\>-q az' -{- bu' -h c a' z' -{- b' u' ^ c' a" z' -+■ b" u' -f- c" a!' z' + b" u' H- c' )=o. Soient encore (a, [3) un point multiple de C,„ et (a', p') le point correspondant de C^. Tout revient à faire voir que, si l'inté- grale (5) reste finie au point (a, P), il en est de même de l'in- tégrale (8) n{z',u')dz' au point (a', ^'). De la relation (6), on tire ^'u>{z', u) = {a"z'+ b"u'-^ c"Y^ ( f: -^, + f;, — , ) , \ au au / ou, en tenant compte de la relation Y.dz + ¥\,du — o, dz§',,{z\u') = {a"z+ b"u'-^ c"yn ^/^/^,\ ¥',,dz'. jl) (z . u ) D'ailleurs, un calcul facile donne D(^', u) {a" z' ^ b" u' -{- c"y X abc a' b' c' a" b" c" {a" z^ b" u! -h 6'")^ INTÉGRALES NORMALES. 3l3 A désignant le déterminant de la substitution homographique. On déduit de là \dz' I dz ^;X- , u') {a"z-^ b"ii'-^c"yn-i ¥[,{z, uY il vient enfin ^(z\u)dz' rQ(z,u)dz ^ ^ r J F^^, «) J (a"z'- b'u'+c'')V--"^+^^u'{^\u) Puisqii'au point (a', [ii') correspond un point (a, j3) à distance finie, le facteur a" z' -\- b'' a' -^ c" n'est pas nul pour z' = a, u' ^ ^^' et, par conséquent, l'intégrale (8) reste finie au point (a', ^3') si l'intégrale (5) reste finie au point (a, [3) et inversement. 142. On peut obtenir, par des opérations rationnelles, les rela- tions auxquelles doivent satisfaire les coefficients d'un polynôme adjoint Q(-^, a) ('). Ces relations sont linéaires, et leur nombre est . , ( m — \) (m — 2 ) 1 J J ' V A égal a ^ p pour une courbe de degré m et de genre p. Les courbes adjointes du degré m — 3 fournissent toujours les intégrales de première espèce et forment un système {p — i) fois indéterminé. Enfin, toute courbe adjointe de degré m — 3 ren- contre la courbe C/„ en ip — 2 points distincts des points mul- tiples. Nous allons montrer, en efl'et, que dans toute transfor- mation hirationnelle, le système des points d'intersection d'une courbe adjointe de degré m — 3 et de la courbe proposée se change en un système analogue relatif à la seconde courbe. Soit Q(^, u) une courbe adjointe de degré m — 3 relative à la courbe Y(^z^u)=^q\ une transformation birationnelle change l'intégrale de première espèce s% Q{-;lOdz (*) NôTHER, nationale Ausfuhrung der Operationen in der Théorie der alge- braischen Functionen {Mathematische Annalen, t. XXIll.p.Sii; i884); Raffy, Thèse de Doctorat (Paris, i883) ; Tikhomandritzky, Esquisse d'une méthode pour déterminer le genre et les courbes adjointes d'une courbe algébrique donnée au moyen des opérations rationnelles {Bulletin des Sciences mathématiques, 1898; Annales de l'École Normale, 1893). 3l4 CHAPITRE VII. en une nouvelle intégrale de première espèce / Qi (z', u') étant un polynôme de degré [jl — 3 adjoint à la nou- velle courbe de degré [ji, qui a pour équation 0(^', i(!)=zo. On a donc Çl{z,u)dz _ Qi(-g\ u')dz' ¥[,{z,u) ~ ^'u,{z',u) ' (z, u) et (z', u') étant les coordonnées de deux points correspon- dants. Supposons, ce qui ne restreint pas la généralité (n" 128), que les points d'intersection de la courbe C et de son adjointe, autres que les points multiples, correspondent à des points ordi- naires de C et inversement. Cela posé, soit {zq, Uq) un point d'in- tersection des deux courbes F(z, u) = o^ Q{z, II) = o, distinct des points multiples, et [z'^^, u'^) le point correspondant de la seconde courbe. On peut toujours choisir les axes de façon qu'en aucun de ces points les tangentes ne soient parallèles aux axes; aucune des expressions ne sera nulle, et, comme Q(-:oj ^^o) = O7 on doit avoir et aussi, par suite. d'après l'identité dz' du' __ Ceci ne peut avoir lieu que de deux manières; ou bien Qi(^o,Wo)==o, ou bien on a à la fois ^'\ _ /duf _ dzJo~ ' \dz /o~ INTÉGRALES NORMALES. 3l5 Cette dernière hypothèse est inadmissible, si la transformation est birationnelle. En effet, les développements de u' — u\^ z' — z'^ commenceraient par un terme en [z — ^o)" ou , et z>(z,u), 'l{z, u) deux fonctions ra- tionnelles quelconques de z et de u. En éliminant z et u entre la relation (9) et les suivantes (10) Z = o(z, 11)^ 3t6 chapitre vu. on en déduit entre Z et U une relation irréductible (II) *(Z,U) = o, de genre/?'. Si la transformation est réversible, on a />' = /?. S'il n'en est pas ainsi, on a dans tous les cas p'^p. En effet, toute intégrale de première espèce attachée à la courbe (i i) se change, par la substitution (lo), en une intégrale de première espèce rela- tive à la courbe (9). Par suite, la première courbe possède au moins autant d'intégrales de première espèce distinctes que la seconde, c'est-à-dire que le genre p est au moins égal à p' . Il est facile de montrer, par un exemple, que p peut être supérieur kp' . Prenons une courbe de genre zéro, dont les coordonnées s'ex- priment par des fonctions rationnelles d'un paramètre t z = cp(o, u==^(^), et remplaçons dans ces formules t par une fonction rationnelle quelconque R(^, u) des coordonnées d'un point d'une courbe de genre />, {p > o). On voit bien que l'on passe de la courbe de genre zéro à la courbe de genre/) par une transformation ration- nelle, mais ici la transformation n'est plus réversible. Une autre conclusion à tirer de là, c'est qu'o/z peut toujours passer, par une transformation simplement rationnelle , d'une courbe de genre zéro à une courbe quelconque; cette transfor- mation dépend cV une fonction rationnelle arbitraire des coor- données d\in point de la seconde courbe. Le même raisonnement prouve qu'une courbe dont les coor- données s'expriment par des fonctions rationnelles d'un paramètre est nécessairement de genre zéro, car elle ne peut avoir d'intégrale de première espèce (c/. n° 130). 144. Nous allons montrer maintenant comment on peut obtenir les intégrales de seconde et de troisième espèce. Pour former l'expression d'une intégrale de troisième espèce avec les deux points singuliers logarithmiques («<, 6,), (^^o, ^2)5 nous supposerons que ces deux points sont deux points simples de la courbe, ce qui ne restreint pas la généralité, car une trans- formation birationnelle peut toujours ramener le cas général à INTÉGRALES NORMALES- ^[7 celui-là (§ 122). Admettons en outre que la droite qui joint ces deux points rencontre la courbe en m points distincts. Les axes de coordonnées étant choisis comme plus haut (n° 136), considé- rons l'intégrale l. (=0, "o) où I est Téquation de la droite D qui joint les deux points singuliers logarithmiques et Q„,_o un polynôme adjoint de degré m — i. Cette intégrale ne peut devenir infinie qu'aux points de rencontre de la courbe C avec la droite D ; si l'on assujettit la courbe adjointe Qm-o (-, u)=-ok passer par les m — i points de rencontre autres que \a,\b,) et («2,60), l'intégrale n'aura évidemment que ces deux points singuliers. Dans le domaine du point {a,,b^), par exemple, on aura (a^ + ^i*-hY)F'„(^,iO z — a, et le point (a,, b,) sera un point critique logarithmique de l'inté- grale, qui pourra s'écrire, dans le domaine de ce point, P,(r — a,) étant régulière en ce point. De même, dans le do- maine du point (ao, 60), on aura pour l'intégrale une expression de la forme les résidus vérifiant nécessairement la relation En divisant par R,,,.,., cette intégrale, les coefficients des loga- rithmes seront respectivement + 1 et — i . Il est facile de voir qu'on obtient ainsi l'intégrale de troisième espèce la plus générale avec les deux points critiques («,, 6,), («2, b.). Soient, en effet, I, et L deux intégrales de troisième espèce avec ces deux points critiques ; on peut toujours trouver un 3l8 CHAPITRE VU. nombre A tel que la différence I2-AI1 n'ait plus de point singulier ; A étant choisi de cette façon, L — AI, est donc une intégrale de première espèce et, par suite, en supposant que !< est l'intégrale définie tout à l'heure, on a / c'est une intégrale de même forme que la première. Remarque. — Le raisonnement suppose que toute courbe adjointe de degré m — 2, qui passe par les m — 2 points de ren- contre de la courbe G avec la droite D, autres que les deux points (a<, 64), (^2, 62), ne passe pas par un de ces 2 points. S'il en était ainsi, toutes ces courbes adjointes se décomposeraient en la droite D et une autre courbe adjointe de degré m — 3, car elles rencontreraient D en plus de jn — 2 points. Le polynôme Qm_2(^; ^^) le plus général satisfaisant aux conditions énoncées serait de la forme (a^ ^ ^u -I- Y)Qm-3(^j u), Qm-3 étant un po- lynôme adjoint de degré m — 3, et par conséquent dépendrait de/> coefficients arbitraires. Or tout polynôme de degré m — 2 contient — + i coeiiicients ; en écrivant que la courbe Qwi_2(^j if^) = o est adjointe et passe par [m — 2) points donnés, '^\^•.('^^ — 2) (m — i) , 1 . ^„ on établit '- — p -{- m — 2 relations entre ces coeffi- cients. Il doit donc rester (m~Q.)(7n -h }) (ni — i)(m — \) ~ '— ' -h I — ^ '-^ ' ^p — m-^i=p^i coefficients arbitraires. Si la droite D ne rencontre pas la courbe G en m points dis- tincts , les conditions auxquelles doit satisfaire le polynôme Q/w_2(^7 i^) sont plus compliquées; mais on peut tourner la diffi- culté comme il suit. Prenons sur la courbe G un troisième point INTÉGRALES NORMALES. Stg (^35 ^3) tel que les deux droites joignant ce point aux deux points («1, bi), («21 ^2) rencontrent chacune G en m points dis- tincts. L'intégrale cherchée est égale à la différence de deux inté- grales de troisième espèce admettant respectivement pour points critiques les points (a,, 6,), («3, 63) et («o, ^2)7 (<^37 ^3) ; cha- cune d'elles peut être obtenue par la méthode indiquée. 14o. Proposons-nous enfin de former une intégrale de seconde espèce, avec un seul pôle au point («<, ^,), que nous suppose- rons un point simple de la courbe. Soit (D) aj-f-3w-hY = o l'équation de la tangente en ce point; si cette tangente D ren- contre la courbe G en ni — 2 points distincts du point (r/,, ^,), l'intégrale h "-+-t)f;,(,^,^o' où Qw_2(^, u) == o est l'équation d'une courbe adjointe de degré m — 2 passant par les m — 2 points d'intersection de G et de D autres que (<7,, 6, ), ne peut devenir infinie qu'au point (a,, ^,). Dans le domaine de ce point, on aura il n'y aura pas de terme en 7— — ? puisque la somme des résidus doit être nulle. L'intégrale sera donc de la forme Pi (z — a,) étant régulière au point (cx,, 64). En divisant l'inté- grale par — A, on ramènera le résidu de l'intégrale à la valeur + I. On voit, d'après ce mode de formation, que l'intégrale de seconde espèce avec un seul pôle peut être considérée comme un cas limite d'une intégrale de troisième espèce dont les deux points critiques seraient venus se confondre. On obtiendrait de la même façon des intégrales de seconde es- pèce ayant un seul pôle d'ordre quelconque. 320 CHAPITRE VII. 146. Intégrales normales. — Les intégrales normales des trois espèces se définissent comme au Chapitre 111. Ainsi, toute courbe du genre p possède p intégrales linéairement distinctes de première espèce w^^ w^-, . . -, Wp. Avec ces p intégrales, on peut former une intégrale de première espèce w^^^ dont toutes les périodes relatives aux coupures ah soient nulles, sauf la période relative à la coupure ayt, que nous prendrons égale à 1'k\^' — i. En faisant successivement k = 1,2, ...,/?, on obtient ainsi les/? intégrales normales de première espèce, w'^^\ w'''^\ ..., w^pK Nous conserverons pour le Tableau des périodes les notations de la page i52. Prenons maintenant une intégrale de seconde espèce r(^, w; S,Ti) ayant un seul pôle du premier ordre en un point (^, Tj) à distance finie, par lequel ne passe qu'un feuillet, avec un résidu égal à + 1 . Soient A, , Ao, . . . , Kp les périodes de cette intégrale relatives aux coupures ai , ao, . . . , «2^ ; la différence admet le même pôle (?, Tj) avec le même résidu et ses périodes relatives aux coupures a^ sont toutes nulles. C'est une intégrale normale de seconde espèce Plus généralement, nous désignerons par la notation une intégrale de seconde espèce admettant le seul pôle (^, 'r\) avec la partie principale 1.2 ... V et dont toutes les périodes relatives aux coupures ak sont nulles. 11 est clair que cette intégrale est complètement définie, à une constante additive près; en effet, s'il existe deux intégrales possé- dant les propriétés précédentes, leur différence est une intégrale de première espèce dont tous les modules de périodicité relatifs aux coupures ak sont nuls, c'est-à-dire une constante. INTÉGRALES NORMALES. 321 Pour trouver les périodes de ces intégrales relatives aux cou- pures bhy il suffît de reprendre, en le généralisant, le calcul du n° 75. L'intégrale / w^^^ dL ' [z^ u ; c, r,), prise le long du contour total de la surface T' dans le sens direct, est égale, d'une part, à 271 ^Ba-, en appelant B/f la période de 7j'^^\z, u] ?, r^) relative à la coupure 6^, d'autre part au produit de 2T,i par la somme des ré- sidus de ,(A-) dz sur toute la surface T'. En un point de ramification (a, h) à dis- tance finie, la dérivée — -rr peut bien devenir infinie, mais son développement ne renferme que des puissances de •;; d'un degré inférieur à l'unité. De même, en un point à l'infini, le déve- loppement de cette dérivée commence par un terme en - d'un de- gré supérieur à l'unité, puisque l'intégrale Z ''' doit rester finie en ce point. H n'y a donc que le pôle (i,T,) qui puisse donner un résidu différent de zéro. On a, dans le domaine de ce point, et, par suite, dz {^-\r^ Q(^— 0, V(^z — ^ ç) et Q(:j — \) étant des fonctions régulières au point (^, Tj). D'autre part, en appelant 0/t(x;, u) la fonction rationnelle dont l'intégration donne w^^\ de telle sorte que l'on ait f Ok{z,u)dz^ 1 r . 7/1 le développement de cette intégrale, dans le domaine du poin, (5, Tj), est donné par la formule w'^f^^{z,u) = w^'^Hlr,)-^{z-l)of,{\,r,) A. ET G. 21 322 CHAPITRE VII. ^P(l, 'r\) désignant la valeur de la dérivée dyok{z, II) pour ^ = ?, u^= 'r\. Le résidu cherché a donc pour expression — ^r(i, Ti). Par suite, les périodes de V intégrale T}^\z^u\ ^,7^) relatives aux coupures h^^h^^ . . .^ bp sont respectivement En particulier, les périodes de l'intégrale Z(;:;, ^^ ; ç, -/j) ont pour expressions On remarquera que toutes ces périodes sont des fonctions ration- nelles du point analytique (^, ri). 147. Les formules précédentes doivent subir des modifications lorsque le pôle de l'intégrale de seconde espèce est un point de ramification ou s'en va à l'infini. Soit d'abord (?, t,) un point de ramification d'ordfe r — i à distance finie. Nous désignerons encore par les intégrales de seconde espèce, qui admettent le seul pôle (i, r;) avec les parties principales I I 1.2. . .V 2' • ■ V+1 et dont toutes les périodes relatives aux coupures ah sont nulles. Enfin, si le point (Ç, -/]) s'en va à l'infini, supposons, pour em- brasser tous les cas, que ce point soit pour la surface de Rie- mann un point de ramification d'ordre r — i (y — i pouvant être nul). Nous désignerons par Z(^, z^; ?, ri), ..., Z^^^ (5, w; i, Tj), ... les intégrales de seconde espèce qui admettent pour pôle le seul point (;, Ti) avec les parties principales 1 V-M Z'\ . . . , 1.2. . .V. S '■ . INTÉGRALES NORMALES. 3^3 et dont toutes les périodes relatives aux coupures cih sont nulles. Les périodes de ces intégrales relatives aux coupures hh s'ob- tiennent encore en calculant le résidu de la fonction ^.L^^^u) ^^ relatif au point (?, "n), ce qui n'offre aucune difficulté. Il nous suffira d'énoncer le résultat : Soit (i, t») un point quelconque de la surface de Riemann , par lequel passent r feuillets, et soit t (12) w^''\z,u)^w'>'\^,,r,)^-{z—\Yo,,{\,r,) 2 V-f-1 le développement de V intégrale de première espèce ^^^'^{z, u) dans le domaine de ce point, r étant égal à i si le point (;, r,) n'est pas un point de ramification et z — co devant être rem- placé par -_- Les périodes de V intégrale de seconde espèce Z^^\z, u; H,'r,) relatives aux coupures 6,, 60, .... bp sont res- pectivement Les quantités cp'^''(;, r.) ne sont plus ici les dérivées successives de l'intégrale de première espèce ^v'^^^ {z , u) ] leur signification actuelle résulte du développement ((2) écrit plus haut pour cette 148. L'intégrale normale de troisième espèce Ilr^' {z, u) se définit exactement comme au n° 77. Dans le domaine du point (;', r/), elle est de la forme et, dans le domaine du point (ç, r,), de la forme 324 CHAPITRE VII. P(^ — f) et Q(^ — ^) étant des fonctions régulières; enfin les périodes relatives aux coupures ah sont nulles. Les périodes rela- tives aux coupures hh se calculent comme au n^ 78. On trouve ainsi que la période de l'intégrale 11^ 'îj (s, ?/), relative à la cou- pure hh^ a pour valeur l'intégrale étant prise le long d'un chemin situé sur T' ne ren- contrant aucune des coupures a^, hh^ Ch- H est à remarquer que cette expression de la période reste la même, quelle que soit la position des points critiques logarithmiques. De la définition de l'intégrale normale de troisième espèce ré- sultent immédiatement quelques propriétés : 1° On a identiquement, quels que soient les points (?, y,), (i',V),(?.ro,). (■3) nil5''+4;?''l+n||;'.!, = o- En efî'et, la somme précédente est une intégrale abélienne qui n'a plus de points singuliers; c'est donc une intégrale de première espèce. D'ailleurs, les périodes relatives aux coupures ai sont toutes nulles; elle se réduit donc à une constante. Or, si l'on fait coïncider le point (z, ii) avec le point (^o, Wo), origine des inté- grales, le premier membre est évidemment nul. 2° Si l'on fait dans la formule précédente Ç, = ^, r^ = Tj, il reste formule qui résulte d'ailleurs immédiatement de la définition. 3° L'intégrale normale de troisième espèce n[|'ÎJJ dépend de àen^i paramètres (^, ri), (^','/i'). On peut, d'une infinité de ma- nières, la mettre sous forme d'une difl^érence de deux fonctions, dont la première dépend de (?, yi) seulement, la seconde de (ç', 'r\). Prenons en effet un point analytique arbitraire, mais supposé fixe (^^, '/!,). On a, d'après l'identité (i3), ce qui démontre la proposition énoncée. INTÉGRALES NORMALES. 325 4*^ La formule (i3) peut être généralisée. Prenons un nombre quelconque de points analytiques (;,, r,,), (^2, '-02)7 • • •> (ç^j 'f\k) ; on a 149. En définitive, c'est toujours par la considération d'inté- grales de la forme / Uc/V, où U et V sont deux intégrales abé- liennes, prises le long du contour total de ï', que nous avons obtenu les périodes. Jusqu'ici nous avons toujours pris pour U une intégrale de première espèce. Prenons maintenant pour U une intégrale de troisième espèce avec les points critiques (;,*^j), (^', t/), et pour V une autre intégrale de troisième espèce avec les deux points critiques (a, 3), (a', '^'), différents des premiers. La fonction U -7- n'est pas uniforme sur la surface P; pour la rendre uniforme, nous tracerons sur T' une nouvelle coupure L joignant les points (^, '/\), (?', r/). Fig. 88. c- - -^ ^ Sur la nouvelle surface T'' la fonction U -p est uniforme et on peut lui appliquer le théorème général de Cauchy. L'intégrale / U (AvB;-a;Bv). Les intégrales qui figurent dans le premier membre de cette égalité sont supposées prises suivant des chemins ne se coupant pas entre eux et ne franchissant aucune des coupures a^^ by^ c.,. ' dU — / dV s'exprime tou- jours au moyen des périodes des deux intégrales U et Y. Supposons maintenant que U et V soient des intégrales nor- males on a Av = A'v = o, et il reste (a. S) «^(S.r/i C'est la formule fondamentale que nous voulions établir; elle est connue sous le nom àe formule de V échange du paramètre et de V argument dans les intégrales de troisième espèce. Cette relation ajant lieu, quels que soient les points (?, Tj), (^', r/), (a, ;B), (a', ^'), remplaçons-j (a, ,3) par le point (^o, Wo), origine des intégrales, (a', P') par (^, z^); il vient (i5) 4';^'' {z, U) = n4;;^/r, r/) - n/;;;^ (^, rj, en remarquant que n^\J (^oj ^^o) = o. Si Ton ne tient pas compte des chemins suivis par les variables, l'égalité précédente a seule- ment lieu à des multiples près des périodes. 150. Dans l'intégrale normale de troisième espèce considérons les points analytiques (;', r/), (:;, u^ comme donnés, et le point analytique (?, r,) comme variable. Cette intégrale devient une fonction du point analytique (;, r,), fonction dont 328 CHAPITRE VII. les propriétés résultent immédiatement de la formule précé- dente (i5). On voit que, considérée comme fonction du point analytique (Ç, t,), l'intégrale II est encore égale à une intégrale de troisième espèce avec les points critiques logarithmiques (z, u), (zqj Uq). Par suite, la dérivée est une fonction rationnelle du point analytique (?, r\), admet- tant comme pôles les points de ramification et les points (z, u), (zq, Uq), ces derniers étant des pôles du premier ordre avec des résidus égaux à — i et à + i respectivement. Un point critique d'ordre q — i ne peut être un pôle d'ordre supérieur à ^ — i . Les dérivées successives d^^ ' d^^ sont de même des fonctions rationnelles du point analytique (ç, 't]) admettant pour pôles les points (^o, ?^o), (^5 i^) et les points de ramification. Il est clair d'ailleurs qu'elles ne dépendent pas de (^', 7\'). Ces dérivées successives sont identiques, nous allons le voir, aux intégrales de seconde espèce définies plus haut. Soient (a, b) un point à distance finie de la surface de Riemann, distinct d'un point de ramification, et <Î>(Ç, '^) l'intégrale de seconde espèce suivante, où (Ç, y\) désigne le point analytique variable *(ç,'0= AiZ(^,Y);a,6)+A2Z'(^,Y];a,è)-[-... + Av+iZ'.v)(^,T;;rt,6), A,, Ao, . . ., Av+, étant des constantes quelconques. Cette inté- grale admet un seul pôle, le point (a, b)^ et la partie principale relative à ce pôle est Al A2 1.2...V . A, Considérons l'intéerrale J^ilr, du\''^ INTÉGRALES NORMALES. 829 étendue au contour total de la surface T' dans le sens direct. On peut lui appliquer le théorème de Gauchj, puisque, nous venons de le voir, H? '.^'^ , considérée comme une fonction du point analy- tique (?, Ti), est identique à une intégrale normale de troisième espèce. Les périodes des deux intégrales (i, ti) et Ur.^ relatives aux coupures «/ sont toutes nulles; par suite, l'intégrale précédente, étendue au contour total de la surface ï', est égale à zéro. On en conclut que la somme des résidus de la fonction sur toute la surface de Riemann est nulle. Ces résidus ne peuvent provenir que des pôles (z, w), (gq, Wq)? (<^j b). Les résidus pro- venant des deux premiers pôles sont respectivement — *(-,"), +*(^o, «o)- Pour avoir le résidu relatif au pôle (a, b), écrivons les dévelop- pements de ^(;, r, ) et de -^ dans le domaine de ce point "^^r! _/cm d\ -\dl où ( -^ j désigne la valeur que prend la dérivée d'ordre i\ > pour ç = a, r, =: b. Le résidu relatif au pôle («, 6) est 77f) -^^-^ -;7ît) +----+-AV+1 hy^^ On a, par conséquent, en écrivant que la somme des résidus est nulle, et remarquant que <Ï>(^oî "o) = o, — (^, îO-^ Al ( -r-- ) -f-...-1-A \d\]a ^''^'\d^i'^^ 330 CHAPITRE VI Remplaçons (^, u) par sa valeur-, il vient, en ordonnant par rap- port aux coefficients A, . . . . , Av+i , A,[z(.„;«,.)-(-)J.A,[z-(.„;«..)-(-n)J.... + Av+1 [Z(v)(^, u- a, b) - (^^) J = o. Cette égalité devant avoir lieu, quels que soient les coefficients constants Ai , Ao, • . • , Av+i , on en conclut que l'on a Z(z,u:a,b)- (-^j = o, Z'(z, u: a, b)— (^ Remplaçons maintenant {a, b) par (^^r^) pour ne pas multiplier les notations; les égalités précédentes deviennent • • • 5 Ainsi, lorsque le point (?,ri) est un point ordinaire de la sur- face de Riemann à distance finie, les intégrales normales de seconde espèce Z{z, u; ?, ti), Z'(z, u; i, t]), . . ., Z(^^(^, i^^ i, yi), ... qui admettent ce point pour pôle sont les dérivées successives de V intégrale normale de troisième espèce \^^^ par rapport au paramètre (S, ''O)- Par suite, toutes ces intégrales normales de seconde espèce sont des fonctions rationnelles du point analytique (?,"/i), admettant pour pôles le point (^, u) et les points de ramification, et l'on a aussi Nous avons déjà obtenu, au Chapitre II, des résultats identiques, sauf une petite différence de notation, pour les intégrales hjper- elliptiques Ç (i;oi> n°* 4-3 et 46). INTÉGRALES NORMALES. 33 1 151. Lorsque le point (a, b) est un point de ramification à dis- tance finie, les dérivées successives de l'intégrale normale n|'^' par rapport au paramètre (i,v;) deviennent infinies en ce point. De même, ces dérivées sont nulles en tous les points à l'infini de la surface de Riemann; elles ne peuvent donc représenter les intégrales normales de seconde espèce qui admettent pour pôle nn point de ramification ou un point à l'infini de la surface de Rie- mann. Il faut alors remplacer ces dérivées par les coefficients du développement de Hr^' suivant les puissances de (; — a)'' dans le domaine d'un point de ramification (a, b) d'ordre /' — i à distance finie, ou par les coefficients du développement suivant les puis- sances de 7 dans le cas d'un point à l'infini (^ ). Ainsi, soient (a, b) ■5 un point de ramification d'ordre r — i à distance finie et 1 y + i le développement de l'intégrale de troisième espèce dans le do- maine de ce point. Les coefficients II^ , IIo, . . . , llv+i , • . . sont pré- cisément, à des facteurs numériques près, les intégrales normales de seconde espèce définies plus haut, qui admettent pour pôle le point de ramification (a, b). Ainsi on a Z(z, u; a, b)= Ui, Z'{z, ii: a, b)= 2U2, et, en général, Z''^^(z, u\ a,b)=\.i. . .{') + 1)11^+1. Enfin, si le point (a, b) est un point de ramification d'ordre /• — là l'infini (/• — i pouvant être nul), soit n|f=nE--n.(l)Vn.(')'--.._n...Q)"^... le développement de l'intégrale de troisième espèce dans le do- maine de ce point. On démontrera, comme plus haut, que l'on a Z(z, i«;3c)=ni, ..., Z(v)(z, if ; ao) = i.2.. .(v -M)nv+i. (1) E. GouRSAT, Sur la théorie des intégrales abéliennes {Comptes rendus, t. XGVII, p. 1281). 332 CHAPITRE VII. Ces formules sont encore à rapprocher des formules obtenues au nM3. 152. Quelques considérations de passage à la limite permet- tent de prévoir et d'expliquer la plupart des résultats qui précè- dent. Considérons d'abord deux intégrales normales de troisième espèce ayant un point critique commun (?', t/) et deux points critiques infiniment voisins (?, tj) et (^ -j- A, t^ + A"), que nous supposons à distance finie et distincts des points de ramification. La diffé- rence est encore une intégrale abélienne avec deux points critiques lo- garithmiques infiniment rapprochés (?, Ti) et (^ + A, '/] + A). En tout autre point («, b) de la surface, cette intégrale est régulière. Faisons tendre h vers zéro; la différence a pour limite -^^' de sorte que, à la limite, l'intégrale en ques- tion admet le seul pôle (ç,7j) avec la partie principale z' D'ail- Z Ç leurs, toutes les périodes de to relatives aux coupures a^ sont nulles; cette intégrale w a donc pour limite l'intégrale normale de seconde espèce Z(5, u; ?, t)), c'est-à-dire que l'on a /l=0 ou encore Z{z,u;^,ri) = dn d^ Les périodes de Z relatives aux coupures bh se déduisent de la même façon des périodes de H. Ainsi la période de l'intégrale w INTÉGRALES NORMALES. 333 relative à la coupure bh est h expression qui a pour limite dl =--9h{lr,). lorsque li tend vers zéro. On verrait de la même façon que les intégrales Z'(;, z^ ; E, r,), ..., IJ^'^z, u\ H,r,) peuvent se déduire de Tintégrale Z(^, u\ ?,r.) par des différentiations successives relativement au paramètre (H,^.)- Remarquons aussi que les propriétés précédentes deviennent évidentes pour une courbe de genre zéro. Alors toute intégrale abélienne est égale à l'intégrale d'une fonction rationnelle f^{t)dt, t désignant le paramètre qui correspond uniformément aux points de la courbe. Il n'y a pas d'intégrale de première espèce; l'inté- grale de troisième espèce avec les deux points critiques E, H' est 4-o.(i^); les intégrales de seconde espèce avec le pôle t — z sont respecti- vement ^'''(''^^) = uéri^i On a bien lo3. On peut établir les propriétés de l'intégrale normale de troisième espèce par une autre méthode, qui offre une application intéressante d'une formule de M. Hermite relative aux fonctions 334 CHAPITRE VII. représentées par des intégrales définies admettant des coupures(^). Donnons-nous les limites de l'intégration (zq, Uq), (z, u), le che- min d'intégration L joignant ces deux points, ainsi que l'un des points critiques (^', r/) supposé fixe; l'intégrale a un sens bien défini tant que le point variable (^, rj) ne vient pas sur le chemin d'intégration. Nous admettrons, ce qui est indispensable, que c'est une fonc- tion analytique du point (?, r,) sur toute la surface de Riemann ; c'est justement ce qu^établit la formule (i5). Fig. 89. /y Pour voir ce qui se passe quand on franchit la Jigne L, consi- dérons deux points infiniment voisins (?, t)), (^,, yji) de part et d'autre de cette ligne, et un chemin d'intégration tel que L', voi- sin de L {fig. 89) ; la fonction — Jr~ ^^^ holomorphe à l'intérieur du contour formé par les deux lignes L et L^ lorsque le point (ç, 7i) est à gauche de L, comme l'indique la figure. Par consé- quent, dnl''-^' Au contraire, la fonction —4^ admet le point (;,, r,,) comme pôle du premier ordre avec un résidu égal à — 1. [On suppose (') Hermite, Journal de Borchardt, t. XCI; E. Goursat, Acta Matlieina- tica, t. I, p. 189. INTÉGRALES NORMALES. 335 que le point fixe (?', r/) est à l'extérieur du contour formé par les deux lignes L et L']. On a donc -'(L) d^ ^L) ^- Retranchons ces deux égalités membre à membre; il vient Tous les éléments de l'intégrale du second membre deviennent nuls lorsque les points (ç, r, ) et(?,,-/;,) viennent coïncider avec un même point de la coupure L; il reste donc cette égalité exprimant qu'en deux points infiniment voisins de part et d'autre de L, les valeurs de n^',!j' diffèrent de irA. Cette ligne L n'est d'ailleurs qu'une coupure artificielle pour cette fonc- tion ; en déformant infiniment peu le chemin d'intégration, on voit qu'elle reste régulière en tous les points de L, sauf aux deux limites (^, u) et (:^o, ^^o)- Si le point i^^'r,) est très voisin du point (^, iL)^ on a ^ dz = — TZii -f-P(>s,«^;i,^i), P(::. U] ç, Tj) désignant une fonction qui reste finie pour ^ = ;, u==ir^. On en conclut que, dans le domaine du point (^, u)^ n|;;''-iog(^-^-)-Q(^,ro, Q(^, r,) restant finie au point (z, u). On a, de même, dans le do- maine du point {zq, Uq), La fonction étudiée reste donc finie en tout point (;, t.), sauf aux points (:;, u), (zq, Wq), où elle se comporte comme on vient de le voir. 11 reste à voir comment varie cette fonction lorsque le point (c, 7,) décrit un contour fermé quelconque, en particulier, lorsque 336 CHAPITRE VII. ce point franchit les coupures ai et hi. Nous avons vu plus haut (n° 144) comment on pouvait former une intégrale de troisième espèce ayant les deux points critiques logarithmiques (^, ri), (^', 7i') ; cette intégrale est de la forme S(^, u\ Ç, V)) étant une fonction rationnelle de (s, ii) et aussi de (^, Tj). Pour passer à l'intégrale normale de troisième espèce, il faut ajoutera cette intégrale certaines intégrales de première es- pèce. Soit tJL)i(^, 'r\) la période de l'intégrale précédente à la cou- pure <2i, période qui est égale à l'intégrale / S (5, u\ ç, Tj) dz, prise le long de la coupure {ht), Wi(^,>î)= / S(z, u\\,r,)dz. J L'intégrale normale de troisième espèce est égale à en représentant par / cpi(^, 11) dz l'intégrale normale de première espèce w^^\ La période considérée comme fonction du paramètre {^^y\)^ est représentée par une intégrale définie admettant la coupure {ht)- Lorsque le point variable (Ç, 't\) ne franchit pas cette coupure, Ci)/(Ç, 'r\) reste une fonction uniforme du point (^, Tj) et, en reprenant le raison- nement de plus haut, on voit qu'en deux points infiniment voisins de part et d'autre de la coupure ht les deux valeurs de w/(^, r^) diff'èrent de 27c/. Gela posé, reprenons la fonction /"'"T I "^ 1 INTÉGRALES NORMALES. 337 si le point (ç, r,) décrit un chemin fermé quelconque ne traver- sant aucune coupure bi, ni la ligne L, chaque élément de l'inté- grale, et, par suite, l'intégrale elle-même reviennent à leurs va- leurs initiales. Au contraire, en deux points infiniment voisins de part et d'autre de la coupure 6/, les éléments correspondants des deux intégrales diffèrent de '^i{z^ u). Les intégrales elles- mêmes diffèrent de En résumé, l'intégrale normale de troisième espèce, considérée comme fonction du paramètre (^, r, ), présente les caractères sui- vants : 1° Elle reste finie en tout point de la surface de Riemann, sauf aux points (^, «), (^o, ^^o) qu'elle admet pour points critiques logarithmiques; 2^ Toutes les périodes relatives aux coupures ai sont nulles, et la période relative à la coupure bi est égale à i 11} Ces propriétés caractérisent l'intégrale normale de troisième espèce, avec les points critiques logarithmiques (;, «), (^o? ^^o)- On a donc n|!j'(^, zO-n^:;;'"(ç,^)-+-C. Pour déterminer la constante C, remarquons que, lorsque le point mobile (;, y;) vient en (;', r/), le premier membre est nul. W reste donc l'égalité qui est identique à la formule (i5). lo4. Avant de revenir aux intégrales abéliennes les plus géné- rales, il nous faut expliquer le sens d'un mot qui sera souvent employé. Étant donné /' intégrales ^,, vo, . . ., 'Cr^ n'ayant aucun point critique logarithmique, et, par suite, composées uniquement A. ET G. 2^ 338 CHAPITRE VII. d'intégrales de première et de seconde espèce, on dira que ces intégrales sont algébriquement distinctes s'il n'existe aucune combinaison linéaire à coefficients constants, telle que W = Ai^,-4-A2r2-f-...-f-A,^,, qui se réduise à une fonction rationnelle de z et de u (sauf, bien entendu, lorsque tous les coefficients A^- sont nuls). Si l'on a une équation algébrique de genre /?, l'intégrale pré- cédente W admet, en général, ip périodes cycliques; pour que W se réduise à une fonction rationnelle de z et de z/, il faut et il suffît que les 2/> périodes soient nulles, car cette intégrale est alors une fonction uniforme du point analytique [z^ u)^ n'admet- tant que des pôles sur toute la surface de Riemann. En écrivant ces conditions, on a ip équations linéaires et homogènes entre les /• coefficients A^ A2, . . . , A;^; ces équations admettent certai- nement un système de solutions, non toutes nulles, dès que;- est supérieur à 'ip. Par suite, il ne peut y avoir plus de 'ip intégrales algébriquement distinctes de première et de seconde espèce. Nous dirons que 9.p intégrales algébriquement distinctes Çi, 42^ •• V» ^2p forment un système fondamental. Pour qu'il en soit ainsi, il faut et il suffit que le déterminant d'ordre ip formé par les (2/?)- périodes de ces ip intégrales soit diff'érent de zéro; on aurait, en effet, pour déterminer les coefficients A/ tels que toutes les périodes de l'intégrale A, Ç, +. . .h- Ao^^sa;» soient nulles, 'ip équations linéaires et homogènes dont le déterminant n'est pas nul. Toute intégrale ahélienne v^ n^ ayant aucun point cri- tique logarithmique, est égale à une combinaison linéaire à coefficients constants des op intégrales Ç, , . .., 'C^^p-, formant un système fondamental, augmentée d^ une fonction ration- nelle de z et de u. Il suffit, pour le voir, de remarquer qu'en éga- lant à zéro les ip périodes de l'intégrale p — Ai^i— A2!^2 — ••• — A,^, ^2/> on a 2/? équations linéaires et non homogènes, dont le détermi- nant n'est pas nul. On en déduit donc pour les coefficients A,, Ao, ..., k^p un système de valeurs finies; ces coefficients étant ainsi déterminés, la différence (^ — Ai Ç, — . . . — k les/> intégrales normales de première espèce v, = (p^'^, !Co=(v'-^, ;^^r=r w'^P\ et pour î^_^, , . . ., ^2/j? P intégrales normales de seconde espèce, T{z, u; ai^ b^), ..., Z{z, u; ap^ bp)^ admettant pour pôles/? points ordinaires à distance finie, tels que le déterminant A = ?/>(.«i,^i) ••• ^p{<^p,bp) ne soit pas nul (n" 139). Ces 2/? intégrales forment bi en un système fondamental. En effet, si l'on désigne par a,, 7.0, .... a^ les p pé- riodes d'une intégrale r relatives aux coupures «,, a-,, •.., (ih ^) ceci est impossible, puisque 'fi(^, «), ..., '^p{^^ ^Ô ^^^^ ^^^ ^^~ rivées par rapport à z des/? intégrales normales de première espèce. 15o. Soit K{z, u) .-o,"u) dz une intégrale abélienne quelconque; les points critiques loga- rithmiques de cette intégrale sont les points de la surface oii le résidu de R(^, u) n'est pas nul, et, en général, ses points singuliers proviennent des pôles de R (s, u) et des points à l'infini. En procédant comme au n" 44, on peut exprimer \ par une somme d'intégrales de première, de deuxième et de troisième espèce. Soient (a, , [3,), ..., (a^, ^q) les q points critiques logarithmiques de cette intégrale, R,, R2, ..., R(7 les résidus correspondants de R(s,;<), dont la .somme R, -|- Ro -+-...+ Ry est nulle ; la différence I - Ri 11^" rÇ'-Ra II R,_ili;n"^^ '^q-y pq T ^1 INTÉGRVLES NORMALES. 34 I n'admet plus de point critique logarithmique. Elle peut avoir des pôles en nombre quelconque. Soient (a, h) un de ces pôles et z — a'^{z — af {z — ay la partie principale de J dans le domaine du point (<7, b). L'expression H = i —Slx^Ziz. u: a, b) où le signe V est étendu à tous les pôles de J, est une intégrale abélienne régulière en tous les points de la surface de Riemann, c'est-à-dire une intégrale de première espèce a, tv^^'^ + •.•-[- A;, points {as^b^)^ ..., {ap^bp). Soient w^, (Vo, . . ., Wp^ Ç(s, z^; «I, 6i ),..., Ç(^, u\ a p^ bp) ces ip intégrales. Si l'on remplace chaque intégrale normale Z^"^^ par son expression au moyen des ip intégrales précédentes et d'une fonction ration- nelle de z et de u^ la formule (17) peut s'écrire -4- Bi (Pj-H B2 (^2-^-- • •-+- B/, (Py, ■ ou encore *^{z, u) étant une fonction rationnelle de z et de u^ I, et lo dé- signant deux intégrales abéliennes dont la première n'admet que des points critiques logarithmiques, tandis que la seconde lo n'admet que des pôles du premier ordre qui sont pris parmi les p points (a,, ^,), ..., {ap, bp). Ces deux intégrales !< et L ne sont pas complètement définies, INTÉGRALES NORMALES. 343 quand on connaît la fonction rationnelle T{{z, ii)^ car on peut ajouter à l'une d'elles une intégrale quelconque de première es- pèce, à condition de retrancher la même intégrale de l'autre. Mais, si les points (<7| , ^i ), • . ., {ap, bp) ont été choisis une fois pour toutes, la partie algébrique de l'intégrale^ ^(^> u)i est complè- tement déterminée, à une constante additive près. Supposons, en effet, qu'en opérant d'une autre façon, on ait mis I sous la forme (19) \ = ^'{z,u) — l\-h\\, \\ et I!, jouissant des mêmes propriétés que I| et lo ; on en déduit, en retranchant membre à membre, ^{Z, U) — «ï»'(-3, U) — \\ — II— i;— lo. Il est clair que les points critiques logarithmiques disparaissent dans le second membre, et la fonction rationnelle ^ — 4>' ne peut avoir pour pôles que quelques-uns des points (<7,, bC)-, ...,(a^, bp)^ ces pôles étant du premier ordre. Soit H, la partie principale de 4> — ^'dans le domaine du point {ai, bi)\ la différence * — *' — HiZ(^, M, rt,,èi) — ...— ^pZ{z, u, a,„bp) est régulière en tous les points de la surface de Riemann, et ses périodes relatives aux coupures a/i sont toutes nulles. C'est donc une constante, et ses périodes relatives aux coupures b/i doivent être nulles également. En écrivant qu'il en est ainsi, on établit entre les coefficients H,, ..., H^ un système de p équations linéaires et homogènes dont le déterminant A est essentiellement différent de zéro (n° 139). On a donc H, = Ho == . . . = H^ = o, et les deux fonctions <ï> et O' ne diffèrent que par une constante, qu'il est évidemment permis de négliger. Il paraît probable, d'après cela, que cette partie algébrique (c, u) peut être obtenue par des opérations rationnelles, c'est- à-dire des additions, multiplications et divisions de polynômes. 11 344 CHAPITRE VII. ne semble pas que ron possède jusqu'ici de méthode générale pour effectuer ce calcul. La question a été résolue par M. Hermite dans le cas particulier des intégrales hjperelliptiques (^); nous rappellerons succinctement sa méthode. Etant donnée une relation de genre/?, de la forme où les quantités // sont toutes différentes, toute intégrale j K{z,u)dz, où R(2;, u) est une fonction rationnelle de z et de w, se ramène, par des calculs élémentaires, à des intégrales de l'une des formes suivantes rv_dz r z^ndz rx.dz J (i'^ ' J ~^' J x^ir P, X,, X, Q étant des polynômes, dont les deux derniers sont pre- miers avec leurs dérivées. La première intégrale est égale à une fonction rationnelle de z, que l'on peut calculer sans avoir à ré- soudre aucune équation de degré supérieur au premier, et à une ~^, OÙ l^ est de degré inférieur à celui de Q, qui est égale à une somme de logarithmes. De même, les intégrales r z'n dz rx^dz J ~~[i~' J ~x^ ^^ ramènent, par des calculs élémentaires, à une partie rationnelle en z et w, à des intégrales de la forme J \u où Y est de degré inférieur à celui de X, et où X est premier avec le polynôme F(^) (intégrales qui n'admettent que des points critiques logarithmiques) et enfin aux intégrales T——, où m n une des valeurs o, i, 2, . . . , 2/?. Pour /?2 = o, i, 2, y» — i , on a les p intégrales de première espèce fr<, W2, - . ., (ï>. Pour (*) Bulletin des Sciences mathématiques, 2= série, t. VII, p. 36. Cours pro- fessé à la Faculté des Sciences, rédigé par Aiidoyer. INTÉGRALES NORMALES. 345 m =/>, on a une intégrale de troisième espèce avec deux points critiques logarithmiques à l'infini. Enfin, si on a une intégrale qui admet encore, en général, deux points cri- tiques logarithmiques à l'infini; en choisissant convenablement le coefficient À^, la différence -j ZP-^^l-K,ZP ^. admet les deux points à l'infini pour pôles d'ordre q. En défini- tive, l'intégrale proposée est décomposée en une partie ration- nelle en z et w, en une somme d'intégrales de troisième espèce, et des ip intégrales ir, , (ï^oj • • • , <^>j ïo • • • ? '^p- Ces ip intégrales forment bien un système fondamental. En d'autres termes, il n'existe aucune combinaison linéaire à coeffi- cients constants Al «•!-+-. . .— .S.piVp — B,^i-f-. . .-^ B/j^/,, qui se réduise à une fonction rationnelle de z et de a (sauf pour A/ = B/ = o). En effet, cette fonction rationnelle n'aurait pour pôles que les points à l'infini, d'ordre p au plus, et, d'après les expressions des intégrales ^y, les coefficients des parties princi- pales dans le domaine de chacun de ces pôles seraient égaux et de signes contraires; il en résulte (n'' 27) que cette fonction ration- nelle serait de la forme uÇl{z)^ Q(^) étant une constante ou un polynôme. Or les points à l'infini sont des pôles d'ordre/? -h i au moins, pour une telle expression. 157. Nous allons montrer, dans ce paragraphe, comment on peut trouver la partie algébrique ^{z^ u) d'une intégrale et les coefficients de la formule (i8), quand on connaît les points singu- liers de l'intégrale avec les parties principales du développement dans le domaine de chacun d'eux. Soient t'^i = Ai(-, u) dz, iv.2=f^2{z, u)dz, . . ., u'p =j^p{z, u) dz 346 CHAPITRE VI p intégrales linéairement distinctes de première espèce, ^j>4,^27 •••? '1^ étant des fonctions rationnelles connues de z et de u. Prenons, pour fixer les idées, p points analytiques (a<, ^<), . . ., {cip^ Z>^), à distance finie, et distincts des points de ramification, tels que le déterminant ne soit pas nul. On a vu plus haut (n'' 145) comment on pouvait former une intégrale de seconde espèce admettant le seul pôle (r^/, bi) avec la partie principale •; — soient ^1 = I yji^, u)dz, ^p= I Ipi-^ ^0^^ les p intégrales de seconde espèce ainsi formées, admettant res- pectivement pour pôles du premier ordre les points («,, Z>^), . . ., (<^7?, àp). D'après les explications qui ont été données (n" 154), les 2p intégrales Wi, . . ., (v^, Ç<, . . ., Ç^ forment un système fon- damental, car les intégrales normales iv^^\ (v^^\ ..., {\>^f'\ Z(^, u] ciijbi), ..., Z(5, w, cip, bp) s'expriment linéairement au moyen des premières, et inversement, et le déterminant 8 ne diffère du déterminant analogue où ^/(^, u) serait remplacé par ^i{z, u) que par un facteur différent de zéro. Nous dési- gnerons encore par ra|'^. l'intégrale de troisième espèce avec les deux points critiques (?,'/]), (^',7/), que l'on a appris à former plus haut (n" 144). Gela posé, soient (a,, j3<), ..., (a^, j3^) les points critiques lo- garithmiques de l'intégrale abélienne I = i^(^, u)dz^ et Ri, ..., Ry les résidus correspondants de R(^, u). La différence -i (So,«o) R(..,.o^^^'-Ri<;;'p; n'admet plus de points critiques logarithmiques. La dérivée INTÉGRALES NORMALES. 347 est une fonction rationnelle S{z, ?/) dont tous les résidus sont nuls. L'intégrale J peut donc s'exprimer par la somme d'une fonc- tion rationnelle de z- et de u et d'une combinaison linéaire à coeffi- cients constants des 2/? intégrales «,, ..., Wp^ ^,, ..., Ç^, (20) J = ^(Z, II) -h )vi^i — . . .-f- lplp-\- [Jli Wi-T-. . .-î- {J-pWp. Cherchons d'abord à déterminer les coefficients À,, ..., \p^ U|, ..., [kp. Pour cela, multiplions les deux membres de l'équa- tion (?.o) par ^/(^, u)j et égalons la somme des résidus des deux membres de l'égalité obtenue sur toute la surface de Riemann. Les résidus du produit J(!>/(^, u) s'obtiennent sans difficulté, con- naissant les pôles de l'intégrale J et les parties principales dans le domaine de chacun de ces pôles. En effet, en tout point où l'intégrale J est régulière, le résidu de J'li[z, u) est nul; car, '^i{^i u) étant la dérivée d'une intégrale de première espèce, son développement dans le domaine d'un point à l'infini commence par un terme en - d un degré supérieur a lunite et, en un point de ramification (a, b) à distance finie, 'i>/(^, u) ne contient que des puissances de — d'un desrré inférieur à l'unité. Suivant une notation employée par Cauchj, désignons par C[J'|/(:?, u)] la somme de ces résidus. La somme des résidus de la fonction ration- nelle ^{z, u)'bi(z, u) est nulle. Les résidus de la fonction ^fcài{z^ u) se réduisent au seul terme '}/(6t^, b^) provenant du pôle («A, bfi) de Zk- Enfin le produit w/i'li{Zj u) n'admet aucun résidu. Il reste donc les p relations /,,x \ li'^iiai, bi) ^. . .-^Ap'l^iiap, bp) = C[J'hi{z,u)] ^^ I (/=!, 9., ...,/>), qui déterminent les p coefficients A, , . . . , a^, car le déterminant de ces équations linéaires est précisément 0. Pour obtenir les constantes a,, ..., ;jl^, multiplions de même les deux membres de la relation (20) par '//(:?, u), et égalons la somme des résidus des deux produits. La somme des résidus de saX^(^, u) est égale k yi{a/(, bh) — '/ji^^n ^i)] celle des résidus de iv/iyi{z^ u) est égale à — '^a(«/, bi); enfin la somme des résidus 3i8 CHAPITRE Vil. de la fonction rationnelle ^{z-, u)yj{^-, t^) est nulle. Il vient donc ^'"^^ ( =-~^[iyj{^,iO]-^hdlk{anbi)-yj{a,,b,.)]; (f= I, 2, ... /?); ces équations déterminent ^i, ji-o, . . ., '^p^ car le déterminant est encore égal à ù. En définitive, tout revient à calculer les sommes des résidus des produits JtJ;/(i:, u) et !'/_/(:?, u); les résidus de J^i(^, u) pro- viennent uniquement, on l'a déjà remarqué, des pôles de l'inté- grale J. Soit (<2, b) un de ces pôles que nous supposons, pour fixer les idées, à distance finie et distinct des points de ramifica- tion ; écrivons le développement de la fraction rationnelle S(^, u) dans le domaine de ce point On en déduit J = fs{z, u)dz =:C~ A. --kAo(.-«) Soit ^i{z, u)=z ^i(a, b)-{-{z — a)Yi{a, b) -+- . . . ( z a )m—2 + - ^ r N Vr-'^ {a,b)-^...: le résidu du produit J'|/(;, ii) au point (a, h') est donc -. A_,.},,.(«, i) - ^ 4,;(«, i) -. . .- ~-^^^^ >i'i"*-"(«, *)• Nous voyons que ce résidu se calcule au moyen des seuls coef- ficients des développements de S(^, u) et de ^/(^, u) dans le do- maine du point (a, h\ 11 en est de même, on le vérifie facilement, quelle que soit la position du point (<2, ^). Les résidus du produit Jyi(^, ?/) proviennent des pôles de J et du point (a/, ht) qui est un pôle du second ordre de ^^ (^, w) ; le résidu relatif à ce point est INTÉGRALES NORMALES. 349 égal à — S(rt/, bi)^ car, dans le domaine de ce point, on a S{z, u) = S(a/, bi) -f- (> — <7/)S'(rt/, bi)-^.. ., J = j Si z. u) dz = C -{- ( z — ai) S(ai, 6/) -f- . . . , yjiz, u) =— — -• -f- P( j — ai). V^ — "i )~ Les résidus provenant des pôles de J se calculent comme tout à l'heure. En définitive, pour calculer les coefficients X,, . . ., X^, ;jL,, jjLo, . . ., ui;, de la for m a le (20), il suffit de connaître : i"* les coefficientsdes développements des fonctions rationnelles S (z, u), 'li{z^ u), '/i{Zj u) dans le domaine de chacun des pôles de J; 2*^ les i^aleurs de la fonction rationnelle S(z, u) aux p points analytiques (<7, , ^i ), . . ., {ap^ bp). Reste à déterminer la fonction rationnelle ^{z^ u). Nous con- naissons les pôles de cette fonction qui sont les pôles de J et les points (rt/, bi). Dans le voisinage d'un pôle de J, la partie princi- pale est la même que celle de J; au point (^r/, 6/), la partie princi- pale est — Nous sommes donc amenés au problème sui- ^ z — at ^ vant : Déterminer une fonction rationnelle ^{z^ «), connaissant les pôles et les parties principales dans le domaine de chacun de ces pôles. Cette question sera discutée au Chapitre suivant. I08. Comme application de ce qui précède, cherchons les con- ditions pour qu'une intégrale abélienne / R ( -3 , u) dz "0) soit une fonction algébrique de z. Il faut évidemment que cette intégrale n'admette ni périodes, ni points critiques logarithmiques. S'il en est ainsi, elle est une fonction uniforme du point analy- tique (^, u)^ n'ayant, sur toute la surface de Riemann, que des pôles pour points singuliers, c'est-à-dire une fonction rationnelle de z et de u. On déduit de là le théorème suivant, dû à Abel : Si une intégrale /R(^, u) dz, oii R(:?, u) est une fonction ration- nelle de deux variables z et u liées par la relation algébrique 3;>o CHAPITRE vii. F(^, u) ■= o, est elle-même une fonction algébrique de z, elle est égale à une fonction rationnelle de z et de u. Pour qu'il en soit ainsi, il faut d'abord que tous les résidus de la fonction rationnelle R(^, ?/) soient nuls. Cette condition étant supposée satisfaite, on a R(5, ?/)=:= S (i;, w), I = J; il faut, en outre, que tous les coefficients A,, . . ., X^, p.,, , . ., jji^ de la for- mule (20) soient nuls, c'est-à-dire, d'après les équations (21) et (2-2), que la somme des résidus de chacun des produits J|/(-S, u^ et J y/(^, ?^) (/ = 1 , 2, . . .,/?) soit nulle séparément. Donc, pour cjue l'intégrale abélienne I = / R(^, u) dz se ré- duise à une fonction rationnelle de z et de u, il faut et il suffit : 1° Que tous les résidus de la fonction rationnelle R(^, u) soient nuls; 2" Que la somme des résidus du produit I'^(::, ;^), oii hh(z, u) dz est une intégrale quelconque de première espèce^ soit /lui le; 3"^ Que la somme des résidus de chacun des produits lyi{z^ u) soit nulle, yj (z, u), . . ., y^p{Zj u) ayant le même sens que plus haut. Nous ferons remarquer de nouveau que les conditions trouvées sont toutes algébriques. Si la première condition seule est satis- faite, l'intégrale 1 ne contient aucune intégrale de troisième es- pèce. Si les deux premières conditions seules sont satisfaites, l'inté- grale I est égale à une fonction rationnelle de ^ et de u, augmentée d'une intégrale de première espèce. Remarquons enfin qu'au lieu de prendre pour '/j{z, u), .... '/^p(z, u) les dérivées de p inté- grales de seconde espèce n'ajant qu'un pôle du premier ordre, on pourrait prendre les dérivées de p intégrales quelconques de se- conde espèce, formant avec (ip^ . . ., Wp un système fondamental. 159. Les deux dernières conditions peuvent être mises sous une autre forme. De l'identité d(lwi) = I JZ Téquation qui représente une branche infinie asymptote à la droite H = CiZ -\- di; tous les coefficients tels que a[^^ doivent être nuls. Géométriquement, cela signifie que le point à l'infini dans la di- rection précédente est un point d'inflexion. En effet, effectuons la transformation homographique u 11^=—- z à la branche infinie correspond une branche de courbe issue du point z' = o, a' = ci, u' = Ci-T- diZ'-\- a[-^^^'2_^ 3c[.2'^'3_|_ Si aj'^nno, on voit que la tangente lé =z Ci-\- diz' rencontre la courbe en trois points confondus. Lorsque la courbe considérée est du genre zéro, ces conditions sont suffisantes. Donc, pour que l'aire d'une courbe unicursale de degré m^ qui a ni points simples à r infini, soit algébrique, il faut et il suffit que les m points à V infini soient des points d'inflexion (^). Si la courbe est de genre/? > o, il faudra, en outre, que ip con- ditions nouvelles soient remplies. Prenons, par exemple, une cu- bique avec trois points d'inflexion à l'infini; si l'on prend pour axes de coordonnées deux des asymptotes, l'équation de cette cu- bique est de la forme uz{u — az — b) — k-— o. On en tire _ az -{-b \/zHaz -4- by^-h \k^z Il — -\- — , '2 -IZ r , «52 bz 1 r^z^az^by-^ik^'Z , udz = — i h- - / ^ ^- ^ dz. J \ 1 1 J z (*) ArrELL et E. Picard, Thèses de Doctorat. INTÉGRALES NORMALES. 353 Si le polynôme sous le radical a une racine double, la courbe est unicursale, et, d'après ce qui précède, l'intégrale doit être al- gébrique, ce qu'il est facile de vérifier. Dans tout autre cas, l'inté- grale n'est pas algébrique. En effet, considérons la relation auxiliaire ?/-= R(^) et les deux intégrales r dz r dz de première et de seconde espèce, attachées à cette relation, D'après la théorie Sfénérale, la somme des résidus de ï et de — _ devrait être nulle. Formons cette somme pour le second zs/^^^T) . ,. . produit. Les points à l'infini sont des pôles du second ordre pour I, et l'on a, dans le domaine de chacun de ces points, z^ , 2A-2 I > a z z^B.{z) z^\a a'^ z ' "' J' les signes ±. se correspondant dans les deux formules. La somme des résidus pour les points à l'infini est donc égale à — i. Dans le domaine de l'origine, on a /- ^2 3 le résidu du produit est donc égal à 4- Pour toute aulre valeur de 3, le résidu est nul. Par suite, l'intégrale / s/zHaz^bY-^ Xk-'z ^_ ne peut être algébrique, lorsque lepolvnome sous le radical n'ad- met que des racines simples. A. ET G. 23 354 CHAPITRE VII. 161. Le logarithme d'une fonction rationnelle de z et de a est une intégrale abélienne qui ne possède que des points critiques logarithmiques (n" 48). Cette remarque nous conduit à nous poser la question suivante : Étant donnée une intégrale abélienne 1= /R(^, u)dz^ qui n^admet que des points critiques logarithmiques, comment peut-on reconnaître si elle s exprime par une somme de loga- rithmes de fonctions rationnelles de z et de u et d'une inté- grale de première espèce ? Soient (a,, h,), {a., b.), ..., {ctg, bq)\es points critiques lo- garithmiques, R<, Ro, .-., i^q les résidus correspondants de R(^, w), qui vérifient la relation (^4) Ri-i- R2 -I-. • ■+ R^ = o. Supposons que l'intégrale considérée s'exprime de la façon in- diquée, c'est-à-dire que l'on ait (25) I = f^{^, ii)dz = (Mi\ogOi +W2logcp2 -+-...+ w;. logcp,. -f-w(^, u), cOi, W2, ..., (-Or étant des constantes, cp,, Oo, ..., cp;. des fonctions rationnelles de z et de u, et iv{z, u) une intégrale de première espèce. On peut toujours admettre qu'il n'existe entre les con- stantes (Oi, coo, ..., w^ aucune relation linéaire et homogène à coefficients entiers; si, en effet, il existait une pareille relation, 7711 Wi -T- ;?Z2W2-1- . . .-f- Jn,.Oir = o, où l'un au moins des coefficients, m,-, par exemple, est différent de zéro, on en tirerait mj Wl + 7?l2(02 -h. . .H- /«/•-! W/.-i OJ,. = > m,. et l'expression (20) pourrait s'écrire La nouvelle formule contient un logarithme de moins que la INTÉGRALES NORMALES. 355 précédente. Si donc on suppose qu'on a réduit, de cette façon, autant que possible le nombre des logarithmes, il ne peut exister entre les constantes w, aucune relation de la forme indiquée ; c'est ce que nous admettrons désormais. Gela posé, les zéros et les infinis des r fonctions cp,, cp,, ..., cp,- font nécessairement partie des q points (a,, b^ ), ..., (a^,, bq). Si, en effet, un autre point (a, 3) était un pôle ou un zéro de quel- ques-unes de ces fonctions, dans le domaine de ce point, le second membre de la formule (20) serait infini comme (micoi -i-. . .-f- m,.oir) log(^ — ce), m^ mo ryir étant des nombres entiers dont l'un au moins n'est pas nul. Or l'intégrale I est régulière au point (a, P); il fau- drait donc que Ton eût 7?z, w, -f-. . .-1- nir^r — o, contrairement à l'hypothèse qui vient d'être faite. Soit mu un nombre entier, égal à zéro si le point («/, bi) n'est ni un pôle ni un zéro de 9a(^, w), éo-al à 4-/1 si le point (a/, bi) est un zéro d'ordre n de cp^, et à ji' si (rt/, bi) est un pôle d'ordre n' de cpA. Dans le domaine du point (<7/, 6/), le second membre de la formule (20) est de la forme p/ - _ ai) désignant une fonction régulière. On a donc entre les résidus R,, R2, •••, R? et les constantes co,, w., ..., tO;- les q re- lations (26) ^i — nmoii^ TlliUMi-r-.. .^ niri^r (î = ï , 2, . . . , q), où tous les coefficients m^i sont des nombres entiers. 16^. Nous voyons que les q résidus R, , R,, . . ., R^ s'expriment par des fonctions linéaires à coefficients entiers des r quantités w,, (1)2, . . ., ^r- 11 n'en résulte pas qu'elles ne puissent s'exprimer de la même façon au moyen de moins de /• quantités, et nous sommes conduits à traiter d'abord la question suivante : Étant données q quantités quelconques R,, Rj, •••, R^, réelles ou imaginaires, les exprimer par des fonctions li- néaires et homogènes à coefficients entiers du plus petit nombre possible de quantités. 356 GHAPITRK VII. Supposons le problème résolu et soient \ F! R, ^12^1 ^q = 'llq'^l Si . . . . , les formules qui donnent une solution du problème, les nombres Hiff étant tous entiers. D'après la relation (24), le nombre s est au plus égal kq — i ; il est clair aussi qu'il est au plus égal à j\ mais il peut lui être inférieur. Nous allons montrer qu'on peut toujours ramener les /' logarithmes de la formule (20) à s logarithmes seulement (^). Par hypothèse, il n'existe aucune relation linéaire et homogène à coefficients entiers entre a-,, o-o, ..., as. De plus, tous les dé- terminants d'ordre s que l'on déduit du tableau ^12 nu ^22 n^r rigi en prenant s lignes ne peuvent être nuls à la fois. En effet, supposons, pour plus de généralité, que tous les déterminants d'ordre supérieur à s'(s'2 . . . m, -2 mi,. m-i,. . . . ni/r est différent de zéro; les équations (26) peuvent donc être réso- lues par rapport à s des quantités w,, ..., w^. On en tire, par exemple, Wi, too, .... w^ en fonction de R|, . . ., R^ et de w^+i, ..., (o,., et, en y remplaçant R,, ..., R^ par leurs expressions tirées des formules (27), on obtient des formules de la forme suivante / Acoi — XnOJ^,.|-l — • • • — ^^l,r-s^r = ,^11 '^l -H. . .-T- [Ai^T^,., (28) ' ( ^(^Js — ^51 W^-+-l — . . .— '>^s,r-s^r = !J-5l ^1 "^ • • • -^ l^ss^s, tous les coefficients A, 1, a étant des nombres entiers. Imaginons maintenant qu'on substitue dans les formules (26) les valeurs de R, , Ro, . . ., R^, w,, . . ., w, tirées des relations (27) et (28) ; on devra obtenir des identités, c'est-à-dire que les coeffi- cients de w^^,, .. ., (o^ devront être nuls dans les seconds mem- bres, et les coefficients de cr,, . . ., cr^ devront être égaux de part et d'autre. En effet, si le coefficient de co^+,, par exemple, dans l'un des seconds membres n'était pas nul, on en tirerait pour 358 CHAPITRE VII. (j)s+i une fonction linéaire et homogène à coefficients commen- surables de co^^o? •••^ ^ry '^\j •••? ^s- En ajoutant cette équation aux équations (28) on aurait 5 -h i équations distinctes entre Wi , . . . , is)r, 0-,, ..., ds et l'élimination de a^, g.,, . . ., o-^ conduirait au moins à une relation linéaire et homogène à coefficients entiers entre iù^, . . ., lûr. De même, si les coefficients de o-< , ..., o-ç n'étaient pas égaux de part et d'autre, on aurait une relation de même forme à coefficients entiers entre cti, o-o, . . ., a^. Après la substitution précédente, le coefficient de iOs+h dans le second membre de la relation (26) est nis^h.i + mu '- -\- m^i -^- -4- . . .+ nisi -•— ; le coefficient de <7h est uj^i dans le premier membre et niM \i.\ k -H ma/Va/r + • . . H- m^i ix.sk A dans le second membre ; on a donc les relations suivantes entre ces nombres entiers (29) m,+/,,/H T =0, ( A \/z = I, 2, r — s) , o . mu [Xiz- -I- . . . -4- lllsi IXsk j 1=1,1. ...,q (30) nki= * T '— j A \k=-i,i, . . ., S Dans ces relations les nombres iij^i sont supposés connus par les formules (27), mais les nombres m^^, X, [ji, A sont complète- ment inconnus. Dans la formule (20), remplaçons toi, Wo, . .., cO;. parleurs ex- pressions tirées des formules (28); il vient ï^ ^ log<];i4-...-l-- logt];5+ -'-^ log <];,+!+... 4- ^logt];,.-+-«^, OU n[^ii (p[^îi . . . cpl^^i, 5 . ' il ' ' 'Ts Tr ' INTÉGRALES NORMALES. 35() Les fonctions rationnelles '^j^,, ..., ...,6rse réduisent à des con- stantes. En effet, ^s+h n'admet pour pôles et pour zéros que quel- ques-uns des points («,, ^,), ..., («y, bq). Dans le domaine du point (ai, bi) elle contient en facteur une certaine puissance de (z — ai) dont l'exposant est, d'après la signification des nom- bres niffi, c'est-à-dire zéro, d'après la formule (29). Le point (rt/,6/) n'est donc ni un pôle ni un zéro pour 'i^^+yi ; cette fonction, n'admettant ni pôles ni zéros, se réduit forcément à une constante, et, par suite, l'intégrale T ne contient que s logarithmes, comme nous l'avions annoncé, (3i) 1= ^log6,-t-...4-~Mog^,-H«^(^,zO- Pour déterminer les fonctions à^, . . . , t!;^, cherchons les ordres des pôles et des zéros de •^,, par exemple; ces points font partie des q points (a, ,b\).., (ciq^ bq). Dans le domaine du point (a/, bi), log'v, est infini comme ( niu ai 1 -^ . . . -^ nisi ii^y ) log( - — «/), c'est-à-dire, d'après les formules (3i), comme A/?,/log(:: — «/). Les nombres n^i sont supposés connus; si l'on connaissait A, on voit que les pôles et les zéros de 6,, , . . ,'ls seraient connus, avec leurs ordres de multiplicité respectifs. C'est l'indétermination de ce nombre entier A qui fait la difficulté de la seconde partie du problème. 163. En résumé, la question que nous nous sommes proposée comprend deux problèmes distincts. Si l'on veut chercher le nombre minimum de logarithmes auquel une intégrale abélienne peut se réduire, en supposant cette réduction possible, il faut chercher le plus petit nombre possible de quantités au moyen des- quelles les résidus R, , . . . , R^ peuvent s'exprimer par des fonc- tions linéaires et homogènes à coefficients entiers. Si ce nombre est égal à 5, le nombre minimum des logarithmes est aussi égal à 5; on remarquera que ce nombre ne dépend que des résidus. 36o CHAPITRE VII. Cette première question étant supposée résolue, on a ensuite à résoudre un ou plusieurs problèmes du type suivant : Étant donnés sur une surface de Rlemann q points et q nombres entiers /i,, n^, . . ., nq, dont la somme est nulle, existe-t-il une fonction rationnelle oi^z^u) et un nombre en- tier M, tels que logcp(^, u) soit régulier en tous les points de la surface de Riemann, sauf aux points {a^,bC)^ ..., [aq^ bg), et soit infini comme M/z^ log(^ — a/), dans le domaine du point [aiy bi)l Si le nombre M était connu, le problème reviendrait évidem- ment à reconnaître s'il existe une fonction rationnelle cp(^, w), admettant des pôles et des zéros donnés, avec des degrés de mul- tiplicité déterminés, problème dont on s'occupera plus loin et qui n'offre que des difficultés algébriques. Mais, aussi loin que l'on aille dans la série des essais en faisant successivement M=i , 2,3,..., sans jamais réussir, on ne peut affirmer, du moins dans le cas général, que le problème est impossible. Pour prendre un exemple simple, supposons/) = i, et supposons de plus qu'il n'y ait que quatre points critiques («4,6,), («2? ^2)? (<^37 ^3)? (<^.'o ^'. )? et enfin que l'on ait n^=i /io = i, az3= 714 = — i. Tout revient à trou- ver s'il existe une fonction rationnelle de ^ et de w admettant les seuls zéros [a^^ 6,), (ao, ^2) et les seuls pôles («3, 63), (a/,, b;^)^ chacun au degré M de multiplicité, M étant un nombre entier indéterminé. Soit w[z-^u) l'intégrale de première espèce ; pour que la fonction cherchée existe, il faut et il suffit, d'après le théo- rème d'Abel, qui sera étudié en détail dans un des Chapitres sui- vants, que l'on ait M[w{ax, bi)-^- iv{a2j ^2)]= M[w{a^, 63)+ (^(«4, bi,)], le signe ^ indiquant l'égalité à une période près. Il faut donc que la différence w(ai, bi)-\- w{a2, b^) — ^(«3, ^3)— <^(«4, ^4) soit commensurable avec une période de «^(s, u). Le problème INTÉGRALES NORMALES. 36l en question est donc de même nature que celui-ci : Etant donnés deux nombres que l'on peut calculer avec une approximation in- définie, reconnaître si leur rapport est commensurable. Aussi loin que l'on pousse les opérations, il n'est jamais permis de con- clure négativement, par cette seule considération. Pour plus de détails sur ce sujet, nous renverrons le lecteur aux dernières pages du Tome II du Traité des fonctions elliptiques d'Halphen, où l'éminent géomètre fait ressortir très nettement la difficulté du problème. 16i. Comme application de la théorie précédente, reprenons le problème suivant traité par Abel : /o dz ^^-^ y OÙ G (?^ R sont deux polynômes entiers en z^ R étant premier avec sa dé- rivée, qui s'expriment par une somme d'un nombre fini de logarithmes de fonctions rationnelles de z et de u. L'intégrale / —^ ne doit posséder, comme singularités, que des points critiques logarithmiques. Or cette intégrale est régu- lière pour toute valeur finie de ^ ; si R est de degré impair, le dé- veloppement de ~= dans le domaine du point de ramification à rinfini ne contient que des puissances fractionnaires de z^ et, par suite, le point à l'infini ne peut être un point critique logarith- mique pour l'intégrale. Il faut donc que R soit de degré pair ip-\-Q . La surface de Riemann présente alors deux points distincts à l'in- fini; dans le domaine de chacun d'eux, l'intégrale doit être égale à un terme logarithmique, augmentée d'une fonction régulière, ce qui exige que p soit de degré p. Si ces deux conditions sont remplies, les deux résidus R|, Ro sont égaux et de signes con- traires; le nombre s est égal à l'unité. Par suite, lorscpt'une inté- grale delà forme j ^-^ est exprimable par logarithmes, elle s'exprime au moyen d^un seul logarithme. Soit 362 CHAPITRE VII. A désignant une constante et P, Q, S étant trois polynômes, la formule qui donne la valeur de cette intégrale. A chaque valeur de z correspondent pour le logarithme deux valeurs log -^^-^— , log- ^^, dont les dérivées — ^—= et L ont une somme nulle. La somme A v/H a v/R de ces deux logarithmes et, par suite, le produit + Qv/r\/p-Qv/k S J\ S doit donc se réduire à une constante K p2_RQ2^KS2; on peut alors écrire K ou encore , p + Q/R I I /p + q/rX log ^i-L— = -logK-f- -log ^^~= • Employant les notations d'Abel, on voit que, si l'intégrale considérée est exprimable par logarithmes, elle a une expression de la forme (32) / '-=- = Alog J v/R ^Va-?/R a et P étant deux polynômes. On peut évidemment supposer a et ^ premiers entre eux; on peut aussi supposer a premier avecR. En effet, si a et R ont un plus grand commun diviseur N, on a a = aiN, R=RiN, a, étant premier avec R,; nous pouvons écrire a-4-Pv/R _ ai y/N H- ^ y/RJ a-P /R ~ «ly/ÎV — pv^ï^' ^ /ai y/N H- ^ /rTX ^ i ^^^ /af N + ^^ Ri H- 2 a^ ^ /r" 2 ^Va'-pVl^ INTÉGRALES NORMALES. 363 expression de même forme que la première, où Les deux polynômes oJ et R sont premiers entre eux ; en effet, R, est premier avec N et avec a,, N est premier avec Ri et avec ^, car il divise a, et a et [^ sont supposés premiers entre eux. Cela étant, si la fonction rationnelle ^-^ satisfait à la rela- tion (32), elle a un seul pôle et un seul zéro, tous les deux reje- tés à l'infini; autrement, le logarithme aurait des points critiques logarithmiques à distance finie. Le produit ne peut s'annuler pour aucune valeur finie de ^; en effet, une ra- cine ; ^ a de cette équation ne peut annuler à la fois les deux facteurs a H- ^ v'R, a — ^ ^/R, car elle annulerait la somme 2 a et la différence 2 ^ v^R, et nous avons vu qu'on peut supposer a pre- mier avec ^R. Il faut donc que a- — [^-R se réduise à une con- stante et, comme il est permis de multiplier a et [3 par un même facteur constant, on peut supposer cette constante égale à l'unité; par conséquent, les trois polynômes a, ^ e^ R doivent vérifier la relation (33) a5— ^•2R = i. Inversement, si trois polynômes a, ^3, R donnent lieu à l'iden- tité (33), on en déduit une solution du problème proposé. Il est clair d'abord que R est de degré pair 2^ -i- 2 et que a est premier avec pR; on peut supposer aussi que R est premier avec sa déri- vée; s'il contenait un facteur multiple tel que (^ — ^o)'^? on pour- rait faire passer (^ — ^0)^' dans [3 ; s'il était divisible par {z — ;:o)"^"^' 1 on multiplierait ^ par {z — ^0)^ et il ne resterait dans R que (;: — ^o)- Gela posé, la fonction rationnelle de z et de y/R, a -f- |B v/R a — P/R n'admet, d'après la relation (33), ni pôles ni zéros à distance finie 364 CHAPITRE VII. elle admet un seul pôle et un zéro, tous les deux rejetés à l'infini. La dérivée logarithmique est donc égale, à un facteur numérique près, à une intégrale de troisième espèce avec deux points cri- tiques logarithmiques à l'infini, c'est-à-dire qu'on a une relation de la forme / = log ' ^ ^ y/R V«-^v/îï p étant un polynôme de degré p. Pour résoudre de la façon la plus générale l'équation indéter- minée (33), on peut se donner arbitrairement le polynôme a. La théorie des racines égales permet alors de mettre le polynôme a^ — I sous la forme p^R, R étant premier avec sa dérivée, par des opérations algébriques élémentaires. Par exemple, si l'on a «2-i = XiXlXlX|, les polynômes X^ n'ayant aucun facteur multiple, ni aucun facteur commun, on prendra R = Xi X3, p^XoXgX^. La valeur de p se calcule ensuite sans difficulté; on trouve p = aSR'-i-2(a3'— a'^)R. Abel s'est proposé aussi la question suivante, qui est en quelque sorte l'inverse de la précédente : Etant donné un polynôme R, premier avec sa dérivée, de degré pair ip -^ i, reconnaître si Von peut trouver un autre polynôme p tel que r intégrale 1 ~^ s'exprime par un loga- J V l"^ rithme. Ce problème est, d'après ce qui précède, équivalent à celui-ci : Peut-on trouver deux polynômes a et p, satisfaisant à la relation (33) ? Si l'on connaissait a priori le degré de l'un de ces polynômes, on pourrait toujours, par la méthode des coefficients indétermi- nés, reconnaître si le problème admet ou non une solution. Mais, ici encore, on voit s'introduire un nombre entier indéterminé. Abel a rattaché la solution de ce problème à la théorie des frac- tions continues algébriques; il est arrivé à la proposition suivante, INTÉGRALES NORMALES. 365 pour la démonstraiion de laquelle nous renverrons à son Mé- moire : Pour qii'il existe un polynôme p répondant à laques- tion, il faut et il suffit que le développement de \jK en fraction continue algébrique soit périodique. Lorsque le polynôme R(5) est du quatrième degré, p doit être du premier degré. Dans ce cas spécial, le problème a été étudié depuis par M. Tchebjchefr(^) et par M. Zolotareff (-), lorsque les coefficients de R(3) sont commensurables ou sont des nombres entiers complexes. Ces deux méthodes supposent que Ton con- naît les racines de B.(^) ; elles permettent de reconnaître, au bout d^ un nombre fini d^ opérations, R(:;) = ^'' +«^^ + bz'--^cz-\-d étant donné, s'il existe une constante A telle que Ton ait /' Il faut, pour cela, qu'il existe une fonction rationnelle de z et de y/R(^) ayant un seul pôle et un seul zéro, tous les deux à l'in- fini; pour que ce problème admette une solution, il faut et il suffit, d'après le théorème cité à la fin du n'^ 163, que la difTé- rence des valeurs de Tintégrale de première espèce aux deux points à l'infini soit commensurable avec une période. Tout re- vient donc à reconnaître si cette dififérence est de la forme où m, m', n sont des nombres entiers, et a\ to' les périodes de l'intégrale de première espèce. Kio. On a vu (n" loi) qu'une somme d'un nombre quelconque d'intégrales de première et de deuxième espèce se ramène tou- jours à ip intégrales distinctes et à un terme algébrique. Il n'existe point de proposition aussi simple pour les intégrales de troisième espèce; le théorème suivant offre cependant une cer- taine analogie avec le théorème qui vient d'être rappelé : Etant donnée la somme d'un nombre quelconque d'inté- (') Journal de Liouville; 1884. (^) Voir Bulletin des Sciences mathématiques, 1879; P- 47^-478. 366 CHAPITRE VII. grales de troisième espèce, multipliées par des facteurs dont les rapports sont commensurables , on peut exprimer cette somme au moyen du logarithme d^une fonction rationnelle de z et de u, et de p intégrales de troisième espèce, V un des points critiques de chacune de ces intégrales de troisième es- pèce pouvant être choisi arbitrairement. Soit 1=^ I R{z^ u) dz une intégrale n'admettant que des points critiques logarithmiques, et telle que tous les résidus deR(^, u) soient commensurables entre eax. En multipliant R(^, u) par un facteur constant convenable, on peut supposer, ce que nous ferons désormais, que tous ces résidus sont des nombres entiers. Soient («1, 6i), ..., (rt^, bq) les points critiques pour lesquels les résidus m^ , mo, ..., m^ sont des nombres entiers positifs, (a,, î^i). ..., (a^, [^^) les points critiques pour lesquels les résidus sont des nombres entiers négatifs, — n^^ — /Zo, . . ., — n,- Pour ne pas interrompre la suite des idées, admettons le théorème sui- vant, qui sera démontré un peu plus loin, sans rien emprunter à cette théorie : il existe une fonction rationnelle de z et de u qui admet les points (a/, bt) pour zéros d'ordre /?z,, . . ., nig respecti- vement, les points (a^-, p^) pour pôles d'ordre n^^ . .., nr-, et qui est en outre infinie du premier ordre en/? points (ci, d^), ..., {Cp^ dp)^ que l'on peut choisir arbitrairement. Soit <ï>(^, u) cette fonction rationnelle, qui admet, en outre, p zéros distincts des premiers (c', , d\)^ . . ., (c' , d' ). La différence log<ï>(^, u) — / K{z, u) dz admet donc les seuls points critiques logarithmiques (c/, di)^ (c^, d'i) avec les multiplicateurs -\- i et — i respectivement; elle est donc égale à une somme de p intégrales de troisième espèce, telles que nr'^'' *(i=ri, 2, ..., /?)^ ce qui établit la proposition. Pour prendre un exemple, considérons la relation de genre un l'équation Z = o n'ajant que des racines simples, et l'intégrale INTÉGRALES NORMALES. 867 elliptique r hdz J v^Z ou (35) L=-/iv/Ao^-- -^— ^ H ^- +...-+- — ^ + K; /?, «,, ..., Urj sont des nombres entiers positifs ou négatifs, «,, ..., Œq sont distincts des racines de Z = o, enfin on a 6^? = Ao<7^- -H. . . + A/,. L'intégrale I n'admet que des points cri- tiques logarithmiques (a^-, bi)^ {at^ — bi) et les deux points à l'infini, les multiplicateurs étant précisément ifc /?/, àz n (n°^ 35 et 36). On peut donc lui appliquer le théorème précédent. L'in- tégrale de troisième espèce la plus générale avec les deux points critiques ( c, û?), ((^, u)^ ou au logarithme d'une fonction rationnelle A log<ï>(5, u) ^ le changement de variable ^{z^u)^=t ramène l'intégrale proposée à la forme Ç dt^ ou / -y-* vJn peut se poser une question plus générale : Étant donnée une intégrale abélienne j \\{z, u) dz^ rela- iwe à une courbe de genre /?, dans quels cas existe-t-il une substitution algébrique qui change cette intégrale en une nouvelle intégrale abélienne relative à une courbe de genre p' ^ inférieur à p? La solution de ce problème général paraît difficile. Nous mon- trerons seulement, par un exemple simple, comment la question est liée à la réduction du nombre des périodes. Considérons une courbe de genre/?, supérieur à un, et une intégrale de première espèce w = o(z, u) dz attachée à cette courbe : si les 2p périodes de cette intégrale se ramènent à deux périodes distinctes, on peut ramener cette intégrale à une intégrale elliptique par une substitution ra- tionnelle. Soient a)4 et W2 les deux périodes auxquelles se ramè- nent toutes les périodes de w\ la période relative à la coupure ai est égale à m^ù^ + ni^^^ et la période relative à bi est/?,tOi -f- qt Wo, ^i^ ^i^ Pi-, qt étant des nombres entiers. Séparons les parties INTÉGRALES NORMALES. Sôg réelles et les coefficients de y/ — i ; soit toi = a -h ^ \/~— I D'après la formule de Riemann, la somme p 2 [(m/a -f- /ir;) (/?/? + ^/5 ) — (m,- ? ^ /i/o) (/?/a -^ qr()] i=\ P = (ao — ?y)^ ( m/^',- — «//?0 /=: 1 est essentiellement positive. On ne peut donc avoir tZ — ^v = o, c'est-à-dire que le rapport — est nécessairement imaginaire ; le même raisonnement prouve d'ailleurs que les ip périodes de w ne peuvent se réduire à une seule. Soit a((v) une fonction doublement périodique de w^ avec les deux périodes to,, Wo, admettant deux pôles simples dans un parallélogramme élémentaire (^ ); cette fonction satisfait à une équation différentielle de la forme (37) (^M'=AX'+BX3+CX^+DX-E, A, B, C, D, E étant des constantes. Imaginons que, dans \[w), on remplace w par l'intégrale /'f(^, ii) ciz ; A(tp) devient une fonction uniforme du point analytique {z, u), puisque toutes les valeurs de iv en un même point de la surface de Riemann s'ob- tiennent en ajoutante l'une d'elles des multiples entiers de to, et de o)o. Soit A((r) =: 0(3, u); appelons ^ et r, les deux pôles de a((v) dans un parallélogramme élémentaire. La fonction <ï> {z, u) ne peut cesser d'être régulière que pour les points de la surface de Riemann où l'intégrale iv prend une valeur de la forme ç-f- /?ito, 4- /nx).2 ouTj -\-/n'ù)i + n'iô.2j et Ton reconnaît aisément que ces points sont des pôles pour ^{z. a); c'est donc une (') Nous supposons connus les éléments de la théorie des fonctions doublement périodiques. A. ET G. 24 370 CHAPITRE VIT. fonction rationnelle de z et de u. Gela posé, de la relation X(cv) = ^{z, u), •on déduit, en différentiant par rapport à z, ,. , . , dw d^ en remplaçant V(iv) par sa valeur tirée de la relation (3-), et dw dz dw , \ -1 • * -TZ pai- ?(-^ if^)^ il vient ?(-, u) d

= 2, et ijupposons qu'une courbe de genre deux possède une intégrale de première espèce (Vj, ayant seulement deux périodes distinctes to,, 7??! Wj H- /il W2, ;?l2 Wi + 722 W2, />1 Wi -i- ^1 t02, />2 ^i -h ^2 ^^'^Z les périodes de w^ relatives aux coupures «), «25 ^i? ^2- Soit «'2 une seconde intégrale de première espèce, distincte de la pre- mière, et A,, A2, B^, B2 ses périodes relatives aux mêmes cou- pures. D'après la relation générale qui lie les périodes de deux intégrales de première espèce (n*' 67), on a (mioii -h /^l W2) Bi — Ai(/>iCl)i -i- (/i w,) 4- (m2a)i4- 7i2W2)B2 — A2(/'2 Wj -+- (72W2) =. o ou (39) ( -f- a)2(A«iBi— qi Al -!- 71262— '72A2) = o. INTÉGRALES NORMALES. Sjl On peut supposer que les périodes A,, Ao, B,, Bo vérifient la relation (4o) miBi — piXi-h niiB-j — /?-2A2 = o; en effet, si l'on remplace (Vo par l'intégrale Wo -H K(v,, où K est une constante, les périodes de cette nouvelle intégrale sont A', = Ai-j- K(mi wi -h /Il W2), A2 = A2-T- K(m2Wi -i- ^^2^2), B'i = Bi — K {piioi-^ ^iw,), Bj = Bo-T- K (/>2 wi-i- q2(x>-2), et l'on a fniB\ — i>i A'i -f- m2B', — /?2 A', = niiBi — /^jAi-H m2B2— y^o Ao -^Koii{miqi — riipi-^ fn-iq^— n^Pi). Le coefficient de K dans le second membre n'est pas nul, d'après la relation de Riemann rappelée plus haut; on peut donc choisir la constante K de façon que la relation (4o) soit vérifiée pour la seconde intégrale. La formule (89) donne alors (40 n^Bi — ^iAi-i-/i2B2— ^2A2= o. Les deux nombres /?z, q^ — niP{ et 7722^2 — fiip-2 ne peuvent être nuls en même temps; supposons, par exemple, que /?z, q^ — t^\P\ ne soit pas nul. On tire alors des équations (4o) et (4i) _ {p-2q\~Piq-2^-X^i—(p\n-2 — qi mo ) B, '"" fniqi — n^pi _ (Pi^i — q2nii)X2-i-(min2 — nt/?î2^B2 niiqi — nipi On voit que toutes les périodes de la seconde intégrale se ra- mènent à deux périodes distinctes, A, , B, k miqi—nipi ' m^q^— ii^pi et Ton peut énoncer le théorème suivant, dû à M. Picard (') : (' ) Sur la réduction du nombre des périodes dans les intégrales abéliennes, et, en particulier, dans le cas des courbes du second genre {Bulletin de la Société mathématique, t. XI, p. 25). 372 CHAPITRE VII. — INTÉGRALES NORMALES. Si une courbe de genre deux possède une intégrale de pre- mière espèce, ayant seulement deux périodes, elle en possède nécessairement une seconde jouissant de la même propriété. Voici deux exemples où l'on connaît les deux intégrales de pre- mière espèce qui se ramènent à des intégrales elliptiques. Les deux intégrales de première espèce dz r zdz J \/z^ -\-az^-^bz'^-\-c'' J s/z^ az'*^ bz'^^c relatives à la courbe de genre deux, u^ = z^ ^ az'* + bz^-\-c^ se ramènent à des intégrales elliptiques parle même changement de variable ^^= t. Les deux intégrales de première espèce dz r ^dz 2Z -t- i OÙ l'on a r dz r^^ J s/{z^-^az-t-b){z^^pz'^-^q)' J\l{z^- b){z^ q^ \b^-ap, se ramènent de même à des intégrales elliptiques, en posant res- pectivement _z'^-^az^b z"^-^ pz'^-\- g _ . ^"^ Zz—p ' azi—Zbz-^ ~ On remarquera, sur ces exemples, que le degré de la substitu- tion à faire est le même pour les deux intégrales. C'est là une propriété générale, dont on trouvera la démonstration dans le Mémoire de M. Picard ('). (1) Le lecteur, désireux d'approfondir ce sujet, pourra étudier aussi les tra- vaux suivants : Kœnigsberger, Journal de Borchardt, t. LXIV; Kowaleski (Sophie) Acta ma- thematica, t. IV, p. 894; Poincaré, 5ar la réduction des intégrales abéliennes {Bulletin de la Société mathématique, t. XII, p. 174); Picard, Remarque sur la réduction {id., p. i53); Goursat, Sur la réduction des intégrales hyperel- liptiques {Bulletin, t. XIII, p. i47)- FONCTIONS UNIFORMES SUR UNE SURFACE DE RIEMANN. SjS CHAPITRE VIII. FONCTIONS UNIFORMES SUR UNE SURFACE DE RIEMANN (»). Expression d'une fonction rationnelle au moyen d'intégrales normales de seconde espèce. — Théorème de Riemann-Roch. — Fonctions spéciales. — Fonctions d'ordre minimum. — Courbes hyperelliptiques. — Relations entre les pôles et les zéros. — Expression générale d'une fonction uniforme avec un nombre fini de points singuliers. 168. On a déjà fait remarquer, à plusieurs reprises (n°^ 45, loo), qu'une fonction rationnelle R(^, «), où z et u sont liées parla relation algébrique F (z, u) = o^ est égale à une somme d'inté- grales abéliennes de première et de seconde espèce, relatives à cette courbe algébrique. Ce mode de décomposition étant d'une importance capitale, il est nécessaire de l'étudier d'une façon plus approfondie. Pour simplifier les notations, nous supposerons que les pôles (a,, [^,), . . ., (a^t, fi^) sont des points de la surface de Riemann à distance finie et distincts des points de ramification. Soit ' 7^-r-T^-^---+i-2...(v/ — i)t-- — i— . (i = l,1,...,k) z — ai (^-a/)2 ' {z — aiy la partie principale de la fonction considérée R(^, u) dans le do- maine du pôle (a/, ^/). La difî'érence R(^, u)-^[\[^^ Z{z, u: a,, p,) -h. . .+ Al^.^ Zfv.-i^^, «; ^o M est une intégrale abélienne régulière en tous les points de la sur- face de Riemann, et dont les périodes relatives aux coupures a/i ( ') Auteurs à consulter : Riemann, AbeVschen Functionen, § 8; Roch, Journal de Crelle, t. 64; Brill et Nôther, Mathematische Annalen, t. VII; Klein, Théorie der elliptischen Modulfunctionen^ t. I, p. 5^0 et suivantes 374 CHAPITRE VIII. sont toutes nulles; elle se réduit donc à une constante (n° 118) et l'on a k (i) R(z, w) = G + 2 [AV')Z(U, uioci, p,-) +. ..-^Alf. Z(v.-i)(^, u;ai, p,-)]- Telle est la formule fondamentale de décomposition que nous voulions obtenir; elle met en évidence les pôles et les parties prin- cipales de R(5, w). Il est à remarquer que la fonction qui joue le rôle d'élément simple Z(^, u ; Ç, Tj) n'est pas uniforme sur la sur- face de Riemann, La formule (i) montre immédiatement que les coefficients Aj'^jA^^ ... ne peuvent pas être pris arbitrairement. Il faut, en effet, que les périodes du second membre de cette formule rela- tives aux coupures bh soient toutes nulles. Or, la période relative à la coupure bk est (n° 146) k i = l les coefficients A'^^', A^^ ... doivent donc vérifier les /? relations (-2) ^ [A'/'cp„(a,, ?,) +. . .+ A<';)cp^-^)(a,-, p,)] = o. «=i A = I, 2, ...,/>. Ces relations sont d'ailleurs suffisantes pour qu'il existe une fonc- tion rationnelle R(«, u) admettant les /: pôles (a^ , p<) . . ., (a^, p^), avec les parties principales données. En effet, le second membre de la formule (i) représente alors une intégrale abélienne dont toutes les périodes sont nulles, c'est-à-dire une fonction ration- nelle de z et de u. Remarque. — La somme représente le résidu du produit R(^, u)z)/i(z^ u) relatif au pôle (a/, ^i). Lesp relations (2) expriment donc que les sommes des résidus des p fonctions rationnelles FONCTIONS UNIFORMES SUR UNE SURFACE DE RIEMANN. 875 sont nulles, car tous ces résidus proviennent des pôles de ^{z, u). En résumé, les p relations linéaires que doivent vérifier les coefficients des parties principales de ^{z-^ u) s^ obtiennent en écrivant que la somme des résidus de toute fonction rationnelle R(;, u) 'f (^, u)^ oit I cp(^, u)dz est une intégrale quelconque de première espèce, est égale à zéro. C'est là, au fond, une façon condensée d'écrire les/? relations qui existent entre ces coefficients, qui s'applique aussi, il est aisé de s'en assurer, quelle que soit la position des pôles. 11 est clair, d'ailleurs, que ces relations peuvent toujours être écrites explicitement quand on a obtenu l'expression générale des inté- grales de première espèce (Cf. n° 29). 169. Nous sommes maintenant conduits à traiter le problème suivant : Former l'expression générale d'une fonction ration- nelle de z et de u, admettant k pôles donnés (a, , j3,), . . . , (ayt, ^a) avec des degrés de multiplicité déterminés, v,, Vo, . . . , v^. Les coefficients arbitraires A:^\ A^', . . . , dont dépend la fonc- tion cherchée R(^, u)^ sont au nombre de M = V,-h V2-f- . . . -f- VA-. Ces coefficients doivent vérifier p relations linéaires et homo- gènes. Si nous supposons ces relations distinctes, le problème n'est possible que si M^yo + i, et la fonction cherchée dépend alors de M — p constantes arbitraires, abstraction faite d'une constante additive. Mais il peut arriver que, pour certaines posi- tions particulières des pôles, les p relations linéaires se réduisent à moins de p relations distinctes. Ce point demande un examen particulier et nous allons nous j arrêter. Supposons d'abord qu'on veuille former une fonction ayant un seul pôle arbitraire (a, JB) d'ordre v. Le problème n'est possible que si v est >/?+ i. Le point (a, [^) étant, par hypothèse, un point arbitraire de la surface, on peut le supposer à distance finie et distinct des points de ramification. Soit Al A.2 i .2. . . (v — l)Av 'z^^ ~^ {z — af "^ • • • "^ (5 — a)v 376 CHAPITRE Viri. la partie principale dans le domaine de ce pôle; les v coefficients Ai , Ao, . . ., Av doivent vérifier les p relations Ai«pKa. P) + A2o;-(a, p) + ,.. + Avcp'>-i)(a, P) = o (i = i, 2, . . . ,/?). Si V est inférieur à/> + i , les équations précédentes n'admettent pas d'autre solution que Ai = A2= . . . = Av= o, à moins que tous les déterminants d'ordre v contenus dans le Tableau 5 ' • • • ' 1 ne soient nuls en même temps. On démontre, comme au n'' 154, que ces déterminants ne peuvent être nuls pour un point arbi- traire (a, p) de la surface de Riemann. Par conséqueni, si une fonction rationnelle de z et de u admet un seul pôle sur la surface (ce pôle pouvant être choisi arbitrairement), Tordre v du pôle ne peut être inférieur à /> +1. C'est de cette façon que M. Weierstrass définit le genre d'une relation algébrique (Cf. n° 28). Supposons, en second lieu, que l'on veuille obtenir l'expression générale d'une fonction rationnelle de z et de u^ admettant v pôles du premier ordre (ai, j3,), . . ., (av, jiiv). Afin d'éviter les difficultés accessoires, nous supposerons qu'on a effectué, s'il est nécessaire, une transformation birationnelle, de façon que les conditions sui- vantes soient remplies : i" la courbe considérée C, représentée par l'équation (3) F(^,^,)=o, supposée de degré m, a m points distincts à l'infini, et aucune asymptote n'est parallèle à l'axe des u ; 2° les v points (a< , ^i), . . . , (av, Pv) sont des points simples de cette courbe et, en aucun d'eux, la tangente n'est parallèle à l'axe des u. Toute fonction ration- nelle R(s, u\ infinie du premier ordre en ces v points seulement, est représentée par une somme d'intégrales normales de seconde espèce, R(^, i<)= G-T- AiZ(,s, w; ai, Pi) + . . .4- AvZ(^, w; av, ^v)- Soient, d'autre part, Q, (:î, 11)^ ^%{^^ w), . . ., Q^(5, u) lesppolj- FONCTIONS UNIFORMES SUR UNE SURFACE DE RIEMANN. 877 nomes adjoints distincts de degré m — 3, de façon que l'équation générale des courbes adjointes de degré m — 3 soit XiQi(^, w)+ \t^i{z, u) -{-... -^IpQpiz, u)= G. On a les p intégrales distinctes de première espèce, et les p relations (2), que doivent vérifier les v coefficients A|, Ao, . . ., Av, peuvent s'écrire '^^F^'.Cx^pO 'F«(a2,?2) 'FUav,?v)~ si Ton pose A, =:B, F^'^(ai, j^i), . . ., Av= B^F[^(xy, ^v)? ces p re- lations deviennent (4) / BiQi(a,,^0--B,Q,(a2, !3,) + -..-{-BvQi(av, pv)=o, En général, si les v pôles (a,, j^,), . . ., (av, ^v) sont pris arbitrai- rement sur la courbe, les p équations (4) sont distinctes, ce que l'on voit en reprenant les raisonnements du n° 154. Pour qu'elles admettent un système de solutions autre que B,==B2...= Bv=o, il faut donc, en restant dans le cas général, que v soit au moins égal àjoH-i, et, s'il en est ainsi, v — p des coefficients B/ peu- vent être pris arbitrairement. Il n'existe donc pas de fonction rationnelle admettant moins de p -\- i pôles simples donnés arbi- trairement. Approfondissons davantage la question. Il peut se faire que les p équations (4) se réduisent k p — o- équations distinctes, par exemple que les a- dernières équations soient des conséquences des p — (7 premières. Si cette circonstance se présente, tous les déterminants d'ordre/? — 3-4-1 que l'on peut déduire du Tableau rectangulaire I Qi(ori,?i)'Qi(a2, ?2) ... Qi(av,Pv) (E) ' Q/.(«i,Pi) Qp(a2,?2) .. QpC^vmSv) 378 CIlAriTRE VIII. par la suppression d'un certain nombre de lignes et de colonnes sont nuls, mais l'un au moins des déterminants d'ordre p — a- est différent de zéro. Or ce Tableau (E) se présente dans une autre question. Supposons que l'on \euille obtenir l'équation générale des courbes adjointes d'ordre m — 3 qui passent par les v points donnés, on a à déterminer les p coefficients A,, X^-t - > • i^p au moyen des v équations de condition (5) XiQi(«/, h)-^- . .+X;,Qp(a,-, ^0=0 {i = I, 2, . . ., v). D'après la théorie des équations linéaires, si le premier déter- minant du Tableau (E) qui n'est pas nul est d'ordre/? — a-, a- des coefficients \i restent arbitraires, ce qu'on exprime encore en di- sant que par les v points (ai, pi), . . . , (av, j^v) il passe o- courbes adjointes de degré m — 3 linéairement indépendantes. En résumé, les p équations (4) se réduisent à p — c- équations distinctes, -l- 1 . Si V =p, /? > I , on a un groupe de/? points sur une même courbe adjoinle de degré m — 3; le nombre o- est au moins égal à un et V — p _|_ 0- -h I est au moins égal à deux. Donc la fonction ration- nelle existe. De même, si l'on a un groupe spécial de moins de p points, le nombre o- est égal k p — v -h /i, h étant un nombre entier positif, et le nombre v — p -h o- -{- i est égal à /^ -j- i , qui est au moins égal à deux. Les fonctions rationnelles ainsi obtenues s'appellent des fonctions spéciales. Inversement, si une fonction rationnelle admet moins de p -\- i pôles, tous du premier ordre, ces pôles forment un groupe spé- cial. En effet, si cette fonction admet/? pôles simples, le nombre o- doit au moins être égal à l'unité, et, par suite, ces p points doivent être situés sur une même courbe adjointe de degré m — 3. Si la fonction admettait v pôles simples (v -h 2 ^ () ; or V + v' = 2/? — 2, et, par conséquent, le signe ^ doit être exclu des relations précédentes. Il reste donc les deux égalités v' p -h j'+ I =: (T, V — p -\- a -h I = a', qui se réduisent d'ailleurs à une seule v' — v = 2(cr — a); c'est la loi de réciprocité de Brill et Nother. 172. On peut se proposer de former explicitement l'expression de la fonction rationnelle la plus générale ne devenant infinie du premier ordre qu'en v points donnés (a,, ^,), ..., (av, ,3v) ou en quelques-uns de ces points. Lorsque ces v points forment un groupe spécial G;, la solution est contenue implicitement dans le paragraphe précédent. Ces v points sont situés sur une courbe adjointe C/;j_3, qui rencontre encore la courbe donnée en v' points formant un groupe F,/. L'équation générale des courbes adjointes d'ordre m — 3 passant par les v' points de Fv , dépend, nous venons de le voir, de v — yo -h t -h i paramètres ar- bitraires. Soit o(^, w) = G cette équation générale et/(-:?, u) =o l'équation de la courbe particulière G/„_3 qui passe par les points de Gv et de F,/. La fonction rationnelle ^^^ — - dépend de V — p -;- a -T- I 382 CHAPITRE VIII. constantes et ne devient infinie du premier ordre qu'aux points donnés; c'est l'expression générale demandée. On voit, d'après cela, que toute fonction spéciale R(^, u) se pré- sente sous forme du quotient de deux polynômes adjoints d'ordre t^ — 3. \oici une autre démonstration très simple de ce résultat, qui est due à M. Klein. Étant donnés v points formant un groupe spécial, soit Q = o l'équation d'une courbe adjointe d'ordre m — 3 passant par ces v points et R(^, u) une fonction spéciale ne devenant infinie du premier ordre qu'aux v points considérés. L'intégrale / -^7- dz reste finie aux v points de ce groupe, puisque la courbe Q = o passe par ces points; elle est finie également pour les points à l'infini, car la fraction R(s, u) reste finie en ces points, et le polynôme Q est du degré m — 3. Cette intégrale est donc une intégrale de première espèce, et, par suite, le produit QR est égal à un autre polynôme adjoint Q, d'ordre m — 3. Supposons, en second lieu, que les v pôles donnés ne forment pas un groupe spécial; le nombre v est plus grand que /?, et les v points ne sont pas situés sur une courbe adjointe d'ordre m — 3. Nous supposerons, pour plus de netteté, que la courbe considérée n'a que des points doubles ordinaires. Choisissons pour tji un nombre entier satisfaisant aux inégalités [j. > m, [JL m > 2 -f-i. Nous retrouvons une proposition déjà établie directement (n" 139). 174. Soit F(z, u) = o l'équation d'une courbe de genre supé- rieur à zéro; il ne peut exister pour cette courbe de fonction ration- nelle de z et de u, admettant un seul pôle du premier ordre. En effet, s'il existait une pareille fonction ç ^-^z c^(^z, u), k toute valeur de ^ correspondrait un seul point analytique (z^ u) et les coor- données d'un point de la courbe considérée seraient des fonctions rationnelles du paramètre p. Ceci prouve, soit dit en passant, que FONCTIONS UNIFORMES SIR UNE SURFACE DE RIEMANN. 385 les courbes adjointes d'ordre m — 3 n'ont, en dehors des points multiples, aucun "point fixe commun avec la courbe. En effet, si l'on avait pour un point (a, j^) de cette courbe Qi(a,3) = Q2(a,P)=... = Q„(a,3) = o, l'intégrale normale de seconde espèce Z(:;, u\ a, [3) aurait toutes ses périodes nulles; elle serait donc égale à une fonction ration- nelle de ^ et de u^ ayant un seul pôle du premier ordre. Il suit de là que, pour une courbe donnée, le nombre des pôles d'une fonction rationnelle (tous ces pôles étant supposés du pre- mier ordre) ne peut descendre au-dessous d'un certain minimum. Ce nombre minimum r, qui se conserve évidemment dans toute transformation birationnelle, paraît devoir jouer un rôle impor- tant dans la théorie des courbes algébriques. On peut encore (n*^ 173) le définir comme le nombre minimum de points d'inter- section variables de la courbe donnée avec les courbes d'un fais- ceau. Le nombre r se présente aussi quand on cherche, parmi les différentes relations algébriques de même classe qu'une relation donnée^ celle qui est du plus petit degré possible par rapport à une des variables. Soit (6) *(Z, U) = o une équation algébrique se déduisant de la relation F (-3, u) =i o, au mojen des formules de transformation (7) z=/(^, u), u=o(^, iO; chacune des fonctions /(^, w), cp(^, u) admet au moins r infinis, et, par conséquent (n° 119), la relation (6) est au moins du degré r par rapport à chacune des variables. Inversement, supposons que la fonction rationnelle/ (::, u) ait /• pôles du premier ordre (a(, j3,), . . ., (a,., ^3^); prenons pour '-p(-3, u) une fonction rationnelle ayant un seul pôle du premier ordre commun avec/(;:;, u), par exemple le point (a,, p, ). Les formules (7) définissent bien une transformation birationnelle, car la courbe transformée (6) a une direction asymptotique non parallèle aux axes de coordonnées; au point à l'infini dans cette direction ne correspond qu'un point unique de la courbe A. ET G. 25 386 CHAPITRE VIII. primitive, le point (a,, [3,). D'ailleurs, la nouvelle équalion(6) est bien de degré r par rapport à U. Examinons les cas les plus simples. Si/? = i, il existe toujours une fonction rationnelle admettant deux pôles simples, pris d'une façon arbitraire; donc r=zi. Si p = 2, on a encore /• = 2 ; en effet, soient Qi et Q^ deux polynômes adjoints distincts d'ordre m — 3. Le quotient ~ n'admet que deux pôles du premier ordre. D'une manière générale, lorsque p est supérieur à un, /• est au plus égal à p; car, si l'on considère deux courbes adjointes d'ordre m — 3, Qi =1 o, Q2 = o, ayant, avec la courbe proposée, p — 1 points communs en dehors des points doubles, le quotient ^ a au plus/? pôles du premier ordre. Lorsque p est plus grand Se 2 que 3, on peut encore trouver pour r une limite inférieure, comme on le verra plus loin. Mais, pour /? = 3, on peut avoir r = 2, ou r = 3. 11 est facile de donner des exemples des deux cas. Ainsi, une courbe du cinquième degré avec un point triple est du genre 3 (n^l29); une droite passant par le point triple rencontre la courbe en deux points variables seulement, 7'= 2. Une courbe du quatrième degré sans point double est encore du genre 3, mais ici on a /" = 3. En effet, s'il y avait une fonction rationnelle admettant seulement deux pôles du premier ordre (a, P), (a', (B'), on devrait avoir pour ce groupe de deux points o- = 2 , c'est-à-dire qu'ily aurait une infinité de courbes adjointes d'ordre m — 3 passant parées deux points; or ces courbes adjointes sont des lignes droites. 175. Après ces généralités, considérons en particulier les courbes algébriques pour lesquelles ?^=2. Soient (a,,^,) et (a2, P2) les deux pôles du premier ordre d'une fonction ration- nelle R(5, u), qui n'admet pas d'autres pôles que ces deux-là. Ces deux points (ai, p< ) et (ao, po) doivent former un groupe spécial, c'est-à-dire que les deux équations XiQi(ai, Pi)+...+ X^Qy,(ai, Pi) =0, XiQi(a2, ^z) ■+-... -^-IpQpi^i, P2) = o doivent se réduire à une seule. On a donc Qi(«2;pO ^ ^Qp(«2, P2). FONCTIONS UNIFORMES SUR UNE SURFACE DE RIEMANN. 887 en langage géométrique, cela signifie que toutes les courbes ad- jointes d'ordre m — 3 qui passent par le point (a,, j^, ) vont passer par un second point fixe (ao, ^o)- Or, le point (a, , J5,) peut être pris arbitrairement, puisque c'est un des deux points d'inter- section variables de la courbe donnée avec les courbes d'un fais- ceau. Les courbes considérées jouissent donc de la propriété sui- vante : Toutes les courbes adjointes d^ordre m — 3 qui passent par un point quelconque de la courbe donnée vont passer par un second point fixe de cette courbe (*). Inversement, si une courbe C possède cette propriété, prenons, sur C, /? — 2 points fixes arbitraires. Les courbes adjointes d'ordre m — 3 qui passent par ces/? — 2 points fixes vont passer par p — 2 autres points fixes de G; le faisceau de ces courbes ren- contre donc la courbe G en deux points variables seulement. Soit (8) /-À?-o l'équation de ce faisceau; les coordonnées des deux points d'in- tersection variables s'obtiennent par la résolution d'une équation du second degré dont les coefficients sont rationnels en \. On a donc, pour les coordonnées d'un point de G, les expressions sui- vantes ( ^^A-Bv/RÔ"), (9) ( w= G-i-D v/R(X), R()v) étant un polynôme premier avec sa dérivée et A, B, G, D des fonctions rationnelles de \. Inversement, des formules (8\ et (9) on tire, pour ). et y/R(l), des fonctions rationnelles de z et de u^ de sorte que la relation algébrique considérée peut être ra- menée, par une transformation birationnelle, à la relation hyper- elliptique (10) ^2 = R(X). (') Toutes les courbes adjointes d'ordre m — 3 passant par un point donné (a, P) ne peuvent passer par plus d'un autre point fixe de G, en dehors des points doubles. Autrement, une courbe adjointe d'ordre m—Z, qui serait assu- jettie à passer par /> — i points de G aurait plus de "ip — 2 points communs avec C, en dehors des points doubles. 388 CHAPITRE VIII. Par extension, on appelle courbes hyper elliptiques toutes les courbes pour lesquelles /' := 2. Les points d'une courbe hjperelliptique se correspondent deux à deux par une transformation birationnelle. Si l'on considère, en effet, deux points (a<, ^i), (as, [^0) formant un groupe spécial, il est clair que les coordonnées du point (ao, po) sont des fonctions rationnelles des coordonnées du point (a,, ^s) et inversement. Donc,/>ot^r une courbe hyperelliptique quelconque, il existe une transformation birationnelle involutive qui change cette courbe en elle-même. Mais cette propriété n'est nullement carac- téristique. Elle appartient évidemment à toute courbe possédant un axe ou un centre de symétrie, par exemple à une courbe du quatrième degré ayant un axe de symétrie. Or, si cette courbe n'a pas de point double, elle n'est jamais de l'espèce hyperellip- tique (n« 174). On emploie quelquefois, pour l'étude des relations algébriques hyperelliptiques, une autre forme normale que celle qui nous a servi dans les premiers Chapitres. L'équation d'une courbe hyper- elliptique ayant été ramenée, par une transformation birationnelle, à la forme (II) i.'2 = P(^)Q(^), où P(^) et Q(^) sont deux polynômes sans facteur commun, ni facteur multiple, le premier de degré /> + i ou/> 4- 2, le second de degré /?, la transformation birationnelle z = z, ii = u'q{z') conduit à une nouvelle courbe de degré p -i- 2 (12) u^q{z') = Fiz'), qui présente un point multiple d'ordre p à l'infini sur l'axe Ou' ; les tangentes en ce point multiple sont toutes distinctes et cha- cune d'elles est une tangente d'inflexion. Inversement, toute courbe de degré /? H- 2 possédant un seul point multiple d'ordre/? à tangentes distinctes est une courbe hyperelliptique de genre /?, FONCTIONS UNIFORMES SUR UNE SURFACE DE RIE3IANN. 389 car un pareil point singulier équivaut à^-^ points doubles ordinaires, et l'on a 1 -i d'ailleurs, une droite passant par le point multiple rencontre la courbe en deux points variables seulement. Donc, à toute courbe de Vespèce hyperelliptique^ de genre /?, on peut faire corres- pondre, par une transformation birationnelle, une courbe de degré p-\-i avec un point multiple d'ordre p à tangentes distinctes. Les courbes adjointes d'ordre m — 3 sont ici des courbes de degré p — i ayant un point multiple d'ordre /? — i • Elles se dé- composent donc en un système de /> — i lignes droites passant par le point multiple. Il est évident géométriquement que toute courbe adjointe passant par un point fixe de la courbe va passer par un second point fixe. 176. Comme appbcation, proposons-nous d'appliquer à une courbe de cette espèce le théorème de Riemann-Roch, c'est-à-dire de chercher l'expression générale d'une fonction rationnelle de (;;, u) qui devient infinie du premier ordre en v points simples (a,, 3,), ...,(av, ^v)- Soit C la courbe considérée de degré p-h 2, O le point multiple d'ordre p. On a deux cas à consi- dérer : I" Parmi les v points donnés, il n'y en a pas deux en ligne droite avec le point O. Ces v points ne forment pas un groupe spécial; pour qu'il existe une fonction rationnelle répondant à la question, il faut que v soit au moins égal à /? -f i, et le nombre des para- mètres dont dépend cette fonction est égal à v— />-h i. Nous avons traité ce problème sous une autre forme au Chapitre I. 2° Les V points donnés se partagent en deux groupes de 2 jj. points et de p points respectivement. Les 2 a points du premier groupe (a,, ^,), • - • Ah^ M'A<^?.)^ ...,(a^, .3^) sont deux à deux en ligne droite avec le point O. 11 en est ainsi des points (a/, '^i) et (a;, (3;). Parmi les p points (v,, 8,), ..., (yp, Op) du second groupe, il n'y en pas deux en ligne droite avec le point O. 390 CHAPITRE VIII. On peut former une fonction rationnelle de {z, u) n'admettant que les deux infinis simples (a/, j^/), (a;, [3,); soit fi{z^ u) une pa- reille fonction qui [sera, par exemple, une fraction simple telle que si l'équation de la courbe hjperellip tique est de la forme (12). Soit $(^, u) une fonction rationnelle n'admettant que les 2|jl4- p pôles du premier ordre (a^-, (3,), (a;, j^;), (y^, ^a); on peut toujours trouver des coefficients constants X), Xo, • • -, ^a tels que la diffé- rence ^{z, u) — Xi/i {z, u)—.. .— l^f^iz, u) reste finie aux points (a^, ^\), ..., (ol'^, |3y. Cette différence se ré- duit donc à une fonction rationnelle W{z, u) infinie du premier ordre aux [X 4- p points (a^, (3^, ..., (^fx, Pp.), (y,, 0,), ..., (yp, Op) seulement. Nous sommes donc ramenés au cas précédent. Bemarque. — Si l'on a [i. -f- p + i ou 2/? -h 2. Gherchons la relation qui existe entre les valeurs des paramètres A et it. qui correspondent à un même point de cette courbe. Remarquons pour cela qu'à une va- leur de l=z'j(z^ II) correspondent deux points seulement; la fonction rationnelle cp(;, w), ayant deux infinis seulement, est une fonction spéciale, qui peut se mettre sous la forme suivante Q, et Qo étant deux polynômes adjoints d'ordre m — 3 (n'' 172). De même a = 6{z^ u) est égale à Q3 et Q4 étant aussi deux polynômes adjoints d'ordre m — 3. Soient (a, '^) et (a', 3') deux points correspondant à une même valeur \q de \ ; la fonction rationnelle ^_^^ n admet que les deux pôles du premier ordre (a, ^) et (a', ^'). Ges points sont donc deux points associés de la courbe, c'est-à-dire que toute courbe adjointe d'ordre m — 3 qui passe par un de ces points passe aussi par le second. On a, en particulier, Q3(a',?')-Q3(a,P)' 392 CHAPITRE VIII. et, par suite, [j. reprend la même valeur en ces deux points. Ainsi à une valeur de 1 correspond une seule valeur de {Ji; il est clair que la réciproque est vraie, pour la même raison. On a donc entre ). et [i. une relation homographique aliJ. -\- bX -h ciJ.-{- d = o, et l'on passe des formules (i3) aux formules (i4) par la substitu- tion linéaire (.5) X: Or, après cette substitution, les invariants absolus de la forme binaire X;^^-Rf — j sont les mêmes que ceux de la forme binaire La réponse à la question posée est maintenant bien facile. Etant données deux courbes b^/perelliptiques de même genre G, G', supposons les coordonnées d'un point de G exprimées en fonctions rationnelles de À et de v/R(>Ô7 ^e façon qu'à un point ne corresponde qu'une valeur de À^ supposons de même les coor- données d'un point de G' exprimées par des fonctions rationnelles de [i. et de sjKi (u.), de façon qu'à un point de C^ ne corresponde qu'une valeur de [j.. Pour que les deux courbes G et G' appartien- nent à la même classe, il est nécessaire, d'après ce qui précède, que les invariants absolus des deux formes Xp^2r/M, ^^P+2R /!^\ soient les mêmes. Ges conditions nécessaires sont suffisantes. En effet, on peut remplacer les courbes G et G' par les courbes P2=: R(X), Çp2 = Ri(fJL), qui correspondent respectivement aux deux courbes G, G'. Si les invariants absolus sont égaux, on peut trouver une substitution linéaire telle que l'on ait R aii+b\ k^ cii-hd/ {c\i -^ dy^P+^ Ri(!^) FONCTIONS UNIFORMES SUR UNE SURFACE DE RIEMANN. SgS on passe alors de la première courbe à la seconde par la transfor- mation 1 = {C'j.-\- d)P- qui est évidemment birationnelle. Une forme binaire de degré ip -\- i possède ip — i invariants absolus; il y a donc ip — i conditions pour que deux Courbes hyperelliptiques de genre/? appartiennent à la même classe. On exprime ceci en disant qu'une classe de courbes hyperellip- tiques de genre p possède ip — i modules. Il résulte aussi du raisonnement précédent que, si une courbe hyperelliptique se change en elle-même par une transformation birationnelle, le paramètre X subit une substitution linéaire l!— aX-h_6 j^ faudra donc que les racines du polynôme R ( a) ck-hd ^ s'échangent entre elles au moyen de la substitution précédente; il est clair qu'il n'existe jamais qu'un nombre fini de substitutions jouissant de cette propriété. 178. La même méthode ne s'applique plus lorsque/» = i . Soient G et C deux courbes du premier genre; supposons-les ramenées à ia forme normale R(a) et R» (;jl) étant deux polynômes du quatrième degré. Si ces deux courbes se correspondent point par point d'une façon uni- voque, la relation algébrique entre les valeurs de 1 et de a, qui donnent deux points correspondants sur les deux courbes, est évidemment du second degré par rapport à chacune des va- riables, X2(A a2 + B a H- G) + X(Ai [Jl2 -f- Bi a -4- Ci) +. A, a^ h- Bo [x + C, = c Pour que les deux valeurs de 1 qui correspondent à une même valeur de a soient égales, il faut que les deux points de (/ que fournit cette valeur de ;jl viennent se confondre, c'est-à-dire que ;j. vérifie l'équation R, (;jl) = 0. On a donc Ri ( Ht) = (Al IX'- H- Bi IX + Cl )2 — 4 ( A ;a2 + B jx + G) (A, u^ + B, -x -4- G, ), 394 CHAPITRE VIII. \ à un facteur constant près. On a de même R(X) ^ (BX2 + Bi f^ + B,y - 4(A X2 + AiX + A2) (GX2 + Cl X + G^), à un facteur constant près. Or, il a été démontré plus haut (n° 132) que les deux polynômes R{1) et Ri(|Jl) ont même invariant ab- solu. La conclusion est analogue à celle de tout à l'heure; une courbe du premier genre possède un seul module, qui est l'inva- riant absolu de la forme biquadratique XÎÎR^y^V 179. On obtient une autre expression d'une fonction ration- nelle R(^, u) au moyen des zéros et des pôles de cette fonction. Soient les q pôles et les q zéros, chacun de ces points étant compté autant de fois qu'il y a d'unités dans son degré de multiplicité. L'intégrale abélienne logR(^,..)=y^^ admet les 2q points critiques logarithmiques (a/, (B,), (a^, [3^) et n'a aucun autre point singulier. Dans le domaine d'un pôle (a^, <^l) d'ordre hi^ cette intégrale est de la forme 1 z — a,- devant être remplacé par (z — oli)'' si le point (a/, p,) est un point de ramification d'ordre r — i, et z — œ par -. De même, dans le domaine d'un zéro, d'ardre /i^, (a^, (3;^), l'intégrale est de la forme hk[og{z — ak) + P(5 - ak). L'intégrale abélienne où n|^;]^,j est l'intégrale normale de troisième espèce, n'admet FONCTIONS UNIFORMES SUR UNE SURFACE DE RIEMANN. SgS plus de points singuliers ; c'est donc une intégrale de première espèce Xi w'i + . . . -h Xj3 Wp + Xp+i et l'on en déduit (i6) Riz,u) = Ce tPi, w.2j . . • , iVp étant les intégrales normales. Lorsque le chemin décrit par le point analytique (r, u) traverse une des coupures, le second membre est multiplié par un certain facteur. Gomme le premier membre est une fonction uniforme, il nous faut écrire que tous ces multiplicateurs se réduisent à l'unité. Quand on traverse une coupure «a, la fonction qui figure en expo- sant augmente de iràXh-, et le second membre est multiplié par eStVAx-. X,^ ),2, . . . , )vA doivent par conséquent être des nombres entiers Xi = 7?ii, . . . , li = nii, ... , Xp = r7ip, et R(-3, u) est de la forme 7 (a,, p.) (17) K(z,u) = Ce -^ *^'^'' Lorsque la variable traverse la coupure ^a, R(^5 '^) est multi- plié par e '-* Il faudra donc que l'on ait = i, on a une seule relation entre les zéros et les infinis. Cette relation est d'ailleurs équivalente au théorème de Liouville sur les zéros et les infinis d'une fonction doublement périodique. 180. Les théorèmes généraux sur les fonctions uniformes d'une variable s'étendent aux fonctions uniformes d'un point analy- tique (*). Nous allons montrer comment on peut former l'expres- sion générale d'une fonction uniforme n'ayant qu'un nombre fini de points singuliers sur toute la surface de Riemann. Pour plus de simplicité, supposons que ces points singuliers sont à distance finie et distincts des points de ramification. Soient (a,, j^,), . . ., {^n, P«) les n points singuliers, ^{z, u) la fonction uniforme con- sidérée et z — ti ' {z—cci-y- . .-. . ^._^.^.j la partie principale de ^{z--, u) relative au point singulier (a/, ^/), cette partie principale étant formée d'une série si le point (a/, ^i) est un point singulier essentiel. La fonction considérée comme fonction du point (?, r^), admet les points sin- guliers (a,, ^,), ..., (a«, [3„), {z^ u),{zo^Uo) et, en outre, les points de ramification. Ecrivons que la somme des résidus de cette fonc- tion uniforme sur toute la surface de Riemann est nulle. Les résidus relatifs aux points de ramification et aux points à l'infini sont tous nuls. Les résidus relatifs aux points {z^ u) et (zq, Uq) (') Appell, Sur les /onctions uni/ormes d'un point analytique {Acta ma- thematica, t. I, p. 109-144)- 398 CHAPITRE VIII. sont respectivement - ^{z, u) et ^{z,, u,) (n« 150). Dans le do- maine du point (a/, [3^), on a Je résidu est donc A(^, u) est la somme de n fonctions dont chacune n'a qu'un point singulier; mais ces fonctions ne sont pas, en gé- néral, uniformes. En écrivant que les p périodes de $(5, w) relatives aux cou- FONCTIONS UNIFORMES SUR UNE SURFACE DE RIEMANN. 899 pures bfi sont nulles, on a, entre les coefficients A!/^ les p rela- tions 1^=71 — 30 que l'on obtiendrait aussi en écrivant que la somme des résidus de chacune des fonctions sur toute la surface est égale à zéro. Les théorèmes de M. Weierstrass et de M. Mittag-Leffler, sur les fonctions uniformes qui ont une infinité de points sin- guliers et sur la décomposition en facteurs primaires, s'étendent aussi aux fonctions uniformes d'un point analytique (Appell, Acta mathematica, t. I). 400 CHAPITRE IX. CHAPITRE IX. THÉORÈME D'ABEL (i). Théorème général. — Application aux intégrales de première, de seconde et de troisième espèce. — Formule générale. — Application aux intégrales hyper- elliptiques. — Seconde démonstration. — Réduction d'une somme d'un nombre quelconque d'intégrales k p intégrales et à des quantités algébriques et loga- rithmiques. — Théorème d'addition pour les intégrales de première espèce. — Intégration d'un système d'équations différentielles. — Extension du théorème d'Abel aux courbes gauches algébriques. 181. On a déjà remarqué, dans certains Chapitres antérieurs, un cas particulier de la célèbre proposition, connue sous le nom de théorème d'Abel. L'illustre géomètre l'a énoncée dans un Mémoire présenté à l'Académie des Sciences de Paris en 1826, qui a pour titre : Remarques sur quelques propriétés générales d'une classe de fonctions transcendantes. Pour l'établir ici dans toute sa généralité, considérons une fonction rationnelle quelconque cp(^, u) de z et de u, et une inté- grale abélienne U attachée à la courbe (0 ¥{z,u) = o, de degré m et de genre p. L'intégrale I' prise dans le sens direct le long du contour total de la surface T', c'est-à-dire le long des coupures a^, by, Cv, est égale à une somme (*) Auteurs à consulter : k.^e.Y.i., Remarques sur quelques propriétés générales d'une classe de fonctions transcendantes; Démonstration d'une propriété gé- nérale d'une certaine classe de fonctions transcendantes; Clebsch et Gordan, Abelsche Functionen, zweiter Abschnitt. THÉORÈME d'ABEL. 4oI de produits de deux facteurs, l'un des facteurs étant une période de l'intégrale U, le second facteur une période de l'intégrale loges. Mais toutes les périodes de cette dernière intégrale sont évidem- ment des multiples de itù^ et l'on a (2) / \J dlo^o = 'î-i{my(ji^-^ nioiii^-^. . .->r niipiM^ip), w,, too, ..., ^2p étant les ip périodes de l'intégrale U relatives aux coupures «v et ^v^ et m,, /??2, ..., m2p des nombres entiers, qui ne dépendent que de la Jonction rationnelle '^(^, u). Le produit irùm^^ par exemple, est égal à l'intégrale / c?logcp, prise le long de la coupure a^^ et les autres nombres mi ont une signification analogue. Nous supposerons d'abord que l'intégrale abélienne U n'a pas de points critiques logarithmiques; alors la fonction est uniforme sur la surface T', et Ton peut appliquer le théorème de Cauchj à l'intégrale (2). D'après ce théorème, l'intégrale (2) est égale au produit de ir.i par la somme des résidus de U ^^ ' sur toute la surface de Riemann. Ces résidus proviennent des pôles de U ou des pôles et des zéros de '^(^, u). Soient les zéros de la fonction rationnelle cp(3, u) et ses infinis, chacun d'eux étant compté autant de fois qu'il 3- a d'unités dans son degré de multiplicité. La somme des résidus provenant des pôles et des zéros de 'j(;, u) est égale à 7 n D=2u(^,-,rw-)-2^'(;A-,U.). A. ET G. 26 402 CHAPITRE IX. Par conséquent, la somme mi Wj -f- . . . -h ra=xp (x>2p est égale à la différence qui précède D, augmentée de la somme des résidus de la fonction dz relatifs aux pôles de l'intégrale U. Si, en particulier, l'intégrale U est une intégrale de première espèce w(^z^ u\ cette dernière somme est nulle, et il reste n n ce que nous écrirons d'une façon condensée 9 n Nous retrouvons la relation établie plus haut entre les pôles et les zéros d'une fonction rationnelle de ;î et de ?^ (n° '^'^^J- 182. L'énoncé qui précède est purement analytique. On donne ordinairement à ce théorème une forme plus géométrique, qui en montre mieux la généralité. Soient (5) /(^, w)=o, ^U,u) = o les équations de deux courbes du même degré n\ supposons, pour plus de netteté, que ces courbes n'ont aucun point commun à l'in- fini avec la courbe F:=o, et que les points d'intersection sont distincts des points multiples. Alors les zéros de la fonction ra- tionnelle sont les points d'intersection de la courbe donnée F (^, w) = o avec la courbe /= o, et de même les infinis de cp sont les points d'intersection de F = o avec la courbe '}(^, u) = o. On peut donc énoncer le théorème d'Abel sous la forme suivante : THÉORÈME d'aBEL. 4o3 La somme des valeurs d' une intégrale ahélienne de pre- mière espèce aux points dHntersection de la courbe donnée G avec une autre courbe algébrique G' est égale, à des multiples près des périodes, à la somme des valeurs de la même intégrale aux points d^ intersection de G avec une autre courbe G", de même degré que C. Les restrictions que nous avons faites sur les points d'intersec- tion ne sont d'ailleurs nullement nécessaires. Par exemple, sup- posons qu'en un point (H,r,) à distance finie ou à l'infini, la courbe donnée F =r o ait q points communs confondus avec la courbe f= o et q' points communs confondus avec à =z o. Si, pour plus de simplicité, nous admettons que les valeurs de u qui deviennent égales à t, pour z=^\ forment un seul système circulaire, le point (^, Tj) ne sera ni un pôle ni un zéro pour '^{z, u) si q^^q'\ ce sera un pôle d'ordre q^ — q si q^ est > ^, un zéro d'ordre q — q\ si q est > q^ (n° 99). Dans tous les cas, on peut suppo- ser que, dans l'égalité qui exprime le théorème sous sa première forme, le terme (V"(ç, r, ) figure q fois au premier membre et q' fois au second membre. On aura donc, d'une part, la somme des va- leurs de l'intégrale w aux points de rencontre de F = o avec /= o, chacun d'eux étant compté avec son degré de multiplicité; d'autre part, la somme analogue relative aux points d'intersec- tion de F = o avec 6 = o. De là résulte la généralité du second énoncé. Tant qu'on ne fait aucune hypothèse sur les chemins suivis par la variable, il est clair qu'on ne peut obtenir une proposition plus précise. Mais on peut aller plus loin. Gonsidérons une pre- mière courbe/(^, ?/) = o, de degré /i, qui coupe la courbe F = o en mn points que nous supposerons distincts, pour fixer les idées, (E,, 7,,), ..., {^mni 'hmn)'-, imaginons ensuite que les coefficients de /(^j w) varient d'une manière continue depuis leurs valeurs ini- tiales. Les mn points d'intersection de G avec la seconde courbe décrivent sur T certaines lignes continues à partir des valeurs ini- tiales. Gela posé, la somme des accroissements dUine intégrale de première espèce le long des lignes continues décrites par les points (ç/, r,,) est rigoureusement nulle. Il suffit évidemment de le démontrer pour une variation infi- 4o4 CHAPITRE IX. niment petite des coefficients de f{z^ u). La nouvelle courbe aura une équation de la forme ^{z,u)=f{z, u) + zfi{z,u), £ étant un nombre très petit ei/iÇz, u) un polynôme de même degré que /(^, u). Supposons que les coupures a^, by, Cy aient été tracées de façon à ne pas rencontrer les lignes décrites par les points (Ç/, 'r\i), ce qui est toujours possible si ces lignes sont suf- fisamment petites. D'après la proposition générale, la différence jnn mn j = 1 i = 1 est égale à la somme les produits tels que iizinik représentant les périodes de Tinté- grale abélienne logcp(^, M)=l0g f{Z, U) relatives aux coupures a^, by. Or il est aisé de voir que ces pé- riodes sont toutes nulles. Par exemple, la période relative à la coupure a^^ est égale à l'intégrale Jib -^1 '(6,) i + 'Xi-'^) OÙ l'on a posé ^^- ^^^ - 7(^770 Supposons, ce qui est évidemment permis, le module de '/(-?, n) plus petit que l'unité tout le long de la coupure ^v- Si l'on désigne par l la longueur de cette coupure, le module de l'intégrale est moindre que _ ; comme cette période doit être un multiple de 2Tzi, on en conclut qu'elle est rigoureusement nulle. Ainsi, si Von considère les points cV intersection dUine courbe fixe G avec une courbe variable de degré /z, la somme des valeurs continues d\tne intégrale abélienne de première THÉORÈME d'aBEL. 4o5 espèce, attachée à la courbe G, aux points d^ Intersection va- riables reste constante. Le théorème subsiste évidemment si quelques-uns des points d'intersection vont à l'infini ou viennent aux points de ramifica- tion. Lorsque la courbe mobile passe par un certain nombre de points fixes de la courbe donnée, on peut en faire abstraction dans l'application du théorème. 183. Supposons, en second lieu, que l'intégrale U soit une inté- grale de seconde espèce, admettant un seul pôle du premier ordre (a, 6) en un point à distance finie et distinct des points de rami- fication, avec la partie principale le résida de la fonction U Jl '■•> au point (a, 6), est égal à . ^'(a.b) . ,/ 7\ j' • 1 1 j I j' • ' do(z,u) A , ' , ou C5 a, o) desiofue la valeur de la dérivée — —j pour z^= a, u ^ b, et il reste 1 = 1 A- = l Si l'on pose, comme plus haut, '3(z, u) = \ "' ,^ où f el à sont des polynômes de même degré en z et u, on a o'(a, b) _ f'(a, b) _ ^'( a, b) ^{a,b) ~ f{a,b) ^{a,b)' Les points (;/, ru) sont les points d'intersection de la courbe f[Zj u) = o avec la courbe donnée F = o; les points (ç^, Ti^.) les points d'intersection de tj^ = o avec F = o. Un cas particulier remarquable est le cas où, parmi les courbes du faisceau il s'en trouve une qui coupe la courbe F ^= o en deux points confondus au point {a, b). Alors, pour une certaine valeur de la constante \, on a /(a, 6) H- X ^{a, b) = o, f{a, 6) + X 6'(a, b) = o, 4o6 CHAPITRE IX. d'où, en éliminant "k. on voit que la quantité ^ ^' , , est nulle. On peut alors énoncer le théorème suivant, utile dans les applica- tions géométriques : Soit U une intégrale de deuxième espèce avec un pôle simple (a, b) ; si l'on coupe la courbe F := o par deux courbes de même degré /= o et '^ = o, telles que, parmi les courbes du faisceau /+ Xt{> =: o, il s'en trouve une tangente à F au point (a, 6), la somme des valeurs de U aux points d'in- tersection de F et de / est égale à la somme des valeurs de U aux points d'intersection de F et de o. 184. Si le point (a, b) est un point de ramification, ou s'en va à l'infini, ou si ce pôle est d'un ordre supérieur au premier, les résidus de la fonction dz ont une expression moins simple. Mais, quels que soient l'ordre et la position du pôle sur la surface, si la fonction rationnelle cp(^, u) dépend d'un certain nombre de coefficients arbitraires c,, C2, . . ., Cq, dont elle estune fonction rationnelle, le résidu relatif au pôle (a, b) est toujours égal à une fonction rationnelle de ces coefficients indéterminés Ci, Co, ..., c^. Il en sera encore de même pour la somme des résidus, si l'intégrale abélienne U admet un nombre quelconque de pôles, sans admettre aucun point cri- tique logarithmique. Pour plus de précision, supposons , - P(z, u) P et Q désignant deux polynômes entiers en u et z, dont nous dé- signerons les coefficients par Ci, Co, ..., Cq. Le théorème d'Abel nous montre que la différence entre la somme des valeurs de V intégrale abélienne U pour les zéros de la fonction ration- nelle cp(^, u) et la somme des valeurs de la même intégrale pour les pôles de cp(^, u) est égale à une fonction rationnelle des coefficients Ci, ..., Cq des deux polynômes P et Q, abstrac- tion faite d^une somme de multiples de périodes de l'inté- grale U. THÉORÈME d'aBEL. ^OJ Cette fonction rationnelle des coefficients c,, Co, ..., Cq peut toujours être calculée dès qu'on connaît les pôles de U et les par- ties principales correspondantes. Pour donner à l'énoncé précé- dent une forme géométrique, il suffit de répéter ce qui a été fait pour les intégrales de première espèce. Soit/(^, ui) = o l'équa- tion d'une courbe de degré n qui rencontre la courbe donnée en 77Z/2 points (i,, 7),), ..., (5;,^;^, T,„,,i); imaginons que les coefficients de/(Zf ?^) varient d'une manière continue; les points (ç,, r,,), ..., (?TO/^7 '^.m«) se déplacent sur la surface T d'une manière continue. Soient ( i; , r/, ),..., (?;,„, <,„) les nouvelles positions de ces points d'intersection, correspondant à une autre courbe '}(-S, m) = o de même degré. Cela posé, on a (8) y / du=v, V désignant une fonction rationnelle des coefficients des deux po- Ijnomes/et 6, et les intégrales étant prises suivant les chemins décrits par les points (i/, r,/), lorsque les coefficients du poly- nôme/varient d'une manière continue depuis les valeurs initiales jusqu'à devenir égaux aux coefficients du polynôme 'l. Supposons donnés tous les coefficients du polynôme /, les coefficients de 6 restant variables, l'égalité (8) peut s'écrire (9) y/ ^'=2/ ^u-^.. La première partie du second membre reste constante; par conséquent, la somme des valeurs d' une intégrale abélienneV, n'admettant aucun point critique logarithmique, prises depuis une origine commune (zq^ Uq) Jusqu'aux: mn points d'intersec- tion de la courbe donnée avec une courbe variable de degré n^ h(^z^ u) = Oj est égale à une constante C, augmentée d'une fonction rationnelle des coefficients du polynôme ^{z, u). Rien n'empêche d'ailleurs de supposer que ces mn intégrales ont des limites inférieures différentes, pourvu qu'elles soient fixes, ce qui revient à modifier la constante C. 40^ CHAPITRE IX. 185. Lorsque l'intégrale U admet des points critiques logarith- miques, la fonction dz n'est plus uniforme sur la surface T^ et le raisonnement doit être modifié. Pour plus de netteté, supposons que U se réduise à une intégrale de troisième espèce avec les deux points critiques loga- rithmiques {a, b) et (^1, b^). Il faudra joindre aux coupures a^, ^v, Cv une nouvelle coupure L joignant ces deux points critiques et ne rencontrant pas les précédentes. Sur la nouvelle surface P' la fonction sous le signe / est uniforme et l'on peut lui appliquer le théorème de Cauchj; l'intégrale / U(a,.bi) J\ai,b0à[a,b) I. 2° Soit U une intégrale abélienne quelconque, elf=o, 6 = 0 les équations de deux courbes de degré n, qui coupent respecti- vement aux mn points (^oT,/) et (?,, loi) la courbe proposée. On a une relation de la forme ?nn (12) > / cOJ = p + Al logPi-4-.. . -{- A,.Iogp,.H-C, A, , A2, . . . , Ar étant des constantes, et p, ^1,^2? • • • 5 ^r des fonc- tions rationnelles des coefficients des deux polynômes fei ^. Il suffit, pour établir cette formule, de décomposer U en intégrales des trois espèces. 3** Si la courbe/est fixe et la courbe 6 variable, la formule (12) devient (i3) y r''"'''' dTJ = G4-P4-AilogPi+... + A;,log^v, G désignant une constante. Par conséquent, là somme des valeurs 4lO CHAPITRE IX. d'une intégrale abélienne quelconque U, prises depuis une origine commune (zq^ Uq) jusqu'aux mn points d'intersection de la courbe donnée avec une courbe variable de degré n^ {ZjU) soit de première espèce. Par exemple, supposons que R(^) soit un polynôme du cinquième degré et P(c) un polynôme du deuxième degré; soit, en outre, Bi(z) = nzP-^ -^BiZP-'*-^ B-izP-^-^. .., n étant une constante et A, , Ao, • . . , B, , Bo, . . . des coefficients arbitraires, dont le nombre est égal k ip — 3. Dans le domaine du point à Tinfini, le développement de commence par un Il 1 ^ 1 Q — U^i , , . terme en ^- le second lacteur ios^^ t- peut s écrire ./ -' ^ Û -r- «Oi i •-(^;) en posant T = 0 zP-\- X^zP-^ -^. Le développement de ^', pour ^= x, commence par un terme en — ^ et le coefficient de ce terme est indépendant des coeffi- \/z cients variables A,, Ao, Le coefficient de - dans le produit est donc indépendant des coefficients A et B. On déduit de là la conséquence suivante. Supposons, pour fixer les idées, ^{z) = {z — e^){z — e^) ...{z — e-^), V{z) = z^', soient (^,,w,), ..., {zop, Uip) les points de rencontre de la courbe u-^^ ^{^) ^vec la courbe variable Ziy Z2t ' ' ', :-2p étant racines de l'équation de degré 2/? r-(z)-Riz)%Kz)=o. 4*6 CHAPITRE IX. La somme (^(^1, Ml) H- ^(^2, M2) +• • .+ t^C-Ssp, Wap) reste constante, lorsque les coefficients A et B varient d'une ma- nière quelconque, quoique l'intégrale (^(s, u) ne soit pas de pre- mière espèce (*). Les autres énoncés que renferme le Mémoire d'Abel se dédui- raient de même de la formule générale (i5). Par exemple, en considérant l'intégrale J (5— a)/R(7) " 0 et en conservant les mêmes notations, on a / X ^ / ^ r P(«) 1 re(a)-f-BOi(a)-] OU p2=:R(a) et où r est le résidu de pour le point à l'infini. 189. Nous allons donner une seconde démonstration du théo- rème d'Abel, d'un caractère plus élémentaire, et qui montre encore mieux la véritable origine de cette importante proposition. Elle est d'ailleurs identique à la démonstration donnée par Abel lui- même pour le cas le plus général d'une relation algébrique de forme quelconque. Soit (22) F(^, u) = o l'équation d'une courbe algébrique quelconque G de degré m, et soit R(^, u)dz (-0, "«) (*) On trouvera dans l'Ouvrage de M. Darboux, Leçons sur la théorie géné- rale des sur/aces, t. II, p. 3ii, une application intéressante de cette remarque. THÉORÈME d'aBEL. 417 une intégrale abélienne quelconque attachée à cette courbe. Une courbe G' de degré n (23) *(z, m) = o, dont l'équation renferme un certain nombre de coefficients varia- bles «, , a.2, . .. , «A, rencontre la courbe G en mn points variables avec ces coefficients (^, , z/,), (^o, ^^2),. . •,(-to«, «w«). La somme des valeurs de l'intégrale abélienne ç{zju), où l'on prend suc- cessivement chacun de ces points d'intersection pour limite su- périeure I = v{zi,ui) '"" (-■ 7/1 est une fonction des paramètres ai,ao, . . . , ak-, dont nous allons chercher la forme analytique. Désignons d'une manière générale par oV la différentielle to- tale d'une fonction V par rapport aux paramètres a,, «2î • • • , «a- On a ol = ^R(^/, Ui)oZi. Des équations (22) et (23) on tire d¥ ^ d¥ ^ —- hzi-\- -—- ùUi = o, dzi dui ' - — OZi -r- -— OUi -h 0(^i, Ui). En remplaçant ozi par cette valeur dans ol, il vient :i=^R(zi,Ui)W{zi,iii)o^i. Si 1 on développe o^^ = _ — oa, -j- . . . -r ^^ — oa^-, le coedicient A. ET G. 27 4l8 CHAPITRE IX. de oa^, par exemple, dans le second membre, est égal à fil fi c'est-à-dire à une fonction rationnelle et symétrique des coordon- nées des mn points (^,, Ui ), (^o, 1^-2), - - -, {^mn, Unui)^ fonction qui est en même temps rationnelle par rapport aux coefficients a,, «2, ..-, ak' Or, toute fonction rationnelle et symétrique des coordonnées des 7??/i points communs aux deux courbes (22) et (28) est égale à une fonction rationnelle des coefficients des deux équations. Il reste donc en définitive ol = Ilioai -h 112 0^2 H-. . .+ U/cOak, Ui, IIo, . . . , Il/f étant des fonctions rationnelles des k coefficients a<,«2^ '-"iCik-i ne renfermant plus les coordonnées des points (^/, Ui). Par conséquent 1= / Ilioai -I- n2oa2 -h. . .-T- n/,0(2/,. ; /"- or, les fonctions IIi, ITo, . • . , 11^ étant rationnelles, l'intégration ne peut introduire d'autres transcendantes que des logarithmes. La somme I est donc égale à une fonction rationnelle des coef- ficients a^^a-.j • . . , ah, augmentée d'une somme de logarithmes de fonctions rationnelles des mêmes coefficients. Si l'intégrale abélienne considérée est de première espèce, la somme I doit être constante. En effet, si les fonctions IIi , IIo, . . . , IIa n'étaient pas identiquement nulles, on pourrait trouver un système de valeurs a'^, a'^, - - -.a,, pour les coefficients a^^^a^^ . . . , «A, tel que I deviendrait infini pour a^ ^= a\^ . . . ^ ak^= a'^. Si les points de rencontre de la courbe G avec la courbe varia])le (7, qui répond aux valeurs a\, . . . , a]^ des paramètres, sont {z'^, u[), .... i^'mm^'mn)^ il y aurait au moins une des valeurs de i^(z, u) qui deviendrait infinie lorsque le point {z^u) tendrait vers un des ^o\uls{z\^u\)\ ce qui est impossible, puisque l'intégrale est de première espèce. 190. Si l'intégrale abélienne considérée est quelconque, il est facile de montrer que l'on retrouve les mêmes formules finales THÉORÈME d'aBEL. 419 que par la première méthode. Pour plus de simplicité, supposons que ç{z, u) soit une intégrale de seconde espèce avec un pôle simple (i, r^) à distance finie, distinct des points de ramification, le résidu étant égal à i . Etant données deux courbes du même degré /z, représentées respectivement par les deux équations (24) f{z.,u) = o, o{z,u) = o, si l'on considère le faisceau de courbes <25) f{z,u)^\fi{z,u) = o, où fi(z, u) = o(z, u) —f{z, u), les deux courbes appartiennent à ce faisceau et correspondent aux valeurs zéro et un du paramètre A. D'après ce que nous venons de démontrer, la dérivée -^ est une fonction rationnelle du para- mètre A. D'autre part, la somme I conserve une valeur finie, sauf pour la valeur A, du paramètre A, telle que l'un des J7in points d'intersection soit venu au point (;, r,), c'est-à-dire pour la valeur Pour fixer les idées, supposons que, pour )v= A,, un seul des points d'intersection vienne au point (^,Tj). Dans le domaine du point (ç, r,) on a A étant un coefficient diff'érent de zéro qui a pour valeur d¥ ( df d/,\ d¥ ( df à/A A _ -. lnversement_, dans le voisinage de a = A, , on a ^-^ = ^(X-X,)[i-Bi(X-XO + ...]- L'intégrale v{xi^ j>'/), correspondant au point {xt^ yt) qui vient I 420 CHAPITRE IX. coïncider avec le point ( Ç, v)) pour 'k=:'k^^ est donc, dans le do- maine du point Xi, de la forme P(X — Xi )étant une fonction régulière pour X =: "X, . La différence A — Al reste donc finie pour toute valeur de X, et, comme sa dérivée est une fonction rationnelle de 'k, elle se réduit nécessairement à une constante. Écrivons que la somme précédente a la même valeur pour X = o et pour ), = i ; il vient, en remarquant que A peut s'écrire ^D(F,cp) ^ D(F,/) A = —• ^ , I, = A f - i- ^'^~ V >^i i->^i/ Xi(i-xo et, en remplaçant ).4 par sa valeur, D(F,9) D(F,/) "? (^7] -^ dri ce qui peut encore s'écrire i df i d(^ c'est au fond la même formule (7) que nous avions déjà obtenue par la première méthode. 1/ et Tç représentent respectivement la somme des valeurs de l'intégrale ç{z^ u) aux mn points d'intersec- tion de la courbe donnée avec les deux courbes /= o et cp = o. Le procédé qui vient d'être indiqué s'applique évidemmen,t à une intégrale abélienne, quels que soient les points singuliers et leur position sur la surface. Nous ne nous y arrêterons pas da- vantage. THÉORÈME d'à BEL. 4^1 191. Après ces généralités, nous allons considérer en particu- lier le cas des intégrales hyperelliptiques. Soit (27) ir~=R{z) une relation hjperelliptique de genre /?, et cp(^) une fonction ra- tionnelle quelconque de z. Si l'on veut considérer le système des points de rencontre de la courbe (27) avec une autre courbe algébrique quelconque /{z, m), on peut supposer qu'on a rem- placé, dans/(^, u), une puissance paire de u, telle que a-^, par [R(^)]^ et une puissance impaire de u, telle que 11-^+^, par [R(^)]^w, ce qui revient à prendre pour équation de la seconde courbe une équation du premier degré en u, P(z) P{z) et Q(::) étant des polynômes de degré m. Les abscisses des points de rencontre des deux courbes (27) et (28) sont données par l'équation (-29) P2(^)_Q2(2)R(2)=0, de degré 2m-i-2/> — i ou 2^-7- 2/^ 4- 2, suivant que R(^) est de degré 2/? -7- i ou 2/? -h 2. Soit q le degré de cette équation, Zt, z., ..., Zq ses q racines, et lu, u.^ .... Uq les valeurs correspon- dantes de M, _ P(^/) Posons toujours '^ --'-'"^'0(^)^2 et désignons par la lettre S la différentielle totale prise par rap- port aux coefficients variables des polynômes P(:;) et Q(-). On a de l'équation ^{zi) = PH-0 - QH^O R(-/) = o, 4^2 CHAPITRE IX. on lire ^'{Zi)^Zi^O^{Zi)= o, c'est-à-dire en développant 0(];(^/), ^'{zi)^Zi-^- iF{zi) SP,— 2Q(zO R(-3,-) oQ,-= o, et, par suite, Y 2_^_(^ Q,R(^,)ûQ,-P,5P, ^ y{zi) Il Remplaçons au numérateur Qf R/ par P| et supprimons le fac- teur commun P/, il reste (3o '•=2:?fe^^-^Q'-Q-'''-)- Si l'intégrale / ^ {z,u) attachée à cette courbe, la somme des valeurs de cette intégrale en un nombre quel- conque de points analytiques peut toujours se ramener ci la somme des valeurs de la même intégrale en p points {z\, u\ ), ..., {z'^, u'^), se déduisant algé- briquement des premiers, augmentée de quantités algébriques et logarithmiques. Il suffît évidemment de démontrer la propriété lorsque V- = P -^^' En effet, si la somme de /? 4- i intégrales se ramène à la somme de/? intégrales, la somme de /» ^ 2 intégrales se ra- mènera d'abord à la somme de /> 4- i intégrales, puis à la somme de/) intégrales. En continuant de même, on voit que le résultat sera général. Supposons donc qu'on ait la somme v{Zi, Mi)-f-(;(^2, "2) -^.. .^ v{zp. -il "-p+l)' D'après un résultat établi plus haut(n° 172), on peut toujours trouver un faisceau de courbes (par exemple de courbes ad- jointes d'ordre /?? — -2) rencontrant la courbe donnée en /? + i points variables seulement, de telle sorte que pour l'une des courbes du faisceau ces /? 4- i points variables soient précisément les points donnés {z,, u,), ..., (zp^,, Up+i)- Soit l'équation de cette courbe particulière C du faisceau, (3'^) f{z, u)-r~lMz,in = o l'équation d'une courbe quelconque du faisceau. Les poljnomes /(^5 '0^/< (-^5 ^0 ont leurs coefficients qui dépendent rationnelle- ment des/? + I points donnés (^,, «^), . . ., (^^^, , ;/^^,). Dispo- sons maintenant du paramètre A, de façon qu'une courbe du fais- ceau passe par un point donné à l'avance (a, ^), par exemple, par le point pris pour origine des intégrales. Cette courbe C" ren- contre en outre la courbe donnée enp points (z\, u'j, ...,(z' , u ) 4^4 CHAPITRE IX. qui dépendent algébriquement des premiers; d'après le théorème général, la différence est égale à une fonction rationnelle des coefficients des deux courbes G^', C/, augmentée d'une somme de logarithmes de fonc- tions rationnelles des mêmes coefficients. On a donc bien (33) C, Al, ..., A^ étant des constantes et cp, cp^, ..., cp^ des fonctions rationnelles des coordonnées des /> -+- i points donnés (^^, u^), ..., {^P-\-\, Up+\)' La proposition est donc établie. Si, en particulier, l'intégrale ç{z, w) est de première espèce, la différence P+i ^^{Zi, Ui)~^ç{z),,u'k) A ^ 1 se réduit à une constante ^'(a, |3). La proposition générale peut, dans ce cas, s'énoncer ainsi : La somme des valeurs d'une inté- grale ahélienne de première espèce en un nombre quelconque de points analytiques est égale, à une constante près, à la somme des valeurs de la lyiême intégrale en p points analy- tiques seulement, qui dépendent algébriquement des pre- miers. C'est le théorème d'addition pour les intégrales de première espèce. 193. On déduit de là sans difficulté l'intégration des équations différentielles dites abéliennes, dans le cas le plus général. Soient i^i= j oi(z,u)dz, V2= rp=r cpp(^, u)dz p intégrales linéairement indépendantes de première espèce, attachées à une courbe de genre p. On donne le nom d'équa- THÉORÉxME d'ABEL. 4^5 lions différentielles abéliennes au système d'équations suivant I Oi(^i, Ml)û?^i-r-Oi(^2 7 Ui)dZi-^...— Oi{Zp, U^) dZp -h 'Oi{Zp^i, Up^i) dZp^i= o, 1 02(-Si, Wi)+o «^/j+Oî en fonction de (^i, ?^,), quand on se donne les valeurs initiales (?,,Th), (io, -^.2): ...,(?/.+., -^^p+i)' D'après les théorèmes géné- raux de Cauchy, la solution du système (34), où les valeurs ini- tiales sont les précédentes, est complètement définie (*). Cette solution est d'ailleurs donnée par les équations (35) ' ( i'pi^l, U\)-r- -^VpiZp^i, Up^i)= Vpi^u 'Ttl)-^-'-^ i'pi^p^l, "^tp-hl), équivalentes aux équations (34), en tenant compte des valeurs initiales. Ces relations paraissent transcendantes, mais elles sont, en réalité, algébriques (Cf. 179). Imaginons, en effet, qu'on ait l'équation d'un faisceau de courbes (36) fiz,u)^lf,{z,u) = o rencontrant la courbe donnée en /? 4- 1 points variables seulement, ces p -^ I points variables se réduisant aux /? -i- i points donnés (;,,Tn), .. ., {^p+iyTip^i) pour une des courbes du faisceau, par exemple, pour la courbe /(^, ii)= o. La courbe du faisceau (36) (37) /(-, w)/i(-i, "i)-/i(^, iOAm, "i)= o rencontre la courbe donnée au point (3,, Ut) et, en outre, en /? points (30, Wo),. . .,(-/^+«, ap+i)\2iTisih[esi\vec{Ziy z^,). Ce groupe dep points se réduit au groupe des points (^o? '^■2)7 - • - •< {^p+i^ '^i/'+i) (') Nous négligeons les cas exceptionnels où les p — i points (^, tJ seraient sur une courbe adjointe d'ordre ni — 3. On serait conduit à des solutions singulières que nous laissons de côté. 426 , CHAPITRE IX. lorsque (^i, uC) coïncide avec le point (^<,yi,). D'ailleurs, d'après le théorème d'Abel, ce groupe de p points satisfait toujours aux équations (35) et, par suite, aux équations (34). Il constitue donc l'intégrale de ce dernier système, qui est défini parles conditions initiales données. 194. Les calculs à effectuer sont plus ou moins compliqués, suivant les cas. Nous allons indiquer comment on peut les effec- tuer pour les intégrales hjperelliptiques, en modifiant légèrement la méthode générale. Soit (38) 1*2,= Ao52p+2^ Aix;2p+i_|__._^A2;;+i^-f-A2;,+2= RC-s) une relation de genre />, le coefficient Ao pouvant être nul, mais le coefficient A^ n'étant pas nul dans ce cas, et (3i))' w = ao^-P+i-h «i^/' ^/J-Hl une courbe de degré /> -f-i, où ai, ao, . . ., a^^, sont arbitraires et où l'on a pris ao= V^^o • Ces deux courbes (38) et (3^) se cou- pent en ip -\-i points variables avec les paramètres ai, ao, . . ., a/7+i, et généralement situés à distance finie. Les abscisses de ces 2/> -f-i points (^4, i^,), . . . , (22/)4-i5 ^^2/j+O sont fournies par l'é- quation (4o) (ao^/^+l-H a^ZP-^. . .-^a^+i)2— Ao^2/;+2__. ..— A2p-f-2= o. On peut disposer des p +i paramètres a,, . . . , a^_^, de façon que la courbe (39) passe par /> + i points donnés à l'avance de la courbe (38), (^, , u^), . . . , (zp^^ , Up^i). Les p points restants ('2/?+2? l^p+l)-! • • ' 1 (•22p-f-l) U^p^\ ) sont alors déterminés algébriquement en fonction des premiers. D'après le théorème général, si p(:3, u) est une intégrale attachée à la courbe (38), on a (40 p+i = 1 A- = 1 = G-h4^4- Al log<]>i + ...-+- Aylogd;,/, THÉORÈME d'ABEL. 4^-7 Al, . . ., Ay, G étant des constantes et t!;, 'i/,, . . . , ^^ des fonctions rationnelles de a^, . . . , a^^, et, par suite, des /> -f-i points don- nés {z^, Ui)f. . .,(^^+4, Up+\)' Si l'on remarque maintenant que la somme des valeurs d'une intégrale abélienne / ^-^ — ^ en deux points superposés (z, u), (z. — u) est une constante, la formule (4i) peut encore s'écrire p-hi p en posant Zf^== Zp^k^i^ ^^a= — ifp+k+\' C'est au fond le théorème d'addition des intégrales abéliennes. Si, en particulier, l'intégrale (^(^, u) est de première espèce, les formules (4i) et (42) deviennent ^-+-1 p (4 + i points (z^ , Wi), . . . , (s^+i , t^p+])', la courbe ainsi obtenue rencontre la courbe u^=^K(z) en p autres points dont les coordonnées sont des fonctions algébriques des coordonnées des (p -hi) premiers points. En écrivant que ces p nouveaux points sont fixes, on obtient/) relations, dépendant de p constantes arbitraires, entre les p -\-i points (Zi, Ui), . . ., (Zp-i-i, Up^l). C'est V intégrale générale des équations abéliennes (44)- 195. Développons les calculs pour/? = 1 et/?=2. Considérons d'abord la relation ^2= R(^)=^4_f-Ai^3+ A2^2_i_ Aa^-f- A4; le système (44) se réduit à l'équation unique / ,/. X dzi dz^ qui est précisément l'équation d'Euler. Pour appliquer la méthode générale, il faut d'abord déterminer les coefficients a et a4, de fa- çon que la courbe auxiliaire (47) M. = ^2 4_ az H- ai passe par les deux points [z^, u^)^ (^2, z^2)r on trouve ainsi (48) (x= — ^—(^1 + ^2), ai= -^-^ \-ZiZi. Zi — Z2 Zi- — Z2 THÉORÈME d'ABEL. 4^9 La courbe (47) rencontre la courbe donnée en un troisième point {z.3,Uz) dont l'abscisse ^3 est racine de l'équation du troisième degré (z^ -^ OLZ -r- oLiY- = z'* -h Xiz^ -i- Ai^^ -+- Aa^-i- A4 OU (Al — 2a)^3_^(A2— a2— 2a,)i;2-+-(A3— 2aai)5-- Âi-al = o; les deux autres racines sont ^, et Z2- On a entre ces racines les relations ^i-i-^2+^3- Ai-2a ' ZiZ2-+- Zs{Zi-\- Z2) = a'-f- 2ai — A2 Al — aa A3— 2 gai Al — IX l'intégrale générale de l'équation (46) peut donc s'écrire sous l'une des trois formes suivantes a--i-ioii — Ao . , ^ p 7 ( -1 -T- -52 j = ^, Al — 2 a A3— 2aai p, , , Al — 2 a af— Ai .. = K^ZiZo, Al — 2a OÙ l'on suppose a et a, remplacés par leurs expressions (48). Si la relation considérée a été mise sous la forme normale u^^=.ii-z^^){i-k^-z^-)=k-^(^z^-'-^^'-^^,)^ il suffît de prendre A, = o, Ao = — -^^^^ Ag^o, A,= ^-Si l'on adopte la seconde des formes précédentes pour l'intégrale gé- nérale, il reste ai — ZiZ2=^ C{zi-i- Z2) ou Zi ^^2 — -^2 ^'1 . Ci = 5 —^ j zi ^2 on retrouve la formule habituelle qui donne l'intégrale générale de l'équation d'Euler. 43o CHAPITRE IX. 196. Soit, en second lieu, pour intégrer le système abélien / dzi dz=> dz^ 1 ^ _[- =z o, ] Ux W2 M3 zi dzx z% dz'> z^ dz^ 4- -\ = o, Ux W2 W3 déterminons les coefficients a, a^, a2 de la courbe auxiliaire (5o) i^ = a^2_i_ a^^ _l_ 0^2, de façon qu'elle passe par les trois points (zi , z^,), (:^o, ?^2)7 (^a? ^3)^ on trouve ^^ Ml(^2— ^3)+ ^2(^3— ^1)--^ ^^3(^1 — ^2) (^1 — ^2) (-Si — ^3) (^2 —^3^ ^1 ^2 ^3 (^2 — ^3 ) + ?^2 ^3 -^1 ( ^3 — -Si ) + ^3 -^1 ^2(^1 — ^2 ) ^ (^1— ^2) (-1— -Sa) (^2— ^3) La courbe (5o) rencontre la courbe proposée en deux autres points (^4, z^i), (^5, u^^ dont les abscisses sont données par l'équation du cinquième degré Ao23 + (Ai — a2)^i-t-(A2 — 2aai)^3 + (A3— af — •iy,^{)z''- 4- (A4— 1'Xx'm)z + A5— a| = o; les trois autres racines sont^, , z-^^ ^3. On a donc les cinq relations «2— Al Zx-\- z^-\- z^-\- z,^-\- z-. Ao ' A2 — aaai ^1^2-+- ^l-23-+-^2^3 + ('5l+^2+^3)(^4+^3)-i-'54'S5 = ^li;2'S3 + (-2l-^2+ -^I-^JS^- -^2'=^3) (-2^ -T- -^0) + (^i+Z2+^3)-4-5= -^ r^ -% •51^2-23 (-54 + >S5) -h (-Si ^2 H- ^1-^3+ -^2-^3) -24-^5 = -Si ^2 -23-34 ^5 Ao A4 — 2aia2 Ao a.\ — A5 THÉORÈME d'ABEL. 43i Il suffit de remplacer dans deux de ces relations ^4 et Z5 par des constantes arbitraires et a, a,, ao par leurs valeurs tirées des for- mules (5i) pour avoir l'intégrale générale du système (49). 197. On peut former des systèmes d'équations différentielles, analogues aux systèmes précédents, et dont l'intégrale générale est algébrique, alors même que les intégrales qui y figurent ne sont plus de première espèce. Par exemple, nous avons vu que l'intégrale générale de l'équation différentielle dzi dz<î est donnée par la relation Zi ^\\— z'I )( I— k'-zl )~ Zo v/(i — ^f )(;i — A'-^i ) Ci = ~5 _ .-, Zi ^5 11 est clair que la vérification directe, qui est facile, s'eflectue quelle que soit la valeur de k. Si Ton fait A* = o, on en conclut que l'intégrale générale de l'équation dz\ dzo z = o est fournie par l'équation H^i-zl-z,^i-z\ qui peut s écrire aussi Zi )/i—zl-\- Zi y/i— -î = G'. On voit de même, en faisant A = i, que l'équation 1 -7- -• 1 •« 2 représente l'intégrale générale de Téquation dz^ dz=> _ 432 CHAPITRE IX. L'application directe du théorème d'Abel aux intégrales de troi- sième espèce conduit aisément aux mêmes résultats. Étant donnée la relation considérons la fonction rationnelle ^(z, u) = qui admet trois zéros {z^^ u^), {zo, ih), (-3, u^) et trois infinis {z\^ u\)^ {z[,^ u'^), (z.^, u'.^), et l'intégrale de troisième espèce / -—^ qui a ses deux points critiques rejetés à l'infini. La fonction (£>{z, II) reprend la même valeur^ en ces deux points critiques; donc, d'après la formule générale (10), on a Laissons fixes les coefficients y, 8, et faisons varier a et [3j le second membre de l'égalité précédente conserve une valeur con- stante. On a donc dzi dz2 dz^ — - -i 1 '- = o ll\ ^2 W3 (^ij '^i)» (^2,^2)^ (^3 5 ^'3) désignant les coordonnées des trois points d'intersection variables de la courbe donnée u-=zi —^2 avec la courbe mobile u^= !-{- a.z-^ '^z^. L'intégrale générale de l'équation dz^ dzi s'obtient donc en posant ^a^const. Le calcul s'achève comme au n« 195. 198. Le théorème d'Abel s'étend aux courbes gauches algé- THÉORÈME D ABEL. 433 briques. Soit C une courbe plane de genre/?, représentée par l'équation (52) F(z,u) = o; le point de coordonnées (X, Y, Z), (53) X=/(z,^^), \ = o{z,u\ Z = ^{z,u\ oùf(z, u). '^(z, u), ^(5, u) sont des fonctions rationnelles, dé- crit une courbe gauche F, qui correspond point par point à la courbe plane G, si les fonctions/, cp, ^ n'ont pas été prises d'une façon particulière, ce que nous supposerons; de telle sorte qu'in- versement z et u sont des fonctions rationnelles de X, Y, Z. Toute intégrale de la forme (54) / a^/X + 3f/Y-i--r/Z. prise le long de la courbe F, où a, ^3, y sont des fonctions ration- nelles de X, Y, Z, se change, par la substitution (53), en une intégrale abélienne / R(^, ii)dz relative à la courbe C. D'autre part, soit TT/v V V P(X,Y,Z) "^^'''^^=QIX7YX) une fonction rationnelle, P et Q étant deux poljnomes du même degré; si l'on y remplace X, Y, Z pary(^, u), 'f (-^, w), ^(^-j w), il vient n(x, Y, Z) = n,('^, «), n,(^, u) étant une fonction rationnelle du point analytique (z, u), dont les zéros correspondent aux points d'intersection de la courbe gauche F avec la surface S, qui a pour équation P(X, Y, Z) = o, et les pôles aux points d'intersection de F avec la surface S' repré- sentée par l'équation Q(X,Y, Z) = o. On peut donc, en appli- quant le théorème d'Abel, exprimer, au moyen de quantités algé- briques et logarithmiques, la différence entre la somme des valeurs de l'intégrale (54) aux points d'intersection de la courbe gauche F et de la surface S, et la somme analogue aux points d'intersection de F et de S'. En particulier, si l'intégrale considérée est de pre- A. ET G. 28 434 CHAPITRE IX. — THÉORÈME d'aREL. mière espèce, il en est de même de l'intégrale / R(5, u)dz^ el le théorème d'Abel peut s'énoncer ainsi : La somme des valeurs dhine intégrale de première espèce I adX-i-^dY-h^(dZ,' attachée à une courbe gauche algébrique F, prises depuis une origine fixe j usqu' aux points d^ intersection de cette courbe avec une surface algébrique variable de degré m, reste con- stante lorsque les coefficients du premier membre de V équation de cette surface varient d\ine façon arbitraire. LE PROBLÈME DE l' IN VE R S ION. 435 CHAPITRE X. LE PROBLÈME DE L'INVERSION (i). Hecherche des courbes dont les coordonnées sont des fonctions uniformes d'une intégrale abélicnne attachée à cette courbe. — Les trois formes possibles de rintégrale. — Inversion de l'intégrale de première espèce attachée à unfi courbe du premier genre. — Généralités sur les fonctions doublement périodiques. — Recherche des équations F(u,u') = o, qui admettent une intégrale uniforme. — Méthode de M. Hermite. — Application aux équations binômes. — Fonctions qui admettent un théorème d'addition algébrique. — Généralisation du problème. — Le problème d'inversion de Jacobi. — Extension du problème de Jacobi. 199. Le problème que nous allons d'abord traiter peut se for- muler ainsi : Etant donnée une relation algébrique irré- ductible (I) F(^,.0 = o, peut-on trouver une fonction rationnelle R(-^, u) telle qu^en posant (2) 1 R(^, u)dz, à une valeur de w ne corresponde qu^un point analytique S'il en est ainsi, les coordonnées^ et w d'un point de la courbe (i) sont des fonctions uniformes de w. D'après la façon dont ce problème est posé, il est clair qu'on peut effectuer sur la courbe considérée (') Auteurs à consulter: Jacobi, De functionibus duarum variabilium qua- drupliciter periodicis, quitus theorîa transcendentiuni Abelianarum inràtilur {Journal de Crelle, t. XV) ; — Briot et Bouquet, Recherches sur la théorie des fonctions {Journal de l'École Polytechnique, XXXVP Cahier); Théorie des fonctions doublement périodiques, Livre V, Chap. IV. 436 CHAPITRE X. une transformation birationnelle quelconque. Nous pouvons donc supposer que la surface de Riemann T, composée de m feuillets, qui correspond à l'équation F = o, n'a aucun point de ramifica- tion à l'infini. Cela posé, la fonction R(^, u) doit satisfaire aux conditions suivantes : 1° Cette fonction ne peut s^ annuler pour aucun point de la surface de Biemann à distance finie. En effet, soit d'abord (a, h) un point non de ramification à distance finie. Si R(«, h) était nul, on aurait, dans le domaine du point (a, ^), R(^, t^) = A(^ — a)'^-l- B(^ — a)«+i H- . . . et, par suite. Par un raisonnement bien connu, on en conclut que, aune valeur de w voisine de w(a, b), correspondent, pour z, {n + i) valeurs voisines de a qui se permutent circulairement lorsque le point qui figure la variable w décrit dans son plan un petit cercle autour du point (v(a, b). Soit, en second lieu, (a, b) un point de ramification d'ordre r — ik distance finie. Si l'on pose ^ = a -j- r, on en déduit uz= b -i-o(t), cp(^) désignant une fonction uniforme de t dans le voisinage de l'origine ; le domaine du point de ramification {a, b) correspond d'une façon univoque au domaine du point t = o sur le plan où l'on représente la valeur de t. En substituant ces va- leurs de z et de u dans la fonction rationnelle R{z, u), il vient R(^, u) = ^^^•(^■^0 + Al ^ + ...), le coefficient Aq n'étant pas nul. On a de même w= f'n{z,u)d^= Ç tf^{k^-i-k^t-^...)rt''-^dt] si le nombre entier k était positif, on voit, comme tout à l'heure, que t et, par suite, z et u ne pourraient être des fonctions uniformes de w dans le voisinage de w(a, b). [1 en serait encore de même si le nombre entier k -h r — i était positif. On doit donc avoir A" < i — r, c'est-à-dire que le dévelop- LE PROBLÈME DE l' IN VERS ION. 4^7 pement de R(:?, u) doit commencer par un terme à exposant né- gatif, la valeur absolue de cet exposant étant au moins égale à /' — i . Par conséquent : 2° Tout point de ramification d^ ordre r — i à dislance finie doit être un pôle de R(:^, u)^ d^ ordre r — \ au moins. Enfin, en étudiant ce qui se passe aux points à l'infini, on voit que : 3® Les m valeurs de z-V^{z, u) pour z infini sojit différentes de zéro. Si l'on pose, en effet, ^= — , il vient w =Jr{z, u)dz =-f^ (^, ' ") 7^ * D'après la première propriété, le produit ne peut être nul pour ^' = o ; par conséquent -3-R(:?, ?/) ne peut être nul pour z infini. 11 suit de là que les m développements de la fonction rationnelle K[z, u) pour des valeurs très grandes de z commenceront par un terme en - ou en —5 à moins de contenir des puissances positives de z ou de commencer par un terme constant. Mais aucun de ces développements ne peut commencer par un terme en — ou un terme de degré supérieur. Si donc un point à l'infini de la surface de Riemann est un zéro pour la fonc- tion rationnelle R(i?, «), l'ordre de ce zéro est au plus égal à 2. 200. Rapprochons les propriétés qui viennent d'être démon- trées pour la fonction R(^, u). D'après la première et la troisième,, le nombre des zéros de K(z, u) est au plus égal à 2 m, et cette limite n'est atteinte que si chaque point à l'infini est un zéro du second ordre. D'après la seconde propriété, chaque point de rami- fication d'ordre /• — i de la surface de Riemann est un pôle d'ordre /• — I au moins de R(^, u). Dénombre des pôles est donc au moins égal à !(/• — i), et cette limite inférieure n'est atteinte que si chaque point de ramification d'ordre /• — i est un pôle d'ordre 438 CHAPITRE X. /• — I et si la fonction R(c, u) n'admet pas d'autres pôles. Gomme le nombre des zéros est égal au nombre des infinis, on a donc (4) S(r — i)-î-o = 2m, 8 étant nul ou positif , Portons la valeur de S(/- — i) dans la rela- tion fondamentale qui donne le genre il reste (6) /> = !--' et cette équation n'admet que les deux solutions jo = I, S = o, p = o, 0 = 2. Nous voyons déjà que le problème proposé n'admet une solu- tion que si le genre de la courbe considérée est zéro ou un. Si p = I, 0 = o, les seuls pôles de R(s, u) sont les points de ramification de la surface et tout point de ramification d'ordre ;. __ I est un pôle d'ordre r — \. Les m points de la surface à l'infini sont des zéros du second ordre, c'est-à-dire que, dans le domaine de chacun de ces points, R(^, u) a un développement de la forme R(^, u) = -, On voit que l'intégrale f^{z, u)dzresle finie en tous les points de T, et, comme il n'existe qu'une intégrale de première espèce pour la courbe F = o, de genre un, cette condition détermine complètement la fonction rationnelle R(^, u), à un facteur con- stant près. Prenons la seconde solution p = o, 8 — 2. On peut faire plu- sieurs hypothèses sur les pôles et les zéros de R{z, u). On peut supposer d'abord que le nombre des pôles est égal à S(/' — i) + 2, chaque point à l'infini étant alors un zéro du second ordre. Cette hypothèse se subdivise elle-même en plusieurs autres, que nous allons énumérer : LE PROBLÈME DE l'INVERSION. 489 i"" Chaque point de ramification d'ordre /' — i est un pôle d'ordre r — i de R(:?, u), qui admet en outre deux pôles simples ou un pôle double, distincts des points de ramification ; 2*^ Un des points de ramification d'ordre ;* — i est un pôle d'ordre r deK{z, u), qui admet en outre un pôle simple, distinct des points de ramification; 3° Deux points de ramification d'ordre /• — i et r' — i sont res- pectivement des pôles d'ordre ;* et /' ; 4" Un point de ramification d'ordre /• — i est un pôle d'ordre /• -h I de R(^, u). Si le nombre des pôles est S(7' — i) -}- i, le nombre des zéros est 2 m — I ; la fonction a un zéro simple et (m — i) zéros doubles à l'infini. A distance finie, elle a un pôle simple distinct des points de ramification, ou bien un point de ramification d'ordre r — i est un pôle d'ordre /'. Enfin, si le nombre des pôles est ]S(/- — i) = 2m — 2, la fonc- tion a deux zéros simples et (m — 2) zéros doubles à l'infini, ou bien m — i zéros doubles, le dernier point à l'infini de la sur- face n'étaut alors ni un pôle ni un zéro pour R(-G, u). Si l'on passe en revue tous les cas qui viennent d'être énu- mérés, on reconnaît immédiatement que l'intégrale / R(j, u)d: est. dans tous ces cas, soit une intégrale de seconde espèce avec un seul pôle simple, soit une intégrale de troisième espèce. 201. Les conditions sur lesquelles nous nous sommes appuyés pour déterminer la fonction rationnelle R(5, u) sont simplement nécessaires. Il nous reste à examiner si ces conditions sont suffi- santes^ en d'autres termes, si les solutions que nous venons d'ob- tenir répondent bien à la question ('). (') C'est là un point sur lequel les raisonnements de Briot et Bouquet prêtent à des objections. On voit bien sans difficulté que, dans le voisinage de toute va- leur Wg de «', z et u sont des fonctions uniformes de w — (V^, mais cela ne suffit pas pour prouver que z et u sont des fonctions qui n'admettent qu'une détermi- nation pour chaque valeur de w. L'étude approfondie des équations linéaires du second ordre a conduit à une conclusion tout opposée. Pour plus de détails, nous 44o CHAPITRE X. Considérons d'abord le dernier cas, c'est-à-dire le cas d'une courbe de genre zéro F(^, u)=: o et d'une intégrale w = I R{z, u)dz de troisième espèce, ou de seconde espèce avec un pôle simple. Nous avons vu plus haut (§ i30) que z et a peuvent s'exprimer en fonctions rationnelles d'un paramètre t z=f{t), u = o{t)- par ce changement de variable, une intégrale de seconde espèce se change en une fraction simple, telle que A 1 t — a tandis qu'une intégrale de troisième espèce a pour expression On vo.it que, dans le premier cas, z et u sont égales à des fonc- tions rationnelles de pp, et, dans le second cas, à des fonctions w rationnelles de e^. Soit, en second lieu, F(^,z/) = o l'équation d'une courbe de genre i , et ' 'Ri^z, u)dz l'intégrale de première espèce attachée à cette courbe. A une va- leur de iv ne correspond qu'un point analytique (^,«); si, en effet, on pouvait trouver deux points (gi, iii), (^25 1^2) tels que l'on ait OU, plus généralement, tels que (v(^<, Ui) et (v(52, 112) ne diffèrent renverrons le lecteur aux Mémoires de M. Poincaré sur la théorie des fonctions fuchsiennes, et à une Lettre de M. Fuchs à M. Borchardt, insérée dans le Bulletin des Sciences mathématiques (t. IV, 2^ série, p. 334). LE PROBLÈME DE l'iNVERSION. 44» que d'une période, on pourrait former une fonction rationnelle de ^ et de u^ admettant un seul pôle simple {z-^^u-^) et un seul zéro simple {z^^ u^) (§ 179). Or, sur une surface de Riemann de genre/? >> o, il ne peut exister de fonction uniforme admettant un seul infini du premier ordre (§ 174). En résumant tout ce qui précède, on peut donc énoncer le théorème suivant : Étant donnée une courbe algébrique de genre p^ (7) F(^, M) = o, pour qu'il existe une fonction rationnelle R(:5, u) de z et de u telle qu'en posant f ^{z, u) dz, (=0, «0) les coordonnées z et u soient des fonctions uniformes de w, il faut et il suffit que le genre soit égal à zéro ou à un. Si p = o, il suffira de choisir R(^, u). de façon que w soit une intégrale de troisième espèce, ou une intégrale de seconde espèce, avec un pôle du premier ordre. Si p ^= i, on prendra pour w l'inté- grale de première espèce attachée à la courbe. Dans le cas d'une courbe de genre zéro, on a deux, solutions différentes. Si l'on prend pour w une intégrale de seconde espèce, à un point de T correspond une seule valeur de w et inversement. La surface T correspond donc, point par point, à un plan ou à une sphère. C'est, au fond, le mode de représentation ordinaire des courbes unicursales. Si l'on prend pour w une intégrale de troisième espèce, à un point de T correspondent une infinité de valeurs de w comprises dans la formule a-}- 2/^7:/, m étant un nombre entier. Divisons le plan des w en bandes indéfinies de largeur 27: par des parallèles à Taxe des quantités réelles. Lorsque la variable w parcourt une de ces bandes , le point (5, u) passe une fois et une seule fois par tout point de la sur- face T. Pour transformer la surface d'une de ces bandes en une surface fermée, il suffît de réunir les deux bords opposés en appli- quant l'un sur l'autre les deux points qui correspondent aux va- leurs w et w -\- iT^i. On obtient ainsi une surface fermée analogue 442 CHAPITRE X. à un cylindre de révolution indéfini ou à un fuseau très allongé ; cette surface est bien du genre zéro, et les deux sommets du fu- seau correspondent aux points critiques logarithmiques de l'inté- grale de troisième espèce. 202. Soient enfin F (5, z/) = o une courbe du premier genre et (v l'intégrale de première espèce. A un point analytique (^, u) cor- respondent une infinité de valeurs de w comprises dans la formule (V -f- /?zw -H m' bi' , m et m' étant deux nombres entiers et w, w' les deux périodes distinctes, dont le rapport est toujours imaginaire, tandis qu'à une valeur de l'intégrale w ne correspond qu'un point analytique (^, u). Imaginons qu'on ait ramené la surface T à une surface simplement connexe T^ au moyen de deux coupures a et b. Nous pouvons supposer qu'on a pris pour co et (o' les périodes qui correspondent respectivement à ces deux coupures. Lorsque le point (^, u) décrit la surface T', le point qui figure la valeur de w décrit dans son plan une portion finie de surface 0 et les deux surfaces T' et Q se correspondent point par point d'une façon univoque. Il est aisé de se rendre compte de la forme de ù. En effet, lorsque le point [z, u) décrit le bord de la coupure a, le point çç décrit une certaine ligne L; lorsque (5, u) décrit le bord opposé de a, w a augmenté de w, et, par conséquent, à ce bord correspond une ligne égale à L, qui se déduirait de L par une translation de la quantité w. De même, aux deux bords opposés de la coupure b correspondent deux lignes Li et L', , qui se dé- duisent l'une de l'autre par une translation égale à co'. L'aire ù a donc la forme d'un parallélogramme curviligne {fig. 90). Le point (5, u) décrivant le contour total de T', le point w dé- crit le contour ADGBA. Soit maintenant P un point à l'intérieur de ù^ qui représente la quantité imaginaire a. Lorsque le point (^, u) décrit la surface T', l'intégrale w passe une fois et une seule fois par la valeur a. Il est évident d'abord, d'après ce que l'on sait déjà, qu'elle ne peut prendre la valeur a plus d'une fois; mais rien ne prouve jusqu'ici que w atteint bien toutes les valeurs in- térieures à l'aire ù. Pour le démontrer, considérons l'intégrale dw r dw J w — LE PROBLÈME DE l'iNVERSION. 44^ prise le long du contour total de T', dans le sens direct; elle a pour valeur l'accroissement de log((V^ — a) lorsque iv décrit dans le sens direct le contour ADCBA, c'est-à-dire 27:/. D'ailleurs elle Fig. 90. C('((p) est donc une fonction uniforme de w\ lorsque (V^ augmente de co ou de co', le point (.3, u) décrit encore un contour fermé, et $((r) aug- menie d'une période; la dérivée ^'((v) est donc doublement pério- dique, et, comme elle est régulière pour toute valeur finie de tr, c'est une constante et la fonction ((v) se réduit, à une constante (') Il suffit de remarquer que, si (a, |î) est un point de ramification d'ordre r correspondant à Ja valeur w^ de w, z' = {z — o^y est régulière au point iv^. 448 CHAPITRE X. près, à Cw. 11 suit de là qu'il ne peut exister sur la surface T deux intégrales distinctes de première espèce. Les fonctions doublement périodiques À, ik fournissent un exemple bien simple de fonctions doublement périodiques liées par une relation de genre zéro Conformément à la démonstration précédente, à un système de valeurs pour ces fonctions correspondent deux points à l'intérieur d'un parallélogramme élémentaire (^). Il est toujours aisé de choisir deux fonctions doublement pé- riodiques Ui et Uo, aux mêmes périodes, telles qu'à un point ana- lytique (u\, Uo) ne corresponde qu'un point à l'intérieur d'un parallélogramme élémentaire. Il suffît, par exemple, de prendre deux fonctions ayant un seul infini commun du premier ordre, {Vq. La courbe F (^Ui, u^) ^= o possède alors une seule asymptote non parallèle aux axes, et à ce point à l'infini de la courbe ne corres- pondent que les points pPq + '" ^ + '^^'• 205. L'étude des fonctions uniformes sur une surface de Rie- mann du premier genre revient donc à l'étude des fonctions uni- formes doublement périodiques et inversement. Résumons en quelques mots la correspondance qui vient d'être établie. Soient (9) F{z,u) = o une relation algébrique de genre un, cj et to' les périodes de l'inté- grale de première espèce iv. A toute valeur finie (Vq de (^ corres- pond un seul point (a, ^) de la surface T. Si ce point (a, p) n'est pas un point de ramification, on a, dans le domaine du point iVo, 5 — a = A((P — tVo)-h B((ï' — (Vo)2 + . . ., - A 7^ o si le point (a, P) est à distance finie, et - = A( (^ — (^o) -+- B((p — (^o)^ -+- • • • (') BriiOT et Bouquet, Théorie des fonctions elliptiques, p. 35i et suivantes. I LE PROBLÈME DE L INVERSION. 449 si ce point (a, ^) est à l'infini. Lorsque le point (a, ^) est un point de ramification d'ordre r — i, on a z' — A(tp — wq)-^ B(tp — w^y- -h . . ., A 7^ G, où l'on a posé ^ = a H- d^ si le point (a, ^) est à distance finie et ^ = -r- si ce point analytique est à l'infini. De là se déduisent quelques conséquences immédiates. Etant donnée une fonction du point analytique (:;, w), $ (^, w), si l'on j remplace z et u par leurs expressions au moyen du paramètre w, ^(^, it) devient une fonction de la variable çv,^(a'). Si <^(^, ii) est régulière au point (a, |j), ^'((p) est régulière au point (Vq ; si (a, j^) est un zéro de <ï>(^, li)^ w^ est un zéro du même ordre de ^'((v). Lorsque (a, [3) est un pôle ou un point singulier essentiel pour <ï>(^j iL)^ Wç^ est un pôle du même ordre ou un point singulier essentiel pour ^'(fv). De même, un point critique logarithmique sur la surface T se change en un point critique logarithmique sur le plan des w. Par suite, toute fonction rationnelle de z et de u se change en une fonction uniforme doublement périodique à discontinuités polaires. Inversement, toutes les fonctions uniformes doublement périodiques à discontinuités polaires sont des fonctions ration- nelles de deux d'entre elles, convenablement choisies. Toute intégrale abélienne I sur la surface T admet des périodes cycliques et des périodes polaires. Lorsque le point (^, ii) décrit un cycle, w augmente de mw + zico'; par suite l'intégrale abé- lienne I se change en une fonction J (w) qui vérifie deux rela- tions de la forme J(tv -H w) = J(w) -t- K, J(«, + a)')=J((v)-hK'. Si l'intégrale I n'admet pas de périodes polaires, J((v) est une fonction uniforme de w. Si I admet des points critiques logarith- miques, il en sera de même de J(«^). Mais, dans tous les cas, J'((v) est une fonction uniforme doublement périodique n'ayant que des discontinuités polaires. Les intégrales abéliennes relatives à une surface de genre un se changent donc en des intégrales de fonctions uniformes doublement périodiques à discontinuités po- laires. Par exemple, l'intégrale normale de seconde espèce avec un pôle simple (a, P) se change en une fonction uniforme admet- A. ET G. 29 450 CHAPITRE X. tant un seul pôle simple à l'intérieur d'un parallélogramme élé- mentaire et vérifiant les deux relations (.10) Z(pp + w) = Z(«^), Z(^p-h w') = Z((v)-i-G. Ce qui précède explique l'analogie parfaite qui existe entre les propriétés des fonctions rationnelles d'un point analytique sur une surface de Riemann du premier genre et les propriétés des fonctions uniformes doublement périodiques d'une variable. On a rappelé ci-dessous les plus importantes : Sur une surface de Riemann du premier genre. la- Toute fonction rationnelle du point analytique (z, u), qui est régulière en tout point de la sur- face, est une constante. lia. Il n'existe pas de fonction ra- tionnelle R(^, u) admettant un seul pôle du premier ordre. III^. Le nombre des zéros d'une fonction rationnelle R(^, u) est égal au nombre des pôles, cha- cun d'eux étant compté avec son degré de multiplicité. IVa- La somme des résidus d'une fonction rationnelle R(^, u) sur toute la surface est égale à zéro. Va. La somme des valeurs de l'in- tégrale de première espèce pour les zéros d'une fonction rationnelle R(^, u) ne diffère de la somme des valeurs de la même intégrale pour les infinis de R(^, u) que d'une somme de multiples des périodes. Sur un plan indéfini. Ib. Toute fonction uniforme dou- blement périodique d'une variable i^p, régulière pour toute valeur finie de la variable, est une con- stante. II*. Il n'existe pas de fonction dou- blement périodique admettant un seul pôle simple à l'intérieur d'un parallélogramme élémentaire. III^. Le nombre des zéros d'une fonction doublement périodique à l'intérieur d'un parallélogramme élémentaire est égal au nombre des pôles , chacun d'eux étant compté avec son degré de multi- plicité. ly b- La somme des résidus d'une fonction doublement périodique à l'intérieur d'un parallélogramme élémentaire est nulle. y b' La somme des zéros d'une fonc- tion doublement périodique et la somme des infinis contenus dans un même parallélogramme élé- mentaire ne diffèrent que par une somme de multiples des périodes. LE PROBLÈME D E l' IN VE R S I OX. 4^1 Les propositions mises en regard se déduisent l'une de l'autre par la transformation que nous étudions, sauf les propositions l\a et IVô. En effet, si un point de ramification (a, ^) d'ordre r—i est un pôle pour ^{z, u), le résidu relatif à ce pôle est égal à /• fois le coefficient de ^-^ dans le développement, tandis que le coefficient de — ^- — - dans W{w) provient du terme en — dans $(c, u). Le théorème IV^ correspond au théorème suivant : La somme des résidus du produit ^{z, u) -^ sur toute la sur- face T est nulle. En effet, remarquons que cette somme est égale, au facteur 21^/ près, à l'intégrale prise le long du contour total de ï', et cette intégrale est elle- même égale à l'intégrale /• prise le long du contour d'un parallélogramme élémentaire; cette dernière intégrale est à son tour égale au produit de irù parla somme des résidus de ^{w) dans ce parallélogramme : ce qui donne la proposition \S i- Le théorème IV^ transformé donnerait celui-ci : La somme des résidus duproduit W{w) -r- dans un parallélogramme élémen- taire est nulle; proposition qui, au fond, ne diffère pas de la pro- position \S hi puisque -v^ est aussi une fonction doublement pério- dique. Le théorème V^ est connu sous le nom de théorème de Liou- villej on voit que c'est une simple conséquence du théorème gé- néral d'Abel. Du reste, la démonstration peut se faire de la même façon; si l'on considère en effet l'intégrale /' prise le long du contour total du parallélogramme élémentaire, 452 CHAPITRE X. on en déduit sans peine la relation entre les zéros et les infinis de W(w). Or, c'est précisément le procédé qui nous a servi pour établir le théorème d'Abel dans le cas le plus général. On pourrait de même se proposer de déduire de toutes les propriétés que nous avons obtenues pour les fonctions ration- nelles d'un point analytique (z, u) et leurs intégrales les proprié- tés correspondantes des fonctions doublement périodiques et de leurs intégrales. Mais il est à remarquer que Ton n'obtient ainsi rien d'essentiellement nouveau, ni quant aux résultats (dont les plus importants sont antérieurs aux recherches de Riemann), ni quant aux méthodes de démonstration. En effet, le procédé qui nous a servi constamment consiste à évaluer de deux façons une certaine intégrale prise le long du contour total de T'. Si, dans le cas de p = i, on passe de la surface de Riemann au plan des w, l'inté- grale prise le long du contour total de T' devient une nouvelle intégrale prise le long du contour du parallélogramme élémen- taire. Or la considération de pareilles intégrales convenablement choisies constitue précisément un des moyens les plus simples d'établir les propriétés fondamentales des fonctions doublement périodiques et de leurs intégrales. Nous nous bornerons à ces indications, notre but n'étant pas d'écrire un traité des fonctions doublement périodiques. 206. Dans leurs célèbres recherches sur les équations différen- tielles, Rriot et Bouquet s'étaient posé la question suivante : Etant donnée une équation différentielle du premier ordre oit F est un polynôme entier en u ^t -r- ^ reconnaître si cette équation admet une intégrale uniforme. Ce problème n'est au fond qu'un cas particulier de celui qui du dz vient d'être traité. Posons, en effet, U = -7-; la relation (it) devient (12) F(^.,U) = o, LE PROBLÈME DE l'iNVERSION. 453 et l'on a , du d'où /du Si u est une fonction uniforme de z^ il en est de même de U = -T-5 et l'on voit que les coordonnées d'un point de la ciz ^ ^ courbe (12) sont des fonctions uniformes de l'intégrale abé- lienne z^ /Tf attachée à celte courbe. Inversement, si u et U sont des fonctions uniformes de l'intégrale abélienne Zy on a — =U, et la fonction uniforme u de z vérifie bien l'équation proposée (i i). Donc, pour que V équation (i i) admette une intégrale uni- forme, le genre de la relation F(z^,U) = o doit être égal à zéro ou à un; si le genre de cette relation est égal à zéro, V intégrale abélienne j -p- doit être une intégrale de seconde espèce avec un seul pôle du premier ordre, ou une intégrale de troisième espèce avec deux points critiques logarithmiques ; si le genre de la relation est égal à un, V intégrale / -rj doit être de première espèce. Suivant les trois cas qui peuvent se présenter, l'intégrale de l'équation (i i) est une fonction rationnelle de^, ou une fonction rationnelle de e^^., ou une fonction doublement périodique, n'ad- mettant que des discontinuités polaires. On vérifiera facilement que les conditions précédentes ne diffèrent que par la forme de celles qui ont été obtenues par Briot et Bouquet. 207. Lorsqu'on se trouve dans l'un des cas où l'intégrale est uniforme, on peut effectuer l'intégration au moyen d'une mé- thode très simple, qui a été donnée par M. Hermite dans son cours de l'Ecole Polytechnique, en i8^3. Supposons que la courbe représentée par l'équation (12) soit du genre zéro; alors on peut exprimer u et -r- en fonctions rationnelles d'un para- 454 CHAPITRE X. mètre t et l'équation proposée donne Si l'on a pris pour t le paramètre qui correspond d'une façon univoque aux points de la courbe (12), la nouvelle équation dt _ (o(t) dz-fJT) doit admettre une intégrale uniforme, ce qui exige que l'inté- grale \^ admette un seul pôle du premier ordre, ou deux points critiques logarithmiques. On sera donc ramené à l'une des équations suivantes dt _ k dt _ k A dt _ k. dt _ dz t — a dz t — a t — h dz {t — a)^ dz ' dont l'intégration est immédiate. De même, si la relation (12) est du premier genre, on peut ex- primer u et -77 par des fonctions rationnelles d'un paramètre t el ctz de la racine carrée d'un polynôme B(^), du troisième ou du qua- trième degré. Soient u =^ f[t, ^K(T)i ^; = ?[^/rTô]; dz on en déduit une nouvelle équation dz où P est une fonction rationnelle, qui doit admettre une intégrale uniforme, si le paramètre t a été choisi convenablement. Ceci exige, nous venons de le voir, que l'intégrale abélienne / dt P[t,s/R{t)] soit de première espèce, c'est-à-dire que P se réduise à Cy/R(/) LE PROBLÈME DE l' INVERSION. 4^5 C désignanl une constante, et l'équation difFérentielle proposée est ramenée à la forme classique (,3) g=Gv/R(7). Remarquons que le procédé de M. Hermile s'applique à toutes les équations différentielles algébriques du premier ordre ne con- tenant pas la variable indépendante, pourvu que le genre soit zéro ou un. 208. Considérons en particulier les équations binômes du \ '" /du \d^ F (li) étant une fonction rationnelle de u^ dont l'intégrale géné- rale est uniforme. Pour qu'il en soit ainsi, il faut d'abord que la relation U'" = F(?/) soit du genre zéro ou un. Or, nous avons énuméré, à la page 245, toutes les équations binômes du genre zéro ou un; il suffira donc de prendre les équations binômes de genre zéro pour lesquelles l'intégrale / -— - = / est une intégrale de seconde ou de troisième espèce et les équations de genre un pour lesquelles cette intégrale est de première espèce. Cet exa- men ne présente aucune difficulté, et il nous suffira de donner le Tableau des équations binômes dont l'intégrale générale est uniforme : 1° Équations dont l'intégrale est une fonction rationnelle de z : du du , , ^ du , ^ '-^^-^ , -. , ^^^—~ du , , ^-^ du , , w— j^ 2° Equations dont l'intégrale est simplement périodique : du . . . . . du . . -^= g{u — a){u — b), —=g{u — a), du , ^ I i— — du r 7— -^= g{^u — a)slKu — b)^u—c), -j_ =gsj^u — b)^u — c), -j2 = g{u — a)^u — b. 456 CHAPITRE .X. 3° Equations dont l'intégrale générale est uniforme et double- ment périodique : (i4) (^y = Q[u-a){u-b){u-c){u-d), ^'^^ (^^y = G{u-a){u-b){u-c), ( i6) l^y = G( w — a)2 (m - bf {u — c)2 , (17) {~y = 0(u-aY{u-br-, f du \ ^ (18) (^^j =Ç.{u-aY{u-b)Hu-c)\ (19) (^'y = G(..-a)^(w-6)3, (21) (^^j =C(^-a)3(^_6)H^~c)S (22) (^gy = G(^-a)3(^-6)S (23) (24) {^^' = ç,^u-bY{ii-c)K Les équations dont l'intégrale est rationnelle ou simplement périodique s'intègrent immédiatement. Pour ramener les équa- tions dont l'intégrale est doublement périodique à la forme cano- nique (i4) ou (i5), il suffit d'employer la méthode de M. Hermite. On a déjà vu (n° 133) comment on peut exprimer les coordonnées d'un point d'une courbe de genre un, représentée par une équa- tion binôme, par des fonctions rationnelles d'un paramètre t et de la racine carrée d'un polynôme R(^) du troisième ou du qua- trième degré. L'application de la méthode de M. Hermite n'offre donc aucune difficulté. Nous indiquerons rapidement les résul- tats. On passe de l'équation (i6) à l'équation (17) en changeant u en c H Si l'on pose, dans l'équation ( 1 ^), -7^ = G^^, on en tire Ç^t-^ = {^u — a){ii — b), LE PROBLÈME DE l'iNVERSION. 4^7 et par suite a-^b J / y— 77T-r- 1 la nouvelle fonction inconnue t est déterminée par l'équation dt (25)' 3 :=^(^a — 6;^ + 4G^3, Les trois équations (i8), (19) et (20) forment un seul groupe, car on passe de l'équation (18) à l'équation (19) en changeant u en c H — j et de l'équation (20) à l'équation (19) en changeant w en (7 H — • Il suffît donc de considérer l'équation (19) ; en posant il vient _^ = G^ \/\b — a-\- Gt-)t, et, par suite, (26) 2 ^_ =v/^(6 — a-t-G^'). De même, les quatre équations (21), (22), (23), (24) se ramè- nent par une substitution linéaire à l'équation (22). Si l'on pose dans cette dernière u = b -^ P, il vient du -— = GW- sj b — a^f^, CLz et l'on a, pour déterminer t^ l'équation différentielle (27 j 3^ =G^slb — a-^tK On trouvera d'autres exemples intéressants dans la Théorie des fonctions doublement périodiques (p. 398-4 16). 209. Voici une autre application importante des résultats ob- tenus. Etant donnée une fonction analytique uniforme /(^) d'une variable z, on dit que cette fonction admet un théorème d'addi- 458 CHAPITRE X. don, s'il existe une relation algébrique entre /(^), f{t) et J'(^z + t)^ quelles que soient les valeurs de z et de t. Soit (28) ^m^)J{t)J{z + t)-\ = o cette relation, § désignant un polynôme entier en /(^), /(O? f{z-\-t). Posons, pour simplifier, uz=f(z)^ ç=f(t). w^=f(z-\-t); en différentiant l'équation (28) par rapport à ^ et par rapport à t successivement, il vient f (z)- — h -r- f (z + n = o, En éliminant f \z + t) entre ces deux relations, on trouve (.9) 2/'(^)-|?/'w = °' enfin, si l'on élimine f{z + t) entre les équations (28) et (29), on obtient une nouvelle relation algébrique (3o) *[/(^),/(^),/(0,/(0]-o. Attribuons à t une valeur fixe quelconque f 0 ; on voit qu'il existe une relation algébrique entre /(^) et /'(^). Donc (n« 206), les seules fonctions uniformes qui puissent admettre un théorème d'addition sont : i'' les fonctions rationnelles de z; 2° les fonctions rationnelles de e«^; 3° les fonctions doublement pé- riodiques de z, n'admettant que des discontinuités polaires à distance finie. Nous n'insisterons pas sur la démonstration de la proposition réciproque, qui est bien connue. 210. Le problème résolu au début de ce Chapitre peut être généralisé de différentes façons. Considérons encore une intégrale abélienne ' R(^, u) dz, attachée à une courbe algébrique du genre />, (3i) F{z,u) = o. LE PROBLÈME DE l' INVERSION. 459 Si Ton ne se trouve pas dans l'un des trois cas qui viennent d'être examinés, à une valeur de l'intégrale iv correspondent plusieurs points analvtiques (z, u) sur la surface de Riemann. Nous allons rechercher quelle doit être la nature de l'intégrale (v pour qu'à une valeur quelconque de cette intégrale ne correspondent qu'un nombre Jl ni de points analytiques qui donnent la même valeur à l'intégrale (tp; il est clair que, si l'on se donne un de ces r points (^, w), les /• — I autres points (^, , w, ), (^o? ''2)7 • • • ? (^r-n ^'r-i ) sont déterminés par la même. Donc, toute fonction symétrique des coordonnées de ces /• — i points est une fonction uni/orme du point analytique (Zj u). Si l'on prend, en particulier, une fonction rationnelle et symétrique de ces coordonnées, on voit aisément que, considérée comme fonction de (^, «), elle ne peut admettre que des discontinuités polaires; c'est donc une fonc- tion rationnelle de z et de u. Cela posé, soit cp(^, a) une fonc- tion rationnelle quelconque; la somme ^{Z, u) = cp(^, u)-i- o(Zi, Ui)+. ..-h 0(Z,.-1, Ur-i) est encore une fonction rationnelle et il est clair, d'après la forme du second membre, que celte fonction rationnelle reprend la même valeur en tous les points d'un même groupe. Soit 'b{z^ u) une autre fonction rationnelle et W{Z, u) = '\>{Z, u)^^{Zi, Ui)-\-...-h'i>{Zr-i, Ur-l) la fonction correspondante. Si l'on pose Z = *(^, w), U = '¥{z,u), le point de coordonnées (Z, U ) décrit une courbe auxiliaire C|, qui est une transformée simplement rationnelle de C. Si à un point (Z, U) correspond un point (z^u)^ il est clair qu'au même point (Z, U) correspondent tous les points de G qui appartiennent au même groupe que (z, u). Je dis qu'on peut choisir les fonc- tions cp et ^ de telle façon qu'à un point (Z,U) ne correspondent que les points d'un même groupe sur G. En effet, prenons pour (s{z^u) une fonction rationnelle admettant v pôles simples (a,, 3,), ..., (av, pv) appartenant à des groupes différents ^,, g2, . . . , ^v et pour à{z, u) une fonction admettante pôles simples 46o CHAPITRE X. (a<, j3<), (a^, jB'^), . . . , (a'p, ^p) appartenant à des groupes diffé- rents .^^, ^;, ..., g'^^ les groupes g., . . . , ^v, g'.,, ••-,/? étant tous différents. Les fonctions ^{z^ u) et ^(^, m) deviendront si- multanément infinies pour les points du groupe ^i et pour ceux-là seulement. La courbe auxiliaire G< a donc un point à l'infini auquel ne correspondent, sur la courbe G, que les points du groupe g^. A un point de Ci voisin de ce point à l'infini ne peut correspondre qu'un groupe de points sur G, voisin de g^. S'il en était autrement, à une valeur très grande de Z devraient corres- pondre plusieurs points voisins de (ai, p< ), ce qui n'a pas lieu puisque ce point est un pôle simple de ^(s, u). Soit (32) #(Z,U)=:0 l'équation de la courbe auxiliaire G,. A. un point (Z, U) de cette courbe correspondent r points de la première courbe, en chacun desquels l'intégrale w reprend la même valeur, à des multiples près des périodes; donc -^^ est une fonction uniforme du point analytique (Z, U). D'ailleurs, il est clair que cette dérivée est une fonction algébrique de Z; par conséquent, w est égale à une inté- grale abélienne attachée à la courbe auxiliaire (Sa). A une valeur de cette intégrale w correspondent r points de la courbe primitive (3i) et un seul point de la courbe auxiliaire Gi ; nous sommes donc ramenés au problème primitif. A chaque solution de ce pre- mier problème correspond une solution du problème généralisé. Si la courbe (32) est du genre zéro, l'intégrale w peut être de seconde ou de troisième espèce; dans le premier cas, w est une fonction rationnelle de (Z, U) et, dans le second cas, w est égale au produit d'une constante par le logarithme d'une fonction ra- tionnelle de (Z, U). Si l'on revient à la courbe primitive, on voit que w est égale à une fonction rationnelle de z et de u^ ou au logarithme d'une pareille fonction, multiplié par une constante. Lorsque la courbe auxiliaire Gi est du genre un, l'intégrale w est de première espèce et a deux périodes, nécessairement dis- tinctes (n^ 70). Après la transformation rationnelle qui conduit de la courbe Gi à la courbe donnée (3i), w se change en une inté- grale de première espèce relative à cette courbe, dont toutes les LE PROBLÈME DE l'iNVERSION. 46i périodes se réduisent à deux. En résumé, si à une valeur de V intégrale ahélienne w ne correspondent qu'uîi nombre fini de points de la courbe F(^, «) = o, il peut se présenter trois cas : 1° w est une fonction rationnelle de z et de w^ 2° w est égale au produit d'une constante par le logarithme dune fonction rationnelle de z et de u; 3^ w est une intégrale de première espèce, dont toutes les périodes se réduisent à deux périodes distinctes. On a vu plus haut (n° 158) les conditions nécessaires et suffi- santes pour qu'une intégrale abélienne tvse réduise à une fonction rationnelle. Il est plus difficile d'obtenir des conditions suffisantes pour que l'intégrale appartienne à une des deux autres catégo- ries (n"^ 161-166). Remarquons que chacune de ces trois espèces d'intégrales fournit bien une solution du problème proposé. Ainsi, dans les deux premiers cas, on a w = 'f{z, u) ou '^(^, u) étant une fonction rationnelle de z et de u; les points ana- lytiques (zj u) qui correspondent à une valeur de w sont fournis par la résolution des deux équations F(z, u) = o, o{z, u) = w OU w F{z, u) = o, o{z, u) = e^ . Lorsque w est une intégrale de première espèce n'admettant que deux périodes w, w', le rapport — est nécessairement imagi- naire (n° 166). Soit )v((v) une fonction uniforme doublement pé- riodique, aux périodes co, co', n'ayant que des discontinuités po- laires à distance finie ; si l'on remplace w par l'intégrale précédente, 'k(w) devient une fonction rationnelle cp(^, u) de z et de u. Les coordonnées des points (z^ u) qui correspondent à une valeur de iv s'obtiennent par la résolution des équations simultanées F(j, a) = o, o{z,u)=l(w). 462 CHAPITRE X. 211. Etant donnée une équation différentielle algébrique du premier ordre , du pour que cette équation admette une intégrale qui ne prenne qu'un nombre yZ/ii de valeurs pour chaque valeur de z, il faut et il suffît, d'après cela, que l'intégrale abélienne ^=f^^ où F(w,U) appartienne à une des trois catégories précédentes; nous n'avons qu'à répéter le raisonnement du n° 206. Par conséquent, si Vintégj^ale d^une équation de la forme F( î/, -p ) = o, oii F est un polynôme entier en u et -j^^ n^ ad- met qu'un nombre limité de valeurs pour chaque valeur de z^ cette intégrale est racine dune équation algébrique entière en u^ dont les coefficients sont, soit des fonctions rationnelles de z, soit des fonctions rationnelles de e"^, soit des fonctions uniformes doublement périodiques, aux mêmes périodes, n'ayant que des discontinuités polaires à distance finie ('). 212. Quand on ne se trouve pas dans l'un des cas qui viennent d'être examinés, l'inversion d'une intégrale abélienne conduit à des fonctions qui admettent une infinité de valeurs pour chaque valeur de la variable. Par exemple, la fonction inverse de l'inté- grale elliptique de seconde espèce ou, ce qui revient au même, une intégrale de l'équation différentielle dz ) ~ u'* admet une infinité de valeurs pour chaque valeur de z {^). Dans son célèbre Mémoire sur les fonctions quadruplement périodiques de deux variables (Journal de C relie, t. J3), Jacobi a posé (') Briot et Bouquet, Journal de l'École Polytechnique, 36® Cahier. (^) On pourra consulter sur ce sujet deux Mémoires de M. Casorati {Acta ma- thematîca, t. VIII, p. 345-38G). LE PROBLÈME DE l'iNYERSION. 463 d'une autre façon le problème de l'inversion pour les intégrales hyperellipliques de genre 2. L'énoncé a été ensuite étendu aux intégrales abéliennes relatives à une courbe quelconque de genre /?•, le problème ainsi généralisé est appelé le problème de Vin- version de Jacobi. On peut le formuler de la manière suivante : Soient (V,, w.2, • . ., ^Vp les p intégrales distinctes de première espèce attachées à une courbe de genre/?; nous supposerons qu'on a pris une même limite inférieure (^05 ''0) pour toutes ces inté- grales. Les/? équations ( -0, "0 ) •- ( -0, "0 ) (33) \ I «?«'.2+ / dw2-\-...-{- j dWi = Vo, (Zo.//oi dizn.iia^ d(z„,Un) .(=i,"i) f dwp-{- j dwp-^. . .-^ j (Zo,Uo) ^(-0>"o) d{Zo,Uo) dwp= Vjj, où les intégrales qui ont même limite supérieure sont supposées prises suivant le même chemin, déterminent les p points analy- tiques (^,, w,), {zo, 11-2), •••) i^'p, Up) en fonction des/? variables t'o ^'2? •••) ^>- C'est la détermination effective de ces p limites supérieures au moyen de r,, Co, .. ., Vp qui constitue le problème de Jacobi. La solution a d'abord été obtenue pour les intégrales ultra-elliptiques de genre 2 par Gopel ('), et par Rosenhain dans son Mémoire couronné (-). M. Weierstrass (^) a ensuite étendu la solution aux intégrales hyperellipliques de genre quelconque. Enfin Riemann et M. Weierstrass ont obtenu simultanément la solution du problème dans toute sa généralité au moyen des fonc- tions 0 de /? variables. L'étendue de cet Ouvrage ne nous permet pas de l'exposer ici; nous nous bornerons à montrer comment, à un système de valeurs de v^^ t^o, ..., Vp, il ne correspond, en (•) Gopel, Theoriœ transcendentium Abelianarum primi ordinis adiim- bratio levis {Journal de Ci'elle, t. 35, 1847). (^) Rosenhain, Mémoire sur les fonctions de deux variables et à quatre pé- riodes qui sont les inverses des intégrales ultra-elliptiques de la première classe {Mémoires des savants étrangers, t. XI, p. 36i-46S). (^) Weierstrass^ Zur théorie der Abel'schen Functionen {Journal de Crelle, t. 47, p. 289-806; t. 52, p. 285-38o). 464 CHAPITRE X. général, qu'un seul système de points analytiques (^,, î/,), ..., (-/>, Up)' Remarquons que les équations (33) peuvent être remplacées par un système d'équations aux différentielles totales du premier ordre : icpi (^1, Ui)dz^-^. . .+ cpi {zp, Up)dzp= dvi, cp2(si, ? ^p-, pour lesquels il y a indéter- mination, à des valeurs de Pi, ^2? •••) ^p ne correspond qu'un seul système de points analytiques (^). Ce résultat peut aussi se déduire du théorème d'Abel. Supposons, en effet, qu'à un système de valeurs pour t'< , (^05 •••, Vp^ il corresponde deux systèmes de points analytiques (^i, u^)^ . . .j (zp^ Up) el {z\, u\) , .. ., (z'^^ w^). Les équations (33) nous donnent p p 2 ^^(^à, Uh) = ^ «^i(4, u',,), i= I, 2, Ce sont les conditions nécessaires et suffisantes pour qu'il existe une fonction rationnelle (p (^, u) admettant pour pôles du premier ordre les/? points (^,, ?/<), . . ., (^^, Up) et pour zéros les/? points {z\y u\), . . ., (^^, u'p) (n° 179). Cette fonction, ne devenant infinie du premier ordre qu'en p points seulement, est une fonction spé- ciale, et l'on peut faire passer par ces p pôles une courbe adjointe d'ordre m — 3 (n° 170). Cette courbe adjointe rencontre en outre la courbe proposée en p — 2 points simples (a,, j3i), . . ., (*) Foi> Briot, Théorie des fonctions abéliennes (Chap. IX). Le raisonnement est soumis aux mêmes objections que pour /> = i. LE PROBLÈME DE l'iNVERSFON. 4^5 (a^_2, (3^-2) et l'on voit que (^,, r^. •.., t> doivent être de la forme (35) Pi=^ 2K1— V tvi(ay,, P/0, ..., Vp= iKp— 2^ ii'pjvi, ^h), 2K/ désignant la somme constante des valeurs de l'intégrale w^ aux 2p — 2 points d'intersection variables de la courbe pro- posée avec une courbe adjointe de degré 77i — 3. Par consé- quent, si les valeurs de r,, To, . . . , (-'^ ne sont pas de la forme (35), il ne peut j avoir plus d'un système de points analytiques vérifiant les équations (33). Mais si ('<, ç^y • - • ■, ^p sont de la forme (35), il j a une infinité de systèmes de p points analyti- ques répondant à la question. En effet, si l'on fait passer par les p — 2 points (y./i, ^/i) une courbe adjointe d'ordre m — 3, elle rencontre la courbe proposée en p autres points distincts des points multiples qui, d'après le théorème d'Abel, satisfont bien aux équations (33). En résumé, lorsqu'on fait décrire aux va- riables indépendantes ç'i, (^2? •••) ^p des contours fermés dans leurs plans respectifs, les p points analytiques (^, , u^), . . . , (Zp, Up) ne peuvent que s'échanger entre eux, sauf pour des systèmes de la forme (35) où il y a indétermination. Toute fonction ration- nelle et symétrique des coordonnées de ces p points est une fonc- lion uniforme des p variables indépendantes v^^ i^o, ..., Vp^ devenant indéterminée pour les valeurs de la forme (35). C'est une fonction abélienne ; elle s'exprime au moyen des fonctions 0 àe p variables, où les arguments sont précisément (-'4, v^i • • • , ^p- Si l'on fait décrire à un des points (^/, ut) un cycle sur la surface de Riemann, ^j, t^o? • - -i ^p augmentent d'une période; on voit donc que les fonctions abéliennes sont des fonctions de p variables, admettant ip systèmes de périodes simultanées. 213. Le problème d'inversion de Jacobi a été étendu par diffé- rents géomètres au cas où l'on ajoute, aux p intégrales de pre- mière espèce, un certain nombre d'intégrales abéliennes pré sentant des points de discontinuité sur la surface de Riemann (* ). (•) On trouve déjà des exemples dans le Mémoire de Rosenhain (Savants étrangers, t. XI). Voir aussi Clebsch {Journal de Crelle, t. 64); Clebsch et A. ET G. 3o ^66 CHAPITRE X. Supposons, pour fixer les idées, que l'on prenne, avec [es p inté- grales de première espèce (v, , w., . . . , Wp^ q intégrales de seconde espèce avec un seul pôle du premier ordre, Ç(^, i^^ a,, p<),. . ., Ç(s, w; a^, !^^), et r intégrales de troisième espèce m^i'.%..., TîîT^'^'°'', quelques-uns des points (a/i, ^a) pouvant aussi être des points critiques pour quelques-unes des intégrales de troisième espèce. La méthode que nous allons suivre s'applique d'ailleurs au cas général. Considérons les n ^= p -\- q -\- r équations (36) Wi{ZuUx)^Wi{z^^,m})^...^Wi{Zn,Un) = Vi, {1 = 1, '1. ...,/?). (37) J;(-Si, Mi;a/i, P/0+..-+ Ki^n, Un] '^/n i^/j ^ ^h, {h=i,2....,q)., (38) r^X^z,,u,)+...-^r^^fi{zn,u^.) = ^l. {k = i, 9^. . . . , r), OÙ l'on suppose que l'on prend la même limite inférieure (^o, lio) pour toutes les intégrales, et où les intégrales qui ont la même limite supérieure sont prises suivant le même chemin. Si l'on re- garde dans ces équations ^i, th, txa comme des variables indépen- dantes, elles définissent, en fonction de ces n variables, les // points analytiques (5^, u^), ..., (^,., Un)- Nous allons montrer qu'à un système de valeurs arbitrairement choisi pour les va- riables Vi^ th, '^k, il ne correspond en général qu'un seul système de points analytiques (s,, u^), . . ., {zn, Un). Prenons sur la surface de Riemann n + p points (^,, r,,), . . . , {\n+pi fin+p)^ absolument quelconques. La fonction rationnelle la plus générale du point analytique {z, u), qui devient infinie du premier ordre en ces n -{-p points seulement, dépend de /? -h i constantes arbitraires, si ces points n'ont pas été choisis d'une façon particulière, comme nous le supposons (n° 169). Soit *(^, u) F{z,u) *i(2, w) l'expression générale de cette fonction^ ^i{z,u) est un poly- nôme parfaitement déterminé, tandis que (^, u) est une fonc- tion linéaire et homogène de /i + i coefficients arbitraires Ao, GouDAN {Abelschen Fitnctionen) ; Elliot {Annales de l'École Normale, 2" série, t. XI); Appell {Journal de Mathématiques, ^ série, t. I); Goursat {Comptes rendus, t. XV, p. 787-790; 1892). LE PROBLEME DE L INVERSION. 467 A,, . . ., A,;. Cette fonction F(::, u) admet n -\~ p zéros variables avec Ao, A, , . . . , A„; nous allons chercher à déterminer les coef- ficients ki en fonction des quantités r/, th^ ~a, de façon que n de ces zéros soient précisément les n points analytiques (^zi^ ui) dé- finis par les équations (36), (37) et (38). Le problème étant sup- posé résolu, désignons par {z\^ u\), . . . , {z^^ u^) les p zéros res- tants de F (5, u). D'après le théorème d'Abel, on a Wi{Zi, Ml) -i-. ..— Wi{Zn,Un) -^ Wi{z\,ll\)—. . .~Wi(Zp,u]j) n-hp les équations (36) peuvent donc être remplacées par les suivantes (39) ^'^i{^'i,ih)—'--—iVi(^'p,ii'p) = Mi—Vi (f = i, 2, . .../?). et nous venons de voir qu'à un système de valeurs de ç^, (^o, .... i>p il ne correspond, en général, qu'un seul système de points analytiques {z\^ u\ ), . . . , (^^, 11^). Les p équations ^{z\,u\)-^o. .... *(4,«p) = o sont aussi équivalentes aux p équations <4o) (-'iy*(-',,w'i)H-...— (4)'*(4.w;,) r^ G (i = o, 1,2, ...,^— I). qui sont encore linéaires par rapport aux coefficients A^, A, , . . . , A„, mais qui, de plus, sont des fonctions symétriques des/? points {z\, u^), . . ., [z'p^ ii'p). On a donc ainsi p équations linéaires et homogènes en Aq, A,, ..., A,,, dont les coefficients sont des fonctions abéliennes de ^1, Co? • • •? ^>- Appliquons maintenant le théorème d'xVbel aux intégrales 'C et TH. On a (n° 183, I80) = 2 ^^'^■' "'^5 ^'- P^*^- d~z ^«S^^^^^- ?'^)' 7 = 1 ,^;5;, .„«,)-.. . + <-:(-.«») -, parles équations (Sg), et nous savons déjà qu'à un système de valeurs de t^i , (^o, • • • , ^/> ne correspond qu'un seul système de points analytiques {z\, u\), . . ., {z'^, u'p). Par consé- quent, lorsque les variables indépendantes <^\^ ç^^ • • • , ^/7 décri- vent, dans leurs plans respectifs, des chemins fermés quelconques, les p points {z' ^ u') décrivent des chemins fermés ou se permutent entre eux. On peut évidemment supposer que chacun de ces points décrit un chemin fermé, puis que quelques-uns d'entre eux se permutent, sans que les nouveaux chemins décrits franchissent aucune des coupures a, 6, c. Or, après que ces p points auront décrit de pareils chemins, la somme (^^ aura diminué de la quantité m< , . . . , m^p étant des nombres entiers, et w^^, , . . . , to^^sp les 2/> périodes de l'intégrale wi] la somme LE PROBLÈME DE l'iNVERSION. 4^9 aura augmenté de la période A'i, .... A-o^ étant les 2/? périodes correspondantes de Ç( s, w;aA, ^a), et la somme aura augmenté de même de mi Hi -^ . . . -h m.2/j Ho/j -^ 'i m'rJ, Hi, .... Ho;, étant les ip périodes cycliques de t^Îz^u) et m' étant un autre nombre entier. Pour que p,, .... Vp reviennent à leurs valeurs initiales, il faut que tous les nombres entiers 7?i,, ..., in.^p soient nuls, car on ne peut avoir les/? relations nii co/4 -T- . . . -f- m^p oii^op = o, ( f = I ,...,/? ), pour des valeurs entières des coefficients m, sauf pour mi = . . .=^ m.2p = o {n° 74). Par conséquent, lorsque les va- riables Vi, . . . ^ Çp reviennent à leurs valeurs initiales, il en est de même de la somme et de En résumé, les n -h i inconnues Aq, A,, . . . , A„ sont déter- minées par n équations linéaires et homogènes dont tous les coefficients sont des fonctions uniformes de (-'< , . . . , Çp^ ^, , . . . , ^^, 7:4, .... -,.. Les équations (36), (3-) et (38) définissent donc un seul système de points analytiques, sauf les cas d'indétermina- tion qui peuvent se présenter. 4/0 CHAPITRE XI. CHAPITRE XI. COURBES NORMALES. MODULES (i). Théorème de M. Schwarz. — Transformations birationnelles d'une courbe de genre un en elle-même. — Courbe normale de Clebsch. — Courbe normale de Nôther. — Modules d'une classe de courbes algébriques. — Généralités sur les transformations simplement rationnelles. 214. Nous allons d'abord compléter, sur un point essentiel, la théorie des transformations birationnelles des courbes algébriques. On a déjà remarqué (n°' 131, 134) que les courbes de genre zéro et Uîi se changent en elles-mêmes par une infinité de transformations birationnelles; ce sont les seules courbes qui jouissent de cette propriété. Nous commencerons par démontrer le théorème sui- vant, dû à M. Schwarz : // ne peut exister de transformation birationnelle, renfermant un paramètre arbitraire, qui change en elle-même une courbe de genre supérieur à un (-). Soient, en effet, (I) f{z,u) = o l'équation d'une courbe algébrique C de genre/? >> i , et ^' = R (^z, u. t), (2) u' =^ R'(^, u, t) des formules définissant une transformation birationnelle dépen- dant d'un paramètre arbitraire t. Admettons, pour un moment. (^) Auteurs à consulter : Riemann, Abel'schen Functionen; Brill et Nother, Mathematische Amialeii, t. VII; — Clebsch et Gordan, Théorie de?^ Abel'schen Functionen j — Klein, Théorie der elliptischen Modul functionen, t. I; — E. Picard, Traité d'Analyse, t. II, p. 436-458. (') Schwarz, Journal de Crelle, t. LXXXVII. La démonstration que nous don- nons ici est due à M. Picard. COURBES NORMALES. MODULES. 4/1 que le point [z', u') décrit la courbe C, lorsque le point (^, u) dé- crit la même courbe, quelle que soit la valeur attribuée au para- mètre t. Considérons p intégrales distinctes de première espèce attachées à la courbe G /Q,(z, M)â?s rQ2(z,u)dz rQp(z, u)dz J u *J J u J J u puisque, par une transformation birationnelle, toute intégrale de première espèce se change en une nouvelle intégrale de première espèce, l'intégrale / ^' " — ^- doit en particulier se changer en »/ J u' une nouvelle intégrale de la forme ^ .^^ rq,(z',u')dz' ^ rx,Q,(z,u)-^...^\„Qp{z,u) ^^^ J J ui J J it A<, . . ., A^ étant des constantes indépendantes de (;, u). Nous allons montrer que ces coefficients ne dépendent pas non plus du paramètre t. En effet, donnons à ce paramètre une valeur fixe ^o> d'ailleurs arbitraire, et faisons décrire au point (^, u) un cycle sur la surface de Riemann ; le point (y, ii!) décrira aussi un cycle. Lorsque le paramètre t prend ensuite une valeur voisine ^o -1- h^ le cycle décrit par (^', ?^') ne diffère qu'infiniment peu du premier et la période reste la même. Soient co,, W2, . . . , to^ les périodes des p intégrales de première espèce correspondant au cycle décrit par le point (^, ii) et co' la période de l'intégrale / Q,(c\ u)dz f'w correspondant au cycle décrit par le point (5', u') ; on a entre les coefficients A, , Ao, . . . , A^r, la relation CO, = Aj Wj — A2 'Oo-r- . . . ~ A-pOJp. Faisons maintenant décrire au point (z, u) les p cycles dont chacun franchit une seule coupure a./, on établit ainsi, entre les coefficients A,,A2. . . . , A^, p relations linéaires, dont le déter- minant n'est pas nul, où ne figure pas le paramètre /. Ces coeffi- cients sont donc des constantes indépendantes de t. En prenant 472 CHAPITRE XI. une nouvelle intégrale de première espèce, on aura de même (4) rQ.Xz', u)dz' _^ rniQiiz. u)^...^Bf,Q,,(z, u) ^^^ U J u< J J u les coefficients B,, . . . , B^ ne dépendant pas de t. Des équations (3) et (4) on tire - Qi(^\ u') _ A^giiz, u) ^ . . . ^ XpQ,,{z, u) ^ ^ q^iz'^u') ^'' Biqi{z,u) -}-...-+- Bj,qp{z,uy relation entre les coordonnées des deux points (^, u) et (^z' , u') qui ne dépend pas de t. Or, une telle relation est impossible ; car, à un point (^, w), l'équation (5), jointe à l'équation /(^', u') = o de la courbe donnée, ne fait correspondre qu'un nombre y?Aii de points (z', u'). Le point (^', u') défini par les formules (2) ne va- rierait donc pas d'une manière continue avec le paramètre ^, con- trairement à riijpothèse. 215. Le même raisonnement permet de démontrer qu'une courbe de genre supérieur à l'unité ne peut se reproduire par une infinité discontinue de transformations birationnelles, c'est-à-dire ne dépendant pas de paramètres arbitraires. En effet, il résulte du paragraphe précédent que toutes les transformations birationnelles qui reproduisent la courbe G, de genre supérieur à un, sont don- nées par une relation de la forme (5), où l'on attribue aux con- stantes A et B des valeurs convenables. Or, si l'on part d'une rela- tion de cette forme donnée a priori et si l'on cherche les conditions pour qu'elle définisse une transformation birationnelle de la courbe en elle-même, on établit évidemment un certain nombre de reldi- lious algébriques entre les constantes A et B. Ces relations peuvent être incompatibles ou admettre un nomhTe fini de solutions, mais il ne peut pas arriver que quelques-unes de ces constantes restent arbitraires, car la courbe donnée admettrait des transformations birationnelles dépendant d'un paramètre arbitraire, contrairement à ce qui vient d'être démontré. En résumé, une courbe de genre supérieur à un ne peut se changer en elle-même que par un nombre fini de transformations birationnelles. 216. Il est aisé de former l'équation de courbes algébriques qui admettent un nombre fini^ mais aussi grand qu'on le veut, de COURBES NORMALES. MODULES. ^jS transformations biralionnelles en elles-mêmes. Supposons que la courbe G, représentée par l'équation (i), se reproduise par la transformation birationnelle (6) j^, = P(=,«). f Ui= R(z, u), si l'on applique deux fois de suite cette transformation, on obtient une nouvelle transformation qui reproduit aussi Ja courbe C, , . I --2 - P[P(^, U), n{z, II)] = P.(^, U), ^ I u,^-R[P{z,u),R{z,u)] = V{i{z,u); d'une manière générale, si l'on pose Zi = P(^/_i, «/_i) = P/_i(^, u), Ui= R(^/_i, iii-i) = R/_i(z, u), on a une suite de transformations birationnelles (8) {^-/=P/-i(^,"), I Ui= R/-i(^, u), qui reproduisent toutes la courbe C. Si la courbe proposée est de genre supérieur à w/?, on ne peut obtenir ainsi qu'un nombre fini de transformations distinctes et, par conséquent, au bout d'un nombre fini d'opérations, on doit retrouver la substitution iden- tique z'=z, u'=u. Supposons que cela arrive après q opéra- tions, de telle sorte que l'on ait identiquement Fg-i{z,u)^- z, Rç^i(z,u) = u; la transformation considérée est dite d'ordre q. On a P^(^, w) == P(5, U). K^i z, u) = R(^, m), et, d'une manière générale, Vq^i{z, u) = Vi{z, u), Rq+i{z, u) = R(z, u). Soient cp(^, «), m, m', n^ n' étant des nombres entiers; de plus les deux périodes Ato, Aco' doivent former un parallélogramme équivalent au paral- lélogramme élémentaire (to, to'), ce qui exige que l'on ait (i'2) mn'—m'n— — \. Des équations (i i) on tire (i3) m'co--T-(n' — m)cow' — nto'-—o, équation qui se réduit à une identité si Ton a m = /i = o, m ^^ n' et, en tenant compte de la relation (12, m = /i' = iî= i . On a donc toujours deux séries de transformations, définies par les formules w{^z\ u') r^4- w{z, U) -ht, (i4) ( iv(z\u')= — w{z, u) -h t, t désignant un paramètre arbitraire. Si Téquation (i3) ne se réduit pas à une identité, on en lire co m — n zh \/| ni — li f h- 4 fn n w' -ini ou, en tenant compte de la relation (12), 10 _ ni — n' ± \^' (^ m -+- n' )- ip 4 eu' A ni Gomme le rapport — doit être imaginaire, on doit prendre le signe 4- dans la formule (12) et, en outre, le nombre entier m — n' doit être égal à zéro ou à dz i . On voit donc que, si le module de la courbe de genre un est quelconque, elle n'admet pas d'autres transformations hirationnelles que celles qui sont définies par les formules (i4)- Pour qu'il en existe d'autres, il faut que le rapport des périodes soit racine d'une équation à coefficients en- tiers de la forme (i3), où Ton a mn — m' n ==r i, (m — n')'^ , telles que toutes les adjointes d'ordre m — 3 qui passent par A points quelconques {cf.^, pi), . . . , (a^, [3;^) de G,„ aient en commun avec la courbe donnée k points fixes (•/<, 8i), • • '5 (y/fî ^a) dépendant des premiers; on suppose, bien entendu, h<^p — i. Plaçons-nous d'abord dans l'hjpothèse où les coor- données des points (y, o) dépendent des coordonnées de tous les points (a, |3). Soient M^, M2, ..., M^_.i,/?— i points quel- conques de C„i par lesquels passe une courbe adjointe C„,_3. Formons avec ces p— i points tous les groupes possibles de h points (a, P); à chacun de ces groupes correspond un groupe de k points et tous ces points sont distincts puisque les points M/ sont arbitraires et que chaque groupe de k points (y, 0) dépend de tous les points du premier groupe de h points. La courbe Cw--3 aura donc en commun avec la courbe C,,/, en dehors des points multiples, /j — i h- A-C^_, points simples, G^_^ désignant le COURBES NORMALES. MODULES. 477 nombre de combinaisons de p — i lettres h à h. Il faut donc que l'on ait ceci n'a lieu que si l'on a. h = k := i ou h = p — 2, A' = i. Dans le premier cas, toutes les courbes adjointes passant par un point fixe vont passer par un second point fixe dépendant du premier et la courbe est hjperelliptique. Examinons la seconde solution h = p — 2, k --— i; si /? == 3, elle se confond avec la première. Si p'>'6, elle est inadmissible. En effet, il faudrait que toutes les courbes adjointes d'ordre m — 3 qui passent par /? — 2 points quelconques de Cm aillent passer par un autre point fixe. Les coordonnées [z' ^ u') de ce nouveau point seraient évidemment des fonctions rationnelles des coordonnées de ces p — 2 points, dé- pendant à la fois de tous ces points. Soient , r. j z'= R (^1, Mi; ^2, «2, ... ; Zp-^_, Up-^_), \ u' = Ri(>si, Ui ; ^2, "2, • • . ; -5^-2, Up-i) les expressions de ces coordonnées. Inversement, toutes les courbes adjointes passant par les p — 2 points (^', u')^ . . . , (zp_2, Up_2) doivent passer par un autre point fixe qui est forcé- ment le point (r, , Ui ) et l'on a aussi ( ^1 -^ R i^', «'; -2, U2' . • ., ^p-2, Up-i), { «1 = Ri (-',«'; -2, W2; . . .: ^p-2, «/;-2)- En considérant Go, . . . , Zp_2 comme des paramètres variables, on voit que la courbe Cm admettrait une transformation biration- nelle, dépendant de paramètres, ce qui est impossible puisqu'on suppose /> >> 3. Si les coordonnées de quelques-uns des A* points (y, 0) ne dé- pendaient que des coordonnées de h' points (a, p) ih' + i. Ainsi, étant donnée une classe de courbes non hypereltiptiques de genre /?, on peut prendre pour courbe normale une courbe de degré p -h i - Ce théorème a d'abord été énoncé par Glebsch et Gordan (Abels'che Functionen, p. 65), mais leur démonstration man- quait de rigueur. G'est M. Picard qui l'a mise à l'abri de toute objection, grâce à la remarque du paragraphe précédent. La courbe G/ possède en général un certain nombre de points doubles provenant des couples de points («, 6), {a' , b') satisfai- sant aux relations (i8). On obtient immédiatement le nombre o de ces points doubles, en remarquant que la courbe G' est du genre p ; on trouve ainsi Si/> > 3, la courbe normale a nécessairement des points mul- tiples; une droite variable passant par un de ces points rencontre G' en /> — I points mobiles au plus ; le nombre r est donc au plus égal àp ~i (n° 174). 220. M. Nother emploie une autre courbe normale. Soient Q< (^1 '0? Q2(^') «), . • .,Q;,(3, u) Xesp polynômes adjoints linéai- rement indépendants de degré /?< — 3 -, posons (19) Xi = Qi(^, iO, X2 r^Q.2(^, ii), ..., X^, = Qp(^, m), et regardons IL^, X^, . . . , X^ comme les coordonnées homogènes d'un point dans l'espace à/? — i dimensions. Lorsque le point ana- lytique {z^ u) décrit la courbe G, le point de coordonnées (X,, Xo, .... Xp) décrit dans l'espace k p — i dimensions une courbe gauche Y qui correspond point par point à la courbe G, si celle-ci 48o CHAPITRE XI. n'est pas liyperelliptique. Si, en effet, on avait deux points (a, b) et (a', b') de G correspondant à un même point de F, on en con- clurait les relations (l,{a\b') ^ Q^(a\b') ^ ^ Qf,(a\ h') Qi{a,b) Q2{a,b) •-• Qpia,b)' et toutes les adjointes d'ordre m — 3 passant par (a, b) passe- raient aussi par (a', b'); ce qui ne peut avoir lieu si la courbe C n'est pas hyperelliptique. Le degré deT est égal, on le voit immé- diatement, à 2/? — 2. Lorsque p = 3, ]a courbe F coïncide avec la courbe normale de Glebsch. Il n'en est plus de même si p > 3, mais on peut passer de l'une à l'autre. Par exemple, si p =^ ^, la courbe F est une courbe gauche du sixième ordre de l'espace à trois dimensions; en projetant cette courbe sur un plan, le point de vue étant un point de F, on obtient une courbe plane G' qui correspond point par point à F et dont le degré est égal à 6 — i ==^ 5. On retrouve la courbe normale de Glebsch. A l'aide de considérations em- pruntées à la Géométrie à n dimensions, que nous laissons au lecteur le soin de développer, on peut étendre ce procédé au cas général. Ainsi, en projetant la courbe gauche F de l'espace à p — I dimensions dans un espace plan k p — 2 dimensions, le point de vue étant un point de F, on obtient une nouvelle courbe gauche T^ de degré ip — 3, dans l'espace kp — 2 dimensions, qui correspond point par point à la courbe F. En opérant de même sur la courbe Fi, et ainsi de suite, on finit par arriver à une courbe plane G' de degré 2/? — 2 — (/? — 3) -::^p --f- i , qui correspond point par point à la courbe F et, par suite, à la courbe G. Remarque. — Le raisonnement qui précède est soumis à une objection. Plaçons-nous, pour fixer les idées, dans le cas d'une courbe gauche F de l'espace à trois dimensions. Soit G' la per- spective de cette courbe sur un plan, le point de vue étant un point S de F; les deux courbes F et G' se correspondent point par point, à moins que toutes les sécantes passant par S et un autre point quelconque A de F ne rencontrent cette courbe en un troi- sième point. Pour que ceci ait lieu, quel que soit le point S choisi pour point de vue, il faudrait que toutes les sécantes dou- COURBES NORMALES. MODULES. 48l bles de F fussent des sécantes triples. Cette hypothèse est inad- missible si la courbe F n'est pas une courbe plane. En effet, pre- nons sur F deux points quelconques A et B; la sécante AB rencontre F en un troisième point C. Prenons ensuite sur F un point A' voisin du point A; la sécante A'G doit rencontrer F en un point B' voisin de B. Lorsque le point A' se rapproche indéfi- niment du point Aj les sécantes AA', BB' ont pour limites les tangentes aux points A et B à la courbe F et, comme les droites AA', BB' sont toujours dans un même plan CAA', on en conclut que les tangentes en deux points quelconques de F sont toujours dans un même plan, propriété qui n'appartient qu'aux courbes planes. On lève de même l'objection dans le cas général. La courbe normale de Glebsch n'est pas du plus petit degré possible. MM. Brill et Nôther ont montré, en effet, qu'on peut en général faire correspondre, à une courbe de genre /? , une courbe de degré p — t: -h 2, r: désignant la partie entière du quo- tient ^; mais leur démonstration prête à des objections, et ce point appelle de nouvelles recherches. 221. Modules. — Etant données deux courbes hjperellip- tiques du même genre />, on a vu plus haut que ip — i condi- tions devaient être remplies pour que ces courbes appartiennent à la même classe; ces conditions s'expriment par l'égalité de ip — I fonctions des coefficients des deux équations. De même, toutes les courbes de genre/? dépendent d'un nombre fini de pa- ramètres, si Ton ne considère pas comme distinctes les courbes qui appartiennent à la même classe, puisqu'on peut supposer (n^ 219) que ces courbes sont de degré /? -{- i . Biemann s'est pro- posé de chercher le nombre de ces paramètres, dont dépend essentiellement une classe de courbes de genre /?; il faut entendre par là qu'à des valeurs de ces paramètres, prises arbitrairement, correspond une classe de courbes ou un nombre limité de classes. Ce sont ces paramètres qu'on appelle les modules; il est clair qu'ils se conservent dans toute transformation birationnelle. Riemann a démontré de deux manières différentes que le nombre des modules d'une classe de courbes est égal à 3/? — 3 (/> > i) ; on trouvera l'exposé de ces méthodes dans le Traité d'Analyse A. ET G. 3i 482 CHAPITRE XI. de M. Picard (t. II, p. 482). On peut s'en rendre compte au moyen de la courbe normale de Glebsch, de degré p -\-i. Toute courbe de degré p-\- i dépend de — — paramètres; si elle est de genre p, elle doit avoir ^-^^^ points doubles, ce qui établit entre les coefficients de l'équation ce même nombre d'équations. Il reste donc (/> + !)(/> + 4) -/>(/> -3) =^p-^-i coefficients arbitraires. D'un autre côté, la transformation bira- lionnelle, par laquelle on passe d'une courbe quelconque de genre p à une courbe de degré /> -f- i, dépend de (/> — 3) points indé- terminés; on peut imaginer que l'on ait choisi ces p — 3 points de façon à attribuer des valeurs données à l'avance k p — 3 des coefficients de la courbe normale. Enfin, si Ton fait subir à la courbe normale la transformation homographique générale, qui dépend de huit arbitraires, on peut encore attribuer à huit des coefficients des valeurs données à l'avance. Il restera donc en tout un nombre de paramètres égal à 4/?-t-2 — (p — 3) — 8 = 3/? — 3. Remarque. — Si l'on désigne par p le nombre de paramètres arbitraires dont dépend la transformation birationnelle la plus générale qui fait revenir sur elle-même une courbe de genre/?, le nombre des modules est toujours représenté par 3/? — 3 -j- p. Si /? = o, p = 3, on trouve zéro pour le nombre des modules, comme on devait s'y attendre. Si /? = 1 , p = i ; il y a un seul module (n« 178). Enfin, si /? > i , on a toujours p = o (n° 214). 222. Du nombre des modules , il est facile de déduire une hmite inférieure pour le degré de la courbe normale du genre p. Soit C^ une courbe de degré q et de genre p ; le nombre 0 des points doubles doit être égal à 2 ^ COURBES NORMALES. MODULES. 483 On doit donc avoir d'abord (20) {q—i){q—l)lip. Cette inégalité étant supposée satisfaite, on démontre, comme au paragraphe précédent, que la courbe C,^ dépend, en tenant compte de la transformation homographique générale, de g(y + 3) _ (gr-i)(^-2) _^ g 2 2 ^ paramètres arbitraires; ce qui nous donne une nouvelle inégalité (.,) g(?^3)-(?-.)(?-.)^^_3,3^_3 pour que la courbe C^ puisse servir de courbe normale de genre/?. De cette dernière inégalité, on tire ylE ( 22 ) q<: Soit TT le quotient de la division par 3 du nombre /?, de façon qu'on ait p = Stt, ou St: -f- i , ou St: + 2. L'inégalité (22) peut s'écrire ^ P et la limite inférieure de q est, dans les trois cas, /> — t -f- 2. C'est le degré de la courbe normale de Brill et Nôther. Cela ne veut point dire qu'il n'y ait pas de courbe de genre p dont le degré soit inférieur à cette limite. Par exemple, la courbe du cinquième ordre, sans point multiple, est du genre 6; il faut conclure seule- ment de ce qui précède qu'une courbe quelconque du sixième genre ne peut pas correspondre point par point à une courbe du cinquième degré. 223. A la recherche des modules se rattache la solution de la question suivante : Etant données deux courbes de même genre/?, non hjperelliptiques, C et Ci, d'ordres m et n, représentées par les équations reconnaître si elles appartiennent à la même classe. 484 CHAPITRE XI. Soient Qi (^, u), Q2 {z, u)^ . . . , Q/,(^, u) les /> polynômes ad- joints d'ordre m — 3 correspondant à la courbe G, et R< (i;', w'), ..., Rp(^', i/) les p polynômes adjoints d'ordre Ji — 3 de la courbe €< . Si l'on peut établir une correspondance point par point entre les points des deux courbes, toute intégrale de première espèce se change en une intégrale de première espèce, et l'on doit avoir entre les coordonnées de deux points correspondants des deux courbes p relations de la forme (23) F r ClZ — —7 — ; yz tt^ Ai, Bi, . . .yhi désignant les constantes. On en déduit /> — i relations ne contenant plus dz et dz ^.N Qi(^>^) ^ QK^,^) ^^ Al Ki(z', w') +. . .4- Li Rp{z', u') A-Ri{z', u')-i-. . .-H U ^p{^', W) Soient r et T^ les deux courbes normales de l'espace àp — i di- mensions qui correspondent aux deux courbes données G et Ci 5 les coordonnées homogènes d'un point de F sont Xi = Q_i(z, u), ..., Xp = Qp(z,u), et les coordonnées homogènes d'un point de F, X\ =Ri{z',u'), ..., Xjj = Rp(z',u'). Les formules (24) montrent que, si les deux courbes G et G| sont de même classe, les deux courbes normales F et F^ peuvent se déduire l'une de l'autre par une transformation homographique. Gette condition est d'ailleurs suffisante; en effet, si elle est rem- plie, les courbes F et F< et, par suite, G et G, se correspondent point par point. Donc, pour que les courbes du même genre G et Gi appartiennent à la même classe, il faut et il suffit que les courbes normalesT et T ^ puissent se déduire U une de Vautre par une transformation homographique. Par exemple, une courbe G4 du quatrième degré, sans point double, coïncide avec là courbe normale F ; on en conclut que les seules transformations birationnelles qui reproduisent une courbe COURBES NORMALES. MODULES. . 485 du quatrième ordre et du troisième genre sont des transformations homographiques. 224. Il semblerait, d'après les raisonnements employés jus- qu'ici, que les courbes de genre p se partagent en deux grandes classes : les courbes générales et les courbes hjperelliptiques ; mais une telle vue serait inexacte, et les courbes hyperelliptiques doivent plutôt être considérées comme un cas limite. Prenons en effet une courbe G de genre /? > 3, non hyperelliptique, et soit XiQi(^, a) -\- liQiiz, u) -i- XsQsC-, w) -r AiQiC^, u) = o l'équation générale des courbes adjointes d'ordre m — 3 , qui passent par p — 4 points fixes quelconques de cette courbe ; posons Q,iz,u) Qs(^,u) Q4(£^) ^ Qi(^,")' Qi(^,w)' Qi(^,")* On démontre, comme au n*' 219, que, lorsque le point (z, u) décrit la courbe G, le point (X, Y, Z) décrit une courbe gauche F, de degré /> -]- 2, qui correspond point par point à la courbe G. Si l'on projette F sur un plan, le point de vue étant sur F, on obtient la courbe normale de Glebsch ; mais, si le point de vue est en deliors de F, la projection est une courbe de degré/? -{-2, qui, devant être de genre />, possède ^-^^ points doubles. Ainsi, à la courbe générale de genre/?, on peut faire correspondre, point par point, une courbe de degré p -{- 2 axec^—^ points dou- bles. La conclusion s'applique encore pour/? = 3; car, si l'on applique à la courbe générale du quatrième ordre une transfor- mation quadratique avec trois points fondamentaux pris sur cette courbe, on obtient une courbe du cinquième ordre avec trois points doubles. Imaginons maintenant que ces ^^ ^^ points doubles viennent se confondre en un seul; on obtient à la limite une courbe de degré p -\- 2 avec un point multiple d'ordre p, c'est-à-dire une courbe hyperelliptique. 486 CHAPITRE XI. 225. Nous terminerons ce Chapitre par quelques remarques sur les transformations simplement rationnelles. Soient G et G' deux courbes algébriques de degré ni et m' respectivement, la première de genre />, la seconde de genre />', représentées par les deux équations (25) ¥{z,u) = o, (26) ^{z',u') = o; nous supposons qu'en posant ) -=^(5', a'), où cp et (]; désignent deux fonctions rationnelles, le point [z, u) décrit la courbe G lorsque le point {z\ u') décrit la courbe G'. Nous savons déjà que l'on a p'^p', mais on peut avoir pour p' une limite plus précise. Soit [ji V ordre de la transformation (27), c'est-à-dire le nombre de points (5', u') de G' qui correspondent à un même point {z^ u) de la courbe G. Supposons /? > 1 et soient Qi(^], ?^), (^^y{z,u) deux polynômes adjoints d'ordre m— Z relatifs à la courbe G; on doit avoir, pour la transforma- tion considérée, rQi(-'") 7 r'^,{z\u')d^ rq,Sz,u)dz _ fR.^(z',ii')dz' j-^^dz=J. ^^- , J f;, -J ^, ' R, {z', u')^K2{^', z/') étant deux polynômes adjoints d'ordre m'— 3 relatifs à la courbe G', et par suite Le faisceau des courbes adjointes Q_i{z, u) -\-'kQ_2{^^ i^) = ^ rencontre la courbe G en 2/? — 2 points variables avec À, si les deux courbes adjointes Q, = o, Qo = o n'ont aucun point com- mun avec la courbe G, en dehors des points doubles, ce qu'on peut toujours supposer. A ces 2/? — 2 points de G correspondent i;.(2/>— 2) points de G', variables avec )., situés sur la courbe adjointe , Ri(^', u') -+- >vR2(^', u') — o; COURBES NORMALES. MODULES. 4^7 on a donc (28) 1^(27? — 2) £(2/)' — 2), relation qui subsiste si /> = o, ou p = i . La formule (28) nous fait connaître une limite inférieure de/?', connaissant les deux nombres u et p ; mais il est impossible de trouver une limite supérieure pour ce même nombre ('). Si les deux nombres p et p' sont égaux et supérieurs à un, on déduit de la relation (28) ;j.^ i et, comme ix est un nombre entier, on a nécessairement a = i . Nous pouvons donc éno ncerle théorème suivant, dû àM. Weber : Si une transformation rationnelle conduit d'une courbe de genre supérieur à un à une autre courbe du même genre, la transformation est birationnelle (-). (») E. GouRSAT, Sur les transformations des courbes algébriques {American Journal of Mathematics, vol. XVI; 1894). (») Journal de Crelle, t. LXXYI. Pour de plus amples détails sur les transformations simplement rationnelles des courbes algébriques, nous renverrons le lecteur au Mémoire de M. Painlevé Sur les équations différentielles du premier ordre {Annales de l'Ecole Normale supérieure; 189 1). /f88 CHAPITRE XII. CHAPITRE XII. APPLICATIONS DU THÉORÈME D'ABEL A LA GÉOMÉTRIE (i). Etude des groupes de points obtenus en coupant une courbe algébrique donnée par d'autres courbes algébriques. — Applications aux cubiques et aux quartiques. — Tangentes doubles des quartiques; coniques quadruplement tangentes. — Application du théorème d'Abel aux aires, aux angles et aux arcs des courbes de direction. — Biquadratiques gauches. 226. Le théorème d'Abel, appliqué à la Géométrie, donne des résultats qui se présentent sous une forme intuitive des plus simples. En nous bornant presque exclusivement aux courbes du troisième et du quatrième ordre, nous indiquons sur des exemples précis les idées essentielles de la théorie. Nous commencerons par les courbes du troisième ordre. Il existe deux espèces de courbes du troisième ordre : i*^ celles qui n'ont pas de point singulier; 2° celles qui ont un point double ou de rebroussement. Si la courbe du troisième ordre F(x^y) =^ o n'a pas de point singulier, elle est du genre un. L'intégrale I F' »^(Xn, Vn) y est alors de première espèce. A chaque point (^,y) de la courbe correspondent une infinité de valeurs de u qui se déduisent de Tune d'elles par l'addition ou la soustraction de deux périodes w et to^ A chaque valeur de u ne correspond qu'un point (^,jk) de (') Ouvrages à consulter : Mémoires de Clebsch {Journal de Crelle, t. LXIII, LXIV); — Leçons de Géométrie de Clebsch, par Lindemann; — Mémoire de M. Humbert {Journal de Mathématiques, 4" série, t. III; 1887). APPLICATIONS DU THEOREME D ABEL A LA GEOMETRIE. 489 la courbe, comme il résulte du problème de Tinversion : les coor- données ^ et ^ de ce point sont des fonctions elliptiques de u, aux périodes w et to'. Une droite <1^(^> J') = aa; -f- py + Y = o coupe la courbe en trois points : soit u^, iio-, Us un système de valeurs de ii correspondant respectivement à ces trois points ; on a, en vertu du théorème d'Abel appliqué aux intégrales de pre- mière espèce, (i) Ml -h w.2-f- W3 = P H- n 0) -4- n'oi', P étant une constante indépendante de la droite considérée et n et n' des entiers positifs, négatifs ou nuls. Cette relation nécessaire entre les paramètres de trois points en ligne droite est suffisante. En effet, prenons sur la courbe trois points Ml, M2, M3 dont les paramètres u vérifient la relation (i). La droite qui joint les deux points M2 et M3 coupe la courbe en un point M'^ de paramètre ii\ ; il faut montrer que M'^ coïncide avec Ml. Les points M^, M2, M3 étant en ligne droite, on a u[ H- ^2 -I- W3 = P -h m o) + m' co' ; en comparant avec (i), on voit que Ui et u\ ne diffèrent que par des multiples des périodes w et w^ : les deux points Mi et M^ sont donc confondus. On prouve, par un raisonnement identique, que la condition nécessaire et suffisante pour que six points de la cu- bique soient sur une conique est que les valeurs de w, relatives à ces six points, vérifient une relation de la forme (2) M, 4- M2-T- . . . + "6= 2P H- nco -h /l'co', OÙ la constante est 2P, comme on le voit en supposant la conique décomposée en deux droites. Gomme application de ces relations, cherchons d'abord les points d'inflexion. Si u est le paramètre d'un point d'inflexion, la tangente d'inflexion coupe en trois points confondus avec celui-là ; il faudra donc faire dans (i), à des multiples près des périodes, Ml — U2= 113= u; 490 • CHAPITRE XII. d'où P nw-f-n'w' u=^ + — r — Dans cette formule, on peut donner à n et n' toutes les valeurs entières ; mais deux valeurs de u qui diffèrent par des multiples de iù et co' donnent le même point d'inflexion. Il suffît donc de donner à n et n' les valeurs o, i et 2, associées de toutes les ma- nières possibles. On trouve ainsi neuf ipoïnls d'inflexion dont les paramètres sont donnés par le Tableau suivant, où Ufi^n' désigne la valeur de u correspondant à un choix déterminé des entiers n et n' : _ P _ p + w' î^o.o — "^r ' Uq i — — 5 Wo,2 5 'ci P + w P 10 -H W P H- 2w' 3 ■' p H- w -h Si w' 3 p -4- 2 0) -\- 10)' ^1,0 — ô ' ■ ^^1,1 — ô ' ^^li2 — Pn-aw P + 2to + to' ^2,0= ô ' ^2,1=— ô ' ^^2,2 = Ces points sont trois à trois en ligne droite ; la droite qui joint deux quelconques d'entre eux passe par un troisième; on a, par exemple, . ^0,0 -t- i^I,! + ^2,2 = P + W H- w', ce qui prouve que les points correspondants sont en ligne droite. Gomme autre application, on pourra chercher les points où la conique osculatrice a un contact du cinquième ordre ^ c'est-à-dire coupe en six points confondus ; les valeurs de u correspondantes sont données par U = f OÙ n et n' peuvent prendre toutes les valeurs de o à 5, ce qui donne 6^= 36 points. On trouve parmi ces points les neuf points d'inflexion qu'on obtiendrait en considérant les tangentes d'in- flexion comme des droites doubles, puis 62 _ 32 = 2-7 points de contact de véritables coniques surosculatrices. Ces points sont six par six sur des coniques. APPLICATIONS DU THÉORÈME d'ABEL A LA GÉOMÉTRIE. 49I Si l'on coupe la cubique par une courbe Q= o d'ordre s supé- rieur ou égal à 3, il y a 3s points d'intersection sur lesquels 3 5 — i peuvent être choisis arbitrairemeht, le dernier étant alors bien déterminé. En effet, l'équation Cs=^o contient d'une façon linéaire et homogène -^ -^ — — — - coefficients arbitraires 5 on ne change évidemment pas le système des points d'intersection avec la cubique F(x, y) = o en remplaçant la courbe Cs= o par C;^G,-F(^,jK)G,_3 = o, C,_3 étant un polynôme de degré s — 3. Comme ce dernier poly- ( s — 2)(5 — l) m ' !• nome contient — coeilicients arbitraires, on peut disposer de ces coefficients de façon à faire disparaître autant de termes dans C^ : il ne restera alors dans Q que (s -{-i)(s -^ 1) (s — l)(s — l)_^ 1 1 coefficients arbitraires entrant d'une façon linéaire et homogène. On pourra disposer de ces coefficients de manière que la courbe C',=r o passe par 3 5 — i points pris arbitrairement sur F = o; le dernier point d'intersection sera ensuite entièrement déterminé. Il existe donc une relation et une seule entre les valeurs w,, ;/o, . . . , z^3^ du paramètre u correspondant aux 35 points d'inter- section. Cette relation est fournie sous forme nécessaire et suffi- sante par le théorème d'Abel : elle est où la constante est 5P, comme on le voit en supposant la courbe sécante décomposée en s droites. 227. Supposons maintenant que la cubique ait un point singu- lier : prenons ce point pour origine d'un système d'axes xOy. L'équation de la courbe peut s'écrire — j désignant un polynôme du troisième degré en — 49^ CHAPITRE XII. constante positive, négative ou nulle. En posant y = tx, on a immédiatement La courbe étant de genre zéro, il n'y a pas d'intégrale de pre- mière espèce correspondant à la relation F(rr, jK) = o. Supposons a différent de zéro, ce qui exclut le cas du rebroiis- sement, et considérons l'intégrale abélienne ^(^;7) = — 2a / ■=• dx r'^^' dx (a:o,ro) y (■^0, yè -^^f'iS) iy D'après le n° 144, c'est là une intégrale de troisième espèce admettant comme points singuliers logarithmiques les deux points de la courbe superposés au point double. C'est ce qu'on vérifie immédiatement en faisant, dans l'intégrale th, y = tx^ puis rem- plaçant X par sa valeur (3); on trouve ainsi , . r ladt , t a tQ-\- a. cette intégrale a un seul module de périodicité lui. Il faut actuellement distinguer deux cas, suivant que l'on coupe la ligne par une courbe ne passant pas par le point double ou passant par ce point. Nous supposerons d'abord que la courbe sécante ne passe pas par le point singulier. Une droite quelconque ^{x,y)^ux^vy-\-w = o rencontre la courbe en trois points [x^^y,^)^ {^21 y^)^ (-^ajJKs) correspondant aux valeurs ^<, ^2, ^3 de t. On a vu (n° 185) que, si 7îj(^, y) est une intégrale de troisième espèce aux points singu- liers (a, b) et (a', b')^ la quantité Ha, h) ^(^1, 7i) + ^(^2, 72) + ^(^3, yz) — lo t|;(a', b') APPLICATIONS DU THÉORÈME d'aBEL A LA GEOMETRIE. 403 est indépendante de la droite considérée, c'est-à-dire de u^ p, w. Comme actuellement les deux points (a, b) et {a\ b') sont placés au point double a = o, b = o et a'=z o, b' = o, le logarithme est nul et l'on a r^i^i, yi) -^ rn{x2, y^_) -h vj{xs, y:i) = G, G étant une constante indépendante de u^ v, w et déterminée à des multiples de ^izi près. D'après la valeur (4) de nj(^, y), cette relation s'écrit enfin (5) log- -^-log- - + log-- =K-f-2/i7:i, tj — a lo — oc [3 — a où K désigne une nouvelle constante indépendante de ii, p, (v el /i un entier positif, négatif ou nul. Cette relation, facile à établir par une voie algébrique, donne la condition nécessaire et suffi- sante pour que les trois points /,, /o, ^3 soient en ligne droite. On verra de même, en prenant pour 6 (^,j') le premier membre de l'équaùon d'une conique, que les six valeurs de t correspon- dant aux points d'intersection de la courbe et d'une conique sont liées par la relation (6) log- -+-log- -h...-f-log- =iK-^inTUy t\ — a «2 — ^ '6 — ^ où la première constante du second membre est évidemment le double de K, car la relation (6) doit être vérifiée encore dans le cas où la conique est décomposée en deux droites. Pour avoir les points d'inflexion il suffit de supposer, dans (5), que ^,, t., et ^3 aient une valeur commune ^; on a ainsi , ^ , t -r- CL K -\- ITlT.i (7) ^og = , ce qui donne trois points d'inflexion en ligne droite, correspon- dant aux valeurs o. i et 2 de /i, comme on le voit en résolvant (7) par rapport a y- On écrira sous la même forme la condition nécessaire et suffi- sante pour que 3 s points de la cubique soient sur une courbe C^ =^ o 494 CHAPITRE XII. d'ordre s ne passant pas par le point singulier : cette relation est (8) \^ log-^ =sK-{- 271111. Nous avons supposé a différent de o : si a était nul, l'origine serait un point de rebroussement, l'intégrale appelée TTj(x,y) deviendrait une intégrale de seconde espèce infinie en ce point et les relations (5) et (6) devraient être remplacées par les sui- vantes, comme on pourra le vérifier, -4---I- - = G, t\. t=i ^3 II I ^ Les théorèmes suivants doivent être modifiés en conséquence. Examinons maintenant le cas où la courbe sécante passerait par le point double. La relation précédente (8) devient illusoire, car, deux des points d'intersection étant confondus avec le point double, une des Zs valeurs de t est a et l'autre — a : de sorte qu'il y a dans la relation deux termes infinis de signes contraires. Dans ce cas il n^ existe plus aucune relation entre les 35 — 2 autres points où la courbe Q coupe la cubique. Ainsi on peut toujours faire passer une conique par quatre points pris arbitrairement sur la cubique et par le point double. En général, on peut toujours faire passer une courbe d'ordre s par Zs — 2 points pris sur la courbe et par le point double, car cela ne fait que 3 5 — i équations de condition et, d'après le raison- nement de la page 491 5 ^^ dispose de 3^ , paramètres entrant d'une façoQ linéaire et homogène. Le même fait a lieu si le point double devient un point de rebroussement. 228. Courbes du quatrième ordre sans points doubles (genre trois). — Soit (9) F(^,JK) = 0 l'équation d'une courbe du quatrième ordre sans points singuliers. APPLICATIONS DU THÉORÈME d'ABEL A LA GEOMETRIE. 495 Il résiille des formules générales que cette courbe est du genre 3. L'intégrale la plus générale de première espèce est / F' dx avec trois constantes arbitraires a, p, v. Nous appellerons u{x^y)j i^{x,y)j w(Xjy) ou simplement u, ç, w les intégrales normales de première espèce relatives à la courbe (g), et nous écrirons comme il suit le Tableau des périodes normales de ces intégrales : ai a. «3 àx b. b. II iT.i o o o A B" B' V o ir.i B" A' B w o o iT.i B' B A" Si l'on coupe d'abord la courbe par une droite quelconque, on obtient quatre points d'intersection M,, Mo, M3, M4, de coor- données {Xi,y^), (^2,:r2), (^^3,73), («2:^4, 74)- Nous appellerons Ui^U2^ U3, liji les valeurs u(xi,yi), u(x2^ y2)^ • • . de l'intégrale u{x, y) en ces quatre points; de même (^,, To, ('3, i'4 et iVi^ Wo, ^^3, ÇV4 les valeurs des deux autres intégrales de première espèce aux mêmes points. D'après le théorème d'Abel, on a, entre ces valeurs, les trois relations / Z^l -r- Mo -f- M3 + M4 = P H- il-i -h l\ -7- inB" -r- /zB', (10) < Çi -^ V2 -h i^3 -^ i\ = Q -+- 2.u.T.i-^ IB" -\- mX' -^ nB, { wi -+- ^2+ «^3 -+- (P4 = R -I- 'iv-i H- /B' -+- niB H- nB", où P, Q, R sont des constantes indépendantes de la sécante considérée, )., [jl, v, /, m, n désignant des nombres entiers po- sitifs, négatifs ou nuls. Pour abréger, on peut dire que les seconds membres de ces relations (10) sont égaux respectivement à P, Q, R, 496 CHAPITRE XII. à des multiples des périodes près, et les écrire Ml-f- Ui + W3 -h M4 = P, «^1+ w^-+- w^-\- Wi^^ R, en employant la même notation qu'à la page 896. Sur les quatre points Mi, M2, M3, M/, on peut en prendre deux arbitrairement; la droite qui les joint coupe alors la quartique en deux autres points bien déterminés. Les équations (10) doivent donc déterminer sans ambiguïté deux des quatre points quand les deux autres sont donnés. L'une d'elles est donc une conséquence des deux autres. Ce fait que les trois équations (10) fournies par le théorème d'Abel se réduisent actuellement à deux est spécial aux systèmes de points dHnter section par des droites ; cela lient à ce que les droites sont des courbes dont l'ordre est infé- rieur de trois unités à celui de la courbe. Si nous coupons la courbe par une conique G2= o, nous ob- tenons huit points d'intersection Mi, Mo, ..., Mg*, les valeurs des intégrales u^ ^, w en ces huit points sont liées par les relations [ Ui-^u^^. ..-^u^ = 2 P -I- 2 Xtï j + / A -h m B" -f- /i B', (11) < t^i-l- P2 -+-. • .+ ^8 = 2Q -t- 2(Ji7ït+ /B"-f-mA' -i-;zB, ( Mfi-T- «^2-f-. . .H- M^8 = 2R -f- 2V7rî -t- /B' + mB H- nhl\ où les premières constantes 2 P, 2Q, 2R sont les doubles des con- stantes qui figurent dans les relations (10). Sur ces huit points d'intersection, Mi , M2, . . . , Mg on peut en prendre cinq, M4, M5, . . . , Mg arbitrairement; la conique passant par ces cinq 'points coupe la quartique en trois points M,, M2, M3 bien déterminés. Les coordonnées de ces trois points sont données parles trois relations (11); pour les calculer effectivement;, on aurait donc à résoudre le problème de l'inversion qui donne, comme on le sait, un seul système de valeurs pour les coordonnées des trois points M,, M2, M3. On peut donc dire que les rela- tions (i i)sont les conditions nécessaires et suffisantes pour que les huit points de la quartique soient sur une conique. Pour faire une application de ces conditions, cherchons les coniques qui sont tangentes à la quartique en quatre points M,, 2 - > •>. |J.7 -i -~ -/B' / , -mA'- ^/iB 2 2V- i -h /B' 4- mB -^ nA'' APPLICATIONS DU THÉORÈME d'aBEL A LA GÉOMÉTRIE. 497 Mo, M3, M4. Pour cela, il faut et il suffit que les points M5, Me, M7, Mg coïncident respectivement avec les quatre premiers. Les relations (i i) deviennent alors 2 î<, -^ 2 u-i -^111^-^111-^= 2 P -+- ilr.i^ IX — m B" + n B', . . . , ou, en divisant par 2, Itl-T- «2 -r- «3 H- «i —P-^ (12) { (,j ^ (,2 H- ç,^ _|. p^ = Q _;_ ^1 -f- 4^2 + W3 + W4 = R -h 2 D'après ces équations, on voit qu'on peut prendre arbitraire- ment l'un des quatre points de contact, M4 par exemple; les trois autres M,, Mo, M3 sont ensuite déterminés par les équations (12). Une fois les nombres entiers )., a, v, /, //z, n choisis, les équa- tions (12) donnent pour les coordonnées de M,, M2, M3 un seul système de valeurs qui varient d'une manière continue quand le point M4 se déplace sur la courbe. Donc, à chaque système de va- leurs des entiers À, ui, v, /, m, n correspond un système de co- niques tangentes en quatre points à la courbe. Si l'on ajoute aux nombres A, a, v, /, /??, n des nombres entiers pairs quelconques, le système des coniques reste le même, car cela revient à ajouter aux seconds membres des équations (12) des périodes simultanées ^ l'inversion donne alors les mêmes valeurs pour (^,, j'i), (^27jK2)j (•^37 JK3) en fonction de (^4,^-4). Il suffit donc, pour obtenir tous les systèmes de coniques tan- gentes en quatre points, de donner à chacun des six entiers qui figurent dans les relations (12) les valeurs o et i. En associant ces valeurs o et i de toutes les manières possibles, on obtient 2«= 64 systèmes de valeurs pour A, [jl, v, /, m, n. Il existe donc Çt^ sys- tèmes distincts de coniques tangentes en quatre points à la quar- tique. Mais un de ces systèmes, celui que l'on obtient en prenant A ^ a = V = / = /?? = /z =: o, est composé des droites du plan regardées comme des droites doubles; en effet, pour cette détermi- nation des six entiers les équations (12) expriment que les quatre points M,, M2, M3, M4 sont en ligne droite. Il n'y a donc que 63 systèmes de coniques véritables tangentes en quatre points. A. ET G. 32 49B CHAPITRE XII. Nous obtiendrons des résultais analogues en coupant la quar- tique donnée par une cubique Cg^ o. Il y a alors 12 points d'in- tersection, sur lesquels 9 peuvent être choisis arbitrairement : les trois autres sont déterminés sans ambiguïté. Les conditions néces- saires et suffisantes pour que 12 points de labiquadratique soient sur une cubique sont donc Uy + îi2 -t- • • • -+- ^^12 = 3P -I- 2X71^-1- ZA -^ mW -\- nW, Pj _f- ^2 -f-. . .-+- P12 = 3Q-i- 2[jLîrf + /B"+ 7?iA'-H/iB, ^j_l_ (Va-H. . .-h «^12= 3R -4- 2v TTi + ZB'-h mB -f- ai A". On pourrait, par exemple, employer ces relations à déterminer les systèmes de cubiques ayant un contact du deuxième ordre en quatre points : on en trouverait 3'^ dont un formé par les droites du plan comptées comme triples. En général, si l'on coupe la quartique par une courbe Q =r o d'ordre 5 > 3, il y a 4-^ points d'intersection sur lesquels 45 — 3 peuvent être pris arbitrairement, les trois autres étant alors complètement déterminés. En effet, l'équation C^ = o con- tient ^^'^^ V. coefficients d'une façon linéaire et homogène; l'équation de la quartique étant ¥{x,y) = o, le système des points d'intersection de la quartique avec C^ — o est le même qu'avec la courbe G'^ = o ayant pour équation G,— G,_4F(^,jk) =0, où Q_/, est un polynôme en x et y, de degré s — 4? contenant < -^ — ) ( -^ — ?- ) coefficients arbitraires. On pourra déterminer ces •1 ^ derniers coefficients de façon à annuler, dans C^, un nombre égal de coefficients. La courbe C^ ne contiendra plus dans son équa- tion que coefficients d'une façon homogène. On pourra donc faire en sorte que 45— 3 des points d'intersection de G^ , c'est-à-dire de G^, avec la quartique, aient des positions données à l'avance. Une fois ces APPLICATIONS DU THEOREME D ABEL A LA GÉOMÉTRIE. 499 45 — 3 points choisis, le théorème d'Abel fournit les trois rela- tions ui -i- U2 -T-.. .-+■ ii.,s = sP, wi -+- tr, -h ... -h W!,s = s R, ayant lieu à des multiples de périodes près, et permettant de cal- culer les coordonnées des trois derniers points d'intersection. Les constantes des seconds membres sont nécessairement ^P, 5Q, sR; car ces relations doivent être vérifiées en particulier quand la courbe Cs se décompose en s droites. 229. Supposons maintenant que la courbe du quatrième ordre acquière un point double x = a^ y=^ à tangentes distinctes. La courbe F{x^y) = o esl alors de genre deux ; il n'existe plus que deux intégrales distinctes de première espèce. L'intégrale la plus générale de première espèce est / !x(x — a) 4- [3(jK — b) dx. où a et P sont des constantes arbitraires, car le numérateur égalé à zéro doit représenter une droite passant par le point double. Nous appellerons u{x^y) et v^x^y)^ ou simplement u et v les deux intégrales normales de première espèce^ les périodes de ces intégrales relatives aux coupures «4, «o et ^,, Z^o sont données par le Tableau ai a. 2 b, b. II iT,i 0 A B V 0 iT.i B G La troisième intégrale qui figure dans les relations précédem- ment établies, pour la quartique sans singularités, est actuelle- ment remplacée par une intégrale de troisième espèce ad- mettant pour points singuliers logarithmiques les deux points 500 CHAPITRE XII. analytiques distincts superposés au point double. L'intégrale de troisième espèce la plus générale remplissant ces conditions est f ^^^ïrfx. F' où a, p, Y sont des constantes ; cette intégrale est la limite vers laquelle tend l'intégrale la plus générale de première espèce con- sidérée dans le n° 228, lorsque la courbe F = o acquiert un point double; elle est composée linéairement avec les deux intégrales de première espèce u et ç et une intégrale normale de troisième espèce tj5{x^ y) ayant pour points singuliers logarithmiques les deux points analytiques superposés au point double x=^ a^ y = b. Cette intégrale normale -ns^x^y) admet une période polaire iizi et deux périodes D et E relatives aux coupures b^ et 62; les pé- riodes relatives aux coupures a^ et a-^ sont nulles. Gela posé, il faut distinguer deux cas pour l'étude des systèmes de points d'intersection de la courbe F = o avec une autre courbe, suivant que la courbe sécdiXite passe ou non par le point double^ c'est-à-dire suivant qu'elle est adjointe ou non. 1° Courbes non adjointes. — Soit d'abord une droite ne pas- sant pas par le point double; elle coupe en quatre points : M,, M2, M3, M4; nous distinguerons, comme précédemment, par les indices i, 2, 3, \\es valeurs des intégrales u, (', tjs en ces points. Ces valeurs sont liées par les trois relations / Ui H- u=i -H W3 -h z/4 = P H- 2X TïJ H- ^A -f- m B, {11 bis) i Pi H- c^2 + ^3 + <^4 = Q H- 2 ;ji Tt t H- / B -H m G, ( tîTi + ^2 + Tn3 -h tï?4 = R H- 2 V TT t H- / D H- W E, P, Q, R désignant des constantes indépendantes de la sécante considérée^ )^, u., v, /, m des entiers quelconques. Le fait que P et Q sont indépendants de la sécante est évident, d'après le théo- rème d'Abel appliqué . TTt -T- /A -i- mB Ui 4- 11-2 -+- «3 -h u-^ = P -\- ( 14 ) { ^1 + ^-'2 -+- ^'3 + t'i = Q -^ Wi -f- W--> -r- TÎT3 -f- TJT^ = R H- Pour obtenir tous les systèmes de coniques tangentes en quatre points, il suffît de donner aux cinq entiers X, a, v, / et j?i les va- •1 y 2 i-t: ~i -hlB -h 771 C 2 2V -i + /D -\- 771 E 50'J. CHAPITRE XII. leurs o et i associées de toutes les manières possibles; c'est ce qu'on verrait comme plus haut (p. 497), car les valeurs de Mi, M2, M3 déduites des relations (i4) en fonction de M/,, ne chan- gent pas quand on augmente ou diminue un quelconque des cinq entiers d'un nombre pair; il y a donc 2^ = 82 systèmes de coni- ques distincts ; mais l'un d'eux, celui qu'on obtiendrait en prenant X = (Jl = V = l =: 7?l = o, se composant des droites du plan regardées comme doubles, il y a 3i systèmes de coniques proprement dites tangentes en quatre points à la quartique. Si l'on coupe la biquadratique par une courbe Q d'ordre 5, non adjointe, on voit de même que les coordonnées des 4-^ points d'in- tersection sont liées par les trois relations nécessaires et suffisantes Ui-i- u^-h. . .^ Ui,s= sF -h ilr.i-h lA-h mB, i^i + ^2 +. • •+ i-'i^s = sQ -h 2 [XTii-h /B 4- mC, Wi-\- W^-h . . .-h Wi^s = SR -f- 2V Tlî H- /D -h /?2E. 2" Courbes adjointes. — Quand on coupe la quartique par une courbe passant par le point double, ce point compte pour un dans le nombre de points nécessaires pour déterminer la courbe sécante, mais il compte pour deux dans le nombre de points d'in- tersection de la courbe avec la quartique. D'autre part, l'inté- grale 7n devient infinie aux deux points d'intersection confondus avec le point double et la somme des deux valeurs de l'intégrale ttt en ces deux points doit être regardée comme indéterminée. Les relations précédentes doivent alors être modifiées. Mais cette mo- dification est des plus simples : elle consiste à effacer la dernière relation, celle qui contient l'intégrale cî et à ne conserver que les deux premières. Coupons d'abord par une droite issue du point double; soient Mi et M2 les deux autres points où cette droite coupe la courbe, Ui , U2 et Çi , (^2 les valeurs des intégrales u et ç en ces points, u' et u'\ ç' el v" leurs valeurs aux deux points analytiques superposés au point double. Le théorème d'Abel pour les intégrales de pre- mière espèce s'applique toujours et donne ( Mi-+- M2= P'-i- ^X-Âif + /A -H mB, (i5) <, [ v^ 4- p., = Q'-l- 2;jL7iJH- IB -\- mC, Uy -+- 11-2 -f-. . .+ Mg= p'_|- p -^2X7:1+ ^A H- mB, ri -f- P2 -+- . . ,-i- çq = Q'-i- Q-h iiir.i -h IB -^ niC. APPLICATIONS DU THÉORÈME d'aBEL A LA GEOMETRIE. 5o3 P' et Q' désignant les constantes P — «'— u" et Q — v' — v\ Ces relations (i5) doivent se réduire à une, car un des points ^M, et M2 peut être choisi arbitrairement. On a encore là un cas où le problème de l'inversion est indéterminé. Si l'on coupe par une conique Co passant par le point double, cette conique coupe en six points distincts du point double entre lesquels ont lieu les relations (16) Sur ces six points, quatre peuvent être choisis arbitrairement; les deux autres sont déterminés par les équations (16), en vertu du problème d'inversion. On a donc obtenu les conditions néces- saires et suffisantes pour que six points de la courbe soient sur une conique passant par le point double. Ces conditions pourraient servir, par exemple, à déterminer les coniques passant par le point double et tangentes en trois points à la quartique. Enfin, pour que ^s — 2 points de la quartique soient sur une courbe Cs d'ordre s, passant par le point double, il faut et il suffit que l'on ait Z^l+ ï«2-+-.- --^ «i5-2= P'-+-(5 — l)P, 30. Quartique avec deux points doubles Z etZ' à tangentes distinctes. — Dans ce cas le genre est un\ l'intégrale / ^^^'U:c, F> OÙ a, |i, V sont des constantes, est de première espèce quand la droite aj^; -f- j3y -f- y ^ o passe par les deux points doubles. Mais si a, J^, v sont arbitraires, cette intégrale est une fonc- tion linéaire de l'intégrale normale de première espèce z^, et de deux intégrales normales de troisième espèce ts et -us' de- venant infinies, la première aux points superposés au point double 0, la deuxième aux points superposés en 8'. L'intégrale u admet les périodes 2 t: « et A sur les coupures a et b\ l'intégrale to admet la période polaire 27:/, la période o sur a 5o4 CHAPITRE XII. et B sur b] th' admet de même la période polaire 2-/, les périodes 0 et G sur a et b. Il faudra, pour l'étude des systèmes de points d'intersection, distinguer trois cas, suivant que la courbe sécante ne passe par aucun point double, passe par un point double ou par les deux. i"" Courbes ne passant par aucun point double. — On trouve comme plus haut les relations suivantes en distinguant par des indices les valeurs des intégrales u^ to, ra' aux points d'inter- section. Droites sécantes : Ui + 112 + W3 -f- U;, = P H- 2 X 7: t H- /A, Wi -f- TTT2 + THs H- W'^ = Q -1- 2 [J. Tt i -1- IB, ^'1 + 7^2 + TÏT3 -+- ^4 = R 4- 2 V Tï t H- IC, où p, Q, R sont des constantes, >., u, v, /des entiers. Ces relations se réduisent à deux. Coniques sécantes: Ui + M2 H- . . . -h i«8 = 2 P -^ 2 X TT i -i- / A, 757i + TTT2 -+- . . . -h TTTg = 2 Q + 2 [JITÎ J + / B, Txj[ ^- w'^ -+- . . . -f- TTj'g = 2 R -h 2 V T t -h / G . Cherchons,par exemple, les coniques tangentes en quatre points. Comme actuellement il n'y a plus que quatre entiers 1, a, v, /, on trouve 2"* — I = i5 systèmes de coniques véritables tangentes en cjuatre points. ^'^ Courbes passant par un des points doubles 0'. — H y a alors une relation de moins entre les points d'intersection et deux de ces points sont situés au point double S'. La relation qui con- tient l'intégrale w^ n'a plus de sens. Il reste alors les relations suivantes, dans lesquelles P' et Q' désignent de nouvelles con- stantes. Droites passant par V : 11^ 4- wo = P' + 2X771+ /A, Toi -h 71T2 = Q'+ 2fji7rt + /B. Ces relations se réduisent à une. APPLICATIONS DU THÉORÈME d'aBEL A LA GÉOMÉTRIE. 5o5 Coniques passant par o' : iii-{- iio-^. . .-\- uc, = P' -f- P 4- -iX-t + /A, TUi -+- CJo + • • • -i- ^6 = Q' H- Q -^ 2 {JL- t -+- /B, et ainsi de suite. 3° Courbes passant paj' les deux points doubles S et o'. — H n'y a plus alors qu'une relation entre les points d'intersection : c'est celle qui est donnée par l'intégrale de première espèce. Coniques passant par o et o' . — Elles coupent en quatre points variables dont trois arbitraires; ces quatre points sont liés par la relation (17) Z^l4- Ui-^ U^^ z^- =z P H- 2A-i 4- Ik. La constante est nécessairement P, car la relation doit être vé- rifiée en particulier si la conique se décompose en deux droites, l'une joignant les deux points doubles et l'autre quelconque; elle doit donc être vérifiée par quatre points en ligne droite. La rela- tion (17) ainsi obtenue est nécessaire et suffisante pour que les quatre points soient sur une conique passant par 0 et o', car elle donne une seule position pour M, quand Mo, M3, M4 sont choisis arbitrairement. De même, une cubique passant par les deux points doubles coupe la courbe en 8 points variables dont - peuvent être choisis arbitrairement, le huitième étant alors déterminé et unique. Ces huit points sont liés par la relation zf 1 4- z«2 -i- • • • H- «8 = îi P -T- 2 X T t -h / A , où la constante est 2P, car la relation doit être vérifiée quand la cubique se décompose en trois droites dont une joignant les points 0 et ù' . On vérifiera en général que, si une courbe Q d'ordre s passe parles deux points doubles, elle coupe la quartique en 4 5 — 4 points dont 4-5 — 5 peuvent être choisis arbitrairement; ce raisonnement est identique à celui de la page 491- Les valeurs de u aux ^s — 4 points sont liées par la relation nécessaire et suffisante * «l-t- «2-r-. • .-^ "4a--4= {s l) P H- 2X7:^-4- /A. 5o6 CHAPITRE XII. 231. Il nous reste à examiner le cas simple où la courbe a trois points doubles à tangentes distinctes ; elle est alors unicursale : les coordonnées d'un point de la courbe s'expriment en fonctions rationnelles d'un paramètre t^ de telle façon qu'à chaque point de la courbe corresponde une seule valeur de t et réciproquement. La courbe étant du genre zéro, il n'y a pas d'intégrale de première espèce correspondante. Soient B<, 80, B3 les trois points doubles, a^^ b^ les deux valeurs de t qui donnent le point ûi, a^^ b^, et a^, 63 celles qui donnent les points 80 et Ô3. Si Q_{oc^ y) = o désigne l'équation de la droite 8283, l'intégrale <--Q(-,r)^, f;-(^,7) est une intégrale de troisième espèce admettant pour points sin- guliers logarithmiques les deuxpoints superposés aupointdouble 8,. Si donc on l'exprime en fonction de i, en y remplaçant œ al y par leurs expressions en t^ on doit trouver (.8) .(.,^) = ,„.f-^f..;rl.. Cette intégrale n'a plus qu'une période polaire 271 1. i" Intersection avec des courbes ne passant par aucun point double : Appelons ^,, ^2 7 ^3) ^4 les valeurs du paramètre correspondant aux quatre points d'intersection (^^,J'^), (^25^^2)7 (^a^JKs)? (^4, y^ de la courbe avec une droite; d'après le théorème d'Abel appliqué aux intégrales de troisième espèce, la somme ^(^i,J))-+- ^(^2,72) + ^(^-3,73) + ^(^4,74) a une valeur constante indépendante des coefficients de la droite considérée ; la partie logarithmique disparaît, car les points sin- guliers logarithmiques de tîj(^, j/)sont superposés au point double. Remplaçant dans cette somme tïï(^<, J^/^ ), ... par leurs valeurs tirées de (18), on a une relation de la forme APPLICATIONS DU THÉORÈME d'aBEL A LA GÉOMÉTRIE. 607 K, étant une constante et n^ un entier quelconque. La considéra- tion des deux intégrales de troisième espèce devenant respective- ment infinies aux points superposés en Oo et O3 donne de même les deux relations (19') lo< lOî ?1 — an ^1 — b. tx — «3 loî ?2 — ^2 ti-b, lo.^ ^2 «3 .-^log . -T-lo£r 05-2 bi = K, in^r.i, t^—b Î^ = K3 Ces trois relations (ig) et (19') se réduisent nécessairement à deux, car deux des points d'intersection d'une droite avec la courbe peuvent être choisis arbitrairement; les deux autres sont alors déterminés sans ambiguïté. Donc, ^3 et ^J étant pris arbi- trairement, les valeurs de ti et (2 tirées des deux équations (19') doivent vérifier (19), ce qui exige l'existence de relations entre les constantes K,, Ko, K3 et les quantités «<, b^, «o, ^25 <^'35 ^3- Certaines de ces relations s'obtiennent immédiatement; par exem- ple, la droite ûoSs, joignant deux des points doubles, rencontre la courbe aux points b-2j b,: ces valeurs doivent donc vérifier l'équation (19); en écrivant ce fait, on a l'expression de K, en fonction de «j, 64, a-i, ^2, «3, ^3. Ces équations (19) et (19'), dans lesquelles t^, a une valeur arbi- traire, fournissent donc un exemple du cas où le problème d'in- version généralisé est indéterminé, car ces trois équations ne dé- terminent pas tf, 1-2, t-i ; on peut encore y prendre arbitrairement une de ces quantités. On verra de même que, si huit points de la courbe ?i , ^o? • • • > ^8 sont sur une conique, on a (20) lo< a, ti—bi lo ">"^T-,, ï^ -T- lo lo< ^2 — «1 0 t-l- b. s tî — «2 'b\ - )2- *1 «3 -h _«3 _ . 63 ' ^^^-^3 -^log. ^8- -ai ^8- -b, -^log ^8- ■ at ^8- -b. i 8 «3 ■ Aog- 8 — ^3 = 2Kt-4- iniT.i, = 2K2-T- in^r^i, = 2K3-)- in^rA. 5o8 CHAPITRE XII. Les trois conditions (20) sont les conditions nécessaires et suffisantes pour que huit points de la courbe soient sur une conique; elles sont nécessaires, comme nous venons de le voir: elles sont suffisantes, car cinq des points ^4, ^5, Iq, ify, tg étant choisis arbitrairement, la conique de ces cinq points coupe la courbe en trois antres points bien déterminés, et ces trois points coïncident nécessairement avec les points t^^ t^^ t^ définis par les équations (20), qui donnent pour ^,, t^, t^ un seul système de valeurs. Appliquons, par exemple, ces relations à la détermination des points d'inflexion. Pour un point d'inflexion t on a, en coupant par la tangente d'inflexion, ^0 = ^3 = ^/i = f- Donc les équations (19') donnent 3l0g — -}-log — = K2+2Al2 7rï, l 6*2 f 1 l^± t — a^ ti— as 3 i^s j_rb, + i^s l—Tb, == K3+ 2^37:.. Si l'on passe des logarithmes aux nombres, et si l'on élimine f, entre les deux équations linéaires en ti ainsi obtenues, on a une équation du sixième degré en t : il y a donc six points d'inflexion. Appliquons de même les relations (20) à la détermination des systèmes de coniques tangentes en quatre points de paramètres ii, ^2, ^3, tf,. Pour obtenir les groupes de quatre points de contact, exprimons que Z^, Iq^ t-j et tg sont égaux respectivement à /< , fo^ ^3, tj^. Les relations (20) deviennent (21) loff ''" -«* , i„„ «s-»* '°»<.- .b, ' ^"-t.-b. ^3 — ^z,- , h — CLk K^H- injcizi, où A-^ I, 2, 3. Ces formules montrent que t,^ peut être pris arbi- trairement : ^1, ^25 ^3 sont alors déterminés. On obtiendra huit systèmes difl'érents de coniques quadruplement tangentes en don- nant à /11, /Zo, n^ les valeurs o et i associées de toutes les manières possibles. Mais la combinaison /ij == 722 = ^3 = o APPLICATIONS DU THÉORÈME d'aBEL A LA GÉOMÉTRIE. DOg donne des groupes de quatre points en ligne droite; c'est une so- lution fournie parles droites du plan regardées comme doubles. Il ne reste donc que sept systèmes de coniques tangentes en quatre points. On obtiendrait de même les trois relations nécessaires et suffi- santes pour que douze points de la courbe soient sur une cubique ne passant pas par un point double, et l'on pourrait en déduire les cubiques ayant en trois points un contact du troisième ordre, ou en quatre points un contact du second ordre, etc. 2° Courbes passant par un ou plusieurs points doubles : Si une courbe sécante passe par un point double, il y a entre les points d'intersection une relation de moins, celle qui contient l'intégrale de troisième espèce infinie au point double. Si la courbe passe par deux points doubles, il disparaît les deux relations contenant les intégrales de troisième espèce devenant infinies en ces deux points : il ne reste donc alors qu'une re- lation. Par exemple, une conique passant par deux points doubles coupe la courbe en quatre points variables, dont trois arbi- traires. Si la courbe sécante passe par les trois points doubles, il n'y a plus aucune relation entre les points d'intersection. Ainsi une conique passant par les trois points doubles coupe la courbe eu deux points variables que Ton peut prendre arbitrairement. Remarque. — Si certains des points doubles devenaient des rebroussements, il suffirait de remplacer fintégrale de troisième espèce devenant infinie au point double par l'intégrale de seconde espèce admettant le point de rebroussement comme pôle du pre- mier ordre. 232. 2'angentes doubles des quartiques. — Le problème des tangentes doubles des quartiques présente des difficultés particu- lières qui tiennent à ce que les droites sont des courbes de degré m — 3 (/?i = 4) et que les équations exprimant que quatre points sont en ligne droite sont surabondantes. Si l'on coupe une quartique sans points singuliers par une tan- gente double, les quatre points d'intersection sont deux à deux confondus avec deux points M, et Mo. Les équations (lo), p. 49^) CHAPITRE XII. qui expriment que quatre points sont en ligne droite, deviennent alors P H- 'îlizi^ /A -1- ?nB" -h nB' (22) lll -+- 11-2 — Wi -j- iV2 2 Q-h iixr.i-{- IB" -h m A' -+- nB 2 R H- 2V7:f -h IB' 4- ?nB -f- 7i X" On a ainsi trois équations pour déterminer les deux points de contact M| et Mo. Les lettres /, m^ n, )^, |j., v désignent des en- tiers. Il est certain d'avance que l'on pourra donner à ces entiers des valeurs telles que les trois équations ci-dessus soient compa- tibles, car on sait qu'il existe des tangentes doubles, mais la diffi- culté est de savoir comment il faut choisir ces valeurs des entiers. Tout d'abord il suffit de donner à chacun des entiers une des valeurs o et i, car, en augmentant ou diminuant un des nombres /, m, n, )v, tx, V de deux unités, on ajoute ou retranche des pé- riodes aux seconds membres des équations. 11 reste alors à savoir comment il faut associer les valeurs o et i données aux six en- tiers; Riemann a démontré (^), par des considérations tirées de l'évanouissement des fonctions 0, qu'il faut et qu'il suffit que les entiers /, m^ /z, X, |j., v vérifient la condition (23) Il -]- m [j. -i- nv = un nombre impair. Comme l'étude des fonctions 0 ne rentre pas dans le sujet que nous avons voulu traiter, nous admettrons le théorème de Rie- mann. Il correspondra une tangente double à chaque système de valeurs des nombres /, m, n, À, p., v vérifiant la condition (aS), ces nombres ayant chacun la valeur o ou i. Pour évaluer le nombre des tangentes doubles, supposons d'abord deux des nom- bres /, m, n nuls, le troisième étant i ; ce qui peut se faire de trois manières. Par exemple, supposons 1= m = o^ n = i . Alors ). et [J. peuvent prendre chacun les deux valeurs o et i , mais v doit être égal à i, ce qui donne 4 systèmes de valeurs pour )., tji, (') Zwr Théorie der Abelsclien Functionen fiXr den Fall p = 3 {Œuvi-es com- plètes, p. 457 )• APPLICATIONS DU THEOREME D ABEL A LA GÉOMÉTRIE. 5ll v; on a, de cette façon, 12 systèmes de valeurs pour /, /??, /?, A, a, V en supposant deux nombres /, m, n nuls. Si un seul des nombres /, m, n est nul, / par exemple, X peut prendre la valeur o et I , puis [JL -H V doit être impair, ce qui exige a = o avec v ^= i , uL =: I avec V =^ o; on a donc encore 4 systèmes de valeurs de X, a, V, en supposant / nul, m et n égaux à i , ce qui donne, en pre- nant un seul des nombres l, m, n nul, 12 systèmes de valeurs des 6 entiers. Enfin, supposons l = m = n =^ i -^ alors X -1- ui -f- v doit être impair; donc, ou bien les trois nombres X, tx, v sont égaux à I ou un seul d'entre eux est égal à 1 : ce qui fait 4 systèmes de valeurs. On a ainsi en tout 28 tangentes doubles conformément aux formules de Pliicker. Désignant par (Imn, A[av) une tangente double correspondant à un choix déterminé des six entiers i, m, n, X, [Ji, V, on a le Tableau suivant des 28 tangentes doubles : (100.100) (oTo,oio) (001,001) (OTI,OIO) (toOjIio) (010,110) (001,011) (011,001) (100.101) (010,011) (001,101) (011,110) (100,111) (010,111) (001,111) (011,101) (101,100) (110,100) (111,100) (101,110) (110,101) (111,010) (101,001) (110,010) (111.001) (101,011) (110, ou) (111,111) Nous ne nous occuperons pas ici de la réalité de ces tangentes doubles, en nous bornant à remarquer qu'elles peuvent être toutes réelles, comme l'a montré Pliicker (voir Salmon, Courbes planes). Nous indiquerons quelques théorèmes relatifs au grou- pement de ces tangentes doubles, théorèmes que Hesse et Steiner ont démontrés par voie algébrique et que Glebsch a établis comme application du théorème d'Abel (Journal de C relie, t. 63) ('). Nous avons trouvé (n° 228) qu'il existe 63 systèmes de coniques tangentes en quatre points à la quartique. Dans chacun de ces systèmes figurent six couples de tangentes doubles; les points de contact de deux couples appartenant au même système sont situés sur une conicjue. (*) Voyez aussi Leçons sur la Géométrie^ par Clebsch, traduites par Benoit, t. III, p. 345 et suivantes. 5l2 CHAPITRE XII. En effet, les qualre points de contact Mi, Mo, M3, M4 d'une conique tangente en quatre points sont liés par les trois équations 2 P -h 2 Xît j + / A + m B" -h nB' Ui -\- U2 H- Ui + W4 = (24) { Çi -i- V2 -\- i^3 -h Vf, WPi H- W2 + W3 H- Wi, 2 2 Q -t- 2 [JL-JT f + / B" + /?l A' -h /Z B 3 2 R -f- 2 V Tc i -t- IB' -h mB -^ n A" "1 + u^ + IH + W4 = 2P it. 2 711 + 2 B' Vl -4- (^0 H- Vz <^4 = 2O 2R 2 B — ? A" où /, 7?z, /z, X, [x, V prennent les valeurs o et i associées de toutes les manières possibles, ce qui donne 2^ = 64 systèmes de coniques. La combinaison l = m = fi ^=k^ ^kz^ y = o donnant les droites doubles du plan, il reste 63 systèmes de coniques tangentes en quatre points. Prenons, pour fixer les idées,, le système de coniques correspon- dant au choix / = m = o, n ^ ij\= i^ pL=z:v = o. On a (25) Soient alors deux tangentes doubles caractérisées par les nom- bres (/', m', n' ; X', /, v') (/", m", n" ; V, |a", v"); appelons Mi , M2 les points de contact de la première, nous aurons , „. P -\- iV T. i ^ r X -h 7n' B" -^ n' B' (26) Ml + ii2 = ; j et deux relations analogues pour ^^^ -\- ^2^ t^i -H ^2 ', appelons de même M3, M., les points de contact de la deuxième, nous aurons , , F -H 2 X"7r t H- l"A -+- m"B" -h n"B' (27) «3 + W4 = — , 2 et deux relations analogues pour P3 -j- P4 et w-^ + w^. Pour que l'ensemble de ces deux tangentes doubles forme une conique qua- APPLICATIONS DU THEOREME d'aBEL A LA GÉOMÉTRIE. 5l3 druplement tangente du système (25), il faut et il suffît qu'en ajoutant les relations telles que (?6) et (27) on trouve les relations (26) à des multiples des périodes près. Il faut et il suffit pour cela que À'-}-X'', n' -\- n" soient impairs, ^' -{- u!' ^ v'-f-v'^, i'-\-l"-, m' + m" pairs. Les six couples suivants de tangentes doubles remplissent ces conditions : I (010,010) (oii,iio) II (011,010) (010, no) III (100,111) (101,011) IV (100,101) (101,001) V ( 110,011 ) (111,111) VI. (110,101) (111,001) Les huit points de contact de deux quelconques de ces couples sont sur une conique; en effet, les quatre points de contact de chaque couple vérifient des relations de la forme (25). En ajou- tant, membre à membre, les relations correspondantes pour les deux couples, on obtient précisément des relations de la forme (11), qui expriment que huit points sont sur une conique. 233. Nous venons de supposer que la courbe du quatrième ordre n'a pas de points doubles. Si elle acquiert des points doubles ou des points de rebroussement, le nombre des tangentes doubles diminue, conformément aux formules de Plûcker. On pourra encore étu- dier le nombre et la disposition de ces tangentes à l'aide des rela- tions fournies par le théorème d'Abel. Pour ne pas rendre cette étude trop longue, nous nous boise- rons à examiner en détail le cas où la courbe admet trois points doubles à tangentes distinctes. Nous avons trouvé (n° 23i) les conditions nécessaires et suffi- santes pour que quatre points ^,, t^, ^3, t^ de la quartique unicur- sale soient en ligne droite. Ces relations peuvent s'écrire Cl désignant la constante e^''. Les constantes c,, Co, C3 se déter- minent de la façon suivante. Considérons la droite joignant les A. ET G. 33 5l4 CHAPITRE XII. deux points doubles («o? ^2) et (a^, 63). Cette droite coupe la courbe aux quatre points Exprimant que la première des relations (28) est vérifiée par ces valeurs de ^<, t. 2, ts, ^/,, on a ""ï - («2 -bi){b,-bi)ia,- bi)ib, ■- 60 * De même, on a g _ ( c?.3 — a^)(bs — a-2)(ai —a^Mb^ — a-j) ^^ "" ^a^ — b^){b^ — b.i){ay-bi){b, -62)' 2 _ {ax — az){bi~-a-i){ai — a^){bi--a^) ^ ^'' ~ {ay — b^){bi — bs){a^-~bi){bz — b^)' On tire de là deux déterminations pour chacune des constantes C\, C2, C3 : nous les choisirons comme il suit. Formant le produit ^1^2^3 7 ^^ trouve un carré parfait dans le deuxième membre; nous extrairons les racines et nous prendrons («1— «aH^' — «3)(«3— «O <"9) «"=^<'==(i,_è,)(è.-6,)(é3-é,)' Ceci posé, arrivons au problème des tangentes doubles. Soient t et t' les paramètres des deux points de contact : on aura dans (28) if j = ^2 = ^> ^3 rrr ^^ rr: ^ , d'où, en extrayant les racines, ,_ , (t — ak)(t'—ak) ^ ^ ^'^^> {t-b,)it'^b,)=^'''^ OÙ £/e = ± I . On a ainsi trois relations pour déterminer t et t' ', ces relations se réduisent forcément à deux, par exemple aux deux premières. Une fois £< et £2 choisis, on trouve un seul système de valeurs pour t et t'^ c'est-à-dire une tangente double. Comme e, = dz I, £2 =± I, on peut associer ces valeurs de quatre façons différentes : on trouve donc quatre tangentes doubles. Une fois £< et £2 choisis, £3 est déterminé : pour le voir on peut employer la méthode élémentaire suivante, due à Clebsch ; chassons APPLICATIONS DU THÉORÈME DABEL A LA GÉOMÉTRIE. 5l5 les dénominateurs dans les relations (3o) ; elles prennent la forme (3i) al — H-Ckb'l — {t^t'){ak — t/^CA-bk) -^ tt'{i — s^-c^.) = o. Ces équations linéaires en ^ -|- ^' et 1 1' devant être compatibles, on a la condition «f — £lCi6f «1— Cl Cl 61 1 — £,Ci a| — £202^1 «2 — 22^2^2 I — £0^2 «3 — ^3^361 «3 — £30363 I — £303 Cette condition, ordonnée par rapport à s,, So, £3, est de la forme (3i bis) A- -:- Bl £1 -f- Bo £2 -i- B3 £3 4- Cl £2 £3 -T- C2 £3 £1 -+- C3 £1 £0 -^ D£i £9 £3 = o. Les coefficients se calculent immédiatement par le développe- ment du déterminant. Ainsi aj «1 I j al «2 I I = («"'2 — «i)(a3 — «2)(«i— «3), «1 «3 I j D --=— {b.~b,)(b:i — b.2)(bi — b:i)ciCiC.,, Bi = Gi = I ^ï bi I I «2 ^2 I i «3 «3 I a] ai I bl b. I bl b, . {bi — a.2){bi—as){a,— a3)ci ..., C2C3 = — («1 — 62)(ai ~bs){b.2—bs)Ci Ci- D'après la relation (29), on a donc D = -A, Gi = -B,. On trouve de même C2 = — B2, C3 = — Bj. En remarquant que ^3 — Si (l — :i£2£3), 5i6 CHAPITRE XII. on peut écrire la relation (3i) (A -+- BiSi -T- BaSî + B3£3)( J — £ie2E3) = o. Le premier facteur n'est pas nul si (a,, 6,), («2, ^2) (<^35 ^3) sont quelconques; on a donc (3!2) ei^2£3 = i, ce qui détermine £3, une fois £< et £2 choisis égaux à ±: i . Gomme conséquence de cette détermination, nous démontre- rons que les huit points de contact des quatre tangentes douhles sont sur une conique. En effet, supposons écrites les relations (3o) pour les quatre tangentes doubles; en appelant {t^^ t\) , \h, Q, (^3, 4), (^4, i[) les valeurs de t correspondant aux points de contact des quatre tangentes doubles, on aura, en multipliant membre à membre les relations (3o) correspondantes, A: = I. 2, 3), car, £a ayant deux fois la valeur — i, le produit des seconds membres est c^ ou e^'^S car nous avons posé c'I = e^^K Les rela- tions (33) sont celles qui expriment que huit points de la quartique appartiennent à une conique (n°231). Le théorème est donc démontré. On pourra vérifier la proposition suivante : Parmi les sept sys- tèmes de coniques quadruplement tangentes définies par les équa- tions (21), les trois systèmes obtenus en assujettissant n, + /lo + n-i à èlre pair contiennent chacun deux paires de tangentes doubles; les quatre autres systèmes obtenus en assujettissant ni -i- n^ -h n^i à être impair ne contiennent pas de tangentes doubles. Si la quartique a des points de rebroussement, le nombre des tangentes doubles est moindre. Il faudrait alors remplacer . t — a/, 1 . loer 7— par ? oik désignant le paramètre du point de rebroussement. APPLICATIONS DU THÉORÈME d'aBEL A LA GÉOMÉTRIE. Diy 234. Les cas particuliers que nous avons traités montrent comment le théorème d'Abel donne les conditions nécessaires et suffisantes pour qu'un système de points situés sur une courbe donnée d'ordre m soit le système complet des points d'intersection de cette courbe avec une courbe d'un degré donné. Si la courbe n'a pas de points doubles, les conditions seront exprimées à l'aide d'intégrales de première espèce. S'il y a des points doubles, il faut employer, en outre, des intégrales de troisième espèce deve- nant infinies respectivement aux points superposés aux points doubles. S'il y a des rebroussements, ces intégrales de troisième espèce sont remplacées par des intégrales de deuxième espèce ayant respectivement les points de rebroussement comme pôles du pre- mier ordre. Quand la courbe sécante passe par des points doubles ou de rebroussement, les relations qui contiennent les intégrales correspondantes disparaissent. Enfin, si le degré de la courbe sécante est inférieur ou égal à m — 3, les relations fournies par le théorème d'Abel de la façon que nous venons d'indiquer ne sont pas toutes distinctes. 235. Dans les applications précédentes, nous avons cherché les conditions nécessaires et suffisantes pour que ms points, pris sur la courbe d'ordre m, appartiennent à une courbe quelconque d'ordre s qui n'est assujettie à aucune condition. Le théorème d'Abel se prête aussi à l'étude des groupes de points d'inter- section d'une courbe donnée avec des courbes d'ordre s assu- jetties à passer par des points fixes donnés pris en dehors de cette courbe. Prenons, par exemple, une cubique plane sans point double et coupons-la par des droites passant par un point fixe A non situé sur la cubique. Une de ces droites coupe la courbe en trois points Ml, Mo, M3 ; l'un de ces points étant choisi arbitrairement, les deux autres sont déterminés : il y a donc deux relations dis- tinctes entre les trois points analytiques M,, Mo, M3. Nous les obtiendrons comme il suit : d'abord en appelant u l'intégrale de première espèce attachée à la cubique, et u^^ 11.2-, U3 les valeurs de cette intégrale aux points M, , Mo, M3, on a la relation déjà indiquée (34) Wi -r- U-2 -h W3 = P -i- /?ltO -T- /)l lii', 5l8 CHAPITRE XII. qui exprime que les trois points sont en ligne droite. Menons ensuite par A une sécante déterminée ANiNgNg et appelons v!5{x^y) l'intégrale de troisième espèce ayant pour points singu- liers logarithmiques les points Ni, Ng. La somme t^i -h 7^2 + ^:$ des trois valeurs de m aux points Mi , Mo, M3, où une droite variable y = o, passant par A, coupe la courbe, est constante. En effet, soit W= o une seconde droite, passant par A; la somme 7574 + ^2 + ^3 est la même pour les deux droites /= o et W= o, car, dans le fais- ceau /+ [JiW = o, il j a une droite passant par les points critiques logarithmiques de l'intégrale rn , à savoir la droite ANiNoN^ (n" 185). On a donc une nouvelle relation (35) THi+THaH-nTgr^ Q -h Ci^TItH- mQ-^- 7?2'0', 0 et ù' étant les périodes de ts correspondant aux mêmes coupures que co et w' pour u. Voici un deuxième exemple. Soient une conique fixe F(^, y) = o et deux points fixes A et B non situés sur la courbe. Une conique quelconque passant par A et B coupe F = o en quatre points dont trois peuvent être choisis arbitrairement; il y a donc une relation entre ces quatre points : cette relation est fournie par le théorème d'Abel. Soient Ni et N2 les deux points fixes où la droite AB coupe la conique ; formons l'inté- grale de troisième espèce 7jj(^,j), relative à F (x, 7)= o, admettant comme points singuliers logarithmiques les deux points Ni et N2. La somme 7774 + 7172+7153 + 757.4 des quatre valeurs que prend 757 aux quatre points d'intersection de F = o avec une conique /=:o passant par les deux points A et B reste constante quand cette conique varie. En effet, si l'on considère une deuxième conique (L == o passant par les points A et B, la somme Ts^ + 7573 -h 7573 + 757/, est la même pour les points d'intersection de F = o avec les deux coniques /= o et ^ = o, car, dans le faisceau /+ \k^ = o, il se trouve une conique passant par Ni et N2. Si l'on exprime les cooordonnées d'un point de la conique F — o en fonction rationnelle d'un paramètre ^, et si l'on appelle a et b les valeurs de t correspondant aux points fixes IN, et No, on a t — a ^ = L0g- -r' APPLICATIONS DU THÉORÈME d'ABEL A LA GÉOMÉTRIE. 5l9 La relation entre les valeurs ^,, ^o, ^3, ^4 du paramètre t aux quatre points d'intersection de F = o avec une conique variable passant par A et B est donc de la forme I-OS 7^6 ^ Log^^ - Log^-— 5 + Log ^--^ = K -- an.,, OÙ K est une constante qui sera déterminée dès qu'on connaîtra les points d'intersection de F = o avec une conique particulière passant par A et B. Ainsi, coupons l'ellipse -^ + ^ — 1=0 par des cercles, c'est- à-dire des coniques passant par les deux points circulaires à l'in- fini A et B. On peut exprimer les coordonnées d'un point de l'ellipse, en posant j ^2 2 ^ a7 = <2coso = a ) ^ = èsino = 6 t = tang ^' La droite de l'infini AB coupe l'ellipse en deux points Ni et N2 correspondant aux valeurs ^ = y — i et t =r. — y — ^ i . L'intégrale de troisième espèce avec ces deux points singuliers logarithmiques est 2 dt f. c'est-à-dire nsz^i'^. Soient alors cp, , cpo, 03, cp^ les valeurs de cp correspondant à quatre points de l'ellipse situés sur un cercle; comme la somme des valeurs de l'intégrale rn en ces quatre points est constante, on a 91-T- ^2-^ ?3-<- 94 = G -h 2 7i77, OÙ G est une constante et ii un entier. Le cercle homographique de l'ellipse lui est bitangent aux deux sommets : pour ce cercle particulier, on a La constante G est donc nulle et on a ')>.o «:ii A l'ii m-; XII. ^l'M't. On ohlH'iil ciHorc (l(s I Ih'oi'ciikîS (i(; ( Îk'oiiu'I ri(; |)li(|iiarit l(; llK'orrnKMl' Ahel a (Jos ml<'<^r ;»I<'S jil)(*li(;iirK;s (|iii oui iiih' si;^iii(i(;!il iOii j^roni/Miici iir, nai- (!X('in|)l<' à (\('.H irité;.;f'al(!.s alxîliciinos reprcîsenlanl, des ai/es, des fi/cs, (les tlisfanccs, des ///tj^ les, (Me. l'oiir donuci' mic i(l('(' de; (Uî ^l'iiir de iIm'oi rincs, nrcnoiis iiim; coiirlKi d'ordi'iî ///, V(;jr, y) : o, avec /n dii'e(;hoiis asjinptolique.s disliiieL(;s. K'airct d'cin secleur do celle eourix' (U)m|)l('î aiiloiir du poinl (), (Jonl le choix est arbitraire, est S ~ / .7.' r/y y dun Xf ' f (7esl iirHî iiHci^rale ahcliciiiK; r = o, il en est une qui touche les tangentes menées à /"= o par les points cycliques du plan (-). Par exemple, les deux systèmes de tangentes communes à une (') JIuMBERT, Journal de Mathématiques, 4" série, l. III, p. 356; 1887. (M Hur.iBERT, loc. cit., p. 358. APPLICATIONS DU THEOREME D ABEL A LA GÉOMÉTRIE. 323 courbe algébrique et à deux courbes liomofocales ont même orien- tation (M. 237. Terminons enfin par quelques exemples relatifs aux arcs. Soit l'équation d'une courbe algébrique. L'arc a- de celte courbe est défini par Gomme -^ est une fonction iri'ationnelle de x eV y^ rr est donné par une intégrale abélienne relative à une relation algé- brique différente de ¥[œ^y) = o. Il y a exception pour les courbes que Laguerre a appelées courbes de direction (-) et qui sont caractérisées par cette propriété que \/^'^ 4- F'- puisse s'ex- primer rationnellement en fonction des coordonuéees x et r d'un point de la courbe. Supposons cette condition remplie /F7~F7=/(;r,r); alors or est une intégrale abélienne relative à la courbe elle-même F = o. La courbe f(x, y) =i o est une courbe adjointe, car la fonction y* s'annule en tous les points singuliers de F. En appliquant à l'intégrale o- le théorème d'Abel, on aura des relations entre les longueurs des arcs de la courbe de direction F = o comptés depuis un point fixe jusqu'aux points où cette courbe est coupée par une courbe variable d'un degré déterminé. Nous nous contenterons d'en indiquer un exemple élégant. La courbe du sixième ordre, qui a pour équation en coor- données polaires r3= «3 cos3ô, est du genre un, comme étant la transformée par rayons vecteurs {') Laguerre, Comptes rendus, janyier i865. (0 Comptes rendus, t. XCIV, 1882. ") >./| <; Il M' nui; \ii. récipr()(|iics d'iinc (',iil)i(nio sans poinl. doiihlc. (]('lle courbe est d'ailleurs une (tourbe de direelion, car ou a