14 ee: | MR UE e MERE (CO). 8727 TRAITÉE ÉCONOMIQUE | ET PHYSIQUE DU GROS ET MENU BÉTAIL. FRAMDEE ÉCONOMIQUE ET PHYSIQUE DU GROS ET MENU BÉTAIL: Co: NTENANT LA Defcription du Cheval , de l Ane, du Muler, du Bœuf, de la Chevre, de la Brebis & du Cochon ; la maniere d'élever ces Animaux , de les multiplier, de les nourrir, de les traiter dans leurs maladies & d'en tirer profit pour l'économie domeflique & Fee P 4 R RON 107 Chez J. Fr. BASTIEN, RS “4 qe Petit-Lion , Fauxb. St.-Germain. M. DCC. LXXVIIL Avec Approbation, & Permifion du Roi, ; APR 22 196 6 4 #1 (7 (7 R SITY 0 : ne ec? 10 )6310 É ER DELCE era que nous offrons au- jourd’hui à nos Compatriotes, eft de plus complet qui ait paru en ce genre. Perfonne avant nous n’a - publié dans un feul & même Ou- yrage tout ce qui concerne le gros & menu Bétail; lesuns ont donné . des Traités fur les Chevaux, d’au- tres fur les Vaches, plufieurs fur Tes Brebis , & prefque perfonne fur les Anes , les Chevres & les + Porcs, & encore la plupart de ces Traités font-ils incomplets : en effet, aucun Auteur ne s’eft | avifé de réunir tout ce qu’on peut dire de ces'animaux domeftiques, UE [ |LLe k fous un feul & même point de æ ji Be RNA CHE ES vue : on les a confidérés ou en Na: turalifle, ou en Economifte, ou en Médecin, & jamais fous tous ces afpedts, réunis : aufli depuis long-temps, le Public defire. un Ouvrage concis ;, & en même temps affez étendu pour. pou- voir entrer dans tous les. détails concernant ces animaux; nous avons tâché de remédier à tous ces inconvéniens , par le Trai- . « d pers ani Léa té que. nous publions aujour-. d’hui, Nous y traitons de huit ani- maux différens en autant, de Cha- pitres : nous commençons par Je Cheval, comme formant un des principaux objets de l'économie rurale ; nous en donnons en abrégé la defcriprion anatomique; nous parlons. des moyens .qu'on peut employer pour la propagation d& ÉRÉTA CE: AN fon efpece, & par conféquent des Hâras ; nous diftinguons fes efpé- | .ces, leur valeur & leur prix; nous 1 4 4 à expliquons les ufages auxquels les Chevaux de chaque efpece font les plus propres; nous entrons enfuite dans l’art de dreffer les Chevaux, relativement au fervice qu'on en veut tirer; nous indiquons encore quelle forme & queile qualité doit ävoir chaque partie exté- rieure pour concourir à la beauté | ‘de l’animal & à fa perfetion, après quoi nous donnons Îles moyens de connoître leurs âges ; nous terminons enfin ce qui con- cerne cet animal par fes maladies & par la maniere de le traiter; nous faifons même voir fon uti- lité, tant avant qu'après fa mort, -pour.da Médecine, de même que a 2 in les Arts & Métiers, & c'eft- là le fujet du premier Cha- pitre, Dans le fecond Chapitre, nous traitons de l'Ane ; nous en donnons la defcription extérieure, anatomique & comparée; nous en _décrivons les mœurs, & nous rap. portons tous les avantages qu’on : en peut tirer 3 nous indiquons | même la maniere dont fe faic à la Chine le Vgo-XKiao ; qui eft une : efpece de colle, qu'on tire de la peau d'Ane, & qui eft recom- . mandée en p/u/ieurs maladies. Le 1 :Muler eft l'animal que nous con- |! fidérons dans le troifieme Chapi- tre. Comme cet animal eft un ? mêlange de genre, & par confé- quent une monftruofité dans la nature , il n’engendte pas : mais il n'eft pas moins utile pour l’é- PRÉFACE. v ‘conomie champêtre ; ileft même ‘de la plus grande utilité dans les armées. Le quatrieme Chapitre comprend le Taureau & la Vache; nous l'avons divifé en quatre ar- ‘ticles : dans le premier , nous “parlons du Taureau ; dans le fe- cond, du Bœuf; ‘dans le troi- fieme , de la Vache ; & dans le quatrieme, du Veau. Nous n'o- sméttons rien dans chacun de cesar- icles de ce qu’on peut defirer tou- chant ces animaux fi intéreffants pour le fervice de Fhomme.Le Cha- pitre cinquieme eft deftiné au Ju- art, animal qui provientde l’ac- ‘couplement du Taureau avec l'A- neffé ou la Jument , & de celui du ‘Cheval ou de l’Ane avec la Va- &he: nous donnons dans ce Cha- pire. la defcription d'un Jumart a 3 ÿ PRÉFACE. qui s’eft trouvé en 1767 à l'Ecole: Vétérinaire de Lyon. Le Chapitre! fixieme eft deftiné à la Chevre: nous y examinons fes mœurs & : fon caractere; nous en rapportons | l'anatomie comparée, d’après le célebre M. d'Aubenton; nousin- diquons la hourriture qui lui. convient ; & ce que la Société bumaine peut retirer d'avanta- | -geux de cet animal. Le Chapitre feptieme eft aufli intéreflant que le quatrieme, puifqu'il traite d’un : animal dont l’ucilité eft univer- fellement reconnue, tant pour nos alimens & nos médicamens, que pour nos Manufaétures ; je veux dire de la Brebis. Nous avons divifé ce Chapitre en quatre ar- ticles : dans le premier, nous traitons du Belier; dans le fecond, ! PRÉFACE. vi de la Brebiss dans le troifieme, . du Mouton ; & dans le quatrieme, _de l'Agneau. Ce Chapitre occupe la plus grande partie du fecond volume, de même que celui du Cheval forme prefque lui feul le premier volume : nous avons tâché de ne rien laiffer à defirer d’effentiel fur les bêtes à laine. : Le huitieme & dernier Chapitre renferme tous les détails concer- - nant ie Cochon. Nous avons puifé , pour rédiger cet Ouvrage, dans les meilleures fources: nous avons confulté les Ouvrages de MM. de Buffon, d’Au- benton, Bourgelat, Dupuy d'Em- portes, l'Abbé Carlier & plufieurs Auteurs, & fur-tour les Journaux, le Diionnaire & l'Encyclopédie économique, le Diétionnairé vété. vi PRÉFACE. iriaire & dés animaux ‘domeftis ques , dont cet Ouvrage peut pañler ! pour labrégé & le Di&ionnairé domeftique portatif ; enfin, nous avons eu récouts à tous les meil- leurs Ouvrages qui peuvent. avoir: rapport , foit direétement, foit in- diretementaux objets que nous traitons dans celui-ci : nous avons aufli faic ufage de nos propres “obfervations, & des expériences que nous avons vu pratiquer dans - Ta maifon paternelle , & ailleurs, dans le cours de nos voyages. Nous nenous fommes pas éten- dus autant que nous aurions pu Le defirer fur les différénces tna- ladies de chaque animal, cela l’au- roit rendu trop éthique : ; ce que nous avons dit ‘donne ‘du -moins quelques notions fur ces ue à limité diet tt ts RRQ NS ARE | PRÉFACE. 1x objets : d’ailleurs, nous fommes } fur le point de faire paroitre un Ouvrage ad hoc, ‘intitulé: #fe- L decine des. Animaux domefti- | ques ; il eft même aGuellement : fous preffe. Ce nouvel Ouvrage eft une fuite néceffaire & indifpenfa- | ble de celui ci, de même que ce- lui-cieft la fuite de deux autres Ouvrages, dont lun a paru en #77s , chez Lacombe, fous le titre de Traité Phy/ique & Eco- * normnique des Oifeaux de baffe-cour, & l’autre en 1774, chez Didot le jeune, fous. le titre des A4ru- Jemens innocens ÿ contenant le Traité des Oifeaux de Voliere , ou le Parfait Oifeleur: conféquem- ment, le Traité que nous pu- blionsa&tuellement ef le troifieme : …— x PR'ARACE Traité Economique que nous avons misau jour; nous en don- nerons une Colletion complerte: nous tâcherons par-là de contribuer. aux vues fages & prévoyantes du Gouvernement ; & quoique, nous ne foyons pas choifis pour nous ap- pliquer fpécialement à ces objets, il nous fufhit d’être Citoyen , pouf continuer à nous y dévouef, comme nous n'avons ceflé de le faire depuis plus de trente ans. Les honneurs, les richeffes# l'am- bition ne font pas l’objet de nos defirs ; pourvu que nous puifhons être utiles à l'humanité , nous fommes contens. À quoi fervent à un’ Etat des hommes, qui, fous lapparence du bien public: ne cherchent qu'à faire Le leur par- | MP vo | PRÉFACE. 5% ficulier, & qui, enflés de leur fortune, oublient fouvent ce qui a dû être le fujet de leurs re- cherches! + MRC ELELETE ? PRE LESE ra e x SR ERREURS xij TABLE DES CHAPITRES. Tous Premier. ERA I", Du Cheval. pag. r Cap. Il. De PAne, 506 Cxar. HI. Du Muler. 539 Tome SECOND. Cap. IV. Du Taureau & de la Wache. x Cuar. V. Du Jumart, 148 CHar. VI. Du Bouc & de la Chevre. 153 Cap. VIL Du Belier & de la Brebis. 20$ - Cxar. VIIT & dernier, Du Cochon. 399 \£ TRAITÉ | Se oc une or ee NUS à id TRAITÉE. ÉCONOMIQUE ET PHYSIQUE DU GROS ET MENU BÉTAIL. CHAPITRE PREMIER. | DU CHETAR 2 E Cheval eft un animal do- Æ4 meftique, qui pafle pour un 24 des principaux objets de l'é- 3% conomierurale; c’eft laraifon pour laquelle nous commençons ce Traité par ce qui peut concerner cet animal ; nous nous étendrons même beaucoup à fon fujer. Nous donnerons d’abord en abrégé fa defcription ana- tomique ; nOUS traiterons des’moyens 2 Traité Économique — * qu’on peut employer pour la propaga* tion de fon efpece ; c'elt ce qui nous donnera occafion de parler des haras; nous diftinguerons fes efpeces , leur valeur & leur prix ; nous expliquerons les ufages auxquels les chevaux de chaque efpece font les plus propres ; nous entrerons enfuite dans l’art de les dreffer, relativement au fervice qu'on en veut tirer ; nous ferons voir quelle forme & quelle qualité doit avoir cha- que partie extérieure , pour concourir à la beauté de l'animal, & à fa per- feétion; après quoi, nous donnerons la maniere de connoître leurs âges. Nous terminerons enfin ce chapitre par leurs maladies, & par la méthode de les traiter; nous ferons même voir fon utilité dans la Médecine, tant avant qu'après fa mort, de même que dans les Arts & Métiers. ARTICLE PREMIER. Anatomie du Cheval. ST De l'Oféologie fèche. : La premiere chofe que nous confidé- serons dans l'anatomie du Cheval, du gros & menu Bérail. 3 c'éft fon oftéologie. La tête du fque- lerte du cheval fe divife en crâne, en: mâchoire extérieure: & en machoire poftérieure ; les os du crâne font le frontal, Poccipital , les deux pariétaux & les deux temporaux ; les os qui for- ment la mâchoire antérieure font les os du nez, les angulaires, les zigoma- tiques, les maxillaires ; les os du palais, les cornets du nez & le vomer; les os communs au crâne &£ à cetté même mächoire font l’ethmoïde & le fphé- noïde. On donne en général le nom de crane à cette efpece de boite offeufe formée par l’afflemblage de plufieurs os, & deftinée à loger & à: contenir le cerveau , le cervelet & la moëlle allongée. On appelle os frontal celui qui forme le front ; il fe nomme coronal dans - l'homme. M. la Fofle admet deux os frontaux dans le cheval adulte; il dit même les avoir toujours obfervés, C'eft un fait qui mérite confirmation ; & que nous n'ofons garantir ici. Les arfétaux font au nombre de deux; ils tirent leurs noms de la fituation qu'ils ont, & forment les parois du crâne. L'occipital eft de tous les os ce lui qui en occupe la a 6 la plus 4 Traité Économique confidérable. Les temporaux font de même que les pariétaux , au nombre de deux, & forment les tempes. M. la Foffe en admet quatre. Ces os font, dit-il, fitués à la partie latérale du crâne , & formés de deux pieces ; lune refflemble à une écaille, & l’autre àune pierre irréguliere. On ne trouve jamais cette derniere piece ,ajoute M. la Folle, offifiée, ou réunie avec la partie écailleufe , même dans les vieux Che- vaux; & lorfque cela arrive, c'eft tou- jours la fuite de quelqu’accident : on peut dire que ce font les feuls os de la tête qui ne s'uniflent pas avec leurs voifns. L’os fphénoïde, dans le Che- val adulte , eft, fuivant M. Bourgelat, intimément uni à l’ethmoïde; ce der- nier s'appelle encore os cribleux. M. la Foffe prétend avoir découvert deux os ethmoïdes, conftamment féparés par la cloifon du nez, & fitués inté- rieurement à la partie antérieure du crâne; chacun de ces os a une figure irrésuliere : on y confidere néanmoins deux faces, une convexe, regardant la cloifon du nez, & l'autre concave, regardant les finus frontaux: on y re- * marque d'un côté des duplicatures çournées vers le crâne, & de l'autre da gros & menu Bétail. $ côté d’autres duplicatures moins mar- quées, dont le bord fupérieur forme une demi-gouttiere, qui fe continuant ‘avec les cornets des os du nez, fert à Joger l'expanfon latérale de la cloifon du nez; à la face qui regarde les finus frontaux , on découvre deux foffes fé- parées par un mamelon arrondi, & une petite lame offeufe. L'une de ces fofles, fuivanc M. la Fofle, concourt à for- mer les finus frontaux; l’autre à for- mer la cavité du cornet fupérieur du nez. | Les os du nez font partie, ainfi que nous l'avons dit , de la mâchoire anté- rieure, & fe préfentent à la face anté< rieure de cette mâchoire ; les os an- gulaires forment le grand angle de Poil ; les os zigomatiques reflemblent à-peu-près à un triangle ; trois apo- phyfes en forment toute l'étendue : les os maxillaires font de tous les os de Ja mâchoire antérieure les plus étenduss les palatins font placés à la partie fu- périeure de la voüte palatine, formée par les maxillaires ; les cornets du nez font au nombre de deux dans les fofles : nafales, dont lun eft placé antérieu- rement, & l’autre poftérieurement; ce A 3 6 : Traité Économique qui forme quatre comnets, felon M, Bourgelat. M. la Fofle prétend cepen-- dant qu'il n’y en a.que deux ; & la raifon qu'ilen donne, c'eft que les fu- périeurs font partie des os du nez: ils ne doivent pas, felon lui, être fé- parés. Quant aux inférieurs, ce font de petites lames très-minces, tranfpa- rentes , repliées fur elles-mêmes ; ils ont fitués dans la: fofle maxillaire fu- périeure. Le vomer eft le dernier des os de la mâchoire antérieure ; un feul os compofe la mâchoire poftérieures il fe fépare en deux branches dans les Poulains ; mais dans le Cheval, ces branches font tellement unies, qu’il ne relte à la partie la plus inférieure qu’une légere trace de leur jonétion. Il fe trouve à la bafe de la langue, au-de- vant &, au-deflus du laryox , un os qui embraffe cette derniere partie , de même. que le pharynx, & qui fe nomme os hyoide. Les dents du Cheval font pour l’or- dinairé au nombre de quarante, quoi- que dans les Jumens on n’en remarque fouvent que trente-huit. Ces corps font durs, & plus où moins blancs, _& mous dans leur principe ; ils n’ac- Ph phéir Se LR du gros & memtu Bétail. quierent de la folidité, du volume :& une figure particuliere , que Fe une fucceflion de temps. Dès que l'animal commence à prendre figure dans la matrice (ce qui arrive vers Île dix-fep- tieme ou dix-huitieme jour), on ap- perçoit entre les deux tables de la mà- choire inférieure, deftinées à former par la fuite les alvéoles, une efpece de gelée féreufe, qui paroît n'être renfer- mée que dans une efpece de parche- min ; ce n’eft autre chofe que les al- véoles confondus enfemble. Au com mencement du troifieme mois, on dif- tingue aifément un alvéole; cet le premier des incifives; car les dentsmo- laires croiflent fucceflivement de de- vant en arriere. Cet alvéole eft rempli d’un mucus d’un gris fale, de la grof- feur d’un gros pois. Si on examine cette fubftance avec le microfcope, on apperçoit à la partie fupérieure qui regarde l’alvéole, de petits points en forme de chapelets, qui font, à pro. prement parler , le commencement des fibres qui doivent former la dent ; le refte eft fimplement mufqueux. La partie inférieure de ce même mucus eft plus féreufe, & a moins de confif- tance; au quatrieme mois , on dé- À 4 . Traité Économique. couvre la feconde dent molaire, dans le même état que celle que nous ve- nons de décrire; mais on diftingue à celle-ci une petite ligne blanchitre, ayant un peu de confiftance, & la lar- geur d'un demi-quart de ligne, & au- deflous les mêmes points dont nous avons parlé ; la partie inférieure du mucilage .eft plus épaifle, plus fale & plus abondante. Vers la fin de ce mois, les dents des pinces, rant dela mâchoire fupérieure que de l'inférieure, com- mencent à fe former à-peu-près dans lPordre de l’autre, mais en s'allon- geant ; au feptieme mois, la troifieme dent molaire fe montre dans l’état où étoit la précédente ; mais alors le trait de la troifieme molaire s’eft augmenté, & a deux lignes & demie de large. Sion détruit le refle du mucus, on apper- çoit une feconde lame au-deflus, & à- peu-près de la même largeur que celle- ci, & ce mucuseft un peu plus épais; au huitieme mois, on diftingue aifé- ment à la premiere dent deux feuil- lets, compofés de plufieurs fibres ar- rangées les unes à côté des autres, ofées toujours perpendiculairement à Falvéole , & repliées en différens fens; dans le même temps , le bord fupé- du gros & menu Bétail, 9 rieur de ces deux feuillets fe réunit en haut, & leurs fibres deviennent fi den- fes, qu’on ne fauroit les diftinguer. La dent en cet état a l'air d'un cornet, ou d'un rouleau de papiér ; elle fe trouve creufe par les deux bouts ; mais en brifant ces rouleaux , l'on remarque dans le milieu de la'dent d’autres feuil- lets, qui fe réuniffent commeles pre- miers, ÉOTEUTE O0 94 Vers le dixieme mois , les deux au=. tres dents acquierent fucceflivement. de l’accroifflement dans l’ordre decelle- ‘ ci; vers le milieu de ce mois, les dents mitoyennes commencent à fe former, & les pinces augmentent dans l'ordre des molaires de bas en haut ; au com- mencement du dixieme mois, la pre- miere dent fe trouve déja fort avancée &t prête à fortir de fon alvéole, & plus étroite de ce côté. Le mucus a une couleur de jonquille claire , eft beau- coup plus épais & en petite quantité. C'eft vers la fin de ce mois que la premiere dent fort de l’alvéole; la for- tie de la feconde fe fait vers le 15 du -onzieme mois, & la foggie de la troi- fieme, vers le commencement du dou- zieme; en forte que l'embryon d’un an AS: ” : 2 ; . ; ao ©: Traité Ecoñomique a douze dents molaires de forties , fix à chaque mâchoire. : LÀ la fin du douxicme mois, les coins | commencent à fe former, mais aucun d’eux ne fort de l’alvéole; l'animal refte avec le même nombre de dents plus ou moins avancées-jufqu'au douxieme mois .révolu , qui eft le terme ordi- paire où la Jument metbas ;, quoiqu'elle le faffe fouvent à onze mois, de même qu'à.treize pañlés. M.:la Foffe dit avoir appris, de perfonnes dignes de for, que la portée des Jumens: avoit été prolongée jufqu’à la fin du quatorzieme mois. Le Poulain prêt à fortir de la matrice , a donc fix dents molaires de- hors à chaque mâchoire; les fx autres molaires ne font encore que mucilagi- neufes , mais plus ou moins avancées; il ya aufli à chaque mâchoire fix dents incifives , plus ou moins avancés,, c'eftà-dire, les pinces plus que les mi- toyennes , & celles-ci plus que les coins. M. la Foffe eft le premier qui a fait ces obfervations fur les dents; per- fonne avant lui n’en avoit parlé. To le. monde gpenfoit que les dents ne naifloient aux Poulains qu'après fa naïllance, mais céla eft contraire en fait du gros & menu Bétail. ‘x ‘aux obfervations nouvelles de mondit S' la Foffe, Le Poulain a doncen naïffant fix dents de forties aux mâchoires, & même ufées, ainfi que l'a remarqué M. la Foffe ; ce qui fembleroit annon- cer, ajoute cet Hippiatre, que l'ani- _mal a mâché dans la matrice, & qu’au moins fes mâchoires ne font point ref- tées dans l’ina@ion : mais le frottement d'un feul mois feroit-il bien capable de les ufer d’une maniere fenfible ? C’eft ce que M. la Fofle met en problème. Vers le dixieme ou douxieme jour de Ja naiffance du Poulain, les pinces qui -étoient formées fortent aux deux côtés de la mâchoire; les mitoyennes pa- roiffent une quinzaine de jours après, êt ne fe trouvent forties qu'un mois ‘après les premieres. Les coins paroif- fent vers le huitieme mois; en forte que le Poulain fe trouve avoir les.fix dents incifives à chaque mâchoire, & ces dents fubfiftent jufqu’à deux ans & demi ou trois ans, temps où elles commencent à tomber , & d'où lon part pour la connoiflance du Poulain.* On la peut tirer avec facilité, non- feulement des incifives ; mais même des dents molaires. Cet objet eft très- intéreflant pour l'achat des ec , PRE Dr 12 Traité Economique c’eft pourquoi nous nous y étendrons ici. Les premieres fix femaines après la naïtfance du Poulain, 1l a quatre dents : incifives à chaque mächoire, & fix. molaires; les incifives font les pinces & les moyennes ; ces dents font creu- -fes au dehors & à leurs racines, & reflemblent aux dents des chevaux. Lorfque ces dernieres font nouvelle-. ment pouflées, c'eft-à-dire, qu'elles font pyramidales & fillonnées en de- hors, leur creux extérieur eft blanc; leur bord ; foit interne , foit externe, que M. la Fofe appelle muraille de la dent, et tranchant , & refle dans cet état jufqu’au troifieme mois, qu’il com- mence à s’ufer, & par coniéquent le creux à difparoître; le quatrieme mois des coins paroiflent, à fix mois elles font de niveau avec les mitoyennes. Si on examine à cet âge les cents du Poulain, on trouvera que les pinces font d'un quart moins creufes que les mitoyennes ; celles-ci de moitié moins * que les coins. Les quatre premieres dents s’ufent peu-à-peu, le trou difpa- roît de plus en plus ; en forte qu’à un an, l’on commence à appercevoir un coi au-deffous de la dencsellea moins ; 4 Ÿ à 4 du gros & menu Bétail, 13 de largeur , & eft à moitié remplie ; à dix-huit mois, les pinces font p'ei- nes, ou peu s’en faut, & moinsiarges; Je col eft plus fenfible; à deux ans, elles font toutes rafés, & d’un blanc clair de lait ; les mitoyennes font dans l'état où les pinces étoient à dix mois. Ces dents fe maintiennent dans cet état jufqu’à deux ans & demi, quel- quefois jufqu'à trois ans , quoique ce- pendant elles montent , s’ufent tou- jours, & deviennent moins larges, c'eft- à-dire qu'elles ne fervent plus d'indice certain ; mais en examinant les molat- res, on trouvera qu’à un an le Poulain en a quatre de lait & une de Chevals qu'à dix-huit mois, il en a cinq, trois de lair ; & deux de Cheval ; qu'à deux ans, les premieres dents molaires de chaque mâchoire tombent, & font place à la dent du Cheval ; car les Chevaux ont fix dents de lait molaires à chaque mächoire, qui font les pre- mieres avec lefquelles les Poulains naillent, ainfi que nous venons de l’ob- ferver; quant aux autres , elles ne tom- bent pas; à deux ans & demi ou trois ans, pinces tombent ; à celles-ci fuccedent les pinces de Cheval ; à trois ans & demi, les fecondes dentsmolaires 14 Traité Économique tombent, la chûte des mitoyennes ar- : rive aufli dans ce même temps, & la fixieme dent molaire eft prête à per- cer ; à quatre ans , le Poulain a fix dents molaires, cinq de Chevaux & une de lait, qui eft la troifieme & la derniere; à quatre ans ou quatre ans & demi, les coins tombent, & en même remps la troifieme dent molaire de lait : c’eft alors que le Poulain a douze dents mo- Jaires à chaque mächoire, & fix inci- fives; à cing ans, les crochets percent pour l’ordinaire , & le Cheval a en tout quatre ans. Les pinces font un peu ufées, & leurs corps fillonnés en de- vant. Les mitoyennes font moins rem- plies; la muraille de dedans eft tran- chante , celle de dehors eft un peu ufée, les coins font à-peu-près de la même hauteur que les mitoyennes; mais ce n'eft que la muraille externe des coins ; car l’interne ne fait que pa- roître ; les crochets ne font és moitié féreux , & n'ont que trois lignes de- hors ; ils font très-pointus ; leur fillon en dedans paroît, mais fans être entier ; à cinq ans & demi, les pinces font plus remplies, lés murailles’ des mi- toyennes commencent à S’ufer, la mu- raille interne des coins éft prefque 2 PT rares Siren caen eo "4 ÿet shall Pur ea PTT 10 du gros & menu Bétail. 15 égale à l’exrerne ; mais elle laifle une petite échancrure en dedans; le cro- chet eft prefque dehors & bien avancé; ce font des crénelures internes , que lon croit être comprifes dans la gen- cive. DS EEE A fix ans, les pinces font ufées, ou » peu s'en faut ; les mitoyennes font dans l'état où étoient les pinces à cinq ans; les coins font égaux par-tout & creux; la muraille externe eft un peu ufée, les crochets font entiérement poufiés; ls font pointus , pyramidaux , arrondis au dehors, & fillonnés en dedans; vers les gencives, on apperçoit en dedans que les fillons font fortis, parce qu'ils ‘ne regnent pas jufqu'en bas; à fix ans & demi, les pinces font entiérement rafées , les mitoyennes le font plus qu’elles ne l'étoient, la muraille interne ‘des coins eft un peu ufée & ne laiffe qu’une cavité, le crochet eft un peu émouflé, d’une ligne ouenviron; à fept ans, les mitoyennes font rafées , les coins font plus remplis, & le crochet ufé de deux lignes; à feptans & demi, les coins font remplis, à peu de chofe près, & le crochet eft ufé d’un tiers de _ Pétendue de fes fillons ;'c'eft-àdire , du tiers de létendue du crochet ; à ‘16 Traité Économique huitans, le Cheval a rafé entiérement , & le crochet eft arrondi ; à neuf ans, les pinces deviennent plus rondes, les crochets n’ont prefque point de fil- lons; à dix ans, les crochets n'ont plus de fillons ; de dix à douze, il y a peu de différence ; à douze, les pinces font moins légeres, mais plus épaifles , les crochets font totalement arrondis; de douze à quatorze, il y a peu de diffé- rence; elle n’eft fenfble que pour ceux qui fe font particuliérement attachés à bien diftinguer les changemens qui arrivent aux dents; à quinze, les pin- ces font triangulaires, & plongent en avant, pour lors les crochets ne font d'aucun fecours ; dans l'efpace de quinze à vingt,.les différences ne font fenfibles, qu'en ce que les dents plon- gent davantage, & font plus petices x mais à vingt ans, on apperçoit les deux crénelures qui font aux côtés des dents; en forte que les dents font plattes & moins ferrées; à vingt-un ans ; a a à vingt-deux , les premieres font tellement ufées, qu'on y diftingue trois racines ; à vingt-trois, les fecon- des tombent; à vingt-quatre, c’eft la quatrieme ; à vingt-cinq, ce font les ents molairestombent , ou du gros & menu Bétail. 17 troifiemes ; à vingt-fix, les cinquiemes molaires ; mais les fixiemes reftent quel- quefois jufqu’à trente ans. Cependant M. la Foffe dit avoir vu des Chevaux avoir à cet âge quatre dents molaires de chaque côté ; il en a encore vu d’au- tres avoir perdu toutes leurs dents molaires à dix-fept ans ; quant aux in- cilives , elles tombent les dernieres avec l’âge de trente à trente-un ans; pour les gencives & les alvéoles, ils fe rapprochent , deviennent tranchants, & font fonétion des denis. Sept vertebres cervicales compofent le col ou l'encolure du Cheval ; cha- que extrémité antérieure de cet ani- mal eft compofée de vingt-une pieces offeufes ; lomoplate forme l'épaule; Phumerus , le bras ; le cubitus, l'avant- bras ; neuf petits os ou offelets, le ge- . nou; & neuf autres placés au-deflous . du genou, & qui fe nomment le ca- non, les deux péronnés, l’os du patu- ron, les deux fefamoïdes, l'os de la couronne, l'os articulaire, & l'as dit du pied. | Le corps du Cheval eft compofé en général de l’épine , des côtes & du fternum; l'épine eft cette colonne of- feufe, qui comprend non-feulement 18 Traité Économique trente-une vertebres & l'os facrum; mais encore plufieurs petits os qui for- ment la queue ; en forte que cette co- lonne s'étend depuis la tête jufqu’à cette derniere partie. | Dans les trente-une vertebres font comprifes les fept vertebres cervica- les, appartenantes à l’encolure ; dix- huit vertebres dorfales, & fix verte- bres lombaires appartenantes au corps; Pos facrum fuit immédiatement les ver- tebres , après quoi viennent les os de la queue, qui font au nombre de fept ou huit, fuivant M. Bourgelat, & au nombre de quatorze ou feize, felon M. la Fofle ; le fternum & les côtes compofent le thorax ; la fubftance du fternum eft fpongieufe; cette partie eft Jongue d’un pied dans les Chevaux, & eft placée légerement oblique à la par- tie antérieure & inférieure du thorax, où elle fert comme de clef ou d’arc- boutant aux côtes, principalement aux neuf premieres qui s’y joignent immédiatement. Les côtes font des os étroits, figurés en demi-cercle, & plus ou moins arrondis felon leur gran- deur; elles font au nombre de trenre- fix, dont dix-huit de chaque côté; les neuf premieres fe nomment vraies; DL an RL Le tante) du gros & menu Bétail, 19 parce qu’elles atteignent le flernum par leurs cartilages ; & les neuf pofté- _ rieures font dites faufles, parce que leurs cartilages fe joignent & fe ceu- chent feulement les uns fur les autres. On appelle dans les Chevaux os de l'arriere main , l'os facrum , ceux de la queue dont nous avons parlé, & les os du baflin, ainfi que ceux des extrémités poftérieures. Le baflin n’eft, à proprement par- ler, que l’efpace confidérable qui eft . entre les os dont il eft formé ; il con- tient le dernier des inteltins, la veflie . & les parties de la génération; les os - qui les forment font les deux ileons, les deuxifchions, les deux pubis, & los facrum fitué dans le milieu, &c fervant comme de clef à tous les au- tres. Les os ileons font les plus confi- dérables des os du baflin ; ils forment ce qu'on appelle communément les hanches , & fe montrent en dehors dans les Chevaux atrophiés ; leurtrop _ grande faillié éft un défaut qui rend » J'animal core ; les ifchions font fitués - au-deflous des ileons; ils font unis à … ces derniers os & aux pubis, Les os pu- bis font les troifiemes des os du bafñn. Chaque extrémité poftérieure elt 20 Traité Économique + moËtE SE compofée de dix-neuf pieces offeufes s le fémur eft la charpente de la cuiffe; le tibia & fon épine font les parties: conftitutives de la jambe, la rotule eft placée à extrémité inférieure du fé-" mur ; le jarret eft formé de fix os, & les extrémités qui fe trouvent au-def- | fous de cette partie, font en tout fem-* blables, tant pour le nombre que pour » la forme, aux os des extrémités anté- rieures. à Le fémur eft de tous les os qui. étaient & qui affermifflent la machine, celui qui pañle pour le plus confidéra- ble. La rotule eft un os qui fait l'office : de poulie, & qui fe meut fur l'émis« nence antérieure de l'extrémité du fé- » mur. Les fix os qui forment la char- pente du jarret font joints enfemble par des ligamens très-forts, qui em-. pêchentleurs déplacemens dansles vio- s è é 3 | 4 lens efforts que fait le jarret; le pre : mier de ces os fe nomme la poulie, le fecond s'appelle la tête, ou pointe du jarret ; il reflemble en tout à l'os qu'on nomme calcaneum dans l’homme ; les quatre autres os font plus petits que les deux premiers: le Cheval a en tout deux cents trente-quatre os. du gros & menu Betail. 21 US 93 à De l'Offéologie fraîche. L'oftéologie fraîche eft la feconde partie que nous allons examiner dans | l'anatomie du Cheval; elle doit fuivre | immédiatement l’ofléologie feche. On | confidere deux chofes dans les os frais, : Ja conformation externe & la ftruéture | interne. La premiere comprend les cartilages , les ligamens, le périofte, les glandes mucilagineufes : on nomme |: chondrologie la partie de l'anatomie | aui traite des cartilages. Ceux-ci, fe- L'on la définition commune, font des corps blancs, élaftiques , moins durs _ que les os, mais plus durs que les au- wrres parties du Cheval , très-peu tranf- L parens ou diaphanes ; ils font fitués en plufieurs parties du corps. M. la Foffe ‘en diftingue de deux fortes avec tous Jes Anatomiftes ; lun articulaire, . l'autre non articulaire. Les cartilages + articulaires fe trouvent aux extrémités 22 Traité Economique n'eft qu'avec peine qu'on y diftingue des trous &c des vaifleaux fanguinss ils fe meuvent fur les cartilages voifins; & ils fe trouvent continuellement hu- mectés par l'humeurfynovienne, Quant : aux, autres cartilages, ils font placés fur le corps des os; les uns fervent: : de parois pour garantir les parties les plus délicates ; d'autres fervent comme d'entonnoir pour conduireles fons & le ! fluide aërien, & d’autres fervent à fé- parer différentes parties. M. la Fofle admet encore, outre les deux cartila- ges dont nous venons de parler , une troifieme efpece qui participe des li- amens, tels que font ceux d’entre ‘articulation du fémur avec le tibia, connus communément fous le nom de ligamens croifés, le cartilage ligamen- teux intermédiaire, & les extrémités + de quelques tendons. Nous ne parle- rons ici que des cartilages non articu- laires , comme étant les plus intéref- fars à connoître , les articulaires fe trouvant dans toutes les articulations. On appelle cartilages fuperpharyn- giens de la mâchoire fupérieure , deux petites bandes cartilagineufes , qui por+ * tent en avant de l’os pierreux du tem- poral, à côté des apophyfes etgloïdes. FE re du gros & menu Bétail. 23 Ces bandes, en s’élargiflant , montent fur le corps de l'os fplénoïde, fe rap- prochent enfuire, diminuant de lar- geur, fur les os ptérigoïdiens, en. for- ment une cloifon qui fépare l’arriere= bouche d'avec une cavité fpacieufe fituée derriere le pharinx. L'ufage des cartilages fuperpharyngiens eft de laif- : fer pañler l’air qui entre ou qui fort du larynx, pour enfiler les.foffes nafales, ou pour conduire les alimens dans le harinx, L’oreille eft formée par trois autres cartilages , dont l’un fe nomme la cui- rafle, le fecond , la conque ou cornet, & le troifieme , bouclier. La cuirafle eft fituée fur le trou auditif externe ; la parue convexe de cette cuirafle eft en dehors, la partie concave en de- dans. La conque eft le plus grand des trois cartilages ; elle a la figure d’un cornct & celle d’une lofange quand elle fe trouve déployée, Le bouclier - eft fitué à la partie antérieure de l'o- * reille ; il recouvre en partie le mufcle * crotaphite, & ne fe trouve attaché à la conque de l'oreille que par des por- tons charnues. Le nez a cinq cartilages, dont qua- . tre pairs & un impair ; celui-ci approche F4 24 Traité Économique pour la figure d'un quarré long ; il s’é- tend depuis l’apophyfe Criflagalli de l'os fplénoïdée jufqu’au bord du trou alatin antérieur ; on y diftingue deux Lois principaux ;un inférieur qui eft tranchant, & fitué en partie dans la rainure du vomer ; l’autre partie eft plus Jarge , & s’attache fur les engrenures des os palatins maxillaires. Une por- tion de ce cartilage fe bifurque en deux petites languettes vers les cro- chets, pale par les fentes palatines, & fert comme de foutien au refte de fa cloifon; le bord fupérieur eft plus épais ; il paroît être bifurqué dans toute fa longueur , & s'étendre des deux côtés des os du nez, fur-tout vers la pointe, oùil s'élargit davan- tage ; ce cartilage s'arrondit enfuite , en venant s'unir avec les cartilages fe- mi-lunaires ; il eff tapiflé par-tout d’une membrane très-forte, connue fous le nom de périchondre, que la mem- brane pituitaire rencontre à fon tour. Le cartilage impair du nez fépare les foffes nafales en deux parties égales ; dans les vieux Chevaux, il s’offifie or- dinairement. Quant aux cartilages pairs, deux font placés dans les nari- nes ; lorfqu'ils font joints 2 pre PRÉ Te : D CE 0 SES 2 du gros & menu Bétail. 2$ ils ont la figure d’un X ; maïs quand ils font féparés , ils refflemblent àtune efle de Charron ; leur ufage'eft de main- tenir l'ouverture des narines. * Les deux autres font fitués à l’extré- mité inférieure des cornets inférieurs du nez ; ils ont la figure d’une S, font un peu arrondis & placés, l’un d’un côté, l’autre de Lautre, du bas en haut; ils fervent à méfier l'air, de peur qu'il n'entre avec trop d'impétuofité. On donne le nom d’onglée à une piece cartilagineufe , triangulaire, qui fe trouve fituée dans l'orbite vers le grand angle de l'œil. La ligne qui fe remarque , en écartant les paupieres, eft noirâtre & mince; fon extrémité poftérieure forme un angle aflez épais 3 ce cartilage prend la forme de l'œil, & fe trouve contenu dans l'orbite par la duplicature de la conjonétive. L’of- fice de ce cartilage eft de chañler de l'œil du Cheval les ordures qui peuvent s'y rencontrer ; {on mouvement lui vient, fuivant M. la Fofñle, de la con- tra@ion des mufcles rétraéteurs de l'œil , qui en retirant le globe dans le fond de l'orbite, obligent ce cartilage à fe porter en avant, attendu que lé globe prend fa place à caufe du petit - Tom I, B 26 . Traité Economique efpace qu'a l'orbite dans la partie pof- térieure. M. la Foffe parle encore dans fon Cours d’hippiatrique d’un autre cartilage, qu’il nomme rroclée, à caufe de l'efpece de poulie qu'il forme; ce cartilage fe trouve dans l’orbite du côté du grand angle; il eft arrondi, de la forme d’une grofe lentille, eft atta- _Ché par fes côtés à l’ofite, & a des ban- des ligamenteufes. Tous ces cartilages dont nous venons de parler fe nom- ment cartilages de la tête. | Les cartilages du tronc font les cartila- ges du larynx, ceux de la trachéeartere & des bronches du poumon, ceux des remieres côtes & ceux du fternum, Les cartilages du larynx font au nom- bre de cinq; le thyroïde, le cricoïde, les deux arytenoïdes & l'épiglotte, Le thyroïde eit le plus confidérable de tous ; il a la figure d'un corfelet d'en: fant; fon corps, fitué fupérieurement, eftépais & arrondi, convexe en de- hors comme en dedans, & inégal pour l’attache des ligamens qui s’uniflent avec l'épiglotte. Ce cartilage a deux faces latérales, & chacune de ces faces eft quarrée ; elle a conféquemment quatre bords, un fupérieur, un infé- rieur, un antérieur & un pofiérieur, ne LOU AO TRE RES } ap > " ” 2 DS ÉD Sie ra NS À PRE du gros & menu Bétail. 27 Le cartilage cricoïde eft fitué infé- rieurement à celurci; il a la figure d’une bague, dont le cachet eft fitué poftérieurement , & l’anneau fitué en dedans. Les aryténoïdes font deux pe- tits cartilages , d'une figure prifmati- que, fitués poftérieurement au-deffus de ce dernier, & fe portant un peu en dedans du larynx. C’eft à la réunion de ces deux cartilages que l’on donne le nom de glotte; quant à l'épiglotte, elle a la forme d’une hallebarde, & fe trouve fituée en dedans du cartilage thyroïde. La trachée-artere eft un autre carti- lage , ou plutôt une fuite du tronc d’anneaux cartilagineux ; c’eft le prin- cipal conduit aërien qui s’étend depuis le cartilage cricoïde jufques dans les poumons, où il fe bifurque & fe divife en grand nombre de ramifications, qui portent le nom de bronches. Les côtes font encore revêtues à leurs extrémités de cartilages ; l’un “ef articulaire à l'égard de toutes les côtes ; il fe joint avec les vertebres dorfales ; un autre n'eftarticu'aire qu’à l'égard des neuf premieres côtes ; il s’unit avec le fternum; quant aux car- tilages non articulaires , a ne le font 2 LA 28 Traité Économique que par les neuf côtes dernieres; ils vont fe joindre avec le cartilage des vraies côtes ; tous les différens carti- lages different les uns des autres en randeur & en forme. Le cartilage de a premiere côte eft très-court, & fem- - blable, par fon extrémité, aux cartila- ges articulaires; il eft arrondi en for- me de tête, & s'articule dans une facette pareïlle du fternum. C’eft une preuve, dit M. la Fofe , qu'elle eft faite pour fe mouvoir, & qu’elle fe meut même réellement ; le fecond car. tilage de la feconde côte eft plus ap- plati & plus long ; le troifieme eft plus allongé ; les fuivans augmentent de même en longueur fucceflivement jufqu'à la neuvieme côte ; ils perdent enfuite de leur groffeur, & feterminent en pente aux cartilages des vraies cô- tes ; de façon que le cartilage de la derniere côte eft aulli court que celui de la quatrieme ou cinquieme des vraies. Nous ne parlerons pas ici du ernum , nous en avons parlé ci-deflus, Les extrémités ont encore leurs car- tilages; les cartilages de l'épaule font de certe forte ; l'omoplate, dit M. Ja Fofñe, eft bordée à fa partie fupé- tieure d'un çartilage très-large , mais NES ES RE Ne M rm du gros & menu Bétail. 259 fort mince, & arrondi dans fon bord à fon infertion fur l’os ; il eft de la même épaifleur que lui ; il eft convexe éxtérieurement ; CONCave intérieure= ment, & percé à fa partie fupérieure de plufieurs petits trous, qui donnent päflage à des vaifleaux fanguins ; ex- térieurement, 1l eft attaché à l’os par un ligament très-fort , qui part de l'é- pine de l’omoplate , & qui s’épanouit fur prefque. tout le cartilage en forme d’éventail. Il y a encore quelques fi+ bres ligamenteufes , qui viennent de la foffe poft-épineufe ; le périofte fe con- tinuant en outre pardefius lomo- plate, va former le périchondre. Sa face interne eft maintenue à l’os par des fibres lizsamenteufes particulieres, qui partent d’un angle de l'os, pour fe rendre à l’autre en forme d'arc. La continuation du périofte, fait auf fonétion du ligament. Les os du pied, tant du devant que du derriere, font auffirevêtus à leurs parties latérales , en dedans & en dehors, d’un cartilage qui efttrès-épais à l’endroit de fon attache à l'os du pied , & très-mince à fa par- tie fupérieure , où cette partie carti- lagineufe a la figure d’un éventail. Ce cartilage eft en partie dans le fabot & B3 30 Traité Économique en partie dehors ; fa conftru&ion n’eft pas la même par - tout; derriere les apophyfes latérales de l'os du pied, & à la pointe du talon, il eff compofé de différens petits paquets unis par de petites fibres ligamenteufes & cellu- laires , & eft percé de plufeurs petits trous, antérieurement & hors du fa- bot ; il eff attaché à l'os extérieure- ment par des fibres qui partent au-del- {ous de l’apophyfe latérale de l'os du pied, & intérieurement par d’autres fibres éparfes ça & là , qui rempliffent les parties latérales de la concavité de l’os du pied, $. ITH. De la Syndefmologie, ou Traité des Li- gamens. La fyndefmologie, ou traité des li- gamens, eft la troifieme partie anato- mique que nous confidérerons dans le Cheval. On nomme ligamens, des troufleaux de fibres blanchâtres, moins durs , plus flexibles, moins élaftiques, & compofés de plufieurs paquets fila- menteux, dont les uns longs & ronds à l'extérieur , applatis du côté de l’ar- ticulation, font la fonction de cordon; d’autres plats, fervent comme d'en- du gros & meñu Bétail. 31! veloppe ou de bandelettes. Parmi les ligamens, il s’en trouve de jaunâtres; ils font compofés de fibres paralleles entrelles, qui forment comme de pe- tits paquets féparés ; leur ufage eft de contenir les os, & même les parties molles. Ces ligamens jaunätres font fur les mufcles du bas-ventre, & en de- dans de l'épaule ; il y en a aufli de blancs , ce qui fait que M. la Foffe penfe que la nature des ligamens eff de deux fortes. La liaifon des os eft formée par huit efpeces de ligamens , qu’on nomme ligamens latéraux, liga- mens capfulaires, ligamens croilés : ligamens intermédiaires, ligamens in- terofleux , ligamens tranfverfaires ;, ovalaires & fufpenfeurs. La plupart de ces ligamens s'attachent à desos{olides, d'autres s’attachent d’une part à des os mobiles , & d’autres font fitués dans les articulations ; parmi les ligamens, il y en a de grands & de petits ; il s’en trouve auili de communs & de pro- pres. Les ligamens des parties molles font aufli de différentes formés; il s’en trouve de communs, de particuliers, de longs, d’étroits, d’annulaires , de tran{verfaires. | De ces généralités, nous allons paf B 4 4 2 Traité Economique fer aux ligamens particuliers. La m4- choire inférieure, dit M. la Fofe, eft unie avec la fupérieure; elle left avec l'os écailleux du temporal, derriere & au-deflus de larcade zigo- matique , par deux ligamens , un poftérieur & un capfulaire; le poftérieur s'attache derriere l’apophyfe zigoma- matique, & va fe terminer derriere les eondyles de, la mâchoire-un peu en dedans. Le capfulaire s'attache tout autour des bords de la partie cartila- gineufe de ces deux os , & avec une por- tion en partie cartilagineufe,& en partie ligamenteule , qui eft d’une forme ova- laire.… ÉE ; | cr grandes branches de los hyoïde tiennent à l'os pierreux des temporaux par un ligament latéral, difpofé ‘en maniere de capfule; la partie qui re- garde la longueur eft plus forte que celle du dehors ; les petites branches font jointes aux g Ru par fymphife, & unie à la fourchette de l'os hyoïde par deux ligamens capfülaires , qui renferment de la fynovie. La tête du Cheval tient à la premiere vertebre du col par un ligament cap- fulaire & un longitudinal ; elle eft en- core retenue par ün ligament épineux : tels font les lisamens de la tête ; voyons du gros & menu Bétail. 33 aétuellement les ligamensdu crâne. Les vertebres qui en font partie font c tenues par des ligamens communs & par des ligamens particuliers ; les com- muns font le vertébral interne; lPex-. terne s'étend depuis la tète de l’occi- pital jufqu’à la fin de l'épine, Ce liga- ment s'attache d’une part au-deflus de Ja crête de l’occipital par un fort lien jaunâtre ; il eft épais, & forme en- deffus une petite gouttiere, qui paroît d'abord le divifer en deux, quoiqu'il foit fimple & fans divifion; ce cor- don fe continue vers le corps de la fe- conde vertebre du col , où il s'unit avec un autre plan de fibres très-larges de la même nature, qui prend fon ori- gine fur le corps de la feconde, de la troifieme, de la quatrieme & de la cin- quieme vertebres du col; ce ligament fe réunit en un feul, devient plus fort & plus large, & va s’unir à la troifieme apophyfe des vertebres du dos, fe con- tinue tout le long de Pépine, en di- minuant d’épaifleur & de largeur. On voit à chaque vertebre cervicale un plan de fibres qui fuit la pofition des vertebres du col , & conftamment d’une vertebre à l’autre, Le ligament vertébral externe fert à maintenir la BS L 2 e 34 Traité Économique tête & les vertebres enfemble ; quant äW’interne , il n'appartient qu’aux ver- tebres du dos & à celles des lombes ; il eft d’une conftruétion différente du vertébral externe, & tient de la nature des ligamens articulaires ; il s'étend depuis le fecond ou le troifieme corps des vertebres du dos jufqu’à los facrum 3 à mefure qu’il s'éloigne de fon origine, il devient plus fort; en forte que fur le corps des vertebres des lombes, il eft beaucoup plus épais. Les ligamens que nous venons de décrire font les ligamens généraux, les fuivans font les particuliers; la premiere vertebredu col eft unie avec la feconde par quatre ligamens, un capfulaire, deux longitu- dinaux , dont l’un inférieur & l'autre fupérieur, & un tranfverfale; la troi- fieme vertebre eft liée avec la feconde par trois ligamens, deux capfulaires ;, qui s’attachent à la circonférence des apophyfes obliques, & un intermé- diaire , fitué entre chaque corps des vertebres. En parlant des ligamens in- termédiaires, nous obferverons que ceux des vertebres du dos principale- ment , & des lombes, font expolés à être tiraillés dans les Chevaux de bàt; eft la raifon pour laquelle on trouve ans ces fortes de Chevaux des an- TR DIT. en du gros & menu Bétail. 35 chylofes & des exoftofes à l’endroit de ces ligamens. | Les vertebres du dos & des lombes font contenues de même par le liga- ment caplulaire de leurs apophyfes obliques, & par le ligament intermé- diaire qui unit leurs corps enfemble, La derniere vertebre des lombes eft auffi jointe avec l'os facrum ; les os de la queue font fimplement joints par le ligament intermédiaire ; ces ligamens font plus épais dans leur circonférence que dans leur centre ; les neuf vraies cô- tes font jointes aux vertebres par trois ligamens , & au ffernum par deux, & les fauffes, en s’uniffant d’une part aux vertébrales, vont énfuite aboutir aux cartilages des vraies. Le baflin eft uni à l'os fucrum dans la face interne des os iléon , par deux larges ligamens inter médiaires , qui font en partie cartilagi- neux ; les extrémités ont pareillement leurs ligamens. Parmi les ligamens des extrémités antérieures , il y en a qui uniflent l'épaule à l'humerus; celle-là n'eft tenue à la poitrine que par fes mufcles propres, & non par un liga- ment fupérieur ; mais elle fe trouve jointe inférieurement'avec l'humerus par un ligament CRUURe SEA 36, Traité Économique attaché d'une part au bord extérieur de la cavité glénoïde, & de l’autre au- -defflus du-col de la tête de l’humerus. Ce ligament eft inégal extérieurement ; intérieurement , il eft uni, liffe , poli & humecté de la liqueur fynoviale ; mais il eft plus. mince poftérieurement que par-tout ailleurs ; lhumerus fe trouve enfuite joint avec le radius & le cucubi- tus par trois ligamens, le capfulaire, le latéral externe & le latéral interne ; le capfulaire eft le plus étendu des trois ; le latéral externe. elt un cordon aflez fort , arrondi extérieurement, “applati du côté des os ;. le latéral in- terne eft beaucoup plus long que ce dernier; fon attache fupérieure eft aufh plus forte. Les ligamens du genou font.communs & propres: les com- muns font au nombre de fix , un liga- ment Capfulaire & cinq latéraux, dont quatre, obliques :& un droit ; celui-ci -efb le plus étendu de tous ; parmi les obliques , deux font externes & deux font internes. : , Les os du genou font tenus entr'eux au radius , à l'os du canon par leurs li- gamens , dont quatre font tranfverfaux “6: quatre’ droits latéraux. L'os irrégu- lier eft contenu latéralement par un lizament aflez fort, qui a fon attache \ DRE ne, So du gros & menu Bérail. 37 d’une part au-deflous de Pattache des ligamens cbliques à la partie inférieure du radius, & va fe terminer fur la par- tie moyenne de l'os irrégulier antérieu- rement. Cet os effencoremaintenu par un ligament tranfverfal, qui va fe ter- miner au bord latéral de los triangu- Jaire; celui-ci eft contenu par un li- gament de la même force , & va fe terminer au bord latéral de l'os femi- Junaire ; celui-ci à fon tour eft contenu par quelques portions de fibres liga- menteufes, qui partit du fecond Ji- gament oblique latéral interne, pour aller fe terminer fur le corps de l’os femi-lunaire. Le grand cunéiforme eft joint fupérieurement avec l'os irrégu- lier par un ligament latéral, qui va d’un: bord de l'os à l’autre ; inférieure- ment , 1l left par des portions liga- menteufes d'un des obliques latéraux externes ; antérieurement , il eft lié avec le trapezoïde par un ligament tranfverfal. L'os trapezoïde s'unit de même avec le petit cunéiforme par un Jigament tranfverfal qui va d'un des bords à l’autre bord. L’os crochu eft joint extérieurement à l’os irrégulier par plufieurs bandes ligamenteufes ran- gées en tout fens ; quant aux os ffyloi- des; 1ls font retenus dans leur fituation 38 Traité Économique par les ligamens obliques ; ils ont en outre dans prefque toute leur étendue des fibres ligamenteufes tranfverfales qui les unifflent avec l’os du canon; mais ces ligamens s’offifient bientôt. Paflons attuellement à l’examen des ligamens du boulet ; l’os du canon eft joie avec l'os du päturon par deux igamens latéraux, & un caplulaire ; ces ligamens latéraux font attachés d'une part aux empreintes latérales de los du canon dans la partie inférieure, & de l’autre atficôré de l’os du patu- ron , où ils viennent fe terminer. Le capfulaire s’étend à un travers de doigt au-deflus de la partie cartilagineufe de l'os du canon, & va fe terminer à la par- tie fupérieure de los du paturon. Les os féfamoïdes font foutenus par deux ligamens; le premier , qui eft très-fort & longitudinal , s'attache à la partie inférieure de cet os, & après avoir pañé tout le long de la parue pofté- rieure de l’os du paturon, il va fe terminer à la partie fupérieure ; le fe- cond , qui eft le capfulaire, prend du bord extérieur de los du canon, pour fe rendre au bord des os féfa- moïces. L'os coronaire eft joint avec le précédent, non-feulement par Île ligament qu'on vient de décrire , mais 2 du gros & menu Bétail. 39 encore par deux ligamens latéraux , & par un capfulaire. Celui-ei fe trouve adhérent d’une part au tendon exten- feur du pied, & de l’autre , au bord des deux os du pied & de los du pa- turon ; la partie inférieure de’ cet os eft jointe de même avec l’os du pied par deux ligamens latéraux, & par un capfulaire. L’os de la noix a deux li: gamens: un aflez fort & large, qui s'attache d’une part au tendon fléchif- feur du genou, & va fe terminer de l'autre à fon bord fupérieur ; l'autre ligament prend de fon bord inférieur, & va fe terminer à celui de l’os du pied, à deux ou trois lignes au-def- {ous du bord cartilagineux ; il eft d’ail- leurs retenu dans fes deux extrémités par des portions ligamenteufes. Il ne nous refte plus à examiner que les ligamens des extrémités pofté- rieures ; ceux qui uniflent le fémur au baffin font, favoir, un fufpenfeur & un caplulaire ; le premier s'attache d'une part dans la cavité cotyloïde du baffin , au fond de cette petite dé- preflion , faite en croiflant plus près de léchancrure de cette cavité, & va s'attacher de l'autre à la tête du fé mur, Le capfulaire s'attache à tout le £ it 40 Traité Economique bord de la cavité cotyloïde, à un li- gament tranfverfal qui forme cette cavité, & va enfuite fe terminer au- deflous de la tête du fémur à fon col; pour ce qui eft du ligament tranfverfal, il s'attache à la partie antérieure & interne de la cavité cotyloïde, à la jonétion de los pubis avec l'os iléon dans les jeunes Chevaux, & va en- fuite fe terminer à la partie poftérieure de cette même cavité. .: L’articulation du fémur avec le ti- bia fe fairpar plufieurs ligamens , deux latéraux , deux croifés, un poftérieur & un caplulaire; les latéraux font un interne & un.externe ; l’interne prend fon attache un peu au-deflus de cette dépreflion dont il a été queftion plus ‘ . haut, & Ia remplit ; il va enfuite fe terminer à [à partie fupérieure de la face interne du tibia, après avoir paflé fur le ligament croifé de ce côté. Le ligament externe, plus confidé- rable que l'interne, s'attache aufli à la facette externe du fémur, & va fe. terminer au-deflus, en partie fur le tibia , & en partie fur le péronné ; il fert même de ligament à celui-ci; d’ailleurs cet os fe trouve uni au tibia par des fibres très-courtes, qui fonc és + 1 ee 1 A 4 du gros & menu Bétail. 41 l'office de ligamens intermédiaires. Parmi les deux ligamens croifés, Jun a fon attache dans cette échan- _ crure profonde fituée derriere lé fé- mur, & va en augmentant former une cavité glénoïde, dans laquelle fe meut le DAdIe lartere a fon attache à cette même crête dans la partie pofté- rieure ; il {e replie enfuite en forme d’anneau, pour fe terminer à la par- tie antérieure de cette crête. Le ligament poftérieur a fon atta- che en dedans de Farticulation, der- riere le ligament croifé externe; ce li- gament, après avoir donné quelques fibres au ligament croifé , vient fe ter- miner au bord de l’échancrure du tibia. Ce ligament capfulaire s’attache principalement par une forte expan- fion ligamenteule à la partie pofté- rieure du fémur, au-deflus du condyle interne ; il fe prolonge enfuite de cha- que côté , pour aller fe terminer au bord cartilagineux de lun & de l’autre os. La rotule eft retenue d’un côté par la terminaifon des tendons des muf- cles, qui forment la cuifle antérieure- ment, & de l’autre par trois ligamens, dont deux font propres, & l’autre eft commun; les propres s’attachent d'une LA 42 * Traité Economique art au bord inférieur de la rotule; ’un extérieurement; il fe termine à cette éminence confidérable ; lautre part de la pointe de larotule, & va fe terminer à la partie moyenne du tibia. Le ligament commun prend fon atta- che un peu à la pointe latérale interne de la rotuie, principalement à un li- gament tranfverfal, & va fe terminer à une autre éminence du tibia, à côté de cette même dépreflion. La rotulé eft encore retenue fur les côtés par deux larges bandes ligamenteules , qui fe confondent avec le ligament capfu- laire. Le jarret a encore fes ligamens ; les uos font communs ; & d’autres pro- pres; les communs font au nombre de quatre, deux latéraux, un capfu- laire & un poftérieur. Parmi les laté- raux, l’un eft externe, & l’autre eft interne ; l’externe s'étend depuis la partie inférieure du tibia , un peu pof- térieurement ; cet os s'attache en paf- fant à l'os du jarret proprement dit, à l'os difforme, & va enfuite fe termi- ner, en s'épanouiflant, à l'os du ,ca- non, & à l'os ftyloide externe. L'in- terne elt plus court que le précédent, & s'attache de même à la partie infé- du gros & menu Bétail.\ 43 rieure du tibia, à l'angle oppofé au premier plus antérieurement , & va, en s'épanouiflant beaucoup davan- tage , fe terminer à l'os du canon, après avoir pañlé fur les os fcaphoïdes, Le ligament capfulaire fe partage en deux ; une partie s’étend depuis le bord cartilagineux du tibia jufqu’à celui de los du canon, & fur les côtés il fe joint aux ligamens latéraux ; le tibia fe trouve encoreuni extérieurement au calcaneum, & intérieurement à l'os de la poulie, par deux ligamens qui de- viennent croifés en pañlant pardeflous les latéraux; l'externe eft fitué à la partie antérieure du tibia, pardeflous le latéral, & va fe terminer à l'os du jarret proprement dit ; l'interne eft beaucoup moins confidérable, & fe trouve fitué obliquement. Le ligament que nous avons appellé poftérieur, regne tout le long du far poftérieur du calcaneum, de los difforme , des fcaphoïdes, en s'attachant à chacun d'eux , & fe rend enfuite à la partie fupérieure & poftérieure de l'os fty- loïde externe. Les os fcaphoïdes , les péronnés, le boulet, le paturon, la cou- ronne & le pied ont auflileurs ligamens, Il feroit trop long de les rapporter, } AZ * Tran Économique Si on veut avoir de plus grands dé- tails, nos Lecteurs font priés de con- fulter les Ouvrages anatomiques con- cernant le Cheval, rédigés par MM, de Bourgelat & la Fofle. SE Ve De la Sarcologie. La farcologieeft la quatrieme partie de l'anatomie comparée du Cheval. Cette partie comprend en général toutes les parties molles du corps de l'animal; ces parties fe divifent en contenanges & en contenues : par parties conte- nantes, onentend pour l'ordinaire l’en- veloppe générale ou l'enveloppe par- ticuliere aux-autres parties ; & au con- traire, les contenues font celles qui font couvertes, revêtues & envelop- pées. Il y a plufieurs enveloppes par- ticulieres , telles que la plevre , le pé- ritoine, les MALE ER Les enveloppes générales font aufhi en grand nombre; elles font connues plus communément fous les noms de tégumens communs & univerfels : de ce nombre font la peau, autrement le cuir, la furpeau ou épiderme , les poils, la graïfle, ou du gros & menu Bétail.\ 4$ la membrane cellulaire ou adipeufe. Le cuir eft le vrai corps de la peau ; c’eft une membrane confidérable placée le plus près des chairs; elle en recouvre exactement la fuperficie. L'épiderme ou la furpeau eft une pel- licule que les poils qui font à la fuper- ficie du corps de lPanimal nous déro- bent: on peutencore la qualifier dunom d'enveloppe générale ; elle fe trouve comprife dans les tégumens communs. Le corps du Cheval eft extérieure. ment revêtu de poils, qui font de pe- tits filets plus ou moins ténus, & plus ou moins déliés. La pannicule charnue de cet animal eft la partie forte, muf- culeufe & aponévrotique, qu'on dé- couvre lorfqu'on a enlevé la peau dans toute l'étendue de l'abdomen & du thorax. Vs De | la Myologie. La cinquieme partie de l'anatomie du Cheval eff la Myologie. Cette fcience traite des mufcles de cet ani- mal, On donne le nom de mufcles aux différens organes , par le moyen def- 46 Traité Économique quels les mouvemens du corps de la- nimal s’operent & s'exécutent. Les mufcles de l'oreille externe font au nombre de fix; M. de Bourgelat les défigne fous les noms de premier, fe- cond, troifieme, quatrieme, cinquieme & fixieme. Les mufcles de l'oreille in- ternes fontau nombre de quatre, trois pour l’offelet appellé lemarteau , & un feul pour l'offeler appellé Pétrier. Ces deux oflelets, enfemble ceux qu’on nommeenclume & orbiculaire, forment l'organe de l’ouie dans le Cheval; la petitefle & l’exilité des mufcles de l'o- reille interne les rendent fort difhciles à appercevoir. Deux mufcles fervent aux mouvemens des paupieres; le pre- mier fe pomme mufcle orbiculaire, & eft commun aux deux paupieres ; le fe- cond eft le mufcle releveur de la pau- piere fupérieure, & eft propre à cette partie. Les mufcles des yeux font au nom- bre de fept, tandis que dans l’homme ils fe trouvent au nombre de fix : il y en a qui font droits, deux obliques & un orbiculaire. Les quatre mufcles droits reçoivent leur dénomination de leurs ufages; le premier eft le rele- veur ; il eft placé à la partie fupé- du gros & menu Bétail, ° 47 rieure du globe; le fecond eft l’abaif- feur , il eft fitué à la partie inférieure de ce même globe ; le troifieme eft l'addu&eur , qui occupe la partie la- térale interne, & le quatrieme eft l’abdu&teur qui eft placé à la partie la- térale externe. Le premier des mufcles obliques eft appellé le grand oblique, & le fecond eft le petit oblique. Les levres du Cheval fe diftinguent en levre antérieure & en levre pofté- rieure ; leurs différens mouvemens s'exécutent par le moyen de dix-fept mufcles. Ceux qui font communs aux deux levres font au nombre de fept de chaque côté; ils fe nomment muf- cles molaires internes,mufcles molaires externes, & mufcles cutanés. Le fep- tieme , qui forme lui-même les levres, eft le mufcle orbiculaire de ces parties. Les dix autres font propres à chaque levre, cinq à chaque côté ; trois font particuliers à la levre antérieure, & {e nomment maxillaire, releveur, & _ mitoyen antérieur ; & les deux autres font propres à la levre poftérieure, & fe nomment le releveur propre de cette levre, & le mitoyen poftérieur. Lemufële orbiculaire eft le plus con- fidérable des mufcles communs, & eft impair ; l'ufage de ce mufcle eft de 43 Traité Economique ferrer & de rapprocher, lors de fa con- traction, les levres l’une de l’autre , & de fermer entierement la bouche. Les mufcles molaires internes , & molaires externes contribuent aux mouvemens des levres, en les relevant ; ils aident -auffi à la maflication.- Le mufcle cu- tané tire les deux levres de côté, & agiflant avec {on femblable, il les dé- termine en haut. L’ufage du mufcle releveur de cette levre , eft aflez indi- qué par fon nom. Les Maréchaux ont coutume de le couper , dans l'efpé- rance de remédier à l’imperfettion de la vue, & d’alléger la tête du Che- val. On nomme chez les Maréchaux cette opération dénerver ; elle prouve très-bien l'incapacité de la plupartd’en- treux. Le mufcle maxillaire releve la levre antérieure, & .peut être regardé comme congénere du mufcle releveur. Le mufcle mitoyen antérieur appro- che la levre antérieure de la pofté- rieure ; il aide encore à la dilatation des nafeaux. Le releveur de la levre poftérieure eft femblable , par fa ftruc- ture , au releveur de la pare anté- rieure ; fon nom indique aflez fon ufage. Le mitoyen poftériqur appro- che la levre poftérieure de l'intérieure, & fert à fermer la bouche, Les et as, Si Œ de ie PONS US CARRE PAL e TRE RS SE EE De Ji (5 “ du gros & menu Bétail. ‘49 Les mufcles des nafeaux font au- nombre de fept; ils fervent à en rele- ver la peau, & en dilatent les orifices 5 trois de ces mufcles font pairs, & un impair ; ce dernier fe nomme mufcle tran{verfal. Le premier des pairs s’ap- pelle pyramidal, le fecond court, & le troifieme cutané. La mâchoire poftérieure du Cheval eft la feule qui foit mobile ; les mou- vemens principaux dont elle eft fuf- . ceptible lécartent & la rapprochent de la mâchoire antérieure. Ces mou- vemens s'operent par le moyen de dix mufcles , le mafleter , le crotaphite , le fpleno-maxillaire , le ftylo-maxillaire , & le digaftrique. La tête di Cheval peut fe baïfler, s'élever & fe porter de côté & d'autre. Vingt-deux mufcles font tous ces dif- férens mouvemens, dans lefquels néan- moins n'eft pas comprife la portion du mufcle commun. Onze mulcies ae du gros & menu Bétal. 109 le que la plus grofle portion du co- on, tournée du côté du cartilage xi- phoïde; fon fond fe termine en une petite mafle, & privée de tout aPRERe dice vermiforme. L’inteftin grêle qui sy rend y paroît en quelque façon comme une piece ajoutée, & pour Pinfertion de laquelle on auroit prati- qué untrou à l'endroit de ce même cœcum , auquel cet orifice grêle finit; la membrane veloutée de l'extrémité de l’orifice du même inteftin grêle eft un peu allongée , & forme plufieurs plis & rides. On remarque dans le canal intefti- nal des lignes ou bandes ligamenteu- fes , qui font formées par la réunion lus forte des membranes des inteftins 3 fes bandes fe trouvent au nombre de quatre à l'extérieur du cocum, & {ont fitués par intervalles égaux, ex égard à la largeur de cet inteftin ; elles s'étendent felon toute fa longueur , & fe propagent {ur le colon ; mais feulement fur la partie la plus larges car à la fin de cette portion, deux d’en- _tr'elles s'évanouifient. 8 Les valvules conniventes des intef-- tins doivent leur-afliftance aux replis de la tunique veloutée ; elles font régue xro Traité Économique lieres, difpofées par intervalles égaux: L’inteftin re&tum , quand il eft vuide, n'a qu’un diametre médiocre, qui peut augmenter très-confidérablement par le féjour & par le paflage des gros inteftins. On nomme anus l'orifice &c l'extrémité de ce gros inteftin. L’anus a trois mufcles, deux pairs & un im- pair ; l’impair fe nomme fphinéter ; il empêche la fortie involontaire de la fiente; les deux autres font bien moins confidérables dans l'animal que dans l’homme. Le méfentere eft une partie membra- neufe , flottante depuis fa naiflance jufqu’aux inteftins ; fon ufage eft de contenir les parties, de foutenir tous les vaifleaux qui s’y diftribuent & qui en partent , & d'abréger en outre la route des vaifleaux la@tés qui fe rendent au réfervoir du chyle. Le méfentere a fon attache aux vertebres lombaires, entre les gros vaifleaux ; c'eft un repli du éritoine, qui s’enfonce dans le même feu au-dedans de lui-même , & qui forme une duplicature confidérable , s'étendant le long de tout le canal in- teftinal ; il eft par conféquent compoié de deux lames , qui font tellement jointes l’une à l'autre, qu'on ne re- c du gros & menu Bétail. v1x marque aucun intervalle entr’elles, &c qu'on prendroit pour une feule mem- brane. Le tiflu cellulaire fert à unir ces deux lames; fa largeur à fon prin- cipe & à fa racine eft d'environ cinq à fix pouces ; elle augmente à mefure qu'il fe propage de cette racine aux inteftins, où il eft pliffé en forme d'on- dulation, pour occuper moins d'ef- pace. On nomme vaifleaux méfentéri- ques tous ceux qui rampent entre les deux lames qui compofent la méfen- tere; fes arteres viennent immédiate- ment de l'aorte ; elles font au nom- bre de deux: celle qu'on nomme la grande méfentérique antérieure , & celle qui s'appelle la petite méfentéri- que poftérieure. Les deux arteres fe divifent en une infinité de ramifica- tions. Les vaifleaux nerveux du méfen- tere font formés par les divifions du grand nerfintercoftal. On appelle glan- des méfentériques des glandes conglo- bées, qui fe trouvent difperfées en très- grand nombre entre fes deux lames dw méfentere. Les vaifleaux la@tés du mé- fentere ne {ont autre chofe que des vaifleaux lymphatiques ; ils charient le chyle qui provient des alimens, & 112 Traité Économique à fon défaut la lymphe: on les divife en veines latées premieres, & en vei- nes laétées fecondaires; les veines lac- tées premieres partent immédiatement des inteflins, fe propagent jufqu’aux glandes méfentériques, & font plus minces que les veines la@ées fecon- daires ; ces dernieres font moins nom- breufes, & fortent de ces mêmes glan- des pour fe rendre au réfervoir du chyle ; leur ufage eft d'abforber cette liqueur. Le canal thoracique eft en plus grande partie contenu dans le thorax; Euftache eft le premier qui l'a obfervé dans le Cheval. Ce réfervoir n'eft quelquefois dans cet animal qu'un ca- nal d'un diametre égak à-peu-près à celui de l'artere crurale, & un peu plus ample que le conduit qui en eft la fuite ; quelquefois aufli il forme une poche de deux pouces de circonfé- rence au moins, & de trois pouces de longueur, réfulrtant de l’enfemble, des quatre gros troncs des veines laétées qui s'ydégorgent. Il eft toujours pla- cé à l'endroit de laracine du méfentere ; dircétement entre laorte & la veine cave , un peu en arriere des vaifleaux émulgens ; 1l fe termine dans la veine du gros & menu Bétail. 113 ‘axillaire, dans laquelle il s’infere par une Ouverture proportionnée à fon dia- metre, & fur laquelle la tunique de cette veine fe prolonge un peu de gau- che à droite, pour former une forte de valvule. Le canal thoracique foufire uelquefois des variations dans fon étendue, ou il fe bifurque dans fon milieu en deux branches qui fe rejoi- gnent bientôt après; où les deux bran- ches , fans fe réunir, fe portent fépa- rément dans chacune des axillaires. On remarque dans ce canal , des valvules dont l’office eft de favorifer la marche du chyle. : Le foie du Cheval eft une mafñle glan- duleufe, contenue dans l’abdomen ; il eft fitué à # partie antérieure & la- térale; il eft d’une couleur plus foncée & plus noire que celle du foie de l'homme ; il a environ deux pieds & demi de rondeur fur une épaifleur de quatre pouces dans fa portion la plus forte; fa face autérieure eft convexe, fortunie, & regarde le diaphragme ; fe face poftérieure eft applatie , con- cave en de certains endroits ; elle pré- fente des irrégularités ; fon bord eft fort mince; il a trois lobes, un grand, un moyen & un petit ; il a aufli deux 114 Traité Économique membranes, une commune, & l’autre particuliere; la commune réfulre du péritoine; la particuliere eft unie à la premiere par le tiflu cellulaire. Les li- gamens font , de même que les lobes, au nombre de trois, dont deux laté- raux & un moyen; fes vaifleaux arté- riels confiftent dans une feule artere très-peu confidérable, eu égard au vo- lume de ce vifcere ; cette artere naît de la coeliaque ; les vaifleaux nerveux de ce vifcere émanent de la paire in- tercoftale ou grande fympathique , & de la huitieme paire , qui forment le -plexus hépatique. Les vaifleaux biliai- res du foie font des vaiffeaux particu- liers à ce vifcere ; il faut les regarder comme les canaux excrétaires de cette glande conglomérée ; ils * prennent naïffance à toutes les glandes qui for- ment le foie, & fuivent toutes les di- vifions des ramifications de la veine porte; plufieurs viennent former le canal hépatique qui regne depuis l’en- trée de la veine porte, jufqu’a l’extré- mité du lobe gauche. Les petits tuyaux qui viennent du lobe droit partent de toute la circonférence de ce lobe , for- mant plufieurs canaux principaux , qui viennent fe joindre & s'unir aux pre= du gros & menu Bétail. 115$ miers, dont ils augmentent le diame- tre, & ne compolent enfemble qu’un feul canal de la groffeur d’un doigt, qui fort du foie, & qu’on pourroit nommer dans le Chéval canal chole- doque. Ce canal eft le feul qui porte la bile hors du foie; car le Cheval n’a point de véficule du fiel. On peut dire du foiequ'’ileftun des principaux agens de la digeftion ; c'eft fon premier ufage. Le pancréas eft un corps glandu- leux, fitué dans l’abdomen, entre les veines & Peftomac;-il a environ dix pouces de longueur depuis l'angle droit jufqu'au gauche, & environ fix pouces depuis ce même angle droit jufqu'à langle pofterieur ; fon épaif- feur a environ un pouce; fa figure eft triangulaire ; fa fubftance eft entiere- ment glanduleufe; tous fes canaux ex- crétoires fe réuniflent en un feul, qui eft de la groffeur d’une plume; qui vient aboutir au canal hépatique, & qui tire fa naïllance de l'angle gauche & de l'angle poftérieur de ce vifcere. Du côté oppolé eft un autre petit canal qui vient d’une portion du pancréas, qui- fe trouve couché fur l’inteftin ; portion qu'on pourroit EnCOIE regar- (#16: 1raue Économique der dans le Cheval comme un petit pancréas, Les arteres pancréatiques ti- rent leur naïffance des ramifications de l'artere hépatique & de l’artere fpléni- que ; les veines proviennent de la veine porte, & les nerfs du grand intercof- tal. La rateeftun des vifceres contenus dans l'abdomen; elle eft placée anté- rieurement du côté gauche, entre le grand cul-de-fac de l’effomac, les pa- rois du bas-ventre, & le diaphragme ; fa longueur eft indéterminée , fuivant les différens individus; quant à fon épaifleur,, elle eft pour l'ordinaire d’un pouce dans le milieu, & va en dimi- nuant infenfiblement jufqu’à fes bords; fa forme approche de celle d’une faulx; elle a fes attaches au rein gauche par une production de fa membrane qui fe confond avec le tiflu cellulaire, à l’é- iploon le long de la rainure, & à one par le même épiploon. Les vaiffeaux artériels & veineux de ce vifcere font connus fous le nom de vaifleaux fpléniques ; fon artere dépend de la coeliaque, & fa veine eft une branche confidérable de la veine porte. Ses vaifleaux nerveux font des filets dé- tachés du plexus femi-lunaire gauche, qui compofent ce que nous nommons du gros & menu Bétail. 117 plexus fplénique ; fa fubftance eft véri- tablement vafculeufe & celluleufe ; fes glandes lymphatiques font au nombre d'une ou de deux , de la groffeur d’une noifette. Les reins fuccenturiaux font deux corps glanduleux, dont quelquefois, mais très-rarement , les Chevaux & les Poulains font dépourvus. Ils font pla- cés , un de chaque côté, à trois ou quatre travers de doigt des premieres vertebres, à un ou deux doigts au- devant du rein, & quelquefois même affez près pour toucher le vifcere; l'un d'eux, c'eft-à-dire le droit, s’é- tend aflezcommunément depuis le foie, le long de la partie latérale de la veine cave jufqu’à l'uretre , à fa fortie du rein. Comme l’ufage de ces vifceres eft abfolument inconnu , nous ne nous étendrons pas davantage à fon occa- fion. Nous allons a@uellement palfer aux vifceres vropoiétiques ; les reins font les premiers qui fe préfentent à notre examen. Ce font deux corps glandu- leux , fitués dans l'abdomen, précifé- ment dans le voilinage des vertebres des lombes , un de chaque côté, à quatre ou cinq travers de doigt de H18 Traité Économique ces vertebres, dans le milieu de l’ef- pace qui eft entre la derniere faufle-côte & la crête des os des ifles. Le rein droit éft plus antérieur que le gauche, & fe trouve en partie caché par le foie ; leur couleur eft d'un rouge brun, : leur figure eft applarie comme celle d'un triangle, leurs faces font con- vexes , leurs membranes font au nom- bre de deux ; leur fubftance eft évi- demment glanduleufe ; & fe divife en fubftance corticale & en fubftance médullaire. La partie du rein que l'on nomme le baflinet n’eft rien autre chofe que le vuide que laiffe dans fon milieu la fubftance médullaire , plus épaifle que la corticale. Les vaifleaux fañnguins des reins fe nomment émulgens ; ils confiftent en une artere & en une veine de chaque côté. L'artere dépend de F'aorte pof- térieure; la veine, delà veine cave pof- térieure ; les nerfs , des plexus mé- fentériques, qui, par plufieurs ramifi- cations réunies & raflemblées , for- ment de chaque côté le plexus rénal. L'ufage des reins eft de féparer du fang la liqueur que nous nommons urine. Les uréteres font encore des parties du Cheval qui méritent un du gros & menu Bétail. 119 examen de notre part; ce font deux canaux membraneux, de la groffeur d’une des arteres crurales ; cependant le diametre n’eft pas égal par-tout; ils fe portent des reins à la veflie uri- naire ; leur fubftance eitmembraneufe, &t compolée de trois tuniques ; leur ufage eft de charier urine des reins dans la veflie, Cette derniere eft une poche membraneufe contenue dans la cavité ofleufe , que on nomme le baffin; elle eft fituée hors du péritoi- ne, entre Îes os pubis & le reélum dans le Cheval, & entre les os pubis & le vagin dans la Jument; fon volu- me , lorfqu'elle eft vuide & retirée fur elle-même, préfente quatre ou cinq pouces de longueur fur trois ou quatre de largeur. Elle eft compofée de plu- fieurs membranes ; la premiere eft compofée , non-feulement du tiffu cel- lulaire du péritoine, mais d'une par- tie de la vraie lame de ce péritoine ; la feconde eft vraiment mufculeufe, & beaucoup plus forte dans le Cheval que dans la Jument. Les fibres de cette membrane font évidemment laches 3 ces fibres fe rapprochent au col de la veflie, & forment le fphin&er; la troi- fieme membrane ceft purement cellu- né POSTES m0 Traité Economique laire ; la quatrieme eft réellement men braneufe. Laveflie a trois ouvertures, deux fituées entre le corps du fac uri- neux & fonextrémité poftérieure, fous Jes orifices des deux uréteres; &la troi- fieme, plus fenfible, eft orifice mème de la poche, & le feulendroit par où l'urine coule & peut fortir. Lesarteres de la vef fie font fournies par l’artere honteufe interne , & quelques ramifications de l'artere fpermatique , & par des arteres ombilicales ; quant à fes veines, les unes dépendent dela veine honteufe in- terne, les autres des iliaques externes. Les nerfs font des filets du plexus abdo- minal, & des nerfs facrés ; fon ufage eft de fervir de réfervoir à l'urine. Les troifiemes vifceres du bas-ven- treà examiner font ceux qu'on nomme fpermato-poiétiques; ce font les par- ties de la génération; ces parties fe réduifent aux tefticules, aux vaifleaux fpermatiques , aux épididymes, aux canaux déférens, aux véficules fétni- nales , à la véficule mitoyenne, & au membre. EXaminons-les actuellement les unes après les autres. La fituation des tefticules eft aflez connue ; ils font au nombre de deux, lun à droite, & l'autre à gauche ; leur figure eft : oblongue du gros & menu Bétail. 12% oblongue , & légérement applatie du côté où ils fe regardent & fe répon- dent ; leurs enveloppes communes font le fcrotum & le dartos. Le premier eft l'enveloppe la plus extérieure, & doit fon origine au prolongement de » la peau de l'abdomen, qui d’une part | faic dans cet endroit une efpece de poche , & de l’autre une efpece de - gaine. La poche eft ce qui conftitue * vraiment le fcrotum , & la gaine eft ce | qu’on nomme le fourreau. On appelle . raphé une ligne légérement faillante , . qui défigne extérieurement la divifion de la poche ou bourfe en deux cavi- . tés, & à peu près de la forme des tef- æicules qu’elles renferment. Cette ligne : commence à Janus, pafle fur le fcro- tum entier ; elle diminue & s’efface _même totalement en approchant du | fourreau. Le dartos eft une enveloppe 4 feconde , qui forme dans le corps de |“ l'animal gne poche partagée en deux hLcavités, f | diaftin. éparées par une forte de mé- Les tuniques particulieres à chaque à teflicule font l’érytroïde , la vaginale 4" & l'albuginée. La premiere , que M. {* Bourgelat nomme aufli tunique apo- 4 4.1) à , €ft blanche, & n’eft fim- . Tom. L D "2m. “ie Te A 122 Traité Économique plement qu'une aponévrofe du mufcle cremafter. La tunique vaginale eft un prolongemenr de la vraie iame du pé- ritoine, qui offre une gaine au cordon _ des vaifleaux fpermatiques. La tunique albuginée contient immédiatement la fubftance même du tefticule ; elle eft d’un tiflu beaucoup plus fort & plus ferré que celui des autres tuniques ; la fubftance des tefticules eft homo- gene , d'une couleur grisätre , & ré- fulte d’un amas de circonvolutions , d’un feul genre de vaifleaux extrême- ment fins & déliés , qui proviennent, felon toute apparence, des dernieres féries des arteres fpermatiques. On nomme vaifleaux fpermatiques tous les vaifleaux des tefticules , ex- cepté feulement le canal excréroire &c les tuyaux lympbatiques, qui ne font pas de ce nombre. Chaque tefticule a deux arteres, deux veines & plufeurs filets nerveux. Les artereséfpérmati- -ques premicres tirent originairement | leur naiflance de la face inférieure & . “un peu latérale de l'aorte , à quelque | diftance en arriere des arteres émul- | gentes. Ees arteres {permatiques fe-! condes naiffent de l’iliaque interne. Les « veines fpermatiques premieres fortent ! du gros & menu Betail. 123 de la veine cave poflérieure , à peu près dans le même endroit d'où les arteres partent de l'aorte; la fperma- tique gauche naît prefque toujours de la veine émulgente gauche ; les veines fpermatiques fecondes accom-: pagnent Partere du même nom; elles forment dans la Jument la veine uté- rine. Le cordon fpermatique eft formé en général par la réunion des arteres & des veines. | On nomme épididymes tous les pe- tits vaifleaux que nous avons dit com- pofer la fubfiance des tefticules par leuts différentes circonvolutions, lorf- qu’ils s'étendent au-delà en changeant d’arrangement , & qu'ils forment un fecond corps vafculeux. Les épididy- mes font d'une couleur blanche ; ils font de la longueur & de la grofleur du doigt, & placés à la face externe des teiticules, auxquels ils font adhé- rens par des membranes communs à - J'un & à l’autre. Chaque tefticule a un | À Eu 4 … canal , dont lufage eft de porter en- dehors la matiere préparée dans les organes. Ce canal {e nomme vaifleau déférent ; le diametre du vaifleau dé- férent eft de la groffeur d'une plume d'oie ; fa couleur eft blanche ; fa fubf- F2 124 : Traïé Economique tance eft folide en-dehors, &. fpon- gieufe en-dedans ; les parois en font fort épaifles; la cavité. qui eft au mi- lieu de la cavité fpongieufe de ce vail- feau , en eft le. vrai canal , & regne dans toute fon étendue. tn Les canaux déférens , à la fortie de l'épididyme , fe trouvent dans la tuni- que vaginale , completent dès-lors le cordon fpermatique , montent entre les arteres & les veines pour entrer dans l’abdomen par l'anneau de l'obli- que externe , fe {éparent du cordon, & l’abandonnent, dès qu'ils font par- venus dans cette cavité, pour paller ar deflus les os pubis & entrer dans le baffin , en croifant d’abord les arteres ombilicales , & enfuite les uréteres ; ils s'enfoncent delà dans le même. baflin , & gagnent la partie fupérieure & poftérieure de la veflie urinaire, où leur diametre augmente confidérable- ment, & où ils acquierent même un volume de petits inteflins; ils fe rap= prochent enfuite Fun & l'autre ; en. cheminant le long de la parte interne des deux véficules féminales. Parvenus au col de la veffie , ils diminuent de grofleur , & pañlent dans la gouttiere de la grande proftate, pour fe termi- de gros & menu Bétuil. 125$ ner dans l'uretre même , où chacun d'eux aboutit par un orifice différent de celui des véficules , qui fe nom- ment canaux éjaculatoires: L'humeurc qui eft contenue dans ces canaux eft femblable à de la femence blanchâtre comme elle, mais infiniment plus épaille dans le Cheval entier que dans le Cheval hongre. Les véficules féminales font deux poches ou deux veflies, dont la forme eft oblongue & légérement applatie ;, la longueur de cinq à fix travers de doigt , la largeur d'environ un pouce ou un pouce & demi , leur épaifleur d'environ un demi pouce ; leur pofi- tion eft dans le fond du baflin , fur la partie fupérieure & poflérieure de la nus À veflie ; leur fubftance eft la même que celle de la veflie urinaire : la feule différence qu'on y remarque eft le volume & la force des membranes. Les véficules féminales diminuent de vo- lume , à mefure qu’elles approchent de Puretre, & y aboutillent en péné- trant la grande proftate , & en dégé- nérant chacun dans un canal d’abord de la groffeur du doigt, qui diminue infenfiblement jufqu'à la fin. Ces ca- paux fe nomment vaifleaux éjacula- F3 126 Traite Économique toires ; 1ls s'ouvrent. dans Puretre par un orifice placé au- deffus de celui des canaux déférens. L’humeur qui eft contenue dans les véficules elt: beaucoup moins abon- dante dans leChevalhongre, où il y en a très - peu. On remarque , parmi les parties de Ja génération du Cheval, un canal membraneux dui fe trouve dans l'intervalle des deux canaux dé- férens :, enfermé dans les deux lames du péritoine ; réfultant du repli de cette membrane, entre la veflie & le rectum, La longueur de ce canal eft de cinq ou fix pouces plus où moins, fa grofleur eft égale à celle d’une plume d'oie, L'humeur qui y eft contenue eft comme une efpece de matiere jaunâ- tre, &le plus fouvent femblable à la matiere féminale. La partie que l'on nomme verge dans l’homme , fe nom- . me membre dans le Cheval. Cette partie préfente trois portions à confi- dérer ; le. corps du membre , le mem- bre confidéré en:lui-même , la tête & Yurétre. Avant d'examiner chaque partie féparément , nous allons dire un mot des tégumens qui les recouvrent. Le fourreau eft une fortede gaine qui enveloppe le membre ; il :rétulte du du gros & menu Beraid. 127 prolongement de la peau de l'abdo= mén. Le membre a la liberté de fortir & de rentrer dans le tégument qui le contient, & qui étant plus fort & plus épais au lieu où il fe trouve limité , forme une efpece de bourtelet , qui environne lorifice fervant d'iflue à ce même membre. Cette portion , que quelques Auteurs nomment prépuce, eft toujours dans le même état, foit que le membre foit retiré, foit dans le moment de l’ére&ion, & en cela elle differe de celle qui enveloppe la verge humaine. | | Le membre entier eft encore recou- vert d'une feconde portion de la peau rolongée , beaucoup plus fouple que la premiere, & dont le tiffu eft très-fin & très-délicat ; elle cit étroitement collée à la partié du membre qui fert de fourreau. Les tésumens font parfe- més de cryptes foliiculeux, qui fonc du genre des glandes fébacées, & qui filtrent fans cefle une humeéar graiie & ontueufe, propre à les humetter. Après l'examen des tésumens, con- fidérons a@uellement le membre. Son _ corps eft formé d’une partie connüé fous le nom de corps caverneux , qui fe trouve feul dans le Cheval , tandis F4 22 Traité Économique qu'il y en a deux dans Phomme. La fubftance de ce membreeft mem- braneufe & fpongieufe ; les ligamens font au nombre de deux , aflez confi- dérables ; ila fes attaches par deux veines ; qui, font la bifurcation de fon extrémité poftérieure en deux bran- ches , qui font longues de trois travers de doigt, & grofles de deux pouces dans leur origine, Les veines dimi- nuent de volume jufqu’à leur fin, & s'écartent l’une de l’autre pour s’atta- cher de chaque côté tout le long de Pifchion. Rd On nomme tête du membre de Cheval fon extrémité antérieure, qui eft plus volumineufe que le corps. Cette tête eft large de trois ou quatre travers de doigt, lorfqu'elle eft gonflée & épaifle d'environ un pouce, Elle eft d'une forme arrondie irréguliérement, & elle préfente une efpece de bourrelet plus large dans fa portion fupérieure & antérieure. te L’uretre ef un canal qui eft la fuite du troifieme orifice de la veflie uri- naire, & qui fe portant de cette poche hors de bone fait partie du membre. Ce canal eft long d'environ un pied dans un Cheval ordinaire, du gros & menu Bétail. 429 Quant à fon diametre. extérieur ; 1l n'eft pas le même par-tout ; fa direc- tion eft oblique de hauten bas, & fa fubffance eft un tiflu folliculeux très- fin, dont les cellules s'ouvrent indif- féremment les unes dans les'autres ; fon diametre intérieur eft d'environ quatre ou cinq lignes, & par-tout uniforme, Le verumontanum du Cheval.eft un monticule oblong , qui eft placé à la partie fupérieure & intérieure de Pure- tre, dans l'intervalle de la grande ou des petites proftates, & eft le rendez vous de tous les tuyaux excrétoires qui ont rapport à la femence. La grande proflate eft un corps glanduleux fitué près de l'ouverture antérieure de la vellie , où elle embraffe Puretre dès fon principe ; fa forme -eft celle d'un croiflant ; dont les poirtes font tournées du côté de la vellie uri- naire. Ce corps glanduleux fe partage en deux portions par le moyen d’une finuofité , qui loge le canal dé l’uretre , &infi que tous les. canaux qui ont rap- port à la femence ; chacune des por-, tions de la grande proftate eft de la, groffeur d’un petit œuf. 1 3% Les petites proftates font dans le# Cheval ce qu'on nomme dans Kiomne ÿ 130 Traité Économique glandes de Cow per; elles font au nombrè de deux, bien & diftinétement fépa- rées ; elles font placées aux parties la- térales de l'uretre , quatre doigts plus bas que la grande proftate ; leur {ubf- tance eftiplus fpongieufe & véficulaire que glanduleufe; leur forme eft ova- laire, &'léur volume eft celui d'une châtaigne ordinaire. Après l'examen des parties de la gé- nération de l'étalon, que nous avons extrêmement abregé, pour ne pas nous éloigner du plan qu'on doit fuivre dans un Ouvrage de la nature dece- lui-ci , il convient de jetter un coup d'oeil fur les parties de la génération de la Jument. On les diftingue com- muynément en externes & en internes. La premiere des externes s'appelle la vulve : c'eft une fente de la loéeue de trois ou quatre travers de doigt, fituée perpendiculairement au-deflous de l'anus, & qui forme l'orifice exté- rieur du vagin. Les levres de la vulva dans la Jument ne font point faillie en+ dehors, & fe touchent exaftement ; élles font en quelque façon dentelées & repliflées le long de leurs bords , & font formées par un repli de la peau, qui eff noirâtre en cet endroit; du gros & menu PBétail, 131 affez polie & dénuée de poils en- dehors: cette peau eft encore plus life en-dedans , & d'une couleur vermeille ; elle fe change dans la propre fubftance même duvagin. La vulve a fon fphinc- ter, qui vient fe perdre dans celui de anus. On nomme commilures les points de la réunion deslevres , & fof- fette naviculaire l'enfoncement qu’on apperçoit au- dedans & au-dehors de la commiflure inférieure, en écar- tant les levres de la vulve, Toute la circonférence de la vulve eft garnie de corpufcules glandüleux , qui four- niflent une humeur propre à le lubré- fier. Le chtoris eft un tubercule très- dur, logé dans ta foffette naviculaire. Le prépuce du clitoris eft formé par un commencement de la membrane du’ vagin. Le clitoris varie en lon- ueur: dans la Jument il eft quelque- Fois d'un pouce , d’autres fois de deux, sv rip auf de trois ; ibeft d’une ubftance fpongieufe & plus ferrée dans fà partie moyenne, qu’à l'endroit de fes attaches aux ifchions. - Les parties internes de la génération de la Jument font r°. le vagin. C’eft un Canal qui, depuis la vulve, s'éténd jufqu'à l'anus ou la matrice. Sa direc- F6 e LA . #32 Traité Economique tion eft horifontale ; il eft placé dans le bain , entre la veflie urinaire & l'inteftin reéum. Il a environ neuf ou dix pouces de longueur & quatre ou cinz pouces de largeur, mais il eft fufceptible d’une très-grande augmen- tation ; fa fubftance eft membraneufe ; le péritoine le recouvre extérieure- ment depuis la matrice jufqu’à l'endroit de l'union de ce canal, d'une part à la cuifle , & de l’autre au reélum. Le tiflu cellulaire fe prolonge feulement en- fuite, & lui fert de revêtement jufqu'au lieu où le canal fe joint à la peau. Une membrane aflezépaifle , d'un tiflu lâche & fpongieux , & garnie de quantité de vailleaux , en conftitue le corps ; elle fe gonfle au moment de l’accouple- ment: c’eft pour lors que la Jument eft en chaleur; la vulves’ouvre auffi-tôt à diverfes reprifes 3 elle laifle échapper une matiere vifqueufe & blanchätre ; on apperçoit dans la Jument la mem- brane interne , qui fe montre pleine de rides & de plis, & qui eft beaucoup lus rouge qu'à l'ordinaire. Certemem- Lois interne eft continue à celle de la matrice, & eft un peu plus ample que le vagin. Le tiffu fpongieux du vagin cf garni de follicues glanduleux , qui du gros & menu Betail, 133 fournifient naturellement une humeur qui hume@e le conduit. A la partie moyenne du vagin, dans fa face infé- rieure , eft placé le méat urinaire , au- trement l'orifice de l’uretre ; 1l eft af- fez vafte pour fouffrir l’introdu&ion d’un corps du volume d’un petit doigt. Le repli de la membrane interne du va- gin forme la valvule. Le canal de l'u- * retre dans la Jument a le diamettre beaucoup plus confidérable & beau- £ouR plus court que dans le Cheval; la dire&ion de ce canal eft oblique de devant en arriere, & légerement de bas en haut; fa fubflance eft membra- neufe , & nullement fpongieufe. La matrice eft la feconde des par- ties internes de la génération de la Ju- ment ; elle eft longue d'environ huit pouces; fon corps eft à-peu-près fem- blable à l'inteftin reffum, quoiqu'il foit beaucoup plus uni; fon extrémité an- térieure forme ce qu'on appelle te fond de l'uterus | & poflérieure , ce qu'on appelle col. Cette derniere. fe trouve comme enchäflée dans le vagin , & S'y prolonge de la longueur de deux ou trois travers de doigt, Le fond de la matrice fe bifurque , & préfente deux portions qui font à-peu-près chacune 434 Traite Économique Ja moitié du volume du corps de l’u- térus, -& qui fe nomment cornes ou branches. Ces branches ont chacune cinq à fix pouces de longueur ; elles reflemblent à des portions d'inteftins grêles, & s'étendent tranfverfalement, l'une à droite, l’autre à gauche , de de- dans en dehors. On apperçoit dans le fond de ces branches , en les exami= nant de près, un mamelon ou tuber- cule de la groffeur d’un petit pois. Dans le milieu de cette protubérance, il fe trouve une ouverture fi petite, qu'elle ne peut admettre qu'un ftylet très-fin. Cette ouverture eft l’orifice interne de la trompe de Fallope. … La matrice eft fituée en partie hors du baflin; efle s'avance dans l'abdomen direétement en arriere des inteftins rêles. Les gros inteftins font au-def- ft ; linteflin retum eft au-deflus, de même que les vertebres des lom- bes ; elle a fes attaches avec ie vagin, auquel elle eft contiguë avec tous les vailleaux qui s’y portent & qui en re- viennent ; avec les produétions du pé- ricarpe, connues fous le nom de liga- mens larges ; ceux-ci, de l'extrémité de chaque branche , qu'ils fixent perpen- diculairement , fe portent & fe termi- du gros & menu Betail. 135$ nent aux mufcles tranfverfes, près des apophyfes tranfverfes des vertebres lombaires; ils fe prêtent & s’allongent felon qu’il en À befoin; leur ufage principal eft plutôt de s’oppofer à ce que la matrice ne fe porte pas plus d’un côté que de l’autre , qu’à lui fervir d'attache. Ce vifcere a environ quatre ou cinq lignes d’épaiffeur à fon ori- fice, & deux ou trois lignes feulement ‘à quatre travers de doigt de ce même onfice ; foit dans le corps, foit dans les branches; fa fubftance eft totale- ment membraneufe & vafculeufe ; fes tuniques font au nombre de deux, l’une interne & l’autre externe. Les trompes font encore partie des organes de la génération; ce font deux canaux totalement dépendans de la matrice, un de Chaque côté ; ilsrépon- dent à l'extrémité de chaque branche, & flottent l’un & l’autre dans la ca- vité de l'abdomen ; ils font longs d’en- viron fept ou huit travers de doigt; ils-ne vont point en ligne droite ; ils font d’abord une grande courbure & fe replient fur eux-mêmes par plufieurs inflexions. | Les ovaires, autre partie de la gé- nération dans la Jument , font deux - 136 Traité Économique corps placés un de chaque côté dans l'abdomen , & à l'extrémité des trom- pes; ces corps font enfoncés avec les trompes dans la même duplicature du périoine, & flottent entre les intef- uns; leur volume & leur longueur va- rient infiniment ; leur forme eft oblon- gue , & à-peu-près femblable aux reins du mouton. ‘Les vaiffeaux des organes de la géné- ration font les vaifleaux fpermatiques; ls tiennent le premier rang; leur dia- metre eft confidérable. dé arteres naiflent de l'aorte poftérieure, très- près de la petite méfentérique ; les veines, de la veine cave poñtérieure, à une hauteur pareille, & font un peu plus groffles; les vaifleaux, en s’écar- tant de l’axe du corps, deviennent une courbure en dehors dans leur trajet jufqu'à l'ovaire, & trois ou quatre pouces après leur origine ;l'artere s'unit de chaque côté à la veine. C’eft ainfi qu'eft formé le cordon fpermatique qui pañle fur le mufcle pfoas, & fur l'uretere, fans les croifer abiolument, pour parvenir enfin à l'ovaire. Les vaiffeaux qui tiennent le fecond rang, font les utérins; ils émanent des iliaques internes & externes. Les du gros & menu Bétail. 137 vaifleaux nerveux font les troiliemes en rang ; ils tirént leur origine de plu- fieurs endroits. Ceux du corps & des branches de la matrice dépendent de la grande intercoftale , au moyen du : plexus abdominal ; ceux du vagin pro- viennent du nerf facré. Les vaifleaux lymphatiqués qui occupent la qua- trieme place parmi ces vaifleaux , font très-faciles à diftinguer dans l'utérus des vaches, & même encore dans l'u- térus des brebis. L'utérus éprouve des changemens dans la Jument pleine, tant pour le volume que pour la figure, la couleur & la dilatation plus ou moins grande des branches. Après la conception, il fe forme de nouveaux corps dans Putérus ; le principal ef le fœtus; les autres font le placenta , les membranes qui enveloppent le jeune animal, les eaux contenues dans les membrañés, le cordon ombilical, les vaifleaux om- bilicaux, &c. Le placenta eft Ie corps que les anciens appelloient foie utérin, & qui eft une vraie poche mince & am- ple qui garnit toute la furface interne de l'utérus & de fes branches ; il eft intimément adhérent dans ces der- nicrs, & il y forme comme deux ap- 138 Traité Économique pendices. La couleur de ces appendi- ces & leur épaifleur eft plus :confidé- rable que dans le corps de l'utérus. Les mémbranes qui enveloppent le fœtus font au nombre de deux, le chorion & l’amnios. Le chorion eft une membrane extérieure, mince , d'a- paane , très-dure, unie dans la face externe ; c'eft une continuation de :Pouraque, qui après avoir traverié l'amnios, fe prolonge le long du cor: don ombilical, & va tapifler la face interne où concave du placenta. L'am- nios, qui eft la membrane intérieure, eft un peu plus forte que le chorion, unie du côté interne, & moins polie par. fa face externe, Le cordon ombilical eft la feule par- tie qui établifle une communication du foetus avec la mere ; il eft formé de trous vailleaux fanguins, & d'un canal mémbraneux, connu fous le nom d’ou- raque. qu les vaifleaux fanguins de ce canal, il y a deux arteres & une veine; Pouraque a fon origine dans la veflie, au-delà de Panneau ; il n’eft formé que par une membrane très- mince. Après avoir examiné le bas-ventre du Cheval, nous allans ‘examiner fa du gros & menu Bétail. 139 poitrine, qui eft la feconde cavité du corps de lanimal. Cette cavité ren- ferme les poumons, le cour & toutes les dépendances de ces deux vifceres; elle eft bornée antérieurement par les - premieres vraies côtes ; & par une portion du fternum , & poftérieure- ment par le diaphragme qui la divife & la fépare de l'abdomen. La plevre eft une membrane qui ta- pille intérieurement toute l'étendue de la poitrine ; fon uiflu elt très-ferré , à- peu-près femblable à celui du péri- toine ; fa fubftance eft compoiée de deux lames, garnies d’une quantité in- nombrable de petits vaiffeaux ; l’ex- terne eft inégale, & l'interne très-dé- liée, La plevre a fes attaches les plus fortes aux mufcles intercoftaux, à la portion charnue du diaphragme, & à elle-même , lors de fon redoublement & du repli qu’elle fait , & fes plus étroites , aux Côtes, au centre nerveux ou tendineux du diaphragme ; au fter- num & au cartilage xiphoïde. Cette membrane, au moyen de fon repli; forme deux facs ou deux veflies coni: ques, pofées l’une auprès de Pautre ; chacune de ces efpeces de veflies dé- . 140 Traité Économique crit du côté des côtes le même che- min que les os ; toutes deux, l’une du côté droit, l’autre du côté gauche, viennent s'adoffer par leur autre face Jatérale, & defcendent dans le milieu du thorax , qu'elles coupent & divi- fent en deux parties, & y forment une cloifon , qu’on nomme médiaflin , qui ne s'étend dans le Cheval que jufqu'au cartilage xiphoïde , bien dif férent en cela du médiaftin de l'homme. La plevre, par fes différens écartemens, forme autant de loges qu’il y a de par- ties auxquelles fes veilies doivent por- ter des enveloppes. Nous ne parlerons pas ici du thymus , qui eftune malle molaffe, domt on ne fait pas encore Yufage. Le diaphragme qui fépare la poitrine de labdomen eft un corps véritable- ment mufculeux; il eft prefque verti- cal dans le Cheval , ou pour mieux dire, légerement incliné, fa portion inférieure fe portant un peu en avant; fa face antérieure eft convexe , & re- couverte par la plevre & la pofté- rieure concave , & recouverte par le péritoine. Ce corps mufculeux eft compolé de deux mufcles , un » du gros & menu Bétail. 141 grand & un petit. Les princi- paux vifceres de la poitrine font les poumons ; ils font au nombre de deux, & ils font féparés par le médiaftin. La mafle qui eft à droite fe nomme lobe droit , & celle qui eft à gauche, lobe me Le volume de chacun de ces obes eft à-peu-près égal ; leur forme répond à cellé de la cavité qui les ren- ferme ; les lobes font plus étroits an- téricurement que poftérieurement ; la- téralement & du côté du médiaflin, ils font concaves ; & dans celles de leurs furfaces qui regardent les côtes, ils font convexes. On a donné le nom de trachée- artere à tout le canal qui eft placé di- re&tementau-devant de l'œfophage qui regne le long de la partie antérieure de Pencolure, & qui s'étend depuis lé fond de la bouche jufqu'aux pou- mons ; dans lefquels il-fe propage, Le fommet de ce canal fe nomme la- rynx ; le canal lui-mêmecæft ce qu’on appelle proprement la trachée, & les ra- meaux qui dérivent de ces bifurcations fenomment bronches. Lelarynxeft fitué derriere la bafe de lajangue entre cette partie & le pharynx; fon volume eft (142 Traité É conomique plus confdérable que le canal qu'il termine fupérieurement ; il a cinq car- tilages ; le tyroide, le cricoïde, les deux érythmoïdes, & l'épiglotte. … Lecartilage tyroïdeeft le plus grand de tous ; il fe préfente comme une lame cartilagineufe , recélée à demi, convexe antérieurement & en dehoïs, concave parconféquent*en dedans; fa forme eft femblable à celle de l’ongle d'un Cheval. | Le cartilage cricoïde tire fon nom de fa forme annullaire, fe trouvant en quelque forte enchâflé dans le tyroide, au-deflous & au dedans duquel il-eft placé. Les cartilages érythmoïdes: font épaux , fitués & fixés direétement au- deffus du cricoïde , à côté l'untde F'au- tre, & à la partie poftérieure du Îa- rynx; leur forme, quoique très-irré- guliere, préfente néanmoins trois an- gles & trois faces. | L'épiglotte, qui eft le cinquieme cartilage, fe nomme ainfi, parce que lorfque la langue fe porte en arriere, il eft abaïflé fur la glotte , de façon qu'il couvre: exaflement cette em- b suchure, & qu'il empêche les alimens d’y pénétrer, La glotte eft l'ouverture du gros & menu Bétail. 143 10 du larynx; le tube, dontle larynx eft le fommet , forme un fenl canal, qui du bas du cartilage cricoïde, fe pro- page en defcendant, jufqu'à environ la cinquieme vertebre doriale, où il fe divife en deux branches. Ce canal; dans cette étendue, compofe ce qu'on appelle proprement la trachée-artere. On donne le nom de bronches aux ra- meaux de ce tube, qui, dès fa bifur- cation, perd le nom de trachée ; ces deux bronches entrent & pénetrent, une à droite & l’autre à gauche, dans le lobé qui leur répond. Des poumons, je pafle au cœur & à fon péricarde. Ce’ dernier eft une poche, ou fi on veut, une capfule membraneufe , qui enveloppe & qui renferme le cœur, & le cœur eft un corps mufculeux, fitué entre les pa- rois de l'écartement du médiaftin ; il a la figure d’un cône arrondi dans fa pointe, ovalaire dans fa bafe, & ap= plati dans fes côtés. Ce vifcere a deux ventricules , ou deux grandes cavités . renfermées dans l’épaifleur de fa mañle ‘conoïde. On nomme /eptum medium la cloifon qui en coupe obliquement de droite à gauche & de haut en bas t44 Traité Économique : l'intérieur & qui le partage en deux portions creufes, dont l’une eft le ventritule antérieur, & l’autre le ven- tricule poftérieur. Le ventricule anté- rieur eft beaucoup plus foible que J'autre, & eft d’ailleurs moins long d'environ un pouce; l’épaifleur du ventricule poftérieur, à fa bafe , ré- pond à celle du féptum medium, qui eft d'environ deux pouces, tandis que celle du ventricule antérieur n’eft que d'environ un doigt. La fubftance du cœur eft évidemment mufculeufe; le cœur a quatre ouvertures à fa bafe; deux d’entr'elles communiquent dans les facs ou oreillettes , & deux autres dans les arteres , c'eft-à-dire , dans l’aorte & dans lartere pulmonaire : celles-ci forment ce que nous nom- mons les orifices artériels, & les au- tres font connues fous les noms d’ori- fices auriculaires; chaque ventricule a parconféquent un orifice auriculaire & un orifice artériel. On trouve à la circonférence des orifices auriculaires & artériels ; des efpeces de foupapes won nomme valvules; les premieres s'appellent veineufes, & les fecondes artérielles. Le du gros & menu Bétail. ‘145$ Le cœur éft l'origine des vaifleaux artériels , & l'embouchure des veie neux ; les deux principaux vaifleaux artériels, d’où dépendent tous les au- tres, font l'aorte & l’artere pulmonaires L’artere pulmonaire fort du ventricule droit ou antérieur 3 Faorte eft pro- duite par le ventricule gauche ou pof- térieur. Les vaifleaux veineux qui aboutiffent aux oreillettes du cœur font les deux veines caves qüi fe ren- dent dans le fac droit ; & les veines pulmonaires qui s’implantent dans le fac gauche. Les vaiffeaux coronaires qui font artériels & veineux, font re- gardés comme les vaifleaux propres au cœur. La troifieme cavité des Chevaux ; eft la tête. Dans les diffeétions anato- miques , après avoir enlevé les os qui fe trouvent à la face antérieure du crane , on découvre une mafle moël- leufe, qu'on nomme cerveau , & qué occupe. & remplit abfolument cette cavité. Cette mafle eft recouverte & enveloppée de deux membranes ap- pellées méninges ; l’extérieure de ces enveloppes fe nomme dure-mere, & l'autre pie-mere. La dure-mere elt la membrane qui fe préfente à louvers Tom, L | \ 146 Traïte Économique ture du crâne ; elle doit fa dénomina- tion à fa force & à fon épaifeur. La pie-mere enveloppe le cerveau.plus articulierement que la dure-mere, puifqu'elle eft au-deflous de cette membrane ; elle doit fon nom à la fi- nelle & à la délicatefle de fon tiflu. Le cerveau ef compofé de quatre . parties; du cerveau proprement dit, du cervelert , de la moëlle allongée & de la moëlle épiniere. Le cerveau proprement dit occupe toute l'étendue du crâne jufqu’a la cloifon tranfverfale ; le cervelet eft la portion, qui, dans l'animal eft au-deflus de cette cloilon; la moëlle allongée eft cette fubftance, que l'on peut regarder comme une produétion commune du cervelet & du cerveau, & qui s'étendant depuis le cervelet jufqu’au an trou de l'oc- cipital, donne naïflance aux nerfs du cerveau. La moëlle épiniere en eft la continuation ; elle eft la fource des nerfs fpinaux contenus dans le canal offeux des vertebres ; elle fe porte dépuis la tête jufqu’à l'échancrure qui fe rencontre aux dernieres vertebres de la queue. Le cerveau proprement dit, ainfi que le cervelet, & même le crâne, du gros & menu Bétail 147 eft placé dans le Cheval perpendicu- lairement à l’horifon, attendu fa fi- tuation inclinée; le cerveau du Che- val eft trois fois moins ample que ce- lui de l’homme ; fa figure eft anté: rieurement convexe & ovalaire, & poftérieurement applatie. Ce vifcere a deux lobes, l’un à droite, & l’autre à gauche; fa fubflance eft double ; lune externe , partout femblable à elle-même, nommée écorce du cer- veau ou fubftance corticale ; l’autre in- terne, band fubftance médullaire. On appelle corps calleux une portion longitudinale &médullaire, d’une con- fiflance plus ferme & plus folide que le refte de la mañfe moëlleufe. On donne le nom de centre oval à deux éminences ovalaires & convexes, ex- trémement blanches, une de chaque côté, ou dans chaque lobe unes par le corps calleux ; elles fervent de pa- rois ; elles cachent, ainfi que le corps qui les unit, deux cavités confidéra- bles ; ces deux cavités fe nomment ventricules antérieurs, ou les grands ventricules. Le féptum lucidum eft une cloifon qui les fépare ; la voûte à trois _ piliers, qui mérite plutôt d'être ap- pellée le triangle médulaire, eft fituée G 2 x48 . Traké Économique à l'extrémité poftérieure du feptum lu cidum ; & au milieu des deux ventri. cules, de forte qu’on l’apperçoit dès qu’on l’a enlevé; & la eloifon-eit une partie du corps calleux ; dont il eft une produ&ion, & dont il forme pour aiofi dire la face poftérieure; les corps cannelés font desavancemens oblongs & grifätres ; fitués à la partie infé- rieure des ventricules antérieurs; les couches des nerfs optiques qu’on re marque encore dans le cerveau font deux grandes éminences placées fupé- rieuretment, & cependant au niveau des cotps cannelés ; leur fubftance ex- térieure eft médullaire, l’intérieure eft cendrée. La troifieme ventricule doit fa naïffance à l’écartement des couches optiques, à mefure qu’elles fe propa- gent en arriere, On donne le nom de glande pinéale à une éminence beau- coup. plus petite que lesantres, & qui eft fituée au-deflus de l’ouverture fu- érieure & des couches optiques , & celui de glande pituitaire, a un corps confidérable glanduleux , orbi- culaire, & de la groffeur d’une petite châtaigne, placée dans.le centre des arteres carotides, & des finus caÿers peux, F7 à PES … ‘du gros & menu Bétail. ‘49 Le cerveler eft, ainfi quela moëlle allongée, fitué fur l’occiput ; fa forme eft irrégulierement arrondie, fa furface cft marquée par des. inégalités tranf verfales ; fon volume eft exaétemént proportionné à celui du cerveau; il eft d’une confiftance un peu plus ferme que la portion moëlleufe , dont il eft{é- paré par la cloifon tranfverfale, Le cervelet a quatre lobes principaux; dont le plus confidérable :eit l'infé- rieur: on trouve dans le cervelet le quatrieme ventricule. 4 | La moëlle allongée eft la réunion de toutes les fibres qui compoñfent la fub{- tance du cerveau & du cervelet, & la moëlle épiniere eft la produ&tion mé- dullaire qui eft reçue dans le canal des vertebres. Nous ne parlerons pas ici des autres détails qui peuvent concer- nér la tête, en ayant déja fuffifamment parlé dans les premieres parties que nous avons données {ur l'anatomie dé cet animal, EN) G 3 150 Traié Économique $" 4 Des Vers qui Sengendrent dans les diffé. rentes parties du corps des Chevaux , € des autres corps étrangers qui s’y forment, M. la Fofe, dans les différentes dif- f@ions qu’il a faites des Chevaux, a trouvé différentes efpeces de vers dans plufieurs parties de leurs corps; nous allons examiner la nature de ces vers. La membrane veloutée de l’eftomac eft toujours , fuivant lui, tapiflée de Vers; il eft peu de Chevaux dans lef- quels il n’y en ait point. Ces vers font petits, rongeâtres, velus , d’une forme ovalaire ; ils proviennent des œufs d’une mouche nommée veftre, oefirus ani aquorum. Linn. La larve de cet in- feête fe tient attachée à l’eftomac par deux Erre qu’elle a fur fa tête ; il eft difficile d'appercevoir fa bouche; on diftingue feulement trois petits trous, par lefquels elle fuce le fuc des alimens ; fes grappins font très-durs, & d’une matiere {emblable à la corne; ils font recourbés comme des crochets à pendre la viande de boucherie, & pour ainf dire adoflés l'un à l’autre. On ne du gros & menu Bétaïl. as x remarque encore à ce vers onze an- neaux bordés de poils; fa longueur eft d'environ cinq lignes fur trois de lar- geur. Cette larve demeure conftam- ment attachée , & fans changer de place , à la parois de l’effomac , juf- qu'au moment où elle va fe changer en chryfalide ; elle fe détache pour lors , pañfe le long du canal inteftinal, tombe avec la fiente, & fe change en- fuite en mouches. Tous les vers qui fe: trouvent dans l’eflomac ne parvien- nent pas heureufement jufqu’à l'anus. M. la Fofe dit s'être afluré , en ou- vrant plufieurs Chevaux, que nom- bre des vers avoient été tricurés par le mouvement des inteftins. Quoique ces vers ne foient pas dan- gereux pour les Chevaux, il eft néan- moins à propos de leur donner de J'huile ou des amers, ainfi que nous le dirons ci-après. La mouche qui les produit eft noire & velue, fes pattes font jaunâtres ; elle naît au mois de Juillet, entre dans les écuries, volrige autour de la tête des Chevaux ou de leur anus, les tourmente & les agite. Comme elle dépofe fes œufs fur le foin dont le Cheval fe nourrit, on ne fau- G4 y2 Traité Économique roit empêcher qu'il navale les germes qui éclofent dans fon eftomac. L’inteftin jejunum, & l'ileum , font auf quelquefois remplis plusou moins de vers blancs & longs, qui donnent des tranchées aux Chevaux , & leur procurent fouvent la mort, mais qui pour l'ordinaire les font tomber dans Je marafme. Ces vers , connus par Lin- næus, fous le nom d'efCaris vermicularis , font de la longueur de huit à neuf pouces, & même quelquefois d’en- iron onze; ils font cylindriques, & néanmoins pointus par les deux bouts, dont l'un eft la tête, & l’autre la queue. La tête repréfente trois ma- melons en forme de trefle, comme le ‘réceptacle de tithymale , en forte que Ja boucle forme trois levres; à deux pouces ou environ eft un petit rétré- Ciflement, dans lequel on apperçoit un trou qui fert à la copulation, L'a- ‘nus de cet animal eft une petite ou- verture tran{verfale, qui eft à deux li- nes de l'extrémité. Enouvrantle vers le long de fon ventre, on diftingue deuxbandes charnues , compofées de fibres très-courtes, qui vont fe termi- ner à chaque petit anneau ; car la peau du gros & menu Bétail. 53 qui recouvre cette efpece d’aftarides , eft compofée d’anneaux aufli fins que des pets feuillets de cornes. Si l'on confidere la partie. interne du bas- ventre, on donnera deux efpeces de boyaux ; l’un fitué depuis la bouche jufqu’à l'anus, &’un plus large dans certains endroits que dans d’autres ; la couleur eft brünätre ; les autres , tant petits que gros, font blanchâtres. On auroit tort de les prendre pour des boyaux ; ce font des vaifleaux fper- matiques qui viennent aboutir au trou dont nous venons de parler. Les vers {e nourrifient auffi dans les gros intef- tins; pour les détruire, on a recours aux remedes employés pour ceux de Feftomac. M. la Fofle a encore obfervé que le canal choledoque fe trouvé fouvent affeété de vers que l'on appelle douves, . fafciola hepatica. Linn. Ces vers, qui s’en< gendrent ordinairement dans les rumi< nans, principalement danslesmoutonss fe trouvent aflez fouvent dans les Chevaux, M. de Cholerte , bon Na- turalifte, eft le premier qui ait écrié ue les douves exiftaffent dans les hevaux. Ces douves ont la figure de cœur, ou pour mieux dire, Fi d’un ÿ ts4 Traité Économique cerf-volant que les Ecoliers enlevent z ils font plats, de la longueur d'un pouce, & larges à proportion. On leur remarque à la tête deux ouvertures, fituées au-deffus lune de l'autre; il s'en voit une troïfieme à l’autre extrémité, ui eft l'anus. Ces vers fe replient en orme de cornets dans Le canal chole- doque ; les Chevaux avalent les œufs de ces vers, qui fe trouvent dans les eaux douces , les foffés ; les alimens fecs dont ils fe nourriffent n’en font point chargés ; ces vers ne détruifent nullement les folides ; iis ne font dan- gereux , que lorfqu’ils font en fi grande quantité , qu'ils bouchent le canal Se Nr Le & les autres vifceres bi- liaires, d'où réfulte un engorgement au foie , qui tôt ou tard eft mortel. Ces infettes, qui fembleroient devoir fe porter avec la bile dans le duodenum, ne s'y rencontrent néanmoins jamais. Ne pourroit-on pas foupçonner que ces animaux , nés dans une liqueur amere, & accoutumés à s'en nourrir, fentant à l’embouchure de ce canal une autre faveur, le remontent ? Ii eft certain au moins que ces vers ne fe font jamais trouvés dans les inteftins. Les remedes contre ces vers font les ALU. 2 a. le $ | LS rs 3 du gros & menu Bétail. v$$ martiaux, &{ur-tout les boiffons réi- térées des eaux non-épurées de Pañy, qu’on fait prendre au Cheval: on lui en donnera dans ce cas pendant huit jours, maun & foir. Le canal pancréatique eft auffi quel- quefois rempli de vers, mais d'une . nature différente. Ces infectes, dont perfonne n'a encore parlé , & que les infe&ions & les ouvertures fréquentes des Chevaux ont fait fouvent apper- cevoir à M. la Fofe, font cylindriques; de la longueur de deux pouces ou envi- ron ; lamoitié de leur longueur eftrou- ge, lerefte eft blanc. La tête eft difiicile à diftinguer de la queue: on peut croire cependant, & c'elt le fentiment de M. la Foffe , que latête eft cette extrémité à laquelle on remarque deux efpeces de filamens à-peu-près femblables à ceux que portent les vers de l’efto- _ mac. Au refte, ils ne s’attachent point, & errent ça & Jà dans le canal pan- créatique ; on n’en rencontre que très- rarement dans le canal inteftinal; les . moyens pourles détruirefont les mêmes que ceux contre les vers du foie. * : Outre toutes ces efpeces de vers, il s’en trouve une cinquieme répandue dans la capacité du a | ; & Ét 6 x 256 Traité É conomique rante fur les vifceres. Ces derniers vers font longs de quatre pouces & plus, & minces comme des aiguilles ; ils font abfolument différens de ceux desintef- üns. On n’a aucun figne qui indique: que le Cheval en foit incommodé; & quand on en auroit de certains, quels: remedes y apporter ? On ne pourroit: avoir recours qu'aux injections ameres: faites après la pon@ion. Avant de finir ce qui concerne l’a natomie du Cheval, il eft à propos de: dire un mot des pierres qui fe forment dans différentes par&ies de fon corps. On diftingue deux efpeces de pierres: ui fe forment dans les inteflins des: hevaux ; les unes font légeres, & ne: font qu’un amas de bourre , de poils: & d'alimens; elles fe nomment éga- gropiles , calculus ægagropila. Lin... Mais ce calcul ne fe trouve jamais: dans l'eflomac, ce qui eft au moins fort rare. ‘Les égagropiles fe forment quel-. quefois très-promptement, & reftent un temps infini fans acquérir plus de: groffeur ; elles font unies extérieure- ment, comme fi elles étoient enduites. d'un vernis fur lequel rien ne peut #attacher. Mais f par bhafard il fe, du gros & menu Bétail. ‘+57 trouve dans les inreftins quelques corps durs, ou des fubftances non digérées, comme du bois qu'un Cheval pourra avoir mangé, ils enleveront le poli de ces pierres en plufieurs endroits, fur lefquels il ne tardera pas à s’amafer une quantité prodigieufe de même ma- tiere, qui formeront comme deux bou- les enfemble, ou comme une calotte fur une autre. En coupant ces fortes de calculs , il eft difhcile de s’apperce- voir du centre. Les autres pierres des inteftins different beaucoup des pier- res, & par leur nature & par leur poids; car à volume égal, elles paflent deux tiers de plus ; elles fe nomment be- foards. Ce font de véritables piètres, qui toutes ont dans leur centre pour principe, un noyau plus ou moins gros; c’elt, pour l'ordinaire, un grain de fable de la groffeur d'une groffe tête d’épingle. Ces befoards fe forment de deux façons dans le cœcum, ow concentriquement , Où excentrique- ment. La premiere façon fe fait par couches, & la fecomde par de petits grains pofés les uns fur les autres en forme de fibres radiées.; c'eff comme une pierre d’aimant chargée de limaille- de fer. Le befoard formé par descou- (58 Traité Économique | ches concentriques, & quelquefois les autres, font enduits d’un poli reffem- blant à de l’émail; ce qui prouve que les uns & les autres n’acquierent plus de volume , principalement les der- nicrs. Quoique pour l'ordinaire les befoards foient longs , il s’en trouve néanmoins de plats & d’arrondis, de quarrés, mais dont les angles font ufés ; il y en a auili de triangulaires; telles font les figures les plus commu- nes fur lefquelles depends les pier- res animales. Les Chevaux font auffi fujets à avoir des pierres dans les reins; elles fe lo- ent dans le baffinet , & rarement dans es melons ; elles font de deux efpeces ; la plus ordinaire eft un amas de fable, de gravier , ou fédiment, qui s’'amoncelent , fansnéanmoins ac- quérir une confiftance bien dure, bru- nâtre , quelquefois rouge, & quelque- fois cryftallifée ; ni l’une, ni l'autre ne font eftervefcence avec les acides; elles n'ont point non plus, comme les be- foards , de point central; la pierre de la veflie eft ordinairement de la premiere efpece. Dans certains Che- vaux, On a trouvé une pierre dans chaque rein; chez d’autres, dans un du gros & menu Betail. 159 feul rein : on en a aufli ouverts qui avoient une pierre dans un rein , & une dans la veflie en même temps; quelquefois il n’y en a qu'une dansun rein, & quelquefois plufeurs. La vefle peut aufli en contenir plufieurs; mais ce cas eft rare; le plus ordinairement, on n’en rencontre qu'une feule, plus ou moins grofle. Le diagnoftic eft aifé à porter, par l’affe@ion des reins ; mais le mal eft incurable, felon M. Ja Fofñe. Nous finirons l'anatomie du Cheval, en obfervant, avec M. la Fofe, aw fuiet du palais, que c’eft ainfi qu’on nomme cette peau fillonnée, qui s'é- tend depuis le voile palatin, & de- puis les os palatins eux-mêmes, juf- qu'aux gencives de la mâchoire infé- rieure. Cette partie en cet endroit eft moins fillonnée, mais élevée dans les Poulains en efpece de. dos d’ane: c’eft ce qu'on appelle les Jampas, ou fe- ve, & que plufieurs Auteurs ont re- gardés fort mal-à-propos comme une maladie , & comme le fujet du dégoût, principalement pour lemanger , comme fi l’on trouvoit ici des houppes & des papilles nerveufes. Leur opinion eft fondée ; dit M. la Fofle , fur ce que le 60 Traité Économique Jampas déborde les dents; mais il n8 déborde ainfi que dans les jeunes Che- vaux, Ou pour mieux dire , dans les : Poulains , & jamais dans les vieux Chevaux, Sur quoi donc, continue notre Hippiatre , peut être autorifée Fopération qu’on a confeillée dansce cas ? L'ignorance feule a pu Pimagi- ner; elle feule peut encore recom- mander de porter le feu fur une par- tie, qui, brûlée de la forte , r'ôte certainement pas à l'animal le désoût qu’on lui fuppofe, mais lui caufe un mal réel pour le guérir d’une maladie imaginaire. ARTICLE IL Des Haras, & de la maniere de propagër la race des Chevaux, Après avoir donné l'anatomie du Cheval, nous allonsaëtuellement exa- miner la maniere & les moyens de le multiplier , ce qui nous donnera oc- cafon d'entrer dans le détail des Ha- ras. Nous ne nous étendrons pas fur: leur utilité, perfonne n’en doute à prélent; maïs nous ferons voir la fa- con dont il faut s’y prendre pour les du gros & menu Bétail. 38% établir & les faire profpérer dans le Royaume : c’eft ce qu'il y a de plus ef- fentiel à examiner. Il eft de fait qu'on eut élever des Chevaux dans tous es Pays à paturage ; il faut feulement faire choix d’une perfonne intelligente, qu’on chargera de vifiter chaque Pro- vince , & de prendre un état exact des fermes que chaque territoire ren- ferme. Cela fait , on engageroit , fans néanmoins forcer les Fermiers, d’en- tretenir parmi leurs Chevaux une Ju- ment ou deux au plus, à proportion de leurs pâturages. Pour le faire, la vifite étant finie, & état réglé, on aflemblera tous les Particuliers d’un même territoire qui offedent des fermes, de même que Les Bailkifies; on leur fera part de la néceflité qu'il y a d'établir des haras, attendu le befoin qui en réfulte pour l'Etat ; on le leur perfuade par l’avan- tage même qui en réfulteroit ; on exi- era fimplement d'eux qu’ils nourrif. ent une Jument, où deux ou trois, à proportion des Chevaux & des bêtes _ à cornes qu’ils pourroient avoir: on Jeur repréfentera encore qu’un Poulain de trois ans qui proviendra de leurs Jumens , qui auront été accouplées 1 è F* 162 Traité Économique avec des Etalons de la beauté de ceux qu'on leur fourniroit , pourroit au moins valoir vingt louis, joint à cela que les Jumens pourroient leur être aufli utiles dans le labourage que les autres Chevaux : on pourroit même encore leur promettre de leur faire acheter de belles Jumens, & de leur faire diftribuer par le fort. | Pour avoir des Jumens propres à fournir de belles efpeces, il faut les choifir d’une taille avantageufe; elles doivent avoir la côte bien ronde, & un bel avant-main. Il faut en général qu'elles aient du corps & du ventre ; quant à l'âge des Cavales, elles doi- vent avoir au moins trois ans accom- plis , afin de les faire couvrir pour la remiere fois. La maniere de nourrir Le Jumens pleines eft fort fimple, 8 n'exige pas grande façon ; toute forte de nourriture leur eft bonne, pourvu qu'elle n’ait aucune mau- vaife qualité , comme pourroit être du foin vafé ou pourri, oumême del’herbe de marais ; car de pareil foin feroit du mal à la Cavale, & par conféquent au Poulain qu'elle porte, & l'herbe de marais feroit une nourriture trop peu fubftantielle pour une Jument qui-efb du gros & menu Bétail. 16% obligée de nourrir fon petit. Dès que la nourriture qu'on donne aux Jumens n'eft pas de cette mauvaife qualité; l'herbe ou le foin leur eft également bon. Cette attention eft la premiere qu'on doit avoir pour les Jumens pleines. Outre la nourriture , il y a encore d'autres précautions à prendre de la part d’un Econome; la premiere eftde ne point furcharger les Jumens de travail, fur-rout dans les deux der niers mois ; la feconde eft d’avoir une grande attention qu’on ne leur donné point de coups fur le ventre ; la troifieme eft de ne leur point laïffer boire d’eau de puits, ou de fontaine ; les eaux ftagnantes font fans contre dit pour elles les meilleures: la qua- trieme enfin eft de ne pas les envoyer paître en automne trop matin, mais d’attendre que le foleil ait fondu la gelée blanche. Il ef difcile de connoître ‘avant le fixieme ou feptieme mois fi une Ca- vale eft pleine où non. M. de Guer- . fault prétend 1°. qu'une Jument pleine s'entretient toujours plus grofle que les autres, fur-tout l'hiver; 2°. quand on voir, ditil, ou que l’on fent re- muer le Poulain, la chofe eft fûre. M64 Traité Économique Pour cet effet, il faut faire trotter Îa Jument cinq à fix tours , enfuite la mettre à l'écurie , la faire boire ou manger : on lui met pour lors la main {ous le ventre; on fentira la main fe remuer , fi la Jument eft pleine. Lorfque les Jumens mettent bas, elles le font toujours debout, & fans aucune perte de fang : il eft par con- féquent très-facile de les aider dans leurs accouchemens. Le Poulain fe préfente pour l’ordinaire la tête la pre- miere : on aide celles dont l'accouche- ment eft difficile ; on y met la mains _ on remet le Poulain en fituation , & quelquefois encore , lorfqu'il eff mort, on le tire avec des cordes: an faiten- core entrer de l'huile dans la matrice pour en faciliter la fortie. Après la naïiflance du Poulain, la mere le leche aflez long-temps, & voilà tout. Si une Jumentavorte, il faut la traiter comme malade; & elle l'eft efeétivement; 1°. on la tiendra en conféquence bien, chaudement, & on la couvrira d’une bonne couverture , afin de procurer la tranfpiration du lait; 2°. on lui fera : obferver pendant quelques PRE une diette fort févere, en la nourriflant de chofs légeres & d'eau blanche. Les du gros & menu Bétail. 16 ÿ Poulains étant nés, il s’agit aétuelle- ment de les élever. Il ne faut pas, 1°. les laiffer tetter long-temps, mais les fevrer tout au plus tard le fixieme mois ; 2°,..comme leur premiere noûre riture en les fevrant eft du foin, il faut leur en donner d’abord en petite quan- tité : fix livres de foin les premiers jours fufhifent ; on l’augmente infenfible- ment ; on leur donne en outre deux fois par jour du fon, & on leur inter- dit toute avoine péndant les trente greniers mois; de l’orge concaflé vaut eaucoup mieux; 2°. quand on met les Poulains à la pêture , il faut avoir attention de ne point les envoyer pai- tre à jeun; il faut leur donner du fon; & les faire boire une heure avant de les mettre à l'herbe 3 avoir fur-tout l'attention de les garantir du froid, & de ne les point expofer aux pluies. Quand ils auront un an ou dix-huit mois, on leur tondra la queue; les crins repoufleront & deviendront plus forts & plus touffus; 4°. il ne faut point hongrer les Poulains, qu'ils n'aient au moins trente mois, & ik faut faire cette opération au prin- temps, ou bien en automne ; Car en hiver il fait trop froid pour les en; +66 Traité Economique voyer à l’eau, & en été la chaleur les incommode, & les mouches les tour- mentent; $°. il ne faut point fe prefler de faire ferrer les Poulains 3; il faut attendre trois ans, ou au moins trente mois. Quand ils ont cet âge, on peut commencer à les fairetrotter. À la lon- gue, on leur met le cavaffon furle nez, & on les fait aller en rond fur un ter- rein bien uni, & qui ne foit pas trop dur; cela leur dénoue les épaules; mais il y a pour lors deux chofes à prendre garde ; c'eft, 1°. de ne les point faire monter ; 29. de les faire trotter au large, & de ne point trop les fatiguer les premiers jours. Après avoir parlé des Jumens, ilen faut venir aux Etalons. C’eft principa- lement d'eux que dépend la beauté des efpeces;les plus beaux nous viennent des Pays étrangers. Le Miniftere , tou- jours occupé des chofes utiles, en a fait diftribuer dans les différentes In- tendances du Royaume. Pour juger bien des Etalons , il faut être nécef- fairement connoifleur ‘en Chevaux, & être même Ecuyer ; il faut examiner attentivement dans leur choix , 1°. leur figure ; 2°. l’état de leur fanté; 3°. leurs qualités bonnes ou mauvaifes; quant du gros & menu Bétail. 167 à la figure , il faut qu’un Etalon foit de belle taille , c'eft-à-dire , qu'il ait au moins cinq pieds pour les Che- vaux de carroffle , & quatre pieds neuf à dix pouces pour ceux de felle, Le poil de l'Etalon que l’on choifit doit être aufli, autant que l’on peut, celui que l'on eflime davantage dans le Pays où l’on ef. Les Efpagnols ai- ment le noir de jaiss les François préferént le bai & le rouan ; en Angle- ‘terre , on vante par préférence l'al- zon; en Îtalie, on cherche davantage _ les Chevaux gris; en Allemagne, le poil n'y fait rien. En effet, on a bien _ raïon, puifqu'il fe trouve des rofles de tout poil. Cependant il faut re- jeter, & ce avec raifon , les poils qui {ont d’une couleur tout-à-fait ignoble, tel que ie noir mal teint, le bai lavé, & l'alzon à extrémités blanches. Il faut en outre examiner dans fa figure s'il n'a point une encolure faufle ou ren- verfée , avec un garot rond & épais; fi les oreilles ne font pas trop longues ou mal placées, les falieres trop creu- jes, la tête trop pefante & camarde; fi elle n’eft pas jointe trop loin, &fi fes jambes font à proportion de fon corps. | L beauté d'un Cheval confifte en ou- A63 Traité Economique tre à avoir une côte ronde & propor- tionnée à fa taille ; fon arriere-train doit accompagner tout le refte; il doit par conféquent avoir une croupe ar- rondie & une belle queue, qui ne foit nitrop haut, ni trop bas plantéé. La feconde chofe à examiner dans le Cheval , ainfi que nous venons déja de l’obferver , eft la fanté. Pour fe mettre bien au fait fur cet objet il faut examiner en détail toutes les par- ties du corps de l'animal. On commence par les yeux. Il ne fufit pas qu'ils foient bons, mais il faut qu'ils foient grands, bien fendus, &c placés à fleurs de tête : car les petits yeux enfoncés, outre qu'ils défigurent un Cheval, courent encore rifque de fe perdre, pour peu que l'animal fe fatigue, Après l'examen des yeux, il faut en venir à la ganache; il faut voir s’il n’y a point de glandes , ce qui pourrait être un indice de morve. Il faudroit pour lors bien vifiter les nafeaux ; & pour peu que ce qui découle fente ‘mauvais, il faut rejeter le Cheval dès Pinftant; il faut enfuite vifiter la bou- che , examiner fi la levre n'eft point trop paille , fi les levres ne font point : | ou CAE TEE Re CT UN du gros & menu Bétail, ‘169 | ôu trop rondes, ou trop tranchantes. Les Poulains qui naîtroient de pareils | Etalons ne manqueroient pas d'avoir » Jes mêmes défauts. Les dents fervent à " connoître fi l'Etalon tique, & quel eft - fon âge. Après avoir examiné la bouche , un connoiffeur habile pafñle aux épaules; on obferve s'il en a le maniement li- * bre, & fifes mouvemens ne font pas gènés. Tout Etalon chargé d’épaules : eft bientôt ruiné. Des épaules on en vient aux jambes; à on examine attentivement les genoux, pour voir s’ilene s’y trouve point de capelets renverlés; quelquefois dufi ils font couronnés. Quand iïils font tels, le Cheval eft pour lors foible; il s'abat fouvent ; enfin c’eft une roffe. Le canon de la jambe doit être large, plat, & le nerf bien détaché ; s'il y a des molettes, c'eft une marque que - Ja jambe eft fariguée ; s'il n’y a que des furos, ce n'eft riens s’il fe coupe, on trouve des cicatrices aux côtés des boulets. Après la jambe fuit le paru x ron ; il faut pafler la main , pour voir » s'il n'y à ni javars, ni porreaux. - Quand on fait la vifite des pieds; on rend garde fi les talons ne font pas H Zom L x7o Traité Économique trop bas; fi la corne n’eft point caf. fante, ou cordonnée; s’iln'y a point de feimes ; fi la fourchette n'eft point trop grofle, & la fole trop mince, & s’il n’y a point de porreaux ou fics dans le pied. Les habiles Maquignons favent les cacher fous un fer couvert. Le train du devant étant examiné; on regarde tout le corps; on prend gaie fi le flanc n’eft point altéré, s'il at jufte ; fi après avoir trotté , il ne fouffle ou ne toufle point ; enfuite on examine les parties de la génération, qui font une chofe principale dans leg Etalons ; on prend garde fi les tefticu= les font bien trouflés, & s'il n'ya point : de fiftule aux bourfes, Les Chevaux entiers qu’on néglige d'envoyer quel. quefois à l’eau, y font aflez fujets, Le train de derriere du Cheval efE la derniere chofe à examiner. On con- fidere les hanches , pour voir fi elles n'ont point fouffert, fi les reins font bien fermes, & s'iln'y a aucune marque qu'on y ait appliqué le fer: on leve enfuite la queue, pour voir aufli, s’il n'y a point de fiflules, où bien des porreaux ou fics ; les Chevaux d'E£ : pagne y font quelquefois fujets. Delà, on vilite les jarrets; on voit s'ils (ong du gros & menu Bétail. ‘171 larges & bien évuidés ; car les épar- vins & les courbes fe communiquent de pere en fils. Le canon de la jambe, les paturons & les boulets de derriere, s'obfervent de la même façon que ceux de devant. Après avoir examiné les défauts cor- porels, il faut encore prendre garde aux qualités de l'Etalon; & pour cela faire, il faut le monter. La premiere chofe à obferver, c'eft de voir sil n’eft point ombrageux. Le meilleur. moyen pour le connoître, c’eft de le romener fur le déclin du jour au fo- eil couchant. On tourne la croupe vers cet aftre, & l’on marche vers l’o- rient; l’ombre du Cheval & du Cava- lier fe préfente devant les yeux; on Ôte pour lors fon chapeau, on tire fon mouchoir ; on fait des geftes, que l’om- bre répete ; & fi le Cheval ne s’en épouvante point, c'eft marque qu'il p'eft pas ombrageux. On pañle enfuite le Cheval dans l'eau, pour voir s'ilne s'y couche point; car c'eftun grand défaut : on l’approche auffi des en- droits où l’on fait du bruit, pour con- . noire sil a du cœur: s’il leve la tête; sil fe défend avec courage, & fi en- . fuite il approche, il n’y a E grand 2 172 Traité Économique mal; mais s'il tremble, s’il regarde en arriere, S'il réfifte à l'éperon, c’eft. pour lors une roffe qu'il faut rejeter totalement : on le fera aufli trotrer & galoper pour reconnoître fon agilité, fà forme & fa docilité ; c’eft par tous ces moyens qu'on parvient à faire un bon choix d'Etalons. On en diftingue de deux fortes ; les uns font propres pour nous donner des Chevaux de felle, & les autres our des Chevaux de carroffe , les Eta« ons Arabes , les Turcs, les Barbes, & ceux d'Andaloufie {ont ceux qui roduifent les plus beaux Chevaux de {elle ; mais il n'eft pas donné à tout le monde d’avoir de pareïls Etalons , fur- tout de la premiere efpece; ceux d'An- daloufie font très-eftiméss ils font ren- forcés , agiles , finceres & nobles; les Etalons ÉEfpapne | les Napolitains, les Normands , les Anglois; ceux du Pays du Holftein & du Danemarck font encore d'excellens Etalons de {elle , proportion gardée de leur taille & de leur agilité ; quant aux Etalons de carrofle, ceux qui viennent de la Frife & de l'Italie fone les plus vantés, quoiqu'on en pores encore prendre parmi ceux des Pays du gros & menu Bétail. 173 | ue nous avons nommés, en choïfif fant néanmoins les plus grands & les plus renforcés. : * - Après avoir détaillé la bonté & les ” qualités des Jumens, il en faut venir à la monte. Le vrai temps de la monte commence au mois d'Avril, temps où les Cavales commencent aufli à être en chaleur, & dure jufqu’à la fn de _ Juin, après quoi on peut retirer les \ Etalons , & la monte eft finie, Cependant ïl peut arriver qu'il y ait des Jumens qui entrent en chaleur » en d’autres temps de l’année; mais on * netles fair pas pour lors couvrir par - deux raïfons; la premiere eft que fi on le failoit avant le mois d'Avril, les Poulains qui viendroient au monde Pannée d’après, dans une faifon en- core froide, & lorfqu'il ny a point d'herbe , pourroient fouffrir & de la rigueur de la faifon, & de la nouiri- ture qui manqueroit aux meres qui doivent les allaiter. Si on les faifoit couvrir. pañlé le mois de Juin , les Poulains qui en proviennent naiflent dans les mois les plus chauds, & ils _ font pour lors fujets à être incommo- dés par la chaleur & les mouches. Ces obfervations fur la monte concernent | H ; | 174 Traité Economique les haras montés en regle. Quant aux Jumens répandues chez les différens, Particuliers , on peut les faire monter indiftinétement dans tous les mois de l'année. M. de Guarfault dit qu'il faut fe pourvoir, pour letemps de la monte, de quelque Cheval entier , qu'on ap- pelle Boute-en-train, qui ne fervira qu'à faire connoître les Jumens qui font en chaleur, ou à les y faire venir. La principale qualité que le Cheval doit avoir , eft d'être ardent, & de hennir fréquemment. On fait pañer en revue toutes les Jumens devantle Boute-eu-train; celles qui ne font pas en chaleur fe défendent de lui, & veulent le ruer ; mais pour celles qui le font, elles le laiffent approcher, & montrent des fignes de chaleur. Après cette épreuve, on retire le Boute-en- train, & on fait couvrir les Jumens en chaleur par les Etalons qui leur font deftinés, renvoyant les autres jufqu’à ce que leur chaleur fe dénote. M. de Buffon nous apprend les pré- cautions qu’il y a à prendre pour la diftribution des Etalons. Il faut, dit-il, avoir grande attention à la différence & à la réciprocité des figures du Che- | du gros & menu Bétail, 179$ val & de la Jument, afin de corriget les défauts de l’un par les perfe&tions de l’autre. Il faut fur-tout éviter les ac: couplemens difpropogtionnés, comme d'un petit Etalon avéc une grofle Ju- ment, ou d’un gros Etalon avé une petite Jument. Pour tacher d'äpproz cher de la belle nature, il faut don- ner à une Jument trop épaille un Cheval étoffé, mais fin; à une pe- tite Jument, un Cheval un peu plus haut qu'elle ; à une Jument qui peche ar l’avanttrain, un Cheval qui ait la tête belle, & l’encolure noble. M. le Boucher de Crofo a publié un excellent Mémoire furles haras. Le premier objet qui s’y trouve traité eft le croifement des races. Saulnier, en parlant des Chevaux que Louis XIV fit venir de Turquie , de Barbarie & d'Efpagne, obferva que les Chevaux qui n'avoient rien fait qui vaille avec les Cavales des Pays orientaux , ff: rent des merveilles avec celles de France. IL faut donc , dit l’Auteur de ce Mémoire, croifer les races , en oppofant des climats, afin de corriger - ce qui eft en excès dans les Pays chauds par ce qui eft défaut dans les Pays froids, & réciproquement ; a le 4: 176 Traité Économique poil & la taille, avoir égard à la dif- férence, ou à la réciprocité des figures du Cheval & de la Jument , afin de corriger les défguts de l’un par les perfettions de l’autre : on oppolera au- tant quil eft poffible les mœurs , l’âge & le Mstanenc: on donnera à une Jument jeune ur Cheval qui foit plus âgé, fans être vieux ; à une Jument vieille, un Cheval plus jeune ; & à une Jument fougueufe un Cheval froid, & réciproquement; enfin on ira par nuan- ces pour approcher de la belle nature. Ces précautions, & beaucoup d’autres détaillées dans ce Mémoire, font né: gligées principalement dansla Province de Bretagne, pour laquelle ce. Mé- moire a été rédigés c'eft ce qui fait, dit M. le Boucher de Crofo, que les Chevaux Bretons ne méritent aucune réputation. Les haras vagues & difper- fés, conduits comme ils le font en France, & fur-tout l'obligation impo- fée en Bretagne d'envoyer toutes les Jumens d'une telle Paroifle à tel en- droit, font la fource de la dégénéra- tion de lefpece, Le plus fouvent, un nourricier fe fert pour Etalon d’un Pour- lain qu’il a élevé, & dans! lequel il trouve des qualités qu’il prie; sil du gros & menu Bétail. 177 _ h’en a pas, il préfere de faire fervir fa … Jument par un Cheval appellé fupple- . quelque forte au Cheval donné par la . Province. Lorfque dans la Province ‘il n'ya point de fupplément, 1} aime mieux payer le droit au Garde-Etalon, qui aun Cheval du Roi, & auquel ce droit fuit, & va en payer un fecond » un fupplément , lequel eft toujours un … Chevalné dans le pays, bien gros, bien … large , taillé en taureau, principale- … ment par la tête. | “ roit au moins donner des Chevaux tels que lui, s'il étoit bien ménagé, . trouve fa perte dans fa réputation ; au lieu de vingt Jumens, il en fert cent & plus; au lieu d'une par jour, on lui - qu'à fix & huit; 1l les trompe, ou ne « peut donner que des Chevaux man- … qués, tels qu'onles voittouslesjours ; “ mois ou trois ans, qu'on force de … nourriture pendant la monte, & qu’on … vend quelques mois après. M. de Crofo … fait voir en jpéatiins à ment , & n’a recours que malgré lui en, . . Ce fupplément chéri , qui pour: - en donne trois, quatre & cinq, & juf-» … 11 faut encore obferver que c’eft le plus’ * communément un Cheval de trente: - dans la Paroifle voiline, où il fe trouve 178 Traité Fconomique qu’il y auroit de ne vendre les Che: vaux qu'à quatre ou cinq ans; mais pour cet effet, il faudroit augmenter les prairies. IT propofe aufi l’établif fement des haras fixes ; il en calcule la dépenfe, & il ‘indique la maniere de Îles compofer, de les adminiftrer , & les encouragemens par lefquels on doit les foutenir; il rappelle à ce fujet les exemples que nous donne l’Angleterres En le faifant, ajoute M. de Crofo, les méthodes utiles prendront la place des routines défetueufes ; & comme celles-ci, fe perpétueront d'âge en âge , alors un meilleur affortiment , une meilleure nourriture , une bonne édu- cation donneront aux Chevaux Bre- tons des qualités, un prix & une ré- utation qu'ils n'eurent jamais : on ne es vendra plus fi jeunes, & on en élevera davantage, parce qu’ils offri- ront un plus grand bénefice; l'Agri- culture prendra de la vigueur , le Commerce aura de la circulation & de - l'a&ivité ; les dépenfes faites & à faire ne feront plus inutiles ; on les renou- vellera au plus tous les dix ans, & ce renouvellement fe bornera à l’achat d’un petit nombre d’Etalons:æn jouira alors en entier de la fatisfaétion d'a- du gros & menu Bétail. 179 Voir rendu un fervice à l’Etat, en en: sichiffant la Province : on en peu dire autant de toutes les autres Pro- _ vinces du Royaume. - Lorfqu'on menera l'Etalon à la Ju- ment, il faudra le panfer auparavant, cela ne fera qu'augmenter fon ardeurs il faut auffi que la Jument foit propre & déferrée des pieds de derriere : car ily en a qui font chatouilieufes, & qui ruent à l'approche de l'Eralon. Un homme tient la Jument par le licol, & deux autres conduifent l'Etalon par des Jonges. Lorfqu'il eft en fituation , on aide à l’accouplement , en le diri- eant & en détournant la queue de la Een car un feul crin qui s'oppo- feroit pourroit la blefler , même dan- gereufement. Il arrive quelquefois que dans l’accouplement, l'Etalon ne con- fomme pas l'ate de la génération, & qu'il fort de deflus la Jument fans lui avoir rien laiflé. [1 faut donc êtré at- tentif à obferver, fi dans les derniers momens de la copulation, le tronçon de la queue de l’Etalon n'a pas un mouvement de balancier près de læ croupe ; car ce mouvement accom= pagne toujours l’émiflion de : liqueur + m80 Traité Économique féminale. S'il a confommé, il ne faut as lui laïffer réitérer l'accouplément ; faut au contraire le ramener tout de fuite à l'écurie, & le laifler jufqu'au fur-lendemain;.car quoiqu’un bon Eta- lon puifle fufire à couvrir tous les. jours une fois pendant les trois mois. que dure le temps de lamonte, il vaut mieux le ménager davantage , & ne lui donner une Jument que tous les. deux jours ; il dépérira moins, & pro- duira davantage. Dans les premiers fept jours, on lui donnera donc fuc- ceflivementquatre Jumens différentes; & le neuvieme jour, on lui ramenera, la premiere, & ainfi des autres, tant qu’elles feront en chaleur ; mais dès qu'il yen aura quelques-unes dont læ chaleur fera paflée, on lui en fubfti- tuera une nouvelle pour la faire cou- vrir à {on tour aufli tousles neufjourss & comme il y en a plufieurs qui re- tiennent dès la. premiere , la. feconde ou la troifieme fois, on compte qu’un Etalon ainfi conduit peut couvrir qua- torze où dix-huit Jumens, & produire dix à douze Poulains dans les trois mois que dure cet exercice. | … Quant aux terreins qu'on doit choi- fir pour donner-la monte aux Jumens, du gros & menu Bétail. 181 il-faut, dit M. de Guarfault, que le terrein où fe pañle la monte ait des inégalités, afin d’aider l'E pen- dant le temps qu'il couvrira; car fi la Jument eft plus grande que lui, on la placera près d’une petite hauteur , afin que le Cheval fe trouve fur la hau- teur, & ait de l'avantage ; fi la Jument eft plus baffe que le Cheval, on la fera mettre fur la hauteur par la même raifon. Comme il arrive dans le moment même de la monte plufieurs inconvé- hiens qui pourroient embarrafler , il eft bon de mettre au fait des expé- diens dont on doit fe fervir pour y re- médier. Lorfque le Cheval eft prompt; & la Jument tranquille, tout fe SH bien ; & ne donnera point d'inquié- tude. Mais il fe trouve des Etalons qui montent plufieurs fois fur là Ju- ment, ce qui ne fait que la fatiguers 1l faut mettre à ceux-là des lunettes, ils fe tourmenteront moins. D'autres s’élevent & fe dreffent de façon qu'ils font fujets à fe renverfer ; il faut alors que les Palefreniers baiffent les cordes, c'eft-à-dire, les longes de cuir jufqu’à terre, pour ramener le Cheval en bas. Il fe trouve des Etalons lents à cou- 282 Traité Économique vrir, qui reftent quelquefois long temps tégfiquilles auprès de la Jument; on les élôtgne alors de la Jument , en Ja promenant un tour, puis onles laifle rapprocher ; ils couvriront à la fin. D'autres, par trop de vivacité, fe met- tent tout en eau, fans pouvoir cou- vrir , c& qui arrive plutôt aux jeunes Chevaux qui n’ont pas encore couvert $ on les remettra dans l'écurie , & un uart-d'heure après , on fera une nou- velle tentative. La Jument eft quelque- fois inquiete, & dérange le Cheval par fon agitation ; alors il faut que l'homme qui eft à fa tête lui parle & læ * tienne de près. Neuf jours après qu’une Jument a pouliné , il faut la ramener à l’étable. Il y a encore une monte, qu'on ap= elle monte en liberte ; elle confifte uni- quement à laiffer un Etalon dans un päturage bien fermé , avec la quantité de Jumens qu'on veut qu'il couvre mais c’eft le vrai moyen de ruiner bientôt un Etalon, dit M. de Guar- fault ; auffi n’approuve-t-il point cette monte. Cependant elle paroît plus na- turelle & meilleure. Voici la façon dont il faut s’y prendre. Dès qu’on a bien conftaté le nombre des Jumens du gros & menu Bétail. ‘183 qui font en chaleur, on les renferme ans un parc, enfuite on y lâche ua Eralon. Cet Etalon , dès qu’il fe verra: en liberté , prendra un air alerte & joyeux ; il hennira , il gambadera pen- dant quelque temps, flairera toutes _Îes Jumens les unes après les autres, & finira par couvrir celle qu'il trou- vera le plus à fon gré ; cela fait , les gens des environs , que nous fuppo- ions être fur leur garde, s’avancent avec une poignée d'avoine, prennent Jeur Etalon, & le ramenent à l'écurie, fans lui laiffer le temps de réitérer laccouplement : on fera aufli retirer Ja Jument qui a été couverte , & qui ne doit plus reparoître pour neuf jours x enfuire on lâche un ere Etalon, qu’on: retire comme le précédent, dès que fon accouplement eft fini , ainfi que la Cavale, & puis on recommence : om continue toujours de même, tant qu'on a des Etalons à donner; & pour les Ju- mens qui reftent en arriere , on Îles garde poug un autre jour. ot àB4 Traité Éconémiqué Anticze IIL | Des Jumens pleines ; des Poulains , & de là maniere de les élever & drefler. _ Quand les Cavales font pleines, il faut les ménager. On ne les emploiera pas à fouler lé grain , comme il eft . d’ufage dans nos Provinces méridiona- les ; un pareil travail les fatigue trop, & les expoie à avorter : on veillera aufli à ce qu'elles ne courrent pas trop dans les prairies, qu’elles ne fautent as les foflés , & qu'aucun animal ne es bleffe : on ne les laiflera pas aufli pà- turer pendant la nuit dans les prairies endant l'automne , à caufe des gelées lanches qui furviennent ordinaire- ment dans cette faifon. Quand on fait couvrir les Jumens; .3l convient d'en marquer le jour fur des tablettes , afin d'éviter par-là les inconvéniens qui peuvent arriver ; quaod elles mettent leur Poulain au monde ; car elles les tuent, ou par mégarde, ou par la difhculté qu'elles ont de pouliners conféquemment, le jour qu'on faura qu'elles le doivent faire , on les veillera de près, afin que du gros & menu Bérail. 185$ fi on remarque que ce foit manque de force qu’elles ne puiflent mettre bas leurs Poulains, on leur ferre les nari- nes; ce qui les oblige à faire un effort pour fe débarrates heureufement. Il arrive néanmoins que quelquefois les Poulains viennent morts; la mere eft pour lors en danger de fa vie, fi lon n'y remédie promptemenr. Pour l’aider à le poufler dehors en cet état, il faudra broyer du polypode dans une pinte d’eau tiede qu'on lui fera avaler. Si ce remede ne fuffit pas, il fera néceffaire, pour fauver la Jument, d’exercer auprès d’elle Fofhce de Sage- Femme, pour lui arracher fon Pou- lain ; & non-feulement dans ce cas; mais encore lorfque le$ Poulains vien- nent au monde les pieds les premiers. Quand une Jument a avorté, il eft d'expérience qué pour la rétablir, il fuffit de lui donner de bonne avoine, tant qu’elle en veut, fans faire d'autre remede ; & de la tenir chaudement dans Pécurie pendant quelques jours, Les Jumens, pour mettre leurs Pou= lains au monde , ont dû néceffaire= ment être beaucoup agitées ; la vios lence de ce travail épuife en quelque - façon leurs forces, Si l’on veut qu’elles A86 Traité Economique ne s’abattent pas tout-à-fait, il faut fon< ger à les rétablir : on leur donnera d’a- bord en conféquence un breuvage de trois pintes d’eau tiede ; dans lequel on aura détrempé de la farine , & jeté une petite poignée de fel; on conti- nuera ce foin pendant trois jours foir & matin ; après quoi on les mettra dans de bons pâturages. On ne fauroit trop blämer les gens, qui deux ou trois jours après qu’une Jument a fait fon Poulain , la mettent au travail; ils font pour lors en quelque façon bourreaux de la mere & du Poulain; dela mere, en mettant fesforces à une telle épreu- ve, qu'elle ne peut rendre après cela qu'un profit médiocre, & du Poulain, qui ne trouve"point de lait précifé- ment pour fe nourrir. Ainf donc, fi on veut conferver fes Jumens en bon état, on gardera une méthode toute oppofée. La fentimens fonttrès-partagés fur le temps de fevrer les Poulains ; les uns font d’avis qu’on les fevre au com- mencement de l'hiver, quand le froid commence à fe faire fentir, & vers la Saint Martin; d’autres foutiennent qu’il faut les laiffer tetter tout le refte de l'hiver, & qu’ils en valent mieux, Les du gros & menu Bétail. 187 plus habiles connoifleursen haras pen« fent comme ces derniers, & ils préten-: dent que fi on les fevre fi-tôt, on les met dans le cas de ne pouvoir rendre fervice qu’à fix ou fept ans; tandis que fi on laifle les Poulains plus long-temps fous leurs meres, ils s’endurciflent la bouche , & s’accoutument conféquem- ment à vivre plutôt au fec; ils de- viennent par-là capables de fervir dès l’âge de trois à quatre ans. ä ïl s'en trouve d’autres qui font d'avis de faire tetter les Poulains jufqu'à ce qu'ils aient un an ou deux ; c’eft en- core un abus. On perd pendant ce temps-là le fruit que peuvent appor- ter les Cavales, & cette maniere d’agir rend les Poulains extrêmement lâches & pefans. orfque les Poulains font hors de deflous leurs meres, on les met dans une écurie, qu’on a foin de tenir tou- jours nette, où la mangeoire & le ra- telier feront bas ; la litiere ne leur manquera point; à la différence des Chevaux, ils n’y feront point attachés, & on les touchera le moins qu’on pourra, de crainte de les blefler; on ne leur laïflera pas manquer de bon foin ni de fon , cela les excitera à L n88 Tairé Économique boire, & leur fera conféquemment avoir du boyau : on leur donnera aufli de lavoine à l’ordinaire; le jonc ma- rin leur eft très-bon, C'eft un abus de dire qu'il ne faut point donner d'avoine aux Poulains ; de peur de les rendre aveugles. Si les Poulains perdent la vue lorfqu'ils en mangent, ce n'eft pas la qualité de cet ‘aliment qui en eft la caufe, mais c'eft plutôt la trop grande dureté de l'a- voine qu'ils veulent concafler. Pour parer à cet inconvénient, on fera moudre groflierement de l’avoine avant de la donner aux Poulains. Il y a des perfonnes qui ayant des Poulains fe- vrés, fe contentent de les tenir jour & nuit en pâture ; elles croient que cette nourriture fuflit pour les avoir beaux & de bon fervice dans la fuite du temps. Il eft d'expérience que ja- mais les Poulains ne font fi robuftes au travail, ni de ff bon fervice que ceux auxquels on a donné du grain. Cependant la pâture leur eft bonne pendant l'été; mais on ne doit point” oublier de leur donner du grain en même temps. Lorfque l'hiver eft venu, on les tiendra chaudement dans lé- curie, & on obfervera ce qu'on a dit du gros & menu Berail. 185 ti-deflus. Dans nos Provinces méri- dionales, on a lPufage de mettre les Poulains à fouler le grain ; un pareil travail leur gâte les jambes, & con tribue beaucoup à les ruiner. Les Poulains étant aflez forts pour le travail, on les éleve ou pour le harnoïis, ou pour la monture. Quelques. uns, auf peu raifonnables que les Poulains qu'ils conduifent, ufent d'une extrême rudeife pour s’en faire obéir; mais d'autres plus avifés leur enfei- gnent doucement ce qu'ils veulent de faffent, & c’eft toujours de cette ouce maniere qu'il faut fe fervir pour dreffer des Poulains. La premiere fois u'on les mettra au harnois, on les tiendra en bride, de peur que voulant échapper , ils ne prennent quelqu'ef- fort à vouloir entraîner un fardeau qu’on leur donnera pefant, dans l'ap. Dour qu'étant trop léger, ils ne ’emportent avec trop de précipitation, Ayant été trois ou quatre fois ainfi attelés, ils commenceront à fe ras lentir. - Après quoi, on leur fait entrepren dre une petite voiture d’une petite dif= tance de chemin, ayant lattention fuç-cout de ne point abandooner leurs 190 Traité Économique : brides, aujourd'hui les domptant um peu , demain davantage , & on les traite ainfi fucceflivement, jufqu'à ce qu'on voie qu'ils y foient entierement accoutumés. Un bon Valet Charretier, & quiaura beaucoup d’adrefle, ne fe fera qu'un jeu de dreffer des Poulains, foit à la charrue, en leur apprenant ce que c’elt _ que le dia & le hurhaut. Lorfqu'il leur aura fait fentir plufeurs fois fon fouet; il les intimidera plus dans la fuite par le bruit que par les coups , & pren- dra garde de ne les jamais furcharger, fi de les trop poufler au travail. Tou- tes les fois qu’on fera travailler les Poulains, il ne faut jamais s’avifer de les vouloir trop pouffer dans les come mencemens , cela les abat tout d'un coup 3 au lieu qu'en leur laiffant pren- dre haleine , ils ne fe rebutent point, & achevent régulierement l’ouvrage qu’on leur fait faire, c’eft-à-dire, un ouvrage proportionné à leur âge & à leur force. Dans le Di&ionnaire Encyclopédi- que, on donne Ja maniere de dreffer un Cheval: c’eft à l'âge de trois ans ou trois ans & demi qu’on commen- çera à les drefler, Lit-on dans ce Dic- du gros & menu Bétail. 19 tionnaire. On leur mettra d’abord uns felle légere & aifée; on les laifiera fellés pendant deux ou trois heures chaque jour; on les accoutumera de même à recevoir un bridon dans la bou che, & à fe laifler lever les pieds, fur lefquels on frappera quelques coups, comme pour les ferrer. S'ils font defti- nés au carrofle ou au trait, on leur mettra un harnois ou un bridon. Dans les commencemens, il ne faut point de bride, ni pour les uns, ni pour les autres; on les fera trotter enfuite à la longe avec un cavefñon fur le nez fur Un terrein uni, fans être montés , & feulement avec la felle & le harnoïis fur le corps. Lorfque le Cheval de felle tournera facilement, & viendra volontiers auprès de celui qui tient la * Jonge , on le montera & on le defcen- dra dans la même place, & fans le faire marcher , jufqu’à ce qu’il ait qua- tre ans. Avant cet âge, il n’elt pas encore aflez fort pour le poids du Ca- valier; à quatre ans, on le montera, pour le faire marcher au pas, au trot, ê& toujours à petites reprifes. J Quand le Cheval de carroffe fera ac- coutumé au harnois, on l’attachera avec uaautre Cheval fait, en lui met- Yo2 Traité Économique tant uné bride, & on le conduira avec une longe paflée dans la bride , jufqu’à ce qu’il commence à être fage au traits alors le Cocher effaiera de le faire re- culer , ayant pour aide un homme de- vant, qui le poufera en arriere avec eouceur , & même lui donnera depe- tits coups. Tout cela fe fera avant qué les Chevaux aient mangé de nourri- ture ; car quand une fois ils font en- grainés, Où au pu ou à la paille, ils deviennent plus difficiles à drefler. Nous commandons aux Chevaux par le mors & par l’éperon ; le mors rend les mouvemens plus précis, l'éperon les rend plus vîtes. La bouche eft fi fenfible dans le Cheval, que la moindre preffion du mors avertit & le déter- œine. La grande fenfibilité de cet or- gane veut être ménagée; quand on en abufe, on le détruit. On ne parle point au Cheval au manege: tirer la tige " & donner de l'éperon en mêmetemps; c’eft produire deux effets contraires; dont la combinaifon eft de cabrer le Cheval. Quand un Cheval eft bien dreflé, la moindre preflion des cuifles y Je moindre mouvement du mors fuffi- fent pour le diriger; l'éperon devient prefqu'inutilcs Les *: Ne du gros & menu Bétail. 19% Les Anciens furent très-bien fe faire entendre à leurs Chevaux , fans la bride & fans l'éperon ; quand ils les monte- rent, ce qui n’arriva que tard. Il n’y a ‘prefque pas un {eul veftige d’équita- tion dans Homere ; on ne voit dans les bas-reliefs, du moins pour la plu- part, ni bride ni éperon; il n’eft point parlé d’étriers dans les Auteurs Grecs & Latins. Un Grec, du temps de Xé- nophon, pour monter à Cheval, pre- noit de la main droite la criniere avec les rênes ; & quand il étoit trop pefant, un Ecuyer l'aidoit à monter, à la mode des Perfes. Ceux-ci avoient appris aux Ghevaux à s’accroupir. Les Romains s’apprenoient à monter fur des Che- vaux de bois; ils montoient à droite, à gauche, fans armes d’abord, puis ar- més. On donne à la tête du Cheval, par le moyen de la bride, un air avanta- eux; on la place comme elle doit être, & le figne le plus léger fait pren- dre fur le champ au Cheval fes diffé- rentes allures , qu’on s’applique à per- fectionner. Pour monter à cheval , il faut s'approcher aflez près de l'épaule du Cheval; raccourcir les rênes avec la main droite jufqu’au point d'appuyer Ton, : I 04 Traité Économique Je mors fur la barre; faifir alors une poignée de la criniere avec les rênes de la main gauche; porter la main droite à l'endroit où l’étriviere joint F'étrier , pour tourner l’'étrier du bon côté , afin d’y pafler le pied gauche; orterenfuite la main droite au troufle- Luis de la felle 3 élever le corps, & pafler la jambe droite, de façon qu’en paffant elle chafle la main droite , fans tomber à cul fur la felle, . Pour defcendre de Cheval, il faut * fe foulever fur la felle, en appuyant la main droite fur la batte droite du devant de la felle; dégager auparavant le pied de l’étrier ; pañler enfuite da jambe pardeflus la croupe, en la fai- fant fuivre par la main droite, qui s'appuiera fur letrouflequin de la felle gomme on avoit fait en montant , & donnera la facilité de pofer doucement Je pied droit par terre. Au refle , if aroît utile d’avoir un Cheval de bois; ur lequel on mette une felle pareille à celle dont on fe fert ordinairement, % d'apprendre fur ce Cheval à mon- tey & à defcendre dans les regles, Nous ne parlerons pas ici de la maniere. de fe tenir à cheval ; c’eft plutôt laf, faire du Cavalier que du Cheval: | | du gros & menu Betail. 195$ fous dirons feulement que pour faire artir cet animal, lorfqu'on eft deflus, il faut employer en même temps la main & les jambes. Si c’eft pour aller droit devant foi, on approche égale- ment les deux jambes, & on tendun peu la main; s’il faut tourner , on tire un peu la rêne du côté où on veut tourner, afin d'y porter la tête du Cheval, & on approche les deux jam- bes en même temps, obfervant d’ap- procher plus ferme celle du côté qu’on veut tourner le Cheval. Si on n’en approchoit qu’une , le derriere du Cheval fe rangeroit trop à cul du côté oppofé; la main, en dirigeant la tête du Cheval, en conduit les épau-. les, & les deux jambes en conduifent les hanches & le derriere. Quand ces deux a&tions ne font pas d’accord , le corps du Cheval fe met en contor- fion, & n’eft pas enfemble. Quand :il s’ägit de reculer, on leve doucement la main, & on tient les deux jambes à égale diftance; cependant aflez près du Cheval , pour qu'il ne dérange pas fes hanches, & ne recule pas de tra vers; au refle , tout cela regarde le gmanege , dont il ne s’agit pe ici: CON: # 96 Traité Économique tentons-nous feulement d’expofer les allures du Cheval, Le pas eft la plus lente de fes'‘allu- res; cependant ildoit être aflez prompt; il ne le faut ni allongé, niraccourci, La légéreté de la démarche du Che: val dépend de la liberté des épaules, & fe reconnoit au port de la tête; s’il . Ja tient haute & ferme, il eft vigou- reux & léger ; fi le mouvement des épaules n'eft pas libre, la jambe ne fe leve pas aflez, & le Cheval eft fu- et à heurter du pied contre le terrein; fi les épaules font encore plus ferrées, & que le mouvement des jambes en aroifle indépendant , le Cheval fe Bone » fait des chüûtes , & n’eft capa- ble d'aucun fervice. Le Cheval doit être fur la hanche, c'eft-à-dire , haufler les épaules , & bailler la hanche en ÿnarchant. - Quand le Cheval leve la jambe de devant pour marcher, il faut que le mouvement foir facile & hardi, & que e genou foit aflez plié. La jambe pliée doit paroître comme foutenue en l'air, frais peu , fans quoi elle retomberoit trop lentement, & le Cheval ne feroie as léger, Lorfque la jambe retombe, g pisd doit être ferme, & appuyer + + du gros & menu Bétail. ‘197 également fur la terre , fans que là tête foit ébranlée ; fi la tête baïfle, quand la jambe retombe, c’eft pour Pordinaire afin de foulager l'autre jambe , qui n'eft pas aflez forte pour foutenir le poids du corps, défaut con* _ fidérable, aufli bien que celui de por ter le pied en dehors ou en dedans. Quand le pied appuie.fur le talon , c'eft marqüe de foibléfle ; s’il pofe fur la pince, l'attitude eft forcée & .fati- gante pour le Cheval; mais il ne fuf- fit pas que les mouvemens du Cheval foient fermes & légers, il faut qu'ils foient égaux & uniformes dans le train de devant & celuide derriere. Le Cava- lier fentira des fecoufles, fi la croupe balance , tandis que les épaules fe fou= tiennent : il en arrivera de même, s’il pe le pied de derriere au-delà de ‘endroit où le pied de devant a pofé. Les Chevaux qui:ont le corps court font fujets à ce défaut; ceux dont les jambes fe croïfent ou s'atteignent n’ont pas la démarche füre ;en général , ceux dont le corps eft long {ont plus com= modes pour le Cavalier, parce qu'il fe trouve plus éloigné du centre des mouvemens. site Les quadrupedes mahens ordi 3 ào8 Traité Économique nairement en portant à la fois en avant une jambe de devant & une jambe de derriere; lorfque la jambe droite de devanta parti, la jambe gauche de derriere fuit & avance. Ce pas étant fait, la jambe gauche de devant part à fon tour , puis la jambe droite de der- riere, & ainfi de fuite. Comme leur corps porte fur quatre points d'appui, qui feroient aux angles d’un quarré long, la maniere la plus commode de fe mouvoir eft d’en changer deux en diagonale; de façon que le centre de gravité du corps de l’aimal ne fafle- qu'un petit mouvement , & refte tou- jours à-peu-près dans la direétion des deux points d'appui, qui ne font pas en mouvement. Cette regle s’obferve dans les trois allures naturelles du Cheval; le pas; le trot & le galop. Dans le pas, le mouvement eft à quatre temps & à trois inrervalles, dont lepremier & le der- nier font plus courts que celui du mi- lieu. Si la jambe droite du devant a parti la premiere , linftant fuivant artira la jambe gauche de derriere, e troifieme inflant la jambe gauche de devant, & le quatrieme inftant la jambe droite de derriere 3 ainl , le du gros & menu bétail, t9$ pied droit de devant pofera à terre lé remier ; le pied gauche de derriere e fecond, le pied gauche de devant le troifieme, & le pied droit de der« riere le quatrieme & le dernier. Dans le trot , il n’y a que deux temps & un intervalle : fi la jambe droite de devant part, la jambe gauche de der- riere part en même temps faris aucun intervalle , enfuite la jambe gauche de devant, & la jambe droite de derriere en même temps ; ainfi le pied droit de devant & le pied gauche de derriere pofent à terre enfemble, & le pied auche de devant avec le pied drott de derriere en même temps. Dans le galop, il y a ordinairement trois temps & deux intervalles. Comme c’eft ane efpece de faut où les parties antérieures du Cheval font chafées par les parties poftérieures; fi des deux jambes de devant, la droite doit plus avancer que la gauche, le pied gauche de derriere pofera à terre pour fervir de point d'appui à l'élancement ; ce fera le pied gauche de derriere qui fera le premier temps de mouvement, & qui pofera à terre le premier; enfuite la jambe droite de derriere fe levera . conjointement avec la jambe gauche 14 200 Traité Économique . de devant , & la droite de derriere fe ofera à terre la derniere, ce qui fera e troifieme temps. Dans le premier ces intervalles , quand le mouvement eft vite, 1l y a uninftant où les qua- tre jambes font en l'air en même temps, & où l'on voit les quatre fers du Cheval à la fois. Si la cadence de ce pas eft bien réglée, le Cheval ap=- puiera le pied gauche de derriere au premier temps; le pied droit de der- riere retombera le premier, & fera le fecond temps ; le pied gauche de de- vant retombera enfuite , & marquera le troifieme temps; & enfin le pied droit de devant retombera le dernier, & fera un quatrieme temps 3 mais il n’eft pas ordinaire que cette cadence foit auf réguliere, & foit à quatre temps & à trois intervalles, au lieu d’être à deux intervalles & à trois temps. Les Chevaux galopent ordinaire ment fur le pied droit, de la même maniere qu'ils partent de la jambe droite de devant pour marcher & pour trotter. Ils entament aufli le chemin en galopant par.la jambe droite de devant. Cette jambe“e devant eft plus avancée que la gayche, & cela du-gros & menu Bétail. 201 tonftamment aufli long-temps que le galop dure ; d’où il réfulte que la jambe gauche qui porte tout le poids, & qui poufle les autres en avant, eft la plus faciguée. Il feroit donc à pro: pos d'exercer les Chevaux à galoper indifféremment des deux pieds de der< ricre, & c’eft aufli ce que l’on fait au manege, , Les jambes du Cheval s’élevent peur dans le pas; autrot, elles s’élevent davantage ; elles font encore plus éle= vées dans le galop. Le pas, pour être bon, doit être prompt, léger & fûr 3 Je trot prompt, ferme & foutenu, le galop prompt, für & doux. On donne le nom d'allures non-na- turelles aux fuivantes, dont la premiere eft l’amble. Dans cette allure , les déus jambes du même côté partent en même temps pour fairé un pas, & les deux jambes de l’autre côté en même temps pour faire un fecond pas; mouvement progreflif qui revient ä:peu-près à ce- lui des bipedes. Deux jambes. d’un côté manquent alternativement d'ap pui, & la jambe de derriere d’un côté avance à un pied ou un pied & demi au-delà de la jambe du devant dw même côté. Plus cet efpäce , dont le 15 bo> Traité Economique pied de derriere d’un côté gagne fu# _ celui de devant du même côté eft ga meilleur eft l'amble. Il n’y a ans l’'amble que deux temps & un in- tervalle. Cette allure eft très-fatigante pour le Cheval , & très-douce pour le Cavalier. Les Poulains qui font trop foibles pour galoper, la prennent na- turellement de même que les Chevaux æfés, quand on les force à un mou- vement plus prompt que le pas, Elle peut donc être regardée comme dé- fectueufe. L’entrepas & l'aubin font deux allures mauvaifes ; on les appelle trains. rompus ou défunis. L’entrepas tient du. pas & de l'amble , & l'aubin du trot & du galop; Fun & l'autre viennent d'ex- cès de fatigue ou de foiblefle de reins. Les Chevaux de Mefagerie prennent lentrepas au lieu du trot, & les Che- vaux de Pofte l’aubin au lieu du ga= lop , à mefure qu'ils fe ruinent. ABsTicEr LV. De la Cafiration.. Pour faire à un Cheval cette opéras tion, où doit commencer par l'abattre 3; on l'arrète avec une corde qui entoure \ du gros & menu Bétail. 203 le cou, & qui revient fe nouer au pied: on travaille pour lors à l’extraction de la partie qu’on veut arracher, & on fe fert pour cet effet ou du fer, ou du cauftique. Lorfqu’on fait ufage du fer, le Châtreurfait mettre à fa portée deux feaux pleins d'eau , un por l’eau , deux couteaux de fer, quarrés par le bout ; {ur le feu deux réchauds , du fucre en poudre, & plufieurs morceaux de réfi- pe, fon biflouri & fes morailles. Après avoir difpofé tous les inftrumens, 1l fe place derriere là croupe du Cheval, tire le membre autant qu’il peut, le lave & le décrafle , aufli bien que Ia peau &les tefticules; tend la peau en {errant au-deflus d’un tefticule , la fend en long, fait fortir le tefticule, & coupe avec le biftouri les membranes qui viennent avec lui; il prend enfuite la moraille, & ferre au-deflus du tefti- cule fans prendre la peau ; le tefticule paroît pour lors en dehors avec une petite grofleur qui eft du côté de lu- retere au-deflus, & qui fe nomme prof- - tate. L'Opérateur coupe au-deflous de cette groffeur, c'eft-à-dire , entr’elle & le tefticule avec le couteau à feu, & à l'inftant, le tefticule tombe ; après quoi il brûle tous les rites fan 6 204 Traité Économique | guins, ou plutôt les extrémités de ces vaifleaux ; 1l fait fondre à cet effet fur la partie, avec le couteau de feu, des morceaux de réfine, & il finit par fau- oudrer & brûler du fucre pardeflus a réline, Quand les deux tefticules fe trouvent ainfi détachés, il jette de l'eau dans la peau des bourfes, & aprèsavoir Raiflé relever le Cheval , il lui jette à. lufieurs reprifes l’autre feau d’eau fur le dos & fur le ventre. Telle eft la méthode d'extraire les tefticules par le moyen du feu: pañlons a&tuellement à leur extration par le cauftique. On fe: ferc pour cet effet du fublimé corro- fif; on le fair fondre dans de l’eau, & on le réduit en confiftance de pâte avec de la farine; on le met dans de petits bâtons longs de fix pouces, creu- {és en canal dans toute leur longueur, & terminés à chaque bout par deux boules fortes du même morceau de bois; ce canal fe trouve entiérement rempli par le cauftique. Cela fair, l'O- érateur prépare le tefticule comme il a fait dans l’autre méthode, après quoi il ferre le deflus avec deux de ces bâtons; il en met les deux canaux vis-à-vis Pun de l’autre ; il les lie en- femble avec une ficelle; il coupe le du gros & menu Bétail. ‘205$ tefticule au-deflus avec le biftouri ; le Cheval emporte les bâtons ainfi liés , & ils tombenr au bout de neuf jours, Le Cheval étant opéré par lune où Pautre de ces méthodes , on le mene dès le lendemain à l'eau; on l'y fait même entrer jufqu’à la moitié du ven- tre. Quoique l’une ou l'autre de ces opérations ne foit pas dangereufe, la derniere , d'eRes-dHe celle par les cauftiques, l'eft néanmoins beaucoup moins; la partie n'enfle pour lors que très-rarement. Quand cela arrive, on applique dans ce cas deux fois par jour des fomentations , & on bafline fou- vent la partie avec l’huile-rofat & le vinaigre, jufqu’à ce que Ja tumeur di- minue ; à l'égard de la plaie, on Îa anfe avec des digeltifs ordinaires, & orfque la fievre ou l'inflammation fur- vient , il faut avoir recours à la fai- née ; il faut même Îa faire copieufe. Les vraies faifons pour la ‘caftration font le printemps & l'automne, le grand froid & le grand chaud étang contraires. AL AP 206 Traité Économique ARTICLE V, De la Connoiffancé du Cheval, & defe Conformation extérieure. La connoïffance du Cheval eft ex- trêémement néceflaire, lorfqu’on veut faire l’achat de cet animal ; c’eft la raifon pour laquelle nous allons expo er à ce fujet des principes généraux, quoique nous en ayons déja rappor- té quelques-uns, en faifant mention des Etalons & des Jumens. Voyez l’at- ticle 2 , Haras. Il faut, 1°. que lAcheteur com- mence par jeter un coup-d’œil général fur toute la figure du Cheval, pour voir s'il a la taille, la figure & les qua- lités extérieures requifes pour l’ufage auquel on veut le deftiner; 2°. qu'il pole fon doigt fur la nuque pour counoître, fi la peau n'y a point été, coupée, pour relever É oreilles au Cheval; 3°. qu’il regarde fi les oreilles n’ont point été coupées, & fionn’ya rien mis dedans pour les faire tenir droites ; 4%, s’il leve le toupet, afin de voir sil ne couvre pas quelques marques d'un bouton de feu appliqué du gros & menu Bétail, 207 à cet endroit, ce qui dénoteroit que le Cheval a eu le vertige; 5°. on re- gardera au front , fi on n’y a point fait de faufles pelottes, ce qui fe connoît à ce que les poils des faufles pelottes font toujours plus longs, & que vers le milieu il refte toujours un petit en- droit où le poil manque ; 6”. on exa- minera les falieres, pour voir fi elles n'ont point été foufflées , ce qui fe connoîit à un petit cercle creux, qui paroît tout autour de los temporal, au défaut du baflin de la faliere ; 7°. on examinera avec attention l'œil , pour voir fi la pRRle fe reflerre & . Je dilare toutes les fois qu’elle pañle de Pobfcurité à la lumiere, & de Ia lu- miere à l’obfcurité ; on obfervera que les joues ne foient point trop charnues; car elles rendent la tête du Cheval pe- fante, & les yeux fujets aux fuxionss 8°. on tâtera l'angle de la mâchoire in- férieure, pour voir s'il eft aflez grand pour pouvoir loger le gofier ; il faut fur-tout prendre garde qu’il n'y ait point de glandes apparentes dans cet endroit, ce feroit un indice de morve; 9°. il faut prendre garde que le chan. frein ne forte point, ce que les Ma. quignons font quelquefois pour appa- 308 Traué Économique reiller les têtes de deux Chevaux dé carrofle; 10°. on vifitera les nafeaux, pour voir fi on n'y a rien mis dedans AE faire que le Cheval fe mouche ien; 11°. on examinera la bouche . du Cheval; pour ce faire, on lui fera ôter fa bride, pour bien juger de la beauté de tette partie de l'animal, qui confifle à n'être ni trop, ni trop peu fendue ; 12°. on fera aufli attention à fa langue; car quelquefois elle manque aux Chevaux, & c'eft une partie trop effentielle pourn’y pas prendre gardes 13°. il faut encore râter avec le doigt les barres du Cheval, pour favoir fi elles ne font pas trop rondes ou trop tranchantes; 14°. des barres on pañlera aux dents. Les Maquignons font fou- vent dansl’habitude, pour mieux trom- er, desles’arracher, de le$ fcier, de Ë limer & de les contremarquer : il eft donc à propos de les bien obfer- ver. Il eft facile de connoître fi elles ont été arrachées, parce que celles qui viennent à leur place ne pouffent pointen regle avecles crochets. Quand les dents ont été une fois fciées ou Timées , il eft encore aïfé de s'en ap- percevoir ; celles de devarit ne joignent plus pour lors, parce que les mâche- du gros & menu Bétail. 209 lieres les en empêchent; & les dents contremarquées fe connoiflent en ce qu'elles ne font pas aufli blanches qu’elles devroient l'être , & par leurs crochets qui font arrondis & jaunes ; 1$°.en maniant la barbe, on connoî- tra fi elle n’eft pas trop plate, ou fi le cuir n’en eft pas trop épais, car c'eft un défaut; le Cheval eit pour lors: dur & pefant à la main; 16°. pour que l’encolure d’un Cheval foit belle, il faut qu'elle foit longue & relevée, Il faut fe défier des Maquignons, qui par adreflfe favent quelquefois la faire pa: roître telle, fans qu’ellele foit;17°.1la criniere eft encore une chofe à obfer- ver ; il faut qu'elle foit longue , fine & légere, fans être trop chargée de crins; 18°. le garrot doit être haut & tran- chant, ou pour mieux dire, déchargé de chair pour les Chevaux de felle; ‘19°. une chofe à laquelle on doitavoir encore attention dans les Chevaux, fur-tout dans ceux de monture, c'eft que leurs épaules doivent être plates, feches & peu ferrées ; il leur faut aufli une liberté pour le mouvement, afin que le Cheval ne bronche, ni ne fe coupe, ni ne fe croife, ni ne tombe en marchant ; 20°. il faut prendre garde »io Traité Économique aux coudes des Chevaux qui font fort fujets aux loupes; on les manie, pour voir s'il n’y en a point; 21°. il faut jeter enfuite la vue fur le poitrail, pour voir s'il eft bien à fon aile, &s’il fe trouve placé commeil faut entre les deux épaules; 22°. l’avant-bras, lorfqu’ik eft nerveux & renforcé, prouve dans le Cheval la force; 23°. il faut enoutre que Je genou du Chsval foit rond & fou- ple; les capelets renverfés affe&ent cette partie, & ne portent pas grand préjudice. Quand les genoux font cou- ronnés, c'elt une marque que le Che- val eft foible, & qu'il s’abat ; il faut ÿ regarder de près, fur-tout aux Che- vaux noirs : Îes Maquignons favent très-bien les noircir; 24°. le canon de la jambe eft encore une chofe qui mé- rite attention de la part d’un connoif. feur en Chevaux; il doit être large & plat. La jambe en général eft fufcep- tible d'une infinité de défauts. Les jambes roides ou fourbues font fort mauvaifes ; les Maquignons les échauf- fent pour l'ordinaire, afin de les dé- gourdir; après quoi ils font entrer le Cheval dans l'eau , & ils lui laiffent bien réfroidir les jambes avant de le faire marcher ; 25°. le nerf ou le ten+ du gros & menu Bétail. 21% don de la jambe doit être bien déta- ché , libre & net: on le manie, pour voir s’il efttel; 26°. il faut pareille- ment voir fi les Chevaux n'ont point de châtaignes. Les châtaignes font des excroiflances d’une efpece de corne molle, qui furviennent quelquefois aux pieds des Chevaux ; 27°. le boulet d’un Cheval, pour être en fa perfec- tion, doit être menu; c’eft en cet en- droit que le Cheval fe coupe, lorfqu’il marche mal, qu'il eft foible & mal bâti ; il faut y pañler la main, pour voir s’il y a des cicatrices, & pour con- noître fi le Marchand n’yarien fait pôur les cacher ; 28°. le paturon qui eft au- deffus du boulet mérite encore atten- tion ; il doit être maigre, renforcé & bien net, fur-tout dans les Chevaux quine font pastout-à-fait jeunes; il faut pafler la main dans le pli du paturon, pour voir s'il n'ya point de crevalles, de poireaux , de fics ou de javars, & voir au dehors s’il n'y a pas quelque com- mencement de forme; 29°. pour con- noître fi un Cheval re provient. pas d'un Etalon commun, il fufht d’exa- miner fes fanons; s'ils font longs & touffus, c’en eft une vraie marque. Bes Maquignons en arrachent les poils, ' 212 Traité Economique pour faire paroître le Cheval plus fin ; mais fi peu qu'on l’examine, on ne s’y laifle pas tromper ; 30°. la couronne borde le haut du fabot; il faut qu’elle foit un peu élevée ; 31°. le fabot a encore befoin d'être examiné attenti- vement; 1l faut qu'il foit haut, que les quartiers foient longs, les ta- lons larges , & la corne noire , unie & luifante ; il faut prendre garde auffi aux feimes ; les Maquignons les favent fouvent fi bien boucher avec un maf. tic fait exprès, qu’il n’en paroît rien; 32°. la fole doit être épaifle & con- cave ; pour la bien examiner , il faut lever le pied du Cheval ; car il s’y trouve quelquefois des poireaux ou fics, que les Maquignons cachent fous un fer couvert; 33°. il faut enfuite con- fidérer le dos ; il doit être égal, & in- fenfiblement argué fur toute fa lon- gueur, Il faut prendre garde .aufli qu’il ne foit bleflé ; par conféquent il faut l’examiner à nud, de même que les reins ; 34°. les côtes d’un Cheval doi- vent être rondes, & fur-tout bien proportionnées à fa taille, & les flancs pleins & courts. Pour les faire parot- tre tels , les Maquignons ont une rufe ; ils font manger à leurs Chevaux de du gros & menu Bétail. 513 Pavoine avec du fel, avant de les faire boire ; après qu'ils ont bu, ils leur donnent du fon; rien ne remplit mieux leurs flancs , pour les faire paroître courts. Le flanc d’un Cheval pouffif : bat toujours irrégulierement ; c’eft la marque à laquelle on reconnoiît dans lui cette maladie, Les Maquignons, malgré qu’ils arrêtent fouventla poule, ne peuvent point faire battre le flanc jufte , quandil eff altéré ; 3 $°. le ventre eft encore une chofe à examiner ; car quand il a avalé, il eft difforme ; & lorfque le Cheval eft ventru , il eft ordi- nairement pareffleux ; 36°. la croupe du Cheval mérite encore attention de la pAe d’un connoiffeur ; une croupe trop arge défigure le Cheval; une croupe trop étroite défigne peu de force dans le fujet; 37. la queue ne contribue pas peu à la beauré & à la bonté du Che- val; fon tronçon doit être épais, ferme & garni de longs coïns, fans cepens dant être trop touffu ; la queue ne doit être ni trop haut', ni trop bas plantée ; quandelle eft trop haute, elle “défigure le Cheval ; quand elle eft trop bafle , elle défigne des reins foibles ; 38°. fi on veut examiner l’anus, il faut leyer la queue du Cheval; on néplige % : Traité Économique qu uelquefois trop cette partie ; il peut s'y trouver des poireaux, des fics ou des fiflules; 39°. il faut que les fefles da Cheval foient grafles &_charnues à proportion de la croupe; fi elles font trop ferrées, le Cheval eft dit mal gi- goté; 40°. 1l faut aufli examiner at- tentivement les bourfes & le fourreau; il peut s'y trouver des fiflules que les Maquignons arrêtent fouvent , & ca- chent avec des teintures aftreingen- tes ; 41°. les jarrets du Cheval, pour être dans leur perfection, doivent être larges , & bien évuidés; ils font fou- vent expofés aux calendres , aux vafli- gnons, aux varices, aux carpelets, aux jardons , aux courbes & aux épar- vins. Les Maquignons ont une rufe our empêcher le Cheval de boiter; als le font pour lors bien trotter avant de le préfenter, pour lui échauffer & dégourdir le jarret, & cela fait qu’il ne boite plus au moment qu'ils vont le préfenter; mais dès que la partie fe réfroidit , il reboite plus que jamais ; 42°. toutes les parties du corps étant ainfi examinées, on monte enfin le Cheval, pour connoître fa vigueur , fa docilité, fa légéreté, & pour voirs'il u'eft point hargneux, rétif & ombra+ du gros & menu Bétal. 21% peux ou sil ne fe couche point dans ‘eau. En fuivant toutes les regles que nous avons prefcrites, on eft für dene pas être trompé dans l’achat des Che= YaUx. | M. Bourgelat a publié un Traité fur la conformation extérieure du Cheval, qui mérite d'être confulté. Nous pen- {ons ne pouvoir mieux faire que d'en donner l'extrait dans cet article , avec d'autant plus de raifon , qu’on fera lus particulierement à même , en le Étanc , de connoître la bonté d'un Cheval, | On divife communément le Cheval en trois parties, quant à fa conforma- tion extérieure ; en avant-main, en corps proprement dit, & en arriere- main. L'avant-main comprend latête; le col ou l’encolure, le garrot, le poi- trail, les épaules & les extrémités an- térieures ; le corps proprement dit renferme le dos, les reins, les côtes, le ventre, les flancs, les parties de la génération dans le Cheval , .& les mamelles dans la Jumenr; dans lar- * ricre-main font compris la croupe , les hanches, les fefles, le graflet, les cuifs fes, les jarrets, les extrémités pofté- 16 Traité Économique rieures, l'anus ou le fondement , la queue & la nature dans la Cavale. La tête comprend différentes autres parties, telles que les oreilles, le tou- pet, autrement cêtte portion de cri- niere qui pañle entre les deux oreilles, .&:qui tombe fur le front, les tempes appellées vulgairement lamiers, les flieres ou enfoncemens, les fourcils, les yeux, le chanfrein , les nafeaux, le bout du nez, Les levres, le menton, la barbe , & enfin la ganache. L'encolure, qui eft la feconde par- tie de l’avant-bras, comprend deux au- tres parties qui eft la fupérieure , au- , trement la criniere, vulgairement ap- pellée le gofier.. On nomme garrot cette troilieme portion élevée de l'avant-main, plus ou moins tranchante, firuée au lieu de la fortie de la partie fupérieure de lencolure , & qui eft formée par les apophyfes épineufes des fept ou huit remieres vertebres dorfales. Le poi- trail eft à la face antérieure de l'ani- mal ; il commence dès le point d'élé- vation de la poitrine inférieure du col; ‘quant aux extrémités antérieures, elles comprennent les épaules formées par lomoplate; le bras, qui eft le Fine e — du gros & menu Bétail. 217 de l’humérus, Pavant-bras, formé par le cubitus ; lé coude, qui réfulte de l’apophyfe olecrane. L'ars, ou plutôt la veine céphalique; la châtaigne, qui eft cette efpece de corne, molle &z fpongieufe, dénuée de poils , placée au-deffus de chaque genou, à [a partie interne de lextrémité inférieure de Pavant-bras ; le genou; le canon qui s'étend depuis le genou jufqu’au bou- let ; le tendon qui en fait la partie poñté- rieure ; le boulet qui eft entre le canon & le paturon ; le paturon qui a fa fi- tuation entre le boulet & la couronne; le fanon ou le toupet de poils qui fe trouve derriere le boulet ; l’ergot, au- trement la corne qui fe trouve cou- verte & cachée par le fanon ; la cou- ronne, ainfr nommée, parce qu’elle couronne la partie fupérieure du fabot; le fabot ou l’angle qui forme le pied de l'animal , & qu’on fubdivife en cou- ronne, qui eft la partie fupérieure; la - fourchette & la fole, qui eft l'infé- rieure; la pince, qui eff l’antérieurés le talon, qui eft Ja partie poftérieure, & les quartiers de dedans & de dehors, qui font les parties internes. Voyons aétuellement les parties ex= ternes qui conftituent le corps. Le dos, Tom, L. Î 218 Traire Économique % quieneftla premiere partie, eft fitué entre le garrot & les reins ; il contient une partie de l’épine & des vertebres dorfales, àinf qu'une partie des côtes; les reins, ou pour mieux dire les lom- bes, occupent dire&tement l'extrémité du dos entre celui-ci & la croùpe; quant aux côtes, elles font. commu- . nément au nombre de dix-huit de chaque côté ; elles fe terminent au ventre ou à l'abdomen, & renferment tous les vifceres de la poitrine; le cof- fre de l'animal , qui eft le ventre, fe trouve à la partie inférieure de fon corps , au bas & au derriere des côtes; 1l renferme l’eflomac, les inteftins, le méfentere, le foie, &c ; les flancs font bornés fupérieurement par les lom- bes, antérieurement par les faufles cô- tes, & poñtérieurement par les han- ches; les parties de la génération oc- cupent la portion inférieure & pofté- rieure du ventre 3 les mamelles font au nombre de deux dans la Jument, & vois dans les ânes; elles font pla- “cées inférieurement , & à la partie la lus reculée de l'abdomen. _ L'arriere-maineft là dernieredivifion que nous allons examiner; elle com- pread la croupe, qui eft la partie fu- du gros & menu Betal: 219 périeure du train de derriere, & s'é- tend depuis le lieu de la terminaifon jufqu’à la queue; les foffes qui com- mencent direétement à la queue, & qui defcendent de chaque côté jufqu'au pli apparent à l'oppofition du graflet; les hanches , qui font proprement for- mées par les os des Ifles, & qu'on con- fond quelquefois mal-à-propos avec la cuifle. Quant aux extrémités pofté- rieures, elles fe fubdivifent en fept; la cuifle qui eft formée par le tibia; Vars ou plutôt la veine faphene, qui pañle {ur la portion latérale interne de cette partie; le graflet, qui eft cette portion placée direétement à l'endroit de la rotule, & confidérée extérieu- rement; le jarret fitué entre la jambe & le canon de l'extrémité poftérieure ; Ja châtaigne, dont la confiftance eft la même que celle des parties latérales ‘internes & inférieures de Pavant bras & le canon ; il eft le même que celui de l’avant-bras, à la différence feule- ment qu’il y a un peu plus d’épaifleur, de longueur ou détendue. On peut encore joindre au canon le tendon, le boulet, Pergot , le fanon, le paturon, la couronné, le fabot, la fourchette &. la fole , toutes autant Un qui 2 220 Traité Économique fe trouvent dans l’avant-main : o® nomme fourchette cette corne qui forme dans la cavité du pied une ef- ece de fourche, en s’avançant vers le talon & la fole, ce qui tapifle toute la artie cave du pied, qui n'eft pas oc- cupée par la fourcherte. I! faut a@uellement examiner les beau- tés &les défauts des différentes parties du Cheval; quoique nous l’ayons déja fait Au commencement de cet article; nous pouvons encore bien le faire ac- tuellement, parce que nos obfervations font trop fuccintes. Nous allons com- mencer par celles de l’avant-main, &. fpécialement par celles de la tête; l&vo- lume de cette partie eft la premiere chofe ul faut confidérer. Pour qu'une tête Die bien faite dans le Cheval, il faut qu'elle foit proportionnée au corps de l'animal; elle peche communément ar excès de petitelle ou de groffeur ; une tête trop grofle provient ou de trop d'amplitude des os , ou d’une trop forte abondance de chair; dans les deux cas, la tête eft également lourde & pefante, & on la nomme tête rofle, quand on reconnoît pour caufe 62 Traite Economique la vue ; quant aux cuifles, leur confor- mation doit fuivre & accompagner la rondeur des hanches ; quand elle eft applatie , elle rend la croupe tran- chante: on examinera s’il n’y a point d'effort dans la cuifle; une chûte , un écart y donnent lieu ; l'animal boite our lors plus ou moins bas; il baïfle a hanche,en marchant, il traîne même toute la partie affe@tée ; les feffes doi- vent aufli être proportionnées à la for- me de la croupe, des hanches &, des guifles. Après l'examen des cuifles & des . fefles, vient celui des jambes ; leur longueur en doit être proportionnée , dot & de même que leur volume. Si la jambe eft trop longue, feche & peu fournie, elle peche contre la beauté; elle annonce même la foiblefle de l’a- nimal. Il faut donc que la jambe foit proportionnellement charnue : on ap- elleun Cheval mal pigoté, celui dans equel elle ne fe trouve pas ainfi, fur- tout fi le dehors en eft maigre, & le derriere tranchant. On nomme graffet la rotule de la jambe: on dit quun Cheval boite du graffet , lorfqu'il y a extenfon aux fibres des ligamens cap- fulaires ou latéraux, ou aux fibres du gros & menu Bétail. 263 même des mufcles & des tendons ; on en jügera par Ja contrainte dans lai quelle le Cheval eft de porter cette ‘_ partie en dehors, de même que par _ le traînement & la lenteur de celles qui font inférieures. Les jarrets font les parties qui exi- gent lattention la plus férieufe; leur volume doit être proportionné au tout dont ils font partie. De petits jar- rets font toujours foibles ; quant à ce qui concerne leur forme, ils doivent être larges & plats ; les jarrets qui fe jettenten dedans, & ceux qui fe jettent en dehors ne font pas affez forts; cette faufle direétion met hors d'état cette partie de fuffire au poids même de. l'animal. La difflance convenable dun jarret à l'autre mérite aufli une attention par. ticuliere de la part d’un Maréchal. Des jarrets ferrés, & dont la tête ou la pointe eft trop rapprochée, ou fe tou- che, conftituent les Chevaux jarretés, ou croifés, ou clos du derriere. De pa- reils Chevaux ne peuvent s’afleoir que fort difficilement ; leurs jarrets {e lient à la moindre defcente, s'entreprennent: lun & l'autre, & le derriere en: eux he peut avoir aycune force, R 264 Traite Économique On appelle jarrets coudés ceux dont la flexion eff naturellement telle, 2e dans le repos, le canon fe trouve ort en avant & fous l'animal ; il en réfulte des Chevaux crochés. La cour- bure extrème de ces jarrets met fou- vent l'animal hors d'état de mouvoir avec aifance cette partie; il faut en ou- tre que les jarrets loient bien évuidés; des jarrets charnus, des jarrers pleins & gras font toujours chargés d'hüumeurs, & par conféquent fujets à une infinité de maux. On rejettera donc tous les Chevaux dans lefquels on remarquera des maux dans cette partie, de même que dans le canon & autres extrémités poftérieures & inférieures. La queue eft la derniere partie qui hous refte à examiner ; après quoi, nous en viendrons aux poils , autre- ment à la robe de l'animal. Cette par- tie ne doit être nitrop haute, nitrop bañe ; quand elle eft trop élevée, la croupe paroît pointue; mais quand elle eft baffle , la difformité eft encore lus vifible ; elle annonce pour lors a foibleffe des reins de l’animal. Quant au tronçon de la queue, il doit être d’un certain volume, ferme & fourni de crins, On appelle queue de rat celle qui du gros & menu Bétail. ‘26$ Gui sen trouve dégarnie; au refte un Cheval doit toujours porter fa queue : horilontalement. + Les poils des Chevaux fe diftins guent, fuivant les Maréchaux , par oils fimples , & par poils compoiés; .-lés fimples font ceux dont la couleur -eft uniforme ; les compolés montrent -un mêlange confus ou diftinét de cou- leurs différentes. Il ya plufieurs efpeces de pois fimples : on nomme poil bai celui dont la couleur approche de celle d’une châtaigne. Les Chevaux qui ont ce poil ont leurs quatre jam- -bes hoïres ; & quand elles ne le font “pas, le Cheval fe nomme alezan. Le poil bai châtain approche beaucoup du précédent. Le bai clair a la nuance moins foncée ; le bai doré tire fur le jaune, & le bai brun elt prefque noir. | L Cheval qui a ce poil, & dont les - flancs , le bout du nez & les feffesfont : d’un roux éclatant , quoiqu'ob{cur, -.eft dit marqué de feu. Si cette efpece de - poil jaune eft more , éteint & blanchà- tre, le Cheval elt baibrun, feffes lavées, + On appelle bai à miroir, ou mirouette, | # celui dans lequel on obferve des mar- : ques plus brunes & plus claires ; c’eit b ge qui rend la croupe pommelée, Parmi [4 dom, L, 4 M 12 266 Traité Économique. les poils blancs, il y en a de deux foi tes ;le blanc pâle & le blanc luifant, Les Chevaux blancs ne naïflent pas tels, maïs les gros le deviennent en vieilliffant ; il y a pareillement de deux fortes de poils nôirs , dont l’un fe nomme noir mal teint, & l’autre noir ju- get. Le premier n’eft pas parfaitement noir; fon œil eft un’ peu rouflätre : mais le fecond eft d'un’ noir véritable & vif ; celui-ci n'eft pas commun.Le poil alezan tient en partie de diverfes efpeces de poils bais, aufli a-t-il di- verfes nuances ; mais Jes extrémités n'en font pas noires ; l’alezan clair eft blond ou doré, & un Cheval eft dit alezan poil de vache , lorfqu’ila les crins blancs ; l’alezan brûlé eft très-brun, & d'un foncé obfcur : on nomme Cheval rubican tout Cheval noir baï ou alezan, qui a des poils blancs fémés ça & là. Les poils compofés font encore in- finiment plus nombreux que les poils fimples. Le poil gris eft celui dont le fond eft blanc , mêlé de noir; dans le ris {ale , le poil noir y domine , & ans le gris brun, le noir fe trouve en moindre quantité que dans le gris fale. Le gris fanguin , ou rouge, ou vieux, eft un gris mêlé de bai dans du pros & menu Bétail. 267 tout le poilg& le gris argenté eft un gris vif. peu chargé de noir, dont le fond blanc eft extrêmement brillant. ‘Le gris pommelé fe reconnoît à des marques aflez grandes de couleur blan- _ che &’ noire, parfemées à des diftances afez égales, foit fur le corps, -{ôit fur la croupe: on nomme gris tifonné un Cheval dont le poil eft chargé de ta- ches irréguliérement éparles de côté &'d’autre , comme fi le poil eût été noirci avec un tion. Le gris tourdille eft un gris fale approchant de la cou- ‘leur d’une grive ; & le gris étourneau eft femblable au plumage de cet oifeau. Le gris truité ou tigré eft celui dont le _ fond eft blanc, & qui fe trouve mêlé ou de l'alezan , ou de noir, femé par petites taches aflez également répan- dues fur tout le corps ; il fe nomme aufli gris mouchere. Le gris feuris eft fem- blable à la couleur du poil de cet ani- mal , & on nomme rouan ordinaire celui qui eft mêlé de blanc , de gris ou de & bai; quant au rouan vineux , il eft mêlé . d’alezan ow debaïi doré. On donne le. . nom de rouan cap; où canneleé de mer, à . un Cheval dont la robe eff rouan, où » les extrémités noires. Le poil ifabelle ft un compolé de jaune & à blanc, pa EE L: ; | 4 ; 268 Traité Économique. Le louvet ou poil de loup eff un ifabelle: foncé , mêlé d’ifabelle roux. Le foupe de lait eft d’un jaune clair & blanc. Le pur de cerf ou le poil fauve tient de. ‘Ja couleur du poil de cet animal. Le poil pieeft celui qui fe trouve inter- rompu par de grandes taches d'un oil totalement différent , fur-tout à l'épaule & à la croupe. Quand les taches font noires, on donne au Che- val le nom de pie noir; quand elles font alezans, celui de pie alezan ; & de pie bai, lorfqu'elles fe trouvent bai. L'aube, le mille-fleurs, ou fleur de perleelt . un mêlange aflez confus de blanc d'ale- zan & de bai, femblable en tout à la fleur de perle ; quant au poil de porce- laine, il n’eft pas commun. , Les marques font encore des chofes à obferver dans les Chevaux, & dont les Maréchaux doivent être inftruits. On qualifie de ce nom diverfes par- ticularités qui s’obfervent dans les ro- bes. Ce qu’on nomme balzane n'eft au- tre chofe qu’un changement en blanc de la couleur du fond de 1g robe, ou dans les extrémités, ou dans trois, où dans deux, ou dans un. On dit d’un Cheval qu'il eft balzan des qua- tre extrémités, ou du montoir, ou du LA | du gros & menu Bétail. 269 hors-montoir, ou du montoir de der- riere @ des extrémités antérieures , &c. Si dans la jonétion du poil blanc du canon ou du boulet, avec la cou- leur générale de la robe, il fe trouve des irrégularités en pointe, comme des dents de fcie , cette balfane fe nomme dentelée & herminée , ou mouchetée. Si elle eft tachée de noir., quand elle monte ou s'étend auprès du genou, ou près du jarret, ou même au-deflus, on dit qu'un tel Cheval eft chauffé haut, trop haut. Voilà tout ce qui concerne la balfane. L'étoile, ou la pelote eft une autre marque dù Cheval ; elle prend le k- nom d'étoile prolongés, lorfqu'elle def: « cend un peu, & fi elle fe prolonge le long du chanfrein ; ou fi après cette marque , le chanfrein eft couvert de poils blancs, on dit que le Cheval eft belle-face. Lorfque la levre antérieure eft noyée dans le blanc , l'animal pañle pour boire dans fon blanc, dans du lait; quand le bout du nez fe trouve feule- ment taché d'une bande de poils blancs fort étroite, cette bande fe nomme life ; les Chevaux zains font ceux qui n'ont point d'étoiles. ; Les épis ou molettes, autres mar- M3 ques des Chevaux, proviennent , fe: lon quelques Auteurs, d’une efpece de frifure naturelle, qui fe relevant fur un poil courbe, forme uné marque ap- prochante de la figure d’un épi de bled ; d’autres Auteurs les confiderent comme un retour ou un rebrouflement de poils. Quoi qu'il en foit, il n’eft pas moins vrai de dire que les épis font dus à la configuration des pores: on les di- vife en ordinaires & en extraordinaires. Les ordinaires*font ceux qui fe trou- ventindifféremment ou indiftinétement fur tous les Chevaux, & les extraordi- naires font ceux”, qui, fans être com- mUuns , Ont mérité de la part des efprits foibles & crédules une attention parti- culiete ; de ce nombre font l’épi romain qui regne tout le long de l’encolure , près de la criniere , & les trois épis fépa- rés ou joints enfemble , que l'on re- marque quelquefois fur le front de l'a- nimal. La quätrieme marque des Chevaux eft ce qu'on nomme coup de lance ; c’'eft une cavité fans cicatrice, que l’on ré- marque quelquefois au-devant , quel- quefois au bas du bras, & quelquefois à l'encolure ; elle eft plus commune dans les Chevaux turcs , barbes & ef- 370 Traité É conomique } { du gros & menu Bétail. 271 pagnols, que dans les autres. Après avoir Confidéré la forme de chaque partie du Cheval en particulier; il eft à propos d'examiner le rapport que ces parties ont lesunes avec les aut@, ou plutôt le tout qui en réfulte ; & en effet , dès que la beauté de l'animal ré- fide dans ce rapport, il faut de toute néceflité en obferver les dimenfions particulieres & refpeétives: mais pour acquérir une parfaite connoiflance dé ces proportions , on doit néceflaire- ment fuppofer, dit M. de Bourgelat, un genre de mefure, qui puifle être indiftinéement commune à tous les Chevaux. La tête de Fanimal eft la . partie qui peut fervir de règle pour toutes les autres: on en mefure la longueur avec deux lignes paralleles ; l'une tangènte à la nuque ou à la fom- mité du toupet, & l’autre tangente à l'extrémité de la levre antérieure, par une ligne perpendiculaire à ces deux paralleles, ou à fa longueur gé- nérale. Cette longueur fe divife en trois portions, & on afligne à ces trois portions un nom parriculier qui puifle s'appliquer indiftinétement à tau- tes les têtes, tel que celui de prime. Une têre quelconque, dans fa longueur gés M 4 Li 272 TratéÉ conomique nérale ; aura par conféquent toujouf# trois primes; mais comme toutes les arties qu'on a à confidérer, fait dans, eur longueur, foit dans leur hauteur, {dBdans leur groffeur , ne peuvent pas êtré conflamment ou une prime en- tiere, ou une prime & demie, ou trois primes,onfubdivife doncchaque prime en trois parties épales, que l’on nom- mera fecondes; & comme cette fub- divifon ne fufhroit pas encore pour donner la mefure jufte à toutes les par- ties, on fubdivife de nouveau chaque feconde en vingt-quatre points; de forte qu’une tête divifée en: trois primes aura , pour la premiere fubdi- vifion , neuf TRE , & deux cents feize points pour la derniere; par con- féquent, quand on dira une tête, on entendra toujours la longueur géomé- tale; quand on fe fervira du mot de prime, ce fera un tiers de cette lon- gueur ;*& lorfqu'on emploiera le mot de feconde , ce fera la neuvieme ; en- fin, lorfqau’on. dira un point, ce fera la deux cent. feizieme partie de cette longueur générale. Cependant, comme la tête peut pécher pa un défant de roportion, c’eft-à-dire, qu'elle peut tre trop courte ou trop longue, trop L du gros & menu, Bétail. 273 -menue ou trop chargée , eu égard à tout le corps, on ne pourra plus alors: s’afleoir fur {a longueur générale pour: les autres proporuons du corps: on abandonnera donc cette mefure com- mune , & on compenfera dans ce cas la hauteur ou da longueur du corps de l’animal; on partagera l’une ou l'au- tfe en cinq parties égales ; on prendra enfuite deux de ces portions ; on les divifera par primes, fecondes & points, conformément aux divifions & fubdi- vifions qu’on aura faites de la tête, & on aura dès-lors une mefure générale, telle que la tête lauroit donnée, fi elle eût été proportionnée. Voyons ac- tuellement en quoi confiftent toutes les proportions générales, quoiqu'elles: foient au-deflus du commun des Ma- réchaux; 1°. trois longueurs géométra- les de la tête donnent la hauteur entiere du Cheval, à compter du toupet au fol fur lequel il repofe, pourvu que la tête foit bien placée ; 2°. deux têtes, & demie égalent la hauteur du fommet du garrot à la terre , la longueur de ce même corps, celle de l’avant-main & de larriere-main prifes enfemble de la pointe du bras à la pointe delæ fefle inclufivement; 3°. _ tête en Ç s . 374 Traité, Économique tiere donne la longueur de lencolure; du fommet du garrot à la partie pof- térieure de la nuque ; la hauteur des épaules, du fommet du coude au! fommet du garrot; l’épaiffeur du corps; du milieu du centre au milieu du dos; Ja largeur d'un côté à l’autre; 4°. une tête mefurée du fommet du toupet à la commiflure des levres. Cette mé fure légérement remontée ; à moins que fa bouche ne foit fendue, égalera Ja longueur de la croupe prife de la pointe fupérieure de l'angle antérieur de Posiléonàla tubérofité de l'ifchion, formant la pointe de la fefle ; la largeur de la eroupe ou des hanches , pri- fe fur les pointes inférieures des an- gles des os iléon ; la hauteur de la croupe vue latéralement ,; prife du fommet des angles poftérieurs des os. iléon à la pointe de la voûte, la jambe: étant dans l'état de repos; la longueur latérale des jambes poftérieures , de la: pointe de la rotule à la partie faillante & latérale du jarret ; à l'endroit de l'articulation du tibia avec la poulie ; Ja hauteur perpendiculaire de larticu- lation ci-deflus défignée au-deflus du eol;.la diflance de la pointe du bras à l'infertion de lençcolure dans l'auges . du gros & menu Bétail, 275$ la diftance du fommet du garrot à l’in- fertion de lencolure dans le poitrail ; 5°. deux fois cette derniere mefurè donnent à-peu-près la diftance du fom- met du garrot , à la pointe de la rotule; la diftance de la pointe du coude au fommet de la croupe, ou des angles poftérieurs des os iléon. | 6°. Trois fois cette mefure; plus, Ja demi-largeur du paturon; le tout équivalant à deux têtes & demie ; don- neront la hauteur du corps prife du fommet du garrot à terre , fa longueur prife de la pointe du bras à la pointe de la fefle inclufivement ; 7°. cetre même mefure , plus la largeur entiere du paturon indiqueront la longueur totale du corps prife rigoureufementz 8°. deux tiers de la longueur de la tête égaleront la largeur du poitrail, d’une pointe du bras à l'autre ; de dedans en dehors, la longueur horifontale de la croupe , prife entre deux verticales. dont l'une toucheroit à lafefle ,& l’au- tre pañleroit par le fommet de la croupe , & toucheroit à la pointe de Ja rotule; le tiers de la longueur de l'arriere-main & du corps pris enfem= ble , jufqu’à l'à-plomb du garrot tou- chantau coude ; lalongueur re té 6: 276 Traité Économique de la jambe de derriere, prife de la tu: bérofité du tibia au pli du jarret. 9°. Une moitié de la longueur en= tiere de la têteeft la même que la dif- tance horifontale de la pointe du bras à la verticale du fommet du garrot & du coude; la largeur de l’encolure vue latéralement , prife de fon infer- tion dans Fauge, jufqu'à la racine des premiers erins de Ja eriniere fur une ligne qui formeroit, avec le contour füupérieur ; deux angles égaux. 10°. Un tiers de la longueur entiere de la tête donne la hauteur de fes parties fupérieures , depuis Le fommet du toupet jufqu'à la ligne qui pañferoit ar Îes points les plus faillans des or- Le la largeur de la tête au-deflus des paupieres inférieures; la largeur latérale de l’avant-bras} prife de fon origine antérieurement à la pointe du coude. | j 11°. Deux tiers de tête , : largeur latérale, donnent l'élévation verticale de la pointe du coude, au-deflus du niveau du deflus du fteraum; l’abaifle- ment du dos par rapport au fommet du garrot; la largeur latérale des: jambes poflérieures près des jarrets Touverture, ou plutôt la diflance des dugros & menu Bétail, 277 avant-bras d’un arc à fon oppolé. 12°. Une moitié de tiers de la lon- gueur entiere de la tête égale l’épaif- feur de Favant-bras, vu de face à fon origine , de l'arc à fon contour exté- rieur horifontalement ; ls largeur de la couronne des pieds antérieurs , foit d'un côté à l’autre, foit de l'avant en arrière ; la largeur de la couronne des pieds poftérieurs d’un côté à l’au- tre’ feulement ; la largeur des boulets poltérieurs près de l'avant-main à la naïiflance de l'ergot; la largeur du ge- nou vu de face (cette mefure eft ce: pendant un peu forte ; felon M. Bour- gelat) ; lépaiffeur des jarrets : celle-ci eft un peu foible, felon le même Auteur. 13°. Un quart de ce même tiers de longueur de tête donne Fépaiffleur du canon de l'avant main; celui de l’ar- riere-main eft un peu plus épais ; 14°> un tiers de cette même mefure égale lépaifleur de l’avant-bras près du ge= nou, dans la partie la plus étroite ; l'é- aifleur des paturons poftérieurs pris PAF ai ; 15°. fa hauteur ducoude auprès du genou eft la même que la hauteur de ce même pli jufqu’à terre; la hauteur de la rotule , ou pli # » 278 Traité Économique du jarret; la hauteur du pli du jarret jufqu’à la "couronne ; 16°. la fixieme partie de cette mefure donne la lar- geur du canon de lavant-main vu la- téralement au milieu de fa longueur, fon boulet vu de face ; 17°. le tiers de cette même melure eft à-peu-près égal à la largeur du jarret , du pli à la pointes 18°. un quart de cette mefure donne la largeur du genou, ou latéralement fa longueur ; 10°. l'intervalle des yeux d'un grand a à l’autre égale la lar- . geur de la jambe de derriere, vue laté- ralement de la coupure de Ja fefñle à la partie inférieure de la tubérofité du tibia ; 20°. une moitié de cet intervalle des yeux donne la largeur du canon poftérieur , vu latéralement ;. la lar- eur du boulet de l’avant-main, vu téralement de fon fommet antérieur à la naiïflance de lergot ; enfin, la différence de la hauteur de la croupe, refpeétivement au fommet du garrot. Quoique de pareilles obfervations ne foient pas du goût des Maréchaux ; cependant 1l n’efl pas moins vrai de dire qu'elles peuvent être très-utiles x par exemple quand une tête peche par un excès de longueur , cet excès du gros & menu Bétail. 279 en accroît le plus fouvent la mañle, & il arrive toujours que dans la pofitior de la main fur un Cheval, auquel on peët reprocher ce défaut, la diredion des reins fe trouve telle que les bran- ches du mors operent fur les barres l'effet des branches hardies. Quand au contraire la tête eft trop courte, elle eft communément plus volumineufe par fon épaifleur , & Peffet des rênes eft totalement différent , en ce que les branches du mors n’ont que celui des branches flafques. Ce feul objer doit fuffire , fans que nous nous érendions davantage fur cet objet; la dire&tion des membres & la jufteffe des à-plombs. font encore d’une confidération très- importante. | Tous ces principes palés, on exa- mine d’abord le Cheval dans le repos; on confidere , 1°. les pieds , & fuc- ceflivementtoutes les parties des extré= mités, en remontant jufqu'au garrot € jufqu’à la croupe: on revient au total de chacune: on examine enfuite tou- tes celles que préfente le corps: on pañle enfin au refte de lavant-main : on compare encore le tout enfemble;, telle ef la route qu'il faut foivrek après quoi on examine le Cheval dans l'ac- ©8380 Traité Économique | tion. On diftingue dans, cet animal des allures de deux fortes; les unes font naturelles , les autres artificielles : on - £ coude. ai > 10%, Les crampons font à fuppri- mer fur le pavé, & ils ne font bons * que fur la glace, ou fur une terre - grafle ; les crampons s’infinuent pour » lors dans l’une ou dans l'autre , & re- “ tiennent le Cheval, tandis qu'ils y . gliflent fur le pavé: d'ailleurs , pour “ peu que le Cheval marche, les cram- 1 pos ne peuvent durer plus de fept à & huit jours. _ 11°. Les crampons en dedans font. M fujes à eftropier le Cheval, ne crois | jets à, 3 L ; 318 Traué- Économique fant fes pieds fur la couronne, ce qui forme des atteintes encornées. . 12°. Le Cheval, avec des crampons, ! ne marche pas à fon aife fur le pavé, & fe fatigue. - 13°. Le Cheval qui n’a qu’un cram- pon dedans n’a point le pied à plomb, & ce crampon gêne l'articulatien de ! l'os coronaire qui porte fur l’os du pied, fe trouvant alors de côté, 14°, Si le Cheval a le pied paré, & * qu'il vienne à fe déferrer, il ne peut! pas marcher qu’il ne s’écrafe, ne s'é- clatela muraille , & ne foule la fole. charnue , attendu que la muraille fe trouve fans foutien , expofée à ren-. contrer des chicots & des taïflons de bouteilles. 15°. Si les fers font longs & les talons creufés, les pierres & les cail-! loux fe logent entre le fer & la fole, comme le fable & la rerre qui fe mafti. quent entre le fer & la fole, & font boiter le Cheval. 10°. Les pieds plats deviennent combles; en voüûtant les fers, pour foulager le talon & la fourchette, parce que plus les fers font voûtés, & plus auffila muraille s'écrafe & fe ren-. verfe ,la fole charnue bombe; c’eit ce qu’on appelle oignons. L 12e du gros & menu Bétañl, 319 17°. Si la muraille eft mince, & qu'on voûte les fers, ils preflent telle- ment les deux quartiers , que les os dt pied , & ce qui en dépend, fe trouvent comprimés ; ces fortes de fers font l'effet d'une: pincette. C0) 18°. Les pieds parés font expofés à être plus confidérablement bleilés par les clous de rue, les taiflons, les chi- cots, &c. Hi 19°. La fole parée prend plus faci- lement la terre ou le fable , qui forme une efpece de maflic entre le fer & cette fole, ce qui foule le pied , & fait boiter le Cheval. | 20°. Ïl arrive fouvent. que lorfque la fole-eft bien parée , & que le Che- val fe trouve dans un endroit fec, la fole fe feche par Pair, qui la pénetre, & lui "ôte fon fuc & fa fou- pleffe ; elle devient fi dure ;que le bou- toir n'y peut entrer quavec grande peine 3 la précaution qu’on doit pren dre pour humeëter cette fécherefle , c'eft d'humeéter la fole avec la terre ou la fiente. 1:21 08) . 21°, Une habitude dont il faudroit fe défaire, c’eft d’attendrir la fole de corne, & de fe fervir d’un fer rouge A 320 “Traité Économique avec lequel on la brûle, pour que le Maréchal & le Palefrenier aient moins de peine, l'un à parer, & l’autre à te- nir le pied du Cheval. Par cette ma- nœuvre, On échauffe le plus fouvent la fole charnue, & on rend par con- féquent le Cheval boiteux. | … 22°. Un fer fort, que l'on fait porter à chaud ; quoiqu'il ne foit, pas rouge, eff nuifible, tant par rapportà fon épaif- feur , que parce que le Maréchal qui pe le croit pas aflez chaud, le laifle trop long-temps appliqué: cela échauffe tellement le fabot , que la chair cannelée qui fe trouve defféchée, fe détache par la fuite de la corne cannelée, & fair un vuide entre la fole & la muraille, ce qui oblige le Cheval à boiter. + 23°. Il arrive communément que pour former un pied qui plaife à la vue, on le rogne fi fort , qu'il eft paré jufqu’à la fole charnue, & que la chair fe faifant jour à travers la fole de corné, le furmonte : c’eft ce qu’on appelle une cerife, & qui fait boiter le Cheval. run 24°, Le pied paré eft principale- * ment caufe que le quartier en dedans CT TE DL) s du gros & menu Bétail. 32* fe refferre: C'eft ce qu’on appelle quar- tier foible, ou quartier ferré ; ce qui fair boïîter le Cheval. | 25°. Il arrive aufli qu'un quartier fe refferre , & même tous les deux, & quelquefois la totalité du fabot; celui< : ci devient alors plus petit , & gêne. toutes les parties intérieures du pied ; ce qui eftropie le Cheval , accident qui provient de la parure du Cheval. 26°. Il réfulte un autre accident ; c’eft que quand le quartier fe raflure, il faut fendre le fabot dans fa partie latérale, On appelle cet accident Jeime, & lé Cheval devient boiteux. 27°. L'habitude de parer les pieds, & fur-tout les talons , qui en font les arcs-boutans, fait ferrer les deux ta- Jons, & les pieds s'encaftelent, ce qui rend le Cheval boiteux. 28°, C'eft un abus de raper les pieds des Chevaux ; le fabot eft altéré, & il fe forme des feimes. 29°. Ce qui doit faire fentir qu'il ne faudroiït pas parer les pieds des Che+ vaux , que cet ufage eft pernicieux; & queles Maréchaux en abufent fouvent, c'eft que fi un Cheval fe déferre plus fieurs fois en un jour, on ne lui remet pas un autre fer qu’on n'ait diminué le 0 5 #22 Traité. Économique pied avec le fer rouge, & qu'on r'ait de nouveau päré le pied avec le bou- toir, tant les Maréchaux ont contraté Phabitude de s’en fervir, même par diftra@ion ; en forte que le Cheval n’a preique plus de pieds. Si par mal- heur cet animal fe déferre quatre ou cinq fois en un jour, comme cela ar- rive quelquefois, on met le Cheval hors d'état de fervir, en lui détruifant tout le fabot par cette maniere d'ufer fans difcernement du boutoir. 30°. Un autre défaut , c'eft la mau- vaife methode d’étamper & de contre- parer les fers avec des étampes & des pinçons très - gros, lefquels ouvrent un trou extrêmement large; en forte que fi-tôt que les clous ou que les fers {ont un peu ufés, la ferrure ne tient plus à rien; le fer bat, attendu que le trou n’eft plus rempli par les lames du clou , dont la tête forme quatre carres, lefquelles portent fur le fer, & par conféquent empêchent cette tête de s'enfoncer dans l’étampure. 319, Ona pour habitude de mettre ‘aux Chevaux qui fe coupent des fers extrêmement forts en branches, où un fort crampon, dans Pidée de rejetter le fabot en dehors 3 ils operent, il eff du gros & menu Bétail. 323 vrai, leur effet, dès que le Cheval a le pied à terre; mais dès qu’il le leve pour marcher, le pied fe. remet dans {on à-plomb, l’épailleur du fer l’attrape. 32°. La plupart des Maréchaux, dans la vue de mieux parer, pouffent le bou- toir jufqu'au fang , & pour arrêter l’hé- morrhagie de la fourchette , ils y met- tent le feu. Cette opération finie, le Cheval revient boiteux à l'écurie. | 33°. ILy a des Maréchaux qui croient remédier aux talons encartelés, & qui mettent des fers qu'ils appellent à la pantoufle; ils font. forgés & difpolés de façon, que le bord du dedans qui regarde la fourchette eft extrêmement fort, & le bord du dehors très-mincez ilsles ajuftent en forte que le Cheval # appuyant deflus , l’épaifleur du dedans de l'éponge rencontrant le taion fur les arcs-boutans , le bord du dehors ne touche que peu à la muraille, à caufe quel’éponge forme untalon de ce côté: là. Le but des Maréchaux, dit M. la Foffe, eft d'écarter par ce moyen les talons; mais c'eft en quoi ils fe trom- pent, parce que loin de les écarter, Pépaiffeur D ones comprimant les arcs-boutans , les empêche de profi- ter, & les reflerre encore nn id eo 324 Traité Économique Voyons aétuellement les défauts de la ferrure des Mulets. Il ne faut pas croire, comme penfent les Muletiers, qu'il faille que le Mulet, pour bien marcher, foit ferré avec des fers grands & larges, qui débordent en dehors & en pince de quatre à cinq pouces, &c réleventen pince l'un plus que lautre, fuivant le caprice des Muletiers. 1°. Les fers des Mulets font beau- coup plus pefans que ceux des Che- vaux, parce qu’on les fait une fois lus grands & plus larges qu'il ne aut; aufli les Mulets marchent-ils avec lus de peine: on s’apperçoit en effet qu'ils levent le pied plus lenrement, ce qui ne peut provenir que de la pe- fanteur du fer. 2: 2% Ils font fujets à fe déferrer, tant ! à caufe de la largeur , que de la lon: gueur & de la pefanteur du fer, prin- cipalement lorfqu’ils marchent dans certaines terres où les fers demeurent; d’ailleurs ils enlevent avec ces fortes de fers quantité de terre, ce qui les fatigue extrêmement. 3°. Quand ils fe trouvent dans des chemins raboteux , ils ont de la peine. à marcher avec les fers larges , & fouvent ils font de faux pas. da gros & menu Bétail., 32$ : @°, Etant ainfi ferrés , ils ne peuvent oint aller dans les montagnes, dont es chemins font extrêmement étroits: où il ne fe trouve que la place de po- fer leurs pieds; un fer large les expofé à faire de faux pas. s°. Si le Mulet fe déferre, on ne trouve pas aifément des Maréchaux qui fachent les ferrer à la façon des Muletiers, dernier inconvénient. En un mot, pour obvier à tous ces inconvéniens, tant envers les Chevaux qu’envers les Mulets , il n’y a, dit M. la Fofle, & on doit bien l'en croire fur cet article, qu’une ferrure à met- tre en ufage pour les Chevaux quiont bon pied, & ls n'ont pas. de défaut, c’eft celle de ferrer court , & de ne jamais parer le pied; mais il faut bien diftinguer entre parer & abattre. Parer, c'eft vuider le dedans du pied ; abattre, c’eft rogner la muraille. Les fers pour les pieds doivent être minces d’épon- ge, de facon que les talons & la four- chette pofent à terre. Quoique la fole foit dans fon entier , elle n’acquerra pas pour cela plus d’épaiffeur ; elle fe développera d'elle-même de ce qu'elle a de trop. Ce qui confirme cela, dit M. la Fofe, c’eft que l’on apperçoit B26 Traité Économique. tous les jours dans les Chevaux qui n’ont point eu le pied paré, des lames de corne s'élever , & qu’en grattant avec quelque chofe cette même fole, on trouve une fubftance farineule, qui prouve que c’eft un fuperflu prêt à tomber : il n’en eft pas de même de la muraille ; on eft néceflairement dans le cas de l’abattre. | _ Ïl ne faut pas en outre que les fers foient couverts ; il n’y a aucun Maré- chal quine foit inftruit de ce fait; & quantà leur épaifleur, elle ne doit pas être confidérable. Un fer mince eft plus léger ; quoiqu'il y ait des Chevaux qui Dre plus les uns que les autres, or- dinairement plus du derriere que du devant, l’étampure doit être ferrée également du pied de devant ; le fabot en eftmoins fatigué ; à l’égard du der- ricre, cela doit être à-peu-près le même, fi ce n’eft qu’on laïfle en pince un écartement de la valeur d’un clou, attendu le poinçon qu’on eft obligé d'y mettre, & le point d'appui us à dérable que le Cheval eft obligé de prendre ayec tout fon train de der- riere. La courte perçure doit être faite du même, côté de l'étampure , &. l’a- jufture doit être douce, & même um du gros & menu Bétail. 32 peu relevée en pince. Les corps des Hu à plat, les cloux à leurs têtes doivent être coniques, repréfentant la figure de l'étampure , d'où il arrive que . quand ils font bien brochés & ufés à niveau d'étampure , ils paroïflent ne faire qu'un feul & même corps avec le fer. De pareils fers s’uferont minces comme des lames de couteau, & tien: dront aufli bien que s'ils étoient neufs: il n'en fera pas ainfiavec les clous, avec la têre quarrée ; les fers doivent gar- nir, tant du devant que du derriere aux Chevaux de trait ; mais il faut qu’ils foient juftes pour les Chevaux de felle ; les pieds de derriere feront de même ferrés courts, & de lamême facon ; on s'évitera par ce moyen tous les accidens qu'occafionne la ferrure atuelle. Voici aétuellement les principes que M. la Fofle prefcrit à ceux qui veulent s’adonner à la ferrure ; ils doivent d’a- bord fe mettre au fait de tout ce. qui concerne la forge : ils s’'appliqueront enfuite à bien modérer & à bien con= duire le feu ; après quoi, ils commen ceront à frapper & à battre devant les Forgerons , afin d’aflouplir leurs bras. Ils s'exerceront à régler leurs - #38 Traité Économique mouvemens, à frapper jufte, & à dif- tinguer ce que les Forgerons deman- dent, & ce qu'ils refufent, Quand un Apprenti faura frapper , il prendra du plomb , qu'il tiendra avec des tenailles , our s’habituer à faifir, & aprèsavoir lâché fon morceau, il frappera en tout fens pour acquérir le maniement; dès qu’il l'aura, il prendra une déferre ; il la mettra au feu, & l’applatira, la bi- gornera; il effaiera à la tourner en tout fens , puis il tentera de faire des quar- tiers, à plier les déferres, à drefler les lopins; quand il faura bien manier les tenailles, qu'il aura appris , en faifant des quartiers, à dégorger , il mettra pour lors un lopin au feu; il lui don- pera un échaudillon, c’eft-à-dire, il le mettra une premiere fois au feu pout fouder les deux bouts, & pour s’ente- nailler , pour que les tenailles tiennent bien le lopin ; puis l'ayant remis au feu, ilen forgera la premiere branche, en- fuite l’autre , & cela avec un feul frap- peur. Le fer étant forgé , il le mettra une quatrieme fois au feu , & il l'étam- pera ; mais quand on eft bien verfé dans cet art, on doit étamper à mefure que l’on forge les branches, de même: que refouler la premiere branche. du gros & menu Bétail. 329 Tandis que l'Apprenti commencera à forger , il le mettra à la ferrure. Il parera d’abord des pieds morts, & s'exercera à manier le boutoir ; après avoir mis la jambe gauche en avant; la droite en arriere, & pofé fon corps droit , & dans une attitude flexible, il prendra le boutoir , qu'il doit tenir de la main droite, & avoir l’autre deffous la muraille ; l'inftrument ne doit point quitter fon ventre , & le ventre doit fuivre fon boutoir ; par ce moyen, on ne fauroit bleffler ni l'épaule da Che= val, ni le Palefrenier; dans le mouve- ment de flexion des reins, le baflin pa- roit vouloir fe rapprocher du tronc, & non ce dernier de l’autre; l'Ou- vrier commencera par abattre avec le boutoir fur ces pieds morts, tant qu’il - yaura de la muraille, afin de s'ac- coutumer à ce mouvement. Lorfqu'il aura ainfi travaillé fur plufeurs pieds, il fe mettsa à parer le pied: il ne doit doit point fe prefler , mais s'attacher à enlever des lames de corne, le plus mince que faire fe pourra, afin de fe rendre la main légere ; il s’attachera fur-tout à parer le pied uniment, à ne pas laifler la {ole plus épaifle d’un côté que de l’autre. C’eft une regle géné; M30. Traité Économique | rale ; que même dans une enclouure grave, on doit parer le côté de la fole oppolé autant que celui où il y a plaie; mais de ce côté, on ne doit point puifer, il fuffit de parer égale- ment, Quand une fois on eft exercé à parer, il faut s’accoutumer à faire por- ter des fers, à prendre la tournure du pied, à entoler fon fer. Toutes ces connoïflances acquifes, on peut tra- vailler fur le vivant. Avant que d'opé- rer, le Maréchal doic voir fi le Pale- frenier eft bien pofé; fi c'eft fur une jambe de devant, il faut que ce der- nier foit pour aiofi dire en avant du poitrail , fa jambe droite en avant , & fa gauche derriere, fi c’eft dehors le montoir ; & dans un fens oppofé, fi c'eft du montoir : par-là on oblige toute l'épaule à fe porter en avant, ce qui donne l’écartement à la jambe, On voit fouvent des Garçons embar- raflés en ferrant de ce que la jambe ‘paroît être en devant, & ne favoir comment s’y prendre, Le plus ou le moins: d’aifance qu’à le Maréchal à ferrer , vient de la potion du Pale- frenier, qui étant mal placé , court fque de faire bleffer le Cheval par le Maréchal, attendu que plus il s'ap- du gros & menu Bétal. 331 rochera du bas-ventre; plus il colera Ê pied vers la poitrine. La bonne méthode eft de déferrer deux pieds à la fois, & non pas les quatre pieds , comme Von fair. Le Che- val qui n'a plus dc fer s’abyme les pieds fur le pavé , & reflemble à celui qu'on meneroit à la voirie; le pied étant déferré, on doit'fe bailler, examiner la muraille, fa longueur, & juger de ce que l'on doit abattre. S'il yena trop, plutôt d'après fes con- .hoiffances anatomiques, que d’une pratique routiniere ,; on fe fert du ro- gne-pied & du brochoir, de même que quand c’eft une corne éclatante. Lorfqu'on croit avoir aflez abatru du pied, l’on prend fes déferres où non; cela eft'égal , & on cherche des fers proportionnés au pied. Ordinaire- “ment, fi ce font de bons-pieds, on prend des fers étampés; fiau contraire ce font des pieds dérobés, on étampe fon fer dans les endroits où il y a du pied ou de la bonne corne. ne On doit commencer par mettre les éponges au feu, pour les refouler & les amincçir ; enfuite l’on met les fers aû feu ; on les ajufle tour-à-tour, en les faifant porter de la même chaude, * 832 Traité Économique ou en les mettant deflus le feu : on évi= tera avec foin de faire blanchir le fer. Cet exercice du fea diminue fon épaif- feur , & le rend aïgre ; d’ailleurs on rifque de trop échauffer ou’le pied ou l'épaule. Quand fa tournure eft bien rife, il fufhit que le fer foit de cou- eur de cerife pour le faire porter fur le pied, pour lui donner de la folidité. Si lon a à ferrer un pied comble, un pied nouvellement deffolé, ou un pied totalement dérobé, on doit avoir at- tention de toujours mouiller fous fer , avant de le préfenter, & de ne le faire porter qu'à froid, Si l’'Ouvrier a un pied comble à ferrer , il commence * par prendre un fer couvert, le chauffe, puis lui donne la fecouffe convenable, & l’étampe enfuite , ayant bien.foin de le laiffer beaucoup plus large, parce qu'en l'ajuftant, cette largeur diminue. Pour l’ajufter, il choifira une enclume où ily ait un défaut, c’eft-à-dire, un léger enfoncement ; il mettra fon fer au feu par lapince, & viendra l’aiufter dans le défaut de l’enclume; la_pince ajuf- tée, on mettra d'abord au feu une bran- che qu'on ajuftera de même , & en- fuite l’autre. Quand le fer paroîtra être entiérement fini, onle prélentera avant rs Lee sat fi de be AT nn 'efté ddl # “# du gros & menu Betal, 333 de le faire porter , pour ne pas échauffer le pied : on en ufera de même pour les Chevaux qui ont des oignons, Quand le fer portera, on le brochera fur le champ, ou on l’attachera au moins avec quatre ou cinq clous, avant de ferrer les autres pieds , de peur que la muraille ne vienne à s'é- clater. Les clous feront proportionnés à l'étampure, minces de lame, ayant un bon rivet; c’eft le principal. Pour ferrer , il n’eft donc pas abfoi lument néceffaire, dit M. la Fofe, qu’un Maréchal pofede la fine anato- mie; il fufht qu'il connoiffe la ftruc- ture des parties fur lefquelles il doit porter le boutoir, afin qu’il ne coupe que ce qui doit être coupé, & qu'il évite de toucher aux vaifléaux, aux nerfs, &c. IL doit donc connoître à fond le pied du Cheval, . M, la Fofe indique enfuite les dif: férentes précautions qu’on doit prens dre pour ferrer les Chevaux malins: 3l faut étudier leur caraétere , connoî: tre leur malice, & fe fervir de rufes pour les ferrer plus aifément. Si le Cheval compte , c'eftà-dire ; s'il re- tire fon pied à chaque coup qu’on lui gonne , il faut commencer par frappes 34 Traité Économique doucement, enfuite un peu plus fort ; & ainfi en augmentant, jufqu’à ce que le clou foit rivé._ : Il fe trouve des Chevaux qui ne donnent que très-difficilement le pied: on les prendra par douceur, & on les carellera : on leur levera les pieds de devant ; & coulant tout de füite Ja main le long du dos, on viendra à la jambe de derriere; d’une main on embraffera le jarret en dedans ; on faifira de l'autre la queue , pour la faire fervir d'appui; on ferrera forte- miént le jarret avec le bras, en obfer- vant de ne point lâcher, à moins qu'il ne fafle dé grands efforts, & qu’on ne coure rifque d’être bleflé: S'ils font mutios, on leur mettra les morailles ou le torche-nez, & on leur envelop- péra lacète d'un linge fimple, ou de quelque grofle couverture qui charge la tête; fi les Chevaux , loin de s'a- _doucir, deviennent plus méchans, on prendra une platelonge ; on l'atta- chera à la queue ; on pañlera la corde dans l'anneau de la platelonge ; on mettra Cette corde au paturon du pied qu'on veut ferrer, & on tirera le pied à foi avec la platelonge. Si le Che- val vient Ag tte ou à fe coucher, { | Ress du gros & menu Bétail. 885$ on ceffera de lui boucher la vues on le mettra fur un terrein non pavé, ou s'il eft pavé, on le couvrira de fu- mier : on fera tourner le Cheval juf- qu’à ce qu’il foit étourdi , & on lui le- vera alors le pied. dus Il y a d’autres Chevaux qu baiflent la hanche , quelquefois jufqu'a tom- ber, dès qu'on leur leve le pied: on attachera pour lors une plarelonge à la queue, après quoi -on fera un tour au paturon: on tiendra d'une main la platelonge, & on appuiera de l'autre fur la hanche : on tirera en haut la platelonge, pour faire replier la jam- e. Celle-ci étant raccourcie, de façon que le pied foit dans une fituation convenable pour être ferré, on ap- prochera la main qui étoit fur la han- che, pour l’embrafler, le tenir comme on fait ordinairement pour ferrer , & ne point lâcher la platelonge. Si le Cheval tire fortement, & fait beau- coup de mouvemens, on quittera le jarret, & on portera la main fur la hanche, tenant toujoursla platelonges on le laiflera le maître , en fuivant fes. mouvemens , de faire {es efforts; & Jorfqu’il fera las, on reprendra le jat- get comme auparavant, Il fe trouve 336% Trait Economique ‘encore des Chevaux , qui, fans être méchans , s'abandonnent, par la lon- gueur du temps , fur celui qui les tient. On ne lâchera pas fubitement le pied, parce que le Cheval fe trouvant tout d'un coup privé du point d'appui, tomberoit rudement, & courroit rif- ; de fe blefler ; mais il faut conduire doucement le pied à terre, pour em- ‘pêcher le Cheval de s’abandonner. Ainfi on fe mettra entre fes deux jam- bes de derriere , & on lui levera le pied fans platelonge ; alors ne trou- vant pas de point d’appui en dehors, il reftera tranquille, & fe foutiendra. Quand on eft obligé de mettre le Cheval au travail pour le ferrer, on tiendra , avant de l'y mettre, les fers tout prêts à être portés fur le pied , & les clous tout affilés, afin de ne pas faire languir le Cheval dans le travail; on examinera enfuite s'il eft bien con- tenu de toutes parts, avant de lever le pied pour le ferrer. On le lui leve avec une platelonge ; on ne pañle que deux fois à l'entour de la barre de fer, & on ne l’engage jamais, afin de pouvoir , felon la néceflité, met- tre le pied à bas. Si le Cheval fe débat & tire fa jambe, il faut lui us | taire “ ns n numist = du gros & menu Bétail, 337 faire fes mouvemens ; & continuer après de le ferrer. Pourvu qu'il foit bien contenu dans le travail, on n’a pas befoin de foupente ; car quelque- fois le Cheval s’y abandonne, & court rifque d’être fuffoqué ; on lächera alors promptement le piéd, & on le débar- raflera du travail, de peur qu'il ne pé- rifle, ce qui eft arrivé plus d'une fois. Après lavoir laïiflé repofer un mo- ment , & refpirer à fon aile, on le re- met dans le travail fans le gêner; on le tient court, pour aflujettir fa tête, & on lui met les morailles ou le tor- che-nez ; on lui reprend la jambe, ob- fervant de né faire qu’un demi-tour avec la corde autour de la barre, pour pouvoir la mettre bas fur le champ au Ééfoin. Lorfqu’on lâche la longe, il faut que ce foit doucement, pour que le Cheval ne fe blefle pas en heurtant rudement fon pied contre le pavé; dès que le pied aura repofé à terre, on le reprendra : c’eft ainfi qu'on par- viendra à le ferrer , fi le Cheval ne s’abandonne pas & ne fe couche pas fur la foupente ; mais s’il retire prefque continuellement la jambe , il faut le lâcher & le reprendre fouvent, jufqu'a ce qu'on foit venu à bout de le ferrer, Tom, Bon La 338 Traité Économique 11 y a des Chevaux qui fe débattent"f. fort dans le travail, qu'on eft obligé de les en tirer, afin de les ferrer à la platélonge. Au furplus, pour bien ferrer ua ,Chéval, il faut plus de hardiefle & d’adreffe quésde force. Avant que - de commencer cette opération, le Ma- réchal prendra garde que le Cheval p'ait pas la longe dans la bouche, ni fur le nez. Quand on l’attache dans la bouche, il eft à craindre qu’en tirant la longe, il ne fe coupe la RES à fur le nez, parce qu'elle peut lui boucher la refpiration. Quand on déferre un pied foible ou un pied boiteux ; il faut avoir attention d’ôter les rivets des clous avec le rogne-pied, & de ne mettre les tricoifes que ki la branche de dehors, parce que le quartier de dedans eîft le plus foible, & que les tricoifes foulent la fole. M. la Fofle finit enfin fon Traité de la Ferrure, en indiquant les différentes efpeces de pue qu'on doit mettre en ufage, elon les'différens Chevaux. 19. La ferrure, pour aller folidement fur le pavé ; tant fec ‘que plombé, tant pour les Chevaux de trait -que our ceux de bâc; (je veux dire pour es Chevaux" de Carrofle-, de felle & du gros & menu Betaïl. 339 autres), eft, felonlui , la ferrure indi- quée ci: deflus, c'eft-à-dire , la ferrure' courte, que notre Auteur appelle 4 croiffant , pour fignifier un fer dont l'é- tampure eftégalement femée , & dont : les éponges minces viénnieñt fe termi- nerau bout des quartiers, de maniere que les boutsdes éponges foient de ni- veau avec les talons : on peut même, aux Chevaux qui en ont beaucoup, faire des crampons de corne de la hau- eur d'un tiers de pouce & plus, ce qui les retiendra plus fermement , non- {culement fur le pavé fec & plombé, mais fur toute forte de terreins. Ces crampons de corne ne s’ufent pas; cela eft fi vrai, que quand on ferre le Cheval, ce qui arrive toutes les fix’ femaines ou tous les deux moïs, on eft obligé d’en abattre une partie. Ces fortes de crampons ne peuvent fe faire qu'aux pieds qui ont de petites four- chettes , autrement il faudroit s’en te- nir à la ferrure courte, à celle dont les éponges feroient égales à la mu- raille des talons, & dont la fourchette oferoit à terre; & c'eft ce qui donne e point d'appui au Cheval. Cette fer- rure exécute de même aux quatre pieds. | | P2 340 Traité Économique 2°. La ferrure à demi-cercle con: vient très-bien pour les Chevaux de carrofle. Comme la ferruge à croiffant dont nous venons de parler ne fauroit empêcher le Cheval de gliffer dans le premier temps qu’il pofe fon pied fur le terrein plombé, vu que la pince porte la premiere, & qu’elle eft gar- nie totalement de fer , on mettra le fer à demi-cercle; ce fer doit être mince du côté de l’étampure, plus jufte que le pied , & polé de maniere que lamoitié® de la muraille déborde de fon épaifleur dans tout fon pourtour, Après avoir raifonnablement abattu le pied, on cernera avec la corniere du boutoir le dedans de la muraille , cette partie ui avoifine la fole de la corne; on ds enfuite porter fon fer à chaud, ‘puis on:-latrachera avec des petits clous, dont la tête fera enfoncée moi- uié dans lPétampure; on réparera les bords de la muraille en rond, afin quelle.ne puiffe pas s'écarter, lorfque le Cheval marchera : au moyen de cette ferrure, il marchera fur route la muraille, foit en montant, foit en def cendant iles tué io . 3°. Quand.on emploie la ferrure à demi-cercle pour les Chevaux de felle, il faut que le demi -cercle ou le fer du gros & menu Bétail. 341 foit large de deux ou trois lignes, fur une & demie d’épaifleur ; il doit avoir dix étampures, également femées & contreparées du même côté ; les clous doivent être par conféquent :très-pe- tits; on le placera de la même ma: niere que le précédent, dont il ne differe que par la largeur & par deux trous de plus. Le Cheval ainfi ferré et lus léger, fes mouvemens font plus re , plus fermes fur le pavé fec & plombé, & donnent de la douceur au Cavalier. 4° Quand les Chevaux ufent en pince ; ce qui dénote des animaux ruinés , 1l ne faut point mettre le fer en pincé; mais lui donner plus. d’a- jufture , & tenir les branches à plat & minces, en un mot les ferrer. courts. 5°. Quand un Cheval eft pinçard des pieds de derriere, & par confé- quent fujet à fe déferrer; il faut, au- tant qu'il fera poflble , étamper fon fer près du talon, faire un fort pinçon au fer en pince, & ne point l’entoler; les branches de la voûte du fer doivent aufli être renverfées. au dedans du pied, comme fi on vouloit le ferrer en pantoufle , de maniere que la voûte 3 # rx AU ' 342 Traité Économique | du-pied approche le plus qu'on pourra de la fole dans toute fon étendue. 6%. Quand un Cheval forge, c’eft- à dire, lorfqu’avec la pince de der- tiere il attrape les fers de devant, ‘ce qu’on appelle forge-en-talon, où en attrapant la pince, ce qu’on nomme forge-en-pince : on remédiéra au fecond cas, en laiflant déborder , lorfqu'on le ferrera, la corne en pince , comme fi on voûtoicle cercle ; & au premier cas, en mettant à cés fortes de Che- vaux deux pinçons fur les côtés au fer de devant, quoique ces pinçons ‘deviennent néanmoins très-inutiles, quand le fer porte également, que les rivets font il & que le Cheval ft ferré court & à éponges minces, n°. Lorfqtun, Cheval fe coupe & ‘s'entretaille , c'eft-à-dire , lorfqu’il s'at- trape avec fes fers, qu'il fe heurte les boulets , foit aux pieds de devant, #oit aux pieds de derriere; il y a une maniere particuliere de le ferrer: ou Je Cheval fe coupe de la pince où dés -quattiérs; ff c’eft de la pince, on le fer- réra juite ,en laiffant déborder la corne ‘en pincé; fi c'eft des quartiers, on mettra un fer dont la branche d’en- du gros & menu Bétal. 343 dedans foit courte, mince & étran- lée , fans étampure , incruftée dans l’épäifleur de la muraille, comme fi l'on ferroit à cercle ; la branche d’en- dehors fera à l'ordinaire, excepté que les étampures doivent être ferrées & en même nombre ; il faut encore que “le fer foit étampé en pince, & jufqu’à fa jonétion avec les quartiers. ; 8°. Quand le pied eft foible, c’eft-à- dire, lorfque la muraille eft mince, on mettra des fers légers & étampés maigre, & on aura pour regle géné: rale dé ne point parer le pied, & de ferrer court : cel ainfi qu'on évitera d'enclouer & de piquer. 9°. Quand les talons font bas, foibles & fenfbles , il faut ferrer court , & ne point parer le pied: on aura fur-tout foin que les éponges très-minces viennent finir aux quartiers, & on fera en forte que la fourchette porte entiérement & également en terre. | 10°. I] y a encore une ferrure parti: culiere pour un quartier ferré en de: hors, rénverfé , où il y a une rentrée en dedans, dont la fole eft,bombée, qui joint à cela un talon foible. Sile quartier & la muraille font trop hauts, Vi 344 \Trawé Économique | il faut en abattre, ne point parer le pied, mais mettre un fer à demi-branche du même côté, & le tenir mince vers les talons; il faut aufi que la branche du dehors foit forte, & aille jufqu'à la pointe du talon, que le fer foit beaucoup entolé, & la branche d’en- dedans plate , afin que tout le corps portant fur la voûte & fur la branche d’en-dehors, le quartier d'en-dédans puifle être foulagé, ce que l'on voit en mettant le pied boiteux à bas, & en levant l’autre, Dans cette poftion, l'on. s'apperçoit d'un efpace où l'on eut 2 une lame de couteau entre e quartier & le pavé 12°. Il y a auffi une maniere de fer- rer un pied plat. On examinera fi le Cheval dont le pied eft plat a les'quar- tiers bons ou mauvais, fi les talons font bas , foibles , renverfés, ou s'ils font plus forts que les quartiers; fi les quartiers font mauvais , on con- tiendra pour lors la branche du fer jufqu'à la pointe des talons , & on fera porter l'éponge dans l’endroit du talon qui.a le plus de réfiftance ; il faut que la branche , & principalement l'éponge Loient étrôites ; fi au contraire les talons font foibles, on recouvrira la bran- du gros & menu Bétail. 345$ che, on verra qu'elle porte alors fur la partie la plus forte du quartier, fans qu’elle foit entolée ; d’ailleurs on tâchera toujours que la fourchette foit à terre. | 12°. Les pfleds combles & oïgnons demandent encore une ferrure parti- culiere: voici comme on s’y prendra. Le Maréchal, après avoir déferré le pied , commencera par abattre la mau- vaife corne, fans toucher à la fole : enfuite il préfentera au pied un fer couvert fans étampure; puis l'ayant mis au feu , il l'écampera fuivant le pied, c'eft-à-dire, dans les endroits où il y a de la bonne corne ; maisauparavant, il doit donner la tournure à fon fer, & les fecoufles néceffaires quand il l'étampe. Ce fer doit avoir la figure d’un V, être ouvert des talons, parce qu’en Fajuftant il ne fe refferre que trop; le fer étampé & contreparé , il le remet au feu, pour achever dé lui donner le refte de fa tournure , faus déranger l'étampure, après quoi il en- tole la pince; la pince étant entolée, 1l met une des branches du fer au feu, & entolé plus ou moins, fuivant Poi- gnon ou la plénitude des talons ; il met enfuite au feu l’autre branche; | de : 346 . Traité Économique qu'il entole de même; tout cela faits 1l redonne un coup tout du long de Ja voûte, fans le mettre au feu, ouen J'y mettant, ce qui dépend du plus ou du moins d’adrefle de Ouvrier à finie fon fer ; mais il eft rar@qu'il aille au feu moins de trois fois pour l’ajufter. Après avoir donc totalement ajufté fon fer , le Maréchal le mouille, s'il eft trop chaud, & le préfente au pied; pour voir s'il a manqué. en quelque point; dès qu'il a reconnu ce qu’il doit encore y faire, il le remet au feu pour l'achever. :: PÉPREEL 13°. Voyons actuellement les fer: rures qui conviennent felon les diffé= rentes maladies du pied ; commençons par celle de la feime. Si la feime eft de devant, il faut examiner fi elle at- taque le quartier ou le talon ;: lorf: qu'elle eft fur les talons, on doit met- tre un fer à l'ordinaire, dont la bran- che du côté malade fera raccourcie , & dont le bout aminci viendra porter fur le quartier & fur le fort de la mu- raille;s quand au contraire la feime eft placée fur le quartier, on prolongera le fer ou la branche, jufqu’à la pointe des talons , mais fans y mettre de pin- çon ; fi la feime eft en pince, ce que eo du gros & menu Bétail. 347 lon appelle en pied de bœuf, le Che- val fera ferré à l’ordinaire : on peut mettre un pinçon de chaque côté de la branche, maisil eft poffible de s'en - pañler ; le fifflec que l’on a coutume de prendre en pince ne fert gueres plus; le vrai remede eft de traiter la feime: voyez ce que nous en avons dit en par- lant des maladies des Chevaux. 149. La ferrure pour la bleime fera la même que celle pour la feime; quoi- que celle - là foit une maladie de la fole : destalons, néanmoins le pieddemandeà être ferré plus ou moins court, fuivant le local ; mais {a branche fera toujours - plus mince de ce côté que de l'autre. Si la bleime eft à la pointe du talon, la branche fera plus courte que fi.la bleime étoit vers les quartiers ; dans ce cas , lon prolongeroit la branche :- mince jufqu’a la pointe du talon, en la faifant porter fur la muraille; quand la bleime eft de nature à être traitée, fouvent on eft obligé de mettre pen- - dant tout le traitement un fer étran- glé dans cette partie, pour contenir les éclifles & le refte de l'appareil. 16°, Il y a certains pieds, fur-tout - ceux de derriere , dans lefquels /la - fourchette eft Mr digie petite, _ 348 Traité Économique mais dont des talons font forts ; elle eft expofée à fe remplir d’humeur fanieufe : dans d'autres pieds, cette maladie ‘arrive par le parement de cette fourchette & par fon éloigne- ment deterre; les eaux & les boues entrent dans les différentes lames de -corne ; Ja minent, la corrodent, & forment ce qu'on appelle vulgairement - fourchette pourrie : on y remédie en abat. -tant beaucoup de talon, en le ferrant court , afin qu’elle {6it forcée de por- ter à terre ; par ce moyen, on fait une -compreflion qui oblige l'humeur ou les bouesamañlées de {ortir. M. la Fofle “ffure avoir guéri par ce moyen plu- .fieurs Chevaux qui avoient des fics: -on prendra garde de ne point laiffer de fumier ou d'humidité fous ces pieds , & on aura foin de mettre tous | 6 jours dans Ja fourchetre une diflo- :lution de verd-de-gris dans le vi- . naigre. Hé A 169, La fourbure demande auf des récautions dans la ferrure, Cette ma- - ladie fe manifefte roujours aux pieds, principalement à ceux de devant; il {e trouve des Chevaux qui ont des … cercles ou cordons, bombés ou ren- . trés ; d’autres dont la muraille eft qua- du gros & menu Bétail, , 34 9 tre fois plus épaifle 3 d'autres dont Ja fole de corne eft féparée de la charniere ; d'autres qui, en mar- chant fur les talons ; jettent les pieds en dehors, ce que l'on appelle nager. Ces fortes de Chevaux, lorf- que les talons font bons, doivent être ferrés long, à fortes éponges, parce qu’autrement les talons s’uferojent par la fuite ; mais il faut toujours s’abite- nir de parer Je pied ; cependant , en fuivant cette méthode , on faitun mal our en éviter un plus grand ; auffi c’eft le feul cas où il faille ferrer à fortes éponges. Si le Cheval a un croiflant, & fi la fole de corne eft fé- parée de la charniere, il faut lui met- tre un fer couvert, & l'entoler, de maniere qu'il DR PPIEE pas fur la {ole; c'eft la même ferrure que pour les pieds combles. | 17°. La ferrure pour un pied en- caftelé eft la même que pour le bon pied; elle confifte à ferrer court, _& à ne point parer le pied. Quand l'encaftelure :eft naturelle, il n'y a pas de remede;.mais lorfqu’elle provient de ce qu’on a paré la fole, & creufé les talons, il fuffit de les laifler crot- tre, de les tenir toujours humides ; \ 3$s0o Traité Économique on vérra pour lors les quartiers , & principalement les talons s'ouvrir. | 18°, La ferrure pour un Cheval que l'en va defloler , exige ericore quel- qu'attention. Lorfque ce n'eft point par rapport à une plaie dans le pied qu'on le deflole , maïs pour un effort & d’autres caufes , &c. il faudra lui mettre un fer à l'ordinaire , fe conten- tant fimplement d'allonger les épon- ges & de les tenir droites ; mais fi c'eft par rapport à un fic ou à un clou de rue, on lui mettra pour lors du- rant tout ie temps du traitement un fer étranglé , afin de donner la faci- lité de le panfer. Le Cheval une fois guéri, on doit lui mettre un fer cou- vert, & fans ajüfture, ou prefque ” point. L 19°. Pour ne pas déferrer chaque fois un Cheval qui aura été encloué, on ouvrira avec la tranche une échan- cruré dans le fer; on le panfe alors lus commodément , & on réitere opération une feconde fois, fi le cas l'exige. Lorfque l'enclouure eft aux talons, on échancre dans cetre partie; ce fera une pincée , fi cette partie a été enclouée. : : 20°. Il y a plufeurs.fers qu'on peut du gros & ment Betail. 351 mettre indiftin@ement à toute forte de pieds, mais dont cependant on ne fe fert que dans le cas où un Cheval fe déferre en routé, & quand on ne peut trouver de Maréchal ; ces fers font brifés. Ce font deux-quartiers de fer unis enfemble par le moyen d'un rivet ; on fait fur leur branche un, deux & quelquefois trois rangs d'é- tampures entrelacées 3 d'autres fers, pareïllement brifés, ont leurs bords relevés comme des pinces ; mais ils portent aux éponges une vis d'un côté , & de l’autre un écrou qui forme : le bout de l'éponge, &c. M. la Foffe développe aufli les principes pour ferrer les Mulets & les Anes, folide: ment & avantageufement pour toute forte d’üufage. Il donne quatre efpeces . de ferrures ; la premiere eft la ferrure pour un Mulet qui porte , foit un bût, foit une felle: le fer ne doit débor- der dans ce cas que d’une ligne en ‘ pince feulement , & être relevé : on abattra pour lors beaucoup de la corne en pince, afin d’en procurer la facilité: on ne méttra point de clous en pince, parce qu’ils font broncher le Mület ; les éponges ne doivent pas excéder les talons, & il ne faut point 352 Traité Économique de crampons; enfin, le fer. doit être égal de force par-tout. Pour rendre le pied uni, on en abattra Pexcédent, s’ily en a, avec le boutoir, & l’on Ôtera la mauvaife corne avec le ro- gne-pied, fans néanmoins vuider le dedans du pied, ni ouvrir les talons, mais on les laiflera dans leur forces car lorfqu'ils font parés, le pied fe refferre , ce qui -occalionne la fente du fabot, maladie connue fous le nom de feime. | 2°. Pour ferrer un Mulet qui eft expofé à marcher fur une glace unie, on met un crampon un peu pointu en pince, ou bien deux ou trois clous, dont la tête foit faite en cône , de forte qu'ils puiflent mordre fur la glace. Il ef indifpenfable de mettre des crampons aux Mulets qui doivent marcher dans les montagnes ou dans des terres gralies. 3°. Quand on.veut ferrer les Mu- lets de façon à leur donner une mar- che fûre & ferme fur toute forte de terreins, fur le pavé fec & plombé, il faut les ferrer à cercle; cette ferrure eft plus facile aux Mulets qu'aux Che- vaux, parce que les premiers ont le pied beaucoup: plus petit, & la mu- du gros & menu Détail. 353 raille plus forte, au lieu qu'on ren- contre dans ceux-ci des pieds gras & combles, dont la muraille eft mince : ainfñi cette ferrure ne leur convient pas: ; 4°. Il faut ferrer un Mulet qui tre une voiture comme on ferré un Che- val, c’eft-à-dire, qu’il ne faut pas que le fer déborde, nien pince, ni en de- hors; il faut aufli qu'il foit jufte au pied , & fans crampon ; mais le fer doit être plus fort enspince qu’en éponge, parce que le Mulet ufe en pince, que conféquemment le fer s’ufe da- vantage ; ilne faut pas non plus parer le pied, ni ouvrir les talons. ArTrchEe VIEIL Hifloire Naturelle du Chen: Le Cheval eft connu de tout le monde par la beauté de fa taille, le courage, la force, la docilité de fon caratere, & luxilité infinie dont :il eft à l'homme ; fa domefticité ef fi an- cienne , qu’on netrouve plus de Che- vaux fauvages dans aucune des parties de l'Europe. Ceux que lon voit par troupes dans l’Amérique , font des *354 Traité Économique Chevaux domeftiques, & Européens d'origine# que les Efpagnols y ont “tranfportés, & qui s’y font mülripliés ; on en voit quelquefois dans l'Ifle de Saint-Domingue des troupes de plus de cinq cents, qui courent tous enfem- ble. Lorfqu’ilsapperçoiventun homme, | ils s'arrêtent rous ; lun d’eux s’appro- che à une certaine diftance , fouffle des pafeaux, s'ébroue , prend la fuite, & tous les’ autres le fuivent, à - Ces animaux, quôique rendus à la dature, paroillent , dit-on, avoir *dé- énéré , & être moins beaux qte ceux d'Efpagne, quoiqu’ils foieñt de cette race ; mais ils {ônt beaucoup plus forts, plus légers & plus ner- veux que la plupart des Chevaux do- meftiques ; ils ont, dit M. de Buffon, ce que donne la nacure, la force & la noblefe ; les autres n’ont que ce que l'art peut donner, l’adrefle & l'agré- ment ; leur naturél n’eft point féroce, ils font feulement fiers & fauvages; ils prennent de l'attachement les uns pour les autres ; ils ne fe font point la guerre entreux , & viyent en paix, - parce que leurs appétits font fimples & modérés , & qu'ils ont aflez pour ne fe rien envier. Les Habitans de PAméri- que prennent les Chevaux fauvages . rf fort as m2. : ; . du gros & menu Bétail, 35s dans des lacs de corde, qu’ils tendent dans les endroits que ces animaux fré- : quentent. Si le Cheval fe prend par le col, il s’étrangle luimême , fi oñn'ar- rive pas affez tôt pour le fecourir: on ‘attache l'animal fougueux à un arbre, & en le laiflant deux jours fans boire ni manger, on le rend docile; & même avec ile temps, il devient fi peu fa- rouche, que s'il fe trouve dans le cas de recouvrer fa liberté , il ne devient plus fauvage, & fe laiffe reprendre par {on Maître. La plus noble conquête, ‘dit M. de Buffon, que l'homme ait jamais faite , eft celle de ce fier & fou- CS animal, qui partage avec lui les fatigues de la guerre , & la gloire des combats. Aufli intrépide que fon Mat- tre, le Cheval voit le péril & laffronte ; il fe fait au bruit des armes; il l'aime; il le cherche , & s’anime de la même ar- deur; il partage aufli fes plaifirs de la chafle’; aux rournoïis & à la courfe, il brille & il étincelle; maïs docile au- tant que courageux , il ne fe Jaifle point emporter à fon feu, il fait fé- rimer fes mouvemens ; non-feulement 1! fléchit fous la main de celui qui le guide, mais il femble confulter fes defirs; & obéiffant toujours aux im- 3s6 Traité Économique : preflions qu’il en reçoit, il fe préci- pite, fe modere ou s'arrête, & n'agit que pour. y fatisfaire ; c'eft une créa- ture, qui renonce à fon être, pour n’exifter Quepar la volonté d’un autre, qui fait même la prévenir ; qui, par la promptitude & la précifion de fes mou- vemens , l’exprime & l'exécute ; qui fent autant qu’on le defire, & ne rend qu'autant qu'on veut ; qui fe lrvrant fans réferve , ne fe refufe à rien, fe fere de toutes fes forces , s’excede, & même meurt pour mieux obéir; en un mot la nature lui a donné une difpofi- tion d'amour & de crainte pour l’homme, avec un certain fentiment des fervices que nous pouvons lui rendre , & cet animal connoît moins fon efclavage que le befoin de notre protection, Le Cheval eft de tous les animaux celui qui, avec une grande taille, a Je plus de proportion & d'élégance dans les parties du corps. En lui com- parant les animaux qui font immédia- tement. au-deflus & au-deflous, on trouve que lAne eft mal fait, que le Lion a la tête tropgrofe, que le Boœuf a la jambe trop menue, que le Cha- meau eft difforme, & que le Rhinoce- Re — + d'a du gros & menu Bérail. - 3157 _ros & l'Eléphant ne font pour ainf dire que des mañffes. - On n'obferve pour l'ordinaire les matmeres douces & les qualités focia- les des jeunes Chevaux, que quand ils fe trouvent réunis en troupe. Leur force & leur ardeur ne fe marquantde plus fouvent que par des fignes d’ému- lation , ils cherchent à fe devancer à la courfe, & même à s’animer au pé- ril, en fe défiant de traverfer une ri- vicre, fauter un foflé ; & ceux qui dans ces exercices naturels donnent l'exem- ple, ceux qui d'eux-mêmes vont les premiers, font les plus généreux, les meilleurs , & fouvent lesplus dociles & les le fouples, lorfqu’ils font domtés. u fujet de l’attachement des Che- vaux les uns pour.les autres, on rapporte que parmi les Chevaux de Cavalerie, il y en avoit un fi vieux, qu’il ne pouvoit broyer fa paille ni fon avoine; les deux Chevaux que l’on mettoit habituellement à côté de lui, broyoient-fous leurs dents la paille & l'avoine, &les jettoient enfuite devant le vieillard, qui ne fubüfloit. que par leurs foins généreux. Ce trait fuppofe oh force d’inftin& qui-étonne la rais Le 548 Traité Économique". Les Chevaux, ainfi que tous les ani- maux couverts de poils, muent ordi- nairement au printemps, & quelque- “fois en automne ; ils font alors plus foibles ; il faut les ménager davantage, & les nourrir un peu plus largement. Les Chevaux élevés dans les lieux hu- mides & marécageux, muént aufli de Corne. Li "6 in On peut remarquer dans le Cheval plufeurs fortes d’hennifflemens relatifs à {es paflions. Lorfqu'un Cheval eft animé d'amour, de defirs, d’appétits, il montre les dents, & femble rire ; il les montre aufli dans la colere , & lorf- qu'il veut mordre: il leche quelque- fois, mais moins fréquemment que le bœuf, quieftcependant moins fufcep- tible d’attachement. H 2 Le Cheval ne refle couché & ne: dort guere que deux ou trais heuress il ya même des Chevaux qui dorment debout. L'influence des climats con- tribue beaucoup aux qualités du Che- val; plufeurs de nos Provinces Fran- çoifes fourniffent des Chevaux, dont. les uns font des Chevaux de main, les autres de bons & beaux Chevaux de carrofle, de labourage, de rouliers &c: de fomme; mais il s’en trouve de plus | | | du gros & menu Betail, 3 9 _effimés les üns que les autres. Les Che: vaux Bretons approchent , pour la taille & la fermeté du corps, des Che- vaux Poitevinss ils font courts & ra- maflés ; ils ont la tête courte & char- nue, les yeux d’une moyenne groffeur, la mouftache de la levre fupérieure épaille & ramaflée ; ces Chevaux font propres pour le tirage , maïs peu pro- pres pour la courfe. Les Chevaux Poi-- tevins font bons de corps & de jambes; ils ne font ni beaux, ni bien faits, mais ils ont de la force. Les meïlleurs Che- vaux de felle nous viennent du Li- mofin ; ils reflemblent aflez aux Che- vaux Barbes, & font excellens pour la chafñle , mais lents dans leur accroifle- ment: on ne peut gucre s’en fervir qu'à huit ans: Les Chevaux Normands font à-peu-près de la même taïlle que les Bretons. On fournit les Haras de Normandie de Jumens de Bretagne & d’Etalons d'Efpagne. Ce mêlange pro- : duit des Chevaux trapus, vigoureux, propres aux carrofles, à la Cavalerie & à toute forte d’exercices : il vient ” fur-tout du Côtentin d'excellens Che= : vaux de carrofle, Les Chevaux du Boulonnois& dela : . Françhe-Comité étant trapus, font pros 360 Traité Économique pres pour le tirage ; ceux de Gafco: goe tiennent un peu des Chevaux d'Efpagne, quoique moins beaux de ‘ taille & plus lourds ; ils font: propres aux carrofles , Charriots , & convien- nent à Ja Cavalerie : de la croupe & des jambes , ils imitent: beaucoup le Mulet. FES Les Chevaux de Picardie, de Cham- pagne , Bourgogne , Beauce & Brie font inférieurs aux précédens. En gé- néral, les Chevaux de France ont le défaut contraire aux Barbes: ceux-ci ont les épaules trop ferrées , les nôtres les ont trop grofles. | Les Chevaux Arabes font les plus beaux que l’on connoifle ; il ny a point de précaution qu’on ne prenne en ce Pays pour en conferver la race également belle: oh ne voit que très- rarement de ces Chevaux en France; auffi les Bédouins , fortes d’Arabes, qui fe difent defcendus d'Ifmaël, & qui s'embarraflent fort peu de la gé- néalogie de leurs familles , font-ils très-curieux de celle de leurs Che- vaux; ils les diflinguent en trois ra- ces, les nobles , les méfalliés & les roturiers. Les Chevaux Barbes, ou de Barbarie; font du gros & menu Bétail. 361 font plus communs que les Arabes ; ils ont l’encolure fine , peu chargée de crins, la tête petite, belle, mouton- née, la queue pläcée un peu haut , les. jambes belles, bien faites, fans poil, le nerf bien détaché, le pied bien fait ; ils font légers, & propres à la courfe; leur taille eft un peu petite, car les plus grands n’ont guere plus que quatre pieds huit pouces ; mais l’expé- rience apprend qu'en France, en An- gleterre & en plufieurs autres Contrées, ils engendrent des Poulains plus gen qu'eux. Ceux du Royaume de faroc pañlent pour les meilleurs. L'ex- cellence de ces Chevaux Barbes con- fifle à ne s’abattre jamais, à fe tenir tranquilles : lorfque le Cavalier def- cend , on laiffle tomber la bride; ils ont un grand pas & un galop rapide, les deux feules allures que leur per- mettent les Habitans du pays. Les Chevaux d'Efpagne tiennent le fecond rang après les Pbes: ceux de belle race font épais, bien étof- fés, bas de terre ; ils ont beaucoup de foupleffe & de mouvement dans ‘la démarche, du feu , de la fierté. Les Chevaux. d'Efpagne n'ont guecre plus de \ si pieds neuf à dix pouces s Tom, 2 362 Traité Économique : ceux d’Andaloufe pañlent pour lex meilleurs. On préfere ces Chevaux à tous les autres du monde pour la guerre, pour la pompe & pour le manege. Les Chevaux d’Efpagne font tous marqués à la cuifle, de la marque du Haras où ils ont été élevés. Les plus beaux Chevaux Anglois font af- fez femblables aux Arabes & aux Bar- bes, dont ils fortent en effet; maisils font plus grands, plus étoffés, vigou- reux, capables d'une grande fatigue, excellens pour la chaffe & la courfe, Il féroit à defirer qu’ils euflent plus de prace & de foublètre: ils font durs, & ont peu de liberté dans les épau- les. Tout le monde fait que es An- glois ont beaucoup de goût pour l'art ymnaftique de la courfe. Les Anna- es de Newmarket fourniflent des exemples de Chevaux , qui alloient à a lettre plus vite que le vent. On rapporte qu'un Maître de Pofte d’An- gleterre fit gageure de faire foixante- douze lieues de France en quinze heu- res. Il fe mit en courfe, monta fuccef- fivement quatorze Chevaux, dont il en remOnta fept pour la feconde fois, & fit fa courfe en onze heures trente- deux minutes. Cette courfe eft vrai- du gros & menu Bérail. 36% Yemblablement plus rapide que celle des Jeux Olympiques. . Les Chevaux Napolitains font efti- més pour les attelages; ils ont la tête grofle , l’encolure épaille; ils font dif ficiles à drefler, mais ils ont la taille riche , les mouvemens beaux ; ils font excellens pour lappäreil, & ont de la difpofition à piaffer. Les beaux Chevaux Danois font parfaitement bien moulés, bons pour la guerre & pour l'appareil ; les poils finguliers, comme pie & tigre, ne fe trouvent que dans ces races de Che- vaux. Les Chevaux de Hollande, fur- tout ceux de Frife, font très-bons pour le carrofle : on s'en fert communé- ment en France. Les Chevaux Fla- mands leur font de beaucoup infé- rieurs ; ils ont le pied d’une grandeur démefurée. Les Chevaux d'Allemagne font généralement pefans, & ont peu d’haleine;les Tranfylvains & les Hon- grois au contraire font bons coureurs ; les Huflards & les Marchands Hon- grois leur fendent les nafeaux, pour leur donner, dit-on, plus d’haleine, & les empêcher de hennir à la guerre. Les Chevaux Arabes viennent des Chevaux fanvages des déferts de PA- El 364 Traité Économique dy, rabie, dont on a fait très-ancienne: ment des Haras, qui les ont tant mul- tipliés, que toute l'Afe & l'Afrique en font pleines. Ces Chevaux font fi lé- gers , que quelques-uns d’entr'eux de- vancent les Autruches à la courfe. Les Arabes ne fe feryent de leurs Chevaux que pour la courfe; lorfque l'herbe manque , ils lès nourriflent de dattes & de lait de chameau ; ils gardent pour eux les Jumens, parce qu'ils ont appris par expérience qu’elles réfiftent mieux que les Chevaux à la fatigue. Ils vendent aux Turcs les Chevaux qu'ils ne veulent pas garder pour éta- Jons. Les Arabes aiment finguliérement Jeurs Chevaux ; ils les traitent douce- ment, parlent & raifonnent entreux, _& les font coucher dans leurs tentes. On remarque que ces animaux feim- blent n'ofer remuer , de peur de faire du mal à leurs Hôtes ; & ils fonc fi habitués à vivre dans cette familiarité , qu'ils fouffrent route forte de badina- ges. Pendant tout le jour, les Che- vaux des Arabes reftent à laporte bridés & fellés ; ils leur donnent à boire deux ou trois fois ,; & ne les font manger que la nuir, Quand l'A- rabe monte fa Jument,-& qu'il la préfle du gros & menu Bétail. 365$ légérement, elle part avec une vitefle incroyable , & fauté les haies & les foffés aufli légcérement qu’une biche. Les Chevaux de Turquie fontbeaux, très-fins , pleins de feu, mais délicats. On éleve beaucoup de Chevaux dans la Perfe; communément ils y ont des tailles médiocres ; il y en a même de forts petits , qui n’en font ni moins bons, ni moins forts; il s’y en trouve auf d'une belle tailie. | x? Les Chevaux qui naiffent aux Indes & à la Chine font làches, foibles, etits. Tavernier dit qu'il a vu un jeune Péhce du Mogol en monter un très- bien fait, dont Ja taille n'excédoit pas celle d’un levrier. En 1765, il arriva à Portfmouth un femblable Cheval des Indes ; il étoit ägé de cinq ans, n’a- voit que vingt-huit pouces de hauteur, &.étoit néanmoins très-bien propor- tionné dans fa taille. Les Chevaux dont les Grands dece pays fe fervent, vien- nent de Perfe & d’Arabie ; on leur fait “cuire Île foir des: pois avec du fucre & du beurre ; au lieu d'avoine. Cette nourriture leur donne un peu de force, fans cela ils dépériroient entiérement, parce que le climat leur eit contraire. * Les Tartares ont des Chevaux forts, ah 466 : Traité Économique hardis, vigoureux ; qui marchent deux ou trois jours fans s'arrêter, qui pal- fent quelquefois quatre à cinq jours fans autre nourriture qu’une poignée d’herbe de huit heures en huitheures, & qui d’ailleurs font vingt-quatre heu- res fans boire. Les Chevaux de la Chine au contraire font fi foibles, qu’on ne peut s’en fervir à la guerre ; aufli peut- on dire que ce font les Chevaux. Tar- tases qui ont fait la conquête de la Chine, Hi Les Chevaux d'Irlande, fuivant An:- derfon, font courts, petits, comme dans tout le pays du Nord, où l'ac- croiflement des produétions naturelles de la furface de la terre eft reflerrée par le froid ; au lieu que les. poiflons de mer y font au contraire très-grands. Ces Chevaux, endurcis au climat, fou- tiennent des fatigues incroyables. A l'approche de l’hiver, leur corps fe re couvre d'un crin extrêmement long, roide & épais. ‘ in M. l'Abbé Outhier , dans le Journal de fon Voyage au Nord, nousapprend que les Chevaux y font petits , bons, vifs, fans être vicieux. Comme les La- pons n’en font ufage que pendint l'his ver, parce que pendant l'été ils font du gros & menu Bétail. 367 leurs tranfports par eau, dès le com- mencement du mois de Mai ils don- nent la liberté à leurs Chevaux, qui s’en vont dans certains cantons des forêts, où ils fe réuniffent, vivent en troupes, & changent de canton , lorf- que la pâture leur manque. Quand la faifon devient facheufe, les Che- vaux quittent la forêt, & reviennent chacun à leur logis. Si pendant Fété, le Maître a befoin d’un Cheval, il le va chercher, l'animal fe laiffe prendre; & lorfque fon ouvrage eft fait, il va rejoindre p camarades. | Il réfulte de ces faits, &c plufeurs autres réunis dans l'Hiftoire Naturelle de M. de Buffon, que les Chevaux Ara- bes ont été de tout temps , & font en- core les premiers Chevaux du monde, tant pour la beauté que pour la bonté; que c’eft d'eux que lon tire, foit im- médiatement , foit médiarement, par le moyen des Barbes, les plus beaux Chevaux qui foient en Europe , en Afe & en Afrique ; que le climat d’A- rabie eft vraifemblablement le vrai climat des Chevaux, puifqu’au lieu d'y croifer les races par des races étrange- res, on a foin de les conferver dans toute leur pureté ; que fi ce ciimatn’eft Q 4 “368 Traité Économique pas lui-même le meilleur climat pour les Chevaux, les Arabes l'ont rendu tel, par les foins particuliers qu’ils ont pris de tous les temps d’ennoblir les races, en ne mettant enfemble que les indi- vidus les mieux faits & de la premiere qualité ; que par cette attention fuivie pendant des fiecles, ils ont pu perfec- tionner l'efpece au-delà de ce que la pature avoit fait dans le meilleur cli- mat. On peut encore en conclure que les climats, plus chauds que froids, & fur-tout les pays fecs, font ceux qui conviennent le mieux à lanature de ces animaux. On doit conclure aufli des obfervations de M. de Buffon, qu’en énéral les petits Chevaux font meil- eurs que les grands; que le foin leur eft aufh néceffaire à tous que la nour- riture; qu'avec de la familiarité & des carefles, on en tire beaucoup plus que par la force & les chârimens ; que les Chevaux des Pays chauds ont les os, la corne ; les mufcles plus durs que ceux de nos climats; que quoique la chaleur convienne mieux que le froid à ces animaux ; cependant Île chaud exceflif ne leur convient pas; que le.grand froideft contraire ; qu’en- fin leur habitude & leur naturel dé- du gtos-&.menu Bétail, 369 pendent prefqu'en entier du climat, de la nourriture, des foins & de l’édu- cation, En Guinée, à la Côte d’or, les Che- vaux font très petits, fort indociles, propres à fervir feulement de nourri- ture aux Nesres , qui en aiment la chair autant que celle des chiens. Les Ara- bes mangent auflh la chair des jeunes Chevaux fauvages;ce goût fe retrouve en Tartarie, & même à la Chine. Parmi les Chevaux comme parmi les autres animaux, on voit quelque- fois des écarts de la nature : on peut mettre de ce nombre le Buréphale d’A- lexandre , qui avoirune tête de bœuf; le Cheval que Jules-Céfar fit élever, qui avoit les deux pieds de devant faits prefque comme ceux de l'homme: un Cheval né dans le pays de Vérone, qui avoit, dit-on, latète d'un homme; unautre en Boheme, quiavoit la queue femblabie à celle d’un chiens enfin on prétend en avoir vu d’hermaphrodite. Ce qui eft encore très-fingulier ,, c’eft que l’on a amené de l'Inde en Angle- terre un Cheval carnivore ; il attaquoit les hommes au ventre , & leur man- geoit les entrailles, | . Ce que nous venons de rapporter Q; 370 - : Traité Economique fur l'hiftoire naturelle du Cheval eff extrait du Diéionnaire d'Hiftoire na= turelle de'M. Valmont de Bomare , & celui-ci-ci l’a tiré de l'Hifioire Natu- relle de M. dé Buffon. : Hs D: Ar ré c'rTXS: Du Fourrage & des Plantes qui peuvent fervir de nourriture aux Chevaux. On donne le nom de fourrage à tous les herbages qui fervent de pâture aux animaux qui vivent de végétaux. Les fourrages propres aux Chevaux font le foin, le fon , & la paille de fro- ment: ces fubftances entrent dans le commerce économique ; mais il y a du choix à lés avoir bonnes, car il s’en trouve fouvent beaucoup qui font cor- rompues & altérées par leur mêlange, Un animal, lorfqu’il eft libre & aban- dônné à lui:même , cherche fa pâture dans les prairies & dans les bois ; & pour lors il fe donne bien de garde ‘de brouter parmi les plantes celles qui de leur nature peuvent être nuifi- bles à fa fanté; fon inftin& feul le guide, & dirige fon appétit vers les plantes qui lui conviennent ; mais lorf- du gros & menu Bétail. 371 qu'un animal eft foumis à l'homme, & qu’il eft pour ainfi dire dans un état d’efclavage , il faut pour lors qu'il fe nourrifle de ce qu’on lui prépare & de ce qu'on lui préfente, & il prend Souvent par néceflité des alimens qui lui font contraires ; fon appéut natu- rel ,irrité par la faim, n’a plus la liberté du choix. C’eft le plus fou- vent de la plupart des fourrages , al- térés dans le pré pendant la fénaifon, ou falfifiés par la cupidité des Mar- chands, dans un temps de difette, que furviennent aux Chevaux les far- cins, la gale , la maladie du feu, & fouvent même la morve ; c’eit auf de ces mauvais fourrages que pro- viennent à tous les beftiaux en géné- ral les maladies épidémiques, qui font tant de ravage depuis quelque remps dans toute l'Europe. On trouve un tableau très-bien détaillé des plantes qui doivent compofer un foin falu- taire, dans les Mémoires de la Société Royale d'Agriculture de Bretagne ; nous le rapporterons ci-deflous , de même que l'énumération que donne Linnæus des plantes falutaires ou nuifi- bles aux Chevaux. ‘ ” Le foin que nous avons placé à la 372 \ Traïe Économique tête des différens fourrages propres aux Chevaux , n'eft autre chofe que de lherbe , qu’on a coupée quand elle eft mûre , & qu’on a fait fécher. Les gramens, le trefle & le plantain, font trois plantes qui y dominent pour l'ordinaire. On regarde un foin comme bienfaifant, appétiflant ou fucculent, dans lequel fe trouvent de la jacée noire, de la graflette des prés, des paquerettes , du tuffilage , tous les chiendents , le fainfoin , la petite ché- lidoine, le trefle des prés, les mar- guerites, la dent de lion, la prime- verre , la luzerne, le trefle fauvage à fleurs jaunes, &c; routesces plantes font falutaires aux beftiaux ; mais lorfqu’on y rencontre de laconit ; des différen- tes efpeces de tithymales , de la gra- tiole, de la perficaire, du thlafpi , du thora, de la renoncule connue fous le nom de douve, on peut & même on doit rejetter un pareil foin ; il occa- fionne aux Chevaux des tranchées qui les font fouvent conftiper & enfler ; en un mot, ces plantes font pour eux de vrais poifons. … C’eft ordinairement fur la fin de Juin qu'on commence à faucher les prairies, lorfque l'herbe commence un peu à y” du gros & menu Bétaill. 373 jaunir, & qu’ellé eft en femence ; mais il ne faut pas attendre qu’elle foit mûre; elle perdroit toute fa faveur, & le foin qui en proviendroit ne fourniroit pour Jors qu’un fourrage très-peu fucculent. Quand l'herbe eft coupée, on la faic fécher fur le terrein, & onlafane; c'eft- à-dire, qu'on la remue de temps en tempsavec des fourches; un jour ou deux après , on la raffemble en fillons ou en petit tas ; après quoi on en fait des meules rondes & hautes, & on la laifle ainfi fuer : on a alors ce qu'on ap- pelle le vraifoin.On metle foin en botte fur le pré, & on le ferre enfin dans le fenil. Il y a plufeurs endroits où on ferre le foin fans le botteler. Quand on a eu le bonheur d’avoir du beau temps pour toutes ces opérations, on peut garder le foin au, moins deux ans en meule , ou dans le fenil; mais s'il avoit été mouillé, il feroit à craindre qu'il ne pourrîit en tas , qu’il ne s’é- -chauffär, & qu'il ne mit même quel. quefois le feu au grenier. Pour préve- nir ces accidens,"on mettra au milieu du tas de foin deux ou trois fagots d’épines : on y ménage par ce moyen un grand efpace, où les exhalaïfons chaudes viennent fe rendre de toute 374 : Traité Économique part, & perdent toute leur a@ivité, On évitera de donner trop de foin aux Chevaux ; l'excès les conduit prefque toujours à devenir pouflifs. Le foin nouveau, le foin vafé, celui qui eft trop gros, Ou qui eft pourri, ne vaut abiolument rien à ces animaux, de même que celui dans lequel il fe trouve des plantes pernicieufes. Le foin fe vend au millier, au cent ; les Regrattiers, qui font ceux qui en font commerce , le vendent en petites bottes; le foin qui fe confume à Paris nous vient de l’Ifle de France , des Provinces voilines de la Seine, de _PYonne , de la Marne; il y eft amené, tant par bateaux que par charrettes. Celui qui vient par terre pale pour être-meilleur que le foin de riviere. Chaque botte defoin doit pefer douze, treize & quatorze livres, depuis le mois de Juin jufqu'au premier O&o- bre; dix, onze & douze livres, de- puis le premier O&tobre jufqu’à P4- ques; & huit, neuf & dix livres, de- suis Paques jufqu’à la nouvelle récolte. n accorde ces diminutions fuccef- fives, par le déchet qui furvient tou- jours à cette forte de marchandifes; toutes les bottes doivent être de la du gros & menu Bétail. 37$ même qualité, tant en dédañs qu'en dehors ; fans aucun mêlange de mau- vais foin avec du bon, ni du vieux avec du nouveau, Les marchés de foin ne doivent commencer qu'après la fe- paifon;ileft même défendu aux Mar- chands & autres d'arrher ou d'acheter des foins avant la récolte. Nous avons différentes Ordonnan- -ces émanées de nos Souverains, au fu- -jet du commerce de cette denrée; la plus ancienne de toutes eft celle qui a été publiée par Saint Louis, Le foin nouveau eft dangereux, ainfi & de même que celui qui eft moifi. On pré- fere le foin qui croît dans les prés à mi-côte ; à celui qu'on tire des prés, qui font fitués dans les fonds; l’herbe “en eft plus fine, & eft d’un fuc plus reétifié. Le foin le plus eftimé eft ce- . lui qu’on fauche le premier; il l’'em- porte de beaucoup fur le foin de re- gain; le foin le plus fin eft le meil- leur pour les agneaux, & on donne ordinairement aux vaches le foin qu'on ramafle de deflous les Chevaux. Après le foin, la paille eft un des aug sé alimens des Chevaux: on ‘emploie aufli pour leur litiere. Pour qu’elle foit nourriffante, & en même 276. Traité Économique. temps appétiffante, il faut qu’elle foit mélangée de bonnes plantes, telles que la gefle, le fétu, le grateron, le laitron , le liferon, le melicot , la percefeuille , le pied de lievre , la vefce, la bourfe à palteur, la velvotte, le coquelicot , & plufieurs autres; dont les graines font néanmoins nuifibles à ‘Ja bonté du bled & de lavoine. On pe donne ordinairement de la paille qu'aux Chevaux qui font peu d’ou- vrage, & qui d’ailleurs font grands mangeurs. La meilleure nourriture des Chevaux eft fans contredit l'avoine; ils ne s’en dégoûtent que fort rarement, à moins ‘qu'il ne fe trouve parmi des grains de fenevé, de colfa, de coquelicot. L'ac- cefloire du fourrage eft, comme nous avons dit, le fon ; les Chevaux en fonttrès-friands, lorfqu’il eftnouveau; mais quand il eft vieux , il acquiert une certaine rancidité, qui empêche le Cheval de pouvoir avaler l’avoine, ou de boire de l’eau dans laquelle on en auroit mis. | Outre ces fortes de fourrages dont nous venons de parler, & qui font propres aux Chevaux, il s'en trouve encore d’autres qu'on peut employer à du gros & menu Bétail. 377 défaut de ceux-ci ; mais feulement en cas de difette, telles que les feuilles’ d’acacia, de frêne, de vigne, d'orme, &c. La paille d'avoine n’eft pas eftr- mée pour les Chevaux ; 6 en fait de paille de froment , la plus courte eft la meilleure. La paille nouvellement battue elt préférable à celle qui l’a éié. depuis quelque St ; elle eft plus nourriflante & plus facile à être voi- turée dans l'eflomac, Nous allons rapporter atuellement l'énumération des plantes dont les Chevaux font friands, & de celles que les animaux rejettent totalement, Cetre énumération eft le réfulrat de différen- . tes expériences qui ont été faites par Linnæus, & qui fe trouvent rappor- tées dans fes Aimeænit, Acad. Ces ani- maux font plus friands qu'aucun autre fur les herbes dont ils {e nourriffent. Ces herbes font: 1. Veronica maf. 2. Veronica fcutellata. 3. Veronica Beccabunga rotunda. 4. Ve- ronica oblongis caulibus. $. Veronica cym: balarifolia. 6. Anthoxanthum vulgare. 7. Scirpus fylvaticus. 8. Scirpus palufiris. 0. Nardus pratenfis. 10. Phalaris arundina-. cea. 11. Phleum vulgare. 12. Alopecurus ereëlus, 13. Alopecurus infraëlus, 14 Me 378 Traité Économique lica liliata. 15. Melica nutans. 16. Agrof> tis fpica venti, 17. Agroflis enodis. 18. Agroftis arundinacea. 19. Agroflis pyra- mydalis. 20, Agroflis flolonifera. 21. Agrof- tistenuiffima, 22. Agroflisfupina. 23. Aira Dalekarlica. 24. Are flexuofa. 25. Aira miliacea. 26. Aira fpica larendulæ. 277. Poa gigantea, 28. Poa compreffa repens. 29. Poa annua. 30. Poa vulgaris maxima. 31. . Poa angujflifolia. 32. Poa media. 33. Poa alpina variegata. 34. Cynofurus cœruleus. 35. Cynofurus paniculatus. 36. Bromus vulgaris. 37. Bromus Upfalenfis. 38. Bro- mus tellorum. 39. Bromus hordeiformis. 40. Bromus perennis maxima. 41. Bromus fpica brigæ. 42. Fefluca nutans. 43. Fefluca _ marginea. 44. Fefluca rubra. 45. Fefluca vivipara, 46. Fefluca ovina. 47. Arena pratenfis. 48. Avena volitans. 49. Arundo lacuflris. $0. Triticum rad. officinarum. $ 1. Elynus maritimus. $ 2. Hordeum murinum. $3.Scabiofa vulgaris. $ 4. Scabiofa Gothlan- dica. $5. Scabiofa Paie. $6. Sherardia fcanica. $7. Afperula odorata. $8. Afpe- rula rubeola. $9. Gallium flækenfe. 60. Gallium quadrifidum. 61. Gallium cruciata. 62. Aparine- vulgaris, 63. Aparine Pari- Jienfis. 64. Plantago lanceolata. 65. San- guiforba Gothlandica. 66. Cornus fæmina. 67. Cornus herbacea, 68, Alchimilla yul- du gros & menu Bétail. 379 garis. 69. Anchufa bugloffum. 70. Lycop- Jis arvenfis. m1. Afperugo vulgaris. 72. Primula purpurea. 73. Convolyulus arven- Jis. 74. Convolvulus maximus. 75. Pole - monium glabrum. 76. Campanula vulsaris. 77. Campanula magno flore. 78. Campa- nula gigantea. 79. Hedera repens. 80. Rhamnus catharticus. 8 1. Ribes groffularia. 82. Ribes rubra. 83. Ribes nigra. 84. Ri- bes Alpina. 85. Herniaria glabra. 86. Che- nopodium repandifolium. 87. Chenopodium vulyaria. 88. Ulmus campeffris. 89. Dau- cus fylvefiris. 90. Tordÿlium rubrum. 95. Selinum pratenfe. 92. Setinun oreofelinum. 93. Laferpitium majus. 04. Heracleum vulgare. O$. Liguflicum fcothicum. 96. Sium maus, 97. Phellandrium aquaticurm. 98. Cicuta aquatica. 99. Œthufa artedii. 100. Pimpinella oficinarum. 101. Par- naffia vulgaris. 102. Statice Capirata. 103. Linum catharticum. 104. Antheri- cum offifragum. 105$. Ornithogallum ma- jus. 106. Convallaria cordifolia. 107, Jun- cus bufonius. 108. Juncus valentii, 100. Jun- cus fylyaticus. 310. Juncus pfyllü. 111. Juncus acetofa pratenfis. 112. Juncus ace. tofa lanceolata. 113. Triglochin tricup{ula- ris. 114. Triglochin fexlocularis, 115. Alif= ma erecta. 1 16.Trientalis trollii. 117. Epi- lobium hirfutum. 118, Epilobium monta - 380 Traité Économique num, 119. Epilobium palufire. 1204Eric@ vulgaris, 121. Vaccinium maximum, 122. Perficaria amphibia. 123. Perficaria miris. 124. Polygonum vulgare, 125. Dianthus vulgaris, 126. Dianthus fcanenfis. 127. Scleranthus annuus. 128. Cucubalus Behen. 129. Cucubalus dioicus. 1 30. Silene nutans. 131. Silene Wfpothica. 132. Alfine pen- tagina. 133. Aline graminea. 134. Are: naria portulaca. 135. Spergula verticillata. 136. Ceraflium vifco[um. 137. Agrof- temma agreflis, 138. Lychnis aquatica.1 39. Lythrum paluffre. 140. Prunus fpino/à. 141, Cratægus oxyacantha. 142. Sorbus aucuparia. 143. Pyrus pyrafler. 144. Pyrus malus, 145$, Mefpilus cotonaftér. 146. Ru- bus Norlandicus. 147. Potentilla anjerina. 148. Potentilla fruticofa. 149. Potentilla reptans. 150. Potentilla taire 0 PE Potentilla fragifera. 152. Potentilla Nor- vegica, 153. Lilia communis. 154. Ciflus vulgaris. 155$. Euphorbia folifequia. 156. Thaliétrum Canadenfe. 157. Thaliétrum friélum. 1 $ 8. Ranunculus Re 159. Ranunculus repens. 160. Thymus Acinos. 161. Origanum vulgare. 162. Mentha ar- venfis, 163. Mentha aquatica. 164. Gle- choma hedera terreftris. 165$. Lamium ru- brum. 166. Lamium amplexicaule. 167. Leonurus cardiaca.168. Mélaniyrur cæru: du gros & menu Bétail, 381 Teum, 169. Euphrafia vulgaris. 170. Eu- phrafia odorata. 171. Draba nudicaulis. 172. Thlafpi Bur/a pafloris. 173.Myagrum fativum., 174. Sifymbrium pinnatifidum. 475. Eryfimum leucoii folio. 176. Rapha- nus raphaniftrum. 177. Buniascakile. 178. ‘Crambe maritima. 179. Geranium fan- guineum, 180. Geranium gratia Dei. 181. Geranium malvaceum. 182. Geranium ro- bertianum.1 83 .Geranium Cicutarium.1 84. Malva Alcea. 185. Malva vulgaris 186. Walva Suaveolens. 1387. Genifla tinéloria. ‘188. Affragalus dulcis, 189. Orobus ver- nus. 190, Orobus tuberofus. 191. Orobus “niger. 192. Lathyrus collium. 193, Lathy- rus W-gothicus. 104. Lathyrus pratenfis. "195. Lathyrus Clymenum. 196. Vicia “fativa. 197. Vicia fepium. 198. Vicia fæ- “tidas 199. Vicia fcanica maxima, 200. Wicia cracea. 201. Ervum arvenfe. 202. Cicer arvenfis. 203, Pifum W-gothicum. 204. Pifum maritimum. 205$. Lotus vulga- ris. 200. Trifolium montanum. 207. Tri- folium album. 208. Trifolium purpureum. 209. Trifolium lupulinum. 210. Trifolium Anglicum. 211. Trifolium melilotus. 112, * Medicago noftras, 213. Medicago biennis, 214. Leontodon chondrilloides. 215. Hy- ‘pochæris pratenfis, 216. Hieracium pulmo- naria, ‘217. Hieraciim frutico/um. 228, #82 Traité Économique: Crepis tinélorum. 2 19. Sonéhus levis. 2204 Sonchus :repens. 221.Sonchus lapponicus. 222. Prenanthes umbrofa. 223. Scorfo- nera pannonica, 224 Tragopogon luteum. 225. Lapfana vulgaris, 226. Carduus lanceolatus. 227. Carduus nutans, 228. Carduus helenii folio. 229. Carduus crifpus. 230. Carduus palufiris. 231, Serratula Carduus avene. 232. Artemifia vulgaris, 233. Artemifia Ab{ÿnthium. 234. Arthe- mifia feryphium. 235 .Gnaphalium dioicum. 236. Tuffilago petafites. 237. Doronicum Arnica. 238. Solidago Virga aurea. 239. Inula Helenium. 240. Inula [alicis folio. 241. Afler tripolium. 242. Buphtalmum tinélorium, 243. Chryfanthemum leucan- themum. 244. Matricaria Chamomaælum nobile. 245, Achillea Wille-folium. 246, Achillea Ptarmica, 247. Centaurea maxi- ma. 248. Centaurea Jacea. 249. Cnicus acanthifolius. 250. Viola trachelifolia. 251. Zoflera maritima. 252, Carex ferru- ginea. 253. Carex echinata. 254, Carex cefpitofa, 25 5. Carex cærulea. 256. Spar- ganium erelum, 257. Alnus glutinofa. 258. Betula vulgaris, 259. Betula nana. 260..Xanthium inerme. 261. Sagittaria aquatica, 263. Quercus longo. pedunculo. 263. Salix flipuls trapeziformibus, 264, Æalix fenimeflorum, 265. Salix latifolia du gros & menu Bétail. 383% rotunda. 266.Salix glabra arborea. 267. Salix viminialis. 268, Hippophaë maritima. 269. Myrica Brabantica. 270. Humulus faliétorius. 271. Populus alba. 272. Popu- lus nigra. 273. Juniperus frutex. 274. Equifetum fylyaticum. 275. Polipodium f1- lix faxatilis, On met au nombre des plantes qui déplaifent aux Chevaux. 1. Salicornia maritima. 2. Hippuris aquatica. 3. Wero- nica Ternifolia. 4. Veronica fpicata. $.Ve- ronica beccabunga oblonga. 6. Veronica pfeudo-Chæmadrys. 7. Pinguinela vulgaris. 8.Pinguinela alba. 9. Pinguinela minima. 10. Werbena vulgaris. 13, Lycopus paluf- tris, 12. Salyia orntinum. 13. Valeriana vulgaris. 14. ris palufhis. a$. Ariopho-. rum polifiachion, 16. Montia paluiris. 17. Galium luteum. 18. Plantago vulgaris. 19. Plantago radice lanata. 20, Evorymus vul. garis.21./lchemilla alpina. 22.Cuftuta pa- rafitica, 23. Potamogeton perfoligtum. 24. Mofitis arvenfis. 25,.Myofitis lappula. 16. Lithofpermum officinarum. 27. Lithofper- mum annuum. 28, Cynogloffum vulgare. 29. Symphytum majus. 30. Pulmonaria immaculate, 3 1. Echium fcanenfe. 32. Pri- mula vulgaris, 33. Menyanthes trifoliata. 34. Samolus maritima. 35. Lyfimachia vulgaris, 36. free axillaris, 37 284 Traité Économique Lyfimachia nummularia. 38.Diapenfia lap: -ponica. 39. Campanula trachelium, 40, Hyof: cyamus vuloaris.41.Datura erecta.42.V'er- baftum hirfutum.43. Verbafcumnigrum.44 V'erbafcum fcanicum, 45. Solanum vulgare. 46.Solanum dulcamara. 47. Lonicera Ca- prifolium. 48. Lonicera Xylofteum. 49. Af- clepias vulgaris. SO. Gentiana amarella. SI. Sal/ola pungens. $ 2. Chenopodium Henricus. -$ 3. Chenopodium Upfalienfe. $4. Chenopo- dium purpurafcens, $ $. Chenopodium fege- tum, $ 6. Chenopodium ftramonifolium. 57. Chenopodium polifpermum.$ 8, Sanicula [yl- vatica. $9. Conium arvenfe. 6o. Angelica alpina. 61. Angelica fylyatica. 62. Œnan- the aquatica. 63. Œnanthe fucco crocante. 64. Scandix fativa. 6$. Apium palulire. 66. Opulus paluftris. 67. Sambucus arborea. 68, Sambucus ebulus. 69. Afparagus fta- nenfis. 70. Convallaria lilium convallium. 71. Convallaria poly gonatum. 772. Acorus - palufiris. 73. Berberis fpinofa. 74. Rumex Britannica. 75. Acer platanoides. 76. Epi- Lobium irregulare. 77. Daphne rubra. 78. Vaccinium nigrum. 79. Vaccinium Vitis idæa. 80. Vaccinium occycoccus. 8x. Perfi. caria urens, 82. Biflorta minor, 83. Hel- œine fcandens. 84. Hlxine fativum. 85. Paris nemorum. 86. Butomus paluftris. 87. Andromeda vulgaris, sg. Andromeda cæ- rulea, du gros & menu Bétail. 385$. rulea, 89. Andromeda ruftofa. 90. Arbu= tus uyæ urfi. 91. Ledum graveolens. 92. Saxifraga officinarum. 9 3. Oxalis fylvatica. 94: Sedum télephium. 95. Sedum acre. 96. ÆAgrimonia ‘officinarum, 97. Padus folio de- ciduo. 98. Filipendula molon, 99. Filipen- dula ulmaria, 100. Rofa major. 101. Rofa minor, 102, Rubus idæus. 103. Rubus cæfius. 104. Rubus favatilis. 105$. Fra- garia vulgaris. 106. Potentilla argentea. 107. Tormentilla officinarum. 108. Co- marum palufire. 109. Dryas lapponica. 110. Nymphæa lutea, 1 11. Nymphæa alba. 112. Papayer glabrum. 113, Papaver hif- pidum. 114. Chelidonium, 115. AGea ni- gra 116. Euphorbia fruticofa, 117. Refeda luteola, 118. Aconitum lapponicum. 119. Aconitum :napellus. 120. Aquilegia offici- cinarüm, 121. Hepatica verna. 122. Pulfz- tilla vulgaris. 123. Pulfatilla dalekarlica, 124. Anemone nemoro[a. 125. Ranunculus aquatilis. 126, Caltha palufiris, 127. Hel- | Leborus trollius. 128, Ajuga verna. 129. | Teucrium ftordium. 130. Clinopodium mon- tanum, 131, Ballota fcanenfis. 132. Mar- rubium vulgare. 133Nepeta vulgaris. 134, Stachys :arvenfis. 13 $ Galeopfis tetrahie. 1364 Galeopjis : ladanum. 137. Lamium perenne. 138. Scutellaria vulgaris. 139. Antirrhinum linarig,140,Antirrhinum Up- Tom. L | R 386 Traité Économique À falienfe. 1414 Pedicularis calyce tuberculofos 142. Pedicularis fceptrum carolinum. 143. Melampyrum vulgare.: 44. Lathræa fquam- maria, 145, Scrophularia fœtida, 146. Lin- nea. 147. Alyfjum f[canenfe. 148. Thlafpi arvenfe. 149. Thlafpi campefire. 1 50. Lepi- dium perenne, 1$1: Lepidium ofyris. 1524. Cochlearid” vulgaris. 153. Cochlearia da nica. 1544 Cochlearia armoracia, 15 $+ Ifa- ris maritima. 1$6. Turritis glabra. 157. Braffica perfoliata. 15 8..Eryfimum vulgare. 159. Eryfimurbarbarea. 160, Eryfimum ” alliaria. 16%, Cardamine Pi UE 162, Géranium batrachioides. 163. Malva re- pens. 164, Fumaria officinarum. 165. Ono- nis inermis, 166. Ononis fpinofa. 167. Hypericum quadrangulare. 168. Hypericum anceps. 169. Hypericum teres, 170: Leon. todon taraxacum, 171. Hyeracium pilofélla: officinarum. 172, Cichorium ant 173 Arëlium lappa, 174: Onopordon: 175. Bi- dens tripartita. 170. Bidens nutans. 177. Eupatorium cannabinum. 178, Tanacetum vulgare. 179, Tuffilago farfara. 180. Se- necio vulgaris, 181. Inula paluftris. .1824 Matricaria chamomillum vulsare. 183. An themis fœrtida. 184. Cenraurea cyanus. 185. Viola canina. 180: Wiola apetala. 1 87. Viola tricolor, 188. Impatiens nemorum, 389. Orchis morio: 190, Orchis calsaribus. | | Li à x … du gros & menu Bétail. 387 oblongis. 191. Orchis fambucina. 192. Or- chis maculata. 193. Satyrium jemtium, 194, Calla palufiris. 19 $. Urtice perennis.196. Urtica annua. 197. Pinus arbor. 158, Bryonia alba. 199. Populus tremula. 200. Taxus arborea. 201. Fraxinus apetala. 202: Empetrum nigrum. 203. Equifetum arvenfe. 204, Pteris fæmina. Nous avons dénommé ces plantes par les noms triviaux que Linnæus emploie dans fa Diflertation, ponr- abréger par-là la dénomination des, phrafes botani- ques. gx is AG La Société Royale d'Agriculture de Bretagne indique très-bien, dans. un tableau qu’elle a fait drefler , les her- bes des prés, foit hauts, foit bas, qui font les plus profitables aux Chevaux & aux autres animaux domeftiques , & celles qui lui font nuifibles, , Nous ne pouvons donc.mieux finir cet article qu’en y rapportant cette énumération.. La plupart des. plantes..qu'on trouve plus ou moins abondamment dans‘ les prairies, foit hautes,, foit moyennes om bafes, font: hui FE 1. Graämen pratenfe paniculatüm, maïus: anguftiore falio. Cette :planterelttnès- onne. 2, Gramen capillatum paniculis rubentibus, 3, Gramen fpicatum glumis crif= R2 ; avi, taf 388 Traité Économique | ratis, Ces deux efpeces palfent pouf bonnes. 4. Gramen ‘pratenfe paniculatum molle ; efpece excellente, $. Gramen pi. catum folio afpero, 6. Gramen typhoïdes maximum fpic4 longiffimd. Ces deux ef: eces font mifes dans la claffe des onnes. 7. Gremen liliaceum radice re- pente ; chiendent, 8. Gramen panicula- tum majus latiore folie. Celles-ci font ex- çgellentes. 9: Gramen anthoxanthon fpi- catum, 10, Gramen tremulum minus pani- eul4 parväs Ces deux gramens pañene our bons ; mais les cinq plantes fui- : yantes font de nulle valeur dans les rairies : la derniere même de ces cinq lantes eft nuifible à la végétation des autres, 11, Acetofa arvenfis lanceolata, 12, Bellis fylreflris ; la paquerette où jetite marguerite, 17, Betonica purpus rea ; la bétoine. 14, Buphtalmum vul- pare 5 œil de bœuf, ou grande mar- suerite, 15, Cuftuta ; cufcute, On peut mettre aufli parmi les plantes inutiles es prairies, celles qui fuivent. 16, uiférum minus terreftre ; prêle, 17. Eu- hrafia officinarum ; euphraile, 18, Gal. lium: Luteum 3 caillelait. 19: Hieraoium uod pilofellæ major repens mnus hirfuta herbe à épervier, 20, Hypericum mins giifumz milleperenis, 21. Jacea nigra du gros & menu Bétail. 389 pratenfis ; la jacée, 22. Jacobea fenecionis folio ; la jacobée. 23. Juncus lævis pani- cul4 non fparfé ; jonc. 24, Laparhum fo- Lio acuto rubente ; patience, parelle. 254 Linum [ylvefre; lin. 26. Ænanthe aqua- tica, 27; Pedicularis pratenfis lurea , Jive crifla galli; pediculaire. 28: Rapunculus fpicatus ; raiponce. 29. Scabiofa pratenfis hirfuta officinarum ; la fcabieufe: 304 Sphondilium vulgare hirfutum ; berce: 344 Tormentilla vulgaris ; tormentille. 32. Tragofelinum majus umbella candida ; bou- cage. 33. Ranunculus pratenfis ereilus acris ; renoncule, bouton d'or fimple, griffe de lion, pied de coq. Les deux plantes fuivantes ne font pas feuiement inutiles dans les prairies ; elles font même encore fort mauvaifes. 34. Mil- lefolium vulgare album; millefeuiile. 3 $. © Prarmica vulgaris folio longo ferrato ; mais en revanche, on peut regarder comme très-bonnes les dernieres dont nous allons faire mention. 36. Lathyrus fyl- veftris luteus , foliis viciæ ; gefle. 37. Lotus pentaphillos flore majore luteo [plendente ; lotier. 38. Poligala minor vulgaris flore cæruleo, 39. Trifolium pratenfe purpureum : ‘trefle à fleur rouge , trémine. 40. Trifolium luteum capitulo lupuli , vel agra- rium; triolet. 41, Wicia rss fiore 3 390 Traité Économique purpureo ; vefce. 42. Wicia vulgaris acu< tiore folio , femine parvo nigro. On peut fe convaincre, par le dé- tail dans lequel nous venons d’entrer,; que parmi les quarante-deux plantes dont Îles prairies font ordinairement compofées , il s’en trouve vingt-une inutiles ; A parafite , connue ous le nom de cufiute, qui nuit à la “végétation des autres ; trois qui font nüifibles au bétail, & dix-fept qui four- niflent une bonne nourriture , parmi lefquelles on compte dix efpeces de gramen; par conféquent, quand on veut former des prairies naturelles, & même des artificielles, il eft très-facile de fe régler là-deffus : on choifira par préférence les dix-fept bonnes efpeces, & on rejettera toutes les autres. ARTICLE X. Des Maladies des Chevaux. Après avoir confidéré le Cheval en état de fanté , il faut enfuite l'exami- ner dans l’état de maladie. Nous ferons très précis dans cet article, d’autant que nous nous propofons de traiter plus au long, dans un Traité particu- . dugros & menu Bétail. 395% lier, qui eft fous prefle, des différen- tes maladies des animaux domeftiques, fous le titre de Médecine des Animaux Domefliques. Comme c’eft-là le princi- al but de l'Art Vétérinaire, c’eft ce- ui auquel on doit principalement s’at- tacher. La maladie la plus importante des Chévaux, & cependant la moins con- nue, eft là morve ; tousles Auteurs, jufqu'à ces temps reculés, Pont regar- dée comme incurable, & elle l’étoit effectivement; mais M. la Fofle, Ma- réchal ferrant, à Paris, étant parvenu, par le moyen de l'anatomie , à la dé- couverte des caufes de cette maladie, a enfin trouvé les moyens de la trai- ter. La morve eft un écoulement qui fe fait par les narines ; c’eft d’abord une liqueur blanchatre qui en découle ; en- fuite, à mefure que la maladie aug- mente, cette liqueur fe rembrunit , & avec Île temps devient fanguinolente: Cet écoulement finit par être fi abon- dant, que l’animal périt à vue d’oeil ; il eft même pour lors très-dégoûtant. Les plus anciens Auteurs qui ont écrit fur cette maladie, ont fuppofé le fiege de la morve dans le cerveau. Il y R + B92 Trait Économique à en a encore qui ont imaginé que la morve avoit fon fiege dans l’épine du dos , & que la moëlle allongée dé- couloit par les narines. Ces deux opinions foht totalement contraires aux obfervations anatomiques. Des Auteurs plus modernes ont fuppofé le fiege du mal dans le foie , d’autres lont placé dans les poumons, quel- ques-uns dans les reins, & même il seft trouvé des Auteurs qui s’imagi noient qu’elle exiftoit dans la rate, So- leyfel'ne doutoit pas que ces partiesne fuflent le fiege du mal; il en trace même la route par la veine cœliaque , jufqu'à la tête, où il le fait placer dans les glandes parotides. C’eft de ces glandes que la liqueur s'écoule & #é- panche par les natines.! | L'anatomie , les obfervations, & la méthode aëêtuellement adoptée pour guerir cette maladie, prouvent que fon fiege eft en effet. dans la partie même où elle commence à parottre, & qu'elle eft par conféquent fituée dans les glandes répandues dans la membrane pituitaire qui tapiffe la par- tie intérieure des narines , & que nulle autre partie de l’animal n’en eft infettée, | 2 du’ gros & menu Bétail. 393 Lorfque la morve ne flue que par une des narines, on remarque que la glande maxillaire du même côté eft gonflée & enflammée, & que celle qui eft de l’autre côté fain, eft dans fon état naturel ; mais que dès que la morve flue par les deux narines, l’une & l’autre glandes font également af- fe&ées. Lorfque ces glandes font en- flammées , l'écoulement de la matiere commence; & comme l’animal baïfe Ja tête pour manger , cette fituation favorife encore l’écoulement. Cette maladie provient d'un grand froid, fans fouvent qu'il y ait aucune infirmité dans l’animal qui y participe ; elle peut encore avoir pour principe une matiére morbifique, qui de la par- tie qu’elle affeétoit , fe jette fur la mem- brane pituitaire, où elle peut faire des poere violens par la mauvaife qua- ité du fang. Si la mauvaife qualité du fang fe joint à la morve, cela rend la cure & plus difficile & plus longue ; il faut pour lors purifier & rafraîchir le fang par un mélange de foufre & d'anti- moine avec l'avoine qu'on donne à manger au Cheval, | Pour mieux entendre le fiege de R 5 -204 _ Joe Économique cette maladie, il faut confidérer que la membrane pituitaire contient plufieurs petites glandes , qui fournifient une certaine humidité qui la rend fouple & life. Quand ces glandes font dans l’état naturel, l'humidité qu’elles ren- dent s'écoule par les narines , fans caufer aucun mal; mais lorfqu'il fur- vient quelque vice dans cette liqueur, que les glandes fuintent continuelle- ment, elle eft fale & corrompue, & c'eft cet écoulement purulent que l'on appelle morve, Toute cette membrane, & les glan- des dont elle eft garnie, font le fiege de la morve. Au commencement de la maladie, les glandes, principalement celles qui font dans les finus fron- taux, tapiflés de la même mem- brane, ne font que s’enfler & fe dé- charger de la trop grande quantité de matieres dont elles abondeut. Lorfque Ja maladie fait des progrès , les finus deviennent ulcéreux , & alors la ma- tiere qui en découle eft plus épaifle & plus dégoütante; mais lorfque la maladie eft à fon dernier période , toute la mémbrane de cette partie s'en- flamme, s’enfle , & fe trouve rongée; alors la matiere qui en découle eft fan- du gros & menu Bétail. 395$ uinolente : tout cela eff démontré par Fe Chevaux morts. | ie La morve fe montre d'abord dans. la partie de la membrane pituitaire , où lef plus grofles glandes fe trouvent placées, c’eft-à-dire | dans les. finus frontaux; en forte que cesglandes font particuliérement le vrai fiege de la ma- ladie, laquelle s’étend le long de la membrane pituitaire. La morve fe borne ordinairement à ces parties. Lorfque le mal eft extrême , on trou- ve la cloifon des narines qui eft cou- verte de cette membrane , rongée par: l’âcreté de l'humeur dont elle eft envi- ronnée ; & on ne remarque jamais d’autres os affe&és. Le rhume peut donner lieu à la morve, lorfqu'il fe fixe fur les nari-. nes. Quand cela arrive, le mal s’an- nonce par le reniflement du Cheval, par les fréquens mouvemens de fa tête, & par l'humidité plus abondante qu'à l'ordinaire, qui coule de fes nari- nes. Si l'animal eft d’ailleurs difpofé à la fievre, la membrane & les glan- des fe gonflent, senflamment, & tous les autres fymptômes paroiflent natu- rellement. C'eft une ét à très-forte 6 896 Traté Économique pour ne pas négliger les rhumes dans les Chevaux.! Dès qu’on s’apperçoit que le rhume tombe dans les narines du Cheval, on peut croire qu'il ya catarrhe , au- trement coryZa; il faut lui faire une faignée abondante , pour étudier la difpofition inflammatoire ; après quoi 1l faut lui donner deux fois par jour une boiflon bien chaude, & le pro- mener doucement, On tiendra fur tou- tes chofes le Cheval chaudement & proprement , & le lendemain de la faignée , on le purgera avec une mé- decine ordinaire; fi cela ne fuffit pas, on réitérera la faignée le jour fuivant ; on la fera aufli abondante que la pre- miere, & on continuera ainfi le régime ci-deflus pendant un jour. Une indigeftion peut aufli caufer la morve aux Chevaux; fon effet eft de corrompre le fang , & de produire une . furabondance d'humeurs groffñeres , i cherchent naturellement à s'épan- cher par les glandes de la membrane pituitaire, Ces humeurs ; mal cuites & mal digérées , doivent faire un engor- gement , enflammer par conféquent ; & même ulcérer la partie, parlà reté Jr SA . .\ . du gros & menu Beéral. 397 qu’elles acquierent en féjournant dans la membrane pituitaire ; la morve s’en- fuit pour lors ; & elle eft d'autant plus dangereule & difficile à guérir, que le fang eft vicié. Outre les reme- des propres à la morve, que nous détaillerons ci-après, on mélera avec la nourriture qu’on donnera aux Che- vaux, du foufre & de lantimoine. Avant que-d’entreprendre la cure de la morve, il faut être bien affuré de fon exiftence, & obferver exactement la couleur de la matiere qui s'écoule par le nez. Si elle eftâcre, corrofive, & d’une couleur dégoûtante ; fi & membrane pituitaire eft enflée, enflammée, & rongée de petits ulceres ; fi la matiere coule continuellement ; le Cheval d’ailleurs fe portant bien , on peut être afluré que c’eft la morve dont il eft affecté ; mais fi la matiere eft épaille, blanche; fi l'intérieur du nez n'eft ni enflé ni ulcéré ; fi la matiere coule peu, tandis que l'animal eft en repos dans l'écurie , & fi lPécoulement au contraire augmente, lorfqu’on le fait travailler; s’il refpire dificilement, & s’il fe fait en refpirant l'air une efpece de rälement dans la poitrine , ces dif- férens fymptômes caraférifent pour 398 Traité Économique lors l'abcès du poumon, qui eft une maladie incurable. | La méthode la plus fûre pour trai- ter la morve, eft de nettoyer & de dé- charger la partie affetée de cette ma- tiere âcre qui y féjourne. Si tout le mal étoit à l’extérieur du nez, rien ne feroit plus facile que d'y remédier; mais sil eft interne , il n'y peut avoir pour lors d'autre moyen .que d'en ve- nir à l'opération à l’endroit le plus commode, pour injecter les liqueurs dé- terfives qui conviennent le plus dans la partie affectée où eft le fiege du _ mal. Cette opération eft une efpece de trépan ; aŸant que d'y procéder, il faut remarquer, 1°. fi la maladie n'eft que dans une narine, ou fi les deux en font affectées. Dans le premier cas, une feule ouverture fufit ; dans le fe- cond, il en faut faire deux, une pour chaque narine, à chaque côté de la tête , un peu au-deffous des yeux. On fe fert d’une feringue pour inje&ter les liqueurs convenables , & lon lave & déterge ainf les parties affeétées. L'os pération doit fe faire de telle façon, qu’en pointant par les ouvertures de la feringue en haut, on puille injeéter tout l'intérieur des finus frontaux. On du gros & menu Bétail. 399 emploie fucceflivement différentes li- queurs pour les injeétions. « La liqueur qu'on emploie pour la premiere injection fe prépare ainf. On fait bouillir douze pintes d’eau au pre- mier bouillon ; on la verfe dansun vale affez grand pour contenir trois fois la même quantité ; on y jette peu-à-peu trois livres de chaux, la plus fine &la plus déliée ; il fe fait une effervefcence ; Peau fe clarifie & devient tranfparente, à mefure que la chaux fe précipite au fond du vafe; on verfe enfuite par inclination la liqueur , & on la laifle repofer pendant toute la nuit ; on: trouve le matin une efpece de crême qui fe forme fur la furface; on Pôre avec une écumoire,% on met laliqueur dans une bouteille.Cette eau de chaux a autant de force qu'illui en faut pour déterger les finuofités de la cloifon du nez & des finus frontaux. On mêle enfuite avec deux pintes de cette eau de chaux un demi-fetier de vinaigre, & une demi-once de fel, après la dif- folution duquel la liqueur fe trouve entiérement compofée. Les ouvertures étant faites aux par- ties de la tête ci-deflus, on chauffe cette liqueur; & quand elle a acquis un de- %oo Traité Économique gré de chaleur aflez modéré pour qu'on y puifle fouffrir long-temps la main , on en rémplit une feringue qui tient une pinte; on ferme les narines du Cheval, & l’on vouffe avec force le pifton par les ouvertures aux par- ties affectées. La plus grande partie de la liqueur étant injeétée, on laifle les narines du Cheval ouvertes; la liqueur en découle en partie par les narines, & en partie par l'ouverture inférieure. On réitere de fuite l’injetion avec la même quantité de liqueur , après quoi on laifle le Cheval fe repofer pendant deux heures ; au bout de ce temps, on recommence l'injetion com- me la premiere fois , ce qu’on continue pendant quatre jours, foir & matin. Cette efpece d’injeétion en précede une autre, qui fe prépare avec la li- queur fuivante. On fait calciner deux gros de couperofe en poudre dans une poële , jufqu’à ce qu’elle devienne grife & feche, ayant fur-tout l’atten- tion de la bien remuer: on met cette poudre dans quatre pintes d’efprit-de- vin; on y ajoute un peu de noix de galle rapée; on remue ce mélange, & on le laifle repofer pendant la nuit. Après l’ufage de ces deux inje&ions, du gros & menu Bétail. ‘40% on a recours à une troilieme, qui fert à compléter la cure. | On prend un quarteron d'alun, on le réduit en poudre ; on y ajoute la même quantité de vitriol blanc; on met au feu ce mélange dans un creufet; il fe fond , enfuite il fe feche; on l'ôte alors du feu , & onle réduit en pou- dre ; on le met dans un grand vale; on verfe pardeflus quatre pintes d'eau de chaux ; on remue le tout avec un bâton, & on le laifle repofer toute [a nuit : le lendemain matin , on décante cette liqueur ; on prend garde de ne point laifier tomber le fédiment qui eft au fond, & on ajoute à cette liqueur ainfi clarifiée , deux pintes de fort vi- naigre; l’on met le tout enfemble en bouteille, Cette troifieme injetion ne doit fe faire qu'au quatrieme jour, Lorfque la maladie a fon fiege pré- ‘cifément dansles finus frontaux, & qu’il n'ya aucun principe de corruption dans la mafle du fang, le remede fuivant eft fufhfant pour opérer le même effet que les injections précédentes. On prendun quarteron d’hellébore noir, autant de racine de bétoine ; on réduit le tout eu poudre impalpable ; on le met bouillir dans huit pintes 402 Traité Économique d’eau , auxquelles on ajoute deux pin: tes d’eau-de-vie, en réduifant la liqueur à huit pintes ; on eninje@te dela même façon qu'on a dit ci-deflus , une cho- pine, matin & foir, & on frotte avec du fuif fondu & en tout fens toute la partie extérieure du nez du Cheval; on injecte, de quatre en quatre heu- res, une chopine d’eau de favon or- dinaire, & Ja morve fe guérit parfaite- ment. Pendant l’ufage de cette injec- tion, on mêlera l’avoine qu'on don- nera au Cheval avec du foufre & de Pantimoine. Quand le Cheval fera parvenu à une parfaite convalefcence, on le pur- gera ; pour cet effet, on fe fervira de l’une ou de l’autre de ces médecines. Prenez une once & deux gros d'a- loës en poudre , deux gros de crème de tartre , une once & demie de beurre frais , & une demi-once de poudre d’anis ; on fait deux bols de ce mêlan- ge; on les enveloppe de beurre, pour que le Cheval les avale plus aifément; après quoi on lui fait boire un demi- fetier de biere bien chaude: la dofe doit varier felon la force du Cheval. Prenez une once d'aloës, un quart d’once de jalap en poudre, & un gros du gros & menu Bétail. 403 de poudre de gingembre; on mêle le tout avec deux onces de beurre frais 3 on en fait trois bols, que Pon met dans ure fuffifante quantité de beurre; on les fait avaler, & on donneenfuite pardeflus une chopine de biere chau- de , dans laquelle on aura jeté aupara- vant quatre gros de cryftal minéral. Après que le Cheval aura pris les bols & fa boiffon, on le promenerä douce- ment pendant un quart d'heure; on le ramenera enfuite dans l'écurie , pour ne lui rien donner à manger durant l’efpace de deux heures. Ce temps écoulé , on lui donnera une petite quantité de foin, & un quart d'heure après un peu d’eau chaude: une heure après, on lui préparera un peu de fon échaudé, enfuite on le promeneraun peu à l'air: voilà la vraie façon de pur- ger les Chevaux. Quand après ces pur- gations, il leur furvient une fuper- purgation , on leur donnera la boif- fon aftringente fuivante, On fait bouillir trois pintes de vin vieux, ou de vieille biere,avec quelques croûtes de pain bis; on y ajoute une once de blanc d'Efpagne , & un quart-d’on- ce de diafcordium fait avec du miel. Si Ja premiere prife n'arrête point la fuper- 404 Traité Économique | purgation en quatre ou cinq heures, on redonne la même quantité de blanc d'Efpagne , & oh double la dofe de diafcordium en une feule pinte de biere, avec du pain. . Comme les rhumes font prefque tou- jours la caufe de la morve, il faut chercher tous les moyens d’en préfer- ver les Chevaux. Les rhumes leur fur- viennem ordinairement lorfqu’on Îles Ôôte du pâturage ; pour les prévenir , il faut les purger huit jours aprèsqu'on les a mis au fec, & qu'on les a tenus dans l'écurie. Pendant cet intervalle, on leur donne pendant deux jours du fon échaudé ; on les faigne même avant Ja purgation; on leur ôteauffi en même temps toute la crafle qui s'eft raffem- blée fur la peau dans les pâturages. Rien n’eft plus dangereux qu’un rhume négligé; pour le traiter, il faut faire avaler au Cheval qui en eft af- fé&té le remede fuivant. On fait bouil- lir dans deux pintes de biere trois on- ces de répliffe divifée en filets fins; on afle la liqueur; on l'exprime, autant qu'il eft poffible ; on ajoute trois gros d'aunée ou énula campana , un gros d’anis en poudre, un demi-fetier d'huile, & un quarteron de miel; on du'gros & menu Bétail. àc 4 mêle le rout , & on le fait avaler au Cheval, Si la premiere dofe eft fans effet, on la répete jufqu'à trois ou quatre fois. Quand c’eft un rhume invétéré , on fait prendre aux#Chevaux un autre re- . mede. Mettez dans un grand vafe fix livres de farine de froment ; on y mêle deux onces d'anis en poudre, une once de cumin, trois onces de graine de lin , une once & demie de fenugrec: on remue bien le tout; on y ajoute une demi-livre de réglifle en poudre, un quarteron de fleurs de foufre , trois onces de baïes de laurier, trois onces de baies de genevrier, & trois onces d'énula campana, Ces drogues remuées & mêlées, on prend fix jaunes d'œufs, que l’on fouette dans quatre bouteilles de vin blanc; on y ajoute une livre & demie de miel, upe pinte d'huile; on mêle le tout; on y joint les poudres ci-defus; on fait de.ce mêlange une pâte ; on lui donne : la confiftance de bol , de la grofieur d'un œuf de poule ; on délaie ce bol, quand on veut s’en fervir, dans l'urine de l'animal même: deux fuffifent pour le matin & le foir, & on continue pendant quinze Jours: 406 Traité Économique Pour finir ce qui regarde la morve, nous allons donner la maniere de faire l'opération du trépan pour cette ma- ladie. | Il faut mettre, dit M. la Fofle fils , le Cheval au cravail# lui arracher la tête bas, & le plus près du pilier, du côté que l’on veut opérer; enfuiteon lui fait une incifon cruciale à la peau, au-deffous de l'œil, au grand angle, à un pouce au-deflous; on racle le pé- riofte avec un gratoir ou le biftouri. L’os étant bien à découvert, on prend une grofle vrille, avec laquelle on perce los; mais il faut contenir cette vrille de la main gauche, dans le même temps qu’elle fait fes-rours & fes demi-tours, de peur qu’elle ne s’en- fonce, malgré l'Opérateur , dans les cavités nafales; l'opération faite , on prend une feringue, ainfi qu'on l'a dit plus haut, contenant environ une chopine de liqueur, dont la canule eft de bois; on l'introduit de la longueur d’un! demi-pouce dans la cavité; en- fuite on poufle l’injeétion le plus dou- cement que faire fe peut, pour ne pas irriter la membrane pituitaire, ce qui arriveroit indubitablement, fi l'on poufloit l'injection avec trop de force. 1 du gros & menu Bétail. 407 1 faut pour cet appareil mettre un petit bouchon de liege dans le trou du ‘ trépan, enfuite mettre deïlus l'os un petit linge coupé en croix de Malte, de la grandeur de la plaie, imbibé d’eflence de térébenthine , ou de. baume. de fioraventi ; enfuite mettre fous chaque angle de la peau des bourdonnets bien durs pour les éle- vér, & empêcher leur réunion: on peut même, fi l'on veut, les couper. Cet appareil fini, on applique un gros plumaceau trempé dans de l’eau-de- vie camphrée, ou dans de l’eau-de- vie fimple. melée avec de l’eau. * Pour éviter l'appareil d’une bande; on appliquera fur le plamaceau un morceau de peau quelconque en quar- ré, que l’on contiendra fur le poil par le moyen de la poix notre, qué l'on mièt aux quatre angles dela peau, Il faut obferver que la! liqueur qu’on doit injeéter ne foit que tiede , de peur qu'étant trop chaude ; elle ne caufe quelqu'inflammation fur la membrane priuitaire. $ LA ‘Mais on ne peut pas beaucoup compter: fur! l'efficacité de : cette mé- thode , & on doit regarder la cure de Ja morve comme incertaine, tant &g 408 Traité Économique fi long-temps qu’on ne découvrira pas une autre façon de la traiter. Nous allons palier aux autres mala- dies des Chevaux , après avoir expofé préalablement les foins qu’on doit avoir de cet animal , lorfqu’il eft en fanté, pour éviter les maladies. Généralement parlant, les remedes ne conviennent point aux Chevaux qui fe portent bien ; il faut éviter, tant qu'on peut, les faignées, les pur- gations & les bols pour ces animaux, orfqu'ils jouiflent d’une fanté par- faite. | 4 re ‘Un ménagement convenable dans leur nourriture, de l’atténtion à leur faire faire de l'exercice, un panfement exa& & aflidu peuvent feuls préve nir leurs maladies, & en guérir la plus grande partie. | | | Le foin eft ce qu'il y a de plus im- portant pour la nourriture des Che- vaux; c’eft par conféquent la chofe à laquelle il faut s'appliquer le plus, pour.en avoir de choix ; & quand, par rapport à la difette, on eft obligé de fe fervir de foin mauvais, il faut pour lors le bien fecouer , pour en faire fortir la poufliere, Les feves font la nourriture la plus force pour les Che= | Vaux : du gros & menu Bétail. 409 vaux ; elles ne conviennent qu'à ceux qui font fujets à des travaux forcés. Le fon échaudé qui eft une efpece de anade propre pour les Chevaux ma- Puce: ne convient pas aux Chevaux aui font en pleine fanté; il relâche & affoiblit tous les inteftins. Souvent les vers qui s'engendrent dans l’eflomac des Chevaux ne proviennent que du fon moifñi qu’on leur a donné. Les Chevaux qui en mangent font aufli mous & lâches ; & pour peu qu'on les exerce , ils font couverts de fueur. Quand on donne du fon parmi les alimens des Chevaux, il faut qu'il foic moulu , doux & velouté. L'avoine, lorfqu'elle eft bien mûre, eftune ex- cellente nourriture ; une quantité pro- portionnée de foin & de paille , mêlée avec elle, eft quelquefois très-utile à ces animaux. ” I n'ya point de meilleur pâturage pour les Chevaux que ceux des ma+ rais falés, fur-tout pour ceux qui ont eu des indigeflions & d'autres malas dies. L'herbe de ces pâturages purge plus par les felles que par les urines -Qu’aucune autre nourriture. L’herbeen été eft très-bonne pour les Chevaux qui font peu d'exercice; on les y met AU R 410 Traité Économique pendant un ou, deux mois. L’herbe verte convient fur-tout à ceux qui épuilés de travail, ont les jambes en- Bées, les membres roidis, ou les mol- Jettes, Il ne faut pas les faire pâturer dans des prés, trop près des grandes Villes, & qui font très-fumés ; l'herbe n'en vaut rien, fur-tout pour eux. Les Chevaux qu'on laifle dehors. toute l’année ‘dans les pâturages fe ortent mieux que ceux qu’on tient enfermés, pourvu cependant qu'on ait à leur portée des écuries où ils puif- fent fe mettre à couvert du mauvais temps, & ‘où ils treuvent du foin. Lorf- qu'ils font ainfi traités , rarement ils font malades ; leurs membres font tou- jours fecs & nets, & ils font plus bro- pres à la chafle & au travail, Quandonremet les Chevaux au fec, après avoir pâturé long-temps, ils font pour lors fouvent échauflés & confti- és. Le remede, c'eft de mêler du fon du foin haché avec leur avoine; on leur donnera en même temps pendant uinze jours , où plus long-temps, du fo échaudé : on modérera leur travail, de même que leur nourriture, & on p’augmentera cette derniere que par degrés. "On fera auffi très-bien de leur dons du gros & menu Bétail 4x1 ner une égale quantité d’antimoine & de foufre mêlés avec l’avoine , pour adoucir le fang, & tenir le ventre li bre. L'ufage fréquent d’antimoine en pareil cas eft très-bon ; la dofe eft d’une demi-once chaque fois. Quand on donne de l’antimoineaux Chevaux, il faut qu’il foitporphyrifé. Quand on nourrit les Chevaux en verd dans Pécurie, il ne faut leur dor- ner que de l’herbe jeune & tendre, pleine de fuc, & nouvellement cou- pée. Lorfque ces animaux, en man- geant de l’herbe dans l'écurie, perdent de leur embonpoint, il faut leur don- ner une nourriture plus {olide. Un exer- cice convenable contribue beaucoup à leur fanté; il ne faut jamais commen- cer par les faire galoper , ou leur faire faire des exercices trop violents, lor{- qu'ils fortent de manger ou de boire; mais il faut les faire marcher lentement; ils changent enfuite naturellement, & même du hétres leur pas. Quand un Cheval fort d’un exercice violent, . il faut avoir attention qu'il ne fe ré- froidifle pas trop, ou qu'il ne boive. de l’eau trop froide. Les Chevaux qui reftent trop long- temps à l'écurie, fans . diminuer ‘ | 2 412 ‘Traité Écofomique cependant leur ration ordinaire, ont les yeux pefans, triftes, rouges & en- flammés ; & c'eft pour lors qu'une fai- gnée, même quelquefois réitérée , leur devient profitable. | Quand les dents des jeunes Che- vaux tombent, il faut auf les faigner. La faisnée convient encore dans les rhumes, dans les fievres, chûtes, con- tufons, bleffures des yeux , entorfes, : & généralement dans toutes les mala- dies inflammatoires. Lorfqu'an Cheval commence à fe mettre en chair par l'ufage du verd, il faut le faigner. Si on eft obligé de répéter la faignée, il ne faut pour lors en tirer qu'environ deux pintes ; la faignée faire , & le fang étant réfroidi, il faut Pexaminer attentivement, pour en tirer les indications pour le traite- ment de la maladie. Quant à la pur- ation , elle eft quelquefois nécellaire aux, grands Chevaux dans quelques CU: mais il faut garder pour ce . certaines précautions. | . Le Cheval eft un animal qu'on ne purge que très diffeilément ;un remede féjourne fouvent dans fes inteflins vingr-quatre heures, fans qu'on apper- goive aucun effet. Les Chevaux qui reftent prefque toujours dans l'écurie’, du gros & menu Bétail, 413 doivens être purgés une ou deux fois au printemps, après avoir fait précé- der une faignée , diminué leur nout- riture, & Îeur avoir donné des mê- Janges échaudés. On purgera une ou deux fois les Chevaux qui mañ+ quent d’appétit. Les Chevaux d’un tempérament chaud demandent pour purgations celles qui font douces & rafraichiflantes. Les purgatifs font tou- jours efhicaces dans les rhumes fecs & opiniâtres: on ajoute ordinairement à ces fortes de purgatifs du mercure doux, pour lui donner plus d’ation fur la matiere morbifique. Les Che vaux Qui font d'un tempérament hu- mide , & qui font fujets aux enflures des jambes, ne fe guériflent aufli que Fi les purgations. On commence d’a- ord par une purgation douces : Quand on donne des médecines aux Chevaux , il faut les leur donner de grand matin, à jeun; environ trois ou quatre heures après que le Cheval a pris la purgation, on lui donne du fon échaudé & un peu de foin; mais fi le Cheval refufe cette nourriture, on ne lui donne pour lors que du fon fec, & on lui préiente pour boiflon du _ lait avec une poignée de fon, & même fans fon. S 3 ta Traité Économique Le lendemain de la purgation, on donnera au Cheval, de qe matin, du fon échaudé ; s'il refufe d'en manger, on lui préfentera de l’eau chaude, & on le tiendra toujours couvert; on le fera marcher doucement, & même deux ou trois fois par jour, & le foir on lui donnera fa ration d’avoine mêlée avec du fon. PA _ Après avoir parlé de la morve, la premiere maladie qui fe préfente à exa- miner dans lés Chevaux eft le rhime: on en a déja dit quelque chofe en trai- tant de cette maladie. Les caufes les plus ordinaires d’un rhume font de monter un Cheval , ou de le faire travailler ; jufqu’à ce qu'il foit en fueur ; enfuite de le laiflerex- polé à l’air dans cet état. Rien n’eft auf plus propre à occafionner des rhumes, que de changer un Cheval d’uneécurie chaude à une écurie froide, &c.de diminuer fa couverture fans pré- caution dans les changemens de fai- fon. Si on faifoit bien, on frotttroit exa@tementtous les jours les Chevaux au retour du travail; cela les garantit pour l'ordinaire des rhumes qui peu- vent leur furvenir. La toux, une pefanteur, une trif- telle qui affe&ent plus ou moins l'ani- du gros & menu Bétail. 41$ mal , à proportion du mal qu’il reffent, les yeux quelquefois mouillés, les glandes enflées autour des oreilles, des mächoires gonflées, un nez qui coule, le râlement en refpirant font les vrais fignes cara@tériftiques du rhume du Cheval, Souvent le rhume eft ac- compagné dans les Chevaux d'une fie- vre aiguë ; ils battent des flancs ; ils font dégoütés dela nourriture chaude, . & ils refufent l'eau ; quelquefois mêmé leur bouche devient gluante, & ils reflentent une douleur intérieure. La maladie, dans ce dernier cas, eft très- dangéreufe ; mais lorfque ces animaux ont aflez de force pour toufler, qu'ils reniflent enfuite , qu'ils n’ont point perdu l'appétit, qu'ils relevent mêmé leurs oreilles, qu'ils fientent aifément, que leur tranfpiration ne fent pas mau- vais, & que leur poil ne fe trouve point hériflé , c’eft une très - bonne marque ; ces purgations leur font pour lors inutiles; mais il faut leur faire une faignée d’environ trois pintes de | fang , leur donner du fon échaudé & k, de l’eau chaude, ayant fur-tout foin -de les tenir bien chaudement. Si le mal augmente , files Chevaux fentent | ‘une chaleur exceflive, & s'ils réfufent ‘à S 4 | ; 416 Traité Économique de manger, il faut commencer par leur tirer environ deux pintes de fang ; on leur donnera enfuite pour remede l'infufon fuivante. On prend deux on- ces d’anis avec un gros de fafran ; on les fait infufer dans trois demifetiers d'eau ; on délaie dans la colature qua- tre onces de miel, & on y ajoute qua- tre cuillerées d'huile d'olive; on en donnera tous les foirs au Cheval ma- Jade. Si le Cheval eft conftipé , on lui donnera des lavemens émolliens; au lieu du remede précédent , on pourra lui donner le bol cordial du Doë&teur Braken. " On prend de la femence de fenouil, du cardamome, de l’anis pulvérifé, de chacun deux onces ; des fleurs de foufre, pareille quantité ; fafran, deux gros; fuc de régliffe diflous dans Peau, huile d’anis & réglifle en poudre, de chacun une demi-once ; fleur de farine, une quantité fufhfante: on réduit en pâte un peu dure cette compoli- - tion , &.on broye bien toutes ces dro- gues enfemble dans un mortier de mar- bre. ÿ La fievre eft une maladie fort com- mune aux Chevaux, de même qu'à l'homme & à la plupart des animaux ; les fymptômes de cette maladie font “ du gros & menu Betail. 417 les inquiétudes, ce qui elt facile à ap- percevoir, d'autant que le Cheval fe range fouvent d’un bout du ratelier à Pautre ; les flancs d’un Cheval fiévreux battent, fes yeux font rouges & en- flammés, fa langue eft feche & brû- lante ; il perd l'appétit, promene le foin dans fa bouche , fans cependant le mâcher ; il flaire la terre ; fon corps eft beaucoup plus chaud qu’à Pordi- paire, fa peau n’eneft cependant pas corrodée , comme dans la plupatt des maladies inflammatoires; l’animal ma- lade fiente pour lors fouvent , maïs cependant peu à la fois; fa fiente eft par petits pelotons fecs , durs, & d’un brun obfcur ; il urine quelquefois avec beaucoup de difficulté, & fon urine eft foncée; il a foif, fans cependant boire beaucoup à la fois , & fon pouls eft plein, précipité & dur. On commence la cure de cette ma- ladie par une Mn ie dre Ou trois pintes de fang; en cas Cependant qué : l'animal foit d'un tempérament robufte, * & en bon état ; car s'il ne l’étoit pas, on ne fera pas la faignée fi abondante. Apiès la faignée , on lui donnera , deux ou trois fois par jour , uné chopinede la boiflon fuivante, ou même on fim- | ÿ L + - 418 Traité Économique. plement une once de nitre, en un bol fait avec le miel. : : Pour la boiffon dont il eft queftion, on prend du baume avec de la fauge, de la fleur de camomille, de chacun ‘une poignée ; de la régliffe hachée, une demi-once ; du fel de prunelle ou nitre, trois onces : on fait infufer le tout dans deux pintes d’eau bouillan- te. Lorfque la liqueur fera prefqu’en- , tiérement réfroidie, on la coule; on ajoute le jus de deux ou trois citrons, - & on l’adoucit avec du miel. Pendant la fievre, on donnera au Cheval du fon échaudé, & ce, en petite quan- tité; & en cas qu’il n’en voulût point, on-mettra de Te froide à la place d’eau chaude , & on en arrofera le fon, & même une poignée de foin choifi dans la mangeéoiïre : on ne cou- vrira que médiocrement le Cheval fié- vreux. = Un jour ou deux après ce régime, fi le Cheval ëommence à manger du fon & du foin, c’eft une marque qu’il ne tardera pas à fe guérir; mais fi le dégoût continue, il en faut pour lors venir à une feconde faignée, & con- tinuer les mêmes boiflons , en y ajou- tant feulcment deux ou trois gros de fafran : on fera aufli très-b'en de lui . ” donnerun clyftere émollient , fait avec deux poignéés de mauve, une poignée de fleurs de camomille , une once de femence de fenouil, qu'on fait bouillir. dans trois pintes d’eau , jufqu'à la ré- duétion de deux: on pañle la décoc- tion, & on ajoute à la colature qua- tre onces de fyrop de fucrerouge, une chopine d’huile de lin ou d'autre huile commune. Une boiflon qui eft auf fort bonne dans le même cas, elt une boïflen apéritive, faite avec qua- tre onces de crême de tartre,& deux onces de fel de Glauber diflous dans du gruau , ou dans un autre liquide. Il y a une efpece de fievre , à la- quelle les Chevaux font fort fujets, qui eft d’une nature plus compliquée que celle dont nous venons de parler. Cette fievre eft lente, & toujours ac- compagnée de langueur3 elle a de plus pour fymptômes, un grand abaite- ment , une chaleur intérieure & un froid extérieur ; l'animal reflent en ou- tre des chaleurs dans toute fa capacité, mais fans cependant être trop vio- lentes ; fes yeux font humides & Jan- guiflans, fa bouche eft continuellement mouillée ; aufli l'animal boit-il rare- ment ; il mange peu, & celle Éu du gros & menu Bétail. 419 420 Traité É conomique dès qu'il veut tâter de la nourriture. IL a ordinairement le ventre libre ; fa fiente eft molle & humide ; il urineir- réguliérement , tantôt peu, & tantôt abondamment ; fon urine eft quelque- fois d'une couleur foncée , mais pour l'ordinaire pâle, avec peu ou point de fédiment. Quand le Cheval perd journellement Pappétit , & lorfqu'il refufe toute nour- riture, fans que la fievre diminue, & bien plus, quand elle augmente , la maladie n’eft pas fans danger, le Che- val eft même dans un état défefpéré ; mais quand la fievre vient à diminuer : peu-à-peu, quand fa bouche devient plus feche, quand le grincement des dents ne fublifte plus , quand la bête malade commence à avoir de l'appétit, & lorfqu’il fe couche, on peut sat- tendre à une guérifon prompte. Quant à la cure de la fievre com- pliquée, voici la marche qu’on doit fui- . vre. On fera d’abord à l'animal malade une faignée d’environ trois pintes, qu’on réitérera à proportion des for- ces, de la plénitude, des douleurs in- térieures , de la toux, & de la difpofi- tion à l’inflammations on li donnera enfuite la boïffon fébrifuge ci-deflus rapportée, en y ajoutant une once de du gros & menu Bétail, 421 racine de biftorte, & trois gros de fafran : on diminuera la quantité de ni- tre quiyentre, & on augmentera le refte à proportion que les fymptômes l'exigent. On ne donnera pour nourriture au Cheval malade que de l’avoine échau- dée , ou du fon arrofé ; il faut même lui donner fouvent à la main , parce qu'il eft quelquefois fi abattu, qu'il ne eut porter fa tête dans la crêche. La bien eft aufli abfolument néceffaire dans cette maladie. Si le Cheval refufe de boire abondamment de Peau chaude ou du gruau , 1l faut feulement ôter. la crudité à l’eau, & la laifler réfroi- dir dans l’écurie. . Si nonobftant tous ces remedes , la fievre augmente; fi le Cheval fiente peu, s’il urine fouvent, & fi l’urine eft | atténuée & pâle; fi la fiente eft molle & dure , & fi l'humidité: de la bouche de l'animal malade continue , quoique la peau foit quelquefois feche, & d’au- tres fois humide. le poil étant tou- jours hériflé, le danger eft pour lors très-grand ; il faut lui donner, fans prie de temps, la boiflon, ou les ols fuivans, On prend diafcordium , biftorte, de 422 Trané Économique chacun deux onces; régliffe coupée; une once ; fafran, deux gros, On fait in- fufer le tout dans deux pintes d’eau bouillante, qu'on tient bien couverte pendant deux heures. La décoétion étant pañlée, on ajoute à la colature un demi-fetier de vinaigre diftillé, quatre onces d’efprit-de-vin , deux onces de mithridate, ou de thériaque de venife; on donnera dé cette boiflon de quatre en quatre heures, ou de fix en fix , ou feulement de huit en huit heures, Si le Cheval eft conftipé, 1] faut lui donnet des lavemens ; s’ila ‘le flux; il faut bien fe donner de garde de l'arrêter , à moins qu'ilne fe trouve trop foible; on lui fera avaler pour lors du diafcordium. Le camphre eft encore un des remedes les plus effica- ces qu'on puifle employer dans cette efpece de fievre; il eft des plus atté- nuans. | Quand le Cheval n'urine pas aflez pour empêcher lenflure , il faut lui donner du fel de prunelle, ou du ni- tre, une once; de baies de genievre, de la térébenthine de Venife , de cha- cun une demi-once: On fait un bol avec l'huile d’ambre ; on en donne deux ou trois bols par intervalles, du gros & menu Bétail. 423 avec une décoétion de mauve, adou- cie avecle miel. * Quand l’animal a la peau douce au toucher, les pieds & les oreilles d’une chaleur Many as » les yeux «vifs & clairs, quand Fappétit lwi revient, lorfqu'il repofe bien , qu’il fiente & qu'il urine convenablement , il eft our lors prefqu'entiérement réta- d 4 Lorfque la fievre continue fe chan- ge en intermittente , on donne une once de quinquina immédiatement _après l'accès ; on le réitere de fix en fix heures, jufqu'à ce que le Cheval en ait confommé ffx onces. Les fievres font quelquefois épidé- miques chez Jes Chevaux comme chez les hommes. Quand elles font telles , il faut commencer par tirer du fang jufqu’à trois pintes , fi le Che- val eft gras & robufte ; on réitérera méme ,. s’il le faut , la faignée , & on placera un feton à la poi- trine ou au ventre de l'animal ; on lui donnera, pour laver fon fang , beaucoup d’eau. ou de boiffon blan- che, & fa nourriture fera un mélange de fon, d’eau chaude & de foin ar- rofé; on lui fera avaler en outre, 424 Traité Économique deux fois par jour une once de nitre dans de l’eau, ou bien mife enbolavec du miel, ou au lieu de nitre, une once de tartre difflous dans fon eau une fois chaque jour ; on pourra en outre lui donner à la fin de ce traitement, une ou deux fois par jour pendant une femaine, des cordiaux avec une infu- fion de régliffe édulcorée avec le miel; on ajoutera une chopine d'huile de lin ou d'olive, & la même quantité d’oxi- mel, lorfque le phlegme eft gluant, & la toux feche. Une purgation rafraîchiflante qui convient très-bien fur la fin de la ma- ladie , & qu’on peut même réitérer trois ou quatre fois, eft la fuivante, On prend féné , deux onces ; anis & fenouil concaflés , de chacun demi- once; fel de tartre, trois gros ; on fait infufer le tout pendant deux heures dans une chopine d’eau; on fait dif- foudre dans la décoëétion trois onces de fel de glauber , deux gros de tar- tre ; on donne cette décoétion le ma- t10. . Le pouls d'un Cheval en fanté rend environ quarante pulfations dans une minute: on peut fe diriger là-deflus, en tâtant le pouls aux Chevaux , pour fentir s'ils ont la fievre. du gros & menu Bétail. 42$ Les Chevaux font fujets,-de même que nous, à la pleuréfie & à Pinflam- mation des poumons, La pleuréfie eft une inflammation de la pleure, & celle _ des poumons fe nomme péripneumo- nie ; ces deux maladies ont à-peu-près les mêmes fymptômes, avec ceite différence feulement que dans la pleu- réfie, le Cheval a de grandes inquié- tudes, change fouvent de place ; fa fievre, de médiocre qu’elle étoit , s’ac- croit & devient tout-à-coup violente; au commencement de la maladie, le Cheval cherche & tâche de:fe cou- cher ; mais:il fe releve auffi-tôt, & re- tourne fréquemment fa tête du côté malade, Ce dernier fymptôme a lieu auf dans lestranchées des Chevaux; ce qui fait que quelquefois les Maréchaux confondent ces deux maladies ; mais en voici cependant la différence bien marquée. Dans les tranchées , un Che- val fe couche fréquemment & fe roule; & lorfqu’elles font violentes, il tombe dans une efpece de convulfion ; fes yeux font tournés en haut, & fes membres étendus en dehors, comme s'il étoit mourant; fes oreilles & fes pieds font quelquefois chauds, & quel- quefois froids comme la glace ; le 426 Traité Économique Cheval fue abondamment, & fes fueurs font froides ; il s'efforce fouvent d’uri- ner &, de fienter , & toujours avec grande difficulté. Tous ces fymptômes: perféverent jufqu’à guérifon. Dans la pleuréfie, les oreilles & les pieds font toujours brûlans; la bouche eft feche, le pouls eft dur & fréquent, même du moment oùil va périr. Quoi- qu’au commencement de la maladie, il fafle , comme nous avons dit, plu- fieurs mouvemens pour fe coucher, il allonge les reins autant qu'il le peut, &ne fait pas à la fuite le moin- dre mouvement pou: changer de fitua- tion; mais il demeure haletant , avec une refpiration courte, & une difpo- fition à toufler , jufqu’à ce qu'il foit fecouru , ou qu'il tombe. Dans l’inflammation des poumons, les fymptômes font les mêmes ; la feule différence confifle en ce que le Che- val eft au comméncement moins ac- tif, & ne fe couche point du tout pendant tout le temps de la maladie; la fievre eft forte ; il refpire difhcile- ment , & cette difhculré eft fuivie d’une petite toux ; la bouche eft fe- che & brûlante. Lorfque le Cheval tient fa bouche ouverte , il en fort du gros & menu Bétail. - 427 avec abondance une matiere if queufe. | ( : Dans la pleuréfie, les flancs du Che- val s'élevent , & font agités avec vio- lence , ce qui lui donne beaucoup d’in- quiétudes. Le Cheval attaqué de cette maladie a aufli le ventre relevé , au lieu que dans l’inflammation des pou- mons , fon ventre indique une grande plénitude, & le battement des flancs eft régulier ; fes oreilles & fes pieds font froids & fuans | Le traitement de la pleuréfie & de la péripneumonie eft le même au commencement; il faut d'abord fai- gner le malade, & lui faire une fai- gnée au moins de deux pintes ; les jours fuivans , on lui en fera deux ; & en cas que les fymptômes ne dimi- nuent pas, on réitérera la faignée, & .-on la fixera à une pinte chaque fois, Les promptes & abondantes faignées font les meilleurs remedes à employer dans la cure de ces maladies: on re= commande en outre les ferons à chaque côté de la poitrine & au ventre, & de frotter les premieres côtes avec de -J’onguent véficatoire. On ne donnera à l'animal malade que du rafraîchif= fant, de latténuant, de l'apéritif & 423 Traité Économique dudiflolvant ; fa nourriture & fa boif fon feront des mêlanges échaudés de beaucoup d'eau ou de gruau. Un bol très-bon dans cette mala- die, & qu'il faut donner trois fois par jour , eft le fuivant. On prend blanc de baleine , nitre, de chacun une once ; huile d’anis, trente gouttes; du miel, fufffante quantité pour un bol; après chaque bol, on fera boire à l'animal de leau d'orge, dans laquelle on aura fait bouillir des figues & de la réglifle ; on pourra encore y-ajouter le fuc de limon. Dans plufieurs endroits, on fait ufage pour la pleuréfie des Chevaux d'une Le décottion de biflorte avec le miel, donnée deux fois par jour. Les lavemens émoliiens auxquels on ajoute deux onces de nitre ou de crème de tartre, donnés une foïs par jour au Cheval, produifent un très-Bon effet. Si la maladie eft opiniatre, fi la cha- leur continue , & fi la refpiration de l’a- nimal refte toujours gênée, on le refai- gnera, & on lui donnera un lavement purgatif. Ce lavement fera compofé de féné & de guimauve, de chacun deux onces; de fenouil & de baies de laurier ; de chacun une once : on fait bouillir le tout dans cinq chopines du gros & menu Bétail. 429 d’eau, & onréduit la décottion à deux pintes; on ajoute à la colature qua- tre onces de fel purgatif amer, deux ou trois onces de {yrop de nerprun, & un demi-fetier d'huile de lin ou d’o- live. Si le lavement opere bien dès la premiere fois, & foulage le Cheval malade, on le réitérera le lendemain; quand le Cheval commencera à man- ger du fon échaudé & du foin trié, on difcontinuera l’ufage des bols; on ne le fortira qu'infenfiblement de l'écurie, & on choifira potr cela des jours fe- reins ; lorfqu'il aura totalement re- couvré toutes fes forces , on lui don- nera une ou deux médecines bien dou- ces, de Outre la vraie pleuréfie, le Cheval eft fouvent affe&é d’une pleuréfie fauffe. Les fignes font une roideur du corps, des épaules & des jambes de devant , quelquefois même une toux feche ; le Cheval retire en quelque fas con fes parties lorfqu'on les touche, Les courbatures ne proviennent fou- vent que du mauvais traitement de ces pleuréfies; la faignée, les peéto- raux doux & les purgations modérées# font les meilleurs remedes pour cette maladie, Comme cette pleurélie eft exe 430 Traité Économique terne, & qu'elle confifte dans une in- flammation des mufcles intercoftaux, on fera bien de frotter ces parties avec parties égales d’efprit de fel ammoniac & d'onguent de guimauve, ou d’huile de camomille. : Quand le rhume, la pleuréfie & la 218 RAT n'ont pas été bien trai- tés dans les Chevaux, ils donnent lieu à des toux fixes, qui dégénerent en afthme & en poufle. On diftingue deux fortes de toux, la feche & l'humideë la toux humide eft occafionnée par un phlegme & une matiere vifqueufe qui engorgent & bouchent les vaifleaux des poumons: Les fymptômes de cette toux font les fuivans : les flancs du Cheval font un mouvement prompt ; l'animal refpire avec peine ; mais 1l n’a point les nari- nes ouvertes, comme quand il a la fievre, ou qu'il eft pouflif. . La toux eft quelquefois feche & uelquefois humide. Le Cheval, avant , toufler , fait une voix rauque, & jette quelquefois de la bouche & du nez des phlegmes blancs comme col- dés ; la refpiration de certains Che- vaux eft quelquefois fi gènée , qu'à peine peuvent-ils fe mouvoir ; on eft du gros & menu Bétail. 431 mème obligé de leur faire prendre l'air quelque temps. Si le Cheval a de l'em- bonpoint ; on lui fera une faignée abondante ; fau contraireileft maigre, on la fera moins copieufe. On recom- mande beaucoup dans cette toux l’u- fage du mercure,;ou même du cina- bresr 7%,1 à | Un bon bol pour la toux obftinée eft celui qu’on prépare avec fix onces de cinabre d’antimoine tamifé , une once de fafran , de la gomme ammo- niac & de l’affa-fœtida, de chacun deux onces; de l'ail , quatre onces,: on fait du tout une pâte, & on en forme des bols avec une fuffifante quantité de miel. On pourra affocier à ces bols du baume du Pérou, du baume de foufre & des fleurs de‘benjoin. L'exercice au grand air & un régime modéré font d’un très-grand fecours dans cette ma- ladie , & fouvent même valent mieux que tous les remedes, Il ne faut ‘pas donner trop de nour- riture aux Chevaux oppreflés des pou- mon$; ni même une potion trop co= pieufe , de peur que leftomac trop plein ne preffe le diaphragme, & ne êne par-là le reflort des poumons: on Bu setrançhera par conféquent le 432 Traité Économique foin, ou on ne leur en donnera qu’en petite quantité, & on l’arrofera d’eau. La toux feche eft connue plus com- munément fous le nom d'’afthme ; le Cheval qui en eft affe@té mange avec appétit, court & travaille avec ardeur; fon poil eft vivant; on diroit à le voir qu’il eft en parfaite fanté ; il toufle néanmoins en certains temps; cette toux eft même continuelle; & malgré qu'iltoufle , il ne jette cependant rien, nipar les narines , ni par la bouche. Quoique cette reux ne foit pas pério- dique , certains Chevaux s’en trouvent cependant affettés le matin, dès qu'ils ont bu. On commencera la cure de cette maladie par une faignée raifonnable : on donnera tous les jours au Cheval ma- lade , pendant huit jours, un bol pur- gatif, après quoi on le mettra pendant deux mois à l'ufage du bol fuivant. On prendra pour cet effet du cinabre na- turel ou du cinabre d’antimoine, une demi-livre ; de la gomme de gayac, : quatre onces; dela gommeammoniac, deux onces; autant de myrrhe; favon de Venife,une demi-livre: on porphy- rife bien le cinabre, & on mêle le tout avec du miel , pour en faire des bols, Les du. gros & menu Bérfil. 438 Les jeunes Chevaux ont ordinaire ment le rhume pendant la poufle de leurs dents ; ils ont aufl les yeux affec- tés par rapport à la même çaufe 3 äl faut alorsles faigner & refaigner, quand la toux fe trouve chez eux obftinée, &° léur donner pour tout.remede unique- ment des mélanges chauds. Lorfque la tOUX NA à de vers, on aura pour lors recours au mercure & à l'éthiops, mêlés avec des bols cordiaux , & en même temps pectoraux , dont on donne les formules dans la Médecine des Animaux domeftiques. : La poulfe eft une mdladie qui fur- vient aux Chevaux, & qui eft encore peu connue. M. Gibfon prétend que cette maladie provient fouvent de ce qu’on donne une nourriture trop forte: aux jeunes Chevaux qu'on éleve pour vendre. Les poumons, dit-il, s’accroïf- ” fent, & les partiescontenues s'étendent. à untel point en peu d'années, &grof- fiflent fi extraordinairement , que la cavité de la poitrine n’a pas aflez d'é- tendue pour les loger à leur aife ; de - forte que leur fonttion eft gênée. En genéral , la groffeur énorme des pou- _mons des Chevaux, & l’efpace qu'ils occupent, en empêchant l'a&tion de Tom, I, er si ë 2 Le 434 Traité Économique diaphragme, font Îa premiere & la principale caufe de la pouffe. La fubf- tance des poumons fe trouvant plus charnue qu'à l'ordinaire, il s'enfuit néceflairement qu’ils perdent à la fuite du temps beaucoup:de leur jeu & de leur reflort; mais cela ne peut fe faire fans occafionner une lenteypinégale de la refpiration ; & en effet, Les Che- vaux pouflifs retirent leur fouffle len- tement; leur flanc fe remplit & s’éleve avec beaucoup de difficulté, mais il s’abaifle précipitamment, & leur ref- piration fort gvec une violence égale & de la bouche & des narines; en forte que malgré qu'on foit dans les ténebres, on peut découvrir fi un Cheval eft pouffif: il n’y a qu'à tenir fa main à la bouche & au nez de lani- mal, | La pouffe eft une maladie incura= ble ; mais on peut la prévenir, ou du moins en arrêter la violence , & met- tre par-là le Cheval à même de rendre quelque fervice. On reconnoît qu'un Cheval eft attaqué de la pouffe, lorf- u'il a une toux feche & obftinée, que fon appéut perfifte toujours le même ; ue cet animal a un penchant pour Janourriture fale ; qu'il mange indifs + F du gros & menu Bétail. 435 -tin@ement la paille & le foin qui font tombés fous fes pieds, & qu’il boit beau- coup. Pour prévenir cette maladie’ ,on le faignera& purgera deux outroisfoiss après quoi, on lui fera prendredes bols, compolés de huit onces d'or. mofai- queen poudre, de quatre onces de myrrhe, & de pareille quantité d’énula- campana; de baies de laurier & d’anis, de chacune ‘quatre onces, & du fafran une demi-once : on aflocie le tout avec de l'oxymel. L'or mofaïque eft fait avec pañties égales de mercure, d'étain, de fel am- . moniac & de foufre. On ne donnera aux Chevaux pouflifs que très-peu de foin , & le peu qu’on leur en donnera fera arrofé d'urine ou d'eau claire, pour les rendre par-là moins avides d’eau. - Deux ou trois goulles d'ail concaflées & bouillies dans une pinte d’eau ou de lait, conviennent très-bien aux Che- vaux pouflifs. hs . Si ona attention à lafaçon de nour rie un Cheval pouflif, & fi on lui fait faire un ‘exercice modéré, on peut par-là le foulager. On a obfervé qu’un Cheval pouflif, lorfqu'onle tient conf .tamment au pré, & qu'on ne Ven re üre que pour s’en fervir, peut encore sé, | MED Ne : 436 Traité Économique rendre pendant plufeurs années de bons fervices. Les Chevaux font , de même que lhomine , fujets à la phthifie, ou con- fomption; (quand ils font attaqués de cette maladie , leurs yeux font pefans, leurs oreilles & leurs pieds font d'une chaleur humide; ces animaux touflent auffi violemment & par accès ; ils éter- nuent beaucoup & fe plaignent fou- vent ; leurs flancs s'éleveat & fe baif- fent rapidement ; une matiere épaifle & jaunâtre leur découle du nez; ils mangent peu de foin, mais beaucoup de grain. 4 mRre On commencera la cure de cette maladie par la faignée , qu'on réitérera auffi fouvent que leur refpiration fera lus courte qu'à l'ordinaire ; enfuite on Le donnera de l’eau de goudron. Si malgré ce traitement , les Che- vaux deviennent maigres & fuent beau- coup; s'ils ont une efpece de râle ; fi la Même matiere jaunâtre continue à leur couler du nez, c’eft une preuve. que cette maladie ef incurable , &c pour lors il faut fe défaire de ces ani- maux. | Une autre maladie auffi également commune aux Chevaux &aux hommes, du gros & menu Bérail. 437 eft l'apoplexie ; l'avant - coureur ,de cetre maladie eft Paffoupifflement; les _yeux.de l'animal fapt pleins de férofi- tés & humides, quelquefois gros & enflammés le Cheval chancele ; il eft languifant, & n'a point d'appétit; fa tête eft pendante, ou porte fur la crê che. Il arrive.quelquefois qu’il n'a que trèé-peu ou point de fievre; à peine apperçoit-on .quelques changemens _dans fa fiente. Quand on le touche à Ja rêve , il fe cabre, & fe laifle romber en arriére. Les jeunes Chevaux font principalement fujérs à ces fymprômes; mais on peut. facilement les guérir, quand on y apporte un prompt fe- cours. Lorique ce font des bieffures ou des coups. à la tête, ou même des ma- tieres aflemblées dans le cerveau , qui occafonnent l'apoplexie; les Chevaux deviennent frénéciques par, accès, fur-tout après qu'ils ont mangé ; ils font desécarts ; ils font pour lors en dan- ger ; de même que lorfqu'iis tombent tout-à-coup, &.que-leurs. flancs bat- tent avec violence, fans qu'ils puiffent même fe relever. Malgré les faignées, l'apoplexie demande des fecours , prompts ; l'ouverture de plufeurs vei- ues à Ja fois eft le meilleur remede; on : T 3 - 43È Traité Économique peut même tirer aux Chevaux apo: plettiques jufqu’à quatre ou cinq pin= tes de fang ; on leffr tiendra en même temps la tête & les épaules hautes, en les fourenant avecquantité depailles l'accès étant paflé, où leur fera plu- fieurs fetons ; on leur donnera foir & matin des lavemens faits avec une forte déco@ion de féné & de fel; on leur fouffera en même temps dans les na- rines du cabaret en poudreyà la dofe d'un gros , après quoi on leur donnera deux ou trois purgations d’aloës. La léthargie ; l'épilephe , le vertigo, la frénéfie, la rage , la convulfion &: la paralylie, font différentes autres mala- dies qui affe&ent encore les Chevaux. Les convulfions & l'épilepfe recon: noiflent dans ces animaux différentes caufes ; ou elles font caufées par des vers & des ulceres de Leflomac & du diaphragme, ou elles ont leur fiege dans la tête. Les jeunes Chevaux font fort fujets aux vers; 1l faut examiner ff on n’en trouve point dans-leur fu- mier ; s’il s’y en trouve, il ny a point de doute que ces animaux n'en aient dans l'efomac ; on pourra par conié- quent les traiter, lorfqu'ils font atta- qués de convulfons, de la même fa- NT ET du gros & menu Bétail, 439 &on qu’on les traite pour les vers. Les coups à la tête; un exercice trop vio= lent , une plénitude de fang, que les Médecins appellent plethore ; un fang corrompu ou dessindigeftions , peu- vent aufli donner lieu à Pépileple & aux convulfions. | M,Giblon fait la defcription d’une crampe univerfelle, ou convulñon, qui roïidit tout-à-coup lesmufcles du corps, -& qui ferre tellement les mäachoires du Cheval, qu'il eft prefque impoffible de les ouvrir. Auffi-rôt, dit M. Gibfon, que le Cheval eft faiñ, fa tète & fon nez font élevés vers le ratelier, fes oreilles font droites, & fa queue re- trouflée; fon regard eftempreflé comme celui d’un Cheval qui a faim, & au- quel on donne du foin , ou comme un Cheval fier dont on reprime la fougue : en forte qu'on diroit au premier abord que ces animaux ne font pas maladesz _ mais bientôt après , les autres fymp- tômes fe developpent; le col de l’ani- mal {e roidit pour lors ; il eft prefque inébranlable ; s'il vit quelques iours dans cet état, il s’éleve des noeuds dans fes parties tendineufes ; tous les muf- cles de l’avapt-main & de l’arriere- main font fi fort retirés , fe rétrécif= T4 440 Traité Économique fent & s'étendent avec tant de rois deur , qu'on difoit que l'animal eft cioué au pavé , avec fes jambes ouver- tes & écartées ; fa peau eft fi fortement collée fur toutes des parties de fon corps, qu'il eft prefque impoflble de la pincer; il n'efl pas même poflible de le faire marcher , il tombe àd'inf- tant ; fes yeux font fi immobiles, qu'on diroit qu'il eft mort ; ilronfle & éter- pue fouvent ; 4l ne fair que haleter, tant fa refpiration eft difficile, Ce {ymp= tôme dure jufqu’à ce que l'animal pé- rile, ce qui.arrive en très-peu de temps. | | Hu La premiere chofe qu'il y a à faire dans toutes les convulfions, excepté dans celles qui font occafionnées par. les vers, c’eft de faigner copieufement le Cheval malade, à moins qu'il ne foit trop exténué, où vieux, auquel cas on lui donneroït le bol nerveux fuivant. On prendaffa-foetida une demi-once, caftoreum de Ruflie en poudre, deux gros, racine de valériane, une once ; on fait un bol avec du miel & de l'huile d’ambre ; on lui fera avaler ce Lol deux fois par jour, & enfuite feu- lement une fois. On fera prendre à l'a- di gros & menu Betail, ‘441 nimal, pour délayer ce bol, une dé- coë@ion de mélilot, ou de valériane, qu'on adoucira avec la régliffle & le miel, CN On donnera en même temps entre les bols des purgations & des lavemens émolliens. Quand le Cheval aura pris pendant huit jours les bols précédens, On lui en fera enfuite prendre un au- tre ; il fera préparé‘avec fix gros de cinabre d’antimoine , une demi-once d'affa-fœtida, de l'ariftoloche, de la myrrhe, des baies de laurier Mde cha- cun dêux gros: on aflocie à rout cela de la thériaque & de l'huile d’ambre pour faire les bols. « Le La paralyfe eft une maladie dans laquelle le Cheval perd lufage U ou de plufieurs membres. Après Jui avoir fait prendre des remedes inrer- pes, on lui frottera les parties affe@tées avec un liniment chaud & répercuflif, “tel que le fuivant, On prend de l'huile de térébenthine, quatre onces ; on:- guent de nerfs & huiles’ de baies de laurier, de chacun deux onces; cam: Phre en poudre fine, une once; huile d'amande re&ifiée , trois onces ; tein- ture de cantarides, une once: on mêle le tout pour un liniment, * T5: dé 442. Traité Économique Si le Cheval eft léthargique, il ne faut point avoir recours à de violens urgatifs ; mais plutôt à des lavemens axatifs , faits avec le cmabre & les gommes; les faignées trop abondantes ne lui conviennent point non plus, à moins qu'il ne foit encore jeune ; & quand il eft vieux, les remedes vola- tils font ce qu’il y a de plus favorable, Quand le Cheval fe rétablit, on lui prépare un purgatif altérant ; il eft compolé d’une once d’aloës fuccotrin, d’une démi-once de myrrhe, de deux gros d’affa-fotida, de pareille quantité de gomme ammoniac , & d’un gros de fafrap: on fait du toutun bol avec du fyrop. Pérfonne n’ignore combien les Che- vaux font expolés à la gourme &'aux avives. La gourme eft une maladie pro- pre aux Poulains & aux jeunes Che- vaux ; elle fe manifelte par une enflure entre les mâchoires ; elle s'étend fou- vent jufqu’aux mufcles de la langue, &'eit pour : l'ordinaire accompagnée d’une grande chaleur , ‘d'une grande douleur & inflammation , jufqu’à ce . que la maticre foit formée ; le Cheval avale pour lors avec grande difculté. | . Pour traiter cette maladie, il faut ap- * A du gros & menu Betail, 443 pliquer fur la-:partie affeétée un cata- plafme fuppurant ; on prend à cet ef- {et feuilles de guimauve; dix poignées; oignons de lis blanc, une demi-livre ; : femence de lin & de fenugrec concaf- fés, de chacun quatre onces : on fait bouillir le tout dans deux pintesd’eau, jufqu'à ce qu'il foit réduit en confif- tance de cataplafme ; on ajoute quatre onces d'onguent de guimauve , & une certaine quantité de graifle de lard, … pour l'empêcher de durcir & de fécher. Ce cataplafme amene la tumeur à fup- puration , enfuite on applique pardef- fus un onguent digeftif. … Les avivesortbeaucoup de rapport avec la gourme : elles n’endifferent que par leur fituation. Ce font les glandes parotides de Panimal qui fe trouvent: principalement affe@tées ; elles s’en- flent ,& malgré leur enflure , elles viennent rarement en fuppuration : mais elles tranfpirent, & fe difipent peu-à-peu, en les couwyant chaude- ment, en les frottant d’onguent de gui- mauve, & en faifant à l'animal une -ou deux faignées, Si l'inflammation continue, on les traitera pour lors de la même facon que la gourme. La colique eft une RAIAIE 424 Traité Économique commune chez les Chevaux ; onendif- tingue de trois fortes: la colique ven- teufe , la colique appellée tranchée feche, & la colique bilieufe où en- flammée, La colique venteufe fe re- connoît par les fymprômes fuivans : le Cheval fe couche fouvent & fe leve tout-à-Coup , mais d'une maniere gè- née ; 1l ne fait ce mouvement que par reflort; il frappe fon ventre avec les pieds de derriere; il piétine de ceux de devant, & refufe la nourriture; & : uand les tranchées du Cheval font D: elles font toujours accompa- gnées de convulfions violentes ; fes yeux font tournés en haut; il a les Jambes tendues à-peu-près comme sil alloit expirer ; fes pieds font tantôt chauds, tantôt froids ; il tombe dans de grandes fueurs , accompagnées tou- jours d’une humidité froide ;#il s'ef- orce fouvent d'uriner, & tourne fré- quemment la tête vers les flancs ; après quoi il tombé, il fe roule, & tourne fur le dos ; ce qui proyient fans doute de ce qu'il ne peut urinér, quand ila cette maladie. Cettecolique provient pour l'ordinaire à animal de ce qu'il a bu de l’eau froide pendant qu'il avoit chaud. Les Chevaux qui ont le tic y font fur-cour fujets, du gros & menu Bétail. 445$ Un excellent bol pour les coliques venteufes eft le fuivant. On prend de la térébenthine de Venife & des baies de genievre , de chacun une demi- once; du fel de prunelle ou falpêtre, une once; de Phuile de gentevre , yn gros; du fel detartre, deux gros: on en fait un bol avec du fyrop appro- prié; on délaie quelquefois ce bol dans une déco&tion de genievre. * Deux heures après, on donne un fecond de ces bols, & un troifieme après le même efpace de temps, file Cheval ne reffent aucun foulagement. Pendant l'intervalle des bols, on pourra lui donner le lavement fuivant. Prenez fleurs de camomille, deux poignées ; anis, coriandre & fenouil, une once; poivre blanc , une demi- once; faites bouillir le tout dans trois pintes d'eau , qu'on reduira à déux: ou ajoute un demisfetier d'eau-de-vie de genievre; huile d'ambre, une de- mi-once, & huile de camomille, huit onces. Quand le Cheval atraqué de cette maladie refle couché, fans treffaillir ou fe rouler , & fans avoir les jambes ramaflées, fur-rtout s'il refte environ une heure dans cet état detranquillité, 446 Traité Économique tout le danger de la maladie ,eft pañlé. . 2 La colique bilieufe ou enflammée, outre les fymptômes de la colique venteufe , et encore accompagnée de fievres & de grandes chaleurs ; le Che- Val halete, & a la bouche feche ; il rend peu d'excrémens, & l’odeur en eff fouvent même cadavereufe, On commencerala curé par la faignée du bras; en cas que la Pad ne paroille pas fe ralentir, on en fera une feconde; on donnera deux fois par jour à l'animal malade des lavemens émolliens, dans lefquels on fera difloudre deux onces de nitre ;on lui fera prendre enoutre, & même abondamment , de l’eau de . gomme arabique, & on lui donnera en ” même temps, de trois en trois heures, jufqu'à ce qu'il ait fienté, une boiffon purgarive & rafraîchifflante: on prépare cette boiflon avec trois onces de féné, une demi-once de fel de tartre ; on fera “-infuferle tout pendant une demi-heure dans une pinte d’eau bouillante ; on affera la décottion, & on ajoutera à A colature deux onces d’éleŒuaire lé- nitif. La colique feche , autrement tran- chée feche, eft toujours occalonnée Li du gros & menu Bétail. 447 par la conftipation ; le Cheval qui a cettemaladie atowjours enviede fe vui- der , fans pouvoir le faire; {a fienteeft toujours noire & dure, fa queue tou- jours en mouvement ; fon urine eft ex- trêmement chargée; l'animal eft tou- jours eh agitation, & a à chaqueinflant des impatiences. Dans cette maladie, il faut vuider le gros boyau du Cheval, s'il eft néceflaire, avec la main, après - lavoir trempée dans de l'huile, & en- . fuite lui donner deux fois par jour des lavemens émolliens & de la boiflon puroative dont nous avons donné la compofition en parlant de la colique bili-u’e. Quand un Cheval a des tranchées; on lui donne pour nourriture du fon échaudé, du gruau chaud, ou de l’eau blanchie, à laquelle on ajoutera une once de gomme arabique, difloute dans une pinte d’eau , & mêlée avec de l'autre eau. | Le flux eft une maladie du Cheval connue de tout le monde, & qu'il eft fouvent dangereux de guérir trop tôt; on l’entretiendra par une nourriture apéritive, furtout sil provient d'un fort exercice qu’on a fait faire au Cheval çn le faifant galoper, ou de 448 Traité Économique réfroidiffement, ou d’avoir trop mangé, ou d’avoir pris de la mauvailenourritu- re,ou enfins'ila de la fievre. Sicepen- dant ce flux continue long-temps, & s’il entraîne même le velouté desinteftins ; file Cheval perd l'appétit & fon em- bonpoint , il faudra pour lors y ap- porter remede : on donnera en confé- quence à l’animal malade, deux fois par jour, avec du fon échaudé & du gruau chaud , un bolaltérant, fait avec une demi-once d’aloës fuccotrin, une : once de diapente : on alliera letoutavec du fuc de régliffe diffous dans l’eau, & une cuillerée d’ambré; on y ajoutera, pour rendre le remede plus effgace, deux gros de myrrhe, pareille quan- tité de fafran, & une demi-once de rhubarbe, Quand le flux eft accompagné de fievre, on fera pour lors prendre à l'a- nimal malade une demi-once de rhu- barbe, avec une demi-once d'éleftuaire lenitif, Le foir, après ce purgatif, on lui. fera pareillement'avaler une demi- once, & même plus de diafcordium, dansune chopine de vin rouge, bouilli avec la Cannelle, ayant foin en outre de Jui donner le bol de-rhubarbe tous les deux ou trois jours. du gros & menu Bétail. ‘449 = Leflax de fang n’eft pas une des maladies les plus communes aux Che- vaux. Quand cependant ils en font at-° taqués , & que le flux fe trouve ac- compagné de tranchées & de gran- des douleurs d’entrailles , il devient pour ces animaux très-dangereux. Un aftringent qu’on dit très-bon dans ce cas, eft de prendre écorce de chêne, qua- tre onces ; racine de tormentille, deux onces; corne de cerf brûlée, trois on- - ces: on fait bouillir le tout dans trois pintes d’eau de forge; on pañe la dé- coétion , & on y ajoute deux onces de diafcordium , quatre onces d’ami- don, & un demi-gros d'opium. :: La conffipation eft la maladie con- traire au flux ; par conféquent , les remedes laxatifs font ceux qui convien- nent le mieux. | Les Chevaux font expofés à trois fortes de vers; les uns féjournent dans leftomac, & font appellés par les An- glois bots ; les feébnds reffemblent aux vers de terré, & les croifiemes font les afcarides ; ils font à-peu-près de ta forme d'une grofle aiguille à coudre. Les meilleurs remedes pour la défiruc- tion de ces vers, font l’échiops mi- néral, la fabine, les amers. Hé) . PA , 0 4$O Traité Économique Il eft aïfé de s'appercevoir fi les Chevaux ont des bots ; car au com- mencement de l'été, ils reftent atta- chés à l’anus de ces animaux; ils les incommodent beaucoup dans cette partie, & fortent fouvent avec les ex- crémens ; qui font pour lors d'une couleur jaunâtre, à-peu-près comme fi c'étoit du foufre fondu. Ces vers ne font nullement dangereux ; ils rendent feulement les Chevaux inquiets, &e les mettent fort mal à leur aife : il n’en eft pas de même de’ la feconde efpece de vers, autrement des lombrics ; ils caufent prefque toujours des convul- fions, & fouvent même on n'eft fùr de leur exiflence que quand ils ont plongé les Chevaux dans un danger imminent de mort. Les afcarides font plus importuns que dangereux ; on les reconnoît aux fymptômes fuivans. Le Cheval eft maigre & fatigué ; - fon poil fe redrefle ; les alimens ne lui profitent point; ilffappe fouvent fon ventre avec fes pieds de derriere ; il a des tranchées de temps en temps, fans être accompagnées cependant de fymptômes violens. Le figne le plus certain qu'un Cheval eft infe@é de ces vers, c’eft lorfqu'il en rend avec fes excrémens, 4 dugros & menu Bétail. 4$4 Pour les vers qui fe trouvent nichés dans l’anus, on prend une poignée de fabine ; on la coupe menue, & on la mêle parmi l’avoine oule fon mouillé ; on y ajoute deux ou trois goufles d'ail, & on en donne deux ou trois fois par jour au Cheval qui en eft infetté; - On purgera en même temps l'animal malade avec le bol purgatif fuivants4 On prendra dix gros d’aloës fuccotrin un gros de jalap, deux gros d’arifto- loche pulvérifée, & autant de myrrhe, de lhuile de fabine & d’ambre , de chacun un gros : on aflociera le tout avec autant de fyrop de nerprun qu'il en faut pour un bol. | .. Un autre bol qui n'eft pas moins efficace, eft de prendre deux gros de mercure crud , une demi-once de té» rébenthine de Venife: on broie le tout emfemble juiqu’à extinétion du mercure : on y ajoute enfuite une once d’aloës, un gros de gingembre rapé , _ trente gouttes d'huile de.fabine.: on allie le toût avec une fuffifante quan- tité de fyrop de nerprun pour un bol : on.en donnera un tous les fix jours. La: jauniffe eft encore une de ces maladies qui n’eft pas moins commune chez les Chevaux quechezies hommes; 482 Traité Économique elle fé manifefte au brun jaunâtre qui fe répand {ur les yeux. Quand un Che- val én eft affeté , le dedans de fa bou- che, fes levres, fa langue & les barres de fon palais font entiérement jaunes; l'animal eft pefant & trifte, & il n’a du goût pour aucune bourriture; il à en outre une fievre lente, qui aug- mente à mefure que la jauniffe fait des progrès; fes excrémens font durs & fecs, & d’un jaune pâle , ou d'un verd pâle clairs fon urine eft auffi prefque toujours d’un brun obfeur ; & lorf- qw'on la laiffle féjourner for le pavé, elle paroît être d’une couleur de fang; d’ailleurs le Cheval ne fiente dans cette maladie qu'avec difhculté & douleur ; & à moins qu'on ne lui apporte du fé- cours, il devient frénétique ; il arrive auffi quelquefois que le côté du veritre eft dur & rendu. Les maladieS du foie, dont la jaunifle fait partie, fe terminenit dans les vieux Chévaux par une vio- lente diarrhée qui les fait fouvent pé- rit PENSE On traite cette maladie de Ja ma- -niere qui fuit: on fait d'abord des fai. gnées abondantes; enfuite on donne un lavement purgatif, & le jour d’a- près une purgation préparée avec une du gros & menu Bétail. 453 once demie de rhubarbe en poudre, deux gros de fafran, fix gros d’aloës uccotrin, & une quantité fufhfante de fyrop de nerprun, pour un bol pur- PAR PRES reitérera deux ou trois fois. On donnera par intervalle à l’animal malade les bols altérans fuivans , de même que la boiflon prefcrite ci-def- fous. | Ces bols fe préparent avec de l’é- thiops minéral, une demi-once; des cloportes , deux onces; du favon de Caltille, une once: on en fait prendre un tous les jours , & pardeflus une cho- pire de boiffon faite avec la racine de garance, de carotte, de chacune qua- tre onces ; de la bardane coupée , une demi-ligre ; du rapontic, quatre onces; de la réoliffe coupée, deux onces: on fait bouillir le tout dans quatre pintes d’eau de forge; on les réduit à trois ; on pañle la déco&ion, & on l’adoucit avec le miel. ; Quand les remedes que nous venons d'indiquer ne fuffifent pas, on pref- crira des bols mercuriaux & fondans. Prenez pour ces bols fel de tartre, ‘deux onces; cinabre d’antimoine, qua- tre onces ; cloportes vivans, limaille d'acier, de chacun trois onces ; fafran, asa Trait É conomique une demi-once ; favon de Venife ; une demi-livre ; faites-en un bol de lagrof feur dun œuf de pigeon avec le miel ; donnez-en un tous les jours, vers le foir, avec une chopine de la boiffon dont nous avons donné lacompofñition il n'y à qu'un inftant. Nous allons pañler aux maladies des reins & de la veflie , qui affectent fou- vent lés Chevaux. Les fignes font une foibleffe dans la région des reins & au fond du dos, une difficulté d’uriner, une grande défaillance , la perte de l'appétit, & lé yeux mourans; une urine épaille, falée , & quelquefois . chargée de fang, fur-tout après que le Cheval a fait des exercices violens. La faignée abondante eft le fouverain remede pour cette maladie ; on don- nera enfuite au Cheval malade, deux ou trois fois par jour, les bols fui- vans, & pardeflus une chopine de dé- cotion de guimauve édulcorée avec du miel, dans laquelle on aura diffous une once de gomme arabique, Ces bols feront compolés d’une once de leuca- tel , de fix gros de blanc de baleine, & d’une demi-once de {el de prunelles: on incorpore le tout avec du miel ;on y aflocie même encore une once de terre du Japon. du gros & menu Bérail. 4$$ Si la fievre PE cette mala- die ,-il faudra faigner abondamment le Cheval malade, lui donner des lave- mens émolliens, & beaucoup de boif- fon rafraîchiffante & purgative, jufqu'à ce que la fievre fe trouve entiérement paflée. Si nonobftant tous les remedes que nous avons indiqués, le Cheval urine encore avec douleur , on lui donnera d’autres bols, tels que les fui- vans. k Prenez baume de copahu , ou té- rébenthine de Vénie & favon dur, de chacun une once; nitre, fix gros 3 myrrhe en poudre, deux gros ; “a en un bol avec du miel, & donnez en mêmetemps une décoëion de gui- mauve. ‘ Quand il y a chez les Chevaux fup- preflion d'urine , il faut léur donner ‘abondamment de la décoétion de gui- mauve , dans laquelle on aura délayé, pour la dofe d'une pinte , une once de nitre & de gomme arabique , avec deux onces de miel, : Quelquefois les Chevaux ont une ÿncontinence d'urine; on leur fera une . boiflon avec quatre onces de quinqui= na , deux onces de biftorte, & autant de celle de tormentille ; huit onçes de hate _ 4 | s 456 Traité Économique gomme arabique : on fera bouillir le tout dans huit pintes d’eau de chaux; réduites à la moitié, &. on en donuera à la bête malade trois chopines par jour. . Le gras fondu eft une maladie qui arrive fouvent aux Chevaux; c’eft un écoulement gras & huileux qui fe fait avec les exerémens; c'eft la matiere _ graiffeufe qui fe fond dans le corps du Cheval , lorfqu'on lui fait faire des exercices violens pendant une grande chaleur. Suivant FR fai- tes, le gras fondu eft toujours accom- pagné de fievrce, de chaleur, d’inquié- tude, de tremblement, de grandes douleurs internes, & d’une réfpiration courte, & fouvent aufli de mêmes bep tômesque ceux qui accompagnent la pleurélie. Les excrémens du Cheval fe trouvent pour lors à ce qu'on dit entremêlés de graifle, & viennent abondamment en forme de diarrhée. -Quañd on faigne ces fortes de Che- vaux, après que le fangeft repoté, on remarque deflus une croûte épaifle & adipeule ,de couleurblanche oujaune; la partie coagulée eft ordinsirement mêlée de colle & de grailfe, qui la rend même fi gliffante , qu'elle ne peut s'attacher ] du gros & menu Bétail. 4$7 même s'attacher aux doigts; la partie féreufe de ce fang fe trouve aufli glaante & féreufe. Fe Cheval qui a le. gras fondu, perd en très-peu de temps la chair & fa graifle. Quand ces ani- maux échappent de cette maladie, ils deviennent inaigres, leur peau refte col- lée à leurs'os; leurs jambess’enflent , & reftent telles jufqu’à l’entiere conva- lefcence de l'animal. Si la guérifon n’eft pas radicale, la maladie fe change fouvent en farcin, dont on parlera ci- . après. Pour apporter remede au gras fondu, il faut d'abord faire au Cheval une fai. gnée abondante, & même la réitérer pendant trois jours, en diminuant ce- pendant fucceflivement le fang qu’on tire: on appliquera en même temps à Panimal malade deux ou trois ferons, & on fer donnees tous les jours des la- vemens émolliens & rafraîchiflans , propres à calmer la fievre, & à defé- cher la matiere grafle des inteftins : on lui fera boire beaucoup d’eau chaude, ou du gruau avec la crême de tartre. Quand le Cheval n’a plus de fievre, & : lorfqu’il a récupéré fon appétit, on lui fera prendre une fois par femaine, pendant un mois, une légere purga- Tom, L V 458 Traité Économique. tion d’aloës, afin de difipcr l’enflure des jambes. La dofe d’aloës fera, dans ce cas, d’une demi-once, ou de fix gros. | - . Le dégoût eft dans les Chevaux plu- tôt lavant-coureur d’une maladie que la maladie même; lorfqu’ils font dé- gnütés, leur poil fe hérifle, & paroît crafieux , fale, malgré le panfement af- fidu qu'on leur fait; leur peau eft cou- verte de craffe qui s’éleve par écailles. Il y a cependant des Chevaux dé- goûtés qui n’ont point de croutes ; mais ils font languiffans, parelleux, & aiment à dormir ; d’autres font feule- ment maigres, & ont la peau collée aux côtes. Dans tous ces cas, il faut commencer par faigner les Chevaux dégoûtés , enfuite les purger avec les bols ordinaires, après quoi, leur don- ner dans leur avoine de fantimoine crud, ou des feuilles de cabaret pul- ‘vérifées. Ces mêmes remedes péuvent convenir aufli aux Chevaux galleux, Le farcin eft une maladie des Che- vaux qui fe fait connoître par une tu- meur accompagnée d’un sat OCCa- fionné par un virustrès dangereux. On diftingue plufeurs fortes de farcins; le cordé, le volant , celui en cul de poule , & l'extérieur. du gros & menu Bétail. ‘459 On lit dans le Journal Economique du mois d'Avril 17$3 , que pour trai- ter cette maladie, on doit commen- cer par des faignées au col du Cheval, une de chaque côté ; on prend en- fuite aloës , affa-foœtida, cinabre brun, chacun une once ; thériaque de Ve- nife , une demi-once ; fcammonée, deux gros; encens mâle, un gros : on fait infufer le tout du foir au matin fur les cendres chaudes, dans une inte de bon vin blanc: on donnece Lénbvdos à avaler au Cheval ; ce qu'on ne fait néanmoins que quatre ou cinq heures après que lanimal a pris fa nourriture. On lit dans le Gentlemen!” Magazine, un remede qu'on dit très-bon pour le farcin ; i! fe prépare avec deux gros de précipité rouge , ou trois gros de: précipité blanc: on réduit ce préci- pité en poudre très-fine, dans un mor- tier de marbre ; on y ajoute une once de thériaque de Venife, la poudre dia- pente, tant qu'il en faut pour former un bol; on tiendg en même temps le Cheval très-chaudement, & on ne lui donnera pour boiïflon que de l’eau tiede. Après le bol, on lui fera ava- Jer la déco&tion fuivante. Prenez V2 url 460 Traité Économique rhue, deux poignées; racines de gai rance, de patience fauvage, de cha- cune quatre onces ; bois de gayac, de falfafras, de chacun deux onces; fai- : tes bien bouillir letout dans deux pin- tes de biere forte , jufqu’à la réduc- tion d’une chopine; pañez-la, & donnez-la riede : on répétera la tifane & le bol trois ou quatre fois à quel- ques jours d'intervalle, | On trouve dans un Ouvrage inti- tulé la Médecine des Chevaux , des li- nimens & un mondificatif pour le far- cin. Dans le liniment le plus fimple, il entre fix onces d’huile de térében- thine, & trois onces d’huile de vitriol , qu'on mêle enfemble peu-à-peu, pour que l’effervefcence ne foit pas confi- dérable , & ne cafe pas la bouteille. .. Lorfque le farcin eft invétéré , il faut le faire différemment : on prend pour çet effet un demi-fetier d'huile de lin , fix onces d’huile de térében- thine, quatre gros de teinture d’ellé- bore, deux onces d'huile de laurier, une demi-once d’hyle d'origan , une pareille quantité d’eau forte double; après l’effervefcence, on y ajoute deux onces de goudron, Le mondificatif pour le farcin n’eft pas dificile à faire ; il ne s'agit que de du gros & menu Bétal. 461 mêler du mercure avec de Peau forte, en confiftance de liniment. Le baïn répercuffif, pour le farcin, du mème Auteur de la Médecine des Chevaux, nous a paru aufli très bon, Il fe prépare avec quatre oncesd'efprit-de- vin, deux onces de vitriol, autant de térében- thine , & fix onces de vinaigre blane _ & de verjus. Nous allons pafler aux maladies ex- ternes ;nous commencerons par celles des yeux: elles font occafionnées par différentes caufes, foit par des exter- nes qui affetent la prunellé, foit par des internes qui affectent les humeurs de la prunelle, Quand les maladies des yeux font externes, comnre lorfe qu'il y acoup, chûte , morfure , enflure de la paupiere, & écoulement de l'oeil, on baflinera fouvent avec une éponge trempée dans de l'eau de fource & du vinaigre la partie affigée ; & fi la pau- piere fe trouve fort enflée , on appli- quera pardeflus un cataplafme faitavec des pepins de pommes bouillies ou cuites à la braife , ou de conferve de rofes & de vinaigre , avec un blane d'œuf. Quand l’enflure commence à diminuer , l’une ou l’autre de ces eaux eft fufffante pour completter la guéri- V3 462 Traité Économique fon. M: Gibfon a employé avec fuccès l’eau fuivante, On prend boutons de roles, on les fait infufer dans un demi- fetier d'eau bouillante; quand l’eau eft froide on coule l'info >, & on y. ajoute vingt grains de fucre de plomb. Quelquefois linflammation eft fi grande dans le Cheval , par la violence du coup, ou de quelqu’autre caufe ex- térne, que la membrane qui enveloppe le globe de l'oeil a perdu toute fa tranf- parence ; elle eft pour lors épaifle, blanchâtre, ou de couleur de perle ; le Cheval refte fouvent entiérement aveugle, ou 1l ne voit au moins que très-confufément. Si l’animal fe trouve être d’une forte conflitution, & s'il a un certain embonpoint, il faut lui faire plufieurs faignées, & lui appliquer en même temps un feton; il faut aufli le mettre au résime du fon échaudé & de l'orge , & lui donner une boiffon ra- fraîchiflante & apéritive , de deux jours Pun. Si lefcarre reftoit adhérente , on l'enlevera, en foufHlant dans loeil par- ties égales de vitriol & de fucre canii pulvérifés. L'eau faphiriene & le fuc d’éclaire font très-bien dans ce cas: on met quelques gouttes de l’une oude l'autre tous les jours dans l'œil. Ces du gros & menu Bétail. 463 eaux ne font pas moins bonnes pour les contufions & ‘autres maladies des yeux. Un onguent très- vanté, eft celui que l’on fait avec l'éclaire, le romarin, de chacun une poignée ; on hache le romarin & l’éclaire,"& on les fait bouil- lir à un feu modéré dans trois chopi- nes de crème, jufqu’à ce que la décoc= tion devienne femblable à une huile verte; on les preffe enfuite à travers un linge, & on les confcrve dans um vafe pour le befoin : on en mettra gros comme un œuf foir & matin dans l'œil du Cheval. Quand les yeux des Chevaux fe trouvent bleflés , il faut les panfer avec le feul miel rofat, ouavec un peu de fucre de plomb, mêlé parmi: on y ajoute peu de jours après la huitieme partie de teinture de myrrhe. On ne négligera pas pendant le temps de cette cure les faisnées, les fetons & les purgations douces & rafraichiffantes. Les Chevaux font fujets à avoir les yeux lunatiques, lorfqu'ils ont atteint la fixieme année ; c’eft pour lors que leurs yeux deviennent troubles, leurs paupieres font enflées, & fouvent fer-= méess 1l-coule ordinairement lé lon de la mâchoire une eau Claire, & qui V4 MEN } 464 Traité Économique eft.fi âcre , qu'elle brûle & entame quelquefois la peau ; les veines de la tempe, fous l'œil & le long du nez, font enflées & pleines, quoiqu'il arrive de temps en temps que l'œil coule peu. Cette maiadie va & revient jufqu'à ce qu'il fe forme une vraie cataraëte : c'eft alors que les douleurs & l’écoulement de l’oœil cefient: alors l'opération de la catara@e feroit le feul remede; maïs cette opération n’eft pas encore ufitée pour les Chevaux. : Des maladies des yeux, pañlons à celles des pieds. Les entorfes, autre- ment luxations, arrivent fouvent aux Chevaux. Cette maladie ne provient à ces animaux que quand les fibres de leurs mufcles ont fouffert une trop grande extenfion , ou qu’elles ont été rompues. On emploie ordinairement les huiles pour ces maladies, maïs elles ne font pas d’une grande utilité ; Je bandage feul, avec ua repos conve- nable , produit de meilleurs effets. Les violentes entorfes des ligamens des os, fur-tout celles de la cuiffe, démandent beaucoup de temps ; elles exigent même , pour obtenir une guérifon arfaite, que l’on mette’le Cheval à Y herbe Le plucôt que faire fe peut. du gros & menu Bétail. 46$ Lorfque l'épaule d'un Cheval a été foulée, 1l ne la porte pas comme l'au- tre. Pour connoître s’il y a réellement foulure , on fait mettre au Cheval contre terre le pied fain ; & quoique le pied du côté malade foit plus court, & qu'il doive conféquemment être moins douloureux que s'il portoit fur la terre, on s’appercevra cependant que ce mouvement l’éprouvera beau- coup plus qu'aucun autre: on faignera pour lors dans ce cas le Cheval; on ‘baflinera enfuite la partie avec du ver- jus ou du vinaigre chaud, dans iequel on aura diffous un peu de favon; maïs file boitement continue fans aucune apparence d’enflure, après un repos de deux ou trois jours, on frottera bien les mufcles avec un mêlange compofé d’un demrfetier de bon vinaigre, de deux onces d’efprit-de-vin, & de pa- reille quantité d'efprit-de-vitriol. Quand l'enflure de l'épaule eft con- fidérable, on y fera des fomentations avec une piece d’étoffe de laine , de la grandeur de l’enflure, qu’on trempera dans l’efprit-de-vin chaud, ou bien on fe fervira pour cette fomentation d’une décoëtion d’abfynthe, de feuilles de laurier & de romarin ; on Joe un Y 3 466 Traité Économique .demi-fetier d’efprit-de-vin fur une cho: pine de cette décoëtion. Les entorfes de lemboiture occafon- nent au Cheval dans cette partie une telle roideur, qu'il ne touche la terre que du bout des pieds, & on ne peut pas même avec la main faire plier la jointure. Les véficatoires réitérés, & le feu appliqué d’une façon cependant fuperfcielle , font les feuls remedes ui reftent à employer. Les entorfes ju nerfs du derriere font de toutes les entorfes du Cheval celles qui font les plus aifées à connoître. Dans ces entorfes, l'enflure du derriere s’étend quelquefois depuis le derriere du ge- nou jufqu'au talon, & ordinairement tous les Chevaux attaqués de cette maladie mettent la jambe affe&ée de- -vant l’autre : on baflinera trois ou qua- tre fois par jour la partie malade avec du vinaigre chaud ; & fi le genou eft eu‘enflé, on y appliquera des cata- plafimes de farine d'avoine, de feiplé, qu'on fera bouillir dans du vinaigre ou dans de la lie de vin. Lesrognures des Corroyeurs , imbibées de vinaigre, pañlent pour être efficaces dans ces en- torfes , de même quele goudron & l'efprit-de- vin. du gros & menu Bétail. 467 Les entorfes de l’emboiture.ne font pas les feules auxquelles les Chevaux font fujets; il y en a encore d’autres dont ils font quelquefois affe&tés, tel- les que celles du jarret & des paturons. Ces derniers viennent fouvent des coups que l'on donne à l'animal ; ou des coups de pied qu'il reçoit. Si la partie malade eft beaucoup enflée, on y appliquera des cataplafmes; & lorfque Fenflure eft diminuée; on la baflinera avec un mélange compofé d’une chopine de vinaigre, ‘de quatre -onces d'efprit camphré , & de deux gros de vitriol blanc, diflous dans un peu d’eau. th oi tprrEh Quand l’entorfe a été violente, il refte une grande foibleffe au paturon!; il faut pour lors mettre le Cheval à l'herbe, jufqu’à ce:qu'il foit entiére- ment rétabli. Quand: onn’a pas la fa- ciité de le mettre au verd, on a re- cours aux véficatoires & au feu. Les Chevaux boitent quelquefois du ftyle, ce quieft facile à reconnoi- tre par leur marche : ils n’avancent pour l'ordinaire dans dficas que fur la “pointe de leurs pieds, & leurs talons ne peuvent point porter fur la terre. Le remede qu'on doit employer pour LT 4638 Traité Économique leur guérifon , eft un panfementavecle Se Re es aftringens rafraîchiffanss mais fi l'enflure furvient, & fi elle groffit à vue d'œil, on fe fervira de fomenta- tions réfolutives , pour en fomenter la partie affectée , enfuice on la baflinera avec le mêlange précédent. Si les Chevaux traînent la jambe. & tombent en arriere fur le talon, cela annonce un déboitement dela ro- tule 8c- dela hanche, Quand il n’y a que les mufcles de la hanche d’offen- fés, il eff facile de les guérir ; mais fi les ligatures de la joinrure le font, al n'eft pas fi facile de le faire; fouvent même on n’y peut parvenir: en tout cas, on bafline les partiesaffe@ées avec Jes rafraichifflans trois ou quatre fois le jour. Ce feulkremede elt fouvent foffilant ; mais quand les ligamens fonc enfoncés; ils ne peuvent recouvrer leur re fort que par le repos & le temps. Les tumeurs des Chevaux , que sous plaçons ici au rang des mas ladies externes, ont cependant le plus fouvent des caufes internes. Quand elles font ocfionnées par des acci- des: extérieurs, tels que des coups & contulons, on fe; fert pour le traite- wmept d'aftringens. On bafline en con- du gros & menu Bétail. 469. féquence la partie avec le vinaigre ou le verjus chaud , & on met pardeflus une flanelle , après l'avoir trempée dans ce vinaigre. Si malgré ce pan- fement, l’enflure fublfte toujours la même, on y appliquera le cataplafme avec la lie de vin & la farine d'avoine, ou avec le vinaigre, l’huile & la fa- rine d'avoine; on continuera l’un ou Pautre deux fois par jour, jufqu’à ce ue l’enflure diminue; & pour la dif- entiérement, On pourra mettre à Ja-place de vinaigre de l’efprit-de-vin _camphré : on ajoutera une once d’ef- prit de fel ammoniac. Les fomenta- tions d’abfynthe , de feuilles de laurier & de romarin bouillies , auxquelles on aflocie une quantité fufhfante d’ef- prit-de-vin, font très-fouvent néce{- faires ; mais s'il y a dans la tumeur du fang extravafé, comme cela arrive ordinairement dans les cortufions , il faut ouvrir la peau, pour le faire for- tir. Un Maréchal doit avoir principa- lement attention de ne point faire dif- fiper les. tumeurs critiques, ou les en- flures qui terminent la flevre, à moins qu’elles ne fe portent vers le paturon ou l’'emboiture de La jointure : on ap- 470 Traité Économique pliquera alors dans ce cas , fur la par- tic afligée , trois ou quatre fois par. jour, une fomentation -réfolutive ; quand l’enflure paroît fous la mâchoire, derriere les oreilles , fur la tête , le garrot, dans l’aiîne , &c., il faut ame- per cette enflure à fuppuration , par des cataplafmes fuppuratifs. Pour cet effet, on prendra de la farine d’a- voine; on la fera bouillir dans du lait; On y ajOutera une quantité convena- ble d'huile , ou de faindoux; on ap- pliquera ce cataplafme deux fois par jour, jufqu’à ce que la matiere fléchiffe fous la preffion du doigt ; on en fera pour lors l'ouverture, s’il eft pofible, dans toute l'étendue de l'enflure, avec une forte lancette ; Pouverture faite, on infinuera au fond de la plaie des tampons de charpie, couverts de bali- licon noir ou jaune , ou d'onguent de bleflure , fondu avec une cinquieme partie d'huile de térébenthine : on remplit la plaie du même onguent, fans cependant l’enfoncer : on réité- rera une où deux fois le même panfe- ment, fi la matiere coule beaucoup, jufqu’à ce qu’elle foir bien digérée ; on appliquera enfuite de là même ma- niere des plumaceaux couverts de pré: = du gros & menu Betail. 471 cipité rouge. Pour faire l’onguent dés bleflures, on prend de la térébenthine de Venife , de la cire jaune &c de l'huile d'olive, de chacune une demi- livre; de la réfine jaune, trois quarte- rons. Après que le tout eft bien fondu & mêlé eniemble, on y incorporera deux ou trois onces de verd-de-gris _en poudre, & on le remue jufqu'a ce . que le tout foit froid, pour l'empêcher d'aller au fond. Pour ce qui eft de longuent precipité rouge , il eft en- core plus facile à faire : on prend bafi- licon jaune, ou de l’onguent précédent fans verd-de-gris, deux onces; précipité rouge en poudre fine , une demi-once ; on les mêle enfemble à froid avec une fpatule ou un couteau. La nerf-ferrure eft une bleflure gès- difhcile à traiter ; aufli c’eft par fa cure, comme Ja plus difhcile, que nous commencerons ce qui concerne la blef- fure des Chevaux. Eile eft occafon- née par la pince du fer de derriere qui porte fur le talon de devant; lorf- qu'elle n’eft que fuperficielle & légere, elle fe guérit cependant facilement, en la lavant promptement , & y ap- pliquant l’onguent des bleflures ; mais quand le coup a été violent, comme 472 Traité Économique il y a toujours dans ce cas contufon avec déchirure de la partie , il faut amener cette contufion à fuppuration. Pour ce faire , on lave d’abord bien la partie ; on en fait fauter tous les gra- viers avec lécume de favon; on ap- plique les digeftifs, ce qui fe fait par Je moyen des plumaceaux de charpie qu'on trempe dans une once de téré- _benthine de Venife battue avec un jaune d'œuf, & on y ajoute une once de teinture de myrrhe; on met enfuite pardeflus le digeftif un cataplafme de raves, ou celui de lie de biere & de farine d'avoine ; on le réitere trois ou quatre fois, & même plus, jufqu’à ce qu'enfin on foit parvenu à une par- faite coion de la matiere ; après quoi on ghangera ces deux remedes, & on leur fubitituera le précipité ou l'eau de chaux mêlée ; mais on aura tou- jours la précaution de mettre au fond de la plaie des plumaceaux , & de l’en remplir même jufqu’aux bords, & de bien Her enfuite le tout avec une bande & une comprefe. , Après avoir parlé de la nerf-ferrure, nous allons pafler aux autres bleffures du Cheval. En général , dans toutes les bleflures , quand elles font récen- du gros & menu Bétal. 473 tes, & qu'elles font occafonnées par des inftrumens tranchans , il faut tà- cher d'en réunir les levres par la fu- ture , le bandage , pourvu qu’on y puifle pratiquer cette opération ; car . il y a des parties où la future ne peut point fe pratiquer. Si quelque artere coupée produit uffe hémorrhagie confi- dérable, il faut appliquer pardeflus Pou- verture de l’agaric de chêne, ou bien fim- plement un bon tampon de charpie ou . d'étoupe couvert de Ponguent de blef- fures. En général, on ne doit panfer les bleffures des jointures, tendons, parties membraneufes , qu'avec la té- rébenthine, à laquelle on pourra aflo- cier du miel & de a teinture de myr- rhe. Il ne faut point approcher jamais de ces parties aucune graïfle ni huile; quoi qu'on puife dire, les fomenta- tions {ont pour lors d’une grande uti- té. Quand les bleffures parviennent de piquures d'épines ou d’âutres acci- dens, il faut les traiter de la même maniere que les autres bleffures : on appliquera le cataplafme de biere, ou de pain & de lait far Pappareil, juf- qu’à ce qu’on voie les fignes de coc- 474 Traité Économique tion; pour les accélérer, on fomente bien fa partie tous les jours. Îl arrive quelquefois au col da Che- val , après lavoit faigné , une enflure ; dans ce cas, il faut faupoudrer la par- tie avec du précipité & de l’alun en port ; pour en Sn és % détruire es chairs fpongieules qui bouchent _ l'orifice. Quand les Chevaux ont des plaies à feu occafionnées par des balles, il faut d’abord examiner fi les balles ne font point au fond des plaies; pour lors il faut les en tirer; on fe fert en- fuite , pour panfer la plaie, de téré- benthine battue avec un jaune d'œuf, à laquelle on ajoute un peu de miel & de teinture de myrrhe: on aura en outre la précaution d'agrandir l’ou- verture de ces plaies, pour procurer l'épanchement; mais fi la plaie ne pa- roît pas difpofée à une coëtion loua- ble, on y appliquera les cataplafmes ordinaires, & on fera ufage des fo- mentations réfolutives. Les Chevaux ont encore fouvent ds ulceres ; les remedes extérieurs leur font inutiles, fi on n'emploie pas les intérieurs. La premiere indication ) + # du gros & menu Betail. 475$ à remplir dans leur traitement, c'eft de lés amener à fuppuration, ou d’en faire fortir une matiere épaifle. Le remede qui convient dans ce cas eff l'onguent verd, ou celui de précipité ; mais fl la matiere de la plaie n'eft pas loua- ble, & s'il en fort un fang corrompu & de couleur pale, on fe fervira pour la panfer de l'huile de térébenthine fondue avec le digeftif ordinaire, & pardeflus du cataplafme de biere, dont nous avons donné la préparation plus . haur, Si les levres de l’uicere devien- nent dures & calleules, il faut les cou- per & les frotter enfuite avec un cauf- tique; files chairs font fpongieufes & baveufes, il faut les fupprimer avec foin & à temps 3 & fi elles dévbordent la furface de la plaie, il*faut y appli- quer la pierre infernale: on faupou- drera enfuite la plaie avec parties éga- les d'alua brûlé & de précipité rouge, : ou bien même on la lavéra avec de l'eau de fublimé; on fera le panfement avec de la charpie feche jufqu'à la furface, & on mettra pardellus une comprefle contenue par un bandage auffi ferré que le Cheval pourra le fup- porter. Quand on découvre des finus ou cavités, il faut en faire l'ouverture; ‘476 Traité Économique mais fi la cavité pénetre profonde ment dansles mufcles, & fi l'ouverture eft impraticable & dangereufe, il faut faire ufage d’injedion. La folutionde la ‘ pris médicamenteufe de Crollius dans eau de chaux, avecune cinquieme par- tie de miel & de teinture de myrrhe, eft très-bonne pour ces injetions ; on les réitere trois ou quatre fois par jour. | Les finus ou cavités des ulceres dé£- génerent fouvent en fiftules. Quand . cela arrive, il faut les ouvrir, & cou- per toute la fubftance dure ; ou fi cette opération eft impraticable, il faut les {carifier., y introduire l’onguent de précipité, & les frotter de temps en temps avec les cauftiques & le beurre d'antimoiue. Quand los eft gâté ou carié par la - durée d’un ulcere, il faut mettre l'os à nud pour en ôter la carie. On ex- tirpe toutes les chairs molles ; on fait le panfement avec de la charpie feche, ou avec des plumaceaux trempés dans une teinture de myrrhe ou d’euphor- be, ayant l'attention, avant de les ap- pliquer, de les exprimer, pour ne leur laifler que fort peu d'humidité ; quant au dépouillement des écailles de los, c’eft plutôt l'ouvrage de la nature que du gros & menu Bétail. 477 de l’art. Quand la guérifon des ulceres : eft douteufe, il faut donner le mer- cure , & le réitérer par intervalle, ou bien des poudres d’antimoine. L’éparvin eft encore une maladie propre aux Chevaux; c’eft:une ex- croiffance ofleufe, ou une enflure dure qui croît en dedans du jarret de leurs jambes de derriere. Cette maladie provient de différentes Caufes; mais quelle qu’en foit la caufe, les remedesles plus convenables font les véficatoires & le feu. Pour faire un excellent on- guent véficatoire, on prend onguent de nerf & de guimauve, de chacun deux onces ; argent vif, une once, dif- fous avec une once de térébenthing; cantharide en poudre , un demi-gros; fublimé, un gros; huile d’origan, deux gros: on coupe le poil mr ras qu’il eft poffble, & on applique pardeflus l'onguent précédent. On fera cette opération le matin ; on aura la précaution de tenir le Cheval atta-. ché tout le jour fans litiere, jufqu’au {oir ; on peut alors le détacher , afin dele Jaiffer coucher ; on mettra pardef- fus l’onguent de véficatoire un emplâtre de poix , aflujetti par une large bande bien ferrée, Le feu n’eft pas aufli avan "478 Traite Économique tageux pour cette maladie que l’on: guent véficatoire. - La courbe ne differe pas beaucou de léparvin ; car de même que l'é- parvin fe forme entre les os, en de- dans du jarret de derriere , de même auili la courbe fe place aux jointures des menus os, &s’élevant fur la partie de derriere, forme une tumeur affez grande fur le dos de la jambe, qui eft fuivie d’une roideur , & quelquefois d'une douleur qui fait boiter le Che- val. | Les caufes de la courbe; de même que celles de l'éparvin, font un tra- vail trop violent, des entorfes, des c@ups de pied. On guérit cette mala- die par des véficatoires réitérés deux ou trois fois, où plus fouvent. Il y a encore une autre enflure qui paroît fur l'extérieur du jarret de der- riere, qu'on appelle lardon; l'appli- cation des véficatoires convient aufli dans ce cas. Une autre maladie du Cheval eft ce qu'on appelle anneau de l'os; c’eft une enflure dure, fituée au bas du pa- turon, qui ordinairement embrafle la moitié du rond antérieur dudit patu- ron, On lui a donné ce nom, à caufe ‘ OR RCA de EE NC AR Se TT < ER rs + + È r ve ; SEA Le 2 RE MT SE Er Co PRES du gros & menu Bétail. 479 de la refflemblance qu'elle a avecun anneau, Cette maladie eft ordinaire- ment produite par des entorfes; quand elle a fon fiege fur le derriere du rond du paturon, cela provient de ce qu’on a fait tenir trop tôt les jeunes Che- vaux fur les hanches. Dans cette at- titude, l'animal porte autant de fon poids, & même davantage, fur fes paturons que fur fes jarrets de der- riere. L’anneau de los qui furvient aux -Poulains & aux jeunes Chevaux fe guérit infenfiblement de lui-même, & {ans faire ufage d’aucun onguent ; on pourroit cependant y appliquer les véficatoires; & fi par la longueur du du temps, il vient à acquérir un cer- tain degré de dureté, on emploie le feu. Parmi les différentes maladies des jambes des Chevaux, on place les furos; ce font des excroiffances du- res, qui s’élevent fur l'os de la jambe, & qui font de diverfes grandeurs. 11 y a des Chevaux qui y font plus fujets les uns que les autres , fur-tout les jeunes : rarement cette maladie fur- vient aux Chevaux qui ont pañlé fept ou huit ans; il n'y a rien à faire à ces 480 Traité Économique fortes d’excroiflances , à moïns que par leur grofleur elles ne défigurent le Cheval, ou qu'elles ne le rendent boiteux : on aura recours pour lors aux véficatoires réitérés ; & fi cela ne fufñt pas, on fera ufage du feu. La maladie qui eft connue fous le nom de fiftule, a fon fiese dans le finus, qui eft à la plus haute vertebre du col; elle reconnoit pour caufe or- dinaire-quelque coup, contufion, ou autre accident extérieur. Quand un Cheval eft affecté de cètte maladie , il faut bafliner la partie malade avec du vinaigre chaud; quand la peau fe trouve écorchée, on fait ufage d’un mêlange fait avec deux parties de vinaigre fur une partie d’efprit-de-vin ; quand il y a démangeaifon à la partie, avec chaleur &c inflammation , on en viendra à la faignée , & on appliquera les cata- plafmes faits avec le pain, le lait & la fleur de fureau, Par le moyen de ce traitement & de la purgation, l'en- flure fe diflipera , & le mal fe guérira radicalement. Un accident des plus communs aux Chevaux , eft la contufon fur le gar- _ rot; cette contufion fe forme en apof- tume, & dégénere, faute de foin, en flule; , © dugros & menu Bétail. 48% fiftule; elle provient pour l'ordinaire de la felle qui blefle le Cheval. Quand on s'apperçoit de cet accident, om bafline la tumeur trois ou quatre fois par jour avec du vinaigre chaud; & fi cela n’eft pas fuffifant , on mêlera une once d'huile de vitriol avec une pinte de vinaigre, ou bien on délayera une demi-once de vitriol blanc dansun peu d’eau, & on s'en fervira coinme répercuflif: on pourroit encore em- ployer au même ufage , & même en= core avec plus de fuccès, l'eau fui- vante. Prenez fel ammoniac crud , + deux onces; faites-les bouillir dans une | pinte d’éau de chaux, ou à fon dé- faut de la leflive de cendres bouillies dans l’eau: on pañle la décottion, b quand elle eff repofée, & on y mêle + un demi-fetier d'efprit-de-vin ; ont frotte enfuite la partie avec l'huile de lin & l'onguent de fureau, pour ras l} mollir & rendre la peau unie; mais : . fi les enflures qui furviennent dans les »* … parties fufdites font critiques, & comme - _fymptômes de fievres, il faux évirer les _remedes répercuflifs, & conduire ces tumeurs à maturité, par le fecours de -gataplafmes maturatifs. La molette eft une autre malalis Tom, L 282 Traité Économique du Cheval; c’eft une enflure venteufe qui le prête à la compreffion du doigt, & revient lorlau'on le retire, La tu- gmeur dans cette maladie eft vifible, & fe forme fouvent aux deux côtés du nerf de derriere au-defflus du fanon, für les jambes de devant, quoiqu'il s’en trouve quelquefois dans toutes les par- fies du corps, Quand la molette fe forme près des jointures & des ten- doss , 1l y a toujours nécelfairement entorfe ou contufon fur les nerfs ou fur la peau qui les couvre. Dès linf tant que la molette commence à pas roître, il faut en venir à fon traite- ment, tant par les aftringens que par les bandages ; on baflinera en confé- juence deux fois par jour la parrie affleftée avec du vinaigre ou du verjus feul, ou on la fomentera avec une dé- cottion faite d’écorce de chêne, ds prenade & d’alun broyés dans le ver- us ; on la couvrira enfuite avec une comprefle de laine trempée dans la même décoétion, & aflujettie avec un fort bandage. $i ce remede ne réuflie oint, on emploiera les véficatoireg (oux ; c'eft-à dire ; fans fublimé: ‘ Par melandes, on entend des cres yafles qui fe forment au pli du jarreg a + A (É dé L (E 1% » E: 1 du gros & menu Bétail. 483 de devant des Chevaux , d’où découle une matiere âcre qui n'eft point encore parvenue à maturité. Les melandes font -boirer le Cheval, & occafonnent une roideur qui le fait broncher. Les fou- landes ne different des melandes qu’en ce qu'elles font placées au pli du jarret de derriere , & caufent, comme les autres , le boitement. Ces deux mala- dies exigent le même traitement : on lave les parties affe@tées avec l’écume chaude de favon, ou avec de l'urine ; on met enfuite l’onguent, double de mercure fur le chancre, & on l’appli- que foir & matin, jufqu'à ce que les efcares tombent ; ou pour réuffir plus promptement, on frotte la plaie. avec Un onguent compolé d’une demi-once d'éthiops minéral, d’un gros de vi- triol blanc, & de fix onces de favon bleu. Avant de faire ce frottement, on a foin d'ôter les poils, & de net toyer les efcares, On donne le nom de lampis à une excroiffance qui vient au palais de Ja bouche, & qui eft quelquefois fi gran- de, qu'elle pañfe les dents, & empêche le Cheval de manger; on le guérit, en cautérifant légérement la chaïr avec un fer chaud,*ayant cependang x 2 484 Traité. Économique attention de ne pas pénétrer trop avant, & de ne pas brüler l’os même qui eft fur la barre de deflus. On peut frotier {a partie avec l’alun brûlé & Île miel: ce remede eft excellent pour prefaue tous les maux de la bouche, Les poireaux font d’autres excroif- fances, mais qui viennent fous la lan- gue, Pour les guérir , le feul remede eft de les couper, & de laver enfuire Ja partie avec de l'eau-de-vie ou de J'eau marinée. Quand les Chevaux ont des furdénts , autre accident auquel äls font fujets, il faut limer la partie fuperflue. La graifle eft une autre maladie du Cheval qui peut être occafionnée par deux caufes différentes, ou par unre- lâchement des vaifleaux , ou par une mauvaile difpofitien du fang & des fucs ; elle exige par conféquent deux trairemens différens. {fuivant les caufes qui lui ont donné lieu, & peut auffi être confidérée ou comme un mal lo- cal , toutes les fois qu’il n’y a que telle ou telle partie qui foit affeétée, atten- du qve le fang ni les focs ne font point encore altérés, ou comme une mala- die où les fucs & le fang font viciés? mais comme la graifle eft pour l'ordi, du gros & menu Bétail. 485$ faire la fuite de quelqu’autre maladie, telle que du farcin, de la jaunifle , de lhydropilie, &c., ces maladies doivent néceflairement être guéries avant lPab- forption dela graiile. Quand cette ma- Jadie n’eft quelocale , un exercice mo“ déré, beaucoup de propreté, beau- coup de foin de la part du Palefre- nier pour panfer Île Cheval, & l’ap- plication des remedes extérieurs, fone pour lors fufhfans ; mais fi elle n’eft pas locale, il faut employer les reme- des internes & les évacuations con- venables. VE | Dans le premier cas de cette mala- die, les talons du Cheval s’enflent à l'écurie. Quand on s'en apperçoit, il faut les laver promptement avec de l'urine ,où le vinaigre & l’eau, & avec l'écume de favon; & vous applique- rez en même temps pardeflus des lin- ges trempés dans ce mélange ; que vous contiendrez avec un fort ban- dage pendant quelques jours, Si vous vous appercévez de quelques fentes ou crevailes àces talons, ou fi vous ÿ remarquez des grofles gales dures, vous commencerez par couper le poil $ enfuite vous appliquerez deflus la partie malade des cataplafmes faits X 3 ns: 0 486 Traité Économique avec des raves bouillies & du lard, & une poignée de graine de lin en poudre; & fi vous voulez avancer la fuppuration , vous appliquerez en même temps de l'onguent digeftifs vous deflécherez enfuire la plaie avec Peau deflicative fuivante. Pour la faire, vous prenez vitriol blanc, alun brûlé, de chäcun deux onces;onguent egyp- tiac, une once; eau de Chaux, trois chopines; vous laverez trois fois par jour la plaie avec une éponge trem- pée dans cetre eau, & vous applique- rez enfuite l'onguent blanc commun , que vous étendrez fur des étoupes. Sur une once dé cet onguent, vous y ajouterez deux gros de fucre de plomb: c’eft ainfi que vous parvien- drez à guérir la graifle. Lorfque cette maladie eft locaie, il eft inutile d’a- voir recours alors aux remedes inter- nes, Quand le Cheval eft parvenu à un certain âge , & quil eft gros; quand fes jambes font confidérable- ment enflées; quand elles font char- gées d’ulceres profords, d’où découle une matiere puante, la cure en eft pour lors très-difficile, parce que la maladie provient d'une hydropifie, ou d’une altération générale du fang du gros & menu Bétail. 487 & des fucs: mais fi le Cheval eff d’un bon âge, & a. de l'embonpoint ; on commence d’abord par le faigner, lui faire des ferons , le purger plu= fieurs fois, & op lui donnera enfuite des remedes diurétiques. Les bols fut- vans feront très-bien dans ce cas ; on prend réfine jaune, quatre onces ; fel de tartre, fel de prunelle, de chacun deux onces ; favon dur , une demi- livre; huile de genievre, une demi- _ ‘once : on en fait des bols de deux on- ces, & on en donne tous les matins ; on fomente en même temps les jam- bes avec des fomentations réfoluuives, dans lefquelles on aura fait. bouillir deux ou trois poignées de cendress on applique enfuite deflus un cata- plafme fait avec du miel, une livres _ de la térébenthige, fix onces: on1in- corpore ces deux drogues enfemble avec une cuiller, & on y aioute farine de fenugrec & de graine de lin, de chacune quatre onces, qu'on fait bouillir dans trois pintes de .lie de vin rouge, auquel on ajoute deux onces de camphre en poudre: on étend ce mêlange fur du drap épais, & on l’applique bien chaud fur les jam- . bes; on le contient avec un fort bans X 4 288 Traité Économique dage; on continue ce cataplafme juf- qu'à ce que l'enflure foit diminuée; on panfe enfuite l’ulcere avec l’on- guent verd, jufqu'à ce qu'il foit par- venu à fuppuration. Les arrêtes ou les grappes approdhent beaucoup de la graifle; ces deux maladies fe rencon- trent même prefque toujoursenfemble; _ainfi le traitement en eft le même. Les peignes font encore uné mala- die des Chevaux , & c’eft une hu- meur très-âcre & très-piquante qui perce autour de la couronne, & qui annonce pour l’ordinaire le fcorbut: on mêlera parties égales d'onguent de : guimauve & de baflicon jaune ; on étendra ce mêlange fur des étoupes, & on en mettra autour de la cou- ronne , après quoi on fera prendre in- térieuremernt au Cheval deux ou trois médecines & des breuvages diuréti- ques. On met aufli au nombre des mala- dies des Chevaux celles qu’on nomme queues de rat; ce font des excroiflan- ces qui pouffent du paturon jufqu'au milieu de la jambe: on en diftingue de deux fortes, des humides & des feches. Les onguens ordinaires &r l’eau defficative conviennent pour les pre- micres ; l'onguent mercuriel ef le vrai du gros & menu Bétail. 489 remede propre pour les dernieres, Un défaut naturel dans le Cheval eft ce qu'on nommé talons étroits ; les Maré- chaux doivent prendre garde de n’en pas faire une maladie incurable, en ferrant mal; ils ne doivent pas pour lors creufer le pied en le ferrant ; ils ne doivent ôter que ce qui eft fale ou pourri. Si le pied du Cheval refte dur & fec, ou s'il tend à la pourriture, on le lavera fouvent avec de lurine, ou bien même on fera encore mieux de faire bouillir deux onces de graine de lin concaflée dans deux pintes d’urine, jufqu'à ce que la décoétion ait acquis la confiftance de cataplafme ; on y ajoute fix onces de favon gris mol, & on en frotte le pied & la plante du Cheval tous les jours. Si la corne du Chevaleft trop dure, onla frotte avec dulard; & frelle eft trophumide, onlave les pieds de Panimal avec du vinaigre: chaud , du verjus, de l'eau de coupe- rofe, ou autres aftringens ; on pourræ même y ajouter les galles & l’alun. L’encarlure eft encore une maladie: de la corne ; elle fe trouve pour lors fi ferrée à lentour du col du pied , que: Fanimal le tourne en quelque façon: . gomme une cloche; pour y ne 2 ; $ 490 Traité Économique | il faut tirer en bas le pied avec un inftrument , depuis la couronne juf- qu'au talon ; on fait enfuite fépt ou huit lignes à travers le fabot, en péné- trant prefque jufqu’au vif; on remplit ces lignes de poix ou de réfine, juf- qu'à ce qu'elles s’effacent , ce qui n’ar- rive qu'au bout de quelques mois: on met pour l'ordinaire. pendant ce temps ces Chevaux à l'herbe. On donne le nom de feme à une petite fente qui fe forme fur l'extérieur du fabot, quand eile va en ligne droite de haut en bas; & quand elle pénetre la partie offeufe du fabot ; elle et très-difficile à guérir , lorfqu’elle pale par le ligament qui joint enfemble le fabot à la couronne, Dans le premier cas, pourvu que le fabot ne foit pas creux, on com- mence par rendre les bords de la cre- vafle unis avec une rape , & on ap- plique du baflicum avec des étoupes. de chanvre , qu'on affujettit avec une lhficre douce; mais dès qu’on s’apper- çoit de quelque cavité fous le fabot, & qu'il paroît que la crevañle tend vers le ligament , il faut, pour le plus für, v mettre le feu avec des fers raifonna- “ent chauds : on rape cependant du gros & menu Bétail. 495 auparavant fort mince les deux côtés .de fa fente, & on l'élargit. Une autre maladie qui approche beaucoup de celle-ci, eft un ulcere qui fe forme entre le poil & le fabot du Cheval, au quartier du dedans du pied. Quand l’ulcere ne cave point profondément , on peut le auérir, en Javant & en nettoyant la couronne avec l'efprit de-vin , & en panfant la plaie avec l’onguent de précipité; mais quand la matiere fe loge fous le fabort, il n'eft pas pour lors facile de parve- nir à l’ulcere ; ce qui convient dans ce cas , c'eft d’emporter une partie du fabot, Quand la matiere s’eft logée près du quartier, on fe trouve fou- vent obligé d’ôter le quartier du fa- bot , & la cure n'eft alors que pallia- tive. Si la matiere a, par fon féjour, carié l'os de la boîte, qui eft natu- rellement tendre & fpongieux, comme cela arrive fouvent , il faut agrandir l'ouverture, couper la chair baveufe, appliquer le cautere ou le fer chaud, . & panfer l'os avec des plumaceaux de charpie trempés dans la teinture de myrrhe, & panfer la plaie avec Fon- guent verd ou le précipité. Si on ne veut pas élargi la plaie Es l'inftru- 492 Traité Économique ment, on applique deflus des mor ceaux de fublimé , qui entraînent avec eux des lambeaux de chair; on fe fert aufli de vitriol blanc en poudre, avec quelques gouttes. d’huilé ; on tient pendant ce temps le pied du Cheval enveloppé de quelques cataplafmes doux, & onempêche les chairs baveu- fes de croître. : Les bleflures des pieds des Chevaux ne font pas fouvent d’aufli peu de conféquence qu'on fe l’imagine com- munément, Lorfque quelques corps étrangers fe font introduits dans cette partie, on les arrache aufli-tôt , après à et bafine la partie avec de l’huile e térébenthine , & on panfe le trou avec un plumaceau trempé dans la même huile avec un peu de goudron ÿ on ferme le pied avec du fon & de la graille de lard chauffés enfemble, ow mis dans le cataplafme de raves, ow dr euce cataplafme doux. Quand il y a quelques parties du corps reftées. dans la plaie, on coupera d’abord la corne auli mince que lon pourra; on introduira une tente faire avec de l'éponge ; pour agrandir le trou de fa- çon à pouvoir tirer le corps étranger avec des pinces. Si cela ne réullit pas, du gros & mènu Bétail. 49% on fera l'ouverture de la plaie , & on Ja panfera de la même maniere que nous avons dit plus haut. Si le Che- val fe trouve piqué par le Maréchal en le ferrant , on amincira la corne du côté bleflé; on le panfera Ru avec de la térébenthine fondue dans du lard, Une autre maladie particuliere au pied du Cheval, eft une fuppuration de la fourchette. Cette maladie pro- vient d’une matiere purulente qui s'y raffemble quelquefois , ou d'une dif- pofition galeufe & ulcéreufe, qui fou- vent fait tomber le Cheval. Quand l'écalement eft naturel, on fe conten- tera feulement d'entretenir Les pieds. nets, fans faire ufage d’aucune eaudef- ficative, qui pourroit même dans ee cas être très-dargereufe. Quand il y & amas de matiere, on coupera pour Jors la partie dure de Ja fourchette, ou tout ce qui paroît pourri, & on lavera le fond du pied deux ou trois fois le jour avec de la vieille urine. Lorfque le mal eft négligé, il peut fe changer en cancer ; pour prévenir un pareil accident, on fera ufage de Feau. fuivante: on prendra efprit:de- win, vinaigre, de chacun deux onces x 494 Traité ÉBbnomique teinture de mytrhe & d’aloës , une once ; égyptiac, pareille quantité: on incorporera bien le tout enfemble; on en baflinera la fourchette dans la partie où on trouvera plus d’humi- Fa the l'ordinaire , & on appliquera fur lulcere un peu d’étoupe trempée dans la même eau; on fera prendre aufli intérieurement des purgatifs & des diurétiques. Pour guérir le cancer qui furvient à la fuite de la fuppuration de la. fourchette , les Maréchaux emploient des huiles chaudes , telles que le beurre d'antimoine , l’eau forte, l'huile de vitriol , qui font autant de matieres différentes propres à empêcher l'ac- croiflement des chairs ; ils en conti- nuent journellement Pufage , jufqu'à ce que les parties fpongieufes foient confommées. - Quand un Cheval a été mordu de chiens enragés , un excellent remede, à cequ'ondit, eft le fuivant. On prend fix onces de rhue , rhériaque de Ve- nife, aulx, étain fin, de chacun qua tre-onces : on fait bouillir le tout dans deux pintes de vin fur un feù mo- déré: on le réduit à la moitié ; om coule la liqueur , & on prefle le mare; du gros & menu Bétail. 49$ on en donne au Cheval quatre ou cinq onces tous les jours, le matin à jeun; on peut enfuite piler toutes ces drogues dans un mortier, & on les applique tous les jours fur la plaie en forme de cataplafme. Les fics font des enflures fpongieu- fes, qui fe forment au bord des pieds des Chevaux , ordinairement aux cô- tés de la fourchette. Ces maux, ainff que les verrues,les poireaux, les cors, les raifins, &c. ne {e guériflent qu'en es coupant avec un couteau. Si on en laifle quelque peu, ou fi elles re- “pouffent, il faut y appliquer la pierre infernale, ou l’huiïle de vitriol, & les. panfer avec l’onguent égyptiac , au- quel on peut aflocier un peu de fu- blimé. Les racines étant entiérement détruites , on emploie le précipité , & on fait fécher la plaie avec l’eau def-- ficative fuivante. On prend vitriol blanc, alun , galle en poudre , de cha- cun deux onces ; on fait bouillir tant foit pe: le tout dans deux pintes d’eau de chaux, & onle met dans une bouteille pour s’en fervir au befoins on remue cette eau toutes les fois qu’on en veut faire ufage, | Deux maladies auxquelles la bous LA 96 Traité Économique che du Cheval efk fort fujette, font les barbillons ou barbe , & l’éclat des barres. La premiere de ces mala- dies eft plus incommode aux Chevaux que dangereufe ; c’elt une petite ex- croiffance de chair qui leur vient dans le canal fous la fangue , ce qui les em- pêche de boire; pour y remédier, on coupe ces barbillons avec de bons ci- {eaux , le plus près qu’on peut; on les frotte de fel, & ils fe guériflent ainfi eux-mêmes. Quant à la feconde maladie, qui font les barres bletlées , on prend pour la guérir de la grande chelidoine avec du fel, du verjus, & trois ou quatre goufles d’ail , & on en lave bien les barres deux ou trois jours de fuite; il n’en faut pas fouvent davantage pour les guérir. Une maladie prefqu’inconnue parmi les Chevaux Anglois & ceux du Nord, mais dont tous les Auteurs François font mention , eft l’anti-cœur; c’eft une enflure maligne dans Ia poi- trine, qui s'étend quelquefois jufques {ous le ventre ;, elle eft accompagnée defievre, de grande foiblefle , & d'une perte totale de l'appétit. Ce dernier fymptôme vient probablement d'une - du gros & menu Bétail. 497 inflammation qui affeéte le gofier, & qui eft fi violente, qnele Cheval ne peut avaler qu'avec beaucoup de peine, & en danger même de fuffoquer. Les indications à remplir dans ces maladies font les fréquentes & abon- dantes faignées, les clyfteres émolliens avec une once de fel de prunelle, & les boiflons rafraîchifiantes , telles qu’on en fait prendre ordinairement aux Chevaux fiévreux: on bafline enfuite l'enflure avec l’onguent de guimauve, & on applique tous les jours unem- plâtre émollient d'oignons bouillis avec le cataplafme, En continuant ce traitement pendant cinq ou fix jours, on parvient à difliper linflammation du gofier ; on täâchera de conduire à kR fuppuration Penflure de la poitrine ; pour y parvenir, On continuera le Cataplafme, & on donnera tous les {oirs deux onces de thériaque de Ve: nife, difloutes dans une chopine de biere ou de vin. Quand l’abcès paroît mür, on fait une incifion, & on panfe la plaie avec la térébenthine. Lorf- qu'on ne peut point mener la tumeur à fuppuration , on fait une ouverture à la peau; on y introduit un morceau d’hellébore noir, trempé dans le vi- 498 Traité Économique naigre , & on l'y laifle pendant vingt+ quatre heures. Nous finirons. par les ruptures ou hernies, & la gonorrhée des Chevaux, Ïl arrive fouvent que par de violens efforts que ces animaux font, ou d’au- tres accidens , les inteflins ou leur enveloppe s'engagent entre les mufcles du ventre & le nombril , ce qui occa: fionne pour low des enflures de la grofleur du poing ; quelquefois même ces enflures excedent cette grofleur, & defcendent jufqu'au jarret; elles font fouvent molles, & cedent à la com- preflion de la main. Dès qu'elles pa- roiflent , il faut tâcher de les faire tentrer avec la main ; mais fi l'enflure devient dure & douloureule , il faut pour lors faire une faignée copieufe: on fomentera aufli la partie affe@ée deux ou trois fois par jour, & on ap- pliquera pardeffus un cataplafme com- pofé de farine d'avoine, d'huile & de vinaigre, ce qu'on continuera jufqu'à ce que l’enflure foit ramollie, qu'elle foit devenue flexible , & que l’intef- tin foit rentré; on donnera auf à l’a- nimal , deux fois par jour , des clyfte- res émolliens avec l'huile; fi après ce traitement, l'enflure vient à reparoi- AR * du gros & menu Bérdl. 4 og “ tre. il faut avoir recours au fufpen- foir; quand il eft bien fait , il l'emporte: infiniment fur les tropiques aftrin- gens. | La gonorrhée provient fouvent aux Chevaux , pour avoir laiflé les Pou- lains entiers en liberté avec les Ju- mens, avant quils foient affez forts pour pouvoir les fauter; il en arrive ordinairement une excor!ation Ou ÉCOr- chure au gland, & une enflure dans les bourfes ; elle eft occafionnée en- core quelquefois par la boue & les fa- letés qui fe logent dans cette partie, y croupiflent , & y acquierent un cer- tain degré d’äcreté, qui déchire & ronge la partie, d'où nécellairement naît l'écoulement : il fufht dans ce cas de bien laver & nettoyer la par- tie; mais quand la verge eft enflée , il faut la fomenter deux fois par jour avec une décoétion de mauve dans du lait, à laquelle on aflocie un peu d’ef- prit-de:vin : on lave les excoriations avec une éponge trempée dans de l'eau de chaux ; on met dans une pinte de cette eau deux gros de fucre de plomb. Si l'enflure augmente avec inflamma- tion , on aura pour lors recours à la faignée , & à une purgation rafrat- $oo Traité Économique chiffante ; on frottera la partie avec longuent de fureau, & on appliquera le caraplafme de miel, Nous croyons devoir encore dire ici un mot de la caftration , qui eft réellement une maladie artificielle, _… Quoique cette opération foit de peu de conféquence, & que rarement elle ait des fuites fâcheufes, elle exigé ce- pendant beaucoup de précaution & d’adrefle de la part de l'Opérateur, A a file Cheval eft parvenu fon dernier degré d’aceroiffement. On a; ordinairement la méthode, pour aflurer les vaifleaux fpermatiques , de cautérifer les extrémités , & de remplir de fel les bourfes. Cette méthode n’eft cependant pas fi bonne pour les jeunes Poulains ; il faut pour ceux-là, après que le fcro- tum ou les bourfes font ouverts, & que les tefticules font dehors, lier les vaifleaux avec du fil fort, frotté de cire, & couper enfuite les tefficules ; c’eft le moyen le plus für, qui eft même préférable au cautere : on panfe la plaie avec des digeftifs "ordinaires ; & quand la fievre ou l'inflammation fur- vient, on a recours à la faignée ,. & même copieufe. Sile ventre & les ‘ du gros & menu bétail. 5o* bourfes viennent à s'enfier, on y ap- plique deux fois par jour des fomen- tauons, & on les bafline fouvent avec de l'huile rofat & du vinaigre, jufqu’à ce que la tumeur diminue. Nous ajouterons encore que l'if eft un poifon pour les Chevaux. S'il étoit un poifon pour les animaux à pattes & à ongles fendus, ils fe guériroient par le vomiflement; mais on n’a point cette reflource dans les Chevaux : les faillies ou lozanges qui regnent le long de l'éfophage , s’emboîtent fi exatement , qu’elles empêchent les alimens de monter. Enfin , il naîtdes monfîres parmi les Chevaux , comme: parmi les autres animaux : on en a vu d'hermaphro- dites, ARTICLE XI, Propriétés Médicinales du Cheval, _ On attribue aux tefticules de cet animal une vertu très-efficace pour chaffer les vuidanges , & pour guérir la colique ; on les coupe pour cet effet ar tranches; on les fait enfuite fécher au four pour les pulvérifer. On pref- exit cette poudre depuis la dofe de oz Traité Économique deux fcrupules jufqua un gros, foit feule, foit mêlée avec le fafran % le borax. Piéparée de la forte, c'eft un remede. à ce qu'on die, approuvé pour faire fortir le foerus mort & l’arriere- faix. Quand Fonfeca, habile Méde- cin, ordonnoit les tefticules de Che- val pour la colique , il affocioit cette drogue avec pareille quantité de fe- mence d’anis. Zwelfer la donnoit avec le fafran dans de l'eau de lys. Les verrues, ou duretés calleufes qui viennent aux pieds , aux jambes & aux genoux des, Chevaux, paffent ur être très-efficaces contre Pépi- ER elles font aufli recommandées fouvent par les Auteurs, pour calmer les vapeurs hyftériques , pour exciter les regles, pour réfoudre les duretés de la matrice , pour chaffer la pierre & les graviers des reins & de la vef- fie; on les prefcrit en poudre depuis la dofe d’un fcrupule jufqu’à celle d’un tos : on les emploie auffi en forme de fumigation dans la paflion hyftéri- que, pour en calmer promptement le paroxyfime. L'ongle ou le fabot du Cheval a encore la propriété de difliper les va- _peurs, pourvu qu'on €n falle recevoix du gros & menu Bétail. $03 la famée en forme de parfum. On fait ufage de ce parfum pour arrêter le flux exceflif des hémorrhoïdes, : La fiente du Cheval eft fudorifique : & réfolutive ; on s’en fert intérieure ment & extérieurement selle convient, fuivant quelques Auteurs, dans la pleuréfie, la péripneumonie, l'aftime, les coliques , principalement les bi- lieufes. Quand on fe détermine à lu- fage de ce remede , on prend une ou deux ou trois crottes récentes de Cheval entier , felon leur groffeur ; on ‘ les fait infufer pendant quelques heu- res {ur les cendres chaudes , dans qua- tre onces de vin blanc, en un vaif- feau couvert ; on palle tout par un linge, avec forte expreflion; on le donne chaudement au malade ; on le tient bien couvert, pour attendre la fueur : ce remede agit aufli quelque- fois par les felles. Quelquesuns en mettent dans un nouet pour infufef dans la boiflon des enfans qui ont la petite vérole , afin d'entretenir l'é« ruprion, Certe même fiente, employée à l'extérieur, eft un excellent difcuf. if ; aufli elle eft très-efficace dans Ja fauinancie : on lapplique en cata- Plaime autour du col; elle difipe #o4 Traité Économique Pinflammation de la gorge: on mêlé quelquefois cette fente avec de l'hy- * dromel & de l'urine d’une perfonne faine ; on l’emploie pour lors comme topique dans la pleuréfie fur le côté douloureux. Schroder vante beaucoup la vertu de la fiente du Cheval, dans Ja ffrangurie & la fuffocation de ma- trice ; on lapplique en ce cas fur la _ région de la veflie, Le lait de Jument pañle pour être très-bon dans la toux , l’afthme, la ro & l’atrophie; il a à-peu-près es mêmes vertus que celui d'änefie. Les pierres qui fe trouvent quelque fois dans les inteftins & la veflie du Cheval font fudorifiques & alexi- aa ae elles peuvent même très- ien fe fubftituer au bezoard oriental. Quand on les prefcrit aux malades, c'eft depuis la dofe d’un demi-feru- pule jufqu'à deux fcrupules. ARTICQUS XIL Propriétés économiques du Cheval. Paflons aux propriétés économiques du Cheval. Tout le monde connoît {on utilité pour l'agriculture, le char- roi du gros & menu Bétail. $os rois & le tranfport, En Guinée, à la Côte d'or, les Chevaux fervent de nourriture aux Negres, qui enaiment la chair autant que celle des chiens. Les Arabes mangent aufli la chair des jeunes Chevaux fauvages. Ce goût fe retrouve en Tartarie & même à la Chine ; mais en Europe ; on n’en ‘fair aucun ufage pouraliment , à moins qu'on n’y foit forcé par la difette. Le. ‘Cheval fournit après fa mort plufieurs chofes utiles pour les Arts & Mé- tiers, tels que fon crin, fon poil, fa peau &-fa corne: on fair avec fon crin des tamis , des toiles, des archets d'inffrumens à corde ; on en rem- . bourre les felles & les meubles, & on en fair des cordes; les Tanneurs pré- ! parent fon cuir, qui eft employé par . les Selliers & les Bourreliers ; les Ta- bletiers-Peigniers emploient fa corne. L Le fumier de cet animal eft très- utile/pour le jardinage; on s'en fert hpour faire des couches : mêlé avec Lun autre fumier de bafe-cour , il de- bvicut un excellent engrais, À ‘ $ | j Tom. L S de Y » 6, à | 506 Traué É conomique LHARITRS iL DE L'ANE. | } Hits eft un animal domeftique qui a plufieurs défauts & plufieurs bonnes qualités. Quoique de tous les animaux 1l foit un des plus dédaignés, il eff cependant un des plus utiles & des plus employés 3 il dites du Cheval ar la petitefle de fa taille, par fes ha oreilles, qui lui rendent l'ouie fort fine; par fa queue, qui n’eft gar- nie de pois qu'à l'extrémité; par fon port , qui n’eft pas auflimajeftueux que celui du Cheval; mais tous les défauts de- fa forme font accompagnés , aïnft que nous venons de le dire, de beau- coup de bonnes qualités. Cet animal eft dur & patient au travail; il porte de grands fardeaux à proportion de fa rofleur , fur-tout lorfqu'on le charge ur les reins, l'endroit de fon corps.le plus fort; il eft de la derniere fruga- lité ; il s'accommode de toutes fortes de nourriture , d'herbes & de feuilles ; c'eft la reffource des gens’ de campas | | du gros & menu Béraïl. $o7 gne, qui ne peuvent pas acheter un Cheval & le nourrir. L’Ane les foulage dans tous léurs travaux ; on l'emplôie à tout, pour femer , ponr recueillir, pour porter lès denrées au matché.Il s’y a aucun animal dont le pied foit plus für {ur les fentiers les plus étroits ; les plus gliflans, fur {es bords même des précipicess Quand on furcharge | PAne, il le témoigne, en inclinantila tête & baïffant des orcilless + Ea couleur la plus commune dans | les Anes eftle gris de fouris; il:y en à aufli de gris luifant & de gris mêlé de taches obfcures: on én voit de : blancs, de roux, de bruns & de hoire. ! Les Anes pris ont le mufeau blané juf | qu'à quatre doigts au-deflus des na- faux, & cette tache blanche eft le à ‘a fouvent rérminée en haut par une . bande teinte de roux ; le!bour des 1e4 | yres eft noir, lamême couleur s'étend _ jufqu'aux nafeaux ; mais ün! ne voit à dans quelques individus que deux ban: ! dés noires quifeprolonsent de chaque côté jufqu'à la narine; les oreilles font - bordées. de nôir , & pour ainfi dire tachées de cette couleur fur ia bafe, b au-dehors: &: à la :pointe ; le refte eff b dun gris mêlé de roux: il y a one PU. “ Me en À ft on “thé ins à huit PTE Er D $08 Traité Économique longue raie noire qui s'étend depuis le coupet , tout le long de la criniere, qui pañle fous le garrot, & qui fuit la colonne vertébrale dans toute fa lon- gueur & le tronçon de la queue, juf- qu’à l’extrémité; une autre bande de la même couleur traverfe la raie fur le garrot, & defcend de chaque côté à-peu-près jufqu’au milieu des épau- les ; la partie antérieure de la raie eft fur les crins du milieu du toupet & de la criniere, qui font noirs; la face intérieure de la queue eft de cette même couleur. Dans la plupart des Anes gris, le genou, le boulet, le pa- turon & la couronne font bruns ou nojrs dans les jambes de devant; & dans celles de derriere, il s’en trouve quelques-uns qui ont un demi-cercle noirâtre dans le milieu du bras, en de- vant, & fur le deffous du canon des jambes de derriere : d’autres ont deux cercles de cette même couleur, à un ouce de diftance l’un de l’autre, {ur e devant du bras ; mais cela ne fe trouve que très-rarement , & il eft plus ordinaire de voir le bas des quatre jambes marqué de brun ou de noir, en forme d’anneaux dans quelques en cits, Le dedans des oreilles, le cou," du gros & menu Bétail. $og Je gofier , le poirail, le ventre, Îles flancs, & la face intérieure des bras & des cuifles font blancs dans prefque tous les Anes, de quelques couleurs qu'ils foient ; ou fi ces parties ne font pas blanches , ellé ontau moins une teinte de blanc fale, ou de couleur moins foncée que le refte du corps. La lupart des Anes ont auffi un cercle Ris ou blanchâtre autour des yeux, & le bord extérieur de ce cercle eft le plus fouvent d’une couleur roufatre, qui fe délaie & s'éteint peu-à-peu, à mefure qu'elle s'éloigne du cercle blanc. Les Anes bruns & ceux qui font roux ont du noir fur les oreilles, comme les gris; mais le milieu de la face extérieure eft de couleur moins foncée que le refte du corps. Nous allons rapporter , d’après M, d'Aubenton, les dimenfions des par- ties extérieures du corps de l'Ane, de même que la defcription anatomique de fes parties intérieures. M, d’Auben- ton a choifi pour ces dimenfions un individu de taille moyenne & bien proportionnée. Voici, dans la derniere exactitude , quelles étoient fes dimen- fions. Il avoi quatre pieds & äemi de Y3 s10 Traité Économique Joigueur ; mefurée en ligne droite cepuis l'entre-deux des oreilles jufqu'à Panus ; trois pieds quatre pouces & demi de hauteur prile à l'eñndroir des jambes de devant, & trois pieds qua: -tre pouces & demi 8 l'endroit des jam= ‘bes de derriere; la longueur de la tête étoit d’un pied fix pouces, depuisrle bout des levres jufqu'à l'occipur. Cette mefure, jointe à celle qui s'étend tout le long du cou & du corps jufqu’à l'o- rigine dela queue ; donne fix pieds de longueur à cet Ane depuis le bout du mufeau jufqu'à l'anus; le bout du mufeau: avoit un pied deux pouces de circonférence prife entre les nafeaux & l'extrémité des levres ; le contenu de l'ouverture de la bouche étroit de neuf pouces, mefurés fur les levres, depuis l'une. des commifiures jufqu'à l'autre ; les nafcaux font un peu plus éloignés l’un de l’autre par le haut que par fe bas; il y avoit dix pouces & demi de diftance entre l'angle anté- rieur de l’œil & le bout des levres, & quatre pouces & demi entre l'angle extérieur & loreille. La longueur de l'œil depuis un de fes angles jufqu’à l'autre étoit d’un pouce cinq lignes, & l'ouverture de huit lignes, c'efl à- du gros & menu Bérail. Si dire, que les deux paupieres s’écar+ L voient l’une de l’autre jufqu'à cette dif- tance , lorfque l'œil étoit ouvert ; celle qui fe trouvoit entre les angles antc- rieurs des deux yeux étoit de fix ouces & demi, en fuivant la cour- as du chanfrein , & feulement de cinq pouces quatre lignes, en fup- pofant cette diftance en ligne droite ; la tête avoit deux pieds cinq pouces de circonféfence , prife devant les . oreilles, en pañlant au-deflous près du “ gofier ; la longueur des oreilles étoit de huit pouces & demi, & leur bafe avoit cinq pouces en largeur, prife fur [a courbure extérieure ; les deux oreilles étoient éloignées l’une de l’au- tre de quatre pouces dans le bas. Le cou avoit environ un pied de longueur depuis la tête jufqu'aux épau- les ; un pied onze pouces de circonfé- rence près de la tête; neuf pouces de largeur depuis la criniere jufqu’au go- fier ; deux pieds trois pouces de cir- conférenee près des épaules, & onze pouces de largeur. Le corps avoit trois pieds huit pouces de circonférencé prife derriere les jambes de devant ; pure pieds cinq pouces dans le mi- eu , à l’endroit le plus ee & trois s 12 Traité Économique pieds neuf pouces devant les jambes de derriere. Le bas du ventre étoir à Ja hauteur d'un pied onze pouces au- deffous de terre ; le tronçon de la queue avoit un pied deux pouces de longueur, & un demi-pied de circon- férence à fon origine. | | La longueur dn bras étoit d'onze pouces &c demi depuis le coude juf- qu'aux genoux; il avoit un pied & un. demi-pouce de circonférence à fa par- tie fupérieure près du coude, & huit pouces en fa partie inférieure près du genou; le ronflement qui produit cette articulation étoit d'environ trois pou- ces de longueur & de neuf pouces de circonférence ; le canon avoit un de- mi-pied de longueur & fix pouces de circonférence ; celle du bouiet étroit de fept pouces & demi; le paturon avoit environ deux RE lon- gueur, & près de cinq pouces de cir- conférence ; celle de Ja couronné étoit. de dix pouces; il y avoit treize pou- ces & demi de hauteur depuis le bas du pied jufqu’au milieu du genou; la diffance du coude au garrot éroit d’un pied quatre pouces & demi ; celle du coude jufqu'au bas du pied, de deux pieds deux ÉRuER deux bras = | | | | - du gros & menu Bérail. $13 étoient éloignés de quatre pouces dans le haut près du ventre, & les pieds de cinq pouces; la cuifle avoit un pied deux pouces & demi de longueur de- puis le graflet, c'eft-àdire, l'endroit de la rotule jufqu’au jarret, & un pied huit pouces de circonférence mefurée près du ventre ; la largeur de la cuifle, prife de devant en arriere au-deflus du jarret, étoit de quatre pouces, & la circonférence de neuf pouces & de- mi ; le canon avoit onze pouces de longueur depuis le jarret jufqu’au bou- let, & fix pouces & demi de circon- férence ; celle du boulet étoit de huit pouces; le paturon avoit deux pou- ces de longueur & deux pouces de largeur prife de devant en arriere; la circonférence de la couronne étoit de :- neuf pouces & demi ; il y avoit ün ? pied quatre pouces de hauteur depuis le bas du pied jufqu'au jarret ; le {a- bot avoit cinq pouces de longueur depuis la pince jufqu’au talon, trois pouces de largeur d’un quartier à l’au- tre, environ dix pouces de circonfé- … rence près de la couronne, & un pied dans le bas, | En comparant lAne au Cheval ; pour la figure & pour le Pas onre- ÿ sti4 Traité Economique connoît au premier coup d'œil que PAne a la tête plus grofle, à propor- tion du corps, que le Cheval ; les oreilles beaucoup plus allongées , le front & les tempes garnis d’un poil plus long, les yeux moins faillans & da paupiere inférieure plusapplatie, la levre {upérieure pluspointue, & pour ainfi dire pendante; l’encolure plus épaifle , le garrot moins élevé , & le poitrail plus étroit & prefque con- fondu avec le gofier. Le dos eft con- vexe; en général l’épine eft faillante dans toute fon étendue iufqu'a la queue; les hanches font plus hautes que le garrot; la croupe eft plate & avalée ; enfin la queue ef dégarnie de crins depuis fon origine , environ jufqu'aux trois quaris.de fa longueur. Awrefte, l’'Ane eft très-reflemblant au Cheval, fur-tout pour les jambes. _de devant; car pour celles de derriere, la plupart des Anes paroïiflent cro- chus ou jarretés, & clos de derriere: Une grofle tête , un front. & des tem pes.chargés de poils longs & touffus;. des yeux éloignés Pun de l’autre & enfoncés, & un mufeau renflé vers foh extrémité, donnent à J’Ane un. du.gros & menu Betail. $15$ air de ftupidité & d’imbécillité. La tête de l’'Ane grofle & pelante, fes oreilles longues & vacillantes, fon en- colure large & épaifle , fon poitrail effacé, fon dos arqué & pour ainfr dire tranchant, fes hanches plus éle- vées que le garrot, fa croupe. appla- tie , fa queue nue., & les jambes de derriere crochues, rendent fon port ignoble. Ces défauts influent fur fæ démarche &c fur toutes fes allures » principalemeut lorfqu'on les compare a celles de Cheval. Cependant, fans cet objet de comparaifon , qui avilit fi fort l’Ane, il feroit préféré à tous nos animaux domeftiques , pour fer- vir de monture, & pour bien d’autres ufages. Quoiqu'on méprife lAne , il eff ‘cependant, aux yeux des Naturaliftes un animal aflez confidérable, aufli di- gne de recherches que le Cheval; les parties extérieures de for corps, pri- fes féparément, ou confidérées rela: tivement à l’enfemble qu’ellesforment., font auf admirables , quoique moins élégantes. Après avoir développé l’in-. térieur, on eft étonné de la grande reflemblance qui fe trouve entre lor- ganifation & la ARNO de lPAne | 6 $16 Traité Lconomigue" & celle du Cheval, comme on peut le voir dans la defcription des parties intérieures. Cette delcription a été faite fur une Anefle: qui ‘avoit cinq pieds trois pouces de longuëur, me- furée en ligne droite depuis le bout du mufeau jufqu'à l’origine de la queue. La hauteur de cetie Anefle étoit de trois pieds ün poûce & demi depuis terre jufqu’au garrot; le corps avoit quatre pieds au milleu de len- droit le plus gros. :À l'ouverture de Fabdomen, on n'a point vu d'épi- ploon, parce qu'il n'étoit pas plus étendu que celui ‘du Cheval ; les in- teftins de l’Ane n’ont paru différer de: ceux du Cheval que par la groffeür. En effet, ils forment autant de po- ches & de rétréciflemens , & toutes les différentes portions d’intéflins fonc” à-peu-près proporuionnelles à ces mê- mes parties dans le Cheval, pour la longueur & la conformation princi pale , mais non pas pour la grofleur ; car les inteftins de l'Ane font à pro portion de leur longueur & du vo- Jume du corps entier, beaucoup plus gros que ceux du Cheval dans les dif. férentes poches que forment les intef- ins de ces deux animaux. Ee coion _dugros & menu Bérail. $17 & le re@&um pris enfemble avoienc Sens pieds de longueur, à laque'!e. ilfaut ajouter celle des inteftins préles, qui étoient de trente-deux pieds, pour avoir la longueur ‘dû canal I TE en entier, qui étoit de quarantc-fix pieds. L’eftomac de V'Ane reffemble à celui du Cheval, pour la figure & la pofition ; mais il étoit beaucoup plus grand, à proportion du DURE dans ce fujet. La reflemblance de la formation qui eft ‘entre l’Ane & fe Cheval s’étend jufqu’aux vers qui font dans l'eflomac de ces deux animaux: - On trouve des vers oblongs & coni- ues dans l'effomac de toutes les Anef- ds , comme dans celui de rous les Che- vaux. Les vers de l’Ane ne différenren rien de ceux dn Cheval; ils ont la même “groffeur , la même figure, les mêmes crochets, lés mêmes piquans, en un mot la même conformation. Plus on Obferve l’Ane, plus on découvre de nouveaux rapports avec le Cheval! Lorfqu’on fait fur Peflomac de’ VAne: Pexpérience que M.'Bertin a faite fut celui du Cheval , élle réuflit de l4 même maniere : en faifant fouffler dans l'eftomac de PAne, par le pylore, it s’enfle, & air ne fort pas par l’oœfo- $18 Traité Économique phage ; ce qui prouve que la confor= mation de l’effomac de ces deux ani- maux eft femblable à cet égard, & que l'Ane doit avoir autant de diff- culté à vomir que le Cheval, fi lob£- tacle eft formé dans cet animal par la conformation de l’orifice fupérieur de Peftomac. | Le foie de l'Ane eft abfolument ref femblant à celui du Cheval pour la couleur, la potion , la figure & le: nombre des lobes, excepté que dans le lobe moyen , la fciflure communi- que dans quelques individus avec celle du milieu, par une autre fciflure qui partage le bord du lobe en deux la- mes, Le foie de l’Aneffe difléquée, dont il eft queftion ici, peloit trois livres deux onces & demi. El n’y avoit point, de véficule du fiek; mais le canal hé-° atique étoit fort gros, comme celui du Cheval. M. d’Aubenton dit avoir trouvé dans le foie d’une Anefle des. vers plats & fort minces, d’une con- fiflance molle & d’une figure fingu- liere ; ils étoient au nombre de douze: ou quatorze , tous à-peu-près de la. même grandeur , & difperfés.en diffé- rens endroits. des canaux biliaires.3 lorfqu'ils écoient en repos ; ils for du gros & menu Bérail. Sro . moient un ovale qui avoir environneuf Hgnes de longueur, & fix lignes de lar+ geur ; le milieu de la face fupérieure &) del'inférieure eft uni; mais les bords font difpofés en ondes:à-peu-près comme: une fraife de veau. La partie anté-! rieure femble être échancrée de-cha- que côté, & terminée par le miliew par une forte de tête cblongue, Cerre tête eft de la longueur d’une ligne, & paroît percée par un trou à fon ex- trémité, un peu au deflous. Les vers ne peuvent fe mouvoir & aller en avant qu'en fe traînant; ils avancent Ja partie antérieure de leur corps, 6 par ce mouvement , ls s’allongent ax point d’avoir un pouce de longueur; mais en même temps ils fe rétréciflent de façon qu'ils n’ont plus qu'envirom trois lignes à l'endroit le plus larges bientôt ils retirent en avant la partie poftérieure de leur corps, & par ce fecond mouvement , ils parviennent à fe déplacer entiérement, êc ils repré- fentent la même forme arrondie qu'ils: avoient avant de fe mouvoir. Ces vers: reflemblent parfaitement à ceux qus fetrouvent dans le foie de mouton, & que l'on appelle dounes. | La rate de cette Anefle rellembloit $20 ‘Traité Économique à celle du Cheval pour fa couleur, fa fituation & fa figure triangulaire ; elle pefoit trois onces fix gros ; lepancréas étoit fitué comme celui du Cheval, & avoit la même figure; les reins ref- fembloient aufli à ceux du Cheval, de même que les poumons ; le cœur étoit fitué comme celui du Cheval, & pa- roifloit aufli gros à proportion du corps, & aufli pointu. L’aorte fe par- tage en deux branches, ainfi que celle du Cheval ; la langue reflembloit aufli à celle du Cheval: on y voyoit les mêmes tubercules & les mêmes f- lets ; mais au lieu de deux groffes glandes qui fe trouvent fur la langue du Cheval, à Pendroit qui eft entre les dernieres dents machelieres, il y avoit trois de ces grofles glandes fur la langue de PAne, une dans le mi- lieu, & une de chaque côté ; celle du milieu n'étoit pas aufli grande que celle des côtés. M. d'Aubenton a auffi remarqué fur les bords de la partie poftérieure de la langue de lAne deux glandes oblongues qui étoient fillonnées tranfverfalement ; le palais: éroit traverfé par feize fillons, fem- blables à ceux qui font fur le palais du Cheval, excepté qu'ilsétoientmoins … du. gros & MEN petall. $2a larges, leurs bords étoient aufli moins élevés ; l’épiglotte étoit à-peu-près conformé comme dans le Cheval; le cerveau & le cervelet ont été tirés de l'individu qui a fervi de fujec pour la defcription des parties de la genéra- tion du mâle; le cerveau peloit dix | onces fix gros, & le cervelet une once quatre gros & quarante-huit grains. … L'Ane fur lequel on a décrit les parties de la génération pefoit cent quatre-vingt-dix-huit livres; fa lon- gueur melfurée en ligne dire&te étoit de cinq pieds deux pouces; le corps avoit trois pieds onze pouces au mi- lieu, à l’endroit le plus gros; la hau- teur depuis terre juiqu'au garrot étoit | de trois pieds ; le fcrotum étoit à dix pouces de l'anus; il-s'étendoit en bas au-deffous du ventre, de la longueur de quatre pouces ; les mamelons étoient fur. le prépuce.,à deux ou trois pouces au deflus de fon extrémité, & à un pouce & demi de diftance l'un de l’autre ; chaque mamelon avoit cinq lignes de longueur, & environ quatre lignes de diametre ; la verge avoi treize pouces de longueur de- puis l'extrémité du gland jufqu’à la bi- furcation du corps caverneux ,. car il $22 :: Trané Economique n'y a dans l'Ane qu’un corps caver- neux comme dans le Cheval ; les tef- ticules étoit de figure ovoïde appla- tie ; les épididymes reffembloient à ceux du Cheval pour la figure & la pofrion; la longueur totale des canaux déférens étoit d’un pied trois pouces & demi ; au refle ïls étoient fembla- bles à ceux du Cheval ; il y avoit aw côté de Panus, & le long dela verge, deux cordons comme dans le Che- val ; les véficules reffembloïent à celles du Cheval, pour la fituation de leut ouverture dans l’uretre ; il y avoit ‘aufli dans l’Are, fur chacune des vé- ficules , une glande comme dans le Che- val, & deux autres fur l’uretre, qui ont paru proportionnées & femblables à sus mêmes parties vues dans le Che- val. | % Je reviens , dit M. d’Aubenton, pour la defcription des parties de la génération de la femelle, à l'Aneffe qui nous a fervi de fujet; il y avoit environ quinze lignes de diflance en- tre l’anus & la vulve, dont la longueur étoit de trois pouces & demi ; les deux mamelles fe trouvoient à huit oùces de diffance de la vulve , & es deux mamelons n'étoient féparés: du gros & menu Bétail. 23 . que par un efpace d'environ. un pouce & demi ; 1 y avoit deux orifices dans chaque mamelon de l'Anefle , & chaque mamelle étroit divifée en deux loges, fitu£es comme dans fa Ju- ment. Ces partiés ont paru avoir la même conformation. dans ces deux animaux ; le gland du clitoris avoit neuf lignes de largeur fur fept lignes d'épaiffeur ; le prépuce eft fort ample, comme dans la Jument, & l'on trouve aufi dans l’Aneffe, fur le côté fupé- rieur du clitoris, deux ouvertures qui communiquoient chacune à une ca- viré qui avoir trois lignes de longueur & autant de largeur ; chaque cavité renfermoit une pierre de la forme & de la grofieur d'une lenulle , & plu- fieurs petits graviérs : on en a aufñ trouvé dans d'autres Anefles, Le vagin avoit treize pouces de longueur ;1l y avoit derriere l’orifice de luretre un repli dirigé en devant, comme dans Ja Jument; mais au lieu de former un arc de cercle par fon bord , il étoit échancré dans le milieu; de façon qu'il formoit deux prolongemens triangu- jaires, un de chaque côté de Forte de Puretre ; la veflie avoit la figure d'une poire renverlée , comme celle s24 Traité Economique du Cheval; la lonoucur de la matrice étoit de fix pouces , depuis fon orifice jufqu'à la bifurcation des cornes ; les teflicules étoient à deux pouces de diffance de l’extrémité de [a corne. Le tefticule tient au pavillon comme dans Ja Jument, il refflemble à un rein; il avoit un pouce & demi de [longueur fur un pouce de largeur ; au refle [es parties ne paroïffent pas différentes de celles de la Jument. + Le fœtus de l’Ane eft enveloppé d’un amnios , d’un chorion, & d’une membrane allantoide, qui n’ont paru différer en aucune façon dés envelop- pes du Cheval; le cordon ombilical & l’ouraque étoient aufli femblables dans les deux animaux. La refflemblance eft fi grande, que la liqueur contenue entre Pamnios du Cheval & l'amnios de PAtñe dépofe un fédiment , & for- me un réfidu qui ne differe de l'hip- pomanes que par la couleur. Cette matiere eft jaunatre dans l’Ane, mais fa nature & fon origine font les mê- mes; il y a autant de rapport & même plus entre les os de l’Ane & ceux du Cheval, que dans les parties molles de ces deux animaux. On peut s’en affurer , en comparant le fquelette de du gros & menu Bétail. 525 l’Ane avec celui du Cheval; ils font tous les deux femblables prefqu’en tout, Les Anes du Poitou font d’une efpece à rechercher par leur ftru@ure & celle des Anes qu'ils produifent; ils font. . d'une grande taille, bien corfés ; miais leur prix , fur-tout ceux que l'on def- tine à être Etalons , font trop chers pour le commun des Cultivateurs ; ils peuvent sen procurer d'une taille moins grande , & qui ne font pas moins propres à donner des Mulets & à tra- vailler dans la ferme, (Nous parlerons à l’article Muler des moyens qu’on peut employer pour en avoir de beaux }, On n'a pasbefoin dans la campagne, de ces Mulets énormes; la taille ny fait rien, non plus que pour les Che- vaux, pourvu qu'ils foient bien conf titués & bien vigoureux. Pour en avoir de cette efpece , il fuffit que l'Ane qu'on choifit foit d'une taille moyenne ; qu'il foit gros & bien quarré; qu'il ait de grands yeux pleins, de grandes narines, & le col long, la poitrine large, les épaules bien élevées, 6 le rable bien fourni. La queue courte, fuivant quelques Connoifieurs, eft un figne infaillible de force & de vigueur dans cer animal; quant à la couleur. di times del dé SEE Er 526 Traxe Économique plus elle eft foncée & approche de la noire, plus on doit être perfuadé de la vigueur de animal; le poil lifle, uni, court & un peu luifant, caraétérife fa. bonne conftitution. : Le temps le plus favorable à l'ac- couplement eft depuis la derniere quinzaine du mois d'Avril jufquw’à la {in de Mai, On peut encore faire fau- ter l’Anefle dans la fin de Mars, ou _ dans le commencement de Juin ; maïs en tout autre temps, on le fait fans fuccès. 1 L'âge qui convient le plus pour faire propager cet animal, eft depuis cinq, fix ou feptans jufqu’à dix : quant x l'Anefle, fa production la plus belle eft à fept, huit, ou neuf ans; il faut la choifir d’un corfage large , & la ménager dans le travail quelque temps avant qu’elle ait fait fon petit. . J/Ane ef trois ou quatre ans à crof- tre, & vit vingt-cinq à trente ans ; fa fanté eft bien plus ferme que celle du Cheval ;.il eft fujet à moins de: ® maladies : les Anciens ne lui connoiïife foient qué la morve, qu'il a de com- mun avec le Cheval. | On a prétendu que parmi les ani- maux couverts de poils, les Anes font du gros & menu Bétai. $27 ceux Qui font moins fujets aux vermi- nés; il eff cependant certain, que les morpions s’ättachent quelquefois aux Anoïs avec tant de force, qu'après avoir inutilement employé les onguens &z d'autres moyens , on eft forcé de les faire périr. Quant aux Ânes, on apporte pour raïfon de ce qu'ils n’ont point de vermine, la dureté & la fé- cherefle de leur peau; c’eft par la même raifon que ces animaux font moins fenfibles que le Cheval au fouet &' à la EU des mouches. | Les Anes ont fouvent des efpeces de verrues qui leur viennent par tout le corps; ils font auf fufceptibles de là rage par communication. Toutes jeurs maladies fe traitent de la même +açon que celles du Cheval & du Boeuf. PRE “a L’Ane, ainfi que nous l'avons dit, n’eft pas délicat fur la nourriture ; il lui en faut même une petite quantité. u’on lenvoie fur une commune, délque pauvre & flérile qu’elle foit Ye riété l'en fait fortir fufifamment : répu. Une poignée de paille eff un mets %& une nourriture éxcellénte pour ? lui ; il fe rafafe indifféremment de : ronces & de chardons, ou de toute - s28 Traité Économique autre chofe. Les plantes les plus négli- gées fourniflent à fa fubfiftance. Si on veut le remettre en appétit, On n'a u’à lui donner de la paille hachée ; c’eft pour lui une nourriture par Ex- cellence; le fon lui fait aufli beaucoup e bien. Cet animal eft plus délicat pour la boiflon que pour le manger; il ne boit volontiers que de l’eau la plus claire, & celle qu'il connoît ; il ue boit pas beaucoup. ” L'on reproche à l’Ane la lenteur, l'obltination & les préjudices qu'il porte aux arbres, des bourgeons defquels il eft fort friand. On ne peut pas ef- pérer de corriger la lenteur de cet animal; vous les animaux ont leursim- perfeétions ; cependant cette lenteur peut être la fource d'un grand avan- tape; elle le rend capable de conti= nuer long-temps fes travaux, & le met en état de fupporter les fatigues. L'o-. piniätreté , fecond défaut de l'Ane, elt urès-confidérable dans cet animal; il eft rétif plus qu'aucun autre, lorfqu'on irrite fa patience; les mauvais, traite mens: qu'on lui fair: font fouvent Ja caufe de cette opiniâtreté, ils irritent fa patience. Les préjudices qu'il porte aux arbres font très-confidérables ; les . autres SERRE EE one x aa dugros & menu Bétail. $29 autres animaux n'y font pas moins de dégat : ainfi il faut employer pour. l'Ane les mêmes défenfes qu’on emplois pour les autres. : La chair des Anes n'eft pas bonne à manger ; elle eft même plus mauvaife - qué celle du Cheval; Galien prétend qu’elle occafionne des maladies. Les Anciens eftimoient cependant beau- coup la chair d’'Anon. Le fang d’Ane, pris en poudre à la dofe d’un gros, a paflé pour fudorifi- que. On prétendoit qu'il avoit la vertu de guérir la manie: J'ai connu une Dame qui s'en eft bien trouvée pour cette mäladie. On fe fervoit aufli an- ciennement de là fiente d'Ane pour ar- rêter le fang; fa graifle éft réfolutive 3 fon urine appliquée extérieurement eft utile pour la gale, la goutte , la pa- ralyfie , les maux de reins. * Le fumier d'Anea les mêmes quali: tés que celui du Cheval. On emploie . Ja peau de cet animal, à caufe de fa dureté , à faire des cribles , des tam « bours, d’excellens fouliers , de gras * parchemin qu’on enduit d'une légere … couche de plâtre pour certaines ta- … blettes de poche. Le cuir de l’Ane eft … d'ufage chez les Orientaux da faire Tom. I. #30. raité Économique R Je’ beau chagrin. qu'on nomme Sagri.. Si l’on en croit Theyenot, dans la re lation de fes Voyages, le cuir d'Âne eft la matiere du beau marroquin em- ployé aux chaufüres du Levant, Il y a apparence que les os, comme la peau de-cet animal, font plus durs que les os des autres animaux, puifque les Anciens en faifoient des flûtes, & les trouvoient plus fonores que celles faites avec d’autres os, Où prépare à la Chine, avec la peau d'Ane , une drogue très-eflimée, qui fe, nomme Ngo-Kiao. Nous en allons rap- porter ici la préparation. La Province de Chantony a plufeurs Métropoles , dont l’une fe nomme Yen-Tcheou-Fou s dans fon difiriét fe trouve une Ville du troilieme ordre, connue fousle nom de Ngo - Hien; près de cette Ville, eft un puits naturel, ou,un trou en forme de puits, de 70 pièds de profondeur , qui communique, à ce que difént les Ébihois, avec un lac, ou avec quelques grands réfervoirs d’eau fouterraine. L'eau qu'on en tire elt très-claire, & lus pefante que l'eau commune ; fion la mêle avec de l'eau trouble , elle léclairoit d'abord, en précipirant les faletés au fond du vale, aiufi.& de È : du gros & meriu Bétail, $31 même que les eaux bourbenfes s’éclair- ciflent par l’alan. On fe fert de l’eau: de ce puits pour faire le Npo-Kiao, qui n'eft autre chofe qu’une colle de peau d'Ane noir. On prend la peau dé cet animal tué tout récemment ; on la fait” tremper cinq jours de fuite | dans l’éau tirée de ce puirs; après quoi on la retire pour la racler, & la nettoyer en dedans & en dehors: on la coupe enfuite en petits morceaux, & on la fait bouillir à petit feu dans l'eau de ce même puits, jufqu'à ce que les morceaux foient réduits en colle.qu’on -pañe;, tandis qu’elle eft toute chaude, - par une toile, poiir en rejetter les par. ties les plus groflieres, qui n’ont pu être fondues ; on en diilipe enfuite: lPhumidité , & chacun Jui donne la. forme qui lui plaît. Les Chinois les jet- tent en moule avec des cara@teres , des, cachets , ou les enfeipnes de leurs. boutiques. Ce puits eft unique à la Chine; il-eft fermé & fcellé du fceau du Gouverneur du Pays, jufqu'autemps : qu'on à coutume de faire la colle pour l'Empereur. On commence d’or- dinaire cette opération après la récolte de l'automne , & elle continue jafques: vers les premiers jours e mois des à (832 Traité Économique Mars: Pendant ce temps là , les Peuz= ples voifns traitent avec les Gardes du puits & avec les Ouvriers qui font obligés de faire cette colle à Pufage de l'Empereur 3: ils en font le plus qu'ils peuvent, avec cette différence - qu'elle eft moins propre , & qu'ils n'examinent point avec une attention fi fcrupuleufe fi l'Aneeft gras, & d'une couleur bien noire, Cependant toute la colle qui fe fait dans cet endroit eft auffi eftimée à Pekin , que celle qui eft envoyée par les Mandarins du lieu à Ja Cour & à leurs amis. tr Comme cette drogue eft en grande réputation, & que ce qui s’en fait à INVgo-Hien ne {ufht pas pour tout l'Em- piré, on ne manque pas d’en faire ailleurs une quantité de faufle avec de la peau de Mule , de Cheval , de Cha- meau , & quelquefois avec de vieiiles. bottes: on lui donne tant qu’on peut Ja forme & le même cachet ; on l’étale avec un peu de véritable, pour le moment, dans de grandes & belles boutiques , parce qu’il fe trouve pref-, que autant de fots.& de dupes qui l'a- chetent, qu'il y a de fourbes & de fri- ons qui la vendent: il s’en fait un grand débit dans les Provinces. Ce- EEE mé. à PPT ie nn de du gros & menu Bétail. ‘$33 pendant il eft affez aifé de diftinguer Ê véritable d’avec la fauffe ; la véritable : n’a point de mauvaife odeur, & por- #tée à la bouche, elle n’a aucun mau- vais goût ; elle eft caflante & friable ; -iln’yen a que de deux couleurs, ou tout-à-fait noire, ou d’un noir rou- geâtre, comme eft le baume du Pé- rou; la faufle eft de mauvaife odeur & de mauvais goût, même celle qui eft faite de cuir de cochon, & qui ap- proche le plus de la véritable; d’ail- leurs. elle n’eft pas caflante , & n’eft - jamais bien femblable à l'autre. Les Chinois attribuent beaucoup de ver- tus à ce remede: ils affurent qu'il dif- : fout les phleogmes ; qu'il eft ami de la poitrine ; qu'il facilite le mouve- ment des lobes du poumon; qu’il ar- rête l’oppreflion, & rend la refpiration plus libre à ceux qui ont l'haleine courte; qu'il rétablit le fang, & tient Jes inteftins en état de faire leurs fonétions ; qu'il affermit l’enfant dans Je fein de fa mere; qu'il diflipe les. vents & la chaleur ; qu'il arrête le flux de fang, & provoque lurine. Nous doutons cependant très fort que cette drogue ait toutes ces propriétés; les . plus conftatées font dans les maladies Z3 5.34 Traité Économique du poumon; on la prend à jeun, & pour lordinaire en décottion avec des fimples , quelquefois néanmoins en poudre , mais plus rarement ; au refle ce remedeeff très-lent, & il faut en continuer l'ufage pendant fortlong- temps. En France, on a donné ce re- .mede avec un fuccès étonnant dans les fleurs blanches & les gonorrhées ré- belles, à la dofe de trente-fix à qua- rante-huit grains, dans une tafle d'in- fufion de vulnéraire , ou de fleurs d’ortie blanche. Le. célebre M. Bon- net , Correfpondant de l’Académie Royale des Sciences, & Membre des principales Académies de PEurope, ayant appris que M. de la Marre de Montpellier avoit adminiftré la colle de peau d’Ane avec le plus grand {nc- cès dans les pertes , & qu'il confidé- roit ce remede comme un des meil- leurs fpécifiques pour cette maladie, n'ayant pu en avoir à Geneve, écri- vit à Paris pour s'en procurer : on lui en envoya la quantité qu'il defi- roit. La malade a: commencé par des dofes de huit , dix, douze & qua- torze grains par jour, moitié le matin & moitié le foir. Comme la perte ne paroifloit pas diminuer ,ona été obligé è du gros & menu Bétal. $ 3. ‘de forcer les dofes jufqu’à cinquante. deux grains, La malade a fenti d'abord --‘üne tenfon générale plus ‘ou moins - forte ; mais la perte a diminué peu-à- eu, & a cefé enfin le quatrieme jour. Le Médecin ‘confeilla de continuer l'ufaâge du reede dans les intervalles des mois; mais à petites dofes , comme de huit, dix ou douze grains par jour. -M.de la Marre a‘mandé à M. Bonnet qu'il en a porté la dofe jufqu’à foi- xante. On trouve daris lu Nature confiderée , année 1774; la defcription d'un Ane prétendu hermaphrodite, par M. Car- rere , ancien Médecin de Perpignan. Cet animal n'avoit qu’un tefticule fort gros du côté gauche, à côté duquet on voyoit une verge avec un gland bien conformé, & couvert d'un pré- _ puce. Cette verge avoit trois pouces de longueur, & étoit fufceptible d'é- rection ; à trois pouces & demi de la verge paroifloit une efpece de vulve, qui avoit deux pouces dix lignes de Jongueur ; vers fa partie fupérieure étoit un peut corps charnu, d'un fen- timent très-vif, & qui figuroit le cli- toris : 1l y avoit dans la vulve deux ori- fices ; un petit, qui étoit _. de lu gs #36 . Traie Économique retre, par lequel lanimal urinoit; ur autre qui:paroïfoit celui, du vagin, . préfentant une circonférence de x pouces, & n’indiquant en aucune fa- çon l'orifice d’une matrice. Lorfque la verge éroit en éreétion , elle fe por- toit le long du ventre, fe glifloit en- tre les deux levres de la vulve, & fem- bloit pénétrer dans l’orifice du vagin; ce qui donnoit-heu -de dire, dans le pays que cet Aie: jouifloit de Jui- même. . ares L'Aneffe eft la femelle de f’Ane; le rintemps eft la faifon Ja meilleure pour a faire faillir: on choifit ordinaire- ment par préférence ‘les mois d'Avril & de Mai. Cependant l'été sainfi qu’on j'a obfervé, eft plus propre à leur fé- condité ; il fe trouve des Anefles qui font en chaleur tous les mois de l'an- née, mais on remarque qu'elles font moins fécondes que les autres. Dés que les Anefles ont été faillies, il eft d'ufage de les fouetter & de les faire courir, pour les empêcher de rendre Ja femence qu’elles ont reçue; elles ne portent ordinairement qu'un petit à la fois, & elles le portent onze mois, comme les Jumens, On feroit bien de ne pas les: faire travailler pendant ce du gros & menu Bétail. $37 temps; fept jours après qu’elles ont mis bas, elles s’accouplent de nou- veau, & font fécondes pendant toûfe leur vie; les petits Anons la tettenit pendant un an entier. Le lait d’Anefle cft d’un très-grand ufage dans la mé- decine ; c'eft celui qui approche le plus du lait de femme, par fa confiftance & fa vertu. 4 … Pour l'avoir de bonne qualité, il faut que l’Aneffe foit jeune, bien en chair; qu’elle ait mis bas depuis peu de temps, & qu'elle p’ait pas été couverte de- puis : il lui faut ôter l’'Anon qu’elle al- laite, la tenir propre, la bien nour- rir de fon , d'avoine, d'orge, & même d'herbes’, dont les qualités falutaires puiffent influer fur les maladies pour lefquelles on lemploie, Si lAneffe a plus de lait que les malades n'en pour- roient confommer, il eff à propos de laifler prendre le fuperflu à PAnon, mais par intervalle réglé, afin qu'on en trouve de bonne qualité lorfqu'on trait l'Anefle,; & comme il y a des Anefles qui ne donneroïent point leur lait , fil’ Anon ne comméncoit par les tetter, on auroit tort de refufer au pe- tit ce droit naturel, dont on tire en- fuite avantage. Le lait paroît dans les #38 Traité Économique mamelles de l’Anefle, quand elle eff pleine de dix mois ; elle met bas dans le douzieme , & elt en état de recevoir le mâle fept jours après; élle ne donne ordinairement qu’un Anon, von peut fevrer au bout de cinq ou 1x mois; cela eft même nécefaire ,f la mere eft pleine , pour que le foetus prenne aflez de nourriture, .. On attribue au lait d’Aneffe üne vertu peétorale, rafraîchiffante , hu- mectante & reftaurante; il eft moins chargé de parties caféeufes & butyreu- fes que les autres laits 3 il eft plus clair, lus léger & plus facile à digérer: on le confeille dans la plupart des mala- dies du poumon, telles que la toux, l'oppreflion de poitrine, l'aflhme, le crachement de fang, lulcere du pow- mon, la phthylie: il adoucit les hu- meurs âcres & falées qui tombent fur les vifceres & fur les autfes parties du corps ; il convient pour la guüérifon des ulceres internes, qui fuivent quel- quefois les pleuréfies, ‘les fluxions de poitrine, les dyflenteries , & pour les ‘ ulceres des reins & de Ja veflie; on la recommande aufli pour calmer les ardeurs d'urine: il foulage la goutte, les rhumatifmes , en adouciffant la fa- du gros & menu Bétail. : $39 lure & l'acrimonie de la ]ymphe & du _fang. mnnsitlel : | Le CHAPITRE III. DU MULET. Le Mulet eft un quadrupede ; qui eft ordinairement engendré d’un Ane & d’une Jument, quelquefois d’un - Eralon & d’une Anefle. La croupe de cet animal eft afñlée & pointue ; fa queue & fes oreilles tiennent beaucoup de celles de lAne; pour le relte, il reffemble au Cheval; On donne le nom de Mule à la femelle. Les Zoologiftes prétendent que l’un & l’autre font in- capables d’engendrer. | Le Mulet tient de l’Ane la bonté du pied, la fürcté de la jambe & la fanté; il a les reins très-forts, & porte beaucoup plus pefant que le Cheval -ne peut faire; on peut encore l’em- -ployer pour le labour. ë Pour qu’une Mule foit bonne , il faut qu'elle foit graffle & ronde de -corfage ; qu'elle ait les pieds petits, les jambes menues & feches, la croupe 40 Traité Économique pleine & large, la poitrine ample & mollette,le cou long & voûté, latête feche & petite; le Mulet au contraire doit avoir les jambes un peu grofles & rondes, le corps étroit, la croupe _ pendante vers la queue. Les Mulets font plus forts, plus puiffans , plus agiles, & vivent plus long-temps que les Mules ; mais en revanche, celles- ci font plus faciles à traiter , & plus aifées à conduire : ils paffentnéanmoins tous deux pour être lunatiques. Pour Jleur-ôter ce vice, on leur fera boire fouvent du vin. La Jument dont on fe fervira pour avoir des Mulets doit être au-deflus de dix ans. Si elle eft en chaleur dans l'intervalle de Ja mi- Mai à la mi-Juin, le Poulain naîtra dans une faifon où les pâturages font abondans. Le Poulain Mulet fe gou- verne comme les autres Poulains. Comme ce Poulain caufe ordinaire- ment beaucoup de douleurs aux ma- melles de la mere, vers l’âge de fix mois , on le donnera pour lors à allai- ter à une autre Jument, ou bien on le fevrera , & on l'enverra pâturer avec fa mere. Le Rédacteur du Di&tionnaire Eco- nomique indique plufieurs recettes du gros & menu Bérail. sax contre les maladies des Mulets. Si ces animaux ont de la fievre, il faut, dit- il, leur donner à manger des choux verds. Quelle en peut être la raifon? C’eft ce que nous ignorons. S'ils fouf- flent fouvent , & s'ils ont l'haleine courte , on les faignera ; enfuite on leur fera avaler trois demi-fetiers de vin, avec une demi-once d'huile, & autant d'encens ; On y ajoutera trois oïflons de jus de marrube. S'ils font as & échauffés, on leur jettera de la graifle & du vin dans la gorge ; s'ils {ont maïgres, on leur fera avaler une chopine .de vin rouge, où lon aura mis une demi-once de foufre pulvé- rifé, un œuf crud, & un gros de myrrhe. Ce remede réitéré piufieurs fois, fait prendre à l'animal: de l’em- bonpoint; il le guérit auffi des tran- chées & de la toux. Quant aux autres maladies que les Mulets peuvent avoir de communes avec les Chevaux, on les traite de même que les derniers, Quelquefois il arrive que ces Mulets font difficiles à feller ; dans ce cas, on leur lie un pied de devant à la cuifle, pour qu’ils ne puiflent ruer en arriere ; & quand ces animaux fe trou- vent difhciles à ferrer du pied de der: $42 Traité Économique riere, On leur lie le gauche de de- .vant. M, Dupuy d'Emporte indique les moyens pour avoir de beaux & de bons Muiets. Quand on veut s’en pro: curer qui foient pour la parade & pour voyager, on fe fert des plus gros Anes & des mieux corfés qu’on peut trou- ver, & on leur fait fauter des Jumens : Efpagnoles. Ces animaux ainfi accou- plés produifent des Mulets fuperbes, d’une couleur qui tire ordinairement fur le noir. On en fait venir encore de plus forts, en faïfant fauter des Ju- mens Flamandes. Cette efpece eft ar- dicairement aufli vigoureufe que les plus forts Chevaux de carrofle 4 i!s réfiftent même à des travaux plus ru- ds, font nourris à moins de frais, & font expofés à moins de maladies. Les Mulets peuvent encore fervir à là felle ; leur pas eft doux &aifé, & leur trot n’eft pas fi fatigant que ce- lui des Chevaux. En général, avant de faire propager ces animaux, il faut favoir quel fervice on prétend'en ti- rer. On choiliten conféquenceé les Ju- mens , car il eft de fait que le Mulet tient plus de la mere que du pere; par - sonféquent, quand on les define à la. | ba dugros & menu Bérail.' $43 felle, il faut choifir une Jument alon- gée & légere : mais quand on les def- tine à la charrette , à la charrue ou aux fardeaux, on choiïfira les Jumens les plus fortes & les plus maflives. Le Mulet eft d'autant plus précieux, - qu'il vient & fe maintient vigoureux fous toutes fortes de climats. Ceux qui font nés dans les Pays froids font tou- jours les meilleurs, & vivent beaucoup plus long-temps que ceux qui viennent dans les Pays chauds. Comme les Poulains Mulets tien- nent plus de la nature de la meré que du pere ,ainfi que nous venons de l'ob- ferver , ceux qui proviennent de PAne & de la Jument, fi cette derniere eft bien faite , font beaux, vifs & preftes, & n'héritent que les bonnes qualités du pere, qui font la patience, la force & la conftance dans le travail: tandis qu’au contraire ceux qui proviennent du Cheval & de PAnefle font lourds, parefleux ,; mal-faits & petits; auff # Cultivateurs éclairés ne font-ils gueres tentés d’en faire venir de cette efpece. Comme il convient que la Jument foit propre au fervice auquel on def- tine le Muler, il faut aufli avoir la ? #44 Traité Économique , Êc. même attention dans le choix qu’on fait de l’Ane; il faut qu’il foit grand & fort. Les beaux Mulets que l’on voit dans différentes parties de l’'Euro- pe viennent des plus forts qu’on puifle trouver , & des Jumens les plus fines. On pratique pour cet accouplement . une tranchée paliffadée, où l’on fait entrer la Jument, & l’on place l'Ane fur le terrein élevé,: + - Fin du Tome pranier. | BINDING SECT. AUG 2 4 1966 SF Buc'hoz, Pierre Joseph 77 Traite economique et | B83 physique Éel Biological x Medical | PLEASE DO NOT REMOVE CARDS OR SLIPS FROM THIS POCKET UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY tes f£ He HAE en LR TETE me Nr Si fl REV F j p + EE: