À OC AA E WC À va CRPACRE HE UE | RUES (4 i AUX 0 } CL Pin # k ni x x Ont se te Le ba AU BOT LOT Are 1 pate kr? 44 ep x ah, Te we \ Par ar] ATWe «CNET « # AT ANS Prise = RS fie #1 j "A! AT MS LA AI PE à je Eu AR ue Re DB'E ‘L'A CULTURE nn. CHÈNE Se vend chez ROUANET, LIBRAIRE » Rue Verdetet, N° 6, près la Poste aux Lettres, À PARIS. TRAÎTÉ DE LA CULTURE DU CHÈNE; CONTENANT les meilleures manières de femer les Bois, de les planter , de les entretenir , de rétablir ceux qui of dé: gradés, & de les exploiter ; avec les dif: férens moyens de tirer un parti avanta: geux de route forte dé Terreins & de toute forte de Bois; Ouvrage néceffaire à ceux qui veulent avoir une connoiflance entière de la culture des Aïbres champêtres & de leur produit. Par M, Jucz pe S.-MaAnrTin; Correfpondant de la Societé Royale d'A< griculture. | 7e eh À PARIS; Ghez Cucuer , Libraire, rue & Hôtel Serpeñiès Royzz, Libraire, quai des Auguflins 0e M DCG LXXXVIIL. dise Approbations & Erivilige du Roi, LIBRARY NEW YORK LOYTANICAE GARDEN Æfculus in primis, quæ quantum vettice ad auras Æthereas , tantüm radice in Tartara tendit. Ergo non hyemes illam , non flabra, neque imbres Convellunt : immota manet , multofque per annos Muita virum volvens, durando fecula, vincit. Tüm fortes latè ramos & brachia tendens Huc, illuc, media ipfa ingentem fuftinet umbram. E7 Ets q'is ans Co lé, pe Auel Ni .afs, à à © 0° €! NN mr RE Et dubitant homines ferere , atque impendere curam À Pirg. Georgic. Lib. 11. ER 4 TRÈS-HAUT ET TRÈS-PUISSANT SEIGNEUR, MONSEIGNEUR LOUIS FRANÇOIS DE PÉRUSSE COMTE D’ESCARS ET DE SAINT-BONNET; MARQUIS DE PRANZAC : BARON D'AIXE, DE LA RENAUDIE, DE LA MOTHE- D'ESCARS , ET DE LASTOURS : PREMIER BARON Du LIMOUSIN; SEIGNEUR DE SAINT-YBARD , LA ROCHE-LABEILLE, SAINT -SEZERT ,; AUCAMVILLE , FPUL- SÉGUR ; BELLE - SERRE , ET AUTRES PLACES; CHEVALIER DES ORDRES DU ROI : MARÉCHAL DES CAMPS ET ARMÉES DE SA MAJESTÉ : SON LIEUTENANT-GÉNÉRAL-COMMANDANT DE LA PROVINCE DU HAUT ET BAS-LIMOUSIN, ET SON PREMIER MAITRE D'HOTEL, MONSIEUR LE COMTE, ( EX T fous un nom comme le vôtre, que doit paroïtre une nouvelle Inf- truétion {ur la culture du Cuéwe, Y UE naiffance illuftre | & le rang éminent que Vous occupez > Ont moins déterminé l’hommage que je vous fais des fruits de mon loifir , que votre goût connu pour tout ce qui eft utile, & ce difcernement vif & délicat, qui eft na turel en vous. Aufli-tôt que je vous ai déclaré mon deffcin , vous l'avez approuvé , non feu« lement comme pouvant former un plus grand nombre de CEultivateurs dans l’é- tendue de vos terres, mais encore comme capable de rétablir une branche d’Agri- culture très-intéreflante | & en même- tems très-négligée dans la Province con- fée à vos foins. Vous venez de lui donner un grand exemple de la valeur que peuvent ac- uérir les arbres , attendus jufqu’à leur point de perfection : l'induftrie des Ci- toyens. ef éveillée ; & c’eft beaucoup. Le moment eft venu d’exciter les Pro- priétaires de vaftes Domaines à puifer dans les fources de fortune que vous leur avez montré. | Il fuffira , fans doute, de leur apprendre Vit qu'il eft peu de terreins, qui fe refufent à la produétion des Bois ; qu’il eft facile & peu coûteux de Les multiplier ; que la culture des Arbres exige très-peu de foins; & qu'ils préfentent enfuite des reflources afurées dans les différens befoins de la Société. Les Chênes antiques de vos Forêts ont fait naître en moi la plüpart des obfer- Vations que je publie ; ces Chênes mas jeftueux , que j'ai eu fi fouvent occafion d'admirer , comme propres aux grandes œuvres, ces Chênes qui, ayant paflé du centre du Royaume au fein des Mers, portent aujourd’hui le nom François & les vertus de Louis jufqu'aux extrè. mités du Globe, Ils ont déjà remplacé quelques Vaif. feaux que l'état perdit au malheureux combat du Douze. Qui pourra jamais remplacer dans votre cœur la perte de M. de Vicomte d'E scars, votre frère? di s’y couvrit de gloire , il eft vrai ; mais il n’exifte plus pour [a Patrie. Quel bonheur pour moi, MONSIEUR Le Comte, fi Jai répondu à l'attente ne co avez conçu de mon application ; & fi l'ouvrage , que vous m'avez permis. de vous offrir, pouvoit remplir vos vues! quand il n’auroit pas d'autre fuccès , mon ambition fera fatisfaite , & j'aurai du moins eu l'honneur de vous donner une marque publiqué de mon zèle , & du profond refpe& avec lequel je fuis , MONSIEUR LE COMTE ; Votre très-humbla’ & très-obéifant ferv. | À Juce DE S.-MARTINA : EXTRAIT DES RÉGISTRES DE LA SOCIÉTÉ ROYALE D'AGRICULTURE. Du 24 Mai 1787. , Ce ee de ‘u ».) Meffieurs FouGERoUXx DE BoNDAroY, & THouIN , nommés par la Société, pour examiner un manufcrit, ayant pour titre de la culture du Chêne, par M. Juce, Seigneur de Saint-Martin , en ayant fait leur rapport , la Compagnie a jugé cet ouvrage , dans lequel l’Auteur a fuivi une méthode très-claire , très-concife , & qu'il a mile à la portée de tous les Cultivateurs , digne de fon approbation. En foi de quoi J'ai figné le préfent Certificat ; à Paris, ce 25 Mai 1787. Signé; BROUSSONET, Secrétaires perpétuel de La Societé Royale d'Agriculture. 4 di no N ri tas re # as at es US A ai ÿ Ph A7 ù LS \ 1e Li CN he n @ Var \ nr MX A Ju A UT > PA 122 ai He DCICACIEES 2 aÈ He 4er ke. HÉEr af à E5 ro" à MPa Ce N réfléchiffant fur les difficultés g£- nérales & particulières, qui fe ren- contrent à multiplier les Bois en France, on ceffe d’être étonné du peu d’accroif- fement que prend ce genre de culture. La jouiffance eft fi éloignée , la vie de l’homme eft fi courte, qu'il eft rare qu'un Propriétaire de fonds fe décide, par intérêc perfonnel , à femer ou à planter des Bois, dès qu'il eft parvenu à {a Cinquantième année ; &, avant qu’on ait, en France, la libre difpofition de fes biens , il s'eft écoulé plus que la moitié de ce "terme. L'autorité paternelle empêche fouvent les Jeunes-gens de fuivre le penchant qu'ils tiennent de la Nature. La léfion dans la vente, & les droits de retrait, laifient long-tems un ACqué« teur dans l'incertitude de la propriété XI1 PRÉFACE. . En pays coûtumier , la propriété du fond-dotal ne pañle jamais fur la tête du mari; &, en pays de droit écrit, elle y paflfe rarement. Mais comme il n’y a qu’une pleine aflurance de Propriere | qui puifle inf- pirer le défir de multiplier les Arbres , le François ne peut y employer qu’une très-petite partie de fa vie. Dans ce beau Royaume , les meilleures chofes n’ont pas toujours été aufli ac- cueillies qu’elles étoient avantageuies. Le bon Cultivateur. n’y jouit , encore au- jourd’hui, d’aucune diftinétion ; il n’ef- père d’autre récompenfe , que celle qui doit réfulter de la chofe-même ; vient-il à faire une plantation confidérabie ; cou- vre-t-il une montagne de Bois ? Ses voifins le dénoncent , pour faire verler fur lui une partie des charges réelles attachées au revenu de leurs terres. Ce citoyen précieux , en ce qu’il fait tirer de fon Domaine un plus grand produit que ne font les autres, eft comme puni de fon induftrie , avant d'en recueillir les premiers fruits. _ Par-rout les hommes font les mêmes s on Îles mènera toujours par les diftintions &z les récompenfes. Nous voyons qu’en Angleterre le Gouvernement a eu depuis PRÉFACE. 111 peu l’habileté de renouveler la propoii- tion des récompenfes établies ‘en 1689; pour ceux qui enrichiroient l'Etat ; en S'enrichiflant eux-mêmes. La grande confommation de cette denrée pour les bâtimens , & pour les différens befoins de la Société , eft fans doute la première caufe de la diferte que l'on commence à éprouver dans toutes nos Villes , & dans les cantons peuplés. Depuis plus de quatre-vingts ans les Architectes employent, dans nos édifices, une moitié en fus du bois neceflaire pour la Charpente , faute d’en avoir calculé les forces , rélativement à fes dimenfions : quelle élegance dans la coupe des anciens ouvrages |! quelle juf- te proportion entre la réfiftance & la, charge ! comment a-t-on pu s'en écarter fi long-tems ? | Si, d'un côté, le luxe a introduit plus de commodités dans nos maifons, f la longueur de nos hivers prolonge néceflairement l'ufage du feu ; fi Îles fourneaux & les forges mulripliées con. Tomment beaucoup plus; d’un autre côté, les fréquentes gelées du Printems. détrui- fent plus que jamais le germe & Vel, pérance des plus beaux Jets. Le droit qu'ont les U/agers d'intro« x1Y PRÉFACE. duire leurs Beftiaux dans les Forêts, d'ÿ prendre leur boïs de chauffage , & même du bois à bâtir, eft une autre caufe de leur dépérition : ces droits deftruéteurs étoient moins préjudiciables à l’État dans les premiers tems de la Monarchie; parce que les Forêts occupoient une grande partie du Royaume ; au lieu qu’aujour- d'hui il n’y a pas la centième partie du Terrein qui foit fufceprible de nourrir utilement des Bois; tout le refte eft trop précieux ; ou trop éloigné des Rivièrés & des Routes, l'AS Mais je regarde les préjugés & ligno= rance où font encore ceux qui s’adon- nent à la culture des Arbres ,; comme la caufe du peu de fuccès qu’ils obtien= nent ; & ce peu de fuccès , comme la caufé la plus immédiare de leur découra. gement ; &, par conféquent , de la ra= reté des bois. A Ceux de la bonne qualité , fur-tout ; font extrêmement rares en France , ce qui nous oblige d’en accheter de lÉ- tranger, Il ne faut pas croire cepeñdant que nos Bois foïent à l'avenir aufli défeétueux que ceux que nous exploitons aétuelle- ment ; nous touchons précifément à la révolution de l'hiver de 1709, dont la LL 2 PRÉFACE. xv rigueur exceflive attaqua les Arbres, juiques dans leur principe de vie. Nous avons peut-être moins befoin de former des Bois nouveaux , que de con- £erver, que de rétablir ceux TR exiftent. Et l’on peut dire que c’eit plutôt la facilité des communications ,; qui man« quoit en France, que le bois-même. Les grandes & belles Routes |, aux- quelles on travaille dans tout le Royau- me, & les canaux bien entendus, qu’on pratique de tous côtés, vont facilirer É tranfport. Nos Rois ont porté ‘une attention con tinuelle à conferver ces riches préfens de la Nature ; mous voyons que, dès le commencement de la nd , ils fe font occupés de ce foin , comme il pa- roît par d'anciens Capitufaires de CHar- LEMAGNE , de Louis L& DÉBONNAIRE ; & ainfi d'âge en age. Louis xiv raflembla, dans fon Or- donnance de 1669 , toutes les Loix qui avoient précédé fon fiècle. Cette Ordonnance , aufli utile pour les Bois des Communautés & des Particu- liers, que pour ceux du Domaine de Sa Majefté ,| embrafle tant d'objets , qu'il n'eft pas furprenant que fes Rédaëteurs xvt PRÉFACE. ayent employé huit années dé travail à la perfectionner au point où nu étoir alors, En 1720 , 1} fut rendu un |'Arrét du Confeil d'État, qui ordonna de planter des arbres de route efpèce le long des Chemins , ‘dans route l'étendue’ du Ro yaume , fuivant la nature du! terreims Quel beau’ fpeëtacle n’offriroient pas ac- tuellement fix’ mille lieues’ de Routes pu: bliques, fi cet Arrêt avoit été générale: ment exétuté quelle richeffe pour l’État Ce que nos pères n'ont pas fait, ce que. nous regrettons , pourquoi tarder | à, le faire ? L’Arrér du Crest du 18 Août 1722; qui prohibe x toutes perfonnes de véndré aux étrangers des bois de conftrudion, ou autres efpèces de boïs ; & d’en faire fortir ou tranfporter hors du Royaume, prouve , mieux que tout ce que Je pours rois dire , combien nous fommes encore éloignés de la richeffe en fuperflu, qu'on peut fe promettre dans un climat , qui eft le plus favorable ; peut-être , à! la pro duftion des beaux ‘Arbres. Ceux que nos avons reçu depuis peu de fa’ Évuifiane | du Canada ; de l'Isle Royale | de la côte de Virginie , de Bofton | & de tanc d’autres pays | où les PRÉFACE. xvit les hivers font à peu-près auffi rigoureux que les nôtres, croiflent en France & y multiplient , comme s'ils écoient indigè- nes ; ils fervent à décorer les bofquets , : & font très-utiles dans les Arts. _ Que n’avons-nous pas à efpérer de la nouvelle pépinière , que Sa Majefté vient de faire établir près de Neu-York : Après avoir fourni le Jardin du Roi, dans la Capitale , elle peut fournir toutes nos Provinces. Nous ne craindrons point d'expofer librement notre avis fur les difficulrés vi fe préfentent ; même dans ce qui croit contraire aux ufages reçus , & aux principes établis fur les anciennes Loix , laiflant au Gouvernement le foin de lever les difficultés générales , & d'encourager un genre de culkure , qui exige de lafliduité | & une longue per- févérance, L'Adminiftration | qui vient de com mencer , fous des formes nouvelles, æ& qui a déjà fait renaître la confiance ans plufieurs Ordres de l'État, peut, mieux que jamais , s’en occuper efficace ment ; puilqu'ayant fans-cefle fous les yeux , & voyant de plus près les abus & les befoins ; elle fera plus à portée d’ÿ 2 XVIIT PRÉFACE. remédier &.d’y pourvoir. Un. de £es premiers foins a été, d'annoncer une amélioration dans une partie aufli eflen- tielle :-quel objet plus intéreflant ; .en effer , quela confervation des Forëèrs qui nous reftent , & le renouvellement de celles qui font prefqu’entièrement détruites ? : sb :* Les places vaines &: vagues peuvent être défrichées avec avantage par :les Riverains, & replantées à peu de frais D'ailleurs , il eft fi facile d’exciter l’é- mulation des François ! un peu .d’hon- neur , quelque privilège, une médaille , donnée de la: part du Souverain ; que . dis-je ? une couronne dc. Chêne. comble: roit les vœux de ces hommes fenfibles. . Eh ! quand. Sa Majefté donneroit an: nuellement. une lieue quarrée delces landes incultes, qui déparent fon Ro- yaume , à celui des Culrivareurs qui au- roit, dans le cours de vingt années ; établi le plus utilement des: Bois , ilien réfulreroit un grand bien, pour la famille dun bon Patriote; & , pour l'Etat, un plus grand encore. D 2% mr 4 . Ainfi ,. l'encouragement que la fagefle du Miniftère peut donner: à cette -bran— che précieufe de. l'Agriculture ; les Con: aoiflances que. chaque Particulier peut Li] P R É F. A, CE. xx acquérir ., dans. le fiècle éclairé où nous vivons , & lindufiriè qui nat ‘toujours. 2 d'une poñic ion forcéé , mettront, bièn-tôt. une Fe proportion entre l'abondance & ‘les befoinss à vel Quant aux difficultés , qui fe rencen: trent dans l'exécution , plufieurs Éctie vains célèbres nous ont devancé dans la carrière ; nous les avons lüs; nous avons fuivi les méthodes qu’ils nous indiquoient, jüfqu'à ce que l'éxpérichce noùs à montié qu'on pouvoit fairé mieux quelquefois, Une partie de ces Savans, profitant des lumières de ceux qui Jes avoient: précédé ; ont fait dés obfervations nou=. velles, & fonc ‘allés plus loin qu'eux ; , ils n’ont pas dédaigné dé fe mêler avec leurs Ouvtiers , “dé voir , de raifoñnét : & d'opérer enfemble Là, ils ont appris plus qué la théorie ne peut en apprendre, Mais ceux qui n'étoient pas Cultiva- teurs, ‘ont fouvent mélé la crédulité’ avec | de bons raifonnemens. Entre les Modernes , M. Dukaïnél et, fans contredit , le meilleur ss" que l'on puifle défirer, Cet Académicien, accoûrumé à dif- + pofer les chofes naturelles dans un ordre: fimple , & les voir telles qu'elles doivent 5 y sp PRÉFACE. être enfemble , eft le feul qui aït traité cette matière avec le foin & l'étendue convenable. L’honneur qu’il m’a fait de m’admettre à fes entretiens |, & de me permettre d'aller dans fes terres | où il a réuni sout ce que l'Art , combiné avec la Na- ture , peut opérer de plus intéreffant , n’a pas peu contribué à exciter en moi le goût de la culture des Arbres, J'ai éré cent fois témoin que les ef- rits S’allumoient au feu de fon génie. Quel eft l’Amateur , qui ne fe fenciroit pas émû , en voyant , à la fuite d’un nombre infini d’expériences , des arbres entièrement tranfpolés , -plantés , les branches en dedans , & les racines en Vair , qui ont repris & donné des feuil- les , du bois , & des fruits ! (1) Après avoir Îlü fes ouvrages , aufli folides que bien écrits, il femble que c’eft être téméraire , que de prendre la lume, J'avoue que j'ai été arrêté pendant quel- que-tems par cette confidération, & que {1} Summumque putaror kaud dubirat rerræ referens mandare cacumcp. Pirg. Georgic. Lib. 11, PRÉFAC&. ns’ hi je m'y fuis enfin déterminé , c'eft que le canton que j'habite eft très-éloigné , & tout-à-fait différént du fien, & que, par conféquent , je puis y avoir fait des obfervations différentes , propres à dé« truire des erreurs locales. C’eft que tous les Cultivateurs ne font pas en état de fe procurer fes beaux ouvrages , ni a portée de les étudier, avec toute l'attention néceflaire pour les comprendre. C'eft qu'enfin il s’eft écoulé le quart d’un fiècle depuis que M. Duhamel à enrichi l’Europe de fes écrits , tems fufifant pour acquérir de nouvelles con- noifflances dans la culture des Bois. Mon deffein eft de mettre dans Îles mains des Culrivateurs , de tel ordre qu'ils foient ; un apperçu général de tout ce qui concerne cette partie , Vrai ment intéreffante. Je tâcherai de me rendre intelligible à tous , & de ne rien laifler à défirer. J'expoferai les raifons qui m'ont en- gagé à m'écarter quelquefois des métho« des ordinaires. | Les divers moyens que j'ai mis en ufage : Les fuccès bons où mauvais que j'ai ob tenu. eatl| LA xxis PRÉFACE Enfin ; les réfultats de ce que lobz fervation & lPexpériénce m'ont appris, pour faciliter & accelérer le produit des POS LM | >. De K°, les meïlleurs moyens de les femer , de les planter, de les entrete- nir, de rétablir ceux qui font dégradés, "& de les exploiter, * AY 481 ‘IF ‘nous faudra dofic ‘examiner le Bois dans fon origine ; en recueillir la grai- ne, pañer en revue les différens terreinsx choifir celui qui eft Je plus favorable ; ‘indiquer toutes les opérations néceflaïres, ‘pour y établir des Bois; pefer les diffé- rentes expolitions ; en confidérer les avan- tages & les défauts | obferver lorganifa- tion des Arbres | leurs efpèces & leurs “qualités ; fuivre le cours de la sève & celui de la végétation; ‘voir s’il’eft pofi- “ble de remédier. à certains vices &'aux maladies | dont nous aurons’ découvert les caufes , & parcourir fucceflivement “les Semis les Taïllis-& les Futayes. Nous arrêter néanmoins à chaque pas, pour combiner ce qui eft le plus avanta- geux, & pour le téms prefenr | & pour le tems à vezir, Ce font deux points , que tout bon Adminiftrateur ne doit jamais -pi féparer , ni perdre de vue. Maiheureufement le goût de la jouit | PRÉFACE X'XI1# fance s'érend journellement , & domine les. François de plus en plus. On fait que le Roi & le Clergé , les grands Seigneurs & les riches Propriétaires ob fervent le bon ordre établi depuis long- tems dans lexploitation de leurs Bois mais le grand nombre de ceux qui vi- vent dans la médiocrité ; ou qui aiment béaucoup à compter fur ce qui végète fans leur participation , en ufent , aw moindre befoin imprévü , d'une manière: différente : ils ne laiflent abfolument rien à leurs fuccefleurs, | Donner à ceux-ci les moyens de fe procurer dans le moment toute la jouif- fance poflible , & de conferver, prefque: fans frais, pour leurs defcendants , l’ef- fence de leurs Bois, feroiït donc , en fe prêtant à leur goût , rendre un fervice important à la race future , & établir’, en faveur de l'État, une efpèce de fubf: titution. | | Les foins du Cultivateur ne fauroient, il eft vrai, empêcher les Bois de péris: par le laps du tems ; l’ordre de la Nature: impofe , à tout ce qui y eft fujet, la né- ceffité d’avoir. un terme ; mais les atten= tions que l'on prend, fondées’fur linf- pe“tion des loix-même de la Nature contribuent beaucoup à ‘prolonger la. du- EN XX1V PRÉFACE. rée d'une produétion qui , d’elle-même ; fe renouvelleroit à perpétuité , fi les divers établifflemens de la Société n’y portoient un obftacle continuel. _Je ne parlerai guères que du Chêne, qui eft une des efpèces les plus revêches. La culture des autres arbres étant à peu- près la même , & plus facile, je me contenterai d’en remarquer les différen- ces , à mefure qu’elles fe préfenteront dans le cours de ce Traité. Je ne ferai point difficulté de copier, d’après les bons Auteurs , ce que j'ai trouvé conforme à mes propres obferva- tions , & ce que l’expérience m’a montré comme vrai. Dans ce que je dirai des objets d’a- grément , on s’appercevra, fans doute , que mon but eft de conduire | par ce chemin, à ce qui eft véritablement utile. Je m'appliquerai à donner les moyens de diminuer la dépenfe , mais moins qu’à rendre profitable celle qu’on eft obligé de faire, rien n'étant plus conforme à une économie bien entendue , que de favoir faire certaines dépenfes, qui prés “viennent des pertes & aflurent des profits. Quiconque voudra me fuivre dans le fil de mes opérations , fera certainement porté à faire des tentatives. Rien de plus PRÉFACE. xxv puiffant, en ce genre, que l'exemple ; je vois qu'ayant cherché à imiter ce qui m'a paru utile & agréable , mes voifins, à leur tour , cherchent à m’imiter. Les Bois que J'ai femé , forment aus jourd’hui mon principal revenu , je me fuis préparé , & à mes enfans une efpèce de richefle prefque indeftru&ible. Tous les fléaux des récoltes, les infeétes , le feu | l’eau & la gelée, la foudre & la grêle ne fauroïent me priver totalement du revenu de mes Taillis. En peu d'années j'ai quadruplé la valeur de mon héritage, fans en étendre les limites : mais fi j'avois eu, en commençant mes opérations, les lumières que j'ai acquis depuis; fi j'avois trouvé tous les bons principes réunis dans une Inftruétion courte & méthodique , telle que je la donne au Public, que d'arbres, que de peines, que de dépenfes jaurois menagé | La fraîcheur des Bofquets ; la furprife des Labyrinthes , la majefté des Fucayes, & cette tendre émotion qu’on reflent fous les Berceaux qu’on a planté : telle eft la récompenfe qu’on doit attendre des folli- citudes que donne la culture des Bois. Un accroiflement annuel , un revenu qui vient fans peine, une récolte abon- xxwI PRÉPA C El dante de toutes fortes de fruits , :& une reflource aflurée contre ces: revers de fortune, qui arrivent.tot ou tard dans des familles , {ont autant-d’intérèts:qu’on re- tire avec ufure de-quelques légers Capi- taux.qu'on employe. | + J'ai éprouvé ces fenfations. :: : J'ai uté de ces reflources. . Mais rien n'a été plus flatteur pour moi, que le plaifir de communiquer .mes obfervations à mes. Comparriores, que le plaifir de penfer que je pourrois être-urile aux Culrivateurs , cette portion de l'État la plus aétive , & par conféquent la plus heureufe, Ils {ont tous mes amis, » Quand il nous arrive de réuflir ; »_ notre plus grande joye, dit Xerophor, » eft de déclarer ; a ceux qui veulent le » favoir , les:moyens dont :nous nous » fommes fervis. Au lieu que communé- » ment l’efprit des autres ouvriers eft de » faire un myftère de tout, & de garder » pour eux feuls les lumières qu’ils ont ».acquis dans leur. Art. » : | : | NZ p! CE à 4 ” } | ECS | nd PRÉFACE: Page x1e DRE MIÉRE PARITE. Ça piTrre Î% Terrein convenable our femer. 25 :Pagers”s Sol. #1. Température & Climat. = Ex- pofitions. - Situation des Arbres. Vents, rGelées. + Chaléurs. :Pluyes.: = °SÉ« cherelfe. dard ee CHAPITRE II. Préparation au Ter- réin pour femer des Bois, "195236 Clôture des Champs. = Hayes. Fof- £és: ea Palis. =Murs.:m Défrichement. . CHAPITRE III. Semences des Ar- bres. s i0b eup sbfleu ti Deux: efpèces principales de -Chêne: Chêne: verd. «1 Gland. = Tems de les femer. - Manières de conferver ies : femences. ts2 11 ISTidAn: … CHAPITRE IV. Manières dedemer le gland. A © | 43° Quantité de glands néceffaires poun femer un arpent de.'Ferrein. -1:Ma+ nière de femer par rangées. - Chemins dans les Semis. 1 Tableau ‘du nombre d'arbres dans une:toife: de Semis de dif- ÉxVIII Table des Chapirres. férens âges, = Semis de graines délicates ; petites & légères. - Semis de Pin , = du Châraigner , du Hêtre | = du Tilleul, CHAPITRE V. Mélange des efpèces. 62. : CHapPriTRe VI. Culture des jeunes ar- bres femés. 674 Labours. = Recepage. = Mettre le feu dans les Semis mal-venants. = Moyens d'en arrêter les progrès. SECONDE PARTIE, CHAPITRE Α'° Terrein convenable pour planter. 7Se Préparation du terrein pour planter. + Planter à tranchée ouverte. -1 Avanta= ges de cette Pratique. CHAPITRE Il, Manière d’arracher le Plant. 4 Qualités que doit avoir le bon Planc. m4 Manière de le tranfporter & de le confer- ver jufqu’à la plantation. = Moyen pour former le bon Plant. CHaAP1TRE III. Saifon convenable à la plantation. | 90e Des arbres verds & réfineux. = Mad nière de planter commodément. = Pré- paration du Plant. m Defsèchement. +4 Combien chaque pied d'arbre coûte pour planter. = Combien il en coûte, pour planter un arpent de pays. = Com- es JP © Table des Chapitress Xx1X bien pour le femer, r+ Il eft inutile d’o. rienter les arbres. = Des Avenues. CHAPITRE IV. Manière de tracer fur le terrein toutes fortes de figures. 108. Règles de l’Arpentage. = Toifé des terres maflives. #1 Traniport. = Réfumé, CHAPITRE V. De l'Arbre & de fon bois. 125. Moëlle & Tiflu cellulaire. = Cœur du bois. m1 Aubier. = Sève. = Trachées. m Écorce. = Branches. = Feuilles, »4 Fleurs & Fruits. - Boutons. = Racines. Nutrition des Arbres. m1 Principe de Vie. CHAPITRE VI. Manière d’élaguer les Arbres. 142 Avantages qui en réfultent. CHAPITRE VII. Maladies des ar= bres , avec l'explication de plufieurs ter- mes qui y font rélatifs. 148. CHapriTre VIII. Remplacement des jeunes arbres. Mae à 7 CHAPITRE IX, Rétablifiement des Bois dégradés, | 178 TROISIÈME PARTIE. CHAPITRE Α* Tems propre pouf abattre le bois. 181% Moyens de donner plus de confiftans cc au bois , & principalement à l'Aubiers XXxx Table. des Chapitres. $ "h bn Écorcement fur pied. = Tan, = Mas nière d’écorcer. CHAPITRE Ï É Exploitation des Bois. 1914 Étêtement des gros Chénes. ra Étrête- ment, des jeunes Chênes. = Divifon des grands Bois en coupes reglées. m Mae nières de percer un Bois. . CHapitre 111. Exploitation des Taillis. + 1994 Tableau de la progreffion des brins de Taillis ,,fuivant leur âge différent, = De la valeur d'un arpent de Taillis , felon fon âge. Baliveaux des Taillis & des Futayes, CHAPITRE IV. Futayes, leur ex- pleitation. 212, Table de l'Équarriffage. = Manières de mefurer la hauteur d’un arbre. + Cal- cul des bois de Charpente. — Du bois à brûler. - Manières d'apprécier les Futayes. CHapiTRe V. De la coupe des Bois de Haute-futaye. ; 222 Saifon convenable pour la COUpe. ms Manières d’abattre les Arbres à la coi- gnée. 1 Deiles abattre en pivotant. + de les abattre à la fcie. = Exploitation. = Tables de la force des Bois, en raifon de leur fuperficie , & en raifon de l'é-” galité de leur CübE, un Table des Chapitres. XXXI CHaPiTRe VI. Ufance des bois. 243. Charbon. = Cendres , tableau de leur produir. — Écorces. = A quoi chaque efpèce de bois eft propre. = Charroi du bois. — Flottage. — Frais d'exploitation. CHaPaTRE VII. Coupe des gros arbres épars , arrachement & remplace- ment. 268. CHaPpiTRE VIII. Limites des fonds. 27% Bornes, m1 Foffés. = Murs, = Hayes, = Arbres des limites, ‘4 4 fT agan0 1x Ne: | ART ue AUD bi MAO LU Nfaaudonuts à k ES VAE @ à ALL TOE tTd tir ue LL FE AA NA k RE um À fe M AU AE NE ne arailoà 28 FNRLARN Ÿ MEN NE vai do PAS at ce a 4 AR fn, \ À] AVR AU ue V! 400 a ! p} Ne DE LA CULTURE A DU CHENE, PREMIÈRE PARTIE. CHAPITRE: PREMIER: TERREIN CONVENABLE POUR SEMER) ï, E fol & l’expofition contribuent, plus qu’on ne penfe, à la qualité première des bois. Com. mençons par chercher à connoître l’efpèce d’arbres qui convient à chaque terrein; c’eft le premier pas à faire dans la carrière que’ nous allons parcourir, $ Oz. IL eft peu de terrdins qui fe refufent à nourrir utilement des bois. Les racines des Arbres s’é- tendent au loin, & trouvent ordinairement quelque veine de terre, où elles peuvent s’infinuer ; elles écartent peu-à-peu les obftacles , traverfent: les rochers , & cherchent , à une grande profondeur, la terre qui leur eft propre. + À à De La culture du Chène. Nous avons done à confidérer ici le fol fouél un point de vûe un peu plus érendu que ne fontt ordinairement les Laboureurs ; le foc de leur charrue pénètre rarement au deffous de fix pouces, & les racines des plantes annuelles ne defcendent guëres à cette profondeur. Comme les Laboureurs, nous avons befoïn de préparer la couche fuperficielle de la terre, pour y répandre les femences de nos arbres : c’eft une matrice qui eft commune, pour quelquetems, aux racines des plantes annuelles & des plantes vivaces. La fertilité de cette première couche dépend beaucoup , il eft vrai, de la bonne ou mauvaife qualité de la terre qui eft au deflous; mais il eft plus effentiellement néceffaire , pour les arbres que pour les bleds, que la terre de cette fecon- se couche foir végétale , parce que les racines des arbres y pénètrent. La terre végétale , proprement dite, eft cette gouche , plus ou moins épaifle, répandue fur là furface du Globe, qui fournit les fubftances pro- res à l’accroiffement & à la nourriture des végétaux. Elle eft compofée du deérritus des tufs & des rochers, fur lefquels elle pofe immédiatement , ainfi que des matières végétales & animales, qui, par leur décompofition, forment ce qu’on appelle terre Zabourable | ou de culture. Mais comme les fubftances végétales & ani- males , dans leur état de décompoftion , font, à peu-près, de la même nature , il s’enfüit que les variétés, & les différentes qualités qu’on ob- ferve”dans les terres, proviennent principalement de la nature des tufs & des rochers qui leur ont fervi de baze. Ce font donc les tufs & les rochers, qui forment vérisablement le fol , Jo/um , Jolidum. Première Partie. Chap, I. 2 Les rochers fonc vireféibles, ou calcaires. De æette divifion naiflent deux grandes clafles , aux- quelles on peut rapporter toutes les variétés du fol, & qui fonc connues fous la dénomination d'ancienne & nouvelle terre. Chacune de ces clafles peut encore avoir plufieurs fubdivifions ; mais il feroit inutile de les détailler ici. ® Nous nous bornerons à indiquer les qualités des deux efpèces primitives de terres , très-différentes entr'elles, par leurs principes, & par les Phéno- mènes que nous préfencent leurs combinaifons ; l’argille & la terre calcaire. Les terres argilleufes font pefantes, mélangées de fables de difiérentes couleurs ; celle qui eft dégagée de toute fubftance hétérogène, fe nom- me glaife : elle eft très-peu fertile. Mais quand J'argille eft réduire en molécules trés-fines , ou divifée par l’interpofition des fables, elle eft, de routes les terres, la plus propre à la végétarion, & fa couche eft ordinairement profonde. Voici les fignes aux-quels on peut [a recon- noître : elle n’eft point attaquée par les acides, & s’endurcit au feu : imbibée d’eau , elle aug- mente de volume : elle eft ductile, prend & confer- ve les formes qu’on lui donne: lorfque la chaleur furvient , elle fe retire, & sèche lenrement. Toutes les argilles pofsèdent plus ou moins ces qualités, à proportion qu’elles font plus ou moins altérées par le mélange de matières étrangères. La terre calcaire eft celle qui eft difloiuble, avec effervefcence, dans les acides ; qui fe réduit en pouflère ou en chaux vive, lorfqu’on l’expofe à un feu violent; elle eft compaëte & abforbante. On en diftingue plufieurs efpèces, qui portent des noms diférens, comme la craye, la marne; enfin, B ij « De la culture du Chêne: on comprend , fous le nom de terre calcaire ; toutes les fubftances calcinables. Il eft une autre terre, qu’on nomme serre neuve; c'eft celle qu'on tire d’un endroit où la végéta- tion na jamais eu lieu , ou du moins depuis un long intervalle de tems; par exemple, celle qu’on trouveroit dans les vallons , à trois ou quatre pieds de profondeur. Cette terre, élémentaire & fans mélange |, conferve long-tems fes bonnes qualités : elle eft très-propre aux belles produc- tions ; & c’eft celle qu'on doit employer pour aclimater les arbres exotiques. Certaines terres font meubles naturellement : ce font celles qui feroient faciles à labourer ; & on augmente la fertilité de celles qui ne font pas meubles de leur nature, en multipliant & renouvelant leurs furfaces, à l’aide des labours ; alors 1l n’en eft aucune , qui ne contienne une fubftance analogue à quelqu’efpèce d’arbres ou d’arbrifleaux. Nous voyons en France des zônes très-étendues de terre, qui produifent naturellement certaines ef- pèces d’arbres, pendant que des efpèces différen- tes, qui croiflent non loin de là , ne s’y établiffenc jamais ; 1l y a des Provinces entières, où le châtaigner ne fauroit croître ; & c’eft ordinaire- ment celles où la terre eft calcaire. Dans d’autres cantons le chêne ne peut s'élever qu’à la hauteur des buiflons : ne cherchons pas ailleurs, que dans les qualités du terrein, la raifon de ces parti- cularités. La meilleure manière de connoître l’aptitude du terrein, pour chaque efpèce d’arbres , eft «d'obferver ceux qui croiflent naturellement aux gnvirons ; fi quelque efpèce eft de belle venue, Premidre Partie. Chap. Z. ‘54 fl ny à pas à douter que le cerrein lui ef convenable. Si le terrein eft totalement découvert & dénué d'arbres , il fauc le faire creufer dans plufieurs endroits, pour fonder la profondeur de la terre, & en voir la qualité. On s'affurera de la proportion des mélanges , dont fes différentes couches feront compolées , er les lavant dans beaucoup d’eau. Les matières fe a mA graduellement au fond , en raifon de leur poids fpécifique ; puis, verfant l’eau , lorfque la terre eft repofée, & laiflant évaporer celle dont elle refte imbibée , on aura un bloc, qui mon- trera, par lits plus ou moins épais , la quantité de fable, de terre pure, argilleufe, glaifeufe ou limoneufe. Ces lotions fourniflent le moyen le plus fimple de connoitre la nature du terrein. À proportion que les terres d'expérience désé- chent , les unes préfentent des fentes & des crévaf- fes ; d’autres adhèrent fortement aux parois du vafe; d’autres reftent compactes & feèchent lentement : ce font autant d’indices de leurs qualités diflérentes. La couche inférieure eft-elle maigre & grave- leufe ? les eaux paflent promptement à travers ; c'eft ce qui fait que La couche fupérieure eft fèche & légère ; cette couche inférieure eft-elle au contraire glaifeufe & forte ? elle empêche l'écoulement des eaux ; alors la couche fupérieure, qui fe reflent coujours un peu de la qualité de l'inférieure | fera humide & tenace. | . Les couches font quelquefois d’une égale épaif- feur, dans toute leur étendue; maïs fouvent elles fe trouvent plus minces dans certains endroits , que dans d’autres. Plus il y aura de terre meuble & végétale j £ | De la culture du Chêne. plus les arbres croîtront. On obferve qu’un arbre venu promptement donne un bois plus net & plus fort pour l'ouvrage , qu’un arbre de même grof {eur , qui auroit pris un accroiflemenc plus lent, & dont les cercles annuels font plus minces; il y a donc un double avantage de «faire choix d’um fonds, dont la terre eft douce, profonde & fertile, Les pays montueux font ordinairement deftinés à la produ@tion des bois ; c’eft prefque le feul moyen d’en tirer un parti favorable , à moins qu’ils ne foient fitués dans des Provinces peuplées , & propres à produire de bons vins, Les cultures répétées expofent fouvent les terres fituées en pente à étre entraînées vers le bas, par les ravines ; au lieu que les arbres font prendre une efpèce de confiftance aux terres qu’on ne laboure. pas, & les bonifient, par la chûte de leurs feuilles. ” On n’y deftine les Plaines, que lorfqu’elles fe refufent à la produétion des vignes, des fourages & des bleds. Pas DT 5 EE A cet égard , on ne peut rien prefcrire ni confeiller au Propriétaire foncier ; c’eft à lui feul à calcuier les avantages qu’il peut fe promettre du différent rapport de fes héritages. Le Chêne réuflit dans une terre forte & limo- neufe ; le hêtre, au contraire , aime une terre légère; le premier poufle fa racine dans la terre, fa tige au dehors, & demeure au centre; le fecond poufile au dehors fon enveloppe , au deflus de fa tige naiflante : ainfi il lui faut une terre facile à divifer, fans quoi la graine refte & fe pourrit. | Un terrein léger peut donc être de qualité mé- diocre pour le Chêne, & de qualité première your le hêtre, par cela feu qui eft léger, Première Partie. Chop. I. 7 Cette différence, remarquée au moment de la naiflance de ces deux arbres , n’eft pas la feule raifon déterminante pour placer toujours le Chêne en terre forte; car 11 naîtroit également, & plus vite, en terre légère. Il y. a quantité d’autres motifs, qui engagent à l'y placer , entr'autres fa racine pivotante, qui defcend jufqu’à cinq pieds de D ideus , & fa nature agrefte, qui exige une sève forte & acre. - De la différence du /o/, il réfultera de grandes différences dans fon accroiflement, & dans la qualité de fon bois. Dans une terre douce & rofonde il fera dé belle venue, franc & traita= le, pour la fente & la menuiferie. IL profitera dans les terres dures & fortes, qui ont du fond, & même dans la glaife, mêlée avec d'autre terre , qui en diminue la tenacité ; le bois en eft beau , plein, folide , & d’une qualité parfaite. Il s’accommode aufi du terrein fablonneux -& graveleux , pourvû qu’il ait aflez de profondeur ; il y croît beaucoup plus vite que dans la glaife, & fon bois en eft plus compacte & plus dur ; mais il n’y devient ni fi gros, ni fi grand. El ne craint point les terres grafles & humides, quand les gelées du printemps y ont laiflé fubfifter le jeune plant : il y croît même tres-promptement ÿ mais c’eft un defavantage du bois, qui, étant caflant, n’a ni Id force, ni la folidité requife pour la charpente ; fes fibres feront molles, fes pores larges , il fera denué des parties gélatineu- fes, qui conftituent la bonne qualité du bois. Si le Chêne fe trouve, au contraire, fur la crête des montagnes , dans les terres maigres, sèches & pierreufes , il ne pourra produire que ds taillis, ou du bois noueux & pefant, propre au g De la culture du Chéne. chauffage. Enfin, cet arbre fe refufe rarement, excepté dans la glaife crop dure, ou dans les terres noyées d’eau |, ou dans les terreins fi fecs, fi pauvres & fi fuperfñciels , que les ar- brifleaux les plus bas n’y fauroient croître. C’eft même la meilleure induétion fur laquelle on puifle fe régler, lorfqu’on veut faire des femis de Chêne, Les terres trés-légères ,| dont quelques unes font rouges , les autres noirâtres , dont le fond eft en quelque forte mouvant , ne peuvent conf: _tituer de beaux Chênes. Il y à différentes couleurs de glaifes : il y em a de bleue, de rouge, de blanche, de jaune & de verte, par le mélange des fubftances métalli- ques :-les glaifes vitrioliques font les moins pros près à la végétation. “Le Chêne, qui croit dans les terres où il y 4 des mines de fer, eft dur, fort & ruftique. : Le terrein humide n’eft pas auffi préjudiciable dans les Provinces méridionales , que dans les climats moins chauds ; mais celui qui eft maré- cageux eft toujours mauvais. En général , il eft indifférent que la terre foie de telle'ou de telle couleur, de telle ou de telle qualité; pourvû qu’il y en ait aflez pour permet- tre aux racines de s'étendre, on y pourra, com- me nous l’avons dit, élever des bois; il ne s’agit que de lefpèce. {1 eft toujours plus avantageux d’avoir fon terrein garni d’arbres bien venants , fuf fent-ils d’une efpèce médiocre, que d’élever des arbres d’une qualité plus précieufe , dans une terre qui ne leur conviendroit pas , &'où ils ne feroient que languir. Mais comme nous ne par- Jons que du Chêne, nous avons indiqué que cet Première Partie. Chap. I. œ arbre a fes terres plus ou moins favorables : où ne fauroit y donner trop d’attention. | TEMPÉRATURE ET CLIMAT, La Température & le Climat influent encore fu£ la qualité des bois. Celui des pays chauds ef ferme & de bon emploi : il eft plus dur, plus folide , & par conféquent plus pefant que celut des pays froids ; mais la chaleur exceflive eff contraire à la produétion du Chêne ; on n’en trouve point fous la zône torride; fi l’on en voit, c'eft fur les montagnes , à l’expofition du nord , où l’air eft quelquefois aflez tempéré ; les froids extrêmes ne lui {ont pas plus favorables; on n’en trouve point au delà de Stokolm ; il n'y en a pas en Laponie. Il faut donc au Chêne un Chimar tempéré : le degré de chaleur de la Provence & de l'Espagne femble être celui qui lui convient le mieux. La Température d'un canton n’eft pas toujours proportionnée au Climat fous lequel il eft fitué ; elle eft modifiée par deux autres caufes, qui in- fluent particulièrement fur la végétation. Ces cau- fes font la nature du /o/, & fon élévation aw deffus du niveau de la Mer. Dans les cantons où le /07 eft de nature cal- caire, la chaleur y eft plus grande, ou du moins plys conftante, que dans les pays de granite; les produétiens végétales y font plus précoces ; &, quoique cet eflec foit plus marqué fur les arbres fruitiers , il ne laifle pas d’être encore crès-fenfi- ble fur toutes les autres efpèces d’arbres. Si l'on compare, par exemple, l’Angoumois & le Haut-Limoufin, fitués fous le même dégré de latitude , voici à peu-près le rapport des tems fo De la culture du Chêne de maturité, qui exifte entre les produétions vé= gétales de ces deux Provinces. On fair que le fol de l’Angoumois eft calcaire , & celui du Haut-Limoufin eft de granite, ou argilleux. TEMS DE LA MATURITÉ En Angoumois. En Limoufin: AOENIESS 2 24,57 20 MaL'e 25 33 TEE Seigle .:.5 3": "8 Jiillet 1. … 2010 Raïfin. . .... 12 à 1$ jours de différence. Gland, : … : : . 15... jours de différences L’élévation du terrein au deflus du niveau de la Mer, eft une des caufes principales qui influent fur la Température, & modifient l’état de lath- mofphère. Le Chêne exige une température moyenne ÿ qui n'a plus lieu au deflus de 350 toifes d’élé- vation au deflus de la Mer; les terreins plus élevés, en Limoufin, ne produifent que du hêtre, des bouleaux , jusqu’à 450 toiles d’élévation. Les fommets les plus élevés ont 500, ou 550 toifes; ils font abfolument dénués d’arbres , on n’y voit que de la bruyère. Indépendamment des deux caufes dont je viens de faire mention , la Température d’un cantom peut encore être modifiée par fa potion Géo: graphique , par fon éloignement plus ou moins grand de la Mer, & par le voifinage des mon: tagnes. Ces dernières caufes influent fur la Température moyenne de l’Auvergne, où la végétation n'eft pas aufli précoce que dans d’autres pays, où Le 4ol & l'élévation du cerrein fonc Les mêmes. Première Partie, Chap. T. 1£ E XP OS IT I Oo .N4S, Les arbres qui font à l’expofition de l'Orient , * sçoivent les premiers rayons du Soleil ; la tranf- Fs iration s’y établit au dégré convenable : les vail: aux de l'arbre étant remplis de fève, la végé-- tation eft des plus heureufes ; ces arbres font #farement endommagés , foit par les vents, foit r les coups de Soleil, {ct par les fortes gelées ; mais ils fouffrent de celles du printems, {ur-tout ‘quand la gelée n’eft pas fondue avant l'aurore ; …_ Alors le Soleil la diflout précipiramment, & grille les jeunes poules du bois ; l'humidité eft très- __ tonfidérable dans les fonds, & près la fuperficie . de la terre ; aufi voit-on que, dans ces parties , N Les taillis , encore tendres’, les jeunes femis & les branches bafles font entièrement brûlés, pendanc que les branches élevées, & les arbres qui fonc fur la hauteur, confervent leur verdure. Dans eette fituacion, les arbres font beaux , droits & de belle venue. € nn de l'Occident expofe les arbres aux : Vents u Sud-Oueft, qui fonc durs & violens ; fou- went les branches en font rompues ; quelquefois : fême le corps de l'arbre eft déraciné , renverté ; … le Soleil n’y paroïflant que fur les trois heures de à ‘PM les arbres ne jouiflent prefque pas * @& cet aftre péndant l’hyver ; le verglas & les gelées du printems n’y font pas à craindre , mais les arbres y fouffrent des grêles de l’été ; ils y fonc fatigués &:roulés , ils ont des crevañles & des goutières. L’expofition du Nord eft abfolument privée des rayons bienfaifans de l’aftre du jour; la neige s’y eccumule & y fond difcilement; dans les grands CA RDA et 12 De la culture du Chéné. jours , le Soleil l’éclaire obliquement pendant quelques heures du matin & du foir ; le vent, qui la frappe eft le plus froid & le plus fec de rous ; les fibres du bois font dures & ferrées : les arbres y font droits & bien filés ; ils croiflent aflez promptement , quoique privés de l’afpett du Soleil, qui eft le grand moteur de la sève. Le Soleil ne commence à frapper l’expofitiom du zidi, que vers les dix heures ; les gelées du printems font alors communément réfolues en eau ÿ les arbres y font fouvent humectés par les pluyes des orages , qui fe forment fréquemment de ce côté. Pour peu que la terre foit forte, on les voit pouffer avec vigueur ; fi la terre eft légère, & que l’année foit fèche, les arbres fouffriront d’au- tant plus, que leur tranfpiration, & celle de la terre, font plus violentes : mais l’action du Soleil eft coujours avantageufe quand l’humidité ne mans que point. Les arbres y font beaux , leur écorce eft life, & leur bois eft d’une bonne confiftance. Il femble que c’eft la nature elle-même , qui z diété la divifion des terres ; elle a réfervé l’af- pet du midi pour la vigne , le bled, le lin, les fruits & les fleurs, tandis qu’elle couvre de bois les montagnes & les coteaux , expolés jaux rigueurs perpétuelles du froid. Au refte, il réfulte de ces obfervations fur les différentes expoftions ,. que celles du Nord & du Levant font préférables pour les terres sèches & légères , parce que la tranfpiration y eft modérée, Âu contraire, pour les terres, fortes , froides .& humides, où la fève eft plus abondante , en ce que la tranfpiration elt plus fréquente, l’expofñtion du midi eft à préférer. Celle du Couchamt eft la moindre ; elle n'a rien pour elle, Première Partie. Chap. I, 13 Pour faire un choix heureux du terrein, il ne fuffira pas d'obferver tout ce que nous venons de dire , quand au climat , quand au fol & à fes expofitions ; il faut encore avoir égard à la fitua- tion de l’arbre-même, aux vents, & aux eflets de l'air. SITUATION DES ARBRES: ON remarque des nuances dans la qualité des bois fitués fur les montagnes, ou dans les vallons. En étudiant les différentes directions des mon- tagnes un peu élevées, on y trouve prefque tous les climats. On peut en profiter pour tirer un parti avantageux des différentes fortes d'arbres. Ceux du fommet de la montagne font ordi- nairement battus des vents, frappés de la foudre, & fujets à éprouver les funeftes effets des ouragans : le peu de terre qu’ils y trouvent fait qu'ils reftent toujours bas. La mi-côte & la colline ont de grands avan- ‘tages ; les arbres occupent plus d’efpace, & ils ont plus d’air ; les racines ont plus de jeu ; elles fuivent la pente du côteau ; les branches ne s’op- pofent pas autant à l’inluence des pluyes, des rofées , & des rayons du Soleil ; par conféquent leur nourriture eft plus abondante ; ils font d’ail« leurs moins fujets à la gelée que ceux qui font en plaine, ou dans l’intérieur cn forêts : les bois de ces cantons font d’une qualité parfaite. Ceux qui croiflent dans les vallées sèches font d’une bonne qualité, & croiflent prodigieufement, le fol y ayant beaucoup de profondeur. Le fond de la vallée eft-il marécageux ? la nature du bois en eft médiocre , mais la quantité s’y rencontre. Les plaines font rarement battues des vents ; les 3x4 De a culturè du Chéné: arbres y font ferrés, droits , bien filés, d’uné belle venue ; mais le bois en eft gras & rendre; la plaine, qui a un ‘à de pente, eft, fans diffi- culté, 1à meilleure fituation. Les arbres ifolés s'étendent en branches , & font fujets à être tranchés, roulés ; ils ne s'élèvent pas droit, pour l'ordinaire ; mais comme l'air les frappe de tous côtés, ils font fermes & de bonne qualité. * Les arbres , venant fur les lizières des forêts, font d’une qualité diflérente de ceux de l’intérieur: les arbres renfermés dans l’épaiffeur des futayes font plus tendres, leur corps eft beau, bien filé, & produit de longues & belles pièces de charpente. Les vallons font-ils trop renfermés par la chaine des montagnes , l’arbre n’y vient pas comme il faut ; il eft rabougri, fa croiflance , fes poufles font prefque toujours arrêtées par les gelées fré- quentes de tous les mois de l’année. PEN TS Les vents opèrent beaucoup fur la croiffance &e la qualité du bois de Chêne; s’il eft expofé à un vent modéré, le mouvement de la sève eft ranimé par une douce agitation; la tranfpiration, qui agit par l’aétion de lair & du Soleil, & qui eft efien- ticile à la végétation, augmente & devient pré- cieufe. Si le venr eft chaud & modéré au printems, 1} défèche la rofée , & empêche les effers de la gelée; par la même railon, la proximité des eaux courantes & chaudes , qui donnent un cours à l'air , eft très-favorable : ce font -les vents de VE & du Sud-Oueft, qui désèchent les feuilles, fatiguent les jeunes arbres, & les brifent. Le vent du Sud eft le plus inconftant de trous les vents, en Europe; il y fouflle fans règle, & Première Partie. Chap. I. 15 fans aucun rapport avec les faifons ; lorfqu’il com- mence ou qu'il cefle, il change le tems, de beau en pluvieux, & le rend doux, s'il étoit froid; arce qu'étant dirigé de bas en haut, il détache Nail de particules de deflus la furface des eaux; & l'air étant beaucoup plus raréfié & plus léger, il s’imbibe d'une plus grande quantité de vapeurs. Il fouffle ordinairement feul, & fans être contrarié par aucun autre ; & 1l fouffle plus fou- vent la nuit que le jour, particulièrement en hvver. Un arbre, expolé au vent du Szd, a l'écorce plus fine, & paroit abonder plus en fève, que celui qui eft expofé au vent du Nord. Ce vent eft plus favorable aux végétaux qu'aux ani- maux. Les arbres, & fur-tout les Chênes , qu'on plante pendant qu'il fouffle, reprennent très-bien. Le vent du Nord eft très-condenfe, puifque le Mercure monte lorfqu’il règne ; ce qui n'arrive point, fi le reflort ou la pefanteur de l'air n’aug- mente. Cela nous fait voir pourquoi le vent du Nord fouffe de haut en bas, & pourquoi il n’eft ni pluvieux, ni nébuleux ; fa direction , loin de détacher les vapeurs de deflus la furface des eaux, empêche plurôt qu'il ne s’en élève. Ce vent n’en exclud point d’autres. On remarque qu’il rend le corps humain plus difpos & moins pefant; mais 31 préjudicie beaucoup aux racines des jeunes Ché- nes, lorfqu’elles y font expofées à découvert. Les vents Orientaux font, pour l’ordinaire, plus fecs que les Occidentaux ; ils rendent l'air plus vif & plus férein ; ils chaffent les vapeurs ; ils foufflent le matin, en été. C’eft apparemment l'effet de la raréfaétion de l’air, caufée par la chaleur du Soleil Jevant , qui à fa direction à l'Occident, & dont V'impreflion fe fait fentir jufqu’à nous. Les trempé. “ > + Lu, * x6 De la culiure du Chéne. © TM , . à = à 3 - w tes , qu'excitent les vents d'Orient, durent toñé le jour, & les objets paroiflent plus grands pen= dant que ces vents foufflent. Les vents Occidentaux font les plus funeftes aux végéraux , & principalement aux arbres ; ils font troubles, foufllent ordinairement le foir, changent facilement, & font plus véhéments que les Orién- taux. du Lé Tels font les effets & les propriérés des vents. Quelles en font les conféquences ? C’eft qu'ils font néceffaires à la végétation, à la tranfpiration , & au mouvement de la sève; mais qu'il ef un terme, & que le trop eft excès. Un Chérie, abrité des grands vents, eft de belle venue , & fait l'honneur du canton ; celui , au contraire, qui en eft battu, devient tortueux & roulé. Il eft expofé à toutes les maladies , que la tro grande fatigue , les efforts & les bleflures difé- rentes peuvent occafionner. C’eft donc une attention utile, que de planter dans les mafñfs , du côté du fort venr, une lizière, de l’efpèce d’arbres qu’on fait être la plus forte pour réfifter à l’impétuofité des vents. Paflons maintenant aux intempéries de l'air, LiDE ELS: Lrs gelées du Printems caufent beaucoup de dommages, dans les terres légères , dans les vallons , à l’abri du vent, & fur les collines expofées au Levant. L’humidité, qui règne ordi- nairement dans ces lieux, & le Soleil, qui frappe fur les arbres , avant que la glace foit fondue, en font les caufes ; les bourgeons , qui font velus & pleins de fève, & les jeunes poulies, fouffrent beaucoup de ces effets funeftes. Souvent À ‘4 . Première Partie. Chap. I. 17 « Souvent les grandes & fortes gelées font éclater les arbres avec grand bruit ; ils fe fendent en déur longueur , à caufe de l’extenfion de l’eau & de la sève , qui eft d’une force prodigieufe. En 1709 on en fit une trifle expérience; la cerre & J'air étoient humides; une gelée violente prit tour à coup; le Soleil paroïfloit fouvent , & le froid redoubloit pendant la nuit. Ces alternatives fubites de gelées vives & de dégels foulevèrent l'écorce, & en détruifirent l’organifation ; auffi a-t-on ob« fervé que l’aubier de cette année ne s’eft point converti , dans les arbres , en véritable bois 3 la végétation ordinaire fut arrêtée , elle ne put re- prendre fon cours que dans les années fuivantes, d'É,A4 LE! EUR, S; Les trop grandes Chaleurs excitent les fermen- tations , épuifent la sève , précipitent la tranfpira- cion : plus d’humidité , plus de végérarion : tout eft en fouffrance. Et le Chêne en eft plus fatigué que bien d’autres arbres ; nous avons vû qu’il lui falloit un climat tempéré, & que, fous la zône torride , on n’y en rencontroit point. PTE LEA: La -rofée & les Pluyes douces font amies des arbres ; elles les vivifient. À leur douce influence, ils reprennent la verdure | que la chaleur leur avoit enlevée. Les pluyes ordinaires leur deviennent favorables , pour diffoudre les fels , répandre une humidité , que la terre faifit, & qu’en bonne mère , elle fait répartir à propos. Les Pluyes abondantes font aufi préjudiciables, que les autres font falutaires ; elles occafionnent des ravines , forment des rorrens, qui enlèvent les Li vi CUS 8 De la culture du Chêne. fucs nourriciers , & fouvent déracinent les arbres. Tels font les effets qu’en éproüvent les collines # les vallées font noyées, & la trop grande humi- dité eft contraire à l’arbre dont nous parlons. Il ne faut pas que la terre où il croît foit trop fraîche , ou que les fels foient trop diffous : la qualité de fon bois en foufire. SÉCHERESSE. _ La Séchereffe porte avec elle les mêmes in= convéniens que les trop grandes chaleurs. La na- ture eft, pour ainfi dire, dans l’inertie : les pores font ouverts : la tranfpiration eft trop forte : les feuilles ne reçoivent plus de nourriture : elles jauniflent | l’arbre languit, les fibres manquant de fues nourriciers , le bois eft fouffrant ; & de là voyons nous dans les arbres , par l'examen des couches ligneufes , la différence des années plus ou moins sèches : en raifon des rtems, nous trou- vons ces souches plus ou moins ferrées, plus ou moins épaifles, plus ou moins vigoureufes. Pref que tous les arbres fe plaifent mieux dans les terreins frais & humides, fans être marécageux que dans les terres très-sèches: Les réfultats des expoftions , des fituations, & des intempéries de l'air, font les mêmes, puifqu’ils ont les mêmes principes phyfiques. Voilà , en abrégé, ce qui doit décider fur le choix du terrein : il eft d’ailleurs déterminé par tant de circonftances, rélatives à l’érendue des propriétés , qu'il faut néceflairement fe borner à indiquer ce qui eft le plus ordinaire. Nous entre- zons dans le détail à mefure que nous avancerons. II nous refte à obferver ici que, quand on peut deftiner pour les bois une grande étendue de Prémière Partie. Chap. I. 19 tetrein , il convient , autanc qu'il eft pofñüble , qu'ils foient contigus , par la raifon que la clô< ture d’un vafte champ eft moins difpendieufe , & plus facile à entretenir, que la clôturé de plufieurs petits. D'ailleurs, les Bois aiment à être en com- pagnie, pour ainfi dire; ils fe protègent les uns les autres, & s'élèvent plus également. 11 convient encore de réléguer les grands Bois, dont on recherche moins l’agrément que l'utilité, Join des habitations ; le terrein le plus proche étant ordinairement le plus précieux , il eft propre à des cultures d’un autre genre; &, s’il n’eft pas par lui-même de la première qualité, fa proxi- mité le rend fufceptible d'amélioration. Quand on entreprend de grandes plantations , il faut s'attacher aux arbres , dont le débit eft le plus avantageux. À portée des arfenaux de la Marine, des chantiers de conftruétion | & des écabliflemens qui exigent de grands édifices , on plantera des Chênes , qu’on laïifflera croître en futaye. Le Châtaigner, le Pin, le Sapin, fonc encore d’un grand ufage pour les charpentes. On confomme beaucoup de bois blanc pour les faborts, dans les Provinces où 1l y à quantité de pierres, Tous les bois, qui peuvent fournir du merrain, des échellas, des cerceaux, des ofiers, font pré- cieux , dans les pays de vignoble. A portée des forges , des mines , & de quantité d'uzines, ce font les Bois propres à faire du charbon. II faue avoir de quoi fournir à une grande quantité de Bois à brüler, dans le voifinage des vérreries , & aux environs des grandes Villes & des Poits, où fe font les embarquemens. Les Bois propres à faire de la fenre, ou autres ouvrages, pa les forêts même , font d'un bon débit, prefque pars B ij 30 De la culturè du Chêne, tout, & particulièrement quand on en à le dé: bouché, par des Rivières navigables. Je dirai, en me réfumant,, qu'il n’eft pas dou- teux que les différentes qualités du fol, pris dans tous les fens que je viens d'indiquer , doivent avoir une influence très-marquée fur la production & l’accroiflement des végétaux en général , & des arbres en particulier. Il feroit donc à défirer que , d’après des obfervations comparées | on püt connoître, plus précifément que je ne fais l’énon- cer, quels font les arbres dont la culture eft la plus avantageufe dans chaque Sol, dans chaque Climat, & dans chaque Expofition. Sans cela , il eft à craindre que les procédés , qui ont réuffi dans une contrée , n’ayent pas le même fuccès dans une autre. Pour faciliter cette comparaifon, autant que je puis le faire ici, je vais indiquer la nature & les qualités du fol, où j'ai établi les Bois, dont Jaurai à parler fouvent dans la fuite de cet ou- vrage ; la température & l’expofition des divers cantons Où j'ai fait des Semis , des Plancarions , & plufeurs expériences. Mon terrein eft fitué fur un Plateau, entre- coupé de monticules & de bas-fonds. Son éléva- tion , au deflus du niveau de la mer, eft d’en- viron 220 toiles, quoiqu'élevé, il s'y montre de routes parts des fources, dont les eaux, après s'être diftribuées vers le Nord & vers le Midi, vont fe réunir aux petites Rivières qui l'entourent. Sur les hauteurs, la couche fuperficielle de terre eft très-peu profonde ; elle eft noire, & fi légère , qu’elle ne peut produire que du feigle ou du farrazin : au deflous de fix pouces , on trou- ve, prefque par tout, une cerre argilleufe jaune, Première Partie. Chap. I. 21 mélée d’un peu de fable de même couleur, & de quelques cailloux. A mi-côte, la couche de terre labourable 2 un peu plus d’épaifleur ; &, dans les fonds , elle a un pied & demi, ou deux pieds de profondeur. La couche argilleufe eft peu perméable aux racines des Arbres pivotants; 1l y en a cependanc qui la percent jufqu'à la profondeur d’un pied. Par tout où le rocher ferc de bafe à la terre labourable , c’eft un granite moëlon , qui fe lève à petits blocs, de forme irrégulière , dont les lits, trées-divifés , donnent accès aux racines. Où il fe trouve du rocher, propre à la taille. c'eft coujours du granite ; la verre y eft grave- leufe , à caufe du mélange des parties que la charrue détache du rocher; il eft prefque fans délit ; par conféquent les racines ne fauroient y énétrer. L’Ajonc & la Fougère y croiflent naturellement ; le Genêt n’y paroît que dans les meilleures terres, lIsrqu'on les laille fans culture ;, & fi: lon y trouve de la Bruyère , c’eft ordinairement dans les champ-froids efcarpés , qui n’ont jamais été cultivés. Le froid s'y fait rigoureufement fentir , &, dans les hyvers pluvieux , la terre déchauffe ; c’eft-à-dire, qu’elle gonfle un peu à la gelée}, & s'aflaifle jors du dégel; les Érouillards y font fréquents | & la neige s’y conferve long-tems, à l’expofition du nord. Quelle différence, entre un femblable terrein, & ces belles plaines , ces côteaux fertiles , ces riches vallons , qu’on trouve dans la plüpart des Provinces de France ? Je l’ai cependant cru pro- pre à faire des effais fur la multiplication & Lg »2 De la culture du Chêne, végétation des Arbres, en ce que fon fol eft de qualité médiocre , que fa température eft moyenne , & qu'il offre voutes les expofñrions ; eñ ce que les femences y lèvent aifément , & que l’on y trouve le dégré d’humidité convenable à chaque efpèce ; en ce qu'on peut arracher, avec ja même facilité, les arbres qui tracent, & ceux qui pivotent, lorfqu'on veut les tranfplanter , & qu’ils y acquiérent une jufle proportion entre la hauteur & la groffeur de leur tige. Un Cultivateur intelligent , dont les fonds feront de nature approchante, ou trés-difiérente, fentira , de lui-même, ce qu'il aura à fuivre ou à éviter, dans les méthodes que j’ai pratiquées , & que je propoferai dans la fuire, 23 C HA RVETOR BEE PRÉPARATION DU TERREIN, POUR SEMER DES Bors. E choix du Terrein étant fair, ce terrein eft en Culture, en Jachère, ou en Friche, On peut commencer par les parties, qui ne font pas en Friche ; il faut les entretenir dans cet état, jufquà ce qu’on puifle fe procurer la femence des arbres ; on peut , en attendant, y femer de petits bleds, qui exigent peu d'engrais. Plus la terre fera meuble , lorfqu'on sèmera les Bois, mieux ils réufliront. J'ai obfervé que la femence eft plus faine dans les années d’abondance, & que les fernis réufff- fent mieux ; les oifeaux & les mulots , trouvant à fe nourrir par tout ailleurs, ne font pas dans les femis autant de ravages ; c’eft ce qui m’engageoit fouvent à diflérer d’une année les femis de gran- de étendue. 11 eft bon d'enclore tout le champ, avant d’ÿ femer. J'ai fouvent vu des bois femés en même- tems que le bled , dont-on difiéroit la clôture, , jufqu’après la récolte ; ce qui feroit praticable fi on étoir exact à le faire ; mais d’autres occupa- tions détournoient le propriétaire ; les beftiaux fe -répandoient dans les femis auflitôt que le bled étoit enlevé, & détruifoient tout le plan; ka dépenfe , la peine & le tems étoient perdus. Si le Bétail entre de bonne heure dans us femis, ou dans le recru d’un Bois-taillis, on peut s'attendre à les voir dévaftés, non feulement pai les dents de ces animaux, qui détruifent tous les 24 De La culture Are Chéne. jeunes bourgeons , &, meurtriffant tout ce qui eft trop dur, rendent les arbres tellement ab- broutis, qu'il faut les réceper ; mais encore par leurs pieds, qui rompent & foulent les Arbres, qui ne font point de leur goût. C’eft par certe raifon que les Communes ne peuvent fournir de bon Bois. | Les Propriétaires, dont les bois font libres de tout ufage, glandée, ou paiflon , doivent fuivre cette règle, fans en excepter leurs propres Beftiaux. : Les vieux arbres , qui pourroient être fur le terrein à femer, doivent être arrachés ; l’ombrage & les racines nuifent aux jeunes Arbres. Quant aux grands Arbres, qui fe trouvent fur les confins du terrein, ils font quelquefois falu- faires au femis; par exemple, dans les années de fécherefle, l’ombre garantit la jeune poufñle des ardeurs du Soleil. 11 en eft autrement dans les années ou l’humidité domine ; alors c’eft un mal inévitable ; on ne peut pas toujours découvrir totalement le terrein, foit que les arbres, qui y portent de l’ombre, appartiennent à un voifin, foit que celui qui a -lintention de femer , ne veuille pas en faire le facrifice , quand ils lui appartiennent, CLOTURE DES CHAMPS. UxEe partie de la Clôture fe trouve quelque- fois exécutée naturellement par des ruifleaux , des monticules ou des rochers efcarpés, par des hayes ou des murs, qui féparent les héritages voifins. Pour les parties qui font ouvertes, je. ne con: feilierois pas l’ufage des Hayes. Première Partie, Chap. II, 2$ MATE S. Les Hayes mortes, qui fe font avec des pines , des Échalas & des branches d'arbre sèches, ne durent tout au plus que deux ans, & {ont d’un entretien très-difpendieux. Les Hayes vives , qui fe font avec des arbrif feaux vifs & enracinés, deflendus par des bran- ches sèches , font d’un accroifflement trop lent, pour fermer auflitôt qu’on le défireroit : le bois mort, qui foutient le plant , étant tombé en pourriture les jeunes poufles font expolées à la dent des animaux ; & l'ombre du bois que l’on plante , fait périr la Æaye vive, avant qu'elle ait pu prendre de la force. | Hnûn, ces fortes de clôture exigent un entre- tien continuel , qui devient à charge. La Clôture la plus sûre, & la moins difpen- dieufe, eft le Foffé; il faut qu'il foit large & profond , pour exclurre toute elpèce de beftiaux. FOSSEÉ. Ux Foffé élevé, de terres sèches & fans pare- ment, cft bientôt éboulé. Celui qui eft fait avec de la terre grafle, & battue comme du mortier, dure plufieurs années ; le mieux conditionné, eit celui qui eft afforti d’une Haye vive. Un champ, clos d’une haye & d’un bon foffé , eft auffi en sûreté , que s’il étoit enfermé par une muraille ; ces fortes de clôture forment aufli un agréable coup d'œil, & rendent un produit réel. Les grands Arbres font tort à prefque tous les Plants épineux , dont on forme les Hayes vives fur foflé ; le Æoux eft celui qui réfifte le mieux, & il décore aflez bien le dehors d’un Parc ; il 56 De la culture du Chêne. aime l'air frais & la terre légère : il vient mieux de plant enraciné , que de femence ; & comme il trace beaucoup, on peut facilement fe procurer des marcotes. Le feul inconvénient que je trouve à clorre ua champ de foflés , eft qu’ils recouvrent une éten- due confidérable de terrein , qui feroit en pure perte , fi l'induftrie ne favoirt pas le mettre à profit. Voici comment je les fais pratiquer : je leur donne cinq pieds de gorge, ou de creux, fur quatre pieds de profondeur ; la terre qui en pro- vient, élevée fur un plan incliné, & foutenue par le devant avec du Gazon, me donne fept pieds d’élévarion | du fond à la crête; ce qu eft capable d'arrêter tout animal , qui voudroit le franchir. Ce Gazon , vaillé fur la largeur d’un pied, & fur quinze pouces de long, ou à peu prés, pour pouvoir le remuer fans le rompre, eft pofé à quatre pouces de la ligne intérieure de la gorge, afin que les pluyes & les gelées, qui abbatent continuellement la terre , ne puiflent pas, détruire cetre efpèce de fondement, & entrai- ner le Gazon au fond du Foflé. À un pied du rès de chauffée , je fais piacer horizontalement des plantes épineufes , mélées avec de jeunes chêneaux étêrés, qui ñe fortent que de deux ou rrois pouces. Au bout de cinq à fix ans, j'ai une Haye impénétrable , qui retient pour toujours léboulement des terres, J'ai foin de planter , à cinq pieds de la ligne intérieure de la gorge, une rangée de Chênes, ou autres arbres, à peu de diftance les uns dés autres. Ces arbres, plantés fur foflé , de la ma- nière que je dirai ci-après , réufliflenc ærès-bien, Première Partie. Chap. IL. 27 & font tres-bon effet. Je les mets a cinq pieds de la gorge, afin que leurs racines ne foient pas trop recouvertes; ce qui arriveroit, s'ils étoienr dans la partie la plus élevée du jet des terres ; ils feroienc alors privés de l'influence du Soleil & de la pluye. J'ai d'ailleurs l’avancage de pouvair remplacer ceux qui manquent, fans toucher à la Haye, ni au devant du Foflé. Par ce moyen, des racines de la Haye occupent tout le devant, & même le fond du Foffé; les racines des arbres, plantés fur le derrière , en occupent tout le milieu & le bord intérieur ; je profite ainfi de tout le +errein. Sans ces précautions , on perdroit deux toifes de largeur fur toute la longueur , & les terres, en s'éboulant peu-à-peu , laiffleroient l'entrée li- bre ; ce qu'il faut principalement empécher. On voit des Foffés, fur la pente defquels font couchés horizontalement deux érages de plantes épineufes , à r5 ou 18 pouces de diftance l’un de l’autre. C'eft une double précaution, qui peut encore mieux garantir l'approche des animaux malfaifants , & l’éboulement des terres. . Quelque fois on veut faire le Foffé fur un champ labouré ; mais fi l'on pofe le Gazon fur les terres mouvantes, il croulera avec elles. Dans ce cas , 1l faut mettre un rang de Gazon à {a place des terres remuées & peu folides ; fa con: fiftance, & les racines qu’il donnera, raffermironr la baze du Foffé.. La faifon convenable pour foffoyer, eft le mois de Mars. Si vous commencez avant l'hiver , les gelées détruiront votre ouvrage mal affermi ; f vous tardez jufqu'au r$ Avril, les plants épineux auront pouilé, & ne reprendrent pas. Il n'eft plus 28 De la culture du Chêne: tems alors de tranfplanter les arbres, qui doivent fervir d'ornement & de fourien au Fofé. J1 eft une manière de foutenir le Foffé dans les terres légères & fablonneufes, & dans toutes celles qui ont une difpofition continuelle à s’é- bouler ; c’eit de pofer le gazon à plat, comme des briques , avec les quelles on voudroit former un ados, & non de champ, comme on fait ordi- nairement. Cette efpèce de Foffé eft un peu plus difpendieufe, en ce qu'il faut tailler & conduire beaucoup plus de Gazon; mais elle eft la plus folide de toutes, & peut être pratiquée avant l'hiver. Toutes les fortes de Foffeé fe donnent ordinai- rement à l’entreprife. Avant de conclurre le mar- ché , il eft bon de commencer à employer un bon ouvrier, à faire à la journée une certaine longueur de foflé, en veillant à ce qu'il ne perde pas de tems. Puis on calculera combien il aura fait de toiles dans un certain nombre de jours, & le prix ordinaire de fes journées ; ce qui fixera la dépenfe corale de l'enceinte du terrein en Æofé. | P t4: L'or: SouvenT les Foffés ne fufhfent pas, pour empêcher les bêtes fauves de fe jetter dans un Bois. Jufqu’ici on n’a rien trouvé de plus sûr, que de leur oppofer des Palis ou des Treillages. Ces barrières , fort coûteufes , deviennent nécef- faires dans les endroits où le fauve abonde. MURS. Dans les parties où le fol eft pierreux & peu profond , il ne refte que le pau de clorre en maçonnerie. Première Partie. Chap. IL. 29 Le terrein étant clos, & les parties, qui fonc æn culture ou en jachère , étant déja préparées , ôn peut les femer, & s'occuper enfuite à préparer les parties qui font en friche. DÉFRICHEMENT. 1x y a plufeurs manières de défricher, qui toutes font également bonnes, quand il s’agit de faire des Bois. L'Incinération , qui eft fujette à critique, réla tivement à un terreir deftiné à la récolte conti- nuelle des arbres, ne préjudicie point aux Semis. J'ai ufé de cette voye, & de toutes les autres qui font en ufage : je n’ai remarqué aucune dif- férence fenfible dans la produétion. Il fufhit que la terre foit très-ameublie, pour que le Bois y jette de longues racines, & s'élève bientôt par deffus les mauvaifes herbes , qui croiflent avec Jui. Les feuilles qui tombent, & les plantes qué ériflent annuellement , redonnent à la terre, mé- me la plus légère , le fuc & la fraicheur que d'Incinération peut lui avoir enlevés. Avant de femer, & même avant de défricher, il faut deffécher les emplacemens marécageux , en procurant à l’eau un écoulement à travers la clôture. L’Incinération contribue beaucoup au def- sèchement de ces parties compaétes & humides, où le bois ne fauroit croître; &, en cas qu’on ne puifle y réuffir, il faut abfolument renoncer au pâcage , que cette partie de terrein pourroit donner , & fe garder d’y introduire, dans aucun tems, des beftiaux paiflants. L'Incinération | où le Brélis , c’eft-à-dire Ia Bruyère , Ajoncs & Gazon , enlevés avec ‘la pioche , defléchés & brülés en tas, a cet avan- 3e De la culture du Chéne. sge, qu'elle fupplée aux engrais, & fertilife le fol , pendant deux ans , de manière à produire deux récoltes abondantes de bled. Ces deux ré- coltes m'ont rendu, en grain ou en paille, plus que les frais de défrichement, de récolte, de clôture & d’achapr de gland , avec l'intérêt de ma milé. De façon que mes Friches ont été changées en Semis , fans qu’il m’en ait rien coûté que des foins. C’eft par un procédé femblable , que le Gou- vernement pourroit .mettre en valeur les places vaines & vagues des forêts, ainfi que la majeure partie des landes incultes, en livrant la jouiflance de ces objets à une ou plufieurs Compagnies , qui fe formeroient aifément dans chaque Provin- ce , pour trois ou quatre années, à compter de l'époque du défrichement, qu’elles feroient obligées de faire : à condition qu'après ce terme, les Compagnies délaifferoient les fonds bien clos, & repeuplés en Bois , de l’efpèce convenable à la qualité du Sol. À quoi fervent ces vaftes terreins , que nos ancêtres , ou la nature elle-même, avoient fage- ment deftinés à la produ&ion des bois ? Ils four- niflent , pendant la belle faïfon, un peu de mau- vaife pâture aux beftiaux des riverains. De là, ces mêmes beftiaux s’introduifent dans les forêts, où ils font un grand dégär. Je ne m'écarte peut-être pas beaucoup de la vérité , en avançant que cette feule opération, bien exécutée, doubleroit la mafñle des bois en France , fans diminuer fenfiblement la quantité des fourages, & fans rien prendre fur la culture ordinaire des terres. | Il ne faur pas pañer fous filence , qu'il ef Première Partie. Chap. IA 31 défendu à toutes perfonnes de défricher, faire dé- fricher , ni foufrir qu'il foit défriché aucun Bois ou Pâtis communaux. Il n’eft pas plus permis de défricher les Bois des particuliers, fans permif- fion & connoïffance de caufe ; quand même çe feroient des Bois dégradés, & qu'on auroit inten- tion de les rétablir par la voye des Semis, il faudroit s'y foumettre par écrit, en demandant Îa permiflion. Tel eft l’ufage actuel. A l'égard des Landes , & autres terres incul- tes , la Déclaration du Roi, du 13 Août 1766, accorde l’exemption des Dimes, & celle de la Taille, pendant quinze années, à ceux qui les défricheront. Combien d’autres immunités ne pourroït-on pas accorder , pour animer ces fortes de tentatives , d'autant plus nécefaires en France, que la popu- lation y augmente fenfiblement, &, avec elle, des befoins réels ? : VDS Er Ne CHANT TRE Re $EMENCE DES ARBRES. () N ne sème pas toujours les arbres pour les multiplier. La Bouture eft une voye facile, qui réuflit plus communément pour les arbrifleaux, que pour les Arbres. Le Rejerton eft un moyen fimple & prompt ; mais il n’y a que les petits Arxbres , & les plus communs, qui en produifent. La Branche couchée, la Marcote ou le Provin, eft un autre moyen expéditif, que l’on employe pour la multiplication ; mais c’eft celui qui con- vient le moins pour les grands Arbres , ceux qu’on mulriplie Le cette façon, péchent ordinai- rement par les racines, qui font très-foibles , en petite quantité , & placées le plus fouventc d’un feul côté. La manière de multiplier les Aïbres foreftiers par graine, eft donc la meilleure, &, pour ainfi dire, la feule qui foit praticable. Quand on veut travailler en grand, on ne peut le faire commodément, que dans les années d’a- bondance ; les graines font meilleures’, & moins chères. Celles qui tombent les premières , ne font pas ordinairement les meilleures ; les dernières font moins fujertes à être picquées des vers ; elles font plus nouées & plus müres. | On connoît que les femences, cormime le Gland, la Châteigne, la Faine, font parfäitement müres, quand ces feménces , en tombant , abandonnent leur Brou & leurs Cupules. 11 faudroic trop de tems pour ramafler une une les petites graines , par exemple, la Faine e… De Land © o Première Partie. Chap. 111, 33 je fais balayer fous les Hêtres, & ramafler tour ce qui s’y trouve ; feuilles, bourre, graine, pie- quants : je pañle au crible, & jette le plus grof- fier; je fais porter le refte à la maifon, dans un Bac , plein d’eau; la bonne graine tombe au fond : rour ce qui furnage doit être jetré. J'ai foin enfuie d’expofer la bonne graine au Soleil, ou dans un endroit fec, afin qu’elle perde l’hy- midité , qu’elle a contraétée dans l’eau. Peu de perfonnes réuffiffent à élever les Céri fiers & Mériziers : j'ai éprouvé moi-même a difficulté de les multiplier de noyau, Si je les mettois au grenier, ils moiffloient, ou féchoient trop, & ne levoient pas ; fi je les femois de fuite , les fouris & les mulots, qui font friands de l’amande , n’en laifloient aucun. Voilà comment je me fuis procuré une grande quantité de fujets, qui m'ont été crès-utiles, pour mettre fur les Foflés, auprès des Bâtimens , ou dans les Fruitiers ; & pour former des Taillis, propres à faire des Cerceaux. Je mettois les noyaux dans un coin de mon jardin , à un grand pied de profondeur; je les mélois avec de la terre , de façon qu’ils ne fe touchoient pas ; je les laifois là , jufques au mois de Février fuivant ; ils étoient , à cette époque , auffi frais qu'au moment où je les enterrois; &, avant le premier mouvement de sève , je les jet- rois dans les femis que je faifois , ou dans ceux que j'avois fait auparavant ; ils levoient prefque tous. Quatre ans après, je les arrachois, pour les mettre en pépinière , à deux pieds de diftance entre eux ; je coupois la racine pivotière, & raccour- ciflois les autres : je les difpofois par-là à faire des racines horizontales , & à être replantés avec fuccès, 34 De La cubture du Chêne; :. Méthode excellente, pour toutes fortes d’arbré deftinés aux Plantations. Je dis , avant le premier mouvement de sèvé, parce que le noyau de cérife écant prompt à pouf fer fa race , 1l eft trop card alors pour l’expofer aux injures de la faifon : on rifque même de rompre fa poufle , en le remuant pour le tranf porter & le femer. J'en ufe à peu-près de même des graines de Pommes & de Poires : je les laifle dans le fable ec, jufqu’au Printems. M. Duhamel à fait un traité général des Arbres & Arbrifleaux, qu’on peut élever en France ; 1l y donne la manière de les mulriplier , & de les cultiver en pleine terre P Les bornes que nous nous fommes prefcrites |, nous obligent d’y ren- voyer le Lecteur : il y trouvera des préceptes très-utiles. (1) J'obferverai ici, que j'ai été quelquefois mal fervi, quand j'ai tiré des graines de l’Étranger : j'en vais citer un exemple, qui pourra fervir d’avertiflement aux Culrivateurs. Je voulois effayer, en 1771, d'élever des Sa- pins. Un fuperbe Épicia, que je voyois dans mon voifinage , me donna l’idée que cette efpèce pourroit réuffir chez moi; je fis venir d’Arcangel ix livres de graine ; j’en femai la majeure par- tie, avec toutes les ‘précautions requiles , dans _ (x) Depuis que nous avons eu le malheur de le per- dre , fon digne fuccefleur , M. Fougeroux-de-Boudaroy , continue , avec la même intelligence , une culture aufli précieufe :fes recherches lui ont procuré quantité d’efpèces nouvelles , dont cer Académicien zélé ne tardera pas fans doute à enrichir le Public, L’accueil que les Etrangers Araateurs reçoivent chez lui, eft au deflus de cout éloge, : Première Partie, Chap, III, 35 des foffes , pratiquées en quinconce, fur un {e- mis de châtaigners, que je failois cette année, & j'eus foins de les garantir de l’ardeur du Soleil. : Si cette graine avoit réufli, j'aurois vendu ou détruit tous les châtaigners, dès que mes Sapins - auroient été aflez forts pour fe foutenir : alors j'aurois eu un bouquet , curieux dans mon can- ton, & d’une grande valeur. Mais la graine éroit altérée ; il n'en leva pas une feule, Je n'ai pu attribuer mon peu de fuccès, ni à la qualité du terrein, ni à la tempétaçure ; çar j'en avois également femé dans des terres de qualité diflérénte , & à toutes les expofirions poflibles, J'en avois même réfervé pour l’année fuivante , qui ne levérenc pas mieux. Il y a appa- rence que , pour faire ouvrir promptrement les cônes, on les avoir pañlés au four trop chaud. Ce revers me découragea pour quelque tems; mais la vue de l’Épicia dont j'ai parlé, me ra- menoït fans cefle à faire de nouvelles tentatives, qui m'ont complètement réuffi, comme je Le dirai à l’article des Semis de graines délicates, Avant de s'engager dans des opérations dif- pendieufes , il feroit bon d’éprouver les graines qu'on n'a pas récolté foi-même ; à certe fin, on les mec tremper dans l’eau pendant quelques heures , on les sème dans une terrine, qu’on lace dans un lieu chaud, &, fi les graines font Se » elles germent au bout de quelques jours; alors on eft afluré qu'elles ne font pas altérées. , Revenons au Gland, qui eft le fruit du Ché- ne , & fa femence ; il eft ovale ; il ‘porte un pouce , environ, de long, fur fept à huic lignes .de diamètre ; il renferme une amande, COMpPO« dée de deux lobes, d’un goût acre & auftère ñ Ci D cs 36 De la culiurè du Chêne. verte au commencement , enfuite jaunâtre , & fujette à l’attaque du ver. Le meilleur, pour femer , eft celui du Chére blanc , ou à grappe ; c'elt l’efpèce qui vient la plus forte, la plus belle, & la plus propre pour nos charpentes. Les Botaniftes diftinguent qua- rante efpèces de Chêne ; & cela n’eft pas éton- nant : comme il fe multiplie de femences, on trouve, dans les forêts , un fi grand nombre de variétés, qu’à peine y en a-t-il deux qui fe ref- femblent à tous égards. DEUX ESPÈCES PRINCIPALES DE CHÊNE. Legs Foreftiers n'en remarquent que deux Principales; ceux qui portent les Glands à long pédicule, & ceux dont les Glands font prefque colés à la branche. Chacune de ces efpèces. don- me deux variétés; les chênes qui portent de très- gros Glands , & ceux dont les Glands font très- petits. Nous nous contenrerons donc de diftinguer deux efpèces de Chêne, ou plûrôr deux variétés remarquables , & différentes l’une de l’autre, à plufieurs égards. La première , eft le Chêne à gros Glands, qui ne font qu’un à un , ou tout au plus deux à ‘deux , fur la branche. Il porte une écorce blan- che & lifle ; fa feuille eft grande & large; le bois en eftblanc, liant, très-ferme , & néanmoins très-aifé à fendre. C’eft le plus grand & le plus beau de tous les Chênes , qui croiffent en Europe ; il s'élève à quatre-vingt-dix pieds de haut. On peut le diftinguer , dans fon jeune âge , même dans la faifon où il eft dépoulié de fes feuilles , œar fon écorce, qui eft vive, Juifance & unie, Première Partie, Chap. IIL. 37 d’une couleur d'olive rembrunie , irrégulièrement entremêlée avec une couleur de cendre claire ; fes feuilles ont la queue plus longue que dans les autres efpèces; le Gland eft aufli plus gros, & plus long ; l'arbre le produit fur un pédicule , de la longueur du doigt. Cette belle efpèce varie quelquefois , en ce que la queue des feuilles & des Glands n'eft pas auffi longue ; mais l’arbre devient auffi fort, & la qualité de fon bois n'eft pas inférieure. La feconde efpèce porte fes Bouquets ou Tro- chets , comme le noïfetier , de trois, quatre ou cinq enfemble ; fon Gland eft moyen. Cet arbre, dans routes fes parties, eft fubordonné à la pre- mière efpèce ; la feuille eft moins grande ; fon, Gland eft plus petit, plus rond , & a le pédi- cule de moitié plus court. L’Arbre-même eft d’une ftature un peu moindre ; il fe fait remar- quer , fur-tout dans fa jeunefle , par la couleur de fon écorce , qui imite celle d’une peau d’oi- gnon, & qui eft entremélée de parties blanchâtres. Le Bois de cet arbre eft folide , fort, & de bonne qualité ; il eft plus coloré & croît plus lentement : on l'appelle chére rouvre. La deuxième variété , du Chêne à gland moyen ; qu'on appelle improprement chéne fe: melle | fe reconnoît aifément , à ce que fon écorce eft inégale , & qu'avant qu'il foit même parvenu à la groffeur du bras, elle eft aufli cré- vaflée & raboteufe, que celle des vieux arbres ; fes feuilles | plus petites que dans les efpèces précédentes , n’ont point de pédicule ; le gland, qui eft auf plus petit, & rond , tient immédia+ tement à la branche. L’Arbre s'élève & groflit moins ; fon bois eft dur, rebours, de mauvaile 58 De la culturè du Chêne. fente , & plus propre au chauffage, qu'aux gfan- des œuvres. Il femble , à tous égards, que la: Nature ait épargné fur cette efpèce ce qu’elle a prodigué en faveur de la première, Dans les terreins peu profonds, & dans les. têrres maigres, on ne trouve que des Chénes à: pêtirs glands. Ceux à gros glands n’oceupent guè- rés que de bons terreins. ‘ Lé Bois de ces derniers reffemble fi fort à celui du Châtaigner, par la texture & par la: couleur, qu'on Îles a pris long-tems lun pour l’autre. C'eft fur cette reflemblance, qui n’avoit pas été indiquée avant M. de Buffon, qu’eft fondéé lopinion que la charpente de nos ancien- nes éolifes eft de bois de Châtaigner. Mais , qu'on ne s'y trompe point; ces Bois font de chène blanc, à gros gland ; il étoit autrefois plus’ commun qu'il nè l'eft aujourd’hui : la raïfon en’ eft fimple : avant que la France fût aufli peuplée qu'elle l’eft à préfent , il exiftoit une plus grande quantité de bons terreins en Bois (2); & , con- féquemment , une bien plus grande quantité de ces Chênés , qui font préférables en tous points aux autres, ayant conftamment plus de Cœur & moins d’Aubier. D'ailleurs, le Bois eft, non feu- lement plus plein, plus fort , mais encore plus élaftique. Le trou , fait par une balle de moufquet dans une planche de ce Chêne , fe rétrécit, par le reflort du bois, d’un tiers de plus que dans le Chêne commun. Ce n'eft pas un petit avantage pour la conftruétion , fur-rour pour celle dés } (2) Au rapport de Pline , la Forêt Hirçinie couvroit autrefois une grande partie de l’Europe. IL ne falloit pas moins de foixänte jours de marche pour la traverfer, Première Partie. Chap. III. 39 vaifleaux ; le Boulet de Canon ne le fait pas éclater , & le trou eft plus aifé à boucher, CHÊNE VER D. Ir y a encore le Chéne verd , qui eft une efpèce route diflérente ; il conferve fes feuilles pendant l'hiver ; 1l prend de Boutures ; mais ik fe multiplie bien mieux par les Glands. Son Bois eft d’un excellent ufage, dur, poli, pefant , pro- pre à réfifter aux frottemens ; il pourrit diffici- lement. 11 y en a, donc le fruit eft doux, & qui fe mangent comme des châtaignes ; il veut l'expofirion du Nord, quoiqu'il ne réuflifle que dans les pays chauds. GLLND'S Les arbres ifolés font fouvent d'une aflez vi: laine figure , parce qu'ils éprouvent , dans leur jeunefle , beaucoup d'accidents ; mais comme ils ne font pas rabougris par eflence , ils donnent ordinairement beaucoup de femence , propre à former de beaux arbres, & facile à ramailer. Dans les Foréts, où il n’y a pas de Broflailles, on pourroit raflembler les Glands de la manière que j'ai indiquée à l'égard de la Faine; mais lorfque le Sol eft embarraflé, on eft contraint de les ramafler un à un, ou à petites poignées. Il faut les mettre en tas, dans un Bâtiment, jufqu'à ce qu’ils auront fermenté ; ce qui fe con- noît par un fuintement , qui finit de les perftec- tionner ; mais il ne fauc pas les laiffer long-tems dans cet état ; ils germeroicnt bien vîte : 11 faut les étendre & les remuer fouvent. | Quand le tems eft venu de les femer, on peu jetter , dans un bac plein d’eau , la quantire 2 46 De la culture du Chêne. qu'on peut femer dans la journée ; où le Iende- main, afin de féparer les bons d’avec les mau- vais , & d'enlever les ordures, Cette lotion les rafraichit, & les difpofe à germer. _ Si l’on ne peut les ramafler chez foi, & qu’on foit obligé de les acheter , il faut préférer les plus pefants , qui font ordinairement ceux qui approchent le plus de la couleur rembrunie , & s’aflurer qu'ils n'ont pas été abbatus avec des gaules; car leur dégré de maturité , pour femer , n’eft pas arrivé avant leur chûre naturelle. J'avoue qu'il feroit trop gênant , & prefque fmpratiquable , de choifir l’efpèce pour les grands Semiss cela n'eft même pas ceffhire , parce que les grands Semis, étant ordinairement deftinés à la futaye , la qualité du terrein rendroit cette précaurion inurile ; le bon terrein comme nous l'avons dit ; favoriferoit l’accroiflemenc du Chêne à gros Gland, qui éroufferoit route autre efpèce, & la nature du terrein médiocre n’admettroit que les Chênes du fecond ordre. | Mais dans les petits Semis, qu'on deftine à fervir de Pépinière & qu’on doit xs y par cette raifon , dans un fonds, au moins de médiocre qualité , il eft effentiel de femer fans mélange les Glands de la meilleure efpèce. On ne peut être afluré de fon opération, à moins d’en faire la récolte foi-même , fous les Chênes du moyen âge, & non fous les Arbres trop jeunes ou décrépits ; tout Fruit prématuré , ou trop tardif , perd beaucoup de fa qualité. Au furplus , nous obferverons que le Chêne ne porte pas de Gland avant l’âge de dix-fepc à dix-huit ans. (3) (3) Les Anciens regardoient le Gland comme un Fruic Première Partie. Chap. III. at Il faut prendre garde , fur-rout, de n’y pas mêler le Gland du Chêne, qui ne fe dépouille de fes feuilles qu'après l'Hiver, quoique defléchées dans l’Automne , que nous avons déligné fous le nom de Chéne-rouvre. Cet Arbre eft défagréable auprès des habitations , & fort incommode dans . les prairies où aux environs : Ôn ne peut enlever fes feuilles en enlevant celles des autres Chênes, qui font combées avant l’Hiver; elles reftent dans Pherbe; leur âcreté préjudicie à la qualité du fourage. TEMS DE SEMER LE GLAND. LA Nature nous indique que le véritable rems pour femer les Glands, eft celui de leur chûre. Quand ils font femés avant l’'Hyver, ils fe con- fervent mieux dans la terre, que dans les Bâti- mens ; ils s’y difpofent à lever, auflitôr que [a sève vient les animer. ; MANIÈRE DE CONSERVER LES SEMENCES.. Tr y a des années , cependant, où les gelées furprennent ; on eft forcé d’artendre au Printems. Dans ce cas, on placera le Giand , par lits, dans du fable ou de la terre bien seche , dans un lieu à couvert, & à l’abri des grands froids, afin d’entretenir fa fraîcheur naturelle. Si l’on ne prend pas cette précaution , il arrivera de deux chofes l’une ; ou le Gland fe defsèche , & fe moifit en dedans ; ou il germe & poufle une longue racine , qui l’épuife , & qu'on rifque de cafler , en féparant le Gland , ou en le tranf- fi précieux , que , par la loi des XII Tables, il éroir permis au Propriétaire d’un Chêne, de ramafler les Glands tombés fur le fond d'autrui. 42 De la culture du Chêne. - portant. Alors on en perd le quart, & même la moitié, comme il m'eft arrivé plufieurs fois , malgré les foins que j'en faifois prendre. C'eft l'huile contenue dans les lobes du Gland, qui le fair fermenter & rancir , lorfqu’on l’a mis en tas confidérables ; s’il vient au contraire à trop fe deffécher , il perd cette fubftance ondueufe néceffaire à fa production. Il feroit à défirer qu'on trouvât un moyen, pour conferver les Glands plufieurs années, fans altération. Dans les rems d’abondance , on en mettroit en réferve, pour les femer, à propor- tion que le terrein feroit préparé. Les enfouir , avant qu'ils fufent aucunément defféchés, à deux ou trois pieds de profondeur, & les méler avec du fable ou de la terre, de façon qu’il n’y eut pas de vuide entr'eux & qu'ils ne fe rouchaflent pas, feroit l’unique moyen d’y parvenir. Îls trouveroient-là une fraîcheur centi- nuelle ; ils feroient à l’abri des gelées, & des infectes , qui ne defcendent jamais à une aufli grande profondeur, » J'ai, d’ailleurs, des expériences , dit M. » Duhamel, ( Traité de La culture des terres , ) > qui prouvent que, quand les femences font à » une très-grande profondeur en terre , elles fe » confervent dix ou vingt années fans s’alrérer ; » de forte que fi, en remuant la terre, on les » répand à la fuperficie , elles germent à mer- » veille, & produifenc la plante de leur efpèce. » Ce paflage m'a donné lieu de faire l'expé- rience ; mais je ne fuis pas encore en état d’en rendre compte. La marche des épreuves eft len- te : il faut les répéter plufieurs fois , & vérifier exactement les réfulrats , avant de pouvoir aflu- xer Le fuccés des Méthodes nouvelles. C'H'ARLTRD'IM MANIÈRES DE SEMER LE GLAND. N peut femer le Gland à la volée ; c'eft- à-dire, le jetter à poignée, comme le bled, & labourer enfuite , ou femer gland par gland, dans le fillon, en fuivant la charrue. . La première méthode eft plus expédirive ; mais elle a fes inçonvéniens, J'ai obfervé que fi le gland, qui eft foulé par les pieds des Chevaux ou des Bœufs, qui la- bourent , eft enfoui trep profondément , pour pouvoir fortir, il eft perdu. Il en eft de même de celui qui feroit recouvert de groffes mottes de terre, de gazon ou de pierres. Pour favoir à quelle profondeur ün gland pou- voit germer , j'ai creufé, en bon terrein, un plan incliné, de cinq pieds de long, fur un pied de profondeur ; à un des bouts, j'ai mis un gland à fleur de terre, un autre à un pouce de profondeur, l’autre à deux, trois, quatre, cinq, &c. , ceux qui étoient à la fuperficie, m'ont paru les plus vigoureux ; à cinq pouces , 1ls étoient tardifs & jaunifloient. Tous ceux qui étoient au deffous de fix pouces de la fuperficie, fe font pourris, & n’ont feulement pas germé. Cette expérience , répétée plufieurs fois, & plu- fieurs années de fuite, a toujours donné le même réfulçcat : d’où j'ai conclu, qu'il étoit bon d’a- meublir beaucoup la terre, & de ne pas labourer profondément, lorfqu’on sème. (4) (4) Cette expérience n'a pas dû m'empêcher de faire ceile 44 De La culture du Chéne; Si nous n’avions pas à craindre , d’un côté les animaux de toute efpèce , qui, pendant l’hy- ver, ont befoin de pâture; &, d’un autre côté, le defsèchement & l’altération des femences , nous aurions certainement fuivi l'indication que nous fournit la nature. Elle répand la graine des arbres fur la fuperficie de la terre ; elle fe fert des vents, pour porter les graines légères à de grandes diflances ; les oifeaux répandent celles qui font plus pefantes : tout prend fa place dans l'herbe , dans les broflailles , & tour réufft. Évitons les inconvéniens attachés à tout ce qui eft artificiel , en nous rapprochant néanmoins, le plus qu’il nous eft pofhble , des opérations de la nature. Elle eft abondante ; elle facrifie quelquefois cent pour un : fi nous voulons réuflir , imutons fa prodigalité. QUANTITÉ DE GLANDS NÉCESSAIRE. , POUR SEMER UN ARPENT DE TERREIN. L’arRPENT eft la mefure ordinaire des Bois. L'Ordonnance , Art. 14, Tit. 27, prefcrit de s’en fervir dans tous les pays de la France; ainfi, c’eft fur certe mefure qu'il faut calculer. Il ef compofé de cent perches ; la perche , de vingt deux pieds de roi, fur chaque face; ce qui fait 464 pieds quarrés pour chaque perche, & 48, 400 pieds quarrés pour chaque Arpent. qui tend à favoir fi les femences peuvent fe conferver à une grande profondeur dans la terre ; car il pourroit être que les femences , qui fe pourriflent à dix pouces au def- fous de la fuperficie , fe confervaffent à trois pieds , fans germer & fans être altérées , n'étant pas expofées aux vicificudes des faifons, Première Partie, Chap. I. 45 I! eft aflez difficile de déterminer au jufte la quantité de glands néceflaire dans un arpent de terre ; elle eft rélative à la qualité, à l’afpet du terrein, à la bonté de la femence, à la fai- fon où l’on sème , &c. les Écrivains ont varié fur cet article. L'auteur de la Maifon Ruftique , dit qu'il ne faut qu'un Boiffeau de gland , mefure de Paris s pour enfemencer un Ârpent. En effet, fi l’on fait attention au petit nombre de pieds d’arbres, fufifant pour couvrir un Arpent de Haute-futaye, on croira qu'il ne faut même pas autant de glands pour le femer ; mais ceux qui fuivroient cette indication , n'ont pas remarqué qu'il périt une quantité prodigieufe de jeunes arbres, en deffendant ceux qui reftent les derniers, des ac- cidents auxquels ils ont été continuellement expofés. M. Duhamel dit qu'on sème , dans un Arpent de pays, deux Mines ( s) de Gland, ou quatre pieds cubes. ‘ 6) D’autres prétendent qu’il faut, pour un Ar- ent , dix-huit Boifleaux de Gland , mefure de Paris ; & l’on fair que le Boiffeau doit avoir 8 (5) La mine eft une mefure de grains, qui contient deux Minots , ou la moitié d’un Sétier de Paris , ou fix Boiffeaux. Sous nos premiers Roïs , le Boïfleau & toutes les mefures étoient égales en France, CHAR£LEMAGNE éta. blit une nouvelle mefure. Aujourd'hui , elles varient : chaque Jurifdiction , pour ainfi dire , a la fienne. (6) La plupart des Cultivateurs de Province n’enten- dent rien à ces mefures , ils ne favent pas ce que c’eft que quatre pieds cubes ; il faudroit faire des caïfles de cette contenance ,; chaque fois qu’ils voudroient femer, Rien de plus fimple, & mieux à leur portée , que de leur indiquer la quantité , par le nombre , ou le poids, 46 De la culture du Chêne. pouces , 2 lignes, — de haut, & 8 poûces de diamètre, entre les deux fus ; & que le Boiffeau de Paris , bon bled froment, pèfe vingt livres. A ce compte, il faudroit un tiers de femence de plus que celle indiquée par M. Duhamel. J'ai femé ordinairement plus épais, fur-tout dans les Bois d’où j'avois intention de tirer du jeune Plant; j'en ai tiré effeétivemeet un nombte prodigieux. J’y ai trouvé, indépendamment des arbres, bons à tranfplanter ; une grande quantité de liens, pour les différens ufages de l’agricul- ture, & mes bois font encore aflez fournis. J'avoue que , lorfqu'on vend des arbres pour planter, l'acquéreur choifit les mieux venants; & ce font ceux que le Propriétaire devroit conférvér pour l’effence du Bois, parce que ceux qui ref- tent en deffous ont quelque vice, qui s’oppole à leur acctoiffement, & que c’eft dégrader les Bois, que d’en arracher lés plus beaux brins. Auf je n’ai laiflé choifir que dans les fémis que je deftinois au Taillis , obfervant de laïfler un bon fujet de toife en toife, & ne touchañt nullement à ceux qui font femés moins drû, & qui font deftinés à la Haute-furaye. Je ne connois aucune Loi, qui s’oppofe à cette efpèce de dégradation , & à l’avidiré du gain, que préfente la vente des jeunes arbres ; c’eft cependant un objet important, digne de l’atten- ion du Législareur. | Les Arbres , qui font près les uns des autres, élèvent une tige plus droite & plus nette, à caufe de l’ombre , qui fait périr leurs branches baffes, : Les brins les plus vigoureux prennent le deflus, _& érouffent tous ceux qui leur font inférieurs en force & en qualité , jufqu’à ce qu'ils foient à une Première Partid, Chap. IV. 4? diflance proportionnée à la nourriture que peut eur fournir le Sol ; & comme cette fouftraétion fe fait naturellement, on ne rifque rien de femer épais : on ne facrifie qu’un peu de femence. Il arrive des accidents fi fréquents aux jeunes ‘arbres , par les gelées du Printems, par les fé- chérefles , les gréles & les inondations, par les animaux fans nombre , qui vivent de leurs tiges & de leurs racines, qu’il en périt confidérablement tous les ans. Quel regret n'a-t-on pas, lorfqu’on eft forcé de détruire foi-même les reftes d’un Bois, qu'on a femé, lorfqu'il ne promet aucune xeflource , à caufe de fon peu de femence ? Les vers des Hannerons rongent & coupent quelquefois les racines de la moitié des jeunes arbres d’un femis; c’eft ce qui m’eft arrivé , lorf- que je femois dans des terres fumées depuis peu; & femées en Bled , en même-tems qu’en Bois. Le fumier attire ces infeétes & beaucoup d’au- tres, en favorilant leur multiplication. La melure du terre, ufitée dans le pays que j'habite. eft la Sétérée, qui eft compofée de 22, soo pieds quarrés de fuperficie, lArpent du Roi étant compolé de 48, 400 pieds , c’eft plus que le double. Je sème dans la Sétérée trois facs de Glands; ce qui feroit fix facs , au moins , pour un ÂAr- pent. Ces fix facs cubes rendent trente deux fois un pied cube ; ce qui eft le double de la quan- tité indiquée par M. Duhamel. Ces fix facs, mefurés , rendent vingt-quatre Boifleaux , mefure de Paris; ce qui eft un tiers en fus de la quan- tité ordinairement indiquée par les autres Auteurs. Enfin, chacun de ces facs qui pèfe 160 livres poids de marc, contient 20 , 400 glands ; ce 48 De la culture du Chéne. qui fait, au total, cent vingt-deux mille quatre cents glands, ou neuf cents foixante livres, pour un arpent femé crés-épais. MANIÈRE DE SEMER PAR RANGÉES, L A feconde manière, eft de femer en fuivant Ja Charrue. On pole le gland au fond du fillon, à la diftance d’environ fix pouces ; les fillons ef- pacés d'environ un pied , fur trois pouces de profondeur ; il faut alors moins de femence , arrendu qu'il ne s’en perd prefque pas. Les Écri- vains prefcrivent un pied , comme diftance. mo- yenne entre chaque gland ; je ne fuis pas de cet avis : je trouve que certe diftance eft trop grande, par les raifons que j'ai déjà déduires. Quand on sème par rangées, l’efpace vuide produit des herbes, qui pourroient érouffer le plant , fi ces rangées éroient trop éloignées les unes des autres. = Nombre de Foreitiers, pour prévenir le defsé- chement des femences , les abriter, & fe rédimer en partie des frais de labour, & autres faux frais, sement du feigle, de l’orge ou de l’avoine , en femant le Gland. L’herbe, que ces grains pro- duifent , empêche, il eft vrai, l’action du Soleil, & retient la rofée : les racines & le chaume fer- vent d'engrais pour l’année fuivante; il faut alors fcier ou faucher les pailles moins près de terre qu'on ne fait ordinairement, afin de ne pas érêter le jeune plant. Cette pratique réunit plufeurs avantages , mais elle n'eft pas fans inconvéniens; je penfe que la terre eft épuifée par le trop grand nombre de plantes qu'on lui donne à nourrir, toutes à fa fuperficie, & que les arbres font pri- vés d’une grande partie des fucs nourriciers, qu’ils aurvient Prémidre Partie, Chap. IP, 49 auroient trouvé dans ce même terrein, s’il avoit été deftiné uniquement pour eux ; & ces jeunes arbres font enfuice plus expolés aux ardeurs: du Soleil , & plu fufcepribles, au mois d’Aoùt, rfque la récolte eft enlevée , que s'ils n’avoient jamais été abrités: | On peut avoir envie .de femer des bois aprés ue le bled a été femé; alors, on lève un pey de terre, avec une fpatule de bois, ou de ps faite en forme de cuiller ; on place un gland dans l'ouverture |, à dix pouces de, diftance ou environ, En retirant la fpatule, la rerre recouvre fufifamment le gland ; fi. non, on donne un petit coup à. côté, pour le couvrir. On gâte”très-pew de 14% &, de cette façon ,.on employe encore moins de femence, ce qui dédommage un peu de la main d'œuvre. den La Charrue ne pouvant pañler à travers les rochers, & fur les coteaux , qui ont une pente trop rapide , il y a plus de difficulté pour prés parer la terre, & y femer le Gland. En ce cas, on.peut fe contenter de la travailler à bras d’hom+ mes, avec la pioche , :& .femer, de même. Le Bois y. croîtra , mais lenrement ; il s’écoulera: plufeurs années, avant qu'il ait pris de là cons fiflance ;.& 51 y aura toujours une différence fen- fible entre ces parties, & celles qui auront été labourées. à la Charrue. : | Quelquefois une terre poufle , de graïnes ou de racines, quantité de fauvageons : elle ne de… mande qu’à rapporter du Bois. Il fufir de: clorre ces fonds de haies, ou de foflés, & laiffer croî+ tre le Bois, qui s’y fortifiera peu-à-peu,: Cette, voye eft longse , mais elle k fers peines & fans frais. ; * 54 De la cukure du Chêne, CHEMINS DANS LES SEMrs: Ir me refte à obferver, à l'égard des Boïs de certaine étendue , que, lorfqu’ils ont attreint la hauteur de fix à fepr pieds , il n’eft pas poffible de les traverfer, fans de grands embarras , dans les différens befoins qu’on peut en avoir ; fur-rout Jarfqu'il faut fortir de jeunes arbres , ou du bois fuperflu. : Pour éviter en partie les obftacles qui fe pré- fentent , j'ai laiflé, dans le milieu des Semis, ow dans les furfaces affez unies, des chemins, pro- Jongés en droite ligne, de la largeur convenable À pañler aifément une voiture chargée ; c’eft-à- dire , environ trois toifes. Je les traçois fur le ferrein , avant de ferner. Ces chemins , qui traverfent mes Semis dans tous les fens , fervent enfuire à divifer les coupes ; ils facilitenc l'extraction des Bois. Les voitures ne paflent plus fur les fouches des taillis, & fur les jeunes poules. Quand j'ai voulu donner de l’agrément à ces petites routes, j'ai planté , fur les deux lignes, des arbres de l’âge de trois ou quatre ans, d’éf pèces différences de ceux des maffifs ; ce qui for- me aujoud’hui des Allées , qui donnent à mes Bois un air moins fauvage. Ces arbres, un peu cultivés, fe tiennent plus élevés que le corps du Bois ; la différence de leur porc, de leurs feuilles & de leurs couleurs , offre des variétés qui ré- créent la vue, Une Forêt, coupée par des routes bien diftri. buées & bien proportionnées, qui ne feroient pas multipliées à l'excès, procureroit des Promenades agréables |. & des communiçarions commodes Première Partie, Chap. 1F. st pour la chafle ; on peur y tendre des filers ; pour prendre des Bécafles & autres Oifeaux. Cetré pratique , cn ouvrant des courants d'air | qui contribuent à la vigueur des arbrés , prépare les coupures propres à arrêter le progrès des incendies, Avant de finir cet Aracle, je dirai que le plus ou le moins de femence -m’ayant paru mériter quelqu’attencion , CE J'ai compté , en 1770, combien il étoit tombé de Glands dans une toife quarréé de fuperficie, prife au hazard dans un Semis, fait à la volée & très-épais : combien dans une toife de Semis, fait moins épais, & felon l'indication donnée par M. Duhartel : & combien dans une toife de Se= mis , fait par rangées , en fuivanc la Charrue. J'a1 compté , l’année d’après , les arbres que ces Glands avoient produit. Tous les ans j'ai compté les arbres , qui ref- toient dans chaque toife, que j’avois eu foin de limiter par quatre piquets, J'ai vû, par-là, quels font les avantages qu’on doit attendre du plus ou du moins de femence, & quelles fonc les juftes proportions qu'on dois garder. En voici le détail, : BP 52 De la culture du Chênes Me - mé TABLEAU du nombre d’Arbres , dans une Toife "de Semis de différents ages. :. Toife, femée Toile, femée Toile , femée . trés-épais, mois épais. en fuivanc la x | Charrue. Première année. xént : M) eg # . 5 3 -.6f fo vs Z nb 9 SUIS (1) don? 10 neuf bons à tranfplanter} X1 12 13 3 à (2) de 14 Y4 } A1 pieds de NE » {ur 7 pouc, de cir- ra conférence, À L" * Première Partié, Chap. 1V. $3 À quinze & feize ans, il y a eu le même fombre d'arbres , qu'à quatorze ‘ans. 724 Ordinairement, à trente ans, un chêne a , dans le femis de qualité médiocre , trente pieds dé haut, & feize pouces de circonférence ; il n’en refte qu'un par toile quarrée ; ce qui eft fu Mfant pour former les ouches d’un bois taillis, méme très-ferré. | Et comme, dans les Futayés | il faut quatre à cinq toifes de térrein , pour nourrir chaque grand arbre; on peut, fans exagération, évaluet la gerte du bois aux dix-neuf vingtièmes , avant qu'il foit tems d'abbatre la Haute-furaye. . SEMIS DE GRAINES DÉELEICATES,: PETITES ET LÉGÈRES. QUANT aux Graines léodres € petites , fi l’on veut femer uniformément , il eft néceflaire d'y méler quelque corps étranger, comme du fable ou de l’avoime, cinq ou fix Boïfleaux pour un on recouvre avec la Herfe, ou avec un fasot de Broffailles. Les grands vents portent la graine de Bouleat jufqu’à fix cents pas : elle lève affez bien, fans le fecours de l’art. Pour s’aflurer de la levée des graines délicates, comme ceiles du Cèdre , du Mélèze , du Platare, du Cyprès, du Mürier, &c. il faur que les femis foient tournés au Nord, & abrités du Soleil, foie par un mur, foit par des ‘paillafions , aflez hauts pour qu'il n'y puille pénétrer; les tenir toujours humides , excepté les graines d'arbres verds , auxquelles il faur peu d’eau. Ces derniers de- mandent à être repiqués dans de petits forts) pref- ‘qu’en naiflant ; il ne fäur ras corner à lu racine 54 De la culture du Chéne, le rems de prendre l'air : on arrache le plant ave fa petite motte , on le replante tout de fuite à Jémbre, & on mer le pot dans la térre, Si on veut femer en pot, on peut y laiffer fortifier les fujets, pour les lever en motte, en verfant le por fens dellus deffous. C'eft de tous les moyens, qué J'ai mis en ufage , celui qui m’a paru le pius favorable à la reprife de ces efpèces d’arbres, Quand on les met en place, ils ne foufrent point de l'opération ; ainfi l’on gagne , fur l’ac- croïiflement , prefque deux années entières , & leyr reprife eft certaine, J'ai femé la graine de ces arbres, depuit le mois de Février, jufqu'au mois d’Août; mais ie terms de plus favorable, eft depuis le 15 Mars, jufqu’au 20 Mai. | Le Terreau des Bois, qui eft le réfultat des Jantes, des feuilles & des petites branches d’ar- bee dérruites, eft propre à Ja yégération des /£- mences délicates : il femble que la fubitance qui a üéjà feryi à alimenter les végétaux , @ft plus analoÿüe que toute autre à leur nature, & plus difpotée à y rentrer & à les nourrir, On peur fe fervir auffij de terre, tirée des charboñnières , ou d’un. Terreau , compofé avec deux tiers de fable noir, pris fous la bruyere ; & l'autre tiers, moitié terre franche, & moitié ter- reay de vieille couche ; le rout bien mêlé & paf fé au crible : énfaite on pofe les graines, & on les touvre d’un demj-pouce, feulement, Pour arrofer , il faut coucher un Paillaffon fur le Semis; puis, avec line poignée de paille, fur Jaquelle on ver{e l’eat , On arrafe pen & dou- cément. Sans cette précaution, la Graine , pius Jégeré que le Terreau, s'élévera au deflus de la Prémière Partis. Chap. IV. ss furface. Et, quand on eft forcé de fupprimer les Paillafons, on arrofe de manière, que la chüte de l’eau ne batte point la terre. On peut encore couvrir les. femis avec de la Mouffe, jufqu'a ce que les graines font prètes à lever. La Nature cllemême fournit aux femences tous les fecours que nous indiquons ici; chûte des feuilles pour les recouvrir ; ombrage & fraicheur des forêts, &c, | Pour retirer les Graines des cônes d'arbres ré- fineux , il faut les faire tremper dans l'eau, pen- dant crois jours, & enfuire les expofer au Soleil; alors ils s’ouvriront. 11 y a quelques Graines , comme ceile du Pla- tane , qu'il faut froifler dans les mains, avec de la terre sèche, pour rompre les poils qui les cou- vrent ; parce que ces poils retiennent l'humidité, & empêchent la terre de toucher immédiatement les femences, qui moififlent au lieu de germer. Depuis quelques années , le goût des arbres à fleurs, des arbres à larges feuilles, & des arbres verds, a tellement pris, que les Pépiniériftes de Paris, de Tours & d'Orléans, ne peuvent pas fournir à la moitié des demandes; ils en envoyent dans toutes les parties du monde. PEMIS DE) FIN Le Pin poufle la coque de fa graine en de- hors, & une feule racine herbacée en dedans ; c'eft-pourquoi il lui faut un terrein léger , & facile à percer. Il réuflit dans le fable prefque pur ; mais quand le fable eft fi léger, que le vent ou les pluyes peuvent le. tranfporter d'un lieu en un autre, il faur, principalement fur les 6 De la culture du Chêne, L A coteaux , y femer d’abord du Bouléau, du Ge- nét, de l’Ajonc, ou d’autres Plantes, dont les racines donnent de Ja folidité au terrein , on ré- pand enfuite les femences de Pin, qui réuffiffent mieux à l'ombre, qu'expofées à la grande ardeur du, Soleil. | . Les Pins difpenfent de toute culture, & ne font pas fujets à être rongés par les beftiaux, ni par les infe@tes, à caufe de leur mauvais goût. Les plantes réfineufes font moins fujettés aux effets des gelées que les autres, parce que leur sève, qui eft huileufe, ne fe gonfle pas comme la sève des autres arbres , qui eft aqueufe. En muiripliant ces arbres dans des terreins qui he peuvent produire autre chofe, on multiplieroit les richefles de l’État à peu de frais, puifqu'un arpent de Pinade, qui coûte au plus dix à douze livres à enfemencer (7), donne, au bout de 2e ans, un produit confidérable , par la vivacité de fon progrès, fupérieur à celui de beaucoup d’au- tres plantations, Des la 35° année on peut en faire des Échalas pour les vignes; j'en ai abbatu , à l’âge de 8 ans, pour brüûlér ; pañlé cet âge, il a une mauvaife odeur, & fon écorce pérille au feu ; mais 1l. eft » très-bon à brüler , fi l’on prend la précaution de l'écorcer , & de le laifler fécher deux ans. À 25 ou 30 ans, il commence à fournir de la réfine : on peut , ‘après en avoir tiré un profit annuel pendant trente ans, abbatre cet arbre, pour en faire du bois de charpente, qui eft d’un trés-bon fervice, -"” ; | Les Pins font dans toute leur force à 6o ou | (7) 1 faut do livres de graine par Afrént. Première Partie, Chap, I pr . 5? %o ans, comme les chênes à 150 ou 200 ans: Où peut donc conclurre que les Futayes de Pin fonc bien plus avantagenfes aux propriétaires , que celles du Chéne ; non feulement parce qu’on peur les abbatré deux fois, contre celles de Chêne une; mais encore, parce que les Futayes de Pin produifent un revenu annuel. Mais, comme nous l’avors déjà obfervé, fa terre grafle & forte, qui eft la meilleure pour le Chêne, ne peut convenir au Pin. Il eft furprenant , dit M. Duhamel, que les propriétaires des grandes plaines de fable, qui ne produifenc que de mauvailes Bruyères, ne penfent pas à y planter des forêts de Pm, qui n’exigent prefqu'aucune dépenfe. Un. Père de familic ne pourroit rien faire de plus avantageux pour fa poflérité. DU CHATAIGNER. L’omBre favorife l’accroiflement du Chétai. gner, Par cette raïfon , le Bouleau, qui croît encore plus promprement que lui, peur lw étre aflocié, jufqu’à ce que le Châtaigner commence à fouffrir de fon voifinage. dre … Quand on met les Châtaignes dans l’eau, pour faire le triage des bonnes , il faut prendre garde qu'elles n'ayent pas féché ; autrement il y auroir, entre la peau & l'amande, un vuide, qui les fe- roit furnager , quoique bonnes pour femences. Le Chataigner vient fort gros, & forme de bel- les Futayes : les terreins où il fe plair le plus, font ceux donc le limon eft mêlé de pierrailles ; il fe contente des terreins fablonneux , pourvu qu'ils foient humides. II a, de plus que le Ch£é- ne, l2 bonté du fruit fl croit une fois plus vice, 58 De la culture du Chêne. vient dans des expofitions & des terreins moine bons, & n’eft pas aufli fujet aux infectes. On le plante dans les Bofquets d'Été & d’Au- tomrie ; On en forme des Maflifs & des Avenues, quoiqu'il ait le défaut d'étendre fes branches , & de les laifler pendre fort bas. La mauvaife odeur qu'il exhale, lorfqu’il eft en’ fleur , au mois de Juillet, fair qu’on l’éloigne des habitations. Son bois eft très-propre pour la charpente, qui n'eft point expofée aux alternatives de l’humide & du fec. Ses nœuds font d’une extrême dureté: d’ailleurs , il eft facile à travailler ; il eft roide, & ne plie guëres fans rompre. Quand on à principalement pour objet d’avoir de beau bois de charpente , ayant donné trois bons Jabours, on forme des fillons, de trois pieds de diftance , dans lefquels on efpace les Chärai- gnes , à environ dix pouces , & on les couvre d’un ou deux pouces de terre; quand les jeunes plan- tes ont levé, on les farcle fouvenr. Ce femis, tenu bien net, & entrerenu de culture, peur fournir de bon plant, au bout de cinq ou fix ans ; parce qu’alors il eft à propos de laifler en- viron trois pieds de diftance d’un arbre à l’autre. Puis, quelques années après, on lèvera un arbre entre deux. Quand ceux-ci auront atreint la grof- feur du bras, on choifira, entre deux , le plus foible, pour l’abbatre ; ia fouche pourra fournir de bon recrû trous les dix ans, en méême-tems que les pieds vigoureax profiréront en tous fens. Cependant, à meiure qu'ils profiteronr, il fera à ar de leur donner plus de place, on en ab- atra jufqu’à ce qu'ils feront efpacés à vingr-qua tre pieds; verrein fuffifant, pour qu’ils acquiérçn£ leur parfaice croiffance, Première Partie. Chap. IF. ça D'U' HET R!IE. * CET arbre a, en général, un beau port & ün beau feuillage ; ce qui le rend propre à for- mer des avenues, ou dés falles d'automne. Com- me il eft fufceprible dé prendré diverfes formes, fous le croiffant , il eft aufli propre que le Char- me , à faire de hautes Paliffades; fon écorce eft unie & blanchâtre, Cet arbre, d’une trés-grande utilité, croit aflez volontiers dans toute forte de terrein , Mais avec plus où moins de promptitude , felon que le fol lui eft approprié ; il croit plus Vire, & devient plus beau, dans une terre légère & humide. On le voit réuflir dans le fable, & fur, le fommét des montagnes. Quoiqu'il fourniffe un bois dur , il croît cependant fort vite , même du double plus promptement que le Chêne ; ce qui eft digne de remarque : car on obferve en général , qu'il y à un rapport entre la durée de l'accroiffemenr & la duréré des bois. À foixanre ans , il commence à dépérir; quoiqu'il groffifie alors à l'extérieur , pendant quelques années, 11 fe corrompr dans l'intérieur, fur-cour fi l'eau trouve à s’y infinuér. 1 reprend très-facilement , & mieux encore quand on le tranfplante jeune ; il eft fujer à pen- cher fa têre , lorfqu'il eft d'une hauteur difpro- portionnée à fa grofleur ; il fauc l’érayer contre la violence des vents, & les pieux , dont on fe fert pour le foutenir, doivent toujours être plantés du côté du Sud : en cet état , ils rendent un double fervice à l’Arbre , attendu que les vents du nord , même dans les climats froids, ne font point aurant de tort aux arbres rouvellement plantés, que le Solcil du midi, en Eté, 1 60 De la culriré du Chêne. Le bois de Hêtre, dont on fait ufage pour un fi grand, nombre de chofes utiles, comme nous aurons lieu de le dire, lorfque nous indi- querons à quoi chaque efpèce de bois eft pro- pre, pourroit même être fubftitué au Chéne , dans les pays ou celui-ci manque, fi on pouvoit trouver un moyen de le préferver des vers. La diferte du Chêne à fourni aux Anglois la pre- micre idée d’y fubftituer un autre Bois. Le Hé, tre, qui eft un des plus beaux arbres , & dont le bois eft dur, artira l'attention de quelques uns de leurs Phyficiens prariques ; ils râchèrenc de découvrir l’origine du ver auquel le bois de Hé:- tre eft plus fujer qu'aucun autre, & un moyen pour l'en garantir. Leurs recherches ne furent point inuviles : Ellis, dans fa préparation! des Bois de charpente , indique les moyens propres à garantir ce bois des vers; il a obfervé que. les bois étoient d’aurant plutôt: atraqués par les vers, qu'ils contenoïient plus de sève ; il a donc cher- ché à faire fortÿr la sève du Bois, & il y a réufh , en faifant tremper le bois de Hêtre dans l'eau. On garantit aufi ce Bois, des vers , en Jexpofant à la fumée , ou en le brülant exté- rieurement, jufqu’à ce qu'il s’y forme une légere croûte noire. En réunfflant ces méthodes, pour Ja préparation de ce Bois, il peut devenir pre- pre alors pour la Charpente, & dans l'air, & dans l’eau : honneur qui, au rapport d’Elus, lui a été effetivement décerné en Angleterre. D PAT ELLE OU Comme les Tilleuls font rès-long-rems à venir de graine, on Îles mulciplie, en coupant, prés de verre, un gros Tilleul; la Souche pouffé \ Première Partie, Chap. IV. 6x ntité. de jets-vigoureux , qu’on recouvre: de 6 ils prennent raciné , & donnent d’excellent Plant ; on appelle’ alors cette Souche , Souche- mère. Ces Arbres fe plaifent principalement dans lé tèrres qui ont beaucoup de fonds , plus lége- res que fortes, & qui font un peu, humides : celui qu'on connoîft fous le nom de Tï/leul-de- Hollande eft un des Arbres les plus eftimés : il fait l’or- nemienr des Promenades , des Jardins & des Bofquets , par fon port gracieux , par la docilité avec laquelle il fe prête à routes fortes de for- mes, par fon odeur douce , lorfqu'il eft en fleur, & par fon bel ombrage, À <'\U IS PE = «tk * 17 NN LOT MÉLANGE DES ESPÈCES, E N général, 1l faut évier de mettre enfem- ble les arbres qui ne fe conviennent pas. Les uns prennent leur nourriture à la fuperficie , Les zutres au fond du fol; ainfi les Chênes, les Pins, les Hètres, qui, tous , jettent de profondes faci- nes, n'aiment pas à fe trouver enfemble, Les Efpècés qui croiffent promptement , ne doivent pas être mêlées avec Îles efpèces qui ont une production lente , parce que ceux qui domi- nent étouffent les autres. Ainf le Frêne, le Cy- près, le Noyer ne pourroient RE avec le Châtaigner, le Bouleau ou le Cérifer. Il eft des Efpèces, qui ne réuffliflenr jamais en Furaye, comme le Noyer. Ces principes généraux ne m'ont cependant pas empêché de”méler les Efpèces ; dans l'intention où j'étois de détruire celle qui réuffroit Je moins. Voilà les motifs qui m'y déterminoienr: Four le monde convient qu'on doit obferver l'expofñtion des Semis; mettre au Levann & au Midi le Chêne, le Pin, & autres Efpèces,, qui pouffent tard, par la raifon que ces deuxæxpo- firions font fujettes aux gelées du Prinrems & de FAutomne; les jeunes poufles d’arbres les plus précoces, qui, la nuit, auroient fenti la rigueur du froid, & qui font enfevelies dans l'herbe, plus humide que l'air, feroienc grillées par le foleil du matin : la sève étant dilatée & interrompue brufquement , le pied rifqueroit de périr, fi l’on n’avoit pas foin de le receper ; ce qui n’eft pas pratiquable dans les Semis de grande étendue. : ‘Première Partie. Chap. V. 63 Par {a même raifon, on doit mettre au Nord # & au Gouchant les Efpèces qui font hâtives. Cette précaution devient fouvent de la plus grande utilité. Mais tous les ans il ne gêle pas dans ces deux faifons ; routes, les gelées ne por- tent pas un coup mortel; &, une fois que les jeunes Arbres ont atteint de la force & de l’élé- vation , ils réfiftent à l’intempérie des faifons. Pourquoi donc ne pas aflocier le Hètre, qui eft une ‘Éfpèce hâtive , avec les Efpèces tardives, qu'on met au Levant & au Midi; & le Chêne, avec les Efpèces qu'on met au Nord? Je l'ai fait fouvent : il en eft réfulté que j'ai perdu quelquefois une Efpèce entière ; mais les autres ont fubfifté. Quand j'ai été aflez heureux pour ne pas éprouver l'accident des gelées, & Jorfque mes Arbres ont pu fe foutenir par euxz mêmes , j'ai confervé l’Efence la plus convena- ble & la plus nombreufe , en faïfant couper à pied tout ce qui n’étoit pas cette Efpèce : je re- tirois de cette coupe un produit quelconque , & l'ombrage avoit bientôt détruit les perites fou- ches, qui reftoient dans la terre. De certe façon, je me fuis procuré un Bois de Chêne, à l'expo- fiction du nord, où les autres n’auroient eu qu’un Bois de Hêtre ou de Pin. s Cela m'étoit d'autant plus facile , que j'avois femé fort épais. - Un autre motif pour moi, de mêler les Ef- pèces , c’eft qu'étant à porrée de vendre le jeune plant , il eft rare qu'un Particulier , qui en achète , fe contenre d’une feule Efpèce : ceux à qui j'en cède, ont, comme moi, du cerrein fort, du cerrein léger , du terrein fablonneux ; ils trouvent , dans mes mélanges , tout ce qu'ils peuvent défirer, 64 De La. culture du Chênes Maintenant on fent affez que ceux qui -onË ” änrention d’abandonner à Ia nature Les Bois qu'ils sèment , fans leur donner aucune efpèce de fecours, & ceux qui forment des Bois, dont ils ne. veu- lenc tirer aucun Arbre pour tranfplanter , ne doi- vênt pas me fuivre en cela; mais bien tout ce que j'ai qbfervé, quand aux différentes qualirés & expofitions du Sol , & à l’ancipachie des diffé rentes Efpèces. | "Avant de quitter cet Article , j’ajoûterai ici un phénomène , qui tient à l’Hifloire naturelle , & donc je n’ai pu imaginer la vérivable caufe. Des Bergers | en faifant cuire les œufs de Pâques, murent lé feu, il y a environ 40 ans, dans la Forêt de Chdteauneuf, firuée entre l’Aui vergne & le Limoufin , où il n’y a d’autre Bois que le Hêtre : l’incendie en détruifit environ dix Arpens. |. Le Seigneur du lieu ne jugea pas à propos de rérablir cette partie dé forêt, quoique d’une Ef£ fence qui poufle rarement du recrû de fouche ;. il {e contenta d’en faire exploiter les débris. 7 Le pays, abandonné à la nature , fu bientôt couvert de Broflailles , à travers defquelles on vit fortir, quelques années après , une infinité de petits Chênes, dont l’eflence a rendu cetre partie bien plus précieufe qu’elle n'étoir ci-devant. l “En ‘voyagéant dans les environs , je voulus voir par moi-même une chofe auf extraordinaire. Je-vis en effet une vafte Forêt, divifée en trente, Coupes , au milieu de laquelle, à peu près , cft. un canton, de forme irrégulière , telle que le’ féu lauroit tracée, couvert de beaux Chênes ,. tous du même âge. ” Les Riverains m'aflurèrent que le fait étoit tel Mi) 23:3203 3e que + Première Partie, Chap. PV. 65 que je l'ai rapporté ; ils fouillerent avec une - pioche , pour me montrer les charbons , qui fe Bu confervés à la fuperficie de la terre ; &, depuis cette époque, on a donné, à cette partié . de Forêt , la dénomination de Boëis-brule. Voilà donc une Forêt qui, de tems immémb- rial, fournit des Coupes réglées, confervant conf. tamment leur Efence. Une partie de cette Forêt vient à brûler ; elle change de nature. On ne peut pas dire que les Glands ayent été femés apres l’incendie , ou jettés dans les Brof- failles : on ne voulut pas en faire la dépenfe ; Ou tranfportés par les Oifeaux , &c. l'étendue eft trop confidérable , pour admettre cette fup- pofition : il n’y avoit même aucun Chêne dans tous les environs ; | Ou conférvés-dans la terre : le feu n’avoit-il pas pénétré trop avant ? Ces Glands étoient-ils là, avant que le Hétre y eût pris croiflance ; par conféquent., depuis un rems trop reculé , pour conferver la faculté de produire ? Dira-t-on que ces jeunes Chênes étoient des rejettons d’anciens Arbres coupés, dont les raci- nes ont refté dans l’ination , pendant qu’elles étoient couvertes d’autre bois ? Cela paroît con traire à la nature des chofes. Et pourquoi ces Glands , ces rejettons n'au= roient ils pas paru, lorfque , tous les 30 ans, on abbatoit les Hêtres ? Telle que foit la caufe de ce changement , il faudra toujours l’attribuer au mélange des Semen- ces, qui fut fait dans l’origine , lorfqu’on fema cette Forêt, ou lorfque la nature la produifit. Le Sol & la Températuré auront été alors plus 66 De La culture du Chêne. favorables aux Hêtres qu'aux Chênes. Ces prêt miers , qui, d’ailleurs , croiflent naturellement plus vîte, auront pris le deflus; mais , ayant été tout-à-coup détruits par le feu, les Chênes, dé- gagés enfin de leurs vainqueurs , auront paru à leur tour, & fe feront élevés fur les ruines de leur empire. Cer évènement, bien certifié, & qui n’eft pas fans exemple , prouve qu'il eft des cas où il y a de l’avantage de méler les Efpèces | & de femer épais. 63 CHA" PTE RER PVR l CULTURE DES JEUNES ARBRES SEMÉS. Ous les Écrivains recommandent de 1a=° bourer les Semis : ils donnent les dimenfions requifes , pour facilirer les labours. Tous recommandent aufli d’élaguer les Ar- bres , & de les receper après les gelées , où lorfqu'’ils languiflent. Ces préceptes font très-bons pour les Pépi- niéres, & pour les Bois d'agrément, & de pe- tice étendue. J’en ai ufé, avec toute forte de fuccès , tantôt en les labourant en plein avec la Charrue ; tantôt en les labourant au pied, fépa= rément , avec la Bèche. LABOURS. Les Labours profitent effeétivement aux Ar: bres, en ce qu’ils les garantiflent des plantes , qui leur dérobent le fuc de la terre, en dedans, & les privent , en dehors, des petites pluyes & rofées, qui contribuent beaucoup à la végétation ; ils rendent , d’ailleurs , la terre plus facile à étre pénétrée par les racines , & par les influences de l'air. , Les terres chaudes & sèches , doivent être 1a- bourées peu de tems après la pluye, ou pendant la pluye ; & les terres humides & fortes , en tems fec. L Dans les afpeds fujets aux gelées du mois de Mai, il ne faut Llabouter qu'au mois de Juin. Une terre labourée exhale beaucoup plus qu’une autre ; les exhalaifons s’arrêcenc fur les boutons & fur les feuilles , & ,. venant à geler, les font périr. E ij 68 De la culturè du Chêne. Les Anglois, qui ont commencé plûtôt que nous à cultiver le Chêne , parce qu'ils en ont eu plutôt befoin, font très-portés à labourer leurs Semis & leurs Plantations ; ils n’ont rien épargné pour élever de beaux Arbres ; ils entrent dans les plus grands dérails fur ce point. Mais M. de Buffon a démontré, après avoir mis leur méthode gn pratique, que la culture de quelques Arpens de pays, telle que les Écrivains Anglois (8) la prefcrivent, lui avoit coûté, dans l’efpace de dix années , plus que ne lui auroit coûté le fond de la même quantité d’Arpens, couvert de Bois de Haute-furaye. REC.CEPAGE. LorsqauE les jeunes Plants ont été gelés, ou incendiés ; lorfqu'ils périflent en cime , & repouffent du coller , à caufe de la mauvaile qualité du terrein; lorfqu'ils ont été abbroutis par les Beftiaux , ou brifés par la grêle ; il de- vient néceflaire de retrancher la partie viciée : il faut donc les abbatre à raze-terre : c’eft ce qu’on appelle receper. Après cette opération , il fe dé- xeloppe des Jets mieux conftitués. . C’eft au mois de Février ou de Mars, qu'on doit y procéder, & prendre garde de ne pas ébranler les racines. Les ouvriers appuyent le fabot contre le pied de l’Arbre ; ils tirent à eux Ja cîme de fa cige; & , avec une ferpette bien éranchante , ils la coupent, en bec de flûte, le plus près de terre qu'il eft poffble. Quelques cultivateurs recepens indiftinétement tous les Bois. Voilà le rafonnement fur lequel is fe fondent. (8) MM, Miller, Épelyn , es Première Partié, Chap. WI, 69 Dans les premières années, difent-ils ,: lac- croiflement du Plant va toujours en augmentant ; mais, le plus fouvent, dès la cinquième années, il cefle cout-à-coup. II faut faifir cet inftant pour le receper. L'arbre étant coupé, toute la sève fe porte aux racines, en développe les germes : de tendres & herbacées qu’elles étoient, elles de- viennent fortes, & pénétrent dans le terrein; il fe forme une grande quantité de Chevelu , d’où partent autant de fucçoirs : l’Arbre pompe abon- damment des fucs nourriciers ; &, dès l’année fuivance , il donne un jet plus vigoureux, & plus élevé , que ne l’étoit l’ancienne tige de cinq ans. Par cette méthode , facile & peu coûteufe, on fupplée aux labours , & on accélère de plu- fieuts années le fuccès d’une Plantation. Je ne fuis pas de cet avis. Je penfe, au con- traire, que , plus un Arbre a de feuilles & de branches, plus il fait de racines ; c’eft ce qu’on voit dans nos Efpaliers, dans les Hayes, dans les Paliffades , qu’on taille tous les ans ; les ra- cines de ces Arbres & Arïbrifleaux , font en pro- portion du peu de Branches qu’on leur laifle; 6 tout le monde fait que les Racines pouflent avant les Bourgeons. Dans un fonds, même de médioëre qualité, le Plant, qui fe montre languiflant, prend pref- que toujours, de lui-même, au bout de quelques années , une grande vigueur. , Il faut être réellement dans les cas que j'ai mentionné ci-deflus, pour en venir au recepage. J'ai laiflé agir la Nature, dans mes grandes entreprifes, & j'ai obtenu, malgré mon ina&ion, de beaux & bons Arbres. & Les, Genêts , la Bruyère { les Ajoncs, Les 70 De la culture du Chêne. Ronces , la Fougère , les Houx, tout a enfin difparu dans mes Bois, femés épais. J'ai remar- qué même, que ces Plantes ne contribuent pas eu à l'élévation des jeunes Arbres, qui prennent infenfiblement le deflus. Tel canton de Bois, qui étoit impénétrable à dix ans, étroit net à quinze ; dans l’efpace de cinq années, les plantes annuelles & les arbrifleaux étoient réduits en ter- reau, au pied des Chênes. Quand aux Bouleaux, & autres Bois blancs , qui naiflent très-épais dans les Semis, lorfque le vent y a porté la graine, j'ai été obligé de les couper à pied, lorfqu’ils commençoient à domi- ner; comme ils croiflent naturellement plus vite que les bois durs , ils les auroient immanquable- ment étouflés. Certains cantons, cependant, dont je n’avois pu préparer la terre de longue-main , ne me promettoient qu’une reflource très-éloignée , à caufe de ces plantes étrangères , qui couvroient tout le terrein. J'ai cherché long-tems le meilleur moyen de les détruire, & d'accélérer l’accroifle- ment du Bois : je n’ai rien trouvé de mieux , que de mettre le feu dans les jeunes Semis , cou- verts & étouffés par les plantes vivaces : remède violent, mais plus sûr, plus général, plus facile & plus expéditif, que tous ceux que j'avois ci- devant mis en ufage, ou que je voyois être indi- qués par les Auteurs, METTRE LE FEU DANS LES SEMIS MAL-VENANTS. Le tems le plus propre à cette opération, ef le commencement de Mars ; les vents fecs régnent prdinairement à cette époques Première Partie. Chap, VI. 71 Quand on fe décide à l’employer, il faut uieg de la plus grande précaution. MOYEN D'EN ARRÉTER LES PROGRÈS. JE fuppofe que la partie à brûler foit au nord des autres parties du Semis ou des héritages voi- fins, & que le venc foit nord , comme il left ordinairement à l’'Équinoxe du Printems ; je com- mence à brûler peu-à-peu tout le long des parties que je veux réferver incactes, en n’expoiant cha- que fois aux ardeurs du feu, que quelques toiles quarrées , prenant toujours du côté du midi, & l'oppofé du venc, & ne portant le feu dans une feconde petite partie, que quand il eft éteint dans la première : ainfi de fuie, jufqu'à ce que Jaye mis aflez d'intervalle. Cette opération partiaire étant faite, je porte le feu à l'extrémité du canton à brüler , fans craindre qu’il pafñle la limite que je lui ai pref crite au midi; dans moins d’une heure le feu, dirigé par le vent, parcourt une grande étendue. ! Par ce moyen , on maïîtrile cet élément : au lieu que fi on lemployoit, du premier abord, au bout du canton qu’on veut brüler, & dans la direction du vent |, on n’en feroit plus le maître; il gagneroit le Bois qui n’a pas befoin de cette opération , &, de proche en proche, il s’éten- droit même au delà de la clôture, jufqu’à ce qu'il ne trouveroit plus à s’alimenter. Si, malgré toutes ces précautions , le vent portoit au loin les bluettes , & que le feu fit de trop grands progrès, on peut l’éteindre avec de longues perches , en battant fur les matières en- flammées , [& avec de la cerrei, aufli bien qu'avec de l’eau. | | En ‘ 72 De La culture du Chéne. Cette pratique a un avantage , que n’auroit pas le labour, en ce qu'elle détruit jufqu’à la graine des mauvaifes plantes , qui pourroient être fur les. tiges, ou tombées fur la terre; mais on ne peur s’en fervis dans les Semis où il y a des Pins ; Sapins & autres Arbres réfineux ; car la lüpare de ces Abres périffent dès qu'ils ont BR leur tige, | | : On peut m'oppofer les défenfes portées par lOrdonnance » d’allumer du feu dans les Bois, » en quelque faifon que ce foit, » Il eft vrai que les Ordonnances font précifes à cet égard ; elles prononcent même des peines corporelles contre ceux » qui portent & allument » du feu dans les Forêts du Roi, des Commu- » nautés & des Particuliers. » Cette Loi a été jugée néceflaire, pour contenir les Pâtres , les Charbonniers & les Incendiaires volontaires. Mais l’intention du Législateur auroit-elle été . d'interdire l’ufage du feu chez foi, confdéré comme remède , & feul moyen , dans certains cas, de donner de la valeur à fes Bois P Nous ne faurions nous le perfuader. Ce n’eft ni l’efprit, ni la lettre de la Loi. IL né, faut pas taire, cependant que ces peines auroient lieu, ou du moins la condamnation aux dommages & intérêts, contre les particuliers qui, ayaat allumé du feu dans leurs propriétés, le laifferoient. échaper dans les propriétés voifines ; c'eft-pourquoi nous avons indiqué le moyen d’en arrêter les progrès dévorants. Si le feu laifle des tronçons d'arbres un peu gros ; ce qui arrive , lorfque le Semis a acquis Un certain âge , il faudra Îes couper , avec un fer bien tranchant , près de verre : le bois , qui Première Partie. Chap, VI, 73 pouflera avec vigueur , s'emparera pour toujours de tout le terrein. J'ai eu occafion de voir incendier de jeunes Bois , dans plufieurs faifons de l’année , qui, ayant été recepés , poufloient vigoureufement , à la sève d’Aoùr, ou à celle d'Avril, & faifoient un recrü , aufli fort que s’ils avoient été abbarus en faifon convenable. On employe , dans la Guyenne , un moyen bizarre , mais le feul, peut-être, qui foit capa- ble d’arréter le progrès des flammes dans les Forêts de Pin. Lorfque le feu prend à ces arbres, trés-combuftibles , quoique verds , les habitants le portent exprès dans un canton voifin, & l’allu- ment le plus promptement qu’il leur eft poffible. Alors il s'établit une communication entre les deux foyers, qui attire toutes les flammes an centre; &, dès le moment que l’attraétion eft éra- blie, l'incendie cefle dans la circonférence. l 2/8 ’ HR dira, s fi. FRS NS es Ji ts at # a: qu “2h sr | NX Wars Rl " vo te) XL à LM & re 2 PS Lt 75 A EE —"DyusS — — 4 ñ Je Se Se Se ske ke Se À A L'ÉRACAECER 4. a 4 nt at an nn 7 ee «> ” il HART ea PA A APT - ATP TRE CE EC UE EE HA PDA L OU LEUR E DU CHENE. NE Er SECONDES F AT LE. CHAPETRE PREMFER, TERREIN CONVENABLE POUR PLANTER Î: ne faut pas moins de difcernement dans le choix d’un bon Terrein, pour planter, que dans le choix d’un Terrein pour fémer. Ce Terrein doit même être en quelque façon plus analogue à J'efpèce des arbres , parce qu'il entre plus d’art dans la plantation. On a vu combien il eft facile de fe procurer des fujets. On peut calculer, à peu-près, la dé- penfe des Semis; elle eft proportionnée aux diff- cultés locales , qui fe rencontrent ; mais bien moindre que quelques perfonnes ne l’imaginent, & toujours inférieure aux efpérances qu'on a droit d’en concevoir. Quant à la Plantation ,f c’eft autre chofe. Il en coûte plus qu'on ne penfe , pour planter avec coutes les précautions requifes, 76 - De la culture du Chêne. S'il s’agit de l’ornement des Maiïfons de cam- pagne , tel que les Bofquets, les Avenues, &c. on eft obligé de planter. S'il s’agit de clorre des Champs éloignés , qui longent les chemins pu- blics, on eft encore obligé de planter ; & même de planter dans un Terrein dont on ne fait pas choix , parce qu'il eft indiqué ou limité : alors il ne faut rien négliger, fi l’on veut en avoir de la fatisfaction. | À l'égard des Parcs, Garennes & Comparti- mens en grand , qu’on exécute ordinairement en plantation, je penle qu’il vaut mieux femer ; on jouira un peu plus tard de lagrément qu’on cher- che , mais on fera amplement dédommagé du retard , par une dépenfe & un entretien moins confidérables, & par la beauté & [a valeur des Arbres ; fur-tout s'ils font à racine pivotière parce qu'il eft rare que ceux qui ont fubi [a cruelle opération de larrachement , deviennent auffi beaux que ceux qui ont levé fur place. Je confeillerois donc de femer avec la bèche, à diftances égales, fur toures les lignes du com- partiment & de femer les maflifs en plein. Les arbres , qui font fur les lignes , pourront être annuellement labourés & élagués , pour leur donner, dès le principe , une belle forme. Le peu qui manquera, peut être facilement rempla- cé, Tout ce qui eft dans l’intérieur peut fe pafler de ces fecours ; avec Le tems, les arbres viendront tous d'égale beauté. | Il eft vrai qu’en fuivant cette méthode, les arbres des maflifs ne feront pas en allignement ; car, tel foin qu’on prenne , pour percer un Bois femé, on ne réuflit jamais à le faire parfaitement; la plüpart des arbres fe trouvent hors de la place »p «4 Seconde Parti. Chap. I. 77 qu'indique la mefure, & l’œil eft privé d’un de fes principaux agrémens. Ceux qui tiennent à cer allignement, pourront femer les maflfs à la bèche & au cordeau , tout comme les lizières. C'eft de rous les tems, que l’allignement des arbres a flatté la vue ; les auteurs qui ont écrit de l'Agriculture, & ce font ceux de la plus haute antiquité , confeillent d’efpacer également les ar- bres ; ils donnent les moyens de mefurer & de compafler les champs. | Outre l'agrément , on y trouve un vérirable objet d'utilité , en ce que tout le terrein eft couvert également ; chaque pied d’arbre y reçoit une nourriture égale, & y acquiert une croiflance uniforme : tout y eft à profit; point d’arbres trop preflés ; point de clairières ; & , en général, beaucoup moins d’arbres défectueux. 11 y a bien des chofes à obferver , pour planter avec fuccès. | Suppofons d'abord qu’on eft décidé fur l’efpèce des arbres qui convient au terrein, & qu’on fait où les prendre ; la première chofe à faire, eft de préparer le terrein. PRÉPARATION DU TERREIN, POUR PLANTER. Les Cultivateurs prétendent qu’il eft bon de faire les trous un an avant , afin que les pluyes & le Soleil puiflent, par leurs influences diverfes, fertilifer la terre qu’on laifle fur les bords. Les gelées, en augmentant le volume de l’eau, dont le terrein eft pénétré, divifent puiflamment la ter- se & lui donnent une excellente façon ; elles en cuifent, pour ainfi dire, les mottes ; c’eft pour- quoi , lorfqu'il furvient enfuite de lhumidité, ces 78 De La culture du Chêne. mottes fufent , en quelque manière, comme de la chaux, & fe réduifenr en poudre fine. On fent aflez que cette méthode ne peut qu'être avanra- geufe; elle eft, pour la plantation , ce qu’eft le labour pour le Semis. Qu'on creufe les foffes un an avant, ou l’an- née même de la Plantation, il eft indifpenfable de les proportionner à la grandeur des arbres, & à l'étendue de leurs racines. La première fois que je plantai, je fîs prati- quer , fuivanc l’ufage établi dans mon canton, des trous, de place en place, d'environ un pied en quarré, fur un pied & demi de profondeur , pour y planter, des chênes de deux pouces de diamètre , fur dix pieds de tige. Je ne tardai pas à reconnoître que ces trous étoient trop profonds & trop étroits ; il falloit replier les racines , qui débordoiïent; ce qui eft une trés-mauvaife méthode. Sur cent arbres , il en reprenoit huit ou dix, qui ne tardoient pas à périr. J'imaginai qu'un arbre doit réuflir en raifon de la terre qu’on remue pour le planter ; je re- marquai même que, dans les remblais des Rou- ces , les arbres croifloient avec une rapidité in- croyable , tandis que ceux de même efpèce , plantés en même tems , dans le terrein uni, ou dans les déblais , faifoient très-peu de progrès. Je fs donc faire des fofles plus grandes : une fouille de trois pieds en quarré, fur un pied de profon: deur ( ce qui fuppofe neuf pieds quarrés de terre remuée } me parut néceflaire pour un arbre de moyenne groffeur. Il eft inutilé de fouiller au deffous du premier lit de terre, quand il à l’épaifieur d’un pied, Séconde Partie, Chap. I. 79 ais lorfqu’il n’a que fept à huit pouces, comme il eft rrès-ordinaire , il convient de creufer plus bas , pour extraire les pierres ou la terre ftérile, & d'y fubftituer de la terre franche , fans pour cela planter l'arbre plus pronfondément; car, plus la foffe eft profonde , plus il faut le planter à la fuperficie, parce que la terre s’aflaifle & en- fonce l’arbre , le taflement ordinaire eft de deux pouces par pied. Si l’art pouvoit imiter la nature , nous plante- tions tout-à-fait à la fuperficie : ne voyons-nous pas que les arbres , qui naïflent naturellement, éta- bliflent leurs racines latérales dans la meilleure terre, qui eft toujours la plus près de la fuper- ficie ? la chaleur & l'humidité, qui font les deux agents de la végétation ne fauroient pénétrer à une grande profondeur. En plantant, nous ne pouvons pas fuivre tout- à-fait la marche de la nature : les vents ou les beftiaux auroient bientôt renverfé nos arbres, fi nous ne les arrétions pas par le pied; & la fèche- refle les feroit périr , fi nous ne couvrions pas exatement leurs racines. Pour tenir un jufte milieu, & pour parer aux inconvéniens , j'ai crû qu'il falloit planter très-près de la fuperficie , & fixer les arbres, jufqu'à ce qu'ils ayent fait des racines capables de les rete- nir; foit par un foflé, s’ils fonc de près en près; foit par une butte de terre , élevée au pied de chacun , féparément , s’ils font éloignés ; en ob- fervant de prendre la terre loin du pied de l’ar- bre , & plutôt du côté du nord, que du côté du midi, afin de garantir les racines de l’ardeur du Soleil : foit par un pieu , fiché en terre, au'on lie avec l'arbre , en mettant un peu de Lo De La culure du Chêne. moufle ou de paille dans l'endroit où portent les ‘liens, pour empêcher le frottement : foir en armant les arbres d’épines, pour les garantir de l’appro- che des beftiaux. On peur choifir la manière la plus commode; mais un de ces moyens devient indifpenfable , fans quoi les arbres font agités, tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, jufqu’au bout de leurs plus petites racines ; ce qui fufhroit pour les empêcher de reprendre. Pour garantir les jeunes arbres plantés , des “ardeurs du Soleil & de la dent des animaux , il eft utile de faire un cordon ‘de paille, gros com- me le pouce, & d’en enrourer les arbres depuis le pied jufqu’aux branches, fans trop ferrer la tige ; l'écorce fe conferve très-fraiche , & l'arbre n'eft point gêné dans fes progres. S'il s'agir de défendre un arbre précieux , on peut enfoncer , à un pied du tronc, trois ou quatre forts pieux , fur lefquels on lie de fortes traverfes, & on remplit l’intervalle d’épines sèches’; les arbres, ainfi garantis, ne peuvent être endom- imagés par aucune efpèce de bétail. J'ai mieux appris la bonne manière de planter, en arranchant des arbres , qu’en les plantant. J'ai eu fouvent occafion de faire arracher de jeunes arbres, qui avoient péri, & d’autres, que les malfaiteurs avoient coupé, & dont la fouche repoufloit , ou de changer de place des arbres vifs, plantés depuis peu d'années. C'eft alors que j'étois à portée d’examiner quelle éroit la véritable caufe de leur morts quelles éroient les racines les plus aétives, quelle longueur il fauc leur laifler , &c. ce que je dé- duirai à proportion que nous avancerons. Mais une remarque, qui m’a principalement | frappé ; rs Le Seconde Partie. Chep. I. 8x frappé; c’eft que tous les arbres, qui avoient été plantés trop profondément , ou qui avoient été enfuite furchargés de terres, cefloient de prendre de l’accroiflement : ils végétoient , & fe cou- vroient tous les ans de feuilles; mais ils languif- foienc dans courtes leurs parties ; j'ai vû , après avoir fair arrachèr ces arbres, que leurs racines, trop balles, reftent dans le même état où ellès étoient lors de la plantation ou du réhauffement des terres; tellement que j'y reconnoiflois encore, au bout de trente ans, les coups de ferpette. Il fe forme , à fleur de terre , un aurre lit de racines , qui fubftantent l'arbre, mais qui, n’é- tant pas à leur place, & ne pénétrant pas, juf qu'au cœur de l'arbre , font incapables de lui fournir. une nouriture abondante. | Il ne ‘faut pas croire que le pivor, qui dese cend quelquefois à une profondeur confidérable , oit fufhfant pour donner à l’arbre toute la sève qui lui eft néceflaire , & que plus ou moins de profondeur foic indifférente. Le pivot, qui croît ÉD les premières années , pour affermir J'arbre |, & pour entretenir fa fraicheur, cefle de croître fenfiblement, dés que les racines horizon- cales fe font aflez étendues au deffous de la fü- perficie du terrein, pour procurer à Vlarbre la folidité & la nutrition. G Cette obfervarion, que chacun eft à portée de faire fur des arbres , plantés à une profondeur exceffive , fuffroit fans doute | indépendamment des autres raifons que j'ai rapportées, pour pér- fuader qu'il faut donner peu de profondeur aux racines horizontales des arbres que l’on, plante. Quand j'ai voulu planter des arbres à peu de diftance {éntr'eux , à une coifé par éxemple, la ê2 De la culture du Chêne. terre des trous, que je faifois faire de trois pieds quarrés , pouvoit à peine fe ranger au tour ; elle retomboit dans le trou, & géênoit , lorfqu’on vouloit approcher pour planter; ces trous étoient efpacés plus les uns que les autres, ou leur mi- lieu ne fe trouvoit pas exactement fur la ligne de disedion quoiqu'exaétement marquée fur le rerrein. Ces inconveniens m'ont fait imaginer de fof- foyer à tranchée ouverte. PLANTER A TRANCHÉE OUVERTE. AVANTAGES DE CETTE PRATIQUE. J’A1 trouvé ; dans cette méthode nouvelle, de très-grands avantages. | 1°- Elle n’eft pas plus difpendieufe, Un trou de trois pieds quarrés me coûroit un fol ; une soife de tranchée à voye ouverte, fur crois pieds de largeur ne me coûroit pas d'avantage, quoi- qu'il y eût le double de terre à lever, En voilà Ja raïfon ; l’ouvrier à plus de facilités , pour tra- vailler avec toute forte d’outils ; &, par confé- quent , il peut enlever plutôt les racines , les pierres, &c. il lui faut prendre moins de me- fures & de précautions pour l'allignement , & pour donner une forme régulière à la fouille. 2°+ On peut mieux féparer la bonne terre d’a- vec la mauvaife en plaçant l’une d’un côté de la tranchée , l’autre de l’autre, pour mettre la pre- mière fur les racines & dans le fond; & la feconde , à la fuperficie. 3°* L'homme, qui tient l'arbre pendant qu’on couvre fes racines de terre, eft plus à fon aife dans la tranchée , que dans un trou, pour dif Seconde Partie. Chap. I. 83 pofer les racines ; ayant une mefure à la main, il obferve une égale diftance; &, pofant l'arbre toujours au milieu de la tranchée il n’a pas befoin de regarder fi la plantation fe prolonge en ligne droite. 4°: Ceux qui jettent la terre peuvent être en plus grand nombre ; on expédie plus prompte- ment; ce qui eft un très-grand avantage , lorf- qu'on veut profiter d’un tems favorable. . $°* Les racines, aufli longues qu’elles foient ; peuvent être placées dans leur direction naturelle. Enfin ces racines , qui trouvent la terre ameu- blie dans toute l'étendue de la tranchée, font des pere bien plus rapides ; & fi elles trouvent une onne veine de terre dans l'étendue de ces trans chées , elles en profitent. J'ai eu le plaifir de voir des Chênes, aiïnfi plantés , Hd 24 prefque aufli vigoureufement , que s'ils avoient refté en place. Uñe Avenue , que je plantai fuivant cette méthode en 1770, & que je foutins par un petit fofté de trois pieds, a acquis une force étonnante. Elle eft bien plus vigoureufe aujourd’hui , qu'une autre Avenue, que j'avois planté non loin de [à, en 1766, fuivanc l’ufage ordinaire, c’eft-à-dire, dans des trous, de très-petite dimenfion ; & je ne doute pas que la dernière en datte ne furpafle ioujours là première, en beauté & en valeur, PA Fi 84 C H APT R EUTR MANIÈRE D'ARRACHER LE PLANT. A meilleure façon d’arracher les jeunes ar- bres, eft d’en faire le tour avec une pioche, .a une grande diftance , felon leur groffeur. Un arbre de neuf à dix ans a ordinairement fes racines aufli longues que fes branches’; celui qui à dix à onze pieds de haut, & quatre pou- ees ou environ de circonférence au pied , vérita- ble groffeur du Chêne, bon à tranfplanter, à des racines latérales qui font minces , courtes & cré- pues, que nous appelons le Chevelu ; 1l en a d’au- tes, qui font un peu plus groffes & plus longues; & enfin il en a qui font groffes comme le petit doigt, qui s’érendent à plus de trois pieds de fa tige, avec un pivot, qui eft prefque aufi gros que le corps de l’arbre , & qui defcend jufqu’à quatre pieds de profondeur , lorfque le fol a du fonds : il faut , pour enlever cet arbre , fans le irop endommager, le cerner au moins à un pied & demi, donner à La fouille un bon pied de profondeur , en coupant les racines qui outre- pañlent, à mefure qu'on les découvre. Alors on ébranle l’arbre ; & , s’il n’a pas de pivot, ce qui arrive quelquefois , on l’enlève avec la terre, on porte le tout à la place où on veut le mettre, en cas qu'il n’y ait pas trop de dif- tance ; fi non, on fecoue la terre. Les arbres fruitiers, qui ont pivoté, font ceux aui donnent le plus de fruit; & les arbres les plus vigoureux , qu’on lève dans les pépinières , font ceux qui ont un pivot; il faudroit donc Séconde Partie, Chap. IL 8$ tâcher de le leur conferver ; la sève fe perd par la cicatrice ; la terre en eft toute trempée quel- ques jours après la plantation ; le chanci prend à Ja playe, & les infeétes en picotent les lèvres, dont ils empéchent la réunion. Si l'arbre foreftier a un pivot, comme le Ché- ne, le Pin, &c. on l’incline doucement , & on coupe le pivor net, aufñi long qu'il eft poffible, prenant toutes les précautions , pour qu'il ne fende pas dans la partie qui tient à l'arbre; ce qui ne manque pas d'arriver lorfqu’on le penche trop. 1 feroit bon d’avoir, outre les outils ordinai- res, un férmoir, pour couper ce pivot : c’eft une pioche , bien tranchante , à qui l’on donne beaucoup de longueur ,.& peu de largeur, afn de ne pas bleffer les racines latérales. | Les Écrivains modernes confeillent de ménager le pivot dans fon entier-aux arbres qu’on arrache. Cette méthode auroit fans doute de grands avan- tages; mais elle n’eft pas pratiquable dans les Semis, pour les arbres déjà grands, qu’on eft dans le cas de tranfplanter. Quand même il fe- roit poflible de préparer à grands frais une place aflez profonde dans la bonne terre pour cette maïtrefle raciné , il ne le feroit pas de la dé- chauffer, avec tous fes filamens, jufques au bout. Que de peines & de dépenfes n’entraîneroit pas une femblable opération , dans une plantation ? nombreufe ? ce confeil me paroît n'être applica- ble qu'aux petits objets. Le maitre’ du Semis aur4 foin qu’on fe con- ténte de yardiner ; c’eft-à-dire , qu’on n’éclaireifle pas trop les arbres, qui doivent demeurer pour former le bois, feic taillis, foit furaye, & qu'on $6 De la culture du Chêne. égalife toujours le terrein ; c’eft-à dire, qu'on referme les foffes qu’on aura faites pour arracher. La réuflite des arbres dépend principalement de la manière de les arracher, c’eft à quoi il faut veiller avec la plus fcrupuleufe attention : une faifon favorable peut quelquefois , la premiere. annnée , fuppléer aux défauts de la plantation, aux défauts de qualité dans le terrein , aux at- teintes portées à l'écorce , &c. mais rien ne peut fuppléer le déchirement, ou la trop grande pri- vation des racines. | I ne faut employer , à cette opération, que des ouvriers patients & intelligents ; il leur faut moins de force que d’adrefle ; on leur recom- mandera d’aller lentement, de facriñer tous les petits arbres, qui fe trouvent au près de celui SCA voudront enlever , fauf enfuite à tirer parti de ces derniers, de les prendre tous à peu-près d’égale force, de choifir les arbres les’ plus gros par pied, & en même-tems les plus courts; on payera ces ouvriers par journées, plutot que par pieds d’arbres, QUALITÉS QUE DOIT AVOIR LE BON PLANT, Nous avons défigné par l'écorce le Chêne de la meilleure qualité, qui eft le Chêne blanc : c'eft celui qu’il faut préférer. Celui qui a la peau liffe, & les tiges de l’année grofles & longues, aura certainement de bonnes racines. Il faut choifir ceux dont les branches font rapprochées les unes des autres, & qui ont une direction droite : ce port eft toujours le plus agréable. Le Plant, tiré des foréts, eft ordinairement trop mince , eu égard à fa hauteur, & 1l meurt fi on ne le choifit pas très-perir; 1l eft roujours Seconde Partié. Chap. IL. 8p mal pourvu de racines ; il a le corps & les branches foibles , parce qu'il n’a pas vu le Soleil. Tout Plant ainfi dépourvû , ne reprend pas , ou languit pendant ptnfauts années. Îl faut éviter d'acheter des arbres, qui ayent crû dans des terreins trop gras, fumés , ou hu- mides 3 les racines n’y {ont jamais bien condis tionnées ; on doit ne prendre , dans ces fonds, que des arbres aquatiques, deftinés à être plantés près des eaux. Lorfqu’il y a des cailloux ou des pierres dans les femis , les ouvriers , qui fe fervent d'outils à eux appartenants ; fe dépitent, ils les ménagent, au détriment de l'arbre qu’ils arrachent. Dans ce cas, je confeillerois au Propriétaire, qui fait arracher , ou à l'acheteur des arbres , de faire provifion de Pioches , de les entretenir en bon état, & d’en fournir fes manœuvres. # ( MANIÈRE DE TRANSPORTER LE PEANT, ET DE LE CONSERVER JUSQU’A LA PLANTATION. AvanT de charger les arbres fur les voitures, on élague les branches les plus bafles & les plus volumineufes , avec une ferpette bien affilée, le plus près de la tige qu’il eft poffible , fans blef- fer la peau, & on conferve toutes les autres. Si on ne laifloit que les branches de la painte, les arbres pourroient fe rompre, ou s’écorcher fur la voiture , par le frottement ; au lieu que les petites branches fuperflues |, qu'on y laifle, les garantiflent. On les transfère de 1à fur le local , où il doivent être plantés, 88 De La culture du Chêne. Mais fi ce local eft éloigné , ou, que tous les arbres arrachés ne puiflent être plantés dans la même. journée ,; à caufe de leur trop grand nombre, ou à caufe de l’intempérie de la faifon;; ÿl faut, en attendant, mettre Ja voiture , toute chargée , dans un lieu couvert , à l’abri du froid. & des vents defléchants ; car fi la gelée furprend, le: Chêne arraché , il eft perdu : les racines noir. ciflent jufqu'à la moëlle; & ; de mille il n’en prendroit pas vingt. Le vent de Galerne , qui.eft le Nord-Ouefl , ne produit pas un eflet auf def- tructeur que la gelée; mais il préjudicie beaucoup. Si l'on n’a pas la commodité des bâtimens , & qu'on foit obligé de tranfporter les jeunes ar- bres fur le local à planter , i! faut, au moins, recouvrir exactement leurs racines avec de Ja terré ; jufqu’à ce. qu'on pourra les planter. Les tranchées , que j'ai confeillé , font très-commodes - pour cela ; on y range les arbres les uns près des autres, cous droits, afin que les beftiaux ne puif. fent pas endommager leurs têtes, & on recouvre provifionnellement leurs racines de demi-pied de terre, C’eft ce qu’on appelle ÆAubiner les arbres. Ceux qu’on tire d’un pays éloigné, & dont les racines font defléchées , ont befoin d’être rafraîchis avact la plantation. À cette fin, on doit mettre tremper Îeurs racines , pendant demi-heure dans de l'eau pure. MOYEN POUR FORMER DE BON PLANT. Tr eft un moyen, pour éviter prefque rous les inconvéniens, qui fe rencontrent dans les Semis ordinaires , & pour fe procurer des. Chênes de ee qualité, de belle forme , & donc la réuf- ite feroir certaine : c’eft de les élever exprès pour Seconde Partie. Chap. II. 89 les-plantations ;ÿ femer , dans-un terrein de mé- diocre qualité, des glands choïfis ; lever les Ché. nes à deux ans, & leur couper le pivot : à cet âge , ils foufirent très-peu de cette opération ; les replanter à la diftänce d’un pied l’un de l’autre; les labourer à la bèche & les élaguer chaque année ; les arracher quätre ans après , par rangs entiers , en fouillant jufqu’au deflous de leurs plus bañles racines | & les replanter dans le même cerrein , à deux pieds de diftance, après avoir bien préparé leurs racines ; les cultiver encore pendant deux ou trois ans ; alors ils font bons à préndre , ils auront fait des racines excellentes , & on pourra les planter avec confiance. go CH A PET RE.TREE SAISON CONVENABLE A LA PLANTATION. ; E meilleur tems pour planter les Arbres ; eft indiqué par la chüte de leurs feuilles ÿ c’eft une marque que l’aétion de la seve £e ral- lentit, ce qui arrive ordinairement à la fin d’Oc- tobre. Les pluyes n'ayant pas encore trempé la terre , elle eft plus friable , elle s’infinue mieux entre les racines , & ne les pourrit pas. Les ar- bres ont le tems de prendre terre, & de former des mammelons, ou un petite bourlet, au bout des racines qui ont été coupées, d’où il fort de nouvelles racines au mois d'Avril. = Il eft certain que ce bourlet fe forme de la fubftance même de l'arbre , qui eft mife en ac- tion par la chaleur, qui la raréfie, & il y a en- core , dans cette faifon ,.quelques jours chauds ; la terre , qui n’a pas encore/perdw route fa cha- leur, y contribue de fon côté. J’ai féndu plufieurs fois le bout de ces racines , qui avoient formé le bourlet pendant l’hyver ; j'ai obfervé diftintte- ment qu'il prenoit naiflance entre le bois & l’é- corce , qu’il provenoit du Livret, ( dont nous par- lerons plus bas ) , que la circulation de lasève étoit déjà établie, & que la racine étoit difpofée dans cette partie à donner de nouvelles produc- tions. Il eft donc intéreflant de planter avant l'hyver. Il y a cependant une exception , à l'égard des arbres qui craignent, à un certain degré, les for- tes gelées ; ils y font plus expofés, lorfqu'ils font nouvellement plantés, que lorfque leurs racing Seconde Partie, Chap, TIT. gr teftent en polleflion de la terre, Ceux-ci doivent étre plantés au Printems. DES ARBRES VER TDR Les arbres réfineux , & généralement ceux qui confervent leurs feuilles vertes pendant toute l’année , doivent être plantés en Automne ; c’eft la faifon où leur couleur eft plus terne : elle re- rend fa vivacité pendant l’hyver , parce qu’alors a sève circule dans ces efpèces. Ainfi on ne peut ab- folument différer leur plantation jufqu’au Printems. Quelques Auteurs indiquent la fin d’Août , comme la faifon convenable pour planter ces arbres, je n’en vois pas la raifon, & j'ai l'expé- rience de mon côté, qu’en les plantant en Octo- bre, & mélant beaucoup de fable avec la terre, ils ont très-bien réuffi. M. Duhamel confeille de les planter à la fin d'Avril, ou au commencement de Mai; & il ajoute que comme ils reprennent difficilement , on les arrache en motte ; & afin que cés mottes fe confervent , on les met dans des mannequins d’ozier, que l'on met en terré avec les arbres-même ; ces mannequins fe pourriflent en peu de tems, & donnent ainfi aux racines la liberté de s'étendre dans le cerrein. Je ne ferois cependant pas d’avis, d’enterrer le mannequin , parce qu'en fe pourriflanc il peut procurér le chanci aux racines de l'arbre ; le mannequin à rempli alors fa deftination , qui eft de conferver la motte de j’arbre : je voudrois l'ôter au moment de la plantation. Au moyen de çes mannequins, on peut tranf porter toute forte d’arbres, dans telle faifon de l’année qu'on défire, & former tout d’un coup un glpalier, un jardin fruicier, un bofquet , &c. 92 De la culture di Chéne. À deux ou trois ans, les arbres réfineux fous uiennent mieux la tranfplantation | que dans un âge plus avancé. Dans tous les cas , il eft néceffaire de les abriter contre les ardeurs du Soleil, aû moins pendant la première année, Dans l’endroit où un gros fapin à été abbatu, il naïtra une pépinière de Sapins, fi ces plantes font ombragées par les arbres voifins. Au contraire , fi l’on a aflez ab batu de Sapins , pour que le Soleil donne fur le terrein , on n’y en voit lever aucun, ou très-peu. IL eft facile de procurer de l’ombre au jeune Plant , par le moyen des paillaflons , ou brof- failles sèches. Autre raifon , pour ne pas différer la plantation ‘des arbres réfineux ‘jufqu'au Prin- tems , qui eft la faifon de toute l’année où l’hu- midité s'élève le plus facilement en vapeurs. MANIÈRE DE PLANTER COMMODÉMENT,. Pour planter commodément , & avancer Fouvrage , il faudroit employer fept ouvriers ; dont trois doivent remplir chacun un rôle im+ portant. PRÉPARATION DU Fr ANE LE premier élague ce qui a refté des bran- ches ; il ne laiflera que les plus Éd , tout le long de la tige ; il en faut laifler peu , parce que l'arbre, ayant été privé de la majeure gr de fes racines, il n’en pourroic pas vivifier beau- coup. Il faut laïffer les plus petites, parce qu'il eft néceffaire qu'il y en ait, nn arbre fe nourrit ar les branches & par les feuilles, rour comme par les racines, & ce n’eft pas les groffes bran- ches qu’on laifle à l’arbre, quand on le plante, Seconde Partie. Chap. III. 95 ui viennent à bien ; ce font celles qui fe fox- ment d’elles-mêmes auprès des nœuds. IL en fayr donc laifler très-peu , fur-tout à la pointe, lorf- que l'arbre eft d’une longueur démefurée , eu égard à fa grofleur ; autrement la sève, qui fe porte toujours aux extrémités , fera pencher fa tête , & il n’eft pas facile alors de redonner à l'arbre une direétion verticale. Si ce défaut de proportion eft trop fenfble , 5 vaut mieux étêter l'arbre , immédiatement au deflus de quelque grofle branche, parce qu’il eft difpofé dans cette partie , plus que dans coute autre , à en poufler de nouvelles. ” Ces arbres étêrés feroient un mauvais effet em tre ceux qui ne le font pas; on peut les réfervex pour les mertre dans les hayes fur les foffés , ou pour en faire une planration entière & féparée. L’étêrement elt néceffaire à quelques-efpèces d'arbres , tels que le châtaigner, & générale- ment tous les Fruitiers à pepin. _ Préjudiciable à d’autres , comme au Chêne , & aux Arbres de fruits à noyau. Et mortel à quelques-uns , comme aux Pins , & autres Arbres verds. : Ce premier ouvrier pole doucement les arbres; ainfi élagués, tout le long de la tranchée , à la diftance , à peu-près, qu'ils doiveut avoir. Le fecond ouvrier defcend dans le fond de la tranchée , & examine chaque racine une après l’autre ; il coupe le pivot net, au deflus des fen- tes, ou des écotchures qu’il peut avoir ; car, de ce pivot , il en fortira un autre, & quelquefois deux , pour remplacer la partie qu’on a coupé. 11 abbat tout le chevelu , qui ne peut fervir qu’à envelopper les bonnes racines | & empécher Le nn "te 04 De la culture du Chéne. terre de les embraffer ; il coupe, en bec de fü- g& , la pointe de toutes celles qui ont été bleflées lors de l’arrachement ; mais de façon que l’arbre, étant planté, la coupe foit horizontale , & tour- née en bas, comme le pied de biche ; parce que c'eft de bas en haut que la sève eft dirigée ; ce qu'il fera commodément , en tournant l’arbre, & prenant chaque racine de la main gauche, le cou- de tourné du côté de la tige de l'arbre, & cou- ant le bout des racines avec la main droite. 11 fe contentera, quand il ne pourra pas mieux faire , d’un feul étage de racines , lorfqu’elles fe- ront au nombre de quatre ou cinq, il ôtera tous les corps étrangers , qui pourroient fe trouver en- tre les racines , afin que le cerre puifle facilement pafer. Le troifième prend un arbre , ainfi préparé, dans la tête, dans la tige & dans fon pied ; fait jetter , avec la bèche , par deux hommes , qui font à côté, de la terre franche & bien divifée, au fond de la tranchée , jufqu’à ce qu'il voit que les meilleures racines, c’eft-à-dire, celles qui font droites , groffes comme une plume à écrire , ou un peu plus, & d’une couleur vive, feront à une profondeur fufifante, qui eft environ cinq pouces au deffous de la fuperficie du terrein : alors il pofe l'arbre ; & ces deux hommes continuent à jerter doucement de la terre fur les racines ; ils en jet- tent cout au tour en égale quantité. Auffi-rôt que les racines commenceront à être couvertes celui qui tient l’arbre le foulèvera un peu ,; en le fe- couant deux ou trois fois, pour faire pafler la terre entre les racines ; il les arrangera avec la main, afin qu’elles ne fe touchent pas, & qu'en confervant leur direction naturelle , elles n’aillenr Seconde Partié. Chap. III. 95 ni en haut, ni en bas. Il prendra garde qu’il ne refte pas de vuide entr'elles, ni au deflous d’el- les, ce qui les fait moifir, à caufe de J’humi= dité qui s'y renferme ; pour cet efet, il peut employer quelquefois la mefure dont il fe fere pour efpacer également les arbres ; elle doit être coupée en rond par le bout : fi elle étroit coupée quarrément ;, elle blefferoit les racines ; fi elle étoit coupée en pointe comme un piquet , elle ne pouferoit pas la terre ; elle ne feroit que l'écarter. I1 peut fe fervir aufli de cette mefure, pour éloigner du pied de l'arbre, les petites pierres, les racines d'herbes , & même le fumier, qui fe trouve mêlé quelquefois avec la terre & qu'il convient d’éloigner du pied des arbres , riem n'étant aufli bon pour eux que la terre , dans coute fa pureté. Lorfque le planteur voit qu’il y a affez de terre pour retenir l'arbre, & couvrir toutes fes racines, 1l la prefle un peu avec le pied, pourvû que la terre foit sèche & légère, Si, au contraire, elle eft forte & humide, elie n’eft que trop difpofée à devenir compaëte ; il ne faut pas la fouler. Ayant placé cet arbre bien droit , il en prend un fecond , qu'il trouve derrière lui , préparé comme le premier ; il le place à la diftance convenable : ainfi de fuite. Les autres deux ouvriers font deftinés à jetter dans la tranchée le reftant des terres & gazons, les cinq premiers s’y occupent aufli lorfqu'ils ont fini leurs opérations , jufqu’à la fin du jour. De cette manière tous travaillent à la fois mtilement & commodément. Avec ces fepc hommes , je faifois arracher 96 De la culture du Chêne. journellement cent arbres ; je les faifois voiturer à un quart de lieue , & j’avois le tems de les planter avant la nuit. Il feroit difficile de furveiller un plus grand nombre d'ouvriers ; & s'ils ne font que deux ou trois , ils ne feront pas la moitié d'ouvrage, proportion gardée, c’eft-à-dire , que trois ouvriers aurojenc de la peine à arracher & planter vinge arbres , dans un jour d’hyver , avec routes les précautions requifes. | Il ne refte plus à faire qu’un petit foflé, tout %e long de la tranchée , avec de la terre & du gazon feulement ; ce foffé eft néceflaire | comme nous l’avons déjà dit, pour garantir les arbres de l’impulfion des vents, pendant la première & feconde année de la plantation , & de l'approche des beftiaux ; pendant quatre ou cinq ans : on fait que les vaches & les chèvres font friandés de la jeune poufle des arbres ; elles ont l’adrefle de plier, avec leur tête, ceux qui font foibles!, & qu'on n’a pas mis hors de leur portée, de les faire. pañler entre leurs jambes de devant ; elles rongent enfuite , à loifir , la peau, les branches & la têre de l'arbre, faus laïller une feule feuille. Ceux qui ont fubi deux ou trois fois ce mauvais fort , ne peuvent que périr. Les gros beftiaux aiment encore à fe frotter contre les jeunes ar- bres ; ils les ébranlent , ils les agitent en tous fens , & trés-fouvent ils les rompent. Ce foffé à un autre avantage, c’eft qu’il em- pêche les mauvaifes herbes de fe multiplier at pied des arbres , l’éboulement continuel des terres équivaut à un labour annuel, & les racines ayant une fois percé dans la gorge de ce'foffé, elles y trouvent de la terre, plus facile à divifer, “a plus Seconde Partie. Chap. IIT. ‘97 Plus fraîche que celle qui n’a pas été fouillée ; elles s’y érendent avec une vigueur étonnante. Si ce foflé génoir & rendoit le terrein diffor- me, on pourroit labourer & égalifer le terrein à ‘au bout de fix ans. A cette époque , les arbres peuvent fe foutenir par eux-mêmes. DESSÈCHæRMENT, Lrs emplacemens marécageux doivent être tdefléchés pour planter, rout comme pour femer. Si, dans un allignement , il ne fe trouve que quelques places bafles & humides, il fuffira de pratiquer au pied de chaque arbre une petite rigole , dirigée du côté de la pente , auffi pro- fonde que le niveau du fond du trou ,» Ou de la tranchée , qu’on aura foin de recurer pendant quelques années, ; Si l'alignement pañoit dans une Jongue éten- due de fonds marécageux , dont la terre eft ordinairement noire & infertile, il faudra y tranf porter de la terre franche, & deflécher sde la manière que nous indiquerons , au mot défauts de La terre, ou ufer du moyen indiqué à l’article Avenues. COMBIEN CHAQUE PIED D’ARBRE COUTE POUR PLANTER, C’Esr ici le lieu de calculer combien chaque pied d'arbre m'a coûté pour planter, &, confé- Itermment ce qu'il en coûteroit, ou à peu prés, à chaque propriétaire , qui voudra fuivre ma méthode. Je ne mettrai pas en ligne de compte la væ leur des arbres ; elle varie , fuivant les difficultés qu'on a, dans chaque canton, pour s’en procurer, CE De la culturè du Chêne. J'ai pris chez moi la plûpart de ceux que jai planté : je ne parle que du débourfé, pour la main-d'œuvre. Pour le trou de chaque arbre , ou pour la toife de tranchée , il en coûte plus ou moins , fuivant que le terrein eft facile à creufer , fuivant qu'il eft mêlé de pierres ou de racines. Le prix mo- PER OE MR TOR Ce 0 0, OS Sept hommes arrachoient & plantoient cent arbres dans un jour ; mais j'étois avec eux , & je ne reftois pas oifif ; il faut donc en fuppofer un huisième , pour les guider ou les furveiller : huit journées d’hyver, à quinze fols, montent 6 liv. Pour les frais de la voiture & des outils , r liv.1of. Ce qui fait fept livres, dix fols, qui, divifés æn cent, font, pour chaque arbre. . . 1 f. 6 d: Pour un foffé de trois pieds, fimple, c’eft-à- dire, fans haye , un fol, fix deniers la toife , 1 f. 6 d. Sur cent arbres plantés, il en périt, la pre- mière année, quatre , cinq, dix, quelquefois quinze : fuppofons dix , il faut les remplacer. Mais comme il n’y a plus autant de terre à re- muer , ils ne coûteront pas. autant que les premiers. La feconde année , il en aura péri non feulement quelqu'un de ces dix, mais encore quelqu'un des anciens; ear il faut, dans l’ufage ordinaire, fept ou huit ans avant qu’une plantation confidérable ait réuffi dans fa totalité , en fuppofant feulement cinq ans , pour que celle de cent arbres , faite fuivant ma méthode , foit complete , à une livre par an, pour les remplacemens , redreflemens , &c. c’eft cinq livres qu’il convient d’ajoûter , ci, par arbre, un 101 3541! .65.350, 1e ONE. Total, cinq fols, sf. Seconde Partie. Chap. III. 99 COMBIEN IL EN COUTE POUR PLANTER LN ÆRPENT DE PAYS Pour pianter un arpent, qui contient 1344 toifes quarrées & à de fuperficie , en efpaçant les arbres d’une toife , qui eft la plus petite dif tance qu’on puifle leur donner, il faudroit treize cents quarante quarre atbres, qui, à ce prix, NS NT N'flr. En les efpaçant de dix pieds , il faudroit quatre cents quatre- vingt-quatre arbres, qui EN US NS ea Ov En les efpaçant de douze, quinze, ou vingt pieds , le foflé n’eft plus pratiquable ; il devien- droit trop coûteux , de faire trois ou quatre toifes de tranchée & de foffé | pour un feul arbre ; alors on peut fe contenter de faire un trou de trois pieds quarrés , & de butter les arbres. L'opération fera moins difpendieufe , mais auffi bien moins fruétueufe. Sur quoi il eft bon d'ob- ferver que , dans les bonnes terres , il faut plus éloigner les arbres , que dans les maigres , à gaufe de l'étendue que leurs têtes acquièrent. À vingt pieds , il faudroit cent vingt arbres, qui ne reviendroient qu’à trois fols, fix deniers, chaque , ou environ , & qui monteroient ay 0 6). LA) 200. 2 Éd COMBIEN IL EN COUTE POUR SEMER UN ARPENT DE TERREIN. Voyons maintenant ce qu'il en coûteroit; our femer ce même arpent de pays. Suppofons d’abord que le terrein eft en labour, Suppofons , en fecond lieu , que ce terrein a befoin d’enclore. Le foffé, tel que nous l'avons G ij 10® De la culture du Chêne. décrit ; page 25 , coûtera fept fols la toife , à quoi ajourer deux fols, fix deniers, pour planrer un arbre, par coife de foflé ; c’eft neuf fols, fix deniers la toile. Le contour d’un arpent étant de 146 toiles —<- à quoi ajouter deux toifes à chaque encoignure , fi. le foflé eft pris en dehors, c’eft 8 toifes enfus. Plus il y aura d’arpens contigus à clore, moins il en coûtera pour chacun , ci-néanmoins 154 toifes , pour un arpent quarré & ifolé, à 9 f. 6 d. AR: MONLENFS ar 2 00m 1 TOUTE S'il ne s’agifloit que de femer en plein, une journée de trois charrues fufhroit ; if n’y auroit enfuite aucun frais de culture : c’eft la méthode la moins difpendieufe. ; Mais on veut quelquefois femer en comparti- ment ; il convient même de calculer fur ce pied, puifque nous avons fuppofé la plantation d’un ar: pent de pays être faire en allignement. Si le terrein eft bien uni & labouré, on sème à la quille , en mettant un gland fain & choif, a un ou deux pouces de profondeur , à chaque place indiquée par le jalon où le cordeau. Deux hommes mettront, pour cette opération, qui eft bien fimple , chacun crois journées , à quinze fols, AS SR Aie Eh LOU AS | a es A PRE Si le terrein n’eft pas parfaitement ameubli, on sème à la bèche ; un ouvrier fait au tour du jalon, qu'il laïfle en place , un petit trou, de la largeur de la bèche ; qui eft ordinairement de fix à fepr pouces; un autre ouvrier pofe un gland, à deux pouces de profondeur , à la place ou éroit le jalon , & le recouvre de terre. Mais fi le rerrein n'avoir pas été labouré , ces pecies fofles ne fufhroient pas, je n’ai obtenu W- = Seconde Partie. Chap, III. 10% aucun fuccès , routes les fois que j'ai opéré de cette manière , dans un terrein en friche. Deux hommes actifs & intelligents mettront chacun fix journées, pour tracer les lignes, plan- ter les jalons & femer un arpent, qui , à vingt M OR 2 ne 20 4 1. 12419 L'année fuivante , il ne faut pas oublier de femer dans les emplacemens où le gland n’a pas Jevé , ou d’ÿy tranfporter un petit arbre | avec toutes fes racines & fa motte , { pris dans une pépinière , qu'on aura eu foin de pratiquer , dans quelque bout du même champ, lorfqu’on le fe- moit } exactement à la place indiquée par Valli- gnement. S'il y a plufieurs places vuides de fuite, il faudra tendre un cordeau. I} convient de don- ner un léger labour à bras, à ces jeunes arbres, en prenant garde de ne pas bleffer leurs tendrés racines , jufqu'à ce qu'ils ayent atteint la hauteur de fix à fept pieds : alors on peut labourer avec Ja charrue. Ou , fi l’on veut éviter cette dépenfe du 1la- bour, & tirer parti de fon terrein, dans l'entre deux , on pourra y femer une autre efpèce d’ar- _bres, qui ferviront à faire élever ceux qui doivent demeurer, & à étoufler les mauvailes herbes. On. détruira enfuite cette efpèce. On voit donc que ces arbres , ainfi femés & ‘cultivés, ne coûteront pas, à beaucoup'près , atæ propriétaire , ce que lui coûteroir parciile quan- cité d'arbres plantés ; & vingt ans après, ils vaus dront beaucoup plus. En 1775 on à renouvelé de cette manière Île parc de Verfailles, dans les mafifs ; & certaine ment on cherchait plutôt à fe procurer désvat- bres fains & de belle venue, qu'à économies (u la dépenfe. yes De la culture du Chéne, Un chêne, né en terrein gras , prendra en trente années , trois pieds de tour, il croîtra plus vite alors, & fera fes plus grands progrès, juf- qu’à quarante ans ; au lieu qu’un chêne qui a en viron dix ans lorfqu'on le plante , n'aura pas ordinairement trois pieds de tour , au bout de trente années depuis fa plantation ; & fon accroif- fement fera lent , jufqu'a ce qu'il ait fait de longues racines. Généralement , les arbres replan« tés reftent cinq à fix ans à reprendre leur pre- mière vigueur ; on le connoit à leurs cernes : la fouche de ces arbres préfente roujours au centre dix ou douze cernes larges, enfuite cinq ou fix trés-étroits , & tous les autres plus larges : c’eft certainement l’eflet de la tranfplantation , puif- qu'on ne trouve pas ce défaut dans les arbres ; qui fe font élevés dans les femis, © J'ai vû planter, en 1765, les Champs-Élizées , aux portes de Paris, Tout le rerrein fut fouillé, à trois pieds de profondeur , tranfporté de prés en près, & mis dans un niveau parfait. Aux points d’allignemens, on plaçoit des ormes tous Jains , tous égaux , tous arrachés avec lés plus grandes précautions, Ces arbres , difpofés en guinconce, taillés ch2que année tout fimplement en cône renverfé, mais à la même hauteur, & dans les mémes dimenfions , forment aujourd'hui des berceaux , de tel côté qu'on les regarde. Cette vafte Promenade eft digne de la Capitale, & du peuple plein de goût , qui s’y raflemble ! Mais quels font les particuliers , qui pourront fuivre un.fi bel exemple ? Ja plantation de cha que arbre coûtoit au moins une Piflole , pour la main-d'œuvre, | _ Seconde Partie. Chap. IIL. 103 IL EST INUTILE D'ORIENTER LES ARBRES Les anciens recommandoient beaucoup d’o- rienter les arbres, c’eft-à-dire, de les placer à la même expoñirion qu'ils avoient avant de les arra- cher; ce qui éroit facile à faire, en les marquant tous du côté du Soleil levant, par exemple, & à une hauteur égale. | Ils prétendoient que les arbres font autrement difpofés au nord qu’au midi; qu'ayant déjà reçu l'influence propre à chacun de ces afpedts, s'ils font placés autrement , leur économie intérieure eft dérangée ; ils cicoient un fait, qu'ils difoient conftant , c'eft que la moëlle de l'arbre ne fe trouve jamais au milieu , étant plus près de l’é- corce , du côté du nord, que du côté du midi; d’où ils concluoient que ce premier afpeét n'étant pas auffi favorable à la végétation, il étoit né- ceflaire de lui préfenter la même face de l'arbre. Cette furcharge de précaution devenoir très- génançe dans les grandes plantations ; les plis tortueux des arbres forcent fouvent à les tourner dans le fens où ils doivent faire le plus bel effet; & au fond cette méthode eft inutile. Pour m'en convaincre , j'ai planté des arbres dont j'avois marqué l’afpeët ; tous fains , bien arrachés & égaux en qualité ; favoir , le premier s exaétement dans la pofition où il ètci dans le femis ; le fecond , tourné de fix lignes , un autre de douze ; & ainfi de fuire, jufqu'à ce que j'e- tois venu à la première pofition : alors je recom- mençois tout le long d’une ligne de deux ou crois cents arbres. J’ai répété cette épreuve pen- dant pluñeurs années de fuite. Tous ces Me ont également réufli : depuis vingt ans, que je les oblerve , je n’y connois auqune différence. DRE rer D 104 De la culture du Chêne. . Je crûs en trouver la raifon dans l’ombrage que les arbres très-ferrés dans la pepinière , jet- tent les uns fur les autres ; là, ils ne font ex- polfés, ni aux ardéurs du Soleil, ni aux froids exceflifs qu'ils éprouvent quand ïls font ifolés ; auf ont ils la moëlle exactement au milieu. Ce font les gros arbres vieillis à la même poftion aui préfentent feuls une moëlle excentrique, par cenféquent cette obfervation n’eft pas applicable lors de la plantation. Quand j'ai été forcé de tranfplanter des arbres, que j'avois planté depuis quelques années, je les ai changé encore d’expofition, exprès pour voir s'ils en fouffriroient , je n'ai jamais connü qu'ils en ayent fouffert. Cependant , ce fecond change- ment leur auroit été bien nuifible, s’il étoit in- difpenfable de ‘conferver aux arbres leur expof- tion premiere. | En examinant Ge près plufeurs gros arbres, arrachés & fciés pres la fouche , j'ai obfervé que ce n'eft pas toujours du côré du nord que la moëlle ‘fe trouve rapprochée de l'écorce, mais tantôt d’un côté, tantôt de l’autre ; que les cou- ches lisneufes font conftamment d’une épaifleur plus c rable dans le côté où étoienr es groffes racines, & très-ferrées dans le côté où 1l. n'y avoit que peu ou point de racines ; toutes les. couches annuelles du premier côté ayoient ;depuis deux jufqu’à einq lignes d'épaifleur, randis que, de lautre côté, elles n’avoient pas un quart de, ligne, Voilà fans doute la véritable raifon de, cetre variété, que nos anciens attribuoient à l’af- peét du Soleil. La feule artention qu'il eft bon d’avoir, ref peétivement à l’afpe& du Soleil, cit de rourner > nfidé e Seconde Partie. Chap. LIT. 105 aù nord le côté de l'arbre qui auroit été bleffé dans fon écorce , ou qui auroit des cicatrices , provenant de grofles branches élaguées , ainfi que la face la plus découverte des arbres érêtés en bec de flûte ; parce que , comme nous; l'avons dit ailleurs, le froid eft moins nuifible que le chaud, ä ces parties d’arbres nouvellement tranfplantés. D'IE SR A UE ON D'LENS. Quaxp il s'agira de planter une Avenue, qui eft une longue allée , accompagnée ordinai- rement de deux contr'allées , dont chacune à læ moitié de la largeur de l'allée principale, les unes & les autres, bordées de grards arbres ; on doit faire en forte de la diriger vis-à-vis le Château , ou Maïfon de Campagne, qu'on cher- che à décorer , fi non, fur des points de vue graciéux , tel qu’un bouquet de bois, un clocher, un moulin , une nappe d’eau. Les arbres des Avenues quelque vigoureux qu'ils foient | font prefque toujours difformes , quand on n’a pas l'attention de leur faire pren- dre de belles tiges & de bien conduire leurs té- tes. Comme l'air les frappe de toutes parts , ils étendent quantité de branches latérales, on doit retrancher celles qui, étant mal placées, pren- nent trop de force. «Ti fe trouve quelquefois , le long des lignes, des emplacemens humides , qui n'ont pas de fonds : on fe contentera de labourer, on placera les arbres fur la fuperficie, & on recouvrira leurs racines de terre fine, à la hauteur d’un pied, & demi, & de quatre ou cinq au tour de Ja tige. Dans les terreins fort fecs, il eft bon que la furface"baifle un peu vers les arbres pour y attirer 106 De la culture du Chêne. l'eau des pluyes, le contraire doit être obfervé dans les terreins humides. Quand on a fair une grande plantation, ïl faut , après l’hyver , vifiter rous les arbres, pour redreffer ceux qui fe trouvent penchés , rapporter de la terre au pied de ceux qui ont été ébran- lés, enun mot, rétablir la pofition verticale de toutes les tiges ; fi l’on négligeoit d’avoir ce foin pendant les trois ou quatre premières années, on auroit le defagrément de voir une partie des arbres s’écarter de leur allignement. La largeur d’une Avenue doit être proportion- née à fa longueur. fl feroit auf ridicule de voir une longue allée fort étroite , que de voir une courte allée fort large. Mais l’art de faire paroître une Avenue plus: longue ou plus courte qu’elle n’eft réellement, c'eft de la faire plus large par un bout que par l'autre , éranc placé au bout le plus large elle paroîtra fort longue , & placé au bout le plus étroit elle paroïtra très-courte. C'eft aflez mal-à-propos , qu’on fair tous les compartimens d’un Parc en droite ligne , ft l'on donnoit à quelques allées une courbure légère , on perdroit il eft vrai l’agrément des points de vue , mais on y gagneroit l’avantage fi cher, aux propriétaires d'agrandir à limagination le lieu où l’on eft; & , au milieu d'une étoile aflez bornée, on fe croiroit perdu dans un parc immenfe. Le Pläntane d'Occident eft le plus beau de tous Les arbres d’ornement ; le Tulipier , l’Or- me, le Maronier d'Inde , le- Noyer forment de belles avenues. Le Charme foufire le cifeau , & forme les hautes paliflades & les berceaux. Il eft poffible de former en peu de tems des Séconde Partie. Chap. III. 107 avenues , qui paroîtront anciennes , en tran{por- tant de grands arbres avec toutes leurs racines & avec la terre qui eft adhérente ; mais il faut des encaïiflemens & des voitures faites exprès. Ces opérations fonc très-couteufes , & pañlent les her: Res que nous nous fommes propofées, ÉCRIRE ARE ( TANT HAN" 108 CHA RAT RE, DO MANIÈRE DE TRACER SUR LE TERREIN TOUTES SORTES DE FIGURES, Orcr la manière de tracer fur le terrein | les différentes figures de compartimens pour les parcs, les bofquers , &c. LÉMENS. La partie la plus fimple d’une figure eft Angle, il eft formé par l'inclinaifon de deux lignes qui fe réuniflent en un point. ,e passent NN ci : 2 € x. L’angle droit eft fait par une perpendiculaire , & eft de 90 degrés. 2. L’angle obrys eft celui qui eft plus grand que Ie droit, 3. Et l’angle aëgz eft celui qui eft plus petii, etant au defous de go, üegrés. ‘es Le quarré a les quatre q 1 côtés égaux , & les quatre angles droits. Les figures approchantes 3 © ET Î s font , s ie reifangle, qui a Les quatre angles droits, mais non les quatre côtés égaux. 6. Le rhombe a les quatre côtés égaux, & non les quas tre angles droits. 00008 4 4 - Lé ui Seconde Partie. Chap. IV. 107 F- 7. Le rhomboide n’a ni les quatre côtés égaux , ni les quatre angles droits. Î 8. Diagonale eft une ligne - mms QUI palle ,. au quadrilatairé, d’un angle à l’autre. 9. Le cercle eft une figure dont les lignes droites tirées du centre à la circonférence font égales, & le centre eft un point au milieu du cercle, 10. Demi diamètre eft une ligne droité du centre à la circonférence. 11. Diamètre paflant par le centre, divife le cercle en deux. 12. Le pantagone à cinq faces égales. _s ÿ 13. L’exagone en à fix, 2 I faut fe munir d’un compas en bois , dont l'ouverture foit de cyq ou fix pieds. are De La culture du Chêne. D'une équerre en bois dont les branches ayene au moins fix pieds. | D'un cordéau de la groffeur du petit doigt, & de cinquante braffes ou environ de longueur, monté fur deux piquets forts | & ferrés par les deux bouts. Et de plufeurs jalons. Le Jalon eft une baguete de bois, droite , pointue par un bout & portant de l’autre une carte à jouer ou un papier blanc ; les grands ont quatre à cinq pieds de longueur , les perits ont environ dix-huit pouces. Pour tracer le quarré d’un arpent de fuperfcie, vous pofez votre équerre fur le cerrein à un des angles , vous plantez un jalon en A, & vous dirigez une des branches de l’équerre fur la ligne que vous deftinez à former le côté le plus appa: rent du quarré. Vous plantez un fecond jalon en B , puis en C, jufqu’au bout D. A. B. C. D. PULL. LOR 21.0 014 si. se SORT ee 1m CES EPS EN CRE TRS L2 L} e L2 E° 4 1, $ Ü = ,. - LEZ L' L 1 » F- + > e Tes e Te: = 7 Te . 0 e . e L L2 Mic, RUE LA NRC OU ANCIENNES Séconde Partie. Chap. IF. 112 La feconde branche de l’équerre vous donnera J'angle droit. Vous planterez également des ja- lons en E, F, jufqu'au bout G. Vous tranfporterez votre équerre en D , où vous ferez la même opération jufqu’à H. Puis en G, jufqu'en H. Vous connoîtrez alors que votre quarré eft par: faic fi les deux lignes de ce dernier angle fe racordent exatement , en À , & en H. Enfuite vous tendrez le cordeau fur la direc- tion de À, D , vous planterez de petits jalons à la diflance que vous voudrez donner aux ar- bres. Je fuppofe que ce foit douze pieds, vous donnerez deux coups de compas ouvert de fix pieds, & placerez dix-huit jalons fur ce premier côté , vous porterez le cordeau de À , en G, puis de G, en H, jalonant ainfi les quatre côtés. Il fera facile enfuite de jalonner le milieu en tendant le cordeau ‘du fecond jalon d’un côté , au fecond jalon du côté correfpondant. Si vous avez beaucoup de terrein à planter , il faut vous procurer une chaîne d’arpenteur , dont il fera ci-après parlé. Les pieds & les toifes y font marqués ; elle eft plus commode que le cordeau , fur-rout quand la terre ef mouillée. Au lieu de planter des jalons dans l’intérieur de la figure, vous pouvez marquer les trous à faire avec un coup de pioche tout le long du cordeau ou de la chaîne , ou tracer une tranchée fi vous préferez cette manière de planter. Ainfi vous aufez des lignes parallelles, & groites fur routes les faces. 112 De la. culture du Chêne. La plantation en quarré 1 a l'inconvenient de les allées prifes - Quarrément . que dans les huifler s; plus ren 7 voir LE] plus de l’on plante larges dans en la largeur dans 0 quinconce diagonale. » 22 allées dia- gonales. les allées feront Cette dernière f- gurepréfen- te cepen- dant plus de régula: rité. L Pour la tracer, il faut commencer par former un quarré comme deflus, & placer un arbre en- tre Seconde Partié: Chap. IF, 118 tre quatre 5 c’eft-à-dire , que le premier du fe. cond rang fera placé au centre du quarré formé par les deux premiers arbres du premier rang, & les deux premiers du troifième | en obfervamr d'éloigner d'avantage ceux du quarré, fi l’on veu conferver la même diftance entre tous: Nous avons fuppofé le terrein droit & uni; mais sil eft en pente irrégulière , on marques roit fon opération. À mefure qu’on ävance ; il faue toujours tenir fon cordeau de niveau à la plus haute élévation , en le faifant tenir bien tendn & élevé dans la partie bafle, Alors on pole une mefure fur le cordeau même, & on jette des à plomb ;° c'eft-à-dire, qu’on laiffe cheoir quelque corps pelant, comme une petite pierre5 & on pole le jalon à l'endroit de fà chûte, Dans les terreins irréguliers.en leurs limites , il faut tous jours y prendre un quarré À. qui fert à prolonger les lignes B. jufqu'aux extrés mités. — EPFL LT EI LL ai Pour tracer les figures apprôchantes du quarré, vous prendrez une faufle équerre , à laquelle vous donnerez l'ouverture de l’angle que vous voulez former. | Teile figure que l’on veuille tracer fur le cer» rein , il eft bon de la former avant fur le papier, on en voir mieux les défauts & les avantages, & l’on ne doit opérer fur le local, que lorfqu’on eft irrévocablement décidé fur le choix de la figure, h14 DE Ja culture du Chêne. Le éerele, où le rond , fe fait en pofant un pi: quet au cenrre À. & traçant la circonférence B. avee un cordeau, arrêté au piquet, de façon qu'il #oi mobile. I1 n’eft pas poffible de faire une plantation enronds concentriques, & d’efpacer également BIS ! Bles arbres, de maniere qu'ils foient en droites lignes dans tous les diamèétres. Pour faire le Triangle équi: latéral, dans le rond, du poiné A. & ditance du ‘deu Mit mêtre , ar fait l’arc B. C. La ligne C. appliquée trois E fée fur à circonférence , :4 Var Ci criangle défiré. B. G Pour y faire le quarré, on croife deux diamêtres à angles droits | puis on joint leurs Re EU DT , qui font en la circonférence , & on a le quarré requis, À. B. C. D. Séconde Partie Chap. 1V. I15 Pour le Pentagone , on y croife deux diamêtres à angles a droits, de F. moitié de G. H. & diffance F. A. on fait fur l’autte fémi-diamétre le point L. faligne A .L. appliquée cinq fois fur la circonférence , fera le Pentagone, À, B. C. D. E: D Pour l'Exagone , on an: plique , fur le cercle | fix C 6 N E fois le femi-diamêrre G. À. & on a l’Exagone requis ,; À. B. C. D. E, F, € …#æ L'Ovale fe forme ASS par une feule ligne , en pofant deux Pi- quets également éloi- gnés du centre ; on les entourre d’une corde , de l'étendue a du double de A C, Elle paroîtr: plus “en-ôvale , fi l'on mer les cens tres À. & B. plus éloignés, cu SR né D Vs A sea D: H ij 116 De la culture du Chêne. Pour faire Ià Spiräle ou la Volute., on prend , fur une ligne, les deux points À. & B. “ei # pour les faire fervir de cen- tre lun après l’autre, on fait le demi-cercle A. C. en pofant le pied du compas en B. puis de A: B. & le demi-diamêtre C." on fait, en pofant le pied du compas fur A. le demi-cercle C. D. puis de A. C. & de demi-diamêtre"38. on fair, en pofant le pied du compas en B. le demi-cercle D. E. puis de B. E. & le demi- diamêtre B. on fait, en pofant le pied du’ com- pas en À. le demi-cercle E. F.ôn continue étgu- jours de même. Le cordeau fert de compas dans.les grandes fuperficies. On s’en fert pour faire, fur le ter- rein, la plüpart des pratiques qui fe font fur :le papier avec le compas. . 7 La Croix ‘de Saint André, eft formée par deux allées ,qui fe croi- fent à angles ais gus. Séconde Partie. Chap. IV. vi ? La patte d'Oye, et formée par trois allées, qui viennent aboutir au même centres 4 LL \ # S L'Étoile , eft un WA S compofé de plu- * # fieurs allées , qui * s 3 rene à, nan À aboutiflent à un A milieu , d’où l’on Pen ge a plufieurs points ne de vue, Si l’on veut la tracer fans milieu , & felon la figure ordinai- re de l'Étoile , - elle fe formera en tirant des lignes correfpondantes des cinq points du Pentagone. ; | Labvrinche, s'entend d’un lieu coupé de divers chemins , qui rentrent l’un dans l’autre, & donc on a de la peine à trouver l’iffue, qui eft cachée ou ER ER A Tous les featiers d’un Labyrin- the , font ordinairement bordés de hautes paliffa. des, afin qu'on ne puifle pas pañler en droite ligne de l’un à l’autre, & éviter les tours & les détours multipliés qu'ils préfentent. A UTCLCLE LCL 74 Ad quantos errores janua ducir “13 De la culture du Chêne. RÉGLES DE.L' ARPENTUCrES SE 1x refte encore à donner les régles de l’Ar- pentage, qui eft l’art de mefurer jufte là fuper- ficie des héritages ; afin que chacun puiffe favoir, par lui-même , la contenance de fes fonds. Avant de mefurer , il faut bien prendre garde aux bornes & limites de la pièce à arpenter obferver enfuite fa forme , afin de prévoir ce qu'on doit faire. Il faut quelques inftrumens, tels qu’une équerre avec fes pinules, & un bâton pour là fupporter, ane chaîne en fil de fer, dix piquets de bois, faits au tour, ou de gros fil de fers &, une règle de cuivre ou échelle. L'’équerre doit s'adapter fur le bâton, avec ua pivot qui ouvre & ferme à vis. ” La chaîne eft divifée , & fe plie par pieds, qui font joints chacun par un anneau ; elle eft ox- dinairement de foixante pieds | & divifée par toi- fes, au moyen d’anneaux plus grands , afin que fon ufage foit plus général. Seconde Partie. Chap. IP 119 Bâton Équerre, | Pour at penter plantezvo- tre Bâton 2Z au coin où vous défis teZ COM a Mencerver 7 tre opéra- s tion. Po- fez votreÉ- FOND querredef. fus , envo- o yez un ho- | 8, Mme pour | ® planter un \ jalon aux ocC< deuxbouts delapièce, qui regar- dent droie = le coin où vous êtes, afin que ces jalons vous fer- vent de vifées CTITITIIIT Tu *s3anbr Cela fait ; regardez , par les pinules de l'É- querre ; c'eft-à-dire , par les fentes qui fe ren- contrent aux quatre bouts d’icelle , jufqu’a ce que vous voyez les jalons dans le milieu des fentes. Ayant découvert avec juftefle les deux lignes &20 De la culinre du Chéne: vifuelles, qui coupent & limitent les deux côtés de votre pièce, levez l’équerre le plus délicatement que vous pourrez , fans l'ouvrir ni fermer d’a- vantage 5 afin qu'en lappliquant fur le papier , l'angle fe trouve régulier & fidèlé, en tirant deux traits de crayon ou de plume, dans l'ouverture de l’équerre. Alors vous mefurez ces deux côtés avec la chaîne , faifant marcher votre homme devant vous. Vous & lui , foutiendrez la chaîne de la Main gauche , mettant la boucle , qui eft à cha- ue bout d’icelle, à l’un des doigts de la main. Voie homme aura foin de planter les piquets un à un , chaque fois que vous pofez la chaîne, & vous de les lever. Vous devez prendre garde qu'il ne s'écarte point à droite , ni à gauche , & faire en forte que le dernier piquet qu'il a pofé, & celui qu'il pole, foient toujours en droite ligne avec le ra- yon de vifée. Lorfque vous aurez levé les dix piquets, vous les redonnerez à votre homme , & vous marque- rez les dix chaînes mefurées , fur un papier ou carton , & vous poferez ce nombre autant de fois que vous aurez fait de levées 5 afin qu'après vous régliez ces longueurs & largeurs fur votre échel- le ; laquelle , étant divifée en douze parties éga- les , & la dérnière étant fubdivifée en douze, elles marque cent-vingt chaînes ou perches. Maintenant , pour rapporter au net la figure & la forme de la pièce que vous avez mefuréé, & que vous n’aviez qu'ébauchée fur un papier, en la mefurant , il faut la réduire au petit pied, par le moyen de l'échelle. Préfentez également votre équerre à tous les Seconde Partie. Chap. IP. 12È angles de la pièce 5 vous l’ouvrirez & férmerez, juiqu'à ce qu'elle foit jufte à voutes les lignes ; vous la rapporterez fur votre papier , obfervant toujours que la longueur deldites lignes foit proportionnée & ajuftée , avec un compas, fur l'échelle. Si vous voulez orienter exactement votre plan terrier , il eft indifpenfable de vous procurer une Boufole. À Ayant mis en abrégé, fur le papiers x la figure de votre terrein , fi c’eft un là Règle. Suppofons que le quarré pa 21. Ait vingt-une toifes, ( ou LA | 21. autre mefure, ) de lar- ——— geur, & vingt-une toifes LD: 7 C 11%" d8 longueur Multipliez AT 42. à 21 par 21; la fuperfñcie 441 t,fera jufte 441 toifes. Le Quarré long , le Rhombe , & toutes figures sectangles , fe mefurent de la même façon. A. Régle. Pour mefurer le £ D 23: Triangle rectangle, 73 23. il faut multiplier Ja hauteur depuis A. £ e 46. jufqu'à -B. par la largeur depuis B. 529*_ jufqu'à C. prenez la 264-—- moitié du produit ce fera la réponfe, PR 2 122 De la culture du Chêne: Suppofons que la figure eût de hauteur vingt: trois toiles, fur vingt-trois toifes de bafe ; mul- tipliez 23 par 23 fera s29 donc la moitié fera jufte 264 toifes —. Généralement , toutes fortes de tri angles fe mefurent de la même façon. Pour mefurer toute forte de trapéfes , il ne faut qu’additionner les deux côtés parallèles , & mul- tiplier le produit par la hauteur ; & , de ce qui eæ viendra, en prendre la moitié , qui fera la fu- perficie requife, Règle. Suppofons que depuis 15. À. jufqu'a B. il y eût = 9. quinze toifes, & de C. D 24. juiqu'à D. il y en eût 5 neuf; viendra, à l'addition 24, qu'il faut multiplier 729:_ par trente, qui font de 360 t. B. à D. &, du produit 720 , il en faut prendre la moitié, qui fera jufte 360 toiles quarrées. Pour mefurer route forte de Trapézoïdes , il faut tirer une ,%” À ligne de l'angle le plus aigu & le OR TE j plus éloigné, jufqu’à celui du mi- Me ce lieu ; vous en ferez deux triangles, que vous mefurerez féparément , comme delfus. »°” Autre Trapézoïde. , ENCOL LU « A , 2 ES Les er irrégulières , font ; S celles dont les côtés font 1né- gaux ; elles n’ont pas de nom propre & partici- Secondé Partie. Chap. IF. 123 lier; on les mefure diverfe- ment & chacun à fa volonté; mais il eft de néceflité de les réduire & divifer en quarrés ou. triangles , ou trapézes où trapézoides, Pour mefurer les figures irrégulières , le plus court eft de les di- vifer en triangles. Si, dans la terre que vous voulez mefurer , ül y en a quelqu’autre enclavée , il faut mefurer le tout enfemble ; puis mefurer celle qui eft enclavée, & l’ôter de la fuperficie de toure la terre ; ce qui reftera, donnera la fuperficie que vous cherchez. Voilà , à peu-près | ce qu'un Propriétaire de fonds doit favoir de l’arpentage. S'il lui furvient quelqu'epération plus difficile , il eft à propos qu'il ait recours à un Arpenteur. TOISÉ DES TERRES MASSIVES. Pour toifer les terres maflives , il faut mul- tiplier la largeur de la place, par la longueur, & le produit , par la hauteur. Exemple. La voife cube de terre ayant fix pieds en tous fens , il faut multiplier fix par fix , qui eft la longueur & la largeur. Cela produit trente-fix pieds, & ce produit étant multiplié par fix , qui eft la hauteur , il viendra deux cents feize pieds cubes, dont eft compofée la toife cube. Le prix de la fouille d’une toife cube , varie fuivanc les pays , & la facilité ou la difficulté de l’excavation ; il eft ordinairement depuis trente {ols , jufqu’à trois livres. x24 De la culture du Chéné. T'R 4'N S$S P O RTS Tz y a plufieurs manières de tranfporter les terres. Si c’eft de près en prês, on le fait à la hot- tée, ou avec les brouettes ; quatre-cents hottées de terre, médiocrement chargées, font une toile cube : une brouette en amène environ un pied cube , qui pèle 95 livres ; il faut donc faire 216 tours, pour tranfporter une toife cube de terre. On peut faire épreuve combien un homme pourra porter de hottées, ou rouler de brouet- tées en une heure; & on verra combien par jour. Ordinairement on établit des relais de dix en dix toifes ; les ouvriers en font moins fatigués. Si la diftance eft de plus de cent toifes, il fera moins difpendieux de fe fervir de rombereaux; vingt-quatre , médiocrement chargés , voiturent une toife cube de terre; c’eft à raifon de neuf pieds cubes chaque, RES U M Ë IL réfulte | de tous les détails dans lefquels nous venons d’entrer , que les Semis font préfé- rables aux Plantations ; que les uns & les autres exigent des attentions multipliées , dont la plü- part des hommes font incapables ; & que c’eft un grand abus de s’en rapporter , fur cet article, à des falariés, qui agiflent fans principes, où d'obliger des fermiers à femer ou à planter des Bois ; s'ils n'ont pas déjà donné des preuves de leur intelligence. Z LE LS 12} CHA RICE RER De L'ARBRE ET DE SON Bors. Usqu’a préfent, nous avons confidéré les Axrbres dans un état d'inertie. C’eft pendant l'Hiver que nous avons femé & planté. Un doux Printems vient-il animer notre ouvrage? La cul: ture commence; l’art vient fe réunir à la nature, pour contribuer aux plaifirs de l’homme, & poux lui préparer une reflource dans fes différens beloins, Mais, la pratique fans théorie étant fujette à erreur, commençons à donner, en peu de mots, un apperçu de l'organifation des Arbres , de leur cexture , & dela formation du Bois, afn que le Lecteur puifle agir d’après les principes les plus certains, toutes les fois que le cas fe pré fentera. L'Aïbre eft un corps organifé, dont la ftruc- ture n’eft pas encore complettement connue. Tout ce que nous favons ; c'’eft que ce qu’on appelle Bois | eft compofé de fibres longitudinales &c tranfverfales , de trachées , de tiflu cellulaire , de moëlle : il-eft recouvert d’une enveloppe , qu’on appelle Écorce. Lorfqu'il eft fur pied , la sève alimente intérieurement toutes ces parties , &, en forme de nouvelles, entre le Tronc & l'Écorce. De-là, fa croiffance , par l’éruptionf des Bourgeons, dont la nature eft de s’élever ; en obfervant qu'un arbre de cent ans auprès de fes racines, n'a qu'un an à fon fommer. De-là les cernes ou cercles concentriques, de deux ou trois lignes d’épaifleur , d’un bois dur & folide , dont la progreflion annuelle forme fa groffeur. De-là ÿ26 De la culture du Chêne. certe cohérence de fibres longitudinales. De-là ; cette difpofition , qu’on appelle le Fi du Bois, provenant de la fituation des Jongs tuyaux, qui, étant couchés dans toute la longueur de l’Axrbre, les uns contre les autres | & liés par les fibres tranfverfales , donnent au Bois cette contexture qui conftitue fa force. De-là encore, ces mêmes canaux , qui fe ramifient , qui pouflent de petits flamens , produifant , d’un côté, l’Écorce , &, de l’autre, s’attachant au bois de l’année précé dente , forment , entre ces deux couches, un tif fu cellulaire , qui eft fpongieux |, & d'environ une demi-ligne d’épaiffeur. Le corps ligneux n’eft pas feulement formé de lentrelacement des vaifleaux lymphatiques avec le tiflu cellulaire , ou les produétions médullai- res , dont l’enfemble compolfe les fibres ligneufes , qui font longitudinales ; on apperçoit encore, . dans cette fubftance , une autre efpèce de vaif- feaux , que l’on nomme Waiffeaux propres du Bois, qui fe font connoître dans le Bois , par l’eflufon des fucs qu’ils contiennent. Ils font fitués à peu- rès comme les vaifleaux lymphariques , & fonc Loin plus fins que ceux de l’Écorce. Sur quoi nous obferverons, avee M. de Buffon, que , de la manière dont les Arbres croiffent, & dont le bois fe forme , la cohérence longitu- dinale eft plus confidérable , plus réfiftanre , que l’union tranf{verfale ; que , dans le même terrein , le Chêne , qui croît le plus vite , eft le plus fort, & que le plus denfe l'emporte fur le plus poreux. Nous remarquerons auf, qu'il y a un quinzième de différence entre la pefanteur fpéci- fique du cœur de Chéne, & celle de fon aubier; de forte qu’elle décroîr , à très-peu-près , en rai- Seconde Partie. Chap, V. 14 fôn arithmétique , depuis le centre jufqu'à la cir- conférence de l’Arbre. Que le Bois du pied d’un Arbre pèle plus que celui du milieu; & celui du milieu , plus que celui du fommet. Les Arbres ceflent-ils de croître ? cette proportion commence à varier ; le cœur des chênes, au deflus de l’âge de cent ans, ne prend plus de nouvelle pefanteur ; & la nature de l’aubier croît en rapport; de façon que l’aubier des vieux arbres eft plus foli- de, & moins volumineux que celui des jeunes. On peut donc avancer , avec raïfon, que l’âge de la perfettion du Bois, eft l’âge moyen, où les différentes parties de l'arbre font à peu-près d’égal poids. En général, le Chêne doit pefes depuis 65 jufqu'à 75 livres le pied cube. MOELLE ET TISSU CELLULAIRE. La Moëlle, qui forme l’axe de l’Arbre , fem- ble conftituer efentiellement le corps végétal ; elle fe defsèche à proportion que l’Arbre vieillit. Dans les jeunes ttes , c’eft l’origine du Tiffu cellulaire ; elle eft tendre , fucculente, & de couleur verte ; mais bientôt les couches ligneufes lendurciflent |, & forment une enveloppe , dans laquelle la Moëlle eft renfermée : elle garde encore quelque tems fa couleur ; enfuite elle change , & devient blanchâtre, fe defsèche ; & même le canal médullaire diminue peu-à-peu ; de forte que , dans les grands Arbres, même ceux qui , dans leur jeunefle, ont le plus de moëlle, on ne voit plus, ni canal, ni fubftance médul- laire. Fend-on un morceau de bois de Chêne fec, fuivant la direétion des fibres ? on apperçoit dans les pores, une fubftance grenue, qui fonc les fragmens de là moclle, devenus tiflu cellu- v28 De la culture du Chêne. Jaire ; fi l’on examine à la loupe la coupe trän£ verfale de certains bois ; on apperçoit , «entre les fibres ligneufes , l'épaifleur des James du tiflu cellulaire, qui s'étendent en ligne droite du cen-- tre à la circonférence; &, fi l’on fend ce mor- ceau de bois, fuivant le plan de ces lames , le tiflu cellulaire fe montre fous la forme d’un feuillet, qui femble compolfé de fibres, dont Îa direction eft auffi du centre à la circonférence extérieure de l'écorce. CEVR' DUO IE CE qu’on appelle le Cœur du Bois, n’eft pas la partie médullaire qui fe trouve au centre de l'arbre ; mais c’eft tout le bois parfait qui le conftitue , & qui eft au deflous de la couche d’aubi * formé aubier , recouverre de l'écorce , & eft formé par les fibres longitudinales & tranfverfales. AUBIER. L’AUBIER , eft cette couronne de bois ten- dre, qui n’a point acquis route fa folidiré, mais qui en eft fufceptible ; ce qui le fait nommer Bois imparfait ; il fe trouve entre le cœur de l’Arbre & l'écorce ; il a les mêmes organes que le cœur ; il n’en diffère pas effentiellement, puis qu'avec le rems il le devienc, il y eft adhérent, & il s’y incorpore infenfiblement, en devenant parfait. Ce font les dernières produétions de la sève , qui forment annuellement de jeunes cou- ches molles & ligneufes, dont on compte , fui-- vant la différence des terreins , depuis cinq: ju£ qu'à vingt, l’épaifieur eft toujours plus forte d’un côté que de l’autre ; la difpofition des racines & la diftribution des fucs nourriciers en font les feules Seconde Patrie. Chap, V. t59 feules caufes , comme nous l'avons dit plus haut, Quelquefois, dans différentes parties du corps d’un Arbre , on voit des cernes d’Aubier , qui font pas pris de confiftance | quoiqu'ils foient recouverts d'une couronne de bois parfait; c’eft une fuite des accidens qui ont interrompu la cira culation de la sève , lors de l’accroiflement, SÈFVE. ON ne peut contefter que là £ève ñe foi tif des principaux agens de l'organifation & de là formation des Bois ; quelle en eft donc la nature , & quelles font fes fonëtions ? D’après nos obfëre vateurs Phyficiens, nous dirons que c'eft une lis queur qui nourrit les plantes , & qui fait , dans le règne végétal , les mêmes fonétions que le chile dans l’animal. Ce font les particules de fel, d'huile, d’eau , de feu , deterre , & tous autres Principes, foit finples , foi: compofés, que l’air met en mou- vement , fait fermenter , & que les racines , où plutôt les pores , placés à l'extrémité de chaque chevelu , faififlenc , abforbent , rélativement à 14 nature & au genre de la plante dont ils dépen- dent, pour les refouler & les tranfmetrre enfaite dans le corps de l'arbre , qui , à fon tour , comme une cfpèce d'eflomach , les triture , les digére, les prépare & les diftribue de nouveau au corps des racines de l'arbre , des branches , &c, La germination du gland juftifie cet ordre ; la jeune facine ne profite pas , du premier inflant | des fucs qu’elle tire de la terre , puifqu’elle pouffe jufe ques à un pied de long dans un grenier ; elle Jes fait pafler dans les lobes | pour les préparer ; & les lobes les rendent à [a racine. Ces opérations faites ; la Sève eft-elle fubriliféé ts De La culiure du Chéné: par l'air & par la chaleur ? elle change de .vuleur à de nature même ; elle devient fuc propre ; elle s’aflimile aux anciennes parties de l’arbre , elle s’y incorpore , elle en augmente le volume ; {x confiftance gélatineufe paile à l’étar d’écorce , à celui d’aubier , qui remplace celui de l’année anté- rieure , qui lui-même fera infenfiblement changé en nature & cœur de bois ; ce fera un cerne de plus à l'arbre. Aufi efl-ce par ces couches con centriques , qu'on peut favoir Fâge d’un arbre ; & de chaque branche même ; en comptant les cercles , on à le nombre des années. Mais , dans ce cas , après ce que nous avons obfervé fur la nutrition de l'arbre ; on ne doit partir que des cernes , qui font au pied de l'arbre , ou à la naiffance, de la branche ; autrement on n’auroit que le nombre des années depuis la naiffance de la partie dont on eompreroit les cernes, Au refte, quand on parle de [a Sève d'Août il ne faut pas entendte qu'il y en ait deux dans Pannée ; la ceflation du mouvement n'étant jamais totale |, même pendant l’Hiver. I y a feulement deux faifons où la sève agit avec plus de force dans les arbres, le commencement du Printems & la moitié de l'Eté; les arbres font alors de nouvelles productions en bois & en feuilles ; celle du Printems détermine la floraifon & la fruéifi- carion des arbres ; celle d'Eté perfetionne 1e: bois & beaucoup de fruits, & des boutons pour l’année fuivante. Ainf il ne {e forme réellement qu’un cerne chaque année. J'ai compté ceux des Chênes que j'avois femé moi-même, Dés la première année, ils avoient la moëlle, le bois; & l'écorce trés-diftinéts ; ces: pendant, à dix ans, ils n’avoienc , au pied, Secèrite Partie Chap, P' IR près des racines, que neuf cernes , y comprife la molle. À onze ans, ils en avoient dix, à douzë ans ; onze , &c. +, D EROUIES : La croiflance du Chéñe eft f peu fenfiblé [es deux premières années » que les cernes perdent” leur apparénce | & fé trouvent confondus avec la fubftance médullaire, 11 n’en cft pas de inéme dans un brin de Taillis ; à dix ans , il à dix cernes ; fans compter la moëlle | ni l’écorce, TRACHÉES. + Er exifte auffi dans le bois des ÿaifleaux sS tels Qué des filamens trés-déliés » & roulés én fpirale , äboutifläne à l'épiderme ,. & qui vont } pour äinfi dire, S'y épanouir ; ils tränfmettené l'air néceffaire à Ja Préparation &. au mouveméñt de la sève. On les nomme Trachées. Ces filamens caflent äâvece bruit, lorfqu'on écorce. lé Chêne; L'air eft un fluide auf néceflaire à l’exifténéé & à l’accroiffement des végétaux , qu'à l'éxife tence des animaux. Les feuilles » les branches ? le tronc , l'écorce ont une force de fücciort S” qui détermine l'air à monter dans l'Aïbre , pré: ctfément comme Ja Séve ; & c'eft l'office des éeaux dont il s’agit. Lorfqu'on veut Les ap+ percevoir, il faut couper l'écorce dans les -bran: ches herbacées »> fans éntamer le bois ; ft lon remgt enfuite doucement lé corps ligneux ; & qu'on retire les morceaux rompus en fêns_ oppo+ fés , on voit entré les deux morceaux dés flàs méhs :trés-fins , qui, foumis au Microfcope paroifient étre des bandes brillantes » Toulées € âe-bourre, | | À is 334 De la culture du Chêne: É CORCE. L’ÉcoRrcE cft l'enveloppe qui couvre le bois : toute groflière qu’elle peut paroître aux yeux du vulgaire , elle n’eft pas indifférente aux Phyfciens ; elle a mérité leur attention ; fon rapport eft intime avec les différentes parties de lorganifation du Bois ; on lui reconnoit deux fosttions eflentielles , la préparation & co&ion de la Sève, & l'addition des couches ligneufes , qui produifent laccroiflement annuel des Arbres, D'où l’on peut conclurre que la principale partie des Arbres eft cette portion de l'écorce, qui souche immédiatement le bois ; puifque c’eft par fon moyen que les Arbres confervent leur vie, & qu'ils augmentent de grofleur. Les Arbres creux & eariés , à qui il ne refte de bois dans eur tronc , que ce qu'il faut pour foutenir l’é- corce , & se cependant vivent & produifent ; prouvent aflez combien la partie ligneufe ef£ moins importante que l'écorce. Voyons fa con- texture. Elle “eft compofée de différentes cou- ches , qu’on nomme Corticales : on y diftingue les vaifleaux , ou fibres longitudinales de l’'Écor- ce, les vaiffeaux propres , le tiffu cellulaire | 1& divret | & l’épiderme. x < C'eft dans les Vaiffeaux , ou fibres longirudi nales de l'écorce, que coule la sève ; ils font unis les uns aux autres, de manière qu’ils forment un tiflu de petits faifleaux , ou rofeaux, dont les mailles font plus longues que larges. Les Vaiffeaux propres font les tubes 1ongitudi- naux , droits, colés contre les fibres, où coule la sève, & remplis d’un fuc propre , qui eft une eipèce de lait. Seconde Parrié. Chap. V. “139 Le Tiffu cellulaire eft placé fous l'épiderme ; c'eft une fubftance d’un verd très-foncé , qui eft prefque toujours fucculente & herbacée ; elle eft formée d’un très-grand nombre de filamens très- fins , entrelacés les uns avec les autres, & de petits fragmens de moëlle. Cette fubftance peut fervir à garantir du defsèchement les parties qu’el- le recouvre , & à la réparation de l’épiderme, Le Livret eft la partie irtérieure de l'écorce, qui couche à l’aubier , & reflemble aux feuil- lets d’un livre. C’eft une membrane fine , qui fe détache tous les ans de l'écorce , pour s'unir à Paubier & l'identifier avec lui; la preuve en eft, que cette membrane , enlevée dans un endroit, le bois n’y prend plus le moindre accroifiement. Le Livret eft remplacé chaque année, & formé de nouveau par la sève du Prinrems. L’Épiderme eft l'enveloppe générale dont tous les arbres font recouverts extérieurement. C'eft une membrane mince , sèche & avide, qui fe détache aifément des parties qu’elle recouvre , dans les tems de la pleine sève , elle eft plus adhérente fur les branches que fur le cronc ; elle fe rompx lorfque l’arbre augmente en grofieur, quoiqu’elle foit capable d’extenfion dans toutes les dimenfions. Alors elle rombe par lambeaux defléchés , & fe reproduit enfuite de la fubftance du Tiflu cellulaire. BRANCHES. Les Branches partent du tronc de laibre , & prennent une direétion latérale ; elles fonc en continuation de fibres longitudinales , elles one ia même organifation , & la méme croiflance. A l'égard de leur vigueur, plus ou moins graude, Y54 De la culture du Chêne, elle fembie dépendre des racines : en effer, elles font chacune en raifon de la force des racines qui fonc du même côté, & qui y correfpondent ; elles abandonnent, ainfi que les racines, la di- reétion de la tige, pour s'écarter, & elles s'é- tendent parailélement au terrein, lors même qu il eft en pente. Se rrouvent-elles adoffées à un mur ou à un rocher coupé à pic ? elles tournent routes du coté oppolé , c’eft fans doute un effet de l'air, ainfi que la pondération du pourtour naturel des branches, dans un Arbre de belle venue. L’Arbufte qui fort des mains de la natu. re, & qui n'eft pas encore vicié, nous le fair connoître, Nous obfervons auffi que les Branches ne font ni yne portion, ni une divifion du tronc. Sort-il une jeune Branche d’un affez gros fronc P on, voit que les fibres font forcées de s’écarter , pour laifler fortir certe branche , & qu’enfuite elles le rejoignent au deflus de la jeune branche, pour fuivre leur direction ; ‘de-là les nœuds qui fe trouvent dans le cœur du baïs , ainfi que d’autres vices , provenans de branches coupées ou brifées, FEUILLES. + Les Euilles font liées intimément à l'orga- nifation; elles ne font pas un fimple ornement ; elles font partie de Ja végétation. Combien a-t-il péri .d’Arbres, pour avoir été efleuillés ! (9) Auffi peut-on aväncèr } âvec certitude, que les. Feuilles font , à proprement parler , les poumons # (0) S'ils ne périffent pas tous, lorfau’ils font entière: ment dépouillés par les Chenilles ; c'eft que la feppres fion me fe fait que fucceflivemenr. ” \ . Séconde Partis. Chap. V. EL: @es Plantes ; elles reçoivent l'air, ainfi que les” fels vivifians qu'il charie ; introduits , ils produi- fenc fur la sève un efler pareil à celui que l'air, refpiré pat les animaux , produic fur la mafle du fang. Si la chaleur du jour fatigue les arbres, en faifant exhaler en trop grande abondance les li- queurs qui leur font propres ; elles font réparées promptement par la rofée, & par les fucs ré- panduüs dans l’Armofphère , que les feuilles pom- pent la nuit. Quel plaifir de vair la verdure du matin ! les teintes en fonc plus claires , plus net. tes, les feuilles ont repris leur vigueur. Il règne entre les feuilles & les branches un commerce continuel de végétation 5 fi on renverfe une branche en fens contraire à fa firuation natu: telle | bien-tôt les feuilles fe reploient , & rer prennent leur afpeft ; de façon que la furface fupérieure dela Feuille fe trouve coujours regars der le ciel, & linférieure, la terre. Le premier côté eft ordinairement lifle, & d’un verd foncé; l’autre eft en relief; fon verd eft moins vif, La feuille décide en partie de la qualité du Bois ; c'eft par fa couleur qu’on reconnait fi un arbre eft malade ou non; c'eft par fa vigueur : juge de fes befoins. En général , ung euille nette & foutenue annonce un Arbre bie conformé , vigoureux, & fur la force duquel on, peut compter. | FKETEU"RV\eS EU ETR Ur 7e Les Fleurs renferment les parties propres pour la mukiplicarion de l’efpèce. Ce ‘fonc des vilcères deftinés pour les femences. ‘Les partica extérieures des fleurs fervent d'enveloppe 3 & RE LE gr + à É NN 2, a AR A 136 De la çulture du Chêne, comme elles font le plus fouvent colorées , on les a prifes pour la fleur même. Les parties in--' ternes , & qui font les plus eflencielles , font les ÆEtamnes, dont le fommet eft une bourfe pleine de pouflière. Ces Éramines accompagnent ordi- nairement un pifil , qui eft lui-même, ou le plein fruis ou l'extrémité du fruir. Ce piftil eft nommé Sziler ; les fleurs en contiennent un ou plufieurs ; fi elles ne contiennent que des Piflils, elles fonc Femelles : fi eiles ne contiennent que des Étamines , elles font Mäles. Si les fleurs con- tiennent des Piftils & des Étamines , alors elles font Hermaphrodires. Ces dernieres portent ; dans leur fein , les germes reproductifs , qui procurent limmortaliré à leur efpèce ; au lieu que la fleur des arbres qui les portent toutes femelles, com- me le Térébinthe, ne peut être fécondée , c’elt: à-dire, produire du fruit ou de la graine , qu'en recevant auparavant Ja pouflére prolifique de la fleur mâle d’un autre arbre de fon efpèce. Certaines efpèces, comme le Chêne, portent, fur un même individu , des fleurs mâles & des fleurs femeiles , féparées les unes des autres. Les mâles fervent , par l’émiflion de leur pouffière, à vivifier les jeunes frufts, qui font placés dans des endroits éloignés de la fleur , cels font aufli. les chatons du Noyer, du Saule , &c. Les Tiges préparent donc le fuc pour les Feuilles ; les Feuilles pour les Fleurs ; & les Fleurs pour les Fruits, BouTons. Les Boutons , qui fortent des branches & des racines, ont la njême organifation ; ce fon aurant de petires plantes entières , dont les par- Seconde Partie. Chap. V, 137 ties font repliées les unes fur les autres , & ne fe développent que tour-à-tour ; les uns font gros, & donnent du fruit cette année ; les autres en réfervent pour l’année prochaine ; d’autres font pointus , & font des boutons à bois, Non feule- ment les bourons de chaque genre d'arbre ont des formes particulieres ; mais fouvent les boutons de chaque efpèce en afleétent une qui, bien ob- fervée , fufht aux Jardiniers, qui élèvent des as bres en pépinière, pour diftinguer les efpèces, R AOC VNE'S. Voyons actuellement ce que font les Racines ; développons leurs fonétions & leurs rapports. Iles font les premiers agens de la nutrition ; ce font les orifices des vailleaux de Arbre, qui rempliflent les fonctions de bouche & d’œfopha- ge ; elles tranfmettent dans les vaifleaux les fucs nourriciers , qu’elles pompent & tirent de la terre. La première racine , qui eft à plomb de la tige , fe nomme Pivot, à s'enfonce profon- dément , fi la terre eft bonne & abondante en fucs , qui puiflent lui convenir. Les Racines près du tronc , fe partagent & fe divifent à l'infini ; elles forment des Chevelus | qui s’immiflent à travers les molécules terreitres, & y ramaffent les fucs différens , qui font propres à la nutrition de l'Arbre ; elles fervens aufli à maintenir la tige dans une pofrion perpendiculaire & à l'empêcher d’être renverfée. Les Racines & les Branches ont des rapports intimes : elles fe ramifient & fe fubdivilent à peu-prés uniformément. Un arbre , qui n’a que de petites branches , mal nourries , a fes Racines 738 De la culture du Chêne. grêles , foibles & peu abondantes ; & les Arbreg pouffent d’autant plus de Racines, qu’ils ont plus de Branches. Au furplus, l'organifation des Racines eft la même que celle dé la Tige & des Branches : clles font formées de moëlle, de corps ligneux, de couches corticales ; avec cette différence , cependant , que ces dernières font toujours fuc- Gulentes. M. Duharel , ayant difcuté en maître la civ- culation de Ja sève , conciud qu’au moins une portion de ce fuc nourricier , élevé dans les plantes , defcend enfuite vers le bas; & que ce rerour eft même néceflaire , pour la formation des Racines, 1 NUTRITION DES ARBRES, EN admettant.la tranfpiration des Arbres ;, démontrée par M, de Buffon, il eft facile de comprendre comment s'opère leur Nutrition. Le flegme fe diflipant par le moyen de cette tranf pirarion , le fuc nourricier fe fige , s’épaifht & augmente le volume des parties folides, ou Fé- pare celles qui font diffipées. Tous les -étres vivants jouiflent de la faculté de s’accroître juf- ‘qu'à un certain terme de développement, qui eft particulier à chacun d'eux ; parce que l’effer de Ja Nutrition eft de fournir, pendant un certain tems , à l'être en qui elle s'opere , une nou- velle fubftance , affimilée à la fienne', & ‘plus grande , par fa quantité, que les pertes qu’elle en fair, par les fuites nécellaires de l’aétion de la vie. Mais à un certain terme, pour chaque = dividu , la nutrition ne fournit qu'une affimilation égale à la fomme des pertes ; alors laccroifie- Seconde Partie. Chan. V -139 ment n’a plus lieu, & l'êrre qui eft dans Leg cas, celle d'augmenter dans les dimenfions de Les parties. 2 En voilà fans doute afez ; pour, donner une .connoiflance de l'économie végétale, eu égard à Ja Culture des Arbres. Les principes que nous venons de pofer, vont recevoir leur application ans ce que nous avons à dire. 11 nous :refteroir cependant ici à expliquer Ia caule du premier mouvement de la Sève, qui ‘développe le germe des femences , qui agit fur un jeune Arbre , nouvellement tranfplanté , oh qui fe fais (éritin. cour d'un coup dans toutes les parties d’un grand Arbre , comme la Fm le montre dans un lieu obfcur, lorfqu'on y introduit un flambeau aies Phyficiens ont fait de grandes ‘recherches à cet égard ; mais ç'a été jufqu'à nos jours le fecret de la Nature. PRE N CTP E 1D'A K IE, On feroit tenté d'admettre un Principe sx vie, qui, étant aidé .de toutes les circonitances né- ceffaires , c'eft-à-dire, dé bonne terre, d’ humi- dité & de chaleur fufifante , fair agir toures les parties de chaque Aïbre ; de forte que l'Arbre ou la Plante viennent immanquablement à à périr, d’abord que ce principe vient à être détruit, & qu ls fe confervent avec vigueur, pendant qu ‘il n'arrive aucune altération à ce prie cipe. Or, ce principe n’a pas une même & fembla- ble ficuarion daus toures les plantes. En quelques unes, il eft fitué dans der @i/ extérieur , qui eff le premier à paroitre hors de terre, & à dite güer la planté ; comme nous vOyOns, par exem- le, aux mclons , aux pois , & à toutes les 140 De La culture du Chêne. fleurs annales. Ce premier Œil Ôté , le bas de ces plantes meurt aufli-tôt, & fans reflource. À d’autres plantes , il eft feulement dans les Bulbes où Oignons , comme aux Tulipes, Ané- mones ; ces fortes de plantes ne périflent , que quand leur Oignon périt, cer Oil extérieur de la premitre pouffe étant Ôté, là plante ne cefle pas de vivre. | À d’autres Plantes, outre qu’il eft principale- ment à l'endroit que nous remarquerons ci-après, pour tous les grands Arbres, 1l s’en trouve dans toutes les parties externes qui le compofent : comme 1l paroïr aux branches de Vigne , de Saule , & à routes les autres , qui prennent aifé- ment de Boutures ou de Marcores, Enfin , à d’autres, comme à tous les Arbres ; tant ceux que nous appelons Fruitiers , que ceux qui ne le font pas, le Principe de vie paroît être entre la tige qui monte, & la racine qui defcend , précilément à l'endroit où reftent atta- chés les lobes, lorfque la racine & la tige ont déjà reçu de l’exrenfion. On a beau couper la tête, on a beau raccourcir les racines , pourvû qu’il n'arrive rien de fâcheux à l'endroit défigné, tant s’en faut que l’Arbre en devienne moins vi- goureux , au contraire cette opération contribue à le faire poufler plus abondamment , tant à l'extrémité de la Tige raccourcie , qu'aux extré- mités des Racines taillées. Ne feroit-ce pas ce Principé de vie, qui, étant animé par la chaleur, fait que les vieilles racines en produifent de nouvelles , à l’action defquelles enfuice chaque Arbre eft redevable de la nour- riture qui le fait fubffter & croître ? Car on n6 peut pas dire que c’eft par l'attraction feule, que Secondé Partie. Chap. V. 14É les Racines profirent : féparez en une très-vivace du pied de l’Arbre, redreffez-la jufqu’à ce qu’elle paroifle au dehors & en plein air , elle ne vous donnera pas un Arbre; à quelque exception près, clle périra. O vous, qui aimez à contempler les biens que la Providence à femé avec tant de libéralité fur nos pas ! prenez dans vos mains un jeune Arbre ,; à qui vous aurez confervé toutes les Racines & les Branches ; fuivez , dans le détail, les différentes parties qui le compofent , obfervez. tous les rapports qu’elles ont entr'elles ; voyez ce qu'il eft, imaginez ce qu'il peut étre un jour; & vous fentirez combien Le Créateur eft admi rable dans fon ouvrage. Fe As ? QN / CE APT REV MANIÈRE D'ÉLAGUER LES ARBRES. l ARLONS maintenant de la manière d’É- laguer es arbrès ; & des avantages, qui en séfultenc. Autant il eft inutile d’élaguer dañs les Semis, & däns l'inrérieur des Futayes ; aurant il eft pro- fitable de le faire dans les Avenues , dans les Ceintures d'héritagès, dans les Lizières ; & prin- cipalement aux Aïfbreé épars. Cette opération eft utile, en ce qu’elle contri- bue à donner une belle forrné äux Arbres ifolés ;: en proportionnant la hauteur de leur Tige à leur élévation totale | & à difpofer les arbres à don- ner un Bois fin, propre à toutes fortes d'ouvrages. Mais il faut ÿ forter une intelligenee pew commune. ÿ x On a ordinairement la’coûtme d'élaguer un Arbre jufques à la-cime ; C’eft le défaut où tom- bent ceux qui n’ont d’autre intention ,; que de fe procurer le plus de bois à brüler qu'il eft poffi- ble ; & ceux qui livrent leurs arbres à ld merci des Colons , qui. ont intérêr d’abbätre toutes les branches ; pour les vendre à moitié ; & le grand nombre de ceux qui ,: croyant que c’eft un ufage établi fur de bons principes , penfent bonnement que l’Arbré en vaut mieux. | Cependant il réfuire, de cette méthode , deux grands inconvéniens. | Un Arbre; ainfi élagué, repoufera des Bran-! ches, jufques au pied ; ce qui le rendra raboreux & piein de nœuds , d’un bouc à l’autre ; ou I& Séconde Partie. Chap. VI. +43 Sève , Montant en trop grande abondance y fuf> chargera fa tête de Feuilles & de Branches ; les. grands vents la cafleronc , & l’Aïbre reftera def- honoré. En fecond lieu, les plaies , que laiffe la coupé des grofles Branches, ne pouvant étre recouvertes qu'au bout de plufiéurs années, la pourriture gagne infenfiblément le ëœur de l’Arbre ; ce qui -eft le plus grand vice qu'il puifle avoir. L'ufage où l’on cft aufli de laifler tenir à l’Aïbre le tronçon des Branches, de la longueur de fix pouces , & quelquefois plus , eft pire encore. Il eft infaillible que cette partie de Branche , qui eft ordinairement écliflée & écor- chéc , à peu-près comme fi elle avoit é&é rompue par le vent, pourrira, faute de pouvoir repoufler & d’être recouverte par l'écorce de l'Arbre. Après un long-tems , elle combe en pouffiète ; il fe forme là une cicatrice | que les Marchands de bois appellent Roféfte, parce qu’elle eft en rond , avec des finuofités , qui tendent de la circonfé- rénce au centre, & qu'ils remarquent très-bien , fachant combien Le vice qu'elles cachent eft de conféquence. Quand 6n à négligé, péndant vingt ans , d’é rmonder un Arbre , il n’eft plus poifible de le faire , fans lui porter du dommage ; il vaut mieux n’ÿ pas touchér. 11 eft donc indifpenfäble d’élaguer les Aïbres, aufli-tôt qu'ils ont acquis aflez de force , pour {8 pafler d’une partie de leurs Branches ; ce qui arrivé quatre à ciiq ans après leur plantation. On coupe quelques branches des plus bafles ;: réfervanc d'en couper qüelques autres l’année duvante; & ainfi fucceflivement, jufqu'à ce qu’ils 144 De la culture du Chênes foient aflez élevés. On pourroit fe fixer à émotis der chacun des arbres, qu’on entreprend d'’éla- guer, d’un pied annuellement, & pas d'avantage ; ces arbres, confervant toure leur force , auront bientôt recouvert leurs bleflures peu confidéräbles. Il faut prendre garde de ne pas couper les Branches trop près de la tige ; la bleffure en feroit plus grande ; le hâle & le Soleil feroient fendre le corps de l’Arbre , dans cette partie; ce qui arréteroit le cours de la Sève. Il ne faut pas non plus les couper trop loin de la tige ; il en refteroit une partie , qui feroit long-tems dé- couverte ,; elle sècheroit & noirciroit : quoique renfermée enfuite dans le cœur d’un jeune Arbré vigoureux , elle y refteroit un fiècle entier, fans changer d'état. Nous venons de voir que les Fihrés longitudi- pales du corps de l’Arbre & de l'écorce , ne font que fe prêter au pañlage d’une Branche naiflante ; elles continuent de fe prêter à fon accroiflement , reftant unies en deffus & en def- fous , toujours difpofées a reprendre leur direction naturelle. Si vous coupez la Branche à quatre ou cinq lignes de l’écorce , le Chicor, qui refte, fera un obftacle à la réunion des fibres # elles ne peuvent le furmonter, que par le moyen de leur croiflance extérieure , qui eft, chaque année, cout au plus de l’épaiffeur de deux lignes. Il eft fenfble que ce ne fera que la feconde ou troifié- me année de la coupe , que ce chicot commen- cera à être recouvert par fes bords ; & plus ce chicot fera large , plus il reftera de tems décou« vert dans fon milieu. A4 La véricable longueur qu’on doit laïfler , eft donc celle d’une ligne, pour les petites branches, qui Seconde Partiè. Chap. VI. 14ÿ ui n'excèdent pas fix lignes dé diamétré, & de deux lignes, pour celles dont le diamêtre excé- de. La peau peut alors recouvrir , dans la mêmé année , toutes les perites plaies, & une partie des moyennes; | Toutes ces attentions font d'autant plus nécéf: fairés, que le bois nouveau , qui fe forme, & recouvre les plaies du tronc, ne s'unir jamais parfaitement à l’ancien bois. "Quelquefois une branche prend plus de foréé que lé jet principal ; alors il faut fe contenter de retrancher une pärtie de cette branche, aû lieu de la couper d'abord entièrement. I1 eft boti même de voir fi la tête eft viciée ; dans ce tas, la branche gourmande doit la templacer. tie La faifon où l’élaguement m'a le mieux réuffi: je veux dire, où lés arbres ont moins repoulTé autour des branches coupées , a été le mois de Mai , lorfque l’arbre éroit en pleine Sève ; 14 plaie fe cicacriloit tout de fuite: & la Sève, qui fe portoit à ces branchés bafles, n'ayant pas déjà formé le principe de nouvelles branchés + prôprés à les remplacer , fe dirigeoit naturellement vets la cime, où il reftoit aflez de branches pour l’attirer, RAS Néanmoins, lorfque j'avois de groffes brati- ches à couper, je m'y prenois avant que la Sèvé eût commencé à agir: parce que les pores font plus ouverts & par conféquent le bois plus tendre & facile à carier , lorfque la Sève a circulé; Ainfi on pourroit commencer pär les arbres an- ciennément plantés ; & les plus gros, réfervañt les petits pour l’arrière faifon. : Le On élague facilement ces derniers fañs échelie ’ avee un outil tranchant dans fon crochet ; pat le K : 146 De da culiure ‘du Chêne. haut & par le bas, de façon qu’on peut donne va coup au deffous de la branche, en levant, & un autre coup par deflus, en baiffanr ; ordi- nairemènt il n’en faut pas un troifième pouf l'ebattre, & comme cet outil eft afhlé tout d’un eôté, on peut s’en fervir, quoiqu'on foit un peu éloigné du pied dé l'arbre ; il a l’avantage de. couper ras ; fans bleffer l'écorce, & d’élaguer à une certaine hauteur , en lui donnant un man- che proportionné. On peur s’en fervir auffi pour ôtér des arbres , la Moufle , le Guy ; le Bois moït ou inutile, &c. | | Quant aux Arbres confidérablement élevés , il eit bongd'avoir des échelles légères, ‘qui por- tent fur crois points d’appui afin qu’elles fe fou- tiennent , fans appuyer à l'arbre. Un Élagueur habile emporte une branche d’un feul eoup de hâche où de deux. Ii y en a qui fe fervent d'une Seie à main , pour couper la branche en deffous , jufqu’à la moitié, & enfuire en deflus , afin quelle méclate pas ; ils fe fervent d’une Serperte bien tranchante , pour erlever lés traces que lailfe la Scie. Certe méthode, un peu nroins expéditive ; à l’avantige de procurer une coupe plus nette. Le maître d’un vafte Domaine ne peut entre- prendre d’élaguer tous fes arbres , ce feroit un travail penible , dont lé concours avec les au- tres travaux de la faïfon , furchargeroit fes ou- vriers ; il peut facrifier un certain nombré d’ar- bres aux ufages journaliers de l’Agricülture & du Chauffage , défendre de toucher aux autres, & prendre lui-même le foin de donner à ces derniers la plus belle forme , & toute la va- Jeu qu’ils peuvent acquérir Seconde Partie, Chap. VI, 149 . Le choix des uns d’avec les autres , ne feré pas difficile ; le Propriétaire doit fe déterminer par la pofirion où fera chaque arbre ; par la for: me, qu'il aura déjà acquis, & par le meilleur produit qu'il fait elpérer Ki 148 CH APITER E,;V MALADIES DES ARBRES ; Avec Vexplication de plufieurs termes qui y font rélatifs. Es Plantes étant vivantes , & douées d’or- M_sganes, qui croiflent par des développemens fucceflifs , font fujettes à des déperditions conti- nuellés & forcées ; conféquemment , à des répa- rations non interrompues. Ces organes | formés de parties folides & fluides, qui agiffent & ré- agiflenc les unes contre les autres , font néceflai- rement exnolés à éprouver , par diverfes caufes, des défordres dans leurs fon@ions , qui en trou blent l'harmonie ; défordres qui, pour ces êtres, font de véritables Maladies | puilqu’il en réfulte des altérations fenfibles, & fouvent une mort prématurée, Chaque Arbre à des Maladies, qui lui font partkulières ; tous font fujers à des Maladies générales. Les principales font oécafonnées par excés d'humidité ou de fécherefle , ou par quelque dépravation du terrein. Le Chêne eft d’une conftirution robufte , qui réfifte à prefque tous les accidens. Une de fes facultés principales étant de fe reproduire par fa tige, coupée même à fleur de terre, il femble que rien ne fauroit opérer fa deftruétion. D'un autre côté , fi l’on fait attention que tout ce qui exifte a des ennemis, & que tout ce qui à pris vie eit fujet à des maux innombrables, Seconde Partie. Chap. VIT 149 on fe fentira porté à en garantir, autant quil eft poffible , le plus grand & le plus utile des végétaux. Parcourons fes maladies 3 examinons en les caufes , & agiflons d’après les principes. Ce font les feuls moyens de pouvoir découvrir les vrais remèdes nécellaires. Faïfons plus ; indiquons les vices de fon bois, afin de donner à connoître de quelle conféquence ils font, rélativement à fa valeur & à fon emploi; & voyons, s'il eft poflible d'en arrêter les pro- grès, foir pendant que l’Arbre eft fur pied, foit après qu'il eft abattu. Diftinguons enfin les défauts du Bois, d’avec fes vices ; & comparons les uns & les autres avec fes bonnes qualités. Dans une matière aufli étendue, l’ordre Al- phabérique nous à paru néceffaire, pour faciliter la recherche de chaque Article, & pour pouvoir trouver commodément l'explication de certains termes, confacrés à la partie des Bois. Nous tâcherons de raflembler ici tout ce que nous n'avons pas eu occafon de dire ailleurs, ABrEeuvoinr. Les Abreuvoirs fe forment ordinairement aux Aiffelles, qui font la réunion, de deux ou trois Branches ; le poids du Givre; ou les grands vents féparent & détachent quel- quefois ces branches d’avec le tronc ; l’eau pénè-… tre, corrompt le cœur de l’Arbre, & occafonne: une pourriture intérieure , de la naïflance de l’4- Breuvoir aux racines. On peut connoître ce défaut, : l’Aïbre étant fur pied , lorfque fon écorce à de: Rs taches blanches ou roufles , du haut en as. Ces taches font produites par l’altération deé- l'écorce , occafonnée par la pourriture incérieure 2. ago De la culture du Chéné, ce bois ne peut être employé à la charpente à en peu d'années il s’échaufferoit , & tomberoir en pouffière. F5 à AccrueE. C’eft une étendue de bois, qui fe trouve aggrandie , fans avoir été femée, ni plantée , au moyen des femences qui ont levé naturellement. FPT à ‘’AcaArRrïic, eft une plante parafite, ou plu- tôt, une efpèce de Champignon , qui croîc fur le Chéne ; 1l annonce un vice, ‘ou que l’Arbre eft fur le retour. L’Æ4garic eft aftringent ; il ar- êre le fang dans les amputations ; on fe fert alors , par préférence, de fa fubftance intérieure , qui eft plus fibreufe , plus ligneufe , & plus molle que la fuperficie ; le meilleur, eft celui qui croît fur les vieux Chênes 5 il eft rare , & très-recher- ché. L’Amadou , qui nous eft fi utile, pour avoir du feu promptement , fe fait avec l’Agaric. On l'emploie aufli dans la teinture, pour le’noir. AMMÉNAGER. L’Amménagement conffte dans le recepage des bois abroutis, & dans le repeuplement des places vaines & vagues ; &, en général, dans tout ce qui peut être l'objet de Pamélioration des Bois. UE ‘“AuBgiEr. L'Aubier, eft la couronne de bois tendre , qui fe trouve au deflous de l'é- corce, & quin’a pas encore la folidité requife, L'Aubier d’un Arbre abattu s’échaufle , attire les vers, & fe décompofe ; étant mis en œuvre , il pourrit promprement , dans les lieux humides ; & , dans les endroits fecs, il eft bientôt ver- moulu. Dans les grands Arbres, il eft composé de douze ou quinze cercles, ou couches an- puelles. 11 a un pouce d’épaiffeur dans certains arbres ,| qui ont pris route leur groffeur ; il eff Séconde Partie. Chap. VII. x5YT plus marqué & plus épais dans le Chêne , que dans les autres arbres qui en ont un, DougLre-Augienr. Ce font les cernes d'Aubier entremêlés avec ceux de bon Bois. Le défaut eft eflenciel , étant tres-rare que le Dou- ble-Aubier reprenne fa nature de bois. Les ter- reins maigres & fecs occafionnent cette maladie. Bors-Arsins;, font ceux qui ont été brûlés fur pied. Bois-BLrancs. Les Bois-Blancs font le. Tilleuil , le Charme , le Tremble, le Bouleau, VÉrable,, & autres Bois légers & peu folides ; il ne peut y avoir tout au plus que le ciers de. ce bois dans la voie de bois de corde ou à brûler. | fuivant les Ordonnances. Le Bois de corde fe nomme ainfi, parce qu'il fe. mefuroic autre fois avec une Corde. Bors DE BONNE QUALITÉ. Un tk Bois a fes fibres fortes, foupies , bien filées , vigoureufes |, & rapprochées les unes des autres. Les copeaux qui s'en font, lorfqu’on le travail- le, font liants, ne fe rompent pas. séchement mais fe féparent par filandres. Bors-Cnaszis, eft celui qui a été rompu: par les vents. Bors-cHarRmé, fe dit des Arbres, aux- quels on à malicieufement fait quelque chofe our les faire périr. L’Ordonnance fait défenfe. a. toutes Perfonnes de charmer les Arbres, fous: peine de punion corporelle. Boïrs-Courge. Ce Bois. eft précieux , pour la Marine. La partie fupérieure des arbres. courbes fouffre beaucoup , quand ils font chargés de givre. Pour l'ordinaire la partie convexe eff: couverte d’une mouffe épaifle , qui y fomente. Y5z De la culture du Chêne, des défauts, y conferve de l'humidité, qui en- tretient le bois plus tendre en cet endroit | & fouvent y occafionne des gourtières, On ne fauroit trop faire de tentarives , pour donner aux Arbres la courbure néceflaire à la bonne & facile conftruction des Vaifleaux. Quoi- que depuis long-tems cela ait été propofé, on n’a pû, jufqu’à ce jour, furmonter les difficultés, Vainement l’entreprendroit-on dans l’intérieur des Forêts; la cime de l'arbre courbé fera om- bragée par les arbres voifins 3 elle périra : la tige pouflera des rejets, dont le plus vigoureux prendra là direction naturelle , & deviendra con- tnuation de Tige. La partie où portent les liens , fervant à retenir les arbres, ou celle où portent les poids, dong on peut les furcharger , fera continuellement ex- pofée au frottement, occafonné ‘par les vents, & , par conféquent, fujerte à fe çarier. De-là, la, perte totale d’un arbre précieux. Mais fi l'Art eft ici en défaut, employons les aimes de la Nature, pour la vaincre elle-même. J'ai fouvent remarqué que, dans une rangée d’Axbres , plantés très-ferré , à cinq ou fix pieds, par exemple, un bon nombre eft forcé à fe dé- jetter , & qu’une fois qu’ils font fortis de la li- gne , ils font fortement chaflés au dehors par leurs voifns. Je voudrois les planter plus près encore ; à quatre pieds : alors la moitié , au moins , fe courberoit forcément ; & , lorfqu'ils auroient atteint trop de grofleur, pour fubfifter fi près les uns des autres, il conviendroit d’abattre ! ceux d’entre les droits, qui ne feroient pas né- çeflaires pour tenir les courbes dans leur état de gêne. Enfin , on en viendroir à abattre tous Secondé Partie. Chap. VII. 153 les droits , lorfque le pli feroit complètement formé. Et ce feroit dans les terres fubftancielles Ge profondes , que je voudrois faire de pareilles expériences à afin que, dans le cas de fuccès, les Arbres eufient le volume & la qualité pra- pres à l’Architeëture navale. Un autre moyen, qui pourroit réuflir : ce fe- roit de planter , à l’expohition du midi, des fi- lets de jeunes Chénes, auprès des rangées d’Ar- bres plus forts qu'eux , plantés depuis environ vingt ans ; car, j'ai remarqué aufli que les jeunes arbres s'éloignent naturellement des vieux , & ne forment aucune branche de leur côté ; fur-tout, s'ils font au midi , parce qu’alors ils font pouflés , d’un côté , par les vieux Arbres, & attirés , de Jautre, par le Soleil. Ainfi, je ne vois que les Arbres de Ligière, & éeux des Avenues étroites , à plufieurs rangs, qui foient fufceptibles de certe opération. Mais je fuis perfuadé que ces arbres pliés, à l’âge de quaranre ans, ou environ, prendroient le pli dé- firé ; par la raifon , que leurs têtes jouiroienc également des influences de l'air, & que l’ombre des Arbres voifins empécheroit les réjers de leur tige de profiter jufqu’au point de les emporter ; il ne s’agiroit que de les émonder deux ou trois fois ; enfuite l’art feroit inutile. On peut avoir befoin , tout au contraire, de drefler un jeune Arbre courbe , pour le faire mieux figurer dans un allignement. On peut ÿ réuflir , en le ployant fouvent en fens contraire de fa courbure ; foit avec le genou, en le tiranc par la cime avec la main ; foi avec un Billard, qui eft une efpèce de maillec ; portant une large rainure, dans laquelle on engage la tige. 154 De la culture du Chêné. Bois DÉFENSABLES. On appelle lieux défenfables , ceux où le bois eft affez forc , pour être à couvert de l'attaque des Beftiaux , & pour qu'ils ne puiflent y caufer aucun dommage. L'âge auquel les bois font défenfables, varie fuivant les difiérens pays ; il eft ordinairement de quatre ans. Un règlement de la Maïtrife des Eaux & Forêts d'Orléans , du vingt Janvier 1720. Fixe ce tems à cinq ans, pour les Bêres aumailles ; & à trois ans , pour les Chevaux. De même , quand il arrive quelqu’incendie dans une Forêt, les Ufa- gers ne doivent y mener paître leurs Beftiaux qu'après dix ans ; que les bois incendiés ayent été coupés depuis, ou non. Quand les bois font d'âge à être pârurés , il ne faut y introduire les Beftiaux qu'a la fin de Juin; car depuis, la mi- Mai, jufqu’à la mi-Juin , qui eft le mois qu'on appelle de Défends , le brou eft trop tendre, & fujet à être atraqué par les Beftiaux. Boïrs-cras. Les pores de ce. bois font grands & ouverts ; les fibres font sèches; la cou- eur eft terne ; elle eft d’un roux fâle. Les Co- peaux font âpres, & fe caffent net, au lieu. de former le. ruban; ils fe réduifent en parcelles, lorfqu'on les froifle, dans les doigts ; il: fe rompt fous la moindre charge , & fans faire d'éclat. L’humidité le pénètre aifément, & une futaiile, faite de ce bois , dépenfe beaucoup plus de li- queur , que celle dont les douves feroient d’un autre bois. C’eft mal-à-propos , qu’on lé nomme Gras ; il devroit s'appeler Bois maigre. On en. peut juger, par la defcription que nous venons d'en donner, Cependant nous dirons que fi ce Bois n’eft pas propre pour la Charpente, il eft utile pour la Ménuiferie ; il s’en fait de beaux Seconde Partie. Chap. VII. 155 puvrages dans les intérieurs ; en effet, Îe Bois que nous appelons improprement Bois de Hollan- de, n’eft autre chofe que du bois fort gras. Bois-cÉLir. Voyez GÉLIVURE. Bois-GÉLIF-ENTRELARDÉ. Quand il y a, dans un arbre, de l'écorce morte, qui fe trouve recouverte par de bon bois, où même de l’Aubier mort, c'eft une gelivure entrelardée. Les Arbres plantés fur les coteaux, y fonc plus fujets que les autres, par l’action du Soleil, du verglas &! des gelées. On reconnoît qu'un arbre eft enciché de cette maladie, par un cercle blanc, ou jaunâtre , qu'on voit dans les bouts de ce bois, lorfqu’il eft abactu. Lors de la refente, on s’en apperçoit encore mieux , par des bandes blanches jaunes, qui font vergetées comme du marbre. C’eft une fuite des rigueurs de l'hiver qui, d’a- bord , a fait fendre le bois & qui a gelé l’Au- bier, au deflous de l'écorce ; alors l’Aubier, ne ponare participer à la sève du Printems,, la aifle échapper ; ce qui occafionne l’infertion de J'écorce. En effet | l'abondance de la sève fa recouvre infenfiblement | & forme un nouveau bois par deflus. Ce défaut règne quelquefois du haut en bas, & ordinairement du côté du midi. Bois-MARMENTAUX , font les bois deftinés à l’ornement des Châteaux , comme Bof- ques , &c. Les ufufruitiers n’ont’ pas le droit en difpofer, quand même ils feroient en Taillis. * Bors-monrrT. Le Rois mort fur pied , ne vaut rién pour l’ouvrage ; il eft privé de toute fa fubftance ; il ne peut que fe décompofer , & tomber en pourriture. PAT _Bors-norr. Dans les Forêts, on appelle ajnfi les Arbres réfineux. ef 156 De la culture du Chêne. Boïrs-nouEux. Les veires de ce Bois font tendres ; les nœuds pénètrent dans le corps, & le tranchent. Une pièce , à laquelle les nœuds ne porteroient pas une grande altération , par la manière dont ils la pénètreroient . qui, d’ailleurs , feroit faine , réfifteroit long-tems aux intempéries de l’air. Aufli employe-t-on ce bois ruftique à former les digues des éclufes & d’autres ou- vrages expofés aux injures du tems, & qui ne demandent pas grande propreté. Ces Arbres font auffi excellents, pour réfifter aux frottemens; & on ne les dédaigne pas pour la conftru&ion des Vaifleaux. Bois-PpELARD, eff celui dont on a en- levé l'écorce ; il brüle aflez bien , mais il rend peu de chaleur. Bors-rEeBounr. C'eft un Bois dur & fin, dont les fibres, quoique dirigées en différens fens , font fort vigoureufes & ruftiques. On ne peut le travailler proprement ; mais il réfifte au fardeau, Bors-EN-RECErAGE, eft celui qui eft abrouti par les beftiaux , qui a éprouvé l'incendie ou la gelée, ou une forte grêle. Bo1is-Rrouce. Lorfque la couleur du Bois eft rouge , elle annonce un arbre qui eft fur le retour , qui dégénère & manque de fubftance. Lorfque le bois eft fur pied , on peut le foup- conner de ce défaut, quand, le long de la tige, on trouve des amas de petites branches , char- gées de feuilles vertes. Boïrs-rouzé, eft un Bois, dont les cercles concentriques ne font pas unis & adhérens: les uns aux autres. Ce vice augmente , quand l'arbre fe defsèche ; on voit alors une couronné” Séconde Partie. Chap. VIT. 157 de bois vif, qui entoure un noyau de bois, qu’on peut faire fortir à coup de malle ; lorfque le dé- faut s'étend en toute la circonférence , fouvent même , lorfque la pourriture s’y eft mélée , on peut le défunir avec la main , comme une épée, qu'on fort de fon fourreau. Les vents, qui fur- viennent dans les tems de sève | ou toute autre caufe qui les fait plier , accafionnent cette ma- ladie , en dérangeant l’adhérence de la nouvelle couche ligneufe avec les précédentes. Ce défaut, très-commun , déprécie beaucoup le Bois. Bors-rRroux. Le Bois roux terne, tirant fur le fauve , eft fur le rerour , & commence à s’altérer ; il ne faut pas l'employer en Charpente, Bois-renpre, eft le même que le Bois gras ; on le reconnoit fur pied , lorfque l’on voit une écorce épaifle & blanche fur un chêne , qui eft encore, en état de croître. Bors-TrraANcHÉé, eft un Bois, dont les fbres font altérées par des nœuds fréquents, ou dont les fibres font mal flées, & ne font pas droites. Ce Bois , étant débité , n’a pas de confiftance ; il cède au moindre fardeau ; il rompt fous fon propre poids. | Bors-verp , eft un Bois nouvellement abattu : on ne devroit s’en fervir qu’au bout de deux ou trois ans; autrement , rempli de sève, il fermente & s’échauffe , fur-rout s’il eft recou- vert. Nous verrons plus bas quel tems il faut à une pièce de Bois, pour fécher parfaitement. Branc Dr Capo n. On appelle ainfi des veines blanchâtres & vergerées, qui fe trou- vent dans le Bois ; ce figne indique un com- mencement de pourriture ; ou d’autres vices , tels que Gouttière , ou Gélivure, ou Roulure, ou Dou- 158 De la culture du Chérie. ble-Aubier , qui ne tarderont pas à paroîtré j Jorfque le bois aura perdu fa sève. BourzLet. Les Bourléts, & les élévationé en forme dé corde, qui fuivenc la direction des fibres du bois, indiquent uhe Gélivure intérieure. : CADRANURE. La Cadranure , eft une Gélivure dans le cœur du Bois; elle refflemblé aux lignes horaires d’un Cadran | & provient de V'altérarion du cœur du Bois; les Arbres, qui {ont für le retour , en font fouvent attaqués. On peur employer ce Bois à la fente, en Ôtant lé Cadranvte. x Cxr1E. La Carie eft une efpèce de moifif fure , provenant du vice des racines mal faines $ cette maladie arrive aufli lorfque le bas du tronc de l’Arbre eft affecté pat les intempéries de l’air ; telles que le grand froid, & le chaud excefif : le féjour même d’une eau ftagnanre & corrom- ue ; au pied dé l’Arbre , peut occañonnér ce défaut. Sa Carie entraîne pour lordinaire l’exfo- hation : aufi-tôt que l’on s’en apperçoit ; il eft bon de procurer un écoulement à l’eau ; la caufe ayant ceflé , la playe , d’où fuintoit une humeur fanieufe , ne.tardera pas à fe cicatrifer. - CHampPp1icnon.C'eft une excroiflance } aïnfi que FAgaric, qui annonce [a vétufté & la dé- compofition de FArbre qui le porte. ; CHaANCkRE ,; eft une efpèce d’ülcère | qui altère , & l'écorce; & le bois; il fuinte en cous tems , même pendant la féchéréfle | une eaw rouffe , âcre & corrompue ; une branche arrachée fans précaution, & caflée par éclat, eft le prin- cipe de ce mal , qui fouvent fait de grands progrès dans le cœur de l’Arbre; il rend le bois vergeté ou rouge; alors cet Arbre a perdu coute fa qualité. Seconde Partiè. Chap. VII. 159 CnÈèveres. Il fauc les exclurre abfoluméne des Bois , & même les Moutons , parce que ces animaux font plus friands du bourgeon , que tous les autres; & qu'ils le font au point de ronger l'écorce même du recrü, CHiENDENS. Ils occafionnent des mala- dies, & le dépériflement des Arbres ifolés, en leur dérobant la nourriture ; ils s’établiflent & s'étendent dans ün terrein, qu’on n’a pas foin de labourer jufqu’à une diftance dés Arbres, fufifante pour que les racines de ces plantes traçantes ne puiflent parvenir. à celles des Ar- bres. Le Sainfoin, la Luzerne , & autres fem- blables plantes vivaces, qui prennent beaucoup de nourriture , épuifent encore les Arbres plantés au milieu d’elles. CHUTE PRÉCIPITÉE DEs FEUILLES. Une telle révolution annonce qu’un Arbre eft affeété de quelque vice, qu'il perd fa fubftance; que fes racines ne font pas faines ; qu’elles ne euvent s'étendre dans le cerrein; que la végé- tation eft fufpendue ; & qu’enfin lArbre eft fur le point de périr. Un coup de Soleil peut quel- quefois occafionner tout ce mal : mais , alors, il n’eft pas aufli dangéreux ; l'arbre peut fe re- mettré l’année d’après. CicaATrice. La Cicatrice, eft la marque d’une ancienne playe. Une branche , caflée trop près du tronc , en eft fouvent le principe. Si l’on apperçoit feulement une lèvre, ou une petite roulure, l’Arbre peut être fain ; mais il eft gâté, s'il fe trouve ; à l’endroit de là cicatrice | une grande ouverture , qu’on appelle Œx! de Bœuf. Cirons. Ce font de petits Vers, qui fe nourriflent de Ja marie ligneuf naurellemenc 160 De la culture du Chêne: aflez tendre ; ils la traverfent dans tous les fens ; & la privent de fon élafticité. Couzreunr. À la couleur du Bois, on peut prononcer fur fa bonne ou mauvaife qualité. Le Jaune-clair, ou Couleur de Paille, ainfi qu'une teinte couleur de rofe, annonce une bonne qua- lité ; ces couleurs uniformes , & qui deviennent plus foncées , à mefure qu’elles approchent du cœur, indiquent des, Arbres bien conditionnés ; fi la différence n’eft pas fenfible , & Ja nuance non interrompue , le bois eft d'une qualité par- faire : y remarque-t-on des changemens fubits de couleur, des veines blanchâtres, vergetées , nommées auf Blanc de Chapon ? c’eft un indice de pourriture. Quand les veines font roufles, & femblent plus humides que le refte du bois , vers eté de cette teinte, on doit y reconnoître ur Arbre fur le retour, & qui menace ruine, Couronne. On appelle ainfi les branches de la tête d’un Arbre, fi les feuilles en font jaunes ; & , fi les branches les plus élevées fort mortes ou languiffantes ; alors l’Arbre eft ce qu'on appelle Couronné : il eft fur fon retour, & dépérit. | ExcroïissANCS. Les excroifflances de la partie ligneufe doivent rendre un Arbre fufpeét de bien des défauts ; elles font d’un bois trés: dur ; leurs fibres ont des directions très-bifarres:. C’eft un développement de la partie ligneufe , qui s’eft fait dans cet endroit , avec plus d’abordance qu'ailleurs : on ignore quelle peut en étre la çcaufe ; il n’a pas été poflible d’en faire naître artificiellement fur les Arbres. Il y à encore des xcroiffances d’un autre genre : au lieu de former une groffeur, que l’on pourroit comparer à une Jouppe , Séconde Partie, Chap, vil. 16 ouppe, elles produiféne, dans toute la longueur de la tige, une éminence ; qui dérange la forme fonde de l'arbre. C'eft l'effet d’un coup de So: lil, ou d’une forte gelée , qui aura altéré les couchés nouvellement formées ; & l'effet de là sève , qui, tendant à réparer l’alcération , occa- fionne ce bouleverfement. On a vu tous les Ar bres d’une Avenue être affetés, du même côté, de ce renfiement. Il fe forme fur le Chéne ; tantôt au pied, rantôt au milieu de fa tige; quelquefois à la naïflance des branches, une pe- tite verrue , qui groffit infenfblement , qui ref- femble enfuite à une groffe boffle, ouverte au milieu ; cètte excroifflance fe remplit de vers, qui altérent la sève ; s'étend toùt au tour de l'arbre, & le feroit périr, ou le &ndtoit tout à fait difforme. Pour obvier à cet inconvénient ; il faut , dès l'Hiver, enlever, avec un fer. bien tranchant ; tout l’efpace qui eft attaqué de ce mal ; en effacer routes les traces, de manière que le bois de l'arbre foit auffi üni dans certe partie, que dans les autres : aù Priritéms fuivanc; l'écorce commencera à recouvrir ,de tous côtés. Frorrace. Le Bois de Charpente, pou être bon , doit être Floré ; il ne faut pas qu'il Hoi trop long-tems dans l’eau : trois femaines fufhfent ;: pour le dégorger de tous les fucs grofliers de la sève. Au défaut de Flottage, il faudroit mettre le bois dans une eau claire, paire & coulante , pendant environ un mois, & ne s’en fervir qu'un mois où deux après avoir été tiré de l'eau. Les eaux croupiflantes ou bous: beules feroienc un effet contraire, & chargeroïefit Je bois de corps terreux. ira 18 4, Fourmis. Les Guépes ; Frelons & Abeil- L 162 De la culiure du Chéné. les, & les Fourmis, font attirées par la faveut mielleufe des Arbres ; elles y fixent quelquefois leur demeure , s’y attachent , & font périr un atbre en trois ou quatre ans, après l'avoir ex- ténué, & privé de fa fubftance & de fes fels. S’apperçoit-on de quelque Ruche ou Fourmil- lière ? 11 faut les détruire ; f elles font formées, on ne peut guères les détruire , qu’en y mettant le feu , avec une torche de paille. Obfervez ce- pendant de ménager l’arbre , & de le garantir des fuites funeftes de la flamme. Gazzes. On trouve fur les Chênes une gran- de quantité de différentes éfpèces de Galles, dont plufieurs reflemblent à des fruits ; il ÿ en a mé- me d’utiles ; c’eft, par exemple, avec les Galles qu'on ous porte du Levant, que l’on fait la meilleure Encre a:écrire ; elles fervent encore à la préparation des étoffés, pour recevoir différentes fortes de teintures. Voyez No x. GEzées. Les Gelées font de grands torts aux Bois ; elles produifent bien des maladies ; celles qui font occafionnées par les Gelées du Printems, font bien différentes de celles que les froids exceflifs & les frimats rigoureux de l’Hi- ver peuvent amener avec eux. Dans la première faifon , comme les froids ne font pas beaucoup au deffus de la Glace , les bourgeons feuls en peuvent fouffrir; c'eft un retard pour les pouffes de l’année, il eft vrai; mais aufli toutes efpé- rances ne font elles pas détruites. Les Gelées de J'Hiver entraînent fouvent avec elles le plus grand défordre ; fi l'Été a été frais & humide, les jeunes branches, n'ayant pû parvenir à leur dégré de maturité , ne peuvent réfifter aux Gelées , même äflez médiocres. Quand les Gelées font p] Seconde Partie. Chap. VII. 162 extrémement fortes, & précédées dé pluyes, où d’ün tems humide féulement, les Arbres périf fent trout-à-fair, où du moins ils réftenr affed@és dé vices, qui ne fe corrigent jamais. Tanroc ce font les Gerces, ou les Gélivures, qui fuivené la direction des fibres ; ou les Gélivures entrez lardées ; tantôt c'eft l’Aubier-double ; c’eft l’Ar- bre-même qui éclate & fe fend, avec un bruit extraordinaire ; tantôt des branches endomma: gées , tandis que le tronc eft aflez fain ; d’au- trefois c'eft un tronc, qui périt, pendant que lés racines font faines , & en état de faire dé nouvelles productions , &c. | GÉLIVURE , fente, occafonnée par la ge léé , qui s'étend communément du centre de larbre à fa circonférence ; les fortes gelées péné- crent quelquefois jufqu’à la moëlle des Chênes, jeunes & vieux ; À taréfaction de Pair ,+ & de l’humide intérieuf | fait nécefairement éclater l'arbre dans le fens qui préfente le moins de ré: fiftance ; &, felun que le paflage du froid de la nuit à la chaleur du jour , eft fubir, ou que l'arbre fe trouve difpofé dans fa paitie intérieure, les ouvertures font plus ou moins longues, pro- fondes & nombreufes. Les plantes réfineufes re= €evront un effet contraire. Soit qu’il ne fe forme qu'une ouverture , foit qu'il s'en forme quatre eu cinq, elles ne fe réferment plus; les fibres font déchirées ; la sève, au lieu de les réunir, prend pai-là fon cours, & chaque Hiver renou: velle le mal & l’aggrandit ; les arbres, qui ont eédé à l'incempérie , perdent tellement de leur valeur, qu'ils ne font plus propres à l'ouvrage, GERSURE, fe dit des petites fentes , répane dues fur la furface d’une pièce de bois équarrie, Li 4164 De la culiure du Chêne, . GrRÈze. Les grandes Grêles, occafonnéés par un vent de Nord violent , font beaucoup dé tort aux arbrés, fur-tout fi l’on n'a pas foin de coupér Îés jeunes branches meurtries, & d'élaguer les branches les plus endommagées des grands arbres. Une forte Gréle peur briler tout le plant d’un jeune Semis ; cer accident feroit plus fâcheux que l'incendie, qui confumeroit tout ce qui feroit Horsde terre ; parce que le feu , ne prenant ordinairement dans les bois, que pendant l'Hiver, ou au mois de Mars, les jeunes arbres, recepés tout de fuite, repouflent par pied; mais la gréle, tombant ordinairement dans le rems où lès arbres font dañs leur plus grande action , il eft dangé- eux qu'ils ne périflent, lorfqu'ils font extréme- ment maltraités. Dans ce cas, il faut atcendre jufqu'au mois d’Aoûr, & les receper avant le renouvellement de sève, qui furvient à cette époque. ; | GruME, fe dit d’un arbre abattu, qui n’eft pas encore équarri. Si l'on eft long-rems fans en- lever l'Aubier, le bois s’échauffe ; les vers s’y mettent, pénètrent au cœur, & l'on perd quel- quefois une belle pièce de bois, faute de pré- caution. Le bois de Hêtre, & les bois blancs, font plus fujets que le Chêne , à fermenter au mois d’Aoûr, & à fe corrompre. Les bois en Grume font fujets à fe fendre au cœur, par les deux bouts fciés ; fur-tout s'ils font fort gros ; on évite en partie ces gerçures, En clouant une pe- tite planche, qui recouvrira le milieu du cronc, & empéchera le hâle, Guv. Ceft une plante parañte , qui ne fe trouve jamais attachée à la terre; on ne la voit que fur des branches d'arbres, dont elle fe nour: Séconde Partie, Chap. VIE. r6$ tit, par des racines, qu'elle jette dans l'écorce, & dans le bois même de l'arbre, auquel elle eft inhérente , & dont elle s’approprie la fubf tance. Ses feuilles reflemblent à celles du pour picr ; {es fleurs produifenc des fruits, ou bayes,, dont les Grives {ont fort avides. Celui du chêne eff rare, & recherché dans la Médecine. On tire de fon fruit une giû fort tenace , qui eft à toute épreuve, & produic fon effet, méme dans l’eau, HEURRE. On appelle Aeurre , le mal qui fe trouve à l'endroit de l'arbre, dont l'écorce a été enlevée en partie , par quelque accident. Le mal eft d'autant plus dangéréeux , qu'il refte des par- ties de l'écorce , détachées & éciiflées , qui fer- venc enfuice de retraite à des animaux malfaifans, Les arbres d’encoignure font expolés au: frotte ment des roues de Voitures , & fujets à cet acç- cident , lorfqu’on n’a pas foin de les garantir. INÉGALITÉ DE GRrossEuR.-Un arbte devient inutile pour la plüpart des ouvrages Jorfqu’il eft fort gros par le bas, & très-mince- par le haut ; les arbres fort branchus fonc fujers. a ce défaut. Si l’on avoit eu foin de les élaguer. des leur jeunefie , ils feroient d’une valeur bien. plus confidérable. F Insectes. Il y à une grande. quantité de. différentes efpeces d’Infectes 5. ils rongent les. feuilles | les fleurs, les fruits ; & caulent aux. arbres de véritables maladies , dans les années. où 1ls- font abondants ; les Hannetons, les Che-. nilles font beaucoup de dégats, & dévorent quel- quefois toutes les jeunes poufles des arbres, (10) D ji (ro) La grande quantité d'œufs , dépofés par les. Pa. pillons l’année 1786, fur les arbres, dans toute l'étendue. L #66 De la culiurè du Chéne, Pour détruire la nichée des Chenilles , qui paroît dès le mois d'Otobre , au bout des branches , enveloppée dans des feuilles sèches , que ces Infeêtes ont faites périr, il ny à pas de meilleur moyen, que d’abattre ces bouts de branches, avec un déchenilloir, & les brûler de fuite ; fi l’on donne le tems aux Chenilles de fe répandre, les eflorts de l’homme deviennent in- fructueux , pour les détruire ; l’ennemi fe difper- fe, & pañle, d’un lieu dévaité , en un autre, qui ne l’eft pas. S'il ne s’agifloit cependant que de garantir quelques arbres ifolés, on pourri, après les avoir netroyés dans toutes leurs branches, entourrer le tronc avec une corde de crin, grof- fièrement tiflue ; les piquants empêcheront les Chenilles de monter. Les Hannetons font encore plus difficiles à détruire , parce que ces infectes volans fe ren- dent, de toutes parts, fur les arbres oùik yena le moins. Dans les années où il y a peu de Hannetons , on peut fecouer les jeunes arbres , le matin , à la fraicheur, & battre Les grands, avec de longues perches ; les Infeëtes tombent, tout engourdis , & on les écrafe ; mais il eft inutile de l’entreprendre dans les années favora- bles à leur multiplication. du Royaume & la température de l’Hiver fuivant , avoient tellemént multiplié les Chenilles, qu'elles avoïent rongé toutes les feuilles naïlfantes des Chênes ; & , par confé- quent , toute efpérance de Glandée. J’ai vu , dans plufieurs Provinces, des milliers d’arbres , entièrement dépouillés, au mois de Juin 1787. Inutilement les Magifirats, atten« tifs à prévenir de pareils malheurs, avoient renouvelé les Ordonnances, pour obliger le Peuple à porter du fecours aux arbres. Seconde Partie. Chap. VI. 167 t Les gros Vers blancs , nommés Thons , ron- ent l'écorce des jeunes arbres , & les font pé- ir ; il y a encore un Ver rouge, qui perce le bois, au point de faire périr la tige. On trouve auf , dans les Forêts, de beaucoup plus gros Vers, qui fe métamorphofene en Scarabées , & fonc , dans le bois, des trous à y mettre le doigt ; fouvent on les fait périr , en mettant dans leur trou un fil de fer ; quand ce moyen eft infufhfant, on peut fuivre les trous des Vers avec une ferpette, ou autre outil , jufqu'à ce qu’on les à découverts. On connoit les arbres qui font attaqués par toute forte de vers, au moyen de la fcieure du bois rongé , qui tombe. au pied. [1 ya, de plus, les Mouches cantha- rides ,\ qui s’attachent au Frêne, & fonc recher-. chées par les Aporhicaires ; en fecoue , à la fraîcheur du matin, les jeunes Frênes, qu’elles: afleétenc le plus; on les ramafle ; & on les jette. dans un vafe , où il y à du vinaigre : elles s'y confervent très-long-tems en bon érat. Le feul Frêne à fleurs eft exempt du defagrément d'être dépouillé ; c’eft en quoi cette efpèce eit préfé= able à l’efpèce ordinaire ; on éloigne ce dernier des lieux d'habitation , à caufe de la mauvaife odeur que les Cantharides exhalent dans la plus belle faifon de l’année ; & il ef facile de fe procurer le Frêne à fleurs , au moyen de l4 grefle , fur la grande efpèce ; elle réuflit erèsa bien en fente. : . Et le KermÈs, qui eft un Infete, qu'on ap. pelle Galle Inféle où Graine d'écarlatte, qui pro. duit le. Kermes , qu'on trouve fur une efpèce de: chêne-vert , qui elt très-rameux , diflus, && eu buiflon ; cet animal a la forme d'uce petite bou, 163 De la culture du Chêne, AA: le, dont on auroit ôté un fegment, Vers la fin de Mai, au lever du Soleil , les femmes vont. faire la récolté du Kermès , ‘qui font de perits œufs , d’un rouge pâle , qu'elles -enlèvent avec leurs ongles. Le méme Infette en produit juf qu'à deux mille. Ce Kermès fert à la teinture dû Rouge, & eft employé en Médecine ; c’eft dans l'ile » & dans les Provinces méridion- nales de. la France, qu'on en fait la plus belle récolte. Lapins. Les Lapins font beaucoup de tort, aux arbres; ils {e nourriflent dans les Jeunes fe, mis , fouillent la terre auprès des racines des grands arbres, & mangent l'écorce du pied , fur-tout dans les tems de neige , où ils se trou- vent point d'autre nourfiture, :.. :.:::', (014 00m LaRDpoiïre, eft un éclat de bois, de trois, Où quatre pieds de longueur, qui refte quelque- fois fur la fouche, & qui fai partie de l'arbre ‘qu'on abar. C'eft l'inattention d’un Bücheron mal-adroit , pour n'avoir pas fait, avec la hâ- che ; fon entaillé aflez profonde, dé côté ; afin qu'elle pañle le centre de l'arbre , ainfi qu “il eft, d'ufage : cette pratique eft même d’autant plus néceffaire , que, par ce moyen, on fait tomber l'arbre du côté que l’on veut. ‘LicnHen, eft une plante, que l’on croit parañte , qui vient fur les arbres ; 3 elle annonce qu ‘ils font languiffants. “Lierre, n'eft pas une plante parafte, car il cient à la verre ; & , fi on le coupe au pied, il périt & fe sèche. ‘ MaALANDRrE. On donne ce nom aux nœuds vicieux , qu fe trouvent dans le bois de Chaspente. Seconde Partie, ChapA VI 169 MorT-Bois. On entend, fous ce-nom, le bois des neuf efpèces contenues en l'Art; 9 de la Chartre Normande du Roi Lours X de l'année 1315 ; en celle de François Ie de 1515 & en l'Ordonnance de 1669 , qui font Saulx ou le Saule, Marfaulx , autre efpèce de Saule , qu'on appelle Sauk des Bois , Épines ; Puifnes , Seur , qui eft le Sureau , Aulnes, Genéts ;y Genièvres, & Ronces. On peut joindre , à ces neuf efpèces, le Coudre fauvage , le Fu- Jain, le Sangun, le Troëre & le Houx. Ce mot fe dit, par corruption, de Mau-Bois , où Mau- yais- Bois. | On appelle Bois-Mort ( ce qui eft bien difié- rent de Mort-Bois } les arbres qui ont féché fur pied , & qui n’ont plus de sève , foit qu'ils foient fur pied , ou qu'ils foient giffans ; c'eft-à-dire; couchés par terre. | Mouziné, eft un bois piqué dés Vers, & qui fe réduit en pouflière. Foyez Cirons. Mouwusse,.eft une plante parafñre, qui dé: note un arbre malade , & :aui tend à la pourri- ture , à moins que tout un canton de bois n'en foit couvercz car il fufit qu'un arbre en foit infecté , pour en couvrir tous {es voilins, par le moyen du vent , qui tranfporte la graine. On fai comber la Moufle , en frotrant ies arbres; par un rems humide , avec un gros drap de laine. | | Noix DE GALLE 3; ce font. des excroifz fances , qui viennent fur des feuilles de chêne, elles proviennent de la piqüre de certains Mou- cherons , qui y dépofent leurs œufs ; elles ont la forme d’une Noix 5 mais la grofleur d’une peti- te, feulement. Voyez Ga1zzes. mrs ÿ70 De la culture du Chêne. O1sEaux. Les Oifeaux font préjudiciables aux arbres, qu'ils prennent en affeétion ; les nids retiennent l’humidité , & occafionnent des Gouttières , fur-tout s'ils fonc placés entre les grofes branches. L'Oifeau, qu’on appelle le Pic, attaque les arbres, dans les parties où ils com- mencent à s’altérer , & y fait des ouvertures , qui finiflenr de les faire pourrir. . Prens-corniEeRrs. Il eft défendu, fous peine d'amande , de couper les arbres Preds-cor- aiers; c'elt-à-dire, les gros arbres, qui font dans les encoignures des ventes, qui fe font dans les forêts. On les marque du çôté qui regarde la ligne qui eft à droite, & qui conduit à un autre Pied-cornier. On les marque aufli du côté qui regarde la ligne à gauche , & qui conduit à un autre Pied-cornier. Prayes. Toutes fortes de playes ; doit qu’elles proviennent de branches coupées trop près , d’écorce enlevée , ou rongée par les bef- tiaux , enlevée par le frottement des Voitures , &c. pourvü qu’elles proviennent d’une caufe ex- térieure , font faciles à guérir ; il faut enlever tout ce qui n’eft pas adhérent au tronc de lar- bre; l'écorce recouvrira enfuite d’elle-méme. St la playe étoit très-grande , il feroit bon d'y ap- pliquer l’onguent de S. Fiacre , qui n’eft autre chofe , que la fente de Vache , mêlée avec éga+ le quantité de terre graffe ; on en fait une en- veloppe à l'arbre, dans la partie bleflée; qu'on retient avec de la moufle, ou avec un chiffon, lié avec des ofiers. Quand l’ofier pourrit , ce qui arrive dix-huit mois ou deux ans après qu’il a été employé , tout l'appareil tombe , & l'arbre n'a plus befoin de fecours étrangers. sf jé 9 Seconde Partie. Chap. VII. 17£ Püurréracrion. C’eft la fuite d’une ef- fervefcence extraordinaire & trop abondante ; les fibres ligneufes , par une grande fermentation , ‘ perdent leur bolidiré : il ne fubfifte plus alors d’adhérence entre les parties dont elles font com; polées , & ces fibres fe changent en une pulpe friable, Le bois pourri eft coralement décompo- fé 5 il fe rompra plutôt en ligne tranfverfale, qu'en ligne à droit El s ce qui eft tout Îe con- craire du bois-vif. Et il y a une grand différence à faire eptre un arbre poutri au pied, & un arbre, qui feroic pourri en rête : il eft rare que la pourriture du bas monte bien haut; on trou- ve , pour l'ordinaire, fe tronc parfaitement fain à quatre ou cinq pieds, à partir de la naiflance dés racines : au lieu que la pourriture , qui vient du haut, occafonnée par un Abreuvoir, ou Goutrière, pénètre ordinairement jufqu’au fond. Rasoucri, fe dit d’un arbre tout tor- tueux , noueux , de peu d’ufage, & de vilaine venue. La caufe de ces défauts vient fouvent, de ce que les arbres, étant jeunes , ont été broutés par le bétail , ou par les bêtes fauves. Rarrau, eft le même que Rabougri ; le tronc d’un arbre Raffau eft court , mal tourné , fourchu , chargé de branches, &, pour l’ordinai- xe , noueux. Ces défauts vont prefque toujours enfemble. Malheureufement le Chéne eft , de tous les arbres des Forêts , le plus fujet à étre affeté de toutes les caufes qui rendent les arbres raf faux : on s’en fert quelquefois dans la Marine , à caufe des courbes qu'ils produifent. | Rerounr. On appelle un Bois fur le retour, celui qui dépérit par vicilleffe. Tous les arbres, qui font depuis long-tems fur le retour, fonc Fr De la culture du Chêne: altérés au cœur ; & ‘leur bois eft gras. On re- connoît qu’un arbre eft affecté de ce mal, quand il forme , par les branches de fa cime , une rêre arrondie ; &, de quelque groffeur qu'il foie, il a peu de vigueur. Ïl eft dans le même cas aufi, lorfqu’il fe garnit de bonne heure de feuilles au Printems , & , fur-tout , lorfqu’en Automne fes feuilles tombent avant les autres, & que celles du bas font alors plus vertes. que celles du haut. C’eft un figne encore qu’un arbre eft en retour, quand il fe couronne & qu’on s’apperçoit que les branches du haut meurent & périflent. On le reconnoît aufli , quand l'écorce fe détache du bois , & qu’elle fe fépare , de diftance en dif tance , par des Gerces, qui fe fonc en travers; alors même c’eft une marque de dégradation confidérable. Un arbre annonce encore qu'il eft fur le retour, lorfqu'il eft chargé de Moufle, de Lichen ,; d'Agaric , de Champignons ,° & d’autres plantes parafites. Efl-il marqué de taches noires ou roufles ? ces fignes de grande altéra- tion dans l'écorce, prognoftiquent qu’elle n’eft pas moindre dans Le bois. Lorfque les jers font très-courts , que les couches de l’Aubier font minces, ainh que les couches ligneufes, dernie- rement formées, foyez perfuadé que l'arbre lan- gui, dépérit, & tire à fa fin. Les écoulemens de sève, par les Gerces de l'écorce , font des fignes de la prochaine deftruétion d’un arbre. TERRE. ( DÉFAUTS DE LA ) ‘Il eft rare qu'elle foit tellement maigre &:sèche , qu’elle ne puifle fournir aflez de fubftance à l’efpèce d’arbres qu’un Culrivateur intelligent y aura placé ; fur-tout, s'ils font de près en prés; parce qu’alors | leur ombrage & leurs feuilles Seconde Partie, Chap. VII, 17% tombées, entretiennent de la fraîcheur au pied, Cependant, fi l’on fe trouvoit dans ce cas, pour ün petit nombre d'arbres, on pourroit changer la pature de la terre , en faifant un mélange de terré plus forte. Les fréquents labours réparent en partie ce défaut. n eft plus ordinaire que la terre foit trop humide ; il faudra , alors, donner cours aux Eaux, par le moyen d’une tranchée, ou petit foflé , dirigé du côté de la pente. Mais fi le terrein formoit une efpèce de baffin , plus élevé dans tous fes bords , que dans fon milieu , il faudra nécéflairement couper un de fes bords, pour y pratiquer un aqueduc en pierre, plus bas que le niveau du baflin. I! peut arriver encore se l'aqueduc ne fera pas praticable ; il faudra aire, alors, une fofle dans le fond ; en forme de puits, pour recevoir l’égoût des eaux. Si cous ces moyens font impraticables , il ne refte qu’à y établir des plants aquatiques. Pour faciliter leur reprile , il faut, après qu’on les a mis en place, léver un petit foflé cout le long des lignes , afin qu'ils ne foient pas fubmergés ; car, aucun arbre ne réuflic, lorfqu'il a le pied continuelles ment dans l’eau. La pourriture des racines provient très-fouvent du vuide qu'on a laiffé entr'elles dans la terre, Jorfqu'on a planté l’arbre. Quand on arrachera des arbres morts , pour les remplacer, qu'on ÿ fafle attention , on verra qu'il en a péri la moitié par cetre caufe. Le chanci s'empare de la racine la plus près du vuide où il fe forme , & fes f- lamens s’écendent jufqu’à l’arbre. Comme :il n’eft pas poflible de foupçonner cette maladie, ni de favoir de quel côté on pourroit la découvrir , je Y74 De culture du Chéne, ÿ e’y vois pas de remède ; je ne puis que recort® fmander une grande attention à préparer la terre ÿ & à la faire joindre à chacune des racines , qu’on doit avoir foin de féparer lors de la plantation. Tonnerre. Un aïbre, frappé du Ton- nerre , left ordinairement du haut en bas ; ül périt fans reffource:: fi cependant il ny a que quelques branches arrachées & mutilées, il en peut revenir, pourvu qu’on ait foin de couper à fleur du tronc les branches rompues. Vents. Plufeurs cfpèces d’Arbres font fujers à êrre éclatés du haur en bas, par les grands Vents, nomme les Acacia, le Châraigner greffé, &c. Ceux dont le tronc fe divife naturellement en deux grofles branches, de force égale , en font prefque roujours endommagés. Pour prévenir cet inconvénient , qui eft fâcheux pour un Pro- riétaire , qui a fair des plantations régulières il faut, lorfqu'on élagüe, ne laiffer qu'une maî- trelle branche : alors l'arbre plie plus également dans toute fa longueur , & cède aux divers mouvemens de la courmente. On ne peut garan- tir certaines efpèces, qu'en les étérant tous les où 6 ans. Vrrezas. La gelée, qui reprend avec force après un dégel , glace, non feulement l'éau qui eft à la fuperficie des branches , mais encore l'humidité , qui a pénétré l’Écorce & VAubier. C’eft alors un Verglas plus pernicieux aux arbres, que les plus fortes gelées ; l'Écorce & PAubier périflent , dans la partie expolfée au Soleil , pendant que les côtés oppolés , qui font reflés fortement gelés , font fains & faufss les arbres placés au midi font fujets à cer accident ; & c’eft une des caules de ce qu'on appelle Gel qure-entrelardée, L2 Seconde Partie. Chap. VIL. 175$ Vermine. Ce font les Rats, les Loirs, les Thons, &c. qui mangent les fruits & quel- quefois les jeunes branches ; les Mulots, qui dévorent les bulbes & les racines tendres. Parmi les accidens, qui menacent les arbres ; il en eft que les foins les plus éclairés ne peuvent guères prévenir. Les maladies extérieures font plus faciles à guérir , que celles qui font dans l’intérieur de l'arbre , ou dont la caufe eft cachée fous la .fuperficie de la terre. Il eft des arbres qui , par leur mauvaife difpofition , ont des vices intérieurs, auxquels on ne peut remédier , comme la Tigne & la Galle ; la Nature les a formés dé même, ou l’Art les à rendu tels ; quand on voit quel- ques arbres ainfi attaqués , on les arrache pour brûler ; & , s'ils font dans le cas d’être remplacés, @n y procède le plutôt qu'il eft poffible. CHAR ITR E.V BE REMPLACEMENT DES JEUNES ARBRES. ]. At remarqué que les arbres remplacés réuf fifent rarement. Si, fur cent arhres plantés', äl en périt, année commune, dix ; fur cent ar- bres remplacés , avec les mêmes précautions, dans le même tertein, il en périra trente ; il eft des places où Jj'at été obligé de planter jufqu'à dix fois. Je fois embaraflé pour en donner une raifon fatisfaifante. Le mélange des terres , qui s'opère, œrdinairement , lorfqu” on fait la fouiile une fe- conde fois, peut y contribuer; la meilleure étoit far les racines , & à côté d’elles; elle fe mêle avec la .mauvaife ; qui étoit en dehors; mais, avec un peu d’attention , on peut évirer ce mé- lange ; je l'ai évité ; je n’ai pas mieux réuff. L'arbre mourant dépofe dans la terre un refte de sève corrompue , qui peur linfecter ; la pour- riture des racines gagne de proche en proche ; elle donne à la terre une tres-mauvaife odeur, &, par conféquent , une mauvaife qualité 3 c'eft fans doute la véritable raifon » qui fait périr la plupart des arbres remplacés. Quand je me fuis, apperçu que la terre avoit ce défaut, j'en faifois tranfporter de nouvelle. Lortqu’ on voir que les”arbres périffent fouvent à la même place , il eft bon de faire fouiller plus profondément ; qu’on ne l’avoit fait ci-de- vant. On trouve quelquefois qu'il y a des rochers immédiarement au deflous de la couche de terre, qu'on avoit ‘creufée , ou un banc de terre infer- cle. Seconde Partie. Chap. VIII, 177 tile. On remédie à ces inconvéniens ; en Faifant une tranchée jufqu’à quelque bonne veine, qui y conduira les racines , ou en perçant le lie dela carrière , au deffous de laquelle il y a paï füis de la terre végétale. J'ai fouvent éprouvé le défagrément de faité arracher des arbres, qui n’avoient pouffé aucuné branche ; que je croyois morts , qui cependant ne l'écoienc pas ; il ÿ en a qui ne pouflent qu’à la sève d’Août ; d’autres qui, ayant pouffé à là sève d'Avril , périflenc à celle ci; d’autres, En« fin, qui ne pouflent ni à l’une ; ni à l’autre: mais qui confervent la faculté de poufer à à la sève dé l’année d’après, & peuvent venir à bien. 4 Ces derniers ne sèchent point fur pied ; comte ceux qui font morts ; ils fé rident un peu , mais ils fonc pliants ,. & doux äu toucher : on férit qu'ils renferment de l'humidité : alors il ne faut pas les arracher , fauf à les remplacer l’année fuivante , s'ils finiflenc par périr. Leur nombfé eft fi petit , que le retard d’une annéé Gé êtré compté pour rien. On fent aflez qu'il ne faut pas tardés.à rem placer les jeunes arbres morts : outre qu'on a dt pläüfir de voir une plantacion complère ; c’eft: qu'il n'eft déjà plus tems de remplacer ; lorfque l'oin- brage & l'élévation des arbres voifins commence à couvrir le terrein : vainement croirbit-bn fur- montér cet obftacle, en élaiguanc confidérabl& ment ces arbres voifins 3 nous avons ufhfämmeñé rouvé qu'il faut être très-réfervé à cé égard: D'ailleus ; ÿ ces arbres anciens fe font ; par: lets racines , emparé de la place ; ils la cédero/ëné difhcilement aux nouveau vénus, LU: CHAPETRE © RÉTABLISSEMENT DES BOIS DÉGRADÉS, Er objet peut être comparé à celui des réparations qu'une économie mal-entendue fait quelquefois négliger ; mais qui, alors, aug- mentent de jour en jour, & obligent le Proprié- taire à réédifier encièremeut fa maifon. La première chofe qu'il faut faire pour remet- tre des Bois en bon état, eft de pratiquer rigou- geufément tout ce que nous venons d'indiquer; comme des moyens de prévenir les dégradations; fans quoi les Bois, qu'on s’eflorcera de rétablir, dépériront toujours de plus en plus. | Souverit il fuffroit de les senir bien clos ; bien garantis, pour qu'ils fe réparaflent d’eux- mêmes. | IL faut recepér les abres languiflans , fur-tout ceux qui meurent en cime, pour fubftiruer , au bcis mourant, un bois nouveau fain & vif. Puis, fi ce bois eft deftiné à former une Furaye, on l'éliguera , quand il aura acquis la hauteur de inq ou fix pieds; c’eft-à-dire, qu'on ne laiffera qu'un feul brin vigoureux du recrû de chaque fouche. On peut repeupler les endroits mal-garnis , en couchant en terre des branches de chacun des arbres voifins ; ces Marcottes fourniflent ordinai- tement beaucoup. Ï1 feroit encore utile de femer du Gland par petites couffes , dans les vuides trop fpacieux. Nous avons indiqué, à la page 70; le mo- yen de détruite tour d’un coup, & pour rou- Séconde Partie. Chap. EM 179 Jours , les plantes vivaces & annuelles , qui fe fe- roient multipliées dans un bois mal-garni , & feroient dans le cas de l’écoufler , en y mettant le Feu, avec les précautions requifes. k Pour ce qui eft des incendies , qui arrivent par négligence où par malice, lorfqu’on elt par- venu à éteindre le feu , on doit abattre tous les troncs rôtis, qui n’ont pas été confumés & cou- per les fouches à fleur de terre. Ces boïs repouf fent ordinairement mieux , que s'ils avoienc été abattus à l’ordinaire , & en bonne faifon. F1 ferà à propos de répandre, l’hiver fuivant , des fe- mences d’Arbres, dans les .clairières , en roulané le terrein, comme fi l’on femoit des Haricots. | Il n’y à pas de meilleur moyen, pour repeu- pler les grandes clairières , que de les défricher ; de la manière que nous avons expliquée ci-de- vant; les labourer pendant quelques années, leui faire porter du bled, fi elles en font fufcepti- bles, puis y jetter les femences.dh' bois. | On peut encore , fi l’on veut fe débaraffer plus promptement des foins du repeuplement ; faire des tranchées à voie ouverte, y mettre du jeune Plant, de l’efpèce qui convient le mieux au terrein , & faire de petits foflés cout le long des filets d'arbres. Opération plus prompte, mais plus couteufe que la première. . 10 En 1751, M du Vaucel, grand-maitre, fit marché, poir un repeuplement de deux mille cinq cents Arpens, dans la forêt de S. Germain-en- Laye , à raïfon de deux. cents dix livres PAr- pent. Prix ; qui paroîtra exorbitant ,: dans les pays où une fimple clôture fuffc, pour garantit les Bois de l'approche des animaux nuifibles; Heureux les Forcitiers, qui fonc éloignés dé : M ÿ 399 De la culture au Chêne, certains cantons , où le Fauve abonde, & où il n’eft pas permis de lui donner la chafle ! Heu- feux encore les Propriétaires , dont les Bois font exempts de toute fervitude , & libres de cout üfage ! Les Futayes abfolument vieilles , ne peuvent donner de beau recrû ; il vaudroit mieux les défricher, pour les feméer de nouveau en Bois : ou faire des Semis dans des terres ufées ,; & conferver le fond des Forêts, pour porter du bled. 11 en réfulteroit deux avantages ; celui d’avoir plutôt de bon bois; & celui de proftes d'une fertilité prefque inépuifable, LÉ e TAN es RSS MP TT ARS Re LA (T LS ME RON NES, TEE > LT 2 RS VE, LA CULTURE DU CHENE. TROISIÈME PARTIE. CHAPITRE PREMIER. TEMS PROPRE POUR ABATTRE LE Bols OUS ne nous fommes occupé , jufqu’à préfent , qu’à donner les moyens de multi plier, d’entretenir & de foigner les Arbres ; il eit rems d’y chercher la récompenfe de tant de foins & de travaux. Indiquons, s’il eft poffible ; toure l'utilité & l’agrément qu’on peuren tirer. Confidérons les meilleures manières dont on doit sy prendre , pour abattre les Bois. L’Are feul a pu indiquer les moyens par lefquels , lors & avant l’Abattrage , on peut procurer aux Bois de Charpente quelque dégré de perfection. Depuis le commencement du Siècle, nous avons. fait des découvertes ; les Buffon, les Duhamel &. nombre d’autres Phyficiens , ont bien voulu , comme bons Citoyens , en faire les expériences ,, . pour inous en donner le fruir à recueillur, 782 De la culture du Chêne; Les différens Syftêmes . fur le vrai tems d’az batire les Bois, doivent céder aux Ordonnances à que nous a didtées la prudence de nôs Rois, & qu'il eft de notre fagelle de fuivre ; nous obfer- verons cependant » que toutes les années ne fe reffemblent point : il y en a de plus hâtives les unes que les autres. Mais quelle efl cetre, diffé- rence ? Une quinzaine de jours la conftirue ; &, il faut l'avouer , un tel laps de tems ne peut porter aucun préjudice aux opérations de la Cou- pe & à l’Abatrage des Bois. Il eft un obje: bien lus important , dont on ne peut trop s occuper , c'eft de CHÉtEHEr À à profiter, dans l’année où vous voudrez faire votre Coupe , de tous les moyens poffibles , pour donner à vos bois la confiftance, la force &- la durée dont ils font fufceptibles. M OL RUN: S | De DONNER PLUS DE CONSISTANCE AU Boïs; ET, PRINCIPALEMENT A L'AUBIER. CORCER les chênes dans toute leur hau- teur , au tems de la-sève ; & les laifier fécher fur-pied , eft un des plus heureux moyens qu'on ait trouvé jufqu aujourd’hui. Les Anciens avoient un moyen à peu-près femblable , pour, donner plus de denfité & de force, aux bois , qu'ils vouloient employer dans un, cout délai. Witruve ,& plufieurs autres après fui , Ont écrit que , pour y parvenir, il falloit faire mourir’ l'arbre “fur pied, en le cernant par le bas , & faifant, avec la Coignée , une entaille plus ou. moins profonde , fuivant la grofleur dé l'arbre : [a sève groffière étant, écoulée par-là, les arbre es étoient bons à employer: cour de fuite. Troifème Partiè, Chap. I. xss ÉCcORCEMENT SUR PIED. La nouvelle méthode , d'écorcer fur pied ; donnée par M. de Buffon, en 1733, eft bien référable : elle augmente la bonne qualité des Bois ; ils en font plus durs, par conféquenc plus folides. On fe fert de lAubier ; & l'écorce enle- vée ferc à faire du Tan. Ce favant Naturalifte a fait une infinité d’ex« périences , pour conftater un fait auffi effenriel. M. Duhamel du Monceau eft venu a l'appui s il n’a rien négligé, pour faire fentir, par des ex« périences les plus complètes fur cette méthode, l'étendue de fes avantages. Dans les Taillis, qu'il failoit exploicer l'Hiver , il réfervoit fur pied les Chénes propres à la Charpente , & les faifoit écorcer dans la force de la sève du mois de Mai; &, dans le mois d'Ofobre fuivant, il les faifoit mettre à bas. Cette pratique remplit les: conditions néceflaires pour former de bon bois, pour l'avoir d’une grande force & d'une longue durée. En effet, la sève deftinée à produire lo nouvel Aubier fe trouve furprife dans fa circula- tion , interceptée , & retenue comme en arrêt: Les parties humides, expolées à l'impreflion de Pair , fe volacilifenc & fe diffipenc ; les autres fubftances , qui fonc la bafe & la vigueur de la sève , ainfi que fa cohérence , fe dépofent, fe fixent, fe coagulent & s’identifient dans tous les vuides de l’Aubier de l’année précédente. Ce corps fpongieux , une fois pénétré & imbibé, le glu- ten , qui le recouvre , fait que la sève réflus dans le cœur de l'arbre où l’Aubier dépofe lz plus grande partie de l’humidité ; c’eft ce qui fait que.l'Aubier d’un. an prend autant de. {oli= 184 De la ‘culture du Chéne. dité , que le bois parfait , qui n’eft pas écorcé. Ii eft aifé d'en fentir la caule ; plus poreux , il reçoit plus de sève que rour le corps de Parbre ; encore cette sève ell-eile épurée, puilque , rece- vant diretemenc les impreflions de l'air, lés par- ties gélatineufes fe coagulenc., & l’humide fe diffipe, Auf eft-il d'expérience que , par l’écor- cement ; l'Aubier fe mürit, & acquiert, en un an, la folidité & la force d'ane quinzaine d’an- nées ; ce qui faic gagner plus d’un fixième fus R ;groffeur de l'Arbre, "7, Veut-on être convaincu de cette vérité ? Jet- tons les yeux fur les expériences faites par M. de Buffon. On verra que , moyenne proportion- nelle, la Solive de bois écorcé pefoit 245 liv.— & rompi: fous 8101 liv. La Solive non écorcée , cé même qualité, pefoit 235 liv. & rompit fous 7352 liv. — x s Lx % ‘ ; Lo. "NT ENT. jt " 5 ‘D'après ces épreuves répétées, & faites chaque fois avec la plus grande attention , n’elt-on pas en droit d'établir pour principe , que le bois eft d'autant plus fort, qu'il eft plus lourd , & que le poids des bois écorcés l'emporte fur celui des bois non écorcés , dans la raifon de onze à dix. ‘Par fuite des expériences de ce Phylicien , nous reconnoîtrons encore que le bois du pied d’un arbre pèfe plus que celui du fommer ; mais que fi ce bois eft écorcé & féché fur pied , fuivané toujours la même condition, alors la proportion change c’eft celui du haur qui eft le plus lourd ; &', par le principe établi, que le plus lourd eft & plus fort ; l’Aubier du bois, qui a fubi. l’écor- gément, eft plus fort que l'Aubier ordinaire, On voit | par les opérations de M. de Buffon, que des Barrezux d’Aubier, d’un Chéne écorcé, Troifième ‘Partie. Chap. I. 135 éñäcun de trois pieds de long, fur un pouce de grofleur , peloit, à poids moyen, 25 onces = & qu'ils te font rompus fous la charge de 287 liv. que ceux du cœur de Chêne , non écorcé, peloient 25 onces —- aufli à poids moyen, & ont cedé au fardeau de 256 liv. Donc les Barreaux d’Aubier écorcé , quoique d’un poids égal à ceux du cœur de Chêne , non écorcé, fonc les plus forts. Ces principes étant établis , d’après la marche de la Nature & de l'expérience , les avantages de l’É- Éorcement ne peuvent plus être révoqués en doute. _ Le réfultas des expériences faires enfuiçe , par M. Duhamel , {ur quatre arbres écorcés, & quatre qui:ne l’éroient pas , démontre que le poids eft comme 100 à 93 moyenne ; la force, comme 100 à 86 — aufli moyenne. Et une obfervation , que fait ce Savant, con- firme bien les raifons phyfiques , que nous avons tâché de développer, ainfi que les conféquences que nous avons déduites ; il avance que le bois d’un arbre, qui a fubi l’'Écorcement , augmente de denfité & de force, en raifon du tems qu'il conferve fa verdure , fans fe faner ; & 1l eft arrivé quelquelois que l’arbre écorcé n’a péri que la quatrième année. b'allore | _ Suivons d’autres épreuves, fur le même objet. Le Comte de Gallowin, Amiral Rufle, ayanc entendu parler des expériences de M. de Buffon, fur l’Écorcement ; fit faire différentes tentatives 2 pendant trois ans, fur es arbres de la Forêt de Cafan, en Ruflie ; il trouva les pareils réfulrats,; mais fes vues ne furent pas remplies fur les Courbes ; on ne pouvoit plus en former , & ecincrer , par le moyen du feu, fuivanr l’ufage 1936 De la culture du Chéné. ordinaire, Le bois écorcé a perdu fa flexibilité & le liant, qui fe rencontrent dans les bois qu'on a coupé avec l'écorce ; c’eft un obftacle pour la Marine ; il faut donc fe contenter de cette opération pour les bois droits ordinaires. Depuis plus d’un an je folicite la permiffion d’écorcer fur pied. Mon intention eit de faire des épreuves fur la partie écorcée , comparée avec la partie non écorcée d’un même Chéne. Car il pourroit être que les arbres, fur lefquels on a fait diverfes expériences fuflent de qualités diflérentes & que, par conféquent , le réfuirat fut différenc, Pluficurs objections fe préfentent naturellement contre cette méthode nouvelle. 1°, La sève, qui eft arrêtée dans fon cours; n’alimente plus la Souche ; elle périt prefque toujours. Mais cette Souche eft-elle bien intéreffante À fa confervation eft-elle effentielle ? obfervons qu'on gagne deux ou trois pieds du meilleur bois | en arrachant les arbres; ce qui donne un. prix bien diférent à la vente. Le bois venu de femis eft toujours plus beau , plus fort & plus robufte que celui qui vient fur fouche; quand les Forêts font ainfi reproduites, elles ne fe fou- tiennent pas ; elles dépérifflent promptement , in dépendamment du Climat, de la nature du Sol & de leur fituarion. A-r-on abattu une Futaye ? les racines des groffes Souches n’ont plus à nour- rir que quelques rejets, qui ne peuvent dépenfer la toralité de la sève , qui leur eft portée ; auffi ces racines, trop gorgées de fucs, en meurent, pour la plûpart. De-là, les défauts, les vices, les maladies, dont fouvent on cherche la caufe, fans faire attention que c’eft un bois fur Souche., Troifième Partie. Chap. I. 19% qui, ne pouvant abforber tous les fucs , qui lu étoient préfentés , en a été fuoqué. Et fi l'on obferve bien les arbres, qui promettent le plus . dans une Futaye coupée depuis trente ou quarante ans , On verra que-ce font ceux de pied, c’elt- à-dire, ceux qui ont levé de femence , répandue fur la furface du terrein ; & qu’au bout de foi- gante ans , il reftera à peine , dans l'étendue d’un Arpent , dix à douze beaux brins dé bois, venu fur Souche. Il paroît donc inutile , & même préjudiciable , de chercher à conferver les grof- {es Souches. : 2°, Pour profiter de tous les avantages que préfence la méthode d’écorcer les Arbres fur pied. , il faudroit changer notre manière d’ex- ploiter les bois. Au lieu d’équarrir les pièces à vive-arrête, & à la Coignée, on pourroit lever à la fcie les croûtes , qui ferviroient enfuire à plufeurs ufages | mais cela n’eft guères prati- quable , pour les longues & grofles pièces de Charpente. 3°. L'Ordonnance défend févérement » à trous » Marchands , de peler les bois de leur vente, » étant de bout & fur pied. » Quelques Arrêts du Confeil. ont dérogé à cette difpofñtion, en fa- veur de quelques cantons feulement, pour favo- tifer le commerce de Tannerie. Ainfi MM. de Buffon & Duhamel ont été obligés de demander la permiffion , pour faire, les expériences qu'ils ont données au Public. Cette Loi prohibitive peut arrêter, en France, les progrès d’une dé- couverte , qui y à pris naïiflance ; nos Voifins y trouvent cependant des reflources immenfes dé - conomie : depuis que M. de Buffon a-écrit fur cette manière d'opérer , elle s’eft établie en. An 198 De la culture du Chêne, LU gleterre (11) & en Allemagne : (12) leurs arbres s’en vendent plus cher aux Hollandois. Qu'il me foit permis de dire , qu’en fuivant . notre Ordonnance à la lettre, il ne nous feroit jamais permis d’écorcer. Elle défend de couper les Futayes & les Bois-Taillis , avant le mois de Novembre , & après le quinze Avril : & ce n'eft qu’au mois de Mai ou d’Août , que cette opération eft poflible. Cependant écorce, qui, dans l’ufage ordinaire d'exploiter , n’eft d’aucune utilité , eft un article à confidérer dans le Com« merce. L’écorce des arbres eft la partie qui con tient , de laveu des Phyficiens, le plus de Sel & d’'Huile , fans doute à caufe de la sève, qui monte par les fibres du bois, & qui retombe par cette derniére enveloppe. L'abondance de ces principes végétaux fe fait aflez connoître par la bonté des cendres, qui proviennent des écors ces brülées, PAT, L’Écorce du Chêne pofsède un avantage fur celle des autres arbres; étant pulvérifée , elle fe nomme Tan , d'où les Tanneurs ont pris leur nom, parce qu’ils s’en fervent pour façonner les Cuirs ; elle eft aftringente & deflicative, fur. tout celle des jeunes chénes ; car quand ils ont plus de vingt années , l'écorce, furchargée de corps étrangers, devient sèche, & perd infenfible= ment fa qualité. oo (11) Hiftoire naturelle du Docteur Plor, Anglois. (12) Didionnaire d'Hiftoire naturelle , par M. Wala mout-de-Bomare, Art. Bois, Troiffème Partie, Chap. L. 189 C'eft au Taz que nous devons la préparatio® des Peaux, dont l’ufage nous eft fi intéreffants les en a-t-on poudrées; après en avoir ôté le poil ? le Sel, qui les pénètre de toutes parts , en fortifie le Cuir, & l’empêche de fe corroma pre ; l’'Huile , qui s’y infinue par-tout, l'aflouà plit & le difpofe à fe prèter à rous les mouve- mens : elle fait plus; elle le rend impénétrable à l'eau. Les Maitres de Forge, dont Île commerce eft plus lucratif & mieux foutenu que celui des Taneurs , achètent les coupes de bois, de l’âge de 18 à 22 ans, à tel prix que ce foit, pour les convertir en charbon ; les écorces, qui pour toient fervir aux Tanneurs, font réduites en cen- dres ; ces derniers ne pouvant s’en procurer qu’à un prix exceffif & en petite quantité , fonc obli- gés de retrancher la nourriture qu'exige un Cuir; pour être fuffhfamment confolidé. MAN IE BE: D'E C OR C ER: Ox fait l’Écorcement, pour le Tan, au mois de Mai ou d’Août , lorfque la sève eft dans fa force. On cerne les chênes d’un taillis à trois pieds environ , on fend l'écorce fur fa longueur ; on l’enlève enfuite avec un morceau de bois, taillé en forme de fpatule , qu'on infinue entré l'arbre & l'écorce | en commençant l'opération par les branches, & finiffant par le tronc. On met ces écorces en bottes; &, pour en faire un cent ; il faut , fuivant l’âge des arbres, l'écorce de fix à huit cordes de bois, Plus les chênes font jeunes , moins il en faut. On paye, pour la façon de chaque cent de bottes, ure gingraine de francs, Si la corde de bois {e vend kgs De la culture du Chêne: douze livres, le’cenr de bottes produira foixantë livres, & ainfi à proportion ; felon les différens endroits, & le cours des marchandifes. Les uns font broyer l'écorce avec de groffes meules ver- ticales , les autres la pulvérifent avec des pilons, fuivant que les moulins font compofés. Quand le Cuir eft façonné, le Tan n’eft pas encore une matiere de rebut, il fert à faire des couches, dans les ferres chatdes ; on en fait auff des motres ,. en forme de petites meules ; & ; lorfqu’elles font bien sèches ; elles fervent à brûler dans les cuifines, En Allemagne & en Angleterre, on employé l'écorce des vieux chênes , ainfi que celle des jeunes , pour faire :e Tan. On a le foin d’en retirer ce qui elt mort, defféché & couvert de mouffe. Pourquoi, en France, ne feroit on pas nfase du même expédient ? C'eft un des vœux. de M. de la Lande, dans fon Art du Tanneur ; il. eft digne d'un bon Citoyen. Ce feroit, en effet; le moyen d’épargner les jeunes chênes; & de procurer l’aboridance du Tan... na Quitrant cette digrefhon, difons qu'il y auroit peut-être un milieu à garder entre tous Ces {yfté- mes ; ce feroit d'enlever , aû commencement du Prinrems , une zône de l'écorce , à deux ou trois pieds au deflus des racines : la sève étant ainfi inrerceptée , l’Aubier deviendroic plus denfe, fec;, & à peu-près aufli folide que le bois : & d’abat- tre les arbres l'hiver fuivant. : SV CU CHAPITRE II EXPLOITATION DES Bors. AssonNs maintenant à l’Exploitation & à la Coupe des Bois. Cette opération eft des lus précieufes ; un bois abattu avec plus ou moins d'inteMigence , plus ou moins de précau- tions , eft bien difiérent à la Coupe fuivante 3 fit pour fon produit, foit pour fa qualité. Mais avant d'entrer dans le détail de cette matière importante , il eft bon de faire quelques remarques fur l’ufage où font prefque tous les Culrivateurs d’étêrer les Chênes épars, dans l’ef- pérance d’en tirer du revenu. ÉTÉTEMENT DES GRoSs CHÊNES: C'EsT une mauvaife méthode d’eféimer un chéne , & d’en laifler monter un autre en fu- taye , ainfi alternativement : on imagine que les branches que donneront ces arbres étêtés , feront bonnes à étre coupées au bout de dix à douze ans , pour le chauffage 5 que le tronc, laiflé à douze pieds de haut, pourra fournir également des planches ou des folives, lorfqu’il commen- cera à entrer en vétufté. Svftème féduifanc en apparence, mais inadmiflible dans la pratique. Les arbres élevés étouffent ceux qui font in- férieurs. La circulation de l'air, & l'afpect du Soleil , font tellement ‘nécellaires à la végétation des arbres , qu’on remarque dans un bois de crente à trente cinq ans, qui s'élève en furaye , que tout ce qui refte au deflous des plus hautes Pranches , tombe en pourriture ; au lieu que- foi De la culture du Chérie: Parbre , même le plus mince , y fubffté, pourvu qu’il puiffe atteindre à la haureur dés gros. Dans une Avenue, les arbres efcimés reçoivent, au moins d’un côté , les influences de Pair; eepen: dant ils peuvent à peine réfifter à la preilion de ceux qui font à haure tige. Mais comme , dans la culture dés arbres , Of doit chercher l'utilité préfence, & qu'on ne peut pas tout facrifier à l'avenir ; je feroïs d’avis qu’on érérat feulement les Chênes épars, qui fe crou- vent dans les fiayes ; pour l'entretien delquelles les branches’ font néceffaires ; & qui, en même: tems, n’ont aucune difoofition à Pélever Ti 0 LIRE chênes qui font placés de façon à ne pas préju- dicier à lä récolte des terres , par l’ombragé de leurs branches bafles & rouffues. Ces aïbres , étêtés | fournironr une ample provifion de bois à brûler, & de bois propre aux ‘différens ufages de l'Agriculture ; ; ils formeéront un revenu annuel ; qui , cumulé ; approcheroit, au bout d’un Gisele”. j de la valeur dé es mêmes arbres, qu'on auroit Jaifié élever en futaye ; voilà ce qui formeroit l’objet d’une utilité journalière: Et quon laiffât tous les arbres d’un bon can ton s'élever en furaye ; ce qui formeroit tout à la fois un objét d'agrément continuel | & dé reflource dans les cas urgents. . Tel éroit, à peu-près , l'elprit de l'Ordonnan: ce, lorfqu’elle a prefcrit à chaque Particulier ; de laiffer le quart de Jes bois réfervé pour futaye. LH ya PA d’étêrer les arbres. Si l'on attend qu'ils ayent ac “quis beaucoun de Jorcesils s ‘échaufferont, à caufé de la farabont dance de sève , que les racines fournifflenr "au tronc. D'ailleurs , fi lon ne dirige pas bien la coupe Troifième Partie. Chap.c I. 193 coupe des grands arbres , ils font. fujets à,:fe carier par la pourriture , que caufe l’humidité des eaux qui féjournent fur le fommet. LG Pour obvier à ces inconvéniens | il faudroic étêter les arbres, qu'on deftine à produire du petit bois , avant de les planter, ou quelques années. après , dès qu'on voit qu'ils ne prennent «pas une bonne forme , en obfervant, tant à } 2 gard des jeunes arbres, que des vieux ; de faire les coupes ea talus du côté du Nord ,.& jamais horizontalement , ni du côté du Couchant ; par ce moyen, l'eau ne pourra pas féjourner {ur la taille. ae ah RE Il faut obferver encore de ne pas étêter. les arbres en tems de sève; le bois eft alors plus i tendre , fes pores fonc plus ouverts , il admertroit plutôc l’eau de la pluye, & feroit plus fujet à fe carier: . . ns LARENE UT eut . Et de n’étêter les gros arbres, qu’au deflus le collet des branches ; l'arbre étant plus difpofé dans cette partie à en former de nouvelles. Il fera même bon de laifler une ou deux branches Jatérales pour donner du jeu à la sève. ÉTÉTEMENT DES JEUNES CHÈÊNES, . Les Écrivains fe font accordés jufqu’à ce jour à foutenir , que l’ététement eft mortel au jeune Chêne qu’on veut tranfplanter ; ils ajoutent que, s'il furvit, il ne fauroit jamais faire une pièce de bois droite & folide. Le € Ces deux propoftions m’affigeoient trop, pour les croire fans les avoir foumifes à l'épreuve. : .. Je plantai , à cer eflec, plufieurs années de fuite , environ cent Chênes étètés ; mais, dans Ie doute; & pour ne pas.m'expofer aû derniér de, 104 _ De la culture du Chéne. tes inconvéniens , je les plantai dans des Taillig trop clairs , nouvellement abattus, avec l’inten« tion d’en former des fouches, en les coupant à pied , lors de la prochaine coupe des Taillis. Ils ont généralement mieux repris, que ceu qui n'éroienc pas étêtés. | Ils ont formé , pour la plupart, trois ou quatre branches à la pointe, où j'avois eu attention de laiffer un nœud. La plus forte de ces branches a emporté l'arbre dans fa direétion verticale & naturelle. : Au bout de fept à huit ans , l’amputarion n’é: toit pas remarquable au dehors. Quinze ans après, lors de la coupe des Tai!- lis, j'ai fendu plufeurs de ces arbrès , pour voir ‘J'effer intérieur de l’Étérement. Les fibres longi- tudinales avoient entourré , & tellement ferré la coupe , qu'il n’y paroifloit qu’un défaut de con- tinuité , d’un pouce ou environ de diamètre : l’arbré étoit fain & bien cônftirué , tant au def- fous , qu’au deflus de Ja coupe ; ainfi il n’y avoit plus à craindre qu’il fe gârât dans cetté partie. Tous les jeunes arbres ne fonc ils pas fujets à ces défauts de continuité ? ils s’y multiplient au-. sanc de fois, que le bouron de la cîme eft étouffé ou altéré : alors , le bouton qui eft im- médiatement au deffous , remplit fes fonctions ; il deviént continuation du tronc ; les fibres en=« tourrént la partie de tige, qui refte au deflus & qui fe defsèche ; elles la renferment dans l’inté- rieur de l'arbre. J'ai remarqué quelquefois dix | défauts femibläbles , dans un feul chêne, que je fendois dans fa longueur. Ces défauts font inévi- | tables, &, au fond, peu préjudiciables ; car ils difparoiffent infenfiblement , à mefure que l'arbre | groffic. ‘‘ | fi ” Troifième Partié, Chap. IT. x95 1! eft vrai que la fuperficie de la coupe avoit noirci dans tous mes fujets ; qué, dans quelques uos , elle avoit pourri de l’épaifleur d’une ligne ; ce qui ne peut jamais fe réparer. Mais j'ai res ardé ces défauts comme tirant très-peu à cons AR , dans le cœur d'une grofle pièce de bois; & je n'ai plus fait difhculté d’érêcer les chênes ; quand je me fuis trouvé dans les cas qui néceff: tenc cette opération , tels que je les ai indiqué ; en parlant de la manière de planter les arbres ; page 93: # DIVISION DES GRANDS Boïë EN COUPES RÉGLÉES, _Quanp on a une certaine étendue de bois ; il eft aflez ordinaire de divifer les coupés en portions égales. ; On peut le faire en plancant des bornes ; en marquant des Arbres fur les lignes & aux an: gles, ou, encore mieux, en pratiquant des ous vertures en droite ligne. L'ETAT" NA: _ Pour le faire régulièrement , il eft néceffaire de lever le Plan géométrique du bois en fon entier, de marquer fur ce Plan les lignes de di- Viñon , en obfervant de faire les portions plus perires dans le canton qui eft le meilleur en qualité. ) Quand on fera décidé fur le nombre des divis fions à faire , & fur la manière de les tracer 3j l'Échelle du Plan indiquera les points où il fauc planter les bornes, marquer les Arbres, du per: cer les Chemins pour faciliter léxploitation dé chacune des portions, 72 | Dre Cetce dernière opération n’eft pas facile 3 faire ; lorfque le tcerrein eft inégal. | N'ij 196 De la culture du Chêne: MANIÈRES DE PERCER UN Bo1f% L a Géométrie nous fournit plufieurs moyens ÿ qui font précis & infaillibles ; mais on n’a pas toujours les principes de cette fcience aflez pré: fents, pour les méttre en pratique au morent u'on veut opérer. D'ailleurs , les Bois à divifer , font fouvent entourrés d’autres Bois, de broffailles , de bran- des , ou d'objets qui empêchent de tracer, au dehors , des angles & des lignes très-étenduesa Dans ce cas , voici comment je m'y prenois. Je pofois un jalon au premier point de la divifion à faire en dehors du bois; j’en pofois Un fecond à quelques toiles de diftance du pre- Mier , & au bord du bois. Je marquois, fur le Plan , les points où ces deux jalons étoient plz- cés 5 j'en pofois un troifième à deux ou trois toi- fes , dans l’intérieur du bois, fur la ligne que m'indiquoit une faufle équerre , appliquée d’abord fur le Plan, dont une branche portoit fur les deux points dont j'ai parlé , & l’autre, fur la it- gne de divifion, Je plaçois enfuite cette faufle équerre fur le terrein, au pied du premier jalon, dans le même fens qu’elle avoit fur le Plan. J’é- tois afluré que ce troifième jalon étoit dans la direction de la ligne , qui étoit tracée fur le Plan, & que je voulois tracer fur le terrein. - Ayant ces deux points fixes ; favoir, celui du premier jalon & celui du troifième ; il m’éroic facile -de poler de près en près d’autres jalons allignés , en enfonçant toujours dans le bois, jufqu'à ce que j'étois à l’autre bord, ou au poine auquel j'avois deflein d’aboutir. Si je voulois faire ouvrir un chemin, je com- Troifième Partie. Chap. II. 197 imençois par faire couper tout ce qui fe trouvoit fur ma ligne de divifion , de façon que je pufle tendre un cordeau d’un bout à l’autre ; enfuite je failois arracher, de chaque côté du cordeau, tout ce qui fe trouvoit dans la largeur que je deftinois au chemin. Il ne faut pas fe contenter de couper dans les. Bois de Chêne ou Châraigner ; quelque précaution qu'on prenne , les fouches repoufleroient ; il ef néceflaire d’arracher. De cette manière, on peut facilement percer les bois dans tous les fens, quand même il fau- droit traverfer des montagnes ou des précipices. Dans les bois où il faut plus de précifion, où il s'agit, par exemple, de procurer des points de vue, on peut le faire autrement. Élevez uwe planchette, ou une petite table B. à quelques toiles du bord du bois, vis-à-vis la ligne de divifion, que l'échelle du Plan vous 1- diquera. Placez un jalon A. également au bord du bois, & à la plus longue diftance où la vue ourra s'étendre, à partir A point où eft la table. lacez , de l'autre côté, un fecond jalon C. pofez une Alidade dans la diretion de A. €. fi vous n’avez pas:cet inftrument, fervez vous d’une fim- ple règle ; fixez le Plan fur la table, avec quatre pointes , de façon qu'il foit fous la règle; &, dans la direétion de A. C. tracez une ligne. Tournez enfuite l’alidade , ou la régle, dans la direétion de la ligne de divifion, tracée fur le Plan, & faites pofer dans l’intérieur du bois des jalons allignés D. D. autant que fon épaifleur pourra le permettre. Deux ou trois fufhfent. Vous entrerez enfuite dans le bois, & poferez, en reculant , des jalons de près en près E. E. fur EP? CE De la culture du Chêne. * den D A ù | l’allignem: FD. D. Comme il faut 2- battre plu: fieursbrins, & beau- } coup de branches , ilconvient, avant d’al- ler bien loin , dere- venir fou- vent à Ja table, pour voir fi la li. gne fe pro- | | longe dans C Fm , favérirable Pa sm! direction. ne RE Lan NI VERT ATEN est PUS ss 5 Plus l’é- chelle du Pin fera étendue dans fes dimenfions , plus l'opération fera juite & facile. S'il fe préfentoit de gros arbres fur la ligne, capables d’intercepter le rayon viluel, il ne faut pas les abattre avant d’avoir tiré la ligne droite jufques au bout, car fouvert cette ligne n'étant pas exaétement “droite , on en changé la direcr tion, & l'on feroit faché , alors, d’avoir coupé des arbres qu'on pouvoit ménager ; ; dans ce cas, on s’en écaitera quarrément d’un pied ou deux, que l'on reprendra auffi-tôr qu’on les aura Cp dm mar de merrananentor dm - «rte. eus CH ASP TR E KEET. EXPLOITATION DES TAILLIS: 1; eft intéreflant pour tout Propriétaire, d’ap- prendre la meilleure manière de jouir de fes Bois. Elle confifte à en tirer toug le parti poffi- ble , en fe ménageant un bon recrû. Mais il n'eft pas pofñlible d’écablir de règles générales fur l'article des Taillis; on voit des bois bons à cou- per plutôt que d’autres de même efpèce ; on doit fe régler fur l’état où ils rendeng un produit plus avantageux & plus certain. La variété des cir- conftances , qui détermine la plus grande utilité du bois , doit auf faire varier l’âge de fon Ex- ploication. ; Il faut tâcher de les divifer en, portions éga- les en rapport , ayant moins d’égard. à l’étendue ,, qu'à {a bonne ou mauvaife qualité: du terrein j telle portion qui renfermeroit quatre Arpens ts n'être pas d’un, rapport auf, confidéra- le, que telle autre qui n’en renfermeroit qu'un, parce que cette dernière portion peut être de la, première qualité , & l’autre , d’une qualité bien inférieure. Celui qui diviferoi fes Bois en.tremte parties éga- | les en rapport | Jouiroit ençare plus que s'il n'en, faifoit que dix portions. J'avance cette propofition d’après les recherches que j'ai faites pour rapprocher. le produit des bois. de différens âges. Il eft bon d'entrer ici dans. quelques détails. On appelle Taillis, tous les bois qui font en, coupe réglée, pour être abattus au deffous de. #00 De La culturé du Chêne. quarante ans. Différens noms défignent leur de+ gré d'âge; on les nomme Tallis, jufqu'à l’âge de dix ans; Jeune Taille, jufqu'à vingt; Taille, jufqu'à trente ; & haute Taille, jufqu’à quarante. l: L'âge de la coupe du Taillis à été fixé à dix ans, par Jl'Ordonnance de 1669 ; mais comme la qualité & la force d’un Taillis dépend du terrein blus ou moins bon, ainfi que de la nature, ou slutôt de l’effence du bois ; on ne peut fuivre cetre foi à la lettre ; il eft même intéreflant d’y déroger quelquefois. Le Roi permet de diminuer ce tems, én connoiffance de caufe, felon la qualité des ter- roirs , mais jamais au deflous de fept ans. Les Taïlis, ficués dans les plus mauvais fonds, ceflen de croître à huit ou neuf ans; &, dans ce cas, n'y auroit qu'à perdre , en les laiffant fubffter plus long-tems. Vs A SSRRR FIL y a une Ordonnance d'HENRr 111, qui prefcrit la coupe des Taillis de Châraigner à fix ou fept ans ;- mais célle de Lours x1iv à confondu cette efpèce avec les autrès, quoi: qu'elle croiffe plus vite, & qu'il y àit des Taillis de Châtaigner dans prefque courtes les Provinces du Royaume. 7. FAN "A Végard ‘des Taillis, qui croiflent plus ou moins vite, plus ou moins abondamment, les Marchands favent bien les diftinguer ; &, à égalité de force , ils donnent la préférence au plus’ jeune 3 parce que les bois , venus en bon. tertein, font roujours de défaire, par leur belle äpparence , par leur qualiré effleétive 3; & que, d'ailleurs , ils peuvent fervir à plufieurs ufages, auxquels on ne pourroit pas employer les bois d’une mauvaife venue. Ca à “Par les nouveaux Règlemens’, faits en 1719; Troifième Partie. Chap. II. 20T sl a été défendu aux Eccléfaftiques & aux Com: munautés , de couper leurs bois avant l’âge de vingt ans. C’eft fans doute pour prévenir la cu- pidité, qui feroit préjudiciable au bien public, &, én méme-tems, pour donner à la coupe toute la valeur , terme moyen, qu'elle peut acquérir, Ajoutons qu'un Semis ne doit pas être coupé avant l’âge de trente à trente cinq ans ; autre- ment il reviendra trop dru ; &, les racines n’ayant pas eu le rems de s'étendre à de grandes diftan- ces, & à une profondeur fufhfante , le rejet en fouffre confidérablement. ACTA Venons maintenant à la propofition que je viens d'établir. e Si un Arpent de Bois-taillis , de la première qualité , donne, tous les dix ans, trente voitures de bois propre à faire des Falourdes , Fagots ou Bourées ; fi ce bois cft de valeur de cent livres, pris fur pied ; trente années , c’eft-à-dire, trois coupes , rendront trois cents livres. Le revenu annuel de cet Arpent fera donc de . . . 10 liv. Que vaudra ce même Arpent de bois, fi l’on ne le coupe qu’à l’âge de trente ans ? Premièrement ; il eft certain que le bois pro- fte moins, les premières années de fa coupe, que les années fubléquentes ; j'en ai déjà dit quelques raifons , qu'il convient de rafflembler ici, en peu de mots. | Le bois fe nourrit par les racines , par les feuilles , & peut-être par l'écorce ; par confé- quent , plus 1l aura de branches & de feuilles, plus il recevra de nourriture. | Il faut au moins dix ans, pour que les bran- ches d’un Taillis couvrent tout le terrein , &. {oient parvenues à fe coucher 5 ce n’eft qu'elors 202 De La culture du Chêne. qu'elles fourniflent un ombrage , capable d’éroufà fer les Broffailles, le Mort-bois , & les mau- vaifes herbes, qui éfritent le terrein; ce n’eft qu’alors qu’elles donnent de ia fraîcheur au pied , & lui procurent, par la chûce des feuilles, un cerreau , qui eft le feul engrais analogue à la vature du bois. Alors feulement elles gagnent confidérablement en hauteur. Ce n’eft donc qu’alors, que chaque brin fe dreflera , en s’élaguanc de lui-même ; grofhra & s’étendra dans toutes fes parties, & dans une grande furface. Aufñi voyons-nous , dans la pratique, que f. un Fermier n’a pas été exact à faire la coupe d’un Taillis, à l’époque qui lui étoit indiquée par fon bail ; les Experts, qui font choifis pour efti- mer le prix que ce Fermier doit au Propriétaire, pour la plus valeur du bois, & pour le dédom- magement du retard , ne prennent pas pour règle la valeur actuelle de ce même bois, divifée par le nombré des années dont il a dû jouir ; ils eftiment quelquefois que ce bois a acquis , la dernière année , autant de valeur que dans les quatre ou cinq premières de fa coupe. H vient cependant un terme , où l’accroifle- ment du bois eft moins rapide ; c’eft lorfque les branches , occupant tout l’efpace , commen- cent à fe dérruire mutuellement , & qu’elles ont atteint la groffeur & la hauteur ordinaires des Bois épais. Ce terme eft le véritable point auquel il faut s’arréter ; le produit annuel iroit alors en décroif- fant ; & ce terme cft ordinairement celui de srente années , dans les terreins qui ne font pas de la première qualité. Troifième Partie, Chap. HI. 20% Ce n'eft qu'après avoir méfuré , pendant plu: fieurs années de fuite , les mêmes arbres & les mêmes brins de Bois-taillis , que je fuis parvenu à connoitre infailliblement la grofleur & la hau- teur qu'ils acquéroienc annuellement, J'avois une mefure de fil de laicon, pour chaque arbre d’ob- _fervation; je cottois les progrès fur un Régiftre, enfuite je comparois. : Je mefurois toujours à quatre pieds de terre. IL eft étonnant de voir combien un Chêne de futaye profite en grofleur, certaines années, & combien il profite peu dans d’autres. Cette varia- tion, qui fe fait fentir à peu-près également dans les autres Arbres, provient de ce qu’il y a des années plus favorables les unes que les autres à la végétation ; ce qu’on peut reconnoître aux cercles donc le corps d’un arbre eft compofé ; il y en a de plus larges les uns que les autres. (13) Mais tandis que, dans une année commune ; un Chêne , de l’âge de foixante ans, & de cinq pieds de tour , profitoit en grofleur de quatre lignes, & en hauteur, de fix pouces; un brin de Bois-taillis , de l’âge de vingt ans, & d'un pied de tour, proftoit en grofleur de cinq li- gnes, & en hauteur d’un pied & demi. Le brin de Taillis, qui a beaucoup plus de racines , eu égard à fon volume , que l’arbre (13 ) Quand l’arbre ceffe de croître , il ne doit plus fe former de nouveaux cernes ; on prétend que le Chêne n’en peut former que cent. Jen ai compté cependant Jufqu’à cent trente ; dans un individu. Il eft vrai que cet arbre étoit déjà déforganifé ; le centre, devenu trop Compatte ne recevoit plus de nourriture ; on voyoit fen. fiblement que la corruption s’étendoit , de proche-sn= proche, du centre à la circonférence, …— | 304 De la culturé du Chéné. de Haute-futaye , doit croître plus promptement: Cependant , fi l’on fait attention à la grande étendue d’un gros arbre, on trouvera que fa croiffance annuelle , qui paroît, au premier abord , être peu de chofe, eft très-confidérable, J'ai porté mon attention, jufqu'à mefurer une tige d’arbre dans fa hauteur , pour favoir fi elle s’allongeoit annuellement. Au mois de Juin 1785, je marquai une toife jufte , fur vingt arbres de différentes groffeurs, ou brins de taillis vigoureux. A la fin de Novembre, de la même année, je rapprochai la mefure que j'avois confervée ; cette toife de tiges n’avoit pris aucune élévation. À la fin de Juin 1786 , elle ne s’étoit aucunement allongée. A la fin de Juin 1787, il n’y avoit aucun accroiflement fenfible. D'où j'ai conclu que: Je bois ne s’élève que par l’addition des branches, dans fa partie fupérieure. En obfervant ces branches , je me fuis apper- çu, qu'a mefure que le bouton de l'extrémité s’allongeoit , il fe formoit des feuilles, & d’au- tres boutons , tout le long de cet allongement. Lorfque ces boutons , qui forment par la fuite autant de branches, font parvenus à une diftance proportionnée à la nature, à l’âge ou la vigueur de l’Arbre, l'intervalle ne s’allonge plus ; 1l n’y à que l'intervalle , qui fe trouve entre les trois ou quatre boutons fupérieurs , qui foit fufceptible d’extenfion. | | Au refte, le tronc d’un arbre eft toujours moins gros que les branches qui en fortent, prifes cumulativement 3 & celles-ci, moins grof- fes que celles qui en fortent |, en tel nombre qu'elles puiffent être. Revenons à notre comparaifon de produit. Troifième Partie. Chap. III. 206$ L'Atpent, que nous avons fuppofé pouvoir ren dre , tous les dix ans, trente voitures de petit bois , en rendra fans doute, au bout de trenté ans , cent voitures ; plus ou moins, felon que les années auront été favorables à la végécations quand il n'en rendroit-que quatre-ving-dix ; une imoirié ou environ fera de petit bois; mais l’autre moitié fera de bois rondin, ou de gros bois de corde, d’une valeur bien plus confidérable. _ Ainfi ce dernier Arpent rendra au moins un quart de revenu plus que le premier ; c’eft-à-diré, un produit annuel de : : : . : . . 12 liv. 10 On dira peut-être que les cent livres, de Îa première coupe de dix ans, peuvent être avantas geulement placés , & former un capital, portanf intérêt pendant vingt ans ; ce qui doubleroit 14 Her ct x 5 0% KO Anis rue! 200 Aiv2 Que les cent livres de la feconde coupe , égas . lement placées, pendant dix ans, auroient rap porté une moitié en fus; ce qui feroit.:..150k qui, réunies aux centl. de la dernière coupe, ci1001; formeroient un total de : : :.. : . : . . 4sol, Et que la coupe de cet Arpent, au bout de trente années, ne rendroit pas autant. Cela Peut-être. Mais eft on aufli afluré de jouir de l’intéréc de fes capitaux , que de la plus va- leur de fes Bois ? Nous l'avons déjà dit : on ne peut donner, dans cette matière ; aucun précepté certain. Ce calcul peut néanmoins fervir à déci- der les Propriétaires ; fuivant la pofition de leurs affaires , fuivant l’état où font leurs Bois , & fuivant l’efpèce de confommation ufitée dans leur pays. L'un aura befoin de reffources fréquentes ; l'autre voudra s’en ménager de plus grandes ; tel bois qft d’yn débit plus facile que tel autre, &c, 5oë De culture du Chéne. mais je crois en avoir aflez dit, pour donner à comprendre que la coupe d’un Bois-taillis rappor< tera plus, proportions gardées , au bout de vingt ans , qu'au bout de dix ; au bout de trente, qu'au bout de vingt; & moins au bout de qua- gante, qu'au bout de trente. | Cette progreflion de hauteur & de pourtour , repréfentée dans un même tableau , peut faire plaifir ; nous allons la mettre fous les yeux. Nous expoferons aufli le tableau de ce qu'un MArpent de Taillis, de cous les âges, peut pro: duire. TABLEAU DE LA PROGRESSION D'E'S BR IN SD ET AUL LENS SUIVANT LEUR AGE DIFFÉRENT: Ux Taillis de dix ans, porte, en général, les brins de fepr pouces de circonférence , fur dix pieds de haut. 45) RDA ce Un de quinze ans ; huit pouces & demi de circonférence , & quinze pieds de haut: Un de vingt ans , onze pouces de circonfé- rence ; fur vingt pieds de haut. < Un de vingt-cinq ans ; quatorze pouces de circonférence , & vingt-cinq pieds & gémi dé haut, x Un de trente ans, quinze pouces dé circonfé- rence, & trente-un pieds de haut. Di Un de quarante ans, vingt poucés de circon: férence & quarante pieds de haut. Tout ce qui pañe ce dernier échantillon ; grofieur moyenne des brins, peut fervir pour des ouvrages , & vaut plus que le bois de corde. L'Équarriffage érant le cinquième de la cir- conférence , vingt-un pouces de pourtour donnent Troifième Partie, Chap. LIL, 209 uatre pouces , deux lignes , fur chacune des quatre faces de la pièce. Un Taillis de Chêne , de l’âge de dix ans 3 n'eft propre qu’à faire des Falourdes ou Fagors ; on les fait ordinairement de fix pieds , deux pouces de lonpueur , fur deux pieds & demi de grofleur , liées par les deux bouts. (14) L’Ar- pent, de qualité médiocre, en rendra un millier, qui vaut, à prendre fur pied, quatre-vingt-dix livres, | Un Arpent de bois, de quinze ans, en don« nera douze cent cinquante, dont le bois fera plus nourri, & d’un prix un peu plus fort. Celui de vingt ans, en donnera cinq cents ; & huit cordes de bois, de huit pieds de bafe ; fur quatre de haut ; les bûches de trois pieds & demi de longueur , y compris la taille , qui vas lent douze livres chaque. Celui de vingt-cinq ans , donnera fept cents Falourdes , & douze cordes de bois. Celui de trente ans , donnera neuf cents cins quanté Falourdes, & dix-huit cordes de bois. Celui de trente cinq ans, donnera douze cents Falourdes , & vingt-cinq cotdes de bois, dont la moitié fera de bois refendu. Celui de quarante ans, donnera douzé cents Fa- lourdes, vingt-fix cordes de bois , & cent pièces d'équarriflage , de vingt pieds de long ; à ua fol le pied. (15) ( 14 ) Ce n’eft pas le Fagot de Paris, qui n’a que 3 pieds — de long, & 17 à 18 pouces dé grofleur , vers la hart,, qui le lie paf le milieu, \ (15) A l'égard du Charbon , que peut rendre un Arpenf de Taillis , gros & bien garni, voyez ci-après ; l'Art UsANcR DES Bols, 208 De la culture du Chêne: De forte qu'un arpent de dix ans, étant vendus Ge Li etes 90 1. Plus valeur. Il vaur à quinzeans108 L ro Cr: 3 1 re 12 2.20 40525. .n0iI AE Le Fe "204 2. 3ERINO M 25 AD Maeysrel 2070) RS : LORIE du JO NA0E UE SO LENS... a OURS Re La ON MLD. © rom ANT EP CO REMROROS ETS ER EeTES À ET Dans cette progreflion de prix > les Ab de réferve , nommés Baliveaux , ne font pas compris. D'après cet expofé ; on doit s’appercevoir de l'avantage réel qu'il ÿ à à retarder la coupe des Taiilis , Ce pour l'intérêt , foit pour. l’économie & le ménagement des futayes à venir, Mais ,, d'un autre côté , la vie de l’homme eft courte , & l’on veut jouir. À cela, point de répliques: Pi BALIVEAUX DES TAILLIS ET DES FUTAŸES. A dix ans, les Baliveaux des Taillis, qu'on eft dans le cas de laifier ) font trop foibles & [Top menus , rélativement à leur hauteur 5 ayant été élevés dans des bois toufus , ils ont l'écorce tendre ; & , devenant ifolés |, ils font fortement tourmentés par les coups de vent & le poids du givre : : plufeurs fe rompent donc ; ou meurent en cime. D’autres , qui n’ont leurs racines que dans le terreau , formé par des feuilles pourries, font entièrem'ent renverfés ; d’autres font endom- magés, dans leur écorce ; par les fortes gelées, Ceux qui réfiftenc à ces Aférane accidens , pouf: fenc prefque toujours des branches irrégulières, & deviennent des arbres difformes. Il eft enjoine d’en laifler feize par arpent de Taillis ; ” Troifième Partie. Chap. III. 209 Taillis de l’âge du bois, outre les anciens & les modernes ; & dix par arpent de Futaye; cux:ci fonc deftinés à repeupler. er Mais le recrû d'un Bois-taillis, furchargé de Baliveaux de trois où quatre coupes , ejt prefe que toujours endommagé parles effets de la gelée , à caufe de l'ombre & de l'humidité qu'ils occafonnent ; & les Taiïllis n'ont pas bee foin de repeupler ; ils pouflent quatre fois plus de rejets, qu’il n'en faut pour les renouveler. Quand même ils ferojent clairs , & que la fe- mence , provenant des Baliveaux , fe trouveroie répandue à propos, elle ne réuflira jamais, parce que le jeune plant croît plus lentement que le rejet des fouches ; & fera immanquablement étouffé. D'un autre côté , l'introduction du bétail dans les Bois, fait qu'il n'y a qu’un petit nom- bre de ces arbres, venus de femence, qui puifle réuffir ; n'étant pas encore, défenfables, quand le recrû des anciennes fouches eft aflez élevé pour ne pas craindre la dent du bétail... ,,: Le but de l’Ordonnance a été d’avoir toujours en réferve, dans le Royaume, un ford de Bois de Charpente fur pied, & de multiplier ,. fans dépenfe , les Forêts & les Bois , par les femen- ces, qui font de nouveaux Arbres. Mais ce double effet {uit rarement l’exécution de la Loi. Les Baliveaux des Taillis font de foibles.reficur- ces pour avoir du bois de fervice 3 ceux même qu'on laifle dans les Futayes , fe trouvent ifoiés, & tout à coup découverts 5 après avoir êté longs rems ombrages dans leurs tiges, ils cefient de croître, ils fe couronnent , .& périflent bien-tôt, On fe fent attriflé de voir des arbres dans cet rat, Auffi la plüpart des Propriétaires | cédant O 219 De la culture du Chéne. forcément à l'Ordonnance , & rèégardant comité perdus les Baliveaux qu'ils laiflent, choififfent les arbres les plus défectueux , & de la moir- die valeur. | Outre que les grands Baliveaux préjudicient à Ja poufle des Taillis , les fouches , fur lefquelles on les laifle, ne repouflent pas au pied .: toute a sève eft employée à nourrir l'arbre ; il arrive enfuire que , lorfqu'on le coupe, la fouche périts gourmandée par la pouffe des fouches voifines. Je ferois donc de l'avis du perit nombre de Culrivarèurs, qui font coupe nette, dans tous les Semis & Tailis, d'une elence, qui pouffe des rejetons ; & yardinent feulement , c'eft-àa-dire , laiffent beaucoup de Baliveaux dans les Bois de V'effence qui ne fe reproduit qué de graine. Le Confeil difpenfe fouvent de l'exécution de V’Arricle de l’'Ordonnance concernant les Bali- veaux : & c’eft avec raifon; car il y a apparence que cette Loi mauroit jamais eu lieu vis-à-vis des Particuliers, s'ils étoient plus portés qu'ils ne le font à laifler élever des bois en Futaye. Dans les Bois du Roi, & dans ceux des Eccléfaftiques , les Balivéaux font marqués du marteau de la Maïîtrife, afin que les abatteurs n’y touchent pas ; mais les Particuliers ; proprié: aires de Bois, quoiqu'aflujetis à laifler pareil pombre de Baliveaux , fans cependant que le Maïtrife vienne afleoir les coupes ; & marquer les Baliveaux , font libres d’en difpofer a Jeur profit, au deflus de l’âge de quarante ans, pour les Baliveaux de Taillis, & après céht vinge ans , pour ceux de Furaye Ordonnance ; Tir. AXVT Art 1e *! Au feite, les Ordonnances venlént que là fée Troifème Partie. Chap. III. 2rx férve des Baliveaux demeure foufentendue , dans les ventes qui n’en parlent pare NE Ne TA . M. Déhamel propofe une façon de ménager les Bois, de forte qu'ils fourniflent beaucoup ; en fe renouvellant d’eux-mêmes habituellement. C'eft un moyen économique , qu’il donne aux Péres de famille , Par-tout où on 2 befoin de gros bois, pour la eonfommation & le débit. Et cout Ufufruitier , qui a des fentimens , doit avoir les mêmes attentions qu’un age Propriétaire, Suppofé , dit-il , qu’on coupe un Taillis , de l'âge de 18 ans, & qu'à la coupe précédente on ait réfervé , par Arpent , trente Baliveaux ; de l’âge du Bois ; on abattra, avec le. taillis ? ces trente modernes, qui, ayant trente-fix ans fourniront de la grofle corde , pendant que les branches, & le Taillis de 18 ans, donneront , f le fonds eft bon, de la corde à. charbon & des Fagots. Les trente nouveaux Baliveaux ;. de l’âge du bois que l’on confervera dans le Tail- lis , fourniront pareillement à l'exploitation fui- vante. Dans cette diftribution ; les Baliveaux ? quoiqu'en bien plus grand nombre que n’exige l'Ordonnance ; ne feront pas affez forts >: pour érouffer le Taillis ; &, comme on les abat à l'âge de trente-fix ans, leurs fouches font pleines & vigueur, & en écac de donner ün beau récrü, à # DURE APS net a CHAPITRE TV MU, PAL NES LEUR EXPLOITATION. Œ s Futayes font les grands Bois, qui n'ofit pas ‘été coupés en ventes ordinaires, depuis plus de ‘quarante ans. Quand le bois a cet âge, on l'appelle Æz- qaye-fur-Taillis. HA Depuis quarante ; jufqu'à foixante , Deri- Futaye.. Depuis foixente » jufqu'à fix vingts , Jeune: Yaure- Futaye. Et, pallé deux cents ans, Harire-Futaye-fur-le- Ytlour. LUNA | | © On appelle Furaye-baîle € rabougrie , celle des arbres de mauvaife venue ; bas & tortus. Haute & pleine Futaye , celle des arbres hauts & preflés, qui font bien filés. Anciemement il n’y avoit que les Rois, qui guffent le droit d’avoir des Bois de Haute-Futaye; & , quand ils en accordoient la permiffion , c’étoit à Ja chaïge qu'ils en auroient la jurifdiétion , & une portion dans la ‘coupe ; la Charte-aux-Nor- mands appelle ce droit de riers © danger ; c'eft-à- dire, je tiers du prix , & le dixième du toral. Le Brez. Fan i La coupe dés Bois de Hiaute-Futayè ne peut être faite aétuellement , fans une permiflion {pé- ciale ; parce que l'intérêt public à fait réferver des Bois pour la Marine , lorfqu'ils ÿ font pro- pres, & pour une infinité d’autres ufâges; 1l éroit de lintéréc, de l'Écat , de veiller à la conferva- US . Troifième Partie. Chap. IP. 813: tion de ces Bois, & d’en perpétuer de: cette ef-. pèce. Les Bois voifins de. la Mer & des. Rivië-. res navigables , font fujers à une. Police ,, qui. leur eft particulière, à caufe des befoins, que: le. Roi peut en avoir. Et quand, une fois, il y en a de marqués du marteau de la Marine , les Propriétaires ne peuvent plus les; faire abattres. cela leur eft défendu , fous peine. de confifcation & de 3000 liv. d'amende , par un Arrêt du. Confeil, du 23 Juiller 1748. Sous le nom de.Furayes , or\n’entend pas feu- lement les Forêts confervées en maffif; mais,en-. core.les Baliveaux , qu’on réferve. à chaqué.ex- ploitation ;.& les Arbres. de diflérens âges, qui font épars. Il ny a, en général, que.les Arbres en Pleine - Futaye , qui fourniflent les longues & belles pièces de Charpente, quoiqu’on leur repro-. che. d’avoir le bois plus rendre que-les Arbres, de lizière. ‘2e SEE, à Le bois de Futaye, propre.pour-la Gharpente, , fe réduit, à la vue, en pieds cubes : un arbre. en porte plus ou moins, fuivant fa grofleur & fa. hauteur. Les branches & les rames font à peu-. près les frais de l'exploitation; ainfi il n'y a que. le tronc à eftimer, après Pavoir cubé., Avec un peu d’ufage , on. ne fe crompe pas beaucoup. Mais fi l’on veut être afluré du calcul, on peut mefurer la grofleur des Arbres, & leur hauteur. 7 Quant à la groffeur,, il ne faut pas calculer. d’après la circonférence du bas ; les arbres vont. toujours en diminuant, les uns plus , les autres moins. Tel Chêne, qui a dix pieds de circonfé-. rence , à la hauteur ordinaire de l’homme, n'aura. 214 De la culture du Chêne: ue huit pieds, à la hauteur de cinq toifes. IL fn donc calculer fur un terme moyen, qui eft neuf lorfqu'on veut divifer cet Arbre dans fa longueur, & fur huit pieds feulement , quand on veut Pemployer entier. | Nous avons déjà dit que l’équarriffage d'un arbre eft le cinquième de fa circonférence 3 il. faut l'entendre, lorfqu’il eft équarri à vive-arréte , abftraction faite de l’Écorce & de PAubier. Mais il eft des bois , dont l’Écorce n’eft pas aufi. épaifle que celle du Chêne , &: dont l’Au- bier eft de bon fervice , comme ‘le Châtaigner , le Hêtre, &c. léquarriffage de ces Arbres fera’ moins. que le Cinquième > & à peusprès le neu- vième. | | YVoici. deux Tables, calculées, l’une fur le cinquième de la circonférence que donnera là pièce de Chêne, ouvragée dans le bois dur & folïde, & dont les angles feront bien marqués ; & l’autre , fur le quarré pris dans route l’éren-. due de la | circonférenge extérieure, 215 £ 2 Een LA 6 “I #1 La ve] Fe 1 é 1] ‘ < ë. gs1 = Fe lo m lemme dl én rio “ltupa A Len tele CPLr ét] £$ Po Oo + mn à À m 4 9 © HR mm NR n +o0 ë à "= o LÉ RP. & & el + 060 G © O # A + LA 0 ) Fm ON ni ni M En 6 À 4 à & a «a gimp lugjunlmepn almtlmnquens dimepunlmens alain] uen ÉRN SHNS 4 RUN 4 +R #8 +R Al e à vive-arrê-{ Équarriffage , au cinquième de la | la circonférence enuêre, |: Troifème Partie. Chap. TABLÉ DE L'ÉQUARRISSAGE, £ © © » ; MESzN ee NS ES 00 AN Om «4 «A +9 [KO GO Oo 4 € en + Écis * | ER mt et De et ei je di D D ei el © el À «À 2 2 « ï : Ü * « - + TRS ma CE MI ma mL IN la mya le “IA ns st m « ” Pa à < F 3 ; ; ê q M QE ce cn << 18 LS 18 \0 IR IN OO © ON ON O Om = À Ë ed D mi bé pt 216 | De La culture du Chêne. MANIÈRES DE MESURER LA HAUTEUR D'UN ARBR&. La hauteur d’un arbre fe mefure à vue ; on s'éloigne du pied , d'environ quatre toiles ; on fixe les yeux fur le tronc , & à la hauteur de cinq pieds, ou à peu-pres, à prendre à fleur de cerre ; enfuite , à une feconde hauteur , égale+ ment de cinq pieds ; & ainfi de fuite. On comp- V0, 6, 21025, 30, GAP INA Ou autrement , avec le Béton de Jacob | qui eft très-fimple, aflez jufte , & qu’on peut faire tout de fuite. par-r@ur où on fe trouve. C'eft une petite baguette, d’un pied de long , au bout de laquelle on adapte une autre baguette de la même longueur , prife dans fon mitieu , de fa- çon qu'elle fafle , avec là première, deux angles droits , de la longueur de fix pouces. On fe mer à une diftance à peu-prèés égale à celle de la hauteur de l'arbre. On pole le plus long bour de: ce Bâton fur la lèvre fupérieure ; on s'approche ou on s'éloigne , jufqu’à ce que je rayon vifuel oïrre fur les deux bouts de la feconde baguette, & fur le pied & la cime de larbre. La diftance qui eft entre l'arbre & le poinc où l’on fe trou- ye , fait exaétement la hauteur de l'arbre. Mais fi vous voulez y imertre plus de préci- fion | prenez une équerre pleine, dont les deux. côtés de l'angle droit foïent égaux en longueur ;] fixez la , avec une cheville , à un pieu , que’ vous mettrez en terre. Pofez un petit à-plomb fur le côté perpendiculaire 3 alors l’autre côté: fera néceflairement parallelle à l’horifon, Voyez! enfuite fi la direétion de ces deux côtés porte au pied & à la cime de l’objet à mefurer ; éloigneæ Troifième Partie. Chap. IP. 217 où rapprochez le pieu , jufqu'a ce que vous ayez la cime en direction : quant au pieu , fi le ver= rein n'elt pas uni, & que vous ne {oyez pas bien jufte au rès-de-chauflée | vous meiurez la hauteur qui fe trouve entre le point où porte le rayon vifuel, &% la fuperficie de la terre ; ajoutez cette petite hauteur à la diftance qui fe trouve encre le pieu & l'arbre : vous aurez la hauteur ie POUR LUS \ an my. \ NN KE W SSSR x AN ANS KI S SSSR SNS CALCUL DES Bois DE CHARPENTE Dans la plôpart des Provirces, on calcule les bois quarrés ,. propres à le charçenté , par pieds & pouces cubes, 218 De la culture du Chêne. Dans d’autres Provinces , & à Paris, ils s’a* chètent & fe calculent par pièces de bois. ° La pièce a deux toifes de long, fix pouces de large , fur fix pouces de groffeur, ou l’é- quivalent , qui contient trois pieds cubes , ou cinq mille cent quatre-vingt-quatre pouces cubes. Aüïnfi , pour mefurer par pièces le bois quarré , il faut réduire la longueur, largeur & épaifleur en pouces , & divifer le total par 5184. Ou en< core, commencer par multiplier les pouces de. largeur par les pouces d’épaifleur ; multiplier le. total par les toifes de longueur, & divifer le dernier produit par 72 ; ce qui viendra au pro= duit de la divifion , fera autant de pièces de. bois. Une poutre, de quatre toiles, trois pieds de. long , fur vingt-fix pouces de large, & dix-huit pouces de haut, donnera vingt-une pièces un quart. Le marché fe fait au cent de ces pièces, dont dix compofent le millier ; il faut , pour. cela ; que le bois foit bien équarri. Lg La valeur d’un pied cube. varie , fuivant la. qualité, la longüeur & la groffeur de l'arbre, fuivant l’éloignement, le lieu & la confammation. Le prix moyen eft dix fols, pour la charpente & le fciage ; il a plus de valeur, s’il-eft propre à la fente; & plus encore , s’il eft propre poux. la Marine. (16) APe PT (16). M: Jauffet , exploïtant la Forêt d’Aixe , em, Limoufin , appartenante à M. le Comte d’E/fcars ; m'a donné le détail fuivant. » La plus forte pièce de cette » Forêt, rendue au port de Rochefort, AK 0 30 Juin, » 1786, fous le n°. 2748 , avoit 41 pieds de long , 20 à »21 pouces d'équarrifiage ; cuboit 119 pieds , 7 pouces; »& a dû étre payée par le Roi 446 liv. », Troifième Partie. Chap. IP, 219 Si ce même bois n’eft pas fin &-trairable, on le débire en Corde, & on l’eftime à peu-près fur le calcul fuivant. | CALCUL DU BOIS, 4, BRULER. ! Un arbre, de 12 pieds de, haut, & de 42 pouces de grofleur, produira. . . .. Corde. — : Un arbre, de 12 pieds, aufli de haur, & de 48 pouces de gros, produit. . . .. .. Un de 18 pieds, & de 30 pouces. . . .. . . Un de 21 pieds, fur. so pouces, . . .. .. Un de 27pieds, fur, 72 pouces... . 2. . . Un de 30 pieds, fur. 9o pouces. . . 3. Quoiqu'une pareille évaluation foit vague , elle po fervir d’eftimation provifionnelle , pour un ois à vendre ou à acheter, Set On peut calculer encore d’une. autre façon. Ayant pris les groffeurs & hauteurs de cinq ou fx arbres différens; on les joint enfemble , pour voir , du fort au foible , les groffeurs &. les hauteurs ordinaires de rous ces bois. On en comp- re les brins, & combien chaque brin peut pro- duire de longueurs de bois de corde ; fi les grof- feurs ont depuis 18 jufqu’à 20 pouces , on en fera des büûches, dont 116 feront une Corde. Si le bois eft plus gros , on voit s’il fe peut fendre en parties égales, ou à peu-près ; puis on en fait la fupputation. Quand c’eft un. bois mêlé de plufieurs groffeurs, depuis 12 jufqu’à 17 pouces, il en faut environ 240 longueurs. Si ce font des Bois-taillis , qui foienc d’une même grof- feur , depuis 6 jufqu'àa 8 & 9 pouces ; il faut envirom 800 longueurs pour une Corde, 22e De la culture du Chéne. MANIÈRES. D'APPRÉCIER, LES, FUTAYES. L’arpRÉCIATION d'un Arpent de Futaye. eft bien différente de celle d’un Taillis. On con- noît , à peu-près , par les dimenfions d’un petit arbre , ce. qu'il peut produire ; mais la nature du terrein , la viciflitude des faifons , lors des accroiflemens ; la fituation , l’expoftion, l’ufage. qu'on. peut faire de chacun des arbres, fuivant leur force & leur qualité , peuvent varier à l’in- fini, & doivent entrer pour beaucoup dans cette combinaifon. On peut. s’en tenir quelquefois au coup d'œil & à l'habitude; mais, en affaires de conféquence , on ne fauroit trop porter de. foins & d’attentions. AR © Pour calculer la valeur d’une Haute-Futaye, il faut avoir un arpentage bien exat , de toute l'étendue du terrein ; après cette connoiffance , il faut la traverfer dans tous les fens, examiner fi. tout le bois eft de même nature ; reconnoître sil eft également garni, s’il n’y a’ point de clairiè- res , fi les arbres font d’une même force; &, comme il y en a de plus vigoureux & de plus foibles , & des parties plus ferrées les unes que les autres ; on divifera le toral en plufieurs lots , & l’on fera de chacun une. évaluarion particulière. riGiG à Afin d'opérer prudemment & avec ordre , on mefurera , dans chaque lot, un demi-Arpent, un Arpent même ; on en comptera les arbres ; on les diftinguera en trois clafles , beaux, médiocres & foibles ; on fera même une clafle des défec- tueux ; & , après l'examen des arbres de chacune de ces elafles, on fera l’eftimation de chaque efpèce ; on n’aura égard qu'aux principales bran- Troifème Partie, Chap. IV. 221 ches , & on eftimera en gros ce que la rame pourra fournir de Cordes. . Quoique les Fagots ne faflent pas un grand objet, & qu’en général on ne doive les regarder que pour remplir des faux frais, il eft bon d’en tenir note. Cette opération faite, on affemblera les différentes clafles ; on en formera une fomme totale , dont on déduira , pour les frais d’exploi- tation, le tiers, & même quelquefois la moitié, fuivant les circonitances, la fituation de l'endroit, {on éloignement plus ou moins grand des Rivières & des Villes, la commodité des Chemins & des Voitures ; fuivant enfin les débouchés qu’on peut avoir , la facilité de trouver des Ouvriers, des Bûcherons , & le genre d'exploitation. Ce fon autant d'articles, qu’il faut connoître, qui de- mamdent beaucoup de prudence , & une grande connoiflance du pays. Avant de conclurre un marché de Bois $ PAcquéreur doit encore faire attention, & s’ins former fi le Propriétaire eft bon vendeur, & fi l'on n’a pas à craindre d’être interrupté ; s’il y à des droits à payer , comme Centième denier , Lots, Péages, Entrées ; de quelle force & de quelle valeur font les Baliveaux qu’il faut laifler; s'il y a des bois propres à la Marine; s’il n’y à pas d’autres bois en coupe dans le canton, qui puiflent feuls fournir à la confommation locale. Tout quoi fait une différence dans le prix & 1a valeur intrinsèque des Bois, © 4 Là #22 — FAR ° u k 1 en EC | CHAPITRE :V DE LA Covrr DE s.: Bons DE HAUTE-FUTATE. E n’eft pas affez de connoitre les Bois, d’en eftimer la valeur; il faut favoir encore les abattre & les exploiter. Ces opérations de- mandent de l'attention & de la vigilance ; elles feules peuvent faire la perte ou le bénéfice. Un ouvrage bien entendu eft toujours intéreflant, & donne de la valeur à la marchandife. La négli- gence, au contraire, y porte des obftacles, & empêche de profiter de tout l’avantage qu’on en pourroic tirer. Dans l'exploitation des bois, il n’y a pas de-perites fautes, fi elles font multipliées ; tout doit être combiné ; on doit en voir le terme du premier coup d'œil. Dans ce cas, la théorie eft favorable ; mais il faut, de plus, l’ufage & l'expérience. . Pt AU RAUPPT EE JT Le maître d’une Futaye doit fe régler , pour le tems de la Coupe, fur la qualité & fur l’âge du bois, pour le couper avant qu’il foit fur le retour, même aufhi-tôt qu'il a acquis fon état de erfeétion , & dans l’âge où 1l peut bien repouf- fer. Il faudroit être tout à fait. infouciant , pour couper fes Futayes , fans avoir ces égards ; 2 moins que ce ne foit le beloin, ou quelqu’oc- cafon heureufe , qui engage à s’en défaire bruf quement. SAISON CONVENABLÉ POUR LA COUPE. ON n’a déjà formé qué trop de fyflêmes ; pour le choix du tems qu’il convient de prendre, / Troifième Pärriel Chap. V. 22% gélativement à l'abattage des Bois ; nés Loix n'ont été établies que d’après les expériences re- connues, & l’ufage le plus certain ; il eft pru- dent de les fuivre. Les arbres, abattus dans les tems prefcrits par l’'Ordonnance , reftent toujours plus pefants , que ceux qui font abattus dans d’autres faifons. (17) Ce doit donc être un grand moyen pour décider la queftion. D'ailleurs les mois de Novembre, Décembre & Janvier font le tems où les autres travaux de la cam- pagne fonc ralentis , où les ouvriers fe trouvent plus aifément. C'eft la faifon aufi où il y a le moins à craindre de caufer du dommage aux arbres que l’on veut conferver, 11 n’y a que les arbres dont l'écorce fert à des ufages particuliers, comme les Chéneaux , les Tilleuils, & l’Aune, qu’on coupe quand ils font un peu plus en sève, comine au mois de Mai , ou à la fin d’Août,; afin de pouvoir les écorcer. Ce tems étant arrivé, rien ne doit arrêter pour abattre. Les vents n’ont aucune influence für le bois; celui du Nord ne les conferve pas, com- me on le prétendoit ; celui du Midi ne les fait point tendre à la pourriture. (18) _ (17) Le' Docteur Jurin a obfervé que la fubftance des Bois eft fpécifiquement plus pefante que l’eau, puil- qu'ils vont au fond, après qu’on a fait fortir l’air de leurs pores ou dé leurs vaifleaux aëriens , en les plaçant dans l’eau chaude , fous un récipient. Tranfaët. Phil. N° 369: (18) Il paroît inconteftable que le vent du Midi eft plus contraire à la confervation des Bois , que celui du Nord ; mais il ne s’enfuit pas qu’il ne faille abattre les Bois de fervice que par un vent de Nord. Les épreuves qu'on a faites ent donné lieu à penfer que les arbres , 224 De la culture du Chêne. La Lune (19) ne fait rien non plus à leut bonne ou mauvaife qualité : on eft revenu de l'influence des Aftres; on et guéri du préjugés L'expérience en a fair connoître l'abus. (20) On doit feulement ceffer les abatrages pendant les grands vents, de peur que les arbres, moitié coupés , ne foient renverfés , &. ne s’éclatent; ils pourroient auffi tomber les uns fur les autres, & s'encrouer : ce qui empécheroit d’en tirer cout le fervice auquel on devoit s'attendre. | Il convient auf d’évirer de travailler à Île qui auroïent été abattus dans une année où les vents ont prefque toujours été Sud, ou Sud-eff où Sud-oueff feront plus expofés à s'alrérer que ceux qui l'ont été dans une année où les vents de Nord ou de Nord-eft auront régné plus fréquemment. Maïs comme on ne peut prévoir aw mois de Novembre quel fera le vent dominant jufqu’as mois d'Avril; la queïtion me paroît oifeufe. (19) Q'eft-ce que la Lune, rélativement aux Plantes? ee n’eit autre chofe qu'une lumière réfléchie , qui fu# des révolutions périodiques d’accroiffement & de dégrada- tion , fuivant que les corps opaques, qui l’interceptent s s’oppofent à fon paflage. Cette lumière , réunie dans un foyer , par le miroir ardant, ne donne aucun dégré fen- fible de chaleur. D’un autre côté , notre Atmofphère ne s'étend pas jufqu’à la Lune ; elle ne peut donc avoir fur. les végéraux aucure ation impulfive. Comment a-r-0n pû , jufqu’à nos jours agiter férieufement cette queftion » La plüpart des Foreftiers obfervent , encore aujourd’hui, de n'abattre les Bois, fur-tout ceux de Marine , qu’au dé- cours de la Lune, c’eft-à-dire , depuis fon plein, jufqu'à l fn. (20) M. de la Quintinye eft un des premiers qui aïe combattu raifonnablement ce préjugé, dans fes Réflexions fur l'Agriculture. Chap XXI: il en fait voir tout le ridi= cule , & rapporte les expériences qu’il avoit faites. Coupe Troifième Partie, Chap. V. 29% Coupe pendant les trop grandes gelées : les fou- ches en pourroient foufrir ; le bois feroit dans: le cas de fe fendre ; il eft d’ailleurs trop dur dans ce cems, les Bücherons; par cette railon, font . peu d'ouvrage. | MANTÈRE D'ABATTRE LES ARSREY A LA COI1GNÉE. LA manière dont on doit fe comporter ; _pout abattre les grands Arbres, fans les endomma- ger, eft trop intéreflante , pour la pafler . fous filence ; on ne fauroit trop ménager les pièces de conféquence, qui, par défaut de précautions convenabies , deviendroient inutiles, où dû moins perdroient. l'avantage de .leur. grand volümé, LI faut examiner de quel côté l'arbre ipenche , & où eft le plus grand poids de fes branches }, pour éviter qu'il ne tombe du côté où le porte_ fon propre poids ; il éclateroit. Il faut encore porter attention , & reconnoître s’il n'y à pas quelques branches qui , par leur contour , peuvent, êtie plus précieufes ; pour là Marine, que le tronc même. Un habile Bûcheron doit déterminer 1à “hôte du côté qu'il juge le plus convenable. 14 On ne peut trop aufli. prendre garde ; » avec un pivor de 3 ou 4 pieds: malgré fes avantages , elle eft. défendue par l'Ordonnance | dans la vue de conferver les, fou- ches. Cependant , lorfque les Officiers des Eaux & Forêts veulent favorifer ,,1ls permettent , fui- vant les circonftances & la qualité des gros.ar- bres , qui fe trouvent dans. la vente , de faire pivoter fix , huir & même quelquefois dix Aïbres par Arpent. On ne peut qu applaudir à à cette to- lérance ,..& l’on doit même s'y prêter d’autanc plus volontiers , que la plus grande partie des fouches de gros Arbres pourriflent en terre, & que c'eft , pour les Marchands, le feul moyen de pouvoir fournir certaines pièces de Bois , telles que des Tournants de Moulins , des Jumelles de Prefloir ,. &c. il feroit à fouhaiter_ que certe fa- çon d’abattre en pivotant fûc plus commune; elle eft hien préferable à a celle d’abattre à la Coignée! qui , elle-même , ne devroit pas être préferée.à Ja Scie , malgré ce que lon prétend que la pra- tique de la foie. faic trop de tort à la fouche. Le préjugé » fuite de l'habitude , ne femble pas favo- rifér cette pratique, je le “fais à ; mais qu'il me foir permis de faire à cet égard quelques ob- fervations. MANIÈRE 1 DE LES ABATTRE 4 LA ScIE. La Scie s’échaufe par le frottement à dit-on : elie brûle l'écorce , & déchire le bois. Les fila. mens , qu'elle laifle , admettent les eaux , &c. P i) 228 … De la culture du Chêne. IL eft vrai que la Scie s’échauffe ; mais à. chaleur ne peut porter aucun dommage à la fouche : j'en appelle à l'expérience. Les nœuds es Arbres d'Efpalier , dont on abat oÿdinaire- ment les grofles branches avec la fcie |, & ceux dés Chênes, & autres arbres, qu’on élague avec cét inftrument, ne font ils pas bientôt recouverts. La sève, deftinée à réparer, ne monte pas bar l'écorce , elle. monte principalement par le sivret , par cette membrane , que nous avons défignée entre le bois & l'écorce. Il importe donc peu que l'extérieur de l'écorce foit coupé siet ou déchiré. Oblervez uñe fouche , fciée de- puis un an, vous verrez que la sève étant par- venue aù fommet du Livret , qui, lui-même, à été déchiré par la fcie, y aura formé un bourlet, adhérent au bois & à l'écorce, & qu’elle aura réflué, dans l’un & dans l’autre ; au deffous de la partie alrérée par la fcie; & qu’ainfi fa circula- tion aura été également établie, Cette remarque eft plus fenfible fur la fouche du Hêtre , que fur welle :du Chêne, 2241 Quand une grofle fouché de Chêne feroit cou- pée net, avec l’inftrument le plus tranchant, elle n’en feroit pas mieux difpofée à poufer des re- jets, ils ñe fortent pas tout à fait au bord de la coupe , mais à un ou deux pouces au deflous ; encore font ils fujets à périr, quand ils fonc fi près , à caufe des vents, qui les-éclarent; les meilleurs font ceux qui s'élèvent fur les grofles racines , vers le collet de la uge Les flamens , que la fcie peut laffer, he font pas plus dans lé cas d'admettre les eaux , que les petits copeaux & les rainures, que l'inégalité ges coups de hache laiffe fur la coupe tranfver- Troifième Partie, Chap. F. 22%) fâle de la fouche ; il faut obferver , feulement\, de donner au trait de la fcie la même inclinaifor, qu'on donneroit, fi l’on abattoit à la coignée. La Scie & la Serpe font des outils, avec lef- quels on peut faire plus de délirs gachés,. qu'avec. la Coignée , c’eft pourquoi lufage en eft défendu, par les Règlemens , dans l’abattis des. Bois. Il fe préfente néanmoins, dans: ces deux dera. nières façons d’abattre les gros arbres, une grande. difficulté ; c’eft qu'on ne peut pas auñfi facilement: diriger leur chûte, qu'avec la coignée : la pofi- tion de chaque arbre doit décider fur le: choix de la manière. | Les gros arbres ont quelquefois un empâtement- extérieur de racines, qui forme un diamètre de 12 à 15 pieds. J'avoue qu’en ce cas, la manière d’abattre à la Scie n’eft pas pratiquable, fur-rout, fi l’on veut ménager l'arbre jufqu’a fleur de terres, je voudrois alors faire une entaille , avec la coi- gnée , jufqu’à, à, la direétion perpendiculaire de: la tige, & puis ufer de la Scie. Indépendemment-. des. exemples ,. qui’ militent- en faveur de cette façan d'opérer, on économi-. feroit le bois qui fe perd à la coignée & eff. réduit en copeaux : huit ou dix pouces, &: quelquefois un pied , fur, une. groffeur font une: différence, Nous lavons dir 5 il n’y a pas de- petits objets dans les grands détails, s'ils font: mulripliés. | E X:P £L:O.1: TÆ TI O Ni. Les Bois étant une fois. abattus, on ne doit: pas tarder à en retrancher les branches ; il con- vient encore de les équarrir. de fuite ; car ce qui. peut accélérer l’évaporarion. de la sève cft favos- 230 De La culture du Chêne. rable à leur confervation. Leur enlever l'écorce & J'aubier , c’eft le moyen d’en tirer tous les avantages poffibles ; alors rien ne retient & ne captiye cette tranfpiration ; les pores font ouverts , & le bois commence à fécher. : | “Le bois qu'on garde en _grume fe defsèche fi lentement , que le tems qu'on le laifle dans cet étar eft prefqu’en pure perte pour le defsèchement. | réfulte des ir a , faites pi M. de Huÿors RTE Que le bois de Chêne perd. environ Ja moi, de fon poids, par le defsèchement ; & qué les bois moins folides le Chêne » PET plus d'un tiers. 1:29, Qu'il faut fept ans, au Moins; pour def Técher les folives de huit à neuf pouces de grof feur ; & que, par conféquent, 1l faudroit beau- coup plus du “double de tems à c’eft- -a-dire , plus de quinze ans, pour deffécher une poutre de feize à dix-huit pouces d’équarriffage. - :° | 3°. Que quand le bois eft parvenu aux deux tiers de fon defsèchement , il commence à re- pomper l’humidité de lair, & qu'il faut, par conféquent , conferver, dans les lieux fermés, les bois fecs qu'on veut employer à la Menuiferie. 4. Que le defsèchement du bois ne diminue pas fenfiblement fon volume ; & que le defsèche- ment de la sève eft le ciers de celle des parties folides de l’arbre. mR “ç°. Que le defséchement du bois eft d'abord. en raifon plus grande que celle des A - 5 O6 enfuire en moindre raifon: p ‘6. Que l'augmentation de pefanteur , que Îe bois fec acquiert, en repompant l'humidité de Pair > Cf Le dre © à Ja furface, ré Troifième, Partie. Chap. V. 23È 7°. Que le defsèchement total du bois eft pro: portionnel à fa légèrerés en forte que laubier fe. defsèche, plus que le cœur du Chêne , dans la raifon de fa denfité rélative, qui eft, à peu-près,, de +=. moindre que celle du. cœur. 8°. Que quand le bois eft: entièrement- deffé-. ché à l'ombre , la quanrité.dont-on pew encore: le deffécher, en l’expofant au Soleil, & enfuite: dans un four , échauflé à 47 degrés, ne. fera, guères que d'une 17 ou 18% partie. dœ& poids, total du bois; &. que, par. conféquent.,. ce: defsèchement, artificiel &couteux , eft prefque. inutile. pee. 9°. Que les bois fecs & légers, lorfqu'ils: fant- plongés dans l’eau , s’en rempliflent en très-peu de tems;.qu'il ne fäur, par exemple, qu'üa.jour à. un petit morceau d'aubier , pour. fe. remplir. d'eau, au lieu qu'il faut vingt jours à un pareil morceau de. Chêne. Qiro 44 10°. Erfin, que.le bois dé cœur dé Chêne: n’augmente que d'une douzième partie de fon: poids total, lorfqu'on le plonge dans, l'eau, au. moment qu'on. vient de le couper, & qu'il faut. même un, très-long-tems , pour qu'il augmente: de cette douzième partie.en pelanteur. Salem à l'Hift. natur. Tom. 3. left: aufi important de ménager, la: pouffe des fouches , que les. fouches nême;- fur-eour-la-: premiére année; &: on ne peut-le faire. que- par: la célérié qu'on porte au travail. On-ne peut- donc porter trop de vigilance à fcire Fenlèvement - du bois , & à vuider la Forêt. H- re nous eft: guères poflible de. prefcrire un. rems fixe ; c'ef: le feul, débit; c’eft la facilité de tirer le bois qui peut en décider. L’incelligence, en fembtablc. 232: De la culture du Chêne, cas, €ft néceflaire , & l’ufage du pays fait la loi ; mais il eft eflentiel, quand on a fait une vente , de fixer le rems à l’Acquéreur , fous des peines pécuniaires ; ; autrement, On en feroir pref- de toujours la dupe. ; Lorfqu’ on a quelqu'Édifice à conftruire , & qu'on à des, bois dans la proximité, on fe dé. cefmine fouvent à exploiter foi-même. C'eit ce jui m'engage à prefcriré ici ce qu'il faut le plus généralement oblerver, & ce qu'il eft bon de fa- Voir ,. avant de faire la deftination de chaque pièce. “Premièrement ; c’eft pécher contre les vues d'économie , que d’abattre un arbre encore jeu- ne , & ‘avant qu'il ait acquis fa perfeétion ; non feulement parce que cet arbre pourroic croître ; mais encore, parce qu'il ne feroit pas d’un auf bon ufage que celui qui a acquis fon, dégré de maturité. : En faifant l'exploitation d'un Bois, il faut ce- pendanr le couper par tout, & de fuite , irant les vieux chicots & fouches, que le menu bois , & généralement tout le mauvais , comme le bon, quand. même. il y en auroit qui paroîtroit ne pas valoir la coupe ; ils fe fortifient par le recepage ; & ils repouflent avec plus d’uniformité. Il n'y a que les arbres de lizière, qu'on doit lailier , parce qu'ils fervent de défenfe & d’abri, & qu'ils repeuplent les bords , » qui font toujours les 5lus expofés., De même, bien des gens ne coupent jamais es Broffes ; c'eft-à-dire, 3; les tailles , qui bordent leurs Bois ; il y auroit peu de chofe à en virer; &: on les laïfle, parce qu'elles fervent à défendre les Bois des Beftiaux , des Paffans, des Maïfaireurs, & rompent la force des Vents F qui fonc beaucoup de rorc aux Bois. Troifième Partie. Chap. V. 233 Le bois de brin eft nécefaire pour les pièces de longueur ; mais le bois de iciège eft de plus longue durée | quand il s’agit d'un Pan vertical : ils étoient anciénnemenc tous de bois de fciage ; nous en voyons encore , qui fubfiflent , depuis deux ou trois cents ans, à toures les intempéries des faifons 3 & nous voyons, au contraire > tous les jours, nos Pans de bois modernes, conflruits $ avec poteaux , en bois de brin, fe carier très- promprement. + La raifon de cette différence de durée eft bien fenfible , pour peu qu'on veuille faire attention à la caufe. CNPFLOR 2 G Le bois de brin, pour la majeure partie , eft mal équarri, & porte des flaches confidérables : une partie des arrêtes , loin d’étre un bois vif, fe trouve formée de tout l’aubier de l'arbre ; de plus, la partie ligneufe , qui eft à Ja fuperficie , cft toujours d’un âge, extrémement tendre > 0 par conféquent d’une, contexture n'oins parfaite. Toutes les fibres ligneufes font contraétées par le frottement de l'aller & du retour de la fcie : & cette contraëlion donne, plus de folidité au pare- ment de fciage. De-là nos anciens planchers, en bois fciés | durent depuis plufieurs fiècles , pendanc que nos planchers ; refendus de bois de brin, {ont endommagés dé la carie, dans un tems bien plus court. A | Les gros bois, méplats & refendus , ont le grand avantage de parer à tous les inconvéniens de pourriture intérieure’; la refente eft Je meilleur expédient, pour extirper l’humide, qui en avance la difiolution. D'après les obfervations des Naturalifles > OC d’après la contexture de, l'arbre , celle que nous 234 De La culturè du Chêne, l'avons rapportée , il y a néceflairemeut des pré: cautions à prendre dans la refente, pour qu’elle n’ôte pas à une pièce la folidité qu’on en doit tirer , & pour qu’elle en foit plus urile fous le fardeau. ; IT eft très-avantageux de refendre par le mi- lieu les bois équarris ; on peut même les refendre. en plufieurs tranches ; mais on aura attention de. n’employer jamais en folives la partie du centre, ou du cœur de Parbre. La réfiftance des bois refendus dépend de deux chofes ; de la direttion des fibres ligneufes , &: de çe qu’on cmbrafle plus où moins de circonfé- rence de cônes ligneux , dont le cercle entier forme le corps de l'arbre ; la tranche du milieu, n’embrafle que des portions très-petires de la cir- conférence de ces cônes ligneux.; ces portions. font toutes dans le .fens horizontal de la pièce &. parallèles à fa bafe ; &, en outre, ellés renfer- ment, dans leur milieu, le corps médullare , qui eft toujours fpongieux ; &, par conféquent , eft une matière moins parfaire ; les autres tranches intermédiaires font toutes de bois vif, & embraf- fent plus de circonférence de cônes ligneux. Ces portions de circonférence, font roures dans le fens vertical, & à angles droits, {ur la bafe de la pièce ; on doit donc les confidérer comme, par- faices fous le fardeau. Quoique. les tranches extérieures, ayent leur utilité, foit en planches, foir en fourrures, on. peut cependant. en faire emploi en folies, en, faifant attention qu’elles foient bien équarries , &, que tout l’aubier, ou le bois jaune , avoifinant, Vaubier de crop près, en foic fupprimé torale+, ment. . Troifième Partie, Chap. V. 235 I! eft encore à obferver, qu'il ne faut jamais employer de pièces refendues en deux , fur Ja hauteur , & , en même-tems, en deux, fur lä Jargeur ; fi l’on a befoin d'une PE de fix pous ces de hauteur , il faut la choifir dans une pièce de fix pouces d'équarriflage ; fi l'on a befoin d'une pièce de douze pouces de hauteur , il faut la prendre dans une pièce de douze pouces de haut, & non dans une pièce de vingt-quatre. C’eft une fuite des principes que nous venons de voir. La pièce de fix pouces , débitée dans une pièce de fix pouces d'équarrifage > Contient le demi-cercle entier des cônes ligneux , dont toutes les couches s’entretiennent ; au lieu que, dans les pièces refendues en tous fens , on n’embrafle que des quarts de cercle des couches ligneufes , qui ne fonc _pas, capables d’avoir la réfiftance requife. Il feroit à fouhaiter que l'on n’employât en folives que du fix, du neuf, du douze, ou du quinze pieds ÿ par ce moyen on éviteroit le défaut d’allignement dans la direétion des fi- bres, ce défauc pv cane, coujours à la force du bois. A ce fujet, il y a une diftintion à faire entre tortuofité dans le tronc , & tortuofité dans les fibres. j La tortuofté dans le tronc de l'arbre feroie, fauvée, en n’employant que les longueurs ci-def-. fus, n’étant pas fenfible dans d'auffi petites écen- dues ; ;s &, où elle feroit plus confidérable , elle doit être rebutée , ainfi qu’elle left par les devis & marchés; à moins qu'elle ne foit néceflaire, comme :1l arrive dans certaines parties de la charpente. 236 De la culture du Chêne: A légard de la tortuofité des fibres, ou défaut de direction dans leur allignement ; défaut, qu’on. ne peut parer, & qui fe trouve dans toutes les pièces de bois, du, plus au moins , elle fera en- core moins fenfible dans les petites longueurs. Quant aux dimenfions d’équarrifage , il eft bon de favoir que, plus les pièces de charpente. font quarrées , moins elles ont de réfiftance , rélativement à leur cube ; dans ce cas, alors, plus elles coûtent; & moins elles valent pour les. bâtimens. IL eft plus avantageux de n’employer que des bois méplats, & de les pofer de champ; puifque , fans en augmenter le cube & le prix , on augmente leur force, dans le rapport de la. largeur à la hauteur. C’eft un principe , auquel ceux qui font bâtir ne fauroient faire trop d'attention ; il a été re- connu par les Géomêtres, & confirmé par les éxpériences. © M. Parent à donné une Table , dans les mé- moires de l’Académie , de 1708, où il fait voir la différence des réfiftances & des cubes de diffé- rentes pièces de bois ; il difpofe les côtés de leur équarriflage , de façon que la fomme de ces cotés donne toujours le même nombre. Nous croyons à propos de la rapporter ici, &! d'y joindre une autre Table , calculée fur les mêmes principes; avec cette diférence , que les produits de ces mêmes côtés donneront toujours lé même cube. On verra , dans la premiere, la diflérence: des côtés & des réfiftances , avec variété dans les cubes, | * Et, dans la feconde , la différence des côtés & des réfifiances, les cubes étant toujours lesmêmes, Troifième Partie. Chap. 7. 23? Enfin, ontrouvera, dans les deux, la médiocri- té du cube, avec l’augmentation dés réfiftances. TE A ON | A RAISON DE L'ÉGALITÉ DES SOMMES. Superficie de l’É- Réfiftance , en rai- Dimenfion\quarriflage , ré- fon des Superficies, des côtés. |pondant aux cu-labftraétion faite bes. des longueurs. 22 fur 12. | 4 0 144. LS T728% y, OT fur 3h s «V148 AUS LOT Pro für 14.1" 5 4 140. 4 . 1960. » + Jr IPS Ph Se F3 à » + 202Se + + 8 fur 16.1 - + 12810 » 204.81 0508 AE LE ra 119: « + \ 20230014 Grue ET AMPX roi * 10944 ur PL 67 106. + .1805e - . # fur 20.1 80. JL Tr 6606. 2" 3 fur 2r. 631. COR T2 SORTE 2 fur 22. gd » 128 2 908% 1 fur 23. 27% lp a29 2% T'4:8B1E08E"% 4 RAISON DE L'ÉGALITÉ DES CUBES; DANS LE PRODUIT DES COTÉS DE L'ÉQUARRISSAGE. Superficie de l’É-|Réfiftance, en rai-| Dimenfon |quarriflage ; ré-|fon des Superficies, des côtés. [pondant aux cu-|abftraion faite |bes. …… (des longueurs. Y210r 12 à PT rm 2 BAL 19/1728 tofur13.—Ù : : : 144 : +. . 1885. — 1ofur 14.—-Ù : ; . 144, . à |, 4. : 2073. — gfurr6. , | 4, . 144. . . | 3. 44 2304. DIN IS. SI 46 IE dE A be 12592, | | 238 ‘De la culture de Chêne. Fa Plur 20. qe fase à ur ol 2 6 T4 » 6fur 24. reg... |... 3456 | siur 28. Fe reg, ER SNS RE à mt On n'a pas defcendu au deffous de l’Équar- rifage de $ fur 28 %’, étant très-rare de trou- ver une pièce de 36 pouces fur 36, donnant 144, ainfi que donnent tous les autres côtés des au- tres pièces. ASE 4 ai . On voit ici, par la confrontation des deux _ Tables, que, dans la première, les réfiftances commencent à diminuer à l’équarriflage de 7 fur 17; & que, dans la feconde les réfiftances vont toujours en augmentant, jufqu'au dernier Équar- riflage. ST AT OT" Ja UURTe ie S'il ne s’agifloit , dans les conftruétions , que d’avoir des pièces de charpente , les plus capa- bles de réfifter à de grandes charges , & qui euflent en même-tems le moins de cube poffble; il eft évident , par les démonftrations qui ont: précédé, & expériences faires & répétées, que les Poutres & lés Solives devroient être pofées de champ, & minces comme des ais où des planches. . Néanmoins , ïl faut, pour la folidité, que ces . pièces ayent une certaine. affiète , pour pouvoir repofer fur leurs bafes ; l’Architecte doit préve- nir & modérer les excès ; il ne peut être trep attentif à déterminer la bafe. En efler , faute de cette précaurion , les bois méplats peuvent, ou voiler , Oôu fe courber en difiérens fens : alors, comme lobfervent trous nos Auteurs, les fibres longitudinales perdroient de leur force ; & Muf- ch:mbroeck ; entr'autres , a établi, par fes expé- riences, le déchet & la réliflance d'une pièce de Charpente , en rafon ges côtés qui fe courbenr, Troifième Partie. Chap. V. 239 ‘& de ceuf qui ne fe courbent pas. En partant ‘des prircires de ce Savant ; il faut donner, aux “pièces de charpente , depuis trois jufqu’à fix pieds de longueur , ‘environ deux pouces de large ; ‘dépuis fix pieds jufqu'à douze , environ trois pouces . depuis douze jufqu’à dix-huit , environ quatre pouces : de telle façon , qu'elles ayent environ le tiers de, la Hauteur. Ces dimenfions générales ne font pas tellement fnvariables , qu’on ne puifle les changer ; l’occur- rence feule , & la deftination de l'édifice, en doivent décider. On fait, d’ailleurs, que les expériences & les alculs , qui réufliflent en petit , ne font pas toujours applicables en grand. . Ainfi, il ne faut pas preudre pour réfiftance dernière , celle qui fait rompre les pièces fou- miles à l'épreuve par les Auteurs, à caufe de la difficulté de trouver des bois d’une tenacité égale; à caufe encore du laps du tems;, qui; felon ces expériences . afoiblit lés réfiftances äe moitié ; & à caufe qu'il ne fufht pas feulement d'empêcher qu’une piece foic dans le cas de rompre, mais de ployer ; inconvénient, qu’il faut encore éviter. C'eft d'après toutes ces réflexions, qu’on doit calculer le terme d’aflurance. Si j'avois un exemple à citer , ce feroit le Comble du Théatre François , à Paris , qui porte fur plus de cent pieds de largeur ; routeë Jes pièces y font dans leurs juftes proportions, toutes équarries à la fcie , fans flaches ni aubier : on y à paflé une couleur à l'huile. qui confervera long-rems la charpente de ce bel Édifice moderne: Nos Anciens ne mettoient en œuvre que des Solives d'un cube moitié moins confidérable que 240 De la culrurexdu Chêne. celles que nous employons ; imais ils avoient foir que le fardeau fe trouvât partagé ; ils n’emr ployoient pas ces ie pièces d’enchévretures, dans lefquelles fe rafflémble rouc le poids immenfe d'une travée confidérablé ;: qui ne porte que fur un feul poinr. Aufh leurs édifices étoient-ils beau- coup plus folides, & bien moins fujets aux acci- dens du fardeau , que les nôtres. Tous les jours nous voyons des crevañles & des lézardes dans des murs de face , de pignon, de refend ; la maçonnerie en eft bonne ; 1ls font bien conftruits. Nous fommes éronnés de ces effets; n’en, cher- chons pas. d’autres caufes , que dans le défaut de nos charpentes. Les parties de maçonnerie s'af- faiflent fous le poids, tandis que les murs voifins, qui n’ont que leur propre pefanteur à fupporter , fe foutiennent fans aucun taflement. L'équilibre eft perdu ; il ne peut être autrement: coute, la charge fe trouve fur un méme point : c’eft un vice de conftruétion premiére ; il n’y a pas de remède ; il n'y a pas de moyen pour vraimen réparer ce mal; on ne peut que le mafquer;. la caufe fubfiftante , l'effet fubfifte. Le bien de la Société engage à étudier tous les moyens qui réuniflenc dans leur enfémble les principes d’une véritable économie ; c’eft-à-dire , la légèreté & la folidité des charpentes , établies fur des dimenfions ; dont la füreré & la précifon foient fondées fur des expériences répétées, En fe fervant feulement de Solives de 9, 12 ou 15 pieds de longueur ; peut-être pourroit-on y parvenir 3 les groffeurs feroienc analogues aux longueurs ; &, rélarivement aux principes que nous avons établi ,. elles feroient. moitié. plus foibles en bois, aufli fortes , moitié moins .coû- ceules , Troifième Partié. Chap. P. ‘24% teufés , & il y auroit moitié moins de charge fur les murs. | | | On abattroit moins de bois ; & , dans quelque teéms ; on trouveroit plus aifément de beaux ar- bres, pour les pièces principales ; on auroit plus communément des bois de qualité ; les Poutres ne feroient plus portées à. des «prix exorbitans à tels que ceux de huit ou neuf cents livres. Nos Forêts fe repeupleroient, & le chauffage, qui nous eft eflentiel feroit plus certain, & à bien meilleur marché. | MUUID 2% Le but que nous nous fommes propolé , ne nous permet pas d’entrer dans de plus longs dé: tails ; ceux qui voudront fe Procurer de plus amples connoiflances , Pourront avoir recours ay Traité de la force des Bois ; Ouvrage trés-bien fait , que M. Camus de Mézières donna au Pu- blic , en 178%, dont J'ai tiré plufieurs Articles en entier. Ve Le \ . Et'au Traité de lExploitation des Foréts , don- né par M. Duhamel, CHA. Per Au füurplus, il ne faut jamais vendre de pièds d'arbres au choix de l'Acquéreur. Le chéix torn- be roujours fur les plus beaux ; les auvres. fonf frent du dommage de la chûte de leurs Voifins , & dépérifent confidérablement , quand les meil- leurs brins font 6tés. Les bois de Sapin, {ont néanmoins. à excepter de Ja régle générale : fi on les abattoit 4 rire & à aire j en fuivant trop littéralement l’Ordonnance, qui n'a porté fes vues que ur les Bois en général, ce feroit détruire entièrement les Sapinières ; il eft irdifpenfable de n’abattre que, d’efpace en elpace, les grands Sapins ; qui formeroient trop d'ombre au jeune Planc, à Q 242 De tulture du Chêne. Payez vos Ouvriers plütôt en argent qu'en bois ; parce que celui que vous leur donnez en nature, pour payement, leur fournit des occa- fions & des prérextes pour en prendre d'autre. Par la même raifon, ne laiflez emporter , ni les fruits de vos Forêts , ni l'herbe qui croît fous les arbres, dans les places vagues & les clairières ; ce fonc autant de précextes pour picorer. Paflons maintenant à l’Exploitation pratique , & divifons-la en tous fes articles. VA x ® TAUN LE 4 0 4 . EAET pe = +, . Hi u PS ; E 54 Là 24) Ÿ £ = JR) ARE EN 243 CHAPITRE VI USA N C'E'/b RS 1B or, À nature différente des Bois, dont les uns fe confervenc mieux dans l’eau , d’autres dans l'air , les rend propres à divers ufages, L'induftrie a fçu approprier à nos beloins cette partie des grands végétaux , & la rendre d’une utilité immenfe. On peut prefque dire que le Bois eft de néceflité première , foit pour nous défendre des rigueurs du froid , foit pour la pré- paration de nos alimens. Mais de quel fecours n'eft-il pas encore , pour exploiter les Mines, & pour foutenir les Verreries , les manufatures de Porcelaine , de Fayance, de Tuile, de Savon ; les Brafleries , les ateliers de Teinture, les fours à Chaux , &c. La Charpenterie & l:s Méchani- ques employent prodigieufement de bois, & va= rient indéfiniment fon ufage , foit pour la conf: truction des Navires & Bateaux de toute efpèce, les Bârimens |, militaires ou civils , les dépen- dances des Domaines , les habitations des Pay- fans, les Moulins, les Éclufes, Pilotis , Prefloirs, Voitures , Charrues, inftrumens de Jardinage & d'Économie rurale ; enfin , ceux de tous les Arts , & une infinité d'ouvrages » que ces mêmes Arts tirent journellement de la fubftance des Bois. L'Ufance du Bois en comprend l’Abarttis & les Façons. Eu Nous nous fommes déjà affez étendu fur [A battage. Les différentes Façons qu’on lui donne, fur le leu de ja coupe, s'appellent Débis du Bois, On Q ji k L44 De La ‘culiire du Chêne. | en fait du bois de Charpente & de Marine , dt Merrain, ou du bois de fente & d'ouvrage , du bois de fciage , de charronnage, & à brüler. On ‘en tire des écorces, du charbon & des cendres. _ Avant de débiter les Tiges, on tire, des dbranches, quelques petites pièces d’équarriffage ; ‘qui valent toujours mieux que du bois de corde: ‘on en fait aufli du bois de fciage, fi les tronçons ‘ont fix pieds de long, ou environ. Les branches Æervent encore à faire des courbes de Bateaux , “dont le débit eft très-bon près de la Mer & des Rivières navigables; on en fait aufi des rayes de roues , & autres pièces de charronnage, quand les bouts qui reftent n'ont pas plus de deux pieds & demi de longueur ; car, en ce cas, ils feroient bons à diftribuer en bois de fente. Il n’y a pas d'autre règle, pour débiter les Tiges, que leur qualité, & le courant de la pour porter là couverture des maifons , & aux Menuifiers ; on les fcie , ou de trois pouces fur une face, &. de quatre fur l'autre ; ou de quatre pouces en quarré. à “Les Membrures fervent à la Menuiferie & à la Charpenterie | & font de deux fortes , toutes deux de fix pouces de large ; mais l’une n'a que deux pouces d’épaifleur & l’autre en a trois. ‘ Les Scieurs de long font fujers à croquer l’ou- vrage ; on doit parcourir fouvene l'atelier , le, Pied-de-roi à la main , pour favoir ñ les Échan-. tillons font bien débités. % {y a un art pour faire les Plats , Jattes , 6) autres Vafes, avec la Scieure de’ bois ; le Journal économique ( Février 1754, page 136 & fuiv. } donne la manière d’imiter ce travail des Japon- nois ,;: &. d'y appliquer telles couleurs & cels oïnemens , même de relief , que l'on juge à. propos. HA ah F | : On peut faire , avec les bouts de Solives, qu’on deftine ordinairement à brüler, des efpèces’ de ‘pavé, dans les KRéès-de-chauffée. On les’ équarrit tous de même échantillon , & à vive- arrête ; on les place de bout , dans un bain de chaux ; ‘on peut même les tailler en comparti mens ; &,.après un certain tems ; fi quelqu'un déborde , On pe le raboter ; il pe faut ni Lo= Troifième Partie, Chap. VE. 249 live$, ni clous; cette méchode eft d’un long ufage & très-peu coûteufe. | : On comprend , fous le nom de bois de Char- ronnage , tout ce que les Charrons employent pour faire des Charrues, Roues , Charrettes, Car- rofles , & autres Voitures. Le Frêne, le Char- me, l'Érable , & principalement l’Orme, four« niflent prefque cout le bois de charronnage. La meilleure partie s’en débite en grume , & tout y fert, même les forts branchages , rortus ou droits, pourvu qu'il n’y ait point trop de nœuds. On deftine à brüler le bois de branche, de Taillis, & des bois gâtés , ou de mauvaifes elpèces , qui ne font point propres aux ufages ci- deflus, foit de Charpente , Fente, Sciage ou Charronnage. Il ne faut cependant pas tirer trop fort à ces ufages, parce qu'il ne refteroit plus de quoi faire de bon bois à brüler , qui eft le débit le plus confidérable. CHARBON. LE bois, qui n’eft pas propre à vendre en corde , peut être mis en Charbon. Le bois de deux pieds & au déflous, & gros, depuis un pouce & demi, jufqu'à fix & fepr, peut y être employé. Le Toutes fortes de bois font propres à être con vertis en Charbon ; mais ce feroit aller contre l'économie , que d'employer d'autre bois, que celui dont l’efpèce eft très-commune dans le canton où l’on eft; le bois ne devenant char- bon , qu'en perdant à peu-près les deux tiers de fon volume , & la confommation qu’en fait une charbonnière étant confidérable , on doit s’étra- cher à celui dont le prix eft le plus modique, ; 250 De la culture du Chêne. Les branchages , ayant le défaut d’être torfus; occafionnent des vuides dans l’intérieur du four- neau , ce qui empêche les Charbonniers de bien conduire leur feu. Une autre raifon pour laquelle les Charbonniers n’aiment pas à cuire ces fortes de bois , eft que le feu fe conferve , fans qu’on s’en apperçoive , dans les morceaux creux des nœuds pourris. I! faut abfolument rebuter tout le bois vieux, & qui tombe en pourriture ; on n’en auroit que très-peu de Charbon, & d’une mauvaife qualité. Le meilleur bois eft le rondin , provenu des Taillis de 15 à 16 ans. Le bois verd, qui a toute fa sève, a coutume de jetter une fumée humide , laquelle dérange ‘ les terres , dont on couvre le fourneau. D'ailleurs , un tel bois ayant de la difficulté à brûler, le feu ne fe communique pas également dans routes les parties du fourneau , & :1l refte des fume- rons ; il eft d'expérience qu’on tire un quart de moins , fur la quantité da Charbon qu’auroit produit du bois moins verd. Le bois trop fec a auffi fes inconvéniens ;, æ& rapidité avec laquelle le feu fe porte alors dans toute la capacité du fourneau , occafionne beau- coup de déchet | & produit un Charbon trop cuit, approchant de la Braife. Quatre mois d’Été fuffifent pour deffécher aflez le menu bois; il en faut un de plus pour les fouches refendues ; & elles peuvent être sèches, même en Hiver, au bout de fept mois. Il y a un avantage confidérable à faire de grands Fourneaux ; il convient de les faire d’au- tant plus grands , que le bois eft plus gros ; &, en général, on trouveroit un proftéréel , en ne Troifième Partie. Chap. PI. 25£ mettant pas moins de vingt-cinq à trente cordes de jeune Taillis dans un fourneau , & cinquante à foixante cordes de bois plus gros, ou de fente, Un Arpent de Taillis, gros & bien garni, rend environ trente-fix cordes de bois. Quatre cordes rendent vingt-cinq quintaux de Charbon. Voyez l’Art du Charbonnier , publié par M. Duhamel du Monceau. Les marchands ventiers ne peuvent pas faire de charbonnières par-tout où ils veulent , ni en faire autant qu’il leur plaît. Ce fonc les Officiers des Eaux & Forêts, qui en marquent les places, aux endroits les plus vuides, & les plus éloignés des arbres & du recrû , crainte d'incendie. Ils en règlent le nombre , ordinairement, à une par chaque Arpent de bois, qu'il y à couper. Et il n'eit pas permis au marchand d’en faire plus, ni ailleurs qu'il ne lui eft marqué. Ils peuvent même l'obliger à repeupler , s'ils le jugent à propos, les places où il a fait le Charbon. CENDRES. Iz n’eft permis de faire des Cendres , dans les Foréts., que des Houpiers , Troncs, Racines & autres bois, qu’on ne peut employer, ni en ouvrages , ni en bois de corde ; & un marchand ne peut pas en faire ailleurs , qu'aux endroits qui lui font indiqués dans fa vente, ni en tranf- porter , que dans des tonneaux marqués de fon marteau. Il y a encore quelques cantons dans la France , où la valeur des bois cft fi modique , principa- lement ceux où l’extraétion eft impofñfible , par les circonftances locales | qu’on peut préfenter comme objet d'utilité de les brûler fur places 252 De la culure du. Chêne. uniquement pour en faire des cendres, defquelles. on peut extraire un Alkali, qui s’employe dans les Arts. Ce n’eft point en raifon de la dureté, que les bois & les plantes produifent plus de cendres. Pour juger aifémenr de ce produit rapproché , nous en donnons une Table, extraite de L'Art dé. fabriquer le Salin & la Potaffs. Efpèces de Bois! Poids | Produit | Akai & des Bois | en NE L de Plantes. |& plantes.| Cendres. Tiges de Bled del livres. | liv. on. gr.|liv. on. gr.h Lurquier, 01. 4gooo. |354. 8.5.|70. 8. 6. Fig. de Tournefol.| 4000. 228.14. |80o. : Sarment de Vigne.| 4000. |135. 2.6.|23. 4.4. Buis.. 04 el Biodok Mers: 8.15. 7 CAT ie et 4000. |113-15-5«|11. 9. 6: DAME Nr 4000. | 9411.5.|15.170: 4 Chêne. . . , . ..| 4000. s& nc 06 248: TFremble. .,..1 4000. | 49. 6:2.| 3. o. 1. Gharme. .:: , 14000. {453 2:2:| $: or! Hiétmel rit ny à 4000, : | 23.16,2.|, 5-13: 4: Sapin 4000 13.10. 6] 158502 ÉCORCES. On écorce les Chênes & Chéneaux , & le Liège , les Noyers & les Aunes, les Tilleuils & les Bouleaux. L’écorce de Chêne eft de bon débit, pour fe tan : i ne faut pas la laifler long tems à la, Troifième Partie. ‘Chep. VI. 253 pluye, parce que le fel , en quoi confifte fa vertu , s’en détacheroit. Le Liège eft unique , pour le mérite de Ia peau. C’eft une efpèce de Chêne-vert, qui croît “dans les pays chauds. On enlève fon écorce ex- térieure tous les fepc à huit ans ; &, loin de mourir, comme font tous les autres atbres > il poufle de nouvelles écorces, & plus belles ; on J'enlève par bandes , & en efpèces de Tables, qu’on met dans l’eau , chargées de pierres, pour les applacir ; puis on les fait fécher , & on les tranfporte en ballots , par-tout le monde , fous le mom de Liège, On en fait des Bouchons de bou- teilles, des Semelles de fouliers , des Bouées, pour les Vaifleaux , des Chapelers , pour foutenir les filets des Pêcheurs , à la furface de l’eau ; elle fert à quantité d’autres ufages. On brûle encore cette écorce dans des vafes fermés , pour en ob- tenir une poudre noire , qui s’employe dans les Arts, c’eft ce qu'on appelle Noir d'Efpagne. Les écorces de Noyers & d’Aunes fervent pout teindre en noir, brun , & autres couleurs ; on les vend aux Teinturiers, Chapeliers, & autres, On en fait auffi de l’Encre. On fair des cordes à puits avec la feconde écorce de Tilleuil , qui réuniflent la légèreté la fouplefle & la durée ; on en fait des nattes groffières ; la première, ainfi que celle de Bou leau , fert à faire des panniers. On fait rouir le bois, pour l’écorcer. On fait également rouïr lé Genét dans l’eau comme le Chanvre, pour cirér de fon écorce une forte de filafle, dont on peus faire des Cordes , & même de la Toile, 254 De la tulture du Chêne. AQU OI CH A QU £E “ENS P ECS D; E::B;OYT SE ST: P R'OUMPNEUE Le Cédre, ou Pin de Liban , donne , fans contredit , le plus beau & le plus précieux de tous les Bois. On le cultive actuellement en France , où il réuffit aflez bien, dans les terroirs _ffblonneux. M. Duhamel en a planté à Denain- yilliers , en Gâtinois , qui ont déjà plus de cin- quante pieds de tige , & donnent des femences, qui lèvent fort bien, Plufieurs particuliers cher- chent à multiplier ce Roi des Arbres , dont le bois , rouge & aromatique , prend un poli achevé. Le bois de Chéne n’a point fon pareil , pour tous les ouvrages de Charpente & de Fente ; Menuiferie & Sculpture , tant gros que menus. T1 dure jufqu’a fix cents ans, à l’air & quinze cents ans en pilocis. Comme il eft propre à tout, on le débite de toutes les façons ; la moins lu cratice eft le bois à brüler. En croiffant , il eft fujet à devenir roulé & tranché. Au furplus , voyez ce que nous en avons dit ci-devant. Le bois de Chätaigner eft le meilleur , après celui de Chêne ; il eft ferme , & bon à bâtir ; on en fai de belle Charpente, où jamais, ni les vers, ni la vermine ne s’attachent ; il reflemble au Chêne, à rant d’égards, qu’il n’eft pas éton- nant qu'on les prenne fouvent lun pour l’autre, La charpente du Louvre eft de Chêne , quoi- qu’au premier abord elle paroiffe de Châtaigner ; mais, en examinant de près le tifflu de ce bois, & la manière dont les produétions médullaires y font apparentes , il n’eft plus permis de s’y trom- per. D'ailleurs, le bois de Châtaigner ne pèfe que 59 liv. ou environ, le pied cube ; il eft faci- Troifième Partie. Chap. VI. 255$ Te, par-là, de le diftinguer du bois de Chêne, même le plus poreux & le plus léger. On l’em- ploye aux Ponts & Canaux , parce qu'il réfifte très-bien à l’humidité. Il dure leng-tems en tu- yaux , enterrés pour conduire de l’eau , fi on le place de façon qu’il foit toujours mouillé. On en fait du Merrain , de grands ouvrages de Sculp- ture, de la Latte, des Palis, pour clorre les Parcs & les jardins, des Cerceaux , des Perches, pour faire des Échalas, des Treilles & des Ef- paliers. En général , il eft d’un bon débit. L’Orme , eft un bois jaune, dur & fort, mais plus propre au Charronnage , qu’à la Charpente, & Menuiferie ; on en fait aufi des Écrous, Vis, & autres pièces , pour les Navires & les Prefloirs, des corps de Pompe , des Tuyaux , pour la con- duite des eaux , &c. Le Charme, a le bois dur, & fe débite prin- cipalement en Eflieux , & autres pièces de Char- ronnage , à défaut d'Orme. On le vend aufli en grume , aux faifeurs' de Formes & de Sabots, C'eft le meilleur de tous les bois pour brüler. L'Érable , eft fort dur, beau, & prefque rou- jours marbré. On l’employe à la Marqueterie , à la Menuiferie ; il fert à monter les Armes. Il f vend prefque toujours en grume , pour que les Ouvriers puiflent le débiter à leur gré 5 il eit encore très-bon à brûler , & fait le meilleur Charbon qu'il y air. Le Frêne a la tige belle, droite & unie ; fon bois eft fort , & il fert, en paix & en guerre, aux Charrons & aux Ouvriers d’Artillerie ; fa fermeté , & le liant qu'il conferve, tanr qu'il retient un peu de fa sève, le fait préférer pour les Brancards de Chaifes & de Berlines On le 256 De la culture du Chénés débite aufi en Planches , & quelquefois on eh fait des pièces de Charpente 5 mais il eft fujer à être picqué par les vers. On trouve affez fré- quemment , fur le tronc du Frêne, des exoftoles ligneufes , dont le bois eft aflez beau, mais dif ficile à travailler, Il eft encore bon à brûler, & en charbon. | ina NT Les Platanes d’orient & d’occident forment de belles tiges, & font les plus beaux arbres d'ornement. On cherche à les- multiplier en Fran ce, & ils y réufliffent aflez bien, principalement : dans les cerres humides ; mais leur bois n’eft pas encore aflez commun , pour qu’on puifle parler affirmativement fur fa qualité ; il peut néanmoins être comparé à celui du Hôêtre. 1 HV Le Hérre à le bois fec ; il craint l'humidité : cependant fon ufage eft très-étendu ; on le dé bite en Planches, de toutes efpèces, en Mem- brures, en Goberges, pour fervir aux Layeriers & Bahutiers; on en fait aufli des Tables de cuifine , des Étaux de Bouchers, depuis quatre jufqu’a fept pouces d’épaifleur, des Pelles, des Rames pour les Bârimens de Mer, des Sebilles, ou Gondoles, des Rouets à filer, des Baguettes de moulquets , des bois de Fourreaux d'épée, des Bois de lit, des Cuillers , des Sabots, des Manches d'outils. Ses copeaux, qu’on tire le plus longs qu'on peur , fervent à éclaircir les vins, Quoique le plus grand ufage du Hêtre foit en Menuiferie , il eft pourtant d’aflez bon fervice en Charpente, pourvu qu'il ne foit pas du toût expofé à l'humidité, Les ouvrages noircis à la famée font préfervés des vers pendant un:très- long-tems 3 on évite encore la vermoulure ,. en verniflant le bois, ou en limbibänt d’huile d’af- PCs Troifième Partie. Chap. VI. 257 pic. C’eft un des meilleurs bois pour échaufler les appartemens. | | Les Pins & les Sapins | ônt le bois fec & léger. Il eft, en général , d’un excellent ufage; il dure très-long-tems , employé en Charpente ; on en fait des Mâts de Navires, des Bordages, our les ponts dés Vaiffleaux , des Planches, des Fiyaux , pour la conduite des eaux, des Corps de pompe , des Douves , des Inftrumens dé Mufique , de bon bois à brûler; pourvu qu’on prenne la précaution de lécorceér, & de le laifler fécher deux ans 5 fans quoi, il pétille au feu , & rend une mauvaife odeur. Dans les Vi. gnobles du Bordelois , on n’a guères d’autres échalas | que ceux qu'on tire des femis de Pin , qu'on coupe fort jeunes ; on en tire du goudron; & le Charbon de ces bois eft très-recherché , pour l'exploitation des Mines. Le Cyprès & l'If, ont un bois, qui approche dé celui du Cèdre ; il eft de bonne odeur , très< dur, & prend un beau poli ; il eft veineux, rougeñtre , & a lé crès-grand avantage d’être prefque incorruprible ; il fubfifté un demi-fiècle , où le bois de Chêne né fubfifte que fept à huit ans. Le Noyer, fe façonne en Poteaux quarrés ; en Planches & en Membrures 5 il eft dé très-bon débit , & recherché par les Menuifiers, comme un des meilleurs bois de l’Europe , pour toute forte de meubles. Quand il eft fan, & de grofle tige , on le débite en Tables, de deux bons pouces d'épaifleur pour monter des Armes, ou en Planches très-minces, pour faire des Pannéaux de Carofle ; les meilleurs Sabots font de Noyer; les Teinturiers en employent les racines & le brou-, pour faire des teintures brunes trés-folides ; 258 “De la culturs du Chérie. des étoffes ; que l’on teint avec ces fübftances, mont même pas befoin ‘d’être alunées. Avec cé broû:, pourri dans l’eau, ‘on ‘fait une teinture, qui donne aux Bois-blances la éritable couleur &u ‘bois de Noyër. Les Ébeniftes recherchent les tronçons des racines, qui font jäfpés ; enfin cè bois ‘brüle très-bien, & fair plus dé cendres qué tous es autres bois connus. Un Le bois d'Olivier, eft veineux , & ‘d’une dureté fort inégale ; il prend un beau polis c’eft ce qui le fait émmployer par les Ébeniftes & les Table- tiérs ; on en feroit auf des ouvrages de Menui- ferie; mais comme les couches ligneufes font fi peu adhérentes les unes aûüx autres, qu’elles fem- lent n'être que colléés par une fubftance réfi- seufe , ou que du moins elles fe féparënt quel- quefois , comme fi elles l’étoient , on ne peut faire de bons affemblages avec ce bois. Étant char- sé de réfine, il s’enfuit qu'il eft crés-bon à brûler. Le bois de Prunier, elt marqué de ‘belles veines rouges ; mais {à couleur paflé en peu de &ems , ‘à moins qu'on ne lé couvre d’ün vernis. On le débite ordinairement en grume ; il eft dur , & pourroit être employé par les Tabletiers & les Tourneurs ; cependant nous ne voyons pas qu'ils en faflent beaucoup d'ufage. | On débire auffi le Buis , en Tige, aux Tour- neurs & aux Peigners; & en Planche, aux Gra- veurs fur bois ; 11 eft folide, & moins fujet à être piqué des vers, que le Poirier. H eft jaüne, dur, liant, & porte bien la vis. | Les boïs de Pommier & de Poirier, ont à peu- près les mêmes qualités ; ils fonc pefants, pleins, & d’un grain très-fin; après le Buis & le Cor- muer, le bois du Poirier fauvage eft le meilleur Troifème Partie. Chap. VI. 259 que puiflent employer les Graveurs en taille de bois ; mais, s’il n'eft pas abfolument fec, il eft fujec à fe .courmenter. I1 prend très-bien la tein- ture noire ; & alors il reffemble fi fort à l’Ébêne/, qu'on a peine à les diftinguer l’un de l’autre. Celui du pommier réfifle aux frottemens ; on l'employe aux Rouages de Moulins, & aux Charrues. On fait. de l'un & de l’autre des Plan-. ches , lPoteaux , Membrures, Courbes’, & aürres pièces de fciage, pour la Menuiferie. $ Les Merigiers & Cérifiers | font employés en Menuiferie , & principalement pour les Meubles. Leur bois eft aflez dur ; mais il eft fujet à fe cour- menter : le Mérizier eft recherché par les T'our- neurs , & le Padus , ainfi que le Mahaieb, par les Ébeniftes , à caufe de leur odeur, qui eft agréable ; ils font connus fous le nom de Bois de Sainte-Lucie. Frotté avec du capiton de foye in- carnat , qu'on à mis tremper dans une diffofution de chaux vive & d'urine , il imite la beäuté des. bois les plus recherchés de l’Amérique. Le bois des Cormiers ; eft le plus dur de tous les arbres des Forêts. Les Menuilers le recher- chent , pour monter leurs Rabots , & la plüpart de leurs autres outils. On préfére. ce bois à touc autre , pour faire des vis de Prefloirs & de Prefles , des Fufeaux & des Aluchons ; pour les moulins ; enfin, on en met dans les parties des Machines , qui font expolées à de grands frotte. mens. Faute de Cormier, on employe ; aux mé: mes ufages , le Néflier & l'Alizier. Le Meurier, eft à peu-près propre aux mêmes ufages ; il a le bois jaune jufqu’au cœur, mañfif, & néanmoins fouple ; ce qui le rend propre aux Graveurs & aux Tourneurs. | | R ÿ 260 De la culture du Chêne. Le Tilleul, fe débite en Tables, épaifles , de- puis deux, jufqu’à cinq pouces, & en Planches, épaifles d’un pouce , & longues de douze pieds. Ce bois fert à plufeurs Artifans , même aux Sculpreurs ; ceft le bois qui leur eft le plus propre ; parce que, quoique tendre , il eft pourtant pleins c’eft-à-dire , ferme & ferré; en #orte que le cifeau le coupe nettement , aufli le préférent-ils à vous les autres bois , quand le Noÿé Jeur manque. Le Marronier d'Inde, donne un bois tendre, mollaffe , filandreux ; il pourrit très-promptement , quand ‘on l’expofe à la pluye; ainfi il n’eft bon qu’à faire des Tablettes, pour les lieux fecs. Il n’a même pas la qualité d’être bon à brüler. Le Bouleau, a le tronc aflez gros ; j'en ai vû. quantité , qui avoient fix pteds de circonférence : alors fon bois eft compaîte ; il a les fibres en- trelacées , & fair de très-bonnes pièces de Char- ronnage , des Sabots , des Planches voliges ; quand il eft jeune , on en fait des Cercles, pour les gros Tonneaux. Son bois brûle, quoique vert ; mais il fait très-peu de braife & de cendre, on en fait du charbon, excellent pour la Métallurgie. Dans toutes les Manufatures , où l’on a befoin d'un feu clair & vif, on préfère les Bois-blancs, & particulièrement le Bouleau & l’Aune. Ses jeunes branches font de très-bons Balais. Ainfi fes ufages multipliés font que fon bois eft d’un born débit. Quoique l'Æurné foit un plant aquatique , & un bois blanc , il a le mérite de ne point pourrir dans l’eau, ni en terre, pourvu qu'il ne prenne pas l'air, & il rélifte à de grands fardeaux ; c’eft pourquoi, outre le profit de fon écorce , done Troifième Partie. Chap. VI. 261 les Teinturiers , Tanneurs , & Chapeliers font grande confommation , on débite ce bois em perches, pour les Tourneurs, faifeurs de Chai- fes ; en Piloris, en Tuyaux de Fontaines; &, quand il eft afez gros pour être fcié, on en fait des Planches , des Poreaux & des Membrures 5 les Ébeniftes en employent beaucoup, parce qu'il prend bien le noir , & qu’alors il femble de l’Ébène. En Guienne |, on employe toutes les branches de cet arbre, qui donne promptemenc de beaux rejets, pour faire des échalas dans les vignes. Enfin, les diflérens emplois de ce bois; font qu’une Futaye d’Aunes fe vend très-cher… Le Peuplier, eft de trois efpèces ; le Blanc, le Noir, & le Tremble; chaque efpèce donne ur bois différent. Le Peuplier-blanc & le Tremble,, fe débite ordinairement en Planches voliges, de: fix pieds de long, de dix pouces de large , & de trois à quatre lignes d’épaifleur , pour faire des Bierres , des Caifles & des Fonçures. Les Peupliers noirs peuvent s'employer avec fuccès dans les Charpenres ; leur bois eft dur, fur-tout: lorfque les arbres ont acquis un certain âge. Tous les Peupliers croifieñt promprement , & donnent à. leurs maîtres un produit confidérable. Le Tremble fert encore à faire des Sabots, des Talons de Souliers , des ouvrages de Sculpture ; & des Planches, pour le même ufage que le Tilieul. Les Saules & Marfaux , fourniflent de grandes & de petites Perches , les Vanniers employent les petites ; & les grandes fervent à faire des Échalas de vigne , & des Éclifles | pour .les bords de Cribles. Les gros Saules fervent à faire des Planches, que l’on employe comme celles à 1e la culture au Chi du Tilleul & du Peuplier. Les Peintres & les: Graveurs émployent le charbon de Saule , pour elquiffér leurs defleins , & les Salpétriers, pour faire de la Poudre à canon. On dit que ce bois, quoique tendre, a la propriété d’aiguifer les cou- teaux , & dè les rendre aufli polis, & aufli tran- chants, que le pourroit faire une pierre à aiguifer ; mais il y a apparence que c’eft par le moyen de la limaille de'fer, qui s’infinue dans les pores dé cé bois , qui font propres à l’admertre & à la rétenir. L’écorce , que lès vanniers ‘enlèvent dé deffus les branches de Saule, fert aux Jardi- niers , dans le tems de la grefle, pour lier leurs Écufons. EME GS CPE MORE Le Cyrife des Alpes, qui eft maintenant fort commun en France, a le bois très-dur , & de couleur verte ; on l’employe pour faire des Man- ches de Couteaux , & aux mêmes ufages que le bois des Isles ; il eft liant, & propre à faire des Brancards de Chaife 3 comme il refflemble beäucoup à l’Ébène verte |, on le nomme Ébenier des Alpes. "EME Le bois de Sureau, eft. affez dur & liant : il a très-peu de moëlle | quand il eft gros ; alors il fert à faire diflérens ouvrages : les Tourneurs en font des Boites & des Tabatières; des Pei- gnes communs. Après le Buis, ceft un des meilleurs bois qu’on puifle employer à cet ufage. Le Laurier, le Houx , le Fufain, ont chacun des propriétés, qui les font rechercher; ce der- nier fert à faire un charbon pour deffiner 3 on le ferme dans un canon de fer, qu'on met au feu, pour l’échaufler à‘un dégré convenable. Quels grands avantäges la Société ne retire- t-elle pas journellement des qualités diverfes de Troifième Partie. Chap. WI. 263: tous ces Bois indigènes ; & combien y a-t-il de- Particuliers, qui ignorent ies richefes qu'ils po£.. sèdent , & le. parti le plus lucratif qu'ils pour- roient tirer des Arbres, que la Nature a difper-.. fé , ou. que leurs ayeux ont planté , fur leurs, vaftes héritages ! | CHARROI DU BO 1I-S: L’arTiczre des Voitures eft important dans. le commerce de bois , qui eft une matière très-. Jourde; & le marchand doit y. fonger de loin tant pour choifir & s’aflurer. celles. qui feront les: plus faciles & les moins coûteufes , que pour- difpofer les chofes & ne point perdre les occafians, de débit. On ne peut voiturer, le Fagottage & menus: bois , que par Charrois, ou par Bateaux ; meis. le bois quarré , le bois de fciage, & le bois de. corde , fe voiturent, ou par Gharrois , ou par. Bateaux , ou par Floites, au choix du maître. Les Charrois , qu’on. paye aux. Charreriers,, voifins de l'exploitation, font ordinairement à. meilleur compte , que ceux qu'on ferait avec fes Voitures & fes Attelages. "If faut établir le moins d’entrepots qu'il eff: pofible.. ê : F £ O:T:T-A G Ex Ox flotte le bois de deux manières; en: trains , ou à bois perdu. Ce qu’on appelle pre- prement Bois-floué, eft celui que l’on amère en Train ou. Éclufée, lié avec des perches &+ des. hards, fur des Rivières navigables ; & le Bois-. perdu, ef celui que l’on. jette. dans les. perites rivières , qui m'ont pas aflez d'eau, pour potrec. des trains & des Bateaux. | 264 De la culture du Chêne. Comme la faveur du Commerce & linrérée du Public font préférés à l’inréréc des Parricu- liers , les Marchands de bois peuvent pañler par les héritages d’autrui , pour aller droit de leur vente au plus prochain Ruiffleau ou Rivière flot- table. Ils peuvent , fur celles qu’ils trouvent le plus commodes, mettre leur bois , foit en Ba- teaux, en Trains , ou à bois perdu , en aver- tiffant les Seigneurs des Rivières dix jours aupa- ravant ; en dédommageant les Propriéraires de la perte de leurs fruits, & en faifant réparer les clufes , que leur bois auroit dégradées. Ils peu- vent même obliger le Maître des héritages , fitués fur le bord des Ruifleaux , de leur laiffer, des deux côtés, un chemin de quatre pieds, pour le pañlage des ouvriers, qui mettront à vau-: l’eau , & conduiront le bois. Hs ont quarante jours , après que le bois eft pañlé, pour faire pêcher leurs Canars ; c’eft-xdire , les bois qui font tombés au fond de l’eau; ils ont le même tems, pour faire enlever ceux qui font arrêtés fur les bords des Ruiffeaux ou Rivières, par inonda- tion, ou autrement. Le chommage des Moulins, que le Flottage empêche de moudre, étroit réglé autrefois , & jufqu’à préfent , à quarante fols , pour chaque efpace de vingt-quatre heures , quelque nombre de roues qu’ait le Moulin. I eft à préfamer que ce Tarif ne fubfiftera pas long- rems , attendu l'augmentation progreflive des chofes. | | Ca La dépenfe du Flottage à Bois-perdu eft la moindre , puifqu’elle ne confifte que dans des dédommagemens , qu'il faut que le Marchard paye , & aux Journées des gens néceflaires , pour jetter , ‘conduire , recueillir & garder le Troifième Partie. Chap. VE. 26$ bois. Mais aufi, c’eft la plus dangéreufe manière de tranfporter le bois, à caufe des contre-tems qui peuvent arriver. , I! eft défendu , par les Règlemens de Police ; à rous Marchands de bois & Propriétaires , de jetter à l’eau, fans en avoir obtenu la permiflion par écrit du Syndic des Marchands, qui fixe un jour à chacun d’eux , fuivant la diftance des lieux où _eft le bois à flotter. C’eft une fage prévoyance , qui empêche que les Bois ne fe rencontrent & ne fe mélent ; ce qui occafionne- roit des conteftations , quand méme chaque Marchand , ou chaque Particulier , auroit eu foin de marquer fon bois, avec fon poinçon. Quant au Bois, flotté en Trains, 1l faut avoir les perches &:viornes , ou harts néceffaires pour compofer ces efpèces de Radeaux , & les lier fi bien , qu’ils puiflent réfifter aux différens chocs qu’ils éprouvent , jufqu’au lieu de leur deftina- tion. Si l’on fait, avec un Entrepreneur, le marché de faire flotter du bois , on fera mention de la longueur , largeur & hauteur qu’aura cha- que Train, Éclufée, ou Coupon; &, à peu- près, de ce qui peut y entrer, foit bois de Charpente, Menuiferie, ou de Corde ; le cout, luivanc l'ufage des lieux. FRAIS D'EXPLOITATION: Les Frais d'Exploitation varient , comme les climats ; le bois ne fe débite pas dans une Province comme dans l’autre ; il n’y a aucun rapport entre les Échantillons de'la Normandie, les Échantillons du Poitou, & les Échantillons des Sévennes. Ainfi , il ne faut.pas prendre le précis démonftratif des frais d'exploitation , ‘pas 266 De la culture du Chêne. plus que ceux que j'ai donné ci-devant | comme des Tarifs décidés ; ce font des Tabieaux , pour fervir feulemenc d’induction. L'intelligence du Lecteur y fuppléera. Un pied cube de Chéne, propre à la Char- pente , vaut ordinairement , fur pied, comme : nous l'avons déjà dit, dix fols. Un pied , propre à la fente , vaut. environ, vingt. fols. Propre à, la Marine, quarante. fols ; le pied cube , première qualité, fe vend, fur les Ports , trois livres ; feconde qualité ; cinquante-cinq.fols ; & troifième qualité, quarante-cinq fols. Le travail dés Bûcherons fe paye; favoir, La Corde de Taillis, quinze à dix-huit fols. La Corde de Bois fciés & fendus, vingt-cinq à trente fols ; le rout , y compris l’Abattage. L’Abattage du cent. d'arbres de Demi-furaye, gros & petits, fe paye cinquante fols , à trois liv. Celui des Hautes-furayes, coûte le double, quelquefois le triple , & même d'avantage, à proportion. de la groffeur des arbres. 7388 - À l'égard des ärbres qu'on fait pivoter., on paye , par chaque arbre , dix, douze , quinze dols ; la groffeur en décide. | Pour le trait avec la fcie , du. bois en grume , de.deux pieds de diamètre, on paye cinq fols ;. de trois pieds de diametre , neuf à dix. fols. quarriflage , pour la Charpente. Pièces quar- rées, ou refendues à la fcie, de 4 à $ pouces de $s à 6, de 6 à 7, de 7 à 8, quatre à cinq deniers. | VF De 8 à 9, de 9 à ro, huit deniers. De 11 à 12 pouces, dix deniers. Des pièces plus groffes, un fol le pied cube. Troifième Partie. Chap. VT. 267 Du, bois de Marine , idem. Mais il faut des ouvriers entendus , pour donner la courbe la plus favorable. Du pied de planches , de 12 à 14 lignes d'é- pailfeur , franc-fciées ; cinq deniers, De caille & voliges, quatre deniers. De bois de marche., Tradeaux , Limons ; fix deniers. * Poteaux , Colonnes, Membrures ;. quatre de- niers. | DE Du Quart de Merrain , compofé de. 303 As ves, de quatre pieds, deux pouces de long ,: 202 fonds , de deux pieds ; deux LS à quatorze livres. Du Quart, compofé du même nombre , & de. trois pieds , deux pouces de long; & les fonds, de deux pieds , un pouce; huit livres, à huit livres dix fols. Du cent de Hatte-platte , quinze fols ; quar- rée , douze fols; jointive , de quatre pieds de long , cinquante fols ie millier. Bardeaux , le millier, fix livres. Du cent de Fagots, trente à trente-cinq fols. Du cent de Bottes de Tan, vingt livres. - La paire de Sabots, deux fols fix deniers. ‘ Corde de bois, mie en charbon ; pour la façon , vingt-cinq fols. Ce n’eft pas allez d’être au fait des marchan- difes, que l’on peut tirer du bois, & de favoir les prefcrire aux Ouvriers ; 1l faut encore avoir l'œil fur eux , les vifiter continuellement , me- furer leurs ouvrages. Ces mouvemens font l’uni- que moyen de les rendre exa@ts, & d'empêcher qu'ils ne faflent du tort, par malice ou par né- gligence. CG HA: B.LT RE): VER COUPE DES GROS ARBRES ÉPARS. ARRACHEMENT ET REMPLACEMENT. L fe LE oem prefcrit » de couper » les arbres de Futaye. » Les Officiers de la Maïtrife étendent cette Loi, jufqu'à vouloir interdire à cous Particuliers la faculté d'arracher les Arbres de hayes , les Avenues , les Chênes épars, & même toute autre forte d’Arbres. L’efprit de la Loi a été de veiller à la con- fervation des Bois du Royaume ; il falloit bien défendre d’arracher les Arbres de Furayes, dont les fouches peuvent donner du recrü. D'ailleurs} les femences, qui font répandues tout autour de Varbre, fe perdroient , dans la grande quantité de terre provenant de la fofle , qu'il faudroit faire pour l’arracher ; & l’on fent combien cette méchode feroit deftruétive dans les Forêts , qu'il eft de l'intérêt public de conferver. Mais il n’en eft pas de même des Arbres épars, & des Chênes abfolument vieux. Leurs fouches ne repouflent pas. Quand elles repoufle- roient , le recrû eft expolé à être abrouti par les beftiaux. Je trouve, dans l’extenfion de cet article, um efprit cout oppofé à l’économie & à la conferva- tion des Bois. En effet , je fuppofe qu'il faille , pour la provifion d’un Particulier , vingt voitures de Bois-à-brûler ; il coupera annuellement fix arbres , tandis que quatre arbres arrachés fourni- roient la même auantité de bois, & fuflroient Troifième Partie. Chap. VIT. 269 à fa confommation : d’autart mieux que le bois de fouche , & les racines, font d’un aufli bon ufage que le tronc & les branches. C’eft donc environ le quart du bois de chauffage , que la Loi fait perdre, lorfqu'’elle eft érendue au de-là des Forêts & des corps de Bois clos. : On a vu des Marchands , bien entendus, faire fouiller en terre les grofles racines , pour en faire des courbes, propres à de petits Navires. L’e- xemple de ces Marchands feroit préjudiciable , dans la manière dont on exploite ordinairement les Forêts; ce feroit y occafionner des Clairières. Le cas eft tout différent, quand il s’agit d’un arrachis général, pour former un nouveau Bois; & quand il s’agit de vieux arbres épars. II a été un tems , où les frais d’arrachement & d'exploitation auroient excédé la valeur du bois ; alors les Particuliers fe conformoient à l'Ordonnance ; ils fe contentoient de couper ; c'eft ce qui fe pratique encore dans les contrées où le bois eft très-abondant : mais dans les can- tons où la difette s’eft déjà faite fentir , on a imaginé de pivoter les arbres ; &, fuivant ma façon de penfer, on a raifon de fuivre dans la terre tous les filons de la mine. | Les groffes fouches de bois vif font difficiles à rompre ; il eft indifpenfable quelquefois d’em- ployer la poudre à feu pour les écarteler ; il en faut , pour chacune, environ trois onces, Les Pionniers , qui font leur principal métier de creufer la terre, avancent plus à l’arrache- ment , que les manœuvres , qui n’en ont pas l'habitude ; ils ont les outils convenables , & ils font endurcis à ce genre de travail , qui eft très pénible, 270 De la culture du Chêne. A la place où éroienc les vieux arbres arras chés, on peut en planter de jeunes , qui croitront promptement , à caufe de la grande quantité de terre remuée dans l'opération. Mais, peut on y mettre des arbres de même efpece ? _ Ceux qui difent qu'oui, prétendent que. la sève eft plus fimple qu'on ne l’imagine, & que les fucs doivent leur modification aux organes des Plantes. lis en ont élevé de toutes efpèces dans de. l’eaw pure, & ils citent l'effet de la Greffe. Il paroit, ajoutent-ils, que toute terre eft capable de produire indiftinétement route forte de planres ; car le Thim, qui fe plaît dans les rerres sèches, peut s'élever dans la terre tirée d’un marais , pourvû qu’elle foit portée fur le fommer d’une montagne ; & la terre qui aura été prife fur une montagne , & rapportée dans des marécages, y fervira à élever une touffe de Joncs. Les plantes de l'Amérique méridionnale réufliflent de même dans la terre de notre cli- mat , fi l’on les tienc dans des Serres , où la chaleur foit à un dégré convenable. La bonne cerre paroît donc propre à nourrir toute forte de plantes , & continuellement les mêmes, fuppoté qu’elles ayent aflez d'eau & de chaleur. Ceux. qui prétendent le contraire ; difent qu’il eft vraifemblable qu’un vieux arbre a épuifé tous les fels de la terre, qui étoient analogues à fon efpèce. Ne voyons nous pas, difent-ils ; que l'hu- midité de la terre devient amère & vifqueufe , dans le bois des fruits à noyaux ; qu’elle devient laitée dans le Figuier , huileufe dans le Marro- bier-d’Inde , claire & douce dans le Bouleau P Tioifième Partie. Chap. VII, 271 Ce fel acre , cette humidité , cette fécondité, fi l’on veut, qui a été attirée, pendant cent ans & plus, par un Chère , dont les racines s’éren- doient peut-être à vingt pieds tout au cour de fà tige , doit-elle y être aufli abondante , que dans un térrein qui n'a jamais fervi à la produétion du Chêne ? À l'appui de ce raifonnement , ils met- tenc en fait qu'un Bois défriché donnera , fans engrais, quatre ou cinq bonnes récoltes en bled, par la raifon qué la terre à bois ‘abonde en fubf tance & en fels , tout neufs pour les grains. 11 eft difficile de déterminer la nature des fucs que chaque végétal tire de la terre. On n’eft pas moins embarraffé , pour réfoudre le Problé- me fur lidentité |, ou la diverfité de l’alimence des Plantes; jufau’à préfent il'n’a été rien moins que réfolu ; & certe queftion mérite bien que les Phyfciens, amateurs de l'Agriculture, en faflens l'objet de leurs recherches. Quoiqu'il en foit, je m'en rapporte moins au raifonnement , qu’à l'expérience ; elle m'a con- firmé dans €è principe très-connu, g#'#ñn Arbre; du méme genre que celui qui à ré arraché , ne réuffit pas auf? bien ‘a fa place , qu'un Arbre d'un genre different. | J'ai mutilement efayé de remplacér, pendant quatre années de fuite, un gros Poirier d’Efpa- lier , qui avoit péri, & dont les racines s’écoient entièrement pourries fur place. J'imaginai enfin de fubftituer , aux Poiriers que j'employois , ua Coignaffer , qui réuflic très-bien ; j'en fis enluite un Poirier , par le moyen de la grefe. Quand je me fuis trouvé dans le cas de re- planter des Avenues , ou de remplacer des Ché- 272 De la culture du Chêne. nes, dans un terrein qui n’étoit propre qu’à cette efpèce d’arbres , j’ouvrois une tranchée, un ou deux ans avant de planter ; afin que la terré acquit de nouveaux fels, par les influences dé l'air ; & je plantois , autant qu'il m’étoit pofli- ble , dans l’entre-deux des anciennes foffes, CHAPITRE 273 CH: Arr. I T RE: V'ILL LENI TES DES FONDS. Es fuites fâcheufes qu’occafionne la plus légère conteftation entre Voifins, rélative- ment aux Limites de leurs héritages , nous en- gagent à donner ici un Précis des Droits refpec- uifs & des Ufages. | Les fonds fonc limités par des Bornes , par des Foflés , par des Murs , par des Hayes, ou par des Arbres, BORNES. Les féparations terrières ont été, des les premiers tems , marquées avec des Bornes de pierre, plantées en terre , aux angles que for- ment les lignes qui les environnent. C’eft, en effet, la manière la plus fimple de marquer la féparation des fonds , entre voifins ; dans les Campagnes : le plus fouvent elles ne fortent point de terre , & ne font point apparentes ; foic qu'elles ayent été pofées de même, foit qu’elles ayent été recouvertes par les labours. On choific une pierre longue , qu'on enterre fur le point de Ja féparation ; & , afin qu'on ne croye pas que cette pierre fe crouve en cet endroit par un eflec du hazard , on a la précaution d’enterrer autour d'elle d’autres a ierres plates , qu’on nomme Témoins, fervant à faire connoître que c’eft réellement une Borne. Quand les Arpenteurs font planter des Bornes , ils font dans l’ufage de les faire pofer fur des tuilles & fur des charbons S 274 De la culture du Chént. brifés ; ces marques incorruptibles font auffi noms mées Témoins. ; On place ‘ordinairement les Témoins fur les côtés de la Borne, eu égard à la direétion qu’elle indique ; On en met deux, trois, ou quatre, fuivant la deftination de la Borne. Une Bome , Qui a deux Témoins, un d’un côté , l’autre de l'autre , fert pour deux directions; c’eft-à-dire , qu’elle fert à indiquer une feule ligne, qui pañfe fur la borne , ‘entre les deux Témoins, & fe prolonge , de droite & de gauche ; jufqu'aux autrés Bornes, ou Limites. Celle qui en a trois, fert à indiquer une feule ligne, qui commence à la Borne, & fe prolonge vis-à-vis le Témoin du milieu; & celle qui en a quatre, fert à in- diquer quatre direétions. Dans les conteftarions, qui furviennent au fujet de la contenance des Terres , les Experts font fouiller aux endroits où ils jugent qu’il pourroit y avoir des Bornes 5 elles fonc prefque toujours plantées aux angles, que forment les pièces de terre. Lorfqu’on les trouve , & qu'on les recon- noîc pour Bornes , la difhculré eft levée. Le Voifin peut toujours étre contraint de fouffrir qu'il foit mis des Borres entre les deux héritages , & de fupporter fa portion des frais du Bornage. Les Emphitéotes, les Ufufruitiers ; les Engagiftes peuvent, de même que les Pro- priétaires ,, exercer l’action , pour régler les Bor- nes , avec les Pofleffeurs des hérirages voifins.. C'eft un délit très-répréhenfible , que de dé- placer des Bornes, ou de rendre méconnoiffables les lignes que le tems a confacré, pour la dif- inétion des propriétés. Vuma Pompilus mit les Bornes des rerres au nombre des chofes facréss, Troifième Parti. Chap. VIII. 275 & défendit de les changer de placé, à peine dé la vie. La peine qu’on inflige aujourd'hui, à ceux qui ont arraché ou déplacé des bornes , neft pas pécuniaire ; elle eft plus ou moins rigoureule ; felon les delleins plus où moins marqués d’ufur: per le bien d’autrut. Il feroit à fouhaicter que les pierrés ; fervant de Bornes , eullent, dans chaque contrée, non feulement une forme particulière , afin qu’on pûe les reconnoître ; même après qu’elles auroient été enlevées ; mais encore , affez de volume ; pour qu'uné perfenne feule ne püût les déplacer ; parce qu'il eft très-rare que celui qui défire faire un pareil changement , ofe aflocier un tiers à l’exé- cution de fon mauvais deflein. AS Les hérirages, féparés par un grand chemin , ne fe confinenc pas l’un l’autre. Ainfi les Pro- priéraires de ces héritages n’ont pas à régler de Bornes entr'eux ; fi ce n’eft qu’un changement de Chemin y donnât lieu ET Les Ruifleaux ; qui né font pas à l’ufage public , & qui font propres aux Particuliers ; dont ils traverfent les héritages ; ne règlent pas leurs Bornes , mais chacun a les fiennes , tellès qué les lui donne fon titre | ou fa poffeffion: Fosse à, Ir y à différentes fortes de Foflés , qui fer- vent de canaux , pour procurer l'écoulement des eaux de fource ; & des eaux pluviaies ; ils fervent auf à defléchér les terres , pour les pouvoir cul- tiver. En ce cas, les Foflés font cenfés micoyens ; il n'eft pas permis de les fupprimer ; les Pro priétaires des fonds voifins fonc tenus de les en- tretenir à frais communs , ST font égale 276 | De La culture du Chêne. ment intéreflés à ce que les eaux coulent libre- ment ; & l’un des Voifins ne peut abandonner à Jautre le droit qu'il a au Foffé, pour fe dif- enfer de l’entretenir ,| fi ce n’eft de fon con- Een La feconde forte |, font les Foflés mitoyens par titre; ou il y a de l’eau dormante , ou non , pour fervir de clôture entre deux hérira- ges, & empêcher le pañlage de l’un à Pautre ; ils doivent étre placés, la moirié de leur largeur, fur l’un des hérirages , & la moitié fur l’autre, & êrre entretenus à frais communs : il n'eft pas plus permis d’en abandonner le droit , que de celui de la première force ; les Parties font liées par le contrat. La rroifième forte de Foffé miroyen, font les petits Foflés à fec, qui fe font volontairement, ar deux Voifins, en commun , pour empêcher qu'il ne fe fafle un chemin paffant au travers de leurs héritages. Celui des deux qui ne veut pas entretenir le Fofé, peut recombler la moitié de fon côté fans le confentement de l’autre , & y cultiver comme auparavant. Un des voifins ne peut pas contraindre l’autre à contribuer à faire un nouveau Foflé entre leurs héritages , pour fe clorre , ou autrement ; & ce- lui qui veut faire le Foflé, doit en prendre toute la largeur fur le fien; laifler en outre un pied de largeur, fur route la longueur , entre le bord du foflé & l'hérirage de fon Voifin. Toutes les terres , qui feront fouillées , pour faire l’excava- tion du Foffé, doivent être jettées du côté de l'héritage de celui qui fair faire le Foflé , ce que l'on nomme /e Je ; & , lorfqu'il le faudra curer , ce qui en fortira , doit toujours être jeré Troifième Partie. Chap. VIII. 277 de fon côté , le talut, du côté du Voifin, étant toujours encretenu en bon état. Lorfque le Foflé eft mitoyen , le jet & le curage doivent être jetés également des deux côtés. Pour connoître fi un Foffé eft commun , & mitoyen entre deux héritages | ou non ; lorfqu'ik ny a point de bornes , qui marquent la fépara- tion , & qu'on ne produit point de cître , il faur oblerver fi le jet des terres eft cout d’un eôté ; alors le Foffé n’eft pas mitoyen | & toute fa largeur appartient à l'héritage du côté où eft le jer ; mais fi le jet eft des deux côtés , alors le Foffé eft réputé mitoyen, & la ligne du milieu fait la féparation des hérirages. M v 2 5$: On fai une diftintion entre les Murs, qui féparent les héritages , dans les Villes & leurs Fauxbourgs , & les Murs qui féparent les héri- tages des Champs ; car, dans les Villes & Faux- bourgs , l’un des Voifins peut contraindre Pautre à la conftruction d’un nouveau Mur de clôture , pour féparer leurs Maifons & Hléritages , s’il n'y avoit pas eu encore de mur ; & à refaire ou entretenir l’ancien Mur de clôture miroyen. Dans la Campagne , l’un des Voifins ne peut en aucune façon contraindre l’autre de contribuer à la confection d'un nouveau mur de clôture, pour féparer leurs héritages , ni même l'obliger de fournir de fon fonds de terre, pour affeoir la moitié de l’épailleur du Mur ; mais il peue l’ap- peler & le contraindre à lui donner un a£te d’Allignement, de la ligne qui fépare leurs hé- titages , par lequel il reconnoifle que celui qui 278 . De La culture du Chêne. fe veut clorre à fait conftruire le mur à fes dé. pens, feul , & fur fon propre fonds , joignant , fans moyen, la ligne qui fépare leurs héritages. Si celui qui veut faire un grand Clos, en €ampagne , juge qu'il lui eft avantageux de hifler un efpace de terrein par le dehors de fes Murs, pour le tour d'Échelle , afin d'empêcher fes Voifins de labourer au pied, & de les dé- grader, il doit le faire fignifier à tous fes Voi- fins , & prendre allignement avec eux , & énoncer , dans l’aéte , la largeur du terrein qu'il veut. laifler hors fes Murs, jufqu'à la ligne de féparation de fes héritages , d'avec ceux de fes Voifins ; çar, sil négligeoit de prendre cette précaution , fes Voifins, par la fuite, pourroient difputer cet efpace ; & , faute de preuve, il Jeur feroit adjugé ; parce que , de droit com- mun , gous Murs féparant les héritages de deux voifins font reputés miroyens, s’il n’y a tître au contraire , & celui qui prétend que le Mur lui appartient , doir en juftifer. ‘ e tour d’Échelle eft ordinairement de trois pieds, à compter du pied du mur au rès-de- chauflée , afin de pouvoir pofer une Échelle * lorfque le Mur a befoin de rétablir. C’eft un droit , qui ne s’érablit pas fans tître, entre Voifins. À l'égard des anciens Murs de clôture, en Campagne , & dans les Villages, l’un des Voi- fins peut contraindre l’autre à contribuer à l’en- tretien , Où à la réfaétion du Mur de clôture , qui fépare. leurs héritages , fi l’autre Voifin veut continuer à {e fervir du Mur ; toutefois, felon fon ançienne hautéur & qualité. Mais il ne peut Je contraindre à contribuer pour le refaire plus haut, ni d’une aure conftruétion ; dans ce cas, Troifème Partie. Chap. VHI. 279 le Mur feroit mitoyen, jufqu’à fon ancienne hau- teur, & feulement pour l’ufage auquel il pouvoit fervis. Mais sil ne veut y contribuer , même pour le rétablir felon l’ancien état, 1l peut s'en difpenfer , en donnant à fon Voifin aëte par écrit, & en bonne forme , pour lui fervir de titre, comme il lui a abandonné le droit qu'il avoit au Mur, & au fonds de terre fur lequel il eft bâti. En cas que le terrein foit inégal , ou que l’un des Voifins veuille réhauffer fon terrein, à côté du Mur mitoyen ; il fera tenu de faire un Con- tre-Mur , dont l'épaifleur fera proportionnée à la bauteur des terres jectices, pour foucenir Feffert de la pouflée de ces terres, | Ce done Mu doit être fondé fur le folide ; il doit être élevé aufli haut que le deffus des terres | & avoir une épaifleur. proportionnée à fa hauteur. Ainfi , lorfque les rerres rapportées auront trois pieds de haut , au deflus du niveau du terrein , de l’autre côté du Mur ; le Contre- Mur, doit avoir un pied d'épaifleur. Lorfqu’elles auront fix pieds de haut, le Contre-Mur doit avoir un pied & demi d’épaifleur , en augmen- tant l’épaifleur de deux pouces par pied ; en force que le Contre-Mur foit en état de foutenir la pouflée des terres , fans le fecours du Mur mi- toyen. Dans les proportions des Contre-Murs , il faut avoir égard encore à la nature du terréh. Les cerres fortes , jufqu’à ce. qu'elles ayent pris beur affaiflement , pouffent plus efficacement les Murs qui les foutiennent, que les terres légères ; mais aufft, lorfqu’elles ont fait leur raffemenr elles {e foutiennent pour ainfi dire d’elles-mêmes. Si les erres. font légères, commé le fable , elles'pouf. 250 De culture du Chêne, fent moins que les précédentes ; mais elles pouf fent plus continuellement ; elles ne font jamais corps ; femblables à l’eau , elles ne demandent qu'à s'étendre. HATYES. Les Hayes-vives fe peuvent faire de toute forte de plant, qui a racine 5 comme Charmille,. rable | Églantier , Sureau , Porte-chapeau, Troëne , Épine , noire & blanche, Houx, &c. Les Hayes, qui féparent les héritages , font toujours réputées mitoyennes , en quelque cas que ce foit, s’il n’y a tître au contraire , ou pofñef- fion ; & le milieu de la Haye fera la féparacion des héritages ; à moins qu’elle ne foit accom- pagnée de Foffé , lequel défigne , comme il a été dit ci-devant , à qui appartiennent les Hayes. . Les Hayes mitoyennes, qui féparent deux hé- ritages , doivent être entretenues & replantées à frais communs , par les deux Propriétaires 5 & Pun des deux peut contraindre l’autre à contribuer au rérabliffement & entretien de la Haye, ou à renoncer , par un acte valable & par écrit, au droit qu'il avoit à la Haye, & au fonds de terre fur lequel elle eft plantée ; à condition que celui, au proht du quel la Haye feroit abandonnée , la doit réparer, & entretenir en bon écart. Un Propriétaire , qui fe voudroir clorre d’une Haye-vive, en Campagne , la peut planter à fes dépens , & en prendre toute la largeur de fon côté , & fur fon propre fonds, laiflanc trois pieds de diftance entre le milieu du plant de la Haye, &. l'héritage de fon Voifin. Et celui qui fait planter la Haye, doit prendre ate de l’alligne- ment, avec fes Voifins , afin de pouvoir rentrer, Troifième Partie, Chap. VIII. >8r fans difficulté, en jouïffance des trois pieds de terrein , qu'il a abandonné, en cas qu’il veuille, dans la fuite, détruire fa Haye. On laifle cette diftance, tant pour que ces Hayes puiflent s'épaiffir , fans couvrir l’héritage du Voifin , qu’afin que les racines ayent la fa- culté de s'étendre, fans y pénétrer. Sur quoi if faut obferver que l'Épiné-noire étale plus fes ra- cines que la Blanche, & poufle beaucoup de re- jetons ; en quoi cette dernière eft préférable. Si les racines s’étendoient au de-là des trois pieds , fur l'héritage du Voifin, le Propriétaire de la Haye feroit tenu d’en interrompre le cours, par une tranchée, en cas que le Voifin le de- mandât. Dans la plüpart des Coutumes , il eft reçu que , quand une Haye-vive fépare un pré d'une Terre, ou d’un Bois; & que les tîtres de pro- priété font muets, elle appartient au Pré , par préférence à la Terre & au Bois. Le Bois l’emporte aufi fur la Terre, & 12 Vigne , fur toute autre efpèce d'héritages , s’il wappert du contraire ; parce qu'il eft cenfé que celui des deux Voifins , qui avoit dans le principe un plus grand intérét de fe clorre | a fait la Haye, & l’a placée fur fon fonds. + Quand l'intérêt eft le même, la Haye eft réputée commune , s'il n'y a titre, ou preuve contraire. DONS DE LIMITES». O x plante quelquefois des Arbres fur la ligne qui fépare les héritages, pour y fervir de bornes ; & ces arbres font mitoyens ; en forte que l’un des Voifins ne peat Les faire couper, ni élaguer, 282 De la culture du Chêne. fans le confentement de l’autre ; &, fi ce font des arbres fruitiers , chacun des Voifins cueille les fruits des branches , qui font de fon côté, & au deflus de fon héritage. L’un ni l’autre de ces Voifins ne peut couper les racines de ces arbres , ni faire de fon côté rien qui puille y saufer du dommage. Un arbre fait toujours partie du terrein où il a pris racine , & appartient au Propriétaire du fol, quoique planté par tout autre. Ainfi ,. quoi- que les branches ou racines paflent fur l’héritage voifin, il peut le couper à fon profit. IL eft vrai que l’autre Voifin peut contraindre , en Juftice, le Propriétaire de l'arbre à couper les racines qui pañlent de fon côté & routes les branches, juiqu'à la hauteur de quinze pieds. * . On fenr déjà que certe manière de limiter les Champs eft fujette à trop de conteftations , pour chercher à s’en fervir. . I1 eft d'ufage de ne planter des arbres en plein vent, & à haute tige, plus près de fix pieds de l'héritage de fon Voifin , à compter du centre du tronc de l’arbre , jufqu’à la ligne qui. fépare les héricages ; notamment, fi ce font des Charmes , des Tilleuls, des Marroniers, & au- tres arbres de cette nature ; fuit pour former des: Âvenues:, ou autrement. Mais à l'égard des Noyers , des Ormes & des Chênes , on laiffe. ordinairement neuf pieds de diftance, parce que, ces arbres étendent leurs racines & leurs branches bien plus loin que les autres. Les Loix n'ont point fixé la diftance; elle dé- pend de la nature des arbres & dE leur fituation. De la nature , parce que, fi ce font des Or- mes , dix-buir pieds ne fufhroient pas entre le 5 Troifième Partie. Chap. VIII. 283 led de ces arbres & les héritages du Voifin, £ l'on vouloit qu'il n’en fouffrit aucun dommage. Cela dépend auffi de leur fituation , parce que les grands arbres peuvent fe trouver fitués de maniere qu'ils couvrent de leur ombre l'héritage voifin; & il n’y à poinc de doute qu’il faut, en pleine campagne , qu'ils foient affez éloignés de - l'héritage voifin, pour n'en -point empécher l’ex- poficion au Soleil; fur-tout dans les heures où - fa chaleur agit le plus efficacement fur les fruits. Cette queltion deviendroit plus douteufe , sil ne s’agifloit point d’héritages en pleine campagne : s'il s'agifloit , par exemple, d’un Parc , dont les Allées mettroient à l'abri les terres voilines , cela fouâriroic plus de difhculté ; parce qu’un Parc n’eft pas cenfé devoir être découvert, fans Allées , ni Bois. Cependant , il feroit jufte ‘que les héritages voilins n’en fouffriffent aucun dommage. Il eft d’ufage encore que , dans les Jardins , Parcs , ou autres héritages clos de murs, fi le mur appartienc & eft bâti fur le fonds de celui à qui eft le Clos , le Propriétaire du Clos peut planter des arbres en efpalier , ou en paliflade , joignant le mur. Mais , fi le mur eft miroyen, il faut fix pouces de diflance entre la tige de l'arbre & le mur; il faudra donc le planter à environ un pied de diftance. Et fi le mur n’étoit pas mitoyen , & qu'il appartinc à l’autre Voifn, Jon ne pourroit pas y planter des arbres en ef- palier plus près de dix-huit pouces ; encore faut il que les racines de ces arbres ne pénètrent poine dans ce mur non mitoyen, & qu'aucune de leurs branches ne foit attachée contre le mur apparte- nant à autrui, 284 De la cukure du Chêne. A l'égard des arbres à haute-tige, en pleis vent , ils peuvent être plantés dans les hérirtages clos de murs , à trois pieds de diftance, de la ligne qui fépare l'héritage du Voifin ; en forte que fi le mur appartient à un feul, & eft entie- rement fur le fond de celui qui fait planter les arbres , l’épaifleur du mur fera comprife dans la diftance des trois pieds. Si le mur eft mitoyen, les trois pieds fe compteront du milieu de l’é- paifleur du mur ; mais fi le mur appartient à Jautre Voifin feul, les trois pieds feront francs entre le devant du mur & le tronc de l'arbre. Si cependant les branches & les racines des arbres pouffent fur Phéritage du Voifin il peut contrain- dre celui à qui ils appartiennent à couper ce .qui excède de fon côté. Et auffi, c’eft à celui à qui les arbres appartiennent , à rétablir le dommage que les arbres cauferont au mur, dans ces trois cas différens. Les Paliffades de Charmille | d’Érable , d’Ifs, & autres femblables, fe peuvent planter à un pied & demi de diftance entre le centre de la tige & la ligne qui fépare les héritages ; en forte que fi le mur de clôture appartient en entier à celui qui fait planter la Paliffade ; elle pourra étre plantée joignant le mur ; fi le mur eft miroyen, ce fera à un pied & demi du milieu du mur ; bien-entendu que ce mur n’aura que dix-huit pouces ou deux pieds d’épaifleur , qui eft celle qu’on donne ordinairement ; fans quoi , les arbres, dont nous avons parlé ci-devant, & les Paliffades même ne tarderoient pas à toucher le mur. Et fi le mur appartient à l’autre Voifin feul , ce fera à un pied & demi du parement du mur, aurès-de-chaufiée, FIN. 285$ ADDITIONS ET CORRECTIONS. AGE 13, ligne 9, ou dans les Vallons, lifez: & de ceux qui font dans les Vallons. Page 28 , après La ligne 12, ajoutez : fi le terrein, fur lequel on a befoin d'établir un fofé, eit expolé à la filtration des eaux , ou fitué tout le long d’une route très-fréquentée , & de façon que fa bafe foit à fleur de terre , on pourra faire un petit mur de moellon, d’un pied, ou un pied & demi de haut , fur lequel on élèvera enfuire les terres, le gazon, & la haye-vive. Lorfqu’on eft dans le cas d’entrer fréquemment dans un Semis, foit pour veiller à fa culture, foit pour promener , il eft d’ufage de franchir le foffé, ou d'y pratiquer une claye ouvrante & fermante, Mais rien n’eft plus commode , & en même-tems plus für, pour l’exaéte clôture , que de faire en- viron une toife de mur, vis-à-vis les parties où lon a befoin de pénétrer, & de pratiquer, dans la moitié de l’épaifleur de ce mur, un efcalier en pierre, par lequel on peut monter & defcen- dre toutes les fois que l’occafon s’en préfente. Page 32, ligne 26, plus nouées, Afez : plus nourries, Page 39 , ligne 11, fe mangent , lifez : fe mange. Page 47, ligne 28, cubes , Zifez : cubés. Page 55 , après la ligne 120 , ajoutez : j'ai re- marqué que tous les arbres ceflent de croître aprés l’émiflion des premières feuilles ; ils fem- blent éprouver alors une efpèce de maladie, qui en fait périr plufieurs. Il y a apparence que la radicule herbacée & pivotière , qui eft émanée la 286 Additions & Correilions. remière de la femence des arbres, s'étant trouvéé ÉHfante » pour faire éclorre ces feuilles premie- res , fe trouvé néanmoins trop foible , pour poufler fa tige, & qu’elle commence par for- mer des racines latérales ,| avant de faire une feconde production extérieure ; trouve-t-elle quel- qu'obftacle dans fa mauvaife conftiturion , ou dans la nature du terrein ? le petit arbre cefle de croître ; il fe defsèche , & difparoit,. Page 56, après la ligne 6, ajoutez : il he faut cependant pas donner dans l'excès à cet égard ; je femai, l’année dernière ; des Pins, en terre légère , mais dans un lieu frais, & tout à faic ombragé , exprès pour voir quel en feroit le fuccès ; ils levèrent fort bien ; enfuite ils s’étio- lèrent : enfin ils ont péri, pendant l'hiver, com- me les herbés annuelles. Ligne 27, après ces mots , deux ans, æjoutez: À dix-neuf ans , j'ai éclairci des Semis de Pin, dont les tiges, de vingr pieds de long , ont porté fept à huit pouces d’équarriflage. Ligne 32 , ajoutez : Un de mes Voifins vient de faire abattre un Pin d’Écofle | âgé de 37 ans, qui à donné dés planches portant onze pou- ces & demi de largeur; le bois en eft très-réfi- neux, compaéte & ondé: Page 113, après da ligne 163 äjoutez : je ne vois pas de figure, qui préfente plus de variétés régulièrès , que celle qui: eft diftribuée en Exa- gones. Ce font les Abeilles ; qui m'ont procuré l'idée de cetre fymétrie , par la forme qu’elles donnent à leurs rayons de cire. On fait que ces Jnfetes ont réduit, par un méchanifme tout na- turel , un des plus difficiles problèmes de la Géométrie, en faifart contenir , dans le pius Additions & Corrections: 287 petit efpace pofible , le plus grand nombre de cellules , & les plus grandes poffibles. Soit qu'on falle le tour d’une plantation ainfi difpofée , foit qu'on promène dans fon milieu, on eft agréablement furpris, de voir que les Allées confervent leur droite ligne, quoiqu’elles changent de largeur à chaque face des fix pans. Page 132, ligne 29, rofeaux, lifez : réfeaux. Page 133, ligne 20, avide, Zifez : aride. Page 179 , ligne 11 , abattus à l’ordinaire ; Zfez : abattus fuivant l’ufage. Page 204, ligne 25, à l’âge ou la vigueur, hfez : à l'âge ou à la vigueur. a Y Pt ef RC ES arbre DOUEUE OL | #h8 BarraAce bes Bois. Saifon où il doit fe faire , page 222 , manière d’abat- tre les Arbres à l4 coignée , 225. m De les faire tomber de tel côté qu'on défire, 226. De les abattre en pivotant. Zbid. = De les abat- tre à la Scie , 227. = Précautions qu'il faut prendre pour abattre les grands Arbres, fans les endommager , 225. ABEILLES: Voyez. FourMis. h ABReEuvoinr;, Elpèce de maladie des At: bres ,. 149: ACCROISSEMENT des Chênes femés, 523 102, 131. æ Des Arbres épars, 203. = Des Taillis , 206. De la tige des Arbres & dé leurs branches, 204. AGarRIic, Elpèce de Champignon ; qui vient fur le Chêne , 150. mm Ses vertus, foû ufage , Jbid. ÂLLIGNEMENT dans les Semis & les Plantations ,, 77: & Tout eft à profit dans les Plantations régulières , Ibid. AMMÉNAGEMENT des Bois, 150: . ARBRE. Sa contexture , fa croiflance & fà végétation , 125 6 fuiv. = Situation des Aibres ; 13. m Leurs maladies & remèdes ; 148. # At: bres de limités, 281: e 298 Tablè _ARPENT. Son étendue, 44, 09. mm Cotn- bien il en coûte , pour planter un Arpent de pays, Jbid. mm Combien il en coûte pour le fermer , Zbid. & Juiv. ARPENTAGE ( Règles de l’, ) 118, & Jai. A RRACHEMENT dés gros Arbres, 268. ms Économie confidérable fur la confommation , lorf qu’en arrache les Arbres, Ibid. Ausi£ mr. Ce que c’eft ; comme il fe forme, 128, 150. = Double-Aubier , 151. AUBINER les arbres, 88. AvVENUES, 105. Leurs dimenfons , 106. 54 Moyen de les faire paroître plus longues qu’elles ne font , 100. AwuxnE. À quoi fon bois eft propre, 260. B. Bariveaux. Ce que c'eft, 208. #4 Com- bien il faut en laifler par Arpent, Jbid. = Pré- judicient au recrû , & forment rarement de bellés pièces de Bois, 209. # Leur peu d'utilité, dbid, & Juiv. BaAsE que doivent avoir les Solives , eu égard à leur longueur , & leur hauteur, 238. BéTaiz; Il faut abfolument l’exclurre des Bois-femis , 23. «x Dégêts qu'il y fait, 24. +4 Æx dans les Taillis non défenfables , 154. Branc DE CHaAPonN; Défaut du Bois , 157. Bois. La nouvelle Admiiftration peut s’oc- cuper plus efficacement de l’'amméragement des Bois. Préface , page xvi1. = Nos Bois feront à lPavenir moins défeétueux que ceux que nous exploi- tons, x1y. Moyens de donner plus de confiftance des Matières. 29 aux Bois, 182. = Bois arcins , 151. æ« Blancs: dbid. = Sont fujets à fe corrompre au mois d’Août, quand on les laifle en grume , 164. De bonne qualité , 151. = Chablis , Zbid. 4 Charmi, Ibid. = De Charpente, 244. = Cour: be, Ibid. + Réflexions fur les moyens de don: ner au bois la courbure néceflaire, pour la conf: truction des Vaifleaux, 152, & fiv. = Moyens jour drefler un jeuné Aïbre courbe, 153. Boig É corde , ou à brüler ; fes mefures, &c. 207.4 A quel âge les Bois font défenfables ; 154. #4 Bois de fente, 245. = Rétabliffement des Bois dégradés, 178 , & Juiv. = Bois flotté, 161 , & 263. ra Gras, 154. m Gélif entre-lardé, 155. 1 Marmentaux, Îbid. = Mort, Ibid. — Noir; Ibid, = Noueux , 156. Pelard , 1h14. Rebour; Ibid. + En recepage, Ibid. — Rouge, Ibid. x Roulé , Jbid. = Roux , 157. = De fciage; 247. + Et fa longue durée , 233. = Tendre ; 157. mm Tortu, & fon débit, 244. = Tranché ; 157. 1 Verd, ibid. #7 a LG Bois DE CHÈNE. Sa pefanteur fnécifñ= que, 127, 223. m1 Expériences fur le poids du Bois de Chêne, dans tous fes dégrés de defsè- chement , 230, & fuiv. = À quoi il eft propré ; 254. m= Valeur d’un pied cube dé Bois de Cheé- ne , 266. BoRNES, 173. L Boureau. Le vent porte: fa graine à dé grandes diftances , 53. Il faut le détruire dans les Bois de meilleure eflence , que lui 70. À quoi fon bois eft propre, 260. = Et fon écorce, 253. BourLertT. Défaut du Bois , 158. 4 Sé forme au bout des racinés raccourcies dés Àr- bies , plantés avañc l'hiver, 90. Ti 292 © Table : Boutons. Leurs fon@ions, 136. Brancnes. Leur fituation ; leur forma- tion ; leurs fonétions ; leur correfpondance avec les feuilles ; avec les racines , 133 , © Juiv. rm Prifes cumulativement , elles font toujours plus grofles que la tige qui les porte, 204. == Leur débit , 244, & 249. BruzLIs. Woyez INCINÉRATION. BucHEerons. Prix de leur travail, dans les forêts , 266, & Juiv. | Buzs. Débit de fon Bois, 258. C.: CanraAnuryr. Défaut du Bois, 158. Cazcuz du bois de Charpente, 217. #« Des Bois à brûler, 219. M. Camus DE M 2 SHLGRE a donné , : én 1782, un excellent Traité de la Force des Bois, 241. | CARTE, ‘190 CÈDRrE, o4 Pin du Lisan, Fourni le plus beau Bois poflible, 254. CENDRES, 251.» Tableau du-produit des Bois en Cendre, & en Alkali, 252. CéÉrRisiers & MÉRISs1ERS. Moyen de les multiplier, 33. À quoi leur bois eft pro- pre, 259. _CERNESs du Bois, indiquent l’âge de l’Ar« bre, 130. mm Et les tems de fon accroiflemenr, 102, 203: CHaALEuRs exceflives, nuifenc aux ÂÀAr- bres , 17. CHANCRE, maladie des Arbres, 158. CHARBON. (Bois propre au) 249. Eft- il profitable d'en faire ? 1bid, 4 Ce'qu’une Corde de Bois peur rendre de Chaibon, 251. des Matières. 29% CHarme, à quoi fon bois eft propre 255, CHARPENTE mal faite, caufe de la deft-. ruétion de nos Édifices, 240. m4 folide, quoique légère, Ibid. & füiv. CHarrois du Bois, 263. , CHARRONNAGE, {Bois de) 249. CHATAIGNER. L'ombre favorife fon aceroif- fement, 57. + Terrein qui lui convient , 1414, = Où il ne fauroit croître, 4. ++ Son bois efk propre pour la Charpente, 58. m Sa reflemblance avec le Chêne , 38, 4 Manière d'élever le Chà- taigner pour la Charpente; belle culture de cet Arbre, 58. + Débit de fon bois, 254. CHÈNE, Terrein qui lui convient, 7: & Juiv. m4 ik vent une temperature moyenne 9. #4 Deux efpéces principales de Chêne 36 = hau- teur & groffeur du chêne bon à transplanter & manière de l’arracher, 84 m Il eft fujer à être attaqué par les Infe@es, 165 m1 Etérement des. gros chènes 191 ++ Des jeunes chênes, 193: CHÈNE-VERD, 395, é | CHÉNILLES. dégats qu’elles font fur les Axbres, 165. = Moyen de les d’etruire, 166» Cuevezu des racines, doit être retranché, lors de la plantation, 93. Cuèveres. Il faut les exclurre des Bois ÿ 159. +4 Elles rongent la cête des jeunes. arbres. cransplantés , 96, | CnHicors. Longueur qu'on doit leur laiffer ; lors qu'on coupe quelque branche d’Arbre,, 144 CuHiEeNnEenNTs. Nuifent aux Aïbres, 159. CicATRICE, nommée Æofete, cache un vice de l’Arbre, 143. m4 L'œil de Bœuf indi- que un Arbre gâté, 159. N' Cum AT. Son influence fur laqualité des Bois,9. Table Crôrure Des Camps. Différentes manières de la faire, 24. & Jui. = Manière d'entrer dans un Semis, fans ouvrir la Clôture ; 285. Cœur pu Bors. Ce que c'eft, 128. CorDE DE Bois. Combien en produit un Arpenc de Taillis , de différens âges , 207. 4 Combien en donnent les Arbres de telle ou telle grofleur , 219. ® Cormier. À quoi fos bois eft propre, 2594 Coureur pu Bois, indique fa bonne ou mauvaife qualité , 160. CoupreE des Bois de Haute-Futaye. = Quand tt faut la commencer |, 223. = Quand il faut Finterrompre , 224. - Coupe des gros Arbres épars , 268. Divifion des grands Bois en Cou- pes réglées ; moyen d’y procéder | 195. m4 Les divifions en trente parties font les plus revenan- tes, 199, & fav. | Gouronne. Arbres couronnés, 160. CuirTume des jeunes Arbres femés, 67. CyvrPRrÈés & 1f. A quoi leur bois eft pro= pre » 257- CyTi1ZE DES AzpEs. Ufage de fon bois, 262. D. DÉBITS DU Bors, 243. | DÉérenDee les Arbres des ardeurs du So- leil, de la violence des Vents, & des arraques du Bétail , ( différentes manières de ) 79, € Juiv. DÉFRiICHEMENT des Terres, 29.« Mo- yen de mettre en valeur les places vaines & va= gues des Forêts, & les Landes incultes, 30, Ge juis. dès Matières. 295 DessècmEemenTz des emplacemens ma- técageux , 97. Dessein de cet Ouvrage, xx1. DesrinwaTrion des Bois de grande éten< due , 19. DiFFiICULTÉS GÉNÉRALES qui feren- contrent à mulriplier les Bois en France, x1. +4 Difficultés dans l'exécution : route la 1° @ 2me* 11es. M. Duuamez du Monceau | eft le feul Auteur François, qui ait écrit fur l’article des Bois avec le foin & l’étendue convenables , x1x. Son Éloge , Ibid. Son Traité général des Arbres € Arbriffleaux , qu'on peut élever en pleine terre, 34. m4 Son Traité de l'Exploitation des Forëts, 241. 1 Ses expériences, 183; & Juiv. ++ M, FoucEeroux de Bondaroi, {on fuccefleur, 34, aux Notes. E; ÉcL1ssEs. À quoi on les employe, 247: 1 coNoM1E confdérable fur les Bois, 184 229. É x à RCE. Sa définition, fes fonétions im= portantes, 132. «+ Sa contexture, Ibid. & fuiv. m Ufage qu’on peut faire de celle de Chêne, de Liège, d’Aune, de Noyer, de Tilleuil , de Genèr & de Bouleau, 252, & fuiv. == Sa pré- paration , 189 € 253. coRcCER fur pied, efb un moyen de don-» ner plus de confftance au Bois, &: principale- ment à l'Aubier, 183. = Utilité de certe. prati- que , Ibid, mm Difficultés qu’elle préfente, #66, é Juiv. 4 Écorcement propofé & pratiqué par M. be Burron, eofuite pratiqué en Angles 296 Table terre, en Allemagne, en Rufie, 184, 6 Jui. mm Manières d’écorcer, & dans quelle faifon on doit le faire, 189. “ÉLaçuEr LES ARBRE Ss.( Manière d’} Avantages qui en réfultent, 142, & fuiv. = Sai- fon convenable pour élaguer les Arbres, 145. PIDERME, 133. QUARRISSAGE, eft le meilleur moyen de faire évaporer promptement la Sève, 229. m Table de l’Équarriflage des Bois | 215. m Les Bois écorcés fur pied ne devroient pas être équar- sis ,: à la coignée , 187. mm Dimenfons de l'É- quarriflage, 236. E£RABzLE. À quoi fon bois eft propre, 255: .EsPÈcEes, ( Mélange des ) dans les Semis; cas où il eft bon, 62. TÈTEMENT des Arbres, 03. + Des gros Chênes , 191. m1 Des jeunes Chênes, 193, & Juiv. +4 Expériences à cer égard , Ibid. ni © Excrorssance, maladie des Arbres; il y en à de différentes efpèces, 160. _ExpzoiraTion des Bois, 191. #1 Des Taillis, 199. = Des Furayes, 212, € fuiv. Frais d'Exploitation , 265. -ExrosrTrions des Arbres , & leurs diffé- gens avantages, 11, @ fiv F. Fa 6 o T. Menu Bois ; combien de cents en pro= duit un Arpent de Taillis de différens âges , 207. Fauves, ( Bêtes ) Il faut leur interdire l’en- trée des Bois ; dommages qu’elles y caufent, 24. ++, Seul moyen d'en défendre les Bois, 28. FEe8mirenrs. C'eft un abus d’obliger les Fermiers ou Colons partiaires à femer , ou à plan: cer des Bois, 124. | ; des Matières. 297 FrEu. Mettre le Feu dans les Semis mal-ve- sänts , 70. Moyens d’en arrêter les progrès, & de captiver cet élément, 71. Singulière manière d'éreindre le Feu dans les Forêts de Pin , en Guienne, 73. Feuizrzres des Arbres; leur ufage effentiel à la végétation , 134. FIBRES LIGNEUSES, 125. FiGcurEes, ( Manière de tracer fur le terrein toute forte de } 108. De la plantation en quarré 112. En Quinconce , Ibid. m1 En Exagones ; fin= gularités de cette difpoficion , 287. Freurs & FrurTs des Arbres, 135.4 Diverfes parties qui compofent les Fleurs, & dif: ginguent leur fexe, 136. FroTTaAcEe du Bois, 161, 263. Force pes Boris, ( Table de la } en raifon de leur fuperficie , & en raifon de l'égalité de leur cube , 237. Fossés, 25. 1 Moyen, pour mettre à pro- fit le terrein des Foflés, 26. Comment il faut les faire dans les Terres légères & fablonneufes , 28. m4 Et dans les Terres fujetres à la filtration des eaux , 285. m Saifon convenable pour foflo- yer, 27. m1 Petit Foflé, pour foutenir les jeunes Arbres plantés, 79 & 96. = Combien coûte une toife de grand Foffé, 100. = Et une toife de petit, 98. = Moyen de favoir d’avance ce qu'ils coûteront dans toute forte de terrein, 28: 4 Fof- fés fervant de divifion aux héritages , mitoyens ou non, 275. Fourmis & ABErLLzes nuilbles aux arbres , 161. = Moyen de les détruire, 162. FRÈNE, eft attaqué par les Cantharides, le Frêne à fleur en eft exempt, 167. m À quoi le bois de Frêne eft propre , 255. 298 Table FRUITS; voyez FLEURS. Fusarn. Manière de faire, avec fon bois un charbon utile, 262. Furayes. Ce qui les conftitue, 212. æ4 Leurs dénominations , Ibid, = Manières de les ap- précier , 220, m1 Leur exploitation , 229. G. Gazzes. Noix de Galles, 162 & 169: GELÉES du printems, pernicieufes aux Ar- bres, 16. — Fortes gelées d'hiver plus pernicieu- fes encore , 17 & 162. m4 Si la gelée furprend les racines du Plant de Chêne, il eft perdu , 88: GELIVURES. Ce que c’eft, 163. ; GERSURE, 163. GLA1ISE, 3. = Ses différentes couleurs & propriétés, 8. GLan bp. Ses différentes efpèces, 35.14 Qu'’el- le eft la meilleure , pour la femence , 36. 4 Manière de le récolter , 39. = De le difpofer à germer , {bid. = De le conferver, 41. Tems de le femer, Jbid, m1 Manières de l’enfemencer ; à la volée, 43. m4 Par rangées, en fuivant la Charrue , 48. = Après que le Bled a été femé, 49. #4 Dans les terreins ou la Charrue ne peut pafler , Jbid. = À quelle profondeur il faut le mettre , 43. æm Quantité de Glands néceflaire pour enfemencer un Arpent de terrein , 44. + Jufqua , 48. m Les Anciens faifoient grand cas du Gland , 40, aux Nous. GRAINESs. Moyen de les conferver plufieurs années , 42. +4 Manière de femer & de foigner celles qui font légères & délicates, 53, € fiv. GRÈLE, fait du tort aux Arbres ; remée- de, 164, à des Matières. 299 GrRumeE. Bois en Grume, 164. m1 Se def séche très-lencement, 230. G u x. Plante parafite , qu'on ne trouve jamais attachée à la verre ; fes ulages, 16@ H. HANNETONS. Font grand tort au Chêne # il eft difficile de les détruire, 166. ae 1 Hauteur d'un Arbre, ( Manière de me- furer la ) 216. | Hayes, mortes, vives, 25. = Hayes fur les Foflés, 26, & Juiv. = Mitoyennes où non, 280 , & Juiv.. ; HÈTRE. Manière de ramafler fa graine, 32. m Avantages que réunit cet Arbre» 59. = Ma- nière de préparer fon Bois, pour le rendre de bon fervice , 60. = Débits de fon Bois, 256, Heureer. Ce que c'eft, 165. | I. Irs, voyez CyPrRrÈs. INcINÉRATION où Brutrrs. Ce qué. C'eft, 29. — Eft praticable dans les Landes, où l'on veut établir des Bois, Zbid. ENÉGALITÉ de groffeur , défaut dans l’Ar- ‘bre, 165. InNezuEnce des Aftres, lors de la coupe des Arbres , préjugé , 224. INSECTES. Grands ravages qu'ils font fur les Arbres ; moyens d'en détruire une partie, 165, & Juiv. mm Sont attirés par le Fumier, & rongent les racines des Bois nouvellement fe: més , 47. ExTEemPEerres de l'Air, 16. 300 Table | se) A K: KEernmés. [nfete, qu on trouve fur. le Chée ne-verd, 1674 Mate L. Lagounrs. Sont profitables aux Arbres , 674 = Saifon où ils doivent être faits, Ibid. ,, LABYRINTHE, 117. a Lapin. Tor que cet animal fait aux Ars bres , 168. Larporr#. Moyen de l'éviter, lors de le Coupe, 168. LaTre, (Plufeurs efpèces de ) 246. Licnen » 168. L:è ce. Comment on prépare fon Écorce, 253. Lrernre, N'eft pas parañite, 168. Limites des Fonds. Comment elles. font réglées, 273, & fuiv. Fe IVRET. Partie intérieure de l'Écorce, 133: = Son ufage , /bid. & 228. = Forme pendant l'Hiver, un bourlet au bout des racines taillées > 90e Lune, ( Phafes de la }n influent en rien fur 13 qualité des Bois, 224 , & aux Notes. M. MatrapDres des Arbres, & Remédes ; 148; € Juiv. mx Les jeunes Arbres éprouvent tous une! efpèce de Maladie ; après l’émiflion des deux pre: miéres feuilles. 285. | MazanpDere. Ce que ceft, 168. Mannequins, ( Arbres en ) bons à tranfi planter en toute faifon de l’année, 91. m4 On ga- gne , par cette pratique , prefque deux années , fur l'accroiffement des Arbres 5 Se MaRRONIER D "INDE ,” forme de belles des Matières. 3er avenues , 106. #1 Son bois n’eft pas propre aux ufages ordinaires, 260. © MARSAU, voyez SAULE. MÈLANGE de plufeurs efpèces d’Arbres ; quand doit être fait, ou non, dans les Semuis, O1, € fuir. MÉRISIERS, voyez CÉRISIÈRS: MERRAIN à futailles, & à panneaux, 245: MEeur:1ER. Débit de fon Bois, 259. M:p:, expofition favorable aux Arbres ; &. en quoi, 12. Morzze des Arbres, & tiflu cellulaire, 127. MonwTurux.( Pays } Avantages qu’il y a à les couvrir de‘ Bois , 6. MorT-Bo1s., Ce que c’eft; & Combien il y en a d’efpèces, 169. HMo/0 ss El; ‘160. Murs, pour clorre les Bois, 28. = Pous Toutenir certains Foflés, 285. Mitoyens ou non, 277. À quelle diftance des Murs on peut planter des Arbres , 282. N° Norx, voyez GALLES Non p. Les Arbres, à cet afpeét, font droits & bien filés, 11. = Expofition la plus favorable aux Arbres, dans les terres sèches & légères, 12. Noyer, forme de belles Avenues, 106.4 Uñfages de fon bois, 257. NurriTion des Arbres; comment elle s'opère , 138: O. OccinenrT.: Les Aïbres, frappés de cer af peët, fonc fujets aux grêles & aux Ouragans. Exe 302 Table poñicion la moins avantageufe pour les Arbres, Yr 6 72. af | O:sEau x, préjudiciables aux Arbres, 170: OzLirvier. À quoi fon bois eft propre ; 258. ORDONNANCE de 1669. Préface, pag. x. li 44. + 72. leu 1 87 mi 200, ki 209. Mn 210, ka 2230 D 268: d ï > _OR:ENT. Expofition favorable pour certains Arbres, 11 6 63. Ne #6 OR1IENTER les Arbres; précaution inutile, 103. = Seule attention qu'il eft bon d’avoir, ré- lativement à l’afpeét du Soleil, 104: ORME, fait de belles Avenues, 1a6.r- A quoi fon bois eft propre , 255. Le Paris, néceffaires dans les Pays où le Fauvé abonde , 28. | | PAzISSADES, 106 & 107. = À quelle diftance du mur on doit les placer, 284. PAREMENT de Sciage, réfifte mieux que le parement du Bois de Brin, 233. = Et pour- quoi , Ibid. PEerRcERrR UN Bo1is, { Manife de ) 196: PEuPLIER, croit promptément ; à quoi {on bois eft bon, 261. | PHÉNOMÈNE, qui tient à l’Hiftoire natu- selle ; 64: PIEDS CORNIERS, 170. Pieux. Manière de les placer auprès des Arbres , afin qu’ils rendent un double fervice , 59. Pin, ( Semis de ) font d’un bon rapport, 55, © fuiv. m4 Terrein qui lui convient, Ibid. I] aime l'ombre ; 56. 4 Cependant ne pas doriner dans l'excès, à cet égard, 286. = Exemples de des Marièrés. 303 fon prompt accroiflemenr, 56 & 286.4 À quel âge il eft dans fa force , 57. À quoi fon bois, & celui de Sapin, eft propre, 257. PLANT , ( Manière d’arracher le ) 84. vu La réufite des Arbres eu dépend , 86. »+ Qua- lités que doit avoir le bon Plant, 1bid. = Celui qui eft pris dans les Forêts ne fauroit réuffir , Ibid. — Manières de le tranfporter, & de le conferver jufqu’à la Plantation, 87. = Moyen de fe pro- eurer du Plant, dont la réuffite fera certaine, 88, PLANTATION,!Saifon convenable à la ) 90. PLranTenr fur les grandes Routes. Arrée du Confeil de 1720.54 Préf. xvI. æ+ Cas où l’on eft obligé de planter, au lieu de femer, 76. m4 Dimenfion des trous, pour planter, 78: = Ne pas planter profondément , 79 & 81. 1 Moyen de fourenir les Arbres plantés à la fuperficie du terrein , 79, & fuiv. = Planter à tranchée ous verte ; avantages de cette pratique , 82. = Ma- nière de planter commodément, & d'avancer l’ou- vrage, 9234 6 fuiv. = Combien chaque pied d’Ar- bre coûte pour planter, 97. æ Combien il en coûte pour planter un ÂArpent de terrein , 99. m4 Bonne maniere de planter, mais très-coûteufe , 102. PLranTs AQUATIQUES. Moyen de fa- ciliter leur reprife , 173. Prarane D’OccrDrEenT, eft le plus beau des Arbres d'ornement , 106. Praves. Onguent, pour les playes des At bres, 170. Piruyes. Leurs effets fur les Arbres, 17. Porrirr & Pommier. À quoi leut bois eft propre, 258. PRATIQUE, fans THÉORIE, fujete à CIIEUT , 125, 304 Table _ PRÉPARATION du térrein, pour femer dés Bois, 23. m Pour planter, 77. ° PRINCIPE DE VIE, 139. = Eft fitue diverfement dans différentes Plantes , 1bid. PurréFacTion. Comment occafonnée , 371. Différence entre un Arbre pourri au piéd; ou pourri en cime, Ibid. R. _ Ragowani. Arbre ifolé, & rabougri, pet donner de bonne femence , 39. = Ce que c’eft qu'un Arbre rabougri, 171... | Racines, premiers agents de la nutrition des Arbres, 137. m Leur organifation, 138. Leurs fonctions, 129. RarrFau. Arbre Raffau, 171. REecEPAGE, dans quelles circonftances il faut ÿ avoir recours, 68; Récompenses établies en Angleterre ÿ pour ceux qui plantent des Bois, x11. Quelles récompenfes on pourroit offrir en France, xvin. REeFeNTE Des Bois, done lieu à une économie confidérable , 233. = Manière de pro- céder au fciage de refente , 234: = Ce qui conf- tiue la force des Bois refendus , Ibid. & Juiv. REMPLACEMENT des jeunes Arbres, 176. >= Des vieux Arbres , 270. = Peut on mettre, à la place des vieux Arbres, des Arbres de la même efpèce ? = Raifons pour & contre , Ibid. & fhiv. Résineux. Des Arbres verds & réfineux ; 1. æ li faut les abriter, contre lés ardeurs du Soleil , 91.1 Veulent peu d’eau ; manière de les arrofer , 54. | : RÉTABLISSEMENT des Bois dégradés, 178, 6 Jui, R RETouRr, des Manières. 30$ REerounr. Môyens de connoître un Arbré qui eft fur le retour, & qui tend à fa fin, 171, É fuiv. RouzruRre. Ce que ceft, 156. S Sauze & MaArsau,: À quoi leur bois eft propre ,» 261. SciEzurEe DE Boïrs. Moyen de l'es ployer , 248. | SÉCHERESSE, pernicieufe aux Arbref, 18, SEMENCE des Arbres; c’eft la meilleure manière de multiplier les Arbres foreftiers, 32, = Moyen de les multiplier par la Bouture, le Rejeton , la Marcote , {hid. mm Dégré de matu- rité des Semences, bid. x Manière de les récol- ter, Jbid. & fuiv. m De les conferver , 33 & 4r: ++ Précautions à prendre , quand on les tire de l’Étranger, 34 m Il eft bon de les éprouver, avant de s'engager dans des opérations difpen- dieufes ; & moyen de le faire, 35. ri SEm1s. Précautions à prendre, lorfqu’on laile “arracher du Plant dans les Semis, 46. Chemins dans les Semis, $o. + Tableau du nombre d’Aï- bres qui reftent dans une toife de Semis de dif: férens âges , 52. m4 Semis de graines délicates, petites & légères, 53: + Combien il en coûte, pour femer un Arpent de terrein , 99.4 Parc de Verfailles , renouvelé, en femant les Maffifs, 1or, mm Semis, préférable à la plantation; 124. SÈve. Sa nature & fes fonctions, 129 , & Juiv. = Renouvellement de Sève au mois d’Aoûr, & fes effets, 130. = Avantage de fon évapora- uon des Bois abattus, 229. =: Danger de fou abondance , 186. , 718 Y 306 | Table SiTuATiIonN des Arbres, 13. So. Sous quel point de vue on doit le con- fidérer , rélativement aux Arbres, 2. #1 Ce qui le forme , 1bid, + Deux natures principales de terre , 3: = La différence du Sol eft la première caufe des différentes qualités du Bois, 7. Sozives, devroient être employées cour- tes, 235 & 240. m1 Avantages qui en réfulte- roient, 241. Moyen de mettre à profit les petits bouts de Solives , 248. " Soucnes. La confervarion dés Souches eft- elle bien intéreffante © 186, 268 , & Juiv. SurREAU, porte un aflez bon Bois, 262. Le Taïziis. À quelle forte de Bois on donne ce nom, 200. À quel âge on doit les couper, Jbid, & fuiv. 4 Leur accroiflement chaque année , 206.1 Leurs différens produits, 207, € Juiv. 4 C’eft à l’âge de 30 ans, que le produit eft le meilleur, 199, & füuiv. Tan. Ce que c'eit, 188. = Manière de le préparer , Ibid. mm Ses ufages, 189. = Se fair auf avec l'Écorce des vieux Chênes, 190. Il ne faut pas la laifler à la pluie, 252. TEMPÉRATURE , influe fur la qualité des Bois, 9. TERRE, ( Défauts de la ) 172, = Ses dif- férentes efpèces , 3, € fuiv. TERREIN. Tous ne font pas propres au Chêne , 7. mm Leurs différences, & leurs bonnes ou mauvailes qualités, 2, & Juiv. = Manière de consoître la proportion des mélanges, dont les verres font compolées , 5. m1 Terrcins maréca- geux , bas & humides ; moyen de les defécher , des Matières. . 97. Terrein convenable pour femer, 1. Pour lanter, 75.4 Terre neuve , propre à acclimater Îes Arbres exotiques , 4. = Defcription du Ter- rein, où les méthodes citées dans ce Traité ont été pratiquées , 20. = En quoi il eft propre à la multiplication &: à la végétation des Arbres, 22. Tirreuz. Avantages que réunit cet Axbre, 61. m1 Manière de le multiplier , 60. = À quoi fon bois eft prepre , 260. = Et fon écorce, 253. Trssu crLLuLaAiREe du Bois, 127.14 De l’Écorce, 132. Torsé des Terres maflives, 123. TonNNERRE, fait périr les Arbres ; qui en font frappés, 174. TRACHÉES. Vaifleaux du bois, roulés en fpirale : leurs fonctions, 131. — Moyen de les appercevoir , lbid. ge +4 V. VAarssEAUx LyYMPHATIQUES dubois; 126. m4 Vaiffleaux propres du Bois, Ibid. — De FÉcorce , 132. VENTE pu gotrs, hors du Royaume, prohibée | par lPArrét du Confeil de 1722. xvr. VE nTs. Leurs différens effets fur les Arbres, 14. = Leur nombre , leur nom, & leurs pro- priétés, 15, © fuiv. = Moyens pour empêcher que le Vent n’éclatte les grands Arbres, 274.4 Les vents influent très-peu fur la qualité des Bois , lors de la coupe , 223. VEerGzLas, très-nuifible aux Arbres, 174. VERMINE , 175. = Moyen de détruire les Vers , qui percent les Arbres, r67. Usacrnrs: leurs droits: c’eft une des caufes deftruétives des Forêts, x111. m4 Et des Taïllis, 24. Vi 308 Table À Usanxce Du Bors, 242: R Vuipe. S'il en refle entre les racines, lors de la Plantation , quel eft fon efler , 1 73 À FIN. * 309 D — 2 ———— —— A P.P.Kk O BAMRBI ON. J'AI lu, par ordre de Monféigneur le Garde des Sceaux , un Ouvrage , ayant pour titre, “de la culture du Chêne, € je n'ai rien trouvé dans cet éffimable Ouvrage , qui m’ait part devoir en em- pêcher limpreffion. À Paris, ce 26 Février 1787. Signé, DE SAUVIGNY. PRIVILÈGE DU RO IL. OUIS ,;PAR. LA GRACE.DE DIEU ; ROI DE FRANCE ET DE NAVARRE: A nos amés & féaux Confeillers , les Gens tenans nos Cours de Parlement , Maîtres des Requêtes ordinaires de notre Hôtel, Grand Confeil, Prévôt de Paris, Baillifs , Sénéchaux , leurs Lieutenans Civils, & autres nos Jufti- ciers, qu'il appartiendra : S À LU T. Notre amé le Sr. JUGE, DES.-MARTIN , Nous a fait expofer qu’il défi reroit faire imprimer, & donner au Public, un Ouvrage de fa compofition, intitulé , de la culture du Chêne, s'il nous plaifoit lui accorder nos Lettres de privilège pour ce néceflairess À CES CAUSES , voulant favorablement traiter l'Expofant, Nous lui avons permis, & permettons , par ces Préfentes , de faire imprimer ledit Ouvrage autant de fois que bon lui femblera , & de le vendre, faire ven- dre & débiter par tout notre Royaume ; Voulons qu’il jouifle de l'effet du préfent privilège, pour lui & fes hoirs à perpétuité, pourvu qu’il ne le rétrocède à per fonne ; & fi, cependant , il jugeoit à propos d’en faire une ceffion , l’acte qui la contiendra fera enregiftré en la Chambre Syndicale de Paris, à peine de nullité, tant du Privilège que de la Ceffion; & alors, par le fait feul de la Ceflion enregiftrée , la durée du préfent Privilège fera réduite à celle de la vie de l’Expofant, ou à celle de dix années , à compter de ce jour , fi l’Expofant décède avant l'expiration defdites dix années ; le cout conformé- 310 ment aux articles 1 V & V de l’Arrêr du Confeil du 36 Août 1777, portant Règlement fur la durée des Privilèges en Librairie: FAISONS défenfes à tous Imprimeurs, Li braires , & autres perfonnes, de quelque qualité & condi= tion qu’elles foient , d’en introduire d’impreflion étrangère dans aucun lieu de notre obéïffance ; comme auf d’impri- mer ou faire imprimer, vendre , faire vendre , débiter ni contrefaire ledit Ouvrage ,‘ fous quelque prétexte que ce puille ‘être ; fans la permiflion exprefle & par écrir dudit Expofant , ou de celui qui le repréfentera , à peine de. faifie & de confifcation. des exemplaires contrefaits , de fx mille livrés d'amende , qui ne pourra être modérée ,- pour la première fois ; de pareille amende & de déchéance d'état , en cas de récidive , & de tous dépens , dommages & intérêts , conformément à l’Arrêt-du Confeil du 20-Août: 1777 , concernant les contrefaçons : À LA CHARGE que ces Préfentes feront enregiftrées , tout au long , fur le Regiftre de la Communauté des Imprimeurs & Libraires de Paris, dans trois mois de la date d’icelles ; que l’im= preflion dudit Ouvrage fera faite dans notre Royaume .& non ailleurs , en beau papier & beaux caraétères, confor- mément aux Réglemens de la Librairie, à peine de dé chéance du préfent Privilège; qu'avant de Flexpofer en vente, le manüfcrir, qui aura fervi de copie à l’impreffion dudit Ouvrage , fera remis, dans le même état où l’appro- bätion y aura été donnée , ès mains de notre très-cher & féal Chevalier | Garde des Sceaux de France , le Sr. DE LAMOIGNON ; qu’il en fera enfuite remis deux Exem— plaires dans notre Bibliothèque publique , un dans celle de notre Château du Louvre , un dans celle de notre très- cher & féal Chevalier , Chancellier de France , le Sr. DE MAUPEOU ; & un dans celle dudit Sr: DE LAMOIGNON ; le tout , à peine de nullité des Préfentes; DU CONTENU defquelles vous MANDONS & enjoignons de faire jouir ledit Expofant :&: fes hoirs, pleinement & paifiblement , fans fouffrir qu’il leur foir fait aucun trouble ou empêche- ment. VOULONS que la copie des Préfentes, qui féra imprimée tout au long, au commencement ou à la fin dudit Ouvrage , foit tenue pour dûment fignifiée ; & qu’aux copies collationnées par l’un de nos amés & féaux Confeillers Se: crétaires, foi foit ajoutée comme à l'original. COMMAN- DONS au premier notre Huiflier ou Sergent , fur ce requis, de faire , pour l'exécution d’icelles, tous Actes requis 8: 31T nécelfaires , fans demander autre permiffion , & nonobftant clameur de Haro , Charte Normande, & Lettres à ce con- traires. Car tel eft notre plaifir. Donné à Verfailles, le neuvième jour du mois de Mai , lan de grace mil fept cent quatre-vingt-fept, & de notre Règne , le creilième, Par le Roi, en fon Confeii. Signé, LE BEGUE, Regiftré fur le Regifire XX11 de la Chambre Royale & Syndicale des Libraires & Imprimeurs de Paris , N°: 1064. Fol. 246. conformément aux difpofitions énoncées dans le préfènt Privilège, & a la charge de remettre, à ladite Chambre , les neuf Exemplaires preferits, par l'Arrêt du 16 Avril 1185. À Pans, le 18 Mai 1767. Signé, KNAPEN, Syndi. doit in rames ete Las Ne). PE Mrs mio GS FA a D Fe k y UT Lt: j we LA RTE 2 OS 1 VE ae PERTE 2403 mA « Ke à RE ARS HAT Fopayiiss Re Al | as Ra tri Sa 188 PRETIENS A RARE Jap DE ADN PRCNE Ua na «44 | ‘10 ANT “Re r5Û mas à Ne 4 HU INA TO ET RS AS) ro ds CAEN Ye AL he 4 ce AE NS ARTS PACA 109 (PE he “(is ne arts at “3 Jos "A vai IsY: ii Ja Ye RUES xs FA s sn qe 4%, AU “6 MECS RU AE init 0t Re UE rue RAT LA D TR EE 45 2 ha agi eV en A 4 ME à : 17 3 re J'ARES | f : . \ [T4 à K” DT rasé on + l £ 250 IRL ÉATRRÉE td V'ULPS 4 HAT) à AU Ce pri 11 MA: | MR , Ÿ LE ( | Le 1 PEN A AUDE, vett 9 p, tri = 1 MUR PA Ras ns | ÿ À 4 | | ‘ * E #1 +2 AR AL S n A * NM . : L | ÿ h À : ERA PL 7 pi RE LR | VUS | Su EAN DA EF a | PR | x RE dE #, vos . 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