K J^.J.J'f, Digitized by the Internet Archive in 2010 witii funding from University of Ottawa http://www.archive.org/details/traitdephysiol01burd TRAITÉ DE PHYSIOLOGIE. TOME ï. PARIS. — IMPRIMERIE DE COSSON, 9 , rue Saint-Germain-des-Prés. TRAITÉ DE PHYSIOLOGIE CONSIDÉRÉE COMME SCIENCE D'OBSERVATION, PAR G. F. BURDAGH , PROFESSEUR A l'cNIVERSIXÉ DE KOENXGSBEEG , aveo des additions de MM< les professeurs BAER,MEYEN, MEYER, J. MULLER, RATHKE, VALENTIN, WAGNER, Traduit de l'allemand i sur la deuxième édition , PAR A. J. L. JOURDAN , MEMBBE DE i^ACADÉMIE ROYALE OX MéOECINJE. TOME PREMIER. AVEC SIX PlAiraSES oravbbs. PARIS , CHEZ J.-B. BAILLIÈRE, LIBRAIRE DE l' ACADÉMIE ROYALE DE MÉDECINE, ET3E DE l'ÉCOLE-DE-MÉDECIHE, 43 Hs, A LONDRES, MÊMK MAISON, 21 g, REGENT -STEEE T. 1837. AVERTISSEMENT DE L'ÉDITEUR. Ce queHaller fit pour le siècle dernier, M. Burdach Fexe'cute pour le nôtre; il nous donne un traite' dans lequel on trouve l'état pre'sent de la physiologie, et surtout Finventaire me'thodique des innombrables recherches dont cette science s'est enrichie depuis l'illustre professeur de Goettingue. Anatomiste habile, expérimentateur ingénieux , érudit profond , et philo- sophe digne de Técole qui s'enorgueillit d'avoir pro- duit Kant , il rapporte , examine , discute et apprécie les faits avec cette élévation de vues et cette largeur de pensée qui caractérisent les hommes supérieurs. Trop ami du vrai pour se livrer aux mesquins calculs de la vanité, et convaincu qu'un seul écrivain ne saurait aujourd'hui embrasser dans tous ses détails un sujet aussi vaste que celui de la biologie , il a in- voqué l'assistance de ceux d'entre ses compatriotes qui en avaient plus spécialement étudié quelque partie. MM. Baer, Meyen, Meyer, Muller, Rathke, Valentin et Wagner, ont répondu avec empressement a cet appel généreux, el du concours de tant d'ilkistrations AVERTISSEMENT. est sortie une véritable encyclope'die physiologique , qui prendra rang, dans l'histoire, à coté de l'inesti- mable traite' de Haller, dont elle est devenue le com- plément nécessaire. Toutes les observations modernes y sont non pas réunies sous les formes sèches d'une simple énumération, mais coordonnées sous les ins- pirations d'un virtualisme en harmonie avec les ten- dances platoniciennes de notre époque , et dont pour- ront aisément faire abstraction ceux qui sont demeurés fidèles aux principes d'une autre philosophie. L'impression des tomes 2 , 3 , 4 et 5 a été retardée par Fannonce d'une seconde édition de ces volumes a laquelle M. Burdach travaille actuellement, et qui paraîtra dans le cours de Tannée. Des notes , désignées par un astérisque , ont été ajoutées pour signaler quelques faits recueillis depuis la publication, toute récente cependant, des volumes que nous donnons. DE LA PHYSIOLOGIE CONSIDÉRÉE COMME SCIENCE D'OBSERVATION. INTRODUCTION. § 1. C'est à la physiologie seule qu'il faut s'adresser pour savoir quels sont les principes d'après lesquels on doit l'expo- ser. Nous ne pouvons effectivement arriver à une notion exacte de la nature en général et de riiomme en particulier, qu'en suivant la marche tracée par l'essence même de notre enten- dement et par ses rapports avec l'univers. Or non seulement cette essence rentre dans les attributions de toute physiologie qui cherche à se procurer des données complètes sur la nature humaine , mais encore on ne parvient à l'envisager sous ses différentes faces qu'autant qu'on la considère dans ses con- nexions organiques avec tout ce qui jouit de l'existence. Maintenant, la physiologie cherche en dernière analyse à connaître l'esprit humain , et, pour résoudre ce problème , il est indispensable d'avoir contemplé la nature de l'homme sous tous ses autres points de vue. Le terme des recherches indique donc par où elles doivent débuter, et ce n'est qu'après avoir parcouru plus d'une fois le cercle entier, qu'on peut de nou- veau fournir la carrière d'un pas plus assuré. Mais la science , dans ses résultats les plus généraux, ne finit non plus que là où commence l'intuition pure et simple , l'intuition dégagée de tout souci à l'égard des causes premières , l'intuition enfin s'exercant avec une foi entière dans la véiacité de la nature , el avec l'intime conviction que l'esprit liumaii! . (|uund I. I 2 INTRODUCTION. il s'abandonne à son penchant inné , quand il suit par instinct la marche prescrite à son développement , peut réahser sa tendance naturelle et saisir la vérité. § 2. Si maintenant nous suivons la marche naturelle, c'est- à-dire celle qui nous est tracée par un penchant inné , par une vague prévision de la vérité , nous devons aussi avoir égard à la manière dont notre problème est désigné dans la langue usuelle ; car ce langage est l'expression d'une intuition qui s'est formée, chez les peuples, plutôt par pressentiment que par l'effet d'une connaissance raisonnée. Cherchons donc quelle est l'idée qui se rattache au mot de physiologie. On entend par nature (natitra, çticriç) : ï. L'essence , c'est-à-dire la constitution primordiale d'une chose , constitution inséparable de son existence et indépen- dante de tout concours de la volonté ; savoir : 1° La manière dont cette constitution se manifeste , les qua- lités d'une chose qui se prononcent dans les phénomènes par lesquels elle nous frappe ; 2° La manière dont cette constitution se produit , dont la chose se réalise , arrive à l'existence , naît et s'accroît , par conséquent son origine et sa cause. IL La réalité , considérée comme un tout , comme ce qui existe véritablement ; savoir : 1° L'univers, ou la réaUté phénoménalisée (natura naturata), l'ensemble des choses , la somme des phénomènes. 2° La véritable cause de l'univers , la force infinie , l'exis- tence absolue , la réalité agissante {natura, naturans) , l'âme du monde , Dieu. Or, si nous voulons nous conformer au langage reçu , le problème de la physiologie est déterminé par ces différentes idées et par le lien qui les unit ensemble. Ainsi : 1° La physiologie doit avoir pour objet l'essence envisagée d'une manière complète et dans toute son étendue, par con- séquent le moral et le physique , sous le point de vue tant du mode de manifestation que de la cause. Elle doit donc réunir empirisme et théorie. 2° Le mot de nature exprime l'unité de chaque essence prise isolément et de la réalité considérée comme un tout , ce INTRODUCTION. ^ qui annonce que l'essence d'une chose a ses racines dans l'en- semble de la réalité , et ne peut être complètement connue que par là. Donc la physiologie , pour arriver à la connais- sance de l'homme , doit porter ses regards sur la nature en- tière , et contempler tous les phénomènes de l'univers. Le nom de physiologie imposé par excellence à la science de l'essence humaine , indique le rang que l'homme occupe dans la nature , et qui fait qu'étant le plus haut produit de la réa- lité à nous connue, il comprend en lui les forces du monde en- tier. La physiologie est donc le commencement de toutes les sciences naturelles , le point unitaire de la connaissance de toute réalité. o^ Enfin , comme le mot de nature exprime l'unité du monde et de sa cause , la physiologie doit aussi , dans l'en- chaînement des phénomènes de l'univers, reconnaître leur cause infinie , et s'élever à l'intuition de l'existence absolue ; elle doit devenir connaissance expérimentale de Dieu , ou théologie naturelle. §3. En nous bornant à l'intuition pure et simple (§1), dans nos recherches , la méthode qu'il convient de suivre se dessine clairement , et il ne reste plus aucun doute par rap- port à la question de savoir si nous devons commencer par l'étude des singularités ou par celle de la totalité. En effet , le singulier n'est intelligible qu'au moyen du tout , et la tota- lité , à son tour, ne peut être connue que par l'ensemble des singularités. Mais la marche naturelle de notre savoir exigeant que nous apprenions d'abord à connaître , après quoi seule- ment il nous est possible de comprendre , nous devons sou- mettre aussi la physiologie à cette marche analytique , si nous voulons qu'elle s'insinue graduellement dans la conviction , et non qu'elle s'impose à l'esprit comme une doctrine arrêtée d'avance. Nous débutons donc par contempler les faits un à un , de manière cependant à rapprocher ceux entre lesquels règne une sorte d'affinité , afin de saisir ce qu'ils ont de com- mun et ce qui caractérise chacun d'eux en particulier. Dès que nous avons appris à connaître un cercle de phénomènes affines, nous revenons sur nos pas, et, les embrassant tous d'un seul coup d'œil , nous arrivons ainsi à des résultats que 4 INTRODUCTION. nous mettons de côté pour servir à l'édification d'une théorie future. En suivant toujours le même procédé , la contempla- tion de plusieurs cercles semblables et le rapprochement des aperçus qu'ils fournissent , nous procurent des points de vue de plus en plus généraux. Lorsqu'enfin le domaine entier de l'esprit a été scruté ainsi par voie expérimentale , la spécula- tion vient féconder l'empirisme et vivifier le trésor des faits acquis, en lui imprimant les formes de la théorie. Car, élever une théorie n'est autre chose que regarder de haut et saisir des rapports. De là vient aussi qu'en ce qui concerne les phé- nomènes et les fonctions isolément , il n'y a point à propre- ment parler de théorie , mais seulement des fragmens ou des aperçus théoriques , qui ne se maintiennent qu'autant qu'un accord parfait règne entre eux et tous les autres. § 4. Chaque chose n'a qu'une existence conditionnelle et dépendante de celle d'une autre chose ; un événement sup- pose toujours un autre événement, et ne peut être expliqué qu'autant qu'on le met en rapport avec ce dernier. Il est donc impossible aussi à la physiologie empirique , quelque mode d'exposition qu'elle adopte , d'éviter entièrement la supposi- tion de résultats qui ne pourront être fournis que par d'ulté- rieures recherches. Cependant la meilleure méthode sera celle qui , proportion gardée , exigera le moins de suppositions et mettra au premier plan les doctrines offrant la plus large base à toutes les autres. Nous envisagerons donc la physiologie sous deux points de vue principaux : d'abord, comme science de l'essence hu- maine , de la vie et de ses divers aspects ; en second lieu , comme science du genre humain et des formes de la vie chez les différens êtres organisés, examinés dans leurs rapports les uns avec les autres et avec la vie générale. Nous aurons pour objet , là l'organisme , ici le monde organique. La vie sera donc considérée d'abord comme une succession d'actes , puis comme un tout accompli et constitué. DE LA VIE EN ELLE-MEME. HISTOIRE DE LA VIE. § 5. Les êtres organisés diffèrent des choses inorganiques en ce qu'ils sont astreints à une progression continuelle, c'est- à-dire que leur existence suit un cours déterminé , qu'ils sont soumis à une métamorphose régulière , ayant sa cause en eux - mêmes, et qu'ils ont un but déterminé, indépendant des cir- constances extérieures. Leur caractère est donc d'avoir en eux un type de changement , qui peut bien être modifié par les choses du dehors , mais ne saurait être donné par elles , puisque , loin de là, il résiste jusqu'à un certain point à leur influence. Comme on ne peut concevoir, dans une période de temps quelconque, d'autres divisions que le commencement, le milieu et la fin , ï Histoire de la vie , qui a pour objet de la dépeindre comme une chose progressive , considère l'o- rigine , l'existence et la destruction de l'organisme , ou ce que nous appelons génération , vie et mort. La procréation est la vie qui commence , et la mort est la vie qui s'éteint ; elles sont en opposition l'une avec l'autre quant à leur di- rection , mais la vie est leur expression commune. Ces états différons passent de l'un à l'autre sans brusque transition, et la vie est un courant non interrompu. C'est donc uniquement pour rendre l'intuition plus facile que nous établirons des coupes. Ainsi nous allons considérer d'abord la procréation , ou l'é- veil donné à une vie nouvelle , puis la première scène de la vie , ou la vie embryonnaire , c'est-à-dire la période du dé- veloppement, jusqu'à l'acquisition d'une existence indépen- dante et d'une forme permanente. Mais ces deux périodes se 6 HISTOIRE DE LA VIE. confondent tellement l'une avec l'autre , que la vie embryon- naire nous apparaît comme une continuation de la génération, et qu'il est souvent difficile d'établir une limite entre elles. Toutes deux , prises ensemble , constituent la procréation. Celle-ci embrasse donc la série entière des changemens qui s'opèrent depuis le commencement de la vie jusqu'à l'instant oh le nouvel être jouit d'une existence indépendante et d'une forme générale permanente. PREMIERE PARTIE, DE LA GÉNÉRATION. § 6. La Génération^ OU le commencement de la vie, est l'ob- jet que le physiologiste doit examiner en premier lieu. Car 1° Quand nous n'avons qu'une connaissance superficielle d'une chose , ce qui est notre condition à tous par rapport à la vie , notre premier soin est de nous enquérir d'où elle vient. On peut aussi démontrer par l'histoire que l'origine de la vie est le premier sujet sur lequel l'esprit humain ait exercé ses méditations , parce que cette origine fournit des indices à l'é- gard de l'essence future. 2° En étudiant la vie dès son début , nous nous préservons de ces vues étroites qui portent à croire qu'on a tout fait, en expliquant les phénomènes vitaux par l'existence de telle ou telle partie;, la circulation du sang par la présence du cœur, la sécrétion par celle des glandes , etc. LIVRE PREMIER. De l'Être qui procrée. Nous avons deux choses à considérer dans la génération , l'être qui procrée ou agit , et la procréation ou l'action. Avant l'acte il faut examiner celui qui l'accomplit. Sous ce point de vue, deux cas sont possibles relativement à la génération : l'ê- tre qui procrée est ou n'est pas de même nature que rêtrc procréé. De là résulte ce que j'appelle , dans le premier cas, hétérogcnie (§ 7 ) , et , dans le second, homogcnic ( § d9.) 8 BE L iîETEROGEME. Section première. DE L'HÉTÉR0GÉ>TE. § 7. On appelle Hétérogènie {generatio heferogenea ^ œqui- roca , primifira ^ primigena ^ originaria ^ spontanea) toute production d'être vivant qui , ne se rattachant, ni pour la substance . ni pour l'occasion, à des individus de la même es- pèce . a pour point de départ des corps d'une autre espèce , et dépend d'un concours d'autres circonstances. C'est la ma- nifestation d'un être nouveau et dénué deparens, par consé- quent une (jénération primordiale . ou une création. Xous la reconnaissons partout ou nous voyons paraître un corps orga- nisé sans apercevoir un autre corps de même espèce dont il puisse procéder, ou découvrir dans celui-ci aucune partie apte à opérer la propagation. Il se peut Sans doute que nous nous abusions à cet égard , et que le moyen de propagation . quoiqu'il existe réellement , soit demeuré inaperça. C'est ce qui est fréquemment ar- rivé aux anciens . qui en général observaient la nature d'une manière fort incomplète : car ils pensaient, entre autres, que les insectes qui se développent dans les cadavres proviennent de leur substance , et Aristote lui-même faisait naître les an- guilles de la vase putréfiée , parce qu'il n'avait point trouvé d'ovaires chez ces poissons. A mesure que l'histoire naturelle fit des progrés, on reconnut l'erreur de ces opinions, et l'on acquit la certitude que les végétaux et les animaux supérieurs ne prennent naissance que par propagation. Cependant on voyait fréquemment au-si des corps organisés appartenant aux deux règnes se reproduire dans des circonstances où il était impossible de décounir aucune trace de propagation , et où par conséquent on pensait être en droit de croire à une géoération spontanée. 3Iais d'autres phy-^iciens admettaient que , rnérne dans ces cas , il y avait eu des germes . et soute- naient que nul être organisé ne saurait être produit autrement que par- voie de propagation. De là naquirent deux opinions opposées, dont aucune ne peut être ni démontrée ni réfutée DE L HETEROGENIE. g directement et d'une manière complète. Car, lorsque le par- tisan de la génération spontanée assure l'avoir observée immé- diatement dans certains Infusoires , par exemple , son adver- saii-e objecte qu'il y avait des germes, qui lui sont demeurés cachés ; et quand celui-ci a remarqué la propagation de ces mêmes Infusoires , l'autre lui répond que ce n'est point là un motif pour conclure que la génération s'accomplisse ainsi dans tous les autres cas. Au fond, cette divergence de senti- mens repose sur la manière dont chacun contemple la nature. Celui qui défend la doctrine des générations spontanées s'en tient à l'expérience : lorsqu'il voit un être organisé naître sans que , malgré tous ses efforts , il parvienne à découvrir soit un germe, soit une voie quelconque par laquelle ce corps ait pu arriver dans le lieu de sa formation , il admet que la nature a la puissance de créer un être organisé avec des élémens hétérogènes. Son antagoniste cherche à établir la probabilité qu'il y ait eu des germes cachés . parce qu'il croit ces germes nécessaires, la nature, dans son opinion, n'ayant que le pou- voir de conserver des êtres organisés ,€t non celui d'en créer de nouveaux. Ici nous avons à examiner la question de savoir s'il faut admettre des germes cachés là même où l'on n'a pu en découvrir aucun. On regarde comme impossible ce qui n'est pas en soi concevable . ou du moins ce qui n'a aucune ana- logie en sa faveur. Quant au premier point , nul doute que notre planète ne soit arrivée par degrés à son élat actuel, qu'à une époque très-reculée elle n'ait été inhabitable pour les êtres organisés , et que tous ces êtres ne se soient formés peu à peu sans parens. conséquemment par la voie de l'hétéro- génie. Si l'on juge d'après ce fait et autres semblables . la terre apossédé jadis une exubérance de force plastique ; cette force ne peut point avoir été transitoire et accidentelle : elle ne peut avoir été qu'essentielle et inséparable de la nature , elle ne saïu'ait donc être éteinte actuellement. Limitée , quant à l'étendne de ses manifestations, elle continue toujours d'agir pour la conservation de ce ijui a été créé, et , quoiqu'elle ne maintienne les formes organiques supérieures que par la seul"' propagation . il ne répugne point au bon sens de penser 10 DE L HETEROGENIE. qu'aujourd'hui encore elle a la puissance de produire les for- mes inférieures avec des élémens hétérogènes , comme elle a créé originairement tout ce qui possède l'organisation. Cette opinion devient d'autant plus probable que l'analogie parle en sa faveur. Les détails dans lesquels j'entrerai par la suite (§888 ) prouveront que la force physique organique est la même partout, soit qu'elle produise des individus pour re- présenter l'espèce, ou des parties pour représenter l'individu. En étudiant la manière dont elle se manifeste, on voit qu'elle n'a qu'une puissance de conservation à l'égard de tout ce qui s'est développé complètement, de tout ce qui est arrivé aux dernières limites du possible en fait de formation , mais que , quanta ce qui est imparfait, elle a partout le pouvoir de le produire de nouveau. Ainsi, comme la plasticité individuelle ne peut que conserver les organes supérieurs ( viscères, mus- cles , nerfs , etc. ) par la nutrition , tandis que , pour ce qui concerne les organes inférieurs (tissu cellulaire , vaisseaux capillaires , os, etc.), elle est apte à produire de nouveau , soit en ajoutant à ce qui existe déjà , soit en régénérant les parties perdues , de même la génération ne saurait maintenir les organismes supérieurs que par propagation, mais peut, lors- que les circonstances sont favorables , créer de nouveaux organismes inférieurs (§ 227 ), Toutes ces considérations réunies prouvent au moins la possibilité de l'hétérogénie. Quant à la réalité de cette géné- ration , le problème se réduit à chercher si les faits multi- plient les chances; de probabihté ou en sa faveur ou contre elle. Avant de réunir ces faits , nous avons encore une remar- que historique à présenter. Le mot de ralliement des adver- saires d'une génération spontanée est la sentence suivante, ap- puyée sur l'autorité classique : omne vivum ex ovo ! Mais ils ne pouvaient alléguer cette sentence à l'appui de leur opinion , qu'en négligeant l'esprit pour s'attacher à la lettre seule. Va- lentin a déjà fait observer que Harvey lui-même, bien loin de vouloir nier par là toute génération spontanée , appelait œuf la substance susceptible de germer en général, c'est-à-dire toute matière de laquelle se développe immédiatement un corps organisé , et que par conséquent il étendait cette déno- DE L IIETEROGENIE DOMINANTE. 1 1 mination jusqu'à la substance appelée mucus primordial (§269.1°) (1). L'hétérogénie elle-même deviendra plus loin (§ 226 — 229 , 269 , 322 ) le sujet de nos études. Ici nous nous bornons à rechercher quels sont les êtres organisés chez lesquels on la rencontre. Nous examinerons d'abord ceux chez lesquels elle est très-vraisemblablement prédominante , savoir : les Iniii- soires (§ 8 , 13 ) et les Entozoaires ( § 14) ; puis ceux chez les- quels elle joue un rôle moins étendu , les Champignons et quelques autres plantes cryptogames (§ 15 , 16) ; enfin ceux chez lesquels elle est problématique ou même invraisembla- ble , les Épizoaires et les végétaux phanérogames (§ 17, 18.) CHAPITRE PREMIER. 1^65 cas dans lesquels l' Hétéro génie est indubitable. I. Hétérogénie dominante. ^ § 8. Quelque temps après qu'on a versé de l'eau sur cer- tains corps solides, on aperçoit dans la liqueur, avec le secours du microscope , des animaux ou des végétaux dont on n'avait pu auparavant découvrir aucune trace , non plus que de leurs germes. Ces êtres ayant été produits par l'infusion, on leur (1) On en pourra juger, entre autres, par le passage suivant de Harvey : His autem omnibus (*c. unimalibus et stirpihus) , sive sponte , sive ex aliis j sive in aliis , vel partibns , vel excrementis eorum imtrescen- tihtis , oriantur .... , id commune est , ut ex principiio viventc giynantur , adeo ut omnibus viventibus primordium insit , ex quo et a quo proveniant. Liceat Jioc nobis primordium vegetabilo nominare ; nempe substa?itiam quamdam corpoream , vitam habentem potentia , vel qicoddam per se existons^ quod apium sit ^ in vegetativam formam^ ab interno principio opérante , mutari. Quale nempe primordium ovum est et plantarum se- men , talc etiam vioiparorum conceptus et insectormn, vermis ab Aristo- lele dictus. Divcrsa scilicct divcrsorum virentium primer dia ; pro quo- rum varia discrimine alii atquc alii sunt gêner ationis aninudium, modi , qui lamcn omnes in hoc uno conveniunt , quod a primordio vejetali , tan- quam e matcria c/ficicnti virtute dotula,orianlur : difforuni autcm, quod primordium Jinc vol spnnto et casu erumpat , rcl ab alio prœcxislcnto ianquaui fructasprovcniut. {Exervitut. dogcîicrat, animal. , p. 270.) 12 DE LHETEROGENIE DOMINANTE. donne le nom d'Infusoires. Mais on range aussi parmi les In- fusoires tous les animaux invisibles à l'œil nu , et qui ne peuvent être aperçus qu'à l'aide de verres propres à grossir les objets. Or, comme le volume d'un être organisé, quoique proportionné jusqu'à un certain point au degré de son orga- nisation, ne l'est cependant pas d'une manière absolue, la classe des Infusoires réunit des êtres fort différensles uns des autres , et parmi lesquels il s'en trouve même , tels que les Vorticelles par exemple , qui appartiennent à celle des Poly- pes. La dénomination de végétaux infusoires n'est pas moins vague , puisqu'on l'applique non pas seulement à la matière verte de Priestley, qui apparaît sous la forme d'une sub- stance verte , mucilagineuse et membraneuse , ou grenue et pulvérulente , mais encore à des Pulvérulaires , à des TJlves , à des Tremelles , etc. Nous nous en tiendrons ici à l'acception primitive du mot d'Infusoire , et nous exposerons les faits que l'observation a révélés par rapport à l'apparition d'êtres orga- nisés dans des infusions. Ehrenberg (1) a en partie prouvé et en partie rendu pro- bable que tous les animalcules infusoires ont non seulement une configuration , mais encore une structure organiques , et qu'en particulier ils sont munis d'une bouche et d'une ca- vité digestive. Mais ce fait ne prouve nullement qu'il ne s'o- père pas à leur égard de génération hétérogène. C'est d'ail- leurs une bien orgueilleuse prétention que celle de vouloir assigner les bornes du possible dans la nature. Toutes les fois qu'il y a régénération , on voit s'épancher un liquide clair comme de l'eau, qui peu à peu s'épaissit, prend une appa- rence grenue au microscope, enfin s'organise, et souvent remplace parfaitement l'organe perdu , avec tous ses os , ses ligamens, ses muscles et ses nerfs. Mais, dans la propagation par œufs , le nouvel individu , comme on le verra plus loin ( § 417 ) , se forme également aux dépens d'une masse amor- phe de granulations microscopiques qui se décomposent. De pareilles analogies ne permettent pas de regarder comme ab- (1) Onjaniscition, Systematik und geographischcs Vcrhœltniss der In- fusionsthierchen , Berlin , 4830 , P. I , p. 41. DE LHETÉROGÉNIE DOMINANTE. l5 solument impossible que, delà substance grenue produite par la décomposition de la matière organique ( § 269 ) , il se déve- loppe un animal d'une autre espèce , pourvu d'une cavité di- gestive, quoiqu'ayant d'ailleurs une structure fort simple. Vînt- on même à démontrer des muscles et des nerfs , non pas seu- lement chez; les Rotifères, mais encore chez les Infusoires pro- prement dits , cette circonstance ne nous autorisait cependant point à porter d'avance un jugement en dernier ressort sur la question de l'hétérogénie de ces animaux. La matière verte de Priestley dégage du gaz oxygène sous l'influence de la lumière solaire : elle contient de la résine , du mucus , de la chaux , de la potasse et de l'acide hydrochlorique (1); elle ressemble donc aux plantes les plus parfaites sous le rapport de la com- position et sous celui des actes de chimie vitale , sans qu'il s'ensuive de là qu elle ne puisse, commme elles , être produite que par des graines parfaites. Enfin, si des Entozoaires, dont l'organisation est déjà en partie très-compliquée, peuvent être produits par hétérogénie (§14), on doit regarder la chose comme bien moins impossible encore à l'égard des In- fusoires. Nous ne pouvons donc juger du mode de produc- tion de ceux-ci que d'après les faits , d'après ce que l'obser- vation nous a révélé des conditions dans lesquelles ces êtres apparaissent. Or nous savons , par Wrisberg (2), que la condi- tion générale pour leur manifestation est la présence d'un corps solide (§ 9) , de l'eau et de l'air (§ 10). § 9. Le corps solide, ou la substance à infuser, nécessaire pour qu'il se produise des Infusoires , agit principalement lorsqu'il est à l'état de cohérence. Cependant il peut aussi être mêlé avec l'eau, de manière à produire une masse plus ou moins épaisse et consistante. I. Quant à ce qui concerne d'abord la substance organique : 1° Tous les corps organisés , après qu'ils ont perdu la vie , ou les parties de ces corps (racines, tiges, feuilles, fleurs, fruits, cerveau, poumons, foie, muscles, excrémens, etc.), donnent lieu , en se décomposant , à une production d'Infu- (1) John , Chemische Tahellen der P [lanzenanalysen , p. 38. (2) Ohservatiomim do aiitmalculis infn.ioriis satiiru\ p. 82. l4 DE l'hÉTÉROGÉNIE DOMINANTE. soires, qui, généralement 'parlant, s'opère d'une manière d'autant plus complète, que ces deux corps se décomposent plus facilement dans l'eau et l'air. Ainsi, par exemple, Priest- ley a reconnu qu'il se développait davantage d'animalcules infusoires dans l'infusion de fraises , et moins dans celle des corps chargés de principes acres et huileux /: comme les ognons et la graine de lin (1). De même aussi les plantes infu- soires se produisent en plus grande abondance et avec plus de rapidité lorsqu'un corps organique qui se décompose est plongé dans l'eau. De nouveaux Infusoires peuvent égale- ment naître d'Inf usoires qui se détruisent, tout aussi bien que d'un autre corps organisé quelconque. De la matière verte qui était restée pendant un an exposée à l'air, et avait pris la forme d'une Tremelle , tomba en dissolution et se putréfia, après quoi il se forma de nouvelle matière verte ; le même phénomène eut lieu quand on exposa cette matière à la lu- mière solaire , dans de l'eau, après qu'elle eut été desséchée et réduite en poudre (2). Des Oscillatoires, que M8erklin(3) avait réduites en bouillie et détruites, se reproduisirent lorsqu'il eut plongé de nouveau la pulpe dans de l'eau pure. 2° Les principes immédiats qu'on extrait de corps organisés, et qui sont encore susceptibles de décomposition , comme le mucus, la farine, l'extractif, l'albumine, la gélatine, la fibrine, conviennent parfaitement pour ces sortes d'expé-^ riences. Au dire de Spallanzani , le gluten donne davantage d'animalcules infusoires que l'amidon. Ces animalcules se déve- loppent quelquefois plus rapidement lorsque les végétaux ont été soumis à la coction et réduits en consistance de bouillie , que quand ils sont frais ; et il en est de même pour la viande bouillie ou rôtie. Au contraire, les substances qui sont peu susceptibles de se décomposer à l'humidité , comme celles qui contiennent des huiles essentielles ( camphre ) , du tan- nin (gomme kino, écorce de quinquina), du sucre pur ( le (d) Tieviranus , Biologie , GoUingue , 4822 , in-S", t. II , p. 300. (2) Ibid. , p. 308. (3) (Jeher die Urformoii derniedern Ofgamsmen, Heidelbei'g , 4823. DE l'hÉTÉROGÉNIE DOMINANTE. l5 sirop, tant qu'il n'a pas fermenté), ou qui ont été charbonnées ( suie), ne fournissent point d'Infusoires (1). 3° Des substances qui , bien que dépouillées de leur com- position organique primordiale , sont cependant susceptibles encore de se décomposer, peuvent également contribuer à la formation d'Infusoires. Tel est, par exemple, le terreau, qui résulte d'un mélange de substances inorganiques et organiques putréfiées. L'Anguille du vinaigre ( Fibrio anguillula ) ne se rencontre même nulle part ailleurs que dans les liquides de- venus aigres , la vieille colle des relieurs , la bière blanche aigrie , le mauvais vinaigre. 4° Les Infusoires semblent ne se former , chez les corps vi- vans, que dans les points où il s'opère une décomposition. Spallanzani a remarqué qu'ils se développaient dans les infu- sions des graines avant la germination de ces dernières , ou quand elles commençaient à germer , qu'ils disparaissaient quelquefois pendant l'accroissement de la plante , ou vivaient encore après sa mort , qu'ils se montraient plus tôt quand la graine avait été disposée à germer par son séjour dans de la terre humide , et qu'ils étaient moins abondans lorsque le froid avait retardé la germination. Suivant Treviranus (2), il ne se pro- duit ni animalcules ni^végétaux infusoires tant qu'une plante végète dans l'eau. D'après Schweigger (3), ilne s'en manifeste alors que quand la plante est languissante , et ils deviennent d'autant plus nombreux que celle-ci se décompose davantage. La même chose semble avoir lieu aussi dans le corps animal. Le sang, le chyle, etc., contiennent des globules sans vie animale, tandis qu'on aperçoit des animalcules infusoires dans le mucus, lorsque ce liquide se décompose, soit par l'action prolongée de l'air , soit par l'aftaiblissement de l'ac- tivité vitale. Ainsi Otton-Frédéric Muller n'en a découvert dans le tartre dentaire qu'après quatre jours d'infusion. Bloch et Goeze en ont vu dans le mucus intestinal des gre- nouilles. ( Je doute fort cependant que des Infusoires se dé- (1) Gviiithuisen, Beitraege sur Physioijiiosicuml Eautoynosie ,\i. 405. (2) Biologie , t. II , p. 319. (3) JSaturijcschichte dcr ■iheletlloscn nngegliedertcn Thiere ^ p. ■125. i6 DÉ l'hétérogénie dominante. veloppent spontanément dans le canal alimentaire des animaux vertébrés, pendant l'état de santé. Quant à ce qui concerne les grenouilles , je puis assurer d'une manière positive qu'on ne trouve chez elles que des Vers intestinaux. Ce qui le prouve, c'est qu'on les rencontre constamment dans les mêmes espèces et toujours au même endroit du conduit intestinal. Ainsi l'in- testin grêle des crapauds renferme très-souvent , en petit nombre , des vers allongés et filiformes qui , pour la configu- ration , ont quelque analogie avec les Vibrions. Toutes les grenouilles que j'ai examinées avec Purkinje , contenaient , dans leur rectum , de petits vers plats , arrondis ou oblongs , qui exécutaient des mouvemens très-vifs , pendant lesquels ils brillaient , au soleil surtout , des plus magnifiques couleurs; aussi Purkinje a-t-il proposé de les désigner sous le nom d' O- palina. Le mucus intestinal des autres animaux , notamment d'un grand nombre de vertébrés, que j'ai examinés , surtout parmi les mammifères, ne présentaient absolument aucune trace d'Infusoires , à l'état frais et chez les individus bien portans. Lorsqu'on en rencontre, il y a toujours un état quel- conque de maladie , comme une sécrétion morbide de mucus, des ulcérations intestinales, ou autres semblables. Mais je serais tenté de regarder plutôt comme des Entozoaires mi- croscopiques que comme des Infusoires les petits animalcules que l'on rencontre alors.) (1) II. Il ne nous est permis non plus de rien décider touchant la possibilité de la production d'Infusoires par des substances inorganiques. Muller (2), qui croit ne pas devoir l'admettre , se fonde sur ce qu'il n'y a que les plantes qui puissent former de la matière organique avec des substances inorganiques , faculté dont les animaux sont dépourvus, suivant lui. Cette proposition ne devant être examinée que quand il sera ques- tion de la digestion , avant d'y souscrire , nous nous en tien- drons ici au résultat des expériences. Or, celles-ci nous apprennent que, sinon toujours , du moins par le concours de circonstances favorables , on voit paraître des Infusoires dans (1) Addition de Yalenfin. (2) llandbuch der Fhysiulojjie , t. 1 , p. 10. DE L HÉTEROGENIE DOMINANTE. 1^ des infusions de corps tirés du règne minéral. Si les observa- lions de Fray , qui prétend avoir vu des \evs de terre , des Limaçons, etc., naître de substances inorganiques, méritent peu de croyance , il en est autrement de celles qu'on doit à Gruithuisen (1). Suivant ce physicien , l'eau pure , dans laquelle on a fait infuser du granit , de l'anthracite , ou du marbre co- quiller, produit des Infusoires, tandis qu'il ne s'en développe point dans celle qui a été mise en contact avec du verre , du fer, du laiton, du cuivre, du plomb, de la potasse, du sel marin. Treviranus a remarqué aussi (2) qu'il ne se formait pas d'Infusoires dans l'eau versée sur du mercure, mais qu'il s'en produisait dans celle qui tenait du sel de cuisine ou du salpêtre en dissolution. III. Qu'ont de commun ensemble toutes les substances qui déterminent la production d'Infusoires ? Gruithuisen leur as- signe la solubilité dans l'eau. Mais, d'un côté , le granit n'est point susceptible de rien abandonner à l'eau , et j'ai vu celle dans laquelle on l'avais fait bouillir pendant long-temps donner autant de matière verte que celle qui n'avait pas subi l'ébul- liiion , de sorte qu'on doit peut-être tout simplement regarder l'aftinité pour l'eau comme caractère général de la substance propre à produire des Infusoires ; d'un autre côté , certaines substances solubles dans l'eau , le sirop , le sel marin , les acides , le quinquina , ne donnent point d'Infusoires. Il doit donc y avoir encore quelque autre circonstance , qui , pour les substances organiques , consiste peut-être en un état de neutralité ou d'indifférence, joint aune tension chimique des élémens constituans, d'où résulte l'aptitude à se décomposer. § JO. La seconde condition est la présence de l'eau. 1" L'eau dans laquelle il se produit le plus d'Infusoires est la rosée nouvelle employée poiu' préparer les infusions (3). 2° La plus féconde ensuite est l'eau de pluie ou l'eau de source fraîche. 3° Cependant, comme il existe déjà parfois quelques Infu- (1) Loc. cit. , p. 100. (2) Bioloijic , t. II, p. 305. (3) GIciclien, Dissertulion sur la yéiiération des animalcules spcriiiat i- qnes et ceux d'iiifusiuns , Paris, an vu, in-4°, fig'. I. 2 i8 DE l'hétérogénie dominante. spires dans cette dernière, le mieux est d'employer , suivant le conseil de Gruithuisen (1) , de l'eau qui ait séjourné pen- dant plusieurs mois dans un vase clos, parce que les Infusoires qu'elle pouvait contenir d'abord y sont alors frappés de mort. 4° Les Infusoires se développent un peu plus tard et en moins grande quantité dans l'eau bouillie et distillée ; cepen- dant , lorsque la substance solide est favorable à leur pro- duction , ils ne s'y manifestent pas moins que dans l'eau fraîche , comme l'ont déjà remarqué Gleichen (2) , Spallan- zani et autres. La troisième condition est la présence de l'air. 5° C'est sous l'influence de l'air atmosphérique que la pro- duction des Infusoires s'effectue le plus facilement. Lorsque Wrisberg (3) couvrait l'eau d'une couche d'huile d'olive épaisse d'une ligne , il ne s'y développait point d'animalcules ; mais , quand l'huile ne formait que des gouttes éparses à la surface du liquide, des Infusoires apparaissaient dans ce dernier. Spal- lanzani a remarqué qu'il s'en produisait dans l'air médiocre- ment raréfié , mais non dans celui qui l'était beaucoup , ou dans ce qu'on appelle le vide (4) : leur développement n'avait lieu, dans des verres hermétiquement fermés, que quand ceux-ci contenaient assez d'air, ou quand il avait pu en péné- trer à travers des fissures occasionées par l'action de la cha- leur. Gruithuisen^a reconnu que des infusions , même très- fécondes d'ailleurs , celles du foin par exemple , ne donnaient point d'Infusoires dans des flacons de verre dont le bouchon était assez enfoncé pour toucher à la surface de l'eau (5). 6° L'air atmosphérique peut cependant être remplacé par, d'autres gaz. C'est ce que démontrent surtout quelques expé- riences de Fray , qui ont été faites avec circonspection et en pré- sence de témoins dignes de foi (6). Ayant bien lavé un flacon avec de l'eau distillée, Fray y introduisit une décoction de viande (1) Loc. cit. , p. 97. (2) Loc. cit. , p. 77- (3) Loc. cit. , p. 83 , 86, (4) Obs. et exp. sur les animalcules, p. 140. (5) Gehlen , Journal fuer die Chemie und Physik , t, VIII , p. 523. (6) Essai sur l'origine des corps organisés et inorganisés, Paris , 1821 , in-8'', p. S— 8. DE L HETEROGENIE DOMINANTE. I9 dans de l'eau distillée , puis du gaz hydrogène , après quoi il boucha et luta le goulot ; du gaz azote fut également introduit dans d'autres vaisseaux contenant des infusions de tiges de plantes ; dans l'un et l'autre cas , il se développa un grand nombre d'animalcules infusoires. J'ai obtenu le même résultat en répétant ces expériences. § dl. Le concours d'une substance solide, de l'eau et de l'air étant nécessaire à la formation des Infusoires , et aucun de ces corps ne pouvant manquer sans faire échouer l'expé- rience , il s'ensuit que tous trois doivent contribuer en com- mun à la manifestation du phénomène. Cependant il serait possible qu'un seul d'entre eux jouât le rôle d'agent procréa- teur proprement dit, et que les autres eussent pour seul usage de favoriser l'opération , en fournissant le véhicule ou la sub- stance. Mais : I. Nous voyons que la nature des Infusoires est déterminée, non par celle d'un seul des trois corps, mais par celle de tous trois. i" Avec la même eau et le même air , il se produit des In- fusoires différens de forme , de taille et de mouvemens , lors- qu'on emploie des substances solides diverses pour préparer les infusions. Treviranus a vu se développer des animalcules infusoires seulement dans des infusions de végétaux aroma- tiques, tandis qu'il ne se produisait que des moisissures dans celles de substances végétales ayant de la tendance à subir la fermentation vineuse et acide (1). Quand il ajoutait de l'eau distillée de laurier-cerise à une infusion de pois (2), la for- mation des Infusoires commençait plus tard , mais marchait ensuite avec plus de rapidité , et ces animalcules étaient plus petits, plus grêles, plus vifs et plus mobiles que dans une simple infusion de pois. Suivant Gruithuisen(o), les Infusoires développés dans le mucus sont diversement configurés, grands, vifs, et exécutent toutes sortes de mouvemens, tan- dis que ceux qui proviennent du pus sont arrondis, plutôt lenticulaires que globuleux, peu agiles et bornés aux mouve- mens de torsion ou de progression lente. Quand il ajoutait (1) Biologie, t. lï', p, 325. (2) Ibid. , p. 322. (3) Bciirusfjo zvr Plujsioijnosie , p. 119. 20 DE L'hÉTÉROGÉNIE DOMINANTE. une substance d'autre nature à une infusion déjà remplie d'In- fusoîres, ceux-ci changeaient déforme, ou mouraient, et quelquefois il s'en reproduisait d'autres (1). 2° La cohésion elle-même exerce aussi de l'influence, Spal- lanzani s'est assuré que quand les graines servant à préparer l'infusion avaient été écrasées , les Infusoires^ non seulement étaient plus petits, mais encore disparaissaient plus tôt, et que les graines de trèfle bouillies en donnaient d'autres que celles qui n'avaient point subi l'ébuUition. 3" L'eau joue également un rôle essentiel. Terechovsky obtenait des Infusoires différons suivant les diverses sortes d'eau qu'il avait employées pour faire les infusions (2). ' 4° La nature du gaz influe de même sur le résultat. Selon Fray (3), les substances animales donnent des animalcules in- fusoires dans le gaz azote et non dans le gaz hydrogène ; les substances animales , au contraire, en produisent davantage dans le gaz hydrogène que dans le gaz azote. 5° Dans la propagation des corps organisés, la qualité es- sentielle de l'être procréé est déterminée non par les circon- stances fortuites du dehors, mais par la qualité même de l'être procréateur. Nous devons donc conclure, par analogie, que, dans l'hétérogénie, la substance solide et l'eau jouent le rôle de corps procréateur, et comme le gaz hydrogène ne met point obstacle au développement des Infusoires en général , mais que la substance animale est la seule avec laquelle il en donne, ce gaz doit également concourir ici à la procréation. IL La formation des Infusoires dépend encore de la pro- portion respective des trois corps. 6o Quand il y a peu d'eau , il ne peut naître que des végé- taux infusoires, comme nous en trouvons , par un temps hu- mide , sur les murailles et toitures, ou sur les bords de fossés nouvellement creusés, au fond desquels coule un peu d'eau. Les animalcules infusoires exigent une plus grande quantité d'eau, parce que c'est l'élément dans lequel seul ils peuvent se mouvoir en toute hberté ; en revanche aussi, ils demandent (1) IMd. , p. 121. (2) Diss. de Cluio infusorio Linncei, p. 53. (3) Loc. cit. , p. 11. DE i'hÉTÉROGÉNIE DOMINANTE. 21 beaucoup moins de substance solide. Comme la substance solide concourt à leur procréation , et que l'eau distillée seule ne donne point d'Infusoires, il est vraisemblable que quand des animalcules se développent dans de l'eau en apparence pure , une substance étrangère mêlée au liquide ou la paroi solide qui emprisonne ce dernier prend part à leur formation. Ainsi, par exemple , quand Terechovsky trouvait déjà , dans l'eau récemment puisée à la source , quelques Infusoires , dont il voyait le nombre s'accroître au bout de quelque temps, les parois du vase pouvaient fort bien, outre la chaleur, avoir con- tribué à cette multiplication. 7» La formation des Infusoires est favorisée par le contact de l'air non seulement avec l'eau , mais encore avec le corps mis en infusion. Fray a remarqué que, quand la colonne d'eau surnageant la substance infusée , était trop haute , il ne se développait pas d'animalcules distincts , mais seulement des globules privés de mouvement. Toutes les fois que j'ai plongé du granit dans assez peu d'eau pour qu'il dépassât le niveau de celle-ci, la matière verte se produisait avec plus de promp- titude et d'abondance que quand la pierre était couverte d'une couche épaisse de liquide ; en effet , on la rencontre prin- cipalement dans les lieux à moitié secs , sur la limite de l'air et de l'eau. § 12. La plupart des Infusoires , notamment les plus sim- ples, les Monades , apparaissent dans toutes les infusions, quelque diversité qu'il y ait entre les substances solides, les eaux et les gaz dont on s'est servi. Il ne s'agit donc pas tant ici de la matière que de l'état de cohésion , comme le prouvent déjà quelques observations dont j'ai parlé plus haut ( § 11,2°). * La formation des Infusoires reconnaît donc pour condition le concours de substances solides, liquides et gazeuses. Or ce sont là les trois formes élémentaires de l'existence matérielle, aux- quelles, de temps immémorial, on a imposé les noms d'élémens, la terre, l'eau et l'air. Mais il n'y a ni terre générale, ni air gé- néral, ou plutôt il n'y a point de substance particulière qui fasse le fond de ces états de cohésion. Au contraire, l'eau est un corps particulier, et la forme liquide lui appartient au moins d'une manière spéciale et primordialement. Puisque nul 52 DE LHETEROGENIE DOMINANTE. autre corps liquide, le vinai^ïre concentré pur, l'alcool, Tliuile, le mercure, etc., ne donne dlnfusoires, nous devons donc considérer l'eau comme celui des membres concourant àl'hé- térogénie qui agit non pas seulement par son état de cohé- sion, mais encore par sa matière, que d'ailleurs elle soit décomposée seule par les corps solides et gazeux , ou qu'at- tirant à elle des substances de ces corps , elle subisse une décomposition après s'en être imprégnée. Nous examinerons plus loin ( § 243 , 244 ) l'influence de la chaleur , de la lumière , de l'électricité et de la saison sur la formation des Infusoires. § 13. Ehrenberg (1) pense que les Infusoires eux-mêmes ou leurs germes préexistent déjà dans l'eau ou dans la sub- stance organique mise en infusion, et qu'ils ne deviennent vi- sibles que parce que la décomposition de cette dernière leur procure une nourriture plus abondante. Comme on ne les apercevait pas au début de l'expérience , il s'ensuivrait de cette opinion qu'alors ils seraient ou trop petits pour pouvoir être aperçus avec le microscope , ou doués seulement d'une vie latente , et par conséquent à l'état d'œuf (§ 330, II ) ou de mort apparente (§626, 4° ). Examinons si Tune ou l'autre de ces deux hypothèses est admissible. I. Quant à ce qui concerne la prétendue incubation d'œufs d'Infusoires dans l'infusion , 1° Il faudrait d'abord prouver l'existence de ces œufs. Les dit-on trop petits pour être aperçus, c'est avouer qu'on ne peut rien savoir de leur existence ; mais veut-on qu'ils soient visibles, alors nous devons dire qu'ils n'existent pas,' puisque des infu- sions, qui plus tard fourmillent d'Infusoires, ne montrent d'a- bord aucune trace d'œufs. Gœze (2) prétendait déjà avoir vu des Vibrions se propager par œufs ; le phénomène n'a point été observé chez d'autres Infusoires, et il est tout-à-fait arbitraire de considérer certaines parties de ces animalcules comme des organes génitaux. Mais , en supposant qu'il fût prouvé que les Infusoires peuvent se propager par des œufe, il ne (1) Loc.cit.V. m, p. 21. (2) Dcr Naturforscher , t.ï, p. 43. DE r'HÉTÉROGÉNIE DOMINANTE. 23 s'ensuivrait pas, suivant la remarque déjà faite par Trevira- nus (1) , que ces êtres dussent partout provenir d'œufs , car c'est un fait connu que différentes formes de génération sont possibles dans une seule et même espèce d'êtres organisés. Croire que partout où l'on rencontre des Infusoires , lis ont été précédés d'œufs , c'est donc admettre une pure hypothèse , qui n'a d'autre fondement que l'analogie. Mais l'analogie peut induire en erreur , quand de la ressemblance qui existe entre les caractères les plus généraux de deux choses , on conclut qu'il y en a une également entre toutes leurs qualités parti- culières. Parce que les Infusoires ont une cavité digestive , comme d'autres animaux , il ne faut pas leur attribuer aussi un système vasculaire , et s'ils se propagent, ils peuvent fort bien ne pas le faire par des œufs , à la manière des animaux supérieurs. Si c'est seulement par analogie qu'on suppose des œufs chez eux , il faut accorder à ces œufs des propriétés semblables à celles de tous les œufs connus ; car ce serait jouer sur les mots que de supposer qu'ils en ont de particulières à eux seuls. 2° Si l'on ne peut admettre cette dernière supposition, nous devons reconnaître aussi que les œufs n'ont pas échappé à la vue dans la substance solide employée pour faire l'infusion , mais que réellementils n'existent point. Car , qu'on fasse bouil- lir ou rôtir cette substance aussi long-temps qu'on voudra , qu'on la mette , chaude encore , dans des flacons préalable- ment échauffés , et que sur-le-champ on bouche ceux-ci d'une manière hermétique, il se produit cependant des Infusoires, quoique tous les œufs connus , animaux ou végétaux , soient tués par la chaleur de l'ébullition. On a vu , en outre, des In- fusoires se manifester dans une infusion de parties du corps d'une momie qui remontait probablement à des milliers d'années (2) ; or , autant que nous le sachions , nul [œuf ani- mal ne conserve la faculté de se développer pendant une pé- riode décennale seulement , et à plus forte raison pendant des siècles. : (1) Loc. cit. , t. II , p. 354. (2)Fiay,Zoc. cit., p. 10. â4 DE l'hétérogénie dominante. 3o Les œufs ne peuvent point non plus être contenus dans l'eau employée pour préparer l'infusion , puisqu'il se produit des Infusoires dans cette eau , alors même qu'elle a été bouillie ou distillée ; or nous ne connaissons pas d'œufs qui soient susceptibles de se laisser distiller ou de résister à l'ébuUition. Ehrenberg n'a jamais pu non plus découvrir d'Infusoires dans l'eau de pluie ni dans la rosée (1) , quoique ces deux liquides soient très-favorables à leur production , comme on l'a vu précédemment ( § 10, 1°, 2°). 4'' Il est également impossible que les œufs existent dans l'air. Notre atmosphère contient sans doute de la substance organique , que la transpiration des corps organisés y répand à l'état de dissolution, qui, par conséquent, y est invisible, et qui se précipite quelquefois avec la pluie ou la neige. Zimmermann (2) a trouvé dans de l'eau météorique une sub- stance organique particulière, différente du mucus et de l'ex- tractif, et qui dégageait de l'ammoniaque en se décomposant; cette substance, appelée par lui pyrrhine^ y était mêlée avec du fer, du manganèse, de la chaux, de la magnésie et de l'acide hydrochlorique. Des Infusoires pourraient fort bien, ainsi que le présume Nées d'Esenbeck (3) , naître d'elle quand elle vient à se précipiter ; mais comme elle ne s'échappe des corps organisés que sous forme de vapeur et à l'état de disso- lution , il est impossible qu'elle contienne des œufs. De très- petits corps organisés , ou des particules détachées de ces corps , peuvent bien aussi , après avoir été desséchés et ré- duits en poussière, être entraînés par les vents, et, quand ils se déposent dans un vase ouvert, renfermant de l'eau , donner lieu à un développement d'Infusoires, phénomène que SchuUze, entre autres, a observé (4). Mais ces observations ont appris également que la poussière se décomposait et se réduisait en liquide avant que les Infusoires parussent, que, par conséquent, (1) Loc. cit. P. I , p. 79. (2) Arcliiv fiier die gesammte Natiirlchre , t. I , p. 257. (3) Dans sa trad. allem des œTivies de Robert Brown, t. I, p. 634. (4) Microsliopischc Untersuchvmjen ueher Browtv's Entdechumj lehender Theilchen in allen Kœrperti^p. 29. DE l'hÉTÉROGÉNIE DOMINANTE. a5 ceux-ci ne provenaient point d'œufs. Nous ne connaissons aucun exemple d'œuf animal qui puisse, sans perdre la fa- culté de se développer, subir une dessiccation assez complète pour que le vent le soulève du sol et l'entraîne avec lui. Mais , en supposant même que la poussière contînt des œufs d'In- fusoires, on la voit cependant , et, dans toutes les expériences bien faites où l'on a eu le plus {][rand soin d'en débarrasser la substance mise en infusion , les Infusoires ont paru, quoi- qu'on lui eût interdit tout accès en bouchant les vases. D'ailleurs il se produit aussi des Infusoires sans air atmo- sphérique, et sous l'influence de gaz préparés par l'art. 5° Enfin , j'ai fait avec Hensche et Baer des expériences décisives sur des matières dont aucune ne pouvait contenir d'œufs susceptibles de se développer. De la terre franche , qui n'exhalait point d'odeur, et dans laquelle on n'apercevait rien d'étranger, fut bouillie pendant long-temps avec une grande quantité d'eau , et la liqueur réduite ensuite , par l'é- vaporalion, à la consistance d'un extrait épais, en partie pulvérulent : cet extrait , renfermé avec de l'eau récemment distillée et du gaz oxygène ou du gaz hydrogène, dans des flacons bouchés à l'émeri, et coifles d'une vessie, ne donna, sous l'influence de la lumière solaire, que de la matière verle de Priestley; mais, traité de la même manière 'avec de l'eau commune et de l'air atmosphérique , il fournit aussi de nom- breux animalcules infusoires. Du marbre ayant été également renfermé dans un flacon , avec de l'eau distillée et de l'air atmosphérique , de l'oxygène ou de l'hydrogène , puis exposé à la lumière du soleil ou à la chaleur du bain-marie , il ne se produisit pas de matière verte , mais une substance mucilagi- neuse , avec des filamens blancs , dont quelques uns étaient ramifiés. Des morceaux de granit qui venaient d'être détachés du milien d'un bloc , et que j'enfermai avec de l'eau distillée et du gaz oxygène ou hydrogène , donnèrent au soleil de la matière verte , avec des filamens confervoides , et au bain- marie des flocons seulement. Muller objecte qu'il aurait fallu débarrasser les instrumens employés pour changer del'eau, de toutes les particules orga- niques susceptibles d'y adhérer, mais que chaque nettoyage 26 DE l'hÉTÉROGÉNIE DOMINANTE. aurait donné lieu à de nouvelles erreurs (1). Je ne vois , dans cette objection, qu'un parti pris de nier la possibilité d'une ex- périence décisive , plutôt que de renoncer à une hypothèse favorite. Les divers subterfuges auxquels les adversaires de l'hétérogénie se voient forcés d'avoir recours , ont été , il y a long-temps déjà , appréciés à leur juste valeur par Patrin. II. Les Infusoires peuvent tomber dans un état de mort ap- parente par la dessiccation , être enlevés alors par le vent sous forme de poussière , et revenir ensuite à la vie par le contact de l'eau , ce qui a été démontré en particulier par Schultze. Mais il saute aux yeux que cet effet n'a pas lieu dans des expériences faites avec les précautions convenables , où l'on se tient à l'abri de la poussière , surtout quand on opère sur des substances bouillies et des gaz artificiels. D'ailleurs la revivification d'un animal desséché s'effectue sur-le-champ, dès qu'il s'est gonflé d'eau , tandis que la formation des Infu- soires exige du temps et n'a lieu qu'après la décomposition. III. Mais , en général , les phénomènes de cette formation s'opposent formellement à ce qu'on suppose une propagation ou une revivification.] 6° Les diverses espèces d'Infusoires prennent une configu- ration en harmonie avec les circonstances (§2). Gruithui- sen (2) dit n'avoir jamais trouvé ces animaux parfaitement semblables de taille , etc. , dans plus de mille expériences faites sur des infusions de substances diverses et au milieu de circonstances différentes. Il ajoute même les avoir vus varier suivant le degré de dilution des liqueurs. Si l'infusion ne ser- vait qu'à nourrir des Infusoires déjà existans^, ou leurs germes, elle ne saurait produire de pareilles différences d'organisation. Si cette diversité tenait uniquement à ce qu'en vertu de sa constitution particulière la nourriture ne convient qu'à cer- taines espèces d'Infusoires, il faudrait que toutes les espèces de ces animalcules ou leurs œufs existassent partout, afin que chacune pût se développer là où elle rencontrerait une alimentation convenable. Et si l'on ajoute encore les germes (1) Handbuch dcr Physioloijic , Coblenlz , 1833, in-S", 1. 1, p. 14. (2) Ortjanozoonomie^ Munich , 1811 , in-S", p. 164. DE l'HÉTÉROGÉNIE Ï30MINANTE. 2y de tout ce dont nous expliquons l'origine par riiétérogénie, les Champignons, les Algues, les Entozoaires, etc., il en ré- sulterait que le nombre de germes d'organismes inférieurs répandus partout s'élèverait au point de dépasser toute croyance. 7° Enfin les faits relatifs au mode de formation des In- fusoires ( § 269 ) témoignent de la manière la plus positive en faveur de l'hétérogénie. § 14. Les Entozoaires naissent en grande partie par hété- rogénie, comme l'a surtout prouvé Rudolphi (1). Il est con- stant que ces animaux ne se trouvent pas dans l'eau , la terre ou l'air , mais seulement dans l'intérieur du corps animal , et que, quand ils en sont expulsés, ils ne tardent point à périr, de même que les Yers qui vivent dans la terre ou dans l'eau ne peuvent point subsister dans le corps des animaux. D'après cela , si les Entozoaires ne se développaient pas par hétéro- génie, il faudrait qu'ils passassent des animaux servant de nourriture dans l'individu qui se nourrit de ces substances , ou des parens dans l'individu engendré par eux. I. Quant au premier mode de transmission , 1° Les Yers intestinaux peuvent fort bien parvenir dans le canal intestinal , lorsque les intestins , qui leur avaient servi jusqu'alors d'habitation , sont avalés crus et immédiatement après la mise à mort de l'animal, comme la chose a lieu chez les, oiseaux aquatiques qui vivent de poissons. ;Mais les Vers intestinaux périssent aussitôt après la mort de l'animal dans le corps duquel ils vivaient (2) , comme aussi quand on fait cuire ce dernier. A la vérité, on a pu en trouver de vivans dans les intestins de poissons étuvés , parce qu'en faisant cuire cer- tains poissons, à peine laisse-t-on bouillir l'eau , de manière que la chaleur 'ne pénètre pas jusqu'à leur canal intestinal; mais il n'y a plus de Vers en vie dans les intestins qui ont réel- lement subi la cuisson, ou dans ceux qui sont restés quelque temps en place après la mort de l'animal. 2° Si, d'après cela , la transmission d'un Ver intestinal vi- (1) Entozoorum historia uatHralis , Amst., 1808', 1. 1 , p. 375, 400. (2) Rudolphi , Entozooram Sijnopsis , Bevolini , 1819, in-S'', p- 595. BE LHETEROGENIE DOMINANTE. vant n'est possible que dans un petit nombre de cas rares , celle des autres Entozoaires est tout-à-fait impraticable , et c'est pour cela qu'on a imaginé un transport des œufs. Mais ce qui rend déjà cette explication insuffisante , c'est que plu- sieurs Entozoaires , au lieu de pondre des œufs, font des petits vivans, de sorte que leur propagation n'est limitée que par la durée de la vie de l'individu dans le corps duquel eux-mêmes vivent. En outre, il se trouve des Entozoaires dans des espaces clos dç l'organisme , dans le tissu cellulaire , dans l'intérieur des muscles, du cerveau, de l'œil, du foie, etc. Leurs œufs ne pourraient donc être portés au dehors qu'à la faveur du re- nouvellement des matériaux constituant le parenchyme de ces organes et le liquide contenu dans leur intérieur, c'est-à-dire qu'autant qu'ils seraient amenés dans le sang par l'absorption, et séparés de cette liqueur par la sécrétion, après quoi il leur faudrait, pour arriver chez un autre individu, â l'endroit qui les doit recevoir , s'introduire avec les alimens dans le canal intestinal , puis couler avec le chyle dans le sang , et se déta- cher du sang pendant le travail intime de la sécrétion et de la nutrition. Mais ces migrations sont complètement fabu- leuses, puisqu'il n'existe point ici de voies ouvertes, et que tous les vaisseaux sanguins ou conduits sécrétoires ont des parois closes, à travers lesquelles aucune substance ne peut pé- nétrer qu'à l'état de dissolution et de liquidité . D'ailleurs, quand bien même les œufs des Entozoaires parviendraient dans le sang, il leur serait impossible de circuler avec lui , parce qu'ils sont au moins dix fois plus'gros que les globules de ce liquide, qui n'ont "que juste l'espace nécessaire pour traverse,r les dernières ramifications des vaisseaux. 3° Mais ils ne sauraient s'introduire avec les ahmens , puis- que d'un côté les Entozoaires sont aussi communs chez les animaux qui vivent de végétaux que chez ceux qui se nour- rissent de substances animales, et que, d'un autre côté, chaque espèce d'animal renferme aussi ses espèces propres d'Entozoaires. A la vérité, Rudolphi(l) présume qu'une Ligule ou un Bolhryocéphale peut prendre une autre forme en passant (1) hoc, cit. , p. 596. DE IHÉTÉROGENIE DOMINANTE. JâQ du corps d'un poisson dans celui d'un oiseau ; mais , outre qu'il ne s'agit là que d'une simple conjecture , une pareille modi- fication de l'organisation par les circonstances extérieures ne peut produire que des variétés , et non des genres ou des espèces. IL L'homme donc ayant , comme chaque animal, des En- tozoaires qui lui appartiennent en propre , et ne pouvant en recevoir les œufs que de son semblable , on a admis que ceux- ci se transmettaient des parens aux enfans dans l'acte de la génération. 4° Dans cette hypothèse , plus de douze espèces d'Ento- zoaires se rencontrant chez l'homme , le premier couple hu- main devait porter en lui-même une collection complète de ces animaux. Comme certains Entozoaires se développent chez des individus dont les parens ou aïeux n'en ont point [offert , il faudrait que leurs œufs eussent traversé plusieurs généra- tions sans se développer. Comme un individu possède les mêmes Entozoaires tantôt que son père et tantôt que sa mère, il fau- drait en outre que la transmission pût s'effectuer par les deux sexes. Le fils hérite du père les animalcules spermatiques ; il faudrait donc que les œufs des animalcules parvinssent avec la semence dans l'œuf procréé par la mère , qu'ils pas- sassent dans les testicules de l'embryon qui se développe, et qu'ils y restassent endormis pendant une quinzaine d'années, c'est- à-dire jusqu'à la puberté, époque à laquelle les animal- cules spermatiques apparaissent. De plus , il faudrait que la semence contînt encore les œufs reçus d'autres organes , et qu'elle les déposât dans les organes de l'embryon appropriés à leur séjour. Si la transmission s'effectuait par la mère , il serait nécessaire encore que les œufs , par exemple, de Vers intestinaux , pénétrassent d'abord dans le sang à travers les parois de l'intestin et de ses vaisseaux ,puis qu'ils passassent du sang à travers les parois des vaisseaux sanguins et des organes génitauK delà mère, enfin qu'ils traversassent les parois des vaisseaux de l'embryon , pour se glisser de là dans le canal intestinal. C'est là un tissu d'invraisemblances, qui rend ce mode de propagation inadmissible. 5" Mais nous en reconnaissons aussi l'imi^ossibililé absolue O0 DE L'HETEROGENIE DOMINANTE. quand nous étudions l'acte de la génération , surtout lorsque nous acquérons la conviction que l'embryon ne procède pas de la réunion des deux substances procréatrices, mais qu'il provient d'une décomposition de ces deux substances , et que plus tard même il ne reçoit jamais en lui aucune substance provenant du corps materner qui n'ait été préalablement décomposée. III. Les Entozoaires naissent de la même manière que les Infusoires , par hétérogénie. 6° Ils se forment effectivement dans de l'eau chargée de substance organique ( dans de la sérosité ou dans des sucs muqueux) , le plus fréquemment dans l'intestin , où se trou- vent de l'air atmosphérique et des gaz sécrétés par l'organe ou exhalés par les alïmens , plus rarement dans des espaces clos, où se dégagent également des gazf§ 817, III). Mais nous retrouvons ici et les conditions essentielles ( § 9, 10) , et même le phénomène principal de la formation des Infusoires, savoir, la décomposition (§9,4"). Les Entozoaires apparais- sent fréquemment sans que la santé en souffre, et presque généralement dans le canal intestinal, où le concours du chyme à digérer , d'abondantes mucosités destinées à être excrétées et de l'air , fait que la décomposition s'exerce sur une plus grande échelle , et fournit des résultats plus abon- dans que partout ailleurs. Ils se manifestent, en outre, dans des circonstances où il y a formation abondante de masse or- ganique et affaiblissement de l'activité vitale qui entretient l'unité dans l'organisme. Ainsi on les rencontre plus souvent chez les enfans que chez les adultes , et en général dans les maladies caractérisées par la tendance aux pseudomor- phoses, notamment dans la diathèse scrof uleuse. Leeuwenhoek n'a trouvé d'Entozoaires microscopiques , dans son propre mucus intestinal, que quand il était atteint de la diarrhée (1). Brera a remarqué qu'une longue frayeur , comme celle qu'inspire, par exemple, une opération de taille imminente , leur donne très-fréquemment naissance. "T^^Quelque chose d'analogue se passe à l'égard de la for- Ci) Treviranus , Bioloyie^X. II , p. 372. DE l'hÉTÉROGÉNIE DOMINANTE. 5l matioa des Entozoaires chez les animaux. Dans le Cochon domestique , chez lequel les circonstances extérieures activent l'accroissement sous le rapport de la masse, et affaiblissent la vie animale, on voit fort souvent se développer le Cysticercus pina , qui est incomparablement plus rare chez le Sanglier. Les Mollusques, surtout les Acéphales, se distinguent par Texubérance de la vie plastique , et par l'abondance des En- tozoaires. Baer (1) a trouvé, chez les Moules, dans toutes les parties du corps , mais principalement dans les reins et Tovaire , un tissu informe de Gercaires , de Paramécies et d'autres animaux microscopiques, sans compter des Entozoaires plus volumineux, par exemple des Distomes, dont une seule Moule contenait jusqu'à dix mille. Les formes des Entozoaires qu'on rencontre ici ne sont pas moins variées , puisque Carus a découvert , dans les ovaires seulement , deux genres nou- veaux, appelés par lui Peripheres exNumulella (2). Parmi les animaux vertébrés , les Poissons paraissent être les plus riches en Entozoaires. Nordmann (3) a rencontré deSjTrématodes (Diplostomes, Distomes et Holostomes) dans presque tous les yeux |de Poissons , dans le corps vitré , dans le cristallin , dans l'humeur vitrée et entre les membranes. 8° On a trouvé des Vers dans les intestins d'embryons. Eschholz a vu des Entozoaires dans des œufs de poule. Il y en a même qui habitent le corps d'autres Entozoaires. Bojanus a découvert dans le foie d'un Limaçon des vers jaunes (Dis- tomes ? ) , chez lesquels vivaient des Gercaires (4) , et le fait a été constaté par Baer (5). Garus a découvert , dans le même organe , un ver (Leucochloridium)^ qui était plein d'œufs de Distomes (6). Nordmann a observé assez fréquemment des Entozoaires microscopiques dans les Trématodes habitant l'œil des Poissons (7). Enfin Siebold a découvert qu'un ver qui (1) Nova Act. Natur. Curiosor. , t. XIII, P. II, p. 559. (2) llid. , t. XVI , p. 77. (3) Mikroijraphischc Beitrœje ^"Betlin, 1S22 , in-4'^ fig. , t.^I , p. 219. (4) lyis , 11° 189 , 1818 , p. 729. (5) Nov. Act. Nat. Cur. , t. XIII , P. II, p. 605. (6)i6i(i.,t. XVII, p. 1. (7) Loc. cit. , p. 41. 32 DÉ l'hÉTÉROGÉNIE LIMITÉE. vit dans le corps des Oiseaux échassiers et palmipèdes (Mo«o- stomum mutahile.)^ Contenait déjà, à l'état d'embryon et dans l'œuf, un autre Entozoaire, semblable en tout au ver jaune àperçu]parBojanus; l'oiseau nourrit donc unMonostome, dans le corps duquel se trouve un œuf occupé par un jeune Mono- stome servant lui-même d'habitation à un Distome. Pour ex- pliquer l'origine de ces Entozoaires à l'aide de la propagation, il faut recourir aux suppositions les plus arbitraires et les plus invraisemblables.; II. HétéTOgénie limitée. § 15. La faculté dont les Champignons jouissent de se pro- pager ne prouve pas plus qu'à l'égard des Infusoires et des Entozoaires, qu'ils ne puissent naître d'aucune autre manière. Loin de là , ils apparaissent fréquemment dans des circon- stances où l'on ne parvient point à découvrir leurs moyens de propagation, comme sont par exemple les ïruftes, qui crois- sent à quelques pouces au dessous du niveau de la terre , et ne peuvent disséminer leurs corpuscules reproducteurs. Mais nous trouvons , pour leur origine , les mêmes conditions que pour la formation des Entozoaires (§ 9 , 10 ), savoir: L L'existence de substances organiques à l'état de décom- position , qu'elles soient du reste végétales ou animales. l» La plupart des Champignons naissent d'une substance morte , dont la décomposition est plus ou moins avancée. Ainsi on en voit se développer sur les racines à demi pourries d'ar- bres frappés de mort , sur le bois tout à-fait pourri , et dans la cendre des végétaux, comme par exemple lorsqu'on brûle les chaumes par un temps pluvieux. Un Champignon mort peut , aussi bien que toute autre substance organique , donner naissance à un Champignon de môme espèce , sans qu'il y ait là de propagation proprement dite. Quand Spallanzani sau- poudrait du pain avec des moisissures calcinées, le pain moi- sissait ; mais le phénomène n'avait pas lieu quand l'aspersion se faisait sur un corps qui ne possédait pas par lui-même la propriété de produire des moisissures. 2° Parmi les Coniomycètes, les Entophytes ne se rencon- trent que sur des plantes encore vivantes , mais à l'élut de dé- DE L HETEROGENIE LIMITÉE. 55 composition. C'est cette décomposition qui fait que des Cham- pignons poussent très-promptement , selon Ruel, lorsqu'on met à découvert le tronc d'un peuplier blanc , près de sa ra- cine, et qu'on l'humecte avec du levain délayé dans l'eau (1). Un Trichomycète, le Nœmaspora, naît de la'gelée qui exsude des branches mourantes. Il paraît aussi que des Champignons peuvent se développer dans les organes malades des animaux, pendant le passage de la vie à la mort. Mayer (2) a trouvé , peu d'heures après la mort d'un Corvus glandarius^ sur la sur- face des poumons atteints de dégénérescence lardacéeet par- semés de tubercules crayeux , une moisissure filiforme , ter- minée en tubercules , et dans l'intérieur des bronches une autre moisissure sessile et grenue, qui ressemblait davan- tage à un Mucor. Jaeger a vu également (3) une moisissure verte sur les sacs à air d'un Cygne qui avaient subi la dégéné- rescence cartilagineuse et qui étaient remplis d'une matière fibreuse , lardacée. Heusinger a trouvé (4) , chez une Cigo- gne morte depuis peu d'heures, les sacs à air tapissés de fausses membranes, qui étaient couvertes de longues et épais- ses moisissures. Mitchill (5) rapporte plusieurs cas de Sphé- ries ou de Clavaires qui ont été observées sur des insectes , sans néanmoins dire précisément qu'elles s'étaient dévelop- pées déjà pendant la vie de ces animaux. Au reste , la forma- lion de moisissures a été vue aussi chez l'homme vivant , dans des états morbides accompagnés de décomposition anormale , par exemple , sur un pied gangrené , sur des plaies de vésica- toires quelques jours avant la mort , sur des ulcères négligés et sur les croûtes de la teigne (6). 3» La nature des substances organiques détermine celle des Champignons. Ces corps croissent en abondance sur une cou- che de fumier de cheval convenablement disposée. Les Chi- nois se procurent des Champignons édules en mettant du bois (1) Treviramis, Biolmjie , t. II , p. 361. (2) Deutsches Archiv fucr die Phys^oloijie , t. I , p. .310. (3) lUd. , t. II , p. 354. • ♦ (4) Borichtc dcr zootomischeii Aiistalt su 1Viirzhur Hensinjrer , lor. fit. , p, %i, 1. 5 34 DE l'hétérogénie limitée. pourri dans une fosse , le couvrant des feuilles du 'même ar- bre, et l'arrosant souvent avec une dissolution de salpêtre. On prétend que des arbres divers et même des parties diverses d'un même arbre donnent naissance à des espèces différentes de Champignons. D'après les observations de Dutrochet (1) la formation des moisissures paraît tenir à la quantité de prin- cipes acides ou alcalins que renferme la substance organique : il ne s'en manifesta jamais dans une dissolution d'albumine , mais l'addition d'un alcali fît naître des filamens non articulés (Botryiif) , et celle d un'acide des filamens articulés (MomZ*»), tandis que la fibrine du sang en donna d'articulés avec la po- tasse, et l'eau distillée de laitue, de non articulés avec l'acide phosphorique. Les moisissures engendrées dans une dissolu- tion d'ichthyocolle ne s'étant pas accrues dans une dissolution d'albumine, Dutrochet considère cette circonstance comme une preuve que la substance organique qui se moisit ne peut que déterminer le développement de la graine de moisissure répandue partout dans l'atmosphère , et peut-être aussi con- tenue dans le liquide animal ou végétal. En effet , s'il ne devait y avoir absolument d'autre mode de propagation que celui par graines , on serait bien obligé d'admettre la présence de ces dernières partout , puisqu'on voit croître des moisissures dans des lieux où il n'en a> ait jusqu'alors paru aucune trace, dès qu'on y porte un corps propre à favoriser leur apparition. i 4° Certaines espèces de Champignons ne se rencontrent nulle part ailleurs que sur des substances déterminées. Les Sphœi'ia entomorhiza et militaris et Ylsaria sphingum , par exemple , ne croissent que sur les cadavres d'insectes , parti- culièrement de papillons , de guêpes et de grillons. Une es- pèce de Clavaria ne se développe , d'après Fougeroux , que sur les larves de certaines Cicadaires, et, au rapport de Schweidnitz, on ne trouve Xlsaria truncata que sur des larves, yisaria crassa que sur des chrysalides, Ylsaria sphingum que sur l'insecte parfaitMes papillons de nuit , Ylsaria aranearum, que sur des araignées mcrtes (2). VOnygena equina ne croît (4) Mémoires pour servir à l'Iiistoire anatomiqiie et physiologique dea végétaux et des animaux , Paris 1837 , t. II. (2) Heusinger , loc cit. , p. 30, DE l'hÉTÉROGÉNIE LIMITÉE. 35 que sur les sabots des chevaux en putréfaction ; le Racodlum, cellare ne se voit que sur les futailles , dans les celliers. 5° Des Champignons naissent d'une combinaison de substan- ces qui n'a lieu que d'une manière rare et seulement dans des circonstances particulières. Ainsi, de petits Champignons aplatis et blanchâtres étaient endémiques à THôtel-Dieu de Paris sur les attelles en bois destinées au pansement des frac- tures (d). Dans les mines et les cavernes, le suif qui tombe des chandelles se convertit au bout de quelques semaines en Champignons (2). 6° Les Champignons adhèrent en partie d'une manière si intime avec les corps organiques sur lesquels ils croissent , qu'à peine peut-on tirer une hgne de démarcation bien tran- chée entre eux et les pseudo-organisations. Monti en a trouvé quelques uns qui présentaient un tissu de faisceaux fibreux , semblable à celui des arbres sur lesquels ils végétaient (3). 7° Plusieurs naissent dans des cavités closes de corps orga- nisés , où il ne peut pénétrer que de l'air du dehors. Non seu- lement les Entophytes dont j'ai parlé plus haut (2°) , et qu'on trouve sur des plantes vivantes, comme les Uredo et les Usti- lago^ mais encore la plupart des Sphéries qui croissent sur des parties mortes , se développent sous l'épiderme des végé- taux. Des Trichomycètes se produisent quelquefois dans les fruits gâtés , par exemple dans les citrons. D'après Hartig , il naît, dansée petites cavités de l'intérieur des arbres , et sou- vent entouré de vingt à trente couches annuelles saines , un champignon particulier (Nyctomices)^ qui ne se montre jamais à la surface , ne produit point de spores , par conséquent aussi ne se reproduit pas , et n'apparaît jamais non plus ni dans l'aubier, ni survie bois mort. On rencontre aussi, dans l'intérieur de certains fromages , des excavations entourées d'une substance dense , complètement closes , et tapissées de moisissures. Micrklin (4) a trouvé le blanc d'un œuf de poule (1) Treviranus , Biologie , t. II , p. 362. (2) Schweigger , Inc. cil . , p. 2G5. (3) Tievhanus , Binloijic , t. II , p. 360, (4) Loc. rit. ^ p. 'j.'î. 36 BE l'iiétérogénie limitée. entièrement converti en un champignon filamenteux particu- lier { Sporotrichum albuminis). II. La seconde condition est l'eau. 8° Mais l'eau combinée, ou celle qui pénètre et ramollit les corps solides , est la seule qui favorise la production de ces plantes (comparez § il, 6°). L'humidité dans laquelle ont commencé à se former des Champignons, pénètre à traversées corps solides et y propage celte formation. C'est ainsi que les Champignons d'un plancher moisi s'étendirent jusque dans une armoire fermée qui se trouvait à quelque distance de là , sur des pieds hauts de cinq pouces , et couvrirent chaque feuillet des livres qu'elle contenait. III. La troisième condition est l'accès de l'air. 9» La moisissure que Mayer a observée (voy. ci-dessus 2°) ne se voyait que dans les endroits où la substance dégénérée du poumon était en contact avec l'air. Monti a reconnu qu'il ne se développait point de moisissures sur les substances en putréfaction, soit dans le vide , soit dans de petits vaisseaux contenant peu d'air, soit dans des vases bouchés après avoir été fortement échauffés , c'est-à-dire après que l'air y avait subi une grande raréfaction (1). 10° La moisissure croît moins dans une atmosphère pure, que dans des lieux étouffés , où l'air se renouvelle peu , et où probablement il se dégage du gaz hydrogène ; elle est plus complète et plus durable dans des vaisseaux clos qu'à l'air libre. 11° Treviranus plongea dans du gaz hydrogène une flanelle sur laquelle il avait semé des graines de cresson; ces graines se gonflèrent , devinrent flasques et mucilagineuses , et enfin se couvrirent de petites moisissures capillacées. 12" La nature de l'air détermine celle des Champignons (2). Gleditsch remplit de melon frais, coupé par tranches , des pots bien nettoyés et préalablement chauffés au four, qu'il cou- vrit ensuite d'une mousseline : il se développa surtout desBys- sus et des Trcmelles dans ceux qui occupaient un fieu sec et (1) Treviranus , Biolorjie , t. H , p. 313. (2) Ihid, , !>. 330, DE l'hÉTÉROGENIE LIMITÉE. OJ élevé , et des Mucor clans ceux qui avaient été mis à la cave ou dans d'autres endroits bas et humides (1). I § 46. Quant aux autres plantes cryptogames , ' l'* Il n'y a pas le moindre doute que les Conferves ne puis- sent naître par hétérogénie, et même, d'après une observation de Retzius (2) , qu'elles ne soient susceptibles de provenir d'une substance inorganique. En effet , une dissolution de chlorure de barium dans de l'eau distillée, qui était restée six mois dans un flacon bouché à l'émeri , donna naissance à une conferve qu'Agardh reconnut être une espèce lout-à-fait nouvelle. 2° Schrank , Roth , Mertens et Gruithuisen n'ont trouvé cer- taines espèces de Conferves, de Batrachospermes et de Rivu- laires que sur des espèces déterminées de poissons et de co- quilles univalves , lorsque l'animal était malade ou mort. 3° La neige rouge , qu'on a quelquefois trouvée dans les régions arctiques et sur de hautes montagnes ^ est , suivant Agardh, le Protococcus kermesinus, Algue du plus bas degré, qui se compose de vésicules 'pleines d'une substance mucila- gineuse et grenue , et contenant de la résine , avec d'autres matières végétales. Cette Algue adhère aux pierres ou à la neige , de sorte que le vent ne peut point l'entraîncir. Agardh pense que le Protococcus est engendré par l'action de la lu- mière solaire sur la neige fondante (3). Mais les observations deNeessurla grêle rouge et sur une espèce de pluie rouge (4) rendent plus probable que , comme l'admettait aussi Wran- gel (5) , cette Algue se forme dans l'atmosphère , que c'est par conséquent un aérophyte, et qu'elle se produit dans les temps d'orages et 'de météores ignés. D'après Nées (6) , le Kostoch n'est à proprement parler qu'un gros Protococcus, une masse gélatineuse , mucilagineuse , parsemée de filamens os- cillatoires , qui paraît libre de toute adhérence sur les terrains (1) Ibid. , p. 355. (2) Froriep , Notizen , t. V, p. 56, ' (3) ISov. Jet. nat. cur. , t. XII , p. 746. (4) Loc. cit. , t. I , p. 573. (5) Ibid. , p. 351. (6) Ibid. , p. 656. 38 DE l'hétérogénie problématique. dénudés , à la suite de météores ignés ou d'orages. On a quel- quefois pris pour du Nostoch le frai de poisson avalé et re- vomi par des oiseaux , mais ce n'est point là une objection contre le résultat d'observations plus exactes. 4° Des Lichens croissent sur des rochers nus , dans la mer, loin de toute terre , et il est fort peu probable que leurs ger- mes aient été apportés là par le vent ou par les oiseaux. 5° Des Rhizomorphes se développent dans des mines et dans des fissures ; on en a trouvé à des profondeurs de plus de trois cents pieds , entre des couches de houille oii il ne pou- vait arriver que fort peu d'air et d'eau (1). CHAPITRE II. Des cas dans lesquels l'Hétérogénie est problématique. § 17. Quelques animaux invertébrés des classes supérieures apparaissent parfois dans des circonstances où il est très-pro- blématique qu'ils doivent leur origine à la propagation. I. Tels sont principalement les Épizoairesou insectes para- sites. i° Ici se range le Giron de la gale {Acarus scahiei) , qui , d'après les recherches faites depuis peu en France , vit non pas dans le liquide des pustules psoriques , mais dans la sub- stance de l'épiderme qui les recouvre, oi!i il se creuse avec sa trompe un conduit demi-circulaire (2). Lorsqu'on place un de ces cirons sur la peau d'un homme bien portant, il s'y enfouit et détermine une inflammation, suivie de sécrétion , qui repré- sente l'exanthème de la gale. On a vu aussi l'éruption se dis- siper après qu'il avait été extrait (3). Cependant il n'est point encore prouvé par là que la gale et son ciron naissent toujours par propagation et transmigration. Car on n'a jamais vu ces animaux sortir d'eux-mêmes de leurs réduits pour venir à la surface de la peau , ramper dessus et se ghsser dans les vê- temens, oii ils ne trouveraient pas la nourriture qu'ils ren- (1) Schweigger , Journal fucr Chemie und Physik , t. XIV , p. 70. (2) Raspail , Mémoire comparalif sur l'histoire naturelle de l'insecte de la gale , Paris 1834 , in-8", fig.; et Nouveau système de chiiuie organique. (3) Froricp , ISoLlzcn, t. XLII , p. 165. DE l'hÉTÉROGÉNIE PR0BEÉ3IATIQUE. 3^ contrent dans leur habitation primitive. On ne voit donc pas comment leur transmigration peut s'effectuer lorsqu'un léger attouchement d'un galeux a pour effet d'infecter l'homme qui se porte bien. La gale se manifeste fréquemment sans conta- gion chez les tailleurs ; mais il faudrait que ceux-ci ne travail- lassent que sur des habits déjà portés pour qu'on pût présu- mer qu'ils y puisent les cirons producteurs de la maladie. D'ailleurs on a observé aussi l'éruption psorique chez des tis- serands , et ici l'on pourrait seulement supposer que les œufs des insectes existaient dans la laine ; mais alors comment ces œufs arriveraient-ils sous l'épiderme (1) ? 2° Rolando , Martinet et Murray ont observé d'autres Aca- rides dans des tumeurs lépreuses (2). 3° Willan en a découvert un particulier dans l'éruption cutanée pruriteuse qui n'est pas rare chez les vieillards , et qui s'accompagne d'un trouble de l'action des organes uri- naires. 4° Chaque espèce d'animal a une espèce particulière de vermine. Le Pou de l'homme , par exemple , ne se trouve chez aucun animal. Patrin prit les œufs d'un nid de perdrix , et les fit couver par une poule ; les perdreaux lui présentèrent le Pou particulier à leur espèce , et qui est fort différent de ce- lui des poules. 5° Dans l'état normal , tous les enfans ont des poux , quel- que proprement qu'on les tienne , et quoique les personnes qui les soignent soient exemptes de vermine. L'absence totale de ces animaux pendant l'enfance annonce une santé mal af- fermie. Ils sont très-abondans dans la cachexie scrofuleuse. Chez les adultes, ils paraissent quelquefois provenir de la malpropreté ou de la transmission. 6° Les poux se développent avec tant de rapidité et en si grande quantité dans la plique polonaise, qu'à peine est- il permis de songer à les expliquer par transmission ou par dér veloppement d'œufs. (1) Jœrdens, Entomologie und Helmintholoyie des menschlichen Kœi'- povf , 1. 1 , p. 23. (2) Ibid. , p. 5. 4o DE l'hÉTÉROGÉNIE PROBLÉMATIQUE. 7° Le phthiriasis paraît dépendre d'une dégénérescence particulière. On le rencontre dans des circonstances où la transmission de la vermine n'offre pas la moindre probabi- lité. Fournier (1) a connu une femme très-propre qui avait passé le peigne dans ses cheveux avant et après l'accouchement, mais qui , pendant ses couches , s'était tenue la tête assez chaudement; au bout de quinze jours , elle fut prise d'un mal de tête si violent, qu'elle en perdit l'appétit et le sommeil ; on lui trouva le cuir chevelu couvert de pus fétide et d'une im- mense quantité de gros poux. Les auteurs rapportent des faits de ce genre qui paraissent incroyables, et n'acquièrerit de la vraisemblance que par leur multiplicité. Ainsi Sichel (2) a rassemblé un certain nombre de cas où l'on a trouvé des poux non seulement dans des cavités ouvertes , mais encore dans des tumeurs closes de toutes parts. Fournier rapporte une observation de Marchettis relative à une femme robuste et sujette aux érysipèles , qui , pour s'être , à ce qu'elle croyait, peignée avec un peigne étranger, fut atteinte d'une énorme quantité de poux de diverses couleurs , blancs , gris , noirs , rougeâtres , jaunâtres ; les substances les plus acres , le su- blimé corrosif, etc., ne produisirent pas plus d'effet que le soin de couper les cheveux tous les deux jours ; enfin il sortit aussi des poux par les oreilles et par l'anus , notamment après que la malade avait pris des lavemens. Tant que ces animaux ne sortaient pas , la femme éprouvait de l'anxiété et des dou- leurs , et, peu avant d'en rendre, elle avait quelquefois des coliques. Au reste , les poux que l'on observe dans le phthiria- sis constituent, suivant Alt, une espèce particulière {Pediculus tahescentium) ; ils naissent dans les plis de la peau , et déta- chent des lambeaux d'épiderme , sous lesquels ils se cachent. II. L'apparition^de certains autres animaux sans vertèbres ne peut non plus quelquefois s' expliquer d'une manière satis- faisante par la propagation. 8*» Les Méduses disparaissent en hiver, et parfois , surtout après les ouragans, elles se montrent en nombre prodigieux. (1) Dict. des se. niéd. , t. IV , p. 255. (2) IJisioriœ j^hthiriasis inlcrnœ vcrœ fnujmcntum , p. 207, DE l'hÉTÉROGÉNIE PROBLEMATIQUE. 4^ 9" Une source qui coulait d'un rocher fut arrêtée par une digue /afin d'établir un étang à poissons ; au bout de quelques années , la vase de cet élang contenait des Moules, quoiqu'on n'en eût encore jamais trouvé dans la rivière d'où le frai de poisson avait été tiré. 10° On a aussi rencontré des vers et des insectes de fa- milles diverses dans des cavités souterraines sans communica- tion avec l'extérieur (1). § 18. Il est fort peu probable qu'aucune plante phanéro- game ou qu'aucun animal vertébré provienne d'une substance organique hétérogène. Les graines des végétaux sont suscep-v libles de rester sans germer pendant une longue suite d'an- nées , et jusqu'à ce que des circonstances favorables se pré- sentent. Elles peuvent aussi être entraînées par le vent , comme les œufs d'animaux aquatiques par l'eau , ou par des oiseaux et autres animaux , du lieu où elles ont été produites , dans des endroits fort éloignés , où leur développement devient pos- sible. Cependant il y a des cas où leur propagation ne paraît concevable qu'en admettant un singulier concours de circon- stances accidentelles. I. En ce qui concerne d'abord les plantes , 1° Beaucoup d'observations se réunissent pour établir qu'a- près un vaste incendie apparaissent un grand nombre de vé- gétaux qui , auparavant , n'existaient point dans la contrée. Ainsi , à la suite d'incendies considérables , on vit croître à Londres , suivant Morison (2) , VErysimum latifolium ; en NorNvégc , d'après d'autres observateurs , VErysimum angus- tifolium; àKœnigsberg , \eBlifiim capitaium; à Copenhague, le Senecio viscosus (3). Une année après qu'on a écobué les champs, dans la Provence et le Languedoc, il croît, au rapport [de Tournefort , une grande [quantité de pavot noir, qui disparaît l'année suivante. Lorsque , dans le pays de Nassau , on a coupé une forêt et brûlé les racines , on trouve l'année d'ensuite tout le terrain couvert de Spartium (1) Treviranus, Bioloyio, t. II, p. 373. (2) Ticviranus, Biolotjic , t. II , p. 363. (3) Fioriep, ISoiizcn , l. V , p. 53. l\2 DE l'hÉtÉROGÉNIE PROBLÉMATIQUE. scoparium; et Franklin nous apprend (1) que, dans le nord de TAmérique , il croît des peupliers partout où Ton a brûlé des pins. Il est parfaitement conforme à l'analogie avec la formation des Infusoires (§ 11 ) , que les produits de la com- bustion, variant selon la nature du sol et celle des substances combustibles éparses à sa surface , donnent lieu aussi au dé- veloppement de plantes différentes. 2° Des changemens d'une autre nature , dans le sol , font également apparaître des plantes jusqu'alors inconnues dans la contrée. Lorsqu'une source d'eau salée vient à sourdre join de la mer, il ne tarde pas , suivant Link (2) , à croître aux alentours des végétaux qui n'habitent que les terres impré- gnées de sel ou les rivages de la mer. Dans un terrain qui avait été à sec pendant plus d'un siècle , et qui fut ensuite quelque temps couvert d'eau putréfiée , Tournefort vit croître beaucoup de plantes marécageuses , quoiqu'il n'y eût point d'autres marais dans le voisinage. Viborg (3) a remarqué en Danemarck que , quand les eaux d'un étang s'écoulent , les végétaux aquatiques disparaissent , et que , dans Tannée même , le sol desséché se couvre de plantes qu'on ne voyait point auparavant dans l'endroit , dont il n'avait pu non plus se trouver aucune graine dans le sol. Ainsi , par exemple , un étang qui avait toujours contenu de l'eau depuis cinquante ans au moins , ayant été vidé en automne , il y poussa l'été suivant plusieurs plantes marécageuses , notamment le Carex cyperoïdes, qui du reste n'existe pas en Danemarck. Ce phé- nomène est trop général pour qu'on puisse l'attribuer à une cause éventuelle , comme à des graines disséminées par des oiseaux de passage , ou entraînées par les eaux de source. Willdenow fit convertir en étang un marais des environs de Berlin : l'année suivante l'étang était couvert d'une vase verte, et à la fin de l'été il s'y trouvait plusieurs plantes aquatiques, entre autres le Scirpus maritimus , qu'on ne rencontre que (l)lljid., t. VII, p. d93. (2) Elément a fliilosopliiœ hotanicœ , p. 462. (3) Der Gesellschufft naturforschender Freunde su Berlin Magazin , t. II , p. 74. DE i'hÉTÉROGÉNIE PROBLEMATIQUE. 4'^ dans un seul endroit , à quatre lieues de la ville. Hofmann (1) a observé qu un terrain enlevé à la mer par la construction de digues se couvrait de plantes différentes, suivant la na- ture du sol aux divers endroits ; le Salicornia herbacea crois- sait dans les terres les plus imprégnées de sel marin ; YAre- naria marina , et plus lard le Foa maritima , dans le sable pur ; le Vaucheria terrestris , dans les lieux sablonneux où l'on aviît parqué des moutons; l'Aster Tripolmm^ dans la vase; YHippuris vulgaris ^ le Scirpus. cœspitosus ^ etc., dans l'ar- gile détrempée par des eaux de source. Il ne pouvait s'être trouvé aucune graine dans le sol , puisque la contrée était de temps immémorial ensevelie sous les eaux de la mer, et qu'on n'aperçut pas la moindre trace de terre végétale provenant d'une époque antérieure. Les graines n'avaient pu non plus être apportées par le vent; car les plantes parurent trop promptement, et leurs analogues ne croissaient que dans des lieux fort éloignés. Elles n'avaient pu enfin être charriées par des sources , puisqu'on se filtrant à travers la terre , l'eau y dépose tous les corps dont elle est chargée. Quelle quantité de semences n' aurait-il pas fallu d'ailleurs , avec ces moyens éventuels de dispersion, pour couvrir le terrain d'une si grande masse de végétaux appropriés à la constitution parti- culière de ses diverses parties ! 3° Dans d'autres cas , la formation de nouvelles plantes est déterminée par la végétation qui a subsisté jusqu'alors. Sui- vant Hofmann , dans certaines contrées de l'Amérique septen- trionale , le sol des forêts vierges qui ont été abattues ne tarde pas à se couvrir d'une espèce particulière de trèfle, et quand les arbres plantés dans une lande ont atteint un certain âge , la lande disparaît, le terrain se couvrant de graminées et d'herbes qui n'existaient point auparavant (2). Mœrklin (3) dit qu'il y a des années où, tout à coup, \ Orohanche ramosa devient très-commune dans les champs de chanvre , qui n'en olfrent plus aucune trace les années suivantes. (1) Fioiiep , ISotizsn , t. VIII , p. 113. (2) Froriep , Notizen , t. VIII, p. 116. (3) Loc, cit. , p. 45, 44 DE L HÉÏÉROGÉNIE rROlîLÉMATÏQUE. 4° Henckel creusa la lerre au printemps , prit celle qui était à deux pieds de profondeur, et, l'ayant mise dans un pot, l'exposa au grand air, sur le haut de sa maison : au bout de deux mois il y poussa des graminées et des orties. Il serait difficile de croire que les graines de ces plantes eussent été contenues dans la terre , qui n'avait point été remuée depuis trente ans au moins ; elles n'auraient cependant pu arriver autrement à une si grande profondeur, et en supposant qu'elles y fussent déjà ensevelies à l'époque si éloignée du dernier défonçage , tout porte à croire que le temps leur aurait fait perdre la faculté germinalive. Il était impossible aussi qu'elles eussent été apportées par l'air, puisque l'expérience fut faite au printemps, époque à laquelle les plantes n'ont point encore dejgraines susceptibles de se disséminer. Patrin a remarqué que les arbres des jardins contenus dans l'enceinte des villes portent quelquefois du gui , quoiqu'il ne vienne pas là de grives qui apportent les graines de la plante , et qu'il soit d'ailleurs difficile à ces graines de s'attacher aux tiges per- pendiculaires sur lesquelles s'engendre le gui. IL II se présente aussi, relativement à l'apparition des Poissons et des Reptiles , des cas difficiles à expliquer, 5° Adanson a trouvé en Afrique des mares d'eau pluviale qui étaient à sec pendant neuf mois de l'année, et qui, à l'é- poque des pluies, se repeuplaient de Poissons. Ces derniers étaient de toute autre espèce que ceux de la rivière la plus prochaine, distante de trois cents toises, et qui n'avait d'ail- leurs aucune communication avec les mares. Mais les œufs de poissons, s'il en restait quelques uns, devaient se dé- truire pendant les neuf mois de sécheresse , puisque les ex- périences de Spallanzani ont appris qu'aucun œuf de poisson n'est succeptible de se développer quand il a été au sec pen- dant trois mois. Bonnet, Rondelet, Souccet, etc. (1), ont éga- lement observé cette apparition de Poissons dans des étangs nouvellement établis. C'est une énigme aussi que la manière dont les lacs et ruisseaux produits , dans les Alpes et les Py- rénées, par la fonte des glaces et des neiges, se peuplent des 4) Tievhaiius , Bioloyic, l. II, p. 373. DE l'hOMOGÉNIE. 45 Truites et autres poissons qu'on y rencontre. L'origine des Lottes, des Perches et des Brèmes que Macartney a trouvées dans un étang au milieu d'une île éloignée de tout continent et qui semblait avoir été lancée du fond de l'Océan par une commotion volcanique, n'est pas moins obscure. Il se peut sans doute que les œufs de ces poissons aient été transportés par des oiseaux ; mais ce n'en est pas moins une circonstance fort embarrassante que. la promptitude avec laquelle tout amas d'eau quelconque se peuple de poissons appropriés à sa nature. 6° Si nous croyons possible que des Poissons se développent dans l'eau, sous l'influence de l'air, de la chaleur et de la lu- mière, il nousparaît, au contraire, trop hardi de penser que les Crapauds qu'on a trouvés vivans dans l'intérieur de gros blocs de pierre, y aient été produits par des substances organiques putréfiées (1). La pierre peut s'être formée dans des temps modernes , et avoir emprisonné des œufs de crapauds ; en effet, la formation des pierres n'exige pas toujours un laps de temps considérable , comme le prouvent les rognons qui se sont appliqués aux échelles dans les mines abandonnées de- puis un siècle ; et le défaut d'air et de chaleur peut s'être op- posé tant au développement qu'à la décomposition des œufs. Section deuxième. DE l'hOMOGÉNIE. ^lO.VUoniogéide^ appelée aussi joro^tt^'a^iow ( generatio homogenea^ propagafio), est la production d'un individu par des parens, c'est-à-dire par des individus qui aient existé avant lui, et qui lui ressemblent sous le point de vue de l'organisa- tion, qui appartiennent à la môme espèce. Tantôt la propagation vient à la suite de l'hétérogénic ,' quand les individus produits par cette dernière maintien- nent leur espèce. Tantôt elle est le mode exclusif de pro- création, comme il arrive aux êtres organisés chez lesquels riiétérogénie n'a plus lieu aujourd'hui , quoiqu'on doive ad- (1) ll>id,,[. H, pjd. 46 DE l'homogénie. mettre qu'elle a été primordialement leur mode de formation. Avant de chercher à approfondir l'histoire de la propaga- tion, nous avons à considérer les moyens qu'elle met en usage, c'est-à-dire les conditions organiques qui lui permettent de se réaliser; il nous faut l'étudier d'abord dans ses phéno- mènes (§ 20-221 ), puis dans son essence ( § 230 ). Des faits isolés ne pouvant nous satisfaire , il importe de classer les différentes manières dont l'organisation se mani- feste eu égard à la propagation, et d'assigner les caractères es- sentiels à l'aide desquels on les distingue les uns des autres. Ici des difficultés de plus d'un genre se pressent sous nos pas. D'abord , non seulement les diverses formes passent des unes aux autres par des gradations insensibles ,']de sorte que nous aurons à les disposer, d'après leurs affinités, en une série non interrompue, depuis la plus simple jusqu'à la plus complexe, mais encore elles se confondent en partie les unes avec les autres , de manière que , pour les déterminer , il s'agit seu- lement de savoir sous quel point de vue on veut les envisa- ger. En second lieu , des difficultés plus grandes encore se rattachent à l'énumération des organismes dans lesquels a lieu tel ou tel mode de propagation ; car ici l'observation est sou- vent restée en défaut , parce qu'elle n'était dirigée ni par des idées déterminées , ni par des vues générales, de sorte qu'on s'en est tenu aux contours et à la soperficie. Il nous est donc facile d'errer en concluant des conditions organiques connues à celles qui ne le sont pas, puisque les divers côtés de l'or- ganisme ne sont point assujettis à une coïncidence parfaite. Cependant ce qui nous importe toujours le plus, c'est de nous faire une idée nette des formes générales de la propa- gation. La différence fondamentale dans le mode de la propagation consiste en ce qu'elle est accomphe tantôt par un seul être procréateur (§20-45), tantôt par deux, constituant des sexes opposés ( § 40-221 ). DE lA GÉNÉRATION ACCREMENTITIELLE. /|7 CHAPITRE PREMIER. De la Monogénie. § 20. La Monogénie ^ OU génération solitaire ^ asexiielle {gê- neratio monogenea)^ est la propagation qu'accomplit un seul individu. Elle consiste en ce qu'une partie de cet individu se 4éveloppe de manière à devenir un autre individu. Mais un être organisé produit deux sortes de parties ( § 778 ) , celles qui se rattachent à lui par des liens organiques, et celles qu'il sépare ou détache de son être. Les premières font corps avec lui ; les autres ne font pas partie de sa substance , et sont seu- lement en contact avec lui, que d'ailleurs elles affectent ou la forme liquide ou la forme solide. La production des pre- mières s'appelle nutrition quand elle ne se manifeste que comme conservation de ce qui existe , et accroissement lors- qu'elle augmente la masse déjà existante ; celle des autres se nomme sécrétion ou déposition. La monogénie revêt donc aussi deux formes principales , qui la constituent génération ac- crémentitielle ( § 21-34 ), ou génération sécrémentitielle (§35-45). ARTICLE I. De la génération accréniendlieUe. §21. La Génération accréiw^ntitielle ^ ou par accroissement ( gencratio accrementitia ), consiste en ce qu'une partie orga- nique brise les liens qui l'unissaient à l'individu par lequel elle a été formée , et avec lequel elle ne faisait primordiale- ment qu'un, pour se développer en un tout à part et semblable à l'organisme dont elle procède. Mais l'accroissement est une augmentation tantôt de la masse des parties, qui fait qu'elles deviennent plus longues ou plus grosses par suite d'une nu- iriiion plus active , tantôt du nombre de ces mêmes parties , auxquelles s'en ajoutent d'autres , par exemple de nouvelles dents, de nouveaux poils, etc. Nous devons donc distinguer encore la génération accré.nentitielle en celle qui dépend d'une augmentation de masse ( § 22-25 ) et en celle qui lient à une multiplication de parties ( § 20-34. ) y 48 PROPAGATION PAR ACCROISSEMENT DE MASSE. I. Génération accrémentitielle par augmentation de niasse • § 11. La propagation qui se rattache à Faugmentation de la masse s'offre à nous sous la forme de Fissiparité , ou géné- ration fissipare ( generatio fissipara ), attendu qu'elle a pour résultat de faire qu'un individu composé de parties homogènes se divise ou se fende en deux. Elle tient de près à la nutri- tion, et n'est même à proprement parler que lu nutrition ayant acquis trop d'énergie pour demeurer concentrée dans la sphère d'une seule individualité. l"* Elle peut avoir lieu naturellement , c'est-à-dire par un travail organique intérieur et indépendant des circonstances du dehors ; ou accidentellement, par une séparation due à l'action d'une force extérieure. Les effets sont les mêmes dans l'un et l'autre cas. La fissiparité naturelle s'observe chez les êtres organisés les plus inférieurs et les plus imparfaits. Tantôt elle est le seul mode possible de propagation , comme chez les Bacillaires et la plupart des autres Infusoires. Tantôt elle marche de concert avec d'autres modes plus relevés , notamment avec la gemmiparité, comme chez les Gonferves et les Polypes. Dans les organismes placés un peu plus haut , par exemple les plantes phanérogames et quelques Vers, elle est purement ac- cidentelle , le maintien de l'organisme étant mis à l'abri des coups du hasard par la faculté qui lui a été accordée de pouvoir revivre dans toutes ses parties. 2° Cette forme de génération consiste en ce que la partie devient égale au tout. Sa condition la plus essentielle doit donc être que la partie ait primordialement une texture semblable à celle du tout, qu'elle contienne les mêmes tissus que ceux qui appartiennent à l'organisme en général , que par consé- quent elle ait en elle-même la prédisposition à jouir d'une existence indépendante. 3" La seconde condition, conséquence de la première, est que les parties ne soient liées en un tout organique que par de faibles moyens d'union. Car quand toutes les parties se ressemblent, chacune trouve en elle-même les conditions de sa propre existence , et par conséquent dépend moins des autres, DE lA FISSTPAHITÉ ILLIMITÉE. 49 tandis que , lorsqu'il y a dans des régions particulières , des organes spéciaux , ayant une connexion immédiate avec la vie de l'ensemble , les parties cessent d'avoir l'aptitude à jouir d'une existence indépendante. Voilà pourquoi la fissiparité n'est point possible chez les êtres dont la vie se trouve con- centrée en une parfaite unité , et qui ont des organes cen- traux , un cœur et un cerveau, 4° Ce mode de génération suppose en outre une force plas- tique fort active, condition qui d'ailleurs ressort déjà en par- tie de la précédente. En effet^ la masse a coutume de se for- mer avec exubérance partout où l'unité de la vie est faible , et, généralement parlant, moins la vie a d'intensité, plus elle est disposée à s'étendre. Les Polypes , dépourvus de vis- cères , de vaisseaux et de nerfs , l'emportent sur tous les ani- maux supérieurs en énergie de la nutrition et de la généra- tion (1) ; Hercule a putuer l'hydre de Lerne , mais sa massue eût été impuissante contre un Polype long de quelques lignes. De même , les arbres dont le bois a le moins de dureté', par exemple les saules , sont aussi ceux qui se reproduisent le plus aisément de bouture. Cependant ce rapport inverse n'est pas sans exceptions , et un corps organique peut se propager par fissiparité, tandis que des organismes qui se rapprochent de lui , plus imparfaits et doués d'une vie moins active , ne possèdent pas la même faculté. Ainsi les plantes vivaces seules jouissent de ce mode de génération, qui est refusé aux végé- taux annuels , et ce n'est guère qu'avec les plantes à feuilles persistantes qu'on parvient à obtenir de ces dernières des pieds nouveaux (2) ; mais une plus longue durée de vie suppose aussi une force vitale plus active. La fissiparité peut être (§ 24-25) ou non (§23) assujettie à une direction déterminée. A. Fissiparité illimitée. § 23. La Fissiparité illimitée OU sans direction { generatio fissipura promiscua ) est la dernière de toutes les formes. Elle (1) D'après les observations de Tiembley , réunies par Haller. (£"/(?• monta phi/sioloyiœ, Lausanne 1757, {11-4", t. VHI, p. 456-160.) (2) Scliwc'iiiger , Inc. rit. , p. 56. T. 4 5o DE Lk FISSIPARITÉ LONGITUDINALE. n'a lieu que quand le corps entier consiste en une masse ho- mogène , de sorte que la propagation par division peut s'ef- fectuer dans tous les sens indistinctement. Elle suppose donc l'absence de tissus prolongés , vasculaires. 1° Les Lichens ne sont composés que de tissu cellulaire , et ils absorbent par tous les points de leur surface la nour- riture , qui s'assimile dans ce tissu. Voiîà pourquoi tout lam- beau qu'on en détache devient un nouveau Lichen (1). 2" On peut également couper une Hydre en long ou en tra- vers; les différens morceaux n'en deviennent pas moins au- tant de polypes. 3° Celte scission simultanée ne paraît être le mode naturel de propagation que chez certains Infusoires. Gruithuisen a vu quelques uns de ces êtres se partager tout à coup, les uns en deux, quatre , six , les autres en quatre, huit, douze par- ties , qui semblaient Cependant n'avoir aucun mouvement et être de nature végétale (2). Peut-être faut-il ranger ici le Go- tiium pectorale^ qui est un assemblage de seize globules réunis ensemble par une membrane et susceptibles de se séparer les uns des autres (3). B. Fissiparité limitée. § 24. La Fissiparité limitée, celle qui ne peut avoir lieu que dans une direction déterminée , s'étend ou en longueur ou en largeur. 4. SCISSION EN LONG. Li Fissiparité longitudinale ( generatio fissipara longifudi- nalis ] est l'aptitude à se partager en deux moitiés latérales égales. Il y a dès l'origine une similitude parfaite entre les deux individus qui résultent de cette division , ce qui prouve qae les parties situées les unes à côté des autres avant la sé- paration se ressemblaient déjà quant à la vie et à l'essence. Les Infusoires et les Polypes sont les seuls êtres chez lesquels on trouve Li scission longitudinale comme forme de généra- (d) Schweigger , loc. cit. , p. 53. (2) Beitrœ'je sur Physiognoiie , p. 320. (3) Treviranus , Bioloijie , t. III , p. 276. DE LA FISSIPARITÉ TRANSVERSALE. 5l tion. Tpus les Annélides , au contraire , périssent lorsqu'on les coupe dans le sens de la longueur de leur corps , parce que leur vie a pour condition qu'ils soient composés de deux moitiés latérales symétriques, réunies sur la ligne médiane, et parce que c'est, chez eux, dans la dimension de la largeur que s'exprime l'accord essentiel des parties en un tout. 1° La scission longitudinale est surtout propre aux Bacil- laires, qui, ayant la forme de baguettes, présentent une struc- ture homogène dans toute leur longueur. Cependant elle s'ob- serve aussi chez d'autres Infusoires , particulièrement dans les Paramécies. 2° Chez les Polypes il y a une différence de formation dans le sens de la longueur ; aussi la scission longitudinale , de la- quelle dépend la propagation, part-elle du point le plus vi- vant , de celui qui prédomine , c'est-à-dire de l'extrémité libre, oii se trouve l'ouverture alimentaire ; de là elle gagne peu à peu l'autre extrémité , et il lui arrive souvent de s'arrêter , au moins pendant quelque temps, avant d'avoir atteint jus- qu'à lui, de sorte que les deux animaux produits par la scis- sion possèdent en commun la partie de leur corps qui est fixée et qui a la forme d'un intestin ou d'un pédicule. C'est ce qu'on observe , par exemple , chez les Vorticelles ; dans l'es- pace de deux heures, ces Polypes se fendent en deux ani- maux, qui reposent sur un pédicule commun , et qui se fen- dent de nouveau le lendemain, de sorte qu'il finit par résulter de là un bouquet , dont quelques Vorticelles se détachent , avec leur pédicule, pour produire ensuite d'autres bouquets. De même, lorsqu'on coupe un Polype en deux morceaux dans le sens de sa longueur , chaque morceau complète ce qui lui manque , devient un nouvel individu , et continue de vivre. 2. SCISSION EN TRAVEES. § 25. Za Fissiparitè transversale ( generatio fissipara trans- -Ker^a) est celle dans laquelle un organisme se partage en deux individus situés sur une même ligne longitudinale ou placés l'un au devant de l'autre. I. C'est à la fois la forme la plus répandue et la plus relevée. 4" On la rencontre dans des cas où le corps entier consiste 52 DE LA FISSItARITÉ TRANSVERSALE. en une masse homogène, comme chez lesTrichomycètes et les Conferves , les animalcules infusoires et les Polypes. Elle se voit aussi dans d'autres cas où il y a des organes particuliers, mais uniformément étendus le long du corps , de manière que chaque segment longitudinal en renferme une part égale ; par exemple , chez les plantes phanérogames , où les vaisseaux qui charrient le suc nourricier s'étendent par tout le corps , parallèlement les uns aux autres , et sont partout entourés de tissu cellulaire , qui organise et désorganise le liquide ; de même aussi chez les Vers cestoïdes et les Annélides, où le canal alimentaire parcourt la longueur entière du corps , sous la forme d'un sac simple , tandis que le liquide en exsude pour passer en partie dans le tissu cellulaire , en partie dans les veines intestinales , et que les vaisseaux et nerfs marchent parallèlement au canal alimentaire , en s' anastomosant entre eux (1). 2° Il n'y a que quelques Infusoires , notamment les Paramé- cies , chez lesquels la scission s'effectue de telle manière que les individus qui en proviennent aient une direction opposée , soient tournés en sens inverse, et tiennent l'un à l'autre par leurs extrémités postérieures. Partout ailleurs ils sont placés dans la même direction , les uns derrière les aulres , de sorte qu'ils se tiennent d'abord non par leurs extrémités homogènes, mais par leurs extrémités hétérogènes, c'est-à-dire que le bout anal d'un individu fait suite au bout oral de l'autre. o° La scission transversale est le point de la série des formes de la généralion où , pour la première fois , commence à se prononcer l'antagonisme d'un organisme maternel et d'un or- ganisme enfantin. En effet, le corps organique n'ayant pas la même organisation ni la même vitalité dans sa longueur, mais le développement en long étant un caractère essentiel de la scission transversale, il suit de là que, dans cette forme de la génération , les deux individus , immédiatement après la di- vision, ne sont point égaux l'un à l'autre; l'un, plus gros, et complètement développé , parait comme souche ou mère , tandis que l'autre , moins gros , ne se développe complètement (1) Sdiweigger , loc. rit,, p. 5.3. DE LA FISSIPARITÉ TRANSVERSALE. 53 qu'à une époque plus éloignée , et se montre comme petit ou produit. 4° La portion qui conserve l'extrémité par laquelle s'intro- duisait primitivement la nourriture (la racine chez les plantes, la bouche ou l'ouverture alimentaire chez les animaux) , pos- sède plus de vitalité que l'autre portion , à laquelle il doit se former une nouvelle extrémité nourricière. La pérennité de l'individualité se prononce donc dans le bout nourricier primordial , tandis que la tendance à se diviser réside d^ns le bout opposé ( les branches des plantes, l'extrémité anale des animaux). Ce phénomène devient surtout bien sensible lorsque les deux individus sont situés dans la même direction, ou bout à bout. Ainsi, quand il s'est formé une autre Naide sur une Naide encore adhérente à la mère , on voit l'animal postérieur se détacher d'abord; la séparation n'a lieu que quand la jeune Naide s'est développée , celle-ci se détachant ensuite de la mère en vertu de sa tendance à l'individualité ; l'animal postérieur est obligé de suivre l'antérieur dans ses mouvemens (1). Mais, après la séparation, l'animal antérieur, ou la mère , va de suite à la recherche de sa nourriture , tandis que le postérieur , ou le petit , reste encore quelque temps plongé dans une espèce de stupeur (2). Dans les circonstances même où la scission, d'un animalcule infusoire a lieu de ma- nière que les animaux qui en résultent ont une direction op- posée, c'est-à-dire tiennent l'un à l'autre par leurs parties postérieures , ce qui constituait d'abord la partie antérieure de l'animal entier se meut beaucoup plus tôt et bien plus vi- vement, après la séparation, que la partie postérieure , qui ne fait preuve de la même vitalité qu'après le développement completde son extrémité antérieure (3). De même aussi, dans les Vers, la partie antérieure se complète plus facilement et plus vile , après une séparation violente , que la postérieure , qui meurt souvent avant qu'il se soit formé une nouvelle tête et développé avec elle une nouvelle individualité. II. Mais nous avons encore à signaler une diflérence de (1) Der Naturforscker, t. XVI , p. 71. (2) Roesel , lnscktenbclusti(jun4. StORES. 65 nisme procréateur, et elles se développent dans toute leur masse pour devenir des individus nouveaux , tandis que les œufs ( § 43 ) , semblables aux propagules ( § 30 ) , représentent des formations spéciales , dans lesquelles le germe se trouve distinct de la matrice , composée elle-même d'une enveloppe et d'une masse nourricière ou embryotrophe. Il y a une différence essentielle entre les spores et les œufs ; mais on a de la peine à les distinguer, surtout chez les ani- maux, parce que les zoologistes n'ont point mis autant de précision que les botanistes dans leurs recherches à cet égard. On ne trouve de spores que chez les animaux inférieurs , et les animaux supérieurs n'en présentent jamais ; cependant il ne suit pas de là que la propagation par œufs soit incompa- tible avec une organisation très-simple et incomplète, et des recherches spéciales pourront seules nous apprendre si elle a lieu ou non en pareille circonstance. Mais il faut pour cela des observations qui ne soient point faites avec légèreté, et qui ne mènent pas à des conclusions précipitées ; car les spores peuvent être munies d'une enveloppe , et nous ne sommes en droit d'admettre un œuf que là où nous pouvons manifeste- ment distinguer un germe ou un embryon de sa matrice. Les détails qui vont suivre (§37-42) demandent donc à être soumis au creuset de recherches ultérieures. I. Spores. ' § 36. Les Spores {sporœ ^ gongyîi) sont des' amas globu- leux d'une substance semblable à la masse commune de l'or- ganisme-souche , ayant une texture homogène et simple, sans structure organique particulière. Elles deviennent immédiate- ment , et sans qu'aucun antagonisme se développe en elles , des individus, qui dès le principe ont la même organisation que leur souche , et ne diffèrent d'elle que sous le rapport de la taille. Toute substance organijjue étant dans l'usage de se condenser en membrane à sa surface , on peut presque ton • jours aussi distinguer dans les spores une enveloppe mem- braneuse, qui n'autorise cependant point à les regarder comme des œufs. Elles sont des sécrétions , c'est-à-dire des produits de Vorganisme qui , déposés par lui , ne font paspar- I. 5 §Q SPORES ÉPARSES. tie intégrante de son corps, et ne comptent par conséquent point au nombre des organes qui le constituent. Elles peuvent être ou déposées sous forme liquide , et alors ne se solidifier que par leur contact avec la substance organique , ou revêtir la forme solide dès l'origine, et alors être des masses qui, après avoir fait corps avec le reste de l'organisme , sont ensuite re- poussées par lui. Dans ce dernier cas, elles se rapprochent des gemmes, dont elles diffèrent néanmoins en ce qu'elles ne constituent point comme elles des parties organiques de l'or- ganisme qui leur sert de souche. Ainsi les spores végétales sont des cellules semblables à celles dont la plante elle-même est constituée , et elles peuvent ou s'être formées immédia- tement du suc végétal ;, sans avoir aucune connexion avec ces dernières cellules , ou avoir été comprises originairement parmi elles, et s'être détachées ensuite sans se développer en parties constituantes de la plante. Les spores sont donc des masses aptes à vivre , qui ont la puissance de se nourrir elles- mêmes et de devenir des individus nouveaux lorsqu'elles sont séparées de l'organisme-mère. Elles se forment ou partout in- distinctement ( § 37) , ou dans des endroits déterminés (§ 38). A. Spores èparses. § 37. J'appelle Spores éparses , ou disséminées, celles qui se forment partout indistinctement. I. On en trouve de telles chez les animaux inférieurs. 3 1" En automne, elles apparaissent à la surface extérieure des Hydres, sous la forme de tubercules, qui tombent au bout de quelque temps, passent l'hiver dans l'inertie, et ne se dévelop- pent que sous l'influence de la chaleur du printemps. Dans d'autres Polypes, tels que les Sertulaires, les Tubulaires, les Corynes, elles se produisent sous la couche externe de la masse du corps , s'étendent en forme de vésicules ou de capsules , et se détachent enfin , pour devenir libres. 2" Dans les Actinies , suivant Dicquemare , les mouvemens de l'animal font fréquemment détacher du bord de son dis- que des lambeaux qui deviennent de nouvelles Actinies. Quant les lambeaux sont allongés , ils donnent naissance à deux ou trois individus, qui tiennent d'abord les uns aux autres , mais SPORES ÉPARSES. (3^ qui se détachent peu à peu, à la faveur d'étranglemens inter- médiaires (1). 3° Les granulations qui nagent dans Fintérieur des Vers vésiculaires (2) , et les germes qu'on découvre entre l'intestin et les tégumens des Cirripèdes (3) et de plusieurs Annélides , tels que les Aphrodites, les Néréides, etc. (4), paraissent être aussi des spores. II. Dans les plantes acotylédones, les spores sont des portions détachées du tissu cellulaire de l' organisme-souche , des cel- lules végétales réduites à Tctat d'isolement, non développées, mais susceptibles de se développer en autant d'individus. Ces spores paraissent représenter en général la forme primitive de l'organisation végétale , car on en observe aussi dans les plan- tes cotylédonées , mais seulement dans l'embryon, ou dans les parties qui sont encore en train de s'accroître ou de se former, et on les voit disparaître à mesure qu'il se produit du tissu cellulaire régulier. 4° Parmi les Coniomycètes, les uns consistent en des amas de petits globules ou de corps cylindracés , qui renferment les spores ; les autres présentent celles-ci sur un support par- ticulier ou sur une base (stroma). Les Hyphomycètes les portent sur des (ilamens , et les Mucédinées polyspores sont parsemées sans aucun ordre de grains pulvérulens. Quelques Pyrénomycètes ont des supports qui répandent des spores par leur extrémité ou par leur surface. Les Gastromy cèles ont leurs spores disséminées dans toute la masse , (par exemple dans la Truffe ), ou situées à la surface (par exemple dans les Pilobolus). 5" Les spores des lUves sont éparses dans la substance de la plante , surtout vers le bord. Celles des Conferves occu- pent l'intérieur des cylindres articulés et séparés ou non par des cloisons transversales , qui représentent les individus mè- (1) Schweigger , îoc. cit., p. 510. (2) Rudolphi, Entozoornm hist. nat.^ t. I , p. 320. (3) Cnvier , Mémoires pour servir à l'hist. \ 1824, p. 461. l' ^6 OEUFS COMPLETS. avait été renfermé seul , pondre des œufs , d'où se dévelop- pèrent plus de cent petits (1). Spallanzani a fait des observa^ lions analogues sur Y Hélix vivipara (2). 5° Les Phalènes , lorsqu'on les sépare des autres aussitôt après leur sortie de la chrysalide , pondent des œufs qui se développent complètement, d'après Albrecht, Pallas , etc. Rœsel assure que les Papillons ne pondent point sans accou- plement. Suivant Lange et Schirach, l'Abeille femelle peut se propager sans copulation jusqu'à la seconde et à la troisième génération (3). Dans les Pucerons , une alternative régulière de monogénie et de digénie se rattache à la succession des saisons; au printemps, les œufs de l'année précédente ne donnent que des femelles ; celles-ci procréent, seules, des fe- melles vivantes , qui se propagent de même jusqu'à la neu- vième génération ; alors , en automne , il naît aussi des mâles , après quoi l'accouplement a lieu , et des œufs sont pondus pour l'année suivante (4). D'après Kittel?(5), un Puceron peut, sans accouplement , produire quarante petits dans l'espace de trois mois , et devenir ainsi la souche de treize générations (§46,4°). 6° Cette alternative régulière a été observée aussi dans le Cypris inconcjruens[E L OVAIRE CELtUIEUX. 9I a. Ovaire interstitiel. § 56. La sécrétion des membranes muqueuses et des glandes qui en sont formées s'exécute , en général , de la manière sui- vante ; à la surface interne du canal, il se sépare du suc nour- ricier, dans le tissu environnant, un liquide particulier, qui, en traversant les parois et séjournant ensuite dans la cavité du canal lui-même , se perfectionne et subit des modifications particulières. Maintenant la sécrétion du liquide destiné à pro- duire l'œuf de roî;a*re interstitiel a lieu également dans le tissu; mais ce liquide y prend aussi la forme d'un œuf, qui, en s'ac- croissant, distend le tissu ambiant, et se crée parla une cel- lule , dont il n'existait aucune trace jusqu'alors. Cette cellule n'est point non plus tapissée d'une membrane spéciale , mais ressemble aux capsules dans lesquelles on trouve , par exem- ple, les spores des Polypes ( § 37 ). C'est principalement aux découvertes faites par Rathke que nous devons la connaissance de cette forme. Outre la partie celluleuse, dans laquelle se forment les œufs, l'ovaire interstitiel peut être pourvu ( § 57-59 ) ou dépourvu ( § 60 ) d'une autre cavité. '^ Ovaire interstitiel creux. § 57. Vovaire interstitiel creux forme les œufs dans sa pa- roi, et les admet ensuite dans sa cavité, lorsque, après s'être dé- veloppés jusqu'à un certain point, ils ont percé cette paroi en dedans. Mais tantôt la cavité sert à la fois de réservoir et de conducteur aux œufs (§ 58 ) , et tantôt elle ne remplit que le simple rôle de réservoir ( § 59 ). t Ovaire interstitiel creux conducteur. § 58. 'Vovaire interstitiel creux conducteur tient de près à l'ovaire tubuleux(§ 52). Comme lui, il a la forme d'un canal, d'unutricule ou d'un sac, qui se continue immédiatement avec le canal excréteur , et qui , par conséquent , conduit les œufs dans la voie par laquelle ils doivent sortir , après qu'ils ont été retenus quelque temps dans Tintérieur de l'organe. Il n'en diflère que parce que les œufs sont logés non pas dans la ca- vité, mais hors d'elle, entre sa membrane muqueuse et la 92 DE I OVAIRE CELLUtEUX. membrane qui revêt cette dernière. Lorsqu'ils ont acquis un certain volume , ils font saillie dans la cavité , en soulevant la membrane muqueuse qui les couvre , et ils finissent par déchirer cette membrane , de manière à parvenir dans la ca- vité elle-même. Mais la paroi formée par la membrane mu- queuse est , dans l'origine , tantôt lisse , tantôt garnie de plis dirigés en dedans, qui produisent autant de lames sail- lantes (1). 1° Chez les Céphalopodes , les ovaires en forme de sac sont, d'après Rathke , garnis en dedans de ces replis, dans lesquels naissent les œufs. 2° Suivant Strauss (2), les œufs des Scolopendra, etLithobius se forment entre les deux membranes de l'ovaire, et soulè- vent l'interne , jusqu'à ce qu'ils ne , paraissent plus que comme suspendus à un pédicule , qui finit par se déchirer aussi. 3° Rathke a vu (3) l'œuf de l'Écrevisse arriver de la même manière dans la cavité de l'ovaire vésiculiforme , au milieu de l'épaisse paroi duquel il s'était formé. 4« La même chose a lieu chez les Arachnides' (4) , où les œufs sont saillans et disposés ou en grappes de raisin (5) , ou en séries (6) , à la face interne de l'ovaire vésiculeux. 5° Les ovaires de la plupart des Poissons sont de grands utricules , à parois minces , avec des saillies intérieures, ayant ordinairement la forme de plis foliacés , qui suivent la lon- gueur ou la largeur de l'utricule , et affectant plus rarement celle de petites villosités coniques ou pyramidales (7). Ainsi, par exemple, l'ovaire impair de la Blennie est un sac composé d'une membrane muqueuse , d'une couche de tissu cellulaire et d'un feuillet péritonéal; quand le poisson approche du (1) V. pi. I , cinquième forme, (2) Consid. gén. sur l'anat. comp. des an. articulés , p. 292. (3) .UntcrsuchwKjen ueber die Bildunij und Entwickeluwj des Fliiss- krebses , p. 1. (4) V. pi. I , sixième forme. (5) Treviranus, Ueber don innern Bander Arachniden , p. 36. (6) Nov. Jet. Nat. Cur.,t. XI , p. 338. (7) Hathke , Beitrœge zur Geschichte der Thierwelt , p. 120. DE L OVAIRE CELLUIEUX. gS terme de la maturité , il se forme , dans la couche' de tissu cellulaire, des œufs qui la distendent, ainsi que la membrane muqueuse , et font saillie à la surface interne, jusqu'à ce qu'ils ne tiennent plus enfin que par' de courts pédicules (1). ( J'ai observé une forme remarquable chez la Scorpœna scrofa ; il ne se produit pas d'ceufs dans les parois latérales de l'ovaire utriculiforme ; mais la membrane muqueuse se renverse en dedans à son fond ou à son extrémité antérieure , et repré- sente ainsi un gros corps , plein de tissu cellulaire , qui rem- plit entièrement l'utricule, et dans lequel naissent les œufs.) (2). tt Ovaire interstitiel creux réceptaculaire . § 59. A un degré plus élevé , c'est-à-dire chez les Reptiles, à l'exception des Chéloniens, les ovaires creux interstitiels n'ont plus de connexion immédiate avec les oviductes; leurs cavités ne servent plus que de réservoirs. Ce sont les ovaires creux interstitiels réceptaculaires^ dont la cavité peut être OU simple OU divisée. 1» Les ovaires des Sauriens, Ophidiens et Urodèles (3) res- semblent parfaitement aux ovaires interstitiels creux conduc- teurs , attendu que les œufs s'y forment aussi entre la mem- brane muqueuse et le péritoine , puis passent dans la cavité du sac ; la seule différence tient à ce qu'ils ne se prolongent point en oviductes (4). 2° Chez les Anoures (5), l'ovaire se compose de neuf à treize cavités conoides , qui sont formées par la membrane mu- queuse ; leur extrémité étroite, qui est dirigée vers le centre, offre une ouverture pour la sortie des œufs ; l'extrémité op- posée, qui est large, et représente la base du cône, forme la périphérie de l'ovaire , oii la membrane muqueuse se trouve tapissée par le péritoine ; les œufs se forment dans le tissu (1) Rathke, Ahhandlung zur Bildu?ig und Entwickelumjsijeschichte der Mcnschen viid dcr Thicre , t. II, p. 1. (2) Addition de Eathkc. (3) V. pi. I, septième forme. (4) Rathke, Bcitrœije zur Geschichte der Thierwelt , t. I, p. 2S. — II. Duliochet, Mémoires pour servir à l'histoire anatomique et j'hij- sioloijiquc des végétaux et des animaux , Paris 1S37 , t. II. (5) V. pi. I, huitième forme. g4 DE l'ovaire CELLUtEUX. cellulaire compris entre les deux membranes , et parviennent dans les cavités , après avoir déchiré la muqueuse (1). ** Ovaire interstitiel plein. § 60. DsinsV ovaire interstitiel plein, la cavité qui servait de réceptacle ( § 59 ) a disparu aussi , et il n'existe pas non plus d'oviducte. Chez quelques Poissons, tels que les Petromyzon fliwiatilis, Acipenser sturio, Murœna, anguilla^ Cobitis tœnia, Salmo salar et fario , chaque ovaire est une lame simple, qui consiste en une membrane interne , lisse et séreuse ( prove- nant du péritoine dans les. Saumons et les Lamproies ), une membrane moyenne , épaisse, ferme, celluleuse, pourvue de fibres longitudinales entrelacées ou parallèles , et une mem- brane externe , péritonéale. Sur Tune des faces de cette lame on aperçoit des saillies qui figurent soit des plis , tantôt lon- gitudinaux et tantôt transversaux, dont le bord libre est lisse, ou sinueux, ou lobé, soit des villosités en forme de massue et représentant des verrues (2). Ces saillies sont abondamment pourvues de vaisseaux ; elles s'élèvent de la membrane cellu- leuse , et là 011 elles reposent sur elle, consistent en un tissu cellulaire peu serré, dans lequel les œufs se forment, la plu- part du temps en deux et plusieurs couches (3). Dans la Lam- proie, l'ovaire ne résulte que de lames placées en travers, qui reposent sur le vaisseau sanguin étendu le long de la cavité abdominale , comme sur un tissu tout-à-fait étranger à elles , et ne sont d'ailleurs unies ensemble que par l'enveloppe pé- ritonéale qui passe de l'une à l'autre (4). b. Ovaire vésiculeucc. § 61. V ovaire véaiculeux est particulier à quelques Poissons cartilagineux , aux Cbéloniens , aux Oiseaux et aux Mammi- fères. Il consiste en un tissu cellulaire modifié , ou paren- chyme , que revêt le péritoine , et dans lequel se trouvent plu- sieurs vésicules closes , dont chacune est le laboratoire où se (1) Rathke , loc. cit., t. III , p. 30. (2) V. pi. I, neuvième forme. (3) Rathke , Beilrœcje sur Geschichte der Thierwelt , p. 422 et d65. (4) Rathke, Bemerlmnijen vcl/er dcr innern Bau der Pricke^ p. 55. DE l'oeuf végétai. gB forme un œuf. Cet ovaire paraît en grappe de raisin (1) lorsque les vésicules l'emportent sur le parenchyme , comme chez les Poissons cartilagineux, les Chéloniens, les Oiseaux et quelques Mammifères, notamment les Rongeurs, le Héris- son , le Koala , le Wombat , et l'Ornithorhynque ; divisé en masses globuleuses (2) , quand il renferme à peu près autant de parenchyme que de vésicules , comme dans le Cochon ; enfin , lisse à la surface (3), lorsque le parenchyme l'emporte sur les vésicules, et que celles-ci sont réunies en une masse indivise, comme chez les autres Mammifères et chez la femme. L'ovaire des Mammifères se compose d'un tissu cellulaire parenchymateux , abreuvé de sucs , et parsemé de vaisseaux sanguins , dont la surface est condensée en une membrane (l'albuginée ), qui reçoit encore une enveloppe du péritoine. La paroi des vésicules qu'il renferme ( folliculi s. vésicules Graafii) consiste en une couche extérieure et demi-transpa- rente de tissu cellulaire, qui est étroitement unie avec le pa- renchyme environnant , d'où elle reçoit des vaisseaux , et en une autre couche intérieure, plus épaisse, moins transparente, plus molle , à grains fins sur sa surface interne , qui paraît recevoir les ramifications vasculaires les plus déliées. B. Produit de l'ovaire. Maintenant nous allons passer au Produit de l'ovaire , ou à l'œuf avant la fécondation. 1. OEUF VÉGÉTAI. § 62. (On ne peut émettre que des conjectures sur la ma- nière dont se forme l'œuf végétal. 1" Dans la première période , pendant laquelle il a été ob- servé et décrit par Mirbel , il représente une excroissance* celluleuse , au dessous de laquelle aboutit un faisceau de trachées qui se prolongent plus tard , fait alors saillie dans la cavité de l'ovaire , et forme ensuite ce qu'on nomme le {i) "V. pi. I , dixième forme. (2) V. pi. I, onzième forme. (3) V, pi. I . douzième forme. Ô^ DE l'oeuf VÉGÉTAt. cordon ombilical. L'œuf doit donc naissance , suivant toute probabilité, aune production de cellules développées, comme autant de gemmes, à la surface ou dans les interstices des cel- lules qui constituent la paroi sur laquelle il repose , et qui , à une époque antérieure , s'étaient formées de la même ma- nière. A mesure qu'il croît, sa base se resserre , et devient par là un pédicule , appelé funicule ou cordon ombilical , le long duquel le faisceau sous-jacent de trachées se prolonge vraisem- blablement aussi peu à peujusque dans l'œuf lui-même. Les Or- chidées sont les seules plantes chez lesquelles Robert Brown (1) n'ait trouvé aucune trachée ;, même dans le cordon ombilical complètement développé. 2° En même temps que le cordon ombilical se forme, l'œuf lui-même se développe de plus en plus , et de très-bonne heure on parvient à reconnaître distinctement en lui trois parties , auxquelles Robert Brown (2) , qui les a^observées le premier, donne les noms de membrane externe ( testa) , de membrane interne [tegmen)]^ et d'amande {nudetis ^ le cho- rion de Malpighi). Ces trois parties, emboîtées l'une dans l'autre , ne tiennent ordinairement ensemble qu'à leur base commune , qu'on appelle chalaze (chalaza). A l'extrémité op- posée , les deux membranes enveloppantes sont percées d'un trou , nommé micropyle , à travers lequel le sommet de l'a- mande fait saillie sous la forme d'une excroissance. 3° Mais les observateurs ne sont point d'accord sur la ma- nière dont cet état de l'œuf procède de celui qui avait lieu auparavant. D'après Mirbel (3), l'œuf, verruciforme dans le principe , s'ouvre à son sommet , et laisse alors apercevoir les parties renfermées , savoir, la membrane interne et l'amande, Robert Brown (4) a observé , au contraire, dans les Orchidées, qu'avant l'apparilion du cordon ombilical , il se forme , au |3ourtour de l'œuf d'abord verruciforme , un renflement an- nulaire, qui, en croissant de bas en haut, devient la mem- (1) l'crmischte hotanischc Schriften , t. V , p. 113. (2)£oc. cit., t. IV, p. 83. (3) Nouv. recherches sur la structure et les développeniens de l'ovule végétal, p. k. Adfliliousnux Nouvelles rcclierches , p. 40. (4) Loc. cit., t. V, p. d^i2. DE LŒUF VEGETAL. Q'J brane externe (testa). D'après cela, l'amande n'est pas la dernière , mais la première partie de l'œuf que nous aperce- vons , et les deux membranes ne la revêtent que peu à peu , d'une manière cependant incomplète, puisque le micro- pyle reste encore ouvert autour de son sommet. Ces asser- tions s'accordent avec les descriptions que Brongniart (1) et Mirbel lui-même ont données de l'œuf pris dans les familles les plus diverses , et d'après lesquelles les deux membranes , ayant d'abord un très-large micropyle , laisseraient à décou- vert une grande partie de l'amande, que plus tard elles revê- tiraient presque en entier, ne conservant plus alors qu'un mi- cropyle qu'on a souvent de la peine à apercevoir. Il paraît donc que la règle établie par Mirbel , repose sur une erreur , et que les observations faites par Robert Brown, d'après l'exa- men d'une seule famille , doivent être [considérées comme la loi générale de la formation de l'œuf végétal. 4° A la base du jeune œuf, précisément en face du micro- pyle , là où se forme en premier lieu le cordon ombilical , le faisceau) des trachées de ce cordon s'étend en rayonnant à travers la chalaze , mais ne la dépasse jamais , du moins assez pour que la membrane externe , la membrane interne et l'a- mande soient soudées ensemble. Cependant on se tromperait beaucoup si l'on voulait regarder toutes les trachées de la cha- laze comme un prolongement immédiat de celles du cordon ombilical ; car la chalaze contient toujours plus de trachées que le cordon ombilical , qui fréquemment , par exemple dans le Luzula^ ne consiste qu'en un seul de ces vaisseaux , lesquels d'ailleurs , on le sait, ne se ramifient jamais chez les végétaux. Mais cette seule circonstance démontre déjà qu'on ne saurait admettre la prétendue analogie entre une anastomose des tra- chées dans les plantes et une anastomose des vaisseaux dans les animaux , à laquelle les hommes même qui cultivent avec le plus de succès la physiologie végétale ne peuvent point en- core renoncer entièrement. 5" Quoique, jusqu'à sa parfaite maturité , l'œuf végétal ne perde jamais ses connexions avec la paroi interne de l'ovaire , (d) Annales dej se. naliuellcs , t. XII , p. 14', 145 , 225. I- 7 gS DE l'oeuf végétai. et qu'en conséquence il ne subisse aucun déplacement, ce- pendant il éprouve en général un changement remarquable de direction, qui a lieu en partie avant, en partie aussi après la fécondation , et sans lequel cette dernière elle-même serait impossible , à un petit nombre d'exceptions près. En effet, les excellentes observations de Robert Brown , de Brongniart et de Mirbel ont complètement démontré que Fœuf végétal est fécondé à sa partie supérieure, là où le sommet de l'amande fait encore à cette époque saillie hors dumicropyle , et que la fé- condation part d'un point exactement déterminé de la paroi interne de l'ovaire , où se termine un cordon de ce qu'on ap- pelle le tissu cellulaire conducteur. Ces deux points de l'œuf et de la paroi de l'ovaire entrent en contact à l'époque de la fé- condation , ce qui résulte communément de ce que l'œuf subit peu à peu un renversement plus ou moinscomplet (resupinatio), dans lequel le hile , c'est-à-dire le point d'attache externe du cordon ombilical à l'œuf , se déplace en quelque sorte. Voilà pourquoi il est rare de voir, dans la graine mûre , le cordon ombilical aboutir immédiatement à la chalaze. C'est souvent du côté opposé , tout près du micropyle , qu'il gagne la graine ; alors , confondu intimement avec la membrane externe , il constitue un cordon visible à l'extérieur , et qu'on nomme raphé , forme sous laquelle il marche jusqu'au milieu de la chalaze , où les trachées s'écartent les unes des autres en rayonnant. 6" Mais l'amande de l'œuf végétal non 'fécondé n'est elle- même qu'une enveloppe de cet œuf, quoiqu'elle représente d'abord une masse épaisse de tissu 'cellulaire lâche. Bientôt , en effet , il se produit , vers son milieu , une cavité , qui ac- quiert peu à peu plus d'ampleur, et dans laquelle l'embryon se forme. 7" Il est rare qu'on trouve encore dans la cavité de l'amande un sac, qui loge alors V emhry on {sacculus coUicjuamenti , ou amnios de Malpighi), mais qui, la plupart du temps, disparaît de très-bonne heure. Les Nymphéacées, les Pipéracées et les Saururées sont les seules plantes dans les graines mûres des- quelles on rencontre encore ce sac, constituant une enveloppe immédiate de l'embryon , auquel même il adhère en partie. ŒUF ANIMAL. 99 Peut-être serait-on en droit de comparer cette vésicule à la vésicule proligère des animaux. Peut-être n'a-t-elle été qu'in- aperçue jusqu'à présent chez les plantes qui paraissent en être dépourvues. Il serait possible que son sort ordinaire fût, chez les vé^oétaux aussi , d'être détruite pendant la féconda- tion , et qu'elle n'eût été observée que dans les circonstances où exceptionnellement elle persiste plus long-temps. Car les connexions organiques qu'on a remarquées , dans ces cas , entre elle et l'embryon lui-même, semblent témoigner qu'elle est plus qu'une simple enveloppe , qu'elle est le rudiment du germe. Mais si cette interprétation était fausse , il faudrait ac- corder que l'œuf végétal manque entièrement de rudiment de germe appréciable. 8° L'embryotrophe végétal , qu'on peut comparer au jaune de l'œuf animal , mais que les botanistes ont coutume d'appe- ler albumen ou périsperme , ne se développe qu'au moment de la fécondation , ou du moins , si cette dernière n'a pas lieu, qu'à l'époque de l'aptitude à concevoir (*). C'est pourquoi nous reviendrons plus tard sur son compte) (1). OEUF ANIMAL. § 63. La production de Y œuf animal tient à ce que le liquide sécrété par l'ovaire se condense , se solidifie en partie , ac- quiert des limites précises à l'extérieur, et constitue en de- dans la base de l'embryon. On remarque donc dans cet œuf un antagonisme entre un embryotrophe et des parties qui , après être provenues de celui-ci , se séparent en deux caté- gories , les unes chargées d'établir une déhmitation ( enve- loppe de l'œuf) , les autres aptes à jouir de la vie (germe). L'œuf ainsi produit croît et se développe en absorbant le li- quide que l'ovaire continue de sécréter, jusqu'à ce qu'il soit parvenu au terme de sa maturité , c'est-à-dire jusqu'à ce qu'il ait acquis le degré de développement nécessaire tant pour être fécondé , que pour pouvoir continuer de s'accroître hors du lieu oii il s'est formé. Mais lescirconstances dans lesquelles (*) Voyez , sur l'ovule îles végétaux , F.-V. Raspail|, Nouv. syst. de physiol. végétale, Paris ,1837 , t. I, p. 63, 240, 529. (i) Addition d'E. Mejer. 100 OEUF ANIMAt. s'opèrent la fécondation de Tœuf et le développement de l'embryon varient chez les différens êtres organisés , et c'est ce qui fait que , chez quelques uns d'entre ces derniers, l'œuf subit, avant même d'être fécondé^ ou avant de quitter l'ovaire, des modifications particulières, consistant en ce que les trois parties essentielles dont on a vu précédemment qu'il est com- posé , acquièrent plus de consistance , ou que d'autres parties accessoires viennent s'y joindre. Nous étudierons plus tardées modifications (§ 339); ici nous n'examinerons que les trois parties essentielles dans leur forme simple , attendu que ce sont elles qu'on trouve partout les premières , et que , chez les êtres organisés supérieurs , il n'y en a point d'autres dans l'ovaire, avant la fécondation. l» Vembryotrophe est le produit sécrétoire de l'ovaire , qui devient la première base de l'œuf , puisque l'enveloppe de ce dernier et le germe en procèdent , qu'ensuite il parvient dans l'intérieur de l'œuf, à travers son enveloppe , et non seulement en détermine ainsi l'accroissement [d'une manière immédiate , mais encore fournit les matériaux nécessaires à la production du germe et plus tard à la nutrition de l'em- bryon. Cet embryotrophe est le jaune {viteîlum), liquide épais, la plupart du temps jaune, qui paraît grenu au mi- croscope , et qui contient de l'albumine , avec une plus ou moins grande quantité d'huile grasse. Lorsqu' après la fécon- dation et hors de l'ovaire le jaune n'augmente plus par l'ab- sorption de nouveau liquide , non seulement sa masse et par suite celle de l'œuf entier acquièrent un volume considérable dans le lieu même de sa formation , mais encore il se charge d'une plus grande quantité d'huile grasse, qui fournit un aliment concentré au corps animal. En pareille circonstance il s'ac- coUe encore au jaune, chez beaucoup d'animaux, une sub- stance nutritive accessoire , le hîanc (§ 340) , qui se dispose autour de lui en couches concentriques, et dont la production tantôt a lieu déjà dans l'ovaire , conrnie chez plusieurs Pois- sons , tantôt au moins précède la fécondation , comme chez les Batraciens. 2° V enveloppe de l'œuf {cuticula ovi) est une membrane simple , sans organisation particulière , qui se forme à la sur- OEUF ANIMAL. 101 face de l'embryolrophe , par la condensation de sa couche extérieure , et qui représente une vésicule limitant Tœuf , qu'elle sépare du monde extérieur, sans s'opposer à ce qu'il réagisse sur lui. C'est une membrane originairement très- délicate, dépourvue de vaisseaux, qui ressemble à l'épithé- lium ou à l'épiderme , en ce qu'elle doit naissance à une sim- ple coagulation de la surface. Elle donne la forme d'une sphère au liquide qu'elle renferme , et, quoique close de tou- tes parts, elle ne met cependant pas obstacle à la pénétra- tion*des produits sécrétoires de l'ovaire et du testicule , ou à l'influence dynamique de ces organes et de leurs produits. Lorsqu'il y a un embryotrophe accessoire , il existe aussi une enveloppe accessoire de l'œuf (§ 341). 3o Le germe (blaste) est la partie formée aux dépens de l'embryotrophe et couverte par l'enveloppe de l'œuf, qui de- vient médiatement ou immédiatement la base de l'embryon. Chez tous les animaux qui se propagent par génération sexuelle , le germe paraît être composé de deux parties dis- tinctes, savoir : la couche proUgère {strafum proligerum) , amas de granulations , sans limites bien déterminées, qui oc- cupe la surface du jaune , sous l'enveloppe de l'œuf ; et la vésicule proligère {vesicula prollgera) , qui est située dans la couche , ou au dessous d'elle , contient un liquide clair comme de l'eau , et jouit d'une transparence parfaite. Ces deux parties paraissent se confondre ensemble pendant la fé- condation ou la sortie de l'œuf hors de l'ovaire , et seule- ment alors produire la membrane proligère, qui se transforme ensuite en embryon (§ 342). En 1825 , Purkinje (4) a publié pour la première fois sa découverte de la vésicule proligère dans l'œuf des Oiseaux. Cette vésicule a été vue, en J827, par Baer (2) , chez d'autres animaux vertébrés ovipares , de même que dans les Mollusques , les Annélides , les Crustacés et les Insectes. Purkinje l'a ensuite observée , non seulement chez ces animaux , mais encore chez les Entozoaires et les (1) Symbolœ ad ovi, avium histonam unto incubationcvi. Léipzick , 1830 , 111-4". (2) De ovi mamvudium et homiids ijeiicsi , p. 27. 102 OEUF ANIMAt. Arachnides (1). Enfin, en 1834, Costa (2) , ;Valentm"(3) et Bernhardt (4) ont démontré qu'elle existe aussi chez les Mam- mifères. Carus, Ralhke et Wagner ont également contribué à accroître la masse des connaissances que nous possédons à son égard. § 64. Les notions que nous avons acquises sur l'œuf non fé- condé des animaux sans vertèbres , sont encore fort incom- plètes. Ce qu'il y a de plus clair, c'est que l'oeuf provient du liquide sécrété par l'ovaire ; car, outre que le contenu de cet organe varie suivant les saisons , la forme tubuleuse qu'il af- fecte (§ 52) fait que ses produits s'y trouvent disposés les uns à la suite des autres, dans un ordre correspondant a leur ancien- neté et à leur degré de développement, de manière à per- mettre qu'on embrasse d'un seul coup d'oeil l'histoire entière de la formation de l'œuf. 1'' C'est à ce résultat que se borne presque tout ce que nous savons sur le compte des Annélides et des Nématoïdes. Les ovaires du Lombric terrestre renferment en hiver , d'après Morren (5) , un liquide homogène et blanc , qui devient grenu au printemps , et prend peu à peu la forme d'œufs. Suivant J. Cloquet (6) , ceux de l'Ascaride lombricoïde contiennent, à leur extrémité terminée en cul-de-sac, c'est-à-dire dans la partie qui en est à proprement parler le commencement, une substance blanche , qui plus loin se partage en grumeaux bien distincts , jusqu'à ce qu'enfin ces grumeaux prennent la forme de véritables œufs. 2" On trouve de même, dans le cul-de-sac de l'ovaire des Insectes, un liquide transparent , mucilagineux , presque en- tièrement semblable à de la semence, plus loin une masse gre- nue j et enfin , vers l'orifice , des œufs bien formés. Du reste , (1) Encyclopœdisclies TVœrterhuch der mcdicinischen Wissenschaftcii , t. X , p. 109. (2) Recherches sur la génération des mammifères , p. 19. (3) Handhucli der Entwickelimijsijcschichic des Menschen , p. 21. (4) Symholœ ad ovi matnmcdmm historiam ante imprœynationem, p. 22. (5) Delumhrici terrcstris Jdstoria naUirali necnon anatomia Tractatus , Bruxelles 1829, 10-4°, avec planches, p. 180. (6) Anatoniie des vers intestinaux , p. 51. OEUF ANIMAt. 103 il pourrait fort bien y avoir ici d'autres modes encore de forma- tion; effectivement, l'embryotrophe semble quelquefois se con- denser en membrane à sa surface , et s'envelopper ainsi d'un utricule renfermant les œufs qui se produisent , et descen- dant avec eux dans le tube de l'ovaire. Ainsi Strauss (1) nous apprend que , chez le Hanneton , la masse encore cohérente de l'embryotrophe qu'on observe dans le premier tiers de la longueur de l'ovaire , est entourée d'une membrane particu- lière et épaisse , qui se resserre de distance en distance dans le second tiers , et forme ainsi une cellule spéciale pour chaque œuf; ces cellules tiennent ensemble par les étrangle- mens intermédiaires de l'utricule, jusqu'à ce qu'enfin les œufs soient séparés les uns des autres dans le dernier tiers , où ils croissent encore , vraisemblablement par l'absorption de la matière blanche et grumeleuse qui est sécrétée en cet endroit. Muller (2) a trouvé, chez plusieurs Insectes, les ovaires unis au vaisseau dorsal par des filamens déliés, qu'il regarde comme des canaux s' abouchant dans les deux organes , par conséquent comme des vaisseaux sanguins se prolongeant immédiatement en canaux sécrétoires , opinion que Garus (3) , Treviranus (4) et Burmeister (5) ont pleine- ment réfutée. Mais Muller dit avoir observé, dans le Phasma^ que ces filamens étaient de véritables utricules , pleins d'une substance floconneuse et grenue, qui se continuaient avec les canaux de l'ovaire , dont ils formaient la membrane in- terne , mais cependant s'avançaient peu à peu vers l'orifice de ces canaux, tant avec les œufs qui se développaient, qu'avec les débris d'embryotrophe épars entre ces derniers , sous la forme de grumeaux d'une masse grenue. Du reste, cet observateur nous apprend (6) que le jaune des œufs du Phasma est d'un jaune rougeâtre , ponctué de rouge , et qu'il contient de distance en distance un liquide oléagineux (1) Consid, génér. sur l'anat. comp. des an. articuL, p. 302. (2) Nov. Act. Nat. Curios., t. XII , p. 582. {i)Ibid., t. XV, PI. II, p. 5. (4) Zeilschrift ftter die Phijsioloyie , t. IV, p. 182. (5) Handbuch dcr Entoinolo(jic , t. I, p. 36J. (6) Loc. cit., p. 643. 104 OEUF ANIMAL. rouge ; il est vert dans le Bombyx pini (d), et ordinairement jaunâtre ou blanc chez les autres Insectes, par exemple dans le Hanneton , où , d'après Strauss , il représente une bouillie assez liquide , composée de grains dont le diamètre s'élève à 0,0045 ligne, et présentant à la surface une couche de glo- bules appliquée sur l'enveloppe de l'œuf. 3° Dans les Crustacés , on trouve , d'après Ramdohr (2) , au commencement de l'ovaire , des masses encore amorphes , et plus loin des œufs de plus en plus volumineux et transparens , à mesure qu'on se rapproche davantage de l'orifice. Dans l'Écrevisse, le jaune est d'abord transparent, puis jaune, enfin brun ; il se compose de globules réunis par un liquide visqueux, et qui abandonnent une substance colorante à l'alcool. 4° Le jaune de l'œuf des Arachnides est jaune et composé de globules , les uns gros, les autres petits. Ces globules se distinguent , par leur opacité et leur volume moins considé- rable, de ceux qui constituent la couche proligère, laquelle affecte , chez ces animaux , la forme d'un point blanc , pres- que lenticulaire. 5° Dans les Gastéropodes, le jaune est presque toujours jaune et grenu , avec une couche proligère qui se dessine sous l'aspect d'un petit point plus clair. Celui des Bivalves est épais , d'un jaune ochracé ou d'un rouge-briqueté , avec une couche prohgère blanche. Celui des Céphalopodes est blanc et géla- tineux ; il se durcit à la chaleur de l'eau bouillante. § 65. I. Nous possédons des connaissances plus étendues à l'égard de l'œuf des animaux vertébrés à sang froid , chez lesquels, comme chez les Oiseaux, on désigne l'enveloppe primordiale de cet œuf sous le nom de membrane vitelline , pour la distinguer des enveloppes accessoires. 1" L'œuf des Poissons cartilagineux , formé au milieu du tissu de l'ovaire , dans la cavité duquel il tombe après le dé- chirement de sa membrane muqueuse distendue en forme de ('I) Succow , Anatomisch-physioloijischc Untcrsuclmntj dcr I/isekten 71)1(1 Krustenthierc , p. 19. (2) Mu'jasin fuer die neusten EntdeckxiiKjen der ijesammten Natiir- liunde , t. II, p. 89. OEUF ANIMAL. lo5 capsule, et s'enveloppe d'un blanc , consiste en une membrane vitelline , quelquefois assez mince pour qu'on ne puisse pas l'apercevoir distinctement au microscope ; du jaune , constitué lui-même par un liquide visqueux, par des granules albumineux incolores , et par une graisse presque toujours divisée en gout- telettes , mais quelquefois aussi réunie en une seule grosse goutte ; enfin de la couche proligère , qui , lenticulaire et à peu près transparente , occupe le quart environ de la surface du jaune. La vésicule proligère ne se voit qu'autant que l'œuf occupe le lieu où il s'est formé (1). Le jaune est composé , d'après Morin et Dulong , d'une huile liquide et chargée de phosphore , d'albumine, d'osmazome , de sels et d'eau. 2° Les choses sont à peu près dans le même état chez les Batraciens ; seulement , la couche proligère est d'un brun foncé , presque noire, et elle entoure la moitié ou les trois quarts du jaune , dont la couleur est le blanc grisâtre ou le jaune , de manière que l'œuf présente deux couleurs différentes à sa surface. IL L'œuf des Oiseaux, non fécondé et encore contenu dans l'ovaire , est celui dont on connaît le mieux les parties , d'a- près les recherches de Purkinje (2). 3° La membrane vitelline est mince , transparente et blan- châtre. 4° Le jaune est un liquide épais , incolore au microscope , contenant des grains aiTondis de diverses grosseurs , et dans lequel on peut distinguer plusieurs couches différentes. Le centre, et une languette qui s'étend depuis ce centre jusqu'à la • couche proligère , sont composés d'une substance plus liquide que le reste , contenant des granulations microscopi- ques blanchâtres , ayant la teinte blanche du lait dans l'œuf cuit , et laissant une saveur légèrement salée dans la bouche. Sur cette substance s'applique une couche d'un jaune pâle , recouverte d'une autre couche d'un jaune foncé, par dessus laquelle s'en trouve encore une d'un jaune pâle. Le jaune est (1) Bacr Untersuchungeii ticher die Entwickelunijsijcscldchtc der Fischc , p 7 . (2) Sijmholœ ad ovi aoium histnriam antc incuhationcm. Léipzick , 1S30. 106 OEUF ANIMAI. une émulsion' qui résulte , suivant Prout , de 0,29 d'huile , 0,17 d'albumine et 0,54 d'eau; Tliuile contient du phosphore, comme la graisse cérébrale ; on peut la réduire en élaïne , en stéarine , et , d'après Lecanu , en une graisse cristalline , non saponifiable, qui ressemble à la choléstérine. 5» A la surface du jaune , et par conséquent à la face interne de la membrane vitelline , se trouve une couche mince de granulations. C'est l'accumulation d'une plus grande quantité de ces grains sur un point , ordinairement au côté de la sphère vitelline tourné vers l'intérieur de l'ovaire , qui forme la couche proligère {stratum, proligeritm). Cette COUChe se compose d'une zone grenue , aplatie et blanchâtre [zonala) , appelée SluSSÏ disque proligère [discus proligerus) , et d'un corps conoïde , également blanchâtre , que cette zone entoure , et auquel on donne le nom de tubercule proligère (cumulus). La base de ce tubercule , située à la surface de la sphère vitel- line , immédiatement au dessous de la membrane vitelline , qui jouit ici d'une transparence remarquable , apparaît sous la forme d'une tache ronde et d'un blanc de lait , qu'on appelle cicatricale (cicatricttla) . Le tubercule lui-même fait une saillie d'environ deux lignes dans l'intérieur du jaune , et, à son som- met tourné vers la bandelette blanche qui va gagner le centre du jaune ^ il présente une ouverture [porus) d'environ 0,16 ligne de diamètre. Cette ouverture est l'orifice de la cavité qui le parcourt dans le sens de son axe. C'est là qu'on trouve nichée la vésicule proligère , ou vésicule de Purkinje , qui représente une sphère un peu aplatie , à parois minces , et remplie d'un liquide limpide. 6° Quant à ce qui concerne l'histoire de la formation de cet œuf, le jaune est d'abord un liquide clair et transparent , qui devient ensuite trouble , puis blanc et laiteux , enfin jaune et visqueux. La membrane vitelline ne peut point d'abord être distinguée de la couche granuleuse située au dessous d'elle , ce qui fait qu'elle est très-rapprochée aussi de la cicatricule , de sorte que le jaune semble, à sa surface, se séparer en membrane vitelline et en couche grenue. La vésicule proligère se forme de très-bonne heure , entourée d'une petite auréole de substance blanche et grenue , qui se développe peu à peu CEUF ANIMAI. IO7 en tubercule proligère. Suivant Baër (1), cette vésicule sem- ble être primordialement plus rapprochée du centre du jaune , et se rapprocher peu à peu de la surface. On l'aper- çoit jusque dans les plus petits œufs , et on la voit même déjà du dehors , quand l'œil ne distingue point encore de ci- catricule opaque. Elle ne croît pas dans la même proportion que l'œuf; mais elle en occupe d'abord la moitié , et elle est proportionnellement d'autant plus petite que cet œuf devient plus gros; dans un œuf de 0,11 ligne, elle avait 0,0o ligne (= 1 1 2,22) , et dans un autre de 0,30 ligne , elle avait 0,12 ligne (= 1 1 2,47) , d'après les mesures prises par Pur- kinje (2) et Valentin (3). § 66. Les vésicules de l'ovaire ne sont pas, chez les Mam- mifères , comme chez les autres animaux , remplies par un corps limité , l'œuf. I. Elles sont pleines d'un liquide clair comme de l'eau et un peu visqueux , de manière que , quand on l'étend sur le doigt , il y laisse un enduit brillant , selon la remarque faite par Hausmann. En l'examinant au microscope , on y aperçoit un liquide clair, des granulations rondes, et çà et là aussi des gouttelettes d'huile. Baër (4), qui a le premier observé ces dernières , a reconnu aussi que le liquide se coagule à l'air libre , comme la lymphe ; la chaleur, l'alcool et les acides produisent sur lui le même eftet. John (5) y a trouvé de l'eau, de l'albumine , de la gélatine (osmazonie ?) et du phosphate de soude. Jusqu'à nos jours on n'avait découvert aucun œuf dans ce liquide ; on n'avait même pu en voir de traces , immé- diatement après la rupture de la vésicule ovarienne, ni à la surface ni dans l'intérieur des oviductes, quoiqu'on fût intimement convaincu de son existence. C'est ainsi que Kirchdorff (6) l'a cherché inutilement sur des Brebis , des (1) De ovi mammalixim. et hominis genesi, p. 26. (2) JEncijclopœdischcs TVœrtcrhuch der medicinischcn flTissciischaflcn , Berlin 1834 , in-8», t. X , p. Hl. (3) Handhuch der Entwickclun'jsgechichtc dos Menschcn , Berlin 1835, in-8», p. 8. (4) Loc. cit., p. 17. (5) Chcmischc Tabcllcn des Thierrcichs , p. 8. (6) Dubia do l\OPÎlEMENT blïS. transparente , complètement homogène , comme une cellule végétale ordinaire, et hygroscopique à un tel degré que, sous l'eau, il lui arrive souvent de dépasser les bornes ' de son extensibilité , de sorte qu'elle éclate d'elle-même et laisse échapper son contenu. Si elle possède des pores appa- rens , c'est par ces points que l'eau est absorbée de préfé- rence , après quoi la membrane interne s'y laisse apercevoir à travers l'externe , au dehors de laquelle on la voit même faire saillie sous la forme d'autant de boyaux qu'il y a de pores. Si la membrane externe est dénuée de pores visi- bles , elle peut bien se déchirer irrégulièrement, ou même se détacher tout-à-fait par le gonflement de l'interne, mais alors cette dernière ne produit point de renflemens en cul-de-sac. Ce phénomène est purement physique , puisqu'on l'observe aussi bien sur le grain pollinique mort que sur celui qui jouit de la vie , quoiqu'avec un degré différent d'énergie. Les choses se passent autrement quand les grains polliniques vi- vans entrent en contact , au moment opportun , avec le stig- mate , organe femelle extérieur de la plante. Alors, outre que des boyaux beaucoup plus longs sortent des pores visi- bles , les grains polliniques qui n'ont point de pores se cou- vrent de productions analogues, plus coniques seulement, et surtout dans les points où a lieu le contact le plus intime entre le pollen et le stigmate. Dans les Asclépiadées, dont le pollen présente beaucoup de caractères particuliers , puisque les grains complètement développés manquent de membrane extérieure, tandis que tous ceux d'une loge anthérale par- viennent à la fois sur le stigmate , réunis en une seule masse par une membrane commune, dès que ce phénomène a lieu, un boyau long et grêle se développe de chaque grain, tandis qu'il est encore renfermé dans l'enveloppe commune , et tous les boyaux prennent la même direction, celle du stigmate de la plante , dans lequel ils sont destinés à pé- nétrer , après s'être enfin débarrassés de leur enveloppe. Les principaux observateurs de ces faits, qui ont totalement changé nos idées sur la génération des plantes , sont Amici , Bron- gniart, Robert Brown et MohI. Ces notions sur le pollen nous conduisent à essayer une DES TESTICULES PROPREMENT DITS. 121 autre Interprétation des parties que nous avons appelées œuf végétal ( § 62 ) et ovaire végétal ( § 50 ). En effet , si le pré- tendu œuf végétal correspond manifestement , non point à l'anthère, mais au grain pollinique, que ce dernier soit ana- logue au testicule des animaux, et son contenu au sperme, les deux membranes du premier doivent être les analogues de l'ovaire des animaux , et son amande seule être l'œuf de ces derniers. Ce qui vient surtout à l'appui de cette hypo- thèse, c'est que les membranes du prétendu œuf végétal consti- tuent des sacs ouverts , le micropyie ne se formant que long- temps après la fécondation. Ce qu'on nomme l'ovaire végétal pourrait alors être comparé à la cavité pelvienne des ani- maux) (1). A la vérité on peut encore se demander si le grain polli- nique , au lieu d'être lui-même un testicule végétal , n'est pas plutôt un produit de ce testicule (de l'anthère ), produit qui ne différerait du sperme des animaux qu'en ce que la ten- dance prédominante de la substance végétale à prendre une forme solide fait qu'il s'enveloppe de membranes, tout comme une autre sécrétion , l'amidon, prend de la même manière la forme d'un grain (*). b. Testicules dans les animaux. § 70. Le ies^ictiZe des animaux (^es^icî^Zî^s), considéré d'une manière générale , consiste , comme d'autres organes sécré- teurs, en canaux fermés à l'extrémité, ou, pour parler plus exactement , en culs-de-sac, dans lesquels commence la for- mation du sperme , et en extrémités béantes , par lesquelles ce liquide est évacué au dehors. L'échelon du règne animal où l'on voit pour la première fois, dans le sexe féminin, l'o- vaire perdre le caractère d'un réservoir et d'un organe con- ducteur des œufs, sans qu'il existe en même temps que lui un organe spécial destiné à cette fonction (§ 00 ), cet éche- lon, auquel se rapportent quelques Poissons (§ 79, 2°), est le (4) Addilion d'E. Meyer. (,*) Voyez siu- le pollen , Raspail, Nouveau Système de chimie organi- que, Paris (1833,p. 159-183, et Nouveau Système de physiologie végétale, t.I, p. 72, 311,572. 122 TESTICULE TUBULEUX. seul OÙ Ton trouve le testicule formé , non point de canaux conduisant le sperme produit dans leur intérieur , mais de cel- lules closes. Nous distinguons donc surtout deux formes , la tuhuîeuse ( § 71 ) et la glanduleuse ( § 74 ). * Testicule tubuleux. § 71. A un degré inférieur d'organisation, le testicule laisse apercevoir extérieurement sa forme tubuleuse, et consiste en des canaux libres, qui sont simples ( § 72 ) ou rameux ( § 73 ). t 'I^esticule tubuleux simple, § 72. Le testicule tuhuleux simple représente la dernière de toutes les formes. Au plus bas degré, il se continue, sans ligne de démarcation appréciable , avec le conduit déférent , et de cette manière il ne fait qu'un avec ce dernier. A un degré plus élevé, on aperçoit une ligne de démarcation entre les deux organes. Ce testicule est tantôt étroit, long , vasculiforme, et la plu part du temps flexueux (1) ; tantôt large , en forme de sac ou d'ulricule, court et droit (2). A la première forme se rapportent , par exemple , les tes- ticules de l'Ascaride lombricoide, qui commencent par des en- trelacemens de circonvolutions, se prolongent en circonvolu- tions plus libres , et ont en tout une longueur de deux à trois pieds (3). Ceux du Jule, qui sont filiformes, mais en ligne droite (4), appartiennent à la même catégorie. L'extrémité en cul-de-sac de ces testicules flexueux est tantôt terminée en pointe , comme dans la Tipula , tantôt élargie en massue , comme dans l'Abeille (5). Les testicules ont la forme d'utricules , par exemple dans V Echinorhynchus gigas (6) , les Oniscus ceti (7) , aquati^ (1) V. PI. II , première forme. (2) V. PI. II, seconde forme. (3) J. Cloquet , Anatomie des vers intestinaux , p. 46. (4) Treviranus , J^crmischtc ScJdften , t. II , p. 25. (5) Burmeister , Handhuch dcr Entomologie , t. I , p. 217. (6) J. Cloquet, loc. cit., p. 89. (7) Treviranus , loc, cit., t. II , p, 9. TESTICULE TUBULEUX. Iii3 cus{l) et asellus ^' ou cMcun d'eux est divisé par un étran- glement en une partie antérieure et une partie postérieure (2) ; dans les Scolopendres (3), les Araignées (4) et les Ephémères, où ils sont un peu plissés (5). L'extrémité en cul-de-sac se termine par un sommet pyramidal dans les Libellules , tan- dis qu'elle est dilatée dans les Cercopis et Tinea (6). tt Testicule tuhuleux rameucc. § 73. Le testicule tubuleux rameux se partage en canaux, qui tantôt sont longs et représentent des branches , tantôt forment de courts faisceaux et des vésicules. On le rencontre surtout chez les Insectes , et MuUer en a fait connaître les diflerentes formes (7). 1° Lorsque cette division comprend les extrémités en cul- de-sac du testicule ou les.points par lesquels il commence , ce sont tantôt des canaux parallèles les uns aux autres et formant des faisceaux , comme dans les Buprestis, Tricîwdes et Clerus , ou s' écartant en rayonnant dans tous Les sens, comme dans les Bostrichus; tantôt plusieurs dilatations vésiculiformes, qui s'implantent sur le canal commun à la manière d'une fleur étoi- lée sur le pédoncule , comme dans les Apate , Asida et Tene- hrio ^ ou des vésicules isolées et plus grosses ;, à la surface desquelles s'élèvent une multitude de petites vésicules ou de courts utricules , comme dans les Musea^ Elater^ Blaps et Telephoi'us. 2° Les branches qui sortent des parois latérales du canal commun naissent, tantôt d'un seul côté|, en sorte que le tes- ticule devient pectine , comme dans YHydropMhis, tantôt de plusieurs côtés et sur toute la périphérie. Dans ce dernier cas , elles sont courtes , vasculiformes , nombreuses et serrées les unes contre les autres, comme dans les Semblisj ou un (l)i6Jd., t. I,p. 74. {2)Ibid.,t. I,p. 59, (3)iZ.zrf.,t.II,p. 25. (4) Treviranus, Ucber der innern Bau dcr Araclmiden , p. 37, (5) Swaiumerdam , Bibel der Natur , p. 108. (6) Buvmeister, loc. cit., t. I , p. 217. 0) Do ijUindularurnsecernentium structura lyenitiori, Lipsiîe 1S30, n-fol.;p. 103. 124 TESTICULE GLANDULEUX. peu plus longues et plus isolées, comme dans les Staphylinus et Sylpha. ** Testicule glanduleux. § 74. On peut appeler le testicule glanduleux lorsque les canaux qui le constituent sont réunis en une masse, de sorte qu'on ne parvient point à les distinguer clairement à l'exté- rieur , ce qui tient à ce qu'ils sont ou serrés les uns contre les autres, ou enveloppés par du tissu cellulaire. Il est impos- sible d'établir ici aucune ligne de démarcation bien tranchée , aussi dislingue-t-on seulement la forme glandulaire propre- ment dite ( § 77 ) et celles qui ne font que s'en Rapprocher (§75). i" Testicule imparfaiteînent glanduleux, § 75. Les longs canaux étroits et vasculiformes d'un grand nombre d'Hyménoptères (1) et autres Insectes , par exemple , du Gryllus verrucivorus (2) , sont contournés sur eux-mêmes, Dans quelques uns de ces animaux, par exemple lesRanatra, le canal simple est tordu en spirale. Dans d'autres encore, spécialement les Coléoptères, et surtout les Carabiques, il est roulé en peloton, de manière à représenter une seule masse qui , d'après Léon Dufour, est couverte d'une membrane particulière (3) ; quand on le déroule , on trouve qu'il a une longueur considérable , vingt fois plus grande , par exemple, que celle du corps entier dans le Dytiscus marginalis (4). § 76. Le testicule se rapproche davantage de la forme glan- duleuse lorsqu'il consiste en un grand nombre de canaux parallèles les uns aux autres et réunis par du tissu cellu- laire (5). C'est ainsi qu'on le trouve dans plusieurs Insectes, par exemple dans le Clerus alveolaris (6) . Nous mentionnerons encore ici une forme particulière , dans laquelle les canaux se réunissent en renflemens à leurs extré- (1) Bulletin delà Soc. philomatique , 1818 , p. 101. (2) Carus , Traité élémentaire^d'anat. compar., t. II, p. 388. (3) V. PI. II , troisième forme. (4) Hegetschweiler , Diss. de insectorum genitalihis , p. 19. (5) V. PI. II, quatrième forme. (6) Hegetschweiler , loc. cit. , p. 19. TESTICULE (ÎLANDULÈUX/ isS mités ouvertes (1). Ainsi, dans les Nepa, cinq canaux con- tournés se terminent par autant de renflemens qui se confon- dent ensemble du côté du conduit déférent. Dans le Cimex hyoscyami sept canaux plus courts et droits se confondent en un renflement indivis (2). , tt Testicule parfaitement glanduleux, § 77. Chez les Insectes, de même que chez les autres ani- maux articulés, outre les formes précédentes du testicule ( § 71-76 ), on en trouve aussi qui sont véritablement glandu- leuses. 1° Le testicule est partagé en plusieurs portions distinctes , qui produisent un conduit déférent commun. Ces testicules multiples, ou ces lobes de testicules, aboutissent par leurs canaux à un point commun , d'où part le conduit déférent (3). Voilà ce qu'on observe spécialement dans les Coléoptères. Ainsi, d'après Strauss (4), il y a, chez le Hanneton , six disques présentant des plis rayonnes à leur surface et composés de canaux , dont les extrémités en cul-de-sac correspondent à la périphérie , tandis que les extrémités ouvertes et conver- gentes s'abouchent dans une cavité centrale, d'oii part un conduit qui se réunit avec les cinq autres pour produire le canal déférent. On trouve cinq de ces testicules dans le Sca- rabceus fimetarius ^ et douze: dans le Scarahœus auratus. Chez quelques autres Insectes , par exemple la Tettigonia pïeheia . les canaux des testicules se réunissent en un conduit commun , non pas sur un seul point , mais sur plusieurs , de manière qu'il résulte de là une forme rameuse et en partie analogue à celle d'une grappe (-5). 2° Le testicule apparaît, chez les Lépidoptères principa- lement, sous la forme d'une seule masse globuleuse, qu'on ne peut dérouler et dans laquelle on a de la peine à distinguer les canaux , à cause de leur ténuité. Dans l'Écrevisse, on aper- (1) V. PI. II , cinquième forme. (2) Hegetschweiler , loc cit., p. 19. (3) V. n. II , sixième forme. ^ (4) Consitl. géiiér. sur l'anat. corap. des ail. iirlicul.,[p. 29Î, (5) V. n. II , septième forme. 126 TESTICULE GLANDULEUX. çoitces canaux, dont les extrémités en cul-de-sac sont dila^ tées de manière à représenter des vésicules (1). § 78. Parmi les Mollusques, les Céphalopodes ont des tes- ticules dont les parois épaisses consistent en des canaux con- vergens qui ont leurs extrémités closes à la périphérie , se réunissent en dedans pour produire des troncs , et finissent par s'ouvrir dans une cavité centrale. Chez les Gastéropodes , les testicules ont Taspect de glandes conglomérées , dont les lobules ne sont réunis que par les canaux qui s'anastomosent ensemble afin de produire les con- duits déférens. § 79. 1° Dans plusieurs Poissons , cartilagineux surtout , le testicule se compose , d'après Rathke, de vésicules closes , qui sont analogues à celles de l'ovaire , dont elles n'atteignent cependant point le volume , et qui ne versent dans la cavité abdominale le sperme sécrété par elles qu'autant qu'elles viennent à crever, attendu qu'il n'existe point de conduits dé- férens. Dans l'Anguille et la Lamproie, ces vésicules sont pla- cées, au milieu d'une masse épaisse et gélatineuse , entre les membranes du testicule , et se distinguent des œufs princi- palement par leur couleur blanche (2). Dans les Pleuronectes et les Esturgeons , elles forment une masse épaisse. Dans les Raies et les Squales , elles sont très-serrées les unes contre les autres, et produisent ainsi des corps sphériques. Celles des Raies ont, d'après MuUer (3), le volume d'une tête d'épingle"; une matière consistante les remplit , et des cloisons que la membrane délicate qui enveloppe le testicule entier envoie à l'intérieur, les réunissent en masses globuleuses grosses comme des pois. Le testicule des Squales est divisé , suivant Blainville(4), en quinze ou seize lobes, dont chacun présente des globules de ce genre à sa surface. 2° Chez la plupart des Poissons le testicule est parcouru, dans toute sa longueur , par un canal commun , qui occupe (1) Rathke , Untersuchungen ueber die'JBildung und Entwiclielung des Flusskrehses , p. 4. (2) Rathke , Bemorkungen tieler den innern Sau der Pricke , p. 58. (3) Zeitschrift fuer Physiologie , t. IV, p. 100. (4) Annales du Muséum , t. XYIII. TESTICULE GLANDULEUX. I27 tantôt le milieu de l'organe et se partaj^^e des deux côtés en branches parallèles naissant à angle droit (1), tantôt Tun des bords , tandis que les extrémités en cul-de-sac des bran- ches qui s'y abouchent sont situées à l'autre bord. Les bran- ches sont presque toujours très-serrées les unes contre les autres, ce qui les rend même quelquefois anguleuses, et fré- quemment elles se ramifient vers leurs extrémités en cul-de- sac , ou s'unissent dans tout leur trajet par des ramifications anastomotiques , qui produisent l'apparence d'un réseau^(2). § 80. Le testicule des Batraciens , lorsqu'on l'examine ex- térieurement , semble grenu , ou comme composé de glo- bules (3) , disposition qui tient à ce que les extrémités en cul- de-sac des canaux sont un peu dilatées et placées à la péri- phérie. Les canaux eux-mêmes convergent en ligne droite , et'serrés les uns contre les autres, vers le centre , où ils se réunissent. Chez les autres Reptiles , les canaux ont plus de longueur, proportionnellement au volume du testicule ; aussi sont-ils flexueux ou contournés. § 81. Les canaux des Oiseaux et des Mammifères sont très- contournés dans tout leur trajet , pendant lequel ils ne chan gent point de diamètre , ne se ramifient presque jamais , et sont séparés les uns des autres par des cloisons que la mem- brane fibreuse externe envoie à travers la substance du tes- ticule. Les extrémités en cul-de-sac , qui sont simples et non dilatées, se trouvent à la périphérie , d'où les canaux conver- gent vers l'intérieur et s'y réunissent peu à peu (4). Suivant Lauth (5), le testicule de l'homme renferme environ 840 canaux, dont le diamètre est d'environ 0,06 ligne, et la longueur moyenne de 25 pouces ; ils se réunissent , à leur extrémité , en sept à dix-huit canaux, qui s'anastomosent ensemble , etpro • duisent ainsi un réseau , d'où partent douze à quatorze con- (1) V. PI. II, neuvième forme. (2) Rathke, Beitrœtjc sm- GescJdchte der Thiertvelt , t. II, p. 127. — • Muller , Do ylandularum sinictura , p. 105. (3) "V . PI. II , huitième forme. (4) V. PI. II , dixième forme. (5) Froriep , Notisen, t. XXXII , p. 307, 128 PRODUIT DU TESTICULE- duits efférens , longs de neuf pouces , mais décrivant des zig-zags de plus en plus grands, d'où il résulte que leur en- semble offre la forme d'un cône (*). B. Produit du testicule. Maintenant nous avons à considérer le produit des organes génitaux mâles dans les végétaux (§ 82), les animaux et l'homme (§ 83, 84). § 82. 1° (Le contenu des grains polliniques, qu'on appelle fovilla , consiste en un liquide mucilagineux , la plupart du temps (peut-être même toujours ) transparent, qui est mêlé avec des gouttelettes d'huile et avec des grains amylacés , de grosseur indéterminée ( ou déterminée selon Bron- gniart). Du moins, Mohl est -il parvenu à colorer ces grains en bleu par le moyen de l'iode. Quand le pollen ab- sorbe de l'eau , la fovilla devient plus étendue et se trouble ; si elle vient ensuite à faire éclater les membranes qui l'enve- loppent , eMe s'écoule souvent en longs jets , dont la surface se coagule ordinairement , sous l'eau , en une sorte de fausse membrane. Les tubes ainsi produits ont été confondus, par quelques observateurs, avec les boyaux auxquels la membrane interne du pollen donne naissance , et qui ont également cou- tume, sous l'eau, de lancer \ù. fovilla qu'ils contiennent ; mais l'irrégularité de leur forme suffit déjà pour les distinguer. 2'* Les acides affaiblis sont absorbés plus avidement encore que l'eau par les grains polliniques ; ils se mêlent , comme elle , avec la fovilla , qu'ils troublent encore davantage , et dont ils accroissent la tendance à se coaguler. Quant à l'huile , la fovilla ne s'y mêle point , ce qui prouve combien on aurait tort si l'on voulait juger de la composition chimique de la fovilla d'après l'analyse du pollen , dans laquelle les réactifs portent à la fois sur ce liquide et sur les membranes qui l'emprisonnent. N'est-il pas probable surtout que la pollénine, celte substance dans laquelle on a cherché de préférence le principe fécondant du pollen , appartient à la membrane pol- (*) Krause a publié depuis Lauth des recherches phis précises à cet égard (Muller, Archiv fuer JnatomiOj Berlin 1837 , p. 20). IPRODUIT DU TESTICULE. 1 29 linîque extérieure seulement, et que la /bt^i/Za _, l'analogue bien évident du sperme animal , y demeure entièrement étrangère ? Dans cette hypothèse , la poUénine ne devrait-elle pas bien plutôt être rapprochée du produit fortement odorant que sécrètent les glandes situées , comme on sait , au voisi- nage des organes génitaux d'un grand nombre d'animaux? 3° Il n'y a point d'infusoires dans la fovilla , d'après Mohl, dont le témoignage mérite une confiance entière. A la vérité , cet observateur a remarqué , comme plusieurs de ses prédé- cesseurs , un certain mouvement des granules contenus dans la fovilla ; mais ce mouvement ressemblait en tous points aux oscillations que Robert Brown , et après lui un grand nombre d'autres physiciens , ont vu exécuter même par des sub- stances minérales , lorsqu'elles avaient été réduites en mo- lécules très-déliées. Il dépend, du moins très-probablement, des courans que la chaleur , qui n'est jamais répartie d'une manière uniforme , entretient continuellement dans tous les liquides , quels qu'ils soient. Brongniart regarde l'embryon végétal comme un animalcule ou une plantule infusoire , qui , de la fovilla du pollen , des- cend jusqu'à l'œuf , à travers l'ovaire , et qui se glisse dans cet œuf en renversant sur elle-même l'extrémité libre du germe creux. Une pareille hypothèse ne mérite pas qu'on la réfute) (1). Nous ajouterons , comme particularités historiques , que le pollen paraît être combustible à un très-haut degré. En effet : 1° Il s'enflamme à la lumière , tandis que ses utricules vides ne font que se charbonner ; 2" Les abeilles en préparent de la cire ; 3° Il donne une substance huileuse par la pression , se dé- compose avec une grande facilité , entre promptement en putréfaction, et dégage beaucoup d'ammoniaque ; 4° Il peut même , suivant Gleditsch , servir à la réduction des oxides métalliques. 5° Il a très-souvent une odeur forte qui , dans plusieurs (\) Addition d'E. Moyçr. I. Q 150 PRODUIT DU TESTICULE. plantes, telles que l'épine- vinette , le châtaignier , le' peu- plier , etc., ressemble à celle du sperme. Sa principale partie constituante est la pollénine , poudre jaune et légère , sans odeur ni saveur , qui prend feu et brûle tout à coup quand on la met en contact avec la flamme ; cette substance ne se dissout ni dans l'eau ou les huiles, ni dans l'alcool ou l'éther , ni enfin dans les alcalis. A la distillation sèche, elle donne 14,0 de ''gaz acide carbo- nique et de gaz hydrogène carboné , 54,0 d'huile empyreu- matique ammoniacée , 16,5 d'eau imprégnée d'acétate d'am- moniaque , et 15,5 d'un charbon difficile à incinérer, qui ressemble à de l'anthracite (1). Outre la pollénine , qui entre pour 77,25 dans le pollen du Pinus sijlvestris , le pollen de diverses plantes a fourni aux chimistes des phosphates de chaux , de magnésie , de potasse et de fer , une substance analogue à la gélatine , une autre céracée et huileuse , de la résine , du sucre , du tannin , de l'acide gallique , de l'acide acétique , enfin des malates de chaux, de potasse et d'ammoniaque (2). § 83. A l'égard de l'activité plastique du testicule , elle nous présente plusieurs choses à considérer. 1° Quand le testicule est un organe compacte, il se montre sous la forme d'un tissu blanc ou jaunâtre , mou et extrême- ment délicat , qui contient si peu de parties solides , propor- tionnellement à sa masse liquide , qu'il perd les quatre cin- quièmes de son poids par la dessiccation , et que sous ce rapport il surpasse non seulement tous les organes plastiques, mais encore le cerveau lui-même (3). 2" La formation du sperme paraît dépendre de la multipli- cité des points de contact du liquide avec le tissu solide , et d'une influence vitale continuelle qu'exercent les parois or- ganiques ; car elle semble s'opérer dans des vésicules , et commencer dans les extrémités en cul-de-sac des canaux. Or, chez les animaux supérieurs, ces canaux sont plus (1) Gmelin \ Handhuch der theoretîschcn Chemie ^ p. 145S.' (2) John, Chemische Tahellen der Pflanzenanalysen ^ p. 164. (3) Haller, Elementa 'physioloijiw , t. Vil, p. 440. DU SPERME. l3l longs que dans tout autre organe/ Suivant Lautli (1), le che- min que la liqueur séminale parcourt dans l'intérieur de répididyme de Thomme, a vingt et un pieds de long. Cette particularité s'accorde avec le fait bien connu que la sécrétion de la semence surpasse toutes les autres en lenteur, puisque non seulement elle s'établit tard , mais encore elle n'a lieu chez les animaux qu'à une certaine époque de l'an- née ; et une fois que les organes qui contenaient le sperme s'en sont vidés entièrement , quelques jours s'écoulent avant qu'une nouvelle évacuation devienne possible. o° Le sperme {sperma) est un liquide blanc , visqueux et opaque. Quand il n'a point acquis toute sa perfection , il est plus liquide et plus translucide. Il a une odeur particulière, qui ne varie pas notablement chez les différens animaux , et qui ressemble à celle d'un os qu'on lime. Sa saveur est un peu acre et styptique. Il est plus pesant que d'autres li- quides animaux , et tombe au fond de l'eau , à la surface de laquelle ne s'en élève qu'une petite partie, qui s'y coagule. Il est alcalescent , car il verdit les couleurs bleues végétales et précipite les métaux et les terres de leurs dissolutions dans les acides. Un grand nombre de bulles d'air se dégagent de son sein (2). Quelques heures après sa sortie du corps, qu'on le tienne à l'air , ou qu'on le conserve dans un vase clos , il devient limpide , transparent et plus liquide , phéno- mène que la chimie n'explique point , et qui doit dépendre d'un mode particulier de décomposition (*). Exposé à un air très- sec il se dessèche en une substance semblable à de la corne, cassante et translucide. Si l'air est moins sec et médiocrement échauffé , il se couvre d'une pellicule , et dépose du phosphate calcaire , non seulement en grumeaux blanchâtres , mais en- core en cristaux prismatiques à quatre pans , terminés par des pyramides à quatre faces. Ces cristaux croquent sous la dent ,. n'ont aucune saveur et sont insolubles ^ ils se fondent (1) Froviep , Notizcn , t. XXXIÎ , p. 307.1 (2) Ascii , Diss. de natura spcrmutis ,\^. 58. — OsiAUdev , H an dbuch dcf EnthinduiKjskmist ,t. I, p. 241. (*) Voyez les remarques de Raspail à ce sujet (Nouveau Svslèine de chimie organique , Paris d833, iu-S", p. 3S7). l32 DU SPERME* au chalumeau en un globule blanc , et se dissolvent dans les acides hydrochlorique et nitrique. A l'air chaud et humide, le sperme se décompose , devient jaune et acide , exhale une odeur de poisson pourri , et se couvre de Byssus septica. Insoluble dans Teau froide et dans l'eau chaude , il est rendu miscible à ce liquide par les alcalis. Mais , après s'être hquéfié à l'air, il devient très-soluble dans l'eau, dont l'alcool et le chlore le précipitent en flocons blancs. Si on l'expose à la chaleur, après l'avoir desséché, il se ramollit d'abord, prend une teinte jaune dorée et répand l'odeur de la corne brûlée ; puis il brunit , noircit, se boursoufle , donne une fumée épaisse , d'odeur ammoniacale , et laisse un char- bon volumineux , d'où l'on peut extraire du carbonate de soude par la lixiviation , et du phosphate calcaire par l'inci- nération. A la distillation, il produit de l'eau , du carbonate d'ammoniaque et une petite quantité d'huile. L'ammoniaque ne se forme que par l'effet de la décomposition; car le sperme n'en dégage point, par l'addition de la chaux, quand il est frais , et n'en fournit qu'après être resté pendant quelques jours soumis à l'influence d'un air chaud et humide. Sa disso- lution dans les acides n'est point décomposée par les alcalis , non plus que celle dans les alcalis par les acides. Vauquelin a trouvé , dans celui de l'homme , 90 parties d'eau , 6 d'une substance mucilagineuse particulière , 1 de soude , et 3 de phosphate calcaire, avec un peu d'hydrochlorate de chaux. La laitance de Carpe lui a donné , ainsi qu'à Fourcroy , de la gélatine , de l'albumine , une substance grasse et savonneuse, du phosphore, des phosphates de chaux, de magnésie, de soude et de potasse et de l' hydrochlorate d'ammoniaque ; le phosphore y était à l'état de combinaison si intime, qu'il se retrouvait encore dans le charbon (1). L'analyse de John (2) est conforme à la précédente. 4° La combustibilité de la semence se manifeste par l'o- deur qu'elle exhale, et par la grande quantité d'alcali et de phosphore qu'elle contient, quantité si considérable quel- (1) Annales du Muséum, t. X , p. 169. (2) Chetfiischc TuhcUcn érienres qa''on voit la différence se développer manifestein^it. 3* Id Fovaire a nne texlnre Téâculense ; il jM'odnit en lui- mêrae, et foot-à-fait séparé da wsmd^ extérieur. Le tesdcnle, am co^raîre, est tnbnlenx, et ses canaox producteurs se con- tinneiit sans îatermptioa aTec les conduits excréteurs qui aboBiissent au dehors. C'est donc un organe d'excrétion ( § 86, 3* ). Il soit de là que le produit de l'ovaire ressemble aux sues inliâ*ens àForgankme, à la substance plastique gé- nénile dont les diffi^^ns organes s<»t fmrmés ; c'esl une eau oi^anique, c'est-à-dire un soc végétal général , un sérum aninol diaigé dégraisse ( § 64 ). Mais , de m^e que le tes- ticule s'annonce , dans sa structure , pour im cvgane d'excré- li(m, de mârae aussi son produit porte les caractères d'une maiîàre excrrâMntîtiefle; il est tit^ bétm^ène pour poiir- mwr rest^ toujours dans Fintérieur de Tor^anisme et servir à son entretien. 4» Le pollCT(§82) etlesperme ( §83, 3*',4*)sont des substan- ces dans lesqneHes prédominent les principes combiisiLbles. L'eau organique ( suc végétal géDërdl et sénun animal; est pro- FARALILLE Z^TRE L ûVAIRZ ET LE IZ5TICULZ. I Dy portionnellement plus chargée d'oxygène , mais sans pour cela perdre sa neutralité, et c'est un caractère que nous deyons assigner au produit de ToYaire , compare avec celui du testi- cule; car le jaune semble être partout de nature purement séreuse au moment de sa première formation , et n'admettre que peu à peu une quantité plus ou moins considérable de graisse; la vésicule proligere parait remplie d'une simple sérosité ; la couche proligere se compose de grains albumi- neux, qu'on distingue fort bien des gouttelettes d'huile ; le liquide des vésicules ovariennes des Mammifères . comme mi- lieu dans lequel nage l'œuf, et qui lui fournit continuellement de la matière plastique , appartient également aux sucs sé- reux, tels que ceux surtout qui sont sécrétés par I0.S mem- branes séreuses en forme de sac ou de vésicules. o" L'eau organique se montre partout la première sub- stance organique . celle de laquelle se développe l'organisarion tout entière; les principes combustibles n'apparaissant que plus tard. De même , l'ovaire est l'organe producteur de ce qui existe d'abord, et le testicule de ce qui arrive ensuite à l'existence. 6^ La substance organique se combine . dans l'eau de l'o- vaire, pour produire des formes nouvelles. Elle se réduit en poussière dans le pollen . se volatilise et se réduit en Infu- soires dans le sperme animal : dissolution et décomposition sont le caractère du produit des testicules. 7" L'embryorrophe prunaire est transparent et livre passage à la lumière ; le sperme réfracte la lumière, et il a une couleur blanche. S° ^"ous reconnaissons dans le produit de l'ovaire un com- mencement de réalisation, une quantité déterminée d'embryo- trophe. de laquelle peuvent se développer un nombre déter- miné de fruits. Le sperme, au contraire, indique une possibi- lité vague et indéterminée : ce liquide est produit en beaucoup plus grande quantité que ne l'exige la génération ; il se forme infiniment plus de pollen qu'il n'en faudrait pourféconder tous les œufs végétaux existans . et tandis que la Grenouille fe- melle poud plusieurs centaines d'œufs , le mâle a assez de semesce pour en féconder plusieurs millions. l58 PARALÊtlE ENTRE t'oVAIRE ET ÎLE TESTICÎJLE. E. Résumé du parallèle entre l'ovaire et le testicule. § 91. Si maintenant nous ramenons les divers parallèles qui précèdent à des propositions générales , nous reconnaissons que l'ovaire est la chose primordiale , celle qui embrasse tout, celle dans laquelle régnent rindifférence , l'unité et la con- centration, tandis que le testicule est la chose qui s'ajoute plus tard, et dans laquelle prédominent la différence, la plu- ralité et l'expansion. En effet: 1° L'ovaire se rencontre déjà dans la monogénie , et on doit le considérer comme l'organe générateur primordial. La forme organique primordiale générale est celle de sphère et de vésicule , d'où procède ensuite la forme fibreuse et tubuleuse. Or l'ovaire ne revêt la forme tubuleuse qu'à son plus bas de- gré , attendu qu'il est toujours un organe qui se développe tard chez l'individu ; aux échelons plus élevés de la vie , il revient à la forme primitive de vésicule , et la conserve. Ce caractère de primordialité et de fidélité à ses premiers débuts, à quelque hauteur de développement qu'il s'élève , fait que l'ovaire s'éloignej peu de sa forme fondamentale , et que , dans sa forme totale ou d'ensemble , il répète le type de sa texture ( § 87, 5° ) , de même qu'il ne produit immédiatement qu'une eau organique ( § 90, 5"^ ). Le testicule, au contraire , n'apparaît qu'à un échelon plus élevé de la série des êtres organisés , et par cela même il se montre , à peu d'exceptions près, sous la forme tubuleuse , depuis sa première apparition jusqu'à son développement le plus parfait. Venant plus tard , il peut aussi être considéré comme le produit ; et réellement il ressemble moins, sous certains rapports, à l'ovaire qu'à l'œuf; sa forme la plus complète estovalaire; ses membranes ressemblent à celles de l'œuf, la tunique vaginale à l'amnios, le dartos au chorion , le cordon spermatique au cordon ombi- lical ; sa descente hors de la cavité abdominale a déjà été comparée par Carus(l) à la ponte d'un œuf. De même aussi, les grains ( § 78, 1° ) qui constituent la substance du testicule chez les Poissons , sont analogues aux œufs (2). (1) Traité élém. tl'anat, comp., t, II, p. 425. (2) Rathke , Beitrœ^je zur Geschichte der Tlderwelt, t. II, p. 43-46. PAnAllÈtE ENTRE t'oVAIRE ET LE TESTICULE. iSg 2° Ce qui est primordial doit porter en soi la pleine force de l'existence , contenir toutes les suljstances et forces di- verses en équilibre les unes avec les autres, être en consé- quence à l'état d'indifférence ou de neutralité , tandis que ce qui se développe plus tard doit , par cela même , offrir le ca- ractère de la diversité , et représenter une direction spéciale et isolée. L'ovaire engendre de lui-même et par sa propre force , dans la monogénie ; il est organe de génération , d'une manière absolue , et l'individu qui le porte est un être orga- nique apte à maintenir son espèce par propagation ; aussi son produit immédiat est-il de l'eau organique , telle qu'il s'en trouve par tout le corps, et de laquelle naissent tous les tissus organiques. C'est à l'apparition seulement du testicule que la différence sexuelle entre dans la sphère de la vie , et le tes- ticule est à proprement parler l'expression de cette différence, attendu qu'il n'engendre jamais d'une manière absolue et par lui-même, mais seulement dans une seule direction déterminée, et sous la condition d'un certain antagonisme , d'un certain contraste. Mais son produit, le pollen et le sperme, est abso- lument particulier et différent de tous les autres produits ani- maux, de sorte qu'il ne peut non plus devenir rien autre chose (§ 90, 4°). 3° Ce qui est indifférent , ce qui existe par sa force propre, doit avoir une vie intérieure , tandis que ce qui est différent, ce qui résulte d'un développement, se rattache toujours à quelque manifestation extérieure. Voilà pourquoi l'ovaire a pour carac- tère la concentration, et le testicule l'expansion. Cette diffé- rence se révèle dans l'aùtagonisme entre des vésicules closes et des canaux ouverts ( § 86, 2° ), une production interne et un mouvementévacuatif (§ 86, 3°), une formation sécrémentilielle et une sécrétion excrémentiticlle (§ 90, 3°), une situation centrale et une situation périphérique (§88, 1° ) , une position externe et une position interne ( §88, 2°), une contraction plus énergique etune expansion plus forte ( § 87, 4" ), une métamor- phose plus riche de la structure intime ( §86, 1° )oude la forme extérieure ( § 87, 3° ) , un développement plus considérable dans l'intérieur ou dans les alentours ( § 86, 4°, 88, 3°, 7°, 8°), risolcment ou la connexion avec la périphérie (§88, 2% 6% 8° }, l6o PARALLÈLE ENTRE t'oVAIRE ET LE TESTICULE. l'accord avec ringestion et la sensibililé ou avec réjection et l'irritabilité (§87, 1° ). 4° La vie intérieure repose sur l'association et l'unité, la vie extérieure sur le déploiement ;en une pluralité. Cet an- tagonisme d'unité et de pluralité s'exprime, dans l'ovaire et le testicule , par le plus ou moins de prédominance de la duplicité (§89,1°), par l'union ou la séparation des or- ganes pairs (§89,3°), par le nombre simple ou multiple de ces mêmes organes ( § 87, 3° ), par la continuité ou le défaut de con- tinuité des degrés de développement (§87, l°),par la fixité ou la promptitude des substances à se décomposer (§ 90, 6° ), par par l'état incolore ou coloré ( § 90, 7° ), par celte circonstance «nfin que la masse est réduite à une réalité déterminée , ou que la formation de substance est capable de suffire à une pos- sibilité indéterminée (§ 90, 8°). 3° Si nous comparons les deux substances élémentaires les plus générales du monde matériel , ou celles dans lesquelles ranlagonisme chimique et la différence qui fait la base de toute matière s'expriment de la manière la plus saillante , si nous réfléchissons que comme chaque loi de la nature est modifiée d'une manière spéciale dans chaque circonstance particulière , de même l'acidification et la désacidification produisent des propriétés différentes à raison des proportions et combinai- sons diverses dans chaque substance, nous trouvons qu'en général l'oxygène procure plus de contraction , de resserre- ment, de densité , de fixité, et l'hydrogène, au contraire, davantage d'expansion, de dilatation, de volatilité et d'apti- tude à se décomposer. Voilà pourquoi l'ovaire , dans lequel prédominent l'unité et la cojnlraction, doit donner un produit plus chargé d'oxygène, et le testicule , dans lequel prédo- minent la pluraUté et la disjonction, en fournir un plus riche d'hydrogène ( § 90, 4°). Si maintenant nous venons à comparer ensemble deux corps qui exercent l'un sur l'autre une action galvanique déterminée, nous remarquons que celui dans lequel se développe la polarité appelée positive , s'oxide tou- jours plus facilement et avec plus d'énergie que l'autre, qu'il a par conséquent plus d'affinité pour l'oxygène , qu'il est en antagonisme plus prononcé avec ce dernier, en im mot qu'il PARALLÈLE ENTRE l'oVAIRE ET LE TESTICULE. l6l est proportionnellement plus combustible, et que, par cela même , il enlève de l'oxygène à l'eau. Le corps, au contraire, qui représente le pôle appelé négatif, a , proportion gardée , moins d'affinité pour l'oxygène, dégage plus tôt l'hydrogène de l'eau , contracte aussi en partie une combinaison avec lui , de sorte que comme , d'après les lois de la polarité , les con- traires seuls se recherchent et s'attirent mutuellement, il contient plus d'oxygène proportionnellement au corps animé de l'électricité positive , absolument tout comme l'oxygène lui-même ne se comporte jamais que négativement , sous le point de vue électrique, et forme, par conséquent, le plus grand des contrastes avec tous les autres corps. Enfin lorsque l'électricité exerce de l'influence sur la conformation, la forme concentrée ousphérique est déterminée par la polarité négative, et la forme divergente ou rayonnante par la polarité positive. Si donc nous voulons mettre le rapport mutuel des deux organes générateurs en parallèle avec les phénomènes généraux de l'univers , nous devons attribuer la polarité néga- tive à l'ovaire , qui a une forme sphérique , qui est concentré sur lui-même , et dans lequel l'oxygène prédomine , et la po- larité positive au testicule , qui est tubuleux et rayonné , dans lequel l'expansion prédomine , et qui est riche en principes combustibles. Nous ferons remarquer au reste : i° Que cette différence est purement relative ; que , comme le cuivre est négatif par rapport au zinc et positif eu égard à l'or, ou l'alcali combustible relativement à l'acide , et oxide par rap- port au fer et au charbon, sous l'influence de la chaleur rouge , de même l'ovaire et son produit se comportent négativement, ou comme chargés d'oxygène, non point en eux-mêmes, ou eu égard à tous les organes et à tous les produits organiques sans ex- ception, mais seulement par rapport au testicule et au sperme. 2" Que la polarité positive et la polarité négative n'expriment ni une affirmation absolue ni une négation réelle , mais sim plement un rapport d'antagonisme outre deux êtres qui s'ac ■ cordent l'un avec l'autre sous le point de vue de leurs caractères généraux. La malencontreuse application des mathématiques à la science de la nature a introduit ce langage , doirière I. 11 162 SPHÈRE MÉDIANE DES OUGANES SEXUELS FEMELLES, lequel se fjlisse quelquefois, sans qu'on s'en aperçoive, l'o- pinion qu'il n'y a de réel que ce qu'on appelle positif, quoi- qu'aucune quantité négative n'existe dans la nature. Nous n'avons donc établi qu'une s'imiple dhûncûon qualitative entre l'ovaire et le testicule , puisque la différence spécifique frappe partout nos yeux comme un fait ; mais nous n'avons point re- connu de différence quantitative entre ces deux organes , attendu qu'elle est équivoque, et qu'en général l'estimation des rapports de quantité dépend du coup d'œil de l'observa- teur et du point de vue dans lequel il se place. AUTICLE II. De la sphère me'diane des organes sexuels. § 7. La seconde sphère peut être considérée comme un appareil de jonction ou de communication. Placée entre la première et la troisième , elle a pour destination principale de transmettre à celle-ci ce qui a été engendré par celle- là, tout en faisant subir des perfection nemens au produit. Comme cet organe a pour caractère fondamental de mettre en mouvement ce qui a été produit, il manque entièrement aux plantes, chez lesquelles la production l'emporte de beau- coup sur le mouvement. !• Sphère médiane des organes sexuels femelles. § 93. Les organes femelles de lasplière médianese rencontrent déjà aux degrés inférieurs de laformalion animale , notamment chez les animaux qui se propagent par des spores. C'est pour- quoi , en étudiant les oviductes , nous aurons aussi à considérer les conduits qui livrent passage aux spores. Cependant nous embrassons ces conduits sous le nom collectif d'oviductes , parce que, chez beaucoup d'animaux inférieurs, on ne peut point déterminer en toute assurance si le produit de l'organe génital [femelle est un œuf ou une spore. Certains sporanges et même quelques uns des ovaires réduits à leur forme la plus simple, n'ont point encore d'organes particuliers poiir le transport de leurs produits, ou en d'autres termes sont dé- pourvus d'oviductes. 1° Ainsi ces organes n'existent pas chez les Méduses. On SPHERE MÉDIANE t)ES ORGANES SEXUEtS FEMEltES. l65 n'a point encore aperçu de conduits excréteurs aux sporanges des Astéries. Dans les Bivalves et les Oniscides , où l'on avait cru d'abord qu'il n'y en a point (1), on en a découvert depuis. 2° Ils manquent chez quelques Annélides, notamment les Aphrodites et les Néréides. 3° L'ovaire en forme de plaque des Poissons ( § 60 ) laisse tomber les œufs dans la cavité abdominale , après quoi , tantôt ils parviennent dans le cloaque ou dans l'uretère (§ 124, 3°), tantôt ils sont expulsés , à travers une ouverture de la cavité ventrale, qui existe ou chez les femelles seulement , ou dans les deux sexes, et qui sert peut-être à l'introduction de l'eau. L'analogue d'un oviducte se trouve, dans le premier cas, chez la Lamproie , où l'on découvre un tube particulier et conoide qui aboutit au cloaque (2) ; dans le second cas , chez les Sau- mons , où l'extrémité postérieure de l'ovaire se convertit en un ligament étroit, le long duquel les œufs glissent vers l'ou- verture abdominale (3). 4° Parmi les Reptiles, la Sirène est dépourvue d'oviductes. 5° D'après la description donnée par Cuvier, les spores des Cirripèdes se formeraient d'une manière éparse , sans sporanges , et seraient reçues ensuite dans un conduit dont les racines , partagées en branches nombreuses, se répandraient au miheu d'elles, puis donneraient naissance , par leur réunion, à un tronc qui se renflerait en manière d'utricule. Il y au- rait donc là un oviducte sans ovaire (4). (Cette disposition ne peut être admise. On doit présumer ou que Cuvier n'est point parvenu à séparer l'ovaire proprement dit du foie , ou que les ramifications qu'il a figurées sont l'o- vaire lui-même. Cet ovaire correspondrait parfaitement au type des Mollusques ( forme glandulaire ) ; seulement les branches ne seraient point réunies ici par un tissu cellulaire particulier , et, au lieu d'être isolées des ramifications des con- duits biliaires , elles se trouveraient liées avec elles ) (5). (1) Treviranns , Fermischtc Scliriftcn , t. I, p 60. — Zcitschrift fiier die Physiolo'jie , 1. 1 , p. 36, 42. (2) Rnthke , Bniierkimijen uebcr don innern Bav dcr Pricjic , p. 57. (3) Ealhke , Bcitrœije zur Geschichte dcr Thierioelt , t. II, p. 422, (4) V. PI. in , piemicve forme. (5) Addition de Bacr. l64 SPHÈRE MÉDIANE DES ORGANES SEXUELS EEMELtES, § 94. Chez tous les animaux inférieurs , l'oviducte est la continuation immédiate de l'ovaire , et se comporte comme le canal excréteur d'un organe sécrétoire. 1° Quand l'ovaire est simple et tubuleux (§55, 1", 3°)., l'oviducte ne peut point en être distingué avec précision , les deux organes se confondant l'un avec l'autre par des nuances insensibles. En effet, l'ovaire tubuleux ne produit la substance de l'œuf qu'à [son extrémité en cul-de-sac ; le reste de sa longueur ne sert qu'à la progression et au perfectionnement des œufs , et remplit par conséquent les fonctions d'oviducte. 2° Lorsque l'ovaire est composé de plusieurs tubes (§ 53,11), dont les orifices se confondent ensemble, le même état de choses a bien lieu encore, quant au fond; mais l'oviducte est déjà plus facile à distinguer, parce qu'on en place l'origine à l'en- droit oii les différens canaux se réunissent pour n'en former qu'un seul. 3° Quand il y a des cavités principales d'où partent des sinuosités ou des plis (§ 54) , le caractère de l'ovaire et celui de l'oviducte continuent bien encore à être confondus en- semble ; cependant l'oviducte se distingue déjà parce qu'il représente un canal simple et à parois lisses , sans plis ni sinus ; la bandelette lisse , dans l'ovaire plissé des Poissons (§ 57) , doit être considérée comme la route que suivent les œufs , comme un oviducte en forme de gouttière , renfermé dans l'ovaire lui-même. 4° Les canaux producteurs de l'ovaire glanduleux ([§ 54 , II ) sont encore en continuité parfaite avec l'oviducte , et celui-ci ne se reconnaît que parce qu'il sort, sous la forme d'un con- duit, delà masse constituée par les canaux enroulés sur eux- mêmes et réunis par du tissu cellulaire ; il présente donc ici tout-à-fait le caractère de conduit excréteur d'une glande de forme supérieure. 5° Enfin le plus haut degré de cette série est celui où la cavité de l'ovaire , quoique séparée du lieu où l'organe éla- «bore son produit , continue cependant d'être le commence- ment de l'oviducte (§ 57) , en sorte que nous pouvons la comparer au bassinet des reins , qui est à la fois l'aboutissant des calices et le commencement de l'uretère. SPHÈRE MÉDIANE DES ORGANES SEXUELS FEMELLES. 1 65 6° Dans la série qui vient d'être examinée {'1°-^") , la por- tion qui produit et celle qui joue le rôle d'organe évacuateur vont toujours en se détachant de plus en plus l'une de l'autre. Leur séparation réelle a lieu chez les animaux supérieurs. Ici l'oviducte n'est plus continu avec l'ovaire; il s'en est dé- taché , et il commence par une ouverture en forme d'enton- noir , c'est-à-dire qu'il a la forme d'une trompe. C'est là l'ex- pression de l'antagonisme le plus prononcé entre la sphère interne et la sphère médiane du système génital. D'abord l'ovaire ne laisse à l'oviducte d'autre fonction que celle d'en- traîner son produit (§ 58) ; mais plus tard il lui abandonne en outre le soin de conserver ce même produit (§ 59). Cette sé- paration ne s'observe que chez les animaux vertébrés ; les Raies , les Squales et les Chimères sont les seuls Poissons chez lesquels elle se rencontre ; mais elle a lieu chez tous les Reptiles , Oiseaux et Mammifères , sans exception. Tout en reconnaissant que la séparation se rattache au plus haut degré de développement , à celui qui fait jouir en- fin l'ovaire d'une existence libre et indépendante, il nous reste à savoir quelles sont les conséquences qu'elle entraîne pour la vie des organes génitaux. Car, chaque disposition organique ayant des résultats qui lui sont propres , eu égard à la vie , qui en est le but final , nous sommes fondés à re- chercher l'utilité que peut avoir celle dont il est question. Mais ici l'analogie nous abandonne , et nous ne trouvons rien de semblable dans d'autres organes. A la vérité , on pourrait jusqu'à un certain point la comparer à la séparation du la- rynx et de la cavité nasale , ou à celle de la glande lacrymale et des conduits lacrymaux; mais, dans ces deux cas, entre les organes séparés s'en trouvent d'autres qui sont en conflit d'action et de réaction avec eux , tandis qu'il n'y en a point entre l'ovaire et l'oviducte. Partout où cette séparation existe, on ne voit que la digénie, l'accouplement. La digénie repose sur une séparation des organes coagissans , telle qu'on n'en observe de semblable dans aucun autre système. Ces organes sont répartis sur des individus dillerens, chez lesquels ils re- posent, et n'acquièrent une vie plus active que dans certains momens ; mais leur activité plastique proprement dite ne stî ï Q6 OVIDUCTE HOMOGÈNE. manifeste que pendant Tunion des individus. Peut-être l'o- vaire et l'oviducte ne sont-ils séparés Tun de l'autre qu'afin que , dans les momens où ils entrent mutuellement en rela- tion , une influence organique qui leur est étrangère à toute autre époque , exalte d'autant plus vivement leur vitalité. Chez les derniers des animaux qui se rangent ici , cette rela- tion mutuelle n'est mise en jeu que par les œufs ; l'oviducte est fort éloigné de l'ovaire dans les Grenouilles , et il ne pa- raît pas pouvoir s'en rapprocher dans les Raies , non plus que dans les Squales. Les Oiseaux et les Mammifères sont les seuls" chez lesquels le rapport mutuel des deux organes de- vienne plus intime au moment de la génération. Que l'accou- plement ait lieu chez des animaux invertébrés sans que cette séparation existe', ce n'est point là une circonstance qui ren- verse notre conjecture; car d'un côté, on observe parfois aussi la monogénie chez ceux même qui sont le plus évidem- ment pourvus de sexes , l'Abeille , par exemple ; d'un autre côté , la sexualité acquiert toute sa portée , et l'accouplement sa pleine et entière importance, chez les êtres placés aux échelons supérieurs du règne animal. § 95. Sous le rapport de sa configuration générale, nous voyons l'oviducte , tantôt homogène , c'est-à-dire sans distinc- tion essentielle et profonde de parties subordonnées (§ 96) , tantôt hétérogène , c'esl-à-dire constituant un système de par- ties bien distinctes les unes des autres (§ 107). A. Oviducte homogène. La première de ces deux formes principales se retrouve partout où l'oviducte est continu avec l'organe producteur (§ 96, 97) ; on la rencontre chez les derniers animaux de la catégorie supérieure , dans laquelle l'oviducte est séparé de l'ovaire (§ 99). 1. OVIDUCTE COMTIIÎW AVEC l'oVAIRE. V oviducte continu avec V ovaire est tantôt impair (§ 96) , et tantôt composé (§ 97). a. Oviducte impair. § 96. Un oviducte impair succède à un sporange ou à un ovaire impair , chez les Holothuries, les Strongylm , les As- OVIDUCTE HOMOGÈNE. I67 cidies , les Gastéropodes , les Phalangium , parmi les Arach- nides; les Scolopendres, parmi les Myriapodes ; les Ammodytes tobianus , Blennius viviparios et Perça flitviatilis , parmi les Poissons. Tantôt alors il constitue un canal uniforme , comme dans les Holothuries et les Ascidies ; tantôt il offre une dilata- tion dans laquelle les œufs se réunissent , séjournent et se perfectionnent , et à laquelle , tant ici que dans les formes suivantes (§ 97-100), on donne ordinairement le nom d'utérus (§ 105, 2°). Cette dilatation occupe ou le commencement de l'oviducte , par exemple , dans les Phalangmm , ou le mi- lieu de son trajet, comme dans plusieurs Gastéropodes, ou son extrémité , comme dans la Scolopendre. L'oviducte simple finit aussi par se fendre à sa partie inférieure , soit par hermaphrodisme , soit par une tendance à la forme symétrique chez les Céphalopodes (1). b. Oviducte composé. § 97. L'oviducte composé est ou multiple ou pair. * Oviducte multiple. I. On trouve des oviductes multiples lorsque les sporanges le sont également. 1° Tantôt alors ils restent complètement séparés, de sorte qu'on en compte par exemple quatre dans la Renilla ameri- cana , et cinq dans YEchinus. 2° Tantôt ils se réunissent , sans cependant être ramenés jusqu'à la duplicité , par exemple dans les Actinies , où l'on remarque toujours que deux paires de sporanges ont un ovi- ducte commun. "* Oviducte pair. IL liQS oviductes pairs procèdent ou d'un ovaire pair, ou d'un ovaire impair, comme chez les Décapodes et la plupart des Octopodes. 3° Tantôt ils restent séparés les uns des autres , par exem- ple chez les Crustacés , les Arachnides et les Raies , et alors (1) y. Pi. m, seconde forme. l68 OVIDUCTE HOMOGÈNE. OU ils représentent des canaux uniformes , comme dans FÉ- creviSSe , YAsellus aquaticus , le Cyclops quadricornis , et \Aranea domestica (1) , ou ils se dilatent à leur extrémité , comme dans le Scorpion (2). 4° Tantôt ils se réunissent en un tronc, qui est leur prolon- gement commun, et que nous appellerons ovicanal pour le distinguer. Cette forme est supérieure aux précédentes. Elle s'observe , d'après Rathke , chez les Crustacés , dans le Bopy- rus squillarum et VIdotea entomon , où cependant l'ovicanal est fort court ; chez les Entozoaires , dans les Ascarides et les Échinorhynques , chez tous les Insectes , chez la plupart des Poissons, notamment chez les Chondroplérygiens à ovaire pair. Quelquefois les oviductes sont beaucoup plus longs que l'ovicanal , par exemple dans \ Ascaris , où l'on ne peut les distinguer des ovaires vasculiformes que parce qu'ils ont un plus grand diamètre et une direction différente, et dans quel- ques Insectes, par exemple le Gryllus verrucivorus {o). Dans d'autres cas , les oviductes , si l'on fait abstraction de leurs racines, sont plus courts que l'ovicanal (4). C'est ce qui a lieu chez la plupart des Lépidoptères et autres Insectes. Cependant cette disposition dépend en partie de l'âge ; car les oviductes sont plus longs avant l'époque où l'animal est apte à se reproduire, et ils se raccourcissent ensuite. Quelquefois les deux conduits sont fort courts , par exem- ple dans la Lepisma saccharina , le défaut de longueur des oviductes étant compensé par la forme vasculaire et rameuse des ovaires, et celui de l'ovicanal par la présence d'un pon- doir. Les oviductes se réunissent parfois sous un angle très- ouvert , ou même presque en ligne droite , par exemple dans la Lamia tristis (5). La plupart du temps on aperçoit une dilatation au com- (1) V. PI. III, troisième forme. (2) V. n. III , qiiaUième forme. (3) V. PI. III , ciiiquirmc foiii!«. (Il) Y. PI. lll,si\iè»if;lu!-i!ic'. (ii) V. Pi. 111 , sopUèmc i'oiiiie. OVIDUCTE HOMOGÈNE. l6g mencement de l'ovicanal. Tel est le cas, par exemple, du Distoma hepaticum , chez lequel cette dilatation est si consi- dérable qu'elle semble réduire à rien les oviductes (1). Mais quelquefois aussi elle occupe l'extrémité de l'ovicanal , par exemple, dans les Tettigonia pîebeia et Blatta orientalis (2). 2. OVIDUCTE DÉTACHÉ DE l'oVAIRE. § 98. \^ oviducta détaché de l'ovaire ^ et dont le commence- ment en forme de trompe flotte librement dans la cavité ab- dominale , répète les trois formes précédentes , de sorie qu'il est lui-même tantôt impair (§ 99), tantôt pair, et que , dans ce dernier cas, les deux pièces demeurent séparées (§ 100), ou se réunissent ensemble (§ 105). § 99. L'oviducte des Oiseaux est impair et situé à gauche (3). Chez quelques uns de ces animaux, cependant, l'Autruche, le Canard et le Plongeon , par exemple , on trouve le rudiment d'un oviducte à droite ; ce rudiment s'insère au cloaque par une partie oblitérée et ligamenteuse , et forme ensuite un canal , qui est plus étroit que l'oviducte gauche , va toujours en se rétrécissant et s' amincissant peu à peu , et finit par un cul-de- sac perdu dans le tissu cellulaire de l'os iliaque gauche (4). § 100. Les oviductes pairs restent tout-à-fait séparés, et se terminent seulement dans la cavité génitale commune, chez les Poissons cartilagineux , ou dans le cloaque commun , chez les Reptiles et les Monotrèmes , ou immédiatement à l'exté- rieur, dans la plupart des Crustacés. Tantôt ce sont des ca- naux uniformes (5), comme dans les Ophidiens et les Ché!o- niens, où ils ressemblent à un large intestin et décrivent des circonvolutions , comme aussi dans le Squale, oîi ils sont plus étroits et tendus en ligne droite. Tantôt leurs extrémités in- lèrieures se dilatent en forme d'utricules (G), comme dans les Raies, la Salamandre, la Vipère eirOrnithorhynque,ou de (4) V. PI. III , huitième loriue. (2) V. PI. III, neuvième forme. (3) V. PI. III , dixième forme. (4) Spangenbcrg , Disq. ch-va fartes (jcnitules fœmi/icas avium , p. 38. (5)V. PI. 111, onzième forme. (6) V. PI. 111 , douzième foiuie. 1^0 OVIDUCTE HOMOGÈNE. vésicules globuleuses adhérentes l'une à l'autre (1) , comme dans la Grenouille. § 101. D'autres modifications dans la configuration semblent n'occuper qu'un rang secondaire. Ainsi, par exemple , Tovi- ducte est long et étroit dans la Grenouille , long et large dans les Oiseaux, court et large dans ^l'Ornithorhynque , court et étroit dans VIdotea , long et contourné dans les Ophidiens , long et droit dans les Squales , etc. La direction de Toviducte est opposée à celle de l'ovaire , en sorte que tantôt l'orifice de celui-ci se trouve en arrière , et celui de l'oviducte en devant, comme dans les Ascarides ; et tantôt l'inverse a lieu , comme dans les Urodèles. Ou bien elle est la même que celle de Tovaire , comme dans les Poissons. L'oviducte marche ou d'arrière en avant , comme chez les Ho- lothuries, la plupart des Entozoaires et les Mollusques, ou d'avant en arrière , comme chez les Insectes , les Reptiles et les Oiseaux , ou de haut en bas , comme chez les Crustacés. 3. PROPRIÉTÉS DE l'oVIDTJCÏE HOMOGÈSE. § 102. L'oviducte est un organe de mouvement et de for- mation. Ces deux destinations se lient étroitement l'une à l'autre , de sorte qu'on n'aperçoit de différence relative que dans quelques points isolés, suivant que l'une ou l'autre d'entre elles y devient prédominante. I. Le mouvement est , en général , une progression lente , afin de laisser à la formation le temps de s'accompUr. Aussi est-il surtout opéré par des muscles longitudinaux, qu'on peut déjà distinguer nettement dans les Mollusques , les In- sectes et les Crustacés. J, Cloquet (2) a remarqué chez les Ascarides un mouvement ondulatoire, non seulement dans l'ovicanal et les oviductes, mais encore dans l'ovaire lui- même , les organes et les fonctions de la génération ne faisant encore qu'un tout continu chez ces animaux , et s'y trouvant confondus ensemble. A un degré plus élevé de développe- ment , la force motrice et la structure musculeuse se pronon- (1) V. PI. III , treizième forme. (2) Anat. des vers ialesliiiaux , p. 51, OVIDUCTE HOMOGENE. l»^! cent surtout vers l'extrémité de l'oviducte , de sorte que les œufs y subissent une progression plus rapide ; ainsi , par exemple , dans le Boris argo , ce canal devient musculeux à sa sortie de l'ovaire. Le mouvement se ralentit dans les dilata- tions; l'œuf y séjourne jusqu'à ce que lui-même se soit accru, ou que d'autres œufs se soient joints à lui. Quand un sem- blable réservoir se trouve distendu de l'une ou de l'autre manière, il a besoin d'une force motrice plus énergique, pour se débarrasser d'une masse plus considérable; aussi est-il muni de fibres musculaires plus fortes , comme on le voit déjà , par exemple , dans les Tettigonia et Blatta. ( En examinant les oviductes d'une espèce d'Actinie qui se rap- proche beaucoup de la rufa , et qui habite la mer Noire , j'ai trouvé que , quand on les met dans de l'eau fraîche , ils se comportent comme les jeunes têtards de Grenouilles , c'est-à- dire attirent de très -petits corpuscules étrangers, qui se meuvent ensuite autour d'eux , en descendant d'un côté , pour remonter de l'autre) (1). II. La formation qui a lieu dans les oviductes se rapporte en partie au mouvement , car elle produit un liquide qui faci- lite la progression et l'expulsion des œufs, en partie aussi au développement de ces mêmes œufs. Sous ce dernier point de vue, tantôt elle s'accomplit déjà dans l'oviducte (2°, 3"), et tantôt elle est calculée pour l'avenir ( 4°, 5° ). , Dans le premier cas , elle peut consister : 2° En éveil de la vie , en fécondation , par l'accession d'un liquide masculin , que celui-ci ait été produit dans l'oviducte même, ou qu'il y soit venu du dehors. 3° En accroissement des œufs par un liquide nourricier. Dans le second cas , elle peut avoir une destination ou chi- mique et plastique , ou mécanique et relative à la forme exté- rieure. En d'autres termes, elle peut consister: 4° A ajouter une substance nourricière qui sera consom- mée plus tard ; 5° A revêtir les œufs d'une enveloppe liquide ou solide , qui a l'utilité mécanique de les protéger ou de les fixer. (1) Addition de Rathke. «72 OVIDUCTE HOMOGÈNE. La plupart du temps il est fort difficile de décider quel est celle de ces cinq destinations qui appartient à chacune des formations particulières qu'on trouve dans les oviductes. D'a- près l'analogie avec d'autres phénomènes vitaux, nous devons reconnaître, en général, que chaque sécrétion des oviductes remplit la plupart du temps plusieurs offices à la fois , et que les diverses sécrétions qu'on rencontre dans ces organes con- courent à un but commun. Nous essaierons dans la suite d'é- claircir toutes ces questions par l'application des lois de la probabilité ; ici nous devons nous contenter de faire connaître les formes d'une manière générale. § 103. L'addition de vésicules particulières, de tubes cy- lindriques , ou de tissus glanduleux , aux oviductes , paraît constituer une forme inférieure. L Dans la monogénie, l'oviducte des Holothuries reçoit déjà les conduits excréteurs de huit à dix vésicules oblongues, pyriformes et remplies de liquide (1). IL Dans l'hermaphrodisme , le Listoma hepaticum , parmi les Entozoaires , présente une couple de vaisseaux rameux , qui s'ouvrent dans le commencement sacciforme de l'ovi- ducte (2); suivant Mehlis (3), il n'existe qu'un seul de ces vaisseaux , qui est situé au côté droit. Dans le Ver de terre , parmi les Annéhdes, cinq vaisseaux, qui commencent par des culs-de-sac , se rendent au commencement de l'oviducte (4) (ou plutôt dans une cavité commune aux différens ovaires , qui mériterait peut-être un nom particulier) (5). Chez les Mol- lusques , nous trouvons encore beaucoup d'obscurité , attendu que les organes accessoires qui s'unissent aux oviductes n'ont pas été nettement distingués partout des organes urinaires. (Dans quelques uns de ces animaux, le conduit excréteur des (1) Tiedemann , Anatomie der Rohrenliolothurie , p. 29. (2) Ranidohr dans Magasin fuer die netiesten Entdecliunyen dcr ije- sammteii Naturkunde , t. YI, p. 130. (3) Observât, anatom. de distomate , p. 32. (4) Schweigger , Handbuch der Naturr/eschichte der skelettlosen ungo ijliederten Thicre , p. 585. (5) Addition de Baër. OVIÛUCTE HOMOGENE. i'^ù reins paraît ne point se terminer par un orifice à part , et s'unir avec l'oviducte ) (1), Mais on trouve ici: 1° Une vésicule , qui est peut-être la vessie urinaire chez quelques uns de ces animaux. Elle aboutit presque toujours , par un long conduit excréteur, dans l'extrémité de l'oviducte. C'est ce qu'on voit, par exemple, dans les Ifelix pomatim , Pleurohranchus taherculatus , Doris arçjo , Pleurohranchœa , etc. Chez ce dernier Mollusque, la branche femelle de l'oviducte reçoit en haut une vésicule. Dans le Doridium eoriaceum, une petite vésicule, munie d'un long pédicule, une autre plus petite , et une troisième remplie d'une substance épaisse , d'un jaune rouge , s'ouvrent dans la cavité sexuelle commune , de manière qu'on ne peut point distinguer ce qui appartient à la partie mâle et à la partie femelle. 2° Une vésicule rameuse existe , chez X Hélix pomatia , sous la forme d'un cylindre , partagé en plusieurs divisions , qui contient un suc laiteux , et qui s'ouvre dans la cavité gé- nitale, conjointement avec l'oviducte et une autre vésicule. 3° Il y a, en outre, des glandes qui pourraient bien être en partie des reins. Dans la Thethijs leporina^ une grosse glande d'un jaune d'ocre s'ouvre à la partie inférieure de l'oviducte. Dans le Planorhis corneus, à l'oviducte qui sort du testicule s'attachent un corps glanduleux et une masse qui contient une humeur jaune (rein?) (2). Le testicule secondaire du Limaa? ater (3) et du Ly mnœus palustris [[\) peut aussi être rangé ici. III. Parmi les animaux digènes qui présentent de pareils organes, on dislingue surtout les Insectes. 4° L'organe peut être simple chez eux. C'est tantôt une vési- cule simple [Melolontha vulgaris , Carabus hortensis , Acheta domestica , etc.), qui , dans le Psoctts pulsatorius , contient des kystes pédicules (6) ; tantôt une vésicule qui est la fin de vais- seaux en cul-de-sac , par conséquent le réservoir d'une sub- (1) Addition de Baër. (2) Zeitschrift fner die Physiologie , t. I , p. 1S.~; (3) lUd., p. 2. (4) Ihid., p. 23. (5) Nitzscli , dans Germar, Magasin fuer Entomologie', \. TV, p^. 280. 174 OVmtCTE HOMOGÈNE. stance formée dans ces vaisseaux , comme chez le Tenehrîo molitor, où un vaisseau borgne se prolonge en un soc qui contient un liquide blanchâtre et s'ouvre immédiatement à l'extrémilé de l'ovicanal (1) , comme aussi chez la Vespa vulgaris, oh deux vaisseaux borg^nes dégénèrent en une ves- sie pyriforme , qui s'abouche , par un conduit excréteur, dans le milieu de l'ovicanal (2) ; tantôt enfin un vaisseau borgne , ou, en d'autres termes, une vésicule allongée^ comme dans le Blaps gages (3) et le Dytiscus marginatus (4) , OÙ elle est ouverte en forme de sac , et s'abouche dans le milieu de l'o- vicanal , comme aussi dans la Blatta orientalis , où elle est longue , étroite , et se rend à l'extrémité de l'ovicanal (5). 5° Quand il y a deux organes accessoires , ils sont ou in- égaux ou symétriques. Danslepremier cas, ce sont, tantôt deux vésicules, comme dans le Buprestis^ où une petite poche s'ouvre dans le conduit excréteur d'une poche plus volumi- neuse et pleine d'une poussière jaune , qui s'abouche avec la partie moyenne de l'ovicanal (6) , comme aussi dans le Blaps mortisaga^ OÙ les courts conduits excréteurs de deux vésicules fort petites, qu'on peut considérer plutôt comme des extré- mités en cul-de-sac de vaisseaux, se réunissent en un long tronc, qui aboutit à la partie moyenne de l'ovicanal (7); tantôt deux vaisseaux, qui, chezV Hippobosca ovina^ sont rameux et se jettent dans le commencementde l'ovicanal (8), et dont, chez le Ceramhyx moschatus^ l'un est plus Court, et l'autre plus long (9); tantôt une vésicule et un vaisseau en cul-de-sac, comme dans la Lamia tristis , où une vésicule allongée , pleine d'un suc (1) Gœde , Beitrœge ziir Anatomie der Inseliten , PI. II , fig. 10. (2) Swammerdam , Bibel der Natur , PI. XIX , fig. 4. (3)^Meckel , Beitrœge zur vergleiclienden Anaiomie ,1. I, PI. VIII, figure 4. (4) Hegetschweilei' , Diss. de insectoruvi genitalihus , fig. 2. (5) Gœde , loc. cit., PI. I , fig. 40. (6) Meckel, loc cit., t. I, PI. YIII, fig. 8. (7) Crude, «oc. cif., PI. I, fig 6. (8) Ramdohv , dans Magasin fuer die neuestcn Entdechungen der aiigenberg , Disq. circa parles genilalos focnwieas avîum,p, S T OVIDUCTE HÉTÉROGÈNE. 179 fruit de dedans en dehors. Comme conduit excréteur détaché d'un ovaire pair , il est lui-même toujours pair. Constamment, même chez les plus grands Mammifères, il a l'apparence d'un vaisseau, et, proportionnellement au volume du corps, il est beaucoup plus étroit que chez les animaux ovipares, surtout à son commencement et à sa fin; seulement il sur- passe , eu égard au diamètre , le conduit déférent qui lui cor- respond. Il se compose d'une membrane muqueuse , qui forme quelques faibles plis longitudinaux et sécrète du mucus , avec une vapeur séreuse. Sa membrane musculaire est faible. Mais, entre ces deux tuniques , il y a du tissu cellulaire riche en vaisseaux et susceptible de turgescence. 2° A cet oviducte se rattache un réservoir qui , d'après la direction de sa vie du dehors au dedans, reçoit l'œuf, le per- fectionne, et développe en lui le fœtus, mais, d'après son autre direction de dedans en dehors , expulse le fœtus formé, ainsi que l'œuf. Ce réservoir porte le nom de matrice [utérus). L'oviducte lui-même se renfle de distance en distance, et pré- sente ainsi des dilatations utriculiformes ou vésiculiformes ( § 90 ), qui arrêtent les œufs dans leur progression, les retien- nent pendant quelcjne temps , et contribuent même en partie à y développer le fruit , de manière qu'on peut les considérer comme des rudimens de la matrice , sans cependant être en droit de les regarder comme de véritables matrices, si l'on s'arrête à la signification rigoureuse du mot. En effet : a. Ces dilatations ne sont point constantes. Elles ne devien- nent visibles que quand les œufs se sont accumulés; de sorte que, jusqu'à un certain point, elles sont le résultat d'une dis- tension mécanique. b. Chez certains animaux il en existe plusieurs. Ainsi, dans l'Abeille , les oviductes et l'ovicanal en sont garnis, c. L'inconstance de leur situation annonce qu'elles ne sont point essentielles. Elles occupent tantôt le commencement , tantôt le milieu ou la fin de l'oviducte. d. Elles ne sont que des ampliations de ce conduit, avec lequel elles se confondent par des nuances insensibles et sans ligne de démarcation bien tranchée , tandis que la matrice est im organe à part , et différent de l'oYiducte. l8o OVIDUCTE HÉTÉROGÈNE. e. Enfin, ce qui est le point capital , le germe ne s'y perfec- tionne généralement que jusqu'à un certain point. Si le fruit s'y développe chez quelques animaux, ce phénomène ou n'a lieu qu'à certaines époques , de sorte qu'il est plutôt éventuel qu'essentiel , ou bien il s'opère sans connexions organiques immédiates et par le seul fait d'une incubation proprement dite. La matrice, au contraire, ne procure jamais le déve- loppement du fruit parvenu dans son intérieur qu'au moyen d'une connexion organique immédiate entre elle et l'œuf, et c'est là ce que nous pouvons considérer comme le caractère qui lui appartient en propre. § 100. Les diverses modifications que l'oviducte et la ma- trice présentent , forment une série dont le principe consiste en une tendance à l'individualisation, à la spécialisation de la forme et de la vitalité , à la séparation des diverses parties essentielles de cette sphère , par conséquent à la simplifica- tion. Ce principe se manifeste de différentes manières , savoir, dans les rapports avec les organes mâles correspondans, dont il sera parlé plus loin ( § 121 ), dans ceux avec les organes de la conservation individuelle ( 1° ) , entre l'oviducte et l'o- vaire ( 2° ) , entre l'oviducte et la matrice ( 3° ) , entre la ma- trice et les organes accessoires ( 4° ), enfin entre les diverses parties de la matrice , ou dans les rapports de cet organe avec lui-même ( § 107 ). 1° Il se révèle d'abord comme tendance à l'individualisa- tion des organes génitaux. L'oviducte est originairement sem- blable à un vaisseau, à un conduit excréteur ( § 94 ). Sa sé- paration d'avec l'ovaire le représente déjà comme un organe spécial et différent de tous les autres organes ( § 94, 6° ). Lorsqu'il acquiert un plus grand diamètre , et que sa paroi prend les caractères d'une membrane muqueuse , villeuse et plissée , d'une couche musculeuse et d'un repli du péritoine, il acquiert la forme de l'appareil digestif, et ressemble, dans sa partie étroite , à un intestin , dans sa dilatation , à un esto- mac ou à un cœcum ( § 104 ). Cette ressemblance s'exprime encore dans la matrice de la plupart des Mammifères; mais elle est plus prononcée que partout ailleurs dans celle des Marsupiaux , qui a des parois fort minces , quoiqu'elle soit OVIDCCTÊ HÉTÉROGÈNE. l8l bien marquée aussi dans les Ruminans , les Solipèdes, les Pa- chydermes et lesGarnassiers. Chez les Quadrumanes etlesÉden- tés, la matrice a des parois plus épaisses que chez les autres Mam- mifères, mais infiniment moins que chez la femme. C'est chez cette dernière seulement qu'elle perd toute ressemblance avec un intestin, en acquérant un tissu propre, solide, résistant, spon- gieux et des parois plus épaisses que chez aucun autre animal. 2° Quelques Mammifères inférieurs offrent encore des tra- ces d'union entre l'ovaire et l'oviducte par le moyen du péri- toine , qui s'étend de l'un à l'autre organe , et forme ainsi une cavité dans laquelle l'ovaire et le commencement de l'ovi- ducte sont placés vis-à-vis l'un de l'autre , en sorte qu'on peut jusqu'à un certain point considérer cette capsule comme l'a- nalogue de la tunique vaginale du testicule. Cette disposition a été reconnue par Albers , Lobstein et Rosenthal (1) dans les Phoques , par Weber (2) dans la Loutre et le Putois , par Treviranus (3) dans la Marte , etc. Chez les Mammifères su- périeurs et chez la femme , la connexion a disparu entière- ment, le péritoine tendu entre l'ovaire et l'oviducte est dé- chiré , et nous trouvons là le seul cas connu d'un sac séreux s'ouvrant dans le canal d'une membrane muqueuse qui abou- tit à l'extérieur. 3° A mesure que le développement fait des progrès , la ma- trice se sépare de l'oviducte et du vagin par une ligne de démarcation qui devient de plus en plus tranchée. Chez les animaux dont la matrice est réduite à sa forme la plus simple, savoir, chez quelques petits Carnassiers, dont l'ovaire se trouve renfermé dans une tunique vaginale (2°), à peine peut-on distinguer les cornes utérines des oviductes ; ces derniers se dilatent tellement à leur extrémité , dans le Kanguroo , qu'ils y deviennent presque égaux à la matrice. En général, ils ont, chez les Mammifères , des fibres musculaires plus fortes que chez la femme et jouissent d'un mouvement péristaltique (4). De son côté , la matrice est plus allongée chez tous les Mam- (1) I^ova Act. Nat. Cur., t. XV, Pl.II , p. 344. (2) Meckel, Arcldv fuer Anatomic und Physiologie , 1826 , p. 405. (3) Zeitschrif't fuer Physiologie , t. I , p. 180. (4) IUWqï ^Elevi.physiol., t. VII, p. 104. iSz OVIDUCTE HÉTÉROGÈNE. mifères que chez la femme. Dans la plupart de[ces animaux; elle a la forme d'un utricule, et ressemble à un oviducte dilaté ou à unovicanal. Ainsi, chez les Édentés et les Paresseux, où elle devient simple (§ 107 , 7°) , elle demeure en forme d'u- tricule, et nul renflement saillant ne signale son extrémité dans le vagin. C'est dans l'espèce humaine , oii elle devient un réservoir particulier et sphéroïdal , qu'elle diffère le plus des oviductesvasculiformes et du vagin utriculiforme, que la ligne de démarcation la plus tranchée s'établit entre elle et ces deux ordres d'organes. Gomme elle prend la forme d'une sphère , en se resserrant sur elle-même , la prédominance de la di- rection en longueur n'appartient plus qu'à l'oviducte , en sa qualité d'organe simplement moteur. Aussi n'est-ce que dans l'espèce humaine que ce dernier a une longueur égale à celle de tout le reste des organes génitaux femelles. En effet , si nous prenons la longueur de l'oviducte = 1 , celle de la ma- trice et du vagin est , d'après les mesures de Daubenton : Femme 1,02 Loutre 5,00 Saïmiri 4,41 Cabiai 6,14 Patas 1,94 Maki 5,25 Malbrouc 2,06 Lapin domest. 5,40 Papion 2,22 Muscardin 5,50 Saï 2,25 Cochon sauvage 5,53 Mangabey 2,60 Lapin sauvage 6,83 Mandrill 2,75 Chat Brebis 2,95 Chat sauvage 6,26 Coaita 3,16 Campagnol 6,33 Cochon d'Inde 3,40 Lion ) Dromadaire 3,76 Polalouche ) 6,40 Magot 4,00 Hérisson 6,70 Genette 4,08 Chien 6,76 Phoque 4,12 Chevreuil , Lynx 7,00 Surikate 4,18 Lièvre 7,15 Belette 4,60 Cochon de Siam 7,20 Chauve-souris 4,66 Loup 7,30 Cariacou 4,69 Coati ; 7,50 Panthère 4,73 Marte 7,60 OVIDUGTE HÉTÉROGÈNE. il Marmotte 7,70 Civette 11,55 Cerf 8,66 Loir 14,50 Renard 10,50 Cochon privé 15,00 Ours 11,50 4° Ce n'est pas seulement en prenant une forme sphérique, mais encore en se débarrassant de tout organe plastique acces- soire, que la matrice annonce, dansl'espèce humaine, qu'elle est parvenue à un plus haut degré de concentration. Quelles que soient les fonctions des vésicules et des différens vaisseaux qui accompagnent l'oviducte et l'ovicanal (§ 103), ils ne sont ce- pendant jamais que des rudimens partiels d'une matrice. Chez lesMammifères,cesorganesontpénétréplusavantdanslecercle de l'appareil génital, puisque la matrice s'est emparée de leur fonction. On peut en considérer comme des vestiges les canaux aperçus d'abord par Malpighi, et retrouvés depuis par Gaert- ner (1), qui existent chez le Bœuf, le Cheval, le Cochon et peut- être d'autres Mammifères encore. Ces canaux de Gaertner tra- versent les parois du vagin, dans lequel ils s'ouvrent, des deux côtés de l'orifice de l'urètre ; puis ils passent dans celles de la matrice , sur les deux côtés de cet organe , jusqu'aux liga- mens larges ou replis du péritoine. Rathke (2) les regarde comme les résidus des conduits excréteurs des corps de Wolff. Des canaux analogues existent, d'après I. Geoffroy Saint- Hilaire et Martin (3), chez les Chéloniens et les Crocodiles, mais dans les deux sexes : ils s'ouvrent d'un côté dans le cloaque, à la base delà verge ou du clitoris, de l'autre dans le sac péritonéal , près des oviductes , chez les femelles. Geoffroy pense qu'ils conduisent de l'air aux ovaires (4). § 107. L'individualisation et la simpUfication , auxquelles tendent ici les progrès du développement , se manifestent en- fin dans les rapports de la matrice avec elle-même , et con- sistent en une disparition progressive de la duplicité. Quoique (1) Hartenkeil, Medizinisch-chmtrgische Zeitung , 1824, l. II , p. 105. (2) Meckel , Archiv fuer Anatomic und Physiologie , t. VI , p. 379. (3) Eévussac , Bulletin des sciences médicales, t, XIV, p. 7. (4) Geison et iwXiws, ^ Magasin der auslœndischen Literaùur , t. XXIX, p. 113. l8i OVIDUCTE HÉTÉROGÈNE. ressemblant du reste aux Mammifères , les Monotrèmes dif- fèrent d'eux par l'absence de la matrice; leurs oviductes se ter- minent en deux dilatations complètement séparées l'une de l'autre (1). 1° Ces dilatations sont développées , chez les Marsupiaux , en matrices , qui néanmoins , quoique appliquées Tune contre l'autre (comme les dilatations qu'on observe chez les Gre- nouilles) (2) , ne sont point réunies en un seul organe , mais représentent une matrice multifide (utérus multifidus) , com- posée d'un corps médian et de deux conduits latéraux (3). Le corps médian est étendu en ligne droite, et tantôt non divisé , tantôt partagé , dans le sens de sa longueur , par une cloison plus ou moins complète; il reçoit l'œuf. A sa base s'abouchent avec lui deux conduits latéraux, qui sont plus longs, en forme d'anses, recourbés ou même contournés sur eux-mêmes, qui de plus ont souvent un tissu différent de celui du corps médian , et qui s'ouvrent par leur autre extrémité dans le vagin. On pourrait les considérer comme des organes accessoires , ou comme des canaux de ^Gaertner détachés et libres ; mais si l'orifice du corps médian dans le vagin est fermé et ne s'ouvre qu'à l'époque de la parturition , ils doivent servir de conduc- teurs au principe fécondant (4). Comme le vagin lui-même est partagé dans le Kanguroo , de même les monstruosités humaines nous offrent aussi plu- sieurs exemples de cas dans lesquels la duphcité de la matrice s'étendait jusqu'au vagin (5). Tiedemann en a rencontré un ; l'une des deux portions de la matrice était pleine du produit de la génération , et elle mit au monde un fruit à terme (6). Thi- low a décrit une matrice humaine à trois cavités (7). 2° A cette forme se rattache celle de la matrice hiforée {utérus biforiss. duplex) (8) , dans laquelle le vagin est indivis, (1) V. PI. III, douzième forme. (2) V. PI. III , treizième forme. (3) V. PI. IV, première forme. (4) Carus, Traité élément, d'anat. comp.,t. II, p. 413. (5) A^oigtel , Handhuch der palholochischon Anatomic , t. III , p. 454 (6) Meckel, Deutsclies Arcldv fuer die Phi/siolni/ie , t. V, p. 434. (7) Beschreihumj aiiatomisch-2}atholo., t. I, p. 295. (3) Loc. cit., p. 26. (4) Addition de Baër. (5) Meckel , Beitrœye, t. II , cah. Il , p. 171. DE LA SPHÈRE MEDIANE. U\Ù téraux semblent être destinés à recevoir la fécondation , et le corps moyen , au contraire , à admettre les œufs , pour les chasser au dehors (*). 2° Chez les animaux inférieurs , Foviducte , comme le canal déférent , est encore continu à l'organe plastique primaire (§ 52-57) ; il offre la duplicité qui caractérise celui-ci ( § 100 ), ne fait comme lui que faiblement antagonisme au réservoir dans lequel il se termine (§ 104), et, jusqu'aux Poissons, ressemble encore presque entièrement au canal déférent, sous le rap- port de sa conformation et de sa situation. De même que, chez les Poissons cartilagineux , l'oviducte se détache pour la pre- mière fois de l'ovaire , de même aussi ces animaux sont les premiers chez lesquels le canal déférent acquière une grande longueur et décrive de nombreuses circonvolutions. C'est chez les Oiseaux que l'oviducte diffère le plus des canaux déférens , parce que , dans cette classe du règne animal , la fonction génitale exerce une influence puissante sur toute la vie. Lesoviductes du Bradypus tridachjlus sont, d'après Baër (1), enroulés un grand nombre de fois sur eux-mêmes, et fixés aux ovaires , de sorte qu'ils ressemblent aux épididymes. Ils sont également roulés en peloton dans le tSimia sylvanus et dans Y Opossum (2). 3" Chez les Mammifères , des faisceaux de fibres muscu- laires s'étendent, entre les plis du péritoine (ligament large), jusque sur les ovaires, qu'ils semblent comprimer, comme pour- rait le faire un muscle crémaster. Dans l'espèce humaine , il n'y a que des fibres musculaires infiniment plus faibles et bornées au ligament rond ; cependant Wrisberg (3) a vu quelquefois , dans des cadavres de femmes robustes , qui avaient péri de mort violente , des fibres rougeâtres s'étendre le long des vaisseaux jusqu'à l'ovaire. 4° Ralhke (4) a remarqué , dans la Salamandre , un liga- C) Voyez, à ce sujet, un Mémoire d'Owen, dans Philos. Trans., 1834, P. II, p. 333 ; et dans Ann. d'anat. et de phys., Paris d837,in-8°, 1. 1, p. 34. (1) Meckel, Deutsches Arcliiv fuer dio Physiologie , t. VIII , p. 366. (2) Blumenbach , Handhuch der vergleichendeii Anatomie , p. 465. (3) Commentaiiones inedici argumenti , p. 302. (4) Bcitrœge zur Geschichte dcr Jliierwelt ^ l. I, p. 70. 2l4 SPHÈRE EXTERNE DES ORGANES SEXUELS. ment qui , de l'extrémité du testicule , immédiatement contre la colonne Yertébrale , s'étend directement en avant, jus- qu'aux plis du péritoine qui vont gagner les poumons et l'es- tomac, et s'y perd dans la membrane péritonéale. Ce ligament, qu'on découvrira peut-être chez d'autres animaux encore , paraît être l'analogue du ligament antérieur de la matrice que Stenson et Rudolphi ont trouvé chez quelques animaux , et dont Nitzsch a constaté l'existence chez les Carnassiers et les Rongeurs en général. (Je l'ai même trouvé dans des Singes, mais dont l'espèce échappe à ma mémoire ; je crois cependant qu'ilsappartenaientàcelledU(5*miamMMs)(l). Il part du fond de la matrice , se porte en devant , entre les feuillets du péri- toine , se perd presque toujours d'une manière insensible dans cette membrane, ou derrière elle , s'attache aux dernières côtes chez quelques animaux , et contient parfois des fibres musculaires bien distinctes. Il rappelle jusqu'à un certain point les filamens qui partent de l'extrémité antérieure des ovaires appartenant aux animaux inférieurs , et qui se réunissent les uns avec les autres ( § 89, 3* ). 5o Des glandes , qu'on peut mettre en parallèle avec celles de Cowper, sont très-volumineuses chez les Monotrèmes et les Marsupiaux femelles. On les reconnaît même encore chez les autres Mammifères femelles ; mais il n'en reste plus, dans la femme , que des vestiges à peine appréciables. ARTICLE III. De la sphère externe des organes sexuels» § 122. La plante n'a qu'une vie périphérique. Aussi , lors- que les organes génitaux se détachent du reste de la masse , ils ne le font qu'à la surface , et surtout aux dernières extré- mités. En effet, on les voit déjà chez les végétaux monogènes paraître au bout des feuilles , comme dans les Hépatiques , ou sur des pédicules, comme dans les Moisissures. La fleur complète repose également sur un pédoncule , qui lui amène les vaisseaux dont les racines plongent dans la tige. Elle se (1) Addition de Baër. SPHÈRE EXTERNE DES ORGANES SEXUELS. 2lS partage en organes périphériques {périanthe ^ péHgone) et en organes centraux. Le calice , ou périanthe externe , reçoit les vaisseaux ex- térieurs du pédoncule; il est constitué par un tissu cellulaire ferme et rempli d'une substance colorante verte ; on y découvre peu de trachées, son épiderme est garni de stomates, enfin ',il y a analogie entre lui et la feuille , sous le rapport de la tex- ture et des fonctions , car il absorbe et exhale. La corolle, ou périanthe interne , est une métamorphose plus élevée de la feuille; elle reçoit les vaisseaux des pédoncules situés plus en dedans que ceux qui précèdent, notamment les trachées , et se distingue par la délicatesse de sa texture , par l'absence des stomates, et le plus souvent par une coloration particulière. (Il n'est pas exact de dire que la corolle soit généralement privée de stomates. Outre qu'on en trouve dans un très-grand nombre de périanthes colorés , il y en a aussi dans certaines plantes qui possèdent une véritable corolle. Krocker a donné rénumération de celles qui sont dans ce cas) (1). Ces organes périphériques ont surtout de l'affinité avec les parties mâles ; aussi les étamines, devenues monstrueuses, se transforment- elles enune riche corolle et produisent-elles ce qu'on appelle les fleurs pleines. En eux, se développent principalement des matériaux combustibles ; dans le calice , la matière colorante verte et résineuse ; dans la corolle , le principe odorant , qui dégage l'excès d'hydrogène carboné , sous la forme soit d'une huile éthérée , soit d'un corps volatil plus composé. La corolle exhale aussi de l'hydrogène, qu'on a vu quelquefois s'en- flammer pendant les nuits obscures , phénomène qu'offre assez fréquemment par exemple le Dictamnus allms , de même qu'on a vu des fleurs de couleur orangée , comme celles du Calen- dulay du Tropœohwi m,ajus, dnLiliiimhitlhiferum et du Ta- getes erecta ^ émettre des lueurs électriques, aux mois de juil- let et d'août , pendant ou immédiatement après le coucher du soleil, lorsque l'air était serein. A la corolle se rattache le nectaire, qui, dans sa substance moins dense et moins serrée, (1) Addition de Valentin. 2l6 TERMINAISON DES OVIDUCTES. produit le suc mielleux , peut-être par antagonisme avec l'a- rôme de la corolle et le pollen de l'anthère. Les parties centrales ont une conformation qui rappelle celle de la tige; elles sont la répétition de cette dernière dans la fleur. Le filet est le support de l'anlhère ; il consiste en tissu cellu- laire allongé , avec des trachées , détermine la situation et le mouvement de l'anthère , et peut être comparé par conséquent à la sphère externe des organes génitaux mâles des ani- maux. Le stigmate est l'organe femelle extérieur , une sur- face inégale , la plupart du temps parsemée de poils déliés et transparens , et qui secrète un liquide onctueux , oléagineux. Le style , composé de tissu cellulaire et des dernières extré- mités des trachées centrales du pédoncule , représente une colonne , qui repose sur l'ovaire , et dont l'extrémité libre se confond avec le stigmate ; il est le conducteur de la fécondation. § 123. Chez les animaux, la sphère externe est destinée, dans les deux sexes, à l'éjection de ce qui avait été conservé dans la sphère médiane , et à l'exercice de l'action des sexes l'un sur l'autre. 1. SPHÈRE EXTERNE DES ORGANES SEXUELS FEMELLES. Les parties femelles qui se rapportent à cette sphère sont , ou de simples extrémités des oviductes , qui n'oflrent rien de spécial ( § 123 ) , ou des organes ayant une délimitation parti- culière ( § 125 ). A. Terminaison des oviductes, i. TERMINAISON SIMPLE DES OVIDUCTES. Les extrémités simples des oviductes , ou s'ouvrent immé- diatement à la surface extérieure , ou s'unissent auparavant avec un organe consacré à la conservation de l'individu lui- même ( § 124 ). Dans le premier cas , 1° Elles s'ouvrent au voisinage de l'orifice des organes di- gestifs ; a. Tantôt près de l'ouverture alimentaire commune , par exemple chez les Roiifères , oii elles aboutissent à son côté droit ; chez les Gorç/onia verrucosa , Xenia et Renilla ameri- TERiMINAISON DES OVIDUGTES. 217 cawa, parmi les Polypes , où elles se terminent tout autour de cette ouverture , entre les tentacules ; enfin , chez les Lucer- naires , parmi les Acalèphes. h. Tantôt au voisinage de la bouche , par un trou impair ; par exemple , à droite , chez les Holothuries , parmi les ani- maux monogènes ; et parmi les hermaphrodites , ou séparé- ment des conduits séminaux , dans quelques Enlozoaires, tels que \e Distoma hepaticum , chez lequel elles aboutissent entre la bouche et la ventouse , et dans plusieurs Gastéropodes , comme les Pleurobranches , qui ont leur orifice au cou , sur le côté droit , et le Planorbus comeus , qui Ta au côté gauche ; ou plus près de ces conduits, et en partie par un orifice commun , comme chez plusieurs Gastéropodes, la Boris argo , Y Onchidium , elC. c. Tantôt enfin au voisinage de l'anus , soit chez les ani- maux monogènes , par plusieurs orifices placés autour de l'anus , dans YEchinus , ou par un seul , dans les Botrylhis et Pyrosoma , parmi les Acéphales , dans les Cirripèdes , les Cy- clobranches et lesScutibranches, parmi les Gastéropodes ; soit chez les animaux à sexes séparés , dans les Pectinibranches , parmi les Gastéropodes, et dans la plupart des Poissons. Chez ces derniers , l'orifice est ou impair , et placé sur la ligne médiane , immédiatement dernière l'anus et au devant de l'u- rètre , ordinairement dans une fossette , rarement au som- met d'une verrue , ou pair et situé à côté de l'anus. 2° Chez d'autres animaux , les orifices sont à la face inférieure ou ventrale, plus ou moins rapprochés soit de la bouche, soit de l'anus , et en partie aussi dans le voisinage des ouvertures respiratoires. Parmi les animaux hermaphrodites, il y a deux orifices au seizième anneau du corps , dans le Ver de terre, et un entre le vingt-neuvième et le trentième dans la Sangsue. Parmi les animaux digènes , l'ouverture est unique, au tiers antérieur du corps dans V Ascaris , au tiers postérieur dans l' Oxyuris , plus près encore de la queue dans le Strongylus , et plus voi- sine du milieu du corps dans le Cucullanus ; ou paire, et située à la base de la troisième paire de pattes , dans les Décapodes. ( Dans VIdotea entomon et le Bopyrus squillarum , elle est im- paire et placée à la première ceinture branchiale j c'cstlà 2l8 TERMINAISON DES OVIDtJCTES. aussi , ou du moins immédiatement au devant , qu'on la trouve dans d'autres Isopodes et chez les Amphipodes) (1). Elle se voit également à la partie antérieure de l'abdomen chez les Arachnides , attendu que les deux oviductes se terminent dans une cavité commune; elle est située, chez les Scorpions, au- devant du premier anneau ventral , entre la troisième et la quatrième paires de pattes; chez les Araignées, entre les deux entrées des branchies ; chez les Phalangium , immédiatement derrière les organes de la mastication ; chez les Jules , parmi les Myriapodes , au troisième anneau du corps. C'est aussi la position qu'elle occupe dans les Ophidiens. (Dans les Perothis, nouveau genre de Céphalopodes, l'oviducte impair s'ouvre au côté ventral, immédiatement au devant de l'extrémité du corps) (2), 2. TEHMINAISOTî COMMISE ATJX OVIDTJCTES ET A d'aTJTRES ORGANES. § 124. Il est d'autres animaux encore chez lesquels les ovi- ductes , à leur extrémité , contractent des connexions avec d'autres systèmes. 1° On les voit s'unir avec les organes de la digestion. Chez la plupart des animaux monogènes , l'oviducte se termine dans la partie supérieure du canal alimentaire, ou dans l'es- tomac , comme chez les Lohularia, parmi les Polypes , chez les Actinies , et quelquefois , d'après Jseger , chez les Holo- thuries. Louis (3) a ouvert le corps d'une femme chez laquelle le vagin souvrait dans le rectum , en sorte que la menstrua- tion , la fécondation etla parturilion s'opéraient par cet intestin. Fournier parle (4) d'une autre femme qu'il accoucha, et chez laquelle le rectum s'ouvrait dans le vagin. 2° Une connexion entre les oviductes et les organes respi- ratoires a lieu , parmi les animaux monogènes , chez les Acé- phales : les oviductes des Ascidies se rendent dans le sac branchial ; Bojanus et Baër ont démontré que ceux des Moules (1) Addition de Rathke. (2) Addition de Ratlike. (3) De partium eœtornaruin generationi inservientium in mïiUeriius dispositione. Paris 1754 , ^-4". (4) Dicl. des se. médic., t. IV, p, 465. TERMINAISON DES OVIDUCTES. 219 aboutissent entre le pied et la branchie interne. Cette con- nexion a lieu aussi chez quelques animaux à sexes distincts ; ainsi, chez le Buccinum et le Murex ^ les oviductes s'ouvrent en dedans du bord de la cavité pulmonaire , et, chez les Cé- phalopodes , ils aboutissent dans le sac respiratoire par deux orifices , dont chacun est placé au voisinage d'une branchie. 3° La connexion avec les voies urinaires est telle d'abord que les oviductes s'ouvrent dans ces voies. Chez la Testudo europœa , ils s'abouchent dans le col de la vessie urinaire par un bourrelet annulaire, et les œufs passent par l'urètre dans le cloaque, qui reçoit aussi le rectum et les vésicules anales. Dans l'Esturgeon, un entonnoir formé en grande partie par le péritoine se rend à chaque uretère , oii son ori- fice est garni d'une valvule disposée de manière à permettre le passage de la cavité abdominale dans l'urètre , mais à s'op- poser au mouvement en sens inverse, ( Cette observation a été faite par moi pour la première fois (1) ; depuis je l'ai trouvée confirmée dâjis d'autres espèces d'Esturgeons ; les entonnoirs qui s'ouvrent dans le large uretère , à peu près vers la partie moyenne de la cavité abdominale , se tuméfient considérable- ment, vers l'époque du frai, ainsi que les moitiés des uretères situées derrière eux, et reçoivent alors les œufs qui sont tombés des ovaires dans la cavité abdominale. Baër a bien fait remar- quer que , chez l'Esturgeon mâle, les deux uretères présentent deux entonnoirs (2) ; mais ce n'est point là une objectioii , puisque les mâles des Mammifères ont aussi des mamelles. J'ai trouvé ce renflement , au temps du frai , dans un Acipenser hamensis de la Russie méridionale , et je me suis convaincu que, ni dans cette espèce, ni dans Y Acipenser ruthemis, la cavité abdominale ne présente d'ouvertures au voisinage de l'anus ) (3). L'oviducte reçoit l'urètre chez plusieurs Gastéro- podes, si toutefois l'organe appelé par Swammerdam sac de la chaux et par Cuvier sac de la glu , est réellement le rein, et si la vésicule qui a des connexions avec lui est la vessie uri- (1) Beitrœijo sur Geschîchte der Thierwelt^ t. lï , p. 123. (2) Bui'dach , Anatomische Untcrsuchunijen ^i. II , p. 40. (3) Addition de Ralhke. 220 TERMINAISON DES OVIDUCTES. naire (1) ; de cette dernière part effectivement un canarqui se rend soit dans Toviducte seul , comme chez le Planorbe (2) et le Lymnée (3) , soit dans le sac génital commun , comme dans la Limace (4) et le Limaçon. 4° Les oviductes s'abouchent enfin , conjointement avec l'extrémité des organes digestifs et urinaires , dans une ca- vité qu'on appelle cloaque. Ce cas a lieu chez la plupart des Insectes , par exemple chez tous les Coléoptères. L'orifice de l'ovicanal , tenu béant par des plaques cornées , se trouve au devant et au dessous de l'anus , dans le cloaque, dont l'ou- verture est pourvue de plaques cornées analogues. On voit pa- raître le commencement d'un cloaque chez les Poissons car- tilagineux ; la cloison qui , dans les Poissons osseux , s'étend entre l'anus et l'ouverture génitale , jusqu'à la surface du corps , mais sans ressembler au reste de la surface cutanée et sans avoir d'écaillés , ne va point aussi loin ici , de sorte qu'il reste , au dessous de la peau , un petit espace dans lequel le rectum et l'oviducte se réunissent ensemble. Chez les Uro • dèles, l'orifice de l'oviducte est entouré d'un bourrelet, de manière qu'il peut se clore quand des matières fécales ar- rivent dans le cloaque (5). Chez les Oiseaux, l'orifice est garni d'un sphincter au côté gauche du rectum. Suivant Geoffroy Saint-Hilaire (6), le cloaque est partagé , par les orifices des trois systèmes , en autant de poches, qui se succèdent de telle sorte que la poche anale s'ouvre dans l'urinaire, et celle-ci dans la génitale; mais il ne parvient ni urine ni matière fé- cale dans cette dernière , parce qu'au moment de l'évacuation l'anus sort en dehors , et la poche urinaire se renverse sur elle-même. Mais Barkow (7) a fait voir que , des trois espaces du cloaque , l'antérieur reçoit le rectum , le moyen les ure- tères et les oviductes ( ou les conduits déférons ) , et que le (1) Zeitsckrift fuer die Physiologie , 1. 1 , p. 10. (2) Ibid. , p. 15. (3) Ibid. , p. 25. (4) Ibid. , p. 10. (5) Rathke , Beitrœge zur Geschichte der Thierwelt , 1. 1 , p. 67. 1 (6) Bulletin delà Soc. philomat,, 1822, p. 71. (7) Meckel, Arehiv fuer Aniitomie ^ 1S30, p. 41. VAGIN. 221 postérieur, qui reçoit l'orifice de la bourse de Fabricius et s'ouvre au dehors , représente une vulve plus développée que chez les Mammifères , comme aussi elle contient la verge chez les Oiseaux mâles , de manière qu'elle sert d'organe de copulation. Chez les Monotrèmes, les oviductes s'ouvrent éga- lement dans le cloaque (*). • B. F^agin. § 435. La terminaison des organes génitaux femelles ne prend les dehors d'un appareil particulier que chez les Mam- mifères. Là, en effet, il existe un Vagin bien déterminé, l'ou- verture qui sert d'issue à la matrice se dessinant sous la forme d'un bourrelet indicateur de la limite. La différence qui existe entre les deux parties séparées par ce bourrelet, eu égard à la nature de leur membrane muqueuse et du restant de leur tissu , correspond à celle qui se remarque dans le degré de développement de l'organisation en général. Ainsi la membrane muqueuse du vagin n'offre pas le moindre ves- tige de plis saillans à sa face interne , dans le Daman (1) ; ces plis sont longitudinaux seulement et peu nombreux chez la plupart des Mammifères ; ils sont obliques dans le Tigre. On rencontre rarement des plis transversaux , et la plupart du temps, lorsqu'ils existent, ils occupent seulement le com- cement du vagin , au voisinage de la matrice , comme chez les Ruminans , la Hyène , le Dauphin et le Cachalot ( où ils sont assez prononcés pour diviser le vagin en deux parties ) (2); lorsqu'ils s'étendent plus loin , ils sont plus rares et plus gros- siers que chez la femme, où ils sont minces, multipliés, et s'é- tendent latéralement à partir du milieu des Ugnes médiane antérieure et postérieure. Chez les Mammifères , le vagin a , comme la matrice , des fibres musculaires longitudinales et transversales , qu'on ne peut plus apercevoir chez la femme. C) Voyez un Mémoire d'Owen sur les oeufs de l'Ornithorhyuque , dans Philos. Trahis., 1834 , P. II , p. 555. (1) Cuvier , Anat. conip., t. V , p. 130, (2) Addition de Baër. 222 VAGIN. Enfin , à un haut degré de développement , le vagin , en sa qualité d'organe de mouvement, se dislingue par sa lon- gueur plus considérable , de la matrice , qui , à titre d'or- gane de plasticité , aflecte une forme plus globuleuse. Chez les Ruminans, les Pachydermes , les Phoques, les Cétacés, etc., il est plus court que la matrice , proportionnellement à la- quelle sa longueur est* 'i! 6 dans le Cochon, et I II 1 1,04 dans le Renard. Chez les Quadrumanes et quelques petits Carnas- siers et Rongeurs , la matrice est plus courte ; sa longueur est à celle du vagin I .' 1 *. 1,20 dans le Malbrouc, I M I 2,90 dans le Maki, 1 1 1 t 3,44 dans le Papion. La proportion est à peu près de 1 I 2,50 chez la femme. Au reste , il y a quel- ques Mammifères inférieurs chez lesquels la duplicité de la matrice s'étend aussi au vagin. Enfin le vagin de la femme diffère de celui des animaux en ce qu'il ne suit pas la même direction que la matrice , mais s'écarte de cette direction en avant, et forme ainsi avec l'or- gane utérin un angle qui contribue à l'en séparer encore da- vantage. En outre , le vagin de la femme est situé au devant de l'anus , et celui des Mammifères au dessous de cet intes- tin , tandis que , chez les Poissons et les Oiseaux, les oviductes sont placés au dessus. § 126. Le vagin lui-même se divise en deux parties, l'une interne , l'autre externe. Celte dernière porte le nom de ves- tibule. 4. YAGIN IMERHE. Le Vagin interne est uniquement destiné à l'œuvre de la génération, tandis que le vestibule reçoit l'urètre. Mais, comme Jœrg l'a déjà fait remarquer (1), plus le degré de formation de la matrice est peu élevé , plus cet organe s'étend en longueur, moins il est séparé du vagin par un orifice renflé, et plus la terminaison de l'urètre se rapproche de lui. Dans les Monotrèmes, les Marsupiaux, les Tardigrades et les Édentés, il n'y a point à proprement parler de vagin interne, maisseu- (1) Grundlinien su einer allyemeinen Physiologie des Menschcn , Leipzig 1815 , in-S" , p. 187. VAGIN. 223 lement un long vestibule, attendu que l'urètre s'abouche immédiatement à Torifice de la matrice. Ciiez la plupart aussi des Rongeurs , les Pachydermes , et les Carnassiers , notamment la Marie , etc. , le vestibule est encore fort long, proportion gardée , et l'orifice de Turètre se trouve à une plus grande profondeur en dedans ou plus loin en devant. Il n'y a que quelques Rongeurs , les Quadrumanes et la femme chez lesquels ce vestibule soit de beaucoup la partie la plus courte, à tel point même que , dans l'Agouti , les Maki et les Lori , l'urètre ne s'ouvre qu'à son pourtour. § 127. Lorsqu'il existe un vagin interne , un rétrécissement le sépare en dehors du vestibule, ce qui limite l'action du milieu dans lequel vit l'animal , prévient l'entrée de l'air et de l'eau , et conserve ainsi dans son intégrité le mode parti- culier de vitalité et de sensibilité de cet organe. 1° Sous sa forme la plus simple , ce rétrécissement est un anneau lisse, auquel aboutissent les plis longitudinaux du vagin interne , comme dans les Chiens et les Chats. 2° Il est plus saillant, ou en forme de bourrelet, dans l'Ours brun et l'HyènOo 3° Il consiste en un repli valvulaire de la membrane muqueuse chez les Solipèdes ; chez le Daman , parmi les Pachydermes; chez le Manati, parmi les Amphibies; chez le Blaireau, parmi les Carnassiers; chez la Biche et la Vache , parmi les Ruminans. Dans la femme , ce repli pourvu de vaisseaux , auquel on donne le nom d'hîjmen , est plus considérable encore , et surtout la plupart du temps plus large à sa partie postérieure , ce qui fait que , dans l'état or- dinaire , où ses bords s'appliquent l'un contre l'autre , il ferme le vagin interne. 2. VESTIBULE. § 128. Le Vestibule est une de ces parties plus vivantes et extérieurement placées d'un système plastique qui, comme telles , font éminemment antagonisme avec la vie intérieure , et dans lesquelles on voit, par conséquent, s'établir un certain rapport avec les facultés morales. La membrane qui le tapisse est plus délicate, plus molle, plus riche en vais ■ £24 NYMPHES ET CLITORIS. seaux, plus lisse et plus rouge que celle du vagin ; les lacunes muqueuses s'y convertissent en follicules sébacés , et le li- quide sécrété par ces derniers acquiert l'odeur qui caractérise les sécrétions onctueuses. Des branches des nerfs rachidiens inférieurs se répandent, sans communiquer avec celles des nerfs ganglionnaires , dans le vestibule et le muscle qui l'entoure. Celui-ci, appelé sphincter de la vulve , est soumis à l'influence de la volonté. Kahleis (1) a remarqué , à la paroi inférieure du vestibule de la Vache , une couche musculaire , épaisse de quatre lignes , qui, pendant l'émission de l'urine , tire le col de la vessie en bas et l'orifice de l'urètre en dehors. Autour de l'extrémité du vestibule se dessine uo double demi-anneau , qui en forme le contour intérieur ( § 129 ) et le contour extérieur ( § 130 ). a. Demi-anneau interne. § 129. Le demi-anneau intérieur est formé par le clitoris et les nymphes. Dans la Paludina vivipara ^ Treviranus a trouvé (2) , au côté inférieur de l'orifice de Tovicanal , un cylindre charnu, terminé en pointe, qu'on peut comparer au clitoris. Cet organe conique et sensible , qui est en quelque sorte l'organe du toucher du système génital , apparaît d'une manière plus prononcée , parmi les Poissons , chez les Raies et les Squales , qui s'accouplent, parmi les Reptiles, chez les Tortues. Dans la classe des Oiseaux, les femelles des espèces dont les mâles possèdent un membre génital bien développé , ont un cUtoris ; c'est ainsi que la Cane présente, à la face interne de la lèvre inférieure de la vulve , une très-petite saiUie blanche , en forme de verrue , qui est embrassée par un repli de la peau, qui renferme un cartilage , et qui est redressée par un muscle (3). Le clitoris est plus développé dans l'Autruche et le Casoar. Parmi les Monoirèmes, il existe chez l'Orniiho- rhynque, et manque dans l'Échidné. Tous les Mammifères en sont pourvus. Moins un animal est élevé en organisation, plus son clitoris ressemble à la verge. (1) Meckel , Deutsches AtcMv fuer die Physiologie , t. ,VIII , p. 438. (2) Zeitschrift fuer die Fhysiolocjie ,'4. I, p. 30. (3) Spangenberg , loc'eit., p. 26. NYMPHES ET CLITORIS. 525 !•* Chez les Marsupiaux, les Tardigrades et l'Ornithorliynque, où la verge est fendue , le clitoris Test également. 2° Dans la Loutre, l'Ours, le Raton , le Lion, le Chat et la plupart des Rongeurs , il renferme un os , comme la verge. 3° De même que cette dernière , il est situé dans le cloaque chez les Tortues et les Oiseaux; et comme le cloaque se ferme chez le Gasoar et l'Autruche, le clitoris de ces animaux doit , comme leur verge, faire saillie au dehors pendant l'ex- pulsion de l'urine et des matières fécales. Chez l'Ours et le Loup , il est encore renfermé dans un cul-de-sac particu- lier (1). Mais, chez le Papion, le Rat, le Muscardin et le Hamster , on le trouve plus en devant et séparé de la vulve. <"-elui de la femme est caché en grande partie sous l'arcade pubieimo , au dessus du vestibule , et couvert latéralement par les grandes icvrp.s. 4° Son volume proportionnel est plus considérable, et par cela même il a plus d'analogie avec la verge , dans le Squale (2) , les Cétacés (3) , la plupart des Marsupiaux , les Edentés , les Rongeurs , les Carnassiers et les Quadrumanes , où , par exemple chez le Lemur tardigradus , il a une grosseur et une longueur égales au moins à celles de la verge. On doit consi- dérer comme un rapprochement de cette forme le volume con- sidérable qu'il acquiert fort souvent chez les Égyptiennes , les Abyssiniennes, les Négresses, et surtout les femmes desMan- dingos(4), auxquelles il n'est pas rare qu'on soit obligé d'en pratiquer l'amputation. C'est ici également qu'il faut ranger son développement anormal chez les androgynes (§155,6°). 5° Enfin le clitoris devient encore semblable à la verge en ce qu'il émet l'urine au dehors , soit qu'il ait l'orifice de l'u- rètre à sa base , comme dans l'Agouti (5) , soit qu'il forme un demi-canal pour ce liquide , comme dans l'Autruche , le Ga- soar (6) et le FourmiUer (7] , soit qu'il renferme l'urètre dans (1) Guvier , Aiiat. conip., t. V, p. 126, (2) Home, Lect. on compar. a?iat., Lond. 1S23, in-4°, fig., t. III, p. 386. (3) Bluiiienbach , Handhuch der verglcichenden Anatomie ^ p. 455. (4) Home, Zoc. cit., t. III, p. 317. (5) Cu\iev , Aiiat. conip., t. V. p. 129. (G)Ibid., t. V,p.>l35. (7)Meckcl, Dcutsches ArcMv fuer die Flu/sioloijie , t. V, p. 66. I. i5 226 NYMPHES ET CLITORIS. son intérieur , comme chez le Maki et le Lori (1) , et comme on le voit aussi dans certains cas d'hermaphrodisme ( § 155 , 6°). Les nymphes, ou petites lèvres, qui sont en quelque sorte la corolle des animaux , n'existent que chez un petit nombre de Mammifères , tels que l'Eléphant , la Lionne et le Porc-épic (2); car on ne peut nullement leur comparer , comme l'a fait Home (3), les plis qui se voient sur les côtés de l'anus du Squalus acanthias. Ce sont des replis cutanés , renfermant un tissu spongieux , vasculeux et susceptible de turgescence, particularité en raison de laquelle Graaf les avait déjà com- parées à des crêtes de coq (4). Leur partie supérieure naît en arrière des deux côtés de l'orifice de l'urètre , et s'étcud en devant jusqu'au clitoris. Elles sont souvent très-dcveloppées chez les Africaines, au point de faire saillie entre les grandes lèvres, de prendre, sous l'influence de l'air , une apparence qui les rapproche davantage de la peau , et d'obliger d'en faire l'excision , comme on le pratique en Egypte par exem- ple. On observe aussi, chez les femmes d'Afrique, notamment celles des Boschismans , un prolongement de la peau , qui pend du mont de Vénus , renferme le clitoris et couvre la vulve ; ce prolongement a trois pouces de long, suivant Péron et Lesueur (5)\ et jusqu'à cinq d'après 'Sommerville (6). On lui donne lenomdei?aZ>/*er. Lapeau qui le constitîïe est lâche, plissée , extensible , brunâtre , et forme un triangle , qui a dix-huit lignes de large et six d'épaisseur en haut , et qui se termine par le bas en deux jambages descendant le long du bord interne des grandes lèvres (7). Virey (8) le compare aux pétales surnuméraires des fleurs doubles (*). ; (1) Cuvier, loc. cit., t. V, p. 130. (2) Dict. des se. méd., t. XXXVI, p. 554. (3) Loc. cit. , t. m , p. 386. (4) Loc. cit. , p. 187. (5) Bulletin de la Soc. philomat., 92" cahier, p. 247. (6) Meckel, Zoc. cit., t. V, p. 161. \(7) Ibid., t. V, p. 153. (8) Hist. nat. du genre humain, Paris 1825, t. I, p.' 246. (*) Comparez Muller, dans ArcMv fuer Analomie , t. I, p. 309 j et Otto,i6ic?., t. II, p. 190. GRANDES LEVRES. 227 b. Demi-anneau externe^ § 130. Le demi-anneau externe peut être regardé en quel- que sorte comme le calice des organes génitaux femelles des animaux. Son centre forme le mont de Vénus , éminence par- ticulière à l'espèce humaine , qui est ombragée de poils et formée d'un tissu cellulaire lâche et rempli de graisse. De cette éminence descendant les grandes lèvres , qui ferment la vulve. Déjà dans les Insectes , les Arachnides et les Crustacés , on trouve des parties valvuliformes , qui ferment l'orifice exté- rieur des organes génitaux femelles , et peuvent être écartées les unes des autres par des muscles soumis à l'empire de la volonté. Ce sont, la plupart du temps , des plaques cor- nées , dont la forme varie beaucoup. Les Oiseaux sont les premiers animaux chez lesquels on voie apparaître des renflemens analogues à des lèvres , qui con- tiennent un muscle sphincter , et sont entourés d'un cercle de petites plumes plus raides que les autres. La lèvre supérieure {velabrum) est celle qui prédomine , et, suivant la remarque déjà faite par Harvey (1) , on peut la comparer à la paupière supérieure : en effet , elle contient une lame cartilagineuse analogue au cartilage tarse , la plus forte partie du sphincter, qui s'attache à cette lame, et le point d'insertion de huit mus- cles différens qui ont pour principal effet de soulever la lèvre, de manière par conséquent à ouvrir et fermer le cloaque. La lèvre inférieure est beaucoup plus petite et couverte par la précédente ; elle se termine chez les Gallinacés et les Passe- reaux en deux , et chez les Palmipèdes en un seul tubercule, rudiment du clitoris (2). Dans beaucoup de Mammifères, les grandes lèvres sont des replis cutanés moins développés , étroits et minces au con- traire, qui , dans la Loutre par exemple , s'opposent à l'entrée de l'eau. La vulve n'est séparée de l'anus , chez les Phoques , que (j) Exercitationes dn (jcncratione animalium , p. 12. (2) Spangenberg , loc. cit., p. 24. 228 ORIFICE DES CONDUITS DÉFÉRENS. par une languette étroite , de sorte qu'elle s'ouvre à l'extérieur par un orifice qui lui est commun avec l'extrémité du rectum. Elle est située aussi tout près de l'anus dans les Tardigrades, les Edentés et les Chéiroptères. Chez les Marsupiaux et plu- sieurs Rongeurs, elle est entourée, conjointement avec l'anus, par un muscle sphincter contenu dans un anneau saillant en manière de bourrelet. Cette ouverture est ronde chez les Poissons , les Reptiles , les Rongeurs et les animaux sans ver- tèbres ; elle représente une fente transversale dans les Oiseaux et dans l'Hyène. Chez la plupart des Mammifères , elle a la forme d'une fente longitudinale , dirigée perpendiculairement en arrière , de sorte que le clitoris , qui marque l'extrémité antérieure , se trouve en bas , tandis que , chez la femme , il est en haut et en devant. II. Sphère externe [des organes génitaux mâlesi § 131. Les Organes génitaux externes du sexe masculin con- sistent , soit en une simple ouverture des canaux 'déférens , qui , pendant l'acte de la fécondation, s'applique à l'ouverture femelle ou aux œufs qui en sont sortis , soit en une partie cy- lindrique , qui , chez la plupart des animaux , s'introduit dans l'organe femelle (§ 132). A. Orifice des conduits déférens. Dans le premier cas , l'accouplement n'est qu'extérieur, ou même il n'y en a point. Mais comme , en général , par- tout oii le canal d'une membrane muqueuse s'ouvre à l'ex- térieur , il se forme une espèce de saillie , une sorte d'ex- croissance , tenant lieu de la substance qui manque à l'orifice, de même ici on voit les bords de l'ouverture des conduits déférens s'élever en petits tubercules , auxquels on donne souvent le nom de verge , mais qui ne sont point des pénis , puisqu'ils ne s'introduisent pas dans les parties femelles , et l'on peut seulement les comparer au gland de l'urètre des Mammifères. Cette ouverture est située tantôt à la surface extérieure et tantôt dans un cloaque. 1° Les canaux déférens aboutissent à Ja surface , soit immé- ORIFICE DES CONDUITS DEFERENS. 229 diatement , soit par des dilatations vésiculeiises de leurs ex- trémités (1). Ainsi , par exemple , chez les Mollusques , le canal déférent du Doris argo , qui est terminé par une dila- tation en forme de vésicule , s'ouvre à Textérieur, après avoir reçu le conduit du sac de la pourpre (2). Dans la classe des Crustacés , VIdofea a les orifices de ces canaux indiqués par des papilles à la surface extérieure de la première cein- ture branchiale (3). Quant aux Arachnides , le Scorpion pré- sente , au devant du premier anneau ventral , une ouverture couverte de plusieurs valvules horizontales , entre lesquelles se trouvent deux papilles (4). Chez les Araignées, les ouver- tures sont situées à la partie antérieure de l'abdomen , dans deux cavités entourées de muscles minces (5) ; chez le Trom- hidium , c'est une fente creusée dans une plaque , absolument comme chez la femelle (6). Parmi les Myriapodes , les Jules ont une fente entre deux plaques cornées , derrière la sep- tième paire de pattes (7). Chez la plupart des Poissons cartila- gineux, lecanal déférent, réuni avec les voiesurinaires, aboutit dansune petite fossette située immédiatement derrière l'anus ; chez les Cyclopterus lumpus , Cottus , Blenn'ms , Pleuronectes et Silurus, on aperçoit un cône peu élevé , et qui consiste en tissu cellulaire dense (dans le Blennius sanguinolentus ^ le ca- nal aboutit à un gros renflement en forme de melon , qui est constitué par de la peau et du tissu cellulaire) (8). Chez plu- sieurs Poissons , tels que l'Esturgeon , la Lamproie , l'Anguille, c'est par les orifices des uretères que le sperme s'écoule. Chez les Rai(ps , il sort de la cavité abdominale , dans laquelle il s'était épanché , par deux ouvertures simples des parois ven- trales. 2" L'orifice est situé dans un cloaque, ou au sommet d'une (1) V. PI. V, première forme. (2) Meckel, Beitrœijo zur vergleichenden Anatomie , 1. 1 , cah. 2 , p. 7. (3) Ralhke , Bcitrœijc sur Gcschichlc dcr Thicrwclt , t. I , p. 124. (4) Treviramis , Uehcr deninnern Bau dcr Arachnidai , p. 12. (5) Ibid.^ p. 37. (6) Treviranus, rcrmischtc Schriftcn, t. I, p. 49. (7) IbUl. , t. II , p. 45. (8) Addition de Ralhke. aZo PENIS. élévation qui fait saillie hors d'un cloaque (1). Dans les Octo- podes , l'extrémité du canal déférent représente un petit cy- lindre charnu , placé au côté droit du rectum. Chez les Gre- nouilles , l'urètre , auquel ont abouti les canaux déférens , produit une petite papille saillante dans le cloaque (2). Chez les Crapauds, il n'y a qu'un simple orifice, sans papille (3). Chez la Salamandre , on trouve deux plis triangulaires (4). Chez les Tritons , c'est un corps cylindrique , naissant par deux branches , qui se fixent en partie aux os pubis (5). Les Oiseaux présentent , au dessous de l'orifice du rectum , deux papilles coniques , dont les sommets se dirigent l'un vers l'autre ; ces papilles existant aussi chez les Oiseaux qui ont un pénis, on ne peut point les considérer comme une verge (6). B. Pénis. § Û32. Le Pénis est un corps cylindrique qui accomplit la fécondation dans l'intérieur du corps de la femelle , soit en s'introduisant dans l'ovicanal ou le vagin , soit en le recevant au dedans de lui-même. Tantôt il contient les canaux déférens (§ 133) , tantôt il ne les contient pas. 1. FÉNIS SANS CANAl SÉMINAL Dans ce dernier cas , il a pour office , ou seulement de dé- terminer une titillation qui exalte l'activité vitale des organes femelles , ou d'imprimer en même temps la direction néces- saire au sperme , car ces deux usages sont les seuls par les- quels un pénis quelconque coopère à la fécondation. 1° Un pénis imperforé , qui se trouve éloigné de l'orifice des canaux déférens (7), ne peut que titiller les parties femelles qui le reçoivent. On en trouve un de ce genre chez les animaux hermaphro- (1) V. PI. V, deuxième forme. (2) Rœsel , Naturijeschichte der Frœsche , PI. VI , fig. !• {Z) Uid., PI. XXI, fig. 26. (4) Carus, Traité d'anat. corap., t. II, p. 403. (5)Rathke, Beitrœye zur Geschichte der Thierwelt ^ t. I, P- 79, (6) Tannenberg , loc. cit., p. 27. (7) V. PI. V, U'oisième forme. PÉNIS. 23 1 dites. Parmi les Annélides , le Ver de terre offre deux petits corps solides, coniques et adhérons àTépiderme, situés, soit au vingt -septième anneau du corps, suivant Léo (1) , soit au bât (clitellum) , OU dans son voisinage , selon Morren (2) , tan- dis que l'orifice des canaux déférons et des oviductesse trouve au seizième anneau du corps. Parmi les Gastéropodes , le Doridium coriaceum a Torifice du sac génital commun au de- vant des brancliies , et de cet orifice part un sillon légèrement sinueux qui va gagner la région du sac de la verge , situé en- tre la bouche et le tentacule droit [3). Une disposition analogue s'observe dans les JDoîahella et Pneumodermon , parmi les Acères, ainsi que dans la Hyalœa^ parmi les Ptéropodes. Cette forme se rencontre aussi chez certains animaux digènes. Suivant Rathke (4), les Libellules ont le pénis au second anneau du corps , et l'ouverture du canal déférent au neuvième. Dans l'Ecrevisse , les canaux déférens s'ouvrent à la base de la der - nière paire de pattes , tandis qu'à la face inférieure du pre- mier anneau caudal se trouvent deux petites baguettes cornées et mobiles , qui sont vraisemblablement des pénis. Dans les hermaphrodites ^humains, le pénis est imperforé (§ 155, 5"). 2° Un pénis muni d'un sillon qui imprime la direction au sperme (5) , existe d'abord chez les Mollusques hermaphro- dites. Dans quelques uns de ces [animaux , l'orifice du canal déférent est éloigné du sac de la verge. Ainsi, chez l'Aplysie , le sac de la verge se trouve sous le tentacule antérieur droit, et le sac génital commun plus en arrière , à peu près vers le milieu delà longueur du corps (6). Chez d'autres, l'orifice'du canal déférent est dans le sac même du pénis ; c'est ce qu'on voit dans les Thethys (7) et le Planorbis corneus , dont le pénis (1) Diss. de structura lumhrici terrestris. Kœnigsberg, 4820, în-i". (2) De lumhrici terrestris historia naturali , p. 77. (3) Meckel , Beitrœge zur vergleichenden Anatomie y t. I, cah. II, pag. 25. (4) Miscellanea anatomico-pJiysiologica. Kœnigshevg , 1832, in-4''. (5) V. PI. V, quatrième forme. (6) Cuvier, Mémoires pour servir à l'histoiie des Mollusques. Pa- ris , 1817 , in-4'>, fig. (7) Meckel, loc. cit., 1. 1, cali. I, p. 21. ^02 PENIS, cartilagineux^ et recourbé présente , tout le long de sa face concave , une rainure , qui part de l'ouverture du canal dé- férent située à la base "(1). Une verge offrant une gouttière pour le sperme s'observe aussi dans les Stromhus , Foluta et Murex (2). Chez les Ophidiens et la plupart des Sauriens , les canaux déférens s'ouvrent dans le cloaque , à la base de deux pénis courts , cylindriques et sillonnés , qui sont placés aux deux côtés du rectum , et qui , lorsqu'ils font saillie au dehors, se montrent dans les deux angles de la fente extérieure du cloaque. Chez le Crocodile , le pénis sillonné est simple et cartilagineux. Dans les Tortues , la verge occupe le fond du cloaque , où elle se voit derrière les ouvertures du rectum et de la vessie urinaire , qu'elle bouche par conséquent ; lors- qu'elle vient à se gonfler , les bords de la gouttière s'appli- quent l'un contre l'autre, de manière à produire un canal com- plet (.3). Dans l'Autruche , le Casoar et le Hocko , le pénis est également situé à la paroi inférieure du cloaque , dont il ferme l'issue, de manière qu'il doit sortir au dehors toutes les fois que l'animal urine , rend ses excrémens ou s'accouple ; sa gouttière profonde reçoit le sperme des orifices des con- duits déférens situés vis-à-vis de sa base (4). Dans le Canard , l'Oie et la Cigogne , il est situé à la partie postérieure du cloaque , au dessus de l'extrémité du rectum , naît , par deux bandelettes cartilagineuses blanches , du voisinage des orifices des canaux déférens, et présente, à ce qu'on assure, une gouttière , qui cependant n'est au moins pas toujours bien prononcée. Dans l'Ai, le pénis , fort petit et caché entre deux bourrelets , offre une gouttière à sa face inférieure , et l'urètre s'ouvre à sa base (5). Chez l'homme , une disposition analogue , qui se rapproche de l'hermaphrodisme, a lieu dans le cas d'hypospadias (§ 155 , 5°). , (1) Zeitschrift fuer Physiologie^ t. I, p. 15. (2) Cuvier, Anat. comp., t. V, p. 182. (3) Bojanus, Anatomc testudinis europœœ , p. 168. (4) Meckel , dans sa trad. ail. de l'Anat. conip. de Cuvier, t. IV, p. 502. (5) Meckel , Beiirœge sur verijleichendeîi. Anatomie , t. II, cah. I, p. 125. PENIS. 200 2. PÉNIS AVEC TJN CANAt SÉMINAL. § 133. Le pénis perforé , ou contenant un canal complet pour l'évacuation du sperme, est logé tantôt dans une cavité, tantôt dans un simple fourreau ( § 135 ). a. Petits lo(jé dans une cavité interne. Se trouve-t-il dans une cavité , il en sort tantôt par rétrover- sion et tantôt par simple allongement ( § 134 ). La rétroversion consiste en ce que la portion du canal dé- férent contenue dans le corps s'engage dans celle qui est située plus en avant ou dans l'extrémité voisine de la surface, comme il arrive à un doigt de gant qu'on retourne. En effet , le canal déférent, fixé à la surface delà partie où il se termine (1), ne devient un pénis qu'autant que sa racine s'engage dans la portion terminale , et repousse celle-ci elle-même au dehors , de manière à la faire saillir sur la surface qui , en tout autre moment , est lisse (2). 1° Le canal déférent est placé derrière la cavité génitale commune , s'ouvre dans cette cavité , y pénètre en se renver- sant sur lui-même, et sort par son orifice, dans les Limaxet Hélix. Dans le Limax ater , la racine , qui n'est que poussée en avant , est étroite et filiforme ; la portion terminale , au contraire, est plus large , et sa face interne, qui devient ex- térieure après la rétroversion , présente des saillies blanches , disposées en séries, et un sillon longitudinal (3). 2" Le canal déférent , susceptible de se renverser sur lui- même , s'abouche dans une cavité respiratoire chez les Mol- lusques digènes ,' notamment le Buccinum undafum (4), 3° Il s'ouvre dans une cavité pénienne chez les Mollusques hermaphrodites , tels que le Lymnœiis (5) et la Tritonia (6) , ainsi que dans la Sangsue. (1) "V. PI. V, cinquième forme. (2) V. PI. V, sixième forme. (3) Zcitschrift fucr die Physioloijio ^ t. I , p. 2. (4) Ciivier , Anat. comp., t. V, p. 181. (5) Zcitschrift fucr die Physioloijie , t. I , p. 23 (6) Cuvier, Mém, pour servir à l'hist. des Mollusques, 4817. 2o4 PÉNIS. 4° Il aboutit aune cavité cutanée, sous une plaque cornée ou une valvule , dans FÉcrevisse , où sa partie terminale, plus épaisse , se renverse sur elle-même au sommet d'une papille qui occupe la base de la cinquième paire de pattes. La même chose a lieu chez l'Abeille (1). (Dans le Pseudopus Paîlasii, les canaux déférens s'ouvrent à l'anus par deux cylindres médiocrement volumineux , et formés d'une peau molle , très-riche en vaisseaux, que l'ani- mal renverse et fait rentrer en eux-mêmes , comme les doigts d'un gant , de manière à les rendre saillans hors du cloaque et à les y ramener, ce que j'ai vu souvent ) (2). b. Pénis dans une cavité externe. § 134. Le pénis perforé et libre à son extrémité terminale, celui par conséquent qui n'a pas besoin de se retourner, et qui continue en ligne droite le canal déférent , occupe des cavités différentes (3) , comme dans les cas précédons (§ 131-133 ) , seulement on ne le trouve jamais ni dans la cavité génitale commune , ni dans la cavité respiratoire. 1* Le conduit déférent a son orifice dans un tentacule. Le tentacule droit de la Paludina vivipara est beaucoup plus gros que le gauche , contient le canal déférent , et remplit les fonctions de pénis (4). Les canaux déférens aboutissent aussi dans les palpes chez les Araignées, d'après Lyonnet, Strauss et Brandt ( comp. § 277 ). 2° La verge est située dans le rectum ou dans une cavité qui lui appartient en commun avec l'anus , et sort de la partie antérieure de l'ouverture ;anale , chez l'Ascaride lombri- coïde (5). 3° Par cloaque tubuleux, nous entendons une réunion de l'urètre avec le rectum. Nous le distinguons du cloaque pro- prement dit , ou vésiculeux , c'est-à-dire de la vésicule qui reçoit les deux uretères et le rectum. Or le pénis se trouve (1) Swammerdam , Bibol der Natur , p. 189. , (2) Addition de Ralhke. (3) V. PI. V, septième forme. (4) Zeitschrift fuer die Physioloijie , t. I , p 36 . (5) J. Cloquet , Anat. des vers intestinaux , p. 40. PÉNIS. 235 dans un cloaque tubuleux chez le Squalus acanthias^ où il est la continuation de la vessie urinaire , qui a reçu les canaux déférens (1); chez les Monotrèmes, où il ne con- tient que le canal déférent , l'urètre s'ouvrant dans le cloaque, auprès de celui-ci (2) ; enfin dans le Phoque et le Castor, où il admet Furètre dans son intérieur, et où le cloaque est plutôt une réunion superficielle qu'une cavité profonde. 4° Le pénis est logé dans une cavité particulière , plus ou moins ouverte , ou dans un sac pénien , chez quelques Mol- lusques hermaphrodites , par exemple le Pleurobranchus tu- herculatus (3) , la Doris verrucosa (4)_, et le Pleurobranche ; peut-être aussi dans quelques Entozoaires , tel que VEchino- rhynchus gigas , où , lorsqu'il sort , il apparaît sous la forme d'une cloche (5). 50 II est logé sous les tégumens communs, et plus ou mcftis aussi dans la cavité du corps , ou dans le cloaque, chez les In- sectes. Des plaques situées sur le même plan que le reste de la surface externe , et qui s'écartent pour laisser sortir la verge; des lames coniques qui , en s'ouvrant , s'éloignent les unes des autres comme les branches d'une pince ; des gaines cylindriques, unies par des membranes; en un mot, des parties solides , cornées ou cartilagineuses , qui affectent des formes extrêmement variées, enveloppent le pénis, c'est-à- dire l'extrémité du canal déférent , constituée par des mem- branes plus fermes et en partie réfléchies à la manière d'un prépuce. § 135. Sous une forme plus élevée, qui ne se rencontre que chez les Mammifères, le pénis perforé apparaît tou- jours libre à la surface extérieure , mais de telle sorte qu'il semble avoir entraîné avec lui au dehors sa cavité , ou le sac pénien , et l'avoir convertie en une gaine qui s'applique étroi- tement sur lui , le prépuce. (1) Home , Lectures on comparative anatoniyj t. HI , p. 385. (2) i6id.,p. 361. (3) Meckel, Bcitrœije, t. I , cah. I, p. 33. (4) Uid.,cs\\. 11, p. 11. (5) Cloquet , lac cit. , p. 89. âZS PÉNIS. Le prépuce est représenté, dans les cas de rétroversion^ par la portion terminale du conduit déférent, qui forme gaine ( § 133 ), et dans celui de cavités , par la paroi de ces dernières (§ 134), qui, chez le Castor en particulier, pourrait fort bien prendre le nom de prépuce, si le pénis n'était pas tout- à-fait invisible au dehors, dans l'état de repos. Il y a donc évidemment là une transition graduelle et presque insensible. Le prépuce est une duplicature de la peau , située à la sur- face du corps, qui représente une cavité ou gaine cylindrique du pénis , et fait le passage de la peau extérieure à la mem- brane propre de la verge. Il se rapproche donc du caractère des membranes muqueuses , et , par un double renversement sur lui-même , il finit par se continuer avec la membrane mu- queuse urétrale. Il est mince, privé de poils et rendu lisse à sa surface interne par une humeur qui s'y sécrète. On y aper- çoit plusieurs follicules sébacés , qui sont volumineux dans le Chien , le Taureau, le Verrat, la Taupe , le Musc (1), et petits chez l'homme. En Orient , il lui arrive fréquemment , comme aux nymphes et au clitoris , de se trop développer , et comme toutes les sécrétions grasses sont plus abondantes dans les pays chauds , celle du pénis y subit le même accroissement , auquel il paraît qu'on doit rapporter l'usage de la circoncision , répandu chez les Orientaux , et qui existait déjà chez les an- ciens Egyptiens, Ce qu'il y a de remarquable, c'est que cette coutume , adoptée par les peuples qui professent les religions mosaïque et mahométane , a été retrouvée aussi dans quelques îles de l'Océan pacifique et dans certaines contrées de l'Amé- rique méridionale. Il serait difficile de déterminer quelle part ont pu y prendre les opinions religieuses, comme l'idée de sainteté du membre viril , celle de sacrifice offert en expia- tion à la Divinité , celle de pureté morale , etc. (2). Mais le prépuce affecte deux formes différentes. 1° Au premier degré , il n'est que la moitié du cylindre d'une duplicature particulièra, dont l'autre moitié est formée par la surface cutanée dn ventre lui-même, de sorte que le (1) Haller , Ele7n. physioL, t. VII , p. 488. (2) Ersch et Graber , Allgemeino Encyclopœdie , f . IX , p. 267. PARAL. ENTRE LES ORG. DE lA SPH. EXTER. 237 pénis se trouve contenu dans un tube fixé à l'abdomen (1). C'est ce qu'on voit surtout chez les Carnassiers , les Ruminans , les Pachydermes , les Soiipèdes , les Amphibies et les ,Cétacés, Dans les Marsupiaux et les Rongeurs , le prépuce forme au périnée une gaîne qui s'ouvre immédiatement à l'anus et en partie derrière les testicules. Cette disposition se répète , par l'effet d'une anomalie, chez les gynandres, dont le prépuce n'est point fermé en manière de tube , mais s'étend d'un côté à l'autre du ventre sur le pénis. 2' A un degré plus élevé , le prépuce forme un tube ou fourreau complet. Ici le pénis est toujours détaché du tronc , et constitue un membre qui pend au devant des pubis (2). C'est ce qu'on observe chez les Chéiroptères , les Quadrumanes et l'homme. Il.Parallèle entre les organes sexuels femelles et mâles de la sphère externe. § 136. La sphère externe des organes génitaux est égale- ment soumise à la règle qui veut qu'à un degré inférieur de développement l'organisation offre un antagonisme moins prononcé tant dans chaque sexe que dans les deux sexes considérés l'un par rapport à l'autre. Quant au premier point , la supériorité du développement s'exprime de la manière suivante. Le vagin offre des plis di- rigés en dedans ; il a plus de longueur ; on n'y aperçoit pas de fibres musculaires, et sa direction s'éloigne en bas et en avant de celle de la matrice ; lui-même se divise en deux parties , l'une interne , plus longue , l'autre externe , plus courte ; à celle-ci viennent se joindre encore des nymphes et un mont de Vénus. Le pénis manifeste aussi son plus haut degré de développement , tant parce qu'il renferme en lui- même des parties essentiellement différentes , que parce qu'il se détache davantage du corps pour prendre le caractère d'un organe particulier. A l'égard de la différence des sexes , elle se développe aussi (4) V. PI. V, Imiiionic forme. (2) Y. ri. Y, neuvième forme. 238 PARAILÈLE ENTRE LES ORGANES SEXUELS de plus en plus à mesure qu'on remonte l' échelle animale , de manière que les animaux supérieurs sont les seuls chez lesquels nous trouvions des sexes parfaitement caractérisés et pourvus de tout ce qui leur est propre. Ainsi, lorsqu'il sera question de chercher en quoi consiste l'essence des sexes , nous devrons surtout attacher nos regards à l'échelon le plus élevé du règne animal , et bien nous garder de nous laisser induire en erreur par les dispositions opposées qui se rencontrent chez les animaux inférieurs. § 137. Le caractère sexuel dans la sphère externe est la prédominance des rapports avec l'intérieur chez la femelle , avec l'extérieur chez le mâle. Le vagin et le pénis se cor- respondent comme étant les cylindres destinés à établir la relation mutuelle entre les deux sexes, et à porter au dehors ce qui a été conservé et développé dans la sphère médiane. Mais le premier de ces cylindres est creux , en forme d'utri- cule , et retiré dans la cavité du corps ; son activité se manifeste par la contraction , et il est destiné à recevoir, comme à ex- pulser. L'autre , au contraire , constitue un membre libre au dehors , dont l'activité se manifeste par un surcroît d'expan- sion , par la turgescence , et qui n'est destiné qu'à s'introduire et à évacuer , sans nulle exception. A un degré inférieur de développement, l'expansion des organes mâles est si faible , que ces organes portent encore plus ou moins le caractère féminin , et qu'il est impossible d'apercevoir aucune différence sexuelle extérieure. Car , d'a- bord , les canaux déférons se terminent par des orifices sim- ples (§ 131) , comme les oviductes. Ensuite ils se prolongent en un cylindre creux , qui ressemble au vagin , mais qui de- vient une verge par la liberté dont jouissent ses surfaces pé- riphériques, et en vertu de laquelle il peut se renverser sur lui-même (§ 133); ainsi il s'est rencontré assez fréquemment des femmes dont le vagin retourné , par l'effet d'une dispo- sition anormale , a été pris pour le pénis d'un hermaphrodite. Plus loin , la verge, devenue un vagin qui demeure constam- ment retourné , est encore renfermée dans une cavité (§ 134), d'où elle ne sort que quand elle vient à se gonfler , de ma- nière que la différence sexuelle ne se prononce à l'extérieur DE lA SPHÈRE EXTERNE. 25g que pendant l'accomplissement de la fonction elle-même. A un plus haut degré , la verge occupe la surface extérieure du corps, qu'elle ne doit plus quitter désormais, mais continue d'élre fixée au corps par sa gaîne (§ 135, 1°), et il n'y a qu'un petit nombre d'animaux , outre l'homme , chez lesquels elle soit libre (§ i35, 2°), de sorte que ce dernier cas est le seul où la séparation des sexes s'exprime dans toute sa latitude et en tout temps. D'un autre côté , chez les animaux inférieurs , l'organe fe- melle fait saillie au dehors et se rapproche de la forme mas- culine. Outre le vagin pénétrant dans la verge, etlepondoir, dont il sera question plus tard ( § 281 , 334 ), nous trouvons de temps en temps des saillies extérieures, à l'extrémité des- quelles se terminent les organes génitaux femelles. Ce sont de petites papilles dans les Écrevisses et les Araignées , des cônes charnus dans la Paludina vivipara^ parmi lesMollusques , dans les Cobitis barbafula ^ Plettronectes flesus, Silurus gîa- nis, etc., parmi les Poissons; il est même quelques Mammi- fères , par exemple le Lemur tardigradus (1) , chez lesquels la vulve fait saillie en manière de court cylindre. A un plus haut degré d'organisation encore , une partie du vestibule , imitant le pénis , se prononce extérieurement sous la forme d'un cylindre saillant. En effet , le clitoris a ses corps spon- gieux, comme le pénis, mais ils sont moins développés; et, suivant la remarque faite par Graaf , ils sont , proportion gardée, séparés l'un de l'autre ou fendus dans une plus grande longueur , de sorte que leur tronc impair est à leurs branches 111:2, tandis que la proportion est de 4 : 1 dans le pénis (2). En outre , le clitoris n'a point de canal , ce qui fait aussi qu'il manque de gland. Par conséquent ce n'est point un organe conducteur, mais seulement un organe d'excitation, comme le pénis des animaux inférieurs (§ 132, 1°), avec cette différence toutefois qu'il a pour destination, non point d'exciter comme ce dernier, mais d'être excité, et qu'au lieu d'agir en dehors de lui-même sur un autre corps , il ne fait que rece- (1) Maijazin fuer die neuestcn EntdeckuiKjcn, t. II, p. 69. (2) Meckel, Beitrcege, t. II, eah. 2, p. 202. ^ 2^0 PARALLÈLE ËNTSE LES ORGANES SEXUELS voir des impressions. Sa forme est calquée sur celle du pénis; mais comme il ne renferme ni conduits urinaires , ni canaux servant à la génération, comme il n'exerce pas non plus d'action sur l'autre sexe, il n'a que l'apparence de la verge , sans en posséder l'essence , et n'est qu'une imitation de cet organe restée dans les bornes rudimentaires. En effet, dans l'espèce humaine même, la manière dont il est attaché ne diffère pas de celle qu'on observe chez les animaux, puisque son prépuce n'est tendu que sur une seule de ses faces. Ce- pendant on retrouve quelques dispositions analogues ou formes de transition chez certains animaux des échelons inférieurs. L'os qui, dans les Quadrumanes et les Chiens, n'appartient qu'au pénis seul , existe aussi dans le clitoris chez l'Ours, la Loutre, les Chats, et la plupart des Rongeurs. Mais, chez aucun de ces animaux, il n'appartient exclusive- ment au chtoris. Dans les Quadrumanes , ainsi que la plupart des Carnassiers et des Rongeurs, il y a peu de différence, pour la taille , entre la verge et le clitoris. Ces deux parties perdent enfin leur caractère spécial lorsque le clitoris devient un or- gane conducteur (§ 129, 5") et le pénis un organe de simple excitation (§ 132, lo). § 138. Quand il existe des voies urinaires, les organes gé- nitaux constituant la sphère externe entrent en connexion avec eux. Tantôt alors l'urètre , venant de la vessie , s'ouvre dans les oviductes et les canaux déférons , ce qui a Heu chez les Gastéropodes, suivant Treviranus; tantôt ces derniers organes aboutissent aux uretères, à la vessie ou à l'urètre. Les Oiseaux et l'Ornithorhynque sont les seuls animaux chez lesquels il n'y ait point , à proprement parler, de connexion semblable, attendu que les organes génitaux et urinaires s'ou- vrent bien dans le même cloaque, mais y ont des orifices dis- tincts. Cette connexion repose sur l'affinité des deux systèmes, résultant de ce qu'en eux prédomine l'éjection. Comme l'éjec- tion est le caractère dominant du sexe masculin, c'est aussi chez lui surtout qu'on rencontre la connexion ; aussi les voies urinaires s'ouvrent- elles , chez les Poissons osseux, par un orifice qui leur est commun avec les conduits déferons , r>Ë LA SPHÈRE EXTERNE. 2l^I mais jamais la même chose n'arrive pour les oviductes (1). Lorsque cette connexion a lieu dans les deux sexes, chez des animaux occupant un échelon plus élevé , elle exprime le ca- ractère sexuel par la manière particulière dont elle s'effectue. Chez l'homme , l'urètre , comme organe d'éjection qui sert à la conservation de l'individu , forme le tronc dans lequel s'a- bouchent les canaux ;déférens , réduits au rôle de parties ac- cessoires et subalternes ; chez la femme , au contraire , le vagin, organe de la conservation de l'espèce, est le tronc au- quel aboutit l'urètre , qui n'est plus qu'un organe accessoire. Chez les hermaphrodites femelles, le vagin s'insère dans l'urètre ( § 155, 6° ). En vertu de l'analogie existante entre les deux sexes, Tu rètre de la femme manifeste encore une tendance à se cou- vrir d'un corps celluleux ; mais , comme il ne se prolonge point en un cylindre libre, et qu'il se termine dans une cavité , ce corps celluleux ne peut que s'étendre sur la paroi de la cavité elle-même , en manière de bourrelet fendu , à l'instar du rudiment des corps caverneux du pénis des Oiseaux, ( § 332, 2°) , et de cette manière , comme l'a fait voir Auten- rieth (2),' il représente les nymphes, qui ne se prolongent que jusqu'au clitoris , sans former un gland proprement dit à ce dernier. Les nymphes n'étant donc que les rudimens d'un corps caverneux de l'urètre englobés dans la paroi d'une cavité, le muscle bulbo-caverneux qui s'applique au corps caverneux doit également se répandre en deux segmens dans cette pa- roi , et devenir ainsi un constricteur du vagin. L'hymen marque la limite entre les organes génitaux purs de tout mélange (le vagin interne) et la réunion des voies urinaires et génitales (vestibule). Nous ne pourrions donc en trouver l'analogue , chez l'homme, que dans le petit repli cu- tané situé aux orifices des canaux déférons , et non , comme l'a fait Sliebel (3) , dans une membrane tendue à l'extrémité de l'urètre. § 139. De même que, chez l'homme, la peau du bas-ventre (i) ^) , le fait observé par Baster doit être interprété autrement. Pallas (2) a trouvé , dans le Lumbricus echiurus , deux paires de vésicules qui contenaient des œufs en novembre , et qui , au mois de décembre , étaient remplies d'un liquide lactescent. Il n'a- perçut que des œufs dans de petits individus d'Aphrodite acur- leata (3) , tandis que les gros lui offrirent en outre une li- queur laiteuse ; mais les œufs et le liquide étaient à nu dans la cavité commune du corps , sans connexion avec aucun or- gane, et sans conduits excréteurs particuliers. Ces œufs étaient incontestablement de simples spores; mais il n'est pas prouvé que le liquide lactescent fût du sperme , attendu que les produits des deux organes génitaux se ressemblent beau- coup chez les animaux inférieurs ( § 90 , 2° ) , et nous avons vu que l'existence même de Cercaires n'est point une circonstance suffisante pour démontrer le caractère spermatique d'une li- queur (§ 84, 2"). 4° On trouve toujours des ovaires dans les vers Gestoïdes ; mais les organes mâles ne s'y rencontrent que quelquefois (4). Ici il n'y a point conversion d'un sexe dans l'autre , mais bien plutôt hermaphrodisme, dans lequel seulement les organes fe- melles se développent avant les mâles. : 5° L'embryon mâle des animaux supérieurs et de l'homme (1) Treviranus , Biologie , t. III /p. 259. (2) Miscellanea zooloyica , p. 150. (3) Ibid., p. 90. (4) Rudolphi, EntosooTum hist. nat.^ t. I , p. 315. DIFFÉRENCE DES SEXES. a5l offre évidemment des formes femelles dans le principe ; mais nous prouverons plus tard ( § 451 ) , en exposant l'hisloire de la formation du fœtus , qu'il ne s'agit là que d'une ressem- blance extérieure, annonçant le commencement du développe- ment du sexe , et tenant à l'essence de la sexualité féminine , et qu'il n'est nullement question d'un embryon femelle deve- nant embryon mâle. 6° Nous verrons aussi dans la suite que si, par les progrès de l'âge , le sexe féminin se rapproche du caractère propre au sexe masculin , on ne peut point non plus considérer ce phénomène comme une transition réelle d'un sexe à l'autre. En comparant tous les phénomènes qui se rapportent à l'objet dont nous traitons , on voit que la conversion des sexes l'un dans l'autre n'est prouvée nulle part chez les animaux, et que l'admettre c'est supposer une chose invraisemblable, puisque tout annonce que la différence sexuelle ressort de la constitution la plus intime de la vie individuelle (§ 155, 7°). Quant aux plantes , comme elles n'ont point de véritable in- dividuaUté , elles se trouvent aussi dans d'autres conditions à cet égard. ( Un parallèle entre les deux sexes , chez les végétaux , ne peut réussir, en effet , qu'autant que nous nous gardons bien de juger ces êtres d'après l'organisation animale ; car si l'animal est essentiellement individu , la plante est essentiel- lement non-individu; c'est une succession et une métamor- phose d'organes primaires homogènes , qui n'acquièrent leur détermination spéciale qu'en raison de la place que le hasard, en partie du moins, leur assigne dans la série totale. Si, en outre , la différence sexuelle , prise dans l'acception tant propre que figurée du mot , constitue la fletcr de l'organisatioa végétale tout entière, tandis qu'elle n'occupe qu'un rang su- balterne dans l'organisation animale, ces oppositions générales des deux règnes doivent nécessairement aussi se faire sentir dans toute la sphère de la sexuaUté ; et quoiqu'il ne nous soit pas permis de rien préjuger à cet égard , puisque le véritable naturaliste ne suppose que la vérité de la nature elle-même , nous devons cependant nous attendre à rencontrer des con- ditions inverses , des organisations qui ne se correspondent 252 DIFFÉRENCE DES SEXES. qu'en apparence , et désignent dans l'un des règnes un degré inférieur, dans l'autre un degré supérieur de développement, enfin des organisations qui semblant différentes et néanmoins sont réellement analogues. Ceci posé , examinons les points les plus importansdu parallèle entre les deux sexes chez la plante. 1" Dans aucune plante , même parmi celles qui occupent le plus haut échelon de la série végétale , l'antagonisme des sexes n'est lié primordialement à des organes déterminés; mais l'organe primaire général , que Gœthe appelle la feuille , s'é- lève , par l'effet de sa métamorphose normale , ici au rang d'organe mâle , là au rang d'organe femelle , et le même or- gane qui est devenu , par exemple , étamine , aurait pu , dans une période antérieure , être sollicité à devenir pistil , et vice versa. Ce n'est point là une hypothèse , c'est un fait constaté par des observations nombreuses et par des expé- riences variées à l'infini. 2° Lorsque la métamorphose suit son cours sans que rien la trouble , chaque branche d'une plante supérieure se termine par les deux organes sexuels, c'est-à-dire par une fleur her- maphrodite parfaite , et cela de telle sorte que le pistil oc- cupe le lieu le plus élevé et les étamines celui qui précède im- médiatement. Les plantes qu'on appelle diclines ne doivent point être considérées comme plus parfaites et en quelque sorte plus rapprochées des animaux que les végétaux herma- phrodites. Elles ne forment point un groupe à part , car la monoécie , la dioécie et la polygamie sont les moins natu- relles du système de Linné , qui, tout entier, l'est lui-même si peu ; les plantes qui s'y rangent apparaissent isolément, sou- vent même d'une manière inconstante , à tous les degrés du règne végétal, et doivent être regardées, sinon toutes, du moins pour la plupart, comme des plantes mutilées, puisqu'on général elles présentent un rudiment du sexe qui leur manque, dans le lieu où légitimement ce sexe aurait du exister.' On ne connaît que deux exceptions l'apparentés à cette situation lé- gitime ou normale des organes sexuels, savoir : a. Dans les plantes dites épigynes , telles que les Synanthé- rées, les Ombellifèrcs, etc. Leurs étamines semblent reposer sur le pistil, mais en réalité elles sont situées, comme toutes DIFFÉRENCE DES SEXES. 2^5 les étamines , autour de cet organe et au dessous de lui ; seu- lement elles le dépassent en longueur , et sont tantôt plus , tantôt moins soudées avec lui. b. Dans certaines plantes monoïques , Y Arum par exem- ple , dont les fleurs , tant mâles que femelles , sont tellement serrées les unes contre les autres , qu'on les a souvent prises pour une seule fleur. Ici les fleurs femelles sont manifeste- ment placées plus bas que les mâles ; mais la loi dont nous nous occupons ne concerne que la situation des organes géni- taux réunis dans une seule et même fleur. 3° Cette loi explique , au moins en partie , la différence sui- vante des sexes ; la fermeture des pistils qui terminent com- plètement le rameau , et qui , la plupart du temps soudés in- timement les uns avec les autres , n'ouvrent leur sein qu'à la maturité du fruit ; l'écartement et la large expansion des éta- mines, du cercle desquels les pistils ne sortent que plus tard. 4° Nous pouvons ordinairement distinguer trois parties dans les feuilles de la tige , qui sont les précurseurs des organes génitaux -, la lame , le pétiole ou support de la lame , et la gaîne , ou base plus large et enroulée du pétiole , [qui unit feuille à feuille , et qui , en se prolongeant vers le bas jusqu'à l'internœud , contribue à former la tige. De ces trois parties, la lame apparaît comme anthère dans l'étamine , et le pétiole comme filet , mais la gaîne manque. Dans le pistil , au con- traire , la lame devient stigmate , le pétiole style , et la gaîne ovaire. Dans l'un et l'autre cas , le pétiole n'est point une chose essentielle ; il manque souvent tout-à-fait , sans préju- dice pour la sexualité. Par conséquent , les portions de la feuille qui se développent de préférence dans les deux sexes, sont les parties opposées de cette môme feuille , puisque la lame devient l'anthère dans l'étamine , et la gaîne l'ovaire dans le pistil. Si maintenant nous reportons nos regards sur les premiers organes de la plante, nous apercevrons un léger indice delà tension sexuelle dans chaque feuille. La base de la feuille est la partie productive ou femelle , celle de laquelle seule pous- sent de nouvelles feuilles, de nouveaux yeux, carie Bri/o- jthyllum calycinum, qui fait exception à celte règle, est près- 254 DIFFFÉRENCE DES SEXES. que la seule plante qui se trouve dans ce cas. La lame de la feuille , au contraire, jouit toujours d'une plus grande liberté de développement, qui seulement ne porte que sur elle-mcme. Plus la feuille est élevée sur la tige , plus aussi le dévelop- pement de la lame y devient prédominant. Avecla fleur paraît un peu de vacillation. Les sépales du calice sont presque en- tièrement gaine de feuille , quelquefois , par exemple dans la rose, avec un rudiment de lame. La corolle est presque ' entièrement lame ; elle prépare immédiatement les étamines. Dans l'étamine , la lame acquiert son plus haut degré de dé- veloppement. Mais aussitôt surgit l'antagonisme, qui ne devient possible qu'alors ; dans le pistil , la base de la feuille arrive au plus haut terme de son développement. Le pistil est une feuille tout-à-fait femelle , comme l'étamine une feuille tout- à-fait mâle , tandis qu'auparavant le pressentiment de la masculinité et celui de la féminité sommeillaient en quelque sorte, réunis dans chaque feuille. Mais avant que l'antago- nisme pût se prononcer ^d'une manière complète, il fallait que la productivité de la base de la feuille s'éteignît peu à peu dans la transition à la fleur ; il fallait qu'une feuille tout-à-fait mâle précédât, pour qu'une feuille tout-à-fait fe- melle pût enfin suivre. Il serait digne peut-être des physiolo- gistes de rechercher s'il n'y a point encore là quelque grande opposition entre les natures végétale et animale , s'il n'est pas possible que, chez l'animal , deux membres parfaitement cor- respondans de la formation acquièrent la nature mâle dans l'un des individus et la nature femelle dans l'autre. 5° Une autre différence ressort immédiatement de celle qui précède. L'antagonisme d'une sphère génitale interne et d'une sphère génitale externe, qui^ chez l'animal, appartient aux deux sexes , se borne dans la plante au sexe féminin , et y prend en même temps la forme d'antagonisme de base (ovaire) et de lame(sti{5mate) de feuille. Dans l'étamine, il n'y a que la lame de la feuille , ou l'anthère , qui soit essentielle. Quoi- que les utricules polliniques rappellent le pénis des animaux, cependant le pollen en général, comme le testicule , se forme profondément dans l'intérieur de l'anthère. Les utricules pol- liniques ne constituent point non plus un organe particulier; DIFFÉRENCE DES SEXES. 255 ce sont de simples dilatations de la membrane pollinique in- terne , qui ne s'établissent que pendant l'acte générateur. La formation animale ne pourrait point être plus faiblement in- diquée. 6° Si nous voulons poursuivre le parallèle , il nous faut maintenant mettre en regard le pollen et les œufs , l'anthère et l'ovaire , quoique , comme nous l'avons vu , leur origine soit fort différente, puisqu'ils proviennent de la lame et de la base de la feuille. L'anthère forme son pollen et l'ovaire ses œufs dans des cavités complètement closes , et telles que la plante n'en offre point d'autres analogues qui servent de laboratoire à la formation de nouveaux organes. Le pollen et les œufss'é chappent plus tard , au moyen d'une déchirure , pour jouir , chacun à sa manière , et pendant un laps de temps plus ou moins long , d'une existence et d'une action indépendantes. Tous deux se recherchent en quelque sorte ; le pollen cher- che les œufs , après sa sortie de l'anthère , car il fait saillir ses utricules à travers les points les plus faibles de sa mem- brane externe et les plonge dans le stigmate ; les œufs cher- chent le pollen , même avant de pouvoir se détacher, car le sommet de leur noyau qui fait saillie à travers le micropyle, se tourne du côté où il doit rencontrer les utricules polUniques, 7° Cette analogie des œufs et des grains polliniques de- vient plus sensible si nous nous rappelons les spores , c'est-à- dire les œufs des plantes auxquelles manque encore le pollen. De même que les grains polliniques , les spores se for- ment généralement quatre à quatre dans une cellule mère commune , qui se déchire ensuite et souvent disparaît en to- talité, pendant que les spores elles-mêmes se détachent les uns des autres. De même que les grains polliniques, elles sont formées , fréquemment au moins , d'une double membrane et d'un contenu liquide et grenu. De même que les grains polli- niques font saillir leurs utricules , de même aussi les spores, lorsqu'elles commencent à germer, s'étendent enfilamens con- fervoïdes, c'est-à-dire en utricules celluleux, parfaitement semblables aux utricules du pollen. Ainsi, sous un grand nom- bre de points de vue , les spores se rapprochent manifeste- ment plus du pollen que des œufs des plantes supérieures. 256 DIFFERENCE DES SEXES. Mais les spores germent , ce qui n'arrive point au pollen. Ce sont donc de véritables œufs sous la forme du pollen. Ainsi les œufs et le pollen des plantes supérieures paraissent ca- cher l'analogie la plus profonde sous les formes les plus dif- férentes , entre lesquelles les spores servent pour ainsi dire d'intermédiaires. 8° L'inverse a lieu pour les ateliers du pollen et des œufs , l'anthère . et l'ovaire. Les sacs des anthères sont évidemment situés dans l'intérieur d'une lame de feuille , et le tissu cellulaire au sein duquel s'engendre le pollen correspond au parenchyme d'une feuille charnue. Au contraire, la cavité de l'ovaire n'est point située dans l'intérieur de la base d'une feuille. Elle résulte, comme on l'a vu précédemment, de ce que les bords de la feuille s'inclinent en dedans l'un vers l'autre et se soudent ensemble. Les œufs eux-mêmes ne se forment point non plus dans le parenchyme de la feuille, mais sur ses bords rapprochés et réunis. 9° Un coup d'œil jeté sur les plantes inférieures nous procure également de nouvelles lumières à ce sujet. Les spores, semblables encore au pollen en cela , se forment dans le pa- renchyme des plantes mêmes. L'ovaire des plantes supérieures est la seule cavité complètement close de l'organisme végé- tal , qui , à l'instar des principales cavités du corps , chez les animaux supérieurs, se forme d'une lame, parla réunion de ses bords. 10° De tout ce qui précède _, il paraît ressortir clairement que l'hermaphrodisme est le plus haut degré auquel la plante puisse atteindre , que cette plante, dans sa métamorphose , doit se préparer par la production d'un organe purement mâle à en produire un purement femelle , et que , dans la mono- génie, les formes des organes de propagation doivent se rapprocher davantage des organes purement mâles des végé- taux supérieurs que de leurs organes purement femelles , parce que ce sont les premiers qui font le passage à ceux-ci. 11° J'ai passé avec intention sous silence la proposition si souvent reproduite, que la plante renouvelle ses organesgéui- taux à chaque acte de génération. Celte assertion n'a de sens raisonnable qu'en admettant la fausse suppositiOnquehiplanie HERMAPHRODISME. 2 5^ constitue, comme l'animal, un individu, et elle tombe d'elle- même avec cette hypothèse. S'il existe une analogie quelconque qui permette d'appliquer l'idée de l'individualité animale à la plante, chez laquelle tout est succession , ce que j'aurais beau- coup de peine à accorder , tout au plus pourrait-on hasarder d'attribuer une certaine individualité au rameau chargé de la fleur par laquelle il se termine lui-même ou était destiné à se terminer. Mais, semblable à la plupart des animaux infé- rieurs, ce rameau ne vjt pas au-delà d'une période de pro- création , et il ne renouvelle jamais ses organes génitaux ; il pousse de nouveaux rameaux , et ceux-ci se créent eux- mêmes leurs propres organes générateurs. Que les nouvelles pousses viennent à être accidentellement détachées du tronc maternel avant la floraison, et que, plantées en terre, elles ar- rivent à y développer seules leurs fleurs , personne ne verra là un renouvellement des organes génitaux pour un nouvel acte de génération d'un même individu ; du hasard seul il dépend que l'individu prétendu divisible subisse ou non une pareille division, et par conséquent le l'ait en lui-même est indifférent pour la science )(1). ^ ARTICLE II. Des Rapports qui sont j^elatijs à l espace, % 149. Sous le point de vue des Rapports qui ont trait à V espace , les organes des deux sexes sont ou réunis dans un même individu ou répartis chez des individus difïérens. La première disposition produit l'hermaphrodisme (§150), et l'autre la sexualité individuelle ( § 156 ). I. Sexualité partielle. A. Hermaphrodisme normal. §150. Bïins Y Hermaphrodisme, l'antagonisme 'sexuel est purement partiel ou local , et borné à certains organes du même organisme , chaque individu ressemble aux autres , et l'espèce ne s'est point encore partagée en individus différens. (1) Addition d'E. Moyer. I. 17 258 HERMAPHRODISME. L'existence de cet état de choses est incertaine et peu vrai- semblable chez quelques animaux , qui ne possèdent point la faculté de s'accoupler , mais chez lesquels les parties femelles ont des connexions avec des organes dont on ignore les fonc- tions, quoiqu'on ait conjecturé que ce sont des testicules , en prenant pour point de départ la supposition qu'il doit tou- jours y avoir des testicules. Ainsi Ehrenberg(l) pense que, chez quelques Rotifères , les conduits déférens se terminent en une vésicule contractile , qui s'abouche dans le cloaque , avec les oviductes , et que, chez les Infusoires polygastriques, où les spores sont disséminées par tout le corps , et oii l'on trouve des vésicules contractiles d'oîi partent des canaux rayonnans , une masse de couleur foncée , qui occupe le mi- lieu du corps, est peut-être un testicule. Les testicules des Holothuries sont^ d'après Délie Chiaje , de petits cœcums, ou, suwant Tiedemann, des vésicules blanches et pyriformes, qui s'ouvrent dans l'ovicanal , mais souvent aussi, à ce qu'assure J3eger(2), dans l'estomac. Chez lesCirripèdes, il y a, de chaque côté de l'intestin , un conduit blanc et serpentant , qui abou- tit au même réservoir que l'ovicanal , et qu'on regarde comme un testicule (3). Dans les Lepas , les oviductes se continuent, dit-on , avec les testicules , après quoi ils offrent un prolon- gement en forme de trompe , pour l'émission des œufs (4) ; mais , selon Wagner (5) , les canaux déférens des Anatifes se réunissent en un pénis séparé de l'orifice des oviductes. On trouve , chez quelques Aplysies , un organe glanduleux et rougeâtre, qui est formé d'une substance grenue et peu serrée, occupe le côté du corps opposé au foie et à l'ovaire, et s'ouvre vis-à-vis de l'oviducte et de l'anus (6). Parmi les Gastéro- podes , les Cyclobranches ont une substance glanduleuse qui est unie avec l'ovaire , et les Scutibranches une masse glanduleuse ayant des connexions avec le foie. Dans la Nereis (1) Organisation der Infiisionsthierchen , t. I , p. 51. (2) Diss. de Holothuriis ^ p. 38. (3) Cuvier , Anat. comp., t; V, p. 184. (4) Caïus , Traité d'anat. comp., t. H, p. 375, (5) Millier, Jrchiv fuer Anatoniic , t. I, p. 467, (G) Gavas, dans Reil, ArcUv fucr die FhyHolouie , t. Il, p. 571. HERMAPHRODISME PAR APPROCHE. sBq conchilega y on remarque quatre petites vésicules sur le côté de l'ovaire (i). Les femelles du Cypris incongruens , qui se propagent sans accouplement en été, ont, indépendamment des ovaires, des corps oblongs, frangés, foncés en couleur, qui ressemblent à des testicules, et sont renfermés dans une large membrane cylindrique , et de longs vaisseaux décrivant des circonvolutions circulaires , qui ont de l'analogie avec les canaux déférens, nKiissont privés de toute connexion avec les corps analogues aux testicules (2). Mais aussi long-temps qu'on ne regardera ces organes comme des testicules qu'en raison de leur situation ou de leur apparence, et que cette conjecture ne sera point appuyée sur des observations plus positives, on devra la rejeter , et croire plutôt que les corps dont il s'agit sont des organes femelles accessoires (§103). Puisque, là même oii la propagation s'opère par accouplement , l'ovaire^ dans sa forme inférieure, ressemble aux testicules ( § 85 ) , nous devons présumer que , chez les animaux monogènes , les organes femelles acces- soires peuvent avoir une forme analogue à celle des or- ganes mâles, d'autant mieux que la forme d'organes copula- teurs mâles se retrouve aussi , sans testicules , avec des spo- ranges ou des ovaires ( § 68, 2° ). Nous partageons l'hermaphrodisme en deux variétés , sui- vant qu'il résulte de la simple approche ( § 151 ) ou de lu réunion ( § 152-154 ) des organes propres aux deux sexes. 1. HERMAPHRODISME PAR APPROCHE. § 151. V Hermaphrodisme par approche est la simple co- existence des organes des deux sexes dans un même individu, de sorte que , chez les animaux , ces organes s'ouvrent à l'ex- térieur par deux orifices séparés l'un de l'autre. 1° Il prédomine surtout dans le règne végétal ; car on l'ob- serve non seulement chez la majorité des plantes , mais en- core d'une manière spéciale dans celles qui ont l'organisation la plus parfaite , les dicotylédones. A un degré moins élevé, (1) Pallas , Miscellanca sonlogica , p. 137. (2)Ramdohr, dans Mujaziii f'ucr die ncuc.itcn Entdcchxuxjen ^ t. II* pag. 90. 26o HERMAPHRODISME PAR APPROCHE. l'ovaire et l'anthère existent bien sur un seul et même indi- vidu , mais sont répartis dans des fleurs différentes , c'est-à- dire que les plantes sont diclines ; c'est ce qui constitue la monoécie, vingt-unième classe du système' de Linné. L'her- maphrodisme monocline est plus parfait : il consiste en ce que les deux sexes sont réunis non seulement sur le même indi- vidu, mais encore dans la même fleur, et caractérise vingt classes du système linnéen , dont les dix-neuf premières appartiennent plus spécialement ici , tandis que la vingtième, ou la Gynandrie , dans laquelle les parties mâles et femelles sont soudées ensemble , fait le passage à l'hermaphrodisme par réunion ( § 153 ) , sans cependant s'y ranger complè- tement. La fécondation sexuelle est moins nécessaire dans l'hermaphrodisme dichne, c'est-à-dire dans la monoécie, où la monogénie peut plutôt avoir lieu que dans l'hermaphrodisme monocline. Dans celui-ci, oii la sexualité est , à proprement parler, moins développée, la digénie correspond davantage à l'essence de la plante , et la monogénie est plus rare et plus difficile. 2° L'hermaphrodisme se rencontre chez les Trématodes et les Cestoïdes, parmi lesEntozoaires. Dans la plupart des Tré- matodes , les canaux déférens, après leur sortie des conduits testiculaires en forme de touffes , se prolongent en un pénis, tandis que l'ovicanal a son orifice particulier auprès d'eux. Dans le Distoma hepaticum, l'ovaire forme la couche péri- phérique aux deux bords du corps entier , il est disposé en grappe , et se compose de petits grains globuleux , trans- parens, qui paraissent résulter eux-mêmes d'un amas de cor- puscules plus petits ; mais le testicule est un assemblage de canaux entortillés ; l'ovicanal et le canal déférent aboutissent à la surface séparément l'un de l'autre, le premier plus en arrière et à gauche , le second plus en devant et à droite; mais l'ovicanal reçoit auparavant le conduit excréteur com- mun de plusieurs vésicules qui sécrètent un liquide lactes- cent (1). Dans le Distoma lanceolatum , les trois testicules grenus occupent la ligne médiane , et les deux ovaires en (1) Melilis, Ohs, anal, de dislomate ^\). 25-32.. HERMAPHRODISME PAR APPROCHE. 26 1 grappe sont placés sur ies bords latéraux du corps (1). Dans les Vers cestoïdes, chacun des anneaux postérieurs est her- maphrodite ; car il renferme tant un ovaire simple, vésiculeux, ou ramifié et en grappe , qu'un testicule vésiculeux; le canal déférent se prolonge en une verge , près de laquelle on aper- çoit l'orifice de Toviducte (2). 2° Parmi les Annélides, les Abranchcs sont hermaphrodites, et ont également des orifices distincts pour les organes géni- taux des deux sexes. Chez la Sangsue , les oviductes des deux ovaires, dans lesquels Brandt a rencontré les germes des œul's, se réunissent en une vésicule , qu'on a appelée matrice , et qui se continue avec l'ovicanal aboutissant au dehors ; les con- duits déférens de neuf paires de testicules globuleux , con- sistant en un canal enroulé sur lui-même , se prolongent en deux dilatations vésiculeuses , appelées vésicules séminales , qui se réunissent elles-mêmes en un conduit , dont le prolon- gement forme un pénis situé à quelques anneaux du corps au devant de l'ovicanal. Treviranus (3) regarde les testicules comme des ovaires , les vésicules séminales comme des tes- ticules, et la verge comme un oviducte ( comp. § 272 ). Dans les Naïdes, suivant Dugès (4), les deux canaux déférens se renflent chacun en une poche transparente , et s'ouvrent des deux côtés du onzième anneau du corps; les orifices des ovi- ductes sont situés en arrière , au douzième anneau. Dans la Planaria tremelliformis, les conduits déférens et les oviductes se renflent en une vésicule particulière , qui s'ouvre à l'exté- rieur. 4° De même aussi /chez quelques Mollusques, les canaux excréteurs des deux organes génitaux séparés l'un de l'autre aboutissent, sans se réunir ensemble, aux parties génitales externes , qui sont également plus ou moins séparées (o). Ici Ton reconnaît bien distinctement le testicule et l'ovaire. L'o- vaire delà Bulla aperta est situé dans la substance du foie , et (i) Ihid., p. 28-35. (2) Rudolptii , Entozonrum liist. nat.^ t. I , p. 299. (3) Zcitschrift fv.cr die Physioloijio , t. IV, p. 160. (4) Annales des se. naturelles., ;^1S2S. (5) V. PI. YI , première forme. â6a HERMAPHRODISME PAR RÉUNION, forme une grappe conique ; le testicule , long et en forme d'u- tricule, se contourne autour du foie par en bas. Dans la Thethys leporina, l'ovaire est intimement uni avec le foie, et consiste en un grand nombre de lobes d'un rouge brunâtre ; le testicule, situé plus en devant et en haut , est arrondi , lisse et de struc- ture rayonnée : Toviducte est beaucoup plus court que le canal déférent, et, en passant au devant du testicule, il s'applique sur lui (1). Dans le Pleurohranchus tuherculatus^ Tovaire est en grappe et adhérent au foie ; le testicule est une glande arrondie, de structure rayonnée ; Toviducte est long et passe au devant du testicule , auquel il s'attache , mais de manière cependant qu'on parvient sans peine à l'en séparer (2). Nous trouvons donc ici des caractères certains , propres à faire reconnaître les organes génitaux lorsqu'ils sont fondus ensemble, savoir : a. L'ovaire est plus rapproché que le testicule de l'extré- mité postérieure du corps. b. Il est intimement uni avec le foie. c. Il a la forme d'une grappe , c'est-à-dire que sa surface estlobuleuse , tandis que le testicule a une texture lubuleuse' et glanduleuse et une surface plus lisse. d. L'oviducte est plus long que le canal déférent. e. Il s'attache au testicule en passant devant lui. Ces caractères nous paraissent d'autant plus certains , que les trois premiers s'accordent parfaitement avec les formes qu'on rencontre chez d'autres animaux. 2. HERMAPHRODISME PAR RÉUNION. § 152. V Hermaphrodisme par réunion des deilX organes génitaux présente dilFérens degrés , suivant que les organes ont seulement leurs orifices dans une cavité commune (I) , ou que l'oviducte et le canal déférent se réunissent en un seul conduit ( Il ) , ou enfin qu'un de ces canaux pénètre dans l'autre organe génital ( § 153 ). I. Le premier degré de réunion est marqué par une cavité (1) Meckel, BeUrwjo , 1. 1 , cah. 1 , p. 21. (2) Ibid., p. 33. HERMAPHRODISME PAR RÉUNION. ii6o génitale commune , qui reçoit les orifices des deux organes génitaux. 1° Chez la plupart des Planaires , outre le pénis , qui reçoit lui-même les deux canaux déférens, cette cavité contient l'orifice de Tovicanal provenant d'un ovaire rameux , et celui d'une vésicule qui sert probablement d'organe accessoire. %" De même , chez quelques Mollusques , les oviductes et les canaux déférens se terminent dans une cavité génitale extérieure commune, dont le pénis est cependant éloigné (1). Ici donc le testicule n'a point de connexions immédiates avec le pénis ; mais on le reconnaît aux caractères qui ont été ex- posés précédemment ( § 151, 4° ). Dans le Boridium coria- ceum, l'un des organes génitaux, d'un blanc rougeâtre, a la forme d'une grappe conique , qui adhère intimement au foie, et qui est pourvue d'un long canal excréteur ; l'autre organe, blanchâtre et oblong , a une texture glanduleuse et aboutit immédiatement à la cavité génitale ; ce dernier est le testi- cule (2). L'ovaire du Limaçon des vignes est situé au dessous de l'extrémité du foie , et l'oviducte reçoit , dans son ex- trémité dilatée, les orifices de trois vésicules ; le canal dé- férent est attaché à l'oviducte , près de l'orifice duquel il se continue en une verge dans la cavité génitale située au des- sous du tentacule droit (3). Wohnlich , Prévost , Treviranus et Brandt prennent l'ovaire pour le testicule et le testicule pour l'ovaire. II. La réunion est poussée plus loin quand déjà elle s'étend aux conduits excréteurs des organes génitaux. 3» Chez quelques Mollusques , les oviductes et les canaux déférens se réunissent dès le voisinage de l'ovaire et du tes- ticule (4). L'ovaire de l'Aplysie est une masse ovale et blan- châtre , occupant toute la partie postérieure du ventre , qui a une forme conique et une texture à petits grains ; l'oviducte en naît par plusieurs racines , marche en serpentant le long du côté droit du testicule , puis contourne le sommet de cet (1) V. PI. VI , deuxième forme, (2) Meckel, loc. cit., t. I , cah. U , p. 25. (3) Caïus , Traité d'anat. comp., t. II , p. 371. (4) V. PI. YI , troisième forme. 264 HERMAPHRODISME PAR RÉUNION. organe et s'altaclie au canal déférent ; le testicule , corps elliptique et jaunâtre , est situé plus en devant ; le canal dé- férent est large , ou disposé en hélice autour du testicule , dont il se sépare ensuite pour s'appliquer à l'oviducte ; le conduit commun , qui résulte de la réunion de l'oviducte et du canal déférent, est un double canal assez long, partagé seulement par une cloison membraneuse. 2° L'ovicanal paraît "recevoir le canal déférent chez quel- ques Trématodes, par exemple, d'après Baër (1), dans l'^s- piclogaster. § 153. La pénétration d'un des conduits excréteurs du pro- duit de la génération dans l'organe génital producteur du sexe opposé constitue une fusion des antagonismes sexuels qui représente l'hermaphrodisme parvenu au plus haut degré , et se rapproche de l'indifférence des sexes , par conséquent de la monogénie . Il est très-difficile de distinguer la sexualité des organes dans l'hermaphrodisme en général, même dans celui qui est le moins prononcé (§ 151,152), précisément parce que leur caractère sexuel se trouve plus ou moins effacé. La forme et la texture ne prouvent rien^ et l'on peut très-facilement se tromper quand on prend pour guide le contenu. Le sperme contient , dans les Planaires , d'après Dugès, et dans les Sang- sues, suivant Wagner (2), des globules, qui sont peut-être des sporocystes de Spermatozoaires, et que l'on court risque de prendre pour des œufs , erreur dans laquelle est trombe Tre- viranus , puisque cette circonstance lui a fait regarder les testicules de la Sangsue comme étant des ovaires ( § 151, 3° ). Dans les Naïdes, le testicule renfer.me des Spermatozoaires, qui , en raison de leur grosseur , ressemblent à des embryons parvenus à maturité et peuvent être confondus avec eux. D'un autre côté, on peut prendre un ovaire pour un testicule lorsqu'il contient des Entozoaires ressemblant aux ani- malcules spermatiques , ou que sa sécrétion n'a point encore pris la forme d'œufs, et représente seulement un liquide blanchâtre. Comme la distinction doit être plus difficile encore à établir quand l'hermaphrodisme se trouve porté au plus (1) ISov. Jet. Nat. Cur., t. XIII, PI. II, p. 528. (2)Muller, Archio fuer Jnaiomic , t. II, p. 221. HERMAPHRODISME PAR RÉUNION. 265 haut cîef,ré , il serait peut-être plus sage de s'en rapporter au caractère intime des organes qu'à leur apparence. Mais la monogénie , parvenue à son plus haut degré , est accom- plie par l'ovaire ( § 43-44 ) ; ici donc où l'hermaphrodisme confine à la monogénie , l'ovaire doit avoir la prépondérance sur le testicule , et être dans le fait organe de procréation en général, ou à la fois femelle et mâle ; le testicule, au con- traire , auquel une partie de sa force propre a été soustraite, doit ressembler en quelque sorte au faux testicule , ou se rapprocher de la forme mâle sans force masculine ( § 68, %°). Chez les Mollusques, l'hermaphrodisme par ap- proche (§ 151,152 ) annonce déjà une certaine supériorité de l'ovaire, puisque, dans le cours de son trajet, l'oviducte con- tracie union avec le testicule. Cette union va plus loin encore dans l'hermaphrodisme par fusion , le testicule se trouvant alors réduit à n'être qu'un point de transition de l'oviducte. En effet, nous voyons, chez les Mollusques dont il est ici question, une série d'organes englobés les uns dans les autres, qui commencent par un organe particulier et indépendant, et sur le trajet desquels s'en trouve un autre perforé ou commun. Nous regardons le premier comme un ovaire , et le second comme un testicule. En effet : 1° Nous avons reconnu précédemment (§ 91 , 1°) qu'à l'o- vaire appartiennent l'indépendance et la primordialité , ou qu'il est le point initial du système génital, tandis que le testicule vient plus tard , à titre d'auxiliaire, pour dévelop- per davantage ce qui a été produit dans l'ovaire. En nous arrêtant à ces seules idées , nous pourrions déjà dire à priori que l'organe initial des Mollusques en question est un ovaire , et l'organe de transition un testicule , quand bien même l'ex- périence , avec ses analogies , ne viendrait point à l'appui de cette manière de voir. 2" La fusion n'est qu'un rapprochement porté plus loin et devenu plus intime. Dans l'hermaphrodisme par approche (§ 151,152) , l'ovaire était également libre de connexions avec le testicule, mais l'oviducte s'attachait à ce dernier. Que l'at- tache devienne pénétration réciproque, intrication, et nous aurons l'hermaphrodisme par réunion. 266 HERMAPHRODISME PAR RÉUNION. o» Comme dans le cas précédent , l'ovaire occupe ici la partie postérieure du corps, et il est intimement uni au foie. 4° La forme de branches courtes, de culs-de-sac, de petits lobes, de grappe, prédomine dans l'ovaire; des canaux longs, contournés et réunis en une masse glanduleuse , sont la forme dominante du testicule (§ 87, 3''). Cet antagonisme de forme en grappe et de forme glanduleuse s'observait également dans l'hermaphrodisme par approche , où la distinction des partiesfemelles et mâles présentait moins de difficultés (§ 152). Nous la retrouvons dans l'hermaphrodisme par réunion, et nous ne pouvons en méconnaître la signification , sans nous éloigner entièrement de l'analogie. 5° Si les déterminations que Cuvier, Meckel, Carus et au- tres ont données de ces organes s'accordent avec nos vues , celles de Treviranus sont jusqu'à un certain point en opposi- tion avec elles. Treviranus soutient, en effet, que l'organe auquel nous avons assigné le nom d'ovaire , et qu'il appelle organe en forme de grappe, est le testicule (1) ; mais il ajoute que la liqueur produite par cet organe est à la fois se- mence mâle et semence femelle , ou plutôt sperme et sub- stance du fruit simultanément (2). Son motif pour penser ainsi est qu'il a observé des Infusoires filiformes dans la liqueur de l'organe en forme de grappe , et dans elle seule , par exemple chez lesLimax, Planorhis , Lymnœus (3) . Mais ce fait remar- quable , dont on lui doit la découverte , et qui a été confirmé par les observations de Baër, est précisément ce que nous devions nous attendre à rencontrer dans l'hermaphrodisme par réunion. Le rapprochement entre la sexualité et la géné- ration sans sexes ne peut mieux s'exprimer que dans un ovaire dont le produit] se résout partiellement en Infusoires , comme le sperme , tandis que le testicule descend presque au rang d'organe accessoire femelle. La formation des Infusoires ne prédominant pas moins que l'hermaphrodisme chez les Mollusques (§ 84) , les animalcules infusoires se retrouvent jusque dans les individus femelles de cette classe ; ainsi Baër (1) Zeitsclirift fuer die Physiolotjie , 1. 1 , p. 47. (2) /6irf.,p.48. (3) Ibid., p. 9 , 19 , 27. HERMAPHRODISME PAR RÉUNION. 267 en a observé une fois dans les organes génitaux femelles de la Paludina vivipara , OÙ Ton ne saurait confondre ensemble les organes , et où les Spermatozoaires étaient 'trop volumi- neux pour qu'on pût révoquer leur existence en doute ; ils ressemblaient à ceux du sperme , mais n'étaient pas à beau- coup près si nombreux ni si vifs. Ainsi, parce qu'un organe contient des animalcules spermatiques , ce n'est point encore un motif pour qu'il soit réellement un testicule. Treviranus lui-même s'est rapproché , jusqu'à certain point, de ces vues , puisque l'organe auquel nous donnons le nom de testicule est appelé par lui glande utérine quand il lient à l'oviducte , et glande testiculaire , ou analogue de la pro- state et des glandes de Gowper , quand il se rapporte au canal déférent. Nous ne nous hasarderons pas à déterminer quelles sont précisément les fonctions de ce testicule, et jusqu'à quel point il concourt ou à opérer immédiatement la fécondation , ou à imprimer des modifications au sperme , ou enfin à pro- voquer le développement des œufs ; il apparaît comme un organe qui n'a point encore complètement acquis son énergie propre , en un mot comme un demi-testicule , qui se rapproche des faux testicules ( § 68, 2"). Du reste , quand Treviranus allègue , comme autre argu- ment en faveur de son opinion, que, dans la Paludina vivipara mâle , le canal déférent part d'une masse glanduleuse et d'un organe analogue au corps en forme de grappe , tandis que , dans la femelle , une masse glanduleuse constitue le commen- cement de l'oviducte , on doit voir là une détermination plu- tôt arbitraire que fondée sur une appréciation rigoureuse de la structure. § 154. Il nous reste à examiner les diflerentes formes par- ticulières de réunion ou de fusion. I. Passons-les en revue d'abord chez les Mollusques. 1° L'oviducte peut se partager en deux branches , dont l'une gagne les parties génitales femelles extérieures , l'autre le testicule et les parties mâles externes (1). L'ovaire de la Pleurohranchœa , qui occupe la partie la (1) V. PI. VI, quatrième forme. 268 HERMAPHRODISME PAR RÉUNION. plus postérieure delà cavité ventrale, où il s'attache au foie, est un gros corps ovale, qui n'a point la forme d'une grappe, mais dont la surface présente seulement des sillons ; l'oviducte se porte en avant, et donne deux branches, qui s'écartent à angle aigu ; l'une se prolonge jusqu'à l'ouverture femelle extérieure, l'autre traverse le testicule , et en ressort sous la forme d'un canal déférent , qui se rend au pénis ; le testicule , situé plus en avant que l'ovaire , est globuleux , il a une membrane musculeuse , et se compose d'innombrables filamens (canaux), disposés en rayons , dont les extrémités convergentes s'im- plantent sur le canal qui traverse l'organe, et s'ouvrent incon- testablement dans son intérieur, de sorte que le conduit qui sort de la masse sphérique est à la fois ovicanal et canal défé- rent (1). Ici l'ovaire est l'organe primordial, indifférent, celui qui engendre la substance du fruit par sa force propre et indé- pendante; plus loin, l'appareil se divise en un organe femelle , qui reçoit la fécondation , et un organe mâle , qui la donne ; mais l'hermaphrodisme empêche cette scission de devenir complète ; la branche femelle va bien se rendre en ligne droite dans l'organe femelle de copulation , mais elle tient cepen- dant encore au testicule , quoique sous un angle aigu seule- ment, et dans une direction rétrograde , et comme la branche mâle pénètre dans la substance du testicule , cet organe reçoit une base femelle sur laquelle les canaux mâles sont seule- ment appliqués. Dans le Lymnœus palustris ,| on rencontre de plus un ré- servoir particulier (2). L'ovaire , produit par un assemblage de vésicules disposées en manière de grappe, est situé au côté interne du foie , et l'oviducte se divise également en deux branches ; à la branche femelle tiennent , et un organe com- posé de circonvolutions (utérus, selon Treviranus) , qui s'ou- vre dans son intérieur , et un organe globuleux , semblable au testicule , près duquel il est situé ( glande utérine de Tre- viranus) ; celte branche va se rendre aux parties femelles ex- térieures; la branche mâle s'ouvre, conjointementavecle testi- (1) Leue , Diss. de PleurolrancJiœa , p. 5. (2) Y. PI. YI , cinquième forme. HERMAPHRODISME PAR RÉUNION. 569 cule (glande testiculaire de Treviranus), qui est glanduleux, mou , arrondi , oblong et d'un jaune brun , dans le canal déférent , qui se prolonge en pénis (1). Si nous devons con- sidérer comme un testicule accessoire l'organe que Treviranus appelle glande utérine , ce qui n'est pas encore bien prouvé , l'hermaphrodisme serait poussé ici au point que la branche femelle elle-même recevrait un organe mâle. 2° La seconde forme consiste en ce que l'oviducte tout entier passe dans le testicule. Cette disposition s'observe , parmi les Ptéropodes , dans le Clio horealis{T), OÙ l'ovaire est une grappe conique , et l'ovi- ducte se plonge dans un testicule arrondi et oblong , à peu de distance de son commencement. Elle existe aussi, parmi les Nudibranches, dans les Doris et Trifonia. La Boris verrucosa (3) a l'ovaire confondu avec le foie ; son testicule arrondi est composé de deux moitiés , l'une, femelle, située à gauche, brunâtre et dense , reçoit l'o- viducte provenant de l'ovaire , et envoie sa continuation à l'organe copulateur femelle ; l'autre , mâle , placée à droite et pelotonnée , contient un liquide jaunâtre , et donne nais- sance au canal déférent , qui va gagner le pénis (4). Dans la Loris argo (5) , on trouve la même disposition : seulement le canal déférent qui provient de la moitié droite du testicule hermaphrodite , pénètre encore dans un second testicule par- ticulier , allongé , volumineux , blanc et lobé , à l'autre ex- trémité duquel elle se prolonge en un pénis (6). Dans la Tri- tonia Hombergii , l'ovaire est une grappe conique , que du tissu cellulaire réunit avec le foie en une seule masse occu- pant toute la partie postérieure du corps ; l'oviducte , qui décrit de nombreux contours , passe en travers sur le testicule , et se plonge dedans ; le testicule est arrondi , resserré sur lui-même , et paraît composé de deux substances , Tune (1) Zeitschrift fucr die Physiolojie ,t. I, p. 24. (2)V. PI. YI, sixième forme. (3) V. PL VI, septième forme. (4) Meckel, Bcitrœije , t. I , cah. 2, p. dl. (5) Y. PI. YI , huitième foime. <6) Mcckcl, iitrf.jp. 7. 270 HERMAPHRODISME PAR RÉUNION. blanche et l'autre jaune , qui serpentent dans l'intérieur de l'organe. Quant à ce qui concerne les Mollusques pulmonés , chez le Flanorhis corneus , l'ovaire , qui est vésiculeux et à branches courtes , occupe , avec le foie , les tours postérieurs de la coquille, conformément à la figure de laquelle il se contourne en vis sur lui-même; ce testicule a une couleur orangée', un tissu grenu et une surface lisse ; il reçoit , à son extrémité antérieure ou externe , l'oviducte , qui en sort pour aller gagner l'organe copulateur femelle, pendant que le canal déférent qui y tient , et qui est pourvu encore d'une glande oblongue, peut-être d'un second testicule (glande du canal de la verge , selon Treviranus ) , va se rendre au pé- nis (4). Dans le Limax ater {2) ^Voxaire en grappe et formé de vésicules blanches , est situé à la partie postérieure du corps, entre les lobes postérieurs du foie; l'oviducte s'applique à un testicule arrondi , oblong , lobuleux , et retenu par une membrane , mais reçoit auparavant le canal déférent , par abouchement ; le conduit sémino-ovarien (vagin et utérus de Treviranus) qui résulte de là, est un long canal contourné en tire-bourre , au bord duquel , dans toute sa longueur , règne une glande en forme de bandelette , qui paraît semblable au testicule, qui en est peut-être un second, (hgament glandu- leux de l'utérus , selon Treviranus) , et qui semble s'ouvrir dans son intérieur par plusieurs conduits excréteurs ; dans ce canal existe une gouttière , qui paraît venir du testicule et servir à l'écoulement du sperme ; à l'endroit où cesse la gout- tière , le canal se divise de nouveau en un conduit déférent et un oviducte , qui se rendent séparément à la cavité sexuelle commune (3). V Hélix ne diffère de la Limace que parce que la partie supérieure de l'oviducte , celle qui vient de l'ovaire, se plonge dans le testicule même , et parce que le conduit sémino-ovarien est plus court , ou se partage de meilleure heure en canal déférent et oviducte inférieur (4). (1) Zeitschrift fucr Physioloijie , t. I, p. 15. (2) V. PI. VI , neuvième forme. (3) Loc. cit., p. 2. (4) Swammeidam , Bihel der Nahir,yi, V, fig. 40. HERMAPHRODISME ANORMAL 2"^! IL A l'égard des autres classes d'animaux sans vertèbres , on rencontre cet hermaphrodisme dans plusieurs. 3° Il a lieu d'abord dans les Nématodes. Suivant Nord- mann (1) , le long oviducte du Bistoma perlatum s'abouche dans le testicule droit , par le canal déférent duquel sont ex- pulsés aussi les œufs. 4" Dans les Vers de terre , selon Morren (2) , les quatre paires d'ovaires tiennent aux testicules par des canaux ; les testicules , au reste , deviennent imperceptibles après la fé- condation, et disparaissent souvent. B. Hermaphrodisme anormal. § 165, Les Mollusques , notamment les Ptéropodes et les Gastéropodes, paraissent désigner le point de la série animale où l'hermaphrodisme est développé au plus haut degré , et au-delà duquel il s'éteint. On a bien cru voir un hermaphro- disme normal chez quelques animaux vertébrés, mais en cela on s'est trompé. Ainsi Home'(3) a prétendu que les Petromyzon et les Mijxine étaient hermaphrodites, et que, outre les ovaires , ces Poissons avaient des testicules glanduleux; maisRathke(4) a trouvé chez eux des individus mâles , et fait voir que les organes auxquels Home avait donné le nom de testicules dans les femelles , étaient de véritables reins. C'est seulement par anomalie et comme rétrogradation vers des formes infé- rieures, que l'hermaphrodisme se rencontre encore chez les ani- maux vertébrés et chez l'homme. Mais les êtres chez lesquels il est le plus fréquent et le moins anormal sont les plantes dioï- ques , qui n'ont point encore de sexualité individuelle arrêtée , le caractère dominant des végétaux étant ou l'absence de toute sexualité , ou l'existence d'une sexualité purement locale. Ainsi l'on rencontre fréquemment quelques fleurs mâles chez les individus femelles d' Urtica dioica , de Mercurialis annua^ de Spinacia oleracea , de Cannahis sativa , etc. Chez les (1) Micro graphische Bcitrœge , t. I , p. 95. (2) De lumhrici tcrrestris liist. nut. et anatom,, p. 180. (3) Philos. Trans, 1815 , p. 265. (4) Bcmerkuivjcn ucher dcn inncrn Bail der P riche , p. 57. 272 HERMAPHRODISME ANORMAL. Poissons osseux , les organes génitaux mâles et femelles se ressemblent beaucoup ; la différence des sexes ne se pro- nonce que par de faibles traits dans l'habitude extérieure du corps , et la fonction sexuelle, dans sa portion animale et sou- mise à la volonté , n'est guère plus qu'une simple excrétion. Aussi est-ce chez eux qu'on voit le plus fréquemment l'hermaphrodisme complet (1). Il est plus rare chez les Mam- mifères et dans l'espèce humaine , où la plupart du temps il se borne à la sphère externe des organes génitaux Chez les Insectes et les Oiseaux, l'être tout entier est pour ainsi dire pénétré ou imbu de sexualité , qui détermine l'habitude gé- nérale du corps et le genre de vie ; jamais encore on n'a re- connu formellement d'hermaphrodisme complet chez ces animaux, qui n'en ont offert de traces que dans leurs formes extérieures. I. Le plus haut degré de l'hermaphrodisme anormal est la coexistence des testicules et des ovaires , qui représente de la manière la plus complète l'indifférence sexuelle absolue. 1° Au premier rang se place la coexistence de deux testi- cules et de deux ovaires, qui a été observée par Hunter dans des Anes (2) et des bêtes à cornes (3) , par Laumonier (4) et autres (5) dans l'espèce humaine." 2° Ailleurs , il y a un ovaire d'un côté et un testicule de l'autre. Ces deux organes peuvent avoir leur situation nor- male , ou en occuper une autre ; par exemple , le testicule se trouver à la région lombaire et l'ovaire à l'anneau inguinal (6). Rudolphi (7) , Verdier et Pinel ont trouvé le testicule à droite et l'ovaire à gauche 5 Maret et Sue , le testicule à gauche et l'ovaire à droite. II. L'anomalie est moins considérable quand elle ne porte (1) Meckel, Traité gén. d'anat, coinp., t. I, p. 590. (2) Observations 071 certain parts of tlie animal œco7iomy , p. 48. (3) Ihid., p. 52. (4) Dict. des se. méd., t. XXI , p. dll. (5) Burdach , Anatomische Untersvchnnyen , p. 39et62.— Meckel, dans Reil , Arcliiv fuer die Physiologie , t. XI , p. 328, (6) Bmdach, loc. cit., p. 39 elGo. (7) Froriep , Notizcn , t. X , p. 105. HERMAPHRODISME ANORMAÉ. 270 que sur la sphère médiane , cas dans lequel l'un des sexes prédomine, quoique obscurci par la présence de l'autre. 3° Dans la gynandrie de ce degré , il y a des testicules ; mais les vésicules séminales sont transformées en une ma- trice (d). 4" Dans l'androgynie qui s'y rapporte , les ovaires sont unis avec les canaux déférens et les vésicules séminales (2). III. A un troisième degré , l'anomalie n'intéresse que la sphère externe des organes génitaux. 6° Dans la gynandrie , le pénis est sans urètre (3) , ou creusé d'une simple gouttière (4) ; ou bien une cavité en cul-de-sac s'est formée par la scission soit du périnée, soit du scrotum (5); ou bien enlin il y a tantôt simple cryptorchidisme (6) , tantôt développement, comme chez la femme, du mont de Vénus (7) ou des mamelles (8). 6" Dans l'androgynie, le clitoris est pourvu d'im urètre (9), ou le vagin s'ouvre dans ce dernier canal (10) , ou il est ré- tréci (11), ou enfin le clitoris a un volume extraordinaire (12). 70 Qu'il nous soit permis de présenter encore , en ma- nière d'appendice , une hypothèse sur les Moules dont nous avons déjà parlé précédemment (§ 68, 1") , et qui contiennent (1) Burdach, Anatomische Untersucliuncjen,'-ç. 37 et 59-62. — Eeil, Ar- chiv , t. XI , p. 319. — Launionier , dans Dict. des se. méd., t. XXI, p. 111. (2)Hunter, loc. cit., p. 54. (3) Burdach , loc. cit., p. 32-37, 4S-59. — Reil , Archiv , t. XI , p. 312. ' (4) Burdach , loc. cit., p. 32 et 47. — Reil, Archiv , t. XI , p. 310. (5) Burdach , loc. cit., p. 31 et46.— Reil, Archiv , t. XI, p. 309. — Mo- relli , dans Zeitschrift fuer Physioloijie , t. VU, p. 231. — Nœgele, ibid., t. V, p. 136. — Isid. Geoffroy Saint-Hilaire , Histoire des anomalies de l'organisation , t. II , p. 71. ^ (6) Burdach, loc. cit., p. 31 et 45. (7) -Reil, Archiv , t. XI , p. 308. (8) Ibid., p. 307. (9) Burdach , loc. cit., p. 40 et 62. (10) Ibid., p. 41,63et69. — Fournier, dans Dict. des se. méd., t. IV, p. 165. (11) Burdach , loc. cit., p. 44 et 70. —Reil , Archiv , t. XI, p. 291. (12) Burdach , loc. cit., p. 43 et 69. —Reil , Archiv, t. XI, p. 292.— Hardy, dans Dict. des se. méd., t. IV, p. 164. — Béelard , dans Isidore Geoffroy Saint-Hilaire , Histoire des anomalies, Paris 1836, t. II , p. 102. I. j8 274 HERMAPHRODISME ANORMAL un liquide analogue au sperme. Des observations faites par Baër sur ces animaux (1) , il résulte : a. Que chez eux il n'y a point d'hermaphrodisme relatif au temps (§ 148) , car les individus qui contiennent ce liquide ne sont ni plus jeunes ni moins développés que ceux qui portent des œufs. b. Qu'on ne peut point admettre non plus d'hermaphro- disme relatif à l'espace (§150) ; car, chez certains individus, une partie de l'ovaire contient des œufs, même complètement développés, tandis que l'autre renferme, dans des conduits spé- ciaux, la liqueur laiteuse, avec desSpermatozoaires. Mais, bien plus fréquemment , les deux produits sont répartis sur des indi- vidus différons , et de telle manière que ceux chez lesquels on trouve des œufs se distinguent déjà extérieurement par la briè- veté et la largeur de leur corps, ceux au contraire qui contien- nent le liquide lactescent par l'allongement plus considérable de ce même corps. D'après cela, il est impossible d'admettre que l'animal se féconde lui-même. c. Il ne peut pas non plus y avoir ici de véritable sexualité individuelle ; car ces animaux n'ont point d'organes mâles ex- térieurs. Les orifices des oviductes ne peuvent également point absorber le sperme dans Teau 5 car ils traversent la peau du ventre d'une manière oblique. Les œufs occupent un lieu où l'eau ne parvient qu'avec difficulté, et ils commencent déjà à se développer dans la profondeur de l'ovaire. D'après tout cela, les Moules pourvues de sperme paraissent n'avoir pas la moindre aptitude à engendrer , et être des her- maphrodites anormaux, c'est-à-dire stériles. Elles nous four- niraient donc un exemple d'apparition , dans une classe d'ani- maux monogènes femelles, d'individus offrant des traces inutiles de masculinité , annoncées par la formation du sperme et la configuration générale. Le sperme se formerait sans testicules ( § 68, 1° ) , dans les ovaires , de même que , chez d'autres Mollusques , on trouve des Spermatozoaires dans le liquide de ce dernier organe (§ 153 , 5° ); mais, semblable aux filamens confervoides dans les fausses anthères (§ 68, 2"), (1) rroriep , Notizen , t. XII. SEXUALITÉ INDIVIDUELLE. 2']5 ce sperme aurait l'apparence seulement, et non l'essence de la liqueur séminale mâle. Cependant Prévost (1) prétend que les Moules ont des sexes réellement séparés , de sorte que la pro- pajjation n'auraitpoint lieu si les mâles et les femelles venaient à être séparés les uns des autres. II. Sexualité individuelle. . § i5Q. La Sexualité individuelle , OU la répartition des parties génitales sur des. individus diflerens ne commence à se mani - fester, dans le règne végétal, que chez les plantes polygames, qui constituent la vingt-troisième classe du système Linnéen; mais elle y est encore mêlée avec l'hermaphrodisme : l'indi- vidu porte des fleurs mâles ou femelles , et en même temps des ';fleurs hermaphrodites. Chez les plantes dioïques, qui forment la vingt-deuxième classe du système de Linné, la sexualité individuelle est plus prononcée ; mais , d'un côté , elle est incomplète encore , parce qu'elle se borne aux organes génitaux , qu'elle ne s'exprime point dans toutes les particula- rités de la configuration et des phénomènes vitaux , et que l'hermaphrodisme s'y trouve fréquemment associé; d'un autre côté, les espèces qui l'offrent sont peu nombreuses, plusieurs appartiennent à la série des plantes monocotylédones , et au- cune ne porte le cachet de l'organisation végétale la plus par- faite. Dans le règne animal , au contraire , la sexualité indi- viduelle n'est développée que d'une manière passagère et incomplète chez les êtres placés aux échelons inférieurs; parmi les Entozoaires , chez les Nématoïdes et les Acanthocéphales ; parmi les Mollusques , chez les Gastéropodes pectinibranches et les Céphalopodes. Elle devient permanente dans les classes des Insectes , des Arachnides , des Crustacés , et dans toutes les classes de Vertébrés. Chez l'homme enfin, elle se développe de la manière la plus complète, et c'est là seulement que nous apprenons à la connaître dans toute sa portée, ce qui nous obli- gera, dans les considérations suivantes , à prendre principale- ment l'organisation humaine pour point de départ. Mais quand une différence sexuelle bien prononcée se manifeste chez un (1) Isis , 1833 , p. 670. 276 CARACTÈRE SEXUEL IMMÉDIAT. individu, elle ne demeure pas bornée aux seuls organes de la génération , et s'étend aussi plus ou moins au reste de l'organisme ; la vie entière prend un caractère sexuel , c'est-à- dire que l'essence ou la nature propre apparaît sous deux formes correspondantes aux rapports de sexualité. Mais le caractère sexuel est ou immédiat et relatif à la gé • nération (§ 159), ou médiat et général (§ 176). A. Caractère sexuel de la génération. § 157. Le Caractère sexuel immédiat^ ou le Caractère sexuel de la génération , consiste dans la direction spéciale que la vie de l'individu acquiert par rapport à la génération. C'est dans la manière diverse dont l'ensemble de l'organisme prend part à l'œuvre de la reproduction , que la pénétration de la sexua- lité dans ce même organisme s'exprime de la manière la plus explicite , et qu'il faut par conséquent chercher les fondemens du caractère sexuel. L'être monogène , celui qui engendre à lui seul , est tou- joars femelle (§40-44 ). Dans la digénie, la part qui revient à chaque sexe est fort inégale. L'homme ne coopère à l'œuvre de la procréation que dans l'acte de la fécondation; hors de là, il vit davantage pour lui-même, poursuit son propre but, est plus libre et plus indépendant comme individu , forme par conséquent un antagonisme plus prononcé avec son espèce. La femme, au contraire, a commencé la génération avant la fécondation, et elle la continue après, dans la sémination, l'incu- bation , la parturition , l'allaitement; la génération est donc la fonction qui prédomine en elle , la direction principale de sa vie , celle qui pénètre le plus dans ses autres fonctions ; elle est profondément enracinée dans sa nature, et ne fait qu'un avec son essence ; par elle, la femme tient plus intimement à l'espèce, et se rapproche davantage du tout. La génération détermine les premières directions de l'ûmede la femme, et l'occupe con- tinuellement ; il n'y a que la virago qui ait peu de goût pour les enfans , qui ne se complaise pas aux conversations roulant sur l'amour , la grossesse , l'enfantement. L'aptitude à en- gendrer se manifeste plus tôt chez la femme que chez l'homme ; elle s'y accompagne plus souvent d'orages , et elle y CARACTERi: SEXUEL IMMEDIAT. 2']J produit une plus^^^rande révolution dans l'organisme entier. Le célibat nuit davantage à la femme ; il occasione fréquemment l'aménorrhée , le squirrhe , le cancer et une mort prématurée; il y a moins de santé dans les couvons de femmes que dans ceux d'hommes. La fécondation et la grossesse agissent comme fortifians chez la femme , et les mères de nombreux enfans sont en général les mieux portantes , celles qui vivent le plus long-temps; la femme stérile est plus malheureuse que l'homme qui n'a point de progéniture. ; d. EXPRESSION DU CARACTÈRE SEXUEL IMMEDIAT DANS LA STRUCTURE DES ] ORGANES. § 158. De là vient aussi que la région des organes génitaux, la région hypogastrique et pubienne , est plus développée , et que toutes les dimensions en sont plus considérables , propor- tionnellement à celles de l'épigastre et de la poitrine , chez la femme que chez l'homme. En; effet , cette région est plus longue , et une plus grande distance sépare les pubis de l'om- Mic. Elle est plus large aussi; car, tandis que les hypochondres sont plus serrés , et que le diaphragme , le foie , la rate , l'es- tomac, l'intestin grêle, occupent moins d'espace, la cavité pelvienne est plus spacieuse et les hanches ont plus de lar- geur. Elle est plus épaisse; car la paroi antérieure est plus bombée, et le bas-ventre fait une saillie plus prononcée , plus arrondie. La ligne qui s'étend du milieu du sternum à la symphyse pubienne est parallèle à Taxe longitudinal du corps chez la femme , tandis qu'elle converge vers cet axe chez l'homme (1). Si la cavité abdominale est d'un pouce et demi environ {plus haute (§ 178 )j chez la femme que chez l'homme , suivant la remarque de Delisle (2) , ce phénomène tient principalement à la plus grande ampleur de la région hypogastrique ( depuis l'ombilic jusqu'à la base du tronc ) ; car la région épigastriquc ( depuis le bord inférieur de la cage thoracique jusqu'à l'ombilic ) est plus courte que chez l'homme (3). (1) Ackevmann , Infantis androgyni Jiistnria, p. 63. (2) lùoiicp , Noli::icn , t. XL , p. 312. (3) Meckel , Manuel d'analoiuie , t. III , p. 719. 378 CARACTÈRE SEXUEL IMMÉDIAT. Ainsi , chez la femme , la région pelvienne devient prédo- minante , et les organes génitaux internes occupent le milieu du corps entier , tant dans la direction de haut en bas , que dans celle d'avant en arrière (1). La conservation de l'espèce s'exprime aussi matériellement comme point central de l'or- ganisme féminin. Le contour du corps de la femme fornie un ovale allongé , dont la plus grande largeur correspond aux hanches , la grosse extrémité circonscrit la tête , et l'autre les pieds. Chez l'homme, au contraire, le contour du tronc re- présente un carré réguUer , ou un cône , dont la base répond aux épaules , de sorte que le tronc va en se rétrécissant de son extrémité supérieure à son extrémité inférieure (2). La même chose s'observe chez les animaux ; ainsi , le Taureau , par exemple , se distingue par une poitrine plus large et un bas-ventre plus étroit. § 159. Chez riiomme , le bassin est plus subordonné; il est étroit, resserré et destiné à former en dedans une paroi so- lide pour des organes de pure éjection , ^à fournir en dehors des points d'attache aux organes d'un mouvement volontaire énergique. Voilà pourquoi la dimension en longueur y prédo- mine ; il constitue une cavité plus allongée , conique , compri- mée sur les côtés, rétrécie par le bas, et ressemble propor- tionnellement davantage à un tube , tandis qu'il a plus de largeur chez les gynandres , et , suivant Mojon (3) , chez les eunuques aussi. Le bassin de la femme est organisé pour une vie plus intérieure ; il est plus approprié à servir de réservoir, et à renfermer en lui-même un point central de la plasticité. En outre , il est plus déployé ; tout en lui est plus écarté , tous les diamètres sont plus grands , l'ensemble est plus spacieux. Mais il est surtout plus développé en largeur, et plus resserré dans le sens de la longueur ; le diamètre horizontal est plus grand, le contour plus circulaire , et la forme totale plus rap- prochée de celle d'une sphère. Il exprime même, dans la masse solide qui le constitue, sa destination, qui est de recevoir, de porter et de mettre au monde. En eflet, ses os sont plus minces, (1) Hallcr , Elc?n. plujs., t. YII, P. II, p. 46. (2) Auleniieth , dans Reil, ArcMii , t. I , p. 5. (3) Mémoires sur les effets tic la castratiou. Montpellier , 1804 , p. 13. • CARACTÈRE SEXUEt IMMÉDIAT. 279 ■plus délicats; ils offrent des creux moins profonds et des saillies moins prononcées ; mais ils sont unis ensemble par des liga- mens plus serrés et plus forts, par des cartilages plus grands, plus larges et plus épais (1). Chez les animaux, le bassin présente à peine des différences sexuelles appréciables. En général, il est plus allongé , plus tubiforme et plus étroit que dans Tespèce humaine , mais en même temps moins clos par des parois osseuses situées en face l'une de l'autre, les pubis se trouvant vis-à-vis, non pas du sa- crum, mais des os mobiles de la queue. Par conséquent, il ressemble plus à une gouttière qu'aune cavité osseuse. § 160. Quant à ce qui concerne le grand bassin , les os in- nominés de la femme sont plus développés , plus larges , plus aplatis et pourvus de tubérosités moins fortes 5 chez l'homme , et surtout chez les animaux , ils sont plus allongés et plus étroits. Eu égard à la direction de bas en haut , ou à partir du petit bassin, nous remarquons que, chez l'homme, les os innominés sont plus redressés, puisqu'ils font un angle de soixante degrés avec l'horizon , tandis que, chez la femme, ils sont plus obliques et ne s'élèvent que sous un angle de qua- rante sept degrés. La direction d'arrière en avant , ou à partir du sacrum , présente aussi une différence correspondante ; les os innominés décrivent en ce sens un arc plus petit chez l'homme, et plus grand chez la femme ; la longueur est de huit pouces neuf lignes chez le premier , et de neuf pouces deux lignes chez la seconde. Ainsi , pendant que les os innominés de l'homme sont plus resserrés vers le haut et courbés sur eux- mêmes , ceux de la femme ont leurs bords supérieurs plus écartés l'un de l'autre, en sorte que les hanches sont plus larges , font plus de saillie , et présentent une surface plus étendue pour l'attache des muscles , qui les rendent plus ar- rondies et plus bombées : de là vient qu'ici le diamètre transversal du bassin s'élève jusqu'à neuf ou dix .pouces. Ajoutons encore que , chez la femme , les os innominés sont plus rejetés en arrière , et ne s'étendent pas aussi loin en de- vant , d'où il suit que le grand bassin présente à sa partie (1) Siebold , Handbuch der Frauensimmerlirankheiten , p. 12 et 14. 2So CARACTÈRE SEXUEL IMMÉDIAT. antérieure une paroi osseuse moins étendue. Aussi le bord postérieur et perpendiculaire , celui qui s'étend .!de l'épine postérieure et supérieure à l'inférieure , s'élève-t-il à deux pouces chez la femme , tandis qu'il n'a qu'un pouce et huit lignes chez l'homme ; l'antérieur , ou celui qui s'étend de l'é- pine antérieure et supérieure à l'inférieure, a un pouce et dix lignes seulement chez la femme , et deux pouces trois lignes chez l'homme; en même temps, les deux épines antérieures et supérieures sont plus éloignées l'une de l'autre chez la femme que chez l'homme. § 161. Le petit bassin de la femme présente plusieurs par- ticularités. l*» Le promontoire est moins saillant , c'est-à-dire que les vertèbres lombaires et le sacrum forment ensemble un angle moins aigu. 2» Le sacrum est plus court ; sa longueur , mesurée en sui- vant la courbure, est à celle du corps entier I ', 54 ; 1000, tandis que, chez l'homme, le rapport est de 68 '. 1000 (1). Le sacrum des animaux est plus long encore. Cet os , en outre , est plus large chez la femme que chez l'homme et les animaux, de manière qu'il donne plus de largeur à la région sacrée en général. Il est plus fortement courbé dans le sens de sa longueur, attendu qu'à partir même de la dernière vertèbre lombaire , il s'in- fléchit fortement en arrière , tandis que , chez l'homme et les animaux , il descend plus en ligne droite. Mais , dans le sens de sa largeur , il est plus plane que chez l'homme. 3° Les os coccygiens sont plus grêles et plus mobiles ^ les parties bombées des surfaces articulaires ayant plus de saillie, et les enfoncemens correspondans moins de profondeur. En même temps leur extrémité inférieure se porte moins en avant, ou dans l'intérieur du bassin. 4° L'ischion descend moins bas et est plus perpendiculaire chez la femme, plus oblique, au contraire, de^dehors en dedans, chez l'homme. Aussi l'épine sciatique de la femme se dirige- t-elle moins en dedans , et la tubérosité sciatique davantage en dehors , ce qui foit qu'un plus grand intervalle sépare les (1) Autenrieth , loc cit., p. 75. CARACTÈRE SEXUEL IJIMEDIAT. 28 1 deux tubérosités Tune de l'autre. La partie antérieure de Tis- chion se porte en dehors et en devant de la ligne perpendi- culaire chez la femme , en dedans et en arrière de celte même ligne chez l'homme (1). Dans la femme aussi, l'échancrure située entre la tubérosité sciatique et la cavité cotyloide, pour le tendon du muscle obturateur interne, est plus étroite. Chez les Mammifères , les os ischions , plus larges , sont plus rap- prochés encore l'un de l'autre que chez l'homme. 5" Le pubis de la femme est plus étroit; sa portion hori- zontale est plus allongée et ne forme point un lit aussi large que chez l'homme pour les vaisseaux qui marchent sur son bord supérieur ; sa portion descendante est tournée davan- tage en dehors et en devant. § 162. De cette conformation des os de la femme résultent les particularités suivantes : 1° Comme le sacrum est placé de haut en bas et d'avant en arrière , il faut que l'anneau formé par les os pelviens qui partent de ses côtés descende obliquement en avant , ou présente une inclinaison , de manière que le bord supérieur de la symphyse pubienne se trouve à trois pouces au dessous du promontoire, d'oii il suit que le bassin est plus ouvert en avant et en haut que chez l'homme. 2° Le détroit supérieur du petit bassin forme donc , dans la direction d'avant en arrière , un plan oblique plus rappro- ché de la perpendiculaire chez la femme que chez l'homme. La ligne circulaire qui marque ce détroit, est plus prononcée que chez l'homme , parce que les os coxaux s'écartent da- vantage de la direction perpendiculaire. Le diamètre antéro- postérieur est de quatre pouces , T oblique de quatre pouces et demi, et le iransverse de cinq pouces. 3° L'excavation du petit bassin est élargie de tous les côtés dans la direction horizontale. Le diamètre transversal, à cause de l'éloignement des os ischions , s'élève à quatre pouces , et son rapport à celui de l'homme est de 123 ! 100 (2) ; l'antéro- postérieur est porté à quatre pouces et demi par la courbure (1) Ibid., p. 87. {2)lbid,, i). 74. 282 CARACTÈRE SEXUEL IMMÉDIAT. du sacrum , et son rapport à celui de l'homme est de 108 1 100 ; enfin l'oblique a quatre pouces et demi de long. En même temps , les ouvertures latérales , c'est-à-dire les trous ovales en devant et les échancrures sciatiques en arrière , sont plus grandes chez la femme , parce que les os pubis et ischions sont plus étroits. Dans Thomme et chez les Mammifères , ces ouvertures sont plus petites. De plus , la paroi antérieure a dix-huit lignes de hauteur et elle est bombée, tandis que la postérieure est haute de quatre pouces et demi et excavée ; Taxe du bassin décrit donc une forte courbure , tandis qu'il est moins courbé chez l'homme , et ne l'est point du tout chez les Mammifères. 4'' Le détroit inférieur du bassin est plus large ichez la femme ; le diamètre antéro-postérieur , qui est plus long , a quatre pouces trois lignes , et le diamètre transverse quatre pouces. L'arcade pubienne de l'homme est plus étroite et plus aiguë ; elle forme un angle de soixante-dix à quatre-vingts degrés : celle de la femme est plus large , plus arrondie ; elle a proprement la forme d'un arc, et décrit un angle de quatre- vingts à quatre-vingt-dix degrés, de sorte que le détroit ia- férieur du bassin est plus ouvert en devant. § 163. Le bassin entier, laboratoire de la génération, étant plus développé chez la femme , les parties qui s'y rattachent le sont également. 1' Les muscles des lombes et du siège sont plus prononcés que chez l'homme ; les fesses sont d'autant plus rebondies , que le bassin aussi est plus incliné (§ 162 , 1'") et le sacrum plus courbé. Chez les femmes des Bochismans, peuple placé au dernier échelon de l'organisation humaine , ce renflement dégénère en un coussin gTaisseux , qui ressemble aux fesses nues des Papions et du Mandrill , mais qui est beaucoup plus volumineux, et sur lequel les femmes se tiennent la plupart du temps accroupies. A chaque mouvement du corps, il tremble comme de la gelée ; on a pu se convaincre à Paris , par la dissection , qu'il devait naissance à des couches énor- mes d'une graisse presque liquide, amassées sous les muscles fessiers (1). (l) Yirey , Hist. nat. du genre humain, 1. 1, p. 241. CARACTÈRE SEXUEL IMMÉDIAT. 203 2° Les nerfs du plexus pelvien sont près d'une fois aussi gros chez la femme que chez Thomme. Les branches qui vont des plexus mésentériques supérieur et inférieur aux organes génitaux, sont également beaucoup plus volumineuses (1). 3° L'aorte descendante est plus grosse et augmente davan- tage de capacité en descendant, que chez l'homme (2). Les artères iliaques sont plus volumineuses ; elles ont un plus grand nombre de branches, et amènent une plus grande quan- tité de sang aux organes pelviens. Mais elles établissent aussi un conflit plus actif ou plus vivant entre le sang et ces organes. En général , effectivement , le sang est plus isolé dans les gros troncs artériels , à cause de l'épaisseur et de la densité plus grande des parois ; mais ses rapports avec les organes devien- nent plus intimes dans les ramifications , qui ont des parois plus minces et moins serrées. Or l'aorte descendante diminue plus de densité chez la femme que chez l'homme. On a trouvé que , sous ce point de vue , celle de la Brebis était à celle du Bélier : Dans le voisinage du cœur ', ', 1014 *. 1027 Dans l'aorte ascendante '. 1 1000 l 1033 Au sommet de l'aorte descendante l ', 1000 '. 1108 Au dessus des artères rénales l ', 1000 ! 1238 Au dessus des artères iliaques l ', 1000 '. 1272' L'abondance plus grande du sang, et l'intimité plus pro- noncée de ses rapports avec les organes pelviens de la femme , doivent donc faire de ces organes le foyer d'une vitalité plus énergique et d'une activité plastique plus développée ; aussi les inflammations et les productions anormales y sont-elles bien plus fréquentes que chez l'homme. 2. EXPRESSION DU CARACTÈRE SEXUEL IMMÉDIAT DANS LES FONCTIONS DES ORGANES. § 164. La prépondérance de la génération se manifeste en- fin par une fonction qui se rapporte directement à celle-là , et qui appartient d'une manière exclusive à la femme , la Menstruation. (1) Ackermann , Infantis androgyni historia, p. 6S. (2) Hallci-, Elcm. phy.noL, t. Yll , P. II, p. 163. 284 CARACTÈRE SEXUEL IMMEDIAT. 1" Les phénomènes essentiels de la menstruation consistent en ce que les parties génitales externes , même le clitoris , deviennent un peu turgescentes, et en ce que la matrice se dis- tend par le bas ou descend , de manière qu'on peut en sentir la partie inférieure à une hauteur moins considérable dans le bassin. Ses vaisseaux augmentent de volume , elle-même se gonfle , et devient plus rouge à sa face interne ; son orifice s'arrondit , le pourtour de cette ouverture se ramollit , et la lèvre postérieure s'allonge. Plus la fonction génitale est ex- citée, mieux aussi ces phénomènes se dessinent. La congestion dont les vaisseaux pelviens sont le siège amène de la douleur et des tiraillemens dans les lombes , le sacrum et le bassin , un sentiment de lassitude dans les cuisses , de la chaleur aux parties génitales , quelquefois un accroissement de sécrétion , parfois même une ardeur douloureuse pendant l'émission de l'urine, et une tension également douloureuse du bas-ventre. La tuméfaction simultanée des mamelles annonce que l'acti- vité se trouve exaltée dans le système génital tout entier. 2° Dans l'état normal, il n'y a que des mouvemens fébriles faibles et à peine sensibles ; mais il s'en développe de plus prononcés dans le cas d'exaltation de la sensibilité , de plé- thore sanguine ou de quelqu'une de ces dispositions indivi- duelles dont la cause est obscure , et qu'on appelle idiosyn- crasies. Alors le pouls devient plus vile et plus fort, ou inégal et intermittent ; le sang se porte à la tête, le visage rou- git , la céphalalgie se déclare : la peau change aussi de cou- leur, la transpiration'prend une autre odeur, et quelquefois il, se manifeste une petite éruption cutanée. Un cercle bleu se dessine autour des yeux, les traits du visage changent jusqu'à un certain point , l'œil perd son éclat , et les cheveux bou- clent moins. L'appétit diminue , la sensibilité se pervertit ou s'exalte , de manière que les impressions agissent avec plus . de force. La femme qui a ses règles est portée à la colère , à la mauvaise humeur, à la mélancolie , au sommeil , au repos. Elle a plus de disposition aux spasmes , et le magnétisme ani- mal exerce une plus puissante influence sur elle. Tous ces phénomènes, qui sont peu prononcés et même insensibles chez les femmes bien portantes et robustes , annoncent que CARACTÈRE SEXUEL IMMEDIAT. 285 les systèmes sanguin et nerveux prennent part à ce qui se passe dans l'économie. § 165. L'afFection générale diminue , ou perd le caractère d'excitation , d'effervescence , et prend celui de la faiblesse , quoique l'exaltation de l'impressionnabilité persiste , lorsque l'hémorrhagie par les parties génitales extérieures s'établit et augmente. Cette hémorrhagie a sa source dans la membrane muqueuse du vagin , mais principalement de la matrice. i° On a vu quelquefois , dans les cas de renversement ou de prolapsus de la matrice , le sang s'échapper par gouttes de ce viscère (1), 2° J. Hunter a vu des cadavres de femmes xnortes pendant la menstruation , dans lesquels le sang continuait encore à sortir de la matrice. La surface interne de ce viscère a été trouvée plus rouge qu'à l'ordinaire (2) , ou même garnie d'as- pérités , de villosités (3). 3° Un épanchement de sang dans la matrice a été observé après la suppression de l'écoulement. 4° Les lochies , qui sont analogues à la menstruation , vien- nent évidemment de la matrice. Il en est de même de l'hé- morrhagie dans les fausses couches. 5° Les vaisseaux de la matrice sont plus nombreux et plus amples que ceux du vagin ; ils laissent plus aisément suin- ter la partie la plus ténue des liquides qu'on injecte dans leur intérieur. G° Mais le vagin peut aussi ou prendre part à l'hémorrha- gie , ou y suppléer lorsque la matrice ne donne pas de sang. Le premier cas est possible , à cause de la continuité des deux organes et de leurs vaisseaux, et parce qu'il y a manifeste- ment congestion dans le vagin. Le second est prouvé par les exemples de femmes enceintes qui n'ont pas cessé d'être réglées , quoique la matrice soit généralement close pendant {'I) ITaller , loc. cit., P. II, p. 149. — Osiancler, Handhuchdcr Entlin- dunijshinst , t. I , p. 170. (2) Majgriev, dans le Dict. des se. niéd., t. XXXTI, p. 391. (3) Jœrg-, Gnuidliuïensu cincr cdUjemeinen Plujsiolo'jie des Menschcn, p. in. 286 CARACTÈRE SEXUEE IMMÉDIAT. la grossesse , et chez lesquelles on a vu le sang provenir du vagin (1). 1° Il paraît oiseux de rechercher si le sang coule des artères ou des veines (2) ; car, en tout cas , ce liquide provient des ramifications les plus déliées , ou des vaisseaux capillaires , qui tiennent le milieu entre les artères et les veines , et les unissent ensemble, sans appartenir ni aux uns ni aux autres. Le sang que ces capillaires laissent échapper est celui qu'ap- portent les artères , parce que ce liquide y marche de dedans en dehors ; mais , comme les capillaires se ramifient et s'a- nastomosent à l'infini , le liquide ne s'en écoule qu'après avoir séjourné quelque temps dans leur intérieur et être devenu plus veineux. Lorsque c'est au voisinage du point où ils se conti- nuent avec les racines des veines que les capillaires saignent , la seule différence consiste en ce que le sang artériel a sé- journé un peu plus long-temps dans leur intérieur. 8° Il paraît être tout aussi peu important de rechercher si la menstruation mérite qu'on lui donne le nom de sécré- tion (3). En appelant sécrétion la formation d'un liquide par- ticulier et différent du sang , cette question se résoudrait par la négative ; mais la réponse deviendrait affirmative en consi- dérant la sécrétion comme la transsudation normale d'un li- quide hors des parois du système vasculaire. 9° Généralement parlant , la menstruation dure à peu près cinq jours ; le premier jour, l'écoulement est faible , inter- mittent et séreux ; le second , il est plus fort , et le sang plus pur ; le troisième , il est dans toute sa force , continu , et composé de sang pur ; au quatrième , il diminue , et au cin- quième , il redevient séreux , puis cesse peu à peu. La quan- tité moyenne de liquide qui sort pendant ce laps de temps , s'élève à environ cinq ou six onces. Il y a ensuite un inter- valle de repos , qui dure ordinairement vingt-trois jours. § 166. Comme la menstruation s'annonce par des phéno- mènes locaux et généraux , de même nous devons la rappor- ter à deux causes. (1) Haller, loc. cit, P. II, p. 147. (2) Ihid., p. 451. (3) Wallher, Fhysioloijie des Menschen ^ % 630. CARACTÈRE SEXUEL IMMÉDIAT. 287 La cause générale tient évidemment à ce que la formation du sang est assez abondante , dans le corps de la femme, pour amener toutes les quatres semaines un excès de ce liquide , dont l'expulsion devient un besoin. Car, 10 Après la menstruation, la femme jouit d'une pleine santé et du libre exercice de toutes ses forces , et son corps a le même poids que quelque temps auparavant (1). Mais , pour qu'après avoir éprouvé une perte quelconque le corps conserve encore sa force et sa masse normales , il faut que ce qu'il a perdu n'ait été qu'un excédant de cette masse , et si la perte arrive sans cause extérieure , il faut qu'elle tienne à ce que la force et la masse s'étaient accumulées en excès. 2° La menstruation est plus abondante lorsque le sang se produit en grande quantité , comme chez les femmes qui ob- servent un régime de vie succulent et ne se fatiguent point. Elle l'est moins quand le sang vient à manquer par l'effet de la frugalité , du besoin , de longues maladies , de saignées fré • quentes, etc. 3° La suppression des règles détermine des symptômes de pléthore sanguine , des congestions vers d'autres organes , et des hémorrhagies. 4° La menstruation augmente toutes les fois que le cours du sang est accéléré par des boissons spiritueuses , le mouve- ment , la chaleur, des affections excitantes de l'âme, la fièvre. Elle est diminuée par les aiimens acides et rafraîchissans , les substances astringentes , les passions déprimantes , etc. Mais d'où dépend cette exubérance du sang ? Freind (2) l'attribuait à ce que , la transpiration étant plus faible , il y a moins de sang consommé. Mais nous croyons en trouver bien plutôt la cause dans cette circonstance que la force plastique en général, et par conséquent aussi la formation du sang, ont beaucoupplus d'énergie chez la femme que chez Ihomme, puis(iue l'accroissement et la diminution de la menstruation sont en raison directe de la plasticité et par suite aussi de la transpiration. En effet , (1) Freind , E?iimenolo(jia , p. 14. (2) Loc.cit,, p. 18. 288 CARACTÈRE SEXUEL IMMEDIAT. 6° Là OÙ la masse et la force sont employées au mouve- ment et à la nutrition des muscles , la plasticité peut moins se déployer dans d'autres directions; là, au contraire , où la force musculaire est peu exercée , il se produit plus facilement un excès de masse liquide. Maintenant les règles sont plus abon- dantes chez les femmes oisives que chez les femmes labo- rieuses, chez celles d'une constitution débile que chez celles qui jouissent d'une santé robuste , chez les citadines que chez les villageoises. Elles diminuent beaucoup , même dans les climats chauds , par l'effet de l'endurcissement et des efforts musculaires. 6° La chaleur extérieure , si favorable à l'activité plastique en général, l'est également à la menstruation. Les règles sont fort peu abondantes chez les femmes des Lapons , des Sa- moièdes et des Groënlandais. On estime leur quantité à trois onces dans les contrées boréales de notre zone tempérée , à cinq ou six dans les moyennes, à douze dans les méridionales , et à vingt dans les régions intertropicales. Cependant on as- sure qu'elles ne s'élèvent ordinairement qu'à trois onces dans les îles de l'Archipel grec, où la chaleur est tempérée par la mer. § 167. Mais , pour que la menstruation soit une fonction particulière , il faut qu'avec celte cause générale coïncide ' une cause locale. Or celle-ci est la direction spécifique de la plasticité féminine vers les organes génitaux. 1° La vitalité et la plasticité plus grandes dont jouissent ces organes font que la menstruation s'opère alors même qu'il ne peut point s'établir de pléthore sanguine générale , comme dans les cas de mauvaise nourriture , de faiblesse , de mala- dies. Une perte de sang par la saignée, par l'hémoptysie, etc., quoique suffisante pour faire disparaître la pléthore générale, n'apporte aucun trouble dans la menstruation , non plus que tout autre dérangement considérable de la circulation du sang. Beauchêne a observé une fille hystérique qui passa quinze jours dans un sommeil voisin de la mort , et qui eut ses règles pendant ce laps de temps. Il en est ici comme d'autres hémorrhagies ; quoiqu'au fond elles dépendent d'une sur- abondance et d'un mouvement trop fort du sang, cependant CARACiTÈRE SEXUEE IMMÉDIAT. 289 elles ont pour cause essentielle l'état d'excitation de l'organe qui en est le siège , de sorte qu'elles peuvent se renouveler même lorsque le sujet n'a presque plus de sang et se tient dans un repos parfait. De même aussi, la menstruation peut se supprimer dans un cas de véritable pléthore sanguine , et de- voir son rétablissement à une saignée , lorsque l.îi pléthore est accompagnée d'inertie de la vie du sang et d'inaction des organes génitaux. En pareil cas, comme l'a déjà fait remarquer Testa , la saignée produit un effet salutaire , non pas parce qu'elle soustrait une certaine quantité de sang à l'économie , mais,''parce qu'elle stimule l'activité vitale de la matrice. 2° La menstruation est accrue par tout ce qui exalte l'ac- tivité vitale dans les organes pelviens , par les bains de pieds , les vapeurs chaudes dirigées sur le bas-ventre , l'aloès et au- tres substances analogues , qui exercent une stimulation spé- ciale sur les vaisseaux sanguins du bas-ventre. C'est surtout l'excitation des organes génitaux qui l'augmente ; les règles sont plus abondantes chez les femmes voluptueuses que chez celles qui vivent dans la chasteté; chez celles qui agacent sans cesse leur sensibilité par la fréquentation des théâtres, la lecture des romans , la danse et le dévergondage en paroles ou en actions , que chez celles dont la conduite est réglée par les lois de la morale. L'acte vénérien augmente l'écoulement menstruel ; aussi est-il immodéré chez la plupart des filles publiques (*), où fort souvent il donne lieu à des chutes et des renversemens de matrice (1). Si les règles sont irrégulières, une grossesse les régularise , en exaltant l'activité vitale de la matrice. Maygrier a même observé une femme qui n'était menstruée que pendant lagrossesse (2), 3° La menstruation est une direction particulière que la vie plastique affecte dans ses rapports d'antagonisme avec d'au- tres directions. Les femmes grasses sont moins abondamment réglées que celles qui ont peu d'embonpoint , et quand une femme perd ses règles d'une manière normale , elle devient plus corpulente et plus grasse. Fournier a connu une jeune C) Tarent Duchâtclet , De la prostitution , Paris 1836 , t. I , p. 2^iS. (1) Dict. t. îV, p. 45i. CAKACTÈP.E SEXUEL IMMEDIAT. 29 1 reste liquide pendant des années entières, et distend par exemple l'hymen imperforé au point de lui faire prendre l'apparence d'une vésicule (1). Voilà pourquoi les taches qu'il laisse sur le linge sont plus faciles à enlever que les autres taches de sang, parce qu'il contient une plus grande abondance de cruor, de matière colorante pure et non fixée par de la fibrine. 3° Plus un produit animal est riche en azote , plus aussi il a de tendance à se putréfier ; aussi la couenne du sang , qui doit naissance à la'fibrine , est-elle de toutes les parties constituantes de ce liquide , celle qui se putréfie le plus vite -, aussi le sang de l'embryon , qui est pauvre en fibrine , pourrit-il moins que celui des adultes. Le sang menstruel retenu par l'occlusion du vagin n'entre pas non plus en putréfaction^ et Osiandernous apprend qu'on peut le conserver pendant plusieurs années dans des vases hermétiquement bouchés sans qu'il se décom- pose. La seule circonstance dans laquelle il se putréfie d'une manière rapide , c'est lorsqu'il est demeuré quelque temps en contact avec l'air atmosphérique , et que par conséquent il a subi des modifications analogues^à celles qui dépendent de la respiration. 4° La surabondance du carbone fait que ce sang ressemble davantage au sang veineux , analogie qui se décèle par sa couleur purpurine foncée. 5° Une perte de sang veineux est généralement moins débi- litante qu'une perte de sang artériel ; mais les écoulemens con- sidérables de sang menstruel se font surtout remarquer par le peu d'inconvénient proportionnel qu'ik entraînent , tandis que la perte de sang coagulable qui a lieu dans un étal inllamma- toire de la matrice est suivie d'une grande faiblesse. § 169. Maintenant si la matrice complète les fonctions des poumons , et si elle remplit cet oflicc d'une manière spéciale , par une hémorrhagic, il faut en chercher la cause dans le mode particulier d'organisation du viscère , qui devient ainsi la circonstance déterminante locale. 4° Le tissu de la matrice de la femme est érectile , c'est-à- dire formé en grande partie d'un lacis de vaisseaux sanguins ... ■ . ■ ■ .?;•- (1) Yoiglel ^ Ilandhuch der pathoiojjischen Ancilorniv , t. III, p. 430, agâ CARACTÈRE SEXUEt IMMEDIAT, qui sont susceptibles d'une dilatation considérable , propriété en vertu de laquelle tantôt ils admettent une plus grande quan- tité de sang, qui les gonfle , et tantôt ils s'en débarrassent . Mais ce tissu érectile se trouve annexé ici aune membrane muqueuse , qui est fort mince , et sous ce point de vue la matrice a quelque analogie avec les poumons , celui de tous les organes formés par une membrane muqueuse qui reçoit le plus de sang. Lorsque les règles se suppriment, d'autres points de l'organe cutané donnent lieu à des hémorrhagies qui les remplacent ; le plus souvent c'est par les membranes muqueuses du système respiratoire ( du nez et des poumons ) que ces écoulemens supplémentaires ont lieu ; mais il s'en fait aussi par celles du système digestif ( gencives , palais , glandes salivaires , esto- mac, anus) ou du système urinaire, même par les replis cu- tanés analogues aux membranes muqueuses qui tapissent les organes sensoriels ( conjonctive , conduit auditif) , ou par la peau extérieure , et le plus fréquemment alors par les ma- melles, quelquefois"aussi^par l'ombilic ou les doigts (1). 2» Les artères de la matrice ressemblent déjà plus que les antres à des veines parle peu d'épaisseur de leurs parois, et sous ce point de vue elles sont analogues aux artères pulmo- naires. Comme , par cela même , elles ont moins que d'autres artères la prédominance sur les veines, elles ne peuvent point chasser si rapidement le sang dans ces dernières ; ce liquide s'accumule donc dans leur intérieur et dans les vaisseaux capillaires (§ d69, 7°), acquiert le caractère veineux par l'effet du séjour qu'il y fait ( § 168), les distend, et peut enfin s'é- chapper à travers leurs parois peu épaisses. Si les hémorrhagies en général ne sont pas très-fréquentes chez l'homme , parce que la différence est plus grande entre la densité de ses artères et celle de ses veines , que par conséquent les pre- mières chassent plus aisément le sang dans les secondes, cette règle s'applique principalement aux organes génitaux. Le diamètre plus considérable de l'aorte descendante chez la femme , l'abondance des ramifications vasculaires dans la ma- (1) Freind , Emmenologia , p. 69. — Haller, loc, cit,, t. VU, P. H, p. 456. _. Voi§tel, loc. cU , t. III, p. 460. CAllACTÈRE SEXUliL IMMEDIAT. 2^0 trice, et l'absence des valvules dans ces veines, sont autant de circonstances favorables à la menstruation. Le mouvement de haut en bas , conforme aux lois de la pesanteur , que la sta- tion droite imprime au sang , est aussi une circonstance méca- nique dont on doit tenir compte ; car l'abondance du flux menstruel et ses accidens augmentent chez les femmes qui restent long-temps debout, et ils diminuent par l'eflet du repos horizontal. § 170. La menstruation , comme expression d'une activité vitale exaltée , ne peut point être continuelle ; elle ne peut avoir lieu que par intervalles. Mais la vie entière et notamment la vie plastique sont assujetties à un ordre déterminé quant au retour de leurs phénomènes , c'est-à-dire à une périodicité. La menstruation est aussi dans ce cas ; vient-elle à se suppri- mer , les symptômes , les congestions , les hémorrhagies par d'autres organes paraissent à la période fixe , et cessent après qu'elle est passée, quand bien même il ne serait point sorti de sang, à peu près comme la faim et le besoin de l'exonéra- tion se dissipent quand on laisse s'écouler l'heure à laquelle on avait l'habitude d'y satisfaire. Mais la menstruation a une pé- riode de vingt-huit jours , comme la lune. Evidemment cet astre n'exerce pas une influence immédiate , en vertu de la- quelle, ainsi que le prétendait encore Testa, elle atténuerait les humeurs, les dilaterait et les fournirait d'une plus grande quan- tité de lumière et de calorique ; car alors il faudrait que toutes les femmes eussent leurs règles à une phase déterminée de la lune , tandis qu'il n'y a pas de jour du mois oii il ne s'en trouve quelqu'une chez laquelle coulent les menstrues. Chez les femmes dont la menstruation dure six à huit jours^ et re- vient au bout de vinj^t-trois , la période est aussi celle d'un mois solaire , de sorte que , pendant toute l'année , elle coïncide avec des phases différentes du satellite de la terre. Osiander a bien prétendu qu'il y a , généralement parlant , plus de femmes réglées pendant la nouvelle lune , et que les mens- trues apparaissent alors surtout chez les jeunes , affectant de préférence la pleine lune pour leur manifestation chez celles qui sont avancées en âge (1) ; mais celte observation n'est (1) Loc. cit. , 1. 1 , p. 268. 294 CARACTÈRE SEXUEt IMMÉDIAT. point assez générale, et quand même elle le serait, il s'en- suivrait que le périgée et l'apogée de la lune auraient les mêmes effets. Tout ce que nous pouvons faire, par conséquent, c'est de reconnaître qu'en général il y a , entre la périodicité de l'organisme humain et celle de la lune , un certain rapport , qui se manifeste encore dans d'autres phénomènes. § 171. Les effets de la menstruation sont ou prochains ou éloignés (§ 172). Les effets prochains sont locaux , et se rapportent à la fonc- tion sexuelle. 1" Comme la menstruation consiste en une exaltation de l'activité des organes génitaux , elle apparaît aussi comme signe et condition de la faculté génératrice chez la femme. Elle^et cette faculté sont, généralement parlant , en raison di- recte l'une de l'autre , et c'est toujours par l'effet d'une excep- tion à la règle qu'une femme qui n'a point ses règles jouit de la fécondité. De même aussi celles dont les menstrues coulent abondamment , mais sans sortir néanmoins des bornes de la santé , sont plus fécondes que les autres. Sans doute la mens- truation est bien plutôt effet que cause de la faculté géné- ratrice , puisqu'elle n'est que la manifestation d'une activité vitale dans des organes dont la fonction ne consiste qu'à pro - créer ; mais , dans la vie , tout effet quelconque réagit sur sa cause , et chaque force ne se maintient qu'au moyen de ses manifestations. Ainsi la faculté génératrice de la femme est entretenue par la menstruation, attendu que celle-ci excite périodiquement la vitalité des organes génitaux , et comme les vaisseaux des ovaires entrent aussi en turgescence pendant qu'elle s'accomplit, on peut la considérer, avec Schweighœu- ser (1) , comme une maturation périodique de la substance destinée à produire le fruit. %° En diminuant d'une manière active la masse accumulée du sang, la menstruation accroît la réceptivité des organes gé- nitaux. Ceux-ci , après avoir perdu leur exubérance de masse, deviennent plus vivans et plus aptes à ressentir les impressions destinées à agir spécifiquement sur eux. C'est un fait partout reconnu que l'époque à laquelle les femmes conçoivent le plus (1) Sur quelques poials de physiologie relatifs au fœtus, p. 2. ^ CARACTÈRE SEXUEL IMMÉDIAT. 296 facilement coïncide avec celle qui succède immédiatement à la menstruation. 3° Chez la plupart des femmes, la menstruation cesse pendant tout le cours de la grossesse. Il est rare que les règles paraissent dans les premiers mois , et plus rare encore qu'elles coulent dans les derniers. On ne les observe pas non plus d'ordinaire pendant la durée de l'allaitement. : Comme elles sont suppléées d'une manière normale par la gestation et par la lactation , il faut aussi qu'une certaine ana- logie règne entre elles et ces fonctions , et qu'elles servent à leur préparer la voie. D'abord , il saute aux yeux que cette analogie porte sur la substance , et que le sang qui s'écoulait de mois en mois avant la grossesse et l'allaitement sert de nourriture au fœtus et à l'enfant pendant ces deux époques. La présence de cette nourriture dépend donc de ce que la substance apte à la four- nir est évacuée en d'autres temps , et sous ce rapport la mens- truation se montre à nous comme un moyen d'accomplir la gestation et la lactation. D'après cette manière de voir , elle diminuerait dans la même proportion que s'accroît la consom- mation du sang employé à former et alimenter le fruit. C'est, en effet, ce qu'on observe dans certains cas où les règles cou- lent comme à l'ordinaire durant le premier mois de la gros- sesse , diminuent pendant le second , deviennent moins abon- dantes encore au troisième et au quatrième , et cessent ensuite tout-à-fait. Mais ce phénomène n'est pas commun"; la règle veut que les menstrues cessent de couler dès le premier mois, quoiqu'alors la nouvelle [formation n'ait encore qu'un très- petit volume , et qull soit difficile que sa consommation suffise pour dissiper la pléthore sanguine qu'occasione la ré- tention des menstrues. D'un autre côté, il se consomme, durant les derniers temps de la grossesse et pendant rallaitement , beaucoup plus de substance alibile que ne le comporte la masse de sang mens- truel qui aurait pu être évacuée pendant une égale période de temps. Freind admet bien (1) quil y a équilibre ; mais , (1) Loc, cit., p, 8. 2C)6 CAKACTÈKE SEXUEL IMMEDIAT. pour cela , il est obligé d'évaluer la quantité du sang mens- truel à vingt onces. Or elle ne s'élève ordinairement qu'à cinq, ce qui fait trois livres et deux onces en dix mois , tandis que le fœtus formé pendant ce laps de temps représente , avec ses enveloppes et ses liquides , un poids d'environ dix livres. Nous devons reconnaître qu'il y a de plus ici un rapport dy- namique , et admettre que la gestation et la lactation sup- priment la menstruation parce qu'elles attirent à elle la force consacrée en d'autres momens à cette fonction, qui leur prépare la voie parce qu'elle tient en haleine la force plastique nécessaire à leur accomplissement. En un mot , nous devons dire qu'il y a ici un antagonisme d'action. 4" La force et la substance plastiques prennent leur direction vers le fœtus et l'enfont, pendant la grossesse et l'allaitement, tandis que , dans la menstruation et la parturition , elles se dirigent uniquement au dehors. Ces deux dernières fonctions sont donc encore plus affines l'une de l'autre. Voilà pourquoi nous apercevons de l'analogie entre elles , sous le rapport de leurs phénomènes, dans l'abaissement delà matrice, dans l'ac- croissement de la vitalité et de l'activité sécrétoire du vagin, et ■dans l'hémorrhagie ; voilà pourquoi nous remarquons une cer- taine dépendance entre l'époque de la parturition et le type de la période menstruelle. La menstruation est donc le prototype de la parturition , et , quand nous en réunissons toutes les cir- constances sous un même pomt de vue ( 1° à 4° ), nous pouvons nous convaincre qu'elle est le prototype et comme l'intermé- diaire de l'œuvre entière de la procréation chez la femme. La génération domine tellement chez la femme que , hors de la grossesse et de la lactation , celle-ci tombe dans un état voisin de la maladie , qui ne cesse que par la mise enjeu d'une acti- vité analogue à cette fonction , et semblable à un commence- ment de monogénie. La femme '^porte en elle-même une telle surabondance de force plastique tendant à la conser.valion de l'espèce humaine , que quand cette force ne peut point at- teindre son but proprement dit, elle est obhgée de s'épandre pour ainsi dire en une excrétion particulière , qui lui facilite cependant les moyens d'arriver à ce but, La formation de la substance vitale , du sang , est si abondante ici , que quand CARACTÈRE SEXUEL IMMEDIAT. 29-^ celle substance ne peut point être employée à la conserva- tion de l'espèce , elle sort de son cercle et détermine la seule hémorrhagie'qui soit normale. § 172. Mais les e^efs e'/oi^'wes de la menstruation font qu'elle est aussi d'une haute importance pour la femme considérée comme individu , et qu'elle a des connexions intimes avec tout l'ensemble de sa vie, de manière qu'il n'y a point de fonction dans laquelle sa suppression ne porte le trouble , pas de maladie qui ne puisse provenir de là. 1° L'expérience ne nous autorise point , il est vrai , à ad- mettre qu'il s'opère un commencement de décomposition dans le sang menstruel, qu'il s'y développe une âcreté putride, comme le prétendait Stedmann par exemple (1) , et que la masse du sang a besoin d'être purifiée par l'expulsion du sang menstruel , afin d'acquérir les qualités nécessaires à la formation du fruit et au maintien de la vie de la femme , ainsi que le pensait Siadlin (2). Mais nous n'en devons pas moins considérer la menstruation, et avec elle l'œuvre tout entière de la génération chez la femme, comme un besoin de l'organisme individuel , attendu que c'est un moyen de sup- pléer au trop peu d'activité des poumons, et de diminuer l'excès de carbone dans le sang ( § 178 ) , ainsi que l'ont re- connu Testa, Osiander , Autenrieth et autres. Cette vérité est confirmée surtout par les phénomènes de la chlorose , qui partout dépend d'un défaut de développement de la faculté procréatrice , mais principalement de la menstruation , à l'âge de la puberté. Il résulte des recherches de Fœdisch (3), que la quantité' de fibrine et de fer, par conséquent de cruor, a diminué, et celle de l'eau augmenté, dans le sang des chloroliques. Le développement incomplet de la fibre musculaire , l'accumulation d'un liquide séreux et d'une sub- stance d'un blanc jaunâtre, visqueuse, demi-coagulée, dans le tissu cellulaire de la peau , la bouffissure et hi consistance pâ- teuse de toute la masse du corps , qui en sont le résultat , la pâleur particulière et presque cadavéreuse , la teinte jaune (d) Pltysiolo'jischc f^ersvchc , p. 50-54. (2) Archiv dcr Mcdicin. Aaiau, 1816 , cah. I, p. 146. i^) Diss. de morhosa sanijuinis temperationc ^ p. 16. 29S CARACTÈRE SEXUEt IMBIÉDIAT. verddtre du visage , la couleur bleuâtre des lèvres , le brun jaunâtre des paupières , qui pendent comme des sacs , annon- cent un excès de carbone. La souffrance du système vasculaire se dénote par un pouls petit et faible , par un moindre déga- gement de chaleur et par des palpitations de cœur fréquentes; l'asthme et l'oppression de poitrine décèlent le trouble de la respiration ; Tétat anormal de la digestion se manifeste par des goûts bizarres , la suracidité du suc stomacal et intestinal et rirrégularité des évacuations ; la faiblesse musculaire se trahit par le peu d'énergie , la paresse et la lassitude , surtout dans les cuisses; le désordre de la sensibilité s'exprime par la disposition aux spasmes , la mélancolie , la timidité , la misan- thropie et l'indifférence ; des traces de tendance à déployer l'activité génératrice se signalent par un sentiment de pesan- teur et des douleurs tiraillantes dans les reins, pendant que les désirs vénériens manquent ou dégénèrent en écarts contre nature. L'hydropisie ou la phthisie pulmonaire finit par amener la mort dans cette m.aladie. 2° Le besoin de la menstruation repose encore sur ce que la génération en général est la direction prédominante de la vie chez la femme , et que la menstruation est la manifesta- tion de la faculté procréatrice tendant à son but. C'est une compensation de la grossesse qui n'a pas lieu , une dérivation de la force plastique qui tend à se manifester. Par conséquent , elle assure la liberté de la femme , et empêche que celle-ci ne soit soumise à la nécessité , que l'amour ne dégénère chaz elle en désirs purement animaux. § 173. D'après tout cela on voit que la menstruation est normale. Il n'y a donc pas le moindre fondement dans l'opi- nion qui la représente comme une maladie héréditaire , que Nadow et Hagewisch attribuaient à la civilisation, Russel au défaut de modération dans le manger et au genre de vie sé- dentaire , ou Moscati à la station droite. 1° Quant nous considérons l'intime connexion de celte fonc- tion avec la vie de la femme , telle qu'elle ressort des faits exposés précédemment , nous sommes forcés de reconnaître qu'elle est normale et primordiale. 2^^ Autant le sentiment de bien-être et la santé florissante CARACTÈRE SEXUEL IMMEDIAT. 299 qui ont lieu immédiatement après la menstruation ont peu de ressemblance avec une guérison, autant aussi la chlorose dif- fère de l'état de santé. 3° Les plus anciennes annales de respèce-humaine, les livres de Moïse , parlent de la menstruation comme d'une chose con- forme à la nature; le simple bon sens paraît l'avoir toujours considérée ainsi , car aucune tradition , aucun mythe ne fait mention de son apparition éventuelle. 4° On la trouve aujourd'hui chez tous les peuples delà terre, même les plus sauvages et les plus nécessiteux , oii elle ne peut avoir pour cause ni un genre de vie sédentaire et la dé- bauche , ni le défaut de satisfaire l'instinct sexuel à temps. Ceux qui prétendaient que les Groënlandaises , les Lapo- nes, etc., sont exemptes de la menstruation, ont débité une fable. § 174. On a voulu comparer la menstruation à la chaleur des femelles d'animaux. Assurément il y a analogie entre elles eu égard aux phénomènes généraux de l'exaltation périodique des organes génitaux, et sous cepointde vue que toutes deux dé- terminent un état voisin de l'inflammation et provoquent un éparichement de liquide. Aussi les anciens attribuaient-ils déjà la menstruation aux Singes, aux Vaches, aux Jumens, aux Chiennes, aux Baleines, etc., parce qu'ils avaient observé les phénomènes du rut (1). On a même remarqué que le rut re- vient d'une manière régulière sous le type quadri-septenaire chez les Singes et les Vaches (2). Mais les deux états diffè- rent absolument l'un de l'autre , quant à leur essence et à leur signification. 1° Les femelles d'animaux en chaleur ne rendent ordinai- rement que des mucosités mêlées de sang, et non point du sang , si ce n'est chez les Singes , qui sont très-lascifs. 2° Cette sécrétion et l'inflammation d'où elle dépend ont leur siège à la périphérie des organes génitaux , dans le va- gin , et surtout dans le vestibule ; elles sont donc l'expression d'ime tendance à la réaction des deux sexes, à la copulation. (1) ITallcr , îop. cit., t. VII, P. II, p. 137. (2) Meckel et Kahleis , dans DciUsches Jrcîdv, t. VUI , p. &BZiM. OOO CARACTEllE SEXUEL IMMEDIAT. Jamais on ne voit un gonflenient inflamiriatoire s'emparer des grandes lèvres et du vestibule chez les femmes qui ont leurs règles; loin de là même, la menstruation a son siège propre- ment dit dans l'intérieur des organes génitaux , dans la ma- trice , ce qui annonce que sa direction tend plutôt vers la grossesse et vers la parturition que vers la copulation. 3° Pendant la menstruation il n'y a point désir de l'acte vé- nérien, par conséquent point cette exaltation de toutes les forces qui caractérise l'état des femelles en chaleur. Bien au con- traire , on ne saurait méconnaître alors une certaine détente et un peu de lassitude , même chez les femmes qui jouissent de la meilleure santé. Au lieu que les parties génitales fe- melles enflammées , tuméfiées et baignées d'un mucus san- guinolent allument et exaltent les désirs du mâle , l'homme est éloigné par son instinct de la femme dont les règles coulent. C'est ce que prouve la croyance dominante dans tous les temps et chez tous les peuples, que le sang menstruel est impur, que son voisinage porte préjudice atout ce qui vit, tue les vers-à- soie , nuit à la végétation des plantes , corrompt les semences, fait tourner la bière , aigrit le lait , etc. Il ne s'agit point là d'un dégoût amené par le raffinement des mœurs, mais d'un véritable et pur penchant naturel ; car les peuples les plus grossiers et les plus malpropres, les Hottentots , presque tous les Nègres , etc., obligent les femmes qui ont leurs menstrues à quitter la société et à se retirer dans la solitude. On a vu aussi des hommes qui avaient eu commerce avec de telles femmes contracter , comme par infection , un état inflamma- toire du pénis, qui ressemblait à une gonorrhée commençante, et s'accompagnait d'une légère éruption. L'union des sexes pendant la menstruation est donc , sous tous les rapports , un acte contraire au vœu de la nature. 4" La menstruation est la propriété exclusive de la femme, parce que c'est chez la femme que la réaction entre la mère et le fruit arrive au plus haut degré d'intimité , et qu'en consé- quence la [matrice acquiert son plus parfait développement ( § 106, 1° ). Mais cette organisation de la matrice est en même temps la cause locale de la menstruation ( § 1G7 ) ; celle-ci doit donc manquer partout où l'on ne rencontre pas l'autre. CARACTERE SEXUEL IMMEDIAT. 30l Comme les animaux n'ont point une matrice à parois aussi épaisses , spongieuses et riches en vaisseaux , comme la men- struation n'existe pas chez eux , ils ne sont sujets ni à ces hé-^ morrhagies consécutives au détachement du placenta, ni à ces avortemens si fréquens qu'on observe chez la femme. La sta- tion droite peut contribuer aussi un peu à la menstruation; ainsi la position des Singes , qui se rapproche de cette sta- tion , semble avoir pour résultat que , quand leurs femelles entrent en chaleur, elles éprouvent un écoulement plus chargé de sang. L'incubation étant plus imparfaite chez la femelle d'a- nimal qui porte , celle-ci n'a pas besoin non plus d'une aussi grande quantité de masse et de force en réserve que la femme. Au reste , on remarque , chez les animaux , qu'ils deviennent plus voraces après la fécondation , et qu'ils suppléent ainsi la substance que la femme acquiert en quelque sorte par la ré- tention des règles. Nous ajouterons seulement comme chose ' remarquable qu'Oken (1) a réuni ensemble ces deux opinions fausses et contradictoires (§ 173, 174 ). Il assure que les premières gé- nérations de l'espèce humaine ont été exemptes de la men- struation; la femme, après le développement de l'instinct générateur, était sujette, comme les femelles en chaleur, à un gonflement des parties génitales ; mais ce penchant n'ayant point été satisfait sur-le-champ , la répétition de l'afflux du sang a tellement distendu et affaibli les vaisseaux, que le sang dut finir par s'échapper, transsudation dont les autres femmes ont hérité , comme de toutes leurs qualités et infirmités ; l'a- nimal, au contraire , satisfait de suite son penchant , et quand il en est empêché , il meurt plutôt d'une inflammation quel- conque que d'arriver à être pris d'hémorrhagie. § 175. Nous avons enfin à demander si l'homme n'offre pas quelque chose qui ait jusqu'à un certain point de l'analogie avec la menstruation. 1° Sanctorius a observé que les hommes en santé qui mènent une vie régulière et simple, augmentent chaque mois d'une à deux livres, qu'alors ils deviennent moroses, paresseux, (1) Die Zcuijuntj , p. 201-20^1. 50 2 CARACTÈRE SEXUEL IMMÉDIAT. lents , et qu'après une crise qui a lieu soit par des urines troubles ou plus copieuses , soit par une transpiration plus abondante , ils reprennent leur ancien poids , et recouvrent les forces dont ils jouissaient auparavant. Nous aurions donc ici une analogie éloignée avec les phénomènes généraux de la menstruation. 2° Sous le rapport de Feffet local, les pollutions, quî dé- barrassent riiomme de la substance plastique non mise en œuvre , peuvent être comparées à la menstruation. Elles ces- sent par la copulation , comme les règles par la grossesse , et de cette manière encore s'exprime le rôle différent des deux sexes ; car l'homme doit féconder et la femme former le fruit. 3° Quant à ce qui concerne les phénomènes hémorrhagi- ques , on peut jusqu'à un certain point citer ici Iqs hémor- rhoïdes, qui se voient plus fréquemment chez l'homme que chez la femme. Elles sont surtout provoquées par le genre de vie sédentaire , qui entre plus dans la destinée de la femme que dans celle de rhonime( § 190, 3° ); elles se voient aussi de préférence chez les hommes efféminés, et suivant Mojon cîiez les eunuques ; la plupart du temps enfin elles affectent le type mensuel. Mais elles sont maladives, et ont leur siège dans des organes destinés à la conservation de l'individu. Fournier a observé une rare anomalie chez un homme qui , depuis l'âge de puberté , et après les premiers actes vénériens auxquels il s'était livré , éprouvait régulièrement des retours de coliques, suivies pendant trois jours d'un écoulement de sang par l'u- rètre (1). Mais la menstruation est tellement inhérente à la nature de la femme, qu'elle persiste même alors que la sexualité s'ef- face en partie ; la femme qui tient de l'homme a bien presque toujours des règles peu abondantes , mais jamais elle n'en est entièrement exempte. (4) Djct. des'sc. méd., t. IV, p. 492. GATIACTERE SEXUEE MEDIAT. 000 B. Caractère sexuel médiat. §176. Nous appelons Caractère sexuel médiat OU général les modilications que îa différence des sexes produit tant dans des fonctions qui n'ont pas de rapport direct avec la généra- tion , que dans Fliabitude du corps et la vie en général. Il consiste donc en ce que la sexualité se manifeste aussi en de- hors de la sphère génitale, pénètre la vie entière, et acquiert par cela même son plus haut degré. D'après cette définition, on conçoit que les êtres organisés inférieurs en soient totale- ment dépourvus , et que , quand il commence à paraître , il n'ait point encore de physionomie déterminée , ou ne corres- ponde pas encore à la signification particulière des sexes. Ainsi , par exemple , chez les plantes dioiques , les individus mâles et femelles diffèrent à peine les uns des autres , si ce n'est par la fleur. Là seulement où la vie intérieure acquiert plus de puissance , elle s'annonce par un extérieur qui soit en harmonie avec elle , et la forme devient l'expression d'une idée , ou , en d'autres termes , prend une valeur symbolique. d. EXPRESSION DU CARACTÈRE SEXUEL MEDIAT DANS LA COHFIGURATION. Parmi les animaux sans vertèbres , les Insectes sont ceux surtout chez lesquels le sexe imprime des différences à la conformation du corps. C'est chez eux que la sexualité com- mence à pénétrer tellement toute l'essence, que les deux sexes diffèrent l'un de l'autre sous le point de vue du mode d'exis- tence , de l'organisation , des penchans et du genre de vie. Et comme , en général , une particularité quelconque acquiert souvent la plus grande extension dès le premier échelon même du règne organique oii elle commence à se montrer , les In- sectes nous fournissent ici un exemple de ce phénomène : ainsi, par exemple, chez le Brilus flavus (1), la différence des sexes est prononcée à tel point , dans la forme , que les mâles et les femelles n'ont pas la moindre ressemblance en- semble , quant à l'extérieur. Mais , comme c'est ici que le ca- ractère sexuel général commence à paraître , son type n'a encore rien de fixe : de là vient que , chez les Lépidoptères, (i) Audouin, ilans Annales des se. nat., t. II, p. 443. 3o4 CARACTÈRE SEXUEE MÉDIAT* par exemple , on rencontre fréquemment les dehors de l'her- maphrodisme , une partie des individus alliant la forme d'un sexe à la couleur de l'autre , ou l'une des moitiés du corps , soit d'un côté à l'autre , soit d'avant en arrière , présentant la forme et la couleur d'un sexe , tandis que l'autre revêt celles du'sexe opposé (1). Les formes sexuelles paraissent cepen- dant être plus fixes chez les Insectes dont les instincts semblent tous converger vers le but de la génération , tels que les Abeilles et les Fourmis. (Il n'est point rare de rencontrer des difï'érences entre les sexes parmi les Crustacés. Dans le genre Astacus , la femelle a une queue beaucoup plus large , le mâle des pinces et des antennes bien plus grosses , ce qui , d'après mes observations , se voit surtout dans X Astacus lep- todactylus. La queue est plus large encore , proportion gar- dée, dans les Crabes femelles, celle des mâles étant fort étroite , et ayant même quelques uns de ses anneaux soudés ensemble. Mais cette différence n'est nulle part plus prononcée que dans lesLernées, d'après les observations de Nordmann, et dans le Bopyrus squillantm , d'après les miennes, où elle surpasse de beaucoup , au moins quant à la forme et au vo- lume , tout ce qu'on pourrait citer d'analogue dans aucune autre classe quelconque du règne animal ) (2). Les dispositions organiques qui se rapportent à la généra- tion étant fort simples et très-subordonnées dans la classe des Poissons et dans celle des Reptiles , la structure du corps de ces animaux n'offre que des traces insignifiantes et même assez peu communes de la différence des sexes. Nous cite- rons, par exemple, la crête cutanée des mâles dans le Blen- nius lepidus et chez les Salamandres. Cette différence devient plus sensible chez les Mammifères , et la classe où elle se prononce le plus est celle des Oiseaux, qui , sous tant d'autres rapports, répètent les Insectes dans la série des animaux vertébrés. Mais elle n'arrive à son entier développement que chez l'homme , parce que c'est aussi dans l'espèce humaine seule que la vie acquiert une véritable pro- (l)Meckel, Traité général d'anat. comp. t. I, p.'SSJ. (2) Addition de Rgtltke. CARACTÈRE SEXUEL MÉDIAT. 5o5 fondeur. Ici la différence est portée si loin qu'au dire d'A - dair (1) , on reconnaît jusque dans chaque os isolément des modifications correspondantes au sexe. Ce qui prouve qu'elle n'est pas une simple coïncidence de la sexualité , mais qu elle en dépend, et qu'elle en est l'expression vivante , c'est que le caractère général change lorsque^ la force génitale vient à se modifier , comme après l'extirpation des testicules ou des ovaires. Dans le cas d'hermaphrodisme androgynique ou gynandrique ( § 155 ) , tout l'ensemble de la vie se moule aussi en quelque sorte sur l'état de l'appareil génital. Mais il y a encore un hermaphrodisme dynamique, dans lequel les organes génitaux , sans offrir aucun vice de conformation, n'ont acquis qu'un développement incomplet et une énergie insuffisante , de sorte que le caractère sexuel de la vie devient en même temps équivoque et louche (2). Pour distinguer cet état de l'hermaphrodisme proprement dit , nous donnerons l'épithète d'efféminé ( mas e^emina?î«s) à l'homme qui présente les formes et les manières d'une femme , et le nom de virago à la femme qui se rapproche de l'homme sous tous les rapports. 2. EXPRESSION DU CARACTERE SEXUEL DANS LES FONCTIONS. § 177. Examinons maintenant les fonctions l'une après l'autre. a. Expressioji du caractère sexuel dans les fonctions plastiques. Nous placerons en première ligne la digestion. 1" La digestion en général est plus puissante chez l'homme, et son appareil a plus de capacité. Dans la femme , les ma choires sont un peu comprimées et paraboliques, tandis qu'elles sont plus en arc chez l'homme ; la cavité orale est plus étroite et moins haute, la bouche plus petite , l'estomac plus resserré, le foie moins volumineux , la sécrétion biliaire moins abon- dante. 2" L'appareil digestif a une irritabilité plus faible. Déjà, chez quelques Insectes, les mandibules des mâles sont plus développées (3), et, dans la classe des Mammifères, le (1) Froriep , Notizcn , t. XXXIX , p.^ 183. (2) Bui'dach , Anuloviische Untcrsuchunijen , p. 30 et 44. (3) Meckel , Tvailé général d'aiiat. coiiip. , t. I , p. 303. I. ao 3o6 CARACTÈRE SEXUEE MÉDIAT, volume plus considérable des muscles masticateurs élar- git la tête des mâles de certaines espèces , par exemple les Chats , les Loups , les Renards , les Lynx , les Chevreuils , tandis que le crâne des femelles est plus étroit et leur mu- seau plus effilé. La branche montante de la mâchoire infé- rieure est plus étroite , moins élevée et plus oblique chez la femme; les muscles qui servent à la mastication y trou- vent des points d'attache moins étendus , ils sont par consé- quent plus faibles , et la mastication s'exécute avec moins d'énergie. Les dents sont plus petites ; les dernières molaires^, ou dents de sagesse , manquent fréquemment , ou du moins percent plus tard que chez l'homme ; les dents de la seconde pousse paraissent également à une époque plus reculée, et celles de lait se conservent , proportion gardée , bien plus fréquemment. On a également remarqué , dans l'espèce du Narwal , que la sortie des dents avait lieu plus tard chez la fe- melle que chez le mâle. L'estomac de la femme a des parois moins épaisses , et la force musculaire de l'intestin est moins considérable , ce qui rend les déjections alvines plus rares, la constipation plus fréquente etî^^plus facile à supporter , les maladies qui tien- nent à la faiblesse musculaire des organes digestifs plus com- munes. Mais , en revanche , le canal intestinal possède un nombre plus considérable de vaisseaux lymphatiques , le mé- sentère qui les soutient est plus large , et l'énergie plus grande de l'absorption rend les selles plus sèches/ Comme l'estomac est plus petit et que les vaisseaux lymphatiques sont plus ac- tifs , la femme est plus facile à rassasier , et il suffit d'une petite quantité d'alimens pour la nourrir. La faim est un be- soin moins impérieux chez elle. L'observation a partout con- firmé-que, dans les hôpitaux et les prisons, il faut à peu près un cinquième de moins d'alimens pour les femmes que pour les hommes ; nous possédons aussi un grand nombre d'exemples de femmes qui , en pleine connaissance , et soit par l'efFet d'un désordre du système nerveux , soit seulement dans quel- que vue particulière , par pur caprice , ou pour exciter l'at- tention, sont demeurées des mois entiers sans faire usage d'aucun aliment , ou du moins , si elles en imposaient à cet CARACTÈRE SEXUEL MÉDIAT, ÔOn éf^ard, sans prendre autre chose qu'une très-faible quantité de nourriture , tandis qu'on n'a jamais vu d'homme supporter une abstinence semblable. Gomme la force musculaire de l'ap- pareil digestif est plus considérable chez ce dernier, il éprouve aussi un besoin plus vif d'alimens , et en général la partie animale de la digestion prédomine chez lui. Chez la femme, au contraire , c'est à l'activité des lymphatiques et par con- séquent à la partie végétative de la digestion qu'appartient la prédominance , aussi le besoin des alimens est-il plus modéré et plus facile à satisfaire ; la femme est plus frugale et plus disposée à s'arrêter dans ses repas lorsque la satiété commence à se faire sentir, tandis que l'homme ne trouve fréquemment les bornes de son appétit que dans l'épuisement des plats qui couvrent sa table. L'abstinence coûte moins à la femme , et c'est un bonheur pour elle de se l'imposer à l'insu de tout le monde, afin de pourvoir plus abondamment aux besoins de son époux et de ses enfans. Comme elle prend moins de nourriture et digère plus vite , ses repas lui chargent moins l'estomac , ne diminuent pas son activité et n'influent point sur son humeur. De toutes ces circonstances résultent pour elle une certaine délicatesse et une jouissance plus entière de sa liberté. L'homme est plus dépendant du besoin de nourri- ture , et se laisse plus facilement entraîner à l'intempérance par la gourmandise ; les nombreux exemples de polyphagie que nous connaissons ont tous été offerts par des hommes; les excès de table ne se concilient point avec la nature de la femme , tandis que , chez l'homme , ils ne sont point absolu- ment incompatibles avec certaines vertus de son sexe. 3° Tous les forts excitans des organes digestifs conviennent mieux à l'homme, dont l'irritabilité plus grande exige aussi des stimulations plus énergiques. Chez la femme , au con- traire , c'est la sensibilité qui prédomine dans ces organes , de sorte qu'ils s'accommodent mieux d'une nourriture plus légère et d' excitans moins forts. Ici l'instinct parle aussi haut que l'organisation. En effet : a. L'homme se rapproche des animaux carnassiers et la femme des herbivores. Les dents qui servent à déchirer la viaade , les canines , sont plus fortes chez l'homme. Elles ont 5o8 CARACTÈRE SEXUEL MÉOIAt. surtout beaucoup de volume dans l'Eléphant , l'Hippopotame et le Cochon mâles ; elles sont petites dans le Cheval , mais plus petites encore dans la Jument , qui même en est presque toujours privée. Bechstein (1) prétend que les jumens qui ont des crochets , sont souvent stériles. De même, chez la femme, restomac est plus allongé et l'in- testin plus lon(r que chez l'homme et les animaux carnassiers. L'homme est poussé davantage , par son instinct , vers la nour- riture animale , qui le rend plus robuste , mais aussi plus grossier et 'plus farouche. La femme reste plus fidèle à sa nature , en ce qu'elle préfère les alimens tirés du règne vé- gétal , et , parmi 'ceux du règne animal , le lait , que les ani- maux offrent d'eux-mêmes comme un superflu de leur nu- trition. b. L'homme éprouve le besoin des épices et des liqueurs spiritueuses , comme moyens de ranimer , après de fatigans travaux, son irritabilité puissante, mais obtuse, et de redonner du ton à sa fibre , de la vigueur au sentiment de sa propre existence. La femme a moins besoin de ces stimulans, elle en éprouve peu le désir, et , quand elle en abuse , elle perd les caractères de son sexe; le plus hideux de tous les spectacles est celui d'une femme plongée dans les excès de l'ivrognerie. § ^78. Le ventre , comparé à la poitrine , est plus long chez la femme (§ 158) , les vertèbres lombaires sont plus hautes , et par cela même la taille est plus élancée. Ainsi , les Chèvres, les Chattes , les femelles des Chevreuils et des Renards, etc., ont la poitrine plus étroite, et le ventre plus long, plus effilé. La cavité pectorale de la femme offre les différences sui- vantes : 1'^ Les côtes sont plus minces , plus plates et plus courtes. 2° Elles s'éloignent davantage de la colonne vertébrale en arrière , et se reportent ensuite plus brusquement en avant , de sorte qu'elles sont plus fortement arquées à leur partie postérieure. Il suit de là que la colonne vertébrale fait plus de saillie dans la cavité thoracique , et que les apophyses épineuses , loin d'être saillantes au dos , y occupent le fond d'une gouttière. (1) Gemcinntictzijo Noturtjeschichtc Dcutsohlands , t. I, p. 253. CARACTÈRE SEXUEL MEDIAT. ÔOQ 3° Dans le reste de leur étendue , les côtes sont moins courbées et plus tordues sur elles-mêmes , de sorte qu'en décrivant un arc pour gagner la partie antérieure du corps , elles s'inclinent davantage de haut en bas , ce qui fait que le bord inférieur du corps du sternum correspond à la hauteur du bord inférieur de la quatrième côte (de la cinquième chez l'homme). 4° Le sternum est plus court; son extrémité inférieure est placée à la hauteur de la septième vertèbre dorsale (de la onzième , chez l'homme ) ; par conséquent la sixième côte ne se fixe pas , comme chez l'homme , au bord latéral , mais à l'extrémité inférieure du corps du sternum. Mojon assure que le sternum est plus court aussi chez les eunuques (1). 5° Le diaphragme de la femme est plus petit et situé plus haut; sa partie antérieure s'insère au cartilage de la sixième côte (de la septième , chez l'homme). 6" Le diamètre horizontal de la cavité ihoracique est moins étendu , parce que les côtes sont plus courtes (1") et plus torses (3"). Le diamètre correspondant à la ligne médiane a surtout moins d'étendue, parce que la colonne vertébrale fait plus de saillie à l'intérieur , ou se rapproche davantage du sternum (2' ). Tandis que la poitrine a une voussure plus pro- noncée en arrière (2'') , elle est plus aplatie en devant (3°). Le plan de la cavité pectorale est égal à celui du bassin , au lieu qu'il le dépasse chez l'homme. 7" Le diamètre longitudinal est également plus court chez la femme , à cause de la brièveté du sternum (4°), et parce que le diaphragme s'élève davantage (5^). 8» Les poumons sont plus petits , comme aussi les fosses nasales , le larynx et la trachée- artère sont plus étroits. Par une suite nécessaire, la respiration est plus faible , et la con- sommation de l'oxygène atmosphérique moins considérable ; si donc on peut comparer la respiration à la combustion , celle-ci n'est qu'une incandescence cahue et tranquille chez la femme , tandis que c'est une flamme pétillante chez l'homme. De là vient que la femme a la faculté de rester plus long (1) Sur les effets de la castration dans le corps humain , p. 13. 3lO CARACTÈRE SEXUEL MÉDIAT. temps dans des lieux renfermés , tandis que l'homme cherche par instinct le grand air , et qu'il éprouve en général plus vi- vement le besoin de respirer. Cette différence se manifeste déjà au moment de la naissance ; car il a été remarqué par Carus que les fœtus mâles sont plus sujets à l'asphyxie lors- qu'ils viennent au monde , et qu'on a plus de peine à les tirer de cet état de mort apparente (1), La cyanose est beaucoup plus rare chez la femme que chez l'homme, l'hémoptysie présente aussi moins de danger chez elle , et la mène moins fréquemment à la phthisie pulmonaire. On remarque , [en outre , une différence entre les propor- tions de la partie supérieure et de la partie inférieure du thorax (9», 10% 11"). 9° La poignée du sternum de l'homme est plus courte ; sa longueur est à celle du corps de l'os \W. 1,50, chez la femme , I I 1 ' 1,"20 chez l'homme. 10" Les côtes inférieures sont beaucoup plus courtes chez la femme , de sorte que les hypochondres , presque exclusi- vement formés par les parties tendineuses des muscles , ont plus de mollesse et d'extensibilité. Le creux de l'estomac, situé plus haut, à cause de la brièveté du sternum, est égale- ment plus mou , parce qu'il n'a pour limites que les cartilages plus allongés des côtes , tandis que , chez l'homme , la portion osseuse des côtes , qui est plus longue , s'en rapproche davan- tage. Il" Celles des côtes supérieures qui se portent horizonta- lement au sternum ;, sont principalement destinées aux mou- vemens inspiratoires ; celles dont la partie antérieure remonte pour aller gagner cet os , contribuent d'une manière plus spéciale aux mouvemens expiratoires (3). iOr, comme les côtes de la femme s'abaissent davantage (3°) , la sixième déjà commence à monter pour aller rejoindre le sternum, tandis que c'est la septième seulement chez l'homme. La portion de la cage thoracique consacrée à l'inspiration est donc plus petite (1) Lehrhiich dcr Gijnœcoloijie , t. I, p. 43.' (2) Ackevmann , Infantis androyyni liistoria , p. 64. (3) Auteniieth , dans Reil, Archiv , t. II , p. 6. CAnACTÈRE SEXUEL MÉDIAT. 3 1 l chez la femme , et cela d'autant plus que sa partie supérieure est fort étendue. 42° Chez l'homme , le diaphragme, qui est plus grand;, con- tribue davantage à l'inspiration, et la poitrine se dilate plus dans le sens de haut en bas , par conséquent à sa base et au moyen du diaphragme. Chez la femme , les muscles qui agis- sent le plus sont ceux de la périphérie , dont l'effet est d'é- largir la poitrine dans le sens horizontal , parce que les côtes sont plus mobiles et plus torses ; aussi les seins s'élèvent et s'abaissent-ils davantage pendant la respiration. § 179. La femme a moins besoin de nourriture ( § 177, 2° ) et d'air ( § 178, 8° ) , c'est-à-dire de substances étrangères à son corps , de sorte qu'elle est moins dépendante des choses du dehors. Cependant l'hématose est très-productive chez elle; aussi remarque-t-on qu'elle est sujette à des hémorrha- gies plus fréquentes et plus fortes , même habituelles , qu'elle supporte mieux une perte considérable de sang , et qu'elle répare cette perte bien plus vite que ne le fait l'homme. Tous ces effets tiennent à ce que les vaisseaux efférens , les lym- phatiques et les veines , ont plus d'activité et procurent ainsi une assimilation plus abondante. Mais comme la femme sup- porte plus long-temps la privation de substances exté- rieures , il faut qu'elle soit douée également d'une facilité de réassimilation plus énergique , c'est-à-dire d'une activité qui ramène la masse des diverses parties de son propre corps à la forme générale , et reporte les substances ainsi acquises dans le torrent du sang , par le moyen des lymphatiques et des veines , de manière que , dans cette circulation de la matière , les transformations de substances demeurent en quelque sorte intérieures , et que le corps entier maintient par là son homo- généité. Tout cela se rapporte donc à ce que, dans la sphère plastique des femmes , la direction de dehors en dedans pré- domine sur l'autre , l'association des substances sur leur dis- grégation , .la formation du sang sur la décomposition , tandis que , chez l'homme , la direction de dedans en dehors , les rapports avec le monde extérieur , la décomposition de tout ce qui a reçu forme , et le besoin de substance nouvelle et étrangère, ont un caractère d'énergie plus prononcé. Au reste, 3l2 CARACTÈRE SEXUEL MÉDIAT. le sang des femmes contient , suivant Lecanu , plus d'eau et d'albumine , et moins des autres principes solides, que celui des hommes. Fœdisch (1) estime que la proportion , calculée en millièmes , serait à peu près la suivante ; Chez l'homme. Chez la femme. Fer 9 8 Fibrine 28 25 Cruor 140 129 Albumine 91 96 Eau 732 742 § 180. Le système vasculaire de la femme offre plusieurs particularités. i° Le cœur est plus petit. 2° Les parois des artères ont moins d'épaisseur et de cohé- sion , de sorte qu'à cet égard aussi leur prépondérance sur les veines est moins considérable que chez l'homme. Suivant Clifton Winlringham , la densité de l'aorte ascendante d'une femelle d'animal était à celle du mâle l'.il 1,238 , et quand la densité de la veine était à celle de l'artère '.'A'. 1,166 dans une femelle, elle était 1 1 II 1^238 dans le mâle ; la différence était plus grande entre les artères des deux sexes qu'entre leurs veines , puisque l'aorte de la femelle était [^à celle du mâle .* '1 1 1,014, et la veine cave de la première à celle de la seconde: :i: 1,006 (2). 3o Le système vasculaire de la femme est plus faible et plus irritable , la circulation plus rapide , le pouls plus fréquent , plus mou , moins fort , plus variable et plus facile à accélérer. Le pouls des eunuques est plus petit et plus foible que celui des hommes. § 181. Parmi les sécrétions ;, celle de la graisse prédomine chez la femme , parce qu'elle produit une substance qui reste dans l'économie , s'applique également aux besoins de toutes ses parties, et supplée jusqu'à un certain point le défaut de nourriture. Cette prédominance paraît dépendre de ce que le sang contient plus de carbone , la respiration étant plus (d) De morbosa sawjuinis temperatiotie , p. 10. (2) Hallev , Elem. physiol., t. YII , P. II, p. 161. CARACTERE SEXUEL MEDIAT. 5l3 faible , surtout proportionnellement à la digestion. L'abon- dance de la graisse rend les contours de la forme extérieure plus moelleux. L'eunuque est plus gras que les hommes n'ont coutume de l'être , et la virago est plus maigre et plus sèche que la femme. Chez l'homme, la décomposition et la sécrétion excrémentitielle sont plus considérables ; il rejette plus de mucosités par la bouche et le nez , et l'urine se forme chez lui en plus grande abondance. La femme sécrète moins d'urine, et elle est moins fréquemment atteinte de maladies des voies urinaires; elle a une vessie moins spaciease, et cependant elle peut retenir plus long-temps son urine , probablement parce que ce liquide est résorbé en plus grande quantité chez elle. § 182. La peau , organe délimitateur qui marque l'indivi- dualité , est moins développée chez la femme , plus fine, plus molle , plus lisse , plus blanche et plus translucide; les veines percent davantage à travers son tissu , et ses vaisseaux ca- pillaires contiennent moins de sang. Chez l'homme , elle est plus dure , plus tendue , plus solide ; les eunuques et les hommes efïéminéS; ont la peau plus molle et plus lisse. La transpiration exhale une odeur plus forte , qu'on ne remar- que point chez les eunuques. Le développement plus considé- rable de la peau et l'abondance plus grande de substances combustibles et réfringentes chez les animaux mâles s'ex- priment par des couleurs plus variées , plus foncées , plus éclatantes , et plus tranchées. On peut s'en convaincre chez beaucoup d'Insectes, les Lépidoptères surtout. Le même phé- nomène a lieu aussi chez certains Poissons ; le mâle est plus coloré et plus brillant dans le Cyprinus tinca (!) et le Syn- gnathus papacimis ; dans le Lahriis viridis , le mâle est dun vert éclatant , et la femelle d'un vert brun ; dans le Lutjanus melops^ le premier est rouge et l'autre brunâtre (2); le mâle du Cottus scorpius a le ventre rouge et la femelle l'a blanc ; dans le Gohlus niger, le mâle porte une bande bleuâti-u sur les nageoires ventrales et anale, qui sont incolores chez la fe- ('J) Blocli, OEkonomische Naturijoschichto dcr Fischc , t. I, !»• 107. (2) Meckel , Traité gén. d'anat. conip. , t. I , p. 353. 5l4 CARACTÈRE SEXUEL MÉDIAT, melle (1). (Le ventre du mâle est rose dans le Cotkis anosto- mus, et pourpré ou d'un rouge de feu, dans le Gasterosteus pungitius^ tandis que celui des femelles est blanc) (2). Les mâles brillent des plus vives couleurs chez quelques espèces de Sauriens et de Batraciens. Ce phénomène n'est dans au- cune classe plus répandu et plus prononcé que dans celle des Oiseaux; parmi les Passereaux, chez l'Ortolan, dont le mâle a la tête et le cou d'un vert olivâtre, tandis que ces parties sont plus cendrées dans les femelles ; parmi les Grimpeurs , chez les Pics ; parmi les Palmipèdes , chez le Mergus mergan- ser , dont la tête et le cou sont d'un vert foncé chatoyant dans le mâle et d'un brun rouge dans la femelle ; chez le Mergus alhellus, dont la huppe est d'un vert noirâtre et blanche et le dos noir dans le mâle , tandis que ces deux parties sont brunes dans la femelle; parmi les Ecliassiers, chez la Grue, dont le derrière de la tête est d'un cendré foncé dans le mâle et d'un gris pâle dans la femelle; chez le Butor, dont le bec est noirâtre en dessus et vert de mer en dessous dans le mâle, brun foncé en dessus et jaunâtre en dessous dans la femelle; chez la Bécassine , dont la femelle est d'une teinte plus claire et plus pâle ; parmi les Gallinacés , chez lesquels la différence saute aux yeux dans l'espèce du Coq domestique et dans celle du Paon ; dans le Coq de bruyère le mâle a la tête et le cou gris, la poitrine d'un vert foncé brillant, et ces parties sont d'un rouge brun chez la femelle ; dans le petit Tétras le cou et la poitrine sont d'un bleu brillant chez le mâle et d'un rouge brun chez la femelle , qui a le reste du corps d'un brun foncé , tandis qu'il est de couleur de rouille chez le mâle ; dans le Faisan , le mâle est brillant et chamarré , il a le cou et le ventre verts , la poitrine rouge et jaune , au lieu que la femelle est brune , avec des taches plus foncées et noires ; dans le Coracias garrula, le mâle est d'un vert chatoyant , la femelle d'un gris brunâtre ; dans la Perdrix, le mâle porte un plastron châtain sur la poitrine et les plumes de sa queue sont d'un rouge foncé; dans VOtistetrax, il a une bande (1) Rathke, Beitrœge zur Gcschichte dcr Thierwolt , t. II, p. 206. (2) Addition de Rathke. CARACTÈRE SEXUEL JlÉDIAT. 3l5 blanche autour du cou ; dans le Tetrao rufus , ses couleurs sont plus foncées, etc. Parmi les Mammifères , les mâles des espèces surtout qui vivent à l'état sauvage , comme le Blai- reau , le Lynx , etc. , ont des couleurs plus vives. L'inverse paraît n'avoir lieu que dans le règne végétal, où l'on remarque que les plantes diclines ont leurs fleurs femelles teintes de couleurs plus foncées et plus variées (1) , peut-être en raison de la tendance à la monogénie. § i83. Le développement des différentes formations et ex- croissances qui se rattachent à la peau , suit pas à pas celui de l'organe cutané lui-même, I. Telles sont d'abord les crêtes , ou les appendices cutanés susceptibles d'entrer en turgescence , et dont la plupart se rat- tachent aux organes de la respiration. i" Les crêtes sont plus fortes chez le mâle que chez la femelle. Celle du Coq domestique est droite et grande, celle de la Poule , pendante et petite , celle du Chapon , maigre et peu développée. Le Dindon a une grande crête , qui se gonfle lorsque l'animal éprouve quelque passion. Les Pigeons mâles se rengorgent plus que les femelles. Dans la Perdrix , le Tetrao lagopus ^ le Coracias garrula ^ ^etc, le mâle a autour des yeux une peau plus développée, verruqueuse et d'un rouge foncé. 2° Les mâles seuls ont , dans le Faisan , des lambeaux de peau rouge autour des yeux , dans le Vultar gnjphus et le Casoar , une crête sur la tête , dans le Gallus furcatus , une crête sur le bec , dans le Tringa pugnax , un tissu spongieux et verruqueux sur les côtés de la face , etc. Parmi les Mam- mifêres , le mâle du Phoca cristata porte sur le nez une crête qui pend sur le côté de la bouche. IL Les poils et les plumes sont plus développés chez les mâles. 3° La huppe qui garnit le sommet de la tête dans les Mer- gns mer ganser et alhellus , Upupa epops , ' Podiceps cristatus , Anas rufina et fidigula , Corvus glanclarius , Colymhiis cris- tatus , Platalea leucorodia , et plusieurs espèces di'Ardea , (1) Henschel. Fonder SoxuaUtœt dcr F/lanzcn , p. 353. 3l6 CARACTÈRE SEXUEL MEDIAT. est plus grande chez les mâles que chez les femelles. Dans le mâle de YAmpelis garrulus , les rémiges postérieures se terminent par un prolongement en forme de palette , qui ressemble à du parchemin, et dans celui du Gaîlus Sonnerati, les moyennes et petites tectrices des ailes sont terminées par une palette cartilagineuse. Le mâle du Coracias garrula a les rectrices extérieures plus longues et noires à l'extrémité ; les moyennes sont arquées dans XAnas anser , longues et droites dans les Anas aciita et glacialis , d'une longueur con- sidérable dans le Phasianus argus. Parmi les Mammifères , le Bouc a une barbe plus longue et plus forte que celle de la Chèvre. Les femelles des Mammifères , par exemple , les Brebis, les Chèvres, etc., ont en général le poil plus fin et plus soyeux. De même les cheveux de la femme sont plus fins : ils sont plus grossiers et plus cassans chez la virago. 4'' Il n est pas moins commun de rencontrer des poils et des plumes appartenant d'une manière spéciale aux mâles des animaux. Le Dindon et le Paon portent à la queue des plumes particulières , éclatantes , variées en couleur et susceptibles de se redresser , de se déployer en manière d'éventail. Le Coq domestique en a également de longues sur les côtés de la queue. Il en est de même chez les mâles de l'oiseau de Para- dis et du petit Tétras, où elles sont placées en forme d'arcs et donnent à la queue l'apparence d'un lis. Le mâle de VAnas galericidata a les plumes de ses ailes redressées. Dans celui du Colyvihus cristatus , un bouquet de plumes descend de la joue et de la gorge. Celui de VOtis houbara a une cravate de plumes chamarrées. Un bouquet de poils raides se voit à la face antérieure du cou chez le Dindon , et l'Ou- tarde mâle a une bandelette de plumes plus grêles que les autres, qui s'étendent en manière de barbe depuis le bee jusqu'au dessous des yeux. On trouve une crinière dans le mâle du Phoca jtihata ; cette crinière s'étend depuis le milieu du cou jusqu'aux épaules dans l'Élan mâle ; elle couvre la lête et la nuque chez le Lion. Dans le Bouquetin , il n'y a que le mâle qui ait une barbe. La femme n'a de poils que sur la tête, sous les aisselles et au pubis ; chez l'homma, ils s'étendent des tempes au menton , des aisselles à la poitrine , de la région CARACTÈRE SEXUEL MÉDIAT. 5l7 pubienne à l'ombilic et au périnée. La barbe se rattache à la faculté génitale chez l'homme ; elle commence à paraître vers l'âge de la puberté , se développe en raison directe de l'énergie des facultés procréatrices, manque chez les hommes efféminés et les gynandres , se réduit presque à rien ou même ne se manifeste pas chez les eunuques , et croît au contraire chez la virago. C'est pourquoi , dans tous les temps, elle a fait l'orgueil de l'homme , et on l'a traitée comme une chose fort importante , honorable, sacrée. Moïse avait défendu à son peuple de se raser; couper la barbe à quelqu'un était , chez les Indiens , la punition de crimes graves, et chez les peuples de la Germanie , un irréparable affront. Le Romain sacrifiait ordinairement sa première barbe à Jupiter Capitolin, et l'Os- manli jure par sa barbe , dont le soin l'occupe pendant une grande partie de la journée. Il a fallu l'exemple des rois en France pour déterminer les courtisans d'abord , et ensuite toute l'Europe civilisée , à quitter la barbe , et la plus pé- rilleuse de toutes les innovations du Grand-Turc fut de vou- loir assimiler ses soldats aux troupes européennes jusqu'au point de leur mettre le menton à nu. Il n'est pas rare que de la barbe pousse aux femmes dont les règles se sont suppri- mées , ou qui ont atteint l'âge du retour (1). Au reste les poils sont , en général , dans le sexe féminin , plus rares , plus fins , plus mous , plus flexibles et plus lisses (2). III. Les formations cornées méritent aussi qu'on les étudie. 5° La femme a des ongles plus délicats et plus translucides. 6° Dans les espèces du Coq domestique , de la Perdrix, du Paon , etc., le mâle porte des éperons aux pattes, où les fe- melles n'ont que de simples tubercules. Bechstein a vu un éperon mousse dans le cas de conformation hermaphrodite. L'Ornithorhynque mâle a ordmairemcnt des éperons. 7" Lorsque les deux sexes sont pourvus de saillies cornées et osseuses, celles des femelles sont ou plus courtes, plus petites et en partie moins courbées , par exemple , dans le Rhinocéros, le Renne, le Bouquetin , le Chamois et la plupart (']) Eblc,/)te Lclire von dcn Haarcii in der oiE ÏA SÉXtAtlTÉ. idéale, cherche à se débarrasser de la nécessité et de Tim^ perfection dont le sexe auquel il appartient lui imprime le cachet, pour réunir en soi ce qu'il y a d'excellent dans les deux sexes, ce qui est contenu dans l'idée de l'humanité. Il résulte de là que Tangatonisme se trouve supprimé dans la nature pu- rement humaine , et l'unité primordiale rétablie , non pas comme produit de la nature , mais en conscience , et par l'effet d'un choix libre. La marche de toute perfection dans la nature consiste en ce que l'existence , qui a commencé par l'indifférence , le repos et l'équilibre , s'élève à l'activité par l'antagonisme, puis lie ce qui est en apparence séparé, de manière à reproduire l'unité primordiale , et remonte ainsi à sa source. La monogamie et l'hermaphrodisme sont un état d'in- différence et de prédominance du repos ; ils ont pour repré- sentant la plante , c'est-à-dire que ce degré de l'existence prédomine dans la nature végétale et la caractérise. L'anta- gonisme des sexes est la séparation , la pluralité , l'éveil d'une tendance vers quelque chose de plus relevé ; elle a pour re- présentant l'animal. La réunion idéale, par conscience et hbre arbitre, est la représentation de l'infini par l'homme. Aussitôt que , par l'effet de sa conscience de soi-même , la femme donne en elle l'éveil à l'antagonisme, elle s'élève de la nature végétale à la nature purement humaine ; et , en ramenant, par son libre arbitre, l'antagonisme dans lequel il vit à l'unité d'une existence supérieure , l'homme sort de la sphère animale pour entrer dans la sphère à proprement parler humaine. Plus la limite finie est mar- quée , et plus aussi la disposition est grande à s'efforcer d'at- teindre l'infini; plus l'homme est homme et plus la femme est femme , plus tôt aussi on voit paraître l'humanité sans sexe. Le plus bas degré est celui de la nécessité , de la contrainte, oîi l'impulsion aveugle de la nature agit comme principe déterminant; plante et femme. Puis vient le libre arbitre, l'hésitation et le choix; animal et homme. Enfin paraît la liberté , la pure détermination par soi-même , qui est le carac- tère propre de l'humanité , et à laquelle on amve en s'élevant au dessus des bornes ou des limites du sexe. Ces rapports s'annoncent aussi dans la Iwme extérieure. BUT DE lA SEXUALITÉ. SqS Nulle part , dit Humboldt , la réalité n'offre à l'imagination la forme d'un être pur, élevé au dessus de toutes les particularités qui signalent le sexe , et il est même diflicile de s'en faire seu- lement une idée. Cependant on ne peut nier qu'il ne perce parfois, même dans la réalité, quelques traits é()ars d'une forme qui, comme forme pure de l'humanité, tient le milieu entre celle de l'homme et celle de la femme , et que personne ne méconnaît , parce que chacun en porte une image vague dans son âme. De temps en temps on rencontre quelque chose de sur-féminin , s'il est permis d'employer cette expression , que personne cependant ne serait tenté de dire étranger à la femme ou masculin , et de même aussi on trouve parfois , chez les hommes , des traits qu'on ne peut mettre sur le compte du sexe. Telle est, par exemple, une certaine grandeur calme qui ne naît point de la nature , mais de la force de la volonté , et qui, dans une forme féminine, ne paraîtra point étrangère à la femme , mais que , dans une forme d'homme , on appellera plutôt humaine que masculine (1). La forme d'un sexe n'est belle, à proprement parler, qu'autant que l'autre se trouve vis- à-vis d'elle , et que chacune représente un accord qui ne cesse complètement de résonner que dans l'autre. Dans chacune d'elles, l'expression générale se trouve à côté de l'expression particulière du sexe (2). L'accord des deux sexes dans la ma- nière de penser et de vouloir ne peut point être une coïncidence parfaite , mais seulement un avoisinement à cette coïncidence, car la limitation est la condition de la réalité. La force et la douceur, la puissance de la volonté et la délicatesse du sen- timent, le besoin impérieux d'agir et le tranquille esprit d'é- conomie , le goût des choses générales et l'amour des choses particulières , ne peuvent se trouver tellement en équilibre , chez aucun homme, que l'un ou l'autre n'emporte la balance de son côté. Mercure et Vénus se tenant par la main sont une image gracieuse du genre humain ; confondus en un Herma- phrodite , ils forment un être intermédiaire qui , parce qu'il lui manque les traits particuliers du sexe , ne représente non (1) Loc. cit., cali. m, p. 101. (2) Loc, cit., cah. IV, p. 16. 396 BUT DE LA SEXUALITÉ. plus le caractère général 'de l'humanité que d'une manière incomplète. Car , tendant à ce qu'il y a de plus élevé et de plus général , l'homme doit le faire suivant la direction qui lui est prescrite parla nature, et s'accommoder des bornes de la spécialité. Les mythes nombreux de divinités hermaphro- dites , imaginés par les anciens , étaient donc une remarquable aberration d'esprit , car on ne peut pas supposer, comme le pense Heinrich (1) , que le hasard seul ait fait qu'il existât des bustes doubles où la tête de Mercure se trouvait unie à celle de divers autres dieux, de Minerve, d'Hercule, etc., et il faut que cette conception soit née de l'idée que les sexes tirent leur origine d'un seul , qu'on personnifiait par l'effet d'une tendance générale à tout matérialiser. C'est du moins ainsi que Ricklefs (2) explique le mythe phrygien d'Agdiste , androgyne , engendré par Jupiter , et dans lequel il voit l'ex- pression de la force procréatrice primordiale de la nature ; les dieux lui enlevèrent les organes mâles , et de là naquirent les sexes; ces organes devinrent un arbre , qui engendra le soleil avec la nymphe du fleuve céleste , et l' Agdiste femelle , comme terre mère , aspire depuis lors à produire avec le soleil mâle. De même , la divinité de la lune , chez les Egyptiens, Harpo- crate , Astarté , les Cabires (3) , et Aphrodite ou Hermaphro- dite , étaient à la fois mâles et femelles. Les artistes se plai- saient à créer , par la fusion des formes de l'homme et de la femme , des figures qui étaient plus propres à aiguillonner la sensualité qu'à réaliser l'idée de la beauté , de même que le voluptueux Grec, après avoir considéré un hermaphrodite humain comme une apparition du dieu Aphrodite, ne vit plus ensuite en lui qu'un objet de désirs effrénés, (1) Comment, qua hermaphroditorum artis antiquœ operihus illustrium origines et causœ esplicantur, p. 15. (2) AlUjemeine JEncyclopœdie , t. II, p. 185. (3) Heinrich , loc. cit. , p. 19. P.É&UMÉ. 097 Section troisième. RÉSUMÉ DES CONSIDÉRATIONS SUR L'ÊTRE QUI PROCRÉE. § 222. Nous avons constaté que l'être qui procrée revêt des formes diverses. En cherchant à classer ces formes pour les passer en revue , nous sommes arrivés de tous côtés à un antagonisme, c'est-à-dire à deux propositions se contredisant et excluant toute troisième. Nous avons vu toute la possibilité imaginable épuisée dans chaque proposition et dans son con- traire , et nous avons reconnu qu'il nous eût été possible d'é- tablir les propositions sans le secours même de l'expérience : un être organique est engendré , ou par un être dont la nature diffère de la sienne ( § 7 ) , ou par un être de même nature que lui ( § 19 ) ; dans ce dernier cas , il l'est par un seul indi- vidu ( § 20 ) ou par plusieurs ( § 46 ) ; s'il l'est par plusieurs , c'est en vertu , ou d'une formation qui tient au reste du corps par des liens organiques ( § 21 ) , ou par sécrétion et dépôt ( § 35 ) , etc. A aucune couple de ces propositions contradic- toires , nous n'avons pu supposer la possibilité d'en associer une troisième. Mais aussi ce dont nous avons pu admettre la possibilité , l'objection nous l'a montré jouissant d'une exis- tence réelle , et jamais nous n'avons vu une proposition réa- lisée , sans trouver également la réalisation de son contraire. La réalité nous apparaît donc ici comme un épuisement de la possibilité; en d'autres termes, la nature est la réalisation de tout ce qu'on peut concevoir; notre imagination et la va- riété de l'existence réelle se correspondent l'une l'autre ; il semble que la nature ait eu comme nous de l'imagination , et qu'elle ait créé , dans une réalité extérieure , d'après des lois rationnelles , ce que nous formons dans le cercle de nos idées. Mais notre imagination ne pouvait pas établir d'elle-même ces antagonismes ; il fallait qu'auparavant elle-même en eût reçu la matière de l'expérience. Quand nous nous figurions la possi- bilité qu'un être vivant naquît d'un être de même nature que lui ou d'une nature différente , cet acte de notre part sup- posait déjà que nous avions porté nos regards sur la diversité 0^0 RESUME. des corps, que nous devions à l'expérience la notion de ce qui ne vit pas , de ce qui vit , et de ce qui possède la vie de telle ou telle manière. Sans un pareil point de repos , notre imagination n'aurait point créé une image de ce qui est véri- tablement possible, mais un fantôme, une chimère. Nous avons trouvé ces formes différentes a posteriori, puis nous les avons connues a priori, et nous n'avons pas la préten- tion de croire avoir épuisé complètement la possibilité et la réalité ; peut-être l'expérience fera-t-elle découvrir un jour de nouveaux antagonismes, dont l'intelligence reconnaîtra dès- lors la nécessité. § 223. Mais il y a unité dans cette pluralité. Cette diver- sité des formes peut être ramenée à un principe, qui est celui de la singularité progressive et de l'individualité crois- sante. 1° Dans l'hétérogénie ( § 7 ) , le rapport est vague et in- certain ; un même être peut être engendré tantôt par tel corps et tantôt par tel autre , comme on voit naître les Infu- soires les plus simples , qu'on fasse infuser du foin , ou des fleurs , ou de la viande ; un même corps peut également en- gendrer tantôt tel être et tantôt tel autre , l'intestin de l'homme , par exemple , des Cercaires , ou des Ascarides lombricoides , ou des Tœnia. La propagation , au contraire , a pour condition l'existence de corps particuliers , d'individus de la même espèce (§ 19). A un degré inférieur, elle est opérée par chaque individu , sans distinction ( § 20 ) , d'abord par l'effet d'une scission de la masse homogène, qu'amène l'accroissement de cette même masse (§ 22) ; puis par formation d'appendices particuliers, qui se développent en autant d'in- dividus ( § 26 ) , et qui sont ou simples et homogènes ( § 27 ) , ou composés et hétérogènes ( § 30 ) ; ensuite l'antagonisme entre l'être qui procrée et l'être procréé, dont on n'aper- cevait jusqu'alors qu'un faible indice, se prononce davantage, par une séparation qui a lieu dès le principe , par un dépôt ou une sécrétion de la substance devant servir à la produc- tion d'un nouvel individu ( § 35 ); après n'avoir été qu'une masse homogène (§ 36), formée d'abord au premier endroit venu ( § 37 ) , puis dans des organes particuliers ( § 40 ) , RÉSUMÉ. 3g9 cette substance devient un appareil compliqué , l'œuf ( § 43 ), qui non seulement fait antagonisme à Tovaire , opposé lui- même au reste de Torganisme individuel , mais encore ren- ferme en lui-même l'antagonisme d'enveloppe et de contenu de germe et d'embryolrophe. Un degré plus élevé nous pré- sente la digénie , dans laquelle , aux antagonismes précé- dons, se joint encore celui de l'ovaire et du testicule (§ 150), et où enfin ce n'est plus un antagonisme d'organes , mais un antagonisme d'individus ( § 156 ) , qui produit la génération. De même , l'individualisation suit toujours une marche pro- gressive dans la formation des organes génitaux sexuels, puisque ce qui était d'abord simple en soi et semblable à tout le reste , se résout de plus en plus en antagonismes , et ne cesse pas d'aller en se particularisant ( § 85 , 90 , 2°, 106 , 121 , 136 ) , jusqu'à ce qu'enfin le rapport des sexes s'em- pare entièrement de l'essence des individus ( § 176 ), pé- nètre l'âme , et , débordant de toutes parts , se montre dans toute la plénitude de l'individualisation. Ainsi nous avons une série , où ce qui était d'abord homogène se divise en anneaux , et où les anneaux se multiplient de manière à pro- duire une chaîne toujours de plus en plus longue , dans la- quelle apparaissent coniinuellement de nouveaux antago- nismes , qui ne cessent jamais de devenir plus marqués et de jeter des racines de plus en plus profondes dans l'essence des individus procréateurs. 2° Comme la différence des formes est ramenée par ce principe à une différence de quantité , de même aussi elle nous apparaît sous la forme d'une série non interrompue de développemens , attendu que la particularisation va toujours en croissant, et que partout deux formes qui se touchent passent de l'une à l'autre par une gradation insensible. Ainsi, à l'hétérogénie ( § 7 ) se rattache la fissiparité ( § 22 ) , à celle-ci la gemmiparité ( § 27 ) , à cette dernière la forma- tion des spores (§ 36) , etc. , et, par rapport aux cas particu- liers , il est difficile de dire quelle est , à proprement parler, la forme qu'on a sous les yeux ; la génération par scission ressemble souvent à celle par gemmes; la spore ressemblç 40Ô RÉSUMÉ. d'abord à une gemme , le bourgeon à une spore , et l'œuf à un bourgeon. 3° Les différences paraissant comme autant de degrés d'une série , selon que le principe dont nous venons de parler s'y trouve plus ou moins suivi , nous reconnaissons aussi que, pa- rallèlement à cette série établie dans notre esprit, marche une série correspondante dans l'organisation et la vitalité des êtres vivans procréés sous ces diverses formes , et que par conséquent ce qui entre dans l'idée d'une fonction se trouve aussi exprimé ou réalisé dans l'ensemble de l'organisation. Les êtres organiques du plus bas degré paraissent ne naître que par hétérogénie. Ainsi , Nitzsch a trouvé , parmi les Ger- caires, tous les individus d'une génération de même gran- deur, sans accroissement et sans aucune espèce de propagation ; ainsi , Gruithuisen (1) assure que quelques autres Infusoires ont exactement , dès le principe , la taille et la forme qu'ils doivent toujours conserver. La monogénie est la forme ordinaire chez les plantes acotylédones ; elle a lieu sans organes parti- culiers pour la génération , dans les Conferves , les Ulves , les Fucus et les Champignons , ou par le moyen d'organes géni- taux, dans les Mousses, les Lichens et les Fougères. La digénie est la forme dominante parmi les plantes monocotylédones , mais la monogénie s'y rencontre encore quelquefois. Cette dernière est plus rare encore dans les plantes dicotylédones. La monogénie règne , sans organes génitaux , chez les Infu- soires, les Polypes, les Rotateurs , les Acalèphes, avec des organes génitaux , chez les Echinodermes ; elle se maintient à côté de la digénie , chez les Vers , les Entozoaires , les Mollusques ; on ne la rencontre qu'exceptionnellement chez les Lisectes , les Arachnides , les Reptiles , et elle cède tout- à-fait le pas à la digénie chez les animaux vertébrés supé- rieurs. § 224. Mais nous n'apercevons pas une parfaite uniformité de développement dans la série des êtres organisés; nous voyons , au contraire , que quoiqu'en général la forme de la (1) Bcitrœge ziir^Physiognosic , p. 303. BÉSUMÉ. 40l génération et l'ensemble de l'organisation se correspondent l'un l'autre dans la manière dont ils se développent pro- gressivement , cependant des formes différentes de généra- tion coïncident avec un même degré d'organisation. Chaque classe de plantes et d'animaux renferme en elle plusieurs modes de propagation , les uns supérieurs et les autres infé- rieurs, bien qu'elle en ait qui prédominent et qui correspondent plus particulièrement à sa nature. Parmi les Mollusques, les Acéphales sont monogènes, les Gastéropodes, en partie her- maphrodites, et en partie aussi, comme les Céphalopodes pourvus de sexes distincts. La même diversité règne dans la classe des Annélides , dont quelques uns , par exemple , les Sabelles, n'ont même point encore d'organes génitaux. On dirait qu'à chaque échelon de la vie la nature baisse la tête pour jeter un dernier coup d'œil à ce qu'elle laisse au dessous , et la lève pour apercevoir ce qui se trouve au dessus. Cette dernière particularité se manifeste surtout d'une manière bien sensible dans l'apparition des paraphyses (§ 68, 2°). Il ar- rive souvent aussi qu'une même espèce se propage de diffé- rentes manières; les Infusoires provenant de génération spontanée maintiennent leur espèce par scission , plus rare- ment par des gemmes et des spores; les Polypes se propagent principalement par gemmes , mais aussi par scission et par spores ; les Pucerons , tantôt par des spores et tantôt par des œufs ; les Insectes , par digénie et quelquefois aussi par mo- nogénie ; beaucoup de plantes , tantôt par des œufs , tantôt par des propagules tuberculeux ou bulbeux, etc. On reconnaît, ou du moins on suppose avec beaucoup de vraisemblance , qu'à ces alternatives correspondent des degrés plus ou moins élevés de la vie. Parmi les diverses formes que nous rencon- trons dans une même espèce , nous appelons normale celle qui se présente si souvent en elle , que nous pouvons la re- garder comme la règle , et les autres , au contraire , comme des exceptions. Quelque incertaine et peu scientifique que soit celte évaluation , fondée uniquement sur le nombre des cas , cependant elle est la seule en laquelle nous puissions avoir confiance. Plus l'organisation est imparfaite, plus le nombre des for- I. 26 402 RÉSUMÉ. mes de procréation est considérable. Chez l'être parvenu au dernier terme de la perfection , la génération se trouve ré- duite à une seule forme déterminée. Cet être peut rétrogra- der vers un échelon inférieur; un individu humain, par exemple , peut être sans sexe (1) , ou hermaphrodite ( § 155 ), mais alors aussi il n'y a plus de génération. Plus les particu- larités relatives à la génération s'écartent du degré normal de formation, plus l'existence de l'individu est incomplète et compromise ; ainsi , l'absence de sexe n'a point encore été observée avec certitude sur l'homme adulte (2). § 225. Si les différentes formes de l'être qui procrée re- posent sur le développement d'un seul et même principe (§ 223 , 1°) , représentent une progression continue ( § 223, 2°), et peuvent avoir heu simultanément dans une même espèce ( § 224 ) , elles ne sauraient être ce qu'il y a d'essentiel dans la génération. L'être proprement dit qui procrée doit être au-delà de ces formes , comme force identique, qui se montre active tantôt par tel moyen et tantôt par tel autre , comme être unique, qui seulement se manifeste de plusieurs ma- nières différentes. La forme, ou le mode de manifestation, est l'enveloppe extérieure dont l'être se revêt. C'est aux deux extrémités que nous reconnaissons de la manière la plus évi- dente l'être qui procrée; à l'extrémité inférieure, parce que la forme y est plus simple , plus imparfaite , et l'enveloppe par conséquent plus transparente ; à l'extrémité supérieure , parce que l'être y devient plus fort , et que ce qui n'exis- tait qu'en puissance à l'autre extrémité , est parvenu ici au plus haut point de perfection. Nous allons donc examiner principalement la génération spontanée ( § 226-229 ) et les formes supérieures de la génération qui exige le concours des sexes ( § 230 , 231 ). § 226. La génération spontanée doit révéler de la manière la plus claire l'essence'de la procréation, parce qu'elle est la formé primitive générale. L'existence d'êtres organisés sup- (4) Voigtel , Hundhucli der pathologischen Anatomie , t. III , p. 364. — Meckel, Handhuch der patholoijischen Anatomie , t. I , p. 656. (2) Berichte von der anaiomiscJipn Anstalt su Kcemyshery , p. 28. RÉSUMÉ. 4o3 pose celle de la terre , de l'eau et de l'air. Mais Texistence de ces élémens inorganiques n'est pas liée à celle d'êtres or- ganisés ; ils peuvent subsister indépendamment d'eux ; par conséquent, ils doivent les avoir précédés, assertion à l'ap- pui de laquelle vient Tanaîogie, puisque nous rencontrons partout dans la nature le simple avant le composé, et que les corps organisés sont composés de ces formes élémentaires de la matière. En faisant l'histoire du monde organique , nous chercherons à développer par des faits la modalité de celle génération primordiale : ici nous ne l'envisagerons que sous le point de vue qui se rapporte à notre sujet présent. Le seul moyen de concevoir comment notre planète a pu se peupler d'êtres vivans , est d'admettre que les corps orga- nisés se sont développés des corps inorganiques , phénomène qui se passe encore aujourd'hui sous nos yeux dans l'hétérogé- nie. Or on peut admettre deux cas extrêmes, ou qu'il ne s'est formé qu'une seule espèce d'êtres organisés , dont les circon- stances ont tellement modifié l'organisation , qu'elle a fini par produire toutes les espèces actuellement vivantes (*) ; ou que toutes les espèces qui vivent de nos jours se sont produites en même temps de la matière inorganique. Mais l'un et l'autre cas sont également improbables , et la vérité semble se trou- ver entre eux. En effet, l'hétérogénie nous apprend que d'une espèce d'Infusoires ne se développent point toutes les autres ; que toutes les espèces ne naissent point non plus simultané- ment , mais que , de temps à autre , des espèces affines pro- viennent de celles qui subsistent déjà , ou paraissent à la même époque qu'elle. Nous devons donc présumer que toutes les espèces d'organismes entre lesquelles on aperçoit des dif- férences essentielles , sont provenues de la matière inorga- nique à des époques diverses , et qu'elles sont arrivées peu à peu à l'état dans lequel nous les voyons. L'objection que la génération spontanée ne donne plus naissance au- (*) Consultez surtout , au sujet de cette hypothèse , Lamarck ( Philoso- phie zoologique; Paris 1S30 , 2 vol. in-S") , et par rapport à rinfluence des circonstances sur les êtres organisés , Marquis (Fragniens de philo- sophie botanique ; Paris 1821 , in-8' ) , et Raspail ( Nouveau système de physiologie végétale , Paris 1837 , t. II , p. 249 ). 4o4 RÉSUMÉ. jourd'hui à des êtres organisés parfaits , n'a aucune valeur, car bien des choses n'arrivent plus maintenant qui ont dû avoir lieu jadis ; les eaux ne déposent plus de masses granitiques , et il ne se forme plus de roches primitives. Nous voyons ce que la force naturelle de la terre peut accomplir de nos jours; ce qu'elle a pu faire jadis, nous n'en jugeons que d'après les effets et par les résultats. Mais tout annonce qu'à l'instar des corps organisés, la terre a possédé des forces différentes aux diverses époques de son existence, qu'elle a dépassé maintenant l'âge de la jeunesse, où la vie débordait, pour ainsi dire , en elle de toutes parts, et où sa force plastique s'épanchait en une infinie diversité de produits; qu'aujourd'hui enfin à peine pro- duit-elle encore quelque chose de nouveau , mais se borne à conserver ce qui a été produit , et que par conséquent elle a perdu en grande partie sa faculté procréatrice. Supposons qu'un être intelligent , qui n'aurait aucune notion du caractère pro- gressif de la vie , ni aucune idée de la génération , aperçût pour la première fois un couple à cheveux blancs avec des enfans adultes , il lui semblerait impossible que ces hommes eussent fait partie autrefois des vieillards, et qu'ils eussent été formés par eux. Il en est ainsi de notre planète; nous et nos pères , depuis des milliers d'années , nous la voyons dans son âge de vieillesse , et de ce qu'elle n'a plus la faculté d'engendrer des hommes , nous ne devons pas conclure qu'elle ne l'a jamais possédée. Mais si l'on trouvait répugnant d'admettre que l'homme , avec son organisation parfaite , fût né de cette ma- nière , nous répondrions : 1° Le Champignon , qu'aujourd'hui nous voyons croître sur la terre par l'effet d'une génération spontanée (*), est aussi un organisme compliqué , qui renferme en lui-même une multitude de parties concourant au même but , et qui re- présente un ensemble de formes délicates. L'Infusoire , qui naît sovis nos yeux sans parens , est doué d'une vie intérieure, du sentiment et de la volonté. Si , de nos jours et dans un âge si avancé, la terre donne encore des produits si surprenans, D rarent-DucliAlclet, //y;7v;ry)(.' imMiquo , Taris 4S3G , in-8^ t. I, p. 228. RÉSUMÉ. 4o5 pourquoi n'aurait-elle pas pu former aussi un organisme hu- main quand elle était dans toute la force de la jeunesse? 2° H est plus que probable que les premiers hommes n'é- taient point encore ce que l'homme est aujourd'hui , car l'hu- manité ne se développe que peu à peu , et une prédisposition originaire quelconque ne se réalise complètement que dans le cours des siècles. § 227. La possibilité que tous les êtres organisés aient été produits par la matière inorganique, et que cette procréation primitive et générale , tout en se conservant en partie , ait fait place à d'autres formes °de génération , est prouvée par l'analogie d'autres phénomènes de la vie. Si effectivement il nous est permis, en tant que notre planète parcourt différentes périodes dans sa formation et produit des êtres organisés , de la comparer à un organisme , nous aurons lieu de présumer que les phénomènes qui s'observent chez un corps organisé peuvent aussi avoir lieu en elle. i° Nous voyons qu'un être organisé forme des parties de son corps qui , après s'être développées , périssent , et qu'a- lors cet être en reproduit de semblables en remplacement de celles qui sont tombées. L'Insecte rejette sa peau , le Crus- tacé son test, l'Oiseau ses plumes, le Mammifère ses poils , l'homme son épiderme , et chez tous ces parties se reprodui- sent. C'est là une véritable régénération indépendante de la formation qui existait antérieurement. Nous voyons éga- lement des maladies, par exemple des spasmes, des fièvres intermittentes, etc., se développer, disparaître, et se mon- trer de nouveau lorsque les [mêmes circonstances viennent à se réunir. Comme ces maladies et ces parties ne sont, comparées à d'autres, que des produits périssables, dé- pourvus d'indépendance et d'individualisation , de même la planète a pu produire des organismes qui ne se sont point élevés jusqu'à l'indépendance de l'espèce , mais qui ont péri tels qu'ils étaient nés , sans avoir rien fait pour propa- ger leur espèce. Ce sont des membres passagers de l'organi- nisme terrestre , qui ne conservent leur existence propre que pendant quelque temps , et ne peuvent point se propager ; mais fespèce se réveille toujours, parce que sa formalion n'a 4o6 RÉSUMÉ. rien de déterminé , et que les conditions de sa production existent partout sur la planète. 2° Les organes centraux du corps animal , le cœur, les poumons, etc., sont Topposé de ces formations périssables, qui sans cesse se reproduisent. Ils sont le point le plus élevé et le plus individualisé qu'il soit donné à la force plastique or- ganique d'atteindre ; aussi ne peuvent-ils être produils qu'une seule fois , et quand ils ont été détruits , ils ne se reproduisent point. L'organisme entretient leur existence vivante par voie de nutrition , c'est-à dire par un renouvellement de substance qui s'accompagne toujours du maintien de la forme, mais non par voie de régénération. De même, certaines maladies, la variole , par exemple , se sont formées par un concours tout particulier de circonstances déterminées , et ne se con- servent qu'en passant d'un individu à un autre , ou en se pro- pageant ; mais s'il était possible que tout à coup elles dispa- russent de la surface entière de la terre, elles seraient éteintes à jamais. Cependant, de ce que le cœur ne se repro- duit plus du sang chez l'homme une fois né , et de ce que la variole ne s'engendre plus de nouveau aujourd'hui, nul homme sensé ne conclura qu'ils n'ont pas pu naître à une époque an- térieure. De même aussi la planète a pu , dans le moment où elle était arrivée au plus haut période de sa force plastique, et dans des circonstances qui ne reparaîtront point , produire les êtres organisés les plus parfaits , qui se maintiennent par pro- pagation, comme le cœur par nutrition et la variole par con- tagion. Ces êtres organisés parfaits ne se produisent donc plus de nouveau aujourd'hui, et si tous les individus d'une espèce venaient à être anéantis , l'espèce entière serait perdue à tout jamais pour la planète, cas dans lequel se trouvent effective- ment la plupart des animaux dont nous trouvons les débris à l'état fossile. 3° Enfin il y a des parties organiques qui tiennent le mi- lieu entre les formations générales , inférieures, transitoires (1°) , et les organes particuliers, centraux, persistans (2°), de telle sorte qu'elles persistent bien , en général , comme ces derniers , mais que , quand elles ont été détruites , elles peu- vent se reproduire comme les premières. L'os , par exemple , RÉSUMÉ. 407 est continuellement entretenu par la nutrition ; mais, lorsqu'il a été frappé de mort , un autre os semblable peut se produire à sa place, si les circonstances sont favorables. La même chose a lieu pour certaines maladies ; ainsi le typhus conta- gieux se propage par infection ; mais quand il est éteint de- puis long-temps , il peut être reproduit de nouveau par un concours de circonstances déterminées. Il est donc également possible que la génération spontanée donne quelquefois nais- sance , sur notre planète , à des êtres organisés qui d'ordi- naire ne doivent leur existence qu'à la propagation. § 228. 1° Ce qui agit , à proprement parler , dans l'héléro- génie, n'est point un être organique déterminé , car l'efiét se manifeste avantqu il existe des êtres organisés :1a source doit donc être placée plus haut , dans une force créatrice organi- que antérieure à ses produits, les êtres organisés. 2° Cependant il ne peut point y avoir de différence essen- tielle entre le commencement de la vie et sa continuation ; la génération ne peut donc s'effectuer que par la vie. Mais, dans la génération spontanée , il se forme, de substances hétéro- gènes , un être vivant qui n'est point une combinaison de ces substances et de leurs qualités, qui déploie des qualités diffé- rentes, qui possède en lui-même une source d'activité, qui change sans cesse , tout en continuant de rester semblable à lui-même , et qui a une durée d'existence déterminée par sa nature. Nul être ne peut rien engendrer d'hétérogène ; la pierre ne produit point de pensées , et la pensée ne produit pas de pierres. Or, rien ne naissant de son contraire , ce qui possède la vie ne peut non plus provenir de ce qui en est ab- solument dépourvu. Nous voyons que la vie appartient, non à telle ou telle des parties organiques , mais à leur ensemble , en tant qu'elles forment un tout par leur réunion ; nous de- vons donc présumer aussi que les parties de la planète ne pa- raissent privées de vie et inorganiques qu'à l'état de sépara- tion et d'isolement, qu'au contraire l'univers est un tout or- ganique et vivant. Et de même que les parties d'un individu organique sont des manifestations de la force inhérente à l'ensemble , par laquelle la vie se phénoménalise , de même aussi les corps hétérogènes doivent être simplement les sup- 4o8 ^ RÉSUMÉ. ports ou les intermédiaires de la force procréatrice inhérente à l'univers ', les instrumens à l'aide desquels celte force se révèle. L'eau , l'air et la terre sont des conditions extérieures de la conservation des êtres organisés , ou les moyens par lesquels la force vivante peut se manifester ; mais comme le commencement de la vie ne saurait différer essentiellement de sa continuation , il faut que , dans la génération spontanée, ces élémens ne soient non plus que des moyens mis en œuvre parla force vitale qui tend à se manifester. 3° Ce qui agit dans l'hétérogénie , n'est point un ; ce n'est ni l'eau , ni l'air, ni la terre , c'est leur ensemble (§ 10 ) ; mais cet ensemble n'est point une chose concrète ; ce qu'il renferme de commun n'existe donc qu'en idée; par conséquent l'être générateur doit être idéal. 4° La génération primordiale n'exige point une substance unique et déterminée , mais seulement une spécialisation des formes. En effet , l'eau, la terre et l'air ne sont pas des sub- stances élémentaires , mais des formes élémentaires , qui dé- signent les modes possibles de manifestation de toute matière. Comme leur présence à tous trois est nécessaire pour que la génération primordiale puisse avoir lieu , celle-ci nous appa- raît comme le résultat ou le produit de l'universalité de la matière , ces corps étant eux-mêmes les représentans de l'en- semble des modes possibles de manifestation sur notre pla- nète. S'il ne s'agissait que des substances , nous pourrions produire des êtres organisés avec un seul de ces trois mem- bres , puisqu'ils sont composés de mêmes substances élémen- taires. 5" Ce qui agit dans la génération primordiale ne peut point être une force périssable : il faut que ce soit une force éter- nelle , car elle a agi dès l'origine , et elle continue toujours d'agir. 6" Ce ne peut être enfin une force particulière , et il faut que ce soit une force générale , puisque tous les êtres organiques lui doivent leur existence. §229. En reprenant toutes ces considérations, nous nous trouvons conduits à admettre les principes suivans, qui de- RESUME. 409 vront être plus amplement examinés dans le cours de nos re- cherches. 1° C'est un principe éternel (§ 228 , 5°) et idéal ( § 228, 3°), existant dans l'univers (§228, 4°), qui crée toutes les choses particulières (§228 , 6°) et les harmonise ensemble , de ma- nière que la nature , envisagée dans sa totalité , est vi- vante, mais que chaque chose particulière paraît sans vie lorsqu'on la voit isolée du tout (§ 228, 2°). 2° Déterminée par la domination de ce principe idéal , la nature tend à animer aussi les individualités , c'est-à-dire à établir en elles un ordre de choses semblable à celui qui règne dans le tout , à se répéter ou se copier elle-même dans des proportions plus exiguës. C'est donc la même force qui crée l'univers et qui produit les êtres vivans ; la force géné- ratrice est une force créatrice (§ 228, 1°). 3° Les corps qui engendrent sont seulement ce par quoi la génération s'accomplit, les organes de la génération , les sup- ports de la force génératrice (§ 228 , 2°). 4° Pour que les corps puissent devenir organes de la géné- ration, il faut qu'ils agissent ensemble dans les diflerentes formes de l'existence matérielle ; par conséquent il faut, d'un côté , qu'ils forment un antagonisme reposant sur la différence, non de l'essence , mais de la forme de manifestation ; et de l'autre , que toutes les formes soient présentes , qu'il y ait de la terre , de l'eau et de, l'air (228 , 4°) , ou , pour employer des termes plus généraux, un corps solide , un corps liquide et un corps gazeux. § 230. A l'égard de l'homogénie , 1" Les êtres vivans qui sont pro venus de génération primor- diale, se propagent; l'espèce, que la génération primordiale avait fait naître ou reproduite de nouveau , se conserve ici. La propagation est donc une répétition de la génération pri- mordiale , et comme telle elle doit, puisque ses produits sont les mêmes , dépendre de la même cause, avoir seulement des moyens différens ; les supports de la génération étaient là l'air, l'eau et la terre ; ici ce sont des organes vivans. 2'' La propagation ne fait qu'étendre plus loin ce qui a été commencé par la génération primordiale , car l'activité vitale 4lO RÉSUMÉ. qui l'accomplit est la même que celle par laquelle cette der- nière a été mise en jeu. Quand l'activité vitale de l'individu s'est développée jusqu'à son plus haut degré , elle apparaît comme force génératrice , et la plasticité qui avait formé les organes de l'individu, forme alors un nouvel individu. La force génératrice ne diifère donc pas essentiellement de la force plastique ; elle n'en est que le plus haut degré, qu'une direction particulière. WolfF la désignait comme la force es- sentielle qui construit le corps organisé sans modèle , conduit les parties nourricières de l'œuf au fruit, sans avoir besoin d'un appareil mécanique spécial (1) , dirige aussi l'humidité du sol dans la plante , l'y distribue et la dépose dans les diffé- rens organes (2). Cependant WolfF considérait la fonction d'amener la nourriture comme étant le point essentiel, tandis que la principale chose est la conversion ou l'assimilation de cette nourriture. En effet, le, fondement de la formation or- ganique n'est point une substance préexistante , mais une force qui crée la matière organique et lui impose la forme , une force plastique. Or, comme une force, quelle qu'elle soit, tend toujours à se manifester, à se phénoménaliser, on peut aussi se la représenter comme un penchant, et, en effet, Blumenbach (3) donne le nom de nisus formativus à la force qui opère la nutrition des parties solides subsistantes , la re- production des parties perdues et la génération de nouveaux individus. Lorsque la substance, auparavant grossière , est ar- rivée à la maturité et parvenue au lieu de sa destination , ce nisus entre en jeu, produit originairement la forme , la con- serve pendant toute la vie , et tend à la rétablir quand elle a reçu quelque atteinte. Cependant le nisus formativus est une qualité occulte (4) , dont nous cherchons en vain la cause , et dont nous ignorons l'origine , parce qu'il suppose toujours un être organisé qui lui ait servi de point de départ. Quelque chose d'aveugle et d'inintelligent ne peut créer des êtres dirigés vers des buts déterminés. Le pouvoir de produire (1) Thcoria yenerationis , p. 73. (2) Ihid., p. 12. (3) Ueber den Bildungstrieh , p. 31. ' (4) Ihid., p. 33. RÉSUMÉ. 4^1 un organisme n'appartient qu'à une force intelligente (1). Aussi, Stahl érigeait-il Tâme en principe général de la vie , qui con- struit, nourrit et régénère le corps. Mais il prenait ici le mot d'âme dans une acception particulière , puisqu'il ne pouvait re- fuser la force génératrice et plastique aux plantes elles- mêmes ; et quand il se servait de ce mot en lui laissant sa signification vulgaire, il avait contre lui l'expérience, qui nous apprend que l'âme individuelle, étant assujettie à la condition du temps, ne peut former un organisme pendant l'élat d'im- perfection par lequel elle débute, et n'acquiert ce pouvoir qu'après être arrivée au dernier terme de son développement. Stahl reconnaissait la puissance de l'idéal, mais il errait en cherchant la cause de la vie dans la manifestation finie de cet idéal. Il n'y a que l'absolu , l'idéal , qui puisse être la cause première et par conséquent véritable de la vie et de la généra- tion. Aussi, les occasionalistes admettaient-ils que la divinité donne la forme organique à la matière à l'occasion d'un accou- plement. Mais , dans ce système , on sépare la cause de l'effet, et l'on se figure le monde comme une horloge existante par elle-même, sur laquelle l'ouvrier n'agit que par occasion. C'est dédéifier dieu que de lui opposer le monde , d'en faire une puissance placée en face de lui , et de prétendre que son activité ne se déploie que par momens. La nature n'est rien si elle ne repose point sur des lois éternelles, et ces lois ne sont autre chose que l'expression d'un infini , que la révéla- tion de dieu. Platon peignait cette unité par une allégorie ; il supposait , entre la divinité et l'homme , des êtres intermé- diaires, des démons particuliers, de nature divine, qui en- gendrent les êtres vivans , en forment l'âme d'une partie d'eux- mêmes , et construisent le corps organique avec la matière. Sans employer ainsi un langage figuré , Harvey , Willis et autres, admettaient l'activité immédiate de l'idéal dans la vie, en désignant la force plastique et génératrice sous les noms d'anima vegetativa , idea plastica , idea setninalis. C'est un idéal qui fait la base de la vie , et ce n'est non plus qu'un idéal qui agit dans la propagation. (1) Haller, Elom. physiolog., t. VIII, p. 112 et 148. 4l2 RÉSUMÉ. , 3° Mais ridée de la vie est l'accord d'un être avec lui-même par l'activité , ou , eu égard au corps , la conservation de soi- même par un renouvellement continuel. La propagation est une conservation de la vie subsistante ; les Infusoires qui , con- formément aux circonstances momentanées , et comme œuvre de l'instant, sont nés par génération spontanée, se maintien- nent, après que cette génération a cessé, par scission ou par formation de spores. La propagation est donc un acte de la vie ; donc l'être qui engendre doit être identique avec l'être qui vit, qui se conserve lui-même. Mais la propagation est une conser- vation de l'espèce, et non de l'individu; par conséquent c'est l'espèce et non l'individu qui constitue l'être procréateur pro- prement dit, ou, pour employer d'autres termes, ce qu'il y a d'actif et de vivant dans la génération. De là vient que la vie individuelle , notamment celle du mâle , dans laquelle l'indi- vidualité est portée au plus haut degré , peut subsister sans cette fonction, que même, en passant sous l'influence de l'es- pèce, elle s'appauvrit et se raccourcit. Mais l'espèce, qui se maintient elle-même par la propagation, n'est point un être déterminé et concret ; c'est un être abstrait et idéal , la chose persistante, essentielle et procréatrice, dans la propagation. Les individus ne sont donc que de simples organes pour la réali- sation de l'idée , et nous ne pouvons leur appliquer l'épithète de génitaux, qu'autant que partout nous attribuons l'effet à l'instrument mis en action par une autre force. On n'a pas de peine non plus à concevoir qu'il n'y a qu'une chose supé- rieure à l'individualité qui procrée; car un être ne peut produire que ce qui est homogène à sa nature , et non son semblable ; ainsi , l'œil crée une image , mais non un nouvel œil ; l'àme crée des pensées , mais non une autre âme ; il faut toujours que le créateur soit supérieur à la créature, et plus puissant qu'elle. Mais l'individu , comme tel , ne saurait pro- créer, car l'individuaHté consiste dans l'isolation, dans la particularisation de la vie , au lieu que la génération est diri- gée vers un infini , et tend immédiatement à former de nou- veaux individus. Les deux idées sont donc dans un état d'an- tagonisme qui ne peut cesser qu'autant qu'une direction vers l'infini s'établit dans la vie , et franchit les bornes de findivi- RÉSUMÉ. 4^^ dualité. Nous arrivons ainsi à la confirmation de celte sen- tence d'Harvey : Qitos fœcundum facit , in omnibus idem mit consimilis nafiirœ est ; idque divinum , analogon cœlo , arti , intellectui , providentiœ (i). h° A l'égard des parties par lesquelles s'accomplit la propa- {Taiion, l'usage déjà les désigne sous le nom d'organes génitaux, indiquant par là qu'elles ne sont pas la cause, mais seulement le moyen d'exécution de la fonction. Les détails dans lesquels nous sommes entrés précédemment attestent l'exactitude de cette manière de voir ; si l'individu tout entier est impuissant pour procréer, comment une partie spéciale, créée par la force plastique de cet individu, pourrait-elle contenir en elle- même la cause de la génération? L'observation vient encore à l'appui, car la propagation peut avoir lieu sans organes génitaux ( § 21-37 ). Ces organes n'existent que chez les êtres organisés parfaits , et ils n'apparaissent que par suite d'une scission de l'organisme en parties différentes les unes des autres : ce qui , jusqu'alors, avait été exécuté par la masse générale , est accompli ici par une partie spéciale et indivi- dualisée. Si la vie consiste en un conflit de parties différentes, elle doit aussi être d'autant plus parfaite que les parties dif- fèrent davantage les unes des autres, et qu'elle renferme en elle-même un plus grand nombre d'antagonismes. C'est en ce sens que l'antagonisme des organes génitaux place l'organisme dans la sphère d'une existence plus complète et plus riche. L'antagonisme entre l'organe appartenant à l'espèce et les organes appartenant à l'individu , doit donner une tension plus considérable à la vie tout entière, et l'être qui procrée doit, ayssi bien que l'être procréé , avoir par cela même un degré ëe plus de perfection. La génération doit se perfectionner en- core davantage lorsque l'organe consacré à l'espèce se ré- sout lui-même en antagonismes secondaires , et devient un sys- tème organique; mais il faut que la force de la vie, telle qu'elle est déterminée par l'idée de l'espèce , se déploie pleine et en^ tière dans ce système. § 231. La monogénie est accomplie par l'individu; celui-ci (4) E.vercilaf, dp (jcncral . aiiiiiKtl.j p. 121. 4l4 RÉSUMÉ. se répète dans un autre individu , ou propage en lui son exis- tence , et lui communique aussi ses qualités non essen- tielles, celles par lesquelles il se distingue des autres indivi- dus de la même espèce , de même que , par exemple , la greffe et la bouture propagent la couleur des fleurs , la saveur des fruits et autres qualités non essentielles à l'espèce et pure- ment individuelles. Dans la propagation par des sexes, au contraire , le nouvel individu n'est pas une copie de ses pa- rens , il acquiert des forces et des organes qui manquent à ceux-ci, et ne réalise que l'idée de l'espèce : cette idée de- vient donc plus saillante, et l'individualité moins pronon- cée. Ici, où la séparation des organes génitaux va jusqu'à la répartition sur des individus différens , la génération s'ac- complit par le concours de deux vies. Deux êtres non sem- blables, qui n'ont de rapport ensemble qu'eu égard à l'i- dée de l'espèce, opèrent la propagation; chacun d'eux, en particulier, n'a que la possibilité de manifester sa vitalité propre, mais ne fait preuve par lui-même que d'une acti- vité stérile et purement apparente, précisément parce que la vie n'est pas dans la partie, mais dans le tout; chacun, isolé , ne porte pas le caractère complet de son sexe , qui ne se prononce en lui qu'au moment de son union avec l'autre. Ici donc l'idée de l'espèce se montre bien mieux encore la chose essentielle dans la génération ; ce n'est point un être concret qui porte la faculté procréatrice , mais un être abstrait , faisant la base de deux individus. Cette haute puis- sance de l'idée est le véritable fondement de la sexualité ; elle fait de la génération un acte purement dynamique et idéal; elle donne au produit plus de vitalité, et à respè(jp plus de liberté dans le déploiement de son caractère gêné-* rai , de sorte qu'elle peut se développer à un plus haut de- gré ; les sexes portent en eux une diversité de directions qui ne sauraient être réunies dans un même individu. Tel est le sens de la scission toujours croissante du système gé- nital en sphères subalternes de plus en plus distinctes les unes des autres, et qui concourent à une fonction com- mune plus idéale. Tel est enfin le sens de la sexuahté , qui va toujours en s' étendant de plus en plus, pénètre l'esprit RÉSUMÉ. 4*^ et le cœur, et fait que deux âmes, Tune mâle et l'autre femelle , réunissent et confondent leur activité dans Fintérêt de la procréation. § 232. La cause de toute génération , en général , est dans la force idéale infinie, qui se révèle dans l'organisme de l'univers, et qui, absolument une, répète dans la partie ce qu'elle a fait dans le tout, c'est-à-dire répand partout l'exis- tence vivante. Cette force agit d'après des lois éternelles, qui sont identiques avec elle , et dont ses œuvres sont la révélation. Ainsi , la génération primordiale est accomplie par la force générale de la nature , à laquelle ce qui n'a point vie sert d'instrument pour produire la vie , mais seulement une vie commune , une vie inférieure , germe d'une autre plus rele- vée. Quand ce germe s'est développé , la propagation a lieu par la force de l'espèce , qui agit dans les individus vivans , et qui, en s'élevant toujours de plus en plus au dessus de l'individualité, en se manifestant d'une manière toujours de plus en plus dynamique et spirituelle, procrée aussi une vie toujours de plus en plus parfaite, qui arrive enfin à pouvoir contempler l'ensemble de l'univers et sa cause éter- nelle. Mais s'il faut qu'une vie dans laquelle l'action variée et harmonieuse de l'univers se répète sur une plus petite échelle, arrive à l'existence, ce ne peut être une indivi- dualité seule qui l'y amène, puisqu'elle est incomplète; il faut que ce soit le concours des deux individualités , qui se complètent l'une l'autre , qui , dans leur conflit dynamique , représentent une chose dynamique, idéale, une image du tout, mais qui soient liées ensemble par quelque chose de commun; il y a nécessité d'un antagonisme, avec sou moyen d'union. Maintenant il a, dans l'infini, unité absoue et ab- * sence de tout antagonisme autre que celui de son existence et de sa manifestation. Le plus élevé de tous les antagonis- mes est donc celui de l'existence primordiale, intérieure, et de l'activité extérieure qui en procède, et cet antagonisme doit être partout l'intermédiaire de la génération, ou l'être en apparence procréateur. L En traitant de la sexualité (§ 204-212), dans laquelle ridée fondamentale se manifeste de la manière la plus éner- 4l6 RÉSUMÉ. gique et la plus claire, nous avons prouvé qu'au féminin ap- partient la primordialité dans cet antagonisme , que les dif- férons facteurs s'y trouvent réunis en une existence intérieure unique , qu' il a des connexions plus intimes avec le tout , qu'en conséquence c'est lui qui plus particulièrement pro- crée, ou qui prend la plus grande part à la génération. Le membre primordial ou féminin, dans la génération spon- tanée\ est l'eau ; car bien que ce ne soit pas ici le lieu de développer les motifs autorisant à regarder l'eau comme la première chose qui ait paru sur notre planète , il est clair ce- pendant 1° Que c'est particulièrement à elle qu'appartient la plasti- cité dans la nature , puisque, sous sa forme liquide, elle oc- cupe l'échelon mitoyen de la cohésion, et que, dans sa composition, elle se comporte comme un corps indifférent, puisqu'étant mobile et, variable à un haut degré , sans ce- pendant manquer de toute consistance et de toute force de résistance , elle renferme en elle la possibilité de toutes les formations diverses, puisque enfin elle se décompose par l'in- fluence de l'électricité , et produit de nouvelles formations. 2° L'eau est le premier aliment de tous les êtres organisés, et le plus général. Or, la nutrition étant une production de soi-même, ou la conservation de la vie ne faisant réellement qu'un avec l'éveil de la vie, l'eau doit être aussi la substance plastique proprement dite et générale dans la génération. 3° L'eau est ce qu'il y a de plus essentiel dans la généra- lion spontanée; car, à son égard, il s'agit non pas seulement du mode de cohésion , mais encore de la substance , puisqu'on ne peut point la remplacer par d'autres liquides , comme le mercure, l'huile, Talcool, etc., tandis qu'au contraire le corps solide et le gaz peuvent varier beaucoup (§ 11). 4° La substance génitale femelle est primordialement une eau organique, végétale (§ 64 i°) ou animale (§ 06). De même aussi , dans la monogénie , le suc végétal ou le sérum contient le principe féminin. IL Une force dirigée de dedans en dehors doit concourir à la génération avec Texistence primordiale et intérieure. Nous avons vu que, dans la génération sexuelle, le masculin paraît RÉSUMÉ. 415 en second lieu, qu'il doit son origine au développement, à la diflërence , qu'il se caractérise par la prédominance des rap- ports avec l'extérieur , par une diversité plus prononcée , par un relâchement plus grand des liens qui l'unissent au tout, et par une individualisation plus parfaite. Dans la généra- tion spontanée, c'est le corps solide (§9, I) qui tient sa place. 50 En eûet, tout ce qui est solide et secondaire a pris nais- sance d'un liquide. 6" La solidité désigne la séparation de l'existence par une délimitation particulière, l'isolation, l'individualisation. 7» Le corps solide ne prend qu'une part indirecte à l'acte procréateur, soit qu'il se dissolve dans l'eau, soit qu'un chan- ^ment de son essence détermine^ l'eau à former des Infu- soires. S" Génération et conservation de soi-même sont deux actes similaires. Or, nous voyons que les organismes inférieurs se nourrissent plus facilement , que des corps solides inorganisés et de l'eau suffisent pour les faire exister, qu'au contraire , quand il s'est développé des forces supérieures, la plasticité a moins de puissance, et qu'alors la nutrition exige une sub- stance solide qui ait été vivante , tant parce que ces sortes de substances sont plus décomposables et plus susceptibles de déployer des effets galvaniques, que parce qu'elles se rap- prochent davantage de l'être vivant, et se transforment plus facilement en masse organique. Si donc la force plastique de notre planète a été autrefois plus puissante qu'elle ne l'est au- jourd'hui , on peut penser que la génération primordiale a été mise en jeu jadis par des dépôts inorganiques produits au sein des eaux , mais qu'aujourd'hui elle a lieu , sinon exclu- sivement, du moins principalement, lorsqu'on fait infuser dans de l'eau une substance qui a joui de la vie (§ 9). Dans la monogénie , la suljstance solide du corps organisé exerce une action fécondante sur le liquide , et nous avons vu, en effet, que la formation de la liqueur destinée à la généra^ tion est favorisée par un contact intime et multiplié avec les parois vivantes. ; III.^L'airenfin,'dans la génération primordiale, est Tinter: I, 27 4i8 iîÈ'SlJMÉ. 'médiaire de l'action mutuelle de la terre et de l'eau , de même que l'accès de l'air est une condition du développement de l'électricité produite par le contact d'un corps solide let d'un corps liquide. Dans la monogénie, le lien correspondant est l'unité de la vie individuelle ; dans la génération sexuelle , c'est l'unité de Vidée de l'espèce. EXPLICATION DES PLANCHES. Pour rendre intelligibles les axiomes morphologiques , la physiologie a besoin de figures qui aient été tracées dans le sens de ces propositions. Il s'agit , non de représenter des formes d'espèces déterminées , mais des formes pures et gé- nérales , non de montrer la réalité individuelle , mais d'ex- primer l'idée dans toute sa vérité, non de copier les for- mes organiques telles qu'elles apparaissent à l'anatomiste, mais de les dessiner telles que l'abstraction nous les fait con- naître ; non de peindre les organes dans leurs connexions variées à l'infini , mais de les offrir sous un aspect qui per- mette de saisir aussitôt le principe de leur développement ; non de marquer les caractères individuels de grandeur, de position, etc., mais de faire ressortir les caractères essen- tiels de la structure. En un mot , les figures qui servent à la physiologie doivent avoir le caractère du système. Mais il est mauvais de les rendre purement géométriques, parce que la vie ne s'exprime jamais que sous des formes plus li- bres, et qu'elle adoucit la raideur de la loi géométrique par une multitude infinie de nuances. Le mieux est donc de se tenir aussi près que possible de la réalité, de choisir ceux des êtres organiques qu'on peut considérer , relativement à tel ou tel organe , comme des types d'un degré déterminé de formation , et de remplir les lacunes , quand ces types vien- nent à manquer , par des figures imaginaires. Plusieurs au- teurs de manuels de botanique ont représenté les formes pures des organes végétaux; j'ai essayé, en marcliant sur leurs traces , de donner une série de figures propres à re- présenter aux yeux les degrés de développement des organes génitaux qui sont décrits dans le premier Livre, 420 EXPLICATION DES PLANCHES. PLANCHE PREMIÈRE. Aperçu des principales formes de l'ovaire des animaux. 1" Forme ( v. § 53, 2" ). La forme vasculaire ( d'après Jules Cloquet, Anatomie des vers intestinaux ^ pi. IV, fig. 1; Ascaris lumhricoïdes). 2« Forme ( v. § 53 , 1° ). La forme utriculaire ; raccourcis- sement et ampliation du vaisseau ( d'après Treviranus , Fer- m.ischte Schriften, t. II , pi. IX , fig. 5 ; Cypris ). 3* Forme (v. § 53, 3"). La forme fasciculée ; raccourcis- sement et multiplication du vaisseau , avec rétablissement de la simplicité à l'extrémité. 4" Forme (v. § 54, 1°). Le renversement en dehors, ou la forme rameuse , tenant à ce que , de distance en distance , les dilatations de l'utricule se sont allongées en canaux , ou à ce que la réunion des faisceaux se fait non dans un seul point commun , mais sur plusieurs points différens ( d'après Trevi- ranus , Vermischte Schriften, t. II, pi. III , fig. 9 ; Lepisma saccharinuni ). 5^ Forme (v. § 58). Le renversement en dedans, ou la forme plissée ; les branches sont tournées en dedans, avec ac- croissement de la largeur et diminution de la longueur. 6* Forme ( v. § 58 , 4«» ). La séparation du lieu de forma- tion et du réservoir, qui avait commencé dans la forme précédente , est portée plus loin ici , la cavité qui sert de ré- servoir s'étant rétrécie en un canal central, en une sorte d'oviducte intérieur ( d'après Treviranus , Ueber den innem Bau der Arachniden, p. 32 ; Aranea domestica ). 7« Forme ( v. § 59 , 1° ). Séparation de l'oviducte et du ré- servoir qui se trouve dans l'ovaire lui-même ( d'après Rathke , Seitrcege zur Geschichte der Thierwelt , t. I , pi. I , Jfig- 2 ; Salamandra terrestris). 8« Forme ( v. § 59, 2° ). La forme celluleuse du réservoir, au moyen de cloisons qui le traversent; la figure représente une coupe transversale. La cavité de l'ovaire commence à se resserrer. Elle a totalement disparu dans les formes suivantes (9-12), qui ne sont d'ailleurs que des répétitions des pré- dentes ( 5-8 ). ; EXPLICATION DES PLANCHES. J^2l 9« Forme (v. § 60). La forme plissée, sans cavité; répé- tition de la cinquième forme , avec cette différence que les plis sont tournés en dehors , et qu'après leur sortie les œufs sont aussitôt rejetés hors du lieu où ils se sont formés ( d'après Home, Lecture on comparative anatomy ^ t. IV, pl.GXLVIlI; Petromyzon 'marinus ). 10« Forme, La forme en grappe , saos cavité ; répétition de la sixième forme , avec la même différence. Elle diffère de la huitième forme, en ce que la forme plissée, rappelant celle d'un intestin , a disparu , pour faire place à une forme sphérique. 11^ Forme ( v. § 61). La forme en grappe occulte, sans cavité. Les vésicules ne sont plus isolées , mais , sur la tran- che , la grappe paraît plongée dans une masse solide , et en quelque sorte immergée dans une pâte qui y adhère de toutes parts ; le noyau que cette masse forme doit être considéré comme un développement plus avancé des cloisons de la huitième forme (d'après Home , loc. cit. , t. IV, pi. GXXlX; Opossum ). 12« Forme ( v. § 61 ). La forme sphéi-ique , vue sur sa tran- che ; les vésicules sont entrées dans l'unité de l'organe , et la forme en grappe de la surface , qui n'avait fait que diminuer dans la figure M, a totalement disparu. SECONDE PLANCHE. Les formes principales du testicule. 1" Forme (v. § 72). La forme vasculaire (d'après J. Clo- quet , loc. cit.; Ascaris lumhricoides). 1" Forme ( v. § 72 ). La forme -litriculaire ( d'après Trevi- ranus , f^on den innern Bati der Arachniden , fig. 3 ; Arai- gnée ) . 1 3« Forme ( v. § 95 ). Canal simple entortillé ; le canal qui , dans la fig. 1, n'offre que de simples plis peu adhérens, est ici entortillé , et ses plis sont étroitement unis ( d'après Hegelschweiler , Biss. de insectorum genitalihus , fig. 3; JJytiscus marginalis). 4" Forme (v. §76). Canaux multiples , convergens, atta- chés les uns aux autres ( d'après le même, fig. 13 ; Qerus alvearius ). 4^2 EXPLICATION DES PLANCHES. 5« Forme ( v. § 76.). cinq canaux, qui sont entortillés à leurs origines , se dilatent vers leurs extrémités , et enfin se réu- nissent (d'après Swammerdam , Bihel der Natur, pi. III, fig. 6 ; Scorpion d'eau ). 6« Forme ( v. § 77, 1» ). Rapprochement plus serré des ca- naux ,1 et partage en plusieurs segmens ( d'après Posselt , Beitrœge zur Anatomie der Insecten^ pi. I, fig. 16; Scara- hœus stercorarius ). 7« Forme ( v. § 77 , 1° ). Globules sous forme de grappe ( d'après Meckel , Beitrœge zur vergleichenden Anatomie, 1. 1, pi. I, fig. 2; Tettigonia pleheia). 8« Forme ( v. § 80 ). Globules confondus en une masse. 9" Forme ( v. § 79 , 2° ). Forme tubuleuse ; vaisseaux pa- rallèles , s' abouchant dans un tronc commun. 10« Forme ( v. § 81 ). Vaisseaux flexueux, convergens, sé- parés par des cloisons tendineuses (d'après A. Cooper, Die Krankheiten der Hoden, pi. IV, fig. 9 ; Homme). TROISIÈME PLANCHE. Les formes principales de l'oviducte. \ l'« Forme (v. § 93). Impair, simple, à racines branchues ( si toutefois ce n'est point un ovaire ) ( d'après Cuvier , Mém. pour servir à l'hist. des Mollusques , fig. 8; Anatifa). 2^ Forme ( v. § 96 ). Impair en haut , pair en bas ; sur l'une des branches, qui est coupée, on aperçoit des divisions de structure différente , produites par le plissement de la mem- brane muqueuse ( d'après le même , pi. IV, fig. 6 ; Octopus). 3« Forme (v. § 97, 3°). Duplicité complète, avec unifor- mité. 4"= Forme ( v. § 97, 3° ) Duplicité complète , avec dilatation des extrémités ( d'après Treviranus , Ueber den innern Bau der Arachniden , pi. I, fig. 12; Scorpion). 6« à 9= Formes. Duplicité de l'origine et réunion à l'extré- mité, avec accroissement progressif de la réunion. 5" Forme ( v. § 97, 4° ). Duplicité prédominante ; l'ovicanal n'est presque rien, eu égard aux oviductes (d'après J. Çloquet, loc. cit., pi. IV, fig. i ; Ascaride lombricoïde). EXPLICATION DES PLANCHES. 4^5 6« Forme (v. § 97, 4° ). Equilibre des oviductes et de Tovi- canal. 1^ Forme (v. § 97, 4"). Ovicanal prédominant, uniforme (d'après Meckel, loc. cit., t. I, pi. VIII, fig. 17 ; Lamia fris" tis). 8= Forme ( v. § 97, 4° ). Ovicanal prédominant , avec dilata- tion à son origine ( d'après Ramdohr, dans Magazin fuer die neuesten Entdeckungen ^ t. VI; Distoma hepaticum). 9= Forme (v. § 97, 4°). Ovicanal prédominant, avec dila- tation à sa terminaison ( d'après Gœde , Beitrœge zur Anato- mie der Insecten; Blatta orientalis ). 10= Forme ( v. § 99 ). L'oviducte, séparé ici de l'ovaire, comme dans les formes suivantes,, est impair, et par consé- quent rappelle en quelque sorte la première forme , de même que , sous le rapport de la conformation de son extrémité , il se rapproche de la neuvième ; il est ouvert, et on aperçoit le plissement de sa membrane muqueuse ( Oiseaux). 11« FORME (v. § 100). Répétition de la troisième forme , avec cette différence que les oviductes sont séparés des ovaires ( Chéloniens ). 12= FORME (v. § 100 ), Répétition de la quatrième forme, avec la même différence. ( D'après Home , loc. cit.,\t. IV, pi. CXXXI, fig. 2; Ornithorhynque). _^ 13= FORME ( V. § 100 ). La même forme , avec prédominance des dilatations à l'extrémité, et application Tune contrel'autre de ces parties, comme indice de la tendance à la suppression de la duplicité. ( D'après Rœsel, Naturgeschichteder Frœsche, pi. VIII ; Grenouille ). QUATRIÈME PLANCHE. Principales formes de la matrice. Continuation de la troi- sième planche ; tendance progressive à la suppression de la duplicité dans le trajet des oviductes, séparés des ovaires. ' INFORME ( V. § 107, 1°). Matrice multiple, manquant tout-à-fait d'unité, attendu que les deux matrices internes, Ou proprement dites , sont appliquées l'une contre l'autre , et que les deux externes en sont entièrement séparées, dans tout leur 424 EXPLICATION DES PIANCHES. trajet, comme des organes accessoires. ( D'après Home, loc. cit.^ pi. CXXIII ; Kanguroo ). 2« FORME ( V. § 107, 2° ). Matrice à deux orifices. Répéti- tion de la quatrième forme de la troisième planche , avec cette différence que les oviductes sont séparés des ovaires, et qu'il s'y joint encore un vagin distinct. 3= FORME ( V. § 107, 3° ). Matrice à deux cols. Répétition de la cinquième forme de la troisième planche, avec la même différence. 4^ FORME ( v. § 107, 4° ). Matrice à deux corps. Répétition de la sixième forme de la troisième planche. 5« FORME ( V. § 107, 5° ). Matrice à deux fonds. 6^ FORME (v. § 107, 6° ). Matrice à deux angles. 7« FORME ( v. § 107, 7° ). Forme sphérique. Rétablissement de l'unité parfaite ; prépondérance décidée de la matrice sur les oviductes. CINQUIÈME PLANCHE. Les formes principales des organes génitaux mâles. La sur- face cutanée et l'extrémité des voies séminales sont placées en haut dans ces figures , la masse du reste du corps en bas et un peu de côté. 1" FORME ( v. § 131, !•). Ouverture simple du conduit sé- minal à la surface cutanée , sans saillie. 2^ FORME ( V. § 131, 2^*). Terminaison du conduit séminal dans une cavité , ou dilatation vésiculiforme. 3« FORME ( V. § 132, 1° ). Répétition de la seconde forme , avec addition d'une excroissance cylindrique, qui est sans con- nexion organique avec la cavité ; cette excroissance est le pre- mier rudiment du pénis , et un simple organe excitateur. 4« FORME ( V. § 132, 2° ). Alliance de cette excroissance cylindrique avec la première forme ; pénis avec gouttière séminale ; réunion de l'excitation et de la conduction. 5« FORME (v. § 133 ). On voit en a, qui représente l'état de repos , la répétition des deux premières formes; le conduit séminal se termine effectivement à la surface cutanée , comme énK par ^4tnàr»t^^ Ttv^f