AP S&P en — FC IE À DES BOIS, ET des différentes manieres de les Semer, Planter, Culriver, Ex- ploiter, Tranfporter & Conferver. NOUVELLE ÉDITION. RES TOME SECOND. MORARLS, Chez HocmerEeaAu , Libraire , Quai de Conty, vis-a-vis les Marches du Pont- Neuf, au Phénix. MDCC: LXXI. Avec Approbation & Privilége du Roi. DES BOIS. TROISIÈME PARTIE. De l'E xploitation. PRÈS avoir éxaminé les arbres en eux-mêmes, ou eu égard à ce qui peut empéscher ou favorifer leur végé- tation, confidérons-les par rapport à nous, ou relativement aux ufages que nous pouvons en faire, lorfqu'’ils ont été abbatus. Tant que les arbres croiflent, un pere de famille jouit de tous les agrémens que fes bois lui pro- curent; mais quand ils font parvenus à leur gran- deur, leurs fuccefleurs ont l'avantage d'en tirer un profit confidérable, & fouvent même capable de rétablir leur fortune, en fourniffent en même tems à la fociété les moyens de faire tous les ouvrages de charpenterie, de menuiferie , de cour, de boif- fellerie , de tonnellerie & autres néceflaires à nos beloins. Tome IT. A 2 D RaR AIT À Pour faire [es chofes avec ordre ; nous exami- crons fucceflivement la décompofñtion du bois, foit artificielle, {oit naturelle ; ce que la différente qualité des rerreins peur occafionner fur celle des bois qui y ont pris leur accroïffement ; ce que peut produire fur la qualité du bois, la fituation & l'expoñtion où fs fe font trouvés pendant leur ac- croïflement , & à quel âge la qualité du bois eft réputée la meilleure. DÉCOMPOSITION CHYMIQUE DU BOIS. Idées générales fur La Fermentation & [La Putréfaifion. La fermentation eft un mouveinent inteftin des parties d’un corps, par lequel l'union, le tifiu , la couleur , la faveur, & l'odeur du corps qui fer- mente font changés. Quelques fubftances font détruites par la fer- mentartion : & d’autres font le produit de la fer- menration : un corps rmucide S'échauffe; il entre plus où moins en effervefcence ; il perd fa ruci- dité, & prend une odeur & une faveur vineu- fes, la fermentation continuant , 1l devient aigre & acide, puis il tombe en corruption ; & la putri- dité eft le dernier terme de la fermentation. Tous les végétaux & même prefque routes leurs parties font fufceptibles de fermentation, les uns cependant plus que les autres; excepté les réfines, & les baumes naturels & fans mélange qui ne fer- mentent point. Comme les acides concentrés à un certain point, forment un obftacle 2 la fermen- tation , les plantes acefcentes fermentent lentement; les muqueufes paffent ordinairement par tous les états de la fermentation, vineufe, acide & putride : D 'S DH'O0'IS 3 au contraire les plantes a/kaleftentes, & qui ont une grande difpofition à fermenter, parviennent fi promprement à l’état de putréfaction, qüeles au- tres états ne font pas fenfibles, Trois chofes font néceflaires pour que la fer… mentation s'opere ; 10. l'humidiré :,les corps fecs, & tenus en un lieu fec, ne fermentent point : je dis l'humidité; car un corps plongé dans beaucoup d’eau, qui ne fermente point, y refte longrems fans fouffrir aucune altération : le bois, la paille ne fe cotrompent point, quand on les tient toujours plon- gés dans une eau vive. 2°. Une chaleur modérée : les corps fufceptibles de fermentation ne reçoivent aucune altération, quand ils font tenus dans un air très-froid; la viande gelée ne fe corrompt point; des fruits aflez tendres ont été confervés longtems dans des glacieres ; le cidre, le vin, la bierre fe confervent en bon état dans des caves fraîches, & fans pafler à la fermentation acide. Une cha- leur très-vive, & defléchant certains corps, fait un obftacle à la fermentation ; c’eft par cette rai- fon que le poiflon fec ne fe corrompt point. 3°. Le contact de l'air, pour exciter le mouvement inté- rieur, puifqu'il n'y a point de fermentation dans le vuide; & c’eft par cette raifon que l'ontient bien bouchés & exactement remplis les vaifleaux où l’on renferme des liqueurs qui ont de la difpofition à fermenter. Les fubftances graffles & mucides ont fur-tout une grande difpofition à fermenter; au contraire, tous les fels font un obftacle à la fermentation. Les acides concentrés à un certain point , ainf ue les fpiritueux , arrêtent la fermentation. Les fubftances qui fermentent & qui fe pourriflent, font un vehicule qui engage les corps voilins à fer- menter & à fe corrompre : le jet de bierre, le le- vain font fermenter la pâte, & les L :'avik qui z 4 L'IRVAÏTIT É ont pat elles - mêmes peu de difpofition à la fer< mentation. Les fibres ligneufes qui dans les végétaux font les parties les plus folides, perdent cette folidité par la putréfaction; il ne fubffie plus d’adhérence entre les parties dont elles font compofées ; ces fi- bres fe changent alors en une pulpe friable. Après la fermentation, les végétaux analyfés donnent des principes différens de ceux qu’ils au- roient fournis avant la fermentation. HUILES OU SUBSTANCES RÉSINEUSES Et gommeufes , contenues dans les Plantes. Les fubftances réfineufes fe montrent d’elles- mêmes dans quantité d'arbres. La térébenthine s’ac- cumule dans des vefñes qui gonflent l'écorce des fapins ; ils s’en raffemble aufli une grande quan- tité entre le bois & l'écorce, & méme entre les couches ligneufes du mélefe : fi l’on fait des plaies au pin, il en découle de la réfine : les lentifques fourniflent du maftic : le térébenthe, le.ftyrax, le liquidambar , le laurier, le benjoin, &c. don- nent des baumes plus ou moins épais & plus ou moins fluides. Les végétaux en fourniffent encore qui font plus ténus, & qu'on nomme des huiles effentielles. On retire abondamment de ces huiles des fruits du genre des orangers, en crevant les petites veflies qui font à l'extérieur de leur écorce. Les fleurs de l'oranger donnent auffi de l’huile effentielle, mais dont l'odeur eft différente de celle de fon” fruit. Toutes les plantes aromatiques parvenues à un cet= tain décré de maturité, contiennent de cetre huile ténue. Si, en cet état, on les diftile fans eau & à un feu très-lent, il vient d’abord un phlegme brs Bors. $ légérement chargé de l’odeur de la plante; & fi on laiffe cetre liqueur expofée à l'air, elle perd cette odeur, & il ne refte que le phlegme. On re- tire l'huile effentielle , en diftilant les plantes ado- rantes avec beaucoup d’eau : l’huile pale dans le récipient avec l’eau, & elle s’en fépare pour la plus grande partie d'elle-même, en fe portant à la fu perficie. Ces huiles ténues ont l'odeur , lé goûr, & fouvent une partie des propriétés des plantes , ce qui leur a fait donner le nom d'huiles effentielles. Il y à des fleurs très -odorantes , telles que la tubéreufe, le jafmin, qui étant diftilées, ne don- nent qu'un phleome, & prefque point d'odeur; le eu qu’elles en retiennent fe diflipe promptrement a l'air. Ces huiles eflentielles très-ténues , ou cet efprit reileur ne s’unit prefque pas au phlegme ; mais il s’unit beaucoup mieux avec les huiles fai- tes par expreflion , & il leur communique une forte odeur de ces plantes aromatiques. Si on lave en- fuite ces huiles avec de l'efprit-de-vin, celui-ci fe charge de l'odeur, & l’huil: n’en conferve plus. Il y a des plantes , telles que le romarin, dont toutes les parties contiennent de l'huile cffensielle : les feuilles fur-tout en font chargées : à d’autres plantes, comme la lavande, ce font les fleurs qui en contiennent beaucoup ; les pétales des fleurs d'o- range en ont très-charoées, ainfi que l'écorce des fruits des citronniers, orangers, bergamotte, &c. Quelques - unes de ces huiles font plus pefanres gs l'eau ; elles fe précipitent au fond ; elles fonc e différentes couleurs : les un:s font fort liqui- des, d'autres font plus épaifles, & quelques-unes font figées. Lorfqu'on analyfe les huiles effentielles ( Mé- moires de l’Académie ) on en retire un phlegme chargé de fel volatil urineux ; on peut prouver œau'clles contiennent de l'acide ; & quand il faic A 3 6 R'ESL ET bien froid , il fe forme dans ces huiles des criftaux. de fel eflentiel. En faifant bouillir certaines plantes dans l’eau, on en retire des efpeces de graifles ou d'huiles épaifles comme le beure de Cacao, l'huile de lau- rier , & les baies du Gale de la Louifiane, cou- vertes d’une fubftance réfineufe, qui fe diflout dans l'eau bouillante, & qu'on appelle crre végétale. Si l’on diftille les baumes ou rérébenthines que produifent les fapins, mélefes, térébinthes , fty- rax , &cc. avec de l’eau, il s'éleve & il pañle dans le récipient une huile effentielle très-ténue, & d'une odeur plus ou moins agréable ; enfuite il refte dans la cucurbite, avec l'eau qu’on y a mis, une réfine féche. Le bois de pin brülé à petit feu, ou réduit en charbon dans des fourneaux bien clos , produit le gaudron. Des deux efpeces de réfine que cet arbre fournit, l’une eft affez coulante pour être regardée comme une térébenthine commune ou imparfaite ; Pautre qui s’amafle fur les plaies faites à l'écorce, eft féche , & l’on la rend plus féche encore en la faifant cuire, ou en la diftiilant avec de l’eau : dans ce cas on obtient un peu d’effence de térében- thine, & ce qui refte dans la cucurbite eft la réfine féche ou la colophonc. I y a des bois qui contiennent de Ia réfine en trop petite quantité pour qu’on l’apperçoive raflem- blée dans l'écorce ou dans le bois; mais on peut la retirer en rapant ou pulverifanr ces fortes de bois 3 & mettant la poufliere dans l’efprit-de-vin , que l'on affoiblit par quantité d’eau, quand il 2 diffout les fubftances ligneufes, & les parties réfi- neufes, qui ne peuvent fe difloudre par les liqueurs phleomatiques, fe précipitent au fond. Mais on ne peut par ce moyen retirer de tous les bois les fub- ftances réfineufes qu'ils contiennent, foir en grande, DE S, BO1ZIS< 7 foit en petite quantité : il faut pour épuifer les bois de leurs fubftances huileufes ou grafies , avoir recours au feu & à ladiftillation, qui en fait for- tir ce qu'on appelle huile empyreumatique, ainfi nommée de la mauvaife odeur que le feu lui a donné. Ces fortes d'huiles retirées de différens bois, ne font pas toutes de même nature : celle que four- nit le pin eft un vrai gaudron immifcible pour la plus grande partie avec l’eau ; celle du chène fe méle en grande partie avec les liqueurs phlegma- tiques, une partie nagc au-deflus; celles que l'on tire des bois durs de la Zone Torride , font pé- fantes & tombent au fond de l’eau; ce n’eft qu'en les arténuant avec des rectifications répétées avec de l’eau & des fubftantes abforbantes, & en éprou- vant un grand déchet, que l’on parvient à leur faire perdre une partie de leur odeur défagréable. : su La cire, fubftance végétale, que l’on peut re- garder comme réfineufe, quoiqu’elle ne £e difloive pas parfaitement dans l’efprit-de-vin, qui ne fait que l’attendrir, ne peut fe diffloudre dans l’eau. Les fubftances gommeufes font tres-différentes des réfineufes ; celles-ci ont beaucoup d'odeur & de faveur ; brülent avec beaucoup d'activité, & fe diflôlvent dans l'efprit-de-vin & point dans l’eau: des gommes, au contraire , que l’on voit fuinter des pêchers, des cerifiers, des amandiers, des pru- niers ; la gomme Arabique, que fournit un petit acacia du Sénégal, la gomme Adragant, qui fort én forme de vermifleaux des branches du Traga- cantha, &c. ont peu d'odeur & de faveur ; plufieurs brülent difficilement; aucune ne fe diflout par l'ef- prit-de-vin, mais par l’eau. + Certains végétaux cependant fourniflent des gom- mes réfines, qui paroiflent compofées des , deux fubftances de gomme & de réfine, & qui font À 4 $ TRAITSÉ diffolubles par l’eau & par l’efprit-de-vin : a myr< rhe eft de cette nature. On en peut dire autant des extraits de quantité d'écorces, qui fe diflolvent par l'eau & par l’efprit-de-vin; & des parties coloran- tes des végétaux, dont les teinturiers font un grand ufage , & qui font confondues dans les extraits, que l’on peut difloudre les unes par l’eau, d’autres par l’efprit-de-vin, & d’autres par les fels a!kalis, fixes ou volatils. Beaucoup de graines parvenues à leur maturité : la noix, la noifette, l'amande, le chenevis, la graine de lin, celle de navette, de colza, broyées ou pilées , & enfuite fortement exprimées, don- nent beaucoup d'huile inflamable, que l’on nom- me huile par expreflion. Quelques fruits, les oli- ves, par exemple, rendent aufli de pareïlle huile. PHLEGME CONTENU DANS LES PLANTES: Il eft certain que tous les végétaux contiennent beaucoup de lymphe Cette liqueur mêlée en abon- dance avec toutes les autres fubftances , tient les gommes & les réfines dans un état de liquidité con- venable; & à mefure qu’elle s’'évapore, ces fubf- tances deviennent folides, la partie ligneufe de- vient plus dure & plus ferme; les racines fuccu- lentes perdent en fe defféchant à-peu-pres les trois quarts de leur poids, les tiges des plantes en per- dent les cinq fixiémes, & beaucoup de bois.les deux cinquiémes. Malgré ce defléchement, on re- tire encore beaucoup de phlegme, quand on les diftille, & beaucoup davantage quand on les brüle; -gnforte que la fomme du phlegine contenu dans une plante et més-confidérable, DES DOTE 9 ACIDES, SELS ESSENTIELS, Moyens & alkalis fixes ; contenus dans les Plantes. Les mêmes expériences qui ont fait connoître que les plantes renfermoient de l'huile, du phleg- me & de l'air, ont conduit aufli à fe convaincre que les végétaux contenoient des acides & des fels effentiels, moyens, alkalis fixes & autres, & enfin de la terre ou une tête morte. DÉCOMPOSITION NATURELLE DU BOIS. Le corps du bois acquiert peu-à peu fa dureté, & à l'endroit ou il fe forme actuellement une cou- che ligneufe, on n’y apperçoit qu’une fubftance gélatineufe, ou un cambium. Cette fubftance n'eft qu'un gluten, qui peut être diflouc par l'eau, & très-facilement. Peu-a-peu cette fubftance fe mon- tre fous la forme d’un tiffu fibreux , & herbacé : elle prend enfuite plus de folidité; elle devient de l'aubier , qui peut tomber promptement en pour- riture, fi on le tient dans un lieu humide, ou qui eft bientôt vermoulu étant confervé dans un lieu fec. Les couches ligneufes parviennent par fucceffion de tems à toute la dureté dont elles font fufcepti- bles ; deforte que le bois du centre d’un arbre en crue eft beaucoup plus compact, plus lourd, plus fort, & moins altérable que celui de la circonférence. Ces couches converties en bois, acquierent de la denfité par le moyen du dépôt qui fe fair dans les pores du bois, d’un fac noutricier, qui d’abord n'eft ds gluten, mais qui prend fucceflivement de la dureté. Conféquemment le bois nouvellement formé eft plus altérable que celui qui eft plus an- 18 TRAITÉ cien; les couches de la circonférence du même ar- bre font plus faciles à s’altérer que celles du cœur; & dans les couches du cœur, ou le bois eft le mieux formé , il y a encore des parties nouvellement en- durcæs, qui pour cette railon font plus tendres & plus fufceptibles d’altération que les autres. Ces principes établis, l’ordre de la deftruction des parties qui conftituent un morceau de bois, doit étre inverfe de celui de leur fermentation ; c'eft-2-dire, que les dernieres formées doivent fe détruire avant les plus anciennes. Cette deftruétion s'opere. s ; 1°. Par le mouvement des parties du bois qui s'étendent dans les tems d'humidité, fe reflerrent dans les tems de féchereffle, fe gonflent par la cha- leur, fe contrattent par le froid ; mouvemens qui agiflent toujours fur la texture du bois & lui cau- fent de l’altération , quelques petits qu’ils foient. 2°. Par l’eau abondante, & fur-tout l’eau cou- rante, qui diflout d’abord les parties les moins fixes, & qui attaque enfuite les autres. 3°. Par la fermentation qui s’opere principale- ment dans le bois que l’on tient dans une athmof- phere chaude & humide. 4°. Par les infeétes qui piquent le bois & le ré- duifent en pouflere. 5°. Par l’ufage de la marmite de Papin qui opere fur le bois le plus dur, ce qu’une fimple cottion peut faire fur le bois qui eft dans un état herba- cé. L'épreuve qui en a été faite par M. Duhamel femble prouver que le bois eft formé par une terre fine & légere, dont les parties font réunies par une fubftance réfineufe, gommeufe, qui eft for- méc d'huile, de différens fels, &c. Ye L. | Doxis D 0 IS; 11 INFLUENCE DU TERREIN SUR LA QUALITÉ DU BOIS. Tout le monde convient que la nature du terrein ou du fol des forêts, infue beaucoup fur la qua- lité des bois, que les chënes, les ormes, &c. qui ont crü dans des marais, ont leur bois fort ten- dre & {ujet à pourrir promptement.; mais on n’eft pas d'accord fur l'efpece de terre qui convient le mieux aux arbres, relativement à la qualité de leur bois. Les uns par oppoftion aux terres marécageu- fes, qui font généralement regardées comme prof- crites, tiennent pour les terreins fecs & arides ; d’autres fe déclarent en faveur des terres fubftan- tieufes & fertiles. Ces deux fentimens qui paroif- fent aflez différens pourront fe concilier , quand cette queftion aura été bien difcutée; mais pour fuivre méthodiquement cette difcurion , les diffé- rentes efpeces de terres feront ici rangées fous qua- tre clafles defférentes : 1°. les terres aquatiques & marécageufes ; 29, les terreins maigres , fecs & ari- des; 3°. les terres glaifeufes ; 4°. & celles qui font fubftantieules & fertiles. TERRES AQUATIQUES ET MARÉCAGEUSES. Les terres de cette qualité font celles extrèéme- ment abreuvées, & ou l’eau féjourne une grande partie de l’année ; telles que les vrais marais qui font inondés par des eaux de fources, dont le fond eft de la tourbe, mélange de vale & de plantes pourries > qui peut avec le tems former de bons paturages, quand on a defléché ces marais par des tranchées. s2 TRAITÉE Cette efpece de terre ne convient qu’à des ar: bres aquatiques, comme le faule , l’aune , le peu- plier, le tilleul dont même le bois n’eft pas aufli bon que celui des arbres de la même efpece qui auroient crû dans un meilleur fol, tel que feroit un fond de bonne terre ou l'eau fe raflembleroit par la pente des campagnes voifines. Un chêne, un charme, un orme, un frêne, qui aura pris fon accroidement dans un fol humide, donnera un bois plus pefant & plus fort que celui du faule , qui aura été élevé dans le même ter- rein; mais fon bois fera moins dure & moins denfe que celui de la même efpece que l'on tirera d’un terrein fec. Il y a apparence que certaines terres communi- quent aux bois qui y croiflent une grande difpo- fition à fermenter & à devenir la proie des infec- tes. La grande abondance d'humidité , rendant leurs fibres ligneufes plus cendres, peur être caufe que les infeétes les attaquent de préférence. Il eft certain que les bois fitués dans les rerreins maré- cageux, ou feulement fort humides, font de mau- vaife qualité, fur tout pour les ouvrages qui exi- gent de la force, ou qui doivent refter expofés aux injures de l'air. En effet, ces fortes de bois, quoique fart char- gés d'humidité quand on les abat , font dès ce tems-là même plus légers que les bons bois, & de- viennent encore plus légers, en fe féchant. C'étoit vraifemblablement dans la vüe de les décharger de cette humidité, que les Romains, au rapport de Vitruve L. 2. cernoient le pied des arbres fix mois ou un an avant de les abattre : quand ils font fecs, leurs pores font larges & ouverts; les ouvriers les appellent bois creux & gras, & ils ne peuvent fer- vir qu'aux ouvrages de menuiferie qu} font tenus “ le) . A à couvert de la pluie : dans les pores de ces bois DE SEB:O"ITT. 13 ün n'apperçoit point une efpece de vernis qui re- vêt les pores intérieurs des bons bois, qui con- tribue à la fermeté & à la fouplefle des fibres li- gneufes, & qui les empêche d’être aifément péné- trées par l’eau , & les défend contre les attaques des infectes : les copeaux qu'on enleve de ces ar- bres, fe divifent en parcelles comme des allumet- tes, & fe réduifent aifément en poufliere entre les doigts, au lieu de former des efpeces de rubans ou longs copeaux fous la verlope, comme font les bois de bonne qualité : ils ont aufli leur aubier fort épais , & leur écorce ordinairement fort épaifle & raboteufe : ils font fort caflans , trés-aifés à fen- dre, & ne peuvent fupporter le clou fans éclater, ni fe prêter aux contours que l’on voudroit leur faire prendre : ils font fujets à être attaqués par les vers, & l’on en voit fouvent dans les forêts percés par de gros vers blancs, qui fe métamor- phofent en une efpece de fcarabé , appellé capri- corne : l'abondance de la féve leur donnant beau- coup de difpofition à fermenter , ils produifent des champignons & tombent bientôt en pourriture, fur- tout quand on place leur bois dans un lieu humi- de , ou qu'il eft recouvert de mortier ou de plâtre, ou avec d’autres piéces de bois qui l’empêchent de fe deffécher : leur couleur, quand ils font fecs, eft d'un jaune foncé, terne, & quelquefois tirant un peu fur le, roux : quand on les tient longtems dans l'eau, ils ne s’en chargent pas tant que les bois de bonne qualité, & n’augmentent pas autant de volume. Lorfqu'en Eté les mares font defléchées dans les forêts, on peut reconnoître les endroits aquatiques par l’efpece des plantes qui y croiflent: les menthes aquatiques , perficaires, berles, joncs & autres qui viennent dans l’eau, défignent un ter- rein ou l'eau a féjourné longrems : la philofelle, la verge dorée, l’origan, la chauflecrappe, Le char- 14 D R'A TPE don, le ferpolet , dénotent au contraire que ce teta rein eft fec. TERRES LÉGERES, MAIGRES, SÉCHES à ET ARIDES. Dans cette claffe font les terres fableufes ou fa- bloneufes. L'eau pafle entre leurs parties fans les pé- nétrer : elles ne font point pétriffables : quoiqu'’el- les aient été humectées, elles ne s’attachent point aux mains : quand on les humecte, elles diminuent de volume, au lieu d'augmenter comme font les terres grafles : fi après avoir fouillé une fofle , toute la terre qui en a été retirée peur tenir dans le mé- me trou, c’eft un figne que cette terre eft maigre; au lieu qu'en pareil cas la terre grafle ne pourroit pas y rentrer en entier , quelque foulée qu’elle fut : le fable eft compofé de fragmens de pierre caicaire ou de pierre vitrifiable ; ce qui établit deux efpe- ces de fable bicn différentes l’une de l’autre, la pierre vitrifiable étant ordinairement plus aride que la pierre calcaire : les fables font de plufeurs cou- leurs & de grains différens ; les uns font blancs, d’autres rouges, jaunes, gris, noirs, cendrés, &c. Ily en a qui font rudes au toucher, d’autres qui font aflez doux, quelques-uns gros, d’autres auffi fins que la poufliere, & qui cependant différent ef- fentiellement de la terre réduite en poudre. Comme le fable ne retient point l'eau, qu'il fe défléche aifément , qu’il s’échauffe beaucoup par le foleil, les arbres ne peuvent croître dans le fable pur, à moins qu'il ne foit continueliement humecté, & dans cette pofirion ils ont tous les défauts de ceux qui croiflent dans les terres marc- cageufes. Mais les fables font préfque toujours alliés ‘avec d’autres terres , foit grafles , ou fran- ches & fubftantieufes. DE SUD TS. 1 Le fable allié avec la glaife produit de beaux & _&rands arbres, mais dont le bois eft tendre & gras. Le fable au contraire allié avec la terre fran- che, & dont le fol ne fera point trop humide, produira du bois qui fera fort & de bonne quantité. Il ne fe trouve point de beaux arbres dans le terrein où il y a trop de tuf, de craye ou de marne ; de même que dans le gros fable ou gra- Vier, à moins qu'il ne foit allié avec une bonne terre fubftantieufe & fertile, parce que le terrein pierreux ou graveleux ne peut pas lui-même four- nir de nourriture aux arbres. Dans le nombre des terres légeres , il y en de noirâtres, de rouges, qui ne font ni fablo- heufes, ni crétacées, ni trop chargées de pierres. Pour peu qu'il fafle fec, les pieds y entrent aufli profondément que dans un fable mouvant : elles font gluantes quand clles font humectées des pluies, & forment de la boue quand l’eau tombe en abondance : on y voit quelquefois d’ailez bons taillis. Dans les terreins maigres & qui reftent fort fecs pendant l'été, les arbres font fujets à avoir des chancres qui les alterent quelquefois jufqu’au cœur, Dans les terres légeres qui s'échauffent ai- fément dés le printems ,- les arbres pouflent avec force, & la féve arrêtée par la fécherefle qui fur- vient , occafionne des défauts que l’on nomme double aubier & gelivure. Dans un terrein fond de fable, quoique maigre & léger , & que la fuperficie en paroifle extrêmement aride, s'il fe trouve avoir beaucoup de profondeur; plufeurs efpeces d'arbres pourront s'y élever parfai- tement , deschätaigniers, des hêtres , des merifiers, les pins, &c. & même des chênes. 1°. parce que fes racines trouvent de quoi s'étendre dans un pareil fable, qu'elles y pénetrent fort avant , que 16 LR AI TE plus elles prennent d’étendue , plus elles tirent dé fubftances des molécules rerreufes auxquelles elles répondent, & moins elles courent rifque d’être defléchées par l’ardeur du foleil. 2°. Parce que les terres, n'apportant aucun obftacle à l'élévation des exhalaifons infenfibles qui viennent de l’intérieur de la terre, les racines peuvent fe remplir de cette humidité, d'autant plus utile aux arbres, qu'elle cft réduite en vapeurs ttes-ténues. TERRES GRASSES ET FORTES. La glaife eft fans contredit la plus forte des terres. Aucune autre ne fe charge d'autant d'humi- dité, elle augmente prodigieufement de volume quand on l’humecte, & il y a telle de ces terres qui perd un tiers de fon volume en fe defléchant. Elle retient puiflamment l’eau dont elle eft péné- trée ; il eft difficile de l'en charger ; on peut bien en faire une pate molle, mais difficilement peut-on la réduire en boue liquide : fes parties ef- fentielles font trés-fines, très-douces ; au toucher elle eft gluante, & n’eft rude que par les parties étrangeres qui ÿ font mélées. Les parties eflen- tielles de la glaife ont beancoup d'adhérence en- tr'elles ; c'eft «pour cela que féche ou pénétrée d'eau elle s'enleve toujours par groffes mottes. Eile fe defléche difficilement : en perdant fon hu- midité , elle ne tombe point en poufliere, mais elle fe fend, & fe durcit prefque comme de la pierre. Il y a pluñeurs efpeces de glaifes : bleues, blan- ches, rouges , jaunes. Quelques-unes contiennent des grains métalliques, ou marcafliteux. Les vi- tjoliques font moins propres à la végétation. Les lits de glaife font ordinairement fort épais; à dix pieds de profondeur, on n’a fouvent pas en- core DE &)B Oo rs. 17 core trouvé le fond , & dès un pied ou deux de fouille les outils peuvent à peine l’entamer. Elles fe gonflent beaucoup à la gelée, & cette circonftance jointe avec leur denfité , fair que les femences y réufliflent moins bien que dans les terres moins fortes. Les rayons du foleil les pénétrent difficile- ment, & jamais les racines : aufli [a végétation s'y opére-t-elle lentement, & rarement trouve-t-on quelques arbres dans un terrein de pure glaife. Quand au contraire la glaife eft recouverte d’un lit de fable ou de toute autre terre, que les racines peuvent traverfer aifément, les arbres fe montrent vigeureux , parce que cette glaife retenant l'eau . des pluies, les racines qui coulent deflus fe trou- vent toujours dans l'humidité; mais le bois de cee arbres eft à-peu-près aufli tendre que celui des arbres de marais. | Mais quand la glaife fe trouve mêlée avec d’autres terres qui diminuent aflez de fa ténacité pour que l'eau , trop abondante, puifle s'échapper, que la chaleur du foleil puifle les pénétrer, & que les ra- cines puiflent s'y étendre avec facilité; les arbres alors deviennent très-beaux dans de pareils terreins, & le bois en eft de bonne qualité. : TERRES SUBSTANTIEUSES ET. FERTILES, Autrement appellées terres franches ou limoneufes. Ces fortes de terres ne retiennent pas l’eau com- me les glaifes ; elles ne la laiffent pas non plus échapper comme les fables; mais elles en font in- timement pénétrées , & en quelque maniere comme , difloutes, de forte qu'elles confervent aflez longtems la portion d'humidité dont elles fe font chargées, Tome IL, B 18 LR ANT. T Quand elles font ainfi humeétées, on peut les pé- trir entre les mains, & en former des mottes ; mais elles ne font jamais duétiles commela glaife. Quand, après avoir été pétries, elles viennent à fe deflécher, elles ne fe divifent pas comme le fable, ni elles ne fe durciffent pas comme la glaife : mais en y ajoutant un peu d'eau , elles fufent en quelque façon comme la chaux, & fe réduifent en petites molécules , mais jamais en pouiliere comme les mauvaifes terres. Il y a des terres fertiles de différentes couleurs, qui font à-peu-près aufh bonnes les unes que les autres , au moins pour les arbres. Quand le lit de ces bonnes terres s'étend à plufieurs pieds de pro- fondeur , les arbres y viennent grands, & leur bois eft d’une excellente qualité ; mais fi Le lit de bonne terre fe trouve peu épais, il ne faudra pas juger de la qualité des bois par la qualité de la terre de la fuperficie, mais par celle de l’intérieur , qui fe trouvera être alors ou de l'argile, ou du fable, où du gravier, ou du tuf, ou de la roche, &c. Si de bonne terre fe trouve dans un fond ou ily ait beaucoup d’eau, quoique les arbres y foient de meilleure qualité que dans les marais , dont le fond eft fangeux & de tourbe , cette abondance d’eau fera que le bois fera tendre. Si au contraire cette bonne terre eft fituée en plaine ; comme dans cette fituation elle. ne laifle pas échapper l’eau comme le fable, & que d’ailleurs elle eft fubftantieufe, les bois y feront d’une excellente qualité ; la petite quantité d'eau qui les arrofe trouve, pour ainfi dire, de quoi fe furcharger des principes qui doi- vent former une bonne féve. Mais aufli les arbres n’y croiflent pas fort vite, parce qu'il ne s'y trouve . pas affez d'eau pour faire la diffolution des autres matieres qui doivent entrer dans la compolition de la féve, C'eft par cette raifon qu'il eft rare de DE Su Be AS. 19 trouver de grands atbres fur la croupe des mon- tagnes expofées au midi, même dans les meilleurs terreins ; mais aufli le bois de’ces arbres eft extré- mement dur, & à tous égards, de la meilleure qualité. De ces obfervations il réfulte que les chênes, les ormes, &'autres grands arbres venus dans les bon- nes terres plus féches qu'humides, ont une écorce fine & claire, l’aubier plus mince que celui des arbres qui viennent dans des lieux humides ; les couches ligneufes, moins épaifles, très-adhérentes les unes aux autres , & toutes d’une texture unifor- me; le grain fin & ferré ; c’eft-à-dire, les pores fort petits ; la couleur d’un jaune pâle, & un œil brillant; plus de poids, même quand ils font fecs, & deviennent par la fuite extrêmement durs, ce qui contribue beaucoup à les défendre des atta- ques des vers; plus de force & pouvant fupporter un poids confidérable fans fe rompre, pliant peu fous la charge quand ils font fecs, & rompant par grands éclats quand ils font furchargés, au con- craire des bois gras qui caflent net & fans éclats, qu'ils font très-fujets à fe fendre & à fe tour- menter en fe defléchant, ce qui provient de la re- traite de la matiere gelatineufe, caufée par le def. féchement ; qu'ils font les meilleurs de tous pour le chauffage, réfiftent longtems au feu, donnent beau- coup de chaleur, forment en brülant de gros char- bons, & laiflent beaucoup de fels fixes dans leurs cendres, toutes marques certaines que les bois fonc de bonne qualité, Les couches ligneufes font les unes plus épaif- fes, les autres plus minces, & plus ou moins den- fes, fuivant qu'elles auront été produites en dif- férentes années plus ou moins féches ou pluvieu- fes , & que les arbres font crus dans des terreins fecs, ou dans des fonds humides, à , frais, a f 20 RD A I'TÉE &c. d'oti l'on peut conclure que le terrein le plus avantageux à la qualité des bois, eft celui qui ft fubftantieux & plutôt fec qu'humide. QUALITÉ DU BOIS Suzvant la nature du terrein. Ce qui vient d’être dit du chëne & de l’orme que l'on emploie aux plus grands ouvrages, ne fuffit pas par rapport aux autres efpeces d'arbres foreftiers , particuliérement à la perfeétion de la qualité de leur bois, qui les rend aufli très-inté- reffans chacun dans leur genre : c’'eft pour cela qu’il va être rapporté fuccintement ici l'avantage que l'an en peut tirer. AU NE. L'aune eft l'arbre le plus aquatique que nous connoiflions : on en voit croître dans des marais où l’eau féjourne des années entieres, & même dans des terres qui tiennent de la tourbe, & où il ne vient prefque aucune autre efpece d’arbres, ou qui ne produifent que des fouchets, des glayeuls, &c. cependant le bois d’aune eft de bien meilleure qualité dans les terres à prés, qui font rarement ou nullement fubmergées , pourvu que l’eau s’y trouve à un pied ou deux de profondeur. S A U L E. Le faule ordinaire, que les vanniers appellent ofier jaune , & le faule-ofier, ne fe plaifent pas dans les endroits où l’eau féjourne pendant une trop grande partie de l’année; le bois eft meilleur de ceux qui viennent fur les berges des foilés au DE ss -.B0c 71. £T fond defquels il y a de l’eau, fur-tout quand ces berges font de bonne terre : parce que les ofiers fe plaifent dans les rerres élevées d’un pied ou deux au-deflus du niveau de l’eau, & rendent alors un meilleur bois que quand ces arbres n’ont crü que dans l’eau. | | MAÂRSAULT. Le marfault & l’ofier-rouge fe plaifent auffi beau- coup dans une pareille fituation ; mais ils fe pañfent AE facilement d’eau, & croiflent aflez bien fur es hauteurs, pour peu que la terre fe trouve frai- che & un peu argileufe. PEUPLIER. ‘ Le peuplier blanc, le peuplier noir de France, de Lombardie ou de Virginie, & le tremble, fe … plaifent dans les terres humides, & ne viennent ja- mais mieux que dans les fables gras qui font élevés à trois ou quatre pieds au-deflus du niveau de l'eau. Le tremble & le peuplier blanc font les moins dé- licats, & viennent prefque par-tout; mais toutes. ces efpeces de bois font de bien meilleure qualité dans les terreins médiocrement humides, que dans ceux qui font marécageux. B'O'U"L'E A"U. Le bouleau fubfifte dans les terreins fecs & fté- riles , fabloneux & pierreux ; mais il vient tou- jours plus gros dans les endroits aquatiques : & fon bois eft de bien meilleure qualité dans les fables gras & humides. Dans les terreins arides, il eft prefque toujours rabougri ; il eft meilleur dans les climats tempérés, que dans les climats froids. B 3 4% L'RCAr PE FR ‘FUNME: Le frêne aime aflez la terre humide, & princi- palement les berges des foflés où il y a de l'eau courante; cependant on peut dire qu’il vient en toutes fortes de terreins , excepté. dans les fonds trop glaifeux : il ne demande pas une grande pro- fondeur de bonne terre, puifqu’il fubfifte dans les plus médiocres terreins, & qu’il fçait profiter des délits des roches pour étendre fes racines. Si l’on veut l’élever pour en faire des perches , il faut le planter dans un terrein humide, afin qu'il fafle des jets bien droits; quand il a été planté dans un terrein trop fec, fon bois eft caflant. Les meilleurs pour le charronage font ceux qui ont crû dans une bonne terre, ni trop féche, ni trop marécageufe, & qui pntété plantés en bouquets & non-ifolés les uns des autres, . MARRONNIER D'INDE. Le marronnier d'inde vient aflez bien fur les hauteurs, pourvu que la terre ait du fond; un fa- ble mêlé d’argille, ou une terre un peu humide, lui conviennent beaucoup mieux. Le bois de cet arbre eft de très-peu de valeur ; il n’eft bon que pour l'ornement des jardins. T IL LE Uk Le tilleul vient d'une groffeur prodigieufe dans les terres argilleufes alliées de fable : là on en voit que quatre hommes ne peuvent pas embraffer. Il ne devient point gros dans les terreins fecs , arides & pierreux ; il s'accommode beaucoup mieux des terreins fort humides ; mais fon bois n'y eft pas SE s Bo 7rSs. 23 À beaucoup près auffi bon que dans les fables gras ou dans les fonds de bone verre franche. On peut alors en faire des lambris, des planches, & même des poutres qui fubfftent longtems fans être pi- quées de vers. ORME ET FAUX ACACIA. L'’orme & le faux acacia réuffiffent fort bien dans les terres qui font plus féches qu'humides ; il n’im- porte encoreque le rerrein ait un peu de fond , pour- vu que la fuperficie foit de bonne terre, parce qu’a- lors les racines tracent davantage, & ces arbres pouflent beaucoup de rejets. Dans les terres argil- leufes , & les fables gras qui ont beaucoup de fond, ces bois font fujets à des chancres qui les font pé- rir, & leur bois fe trouve plus tendre que dans les terres franches & un peu féches. CHATAIGNIER. Le châtaignier ne s’accommode point du tout des terres qui n’ont pas de fond : les fables lui con- viennent principalement, fur-tout quand ils font alliés d’un peu de terre franche ou d’argille. Quand on deftine les châtaigniers à être élevés en taillis pour faire des cercles, il eft bon que le terrein foit un peu humide; alors il produit de belles per- ches; mais ce bois eft meilleur pour la charpente, & pour faire du merrain, quand le terrein n'eft pas trop humide, HET RE. Le hêtre aime les terreins chauds & crétacés ; il vient bien aufli dans les terreins fecs & maigres, ’ & même dans les terres les plus dures & qui ont B # 24 TR 4 1:T É peu de fond : tout lui eft bon, jufqu'aux pierres & aux roches , entre lefquelles il trouve moyen d’enfoncer fes racines, & il ne craint que le tuf. De par-tout fon bois eft propre à quantité de pe- tits ouvrages de boïiffellerie & de raclerie. Cepen- dant , pour la fente, il eft plus propre dans certains terreins que dans d’autres. Ceux de la forêt de Villers-Coterèt font meilleurs que ceux de la forêt de Fontainebleau. Si l’on veut en faire des rames de galeres, & d’autres ouvrages qui exigent du ref- fort dans le bois, il doit avoir cru en mañlif dans une terre légere, qui ait beaucoup de fond, & qui ne foit ni trop féche, ni trop humide, parce qu'a- lors il poufle avec vigueur, & acquiert une tige bien droite. SAT AIN Le fapin vient ordinairement dans les mêmes terreins que le hêtre; & c’eft peut-être pour cette raifon que le premier des deux qui peut furpañler l’autre l’étouffe & le fait périr. On en voit de très- bons & de fort beaux fur des montagnes, ou la roche perce de toutes parts, & alors ils font meil- leurs & plus réfineux que ceux qui ont cru dans des terres humides, ARBRES SAUVAGES. Plufieurs arbres fauvages, tels que le pommier fauvageon, ke cormier, le cournouillier, l’alizier, l’azerolier & l’épine blanche demandent une terre forte. Le poirier fauvageon vient dans des terres aflez légeres. Le mérifier eft fujet à la gomme dans les terres fubftantieufes. ie DES BO1LSs. 25 CHARME. Le charme vient bien dans toutes fortes de ter- res, poutvu qu'elles aient un peu de fond : il fub- fifte [ur de mauvais coteaux, ou les autres arbres mourroient; fnais il ne prend affez de groffeur pour faire des piéces de fervice, que dans les bons fonds ‘de terre. Les différentes efpeces d'érable, celui qu’on ap- pelle: fycomore , réuffifient prefque toujours dans toutes fortes de terreins ; ils croiflent même à l’om- bre fous les autres arbres; mais ils craignent la glaife trop forte, & ils exigent une terre qui ait du fond ; l’érable à feuille de frêne demande un fol humide. Au refte les arbres'ne fourniflent gué- res de piéces pour la charpente : quand ils ont lan- guit dans leur jeunefle, & qu'ils ont été longrems rabouoris, leur bois qui x: rempli de quantité de petits nœuds, eft recherché pour faire différens ou- vrages de marqueterie & de menuiferie. NOYER. Le noyer vient aflez bien aufli dans toutes for- tes de terres, même dans celles qui ont peu de fond : fes racines pénétrent dans le gravier & dans le tuf; il fe plaît au bord des terres labourées : fon bois devient blanc & tendre dans les terreins hu- mides; il eft de meilleure qualité fur le gravier. CHÊNE VER D. Le chêne verd s’accommode affez bien de toutes fortes de terres, pourvu qu'elles ne foient point trop expofées à l’ardeur du foleil : fon bois eft fort dur, fuppofé qu’on le laiffe venir’ aflez gros pour pouvoir en retrancher l’aubier. 26 T'R A IT PI N. Le pin vient affez bien dans toutes fortes de tes- reins, excepté dans ceux ou il fe trouve une glaife trop ferme ; il eft plus réfineux dans les terres chau- des & féches : on en plante dans un fable prefque tout pur, d’autres dans un fable gras ; on en trou- ve des bois entiers fur des montagnes efcarpées & dans des terreins ou ils ne femblent tirer leur {ub- fiftance que des rochers. PE AX A NE, Le platane d’occident fe plaît fur les chauflées élevées de deux ou trois pieds au-deffus de l’eau : celui d’orient vient dans des terreins plus fecs. Le bois du premier eft très-dur , extrêmement plein : äl porte à merveille les moulures, & on en fait de très- bonnes vis. CHYPRE S. Les cyprès, geniévres, buis, noifettiers & me- rifier, le bois de Sainte Lucie, le houx, le ner- prun , le cytife, fe plaifent par-tout. Mais ils vien- nent bien plus promptement dans les bons terreins, que dans ceux qe font maigres. Le micacoulier veut un terrein humide. D'après ces remarques, il eft conftant que dans les terreins fort humides, le bois des arbres eft po- reux, léger & tendre , & que leur féve a une gran- de difpoñtion a fermenter ; que dans les terreins arides & fecs, on trouve rarement des arbres d'aflez belle taille pour être employés à des ouvrages de conféquence ; que les beaux & bons arbres fe trou- vent dans les fonds, dont la terre eft fubftantieufe, DE: SOMPOCI S. 27 & qui ne font point expofés à être inondés ; à l’ex- ceprion des arbres aquatiques, qui ne peuvent fe affer du voifinage de l’eau, que l'on eftime plutôt a caufe de leur haute-taille, que relativement à la qualité de leur bois, & lefquels cependant font de meilleure qualité, quand ils ont crû dans un bon fonds élevé de trois ou quatre pieds au-deflus de l’eau , que quand ils ont été plantés dans des marais. SITUATION ET EXPOSITION DES SO FS: Après les différentes qualités du fol & du terrein, rien n’influe davantage fur la qualité des bois, que les fituations & les expofitions différentes ou les arbres ont pris leur accroiflement. Par fftuation , on doit entendre le lieu, eu égard au climat & à la figure du terrein; par exemple, fi c'eft en France ou en Amérique, en plaine ou en côteau : & par expofition , le lieu, eu égard aux différens afpeéts du foleil, à l’action plus ou moins grande des vents, de la gelée & des autres météores. ù CET MAT. C’eft un objet fur l'effet duquel on eft affez d’ac- cord : il eft certain que la température de l'air influe beaucoup fur la qualité des bois. La plüpart de ceux des païs chauds font plus durs & plus fo- lides que ceux des païs froids; l'ébenne, le gayac, la grenadille, l’acajou, &c. qui croiflent dans des climats chauds , font beaucoup plus durs que le chéne , le hêtre, qui font des arbres de notre zone tempérée. Cependant dans la zone torride on trouve auf des bois tendres : à Saint Dominguc il y en 29 TR A1 T'É a un de cette efpece, qu’on appelle bois de trom- pette. En France le buis, l’if, le cormier, le cy- tife font plus durs que le chêne, le frêne, le char- me; & ceux-ci font beaucoup plus durs que le bouleau, le tilleul, les peupliers, l’aune, le fau- le, &c. Mais cette comparaifon générale, entre les bois de différens païs, n’eft pas auffi farisfai- fante que celle qu’on feroit entre la même efpece de bois venue dans un païs chaud ou dans un pais froid. Dans les païs fort chauds de la Zone Torride, on ne trouve guères de chênes que fur les mon- tagnes, & à l’expofition du nord où la température de l’air eft fouvent affez froide , ce qui donne lieu de croire que ke chêne ne vient point dans cette Zone : on n’en voit point à Saint-Domingue, à la Martinique, à Cayenne, &c. & il ne s’en trouve point non plus dans les païs extrêmement froids; à peine en trouve-t-on paflé Stockolm, & l’on n’en voit aucun en Lapponic. Les chênes que l’on tire d'Efpagne, d'Italie & de Provence , font beaucoup plus durs, plus lourds, plus forts & plus fujets à fe gerfer à l'air en fe féchant, que ceux de la Lor- raine , que ceux que l’on appelle en France bois d'Hollande , que ceux du Canada, & même que les bois de Bourgogne, quoique ceux-ci aient or- dinairement l'avantage d'être d'une plus belle taille, En général, par -tout où il croît des chênes, le bois en fera d'autant meilleur , que le païs fera plus chaud. Un pied cube de bois de Lorraine nouvellement abbatu , s'eft trouvé de foixante-cinq livres, & le méme morceau étant fec ne pefoit plus que qua- rante-cinq livres ; au lieu que des bois de Proven- ce, un pied cube s’eft trouvé pefer étant fecs foi- xante douze livres. DES BOIS. 23 SITUATION. Outre les avantages particuliers attribués ci- deflus aux plaines & aux montagnes, fur les fonds & les vallées, on peut dire encore que le penchant des montagnes a aufli les fiens, confdération faite de la fituation indépendamment de la nature & de la profondeur du fol. EROTESET' COLLINES. Avec un peu d'attention on apperçoit aifé- ment qu'un arbre fitué fur un côteau, occupe un plus grand efpace de terre, qu’un arbre de même grofleur fitué en plat païs. En effet, s’il eft quef- tion d’une futaie, le produit d’un terrein en pente ne doit pas fe mefurer par la fuperficie du terrein, mais feulement par celle de la plaine qui lui fer- viroit de bafe; & cette côte pourroit être celle ment efcarpée , que deux arpens de terre ne pro- duiroient pas plus que ne pourroit faire un arpent en plaine, par la raifon que les arbres croiflent toujours perpendiculairement au terrein, & qu’ils font un faux angle avec le côteau; de forte que fi l’on coupe un arbre fur le penchant d'une col- line à rafe-terre, la coupe fe trouve ovale, au lien que celle d’un arbre coupé dans une plaine eft ron- de ; ce qui vient de ce que dans le dernier cas la coupe À paralléle à la bafe du cylindre , & que dans le premier cas elle lui eft oblique. Mais aufli les arbres font mieux nourris fur les côtes, qu'ils ne le feroient dans une plaine à profondeur de terre égale ; parce que le mêine efpace de cerrein ayant moins d'arbres à nourrir, ils auront de quoi étendre plus aifément leurs racines; & ils trou- yeront plus abondamment de quoi fubfifter, foit en 30 T1'£'A TIME fuivant la pente du côteau, foit en pivotant & s’enfonçant en terre, & les racines de ces arbres ne font jamais fi éloignées de la furface du terrein, que le font celles des arbres qui croiffent en plaine, par la même raifon du faux angle que font les ra- cines avec la furface du terrein; d’ailleurs la tête de ces arbres ne forme jamais une ombre aufli par- faite fur la terre, que ceux qui croiflent dans une plaine, ce qui fait que les racines font plus à por- tée de recevoir l’eau des pluies, & de fentir la chaleur modérée du foleil. Outre ces avantages, un des principaux c’eft que fur les coteaux les ar- bres jouiffent d’une plus grande quantité d'air que dans les plaines, ce qui eft effentiel à leur accroif- fement, & peut le plus contribuer à les rendre de bonne qualité. Mais les arbres qui font au bas du côteau profitent beaucoup mieux que ceux qui font au-deflus : dans le haut l’eau des pluies ne peut fé- journer aflez de tems pour pénétrer la terre, elle s'écoule promptement, fait des ravines, entraîne avec elle une partie du terrein , & enleve même une partie de la fubftance de celui qui refte : dans le bas la terre fe trouve améliorée par l’accumu- lement des terres qui s’écoulent d'en haut, & des feuilles pourries qui font un fumier naturel; par l'arrofement abondant que produit l’eau qui dé- coule de la partie fupérieure, féjourne & pénétre la terre; & parce que ces terres ainfi remuces , tran{portées & accumulées par les pluies, fe trou- vent avoir le même avantage que celles des plai- nes qui feroient labourées à plufieurs reprifes. VFALLÉES. Les vallées ont auffi leurs avantages, mais qui n'égalent pas ceux des côteaux, quoiqu'il y ait des vallées féches qui font très-fertiles , & ou la és . RÉ Sn ds dés Ed Sd md ps :B0:75. 3£ ualité du bois eft bonne. Mais il faut dire que 1a * 7 la plus heureufe n’eft pas fort avanta- geufe, fi elle n’eft fecondée par l’expofition, la chaleur du foleil, & les effets des météores : toutes caufes plus puiflantes & qui influent plus fur Ja qualité des bois, que ne peut faire le siveau ou la pente du terrein. ÉEXPOSITTO N. On convient bien que l’expofition influe beau- coup fur la qualité du bois ; mais on ne s'accorde pas fur celle qui mérite la préférence. Les uns di- fent qu’à l’expoñtion du midi, les bois font plus durs & plus compacts, conféquemment la meil- leure ; d’autres prétendent que les arbres expofés au nord y font d’une plus belle venue, & que les bois en font plus parfaits ; d’autres préférent ou accordent des avantages particuliers aux autres ex- poñtions. La comparaifon qui vient d’être faire des bois des païs chauds avec ceux des païs froids, peut conduire fur cela à une décifion. En effet ne peurt- on pas juger des bois expofés au midi par ceux des païs chauds, & des bois expofés ay nord par ceux des pais froids ? Mais en voulant ges de l'effet de la chaleur, ou de l’aétion du foleil fur les bois, il ne faut pas n'avoir égard qu'a cette chaleur, ni la féparer des circonftances qui l’ac- compagnent. Le foleil produira-t-il le même effet dans les païs où il géle une partie de l'année, où il tombe quantité de neige, de la grêle, du givre, aue dans ceux où la température de l'air eft pref- que uniforme pendant coute l'année, & ou l’on ne connoîit prefque pas la glace ? L'action du foleil ne peut-elle pas être fouvent interrompue ou ya- riée felon les brouillards, les pluies ou les vents 32 BY RAULIT'É - qui regnent plus dans un païs que dans un autre? La différente qualité des terroirs, dans les diffé- rens climats, ne doit-elle pas aufli produire de grandes diffégnces, fuivant que le terrein eft fec ou humide, gras ou léger, &c. Des comparaifons fur des objets fi éloignés, ne peuvent guéres être exactes, & font même pref- qu'impofhbles ; mais on pourroit en chercher de plus voifins. Dans un même tronc d'arbre, par exemple, on peut comparer le bois de la partie tournée du coté du midi, avec celui de la partie expofée au nord ; d'autant mieux que quantité d’Au- teurs femblent admettre une différence fenfible dans le bois d’un même tronc, en y appercevant que les cercles ligueux de prefque tous les arbres font plus épais d’un coté que de l’autre, qu’ils font excentri- ques, & qu'ils font plus éloignés du centre, ou del’axe du tronc de l'arbre du côté du Midi , que du côté op- pofé ; d'ou ilsiconcluent que le foleil influe beaucoup fur la qualité des bois. Prefque tous ceux qui exploi- tent des bois, difent que le bois des arbres eft plus dur d’un coté que d’un autre : ceux qui font plus au fait de l'exploitation des forêts, ne font pas d'accord fur ce point. Le vent du Nord, prétendent les uns, étant plus fec, les couches de ce côté fontplus denfes & plus épaifles; les couches du côté du Midi, fontplus épaifles & d’un tiflu plus ferré, difent les autres, qui font le plus grand nombre, & cela parce que le foleil étant le principal moteur de la féve, ildoit la déterminer à pafler avec plus d’abondance dans la partie ou il à le plus d’aétion , ajoutant que les pluies qui viennent le plus fouvent du côté du Mi- di, humectent l'écorce, la nourriflent, ou du moins préviennent le deffléchement qu’on doit ap- préhender ; & que le foleil produifant la tranfpi- ration, cette évacuation concentre la féve, & la rend plus nourriciere. D'autres veulent encore ga on bDæs .BO1S#. 33 Ton oriente les arbres, que l’on tranfplante, com. me ils l’étoient dans la pepiniete; mais les expé- riences contraires prouvent l’inutilité de cette at- tention : de même que pour fixer l'incertitude qui fe trouve entre ceux-là méme qui font dans l’ufage d'exploiter des bois, les expériences démontrent évidemment qu'après avoir coupé des troncs d'ar- bres à différentes hauteurs, les couches fe font trou- vées plus épaifles & plus denfes du côté de l'in- fertion d’une vigoureufe racine ou du point d'où part une forte branche; que dans un même tronc d'arbre, les couches font fouvent plus épaifles & plus denfes a la partie du pied qui eft expofée au Midi, qu'a celle qui regarde le Nord ; que plus haut & fous les branches on voit tout le contraire; de forte que cette différente épaifleur & la diffé- rente denfité des couches ligneufes dépend moins de l’expofition, que de toutes les autres caufes qui peuvent déterminer la {éve à fe porter plus abon- damment d'un côté de l'arbre que d’un autre : d'où il fuit que dans les arbres de lifieres, les couches ligneufes font prefque toujours plus épaiiles & plus dures du côté des terres labourées que du côté de la forêt, à quelqu’expofition que les terres foient fituées, parce que les plus vigoureufes racines & les plus groffes branches fe portent vers ce côté-la. J1 y a un rapport mutuel & bien fenfible entre ce qui fe pañle au- dehors & au-dedans de la terre. Certains arbres s'emportent, comme difent les jar- diniers, fur une de leurs branches, c'eft-à-dire, qui pouflent avec vigueur fur certe branche, tandis 5 que d’autres reftent chérives & languiffantes. Si, aprés avoir fouillé au pied de ces ADS . ON EXA1= mine leurs racines, on trouvera que du côté de la branche vigoureufe, il y aura de vigoureufes ra- cines , & que celles qui répondent aux branches chérives, font en mauvais état, D'un arbre planté Tome IT. C 34 LR A TT D entre un gazon & une terre labourée , [a partie qui eft du côté de la terre labourée, fera ordinai- rement plus verte, & les pouffes en feront plus vigoureufes, que celles qui répondent au gazon; ce qui dépend toujours de la vigueur des racines qui s'étendent dans la terre labourée. On voit quel- quefois un arbre perdre fubitement une branche fans qu'on ait remarqué d’accidens extérieurs ; fi l'on fouille au pied de cet arbre , on trouvera fou- vent la caufe de cet accident, par le mauvais état où feront les racines qui répondoient à la branche morte. Si l’on coupe une grofle racine, comme on le fait quelquefois pour avoir plutôt du fruit, ou pour empêcher l'arbre de s'emporter fur une bran- che, la portion de l'arbre à laquelle cette racine correfpondoit , languit. Si l’on fend le tronc d’un arbre depuis une de fes branches jufqu’a l’une de fes racines , on pourra remarquer que les racines, ainfi que les branches, font formées d’un faifceau de fibres qui font une continuation de fibres lon- gitudinales du tronc de l'arbre, Il ne faut donc pas attribuer à la feule expofition, la denfité & l’épaiffeur des couches ligneufes qu’on voit clairement dépendre des différentes caufes qui déterminent la féve à pañler plus abondamment dans une partie d’un même arbre plutôt que dans ane autre. ARBRES TSOTES: Ils font fujets à être tranchés, chevillés & rou= lés; parce qu'ils s'étendent beaucoup en branches, dont l'infertion eft quelquefois bien avant dans le tronc. Néanmoins ces arbres étant frappés de l'air de tous côtés, leur bois eft ferme, de bonne qua- lité, excellent fur-tout pour réfifter aux frotemens dans Les machines ou il eft employé, & pour quax- tédin ts dt né tentes à es dt on mt cm Gant à él dde à Se a Éd D St BESs Boîs. 35 tité d'ouvrages qui exigent de la force : il fournit a la Marine des bois torts, & réfifte longtems aux injures de l'air; mais comme ces fortes de bois font tranchés , ils font rarement propres à fournir de grandes poutres , & ne valent rien aufli pour les ouvrages de fente, ni pour faire de belle me- nuiferie. _ Les arbres des lifieres & du bord des forêts, approchant plus que ceux de l’intérieur des futaies, de la fituation des arbres ifolés, fonc ordinairement plus durs que ceux du plein des futaies : ils ont l'avantage de jouir de l’air; leurs racines font à portée de ramafler plus de nourriture. Ils ne four- niflent pas ordinairement de grandes piéces droi- tes; mais ils donnent de bonnes piéces courbes pour la Marine. M I D I. On foutient prefqu’unanimement que des arbres expofés au Midi, le bois en eft plus dur, plus fer- me, & généralement d'une meilleure qualité que celui des arbres expofés au Nord, & qu'il reffem- ble en cela aux bois d'Italie & de Provence, qui font plus fermes que ceux de la Bourgogne, ou que ceux qui viennént du Notd, mais ils font plus fujets à être endommagés par les coups de foleil & les fortes gelées d'Hiver, que ceux des autres expolitions, parce que le foleil venant à fondre dans le haut du jour la glace qui eft dans l'écorce & dans le bois, & le froid reprenant la nuit, 1l en rélulte un verglas qui endommage confidéra- blement la pottion des aïbres qui a été frappée par le foleil. o té D 8€ «NRA TES LEVANT. Les arbres qui font à cette expofition, font rare ment endommagés par le vent, par les coups de foleil, & par les fortes gelées d'Hiver ; mais leurs jeunes pouiles font fouvent détruites par les ge- lées da Printems, lorfqu’elles font frappées dés le matin par le foleil, fur-tout lorfque ces gelées vien- nent après quelques endées de gréle : cet accident retarde leur accroiflement, & les rend difformes lorfqu'ils font jeunes. COUCHANT. Les vents de fud-oueft fatiguent ou rompent fous vent les branches, & endommagent les arbres qui font à cette expofñtion. La gréle leur fait quelaue- fois de grands maux, parce que comme elle vient de la partie du Couchant, ces nués font prefque toujours accompagnées de grands vents, qui en augmentent le défordre, en brifant les jeunes bran- ches, & meurtriflant la partie de l'écorce qui eft frappée par la grêle, ce qui fait que le bois de ces arbres eft ordinairement roulé. NOR D. Communément les arbres font d'une aflez belle venue au Nord; ils font plus à couvert des mau- vais effets des gelées de l'Hiver & du Printems, & perdent rarement leur fléche, c’eft-à-dire, leur principal montant, ce qui fait qu’ils croiflent plus droits. Cependant on eine que le bois en eft plus tendre : on peut ajouter qu’ils croiflent lentement, parce que le foleil, qui eft le grand moteur de le féve , les frappe peu. DE # or S. 37 ARBRES DANS L'ÉPAISSEUR DES FUTAIES. Ils font ordinairement de belle taille, s’élevent droits & font garantis des gelées du Printems ; mais on leur reproche d’avoir le bois pius tendre que celui des arbres de lifieres. Cependant il n’y a que les arbres en pleine futaie qui puiffent fournir de belles & longues piéces. VALLONS RENFERMÉS. Ils font ordinairement froids, fur-tout la nuit, même pendant les chaleurs de l'Eté; le foleil fe leve plus tard & fe couche plutôt pour les endroits bas que pour les plaines; l'humidité s'y concentre, & les gelées du Prinrems y font quelquefois très- remarquables : aufli quoique la terre y foit bonne, le bois y vient mal, & les arbres y font prefque toujours rabougris. Ainfi , il ny a point d’expofition qui n'ait fes inconvéniens : cela eft inconteftable. Mais auffi il n'y en a aucune qui n'ait fes avantages particuliers. Quelques obfervations fur les vents, la tranfpi- ration & les gelées, prouveront cette propofition. Ve ENS 11 eft quelquefois utile aux végétaux. L'agitation qu'il donne aux branches des arbres, le rafraichi£ fement qu'il caufe à leurs feuilles & à leurs ra- meaux , peut, dans certaines circonftances, rani- mer le mouvement de la féve. Un vent chaud & modéré, augmente la tranfpiration, qui eft pref- que toujours très-utile à là végétation; fur-tour, lorfqueda ns les Etés froids & humides, les feuilles C3 ,8 TrRCATI E remplies d'humidité, commencent à fe pourrir, il excite la tranfpiration, les répare, ou au moins empêche leur entier dépériffement. Dans le Prin- tems , 1l defléche la rofée, & empêchent les per- nicieux effets des gelées qui furviennent. Mais au- tant un vent modéré eft avantageux aux arbres, autant un vent trop violent leur eft fouvent très- préjudiciable. Dans les rems fecs, les vents brülans qui foufflent de l’eft, defléchent les feuilles : les vents du fud oueft déracinent les arbres, en rom- pent de groffes branches, plient les jeunes arbres, & par leur aétion occafionnent des roulures & des gelivures dans leur bois. Les vents caufent beau- coup plus de dommage aux arbres qui font gar- nis de feuilles, que quand ils en font dépouillés, parce que les feuilles forment un grand obftacle D au cours du vent; de même quand ils font chargés de givre, ou qu'ils ont de grandes branches qui ne s'étendent pas également, car alors le vent tord ces arbres & les fatigue beaucoup. La force du vent fe multiplie encore par la poftion de certai- nes montagnes ou il eft reflerré dans les gorges qu'elles forment. Les jeunes baliveaux fur-tout, font ceux qui fouffrent Îe plus des grands vents, parce qu’ils font plus élevés que les autres arbres, & ordinairement très-menus. Les plus grands vents, dans Îa plüpart des Provinces du Royaume, vien- nent de la partie de l'ou-eft, à prendre depuis le nord jufqu’au fud; les arbres, à quelqu’expofition qu'ils foient, courent de grands rifques lorfqu'ils font frappés par les vents de cette direction ; ainfi, comme la pofition des lieux influe beaucoup fur Ja direétion des vents, c’eft à ceux qui y ont in- térét à faire attention à la direétion des montagnes pour juger du tort que Îles vents pourroient caufer à leur bois, boss. om. mt lthés DE 0 I & 39 TRANSPIRATION. Elle eft très-néceffaire pour la végétation : le foleil &- le vent ia favorifent , & au contraire le froid & l'humidité la ralentiflent. Les feuilles en font les principaux organes : elle fe fait en proportion de la fomme de leurs furfa- ces, & elle diminue à proportion qu'on retranche de ces feuilles. Indépendamment de l’aétion du fo- leil qui l’excite , elle devient plus confidérable quand l'air eft chaud, le Ciel ferein , & qu'il fait un vent fec. Pour qu’elle foit abondante , il faut que les plantes fe trouvent placées dans un terrein humide, parce qu’alors leurs vaifleaux font bien remplis de féve. De ces principes il fuit, que la tranfpiration doit être abondante, principalement fur les coteaux expofés au midi, parce qu’à cette expofition l’ac- tion du foleil fe reçoit plus immédiatement; que les arbres expofés au levant doiventtranfpirer moins que ceux expofés au midi, parce qu'ils ne jouiflent pas auffi longtems du foleil, qui d’ailleurs n’a pas autant d'action le matin que vers le midi, & que quand le foleil commence à agir fur les feuilles, elles font ordinairement couvertes de rofée, dont l'humidité diminue la tran{piration ; mais aufi ces arbres ne font expofés aux inconvéniens d’une tranfpiration trop abondante, que quand, par des tems de Cécherefle ; il s'éleve des vents d’eft bri- lans ; que l’expoñtion du couchant n'eft pas favo- rable à la tranfpiration, parce qu’au Printems & en Automne Îles arbres n'y reçoivent pas longtems la chaleur du foleil, & que le vent qui frappe ceite expolition eft prefque toujours humide ; que le Nord étant la plus froide de toutes les expoñtions, & celle qui reçoit moins de folcil, elle eft la moins C4 48 FR ATTS expofée à la tranfpiration; que les arbres qui font renfermés dans les furaies, fituées en plaines, doi- vent tranfpirer peu, parce que leurs têtes étant scflerrées par celles des autres, ils ont peu de feuil- les, jouiffent peu du foleil, & fe trouvent bien abrités du vent; qu’en conféquence il n’y a point de fituation plus favorable à la tranfpiration des arbres , que celle ou ils reftent ifoles. Les arbres plantés dans un terrein aride ne peu- vent, faute de féve, tranfpirer autant que les au- tres, & les caufes mêmes qui excitent la tranfpi- ration , leur deviennent nuifibles. Dans les païs chauds, où les arbres tranfpirent beaucoup, Îles feuilles fe defféchent quand l'humidité manque; mais quand les arbres fe trouvent placés dans un fol humide, ils font des prodiges de végétation, Au contraire, dans les climats froids & humides, les feuilles remplies d'humidité, tombent en pour- riture, quand Îes caufes de la tranfpiration ceflenc de la mettre en mouvement. Les fucs nourriciers qui fe trouvent mélés avec beaucoup d’eau, pañlent dans les plantes ; cetre eau doit fe difliper par la tranfpiration, afin que les parties fixes de ces fucs puiflent former le riffu des plantes. Cependant, de ce que cette tranfpira- tion eft néceflaire à la végérarion , il n’en faut pas conclure, que lexpofition qui la favorife Le plus, foit toujours là meilleure. On 2 vu dans une terre légere, un plant où les arbres étoient fort expofés au foleil, & dont Péeorce étoit morte & defléchée du côté du midi : accident qui arrive fur-tout aux jeunes arbres rirés d’une pépiniere fort touffue & humide, & que l’on a replantés dans une terre légere & à lexpofition' du midi. En con- féquence de ce qui vient d’être dir, on peur croire, que l'expofition du levant, & même celle du nord, eft préférable dans les païs chauds, dans les terres A ont hobsons DES "DONS. AT féches & légeress & qu’au contraire celle du midi mérite la préférence dans les verres fortes , froi- des & humides. GE L'-É.E. En la confidérant par rapport aux dommages qu'elle caufe aux bois, il faut la diftinguer en pe- uites gelées du Printems, & en fortes gelées d'Hi- ver. Celles-ci endommagent le corps même des ar- bres ; & les autres, quoiqu'elles n'attaquent que les bourgeons ne leur font pas moins de tort. GELÉES DU PRINTEMS. Elles endommagent beaucoup les bourgeons des chênes, de la vigne, &c. placés dans des rerreins qui font à l'abri du vent, même de celui du nord; non-feulement parce que ces arbres abrités pouf- fenc plutôt que les autres, mais encore parce que le vent difipe l'humidité : donc tout ce qui elt à l'abri du nord & expofé au midi, fouffre beaucoup plus de dommage que les arbres qui font expofés au vent du nord, quoique très-froid. Les gelées, mème aflez fortes ne font aucun tort ni a la vigne, ni aux arbres fruitiers , ni aux bourgeons des chè- nes, quand il fait fort fec; au contraire tout cft perdu quand il tombe une petite pluie, ou que l'on a arrofé ; ainfi que dans les endroits où le vent n'a pu difliper Fhumidité, car le vent diminue jes mauvais cffets de la gelée. Ces gelées font beau- coup de tort dans les endroits fraîchement labou- rés, parce qu’il s'échappe de ces terreins remués beaucoup de vapeurs qui humeétent les plantes : & par la même raifon, elles font plus de défordre dans les verres légeres qui laiflent échapper beau- coup d'exhalaifons, que dans les terres fortes qui 47 TRAITÉ tranfpirent moins : un fillon de vigne qui fe trouve planté le long d’une piéce de fainfoin ou de luzer- ne, eft prefque toujours endommagé par la gelée, la tranfpiration de ces herbes portent beaucoup d'humidité [ur la vigne : il en eft de même des bourgeons d’un taillis qui fe trouveroit placé le long d’un pré d'herbes vertes : la tranfpiration d’un taillis fait tort aux baliveaux ; & les baliveaux, en arrétant le vent qui pourroit difliper l'humi- dité, font geler les taillis : la gelée fe fait fentir plus vivement près la furface de la terre , qu’a quel- ques pieds plus haut; & elle endommage peu les bourgeons qui font au-deflus de cinq pieds, rai- fon pourquoi les bourgeons des vignes qui partent immédiatement des fouches, font plus fouvent gelés, que ceux qui partent des longs farmens : Quand les gelées font un peu vives, quoiqu'elles arrivent dans les circonftances les plus fâcheufes, elles ne font aucun tort aux végétaux, lorfque la glace fond avant que le foleil ait pu faire fentir la chaleur de fes rayons, foit que le tems refte couvert le matin, & qu'il furvienne une perite luie, ou par quelqu’autre caufe que ce puifle être. ; q q GELÉES FORTES D'HIVER. Elles font quelquefois fendre & éclater les gros arbres dans Les forêts; ceux qui font fitués à l'ex- pofition du nord doivent en être le plus endomma- gés; mais ces grandes gelées font fort rares en Eu- rope. Quand les arbres font chargés de givre, & qu'il géle bien fort, le ciel étant d’ailleurs ferein, il arrive fouvent que le foleil fe trouve avoir affez de force vers le midi pour faire fondre la glace, & même pour faire fentir fa chaleur jufque dans l'écorce & dans le bois ; alors on voit l’eau dégou- ter de toutes les branches; mais vers les trois heu- + e. n ntannbé ne me ennemi ene ment mat at ir meteo ti ndaieten + date nt Éd R ES DS SE S S sd dé me is à à tie" . dé ni. d dm til ob ms nn. à de nd 2 in né … É DR -SCTAETLS. 43 res après midi, la gelée reprend ordinairement avec force, & elle glace non-feulement l’eau qui eft 2 la fuperficie des branches, mais encore l'humidité qui a pénétré l'écorce & l’aubier, ce qui forme un verglas bien plus pernicieux aux arbres que les plus fortes gelées ; l'écorce, & l’aubier alors périf- fent dans la partie expofée au foleil, pendant que le côté oppofé, ou toutes les parties fonc reftées fortement gelées, fe trouve trés-fain : cet acci- dent qui ne doit atraquer que les arbres expofés au foleil de midi, eft une des principales caufes de ce qu’on appelle gelivure entrelardée. ÆAGEiD: U::Br'@O:ES. Tout ce qui a vie dans la nature ne prend fon accroiflement , fa perfection que dans l’efpace d’un certain tems ; les êtres organifés s'entretiennent plus ou moins de tems dans cet étar, après quoi ils viennent fur le retour, & fe détruifent peu-a-peu. Mais en eft-il des végétaux comme des animaux? On prétend que les grands arbres, tels que le ché- ne, l'orme, &c. font cent ans à croître, qu'ils reftent cent ans dans un même état de force, & qu'ils font cent autres années à dépérir. Dalechamp & plufieurs autres foutiennent que le chêne eft en quelque façon immortel. Mais quand on voit les arbres fortir de la femence & parvenir peu-à-peu à la plus grande hauteur, ne faut-il pas convenir qu'ils ont un accroiflement progreflif ; quand après avoir acquis cette grofleur, que l’on peut appeller le maximum de leur accroiflement, on les voit perdre peu-à-peu quelques-unes de leurs branches qui meurent; une portion de leur écorce fe deflé- cher & fe détacher de l'arbre ; les feuilles de la cime être toujours jaunes, & tomber de bonne- heure cn Automne; que quelquefois même il ny 244 J'K AI TÉ a que les branches d’en-bas qui fe garniflent de feuilles, & qu’enfin ces arbres meurent entiérement, & tombent bientôt en pourriture; n'ont-ils pas un retour, ne font-ils pas fujets, ainfi que les ani- maux , aux dégradations de la vieilleffe ? On voit certains infectes pafler par tous ces états, dans un très-court efpace de rems , & quelques pe- tites plantes dont l’entiere végétation s’accomplit dans le cours de quelques femaines. Mais en eft-il de même de la vie des arbres ? Au moment qu'ils teflent de croître, commencent-ils à dépérir, ou reftent-ils quelque tems dans un étactellemencfixe, que fans croître ni décroître , ils confervent cepen- dant aflez de vigueur & d’embonpoint pour n’é- prouver aucune altération? Les plantes annuelles femblent exiger que l’on retranche cet érat intermé- diaire ; puifque quand elles paroiflent dans leur plus grande vigueur , quand elles ont leurs fleurs , ou qu'elles font chargés de leurs fruits, le tems de leur dépériflement n’eft pas éloigné : jufqu’a la for- mation de leur fruit elles n’ont ceflé de faire quel- que nouvelle production ; parvenues à ce point, elles ne tardent pas à fe deffécher , & elles meurent enfuite prefque fubitement. Mais il y a quelque‘ différence entre ces plantes-là & les grands arbres, car quand ils font venus au dernier terme de leur accroiflement, & que même ils commencent à dé- périr, ils continuent néanmoins d'augmenter en groffeur, par l'addition de quelques couches li- gneufes, & même en hauteur par l’éruption de quel- ques menus bourgeons. Il y a donc un intervale de tems ou les arbres ne croiflent prefque plus, parce que la féve n’eft plus affez abondante. Cet état fera regardé fi l’on veut comme mitoyen entre leur crue & leur dépériflement; mais ce qu’il importe prin- cipalement de connoître, c'eft dans lequel de ces états le bois eft réputé être de meilleure qualité. Dors er. 4} ACCROISSEMENT. Quand un jeune arbre fort de la femence, il n’eft d’abord que de l'herbe; bien-tôt apres une portion de l’intérieur s’endurcit & devient ligneufe; elle forme alors un cône ligneux , intérieurement creux, rempli de moële, & dont l'extérieur eft recouvert par l'écorce. Ce cône ligneux n’eft encore que de l'aubier , & dès le moment qu'il eft endurci, il ne doit plus augmenter ni en hauteur ni en épaiffeur; il refte tant que l'arbre fubfifte , à-peu-prés dans les mêmes dimenfons ; il paffe feulement de l’état d’au- bier à celui d’un bois, fans s'étendre en aucun fens ; de façon que dans le pied du plus gros chêne, le pre- mier cône ligneux y exifte à-peu-près dans les mé- mes dimenfions qu'il avoit lorfqu'il a été formé en bois après la germination de la femence. L'accroiflement des arbres, foit en hauteur, foit en groffeur , s’accomplit par le moyen d’une fubf- tance qui fe prépare entre l'écorce & le bois ; fem- blable d’abord 2 une épaifle gelée, elle devient en- fuite plus apparente, elle femble être herbacée, prend plus de confiftance, & devient femblable à f'aubier ; cette couche de bois imparfait s’attachant au bois qu'elle recouvre , en augmente l’épaiffeur : & il s’en forme plufieurs dans une même année. A l'égard de l’accroiffement en hauteur, il fe fait feu- lement par l'expanfion du germe renfermé dans l'in- térieur des boutons : c’eft une branche en raccourcit, tendre & capable d'expanfion ; le bourgeon fort des boutons , comme le jeune arbre fort de la femence : c'eft une fubftance herbacée & expanfible qui prend de l'étendue dans toutes fes parties, jufqu'a ce qué l'intérieur foit devenu bois. Ainfi la ftruéture des arbres fe fait par un cer- tain nombre de cônes ligneux plus grands les uns que les autres, & qui fe recouvrent mutuellement 26 TR'A IT É d'année ent année. Chaque côné une fois formé; n'augmente plus ni en grofleur ni en longueur : conféquemment dans un chêne de cent ans, le pre- mier cône eft du bois de cent ans, & le dernier eit du bois d’un an; enforte que dans cer arbre il fe trouve du bois de tous les âges, à compter depuis un an jufqu'a cent; d'ou l'on peut conclure que s’il faut un certain âge au bois pour étre réputé bon, & que pailé cet âge il foit reconnu mauvais, il pourra y avoir dans le même corps d'arbre, une partie du bois qui ne fera pas dans toute fa per- feétion, & une partie qui fera fur le retour ; en- forte que la partie extérieure de l'arbre & Ia fu- périeure n'auront pas encore acquis toute leur per- fection, pendant que le bois du cœur fera dans un état parfait, & même que celui du centre, vers le pied de cer arbre, commencera à dépérir. Pour mieux comprendre comment le bois peut, pendant un certain tems , acquérir de la bonté, & s'altérer enfuite , il ne faut que prêter une legere attention aux différens états par lefquels le bois pañle , avant de parvenir à celui de toute la perfec- tion dont il eft fufceptible. On voit d'abord que les couches qui doivent devenir du bois, n’ont aucune confiftance folide ; qu’elles ne font encore qu'herbacées; que la féve y pañle en abondance ; que les parties propres à prendre de la folidité, fe fixent dans fes pores, & qu’elles deviennent fila- menteufes; que la féve continue à traverfer cette fubftance qui augmente en denfité; & qui devient aubier; que cet aubier n’eft encore qu’une fubf- tance rare, qui a befoin que la féve ÿ apporte cer- taines parties fixes, ou fubftance nourriciere qu’elle y dépofe en la traverfant, & qui le mér dans l’état de bois plus denfe. Mais on conçoit bien aufli que ces pores peuvent devenir tellement étroits & fi petits, que la féve ne puiffe plus y pañler avec fa- DE SL Bi: S: 47 cilité; que cet obftacle commence à déforganifer les bois, & à les mettre dans un état de retour, puifque la féve étant privée de fon mouvement ordinaire, fe corrompt infailliblement. Conféquem- ment , il faut que le bois qui eft vers le centre du pied d’un arbre, encore en crue, foit plus pefane que celui qui eft au haut de la tige, & dans tou- ‘tes les parties de l'arbre, & que celui qui eft au centre foit aufli plus pefant que celui qui eft à la circonférence : au contraire, quand les arbres font fur le retour , le bois du centre doit être moins pefant que celui qui eft près de la fuperficie, à caufe de l’altération qu’il a foufferte , ainfi qu'il a été vérifié par plufieurs expériences, qui ont toutes donné pour réfultat, que quand les bois font par- faitement fains , ils font plus pefans au centre qu’à la circonférence; que le contraire arrive quand les bois font fur leur retour ; que les plaies recou- vertes, ainfi que les nœuds, rendent le bois plus pefant, qu'’aucontraire, les gelivures rendent les bois plus légers; que le bois trop jeune n’a pas encore acquis la perfection dont il eft fufceprible; que le bois du pied des arbres qui font en pleine crue , eft meilleur que celui de la cime ou des branches, & celui du centre, que celui de la cir- conférence ; que le bois trop vieux , & dont les pores font obftrués, commence à s'altérer intérieu- rement par la partie du tronc qui a été formée la premiere ; qu'alors le centre eft plus léger que le bois de la circonférence; que dans cet érat des ar- Bres, c’eft le bois du centre pris au pied, qui eft le plus mauvais; & que dans toute la longueur du tronc, celui du centre n’eft pas fi bon que celui de la circonférence qui n’a été formé que depuis l'autre. En effet, dans les bois mis en œuvre, quand ces fortes de bois dépériffent de vicillefle, c’eft roue jours par le centre qu’ils commencent à s'altérer ; Lu 43 ER A FIRE c’eft donc une trés-grande faute de laïler trop long: tems fur pied un arbre qui dépérit, puifque la par- tie la plus précizufe tombe en pure perte. Ainfi, l'âge qui précéde immédiarement l’altération du cœur d'un arbre vers le pied, eft celui ou il con- vient de l’abattre, fi l’on veut en tirer le meilleur parti pofhble, MARQUES DE L'AGE CONVENABLE POUR ABBATRE. Y en a-t-il de certaines? y a-t-il un âge fixe pour cela , & peut-on le connoître à quelques fignes ex- térieurs? Ceux qui font dans l’ufage d'exploiter des bois, ne conviennent pas entr’eux de l’âge précis ou il convient de les abattre. Les uns prétendent qu'il faut qu’ils aient foixante ans , d’autres cent, d’au- tres cent cinquante, d’autres enfin deux cens. Quel- ques-uns fontiennent qu'on ne peut fixer l’âge où les bois ont acquis toute la bonne qualité dont ils font fufceptibles ; mais ils confeillent en même- tems d’avoir plutôt égard à leur grofleur, préten- dant que quand un arbre eft parvenu à porter deux pieds d'équarriflage, il eft dans toute fa perfec- tion. Ce n’eft pas ce partage de fentiment qui doit furprendre ; c’eft feulement de voir qu’on ofe fixer l'âge & la groffeur ou il convient d’abbatre les ar- ‘bres, fans faire attention que le climat, la fitua- tion, l’expofñtion, la nature du rerrein & la qua- lité d’une futaie, doivent occafionner des différen- ces infinies qu’il faut tâcher d’éclaircir le plus qu'il fera poflble. Relativement aux terreins fecs, les arbres qui croiflent dans les païs chauds, ceux qui viennent fur les montagnes , & ceux qui font expofés au midi, croiflent plus lentement que ceux qui vien- nen£ ME IRRLG LS. 49 nent dans des païs moins chauds, ou dans des vallons qui font ordinairement afflez humides, & même que ceux qui ont crü dans un bon terrein médiocrement humide : & de ce que les arbres qui viennent dans un terrein fec ont les pores plus ferrés que ne le font ceux des arbres venus en terre fertile, il s'enfuit qu'ils ne viennent pas fi gros, & qu'ils tombent plutôt en retour; parce que leur hve . quoique moins abondante, eft plus fubftantieufe ou plus chargée de parties capables de fe former en bois; & que la tranfpiration étant plus abondan- te , les pores des bois crus en terrein fec doivent être très-ferrés, & leurs fibres ligneufes , fermes & folides ; de forte que l’aubier de ces bois eft pref- que comparable au cœur des arbres venus dans un «terrein gras, ainfi que l'on peut s'en convaincre en comparant le chène de Provence, avec celui qui vient de Lorraine ou du Canada : la féve en paffant par l'aubier, & en y dépofant des parties fixes , le change en bois, & cetrc même féve en- durcit encore & perfectionne le bois, de la même maniere qu’elle a perfectionné l’aubier ; ce qui doit durer jufqu’a ce que les pores deviennent tellement étroits , que la féve qui ne pourra plus y pañler aifément, y féjournera & s’y corrompera : d’où il eft aifé de concevoir que les bois des païs chauds, ou ceux qui font expofés à l’ardeur du foleil dans des terreins fecs, doivent être fur leur retour, avant d'avoir acquis beaucoup de groffeur ; au lieu que les arbres fitués vers le nord, ou dans un terroir fubftantieux & humide , deviennent plus gros, avant de donner des marques de retour, parce qu'il faut à ceux-ci, qui tranfpirent peu, ou dont la féve eft fuffifamment délayée, beaucoup plus de tems pour que leur bois acquiert la denfité & Ia ‘dureté dont ils font fufceptibles. Par cette raifon ces arbres ont beaucoup d’aubier , & fouvent ils Tome IT, so TRAITÉ n'auront pas acquis toute leur dureté, & ne feront pas parvenus au terme de leur accroiflement au bout de cent cinquante ans, pendant que les au- tres, quoique moins gros, feront quelquefois fur leur retour à cent ans. > Les arbres crus dans un terrein marécageux , paf- fent fubitement d’un accroifflement aflez prompt à un dépériflement fenfible : bien différens de ceux qui ont cru dans un terrein de bonne qualicé, & un peu humide, en ce que ces derniers deviennent très-gros , & que leur bois n’eft dans fon état de perfection que quand ils font parvenus à avoir aflez de groffeur & de hauteur pour fournir de belles piéces de charpente. Il ne faut donc pas s’arrèter ni à l’âge, ni à la grofleur des arbres, pour décider du tems ou ïl convient de les abbattre ; fur-tout fi l’on fait at- tention qu’il y a quantité de bois qui, par le défaut du terrein, tombent fi promptement dans le dépériflement, que l’on eft obligé de les mettre en taillis. Indépendamment du climat, de la nature du fol, & de la fituation des futaies, une autre cir- conftance les ‘fair encore tomber bientot en dépé- riflement : c'eft quand elles fe trouvent reproduites de vieilles fouches. | Il y a des futaies qui n'ont jamais été abbat- tuces, & qui viennent immédiatement de femence, æout fe réunit alors à leur avantage : le terrein eft neuf pour les arbres qui y croiflent : les racines le font aufli, & fe font étendues dans une pro- portion convenable avec les parties de l'arbre qui font hors de terre; à mefure que l'arbre a pouñlé de nouveaux jets, il s’eft étendu en même tems en racines; enfin tout fe trouve en proportion ré- ciproque. Mais quand on a abbatu une futaie de cette nature, la quantité qui refte de grofles ra- POP REV NT sé dt L1 DÉS VOIES. st cines n'a plus à nourrir déformais que quelques rejets de chaque pied abbatu, qui, a la vérité, s'étendent avec vigueur, parce qu'ils ne peuvent dépenfer la totalité de la féve, qui peur leur être apportée par un fi grand nombre de racines. Auffi cette abondance de nourriture qui occafionne les belles produétions des fouches, caufe un préju- dice confidérable aux groffes racines, dont plu- fieurs meurent par la fuite, & pourriflent en terre, ou au moins fouffrent beaucoup du retranchement des grofles branches, a-peu-prés comme les bran- ches fouffrent du retranchement de quelques grof- fes racines. On fçait que le faule & le peuplier, quand on ne les étête pas, font de grands arbres , & qu'ils ne fe creufent pas : on voit aufli que ces mêmes arbres deviennent creux , quand on ies étête fré- quemment; ce qui vient probablement d’une cor- ruption de la féve du tronc qui ne peut pañler en aufli grande quantité dans les jeunes bourgeons, qu’elle le pouvoit faire dans les branches retran- chées : le même accident ne doit pas arriver aux racines ? Quand on abat un gros arbre, il repouffe de jeunes jets d’entre fon écorce & fon bois; mais le bois de la fouche meurt & tombe en pourritu- re : pourquoi la même chofe n’arriveroit-elle pas aux racines ? Ces exemples doivent faire fentir combien il eft difficile que les bois que fourniffent les plus an- ciennes forêts des pais habités, par exemple, cel- les du Roi, en France, fe trouvent de bonne qua- lité, parce que les arbres font, pour la plüpart, fur fouche, & fur fouche de très-vielles futaies ; que la terre y étant depuis un nombre de fiécles plantée en bois, dont on a emporté plulieurs fois la dépouille, fans qu'elle ait été renouvellée par aucun engrais, doit être abfolument épuifée, au 2] _ s2 Tim ANT M moins pour l’efpece de beis qui l’a affez longtems occupée ; que les forêts qui fubfftenc font plantées fur des fonds de terreins médiocres ; par confé- quent le fol & les racines fe trouvant ufés, les bois ne peuvent être d'une excellente qualité, & les ar- bres doivent y étre bien plutot en retour que dans les ‘forêts qui font venues immédiatement de fe- mence ; que les arbres venus de femence , éten- dent tous les ans leurs racines, qui fe portent ainf dans une terreneuve; au lieu que celles des arbres de vieilles futaies font privées de cet avantage, puifque ces fouches fe trouvent dans un fol ufé & trop rempli de vieilles racines ; & que fi l'on joint à ces confidérations ce qui eft dit du climat, de l’expofition, de la fituacion , & de la nature du terrein , il fera impoñlible de parvenir à décider du tems ou il convient d’abbattre une futaie!, ri par Jâge, ni par la groffeur des arbres. Les arbres peuvent étre attaqués de quantité de défauts extérieurs, tels que la roulure, la gelivure ou autres, auxquels ils font expofés à toute forte d'âges , fans que cela puifle en quelque façon di- minuer la vigueur de leurs poufles : mais quoique Ja dégradation de la vieillefle agifle principalement‘ dans l’intérieur, elle fe fait néanmoins appercevoir au dehors. Le bois premier formé, eft le plurot & le plus altéré ; mais toute l'habitude de l'arbre fouf- fre ; & l’on peut, ainfi connoître qu'un arbre eft fur le retour, foit par des fignes extérieurs, foit par des marques intérieures. Quoiqu'il en air déja été parlé, ils feront encore rapportés ici fuccinétement, MARQUES DU RETOUR. 1°. Un arbre qui forme par fes branches de la cime une tête arrondie, doit furement avoir peu de vigueur , de quelque grofleur qu'il foit; au con- D'E:s: B0:1 8: s3 raie, quand les arbres font vigoureux, on voit des branches qui s'élevent beaucoup au-deflus des autres. 2°, Quand un arbre fe garnit de bonne- heure de feuilles au Printems, & fur-tout quand, en Automne, ces feuilles jauniffent avant les au- tres, &’ que les feuilles du bas font alors plus ver- tes que celles du haut, c'eft une marque que cet arbre a peu de vigueur. 3°. Quand un arbre fe couronne, c’eft-a-dire, quand il meurt quelques branches du haut, c’eft un figne infaillible que le bois du centre commence à s'altérer, & qu'il eft en retour. 4°. Quand l'écorce fe detache du bois, ou qu’elle fe fépare de diftance en diftance par des gerçures qui fe font en travers, on peut être cer- tain que l'arbre eft dans un état de dégradation confidérable. $°. Quand l'écorce eft beaucoup char- gée de mouffe, de lichen , d’agaric ou de champi- gnons , ou quand elle eft marquée de taches noi- res ou roufles, ce figne de grande altération dans l'écorce doit faire foupçonner qu’eile n’eft pas moin- dre dans le bois. 6°. Quand les jets font très-courts & même que les couches de l’aubier font minces, auffi bien que les couches ligneufes qui fe font formées en dernier lieu, on peut être certain que les arbres ne font plus que de foibles productions. 7°. Quand on apperçoit des écoulemens de féve par les gerces de l'écorce, c'eft un figne qui indique que les arbres mourreront dans peu. A l'égard des chancres & des goutieres, ces défauts, quelque fâcheux qu'ils foient dans légarbres, peuvent être produits par quelque vice local, & ils ne font pas toujours des fuites de leur vieillefle. Toutes ces marques indiquent quels font les ar- bres qui font en dépériflement; & felon qu'on les voit plus où moins attaqués de ces défauts, on peut juger s'ils font encore bons, ou s'ils doivent étre réputés entiérement hors de fervice : tous les D 3 $4 nù à À: arbres qui font depuis fongtems fur le retour , font altérés aû cœur , & leur bois eft gras, comme di- | fent les ouvriers ; en ce cas ils ne font propres à être employés que par les menuifiers, ou à quel- ; ques ouvrages de fente ; fouvent même leur bois | eft rouge , échauffé & vergeté; alors ils ne font plus bons qu'à bruler. Et par-tout ce qui eft ci- deflus dit, on fe trouve engagé à conclure que le tems Îe plus avantageux pour abbatre les furaies, dont les arbtes font deftinés à dés ouvrages de con- féquence , eft celui ou le bois fe] trouve avoir ac- quis toute {a perfection , & avant qu’il commen- ce à dépérir. : Ro. ff 5/2 Pye pe Îr On norme #arllis tous les bois qui font mis en coupe réglée, pour être abbatus au-deffous de quarante ans. Ces bois différent beaucoup les uns des autres ; 1°. fuivant l’efpece dont ils font for- imés, 2°, fuivant qu'ils font plus où moins garnis, 39. fuivant leur âge. En éffét un taillis de chêne ou de chätaignier,, eft plus eftimé qu’un taillis de bois blanc, comme le tremble, le peuplier, &c. : il y a tel arpent de taillis qui donne une fois plus de bois qu'un autte : un taillis de trente à quarante ans, eft beaucouf plus avantageux que celui qui ne feroïit que de Hit a dix ans, excepté ceux qui fe trouvañt dans de bons fonds feroient plus forts à vingt ans, que ne le féroient à trente-cinq ans ceux qui fe trou- veroient dans ün mauväis {ol Auffi les marchands examinent-ils plutôt la for- te que lâge du taillis : cependant à égalité de for- ce , ils donnent ofdinairement l4 préférence à ceux qui font plus jeunes, parce que les bois venus en bons fonds, ont toujouts l'écotce plus vive , & DVE:$ BO:1s. s5 le bois mieux conditionné que ceux dont l’accroif- femenc a été lent ; & que les bois bienvenans peu- vent fervir à plufeurs ufages auxquels on ue pour- roit pas employer les bois languïffans. AG E. 11 y a certain taillis qu'il convient d’abbatre fort jeunes , d'autres que l’on doit laifler fur pied plus longrèems, fuivant les différentes circonftances. Les oferaies font une efpece de taillis qu’il faut abbatre tous les ans , parce que l’on perd beaucoup en ne les coupant que la feconde année. Les faules, les marfaux, les peupliers qu'on étète, peuvent être regardés comme des taillis, & il faut les abbatre plus jeunes & plus vieux, fui- vant leur âge, & l'ufage que l’on peut faire de leur émondage. Un jeune plantard qu’on laifferoit chargé de deux, trois ou quatre furtes de branches, courroit rifque d’étre éclaté, & très - endommagé pare vent; au lieu qu’un gros & vieux plantard peut, fans rifque, porter quatre ou cinq groffes branches. Quant à l’ufage qu'on en peut faire , dans les païs où l'on a befoin d'échalas, on peut abbatre les tétards de faules, de marfaux & de peupliers, quand les branches ont, à fix pouces du tronc, quatre à cinq pouces de circonférence : les vanniers achettent même quelquefois de ces fortes de per- ches pour en faire des lattes qui forment le bäti ou la charpente de leurs ouvrages. Dans le païs ou le débit des cerceaux eft certain & avantageux, on fera bien d'’érêrer les faules, & d'abbatre les raillis de marfaux, de bouleaux, de châtaigniers, de chênes & de tous les bois propres à faire du cerceau , lorfqu'ils pourront foutnir des pérches de dix, douze ou quinze pieds de lon- D 4 s6 TR A .IYIRÉ gueur, fur trois, quatre, cinq & jufqu’a huit & neuf pouces de circonférence vers le petit bout, en fe conformant, pour la grandeur des perches, à l’efpece de futaille qui eft d’ufage dans le païs. A l'égard du bouleau , il eft bon de fçavoir que les fouches meurent prefque toujours 560 les abat gros, & quand leur écorce fe trouve fendue. Les perches qui excédent les diinenfions conve- nables aux futailles, qui ont depuis vingt - cinq jufqu'à quarante pieds de longueur, fur huit, dix, onze ou quinze pouces de circonférence au petit bout, peuvent faire des cerceaux pour baignoires, cuviers ou cuves : on en fait mème avec du bou- leau, du chêne, du murier, du frêne, de l’orme & du merifier. Les groffes perches de faule ou de bouleau fe vendent encore aflez avantageufement aux mégifliers pour faire des cerches, dont on fe fert pour monter les cribles. On les refend auff comme pour faire du cerceau, mais on ne les cour- be point en meules, on les lie toutes droites, & peuvent fervir à faire des creillages & des tonnel- les dans les jardins. Mais ces ouvrages n'étant ja- mais d'un débit auffi certain que les cerceaux pour les futailles , il vaut toujours mieux abbatre lés tail- lis dans le tems qu’ils peuvent être propres à fournir du cerceau. Il y a des taillis de merifier & de coudrier, qu'il faut vendre auflirôt qu’ils peuvent fournir des cer- ceaux de barils, ou des baguettes pour les chan- deliers ; on perdroit beaucoup à le conferver plus longtems, parce qu’ils ne feroient plus bons qu’à brüler. Pour l’épine blanche, le tems le plus avanta- geux pour l’abbatre, eft quand on en peut faire du cerceau pour les barils, ou de la corde à char- bon : les jeunes poufles vigoureufes fervent à faire des verges de fouet pour les cochers ou les char- DES BoO7rs. s7 retiers, ou des bâtons à la main ; mais les picoreurs ont foin de les couper pour eux. Un des meilleurs bois pour tous ces ufages , parce qu'il plie beaucoup fans fe rompre, c'eft le ce/tis ou micocoulier, que l’on appelle à Perpignan adonier, & ailleurs falabriquier où fabrecoulrer. Il y a des taillis de toutes fortes de boïs plantés dans de fi mauvais fonds, qu'ils ceflent de croître au bout de huit à neuf ans : il eft évident qu'il n’y auroit qu'à perdre en les laiflant fubfifter plus * longtems, S'il y a des circonftances ou il faut abbatre les taillis fort jeunes, il y a bien des cas aufli où il faut les laiffer fubffter plus longrems. Les taillis de fept à huit ans ne peuvent étouf- fer la bruyere : il y a donc, en laïflant croître les taillis plus longrems, cet avantage, qu’ils érouf- fent cette mauvaife plante qui fait un tort confi- dérable au bois, au lieu que quand elle eft étouffée par un taillis de vingt ans, elle fournit un engrais au terrein. | Lorfqu’on eft trop longtems fans abbattre les taillis , l'ombre des plus forts arbres fait périr les petits, par conféquent beaucoup de fouches meu- tent; mais auf en abbatant un bois trop fréquem- ment, on fatigue les racines, parce que les bois ne produifent de racines que proportionnellement a ce qu'ils croiflent en branches : il eft donc évi- dent que par les abbatages trop fréquens, on fait un tort confidérable au recrü. La dent du bétail & les gelées du Printems font plus de tort aux jeunes bourgeons qu'aux taillis plus âgés; & quand on abbat les bois à fept ans, on cit plus fréquemment expofé à ces dommages que quand on les abbat à vingt-cinq ou trente ans. Les tailliside chêne de fept ans ne donnent point de gland; iln’y a que les baliveaux qui en four. 53 FR À 1\T48 niffent pour repeupler le bois, au lieu que dans les taillis de vingt à vingt-cinq ans, il fe trouve beaucoup de chênes qui donnent du gland, ACCROISSEMENT, Les bois de chëne, foit taillis, hauts-taillis où demi-futaie, en un mot, les jeunes bois en bons fonds, croiffent en hauteur d'environ un pied cha- que année, jufqu’à foixante ou quatre-vingts ans, fur-tout lorfque le terrein eft propre aux efpeces de bois qui y font plantés : après cer âge, ils sé- levent très-peu, mais ils grofliffent, pendant long- tems, 2-peu-près d’un demi-pouce chaque année, ce qui eft marqué par le cercle de la crue qui a en- viron une ligne d’épaifleur. Les bois blancs qui ont la féve plus hâtive & plus abondante, croiffent & grofliflent plus promp- tement, au moins d'une moitié ; mais ils vivent beaucoup moins longtems. Un brin de chëne de vingt ans, par exemple, peut avoir dix pouces de grofleur, mefuré à quatre où cinq pieds de terre, fur vingt pieds de hauteur. Un brin de vingt-cinq ans peut avoir douze à treize pouces de grofleur fur vingt-cinq pieds de hauteur. Un brin de trente ans, quinze pouces de grofleur, fur trente pieds de hauteur. Les baliveaux ; modernes ou anciens, croiffent très-peu en hauteur ; mais ils groffifflent moirié plus que les brins de taillis, &c à-peu-près de neuf Hgnes par an; enforte que les cercles annuels ont environ une ligne & demie d'épaiieur, à compter depuis la coupe des taillis où ces arbres ont été Jatiiés en réferve. Un baliveau moderne de quarante ans, par exemple, qui avoit dix pouces de groffeur à vingt as, à augmenté d'environ quinze pouces pendant NES MOTS. 59 vingt ans, & porte à-peu-près deux pieds de cir- conférence, fur environ vingt pieds de hauteur qu’il avoit à vingt ans, attendu qu'il s'éleve très- peu après qu'il a été découvert, & qu'il n'y a que les branches qui s'étendent, le tronc demeurant en- tiérement de la mème hauteur, fi l'on compte de- puis les branches que le baliveau avoit quand on a abbatu le taillis jufqu’au terrein. Un ancien de foixante ans, de trois âges, qui avoit dix pouces de sroffeur à vingt ans, peut porter quarante pou- ces de tour fur la même hauteur qu'il avoit à vingt ans. Un autre de quatre-vingt as, de quatre âges, qui avoit dix pouces de groffeur à vingt ans, por- te un pêu plus de quatre pieds & demi fur la même hauteur qu'il avoit à vingt ans. Dans un taillis de vingt-cinq ans, un baliveau moderne de cinquante ans, qui avoit douze à treize pouces à vingt-cinq ans, peut porter deux pieds & demi de tour fur vingt-cinq pieds de hauteur qu'il avoit à vingt-cinq ans. Un ancien de foixante- quinze ans, de trois âges, peut porter cinquante pouces de tour fur vingt-cinq pieds de hauteur qu'il avoit à vingt-cinq ans. Un ancien de cent ans, de quatre âges, peut porter un peu plus de cinq pieds & demi de tour fur la même hauteur qu'il avoit à vingt-cinq ans. Dans un taillis de trente ans , un baliveau mo- derne de foixante ans, qui avoit quinze pouces de grofleur à trente ans, peut porter un peu plus de trois pieds de tour fur trente pieds de hauteur qu'il avoit à trente ans. Un ancien de quatre-vingt-dix ans, de trois âges, peut porter cinq pieds de tour fur la même hauteur qu'il avoit à trente ans. Un ancien de cent vingt ans, de quatre âges, peur porter fept pieds de tour fur la même hauteur qu’il Ayoit à trente ans, 60 MR 2. Æ 1 ŒUE FR OL AIME Neuf cens brins de taillis de vingt ans, de dix pouces de grofleur fur vingt pieds de hauteur, pro- duifent environ huit cordes de bois, contenant quarre cens cinquante buches de trois pouces un peu plus de diametre par corde, à raifon de qua- tre buches de trois pieds & demi de longueur, pri- fes dans chaque brin; le furplus, qui eft de fix pieds, s'emploie en fagots ou en charbon, fui- vant le débit qui peut s’en faire dans les lieux. Neuf cens brins de vingt-cinq ans, de douze à treize pouces de groffeur, fur vingt-cinq pieds de hauteur, produifent douze cordes de bois, chaque corde contenant trois cens buches de quatre pou- ces de diamètre, à raifon de quatre buches de trois pieds & demi de longueur par brin; le furplus qui cft de onze pieds, produit encore quelques buches, ou moitié plus de fagots, ou de charbon, ou de coterets qu'a vingt ans. Neuf cens brins de trente ans, de quinze pou- ces de groffeur fur trente pieds de hauteur, pro- duifent dix-huit cordes de bois, à deux cens bu- ches de cinq pouces un peu moins de diamétre pour chaque corde; chaque brin fourniffant quatre bu- ches de trois pieds & demi de longueur. Le fur- plus, qui eft de feize pieds, peut produire encore quelques buches, ou la valeur de moitié plus de fagots , cu de charbon, ou de coterets qu'a vingt- cinq ans, & toujours par proportion, foit que les taillis aient plus ou moins de groffeur à vingt ans. Conféquemment un arpent de taillis de vingt ans , qui produiroit huit cordes de bois, huit cens de fagots, ou un muid & demi de charbon, pro- duiroit à vingt-cinq ans, douze cordes, douze cens fagots, ou deux muids quatre cinquiêmes de char- Dee. SODROIT S. 61 bon; & à trente ans, dix-huit cordes, dix-huic cens de fagors , ou la valeur, ou celie de trois muids, trois huitiémes de charbon ; ‘«nforte que fi cet arpent de taillis étoir vendu cent vingt li- vres à vingtans, il vaudroit cent quatre - vingt livres à vingt-cinq ans, & deux cens foixante-dix livres à trente ans, outre l'augmentation du prix des arbres de réferve. Il ne faut pas s'arrérer à ce que le taillis de vingt-cinq ans a occupé le trrein cinq ans de plus que celui de vingt ans, ce qui paroïtroit d’abord faire une perte de ce tems ; car comme on vient de le voir, le prix de l'arpent de vingt ans étant fixé à cent vingt livres, & ajoutant le quart de cette fomme à elle-même, on n'aura qu'un pro- duit de cent cinquante livres 3 au lieu qu’en laif- fant le bois prendre fon accroiflement de vingt- cinq ans , le taillis de cet âge produit cent quatre- vingr livres par arpent, tandis que celui de Vingt ans ne produit que cent vingt livres : c’eft donc plus furement un bénéfice de couper le bois à vingt- cinq ans qu'a vingt. Îl en eft de même de celui qu'on ne fait abbattre qu'a trente ans; on vient de voir qu’à cet âge, il rend plus que le double de celui qu'on abbar à vingt ans. D'ailleurs les baliveaux de l’effence réfervés dans un taillis de trente ans, étant plus forts & mieux enracinés que ceux de vingt ans, font plus droits & plus élevés, parce qu'ayant été plus longtems preflés par les taillis, ils ont acquis plus de hau- teur fans branches, & ils forment de plus grands arbres ; au lieu que les baliveaux de vingt ans & au-deflous font pour la plüpart bas de tige, tor- tus, branchus , & deviennent pommiers; outre que venant à étendre leurs branches, ils empêchent le recru du taillis par leur ombrage, retiennent l'hu- midité qui augmente les accidens de la gelée, & ruinent à la fin Le fonds du bois, 62 SE NS À : , RÉSERVES. Un baliveau moderne de quarante ans, réfervé dans un taillis de vingt ans , peut porter vingt- cinq pouces de tour mefuré à quatre ou cinq picds de terre; maïs il ne donnera que cinq pouces d’é- quarriflage ; & une piéce de bois de cet échantil- lon ne convient point pour Paris, ou le moindre bois quarré eft de fix ou fept pouces fur cinq, ce qui s'appelle folive. Cette piéce ne peut donc fer- vir que pour quelques menus ouvrages de char- pente; & ordinairement les arbres de cette groffeur fe débitent en bois à brüler. Ils ne valent que vingt- cinq ou trente fols la pièce , parce qu’il en faut dix ou douze pour une corde. Au lieu que fi c’eft un baliveau moderne de cinquante ans réfervé dans un taillis de vingt-cinq ans, pouvant porter trente pouces de tour & fix d’équarriflage , il produira fur vingt-cinq pieds de hauteur, deux piéces & un peu plus, lefquelles, à trente fols , feront non- compris les branches, un produit de trois livres. Un ancien de trois âges ou foixante ans, refervé dans un taillis de vingt ans, ayant quarante pou- ces de tour & huit d'équarriflage , produira fur vingt pieds de hauteur trois piéces , quelque peu moins , qui à trente fols fur le pied de cent cin- quante livres le grand cent de Paris , tous frais acquittés , avec un bénéfice raifonnable pour le Marchand , font , non compris les branches, quatre livres dix fols. Et un ancien de quatre Ages ou qua- tre-Vingt ans, qui peut porter cinquante-cinq pou- ces de tour, & onze pouces d’équarriflage , pro- duira fur vingt pieds de hauteur , cinq piéces cinq huitiémes , qui à trente fols, font, non-compris les branches , huit livres dix fols. Çette eftimation peut n’avoir lieu que pour Îles - DES Boïs. 6; bois fitués le long des rivieres navigables , & à portée des endroits ou Le prix des bois eft à-peu-près le même qu'a Paris ; mais on a en tirer des conféquences pour les bois qui font dans d’autres pofitions. Un ancien de trois âges ou de foixante - quinze ans , réfervé dans un taillis de vingt-cinq ans, por- cera cinquante pouces de tour & dix pouces pr «va riflage, & produira fur vingt-cinq piéces de hau- teur, fix piéces un peu moins, qui à trente fols chacune , feront non-compris les branches, neuf ‘livres. Celui de quatre âges ou de cent ans, por- tant cinq pieds & demi de tour, & treize pouces d’é- quarriflage, produira fur vingt-cinq pieds de hau- teur, neuf piéces trois quarts, qui à trente fols, feront non-compris les branches quatorze livres douze fols fix deniers. Un moderne de foixante ans réfervé dans un taillis de trente ans, doit porter , fuivant la même proportion , un peu plus de trois pieds de tour, & fept pouces d'équarriffage; & produire fur trente ieds de hauteur, trois piéces , un peu plus, qui a trente fols la piéce, font quatre livres dix fols. Un ancien de trois âges ou quatre-vingt-dix ans, de cinq pieds de tour & douze pouces d’équarrifla- ge, produira fur trente pieds de hauteur, dix pié- ces, qui à trente fols, vaudront quinze livres. Et celui de quatre âges ou cent vingt ans, de fept pieds de tour, & feize à dix-fept pouces d’équar- riflage , produira fur trente pieds de hauteur, dix- huit piéces deux tiers, qui à trente fols, feront vingt-huit livres ; toujours non-compris les bran- ches , que l’on ne peut apprécier ici, parce que les arbres font plus ou moins branchus. Ainfi, fix cens arpens de taillis, fitués dans un bon fond , dont chaque coupe réglée à vingt ans, {eroit de trente arpens, produiroit à raifon de LA 64 TR A IS cent vingt livres l'arpent, trois mille fix cens livres. En fuppofant que de tout tems on eût réfervé dans ces taillis vingt-quatre baliveaux de l'âge, avec huit modernes & huit anciens par arpent, on vendroit dans chaque coupe de trente ar- pens, crois cens foixante modernes, à raifon de douze par arpent, parce que l’on continueroit d’en réferver huit, & qu’on fuppofe qu'il pourroit en être péri quatre par la violence des vents, & par la chûte des arbres exploités ; ces trois cens foi- xante modernes à trente fols, produiroient une fomme de cinq cens quarante livres. On vendroit auffi huit anciens de quatre âges par arpent, qui feroient remplacés par autant de modernes, avec huit anciens de trois âges que l’on continueroit de laïffer en féve, ce qui feroit dans chaque coupe de trente arpens deux cens quarante anciens à Oter, lefquels à huit livres dix fols, produiroient deux mille quarante livres. Ces fix cens arpens de taillis ainfi diftribués en coupes réglées de vingt ans, avec douze moder- nes & huit anciens de quatre âges par arpent, pro duiroient donc annuellement , outre les branches, fix mille cent quatre-vingt livres. La même quantité de taillis mife en coupe de vingt-cinq ans, feroit de vingt-quatre arpens, qui à raifon de cent quatre-vingt livres l'arpent, produira quatre mille trois cent vingt livres : eux cens quatre-vingt-huit baliveaux modernes de cinquante ans, à raifon de douze par arpent, parce que l’on continueroit d’en réferver huit avec huit anciens de trois âges ; eftimés crois livres pié- ce, feroient huit cens loixante-quatre livres : & cent quatre -vingt- douze anciens de cent ans, fur le pied de huit pararpent, qui feroient remplacés par autant de modernes , à quatorze livres dix fols cha- cun, AR. Code un 7 DES? BE 15, Gs tun , produiroient deux mille feptcens quatre-vingt- quatre livresi En totalité ces vingt-quatre arpens produiroient annuellement, non-compris les bran- ches, fept mille neuf cens foixante-huit livres. La coupe de ces taillis mife à trente ans, cha- que coupe feroit de vingt arpens, lefquels à deux cens foixante-dix livres l’arpent, produiroient une fomme de cinq mille quatre cens livres : deux cens quarante baliveaux modernes, à douze par arpent, fur le pied de quatre livres dix fols piéces, pro- duiroient mille quatre-vingt livres: & cent Loi- xante anciens de cent vingt ans ou de quatre âges , qui fe remplaceroient par autant de mo- dernes , à taifon de vingt-huic livres la piéce', produiroient quatre mille quatre cens quatre-vingt lives : & ces vingt arpens rendroient annuclle- ment, outre les branches, une fomme totale de dix mille heuf cens foixante livres. Obfervant que les arbres de cent vingt ans qui peuvent porter fepe pieds de tour, ne font eftimés ici que fur le pied du bois quarré ; mais qu'ils valent bsaucoup plus lorfqu'’ils font débités pour d’autres objets; comme boiflelleries , lattes, merrain, &c. En comparant les produits de ces différens cal- culs, il eft aifé de fe convaincre que les coupes réglées à vingt-cinq ans, font plus avantageufes que celles de vingt ans, & que celles fixées à trente ans valent beaucoup mieux que celles de vingt cinq ans: conféquemment fi l’on régloit à trente ans les taillis que l’on coupe à vingt ans, le revenu par la fuite feroit prefque doublé. Il ne faut pas appréhender que le dépériflement des boïs blanc puifle caufer aucun dommage : l'ex- périence prouve que les brins qui reftent, profitent davantage ; & dédommagent amplement de ceux qui meurent. Il y auroit plus à craindre que la mul- uigude de baliveaux de tout âge, ne fit vort au taillis. Tome IL, E LA GG RAF LA ITÉLE II femble d'abord que le revenu doive diminuer dans les premieres années, en voulant régler à trente ans fix cens arpens de taillis qui auroient toujours été coupés à vingt ans, parce qu'au lieu de trente arpens à vingt ans, il n'y auroit à cou- per que vingt arpens à trente ans ; mais on peut foutenir le revenu fur le même pied, en aban- donnant quelques arbres de plus, dont on dimi- nueroit la quantité à mefure que le taillis augmen- teroit d'âge; & pour ne point diminuer la valeur de la futaie, on réferveroit un plus grand nom- bre de baliveaux de l'age du taillis ; ces jeunes brins n'ayant que de foibles branches, ne donne- roient pas beaucoup d'ombrage , & n’empêcheroient le recrû du taillis, pourvu qu'ils fuflent difperfés avec attention; par exemple, quarante baliveaux de l’âge, avec fix ou huit anciens & modernes , ne peuvent caufer un grand dommage, d'autant qu'a la premiere coupe, on en abbatroit une tren- taine , dont le prix eft de quarante ou cinquante fols la pièce; & l’on réferveroit le furplus de belle venue, pour completter le nombre d'arbres qu’on fe propoferoit de laifler par arpent : par ce moyen, & avec le bénéfice des feuilles qui augmente cha- que année le prix des taillis, on jouiroit à-peu- près du même revenu qui fe trouveroit beaucoup augmenté, lorfque les taillis auroient atteint l’âge de trente ans. Il y a encore différens autres moyens d'améliorer le revenu des bois, qui dépendent du terrein, de la nature des taillis, de leur fituation & du débit des lieux ; mais en général on peut être iür que c’eft une mauvaife économie de couper les bois jeunes , & qu'il y a un profit certain à les laiffer croître. La preuve de cela, c'eft que fuivanc l'évaluation ci-deflus faite, fix cens arpens de tail lis coupés à vingt ans, à raifon de trente arpens par coupe, produifeut fur le pied de cent vingt li- D ES #B:0'r s. 67 vres l’atpent pendant trente années, une fomme de cent huit mille livres; & que le méme raillis réglé en coupes de trente ans, à raifon de vingt arpens par coupe, produifant pendant ces trente années une fomme de cent dix-fept mille livres, à caufe du bénéfice des feuilles : donc il y à en bénéfice neuf mille livres. Les autrès moyens qui peuvent contribuer à l’a- mélioration du bois, font, par exemple, de bons fonds plantés en eflence de chêne; car on ne pour- roit fans errer appliquer ce qui vient d'être dit aux taillis fitués dans de mauvais terreins, ou il y au- roit d'autre eflence de bois, & dans ces cantons où le bois à bruler feroit d'un moindre débit que celui dont on peut faire la deftination à d’autres ufages; en effet, fi le terrein eft aflez mauvais pour ne pouvoir nourrir un taillis que jufqu’a dix ans, & que pañlé ce tems il ceffät de croître, le proprié- taire feroit très-bien de le faire couper à cet âge, autrement il le trouveroit entiérement dégradé à l'âge de trente ans, & lui cauferoit une perte réelle & confidérable : tous les bois n'étant pas propres aux mêmes ufages, quoique tous puiffenc être brûü- lés, le chéne, le hêtre, le charme, l’érable, l'or- me, ont la préférence fur les bois blancs qui font a bas prix pour cette deftination ; mais il faut les couper ou plus jeunes ou plus vieux pour en tirer un parti plus avantageux, fuivant les circonftan- ces locales, qui font que dans certains païs, cer- taines marchandifes font plus recherchées que d'au- tres, ce qui doit fervir de guide aux propriétaires intelligens : la fituarion , par exemple ; fi l'on eft à portée d’une riviere navigable, on pourra trou- ver de l'avantage à voiturer les piéces les plus pe- fantes , le bois de corde, ou ce qui tiendroit beau- coup de place, comme les fagots & les bourées ; au lieu, que s'il y a une grande FAR ES rendre z 63 TURT4A RTE les marchandifes au port , on préférera de con- vertir le bois en charbon , parce que perdant en cuifant les trois cinquiémes de fon poids, il fera d'un tranfport plus facile; & dans ce cas l’âge le plus avantageux pour abbatre les taillis eft celui où ils peuvent fournir beaucoup de corde à charbon; ce qui fera également le parti que l’on devra pren- dré fi l’on trouve dans une Province où l’on ex- ploite des mines qui confomment une très-grande quantité de charbon. Aux environs des grandes routes, & dans le voifinage des fours à chaux & à briques, il y aura de l’avantage à faire beaucoup de fagots. Dans les Provinces où l’on tanne beau- coup de cuirs, il faut abbatre les taillis à l’âge ou leur écorce eft dans l’étar requis pour ce tra- vail, pour lequel les chênes doivent avoir neuf à douze ou quinze pouces de circonférence. Dans les lieux de vignobles, on fait une grande confom- mation d’échalats de brins & de cerceaux : le cha- taignier cft un des meilleurs bois pour ce dernier ufage ; enfaite le merifier, puis le chêne, le bou- leau, le marfaut, le faule : pour les petits barils, on emploie le coudrier; & dans les Provinces Mé- ridionales, le laurier-cerife : la groffeur des fu- tailles qui font d’un ufage plus familier, doit dans ces cas diriger le tems de l’abbatage des taillis plus ou moins gros. Dans les’endroits ou l’on fait du houblon, ou dans ceux où l’on cultive des vignes aufli élevées que les treilles, il fe confomme beau- coup de perches de douze à quinze pieds de lon- gueur. Dans d'autres cantons on trouve beaucoup d'avantage à exploiter les taillis de frêne en per- ches rondes & parées, pour faire des manches de balais & de houfloirs , ou des écuyers propres à mettre le long des efcaliers, noté D. été Oené e co D nn DOS LÉ Sc ne one tt Sn RS. |!) lo e ÉC . ondes du ne dé oder éd te See Soda ton fut ÉÉNÉ RÉ MÉÉÉl S S S DS de n DE \S 10: 2 5. 69 MESURE PAR ESTIMATION. Il eft facile del compter tous les arbres, quand il n’eft queftion que d'apprécier un petit bouquet de bois; mais quand il s’agit d’une vente d'une certaine étendue, il faut en mefurer une portion, telle qu’un arpent ou un demi-arpent en plufieurs can- tons, que l'on doitchoïfir dans les endroits ou lesbois ne font ni fes plus beaux ni les plus foibles ; & f dans une pareille vente il fe trouve des bois de différentes coupes, on fera en particulier l’eftima- tion de chaque coupe. Quand les bois font très-bas, on peut eftimer, en fe promenant dans les différens cantons , la quan- tité de fagots qu’ils pourront fournir ; & en mulri- pliant cette eftimation par le nombre de demi- arpens ou d’arpens ; compris dans l'étendue de Ja vente, on.fçaura le nombre de fagots qu’elle pourra produire. Le prix courant des fagors étant connu, on fera inftruit du prix que peut produire la vente d’un pareil taillis, en fouftrayant les frais de Fex- ploitation, en prêtant attention à l’efpece de fa- gots qu'on aura à vendre; car les récépages des fe- mis ou des jeunes bourgeons endommagés par la gelée ou la grêle, ne peuvent fournir que des bour- rées fous le pied, & ces bourrées ne peuvent pref- que être vendues qu'aux chaufourniers, & quel- ques-unes aux tuiliers & briquetiers : d’ailleurs ces bourrées ne fe vendant quafi que le prix de l’ex- ploitation , on adjuge ordinairement ces ventes à des païfans, qui s'occupent à couper & à fagoter ces bois pendant l'hiver, l'orfqu'ils n'ont point d’autres travaux qui puiflent leur être plus Iu- cratifs.” Les taillis de fix ou huit pieds de hauteur, font de bonnes bourrées qui e confomment par E 3 70 K'R A ITGÉË les boulangers , briquetiers & chaufourniere. Si les taillis ont douze ou quinze pieds de haut, on peut en tirer des échalats de brin auxquels on donne quatre pieds & demi de longueur, ou l’on en fait de bons & gros fagots, garnis de gros pa- remens, qui fe vendent aux auberciftes, & dont les tuiliers fe fervent aufli pour achever leur cuif- fon qui ont befoin du grand feu. Ces gros fagots doivent avoir cinq à fix pieds de longueur, & environ trente pouces de circonférence auprès du lien. Si dans les taillis il fe rencontre des cépées de merifier , de coudrier, de châtaignier ou de marfaut bien venans, & fans beaucoup de nœuds, on pourra en mettie à part les perches, qui fer- viront à faire de petits cercles pour les barils, ou mettre en bottes les perches de coudrier & de marfaut pour les vendre aux vanniers. Les taillis de vingt à vingt-cinq pieds de hau- teur peuvent produire mieux que des fagots & des échalats : 1l faut vifiter avec plus d’attention les cantons déja arpentés : prendre dans chacun la hauteur & la grofieur de fix pieds d'arbres ou brins différens , les joindre enfemble, puis les divifer par fix; en faifant une moyenne proportionelle , on connoîtra le fort ou le foible de longueurs & grofleurs communes de tous les arbres, & en ré- pétant cette opération dans cinq à fix cantons dif- férens, on verra fi les groffeurs font a-peu-près les mêmes; & afin d’être plus fur fi le bois eft par- tout également garni & peuplé, on comptera tous les pieds des différens cantons. Par exemple : Un arbrea . . , 9 pouces. Un lécenda. \. |. Ta, Un troihémear., . 8 2 Un quatrièmea. . 11. + Et un cinquiéme a . 12. Entout « , 53. quidivifés par cinq, nn hat it AE a entr re M SR rar hr pe te TT, 4 D E\s Aa :1 5. 71 ; donnent pour grofleur moyenne dix pouces trois cinquiémes. Dans un autre canton, le premiera 11 pouces+ le fecond a 13. le troifiéme 11. le quatriéme 12. le cinquiéme 12. bre Total. . . . 60. qui, di- vifés par cinq, donne pour groffeur moyenne douze pouces. Enfuite on mefure la hauteur des arbres, & lon voit que ceux du premier canton ont à-peu-prés vingt pieds de hauteur, & ceux du fecond vingrt- cinq pieds. On compte les arbres qui fe trouvent de cette hauteur & oroffeur dans le demi-arpent le] Ar Re qui forme chaque lot, négligeant tous les petits arbres malfaits qui font Le les autres, & ne peuvent fervir qu'a faire du fagot, pour quoi on les évalue en gros avec la rame de ceux qu'on a mefurés. | Pour faire une corde, il faut quatre cens cin- quante buches de neuf à dix pouces de circonfé- rence, trois cens de douze à treize pouces de tour, &c deux cens de quinze pouces de wroffeur. Les ar- bres de vingt à vingt-cinq picds de longueur peu- vent fournir quatre buches de crois pieds & demi de longueur. D'après cette connoiflance on peut compter que le demi-arpent, dont les arbres ont dix pouces de grofilcur , pourra produire quatre cordes de bois; & que celui dont les aibres ont dou- ze à treize pouces de grofleur, fournira fix cordes : eu doublant ces produits, pour avoir celui d'un ar- pent, on aura huit & douze, qu’il faut multiplier pat le nombre d’arpens qui forment l'étendue de la vente. Suppofons-le de trente, on aura le produit de deux cens quarante cordes pour la vente, dans E # \ 72 TtR:A HUE le cas ou Îles arbres n’ont que dix pouces de cir- conférence, & crois cens foixante, fi les arbres ont douze pouces de tour. La même opération fera con- noître qu'avec des arbres de quinze pouces de grof- feur , l’arpent pourra fournir dix-huit cordes de bois, & les trente arpens cinq cens quarante. Les marchands peuvent tirer encore d’autres pro- fits de leur vente. Dans les brins de dix à douze pouces de grof- feur, on peut mettre à part les perches Les plus droites & qui ont peu de nœuds, pour en faire des cercles ou cérceaux, Dans ceux qui ont quinze pouces de circonfé- rence, on peut deftiner les plus beaux pour en faire des ridelles ou des chevrons de brin pour les petits batimens de campagne. Ces bois ne fe vendent gué- res plus cher que le bois de corde, mais on épar- gne la façon du fciage en buches de trois pieds & demi de longueur. S'il fe rencontre dans ceux de quinze pouces du merifier ou du bouleau qui foit bien aligné & fans beaucoup de nœuds, on en peut faire du cercle de cuves de quatre & fix toifes de longueur ; & l’ex- trémité des branches du bouleau fe met en bottes que l’on vend aux faifeurs de balais. On peut encore dans tous ces taillis de dix, douze & quinze pouces de tour, lever l'écorce pour les tanneurs, fi c’eft de l’effence de chêne. Les deflous de tous ces bois peuvent être débité en cotrets, que l’on entremêle des branchages re- fendus ; ceux que l’on vend à Paris doivent avoir deux pieds de longueur, & dix-fept à dix-huit pouces de circonférence vers les liens. Des branchages & des deflous, on tire encore de la corde à charbon, que l’on coupe ordinaire- ment à deux pieds demi de longueur ; & fuivant ER TU ee DRExS CH Ts. 7: la groffeur du bois, on pourra avoir depuis un jufqu’à trois muids de charbon par arpent. En cas que l’on ne tire pas beaucoup de co- trets & de corde à charbon, on pourra faire de ces taillis depuis huit jufqu’à dix-huit cens de fagots ou bourrées. Si dans le marché il fe trouve des baliveaux que l'acheteur ait permiflion d’abbatre , il les eftimera à vue d'œil, a-peu-près fur le calcul fuivant. Un arbre de deux toifes de hauteur & de trois pieds & demi de grofleur , doit produire un quart de corde. Un de deux toifes de hauteur & de quatre pieds de grofleur , une demi-corde. Un de trois toifes, fur deux pieds & demi, un quart de corde. Un de trois toifes & demie, fur quatre pieds un tiers , trois quarts de corde. À Un de quatre toifes, fur trois pieds & demi, crois quarts de corde. Un de quatre toifes & demie, fur fix pieds de rofleur , deux cordes. Un de cinq toifes, fur fix pieds, deux cordes & demie. Un de fix toifes, fur fept pieds & demi, trois cordes. Toutes ces chofes évaluées fuivant le prix cou- rant du païs, d’après ces appréciations, qui, quoi- que vagues & bien éloignées de l'exactitude, ne laiffent pas de guider dans une eftimation provi- fionnelle, qui doit toujours être faite avec beau- coup de promptitude , on aura le produit affez jufte des bois que l’on veut vendre ou acheter, en dédui- fant néanmoins les frais de l'exploitation, qui eft un point efflentiel, & dans lequel il faut confidé- rer principalement fi les chemins font difhciles ; s'il y a loin de la vente au lieu où il faut livrer 74 FR A TRE le bois, eu au port de quelque riviere navigable; combien il en coûte de voiture, foit pour le bois de corde, foit pour le cent de piéces ou de pieds cubes ; les frais pour l’abbatage, la façon de la corde, l’équarriflage ou rous autres ouvrages; ce qu'on donne au garde - vente, au garde - port; les voyages qu'il faut faire à la vente; & la facilité du débit : car fi c’eft dans un païs où les bois font rares, les fagots, les bourrées , les ramilles , les copeaux', fouches, réchocage & autres broutilles, peuvent rembourfer une partie des faux-frais de tous ces détails. OTSE:E RS. Ce font les plus petits des taillis, dont on coupe tous les ans le bourgeon de l’année. Le brin doit étre droit & fans nœud; c’eft pourquoi un jet de deux ans qui auroit pouffé des branches latérales, feroit moins bon que celui d'un an. La plüpart font différentes efpeces de faule;s il y en a dont l'écorce cit rouge, d’autres dont l'écorce eft jaune , & d’au- tres d'un gris verdâtre. Les peupliers noirs qu'on coupe tous les ans prefque au raz de terre, & dont on nomme improprement les jeunes branches offer blanc, font compris dans les ofiers. On les coupe avec la ferpette auprès de la fou-, che, dans les mois de Février, Mars & au commen- cement d'Avril. Le rouge, qui fert aux tonnel- liers, fe coupe en Février : on en forme des bot- tes de trois à quatre pieds de circonférence , que les païfans s'occupent à refendre en deux ou en trois, dans les jours ou le mauvais tems ne leur permet d'aller travailler à la campagne : prefque tous fe refendent en trois, & les tonnelliers font peu de cas de ceux qu’on ne fend qu’en deux. Ceux pour les vanniers fe coupent dans Le mois d'Avril, RE NT ete etat dit Ph fées À. \'É ot.r on" fé di it ‘der d pus :BLOITSs. 75 & fe mettent en bottes ou poignées d'environ qua- tre à cinq pieds de tour. On coupe pendant l’'Hi- ver celui propre aux jardiniers & aux vignerons, on le fait fécher & on le conferve en bottes avec fon écorce. La botte ou gerbe d’ofier blanc de quatre à cinq pieds de tour vers le lien, fe vend cinquante à cin- quante-cinq fols, ou à la livre, deux fols & demi ou environ, PLRCHE RO N. Les bucherons font chargés d’abbatre les arbres, de les ébrancher, de les débiter en corde, foit pour faire du-charbon, foit pour du bois à bri- ler de rondins ou de fente ; ils font tenus de cor- der le bois, parce qu’on les paie à tant la corde. Souvent aufli ils font les fagots, les cotrers & les bourrées. Ils commencent par abbatre les ar- bres dans une certaine étendue de terrein , allant toujours devant eux, ce qu’ils appellent faire une orne. Ils ne peuvent abbatre avec la ferpe; il faut qu'ils fe fervent de la coignée, parce qu’elle coupe plus près de terre que la ferpe, qui d’ailleurs eft plus fujette à éclater la fouche que la coignée. Ils doivent avoir atention que les arbres qu'ils abba- tent, tombent, autant qu'il eft poilible, les uns fur les autres, afin de ne pas embarraffer le bois qui n’eft point abbatu, & avoir grand foin de ne pas endommager les baliveaux, & de ne pas en- crouer les arbres des ventes voifines, ce qui n’eft pas aufhi difficile pour les taillis que pour Les futaies, CHARBON. Le bois abbatu à une certaine quantité, ils le débitent en corde ; fi c'eft pour du charbon, on —6 TRAITÉE le coupe en l'air avec la ferpe; fi Ie brin eft menu, un feul coup fufit pour le couper ; s'il eft plus gros, on le coupe de deux coups de ferpe donnés fur les furfaces oppofées, ce qui forme une gueule à un bout & un coin à l’autre; c’eft ce bout qu’on nomme a coupe. Le bois débité pour la corde a charbon fe mefure entre la gueule & la coupe; il doit avoir deux pieds & demi ou crois pieds de Jongueur : & comme cette petite corde fe débire fort vite, on ne donne que douze à dix-huit fols pour abbatre le bois & la former. CoORD'E. On débite le gros bois à la fcie. Lorfque les atbres font abbatus, on les ébranche avec la coi- gnée ; & c'eft dans cette opération que l’intelli- gence du bucheron peut être utile ou défavanta- gceufe au marchand, Il doit toujours avoir préfent 2 l'efprit de tirer d’un arbre tout le parti pofible, que la grofle corde eft plus avantageufe que la corde à charbon, le cotret & le fagot, & que’ s'il fe trouve de faufles coupes, il doit les ména- ger & les refendre pour en faire des cotrets ou du charbon. Si les buches excédent quinze à vingt pouces de grofleur, on les fend en deux, en trois ou en quatre pour les metcre en corde comme les rondins. CHAR RIONN NAME ES Les raies pour les roues ne doivent avoir que deux pieds fix a neuf pouces de longueur, on trou- ve fouvent de quoi en faire dans le chêne quand on le refend pour faire de la corde, & qu'il eft fain & de belle fente; mais particuliérement dans les arbres trop courts pour fournir quatre buches : DES BP OL:S. 77 dans ce cas on tire quelquefois vers le pied une. bille de deux pieds & demi, que l’on refend en deux , trois ou quatre pour faire des raies. Ces billes doivent avoir huit, dix ou douze pieds de diamétre; on les fend, on les vend au cent, & on donne au bucheron dix à douze fols du cent pour abbatre, fcier & fendre : & quand les buches ont beaucoup d’aubier , il faut les tenir, pour les raies, plus grofles que quand elles ont peu d’au- bier. Mais il faut obferver que le débit du bois en raies n'eft pas aufli avantageux pour le mar- chand que le débit en corde. DOS" A4 BRULER. Dans prefque toutes les forêts on a affecté une me. fure pour la longueur du bois de corde : celui deftiné pour l’approvifionnement de Paris , doit être coupé avec la fcie, à trois pieds & demi de longueur, & de grofieurs différentes; par exemple , les bois de moule doivent avoir au moins dix-huit pouces; les bois de corde, rondins ou de quartier, au moins dix-huit pouces; & les bois taillis, fix pouces : les fagots, trois pieds & demi de longueur , fur dix- huit pouces de groffeur auprès du lien, remplis en dedans de menu bois & non de feuilles, & garnis de leurs paremens : les cotrets de quartier ou de taillis, deux pieds de long fur dix-huit pouces de groffeur : les menus bois au-deflous de fix pouces doivent être convertis en charbon, cotrets , fa- gots ou bourrées, ou fervir à lier & façonner les trains. Le bois à brüler ne fe vend point à la corde dans la forêt d'Orléans, mais à La coche. Il eft fcié par les deux bouts ; telle buche porte deux coches , telle autre quatre ou cinq, fuivant la grof- feur ; c’eft le bucheron qui décide du nombre de 78 T R° 4 HiTuE coches ; qu’il doit faire fur chaque buche, Tout Îe taillis fe vend en cotrets. La mefure de la corde eft fixée par l'Ordonnance à quatre pieds de hauteur fur huit pieds de couche ou de longueur ; cependant elle n’eft pas uniforme par-tout. Mais en fe tenant à la mefure de l'Ordon- nance, la corde compofée de bois de trois pieds & demi de longueur, forme un folide de cent douze pieds cubes. Si les buches ont dix-huit à vingt pouces de grofleur , il en faudra cent feize pour faire une corde ; fi elles font de groffeur iné- gale, depuis douze jufqu’a dix-fept pouces, il en audra environ deux cens quarante ; fi la groffeur cft de fix 2 onze pouces, il en faudra environ qua- tre cens ; & fi ce font des bois taillis depuis fix pouces jufqu’a neuf, il faudra environ huit cens buches pour la corde. On corde le bois en l’arrangeant en piles dans Ja forme d’un quarré long ; on choifit dans la ven- te un terrein uni où il n’y a point de fouches; on enfonce en terre à la profondeur d’un pied, deux forts piquets efpacés exaétement à huit pieds l’un de l’autre, & quiexcédentleterrein de quatre pieds, archoutés en dehors pour empêcher que la charge du bois ne les renverfe; cette embräfure remplie de bois , on dit que la corde eft levée; on couche ar-deffus un morceau de bois qui croife les autres a angle droit, alors la corde eft parfaite. L'anneau de fer dont on fe fert à Paris pour me- furer le bois d: moule, doit avoir fix pieds huit pouces de circonférence : trois de ces anneaux com- pofent une voie : la voie eft une membrure qui a quatre pieds de largeur fur pareille hauteur. Le travail des bucherons fe paie à raifon de quinze ou dix-huit fols par corde de tailliss & pour celle de bois fcié ou fendu, fur le pied de vingt-quatre à viugt-huit fols. A l’égard de cer- DES Bors. 78 taines piéces de bois trop remplies de nœuds, & ui donnent plus de peine à fcier & à fendre, on air une convention particuliere avec les bucherons pour travailler ces piéces féparément ; ce qu'on nomme régale ; parce qu’en régalant les bois mal- abbattus, on fe procure de pareilles fouches. Le marchand vérifie la mefure de toutes les cor- des levées, & il les trouve quelquefois de quelque chofe de moins que la hauteur de quatre pieds, ce qui provient de ce que le bois ayant été cordé verd , fe retire fur fon diamétre en fe féchant, la hauteur en diminue d’autant, & le bucheron ne peut en être garant ; mais il doit empêcher que l’on ne mette dans les cordes des morceaux de bois trop courbes, parce qu’ils font de grands vuides, ou de petits morceaux de bois aux paremens des cordes, qui laiffent un vuide au milieu; il y au- roit perte d'autant pour ceux qui achettent du bois dans les ventes, ou pour les marchands lorfqu’ils le livreroient à Paris, ou les Officiers des ports ont foin de veiller à ce que ces fraudes ne fe com- mettent point, Avant de faire voiturer Le bois au port, le marchand vifite fes cordes, & pour faire. connoître que la mefure en a été trouvée bonne, il fait Gter un des pieux des bouts. Le bois arrivé fur les ports, on le corde une fe- conde fois pour en payer la voiture. & l’emplace- ment; mais on ne le met plus en cordes; on Île met en piles, qui doivent avoir huit pieds de hau- teur fur auinze de longueur, & chaque pile con- tient un peu plus de vingt-deux cordes. On peut corder toute efpece de bois, tremble, bouleau & autres, mais ils ne fe vendent que comme bois blanc, & à Paris on ne doit mêler plus d’un tiers de bois blanc avec le chêne, le hêtre, l'orme, Je charme, &c. Les bucherons doivent encore en exploitant, 80 TR AUEE'É mettre à part certaines piéces de bois qui peuvent fe vendre plus avantageufement que le bois à brü- ler , comme les âges pour les charrues , les man- ches d'outils, &c. Les âges fe prennent au pied des arbres, & doivent avoir une courbure d’envi- ron quatre pouces de diamétre a l’encoudure, & trois pouces à la pointe : les manches fe font d'or- me, de chène & de frêne : les âges & les man- ches fe payent au bucheron cinquante fols le cent. Les mêmes bucherons mettent aufli en œuvre les rames ou branches qui ne peuvent fervir à faire du bois de corde. Ils en débitent le plus qu'ils peu- vent pour faire du charbon ou des cotrets, des fagots ou des bourrées. Les meilleurs cotrets font ordinairement faits de hêtre & de chêne, quoi- qu'on y faffe entrer toute forte de bois. Les fagots fe font avec toute forte de bois; ceux de chêne, de hêtre & de charme font plus eftimés que ceux de bois blancs; ceux d’épine blanche font aufli trés-bons. La facon du cent de cotrets fe paie au- tant que celle d’une corde de bois. En tems de guerre, les Communautés font quel- quefois chargées de fournir des paliffades , des faf- cines, des fauciflons, &c. pour le fervice de l’ar- mée. C’eft ordinairement le travail des foldats ; mais aufli c’eft la ruine des forêts; & les Commu- nautés auroient plus d'avantage à faire faire ces ouvrages par des bucherons. À juger par ce qui fe pañle dans nos forêts en tems de paix, lorfque le Roi ordonne les fournitures de bois néceflaires à nos places de guerre, qui en exigent une grande quantité, une coupe de paliffades, où bois de charpente pour une armée, ne peut que mettre un défordre confidérable dans une futaie. Les matériaux néceflaires pour les armées con- fiftent en paliflades, ou bois de charpente, & menus bois, fafcines, fagots de hares, piquer & …. me mi use. mont ct SDS dd éd Ste, Hé ne st pod Dés -DO.TS. de & bois des blindes. Quand ils font tirés des forêts on les ne en fafcines à tracer, fafcines re- liées , fauci ons, gabions, fagots de fappe, blin- des , chandelliers & brancards. PALISSADES, Les paliffades doivent ètre triangulaires, de vingt à vingt-deux pouces de pourtour, fur fix, huit & douze pieds de longueur. Toutes fortes de bois ne font pas propres à cet ufage. Un arbre ou _une bille de De pouces de diamétre, fans l'écor- ce, ne pourroit être refendue qu'en deux paliffla- des; ce feroit facrifier les brins les plus précieux d’une forêt, pour faire peu d'ouvrage : une bille de onze pouces , refendue en quatre, fourniroit des paliflades difficiles à cheviller fur les liteaux, & trop étroites ; il en entreroit jufqu’a neuf par toife courante : un arbre de quatorze 2 quinze pou- ces de diamétre fans l'écorce, refendu en huit, eft ce qui convient le mieux pou le fervice & l’éco- nomie; un plus gros, de feize à dix-fept pouces, refendu en douze, donneroit des paliffades trop minces & de mauvais ufage. La fourniture de ces paliffades s'impofe ordinai- rement fur les bois des gens de mainmorte , qui font obligés de les façonner à la corvée, & de les tran{porter à leurs frais jufque dans les magafins. Les Officiers des maïtrifes, mal ou point inftruits du choix convenable de ces corps d'arbres, mar- quent & font couper indifféremment de trop gros ou de trop petits arbres ; d’autres noueux , tortus ou viciés, qui ne peuvent jamais fe débiter ni fe refendre convenablement. Les ouvriers laiffent de côté tous les corps d'arbres coupés mal-à-propos, & ne débitent que ceux qui font propres à leur ob« jet, ce qui ne fait pas quelquefois la dixième par- Tome II, F 82 T'R A 'IVB É tie des bois abbatu. Donc, le dommage d’une forêt ne vient pas toujours d’en avoir tiré des paliflades mais du défaut de précautions en les coupant, & “parce qu'on y a détruit fans difcernement beau- coup de bois d’efpérance, trop petits, ou trop gros & propres à la charpente; ou encore parce que l'on a fair ces coupes dans les parties les‘ plus commodes pour les accès, & à portée des routes & chemins; de façon qu’un canton fe trouve ruiné : au lieu que fi le choix étoit reparti fur toute une forêt, il pourroit n’y pas paroïître. D'ailleurs pour ordon- ner ces fortes d’approvifionnemens, on attend pref. que toujours au moment preflant d’une guerre ou- verte; alors ils fe font avec une précipitation très- capable d'augmenter le défordre , & de ruiner d’au- tant plus les Communautés. FOMTSSCT'NNENS Les fafcines doivent être compofées de toutes fortes de jeunes bois, de deux à quatre pouces de tour par le bas, fur fix , & jufqu'a dix & onze pieds de longueur, afflemblés en fagotis de vingt- fix à trente pouces de tour au gros bout , liés de hares de deux en deux pieds fur la longueur. Au fiége de Fribourg en 1744. il en a fallu deux cens cinquante mille avant l'ouverture de la tranchée, & peut-être encore autant pendant le cours du fiége. F'AIGrONP'S Les fagots de hares doivent étre compofés de jeune bois propre à être tort fans fe cafler, de un à deux pouces de tour au gros bout, fur fix & jufqu'à dix & onze pieds de longueur , affemblés & liés en fagots comme les fafcines. On en deman- da à Fribourg cent mille avant de commencer le fiéce. ” DE SO: I à. 8; PIQUETS. Les piquets fe coupent de trois, de quatre & demi, & de fix pieds de longueur : les premiers de cinq à fix pouces de tour, & les autres plus gros à proportion. Il en faut trois par fafcines. On en demanda à Fribourg deux cens cinquante milliers d'avance de chaque longugur , avant l'ouverture de la tranchée. BLINDES. Les bois de blindes font de quatre à cinq pou ces de diamétre, moitié de neuf pieds de longueur, & moitié de cinq pieds. Tous ces bois PE coupés par le foldat à la cor- vée, & aflez mal-liés avec des hares; ils fe tranf- portent de même a la rêre des Camps, & de-la aux dépôts des travaux , ou s’établiffent les atteliers qui doivent les façonner, La fafcine à tracer doit avoir fix pieds de long, fur douze à treize pouces de tour. Elle elt compo- fée d'un ou deux bourbrins qui la foutiennent d'un bout à l’autre, garnie dans toute fa longueur d’au- tres menues branches avec leurs feuilles, & reliée ferme de cinq hares de pied en pied : un homme en fait environ quinze en dix heures de travail, uand le bois eft fous fa main, & qu'on les lui paie un fol la piéce, La fafcine reliée eft de même longueur , & de vingt-quatre pouces de tour. Les brins de bois doi- vent y étre bien arrangés ; les gros & les petits bouts polés alternativement les uns fur les autres. Elle fert à garnir les parapets , banquertes, cava- liers de tranchées , paffages de foflés, &c. Un hom- me peut en relier au moins dix en dix heures de travail ; on les paye un fol fix pi - la piéces 2 84 PARYAII TNE SA U CI SHOUN 5. Les fauciflons fervent à revêtir les batteries de l'Artillerie, & tout ouvrage de terre auquel on veut donner aflez de folidité pour durer plus que Le rems d'une campagne. Dans le génie on les fait conf- truire de huit pouces de grofleur pour le revète- ment des ouvrages : anciennement l’Artillerie les failoit faire de la même grofleur ; mais depuis quel- ques années on leur donne un pied de diamétre. Le fauciflon eft un fagot de bois verd & garni de feuilles d'environ vingt pieds de longueur, qui ne fe comptent que pour trois toifes ; 1l eft com- pofé de brins bien également arrangés, pour lui donner un même diamétre dans toute fa longueur, fortement ferré & relié de neuf en neuf pouces avec de bonnes hares. Un fauciflon de vingt pieds & de douze pouces de diamétre, confomme fix fafcines : quatre hommes employés à leur tâche & payés à dix £ols le fauciflon , en font fix à fept en dix heures de travail, pourvu qu'ils aientles fafcines à leur portée, & les hares en paquets féparés. Les fauciflons de huit pouces pour le génie, ne confomment qu’une fa{- cine par toife courante, le déchet compris. GABIO9 NN. Legabion eft un panier cylindrique, ouvert par fes deux fonds , qui fert à contenir les premieres ter- res que l’on tire d’une tranchée, pour en former promptement un épaulement du côté de l'ennemi, empêcher les terres de s’érendre en talut, en for- mer en peu de tems une mafe plus élevée que large, & dérober les travailleurs aux vües de la place. IL eft compofé de neuf piquets de trente pouces de long , & d'environ quatre pouces de tour au gros bout, que l’on enfonce de trois pouces en verre, DES. BOIS: 85 fur la circonférence d'un cercle de vingt pouces de diamétre que l’on y trace. On clayonne ces pi- quets fur vingt-quatre pouces de hauteur , avec trente à trente-cinq brins de jeunes bois, tel que celui des hares, bien entrelacés & ferrés l’un con- tre l’autre, & on laifle deux à trois pouces de tête à ces piquets. On en demanda vingt mille à Fri- bourg avant l'ouverture de la tranchée. Deux hom- mes payés à cinq fols par gabion, en font fix à fept en dix heures de travail. Il faut une fafcine pour chaque gabion , déchet compris, outre les piquets. On les fait plus grands pour l’ufage de l’artil- lerie, & pour les remparts des places. L'intervale non-rempli de terre, qui fe trouve entre deux gabions , fe garnit, lorfqu'on eft près de la place, d’un petit fagot de fappe fait de ron- dins , pofé de bout contre les deux gabions, & aflujetti à fon centre par un piquet, que l’on en- fonce de huit à dix pouces en terre, FAGOF'DE.:S.APPE, Le fagot de fappe eft une efpèce de cotret com- pofé de petits rondins bien droits de deux pouces de grofleur, bien arrangés , ferrés de deux fortes ha- res, & coupé jufte à trente pouces de longueur , fur huit à neuf de diamétre , ayant au centre un pi- quer de même groffeur , & de quarante pouces de long , débordant de huit à dix pouces par fa pointe, On en demandaun millier d'avance à Fribourg. CAL EE. Les claies fervent à coucher fur la terre, foit pour établir féchement les magafins, foit pour en- tretenir le paffage des tranchées, après les pluies ; F3 86 LR A FIRE & encore à former le ciel des galeries de fappe que l'on veut couvrir, en les chargeant de fafcines : ainfi elles doivent être faciles à cranfporter & à remuer. Ces claies fe forment de fix principaux brins de verge d'un pouce de diamétre, & de cinq à fix pieds de longueur, efpacés de dix pouces en- tr'eux, pour donner à la claie trente pouces de lar- geur : on clayonne ces fix brins avec d’autres de fix à neuf lignes de groffeur, bien entrelacés, ar- rètés & bordés aux quatre coins avec quatre fortes hares : deux hommes entendus, paiés à cinq fols par claie , en font aifément fix à fept en dix heures de travail. On en demanda mille d'avance à Fribourg. BLINDES ET CHANDELLIERS. Les blindes & chandelliers font des chaffis grof- / / CRT \ 5 = fiérement affemblés, deftinés à former les galeries de fappes couvertes, pour les defcentes & pañla- ges des foffés : on les demande à l'artillerie , qui les fait fabriquer lorfqu’on en 2 befoin. B'RANCARDS: Les brancards fervent à tranfporter les muni- tions dans les tranchées &. aux batteries, & les foldats bleffés : ils font formés d’un aflemblage de même bois que les blindes, & font foncés ou la- cés de méches. Le moins qu’il en faut pour l'ouver- turc d’un fiége confidérable, eft quatre à cinq cens. Ces efpeces de contributions pourroient fe lever avec quelque forte d'économie, fi la prudence du Général les impofoit méthodiquement fur le pais où le fort de la guerre les fait tomber, en n'y envoyant des corvées de fon armée, que dans le cas d’une nécefité indifpenfable , parce que les fol- dats de corvée que l’on conduit dans les taillis pour en tirer tous ces bois, fe répandant ordinai- a DES BoO1s. 87 rément de tous côtés, coupent ces taillis le moins bas qu’ils peuvent pour ne fe point gêner, brifent encore par amufement tous les arbres qui fe ren- contrent, & font ordinairement à ces bois un tort qui ne peut fe réparer qu'après un très-long e- pace de tems, fans que cette dévaftation puifle être d'aucun profit pour perfonne. D'ailleurs fi Les Officiers des Maïtrifes agifloient de concert avec les Ingénieurs du Roi, qui connoiflent mieux que perfonne les moyens d’ufer d’une fage économie, -1l feroit aifé d'apporter reméde aux dégâts qui fe font dans nos forêts, lorfqu'’il eft queftion de la fourniture de nos places de guerre. Les bucherons en débitant la rame, peuvent en- core ménager les brins les plus droits pour en faire des échalats de brins, qui doivent avoir ordinai- rement quatre pieds & demi de longueur : ces écha- lats, à la vérité, ne valent pas ceux de cœur de chêne fendu ; mais ils coûtent beaucoup moins. On en fait de toutes fortes de bois : ceux de fau- le, peuplier, tilleul & autres bois blanc, font les moins bons : ceux de chêne, qui ne font que de l'aubier, durent peu : ceux de frêne & d’acacia font meilleurs; mais on doit donner la préférence à ceux de genévrier, de cyprès ou de pin. Les bot- tes. font formées de cinquante brins, que l'on lie de deux liens comme les cotrets. Ils doivent encore , fuivant les différentes Pro- vinces ou l'exploitation fe fait, ménager des per- ches, qui doivent avoir douze à quinze pieds de longueur pour ramer le houblon , dans les endroits où l’on fait de la bierre, & dont douze compofent une botte : pour les teinturiers, les blanchifleurs, les jardiniers , les tourneurs , & ceux qui forment les trains de bois flotté; on fait des bottes de qua- tre perches qui ont dix pouces de grofleur jufqu’à trois pieds & demi du bout menu: on en met fix à F4 38 LUR A LTÉE la botte, fi elles n’ont que huit pouces de grof- feur au gros bout, & deux au menu : les bottes feront de douze perches, fi elles n’ont que fix pou- ces au gros bout , & un ou deux au menu : on les feroit de vingt-fix, fi elles n’avoient que quatre pouces au gros bour & un au menu; & on en met- troit cinquante à la botte, fi elles étoient encore plus menues ; ou pour faire des cercles pour les cuves & du cerceau pour les futailles; ou pour faire des claies pour le tranfport du charbon, ou- vrage qui fe fait par les charbonniers mêmes ; ou pour les tanneurs, dans les taillis de bois blanc; ou pour des écuyers d’efcaliers , dans les taillis de frêne : ou enfin pour faire des fourches. EC: OR: CAE: Au mois de Mai, pendant que le chêne eft en pleine féve, les bucherons travaillent dans les tail- lis à lever l'écorce de ces arbres, pour en faire du tan. Ils emportent d’abord avec leur ferpe toutes les branches qui partent du tronc; font enfuite avec le même outil une coupure circulaire au haut & au bas des troncs des jeunes chênes qui ont de- puis fix jufqu’a douze & quinze pouces de circon- férence ; puis fendent l'écorce avec leur ferpe dans toute la longueur du tronc; pañlant un outil de fer ou de bois dur qui refflemble à une fpatule, & dont le plan eft un peu recourbé, entre le bois & l'écorce, qui, dans cette faifon , fe dérache aifément du bois : vers le foir on ramaffe ces écor- ces ; on les met l’une dans l’autre pour en faire des paquets qui fe refferrent à mefure que ces écor- ces. fe defléchent, & la vente s’en fait à ceux qui ont des moulins à tan. On paie dix-huit livres par cent de bottes pour la façon ; & comme l'écorce fouftraite diminue d’un huitiéme la mefure ordi- DES CAMOIT 5. 89 naire d'une corde de bois, & que ce bois qui fe nomme bois pélard, fe vend un écu de moins par corde que celui qui porte fon écorce , le marchand n’y fait pas un grand profit. - On lève quelquefois de l'écorce fur de gros at- bres; mais la bonne doit être unie, vive & bril- Jante. IL faut communément fix à huit cordes de bois pour faire un cent de bottes d’écorce; c’eft- a-dire, huit cordes pour les bois de vingt ans & au-deflus, & fix cordes lorfque les taillis font plus ‘Jeunes. Les tanneurs ou ceux qui ont des moulins pro- pres à piler l'écorce, la font broyer avec de groffes meules verticales, comme celles des moulins à ci- dres ; d’autres avec des pilons. Quand elle eft pul- vérifée , on la pañle par des cribles ; ce qui pañle au travers eft du tan, propre à mettre dans des fofles de tanneurs ; ce qui refte fur le crible fe repafle au moulin. Si la corde de bois fe vend vingt-fix livres, le cent de bottes d'écorce fe ven- dra cent vingr- quatre livres, & ainfi à propor- tion, fuivant les différens endroits & le cours des marchandifes. Beaucoup de propriétaires ont peine à accorder aux marchands la permiflion d’écorcer leurs bois fur pied, dans l’appréhenfion que cette opération, qui ne peut fe faire que vers la fin de Mai, ne retarde l’abbatage , & ne fafle tort au recrü des fouches , quoiqu'il foit d'expérience que la piüpart des fouches repouflent avant Ja fin de l'année, se les bois font abbatus auflirôt après qu'ils ont Écorcés : mais comme on perd la moitié d'une feuille, ils peuvent avoir raifon de ne le pas pet- mettre ; il eft même défendu de lever l'écorce fur pied dans les bois du Roi. Il feroit cependant pofs fible d'écorcer les bois auflitôt qu'ils font abbatus, fur-tout dans les années fraîches & humides; mais 90 TVR/ AITAPLEÉ cette opération couteroit plus cher , & d’ailleurs il y a quelquefois des années féches & halleufes qui la rendroient plus difficile & même impraticable, c'eft pour cela que les marchands ne veulent pas courir le rifque de perdre leur écorce en ne con- fentant à la faire lever qu'après que le bois eft abbatu ; aïnfi c’eft au propriétaire à trouver le moyen de fe dédommager de la perte qu'il fait d'une demi-feuille fur le prix du bois qu'il vend, & à avoir une grande attention qu’on abbate les arbres auflitôt qu'ils ont été écorcés. L'écorcement des tilleuls & müriers fe fait pour d’autres ufages que pour le tan ; cette écorce s’em- ploie principalement pour faire des cordes à puits. €’eft à la fin de Mai ou au commencement de Juin, lorfque ces arbres font en pleine féve, qu'on les abbat; on choiïfit même un tems chaud & humide, afin que l'écorce fe leve plus facilement : les ou- vriers difent qu’il faut que le vent foit alors à la féve ; l'écorce fe leve aufitôt que les arbres font abbatus , afin qu’elle foit moins adhérente au bois. Pour lever l’écorce fur les tilleuls, on les prend âgés depuis dix jufqu’a feize ans : on pourroit en le- ver aufli fur de fort gros, pourvü, que l'écorce n’en fut point galleufe. Cette écorce peut fe lever éga- Jement fur le tronc & fur les branches qui portent un pouce de diamétre au petit bout : on en leve quelquefois fur des branches plus menues; mais celle-ci ne peut fervir qu'à faire des liens. On fend l'écorce du tilleul & du mürier dans fa longueur pour la lever : on la détache avec un os taillé en pied de biche : aufli-tôt qu’on en a levé un bout , on achéve de la détacher en la tirant avec les mains. Quand elle eft enlevée, on l'é- tend fur la terre pour la faire fécher ; on en met deux ou at plus trois lanieres les unes fur les au- tres. Quand elle eft féche, on la met en bottes : : DE SWHPO: ts. ®I pour cet effet on met deux perches au milieu d’un cent de lanieres, pour les affujettir droites, en- fuite on les lie avec quatre liens, & on les con- ferve dans un lieu frais & fec pour les vendre aux cordiers , qui , lorfqu'ils veulent employer cette écorce, la mettent tremper dans de l'eau; les feuil- Jets corticaux qui forment fon épaiffeur fe féparent les uns des autres aifément & en peu de tems: les parties les plus intérieures font les meilleures; cel- _ les du dehors font trop groflieres pour en faire des cordes, on les vend pour faire des liens aux ger- bes de paille. Après ce dépouillement d'écorce, on vend les tilleuls ; les gros , aux tourneurs , qui achetent aufli les grofles perches qu'on nomme bourdoens ; les moindres, aux vignerons où aux jardiniers pour fervir d'échalats ou de perches à palifler ; les plus menus , qui proviennent des petites branches , aux païfans pour ramer leurs légumes. CHARBON. On peut faire du charbon avec toute forte de bois : l’une des premieres conditions eft d'employer l'efpece de bois qui eft à meiïlleur marché, , afin que le prix du charbon foit modique ; cependant Ja qualité du charbon varie fuivant l’efpece de bois u'on y emploie : le charbon de bois dur, chêne, épine, &c. donne beaucoup de chaleur; celui de bois blanc eft propre à adoucir les métaux que l'on travaille; celui de hêtre ou de charme, eft après celui fait de chêne & d'épine , réputé le meilleur; vient enfuite celui de châtaignier & d'érable ; enfin celui des bois blancs, comme tilleul, peuplier , cremble, bouleau , faule, pin, &c. Le meilleur charbon fe fait avec de jeunes ron- dins de fix à douze pouces de circonférence ,& 92 T'R A AMITIE avec Îes bois qui font les moins propres à faire du bois de corde. Lorfque le bois que l'on veut convertir en charbon et trop gros, la fuperficie fe trouve confumée avant que la chaleur ait pu pénétrer dans l'intérieur des buches ; pour éviter ce défaut, on fend ce gros bois comme pour faire des cotrets. Les morceaux de bois creux & pourris intérieurement confervent longrems le feu dans leur intérieur, ils font très-dangereux, & peuvent occafionner des incendies. Les bois que l'on em- ploie trop verds, & qui, par conféquent, contien- nenc toute leur féve, jettent une f prodigieufe quantité d'humidité , qu’elle dérange les terres dont on recouvre les fourneaux; d’ailleurs ces bois s'allument difficilement ; & comme les charbon- niers ont peine à porter uniformément la chaleur dans toutes les parties de leurs fourneaux, ils ne peuvent éviter qu'il ne fe trouve beaucoup de fu- merons : un bois trop fec auroit le défaut con- traire, il feroit difficile d'empêcher qu’il ne fe con- fumät & ne fe réduisic en braife. Ainf la vraie faifon de cuire les bois abbatus en Hiver, eft dans les mois d’Aoùt Septembre & O&obre fuivans. FOURNEAU. Le bois deftiné à faire du bon charbon, fe met en cordes; ces cordes levées, on choïfit l’'empla- cement pour y établir le fourneau, qui fe nomme foffe ou faude. On établit ce fourneau dans un lieu uni un peu élevé, parce que les eaux ne s'y ren- dent pas ; il ne faut pas qu'il y ait de fouches, ou du moins très-peu , afin de ne pas faire tort au taillis; il faut prendre garde que le feu ne puifle fe communiquer à des bruyeres ou à des fougeres, qui pourroient caufer des incendies confidérables: l'ordonnance veut que les places à charbon foient marquées par les Officiers des Eaux & Forêts, DE S ADRO! 5. 93 CHARBONNIER. Quand les charbonniers peuvent rencontrer une place où l'on ait précédemment cuit du charbon, ils s'épargnent la peine de la préparer, étant de néceflité que le terrein foit bien dreflé, pour que la place foit propre à faire ce qu'ils appellent ur bon cuifage : le terrein ne doit pas être non plus ni pierreux ni fablonneux , ces matieres ne font pas ‘propres à faire la couverture d’un fourneau : & fi les fourneaux ‘peuvent être placés prés de l'endroit où l’on a mis les cordes, ils s'épargnent encore la peine du tranfport du bois. - DR'ESS E Uk. Le dreffeur ou maître charbonnier , que l’on nom- me ainfi, trace l'étendue du fourneau, auquel il donne un diamétre de huit enjambées, plus ou moins, fuivant la quantité de charbon que l’on veut cuire ; & aprés avoir bien dreflé avec la pelle & à la pioche l'étendue du fourneau, il plante en terre , au centre de cec emplacement , une perche en mæniere de mât gros comme la jambe par le bas, & de douze à quinze pieds de hauteur : quel- ques-uns couvrent le rerrein d’une couche de fra/fil, ou cendre d’un fourneau qui a déja fervi. Le bois tranfporté par brouettes, de l'endroit où il a été cordé , au fourneau, le drefleur commence à éle- ver fon fourneau ; les premicrs morceaux de bois dont on entoure le mât, doivent être fecs, & au- tant qu'il eft poflible de bois fendu, afin que le feu puifle y prendre plus aifément; il appuie le bout d'en-haut de chaque morceau de bois contre le mât, l’autre bout porte à terre & un peu incliné: autour de cette premiere enceinte de bois £ec, Le LA 94 TORNA OIE dreffeur en forme une feconde rangée avec de 1a corde à charbon; il en fait une troifiéme, une qua- triéme, une cinquiéme , & ainfi jufqu'a ce que l'étendue du terrein foit couverte en plein de mor- ceaux de bois placés prefque debout : à chaque enceinte du premier lit, on ménage un petit ef- pace vuide de cinq a fix pouces, chacun vis-à-vis l’un de l’autre, de façon qu'il refte depuis la cir- conférence de ce fourneau jufqu’au centre, un ca- nal que l'on peut regarder comme,.un foyer : on remplit cette efpece de canal de rames féches bien. faciles à s'embrafer, afin que le feu puifle tout d’un coup fe porter au centre du fourneau. Ce premier lit formé on en éleve deffus un fecond, qui fe nomme écliffe, & que l’on forme par encein- tes comme le premier, même avant que celui-ci foit fini, en obfervant de mettre le bois le plus menu au premier lit, & celui qui eft plus gros aux rangs élevés, & qu'a chaque lit on met les plus gros morceaux entre le centre & la circonférence. Le troifiéme lit qu'on nomme /e grand haut , fe forme par un aflemblage d'enceintes femblables aux deux premiers. Le drefleur a pu former ces deux premiers en reftant à terre; mais pouf for- mer le troifiéme, il eft obligé de monter fur le fe- cond ou l’écliffe. Sur le troifiéme lit ou grand haur, on éleve un quatriéme étage qu’on nomme /e perit haut, & quelquefois un cinquiéme ; on continue d'ajouter du bois à la circonférence des lits, en commencant toujours par les plus bas, jufqu’a ce que tous les lits ainf arrangés aient pris la forme de 12 calotre d’un dôme. C’eft alors feulement que cet aflemblage s'appelle fourneau, car jufque-la les charbonniers le nomment a//umelle. Les fourneaux ordinaires font de dix à douze cordes; pour les forges on cuit fouvent cinquante cordes de bois à la fois; on fait pour Le fervice DE SAUT Ss. 9$ des particuliers de perits fourneaux de cinq à fix cordes feulement : mais il y a toujours de l’écono- mie à faire de grands fourneaux, parce que le bois qui fe confume pour former le foyer central eft le même à-peu-pres pour les petits fourneaux que pour les grands : cette confommation du centre & la perte qui fe fait dans le fougeage , eft eftimée d'un cinquiéme dans les perits fourneaux ; mais elle eft beaucoup moindre dans un grand. Lorfque les fourneaux font élevés, il faut les ‘habiller ou les bouger; c’eft-a-dire, que pour em- pêcher l’'embrâfement total , & pouvoir être maître de conduire le feu comme on le juge convenable, il faut couvrir l’extérieur du fourneau de terre & de cendres ; & dans les endroits ou il ne fe trouve que du fable & des pierres, on a de la peine par cette raifon à faire un bon cuifage. On couvre donc ainfi tout le bois d’une couche de terre un peu humide pour qu’elle tienne mieux & ne coule pas, d'environ quatre pouces d’épaif- feur, Ge au haut du fourneau près du mat, où on laifle un efpace d’environ fix pouces fans être recouvert de terre, pour déterminer l’humi- dité du bois à fortir en fumée par cet endroit, & pour établir das le centre du fourneau un braiï- fier confidérable. Quelaues-uns mettent une couche de frafil par-deflus la terre; d’autres attendent que le bois foit cuit en partie pour mettre ce frafil ; dans les endroits ou 11 ne fe trouve que du fable & de la pierre, les charbonniers ne pouvant, faure de terre, faire! un bon bougeage, mettent fur le bois une couche de feuilles vertes qu’ils recouvrent de frafil avec un peu de terre, ce qu’ils appellent feuiller le fourneau : queiques-üns laiflent cinq ou fix pouces de jour au bas de leur fourneau, qu'ils ne ferment que quand ils y ont mis le feu ; mais la pratique de bouger le fourneau jufqu'au bas eft la meilleure. 26 TR A LUE Quand le fourneau eft bougé, on met le feu à la galerie ou foyer, qui eft rempli de copeaux ou brindilles féches; le feu gagne aflez promptement le bois fec qu'on a mis au centre du fourneau; alors l'air entrant avec beaucoup de vivacité , il fort une fumée épaiffe par le haut du fourneau auprès du mär, Cer air qui entre par la bouche du four- neau & fort par l'ouverture du haut, anime beau- coup le feu dans le centre : le bois brüle, & il s’y forme un foyer très-confidérable, dont la chaleur fe communique à toutes les parties du fourneau. Mais pour empêcher que le bois ne fe confume entiérement , le charbonnier a foin de diminuer l'ativité du feu, en fermant avec de la terre la bouche & l'ouverture du haut, fur-rout quand il juge que le brafier du milieu eft aflez confidérable pour achever la cuiflon du charbon; ce qu’il con- noît quand la fumée qui étoit blanche en com- mençant à fortir, devient plus brune & plus äcre, marque qu'elle contient moins d'humidité. Il fe fait quelquefois une explofion , précédée d'un bruit fourd que l’on entend dans l’intérieur du fourneau, & laquelle dérange les terres qui le recouvrent; il faut y remédier fur le champ, en remettant de nouvelle terre ou il en manque : c'eft pour cela principalement qu'il faut continuelle- ment veiller les fourneaux tant qu’ils font en feu. Pour entretenir toujours un grand feu dans le centre, & remplir en partie ce vuide qui s’y eft fait, le dreffeur, que l’on peut aufli nommer cui- feur , après avoir fermé la bouche du fourneau, & avant de fermer l'ouverture du haut, verfe par cette ouverture du haut quelques panerées de char- bon, ce qui fert auffi à foutenir la terre que l’on applique fur le champ pour fermer cette ouver- ture. Et comme on ne cuit pas toujours plufieurs fourneaux en même tems, & qu’alors on manque de DE S BIOTIS. ° 97 de charbon pour remplir ce centre, le dreffeur faic écrouler le plus qu’il peut , le bois à moitié brülé qui eft aux environs du foyer, avec le fecours d’une perche ; ce bois remplit le vuide comme Îe char- bon, enfuite il ferme fur le champ l'ouverture avec de la terre. Huit, dix ou douze heures après cette ferme- turc , il faut donner aflez d’air pour que le feu ne s'éteigne pas ; mais il n’en faut donner que mo- dérément afin que le bois ne fe confume point trop. . L'art du charbonnier confifte à régler cellemenc le feu du foyer qui eft au centre du fourneau, qu’il puiile fe porter & agir également par-tout. Le feu a trop agi dans un endroit, quand on voit que les terres fe font beaucoup afaiflées de ce côté; il faut y en ajouter de nouvelles pour diminuer d’au- tant l'aétion du feu : un autre endroit s’eft peu affaiflé , on peut en conclure que le bois ne s'y eft pas confumé ; pour déterminer la chaleur à sy porter , il faut y faire des trous avec le manche de la pelle, on en voit fortir de la fumée, parce que le courant d'air qui s’y eft établi a déterminé la chaleur à s’y porter pour cuire le bois : on re- ferme ces ouvertures au bout d’un certain tems, on en fait d'autres en d’autres endroits, & ainfi fucceflivement toutes les parties du fourneau fe cuifent. Le bois diminue de volume à mefure qu'il fe cuit en charbon, & la terre qui recouvre le four- neau s’affaifle à melure que le bois fe confume. Quand toutes les ouvertures ont été fermées exac- tement, le feu s'éteint peu-a-peu : & quoiqu'il fub- fifte affez longrems un brafier dans le centre, &c une grande chaleur dans tout le fourneau, qui con tribue à achever la cuiflon du charbon, cependanc après un cértain tems, & pour accélérer le réfroi- diflement, on emporte avec l'arc, qui eft un grand Tome IL. 25 “TIR Ant TE rateau, une partie de la terre qui recouvroit fe fourneau; tandis que ouvrier fait cette opéra- tion, un autre le fuir & emporte encore de cette terre avec une pelle emmanchée au bout d'une perche, que l’on nomme un rable; & lorfqu’il ne refte plus qu'une mince couche de terre à travers laquelle on apperçoit le charbon, un troifiéme ou- vrier avec une autre pelle remet de la terre fur le fourneau, qui refte en cet état pendant quelques jours ; & quand ileft totalement refroidi, on ôte la terre d’un côté pour en tirer le charbon, & l’on prend bien garde s’il ne s’eft pas confervé de feu, dans quelque büche creufe, qu’il faudroit en ce cas Ôter ou rejeter de la terre fur le fourneau fi le feu occupoit un certain efpace, parce que le charbon nouvellement fait fe rallume aifément, & que l’on a vu plufeuts incendies caufés par du charbon qui s’étoit ainfi rallumé. Mais quand on eft certain que le charbon cft bien éteint & re- froidi, on le tranfporte ou au port pour le mettre en bateau, ou aux endroits où il doit être confom- mé : ce tranfport fe fait dans des facs à fomme , ou dans des fourgons garnis de claies , ou dans des bannes jaugées, fi c'eft pour les forges. Aflez commuünément on eftime qu’une corde de bois de huit pieds de largeur, fur quatre pieds de hauteur, & dont les büches n’ont que trois pieds de longueur, rend quatre facs de charbon ; & que fuivant fa différente qualité, chaque fac doit pefer de cent dix à cent vingt livres : ce qui fait pré- fumer que la proportion du poids du bois, à celui du charbon, eft 3-peu-près comme quatre eft à un. Quatre cordes de bois produifeut ordinairement une banne de charbon qui tient quinze ou feize poinçons mefure d'Orléans , lefquels contiennent deux cens quarante pintes mefure de Paris : la banne pañle pour contenir deux mille cinq ceng DES BOIS. 93 «befant de charbon; le grand fac pefe environ cent vingt-cinq livres; la verfe ou corbeille de charbon en contient trence-cinq livres. Un arpent de bon taillis bien garni, de groffeur à faire de la corde à charbon, rend environ trente-fix cordes, & pat conféquent neuf bannées de charbon. On donne aux charbonniers depuis vingt fols jufqu’à trente, pour le cuifage de chaque corde. À Paris, les Réglemens de Police ordonnent que le charbon qui arrive en cette Ville par bateaux , . Soit vendu dans les bateaux mêmes. Celui qui ar- rive par charrois doit être déchargé aux places à ce deftinées, fans retard, & aufhitot leur arrivée. Celui qui eft tranfporté à fomme dans des facs, peur être vendu aux bourgeois : ces facs doivent être tous d’une même grandeur, & contenir exac= tement ou une mine, ou un minot, ou un boif- feau ou un demi-boiffeau : la grandeur des facs, ainfi que le prix du charbon, doit être écrit fur une plaque de fer-blanc attachée au bat de la bête de fomme. Les regrattiers ne peuvent garder chez eux en magafn plus de fix mines de charbon, & leurs mefures doivent être étalonnées. CE R € LES. … Le taillis a encoré cet avantage, que l’on fait des cercles ou cerceaux avec beaucoup d’efpeces de bois différens : ceux de châtaigniers font très- bons ; ceux de chëne vont enfuite : ceux de meri- fier ne le cédent point aux deux précédens ; il y à même de grandes Provinces de vignobles où l'on n'emploie que de ceux-là pour les cuves : ceux de bouleau font affez bons pour les futailles, jales, baignoires & cuves : le frêne & l'acacia en four nifienc auffi de bons pour les cuves : on en fair même avec de l'orme à grandes feuilles, qui, ayant G 2 Ye TR AIDE cru dans des fables, fe trouve avoir un bois fot£ doux : le faule, le marfaut & le peuplier en four- niflent aufli ; mais ils font peu eftimés : le cou- drier fert à faire des cerceaux pour les perits ba- rils ; & dans les Provinces méridionales on en fait d’excellens avec le laurier-cerife & le laurier-franc : en un mot, il n’y a prefque point d’efpece de bois dont on ne puidfe faire du cercle. Un bon taillis de châtaignier peut fournir fix milliers de cercles. En exploitant les taillis, les bu- cherons abbateurs mettent à part les perches qu'ils jugent propres à cet emploi : fi on les paie à la perche, on leur donne vingt fols du cent; mais communément on les paie au millier, à raifon de trente fols par millier de cercles fendus, PEUR) CAES. Les perches , pour les demi-queues, doivent avoir neuf à dix pieds ; & pour les quarts, moitii de ceux-ci, & fix pieds & demi à fept pieds. Les cer- cles dont on fe fert à Paris pour les demi - queues & les demi-muids, ont neuf pieds de longueur , parce qu'on les emploie à différentes jauges : pour les cuviers, baignoires & jales , on leur don- ne depuis dix jufqu’à quinze pieds. Les marchands loriflent quelquefois les perches par bottes liées à deux hares ; mais on en forme prefque toujours des tas auprès defquels les cercliers établiffent leur attelier. CE. RECEDEMENRSS Ces fortes de loges, pour les cercliers, font faites avec peu d'art : quatre, cinq ou fix four- ches plantées en terre, foutiennent quatre perches allez grofles, fur lefquélles on en met d’autres plus PR LT OST, " L'FE 7 ‘4! DES HORS TÔT Mmenues en guife de chevrons, & fur ces dernieres on arrange des copeaux, ce qui forme un auvent de douze pieds en quarrés, fur neuf pieds de hau- teur , fous lequel ces ouvriers font à l'abri du fo- leil', & en partie garantis de la pluie. Sur leur établi ou attelier, qui eft une piéce de bois d'environ quinze pieds de long, arrêtée aux deux extrémités par des piquets fichés en terre, & foutenue par un bout fur deux jambettes ou _pieds, à deux pieds du terrein, & vers un bout de laquelle eft atraché une tête de bois que l’on nomme sérard, & plus bas, dans un trou, une fourchette qui fert d'appui à la piéce que l'on doit mettre en œuvre, les cercliers font leur travail, avec Is outils qui leur font ordinaires , & confif- tent en une ferpe nommée vo/ain, courbée par le bout & très-tranchante; ur piochon à lame un peu courbée de fix pouces de longueur , plate & forte, très-tranchante, & un manche de huit pouces ; une plane où plaine , dont la lame eft droite; ur billard , piéce de bois de quinze pouces de lon- gueur , arrondie vers Le bout, & de grofleur à pou- voir être tenue dans la main, ayant à l’autre bout trois pouces de largeur & une entaille oblique, formant une rainure de fix pouces, fur un pouce de largeur & deux de profondeur , qui leur fert à faire prendre au cercle une courbure convena- ble ; & un garde-côté, compofé de huit ou dix planchettes enfilées par une corde à côté les unes des autres, dont ils fe forment une efpece de ban- douliere, qui garantit leurs habits d'être coupés pat la plaine, & d'en être offenfés eux-mêmes, fi elle venoit à glifler; enfin, ils forment des par quets , dans lefquels ils roulent leurs cercles pour en former des rozelles ou meules; ces parquets s'é- tablifient en pofant à terre un cercle arrêté avee dé l’ofier à la grandeur qu'on doit donner à chaque G 3 10? TK 4 Ÿ TE rouelle ; on enfonce en terre de fort piquets à l'£ä Ievation de huit ou dix pouces, au tour de ce cer cle, dont on forme l'enceinte que l’on veut, pour les demi-queues, les quarts, & autres jauges : ce parquet établi, le cerclier ôte le cercle qui lui a fervi de jauge, & fait un cercle plus grand, qu’il met en dehors à la tête de ces piquets, pour em- pécher qu'ils ne s’écartenr les uns des autres; après quoi il s'occupe de fon travail, pendant lequel il fe trauve fouvent des perches qui fe fendant mal, ne peuvent être employées qu'a faire des échalats, ce qui n’eft pas aufli avantageux que les cercles & cerceaux ; d'autres qui fervent à faire du treillage & des ronnelles pour les jardins. On fait prendre la courbure au cercle, en l’en- gagcant dans la rainure du billard, ce qui fe nom- me plier ou plager. Si le parquet a deux pieds fix pouces de diamétre, on met quatre cercles l’un dans l’autre, ce qui fe nomme une rangée ; il faut fix rangées pofées les unes fur les autres pour faire une rouelle, par conféquent la rouelle eft com- ofée de vingt-quatre cercles, liés avec quatre pr fix rouelles forment une pile de cent qua- rante-quatre cercles ; & fept de ces piles font un millier, auquel on ajoute huit cercles par-deflus le compte. Ceux que l’on fait dans les parquets de trois pieds fix pouces de diamétre , fe nomiment cercles de plain pied, & la rouelle n’eft compofée que de douze cercles : fix rouelles de ceux-ci font une pile, & fept piles paflent pour un millier, qui fe vend autant que les petits, quoiqu'il y ait moitié moins de cercles. ._ Les cercles pour les cuves fe font a-peu-près de même , excepté que les perches étant plus groffes on les fend quelquefois avec le coutre ; & leurs parquets, à la grandeur près, font aufli la même DES DOTE 193 thofe , finon que l’on archoute les piquets verti- caux par d’autres piquets obliques. Ces cercles paf- fent deux fois dans le billard, qui a fix pieds de longueur ; il faut au moins deux hommes pour les plier & les mettre dans le parquet : on en fait de- puis trois toifes jufqu’a fix & demie, qui différenten- tr'eux de trois pieds , comme trois toifes trois pieds, trois toifes fix pieds, troistoiles neuf pieds &c. ils fe vendent par fixains, chaque rouelle n'étant formée que de fix cercles. On donne vingt-cinq à trente fols pour la façon d’un grand cercle, fuivant que le bois eft plus ou moins difficile à travailler : aux cercliers on paie cent fols pour la façon d’une rouelle de vingt-quatre cercles de huit pieds fix pouces : les copeaux font au profit du fendeur , à qui l'on paie les échalats qu'il fait en fendant les cercles fur le pied, depuis quarante jufqu’à cin- quante fols la charreté, qui eft compofée de vingt- quatre bortes. # CRRNERES. La maniere de faire les cerches pour les cri- bles à l’ufage des mégifliers, a beaucoup de rap- port avec le travail du cerclier. On choiïfit des perches de faule de belle venue & peu noueufes, qui aient huit, neuf ou dix pou- ces de circonférence par le bas, & fepr & demi, huit ou huit & demi par le haut : les groffes per- ches qui peuvent fournir de larges cerches, fe cou- pent à neuf pieds de longueur, parce qu’elles doi- vent fervir pour les grands cribles ; celles de moyen ne grofleur , doivent être coupées à huit pieds, & les moins groffes à fept : on les fend en deux avec la ferpe courbe ou vo/ain, ou avec le pro- chon des cercliers ; on les drefle, & on les met d'épaifleur avec la plane, Quand elles ont été ré- G 4 \ l'A 104 É.2. HIDE duites à quatre ou quatre lignes & demie d’épaif: feur fur deux pouces & demi ou trois pouces de largeur , on les plie pour les mettre en rouelles, qui doivent contenir chacune douze cerches ; pour cela l'ouvrier commence par leur donner un peu de courbure avec le b:/lard, qui eft un peu dif- férent de celui des cercliers, & les roule enfuite dans le parquet formé comme ceux ci-deffus, dont le diamétre eft pour les grandes cerches, de deux pieds & demi, & pour les perites, de deux pieds deux pouces : on les y fait entrer à force : on en met fix les unes dans les autres , pour former le premier plan, fur lequel on en met fix autres; & quand il y en a douze , on les lie avec des hares en quatre endroits, & la rouelle eft réputée faite. Un lot de trois cens perches de faule a été vendu foixante livres en 1756. On en a fait quatre-vingt rouelles de cerches , qui fe vendoient aux mé- gifliers trente à quarante fols, fuivant leurs lar- geur & longueur : on avoit donné quatorze fols de façon par rouelle ; l’ouvrier en faifoit quatre par jour. Les hauts taillis de trente au trente-cinq ans peuvent fournir des bois de douze, quinze & dix huit picds de longueur, fur quatorze à quinze poue ces de circonférence, Ces bois ne pouvant fournir que des piéces de trois pouces & demi d’équarrif- fage, on les coupe en büches, ou on les équarrit pour fervir à faire des ridelles de charettes, ou des chevrons pour les bâtimens : on donne cin- quante fols du cent au bucheron qui les abbat; & J'on paie l’équarriffage de chaque piéce fur le pied de l'équarriflage d’une piéce de bois quarré. Dans les bons fonds les bois de quarante à cinquante ans commencent à /moner ; c’eft-a-dire , qu'ayant trente à trente-cing pouces de circonférence, on peut les vendre en grume aux chartons, pour faire ) L DES HY015. 10$ des limons de groffes voitures, lorfqu'’ils font allez droits dans une longueur de dix-huit à vingr pleds : on donne pour les abbatre le même prix que pour les ridelles, AIT AT ES. Si lorfqu'il s'agit de bois taillis, il fuffit d'exa- -miner l’effence du bois, chêne, châcaignier , or- me, bois blanc, &c. & fa force, pour dérerminer ‘l'afage qu'on en peut faire, foit pour le chauffage, foit pour l'emploier en perches , cerceaux, cOtTrets , fagots , bourrées , &c. & en fixer le jufte prix, pour connoître le bénéfice qu'on en peut tirer, fui- yant le débit le plus avantageux , & la quantité que chaque arpent en peut produire : il n’en eft pas de même quand il s’agit des furaies ; il faut procéder différemment lorfqu’on en fait la vifte, foit pour fixer leur valeur , le prix que l'acheteur peut en donner, foit pour faire le marrelage des arbres propres à des ouvrages de grande confé- quence, comme de charpenterie, tels que la conf- truétion d’un pont, d'une éclufe, des toits d’une Maifon Royale ou d'une Eglife, &c. foit enfin pour le fervice de la Marine & la conftruétion des vaifleaux. Dans l’un & l’autre cas, celui qui eft chargé de la vifite d’une futaie, doit avoir pré- fent a l'efprit ce qui a été ci-devant dit fur la na- ture du terrein, la fituation , l'expofñtion & l'age des arbres; & connoître toutes les marques qui font appercevoir fi l'arbre qui eft fur pied renfer- me des défauts; l’ufage qu'on peut faire des arbres, fuivant, leur grandeur, leur forme & leur efpece; dans quelle faifon il convient de les abbatre; & s’il eft poflible d'augmentér la denfité du bois des arbres fur pied, lorfqu'on fe prapofe de les abba- tre : ces deux derniers points feront difeutés ci- * après. 1c6 PR AIRE Si celui qui fait la vifite d’une futaie n’a poué objet que d’en faire l’eftimation , il peut fe difpen- fer de prêter beaucoup d'attention à la nature du terrein, a l'expofñition, à la fituation de la futaie, ni à l’âge des arbres : leur taille & leur grandeur doit l’occuper principalement; & il ne doit rebuter que Îes arbres qui fe montreront très-défetueux; car 1} n'y a aucune efpece de bois qui n'ait une valeur réelle, & dont les marchands intelligens ne {çachent tirer parti relativement à leurs intérêts. Un arbre mort en cime, ayant toutes Les mar- ques de retour, & dont on connoît que le bois en eft gras, doit être débité pour la menuiferie. Si un nœud pourri pénétre dans l’intérieur d’un arbre, & qu'il fe foit formé une goutiere qui s’étende dans le corps d’un arbre de cinq à fix pieds de longueur, Je marchand fera couper cette partie viciée; il la fera fendre pour en faire du bois de chauffage, & le refte lui fournira ou du bois quarré, ou du fcia- ge, ou de la fente : ce dernier emploi a cet avan- tage qu'il n’exige que des billes courtes. La der- miere reflource , quant aux bois qui ne peuvent être ouvrés , c’eft de les deftiner à fervir au chauf. fage. Un expert fur cette matiere, chargé de faire Feftimation d'un bouquet d'une demie ou d'une haute - futaie, dont l'étendue eft connue par un arpentage exact, doit traverfer le bouquet dans tous les fens pour reconnoître fi le bois eft par- zout également garni, fi les arbres fe fuivent, c’eft- 2-dire, fi dans toute l'étendue ils {ont d’une même force. S'il fe trouve quelques parties plus foibles , 1! divifera le bouquet de bois en deux ou trois où un plus grand nombre de lots , & fera de chacun une eftimation particuliere. A cet effet, & pour y procéder avec ordre, il mefurera dans chaque lot un arpent ou un demi-arpent; il en comptera les spé it br hier ! PPS DOS. Jo+ @rbres, les diftinguera en trois claffes; beaux , médiocres & foibles, & dans la clafle de ces der- nicrs , il comprendra les arbres défectueux, ceux de deflous & les rafaux. Enfuite il examinera en gros l’ufage qu'on pourra faire des arbres de cha- cune de ces clafles, il fera l’eftimation de chacune efpece d’atbre, n'ayant égard qu'aux principales . branches , & eftimant en gros combien la rame peut fournir de cordes ; dans les futaics les fagors ne font point un objet, on peut feulement les re- garder comme une indemnité des faux frais. Après cette évaluation faite, & le prix de chaque arbre ainfi fixé -fuivant les différentes claffles, 1l multi- pliera le prix par le nombre des arbres, fur le to- tal, il défalquera les frais d'exploitation , qui mon- tent quelquefois au tiers, d’autrefois à la moitié du prix du bois, par ce moyen il aura aflez pré- cifément la valeur de chaque arpent, & de même l'eftimation totale du bouquet, en multipliant le nombre d’arpenc & leur prix. Ceux qui voudroient acheter des arbres fur pied, ou exploiter eux-mêmes leurs bois, parce qu'ils font dans le cas d'en employer beaucoup , pour- roient courir le rifque d’être dupe d’une économie mal-entendue , fi pour vouloir profiter du gain que peut faire un marchand , ils étoient rentés ET ter un bouquet de bois pour en tirer les piéces de charpente dont 1ls auroient befoin : ils ne pour- roient y trouver de l'avantage que dans le cas où l'ouvrage qu’ils entreprendroient pourroit leur four- nir l'emploi de toute forte de bois ; mais comme ces cas font rares, il faut, avant de fe rendre ad- judicataires d'une futaic, confidérer qu'ils paie- ront les ouvriers, abbateurs, chabins, équarrif- feurs , fcieurs de long, fendeurs & fagoteurs, plus cher que les marchands ordinaires : qu’ils feront ebligés d'employer routes fortes de bois bons ou 410$ TRATTÉ mauvais, tels qu'ils fe trouveront dans [eut vente ; fans choix comme dans un chantier de marchand où l’on n’eft pas obligé d'en prendre de mauvaife qualité : que le particulier qui exploiteroit pour fon compre, fe trouveroit inévitablement chargé de quantité de bois dont il ne fcauroit que faire; au lieu qu'un marchand fçait tirer parti de tour, & fe défera avantageufement de toute efpece de bois, parce que d’une tronce grofle & courte, il tirera de la cerche, du merrain, des échalas ou de la Jatre; les bois blancs il les débitera en voli- ches, en fabots, en talons de fouliers, en femel- les de galoches ; les hêtres lui fourniront de la raclerie, &c. ce que ne pourra faire que très-dif- ficilement celui qui n’eft past accoutumé à ce com- merce : on peut cependant faire marquer les arbres dont on croira avoir befoin ; mais on ne doit les acheter que conditionnellément, & fuppofé que les piéces fe trouvent faines après qu’elles auront été abbatues , & même débitées en partie. Quand il s'agit de choiïfir & marquer des bois pour des ouvrages de conféquence , tels qu’éclu- fes, grandes charpentes, & pour la marine, on ne peut les examiner avec trop d'attention : on doit remarquer la nature de la terre ou les arbres ont végeré, pour juger fi le bois fera fort ou tendre : voir la fituarion & l'expofition du terrein où ils ont erû , pour effayer de découvrir fi ces bois n’ont pas quelques défauts intérieurs : fur-tout exami- ner leur âge , pour juger s'ils ne font point en retour, qui cft le défaut le plus effentiel , que lon ne peut fouvent que foupçonner, lorfque les ar- bres font encore fur pied ou nouvellement abba- tus ; mais qui exifte réellement & fe manifeftera tôt ou tard dans quelques parties de l'arbre, qui étant fur le retour a sûrement un commencement de pourriture dans le cœur. La groffeur n’eft pas MAS DOS: 109 toujours un indice de ce défaut, puifqu'un gros arbre, fitué en bon terrein , pourra être encore en crue , pendant qu'un autre de médiocre grofleur fera déja en rertour*dans un mauvais fol. Mais dans le doute, il eft plus fage de ne conclure dé- finitivement le marché que quand les arbres font abbattus & en partie débités. Quand il s’agit de charpentes ordinaires pour lefquelles il n’eit queftion que de la longueur & de l’équarriflage des piéces, il n’eft pas difcile de marquer les arbres pour un objet déterminé rela- tivement à leurs dimenfions & contour ; mais le choix des piéces pour Le fervice de la marine, exige une plus grande étendue de connoiïfflances. Celui qui examine une futaie pour l’exploiter, doiravoir égard , à la taille des arbres pour décider de leur deftination , & à la qualité de leur bois pour con- moître , s'ils font propres à faire de la charpente ou à la conftiuétion des vaifleaux, ou à faire du bois de fente, de fciage , ou pour toute autre ef- pece de fervice. Ceux qui font dans l’ufage de faire la vifite des forêts, ont coutume de juger 2 la feule infpettion des arbres, de l'ufage que l'on en peut faire : la groffeur , la grandeur, la courbure, le trait du tronc & des branches, les déterminent fur le genre des piéces qu'on en peut tirer. Cependant un exa- men plus précis que la feule infpeétion, devient abfolument fire dans le cas d’une c&upe pré- cipitée, où l’on eft quelquefois obligé de s’en rap- porter à des gens peu expérimentés. On ne peut mème guéres fe pafler de l'avis d'un conftruéteur ou de gens entendus aux conftruétions des vaif- feaux, principalement pour exploiter les piéces courbes , parce qu’elles doivent être à peu de chofe près, conformes aux gabaris, & éviter autant qu'il gft poflible de trancher le bois; en effét un conf: 10 TR A 1 Th tructeur & un bon charpentier décident mieux qué tous autres fur la deftination des piéces qu’ils doi- vent employer. La grande habitude de vifiter les forêts, met à Ja vérité en état de juger affez bien par le fimple coup d'œil & par eftime : néanmoins l'ignorance & le peu d'attention dans les exploitations , fur tout pour la marine, font fouvent abbatre & con- duire aux ports beaucoup de bois inutiles par leurs échantillons ou par leurs contours bifarres ; au lieu qu'un travail plus précis qu'un fimple coup d'œil, une mefure prife avec quelques inftrumens peu embarraflans & expéditifs, feroient connoître à très-peu-près la longueur des piéces & leur équa- riffage avant que les arbres foient abbatus : par ce moyen on fe détermineroit plus précifément fur l’u- fage qu'on en pourroit faire , on rendroit les four nitures plus exactes, la deftination des piéces plus récife, & l’approvifionnement des ports plus af- furé d’après les procès-verbaux : on feroit, outre cela, plus en état de faire une jufte eftimation d’une futaie, le propriétaire & l'acheteur y trou- veroient également leur avantage , la hauteur, la groffeur, la ‘tournure & la figure du tronc & des branches, devant êrre autant confidérés que le nombre des arbres, pour pouvoir décider de l’em- ploi qu'on en peur faire. 3 On a coutume de prendre la hauteur des arbres avec un@ plancherte taillée en équerre, rectangle, & de deux côtés évaux, ayant une rainure à l’un de fes côtés, dans laquelle pafle un fil garni d’un plomb par un bout, montée par le moyen d'une douille, fur un piquet ferré qu'on enfonce en terre ; ou par eftime du nombre de fois qu'une régle de deux toifes pofée le long du tronc, peut être contenue dans la hauteur de l'arbre; mérhodé fimple, expéditive, & fuflifamment exaéte poug DES Boïts. T1F peu que l’on s'y foit exercé; mais pour plus dé récifion on peut fe fervir de baguettes de trois pieds de longueur, qui s'emboëtent à vis les unes au bout des autres, & dont on ajufte ainfi le nom- bre convenable pour atteindre aux branches qui ter- minent le tronc. On prend la grofleur avec une chaîne légere & flexible, que l’on a attention de tenir aflez exac- tement de niveau , & que l'on porte à environ trois pieds au-deflus du niveau du terrein : avec la mêé- - me chaîne on prend la grofleur du haut de l'arbre: on joint les deux fommes enfemble, dont on prend moitié pour avoir la grofleur moyenne du milieu de l'arbre , afin de déterminer l’équarriflage qu'il pourra porter dans toute fa longueur. Par exem- ple, fi la premiere grofleur d’en-bas eft fix pieds, & celle d’en-haut quatre, ces deux fommes feront enfemble dix pieds, dont la moitié, cinq, fera l'équarriffage que cet arbre portera. Pour connoître l’équarriflage d’un arbre, il faur d’abord en prendre la groffeur moyenne comme il vient d'être dit, & enfuite divifer la circonférence pat cinq & non pas par quatre, parce qu'il faut diminuer l’épaiffeur de l'écorce avec une partie de l'aubier , & avoir égard aux flaches, aux défournis & à ce que la piéce n’eft jamais parfaitement droi- te: & en prenant le cinquiéme de la circonférence, on aura une approximation fufifante, d'autant que les piéces font rarement à vive arrête. Ainfi un arbre qui auroit dix pieds de srofleur moyenne, fournira tout au plus une poutre de deux pieds d'équarriflage, à moins que fuivant l'ufage , on ne la tint un peu plus menue au bout du côté des branches que du côté des racines. Quant à la figure des arbres, qu'il eft également intéreflant de bien diftinguer pour les employer ptilement, ceux donc le port eft droit, font es Pr - . BE: T R'A SATSE général d’un très-bon ufage, & peuvent s'employet pour tous les ouvrages de charpenterie : s'ils font gros , ils peuvent fournir à la marine des quilles, des baux, des iloirs, des précintes , des bordages, &c. S'ils font un peu courbes dans leur longueur, ils fourniront des baux ou des jambes de force ; s'ils font droits & moins gros, on pourra faire des lors , ou des précintes ; où des faîtes , des pannes, des frllieres , des plançons pour les bor- dages , & les vargres des vaifleaux. Pour tous ces ufages les piéces les plus fongues & les plus grofles font les meilleures : quand elles font trop cour- tes, on peut les débiter en fciage, & en faire du bois de fente. On peut fixer à quatre toutes les imperfections de figures des arbres; fçavoir, arbres courbes ; arbres noueux; arbres dont la groffeur eft fort iné- gale; & arbres rafaux, à tige courte, & fort bran- chus. Les arbres courbes ont des avantages qui leur font particuliers. Si ce font des ormes, on les em- ploic utilement pour les jantes des roues des voi- tures:& des moulins; pour les affuts des piéces de campagne; pour les charrues, & les trains des équi- pages, que l’on peut faire de frêne. Si ce font des chênes ou d’autres arbres, ils font très-commodes dans [a conftruttion des voutes , pour faire des ceintres; dans les Provinces Maritimes, certe for- me courbe rend les bois propres à quantité d’ufa- ges: dans la conftruétion des vaifleaux, les varan- gues acculées , courbes & courbätons , les genoux, les alonges de revers, les pièces de tour, les étraves, les gurlandes , ne peuvent être faits avec des bois droits; & ce qui les rend finguliérement précieux, c'eft que chaque piéce exige une courbure particu- liere. Les piéces fourchues qui font prefque inu- tiles pour la charpente, font très-précieufes ir ba Lan 7 nn ts > ne DEF * Bad 1-5, Y13 la marine ; on en fait des varangues dcculées ; avec celles qui font un angle plus où moins ouvert, on fair des courbes & des courbâtons , &c. Ce n’eft -donc pas toujours un défaut aux arbres que d'être courbes, puifque quantité d'ouvrages de charron- nage & de charpenterie exigent cette forme, & que la marine ne peut fe paffer de bois courbes. Les arbres fort noueux font fujets à ävoir des nœuds pourris & des veines de boïs tendre; cette pourriture fe portant dans le cœur ;'5l faut exami- nerles nœuds avec foin. Quand ils font fains, & qu'ils font , comme difent les ouvriers , rxffiques & rebours , is font:ordinairement très: durs & €a- pables de réfifter longtems aux injures de Fair. On doitles employer préférablement à tous autres pour former les éclufes , &igénéralement tous lès ouvra- ges de charpenterie & de menuiferie qui-doiventétre expofés à l'air, & quine demandent pas beaucoup de propreté ni un travail recherché, Ces arbres font aufli ès-bons pour réfifter aux frotemens ; & c'eft pour certe raifon que les ormes fort noueux font les meilleurs pour former les moyeux , les jantes des roues, & pour fournir dans lès machines cer- taines piéces qui doivent fouffrir des frotemens. Mais ces bois ne font nullement propres aux ou- vrages de menuiferie qui exigent de la propreté, & encore moins à ceux de fente. Quand lés nœuds fontitrès-gros & qu'ils pénétrent très-avant dans les piéces, ils les trançhent tellement, qu’elles ne {ont point en état de fournir de bonnes pourres, ni toutes autres piéces de charpente & de conftruc- æion qui exigent de la force. Cependant ce font ces fortes d'arbres qui fourniflent les plus rares piéces de-conftruétion, & qui, par cette raifon , méritent toute l'attention d’un homme prépofé à la vifite des foréts, fur-tout lorfqu'il s'agit de bois pour la conf- æruétion des vaifleaux, | Tome IL, H It4 TR Æ 1:œ4 Les arbres rafaux ou rabougris, qui font ceux dont le tronc eft court, mal-tournés, fourchus & thargés de branches , font ordinairement noueux, & ces deux défauts vont prefque toujours erifem- ble. On en trouve quantité dans les terreins fecs & fur la croupe des montagnes, où ils font expo- és aux vents violens qui rompent leur cime. Leur tête fe trouvé ordinairement chargée d'une multi- tude de menues branches , & il eft rare qu'ils puif- fent fournir quelques piéces utiles. Malheureufe- ment le chêne eft de tous les arbres des forêts le plus fujet à être endommagé par la gelée, & à être affecté de toutes les caufes qui rendent les arbres rafaux & rabougris. Quant à l'inégalité de groffeur ; on treconnoïît aifément qu'un arbre devient inutile pour quantité d'ouvrages , Jorfqu’on le voit fort gros par en- bas & très-menu par le haut. Les arbres fort bran- chus font fujets à ce défaut. Néanmoins quand les arbres font de bonne qualité , on peut , fuivant leurs dimenfions, en faire des arbres tournans de mou. lin, des méches de cabeftan , ou les couper par tronçons , & les carteler pour en tirer des ouvra- es de fente, &c. S'il eft néceflaire de fçavoir à quel ufage un arbre peut être emploié, eu égard à fa pr: & à fa figure, & de connoître certains défauts aifés à appercevoir , tels que ceux ci-deflus indiqués; il n’eft pas moins important de fçavoir fi Le bois d’un arbre fera de bonne qualité, d'en reconnoître les défauts cachés, & de découvrir fi ces vices ne font pas affez confidérables pour faire rebuter les piéces Jlorfque les arbres auront été abbatus, & même en partie travaillés. Quoiqu'il fit très - aifé de fe tromper dans le jugement que l'on porte de la qua- Jité des arbres fur pied, que l’on ne peut eftimer que par des marques extérieures qui portent ol DES BOOTS. 11$ jours avec elles qu’elqu'efpece d'incertitude ; on peut ufer des caracteres fuivans : ils pourront con- duire dans un pareil jugement, en répandant quel- que lumiere fur cette connoiffance. On connoît qu'un atbre eft vigoureux & fon bois de bonne qualité, quand les branches, fur- tout celles de la cime, Da vigoureufes , quoique les autres branches étant étouffées, peuvent être jaunes, languiffantes & mêmes mortes ; quand les feuilles font vertes, vives & étoffées, fur-rout à la cime, & qu’elles ne tombent en Automne que bien tard; quand l'écorce en eft claire, fine, unie, & a-peu-près d’une même couleur depuis le pied jufqu’aux groffes branches ; fi l’on apperçoit, au fond des rimes de la grofle écorce, de petites ger- fes qui fuivent de bas en-hauc la direétion des fibres ; & fi lon voit dans le fond de ces rimes une écorce vive, on peut juger que l'arbre profite, & même qu’il eft très-vigoureux ; quand au haut de l'arbre on apperçoit des branches qui s’élevent, & qui font beaucoup plus hautes que les autres. Tous les arbres dont la tête eft arrondie ne pouflent pas avec beaucoup de force. Au contraire on doit regarder comme fufpeéts ; & n’acheter qu'après l’abbatage & l’équarriffage, afin de mieux connoître les défaues , les arbres dont l'écorce eft terne, fort galeufe, qui s’eft fendue & féparée d'elle-même en travers de diftance en diftance, ou qui peut s’enlever avec la main, fur- tout vers le pied : quoiqu'il y ait des efpeces d’ar- bres , chênes, armes, &c. dont l'écorce eft natu- rellement plus épaifle que d’aures : l’orme corr- lard, par exemple, dont l'efpece eff excellente, a l'écorce plus groffiere que l’orme à grandes feuilles de Hollande, dont le bois eff tendre : le chêne done les glands font portés par de longs pédicules a [on écorce moins raboteufe que celui à one pédicules , i 116 sŒ R À INBLÉ © ordinairement le bois de celui-ci eff plus ferme que celui du premier ; ceux où l’on voit fur l’écorce de grandes taches roufles ou blanches venant de haut en-bas, lefquelles doivent faire foupconner des goutieres ou des écoulemens d’eau ou de féve, de ont pourri le bois intérieurement. Ces taches ont produites par l’altération de l'écorce même, caufée par une pourriture intérieure , ou de ce qu’elle a produit des moufles & des lichens, faufles plantes parafites, qui, véritablement, ne fe nour- riflent pas de la féve des arbres, mais qui retenant Fhumidité extérieure , qui imbibe l'écorce, font caufe que le bois qui eft deffous s'altére : ainf on peut foupconner des défauts intérieurs , lorf- qu'on voit les arbres beaucoup chargés de moufle, de lichens, d’agarics, de champignons : les aga- rics & les champignons fur-tout indiquent quel- que pourriture, ou que les arbres font ufés de vieil- lefle : la moufle dénote un arbre malade qui tend à la pourriture : la différente couleur des écorces étant fouvent produite par différentes efpeces de lichen, cela doit faire foupconner qu’un arbre eft languiffant : une écorce noire, principalement vers le pied , dénote que le bois s’abreuve : l'écorce rouce, fur-tout au hêtre, marque un arbre fec &c cuit par le foleil : uné écorce épaiffle & blanche fur un chêne qui eft encore en état de croître, mar- que que le bois en eft tendre. ” Si l’on apperçoit le long du tronc d’un arbre dés chancres, des cicatrices de branches ou des nœuds pourris, en partie recouverts, & qu'on ap- pelle yeux de bœuf, ou des écoulemens de fubf- tance, on peut prefque aflurer qu'il y a une carie intérieure. Les loupes fréquentes & les excroiflan- ces ligneufes, rendent un arbre fufpet. Les bour- relets & les élévations en forme de cordes qui fui- vent la direction dés fibres du bois, annoncent une - gelivure intérieure. G D Æ 5 TI’. 117 + Si les branches de la têce qu'on nomme la cou- ronne ou le chapeau, font jaunes, & fi plufieurs branches, fur-tout les plus élevées font mortes ou languiflantes, fans aucune caufe accidentelle, l'arbre que l’on nomme arbre couronné, eft fur fon retour, & commence à dépérir : & fi le long de la tige il fe trouve des branches menues & chargées de beaucoup de feuilles vertes, on doit craindre qu'à ces endroits ou aux environs le bois ne foit rouge & de mauvaife qualité. La couleur pale des feuilles, & leur chüte pré- coce, indiquent ün arbre malade, dont les racines ne font pas faines, ou qui ne peuvent s'étendre dans le terrein : raifon pourquoi, au lieu de vifi- ter les bois qu’on veut acheter, dans les mois de Décembre , Janvier & Février, comme il eft d’u- fage, on devroit faire cette vifite avant la chûte des feuilles, Les arbres dont les racines font trop découvertes par des ravines, font fujets à avoit tous ces défauts , & leur bois eft ordinairement de mauvaife qualité. L'examen des forcines ou aïflelles des branches, eft encore important , & doit fe faire avec atten- tion. Le poids du givre ou les grands vents fépa- rent ou détachent quelquefois les branches d'avec le tronc; l’eau s’introduit par les fentes, y forme des gouttieres, & fait que les arbres fon de rebur. Conféquemment ceux qui fe trouvent fendus par le pied , foit que ce défaut vienne de la gelée ou d'une furabondance de fubftance , doivent être foupconnés mauvais, au moins en cet endroit. Différentes efpeces de vers endommagent les ar- bres fur pied; on ne les apperçoit pas facilement, parce que les trous qu’ils font à l'écorce font très- petits, & fouvent ils fe referment par une cica- trice ; mais les oifeaux que l’on nomme p/cverds , fçachant bien les trouver avec leur bec, indiquent, à H 3 11$ TRrAITÉ lor(qu’ils s’y attzchent, que ces arbres ont quelque défaut, au moins eft-on für que le bois en eft tou jours tendre. La partie fupérieure des arbres courbés , fouffre beaucoup quand ces arbres font chargés de givre: il faut examiner attentivement cetre partie du corps de l'arbre qui eft prefque toujours garnie d’une moufle épaiffe qui en cache les défauts, & qui y entretient une humidité qui rend Le bois plus ten dre en certe partie q\'ailleurs. Les arbres qui ont été frappés du tonnerre font ordinairement remplis de gerfes qui en rendent le bois inutile; & l’on prétend que ceux qui font morts par la gelée fe pourriffent promptement : il y 2 cependant des noyers morts par la gelée de 1709. que l’on a fait exploiter , & qui fe font trou- vés bons. Pour s'aflurer f: un arbre a quelqu'un ou plui- fieurs des défauts ci-deflus expliqués, on eft obligé de fonder l’intérieur du bois avec une tarriere où un cifeau; on eft dans l’ufage aufli de frapper les , arbres avec une mafñle, pour connoître par le fon qu'ils rendent , s'ils font fains ou cariés : fi l'arbre fonne creux, il eft reburable ; s’il fonne plein il cft réputé bon : mais ce figne eft bien incertain; car fi le vice eft dans le cœur d'un gros arbre, le fon n’en eft point altéré; d’ailleurs les gerfes , la roulure, la gelivure , la cadranure , ne font pref- que pas fenfbles quand les arbres font pleins de. féve ; & ces défauts alors ne changent pas fenii- biement le fon du coup. Cependant çes arbres zar- rés, dontil vient d’être parlé, ne font pas entiére- ment inutiles, & l’on peut bien en tirer parti : ceux qui ont des marques de retour, font fouvent très- bons pour être employés en menuiferie pour l'in- térieur des bârimens : ceux qui font abfolument gâiés en quelque partie, peuvent fournir en d'au- DES Bors. 115 tées des billes propres pour les ouvrages de fentes & le rebut fe deftine à faire du bois de chauffage. Dalecamp, Théophrafte, Pline & leurs Com- mentateurs, donnent mal-3-propos pour des fignes qui caraétérifenr les efpeces, des marques de vieil- lefle & de retour. Les menuifiers, charpentiers , bucherons & autres ouvriers font la même méprife, lorfqu’ils diftinguent le chêne en doux, tendre, gras, dur, ruftique, rebours, blanc, jaune, rou- ge, &c. dont ils font autant d’efpeces différentes, tandis que ce ne font que les différentes qualités de la même efpece , fans faire attention que le bois prend ces diférenses qualités fuivant fa nature du terrein où les arbres ont pris naiflänce, & que le bois d’un chêne qui eft blanc dans la jeunefle de, Parbre , devient roux lorfqu'il dépérit. Il faut ce- pendant obferver que Ha teinte couleur de rofe dars le bois de chêne, indique un arbre vif, & qu’au contraire le roux terne tirant fur le fauve, eft un figne certain de retour, & d’un commencement d’al- tération dans le bois. Aufli beaucoup d'ouvriers. difent-ils qu’il ne faut pas employer le chêne roux dans les ouvrages de conféquence , parce qu'il fe. pourtit aifément. CHÈNE. Chêne : eft un des plus utiles arbres qui meu- blent les forêts : fort jeune, on en fait des harts, des fagots, des claies, des cotrets, de bon char- bon ; enfuite des cerceaux pour les futailles, & des. cercles pour les cuves; du gros bois de corde, des ridelles & des limons de charretres ; routes fortes. de bois de charpente pour les bâtimens & pour la conftruétion des bateaux & des vaiflcaux ; enfin différens ouvrages de fente, échalas, latte, mer sein, cetches, bois de fciage., &c. H4 M0 T';R-AUI RÉ Sébañtien, Vaillant, Botanicon-Parifienfess né compte que fepr efpeces de chêne qui croiffent aux environs de Paris : Pitron.de Towrnefort, Inffr- zutiones , En a rapporté vingt : & l’on aflure que dans le jardin de Boerhaave 11 y en avoit foixanre- dix : 1l peut mème s’en trouver davantage; car il eft dificile de rencontrer dans un bois deux ché- nes qui fe .reffemblent exactement par leurs feuil- les, leur fruir & leur port. Mais fans avoir égard qu'aux différences les plus frappantes, toutes les efpeces de chêne feront renfermées ici en deux claffes : l’yeufe ou chène verd, z/ex, qui conferve fes feuilles vertes pendant toute l’année, & le chêne blanc, qui perd fes feuilles en Automne, dans le nombre defquels on peut comprendre le quercus la- rifolia femper virens, efpece de chêne qui femble mitoyenue,, dont les feuilles font femblables à çel- * les du chène blanc, qui conferve fa verdure pen- dant l’'Hiver, & ne s'en garnit que vers le milieu de l'Eté, de même qu'une efpece de noyer affez commune, qu'on appelle zoyer de la Saint Jean, parce qu’il ne commence à fe garnir de feuilles que vers ce tems ; mais qui eft véritablement un chêne blanc. YEUSE. L'yeufe ou chène verd fe fubdivife en différen- tes efpeces ; Îles unes ont leurs feuilles petites ; d’autres les ont grandes; elles font ou ovales, ou plus allongées ; tantôt lanugineufes ; c’eft-a-dire, couvertes de poil; tantôt lifles ou piquantes par les bords , ou fans pointes. Cet arbre croit plus len- tement que le chène blanc, qui ne parvient pas à une aufh grande taille. L'aubier de l’yeufe eft blanchâtre 3 fon bois, d’une couleur brune, eft plein; fes pores font petits, & par conféquent il * s . L . | * l . DÉS Boïrs. 121 elt dur , pefant, très -forr, & il prend un beau poli ; il fe tourmente & fe fend beaucoup en fe féchanc, ce qui arrive de même à tous les bois de bonne qualité; il réfifte à la pourriture plus long- tems que le chène blanc. Sa pefanteur n’eft pas un défaut, même pour la conftruction des vaifleaux : dans les fonds, il tient lieu de left ; pour les hauts, on peut le tenir d'un échantillon plus petit que le chêne blanc, parce qu'il eft plus fort : les Éfpa- _gnols, dans leurs Colonies, ne font leurs bâti- mens de mer que de bois fort lourds & plus pefans que l'yeufe, cependant ils font fort bons & durent longtems. En Languedoc on fait des manches de mail avec le bois du cœur de l’yeufe , parce qu’il joint la fléxibilité à la dureté, & qu’il conferve fa fouplefe lors même qu'il eft fort fec; mais il fe fend crop aifément pour qu’on en puifle faire des rouets de poulies. Cependant cet abus exifte dans les ports; on y fair des eflieux de poulies avec le bois de l'yeufe, fur le fondement de la bonté de ce bois; mais comme depuis l’Hiver de 1709.iln’y aplusen France que des taillis de ce bois , on n’emploie pour cet ufage que des paremens de fagors, qui ne font que de l’aubier, moins bon que ne l'eft le cœux de chêne blanc, même de médiocre qualité. La Provence , le Languedoc, la Gafcogne, les Pyrenées, la Saintonge, & plufieurs autres Pro- vinces fourniflent de l'yeufe : on a effayé d’en fe- mer prés la forêt d'Orléans, ou il vient très bien 3 mais comme il croît lentement, on a peine à fe déterminer à en faire des femis confidérables. Ce que les ouvriers difenc, que fa féve fait rouiller les clouds & les chevilles de fer, qu'on emploie pour lier les membres de vaifleaux , n'a pas la certitude néceffaire pour pouvoir y donner éréance ; c'eft plutôt de leur part une mauvaife 122 T'ROAU E B excufe pour tâcher de fe difpenfer de travailtes ce bois, qui eft très - difficile à raifon de fa du geté, & qui les a dérerminé a lui prèrer ce défaur. Ce qu'il y a de fur, c’eft que par-tout ou l’on peut employer l’yeufe , où fes dimenfions permettent d'en faire ufage, il mérice la préférence fur route autre efpece de chêne, & finguliérement dans-les circonftances ou ce bois auruit à efluyer des fro- tCineEns. LIÉGE. Ec liége ne différe de l'yeufe que par fon écorce épaifle, tendre & élaftique : les feules remarques que l’on ait pu faire jufqu’a préfent fur cet arbre, c'eft que le bois des branches un peu grofles eft très-dur; mais il ne devient jamais affez gros pour fournir de belles piéces de charpente ou de conf æuction. Il fupporte des Hivers aflez rigoureux, quoiqu'il ne foit proprement qu’arbre des Provin- ces Méridionales, o8 on en trouve affez abondam- ment, comme en Provence, Languedoc j Dauphi- né & Gafcogne : les Pyrenées, l'Efpagne, la côte de Gênes, la Tofcane, les environs de Pife & de Rome en font fournis. CHENE BLANC. Le chêne blanc , beaucoup plus commun en Fran< te que l’yeufe, fournit encore plus de variétés à parmi lefquelles on en remarque principalement trois. Le Qzercus latifolia, mas, qua brevi pedi- culo eff, chène qui porte fes fruits fur de: courts. pédicules, & dont les feuilles font ordinairement larges & épaifles, & pas découpées où échancrées profondément ; fon tronc eft gros, & fon écorce saboteufe : quand il n’eft pas refferré dans, une fu DES Bots. 123 taie, 1l a beaucoup de difpoftion à produire quan- tité de branches , & dans ce cas il s’éleve peu; cepen- dant quand il fe trouve dans un mafñlif, il four- nit quelquefois de belles & grandes piéces : fon bois eft haut en couleur, dur, liant, & de bonne qualité, mais un peu rebours, & fes fibres font un peu torfes : il n'y a pas apparence que ce foit de cette efpece dont Théophrafte & Pline difent que le chène à larges feuilles produit de mauvais bois, qui fe pourrit promptement , & dont le char- bon ne peut fervir qu'aux forges, parce qu'il s'é- teint aufli-tôt qu’on cefle d'animer le feu par le vent des foufflets; car ce chêne eft de bonne ef- pece : jeune , il fournit de bon charbon: ifolé, 11 donne par fon inclination à produire des bran- ches , beaucoup de bois torts pour la marine: il peut même être employé en charpente, mais moins aux ouvrages de fente & de menuiferie, parce qu’il cft fujer à fe fendre & à fe tourmenter, & que ra- rement fon fil eft bien droit. | Le Quercus cum longo pediculo , efpece de chène qui a ordinairement fes glands plus aliongés & dif- pofés en maniere de grappes pendantes à de lon- gues queues , dont les feuilles font aufli plus allon- gées , plus étroites & découpées plus profondé- ment qué celles de l’efpece précédente ; fon écorce eft aufli plus fine & plus unie ; & cet arbre, qui n'a pas la même difpofition à s'étendre en bran- ches, forme un plus beau tronc : fon bois eft d’un jaune pâle, tirant fur la couleur de paille, & point rebours; fes fibres font fines & droites, fortes & élaftiques. 11 fournit plus que tout autre les lon- gues piéces de charpente. On le débite en bois de ciage pour la menuiferie, & ordinairement il eft très-propre pour la fente. | Le Quercus foliis molli lanugine pubes centibus, que l'on appelle chéne-noir, parce. que le bois dé 124 T': RO ANIOTÉE A cet arbre eft fort brun, eft une efpece de chène r4z rement propre à fournir de bonnes & grandes pié- ces, ces arbres plus fenfibles à la gelée que les au- tres, étant prefque toujours branchus & rabougris: les feuilles en font d’un verd blanchâtre, chargées d'un long duvet, fur-tout quand elles font jeunes, & paroiflent alors bordées d’une teinre couleur de rofe ; ordinairement alongées & échancrées, & raflemblées fur les branches par bouquets : l'aubier eft blanc & fort épais : le bois eft-dur & bon, mais fujet a être rebours, On peut mettre dans cette claffe le haliphaus de Bourgogne , dont parle Gafpard Bauhin, qui eft un chène d’une petite efpece, in- capable de fournir que rarement des piéces pour Ja charpente. Il y a encore en France deux efpeces de chêne envoyées du Canada , dont on ne peut encore ren- dre compte de la qualité du bois. On les nomme dans le pays chêne-blanc & chêne rouge ; le premier a fes feuilles d’un verd tendre & agréable, & fes fruits petits &-aufli doux que des chäraignes ; le fecond a fes feuilles très-grandes, d’un verd foncé, fermes & épaifles, les nervures de deflous devien- nent un peu rouges aufli-tôt que les feuilles font parvenues à leur grandeur , & en Automne elles font entiérement rouges. L'une & l’autre efpece pouffent avec beaucoup de vigueur. Quercus vir- giniana venis rubris muricata : Pluk. Phyt. ORALE." L'orme eft un arbre très-commun, & après le chène on peut le regarder comme un des plus uti- les qu'on puifle employer. La plüpart de ceux qu'on plante le long des grands chemins ayant été éle- vées de femence, on appercoit un nombre pro- digieux de variétés : les uns ont leur tige tLÈS— * EU Dæ's Bois. 126 élevée, & leurs branches très-rapprochées les unes: des autres; d’autres pouflent quantité de grofles branches qui s'étendent au loin & de tous côtés ; leur tronc moins élevé que les autres devient fort gros. Les feuilles de cet arbre varient aufli beau- coup : les unes font fort grandes, & d’autres font très-perites : les unes font tres-rudes au toucher, & d’autres aflez douces. On en diftingue dix ef- peces différentes ; mais par rapport à la qualité du bois , on n’en diftinguera ici que quatre. : L'ulmus major, foliis exiguis, ramis compreffis, que l’on nomme improprement orme male, cri dans un terrein fablonneux , donne un bois fort doux , dont on fait de la latte, de grands cercles pour les cuves, & de l’aubage qui fe travaille bien fous la varlope; & quand il a crü dans une terre plus forte & plus féche , comme il vient fort droit, on en fait des corps de pompe, & des tuyaux pour Ja conduite des eaux. L'orme-teille ou orme-tilleul , ainfi nommé parce ue fon bois eft tendre & prefqu'auffi doux que celui du tilleul : w/mus , folie latiffimo , fcabro : a de fingulier qu’il ne pouffe jamais de bourgeons x D le long de fon tronc, ni de grofles branches, & ne produit des feuilles , qui font fort grandes , u’au bout de fes branches ; il ne devient jamais 0 gros; fon bois que l’on eftime peu, parce qu'il eft très-caflant, & qu'a caufe de cela on ne is che poinc à multiplier , peut fe travailler comme Je noyer. L'orme de Hollande à larges feuilles ; #/mus ma- jor Hollandia, folio latifimo, feabro , ramos extra Je fpargens , que nos ouvriers appellent /’orme fe- melle, & dont nous avons une grande quantité en France, a des feuilles fort larges, qui produifent ua, crès-bel ombrage : il poufle quantité de bran- hes, qui fouraiflent beaucoup de bois précieux» 126 TRAITÉE pour le charronnage : fon tronc devient fort gros; & procure des écrous de prefloir, des mais pour Les prefles , des tables de cuifine, des étaux pour les bouchers, des établis pour les menuifiers , des ma- driers pour les équipages, des planches, &c. mais £on bois n'eft pas bien fort, & n’eft pas de réfif- tance employé pour des moyeux & des jantes de roues. L'ormetortillard : vlmus major, ramos extra fe Jpargens , ampliore folio, eft la meilleure efpece d'orme; il a les feuilles aflez grandes, mais non aucant que l’efpece précédente; elles font plus ru- des & d’un verd plus foncé; fon écorce eft plus raboteufe, & fon tronc eft relevé en plufieurs en- droits par de petites bofles : on le nomme sortil- lard, parce que les fibres de fon bois paroiflent coinme liées, & en quelque maniere entortillées les unes dans les autres : fon bois eft fort dur & trés-liant; il ne fe prête point à la fente ; il eft trop rebours pour que les menuifers puiffent le travailler : il eft excellent pour le charronnage ; on en fait des moyeux & des jantes de roues, des écrous , des arbres de prefloir & quantité d’autres fervices qui exigent de la force : il a même cette propriété finguliere, que fon aubier eft fi ferme, quand il n’eft pas trop fec, que pour faire de bons moyeux de roues, les charrons choïfiflent les mor- ceaux de la erofleur que doiventavoir leurs moyeux, afin de conferver le plus d'aubier qu'il eft poflible. Toutes les efpeces d'ormes en général , font de bon charbon & de bon bois à brüler : c’eft le prin- cipal ufage qu’on fait du taillis de ce genre. HÈËÊTRE. Le hètre : fagus, que l’on nomme encore dans différentes Provinces , foyard, fau & fouteau, 4 DEs Bors. 127 été confondu par quelques anciens naturaliftes avec le chène. Il n’y a point d'arbres dont on fafle une auffi grande variété d'ouvrages différens que da hêtre : d’abord des harts ; enfuite des cerceaux, des cercles, des brancards de chaïfes, des rames pour la navigation, des meubles de menuiferie ; les armuriers, les charrons même en font ufage : mais la plus grande confommation de ce bois elt en ouvrage de fente, de tour & de raclerie : äl fournit encore de bon charbon & le meilleur bois à bruler : il eft peu d’ufage en charpenterie & dans la conftruétion des vaifleaux : fon fruit, qui donne de l'huile par expreflion , fe nomme faire : il a fon écorce roufle d’un côté, défaut que l’on prétend venir de ce qu’elle a été cuite par le foleil. On ne connoît qu’uneefpece de hêtreen France; néanmoins il eft bien certain qu'il y a de ces arbres qui font beaucoup plus propres que d’autres pour la fente : les ouvriers fendeurs font cas de ceux fur lefquels on voic le long de leur tronc comme des côtes qui décrivent des hélices fort allongées; & l’on pré- tend que quand les jeunes branches de cet arbre fe recourbent en pendant vers le bas, c’eit fgne qu'il eft très-vigoureux. CHATAIGNIER. Le châtaignier : on en diftingue à peine deux efpeces par rapport à la qualité du bois ; le chä- taignier des bois, caflanea filveftris , qua peculia- riter cafflanea ; & le marron, cafhanea fativa ; quoi- ue relativement à la grofleur & à la faveur des Éuirs de cet arbre , en comptant depuis la plus petite & la plus infipide châtaigne , jufqu'au plus gros & au plus fucculent marron, on pourroit en diftinguer une infinité d'autres , dans le nombre defquels on fait état de cinq feulement. 128 AT: RS AIT É De ces deux cfpeces de bois, le premier paflé pour ètre plus ferme & meilleur; mais la diffé- rence n’eft pas confidérable, & tous les deux font de bonnes charpentes employés à couvert ; car ex- pofé alternativement à l'humidité & au fec, ce bois pourrit promptement. La différence la plus fenfi- ble confifte, en ce que pour avoir beaucoup de fruit, on tient les châtaigniers éloignés les uns des autres, pofition dans laquelle ils pouffent beau- coup de branches, & ne fourniflent pas de belles piéces de charpente; & qu’au contraire fi on lestient en maflif, ils donnent peu de fruit, mais fournif- fent de belles piéces de bois. Le châtaignier eft l'arbre qui fourniffe les meil- leurs cerceaux , capables de réfifter le plus long- tems dans les caves pourriffantes : le merrein fait avec de jeunes châtaigniers eft préférable à celui qu'on fait avec les gros, parce que quand ils font gros & vieux, leur bois devient poreux. On peut en faire d’aflez bon charbon, & même du bois à brüler , quoique fujet à des éclats. Les feuilles fe ramaflent par les pauvres pour faire de la litiere, ou pour garnir leurs paillafles au lieu de paille; les gardes des bois aux environs de Paris, vendent aux jardiniers la permiflion de cueillir les jeunes branches avec leurs feuilles pour garnir leurs pa- niers de cerifes. Dans plufeurs Provinces, les chä- taignes tiennent lieu de pain; & l’on pourroit en faire de bon amidon. FRÈNE. ï - Le frêne : fraxinus excelfior, a le bois dur & très-fort ; il eft eftimé pour les ouvrages de char- ronnage ; on en fait de bons cerceaux; äl eft bon a brüler & à faire du charbon ; il eft recherché par les tourneurs , & le feul défaut qu'on lui re- * proche, LL RS. DD 5. 129 proche , c'eft d'être aflez promptement piqué par les vers. On ne trouve communément dans les fo- rés de France, que cette feule efpece de frêne, quoique l’on cultive fept-ou huit autres efpeces qui viennent des pais étrangers. NNONY,.E R. Le noyer, zux juglans , five regta vulgaris , fournit beaucoup de variétés, de même que tous les arbres qui fe multiplient par leurs fruits. Ceux, dit-on, qui produifent de petits fruits, dont la co- quille eft fort dure, & qui ont intérieurement de$ cloifons ligneufes qui renferment leurs amandes, ont leur bois plus dur que ceux qui produifent de gros fruits aifés à rompre : certe différence, dans la qualité du bois de noyer de ces deux efpeces, n'eft pas fort fenfible ; mais il y en a beaucoup fuivant le terrein fec ou humide où l'arbre a été élevé. Ce bois eft liant, doux, & propre à une infnité d'ouvrages : on en fait du bois de fciage, qui fe vend très-avantageufement aux menuifiers pour carofles & meubles, aux tourneurs & fculp- teurs ; des colets de charrue; d'excellentes vis à prefloir ; d’excellens fabots : il fournit à la marine. des gouvernails : il fait un trèsbeau feu, & four- nit de bon charbon : les télnturiers en emploient les racines pour les ceintures Son fruit eft bon à manger, fur-tout quand il eft frais, & donne de bonne huile. | PAT ANT. Le platane : excellent bois & trés précieux, qui commence à fe multiplier en France : on en con- noît trois efpeces , .& l'on en peut obtenir beau- coup d’autres variétés par les RE) Ilyena Tome II, 130 FER ASTTE far-tout deux efpeces trés-diftinétes ; le platane d’orient, qui eft celui des anciens, platanus orien- ralis verus , & le platane d’occident, platanus oc- cidentalis, aut virgintenfis. Le bois du platane d'oc- cident eft très-plein, très-dur, très-liant & fort lourd, même quand il eft fec : il fe coupe fort net, & porte bien les moulures, & même la vis : en Canada, d'ou il nous eft venu , on s’en fert pour le charronnage. Celui d'Orient n’eft pas en- core aflez connu pour en juger : Pline dit qu'on en faifoit des canaux : Riccioli aflure que les Turcs gen fervent dans la conftruétion de leurs vatlieaux. M URTER BL 2Æ NC. Le muürier blan : rorus fruëlu minort infulfo, à le bois blanc quand il eft jeune , & devient jaune lorfqu'il eft vieux : il eft léger & filandreux ; néan- moins il fe fend bien quand il eft encore verd, & on en fait des barriques pour tranfporter les vins de liqueur ou autres; maïs fon tiflu n’eft pas aifez ferré pour contenir l'huile : ce bois eft caflant quand il eft fec, & ne peut faire de grofles futailles; ce pendant on en fait des cerceaux affez boss : il n’eft pas trop bon pour le chauffage, & le charbon qu’on entire n'eft pas fort eftimé. Les feuilles fervent à gourrir des vers à fofé. Avec l'écorce on fait des cordes. A l'égard du murier noir, on ne le cultive que pour fon fruit. MARRONNIER D'INDE. Le marronnier d'inde, kypocafflanum vulgare, dont on ne connoît qu'une efpece, a un bois blanc, re- bours, filandreux, lécer & fpongieux, qui imbibe l'eau, & fe pourrir aifément. Ce bois bien fec, brüle & fait beaucoup de fammes : les chaufourniers DE $ HO 1 5. 131 & plâtriers en font volontiers ufage. Malgré fa mauvaife qualité on en fait des fabots , quelques meubles de peu de conféquence , des fculptures communes ; on le refend en voliches pour les laye- tiers, c'eft même à quoi on l’emploie le plus, & avec de la patience on en fait aufli de la menuife- rie aflez propre. FAUX ACACI A. Le faux acacia, pfeudo-acacia vulgaris, fuivant Pitton de Tournefort, & Robinia , fuivant Lin- næus, eft un très- bon bois, fort dur, lourd & pliant, qui fe tourne fort bien, & fe coupe très- net fous le rabot, & dont l'unique défaut eit d’être trop ailé à fe fendre. Il parvient rarement à une grofleur convenable pour étre employé en charpente, parce que fes branches s'éclatent par le poids du givre ou de la neige, & par les efforts du vent, ce qui oblige de l'étêrer fouvent & de Le tenir bas de tige; mais on en fait de bons cerceaux, d’ex- cellent merrein , & de fort beaux & bons meubles. Le Gleditfia & l'afpalathus font réputés du genre de l'acacia. | FAN, Le pin, pinus, eft un arbre dont le bois eft d'un trés-grand ufage, & duquel on retire de la réfine, du brai & du gaudron. Il y en a de diffé- rentes efpeces, qui ne font pas toutes également bonnes pour faire les mâts des vaifleaux, doubler la carenne des bâtimens deftinés à naviguer dans les mers ou il y a beaucoup de vers, & border les œuvres mortes , & une partie des ponts des vaif- feaux. On reconnoît que ce bois eft de bonne qua- lité, quand il eft d’un jaune clair; car s'il eft I 2 me À MT RS ER E blanc, il eft peu réfineux; quand il a le grain fin & ferré, parce que plus il eft pefant, plus on l'ef- time ; quand les cercles concentriques du tronc ne font point trop épais, & qu'il s’en trouve alterna- tivement un d'un jaune brillant & fort chargé de téfine ; quand dépouillés de leur écorce, & expo- fés au foleil , on les voit fuinter de toutes parts une réfine de bonne odeur. Si le bois du pin étroit d'un rouge obfcur, & que la réfine qui y eft con- tenue fut noiratre, ce feroit un figne d’une pourri- ture prochaine. Avant d’avoir acquis la perfection de leur bonne qualité, il faut qu'ils aient un cer- tain âge; les jeunes ont trop d’aubier, & c’eft un défaut. La couleur du bois doit être uniforme : ceux dont l'aire de la coupe préfente des marbru- res ou variétés de couleurs ne font pas bons à être employés aux ouvrages de conféquence. Ils ne doi- vent avoir ni roulures, ni gelivures, ni un trop grand nombre de nœuds ; & ces nœuds doivent être examinés avec attention; car quand ils font cariés, les marchands mafquent ce défaut, en y rapportant un autre nœud bien fain, & collé avec de la réfine chaude, ce que l’on ne découvre pas aifément quant la piéce eft bien rapportée. Pour juger fi la qualité de ce bois eft bonne dans toute la longueur de l'arbre , il faut en vifiter‘ Les deux bouts. Nous tirons de Riga les meilleures mätu- res des vaifleaux, & les bordages nous viennent de Pruffe. Dans le Bourdelois on fait beaucoup d’é- chalas avec ce bois quand les arbres font jeunes. *S:Æ-PAN: Le fapin : arbre dont on connoît beaucoup d’ef- peces différentes, de trois defquelles 1! fera ici quef- tion feulement. La premiere eft le vrai fapin, abies taxi folio , fruëfu furfum. fpeétante , arbre qui de- mes EN I.s. 133 vient très-haut & très-droit, dont les feuilles fonc argentées par-deflous, & d'un verd foncé & bril- lant par-deffus : fur fon écorce on apperçoit des éminences ou efpeces de veflies qui contiennent une térébenthine fort claire : fon bois eft plus blanc & moins réfineux que celui du pin : on s'en ferc pour faire des mârs de barques & de petits bäri- mens de mer; mais l’ufage le plus commun eft d'en faire des folives , des chevrons, des plan- ches, déla voliche, pour quantité de bateaux qui naviguent fur les rivieres, & pour plufeurs lé- gers ouvrages de menuiferie : les couvreurs même confomment beaucoup de ces voliches , depuis qu'on en d‘bire de chêne trop minces & en partie d’aubier : ceux dont le bois eft le plus gras & le plus chargé de réfine, eft le plus eftimé, quoi- qu'il foit beaucoup moins réfineux que le pin. La feconde, nommée picea, ou par corruption epicius : abres tenuiore folio , fruttu deorsum in- flexo, dont l’ufage le plus fréquent eft de le re- fendre en planches & en voliches pour des ouvra- ges de peu de conféquence , fe diftingue aifément du vrai fapin, en ce que fes folioles foit piquantes & étroites; qu’elles ne font point blanches ni ar- gentées par-deflous; qu’elles ne font point-rangées à plat comme au fapin, mais pofées. tout au tour du filet qui les porte, formant toures enfemble une forte de cylindre, au lieu de la figure d'un peigne qu'ont celles du fapin; que le bois de cette efpece elt moins réfineux que celui du vrai fapin; & que la térébenthine qu'il fournit ne refte point cou- Jante comme celle du vrai fapin, mais s'épaillit aflez promprement & forme une poix grafle. La troifiéme & derniere, abies tenuiore folio, fruétu fursm fpeétante , que l'on nomme /erente dans les environs d'Ambrun, reffemble au vrai fa. pin par Ja pofition de fes fruits, & U picea par 3 134 TR AUHENE Ja forme de fes feuilles. Cet arbre dont le bois eft fonore, eft de toutes les efpeces de fapin la moins réfineufe : il a le grain très-fin : on le débite en madriers; & les luchiers l’emploiens pour faire les tables des violons, des bañles, des claveflins & des autres inftrumens à cordes; mais pour cet ufage, il eft important qu’il ne s’y trouve point de nœuds, & qu'il foit partout d’une fubftance uniforme. . MÉLESE. Le mélefe eft un arbre qui par fon bois & par fes fruits, qui font des cônes, approche beaucoup du pin & du fapin. On en connoît deux efpeces : larix folio deciduo conifera , qui quitte fes feuilies pendant l'Hiver : & larix ortentalis , fruétu rotur- diore , obtufo , connu fous le nom de cédre du Liban, qui ne perd point fes feuilles, & dont les analités ne font pas encore aflez connues pour pou- voir en rien dire. Mais à l'égard de la premiere efpece, c’eft un trés-bon bois & bien utile, que l'on emploie pour la conftruétion de groffes bar- ques , & dont on peut faire de bonnes piéces de charpente, & de fort belle menuiferie. 11 n’eft pas gras à la vérité comme le pin; mais il contient une aflez grande quantité de réfine liquide & cou- Jante, que l’on appelle par cette raiïfon , rérében- shine, qui, quoique claire & affez douce, n’eft pas ordinairement aufli coulante que celle que l'on retire du vrai fapin; & ce qu’il y a de fingulier, c'eft que cette réfine fe trouve quelquefois rafiem- blée en grande quantité dans la fubftance ligneufc. Les ouvriers, dans les païs ou l’on emploie beau- coup de ce bois, divifent encore certe efpece en deux autres : /e mélefe blanc, & le mélefe rouge. On remarque effectivement une différence fenfible dans la couleur de ce bois; mais différence cepen- DE s HMBII ST. 135 -dant qui n’eft pas aflez frappante pour pouvoir dé- cidément caraétérifer deux efpeces diftinétes l’une de l’autre. Les Anglois, dit-on, font grand cas d'une efpece de mélefe qu'ils ont tirée du Nord, & qu’ils nomment mélefe noir : cetre efpece n’eft pas encore affez connuec'en France pour pouvoir en parler, Quoi qu'il en foit , le bois de cet arbre, qui eft rare dans les Provinces de l'intérieur du Royau- me, doit être fans nœuds, & d’un grain fin & uniforme, pour pouvoir être regard“ comme de bonne qualité. Le charbon que l’on fait de ce bois, chauffe peu ; cependant il eft en confidération parmi les maitres de forges. MOREL EU. L. Le tilleul : #/ia femina , folio minore, eft un arbre à petites feuilles qui croît dans nos bois de France , & qui relativement à la qualité de fon bois, eft plus cftimé que les deux variérés de til- Jeul que nous tenons de Hollande, dont les feuil- les font plus grandes que celles du nôtre, & que les deux autres variétés qui nous font venues du Canada , dont les feuilles font encore plus grandes que celles du tilleul de Hollande. Cet arbre a l’a- vantage de parvenir à une gtoffeur confidérable fans fe creufer. Auf en livre-t-on dans les ports de gros troncs pour faire les figures de l’avent dans des bätimens de mer, & de moins gros pour faire les autres piéces de fculpture ; mais on eftime mieux ceux dont le bois n’eft pas parfaitemen: slanc. Dans les ouvrages de tour & de raclerie, on emploie toutes les efpeces de tilleul, & l'on en débite en planches pour de légers ouvrages de menuiferie. Quand le tilleul à perires feuilles a pris fa croif- fance dans un cerrein plus fec qu'humide, & qui T4 136 AETR ASIUR E a beaucoup de fond , il peut fournir de bonnes poutres. P ÆSjU PRSESNEUR. Le peuplier : grand arbre dont nous cultivons en France un aflez grand nombre d’efpeces diffé- rentes. Ceux qui fe trouvent le plus ordinairement dans nos forêts, font de trois fortes, dont une des meilleures eft le peuplier noir ordinaire : po- pulus nigra : foliis delloïdibus acuminaris ferratrs : & encore une variété de cette efpece qui a fes branches très-rapprochées du tronc, & que l'on connoït fous le nom de peuplier d'Italie ou de Lom- bardie. Le peuplier blanc, ou /e blanc de Hollan- de , ou l'ipréau : populus alba, gmajoribus foliis : au moins aufh cemmun que l’efpece précédente, & qui devient tres-grand. Et le tremble : populus tremula , qui n’eft que trop commun dans les bois. De ces peupliers, le bois de la premiere efpece cft plus ferme que celui des autres ; celui du peu- plier blanc n'eft pas tout-a-fait aufli ferme que ce- lui du peuplier noir; & le bois du tremble eft en- core plus rendre que celui du peuplier blanc. Avec les deux premieres efpeces on fair la charpente des petits bâtimens des habitans. de la campagne : on en débite en madriers pour les fculpreurs ; en plan- ches pour les menuiferies légeres, en fabots, & en différens ouvrages de tour & de raclerie : on en fait aufi du charbon qui chauffe peu ; mais M 2 qu'employé dans les forges , il adoucit le fer. SAV. LEE Le faule eft de différentes efpeces. Celui dont on coupe les jeunes branches pour faire des liens, QUE nd mi li Cité cu CPS Dre S DES. 137 fe nomme ofer : l'ofier rouge pour les vanniers, falix vulgaris rubens : l'ofier jauné pour les van- niers, falix fativa , lutea , folio crenato, &c. & le faule le plus Éimun , Jalix vulgaris alba , ar- borefcens , qui fournit, quand il eft tenu en té- tard, des perches pour les tourneurs, & dont on fait aufli des cerceaux. Si on les laiffe croître fans les étêter, ils deviennent fort grands, & l'on peut en faire des planches , des voliches , des fabots , . & différens ouvrages de raclerie. ÉRABLE. L'érable eft un arbre, dont trois efpeces, qui fe trouvent aflez communément dans'les forêts, font celles que l’on emploie principalement : l’é- rable-plane , acer platanoïdes : le fycomore, acer montanum candidum : & le petit érable, du l’éra- ble à petite feuilles, acer campeftre, & minus. Ces arbres ne deviennent jamais affez grands pour fournir des piéces de charpente; mais toutes les efpeces font bonnes à brüler & à faire du char- bon. On débite ce bois en madriers pour les armu- tiers, & pour les menuifiers qui font des meubles : on les travaille aufli très - bien fur le tour ; & il s'en trouve qui font très-joliment veinés. Le bois de l’érable à feuilles de frêne eft d’un beau jaune, & il fe travaille bien fous la varlope. CU" MH: RME: Le charme, a le bois fort dur & pefant. Ilyena plufieurs efpeces , dont les deux plus connues font , le charme commun de nos bois, carpinus , Dod. Pempt. ; & le carpinus feu offrya , ulmo fimilrs , fruëlu racemofo , lupulo fimili, dont le fruit eft femblabie au houblon. La dureté du bois de ces La 138 TR ÆYRIDYE deux efpeces, fait qu’on l'emploie à faire des fu eaux & des alluchons de moulin, des coins & des maffes pour fendre le bois. Les charrons mettent des femelles de ce bois fous leseux principales piéces des traïneaux : les menuifiers en font leurs maillets, & les montures de quelques-uns de leurs rabots : [es tonneliers, au défaut d'autre bois, en font des colombes : on en fait ufage par-tout où il y a des frotemens à fupporter : on en fair quel- quefois des effieux de voitures, quand il n'eft pas trop defléché , parce qu’alors il eft très-fort : quand il eft fort fec, 1l eft caffant : il peut rarement four- nir de grofles piéces pour la charpente; mais il cit aufli eftimé que le hêtre pour faire du bois à bruler & du charbon. AÆA,U.N E- L’aune : a/nus rotundifolia , glutinofa, vrridis, cft l'efpece qui fe trouve communément dans les vallées ; la plüpart des autres efpeces ne font que des variétés. Le bois de cet arbre a une couleur rougeätre affez agréable ; il eft fort tendre , doux à travailler, & porte très-bien les moulures : les ébé- niftes l'emploient volontiers, parce qu’il prend très- bien le noir d’ébene ; mais il a le défaut d'être aï- fément piqué par les vers. Les perches d'aune fe vendent aux tourneurs : les faboriers font grand cas de ce bois : il fair de mauvais charbon : il eft propre à chauffer les fours quand il eft bien fec, parce qu'en brülant il fait une flamme vive, fans jetter prefque point de fumée ; mais de mème que tous Îes bois tendres , il fe confume crès-vite. BOULE AU, Le bouleau : herula. Dod. Pempr. eft la feule MES DB'ONS. 139 efpece que l’on ait trouvé dans nos bois jufqu'a préfent. On l’emploie à faire des cerceaux , d’aflez bons cercles, & prefque pour tous les ouvrages de tour & de raclerie ou l’on fe fert du peuplier : il brûle très-vite, & fait comme l’aune un feu très- vif : il ne devient jamais aufli gros que le peu- plier. On eflaie aétuellemenr de multiplier deux efpeces envoyées du Canada : Éetula julifera, fruc- tu conoïde , viminibus Lentis, que l’on nomme bou- Leau canot , parce qu’en Canada on fait des canots avec l'écorce de cet arbre, qui reflemble entiére- ment à l’efpece commune, excepté que les feuil- les font plus plus grandes, & que l'arbre paroît plus vigoureux : & le 2erula folirs ovatis, oblon- £1s , acuminatis , ferratis , dont on aflure que le bois eft fort bon. Il eft certain que les bouleaux qui viennent dans les païs où il fait très-froid , ont le bois beaucoup plus ferme que celui des nôtres. CAR ES EE Le cerifier : cerafus fativa, fruëtu rotundo , ru- bro & acido. Toutes les efpeces de cerifier à fruit rond & acide, ont le bois d'une aflez belle cou- lcur rouge, mais qui fe pafle fort vire. Ce bois a le défaut d'être d'une denfité inégale; mais moin- dre en général, que celle des autres efpeces. Ceux du genre des guignes, des bigareaux, fruéfu cor- dato, & particuliérement le merifier des bois, ce- rafus major ac filveftris, fruëtu fubdulci, &c. ont leur bois va plein, plus ferré & plus dur : il fe travaille fort bien & prend un beau poli : il eft trés-bon à brüler, & l'on en fait de bon charbon. C'eft dans quelques Provinces le feul bois qu'on emploie pour faire les cercles des cuves; & l'on peut dire, en général, qu'on peut l'employer par- 140 T R'AMIARE tout où fes dimenfions permettent d'en faire ufage. Le bois de fainte Lucie , cerafus filveffris, amara, Mahaleb putata , qui vient à merveille dans tous les bois de France, eft recherché par les toutneurs à caufe de fon sich agréable : on aflure même qu’on peut en faire de bons brancards de chaïfe Iégere. MIE D, C'ONUSETE.RK. Le micocoulier : arbre dont on connoît deux cfpeces. Celui du levant: celtis orientalis minor, foliis minoribus & crafioribus , fruitu flavo, qui pe vient ni fi promptement ni fi grand que l’ef- pece commune de France, qui eft le ce/ris , fruétu nigricante.. I] s'appelle en Languedoc, micocoubier ; en Provence , fabrecoulier ; & en Rouflillon, ado- nier. Ileft beaucoup plus commun dans ces Pro- vinces, que dans celles de l’intérieur du Royaume; cependant il vient tres-bien dans nos jardins, pour- vu qu'on le plante dans une terre légere & un peu bumide Let arbre dent le bois ft le plus liant, & qui ploie le plus fans fe rompre : on en fait de cannes à la main aufl pliantes que les meilleurs jaies ; des baguettes de fufl, & des manches de fouet de eebier: qui plient nee plus de fouplefle que la baleine, & fans éclater; des lignes pour Ja pêche; d’excellens brancards de chaife légere : c'eft dommage que cet arbre ne croifle qu'a une médiocre grandeur. ÉFTISE, DESLALPES: Le cytife des Alpes : cytifus alpinus , flore ra- cemofo pendulo, eft de toutes les efpeces de cyti- fes , le feul qui vienne affez grand pour qu’on puifle faire ufage de fon bois : fon aubier eft blanc & Dies : BAR T:s. 14H fort épais ; mais quand l'arbre eft devenu gros, on trouve fous cet aubier épais, un bois brun qui reflemble plus que tous Les autres, au bois des Ifles; ce qui lui fait donner le nom d'ébénier des Alpes. Il ne devient pas aflez grand & aflez gros pour pouvoir être employé à des ouvrages confidérables ; mais on l’emploie comme le bois des Ifles à de petits ouvrages , & on en fait d’excellens bran- cards de chaife. k POMMIER SAUVAGE. Le pommier fauvage : malus filveftris , fruëtu valdé acerbo , eft de toutes les efpeces de pommier, celui qui a le bois le plus dur. On le débite en planches & en madriers pour la menuiferie : les tourneurs l’emploient à différens ufages : le bois du gros pommier écuflonné, quoique moins dur que celui du fauvage, eït fort bon. POIRIER SAUVAGEON. Le poirier fauvageon : pyrus filveftris , eft l'ef- pece dont le bois, ainfi que celui du pommier fauvage eft Le plus dur : il eft même de beaucoup préférable à celui du pommier; & l’on en fait de trés-belles menuiferies : le grain de ce bois eft fin & ferré, il prend bien le noir, & les ébéniftes le font pafler pour de l’ébéne : c’eft un bois excellent, que les menuifiers emploient à la monture d’une partic de leurs outils, & les tourneurs à différens ouvrages. #10. KR BI ER. Le forbier eft de plufieurs efpeces ; mais il ne fera queftion ici que de deux feulement, Le [or 142 T'R ANEITHÉ bier des oïfeleurs : forbus aucuparia , qui eft très- commun dans le Hainaut, où on le nomme cor- rectier, & ailleurs cochéne ; & celui qu'on appelle dans nos forêts cormainer : en latin, forbus fariva. Le bois de ces deux efpeces eft très-dur; mais ce- Ici de la feconde eft fur-tout eftimé , parce qu’il réfiite aux frottemens : on en fait des vis de pref- foir, des fufeaux de lanternes, des alluchons, des roues , des rouleaux pour différentes prefles, des colombes pour les tonneliers , des montures de rabots, &c. AE AL ER L’alifier : crategus folio laciniato, & crategus folio fubrotundo [errato , fubtiis incano , qu'on nom- me allouche en Bourgogne. Ces efpeces & plufieurs autres ont leur bois aflez approchant du merifier , & peut fervir aux mêmes ufages. ÉTPRES. Le cyprès eft de deux efpeces qui pourroient être très-communes en France : cupreffus metà in fafli- gium convolutä , que fœmina Plinii , & cupreffus ramos extra fe fpargens, que mas Plinir. Le bois du cyprès à une odeur très-agréable & permanente, & le grain fin; il fe travaille proprement, & a l'avantage de réfifter très-longrems aux injures de l'air, fans fe pourrir; les pieux faits de ce bois, font incorrupubles : il eft dommage qu’on ne s’at- tache pas à le multiplier plus qu’on ne fait. Mais M. Duhamel cultive atuellement & avec fuccès le cupreffus virginiana , foliis acacie deciduis , qui fera l’acquifition d’un excellent bois, s’il peut par- venir à le multiplier, & à le naturalifer dans notre climat, DES BoOZzs. 143 CE DRE Le cédre eft un arbre dont le bois répand une odeur agréable. Nous en cultivons plufeurs efpe- ces, qui font : cedrus folio cuprefff : cedrus foliis fuperioribus juniperinis , inferioribus fabinam refe- rentibus : cedrus fois ubique juniperinis. Le grain de ce bois eft fin, & a couleur agréable : il eft léger & tendre, néanmoins il fe pourrit aufli dif- ficilement que celui du cyprès. On en trouve fur les côtes de la Virginie, qui font de trés-grands arbres , & fourniflent des piéces propres pour la charpente. La réfine de cet arbre approche beau- coup de la fandaracn. EPENEFMRTIER. Le genêvrier : Juniperus vulgaris arbor, & pref- que toutes les efpeces, font des cédres nains : il y en a qui élevent leur tronc fort droit, & d'au- tres pouflent quantité de branches qui retembent vers la terre. Le bois de cet arbre eft abfolument femblable à celui du cédre, & a le même avanta- ge de ne fe pourrir que trés-difficilement ; aufi en fait-on de bons échalas de brin. Planté dans de bonne terre , il peut devenir aflez gros. LA UR ER, Le laurier eft de différentes efpeces. Dans les Provinces Méridionales de France, où il ne géle point, on fait de crès-bons cerceaux avec les ef- peces nommées /aurus vulgaris , & le laurier-cerife : dauro-cerafus. ue Dé 144 T'R AM É COUDRIER OU NOISETTIER. Le coudrier ou noifettier : corylus filveftris , fert à faire de bons cerceaux de barrils : les van- niers l’emploient aufli pour faire les bâtis de leurs ouvrages. On dit que le coudrier du Levant: co- lus byzantina, vient très-grand, & que fon bois eft fort beau. Il s’en éleve actuellement en France. BUTS: Le buis : buxus arbores cens , s'emploie à une grande quantité d’ufage. Il fe vend 2 la livre & fort cher quand il eft gros. Les tablettiers en font des peignes & autres ouvrages : les fculpteurs & les graveurs en bois le recherchent à caufe de fa dureté, & qu’il fe coupe bien net; mais il eft rare d'en trouver de bien gros. SURE A U. Le fureau : fambucus fruëlu in umbella nigro : fambucus laciniato folio : fambucus racemofa , ru- bra. Quand les troncs de ces trois efpeces font gros, le bois en eft fort dur : les tourneurs en font des boëtes fermantes à vis, & de peignes communs : cc bois pourtit difficilement, EE L'if : raxus, eft un bois dur, plein & pliant; mais rare en France. ê H O U X. Le houx : aguifoliun , eft aufli un bois dur & fort pliant, & il eft rare d'en trouver de gros. 4 L'EPINE DES BOIS. 145 ÉPINE BLANCHE. L'épine blanche : oxyacantha ; l’azerolier , le néflier, le cornouiller, ont le bois dur & pliant; fourniflent de bon charbon, & peuvent quelque- fois être employés à faire de petits cerceaux. AOMRD AINE, La bourdaine : frangula , eft recherchée parce qu'on en fait un charbon léger, qui eft eftimé poux la fabrique de la poudre à canon. DE DT 4, Le thuya fournit un très bon bois. PR BRUT ER Le tulipier devient très-grand; fon bois n’eft pas dur, mais il eft odorant. SAULE RAMPANT. Le faule rampant, le buis d'Artois, l’yeble, & autres de la même qualité, ne peuvent être d’au- gun ufage. SALS ON D'ABB ATRE. Après avoir rendu compte des différentes quali- tés des arbres connus dans nos foréts , de leur$s propriétés, & de l'emploi qu’on en peut faire re- lativement à la plus grande utilité qu'il eft poflible d'en tirer; il eft à propos d'examiner quelle fai- £on eft la plus convenable pour les abbatre , no- Tome IL. K 146 0e ED à 7: nobftant la fixation de cette faifon faite par les Ordonnances, & adoptée par tous ceux qui font exploiter des bois. L'Ordonnance enjoint d’abbatre les arbres dans le décours de la Lune , & depuis le tems de la chüte des feuilles jufqu'’a ce que les boutons commencent à s'ouvrir. Les foreftiers foutiennent qu'il faut fui- vre cette régle, parce qu’il convient, difent-ils, d'abbatre Îles arbres dans le tems que le bois con- tient peu de féve. Mais nous fommes bien éloi- gnés de jouir d’une température uniforme de Pair dans toutes les faifons, qui, de même que les vé- étaux, font fujettes à des variations périodiques, defquelles naiflent un nombre de circonftances qui, felon toute apparence , ne doivent pas être indif- férentes pour les arbres qu’on abbat. ; Le froid & l'humidité qui regnent en Hiver; le centrafte de froid & de chaud, de fécherefle & d'humidité qui eft propre au Printems; l'extrême fécherefle, & les grandes chaleurs de l'Eté, l’hu- midité pourriflante de l’Automne, & mille autres inconvéniens qu’il eft inutile de détailler, n’in- fluent-ils pas confidérablement fur les arbres étant fur pied ? puifque dans certaines faifons ils fe gar- niflent de feuilles, de fleurs, de fruits & de nou- veaux bourgeons; & que dans d’autres ils reftent dans l'inattion, & enfin fe dépouillent totalement: Naturellement parlant, les arbresnouvellement ab: batus , encore remplis de féve, & entiérement organifés, doivent reflentir l'effet de toutes ces vi- cifhtudes ; les bois, même les plus fecs, étant de vrais thermométres, ou plutôt des hygrométres trés-fufceptibles des différentes altérations de l'air. Dans le commencement du Printems , les bou- tons des arbres s'ouvrent & font paroïtre les fleurs, ou les chatons , ou les embryons des fruits ; & en même tems les feuilles fe développent, & les bour- Nes Pois. 149 er s’allongent : enfuire les feuilles s'étendent; défaçon qu'en peu de rems les arbres tour dépouillés qu'ils éroient, fe trouvent chargés d’une verdure nouvelle. C'eft cet état que lon Cie Printems des arbres. Mais les arbres jouiffent inégalement de cet avantage, les uns plutot, d’autres plus tard : l'amandier, le marronnier d'inde, le fycomore, &c. font déja entiérement garnis de feuilles, que Jes boutons des ormes, des müriers, des figuiers, &c. commencent à peine à s'ouvrir; on voit rfé- me cette opération d’inégalité dans les arbres de la même efpece : les vieux poiriers pouflent ordi- nairement avant les jeunes : des allées de marron- niers d'inde de même âge, & plantés en mêmé tems dans le même terrein & à la même expoli- tion, poufler conftamment tous les ans huit où dix jours plutôt les uns que les autres : d'un mil- lier de noix femé en pépiniere, des noyers qui ne pouffent que trois femaines après les autres. Le développement des feuilles qui [e fair aw Printems par la grande tranfpiration & 14 confom- mation de la féve, occafionnée par /es pleurs qui proviennent des branches coupées avant que les boutons s'ouvrent, ne dure pas longtems ; & au com- mencement de l’Eté on pourroit dire que les arbres épuilés des productions de cette premiere faifon, ont befoin de repos : ils ceflent alors de tranfpirer auf abondamment; les feuilles parvenues à leur grandeur, & les bourgeons plus ou moins éten- dus fuivant la vigueur , Peféce & l’âge des ar- bres, tout refte dans un même état fans croître fen- fiblement; les bourgeons prennent feulemient plus de force , & les feuilles deviennent plus fermes & plus coriaces ; ce qui provient Vaflenatst2bleiseté de la chaleur trop uniforme de l'air, de la trop grande féchereffe de la terre, &.du défaut des rofées. X 2 148 Tr LITE Cependant avant que l'Eté foit fini les arbr=$ recommencent à poufler de nouveau, mais mollis vigoureufement qu'au Printems, ils rentrent en féve, qu'on appelle feve d'Automne ; c’eft-a-dire, que l'écorce fe détache du bois, qu’il commence a fe développer de nouvelles feuilles & de nouveaux bourgcons ; que les fruits d'Automne & d'Hiver achevent de prendre leur groffeur , & qu'’alors les arbres fe trouvent, à peu de chofe près, dans le même état qu'ils étoient au Printems. Au commencement de l’Automne la féve eft très ralentie dans les arbres ; ils ne tranfpirent prefque plus, & ceflent prefque entiérement de faire de nouvelles productions ; les fruits d'Hiver conti- nuent feulement 2 prendre un peu de groffeur , & il s'ajoute au bois quelques couches ligneufes qui fortifient les bourgeons de l’année & qui les aoû- tent ; & il s'y trouve encore affez de féve pour nourrir les feuilles , même des arbres qui fe dé- pouillent, & pour entretenir leur verdeur, quoi- qu'ordinairement vers la fin de l’Automne il fur- vienne quelques gelées qui brouiffent & defléchent toures les feuilles, & dépouillent entiérement les arbres, fur-tout quand il vient de grands vents, dont l'effort détache celles qui ne tiennent que foiblement aux branches. L'Hiver femble être un tems de repos ; tout ce qui a vie dans la nature, végétaux & animaux, paroît être dans une efpece de fommeil, & dans ce tems de léthargie les plantes & Îles animaux femblent morts. Mais le méchanifme intérieur & effentiel n’eft pas interrompu : peut-être même la nature travaille-t-elle alors d'une maniere plus avantageufe , quoique moins fenfible, au réta- bliflement de certains organes qu’un trop grand mouvement auroit afoiblis, & même détruits, fi ce mouvement h’avoit été rallenti. En effet, pens DEs DOrs. 149 dant cette faifon les boutons des arbres groffiffent, & tout ce qui y eft renfermé , feuilles, fleurs, fruits, bourgeons, fe difpofent à paroître au Printems ; ils pouflent même en terre quantité de racines che- velues ; ils éprouvent des variations dans l'inté- rieur de leur tronc; ils grofliffent & fe refferrent, fuivant les changemens qui arrivent dans l'atmof- phère : les expériences qui en ont été faites dans différens tems de l’Hiver, prouvent bien que cette faifon ne fufpend pas entiérement le mouvement des liqueurs, & les progrès de l’accroiffement des arbres ; que s’il y a une faifon dans l’année où il fe trouve plus de féve dans les arbres que dans les autres, c’eft vraifemblablement celle de l'Hiver; que le tems le plus convenable d’abbatre les ar- bres, eft à la fin du Printems, ou dans le courant de l'Eté, ou au commencement de l’Automne, non- feulement , parce que ce font les faifons ou ils con- tiennent le moins de féve, mais encore, parce que ce font aufli celles où tout favorife fon évapora- tion; que les bois abbatus pendant les mois d'Oc- tobre, Novembre, Décembre & Janvier, qui font ceux pendant lefquels l'Ordonnance permet l'abba- tage, reftent, même étant defléchés, un peu plus pefans que ceux abbatus pendant le Printems & l'Eté; que les bois abbatus en différentes faifons, ont à-peu-près une force pareille, pourvu qu'ils foient également fecs; que la Lune n'influe en rien fur la bonne ou mauvaife qualité du bois des ar- bres abbattus dans les différentes phafes de cette planette; que les différens vents n’ont pareillement aucune influence {ur la qualité du bois dans le tems qu'on abbat les arbres , qu'il eft également faux que le vent de Nord les conferve, & que ce- lui de Midi les porte à la pourriture, qu'il faut feulement éviter d’abbatre dans les tems de grands vents ;'-parce qu'alors on courre rifque d'éclater K 3 150 TR. A VOLE les arbres, de les renverfer les uns fur les autres, & de les encrouer; qu'il eft plus prudent de ceffer l'abbarage dans le tems des grandes gelées que de Je continuer, parce qu’alors les arbres font plus fujets à s'éclater , que les bucherons débite peu d'ouvrage à caufe de la grande dureté du bois, & qu'il peut fe faire que la fouche en fouffre quelque dominage. Ce qui vient d'être dit fur La faifon la plus convenable pour couper le bois, conduit naturel- lement à parler des attentions qu’il faut apporter pour abbatre les grands arbres Le les endomma- ger, & pour en tirer le meilleur parti pofñble. Les Ordonnances exigent que les grands arbres foient coupés au raz de terre avec la coignée, & les abbateurs en rempliflent exaétement le vœu. Cette maniere d’abbatre fe paie aux bucherons , pour les demi-taillis, à raifon de cinquante fols du cent d’arbres gros & petits, & du double, quel- quefois même du triple, dans les hautes-futaies, à proportion que les arbres font plus ou moins gros. Le bucheron commence par faire avec la coignée une entaille plus ou moins grande du côté qu'il veut que l'arbre tombe : cette entaille doit péné- trer dans le corps de l'arbre plus avant que le cœur, non-feulement afin qu’il rombe de ce coté-là, mais encore pour éviter qu'il ne forte du milieu de l'ar- bre ce qu'on appelle Zardoire, qui eft un morceau de trois, quatre ou cinq pieds de longueur ; il fait enfuite une contre-entaille, qui doit pénétrer jufqu’a la ÉniSe On abbar les arbres par un côté de la futaie, ce qu'on appelle une orne ; & quand les arbres ne font pas ne. , on les fait tomber les uns fur les autres, afin que les brân- ches de ceux qui font abbatus, & celles de celui qu'on abbar, amortifleur le coup, & empêchent DES: 60 TI S. 15: _ que le tronc ne foit endommagé par la chüte : pré- caution qui eft bonne pour les demi-futaies, parce que, comme leurs branches ne fervent pour l'ordi- naire qu'a faire du bois à brüler, il n’y auroit pas grand dommage quand plufieurs fe feroient rom- pues ou forcées. L'autre maniere d’'abbartre eft de prvoter les ar- btes : elle fe fair en décomblant la terre rout au tour d'un arbre, & en coupant toutes les racines en terre; afin que l'arbre tombe avec fon pivor. Cette façon d’abbatre n’eft pas à beaucoup pres auffi expéditive que la premiere ; aufli les marchands paient-ils à la piéce les arbres pivotés, dix, douze, quinze, & même vingt fols, fuivant leur groffeur; mais comme ils gagnent deux pieds ou deux picds & demi de coupe, & trois a quatre pieds de pivot, ils fe trouvent par-la dédommagés de cette dépenfe: ils feroient même abbatre ainfi beaucoup d'arbres fi cela leur étoit permis ; mais cette pratique eft défendue par l'Ordonnance. Cependant lorfque les Officiers des Eaux & Forêts veulent favorifer les marchands , ils leur permettent de faire pivoter quatre, fix, huit ou dix arbres par arpent, fui- vant la quantité de gros arbres qui fe trouvent dans la vente; ce qui met les marchands en état de fournir des arbres tournans de moulins, des jumelles de prefloir , &c. qu'on ne pourroit avoir fans cette tolérance, à laquelle on peut fe prècer avec d'autant plus de facilité que le mieux feroit d'arracher tous les gros arbres, parce que les mar- chands tireroient un bon parti des fouches qui pour- riflent en terre, & ne peuvent jamais produire un bon recrü, DRE CA UV:T I ON $: Comme ceux qui font prépolés à l'exploitation 4 LA 152 LE SR À PAPE des hautes - futaies, doivent avoir une finguliere attention à l'abbatage des arbres, afin de ména- ger des piéces de conféquence, qui faute de pré- cautions convenables , fe trouvent fouvent hors de fervice ; il leur eft néceffaire, avant d’abbatre, d'examiner de quel côté l'arbre panche & où eft le plus grand poids de fes branches, pour éviter qu'il ne tombe du côté ou le porte fon propre poids, danslecasoucette chüteromproitquelquesbranches, qui par leur contour , font quelquefois plus précieu- fes que le tronc même. Un habile bucheron fçait déterminer la chûte du côté qu'il juge étre le plus convenable : pour cela il faut commencer par cou- per le pied de Farbre, le plus près de terre qu’il cft poflible , à la face oppofée à celle du côté où l'arbre panche ; que cette premiere entaille foit la plus profonde poflible , c'eft-à-dire , qu’elle doit pañler de beaucoup le centre de l'arbre; qu'il y ait un fort fourient au pied de l'arbre du côté de fa pente, pour Fempêcher d’éclater ; faire enfuite une feconde entaille oppofée à la premiere; ou faire deux entailles en maniere de pas de vis, comme le font les bucherons adroits : prendre garde fi en abbatant un arbre de conféquence, il n’y en a pas aux environs quelques-uns qui puiffent nuire à fa chüte, ou dans lefquels il pourroit s'encrouer, & dans ce cas redoubler d'attention pour qu'aucun ne foit endommagé, ou méme commencer par ab- batre ceux du voifinage, s'ils font partie de l’ex- ploitation. - Il eft effentiel de ménager les groffes branches fort étendues des arbres qui fe trouvent dans les forêts & fur-tout à la rive, dans les haies & les palis , parce qu'elles fournifflent à la Marine des piéces fort rares, telles que des courbes, fourca- tes , &c. au lieu que faute d'attention ces bran- ches qui rendent le poids de l'arbre immenfe, en DES Bo"1s. 153 tombant , fe brifent auprès du tronc, & endomma- gent quelquefois le corps de l'arbre : mais on peut révenir ce danger, en coupant prés du tronc les grofles branches avant que d’abbatre l'arbre; & s'il fe trouve d’autres branches qui foient bien d’ac- cord avec le corps de l'arbre, par leur groffeur , ou par l'angle qu’elles font avec le tronc, pour pouvoir faire une belle courbe, ou des fourcates, ou brions, &c. Pour les conferver il faudra cou- per toutes les autres branches qui augmenteroient - par leur poids la force de la chure, & même a lon- gueur convenable celles deftinées à faire une cour- be, ou autre piéce propre à la conftruétion des vaifleaux avant que d’abbatre. Il faut toujours tâcher de faire tomber les ar- bres fourchus fur leur plat , & éviter qu’ils ne tombent fur l’une ou l’autre branche de la four- che parce que ces branches fe caflent prefque tou- jours quand elles portent le coup de la chute, & font mème quelquefois fendre le tronc dans une lonoueur aflez étendue. Quand on pivote les arbres, s’il s'en trouve de #trop profondement enracinés pour pouvoir être ab- batus facilement , il faut enlever les racines avec des crics, & les couper quand les crics les ont ti- rées de terre. Cette façon d’abbatre en pivotant, eft certainement préférable à celle d'abbatre avec la coignée, qui même ne devroit pas être préfé- rée à celle d'abbatre avec la fcie, malgré ce que l'on prétend, que la pratique de la fcie fair trop de tort à la fouche : toutes les branches d’un or- me vigoureux ayant été coupées, partie avec la fcie, & les autres avec la coignée , avec la pré- caution de Jaifler à l’origine de chacune un moi- gnon d'environ fix pouces de fongueur : elles ont toutes produit des bourgeons , avec la feule diffé- rence, qu'aux branches coupées avec la coignée, 154 TR AGENTS É une partie des bourgeons fortoit d’entre le bois & l'écorce, & qu’à celles qui avoient été fciées, pref- que tous les bourgcons fortoient de l'écorce un pouce ou deux au-deflous de l'endroit fcié, D'ail- leurs en coupant avec la fcie, on économiferoit le bois qui fe perd en coupant avec la coignée. Aprés que les arbres ont été abbatus , eft-il à propos de les laifler quelque tems avec leurs bran- ches & dans leur écorce; ou convient-il mieux de Jes équarrir fur le champ ? Les fentimens ne font pas d'accord. Tout le monde convient qu'on ne peut trop tôt retrancher les branches à un arbre qui vient d'e- tre abbatu; & il y en à qui voudroient qu'on l'é- quarrit auffi {ur le champ : quelques - uns préten- dent qu’il eft plus avantageux de le laiffer pendant huit ou dix jours dans fon écorce : d'autres cfti- ment qu'il y a de l'avantage à ne l’équarrir qu’au bout d’un mois, de fix femaines & même de deux mois : d’autres foutiennent qu’on devroit le laifler beaucoup plus longtems dans fon écorce : d’autres enfin décident qu’il faut écorcer les arbres immé- diatement après qu'ils ont été abbatus, mais ne les équarrir que quelque tems avant qu'on veuille Jes employer. Ceux qui foutiennent qu'il faut ébrancher & équarrir fur le champ les arbres qu’on abbat, po- fent pour principe : que le bois des arbres qui meu- rent fur pied eft de mauvaife qualité, & que ces arbres font prefque toujours remplis de défauts ; en général , il faut en convenir : qu’un arbre qu’on abbat, & auquel on conferve les branches & l’€- . corce, ne meurt que peu-a-peu; il faut encore en convenir. Il eft certain que tout ce qui précipite l'éÉvaporation de la féve dans un arbre abbattu, cft avantageux à la confervation du bois; mais pour opérer cette évaporation , eft-il néceflaire D“E s B OQ 1-5. 155 d'écorcer l'arbre & d’en retrancher les branches ? On a vu des arbres morts fur pied, qui étoient reftés longrems fur leur fouche, & avoient perdu prefque toute leur écorce, dont cependant le bois étoit extrêmement dur & bon ; parce que ce qui les avoit fair périr n'étoit que le défaut de nourritu- re, qui les avoit fair deflécher fur pied, même plus promptement qu'ils n’auroient faits fur le chan- tiet, & non pas une altération des liqueurs, n1 un vice des parties folides : au lieu que ceux qui - périflent par quelqu'accident particulier , comme les gelées excellives, la trop grande tranfpiration dans les années très-chaudes & très-féches, les vers qui rongent l'écorce & les racines, les coups de vents qui rompent, déracinent, renverfent les ar- bres, &c. ne peuvent jamais donner du bois de bonne qualité. Ainfi fi l'on peut comparer les arbres qu'on laifle dans leur écorce avec les arbres morts fur pied, ce doit être certainement avec ceux qui fe trouvent les moins défectueux ; car les arbres qui reftent en grume ne peuvent être comparés à ceux qui meutent de vicilleffe, lefquels étant déja al- térés dans le cœur longtems avant leur mort, por- tent intérieurement un vice cflentiel, qui ne fe trouve pas dans les arbres fains qu'on laifle dans leur écorce, après qu’ils ont été abbartus. Ceux qui prétendent qu'il faut écorcer les arbres auflit-tôt qu'ils font abbatus, mais ne les point équarrir que quand on veut les employer, difent, que les bois fe defléchent promprement; qu’ils font moins expolés à être attaqués des vers & de la pourriture; qu'ils doivent moins fe rourmenter, & être moins expolés à s'échauffer. Les piéces de bois écorcées fe defféchent-elles efetivement plutôt que celles qu'on réferve avec l'écorce ? L'écorce peut bien ralentir l'évaporation de la [éve, mais non pas l'arrêter entiérement, Le bois écorcé aufli- 156 T'A'PATT toc qu'il eft abbatu, fe conferve mieux que celui gardé avec l'écorce, parce que la’ féve s'en éva- pore plus facilement; mais ce defféchement pré- cipité l’expofe à fe fendre & à s'éclater à un tel excés, qu'il n'eft prefque plus propre à rien; ce que quelques forcitiers prétendent éviter en laif- fant les arbres dans leur écorce huit ou dix jours après qu'ils ont été abbatus, parce que, difent- 1is, pendant cer intervale de teis, le mouvement de la féve fe rallentit, les fibres ligneufes s’affaif- fent, & cela empêche les arbres de fe fendre, de s'éclater & de fe rourmenter à l'excès; mais qu'il ne fauc pas les laifler plus longrems fans les équar- rir, fi l’on veut découvrir promptement les vices intérieurs qui continueroient à faire du progrès juf- qu'à ce qu'ils foient éventés. Les arbres qui reftent en grume perdent peu de leur féve pendant l'Hiver, tems ordinaire que l'on choifit pour les abbatre ; Les changemens qui ar- rivent au bois dans l’efpace de huit ou dix jours d'Hiver, font-ils capables de produire un grand effet? Certainement non. C’eft pour cela fans doute que plufeurs prétendent qu'il convient de les laif- fer ainfi dans leur écorce pendant un mois, fix femaines ou deux mois , pour leur laïffer le tems de fe refluer, de laiffer échapper leur féve, & de raffermir leur bois; ou pour les garantir du grand air & du foleil; ou pour les mettre à couvert des grandes gelées : mais qu’il ne faut pas les y laïffer plus long-tems, parce qu’il s'engendre des vers dans l'écorce, fur-tout quand elle commence à fe détacher du bois; & que dans ce cas on trouve en- tre le bois & l'écorce, une humidité rouffe & puan- te qui peut endommager le bois, & que, géné- ralement parlant, l'écorce eft une forte d’éponge qui fe charge de l'humidité, & qui la porte dans la fubftance du bois; qu'outre cela, un arbre ab- MES. B OS. 157 batu auquel on laifferoit toutes fes branches & fon écorce jufqu’au Printems, poufferoit des fleurs, des feuilles & des jets, fur-tout lorfque le Prin- tems eft humide ; & que comme ces arbres ne peu- vent rien tirer de la terre, c’eft aux dépens de leur propre fubftance que fe font ces productions qui lui caufent une forte d'épuifement. Ces raifons font autafft d’objettions contre le fentiment de ceux qui prétendent qu'il eft très-avantageux de confer- ver l'écorce aux arbres abbatus, au moins pen- dant l’efpace d’un an, & de ceux qui foutiennent qu'on ne doit les en dépouiller que quand on veut les mecrre en œuvre. Les bourgeons qui proviennent de Îa fubftance des arbres abbatus, font fi peu de chofe, que ce n’eft ‘pas la peine d’en parler. Les bois confervés avec leur écorce, & expofés à l'air, font fouvent attaqués de gros vers dès le Printems , & bien plu- tôt que ceux tenus en lieu fec; ce qui n'arrive point à ceux qui font écorcés. L'écorce fe détache plutôt des bois confervés à l'air, que de ceux te- nus à couvert, dont l'écorce ne fe fépare qu'après que les vers ont réduit le deflous en poufhere : à d'autres l’écorce commence à fe détacher par par- tics des le premier Eté, & fe détachent prefque par-tout aprés le fecond Printems ; & dans ce cas on trouve fous l'écorce de la moififlure , des cham- pignons & une eau roufle qui altére la fuperficie de l'aubier. Les vers font plus gros & mieux nour- ris dans les bois expofés à l'humidité, que dans les autres ; & au lieu que dans ceux-ci, les vers ne détruifent que l'écorce & la fuperficie de l'au- bier; dans les autres , ils percent l’aubier, & font même beaucoup de chemin dans le bois quand ils y trouvent des vaines tendres. Conféquemment l'écorce eft en général préju- diciable au bois; mais beaucoup plus quand ils L À * 158 " T ROIPNIT É ont expofés à l'humidité, que quand ils font con= fervés à couvert & dans des lieux fecs : elle eft une éponge qui fe charge de l'humidité, la con- ferve, & porte en premier lieu la corruption dans Paubier, enfuite & à la longue dans le bois, pour peu fur-tout qu’il y ait quelque veine tendre qui en permette l’entrée. Rarement les plus gros vers, ces chenilles de bois qui produifent le capricorne, fé trouvent-ils dans les bois qu'on a tirés des forêts immédiatement après qu'ils ont été abbatus; au lieu que ces mêmes vers dévorent les bois qu’on laifle en grume dans les ventes : ce qui vient fans doute de l'humidité qui eft plus abondante dans les forêts que dans les chantiers; peut-être aufli que les vers pañlent d’une piéce dans une autre, comme la rapportent plufieurs voyageurs des Ifles de l'Amérique , que fi après avoir abbatu un chou- ‘palmifée, on fait plufieurs entames à fon écorce, & qu’on le laifle dans la forêt, on trouve au bout de quelque tems cet arbre percé & rempli de gros vers qui font bons à manger ; mais que fi l’on tranfporte cet arbre dans les habitations, ces vers ne viennent point l'y attaquer. Il y a donc un avantage confidérable, lorfqu’on veut ménager la bonne qualité des bois, à écor- cer, ou même à équarrir les arbres aufli-tôt qu'ils ont été abbatus ; comme ont foin de le faire les marchands de bois, de celui qu'ils deftinenr à faire de la fente, parce qu’ils en confervent l’aubier, & qu'ils le vendent comme le bois du cœur; ce qu’ils pratiquent fur-tout pour la latte , les écha- Jats, les cerches, &c. parce que d’ailleurs le bois verd fe fend mieux que le fec : mais, fçavoir fi, en fuivant cette pratique d’écorcer & équarrir, on ne rend. pas les bois inutiles, à caufe de la quan- tité de fentes & d’éclats-qui peuvent en réfulter. _ On fçait que les arbres abbatus diminuent de ae ns on tot mon à DES BOIS. 15 Yolume, à mefure qu'ils perdent l'humidité qu'ils avoient lorfqu'ils éroient encore fur leur fouche ; & qu'ils fe gercent, fe fendent & s'éclatent , ou ils fe voilent, fe courbent & fe rourmentent, à proportion qu’ils perdent de leur féve, ou qu'ils fe defféchent. Dans les bois de la même qualité, ce font ceux qui contiennent le plus d'humidité, qui perdent le plus de leur volume; c'eft-à-dire, que le bois du cœur des arbres qui font en crue, eft plus denfe que celui de la circonférence ; qu'il contient dans un même efpace plus de fibres li- gneufes & moins d'humidité : or, dans ce cas, le bois de la circonférence qui perd le plus de fon poids en fe defléchant , diminue aufli de volume plus que le bois du centre. Mais il n’en eft pas de même dans les bois de différentes qualités ; car les bois très-vieux , très-ufés, ceux qui font venus dans des païs froids, ou dans des terreins humi- des ; en un mot, ceux que les ouvriers appellent bois gras, perdent beaucoup en fe defléchant, & cependant ne diminuent pas beaucoup de volume, Ce qu’il ya de certain, c’eft que les bois gras ne fe fendent prefque pas ; le bois pourri ne fe fend point du tout; mais les bois extrêmement forts, ceux qui font de la meilleure qualité , les chênes de Provence, par exemple, fe fendent & s'écla- tent beaucoup ; les bois d’une qualité médiocre, ceux de Bourgogne, & encore plus ceux du Nord, fe fendent beaucoup moins. C'eft après qu'un arbre a été abbatu, qu’en fe defléchant à mefure qu'il perd de fon humidité , & conféquemment de fon volume, que les fentes fe forment dans le bois à proportion de cette di- minution. La çaufe phyfique de ce defféchement et la même dans tous Les corps. Mais pour favoir d'où peut dépendre la diminution du volume du bois, dorfqu'il fe defféche, il faut concevoir qu'un tronc L' 160 T R'AANT É d'arbre eft compolé de différentes couches, formées de fibres ligneufes qui s’érendent dans toute la longueur du tronc, & fe joignent les unes aux au- tres par des fibres qui les coupent à angle droit { qui font les wefficules de Malpighi, les znfertions de Grew, & ce que Les Marchands de bois appel- lent /a maille) & par quelques fibres longitudina- les qui pañlent obliquement d’un faifceau dans ua autre , où d'une couche 2 l’autre; que toutes ces fibres font néceffairement unies les unes avec les autres, d'une union intime, par la communica- tion latérale de la féve : ces fibres font élaftiques, fufceptibles d’attendriflement à l'impreflion de la chaleur & de l'humidité, & d’'endurciffement à l'impreflion du froid & de la féchereflé; elles fe reflerrent & fe contraétent à mefure qu’elles per- dent de leur humidité, fe gonflent & s'étendent à mefure qu’elles s’imbibent d'humidité : dont elles fe rapprochent dans un morceau de bois verd, lorf- u’il fe defléche; & c’eft en fe rapprochant ainfi que le bois fe fend , & que même il racourcit auffi fur {a longueur. On appelle éroilés ou quadranés au cœur , les bois ou il fe trouve une fente, ou quelquefois plu- ficurs qui fe croifent fous différents angles, & qui ouvrent le cœur des arbres; ce qui les rend défec- tueux, & annonce que ces arbres étoient en retour quand on les a abbatus. On peut fe fervir de quelques moyens pour di- minuer le progrès de ces fentes. A cet effet il fau tenir les arbres abbatus dans un lieu bien frais à l'abri du foleil & du vent; on peut même les gué- rir des gerces qu’ils ont déja, en les laiflant trem- er dans l’eau jufqu’a ce qu’ils aient repris autant d'humidité qu’ils pouvoient en avoir dans le tems qu'ils éroient encore verds, & les metrant enfuite dans un lieu frais & à l'abri du vent & du Bis es DES D'OH::5S. 161 les gerces fe referment entiérement & fi exate- ment, qu'on ne peut plus les appercevoir. Quelque précaution que l'on prenne, les bois e gercent toujours, ce que l’on peut attribuer à leut inégale denfité; cependant il eft certain qu’en fufpendant l’évaporation de la féve, on diminue beaucoup les fentes, & qu’au lieu d’une grande, il s'en forme plufieurs petites qui font moins pré- judiciables. Le moyen de ralentir cette évapora- tion, feroit de laifler le bois en grume pendant l'Eté, & de ne l'équarrir ou écorcer qu’en Automne, ou de faire cet équarriflage en Hiver aufli-tôt qu’il eft abbatu ; ou encore en refendant en deux ou en quatre , à l’inftant de l’abbatage, toutes les piéces qui font deftinées à l'être pour faire des madriers, des plates-formes, des précintes, ou les membres des galeres , des chevrons, des membrures , des plan- ches, &c. au lieu de les conferver, commeonfair, en billes & en plançons. Il eft prefque toujours avantageux d'enchanteler les piéces que l'on veut garder, parce que celles qu’on laiffe à plat fur la terre fe fendent beaucoup moins à la face qui eft tournée de ce côté, qu'à celle qui refte expofte au foleil. Si les bois deftinés à être débités en planches , font refendus tout verds, ces planches en fe def. féchant ne feront attaquées d'aucune fente, ou s’il Icur en furvient, elles feront fi petites, qu'elles ne feront aucun tort au bois : & plus les planches fe- ront minces, moins elles feront fufceptibles de fe gercer. Mais comme , fi l'on abandonnoit à elles- mêmes les planches nouvellement fciées, elles s’ar- queroient quelquefois beaucoup; il faut avoir at- tention , après qu'elles ont été débitées, de les ar- ranger les unes fur les autres, de maniere que l'air les frappe de tous côtés : cependant, quoiqu’ainf {errées les unes contre les autres , & abfolument Tome IL. L 162 TR A YFATeÉ hors d'état de fe voiler en aucun fens, on ne peut guères empêcher que leur bout ne s'éclate; mais cet incenvénient qui n’eft pas confidérable n’arrive guères qu'a celles du cœur; un bordage de vingt- cinq à trente pieds de long ne fe fend ordinaire- ment à l'extrémité que dans la longueur de deux ou trois pieds , & les fentes n’obligent pas toujours à rogner un bordage, car fi la fente n’eft pas obli- que, fi elle n’eft pas fort ouverte, on peut la cal- fater; & fi elle fe trouve trop ouverte, on y rap- orte un rombaillet : on pourroit même les em- pêcher de fe fendre, en les garantiflant du grand air, & les tenant à couvert & à l’abri du foleil & du vent. Mais quand même il ne feroit pas poflible de prévenir ces accidens , il y: aura ‘tou- jours un grand avantage à refendre le plutôt qu’il fe pourra, les piéces deftinées à faire des borda- ges, celles deftinées pour la menuiferie, l'artille- rie, &c. fur-tout dans les bois de bonne qualité, ces bois la fe fendent infiniment plus que ceux qui font tendres, gras ou ufés. BOIS DE CHARRONNAGE, ARTILLERIE, MARINE, &c. Tous les bois de chatronnage font de chène ; ou d’orme, ou de frêne, & dans quelques Pro- vinces on y emploie du hêtre. Dans les haut-tail- lis de cinquante à foixante ans, on trouve des chênes de trente à quarante pouces de circonféren- ce : on les fcie à dix-huit, vingt ou vingt-deux pieds de longueur , & on les vend en grume aux charron$ pour faire des limons de charrettes; ils trouvent encore dans ces piéces de quoi faire des pommelles, ou de quoi faire du bois de corde, à moins qu'il ne fe trouve dans les branchages dé ME ss Dr. Éy quoi faire des âges & des manches de charrues, qui fe font indifféremment avec l’orme , le frêne & le chêne : & fi ces corps de chênes étoient fort gros au pied, on pourroit lever une ou deux lon- gueurs de rais, & couper le refte pour en faire des limons. On pai: au bucheron cinquante fols d'abbarage du cent de ces bois. Les moyeux des roues fe font tous avec de l’or- me ; & l’efpece qu'on nomme cortillard, eft in- finiment fupérieure aux autres : les moyeux pour les roues de carole, fe livrent en tronçons de neuf pieds & demi de longueur, fur trente pouces de circonférence ; & on appelle une pareille piéce , toile de moyeux : ceux pour les grofles voitures, fe livrent aufli en grume, mais par paires; les plus gros ont cinquante un à cinquante-deux pouces de circonférence, la paire doit avoir quatre pieds & quelques pouces de longueur , les petits doivent être de trente-fix pouces de circonférence , & les billons , pour la paire, ont vingt à vingt-deux pouces de longueur. On vend encore des moyeux pour les brouerres & les rouelles des charrues, qui ont dix-huit pouces de circonférence, fur environ douze pouces de longueur à chaque moyeu. Les eflieux de frêne & de charme fe livrent auffi en grume ; les piéces doivent avoir fept à huit pouces de circonférence , fur fix ou fept pieds de longueur; il ne faut pas qu’ils foient ni trop verds ni trop fecs. On prend ordinairement ces piéces dans les bois de débit ou dans le herfage : on ap- pelle bois de débit de jeunes arbres auxquels on ménage toute la longueur qu’ils peuvent porter , comme trente où quarante pieds fur quinze ou dix- huit pouces de circonférence vers le petit bout. C'eft avec ces bois qu’on fait les traverfes & quan- tité de menus ouvrages ; ils fe livrent en grume & de toute leur longueur, Les bois de herfage font 2 264 TRAITÉ de menus bois en grume, propres aux chartons ds la campagne : on les nomme ainfi, parce qu'ils fervent à faire les herfes ; & les charrons en font ufage pour tous ouvrages où leurs dimenfons per- mettent de les employer. Pour les armons les piéces de bois doivent avoir vingt-quatre à vingt-fept pouces de circonférence fur fix pieds de longueur ; on les prend fouvent dans les bois de débir. Les fléches à arcade pour les carofles font de trente - fix à quarante pouces de circonférence, fur dix à douze pieds de lon- gueur ; il eft bon d'en ménager auffi de douze, treize , quatorze & quinze pieds de longueur, bien courbées, fans nœuds, & d’un beau #raquement. Les corps d'arbres, ormes ou frênes, pour faire les brancards des brelines, fe livrent aufli en gru- me : il eft bon que ces piéces aient de la courbure: les habiles charrons fçavent en profiter pour don- ner plus de grace & de commodité à ces voitures. Comme on doit prendre les deux brancards dans ‘une méme piéce , 1l faut qu’elle ait trente-fix à quarante pouces de circonférence, & treize à qua- - torze pieds de longueur. On laïfle ordinairement les corps d'arbres de toute leur longueur ; ce que les charrons en retranchent , leur fert à d’autres ufages. Les brancards pour les chaifes de pofte & pour les cabriolets , fe prennent aufli dans des arbres qu'on livre en grume aux charrons : ceux que l’on fair de hêtre & de frêne font très-bons; on refend ces arbres en deux ou en quatre avec la fcie, fui- vant la grofleur des arbres : la longueur de ces brancards eft de quatorze à feize pieds. Les pièces pour les Zffoires fe débitent depuis quatre pieds & demi de longueur jufqu’a fix pieds ë& demi, fur quatre à cinq pouces d’épaifleur, & depuis fix, fept, jufqu’à quinze & dix-huic pouces de largeur, DES BUS. 16$ Celles pour les moutons, ont fix, fept ou huit pieds de long, fur fix à huit pouces de large, & quatre, cinq ou fix pouces d’épaiffeur : on les prend ordinairement dans les bois de débit. Les timons ont ordinairement neuf à dix pieds de longueur, quatre pouces à quatre pouces & de- mi d'équarriflage vers le gros bout ; ce font les charrons eux-mêmes qui les débitent; & ils fe fer- venr communément de piéces de chène ou de fré- ne qu'on leur fournit en grume , comme bois de débit. Les fouches des gros ormes s’emploient par les charrons à faire des pelotons pour les chaircuiriers, les bouchers, les cuifiniers, &c. On ne court au- cun rifque de livrer à ceux qui travaillent en gros ouvrages, des corps d'orme ou de frêne de diffc- rente groffeur , & de dix, douze , quinze ou dix- huit pieds de longueur ; les gros qui ont vingt- fept à trente pouces de circonférence , leur fervent à faire des baquets à l’ufage des ports de Paris. Les coquilles de carofles fe font d’orme : on les débite de trois pieds & demi de longueur fur vingt- quatre à vingt-fix pouces de largeur, trois pouces & demi d'épaifleur par un bout, & quatre & demi par l’autre. Les piéces pour les jantes des roues fe débitent dans les forêts ; on les fait quelquefois de brin, dans la partie d'une branche où fe trouve une courbure convenable; on frappe ces piéces fur deux côtés, & on laifle toute leur largeur dans le fens de la courbure : ordinairement on refend en deux les branches courbes qui fe trouvent avoir depuis vingt-quatre pouces jufqu’à trente de cir- conférence; quand elles font plus grofles, on peut y donner deux traits de fcie pour en former trois jantes, que l’on réduit à deux pouces & demi ou a trois pouces & demi, felon la force que les roues doivent avoir; & fuivant l’ufage de chaque pais, ” Ÿ 166 TR A ÎTÉ on les fait de trente ou trente- fept à trente-huie pouces. Quand on fait ces piéces de fix à fept pou- ces d'épaifleur, les charrons qui travaillent pour les équipages les refendent en deux : on les vend au cent. Les gros corps d’orme, qui ont quarante-huit à cinquante pouces de circonférence, fe débiteut pour les charpentiers qui en font des écrous de prefloir, des maies de prefles; on en fait auffi des plateaux de quatre pouces d’épaiffleur , dont les charpentiers fe fervent pour les chanteaux des rouets de moulin, ou des tables de cuifine, des établis de menuifiers, &c. On fournit à la marine des plateaux d’orme & de frène, dont on fait des rouets de poulie; & des piéces en grume, pour les boëtes de caliorne, les caps de mouton , &c. On fe fert encore d’ormes fort droits, & ou fe trouvent peu de nœuds pour faire des corps de pompe & des tuyaux ‘de con- duite : c’eft auffi quelquefois avec ce bois que l’on fair les membres des canots & des chaloupes. Ourre les perches, rames & ramulles dont on fait des fafcines, des fauciflons, des gabions & des claies, & les arbres qu'on fend pour former des paliffades ainfi qu'il a été dit en parlant des bois taillis, l'artillerie emploie beaucoup de plan- ches de chêne d’un pouce & demi d’épaifleur, & des chevrons de même bois de trois à quatre pou- ces d'équarriffage pour faire les plates-formes des bateries : comme il en fera parlé au bois de fciage, il ne fera queftion ici que des piéces qu’on em- ploie pour les affuts de canons ou de mortiers ; pour l’ufage defquels on livre communément aux artilleurs des piéces d'orme ou de frêne en grume, & quelquefois en plateaux ou en bois quarré. La force & la grandeur des affuts doivent ètre relatives au calibre des canons. Pour les canons DYE.sS. Ba ts. 167 _de,trente-fix livres de boulet, la longueur des affuts doit être de cinq pieds onze pouces ; les flafques de cinq pieds fix pouces, fur fix pouces d'épaif- feur ; les eflieux d'avant, quatre pieds cinq pou- ces, fur un pied fix pouces de circonférence ; les cflieux de l'arriere doivent être un peu moindres en grofieur & longueur que ceux de l'avant, mais on prend les uns & les autres dans des rondines d'orme de dix pieds de longueur, fur vingt pou- ecs de circonférence : le diamétre des roues d’a- vant, doit être d’un pied fix pouces, & leur épaif= feur de fix pouces. Pour les canons de dix-huit livres de bale, la longueur des affuts doit être de cinq pieds quatre pouces; celle des flafques, cinq pieds, fur cinq pouces d'épaifleur ; celle de l’eflieu d'avant, trois pieds fept pouces fur un pied cinq pouces fix lignes de circonférence ; le diamétre des roues d’avant, un pied trois pouces, fur cinq pouces d’épaiffeur. Et pour les canons de huit livres de boulet, la longueur des affuts doit être de quatre pieds fix pouces ; les flafques de quatre pieds trois pouces, fur quatre pouces fix lignes d’épaifleur ; l’eflieu d’a- vant de deux pieds dix pouces, & fa circonféren- ce d'un pied un pouce fix lignes; le diamétre des roues d'avant, d’un pied un pouce, & de quatre pouces d’épaifleur. Les effieux & les roues dans chaque affut, font de plus grandes dimenfions pour l'avant que pour l'arriére ; cependant cette différence eft peu confi- dérable, & n’influe point £ur les fournitures; ainf on peut conclure des dimenfions ci-deffus, que les fournitures des piéces de bois propres aux afuts de marine, doivent être : pour les eflieux, des pié- ces de bois d’orme ou de frêne, jeune & de brin, en grume, droit & fans nœuds, qui aient depuis cinq pouces de diamétre jufqu’a fept ve auxquel- 4 F 1658 TRAITÉ les on faifle toute la longueur qu’elles peuvent porter : pour Les roues, des plateaux d’orme ( on y a quelquefois employé du hêtre, mais ce bois n’eft pas convenable ) refendus à la fcic, de différen- tes épaifleurs , depuis fix pouces jufqu’a quatre, & aïlez de larceur pour qu'on puiffe prendre des roues de diamétre , foit d'un pied fix pouces dans les plateaux de fix pouces d'épaifleur, & d’un pied un pouce dans ceux de quatre pouces d’épaif- icur, & pour-les autres calibres à proportion : pour les flafques, des plateaux d’épaiffeur depuis fix pou- ces jufqu’a quatre pouces fix lignes, dont la lon- gueur foit telle que dans les plateaux de fix pou- ces, on puifle prendre fans déchet, des flafques de cinq pieds fix pouces de longueur, & dans ceux qui n'ont que quatre pouces fix lignes d’épaifleur , des flafques de quatre picds trois pouces de lon- gueur. Les bois pour le fervice de l'artillerie fe four- niflant ou en grume ou fimplement dégsroflis, fur- tout pour les affuts, on pourra juger, par la dimen- {ion des piéces qu’on en pourra tirer, de la grofleur des bois que l’on doit fournir pour ce fervice : ces affuts & les flafques doivent être de bois d’orme bien fec, & les entre-toifes de bois de chêne très- - fec; voici les dimenfions des principales piéces d’affuts pour tous les calibres. Pour les pièces de trente-trois, les flafques doi- vent avoir quatorze pieds de longueur, fix pouces d'épaifleur , dix-fepr pouces de largeur , & fept pouces d'arc ou de ceintre; ainfi fi l'on vouloit prendre un affut dans une piéce droite, il faudroit qu'elle eut vingt-quatre pouces de largeur; mais cette largeur n'eft pas néceffaire quand les arbres oùt une courbure naturelle & convenable; trois entre -toifes de huit pouces de largeur & de fix pouces d’épaifleur ; & celle de la lunette de cinq DE S*BNO r 5. 169 pouces fix lignes d'épaifleur , dix-huit pouces de largeur : Les roues de ces piéces, ont quatre pieds dix pouces de diamétre. Pour les piéces de vingt-quatre, les flafques ont treize pieds & demi de longueur, cinq pouces fix lignes d'épaiffeur , quinze pouces de largeur, fept pouces d’arc ou de ceintre ; trois entre-roifes de huit pouces de largeur, fur fix pouces d’épaifleur; & celle de la lunette de feize pouces de largeur, fur cinq pouces d'épaiffeur. Pour les piéces de feize, les flafques ont treize pieds trois pouces de longueur, quatorze pouces de largeur, cinq pouces d’épaifleur ; l’arc ou le ceintre, cinq pouces trois lignes; les entre-toifes fix pouces neuf lignes de largeur, fur quatre pou- ces neuf lignes d’épaifleur ; & celle de la lunetre de même épaifleur, fur quinze pouces de largeur. Pour les piéces de douze, les flafques ont douze pieds de longueur, quatre pouces fix lignes d’é- Paifleur , treize pouces de largeur, onze pouces d'arc ou de ceintre ; les entre-toifes font comme pour les canons de feize, excepté l’entre-toife de la lunette qui a quatorze pouces de largeur, & quatre pouces trois lignes d'épaifleur. Pour les piéces de huit, les fafques ont dix picds quatre pouces de longueur , quatre pouces d'épailleur , douze pouces de largeur, dix pouces d'arc ou de ceintre ; les entre-toifes ont cinq pou- ces fix lignes de largeur, quatre pouces d'épaifleur ; celle de la lunette a douze pouces de largeur & trois pouces neuf lignes d'épaifleur. Pour les piéces de quatre, les flafques ont neuf pieds de longueur , trois pouces d'épaiileur , dix pouces de largeur, huit pouces fix lignes d'arc ou de ceintre; les entre-toifes ont quatre pouces de largeur & trois pouces d'épaifleur ; celle de la lu- re a dix pouces de largeur & trois pouces d'épaif. cur, 170 T R AIMÉ Les moyeux des rouages fe font de bois d’orme verd ; les jantes & les eflieux, de bois d’orme fec; les raies de bois de chêne fec & fans nœuds. Les moyeux pour les piéces de trente-trois, ont vingt-deux pouces de longueur & vingt pouces de diamétre : douze jantes de fix pouces fix lignes de largeur, quatre pouces fix lignes d'épaiffeur : vingt- ‘quatre raies de deux pieds & demi de longueur , quatre pouces neuf lignes d'équarriflage vers le bout qui entre dans le moyeu, & qu’on nomme l'empattage, & dans le furplus de la longueur, ils peuvent avoir fix lignes de moins, & la même chofe 3-peu-près pour toute les rais des roues d’au- re calibre. Les roues pour les piéces de vingt-quatre, ont quatre pieds huit à dix pouces de diamétre; les moyeux vingt-un pouces de longueur, feize pou- ces de d'amétre; les jantes, fix pouces de largeur, quatre pouces d’épaiffeur ; les rais, deux pieds fix pouces de longueur, quatre pouces fix lignes vers l'emparrage : les eflieux pareils aux précédens. Pour les piéces de feize, les moyeux ont dix- neuf pouces fix lignes de longueur & quinze pou- ces de diamétre ; le diamétre des roues eft de qua- tre pieds deux pouces ; les jantes ont cinq pouces de largeur, trois pouces fix lignes d’épaiffeur ; les rais deux pieds deux pouces de longueur & quatre pouces d'équarriffage vers la patte; les eflieux, fept pieds quatre pouces de longueur , & dix pouces de diainétre. Pour les piéces de douze, les moyeux ont dix- neuf pouces de longueur & quatorze pouces de diamétre; les roues font de la même hauteur que celles des affuts de feize ; les jantes ont quatre pouces huit lignes de largeur, & trois pouces trois lignes d’épaifieur ; les rais, deux pieds deux pou- ces de longueur, trois pouces fix lignes d'équat- ME 5 . BP'OofITS. 171 riflage à la patte : les eflieux comme pour les pié- ces de feize. Les moyeux des piéces de huit, ont dix-huit pouces de longueur & onze pouces de diamétre ; les roues, quatre pieds de diamétre; les jantes qua- tre pouces fix lignes de largeur, trois pouces fix lignes d’épaiffeur; les rais, deux pieds deux pou- ces de longueur, trois pouces fix lignes d'équar- riffage à la patte : l'effieu , fept pieds quatre pou- ces de longueur, & neuf pouces de diamétrre. Les moyeux des piéces de quatre, ont dix-fept pouces de longueur , neuf pouces fix lignes de dia- métre ; les roues, quatre pieds de diamérre ; les jantes, quatre pouces de largeur, deux pouces fix lignes d’épaifleur ; les rais deux pieds deux pouces de longueur , trois pouces d'équarriflage a la patte; les effieux fept pieds quatre pouces de iongueur -& neuf pouces de diamétre Les avant-trains ne font que de trois grandeurs : les plus gros fervent pour les piéces de trente-trois & de vingt-quatre : Jes moyens, pour les piéces de feize & de douze : les petits, pour les piéces de huit & de quatre. Les proportions des piéces qui forment un gros avant-train, font : une limoniere formée de deux limons de chêne ou d'orme, de huit pieds fix pou- ces de longueur; deux entre-roifes ou épares de chêne de trois pieds de longueur , y compris les tennons (il ny à à l'arriere que deux pieds entre les limons ); la fellette qui repofe fur l'effieu & qui porte la cheville ouvriere, faite d’orme ou de chéne, de trois pieds quatre pouces de longueur, cinq pouces fix lignes d'épaiffleur, dix-huit pouces de hauteur , évidée an milieu, à l'endroit où fe met la cheville ouvriere, & quatre on cinq pouces de chaque côté de cette cheville; l'effieu qui eft d’or- me ou de chêne , a fix pieds trois pouces de lon- 17> TRAITÉE gueur & fix pouces de diamétre ; les moyeux des roues de l’avant-train, font faits d’orme , & ont feize pouces de longueur, fur huit à neuf pouces de diamétre; les jantes d’orme fec, ont trois pou- ces fix lignes de largeur, & deux pouces fix lignes d'épaifleur , il n’en faut que dix; on ne met à ces roues que vingt rais de chène qui ont deux pou- ces fix lignes d’équarriffage à l’empattage : ces roues n'ont que rois pieds trois pouces de diamétre. Ces dimenfions données d'un gros avant-train, font fufifantes pour fe régler dans la conftruétion des autres, qui font bien formés des mêmes piéces, mais plus petites, cette diminution de grandeur n'exigeant aucune précifion ; avec d’autant plus de railon que l’avant-train n'étant pas, à beaucoup près , aufli chargé que l’arriere-train, il n’eft pas néceflaire que fa force foit aufli exaétement pro- portionnée au poids des canons. B O0 TS: BTE AN. Ces fortes de bois ne font jamais ou prefque jamais l’objet des grandes exploitations : quand ils font en maflif, on eft dans l’ufage de les vendre fur le pied de demi-futaie; & lorfque ces arbres. font gros, c'eft quand ils font ifolés, & ne font ainfi que des arbres détachés. Il a déja été dit que quand ces bois font de force detaillis, onen fait des cerceaux , desperches, des échalas de brin , duchar- bon, de la corde ou du fagor; mais à l'égard des branchages des gros arbres , comme on les exploi- te, de même que les taillis, en charbon, en corde, en fagots ou en bourrées, il ne s'agira ici que des troncs, cp DEs Beoers: 175 BILLEGL Il y a dans nos forêts des tilleuls à petites feuil. les, dont le bois eft très-ferme, quand les arbres ont cru dans des terreins qui ne font point trop humides; leur bois n’eft pas d’un grand blanc ; leur couleur eft d’un roux un peu pale; mais il n’en à HE re ass LA ones Se | re "4 \ RS 2 Ge ga © b #2 PATTERN QT 37% = _ - a AT = Pr QUE ID 107) CR RIRE ET TE £ = Le $ À ) ‘ > SS 2 Z * -s BLUE: SSB'O LS. QUATRIÈME PARTIE. Tran/port. ES bois ouvrés ou non ouvrés, qui ne forment pas un gros volume, font bien lus faciles à tran{porter , que lorfqu'ils Aer de grandes mdfles. C'efl par cette raifon que quand les ventes (ont fort éloignées du lieu du débit, ow que les chemins font mauvais, on eft obligé de faire ouvrer & travailler dans les forêts les bois qu'on y exploite. Pour faciliter ce tranfport , ila été accordé aux marchands ventiers différens priviléges, tels que de traverfer les terres qui conduifent du lieu de la vente aux rivieres ; de faire creufer des canaux ; de fe fervir des eaux des étangs, de traverfer les foflés, parcs & baile-cours des Châteaux ; de jetrer à bois perdu ; de faire réparer les chaufñlées ; de fe fervir age. EMLR AW TE des vetreins voifins des rivieres navigables & flotäs bles pour faire des piles ; le touren dédommageant les propriétaires. R A. CHER E; Les ouvrages de cette efpece ne formant que de petites mañles , il eft toujours facile de les tranfpor- ter. Si les chemins font difficiles , on les charge fur des bêtes de fomme qui les conduifent aux Villes voifines ou aux bords des rivieres, ou on les charge fur des bateaux. Si les chemins font pratiquables on emploie à ce tranfport des charrettes à ridelles. Pour garantir,ces ouvrages de la pluie & du hälequi les feroientfendre & cauferoientun grand préjudice aux marchands , on les couvre de genét , de paille ou de bannes de toilles , comme on le voit a Paris, au port de la Grève, lorfqu’il y arrive des bateaux chargés de pelles , de bats , d’attelles, de colliers, de paneaux de fouflets , &c. F E-NTE. ; Les éthalas , la latte, les ferches & enfonçures des boilleaux, & autres ouvrages de fente, qui fonc des marchandifes plus péfantes que celles de raclerie, fe virent des forêts par charrois, à moins que l'on n€ puifle abfolument fe difpenfer dé les tranfporrer pat les bêres de fomme, a caufe des mauvais chemins. Mais comme ils courent peu dé rifqué d'être endommagés par la pluie & le häle, on peut. fe difpenfer de les couvrir lorfqu'on les tranfpôrte par bateaux. CHARBON. On dre fouvent du charbon des forêts à foms D'E s DO r 5. $71 ‘fme , danis de grands facs qui pefent environ 125 livres, & que l’on place en travers fur le dos des chevaux , ou dans de plus petits facs qu’on empile de long , fur le bät des bétes de charge , & ces charges de charbon fe vendent dans les lieux peu éloignés des forêts. Chaque fac, grand ou petit, doit contenir une certaine mefure , comme mine, minot ou boifleau. Maïs quand il faut voiturer le charbon à des lieux plus éloignés, comme une Ville ou un Port ou on en remplit des bateaux , on le charge dans de grands fourgons garnis de claïes, que l’on éleve plus que les ridellés , afin que ces voitures puiffent en con- tenir beaucoup ; on fupprime même l’enfoncure de ces voitures, qui font à deux ou à quatre roues fuivant l’ufage du pais , & l’on y forme un fond de claies bombées én-deflous, qui font retenues par des enlaceinénts de cordes ; mais cette fuppreflion ne fe fait que quand dans les chemins où les voi- tures doivent pañler , il ne fe rencontre point d'‘or- nieres profondes. | Pour la fourniture des groïles forges qui confom- ment beaucoup de charbon , on le voiture ordinai- rement dans des bannes jaugées qui fe déchargent par deflous. On fe fert même quelquefois de ces bannes pour conduire le charbon aux ports, parce qu'étant jaugées on à la facilité de favoir plus pré- cifément la quantitité de charbon que lon tire d’une forêt , foit en poids, foit en mefure ; ces bannes contenant fouvent quinze à feize démi-queues de charbon , ce qui revient à deux mille cinq cens li- vres pefant, Le charbon étant arrivé au port d’une riviere navigable, on le charge fur des bateaux. Si ces bateaux font grands , on drefle tout au tour de for- tes perches , ou de menues ridelles, qu'on éleve perpendiculäitement aux bords , à fix où huicpieds 372 TR L'ATRÉ de diftance les unes des autres, parce que c'eft f« grandeur des claies qui doivent retenir [e charbon. On traverfe ces perches verticales avec d'autres pla- cées horifontalement ; &. liées aux premieres par des harts où rouettes ; on contient même les perches, en les liant avec des cordes: de tilleul qui traver- fent le bateau , & empêchent qu’elles nes'écartent; on revét tout l'intérieur de ce bâti avec de fortes perches & des claies, & on remplit de charbon toute cette capacité, Les bateaux moins grands ” qui viennent par jes canaux, font garnis feule- ment de perches de bois blanc , à la hauteur d’une claie ; & , au lieu de cordes de tilleul , on met dans le charbon des perches de bais blanc. 7" Les grands bateaux qui defcendent à Paris par la Seine , l'Oife & la Marne, ont communément qua- torze à quinze toifes de longueur fur cinq toifes de largeur ;,ils font chargés comble jufqu’a quinze ou feize pieds de hauteur .au-deflus du plat-bord, & contiennent deux à trois mille voies de charbon. Les petits bateaux, qui viennent parles canaux, &.qu'on:nomme de Loÿre , ont dix-fept 2dix-huit roiles.de longueur ,. & onze à douze pieds de lar- geur ; on ne le chargé qu'à la hauteur d'une claie pourqu'ils puiffenr pafler parles éclufes , & ne con- tiennent que fix, feprouhuir cens voies de charbon! … Le charbon qui remonte la Seine, eft chargé dans de plus grands bateaux que celui qui defcend , &. ces bateaux fon chargés a comble. On l'amene à découvert. Le fond des bateaux eft garni d'un ‘plancher pour garantir le charbon de l'humidité, & faciliter le travail de la pelle quand on Le déchar- ge, ou-qu'on le mefure pour le vendre, "7" -.. À Paris, on diftingue le charbon parles lieux d’où on le tire. On eftime /e charbon d’Yonne plus que les autres : 1l fe fait en Bourgogne avec du ché- nçau fouvent pelard, & s'amene à Paris par lari- vicre DES BÔdts. 273 viere d'Yonne dont il prend le nom. Ze charbon de Marne qui fe fait en Champagne, & com- munément de bois de quartier ou de gros rondin, eft moins eftimé, Le charbon de Loire ; ce- Jui qui fe fair aux bords de cette riviere, & qui arrive à Paris par le canal de Briare, eft peu efti- mé, parce qu'il eft gros, long , & fait de toutes fortes de bois. Celui qu'on nomine de Seïne , parce qu'il eft fait aux bords de cette riviere au-deflus de Paris , eft à-peu-près de même qualité que celui de Loire. Celui qu’on nomme charbon de l'Ecole, à caufe du port de ce nom, où on le décharge à Paris, qui eft fait en Normandie ou en Picardie, & dont les bateaux remontent la Seine , eft fait de toutés fortes de bois comme celui de Loire. Ceux qui fe font dans la forêt de Crecy-en-Brie, dans les bois de Tournon , d’Auxois , de Ferriere, de Chévreufe , arrivent à Paris par terre, dans des charettes garnies de claies, ou à fomime dans des facs. Dans les Provinces où l’on n’exerce pas de police fur le charbon , on le débite dans des facs de dif férentes grandeurs qui n’ont point de mefure pré- cife , c'eft à l'acheteur à prendre garde de ne fe pas laïfler tromper. Mais à Paris , il faut que les facs contiennent une mefure fixe ; tout le charbon s'y vend à la mefure, foit fur les ports dans les bateaux , foit fur le pavé. Le menot contient huit boifleaux ; le boiffeau deux demi-boifleaux ou quatre quarts de boiffeau ; les deux minots font une mine; & vingt mines font le muid. Le minot doitavoir onze pouces neuf lignes de hauteur en dedans , fur un pied deux pouces huit lignes de diamétre. Les deux minots , ou la mine, forment un fac qui péfe à-peu-près cenc vingt livres : C'eft ce qu'on appelle charge ou Tome IL, $ 274 TR Æ INT voie de charbon , & ce qu’un homme de force ordis naire peut porter. PERCHES , FAGOTS, COTRETS. Tous les menus bois fe tirent des forèts , à fom- me, oupar charrois, & fe conduifent aux endroits ou ils doivent être confommés , ou aux bords des rivieres pour y être chargés fur des bateaux. Les échalas , que l’on nomme dans l'Orléanois charniers , dans le Bourdelois œuvre , ailleurs poif= feau , &c. font faits de brin ou de fente ; on arran- ge les bottes de long dans des charettes à ridelles , & chaque charrette remplie de bottes d'échalas, qui eft une marchandife pefante , jufqu’au-deflus des ridelles , fait une charge pour tirage de trois ou quatre cheveaux. Les cotrets fe tirent de même des forêts, ou fur des charrettes à deux roues , ou fur des charriots à quatre roues. Les fagots en combrent beaucoup , fans faire un grand poids. On les charge le plus élevé & en plus grande quantité qu'il eft poffible ; & la voiture la plus forte faitle tirage de deux chevaux de moyen- ne force quand les chemins font praticables. On les empile auffi dans des bateaux, mais avec du bois de corde au fond pour donner aux bateaux la charge convenable. B: O:1-S:-N EM F. Le bois à brûler étant pefant , on en tranfporte peu à fomme ; on eft obligé de le tranfporter par charrois , avec des charriots, ou autres voitures à deux roues , quelquefois garnies de ridelles , où on place les büches bout à bout, après en avoir mis en travers à l'avant & à l'arriere pour élever le D'E $ B-O:1:6. 275 bout de celles que l’on pofe en longueur , & em- pêchèr qu'elles ne coulent dans les montées & les defcentes de tranfport. | Les marchands de bois, ou les tiérachiens qui entreprennent de tirer les bois des forêts, fe fer vent aflez fouvent de charrettes qui ne font gar- nies de ridelles que vers les roues ; à cet endrpit ils mettent le bois fuivant la longueur de la voitu- re ; & à l'avant , de même qu'a l'arriere, ils le pofent en travers : une chaîne ou lieure de corde, ou des ranchées empêchent que le bois ne s'écroule. Ces fortes de voitures font ordinairement légeres , & fort commodes dans les mauvais chemins. Quand le bois eft rendu aux bords des rivieres on en fait des piles féparées les unes des autres, ui doivent avoir chacune huit pieds de hauteur és quinze toifes de longueur , & contenir vingt- deux cordes. Les forêts qui fourniffent le plus de bois à brü- ler pour Paris, font celles de Lorraine, de Cham- pagne , de Bourgogne, de Brie, de Picardie & de Normandie. On charge le bois à brüler fur des bateaux, dont on remplit le fond de büches pofées de longueur juiqu’au niveau du plat-bord, fur :lequel on ar- range des deux côtés des büches de travers, & on remplit le milieu de büches placées en long. De ces bateaux, les uns defcendent la riviere en fui- vant le cours de l’eau, les autres la remontent à l'aide de chevaux ou de bœufs. Ce bois, ainfi arrivé par bateaux , fe nomme bois. neuf à Paris, où on le décharge, à l'Ifle Lou- vier, au port de la Tournelle , au port de l'Ecole, &c. Le bois qui arrive par charrois eft aufli nom- mé bois sai Si un bateau ef chargé de bois de différentes qualités , les marchands font tenus, en le déchar= S z 276 TRAITÉ cant , d'empiler ces bois féparément. Il leur eff défendu de mêler dans le bois qu’ils vendent à la membrure , plus d’un tiers de bois blanc, tel que l'auue, le bouleau, le peuplier, le tilleul , le fau- le. Siun marchand fe trouve chargé de bois blanc , il doit le vendre à part & à meilleur marché que Je bon bois, qui eft le hêtre, le chêne, le char- me, le frêne , l’alifier , les fauvageons poiriers & pommiers , l'orme, &c. Ordinairement les bou- langers , rotifleurs, patifiers , potiers de terre, plâtriers & autres achetent les bois blancs , parce que quand ils font fecs, ils brülent très-vite, & donnent une flamme vive qui chauffe beaucoup. Le bois pelard, celui dont l'écorce a été enle- vée fur pied pour en faire du tan, eft mis au nom bre des bois neufs ; il eft menu, & communément il fe confomme par les cuifiniers, patifliers, bou- Jangers & rotifleurs. Ce bois qui eft fort fec & de pur chéneau , fait beaucoup de flamme & un feu très-ardent. Tout le bois neuf que l’on deftine à brüler, fe diftingue à Paris , fur les ports, en bois de compte & bois de corde. Le bois de compte, qu'on nomme aufli bors de moule, doit avoir au moins dix-huit pouces de circonférence : il fe mefure dans une anneau de fer que l’on nomme le moule, qui doit avoir deux pieds un pouce de diamétre, c'eft-a-dire, fix pieds trois pouces de circonférence : la quantité que peu- vent contenir trois de ces anneaux, plus douze bûches, qu'on nomme témoins, forment une voie de bois de compte. Le bois de corde eft celni qui a moins de dix- huit pouces de circonférence, jufqu’a fix pouces, mélé de bois de quartier ou fendu, & de rondin. Le bois qui n'a que fix pouces dé groffeur , eft nommé taillis ; le plus menu doit être converti DES! B O0 Is. 577 ën charben, ou en perches qu'on vend dans leur longueur, ou on l’emploie à former des trains. On en fait aufli des falourdes & des cotrets. Dans les forêts on mefure le bois à brüler par corde , qui eft une pile de huit pieds de longueur fur quatre de hauteur; mais à Paris ce bois, ex- cepté celui de moule, fe vend par demi-corde qu'on nomme voie, & qui fe mefure dans un af- femblage de charpente appellé membrure, qui doit contenir une pile de quatre pieds de hauteur, fur quatre pieds de largeur. Tout le bois deftiné pour la confommation de Paris, doit avoir trois pieds & demi de longueur. Le plus beau qu'on y ap- porte, & le meilleur à brüler, eft celui qu’on nom- me bois d'Andelle, du nom d’une perite riviere du Vexin Normand , aux bords de laquelle il s’en fa- conne beaucoup. Ce bois eft très-droit, fans nœuds, efience de hêtre, mêlé d’un peu de charme : mais comme par une exception particuliere, ce bois n’a que deux pieds quatre pouces de longueur , de srof- Fu indéterminée, 1l fe mefure à l'anneau, dont il en faut quatre pour former une voie, avec feize bûches en fus pour témoins. Il arrive à Paris par les rivieres de Seine & d’Oife. 20 Sa LOT E.É: 11 y à deux manieres de flotter les bois de chauf- fage : à bois perdu & en train. On les connoît depuis 1449, qu'un marchand de bois, bourgcois de Pa- ris, nommé Rouvet, imagina de faire venir par la Seine des bois flottés à Paris, du Morvant, pe- tite Province fituée entre la Bourgogne & le Ni- vernois. Il retenoit par éclufées, dans les faifons convenables, l’eau des petites rivieres qui font au- dellus de Cravants & y failoit jetter les bûches à bois perdu: elles fe rendoient dans la riviere ® 3 278 TRAITÉ d'Yonne, où on les aflembloit par trains pour {es conduire à Paris, dont les Habitans, pour mar- quer leur reconnoiffance, lors de l’arrivée des pre miers trains, firent des feux de joie. Cette entre- prife hardie ayant fi bien réufhe , d’autres mar- chands l’imitérent. On rendit flotables les ruif- feaux de l’Ifle, de Loupy, & autres petites rivie- res qui procurerent l'avantage d’approvifionner Pa ris , des bois de Lorraine, du Barrois, de la Cham= pagne, &c. En 1490, on fit flotter les bois de la forêt de Lions , fur la riviere d’Andelle , qui fe jette dans la Seine un peu au-deflus du Prieuré des deux Amans. Par ce moyen on a la facilité d’ex- loiter avantageufement les bois qui fe trouvent à portée des rivieres flottables, comme ceux des environs des rivieres navigables, & d'en conduire à Paris de trés-loin & avec peu de frais. | Lors même qu'il n'y a que des ruifleaux qui, fans être propres à la navigation , ont cependant un courant d’eau affez rapide, on voiture fur leurs bords, par charrois ou à fomme, les bois des ven- tes, dont les marchands ont foin de marquer, avec leur marteau, toutes les büches aux deux bouts; & quand ils en ont raflemblé une quan- tité fufhfante pour former ce qu’ils appellent vr flot, ils font avertir les Seigneurs on propriétaires des rivieres, moulins, éclufes, &c. dix jours avant de jetter leurs bois à l'eau, par des publications aux Prônes des Paroifles , fituées depuis l'endroit où ils doivent jetter leurs bois, jufqu’a l’'embou- chure de ces ruifleaux dans les rivieres navigables ; après ce terime expiré, ils peuvent jetter à bois per- du, fans qu’on puiile les en empêcher. Les marchands doivent faire façonner leurs bois en faifon convenable, les laifler fécher fur lafeuil- le, les faire voiturer en tems fec près des ruifleaux flortables , & examiner s'ils font fecs & flottants DES Bors. 279 fut l’eau avant de les y jetter büche à bûche; car les bois qui tombent au fond de l'eau, & qu’on nomme fondriers où canards , doivent être réfervés pour un autre flot, & même pour celui de l’année fuivante. Vingt-quatre heures après le flot, les Seigneurs ou leurs meüniers faifoient autrefois pêcher ces bois fondriers & fe les approprioient comme épave. Mais aétuellement les marchands ont quarante jours après le flot pour faire pêcher leurs bois. Cepen- dant les frais néceflaires pour repècher ces bois, pour le triage ou sricage de ceux qui appartien- nent à différens marchands, les enchères que les marchands mettent les uns fur les autres pour les voitures , toutes ces chofes occafionnant des dif- putes, des procédures & des frais, qui excédent fouvent la valeur du bois, qui, d’ailleurs, pour- rit au bord des rivieres, en attendant le jugement de ces différends , les marchands qui connoiffent leurs intérêts, prennent beaucoup d'attention à ce que leurs bois ne deviennent point fondriers. Après que les marchands fe font mis en régle vis-à-vis les propriétaires riverains, ils fone jetter leurs boïs dans l’eau bûche à büche ; pendant que le courant les entraîne vers le bas, des ouvriers accompagnent le flot pour poufler à val les bois qui pourroient s'arrêter dans des anfes, ou dans les endroits où le lit de la riviere fe trouveroit embarraflé; & pour la commodité de ce travail, les propriétaires font aftreints à laifler aux bords des rivieres un fentier de quatre pieds de largeur. On fait pendant ce travail, à l'embouchure de la petite riviere, dans la riviere navigable, une ef- racade ou traverfe avec des pieux ou des perches, afin d'empêcher que le bois ne pañle dans la grande riviere. ù Il eft Bon d'obferver que quand les bois reftent Sa 280 TR AU T É crop longtems fur l'eau, il arrive quelquefois que la plus grande partie devient fondrier , fur -rout lorfque de fa nature le bois eft de bonne qualité & pefant; les marchands doivent en ce cas les re- tirer de l'eau avant la fin du flot, pour les laifler quelque tems à terre fe deflécher, & pouvoir en- fuite les rejetter à l’eau ; mais cette opération en- trainant des frais, on ne doit y avoir recours qu'a la derniere extrémité, & après avoir reconnu qu’u- ne partie de ce bois eft tombée au fond de l'eau. _ Les marchands ont le droit de faire repècher pendant quarante jours, après que le floc eft pañlé; mais s'il arrive que dans cet intervale d'autres mar- chands faffent pafler des flots, ce terme de qua- rante jours ne commence à courir que d'apres la paflée du dernier flot, fans être tenu d’aucun dé- dommagement envers les Seigneurs & propriétai- res riverains. Aprés ces délais expirés, les Seigneurs & propriétaires font en droit, pour débarraffer leurs gaux, de faire pêcher les bois fondriers, à la char ge de les laiffer fur le bord des rivieres, {ans pou- voir fe les approprier, parce que ces bois font ré- putés appartenir aux marchands dont ils portent H marque, en rembourfant toutes fois les frais de . cette pêche & les loyers des héritages que les bois auront occupés, & ce à dire d'experts. Par la même raifon, fi, pendant le flot, il ar- rivoit une crue & un débordement d’eau, les bois qui feroient portés dans les champs, hars le.lic de la riviere, & qu'on nomme hois échappes, appar- tiennent aux marchands, dont ils portent la mar- que; & il eft défendu à tout autre de fe les appro- prier, {ous des peines très-rigoureufes, Les bais ainfi jettés dans l’eau, & rendus à l'embouchure des ruiffeaux dans les grandes rivie- res, où ils fe trouvent arrêtés par une eftacade, font tirés de l'eau, & empilés [ur le port, avec l'at= DE $ Bo’rs. 18t tention de féparer ceux qui appartiennent a différens marchands, ce que l’on reconnoît par les marques. Si ces bois n’ont fait qu’un petit trajet à bois perdu, & que, pour les rendre à leur deftination, on foit obligé de leur faire remonter les grandes rivieres , les marchands les chargent dans des ba- teaux ; & ces bois, qui ont confervé toute leur écorce, font vendus comme demi-flottés , ou com- me bois de gravier, qui différent peu des bois neufs. Mais le plus ordinairement on forme des trains des bois qui ont été flottés à bois perdu, pour les conduire, fuivant le cours des grandes rivicres, aux Villes où ils doivent être confommés. TRAINS DE BOIS À BRULER. Sur nos rivieres on nomme train, une efpece de radeau ou afflemblage, formé d’une certaine quan- tité de piéces ou morceaux de bois, réunis au moyen de plufieurs longues perches liées ou atta- chées les unes aux autres par des harts ou rouet- tes. Quoiqu'il ne foit pas impoflible de faire re- monter les’rivieres à ces trains, néanmoins ils fuivent toujours le cours de l’eau ; & c’eft par cette raifon que le bois flotté qui arrive à Paris, vient ordinairement d'Auvergne, du Bourbonnois , du Nivernois, de la Bourgogne, du Morvant, dela forêt de Compiegne, de la Lorraine, de Montar- gis, & d’autres lieux fitués en remontant les rivie- res au-deflus de Paris. On ne fait de trains, que de bois à brûler, de bois de charpente, & de bois de fciage. Ceux de bois à brüler font ordinairement compofts de dix- huit coupons, & chaque coupon eft de douze pieds de long ; la longueur de ces trains, eft de trente- fix toiles, ou deux cens feize pieds. On propor- tionne leur largeur à celle des rivicres & des ca- 28% T'roAM + À naux'par où ils doivent pañler ; & par cette raïi fon on en voit qui n’ont de largeur que trois lon- gueurs de büches, qui font dix pieds & demi : on les nomme crains à trois branches ; d’autres ont guatre branches , & par conféquent quatorze pieds de largeur. Ces grands trains fourniflent ordinaire- ment vingt-cinq cordes de bois , ou cinquante voies. Lorfque les trains doivent flotter fur des rivie- res qui ont beaucoup de fonds, ceux à trois bran< ches contiennent autant de bois que ceux à quatre, parce que l’on peut mettre le bois à une plus gran- de épaifleur, qui, dans les bois de chauffage, va- rie depuis dix-huit jufqu’a vingt & vingt-deux pouces. Les coupons de trois ou de quatre branches fe font à terre, & on les aflemble enfuite lorfqu’ils font à flots. Pour faire les branches , on forme une couloire, ou plan incliné, compofé de per- ches à la diftance de fix, fepr ou huit pouces les unes des autres ; on lui donne quinze pieds de lon- gueur, & autant de largeur , afin de pouvoir conf- truire deflus quatré branches de trois pieds & demi de largeur , & en total, quatorze pieds, fur douze de longueur. Cette couloire eft arrêtée par de grof- fes büches qu'on met au bout du côté oppofé à la rivicre, un peu enfoncées dans lé terrein , & qui diminuent de groffeur , à mefure qu'on avance du côté de la riviere. C’eft fur cette couloire que l’on faic les branches, & fur ces perches que le cou- pon qu'on va faire doit gliller pour être mis à flot. Les branches s’attachent les unes aux autres avec des craverfes ou traverfins, qui font des perches de quatorze à quinze pieds de longueur ; on les lie avec des rouettes dans tous les endroits ou les tra- verfins croient & rencontrent les chantiers, & cela forme un coupon. Les dix-huit coupons qui DE ? : BAINS. 235 forment un train, font tous faits les uns comme les autres , excepté qu’on ajoute des bourraches ou rages aux deux bords du premier coup de l'avant, qu'on nomme le coupon de tête ; d’autres au dernier coupon de derriere , qu'on appelle le coupon de queue ; & enfin d’autres au coupon du milieu. La nage eft liée aux chantiers de deffus & de def- fous , & aux perches verticales, qui font elles- mêmes liées aux deux chantiers, & qu'on nomme faufes nages, qui fervent à affermir la nage ou la bourrache, Ces nages fervent à Percher, c'eft- a-dire , à donner un point d'appui à une perche, dont le bout inférieur porte au fond de la riviere, & le fupérieur contre la nage, & qui fert à pouiler le train d’un côté ou d'un autre, au moyen d’une fecoufle que le marinier donne; c’eft la façon la plus ordinaire de gouverner les trains. A mefure que les coupons font faits fur la cou- loire, on les poufle à l’eau avec des leviers. Si Jes bois font lourds, à caufe de leur bonne quali- té, ou parce qu'ils font encore chargés d’eau ou de féve, on foutient le train à flot par des demi- muids bien étanchés & vuides, que l'on place dans l'épaifleur du bois & dans les branches du milieu en les conftruifanr, bien ferrés entre les chan- tiers de deflus & de deffous, afin qu'ils ne fe dé- rangent point. Quand on a lancé à l’eau deux cou- pons , on les lie enfemble, pendant que d’autres ouvriers en forment d'autres, Pour un-train de bois flotté de quatorze cou- pons à quatre branches , chaque branche compo- fée de foixante büûches, il faut trois cens cinquan- te perches de dix-huit à vingt pieds de longueur, & trois milliers de liens, harts ou rouettes de dix à douze pieds : ainfi, pour vingt mille voies de bois flotté, on a befoin de fept mille perches & de foixante mille roucttes, qu'on coupe en féve, n34 TR: AI T # afin qu'elles foient plus pliantes, ce qui fait dans les taillis une déprédarion confidérable, à laquelle On pourroit remédier, en plantant dans les lieux voifins des ports, où l’on conftruit ordinairement les trains, des taillis de bois blanc, qui viennent vire, & qui étant employés à faire ces perches & ces rouet- tes, ménageroient les taillis de chêne, de char- me , &c. Le train entiérement fait, on le poufle au cou- rant de l’eau dont il fuit le fl : la feule façon de le conduire eft , quand il ne fe trouve pas une trop grande profondeur d’eau, de le diriger avec la perche qu’on fait porter d'un bout au fond de la riviere , & de l’autre contre la bourrache, pour donner au train une fecoufle qui la pouffe du côté où l'on veut qu'il prenne fa direction ; & quand les eaux font baffes , comme il faut choifir l'endroit le plus profond du lit de la riviere, ce travail eft quelquefois affez pénible, Lorfque l’eau eft trop profonde pour fe fervir des perches , on emploie de longues rames avec lefquelles on le dirige exaétement dans le fil du courant. Quand les eaux font bonnes , deux hom- mes fuffifent pour conduire un train de vingt-cinq cordes. de bois, fur les rivieres qui affluent à la Seine ; mais comme cette riviere eft plus grande, & que la navigation y eft plus dangereufe , fur- æout quand les eaux font foïtes, on emploie aflez fouvent quatre hommes. pour conduire un train. Il y a un accident qui eft fur-tout à craindre, c'eft quand.le train fe trouve oblique au courant, & que l'avant va moins vite que l'arriere; foit qu'il fe trouve dans un courant moins rapide, ou qu'il frotte fur un fond de vafe ; car alors l'arriere, que le courant prend en travers, allant plus vite que l'avant, le train fe replie, & il fe romproit f l'on ne fe hätoit de couper les croupieres à l'en- DES Bon &. 285$ droit où le train eft plié; alors il fe fépare en deux, & l’on tâche de faire aborder ces deux petits trains au plus prochain rivage pour les rejoindre & conti- nuer la route. uoique l’on ne flotte point ordinairement pen- dant l’'Hiver, cependant il arrive quelquefois que les trains font pris par les glaces; & fi la riviere refte longtems gelée, on doit défaire les trains pour empiler le bois au bord de l’eau jufqu’a ce que le dégel foit venu , parce que dans le tems de la débâcle, les trains pourroient être brifés , & que d'un autre côté les bois fe trouveroient tel- lement imbibés d’eau, qu’ils deviendroient canards. Les grandes eaux & les crues fonttrès-contraires au flottage des trains ; on ne peut alors les-conduire avec la perche, ni fouvent même avec la rame. Le tems fe plus propre pour ce flottage eft quand il y a dans la riviere dix-huit pouces, deux pieds ou deux pieds & demi d’eau. Les trains arrivés à leur deftination , on les amarre au bord de l'eau avec un cordage qu’on at- tache fur le train à deux traverfins; & quand les eaux font fortes on met quelquefois deux amar- res. Les marchands ne peuvent avoir que deux trains vis-a-vis leur chantier ; les autres trains doivent refter au-deflus de Paris jufqu’à ce que ceux qui font à port foient débardes ou déflottés, & que le bois foit placé dans le chantier. Pour défaire les trains, on fait précifément le contraire de ce qu'on a fait pour les former. On coupe les croupieres & les roucttes pour féparer les branches des coupons, c'eft ce qu'on appelle débä- cler. On coupe les rouettes avec le tranchant d’une hache , dont on enfonce la pointe dans les büches pour les tirer à terre , c’eft ce qu'on appelle débarder. On charge le bois fur des crochets pour le porter au chantier, où on le srique , pour féparer le bois 296 T'RcAMIEY blanc d'avec le bois dur, dont on forme des piles différentes : on éleve les piles de fond, qui n'ont d'épaifleur que la longueur d'une büche ; quand elles ont huit à dix pieds, on joint enfemble tou- tes les piles de fond , & l’on forme ce qu'on appelle un théatre. Les marchands font commencer à la fois plu- fieurs piles de la même efpece de bois , afin de lui donner le tems de fe fécher , & prévenir la pourri- ture qu'y occafonneroient les champignons dont les bouts fe couvriroient. Ils font obligés de laif- fer des routes entre leurs piles, pour pouvoir les vifiter & en connoître la qualité. Pour empêcher les piles de s’écrouler , fur-rout lorfqu’elles font élevées à la hauteur de cinquante à foixante pieds, on croife les bûches des deux extrémités, de ma- niere qu'au premier lit les büches font pofées de long , au fuivant , elles font mifes en travers & croifent les premieres , & ainfi fucceflivement juf- qu’au dernier rang ; ces piles quarrées fe nomment grillons ou rofeaux, & fervent d’archourants au refte des büches qui font mifes en travers, le gros bout tantôt d'un côté, tantôt de l’autre, avec quel- ques büches en travers d’efpace en efpace pour res gagner l’aplomb, Dans le bois flotté, on en diftingue quatre fortes différentes. 1°. Le bois blanc que l'on met a port, ui eft le plus mauvais, & dont la voie fe vend au-deflous de la taxe ordinaire aux potiers de terre, cuifeurs de plâtres & autres. 2°. Le bois flotté or= dinaire, qui contient au moins deux tiers de ché- ne , de charme ou dehêtre , qu’on vend à la voie, & dont le débit eft confidérable pour les cuifines : on en fair auf des falourdes liées de deux ofers, qui doivent ayoir vingt-fix pouces de circonféren- ce. 3°. Le bois de gravier ou demi-flotté, celui que les marchands achetrent aux ports des rivieres D S BB O1I:s. 287 navigables, & dont ils font faire des trains qui arrivent aflez promptement à Paris : ces bois qui ont peu féjourné dans l’eau , ont confervé leur . écorce , & font aufli bons à l’ufage, & aufli durs que les bois neufs. 4°. Le hors de traverfe, qui eft tout pur hêtre ou charme , dépourvu d’écorce, qui brüle bien , qui fair une belle flamme & peu de fumée, & qui fe vend à la voie comme le bois de gravier. Lors de la débâcle des trains , les ouvriers qui y travaillent ont la permiflion d'emporter chaque ‘jour une perche & une hart; cependant il en refte encore aflez pour faire beaucoup de falourdes, qui doivent avoir trente-pouces de circonférence, parce que le dedans n’eft rempli que de harts recouvertes des perches qui en font les paremens. Mais comme ces falourdes font d’un bon produit, les marchands qui connoiffent leurs intérêts ne laiflent point em- porter par les ouvriers la perche & la hart qu'ils emportent chaque jour de travail, ils préférent de donner deux fols à ces ouvriers pour les endédom- nm ager. \ ABPEUDE CHARPENTE. On le diftingue en bois de brin, qui eft feule- ment équarri , & en bois de quartier, c'eft-à-dire, qui a été refendu à la fcie. Les piéces font ordinairement trop confidérables pour pouvoir être tranfportées à fomme : on n’em- ploie ce moyen que pour les plus petites, & lorf- que les chemins ne font pas praticables aux autres voitures; mais quand les piéces font trop fortes, on eft obligé de les charger fur des voitures, pour les conduire aux lieux où elles doivent être em- ployées, ou jufqu'aux ports des rivieres naviga- bles, Ainf on peut envifager le tranfport des bois 288 T°: RAA de charpente fous trois points de vüe différens 3 1°. lorfqu'il en faut un certain nombre de piéces pour charger une voiture; 2°. lorfque les piéces font affez groffes pour qu’une feule fafle la charge d'une voiture ; 3°. Jorfqu’elles fonc trop grofles pour pouvoirétre tranfportées par une feule voiture. Si les piéces de bois font courtes, on les charge dans des charrertes à ridelles, ou plus communé- ment fur des charrettes- de roulage & fans ridel- les ; on Les retient avec des chaînes qui les em- brafient, pañlent par-deflous la voiture , & fonc ferrées avec des perches qui font l'office de garrot. Si les piéces font plus longues que les charrettes, comme font les chevrons, on les charge de biais fur la voiture, desforte que le gros bout pafñle vers Ja droite du limonnier , afin que le chartier qui eft a gauche puifle conduire avec plus de facilité , & que le petit bout qui traverfe diagonalement l’ef- fieu, excéde de beaucoup la voiture. D’autres fe fervent d’une autre méthode, qui eft d’ajufter à l'avant des charrettes deux forts ranchers avec une traverfe, fur laquelle on met le gros bout des che- vrons, de maniere que la croupe du limonnier fe trouve au-deffous. Mais cette méthode n’eft bonne que dans les chemins ou il n’y a pas d’ornieres ; & dans ce cas, la premiere eft préférable. Les poutres de force ordinaire, comme de vingt- cinq pieds de longueur , fur quinze ou dix-huit pouces d’équarrifiage vers le gros bout , fe voitu- rent de la même façon qui vient d’être expliquée, Mais quand les piéces font cres-grofles , il faut fe comporter autrement. Si les très-groffes piéces fe trouvent fur le pen- chant d’une coline ou d’une montagne, les abba- teurs ont foin de les faire tomber fur la partie élevéc de la montagne, afin que la chüte foit moins forte, & occafionne moins de dommage à la piéce ; on MES BIS. 289 on les fait enfuite defcendre peu-à-peu avec des le- viers, en leur faifant prendre quartier , ou en les faifant glifler fur des piéces de bois pofées deffous en travers, ou fi le terrein le permet, on emploie la force des bœufs ou des chevaux ; fi le terrein eft à-peu-près uni, on fe fert de rouleaux, ou de deux roues montées fur un eflieu : arrivées vers le chemin pratiqué dans la forêt pour l'évacuation des bois , on ajufte fous les piéces un avant & un arriere train, de forte que le corps de la piéce for- me une efpece de charriot : enfin avec des crics, des leviers, ou à force de bœufs ou de chevaux, on conduit la piéce comme on peut au bord d’une rivicre. Lorfqu'il n’y a point d’orniere fur le chemin, on peut fe fervir des voitures connues à Paris fous le nom de fardiers, qu'on emploie à tranfporter Les groffes piéces de charpente, & qui ont la commo- dité de fe charger & décharger très-aifément. FEOTT AGE. Si l'on ne peut gagner qu'une petite riviere qui n’eft point navigable, on fait flotter les bois par petits radeaux qu’on proportionne à la force de la riviere, pour les conduire jufqu’aux ports des gran- des rivieres, ou l’on forme des trains. Mais cette navigation de petits radeaux par les ruifleaux, eft ordinairement longue & pénible, & les bois à leur arrivée aux ports des grandes rivieres, fe trou- vent aflez pénétrés d’eau pour être devenus canards. 11 faut dans ce cas, avant que d'en former des trains, les tirer à terre, & les y laiffer deflécher, ce qui altére confidérablement le bois, parce que, d'un côté , l’eau emporte toujours avec elle les parties les moins fixes du bois, & de l'autre, l'aug- mentation & la diminution du volume des piéces, 290 T R'AMNTTÉ par l'eau qui s’y introduit, & qui enfuite fort du bois, produit un mouvement qui en fatigue beau- coup les parties folides : & après ce premier flot- tage, il fe forme dans les piéces, des fentes qui, au fecond flottage, fe rempliffe d'eau & de vafe, ce qui les endommage encore beaucoup. FR'ATNS. Les flotteurs ont différentes méthodes pour conf- truire les trains : celle de percer les piéces obli- quement vers les angles de chaque bout, pour y pañler les rzolles ou rouettes , ne vaut rien, parce que les rouettes fe pourriflent dans les trous, com- muniquent leur pourriture aux parties voifines, & mettent dans l'obligation de couper chaque bout des piéces à dix-huit pouces de longueur pour trou- ver le bois fain. Il vaudroit mieux pour ménager le bois des piéces fe fervir de crampes de fer pour former les trains. Les piéces deftinées à être rendues dans un port de mer, s’embarquent dans des flutes ou des ga- bares, par le moyen d’un fabord qu’on a pratiqué à la pouppe, & qui répond dans la cale, ou l’on ne doit point les renfermer quand elles font très- remplies de féve ou très pénétrées d’eau. - Pour traîner les bois de charpente fur des rou- Jeaux jufqu’aux ports, on attache à un des bouts ou aux deux bouts de chaque piéce, un anneau qui pafle dans un crampon, faifi par un coin qu’on enfonce dans la piéce à coup de mafle; comme ce coin fend quelquefois la piéce, on a trouvé plus à propos de le former en pas de vis; mais il eft mieux d'employer un crochet qui entre dans un trou fait à la piéce; pour peu que le crochet entre à force , il n'échappe point : on attele les chevaux fur J'anneau. DES DOuis. 291 On fait des trains ou radeaux plus ou moins grands, fuivant la force des rivieres, Ceux de bois quarré à l'ufage des charpentiers, fe font avec plus de facilité que les trains de bois à brüler; ce qui eft fort commode pour les tranfporter au loiu a peu de frais. Ils font ordinairement formés de quatre brelles ; ce qu'on appelle coupons dans les trains de bois à brüler. Chaque brelle à com- munément fept toifes & demie de longueur, fur une largeur qui varie fuivant le befoin : on tient ces trains étroits quand ils doivent defcendre des rivieres qui ont peu de largeur & beaucoup de finuofités, ou quand ils doivent pañfer par des éclu- fes. Néanmoins, fuivant l’ufage le plus ordinaire, fur les grandes rivieres, la largeur des brelles va- rie depuis quatorze jufqu’à dix-huit ou vingt pieds; on en fait quelquefois fur les petites rivieres qui n'ont que fix ou huit pieds de largeur; mais à l’en- trée des grandes rivieres, on en réunit plufeurs à côté les unes des autres, pour en former une feule de la largeur fufdite. 11 n’en coûte pas plus aux marchands de faire conduire un grand train qu'un petit, ainfi il eft de leur intérêt de les faire auf grands gai eft polfible. On forme plus ou moins de brelles , fuivant que les bois font plus ou moins longs. Mais com- me toutes les brelles d’un même train ne font pas de la même longueur, on aflortit, le mieux qu'il eft pollible, les piéces qui doivent former une brelle, & on a foin que les deux côtés foient for- més par deux fortes piéces qui aient toute la lon- gueur de la brelle: on choifit encore une affez belle piéce Aube Pace au milieu pour y mettre les mouf- fieres, qui font deux chevilles enfoncées à la tête de cette piéce, pour retenir les rames dont on fe fert pour conduire le train : ces mouflieres fe pla- cent l'une à la tête & l’autre à la queue du train, Z az 292 ER ADALE Toutes les piéces qui doivent former une brelle, doivent être placées à côté les unes des autres, & liées fur des traverfins nommés pouliers , qui font des perches de fix à fepr pouces de grofleur au milieu , & dont la longueur fait la largeur des brelles. On place cinq pouliers fur chaque brelle, deux près l’un de l’autre à chaque extrémité, & un dans le milieu. On perce avec une tariere un trou oblique qui commence à la face fupérieure d'une piéce, & qui aboutit à une face verticale ; on met dans ce trou une rouette qui embrafe les pouliers ; on fait un nœud ou maillon qui ferre fortement le poulier contre la piéce ; on fait la même chofe à l’autre extrémités de la piéce ; & les cinq pouliers ainfi liés très-fermement fur tou- ces les piéces de bois quarré qui forment une brelle, elle fe trouve achevée. On remarquera qu'on ajufte à terre, à côté les unes des autres , toutes les piéces qui doivent former une brelle ; on pofe deflus une régle, qui repréfente les pouliers, pour marquer ou doi- vent fe faire les trous ; on fépare les piéces & l'on fair les trous. 11 n’y a fouvent dans une brelle que trois piéces qui aient toute fa longueur , les deux gardes des bords, & la piéce du milieu, où l'on place les mouflieres. Les autres piéces qu'on nomme de rempliffage , fe trouvant de différentes longueurs, font ajuftées de façon que plufieurs puiflent faire la longueur de la brelle ; on les lie les unes aux pouliers de l'avant, les autres aux pouliers de l'arriere & a celui du milieu, finon on erce des trous au bout des piéces qui fe touchent, pour les lier les unes aux autres avec des rouettes. Pour qu'un train puifle bien fe gouverner à l'eau, il faut qu'il foit plus large par le bout de der- riere que par celui de devant ; ce que l'on peut faire aifément en difpofant les piéces de façon que mes Ho 1:s. 293 : Leur bout le plus menu foit placé à l'avant de la breile, & le gros bout vers l'arriere. Lorfque les bois font lourds, & qu'on les juge pouvoir devenir canards en peu de tems, on mé- nage entre les piéces de rempliflage, fur-tout vers l'avant & vers l'arriere, des places vuides, dans lefquelles on place des futailles que l'on aflujettit fermement avec de fortes harts. On fait plus ou moins de coupons ou brelles , fuivant que les piéces de bois font plus ou moins longues. Le coupon de devant fe nomme coupon ou brelle de tête , & celui de derriere brelle de queue. Le deflus des brelles doit toujours être de niveau; le deffous ne peut pas toujours l'être, parce que les piéces font d'épaiffeur inégale. Toutes les piéces qui doivent former une brelle ayant été ajuftées fe le rivage & percées de leurs trous aux endroits marqués avec la régle, on les jette à l’eau pour lier à flot les pouliers fur les piéces avec des rouet- tes. Les deux brelles étant faites, on les lie l’une à l’autre, de façon qu'il y ait du jeu entr’elles fuf- fifamment pour pouvoir leur faire prendre la cour- bure des finuofités d’une riviere. Ces trains ainfi dreflés , on les conduit de la même maniere que ceux de bois à brüler; on les gouverne avec des perches ou avec deux rames, qu’on place entre les mouflicres de l’avant & celles de derriere. BOIS DE SCIAGE. Les trains de bois de fciage fe dreffent comme ceux de bois à brüler ; c’eft-à-dire, qu'on met les planches, les membrures, &c. entravers. Comme ces piices ont ordinairement douze ou dix-huie pieds de long, elles font la largeur totale d’un cou- pon, qu'on nomme éclufée ; au lieu qu'il faut trois ou quatre branches pour faire un coupon de bois T 3 294 TRAITÉ à brûler, qui eft communément de quatorze pieds de largeur. On arrange à terre fur un plan incli- né ou fur une couloire, & fur crois ou quatre chantiers pofés deffous, & qui ont fouvent douze ou quatorze toifes de longueur, un lit de gran- des planches ou membrures de la longueur & lar- geur qu'on veut donner à l’éclufée : en fuppofant dix-huit pieds, on arrange fur les chantiers de deflous un lit de planches de dix-huit pieds; s'il y a des planches de fix pieds, on en met trois en- tre d'autres de dix-huit; fi elles ont neuf pieds, on en met deux bout à bout pour faire une lon- gueur de dix-huit pieds , ou une de neuf & une de fix, & il refte un vuide de trois pieds ; on for- me ainfi, lit par lit, l'épaiffeur de l’éclufée : ainf, un train qui eft compofé de deux éclufées, fe trouve avoir vingt-quatre à vingt-huit toifes de longueur. Pour l’épaiffeur ordinaire de ces trains, on met communément trois {olives l’une fur l’autre, ou trois poteaux , ou cinq membrures, ou quatre che- vrons, ou quinze planches d’un pouce d’épaifleur, ou dix planches d’un pouce & demi, ou huit de deux pouces ; de forte que l’épaiffeur des éclufées fe trouve être de quinze à feize pouces, & que le train entier contient a-peu-près trois cens piéces de bois. On finit toujours les éclufées comme on les a commencé, par des piéces qui aient en longueur route Ja largeur de l'éclufée ; on pofe par-deflus les chantiers de deffus, qu’on lie à ceux de deflous avec des rouertes, de la même façon qu'on lie les coupons de bois 2 brüler, & on les poufle de mé- me à l’eau : on y ajoute encore quelques traver- fins pour attacher les harts ; l’on attache enfem- ble les deux éclufées, comme les brelles de bois quarré ; & ces trains fe conduifent aufli avec des rames ou des perches. D:Es Bo1Is. 295 QUESTIONS. Eft:il plus avantageux de laifler quelque tems les bois dans les ventes , après qu'ils ont été équar- ris ou débités , ou de les en tirer fur le champ, & de les voiturer au lieu où l’on doit en faire l'emploi ? Lequel eft le plus convenable de voiturer Îes bois , foit par charrois, foit dans des bateaux, à fec ou à fort, comme en trains ou en radeaux, & quel eft le dégré d’altération que le flotrage occa- fionne aux bois. Sur la premiere : il eft certain que l’on ne peut pas tirer trop promptement les bois des forêts , aufli-tôt qu'ils ont été équarris, ou refendus à Ja {cie de long , fuivant leurs différentes deftinations; car çn féjournant dans les forêts, la face qui porte contre terre fe pourrit, celle de deflus fe fend parle hâle, & l’eau qui entre enfuite dans les fen- tes y occafianne la pourriture. D'ailleurs , dans les années chaudes & humides, les bois font percés par différentes efpeces de vers à fcarabées. Ainfi toujours bien plus en état de conferver les bois on eft dans les chantiers que dans les-forêts. Cependant comme il faut quelquefois attendre des crues d'eau pour voiturer les bois par des rivieres , ou un tems fec quand le tranfport doit fe faire par terre, ou qu'enfin il y a telle faifon ou les travaux de la terre font manquer de voitures, il faut dans ce cas, faire enfoite de raffembler les piéces de bois fur un terrein élevé & fec, les empiler fur des chantiers aflez élevés au-deffus du terrein , & de façon que l'air puifle les traverfer de toutes parts, & couvrir exactement ces tas de piéces avec des croûtes ou dofles qu’on a levés fur les bois de fciage, ou avec de GIOS COPCAUX ; ras le mieux 4 296 JR ABMT'É eft toujours de rendre les bois à leur deftination le plus promptement qu’il eft poflible. Sur la feconde. Il feroit avantageux pour les bois de charpente, qu’ils puffent être voirurés aux lieux où ils doivent être employés, fans avoir été mis dans l'eau; & quand, à raifon de l'éloigne- ment des forêts, on eft obligé de les conduire à flot, il eft à propos de faire enforte qu'ils n’y é- journent que le moins qu’il eft pofhble, & fur- tout évirer de les remettre dans l’eau à plufñeurs reprifes. Lorfqu’on détruit Îles trains pour en char- ger les bois fur des vaiffeaux, il faut avoir foin de les laiffer fe deffécher avant de les enfermer dass la cale, parce qu'immanquablement ils s'y échauf- feroient plus ou moins, fuivant la longueur du tems de la navigation. Comme cette queition eft intéreffante , & qu’elle peut fouffrir des exceptions, on y reviendra. CONS ER VAT AI OM Les bois tirés des forêts & rendus dans les ma- gañins, chantiers ou autres lieux de leur deftina- tion , on doit chercher les moyens de les conferver, ce qui préfente plufieurs queftions, fur les effets de la féve, le tems de mettre les bois en œuvre, & la difpofition qu’il faut leur donner dans les chantiers. | PULL TS DE LASÉ FE Les plus habiles ouvriers , dans les différens métiers qui emploient les bois à différentes efpe- ces d'ouvrages, font prefque toujours les moins inftruits des effets de la féve; chaque pays, cha- que attelier a fes principes particuliers ; chacun cite des expériences qui fe contredifenc & ne peu- DES BoO1s. 297 vent fe concilier; & tous s’habituent à parler de la féve, comme de beaucoup d’autres chofes, fans les entendre. Les uns prétendent que la féve eft la caufe de la pourriture des bois, les autres pen- fent qu’elle contribue à leur confervation ; ceux- ci veulent qu'on la laifle fubfifter en partie; ceux- la l’excluent abfolument; les uns difent qu’il faut la délayer avec de l’eau douce ; d’autres, au con- traire, qu’il faut préférer l’eau falée à l'eau douce; d’autres, qu’il eft mieux de deflécher les bois à l'air, parce que la féve s'échappe naturellement, &c. Mais aucun n’eft fondé fur des raifonnemens folides, ni fur des expériences exactes & fuivies, qui puitflent tendre à éclaircir de quelle nature eft la féve, en quoi elle confifte, & pourquoi on lui actribue tel ou tel effet. On peur regariler la féve comme une fubftance compofée de parties réfineufes, muqueufes , mu- cilagineufes ou gommeufes, étendues dans beau- coup de phlegme. Si ce phlegme eft abondant, la fêve tend à la fermentation & enfuite à la putré- faétion ; mais fi l'humidité a été en grande partie difipée , les fubftances moins volatiles s’épaiflif- fent & deviennent un baume confervateur, qui em- pêche les fibres ligneufes de fe corrompre, ou une efpece de colle qui les forrifie & les unit les unes aux autres, Il a été ci-devant afflez parlé de la féve, fans s'étendre ici fur fes parties intégrantes, ni s'arrêter à fixer exactement jufqu'a quel point ciles peuvent influer fur la durée ou la deftruction du bois. On obfervera feulement qu’en parlant ici des propriétés de la féve, on fuppofe qu'elle eft bien conditionnée; parce que certainement il y en a telle qui a bien plus de difpofition à fe corrom- pre que d’autres ; pendant que certaines féves font fi remplies de phlegme, qu'elles fe diflipent pref- qu'entiérement , & qu'il ne refte enfuice dans le 258 TR YAYICT XÉ bois, que des fibres arides & très - fragiles. Mais doit-on employer les bois lorfqu'ils font encore remplis de féve, ou pénétrés de l'eau dans laquelle on les aura flottés ; ou eft-il plus avan- tageux de ne les employer que quand ils font fecs ? Puifque les bois fe tourmentent & fe fendent en fe defléchant, on peut conclure que pour les ouvrages qui demandent de la précifion, il faut que les bois foient très-fecs avant de les mettre en œuvre; car fans cette précaution, les aflembla- ges de menuiferie fe rtourmenteroient & fe déjet- teroient ; & comme ils fe retirent beaucoup , les joints ne manqueroient pas de s'ouvrir : ainfi tout louvrage feroit bientôt en défordre. Ces accidens ne font pas tant à craindre pour les gros ouvra- ges de charpenterie ou l’on emploie de groffes pié- ces de bois : ils ne courent pas autant de rifque de fe déjetter, ou s'ils fe déjettent , l'effet en eft communément moins dangereux ; mais il en ré- fuite d’autres inconvéniens, lorfque ces bois font renfermés dans du plâtre, ou même qu'ils font revêtus de menuiferie. À l'égard des membres des vaifleaux & des galeres, comme ils font renfer- més entre les bordages & les vaigres, l'humidité de ces bois, lorfqu’ils font verds, ne peut fe dif- fiper ; cette humidité fe rencontre entre les diffé- rentes piéces de bois ; elle s'y corrompt & les fait pourrir. | À quel point de defléchement convient-1il d’em- ployer les bois, & y auroit de l'inconvénient à em- ployer des bois trop defléchés ? Les bois pourroient parvenir à un tel dégré de deflication , qu’ils feroient altérés autant qu'ils peuvent l'être par un furcroît d'humidité ; car on voit que tous les corps folides perdent cette pro- priété quand ils font privés de toute humidité 3 DÆs Ko rs. 299 donc les bois trop fecs ne peuvent être d’un bon fervice. Il eft vrai qu’on a peu à craindre que les bois de bonne qualité foient trop fecs; car il faut bien des années pour qu’ils le deviennent affez. Mais il ne paroît pas poffible de fixer au jufte le tems où les bois font dévenus affez fecs pour pou- voir être employés utilement à de gros ouvrages; non-feulement parce que les bois fe de‘échent plus promptement dans les Provinces ou le foleil a beau- coup d’aétion , que dans celles qui font plus froi- des ; & parce que le defféchement des bois de mé- me qualité, dépofés dans un même lieu, fe fait en raifon de leur fuperficie; mais encore, parce que certains bois fe defléchent bien plus promp- tement que d’autres : car il faut beaucoup moins de tems pour deflécher les bois gras qui viennent des vieux arbres en retour, que les bois forts qui viennent d'arbres qui étoient encore dans l'age de profiter. Cependant on peut dire, que pour les charpentes , il faut éviter d'employer les bois avant qu'ils aient efluyé deux Printems depuis leur ab- batage. A l'égard de ceux qu'on deftine à faire de belles menuiferies, ce tems n’eft pas à beaucoup près [uffilant : ces bois ne peuvent jamais être de trop ancienne coupe. Les beloins preflant empêchent fouvent qu'on ne mette entre l'abbatage & l'emploi des bois, un tems fufifant pour qu'ils foient devenus affez fecs pour être employés : on cft fouvent obligé d’ab- batre une grande partie des bois dont on a be- foin, parce qu'on n'en trouve pas toujours aflez d'anciennement abbatus qu'on ait confervés en chantiers; par ces raifons on a cherché les moyens de précipiter le defféchement des bois. On verra ci-après ce qu'on peut efpérer de ces différentes mé- thodes,. Elt-il avantageux d'empêcher l'humidité de s'é- » 300 TR ASPMME vaporer, en induifant le bois de peinture à l'huilie, ou de goudron, ou de bray, ou autre fubftance im- pénétrable à l’eau. Les =nduits peuvent produire deux effets très- différens : empêcher que les bois ne foient pénétrés par la pluie, ou que l'humidité qui eft dedans ne s'en échappe. Le fuperficie des bois qui font expofés à la pluie, en cft pénétrée : cette humidité altére peu-à-peu les bois, qu’on voit tomber en pourriture plutôt ou plus tard, fuivant leur bonne ou mauvaife qua- lité. On parvient à parer en partie cet inconvé- nient, en couvrant la fuperficie des bois avec des enduits impénétrables à l’eau. On les couvre dans l'Inde , avec une efpece de peinture faite de chaux & d'huille qu'on rend plus ficcative , en la faifant bouillir avec'de la litharge : cer enduit eft cres-bon même en Europe. On a cou- tume de peindre à l’huille les bois qui font expofés aux injures de l'air; quelquefois avec de l’ochre rouge ; d'autrefois avec de l'ochre jaune, ou avec du blanc de cérufe, ou avec d’autres fubftances. On rend ces enduits de plus longue durée quand, après deux couches de peinture, & avant que la feconde foit féche , on faupoudre deflus quelque fable fin, ou du machefer, ou de la limaille de fer ; & qu'ayant fecoué tout ce qui ne s’eft pas at- taché 2 la peinture, on donne une troifiéme & der- niere couche. Dans les ports on couvre les bois avec du gou- dron, avec du bray, ou avec de la réfine fondue dans de l’huille, ou avec un mélange de fouffre, d'huille, ou de graiffe & de goudron; ce qui eft excelient pour empêcher que les bois ne foient pé- nétrés par la pluie, & endommagés par les inju- res de J’air. Mais on a voulu étendre l’ufage dé ces enduits, tant aux bois fervans à la conftruc- ME S Pronr-:s. 301 tion des galeres, qu’autres ; & cette précaution qui pouvoir prévenir qu'ils ne fe fendiflent, ne rem- plifloit pas l'intention principale, qui étoit d'em- pêcher que l'humidité d’une piéce ne fe portät fur une autre; cet enduit au contraire accéléroit fou- vent la pourriture de chacune des piéces qui en étoit couverte, fur-tout de celles qui n’étoient pas d’un bois bien fec, le bray fe trouvant être un obf- tacle à la diffipation de l'humidité contenue dans le bois. De-la il fuit que les endroits qui font très- propres à préferver les bois fecs des injures de l'air, peuvent précipiter l’altération de ceux qui font chargés d'humidité. PLO:T D S. Par les expériences faites pour connoître le poids du bois de chêne de différentes qualités, & de plufieurs autres efpeces de bois , les uns nouvelle. ment abbattus, & les autres d’ancienne coupe, il a été reconnu que: Certains bois de chêne, lorfqu'’ils font verds, du genre defquels font beaucoup de chênes de Pro- vence , tombent au fond de l’eau de la mer : un pied cube d'eau de mer, pefant un peu plus de foixante-douze livres, il s'enfuit que le poids d’un pied cube de ces bois excéde cette fomme. Le bois qu’on prend dans le pied d’un arbre eft plus pefant que celui de ia cime. Le bois de Provence, verd & nouvellement ab- batu , fe trouve éuducfois du poids de quatre- vingt-dix livres, & le fec de foixante livres. Ce- pendant on voit d’excellent bois de Provence, qui étant fec, pefent plus de quatre-vingt livres. Les bois de l'intérieur du Royaume, de la Bour- gogne, par exemple, pefent, étant encore verds, aux environs de foixante-dix livres, & lorfqu'ils 302 LT ''REAMONT É font très-fecs, 2-peu-près cinquante-trois à cinquan- te-cinq livres. Les bois de Saintonge verds, pefent foixante- dix-fepc livres, quelquefois quatre-vingt livres, demi-fecs, foixante-dix livres, & parfaitement fecs, foixante-deux à foixante-trois livres. Ceux d'Efpagne, verds, quatre-vingt-cinq livres. Ceux de Bayonne , affez fecs pour être employés aux conftruétions, foixante-quatorze à quatre-vingt- deux livres, fuivant leur dégré de fécherefle. Les bois de Canada , tout nouvellement abbatus , fe font trouvé pefer quatre-vingt-deux livres, & fecs, environ cinquante-fix livres. D'autres épreuves ont encore fait connoître que, Le pied cube, Le plus rempli de féve, qui pefoit quatre-vingt-fept livres dix onces, un an aprés {a coupe, & en état d'être employé aux conftruc- tions , ne pefoit plus que foixante-feize livres huit onces. L'orme de Provence, verd, foixante-quatre Îi- vres; au bout d'un an d’abbatage, cinquante-trois livres. Le peuplier de Provence, verd, cinquante-cinq livres dix onces ; un an après, trente quatre li- vres fix onces. Le noyer de Provence, verd, foixante-une li- vres ; un an aprés 49 livres 6 onces. Le tilleul de Provence, verd $o liv. 10 onces; un an aprés 31 liv. $ onces. Le pin blanc de Provence @werd , 60 liv. 3 onces; un an « près 49 liv. 4 onces. | * Le pin pignier du même endroit verd, 71 liv. un an après 60 liv. 4 onces. Le chêne de Bourgogne, verd, 63 liv. 6 onces; un an après $2 liv. 12 onces. L’orme, verd, 66 livres, un an après $6 liv. 4 onces. DVE S B'o7rs. 303 Le noyer, verd, 57 livres; un an après 48 Liv. 4 onces. Le hêtre, verd, 63 livres; un an après 48 liv, 7 Onces. Le pin du Nord, fec, 41 liv. 3 onces. Le fapin de Dauphiné, fec, 33 Liv. Le chêne de Bayonne, fec, 74 à 80 liv. L'orme fec, $2 liv. Le pin des Pyrenées, fec, 42 à 43 liv. Et le fapin des mêmes montagnes, fec, 37 liv. 9 onces. Le pied cube d'érable, nouvellement abbatu, péle à-peu-près de foixante à foixante-quatre livres, & quand il eft fec, 46 à 48 livres. Un pied cube, encore verd, qui pefoit 87 Liv. fut dépofé dans un magalin fec, ou il éroit frappé de tous les côtés par l'air : au bout d’un aniïlne peloit plus que 66 livres, & avoit perdu plus d'un quart de fon poids, quoiqu'il ne fut pas encore parfaitement fec. Un autre pied cube, pris dans une piéce qui n'avoit été abbatue que depuis quelques mois, pe- foit 86 livres ; après avoir été confervé pendant un an dans une chambre où l’on faifoit du feu, il ne fe trouva plus pefer que 68 livres. DEP E: Les différentes expériences faites fur différentes fortes de bois pour acquérir des connoiffances fur l'évaporation de la féve , ont fait connoître qu'un folide de cinq cens douze pouces cubes, a tou- jours diminué de poids pendant l’efpace de trois ans, au bout defquels le poids commença de va- rier felon l'état de l'air, ce qui en faifoit une ef- péce d'hygrométre. La plus forte diminution de bois eft arrivée dans 304 T R HA ŒITLÉ le courant de la premiere année , pendant faquelle la perte a monté à plus d’un tiers du poids primi- tif. Pendant les deux dernieres années, le poids n'a diminué que d’un dix-feptiéme. D'où l’on peut conclure que le chêne debonne qualité , débité dans Ja dimention de ce cube , & tenu dans un lieu fec, parvient à un dégré de fécherefle propre à être ems ploié dans l’efpace d’un peu plus d’une année, & qu’il acquiert une fécherefle entiere dans l’efpace d'environ vingt-deux mois , puifqu'alors il aug- mente ou diminue de poids, fuivant que l'air eft fec ou humide. Il n’en eft pas de même des gros de charpente & de conftruétion, qui ne peuvent acquérir le même dégré de fécherefle dans un pareil as de tems ; car il eft certain que l'humidité ne s'échappe pas auffi promprement d’une grofle piécede bois, qu’elle peut le faire d’un petit cube. Mais on peut conclure, que le rapport du bois verd au même bois fec, efl comme 3 eft à 2; & qu'ainfi le bois verd diminue d’un tiers de fa pe- fanteur totale pour être réputé fec au point de pou- voir produire le même effet qu'un hygromérre : que la proportion de la féve dans un morceau de bois verd, relativement à la partie vraiment li- gneufe, varie certainement fuivant la qualité du bois , felon fon âge, le cerrein où il a crû, &c. ; cependant on peut dire, en général, que les bois verds perdent, en fe defféchant, entre le tiers & les deux cinquièmes de leur poids. La température de l’air fec ou humide , chaud ou froid, influe beaucoup fur l’évaporation de la féve, cela eff certain : il eft probable aufli qu’un morceau de bois d’un tiflu lâche, & qui contient beaucoup d'humidité , doit en perdre plus dans un tems don- né, qu'un autre dont le tiflu eft ferré, & qui, par conféquent, doit contenir moins de féve; la fin , DE S Ho 15. 305 fin , on peut dire qu’il y a des caprices infinis dans le defféchement des bois. En effet , les expériences ont démontré qu’une piece de bois, encore char- gée de féve , eft plufeurs jours fans prefque dimi- nuer de poids, ou même fans en perdre 3 & tout d'un coup , fans qu'on puiffe en attribuerla caufe, ni au poids de l’atmofphere marqué par les baro- métres, ni au dégré de chaleur qu'indique le ther- mométre, ni à la fécherefle ni à l'humidité de l'air , cette piéce de bois perd confidérablement de fon poids. Malgré toutes ces variétés, il eft plus probable que s’il étoit poflible d'avoir une parité exacte à tous égards, le defféchement des bois fe fait en raifon des furfaces , comme on s’en eft con- vaincu par les expériences réitérées fur cet objet, l'évaporation s'étant trouvée plus grande dans les morceaux qui avoient plus de furfaces. La féve ne s'écoule point , elle s'échappe ; mais quand on tient les piéces de bois dans une pofñtion verticale , elle a plus de difpofition à s'échapper que quand on les tient dans l’horifontale; & elle fe diflipe mieux dans les arbres qu’on tient verticale- ment dans la même fituation qu'ils avoient fur leur fouche , que quand on les met dans une fitua- tion contraire. Si ces conféquences ne font pas abfolu- ment vraies, elles ont du moins pour elles la vraï- femblance : les expériences ayant juftifié que la féve fe diffipe par le bout qui eft en haut, foic que ce bout foit celui qui répondoit aux racines, ou celui qui répondoit aux branches. DESSÉCHEMENT NATUREL. Comme on 2 attribué à la féve le prompt dépé- riflement des bois , on en a conclu qu’on ne pou- voit rien faire de plus favorable à leur conferva- tion , & de plus propre à prolonger leur durée, Tome II, du i LA 306 TRAITÉ que de précipiter leur deffléchement : pour cela , les uns, dans la vue de délayer une féve tenace, qu'ils regardoient comme pernicieufe , ont voulu qu’on les flottât , ou dans l’eau douce , ou dans l’eau fa- lée : d’autres ont foutenu qu’il feroit mieux de les expofer à la grande ardeur du foleil, & aux vents häleux : d’autres, pour prévenir les fentes , ont voulu qu’on les dépofat fous des hangars ; enfin, quelques-uns out prétendu qu’il falloir les deflécher artificiellement dans des étuves” Suivant la différence que l’on met dans les chan- tiers & fur les poris à Paris, entre le bois neuf, le bois de gravier, & le bois véritablement florré, on peut diftinguer les différentes qualités des bois a brüler. \ Le premier eft celui qui n’a été voituré, ni en trains , ni à flot. Le fecond eft celui qui , difpofé en trains aux ports des grandes rivieres navigables, n'en a été tiré que pour être mis dans les chantiers. Le troifiéme eft celui, qui a été jerté à bois perdu dans les petites rivieres , & qui ayant été tiré de l’eau à l'embouchure de celles-ci dans les gran- des rivieres , ont été mis en trains après avoir été defféchés. Tous ces bois étoient originairement de même qualité ; & fi leur prix eft différent à Pa- ris , c'eft que celui de la derniere efpece a été plus ou moins endommagé par le flortage. Les bois neufs font, fans contredit , les meil- Isurs de tous ; les bois de gravier qui confervent leur écorce, en différent peu ; & entre les bois flottés il y en a qui font bien plus altérés les uns que les autres. Ceux qu'on a été obligé de tirer plufeurs fois de l’eau pour es laiffer fe deffécher avant de les mettre en trains, & ceux qui ont ef- fuyé un long flottage, fonc bien plus mauvais que ceux qu'on n'a tiré de l'eau qu'une feule fois pour les mettre en trains. Ils ont perdu route leur écor- DE TR Dr)s. 307 ce ; ils font extrêmement légers quand ils font fecs3 ils font une grande flamme en brûlant, & fe con- fument très-vîte , fans former de braife : il refte très-peu de fels dans leurs cendres ; ils font à plu- fieurs égards , femblablables aux bois ufés & en partie pourris , excepté qu'il font une grande flam- me & un feu ardent, au lieu que les bois ufés fe confument comme de l’amadou, fans faire ni flams me ni braife. Il eft donc certain que l’eau alrère beaucoup la qualité du bois , & qu’elle en extrait toute la féve, non-feulement la partie flegmatique, mais encore la partie muqueufe ; ce qui fait qu'il ne refte dans ces boïs flottés qu’une fibre ligneufe , féche & ari- de comme de la paille. Sur quoi il eft bon de remarquer, que les bois s’alterent d'autant plus qu'ils font plus jeunes : que le ortage endommage beaucoup plus les bois blancs que les bois durs ; le bouleau , le peuplier & le til Icul , perdent prefque toute leur fubftance, & de- viennent légers comme du liége : que les bois ufés font beaucoup plus endommagés par le fottage que les bons bois vifs ; malheureufement la plupart des groffes piéces de bois font ufées dans le cœur : que l'effet du flottage fe manifefte plus fur les bois à brüler que fur ceux de fciage & de charpente, parce que communément les bois à brûler font jeu- nes & trés-chargés d'aubier. Or quand on met le bois fous l’eau , ce fluide fe mêle avec la féve, & il remplit tous les efpaces qui, dans l’ordre naturel , étoient remplis d'air. Les fibres tendues par la féve & le Auide étranger, reftene dans cet état fans s’altérer ; ce qui fair que les bois reftent des fiécles fous l’eau fans diminution de qua. lité ; après étre refté trente ans & plus fous Feaw la piéce paroît être au même état où elle étoit quand on l'a fubmergée, Mais qu'arrive-t- ik lotfqu'elle | 2 308 TRAITÉ en a été retirée ? L'eau étrangere qui a délayé Îa fubftance gélatineufe de la ve, ayant emporté avec elle une partie de cette fubftance , les bois fe fendent un peu moins, ils fe tourmentent peu ; mais ils ont un défavantage confidérable fur ceux qui auroient été defléchés & confervés fous des hangars ; parce que l’eau étrangere à emporté une partie de la fubftance gélatineufe qui contribuoit a la fermeté du bois. Si les bois flottés fe fendent & fe tourmentent moins que les autres, c'eft par la même raifon qui fait que les bois rendres & de mauvaife qualité font moins fujets à fe fendre & a fe tourmenter que les bois forts. Il n’en eft pas de même des bois qu'on laiffe fe deffécher doucement fous des hangars ; la partie flegmatique de la féve fe diffipe dans l'air; la por- tion gélatineufe qui eft plus fixe demeure dans les pores , & entretient la liaifon des fibres ligneufes s & quand au bout d'une couple d'années le flegme de la féve s’eft en partie évaporé , la fubftance li- gneufe a confervé toute la bonne qualité qu’elle peut avoir. Il eft vrai que quoique les bois tenus fous les hangars s'éclattent moins que ceux qu'on laifle au grand air, néanmoins quand ils font de très-bonne qualité, ils fe fendent plus que ceux qu'on a tenus quelque tems dans l’eau ; mais ceux- ci {bois très-forts ) fe fendent encore quand , après les avoir tirés de l’eau , on les expofe au grand hâle pour les fécher promptement; & pour qu'ils ne fe fendiflent pas , 11 faudroit qu'ils euflent fouf- fert une grande altération. Les bois tendres qui fe fendent peu quand on les tient fous des hangars , ne fe fendent prefque point quand on les a tenus un tems affez confidé- rable dans l’eau ; mais c’eft toujours aux dépens de leur qualité, parce qu’on les approche de l’état des bois ufés ; & comme ces bois font foibles , & de D'ESs BO7Is. 309 nature à pourrir aifément, il eftdangereux de Îes altérer par un long flotrage. Que l'on traite comme on voudra le bon chêne blanc de Provence , il du- rera ; mais il n’en eft pas de même des bois tendres de la Lorraine , de la Bourgogne, &c. ; quelque attention qu'on y apporte , ils feront de peu de du- rée; aplus forte raifon fe pourriront-ils gncore plutôt, fi on les affoiblit par un flottage long-rems con- tinué. Les uns condamnent l'eau , les autres s'en dé- clarent partifans ; chacun juge fuivant la façon de penfer dont ileft affecté ; celui-ci prétend que tous les défordres qu’on apperçoit dans une piéce u’on tire de l'eau, doivent être attribués aux ef- Le de ce fluide; celui-là, au contraire , attribue à l’eau tout ce qui s’apperçoit d'avantageux. L'eau, fuivant les uns , occafionne tout le mal ; fuivant les autres , elle a produit tout ce qui eft bien. Tout le monde à vü des bois d'excellente qualité , qui ont été de longue durée , quoiqu'ils euflént été Jong-tems expofés aux injures de l'air. On a vu des bois d'excellente qualité qui n’avotent jamais été flottés. Ces obfervations mettent ceux qui font oppofés au flottage , en état de foutenir que la féve n’eft point une liqueur corrofive , toujours prète à fermenter & à fe corrompre , qu’elle eft une ‘ liqueur balfamique , qui, quand elle a perdu une partie de fon humidité , peut s’oppofer à la pourir- ture des fibres ligneufes , & en même-tems faire l’ef- fer d'une colle-forte qui contribueà la duretédu bois, Mais d’un autre côté , on a vü des bois de Lor- rainc extrémement gras pourrir dans les chan- tiers. On a prétendu les conferver en les renfer- mant fous des hangars : ils y ont fubfifté plus-long- rems ; mais enfin , ils s’y font pourris. C’eft alors qu'on à attribué tout le défordre à la féve ; toujours V 3 310 TR AIT.É prête à fermenter, à fecorrompre& à faire tomber en pourriture les fibres ligneules; & comme on remar- quoit que la pourriture commençoit toujours par le cenere des piéces , au lieu de reconnoître quele mal venoit de ce qu'il y avoit un principe de corruption dans le cœur de ces arbres, on s’eft perfuadé que l'intérieur des piéces ne pourrifloit que parce quela féve avoit plus de peine à s’en échapper que de la fuperficie. D’après cette idée on a imaginé qu'il falloir délayer cette féve corrofve , certe liqueur fermentative , en mettant les bois dans l’eau : on les a donc fubmergé dans l’eau pure, ou enfouis dans une vafe très - chargée d'eau; effe&ivement ces bois ne fe font point pourris, tant qu'ils ont été dans l’eau, & l’on a crü avoir une preuve déci- five de la. jureffe de tous les raifonnemens faits fur la féve. Mais quand on a eu retiré tous ces bois de l'eau pour les employer, les défauts de ces bois, fi fains en apparence , fe font manifeftés ; ils fe font pourris même fi promptement , qu’il a fallu changer des piéces qui tomboient en pourriture avant que l'ouvrage fut fini. L'effai fait enfuite de les conferver en chantier pour ne les employer que quand ils feroient bien fecs, n’a pas mieux réuff ; iis fe font pourris comme fi on ne les avoit jamais mis dans l'eau. Il paroït que le tempérament des arbres eft ce qui décide mieux de leur, durée ; & fi cette difé- rence fe remarque fur de jeunes arbres, combien à plus forte raifon influera-t-elle fur de gros ar- bres , qui font prefque toujours en retour , & af- fetés. d'un germe de pourriture dans le cœur. Dans les plus anciens édifices ou trouve des charpentes & des poutres qui , étant à cou- vert des injures de l'air, fe font confervées des. fiécles parfaitement faines, fans qu'on voie dans ME: Das. 31 aucun des ouvrages d'architeéture faits dans ces tems reculés , qu’on prit aucune précaution parti- culiere pour les rendre de longue durée. Ainf à moins que d'être bien certzin qu'on peut aïder la nature , par tel ou tel moyen, ce qui ne peut fe fçavoir que par une longue étude fondée fur plu- fieurs expériences , on courroit rifque de tout gà- ter , en voulant , d’après de fimples conjeétures ; améliorer les bois. En certaines circonftances , on voit que la féve fermente , qu’elle fe corrompt; dans d’autres, on apperçoit qu’elle contribue à la confervation des bois & à leur force. Si pour certains ouvrages de précifion ; il eft avantageux d’extraire la féve, comme on le voit faire aux menuifiers & aux ton- nelliers, qui, quand ils font preflés, mettent leurs bois tremper dans l’eau , pour réduire le bois fort à l’état de bois gras ; dans d’autres, il eft peut- étre plus avantageux de laïfler la féve s'échapper doucement , afin que la partie flegmatique fe dif- fipe fans détruire les parties fubftantieufes, qui contribuent à la bonté du bois ; car il y a beaucoup de gros ouvrages où l’on n’a point à craindre que Je bois fe tourmente. | Voilà beaucoup d'incertitudes, & quantité de queftions qui ont donné lieu à un grand nombre d'expériences , pour râcher de les éclaircir. Il n'efti pas certain , quoiqu'on le pénfe affez communément , que les bois qui ont refté dans l'eau fe defléchent beaucoup plus promprement que ceux qui n'y ont jamais été. La fubftance ligneufe, de quelque efpece que foient les bois , eft plus péfante que l'eau; & ellé iroit conftament au fond , s’il n'y avoit pas des pores remplis d’air qui la font fotter. De-là fuit que le poids des bois qui trempent dans l’eau, doit augmenter à mefure que l'eau s’infinue dans V4 312 T'R.AdWTTÉ leur intérieur, & qu’elle prend la place de l'air qui remplifloir les pores & qui les faifoit furnager. Il faut un tems confidérable pour que les bois foient en quelque façon raffafés d’eau , ou qu'ils foient pénétrés de ce fluide autant qu'ils peuvent l'étre ; car de petits parallépipédes de deux pouces de hauteur fur un pouce d'équarrifage , ont tou- jours augmenté de poids, pendant fix mois. On peut juger de-là combien il faut plus de tems pour qu'une grofle poutre foit pareillement pénétrée du fluide dans lequel on la plonge. Lorfque les bois plongés dans un fluide en font entierement pénétrés, ils éprouvent dans leur pe- fanteur des variations fuivant les différentes tem- pérarures de l'air , ou ils font l'hygrométre : cette augmentation ou diminution de poids , vientprin- cipalement de ce que le fluide contenu dans les pores du bois , fe dilate quand la pefanteur de l'air diminue , & fe condenfe quand le poids de l'at- mofphère augmente, 0 F9 mic Les bois le plus anciennement abattus & les plus fecs, perdent de leurs poids quand on lestient quel. que tems dans une étuve échauffée feulement à trente degrés du thermonétre de M. de Réaumur ; mais alors ils font très-avides de l'humidité de l'air, & ils s’en chargent quelquefois affez pour repren- dre leur premier poids : ils fe chargent de beau- coup d’eau quand on les met rremper quelque tems dans l'eau bouillante : Quand enfuite on les remet à l'étuve , non-feulement ils perdent certe eau qui Teur étoir étrangere , mais encore une partie, plus ou moins grande de leur propre fubftance : en les remettant une feconde fois dans l’eau bouillante, ils s'en chargent plus que la premiere fois: & fi DE Ss B-0r's. 313 on les remer à l'étuve , ils perdent non-feulement l'eau dont ils s'étoient chargés, mais encore une plus grande quantité de leur fubftance qu'ils n’a- voient fait la premiere fois. Der S: MER D: L'étuve échauffée à trente degrés du thermomé- tre fait perdre peu de féve au bois verd: l'eau bouillante pénérre en grande abondance & affez promptement ces bois : cette humidité étrangere fe difipe plus promprement que la féve : elle em- porte avec elle une portion de la fubftance du bois: quand après avoir defléché ces bois , on les remet dans l’eau bouillante , ils en prennent ordinaire- ment une plus grande quantité que la premiere fois : cette eau fe diflipe aflez promprement , & emporte avec elle de la fubftance du bois : les bois de médiocre qualité & les bois tendres font plus altérés par ces opérations , que les bois durs & de bonne qualité. EAU::-D-O U CE. Les bois qu'on met pafler quelque tems dans l’eau douce , foit fec ou verd , en chevrons, madriers, planches ou membrures , perdent communément plus de leur poids en fe féchant , que ceux qu’on fait fécher à couvert. Il n’en eft pas tout-a-fait de même des croûtes: celles qui contiennent beaucoup d’aubier perdent moins de leur poids, parce que les vers qui en- dommagent l’aubier , n’attaquent pas ceux qui ont été flottés. Les bois fecs fe chargent de beaucoup plus d’eau que les bois verds ; & cela eft naturel , puifqu'ils ont perdu une grande partie de leur féve. Les bois 314 TR MAT É verds perdent , en fe féchant, beaucoup plus de leur premier poids que les bois fecs ; ce qui eftenr. core naturel, puifqu’ils-doivent fe décharger non- feulement de l'eau qu'ils avoient imbibées , mais encore d'une partie de leur féve. Les bois fecs qui ont étté flottés, perdent plus de leur poids que ceux qui n'ont pas été mis dans l’eau , on peut en conclure qu’une portion de leur fubftance, ayant été diffoute par l’eau s’eft difipée avec elle : auffi tous les bois qu'on met tremper dans l’eau font-ils, au bou: de quelque tems, couverts d'une fubftance gé- latineufe. Quoique les bois flottés fe fendent ordi nairement moins que ceux qui n’ont point été mis dans l’eau ; cependant quelques piéces de boïs fecs qui avoient éic flottées, fe font trouvées affez confi- dérablement fendues quand elles ont éré bien féches. I! y a de l'avantage à ne pas laiffer les bois long- tems dans leur écorce : fouvent aux bois durs de bonne qualité , l’écorce eft vermoulue, & les vers ne peuvent pénétrer dans l’intérieur du bois ; mais aux bois tendres, les infectes pénétrent dans la fubftance ligneufe. Il vaut mieux tenir les bois fous des hangars, qu’expofés aux injures de l’air : il n’eft point avan- tageux de les tenir dans un lieu humide. I! eñt à propos de mettre les bois qui font fujets a être piqués des vers, pafler quelque téms dans Feau aufli-côt qu'ils font abbatus , préférant de per- dre un peu de la force de ces bois dans la vue de les préferver des vers. Ce qui convient non-feule- ment aux bois tendres ; mais encore à ceux de ché- ne, d'orme, de noyer, qui fouvent deviennent la pâture des infectes , Loxfqu'ils font de médiocre qualité. ) EMUV DE LA MER. . Plufeurs ont crû que le fel de cette eau pouvois DE S . 8 0, 1.<. 315 contribuer à la confervation des bois. On fçait que l'eau de la mer fe corrompt au moins aufhi promp- tement que l’eau douce; mais il pourroit arriver que l'eau s'évaporant, le fel refteroir dans le bois, & contribueroit effectivement à fa confervation. Les bois fe déchargent en deux mois & demi au plus de toute l’eau qu'ils peuvent prendre dans la mer pendant un féiour de près d’une année. Mais le bois de chêne de Provence qui a féjourné feule- ment pendant un an dans l’eau, perd confidérable- ment de fa force & de fa bonne qualité : ce bois parvient dans l’efpace de cinq années , étant con- fervé fous un hangar , à un degré de fécherefle fufifant pour être emploié à toutes fortes d'ouvra- ges , excepté à la menuiferie. Le bois qu’on tient dans l’eau pendant dix à dou- ze mois, {e charge d’une quantité d’eau égale à un quart de fon poids : il perd une grande partie de cette cau , lorfqu'on le tient fous un hangar fec , pendant deux ou trois mois : & le bois qu'on tire de l’eau fe fend prefque autant en fe féchant que celui qui n’y a pas été. DAS ILITAT Des expériences faites fur ce qui vient d’être die du deféchement des bois & de leur confervation , on peut tirer les principales conféquences qui fui- vent, Pl LE, Les bois qu'on tient à l'air, étant expofés au vent & au foleil , £e defféchent promptement. Auf ces bois fe gercent , fe fendent , s'éclatent & fe tour- mentent fi prodigieufement quand ils font de la meilleure qualité ; qu'ils deviennent quelquefois hors de fervice, 316 TR AA 'E Lorfqu'ils font en partie defléchés, ils font mouil- lés par la pluie qui iles pénétre : ils afpirent très- puiflamment l'humidité de l'air , & celle des brouil- lards , des rolées, & des exhalaifons qui s’élevent de la terre : cette humidité eft, à la vérité, très- promptement emportée par le vent & le foleil ; mais il réfulte de ces alternatives de féchereffe & d’humi- dité, un jeu continuel dans les fibres ligneufes, qzi font gonflées par l'humidité, & qui fe refler- rent par la fécherefle. Ce jeu doit aflurément fa- tiouer les fibres, ufer le bois ; & la tenfion des fibres augmente beaucoup, lorfque, ces bois étant pénécrés d’eau, il furvient une ae gelée. L'eau étrangere diflout & emporte avec elle une portion de la fubftance ligneufe , ce qui réduit les bois à un état d’aridité qui leur eft préjudi- ciable. L'eau des pluies entrant dans les fentes qui fe font ouvertes, y féjourne, s’imbibe dans le bois, & y porte la corruption. Tous ces accidens font beaucoup plus à crain- dre pour certains bois que pour d’autres. Une goute d'eau qui rombe fur du bois gras, poreux, fpon- gieux, & dépourvu de fubitance célatineufe, s'é- tend & s’imbibe dans Le bois comme elle feroit fur du papier brouillard ; mais fi une pareille goute d’eau tombe fur un bois dur, fort ferré, & rem- pli de fubftance muqueufe , elle refte rafflemblée en goute , & fouvent ou elle s'écoule , ou elle fe def- féche fans pénétrer dans le bois. Ce que l’on peut remarquer fur les panneaux de menuiferie, quand l'Hiver dans de grandes humidités , on voit des planches qui font comme fi on les avoit mis rrem« per dans l'eau, tandis que d’autres font en appa- rence aflez féches. D'ou l'on peut conclure, que l'humidité qui en- tre dans les fentes, endommage beaucoup plus les DE 5 . Bis. 317 bois gras que les bois forts, fur-tout les bois qui ont des veines blanches ou roufles , & ceux qui étant én retour ont le bois du cœur altéré , ainf que ceux qui ont des nœuds pourris. Pour remédier à ces inconvéniens, on a pro- pofé de mettre les piéces de bout au lieu de les empiler à plat comme on le fait ordinairement, prétendant que les bois dans cette poftion fe dé- chargeoient d'une féve roufle qui fuintoit par le bas des piéces ; quoique cette féve foit une pure idée, parce que fi l'on a vu fuinter quelques piéces po- fées de cette maniere, c'étoir de l’eau amaffée dans quelque nœud pourri ou.dans des fentes; cepen- dant cette fituation paroît avantageufe à quelques égards ; mais on ne peut en faire ufage pour de groffes piéces, fur-tout quand on en a un certain nombre. Il eft cependant vrai qu’on eft très-fréquemment dans la néceflité ablolue de tenir les bois à l'air: dans ce cas voici les précautions qu'on peut pren- dre pour qu'ils foient le moins expofés qu’il eft poflible aux caufes deftructives dont il vient d’être parlé. 11 faut paver à chaux & à ciment l'endroit où l’on doit former les piles, & lui donner con- fidérablement de pente, pour que l’eau n’y f£jour- ne pas : mettre furle pavé des chantiers fort éle- vés, afin que les bois foient defféchés par l'air qui paflera librement par-deffous : faire enforte qu'il y ait du jour entre toutes les piéces, & qu’elles ne fe touchent point dans le fens vertical. Le pre- mier lit étant fait, on mettra deflus des calles de bois de quatre à cinq pouces d'épaifleur, fur lef- quelles on formera un fecond lit ; ce que l’on con- tinuera toujours de même jufqu'’a une certaine hau- teur ; & pour empêcher que les bois ne foient en- dommagés par le grand häâle & les pluies, on fera enforte qu'un des côtés foic plus élevé que l’au- 318 T'RAMPE É tre pour former deffus un toit avec de mauvaifes planches. Mais quelqu’attention qu’on apporte à l'arran- gement des bois dans les chantiers , ils ne font pas entiérement à couvert des injures de l'air. Le petit toit qu'on établit fur les piles, érant fait fort à la légere, l’eau pañle par plufieurs endroits, & tombefur les bois. Les bords des piles ne peuvent être à couvert de l’eau que le vent y porte, non plus que de l’ardeur du oleil : c'eft pourquoi on a préferé de les mettre fous des hangars. HANGARS. Les bois font beaucoup plus fürement à couvert des injures de l'air, fous des hangars, que fous les appentis dont on vient de parler. Cependant on a vu les bois fe pourrir fous des hangars d’ane énorme grandeur qu’on avoit fait conftruire dans les ports de mer; ou dans d’autre cas, fe fendre fi prodigieufement, que plufieurs ne pouvoient pas fervir à leur deftination. En Provence , où la plüpart des bois font de très-bonne qualité, & ou l'air eft rrès-fec, ils fe fendent fous des hangars fort aérés, tandis que dans des Provinces plus feptentrionales, où l'air plus humide ne précipite pas autant leur defléche- ment, on ne courre aucun rifque de leur donner beaucoup d’air, fans quoi ils s’échaufferoient & fe pourriroient. H faut en général éviter de tenir les bois, fur- tout ceux qui ont encore leur féve, dans un lieu trop renfermé ; & il ne faut pas les entafler immé- didtement les uns fur les autres. Il faut au con- traire ménager affez d’efpace entre les piéces, pour que l'humidité qui s'échappe ne fe porte pas l'une fur l’autre, & ne s’amafle pas entr'élles. DREïS, BOIS. 319 Quand on fait des hangars pour y conferver les bois, il faut donc éviter, fur-tout dans les pays chauds, de les faire trop ouverts de tous les c6- tés, & en même tems donner uneiflueaux vapeurs humides. Pour intercepter, autant qu’il fera pof- fible , les exhalaifons qui s'élevent du terrein, il faudra faire dans route l'étendue du hangar une aire de glaife bien battue, & affeoir deffus un bon avé à chaux & à ciment : former enfuite une gran- de halle, dont la charpente foit foutenue par des arcades de pierre de taille, ou des poteaux de peu d’élévation : terminer cette halle aux deux bouts par deux grands pignons , qui auront chacun deux grandes portes, & au-deflous une grande fenêtre: faire un plancher à jour à la hauteur de moitié du rez de-chauflée ou faîte, & jetter fur cette halle un grand toît élevé, & qui s'érendra jufqu’à qua- tre ou cinq pieds au-deflus du terrein pour mettre les bois entiérement à l'abri du foleil & du vent; & aux baies des portes & fenêtres du pignon, mer- tre des venteaux & contrevens qu’on fermera lorf- que les circonftances l'exigeront. Pour donner iflue aux vapeurs, non-feulement il faut que le plancher foit à jour, mais on fera encore au haut du toit des lucarnes , ou encore mieux des efpeces de tuyaux de cheminées, qu'on tiendra fort larges pour former des ventoufes. MODS L'E 4 V. On a vu des bois pourrir fous des hangars ; & fans faire attention que ces bois en retour avoient des vices confidérables dans le cœur , fans exa- miner fi les hangars étoient trop humides , fans confidérer qu'il tranfpiroir de leur fol une quan- tité d'exhalaifons , fans penfer que ces bois entaf- fés les uns [ur les autres rerenoient une humidité 320 | T RATÉ pourriffante , on s’eft preffé de condamner [es khan- gars comme Ja véritable caufe de tous les défor- dres qui arrivoient à ces bois. Voyant d’ailleurs que dans les Provinces méridiona!es, des bois dé- pofés dans des endroits à couvert, mais expofés au foleil & aux vents brûjans de ces Provinces , fe fendoient beaucoup, au lieu d'en conclure qu’il falloit les tenir dans des bâtimens mieux fermés, on s'eft preflé de décider qu'ils étoient très - mal fous les hangars, & on a pris le parti de les mer- tre dans l’eau. Les fentimens fe font trouvés alors trés-partagés : les uns afluroient que les bois s’al- téroient beaucoup dans l’eau ; d’autres penfoient qu'il étoit avantageux de les y laiffer quelques mois avant de kes empiler, ou à l'air, ou fous des hangars ; d’autres prérendoient que le mieux étoit de les laiffer toujours dans l’eau. Mais cette diverfité de fentimens a donné lieu à un grand nombre d'expériences qui ont fait voir : Qu'il faut beaucoup de tems pour que les bois foient raflafiés d’eau, Que l'eau douce s’infinue plus promptement dans Jes bois que l'eau de mer. Qu'un morceau de bois railafié d’eau de mer fe charge encore d’eau douce, quand on le plonge dans ce fluide. Que ces eaux étrangéres fe diffipent aflez promp- tement, quand on a expofe aw hâle le bois qui en eft pénétré. uc l’eau diffout les parties les plus diffolubles de la féve, & qu'elle en emporte une partie lor{- qu’elle fe difiipe. Que les bois pénétrés d’eau de mer ne fe deffé- chent point promprement, & qu'ils fe chargent - beaucoup de l'humidité de l'air. Que les bois parfaitement fecs font l'hygrométre, augmentant Dés . Bis. 321 augmentant ou diminuant de poids, fuivant que l'air eft fec ou humide. Que les bois raflafiés d’eau font aufh l’hysro- métre, fuivant l’état de l'armofphère , lors même qu'on les tient fous l’eau, Que les bois qui ont été flottés, perdent plus de leurs poids en fe defléchant, que ceux qui ne l'ont pointété; & qu’ils en perdent plus quand ils ont été plongés dans une eau courante, que lorf- qu'ils ont été mis dans une eau dormante |, & quand ils ont été tantot dans l’eau & tantôt au fec. Que les bois tendres & de médiocre qualité, ont beaucoup plus altérés par l’eau , que les bois d'une excellente qualité ; & que les bois blancs font de même plus altérés par l’eau, que les bois durs, comme le chéne, &c. Que les bois de chêne de médiocre qualité font beaucoup moins fujets à fe fendre en féchant, quand ils ont été longtems flottés, que quand ils n'ont point été dans l’eau ; ce qui vient de l’alté- ration qu’ils ont foufferte : car les bois fe fendene d'autant moins qu’ils font plus tendres ; & le bois pourri ne fe fend point. Que les bois d'excellente qualité fe fendent en féchant, quoiqu’ils aient refté longtems dans l’eau, Que les bois, même les bois blancs, ne s’alté. rent point tant qu'ils reftent dans l’eau ou dans la terre humide, pourvu qu'ils ne foient point ex- pofés au frotement de l’eau, qui les ufe peu-à-peu comme feroit un corps dur. Que l'introduétion de l’eau dans le bois fait re- fermer les fentes ; mais que la folution de conti- nuité fubfifte , enforte que les fentes, les roulu res, les cadranures, les gélivutes reparoiflent quand le bois eft defféché. Que l'eau empêche le progrès de la carie, & préferve de pourriture le bois du cœur qui eft Tome II. X 322 TRAITÉ en retour ; mais qu’elle ne remédie pas au mal qui fe manifefte, quand les bois tirés de l’eau font defléchés. ue les bois qui ont paflé quelque tems dans l’eau , font beaucoup moins fujets à étre piqués de vers, que ceux qu'on a toujours confervés à l'air. Si l’on objeéte les vers aquatiques qui dé- truifent les digues de Hollande; la réponfe eft, premiérement , que ces vers redoutables n’exiftenc point dans l’eau douce ; & , fecondement, que ces vers n’attaquent les bois que dans les mois de Juin, Juillet & Août, jufqu’a ce que les fraïcheurs de Septembre fe faflent fentir. Ainfi on a près de neuf mois à les laifler dans l’eau falée fans rien crain- dre de ces vers. On peut donc flotter ces bois nouvellement ab- batus, uniquement pour empêcher qu'ils ne foient piqués de vers ; & comme trois OU quatre mois fufifent pour cela, leur qualité n’en fera point diminuée, fur - tout fi on les met dans une eau dormante, & fi l'on fait enforte qu'ils ne flottent oint à la furface de l’eau : fi même on fe pro- pofoit d'employer ces bois refendus en planches, ou en membrures pour la menuiferie, dans l’in- térieur des batimens, on feroit bien de les mettre dans une eau courante, même au faut d’un moulin ; parce que dans cette occafion il ne s’agit pas de ménager la force des bois, mais feulement de les empêcher de fe fendre & de fe tourmenter : ainf il fauc en quelque forte les ufer, & réduire les bois forts à l’état des bois tendres ; mais il n'en eft pas de même des bois de charpente , auxquels il faut ménager toute leur force. DESSÉCHEMENT ARTIFICIEL. - Après avoir rapporté les moyens qu'on peut em DES Bo1S%. 3213 ployer pour prévenir, ou au moins diminuer beau coup le dommage & les accidens qu'un trop prompt defléchement peut caufer aux bois; l'avantage qu'on peut attendre du flortage des bois, & le préjudice que cette opération peut leur caufer : il eft bon de voir ce que l’on peut efpérer de lation du feu, dont on s’eft propofé de fe fervir, pour deffécher les bois encore plus qu'ils ne peuvent l'être natu- rellement , dans la perfuafon où l’on étoit que la féve étoit la feule caufe de la pourriture ; préten- dant trouver dans-cet expédient : non - feulement l'avantage de fe débarrafler d’une jiqueur qu’on regardoit comme corruptible, & la fource de l’al- tération des parties folides ; mais encore le moyen. propre à endurcir le bois, & a le rendre capable d'une plus grande réfiftance. À Saint Etienne en Fgez, on eft dans l’ufage de rendre ainf.les manches de couteaux très-durs & très- folides, par l'opération qu’on leur fait éprouver, qui change tellement Fofganifation du bois, qu’on eft quelquefois embarraflé de recon- noître de quels bois ils font. Prefque tous ces manches font de hêtre, & ce qui augmente leur dureté vient de ce qu’on les moule entre deux pla- ques d'acier qu’on fair chauffer , & qu'on place dans une forte prefle: la chaleur des plaques fond, ou au moins attendrit beaucoup les fibres ligneu- fes ; la preflion les rapproche les unes des autres, elles s'uniffent & fe foudent en quelque façon; par- là leur denfité & leur dureté eft beaucoup augmen- tée. Il eft certain que cette opération doit rendre le bois bien meilleur; mais elle n’eft pratiquabie que pour de très-petits ouvrages. A l'exemple des Sauvages quine connoiflant point les métaux, ont des fléches de bois qu'ils font chauffer jufqu’à en griller le bout pour les endur cir , on a pris la coutume de brüler le bout des # 324 TRAITÉ pieux à fa partie qui doit entrer en terre, pouf empêcher qu'ils ne pourriflent trop promptement. Comme on ignore de quel bois les Sauvages font leurs fléches , & quel dégré de dureté elles acquie- rent par ce moyen, on ne peütrien dire fur celas. mais les pieux dont on a’chauffé & même orillé le bout avant de les mettre en terre, ont duré feu- lement un peu plus longrems que s'ils ne l'avoient pas été : & quand on y appercevroit une différence plus marquée, feroit-il poflible de faire ufage de ce moyen pour de gros bois? en brülant l’extré- mité d’un pieu, la chaleur peut pénétrer jufqu’au centre ; mais äl n’en fera pas de même lorfqu'on: expofera au feu une grofle piéce. La fabftancé charbonneufe qui couvre le bois, n'empêche point que l'humädité ne pénétre dans: la; piéce, :& que laubier nefourrifle, parce que l'in- térieur d'une grofle piéce ne peut pas étre deflé-: ché par l’aétion du feu, comme dans un rondin. Pour parvenir à ee defléchement de l’intérieur, on a examiné ce qui arriveroit aux bois qu'on n'expo- feroit pas à une chaleur vive capable de les brüler; mais qu’on tiendroit longtems expofés 2 une cha- ur plus moderée, qui les pénétreroit intimement® & l'on s'eft propofé en méme tems deux objets ; l'un , de fçavoir s’il feroit poflible par ce moyen de prolonger la durée des bois ; l'autre, de les at- tendrir par la chaleur pour pouvoir les ployer & les contraindre à prendre la courbure néceffaire pour s’ajufter aux contours qu’on auroit à leur faire prendre. Bien des circonftances font que Les bois perdent plus ou moins de leur volume en fe defléchant : leur qualité différente , le fens dans lequel ils ont été refendus ou parallelement aux couches an- nuelles, ou perpendiculairement à ces couches. Il paroît que l'extraction de la féve ne doit point leur DES Br Os. 325 Faire perdre de leur force. Cependant tout érant égal d’ailleurs, un morceau de bois d'un plus gros volume doit être plus fort qu'un autre d'un moin- dre volume, par la même raifon qu'une piéce mé- plate eft plus forte quand on la, charge fur fon coté large , que quand on la charge fur le côté mince. Les fendeurs de cerches les expofent au feu pour les attendrir , & par ce moyen elles deviennent aflez flexibles pour être roulées & mis en bottes fans fe rompre. Les tonneliers préviennent la rupture des douves de leurs furailles, quand ils les font avec du bois fec & un peu gras, en faifant dedans un feu de copeaux qui les attendrit, & les rend plus fouples & plus faciles à fe prêter à la courbure qu'exige le bouge. Les menuifers, les tourneurs en bois tendres , les boiflelliers & autres, fçavent auf avec le fecours du feu, redreffer les bois cour- bes, ou courber ceux qui font droits. La conitruétion des vaiffeaux exigeant beaucoup de piéces courbes, & la recherche qu’on faifoit dans les forêts des arbres qui enflent naturellement cette courbure, y caufent une déprédarion confi- dérable ; d’ailleurs la main-d'œuvre occafionnant une dépenfe énorme, fans avoir la certitude de réuflir; on a employé les mêmes moyens pour at- tendrir les bois de conftruction, & leur faire pren- dre ainfi la forme qu'ils doivent avoir. Les uns ont fait chauffer les bordages fur une barre de fer qu’on fautenoit à une certaine hau- teur par des chenets, & qu'on chauffoit deflous avec un feu de copeaux, pendant qu'on les hu- mectoit par-deffus avec de l’eau. D'autres les plon- geoient dans l'eau de mer qu'on faifoit chauffer au moyen de fourneaux qu'on établifloit fous un long coffre de cuivre; ou bien on les expofoir à la vapeur de l’eau bouillante. Enfin on les a en À 3 326 TRAITÉ fouis dans du fable chaud qu’on arrofoit avec de l'eau de mer bouillante. La chztur & l'humidité font en effet les feuls moyens qu’on ait employés jufqu’ici, »our don- ner aux bois la foupleffe dont il a beloin : c'eft la feule méthode qui ait été en ufage dans tous les ports de France, Anglererre & Hollande, pour tendre les bordages des vaiffleaux fufceptibles d'é- tre courbés ; toute la différence confifte dans les moyens dont on s’eft fervi pour chauffer les borda- ges & les pénétrer d'eau. La méthode qui a été la premiere en ufage, confiftoit à pofer les bordages qu’on vouloit cour- ber, fur un barreau de fer, foutenu 2 différentes hauteurs par de gros chenêts : on plaçoit la partie ou devoit être la courbure fur le barreau de fer ; on chargeoit un bout par des poids , qu’on rendoit plus ou moins pefants, fuivant l’épaiileur du bor- dage & l'amplitude de Ia courbure qu’il devoit prendre : on allumoit deflous du feu ; & afin qu'il ne brülät pas les bordages, on avoit foin AE ne fit pas trop de flamme : on arrofoit le deflus avec de l’eau. Par cette pratique, qui eft fort fimple, on attendrifloit le bois, on le difpofoit à fe cour- ber fans fe rompre, & on commencoit à lui faire prendre, par le poids dont on le chargeoïit, la cour- bure qu’il devoit avoir ; le refte mg en l'at- tachant fur les membres. La feconde méthode étoit l’ufage de l’eau bouil- Jante. On faïfoir un grand coffre de cuivre de dix- huit à vingt pieds de longueur , de trois & demi de largeur fur pareille hauteur : ce coffre monté fur un fourneau de maçonnerie, on l’emplifloit d’eau de la mer, dans laquelle on mettoit les bor- dages : on recouvroit le coffre avec un couvercle à haféer de trois à quatre piéces, & on allumoit deffous deux ou quatre feux jufqu’a faire bouiilix DES Bors. 327 cette eau. Rien affurément n’étoit plus propre à at- tendrir les bois ; mais cette méthode paroït défec- tueufe , & ne peut être employée que pour des ou- vrages de peu de conféquence & qui doivent être confervés à l'abri des injures de l'air. La troifiéme eft par la vapeur de l’eau bouil- lante. En l’employant les bordages ne reçoivent aucune impreflion immédiate du feu ni de l'eau; & ne courent point rifque d’être pénétrés ni brü- lés de l’eau bouillante, qui diffout la fubftance gé- latineufe , & altere La qualité des bois. On prend une grande chaudiere qui contient en- viron trois pieds cubes d’eau : on la monte fur un fourneau de maçonnerie dans lequel on fait du feu : l'ouverture de cette chaudiere eft réduite à quinze ou dix-huit pouces de diamétre , & eft fermée bien exactement par un convercle, à côté duquel cft un tuyau de cuivre, qui communique dans un grand coffre de bois d'environ trois pieds & demi en quarré, fur feize à dix- huit pouces de lon- gueur ; l'extrémité de ce coffre, qui eft du côté de la chaudiere, eft exaétement fermée, & reçoit feulement le tuyau qui vient de la chaudiere; à l’autre bout eft une porte à coulifle, qu’on peut élever pour ouvrir la caifle, & qu’on abaïfle pour la fermer. Cette caifle, faite de planches de chêne de trois pouces d’épaiffeur , eft reliée de fix cercles de fer, ou les planches bien jointes, font liées par des moifes ou chevrons de quatre à cinq pou- ces quarrés. Dans ce coffre, à un tiers de fa lon- gueur, il y a plufeurs petites barres de fer pofées verticalement fur une même ligne, a deux pouces les unes des autres : entre ces barres , on met fur le can, les bordages qu'on veut échauffer; & le coffre eft elevé fur des chevalers qui ont environ cinq pieds & demi de hauteur Ii efl évident que quand on fait bouillir l'eau de la chaudiere , la À 4 318 TRAITÉ fumée ou vapeur de l’eau pale de la chaudiere dans cette caifle qui en eft biehtôt pleine. On ouvre le couvercle de la chaudiere , on [a remplit d’ean jufqu'à un pied ou dix-huit pouces au-deflous de l’endroit ou eft foudé le tuyau, & on la ferme de fon couvercle : on ouvre la cou- life, & on introduit fur le can les bordages dans la caïffe; on ferme la porte à couliffe ; on allu- me le feu dans le fourneau fous la chaudiere. Les vapeurs humides fe communiquent par le tuyau dans l’intérieur de la caifle ; & ayant laifé les bor- dages dans cette étuve., autant d'heures qu’ils ont de pouces d'épaifleur , ils s’'attendriffent affez pour fe prêter aux contours qu’on veut leur faire prendre. Cette méthod confomme peu de bois, & dès que les bordages font introduits dans la caifle, un feul journalier fufit pour entretenir le feu fous la chaudiere. Il fort de l’étuve une odeur très-forte & défa- réable ; ce qui annonce qu il fe fair une évapo- ration de la fubftance du bois, dans l’étuve même, quoiqu'il y augmente de poids par la vapeur fans doute de l’eau, qui prend la place de la féve dans les pores du bois. Mais ces étuves font bonnes pour attendrir les bordages qui n’ont pas beaucoup d'épaifleur, & ne fufñifent pas pour les bordages & les précintes des gros vaifleaux. Elles ont d’ail- leurs plufeurs défauts, dont un des principaux eft, qu'il eft impoflible d'empêcher que les bois qui for- ment la caifle ne fe tourmentent & ne fe déjoi- gnent; & quand la vapeur de l’eau fe diflipe par ces ouvertures, l'aétion des vapeurs eft confidéra- blement diminuée, _ La quatriéme méthode eft d'enfouir les bois dans du fable qu'on échauffe par des fourneaux, & qu’on arrofe d'eau bouillante. Ces étuves au fable font, en général, formées DE S Bouts. 329 par deux ou trois fourneaux , dans lefquels on fait du feu : la flamme, la fumée & l'air chaud qui fortenc de ces fourneaux, pañlent entre des plaques de fer fondu, & un mafñlif de maçonnerie, qui repréfentent des tuyaux de cheminée rampans & horifontaux , n’y ayant entre le maflif & les plaques que quatre à cinq pouces d’efpace. Chacun de ces tuyaux rampans eft rerminé par un tuyau de cheminée vertical, qui eft aflez élevé, & qui détermine l'air chaud , la fumée & la flamme, à parcourir le tuyau rampant. Deux feux établis au milieu d'une pareille étuve, en chauffent toute la longueur , & communiquent une grande chaleur à une couche de fable de fept à huit pouces d'é- paifleur, qui eft fur les plaques; dans lequel fa- ble font enfouis les bordages qu'on veut attendrir. Ce procédé ne fuffifanc pas, il faut encore hu- mecter ces bordages avec de l'eau bouillante dont on arrofe le fable : un petit fourneau établi au milieu de l'étuve, fur lequel eft monté une grande chaudiere femblable à celle des teinturiers, & qui eft chauffée par un feu particulier ; fuffit pour cette humectation , & vaut beaucoup mieux que les deux chaudieres que l’on plaçoit aux deux bouts de l'é- tuve, dont l'eau qui les remplifloit ne chauffoit pas aflez , ne prenant de la chaleur que des four- neaux qu’ils pafloient avant d'entrer dansles tuyaux verticaux des cheminées. Il ne faut pas regarder le chauffage de l’étuve comme difpendieux, car il ne coute prefque rien. Comme il ne s'agit pas de chauffer vivement les bois pour les attendrir convenablement, il ne faut employer qu'une chaleur modérée, & la continuer Jlongtems pur qu'elle pénétre jufqu'au centre de la piéce , (ans en brüler la fuperficie; & l’on n'em- ploie point pour cela de bois de chauffage ni mé- me de gros copeaux. On ramalle & on conferve à 330 TR ANSE couvert les vieilles éroupes que les calfats tirent des vaiffeaux que l’on carene, ou de ceux qu'on ra- doube & qu’on démolit ; rous les bouts de corda- ge qu'on ne peut écharpir, pour en faire de l’étou- pe pour les calfats , les balayures de l’attelier où Jon écharpit les vieux cordages : on mêle avec cela de menus copeaux, méme de la fciure de bois. On conferve le tout fous un appentis auprès de l’éru- ve : ces ordures, qui refteroient inutiles, fufi- fent prefque pour échauffer entiérement l'étuve : feulement quand on eft preflé, & qu'on n’a pas le loïfir de Jaiffer longtems le bois dans le fable chaud , on met quelques fagots de gros copeaux. Afluré- ment la valeur de ces matieres ne peut jamais mon- ter fort haut, Il n’eft pas befoin non plus de paffer la nuit dans l’Arfenal, il faut peu de monde pour chauf- fer l’étuve. On allume le matin, dans les four- neaux de l’étuve & dans celui de la chaudiere, un feu modéré, qu’on entretient ainfi pendant toute Ja journée , pour bien échauffer le fable, qu'on remue de tems en tems, & qu’on arrofe aufli de tems en tems avec de l’eau bouillante : deux hom- mes fufñfent pour ce travail. Le foir , quand le fable eft bien échauffé, on en ôte une partie de deflus les plaques, où l'on n’en laifle que quatre à cinq pouces fous les bordages qu’on y arrange les uns à côté des autres ; on les arrofe de quel- ques féaux d’ean bouillante, & on les recouvre de fable à l’épaiffeur de quatorze à quinze pouces, qu'on arrofe encore avec de l’eau bouillante. Ce travail doit être exécuté avec diligence, & du mon- de à proportion du nombre & de la groffeur des piéces qu'on veut mettre à l’étuve ; après quoi on remplit les fourneaux avec les ordures dont on vient de parler, qui ont l'avantage de fe confu- mer lentement, & de conferver longtems le feu, D'æe 5 : BONr'. 331 Le tems le plus convenable pour ce travail eft le foir, parce que pendant la nuit les bois fe péné- trent de la chaleur & de l'humidité que leur com- munique le fable. Le lendemain, quand les ou- vriers rentrent dans l’arfenal pour y reprendre leur travail, on rétablit le feu dans les fourneaux, on le rend plus ou moins atif fuivant le befoin : au lieu de poufliere, ce font quelques fagots de gros copeaux, & quelquefois, mais rarement, quelques büches de bois fendu. Avec les précautions convenables, on peut met- tre les bordages en place fans courir rifque de les rompre, C’eft, lorfqu’on juge les boisaflez attendris, de faire ôter du fable, & découvrir promprement le bordage qu'on veut mettre en place ; le faire porter au chantier de conftruction ; & l'ayant éle- vé à la place qu'il doit occuper, d'en arrêter un des bouts avec un taquet fur un des membres ; frapper un appareil à l’autre bout, faire hâler fur cet appareil jufqu'à ce que le bordage touche le membre fuivant, fur lequel il faut l'arrêter en- core avec un taquet; continuer de faire travailler fur l'appareil pour faire porter Le bordage fur le croifiéme membre; l'y arrêter encore avec un ta- quet; & continuer jufqu'a ce que le bordage ait pris la courbure des membres, & qu'il foit en pla- ce. Mais pour réuflir, il ne faut point fe prefler, il faut au contraire agir lentement, & , autant qu’on le peut, fans fecoufles ; l’effentiel eft de bien arré- ter les bordages fur les membres, où on les fait toucher en les ferrant fortement avec des bridolles & des coins, pour les empêcher de s'éclater : car une piéce de fix pouces d'épaiffeur conferve pen- dant une heure & demie, ou mème deux heures”, aflez de foupleffe pour fe prêter aux contours qu'on veut lui faire prendre. Il réfulte de l’ufage de l'étuve une grande éco- 332 T:Roa AIT É noinie fur les bois & fur la main-d'œuvre. La preu- ve de cela, c'eft que quand on manque d'étuve, on gabarie non-feulement les précintes, mais mé- me les bordages de l'avant & de l'arriere, ce qui fait perdre une énorme quantité de bois des plus rares par leur groffleur , leur figure & leur qualité. Ce travail exige une main-d'œuvre des plus con- fidérables, qui eft employée à faire des copeaux , & dont il réfulte un bordage tranché & de mau- vaife qualité. Comme il n’eft pas poflible de trou- ver des plancons qui aient naturellement la cour- bure qu’exige le contour des membres, on eft dans la néceflité indifvenfable de former ces bordages aux dépens de très-sroffes piéces, qu’on peut dire de mauvaife qualité, parce que les gros bois étant toujours altérés au cœur , les piéces qu’on tire de gros corps d'arbres font toujours de mauvaife qua- lité. Outre les avantages que l’on peut retirer de l’u- fage de l'étuve, on a la certitude que les borda- ges étuvés qu'on a mis en place avec force, ne tendent point à fe redreffer. Il eft prouvé que les fibres ligneufes des piéces que l’on a courbées, après les avoir attendries par le feu, affectent avffi puiflamment la nouvelle forme qu’elles ont prife que fi elle leur étoit naturelle. RAM:ES. Pour faire de bonnes rames, il faut des bois qui ne foient pas pefans, qui foient bien de fil, qui n'aient pas de nœuds confidérables, & qui foient plians & élaftiques. « Le bois de chêne, fur-tout quand il eft de bon- ne qualité, eft trop pefant pour les grandes rames. Celui de pin a l'avantage d'être léger & pliant, fur- out quand c'eft du pin du Nord forc réfi- D s : DLOhrS. 333 neux ; mais il devient caffant en fort peu de téms. Le frêne eft ferme & pliant, puifqu’on en fai des arcs; par cette raifon on en fait de bonnes rames pour les petits bâtimens ; mais il eft crop pefanc pour les grandes rames , relles que celles des galeres. Le hêtre eft ferme, pliant & élaftique , tant qu'il conferve un peu de fa féve; car quand ïl eft extrémement fec, il devient très-caflant. C’eft le feul bois qu'on emploie en France pour les ra- mes des galeres, & il eft de bon fervice; mais il faut le choïfir. Les hètres qui viennent dans des vallées humides, & dont le bois eft roux, per- dent en trés-peu de tems leur élafticité, & devien. nent fort caflans. Ceux qui ont crû dans des ter- reins maigres, pierreux & fecs, ont leur bois de bonne qualité, rhais peu propre pour être employé à faire des rames , parce qu'il eft rebours & crah- ché. On en peut dire autant des arbres ifolés qui ont été battus par les vents, & qui ont prefque toujours de gros nœuds. On doit encore rejetter les arbres qui ont le fil très-tors, & qui, pour cette raifon , font peu propres pour la fente. Les meilleurs hêtres pour les rames, font ceux qui fe trouvent dans un très-bon fol , plus fec qu'humide , & dont le bois eft blanchätre. On doit donner la préférence aux hêtres qui fe trouvent dans des maflifs, en bon fol, qui ont cru avec force, qui ont bien filé fans produire beaucoup de grofles branches, & qui n'ont pas été expofés a être farigués par les vents, Le bois des vieux hêtres n’eft pas aufli liant, que celui de ceux qui font plus jeunes ; & il faut évi- ter d'employer ceux qui font en retour, & dont la cime eft morte ou malade. On nomme eflelles ou atelles les bois refendus deftinés à faire des rames. Pour qu'un arbre foit propre à faire des rames, 334 Tiroir + il doit avoir quarante-fix à quarante-huit pieds de longueur ; s’il n’avoit au pied que deux pieds de diamétre, on n’en pourroit tirer que deux ef- telles ; mais s’il avoit deux pieds fept à huit pou- ces, on en tireroit trois ou quatre, pourvu qu'il eût un peu plus de deux pieds à fon petit bout. Quand l'arbre eft abbatu, on l'équarrit groflié- rement; puis on marque avec une ligne ou un cordeau, la route que doit fuivre la fente, & on fend l'arbre pour en tirer le nombre d’eftelles qu’il peut fournir : après que l'arbre a été fendu, on emporte le bois du cœur, qui, formant un trian- gle, ne pourroit fervir pour faire des rames. On appelle pale ou pelle d'une rame , la partie qui eft hors de la galere, & dont le bout applati s'élargit en forme de pelle pour trouver un point d'appui dans l’eau : cette pelle eft la partie com- prife depuis le bout de la rame, jufqu’à l'endroit qui repole fur le bord de la galere. On attache la rame 2 l'apoffis, qui eft la piéce de bois fur laquelle repofe la rame, au moyen d'un anneau de corde qu’on nomme l'effrope ; & par cette rai- fon la partie de la rame qui repofe fur l’apoftis fe nomme aufli l’effrope ; & comme cette partie eft expofée à de grands frottemens, on la garnit de deux jumelles de bois de chêne verd, qui ont cinq à fix pieds de longueur, qu’on nomme ga- lavernes ; la partie de la rame qui entre dans la galere, ou qui eft comprife depuis l’eftrope juf- qu'a fon extremité, fe nomme rallar : cependant on appelle encore genou de la rame, la partie du tallar qui répond aux genoux des forçats quand ils voguenr. C’eft-a cet endroit de la rame nom- mé le genou, qu’on enchaffe une piéce de bois de hêtre où il y a des ouvertures pour placer les mains des forçats, & qu’on nomme manuelle, parce que les rames font trop grofles pour pouvoir être empoignées. pes ; B @ 15. 335 Les rames des galeres extraordinaires, réales ou patrones, doivent avoir du bout de la pelle à l'ef- trope, trente-un pieds, le refte treize pieds cinq pouces, en tout quarante-quatre pieds cinq pou- ces; c'eft pourquoi on exige que les eftelles aient quarante - fepr picds de longueur : & comme la longueur des rames pour les galeres fenfiles eft de trente-huit pieds quatre pouces, on veut que les eftelles aient quarante -un pieds de lons gueur. La largeur de la pelle pour les galeres extraor- dinaires, eft de fept pouces quatre lignes, & fon épaifleur d'un pouce; ainfi les eftelles doivent avoir en cet endroit, neuf pouces de largeur, fur trois d'épaifleur. Les pelles pour Les galeres fen- files ont fepr pouces trois lignes de largeur, fur dix lignes d'épaifleur, & l’on veut que l’eftelle ait huit pouces de largeur , fur deux & demi d’é- paifleur. Le plat de la pelle érant excepté, on veut, pour les grandes galeres , réales & patrones, que les eftelles aient depuis cette pelle jufqu’au tiers de la longueur fix pouces fix lignes de diamétre, pour être réduits à quatre pouces; depuis le tiers ju{- qu'à l'eftrope, fepr pouces fix lignes, pour être réduits à fix pouces deux lignes; & depuis l’eftro- pe jufqu’au bout du genou, neuf pouces, pour être réduits à fept pouces trois lignes. A l'égard des galeres fenfiles, les eftelles doi- vent avoir depuis la pelle jufqu’au tiers, fix pou- ces de diamétre, pour être réduits à trois pouces huit lignes ; du tiers à l'eftrope , fept pouces fix lignes, pour être réduits à fix pouces ; & de l’ef- trope au bout du genou, huit pouces, pour être réduits à fix pouces & demi. Les avirons qu'on embarque fur les vaiffeaux . 336 l'OMS É ont à-peu-près trente pieds de longueur; ceux pouf les canots & chaloupes, quinze ou vingt pieds : l'ufage eft de divifer la longueur de la rame en quatre, de donner un quart à la pale, un quart au genou, & les deux quarts reftans pour l’entre- deux. Comme le hêtre eft fujet à être piqué des vers, & que les gerces font à craindre pour les rames, il faut fendre le bois en eftelles le plus promprement qu'il eft poible; ce qui empêche qu’il ne fe gerce; le retirer promptement des ventes, & le mettre dans l'eau, puifque c’eft le meilleur moyen d'empêcher qu'il ne foit attaqué par les vers qui le mouli- nent: ne le pas laifler trop longtems dans l’eau, parce qu'un bois longrems flotté devient cafflant, & que les rames doivent être pliantes & élafti- ues ;. mais au bout de quelques mois, retirer les cftelles de l'eau, & les dépofer fous un hangar, ayant foin de les caler à plufeurs endroits de leur longueur, pour qu’elles fe confervent bien droires, & fans fe pourir, comme il ne manque- roit pas d'arriver en peu de tems fi on les plaçoit dans un endroit humide, & que l'air ne put pas pañfer entre toutes les piéces. On doit aufli avoir grand foin que les eftelles ne s’échauffent dans les bâtimens de tranfport. Lorfque les rames font travaillées, on les ar- range bien de niveau, dans un lieu frais & fec, fur des chantiers qui les foutiennent en plu- fieurs endroits de leur longueur : on charge le pre- mier lit par un fecond qui croife le premier : &c l'on continue ainfi jufqu’a ce qu’on ait empilé tou- tes les rames qui appartiennent à une galere. Sou- vent pour ménager la place, on les arrange fui- vant leur longueur les unes fur les autres, en met- tant enwe deux de fortes cales, ou de menues piéces nes DBpzis. 337 iéces de bois , & ayant foin de les bécheveterer , c'eft-à-dire, de faite enfotte que le gros bout d’un tang réponde à la pellé de l’autre. M ATURES. On comptend fous la dénomination de bois de mâture, routes les piéces qui doivent fervir à faire des vergues ainfi que des maâts, les piéces de mâtu- te s'emploiant, fuivant leur groffeur ou leut lon gueur, à faire tantôt un mât, & tantôt uné ver- pue. On diftingue feulement dans les atcenaux les piéces de mâture en mérs, en matreaux, & en efparts doubles & fimples. Les piéces les plus grandes font rangées dans la premiere clafle, les auttes dans la feconde , & les plus petites dans 1a troifiéme. Les mâts ont depuis foixante jufqu’à quatre-vingc pieds de longueur, & depuis vingt- deux jufqu'à vingt-huit palmes de diamétre ; la palme à treize lignes. Les martreaux ont depuis qua- rante jufqu'à foixante-dix pieds de longueur, & feulement depuis quinze jufqu'à vingt-deux & vingt quatre pouces de diamétre. Toutes les autres piéces moins confidérables font des efparts. On peut faire des mâts & des vergues avec plu= fieurs éfpeces de bois. Cependant l’ufage conftant de la plüpart des Puiflances de l’Europe , eft de faire rous les mâts & les vergues avec des bois de pin & de fapin. Il y a des pins de beaucoup d’efpeces différen tes , & qui portent entr'elles des différences très- fenfibles dans la qualité de leur bois. On donne la préférence, pour les mâtures, à ceux qui font fort féfineux , & particuliérement à celui nommé pin d'EÉcoffe ou pin de Genêve, que toutes leg.Nac tions maritimes d'Europe tirent de Riga pour fairé la mâture de leurs plus gros vaifleaux, »p M | : océans 335 T'RAPHEÉ _Si l'efpece contribue beaucoup à la bonne ou à la mauvaife qualité des mâts ; l’âge des arbres, la qualité du terrein ou ils ont crû & le climat, fonc aufi des circonftances très-importantes. Les pins, de même que les autres genres d’ar- bres, ne parviennent que peu-a-peu à leur état de perfection : leur bois n'acquiert que par dégrés la dureté & la denfité dont il eft capable. Les jeunes pins n'ont pas leur bois aufli pénétré de réfine que ceux qui font plus âgés : ceux-ci, pour cette rai= fon, font moins fujets à être piqués par les vers: les pins trop vieux s’alterent comme les autres ar bres par le cœur; ce qui fait qu'il y a des maäts dont le bois eft plus pefant au cœur qu'à la cir- conférence, & d’autres, au contraire, qui ont le bois de la circonférence plus pefant que celui du centre. Quoiqu'il foit plus important pour un mât ue ce foit le bois de la circonférence qui ait toute A bonne qualité, & qu'il ne foit que peu affoi- bli par une légere altération dans le cœur, néan- moins il faut éviter de prendre, pour les mâtures, des arbres en retour & morts en cime. Où ne trouve guères d’aflez grands arbres pour faire des mâts dans les terres trèç-maigres & ari- des; & ceux qui ont crû dans des terres fort hu- mides , ne font pas réfineux. Ainf , c’eft donc, comme pour les autres arbres, les bons fonds plus fecs qu'humides, qui fourniffent les meilleures mà- tures. La bonté des pins dépend principalement du cli- mat où la forêt fe trouve fituée; & généralement parlant, les pays les plus froids font ceux où cette efpece de bois eft de meilleure qualité, & où les arbres font les plus grands & les plus droits. La fapériorité qu'ont les mâts de Norwége fur ceux qu'on trouve ailleurs, décide ce point. Cette meil- leure qualité peut dépendre de ce que dans les pays DES BOIS. 339 très_ froids le fuc propre de ces bois étant une ré. fine qui fe fige par le froid, & s’attendrit par La chaleur, cette fubftance réfineufe s’accumule en plus grande abondance dans les climats froids que dans les pays chauds, où devenant plus Auide, elle eft plus difpofée à s'échapper. Les couches des pins qui viennent du Nord, font aufli plus min- ces & plus rapprochces les unes des autres, que celles des pins de ces pays-ci; & cette remarque feule doit leur faire donner la préférence, étant naturel de penfer que le bois le plus ferré eft le plus fort. L'abondance de la réfine eft avantageufe , non- feulement parce qu’elle donne de la foupleffe au bois, mais encore, parce qu'elle déplaît à plufieurs infeétes qui attaquent plus volontiers les arbres qui en font moins pourvus. C’eft d’ailleurs un baume confervateur qui réfifte à la fermentation & a la pourriture. Il faut toujours choifir les arbres les plus droits & les moins chargés de branches pour faire des mâts ; les arbres, dont la tige feroit la couleu- vre, ne pourroient fe redrefler qu'aux dépens du bois même, & ceux qui auroient beaucoup de branches , auroient conféquemment beaucoup de nœuds qui formeroient un bois tranché, facile à rompre fous de foibles efforts. On connoît qu'un arbre eft propre à la mâture ; lorfqu’en pliant & rordant un copeau il ne rompe point, & que le bois eft liant & flexible ; plus il eft chargé de réfine , meilleur il eft : il faut que les cercles annuels aient peu d’épaifleur, & qu'ils foient bien liés les uns aux autres; que la coupe, tant au gros qu'au petit bout, foit d'une couleur brillante & uniforme , les endroits qui font roux & rernes ou blancs, étant ordinairement vicieux; enfin prendre garde fi la réfine qui remplit les nœuds z #40 TR à 1:T.É n'a pas té ajoutée par le marchand pour trompet, fi cette réfine eft naturelle , & file nœud ne font pas pourris. On fait aufli des mâts avee des fapins, dont Jes deux efpeces les plus communes dans nos mon- tagnes font le fapin à feuilles d'if, qui eft le fapin proprement dit, & le fapin à feuilles étroites qu'on appelle le picea ou épicia. Il s'en trouve de fort gros dans le Valais, dans la haute & la baffe Au- vergne , dans les Pyrenées & ailleurs. Mais il n’y a aucune comparaifon à faire entre les mâts de fapin & ceux de pin qui viennent de Riga. La plü- part des pins ont leur bois fi rempli de réfine, que fi l'on fait une plaie à un pin qui végére, il em coule de la réfine en abondance; & c’eft ainfi qu'on ramafle celle dont on fait ufage dans la marine. Le fapin n’eft pas à beaucoup près aufli réfineux; il fe forme fur fon écorce des veflies qui fournif- fent en petite quantité une térébenthine claire & coulante, & fon bois a toujours un caraétere d'a- ridité que n'ont pas les bonnes efpeces de pins, & fur-tout ceux qui viennent de Norwege, dont Île bois eft toujours plus réfineux que celui des pins qui ont crû en France, en Ecofle & en Angleterre. Le bois du fapin fe charge de beaucoup plus d'eau, que celui du pin, qui étant plus chargé de réfine eft moins fujet à être piqué des vers; & le fapin n'ayant que peu de réfine , il perd plus promptement fon élafticité. Ainfi les mâts de pin du Nord font préférables à ceux de fapin de Fran- ce, fur-tout pour les mâts de hune & pour tous les mats & vergues qui ne font pas d’aflemblage. On a coutume d’abbatre les pins & les fapins pendant l'Hiver, évitant les tems de fortes ge- Lées, parce qu'alors ils font plus fujets à s’écla- ter; on les abbat au raz de terre; on retranche fur Le champ les branchës & l'écorce, parce qu'il . DE: B6FTSs. 3AT Te forme entre le bois & l'écorce des. vers qui en« fuite pénétrent dans le bois & l'endommagent. On effaie de les voiturer au lieu de leur deftination le plus promptement qu’il eft pofhble, ayant at- tention qu'ils ne s'échauffent point dans le tranf- port. Lors des recettes, on a coutume de mefurer la groffeur des mâts, qui ont depuis quinze jufqu’a vingt-cinq palmes, à douze pieds du talon : la grofleur de ceux qui font plus forts fe prend à. quinze pieds. Si l’aubier n’eft pas pourri, on le laifle , 1l conferve le bois, & on le compte au marchand; s’il eft altéré , on le retranche , & le fourniffeur perd cette fouftraétion. On penfe com- munément qu'aux fapins c'eft l’aubier qui eft le meilleur; mais qu’au pin c’eft le bois qui eft im- médiatement fous l’aubier. | CONSERVATI. ON. De l’abondance & de la bonne qualité de la ré- fine dépend la perfeétion des bois de pins qu’on deftine aux matures. Si cette réfine eft dans un état de fouplefle , les mâts font élaftiques, & l'odeur qu'elle répand écarte les fcarabées qui produifenct ces petits vers qu'on nomme cirons dans les potts, & que les tonnelliers appellent artuifons , qui mou- linent & piquent les bois. Si au contraire elle eft féche, ce n’eft plus un corps liant, c'eft une fub{- tance friable qui fe réduic aifément en poufliere ; alors elle à peu d'odeur , elle ne peut éloigner ces perirs vers qui, fe nourriflant de la partie li- gneufe, naturellement aflez tendre, rendront les mâts vermoulus. La parfaite confervation des maâts fe réduit donc à les garantir d'être vermoulus , & à conferver leur élafticité. Il eft naturel de penfer qu'on pourroit remplir ces deux objets en couvrant les mâts de quelque Y 3 342 TRAITÉE bitume ou graifle, ou d'une efpece de vernis qui empêécheroit les fcarabées, de dépofer leurs œufs fur la fuperficie des mâts, & formeroit en même tems un obftaclé à l'évaporation de l'humidité , & au defféchement de la réfine. Cependant malgré ces précautions que l’on prend dans tous les ports, les mâts fe defléchent, ils deviennent caflans, & fonc quelquefois attaqués par les vers. Suivant toute apparence, l'ufage où l’on eft en Angleterre, en Hollande & en France, de con- ferver les mâtures dans l’eau fallée de la mer, eft Je plus avantageux. On emploie pour cela diffé- rens moyens, mais qui ne font pas tous égale- ment bons, & qui ont refpeétivement des incon- véniens , dont il peut réfulter de l’altération dans les bois, au lieu de les conferver. Le plus grand, le plus beau, & le meilleur établiflement elt celui de Rochefort, où il y a trois fofles ou chenaux, dans lefquelles l’eau falée de la charente entre dans les tems de grande marée à la hauteur de quatre à cinq pieds ; on la retient avec des éclufes pour l’em- pêcher de fe retirer aux bafles marées. Un des chenaux s'appelle /a foffe noire, un autre /a foffe de l'iflot | & ont une éclufe du côté de la riviere; & le troifiëme Ze fer à cheval, qui a deux bran- ches à deux éclufes. Toutes ces fofles font traver- fées par des files de chevalets qui s'étendent dans toute leur longueur : les mâts font rangés entre ces chevalets, & font affujetis par des traverfins ui font callés fous les chevalets. La foffe noire & celle de l’iflot , ont chacune 280 toifes de longueur, fur neuf de largeur. Il y a däns chacune quarante travées qui font formées par 100 chevalets ; une rangée. de cinq chevalets fait ce qu'on appelle une ferme ; cinq fermes font une travée. On peut mettre entre chaque file de che- valets crois gros mâts, & chaque travéce peut cn DES BoO1s. 343 contenir douze, fans les matreaux & les efparts 3 de forte que chacune des fofles noire ou de Pilot, peut contenir 2$2 mâts de quatre-vingt pieds de long , ou 410 mâts de dix à dix-huit palmes. La foffe dite le fer à cheval a d’une éclufe à l’au- tre 400 toifes de tour fur onze de largeur, elle contient cinquante - huit traverfées formées par 340 chevalets, qui font à trente-trois pieds de diftance les uns des autres dans le fens de la lon- gueur de la fofle, & à huit pieds fix pouces dans le fens de la largeur, de façon qu’elle peut con- tenir 450 mâts de quatre-vingt pieds de long, & à peu-près 20 mäts de moyenne proportion avec 400 imatreaux ou efparts. Chacune de ces foffes eft entourée de berges de dix à douze pieds d’élévation. La partie de la ber- ge du côté de la riviere eft coupée pour recevoir une vanne qui s'éleve avec une vis, & fert à faire entrer dans les fofles l’eau de Ia marée montante, & à la laiffer écouler quand elle fe retire, ou à tenir les fofles à fec, en la fermant avant que la marée monte. Il n’y a qu'une vanne à la foffe noire & à celle de l’iflot, & il y en a deux à celle du fer à cheval. Les mâts entrent facilement dans les foffes lorf- que la mer eft haute, ils flottent, & on les häle avec des cordelles. On en fort de. même avec faci- lité ceux dontona befoin. On les aflujettit au fond de l’eau dans la foffe avec les chevalets, qui font faits en bois de chêne de dix à douze pouces d'é- quarriflage : ils font formés de deux montans de douze, treize à quatorze pieds de longueur , gar- nis au bout d’en-bas d'une traverfe ou entre-toife, fur laquelle eft érablie une piéce de fapin nom- méc le gifanr, qui pafle entre les deux jumelles 3 le bas des chevalets jufqu'a la moitié de l'épaif- feur des entre-roifes , cft renfermé dans une ban- Y 4 344 TRAITÉ pie de maçonnerie de fix pieds de largeur, qui orme par fon poids une force fupérieure à celle avec laquelle les mâts agiflent pour remonter. Les chevalets font fujets à de fréquentes répa- fations qui occafonnent une grande confomma- tion de bois & des dépenfes confidérables, parce qu'ils font alternativement au fec & dans l’eau. Les radiers des éclufes font expofés au même in- convénient, La partie de ces bois qui ne defléche pas & qui devroit fubfifter très-longrems, eft dé- vorée par les vers à tuyaux qui percent les vaif- feaux, & qui ont occafionné de fi grands défor- dres dans les digues de Hollande. A l'égard des éclufes , il ne refte plus en bois que les radiers, qu'il feroic poflible de faire en pierre comme on a fait les bajoyers. Mais l'objet des chevalers mé- rite bien qu'on y fafle attention, puifque chaque travée coûte plus de mille écus, & confomme beau- coup de bois, matiere abfolument néceflaire à la marine, & qui devient de plus en plus rarc. On pourroit y remédier en bâtiflant fur les che- neaux, comme en Angleterre, des arcades en ma- çonnerie , qui ferviroient à retenir, au moyen d’'é- tances , les mâts au fond de l’eau. Quant à ces vers formidables qui détruifent impitoyablement les bois fubmergés, le feul reméde eft de remplit les fofles en chencaux d’eau douce, ou d’enfouir les bois dans la vafe ou dans le fable. La faifon pendant laquelle ces vers deftruéteurs endommagent le bois, varie fuivant la tempéra- ture de l'air chaud ou froid. Communément on n'a rien à craindre de leur part à Rochefort pendant huit mois de l’année ; ils ne commencent à atta- quer les bois qu'en Juin, & plus fenfiblement en Juiller & Août; & ceffent vers la mi-Septembre ; de forte qu'en O&obre, Novembre & Décembre, Janvier, Février, Mars, Avril & Mai, on eft für DES BolI.s. 346 qu'ils ne cauferont aucun dommage: ainfi on pour- roit gagner la même tranquillité fi pendant les qua- tre mois critiques le gardien avoit ordre de tenir tous les huit jours , d’une marée à l’autre, les fofles à fec. Les mâts fe couvrent naturellement d’une couche affez mince de limons; c’eft fans doute fur certe couche que fe dépofe le frai de ces vers, qui d’abord n'’eft qu'un glaire très-delié : un coup de foleil , une rifée de vent, une perte pluie, fuf- fent pour faire périr cette femence vermineufe, fans que le hâle puifle agir fur les mäts & les en- dommager , parce que la fécherefle ne peut en un auffi court efpace de tems agir que fur le limon, ou fur les premieres couches d’aubier. FE CES DU BOIS: Une piéce de bois qui fort de l’eau eft plus pe- fante que celle qui eft féche, mais elle eft moins forte, Une des qualités qui indique le mieux la bonté du bois, c'eft fa force, fur-tout eu égard à l'ufage qu'on en veut faire, & qui apporte quel- ques exceptions à cette régle généralement vraie, car il eft vrai aufli que certains bois légers, ten- dres & aflez fragiles, le cédre, le genèvrier, le cyprés, réfiftent beaucoup plus longtems à la pour- riture, que des bois plus pefans, tels que le chêne, le hêtre, &c. qu'il fau cependant comme plus forts & meilleurs employer à quantité de fervices : quand on voudra comparer des bois d'un même genre, la regle fouffrira encore moins d'exceptions, & l'on peut dire que toutes chofes étant égales d’ail- leurs , la force eft à-peu-près proportionnelle à la pefanteur. Quand les arbres font vigoureux, & qu'ils vé- gétent avec force, c’eft le bois du cœur qui eft le plus denfe ; dans les gros arbres qui commencen- #46 TRAITÉ cent à entrer en retour, le bois du cœur eft fou= vent plus léger que la couronne qui eft entre le cœur & la circonférence, de forte que le bois ac- quiert peu-à-peu fa denfité, & qu'il la perd peu- a-peu quand il a paflé le terme de fa plus grande denfité. Cela eft prouvé, La cohéfion des couches ligneufes contribue beau- coup à la force des piéces de bois; mais pour cal- culer cette force avec quelque précifion , la théo- rie n'eft pas fufifante; il En avoir recours aux expériences. Celles qui ont été faires ont prouvé que les fibres ligneufes qui font tirées fuivant leur longueur, font capables d’une grande réfiftance quand elles font bien de fil, puifque des barreaux de faule de trois pieds de longueur, fur un pouce & demi d'é- quarriflage , ont porté jufqu'a sso pefant fans rompre. Celles qui ont été faites fur le bois de chêne, ont prouvé que celui de Provence eft très-inégal en force, & conféquemment très-différent aufh dans le tiflu de fes fibres, & la nature de fa féve, ce qui doit influer fur fa durée : que celui du Com- tat d'Avignon, très-beau 2 l'œil, de grande taille, fans nœuds, & d’un tifflu uni, s’eft trouvé néan- moins très-foible en comparaifon de celui de Pro- vence : que le bois qui a féjourné dans l’eau de Ja mer perd de fa force, qu'il en perd encore plus quand il a été pénétré d’eau douce , & beaucoup plus encore quand il a été fucceflivement dans l’eau de la mer & dans l’eau douce ; les barreaux de chène de Provence qui a toujours été fous le han- gard, coupés à trois pieds de longueur & 2 un pou- ce quarré , ayant foutenu 215$ livres; celui qui a féjourné dans l'eau de la mer n'ayant foutenu que 195 livres ; celui qui a été pénétré d’eau douce, que 175 livres; & celui qui pénétre d'eau de mer DÆS Bo1rs. 347 a été enfuire dans l'eau douce, n'ayant fupporté que 143 livres. RUE ; De celles qui ont été faites pour connoître fi dans les mâts du Nord le bois de la circonférence eft plus ou moins fort que celui du centre, fi les fentes diminuent beaucoup la force des piéces, & fi le bois fec eft aufli fort que le bois un peu hu- mide , il a réfulté qu'une piéce de mâture qui eft . gercée & fendue par defléchement perd environ un onziéme ou un douziéme de la force qu'elie auroit eue, fi elle eür été faine & fans fentes; que l'avantage de la force eft pour le bois qui s'éloi- gne du cœur de l'arbre ; que la plus grande force réfide dans environ la troifiéme partie extérieure du rayon, ou du demi-diamétre du tronc; que le pin du Nord perdant environ un fixiéme de fa for ce par une trop grande féchereffe, on fait très-bien de tenir les bois dans l’eau pour prévenir leur def féchemenc, & qu'il faut eflayer de conferver un peu d'humidité aux mâts qui font travaillés, & qu'on ne peut tenir dans l'eau, en mettant quel- v'enduit gras fur toute la furface, & tenant en- Éhite ces bois enduits dans des lieux frais, peu aérés & cependant fecs. Pour connoître, à folidité égale, lefquels ont plus de force, des bois ronds ou des bois quarrés, & la courbure que ces bois prennent, étant char- és de différens poids, jufqu'à celui qui peut les aire rompre ; les expériences faites fur cela, ont donné le réfultat que voici : de fix barreaux de trois ieds de longueur, trois ont été équarris, & réduits a dix lignes & un quart de hauteur, fur fept lignes & un quart de largeur, & trois ont été arrondis a neuf lignes trois quarts de diamérre , enforte ue l'aire de la bafe des rondins étoit égale à l'aire En parallélogramme de la bafe des barreaux quar- rés, & vous réduits à une parfaite égalité de vo- 343 T'RAITEE lume & de poids. Les barreaux quarrés fe font trouvés avoir environ un quarantiéme de fupé- riorité fur les ronds, & ceux-ci plus foibles que les quarrés, ayant plus plié fous la charge : d'ou l'on peut conclure qu'à mafle & à folidité égales, il eft plus avantageux d'employer des bois quar- rés que des ronds. La raifon de la foibleffe des bois ronds, par comparaifon aux quarrés, devient fenfible quand on fait attention aux différences de dilatation & de condenfation des fibres ; la fom- me des fibres en contraction s'étendant fort avant dans un barreau qu’on veut rompre, tandis que le point d'appui eft incertain & variable. La force moyenne des barreaux entiers que l’on 2 fait rompre, s’eft trouvée de 144 livres. Des fo- Jiveaux de même folidité , fciés du tiers de leur épaiffeur, le trait de la fcie étant rempli par une planche de bois dur, ont porté 132 livres. De pareils barreaux, fciés de la moitié de leur épail- feur, ont porté 136 livres. Enfin des barreaux, fciés de deux tiers de leur épaifleur, ont de mé- me porté 136 livres. | Il-eft prouvé que dans une poutre foutenue par fes extrémités, & chargée à fon milieu , il y a des fibres qui font en condenfation , & d’autres en dilatation ; que fouvent la fomme des fibres qui font en condenfation eft beaucoup plus con- fidérable que la fomme des fibres qui font en di- latation : que le rapport de la fomme des fibres qui font en condenfation à la fomme des fibres qui font en dilatation, eft variable fuivant dif- férentes caufes phyfiques; fçavoir, la difpofition que les fibres ont à fe condenfer ou à s'étendre; la force propre des fibres de différens bois ; le dégré de courbure que les piéces de bois prennent fous la charge; &c. que la force des fibres li- gneufes qui font comprimées dans le fens de leur DES BOIS. 346 longueur , ainft que celle des mêmes fibres qui fone tirées fuivant cette même diretion, eft crès-con- fidérable : que la force des piéces de bois feroit des plus grandes, fi les fibres qui les compofent n’étoient ni comprefhbles ni dilatables : que la force de ces piéces dépend encore beaucoup de la cohérence des fibres & des couches ligneufes les unes avec les autres. Toutes ces connoiflances de- vant jetter un grand jour fur les piéces différem- ment armées , il n’eft queftion que de faire l’ap- plication de ces principes, pour connoître quelle ft la meilleure maniere d’armer les poutres, les baux , &c. car on a droit d’être étonné qu’en {ciant une piéce de bois du quart, & encore mieux de la moitié, mêine des trois quarts de fon épaif- . eur , elle foit au moins aufli forte que f elle étroit entiere: mais quand on fçait que les baux de plufieurs piéces font au moins auffi forts que ceux qui font d’un feul morceau, on conçoit que leur force dépend de la même caufe qui produit la force des barreaux fciés en deffus. Dans la façon d’armer la plus commune, la pié- ce qu'on nomme /a méche , eft d’un feul morceau, les deux piéces qu'on nomme les armures ou les jumelles , fe joignent exaétement au milieu, & s'appuient bout-a-bout l’une contre l’autre. Tous les gros mâts font faits de piéces d’afflemblage : les jumelles font jointes avec la méche par des endents. On fait aufli des baux de deux piéces pofées à côté l'une de l’autre. On en fait encore de trois piéces. Enfin on fait des bordages pofés de champ & endentés les uns dans les autres ; ceux- -R différent .peu du barreau formé de trois plan- ches collées les unes fur les autres, dont la force a été éprouvée. En augmentant la profondeur des endents, on augmente l'engrenage des piéces, & l'on préfente 3$0 F R'HAAISÉ plus de furface à la fomme des fibres qui font en contrattion : ce point €ft très-avantageux, Mais on diminue d'autant l’épaifleur de la piéce; ce qui doit l’affoiblir. Comme les barreaux qui ont été en- taillés d'une ligne & demie, ont été les plus forts & les moins plians, il paroît réfulter qu'ayant 2 armer une poutre, le point le plus avantageux eft de faire les endents de la huitiéme partie de la hauteur des piéces, & qu’on pourroit régler la pro- fondeur des endents à la fepriéme partie de la hau- teur. L'augmentation de force eft à-peu-près pro- portionnelle à la profondeur des endents : danses expériences faites & répétées, les piéces qui avoient des endents plus profonds ayant moins plié fous da charge que les autres. Les endents augmentant la force des armures à mefure qu’ils ont plus de profondeur, jufqu'a ce qu’elles parviennent à-peu-près à la huitiéme par- tie de l’épaiffeur de la piéce : paflé ce terme, les piéces deviennent d'autant plus foibles, à mefure qu'on augmente la profondeur des endents. Ce- pendant comme les expériences font voir que pour procurer aux piéces plus de réfiftance, les endents des armures ne duivent pas être moindres de la huitiéme partie de la hauteur de la poutre qu’on veut former de plufieurs piéces d’afflemblage , ni xcéder la fixiéme partie, on pourroit établir pour régle qu’elles doivent être de la feptiéme partie. Quant à l'épaifleur relative qu'on doit donnet aux méches & aux piéces d'armures, elle doit être égale dans les unes & les autres. On peut même, en fuivant cet ordre, faire des méches de plufeurs piéces, comme on fait des armures ; & en don- nant la préférence aux endents endes fur les en- dents obliques; on fera toujours plus affuré d’aug- menter la force des piéces d’affemblage; fur-touc £ l'on à attention que les endents des armures DES Bors. 351 foient difpofés de façon qu'ils puifflent réfifter à la compreflion , & ceux de la méche, ou du ri- rar , de maniere qu'ils foient en état de réfifter à la tenfion : car cet fur ce feul principe que roule la théorie des piéces armées, ou faites de plu- fieurs piéces d’affemblage. FLN TABLE F à À + Di PAR vw ALPHABÉTHIQUE DES Matiéres contenues dans le fecond Tome. / À A B ATTAGE. Ceux qu'on fait trop fré- quemment font beaucoup de tort au récrüs page 57 Saifons d’abattre. 145$. 146. 147. 148, 149 Manieres d'abattre, & combien il én coûte. 150. 151 Précautions néceffaires dans l’äbattage &, après. 11 PR Dile liès LIN SUSS, En quel tems fe fait l'abattage des arbres propres a faire des fabots. ee Réflexions fur l'abattage des bois. 256.2ÿ1.25$2. | ni A 2531254 Acacia: Le petit acaciä du Sénégal foutni la gom- me arabique. 7 Terrein qui convient aù faux âcacid. “ 23 Qualités & ufage du‘ bois du faux acacia, 137 ÆAcajou. Eft un bois dur des pays chauds." 27 Accoinfons où chanteaux. Quelles piéces ôn em ploie à les faite. 192 ÆAccroiffement. | 4$ Comment il fe fait depuis que la femence eft dans la terre , jufqw’a la plus grande hauteug & grofleur d’un arbre: 45. 46. 47: 48 Accroiflement en hauteur & groffeur, “* 58 Tome IL, # 354 TABLE Avantages qu'il y 2 de laiffer prendre aux arbres leur accroiffement. éd: 61 Acide. Les acides concentrés à un certain point, forment un obftacle à la fermentation. 2. 3 Les huilles effentielles contiennent de l'acide. $ Les plantes contiennent des acides. 9 Affuts. Ils doivent être propottionnés au calibre des canons. 166. 167. 168. 169. 170. -171. | 172 Agaric, Il indique de la pourriture dans le bois. 116 Age. 1 43. 44 Marques de l'âge convenable pour abattre. 48. Dre 49. SO. SI. $2. 55. $6. 57 L'Ordonnance ne fixe point celui auquel on doit ‘abattre les taillis. Elle défend feulement de fes exploiter avant qu'ils aient dix ans. 250 Ages pour les charrues. Ou ils fe prennent; com- ment ils doivent être, & ce qu'on paie de façon aux bucherons. :; 80 Air. Le contact de l’air eft néceflaire à la fermen- ‘tation. ot A ET 3 ‘L'air chaud rend la tranfpitation plus confidé- F rable, RME K 39 “Alizier. Ïl demande une terre forte. ” 24 Son bois peur fervir aux mêmes ufages que-célui """# du mérilier. : | 142 Allumelle.. Les charbonniers, nomment aïnfi un __ fourneau qui n'eft pas, achevé. 94 . Amañde. Elle donne par expréflion de l'huile in- flamable , quand elle eft.en maturité. 8 ” Amandier. Son bois fuinte de la gomme. Anneau. Mefure du bois de moule, qui doit avoir _ fix pieds huit pouces de circonférence ; les ”” trois forment une voie de bois. 78 Aprêt-marchand. Ce que c'eft. De quel bois on le fait, Comment on le vend. 193: 194 a DES:MATIERES 345 Arbres. Ils deviennent beaux & grands dans les J fables alliés avec de laglaife, mais leur bois eft tendre. 1$ Il ne s'en trouve point de beaux dans le terrein ou il y a trop de tuf, de craye, de marne ou de gravier. ibid. Dans les. terreins maigres & fort fecs pendant l'Eté, ils font fujers à avoir des chancres. bia, Ceux qui croïflent fur la croupe des montagnes expofées au Midi, font rarement grands; mais leur bois eft extrêmement dur , & de la meïl- Jeure qualité, stp 19 Les arbres fauvages demandent une terre forte. ce. + Pourquoi les arbres ifolés font fujets à être tran- . chés, chevillés & roulés. 34 : Qualités de leur bois, & à quoi on peut les em- ployer, de même que ceux des lifieres & du bord des forêts. | 34. 3$e Les grands arbres , tels que le chêne, l'ormé, &c. font, dit-on, cent ans à croître, qu’ils 4, teftent cent ans dans un même état de force, & qu'ils font cent autres années à dépérir. 43 Avantages & emploi qu’on peut faire des arbres courbes. 112 . : Défauts des arbres noueux. 113 ZArcoleurs où Arçonneurs. Ouvriers qui font les . atelles, bâts & arçons. 20$ rçon. Comment & de quel bois on fait les ar- d AKOSAuct & 20$. 206 Arconneurs. NV. Arcoleurs. Armures. Ce que c’eft. 349 . Epaifleur qu'elles doivent avoir. 359 Arpent. Ce que peut pfoduire un arpent de tail- lis. | 69 Evaluation de ce produit, eu égard aux coupes qu'on en peut faire, 63. 64 2 T2 LA% À BÉLME Combien il contient de cordes de bois, 5t Combien il peut rendre de muids de charbon. ar | 72: 73 Artillerte. 162 Bois que l’Attillerie emploie. 166. 167. 168. 169. 170. 178 Artuifons. Petits vers qui moulinent les bois. ‘341 Afpalathus. Cet arbre eft du genre de l'acacia. 131 Atelles. Ce que c'eft. Comment & de quel bois on les fait. 20$. 206 Attele ou Ettele. On nomme aïnfi les piéces de bois propres à faire des rames. 183.333 Ayant -trains, Ceux des piéces d’Artillerie font | de trois grandeurs. Leurs proportions. 171. 172 Aubier. Différence qui s'y trouve fuivant les dif- férentes qualités des bois. 13 sAübier. ( double ) Ce qui l’occafionne. 1$ Quand les couches de l’aubier font minces , c’eft une marque de retour. 53 Le double aubier eft un défaut confidérable ; maïs cette maladie fe guérit au bout d’un cer- tain tems. 239. 240, Avirons. Leurs proportions. PP0 3362 Aune. Son bois eft de meilleure qualité dans les cerres à prés qu'ailleurs. 20 Qualités & propriétés de fon bois. * 138 Azerolier. I] demande une terre forte. ” : 24 Son bois eft dur & pliant, & fournit de bon charbon. | R 145$ | B. B azrrEaAUx. Leur accroiflement. s3 Avantages qui réfultent de leur âpe, 61 Appréciation de leur valeur. 62 DES MATIÈRES. À 357 -Eftimation qu'on en peut fawe dans les ventes. ce Bannes. Ce qu'elles contiennent de charbon. 271 Bardeau. Dimentions du bardeau ; comment on le travaille; à quoi. on l’emploie. 18$ Barres. Comment fe fendent celles dont on foutient le fond des futailles. 184. 185$ Bateaux, Piéces de bois qui conviennent à leur conftruétion. 223 Bâtimens civils. 218 Piéces de charpente qui leur conviennent. 219« Le 219 Bärs. Comment & de quel bois on les fait. 205. à 106 Battoirs. Comment &. de quel bois on les fait. 203 Baume. Les baumes naturels & fans mélange ne fermentent point. Z Comment font ceux que donnent le térébenthe, le ftyrax, Le liquidambar , le laurier , le ben-- join, &c. 4 Ce que produit la diftillation des baumes de fa- pin, melefe, térébenthe : ftyrax, &c. 6 Benjoin. Il produit du baume, 4 Bergamotte. L'écorce de fon fruit eft crès-chargée d'huille effentielle. Bétail. Il fait beaucoup de tort aux jeunes bour- geons. 57 Bierre. Elle excite la fermentation. 3 Blanc de Chapon. Ce que c'eft. 24L Blindes. Fourniture de guerre. Comment on les fait. N 83 Ce que c'eft. 86 Bofs. Avantages qu'on en peut tirer, ï Sa décompofition chymique. z Qualités de l’huille empyreumatique desbois durs de la zone torride, 7 Pécompoftion naturelle du bois. 9 : LJ Z 3 358 "ETMIMRELME Comment elle s’opére. ‘10 Différentes qualités du bois, fuivant les diflé- rentes natures de terreins. 12. 13. 14, 15. 16. 17. 18. 19. 20 Celui de Sainte Lucie fe plaît par-tout. 26 Le bois du pied d’un arbre en pleine crue, eft meilleur que celui de la cime , & celui du centre que celui de la cran roice. 47 Denfité du bois, & comment il l'acquiert, 345. 346 Bois d'andelle. Eft le meilleur à brûler. 277 Bois d'Artillerie. 162 Bois blancs. Pourquoi ils croïflent plus prompte- ment que les autres bois. 53 A quoi on les emploie. 172 Bois à brûler. Longueur & groffeur qu’il doit avoir. 77 On emploie à cet ufage toutes les piéces donc on ne peut tirer d'autre parti. 183 Bois canards. Ce que c’eit. 279 Bois de charpente. Comment on le diftingue. 287. 288 Bois de charronnage. 162 Bois de compte. 276 Bois de corde. zbid, Bois courbes. 217 Maniere de les équarrir. 217. 218 Bois de débit. Ce que c’eft. 163 Boïs droits. M 1% Maniere de les é équarrir. 217$. 216.217? Bois échappés, Ce que c’eft, & à qui ils appartien- nent, 25° Bois d'équarrifage. 2 2 Bois étrangers. Bois flotté, On fait flotter le bois de chauffage de deux manieres. . 277. 278. 279. 280 Og le diftingue de quatre fortes. 186. 287. 306. DES MATIERES, 359 Bots fondriers, Ce que c’eft, 279 Bois François. | 232 Bois gras. 243. 244. 145 Bois gravier. Ce que c'eft. 281 Comment on le diftingue du bois neuf & du bois flotté. 306 Bois de herfage. Ce que c’eft. 163 Bois de Marine. 162 Bois de moule. 276 Bois neuf, Comment on le tranfporte. 274. 275. 276. 277. 306. Bois pélard. Eft celui dont on a enlevé l'écorce; il fe vend un écu de moins par corde. 89 Il eft mis au nombre des bois neufs. *276 Boïit quarrés. 2TE Maniere de les toifer. 2T3..214 Bois roux. 2143. 244.24$ Bôis de fciage. 293. 294 Bois fecs.' | 312 Bois tendres. 243.244, 24$ Bois de traverfe. "1 287 Bois verds. 313 Boiffeau. Mefure de charbon, qui eft la huiriéme partie d’un minot, & la feiziéme d’une mine. 273 Bordillon. Ce que c'eft, & à quoi il fert. 194 Bougeage, Bouger. Ce que c’eft. 95 Bouteau. Terreins qui lui conviennent , ou qu'il faut rejetter. | RE + Qualités de fon bois, & ufages qu'on en faite 139 On en fait encore des balais, des cerceaux, des fabots, des ouvrages de tour & de ra- clerie. 174 Bourdaine. Elle fournit un charbon léger, propre à fabriquer la poudre à canon. 14$ Bourdons. Perches formées des arbres dépouillés Z 4 360 >T A: BLUE de leur écorce. “pŸ Bourrées. Ce qu'un arpent peut en produire, 73 Bourrelets. YIs annoncent, ainfi que les élévations en forme de cordes ; une gélivure. 116 Brancards. Fourniture de guerre. De quel bois on les fait, & à quoi ils fervent. 80 Brancards. Ceux de berlines & de chaifes fe livrene en grume, leur longueur. 164 Branches. Elles font vigoureufes à proportion de la force des racines qui font du même côté, 33 Les branches & les racines font une continua- tion de fibres longitudinales du tronc de l’ar- = sRre; 34 Brelle. Ce que c'eft. 293 Bruyere. Mauvaife plante. s7 Bucherons, Travail dont ils font chargés. 7$ Ce qu'on leur paie par corde. 78. 79. 80 Attention qu'ils doivent avoir. 79. 80 Buis. Il fe plaît par-tout. 26 Eftime & emploi que l'en fait de fon bois. 144 Le buis d'Artois ne peut être d'aucun ufage. 14$ Quand le bois du buis eft fort gros & bien fain, on en tire un gros prix. 175 C. CADRANURE. Ce que c'eft que ce dé- faut, 239 Cambium. Ce que c'eft. 9 Camions ou Cotillons.: On nomme ainf les fabots _. d’enfans qui font en jacquette. 176 Capricorne. Ver blanc qui fe métamorphofe en fca- rabée, Il perce les arbres. 18. Cédre, Il ÿ en a plufeurs efpeces. Son bois eft ndre, & porte une odeur agréable. 143 DES: MATIÈRES. 3ër Cerceaux. De quel bois on les fair. ss. 56 Cerches.. Maniere de les faire. 103 Ce que c'eft; à quoi elles fervent; de quel bois on les fait. 193 On les vend par aflorriment de huitbottes. 194 Attelier des ouvriers, 195$. 196 Cercles, 99 : Choix des bois propres à les faire. 99. 100 Cercliers. Comment fe font leurs loges ou atreliers. 100. 101 Cerifier. Son bois fuinte de la gomme. 7 Il fe travaille fort bien , & prend un beau poli. 139. 140 Chaleur. Celle moderée opere la fermentation. 3. 10 Champignons. Ils indiquent de la pourriture dans les arbres. 116 Chancres. Ce défaut n'eft pas toujours une marque de vieilleffe. s3 Il annonce une carie dans Île corps de l’arbre. 116 Chandeliers. Ce que c'eft, & à quoi ils fervent. 86 Charbon. Combien on en peut tirer de muids par arpent de bois. + 72: 73 Longueur que doit avoir le bois deftiné à faire du charbon. Choix des bois pour faire le meilleur charbon. 91.92.93 Combien il-entre de cordes de bois dans un four- neau. 94. 95 Produit d’une corde de bois en charbon, & poids d’un fac de charbon. 98. 99. 271 Comment il fe vend à Paris. 99 Comment on le tranfporte. 270. 271. 272.273 Charbonnier. . 93 Conduite qu'il doit tenir quand le fourneau eft drole: 414 2 94 9$+ 96, 97. 98. 99 362 T A'BALE Charge ou Voie de Charbon. Eft un fac qui con: tient une mine, du poids d'environ cent vingt livres, ce qu'un homme de force ordinaire peut porter. 273. 274 Charme. Influence du terrein fur la qualité de fon bois. < 12 Il vient bien dans toutes fortes de terreins , pour- vu qu'ils aient un peu de fond. 2$ Il y en a plufieurs efpeces 137 Qualités de fon bois, & ouvrages auxquels on lPemploie. 138. Charnier. NV. Echalas. Charpente. Examen qu'il faut faire des bois defti- nés à la charpente. 108. 109. 110 Charpenterte. 219 Piéces qui compofent un chantier bien afforti. | 230 Charronage. Proportions du bois qui convient aux ouvrages de charronage. 76: 77 Tous les bois de charronnage font de chêne , ou d’orme, ou de frêne. 162 Combien on paie pour l'abattage de ces bois. 163 Chaferets. De quoi on les fait. 197. 198 Chätaïgnier. I vient bien dans un fond de fable, quoique maigre & léger, s’il fe trouve avoir beaucoup de profondeur. 1$ Terrein qui convient à cet arbre, relativement à l'emploi auquel on le deftine. 13 Propriétés de fon bois. 127. 128 Chêne. Qualités de l’huille empyreumatique que l’on tire du bois de cer arbre. 7 Qualités de fon bois fuivant la nature du ter- rein où il a cru. . 12 Il vient bien dans un fond de fable, pourvu qu'il s'y trouve beaucoup de profondeur. 15 Avantages d’une bonne terre plus féche qu'hu- DES MATIERES. 363 mide. 19 On ne voit point de chêne à Saint Domingue, à la Martinique, à Cayenne, ni en Lappo- nie ; à peine en voit-on pafñlé Stockolm. 28 On prétend que le chêne , l’orme & autres grands arbres, font cent ans à croître, qu’ils reftent cent ans dans un même état de force, & qu'ils font cent autres années à dépérir. 43 Désrés d’accroiflement du chêne. 58 9 or 2 . Excellence & propriétés de fon bois. 119 Ses différentes efpeces. 120. 122. 123. 124 Chêne verd. Il s'accommode de toutes fortes de terreins, & a le bois fort dur. 25 Chenevis. Cette graine exprimée quand elle eft en maturité, donne de l’huille inflamable, 8 Chevalers, Ce que c’eft. Ufage qu'on en fait. 342. 343. 344. Chevilles. De quel bois fe font celles qui fervent aux tonnelicrs. 183 Différentes dimentions de ces chevilles. 184 Cime. La cime ou tête arrondie, annonce un arbre qui a peu de vigueur. 52 Cire vepétale. Ce que c’eit. 6 Elle s’attendrit dans l’efprit-de-vin, & ne fe dif- fout pas dans l’eau. 7 Cirons. Petits vers qui moulinent les bois. 3AT Citronnier. L'écorce de fon fruit eft très-chargéc d'huille eflentielle. $ Clayes. À quoi fervent ces fournitures de guerre. CE Clayettes. De quoi onles fait. 197: 198 Climat. Xl influe fur a qualité des bois. 27. 48. 49. so. SI- Cliffés. Ce que c'eft, & de quoi on les fair. 197. 198 Cochke. Maniere de melurer le bois à brüler dans la forêt d'Orléans. 77 364 TA BLÉ Collines. Comment il faut mefurer un bois venu fur une colline. 19 Avantages de cette fituation. 30 Colophone. Réfine féche. 6 Communautés. Ce qu'elles devroient faire en tems de guerre pour ménager leurs forêts. 80 La fourniture des paliflades s'impofe ordinaire- ment {ur leurs bois. 81. 82 Confervation des bois. 196. 297. 298. 299. 300. 541 Copeaux. À quoi ils fervent. 201 Ce qu'on en fait. 107. 208 Coguilles. Celles des caroffes fe font d'ormes. 165 Corde. Combien la corde contient de büches. 7# Intelligence du bücheron dans le débit du bois propre à mettre en corde. 75 Elle doit contenir huit pieds de couche fur qua- tre de hauteur, Comment on établit cette mefure dans les ventes. 78 Cormier. 11 veut une terre forte. 24. Cornouïllier. Il demande une terre forte. 24 Son bois eft dur & pliant, & fournit debon char- bon, x 14$ Côte. Y. Collines. Côteaux. La tranfpiration eft abondante fur ceux expofés au Midi. 39 Cotrets. Leur groffeur & longueur. 72:77 Les meilleurs font de hêtre & de chène. 8a Couchant. Dommages que les vents & la gréle cau- fent aux arbres qui font à cette expofñtion. 36 Elle n’eft pas favorable à latranfpiration, 39 Couches ligneufes. Différences qui fe trouvent entre elles. 9. 19. Comment elles font dans les arbres de lifiere 33 Quand elles font minces, c'eft une marque de IEtour, 53 DES MATIÈRES 365$ L'inégalité de leur épaiffeur peut annoncer des défauts. 242. 243 Elles doivent être fortes & fouples, rappro- chées les unes des autres dans le bois de bon- ne qualité. 244 L'épaiffeur de ces couches, fur-tout fi elles font bien ferrées les unes contre les autres, eft un figue de vigueur dans l'arbre. 24$ Leur cohéfion contribue beaucoup à la force des piéces de bois. 346. 348. 349 Coudrier. En quel tems on peut l’abattre. s6 Ufages de fon bois. 144 Couleurs Celle de l'écorce & des feuilles fait nee de la bonne ou mauvaife qualité des arbres. 116.117 Celle du bois , quand on le travaille, en fait connoître aufli la bonne ou mauvaife qualité. Gr 241. 242 Coupe. Evaluation du produit des bois mis en cou- pes réglées. 63. 64 Avantages des coupes de trente ans fur celles de vingt-cinq, & de celles-ci fur celles de vingr, A moins que les bois ne croiflent dans de mau- vais fonds. 67 Coupons. Parties de trains. 283. 293 Couronne. Ce que c’eft ; marque de retour. 53. 117 Craye. Le terrein où il s’en trouve trop ne produic pas de beaux arbres. 1$ Cuifage. Terme de charbonnier, 93 Cypres. Il fe plaît par-tout. 26 Il y en a de deux efpeces. Son bois porte une odeur agréable, & eft incorruptible, 142 Cyrife. II s'accommode de tous les terreins. 26 Qualités du bois de celui des Alpes, qu’on nom- me Ebénier des Alpes. 140, I4I 366 T A B LE | D. Désacier. Ce que c'eft. 28$ Débaraer. Ce que c’eft, 285$ Décompofition chymique du bois. 2 Défauts quife trouvent dans les bois, & qu'il faut éviter. 236237. 238. 239. 240 Deféchenient artificiel, 322. 323. 3141 325. 326, 327. 328.329.330.,33I. 332 Defféchement naturel. 30$. 306. 307. 308. 309, 310, 311. 312 Difhillation. 4523677 Double aubier. V. Aubier. Douvain. Ce que cet. 189 Maniere de le fendre. Choix du bois. Ses dimen- tions. 189. 190. 19I Tarif de fes longueurs , largeurs & épaifieurs. 194. 193 Douves. Elles s’achettent au milier aflortis 192 Les tonnelliers doivent les flairer avant de les . employer. r 1b1d. Dreffeur. Il trace l'étendue du fourneau, 93 E. E 4 U. Elle diffout les parties les moins fixes des végétaux, & attaque enfuite les autres, To. 306.307:398 309. 310. 311. 312 Effets de l’eau douce fur les bois. 313: 314 Effets de l’eau de la mer fur les bois. 314.315. 316. 317. 318 Expériences faites fur le Riou des bois dans l’eau. .320. 321. 322; 346 Ufage de l’eau AE pour le defféchement des bois, 325. 326, 327. 328 DES MATIERES. 367 Ebenne. Eft un bois dur des pays chauds. 27 Ebennier des Alpes. V. Cytife. Echalas. Choix du bois dont on les fair. 87 ÆEchalas , œuvre, ou charnier. De quel bois on les fait. 185$. 186. 187 Ecliffe. Second lit d'un fourneau. Niue Ecliffe. V. Clifes. Eclufe. Examen qu’il faut faire des bois pour la conftruétion des éciufes. 108 ÆEclufée. Ce que c’eit. 293 ÆEcopes. Ce que c'eft. Comment , & de quel bois on les fait. 203 ÆEcorce. Quand elle fe détache du bois, où fé gerce de diftance en diftance , ou qu'elle eft beau- coup chargée de moufle, de lychên, d'agaric où de champignons, ou qu’elle eft marquée de taches noires ou roufles; tous ces accidens ! annoncent le retour. $3 On leve l'écorce au mois de Mai pour faire le tan. Comment fe fait cette opération, & quel ptix on paye pour la façon. 88. 90 Choix qu’il en faut faire, & combien fe vend le cent de bottes. : 89 Il eft défendu de lever l'écorce fur pied dans les bois du Roi. ibid. L'écorcement fait tort d’une demi-feuille.- 90 L'écorce marque la vigueur ou les défauts des arbres. 11$.116 * Obfervation fur l'écorcement des arbres abattus. | 1$$.1$6. 157. 1$8.15$9 Pourquoi il ne faut pas laïffer les bois abattus 7: Jongtems fous l'écorce. 314 Pourquoi il faut retrancher fur le champ l’é- corce des pins & fapins qu'on deftine à faire des mâts. 340. 341 ÆEcorcement. V. Ecorce. Æcoulement, Ceux de la féve par les gerces de l’é- + à corce annoncent que l'arbre mourra bientôts 53 Endents. Propottions de ceux qu'on fait aux pié- ces d’aflemblage. 349. 356 Epaiffeur. 24$ Epine blanche. Elle demande une tetre forte. 24 En quel tems on peut l’abattre. s6 Son bois eft dur & pliant, & fournit de bon charbon, 14$ Erable. Les différentes efpeces de cet arbre réuf- fiffent dans routes fortes de terreins. 25$ Il y en à trois efpeces. Qualités & Lo de ce bois. 137 Efparts. Ce que c'eft, & comment on les diftin- gue. > 337 Efieux. Ceux de frêne & de charine fe livrent en grume. 163 Proportions de ceux des affuts. 167. 168. 169. 1704471 Etoile. Ce que c'eft que bois étoilé. 169 Etuye. Comment on s'en fert pour deflécher [es bois. 328. 329. 330.3340932 don hr rep Elles rendent un arbre fufpeéts 116 Exploitation. HE :z Avis aux propriétaires fur l'exploitation de leurs bois. 254. 255. 256. 257.258 259. 260 Æxpofition. Ce que ce mot fignifie. 27 Influence qui en réfulre, fe Différens fentimens à ce fujet. | Celles du Midi, du Levant, du Couchant & du Nord. 3f+ 36 Elles ont chacune les inconvéniens & leurs avan- tages, | E 97, | | | FAGOTS, DES MATÉERES. 369 -Æ. É nee 56e F4Acors. Leur débit. "AE 69. 70 Combien on en peur tirer de cent par arpeñt. 73 Leurs longueur & grofleur. s m7 Ils fe font avec toutes fortes de boïs. ” 80 Fagots-de hares. Fournitute de guerre. Comment ; «8cde quel bois ils doivent être faits: © 82. Fagots de fappe. Ce que c’eft. AO € Fardiers. Voitures très-comimodés pour dalèver & + tranfporter des ventes les grofes _piéces de . - «bois: RER QE 289 FAT Fourniture de SubtEcS Quel bois convient _ pour faire les-fafcines. # 82 Fafcine reliée. Sa longueur & groffeur. De à Fafcine à tracer. Longueur qu elle doit avoir. 18id. Fendeur. 179 Outils dont les fendeurs fe fervent, 182 Fente. Motifs qui détermine les marchands 2 à faire du bois dé fente. 179 Bois qui fe fendentle mieux. 180. 181 .. Comment on fend les grofles piéces deftinées à faire du bois à brûler. - 183 Comment fe cranfportent les ouvrages de fente... 270 Fer à de, 11. Ce que l’on défigne par ce nom: 342 Son étendue & fon ufage. 29) 345 Ferme, Ce que c’eft. RS PES Fermentation. Idées générales fur celle du bois. 2. 3.45 Chofes néceflaires à la fermentation. 3 Elle opère , principalement dans le bois que l’on tient dans une atmofphère chaude & humide. 10 Feu. Ufage qu'on en fic pour defléchet les bois. 323 Tome IT. À a 370 D TAB EE Inconvéniens de cet ufage. 314 Feuilles. Elles font les principaux organes de la tranfpiration. 39 Celles qui viennent de bonne-heure au Prin- tems,.& qui jauniflent avant les autres en Automne, dénotent un arbre qui a -peu de vigueur. RUE Feuiller. Ce que c'eft que feuiller le PAGE 9$ Fibres ligneufes. Ce que la putréfaétion y_Occa- fionne. 4 Fibres Lorfese Elles font un défaut dans les mer "243 Flafques, Leurs proportions. 167. 168. 169, 170. TATÈYÉ Flottage. 289.:290.291. 2921 1934 294 Force du bots. 3451346: 347. 348349. 350. Forcines. Ce que c’eft. Examen qu’on doit en faire, T17 Forêts. Maniere de les exploiter & conferver, 260. : 261.262.263.264.:265$ Foffe noire PTE de Ll'iflor. Ce que c'eft. 342 Leur ar en longueur - êc largeur , & leur ufage: ; 3424 343 Fourneau. Comment on établit les fourneaux, fo{- fes ou faudes a cuirelecharbon. 92. 93. 94. Fourreaux d’é pe re & de quel bois on les faits #7 199 Frafl. Cendre *E ME 9 Frêne. La différence du terrein ou il ne fon ac- croïflement influe fur la qualité de fon bois. 12 Il aime la terre humide, & vient dans toutes : fortes de’rerreins , excepté dans les fonds trop glaifeux. | 22 Qualités & propriétés de fon bois. 128.129 Froid, Il raléntit la tranfpiration. 39 Futaies. Qualités du bois des arbres renfermés DES MATIERES. 351 dans l’épaiffeur des futaies. Pourquoi les futaies tombent bientôt en dépé- rifiement, 59 Précautions qu'il faut prendre quand on vifite les futaies. 10$. 106. 107. 108. 109. 110. III. 112, 113. 114, 115$. 116117. 118,119 G. Gaz10N. Ce que c'eft, & de quoi on le com pole. 84. 85: Gaudron. Il eft produit par le bois de pin brülé à petit feu. 6 Gayac. Eft un bois dut des pays chauds. 27 Gelées. Quel tort elles font aux arbres dans les différentes expofitions ou ils font placés. 35. | 36 Différence des gelées & des dommages qu’elles occafionnent aux arbres. 41. 42 Celles du Printems font beaucoup de tort aux jeunes bourgeons. $ Les arbres morts par la gelée pourriffent promp- tement. 117 Gelivure. Ce qui l’occafionne. 1$. 43 - Elle rend le bois plus léger. 47e Elle eft un défaut confidérable. 238 Ce que c'eft que gelivure entrelardée, & ce qui l'occafionne, 140 Genévrier. Prefque toutes les efpeces font des cé- dres nains. Son bois ne fe pourrit que très- difficilement. 143 Geniévre. Il fe plaît par-tout. 26 Gerces. Elles rendent le bois inutile, 117 Comment on peut guérir les gerces, « 160 À quoi on peut les attribuer. 161 Gifant. Ce que c'eft. 343 Givre. Il fatigue les branches, 117 Aa 3 372 T'Ai BE Glaife. Elle eft la plus forte des terres. 14 Ses différentes qualités, propriétés & efpeces. 16. 17 Gland, Le taillis de chêne de fept ans n’en donne point, 1l n’y a que les baliveaux qui en don- nent, & le taillis de vingt à vingt-cinq ans. 57-58 Gleditfia. Cet arbre eft réputé du genre de l'acacia. 131 Gluten. Ce que c'eft. 9 Goberges. Ce que c’eft. 200 Gomme. Les fubftances gommeufes ont peu d’o- deur & de faveur; plufeurs brülent diffcile- ment; aucune ne fe diflout par l’efprit-de-vin, mais par l'eau, Gournables. Ce que c’eft. De quel bois on les fair. Comment on les fend. 187. 188 Goutiere. Ce défaut n’eft pas toujours une marque de vieillefle, 53 Graines. Parvenues à leur maturité, on en tire par expreflion de l’huille inflammable. ê Gréle. Quel tort elle fait aux arbres. 36 Grenadille. Eft un bois dur des pays chauds. 27 Grillons. Piles quarrées qui fervent d’arcboutans aux büches que l’on empile en travers dans les chantiers On les nomme aufli Rofeaux. 286 Groffe. Une groffe eft ordinairement de douze dou- zaines. Diftinétion de la groffe de fabots pour Paris & pour la Province. 176 Grume. Obfervation fur les bois qui reftent en grume,. 156, 1$7. 158. 159. 169, 161 "AK" DES MATIERES. 373 H. Hancars. Ils font avantageux pour la con- fervation des bois. 314. 318. 319. 320 Hauffes. Ce que c’eft. 200 Haut. On nomme grand haut le troifiéme lit d’un fourneau , & petit haut le quatriéme & quel- quefois le dernit lit. 94 Hétre. Un terrein fond de fable, qui a beaucoup de profondeur , iconvient à cet arbre. 15. 23 Qualités & ufage de fon bois. 23. 24 Ses différens noms & propriétés. 116, 127 Houx. Tous les terreins lui conviennent. 26 Son bois eft dur & pliant. 144 Huile. 4 Comment on retire l'huile effentielle des plan- tes. $ Ces huiles lavées avec de l’efprit-de-vin perdent leur odeur , que l’efprit-de-vin retient. 7614. Huile empyreumatique. Ce que c'eft, & comment on l'a fait fortir du bois, 6. 7 Hurridité. Elle eft néceflaire pour opérer la fermen- tation. 3, 10 Elle rend les fibres ligneufes plus tendres, 12 Elle ralentit la tranfpiration. 39 Elle endommage par la gelée. 43 J. DANCES. Commenr elles fe fit. . : 16 Jafmin. Diftillé, il ne donne qu'un flegme & pref- que point d'odeur, $ Jets. Quand ils font très-courts , ils annoncent que les arbres ne font plus que de foibles produc- tions. 53 If. Son bois eft dur, plein & pliant. 144 Aa 3 374 T° A RARE Infeétes. En piquant le bois , ils {e réduifent en poufliere. 10 Ipréau. Peuplier blanc. 136 Jumelles, Ce que c’eft. 349 L. Larp OIRE. Ce que c’eft. 1$0 Lattes. On les diftingue en lattes quarrées & lattes blanches. De quel bois elles font faites. Leurs dimentions. 188. 189 Lavande. Ses fleurs contiennent beaucoup d'huile effentielle. $ Laurier. Il produit du baume. 4 Il y en a plufeurs efpeces. Ufage de fon bois, 143 Layettes. Ce que c'eft, & comment on les tra- vaille. 200 Lenrifque. Cet arbre produit du maftic. 4 Levain. Il eft propre à faire fermenter. 3 Levant. Avantages & défavantages de cette expo- fition. 36 Les arbres doivent y tranfpirer moins qu'a l’ex- pofition du midi, & pourquoi. UE En qu’elles circonftances elle eft préférable aux autres expofitions. 49 Liége. Il différe de l’yeufe par l'écorce feulement. 122 Limoner. À quel âge le bois commence à limoner. 104 Lin. Sa graine donne de l'huile inflammable lorf- que parvenue à fa maturité on l'exprime, 8 Liquidambar. 11 produit du baume. 4 Lifoires. Leurs proportions. 164. Loupes. Elles rendent un arbre fufpet. 116.243 Lune, C'eft dans le décours de cette Planéte que DES MATIERES 375 l'Ordonnance veut qu'on abatte les arbres. 146 Lychén. 11 dénote des défauts dans le corps de l'ar- bre. 116 Lymphe. Tous les végétaux en contiennent beau- coup. 8 M. Marre. Ce que c’eft. 160 Les bois où il s’en trouve, font eftimés. 229 Marchands. Précautions qu'ils doivent prendre en recevant les cordes de bois des bücherons. 7 Mares. Quand celles des forêts font defléchées et Été, on connoît la qualité de leur terrein par les plantes qui y croiflent. 13 Marine. Examen qu’il faut faire des bois deftinés à cetemploi. , 108. 109.IIO. III. 112.113 Enumération & choix de ces pièces. 223. 224. 226$. 226227, 228 Proportions des bordages, vaigres, précintes, iloirs, épontilles. 235.236 Marmite de Papin. Son ufage opère ia deftruétion du bois le plus dur. 1a Marne. Il ne fe trouve point de beaux arbres dans le terrein ou il y a trop de marne. 15 Maronnier d'Inde. Terrein qui lui convient. 22 Qualités de ce bois, & ufages auxquels on l’em- ploie. 1 31.122 Quoique moins bon que le peuplier, on peut l'employer aux mêmes ufages. 174 Marfault. 11 fe pafle facilement d'eau, & croît aflez bien fur les hauteurs, pour peu que la terre fe trouve fraîche & un peu argilleufe. 11 A quel âge il faut l’abattre, sS Aa 4 376 : al: À BR L3E Majfhic. Il vient du lentifque., 4 Matreaux. Leurs longueur & groffeur. 337 Choix des arbres propres à faire des mâts. 338 Tous les grands mâts font faits de piéces d’af- femblage. ei 349 Mâtures. Ce que c’eft que bois de mâture, & com- ment on diftingue ces piéces. 337 Comment on les conferve. 341. 342. 343. 344: 345$ Méche. Ce que c’eft. 349 Epaifleur qu’elle doit avoir. 350 Mélefe, La térébenthine s’affemble entre le bois & l'écorce , & même entre les couches li- gneufes de cet arbre. 4 On en connoît de deux efpeces. Qualités & ui- lité de ce bois. 134. 135$ Menuiferie. 231. 232 Merifier. Les terres fubftantieufes le rendent fujer a la gomme. 24 Il fe plaît par-tout ; mais il vient plus promp- tement dans un bon terrein. 26 En quel tems on peut l’abattre. s6 Merrain. Ce que c'eft. 189 Maniere de le fendre. Choïx du bois. Ses di- mentions. 189. 190. 191 Tarif de fes longueurs, largeurs & épaifleurs. 192. 193 Mefure par eftimation. 69.70. JL. 72. 13e A4 Manicre de mefurer les grands arbres. 110.111 Meules ou Rouelles, Ce que c’eft. IOZ. TOZ Micocoulier. 11 veut un terrein humide. 26 Différens noms de ce bois, & à quel ufage il eft propre. 56 Ileft pliant & ne fe rompt point. 140 Midi. Avantages de cette expolition. 31 Les arbtes expofés au midi ont le bois d’une meilleure qualité ; mais font fujets à être en- DES MATIERES. 377 domimagés par les coups de foleil, 3$ Cette expolition eft la plus favorable à la tranf. piration, 39 Dans quelles circonftances cette expofition elt préférable. 41 Mine. Mefure de charbon , qui contient deux mi- nots. La mine forme un fac qui péfe environ cent-vingt livres 273 Minot. Mefure de charbon qui contient huit boif- feaux. Les deux font une mine. 273 Moulins. Piéces de bois qui fervent à leur conf- truction. 221. 222 Mouffe. Elle dénote un arbre malade qui tend à la pourriture. 116 Moutons. Leurs proportions , & dans quelles pié- ces elles fe-prennent. 165$ Moyeux. Les moyeux des roues fe font tous avec de l’orme, 163 Preportions que doivent avoir les différens moyeux. 163. 170. 17L Muid. Le muid de charbon contient vingt mines ; la mine , deux minots ; le minot, huit boif- feaux ; le boifleau, deux demi-boifleaux on quatre quarts de boiffeau. 273 Mürier. Comment fe lève l'écorce de cet arbre, & à quel ufage on l'emploie. 99 Qualités & propriétés de ce bois. 130 Myrrhe. Elle eft compofée de deux fubftances gommeufes & réfingufes. 8 N. Narerrr. Cette graine exprimée en matu- rité donne de l'huile inflammable. 8 Néflier. 11 a le bois dur & pliant, & fournit.de bon charbon. 145 373 T: A! BALE Nerprun. Il s’'accommode de tous les terreins, 26 Nœuds. Ils rendent le bois plus péfant. 47 Quand ils font pourris , cette pourriture fe com- munique au corps des arbres. 116 Il faur en ce cas les fonder avec la tarriere ou un cifeau pour en connoître la profondeur. 143 Noiferte. Exprimée quand elle eft müre, on entire de l'huile inflammable. 8 Noifertier. Il fe plaît par-tout. 26 A quels ufage on emploie fon bois. 144 Noix. On en tire par expreflion de l'huile inflam- mable. 8 Nord. Avantages que l’on prétend réfulter de cette expofition. 31 Différence que l’on fait de cette expoftion à celle du midi. 3$ Pourquoi les arbres croiflent plus droits à l’ex- pofition du Nord. 36 Cette expoñtion eft la moins favorable à la tranf- piration. 39 En quelles circonftances elle eft préférable aux autres expofitions. 49 Noyer. Ii vient bien dans toutes fortes de terres. 25 Qualités & propriétés de fon bois. 129 On ne fait plus que rarement des fabots avec ce bois depuis l’Hiver de 1709. qui en a oc- cafionné la rareté, 175$ @: Ozvrrer. V. Eckhalas. Officiers des Maftrifes. Précautions qu'ils doivent prendre en tems de guerre, 81:87 Ils doivent me LES les places à établir les four- neaux pour faire le charbon. 92 Tolérance dont ils peuvent ufer dans l'abattage des arbres avec le pivot. | 1j! DES MATIERES. 379 Officiers des Ports. Attention qu'ils ont d'empé- cher les fraudes à l’arrivée du bois à Paris. A2 Olive. On tire de l'huile de ce fruit quand il eft en maturité. 8 Ombre. Un peu d'ombre favorife l’accroiffement des jeunes arbres ; une embre trop épaifle les fait périr. 260 Oranger. On tire des huiles effentielles de fon écorce & de fes fleurs. 4 Ses fruits en font très-chargés. s Orme. Comment le terrein influe fur la qualité de fon bois. 12 Avantages qu’il retire d'une bonne terre plus féche qu'humide. 19. 23 Les fables gras lui donnent des chancres. 23 On prétend qu’il eft cent ans à croître, qu'il refte cent ans dans un même état de force, & qu'il eft cent autres années à dépérir. 43 Ses différentes efpeces & propriétés. 124. 125$. 126 L'orme tortillard eft fupérieur aux autres. 163 À quoi on emploie ce bois. 163. 164. 165. 166. 167.168 Orne. Ce que c’eft. 75-150 Oferaie. À quel âge on doit l’abattre. s$ Ofier. L'ofter jaune ou faule-ofier eft meilleur quand il vient fur les berges des foflés où il y a de l'eau, & que ces berges font de bonne terre. 10 L'olier rouge croit affez bien fur les hauteurs 21 Ses différentes efpeces; en quel tems, & cem- ment on l'exploite. 74 TE 350 T'A TRAME P. P 4LISSADES. Fournitures de guerre. Quel bois convient pour les faire. gx Paliffon. Ce que c'eft, & de quel bois on les fair. 184, 185$ Pécher. Son bois fuinte de la gomme. Pelles. Comment & de quel bois on les fait. 203. | 204 Peloton.. Ils fe prennent par les charrons dans les fouches des gros ormes. 165 Perches. Longueur qu'elles doivent avoir, & leur ulage. 87- 100. Péfanteur. 124$. 246 Peuplier, I1 fe plaît dans les terres humides & dans les fables gras. 21 Si on ne l'étête point, il fait un grand arbre, & ne fe creufe pas. SI À quel Age il faut l’abattre. Il y en a crois efpeces. Qualités de ce bois, & à quoi on l'emploic. 136 On peut encore l’employer en charpente & en menuiferie. 173: Ly4 Phlegme. Ses propriétés, & comment on le retire des plantes & végétaux. 8 Pic-verd. Cet oifeau mange les vers qui piquent le bois. 117 Piles. Une pile doit avoir huit pieds de hauteur fur quinze de largeur, & contenir un peu plus de vingt-deux voics. Comment on empêche les piles d’icrouler dans les chantiers. 286 Inconvéniens & avantages des piles. Précau- tions néceffaires à prendre pour en établir. 315. 316.317: 328 Pin. La réfine découle des plaies que l'on fait à DES MATIÈRES. 381 cet arbre. Son bois, brülé à petit feu, ou réduit en char- bon dans des fourneaux bien clos, produit le gaudron. 6 L'huile empyreumatique du bois de cet arbre, eft un vrai gaudron immifcible. 7 Cet arbre vient bien dans un fond de fable qui a beaucoup de profondeur. 1$ II s’accommode de toutes fortes de terreins, ex- cepté de ceux ou il fe trouve uné giaife trop ferme. 26 Produit de cet arbre. Emploi de fon bois. 131. 132 Le pin d’Ecoffe ou pin de Genêve elt celui qu'on préfére pour les matures. 337 Choix qu'il en faut faire relativement à fes qaua- lités, au terrein , au climat, &c. 338. 339. 340 Piquers. Fourniture de guerre. Comment. ils fe font. 83 Pivoter. Maniere d’abattre les arbres. 151.153 Plaies. Celles qui font recouvertes , rendent le bois plus péfant. 47 Plantes. Les acelcentes fermentent lentement. 2 Les muqueufes pailent par tous les dégrés de la fermentation. bid. Les alkalefcentes parviennent promptement à l'état de putréfaétion. Toutes celles aromatiques contiennent des hui- les eflentielles. 4. $ Il y a des plantes que l’on fait bouiilir dans l'eau pour en tirer la cire végétale. 6 Elles contiennent toutes beaucoup de Iymphe & de phlegme. Platane. Terrein qui convient à ceux d'Occident & à ceux d'Orient. Différence de leur bois. 216 Excellançse de ce bois, dont il y a trois efpe- st: TABLE ces. 129, 146 Poids du bors. 301. 302. 303 Poirier. Le fauvageon vient dans des terres aflez légeres. 24 Qualités du poirier fauvage, & à quels ufages on emploie fon bois, 141 Pommier. Le fauvageon demande une terte forte, 24 Qualités du pommier fauvage , & à quoi on em- ploie fon bois. 141 Précautions. Celles qu’il convient de prendre dans l'abattage des bois. 151. 153. 1$4. 155$. 156. 1$7. 158. 159: 160. 161. 1624 Preffoirs. Piéces de bois qui leur conviennent. 2120. 221 Prix des différens bois. 233 234 235$ Produit. Commbien l’arpent de bois peut produire de cordes, eu égard au nombre de brins qu’il contient. 60. 6I Prunier. Son bois fuinte de la gomme. Putréfaëtion. Idées générales fur la putréfaétion du bois. 2. 35 4Ng Q. Qc ADRANÉ. Ce que c'eft que bois quadrané. 160 Qualité du bois, fuivant la nature du terrein. 20. 21.22. 23. 24. 125.26 Différence des bois de notre zone tempérée, de la zone torride, par rapport à la dureré des uns & des autres. 27. 23 Qzeffions fur le tranfport ou féjour des bois dans les ventes, 29$.296 DES MATIERES 38; R. R ae. Ce que c'eft. Racines. Plus elles font vigoureufes, plus les bran- ches qui font du même côté font fortes, 33 Raclerie. Ce . nomme ainfi. 196. 197 Comment fe tranfportent les ouvrages de ra- clerie. R270 Radeaux. Maniere de faire flotter, dont la prati- que eft défavantageufe. 289 Rames. De quei bois fe font les rames de galeres. 182 Choix de ces bois. 3220283 Proportions de leurs parties, & leurs différens noins. 3 34- 335. 356 Régale. Ce que c’eft. 79 Regrattiers. Ils ne peuvent avoir chez eux en ma- gafin plus de fix mines de charbon, & leurs mefures doivent être étalonnées. 99 Remolats. Ouvriers qui perfectionnent les rames dans les ports, 183 Réferves. 62 Réfine. Elle ne fermente point. 2 . Elle découle des plaies que l'on faitau pin. 4 Le pin en fournit de deux efpeces. 6 Les fubftances réfineufes ont beaucoup d'odeur & de faveur, brülent avec beaucoup d'avidité, & fe diflolvent dans l’efprit-de-vin & point dans l’eau. 7 Celle du cédre approche beaucoup de la Sanda- rach. | 143 L'abondance de la réfine eft avantageufe dans les pins qu'on deftine à faire des mâts. 339 Comment on recueille celle dont on fait ufage dans la Marine. 340 Réfulrat des expériences faites fur le defféchement 354 T'ASBAERE naturel des bois. 315$ 316 317 318 319 320 Retour. Marques de retour. 52 53 54 Tous les arbres en retour font altérés au cœur. Ufage qu'on peut faire de ces bois. 54 Romains. Pourquoi ils cernoient le pied des ar- bres fix mois ou un an avant de les abattre. 12 Rormarin. I contient de l'huile effentielle dans tou- res fes parties. $ Rofeaux. V. Grillons. Roues Diamétre & proportions de celles des afFuts: 167 168 169 170 171 Rouets, Comment & de quel bois on les fait. 199 ZO9 Roulure. Ce que c'eft. Ce qui l’occafionné. 236 237 ù 238 S. SABLE. De quoi il eft compofé. 14 Allié avec la glaife, il produit de beaux ar- bres, mais dont ie bois eft rendre & gras. 13 Sabot. Proportions des piéces de bois deftinées à faire des fabots, 17$ 176 Ce que c'eft qu'une grofle; combien fe paie la façon; diftinétion des différens fabots. 176 Sabotiers. Manicre de travailler de ces ouvriers. 177 178 Saifons. Celles qu’il faut choifir pour abattre les bois. 145$ 146 147 148 149 150 ISI Sapin. 11 aime les mêmes terreins que le hêtre. 24 Il y en a plufieurs efpeces. Defcription de trois feulement. 132 133 134 On fait des mâts de celui a feuilles d'if, & de __ celui nommé picea ou épicia. 340 Sauciffons. Ce que c'eft. A quoi ils fervent. Com- ment on les fait. 84 Saule. DES MATIERES. 385 Saule. Le bois de ceux qui viennent fur les ber- ges des foflés où il y a de l’eau, eft le meil- leur. 20211 Si on ne l’étête, pas, il fair un grand arbre, & ne fe creufe point. SI G quel âge il faut l'abatrre. s$ Il y en a différentes efpeces. Emploi de fon bois. 136 137 Le faule rampant ne peut être d'aucun ufage. 14$ . Sciage. 228 229 Comment fe font les trains du bois de fciage. 293 294 Sel, Tous les fels font un obftacle à la fermenta- tiun. 3 On trouve du fel volatile urineux dans le phles- me des huiles eflenrielles. | $ 11 fe forme dans ces huiles des criftaux de fel effentiel quand il fait bien froid. 6 Les plantes contiennent des fels eflentiels, moyens & alkalis fixes. 9 Séve. L'évaporation de la féve dans un arbre abat- tu , eft avantageufe à la confervation du bois. | 154 Effets de la féve, 196 297 198 29y 300 Expériences faites fur l’évaporation de la féve. s 303 304 305$ Situation. Ce qu’on doit entendre par ce terme. 27 Avantages qui réfulrent de la fituation. 29 Soleil. Dommage qu'il peut caufer aux bois. 35 36 Il favorife la tranfpiration. 39 Comment il; opere fur les végétaux dans leurs différentes expolitions. 39 Solive. Elle doit avoir au moins fix à fept pouces fur cinq d’équarriflage. 62 C'eft une piéce de bois de fix pouces d'équar- riflage & de douze pieds de longueur. Ma- Tome IL. Bb 386 L'ART niere de mefurer un arbre par folive. 212 247 Sorbier. Son bois eft très. dur. Ufage qu'on en fair. On le noinme corretier, eochène, cormisr. I4I 142 Souches. Les futaies tombent bienrôt en dépérifie- ment, quand elles font reproduites de vieilles fouches, so Celles de bouleau meurent prefque toujours quand on les abat gros. 56 Souffets. Comment & de quel bois on en fait les panueaux ou batrans. 202 Styrax. Il produit du baume, | 4 Subffance. Différences qui fe trouvententre les fubf- rances gommeufes & les fubftances réfineu- Les, Sureau. Il y en à trois efpeces. Son bois pourrit difficilement. Ufages auxquels on l'emploie. 144 Le bois du vieux fureau eft très-dur. Il fe vend en grume. 174 Sycomore. Il réuflit dans toutes fortes de terreins. " 2$ Il eft une des efpeces de l’érable. Qualités de fon bois. Ufages auxquels on l'emploie. 137 Le TarLL1s."nifférences qui s’y rencontrent, & comment on les eftime. s4 À quel âge on peut les abattre. s7 Accroiflement des taillis. 58 59 Eftimation qu'on peut faire de leur produit eu égard à la bonté du terrein qu'ils occupent. 61 63 64 65 66 67 68 Exploitation du taillis. 69 70 Au-deflous de fix pouces , il ne doit être ein- DES MATIERES. 387 : ployé qu’à faire des cotrets, fagots & bour- N°” séteRil 77 Tan. I fe fait avec l'écorce, & comment, 88 Témoins. Ce que c’eft. 276 Térébérithe. Cer arbre produit du baume. Térébenthine. Elle.s'accumule dans dés veflies qui gonflent l'écorce des fapins. Ce que produit la diftillation des térébenthines _* de fapin, de mélèfe, térébenthe, ffyrax. 6 Terre. Différentes qualités des terres. 11 12 13 14 | | 1$ 16 17 18 19 20 Terrein. Son influence fur la qualité du boïs. 11 Bree er 48 49 SO SI Celui qui convient aux différentes efpeces d'ar- bres. 2011 2223 142$ 26 Téte-morte. Ce que c'eft. 9 T héâtre. Maniere d’empiler les bois dans les chan- tiers. | 286 Thuya. Son bois eft très-bon. | 145 Tilleul.' Terrein qui lui convient, & qualités de fon bois. 22 23 Comment on leve l'écorce de cet arbre, & à quel ufage on Pemploie. 5° “Qualités de fon bois, 3$ 136 Différence de nos tilteuls d’avec ceux qu’on nom- me de Hollande. 173 Timons. 1is {e prennent communément dans des piéces de chêne ou de frêne. 165$ Toifé. Maniere de toifer Le bois en grume. 208 209 210211 212 Différentes autres manieres de toifer. 246 247 248 249 Tonnerre. Il occafionne des gerces aux arbres qu'il frappe. 117 Tourneur. . 207 Tragacantha. La gomme adragänt fort des bran- _ ches de cet arbre en forme de vermifleaux. 7 B6 2 388 TABLE Trains. Ce que c'eft. 281 282 283 234285 286 2387 Différentes méthodes de les conftruire. 290 294 e. 291 193 294 Tranfpiration. Elle eft augmentée par un vent chaud & modéré. 37 Elle eft néceflaire pour la végétation. . 39 La firuation la plus favorabie à la tranfpiration des arbres, elt celle ou ils reftent ifolés. 40 Tranfport des bois. 269 Queftions fur le tranfport des bois ou leur fé- jour dans les ventes. 219$ 296 Travée. Ce que c’eft. 342 Combien elle coute. 344 Traverfes où Traverfins. Ce que c'eft. 282 Traverfin. Ce que c’eft. 189 Maniere de le fendre. Choix du bois. Ses di- mentions. 189 190 191 Tarif de fes longueurs, largeurs & épaiffeurs. 192 193 Tremble. 11 vient bien dans les terres humides & fables gras. 21 Il eft une efpece de peuplier. 136 Triquer. Ce que c’eft. 286 Trompette C'eft le nom d'un boïs tendre qui croit à Saint Domingue. 18 Tubereufe. Diftillée, elle ne donne qu’un phleg- me, & prefque point d'odeur. Tuf. Le terrein où il y en a wop ne produit pas de beaux arbres. 1$ Tulipier. 1] devient très-grand. Son bois eft ten- dre & odorant. 145$ V. 4 ALLÉES. Avantages & inconvéniens qu'é- prouvent les arbres qui y font plantéss 3031 DES MATIERES. 389 Pallons. Ceux renfermés font ordinairement froids» & le bois y vient mal. 37 Végétaux. Is font tous plus ou moins fufcepti- bles de fermentation. 2 Ils donnent après la fermentation des principes è différens de ceux qu'ils auroient fournis au- aravant. " Ils fourniflent des baumes qu'on nomme huiles effentielles. ibid, Quelques-uns fourniflent des gommes réfines qui paroiflent compofées des deux fubftances de gomme & de réfine. . Les teinturiers font un grand ufage des parties - coloranres des végéraux. mr Tousles végétaux contiennent beaucoup de lym- phe & de phlegme. HAL A Vent. Il endommage rarement les arbres expofés au levant. | 36 Celui de fud-ouefft fatigue 8& rompt fouvent.les branches des arbres expofés au couchant. 1614. Le vent eft quelquefois utile aux végétaux. 37 Chaud & modéré , il augmente la tranfpiration. 1b1d. ‘Il empêche l'effet des gelées. -38 Dommages que les différens vents caufent aux arbres. zbid. Verglas. Quel tort il Fait aux arbres. 43 Vers. Différentes efpeces de vers endommagent les arbres. 117 341 Comment on peut détruire ceux qui vermoulent les bois fubmergés. 344 345$ Verfe. Corbeille de charbon qui contient trente- cinq livres. 99 Vigueur. Marques de vigueur dans un arbre. 115$ Voie. Membrure qui fert à mefurer le bois. Elle contient quatre pieds de couche fur pareille hauteur. 78 Voie. V, Charge. 396 T° À BL Æ; 6. Ver E : Son bois ne:peut être d'aucun ufage. 45 Yeufe. Chêne verd. Ses différentes efpeces. 120 121 Yeuxide bœufs. Ce que-ceft. 116 É: Ze | Zoke. Différence des éfpeces de bois qui croif- ‘fent dans notre zone rempérée, la zoné tor- - ‘ride & [a zone glaciale. euÿ-790 23 k Fin de la “Hable. OA IP PR O'B'AT E ON! Jra 1 Jü , par ordre le, Monfeigneur le Vice-Chancelier., le Traiti des Bois , & des différentes rranieres de le,Culriver Semer , Façonner, & Exploiter, &c, par M. Maffé, Avocar én Parlement, & n’y ai rich trouvé qui ne puiffe en Favorffer l'hbmprefion ; cet Ouvragerdevant étre très-urile:à rous les Seigneurs; Culrivateurs ; &, Propriétaires , par les recherches fingulieres que l’Auteur à faites, & l'avantage que le Publicen dcic tirer. A Paris, ce 16 Septembfe 1758. LALAURE. , 2 PRIVILEGE DU RO" E OUIS, par la grace.de Dieu; Roi de:France & de Navarre: A nos amés & féaux Confeillers, les Genis tenans nos Cours de Parlement, Maîtres des Requêtes ordinaires de notre Hôtel, Grand Confeil, Prévôrde Paris, Baïllifs, Sénéchaux, leurs Lieute- nans Civils, & autres, nos Jufticiers qu'il appar- tiendra : SALUT , notre amé le Sieur Massx, Avo- cat, Nous a fait expofer qu’il defireroit faire impri- mer & donner au public : Un Fraité.des Bois & des différentes manieres de les femer , planter, cul- river & tranfporter, S'il nous plaifoit lui accorder ge. PYE ños Lettres de Privilége pour ce néceffaires. À ces Causes, voulant favorablement traiter l'Expofant, Nous lui avons permis & permettons par ces Préfen- tes , de faire imprimer ledit ouvrage autant de fois ue bon lui femblera , & de le vendre, faire vendre & débiter par tout notre Royaume pendant le tems de fix années confécutives , à compter du jour de la date des préfentes. Faifons défenfes à tous Impri- meurs, Libraires, & autres perfonnes, de quelque qualité & condition qu’elles foient, d'en introduire d'impreflion étrangere dans aucun lieu de notre obéiffance : comme aufli d'imprimer, ou faire im- primer , vendre, faire vendre, débiter, ni contre- faire ledit ouvrage, ni d'en faire aucun extrait fous TES prétexte que ce puiffe être, fans la permif- on exprefle & par écrit dudit Expofant , ou de ceux qui auront droit de lui, à peine de confifca- tion des Exemplaires contrefaits, de trois mille li- vres d'amende contre chacun des contrevenans, dont un tiers à Nous, un tiers à l'Hôrel-Dieu de Paris, & l’autre tiers audit Expofant, ou à celui qui aura droit de lui, & de tous dépens, dommages & inté- rèts : À la charge que ces Préfentes feront enregif- trées tout au long fur Le Regiftre de la Communaute des Imprimeurs & Libraires de Paris, dans trois mois de la date d’icelles ; que l'impreffion dudit ou- _vrage fera fair dans notre Royaume, & non ailleurs, en beau papier & beaux caracteres, conformément aux Réglemens de la Librairie, & notamment à ce- Jui du dix Avril mil fepc cent vingt-cinq, à peine de déchéance du préfent Privilége ; qu'avant de l'ex- pofer en vente, Je manufcrit qui aura fervi de co- pic à l'imprefion dudit ouvrage , fera remis dans le même érat ou l’Approbation y aura été donnée, ès mains de notre très-cher & féal Chevalier, Chan- celier Garde des Sceaux de France, le fieur ne Mat- pEOU; qu'il en fera enfuite remis deux Exemplaires 392 . dans notre Bibliotheque publique, un dans celle de, notre Château du Louvre, &tun dans celle dudie fieur pE MAUPEOU : le tout à peine de nullité des Préfenres ; du contenudefquelles vous mandons & enjoignons de faire jouir ledit Expofant & fes ayans caufes, pleinement & paifiblemenr, fans fouffrir qu'il leur foit fait aucun trouble ou empéchement. Voulons que la copie des Préfentes, qui fera impri- mée cout au long , au commencement ou à la fin dudit ouvrage, foit tenue pour düement fignifiée, & qu'aux copies collationnées par l’un de nos amés & féaux Confeilliers, Secrétaires, foi foit ajoutée comme 2 l'original. Commandons au premier notre Huiflier ou Sergent fur ce requis, de faire pour l’e- xécution d’icelles, tous actes requis & néceffaires, fans demander autre permiffion , & nonobftant cla- meur de haro, Charte Normande & lettres à ce con- traires ; Car tel eft notre plaifir. DONNE à Paris le dix-feptiéme jour du mois de Novembre, l’an de grace mil fept cent foixante-huit, & de notre Régne Je cinquante-quatriéme. Par le Roi en fon Confeil. Signé, LE BEGUE. Regiftré [ur le Regiftre XVII. de la Chambre Royale & Syndicale des Libraires & Imprimeurs de Paris , N°. 262. fol. conformément au Réglement de 1723; qui fait défenfes, art. 41 , à toutes per- fonnes de quelque qualité & condition qu'elles foient, autres que les Libraires & Imprimeurs de vendre, débiter, faire afficher aucuns livres pour les vendre en le:rs noms , foit qu'ils s'en difent les Auteurs ou autrement ; & à la charge de fournir à la fufdite Chambre neuf Exemplaires prefcrits par l'art. 108. du même Réglement. À Paris ce premier Février 1769. Signé, BRITASSON, Syndic. De l'Imprimerie de la Veuve SI MO N , Imprimeur des. À. 5, Monfeigneur le Prince de Condé, & de l’Archevêché, ruc des Mathurins, 1759 PLEASE DO NOT REMOVE CARDS OR SLIPS FROM THIS POCKET UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY SD Traite des bois, et des 193 différentes manieres 173 Nouv. ed, 1771 6.2