y* '«S 3t£>* TRAITÉ DES ENTOZOAIRES ET DES MALADIES VERMINEUSES DE L'HOMME ET DES ANIMAUX DOMESTIQUES MÉMOIRES DE L'AUTEUR CHEZ LES MEMES LIBRAIRES. De la paralyale générale ou partielle dos doux nerls do la «cptiéme pairo, 1852. [Mémoire courouné par l'Institut (Académie des sciences). Itooliorohes sur la génération «les huîtres, 1 854. Mémoire couronné par l'Institut (Académie des sciences). Prix de physiologie expérimentale. Becherchea sur l'angutUalfi du Mo niellé considérée au point de vue de l'histoire naturelle et do l'agriculture, 1857. Mémoire couronné par l'Institut (Académie des sciences), prix de physiologie expérimentale pour la partie anatomique et physiologique, et couronné par la Société impériale et centrale d'agriculture. Médaille d'or. Comptes rendus dos séances et mémoires de la Société de Biologie. Première série. — Années 1 849 a 1853. Paris, 1850-1854, 5 vol. in-8 avec planches. Le tome Ier, année 1849. Paris, 1850. In-8 de 20G — 170 pages, avec 4 planches lithographiées, est épuisé. Tome II, année 1850. Paris, 1851. In-8 de 203 — 258 pages, avec 3 planches lithographiées. Épuisé. Tome III, année 1851. Paris, 1852. In-8 de 166> — 284 pages, avec 5 planches lithographiées. Tome IV, année 1852. Paris, 1853. In-8 de 192 — 514 pages, avec 7 planches lithographiées. TomeV, année 1853. Paris, 1854. In-8 de 173—347 pages, avec 8 planches lithographiées. Deuxième série. — Années 1 854-1 858. .Tome 1er, année 1854. Paris, 1855. In-8 de 175—366 pages, avec 9 figures intercalées dans le texte, et 6 planches lithographiées. Tome H, année 1855. Paris, 1856. In-8 de 160—393 pages, avec 3 planches lithographiées. Tome 111, année 1856. Paris,^ 1857. In-8 de 253—495 pages, avec 9 planches lithographiées et figures intercalées dans le texte. Tome IV, année 1857. Paris, 1858. In-8 de 189—334 pages, avec 2 planches lithographiées et figures intercalées dans le texte. TomeV, année 1858. Paris, 1859. In-8 de 194—325 pages, avec 9 planches lithographiées. Prix de chaque volmuc : 9 fr. Paris. — Imprimerie de L. MARTINET, rue Mignon, 2, TRAITÉ DES ENTOZOAIRES ET DES MALADIES VERMINEUSES DE L'HOMME ET DES ANIMAUX DOMESTIQUES PAR €. «AVAIWE Membre de la Société de biologie, correspondant de la Société impériale des sciences de Lille, *■ lauréat de l'Institut (Académie des sciences), et de la Sociélé impériale et centrale d'agriculture, chevalier de la Légion d'honneur, de l'ordre d'Isabelle la Catholiquo, etc. Accompagné de 88 Ggures intercalées dans le texte n«m» ck>»<— i ■ PARIS J.-B. BAILLIÈRE et FILS LIBRAIRES DE L'ACADÉMIE IMPÉRIALE DE MÉDECINE Rue Hautefeuille, 19 LONDRES j NEW-YORK HIppolyte Baillière, 219, Régent street | H. et Cli. liaillière brotliers, W, Broadway MADRID, C. BAILLY-BAILLIÈRE, CALLE DEL PRINCIPE, 11. 1860 Droits de traduction et de reproduction réservés. Monsieur RAYER MÉDECIN ORDINAIRE DE S. M. L'EMPEREUR, MEMBRE DE L'INSTITUT, DE L'ACADÉMIE IMPÉRIALE DE MÉDECINE, COMMANDEUR DE LA LÉGION D'HONNEUR, PRÉSIDENT DU COMI1É CONSULTATIF D'HYGIÈNE PUBLIQUE DE FRANCE. PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE , ETC. Hommage de profond respect, de rco nnais?ance et d'affection, DAVAINE. PREFACE, Les ouvrages publiés en France sur la pathologie vermineuse sont déjà anciens : ceux de Brera et de Bremser datent du commence- ment du siècle, celui de Chabert est plus ancien encore; néanmoins les articles sur cette matière publiés dans nos traités modernes de pathologie ne sont généralement que des chapitres empruntés à ces ouvrages ; il faut en excepter toutefois l'article acèphalocystes du Dictionnaire de médecine et de chirurgie pratiques , excellent travail ex professe- de M. Cruveilhier, mais ce travail même est déjà d'une date assez éloignée. A l'époque où j'ai entrepris ce livre, la pathologie vermineuse n'était donc guère plus avancée qu'il y a quarante ans. Tout récem- ment, MM. Gervais et Van Beneden d'un côté, M. Moquin-Tandon de l'autre ont publié une Zoologie médicale, et M. Kùchenmeister un traité des parasites du corps humain. L'histoire naturelle des entozoaires de l'homme a reçu une grande place dans ces savants ouvrages; mais par leur nature, les deux premiers ne pouvaient admettre la pathologie que d'une manière accessoire ; quant au der- nier, l'auteur, entraîné par des spéculations zoologiques, a souvent accordé une large part au parasite et a réduit celle de l'hôte à des emprunts faits au livre de Bremser. La plupart des articles et des traités écrits à diverses époques, sur les affections vermineuses de l'homme et des animaux consistent dans la reproduction plus ou moins littérale des descriptions, des opinions et des faits contenus dans les œuvres de leurs devanciers, descriptions qui n'ont point toujours été puisées dans l'observation des faits, opinions souvent conçues et acceptées sans critique, faits quelquefois incomplets ou dénaturés par des citations successives et jamais vérifiées aux sources. Il importait de revoir ces faits, de rechercher les nouveaux et nombreux documents qui, disséminés viij PRÉFACE. dans les recueils périodiques , ont été complètement négligés, ainsi que des travaux savants ou estimables qui sont restés ignorés. Cette entreprise était considérable et devait demander beaucoup de temps et de recherches pour être menée à bien, mais j'ai trouvé de pré- cieux secours tant dans la vaste bibliothèque de mon illustre maître M. Rayer, et dans les documents rassemblés pendant sa longue car- rière scientifique, que dans les bibliothèques publiques de Paris dont l'accès m'a été rendu facile. La pathologie vermineuse considérée chez l'homme et chez les animaux offre un vaste champ qui comprend les phénomènes les plus divers, les lésions les plus variées; considérée dans une espèce unique, le champ se rétrécit considérablement et n'offre plus aux méditations du pathologiste que des faits isolés ou incomplets et sans rapport entre eux. Quant à l'homme certaines affections vi rmi- neuses ne l'atteignent pas, d'autres ne l'atteignent que rarement et comme par exception ; de là la nécessité pour les auteurs qui se sont occupés de ces affections de chercher des lumières dans les maladies analogues chez les animaux et réciproquement pour les auteurs de médecine vétérinaire de demander des éclaircissements à la patho- logie de l'homme. Aussi l'on a lieu de s'étonner que le rapproche- ment dans un même ouvrage des maladies vermineuses qui attei- gnent l'homme et les animaux n'ait jamais été tenté. L'intérêt d'un semblable rapprochement, les lumières qu'il devait apporter dans notre sujet m'ont déterminé à l'entreprendre malgré la difficulté de coordonner des faits nombreux et variés, de les exposer d'une ma- nière méthodique et lucide. L'étude des affections vermineuses ne pouvant être indépendante de celle des êtres qui les occasionnent, j'ai cherché une division qui n'amenât pas l'interruption fréquente de la pathologie par la zoologie et de la zoologie par la pathologie. De leur séparation est résulté l'avantage de pouvoir exposer les caractères des entozoaires sui- vant la méthode naturelle. Pour les affections que la présence de ces parasites détermine, j'ai dû chercher une division qui présentât les faits semblables ou analogues par groupes homogènes, et, s'il était possible, peu nombreux. Celle que j'ai adoptée n'est pas irrépro- chable sans doute au point de vue d'une classification nosologique, PRÉFACE. ix mais elle m'a paru répondre mieux qu'aucune autre au but que je m'étais proposé. Relativement à la prééminence à donner soit à l'homme, soit à tel ou tel animal dans la formation des groupes pa- thologiques, je ne l'ai point accordée au rang que chaque espèce occupe dans l'échelle animale, mais généralement je l'ai donnée à l'espèce qui présente de la manière la plus évidente, et le plus fré- quemment l'affection dont il était question ; ainsi les lésions que détermine le cysticerque ladrique ont été étudiées d'abord chez le porc, celles que détermine le distome hépatique l'ont été d'abord chez le mouton, animaux qui sont atteints de ces lésions et plus fréquemment et plus gravement. J'ai joint à cet ouvrage un assez grand nombre de figures utiles à l'intelligence du texte. Ces figures, pour la plupart, ont été dessinées par moi-même d'après nature, ou sous mes yeux par Lackerbauer dont l'exactitude et le talent sont généralement connus. Celles qui ne m'appartiennent point sont accompagnées du nom des auteurs auxquels je les ai empruntées. Pendant l'exécution de ce livre, j'ai souvent eu recours à l'obli- geance d'un savant illustre, mon ami, M. Claude Bernard, qui a bien voulu mettre à ma disposition son temps et ses lumières; j'ai trouvé dans plusieurs de mes collègues de la Société de biologie, qui se sont aussi fait un nom dans la science, un concours utile, un empresse- ment dont j'ai été vivement touché; je prie donc MM. Brown- Séquard , Charcot, Giraldès,] Gubler, Laboulbène, Ch. Robin et Vulpian d'en recevoir ici mes remercîments. Paris, le 30 septembre 1859. TABLE METHODIQUE DES MATIÈRES. Préface vij Table des figures contenues dans l'ouvrage xvij SYNOPSIS. Page». Type I. — PROTOZOAIRES I Type II. — CESTOIDIÎS VIII Type III. — TRÉMATODES XLIV Type IV. — ACANTHOCÉPHALES LV Type V. — NÉMATOIDES LVI Type VI. — ACANTHOTHÈQUES LXXXVI PSEUDHELMINTHES LXXXIX PATHOLOGIE. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES 4 (Importance attribuée anciennement aux vers. — Répartition des enlozoaires dans les organes. — Conditions de l'existence et de la fréquence des vers : contrées, cli- mats, saisons, etc. — Vers chez le fœtus, l'œuf et l'embryon, chez les enfants à la mamelle, les animaux en lactation, dans l'enfance et la vieillesse ; — sexe, race, natio- nalité, hérédité, contagion, épidémies, état de santé, constitution, helminllùase. — Phénomènes déterminés par les enlozoaires). DIVISION DE L'OUVRAGE -18 LIVRE PREMIER. "VERS A L'ÉTAT DE LIBERTÉ DANS LES CAVITÉS QUI COMMUNIQUENT AVEC L'EXTÉRIEUR. PREMIÈRE PARTIE. — Affections vermineuses des voies respiratoires 20 PREMIÈRE DIVISION. — Chez l'homme 20 DEUXIÈME DIVISION. — CHEZ LES ANIMAUX 22 PREMIÈRE SECTION. — Vers dans les fosses nasales 23 DEUXIÈME SECTION. — Vers dans la trachée et les bronches. 26 Chap. Ier. — Chez le bœuf, le veau, le cheval, l'âne (bron- chite vermincuse) 28 Chap. II. — Chez le mouton 34 Chap. III. — Chez le cochon 35 Chap. IV. — Chez les oiseaux de basse-cour 36 TABLE MÉTHODIQUE. XJ Pages. DEUXIÈME PARTIE. — Affections vei-usiiieuses des voies digestives 38 PREMIÈRE DIVISION. — CHEZ L'HOMME 39 (Généralités : historique. — Opinions sur l'origine des vers intestinaux. — Connais- sance de leur organisation. — Utilité des vers. — Influence de la lune. - — -Associa- tion de diverses espèces de vers. — Conditions de leur fréquence. — Phénomènes qu'ils déterminent. — Explication de ces phénomènes. — Symptômes. — Diagnostic. Tableau synoptique des ovules pour servir au diagnostic. — Nature et marche des affections vermineuses. — Indication des cas d'affections sympathiques causées par les vers. — Craintes exagérées à leur sujet. — Conséquences fâcheuses de cette crainte. — Tableau synoptique des entozoaires intestinaux.) PREMIÈRE SECTION. — Protozoaires intestinaux 63 DEUXIÈME SECTION. — Cestoïdes intestinaux 69 Chap. Ier. — Historique 69 Chap. II. — Distribution géographique du ténia et du bothrio- céphale. — Antagonisme 78 Chap. III. — Conditions de la propagation des cestoïdes de l'homme 87 Chap. IV. — Le ténia solium 93 Chap. V. — Le bothriocéphale large 111 Chap. VI. — Cestoïdes erratiques 114 TROISIÈME SECTION. — L'anchylostome duodénal ( chlorose d'Egypte) 118 QUATRIÈME SECTION. — Vascaride lombricoïde 120 Sous-section I. Chap. Ier. — Séjour, nombre, conditions de fréquence. . . 121 Chap. II. — Distribution géographique 124 Chap. III. — Épidémies et endémie 126 Chap. IV. — Conditions de propagation 1 28 Sous-seclion II. Chap. Ier. — Symptômes, signes, accidents sympathiques. 129 Chap. II. — Lésions anatomiques, accidents physiques. . 134 Sous-seclion III. Chap. Ier. — Lombrics erratiques dans l'estomac, l'œso- phage, le nez, l'œil, l'oreille 142 Chap. II. — Dans le larynx et la trachée J45 Chap. III. — Dans les voies pancréatiques 155 Chap. IV. — Dans les voies biliaires 156 Chap. V. — Dans des voies accidentelles (question des per- forations) ;' . 175 Chap. VI. — Tumeurs et fistules vermineuses 192 Chap. VII. — Lombrics erratiques dans diverses condi- tions ; 204 xij TABLE MÉTHODIQUE. P.gs». CINQUIÈME section. — Le trichocéphale dispar 205 SIXIÈME SECTION. — L'oxyure vermiculaire 209 Septième section. — Traitement 210 DEUXIÈME DIVISION. — CHEZ LES ANIMAUX DOMESTIQUES. 223 (Historique. — Généralités.) Première SECTION. — Vers chez les solipèdes 227 DEUXIÈME SECTION. — Vers chez le porc (échinorhynque géant). 229 TROISIÈME SECTION. — Vers chez le chien el le chai 231 QUATRIÈME SECTION. — Vers chez les ruminants 232 Cinquième section. — Traitement 234 TROISIÈME PARTIE. — Affections vermincuscs des voies biliaires 235 (Historique. — Généralités). PREMIÈRE DIVISION. — DISTOMES 238 PREMIÈRE SECTION. — Distomes chez les ruminants ' 238 Chap. Ier. — Lésions anatomiques 239 Chap. II. — Cachexie aqueuse 24 I Chap. III. — Épizooties de cachexie aqueuse 241 Chap. IV. — Rapports de la cachexie aqueuse avec l'existence des dislomes 24C Chap. V. — Traitement . 249 DEUXIÈME SECTION. — Dislomes chez V homme 250 Chap. Ier. — Dans les voies biliaires . . 251 Chap. II. — ■ Erratiques dans l'intestin 253 Chap. III. — Incertains ou fictifs 255 DEUXIÈME DIVISION. — CORPS OVIFORMES 257 PREMIÈRE SECTION. — Chez le lapin 257 DEUXIÈME SECTION. — Chez l'homme 263 QUATRIÈME PARTIE. — Affections vermineuses des voies nrinaîres , 26 G PREMIÈRE DIVISION. — VERS SPÉCIAUX AUX VOIES URINAIRES {slrongle géant) 267 (Historique. — Considérations générales. — Distribution géographique. — Organes envahis. — Désordres occasionnés. — Phénomènes et symptômes. — - Diagnostic.) PREMIÈRE SECTION. — Lestrongle géant chez l'homme 276 Chap. Ier. — Cas probables 276 Chap. II. — Cas très incertains 280 TAREE MÉTHODIQUE. XÎij Pages. DEUXIÈME SECTION. — Le slrongle géant chez les animaux. . . 286 DEUXIÈME DIVISION. — Vers rares, indéterminés, erra- tiques ou fictifs 288 PREMIÈRE SECTION. — Vers microscopiques (protozoaires) . . . 288 DEUXIÈME SECTION. — ■ Vers visibles à l'œil nu 289 Chap. Ier. — Vers évacués avec l'urine (spiroptère, dacty- lius, tétraslome) 292 Chap. II. — Vers trouvés dans les reins (penlastome, néma- loïdes indéterminés) 293 TROISIÈME SECTION. — Vers erratiques ... : 295 QUATRIÈME SECTION. — Pseudhelminthes 300 LIVRE DEUXIÈME. VERS DANS LES CAVITÉS CLOSES NATURELLES OU ACCIDENTELLES. PREMIÈRE PARTIE. — Affections vermineuscs du système sanguin (hématozoaires). .-. 309 (Considérations générales.) Première SECTION. - Hématozoaires de l'homme. ...... 311 Chap. Ier. — Hématozoaires vrais (dislome hœmalobie). ... 312 Chap. II. — Hématozoaires accidentels (dislome hépatique). . 315 Chap. III. — Hématozoaires fictifs , . . 325 DEUXIÈME SECTION. — Hématozoaires des solipèdes. ..... 328 Chap. Ier. — Vers des artères (anévrysme vermineux) .... 329 Chap. II. — Vers des veines 336 TROISIÈME SECTION. — Hématozoaires du chien 336 Chap. Ier. — Vers ayant un séjour déterminé 337 Chap. II. — Vers circulant dans tout le système ...... 341 DEUXIÈME PARTIE. — Affections vermineuses des cavités séreuses naturelles ou adventives (vers vêsiculaires). . . . 343 (Séjour. — Historique. — Confusion avec les kystes. — Découverte de l'animalité des cysticerques, des hydatides. — Écliinocoques chez les animaux , chez l'homme. — Acéphalocystes. — Relation de l'hydatide avec les écliinocoques. — Corps inanimés pris pour des vers vêsiculaires. — Dénominations.) PREMIÈRE DIVISION. — HYDATIDES 359 SUBDIVISION I. — Hydatides chez l'homme. (Caractères des hydatides de l'homme. — Vitalité. — Mort.) PREMIÈRE SECTION. — Considérations pathologiques 362 Chap. Ier. — Tumeurs hydatiques, constitution, transforma- tions (athérome) 362 Chap. II. — Constitution chimique, produits accidentels (W- muloïdine). , , 371 xjv TABLE MÉTHODIQUE Page». Chap. III. — Organes enviihis; altérations consécu- livos 375 Cn.\p. IV. — Conditions diverses; étiologie, distribu- tion géographique 879 Chap. V. — Marche, durée, terminaison, symptômes, signes (frémissement hydalique, ponction exploratrice), pronostic 383 DEUXIÈME SECTION. — Hydatides du système sanguin. . . . 393 Chap. Ier. — Cœur et vaisseaux 396 Chap. II. — Péricarde 406 TROISIÈME SECTION. — Hydatides des organes respiratoires . 409 Chap. Ier. — Hydatides développées dans la cavité tho- racique 409 Chap. II. — Hydatides développées dans l'abdomen et envahissant le thorax 435 QUATRIÈME SECTION. — Hydatides de ï 'abdomen 454 Sous-section I. Chap. Ier. — Foie. Action sur cet organe 455 Chap. II. — Foie. Action sur les conduits et la vésicule biliaires • 462 Chap. III. — Foie. Action sur les vaisseaux sanguins. . 480 Chap. IV. — Organes abdominaux autres que le foie. . 486 Sous-section H. Chap. Ier. — Tumeur ouverte dans une cavité séreuse. 493 Chap. II. — Tumeur ouverte dans une cavité muqueuse. 495 Chap. III. — Tumeur ouverte au dehors 507 CINQUIÈME SECTION. — Hydatides du petit bassin 510 SIXIÈME SECTION. — Hydatides de l'appareil urinaire. . . . 524 Chap. Ier. — Hydatides développées dans les reins. Mort 527 Chap. II. — Hydatides développées dans les reins. Gué- rison 529 SEPTIÈME SECTION. — Hydatides dans les organes superficiels (orbite, face, cou, corps thyroïde, parois du tronc, membres). 536 HUITIÈME SECTION. — Hydatides du système osseux 548 NEUVIÈME SECTION. — Traitement 562 Chap. Ier. — Traitement médical. 562 (Prophylaxie. — Agents tliérapeuliquos. — Agents physiques.) Chap. II. — Traitement chirurgical 565 TABLE MÉTHODIQUE. XV Pages. (Ponction simple. — Ponction avec séjour de la canule. — Ponctions successives. — Incision simple. — Incision à deux temps. — Caustique. — éjections iodées. — Injections alcooliques. — Injections de bile. — Extirpation. — Traitement consécu- tif. — Appréciation et indications.) Subdivision II. — Hydatides chez les animaux 617 DEUXIÈME DIVISION. — CYSTICEKQUES 620 PREMIÈRE SECTION. — Cysticerques chez le porc (ladrerie). . . 622 DEUXIÈME SECTION. — Cyslicerque chez l'homme 627 (Historique. — Parois du cœur, poumons, autres organes. — Géographie.) LIVRE TROISIÈME. VERS DANS LES ORGANES PARENCHYMATEUX. PREMIÈRE PARTIE. — Affections vermineuses du système nerveux central 633 PREMIÈRE DIVISION. — PORTION CÉPHALIQUE DE L'ENCÉ- PHALE 636 Première SECTION. — Vers chez les animaux. Chap. Ier. — Cœnure chez les ruminants (tournis) 636 Chap. II. — Cysticerques chez le porc et le chien 643 DEUXIÈME SECTION. — Vers vésiculaires chez l'homme 644 Chap. Ier. — Hydatides 646 Chap. II. — Cysticerques 656 TROISIÈME SECTION. — Du tournis dans ses rapports avec les vers vésiculaires 663 DEUXIÈME DIVISION. — Portion rachidienne de l'encé- phale (cœnure, hydatides] 666 .DEUXIÈME PARTIE. — Affections verminenses du système musculaire (trichina spiralis) 672 TROISIÈME PARTIE. — Affections verminenses des glan- dules ou ganglions ( Tubercules vermineux). ........ 683 PREMIÈRE SECTION. —Chez le chien 684 DEUXIÈME SECTION. -- Chez le cheval 691 TROISIÈME SECTION. — Chez l'homme 692 QUATRIÈME SECTION. — Chez divers animaux 695 QUATRIÈME PARTIE. — Affections vermineuses du tissu cellulaire interorganique ( la fllaire (le l' homme) 696 Chap. Ier. — Historique 697 Chap. II. — Distribution géographique 700 Chap. III. — Causes et conditions de propagation 705 XVJ TABLE MÉTHODIQUE. P;igcJ. Chap. IV. — Fréquence, nombre, siège, durée 715 Cuap. V. — Phénomènes pathologiques (observations particu- lières) 718 Chap. VI. — Traitement 729 LIVRE QUATRIÈME. VERS DANS DES ORGANES COMPLEXES OU APPAREILS. k'Ct ■:>■ Il Kl: PARTIE. — Affections verminenses de l'appareil de la -vision 732 PREMIÈRE DIVISION. — GLOBE OCULAIRE 732 PREMIÈRE SECTION. — Globe oculaire chez r homme 733 DEUXIEME SECTION. — Globe oculaire chez les animaux. . . . 743 Chap. Ier. — Chez le porc 743 Cuap. II. — Chez les solipèdes 745 Chap. III. — Chez le bœuf 749 DEUXIÈME DIVISION. —ANNEXES DE L'OEIL 750 DEUXIÈME PARTIE. — Affections vermine uses de l'appareil générateur 753 PREMIÈRE DIVISION. -APPAREIL MALE. . 754 DEUXIÈME DIVISION. —APPAREIL FEMELLE 756 PREMIER APPENDICE. Maladies faussement attribuées aux vers. . . . 763 (Art. I. Affections vermineuses universelles, fièvres vermineuses. — Art. II. Affec- tions épidémiques ou contagieuses déterminées par des vers invisibles. ■ — Art. III. Affections attribuées à des vers réels ou fictifs autres que ceux de l'intestin. — Art. IV. Affections imaginaires attribuées à des vers imaginaires.) DEUXIÈME APPENDICE. MÉDICAMENTS VERMIFUGES ET LEUR MODE D'ADMINISTRATION. , 775 (Art. I. Acide cyanhydrique, antimohiaux, eau froide, étain, fer, mereuriaux, pétrole, sel marin, soufre, zinc. — ART. II. Ail, aloès, asa fœtida, camphre, cévadille, charbon végétal, citrouille, cousso, étber, figuier de Cayenne, geoffrée, fougère mâle, grenadier, huile grasse, kamala, mousse de Corse, mûrier, musenna, nitrate d'ar- gent, noix vomique, papayer, panna, quinquina, santonine, saoria, semen-conlra, spigélie, tanaisie, tatzé, térébenthine. — Art. III. Remède de Chabert, de Clossius, de Darbon, de Garbillon, de Richard de Hautesierck, de Meyer, de Ratier, de Storck, de Swaim, de Weigel.) Index bibliographique par noms d'auteur (*) 816 Table alphabétique des matières 823 (*) IV. B, — Cet index a pour but de faire arriver facilement le lecteur au livre ou au mémoire çilé lorsqu'à, est indiqué, par un \ocq citatO. SYNOPSIS DES ENTOZOAIRES DE L'HOMME ET DES ANIMAUX DOMESTIQUES. Les entozoaires sont des animaux qui vivent dans les organes des autres animaux, et qui n'ont point d'organes respiratoires distincts ou déterminés, ni d'appendices articulés propres à la locomo- tion (1). Les entozoaires sont organisés d'après six types distincts ; ce sont : les PROTOZOAIRES, les CESTOÏDES, les TRÉMATODES, les ACANTHOCE - PHALES, les NÉMATOÏDES, les ACANTHOTHEQUES. TYPE I. — PROTOZOAIRES. Animaux microscopiques, de forme ordinairement irrégulière, dont les divers systèmes d'organes ne sont pas, en général, nettement séparés; chez les uns, l'organisation très simple est réductible au type de la cellule; chez les autres, plus complexes, les fonctions s'accomplissent néanmoins par des organes simples et non par des appareils (2). Les téguments des protozoaires sont tantôt mous, contractiles, (1) La définition de Rudolphi n'est plus admissible aujourd'hui, car on sait qu'un certain nombre de vrais entozoaires passent une partie de leur vie hors de l'organisme de leur hôte; celle que nous proposons ne change rien à l'ensemble du groupe; toutefois, contrairement à Rudolphi, nous rapportons aux entozoaires les infusoires parasites qui en avaient été rejetés sans raison suffisante. La classe des entozoaires est artificielle, mais la plupart des groupes secondaires qui la constituent, parfaitement définis par leurs caractères zoologiques, compren- nent exclusivement, ou à peu près exclusivement, des parasites internes ; en sorte que les entozoaires forment en réalité un groupe assez homogène. (2) La définition des protozoaires donnée par M. de Siebold (animaux réduc- tibles au type de la cellule) ne convient qu'à un petit nombre de ces animaux; la caractéristique de MM.Gervaiset Van Beneden (animaux sarcodaircs) comprendrait aussi des animaux plus élevés, tels que certains trématodes, des larves d'in- secte, etc. Nous croyons notre définition plus précise, sans oser espérer qu'elle soit irréprochable. DAVA1NE, - a Il SYNOPSIS. non distincts du parenchyme du corps, susceptibles de s'agglutiner et de s'étirer; tantôt plus distincts et réticulés ; tantôt solides et non contractiles, ou durs et cornés, et persistants après la destruction de l'animal. Ils sont ordinairement pourvus d'appendices variés qui ser- vent à la préhension des aliments, à la locomotion, à la respira- tion î\ telles sont des expansions contractiles, protéennes, tantôt courtes et larges, tantôt longues et filiformes, simples ou ramifiées que certains protozoaires (amibes, acinètes) émettent ou retirent dans leur propre substance, et qu'ils varient incessamment ; tels sont, chez d'autres, les cils vibratiles toujours agités, les cirrhes qui paraissent suivre l'impulsion de la volonté ; enfin des expansions roides et résis- tantes, comme les soies, les styles, les crochets? '. Le parenchyme du corps est une substance molle, transparente, diffluente, contractile [sarcode). Une ou plusieurs vésicules rougeâtres, qui apparaissent et disparaissent suivant un rhythme non régulier, représentent un système circulatoire rudimentaire. Le tube digestif est nul, incomplet ou complet. La génération s'accomplit par fissi- parité, par gemmiparité ou par des organes sexuels. Ceux-ci, tou- jours très simples, sont constitués par des vésicules (ovaire ou noyau, testicule ou nucléole) distinctes, dans lesquelles se développent les spermatozoïdes ou les ovules. La fécondation a lieu par accouple- ment, et l'embryon, quelquefois différent des parents, subit alors des métamorphoses et devient adulte par une véritable génération alter- nante (1). (l) L'appréciation exacte des phénomènes qui ont donné lieu à la théorie de la Génération alternante étant assez récente et, peut-être, peu familière encore aux médecins praticiens, il importe de donner ici quelques éclaircissements à cet égard, d'autant plus que des exemples de ce mode de génération se présenteront fréquem- ment dans cet ouvrage. Outre la reproduction par des drganes génitaux, certains animaux se reproduisent encore par des gemmes ; dans l'un et l'autre cas, il peut arriver que l'individu pro- duit ne ressemble pas à l'individu producteur. — On sait que chez les batraciens, chez les insectes, la larve qui sort del'teuf ne ressemble pas au parent, mais qu'elle acquiert tôt ou tard la forme et l'organisation du parent par une métamorphose. De l'embryon à l'adulte l'individualité est toujours la même, quoiqu'elle revête des formes différentes. — Chez d'autrcS animaux, l'individu qui sort de l'œuf, différant aussi par la forme et par l'brganisatibn de l'individu qui a produit l'œuf, ne se mé- tamorphose point cependant tôt ou tard en un individu semblable à son parent, il périt sans arriver jamais à l'état adulte; ce sont d'autres individus auxquels il donne naissance par des bourgeons ou des gemmes qui acquièrent la forme du pre- mier parent et qui reproduisent des œufs à leur tour. L'individu issu de l'œuf, qui be ressemble ni pour la forme, ni pour l'organisation à celui qui a produit l'œuf, SYNOPSIS. m Le groupe des protozoaires n'a point encore de limites bien déter- minées, soit parce qu'il est facile d'y comprendre des larves d'ani- maux plus élevés, soit parce qu'il est difficile d'en distinguer des végétaux doués de mouvement, ou même des parcelles séparées récemment d'un organisme vivant et participant encore de sa vie, comme il arrive aux fibres musculaires, aux cils vibratiles, aux sper- matozoïdes, aux zoospôres. C'est cette interprétation que nous don- nons des mouvements que nous avons découverts dans les globules ne ressemble point non plus à sa progéniture; celle-ci possède la forme du pré*- mier parent ou elle l'acquiert par une métamorphose. II y a donc là deux phases dé génération bien distinctes ; mais quelquefois celte seconde génération n'arrive point non plus à l'état adulte, elle en reproduit une troisième , différente d'elle-même et de la précédente, et c'est cette troisième génération qui seule reprend le type du parent primitif. j On entend par génération alternante ou digénèse la succession des générations dissemblables, sexuelle et asexuelles, après lesquelles reparaît le type primitif. Il arrive fréquemment que l'individu appartenant à l'une de ces phases de gêné" ration (ordinairement celle qui n'acquiert point d'organes génitaux) produise de nouveaux individus semblables à lui-même, et ceux-ci, à leur tour, donnent nais- sance à d'autres individus semblables à eux-mêmes avant que chacun d'eux ne pro- duise des individus dissemblables. Ces individus semblables, nés d'une souche commune et successivement les uns des autres, ces rejetons ne peuvent être consi- dérés comme constituant de nouvelles phases de génération, car ils ne forment point un degré plus avancé dans l'évolution de l'animal qu'ils représentent, ils ne font que multiplier l'individu-souche; les individus dissemblables, au contraire, forment toujours un acheminement vers l'état adulte, uue phase nouvelle, un degré de plus dans l'évolution de l'animal auquel ils appartiennent : le puceron, qui produit une succession de dix et douze individus, plus ou moins, nés les uns des autres par gemmation et semblables les uns aux autres, n'a pas en défini- tive dix et douze phases de génération successives, mais deux seulement, l'une sexuelle et l'autre asexuelle; les hydalides produites successivement les unes par les autres ne représentent point chacune une nouvelle phase de génération, mais c'est l'échinocoque qui représente cette nouvelle phase; et, dans les plantes, la suc- cession des bourgeons ne représente jamais qu'une même phase de génération* M. Steenstrup, l'auteur de la théorie de la génération alternante, a appelé nourrice l'individu non sexué qui donne naissance à l'individu sexué ; et grand'- nourrice, l'individu non sexué qui, lorsqu'il y a deux phases asexuelles de généra- tion, donne naissance à la nourrice. On sait que M. Van Beneden appelle la nour- rice scoleœ et la grand'nourrice proscolex. Parmi les entozoaires dont nous allons nous occuper, les cestoïdes et les trémà-« todes se propagent généralement par la génération alternante ; mais les différentes phases de cette génération s'accomplissent dans des terrains différents. L'animal ne peut parcourir ses périodes de larve dans l'organe où il devient adulte, de là une migration nécessaire dans de nouveaux organes et chez de nouveaux animaux, irii= gration correspondante à chaque nouvelle phase de son évolution. |\ SYNOPSIS. blancs du sang de l'homme et des animaux (1), malgré l'opinion d'un observateur plus récent, M. Lieberkûhn, qui regarde ces corpuscules comme de véritables protozoaires (2) . Les protozoaires sont les plus répandus de tous les animaux: ils existent dans les eaux courantes ou stagnantes, douces ou salées, dans l'humus, parmi les mousses, les conferve's, etc. Ils apparaissent rapidement dans les matières végétales ou animales en décomposi- tion; ils se trouvent sur les téguments des animaux qui vivent dans l'eau, dans divers organes des animaux à sang froid et même chez les animaux à sang chaud. Les protozoaires qui vivent dans les organes des animaux sont de véritables intestinaux ou entozoaires, car ils périssent prompte- ment lorsqu'on les retire de ces organes; et, d'autre part, les proto- zoaires libres périssent lorsqu'on les introduit dans un organisme animal (3). Les protozoaires des animaux domestiques ont à peine été recher- chés; nous n'indiquerons ici que ceux de l'homme. Ils appartiennent à plusieurs genres distincts. (1) C. Davaine, Recherches sur les globules blancs du sang (Mém. Soc. biologie, 1850, t. II, p. 103). (2) Lieberkûhn, Ueber psorospcrmien {Muller's Arch. fur anal, undphys. 1854, p. 11, pi. i). (3) Nous rapporteroos datii le courant de cet ouvrage des faits qui prouvent que les protozoaires de l'homme ne peuvent vivre hors des organes qui leur servent Aliabilal (voy. ce que nous avons dit, Palhol., p. 63, 67, 68). Ici nous nous borne- rons à citer les suivants : M. Chaussât, ayant exposé dans un tube une certaine quantité de sang de grenouille qui contenait des protozoaires parasites [paramecium costatum et amœba rolaria), constata que ces hématozoaires avaient cessé générale- ment de vivre au bout de quarante-huit heures, tandis qu'au bout de vingt-quatre il s'y était déjà développé des vibrions (Chaussât, thèse). — M. Vogel, ayant tiré à un chat adulte 30 grammes environ de sang, les remplaça par 60 grammes d'une infusion qui contenait des milliers d'iufusoires (espèce de monas ou jeune Age du cyclidium glaucoma ?); au bout de viogt-trois heures, 30 grammes de sang tirés à ce chat n'offrirent pas la moindre trace de ces infusoircs. Deux jours après, le chat fut tué et son sang, ayant été examiné avec soin, ne contenait pas d'infu- soire6; ceux-ci avaient disparu sans laisser aucun vestige, quoiqu'il en eût été injecté des millions (J. Vogel Traité d'anal, palh. gén., 1847, p. 396, note). Il y a donc pour les protozoaires qui vivent en parasites des conditions physiolo- giques particulières qui les distinguent des autres infusoires et les rapprochent des entozoaires. SYNOPSIS. V FAMILLE DES VIBRIONIENS (Dujakdin). Protozoaires filiformes, extrêmement minces, sans organisation ap- préciable, sans organes locomoteurs visibles, se multipliant par division transversale, et se mouvant par l'effet de leur contracti- lité générale. Les vibrioniens sont les protozaires qui apparaissent les premiers dans toutes les infusions, et qui, en raison de leur petitesse extrême et de l'imperfection de nos moyens d'observation, doivent être con- sidérés comme les plus simples. Il est probable que beaucoup d'êtres rapportés aux vibrioniens appartiennent au règne végétal. 1 GENKE BACTERIUM. Corps filiforme, roide ; mouvementvacillant,non ondulatoire; longueur, 0mm,002 à 0'mm,005 ; épaisseur, 0m,n,0004 à 0n,m,0017. Des protozoaires appartenant à ce genre se trouvent dans divers liquides animaux en décomposition, dans la matière blanche qui s'amasse autour des dents, etc. 2 GENRE VIBRION. Corps filiforme, susceptible d'un mouvement ondulatoire comme un serpent ; longueur, 0mm,003 à 0mm,01 ; épaisseur, 0mm,0008 à 0n1m,0(M. On trouve de ces êtres dans les matières intestinales chez les malades at- teints du choléra et de diarrhée, dans l'urine altérée, dans le pus de la balanite, de la leucorrhée, etc. (voy. Path., p. 65, 66, 289). FAMILLE DES MONADIENS (Dujardin). Protozoaires ayant une forme déterminée, ronde ou ovoïde \ varia - blés parleur mollesse, mais non d'une manière protéenne; corps en apparence homogène, sans tégument distinct, susceptible de s'agglutiner aux objets environnants et de s'étirer plus ou moins ; point d'intestin ni de bouche visibles ; un ou plusieurs filaments fiagelliformes servant d'organes locomoteurs. Vf SYNOPSIS. 3 GENRE MONAS. Corps nu, de forme arrondie ou oblongue, sans expansions variables ; un seul filament flatjelli forme ; mouvement un peu vacillant. Une espèce observée chez l'homme, dans l'urine des cholériques (voy. PWft.,p. 289). GENRE CERCOMONAS. Corps nu, de forme arrondie, discoïde ou ovoïde ; un filament flagelliforme antérieur ; un prolongement postérieur en forme de queue, plus ou moins long, plus ou moins filiforme et variable qui s'agglutine quelquefois aWD corps environnants et fixe momentanément l'animal. Fig. 1. — Cercomonas de l'homme grossis 350 fois. — i, variété A; 2, variété B. /4 CERCOMONAS DE L'HOMME {Cercom, hominis, Davaine). Variété ou espèce A. Corps pyriforme, variable, long de 0min,01 à 0mm,012 ; extrémité amincie se ter- minant par un filament caudal épais aussi long que le corps; filament flagelli- forme antérieur situé à l'extrémité obtuse, opposé au précédent, très long (deux fois aussi long que le corps? ) et mince, toujours agité, très difficile à voir; trait longitudinal vers l'extrémité antérieure, donnant l'apparence d'un orifice buc- cal?; point de nucléus bien appréciable. Locomotion assez rapide, quelquefois suspendue par ragglutiualion du filament caudal aux corps environnants; l'animal oscille alors, comme un pendule, autour du filament. Ces prolozoaires existent en nombre quelquefois considérable dans les garderobes récentes des malades atteints du choléra. Variété ou espèce B. Plus petite que la précédente ; corps moins pyriforme, à contours moins arrondis, long de 0mm,008; deux filaments, l'un antérieur, l'autre caudal, situés un peu latéralement; longueur des filaments non déterminée; locomotion très rapide. Cette variété se rapproche des amphimonas. Protozoaires observés en grand nombre dans les déjections d'un individu atteint de fièvre typhoïde. Ces protozoaires périssent et disparaissent dès que les garderobes se SYNOPSIS. ¥11 refroidissent. Leur petitesse, la continuité et la rapidité de leurs mouvements rendent une observation exacte très difficile, observation qui ne peut être complétée après la mort de l'animalcule, car il devient impossible alors de le distinguer des corpuscules de diverse nature, des cellules épithéliales plus ou moins altérées parmi lesquels il se trouve (voy. Palh,, p. 64, 67). GENRE TRICHOMONAS. Corps ovoïde ou globuleux, susceptible de s'étirer en s agglutinant au porte objet, et présentant quelquefois ainsi un prolongement caudal; filament fla- gelliforme antérieur, accompagné d'un groupe de cils vibratiles. 5 TRICHOMONAS VAGINAL [Trich. vagmalis, Donné). Corps glutineux, noduleux, inégal, creusé de vacuoles?, s'agglutinant souvent à d'autres corps, long de Omm,0i ; filament caudal non constant, variable; fila- ment autérieur flagelliforme, flexueux, trois fois plus long que le corps; long, de 0m,a,028 0mm,033 ; sept à huit cils vibratiles situés à sa base. Mauve* ment vacillant. Observé dans le mucus vaginal chez la femme. Les trichomonas sont sou- vent réunis par groupes de cinq ou six individus, plus ou moins, dans les- quels on ne distingue que quelques appendices flagelliformes en mouvement. Lorsque le mucus vaginal est refroidi, ces protozoaires ne lardent pas à disparaître (voy. Palh., p. 756). FAMILLE DES PARAMÉCIENS (Dujardin). Protozoaires à corps mou, flexible, de forme variable, ordinairement oblong, plus ou moins déprimé, pourvu d'un tégument réticulé, lâche et couvert de cils vibratiles nombreux en séries régulières ; ayant une bouche distincte. 6 PARAMÉCIE DE L'HOMME [Paramecium coli, Màlmsten). Corps ovoïde, aminci en avant, long de 0mm,l environ, un peu variable ; tégument couvert de cils serrés, disposés en séries obliques; bouche anléro-latérale, munie de cils plus longs ; œsophage légèrement élargi et recourbé ; anus situé en arrière, à la face abdominale , plus ou moins saillant et distinct par sa consti- tution ; un noyau oblong, elliptique; deux vésicules contractiles, l'une plus petite, sub-centrale , l'autre située près de l'anus, très variables ; — mouve- ments plus ou moins rapides, quelquefois tournoyants. Observée dans le côlon et dans les garderobes chez l'homme (voy. Palh., p. 67). VIII SYN0PSI5 TYPE II. — CEST01DES (Rudolpiii). Animaux composés, à corps mou, ordinairement aplati, à tégument confondu; point de cavité générale; corpuscules calcaires ordi- nairement très nombreux, disséminés dans le parenchyme; point de bouche, d'anus ni d'intestin; ayant ordinairement une tête (nourrice, scolex) munie de deux ou quatre ventouses ou fossettes musculeuses très contractiles (oscules, suçoirs, bothries), et sou- Fig. 2. — Cysticcrque ladrjque provenant d'un kyslc situé dans la paroi abdominale , chez l'homme. — 1 , scolex ou têle, col et portion du corps, grossis 40 fois et très légèrement comprimés. Le rostre est en- core invaginé ainsi qu'une partie de la couronne de cro- chets; trois des quatre ven- touses sont visibles; on voit aussi les corpuscules calcaires disséminés dans le col et le corps ; ces parties sont mar- quées de plis transversaux qui simulent des anneaux. — 2, cro- chets appartenant à la première et à la seconde rangées, grossis 200 fois. On leur distingue trois parties: la griffe ou lame, la garde ou talon, le manche. — 3, corpuscules calcaires grossis 350 fois. vent en outre armée de crochets disposés soit en couronne ter- minale autour d'une sorte de petite trompe (rostre, rostellum), soit par paires en avant de chaque fossette ou très nombreux sur quatre trompes rétractiles; corps plus ou moins long (strobila), formé d'articles ou d'anneaux plus ou moins nombreux; articles restant longtemps réunis entre eux et à la tête, ou se détachant bientôt et vivant quelque temps libres (cucurbitins, proglottis); quatre canaux longitudinaux plus ou moins ramifiés, contractiles, occupant la tête et les anneaux , s' ouvrant en arrière axi dehors? et formant un appareil excrétevr?. — Organes génitaux des deux sexes réunis dans un seul article; organe mâle disparaissant ordinairement ? lorsque sa fonction est accomplie, l'organe femelle persistant. — Spermatozoïdes filiformes ; oeufs pourvus d'une enveloppe simple, double ou triple, avec ou sans opercule. Em- bTXOPSIS. IX Lrvon ordinairement ovoïde et muni de sLx :. : : . - - \ - Fie. %. — (loi im téfûm wfcw *n «, grossi 7* foi? ; », 340 fois ; c, .- ; -.--:. i.i z ■--■-. --■■■: - :- :.--•■.- :- 7: ."_ :r> quelquefois sans crochets? Larve Bat sauf les ::ansformations, se multipliant quelquefois sous la même forme par gemmation. Les cestoïdes sont les plus oommtms de tous les entoaoaires forment un très grand nombre d'espèces qui, dans leurs divers états, vivent dans tous les or- ganes chez les animaux ver- tébrés. Les cestoïdes de l'homme et des animaux domestiques appar- tiennent à deux familles ou tribus rfetmetea TRIBU DES TEMADES. CSesfcndes ayant une tê:e s::. ex munie de quatre ventouses et souvent d'une trompe année de crochète ou inenne; un corps strobilai en forme de bandelette, composé d'articles plus ou moins nombreux ; les articles (cucurbitins, proglot- tk agrégés ou libres, pour- vus, lorsqu'ils sont adultes, d'organes génitaux mâle et femelle; orifice des organes génita-x âtués à la marge. Etat embryonnaire ; vésicule ovoïde, hexacar.i'-r. Etat de larce : forme hydatique ou acéphalocvste ; hne :; - îqae •:1 : : "•=-- Jli 7. il 1 : : \ ~ ■:•?".. — ^-5 - - .- : : ~~ -- -: ; - :: ■ -Ki ■■ - — "î : - " ' . : - . ^ . . X SYNOPSIS. (éehinocoque, oœnure, cystioerque) ; forme inconnue pour le plus grand nombre ; — scolex. Etat parfait : cucurbitin ou proglottis. A l'état de larve, les téniadés se trouvent dans les parenchymes ou dans les cavités séreuses exclusivement; à l'état parfait, ils n'existent que dans la cavité de l'intestin des animaux vertébrés. Communs che2 les mammifères et les oiseaux, ils sont très rares chez les reptiles et les poissons. Les cestoïdes de la tribu des téniadés se propagent par une génération al- Fig. 5. — Ténia progloltinien (voy. Syn., n° 28). — 1, individu grossi 40 fois ; pourvu de la têle et de quatre anneaux ; aux troisième et quatrième en a, orifice des organes génitaux. — 2, tête ou scolex et premier anneau, grossis 200 fois, un peu déformés par compression (des mouve- ments 1res vifs ne permettent de les observer que comprimés). Infundibulum et ventouses armés de crochets, corpuscules calcaires et deux des quatre canaux longitudinaux apparents; premier anneau nettement séparé de la tête et de l'anneau suivant, n'offrant point encore d'organes géni- taux. — 3, crochets de l'infundibulum, disposés en deux rangées, grossis 540 fois. — 4, deux anneaux ou proglottis séparés de la tète et encore adhérents entre eux, grossis 20 fois ; organes génitaux alternes visibles à l'angle antérieur. — 5, partie antérieure d'un proglottis vivant libre, grossi 40 fois (même grossissement que le n* 1); a, pénis; b, canal déférent ou spermiJucte ; c, vagin ; d, d, canaux longitudinaux. — G, œuf grossi 350 fois renfermant un embryon dont on aperçoit les crochets. — 7, embryon mxir, sorti de l'oeuf, grossi 350 fois. 11 est vu dans la situa- tion où il se Irouve à la fin d'un effort perfnnitif. SYNOPSIS. XI lernante (voy. ci-dessus, p. », note) ; en effet, si l'on compare entre eux l'embryon, la tête et les anneaux d'un ténia, il est facile de voir qu'ils constH tuent trois individualités distinctes dont l'une, au moins, dérive de l'autre par gemmation. La tête ou le scolex possède manifestement une individualité propre; elle se distingue de chacun des anneaux par sa forme, par ses ventouses, sou- vent par la présence de crochets, par l'absence constante d'organes sexuels et, si, dans un certain nombre d'espèces, elle semble appartenir à la série des anneaux parce qu'elle n'en est pas nettement séparée, dans d'autres, la sé- paration est bien tranchée, comme chez le ténia proglotlinien du coq domes- tique (fig. 5); d'ailleurs la tête de certains cestoïdes a été vue isolée, et même elle a été décrite comme un animal distinct sous le nom de scolex. Les anneaux ou progloltis possèdent aussi une individualité propre qu'ils manifestent clairement dans un assez grand nombre d'espèces, car après être restés plus ou moins longtemps adhérents entre eux et à la tête ou scolex, ils se séparent par scission et vivent un certain temps indépendants. Chez plu- sieurs cestoïdes connus, la séparation d'avec le scolex se fait pendant que l'anneau est encore loin de sa maturité ; cet anneau vit, se meut, se nourrit, s'accroît en liberté et ses organes génitaux achèvent de se développer dans cet état. Cet anneau libre, qui possède tous les attributs de l'animalité, est le cestoïde adulte qui reproduit son espèce par des œufs. Avant que l'œuf n'ait été expulsé des organes sexuels, il s'y est développé un embryon qui ne ressemble nullement au proglottis dont il provient, ni au scolex qui a produit le proglottis. Il est, en effet, dépourvu de ventouses et muni de six crochets qui, différant de ceux du scolex par le nombre, en diffè- rent encore par la forme. Voilà donc trois individualités successives et distinctes dont l'une forme l'animal parfait. Comment se complète le cercle interrompu entre l'embryon et le scolex? le second provient-il du premier par métamorphose ou par gem- mation? avant d'aller plus loin, constatons dans ces individus successifs les phases d'une génération alternante : un anneau né de la tête par gemmation ; un embryon hexacanthe provenu de l'anneau par sexualité. La tête est donc une nourrice suivant la dénomination de Steenstrup, un scolex suivant celle de Van Beneden ; l'anneau ou proglottis est l'individu adulte. Aucun observateur n'a suivi d'une manière positive l'embryon dans sa transformation en scolex ; on ignore donc s'il reproduit celui-ci en se méta- morphosant ou bien par gemmation, où s'il n'y a pas plusieurs générations entre la vésicule hexacanthe et le scolex. D'après quelques observations en- core fort incomplètes, on est porté à admettre que l'embryon, parvenu dans son habitat, perd ses crochets et se développe en une vésicule qui produit le scolex par gemmation; dans ce cas l'embryon serait une grand' nourrice (Steenstrup), un proscolex (Van Beneden). Mais si l'on compare l'échinocoque au cœnure, on comprendra qu'il n'y a probablement point sous ce rapport uniformité de développement chez tous les téniadés ; il en est d'ailleurs un XII SYNOPSIS. grand nombre qui probablement ne passent point par la forme vésiculaire. Les différentes phases du développement d'un léniadé s'accomplissent dans des milieux différents, comme nous l'avons dit. L'individu adulte, le pro- glollis se développe et vit exclusivement dans l'intestin ; l'œuf est toujours expulsé au dehors , l'embryon qu'il renferme, avant d'être apte à vivre dans l'intestin, doit toujours sans doute acquérir un nouveau développement qui l'amène à l'état de scolex et qui s'accomplit dans un autre milieu. Les crochets dont l'embryon est armé, disposés pour avancer dans un milieu résistant et non dans un milieu fluide (voy. Sgn , n" 28), doivent faire préjuger que ce mi- lieu est un tissu ou un parenchyme, présomption qui trouve en quelque sorte sa confirmation dans le fait de l'absence constante de larves de cestoïde dans les eaux douces ou salées et de la présence d'un certain nombre de ces- toïdes imparfaits dans les organes parenchymateux ou dans les cavités closes des animaux; en outre, aucun observateur n'a suivi le développement complet d'un cestoïde dans un organe déterminé. Section A. — Téniadcs à l'état de larve. (Forme vésiculaire. — Vers vésictdaires ou cystiques) (i). 7 GENRE? HYDÂTIDE (ÉCHINOCOQUE, ensemble), Première phase de développement, hydatide (acéphalocyste, Laennec). Vésicule généralement sphérique ou ovoïde, d'un volume très variable [entre une télé d épingle et une léte de fœtus à terme}; renfermant un liquide lim- pide; à parois plus ou moins minces, égales, non contractiles, constituées par une substance homogène, élastique, fragile, transparente, blanchâtre, opa- line ou twi'dûtre, semblable, pour la consistance, à du blanc d'œuf coagulé, sans granulations élémentaires, sans fibres ni fibrilles, sans cellules, et dis- posée par lames stratifiées, toutes semblables entre elles, ayant à peine 0mm,002 à 0™",003 d'épaisseur ;' produisant par gemmation, à sa surface externe ou interne, ou dans son épaisseur, des rejetons ou vésicules sembla- bles, qui acquièrent plus ou moins de volume et se reproduisent à leur tour de la même manière; l' hydatide souche et fins tard les rejetons subissant des altérations plus ou moins profondes, perdant leur liquide et se réduisant à une membrane aplatie et plus ou moins altérée (voy. Palh., p. 359, 366, 617). (1) Malgré les travaux nombreux entrepris dans ces derniers temps pour arriver à la détermination des espèces de ténias auxquels appartiennent les vers vésicu- laires de l'homme et des animaux domestiques, il en reste encore plusieurs de tout a fait indéterminés; en outre, sur la plupart des autres, sinon sur tous, il reste en- core bien des incertitudes; c'est ce qui justifie cette section provisoire. Quant à la distribution des vers vésiculaires en genres, d'après des caractères tirés de la vési- cule, elle n'est probablement aussi que provisoire ; toutefois, il est possible que les SYJNOPjB. XIII La vésicule hydalique, en se développa ni, donne naissance, par sa face interne, à une membrane qui la revêt intérieurement (membrane gcrminale), et qui est FlG. 6. — Hydatide de l'homme. — 1 , fragment de grandeur naturelle ; la tranche montre les feuillets dont le tissu se compose; à la surface externe existent des bourgeons hydatiques, à divers degrés de développement (acéphalocystc exogène de Kiihn.) — 2, un des bourgeons comprimé et grossi 40 fois ; il est formé, comme l'hydalide souche, de feuillets stratifiés ; la membrane germi- nale ne s'est point encore développée dans la cavité centrale. Il n'y a pas de trace d'échinocofiuo. formée d'un stralum fibrillaire, infiltré de granulations élémentaires, sans cou- ches distinctes et bien différent du tissu hydalique. La membrane germinale est plus ou moins apparente en certaines régions de la vésicule hydalique ; elle adhère faiblement à la paroi de celle-ci, s'en détache facilement, s'altère et disparaît longtemps avant l'hydalide. Toutes les hydalides ne sont pas revê- tues d'une membrane germinale. Seconde phase de développement, iïchinocoquf. (échinococcus, Rudolpui). Corps oblong ou irrégulièrement ovoïde, à peine visible à l'œil nu, long de 0"1U1,2 , large de 0mm,11 environ, séparé en deux parties par un étranglement circulaire plus ou moins prononcé ; la partie antérieure formant une tête ou scolex pourvue d'un rostre, munie d'une double couronne de crochets et de quatre ventouses musculaires contractiles ; les crochets au nombre de qua- rante-quatre ou plus ; ceux de la rangée antérieure? plus longs (longueur, 0mm,02 à 0mm,022); partie postérieure ou caudale vésiculaire, plus large que l'antérieure, déprimée en arrière où s'insère un funicule caduc. Quatre canaux? excréteurs? Corpuscules calcaires plus ou moins nom- breux. Dans le plus grand nombre des cas, la tête se voit invaginée dans la vési- cule caudale, l'échinocoque est alors régulièrement ovoïde: le rostre, comme différences si grandes que l'ou observe chez les larves, eorrespoudeut chez les adultes, à des différences assez importantes pour maintenir ceux-ci dans des genres distincts. Xiv SYNOPSIS. un doigt de ganl retourné, est invaginc aussi entre les ventouses, de telle sorte (lue les crochets se trouvent en arrière de celles-ci ; ils ont le plus sou- vent leur griffe dirigée en arrière. Les échinocoques se développent dans l'épaisseur de la membrane germi- KlG. 7. — Échinocoques de l'homme. — 1, groupe d'échinocoques encore adhérents à la memhraiiu germinale par tin funicule, grossi 40 fois. —2, échinocoque grossi M)7 fois ; la lête est invaginée à l'inlérienr de la vésicule caudale ; il existe un funicule, — 3, le même comprimé ; la tête rétrac- tée, les ventouses, les crochets cl les corpuscules calcaires sont apparents à l'intérieur. — i, échinocoque grossi 107 fois ; la tête est sortie de la vésicule caudale. — 5, couronne de cro- chets grossie 350 fois. nale, ou plutôt dans des expansions de celle-ci ; ils naissent plusieurs ehseh> ble dans ces expansions auxquelles ils sOht unis par un funicule inséré dans la dépression de la vésicule caudale ; lorsqu'ils ont acquis tout leur dévelop- pement, le funicule se rompt ou se détache, et les échinocoques restent libres dans la cavité de l'hydatide. Après un certain temps, la membrane germinale se détruit et plus tard à leur tour les échinocoques ; il ne reste plus alors dans la cavité de l'hydatide que les crochets de ces vermicules. Les hydatides chez lesquelles la membrane germinale ne s'est pas développée, n'ont pas non plus d'échinocoques. L'existence dans l'échinocOque d'un rostre et d'une double couronne de crochets, de quatre ventouses, de quatre canaux excréteurs? , des corpuscules calcaires, placent avec certitude cet animal dans l'ordre des cestoïdes et dans la tribu des téniadés. Considéré eh lui-même, c'est-à-dire abstraction faite de l'hydatide, il représente un ver cystique. Un cysticerquedont le corps ne serait point développé (cysticerque réduit à la tête et à la vésicule caudale). Phases de développement primitives et cltëriëures de l'hydàtide- ëcbihocogue , L'hydatide et l'échlnocoque étant deux phases successives et transitoires SYNOPSIS. XV du développement d'un ver ténioïde (1 ) , l'embryon hexacanthe du ténia a dû précéder l'hydalide ; mais celle-ci provient-elle de cet embryon par métamor- phose ou par gemmation ? C'est ce que l'on ignore. La phase scolex étant toujours l'avant-dernière, la pénultième dans la vie d'un cestoïde, l'échinocoque qui est une tête ou scolex ne peut plus pro- duire qu'un proglottis, c'est-à-dire le cestoïde adulte, période ultime. Les diverses phases du développement du ver lénioïde qu'on pourrait appeler renia hrjdatigène, sont donc au moins au nombre de quatre, savoir : 1° Embryon hexacanthe...; 2° Hydatide; 3° Échinocoque ; 4° Proglottis. Ou bien, suivant les dénominations de M. Steenslrup, l'hydalide serait appelée grand' nourrice, et l'échinocoque nourrice ; proscolex et scolex, sui- vant les dénominations de M. Van Beneden. Des expériences faites par M. de Siebold, et répétées par M. Van Beneden, expériences qui ont consisté à faire avaler à des chiens un grand nombre d'échinocoques, ont porté ces savants à conclure que l'échinocoque se déve- loppe en ténia parfait dans le canal intestinal du chien (voy. ci-après, Synops, n° 24). Les hydatides ne se développent point dans une cavité revêtue par une membrane muqueuse, mais dans des cavités séreuses ou dans les tissus des organes; dans ce dernier cas, elles sont toujours renfermées dans un kyste adventif (voy. Palh., p. 343, 617, 646,669, 739, 755, 757). (1) Les rapports des échinocoques avec l'hydalide nous paraissent avoir été jus- qu'à aujourd'hui méconnus (voy. les opinions à ce sujet, Pathol., p. 355). Dans un mémoire publié en 1856, nous avons cherché à éclairer cette question par la compa- raison des gemmes hydatiques et des gemmes échinocoques avec les gemmes de deux sortes que produisent certains polypes, les unes donnant naissance à des polypes, les aulres à des méduses. Chez les hydatides comme chez les polypes, ces gemmes de deux sortes ne sont pas produites par le même tissu, on pourrait dire par le même organe, l'hydatide étant reproduite par la membrane hydatique, l'échino- coque par la membrane germinale. Nous avons eu plusieurs fois l'occasion d'ob- server un fait qui prouve l'indépendance de l'hydatide par rapport à l'échinocoque : on sait que la membrane germinale se détruit après un certain temps, que l'hyda- lide devient désormais incapable de reproduire des échinocoques. qu'elle perd son liquide, s'affaisse et que les échinocoques qu'elle renferme se détruisent» Or nous avons vu ces membranes hydatiques affaissées et désormais incapables de repro duire des échinocoques, recouvertes de bourgeons hydatiques ou renfermant entre leurs lames des hydatides à divers degrés de développement ; ces gemmes ou ces jeunes hydatides étaient pourvues ou non;, suivant leur degré de développement, d'une membrane germinale et même d'échinocoques en nombre corrélatir. Ce fait nous parait prouver l'individualité de l'hydatide, qui n'est point une simple enve^ loppe protectrice des échinocoques, ni un échinocoque anormalement développé; Il montre en outre que l'hydatide survit à la membrane germinale qu'elle a produite et aux échinocoques. Wl SYNOPSIS. Les liydatides ont ûté ubservées chez I homme, le singe, lo I œuf, le mou- ton, I antilope, le chamois, le chevreuil, la girafe, le cheval, le chameau, le dromadaire, ie porc, le kanguroo; animaux qui se nourrissent généralement do végétaux. On n'en a point observé chez les carnassiers ?, et les rongeurs, niche/, les oiseaux? (1), les reptiles et les poissons. Los hydatides- échinocoques forment probablement plusieurs espèces, mais les différences qui ont été signalées, soit dans les hydatides de l'homme et des animaux, soit dans leurs échinocoques, ne sont point assez grandes ou assez précises pour constituer des caractères spécifiques distinclifs (2). La présence ou l'absence d'échinocoques dans une hydatide n'indique point une différence dans la nature ou dans l'espèce de celte vésicule, car il n'est pas rare de rencontrer chez l'homme dans un même kyste, des hydatides en- tièrement semblables, dont les unes contiennent des échinocoques, et dont les autres n'en contiennent pas (3). (1) M. Reynaud, dans l'art. Hydatide du Dict. de méd., dit avoir trouvé un grand nombre d'acéphalocystes dans la plèvre et le péricarde d'un rat de Pharaon (ou mangouste d'Egypte), animal carnassier. Les caractères de ces acéphalocystes n'ont point clé donnés. — M. Dicsing donne, dans les species inquirendœ, l'ËCBiNO» cocccs gallo-pavonis (de Siebold). (2) Kùhn a cru trouver un caractère distinctif entre les hydatides de l'homme et celles des animaux en ce que les premières se reproduisent par des bourgeons qui naissent à la surface interne, les secondes par des bourgeous qui naissent à la sur- face exterue de la vésicule ou acéphalocyste; il appelait les premières endogènes et les secoudes exogènes ; il n'est point question d'échinocoques. — Les hydatides endogènes acquièrent souvent un volume beaucoup plus considérable que les exo- gènes et les bourgeons, chez ces dernières, resteut ordinairement fart petits, de telle sorte que la vésicule primitive paraît souvent solitaire; celles-ci subissent aussi plus souvent et plus promptement la transformation athéromaleuse. Les hy- datides exogènes se rencontrent chez les ruminants; les endogènes chez l'homme, le singe, le porc, le cheval, etc.; cependant, soit qu'il n'y ait point une différence spécifique entre les deux sortes d'bydatides, soit que chaque espèce ne soit point la propriété exclusive de certains animaux, on rencontre quelquefois, mais rarement il est vrai, des hydatides endogènes chez les ruminants et des hydatides exogènes ou du moins à vésicule solitaire chez l'homme (voy. sur ce sujet Path., p. 617 et suiv.). (3) L'établissement du genre acéphalocyste est dû à une erreur d'observation; ou sait aujourd'hui que les hydatides de l'homme contiennent des échinocoques comme celles des animaux ; lorsque (ce qui est rare) les hydatides n'ont pas d'échi- nocoques, elles ne diffèrent cependant point, quant à leur constitutiou, de celles qui eu contiennent. L'absence des. échinocoques ne doit être considérée que comme un simple avortement, car dans des tumeurs qui renferment un grand nombre d'hydatides, on trouve ensemble des vésicules à échinocoques et des vésicules sans échinocoques, quoique sous tous les autres rapports ces vésicules ne diffèrent nul- lement. J'ai observé ce fait plusieurs fois et Bremser en a rapporté un exemple très explicite (voy. Path., p. 353). Les médecins ont dit que les hydatides des SÏ'lNOPSIS. XVil Rudolphi a distingué trois espèces d' Echinocoques {echinoc, komiuis, — echinoc. simiœ, — echinoc. veterinorum), mais celte distinction a été établie sur l'habitai plutôt que sur des caractères zoologiques. M. Dujardin ne décrit cjilè Yeéhihàc. veterinorum; M. Diesing confond lous les échinocoques dans une seule espèce, Ycchinoc. polymorphus. M. Kiichenmeister en distingue deux espèces : Veehihoc. veterinorum qu'il appelle echinoc. scolicipariens, et Ycchinoc. hominis qu'il appelle echinoc. allricipariens; cette distinction nous paraît fondée plutôt sur des vues théoriques que sur des caractères précis. MM. Van Beneden et Gervais n'ont point d'opinion bien arrêtée sur cette question. 8 GENRE? CŒNURE. Vésicule à forme globuleuse, atteignant jusqu'à la grosseur d'un œuf de poulef contenant un liquide limpide, rosé ; à parois très minces, constituées par un seul feuillet; offrant à sa surface des groupes de corps longs de 4 à 5 millimètres, rètracliles à l'intérieur de la vésicule commune et terminés par une tête; celle-ci est pourvue d'une double couronne de crochets au nombre de 28 à 32 et de quatre ventouses; longueur des grands crochets, 0mm,15 à 0nl"Vl7 ; des petits 0n,n,,10 à 0m"\9, obs. H)-. SXII SYNOPSIS. Variété &. — Trachelocampylus (Fiiédault). Cysticerquc altéré, décrit dans soi) état de rélraftiori à l'iplérjeur de la vésicule caudale. Dans le cerveau chez l'homme (voy. Path., p. 661). Le cysticerqueladrique subit avec le temps comme les autres cysticerques, les altérations que nous avons mentionnées ci-de-sus. Des cysticerques trouvés Fie. 12. — Cysticerques ladriqucs altérés par la vieillesse prove- nant des muscles et du cerveau de l'homme. — \ , individu (d'un muscle) dont la vésicule exlé- rieure est devenue muriforme, le perluis est presque oblitéré ; 1a, le même; la vésicule exté- rieure incisée est renversée ; la vésicule interne, par le côté op- posé au pertnis, s'est couverte de renflements vésiculeux. — 2, individu (du cerveau) ; vési- cule externe déformée, pertnis encore perméable ; 2a, rostre et couronne de crochets de ce cys- ticerque, ensevelis dans un pig- ment noir; grossis 407 fois. — ■ 3, individu (du cerveau) portant deux vésicules ; le corps et la tête étaient situés dans le pro- longement qui unit les vési- cules ; 3a, tête de ce cysticer- que grossie 42 fois et avec sa forme ; elle avait acquis une con- sistance anormale , ses crochets étaient tombés (deux ont été re- trouvés libres dans le kyste ; 36, même tête, au même gros- sissement , mais comprimée ; l'une des ventouses et le rustre sont envahis par du pigment, chez l'homme dans les muscles et dans le cerveau, nous ont offert des défor- mations et des altérations variées : chez les uns, la vésicule était augmentée de volume et son perluis était oblitéré; chez plusieurs, elle portait des ex- pansions vésiculaires ; chez l'un, elle était double (dicyste). Chez aucun, la tête n'était exsertile; chez tous, les ventouses étaient noircies par le pigment, et les crochets détruits ou tombés, ou ensevelis dans ce pigment. Il est évi- dent que tous ces vers cystiques se trouvant chez un même individu, ap- partenaient à la même espèce; or, plusieurs des cysticerques décrits ci- dessus et dont les observateurs ont fait des espèces distinctes, offraient entre eux des différences semblables aux altérations et aux déformations de nos cysticerques ; d'où l'on doit conclure que ces vers n'appartenaient point à des synopsis. xxnr espèces, ni môme à des variétés distinctes, mais qu'ils étaient simplement déformés ou altérés. Plusieurs helminthologisles admettent que le cyslicerque ladrique forme le scolex du ténia solium (voy. Synops., n° 4 4). Le cysticerque ladrique existe le plus généralement dans les muscles, le cerveau, l'œil, etc. (voy. Path., p. 620 etsuiv., 656, 736, 740). On l'a trouvé chez l'homme, le singe (simia inuus,rubra, cephus), le chien, l'ours, le rat, le porc et le chevreuil. 10 CYSTICERQUE DES RUMINANTS (cystic. tenuicollis, Rudolphi). Vésicule très volumineuse, large de 15 à 50 millimètres et plus; tête télragone ; pourvue d'une double couronne de crochets ; — nombre des crochets 30 à 48 ; les grands, longs de 0mm,19 à 0mm,21 ; les petits, longs de 0mm,12 à 0mm,15 (Baillet) ; — cou court, filiforme; corps cylindrique, long de 14 à 30 milli- mètres. Existant dans des kystes de la plèvre, du péritoine, du mésentère et du foie chez les herbivores et principalement chez les ruminants, chez le porc, l'écureuil et chez les singes qui meurent tuberculeux en Europe, plus rare- ment chez ceux qui vivent en liberté dans leur patrie. Bremser l'a trouvé deux fois dans les parois du cœur, chez le bœuf (1) (voy, Synops., n° 22). 41 CYSTICERQUE DU LIÈVRE (cystic. pisiformis, Zeder). Corps long de 4 à 9 millimètres, cylindrique, aminci en avant; vésicule globuleuse de même longueur ; cou mince ; tête globuleuse, armée d'une double couronne de crochets au nombre de 34 à 46; —longueur des grands crochets, Omm, 22 à 0mny25; des petits crochets, 0min,13 à 0mm,16 (Baillet). Plusieurs helminthologistes admettent qu'il forme le scolex du ténia serrata (voy. Synops, n° 22). Commun dans les viscères de l'abdomen du lièvre et du lapin ; il y est ren- fermé dans un kyste ; on en trouve assez fréquemment plusieurs dans un même kyste. 12 CYSTICERQUE ALLONGÉ [cystic. elongatus, Leuckart). Cou nul; corps allongé, déprimé; vésicule caudale mince, allongée, acuminée en arrière, presque de la longueur du corps ; longueur 11 a 19 millimètres ; lar- geur 2 à 4 millimètres. Dans des kystes du péritoine chez le lapin. 13 CYSTICERQUE DU CHEVAL [cystic. fistularis, Rudolphi). Cou nul; corps très court, subcylindrique ; vésicule très longue, longueur 100 à 130 millimètres; largeur 6 à 9 millimètres. Dans le péritoine du cheval, rare. (I) Bremser. op. in fret cit., p. 19. \MV SYNOPSIS. Section il. — Ténladés à l*ë 4 8 cysticerques ladriques, à des époques correspondantes à 72, 60, 36, 24, 4 2 heures avant l'exécution. Ces cysti- cerques provenaient d'un cochon tué quatre-vingt-quatre heures avant l'administration des 4 2 premiers vers; les suivants étaient donc conservés depuis plus longtemps. L'autopsie fut faite quarante-huit heures après l'exécution : on trouva dans le duodénum, quatre jeunes ténias qui tous avaient encore sur la tête une ou deux paires de crochets ; l'un de ces vers avait encore la couronne de crochets presque complète. On trouva en outre dans la lavure des intes- tins six autres ténias qui manquaient de crochets (4). M. Kiichenmeister n'hésite pas à regarder cette expérience comme tout à fait concluante; cependant elle peut soulever bien des doutes: comment n'a- t-on trouvé que 10 ténias sur 75 cysticerques ingérés? pourquoi des crochets à quatre de ces ténias seulement? La similitude des crochets du ténia solium avec ceux du cysticerque ,ladrique n'est-elle pas un des principaux argu- ments qui vous font juger que l'un de ces vers est le scolex de l'autre? Si les cysticerques étaient devenus des ténias, ils devaient donc avoir conservé leurs crochets; or, sur les dix ténias retrouvés, un seul avait conservé sa ~ï lî '\ 1 H 1 H lîsiœraf âBnif» 1 Jim M 18 \.U il) «n fiwns .»*..*. Aaitii iill ïïnm 'W IMS'Ht) 3WIJH3 §1 KSSj "SKf. l'i'ïïM ÊÊ WmÈ || Fig. -16 (*). (*) Ténia de l'homme, armé (grandeur naturelle). Variété fragile. — De « en a, fragments isolés les uns des autres et ayant séjourné un certain temps dans l'intestin avant d'avoir élé expulsés, ce que l'on reconnaît à la forme en croissant que présentent les derniers anneaux de quelques-uns de ces fragments ; la plupart des anneaux sont faiblement adliérents entre eux et seulement par deux points opposés. — De b en 6, cucurbitins ou proglottis libres de ce ténia, de plus en plus développés (en allant de bas en baut). La forme primitive de l'anneau se modifie surtout par le rétrécissement des deux extrémités. (1) Ann. des se. nat., 1853, t. III* p. 377. \\\ ill SYNOPSIS couronne do crochets presque complote. Que conclure de là, si ce n'est que les premiers cysticerques ingérés avaient disparu ; que six dos derniers étaient déjà assez altérés pour avoir perdu tous leurs crochets et que les quatre autres commençaient à en fairo autant? D'ailleurs a-t-on examiné si les vers cysti- ques, provenant d'un porc mort depuis plus de trois jours au moment de l'ingestion, étaient encoro vivants? Pour nous, d'après les connaissances que nous avons acquises sur la vitalité du cysticerqtie ladrique, nous pensons qu'il ne survit pas si longtemps à la mort de son hôte. Deuxième expérience (Leuckart). Un homme âgé do quarante-cinq ans, affecté d'une maladie de Bright, prend environ douze cysticerques provenant d'un porc ladre; les selles sont attentivement examinées pendant longtemps ; des purgatifs sont administrés, mais cet homme ne rend jamais aucun proglottis. L'expérimentateur conclut lui-même à l'absence de ténia. Troisième expérience (Leuckart). Douze cysticerques environ, provenant d'un porc ladre, sont administrés à un phthisique ; il meurt deux mois après. A l'autopsie on ne trouve pas trace de ténia. Quatrième expérience (Leuckart). Un jeune homme prend quatre cysticerques ; deux mois et demi après, il rend des proglottis ; un mois plus tard une dose de cousso expulse deux vers cestoïdes, dont l'un sans la tête. — L'auteur ne détermine pas l'espèce à laquelle le ver cestoïde appartient. Cinquième expérience (Humbert). L'expérimentateur avale, le 16 décembre 1854, quatorze cysticerques pro- venant d'un porc ladre. « Dans les premiers jours du mois de mars 1855 (trois mois après), j'ai senti, dit l'auteur de l'expérience, la présence désa- gréable des ténias et en même temps j'ai commencé à en trouver des frag- ments assez considérables ; le professeur Vogt, à qui je les ai montrés a con- staté qu'ils appartenaient bien au ténia solium. Si mon expérience n'a pas été faite avec tout le soin et toute l'exactitude que l'on aurait pu exiger, c'est qu'après l'avoir commencée, j'ai vu dans les comptes rendus de l'Académie des sciences que M. le docteur Kùchenmeister en avait entrepris de sem- blables (expérience première, rapportée ci-dessus) ; mes convictions sur les métamorphoses des cysticerques en ténias étaient d'ailleurs trop arrêtées pour que j'eusse besoin d'une preuve de plus à l'appui delà théorie soutenue en Allemagne. » « Je dois ajouter, dit M. Bertolus qui rapporte ce fait, qu'après avoir tenté de se débarrasser de ces parasites au moyen d'un purgatif, notre obser- vateur 7*esla longtemps sans en être inquiété, lorsqu'au mois d'août dernier SYAOPSIS. WIX (1836), il inédit ressentir de nouveau quelques symptômes caractéristiques de leur présence (1 ). » A quels caractères M. Vogt a-t-il reconnu ce ténia solium'? Le savant pro- fesseur a-t-il jugé le fait sur le simple vu des fragments dans un flacon, ou. bien les a-t-il examinés de près et par le microscope? Certes l'expérience mé- ritait bien qu'on le dît, C3r on a vu trop souvent du mucus ou des débris d'aliments pris, sur un examen superficiel, pour des fragments de ténia; nous avons plusieurs fois été témoin de faits semblables. Comment, en effet, ne pas concevoir de doutes, lorsque l'on voit l'émission des fragments se sus- pendre spontanément pendant quinze mois, après lesquels on ne dit pas qu'ils aient reparu ? Deuxième série d'expériences. — OEufs de lènia produisant des cysticerques . Première expérience (Van Beneden). « Nous avons donné à un cochon des œufs de ténia solium à avaler et, quand il a été abattu, il était ladre; un grand nombre de cysticerques celluleux étaient logés dans ses muscles. » Un autre cochon nourri et élevé dans les mêmes conditions que le précé- dent, né en même temps de la même mère et qui n'avait pas pris des œufs de ténia solium, n'en contenait pas (2). » Deuxième a sixième expérience (Kucuenmeister et Haubner). 1° — Le 30 mars et le 5 avril, des anneaux d'un ténia rendu la veille sont administrés à un cochon ; à l'autopsie faite le 4 5 mai suivant , on ne décou- vrit aucun cysticerque. 2° — Expérience semblable à la même époque; autopsie le 20 mai, même résultat. 3°, 4°, 5° — Trois cochons de lait prennent des anneaux de ténia solium les 7, 24, 26 juin, les 2 et 1 3 juillet. L'un, lue le 26 juillet, avait de petits cysticerques, dont la têteétait incomplètement développée. — Chez le second, tué le 9 août, on trouva un millier de cysticerques disséminés dans divers organes. — Le troisième, tué le 23 août, possédait un grand nombre de cysticerques. ■ — Un quatrième cochon de lait, n'ayant pas pris d'œufs de ténia, n'avait aucun cysticerque (3). D'après ces expériences les helminthologii-tes considèrent comme jugée la question des rapports du cysticerque ladrique avec le ténia solium ; exami- (1) Gabriel Bcrtolus, Diss. sur les métamorphoses des cesloides {Thèse de Montpellier, n° 106, décembre 1856). (2) P. J. van Beneden, Mém. sur les vers intestinaux, couronne par l'Institut en 1853. Paris, 1833, p. 146. (3) Kiichcnmeistcr, op. infra cil , p. 120. \\\ SYNOPSIS. nons les f;iils : dans la première série, deux expériences (première et cin- quième) peuvent être considérées comme nulles ; deux ont donné un résultat négatif; une seule parait irréprochable et cependant il y manque la déter- mination du ténia expulsé. Dans la seconde série, il n'y a que deux résultats négatifs sur six. Certes ces derniers faits ont beaucoup plus de valeur que les premiers cl seraient tout à fait convaincants, si les auteurs avaient établi que la ladrerie est rare dans la contrée où ils ont expérimenté. On a cherché d'autres arguments en faveur de l'identité du scolex du cys- ticerque ladrique et du ténia solium, dans la fréquence de ce ténia en Abys- sinie, où l'on mange de la viande crue et à Saint-Pétersbourg chez les petits enfants que l'on nourrit de chair de bœuf cru. Mais nous avons montré (voy. Palh., p. 90) qu'en Abyssinie, ainsi qu'à Saint-Pétersbourg, la chair que l'on mange crue est celle du bœuf et non celle du porc ; or le bœuf ne con- tient point de cysticerque ladrique ; ce fait prouverait donc, au contraire, que le ténia solium ne provient point du cysticerque ladrique. Nous avons montré aussi que l'argument tiré de l'absence du ténia chez les juifs est puisé dans une assertion fausse. Du rapprochement de tous ces faits, il résulte pour nous que la question de l'identité du scolex du cysticerque ladrique et du ténia solium armé, n'est point encore résolue. Variété ou espèce B. — Ténia inerme. Taenia mediocanellala (Kùcheinmeister). Ténia très long, très large et très épais (beaucoup plus large que le ténia armé) ; tète inerme, grande, large de 2 millimètres, noirâtre, normalement inclinée sur l'une des faces du col; rostre nul, ventouses très grandes; cou très court, mais plus distinct que celui du T. solium armé; système de canaux plus simple dans la tète que chez le ténia armé; corpuscules calcaires plus grands et p'us nombreux que chez ce dernier; articles postérieurs très larges, ayant jusqu'à 17 millimètres, et de 0 à 14 millimètres en longueur; Fie. 17. — Ténia de l'hçmmt, incme (gran- deur naturelle). l'Mgrnunls pris de distance en distance, l'ordre des lettres indique leur suc- cession d'avant en arrière; — de c en g, les pores latéraux sont visibles. SYNOPSIS. XXXI pores génitaux irrégulièrement alternes; proglotlis 1res grands, très vivaces, sortant souvent d'eux-mêmes de l'anus dans l'intervalle des garderobes et très incommodes, ayant dans leur plus grande extension 25 à 30 millimètres de longueur et jusqu'à 7 millimètres de largeur; utérus ayant un grand nombre de divisions , jusqu'à trente de chaque côté , claviformes vers le bord libre, bifurquées vers le sommet et parallèles entre elles ; ovules plus ovales, plus lisses et plus clairs que ceux du T. solium, laissant mieux voir leur embryon, longs de 0mm,Q3Q et larges de 0,um,028 à 0mm,033 ; coque épaisse ; embryons longs de 0U"U,028 à 0iam,032 larges de Omm,023 à 0""n)026. Ce ténia forme probablement une espèce distincte et non une variété du ténia solium ; il a été figuré par plu- sieurs auteurs et confondu avec ce dernier ver ; M. Kùchenmeister l'en a distingué. Le savant médecin de Zittau l'a observé plusieurs fois ; M. Van Be- neden dit qu'un charcutier de Louvain et une jeune fille de Liège en ont rendu de semblables. Sur trois ténias qui ont été rendus en 1856 et 1857, dans le service de M. Rayer, à la Charité, et FlG_ 187_iiftitêle du ténia ae VhonnUi que nOUS avons en noire possession, inenne vue sous deux aspecls ; grossie 5 fois .... . q -n (voy. celle du ténia armé, fis. 15), — A;, œuf deux appartiennent a cette espèce? Deux ^J du même t(jnia< gros'si |40 4 (Voycz ténias qui nOUS Ont été envoyés der- par comparaison avec l'œuf du ténia armé la nièrement de Beyrouth par M. le doc- gurc "' teur Suquet, sont aussi des ténias inermes. Variété ou espèce C. Ténia du cap de Bonne-Espérance (Kùchenmeister). 'tcolex inconnu ; partie postérieure du strobila seule observée. Articles épais et longs, pourvus sur toute la longueur du corps d'une crête longitudinale; pores génitaux marginaux, alternes ; utérus et ovules semblables à ceux du ténia rnediocaneUata. Variété ou espèce D. — Ténia des tropiques? Bothriocephalus tropicus (Schmidtmuller). Cestoïde indéterminé, observé par Schmidtmuller sur la moitié des nè- gres qui arrivent aux Indes, et sur quelques Européens qui avaient visité la côte de Guinée (1). (1) Schmidtmuller, in Hamrop, Annalen, 7ter jahrgang, heft 5 und 6 (Gervais et Van Beneden). XXVil SÏNuPalS. ]-, TÉNIA NAIN (Twnia nana, Biui.uiz, vois SIEDOLd). Corps filiforme, déprimé; tête obtuse en avant, atténuée graduellement vers le cou ; ventouses Mibglobuleuses; rostre pyriforme, armé d'une couronne de cro- ilicis bilides; articles plus largos que longs ; cirrhes unilatéraux; ovules globu- leux, ayant (>""", 02 de diamètre, pourvus d'une coque lisse, épaisse, simple?; longueur totale du ténia 13 à 21 millimètres. Trouvé une fois, en Egypte (mai 18Î31), par M. Bilharz, dans l'intestin grêle d'un jeune homme mort de méningite ; en nombre considérable. 10 TÉNIA DU MOUTON (L expansa, Rudolphi). Long de 30 millimètres à 30 mètres, large de 5 à 27 millimètres; tête très petite, arrondie, inerme ?; ventouses dirigées en avant, presque conliguës; cou très court ou nul ; bord postérieur de chaque article crénelé ou ondulé, recouvrant en partie l'article suivant ; deux porcs génitaux opposés à chaque anneau; pénis en forme de papille très petite. Très commun en Allemagne, dans l'intestin grêle du mouton ; se trouve aussi chez le bœuf, la gazelle, le chamois et le chevreuil (voy. Pulh., p. 232). 17 TÉNIA DU BOEUF {t. denliculala, Rudolphi). Long de 40 centimètres environ; tête petite, létragone; point de crochets ni de rostre; ventouses dirigées en avant, presque contiguës; articles très courts, douze à vingt fois aussi larges que longs, à bord postérieur ondulé, recouvrant en partie le suivant; deux porcs génitaux opposés sur chaque article; pénis eu forme de dent aiguë, dure, saillante. Trouvé dans l'intestin du bœuf, en France et en Allemagne. 18 TÉNIA DU LIÈVRE (t. peclinala, Goeze). Long de 20 centimètres, ovale-lancéolé ; tête inerme, nettement séparée des arti- cles par un renflement annulaire; articles larges et très courts; pores génitaux unilatéraux?, papilliformes; ceuf arrondi, pourvu de plusieurs enveloppes, l'in- terne pyriforme et terminée par un double prolongement simulant deux crochets. 19 TÉNIA PLISSÉ ((. plicala, Rudolphi). Long de 1G à 80 centimètres ; tète inerme, plus large que chez aucun autre ténia (3 à 0 millimètres1, discoïde, télragone, cou court, plissé transversalement; articles six à dix fois aussi larges que longs, se recouvrant en partie par leur bord postérieur; porcs génitaux unilatéraux. Dans l'intestin grêle et même dans l'estomac du cheval (voy. Palh., p. 227). SYNOPSIS. XXXJÏI 20 TÉNIA MAMILUN (T. mamillana, Mehljs), Tète obtuse, tétragone, ventouses hémisphériques à ouverture allongée : roi nul- articles cunéiformes; pénis marginal entouré d'une grosse papille. Longueur totale 10 à 12 millimètres, largeur 4 millimètres. Dans le gros intestin du cheval (voy. Palh., p. 227). 21 TÉNIA PERF0L1É (7'. perfoliala, Goeze). Long de 18 millimètres à 8 centimètres, large de 3 à 9 millimètres; formé de 44 articles?; tête assez petite, tétragone, prolongée en arrière par des lobes laté- raux; ventouses larges, traversées par un sillon dirigé en avant; cou nul ; pre- miers articles courts et très larges ,* pénis finement hérissés, entourés d"une gaine saillante, uuilatéraux, existant jusqu'au 22e article seulement, les articles suivants ne possédant que l'organe femelle; œuf à trois enveloppes. Dans le ccecum et le côlon, quelquefois l'intestin grêle, chez le cheval (voy. Palh., p. 227). 22 TÉNIA EN SCIE (T. serrala, Goeze). Long de 50 à 130 centimètres, large de 3 à 6 millimètres; tête arrondie, rostre très court et très épais ; 48 crochets, longs de 0°"",13 sur deux rangs ; articles moyens ayant les angles postérieurs saillants en dents de scie; pores génitaux irrégulièrement alternes, saillants au milieu des bords; pénis lisse; œuf pres- que globuleux, long de 0'n,I1,04, à coque dure, granuleuse. Les jeunes, dit M. Dujardin, n'ontqu'un seul rang de douze à quatorze crochets, longs seulement de 0n,m,08 à 0m,n,09. Très commun dans l'intestin grêle du chien (voy. Path., p. 231). De nombreuses expériences ont été faites pour arriver à la détermination du ver vésiculaire qui, ingéré dans le tube digestif du chien, produit le tœnia serrala. Les plus importantes de ces expériences sont celles qui ont conduite déterminer les rapports du cœnure cérébral avec un ténia du chien très voisin du tœnia serrala suivant M. Kiichenmeister, avec le tœnia serrala même sui- vant plusieurs autres expérimentateurs. Il paraît certain que, quant au tœnia serrât a qui se rencontre le plus communément dans l'intestin du chien, ses œufs administrés au mouton ne produisent point chez ce ruminant le cœnure céré- bral. M. Kiichenmeister donne le nom de tœnia cœnurus au ver cestoïde dn chien qui se développe, à l'état de ver vésiculaire, dans le cerveau des herbi- vores. Une expérience remarquable provoquée par le médecin de Zittau, lais- serait difficilement des doutes sur le développement en cœnure des embryons de cette espèce de ténia, si semblable au tœnia serrata; en effet, des œufs d'un ténia, provenant d'un chien auquel on avait fait prendre, un certain temps auparavant, des têtes de cœnure cérébral, furent envoyés à MM. Van Beneden à Louvain, Leuckart à Giessen, Gurlt à Berlin, et Eschricht à Copenhague (mai 1834). Les œufs furent administrés par ces divers observateurs à des D A VAINE., C XXXIV SYNOPSIS. moutons, qui présentèrent à la suite les symptômes du tournis (4). Dans le cerveau do ces moutons, on trouva des vésicules qui furent rapportées avec toute apparence de raison au cu-nure cérébral (voy. Synops., n" 8). Si l'on considère l'ensemble des faits (concernant le larda serrata) rap- portés par les expérimentateurs, on voit que les résultats obtenus n'ont pas toujours été concordants, que les résultats négatifs ont été peut-être trop sou- vent négligés, que l'existence fréquente du tmnia serrata chez le chien et des vers vésiculaires chez les herbivores n'a pas toujours été prise en considéra- tion. Les divergences d'opinion des expérimentateurs prouvent que la question attend encore une saine critique et de nouvelles recherches ; en etfet, le tœnia serrata serait produit par : |° — Le cysticercus pisifonnis, suivant Kuehenmeister (2), Van Be- neden (3), de Siebold (4), Baillet (5). 2" — Le cysticercus tenuicollis, suivant de Siebold (6). 3° — Le cysticercus cellulosœ suivant de Siebold (7). 4° — Le cœnurus cerebralis, suivant Haubner? (8), de Siebold (9), Van Beneden (4 0), Eschricht? (11), Leuckart? (4 2). (1) Friedrich Kùcheurncister, Die in und an dem Korper des Lebenden Menschen vorkomendenparasiten. Leipzig, 1853, p. 24. (Voy. aussi Comptes rendus Acad. des se, juillet, 1854, p. 46.) (2) Kuehenmeister, Ueber die umwandlung der Finnen in tœnien (Prager vierteljahrsschrifl 1852). — Ueber den cestoclen im Allgemeinen, etc. Zittau, 1853. — Mém. présenté à l'Acad. des sciences, 1853. (3) Vau Beneden, mém. cit., p. 152. — Comptes rendus Acad. des se, avril 1855, p. 997. Valenciennes, Remarques au sujet de la précédente communication (Comptes rendus Acad. des se, avril 1855, p. 1000). (4) De Siebold, Zeitschrift fur wissenschaftliche zoologie, 1854. — Mém. sur les vers rubanés de l'homme et des animaux, etc., dans Ann. des se. mal., 1855, t. IV, p. 184. — Lewald, De cyslicercorum in lœnias metamorphosi pascendi experimenlis in inst. physiol. Vratislaviensi administrai illustrala (Thèse inaug. Berlin, 1832). (5) C. Baillet, professeur à l'École impériale vétérinaire de Toulouse, Compte rendu des recherches et des expériences faites sur l'organisation et la reproduction des cestoïdes du genre ténia (Joum. des vétérin. du midi, 1858, p. 604, reproduit par extrait dans Ann. des se. nat., 1858). (6) De Siebold, mém. cit., p. 188. (7) De Siebold. mém. cit.. p. 192. (8) Haubner, Joum. agronomique de Hamm, 1854, n° 10, p. 157, cité par de Siebold, mém. cit., p. 202. (9) De Siebold, mém. cit., p. 195. (10) Van Beneden, mém. cit., p. 148. — Comptes rendus Acad. des se., communi- cation de M. de Quatrefages, juillet, 1854, p. 46. — Bull. Acad. roy. de Belgique , t. XXI, n 3 5 et 7. (1 1) Eschricht, communication de M. de Quatrefages, Comptes rendus Acad. des se, juillet, 1854, p. 47. — Voy. aussi Kuehenmeister, cite. (12) Communication de M. de Quatrefages cltSe. SYNOPSIS. XXXV Pour M. Kùchenmeister aucun de ces trois derniers vers cysliques ne pro- duit le tœnia serrala ; l'erreur des expérimentateurs provient en partie de ce que trois espèces distinctes de ténias sont confondues ensemble et sous la même dénomination de tœnia serrata : l'une est, à l'état de larve, le cysti- cercus pisiformis; une autre le cysticercus tenuicollis, la troisième 1& cœnurus eerebralis (4). Dans de nombreuses expériences M. Baillet pense être arrivé aux mêmes résultats que le savant médecin allemand (2). 11 conclut aux trois espèces de tœnia serrala : « Ces trois espèces, bien que distinctes, dit-il, sont cependant assez rapprochées pour avoir, indépendamment des caractères gé- nériques, de nombreux caractères communs. » M. Baillet donne les diffé- rences de ces trois espèces ; mais les caractères des cestoïdes sont souvent tellement variables dans les individus d'une même espèce et si peu précis, qu'il serait difficile de reconnaître les uns des autres d'après la caractéris- tique donnée par ce savant vétérinaire, les individus des trois espèces de tœnia serrata. L'expérimentation est, sans doute, le meilleur moyen de ré- soudre la question. 23 TÉNIA CUCUMERIN (T. cucumerina, Bloch). Long de 10 ù 35 centimètres et jusqu'à 3 mètres, large de 2 à 3 millimètres ; tète presque rhomboïdale ; trompe armée de 48 crochets, très petits, à talon large et de forme ovale, sur trois rangs, très caducs ; segments carrés , puis eu forme de semences de melons ; deux pores génitaux à chaque article, au milieu de la marge, opposés ; œufs peu nombreux daus chaque article. Dans l'intestin grêle du chien domestique, commun et souvent en grand nombre (voy. Palh., p. 231). 2Z| T^NIA ECHINOCOCCUS (De Siebold). Espèce presque microscopique quoique adulte ; strobila composé d'un petit nombre de segments; le quatrième offrant déjà des œufs; le proglottis libre devenaut aussi volumineux que le strobila tout entier. Nous avons dit (Synopsis h° 7) comment l'hydatide se multiplie par des gemmes semblables et comment cette hydatide, et ses rejetons se développent par la production de gemmes dissemblables, les échinocoques. Ceux-ci possè- (1) Kùchenmeister, in Gurlt's, Magasin fur thierheilkunde, 1854, 1855, et op. cit., trad. angl., p, 28 et p. 70, note. (2) Baillet, menu cit., p. 454. — Expériences sur le tœnia cœnurus et le cœnurus cérebralis, p. 492. — Expériences sur le tœnia e cysticerco (énuicdlli et le cysticercus tenuicollis, p. 553. — Expériences sur le tœnia serrata et le cysti- cercus pisiformis, p. 604. — Voyez encore un premier mémoire abec M. Lafosse, même journal, 1856, 2B série, t. IX, p. 97. WWl synopsis. dent les attributs des vers Léniadés dans leur pénultième pliase de dévelop- pement, c'est-à-dire à l'état de nourrice ou de scolex. MM. de Siebold et Van Beneden ont clierché par des expériences à déter- miner les caractères de la phase ultime ou de pro- gloltis. Le premier de ces savants donna, à douze jeunes cliions et à un jeune renard, des échinocoques pris dans des liydatides du foie et des poumons du bœuf et du mouton. Après un certain temps, il trouva dans l'intestin grêle de ces chiens un grand nombre de pe- tits ténias. Du quinzième au vingtième jour, le scolex était pourvu de deux articulations; quelques jours plus tard, de trois. Au vingt-sixième jour, les œufs étaient formés et au vingt-septième, l'embryon était visible dans l'œuf. Vers cette époque, le scolex avait perdu, chez quelques-uns, sa couronne de cro- chets. Chez ce ténia, le nombre des articles reste borné à trois, et la longueur totale du ver ne dépasse pas 2 millimètres. Le scolex possède une couronne de crochets semblable à celle du scolex de V ëchinococcus vetcrinorum (5 TÉNIA A COL ÉPAIS {T. crassicollis, 1U>dou>hi). Long de 15 à 60 centimètres ; tète hémisphérique, trompe très courte, 48 à 52 cro- chets; cou très épais ; premiers articles très courts, articles postérieurs plus longs que larges; pores génitaux irrégulièrement? alternes. Assez commun dans l'intestin du chat domestique et de plusieurs animaux du genre chai (voy. Palh., p. 231). La têle de ce ténia est semblable à celle du cysticerque fasciolaire qui se trouve dans le foie des rats et des souris. Cetle ressemblance, indiquée par Pillas et confirmée par M. de Siebold, a porté ce dernier observateur à re- garder le cysticerque fasciolaire comme un germe égaré du ténia du chat, et dans un état anormal ; on le considère aujourd'hui généralement comme un premier état, l'état de larve de ce ténia. Quelques savants ont cherché par l'expérimentation à confirmer cetle ma- nière de voir: M. Leuckart a trouvé des cysticerquesfasciolairesdans le foie (1) Van Beneden, Bull. Âcad. roy. des se. de Belgique, 1857, t. XXIV. n° 4 et 1857, 2e série, t. II, p. 340. — ZooL méd. cit., t. II, p. 275. (2) Kùcheumeister, ouvr. cit., trad.,t. II, p. 205. XXX VI II SYNOPSIS. de souri? auxquelles il avait fuit manger des articles mûrs du ténia crassicol du eliat(l). M. Baille!, a répété celte expérience sur plusieurs individus et il en a lire des conclusions favorables à la génération du cysticerque de la souris par le lénîa du chat: mais l'examen des expériences de ce savant mènerait, suivant nous, à une conclusion contraire (2). D'ailleurs il faut tenir compte de l'existence possible et même fréquente de cyslicerques ou de vers cesloïdes chez des animaux qui paraissent avoir été mis complètement à l'abri de l'inva- sion de ces enlozoaires ; ainsi M. Vulpian a montré à la Société de biologie, à plusieurs reprises, des foies de rat blanc contenant des cysticerques faseio- laires et cependant les rais, nés au muséum d'histoire naturelle, et constam- ment maintenus en cage, avaient été exclusivement nourris de pain et de carotte, n'avaient pas bu d'eau et n'avaient jamais eu le voisinage des chats. Ce n'est pas que nous voulions nier les rapports que l'analogie des formes établit entre le cysticerque fasciolaire et le ténia crassicol, mais nous ne pou- vons accepter sans réserve des expériences souvent fort incomplètes ou incer- taines et qui tendraient a introduire dans la science comme suflisamment prouvés des faits contestables. (1) Cité par de Sicbold, mém. cil., p. 203. (2) M. Bailleta donné des anneaux mûrs du lœnia crassicollis à deux rats et six souris. Deux des animaux ayant été sacrifiés le jour môme, ne pouvaient fournir aucun résultat quant à la question. Trois ont été examinés huit, douze, vingt- quatre jours après l'ingestion des œufs du ténia; ou trouva dans leur foie des vési- cules plus ou moins nombreuses; aucune de ces vésicules n'avait de corps ni de lêie de cysticerque, point de ventouses, point de crochets. Sur les trois autres, examinés trois mois après, l'un avait un seul cysticerque fasciolaire, deux n'en avaient point (mém. cité). On conclura sans doute de cette expérience que les trois premiers animaux donnent un résultat nul; car rien ne prouve que les vésicules observées fussent des cysticerques fasciolaires ; on conclura que les trois derniers infirment la transmission du cysticerque fasciolaire par les œufs du ténia du chat; car deux étaient exempts de cysticerques, et l'unique individu qui se trouvait chez le troi- sième, pouvait venir d'autre part; on sait, en effet, que le cysticerque fasciolaire est très commun chez la souris, et ce n'est pas une proportion trop forte que d'en trouver une fois sur six; d'ailleurs serait-il probable que, parmi les centaines d'oeufs qui ont dû être ingérés, un seul fût arrivé à bien? Donc, sur les six expériences, on peut compter que trois sont nulles, et que trois prouvent la non-transmission du cysticerque fasciolaire par l'ingestion des œufs du tœnia crassicollis. Ce ne sont pas là cependant les conclusions de l'expérimentateur; il ne tient nul compte des résultats négatifs, ni de la possibilité, pour l'unique cysticerque observé, de sa provenance d'autre part. A ce sujet, on pourrait se demander pourquoi les expé- rimentateurs ne tiennent généralement pas de compte des résultats négatifs, et s'il suffit de dire, pour avoir le droit de les négliger, que le sujet était malade ou qu'il avait la diarrhée et moins encore, car il a suffi qu'on l'eût prévu. « Et comme je l'avais prévu, dit M. Baillet à propos de ses souris réfractaires, elles avaient échappé à l'intoxication vermineuse. » Est-ce mettre dans l'examen d'une question scientifique toute la rigueur que la science exige, et doit-on accepter sans contrôle, comme le font trop les auteurs de nos livres classiques, des faits autour desquels sont accumulées des causes d'erreur? SYNOPSIS. XXXIX 2G TÉNIA ELLIPTIQUE [T. ellipiicct, Batkch). Long de 10 à 30 centimètres; tèle obtuse, trompe en massue, armée de petits crochets disposés en plusieurs rangées, larges au talon et assez semblables aux boucles de la peau des raies; premiers articles très courts, les suivants presque carrés, puis arrondis, puis elliptiques; les derniers deux à trois fois aussi longs que larges; deux pores génitaux opposés à chaque article ; œufs globuleux, à double enveloppe. Suivant M. Van Beneden, ce ténia serait le même que le ténia cucumerin du chien. Dans l'intestin grêle du chat domestique (voy. Path., p. 231).. 27 TÉNIA INFUKDIBULIFORME (/. infundibuliformis, Goeze). Long de 2 à 13 centimètres ; tèle sphéroïde, ventouses petites, crochets au nombre de 208 sur deux rangs ; cou susceptible de se gonfler autant que la tête; pores génitaux irrégulièrement alternes ; pénis court, tronqué et hérissé. Dans l'intestin du coq domestique, de l'outarde, du canard et de l'oie. 28 , TÉNIA PROGLOTTIN1EN (T. proglottina, DavAINe). Long de 0""",9; tête ovalaire (diamètre transversal , 0mm,18; longitudinal 0mm,10) rostre remplacé par un infundibulum? (ou ventouse?) très large (0mm,08), armé de plus de 80 crochets ayant la forme d'épingles, longs de 0mm,005, sur deux rangs; quatre ventouses n'ayant que le tiers du diamètre de Yinfundibulum, armées de crochets semblables, mais plus petits. Si robila ayant presque toujours moins de quatre articles; le premier nettement séparé de la tète, beaucoup plus petit que celle-ci, second article plus grand que la tête, troisième et quatrième successivement beaucoup plus grands; pore génital à l'angle antérieur du troi- sième article d'un côté et à l'angle antérieur du quatrième du côté opposé ; canal déférent très long, flexueux ; pénis dans une gaîne armée d'épines, rétractile ; zoospermes filiformes, très longs, en écheveau ; œufs relativement très grands (0mm,05), pourvus d'un embryon très vivace (voy. la fig. 5). Les articles se séparent presque aussitôt après qu'ils sont formés; ils vi- vent et se développent libres, ils acquièrent alors jusqu'au double de la lon- gueur totale du ténia (la tête et quatre articles) ; dans leur plus grande pro - traction ils ont 'lmm,8 et la moitié de cette longueur dans la rétraction; ces proglottis ont une grande vivacité, ils marchent, à la manière des sangsues (voy. fig. 13), le côté antérieur en avant (il se reconnaît à la situation du pore génital). Quelquefois deux articles séparés restent adhérents et marchent ensemble (voy. fig. 5). Les embryons nous ont offert le curieux spectacle du travail de leurs crochets pour avancer dans les tissus, fait déjà vu dans une autre espèce par xr SYNOPSIS. M. Van Beneden ; mais la manière dont lo petit animal se servait de ses cro- chets était un peu différente de celte qu'a décrite ce savant zoologiste. L'em- bryon du proglottis de la poule, enfermé dans un magma placé sous le mi- croscopo, s'efforçait d'en sortir: rassemblant ses six crochets en un faisceau unique et dirigé en avant, il se précipitait sur l'obstacle placé devant lui, puis, les deux crochets moyens formant la proue, les deux crochets latéraux de chaque côté étaient ramenés en arrière comme l'auraient fait des rames (?oy. fig. 5, n° 7) ; à peine ce mouvement était-il terminé que l'embryon re- culait, rassemblait de nouveau ses crochets et se précipitait encore en avant. Nous avons pu observer ce travail singulier pendant plus d'un quart d'heure, sans que des efforts précipités et incessamment renouvelés ralentissent l'ar- deur du petit ôtre. Nous avons trouvé ces proglottis, en nombre considérable, dans le duo- dénum de toutes les poules que nous avons examinées, en octobre IS^a, à Saint-Amand (Nord). Nous avons obtenu les têtes, en fort petit nombre tou- tefois, en raclant la membrane muqueuse du duodénum. Les proglottis libres ont été vus et ligures, mais non décrits, par M. Du- jardin, qui n'a pas observé le ténia auquel ils appartenaient (4). La disposition de Yinfandibulum, la forme des crochets, leur existence au- tour de chaque ventouse, doivent faire ranger ce ténia dans un genre distinct. 29. Plusieurs autres ténias, encore indéterminés, ont été observés chez le coq domestique. — Chez le pigeon, existe le T.enia crassula; chez l'oie et le coq domestiques, le Taenia malleus; chez plusieurs pal- mipèdes domestiques et chez les espèces sauvages correspondantes, le Taenia lanceolata, le T.*:su SKTIGERA, le T.ENIA SINUOSA, le T.ENIA FASCIATA. TRIBU DES BOTHRIOCEPHALES. Cestoïdes ayant une tête ou scolex et des an- neaux pourvus d'organes sexuels mâle et femelle ; orifices des organes sexuels ouverts sur la ligne médiane de l'une des faces des anneaux. Etal embryonnaire? État de larve : inconnu. Fig. 20.— i, 7i, Iclc du bo- thriocéphale de Ylwmme grossie G fois et vue sous doux aspects. — fc, tête du liolhrioccphale du turbot grossie 12 fois; coupe en travers faisant voir la disposition des ventouses latérales. (I) Dujardin, Ann des se. nat., 1843, t. XX, 2e série, p. 342. SYNOPSIS. xu GENRE BOTHRIOCÉPHALE (Dibolhrius, Rodolphi). Corps mou, déprimé, fort allongé, composé d'un très grand nombre d'articles; léte oblongue, pourvue de deux fossettes latérales, allongées longitudinale- ment, point de crochets ; proglottis restant réunis. Le genre bothriocéphale comprend un grand nombre d'espèces, qui vivent presque toutes chez les poissons ; celles, en très petit nombre, qui ont été trouvées chez des mammifères et des oiseaux sont encore très peu connues, excepté toutefois l'espèce qui vit chez l'homme. Les bothriocéphales existent dans le tube digestif, 30 BOTHRIOCÉPHALE DE L'HOMME (Bolhriocephalus latus, Bremser). Long de 6 à 20 mètres, filiforme en avant, large jusqu'à 2" millimètres en arrière, ordinairement de couleur foncée, d'un gris roussàtre (nous en possédons un parfaite- ment blanc) ; tête oblongue, avec deux ventouses latérales allongées; cou presque nul ; premiers articles en forme de rides, les suivants courts, subcarrés, ensuite plus larges transversalement, les derniers toujours plus larges que longs, offrant un épaississement plus foncé au milieu, quelque- fois perforés; orifice màlc situé sur la ligne mé- diane, près du bord antérieur de l'anneau ; pénis court, lisse, faisant saillie par cet orifice; porc génital femelle situé un peu en arrière. Œufs ovoïdes, longs de 0ml",068, larges de 0,nln,044, pourvus d'un opercule; embryon inerme? Le bothriocéphale de l'homme est probable- ment de tous les cestoïdes celui qui atteint, la plus grande longueur ; ses anneaux ne se sépa- rent point en cucurbitins comme ceux du ténia solium , en sorte qu'on trouve souvent après la ponte les derniers segments encore adhérents au strobila ; la sortie des œufs s'effectue ordi- nairement par la rupture des parois de la ma- trice, il en résulte que les anneaux sont fréquem- ment perforés (voy. Palh., fig. 3), quelquefois ils sont divisés longitudinalement et constituent deux cordons latéraux en forme de queues, sou- vent ils font simplement, ratatinés. Le bothrio- céphale, ne donnant point de cucurbitins, se (*) Bolliriocépliale de l'homme, grandeur naturelle; fragmentspris.de dislance en dislance : l'ordre des lettres indique leur situation relative, de la tète à l'extrémité postérieure; ei c, d, e, f, le pore génital mâle est "visible ; g, derniers anneaux ratatinés après la ponte. Ftr. 21 (*). XLII SYNOPSIS. brise en fragments presque toujours considérables et qui ne sortent qu'à des intervalles éloignés. La tête du bothriocéphalo vivant prend des formes variées par la grande conlractilité dont elle est douée ; elle est toujours très distincte de celle du ténia. Les anneaux séparés de la télé sont aussi très faciles à distinguer de ceux du ver solitaire, par l'absence d'un pore génital à la marge, en outre par un épaisissement central souvent plus coloré qui a fait comparer la chaîne des anneaux du bothriocéphale à un raclas, d'où la dénomination donnée à ce ver par Andry (ténia à épine), enfin par les autres caractères donnés ci- dessus. La fécondité du bothriocéphale, comme celle des cestoïdes en général, est prodigieuse ; M. Eschricht a compté sur un seul individu dix mille anneaux, or, attribuant mille œufs à iîtt-i.'--- -•'•■■ -•■■■?:'•■•;•'•%•? chaque anneau, ce qui est au- dessous de la réalité, on porte à dix millions le nombre d'œufs fournis par ce bo- thriocéphale (U Plusieurs espèces de monostomes ont été observées chez les animaux domestiques; une exceptée, elles appartiennent aux oiseaux. Chez le lapin, existe le monostomom leporis; chez l'oie, les monostomum muta- bile, M. YARIAB1LE, M. TRISERIALE ; chez le Canard, les MONOSTOMUM ATTENUATUM, m. caryophillinum : chez le canari, le monostomum faba. Le monostome du lapin n'a encore été rencontré qu'une fois, par Kuhn ; il est long de 7 millimètres et large de 2, ovale, déprimé; il habite le péritoine. Le monostome changeant (M. mulabile) habite les cavités sous-orbitaires de- l'oie et d'autres oiseaux aquatiques. Il produit des œufs dont l'embryon se dé- veloppe avant la ponte; dans cet embryon, apparaît un corps vivant, un animal qui, lors de sa découverte, excita au plus haut point la surprise des SYNOPSIS. XLI» naturalistes, car il fut pris pour un parasite de l'embryon et, comme il existe constamment, il fut regardé comme un parasite nécessaire; mais ce parasite est une gemme qui se développera en sporocyste. La fonction de ce parasite nécessaire, comprise enfin par Steenstrup, éclaira d'une lumière soudaine les phases successives et jusqu'alors inconnues du développement des dis- tomides. Le monostome fève est un autre parasite non moins intéressant; il a la forme que désigne son nom; il existe chez plusieurs oiseaux renfermé dans un kysle des téguments; mais chaque kyste contient toujours deux individus appliqués l'un contre l'autre par leur face ventrale. GENRE DISTOME(Retzius). Corps déprimé ou cylindrique, armé ou inerme, muni de deux ventouses dis- tinctes et isolées, l'une antérieure contenant la bouche, l'autre imperforée et située à la face ventrale entre le milieu et le premier sixième de la longueur; intestin divisé en deux branches simples [rameuses chez le distome hépatique); ouvertures génitales rapprochées ou réunies et confondues en un cloaque, situées en avant, très rarement en arrière de la ventouse ven- trale ; un orifice postérieur contractile, don- nant entrée dans une cavité intérieure, quel- quefois ramifiée et se distribuant dans toutes les parties du corps. Le genre distome forme un groupe considé- rable et très naturel d'animaux dont les nom- breuses espèces vivent toutes en parasites, soit dans des cavités communiquant plus ou moins y directement avec l'extérieur, soit, dans des ca- vités closes, soit dans des kystes. A l'état de larve, elles existent chez des crustacées, des mollusques, et libres dans l'eau ; à l'état par- fait, elles se rencontrent chez les animaux ap- partenant aux quatre classes des vertébrés. 35 DISTOMË HÉPATIQUE (Distomum hepaticum Abildgaard). Fie. 26. — Distome hépatique (non encore adulte) grossi 8 fois. Il pro- vient d'un abcès, chez un homme. — a, ventouse buccale ; b, ventouse abdominale; c, œsophage; d, d, d, d, ramifications de l'intestin ; elles ne sont pas apparentes partout à cause de leur contraction. Corps blanchâtre, long de 18 à 31 millimètres et large de 4 à 13mm,5 chez l'adulte, n'ayant en- viron que la moitié de ces dimensions chez les jeunes; ovale-oblong ou lancéolé, obtus; plus large et arrondi en avant où il se rétrécit tout à coup et forme une sorte de cou conique ; rétréci en arrière et aplati DAVA1NE. d T. SYNOPSIS. ci) forme de Feuille; tégument couvert d'épines plus ou moins aplaties, longues de 0 , 08 ; ventouse antérieure terminale, arrondie; ventouse postérieure à orifice triangulaire, située très près de la première; intestin ramifié distribué dans loul le corps, plus ou moins apparent suivant l'état de contraction de ses divisions; orifices génitaux contigus, situés au milieu de l'intervalle des deux ventouses; pénis cylindrique, saillant, contourné en spirale; ovaires blaucs, en grappe; oviducte formant des circonvolutions nombreuses, contenant des œufs plus ou moins colorés en jaune, ovoïdes, pourvus d'un opercule, longs de 0""",13 à 0""", II, larges de 0; — embryon inconnu. FîG. 27.— Ovule du ili.-lunic hépatique, grossi 107 fui» et traité par la potasse caustique pour séparer l'opercule. Le dislome hépatique appartient aux ruminants, car c'est généralement chez ces animaux qu'on le rencontre, mais ce ver est du nombre assez res- treint de ceux qui peuvent vivre dans des animaux très différents : il a été trouvé chez l'homme, chez le bœuf, le mouton, la chèvre, le cheval, l'âne, le chameau, le porc, l'éléphant, le lapin ; et, parmi les animaux sauvages, dans le daim, le chevreuil, le cerf, l'antilope, l'écureuil, le lièvre, le kanguroo (voy. Path., p. 235, 238, 246, 250). Le distome hépatique vit généralement dans les conduits et dans la vési- cule biliaires, mais il ne fait pas son séjour exclusif de ces organes; on le trouve assez fréquemment dans l'intestin ; on l'a vu dans les vaisseaux san- guins chez l'homme, et môme dans des tumeurs inflammatoires situées sous la peau ; peut-être dans ces dernières conditions n'atteint-il jamais l'état adulte (voy. Palh., p. 315). 06 blSTOME LANCÉOLÉ (Dis!, lanceolatum, Mehlis). Corps demi-transparent, plus ou moins taché de brun par les œufs, long de 4 à 9 millimètres, large de 2""", 2, lancéolé, obtus en arrière, aminci en avant, et termine par la ventouse buccale; tégument lisse ; ventouse ventrale orbiculaire, Fie. 28. — Ovule du distome lancéolé. — a, grossi 107 fois (même grossissement que la fig. 27} ; b. grossi 340 fois; c, le même traite par la potasse caustique pour en séparer l'opercule. plus grande que la buccale; intestin divisé en deux branches longitudinales, droites, simples; orifices géuitaux contigus, situés entre lesdeuxventouses; pénis long, généralement droit; trois testicules dout ttu plus petit; ovaires blanchâtres, ramifiés ; oviducte très long, replié un grand nombre de fois en arrière des tes- SYNOPSIS. Ll licules et coloré eu jaune, en brun et en noir d'arrière en avant, par lc> œufs; œuf mûr noirâtre, long deOmm,037 à 0UUU,04, pourvu d'un opercule très grand (le développement commence dans l'oviducte et, lorsque l'œuf est expulsé dans l'intestin, l'embryon est déjà formé) (I); orifice caudal distinct, communiquant avec des canaux excréteurs. Variété de l'homme. Plusieurs des distomes observés chez l'homme appartiennent au dist. lan- céolé; tels étaient, d'après la détermination de Rudolphi, les distomes trouvés par Buchholz et ceux de Chabert. Les distomes rencontrés par M. Busk, non dans les canaux biliaires où il n'en existait aucun, mais dans le duodénum, doivent être rapportés au dis- tome lancéolé. Ils possédaient la constitution de ce dernier, le double conduit alimentaire non ramifié, et tout l'intervalle compris entre ses deux branches était rempli par les circonvolutions de l'oviducte ; mais ces individus étaient beaucoup plus considérables que le distôme lancéolé, ils avaient depuis un pouce et demi (Ûm, 038) jusqu'à presque trois pouces de longueur (0™, 075) et ressemblaient au distome hépatique pour la forme. L'individu chez qui existaient ces distomes, était un Lascar (matelot origi- naire de l'Inde) (voy. Palh , p. 254). Le distome lancéolé se trouve généralement avec le distome hépatique dans les conduits biliaires des ruminants; il a été trouvé aussi chez le lièvre, le lapin, le cochon et le chat domestique (voy. Path., p. 238). 87 DISTOME HÉTÉROPHYE (Dist. heterophyes, de SiEbold). Corps ovale, oblong, déprimé, plane en dessous, légèrement convexe en dessus ; tégument couvert d'épines petites, dirigées en arrière; ventouse buccale presque terminale, infundibuliforme, petite ; ventouse ventrale située un peu en avant du milieu du corps, grande (douze fois la ventouse buccale) ; pharynx museuleux, globuleux; tube digestif se divisant en avant de la ventouse ventrale, en deux branches terminées en csecum ; gaine du pénis située en arrière de Cette ventouse et réunie avec sa partie gauche, globuleuse, en forme de cupule, couronnée par un cercle incomplet de 72 soies très petites et pourvues de 5 barbes; deux testicules avec une vésicule séminale interne globuleuse; œufs à coque rouge; organe excréteur s'ouvrànt sur la ligne moyenne de la face ventrale. Longueur 1 millimètre à lmm,5, — largeur 0,mn,5. Trouvé deux fois, en Egypte, par flilharz (1 851), dans l'intestiri grêle d'un enfant, où il en existait un très grand nombre. On ignore s'il occasionne quel- que phénomène pathologique. (1) Voyez ce développement dans un excellent mémoire de M. .T. -.T. Moulinié: De la reproduction chez les trémalodes endoparasites (extrait du tonie III des Ment. de l'Institut genevois; Genève 1856). LU SYNUl'SlS. 06 DISTOME HjEMATOBIE (Dis*, lunnohibium, BlLHABz). Distome à sexe distinct. Miilc. — Corps mou, blanchâtre, (ilifornic; partit- antérieure (tronc) distincte, for- mant le huitième ou le neuvième de la longueur totale du corps, déprimée, lan- céolée, plane ou concave en dessous, légèrement convexe en dessus, lisse; partie postérieure (queue) cylindrique, six à sept fois plus longue que l'antérieure; en arrière de la ventouse ventrale, la marge infléchie de chaque côté sur la face ven- trale, forme de cette manière un canal longitu- dinal (canalis gynœcophorus); extrémité posté- rieure amincie ; surface externe couverte de papilles pili fèves; surface intérieure (du canal) lisse sur la partie moyenne et couverte d'é- pines très petites sur les côtés ; ventouse buc- cale située à la face inférieure, terminale, trian- gulaire; ventouse ventrale située près de la limite des deux parties distinctes du corps (tronc et queue), orbiculaire, de la même dimension que la buccale; surface de chaque ventouse cou- verte de granules serrés et très petits; tube digestif dépourvu d'un pharynx musculcux, di- visé, en avant de la ventouse ventrale, en deux parties qui sont réunies de nouveau en arrière en un canal unique et terminé en cœcum; porc géuital situé entre la ventouse ventrale et l'ori- gine du canal longitudinal (gyneecophore); lon- gueur totale 7 à 9 millimètres. FlG. 29. — D'après Billiarz. — Dis- tome liœmatobie ; mâle et femelle fortement grossis ; a, b, la femelle en partie contenue dans le canal ijjjnœcophore ; a, l'extrémité an- térieure ; c, l'extrémité posté- rieure ; rf, le corps vu par trans- parence ilans le canal. — e, f, g, h, i, le mâle ; e, f, canal gynx- cophore enlr'ouvert en avant et en arrière de la femelle, qui a été en partie extraite de ce canal pour en bien faire voir la disposi- tion ; 3, h, limite vers le dos de la dépression de la face ventrale constituant le canal ; j, ventouse buccale; h, ventouse ventrale; entre i et II, le tronc ; en arrière de h, la tpjcuc. Femelle. — Différant du mâle par la forme, très mince et grêle; corps rubané, lisse, transparent, très aminci en avant, dépourvu d'un canal lon- gitudinal; ventouses et tube digestif comme chez le mâle; pore génital réuni avec la marge postérieure de la ventouse ventrale ; œufs ovales, prolongés en pointe d'un côté. Le maie, surpassant de beaucoup la femelle en grosseur, porte celle-ci placée longitudinalement dans le canal gynœcophore , réalisant ainsi, en quelque sorte, l'hermaphrodisme du genre distome auquel ce ver déroge exceptionnellement. L'embryon encore contenu dans l'œuf est cou- vert de cils vibratiles; devenu libre, sa forme est celle d'un cylindre allongé, plus large en avant et terminé en arrière obliquement en coin ; il est pourvu en avant d'une émineuce en rostre qui porte une em- preinte de ventouse?; à l'intérieur du corps, existent deux corpuscules pyri- formes (gemmes de sporocyste?), réunis, situés en avant. L'embryon nage au moyeu SYNOPSIS. LUI de ses cils vibraliles. Dans l'eau ordinaire, il perd au bout d'une heure son'pouvoir de locomotion et se dissout bientôt. Le distome hœmatobie n'a encore été trouvé qu'en Égyple ; il vit chez l'homme, dans la veine porte et ses ramifications, et dans les parois de la vessie urinaire. Dans les veines mésaraïques, les mâles ont leur femelle en- fermée dans le canal gynœcopliore ; dans les veines des parois de l'intestin , du foie et de la rate, ils en sont toujours séparés (voy. Palh., p. 31 2). 39 DISÏOME OPHTHALMOBIE (Dist. ophthalmobium, Diesing). Corps ovale-lancéolé, déprimé, variable; cou court, subcylindrique; bouche ter- minale, orbiculaire; ventouse ventrale presque centrale, circulaire, d'un tiers plus grande que la buccale; longueur 0mm,5 à 1 millimètre; largeur 0mm,t4 à 0mm,3. Trouvé dans l'œil d'un enfant affecté d'une cataracte congéniale (voy, Palh., p. 735). I\0 DISTOME DE LA BOURSE DE FABRICIUS (Dht. ovatum, Rubolphi). Corps ovale, plane; ventouse buccale terminale, orbiculaire ; ventouse ventrale deux fois plus large, circulaire ; pénis assez long, peu flexueux, situé derrière la ventouse antérieure; œufs elliptiques, très petits, longs de 0mm,02. Dans la bourse de Fabricius d'oiseaux de différents genres, rapaces, pas- sereaux, gallinacés, palmipèdes. Il remonte quelquefois dans l'oviducte, et s'introduit sous la membrane coquillière de l'œuf (voy. Palh. , p. 9). 41 Parmi les animaux domestiques, on a rencontré encore: Le Distome linéaire (dist. lineare Zeder) ; le Distome élargi (dist. dilala- tum Miram), dans le gros intestin, chez le coq domestique. Le Distome du canard (dist. ecbinatum Zeder) ; le Distome oxycépiialf. (dist. oxycephalum Rudolphi), dans les intestins du canard et de l'oie. GENRE HOLOSTOME {Holoslomum, Nitzch). Deux ventouses petites, peu accusées, l'une buccale, l'autre abdominale. — Corps divisé en deux parties dont l'antérieure est séparée par un étranglement ou considérablement élargie et comme membraneuse, faisant tout entière les fonctions de ventouse; la postérieure est plus épaisse et presque cylindrique. Toutes les espèces appartenant à ce genre, à l'exception d'une seule, se trouvent, dans l'intestin chez des oiseaux. 42 L'Holostomum alatum a été trouvé dans l'intestin du chien. |i\ SYH0PS1S. GENRE AMlM1ISTOME(/. — Appareil génital femelle formé d'un ou plusieurs ovaires fili- SYNOPSIS. i/vn formes, très longs, repliés à l'intérieur et venant aboutir à la vulve située en avant de l'anus, plus ou moins rapprochée de la tête. ■• — Œufs ronds ou elliptiques, éclosant quelque- fois dans le corps de la mère « (Dujardin). Les nématoïdes sont toujours pourvus d'un tégument distinct, constitué par un tissu cellulaire dont les fibres très égales, parallèles, disposées sur plusieurs plans, se croisent d'une manière régulière. Sous les téguments existe une couche musculaire, qui forme une enveloppe générale aux viscères. Les fibres les plus apparentes sont longitu- dinales et disposées dans toute la longueur de l'animal en deux, quatre ou huit bandes ; ces fibres sont lisses, quel- quefois plissées transversalement, quelquefois striées ? (4) ; elles sont quelquefois pourvues, de distance en distance, d'un noyau très apparent, et même le noyau peut cor- respondre à une division de fibres en cellules distinctes. Nous n'avons jamais pu voir le système nerveux décrit par les auteurs, même chez le slrongle géant (voy. Sy- nops., n° 99) ; mais, chez quelques nématoïdes, nous avons aperçu des amas de cellules qui, par leur situation, nous paraissaient appartenir à ce système. Ces cellules, assez apparentes chez les trichocéphales, sont surtout très visi- bles chez le trichosome de la poule, au centre de chacun des articles en lesquels l'intestin paraît divisé. Le système circulatoire , chez les nématoïdes qui en possèdent manifestement un, est toujours rudimentaire. Le trichosome de la poule est pourvu d'un canal longitudinal rougeâtre qui nous a offert, dans sa partie antérieure, des contractions rhythmiques pendant lesquelles cette partie disparaît complètement. Quelques autres vers de cet ordre, tels que la filariapiscium, Tanguillule delà nielle, etc., pos- sèdent un système circulatoire analogue. L'appareil respiratoire n'a pu être déterminé chez aucun de ces animaux. Un ou deux canaux longitudinaux, plus ou moins longs , (*) Ascaride lombricouie mâle, grandeur naturelle, ouvert clans une partie fie sa longueur. — fl, tête; 6, extrémité caudale; e, c', l'intestin enlevé entre ces deux points pour montrer les replis multipliés du tube génital flottant dans la cavité abdominale ; testicule et conduit déférent continus s'insérant, en d, sur une vésicule séminale très allongée et graduellement atténuée en arrière; b, extrémité caudale grossie montrant le double pénis. «(1) Nous avons vu des stries manifestes dans des filtres musculaire-; de l'ascaride mégalocéphale, et autant qu'on en peut juger vu leur politesse, dans cdlcs de l'an- guillule de la nielle. LVJIJ SYNOPSIS. el qui s'(ui\ rciit non loin de la boucha, a la face ventrale, représentent sans (Joule un appareil excréteur. Il est très apparent chez quelques strongyles, chez quelques ascarides el chez l'anchyloslome duo- dénal. L'appareil digestif est toujours trèssimple. Laboucho diffère quant à sa conformation suivant les genres de némaloïdes ; elle est souvent armée de pièces cornées ou de véritables crochets ; l'œsophage ou le ventricule est souvent aussi renflé et musculeux, ou muni de pièces cornées; le reste de l'intestin est généralement droit et n'offre rien de particulier, excepté chez les tricho- somiens et dans les genres voisins où il est régulière- ment annelé ou moniliforme ; chez quelques espèces, sinon chez toutes, il est revêtu intérieurement d'un épilhélium cylindrique ; l'anus est quelquefois imper- foré et la partie postérieure de l'intestin atrophiée. Le tube digestif, dans certaines espèces, est entouré d'un amas de substance grenue, contenant des noyaux de cellule, subslance qui représente peut-être un tissu hépatique. Les organes génitaux offrent constamment un déve- loppement considérable ; dans les deux sexes, ils sont constitués sur un type uniforme. Ils consistent en un tube allongé, simple, ou double sur une portion de son trajet, et terminé en caecum. On distingue géné- ralement chez le mâle, le testicule, le canal déférent, la vésicule séminale, le conduit éjaculateur, le pénis ; chez la femelle, l'ovaire, la trompe, l'utérus, le vagin et la vulve. Les différentes parties qui constituent le tube génital ne sont point toujours distinctes les unes des autres. Le tube génital est constamment simple chez le mâle et constamment il aboutit à l'extrémité postérieure ; chez la femelle, il s'ouvre en des points très différents de la ligne médiane ventrale , quel- quefois la vulve est tout auprès de la bouche. L'ap- (*) Ascaride lombrieoïde femelle, grandeur naturelle, ouvert dans toute sa longueur. — n, tête avec les trois valves à la naissance de l'œsophage, on voit un faisceau fibreux transversal qui a été regardé, par quelques auteurs, comme un filet nerveux ; b, extrémité caudale ; de a en b, intestin droit fixé aux parois par des fibres transversales dans la portion antérieure et postérieure où n'existe pas le tube génital ; d, d, ileux lignes latérales indiquant la division des fibres musculaires en bandes longiludales; c, orifice vaginal très peu apparent; e, e, ovaire et trompe continus formant deux tubes repliés un grand nombre defois autour de l'intestin et s'ubouchant en un tube commun ou matrice, qui ne se distingue point, chez celte espèce, par une forme nu par un rendement particuliers. FlG. 32 {*). SYNOPSIS. LIX. pareil copulàteur chez le mâle offre des différences considérables dans diffé- rentes espèces. Le pénis est simple ou double, parfois d'une extrême lon- gueur, revêtu par unegaîne à forme très variée; ou bien il est pourvu d'une bourse, ou d'ailes latérales, ou de papilles, etc., qui servent à assurer l'union des individus dans la copulation ; il arrive à certaines espèces que cette union devient permanente, Fig, 33. — Développement de l'œuf de Vasiaride lombricoïde. — Œufs grossis 200 fois. L'ordre des lettres indique la succession du développement. — En a, l'œuf n'est point encore fractionné ; en m, n, o, il contient un embryon ; p, embryon ayant atteint lotit le développement dont il est susceptible dans l'œuf, grossi 200 fois. Le tube génital chez le mâle et la femelle est constitué par une enveloppe externe très mince, sans structure appréciable, par une enveloppe muscu- laire très apparente en certains points et chez certains nématoïdes; cette der- nière enveloppe est formée par des cellules pourvues d'un ou de plusieurs noyaux que l'acide acétique rend apparents. Enfin à l'intérieur existe une nou- velle couche épaisse de cellules dont la fonction est sans doute de sécréter soit le vitellus, soit la coque de l'œuf. Le pénis est de nature chitineuse et possède des muscles distincts. Le mode de formation des ovules n'est pas uniforme chez tous les néma- toïdes; sous ce rapport ces vers peuvent être rangés en deux catégories: chez l'une les ovules sont groupés, dans la partie ovarienne, autour d'un rachis central ; chez l'autre, il n'y a pas de rachis. L'ovule se forme dans le cul-de- IA SYNOPSIS. gac du Lube génital; il n'est constitue d'abord que par la vésicule germina- tivo (l)qui s'entouro de vitellus en cheminant; la coque de l'œuf est sécrétée dans la matrice et le vagin. La formation des spermatozoïdes procède, comme celle de l'embryon, d'un ovule; cet ovule naît dans le cul-de-sac du tube génital mâle; parvenu a un certain point d'évolution, il se résout en corpuscules séminaux, tandis que l'ovule femelle, arrivé au point correspondant do formation, continue son évolution et parcourt de nouvelles phases de développement. Les spermatozoïdes, d'après les travaux récenls de plusieurs savants, ont une constitution toute particulière : ce sont des corpuscules qui projettent des expansions comme les amibes ; et les œufs offriraient un micropyle par lequel s'introduiraient les spermatozoïdes; mais cette dernière opinion est infirmée par le résultat des nombreuses et importantes recherches de M. Ed. Clapa- rède (2). Les œufs des nématoïdes se développent généralement par segmentation, à la manière ordinaire ; mais dans quelques espèces, il se forme à l'intérieur du vitellus des cellules embryonales qui se multiplient par division et absorbent peu à peu toute la substance vitellaire, sans qu'elle se soit fractionnée. L'embryon mûr est réduit au tube digestif et à l'enveloppe générale du corps ; la bouche n'est point encore munie d'un appareil plus ou moins com- plexe comme chez l'adulte; l'anus est rarement visible; il n'y a aucune trace d'organes génitaux externes ou internes ; les embryons mâle et femelle ne sont distincts l'un de l'autre par aucun caractère. L'embryon possède la forme générale de l'adulte et il atteint tout son dé- veloppement sans subir de métamorphose. Les changements qui s'opèrent pendant la seconde évolution ont été peu étudiés ; mais il paraît que quel- ques-uns au moins des vers nématoïdes éprouvent, avant d'être complète- ment adultes, de véritables mues et que leur appareil buccal, par exemple, est remplacé successivement plusieurs fois, par un appareil de plus en plus complet; c'est ce que l'on voit dans le sclérostome du cheval. La femelle, chez les nématoïdes, atteint généralement des dimensions beau- coup plus grandes que le mâle ; elle existe en nombre plus considérable. Les nématoïdes forment un très grand nombre d'espèces qui, pour la plupart, vivent en parasites soit dans les organes creux, soit dans les tissus des animaux vertébrés et invertébrés; il en est qui vivent à l'état libre, dans les eaux douces ou salées, la terre, les mousses, le blé, la colle de farine, le vinaigre, etc. Le mode de transmission et de propagation de ces vers n'est (1) Il nous a paru, chez l'anguille du blé niellé, que la membrane vitelline se forme avant le vitellus. (Voy. mem. infra cit., p. 28.) (2) Edouard Claparède, De la formation et de la fécondation des œufs chez les versnématoides, in-4. Genève, 1859. SYNOPSIS. t.Xl connu que pour un petit nombre : chez les uns, les embryons se dé- veloppent à côté de leurs parents dans l'organe où ceux-ci dépo- sent leurs œufs; chez les autres, ils se développent au dehors et doi- vent, pour atteindre l'état parfait, rentrer dans leur séjour naturel à l'état d'embryon renfermé dans l'œuf ou de larve libre; dans ce dernier cas, la larve jouit quelquefois de propriétés vitales distinctes de celles de l'adulte; elle résiste à l'action d'agents qui font rapide- ment périr celui-ci. Les nématoïdes sont conformés d'après un certain nombre de types secondaires distincts : la forme générale du corps, la constitution de la bouche, celles des organes génitaux externes ou internes et même celle de l'œuf ont de grands rapports chez un certain nombre de genres dont le rapprochement pourra constituer des familles très naturelles : ainsi les oxyuriJes, les trichpsomiens, les ascaridiens, . les strongyliens, etc., sont formés d'après des types particuliers bien distincts, communs à un grand nombre d'espèces ou à plusieurs genres ; mais les connaissances acquises sur l'organisation des di- verses espèces de vers nématoïdes ne sont pas encore assez précises pour qu'on puisse grouper en familles avec quelque certitude les genres qui doivent les constituer. .Section A. — Ncniatoïilcs à l'état de larve. 5'ô NÉMATOIDE TRACHÉAL (...? Rainey cl Bristowe). Corps long de 0m,n, 50, large de 01,im, 016, oblus en avant, graduellement aminci en arrière; œsophage? occupant plus d'un tiers de la longueur du corps; in- testin droit ; apparence d'anus un peu en avant de l'extrémité postérieure ; point d'organes génitaux externes ou internes. Vers souvent enroulés après leur mort. Trouvés une fois, libres dans la tra- Fig.34t. — Mhatuïdetrachédigrossïiiofoh, çhée artère et le larynx d'un homme d'après l,n dessin tle M" Brislowe- ~ a< lête ; (voy. Path. , p. 21). b, extrémité caudale. 5/4 NÉMATOIDE DU HEIN DU CHIEN (VulpiAn). Corps long de 0u,m, 3 environ, cylindrique dans la première moitié, régulièrement atténué d'avant en arrière dans la seconde; tète tronquée ^transversalement ; IAII SYNOPSIS, bouche large, très apparente; œsophage indiqué; intestin entouré d'une sub- stance grenue?; anus?; queue brusquement amincie; point d'organes génitaux externes ou internes. Trouvé une fois dans un kyste du rein chez le chien voy. Path., p. 29 4). D'autres vers nématoïdes à l'état de larve qui peuvent être rapportés par quelque caractère à un genre déterminé, comme la trichine, ou qui ont été rapportés arbitrairement à quelque genre par les auteurs, trouveront leur place lorsqu'il sera question des vers dont ils peuvent être ou dont ils ont été rapprochés. Kig. 35. — Ver du rein observe par M. Vulpian grossi environ 1 50 fois Section B. — Nématoïdes à l'état parfait. GENRE OXYUIŒ (Oxyuris, Rudolphi). Corps cylindrique ou presque fus* forme, subulé en arrière chez les femelles; télé inerme ; bouche ronde dans l'état de contraction, triangulaire quand elle est saillante, trilabiëe ; œsophage musculeux, traversé par un canal triquèlre; ventricule globuleux ou turbiné, présentant une cavité trian- gulaire; anus situé à l'origine de la queue chez la femelle , dans le centre de cet appendice chez le mâle. — Mâle très petit, plus ou moins contourné en spirale; spicule sim- ple. — Femelle à queue aiguë ; vagin situé à la partie antérieure du ver, utérus biloculaire, deux ovaires. Fjg. 30. — Oxyure vermic'ulaire femelle. — \ , individu de grandeur naturelle; — 2, extrémité Les oxyures se trouvent dans la dernière partie de l'intestin de quel- éphaiique grossie; l'œsophage et l'estomac ques mammifères et de quelques sont apparents; — 3, extrémité caudale grossie: ., . .. , , . - 4 tête fortement grossie.-n, bouche munie reptiles ; les mâles sont généralement de trois lèvres; b, 6, renflements latéraux du très rares, derme ou ai!cs latérales. SYNOPSIS. LMI1 55 OXYURE DE L'HOMME. — (Oxyuris vcrmiciïaris, Bremser). Blanc; tète ailée, c'est à-dire montrant deux rcnflcmcuis latéraux vésiculeux du tégument; oesophage en massue; cavité de l'estomac revêtue d'une armure pliée angulairement. = Mâle long de 2"un,5 à 3""",3; à queue enroulée eu spirale ; extré- mité de la queue pouvant former une cupule ou ventouse; pénis simple, recourbé vers le sommet eu hameçon. = Femelle longue de 9 à 10 millimètres, large de 0mm,4 à 0mm,5; corps très aminci postérieurement en forme de queue; œufs lisses, oblongs, non symétriques; longs de 0""",053, larges deOuim,028. Se trouve dans le gros intestin, surtout dans le rectum, chez l'homme (voy. Path., p. 209). t'm. 37. — Œuf de l'oxyure verniiculairc a, orossi 70 fois: b, 3 40 fois. 56 OXYURE DU CHEVAL. — (Oxyuris curvula, RudolpHi). Tète un peu amincie, trouquée, sans ailes latérales; corps blanc, atténué aiu deux extrémités, coudé ou infléchi en avant; = Longueur du mâle, 9 millimètres à 16min,6 ; extrémité caudale subulée droite et presque de la longueur du corps. = Longueur de la femelle, 29 millimètres (et jusqu'à S0 millimètres?, Rud ); extrémité caudale presque subulée, droite et presque de la longueur du corps. Se trouve dans le caecum et le côlon du cheval eL de l'âne (voy. Path.^ p. 228). GENRE ASCARIDE (Ascaris, Linné). d'au- Vers ordinairement blancs ou jaunâtres, cylindriques, amincis de pari ire, ayant quatre lignes longitudinales opaques, diamé- tralement opposées , correspondant aux divisions de la masse musculaire; tégument strié transversalement ; tête munie de trois valves distinctes, presque semblables, con- vexes ou semi-globuleuses, dont une supérieure et deux la- térales inférieures, fendues intérieurement, et pourvues de dentelures microscopiques; bouche située entre les valves; œsophage musculeux, cylindrique ou en massue, ou en forme de pilon, pourvu d'un canal triquètre; ventricule peu apparent, quelquefois non distinct de l'œsophage; intestin muni quelquefois d'un cœcum ou appendice pylorique. — Mâle plus petit que la femelle; queue recourbée ou enroulée, nue ou pourvue Fig. 'Si. Extrémité céplialique de l'as- caride lombricoïde fortement grossie. |.\|\ SYNOPSIS. do deux ailes latérales membraneuses, ou de deux séries de papilles, plus rarement d'une ventouse; deux spicules plus ou moins arqués. — femelle à queue plus droite et plus longue; vulve située en acunl du milieu ou même du premier tiers; vagin simple, utérus simple, puis divisé en deux ou plus de deux branches longues, filiformes, enroulées uulour de l'intestin, el formant l'oviducle et l'ovaire; œufs elliptiques ou globuleux , éclosant quel- quefois dans le corps de la mère. l'u,. :j',i. Dentelures îles valves de l'ascaride mégaloccpliale, grossies 3i0 fois.— a, vues de profil; b, \iies de face. Le genre ascaride est très nombreux en espèces, qui se trouvent presque toujours dans l'intestin chez les vertébrés des différentes classes. 57 Tclc ASCARIDE LOMBRICOÏDE (Ascaris lumbricoides, Limné). nue, bouche petite, pourvue de trois valves finement denliculécs eu dedans; corps atténué vers les deux extrémités, strié transversalement. = Mâle, long de 15 à 17 centimètres; extrémité caudale co- nique, infléchie; deux spicules courts, aigus, légèrement arqués. = Femelle longue de 20 à cj5 centimètres; vulve située en avant du milieu du corps; deux ovaires filiformes; œufs longs de 0mm,075, larges de 0,nm,05S ; à coque mince, lisse, recou- verte d'une enveloppe transparente, muriforme, blanche; demi- opaque et brunâtre après la ponte. l-iu. 40. — Dou- che de l'asca- ride lombricoïde grossie, vue de face. (Voy. asc. lombric, mâle et femelle, et tête vue de profil, fig. 31 , 32, 38. L'œuf et l'embryon, fig. 33, a, p.) L'œuf de l'ascaride lombricoïde ne se développe pas dans l'intestin ; il est toujours expulsé avec les garderobes avant qu'il ne se manifeste en lui aucun phénomène de segmentation (voy. fig. 33, a). Celle-ci se fait à la manière ordinaire, c'est-à-dire que le vitellus tout entier prend part au fractionne- ment : les sphères de segmentation se subdivisent de plus en plus, successi- vement comme nous l'avons figuré (de b en k) ; le vitellus, ayant acquis un aspect muriforme, se déprime sur un côté et devient réniforme; on aperçoit ensuite les linéaments de l'embryon qui bientôt se meut lentement dans la coque de l'œuf. L'embryon (p) est cylindrique; sa longeurestde 0m,n,2ë ; l'extrémité anté- rieure est obtuse ; les valves de la bouche ne sont pas apparentes; l'extrémité caudale est brusquement amincie et terminée en pointe. Le développement de l'œuf de l'ascaride lombricoïde demande toujours un SYNOPSIS. LXV long espace de temps ; cet œuf traverse l'automne et l'hiver avant que la seg- mentation ne commence; il peut même rester un an dans son état d'inertie. En été, le développement commence plus tôt, quoiqu'il soit toujours très lent. L'embryon reste renfermé dans la coque dont il ne sort jamais spontanément; il y vit plus-d'un an, en sorte que dans les cas où l'œuf s'est développé tar- divement, il peut s'écouler plus de deux ans entre la ponte et le terme de la vie embryonnaire. D'après nos observations et des expériences faites sur le chien, nous croyons pouvoir établir que l'embryon reste renfermé dans la coque jusqu'à ce que l'œuf soit rapporté dans l'intestin, et que là, l'action des sucs intestinaux ra- mollissant cette coque, l'embryon la perce et se trouve dans l'organe qu'il ne doit plus quitter pour atteindre l'étal adulte (1) (voy. Pa/h., p. 128). L'ascaride lombricoïde vit dans l'intestin grêle de l'homme, et probable- ment aussi chez le bœuf (voy. Path., p. 120, 233) G S ASCARIDE DU COCHON (Asc. Suilla, DujARDm). Très semblable à celui de l'homme; différences : stries plus étroites; œufs plus petits; deux utérus quatorze fois plus longs que dans l'ascaride lombricoïde; ovaires autrement disposés ; spicules du mâle moins aigus. 59 ASCARIDE DU CHEVAL (Ascaris megalocephala, Cloquet). Tête pourvue de trois valves arrondies, saillantes, très fortes ;=mâle long de 24 cen- timètres ; queue pourvue de deux ailes latérales ; = femelle longue de 20 à 32 cen- mètres ; queue conoïde, mucronée; vulve située au quart antérieur; œufs rouds, diamètre Omm,09 à Omm,10. Très commun dans l'intestin grêle du cheval ; il existe aussi chez l'âne, le mulet, le zèbre (voy. Path., p. 228). 60 ASCARIDE AILÉ (Ascaris alala, Bellingham). \ Femelle longue de 88 millimètres; l'extrémité antérieure infléchie, munie de deux ailes membraneuses demi-transparentes, longues de 3mm,lG, plus larges en arrière ; extrémité caudale conique, marquée d'une tache noire. Deux femelles ont été trouvées une seule fois dans l'intestin de l'homme, par Bel- lingham, en Irlande. Cet auteur croit que la même espèce avait déjà été observée une fois auparavant par le docteur J.-V. Thompson. Ces vers ressemblent à l'ascaride du chat (Duj.). (1) C. Davaine, Recherches sur le développement et la propagation du trichocé- phale de l'homme el de l'ascaride lombricoïde. (Comptes rendus des séances de V Aca- démie des sciences, t. XLVI, séance du 21 juin 1858.; — Id., avec un complé- ment (Journal de la physiol. de l'homme et des animaux, par lSiowu-Séquard, t. 11, p. 295, 1859). Davaine. e Lxvi SYNOPSIS. 61 ASCARIDE DU MOUTON (Ascaris ovis, RUDOMHl). Ascaride indéterminé, trouvé une seule fois, à Vienne, dans l'intestin du mouton. G'2 ASCARIDE DU CHAT (Ascaris myslax, Zeder). Tête infléchie, pourvue de deux ailes membraneuses semi-ovales ; valves de la bouche arrondies, petites. = Mâle, long de 3 à 6 centimètres ; partie postérieure pourvue de deux ailes peu saillautes et de deux rangées de treize à quinze papilles ; spicules recourbés ; = femelle longue de 5 à 10 centimètres; vulve située vers le quart antérieur ; deux oviducles et ovaires ; œufs presque globuleux, revêtus d'un épaississemenl réticulé ou alvéolé. Ce ver existe dans l'intestin grêle du chat do- mestique et sauvage, du lynx, du guépard, du tigre? Variété chez le lion (voy. Palh., p. 231). 63 ASCARIDE DU CHIEN (Ascaris marginala, Linné). Tête à lobes convexes, portant chacun une papille sail- lante au milieu de leur convexité et une mince bordure denticulée sur leur contour; deux ailes la- térales semi-elliptiques; = Longueur du mâle, 5 à 9 centimètres; extrémité caudale portant deux ailes étroites avec quinze papilles de chaque côté ; = Iongueurde la femelle, 9 à 12 centimètres; vulve située en avant du quart antérieur; œufs presque globuleux, réticulés à la surface. Ce ver existe communément dans l'intestin grêle du chien et du loup (voy. p. 231). Fie. 41 (d'après Gémis et Van Beneden). — Asca- ris mystax (du guépard). — a, le mâle ; b, la fe- melle; c, d, expansions aliformes de l'extrémité antérieure, \ucs de face el de profil. (SU On trouve encore parmi les animaux domes- tiques: 1' Ascaris vesicularis chez le coq domestique et le dindon ; I'Ascaris dispar chez l'oie domestique; I'Ascaris inflexa chez le coq domestique; I'Ascaris maculosa chez le pigeon; I'Ascaris perspigillum chez le dindon ; I'Ascaris gibbosa? chez le coq domes- tique. GENRE SPIROPTÈRE {Spiroplera, Rbdolphi). « Vers blanchâtres ou rougeatres, à corps cylindrique, aminci en avant ou de pari et d'autre; télé nue ou munie de quelques papilles; bouche ronde, SYNOPSIS. LXVll quelquefois suivie d'un pharynx; œsophage simple, long, charnu, cylindri- que ou en massue, quelquefois suivi d'un petit ventricule globuleux à côté duquel l'intestin envoie en avant, un appendice en cœcum plus ou moins long ; tégument à stries transverses ; anus en avant de l'extrémité caudale. « — Mâle à queue ordinairement enroulée en spirale, munie d'expansions mem- braneuses ou vésiculeuses , avec deux spicules inégaux. » — Femelle à queue conique, droite ; ovaire simple ou double. » Les spiroplères vivent chez les animaux vertébrés, principalement chez les mammifères et les oiseaux ; ils habitent souvent entre les tuniques de l'esto- mac ou dans des tubercules de cet organe et de l'œsophage ; rarement dans d'autres régions ; un très petit nombre est libre clans la cavité de l'intestin. 65 SPIROPTÈRE DE L'HOMME {Spir. hominis, Rudolpm). Corps blanchâtre, mince, très élastique, aminci aux deux extrémités et roulé eu spirale; tête tronquée, paraissant munie d'une ou deux papilles; queue de la femelle plus épaisse, terminée puivuue pointe très courte, obtuse, mince et dia- phane; celle du mâle terminée par une pointe plus mince, plus longue, à la base de laquelle se voit une aile mince et très courte et un petit tube médian, cylin • drique, qui est peut-être la gaîne du pénis. = Mâle long de 18 millimètres. = Femelle longue de 22mm,5. Trouvé une seule fois à Londres, dans les urines, chez une femme qui en expulsa longtemps et en grand nombre. Espèce probablement fictive (voy. Path. , p. 289). 66 SPIROPTÈRE MÉGASTOME {Spir' megasloma, Rudolphi). Corps inerme, droit, atténué également aux deux extrémités; tète séparée par uiv étranglement, munie de quatre lobes élar- gis, opposés par paires ; bouche grande. = Mâle long de 7",m,5 ; partie postérieure fortement enroulée une ou deux fois ; queue obtuse, munie d'ailes membraneuses; deux spicules arqués inégaux. = Femelle longue de 11 millimètres; vulve située vers le tiers de la longueur; œuf oblong, presque linéaire, sans enveloppe visible, devenant un embryon replié en deux. Vivant dans des tubercules de^OjLoma^ du cheval (voy. Path , p. 691)- Fio. H (d'après Bayer). — I, tubercule ver- mineux de l'çesqphage du chien, demi- nature; — 2, spirôp'lère ensanglante demi-nature. — a, femelle; b, mâle. tfcViII SYNOPSIS. 07 SPIROPTÊRE ENSANGLANTÉ („S'/jiV. sanguinolente) , Rudolmii). Corps inerme, rougeâtre ; tète nue, plus étroite que le corps; bouche grande, entourée de papilles ou ù bord ondulé. =Mdle, long de iû à 54 millimètres, à queue con- tournée une ou deux fois et munie de deux ailes vésiculeuses striées et de deux rangées de papilles rétractiles ; deux spicules inégaux et dissemblables. Vivant dans des tubercules de l'œsophage et de l'esLomic du chien el du loup (voy. Path., p. 684). 08 SPIROPTÊRE STltONGLE (Spir. strongylina, lU'uoU'lii). Corps inerme; tète non ailée; bouche nue. = Mâle long de 11"1"1, 3 à l3min,S. Spicule très long. = Femelle longue de la""", 8 à 20""", 3. Dans l'estomac du cochon et du sanglier, en Allemagne (voy. Path., p. 229). 69 On connaît' encore parmi les animaux domestiques : chez le coq le Spiuoptera hamulosa qui se trouve dans des tubercules à la surface du ventricule, et chez l'oie le Spiuoptera uncinata, dans des tubercules de l'œsophage. GENRE TRICHINE (Trîchina, Owen). Genre créé par M. Owen, pour un petit ver nématoïde troiné dans les muscles de l'homme; mais ce ver, imcomplélement développé, appartient au genre trichosome ou trichocéphale. 70 TRICHINA SHRALIS (Owen). Corps enroulé en spirale, formant ordinairement deux tours, aminci régulièrement d'arrière en avaut; extrémité antérieure plus amincie, extrémité postérieure obtuse, arroudie; tube intestinal toruleux dans sa première partie; ventricule petit, pyriforme, accompagné de deux appendices indéterminés ; anus terminal. Tube? situé dans la seconde moitié du corps, parallèle à l'intestin, borgne aux deux extrémités (organe génital interne rudimentaire?). Longueur du ver 0,nin,8 à l,m",ll ; largeur de l'extrémité antérieure 0,nm,008, de l'extrémité posté- rieure 0mm,02. (Voy. la trichine dans son kyste, Path., fig. 24, 23, 26.) La trichine existe chez l'homme dans les muscles à fibres striées, ren- fermée dans un kyste (voy. Path , p. 672). Suivant M. Kuchenmeister. ce ver serait un trichocéphale dispar incom- plètement développé (■!). Son organisation le rapproche, en effet, destrichxé- (1) Il serait plus rationnel de supposer que la trichine est la larve d'un tricho- céphale ou d'un trichosome, qui devient adulte chez un autre animal et qui, ne trouvant pas dans le canal intestinal de l'homme des conditions d'existence, le quitte en s'engageanlà travers les parois intestinales; mais il est bien plus probable que la trichine est la larve d'un trichosomien qui acquiert un développement corn- SÏ'NOPSIS. l.XIX phales ou des trichosomes auxquels, à l'étal adulte, il devrait être rapporté; mais il y a toute raison de croire qu'il n'est pas la larve du Irichocéphale dis- par: les œufs de ce dernier ver se développent hors du | canal intestinal de l'homme, longtemps après leur expul- sion; lorsque l'embryon, développé et encore enfermé dans l'œuf, revient dans le tube digestif de l'homme, il se trouve dans son séjour normal, et ne doit point être sollicité à énigrer de l'organe où il deviendra adulte. Plusieurs espèces de Trichines? trouvées dans des kystes chez quelques animaux, n'ont été rapprochées de celle de l'homme que par le fait de leur existence dans un kyste, de leur enroulement, de l'absence d'organes génitaux, et de leur petitesse; pour que le rapproche- ment fût justifié, il eût fallu qu'on eût reconnu dans ces vers les caractères organiques propres aux trichosomes ou aux trichocéphales. 71 GENRE TRICHOSOME. Vers filiformes, très minces, très allongés, composés de deux parties: l'antérieure plus courte, très amincie en avant, contenant l'œsophage ou l'intestin toruleux; la posté- rieure égale, contenant l 'intestin plus ou moins bosselé, et les organes génitaux ; extrémité postérieure obluse, anus terminal. — Mâle pourvu d'un long spicule simple, renfermé dans une gaine membraneuse extensible. — Femelle, vulve située à la jonction de la partie antérieure et postérieure, munie quelquefois d'un appendice saillant en forme d'entonnoir; ovaire et oviducle simples ; œufs oblongs, prolongés aux extrémités et terminés par un boulon translucide, comme chez les trichocéphales. Les trichosomes sont ordinairement d'une extrême ténuité, et relativement 1res longs; ils vivent généralement dans le tube digestif des animaux verté- brés ; quelques espèces habitent la vessie urinaire, la trachée-artère et même les parois du tube intestinal . (*) Trkhina spiralis, fortement grossie. — a, légumcnls; b, couche musculaire; c, extrémité cé- plia^iquo ; d, extrémité caudale cl anus; e, oesophage; /', /', lulie intestinal; i, h, luhc génital rudi- mcnlaire; en i, dépôt indéterminé, à l'intérieur de ce luhc (d'après Brislowc et Rainoy). plet dans les tissus chez d'autres animaux et qui chez l'homme est égaré et ne peut devenir adulte. On connaît plusieurs espèces de trichosomes qui vivent dans les tissus et qui y sont adultes ; tels sont : le trichosome {calodium) de la musaraigne, dans la rate ; les trichosoma obtusiusculum, dispar, contorlum, qui vivent dans les tuniques de l'œsophage et de l'estomac chez plusieurs oiseaux. D'autres vivent dans la trachée-artère, les bronches, la vessie. LXX SYNOPSIS. Parmi les animaux domestiques, on trouve: chez le chien, le Tmch.plica dans la veBsie urinaire ; chez l'oie, le Tmcn. biievicolle dans le cfscum ; chez es gallinacés, le Tmch. longicoue dans lo gros intestin. GENRE TRICHOGÉPHÀLE {Trtchocephulus, Goeèb). « Corps trèsallongé, formé dedeux parties, V antérieure plus longue, filiforme t très amincie en avant et contenant seulement l'œsophage ou une première portion tondeuse de l'intestin; l'autre partie ou la postérieure, subitement renfilée, contient le reste de l'intestin et les organes génitaux. L'ànùs est à Vexlrèmité qui finit en pointe obtuse. — Mâle, avec un spicule simple, tubuleux , contenu dans une gaine renflée ou vésiculeuse, de forme variable, et sortant à l'extrémité postérieure. — Femelle, à ovaire simple, re- plié dans la partie postérieure, terminé en avant par un ovi- Fic. 44. — Tricliocépliulc de l'honinio. — 1, mâle, grandeur naturelle ; — 2, femelle, grandeur natu- relle ; — 3, extrémité céphalique grossie ; — 4, extré- mité caudale du mâle grossie. — a, anus ; b, b spi- cule ; c, c, gaine du spicule. ducte charnu qui s'ouvre au point de jonction des deux parties du corps ; œuf oblong, revêtu d'une coque résistante, prolongée en un goulot court, arrondi, translucide aux deux extrémités » (Dujardin). L'organisation des Irichocéphales ressemble beaucoup à celle des tricho- somes; les premiers diffèrent des seconds principalement par le renflement brusque et la plus grande épaisseur de la partie postérieure du corps ; le tube digestif, l'organe copulateur du mâle et l'œuf sont conformés sur un même type dans les deux genres qui constituent une famille très naturelle. Les Irichocéphales vivent, pour la plupart, dans le cœcum ou dans le gros intestin de l'homme et des mammifères; ils sont inconnus dans les autres classes des vertébrés. 1-2 TRICHOCÉPHALE DE L'HOMME (Trich. dispar, Rudolphi). Tégument strié transversalement à l'exception d'une bande longitudinale hérissée de petites papilles; cou très long, capillaire. = Mâle, long de 37 millimètres; partie postérieure enroulée ; spicule long, contenu dans une gaine cylindrique renflée et vésiculeuse à l'extrémité, hérissée de pointes ; — femelle, longue de SYNOPSIS. LXX1 34 à 50 millimètres; partie amincie formant les deux tiers delà longueur totale, partie postérieure , ou renflée, droite ou arquée ; queue en pointe mousse; œuf long de 0mœ,053, large de Qlum,024. Les œufs du trichocéphale, pon- dus dans l'intestin, sont évacués avec les fèces; ils ne se développent que „ , _ ~ , , ... , , , , ' ,„ rr H Fig. 45. — Œuf du trichocepnala do llionime. — plusieurs mois après. L'embryon fl, grossi 70 fois; 6, 340 fois. reste longtemps enfermé dans la coque et vivant; il n'est mis en liberté que lorsque l'œuf rentre dans le tube intestinal de l'homme, apporté par les aliments ou les boissons. Le développement du trichocéphale et les conditions de sa propagation, sont en tout semblable à ceux de l'ascaride lombricoïde (voy. ci-dessus, p. lxiv). Le trichocéphale dispar existe dans le caecum chez l'homme; plus rarement dans l'intestin grêle ou le côlon. 73 TRICHOCÉPHALE VOISIN (Trich. afflnis, Rudolphi). Tète avec deux renflements latéraux vésiculeux, en forme d'ailes; papilles de la bande longitudinale plus fortes sur les bords. = Mâle long de 80 millimètres; spicule pointu , très long; gaîne tubuleuse, cylindrique, très longue. = Femelle longue de 60 à 70 millimètres, à queue obtuse; œuf long de 0rara,07. Vivant dans le caecum chez les ruminants des genres cervus, anlilope, ovis et bos. Le trichocéphale du chameau et du dromadaire est probablement delà même espèce. Le trichocéphale voisin aurait encore été trouvé dans l'amygdale chez l'homme, d'après une observation probablement erronée (voyez Path., p. 206). lk TRICHOCÉPHALE DÉPRIMÉ {Trich. depressiusculus, Rudolphi). Dans le caecum chez le chien et le renard. 75 TRICHOCÉPHALE CRÉNELÉ (Trich. crenatus, Rudolphi). Dans le gros intestin du cochon et du sanglier. Il ne diffère pas assez du Trich, dispar pour qu'on puisse le regarder sûrement comme une espèce dis- tincte. • GENRE FILAIRE (Filaria, Muller). « Versblancs, jaunâtres ou rouges, élastiques, cylindriques, filiformes, très longs, de quatre-vingts à cinq cents fois plus longs que larges, quelquefois un peu amincis vers une des deux extrémités; tête continue avec le corps, nue ou munie de papilles saillantes, ou de pièces cornées constituant une sorte d'ar- mure externe ou interne; bouche ronde ou triangulaire ; œsophage court, i.Wll SYNOPSIS. tubuleux, plus étroit que l'intestin; anus terminal ou suivi d'une queue; tégument lisse ou finement strié en travers. » — Mfilo, à queue souvent obtuse et quelquefois munie d'une dite membraneuse entourant l'extrémité ; spicule principal très long, plus ou moins tordu; spicule accessoire ordinaire- ment tordu et obliquement strié. » — Femelle, à vulve située très près de l'extrémité antérieure; œufs elliptiques ou presque globuleux, ordinairement lisses, longs de 0""",02 à 0""",06; éclosant quelquefois dans le corps de la mère » (Dujardin). Les filaires se trouvent chez les animaux verté- brés, principalement chez les mammifères et les oiseaux, plus rarement chez les reptiles. Elles exis- tent dans des organes très différent;:, à l'exception du canal digestif. Les filaires des poissons appartiennent probable- ment à d'autres genres. 76 FILAir.E? DE L'OEIL HUMAIN. Variété ou espèce A, (Diesing). Film 1 enfin FlG. 4G. — Embryons de la Blaire de l'homme. — 1 , vus au grossissement de G5 dia- mètres ; — 2, tète vue au gros- sissement de 350 diamètres ; Corps filiforme, égal, blanc ou rougeâtre , bouche inerme ; anus distinct, terminal; vulve située à l'ex- trémité caudale; mâle? beaucoup plus petit que la femelle. — 3, fragment présentant la naissance de la queue, même grossissement ; en a, l'anus. Trois fois des vers nématoïdes ont élé trouvés dans le cristallin chez l'homme ; leur description laisse beaucoup à désirer, mais il est probable que tous ces vers appar enaient à la même espèce: — 1° deux individus examinés parNordmann (Graefe) étaient longs de 1n,m,63; la bouche, le canal intes- tinal, l'anus, l'utérus ? ont été reconnus ; — V un individu examiné par Nord- mann (Jiïngken) avait 1 3 millimètres de longueur ; non décrit ; — 3° trois indi- vidus examinés par Gescheidt avaient : l'un 1imn,G3 ; les deux autres 4n,m,30 environ. Le premier, considéré comme le mâle, vu sa petitesse, était d'un blanc rougeâtre, et contourné en spirale. Les deux autres étaient des femelles ; elles étaient blanches, assez droites, avec la queue un peu recourbée en dedans. Chez ces nématoïdes, le corps est égal, la bouche petite, ronde, sans papilles; le canal intestinal égal, droit; l'anus terminal ; les ovaires distincts, cylindriques, contournés en spirale ; la vulve formant un cloaque avec l'anus, l'extrémité caudale renflée et garnie d'une pointe fine, courte et crochue. SYNOPSIS. LXXTM Trouvée dans l'humeur de Morgagni chez des individus affectés de cala- racle (voy. Palh., p. 734). Variété ou espèce B. — Filaire de la chambre antérieure. Ver nématoïde observé chez un homme dans l'humeur aqueuse de la chambre antérieure de l'œil, par le docteur Quadri ; non décrit (voy. Palh., p. 738). Variété ou espèce C. — Filaire de l'orbite [Loa, Guyot). Vers cylindrique, très blanc, plus dur, et moins long proportionnellement que la filaire de l'homme; longueur, 32 millimètres; grosseur un peu moindre que celle d'une chanterelle de violon ; organes génitaux?; mouvements très vifs (Guyot). Espèce de filaire appointie à l'une de ses extrémités, obtuse à l'autre et longue de 30 millimètres; sa bouche est inerme (Lestrille). Vers observés sous la conjonctive des nègres au Congo et au Gabon (voy. Palh , p. 750). 77 FILAIRE DE L'HOMME (Filaria Medinensis, Gmélin). M aie inconnu. Femelle, longue de 50 centimètres à 4 mètres, large de 1 millimètre à lmm,1S, filiforme, un peu amincie en arrière, blancbc avec deux lignes longitudinales oppo- sées, larges, correspondant à l'intervalle de deux masses musculaires longitudi- nales; bouche orbiculaire, pourvue de quatre poils opposés en croix?; queue subaiguë, recourbée en crochet; œuf éclosant a l'intérieur du corps de la mère. = 2?m'j)'2/onlongde0,mi\75, épais de Omn,,OI ; cylindrique, à tégument finement strié en travers; extrémité antérieure un peu atténuée; extrémité postérieure terminée en une queue très longue et très effilée ; anus visible à la naissance de la queue (voy. fig. 46). La filaire de l'homme a été rencontrée aus mais il ne donne sur les dimen- sions des vermioules aucun dé- tail ; il ne dit même pas s'il les a vus avec un instrument gros» pissant. Fie, 55. — Ovule du strongle géanl (du chien). — 0, grossi 340 fois. >— b, le même au même Gros- sissement, traité par l'acide sulfuriqite concentré qui rond le vieillis apparent. Le strongle géant existe chez l'homme? le cheval, le bœuf, le chien, le loup, le vison, la marte, le putois, etc. Il se trouve ordinairement dans le rein, rarement dans la vessie, dans le tissu cellulaire sous-péritonéal, etc. On n'en rencontre ordinairement que deux ou trois (voy. Path., p. 267, 286). On dit l'avoir trouvé dans le cœur (Paih., p. 340). GENRE DACTYLIUS (Curling). Corps cylindrique, élastique, aanelé, atténué de part et d'autre; tête obtuse ; bouche orbiculaire ; anus trilobié. Genre d'entozoaire très probablement fictif. 100 DACTYLIUS ACULEATUS (Curling). Tête obtuse ; corps armé dans toute sa longueur de plusieurs séries d'épines ; queue obtuse, annelée. Dans la vessie urinaire chez l'homme. Ce ver, rencontré une seule fois, appartient très probablement à la famille des lombricidés et se sera trouvé, accidentellement, dans l'eau avec laquelle on avait nettoyé le vase de nuit (voy. Path., p. 291). 101 D'autres vers nématoïdes? de genres indéterminés ont encore été ren- contrés chez l'homme et chez les animaux domestiques, ce sont : I ° Chez l'homme : a. — Un ver filiforme rendu par le vomissement, observé par Degland. II s'agit d'un ver rendu par un enfant de huit ans, à la suite de l'adminis- LXXXV1 SYNOPSIS. Iration d'un vomitif. Ce ver avait le corps cylindrique, nu, lisse, résistant au toucher, égal et noirâtre dans presque toute son étendue, long de 15 à 16 centimètres, sur un millimètre et demi de diamètre, L'extrémité antérieure? un peu amincie était arrondio et terminée par un point noir ; l'autre extrémité, un peu plus grosse, présentait une bifurcation distincte au microscope. La peau était parsemée de petits points sphériques, saillants, disposés en cercle. A l'intérieur, ce ver n'offrit qu'un canal cylindroïde qui s'étendait d'une extré- mité à l'autre. Ce ver vécut dans l'eau ordinaire pendant un mois (1). Par tous les caractères décrits ci-dessus, ce nématoïde appartiendrait au gordius aqualicus, comme l'auteur de l'observation l'a reconnu; mais un tel ver vivrait-il dans l'estomac? Il est probable qu'il s'est trouvé accidentelle- ment dans le vase où l'enfant a vomi. b. —■ Des vers trouvés par Pruner, à la surface du foie ou de l'intestin, et renfermés dans des kystes; probablement des pentastomes (voy. n° 102). 2° Chez le cheval : c. — Des vers semblables à la trichine existant dans les parois du gros intestin (Diesing). CL. — Un nématoïde trouvé, à Dresde, dans les parois de la veine saphène (Diesing), 3° Chez le mouton : e. — Un ver nématoïde long de 1b centimètres, roulé en spirale, atténué aux extrémités et dont l'habitat n'est pas indiqué (Diesing). f. — Un ver cylindrique, graduellement aminci en arrière et qui existait dans un kyste du poumon (Diesing). 4° Chez le chien : g. — Des vers très minces, cylindriques, longs de 5 à 7 centimètres, trouvés par Warren à Malle, dans l'œsophage de chiens morts de la rage. Probablement des spiroptères ensanglantés (Rudolphi). TYPE VI. ~ ACANTHOTHÈQUES (Diesing). Animaux solitaires, ayant un tube digestif complet; bouche située en avant, à la face inférieure, et accompagnée par deux paires de crochets rétractiles; anus terminal ; système nerveux distinct j sexes séparés. (1) C. D. Degland, Description d* un ver filiforme rendu par le vomissement (Re- cueil des travaux de la Société d'amateurs des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille, 1819-1822. Lille, 1823, p. 166). TABLE DES FIGURES INTERCALÉES DANS LE TEXTE. SYNOPSIS. Fig. Pag. 1. Cercomonas de l'homme vr 2. Scolex du cysticerque ladrique vin 3. OEuf du ténia solium armé ix 4. Proglottis du ténia solium armé ix 5. Ténia proglottinien de la poule x 6. Hydalide de l'homme xiu 7. Échinocoque de l'homme xiv 8. Cœnure xvui 9. Cerveau de mouton avec des traces de cœnure xix 10. Disposition des parties d'un cysticerque xx 1 1 . Cysticerque ladrique xxi 1 2. Cygticerques altérés xxn 13. Mode de progression d'un proglottis xxiv 14. Ténia solium armé xxv 15. Tête du ténia solium armé xxvi 16. Ténia solium fragile , , , , xxvii 17. Ténia solium inerme xxx 18. Télé et œuf du ténia inerme xxxi 19. Tœnia echinococcus , xxxvi 20. Tête de bothriocéphale xt, 21 . Bothriocéphale de l'homme xli 21. Articles grossis du bothriocéphale xlii 23. OEuf du bothriocéphale de l'homme xuu 24 . Sporocyste de la cercaria echinata xtvi 25. Cercaire du distoma retusum xlvii 26. Distome hépatique , , , xlix 27. OEuf de distome hépatique L 28. OEuf de distome lancéolé i, 29 . Distome haematobie j,u 30. Hexathyridium venarum LV 31 . Ascaride lombricoïde mâle , LVn 32. Ascaride lombricoïde femelle lvih 33. Développement de l'ascaride lombricoïde ux 34. Nématoïde trachéal LX[ 35. Nématoïde du rein LX\i 36. Oxyure vermiculaire lxii davaike, b xviij TABLE DlîS FIGURES. Fie PA«- 37. OKnf de l'oxyure vcrmiculaire lxhi 38. Tête de l'ascaride lombricoïde lxiii 39. Vulves de l'ascaride mégalocépbale i.xiv 40. Bouche de l'ascaride lombricoïde i.xiv 41. Ascaride du chat lxvi 42. Spiroptère ensanglanté i.xvii 43. Trichina spiralis lxix 44. Trichocéphale de l'homme lxx 45. OEuf du trichocéphale de l'homme lxxi 40. Embryon de la filaire de l'homme lxxii 47. La filalro de l'homme adulte, coupe , lxxiii 48. Sclérostome armé anévrysmatique lxxvu 49. Sclérostome syngame lxxix 50. Strongyle paradoxal lxxx 51. Anchylostome mule. lxxxi 52. Anchylostome femelle lxxxii 53. Strongle géant mâle lxxxiii 54. Strongle géant femelle lxxxiv 55. OEuf du strongle géant lxxxv 56. Pentastome ténioïde lxxxvi 57. Pentastome dentteulé lxxxvh PATHOLOGIE (1). 1 . Nématoïde de la trachée * 22 2. Tableau des œufs des vers de l'intestin et des voies biliaires 51 3. Bothriocéphale perforé 76 4. Trichocéphale de l'homme * 206 5. Ovule du trichocéphale * 209 6. Oxyure vermiculaire * 210 7. Ovules du distome hépatique et lancéolé * 243 8. Corps oviformes du foie du lapin 259 9. Strongle géant femelle * 269 10. Strongle géant mâle * 271 11 , OEuf du strongle géant * 275 \ 2. Nématoïde du rein du chien , * 294 13. Distome hœmatobie * 313 14. Distome hépatique * 322 15. Hexalhyridium venarum * 324 16. Anévrysme vermineux 331 17. Échinocoque de l'homme * 359 .18. Hydatide de l'homme * 360 19. Kystes hydatiques pédicules 364 20. Fragment de membrane hydatique; crochets d'échinocoque 392 21. Cysticerque ladrique du porc * 621 (1) Los figures marquées d'un * sont déjà dans le Synopsis. TABLE DES FIGURES. Xl'x FlG. l'AG. 22. Cœnurc du mouton * 627 23. Tête de mouton dont le cerveau contient un cœnure 639 24. Muscle contenant des kystes de trichina spiralis 672 25. Kyste et trichine ayant subi un commencement d'altération 676 26. Kyste et trichine plus altérés 678 27. Kyste de trichine envahi par la graisse 679 28. Kyste de trichine presque complètement détruit 679 29. Tubercule vermineux de l'œsophage du chien G87 30. Embryon de la filaire de l'homme * 707 31. Cyslicerquc du corps vitré q*e l'œil humain. ,...,.,,,.,,,,.,,.,., "41 FIN DE LA TABLE DES GRAVURES, ERRATA. Page xxxvn, ligne 4, après paru, ajoutes avoir leur lalon. 24, lignes 16 et 40, au lieu de Leuckaert, Usez Leuckart 50, li, ûlez le mot tous. "fi, G, ûlez le second mot été. 121, 12, aulieu de rondo, Usez toudo. 175, H, au lieu de fait, lises fort. 187, 13, aulieu de perforation, lisez péritonite. 199,' 1, au lieu de Boire, lisez Boirel. 201 , 1 1 , au lieu de D'Olaus, lisez Olaus. 204, 24, au lieu de Peyre, lisez Lapeyre. 237, 33, au Heu de sangsues, lises sangsues ordinaires. 251, 30, au lieu de infectis, lisez infestis. 256, 6, ôtez les » 261, 26, au lieu de 0mm,55, lisez 0"'"1,055. 299, 9, ajoutez » 328, 27, au lieu de strongle, lises sclérostome. 341, au titre de la page, au lieude dans le sang, lises chez le chien. 429, ligne 3, au lieu de xxxv, lises xxxvi. 524, 30, au lieu de 1856, lisez 1656. 622, 3, au lieude n" 6, lisez n° 9. 679, 27, au lieu de 27, lises 28. 681. 29, note (1) se trouve au verso de la page. 698, 17, au lieu de medena;, lisez niedeme. 707, 24, au lieu de 65, Usez 350. ■729, 4, au lieu de soient, lises sont. "~i2, 32, aulieu de principia, lisez principes. SYNOPSIS, Ï,XXXV1{ Les acanthothèques offrent des rapports avec les crustacés; leurs embryons ont une analogie évidente avec ceux des lerné'jdes, crus- tacés qui vivent en parasites chez les poissons. GENRE PENTASTOME, Le corps est oblong, cylindrique ou comprimé, plissé transversalement ou presque annelé, atteignant le plus souvent la grosseur d'une plume d'oie el jusqu'à 6 à 8 centimètres de longueur; la [été est obtuse el l'extrémité postérieure allé- nuée; les deux paires de crochets, simples ou doubles, situées près de la bouche, sont rétractiles dans autant de cavités distinctes; le système nerveux est constitué par un ganglion sous-œsophagien volumineux, el deux filets principaux qui se dirigent le long du corps; les muscles ont leurs fibres striées; il existe un vaisseau dorsal plus ou moins manifeste ; l'intestin simple se dirige en droite ligne de la bouche à l'anus. — Chez le mâle, l'appareil génital se compose d'un long testicule cylindrique, étendu depuis la queue jusqu'au milieu du corps où il se continue par deux canaux déférents qui embrassent l'intestin; le pénis simple, papilliforme, est situé en avant, derrière la bouche. — Chez la femelle, l'appareil génital se compose d'un long ovaire cylindrique, divisé en deux branches, entourant l'in- testin, recevant le produit de deux glandes accessoires, el se réunissant, en un oviducle unique, très long et formant de nombreuses circonvolutions autour de l'intestin j vulve située auprès et en avant de l'anus. Ovipare. Les penlastomes vivent dans les sinus frontaux, dans le larynx, la trachée, dans les poumons, ou dans des kystes à la surface des organes. Ils se trouvent chez l'homme, chez les mammifères, mais surtout chez les reptiles; on en connaît aussi chez les poissons. Ces parasites paraissent plus communs fig. 56.(*) au Brésil que dans les autres pays. Section A. — Pentastoines à l'état «le larve, 102 PENTASTOME ÉTREINT (Pentastomum conslricium, de Siebo^d). Corps allongé, cylindrique, annelé en apparence par des constrictions transversales, arrondi antérieurement, terminé postérieurement en cône obtus ; dos convexe (*) Pentastome ténioïde, provenant d'un chien, grandeur naturelle. A l'intérieur du corps apparaissent les circonvolutions de l'oviducte. I.XX.VVIH SYNOPSIS. ventre aplati; tégument sans épines ; long de 13 millimètres, large de 2 mil li - mètres. Trouvé en Egypte, par Prunar, chez deux nègres et chez la girafe. Des deux nègres l'un était mort d'une péritonite, l'autre d'une colite : chez l'un les vers étaient vivants, chez l'autre ils étaient morts. Ils étaient situés dans des kystes, de la dimension d'un kreulzer, plus elliptiques que ronds, d'un tissu en apparence cartilagineux, qui faisaient saillie à la surface du foie, chez l'un des individus; chez l'autre, le parasite avait quitta son fojsl': et so trouvait dans le duodénum, a Quand nous avons visité, en 1833, dit Pruner, le musée d'anatomie pathologique de hologne, nous avons trouvé deux échan- tillons de ce môme animal , sans kyste, conservés entro deux verres do montre, avec cette inscription; « insectes trouvés dans le foie d.'un, homme (1). » Bilharz a de nouveau trouvé ces parasites en Egypte, à la surface du foie chez des nègres, . 103 PENTASTOME DENTICULÉ (P. dentlculatum, RUDOLPHl). Corps plane, oyale-allougé, déprimé, à dos un peu convexe, à ventre aplati, atténué- en arrière, plus ou moins échancré aux deux extrémités, annelé ou présentant des franges transverses très nom- breuses (70 à 80, Kùcbenm., près de 200, Duj.), formés de lames lancéolées à pointe multiple. Lamelles ou épines des franges longues de 0",m,025, implantées dans le tégu- ment au moyen d'un pédoncule tubuleux. Longueur 4 àginm, iargeur en avant 1 millimètre à lmi»,35 (Duj.). Longueur jusqu'à 3 millimètres; largeur en avant, 0mm,4, en arrière 0mni,16 (Kûchenm.). Point d'organes génitaux., Larve du pentaslome ténwïde ? (voy. Path., p. 24), Trouvé dans des kystes des organes parenchymateux, surtout à la surface du foie, chez la chèvre, le bœuf, le cochon d'Inde, le lapin, le porc-épic, le chat. Dans ces dernières années, il a été trouvé assez fré quemment chez l'homme. M. Zenker, prosecteur à l'hô- pital civil de Dresde, est le premier observateur qui ait signalé l'existence de cet entozoaire chez l'homme; il l'a rencontré dix fois (huit hommes et deux femmes; âge, vingt et un à soixante-quatorze ans); on l'a trouvé en- suite à Leipsick et à Vienne: à Dresde, dans la propor- tion d'un sur dix-huit autopsies; à Leipsick dans celle d'un sur dix, et d'un sur quatre à Vienne. (*) Pentastome denticult fortement grossi. — Un Irait placé à côté marque la grandeur natu- relle (d'après Zenker). (I) Pruner, op. infrà cit., p. 249, 250, Fie. 57 ( PSEUDHELMINTHÈS. LXXXIX Dans tous les cas (sauf un), c'est à la surface du foie que les penlastomes denticulés ont été rencontrés chez l'homme; ils étaient renfermés dans un petit kyste fibreux ; un seul existait à la surface du rein (voy . Path., p. 293) . Cet entozoaire paraît ne causer aucun trouble dans les fonctions de l'or- gane qui le recèle ; aucun phénomène ne fait soupçonner son existence pen- dant la vie ; sa petitesse constante le rend tout à fait inoffensif pour son hôte. Section B, — Pcntastomes à l'état adulte. lO/i PENÎASTOME TÉNlOlDE {Peut. Tàniaides, P.udolphi). Corps déprime, lancéolé, très allongé et rétréci en arrière, plissé transversalement, crénelé au bord; bouche presque orbiculairc; crochets rangés en demi-cercle. = Mâle blanc, long de 18 millimètres, large en avant de 2:nul,5, et en arrière de 0,n,n,i5. = Femelle gris-blanchàtre , rendu plus ou moins brun-iougcàtrc par l'oviducte plein d'oeufs dans la partie moyenne où le tégument est mince et demi-transparent ; longueur 50 à 100 millimètres ; largeur en avant, 4,n"V>, en arrière lmin,12 (voy. fig. 56). Vivant dans le larynx, les fosses nasales, les sinus elhmoïdaux et frontaux, chez le chien, le loup, le cheval, le mulet et le mouton (voy. Palh., p. 23). PSEUDHELMINTHES. § I. — Les entozoaires décrits dans le synopsis sont loin de comprendre tous les parasites internes qui ont été attribués à l'homme et aux animaux domestiques. Des cas de vers dont, souvent, le plus simple examen démontre la fausseté, se sont succédé dans les recueils scientifiques depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours. Les helminthologistes ont dû accorder quelque attention à ces entozoaires fictifs : Brera en a parlé sous le nom de vermi metastatici, Rudolphi sous celui de entozoa ficla; Bremser les a appelés des pseudohelminthes ; M. Moquin- Tandon en a parlé dans un chapitre spécial de son excellent traité de zoologie médicale, sous la désignation de faux helminthes (4). Les cas d'entozoaires fictifs se trouvent le plus souvent rapportés dans les auteurs avec la simple désignation de vers ; d'autres fois on a établi sur leurs caractères organiques un genre ou une espèce auxquels on a donné une déno- mination particulière. Les corps qui ont fourni matière à ces interprétations erronées sont très nombreux ; ce sont quelquefois de véritables animaux, quel- quefois des végétaux; enfin de simples fragments de corps organisés. (1) A. Moquin-Tandon, Eléments de zoologie médicale. Paris, 1860, p. 386. \c PSEUDHËLMiHTHIiS. $ il. — Les cas de pseudhelminthes sans indication générique ou spéci- fique sont les plus nombreux : I" Lis larves de mouche en ont fourni beaucoup, soit que, introduites dans une cavité naturelle comme le nez, l'œil, l'oreille, elles aient apporté leur tribut aux vers rhinaires, ophtliulmi» Il est (1) Bremser, ouvr. cit., p. 346. (2) P. Ch. Frid. Werner, Vermium intest, prœsert. tceniœ humanœ brcvis expo- sitio, p. 106. Lipsiœ, 1782. (3) P. Ch. A. Louis. Du ténia et de son traitement, dans ses Mémoires sur diverses maladies, p. 54-8. Paris, 1826. (4) Hippocrate, Des maladies, liv. IV, trad. par Ë. Liltré, t. VII, p. 597. Paris, 1851. S CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. évident que l'auteur du quatrième livre des maladies n'émet qu'une simple assertion, une opinion, mais non un fait, car il ne l'eût pas dit aussi commun. Trois cas seulement de vers chez le fœtus humain ont été rapportés par divers observateurs : '1° Cas de Kerckring. — « Alterum (I) etiain occurrit in foetu sex men- » sium et medii, qui ventriculum habebat triplo majorent quam soient alii, » qui tanlo tempore lucem vitalem, in uleri malerni vitali carcere expectave- » runt, in hac auterh lanti ventriculi capacitate membrana, et in il Ici vernies » erant, iis quibus pueri s»pe laborant similes (2). » 2° Cas de Dolée. — « Nec ipse fœtus in utero ab iis (vermibus) liber est, » quemadmodum mihi videre licuit in fœtu mortuo, statim a parlu expirante, » et a me exenterato, in quo glomum vermium inveni (3). » 3° Cas de Brendel. — « Divus Brendelius auditoribus narrare solebat se » in fœtus immature partu editi intestinis tenuibus lumbricellorum glomerem » reperisse, quem etiam in preparato asservabat, Hœc summi viri recentis- » sima observatio magnum prioribus addit pondus (4). » Le nombre des cas de vers chez le fœtus humain passe pour être plus considérable; il se réduit à trois, et dans ces trois cas on a omis de mentionner, non-seulement les caractères, mais même l'es- pèce des vers observés. Si l'on tient compte de cette omission, de l'époque à laquelle remontent ces observations , des nombreuses erreurs commises, même de nos jours, relativement à des caillots fibrineux, à des concrétions de mucus pris pour des vers, on aura lieu de croire que ces faits sont le résultat de quelque erreur du (1) Un autre fait observe par Kerckring, et moins généralement connu, est rap- porté par cet auteur en ces termes : « Imô fœtus eujusdam humani intestina semel inveni vermibus exiguis qui vix » acûs aciem magnitudine excedebant, ita scatentia, ut nihil in illis prœter hos » conspiceretur, manifesta lamen dabant in tanla parvilate vitaî indicia, quales » sœpe apparent in caseo, durn ille ex siccitate verminat. » Kerckring ne parle point de l'âge de ce foetus. D'ailleurs la description des vers ne se rapporte à aucun des entozoaires du corps humain: les oxyures sont plus grands que des pointes d'aiguille; en outre, on ne les eût point trouvés vivants lors de l'autopsie. Il est à croire qu'il s'agit ici de larves de mouche récemment écloses dans un cadavre exposé à l'air depuis quelques jours. (2) Th. Kerckringii Spicilegium anal., obs. "79, p. 154. Amsterdam, 1670. (3) J. Dolœus, Encyclop. medicinœ, lib. IV, cap. x. - De infantum et puerovum morbis. Francofurti, 1684-1691, in-4. (4) P. S. Pallas, Dissert. med. inaug. de infeslis viventibus inlra viventia, p. 59. Lugduni Batav., 1760. CONSIDÉRATIONS GÉlNÉRALES. 9 même genre (1). A ces raisons, qui nous portent à ne point admettre comme vrais les cas cités ci-dessus, nous ajouterons que les vers dont il s'agit ont été rapportés à des nématoïdes ; or, le mode de transmission, aujourd'hui connu, de ces entozoaires ne permet pas d'admettre qu'ils arrivent dans l'intestin autrement que par l'eau des boissons. S'il s'agissait des entozoaires que l'on trouve dans les tissus chez l'adulte, comme la trichine, la filaire, les hydatides, etc., ou des vers dont la larve est probablement armée, comme le distome hépatique , on n'aurait point les mêmes raisons d'en repousser l'existence chez le fœtus humain : de tels vers peuvent sans doute arriver dans l'œuf à travers les organes de la mère, comme ils arri- vent chez celle-ci dans les muscles ou dans le foie. Vers dans l'oeuf, l'embryon ou le foetus des animaux. Chez les animaux, on a signalé aussi des vers, soit dans l'œuf, soit dans l'embryon ou le fœtus 5 mais ces cas, bien que peu nombreux, sont plus certains que les précédents. "Vers dans l'oeuf. — Le distome de la bourse de Fabricius (Dislomum ovatum, voy. Synopsis, n° 40) a été trouvé dans l'œuf de la poule par Ha- now, Purkinje, Eschholz, Schilling (2). Le séjour de ce ver dans 'a bourse de Fabricius, d'où il peut faci- lement remonter dans l'oviducte , explique son introduction dans l'œuf. Vers chez l'embryon. — Cas de Fromsiann. — Lors d'une épizootie meur- trière, qui régna principalement sur les moutons en 1663, Frommann ob- serva dans le foie des bêtes qui succombaient un grand nombre de dis- tomes {pislorna hepaticum), et, ajoute-t-il, le foie de leurs petits encore dans la matrice en contenait de même (3). (1) C'est encore à une erreur semblable qu'il faut rapporter les cas cités par Vander-Wiel d'une sage-femme de sa connaissance, qui avait vu un ver d'un quart d'aune de longueur enveloppé le long du cordon ombilical d'un enfant, et dans une autre occasion un ver plus petit dans le placenta môme. [Observ. rares de méde- cine, etc., t. II, p. 302, obs. xxix. Paris, 1758.) (2) Car. Maur. Diesing , Sxjslema helminthum. Vindobona;, 1850, vol. I, p. 335-336. Je mentionnerai ici simplement le cas observé par Aldrovande (Hist. monslr., p. 339) d'un œuf de poule dont le blanc contenait un serpent ou une espèce de ver, et celui de Fabrice ab Acquapendente, d'un grand ver trouvé par lui dans un œuf qu'il mangeait. (Cités par Vander-Wiel, ouvr. cit., t. II, p. 4G7.) (3) Ephém. de l'Académie des curieux de la nature, dec. I, ann. 6 et 7, obs. 188, 1675 et 1676, et Collecl. acad., part, étrang., t. III, p. 292. 10 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES; ('as dr Vu.entin. — Après avoir parlé des œufs de distome que l'on trouve dans la vésicule du fiel des ruminants, et avoir donné leurs caractères, l'au- teur rapporte le fait suivant : « Après avoir fait des recherches sur la btruc- lure de la vésicule du fiel, j'avais appris à connaître exactement les œufs de distome, lorsque, dans le courant de cet hiver (1 8 40), j'en rencontrai de nouveau: c'était en faisant des recherches microscopiques sur la moelle épi - nière encore entourée de son liquide chez un embryon de mouton long de six pouces. Ils étaient d'un brun jaune, munis d'un opercule et renfermaient une masse granuleuse semblable à celle des œufs que j'avais vus dans la vésicule. Leur nombre, à la vérité, n'était pas aussi considérable que dans la bile des ruminants, mais cependant il était assez grand. Leur siège était limité à la région du canal vertébral, dans laquelle la moelle allongée devient la moelle épinière('l). » Ce sont là les seules observations de vers dans l'œuf ou l'embryon des animaux qui nous soient connues (2). Les premières s'expliquent facilement par le séjour même des entozoaires; les secondes appar- tiennent à des vers que l'on a rencontrés quelquefois, soit dans les vaisseaux, soit dans les tissus (voy . Vers du système sanguin), et don.t on peut concevoir par ce fait la pénétration jusqu'à l'embryon. Si beaucoup d'auteurs ont dit, et si Rudolphi lui-même, ordinairement fort exact, a dit que « dans le fœtus nouveau-né des vers sont sou- vent observés » (3), c'est manifestement une assertion irréfléchie. L'absence des vers chez le fœtus humain a été constatée par Rœderer et Wagler dans l'épidémie de fièvre muqueuse qu'ils ont (1) G. Valeutin, OEufs de distome dans la cavité du canal vertébral d'un fœtus [Archives de Millier, 1840, p. 317). (2) Bloch, Werner, Brera, parlent d'un cas de distomes observés chez le fœtus du mouton par Hartmann; mais, d'après l'indication bibliographique, il est évi- dent que ces auteurs ont fait une confusion avec le cas de Frommann. Bloch ajoute : « et Rousseus a trouvé des ascarides chez des animaux qui n'étaient pas encore nés. » Il s'agit évidemment deRonsseus, car il n'a point existé de Rousseus. L'assertion de Bloch est inexacte; nous avons inutilement cherché le fait dans les œuvres de Ronsseus. Cet auteur dit bien, dans son livre intitulé Venatio medica, p. 78, que les vers vienneut aux enfants encore renfermés dans le sein maternel , mais il ne cite aucun fait. Dans le livre De morbis mulieribus, p. 221, il dit qu'il a rapporté, d'après Hippocrale, que les vers sont communs chez les enfants nais- sants (Balduini Ronssei Opuscula medica, Lugduni Batavorum, 1618). L'ouvrage de Bloch renferme un grand nombre de fautes typographiques et des faits déna- turés, qui ont passé successivement dans les traités ou les articles d'helmintho- logie jusqu'à nos jours. (3) Rudolphi, Entos., hist. nat., t. I, p. 407. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. 11 décrite, épidémie dans laquelle on sait que les vers étaient extrê- mement communs : » Nous avons vu, disent ces observateurs, plu- » sieurs femmes enceintes périr de la fièvre muqueuse compliquée » de la présence des vers, tandis que leurs fœtus présentaient seule- » ment des traces de l'affection muqueuse dans son état de simpli- » cité, sans complication de vers (1). » Rudolphi rapporte qu'il a vainement cherché des entozoaires dans les embryons de divers animaux, tels que le hérisson, la taupe, le rat, le cheval, le bœuf et la poule (2). M. Chaussât, ayant examiné le sang d'une femelle du rat noir en état de gestation, trouva dans ce sang un grand nombre d'hémato- zoaires filiformes, mais il ne put rencontrer aucun de ces vers dans celui des cinq fœtus qu'elle portait (3), D'après ces faits, on doit admettre que l'existence de vers chez le fœtus humain est fort incertaine, et qu'elle est extrêmement rare dans l'embryon des animaux. Vers chez l'enfant a la mamelle, l'animal en lactation, l'oisead ad nid. Chez les enfants à la mamelle et chez les animaux en lactation, les vers ont été plus fréquemment observés. On a vu des nématoïdes, des trématodes et plus souvent des cestoïdes, qui déjà avaient acquis une grande longueur chez des enfants ou chez des animaux âgés de quelques mois seulement. Ces faits pouvaient avoir un grand intérêt lorsqu'on y cherchait un argument en faveur de la théorie de la géné- ration spontanée ou de l'opinion qui voulait que les vers fussent transmis des parents aux enfants ; ils ne peuvent en avoir pour nous d'autre que de donner, en quelque sorte, la mesure de la rapidité de la croissance de certains entozoaires. 4° Nématoïdes, Chez l'enfant. — De Lille rapporte que sa fille, âgée de onze semaines et qui n'avait encore pris que le lait de sa mère, rendit des vers (inlegros ver- mium nidos). Il ne dit pas que cet enfant n'eût jamais bu d'eau (4). Chez le chat. — Wepfer rapporte avoir vu l'intestin iléon d'un petit chat plein de vers lombricoïdes (5). (1) Rœderer et Wagler, Tractalus de morbo mucoso, sect. I, § ix, p. 294, trad. Paris, 1855. (2) Rudolphi, Entoz., hist. nat., 1. 1, p. 387. (3) J.-B. Chaussât, Des hématozoaires, thèse, p. 26. Paris, 1850. (4) Christ. Everh. De Lille, De palpitalione cordis, p. 133, iu-8. Zwollœ, 1755. Ce cas est rapporté par Bloch sous le nom de Linné. (5) De cicuta aquatica, p. 383. Basileœ, 1679, cité par Brera. 12 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. Chez le veau. — Vallisneri observa un cas semblable chez un jeune veau (I ). 2° Cestoïdes. Chez l'enfant. — Gaspard Wolpliius rapporte qu'un enfant à la mamcllo rendit un ver plat (bolhriocéphale) de trois aunes de longueur (2). « M. Heim nie certifia, dit Bloch, qu'il connaissait le cas où l'on avait trouvé )■> un ténia dans un enfant nouvellement né (3). » « Ifufeland fait mention d'un enfant de six mois qui avait rendu peu à peu » trente aunes de ténia, sans éprouver la moindre altération dans la santé (4),» Chez le chien. — « Le professeur Blumenbach a vu le canal intestinal d'un jeune chien rempli, aussitôt après sa naissance, d'une quantité innombrable de ténias (5). » Darelius, d'après Rosen, a observé un ténia dans un chien nouvellement né (6). Chez l'agneau. — « Il n'y a que peu de jours qu'on m'apporta, dit Raulin, » un morceau de ténia qui avait vingt six pieds de long. On l'avait trouvé » dans le ventre d'un agneau qui n'avait pas encore trois mois (7). » « Mon respectable ami, M. Goeze, à Quedlinbourg, me marqua qu'il avait » retiré un ténia fort long d'un agneau à la mamelle (8). » Rudolphi dit avoir trouvé plusieurs fois des ténias dans des agneaux à la mamelle (9). 3° Trématodes. Chez l'agneau. — Bloch dit avoir trouvé des douves du foie chez un agneau à la mamelle, qui n'avait pas encore bu d'eau et qui n'était pas encore sorti de l'étable (-10). Chez les oiseaux. — Rudolphi rapporte avoir vu plusieurs fois des distomes chez des oiseaux qui étaient encore presque sans plumes (11). Chez l'homme, c'est vers l'âge de deux ans que les entozoaires deviennent communs. L'enfance et la jeunesse y sont plus sujettes (1) Opère fisico-mediche, t. I, p. 271, cité par Brera. (2) De observ. propriis, cité par Schenck. (3) Bloch, ouvr. cit., p. 84. (4) Journal, M. XVIII, St. 1, p. 3, cité par Bremser, ouvr. cit., p. 181. (5) Handbuch der Naturg., ou Manuel de i'hist. naturelle, p. 21, cité par Blocli, p. 86. (6) Rosen, ouvr. cit., 386. (7) Joseph Raulin, Lett. conlen. des observ. sur le ténia, 1751, à la suite de : Des maladies occasionn. par les promptes variât, de l'air, p. 4 i-i. Paris, 1752. (8) Bloch, p. 85. (9) Rudolphi, Enloz.hist.nat., t. I, p. 387. (10) Ouvr. cil.,, p. 86. (11) Rudolphi, Entoz. hist. nat., t. I, p. 387. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. 13 que l'âge mûr et que la vieillesse; mais cette proposition, prise clans sa généralité, n'est vraie que par la rareté des vers cestoïdes dans nos contrées ; elle cesse de l'être dans les pays où ces vers sont très communs. Chez les animaux domestiques, chez le chat et le chien surtout, si les entozoaires sont plus fréquents à l'âge adulte, c'est parce que ces animaux sont rarement exempts de ténias. La ques- tion de la fréquence des vers suivant les âges ne doit point être envi- sagée d'une manière générale. Chez l'homme et chez les animaux, certains vers sont plus fréquents à telle période de la vie, et d'autres se rencontrent également dans toutes. L'oxyure et l'ascaride lom- bricoïde sont plus communs dans l'enfance; le ccenure envahit sur- tout les agneaux ; le strongle des bronches n'atteint guère que les veaux âgés de moins d'un an; le sclérostome anévrysmatique, très rare chez le poulain, est très commun chez les vieux chevaux. D'un autre côté, le ténia en Abyssinie, le bothriocéphale dans plusieurs localités, le trichocéphale et la filaire de l'homme se rencontrent à tous les âges. Le sexe a une influence remarquable sur la fréquence du ténia; ce fait singulier a été constaté par plusieurs observateurs. Les recher- ches de Pallas et de Wawruch ne laissent point de doute à cet égard. D'après les relevés de ces deux observateurs, les cas de ténia chez la femme sont proportionnellement aux cas de ténia chez l'homme comme 3 est à 2. Plusieurs auteurs, qui ont écrit sur les maladies des nègres, ont fait une remarque semblable quant à la fréquence des lombrics plus grande chez les négresses. Si l'âge et le sexe ont une influence sur la fréquence de plusieurs vers, la race et la nationalité ne peuvent- elles avoir une influence analogue? Cette question a dû être résolue affirmativement, lorsque l'on voyait dans un ver le produit d'une génération spontanée, et que, d'un autre côté, on remarquait chez certains peuples des vers particuliers. C'est sous l'inspiration de cette théorie touchant l'ori- gine des vers que Bremser a dit : Celui qui est né d'une mère suisse n'a peut-être jamais été incommodé par un ténia; et qu'il s'est demandé si l'existence du ténia chez les Suédois et celle du bothrio- céphale chez les Russes ne tiendraient pas à la différence d'origine des deux peuples (1). La même question a été faite pour la filaire de (1) Bremser, ouvr. cit., p. 345. là CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. Médine ; niais depuis longtemps déjà on sait que toutes les races d'hommes sont également sujettes aux atteintes de ce dernier ver. Quant au bothriocéphale, on sait de même aujourd'hui que son existence tient à des circonstances locales, et que, dans les contrées où il est endémique, les étrangers en sont atteints comme les gens du pays; d'ailleurs on a vu le ténia et le bothriocéphale ensemble chez le même individu. Le développement des vers par hérédité a été indiqué par quel- ques médecins ; nous verrons, à propos du ténia et du bothriocéphale, sur quelles raisons cette opinion s'appuie. Le seul fait bien avéré de l'hérédité d'un entozoaire a été signalé chez le chien : ceux de ces animaux, en effet, qui ont des hématozoaires proviennent ordinaire- ment, d'après MM. Gruby et Delafond, d'un père ou d'une mère qui en étaient atteints. La transmission par contagion nous paraît établie pour la filaire de l'homme; elle existe vraisemblablement aussi pour le strongle des bronches qui, chez les moutons et les bœufs, occasionne des épizooties meurtrières. L'apparition des vers par épidémie ou par épizootie est un fait des mieux avérés. La constitution ou l'état actuel de santé passe pour être une cause de l'existence ou de la fréquence des vers : de ce fait que certains épizoaires envahissent les téguments des animaux mal nourris, malades et misérables, on peut inférer qu'il se passe quel- que chose d'analogue pour les entozoaires. On voit, en effet, dans la cachexie aqueuse, les moutons envahis par un grand nombre de distomes hépatiques ; mais on voit aussi chez des animaux qui offrent toutes les apparences de la meilleure santé , un nombre immense de parasites internes (1) ; et quant à la présence des di- stomes chez les moutons cachectiques, on ne sait encore précisément si elle est l'effet ou la cause de la maladie, ou si l'existence des vers ( I ) Plusieurs auteurs rapportent des cas d'accumulation extraordinaire de vers chez des animaux bien portants. On peut voir un cas de ce genre observé par Rudolphi [Op. cit., t. I, p. 457); une autre observation par Nathusius (Wiegmann's Archiv, 1837) ; enfin le suivant, rapporté dans ces mêmes Archives (t. II, p. 196, 1840) par Krause de Belgrade: Un cheval de deux ans et demi contenait 519 Ascaris me- galocephala, 190 Oxyurus curvula, 214 Strongylus armalus, plusieurs milliers de CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. 15 et celle de la cachexie ne sont pa«, indépendamment l'une de l'autre, le résultat des conditions dans lesquelles a vécu l'animal affecté. On ne doit point oublier que les mêmes conditions qui sont favorables à la propagation des helminthes peuvent agir en dehors de ces para- sites sur la constitution des animaux : on sait, par exemple, que les chevaux mis au vert dans des pâturages humides sont bientôt envahis par un grand nombre de lombrics et de ténias, et que, lors- qu'ils sont ramenés à l'écurie et soumis à un régime sec, ces entozoaires sortent avec les fèces et disparaissent peu à peu d'eux- mêmes. Si les chevaux, dans ces prairies, sont mous, amaigris, s'ils sont sujets à la diarrhée, n'est-ce pas à la nourriture aqueuse et débilitante qu'ils le doivent, plutôt qu'aux entozoaires qui, de leur côté, trouvent dans l'humidité des conditions favorables à leur transmission ou à leur propagation \ Pour ce qui concerne les vers de l'homme, on a dit qu'ils sont plus fréquents chez les individus délicats et débiles, chez les malades atteints d'affections asthèniques, chez les scrofuleux, etc., que les ivers cystiques sont plus fréquents chez les hydropiques ; mais aucune Ide ces assertions n'a été établie sur des faits bien observés. Il fau- drait voir si la détérioration de l'économie n'a pas été consécutive à l'invasion des entozoaires dans les cas de ténia, par exemple; si l'hydropisie n'a pas été la conséquence plutôt que la cause d'une hydatide du foie ; si le malade n'est pas atteint de vers, parce qu'il vit dans une condition qui les rend communs autour de lui, comme on le voit dans certaines localités pour l'ascaride lombricoïde. Je ne sache pas, d'ailleurs, que dans un établissement hospitalier où les conditions de vie sont les mêmes pour tous, je ne sache pas, dis-je, que dans un tel établissement on ait jamais fait un relevé comparatif des cas de vers chez des scrofuleux et chez des individus d'une constitution ordinaire. Plusieurs auteurs,|surtout parmi les plus récents, ont donné le nom (['helminthiase à l'état de l'économie qui favoriserait ou qui déter- minerait la formation des vers, ainsi qu'à l'état pathologique que la présence de ces parasites entretient. Suivant les différentes espèces Sirpngylus telracanlhus, 69 Tœniaperfoliata, 287 Filaria papillosaet 6 Cysticercus fëslularis. « D'après cela, ou peut se demander, dit M. Dujardin qui rapporte ce fait, si les helminthes sont véritablement nuisibles aux animaux dans lesquels ils habi- tent? Je suis pour la négative, tant j'ai vu d'exemples d'animaux bien portants ,qui contenaient plus d'helminthes que d'autres individus de chétive apparence. » (Ouvr. cit., p. 13.) 16 CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. d'entozoaires dont on est atteint, ces auteurs ont décrit un état d' 'helminthiase particulier : on possède Y helminthiase cystoïde, tèniacèe, lombricoïdienne, irichocéphalée, etc., lorsque l'on aie cys- ticerque, le ténia, l'ascaride lombricoïde, le trichocéphale ; et l'on pourra se trouver dans un état d' helminthiase compliquée, lorsque l'on aura plusieurs vers différents. L 'helminthiase a trouvé sa raison dans la croyance à la généra- tion spontanée des entozoaires. Suivant cette hypothèse, le ver est le produit et l'expression, en quelque sorte, d'un état particulier de l'économie , état qui méritait donc une désignation distincte (1) ; mais loin qu'il en soit ainsi, la présence des vers est, dans la plu- part des cas, accidentelle comme celle des parasites de nos tégu- ments. Nos entozoaires viennent tous primitivement du dehors ; bien plus, ils sont, pour la plupart, incapables de se propager en nous-mêmes, et chacun des individus qui nous atteint nous est véri- tablement étranger. On a des vers lorsqu'on est exposé à leur invasion par des boissons, par des aliments qui nous apportent leurs • (1) L'expression d'helminthiase, helminthiasie, helminthiasis, n'est pas nouvelle, mais elle n'avait pas été généralement reçue dans nos traités de pathologie, lorsque Requin s'en empara, en quelque sorte, et la vulgarisa. Je la rejette, parce qu'elle est presque dans tous les cas fausse ou sans précision. Requin croyait à la généra- tion spontanée des vers: « Je ne dissimulerai pas, dit-il, que, pour mon compte, » je suis, avec Rudolphi, Bremser, Richard, etc., un partisan déterminé de l'hypo- » thèse de la génération spontanée des helminthes c'est là ma croyance, ma » ferme croyance Au lieu de maladie vermineuse, terme complexe, pourquoi » n'adopterions-nous pas celui d1 'helminthiasis... .'? » (Éléments de pathologie médi- cale, t. III, p. 193. Paris, 1852 ) Mais Requin ne reste point fidèle à sa définition de V helminthiase; ce n'est pas seulement une maladie qu'il désigne par ce nom, c'est le fait simple de la présence dès vers. Cela résulte de la lecture de tout son chapitre des maladies vermineuses, et se résume dans cette phrase : « h 'helminthiase » Irichocéphalée ne paraît guère être de nature à jamais constituer une maladie pro- «prement dite. » (Ouvr. cit., p. 218.) Voilà donc une maladie qui ne peut jamais constituer une maladie ; mais ceci s'explique, et n'est que la conséquence de l'hy- pothèse relative à la génération des vers adoptée par l'auteur. Un ver, naissant spontanément dans le corps humain, doit être, suivant la théorie de Requin, le pro- duit d'un état particulier, anormal de l'économie; sa présence devient le symptôme de la disposition à laquelle son existence est liée. L'homme atteint de vers est donc daDs un état anormal, pathologique ou d'helminthiase prouvé par le produit, par l'entozoaire observé. Avoir un ver ou avoir une maladie vermineuse, c'est au fond la même chose. Cependant il y a une helminthiase sans accidents, et une helmin- thiase avec accidents, et c'est sans doute dans ce dernier cas que V helminthiase devient une maladie proprement dite. Il est évident que le mot helminthiase, introduit dans la pathologie des vers, n'est d'aucuu avantage. Si l'on parle de l'existence de tel ou tel ver, du ténia ou des CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. 17 larves, par des conditions extérieures qui permettent l'introduction de ces larves à travers nos téguments, fait aujourd'hui reconnu pour le ténia, l'ascaride lombricoïde, le trichocéphale, la filaire de l'homme. L'oxyure seul, une fois introduit en nous, se propage dans nos intestins, et reconnaît peut-être, clans sa ténacité et dans sa persistance chez certains individus, une influence individuelle à laquelle on peut donner sans doute une désignation particulière ; mais c'est le seul cas où l'expression à' helminthiase puisse être appliquée avec quelque apparence de raison ou avec justesse. Chez l'homme et chez les divers animaux, la présence de vers dans les organes est compatible avec l'intégrité de ces organes : souvent aucun phénomène ne vient déceler l'existence des entozoaires soit dans les cavités, soit dans les parenchymes, quoiqu'ils puissent en renfermer un nombre considérable. La structure ou les fonctions des parties qui donnent asile à ces parasites ne reçoivent générale- ment de leur présence aucune atteinte, et la santé de l'individu qui les porte n'est nullement troublée. L'innocuité des entozoaires est lombrics, est-ce rendre le langage moins lourd, moins embarrassé, de dire : J'ai une helminthiase léniacée ou lombricoïdienne, plutôt que : J'ai le ténia ou des lombrics ? Si l'on parle des accidents que les vers déterminent, dira-t-on plus convenable- ment ceux qui résultent de la présence d'un lombric dans le larynx, dans les voies biliaires, dans le péritoine, etc.? Comment exprimer avec le mot helminthiase les accidents sympathiques que les entozoaires occasionnent? Je ne vois pas ce que le langage médical gagne en clarté, et surtout en concision, par l'introduction de cette expression qui, d'un autre côté, manque de justesse. La présence des vers est généralement accidentelle, et l'état de l'économie n'est le plus souvent pour rien dans l'existence de ces parasites : le ténia, une fois chassé, ne se reproduit plus; les lombrics ne viennent point chez l'individu qui n'introduit point leurs larves dans ses intestins; pourquoi se servir d'une expression qui implique une relation de cause à effet entre l'hôte et le parasite? Les conditions et les circonstances de la propagation des vers sont pour presque tous ces parasites extérieures à l'homme; V helminthiase se trouverait dans la viande ou dans l'eau dont il fait usage; et quelle complication d'helminthiases ! On trouve très communément ensemble le tri- chocéphale et l'ascaride lombricoïde ou l'oxyure ; il est assez commun de voir à la fois trois vers intestinaux différents; on en voit quelquefois quatre chez le même individu, qui serait alors affecté de trois ou de quatre espèces d'helminlhiases. Dans certains pays tous les habitants seraient malades de Y helminthiase téniacée ou lombri- coïdienne ; à Paris, le plus grand nombre des habitants souffriraient de Vhelmin- thiase trichocéplialée ; enfin, la plupart des animaux vertébrés sont toujours dans un état d'helminthiase fort compliqué. 11 faut donc laisser une expression sans précision, et qui portera presque toujours avec elle une idée fausse, en tant qu'elle exprimera une relation entre l'existence d'un ver et une disposition de l'économie. C'est à tort qu'elle est adoptée aujourd'hui par un grand nombre de pathologistes. davaine, 2 18 division de l'ouvkagl:. presque constante chez les poissons et les reptiles ; les nombreux parasites de ces animaux semblent quelquefois s'identifier avec leurs organes et vivre avec leur hôte en communauté d'existence. Chez les oiseaux et les mammifères, les entozoaires amènent plus fréquem- ment des altérations pathologiques; les phénomènes qu'ils produi- sent sont surtout locaux, et c'est principalement en déterminant le développement de tumeurs plus ou moins volumineuses ou nom- breuses, c'est en mettant obstacle aux fonctions des organes, qu'ils leur deviennent nuisibles. Chez l'homme, sans doute à cause de la sensibilité plus grande dont il est doué , à cause de sympathies organiques plus développées, les entozoaires donnent lieu fréquem- ment à des phénomènes que l'on n'observe point ou que l'on observe très rarement chez les animaux. DIVISION DE L'OUVRAGE. Dans l'étude des affections vermineuses, nous considérerons les helminthes à leurs différentes phases de développement comme des helminthes différents, ainsi qu'on l'a fait jusqu'à nos jours. On ap- porterait une confusion inévitable dans cette étude, si l'on s'occu- pait successivement des phénomènes morbides qui peuvent être occasionnés par certains entozoaires dans leurs différentes périodes de développement et dans leurs différents séjours ; on ne possède, d'ailleurs, sur les états successifs des entozoaires de l'homme que des présomptions ou des notions trop incomplètes pour que l'on puisse rapporter avec quelque certitude tel ou tel ver imparfait au ver adulte. Au reste, que le cysticerque, par exemple, soit un premier état de ténia, cela importe peu au pathologiste qui rencontre l'un dans les muscles, l'autre dans la cavité de l'intestin, et qui observe des phé- nomènes pathologiques d'un ordre tout différent pour chacun d'eux. Nous étudierons les affections vermineuses dans l'ordre suivant : I. Un premier livre comprendra celles que déterminent les vers existant à l'état de liberté dans des cavités ou des conduits qui com- muniquent immédiatement ou médiatement avec l'extérieur, savoir : 1° Les voies respiratoires ; 2° Les voies digestives ; 3° Les voies biliaires ; 4° Les voies urinaifes. DIVISION de l'ouvragi;. 19 II. Un second livre comprendra les affections déterminées par les vers contenus dans les cavités closes naturelles ou accidentelles, savoir : 1° Les vaisseaux sanguins ; 2° Les cavités séreuses naturelles ou accidentelles. III. Dans un troisième livre nous étudierons les lésions causées par des vers qui appartiennent spécialement à un système orga- nique, savoir : 1° Le système nerveux ; 2° Les muscles de la vie animale ; 3° Les ganglions lymphatiques ou les glandules (tubercules ver- mineux) ; 4° Le tissu cellulaire inter organique. IV. Un quatrième livre comprendra les affections vermineuses de certains organes complexes ou appareils, tels que : 1° L'œil; 2° Les organes génitaux. V. Nous donnerons en appendice : 1° Un aperçu sur les maladies vermineuses fictives qui ont été appelées vermineuses universelles, sur celles qui ont été attribuées à des vers invisibles ou microscopiques ; enfin, sur d'autres maladies qui n'ont probablement jamais existé que dans l'imagination des hommes. 2° Un complément au traitement des entozoaires intestinaux où seront rappelés les principaux médicaments et les principales mé- thodes de traitement proposés à diverses époques pour l'expulsion des vers. LIVRE PREMIER. VERS A L'ETAT DE LIBERTÉ DAMS LES CAVITES QUI COMMUNIQUENT AVEC 1/ EXTÉRIEUR. PREMIERE PARTIE. AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES RESPIRATOIRES. Les voies respiratoires, chez beaucoup d'animaux, donnent asile à des vers particuliers : les mammifères, les oiseaux et les reptiles en offrent de nombreux exemples. Généralement, et chez les reptiles surtout, ces vers ne déterminent dans les parties qu'ils occupent au- cune lésion appréciable et dans les fonctions aucun trouble apparent ; ils ne deviennent nuisibles que par leur multiplication excessive. PREMIERE DIVISION. VEI\S-1>ES VOIES RESPIRATOIRES CHEZ L'HOMME. Nos connaissances sur les entozoaires des voies respiratoires chez l'homme sont encore à peu près nulles. a. Un ver décrit par Treutler, et désigné dans les traités les plus modernes d'helminthologie (Rudolphi, Dujardin, Diesing) sous le nom defilaria hominis bronchiaïis, ne rentre point dans la caté- gorie de ceux dont nous nous occupons ici, car cet entozoaire a été trouvé dans les ganglions bronchiques (1) ; son existence d'ailleurs est très contestable. b. Un autre ver, observé par Diesing, ne paraît pas non plus ap- partenir aux entozoaires libres dans la cavité des bronches. Voici (1) Voyez Vers des glandes (tubercules vermiaeux), et le Synopsis, u° 79. VERS DES VOIES RESPIRATOIRES CHEZ I.'HOMME. 21 dans quels termes le fait est rapporté par le savant helminthologiste de Vienne : Strongylus longevaginalus. (Voyez pour la description, Synopsis, n" 93.) Hamtaculum : Homo, in pulmonum parenchymate. Nota. — Cl. JorLsits, medicuscastrensis, anno 1845, Claudiopoli in Transyl- vania, in pueri sex annorum, nescio quo morbo confecti, substantia pulmonali vermiculos legit bene multos, quorum alios liberos (1 ), alios pulmonis frustulis adhuc inhserentes benevolentissimè mihi communicavit cel. Rokitansky (2). Le nombre de ces entozoaires et l'examen qni en a été fait par M. Diesing ne laissent point de doutes sur leur nature, mais on doit regretter l'absence de détails sur les rapports de ces vers avec les parties dans lesquelles ils étaient contenus et sur l'état du paren- chyme pulmonaire environnant; peut-être étaient ils renfermés, non dans le tissu pulmonaire même, mais dans les petites ramifications des bronches: les vers, en effet, qui appartiennent au même genre et que l'on observe dans l'appareil respiratoire chez les animaux su- périeurs, ont pour siège la trachée ou les bronches. c. Dernièrement des vers nématoïdes à l'état de larves et dont l'espèce, par conséquent, ne peut être déterminée, ont été trouvés libres dans le larynx et la trachée d'un homme. Ces vers étaient en- core vivants et en nombre suffisant pour qu'on puisse croire qu'il n'y a pas eu là simplement une migration accidentelle. Voici le fait : M. Rainey écrit : « En examinant des membranes muqueuses, à la requête du Board of health, je rencontrai un individu qui était mort à la suite d'une affection des extrémités inférieures. Le larynx et la trachée de cet individu contenaient un certain nombre de petits entozoaires vermiformes, différents de tous ceux que j'avais encore vus. Comme j'aimerais à avoir l'opinion des membres de la Société pathologique sur ces animaux et à savoir si quelqu'un des mem- bres en a rencontré de cette espèce soit dans la trachée, soit dans un autre organe, j'ai prié le docteur Bristowe de les présenter à la société. » Au moment où ils sont recueillis avec l'épithélium de la mem- brane muqueuse et placés sous le microscope entre deux lames de (1) Alios liberos se rapporte- t-il à des vers qui étaient primitivement en dehors du parenchyme pulmonaire, c'est-à-dire dans les bronches, ou bien à des vers qui avaient été précédemment extraits de ce parenchyme? (2) Diesing, Syslema helminthum, cit., t. II, p. 317. 22 VEUS DIS VOIES RESPHUTOIKES CHEZ L'HOMME. verre, ces animaux ont des mouvements très forts. L'extrémité la plus grosse du ver commence toujours ses mouvements avant la plus petite, en sorte qu'on ne peut conserver aucun doute sur celle de ces extrémités qui est l'antérieure et celle qui est la rostérieure. Après quelque temps, les mouvements deviennent plus lents, s'affaiblissent, et enfin ils cessent tout à fait. Alors quelques-uns de ces vers restent enroulés et ressemblent beaucoup à la trichine renfermée dans son kyste; d'autres sont beaucoup moins enroulés ou presque droits. Le dessin (ci -joint) de M. Bristowe est une bonne représentation d'un de ces ani- maux tel qu'on le voit avec une lentille d'un huitième de pouce de foyer. Ils ont un cin- quantième de pouce de longueur (0mm,5) et un quinze- centième d'épaisseur (0mm,016). » Fig. i. — ver (lu larynx de (Suit la description des vers que nous avons l'homme, d'après le dessin de , M.Bristowe, grossi 110 fois, rapportée byncpsis, n° 5o) (1). -Mête; &, extrémité eau- d D-autres entozoaires que l'on a trouvés quelquefois dans le larynx, la trachée ou les bronches chez l'homme, ne s'étaient point développés dans ces parties, mais ils s'y étaient introduits du dehors, soit par l'ouverture supérieure du larynx, soit par une perforation de quelque rameau bronchique. Ce sont, dans le premier cas, des ascarides lombricoïdes venus de l'intestin ; dans le second , des hydatides développées primitivement dans l'un des organes du thorax ou de l'abdomen. Nous nous occuperons ailleurs de ces entozoaires erratiques. DEUXIEME DIVISION. VERS DES VOIES RESPIRATOIRES CHEZ LES ANIMAUX. Chez la plupart des animaux domestiques, on observe des en- tozoaires qui se développent dans les voies aériennes, et qui, quel- quefois, se multiplient beaucoup ; ils apportent alors un obstacle (l, Docteur Rainey, Entozoon found in the larynx, iu Transact. of the palho- logicat Society of London, vol. Vf, p. 370, pi, xvit, fig. 1. Loudou, 1855. VERS DES VOIES RESPIRATOIRES CHEZ LES ANIMAUX. 23 plus ou moins complet à l'acte de la respiration et déterminent des désordres graves, souvent mortels. Ces vers se montrent fréquem- ment par épizooties. On a constaté l'existence d'entozoaires dans les voies respira- toires chez le chien, le porc, le cheval, l'âne, le chameau, le dro- madaire, la chèvre, le mouton, le bœuf, le coq ordinaire, le dindon. Ces entozoaires sont : Le Pentastomum tœnioldes, chez le chien, le cheval, le mouton; Le Strongylus par adoxus, chez le cochon; Le Strongylus filaria, chez le mouton, la chèvre, le chameau, le dromadaire; Le Strongylus micrurus, chez le bœuf et le veau, le cheval, l'âne ; Le Sclerostomum syngamus, chez le coq, le dindon. Le pentastome teenioïde habite principalement les parties des voies respiratoires antérieures au larynx; les autres vers se trouvent dans la trachée et les bronches : il résulte de cette différence dans l'habitat des différences importantes dans l'expression symptoma- tique de l'affection que ces parasites déterminent. PREMIERE SECTION. VERS DANS LES FOSSES NASALES. (Pentastome ténioïde chez le chien et le cheval, Synops., n° 104.) Chabert découvrit à Paris, en 1787, le pentastome ténioïde dans les sinus frontaux du cheval et du chien (1) ; il confondit cet ento- zoaire avec les ténias, et le nomma ténia lancéolé. D'autres observa- teurs l'ont rencontré ensuite chez le mulet, le loup et le mouton. Le pentastome ténioïde a été observé dans diverses contrées de l'Europe, mais partout un très petit nombre de fois. « Cet animal, .. au moins clans notre pays, est d'une extrême rareté, dit M. Blan- » chard, je l'ai cherché en vain dans un nombre considérable de » chiens la collection helminthologique du Jardin des plantes (1) Chabert, Traité des maladies vermineuses dans les animaux, 2e éclît. , p. 39. Paris, 1787. (Dans l'édition de 1782, Chabert ne fait point mention de ce ver.) 2k VICIîS DANS LUS FOSSliS NASALES. " n'en possède que deux individus (1). » Le pentastome a été trouvé par Grève chez un mulet, à Oldenbourg (2) ; par Rudolphi chez un chien, à Berlin (3); par Bremser chez le loup, à Vienne (4) ; par Colin chez un chien et chez un loup, à Auxerre (5); par Miram chez ces deux animaux, à Wilna (6) ; par Dujardin chez le chien, à Paris (7) ; parRhind chez le mouton, en Ecosse? (8). M. Rayer m'a rapporté un cas peut-être unique par les circon- stances du fait. Pendant son internat dans les hôpitaux, M. Du- méril, son chef de service, lui montra un pentastome qui avait été expulsé, en sa présence, par un chien, dans un éternument. Der- nièrement, j'ai eu l'occasion de voir un pentastome ténioïde, qui avait été envoyé à M. Rayer et qu'on disait avoir été extrait du cerveau d'un chien ; mais nous pûmes nous convaincre qu'une per- sonne étrangère aux études anatomiques l'avait retiré des fosses nasales, en arrachant l'ethmoïde. Tout récemment M. Leuckaert a observé le pentastome ténioïde chez des chiens, dans les narines desquels il avait introduit le pen- tastome denticulé du lapin [Synops., n° 103). D'après les expé- riences de cet observateur, le pentastome denticulé, qui vit enkysté dans les viscères de plusieurs espèces d'animaux, serait une larve qui, à sa période adulte, devient le pentastome ténioïde (9). Le pentastome ténioïde habite ordinairement les cavités nasales, où il est fixé par ses crochets; on l'a trouvé aussi dans le larynx; mais il siège principalement dans les sinus frontaux et les cellules (1) Em. Blanchard, Recherches sur l'organisation des vers, dans Annales des se. nat., 3e série, t. XII, 1S49. (2) B. A. Grève, Exp. et obs. sur les maladies des animaux domestiques comp. aux maladies de l'homme, t. 1, chap. xvn. Oldenbourg, 1818. (C'est probablement par une faute de typographie que M. Dujardin attribue cette observation à Gceze.) (3) Rudolphi, Enloz. hist. nat., t. II, part. 1, p. 444. (4) Bremser, Icônes helminthum, tab. X, fig. 14-16. Viennœ, 1824. (5) Colin, Observ. sur des vers trouvés dans le larynx et les cavités nasales d'un chien et d'un loup, dans Rec. de méd. vétérin., t. I, p. 399. Paris, 1824. (6) C. Ed. Miram, Recherch. sur V 'anatomie du pentastome ténioïde, dans Mém. cur. nat. de Bonn, t. XVII, et Ann. se. nat., 2e série, t. VI, p. 135. Paris, 1836. (7) Dujardin, ouvr. cit., p. 304. (8) Rhind, in Edinb. Journ. of nat. and geogr. se., t. I, p. 29. Cité par Diesing. (9) Démonstration par voie expérimentale de l'identité spécifique du Pentasto- mum denticulatum et du Penlastomum taenioides, par Rud. Leuckaert, dans Bull. de l'Acad. roy. des sciences, etc., de Belgique, 2e série, t. II, p. 30; t. III, p. 4, 163, 352. Bruxelles, 1857. VERS DANS LES FOSSES NASALES. . 25 de l'os ethmoïde; sa tête est toujours dirigée du côté de la partie postérieure de cet os. Il est rarement solitaire, surtout chez le chien; Chabert en a vu jusqu'à six dans les cellules de l'ethmoïde, répon- dant à l'un des côtés des naseaux. Il est très rare qu'on en trouve dans les deux fosses nasales à la fois. Chabert attribue à la présence du pentastome dans les cellules ethmoïdales la production de phénomènes violents et des plus graves chez le cheval et le chien; Rudolphi, toutefois, fait remarquer que le chien chez lequel il a trouvé un de ces vers se portait parfaitement bien ; Grève, Colin, Miram, M. Dujardin, ne font aucune mention de phénomènes particuliers chez les animaux qu'ils ont observés. La description que donnent nos auteurs contemporains des symptômes déterminés par le parasite des fosses nasales paraît n'être qu'une simple paraphrase de celle de Chabert, en sorte qu'il est permis de concevoir quelques doutes sur la gravité de la présence du penta- stome et sur l'exactitude de l'opinion du célèbre vétérinaire français. « Le cheval affecté du pentastome mange avec voracité, et plus il mange, plus il semble dépérir, dit Chabert. Cet appétit vorace est souvent interrompu par un état d'anxiété; l'animal gratte le sol, le frappe avec un des pieds de devant; il regarde son flanc; l'inquiétude augmente, il se couche et se relève subitement; le flanc s'agite, les naseaux s'ouvrent de plus en plus, les yeux deviennent hagards.. » Ces symptômes sont communs à plusieurs maladies, mais « l'irritation augmentant à mesure que les vers acquièrent plus de force, les signes qui annoncent leur présence cessent d'être équivoques. Ils consistent dans des ébrouements fréquents, des secousses convulsives de la tête, des actions effrénées qui portent l'animal à heurter avec la plus grande violence le crâne contre tous les corps durs qui sont à sa portée. Quelle que soit la force de ces heurts, l'ébrouement s'effectue toujours, il s'opère même avec une sorte de fureur de la part de l'animal 5 souvent il s'abat, plie son en- colure et porte la tête sur les côtés, la rejette sur le sol avec colère, la renverse en arrière, la ramène en avant, et plonge le nez dans le poitrail (1). » Ces paroxysmes sont suivis d'abattement et d'une soif ardente. Après un certain nombre d'accès qui se rapprochent de plus en plus, si l'animal ne se tue pas violemment, il dépérit rapidement, tombe dans le marasme et succombe. (1) Chabert, ouvr. cit., p. 77. 26 VERS DANS LA TUAGftÉE BT LliS BRONCHES Le chien est également sujet à des paroxysmes pendant lesquels il s agite, court, se heurte la tête, se roule, se frotte le nez sur le sol, éprouve des secousses convulsives dans les mâchoires ; il dévore tout ce qui se trouve à sa portée : la terre, la paille, le bois, le linge, etc.; il laisse échapper une grande quantité de salive, urine involontaire- ment, éternue sans cesse; il court sans intention et succombe dans les convulsions. Dans les parties envahies par le pentastome, la membrane mu- queuse est rouge, noirâtre, épaissie, ecchymosée,. couverte d'ulcéra- tions ; les sinus sont plus ou moins remplis de pus; l'ethmoïde est quel- quefois en partie carié. Chabert conseille, pour détruire le ténia lancéolé , de pratiquer dans les fosses nasales des injections d'huile ernpyreumatique étendue (huile ernpyreumatique, 30 grammes ; infusion de sarriette, 300 grammes) ; ou bien de faire l'extraction des vers par la trépanation de l'os frontal; mais il est très rare, ajoute-t-il, que cette opération soit nécessaire, surtout si les injections sont lancées et dirigées avec art (1). L'extraction par le trépan offrirait probablement de grandes difficultés chez le cheval, à cause de la situation profonde des cellules ethmoïdales, et chez le chien, à cause de l'étroitesse des parties ; d'ailleurs, l'incertitude dans le diagnostic d'une affection obscure et fort rare ne permettra pas, sans doute, d'entreprendre une opération difficile et d'un succès douteux. DEUXIÈME SECTION. VERS DANS LA TRACHÉE ET LES BRONCHES. Dans son Thésaurus anatomicus , Ruysch donne une indication de vers qui étaient probablement des strongles des bronches du veau (2). Le premier observateur qui ait parlé, d'une maladie occasionnée par ces entozoaires est Frank Nicholls. Ce médecin observa en Angle- (1) Chabert, ouvr. cit., p. 182. (2) « Vermes in bronchiis pulmonum reperti, qui admodum tenues. » (Fred. Ruysch, Thés, anat., t. Vllt, n° 95, p. 24. Arast., 1744.) (Dans le n° 94, il est question d'une pièce anatomique provenant d'un veau, ce qui fait présumer à Rudolphi que les vers du n° 95 proviennent du même animal.) CHEZ LES ANIMAUX DOMESTIQUES. 27 terre, en 1755, dans le comté de Lincoln, une affection qui faisait périr les jeunes bœufs, et principalement les veaux âgés de moins d'un an. A l'ouverture des cadavres, il trouva la trachée-artère et les bronches pleines de petits vers d'environ deux pouces de lon- gueur (J). Daubenton, en Bourgogne, fut témoin d'une épizootie ana- logue qui régna sur les moutons en 1668. P. Camper, en 1778, vit en Hollande une maladie semblable à celle qu'avait observée Frank Nicholls ; elle attaquait les veaux et respectait les vaches, les che- vaux et les moutons qui paissaient dans les mêmes prairies ; toutes les bêtes attaquées périssaient : on perdit au delà de mille têtes de bétail, dit Camper. Les vers existaient principalement dans la trachée-artère ; on les y voyait par milliers ; il n'en existait pas dans les vésicules pulmonaires. Cette maladie cessa au commence- ment de l'hiver, et ne reparut pas dans les mêmes prairies l'année suivante. D'après des informations ultérieures, l'illustre anatomiste apprit que cette affection vermineuse apparaissait épizootiquement tantôt dans un canton, tantôt dans un autre (2). La présence de vers dans les bronches chez les bêtes bovines a été assez fréquemment observée depuis Camper, soit épizootiquement, soit sporadiquement. Adolph. Modeer, en 1791, signala l'existence de vers du même genre [Sirongy lus paradoxus) dans les bronches chez le porc ; obser- vation qui, depuis lors, a été renouvelée plusieurs fois. Chez le cochon, les entozoaires des bronches n'ont été observés qu'à Y état sporadique ; dans ces dernières années, le Strongylus paradoxus apparut épizootiquement sur les sangliers de la chasse royale de Grunewald près de Berlin (3). On a signalé encore chez des oiseaux de basse-cour des épizooties occasionnées par des vers dans la trachée ; mais c'est chez le bœuf et chez le mouton que l'on observe le plus communément les vers delà trachée-artère ou des bronches, et c'est chez ces animaux qu'ils pro- duisent les effets les plus désastreux. (1) Frank Nicholls, An account ofworms in animal bodies, in Philos. Transact., vol. XLIX, part. I, for the year of 1755, n° 39, p. 246. London, 1756. (2) Pierre Camper, Des vers pulmonaires, dans OEuvres d'hisl. nat., etc., t. III, p. 190. Paris, 1803. (3) Spinola, Rec. de méd. vétérin., t. XXVII, p. 938, Paris, 1850. 28 AFFECTION VERMINEUSE DES BRONCHES CHAPITRE PREMIEH. affection vermineuse des bronches chez le boeuf, le veau, le cheval, l'ane(I). (Slrongylus micrurus, Synops., n° 92.) Le ver qui envahit les voies respiratoires chez les bêtes bovines est le Strongylus micrurus ; il existeaussi chez le cheval, l'âne et le daim. Ce ver détermine une irritation vive de la trachée et des bronches, le dépérissement des animaux, et la mort par épuisement ou par asphyxie. L'affection vermineuse des bronches apparaît le plus ordinaire- ment par épizootie ; elle s'est montrée dans diverses contrées de l'Europe. Nous avons parlé de celles qui ont été observées en Angle- terre par Frank Nicholls et en Hollande par Camper. Aux environs de Sion, en 1803, les veaux périrent de cette ma- ladie, qui régna aussi plusieurs fois dans les cantons de Berne et de Fribourg. En 1795, une épizootie semblable enleva cinquante-cinq veaux sur la montagne du Soladier (Ain); elle apparut de nouveau en 1811, dans les mêmes parages (2). Morier parle d'une épizootie de vers des bronches qui régna en 1812 à Aigle (Suisse) (3) . Vigney en observa plusieurs dans le Calvados (4); M. Reynal en vit une dans la vallée de la Meuse, en 1845 (5). Ce n'est pas seulement dans les pâturages que l'affection vermi- neuse des bronches fait son apparition ; elle envahit aussi bien les (1) Dénominations diverses : maladie vermineuse pulmonaire (Morier); pneu- monie vermineuse ; bronchite vermineuse ; hâtis ou refray, en Normandie (Vigney); the husk, en Angleterre (F. Nicholls) ; la toux, en Hollande (Camper). (2) Despallens, dans Compte rendu de l'École vétérinaire de Lyon, prononcé le 22 mai 1812 par Rainard, et dans J.-B. Gohier, Mém. et obs. sur la chir. et la méd.vétérin., t. II, p. 432. Lyon, 1816. (3) Morier, Malad. verm. pulm. obs. sur des chevaux et des veaux, dans Gohier, ouvr. cit., t. II, p. 423. (4) Vigney, Obs. sur le développ. de vers fllaires dans les bronches, etc., dans Mém. de la Société vétérinaire du Calvados, ann. 1, p. 99. Paris, 1830. (5) Reynal, Nouv. Diclionn. de méd.chir., etc., vétérinaires, art. Bronchite ver- mineuse. Paris, 1856: t. II, p. 627. CHEZ LE BOEUF, LE VEAU, LE CHEVAL, L'ANE. 29 étables, comme l'a constaté M. Delafond, en 1844, aux environs de Gournay et de Forges -les-Eaux (1), et M. .Tanné, en 1855, à Ruremonde (Belgique) (2). On a généralement remarqué que les vers des bronches n'atta- quent que les jeunes sujets, et que les vaches et les boeufs qui paissent avec ceux-ci sont épargnés; toutefois M. Michels vit périr de cette maladie une vache de six ans (3), et M. Fischer une autre âgée de dix ans (4). On a attribué à l'humidité des pâturages le développement de ces affections vermineuses : Vigney n'a trouvé leur cause ni dans le ré- gime, ni dans la sécheresse ou l'humidité, ni dans le froid ou la cha- leur. Si certaines épizooties ont envahi les pâturages des vallées humides, d'autres se sont montrées dans les montagnes. La constitution, le bon ou le mauvais état des bêtes ne paraît pas non plus avoir une grande influence sur l'invasion de la maladie, car ordinairement tous les veaux d'un troupeau ou d'une étable la con- tractent presque simultanément. L'apparition des vers des bronches a lieu généralement en été et en automne. Camper parle de faits observés au mois d'août et de septembre, Despallens à la fin de juillet et août. Morier dit que les épizooties, dans sa contrée, commencent au milieu ou à la fin des étés très chauds. Ce qu'il y a de particulier dans cette affection, dit Vigney, qui en a vu plusieurs épizooties, c'est qu'elle se développe constamment depuis le mois de juillet jusqu'au commencement d'oc- tobre (5). M. Janné l'observa au mois d'octobre. Le jeune âge et la saison sont donc jusqu'ici les deux seules con- ditions appréciables du développement de la maladie vermineuse des bronches; mais il en est une troisième qu'on ne peut aujourd'hui révoquer en doute: c'est la cohabitation des animaux malades avec les animaux sains. Une fois développée sur un veau, la maladie ne tarde pas à atteindre tous les autres veaux de l'étable ou du trou- peau auquel il appartient. Vigney a le premier signalé ce fait. (1) 0. Delafond, Recherches sur l'élève et V engraissement des veaux dans le Gdtinais (Rec. de méd. vétérinaire, t. XXI, p. 252, Paris, 1844). (2) A. J. Janné, Bronchite vermineuse observée sur des veaux d'élève, dans Ann. deméd.vélérin., publiées à Bruxelles, ann. 4, p. 653 (1855). (3) Michels, Journ. vétérin. et agricol de Belgique, ann. IV, p. 406. Bruxelles, 1845. (4) Eug. Fischer, même journal, ann. 5, p. 486 (1846). (5) Vigney, Mém. cit., p. 104. 30 AFFECTION VERM1JNEUSE DES IJRONCHES « Lorsqu'il y a un individu attaque dans le troupeau, dit ce vétéri- naire, il est rare que tous ne soient pas attaqués en même temps; et si l'on en introduit d'autres parmi eux, ils ne tardent pas à être infectés, même avec plus de véhémence que les premiers, sans dis- tinction de sexe(l) Le même propriétaire peut avoir, dit-il encore, deux troupeaux, l'un sain et l'autre malade, pourvu qu'ils ne com- muniquent pas ensemble (2). .» Déjà Despallens avait observé que tous les jeunes animaux d'un troupeau sont pris à la fois (3). M, Delafonddit avoir constaté dans le Gâtinais le fait de la contagion indiqué par "Vigney, sans toutefois qu'il ait pu se l'expliquer (4). Ce fait trouve une nouvelle confirma- tion dans une observation de M. Janné: cinq veaux d'élève compo- sant une étable furent attaqués de l'affection vermineuse des bron- ches: « La toux, premier symptôme qu'on avait observé, dit le vété- rinaire belge, s'était d'abord déclarée sur un veau acheté dans une ferme voisine, et, peu de temps après, les autres furent également atteints (5). » Les animaux infectés rendent une bave abondante qui se répand sur l'herbe des prairies ou sur les ustensiles qui servent à abreuver les bêtes dans les étables. La bave contient avec des débris de stron- gles de nombreuses larves; car ces vers vivipares se reproduisent par myriades. Les larves du Strongylus micrurus peuvent vivre en dehors de l'animal qui recelait leurs parents adultes, pendant plu- sieurs jours|encore après que ceux-ci ont été expulsés et ont péri (6) ; propriété particulière à certaines larves dont nous avons signalé déjà l'importance au point de vue de la propagation des vers néma- toïdes parasites (7) . Ainsi s'explique la transmission facile et prompte de la maladie des animaux infectés aux animaux sains. (1) Mém. cit., p. 100. (2) Mém. cit., p. 104. (3) Dans Gohier, Mém. et obs. cit.^ p. 432. (4) Delafond, Mém. cit. (5) Janné, Mém. cit., p» 653. (6) J'ai trouvé l'indication de ce fait dans la remarque suivante de Camper : « Je tâchai de conserver ces vers de différentes manières, mais ils moururent tous le troisième jour; cependant leur corps fourmillait de petits vers qui vécurent quelque temps dans le corps de leur mère morte depuis plus de quatre jours, et à laquelle ils ressemblaient parfaitement. « (P. Camper, ouvr. cit., t. III, p. 192.) (7) Davaine, Recherches sur l'anguillule du blé niellé, p. 61, Paris, 1857, e Mém. Soc. biologie, ann. 1856, p. 254. CHEZ LE BOEUF, LE VEAU, LE CHEVAL, L'ANE. 31 La bronchite vermineuse chez le veau offre dans sa marche et dans ses symptômes des différences qui sont en rapport avec le nombre des strongles renfermés dans les voies respiratoires. Lorsque les vers sont en grand nombre, ils occasionnent une toux forte, sonore, et plus tard déchirée et avortée ; elle est très fré- quente, accompagnée d'accès de dyspnée et de suffocation. Pendant les paroxysmes, l'animal a la respiration précipitée, les flancs agités, le pouls accéléré, la conjonctive rouge et injectée ; il allonge fré- quemment la tête sur l'encolure, ouvre la bouche, sort la langue, et la salive s'écoule par les commissures des lèvres. Dans les crises les plus fortes, il tombe sur le flanc; les yeux saillants et hagards, la bouche béante, la langue pendante, il se débat dans les angoisses île l'asphyxie. Ces paroxysmes se renouvellent quatre, cinq et même dix fois par jour. Quelques animaux succombent dans l'une de ces crises. Lorsque les strongles sont moins nombreux, les symptômes n'ont point cette acuité : la toux est plus rare et moins quinteuse ; elle est petite et grasse, avortée, accompagnée de la sortie par la bou- che d'une bave épaisse, écumeuse et de glaires par les naseaux. Le veau s'affaiblit et maigrit ; les yeux s'enfoncent dans leur orbite; la conjonctive et les lèvres pâlissent; les poils tombent par places; des parasites envahissent les téguments ; l'appétit, conservé d'abord, se perd; la diarrhée survient, quelquefois l'hémoptysie; les forces s'épuisent ; enfin l'animal succombe dans le marasme. Les mucosités expulsées pendant les quintes de toux, par la bouche ou par les narines, sont quelquefois striées de sang; elles contiennent fréquemment des vers isolés ou réunis en pelotons qu'on peut facilement distinguer à leurs mouvements, surtout lorsqu'on les place dans de l'eau tiède. La bronchite vermineuse est, dans la plupart des cas, une maladie lente, mais sa marche et sa durée peuvent différer beaucoup chez les individus d'un même troupeau : lorsqu'une pneumonie, ou une hémorrhagie pulmonaire n'en abrège point le cours, lorsqu'une accu- mulation excessive de strongles ne vient point déterminer l'asphyxie, elle peut durer de deux à trois mois. Morier a vu quelques sujets vivre un an. La violence et la fréquence des accès de toux, la durée de la ma- ladie, l'amaigrissement progressif, peuvent faire présumer l'existence de la bronchite vermineuse que la présence de vers dans les matières expectorées rendra tout à fait certaine. 32 AFFECTION VERMINEUSE DES BRONCHES L'affection vermineuse des bronches chez le veau est généralement grave; elle enlève toutes les bêtes qui en sont atteintes, lorsqu'elles ne sont pas soumises à un traitement convenable. A l'autopsie, on trouve des strongles dans la trachée et dans les principales divisions des bronches; ils y sont souvent enroulés en pelotons plus ou moins volumineux. Camper ne les a jamais trouvés dans le tissu pulmonaire même ; Vigney en a vu jusque dans les dernières ramifications des bronches ; dans un cas observé par lui, les plus petites bronches en étaient comme bourrées, tandis que la trachée n'en contenait pas. Morier rapporte que, chez un cheval, « le lobe droit du poumon avait à sa superficie, entre la plèvre pul- » monaire et le tissu même de cet organe, quantité de pelotons de » ces vers cheveux qui étaient, pour ainsi dire, aux derniers ramus- » cules des bronches ; il n'en existait point dans les grosses divisions » ni dans le tissu même des poumons (1). •< La membrane muqueuse des bronches envahies par les strongles est le siège d'une inflammation vive ; sa surface est çà et là poin- tillée, rouge, ecchymosée; son tissu est épaissi dans certains points, aminci, ulcéré ou détruit dans d'autres points. ■• Il existe aussi sur » la muqueuse des grosses divisions bronchiques, des élevures, des » boursouflures formées par des nids de strongles semblables, à part » leur volume, à ceux qu'on observe sur la muqueuse de l'intestin » grêle du cheval (2). » Enfin des portions plus ou moins considé- rables du parenchyme pulmonaire sont hépatisées et le poumon en totalité est emphysémateux. La transmission par contagion des strongles des bronches doit, avant tout, faire retirer les animaux sains d'avec ceux qui sont déjà malades, et les éloigner pour quelque temps des prairies qui ont été pâturées par des bêtes infectées; dans les étables il y aura à prendre des précautions particulières que chacun comprendra. Le traitement de cette maladie est simple et généralement effi- cace : il consiste principalement dans l'administration de substances volatiles qui peuvent être portées dans les voies respiratoires avec l'air inspiré, ou dans l'emploi de médicaments qui contiennent quelque principe analogue, lequel est exhalé à la surface des bronches. Les émanations d'éther employées par Despallens, les fumigations (1) Morier, Mém. cit., p. 426. (2) Reynal, omit, cit., p. 622. CHEZ LE BOEUF, LE VEAU, LE CHEVAL, L'ANE. 33 d'asa fœtida par Morier, d'huile empyreumatique par Vigney, d'essence de térébenthine et d'éther par M. Delafond, de goudron et de tabac par M. Read (1), ont été généralement suivies de bons effets. Ces fumigations peuvent être pratiquées plusieurs fois par jour au grand air; mais il est préférable qu'elles soient faites dans un local clos, comme l'ont pratiqué Vigney et Read, avec la précau- tion toutefois d'opérer le dégagement des vapeurs au moyen de cendres chaudes ou d'un fer rougi, et non sur des charbons qui pour- raient déterminer l'asphyxie. Ce traitement externe peut être secondé par l'administration des mêmes substances à l'intérieur. Une médication interne seule suffit même pour amener la guérison de la. maladie. M. Janné, après la mort de l'un des cinq veaux dont nous avons parlé, éclairé par l'autopsie sur la nature de l'affection dont ils étaient atteints, obtint la guérison des quatre autres par le traitement de Reynders (d'Utrecht), qui consiste dans l'administra- tion de la mixture suivante : Asa fœtida 30 grammes. Huile empyreumatique de Chabert. ..... 60 — Décoction mucilagineuse. ......... 500 — Une cuillerée par jour dans un verre de lait. Chez un propriétaire d'Utrecht, qui avait déjà perdu quatorze veaux, Numann prescrivit cette médication à neuf autres qui res- taient et qui guérirent tous. Le traitement fut continué pendant qua- rante jours (2). L'administration d'ail, d'asa fœtida, d'essence de térébenthine, d'huile empyreumatique, etc., s'est montrée généralement utile; celle des eaux sulfureuses le serait sans doute aussi. L'action de ces substances s'explique par l'exhalation de quelqu'un de leurs principes volatils qui se fait à la surface des bronches; on comprend moins l'action des anthelminthiques fixes, tels que la fougère, le calomel, le kermès, qui ont été administrés intérieurement avec succès : il est vrai qu'on a fait usage en même temps de fumigations i empyreunmtiques, et que les bons effets qu'on a obtenus peuvent i être attribués à ces fumigations. (1) Read, in The Velerinarian,\o\. XXII, p. 3?. London, jan. 1849. (2) Numann, Vee Arlsenykundig Magasyn^ 1848, cité dans Remeil de méd. Vêlcrin., ann. xxm, p. 951. Paris, 1846. Davaine. 3 34 AFFECTION VERMINEUSE DES BRONCHES CHAPITRE II. AFFECTION VERMINEUSE DES BRONCHES CHEZ LE MOUTON. (Srongylus /llaria, Synops., n° 91.) Le mouton est fort sujet à l'affection vermineuse des bronches ; elle est causée chez cet animal par le strongle filaire qui attaque aussi la chèvre, le chameau et le dromadaire. Daubenton en a observé une épizootie meurtrière en 1768 : « Il »> mourait, dit le célèbre naturaliste, un très grand nombre de bêtes » à laine dans le canton de Bourgogne où ma bergerie est située. » Ces bêtes avaient dans la trachée-artère et dans le poumon une » multitude de vers qui n'étaient pas plus gros que des fils, mais » qui avaient jusqu'à trois ou quatre pouces de longueur. Je les ai « vus dans l'animal dont je viens de faire mention (le seul qu'il ait » perdu pendant l'hiver), qui était mort de cette maladie, et dans un » grand nombre d'autres bêtes à laine mortes de la même maladie » dans la ville de Montbard et dans les villages circonvoisins. Il a » péri plus de la moitié d'un troupeau de cinq cents bêtes dans le » village de "Villiers, qui n'est distant de ma bergerie que d'un tiers » de lieue ; cependant, au milieu de cette mortalité parmi les bêtes » à laine de l'Auxois, celles de la même race qui étaient parquées » jour et nuit en plein air dans ma bergerie se sont toutes main- » tenues en très bon état ; un troupeau arrivé du Roussillon s'est » conservé pendant tout l'hiver (1). » Les bêtes à laine sur lesquelles sévissait l 'épizootie observée par Daubenton étaient renfermées la nuit dans des bergeries; celles qui appartenaient à ce savant, et qui furent épargnées, passaient les nuits et les jours dans des parcs, exposées à toutes les intempéries. Daubenton attribue à cette circonstance la préservation de ses mou- tons; mais il est probable qu'elle tenait à une autre cause, et peut- être à l'isolement où vivait son troupeau. Outre leur apparition par épizooties, les vers des bronches se montrent encore très communément à l'état sporadique chez les bêtes atteintes de la cachexie aqueuse. Rudolphi rapporte, sans donner de plus amples renseignements, qu'il a reçu de Sick, célèbre vétérinaire, des strongles trouvés dans la trachée-artère du mouton, et du professeur Florman des vers sem- (1) Daubenton, Instruction pour les bergers, 3% édit. Paris, an X, p. 269. CHEZ LE COCHON. 35 blables trouvés dans les bronches (1). Waldinger, d'après le même auteur, a traité savamment de ces vers (2). J. Peterka a vu et décrit la pneumonie vermineuse èpizootique du mouton (3). CHAPITRE III. AFFECTION VERMINEUSE DES BRONCHES CHEZ LE COCHON. (Strongylus paradoxus, Synops., n° 94.) La présence de strongles dans les bronches du porc a été signalée pour la première fois par Modeer, qui observa ces vers en Suède (4). M. Rayer en a rencontré plusieurs fois à Paris (5), et Bellingham en Irlande (6). D'après les recherches de M. Chaussât, il paraîtrait qu'il est très commun de rencontrer des strongles dans les bronches des porcs que l'on amène à Paris, au moins dans certaines saisons de l'année. Si l'on en juge par le silence des vétérinaires et des agriculteurs, les accidents que ces entozoaires déterminent sont moins fréquents et moins graves que ceux qui sont occasionnés chez le veau et le mou- ton par d'autres espèces du même genre d'entozoaires. Les poumons et les bronches des porcs examinés par M. Chaussât n'offraient point de lésions pathologiques notables (7). M. Vulpian trouva aussi, à Paris, un grand nombre de strongles [Strongylus paradoxus) dans les petites bronches d'un cochon âgé de sept mois, qui fut sacrifié pour des études physiologiques, et dans le poumon duquel il y avait en outre de nombreuses tumeurs épithé- liales [èpithèliomas) (8). (1) Rudolphi, Enloz., hist. nat., t. II, part. 1, p. 219. (2) Hieronymus Waldinger, Abhandlung ùber die Wiirmer in den Lungen und der Leber und das Klauenweh der Schaafe. Wien, 1818, 125 pages in-12, cité par Rudolpbi, Synopsis, p. 616. (3) J. Peterka, Versuch einer syslematischen Darslellung der Dreh-hom und Lungenwurm Krankheit der Schaafe, etc. In-8, Prague, 1826. (4) Adolph. Modeer, Aty journ. cité. Hushâlln, 1791, p. 75-83, cité par Rudolphi, Bibl., n°435. (5) Dujardin, ouvr. cit., p. 127. (6) Bellingham, Ann. of nat. History, 1844, p. 104, cité par Dujardin, même ouvr., p. 128. (7) Chaussât, Sur le strongle des bronches du porc, dans Comptes rendus des séances et Mémoires de la Société de biologie, 1. 1, p. 85, ann. 1849. Paris, 1850. (8) Vulpian, Compt. rend. Soc. biol,, 2e série, t. III, p. 48,anu. 1856, Paris, 1857. 36 AFFECTION VERMINEUSK DES BRONCHES La présence des vers dans les bronches n'est pas toujours inoffen- sive pour le porc; Deguillème, vétérinaire à Saint-Denis-de-Pille (Gironde), en vit un, âgé de trois mois, qui périt asphyxié par ces entozoaires (1). M. Perrin observa dans les bronches, principalement dans celles du poumon gauche, chez un porc âgé d'un an, des strongles dont il évalua le nombre à plus d'un millier. Ces vers, réunis en faisceaux par cinq, dix, vingt, trente individus et plus, remplissaient complè- tement les tuyaux dans lesquels ils étaient renfermés. Les moyennes et les plus petites bronches étaient seules envahies. Les deux poumons ayant été insufflés, le droit se dilata à peu près complètement; le gauche, au contraire, resta en grande partie affaissé sur lui-même ; quelques lobules disséminés se laissèrent seuls pénétrer par l'air. — Les portions du poumon imperméables à l'air correspondaient aux bronches obstruées par les vers ; — ces portions de parenchyme, comme splénijièes , n'étaient le siège que d'une simple congestion sanguine ; des fragments jetés dans l'eau restèrent à la surface du liquide. — La membrane muqueuse des bronches dans toute son étendue, et dans les points mêmes où existaient les strongles, n'offrait aucune trace de rougeur ou de quelque autre alté- ration morbide. Le porc qui fait le sujet de cette observation n'avait fourni, malgré des soins convenables, qu'un produit médiocre et réfractaire à l'engraissement; suivant un terme consacré, il avait toujours été dur d'amendement; cependant il n'était point malade, et il fut tué pour être mis au saloir (2). CHAPITRE IV. AFFECTION VERMINEUSE DES BRONCHES CHEZ LES OISEAUX DE BASSE-COUR. (Scleroslomum syngamus, Synops., n° 88.) On a observé chez les gallinacés des épizooties meurtrières occa- sionnées par des vers développés dans les voies respiratoires. Ces entozoaires, qui ont été longtemps rapportés aux distomes, appar- tiennent probablement au Sclerostomum syngamus, ver nématoïde (1) Observ. sur des vers trouvés dans le poumon d'une truie (181 3), dans Gohier, Mém. et obs. cit., t. II, p. 434. (2) Perrin, Comptes rendus Soc. biologie, 1850, t. II, p. 158, CHEZ LES OISEAUX DE BASSE-COUR. 37 auquel la soudure permanente du mâle avec la femelle donne une physionomie particulière qui a pu tromper les premiers observateurs. Le docteur Wiesen thaï fit le premier mention, en 1799, de cette maladie qu'il ob-erva à Baltimore (Amérique) sur les poules et sur les dindons (1). George Montagu, en 1S06, 1807 et 1808, vit des épizooties semblables sur des poulets en Angleterre (2). Il paraît que cette maladie, mais non le ver qui la cause, était connue depuis longtemps dans le pays, où. elle porte, comme en Amérique, le nom de gape (bâiller). Ce nom vient du symptôme principal, qui est un bâillement fréquent, suivi d'une extension du cou, comme dans la suffocation. Cette affection vermineuse attaque les poulets âgés d'un mois ou six semaines ; elle s'étend fréquemment à toute une couvée. Suivant Montagu, la poule seule parmi les oiseaux de basse- cour y serait sujette : en effet , les dindons et les canards qui vivaient avec les poulets infectés en ont été exempts. Mais Wiesenthal a vu cette maladie chez le dindon (3) ; elle a été observée encore d'une manière épizootique par Montagu lui-même chez les jeunes faisans, à l'épo- que où ils revêtent la livrée qui distingue le sexe, et chez la perdrix. Cette maladie vermineuse a régné aussi bien dans les localités élevées que dans celles qui sont basses et humides. Les vers, dit Montagu, occupent la trachée et s'étendent quel- quefois au pharynx, mais ils ne vont jamais jusqu'aux poumons. On en trouve jusqu'à vingt qui sont fixés à la membrane muqueuse; celle-ci est enflammée, ainsi que le poumon même. Ces entozoaires finissent par apporter un obstacle absolu au passage de l'air et déter~ minent la mort par asphyxie. G. Montagu administra, dans plusieurs occasions, un remède vulgaire dans le pays, mais auquel il n'avait d'abord, nulle foi; à son grand étonnement, tous ses poulets malades guérirent prompte- ment. Ce remède consiste à délayer le grain dont on nourrit les pou- lets avec de l'urine au lieu d'eau, et à renouveler cette pâtée trois ou quatre fois par jour. En Amérique, d'après Wiesenthal, on introduit dans la trachée une plume qu'on y retourne pour la dégager des vers. (1) Wiesenthal, in Médical and physicalJournal, 1799, t. II, p. 204. (2) George Montagu, Account ofa species of fasciola whichinfests the tracheaof the poullry , with a mode of cure {Transact. ofthe Wernerian nat. Hist. Society, t. I, n° xii, p. 194, ann. 1811). (3) Rudolphi (Synopsis, p. 415), et les auteurs qui l'ont suivi, disent par erreur que Wiesenthal a vu cette maladie chez le canard : c'est chez le dindon. 38 AFFECTIONS VEKMINEUSES DES VOIES DIGESTIVES DEUXIÈME PARTIE. AFFECTIONS VERMINELSES DES VOIES DIGESTIVES. Les entozoaires des voies digestives [lumbrici alvi) sont les pre- miers qui aient été observés, et, si l'on excepte \&filaire de l'homme, ils ont été presque les seuls connus jusqu'au xvne siècle, époque à laquelle on commença d'attribuer aux vers une grande importance pathologique, époque à laquelle aussi les parasites renfermés dans divers organes chez les animaux attirèrent l'attention de plusieurs médecins naturalistes. Dès lors les entozoaires des voies digestives furent désignés par un nom particulier : on les appela vers intesti- naux ou entêraux. Quant à ceux qui existent ou que l'on supposait exister dans les autres organes, ils furent désignés de même par le nom de leur séjour : on disait les encéphales, les cardiaires , les hépatiques, les vésiculaires , etc., en parlant des vers du cerveau, du cœur, du foie, de la vessie ; ou collectivement on les appelait les exentéraux. Lorsque les entozoaires de l'homme et des animaux, plus fréquem- ment observés et mieux connus, commencèrent à être classés d'après leurs caractères zoologiques, on cessa de les désigner par le nom de leur habitat, mais alors l'expression de vers intestinaux reçut une plus grande extension et fut donnée à tous les entozoaires, quel que fût leur séjour. Les Grecs, qui n'avaient observé que les vers intestinaux propre- ment dits, les désignaient par le mot s>./*(vGeç, et les Romains par celui de lumbrici (1) . (1) Le mot ftyuv; ou èXp-if? ne s'appliquait qu'aux vers intestinaux, é'Xjj.iv? oTpoypXïi (l'ascaride lombricoïde ), EXfuv'ç wXaTsTà (le ténia). Les Latins et les auteurs qui écrivirent en latin rendirent le mot sXu.iv; par celui de lumbricus. Ils désignèrent par cette expression tous les vers intestinaux indis- tinctement, et de plus le ver de terre, qui était pour eux un animal du même genre. Le mot lumbricus était donc un terme générique qu'ils appliquaient avec une épi- thète pour désigner les espèces*: lumbricus teres, lumbricus latus, lumbricus ierrenus. Le mot grec <7x<6Xvi£ et le mot latin vermis ont la même signification que le mot français ver; on désignait par ces mots, d'une manière générale, les animaux libres ou parasites que nous appelons vulgairement des vers. Les médecins grecs désignaient encore le ténia ( é'Xjjuvç jrXaTÊta) par le mot raivta, et l'oxyure par le mot àa*a.pî; ; ils ont aussi quelquefois employé le mot ô/ipî&v comme synonyme de é'Xy-w;. Enfin, Pline et les médecins qui ont écrit en latin ont quel- quefois pris dans une autre acception que ténia le mot tinea, par lequel ils dési- gnaient aussi les vers ronds ; tineœ rotundœ. CHEZ L'HOMME. — GÉNÉRALITÉS. 39 PREMIÈRE DIVISION. VOIES DIGESTIVES CHEZ L'HOMME. Généralités: connaissance des anciens, des Arabes, de leurs successeurs. — Opinions sur l'origine des vers intestinaux. — Examen de leur organisation. — Leur utilité. — Influence de la lune. — Association de diverses espèces de vers. — Conditions de leur fréquence. — Phénomènes qu'ils déterminent. — Expli- cation de ces phénomènes. — Symptômes. — Diagnostic. — Nature et marche des affections vermineuses. — Craintes exagérées qu'elles inspirent. — Consé- quences fâcheuses de cette crainte. — Tableau synoptique des entozoaires intestinaux. Les anciens ont connu trois des espèces qui vivent dans les intestins de l'homme : l'ascaride lombricoïde (l^tvç urpoyyukn, lum- bricus teres) ; l'oxyure vermiculaire (àoeapeçi ascaris), et le ténia solium ( sXpvç irXarsTa, raivia, lumbricus lalus, tœnia). Dans l'un de ses aphorismes, Hippocrate fait mention des deux premiers de ces vers, et l'on trouve des notions sur ces mêmes vers et sur le ténia dans quelques-uns des traités qui lui ont été attri- bués. Aristote fait également mention de ces trois espèces d'entozoaires. Celse se borne à indiquer l'existence de vers plats [lalî] et de vers ronds [teretes). Pline ne mentionne aussi que ces deux sortes de vers. Galien distingue avec précision les trois espèces mentionnées ci-dessus, et indique quelle portion de l'intestin chacune d'elles occupe. Les autres auteurs grecs ou latins sont restés à peu près dans ces mêmes termes sur les vers intestinaux. Hippocrate (OEuvres par Foës, Genève, 1657). — Génération des vers, ténia, asc. lombricoïde, sect. v, De morbis, lib. IV, p. 511. — Asc. lombri- coïdes et oxyures communs chez les enfants, sect. vu, Aphor., lib. III, aph. 26, p. 1248. — Vers en automne, oxyures incommodes le soir, sect. vin, De morb. vulg., lib. II, p. 996. — Oxyures chez les femmes, traitement, sect. v, De morb. mul., lib. II, p. 666. — Pronostics tirés des vers, sect. n, Prœnot. liber, p. 40 ; De judicat. liber, p. 52. — Fistule vermineuse, sect. vu, Demorb. vulg., lib. VII, § 129, p. 1239. Aristote. ■ — Histor. de animal, (édil. Scaliger, Tolosee, 1619), lib. V, cap. ccxin, p. 597 . Théophraste. — De historia plantarum, lib. IX, cap. xxu (édit. Med. art. princ, 1567, p. 128). A..-C. Celse. — De re medica libr. oct., lib. IV, cap. xvu, De lumbricis alvum occupanlibus (édit. Med. arl. princ, 1567, p. 78). ZlO AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES D1GESTIVES t'. Pline. — Histoire naturelle (irad. Littré, Paris, 1850), ténia de trente pieds, lib. XI. § 558 (33). —Vers suivant les nations, lib. XXVII, § 120.— Médicam., lib. XX, § 1 9, lib. XXIII §§ 60 ei 70, lib XXVI, § 28, lib. XXVII, § 5b, lib. XXVIII, § 59, lib. XXXI, § 45. Scribonius Largus. — De compos. med. liber., cap. xxxvi, § 140, ad tineas et lumbricus necandos (édit. Med. art. princ, 1567, p. 2I7). Eu/roprffta Pcd. Dioscoridis Anarzabei ad Andromachum : hoc est de curationibus morborum fer medicamenla paratu facilia libri duo, in-8, Argen- torati, 1565. — Remèdes contre le ver plat (mûrier, fougère, grenadier), lib. II, cap. lxxi, p. 707. — Remèdes contre les lombrics, les oxyures, les vers des enfants, lib. II, cap. lxxii, p. 710, 711. — Topique contre les oxyures, lib. II, cap. lxxiii, p. 714. Galien (OEuvres complètes, Bâle, 4562). — Tomus I, Isagogici libri, in- troductio $eu médiats, p. 114. Énumération, caractère, séjour, dénomination des vers. ■ — Tomus III, In Aphorism. Hippocr. commentarius III, aph. 26, p. 49. Génération. — TomusII, De differ. morb., cap. vin, p. 8. — Tomus III, lib. XIV, cap. xix. Traitement. — Tomus III, De simpl. medicam. ; De filice, p. 84; De moro, p. 87 verso. Ctelius Aurelianus. — De morbis acut. et chron., lib. IV, cap. vin : De lumbricis. Amstel., 1722, p. 533. Orlbasii Sardiani ad Eunapium, tomus tertius. Basilese, 1557. — De virt. simpl., lib. II : racine de mûrier, p. 84; fougère, p. 89 ; autres médi- caments, p. 66, 67, 70, 76, 83, 93.— De loc. affect. curât., lib. IV, cap. xc, Ad lumbricos. IHarcellus Empiricus. — De medicamenlis liber, cap. xxvm, Lum- bricis et tineis, etc., remédia (édit. Med. art. princ, 1567, p. 372 et suiv., et p. 387). Aetius. — Medic. letrabiblos (édit. Med. art. princ, 1567). — Tetr. III, Serm. I, cap. xxxix, De lumbricis ex Herodoto, p. 490. — Cap. xl, De lato lumbrico, p. 492- — Cap. xli, De ascaridibus, p. 492. — Médicam. contre les lombrics et oxyures, tetr. I, serm. I, p. 20, 26, 27, 30, 35, 41 , 43, 52 ; serm. II, p. 65, 68, 92: serm. IN, p. 147. Tetr. IV, serm. I, cap. xevi, p. 652, cap. xcvn, p. 654. — Médicam. contre le ténia, tetr. I, serm. I, p. 7, 35, 44, 49, 58; serm. H, p. 92; serm. III, p. 147. Tetr. IV, serm. I, cap. xevi, p. 652, cap. xcvn, p. 654. Alexandre de Tralles. — De lumbricis epistola, nunc primum grœcè et latine édita, Venetiis, 4 570, et Hier. Mercurialis tract, varii, lib. III, p. 178, Lugd., 1623. Paul d'Égine. — De re medica, lib. IV, cap. lvii, De lumbricis, p. 531. Lumb. rotund., lumb. latus. — Cap. lviii, De ascaridibus, p. 533 (édit. Med. art. princ, 1567). Nieol. flUyrepsns. — De compos. medic opus (édit. Med. art. princ, 4 567). — Le déclin de la lune favorable au remède, sect. I, De ant., cap. ccxcvm, p. 421, — Médicam., sect. III, De ung., cap. lvii, lviii, lix, CHEZ L'HOMME. — GÉNÉRALITÉS. hi lx, p. 482. — Sect. VIII, De drosat., cap. xlviii, p. 521. — Sect. XIV, Deiis qnœ lumb. exprll., etinterim mèdic., p. 595, 596. — Sect. XXXVIII, Ad lumbricos, cap cxlii, Ad lumbr. lalos et oscar., cap. cxnn, p. 770. Actuarius. — Opéra (édit. Med. art. princ, 1567). — Medic. sive de melh. medendi, lib. I, cap. xxi, p. 164, 165. La plupart des auteurs arabes ne parlent que de trois espèces de vers ; mais ils ne s'accordaient point précisément avec les anciens, car ils ne considéraient point le ténia comme un ver : les anneaux libres du ténia, regardés par eux comme une espèce distincte et appelés cucurbitins , formaient leur troisième espèce de vers intes- tinaux. Toutefois Avicenne parle de quatre espèces, dont rémuné- ration peut être ainsi interprétée : 1° le ténia , 2° l'ascaride lombri- coïde, 3° le cucurbitin, 4° l'oxyure. J. Sérapion, auteur arabe du vme ou du ixe siècle, parle de trois es- pèces devers : « Species vermium sunt très; quidam enim eorum sunt longi » et rotundi, et quidam lati parvi, et quidam parvi graciles, qui grœcè nomi- » nantur ascarides (1). » Il est clair qu'il est question ici des lombrics, des cucurbitins et des oxyures, les cucurbitins étant regardés comme une espèce distincte. Quant au ténia, l'auteur arabe le regarde comme une membrane formée par l'intestin, membrane qui renferme les cucurbitins : « Et fit hoc » corpus ex panniculo mucoso qui est in parte interiori intestinorum, quando » dimittitur naturœ suse et pulrefit ; tune enim efficitur iste panniculus circum- « volvens et continens istos vermes (cucurbitinos). » Nous reviendrons ailleurs sur cette manière de voir relativement au ténia qui fut partagée par plusieurs autres médecins. Le texte que nous venons de rapporter ne laisserait aucun doute sur l'opi- nion de Sérapion quant à la distinction des trois vers de l'intestin, si, dans la suite de ce passage même, on ne trouvait une confusion qui le rend tout à fait inintelligible. En effet, les parvi graciles ayant élé dits être les ascarides des Grecs, les ascarides sont ensuite confondus avec les cucurbilins : « Asca- » rides seu cucurbitini et graciles non possunt occullari neque permanere, etc.» Toutefois cette confusion ne doit point être imputée à Sérapion, mais à son traducteur, comme nous le montrerons, ci-après. Avicenne parle de quatre espèces de vers intestinaux (2); il est difficile d'interpréter exactement l'énumération qu'il en fait. Voici sa phrase d'après le texte latin : « Species vermium sunt quatuor : longi et lati et rotundi; et lati; »et sunt ascarides et parvi (3). » Les savants commentateurs Manard, Gabu- cinus, Mercurialis, etc., ont cherché à éclaircir le sens de cette phrase , mais leurs interprétations ne sont nullement satisfaisantes. (1) Tract. III de œgritud. slomachi et intestinorum, cap. xxx. (2) Avicennœ libriin remedica omnes Veucliis, 1574, p. 839-840. (3) Lib. III, fen. 16, tractât. S, cap. î et h. £|2 AFFECTIONS VERM1NEPSES DES VOlliS DIGESTIVES D. Leclerc, ayant eu recours au texte arabe, en réforma la traduction de la manière suivante: « Species vermium sunt quatuor: longi magni et rotundi; » et lati atque hi grana cucurbitaî; et parvi (1). » Le sens dans cette dernière traduction ne nous paraît pas douteux, malgré l'opinion contraire de Leclerc: ce savant écrivain n'y trouve que l'indication de trois espèces de vers, et il pense avec Gabucinus que le mot quatuor a été mis par erreur pour le mot très. Nous ne saurions être de cet avis. En effet, il ne peut y avoir de doute sur la signification du mot lati , laquelle se trouve fixée par hi grana cucur- bitœ. Avicenne parlait évidemment du cucurbitin qu'il regardait comme une espèce de ver distincte; par cela même, le sens du mot parvi se trouve déter- miné: il ne peut s'appliquer qu'aux oxyures. Restent les expressions longi magni et rotundi, qui, suivant Leclerc, désignent un seul ver. Mais, si l'on considère qu'il y a ici une redondance de mois; qu'Avicenne, dans les autres passages où il parle des entozoaires, n'emploie ordinairement qu'un mot pour les désigner, et que les auteurs antérieurs ou contemporains n'en ont jamais employé aussi qu'un ou deux pour caractériser un ver, comme longi, graciles, lati, ou bien longi et rotundi, parvi et lati, etc., on sera disposé à croire qu'il s'agit ici de deux vers différents, il suffit, en effet, de l'interposition d'une virgule entre les mots longi et magni pour leur donner deux désignations distinctes, et pour donner en même temps aux expressions longi, magni et rotundi un sens clair, précis et parfaitement en rapport avec le sens général de la phrase ; car, en désignant deux espèces de vers différentes, elles com- plètent l'énumération des quatre espèces qu'annonce Avicenne. Nous dirons donc : « Il y a quatre espèces de vers : les longs, les grands et ronds et les plats, semblables aux graines de courge, et les petits, » Ou autrement : a. Il y a quatre espèces de vers : les ténias, les ascarides lombricoïdes, les cucurbitins et les oxyures. » Cette interprétation nous paraît d'autant plus juste, que si l'on admettait avec Leclerc que les mots longi magni et rotundi désignent un seul ver, Avicenne n'eût fait aucune mention du ténia. La principale difficulté de la première leçon du texte latin d'Avicenne pro- vient de l'introduction du mot ascarides pour hi grana cucurbitœ. Or, à l'époque où les œuvres des Arabes furent traduites, le premier de ces mots ne désignait point les vers du rectum, que les Grecs nommaient à^axapiStç, et que nous ap- pelons oxyures ; ceux-ci étaient appelés alors parvi et graciles ou parvi et ro- tundi, ou simplement parvi, et les expressions cucurbilini et ascarides étaient synonymes. La synonymie de ces deux derniers noms se retrouve, en effet, fréquemment dans les ouvrages de l'époque où vivaient les traducteurs et les commentateurs des écrits arabes. Pierre de Abano (le conciliateur) dit : « El lati » cucurbitae seminibus similes, undè et cucurbilini dicuntur, primo etiam in- » testinorum instar seminum cucurbitae filo uniusin alterum conjunctorum, qui » ascaridesei buffones secundùm quosdam dicuntur (2).» Dans les commentaires (1) Danielis Clerici hist. nat. et med. latorum lumbricorum, etc., p. 14. Genevœ, 1715. (2) Differentia, 101. CHEZ L'HOMME. — GÉNÉRALITÉS. 43 du neuvième livre de Rhazès à Almanzor par Sillanus,on lit cette phrase : « Sci- » licet in intestinis mediis generantur vermes curli et lati et vocantur ascarides » vel cucurbitini, quod idem est (1 ). » Or, l'auteur, en confondant les noms, ne confondait point les choses ; il connaissait les oxyures qu'il venait de désigner clairement dans cetie phrase : a ... Recto generantur quidam (vermes) parvi » et rotundi, sicut sunt vermes qui reperiuntur in caseo. » Bernard Gordon, au commencement du xrve siècle, désignant les oxyures sous le nom de curli graciles, et les cucurbitins sous celui de curli lati, dit : « Curli lati, alias cw- curbitini vel ascarides (2). » Pour citer encore un exemple pris parmi beaucoup d'autres, on trouve la confirmation de cette synonymie dans un passage qu'il n'est pas hors de propos de rapporter ici. Après avoir cherché à retrouver dans la phrase d'Avicenne, citée ci-dessus, les trois vers connus des anciens, Manard, le plus savant commentateur de son temps, s'exprime ainsi : « Unus » adhuc superest scrupus circa lumbricorum species, qui me ssepenumero non » mediocriter perturbavit, nam qui cucurbiiini vocantur ad nullam trium die- » tarum specierum videntur pertinere, et propterea quartam per se speciem » putari possunt constituere. Quod ex recentioribus nonnulli prodiderunt, latos » in duas species distinguentes, longos videlicet et brèves : illos ascarides, hos » cucurbitinos nominantes (3). » C'est donc d'après les errements de son époque que le traducteur d'Avicenne a remplacé les mots M granacucurbitœ par celui de ascarides, principale cause de l'obscurité et de la confusion de l'ancien texte latin d'Avicenne qui, avec ces données, peut être traduit de la manière suivante : « Il y a quatre espèces de vers : les longs et plats, et les ronds, et les plats qui sont les curcubitins (ascarides), et les petits; c'est-à-dire les ténias, les lombrics, les cucurbitins et les oxyures. » Au reste, Avicenne, dans plusieurs passages, énumère de nouveau quatre espèces de vers. En parlant des parties qu'ils habitent, il les désigne par les mots longi, rotundi, lati, parvi (4). En parlant des signes des vers, il dit î « Deindè longos significant commotio oris stomachi et mordicatio ipsius.... » cum lalis autem et rotundis appetilus secundum plurimum multiplicatur » parvos autem significat pruritus ani (5). » Il est important, pour l'intelligence de plusieurs passages d'Avicenne et des auteurs delà même époque, de connaître exactement la valeur des expressions par lesquelles les traducteurs ont désigné les vers. Nous avons déjà signalé dans Sérapion une contradiction qui s'expliquera facilement maintenant. Cet auteur n'a pu dire ascarides seu cucurbitini et graciles dans le sens que nous attachons aujourd'hui aux deux premiers de ces mots. Ascarides est certaine- (1) Almanzoris Mb. nonus cum exposit. Sillani, 1490, cap. De verm., etc. (2) Leclerc, op. cit., cap. h, p. 17. (3) Joannis Manardi FerrarieDsis epist. medicin, Ubri, lib. IV, epist. î, p. 43. Lugduni, 1549. (4) Op. cit., cap. ii, p. 840, 1. 28. (5) Op. cit., cap. in, p. 841, 1. 40. hh AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES DIGEST1VES ment un mot mal rendu ou surajouté par lo traducteur, qui, comme celui d'Avicenne, prenait pour synonymes les expressions cucurbitini et ascarides. On voit, en résumé : 1° que les auteurs arabes ont regardé le cucurbitin comme une espèce de ver particulière; 2" que ceux qui admettaient trois espèces de vers ne s'accordaient qu'imparfaitement avec les anciens, qui ne regardaient pas le cucurbitin comme une espèce distincte ; 3" que d'autres auteurs arabes ont admis les trois espèces des anciens, et qu'ils y ont ajouté une quatrième espèce fictive, le cucurbitin. Parmi les médecins des siècles suivants, les uns ne parlèrent que des trois vers connus des anciens; les autres, ainsi qu'Avicenne, regardèrent les cucurbitins comme une quatrième espèce. Ce n'est qu'à dater de Plater que l'on acquit des notions exactes sur l'exis- tence d'un quatrième ver de l'intestin. Félix Plater (1602) reconnut qu'il y a deux espèces de vers plats, fait que les recherches d'Andry et de Bonnet confirmèrent dans la suite. La connaissance du tricho- céphale est du siècle dernier, et celle de l'anchylostome duodénal, du ténia nana et des protozoaires intestinaux est toute récente. Les médecins se sont beaucoup occupés de l'origine des vers de l'intestin ; à cet égard, les naturalistes ont partagé longtemps leurs opinions et leurs erreurs. La plupart des nombreuses hypothèses qui ont été imaginées en vue d'expliquer l'origine des animaux dont la génération sexuelle n'était pas évidente, ont pris leur source ou puisé des arguments dans la considération des vers intestinaux. Quelques- unes de ces hypothèses, malgré leur singularité ou leur absurdité même, ont eu des adhérents jusqu'à nos jours : beaucoup d'auteurs, avec Hippocrate, ont pensé que les vers se forment dans le fœtus et préexistent à la naissance ; d'autres ont imaginé que leurs germes sont transmis des parents aux enfants, et se sont préoccupés d'en faire remonter l'origine primitive au premier homme ; un plus grand nombre ont supposé que les vers proviennent des matières contenues dans le tube digestif, et que la force qui leur donne la vie, c'est la putréfaction, la coction ou la chaleur. Pour Aristote, la matière qui devient ver est celle des excréments ; pour Galien, ce sont les ali- ments; ce sont, pour Oribase, toutes les humeurs : d'une humeur noire naissent les oxyures ; d'une humeur bilieuse les lombrics ; d'une humeur pituiteuse le ténia. Pour Spigel, le mélange de la pituite et d'une matière terreuse et stercoraire produit, avec l'aide d'une cha- leur convenable, les oxyures ; celui de la pituite et de la bile forme CHEZ L'HOMME. — GÉNÊUALirÉS. t\5 les lombrics; d'une pituite épaisse et visqueuse naît le ténia (1)., Pour d'autres auteurs, la différence dans la chaleur de l'organe fait la différence dans l'espèce de l'entozoaire : Gabucinus explique la for- mation du tér.ia par le refroidissement de l'intestin (2) ; suivant Mon~ tano, les oxyures ont besoin pour se former de plus de chaleur que les autres vers ; Mercurialis pense prouver qu'au contraire, les grands vers réclament plus de chaleur que les oxyures (3). Pendant des siècles, l'étude des entozoaires de l'homme consiste dans l'interprétation des opinions de maîtres. On consulte l'autorité et non la nature. Il s'agit de mettre d'accord Hippocrate avec Galien, Galien avec Avicenne, Paul d'Égine et Alexandre de Tralles avec eux-mêmes. Si ces derniers auteurs ont dit, d'une part, que les vers viennent d'une humeur crue, et, d'une autre part, qu'ils vien- nent des aliments corrompus, c'est qu'il y a deux matières forma- trices des vers : l'une immédiate (l'humeur crue), l'autre médiate (les aliments) ; celle-ci, parla coction ou par la corruption, produit la première. D'après ces doctrines, on discute et l'on explique l'in- fluence de tel ou tel genre d'alimentation, celle de l'âge, du repos, de la fièvre, etc., sur la production des vers intestinaux. Ces opinions, plus ou moins modifiées, arrivèrent jusqu'à nous. Les helminthologistes les plus éminents de notre temps, tels que Ru- dolphi, Bremser, etc., regardaient encore les vers intestinaux comme le produit d'une génération spontanée 5 toutefois, depuis longtemps déjà, plusieurs savants, Hartzoeker (4), Wolff (5), Van Doeveren (6), Rosen (7), Pallas (8), etc., avaient cherché à prouver que les ento- zoaires s'engendrent et se propagent comme les autres animaux : mais cette opinion, contre laquelle s'élevaient de sérieuses objections, n'a pu s'établir que par la connaissance récemment acquise de quel- ques-unes des conditions de la transmission des entozoaires. (1) Adriani Spigelii de lumbrico lato liber, p. 25. Patavii, 1618. (2) Hieronymus Gabuciuus, De lumbricis alvum occupanltbus commenlarius. cap. m, p. 6, vcr.-o. Venetiis, 1547. (3) Hieron. Mercurialis, De inlernis puerorum rnorbis, lib. Ht, cap. vit, p. 164 dans Tractatus varii, Lugduui, 1623. (4) Nicolas Harizoekcr, Lettre à Andry, 1699, dans N. Andry, De la généra lion des vers dans le corps de l'homme, 1" cdit. Paris, 1700, p. 340. (5) Ido. Wolfii observ. chirurg. medic. libri duo, lib. II, p. 184, in Scholiis Quedlimburgi, 1704. (6) Van Doeveren, Observations phyf.-médic. sur les vers. Paris, 176 i, p. 110 (7) Nils Rosen de Roscnstein, ouvr. cit., p. 374. Paris, 1778. (8) Pallas, N, Nord-, etc., cité. Petersburg, 1781. 46 AFFECTIONS VERM1NEUSËS DES VOIES DIGESTIVES Les médecins anciens se sont bornés à l'examen extérieur des vers intestinaux ; ils ne soupçonnaient pas l'organisation complexe de ces êtres, qui étaient pour eux une pituite, une humeur, une abrasion de l'intestin douée de la vie : « Lumbricus nihil aliud est nisi animal » seu substantia animalis formam referens, » dit Mercurialis (1). Ce n'est que vers la fin du xvn' siècle que l'on reconnut dans ces ani- maux une organisation véritable. Les recherches de Redi (1684), médecin du grand-duc de Toscane Cosme III, celles de Tyson et de Vallisneri, firent connaître les organes de la génération et de la digestion de l'ascaride lombricoïde. Vers la même époque, la consti- tution du ténia attira l'attention de Tyson, de Malpighi, de Nicolas Andrv, etc. : les crochets regardés comme des dents, les ventouses comme des yeux ou des narines, les pores latéraux comme autant de bouches, et les canaux longitudinaux, furent dès lors observés. Les interprétations erronées des premiers observateurs ne tardèrent pas à être rectifiées parles recherches des naturalistes du siècle suivant; alors les entozoaires, mieux étudiés et mieux connus, sortirent, pour ainsi dire, du domaine de la médecine, et formèrent une branche im- portante de l'histoire naturelle. Quelle est l'utilité des vers intestinaux'? Cette question s'est pré- sentée fréquemment à l'époque où l'on s'occupait de la cause finale des choses : suivant Avicenne, ils ont pour but de débarrasser l'in- testin des matières putrides dont ils se forment et qu'ils continuent de détruire en s'en nourrissant. Il est surprenant de voir de sem- blables opinions partagées, jusqu'à un certain point, par des savants éminents et presque nos contemporains. Rœderer et Wagler, Goeze, Abildgaard, etc., regardèrent les vers de l'intestin non-seulement comme inofiensifs, mais même comme salutaires. Suivant ces au- teurs, les vers se nourrissent du résidu des substances alimentaires, débarrassent l'économie de ces matières et des mucosités surabon- dantes, stimulent le tube digestif par leurs mouvements, et favorisent l'exercice de ses fonctions. Enfin, il n'est pas jusqu'à la croyance à l'influence des astres qui n'ait trouvé crédit auprès de quelques bons esprits et qui ne soit arrivée jusqu'à nous : » Le ténia se fait sentir surtout au déclin de la lune et à son renouvellement, dit Rosen. Ce n'est pas que je rap- porte ce phénomène à l'influence directe de la lune; mais je parle (1) Mercurialis, op. cit., lib. III, cap. i, p. 154. CHEZ L'HOMME. — GÉNÉRALITÉS. 47 d'après mon expérience constante, quelle que soit la cause de ces événements. Nombre d'enfants me les ont montrés avec un ordre si réglé, que sans almanach, je savais, à ces révolutions, la date du mois, et l'on doit me croire (]). » « Les morceaux de ténia, dit M. Wawruch, professeur de cli- nique à Vienne, partent à une époque indéterminée, ou, ce qui arrive le plus souvent, à une époque déterminée, et ordinairement pendant la lune décroissante ou pendant la nouvelle lune, et alors il y a aussi une exacerbation des autres symptômes indiqués (2). » Ces auteurs et beaucoup d'autres recommandent, en conséquence, d'entreprendre la cure des vers intestinaux à l'époque de la lune décroissante (3). Les diverses espèces de vers de l'intestin ne s'excluent pas mu- tuellement: chez beaucoup d'animaux, on trouve souvent à la fois dans le tube digestif plusieurs vers différents; cette association est peut-être moins commune chez l'homme. Rosen rapporte le cas d'un enfant âgé de quatre ans, qui rendit à la fois dix ascarides lombri- coïdes, une quantité innombrable d'oxyures et quatre aunes de (1) Rosen deRosenstein, ouvr. cité, p. 400. (2) Wawruch, Réflexions tirées de deux cent six observations de ténias {Gaz. méd. de Paris, 1841 , t. IX, p. 633, extrait de Medizin. Jahrb. des OEsterr. Staates). (3) Nicolas Myrepsus, médecin grec du xme siècle, est le premier auteur qui, à ma connaissance, ait parlé de l'influence de la lune sur les vers; il conseille d'ad- ministrer les anthelminthiques au déclin de cet astre (De anlid., sect. i, cap. 298). — Beaucoup d'auteurs ont partagé ce sentiment, et même ont rapporté des obser- vations à l'appui. Tels sont : Frédéric Hoffmann, qui prescrit les anthelminthiques aux époques de changement de phase de la lune (Opéra omniaphys. medic, t. III, part. IV, cap, vu, obs, 3, p. 250, Genève, 1748) ; Zimmermann, qui rapporte une observation curieuse relative au ténia (l'railé de l'expérience, chap. m, p. 380, édit. Paris, 1855).— Baumes croit à l'influence de la lune, et rapporte une obser- vation à l'appui (Ane. jourri. de méd., t. LVI, p. 432, Paris, 1781). Prestat dit que l'ascaride lombricoïde paraît au déclin de la lune^ï'/ièses de Paris, n° 35, p. 13, 1821). Rosen cite Bisset (Constit. méd. de l'Angleterre, p. 332), et van Phelsum (p. 150) comme partageant cette opinion. Tout récemment, M. Kuchenmeister, attaqué d'oxyures, a recherché les époques de leur expulsion spontanée compara- tivement aux phases de la lune. Dans l'espace de 329 jours, 93 oxyures sont sortis pendant le déclin de cet astre, et 57 pendant son accroissement; les premiers sont sortis en 49 fois, ou jours, et les seconds en 36 fois. Il y aurait , suivant M. Kuchenmeister, des phases plus favorables à l'expulsion des oxyures, mais il n'y a pas lieu d'en tenir compte pour le traitement, non plus que des éclipses du soleil ou de la lune (ouvr. cit., 2e édit., art. Oxyuris vermicularis). Dans un temps moins éclairé que le nôtre, Nie. Pechlin avait dit que, dans l'administration des médica- ments anthelminthiques, il n'y a pas plus à s'occuper des phases de la lune que de celles du soleil et des autres astres (op. infra cit., lib, I, obs, 64). Zt8 AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES DIGESTlVES ténia (1). Des faits semblables sont assez rares; mais la présence dans l'intestin de deux espèces de vers différentes est très commune. Les enfants sont proportionnellement plus sujets aux vers néma- toïdes, les adultes aux cestoïdes, du moins dans nos pays. Les femmes sont plus fréquemment atteintes de vers intestinaux que les hommes. En général, on ne souffre de ces parasites que pendant un temps limité; néanmoins on voit des personnes qui ne peuvent jamais s'en débarrasser complètement. La présence des vers dans l'intestin ne donne pas toujours lieu à des phénomènes appréciables : elle est compatible avec la santé la plus parfaite; mais dans des cas assez fréquents, elle se manifeste par des phénomènes très variables qui sont locaux et plus souvent peut-être sympathiques. 1° Les phénomènes locaux consistent dans le dérangement des fonctions intestinales, dans les douleurs abdominales, clans le prurit à l'anus; bien rarement on observe des lésions anatomiques de quelque importance. 2° Tous les organes, pour ainsi dire, peuvent ressentir l'influence sympathique des vers du canal intestinal : la fausse perception des odeurs, la dilatation de la pupille, l'amaurose permanente ou pas- sagère, l'exaltation de l'ouïe, la perversion du goût, le prurit et les fourmillements à la peau témoignent de l'action sympathique des vers sur les sens; d'un autre côté, la somnolence ou les vertiges, les rêves fâcheux, les spasmes, les douleurs vagues, la toux, la dys- pnée, les palpitations, les intermittences du pouls, la faim insatiable ou l'anorexie, la salivation, la qualité des urines, l'amaigrissement, témoignent également de leur action sur le système nerveux, sur les organes de la respiration, de la circulation, de la digestion, sur les sécrétions, enfin sur la nutrition. La croyance exagérée aux effets pernicieux des vers intestinaux fut suivie, à Paris au moins, d'une reaction qui amena presque à nier l'influence de ces parasites sur la plupart des fonctions dont la relation avec le tube digestif n'est pas évidente. Cependant l'in- fluence sympathique des vers du tube digestif sur des organes éloi- gnés n'est pas aussi étrangère aux phénomènes ordinaires de la vie qu'on serait porté à le croire au premier abord : en effet, le rire, les pleurs, l'éternument, le vomissement, ne sont-ils pas déterminés (1) Bosen, ouvr, cit., p. 389. 'CHEZ L'HOMME. — GÉNÉRALITÉS. Z|9 par certaines excitations physiques appliquées loin du siège de ces phénomènes? ne voit-on pas une blessure de l'iris, un calcul rénal, une irritation de l'utérus provoquer des vomissements ? Les effets sympathiques de la présence des vers sont évidemment des phénomènes réflexes, dont la variété et la complexité échappe- ront à toute explication tant que les actions réflexes du système nerveux de la vie organique ne seront pas mieux connues. Une expé- rience récente de notre savant et illustre ami, M. Claude Bernard, expérience qui démontre qu'une irritation physique portée dans l'es- tomac excite la sécrétion salivaire par l'intermédiaire du nerf grand sympathique, explique l'un des phénomènes les plus fréquents occa- sionnés par la présence des vers dans le tube digestif, à savoir : la formation surabondante de salive qui a été remarquée par tous les médecins (1). Nous nous garderons donc de repousser absolument des faits maintes fois observés, par cela seul que nous n'en voyons pas la relation avec leur cause présumée. Si l'on ne peut nier l'influence sympathique des vers de l'intestin sur des organes plus ou moins éloignés, et les désordres fonctionnels qu'ils occasionnent, on doit néanmoins faire la part de l'ignorance et des préjugés d'une autre époque, et ne point accepter sans exa- men toutes les histoires qui nous ont été transmises, même par des hommes considérables. On ne peut admettre aujourd'hui l'exis- tence d'une pneumonie ou d'une pleurésie en relation avec la pré- sence des vers dans le tube digestif, et quoique les accidents les plus graves puissent incontestablement être déterminés par la pré- sence des entozoaires intestinaux, le doute et la réserve devront sus- pendre notre jugement dans bien des cas où l'existence des vers et la maladie peuvent n'être qu'une simple coïncidence. Remarquons toutefois que la rareté des vers à Paris nous porte au scepticisme à l'égard des accidents qu'ils occasionnent; mais, sans tenir compte d'observations plus ou moins imbues des préjugés d'un autre temps, si nous acceptons ce que des médecins éclairés de nos jours observent dans d'autres pays, nous pourrons sur ce point rec- tifier nos impressions et nos jugements : car, dans des contrées où les vers attaquent, pour ainsi dire, toute la population, les accidents les plus variés sont attribués à la présence de ces parasites dans l'intestin ; ils sont traités et guéris par les vermifuges. L'absence ou l'apparition des troubles fonctionnels, leur fréquence ou leur intensité variables ne s'expliquent point par la différence de (I) Claude Bernard, Expérience faite devanl la Société de biologie, 1858. DAVAINE. * 50 AFFECTIONS VERU1NEUSES DES VOIES D1GESTIVES nature des vers de l'intestin : le ténia, le bothriocéphale, l'ascaride lombricoïde ou l'oxyure peuvent tous donner lieu à des phénomènes semblables. Le nombre ou la grandeur de ces entozoaires n'est pas sans influence, sans doute, sur le développement des phénomènes pathologiques; leur présence paraît aussi moins bien supportée dans l'estomac que dans l'intestin ; mais, dans certains cas, ni l'espèce de ces vers, ni leur nombre ou leur volume, ni la partie de l'intestin qu'ils occupent ne rendent compte des variations ou de l'intensité des symptômes; souvent elles dépendent d'une disposition actuelle par- ticulière et de l'impression nabilité plus ou moins grande de l'indi- vidu affecté : en effet, les femmes éprouvent ordinairement dans leur santé des troubles plus nombreux, plus variés et plus graves, et les individus affaiblis et nerveux sont aussi plus éprouvés que ceux qui se trouvent tous dans des conditions meilleures. ^ On se ferait une idée erronée des affections vermineuses si l'on jugeait ces affections d'après le tableau des symptômes que les auteurs se sont transmis. La plupart des phénomènes dont ils ont parlé ne surviennent que dans des cas rares, et jamais on ne les trouve tous réunis. En voici le sommaire : « Couleur du visage altérée, tantôt rouge, tantôt pâle, tantôt plombée 5 demi-cercle azuré sous les yeux, ceux-ci moins vifs et fixes ; paupières inférieures gonflées, pupilles très dilatées, paupières et conjonctives quelquefois jaunâtres; prurit insupportable vers les narines; hémorrhagie nasale, céphalalgie très fréquente et très in- tense; bouche remplie de salive, haleine fétide; grincements de dents; sommeil inquiet et agité, soif considérable ; somnambulisme, défaillances, vertiges, tintement des oreilles; toux sèche, convulsive, quelquefois stertoreuse et même suffocante; respiration difficile, hoquets, paroles entrecoupées et dans quelques cas entièrement in- terceptées; bouche écumeuse ; palpitation de cœur, pouls dur, fré- quent; intermittent; abdomen tuméfié, borborygmes, rots, nausées; appétit tantôt nul, et tantôt très augmenté; coliques; sentiment de piqûre et de déchirement qui n'est point fixe, mais vague dans toute la cavité de l'abdomen, qui augmente par l'état de vacuité de l'es- tomac et diminue quand on a pris des aliments; cardialgie ; diar- rhée ou constipation, urine limpide et rarement fétide ; amaigrisse- ment ; démangeaison violente à l'anus ou ténesme ; ennui, anxiété, i négligence^es^P^ftgaftC^dans les actions (]). » }j I l. III, p. 573, 5cédit. Paris, 1813. g CHEZ L'HOMMK. — GÉNÉRALITÉS. Fie. 2.— Tableau des ovules qui peuvent se rencontrer dans les garderobes, pour diagnostic de la présence des vers dans l'intestin ou dans les voies biliaires. Tous les ovules de la première colonne sont au grossissement de 70 à 107 diamètecs; ceux de la seconde et do la troisième colonno sont au grossissement de 340 diamètres. i • Ascaride lombricoïde. — a, ovule grossi ■107 fois; 6, 340 fois. — Ces ovules expulses avec les fèces sont d'un jaune brunâlre, mûri- formes ; souvent leur coque n'est plus visible à travers l'enveloppe extérieure albumineuset (enveloppe transparente chez l'œuf pris dans l'oviducle) qui s'est imbibée des liquides intes- tinaux après la ponte, et qui est ainsi devenue plus ou moins opaque. — Longueur, 0°"",075; largeur, 0""",058. Ces ovules sont expulsés avec les garderobes chez les individus atteints d'ascarides lombri- coïdes adultes. On les trouve facilement. 2. Trichocéphale dispar. — a, ovule grossi 70 fois; b, 340 fois.— Longueur, 0""",053; largeur, 0""",024. — On les trouve très facile- ment et très communément dans les selles. 3. Oxyure vermiculaire. —a, ovule grossi 70 fois; b, 340 fois. — Longueur, 0""",053; largeur, 0"'",028. — Je l'ai cherché vainement dans les selles chez des individus atteints d'oxyures. 4. Ténia solium armé. — a, ovule grossi 70 fois ; b, 340 fois ; c, même grossissement, traité par la solution de potasse caustique con- centrée.— Diamètre, 0mm,033. — J'ignore en- core si les oeufs de ténia se présentent dans les selles lorsque ce ver est intact ; il doit en être ainsi dans les cas de Tœnia fenestrata;i'en ai trouvé chez un individu qui rendit des frag- ments déchirés. De nouvelles observations sont nécessaires pour qu'on sache ce que la recher- che des ovules peut donner d'éclaircissements au diagnostic. 5. Bothriocéphale large. — a, ovule grossi| 70 fois ; b, 340 fois ; c, traité par l'acide sul- furique concentré qui fait apparaître l'opercule. — Longueur, 0n"°,068; largeur, 0°™,044. Mêmes remarques que pour le ténia solium. 6. Distome lancéolé. — a, ovule grossi 107 fois; b, 340 fois ; c, traité par la potasse caustique qui rend la séparation de l'opercule plus facile. — Couleur brun noirâtre; lon- gueur, 0""",04 ; largeur, 0n"",02. — Ces ovules se rencontrent chez le mouton dansles matières fécales ; ils indiquent avec certitude la présence du distome lancéolé dans les canaux biliaires ou dans l'intestin. S'ils se rencontraient dans les garderobes chez l'homme , ils seraient également un signe certain de la présence du distomo lancéolé dans les voies biliaires ou digestives. 7. Distome hépatique. — a, ovule grossi 107, fois et traité par la potasse caustique pour en séparer l'opercule. — Longueur, 0"™|13 ; largeur, 0""",09. — Mêmes remarques que pour le distome lancéolé. 51 52 AFFECTIONS VERMINEUSES DliS VOIES DIGESTIVES Aucun de ces symptômes n'est pathognomonique, et leur associa- tion même ne peut faire reconnaître d'une manière certaine la pré- sence des entozoaires dans l'intestin. L'évacuation de quelques oxyures ou de quelque portion de ténia peut être regardée comme un signe pathognomonique de l'existence de vers de cette espèce dans le tube digestif ; la sortie spontanée de quelque ascaride lombricoïde ne peut donner que des présomptions sur l'existence d'un certain nombre d'autres dans l'intestin ; mais l'examen microscopique des matières évacuées par le malade pourra donner une certitude à cet égard. Quant au trichocéphale, cet examen est le seul moyen d'en reconnaître la présence : pendant l'épidémie du choléra, en 1853, nous avons trouvé plusieurs fois, dans les garde- robes des individus atteints de cette maladie, les ovules des tricho- céphales qui décelaient la présence de ces entozoaires dans l'intestin. Nous avons observé depuis lors, dans les matières évacuées par des individus affectés de lombrics, les ovules de ces vers, en quantité telle que chaque parcelle de matière grosse comme une tête d'épingle en renfermait plusieurs (1). La recherche des œufs des entozoaires intestinaux dans les ma- tières fécales est donc un moyen précieux de diagnostic, au moins pour un certain nombre d'entre eux. L'apaisement ou la cessation des phénomènes observés qui suit l'expulsion des entozoaires est un indice généralement assuré de la subordination de ces phénomènes à la présence des vers. Les maladies vermineuses ne sont autres que les phénomènes énu- mérés ci-dessus qui ont acquis de l'intensité et de la durée; les plus communes sont des attaques convulsives qui reviennent par accès plus ou moins fréquents et qui se rapprochent par leurs caractères de l'épilepsie, de la catalepsie, du tétanos, de l'hystérie, de l'hydro- phobie même. On a vu se produire sous l'influence des vers, et dispa- raître avec eux, le strabisme, l'amaurose, l'aphonie, la toux, la paralysie, l'anesthésie, l'hyperesthésie, le coma, la folie. Dans quelque's cas, les désordres fonctionnels ont acquis assez d'intensité pour amener une mort rapide. (1) C. Davaine, Sur le diagnostic de la présence des vers dans l'intestin par l'in- spection microscopique des matières expulsées (Comptes rendus Soc. biologie, 2'' série, 1857, t. IV, p. 188). CHEZ L'HOMME. — GÉNÉRALITÉS. 53 Cas d'affections sympathiques causées par les vers de l'intestin. LÉSIONS DE L'INTELLIGENCE. Ténia. — Wepfer. Cas d'une fille de sept ans, cataleptique, puis épileptique et imbécile pendant plusieurs années, guérie par l'expulsion d'un ténia. (Cité par Baumes, ouvr. cité, p. 268.) — Girardin. Cas de manie, guérie par l'ex- pulsion du ténia. [Acad. de méd., séance du 23 septembre 1834.) — Ferrus. Homme atteint de folie et mis à Bicêtre; expulsion d'un ténia, guérison de la folie. — Fourreau de Beaur égard. Penchant au crime guéri par l'expulsion d'un ténia. — Esquirol. Manie aiguë guérie par l'expulsion d'un ténia; un an après, récidive de la manie, guérison définitive après une nouvelle expul- sion de ténia. Autre cas : Femme aliénée et hystérique; expulsion d'un ténia, cessation du délire; expulsion d'un second ténia, guérison de l'hystérie. [Acad. de méd., même séance. Ârch. gén. de méd., p. 278, 2e série, t. VI.) — J.-B. David. Aberration mentale, ténia. (Gaz. méd., 1843, t. XI, p. 39. J — Docteur Wood. Cas de folie guérie par l'expulsion d'un lénia. [The Lancet, 1851, et Bull, thérap., t. LX, p. 282.) Lombrics. — Prost a cru pouvoir déduire de ses autopsies que les affections mentales dépendent souvent de la présence des vers dans l'estomac ou l'in- testin. — Enfant de onze ans, slupide dès son bas âge, convulsions fréquentes ; expulsion d'un grand nombre de vers par suite d'un empoisonnement, gué- rison des convulsions et retour de l'intelligence. [Gaz. salut., année 1761, cité par Baumes.) — Esquirol. Aliénation mentale avec fureur par des lom- brics et des oxyures. [Journ. de Sédillot, t. XIX, p. 133; et Huvelier, Thèse, 1820, p. 17.) — Docteur Michel. Fille de dix ans, épilepsie depuis cinq ans, symptômes graves, idiotisme; expulsion pendant plusieurs jours d'ascarides lombricoïdes, retourà la santé et à la raison. [Bull, thérap., t. XXII, p. 375.) — Rolland. Manie furieuse guérie après l'expulsion de vers lombrics par le vomissement. [Journ. de méd. de Toulouse, mars 1845, et Bull, thérap., t. XXVIII, p. 468.) — P. Frank. Terreurs sans cause, délire violent; ver- mifuge : expulsion de quatre-vingts lombrics, guérison. [Ouvr. cit., t. V, p. 379.) — Exaltation des facultés intellectuelles. Zimmermann cite l'obser- vation de Pechlin, d'un enfant affecté de vers et d'une faim insatiable : « Il eut pendant toute sa maladie une mémoire extraordinaire et un génie plus que médiocre; mais il perdit l'un et l'autre dès qu'il fut rétabli. » [Traité de l'expérience, chap. xv.) Oxyures. — Giraudy. Mélancolie; jeune homme de seize ans, guéri après plusieurs évacuations d'ascarides vermiculaires. [Observ. sur les mal. vermin. dans Journ. Sédillot, 1806, t. XXI, p. 150.) HYDROPHOBIE. Serres. Enfant de treize ans mordu par un chien jugé enragé; six mois après, agitation, horreur des liquides; mort. Prodigieuse quantité de lom- 5& AFFECTIONS VERMINliUSES DES VOIES DIGEST1VES bries dans l'intestin grêle. (Joum. Boyer, Corvisart, ete., t. XXV, p. 258.) t— Garçon de neuf ans (Gênes, 1 787), atteint de convulsions, de fièvre, d'hy- drophobie très caractérisée, quoiqu'il n'eût pas été mordu par un chien ou par quelque autre animal; mort. Sortie par les narines de vers lombrics; tout le tube digestif est plein de ces vers. (Dicl. des se. mecJ., art. Cas rares, p. 242.) HYSTÉRIE. Ténia. — Delius. Cas d'hystérie vermineuse. (Amœnitates acad,, p. 341 .) (Mondière.) Lombrics. — Dufau. Cas d'hystérie grave chez une jeune fille de neuf ans, ayant persisté plus d'un an; guérison par l'évacuation d'un immense nombre d'ascarides lombricoïdes et d'oxyures. (Joum. de méd., t. XXIX, p. 120, 1768.) — Un autre cas, même journal. (T. XXXVI, p. 38.) CATALEPSIE, TÉTANOS, COMA. Van Sivieten. (Op. infrà cit., t. III, p. 316.) — Bourgeois. Enfant cata- leptique; expulsion de douze lombrics, guérison. (Rev. méd., t. II, p. 451.) — Lupieri, cité par Baumes. (Ouvr. cité, p. 258.) — Plusieurs cas de convul- sions tétaniques d'après divers auteurs : Baumes, ouvr. cité, p. 256. — De Sau- vages, Nosol. méth. morb., classis IV, ord. n, vu, § 8. — Crommelinck. Fille de sept ans, attaques calaleptiformes; expulsion de cent lombrics, gué- rison. (Gaz. méd. Paris, 1843, t. XI, p. 432.) — Darwin. Coma, ténia; expulsion, guérison. (Joum. universel, t. VII, p. 114.) (Mondière.) CONVULSIONS GÉNÉRALES. — ATTAQUES ÉPILEPTIFORMES. Ténia. — Wepfer. Fille de trois ans, épileptique pendant plusieurs mois, guérie après avoir rendu trois aunes de ténia. (Baumes, p. 268. J — De Melle. (Diss. de vi vilali, § 1 07.) (Baumes.) — Consolin. Attaques épileptiformes de- puis deux ans; expulsion d'un ténia cucurbitin; guérison. (Ancien Joum. de méd., 1764, t. XX, p. 4 45.) — Siblot. Fille âgée de neuf ans; agitation ' convulsive des bras et des jambes qui, depuis huit jours, ne cessait pas, même la nuit; difficulté à prononcer les mots, contorsions du visage, gêne de la respiration; guérison par la sortie d'un ténia. (Joum. de méd., 1783, t. LX, p. 22.) — Bremser. Garçon de neuf ans, épilepsie depuis deux ans; expulsion d'un ténia, guérison. (Ouvr. cilé, p. 374.) — J.-B. David. Attaques épilepti- formes, ténia. (Gaz. méd., 1843, t. XI, p. 39.) Lombrics. — Wahlbom. Convulsions violentes sans perte de connaissance; vermifuges, expulsion de lombrics et d'oxyures, guérison. Deux cas. (Rouen, p. 394.) — Mangon. Enfant de trois ans, convulsions générales, tétaniques, avec perle de connaissance; ânthelminthiques , expulsion de trente-quatre lombrics, guérison. (Mém. infrà cit., p. 72.) — Gaultier de Claubry père. Enfant de trois ans, convulsions répétées; huile de ricin, expulsion d'un grand nombre de lombrics , guérison. (Mém. infrà cit., p. 301 .) — Le même auteur rapporte plusieurs observations semblables, (Joum. Sédillot, t. XI, CHEZ L'HOMME. — GÉNÉRALITÉS. 55 p. 286.) — Ménard, Convulsions; expulsion de trente à quarante lombrics, guérison. (Berne médicale, 1 829, t. I, p. 226.) Oxyures. — Th. Bartholin. Épilepsie entretenue par des oxyures. (Baumes, p. 265.) — Slahl. Épilepsie chez un enfant de six ans. (Baumes, p. 265.) (Pour Bartholin, voyez op. infrà cit., cent. IV, obs. vu. — Cent. VI, obs. xx, — Pour Sthal, voyez Theoria medica vera, p, 4 04 8.) DÉSORDRE DES MOUVEMENTS, CHORÉE, TREMBLEMENTS. Gaub, Krammer, Présynger. (Cités par Baumes, p. 257.) Ténia. — Mondière. Fille de quatorze ans ; chorée très intense, même la nuit ; inutilité de tous les traitements ; racine de grenadier, expulsion d'un ténia et de trente-deux lombrics, guérison. (Mém. cit., Gaz. hop., 4 843, p. 24 0.) Lombrics. — Fille de douze ans, grimaces, rires involontaires; expulsion de lombrics, guérison. (Journ. de mèd. et de chir. pratiques, 4 833, p. 332.) (Moudière.) — Autre cas : Expulsion de huit lombrics; guérison. (Même jour- nal, 4 834, p. 269.) (Mondière.) — Autre cas par Hufeland. (Biblioih. mèd., t. LXV1I, p. 4 49.) — Chorée vermineuse, fille de six ans; évacuation de lombrics, guérison. (Journ. mèd. chir. pharm. Corvisart, 4 84 0, t. XIX, p. 77.) — Tremblements universels chez un enfant de quatre ans. (Wechers dans Schenck, cité par Baumes, p. 257.) Oxyures. — Léveillé. Convulsions de la face chez un enfant ; oxyures expul- sés, guérison. (Journ. Séd.., 4 804, t. XIX, p. 368.) ■ — Baumes. Mouvements spasmodiques très forts de tous les membres, dans le cours d'une fièvre pu- tride bilieuse; expulsion d'un grand nombre d'oxyures, guérison des mouve- ments spasmodiques, continuation de la fièvre. (Ouvr. cit., p. 266. J PHÉNOMÈNES SINGULIERS", PERVERSION DES SENS. Hufeland parle d'un homme atteint de vers, et qui voyait, étant à jeun, pendant même un quart d'heure, tous les objets teints en jaune, quoi- qu'il ne fût nullement affecté d'ictère et que les humeurs de ses yeux conser- vassent leur couleur naturelle. Cette illusion d'optique disparut par l'expulsion des vers. (Journ., Band IV, p. 252, cité par Bremser et P. Frank.) — Un cas de rire extraordinaire chez un soldat, observé par Van Doeveren, guéri par l'évacuation de vers lombrics. (D'après Rosen, p. 390.) — Krause. Cas semblable (probablement le même) chez un homme âgé do trente et un ans. (Bremser, ouvr, cit., p. 368.) — Le docteur I) agler raconte qu'un jeune homme incommodé par un ténia cucurbitin devenait inquiet et impatient lors- qu'il entendait de la musique , et qu'il était obligé de se retirer (cité par Brera, p. 4 74). (Goeze, Versucheiner Naturgeschichte der Eingeiveideivitr- mer, etc., p. 278.) Dans le même ouvrage, Goeze parle de plusieurs per- sonnes attaquées de ténia, chez lesquelles la musique produisait des sensations désagréables. — Delisle, observation semblable. (Cité par Bremser, p. 370.) Odeur insupportable ressentie par le malade seul. (P. Frank, ouvr. cit., t. V, p. 383.) 56 AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES D1GESTIVES PARALYSIE. Ténia. — Moll (de Vienne). Femme de trente-six ans, paralysie des exlré- milés supérieures; durée, trois mois; expulsion d'un ténia long de trente pieds, cessation immédiate de la paralysie. [OEsterr. med. Jahrb., Bd.XIX, St. 2. etExpér., 4 840, t. VI, p. 47.) Lombrics. — Haïmes. Fille de onze ans, impossibilité de parler et de mar- cher; expulsion de vers intestinaux, guérison. (Bremser, p. 370.) — Man- gon. Garçon âgé de neuf ans, perte de connaissance, syncope, vomissements, convulsions; retour de la connaissance, paralysie du côté droit; anthelmin- thiques : deuxième jour, deux lombrics vomis ; troisième jour, quinze lom- brics par les selles; quatrième, cinquième, sixième jour, plus de soixante et dix lombrics sont expulsés; amélioration progressive, guérison de la paraly- sie le douzième jour. (Mém. infrà cit., p. 76.) — Mœnnich. Enfant de trois ans, paralysie des extrémités inférieures et strabisme ; dix-huit lombrics ex- pulsés, guérison. [Biblioth. méd., t. LXI, p. 269.) (Mondière.) DOULEURS VIOLENTES ET GÉNÉRALES. Daquin. Enfant de douze ans pris de fièvre et de douleurs vives dans toutes les articulations, dans les os des hanches, les vertèbres du cou et du dos ; impossibilité de supporter le poids de ses couvertures, ou de faire aucun mouvement; évacuation de quarante ascarides lombricoïdes, suivie bientôt d'une nouvelle évacuation de ces vers qui remplit tout un pot de chambre; disparition rapide de tous les symptômes. [Ancien journ., 1770, t. XXXIV, p. 157.)— Douleur semblable à la sciatique. Cas rapporté par Darelius.(Rosen, p. 398.) — Mareschal de Rougère. Enfant de six ans, douleurs violentes au moindre mouvement, immobilité forcée; expulsion d'un grand nombre de vers, guérison. [Ancien journ., 1759, t. XXX, p. 46.) — De Sauvages. Fille, engourdissement douloureux de tous les membres, assoupissement profond; expulsion de quarante-quatre lombrics, guérison. [Nosolog.méd., t. II, p. 32. Amsterdam, 1768, in-4.) — Mondière. Fille de douze ans, douleurs géné- rales, exaltation de la sensibilité; expulsion de douze lombrics; guérison. (Gaz. hôp., 10 févr. 1844.) APHONIE, BÉGAYEMENT, SURDI-MUTITÉ. Schenck. Mulisme par des vers. (Lib. III, p. 358.) — D. Caroli Schrœ- teri. De puero per quatuordecim dies ob vermium copiam muto, postea vocali. Guérison après l'expulsion devers lombrics? (Decuriœ annorum quartœ miscell. med. phys., 1697, dec. III, ann. 4, obs. 67, p. 4 25.) — De Borne. Mili- taire muet; expulsion d'un grand nombre de vers, guérison. (R. de Hauter- sieck, hec. d'obs., t. II, p. 475). — Lindelslope. Mutisme momentané; ver in- déterminé. (Rapporté par Rosen, p. 397.) — Bégayement. [Mém. de l'Acad. de Suède, 1747, p. 141, cité par Rosen, p. 394.) — Hannœus. Fille de quatre ans, perte de la parole et de la vue; vermifuges, guérison. (Bremser, p. 370.) — Fréd. Hoffmann. Enfant de onze ans, pris tout à coup d'une CHEZ L'HOMME. — GÉNÉRALITÉS. 57 aphonie ; après plusieurs semaines de durée, expulsion de lombrics ; remèdes anthelminthiques, guérison. (Tom. III, part. IV, cap. vu, obs. 3, Genève, 1748, p. "250.) — Heister. Aphonie chez une femme de trente ans, suivie de convulsions et mort. (Wahrnchmungen, n° 372, p. 614.) — Mondière. Jeune fille, aphonie de quinze jours; traitements divers sans succès; vermifuges, expulsion de soixante lombrics, guérison immédiate. [Mém. cit., p. 208.) — Docteur Schleifer. Surdi-mutité, enfant de neuf ans ; expulsion de quatre- vingt-sept lombrics et d'un grand nombre d'oxyures , guérison. (OEsler- reichische, etc., et Gaz, méd., Paris, 1843, t. XI, p. 682.) SURDITÉ. Ténia. — Laborde. Surdité et autres symptômes chez une fille qui rendait depuis longtemps des cucurbidns;' guérison avec l'expulsion d'un ténia. (Journ. de médecine de Roux, 1769, t. XXX, p. 436.) Lombrics.— Itard. Enfant, six ans ; surdité, durée trois jours, disparaît et re- vient; expulsion de onze lombrics, guérison soutenue. Autre cas: Enfant, onze ans; surdité incomplète; traitements sans succès; purgatifs, expulsion de douze lombrics, guérison. (Traité des mal. de l'oreille. Paris, 1821, t. II, p. 338 et 340.) — Houzelot. Accidenls fréquemment répétés et de longue durée, consistant en perte de la vue, de l'ouïe et de la parole ; convulsions tétaniques et épileptiformes, etc. ; expulsion d'environ deux cents lombrics, guérison. (Journ. Sédillot, 1804, t. XIX, p. 353.) — Giraudy. Cécité, surdité, mutisme successifs; délire, folie; jeune fille de douze ans guérie par l'évacuation d'oxyures et de lombrics. (Journ. Sédillot, 1 806, t. XXI, p. 1 51 .) CÉCITÉ, AMAUROSE, TROUBLES DE LA VUE. Ténia. ■ — Watoruch. Un cas de cécité périodique par le ténia. (Mém. cité.) Lombrics. — Fille de quinze ans. atteinte de cécité pendant quatre jours. (Baumes, ouvr. cit., p. 258.) — Docteur Fallot. Enfant de sept ans, cécité subite et presque complète pendant un mois; traitements divers sans succès; vermifuges, expulsion de vingt-huit lombrics, guérison. (Rev. thérap, du Midi, et Bull, de thérap., 1853, t. XLV, p. 520.) — Pétrequin. Amaurose chez une jeune fille de quatorze ans ; expulsion de soixante lombrics, guérison im- médiate. (Gaz. médic, 1838, p. 4, feuilleton.) — Revolet. Canonnier, amau- rose; expulsion de lombrics, guérison. [Bibliolh. méd., t. VII, p. 118.) — Laprade. Enfant, cécité complète; expulsion de lombrics, guérison. (Soc. de méd. de Lyon, 1841, p. 38.) — Remer. Deux cas de guérison d'amaurose par l'expulsion d'ascarides. (Bremser, p. 371.) PALPITATIONS, SYNCOPES. Ténia. — P.Frank. Salivation abondante, lipothymies, palpitations ; expul- sion d'un ténia, guérison. (Ouvr. cit., t. V, p. 385, obs. 1 .) — Andral. Jeune dame espagnole, palpitations violentes entendues à plusieurs pieds du lit de la malade ; expulsion spontanée d'un grand nombre de lombrics, guérison très prompte. (Bull, thérap., 1838, t. XV, p. 17.) — Autres cas: Hufeland, 58 AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES DIGESTIVES Biblioth. méd., t. LXVII, p. 149; Revest Thèse, 1831, Montpellier, n" 72; Kùhnbollz, Éph. méd. Montpellier, 1827, t. VI, p. 121. (Mon- dière.) — Robert, médecin à Langres. Fille de vingt-quatre ans, syncopes répétées, délire, hystérie, chorée; expulsion d'un grand nombre d'oxyures, guérison. [Journ. méd. Corvisart, t. V, j. 232,) TOUX, ASTHME. Ténia. — Toux. Cas de Bremser (voy. Ténia). — Docteur Giscaro. Asthme datant de quinze ans; ténia solium reconnu par des cucurbitins rendus de- puis environ trente ans; expulsion du ténia, guérison de l'asthme. [Gaz. hôp., 1855, p. 482.) Lombrics. — Delarroque. Toux vermineuse, lombrics. [Arch. gén. de méd., t. II, 2e série, p. 592.) ■ — Mondière. Fille de dix-neuf ans, quintes de toux fatigantes; rien à l'auscultation; palpitations, essoufflement; traitements inu- tiles; expulsion de soixante lombrics et d'un grand nombre d'oxyures , gué- rison. [Mém. sur les accidents que peut produire chez l'homme la présence des vers intestinaux, dans Gaz. des hôp., 1844, t. VI, p. 66.) FAIM INSATIABLE, EXTRAORDINAIRE. Ténia. — Voyez un cas rapporté au chapitre Ténia. — Eugenius Horatius. Homme de vingt-six ans, appétit violent; même en sortant du repas, il n'est pas rassasié; deux heures après, il tombe en faiblesse s'il ne mange pas ; ex- pulsion d'un ténia cucurbitin long de vingt coudées, guérison. (Debry, Sur le ténia humain. Paris, 1817, thèse n° 75, obs. 3, p. 9.) — Leroux. Faim vorace, homme de dix-neuf ans, né à Genève , ver cesloïde (bothriocéphale?) expulsé, guérison. [Ouvr. cit., t. IV, p. 323.) — Lagasqwie. Homme, faim vorace, vols pour la satisfaire; ténia; instruction judiciaire. [Gaz. des hôp., 1844, p. 216.) Lombrics, — Marcellus Donatus. De canina famé ex lumbricis alimentum assumptum depascentibus ; guérison par un vermifuge. (Bonet, t. II, p. 13.) — Jeune homme tourmenté d'une faim insatiable, produite par des vers lom- brics? [Curieux de la «ai., déc. II, an 6, obs. 33, p. 88.) VOMISSEMENTS, COLIQUES, DYSENTERIE. Delacroix. Vomissement presque continuel accompagné de hoquets et de convulsions, guéri après l'expulsion de sept lombrics par la bouche. (Cité par Bremser, p. 374). — Drelincourt. Coliques violentes suivies de mort; homme de quarante ans; grand nombre de vers dans le côlon. [Biblioth. méd., t. XXVI, p. 315.) — Bricheteau. Fille, vingt ans, coliques, sangsues; mort par hé- morrhagie causée par les sangsues ; grand nombre de lombrics dans les intes- tins. (Arch. de méd., 1832, t. XXX, p. 327.) — Baumes. Dysenterie rebelle; expulsion d'une énorme quantité de lombrics, guérison rapide. [Ancien Journal, 1786, t. LXIX, p. 257). — Dysenterie mortelle causée par des vers, en 1608, chez l'enfant de du Périer. (Bonet, Sepulcr,, t. II, p. 174.) CHEZ L'HOMME. — GÉNÉRALITÉS, 59 HÉMORRHAGIES. Docteur Putello. Épistaxis chez un enfant ; lombrics. (Mem. délia med. con- lemp., 1839, t, I, p. 272.) (Mondière.) — Daulioulle. Femme, vingt-sept ans ; hémoptysie revenant à plusieurs reprises ; expulsion de douze lombrics, guérison. [Journ. universel, t. XLV, p. 374.) (Mondière). — Ehrard. Entéro- hémorrhagie guérie par l'expulsion de vingt et un lombrics. (Medicin. chirurg. Zeitung, 184 8, t. I, p. S83.) — Schmidlmann. Femme trente-neuf ans, violentes coliques depuis plusieurs semaines, deux entéro-hémorrhagi'es très graves; trois mois après, nouvelle entéro-hémorrhagie ; expulsion d'un frag- ment de ténia; vermifuge, expulsion de trois lombrics et de deux ténias pour- vus de ïeurtête ; guérison complète. (Summa, 06s. méd., vol. III, p. 43, § x, rapporté par Gendrin, Traité de méd. prat., t. I, p. 230.) — Gaube. Homme de trente-cinq ans , hématurie depuis trois semaines ; convalescence après l'expulsion d'un ténia. [Revue méd., 1826, t. III, p. 91). SUEURS, SALIVATION, INCONTINENCE D'URINE. Manget. Biblioth. méd., liv. XVI , t. IV, p. 597, eiid., liv. IV, p. 880. — Salivation : cas observé par Mondière. (Mém. cité, p. 90.) — Docteur Suender. Incontinence d'urine chez un enfant, traitée avec succès par les ver-_ mifuges, oxyures. (El porvenir medico, et Bull, thérap., t. XLV, p. 276.) — Mondière. Incontinence d'urine par des oxyures chez un enfant. [Presse mé- dicale, 1837, t. T, p. U5.) ACTION SYMPATHIQUE SUR LES ORGANES GÉNITAUX. 1° Chez l'homme, (voyez le chap. des Oxyures). 2° Chez la femme. P. Frank. Deux cas de fureur utérine guérie par l'expulsion du ténia. [Ouvr. cité, t. V, p. 395.) — Rosen dit que les vers causent aux femmes la réten- tion de leurs règles. (Ouvr. cité, p. 394.) — Wuivruch signale plusieurs cas de dérangements de la menstruation et l'aménorrhée causés par le ténia. (Mém. cité.) — Olombel. Fille de dix-huit ans, suspension des menstrues; expulsion de fragments de ténia, guérison. [Remarques sur la maladie vermi- neuse, p. 124. Paris, 1816.) — Aménorrhée due à la présence des vers dans les intestins. (Bull, thérap., t. XXXVII, p. 86.) — Ténias excitant l'avorte- ment à trois ou quatre mois. (Leclerc, p. 78.) — Rosen dit en parlant des vers: « Ils font couler trop tôt le lait des nourrices. » [Ouvr. cité, p. 394.) — Andry. Cessation de la sécrétion du lait : 06s. /. Nourrice guérie delà perte de son lait par l'expulsion de vingt-trois vers. — 06s. //. Nourrice guérie par l'expulsion dé vers pendant plusieurs jours. (Ouvr. cité, 1reédit.,p. 123 et p. 124.) AFFECTIONS OU ACCIDENTS INTERMITTENTS. Perrault. Violente convulsion chaque jour à la même heure, expulsion de vers. [Journ. des savants, 1675, t. IV, p. 154.) — Louyer-Villermay . Enfant, manie intermittente disparue après l'expulsion d'un paquet delombrics. (Acacl. 60 AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES DIGESTLVES de méd., séancedu 23 septembre 1834, cl Arch. de méd. 1834,1. VI, p. 279.) — Mondière. Deux cas de fièvre intermittente guérie par l'expulsion de lom- brics. [Gaz. hop., 1843, Mém. cité, p. 303.) — Crommelinck. Fièvre inter- mittente, enfant de buit ans; expulsion de plus de soixante lombrics, guéri- son, [Gas, méd. de Paris, t. XI, p. 433.) MOUT SUBITE OU RAPIDE. Bajon. Négresse, coma, mort. (Ancien Journal, Mêm. elle, p. 69.) — Obser- vations sur les vers lombrics par Courbon-Pérusel. (Journ.méd. chir. pharm. de Corvisarl,t. XII, p. 3, et t. XIII, p. 315. Paris, 1806 et 1807.) — Eber- maier. Enfant, mort inopinée avec les convulsions; autopsie judiciaire, tous les organes sains, un grand nombre de lombrics dans l'intestin. (Gaz-, méd., 1834, p. 615). — Docteur Slerz. Fille de huit ans: convulsions pendant sept heures, mort; instruction judiciaire, Ireize lombrics dans l'estomac, plu- sieurs centaines dans l'intestin grêle. (Med.Jahrb.des OEslerr. Slaats, 1 837, Bd. XXII, p. 547, et Arch. de méd., 3e série, t. I, p. 480.) Les affections vermineuses n'ont point, en général, une marche régulière. Souvent l'apparition des accidents est subite, et suivie de rémissions plus ou moins longues, plus ou moins complètes. Souvent aussi il existe quelque phénomène prédominant qui survient et dis- paraît sans cause appréciable et sans périodicité régulière. Parfois les accidents ont quelque chose d'insolite, de bizarre même, et s'ils sem- blent liés à la lésion de quelque organe, ils ne sont pas accompagnés des symptômes ordinairesd'une affection de cet organe. Fréquemment les phénomènes n'ont entre eux aucun rapport, aucun lien 5 leur réunion ne constitue point une] maladie déterminée : ainsi, on ob- serve à la fois le prurit des narines, la salivation, les palpitations, des coliques ; ou bien il existe un désaccord marqué entre les trou- bles locaux et les phénomènes généraux ; ou bien l'individu languit et maigrit sans maladie apparente. Quant aux affections qui consisteraient dans quelque lésion ana- tomique d'un organe éloigné du siège des vers, nos connaissances plus approfondies des lésions pathologiques et des symptômes corré- latifs ne permettent plus aujourd'hui de les attribuer à ces ento- zoaires ; et, quant aux fièvres continues dans lesquelles la présence des ascarides lombricoïdes et des trichocéphales a souvent été signalée, elles en sont sans doute toujours indépendantes : cependant la coïn- cidence fréquente de ces - fièvres avec les vers mériterait peut-être plus d'attention qu'on ne lui en accorde généralement aujourd'hui. Lorsque les vers quittent les intestins et se portent dans d'autres organes par des voies naturelles ou accidentelles, ils provoquent CHEZ L'HOMMIi. — GÉNÉRALITÉS. 61 souvent des symptômes ou des accidents nouveaux. Eu général, c'est la migration de l'ascaride lombricoïde qui seule détermine des acci- dents sérieux. La crainte des vers intestinaux, et celle du ténia surtout, préoc- cupe beaucoup certains esprits. Elle peut aller jusqu'à l'obsession ; elle porte les malades à faire abus des anthelmintbiques et de médi- caments intempestifs qui détériorent leur santé. Bremser rapporte le cas suivant, parmi plusieurs autres aussi peu raisonnables : Un prêtre pour lequel il fut consulté avait rendu un ténia trois ans auparavant ; depuis lors cet homme avait essayé tous les remèdes connus pour se débarrasser du ver qu'il croyait avoir encore. Aucun de ces remèdes administrés soit par des médecins, soit par des charla- tans, n'avait fait rendre un seul morceau de ténia. Cet homme, jadis robuste, avait tellement maigri, qu'il ressemblait à un squelette couvert de sa peau, et sa faiblesse était telle qu'il pouvait à peine se tenir sur ses jambes (1) . Chez quelques-uns de ces malheureux la crainte des vers est une forme de la monomanie. Les médecins, quant aux questions de pathologie vermineuses, ne sont pas non plus toujours très éclairés, ni exempts de préjugés; des faits trop nombreux prouvent cette assertion. Je citerai les deux suivants, qui montreront tout le mal que de semblables préjugés peu- vent causer: « M. Noël. . . était affecté de phthisie pulmonaire au dernier degré, et il éprouvait depuis plus de six mois des douleurs très vives dans l'abdomen, toutes les fois qu'il prenait une substance solide ou liquide. Il ne voulut pas suivre les sages conseils donnés par le pro- fesseur Pinel, et il appela le docteur Genens, qui lui assura qu'il avait le ver solitaire. Il lui administra d'abord desanthelminthiques tirés du règne végétal, et ensuite plusieurs préparations mercurielles, et le bol de la veuve Nouffer. Ces médicaments furent sans effet pendant plus de trois mois et lui occasionnèrent les angoisses les plus cruelles; il mourut au bout de ce temps dans le plus grand épuise- ment, avec des douleurs affreuses. » L'autopsie, faite par le professeur Thillaye, montra qu'il n'y avait pas île vers dans l'intestin (2). (1) Bremser, ouvr. cit., p. 379. (2) J.-B.-E. Sorbier, Dissert, sur les vers des inles'ins (Thèse, n1 109, p. 12, Paris, 1813). 62 AFFECTIONS VLKMINLLSLS ))LS \OlES DIGLSTIYliS L'an passé, un médecin vint consulter M. Rayer pour son fils, âgé de vingt-trois ans, et sujet depuis plusieurs années à des atta- ques épileptiformes qui se renouvelaient très fréquemment. Le ma- lade avait consulté à Londres, au mois de septembre 1854, un mé- decin qui le jugea atteint du ténia solium. Dès lors le malheureux subit tous les traitements imaginables; il rendit enfin avec les selles des lambeaux que je reconnus, à la simple vue et par l'examen mi- croscopique, pour des débris de la membrane muqueuse de l'in- testin. Ces lambeaux réunis bout à bout avaient une longueur de quinze pieds ; on les avait pris pour des fragments de ténia, et comme les attaques épileptiques continuaient toujours, comme la tête du ver n'était pas rendue, on avait continué les remèdes jusqu'au jour où le malade se présenta à M. Rayer (octobre 1857), c'est-à-dire après plus de trois années de traitements successifs et non inter- rompus (1). TABLEAU SYNOPTIQUE DES ENTOZOAIRES DE l' INTESTIN. Les entozoaires de l'intestin observés chez l'homme appartiennent aux protozoaires, aux cestoïdes, aux trématodes et aux nématoïdes. Plusieurs de ces entozoaires n'ont été observés qu'une seule fois ou un petit nombre de fois, et l'on ne sait s'ils occasionnent des phéno- (1) Voici uu aperçu des divers traitements : — 1854, septembre. Cinq doses de 4 gros de kousso; deux doses de 6 gros; deux doses de 3 gros de fougère mâle. Octobre, le :1er et le 3, une once essence de térébenthine avec huile de ricin ; les G, 8, 11, 13, une once et demie essence de térébenthine chaque fois, avec huile de ricin; les 14, 16, 26, 29, deux onces de térébenthine avec huile de ricin; lavement d'une once et demie d'essence de térébenthine chaque fois. Décembre, vermifuge de Raspail pendant plusieurs jours ; le 20, une dose de décoction de racine de gre- nadier.— 1855, janvier. Plusieurs doses de térébenthine; calomel et jalap. Fé- vrier, du 4 au 19, une dose de décoction de racine de grenadier chaque jour. Le 2 avril, une iufusion de fougère mâle avec 10 grammes de poudre de fougère, 10 grammes de racine de grenadier, 20 de semeu-contra et 10 de valériane; une heure après, 50 centigrammes de calomel et 50 de scammonée. Les 16, 17, 20, 26 mai, nouvelles doses de grenadier, fougère, etc. En juin, un remède prussien ; en juillet, uu vermifuge nouveau ; en septembre, Kousso. Le 17 octobre, vermifuge et quatre gouttes d'huile de croton; le 18 et le 19, même remède et huit gouttes de croton; le 23, kousso. — Pendant l'année 1856, on essaye de nouveau du gre- nadier de diverses provenances, la fougère, le kousso, des pilules de Gardiner (de Londres). — Pendant l'année 1857, on administre des pilules avec l'huile éthéréc de fougère mâle, des pilules de Martinet, le grand remède de Martinet, de nouveau la racine de grenadier, le kousso de Boggio, enCu, le 19 et le 20 septembre, 4 gros d'huile éthéréede fougère mâle. CHEZ L'HOMME. — PROTOZOAIRES. 63 mènes pathologiques : nous ne ferons que les mentionner ici ; leur description se trouvera dans le Synopsis. Aux Protozoaires appartiennent : 1° le vibrion du choléra et de la diarrhée; 2" la cercomonade de l'homme; 3° le paramecium coli. Aux Cestoïdes : 1° le ténia solium ; 2° le bolhriocéphale large; 3° le ténia nana (en Egypte) (voy. Synopsis, n° 15). Aux Trématodes : le distomum heterophyes (Egypte) (voy. Synopsis, n° 37). Aux Nématoïdes : 1° l'anchyloslome duodénal; 2° l'ascaride lombricoïde; 3° l'ascaris alata (voy. Synopsis, n° 60); 4° le trichocéphale dispar; 5° l'oxyure vermiculaire. Dans l'intestin grêle vivent : le vibrion du choléra, la cercomonade de l'homme, le ténia solium, le bothriocéphale large, le ténia nana, le distome heterophyes, l'anchylostome duodénal, l'ascaride lombricoïde, l'ascaris alata. Dans le cecum vit le trichocéphale dispar. Dans le gros intestin se trouvent le paramecium coli et l'oxyure vermicu- laire. Il n'y a pas de vers, si ce n'est accidentellement, dans la partie du tube digestif qui s'étend de la bouche au pylore. On a rencontré dans les intestins, mais erratiquement, des hyda- tides, le distome hépatique, le Peniastomum constrictum ? . ',, _,,. PREMIÈRE" SECTIOJN. •~" t 113 PROTOZOAIRES INTESTINAUX. Il se développe, dans les substances végétales et animales qui entrent en putréfaction à l'air libre, des protozoaires ou infusoires de diverses espèces. On pourrait croire que ceux qui vivent dans les matières encore renfermées dans l'intestin s'y sont développés par suite de la putréfaction; car, dans ces matières mêmes évacuées depuis quelque temps , on voit apparaître des bacterium , des vibrions, des monadiens, etc. , comme dans les substances qui se décomposent à l'air libre : mais il existe une différence importante entre ces protozoaires développés à l'état libre et ceux qui doivent être appelés intestinaux. Les protozoaires qui existent dans les matières fécales au moment de l' évacuation périssent dès que ces évacuations se sont refroidies ; on ne peut donc regarder ces derniers I animalcules comme des infusoires qui se produisent dans une sub- M AFFECTIONS VEKMINEUSES DES VOIES DIGESTIVKS stance quelconque en décomposition ou en putréfaction : ce sont de véritables parasites qui trouvent dans les intestins des conditions indispensables à leur existence. Ce fait que nous avons établi pour des cercomonades observées par nous, en 1853, dans les selles des cholériques (1), nous l'avons vérifié de nouveau pour des vibrions des selles d'un phthisique, et dernièrement il a été signalé par M. Malmsten pour une autre espèce de protozoaire. La disparition des injusoires intestinaux avec le refroidissement des matières qui les contiennent mérite d'être connue des obser- vateurs, car on chercherait vainement ces animalcules dans les matières intestinales au moment de l'autopsie (2), ou bien plusieurs heures après leur évacuation. Il n'existe point ordinairement de protozoaires intestinaux dans les évacuations des individus sains. Ces parasites ont été rencontrés dans les garderobes des malades atteints de flux de ventre, comme dans le choléra, la diarrhée des phthisiques, la lienterie. L'existence de ces animaux est-elle la cause ou l'effet des maladies dans lesquelles ils s'observent \ Les faits sont trop peu nombreux encore pour qu'on puisse juger cette question, et nous croyons pré- maturées les conclusions que M. Malmsten a tirées de deux obser- vations qui lui sont propres. Les premiers protozoaires intestinaux dont il soit fait mention ont été observés par Leeuwenhoek dans ses propres déjections : atteint depuis quelques jours d'une diarrhée qui se manifestait sur- tout trois ou quatre heures après le repas, il rencontra dans les matières évacuées des infusoires de plusieurs espèces, infusoires qu'il ne retrouva plus, lorsque ces matières eurent repris leur consistance normale (3). M.Pouchet, de Rouen, signala ensuite (18A9) l'existence de vibrions en nombre considérable dans les garderobes des malades atteints du choléra. En 1853, j'ai observé dans ces mêmes garde- (1) C. Davaine, Sur des animalcules infusoires trouvés dans les selles de malades atteints du choléra et d'autres maladies (Comptes rendus Société de biologie, 2e série, 1854, t. I, p. 129). (2) Ceci doit s'entendre de notre pays où l'autopsie ne peut être pratiquée que vingt-quatre heures au moins après le décès; il n'en serait pas de même si elle était pratiquée quelques heures après la mort et avant le refroidissement du cadavre. C'est ce que l'on remarque dans une observation de M. Malmsten, que nous rapportons ci après. (3) Antonii a Leeuwenhoek opéra omnia, t. I, Analomia et conlempbUiones, p. 37. Lugduni Batavorum, 1722. cfeEZ l'homme. — protozoaires. 65 robes des infusoires appartenant à un autre genre; et, l'année sui- vante, MM. Rainey et Hassall, à Londres, signalèrent -de nouveau l'existence d'un nombre considérable de vibrions dans les garde- robes des cholériques. Enfin, M. Malmsten vient de publier deux observations concernant d'autres prolozoaires qui vivent également dans les matières intestinales (1). Les infusoires intestinaux signalés jusqu'aujourd'hui, en excep- tant quelques-uns de ceux dont parle LeeuAvenhoeck, qui ne peuvent être déterminés, appartiennent à trois genres distincts : § I. — Yibrioniens [Vibrio rugulaî). Voy. Synops., n°2. A. Choléra. - — Aux vibrions appartiennent les infusoires observés par M. Pouchet, Rainey et Hassall chez des cholériques. Ces pro- tozoaires existaient en immense quantité dans les déjections de quatre cholériques observés par Je premier de ces savants qui les rapporta au vibrio rugula de Muller : « M. Pouchet n'a trouve ces animalcules que dans les selles caractéristiques ayant l'apparence d'eau de riz ou de petit-lait et lorsqu'elles étaient examinées très peu de temps après avoir été rendues. Il n'en a point encore ren- contré dans les vomissements (2). » La découverte de vibrions dans les garde-robes ayant l'apparence d'eau de riz, parut d'abord à M. Rainey une circonstance digne de fixer l'attention. Ce médecin trouva des vibrions dans les matières aussitôt après leur évacuation ou dans celles des diverses parties de l'intestin jusqu'au duodénum, peu de temps après la mort et lorsqu'il n'y avait encore aucun signe de putréfaction. Désireux de connaître si ces animalcules ne se rencontraient que chez des individus morts du choléra, il examina les matières de l'intestin chez des individus qui avaient succombé à d'autres maladies, et il y trouva également des vibrions ; d'où il conclut que ces êtres n'étaient point en relation avec le choléra (3). Le docteur Hassall trouva aussi des vibrions dans les selles des cholériques et même dans les matières intestinales douze heures après la mort. Il conclut de ses recherches que les vibrions existent (1) P. H. Malmsten, lnfusorien als intestinal canal thiere beim menschen. (Arch. fur palh. anat., etc., von Virchow, p. 302, 1857). (2) Pouchet, Comptes rendus de VAcad. des sciences, 23 avril 1849. (3) General Boardof health, Appendix lo rep. of Ihe committee forscient. inquif* in relat. to the choiera épidémie of 1855-, p. 137. Lomlon, 1855. Davmne. fi 66 AFFECTIONS VEUMINEUSES DES VOIES DIGtSTIVES constamment dans les matières ayant l'apparence d'eau de riz et qu'ils s'y développent pendant la vie des malades. Il croit possible que ces animaux s'introduisent dans l'estomac et les intestins par le véhicule de l'atmosphère ou par l'eau des boissons (1), et que, trou- vant des conditions favorables, ils se développent et se propagent avec une inconcevable rapidité. Dans les garderobes des individus bien portants, le docteurHassall a trouvé des vibrions également, mais en nombre comparativement fort petit. La considération que les vibrions sont extrêmement ré- pandus dans la nature, qu'ils se développent dans toutes les infusions végétales et animales, dans toutes les saisons, suffit, suivant cet auteur, pour établir qu'il n'y a point de connexion essentielle entre l'existence de ces infusoires et celle du choléra; cependant la pré- sence invariable de ces animalcules en nombre considérable dans les selles ayant l'apparence d'eau de riz lui paraît un fait très intéres- sant, et si ces animaux ne sont point la cause du choléra, on peut au moins croire qu'ils ne sont pas sans influence sur l'apparition et l'aggravation des symptômes. Suivant le même auteur, les vibrions ne se répandent point dans l'atmosphère avec les vapeurs qui s'élè- vent des déjections des cholériques, fait qu'il a constaté expéri- mentalement par la distillation de ces matières. Leur existence dans l'atmosphère pourrait néanmoins être due à quelque autre procédé (2). Les observations des trois savants cités ci-dessus, prouvent que des vibrions se développent dans les matières qui ont l'apparence d'eau de riz, et pendant qu'elles sont encore renfermées dans l'intestin, c'est-à-dire qu'ils se développent pendant la vie du malade. Il est à regretter qu'on n'ait pas déterminé la durée de l'existence de ces ani- malcules; car s'ils périssent après le refroidissement du milieu qui les renferme, on eût déterminé, de la sorte, sinon leur relation avec le choléra, au moins la subordination de leur existence à la vie de leur hôte, et l'on eût prouvé, en même temps, que ces vibrions n'étaient pas des particules quelconques agitées du mouvement brownien. B. Diarrhée. — Il faut encore rapporter aux vibrioniens l'une (1) General Board,, cit. p. 119, Report on the examinalion of certain atmo- sphères during ihe épidémie of choiera, by Dr R. D. Thomson. (2) Dr Arthur Hill Hassall, môme recueil, p. 289 et suiv., Report on the microscopical examinalion of the bloocl and excrétion of choiera patients. CHEZ L'HOMME. — PROTOZOAIRES. 67 des espèces observées par Leeuwenhoek dans ses excréments, lors- qu'il était atteint de diarrhée. J'ai vu aussi clans les garderobes diarrhéiques d'un phthisique un nombre immense de vibrions, et cela pendant plusieurs semaines de suite. Ils disparaissaient avec le refroidissement des matières. § IL — Cercomonadiens [Cercomonas /wmviis). Yoy. Si/nops., n°4. Pendant l'épidémie du choléra de 1853-1854, j'ai vu souvent chez les malades des salles de M. Rayer, à la Charité, des cereomonades qui ont été l'objet des observations dont j'ai parlé ci-dessus. Dans quelques cas, ces animalcules étaient en quantité assez considérable pour que chaque goutte de liquide en contînt plusieurs. Ces pro- tozoaires disparaissaient avec le refroidissement des matières. Je n'ai pu déterminer s'il y avait une relation entre la présence de ces infusoires et l'existence du choléra. J'ai vu, en outre, chez un malade atteint de fièvre typhoïde, des monadiens très analogues à la cercomonade des cholériques; cepen- dant ils ne lui étaient point identiques (1). § III. — Paraméciens ( Par amecium coli). Voy. Synops., n° 6. C'est aux paraméciens que M. Malmsten rapporte les protozoaires qu'il a rencontrés dans deux cas. Peut-être l'un des infusoires observés par Leeuwenhoek dans ses propres déjections, appar- tient-il au même genre. Cas observés par M. Malmsten. 1° Il s'agit d'an marin âgé de l ente-huit ans, entré à l'hôpital de Stock- holm le 22 mars 1856. Atteint du choléra deux ans auparavant, cet homme avait conservé depuis lors, des désordres des fonctions digestives tels que sensations désagréables à l'épigastre, ballonnement du ventre, diarrhée et constipation alternantes, coliques, selles composées en partie d'aliments non digérés. Lors de son entrée à l'hôpital, il est amaigri, sans fièvre ; il a de la diarrhée, de la soif; on constate à la partie inférieure du rectum une petite ul- cération fournissant un pus sanguinolent dans lequel l'examen microscopique montre une masse d'infusoires (Paramecium coli). Par des cautérisations au nitrate d'argent et quelques médicamens, l'ulcère fut cicatrisé en mai; cepen- dant l'état du ventre ne fut pas amélioré. L'examen microscopique des selles fit découvrir alors une énorme quantité d'infusoires semblables aux précédents qui, pendant deux mois consécutifs, furent observés dans les matières pwï- sécs dans le rectum même. Tous les remèdes administrés jusqu'alorsn'avaient (I) M cm. cil. 0,8 AFFECTIONS VERMINËUSÊS DUS VOIES DIGKSTJVES produit aucune amélioration; des lavements avec addition d'acide nitrique ayant été enfin prescrits, l'état du malade s'améliora de jour en jour , les forces et l'embonpoint revinrent; il n'y avait plus que deux selles dans vingt-quatre heures lorsque le malade quitta l'hôpital, le 28 août. On eut ensuite plusieurs fois encore l'occasion d'observer chez ce malade, dans les garderobes qui avaient repris le caractère de la diarrhée, la présence des mêmes infusoires. Il a été constaté que, hors du tube intestinal, les paramecium vivaient quelques heures à peine ; néanmoins, on avait pu les garder en vie pendant, vingt-quatre heures en maintenant les garderobes à la température du corps humain par le bain-marie. 2° Une femme âgée de trente-cinq ans, ayant joui d'une bonne santé jus- qu'en septembre 1854, fut prise d'une douleur au côté gauche, de coliques, d'une diarrhée séreuse dans laquelle des aliments non digérés pouvaient être facilement reconnus. Après une guérison apparente et plusieurs récidives du même mal, elle entre le 2 mai de l'année 1856, dans un hôpital de Stock- holm. Elle offre alors un amaigrissement et. une prostration considérables, le pouls régulier, petit et faible, à 92 ; inappétence, soif ardente, nausées, vo- missements rares, hoquet continuel, ventre contracté, gargouillements à la pression, borborygmes, selles fréquentes, aqueuses, jaunâtres, excessivement fétides. L'examen microscopique y constate la présence de pus et d'infusoires [Paramecium coli) très vifs et très nombreux. Les jours suivants, la diarrhée continue, on y retrouve toujours les mêmes protozoaires. Les forces s'épuisent et la malade succombe le 1 3 mai à dix heures du malin. L'autopsie est pratiquée le même jour à cinq heures après midi (sept heures après la mort). L'estomac et l'intestin grêle offrent quelques lésions peu im- portantes ; le côlon présente çà et là des ulcères grangréneux de la dimension du petit doigt. On. trouve aussidans l'intestin un pus ichoreux et fétide. On constate, par l'examen microscopique, l'absence d'infusoires dans l'es- tomacet l'intestin grêle, et leur existence dans le caecum elle côlon. Ces ani- malcules étaient surtout nombreux dans le mucus qu'on enlevait en grattant la membrane muqueuse avec un scalpel. Le mucus pris sur les parties les plus saines, contenaitde ces infusoires par milliers; ils étaient moins nombreux sur les parties les plus malades. Des matières renfermant les protozoaires ayant été recueillies pour être montrées à l'Académie des sciences de Stockholm, aucun de ces animalcules, pleins de vie au moment de l'autopsie, ne put être retrouvé vivant à sept heures et demie, c'est-à-dire deux heures et demie plus tard En présence de ces deux faits, M. Malmsten se demande quel rôle jouent ces infusoires et quelle influence ils exercent sur l'orga- nisme. Suivant lui, ces animalcules, vivant dans la muqueuse même entre les villositès^ doues d'une motilitè et d'une vivacité CHEZ L'HOMME. — CESTOÏDES. 69 grandes, assez nombreux pour qu'on en trouve vingt à vingt-cinq dans une gouttelette de mucus, doivent augmenter la sécrétion intestinale et le mouvement pèristaltique ; ce qui explique, jusqu'à un certain point, la diarrhée avec le caractère de lienterie dont étaient atteints les deux malades. Les lavements, acidulés avec l'acide nitrique, lui paraissent les seuls moyens de détruire les Paramecium coli et de guérir la diarrhée qu'ils occasionnent. DEUXIÈME SECTION. VERS CESTOÏDES DE L'iNTESTIN DE L'HOMME. CHAPITRE PREMIER. HISTORIQUE. Trois vers cestoïdes existent dans l'intestin de l'homme : le ténia solium, le bothriocèphale large, le ténia nana. Ce dernier n'a encore été observé qu'en Egypte (voy. Synops., n° 15). Nous ne nous occuperons ici que des deux premiers. Le ténia a été connu dès les temps les plus reculés ; nul animal n'a donné lieu à plus d'hypothèses, de discussions et d'erreurs. « Ce ver, dit avec raison Bloch, fournirait assez de matière à l'esprit phi- losophique qui voudrait observer judicieusement la marche des erreurs humaines. » Nous n'entreprendrons pas cette longue et difficile his- toire ; il suffira, pour en faire apprécier toute l'étendue, d'exposer en peu de mots les diverses questions qu'à soulevées parmi les méde- cins, l'observation du ténia et du botriocéphale chez l'homme : quelle est l'origine du ténia1? Est-ce une production ou une excroissance de l'intestin? Est-ce un animal? Si c'est un animal, est-il simple ou agrégé? a-t-il une tête ou vit-il sans tête? quelle est l'extrémité qui est la tête ou qui supporte la tête? Comment est organisée cette tête? a-t-elle une bouche ? chacun des anneaux est-il pourvu d'une bouche ? Le ténia est-il un animal primitivement agrégé dont les anneaux deviennent libres ? Les anneaux sont-ils primitivement libres et for- ment-ils le ténia par leur agrégation ? y a-t-il plusieurs espèces de ténias? Le cucurbitin est-il un ver distinct du ténia? Comment le 70 AFFECTIONS VEUMINLUSES DES VOIES DI6ESTIVES ténia csl-il organisé! Comment se nourrit-il 1 Se régénère-t-il après avoir été rompu? Combien de temps vit-il? est-il toujours solitaire? quelle partie de l'intestin occupe-t-il ? pourquoi est-il si difficile à expulser, etc.? Telles sont les questions que les médecins ont cherché à résoudre par la simple observation de ces entozoaires chez l'homme; aussi chacune d'elles a-t-elle donné matière à des hypothèses et à des dis- cussions sans nombre. La plupart de ces questions seraient restées sans réponse, si l'on n'en avait enfin cherché la solution dans l'ob- servation des cestoïdes des animaux. C'est vers la fin du xvne siècle que le jour commença de se faire sur ces diverses questions; mais ce n'est que vers la fin du xvme siècle que l'on acquit des connaissances précises sur l'orga- nisation des cestoïdes. En donnant ici un aperçu de l'histoire de ces vers, nous ne traiterons que de ce qui intéresse plus particu- lièrement la littérature médicale. Nous avons dit que Félix Plater (1602) a reconnu l'existence de deux vers plats chez l'homme; quoique la description qu'il adonnée de ces vers soit fort incomplète et en quelques points erronée, elle suffît cependant à faire reconnaître que, dans le ténia dont il a parlé d'abord {tœnia prima), Plater avait en vue le botriocéphale, et que, dans le second {teenia secundo), dont les anneaux se séparent facile- ment et forment les cucurbitins, il avait en vue le ténia solium. Quelques années plus tard, Spigel reconnut aussi l'existence de deux ténias distincts chez l'homme et, comme Plater, il en donna une description fort incomplète et des interprétations erronées. Un siècle après, Nicolas Andry indiqua quelques-uns des caractères généri- ques de ces deux vers, et mit leur existence hors de toute contestation. La distinction des deux espèces de vers cestoïdes qui affectent l'homme dans nos pays, ne se fit que tardivement et la vérité se trouva longtemps mêlée de beaucoup d'erreurs. Plater, exerçant la médecine à Bàle où le ténia solium existe (Herrenschwands n'a observé que ce ver à Bâle, au rap- port de Ch. Bonnet et de Yan Dœveren), tandis que généralement en Suisse se trouve le bothriocéphale, Plater a pu facilement voir les deux espèces de cestoïdes ; aussi paraît-il en avoir établi la distinction d'après ses propres ob- servations. A l'époque ou vivait ce médecin , l'animalité du ténia était en question, et même elle ne fut mise hors de doute que dans le siècle suivant : Hippocrate, Aristote, Galien, etc., regardaient le ver plat comme un animal, mais quel- CHEZ L'HOMME. — CESTOÏDES. 71 ques auteurs grecs furent déjà d'une opinion différente. îElius dit : « Est autem <> latus lumbricus, si ita dicere liceat. permutalio pelliculse intrinsecus intes- » tina ambianlis, in corpus quoddam vivum, etc. (1). » Paul d'Egine dit aussi : « Lumbricus latus transmulalio, utitadicam, est membranœ inlestinis intrin- » secus agnalœ in corpus quoddam animatum (2).» Le ver plat n'était donc point pour ces auteurs un véritable animal. Cette opinion fut reprise et mênie exagérée par quelques-uns de leurs successeurs: J. Sérapion, médecin arabe que nous avons déjà cité (p. 41), parle en termes assez obscurs de la gé- nération des cucurbitins dans une sorte de membrane (pamiiculo mucoso) qui se forme dans l'intestin. Avicenne et Arnauld de Villeneuve, dont nous parlerons ci-après, disent quelque chose de semblable. H. Gabucinus (I 547), quelques années avant Plater, écrivait : « Ego verô nil aliud latum lumbri- » cum esse existimo, quam, ut inquit Hippocrates, abrasionem veluti intesti- » norum albam tota complectentem intestina : intra quam cucurbitse semini » similes animantes procreantur : et quidem vitam sensilem viventes quo » factum est ut latum lumbricum nihil aliud esse existimem quam mucos intra » intestina congenitos, vel mucosam pituitam intestinorum frigiditate adden- » satam (3). » Beaucoup d'autres auteurs, dont i! est inutile de faire ici mention, ont par- tagé cette manière de voir. Ainsi, pour beaucoup de médecins devanciers ou contemporains de Plater, la question n'était point de savoir s'il y a plusieurs espèces de ténias, mais si le ténia est réellement un animal. L'opinion relative à la pluralité des espèces de ténias paraît avoir été émise d'abord par les Arabes, mais alors elle reposait sur une erreur. Nous avons dit qu' Avicenne a probablement regardé comme formant deux espèces dis- tinctes de vers plats, ceux qu'il appelle les longs et ceux qu'il appelle les plats, c'est-à-dire le ténia et les cucurbitins. Quant à la mention de plu- sieurs sortes de ténias (tineœ) , que l'on trouve encore dans quelques anciens ouvrages, leurs auteurs n'ont point voulu désigner plusieurs espèces de vers plats, mais ils ont employé l'expression de tinea comme synonyme de tXfuvj; ou lumbricus. Arnauld de Villeneuve, qui vivait vers l'an 1300, est le premier auteur qui ait parlé d'une manière bien nette de plusieurs espèces de vers plats : « Ex » phlegmatedulci, dit Arnauld de Villeneuve, fiuntlongi et lati; ex phlegmate « naturali fiunt brèves et lati et isti dicuntur cucurbitini et quidam dicunt quod » isti cucurbitini generantur in ventre cujusdam maximi lumbrici qui aliquando » emittitur longior uno vel duobus brachiis qui solium sive cingulum dicitur (4). » La distinction de ces trois espèces de ténias est tout à fait erronée ; cepen- dant, à part ce ver appelé solium, qui est purement fictif, le ver plat et long (1) Op. cit., tetrab. III, sermo I. (2) Op. cit., lib. IV, cap. lvii. (3) Ilieron. Gabucinus, Op. cit., p. 6 et 7. (4) Breviar, lib. II, cap. xxi. 72 AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES DIGESTIVES et lover plat et court, c'est-à-dire le ténia et le cucurbilin, sont deux étreâ réels, quoique non spécifiquement distincts. La manière de voir d'Arnauld de Villeneuve relativement à ces deux espèces de vers plats, qui para'it avoir été aussi celle d'Àvicenne, eut par la suite beaucoup d'adhérents. Si l'on ajoute à ces opinions relatives à la nature ou a la distinction des vers plats, celle qui consistait à faire du ténia une chaîne formée par la réunion de vers cucurbitins momordicùs inhœrenles, on comprendra qu'à l'époque où vivait Plater, la plus grande obscurité régnait sur la nature et la constitution du ver plat, et que la distinction qui avait été faite avant, lui de plusieurs espèces de ténias n'était que le résultat d'erreurs grossières. Voici comment s'exprime F. Plater au sujet des ténias de l'homme : « Per » podicem talia corpora etiam, sed raro, rejiciuntur diversorum generum : » 1° E quibus unum fasciam quamdam refert, membraneam, intestinorum » tenuium substantise similem, eorum longitudinem adaequantem, minime » lamen, uti illa, cavam, sed digitum transversum latam, quam latum lumbri- » cum appellant, rectiùs tœniam intestinorum, siquidem cum lumbrico nullam » habeat similitudinem, nec, uti lumbricus, vivat, aut loco moveatur; sed » tamdiù, donec, nunc integrum, magno impetu aut terrore patientis existi- » mantis intestina omnia sic procidere, vel abruptum, elabatur. In qua fascia » plerumque lineee nigrse transversœ, spatio digiti, ab invicem distantes, per » totum ipsius longitudinem et ad formam vertebrarum, inintervallis illis ex- » tuberantes, apparent. » 2° Aliàs verô aliter formata ejusmodi taenia longissima, veluti ex portio- » nibus multis coheerentibus et quœ ab invicem abscedere possunt, constare » videtur, quas portiones, cum cucurbitae semina quadrata nonnihil référant, ■» cucurbitinum vermem vocant, qualis rarius integer, sed plerumque in plura » frusta divisus, rejicitur; quee singula privatos vermes esse, cucurbitinos » dictos, crediderunt licet tantum fascise illius abruptae sint particulae (1). » Cette description indique suffisamment le bothriocéphale et le ténia de l'homme. Une seule erreur notable s'y rencontre, c'est celle qui attribue au premier de ces vers l'absence de vie et de mouvements. Plater n'a point donné de nom à ces deux espèces de ténias, c'est pourquoi les médecins qui en ont parlé après lui, 'les ont appelées tœnia prima ou secunda Plaleri, Le tœnia prima (bothriocéphale) n'est pas resté tout à fait inconnu jusqu'aux écrits de Plater : Thaddœus Dunus(2) parle d'un ver de plus de vingt-cinq aunes qu'il observa en Suisse, en 4 571, et dont la description se rapporte au bo- thriocéphale. Gaspard Wolphius (3) à Zurich, vers la même époque, en fit rendre par un enfanta la mamelle deux longs fragments qui appartenaient évidem- ment au bothriocéphale; mais ces auteurs n'ont point pensé que le ver qu'ils observaient fût différent du ténia solium. (1) Praxeos medicœ opus, t. II. Deanim. excrel., 1602. (2) Miscel. dere medica, cap. xv, 4592. (3) Observ. cit. CHEZ L'HOMME. — CESTOÏDES. 73 Adrien van der Spiegel, ou Spigel (1618), après Plater, mais probable- ment sans connaître ses écrits, reconnut l'existence de deux espèces de ces- toïdes chez l'homme. Spigel parle d'abord en ces termes d'un ver qu'il avait vu rendre par une femme : ce Nostram vidimus prorsùs candidam, lineis seu » incisuris, more insectorum, quibusdam eequaliter a se invicem distantibus, » per transversum praedilam, in quarum spatio intermedio habebat qutedam » velutiinternodia, lenticulse figura (1).i> Dans les diverses circonstances du fait, dans la description et la figure du ver, on ne peut méconnaître un bolhriocéphale que Spigel, à tort, prit pour le ténia des Grecs. Dans le chapitre suivant, à propos du ténia solium qu'il reconnaît être un ver diffé- rent, il s'exprime ainsi : « Neque ex multis vermibus, ut somniant auc- » tores, sibi invicem adhgerentibus catenatim, conflatam ; sed ex multis nodis, » veluti articulis, semen cucumeris referentibus, unum vermem esse compo- » situm, qui, quôd non habeat fascise aliquam similitudinem, non débet pro » veterum lato lumbrico sumi, et si longitudine par ei aliquando esse videatur, » sed pro suse speciei lumbrico, quem Arabes fortassîs cucurbitinum vermem »a figura ejus articulorum appellare voluerunt ego nihilominus fasciam » potius seu lœniam degenerem nominabo, de hac apud antiquos Graecos fateor » ingénue me nullam reperiisse factam mentionem (2). » Spigel, ayant cru reconnaître le ténia des Grecs dans celui dont il a parlé en premier lieu, ne pouvait le retrouver dans son tœnia degener. La première erreur causa la seconde ; toutefois ces erreurs ne touchent point le fonds de la question, et l'on reconnaît, par le texte et par les figures qu'il a jointes à son ouvrage, que l'auteur avait distingué deux vers ces toïdes^ chez l'homme : le bolhriocéphale dont il parle, et dont il donne la figure d'après ses propres observations, et le ténia solium [degener), qu'il représente d'après Cornélius Gemma. La question de la pluralité des vers cestoïdes de l'homme resta jusqu'à la fin du xvne siècle au point où l'avaient laissée, au commencement de ce même siècle, Plater et Spigel. Nicolas Andry, dans la première édition de son Traité de la génération des vers (1700), admet l'existence de trois espèces ou varié- tés de ténias : « L'un qui retient le nom du genre et qui s'appelle proprement tœnia, lequel n'a point de mouvement ni de tète formée; et l'autre, qui se nomme solium et qui a du mouvement et une tête ronde, fort bien formée, faite comme un poireau (3). » Celui-ci a deux variétés principales : « L'un a le long du milieu du corps, par-dessus, comme une longue épine; c'est ainsi que Spigel le représente.....; l'autre n'a point cette épine, etc. (4). » La première espèce rappelle le tœnia prima de Plater, qui n'a pas de mou- vements; la seconde, comme l'auteur le dit lui-même, est le ténia des Grecs (1) De lumbrico lato lib., cap. v, p. 13 ; Patavii, 1618. (2) Ouvr. cit., p. 17. (3) Ouvr. cit., p. 78, 1™ édit. (4) Ouvr. cit., p. 80. Hl AFFECTIONS VERMINEUSES Dl-S VOIES DIGESTIVES de Spigol ; la troisième appartient à l'auteur, qui la décrit d'api es ses propres observations. Dans la seconde édition du même ouvrage ('174 4), Andry reconnaît qu'd n'y a que deux espèces de ténias chez l'homme; il donne quelques-uns de leurs caractères dislinclifs d'une manière précise : « 11 y a deux sortes do tœnias, dit-il, l'un a le long du milieu du corps en dedans une espèce d'épine qui s'étend depuis un bout jusqu'à l'autre (par épine, Andry entend un rachis qui est constitué par la série des proéminences qui existent au centre de chacun des anneaux chez le bothriocéphale); l'autre n'a point cette épine, mais on y remarque au bord, après chaque article, une espèce de mamelon au bout duquel paraît une ouverture, dans laquelle on discerne un vaisseau bleuâtre qui traverse jusqu'à la moitié de la largeur du corps; l'un et l'autre ont une tète ronde et un cou extrêmement mince (4 ). » Plater et Spigel avaient indiqué déjà l'apparence de rachis que présente le bothriocéphale (Tœnia prima, ténia des Grecs) ; mais les caractères distinclifs du ténia solium appartiennent entièrement à Andry. Dans sa troisième édition (4 744), l'auteur confirme ces faits et donne à l'un de ces vers, le premier qu'il ait observé, le nom de ténia de la première espèce ou ténia sans épine, c'est le ténia solium; à l'autre le nom de ténia de la seconde espèce, ou ténia à épine, c'est le bothriocéphale (2). Charles Bonnet (de Genève), après Andry, fit une nouvelle étude des vers plats de l'homme : il signala entre les deux espèces un caractère distinctif nouveau : la longueur relative des anneaux. En conséquence, il proposa d'ap- peler l'un (le bothriocéphale} ténia à anneaux courts, l'autre (le ténia solium} ténia à anneaux longs (3). D'autres espèces de ténias se trouvent encore indiquées dans les livres de médecine : F. Plater, outre celles dont il a été question ci- dessus, parle d'une troisième espèce dont les individus ne sont point aplatis, mais cylindriques , comme les lombrics, semblables dans toute leur longueur, . . . privés de mouvements , rares chez les hommes, mais fréquents chez les chiens. Il ne peut être question ici de l'un des ténias du chien; il est possible que Plater ait observé, comme le pense Rudolphi, quelque ver nématoïde altéré ; mais, à notre avis, il s'agit plutôt de ces concrétions membraniformes formées d'un mucus condensé, que rendent certains individus avec les selles et dont nous allons parler immédiatement. (1) Ouvr. ci7.,2'édit., p. 73-74. (2) Ouvr. cit., t. I, p. 194-195. (3) Ch. Bonnet, Diss. sur le ténia, sav. élrang., t. I, p. 478, 1730, et compl, t. II, p. 65. Neufchâtel, 1779. CHEZ L'HOMME. — CESTOÏDES. 7f> Ch. Dionis, prenant pour un tégument une enveloppe formée pur Idu mucus qui entourait un ténia soumis à son observation, crut avoir découvert une nouvelle espèce de ce ver et lui donna le nom de ténia à enveloppe (1) . Le mucus condensé sous forme de membrane, qu'il n'est pas absolument rare de voir sortir avec le ténia, et que l'on reconnaîtrait aujourd'hui généralement pour ce qu'il est, avait depuis longtemps fixé l'attention des médecins. Un assez grand nombre en avaient fait mention, soit qu'il eût consisté uniquement dans une con- crétion membraniforme prise pour un ver, soit qu'il eût enfermé des fragments du ténia. C'est cette enveloppe de mucus qu'Arnauld de ^Villeneuve dit être un grand ver nommé solium ou c/nc/ulum, que ■Sérapion, Avicenne et d'autres auteurs ont appelée pannicutus mucosus, que Gabucinus dit être une abrasion de l'intestin formée par le refroidissement de cet organe, que d'autres ont appelé leciulus vermium. C'est sans doute à des corps de ce genre qu'il faut rapporter le ténia de la troisième espèce de Plater, et ce ver rond de trente pieds de longueur qu'un jeune homme, au rapport de Baglivi, rejeta par (e vomissement (2) et cet autre dont parle Zacutus Lusitanus, qui fut évacué par un enfant de trois ans, après de violentes coliques. " Membranam latam, tœniamdiceres, longam palmos viginti quinque, » crassiusculam, quatuor digitorum latitudine (3). •> Vallisneri parle d'une femme juive qui rendit plusieurs fois de ces concrétions membraniformes remplies de vers cucurbitins, concré- tions prises par la malade pour une portion de ses intestins : " Erat » hœc substantia, dit Vallisneri en parlant de l'une de ces concrétions, "< velut fascia qusedam duplicata, omni parte clausa, crassa, lubrica, » splendente, diaphana, mucilaginosaque membrana contexta, duos » pollices lata, duobusque cubitis longior, cava interiùs, in siphonis » modum... in ejns verô cavo innumeri continebantur vermes cucur- •> bitini (4). » Quant à lanature de ces tubes, Lancisi, les comparant aux concrétions polypiformes du cœur, émit l'opinion qu'ils sont (1) Charles Dionis, Dissert, sur le ténia ou vert plat, p. 5- Paris, 1749. (2) Andry, ouv. cit., 2e édit. , Lettre de Baglivi, p. 438. (Baglivi dit lumbricum 'erelem, expression que, dans sa troisième édition, Andry rend inexactement par "elle de un vert plat.) (3) Zacutus Lusitanus, De princip. meclicor. Mst., lib. II, hisl. 68; et Leclerc, pp. cit., p. 111. (4) Antonio Vallisneri, Opère fisico-mediche, t. I, p. 14G [Dell' origine de' vermi mrdinari nel corpo umano). Venezia, 1732, in-fol., trad. par Leclerc, op. cit., )p. 86. 76 AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES DIGKST1YES formés d'un suc concrescible fourni par l'intestin. Vallisneri partagea ce sentiment; il se demanda, toutefois, si ces tubes ne seraient pas en partie l'œuvre des vers, qui les formeraient ou les consolideraient pour y déposer leurs œufs (1). L'opinion que les vers forment eux- mêmes ces membranes avait été déjà été émise par Houllier (2) ; elle fut reproduite par plusieurs auteurs ensuite à l'égard des con- crétions membraniformes qui ont été quelque- fois observées autour des pelotons d'oxyures ou de lombrics. On a encore regardé comme appartenant à une nouvelle espèce de ténia, les cestoïdes dont les anneaux sont perforés [Tœnia fenes- trata) (3) , par suite de la rupture des parois de l'ovaire qui laissent sortir par cette sorte de ponte les ovules arrivés à maturité. Les individus dont les anneaux mûrs sont ainsi perforés dans une étendue plus ou moins grande, appartiennent le plus souvent sans- doute au bothriocèphale , car les segments di, ténia solium se séparent généralement avant d'avoir acquis un degré suffisant de maturité , Une femme qui était, en 1843, dans le service, de M. Rayer à la Charité, rendit trois bo- thriocéphales à la fois, après avoir pris deu> gouttes d'huile decroton ; l'un de ces vers avai les derniers anneaux perforés assez régulière- Fig. 3. — Bothriocèphale per- ment. Un ver cestoïde perforé, dont parh' foré, observé par M. Rayer. _. , , . . , . , M m. rievet, était aussi un bothriocèphale (a) : cependant Rudolphi a vu deux ténias solium, dont l'un au musée d(, (1) Leclerc, op. cit., p. 110. (2) « Nonnullis quoque contigit ut multitude- vermium tunicam sibi contexeri, » extensam toto intestine-. » (Holler, Demorb. internis, lib. I, cap. liv.) (3) Masars de Cazéles , Sur le ténia ou ver solitaire , et plus particulier rement sur un ténia percé à jour (Journal de Roux, t. XXIX, p. 26 1768). (4) J.-C. Fiévet, Quelques mots sur les helminthes de V homme (Thèse, Paris n° 255, p. 11, 1855). CHEZ L HOMME. — CESTOÏDES. 77 Wienne, qui avaient leurs anneaux les plus grands perforés (1), et Bremser en a fait rendre à deux malades (2). Aux erreurs des médecins sur la détermination des espèces de cestoïdes propres à l'homme, quelques naturalistes, d'après des carac- tères insuffisants ou mal interprétés, en ajoutèrent d'autres soit en indiquant comme appartenant à de nouvelles espèces de simples va- riétés, soit en attribuant à l'homme des cestoïdes propres à d'autres uni m aux. Enfin, nous avons vu que les segments libres du ténia (cucurbi- Ëns) ont été regardés par les Arabes comme une espèce de ver dis- tincte ; des connaissances exactes sur l'origine et la nature de ces •segments ne furent acquises qu'avec beaucoup de lenteur et de iifnculté. Hippocrate, à propos du ver plat, parle de ses anneaux séparés jjui sont expulsés sous la forme de semences de concombre ; mais ces ndications, qui se retrouvent dans quelques auteurs grecs, ont été négligées et oubliées jusqu'à Félix Plater. Plusieurs auteurs posté- rieurs aux Arabes, regardant aussi les cucurbitins comme des vers oarticuliers, pensèrent que ces vers, primitivement libres, se réunis- sent quelquefois en nombre plus ou moins considérable, et consti- tuent le ténia par leur enchaînement ou par leur rapprochement dans une membrane détachée des intestins ; quelques-uns, confondant les cucurbitins avec les ascarides ou oxyures, crurent que le ténia est une chaîne formée par la réunion de ces entozoaires qui habitent le t'ectum (3). (1) Rud., Synops., p. 522. (2) Bremser, ouvr. cit., p. 197. (3) L'opinion que le ténia est formé par uue série de cucurbitins accideulellc- îment réunis, est fort ancienne. On sait aujourd'hui que chacun des anneaux du tlénia est produit par la tête comme un bourgeon, que ce bourgeon s'accroît et finit, ichez quelques cestoïdes, par se détacher pour vivre encore quelque temps à l'état Ide liberté. Les bourgeons ou anneaux, chez le bothriocéphale, restent constamment adhérents les uns aux autres; mais chez le ténia solium, ils se séparent assez ordi- nairement el forment ce que les naturalistes aujourd'hui appellent un progloltis, et se que les médecins appelaient autrefois un cucurbitin. Les anciens ne se rendaient pas compte comme nous du mode de formation d'une chaîne de proglottis ou cucurbitins. Les uns, nous l'avons dit déjà, ont pensé que les cucurbitins étaient maintenus par une. membrane enveloppante (panniculo mucoso) ; les autres, qu'ils étaient simplement collés (mediante humiditate flegmatica) ; un plus grand nombre *>nt cru que les cucurbitins s'accrochaient les uns aux autres par leur bouche : '« Cucurbitinos vernies ejecit, dit Benivenius, qui ita inter sese (dum scilicet 78 AFFECTIONS VERMINEOSES DES VOIES WGESTlVliS. Les anneaux libres du ver solitaire ont encore été regardés connue les œufs de ce ver, accrus et en voie de développement ; Anclry pro- fessa cette opinion, mais il reconnut ensuite son erreur et revint au sentiment d'Hippocrate, de Plater et de Tyson qui avaient indiqué déjà la véritable nature des cucurbitins. En comparant la forme et la constitution de ces segments libres avec celles des anneaux du ténia, il reconnut et établit définitivement que les cucurbitins sont les anneaux du ténia, qui, après s'être détaches de ce ver, jouissent encore pendant un certain temps du mouvement et de la vie. CHAriTRE II. RAPPORTS DU TÉNIA AVEC LE BOTHRIOCÉPUALE. DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DE CES VERS. Les deux vers cestoïdes de l'homme, le ténia solium et le bothrio- céphale large, existent dans des contrées diverses et semblent s'ex-: « alter alleri mordicus inhœreret) jungebanlur, ut » (Ant. Benivenii, De abdilis morborum causis, cap. 87). Pierre de Abano paraît avoir le premier (1250) émis l'opinion que le ténia est formé par une réunion de vers cucurbitins (filo unius in allerum conjunc- lorum) (voyez p. 42). Thadée, Michel Savonarola, Fernel, Al. Benedetli et beau- coup d'autres adoptèrent cette manière de voir, qui fut repoussée par Plater et Spigel. Elle fut ensuite reprise par Vallisneri. Aucun auteur, avant ce célèbre na- turaliste, n'avait entrepris d'apporter des preuves à l'appui de cette opinion ; Vallisneri le fit. Il se fondait: 1° sur la vitalité des anneaux isolés; 2° sur l'absence de communication vasculaire entre leur série; 3" sur la présence de deux crochets au bord de chaque anneau, qui servaient à le fixer à l'anneau voisin {Bel origine de' vermi nel corpo umano): la seconde et la troisième de ces propositions sont fausses. L'opinion de Vallisneri et de ses prédécesseurs n'est pas tout à fait dénuée de vérité; l'erreur a été de croire que les cucurbitins sont primitivement libres. Plus tard, Steph. Coulet eut la même manière de voir relativement à la consti- tution du ténia; mais cet auteur pensait que les ascarides (oxyures) ne sont point différents des cucurbitins. Celte confusion qui se trouve, avons-nous dit, chez les auteurs du xiue et du xivc siècle, n'existait pour eux, probablement, que dans les expressions ascarides vel cucurbilini. Il n'en est pas de môme pour Coulet, qui dit de l'oxyure : « ascaris est vermiculus planus. » (Diss. inaug. de ascaridibm et lumbrico lato, 1729). Les derniers partisans de l'opinion de Vallisneri furent, parmi les médecins, Postel de Francièrc (Journ. de méd., t. XVIII. p. 416, 1763 et t. XXVI. p. 415, 1767), et Blumenbach parmi les naturalistes (Gœll'mgsche Anzeigen von gelehrlen Sachen. St. 164, 177 4). RAPPORES DU TÉNIA AVEC LE BOTIIRICGÉPHALE. 79 dure mutuellement; car, généralement, dans les régions où l'un de ces vers est très commun l'autre n'existe pas, ou du moins, il y est très rare. Cependant, il n'y a point d'incompatibilité entre ces deux vers; l'un et l'autre peuvent atteindre le même individu à la fois ou successivement ; l'un peut exister avec l'autre dans la même contrée ou, suivant des circonstances nouvelles, se montrer fré- quemment dans une localité qui semblait le domaine exclusif de l'autre. C'est ce qui ressortira des faits que nous allons exposer. On rencontre souvent chez les animaux des vers cestoïdes d'es- pèces différentes vivant ensemble clans l'intestin. L'association du ténia avec le bothriocéphale chez l'homme n'aurait donc rien d'inso- lite ; quoiqu'elle ait été fort rarement observée, l'on en possède des exemples certains. Dionis dit qu'un de ses malades a rendu un morceau de ténia à épine et huit jours après un morceau de ténia à nœuds (1). Van Doeveren rapporte qu'il a observé un ténia de la première espèce [bothriocéphale) , brunâtre, avec son extrémité antérieure, et de plus une portion d'un autre ver fort blanc dont les articulations n'étaient point de la même conformation que celle du premier (2). A l'autopsie d'une femme de Fiesole (Toscane), morte quelques jours après avoir rendu un ténia solium, le professeur Lorenzo Nan- noni trouva un autre ver cestoïde, long de 3 mètres à peu près, et qui différait du précédent par ses anneaux plus courts et par sa couleur (3). Le docteur Breton rapporte qu'une petite fille évacua, après avoir pris l'écorce de racine de grenadier, un ténia large vivant et long de 4 pieds 9 pouces, et le lendemain un ténia solium mort, de 9 pieds 10 pouces de longueur (4). (1) Dionis connaissait parfaitement les deux espèces de vers plats distingués par Andry, et si les expressions de ténia à épine et ténia à nœud ne s'accordent pas pré- cisément avec les dénominations d'Andry, ils expriment cependant deux vers dif- férents, car Dionis ajoute : « que peut-on conclure, sinon que le malade avait ces deux espèces de ténia? » (Ch. Dionis, Dissert, sur le ténia ou ver plat, p. 26. Paris, 1749.) (2) Vau Doeveren, ouvr. cit., p. 181. (3) Guidelti, Deivermi humani in générale, etc. Firenze 1783, cité par M. Raikem [Rapport à l'Acad. royale de médecine de Belgique, Bulletin, t. XII, p. 213. Bruxelles, 1853.) (i) Breton, Medic. chirurg. Transactions o[ London, 1821, t. XI, p. 307, cité par Mi Raikem, rapp. cit. p. 216. 80 AFFECTIONS VlillMINEUSIiS DES VOIES DIGESTlVES. Ces observations sont certainement très contestables ; il leur manque à toutes l'indication de quelque caractère précis qui autori- serait à regarder les deux vers de chacun de ces cas comme appar- tenant à deux genres différents; mais il n'est permis de conserver aucun doute à l'égard du fait suivant . « Il y a quelques années, dit Rudolphi dans son ouvrage de phy- siologie, je recueillis plusieurs vers solitaires qui avaient été éli- minés par une femme ; il y en avait en même temps de deux espèces munies de leur tête. C'est là le seul exemple bien avéré de ce genre que je connaisse (1). » On possède aussi plusieurs exemples de bothriocéphale et de ténia, pris successivement par le même individu dans des contrées différentes : » Un Suisse, établi à Bologne depuis deux ou trois ans, dit Brera, offrit les symptômes de la présence du ténia. Un traitement con- venable fit évacuer en entier un très beau tcënia inerme, espèce en quelque sorte indigène chez les habitants du Nord et chez ceux de son pays ; malgré cette expulsion, les symptômes s'aggravèrent; l'on dut reprendre le traitement et recourir même à des anthel- minthiques très puissants qui procurèrent l'évacuation de plusieurs ténias armés (2). >> Le docteur Wawruch rapporte le cas d'un orfèvre de Genève qui s'était établi à Vienne : cet homme avait expulsé un bolhriocépliale dans son pays; après deux ans de séjour à Vienne, il rendit un ténia soîium (3). Le bothriocéphale est moins universellement répandu que le ténia ; il occupe des régions restreintes, principalement au bord de la mer, de certains lacs ou de certains fleuves. Il n'est bien connu qu'en Europe. Le ténia solium a été observé en Europe, en Asie, en Afrique et en Amérique. Il existe probablement chez tous les peuples du monde. On dit que les Malais n'ont pas de vers cestoïdes (4) ; mais (1) Phys., II Bd., II Abth., p. 239 (1821), cité par J. Frank et Raikem, rapp. cit. (2) Valeriano Luigi Brera, Memorie fisico-med. sopra i princip. vermi del corp. umano. Grema, 1811. Mem. prim., p. 58. (3) Wawruch, Mém. cit. (4) Schmidtmuller, cité par M. Boudin (Traite de géographie et de statistique médicales, t. I, p. 336, Paris, 1857). DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DU TÉNIA ET DU BOTHRIOCÉPHALE. 81 nos renseignements sur ce peuple sont trop incomplets pour qu'on puisse accorder quelque créance à cette assertion. Europe. • — Le ténia solium domine ou se trouve à l'exclusion du bothriocéphale : en Grèce, en Italie, en Espagne, en France, en Autriche, en Prusse, en Angleterre. Le ténia et le bothriocéphale sont plus ou moins communs en Hollande, en Suède. Le bothriocéphale domine ou se trouve à l'exclusion du ténia : en Suisse, en Russie. Grèce. — Les descriptions du ver plat par les anciens Grecs désignent suf- fisamment le ténia solium. Malte. — Le ténia solium existe seul à Malte (Monlgomery-Martin, History ofBritish Colonies. Cité par M. Boudin). Italie. — D'après Vallisneri, Brera, Délie Chiaje, le ténia solium existe en Italie. D'après Baglivi (lettre à Andry), le ténia n'est pas aussi commun à Rome et en Italie qu'en Hollande. Espagne. — Les auteurs arabes n'ont observé que des ténias cucurbitins. France. — Le ténia solium existe généralement en France. Le bothriocé- phale s'observe cependant dans les déparlements voisins de la Suisse. Dujar- din a vu ce ver à Saint-Malo (ouvr. cit., p. 612). Autriche. — A Vienne, Geischlager ne vit que le ténia solium (Rud. Eut. hist. nat., t. I, p. 345). — Bremser ne trouva le bothriocéphale que chez des étrangers. — Wawruch, sur 206 cas de vers cestoïdes, ne vit que trois bolhriocéphales, tous les trois d'importation étrangère. ^ Dans le Tyrol, d'après Bremser, on n'observe que lé ténia solium (Ouv. Cit., p. 345). Prusse. — D'après Rudolphi, on ne trouve ordinairement à Berlin que le ténia solium. Il a observé le bothriocéphale chez une jeune fille de Poméranie (Rud. Ent. hist. cit., t. I, p. 345). Angleterre. — Carlisle (cité par Rud., p. 345) dit qu'on ne trouve guère en Angleterre que le ténia solium. M. Owen, à propos d'un fait que nous rap- porterons ci-après, confirme cette assertion relativement à Londres. Hollande. — D'après Van Doeveren (ouvr. cit., p. 132), les deux espèces de cestoïdes existent en Hollande, mais il a observé plus fréquemment le bo- thriocéphale. Belgique. — Les deux cestoïdes existent en Belgique. C'est à Bruxelles que Spigel a observé le bothriocéphale. Le docteur Lombard dit que le ténia est très commun à Liège (Bull. acad. deméd. de Belgique, t. XIII, p. 32, 1853). Suède. — Rudolphi rapporte (ouvr. cit., p. 345) que tous les vers cestoïdes qu'il reçut de Suède appartenaient au ténia solium. D'un autre côté, Linné avait dit que le tœnia vulgaris (bothriocéphale) est très commun dans cepays, Pavaine. 6 82 AFFECTIONS VEltMINEUSES DES VOIES DIGESTIVËS. D'après M. Huss, le bolhriocéphale est très commun sur les cotes de la pro- vince de Nordbolten, dans la Finnmark et dans d'autres parties de la Suède à l'embouchure des fleuves. Le ténia s'y trouve rarement. (Huss, Krankh. d. Schwed. Extrait dans Arch. gén. de mèd., 5e série, t. VII, p. 349. Paris, 4856.) Islande. — D'après M. Huss, les Islandais sont rarement attaqués de ténias. (Mém. cit.). Danemark. — Les Danois sont très rarement attaqués de vers cestoïdes au rapport de 0. Fr. Mùller (Goeze Nalurgesch., p. 22. Cité par Rud., ouvr. cit., p. 344). Russie. — Le bolhriocéphale est endémique en Finlande d'après M- Huss (cité ci-dessus). Erdmann rapporte que le bothriocéphale est très commun en Livonie, aux environs de Dorpat et de Riga ; le ténia solium y est d'impor- tation étrangère. (Zeilschr. fur Nalurund Heilkunde, t. V, n" 1 , p. 160, et Bull, se. méd., t. XVI, p. 65, 1829.) « Le botriocéphale large est endémique en Russie, en Pologne, en Prusse jusqu'à la Vistule aussi bien qu'en Suisse, dit de Siebold, tandis que dans les autres pays de l'Europe, le ténia solium prend sa place » (art. Parasites du Dictionnaire de physiologie de R. Wagner, t. II, p. 652). Récemment, M. Weisse a observé plusieurs cas de ténia so- lium à Saint-Pétersbourg. Suisse. — Le bothriocéphale paraît généralement répandu en Suisse, à l'exception de quelques localités restreintes. Leclerc [ouvr. cit., p. 121), dans l'espace de quarante ans, n'a vu à Genève qu'un seul cas de ténia solium; c'était chez une femme étrangère au pays. Odier signale l'extrême fréquence du bothriocéphale dans cette ville (Méd. pratique). Guillaume Fabricius (Leclerc, p. 121) a vu communément ce ver à Berne, Herrenschwands à Morat. Bremser (ouvr. cit., p. 173) l'a vu chez une fille de Glaris. Un ver cestoïde que Thaddseus Dunus a vu chez une jeune femme du canton de Zurich (Leclerc, ouvr. cit., p. 124) et celui que Gaspard Wolphius a vu chez un enfant de cette ville (cas cité), appartiennent certainement au bothriocé- phale ; cependant, M . Lebert dit : « Nous avons le tœnia solium à Zurich et dans une bonne partie de la Suisse orientale, tandis que dans la Suisse occi- dentale et dans le canton de Vaud surtout, je n'ai observé que le bothriocé- phale » (Traité d'anat. pathologique gén. et spéciale, 1. 1, p. 408. Paris, 1 857). Herrenschwands n'a vu que le ténia solium à Bâle (Bonnet, ouvr. cit., t. II, p. 69, et Van Doeveren, ouvr. cit., p. 132). Ces données générales souffrent quelques exceptions locales ou accidentelles, et l'on observe quelquefois, par suite de son importa- tion de l'étranger, le ténia ou le bothriocéphale dans une contrée qu'il n'habite pas naturellement : ainsi, nous voyons assez fréiruern-- ment à Paris le bothriocéphale chez des individus venant de la Suisse ou des départements limitrophes ; ainsi Bremser et Wawruch DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DU TÉNIA ET DU BOTHRIOCÊPHALE. 83 ont observé ce ver à Vienne , Brera à Bologne, et Leclerc a vu le ténia solium à Genève. Le ténia et le bothriocéphale sont loin d'être répandus avec quelque uniformité dans les contrées que nous venons d'énumérer ; mais les observateurs s'étant bornés à signaler leur extrême fré- quence sur quelques points, leur rareté sur d'autres, nous n'avons pas de documents suffisants pour apprécier leur répartition d'une manière générale. En France, aucune donnée statistique ne nous permet d'apprécier la proportion du ténia par rapport au nombre des habitants; toute- fois nous possédons dans le rapport des médecins militaires sur les cas de ténias dans l'armée, un document précieux, s'il est complet. Sept cas de ce ver seulement, dans l'espace de huit ans (1840-1848), ont été signalés dans la partie de l'armée qui séjournait en France, et qu'on peut estimer en moyenne, suivant M. Boudin, à deux cent cinquante mille hommes : or, l'armée étant disséminée sur toute la surface de l'empire, peut donner, jusqu'à un certain point, la mesure de la fréquence du ténia en France. Ce serait donc moins d'un cas par an sur 250 000 individus. En supposant la vie moyenne de trente ans, il y aurait en France un individu atteint du ténia par 8300 habitants environ. Cette moyenne est certainement trop faible pour Paris ; elle pourrait être trop forte pour d'autres localités : un praticien distingué d'Agen, le docteur Chaulet, m'a dit n'avoir traité que deux malades du ténia dans l'espace de vingt- deux ans ; d'un autre côté, aux portes de la France, à Liège, le docteur Lombard dit connaître quarante personnes atteintes de ce ver. Le ténia solium est commun en Angleterre, si l'on en juge par un relevé que nous avons fait des cas consigés dans le rapport de Bate- man touchant les malades traités par lui à Londres, de 1804 à 1816. Le nombre de ces cas a été de vingt-sept sur 14 685 malades, c'est- à-dire un cas de ténia sur 543 malades (1). Le bothriocéphale est tellement commun à Genève, qu'un médecin célèbre de cette ville, Odier, a dit : « Le tcenia lala est si fréquent (1) Thomas Bateman, Report on the diseases of London and the state of the weather from 1804 to 1816. London, 1819. De 1804 à 1810, les cas de ténia, de lombrics ou d'oxyures ayant été le plus souvent confondus ensemble sous le nom de verminatio, nous n'avons fait partir notre relevé que de Tannée 1810 où l'indication est devenue plus précise et régulière. H.'l AFFECTIONS VEItMINEUSES DES VOIES DIGESTIVES. chez nous qu'au moins le quart des habitants l'a, l'a eu ou l'aura (1).» Ce ver est également très commun clans les contrées baignées par la mer Baltique : « Dans Biœrneborg (ville située sur le golfe de Bothnie), dit Rosen, un quart des habitants en est incommodé. Selon M. Faxe, le ténia (bothriocéphale) se manifeste chez les habitants principalement en septembre et en octobre; or, c'est le temps où finit la pêche (2). » D'après les recherches de M. Huss, c'est le tœnia lata (bothriocéphale) qui existe dans ces contrées. « Le ténia, dit ce savant médecin , est endémique sur les côtes de la province de Nordbotten, confinée à la Laponie. A mesure qu'on s'éloigne de la mer, les ténias (bothriocéphales) sont moins nom- breux, et dans l'intérieur des terres, à huit ou neuf lieues de la côte, on n'en trouve plus d'exemples. Peut-être parmi les familles qui habitent la côte n'en trouverait-on pas une seule ou plusieurs membres ne soient atteints de cet helminthe ; on le rencontre chez les riches comme chez les pauvres, les jeunes comme les vieux ; on l'a observé même chez des enfants à la mamelle. La fréquence des ténias remonte à une époque très reculée, comme l'indiquent les traditions populaires. Le ténia (bothriocéphale) est endémique aussi bien en Finlande qu'en Suède, le long du golfe de Bothnie; il n'est pas moins répandu dans la Finnmark Les individus qui viennent d'autres contrées se fixer dans la province en sont affectés après un séjour plus ou moins long Les médecins l'attribuent à la nourriture composée exclusivement de poisson, de lait et surtout de petit-lait. Les montagnards, qui se nourrissent presque exclusivement de viande, en sont complètement exempts ; on a supposé que les eaux potables n'étaient pas sans influence. » Le tœnia lata s'observe dans d'autres parties de la Suède, et il est remarquable que ce soit toujours à l'embouchure des fleuves, où le saumon est l'alimentation principale , qu'on le rencontre : ainsi, dans la ville de Gefle, où ces conditions se trouvent réunies, un habitant sur cinquante au moins en est affecté (3). » Lever dominant à Saint-Pétersbourg est aussi le bothriocéphale; il y était tellement commun dans le siècle dernier que, d'après des renseignements reçus par Gaubius et Winter, sa présence y consti- tuait la maladie la plus fréquente (4). Généralement, dans la partie (1) L. Odier, Manuel de médecine pratique, 3e éd., p. 222. Genève, 1821. (2) Rosen, ouvr.cit., p. 376, note. (3) Huss, Me'm. cit. (4) Van Doeveren, ouvr. cit., p. 128. DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DU TÉNIA ET DU BOTHRIOCÉPHALE. 85 de l'Europe qui comprend la Russie et l'Allemagne, le bothriocéphale existe à l'est de la Vistule et le ténia à l'ouest ; toutefois, le premier de ces vers se trouve encore à l'ouest de ce fleuve dans des contrées assez voisines, en Poméranie par exemple, pour qu'on ne puisse admettre avec M. de Siebold que la Vistule forme une ligne de démar- cation très tranchée dans le domaine de l'un et de l'autre entozoaire. Asie. — L'existence du bothriocéphale n'a point été signalée en Asie d'une manière certaine (1). M. G. Balfour assure avoir constaté souvent cet entozoaire à Londres chez des orphelins militaires venus deCeylan (2); or, comme le bothriocéphale est très rare à Londres, il est à croire que dans ces cas le ver était importé de Ceylan. Le ténia solium existe dans un grand nombre de contrées d'Asie et probablement dans toutes ; comme en Europe, il est plus ou moins commun suivant les localités; il a été signalé en Syrie, en Arabie, dans l'Inde. D'après le docteur Anderson, le ténia est très commun chez les Européens qui servent dans le Punjab, ainsi que dans la population musulmane de cette province, et chez les Hindous qui font usage d'une nourriture animale ; tandis que ce parasite est in- connu dans plusieurs régiments d'insulaires, chez les Hindous cipayes et chez les domestiques qui tous font usage d'une alimentation exclu- sivement végétale (3) . Parmi les soldats cantonnés àPeshawur, le ténia est très commun, dit le docteur Gordon ; on estime que dans les deux années de séjour du régiment un homme sur trois en est atteint (4) . D'un autre côté ce ver est, dit-on, inconnu chez les Malais. A Java, d'après Schmidtmùller, le ver solitaire est commun chez les soldats nègres et rare chez les Européens. Afrique. — Le bothriocéphale est inconnu en Afrique (5) ; le ténia paraît au contraire généralement répandu sur tout ce vaste conti- (1) Boudin, Traité de Géographie médicale, t, I, p. 337. (2) Bull, de thérapeutique, t. LIV, p. 316. Paris, 1858 (extrait d'une note de M. Hunsbry sur le kamala). (3) Même note, p. 17. (4) Boudin, ouvr. cit., t. I, p. 337. (5) On ne peut ajouter aucune foi à ce que l'on rapporte de l'existence du bothriocéphale dans l'Afrique centrale. Voici comment en parle Diesing : « Ejusdem in Africa ccntrali apud Tumalos proventus (quibus Ndàk'-n audit, teste Djalo Djodan Are, apud Tutschek) magna nounisi cum ha'sitatione veri existimandus. » (Diesing, op. cit., t. I, p. 586.) 86 AFFECTIONS VF.liMINF.USF.S DFS VOIES DIGEÈTIVEg. nent . " Hasselquist dit dans son 7 '•àyngè en Palestine, que le ténia est très commun en Egypte et qu'au Caire le quart des habitants, sur- tout les juifs, en sont très tourmentés (1). » Nous verrons ci-après que presque tous les Abyssins sont affectés du ténia. Ce ver a été signalé au cap de Bonne -Espérance par Hodgkin (2) et Kùchenmeister (3) ; au Sénégal par Montgomery- Martin (4) ; dans l'Afrique centrale, au royaume de Tumale, il existe mais plus rarement, d'après le rapport de Tutschek (5). Il a été très souvent observé en Algérie par les médecins militaires français. De 1840 au 1er avril 1846, il y eut dans l'armée d'Algérie 34 cas de ténia, savoir : Province d'Alger 18 — d'Oran 7 — de Constantine 9 D'après les rapports des médecins militaires, on a signalé dans l'armée française, de 1840 au 31 mars 1848, soixante et onze cas de ténia, savoir : En France 7 En Algérie 64 •• Or, dit M. Boudin, en admettant que pendant la période dont il s'agit, l'armée d'Afrique ait été constamment de 100 000 hommes, l'armée de l'intérieur seulement de 250 000 hommes, on trouve que le ténia s'est montré 23 fois plus fréquent en Algérie qu'en France (6). » (1) Hasselquist, Reise nach Palàstina, S87-590, cité par Rosen, p. 428, et Rud., Ent. hisl., t. I, p. 243. Primer n'est pas d'accord avec Hasselquist : « Le tœnia lala n'est pas endémique en Egypte, dit-il, mais bien dans les montagnes de Syrie, dans les environs d'Alep, dans la montagne Assyre, en Arabie, en Abyssinie et dans les pays des nègres. On ouvre peu de cadavres de nègres sans y trouver de ténias. >> (Pruner, ouv. cit., p. 245.) On doit prendre pour le ténia solium ce que Pruner dit du ténia lata, car il est généralement reconnu que c'est le ténia solium qui règne dans les pays dont parle Pruner; il est également reconnu qne ce ver est très commun chez les Égyptiens. (2) Hodgkin, dans Schmidt's Jahrbiicher der gesammt. Mediz., p. 179, 1845, cité par Boudin, t. I, p, 336. (3) F. Kùchenmeister, Die in und an demKorper des lebenden Menschen vorkom- menden Parasiten, p. 93. Leipzig, 1855. . (4) Mém. cit. (5) « Tumale in Africa centrali rarius, teste Djalo Djondam Are apud Tutschek : Medic. Zuslande in Tumale. Mûnchen, 1845, 15. » Cité par Diesing, t. I, p. 516, (6) Boudin, ouvr. cit., t. I, p. 338. CONDITIONS DE LA PROPAGATION DES CESTOÏDES DE L'iIOMME. 87 « A l'Ile de France, le ténia est extrêmement commun, dit Chapotin, surtout chez les noirs ; des enfants très jeunes, même des hommes qui se nourrissent bien en sont affectés, quoique plus rare- ment (1). » Amérique. — L'existence dubothriocéphale n'a point été signalée dans l'Amérique méridionale ; le ténia solium s'y trouve au contraire très communément. Au Brésil, d'après M. Sigaud, il affecte surtout la race noire. Il est plus commun chez les négresses que chez les nègres (2). « Le bothriocéphale est très rare aux États-Uunis, m'écrit M. le docteur Shattuck, médecin distingué de Boston ; les médecins que j'ai interrogés à ce sujet m'ont dit n'avoir jamais rencontré ce ver chez des individus qui avaient toujours habité le pays; le ténia, au contraire, s'y voit très fréquemment. » M. J. Leidy, dans le Synopsis des entozuaires observés par lui- même aux États-Unis, ne donne pas le bothriocéphale de l'homme (3).' Dans le catalogue du musée de Boston, il ne se trouve que deux spécimens du bothriocéphale : l'un provient d'un Anglais, l'autre d'un enfant âgé de dix-neuf mois, qui avait été sevré à six mois ; cet enfant rendit son ver entier et spontanément, sans avoir éprouvé dans sa santé aucune altération qui eût fait soupçonner la présence du parasite ; on ne dit pas que cet enfant fût étranger au pays (4). En résumé, le ténia paraît universellement répandu sur la surface du globe ; le bothriocéphale n'existe que dans des régions déterminées et relativement assez restreintes. CHAPITRE III. CONDITIONS DE LA PROPAGATION DES CESTOÏDES DE L'HOMME. On a fait depuis longtemps la remarque que les contrées dans les- quelles le bothriocéphale est endémique avoisinent la mer, des lacs (1) Ch. Chapotin, Topographie médicale de l'Ile de France, p. 1 45. Paris, 1812. (2) J.-F. Sigaud, Bu climat et des maladies du Brésil, p. 133 et 428. Paris, 1844. (3) Synopsis of entozoa and some of their ecto-congeners observed by the author. by Joseph Leidy. Philadelphia, 1856. (4) A descript. catalogue of the anatomical Muséum of the Boston Society, by J.-B. Jackson, nos 901 et 903. Boston, 1847. 88 AFFECTIONS VEHMINEIJSÉS IlliS VOIES 1MCEST1YES. ou des fleuves. 11 était naturel de chercher clans quelque condition commune à ces diverses contrées la cause de l'existence et de la fré- quence du bothriocéphale ; on a cru la trouver dans le régime de poisson dont usent largement leurs habitants ; mais les arguments n'ont pas manqué pour infirmer cette manière de voir (1) ; toutefois, comme il y a une relation évidente entre l'existence du bothriocé- phale et la situation particulière des contrées où il existe ; comme le saumon et la truite sont propres à la mer, aux lacs ou aux fleuves de ces diverses contrées, en cessant d'attribuer les causes du botriocé- phale aux poissons en général dont se nourrissent les habitants, c'est au saumon et à la truite qu'on les attribua. Un fait encore venait à l'appui de cette opinion : il existe communément dans ces poissons des bothriocéphales qui, bien que spécifiquement différents de celui de l'homme, sont toutefois encore mal déterminés; mais, malgré ces considérations, l'opinion très répandue aujourd'hui, qui attribue la cause du bothriocéphale large à la présence du saumon et des truites dans les contrées où ce ver cestoïde existe chez l'homme, ne peut se soutenir devant ce fait que le bothriocéphale large est très rare et même n'existe pas dans des pays ou la truite et le saumon sont très communs : tel est le Danemark où, d'après Mùller, l'on ne verrait pas de gens affectés de vers cestoïdes [tœniosos], tels sont l'Angle- terre (2), l'Irlande et les États-Unis, pays dans lesquels le saumon et la truite entrent pour une part très notable dans l'alimentation du peuple. (1) Voyez à ce sujet Bremser, ouvr. cit., p. 346. (2) Une observation de botriocéphale manifestement développé à Londres a paru mériter une attention particulière: il s'agissait d'une petite fille sevrée à douze mois, et qui était devenue très malade à l'âge de dix-huit mois; elle avait évacué alors et elle évacua plusieurs fois depuis de longues portions de bothriocéphale. Elle fut débarrassée complètement de son ver par l'huile de fougère mâle. Le doc- teur Withey Gull, qui traita cet enfant, se livra à des investigations soigneuses pour reconnaître l'origine de ce ver, et sa conclusion fut que la malade ne pouvait l'avoir pris qu'en Angleterre. A cette occasion, M. Owen rapporta à l'auteur qu'à Londres, dans la collection d'un médecin très connu pour s'occuper spécialement des vers (Collection made by a celebrated ivorm-doctor in Long-Acre), il ne trouva que trois bothriocéphales : deux provenaient d'individus qui avaient voyagé en Suisse ; on n'avait point de renseignements sur le troisième. D'après ce fait et les considérations qui l'accompagnent, on peut conclure que les médecins anglais con- sidèrent le bothriocéphale comme étranger à leur pays. ( Bolhriocephalus Mus occurring in an english child, by Dr W. Withey Gull. The child vias admitted into the children's ward, on the 20"1 feb, 1852.) — The Lancet, Aug. 14, p. 148, 1832. CONDITIONS DE LA PROPAGATION D!£S CESTOÏDES DE L'HOMME. 89 La présence du bothriocéphale dans des contrées déterminées, celle du ténia dans les contrées les plus diverses, au bord de la mer comme au centre des continents, dans des déserts arides, sous toutes les latitudes, et par des altitudes diverses, témoigne d'une différence profonde dans le mode ou les moyens de propagation de ces deux vers cestoïdes. On a toute raison de croire que la transmission et la propagation du ténia solium se fait dans des circonstances particulières d'alimen- tation. Il y a longtemps (1804) qu'un helminthologiste français, Fortassin, enlevé jeune à la science, a fait l'observation « que ceux qui sont occupés à des préparations de matières animales fraîches ont plus souvent le ténia que ceux qui ont une autre profes- sion (1). >.• Ce fait trouve en quelque sorte une confirmation dans les remarques suivantes du docteur Deslandes : » Je consignerai ici, dit ce médecin, à propos d une femme atteinte du ténia, une remarque trop singulière pour que je l'omette. Madame Saint-Aubin était charcutière; le mari de cette dame a rendu, à diverses époques, de longues portions de ténia; le sujet d'une autre observation, que j'ai lue à l'Athénée et qui a été insérée clans son Bulletin de novembre 1824, était aussi charcutier. Ces personnes connaissent et m'ont cité un certain nombre d'individus de la même profession qui sont affectés du ténia; on m'en a, d'autre part, désigné plusieurs autres. L'opinion existe parmi les charcutiers qu'ils sont, ainsi que les bou- chers, très sujets au ver solitaire. On ne s'attend pas sans doute à ce que je recherche les rapports entre leur profession et le dévelop- pement du ténia, rapports qui sont peut-être purement fortuits (2). » Le docteur Merk (de Ravensburg) a signalé aussi la fréquence du ténia chez les charcutiers (3). Sur les deux cent six malades traités par M. Wawruch, plus d'un quart appartenait à la profession de cuisinier; enfin, nous avons rapporté que dans l'Inde les individus de certaine caste, usant d'une alimentation exclusivement végétale, ne sont point atteints du ténia qui est cependant très commun autour d'eux. Ces considérations n'ont pas grande importance par elles- mêmes, sans doute, dans la question qui nous occupe, mais elles ne sont pas sans intérêt étant rapprochées des suivantes : (1) L. Fortassin, Considérations sur l'histoire nat. médic. des vers du corps de Vhonrne, p. 34, Thèse de Paris, an XII, 1804. (2) Deslandes, Observation sur l'emploi de l'écorce de racine de grenadier contre le ténia (Nouv. Biblioth. med., t. IX, p. 76, I82S). (3) Arck. gcn. demcd., 3e série, t. X, p. 96. Paris, 1841. 90 affections vi:i!MiM;isr..s des VOIES dkjkstives. Le ténia solium, cQmrae chacun sait, est extrêmement commun en Abyssinie : M. Rochet cl'Héricourt rapporte que tous les Abys- sins sont affectés de ce ver (1). » On peut juger si l'infirmité du ténia est générale dans le pays, disent MM. Ferret et Galinier. Les Abys- sins le regardent comme une incommodité inhérente à une bonne constitution. Hommes et femmes, depuis l'âge de six ou sept ans, tous les Abyssins sans exception, sont infectés du ténia. Mainte- nant d'où vient ce mal ? quelques voyageurs en voient la cause dans la qualité des eaux, d'autres accusent l'usage de la viande crue, de ce broundou qui est le mets le plus recherché des Abyssins (2). » Cette dernière opinion était celle de J. Bruce qui l'appuie sur les raisons suivantes : ■• Quelques personnes croient que c'est à l'usage du leff (graine dont on fait du pain) qu'on doit attribuer cette maladie vermi- naire dont j'ai parlé dans l'article Cusso ; mais je pense autrement, car les Gibbertis, ou les mahométans qui vivent en Abyssinie, man- gent tout autant de teff'qae les chrétiens et n'ont jamais de vers. Je crois plutôt, comme je l'ai déjà dit, que cette maladie vient de l'habi- tude de manger la viande crue dont les seuls mahométans ont grand soin de s'abstenir (3). » Un médecin qui a séjourné en Abyssinie, M. Louis Aubert, dans un Mémoire publié par l'Académie de méde- cine (1841), s'exprime de la même manière sur les causes du ténia chez les Abyssins. Comme Bruce, il attribue la fréquence du ver solitaire à l'usage de la viande crue, et, comme le célèbre voyageur, il signale l'absence de ce ver chez les habitants qui suivent la reli- gion de Mahomet et qui mangent la viande cuite; il rapporte, en outre, quelques observations de ténias chez des Européens habitant l'Abyssinie, qui confirment ses vues (4). (1) Rochet d'Héricourt, Second voyage sur les deux rives de la mer Rouge. Paris, 1846. (2) Ferret et Galinier, Voyage en Abyssinie, t. II, p. 109. Paris, 1847. (3) James Bruce, Voyage en Nubie, en Abyssinie, etc., pendant les années 1768- 1773, trad. de l'anglais, t. IX, p. 167. Paris, 1791. (4)« Les musulmans ont laviaude crue en horreur; seuls parmi les habeschs ils n'en mangent pas, et seuls ils sont exempts de ténia, tandis qu'ils mangent du pain de teff. Pour appuyer ce fait, je citerai tous les blancs (dans ce pays on ne distingue que la couleur) que j'ai connus. Beaucoup ont eu le ténia, mais aussi beaucoup en ont été exempts; ce sout ceux qui n'ont pas mangé de viande crue et qui ont continué à vivre à l'européenne le plus possible. L'épreuve et la contre- épreuve de l'inlluence de la nourriture sur la production du ténia a même été faite par un missionnaire protestant nommé Gobât. Dans un premier voyage, comme il vivait à l'abyssinienne, il a contracté le ténia dont il ne put se débarrasser en Europe. De retour en Abyssinie pour sa mission et avec une jeune femme, il se CONDITIONS DE LA PROPAGATION DES CESTOÏDES DE L'HOMME. 91 Dans un pays du Nord où le bolhriocéphale règne à l'exclusion du ténia solium , un fait intéressant s'est produit depuis quelques années : pour guérir une dysenterie généralement mortelle, qui sévit sur les enfants à Saint-Pétersbourg, un médecin éminent de cette ville, M. Weisse, a eu l'heureuse inspiration de nourrir ces petits malades de viande de bœuf crue. Grâce à ce mode d'alimentation, ces malades guérissent généralement ; mais on n'a pas tardé à s'aper- cevoir que plusieurs de ces petits enfants avaient contracté le ténia solium (1). débarrassa du ver par le cousso, vécut à l'européenne et depuis ne l'a plus ressenti. Trois autres missionnaires, une femme et deux Allemands, vivant à l'européenne, ont été exempts de cette affection, ainsi qu'un Arménien qui habitait le pays depuis douze ans. Au contraire, deux Européens, deux Grecs, un Arménien, mon com- pagnon de voyage et moi qui vivions à l'abyssinienne, nous avons eu tous le ténia. » (^Mémoire sur les substances anthelminthiques usitées en Abyssinie, par M. L. Aubert, dans Mém. de l'Acad. roy. de méd., t. IX, p. 698. Paris, 1841.) Il importe de remarquer que M. Aubert, comme Bruce, dit que les Abyssins mangent de \&viande crue, sans spécification, ce qui ne peut s'entendre que de la viande de boucherie, c'est-à-dire celle du bœuf et du mouton. Cependant MM. Gervais et Van Beneden disent, en parlant de M. Aubert : « Ce médecin attribue la fré- quence de ce ver à ce que les Abyssins catholiques mangent non-seulement de la viande cuite, mais aussi de la viande crue, et que cette viande est celle de porc. » (Ouv. cit., t. II, p. 257.) MM. Gervais et Van Beneden ont fait cette citation d'après des souvenirs infidèles, car dans aucun passage de son mémoire, M. Aubert ne parle de viande de porc. Dans la description d'un repas auxquels MM. Ferret et Galinier ont assisté, ces voyageurs parlent du bœuf et du mouton qu'on leur servit, mais il n'est pas question de porc : « En entrant dans l'enceinte de la demeure (de Ato- Réma), nous vîmes qu'il s'apprêtait à nous bien recevoir. Deux bœufs énormes étaient là encore vivants; mais on n'attendait que notre venue pour les immoler... on apporte le broundou, le mets favori des Abyssins qui n'est autre chose que la viande crue; nous allions écrire la viande vivante, car elle est chaude, car elle fume encore et celui qui la mange la seut palpiter et tressaillir entre ses doigts. Les deux bœufs venaient d'être abattus, éventrés, découpés dans leur sang... » (Ferret et Galinier, ouvr. cite', t. II, p. 172 et suiv.) On voit ici que le broundou auquel, disent MM. Ferret et Galinier, les voyageurs attribuent la fréquence du ténia chez les Abyssins, est la viande du bœuf crue et non celle du porc. (1) M. Weisse a bien voulu me donner les renseignements suivants : « Cher monsieur, il y a dix-sept ans que j'ai recommandé pour la première fois la viande crue comme un remède presque infaillible contre la diarrhée des enfants sevrés (diarrhœa ablactatorum). L'emploi de ce médicament s'est répandu peu à peu chez nous, eu Allemagne, en France et en Angleterre; et partout on a vanté son utilité. Cependant plusieurs médecins à Saint-Pétersbourg, avaient observé qu'après l'em- ploi de la viande crue, il se montre le ver solitaire chez des enfants guéris par ce moyen. Mais tous ces collègues disaient que c'était le tœnia solium, l'espèce qui 92 AFFECTIONS VEBMI'REUSES DES VOIES DIGESTIVES Ainsi, dans une contrée dont les habitants sont généralement atteints du ténia, ceux-là seuls qui s'abstiennent de viande crue sont exempts du ver solitaire; dans une autre contrée, dont les habitants sont généralement exempts du ténia, ceux-là seuls qui mangent de la viande crue contractent ce ver, et ce sont de jeunes enfants chez lesquels le ver solitaire est si rare. Le rapprochement de ces faits ne permet pas de méconnaître l'in- fluence du régime sur la production du ténia, et l'on est porté à conclure que la chair du bœuf renferme le germe du ténia solium. Ce germe est-il, comme le disent généralement les helminthologistes de notre époque, un C3'sticerque ladrique? Nous examinerons cette question à propos de l'histoire naturelle du ténia; nous nous borne- n'existe pas chez nous comme indigène ; nous avons ordinairement chez nos ma- lades le bothriocephalus latus. Et, en effet, je me suis assuré dans six de ces cas, par l'examen de ces vers, de la vérité de leur assertion. » A peine de retour de mon dernier voyage, j'ai eu l'occasion de confirmer ce fait intéressant dans deux nouveaux cas : l°,on m'a apporté quelques morceaux d'un tœnia solium évacués par un enfant de deux ans, à qui j'avais recommandé, il y a huit mois, l'emploi de la viande crue. Il est à remarquer que dans ce cas le mé- decin ordinaire avait averti les parents de l'apparition possible du ver solitaire ; 2° une dame, arrivée de Pleskov à Saint-Pétersbourg, m'a consulté pour sa fille, âgée de quatre ans, incommodée depuis deux ans par ce ver. En prenant des infor- mations sur le passé, j'ai appris que l'enfant avait consommé beaucoup de viande crue pour une diarrhée qui s'était manifestée à l'époque du sevrage. Quelques jours après, on m'a apporté plusieurs morceaux du ver, et j'ai reconnu derechef le tœnia solium. » A la fin de ma lecture à Bonn, qui a été très bien accueillie, M. le professeur Woutzer s'est approché de moi en m'invilant à venir voir sa fille guérie par l'em- ploi de la viande crue. Chez cette petite fille s'est montré aussi le tœnia solium quelque temps après la guérisou. Le ver est conservé à l'amphithéâtre anatomique de Bonn. » M. le professeur Charles de Siebold a fait mention de ces faits dans son Traité sur le ver solitaire (Leipz., 1854). Il s'exprime dans les termes suivants : « C'est m pourquoi il ne faut pas s'étonner si des médecins rapportent que le ver solitaire » s'est montré après uue cure par la viande crue. La circonstance qu'on a dans ces » cas toujours trouvé le tœnia solium soutient justement l'opinion que cette espèce » de ver solitaire, extrêmement rare à Saint-Pétersbourg, est importée par les bêtes » de boucherie (souvent sans doute bourgeonnées), qui viennent des contrées où le » tœnia solium seul est indigène, et que son scolex se couve dans l'intérieur des » malades traités par la viande crue. » « N. B. Les bêles à cornes consommées dans notre capitale viennent en plus grande partie de la Podolie. » Agréez, etc. a Saint-Pélersbourg, 31/19 jany. 1858. » CHEZ L'HOMME. — TÉNIA SOLIUM. 93 rons ici à quelques remarques desquelles il nous semble résulter que la question est moins avancée qu'on ne le croit. La théorie des générations alternantes a jeté une vive lumière sur les moyens de transmission et de propagation de plusieurs vers intestinaux; elle a été accueillie avec une grande faveur et chacun s'est empressé d'ap- porter des faits à son appui; mais peu d'hommes ont examiné la valeur de ces faits, en sorte que dans des cas particuliers, l'on a admis trop facilement, sans doute, des preuves fort contestables. Le cysticerque du tissu cellulaire ou ladrique qui, dit-on, se développe en ténia solium dans l'intestin de l'homme, est très com- mun chez le porc, mais il est inconnu chez le bœuf. M. Virchow fait observer que le cysticerque ladrique est commun à Berlin et le ténia également (1) ; mais à Vienne aussi le ténia solium est très commun : cependant, si l'on s'en rapporte aux re- cherches de Bremser, le cysticerque ladrique y est très rare (2). On a fait observer, avec quelque complaisance, que parmi les deux cent six malades du ténia traités à Vienne par M. Wawruch, il n'y avait pas de juif; mais Hasselquist rapporte qu'au Caire le ténia, qui attaque le quart de la population, est surtout commun chez les juifs. Vallisnieri dit avoir vu plusieurs femmes de cette nation atteintes du ver solitaire. Concluons donc que si la chair du bœuf qui ne contient pas le cysticerque ladrique propage le ténia; que si ce dernier ver se développe chez des individus qui ne mangent pas la viande du porc, le cysticerque ladrique n'est point le scolex ou la tête du ténia so- lium, ou, tout au moins, que le ténia solium possède un autre mode encore de propagation. CHAPITRE IV. ténia solium (Synopsis, n° 14). DÉNOMINATIONS. ËXu.w; ■kXv.tv.x , Hippocrate, Aristole, Théophraste, Oribase, AI. de Tralles. Taivîa, Galion. Ksipia, Kïipîa, Erotianus, Galien. Lumbricus Mus, Celse, Foës in Hip., Aétius trad., Paul d'Egine trad., etc., Ga- bucinus, Mercurialis, Spigel, Sennert, Tyson, etc. (i) R. Virchow, Notices helminlhologiques (Arch. fiirpathol. Anal., et Gas. mêd. Paris, p. 443, 1858). (2) Bremser, ouvr. cit., p. 289. M AFFECTIONS VERMINLUSKS DES VOIES ffiGÊSTlVES Lumbrietts longUS, Avirennc. L. longvs et latUS, Arnauld Homme, vingt ans, expulsion de trois ténias solium entiers (Brasseur, rapp. de Raikem, Bull. Acad. roy. de méd. de Belgique, t. IX, p. 210. Bruxelles, 1850). — Expulsion de quarante et un ténias par un homme (docteur K (de Gorlitz), Deutsche Klinick von Al. Gœscken, 1853, cité par Gervais et Van Beneden). (1) Cité par Rosen, p. 383. (2) Gabucinus, d'après Sennert, a vu un ténia chez un enfant de deux ans. — J.-H. Brechtfcid rapporte le cas d'un Qëf plat rendu par une petite fille de deux ans {Actes de Copenhag e, obs. 71, 1674-1675). — Andry, celui d'un enfant de quatre ans (ouvr. cit., t. I, p. 730). — Rullier, celui d'un enfant de trois ans {Arch, PiVAlSB. ' 98 AFFECTIONS YF.HMJNEUSES DES VOÎIS D1GESTIVES vingt-six ans (1). L'époque de la vie dans laquelle on rencontre le plus ordinairement le ténia est, d'après M. Wawruch, de quinze à quarante ans; d'après Mérat de vingt à trente ans (2). En Abyssinie, d'après M. Louis Aubert, le ténia est de tous les Les femmes sont plus sujettes au ténia que les hommes : sur 164 observations rassemblées par Pallas, 90 appartiennent à des femmes et 74 à des hommes (3). P. Frank estime que, pendant cinquante- cinq ans de pratique de la médecine, les individus du sexe masculin n'ont formé guère que le tiers des malades atteints du ténia qu'il a traités (4). M. Wawruch, dans l'espace de vingt ans, a traité du ténia, à Vienne, soixante et onze hommes et cent trente-cinq femmes (5). Nous avons vu qu'au Brésil les négresses sont plus souvent que les nègres atteintes du ver solitaire (voy. p. 87). Toutefois Mérat, dans les faits qu'il a rassemblés, a compté un peu plus d'hommes que de femmes (6). « Ne pourrait-on pas croire, dit Rosen, que le ténia est un insecte quelquefois inné, d'autant plus que ce ver s'est trouvé dans la grand'- de méd., t. XXV, p. 570, 1831). — Burt, observation d'un enfant de quatorze mois (Mérat, Mém. cit., obs. 4). Le docteur Legendre, de regrettable mémoire, a fait dans divers auteurs un relevé de 27 cas de téuias cbez des enfants âgés de moins de quinze ans. Ces cas se répartissent d'après les âges de la manière suivante : 14 et 15 mois. . 2 1 2 2 3 cas. 6 7 8 9 ans. . . 3 . 4 . 1 . 1 cas. 10 11 12 14 ans. . . 2 cas . 4 3 . . . 1 4 . . . 1 F.-L. Legendre, Note à propos de plusieurs cas de ver solitaire observés pendant l'enfance {Arch. gén. de méd., 1854, t. IV, p. 642). (1) De Thomas, Observ. sur le ver solitaire {Journ. de méd., t. XXIII, p. 68. Paris, 1765). (2) F.-V. Mérat, Du ténia ou ver solitaire et de sa cure radicale par l'écorce de la racine de grenadier, p. 145. Paris, 1832. , (3) Pallas, Thèse citée, p. 61. (4) P. Frank, Traité de médecine pratique, trad., t. V, p. 39S. Paris, 1823. (5) Mém. cit. (6) Mérat, Mém. cit., p. 145. CHEZ L'HOMME. — TÉNIA SOLIUM. 90 mère, la fille et la petite-fille (1). » Le fait dont parle Rosen et qu'il ne dit point avoir observé lui-même, a fait croire à plusieurs méde- cins que le ténia peut se transmettre héréditairement ; mais les cas aujourd'hui connus de ver solitaire chez des parents et des enfants sont peu nombreux, et l'on doit plutôt en tirer une conclusion contraire (2). D'ailleurs, d'après ce que nous pouvons présumer du mode de transmission du ténia solium, il paraîtra tout naturel que plusieurs membres d'une famille, soumis au même régime, contractent ce ver, sans qu'on doive invoquer une cause d'hérédité. C'est encore à quelque circonstance du genre de vie qu'il faut attri- buer ces épidémies atteignant toute une famille ou même plusieurs familles d'une localité ; épidémies dont les auteurs ont rapporté quel- ques exemples : le professeur Laneri (de Turin) connaissait une famille d'un village appelé Ganelli, dont tous les membres étaient atteints du ténia (3) . Le docteur Samuel Budd (d'Exeter) , observa le fait suivant : « Il y a quelque temps, deux personnes vivant dans la même maison, mais membres de familles différentes, me consultèrent pour le ténia; peu de temps après, deux sœurs d'une autre famille, dans le même hameau, demandèrent mes soins pour le même ver, et dernièrement une autre personne de ce hameau, mais qui n'avait point de rapports avec les précédentes, me consulta pour la même maladie. Il ne peut y avoir d'erreur sur ce fait, car toutes ces per- sonnes ont évacué leur ver (4) . » Les individus atteints de ténia rendent de temps en temps par les selles des portions plus ou moins considérables de ce ver, soit spon- tanément, soit par l'effet des remèdes, ou bien ils rendent fréquem- (1) Rosen, ouvr. cit., p. 386. (Ce fait a été généralement attribué à Rosen ; mais c'est sans doute à tort, et peut-être concerne-t-il le bothriocéphale, dont des familles entières sont atteintes dans certaines parties delà Suède?) (2) Voici les cas de ténia chez des parents, que nous avons relevés dans divers au- teurs: Deux sœurs ayant le ténia observées par Spigel (ouvr. cit., p. 47). — Un homme et sa fille observés par Gandolphe (Acad. roy. des sciences, p. 32, 1709). — Une mère et sa fille observées par P. Frank (J. Frank, Prax. med., t. XIV, p. 328). — Un père et son fils, par M. Louis (Mém. cit. , obs. VII et VIII). — Une femme et son fils, par le docteur Caspeer (Journ. complém., t. XXXIII, p. 42, 1829). — Une femme et sa fille, par Wawruch. — Un homme et son fils, par Wawruch (Mém. cit.). — Autre fait, par Martin-Solon (Journ. des connaissances médico-chirurg., 1850). — Un homme et son fils, par Lavalette (de Meaux) (Mérat, Mém. cit., obs. 142). (3) Brera, Mém. cit., p. 407. (4) George Budd., ouvr. infra cit., p. 439, note» 100 AFFECTIONS VERMINEISES DES VOIES DIGEST1VES ment, ou même presque tous les jours, quelques anneaux libres et vivants (cucurbitins) ; ceux-ci sortent parfois aussi spontanément dans l'intervalle des selles et se retrouvent dans les vêtements ou dans le lit du malade. Il est rare que le ténia soit rendu par le vomissement ; on en connaît cependant quelques exemples : J. Rodriguez [Amatus Lusitanus) parle d'une femme qui rendit par la bouche, après une quinte de toux, un ver dont la description se rapporte au ténia (1). Schenck donne l'observation qui lui est propre, d'une femme qui vomit, au grand péril de suffoquer, un ténia rassemblé en boule et long de trois aunes (2) . Vallisneri dit d'une femme juive qui avait le ténia, qu'elle en avait rendu des fragments par la bouche (3). Van Doeveren rapporte l'histoire d'un paysan auquel on avait administré l'émétique et qui vomit un ténia : « Comme il vomissait, on aperçut sortir de la bouche un corps blanchâtre, long, pendant, qui ne finissait point et qui se manifestait de plus en plus par l'irri- tation du gosier à mesure qu'il vomissait et que ses efforts redou- blaient... Le chirurgien, reconnaissant que c'était un ténia, se mit à en faire l'extraction avec toutes les précautions possibles pendant que le malade vomissait; mais ce paysan, s 'imaginant qu'on lui ôtait tous ses intestins, mordit le ver et ne songea plus qu'à avaler ce qui en restait et à l'empêcher de sortir. On mesura ce qu'on en avait tiré et on en trouva quarante aunes (4). » Le docteur Lavalette (de Meaux), parle d'une femme de trente ans, qui, bien que grosse et vermeille, éprouvait du dégoût pour les aliments et rendait des cucurbitins par la bouche (5), (1) Amat. Lusit, Op. infra cit., cent. VI, curât. 1i. (2) Joannis Schedckii a Grafenberg, Observaliones medictê rariofes, lib. III, De lumbricis, p. 360. Lugduni, 1644. (3) Observ. cit. (4) Van Doeveren, oui»\ cit., p. 61?. (5) Communiqué à l'Académie de médecine (13 mai 1828), et cité par Mérat (Mém. cit., obs. 142). Mérat (art. Ténia du Diclionn. des se. méd.) rapporte que Bosc dit avoir vu une femme rendre un ténia par le vomissement. Je n'ai point trouvé ce fait dans l'Histoire naturelle des vers de Bosc. — Le docteur Cassan parle d'un homme affecté du ténia depuis dix ans qui, dans une violente indigestion, rendit (par le vomisse- ment?) un ténia tout entier {Archives générales de médecine, t. XIII, p. 77, 1827). CHEZ L'HOMME. — TÉNIA SOLIUM. 101 La durée du ténia est quelquefois très longue; les observations de malades qui en ont évacué des fragments pendant dix et douze ans ne sont pas rares. M. Wawruch rapporte quelques cas où la maladie a persisté pendant quinze, vingt-cinq ans, et une fois trente- cinq ans. Souvent le ténia reparaît plusieurs mois et même plusieurs années après qu'on s'en est cru délivré. Ce n'est que par un examen attentif des fragments expulsés que l'on peut reconnaître si l'on a affaire au même ver régénéré ou bien à un ver nouveau. Brera donna des soins à un malade qui rendit, en hiver, un ténia solium avec la tête reconnaissable à ses crochets, et l'été suivant un autre ténia muni également de sa tête et de ses crochets (1). L'ignorance où l'on est de la durée de la vie du ténia et la certi- tude qu'il peut en exister plusieurs ensemble ou successivement dans le tube digestif de l'homme, autorisent à penser que, dans les cas de longue durée ou de réapparition tardive de cet entozoaire, plusieurs vers se sont succédé. On ne peut guère admettre, après la dispari- tion de toute trace du ténia pendant dix, douze et même vingt ans, on ne peut guère admettre, disons-nous, que des fragments nou- veaux qui viennent à être expulsés, proviennent de la régénération du ténia primitif. Un homme de quarante ans apporta à Dionis différentes portions de ténia qu'il venait de rendre. A l'âge de quinze ans, cet homme en avait déjà rendu de semblables, mais il n'en avait plus évacué depuis (2). Dehaen rapporte l'histoire d'un étudiant en médecine, âgé de vingt- quatre ans, qui souffrait du ténia ; ce malade en avait déjà été atteint à l'âge de douze ; mais dans l'intervalle, c'est-à-dire pendant douze ans, il en avait été complètement exempt (3). P. Frank rapporte également l'histoire d'un homme qui, ayant rendu cinq aunes d'un ténia, n'en évacua de nouveaux fragments que dix ans après (4) . La présence du ver solitaire inspire généralement beaucoup d'in- quiétude aux malades ; elle jetait autrefois extrêmement redoutée. Postel de Francière, qui attribuait aux lombrics les accidents les plus graves, s'éleva cependant contre les terreurs que le ténia inspi- (1) Brera, Malad. verni., cit. p. 9. (2) Dionis, ouvr. cil., p. 26. (3) De Haen, Ratio medendi, pars. XII, cap. v, § 2, t. VII, p. 153. Paris, 1771. (i) P. Frank, ouvr. cil., t. V, p. 391. 102 AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES DIGESTIVES rait de son temps et chercha, par des exemples, à prouver que ce vit esl mains dangereux qu'on ne le disait généralement alors (1). En effet, la présence du ténia dans le corps de l'homme n'est pas toujours accompagnée de phénomènes pathologiques appréciables. Quelquefois les individus qui en sont atteints jouissant d'une santé parfaite, ne connaissent l'existence de ce ver que parce qu'ils en rendent des fragments. Bloch , Rudolphi , Bremser , Brera , P. Frank, etc., ont observé des cas d'innocuité absolue du ténia, innocuité plus fréquente qu'on ne le croit généralement. D'autres fois les dérangements de la santé sont peu marqués ; néanmoins, chez le plus grand nombre des personnes atteintes du ver solitaire, il existe une sorte de malaise général, d'anxiété, des dérangements plus ou moins prononcés, plus ou moins persistants dans les fonc- tions de la digestion, de la nutrition ou du système nerveux. Ces individus ne savent à quoi attribuer le dérangement de leur santé ; ils en accusent successivement tel ou tel organe, jusqu'à ce que l'expulsion de quelque portion du ténia vienne révéler la cause de leurs souffrances. La fréquence, la variété et l'intensité des phénomènes déterminés par la présence du ténia sont, en général, dans un rapport marqué avec la constitution de l'individu affecté. Les symptômes sont plus apparents, plus pénibles chez les hommes nerveux et doués d'une grande sensibilité; aussi les femmes, qui sous ce rapport l'emportent sur les hommes, offrent-elles, lorsqu'elles sont atteintes du ténia, des symptômes beaucoup plus nombreux, plus variés et plus intenses. Certaines femmes à constitution hystérique, ressentent et décrivent les mouvements d'ondulation, de reptation du ver solitaire, son enroulement en peloton ; il est vrai qu'elles peuvent prendre pour de telles sensations des phénomènes hystériques, ou que leur imagina- tion, frappée par la pensée d'un animal qui leur inspire de l'hor- reur, se reporte constamment sur ces sensations et en accroît la perception. Chez les petits enfants, la présence du ténia paraît souvent tout à fait inoffensive. Nous avons mentionné plusieurs cas dans lesquels la santé s'était maintenue parfaite jusqu'au moment de l'expulsion totale de l'entozoaire. Dans la plupart des faits connus, ce n'est (1) Postel de Fraucière, Observations sur le ver tœnia (Joum. de me'cl,, t. XVIII, p. 416. Paris, 1763, et t. XXVI, p. 415, 1767). CHEZ L'HOMME. — TÉNIA SOLIUM, 103 point l'altération de la santé de l'enfant, mais l'expulsion de quelques fragments du ténia qui a fait reconnaître la présence de ce ver dans l'intestin. Les principaux symptômes du ténia sont : des étourdissements, des bourdonnements d'oreille, des troubles de la vue, le prurit au nez et à l'anus, la salivation, des désordres de l'appétit et des digestions, des coliques, des douleurs à l'épigastre et clans différentes régions de l'abdomen, des palpitations, des lipothymies, la sensation d'une boule ou d'un poids dans le ventre qui se déplace et suit les mouve- ments du corps, des douleurs et des lassitudes clans les membres, l'amaigrissement. Chez certains malades, les phénomènes morbides, les sensations pénibles ou douloureuses de l'estomac, les anxiétés, les défaillances se font sentir à des époques de la journée assez régulières qui ont du rapport avec les heures des repas et qui se calment par l'ingestion de quelque aliment ou de quelque boisson. Les douleurs de l'abdomen causées par le ténia sont tantôt des coliques, tantôt de la gastralgie; quelquefois leur caractère est diffi- cile à bien apprécier. Elles ont leur siège dans diverses parties du ventre, dans les flancs; elles sont plus ou moins fortes, quelquefois très vives, intermittentes; elles ne sont pas ordinairement accom- pagnées ni suivies de diarrhée. Elles constituent le symptôme le plus fréquent du ténia. Le prurit de l'anus est encore un phénomène des plus ordinaires. Si, dans quelques cas, les démangeaisons doivent être, comme celles du nez, attribuées à une influence sympathique, dans le plus grand nombre, elles sont produites par l'irritation qu'occasionnent à la membrane muqueuse de l'extrémité inférieure de l'intestin, le contact et les mouvements des cucurbitins. Le prurit du nez est moins fré- quent; mais il est rare qu'un individu atteint du ténia ne souffre pas de démangeaison soit au nez, soit à l'anus. L'appétit est souvent augmenté, quelquefois insatiable ; d'autres fois il est tout à fait nul ou sujet à des alternatives d'augmentation et de diminution. Il existe encore fort souvent, chez les personnes atteintes du ténia, un brisement général, des lassitudes, des crampes, des douleurs dans les extrémités, douleurs assez fortes pour empêcher les malades de se livrer à leurs occupations habituelles. L'amaigrissement est très ordinaire chez ces malades lorsqu'ils lOi AFFECTIONS VEItMINEUSES DES VOIES DIGESTIVES souffrent depuis assez longtemps ; quelquefois il s'accompagne de la bouffissure et de la distension du ventre. La plupart de ces phénomènes ne constituent pas des affections très sérieuses pour les individus qui en sont atteints ; mais il n'en est pas de même de certains symptômes convulsifs qui se développent sous l'influence du ténia : ils consistent dans des attaques plus ou moins rapprochées, qui offrent les caractères de l'épilepsie, de l'hys- térie, de la chorce, etc. ; ils acquièrent, dans quelques cas, une grande intensité et beaucoup de gravité. Ces désordres fonctionnels sont les plus fréquents parmi ceux que détermine la présence du ténia ; ils disparaissent avec cet entozoaire, et cette coïncidence, la guérison qui persiste, ne peuvent laisser de doute sur la cause qui les entre- tenait. Il ne sera pas sans intérêt de trouver ici quelques exemples de ces affections : Cas de Bremser. — Accès épileptiformes. « On me présenta, en 4 816, un enfant de neuf ans, du sexe masculin, qui avait depuis deux ans des accès 1res violents et très fréquents d'épilepsie ; il rendait en même temps des morceaux de ténia. Je fus assez heureux pour le débarrasser du reste de l'animal, et, dès ce moment, il n'eut plus d'accès d'épilepsie. — Le même enfant est venu me voir le 4 février 1 821 ; il a tou~ jours joui depuis mon traitement d'une santé parfaite (1). » Cas de Leroux. — Affection spasmodique . « La fille Colas (Marie-Louise), âgée de dix-neuf ans, blanchisseuse, fut prise de mouvements convulsifs, au printemps de 1809. Il se fit une contrac- tion subite, involontaire et tétanique des muscles qui font fléchir la tête en avant comme lorsqu'on veut saluer; la roideur des muscles l'empêchait de relever la tête pendant quelques minutes, quelquefois pendant un quart d'heure, pendant une demi-heure. Cette contraction se renouvela plus ou moins fréquemment pendant tout l'été, et Marie-Louise vint à l'hospice cli- nique, le 12 septembre de la même année. » Toutes les fonctions s'opèrent comme dans la plus parfaite santé. Il y a de l'embonpoint et de la fraîcheur; le pouls est régulier et consistant; on ne sent point les battements du cœur; la respiration est fort libre; l'appétit est très bon; les digestions se font à merveille; les garderobes, les urines sont dans l'état naturel; les menstrues n'ont pas cessé de couler régulière- ment ; la jeune fille n'a d'autre incommodité que le mouvement spasmodique que nous venons de décrire. Marie- Louise salue plusieurs fois par jour : son menton s'appuie sur le haut de la poitrine; on essaye vainement de l'en déta- (I) Bremser, ouvr. cit., p. 374. CHEZ L'HOMME. — TÉNU SÛL11M. 105 cher, la contraction est trop forte; mais il n'y a ni douleur, ni perte de con- naissance, ni roideur d'aucune autre partie du corps; seulement, lorsque le relâchement s'est opéré de lui-même, la malade éprouve dans le col un sen- timent de lassitude qui se dissipe promptement. » Reconnaissant pour toute maladie une affection nerveuse dont on ignorait la cause, on ne fit que la médecine du symptôme. On appliqua à plusieurs reprises des sangsues le long du col et sur l'apophyse mastoïde ; on fit prendre constamment des bains presque froids ; on ordonna successivement les eaux distillées aromatiques, l'élher, la valériane sauvage, l'asa fœtida, les fumi- gations avec des substances d'odeur fétide, les martiaux, etc., etc. Ce traite- ment réussit, sinon complètement au moins de manière à rendre les convul- sions beaucoup moins fortes et moins longues, et à les éloigner tellement qu'elles ne se renouvelaient que tous les cinq ou six jours. Marie-Louise, se contentant de cette cure palliative, et s'ennuyant du séjour de l'hôpital, sortit de l'hospice le 1 8 décembre. » Pendant le reste du mois, elle n'eut qu'une convulsion, et pendant le mois de janvier et février 1 81 0, elle n'en eut que deux extrêmement légères et très courtes ; ce qui ne l'empêcha pas de continuer assidûment ses travaux ordinaires. ï Au commencement de mars, les convulsions revinrent; elles étaient d'un genre différent. La malade en était avertie par un hoquet violent et précipité; ensuite elle sentait comme une espèce de tournoiement dans la région ombi- licale; cette sensation remontait vers la gorge et y produisait de la constric- lion. Bientôt il s'établissait une roideur générale dans tous les membres, qu'il était impossible de fléchir. En même temps on entendait comme un mouve- ment que l'on ferait pour avaler avec peine. » A la suite d'une de ces convulsions, Marie- Louise rendit par les selles plus de 63 centimètres de ténia cucurbitin. » Un médecin qui fut appelé, saisissant l'indication, administra l'éthersul- furique à la manière indiquée par M. Bourdier ; il fit faire usage de la rhu- barbe, du quinquina, des pilules de Belloste, des pilules drastiques avec la scammonée, la gomme gutte, le mercure doux. Ces divers moyens firent rendre encore plusieurs portions de ténia et quatre à cinq vers lombricoïdes. » Les symptômes nerveux existaient avec la même intensité et la même fréquence; ils se renouvelaient deux ou trois fois par jour, ce qui détermina la malade à revenir à l'hospice clinique, le 1 1 mai. Les attaques avaient lieu cinq à six fois dans la journée; il existait constamment dans l'estomac un sentiment de plénitude et de soulèvement qui allait jusqu'à la nausée. L'ap- pétit était perdu en partie; toute la face était pâle et plombée; l'air était lan- guissant et souffrant; des démangeaisons continuelles se faisaient sentir au- tour des narines; le ventre était un peu bouffi; la région ombilicale était douloureuse; la diarrhée survenait de temps en temps; on ne remarquait aucun trouble dans la circulation ni dans la respiration; seulement le pouls était irrégulier, tremblolynl, vibralile. 106 AFFECTIONS YERMINEUSI'S BES VOIES D1GESTIVES ï On tenta inutilement, à plusieurs fois, le remède do M. Bourdier; la malade ne rendit pas un seul morceau de ténia ; tout ce que l'on obtint, c'est que les attaques nerveuses furent moins fréquentes, et ne revinrent que tous les trois ou quatre jours. On administra le remède de madame Nouffer, qui n'eut pas plus do succès. EnBn, on soumit Marie-Louise au traitement quo l'on oppose à la colique de plomb. Le jour où elle avait pris les six grains de tartrale de potasse antimonié, elle rendit une masse blanchâtre, pelotonnée, plus grosse que le poing. On déroula cette masse ; c'était un ténia de plus de vingt-quatre mètres de long, dont on crut reconnaître la tête. » Dès cet instant, les accidents nerveux cessèrent. Pendant plus d'un mois, la malade ne rendit pas une seule portion de ténia; l'appétit et l'embonpoint revinrent ainsi que les couleurs, et Marie-Louise sortit de l'hospice, le 1 4 juil- let 1810. » Quatre ans après, je l'ai revue à Boulogne, près Paris, qu'elle habitait ; elle était mariée, avait eu déjà un enfant, et ne s'était ressentie ni de son affection nerveuse, ni du ténia (1). » On observe, principalement chez les malades naturellement ner- veux ou qui le sont devenus par suite de dérangements produits par le ténia, des phénomènes sympathiques différents de ceux que nous avons indiqués. Ces phénomènes sont très variés, quelquefois bi- zarres, et consistent dans des désordres de quel que sens ou de quelque fonction; tantôt ils persistent avec ténacité, tantôt, au contraire, ils sont mobiles et variables. Chaque cas a sa physionomie propre, se rattachant en apparence à quelque état morbide déterminé, ou formant une affection sans analogue. Malgré tout l'intérêt que peut avoir la connaissance de ces faits, nous ne pouvons en donner ici que quelques exemples : Cas de Quettier. — Tremblement périodique. « En 1 802, un homme de quarante-cinq ans éprouvait depuis un an un tremblement périodique extraordinaire de la tête et des extrémités; il durait quelquefois sept à huit heures. Cet homme conservait l'usage de ses facultés intellectuelles pendant les intervalles qui étaient de deux à trois jours. Je jugeai à la dilatation des pupilles qu'il avait des vers » L'administration du remède de Bourdier fit rendre un ténia et la maladie disparut (2). Cas de Legendre. — Symptômes nerveux singuliers. « Un homme, aujourd'hui âgé de vingt-sept ans, fut pris, à l'âge de qua- torze ans, sans cause connue, d'une espèce de chatouillement presque conti- (1) J.-J. Leroux, Cours sur les gén. de la méd. prat.} t. IV, p. 316. Paris, 1826. (2) Quettier, Thèse de Paris, n° 97, p. 13. 1808. CHEZ L'HOMME. — TÉNIA SOLIUM. 107 nuel, ayant pour siège la peau du bord externe du petit doigt de la main gauche ; ce chatouillement était semblable à celui qui serait déterminé par la marche d'un insecte sur la peau, d'une mouche, par exemple; cette sensation morbide persista huit jours; elle s'accompagnait de peu de sûreté des mouve- ments de la main gauche, qui, même à deux ou trois reprises différentes, s'engourdit complètement en même temps que les doigts s'ouvraient involon- tairement ; c'est ainsi qu'une fois étant sorti tenant plusieurs sous renfermés dans la main gauche, il arriva au bout de sa course, la main ouverte, et ayant perdu sans s'en douter l'argent qu'il avait emporté. Avec ces troubles de la sensibilité tactile, existaient de la diplopie, de fréquents éblouissements et des visions bizarres ; ainsi, il croyait voir une autre tête à côté de la sienne, et il lui semblait que ses bras ne lui appartenaient pas. » Après un certain temps de durée de ces phénomènes, le malade fut pris d'une attaque épileptiforme, précédée d'une sorte à! aura avec perte complète de connaissance qui dura plusieurs heures. » Huit jours après cet accès, il s'en manifesta un second à peu près sem- blable; dans l'intervalle, la sensation de chatouillement au petit doigt ne se reproduisit plus, mais les troubles de la vision persistaient toujours; le ma- lade continuait à voir une tête à côté de la sienne, et, à de nombreuses re- prises, les globes oculaires étaient agités de petits mouvements convulsifs dans les orbites; en même temps, il n'était pas complètement maître de se diriger là où il voulait, et, par exemple, de suivre un trajet en ligne droite; il avait une tendance invincible en marchant à incliner sur sa gauche. C'est ainsi qu'un jour, en voulant traverser droit devant lui une rue, alors qu'une voiture venait vers lui de gauche à droite , il alla donner de l'épaule gauche contre le poitrail du cheval, entraîné d'une manière invincible vers cet obsta- cle qu'il voyait parfaitement et par lequel il fut renversé bien qu'il eût fait tous ses efforts pour l'éviter. » Les attaques convulsives continuèrent pendant trois années. De dix-sept a vingt-quatre ans, la santé fut meilleure ; il ne restait guère que des mouve- ments spasmodiques de différents muscles et principalement de l'orbiculaire des paupières qui se reproduisaient tous les jours, surtout le matin. A vingt- quatre ans, il éprouva le soir des douleurs pongitives très vives à l'épigastre; elles se reproduisirent fréquemment et pendant les huit derniers mois tous les jours; elles devinrent tellement fortes que le malade redoutait le moment de se coucher. L'évacuation d'un ténia de 5 mètres de longueur, à la suite de l'adminis- tration de 1 ecorce de racine de grenadier, fit disparaître tous les symptômes. Deux mois après, la guérison s'était maintenue complète (1). Cas de Billard. ■ — Faim extraordinaire. Il s'agit d'un matelot, âgé de vingt-huit ans, qui éprouva peu de temps (1) F.-L. Legendre, Observ. propres à éclairer les symptômes nerveux que déter- mine le ténia, obs. 1, p. 188 (Archiv. gén. de méd., 4e série, t. XXIII. Paris, 1850). '108 AFFECTIONS VEBMINBDSES DES VOIES DIC.ESTIVES après son embarquement, une faim dévorante; il n'était occupé nuit et jour qu'à chercher les moyens do l'assouvir. Il fut forcé d'implorer la pitié de ses camarades, qui lui livraient, après leur repas, les restes de soupe, de pain ou de biscuit, et ces secours ne lui suffisaient pas; il vola enfin et vendit ses vèloments pour se procurer à manger. Condamné pour ces faits, il finit par être envoyé à l'hôpital. Là, on augmente sa portion d'une ration tous les dix jours sans pouvoir le rassasier; après cinq mois, il passe dans la salle des con- signés, confiée aux soins du docteur Billard : « Le premier jour, je lui signai un bon de vingt-deux rations ordinaires, et malgré cela Émery éprouva de violentes agitations. J'accordai une ration de plus, et je fis tous mes efforts pour reconnaître quelle était la cause de cette maladie, sans pouvoir établir un diagnostic. Le voyant après qu'il eut copieusement mangé, je lui trouvai la région épigastrique élevée ; une demi-heure après elle était très affaissée. La figure était pâle; les sécrétions se faisaient comme dans l'état de la santé; le pouls était petit et serré dans les paroxysmes et naturel hors des accès. Le malade, qui était gai pendant la plénitude de l'estomac, était triste dans sa vacuité et extrêmement agité. » N'espérant plus trouver de remède à ses maux, le malade cherche à se suicider ; quatre jours après cette tentative, on remarque dans ses garderobes une portion de ténia; l'administration du remède de Bourdier fait évacuer en masse un ténia ; tous les symptômes dis- paraissent. « La simple ration suffit désormais à Emery, qui jouit d'une par- faite santé (1). » Cas de Bremser. — Toux rebelle. !UCOÏI)L. 131 est le seul signe qui soil regardé généralement comme pathognomo- nique tle l'existence de ces vers; mais ce signe même est équivoque en ce sens qu'il ne prouve pas leur existence actuelle dans le tube digestif. Nous avons dit déjà que la présence des oeufs dans les déjections des individus" atteints de lombrics est un signe certain de la présence de ces entozoaires du tube digestif. (Voy. p. 51, 52.) § III. — Les phénomènes sympathiques déterminés par la présence des lombiics dans l'intestin, sont, comme ceux du ténia, très variés; ils acquurent parfois une grande intensité, et constituent alors des affections graves et même mortelles. Si leur fré puence et leur gravité ont été fort exagérées à une autre époque, peut-être aujourd'hui ces affections sont-elles quelquefois méconnues. Je parle deParis, où, par leur rareté, les lombrics attirent peu l'attention ; il en est autrement dans les contrées où ers vers attaquent toute la population : « Les vers occupent une grande place dans la pathologie intertropicale, dit M. Sigaud, car ils compliquent la plupart des maladies, causent souvent de'graves lésions ... Chez les enfants, les vers donnent lieu à uns série de phénomène? morbides, tels que convulsions, conges- tion cérébrale, vomissements, diarrhée, appétit excessif et irrégulier, toux opiniâtre, soubresauts des tendons et surtout à un refroidisse- ment de la température des mains, des avant-bras, des genoux et des pieds, avec ballonnement du ventre, sans s'accompagner de réaction fébrile (1). » — « L'-s vers produisent chez les enfants, dit Bajon, des maladies qui les font périr dans des convulsions affreuses avant qu'on ait quelquefois le temps d'y apporter remède (2).»— « Le sang des nègres, dit Pouppé-Desportes, est d'une qualité si propre à la production des vers, qu'ils en meurent quelquefois subitement... J'en ai fait ouvrir qu'on soupçonnait avoir été empoisonnés, et je n'ai trouvé d'autres causes de mort que des paquets de vers entor- tillés dans l'estomac et les intestins (3)... » Les auteurs qui ont écrit sur les maladies des colonies sont una- nimes sur la fréquence et la gravité des accidents déterminés par les vers, et en particulier par l'ascaride lombrictiï.le. Nous avons en Suède un témoignage semblable d'un médecin dont le mérite est généralement reconnu : « Dans la province de Smaland, presque (1) Ouvr. Cit., p. 425. (2) Mcm. cil., p. G8. (3) Ouvr. cil., t. II, p. 27 1< i:*2 affections verminboses des voies digestives tous les enfants qui habitent l;i côte do la mer jusqu'à sept à huit milles dans les terres, sont ou ont été sujets aux ascarides. Jusqu'à l'âge de douze ans, les deux sexes y sont également soumis, et la position sociale des enfants est sans influence; après l'âge de douze ans, les filles en sont beaucoup plus tourmentées. Les ascarides sont si répandus, que les moindres accidents nerveux sont traités par les vermifuges. »Les ascarides sont également endémiques dans le nord de la pro- vince de Hall an cl ; leur production tient évidemment à des causes locales : les étrangers qui viennent s'établir dans la province et qui n'avaient jamais éprouvé d'affections vermineuses, en sont bientôt atteints; des symptômes nerveux très graves en sont fréquemment la conséquence (1). » § IV. — Nous avons donné déjà l'indication d'un certain nombre d'observations d'affections déterminées par les lombrics (voy. les Généralités, p. 53); nous en rapporterons ici quelques-unes qui offrent de l'intérêt à divers titres. Ier Cas (MjSplain). « Une fille de vingt-deux ans, après quelques prodromes, tomba dans l'état suivant : Immobilité complète, paupières relevées, yeux fixes et humides, pupilles resserrées, tête fortement renversée en arrière, mâchoires convulsi- vement rapprochées sans qu'aucun effort puisse les écarter... ; roideur téta- nique des membres, respiration presque inappréciable, pouls à peine sensible, perte absolue de sentiment. — Aucun remède n'ayant pu être administré, ni par la bouche, ni par l'anus, et la mort paraissant imminente, une injection de quatre grains de tartre stibié fut faite dans la veine médiane du bras gauche. Une demi-heure après, une pelote de huit vers lombrics, tous vivants, fut expulsé* par le vomissement. La malade vomit ensuite, en plusieurs fois, sept autres vers. Tous les phénomènes décrits ci-dessus ne tardèrent pas à s'apai- ser, puis à disparaître, et quatre jours après, celte fille était complètement rétablie (2). » IIe Cas (G. Calvert Hollasd). « Le 23 septembre 1 842, Harriet Blackburn, âgéede vingt ans, demanda mes soins à l'infirmerie de Sheffield, pour une paralysie. Elle avait perdu l'usage des extrémités inférieures et un peu aussi celui du bras. Ces mem- bres, mais principalement les premiers, étaient insensibles à une piqûre (1) Huss, Mém. cit. (2) Méplain, médecin auDonjon (Allier), Journ. complémentaire, 1823, t. XVIf , p. 372. CHEZ L'HOMME. — ASCARIDE LOMBBICOÏDE. 133 superficielle de la peau. Elle sentait, mais faiblement, lorsqu'on introduisait une aiguille profondément dans les chairs. Trois semaines auparavant, elle avait été prise d'un engourdissement des bras et des jambes, qui s'accrut graduellement jusqu'à ce qu'elle perdit l'usage de ces derniers. (Vingt sang- sues aux lombes.) » ... Sa santé générale était bonne avant cette attaque, et l'on ne peut découvrir aucun dérangement constitutionnel en dehors de la perte du mou- vement et de la sensibilité. II n'y avait aucune douleur dans quelque partie de l'épine, ni de tête, etc. Les fonctions intestinales étaient régulières. La saignée générale, des sangsues, des rubéfiants le long de l'épine, le calomel à l'intérieur, la poudre de Dower, etc., furent administrés depuis! e 24 sep- tembre jusqu'au 4 octobre. » Le 9 octobre, il y eut quelques signes de retour dans la sensibilité, mais point dans l'usage des membres. Alors six drachmes d'huile de térébenthine et deux d'huile de ricin furent prescrits avec de l'eau de menthe. Le jour môme ou le jour suivant, la malade rendit par l'anus un ver rond (ascaride lombricoïde) ; après quoi, le mouvement et le sentiment revinrent immédiate- ment dans les membres. Dans le cours de deux ou trois jours, les symptômes étaient entièrement dissipés; des purgatifs furent encore administrés, mais aucun nouveau ver ne fut rendu (1). » IIIe Cas (P. Fbank). a Nous avons trouvé le tube intestinal, depuis le duodénum jusqu'au rec- tum, entièrement rempli d'ascarides lombricoïdes et de matières fécales sur le cadavre d'un homme qui mourut au milieu des convulsions les plus cruelles et des cris les plus aigus, le second jour de son entrée à l'hôpital de Pavie (2). » IVe Cas (J. Leroux). Il s'agit d'un jeune homme de dix-huit ans, cultivateur, très bien constitué. « Je fus appelé auprès de lui, dit Leroux, vers midi; je le trouvai dans une con- vulsion générale et tétanique. La tête était fortement renversée en arrière ; le tronc et les membres étaient dans un état de roideur qu'on ne pouvait vaincre; les yeux renversés , les mâchoires serrées; la respiration haletante et la poitrine soulevée précipitamment ; le cœur battait avec force ; le pouls était vibratileettrès agité; le ventre météorisé. » J'appris que le malade avait été trouvé dans cet élat à dix heures du matin. Cejeune homme était sans connaissance et ne pouvait parler. On me montra huit vers lombricoïdes qu'on avait trouvés sur son lit, et qu'il avait vomis avec beaucoup de matières verdâtres. On m'apprit aussi que depuis une (1) G. Calvert Holland, A peculiar case of nervous disease or dérangement of Ihe nervous System, in Edinburgh, med. and surg. Journal. London, 1845, t. LXIII, p. 325. (2) P. Frank, omit, cit., t. V, p. 348. l.Vl AITKCTIONS VERM1SBBSES DES VOIES DIGBSTtVES quin'/aino do jours, Possou se plaignait do vives Coliques, qu'il ne mangeait nue liés peu et qu'il avait souvent dos envie? de vomir. » Je jugeai facilement que la cause de la convulsion était la présence do vers dans le canal alimentaire. Jo n'avais point do pharmacie à ma dispo- sition, . . Je fis préparer un bain ; on y plongea lo malade ; on l'y retint pen- dant une heure avec beaucoup de peine. En effet, je n'ai jamais vu de con- vulsions plus effrayantes; il fallait trois hommes très Luis pour contenir co malheureux patient On lépéta le bain à cinq heures ; pendant ce second bain, un vomissement fit rejeter en deux fois cinq autres vers lombricoïdes. Je lis faire avec de l'huile des frictions sur l'épigastre et sur l'abdomen, qui parais- sait très douloureux ; je pratiquai une saignée du bras. » Ces moyens procurèrent un peu de calme; vers huit heures du soir, les convulsions devinrent horribles; le malade poussait des cris perçants; il expira à neuf heures et demie. » Autopsie. — Je ne pus ouvrir la loto. Tous les organes de la poitrine cl de l'abdomen étaient parfaitement sains; mais, ayant fendu l'estomac, j'y trouvai encore onze vers pareils à ceux que le malade avait vomis. Je liai le duodénum et le rectum ; j'enlevai tout le paquet des intestins, qui étaient remplis de vers, au point qu'on les sentait à travers les membranes.... J'en comptai quatre-vingt-trois; ainsi, ce malheureux jeune homme avait nourri cent sept ennemis, dont lès piqûres, en irritant la membrane muqueuse du canal alimentaire, avaient causé des convulsions tétaniques et la moi t. L'es- tomac, l'intestin grêle et le gros intestin offraient, dans un grand nombre de places, des points qui paraissaient des piqûres entourées d'un polit cercle rouge (I). » CHAPITRE II. LÉSIONS ANATOMIQUES , ACCIDENTS PHYSIQUES. § I. — Peu d'observateurs se sont occupés de l'étal anatoimijue de l'intestin chez les individus affectés d'ascarides lombricoïdes. MM. Barthez et liilliet, ayant fait des recherches à ce sujet chez les enfants, ont ordinairement rencontré la membrane muqueuse de la partie de l'intestin qui contenait des ascarides lombricoïdes dans un état d'intégrité parfaite. Dans quelques cas, ils ont observé une fine injection vasculaire, semblable à celle de l'entérite érythémateuse ; très rarement la consistance de la membrane muqueuse était diminuée. Comme ces légères altérations de tissu existaient seu- lement dans le point où étaient rassemblés plusieurs lombrics et (1) Leroux, ouvr. cit., t. IV, p. 307. CHEZ L'HOMME. — ASCARIDE I.OMBRIGO'ÏDE. 135 manquaient ailleurs, ces observateurs ont conclu qu'elles étaient 1 résultat de l'irritation locale exercée par les vers(l). Dans l'observation de Leroux, les lésions anatomiques de l'intestin qui renfermait encore au moment de la mort quatre-vingt-trois lom- brics, ne consistaient aussi que dans des 'points ayant V apparence de piqûres entourées d'un petit cercle rouge. Un enfant de dix à douze ans, observé par Daquin, mourut après avoir éprouvé des coliques violentes, des vomissements répétés et des phénomènes cérébraux : « Le duodénum était farci de vers gros et petits à un point qu'il en était distendu, et avait acquis beaucoup plus de volume qu'il ne doit en avoir naturellement, formant un boyau dur et rénitent. Le jéjunum, l'iléum et le ceecum en étaient si remplis, que je ne puis mieux les comparer qu'à des godiveaux. Il semblait qu'on les y eût fait entrer par force... Ce qui me parut extraordinaire, c'est qu'une irritation telle que dut la causer cette pro- digieuse multitude de vers n'avait pas même produit la plus légère phlogose dans les membranes des intestins (2). » En présence de ces faits et de beaucoup d'autres semblables, on ne peut accepter sans réserve l'observation suivante de M. Bre- tonneau : Il s'agit d'un enfant de huit ans, convalescent d'une angine ma- ligne, qui mourut presque inopinément après avoir éprouvé quelques mouvements convulsifs et des vomissements. « Deux pelotes de vers distendaient l'intestin grêle : une surtout, qui surpassait en volume le poing du sujet, était arrêtée dans le duodénum et formée par l'entrelacement d'une vingtaine d'ascarides lombricoïdes dont les mouvements avaient froissé et meurtri les tuniques de l'intestin au point que, dans une grande partie de sa circonférence, la membrane muqueuse était détruite par cette attrition. Le mucus ensanglanté qui se trouvait au-dessus et au-dessous des pelotes de vers, attestait que cet entrelacement qui subsistait encore, avait eu lieu pendant la vie, en même temps qu'il était d'ailleurs évident que cette agglo- mération était assez récente, puisque les tuniques de l'intestin n'of- fraient aucune trace de véritable inflammation (3). » Nous ne nions pas que de semblables lésions ne puissent se pro- duire pendant la vie ; mais il est probable que les vers qui les auraient occasionnées ne se trouveraient point, à l'autopsie, en rapport avec (0 Barlhcz et Rilliet, Traité des maladies des enfants, Paris, 1843, t. III, p, G05. (2) Daquin, Mém. cit., p. 137. (3) P. Bretonneau, De la diphthérite. Paris, 1826, obs, II, p. 23. \oC) AFFECTIONS VERM1NEUSES DUS VOIES DIGESTIVES la partie contuse. 11 n'est pas admissible que les lombrics ne se fus- sent pas séparés lors du refroidissement du cadavre, et fussent morts eux-mêmes sans quitter l'attitude et la place qu'ils avaient dans l'intestin vivant (1). Le fait d'avoir rencontré les vers en rapport avec la lésion qu'ils avaient déterminée, prouve pour nous, contrai- rement à ce qu'on en a conclu dans le cas actuel, que l'agglomération des lombrics et l'attrition de l'intestin se sont produites après la mort. Si l'on ajoute, aux faits qui précèdent ceux qui résultent de l'ob- servation des animaux, chez lesquels des ascarides existent souvent en nombre considérable sans déterminer aucune lésion intestinale, on sera disposé à croire que l'attrition, les meurtrissures de l'in- testin occasionnées par les lombrics sont des faits au moins très rares. Par les mêmes raisons, on n'admettra pas sans examen ces cas de gangrène, d'ulcération et de perforation déterminées par les lombrics dont les auteurs ont rapporté de nombreux exemples. La plupart de ces observations remontent, il est vrai, à une époque où l'on était porté à mettre sur le compte des lombrics les lésions les plus diverses. Sans contester la réalité de ces faits, il est permis de contester l'interprétation qui en a été donnée. Nous ferons plus loin cet examen (2), et nous apporterons les raisons qui nous paraissent prouver que les lombrics ne peuvent dilacérer ou perforer les parois saines de l'intestin. § II. — Dilacéraiion des vaisseaux sanguins.; hémorrliagie . — Des hémorrhagïes mortelles ont été attribuées à l'action des ascarides lombricoïdes. On conçoit, à la rigueur, qu'un lombric puisse dé- terminer la rupture -d'une artère dénudée par une ulcération, en interposant sa tête entre cette artère et la paroi ulcérée ; mais les mêmes raisons qui empêchent cet entozoaire de traverser un intestin sain s'opposent à ce qu'il en dilacère les parois et consécutivement les vaisseaux. (1) Beaucoup d'auteurs oublient complètement que les vers vivent encore quelque temps après la mort de leur hôte, et qu'ils sont doués d'un certain pouvoir de locomotion. Ils décrivent avec soin la situation des vers au moment de l'autopsie, comme si ces animaux n'avaient pas dû en changer depuis la mort du malade. Ainsi Lepelletier, qui parle d'une large perforation de l'œsophage opérée par des lombrics, dit, pour prouver qu'elle était bien l'effet de ces entozoaires : « Le ver encore engagé dans cette même ouverture lève tous les doutes. » Il suffit de la plus simple réflexion pour voir ce que valent de pareilles raisous. (2) Voyez cbap. V. CHEZ L'HOMME. — ASCARIDE LO.MBRICOÏDE. 137 Ior Cas (Charcellay). Il s'agit d'un enfant âgé de sept ans, qui fut admis à l'hospice général de Tours, le 7 février 1839. — Le 7 mars, on apprend qu'il avait du dévoie- ment depuis plusieurs jours ; il a des coliques fortes, une fièvre modérée, la langue blanche au milieu, rouge à la pointe et sur les bords. Le 8, même état général, faciès douloureux, épreintes violentes, selles fréquentes et peu abondantes ; matières formées par des mucosités rougeâtres. — Le 9 et le 10, même étala peu près. « Le 11 , le malade est agité, s'inquiète et pousse sou- vent des cris ; depuis la veille, il ne répond aux questions qu'on lui adresse que par des plaintes... Pâleur du visage ; pouls petit et fréquent ; peau d'une chaleur ordinaire; pupilles dilatées; regard fixe. Les matières sont rendues presque involontairement ; chaque fois, elles sont fortement ensanglantées. Depuis hier au soir, le sang est noirâtre ; un ver lombric non vivant a encore été expulsé... Dans la journée, et surtout vers le soir, cet enfant rend par le rectum une grande quantité de sang pur noir. Il s'agite beaucoup, pousse des cris plaintifs et succombe enfin à dix heures du soir. » Aulopsie. — « La muqueuse du gros intestin est fortement épaissie, irré- gulière, granulée, nulle part ulcérée, offrant des taches verdâtres ou grisâtres sur toute l'étendue de sa surface. Celte altération se prolonge dans l'iléon, à un pouce au-dessus de la valvule iléo-caecale, dont la face supérieure offre le même état que l'inférieure. La plaque de Peyerla plus inférieure est injectée, turgescente, et comme boursouflée ; elle fait saillie au-dessus de la mu- queuse; les deux plaques qui viennent après sont moins gonflées; autrement la muqueuse est saine dans tout l'intestin grêle, où l'on trouve une énorme quantité de sang noir liquide. » Dans le jéjunum, on rencontre trente-sept lombrics réunis par pelotons. Dans le duodénum, on trouve un peloton de lombrics encore plus considérable. La muqueuse de cet intestin est saine. En dehors de la cavité du duodénum et sur sa face postérieure, existe une toute petite ecchymose qui correspond à une exulcération arrondie, de deux lignes d'étendue située dans cet intestin. t En cet endroit, la membrane muqueuse et le tissu cellulaire sous-jacent semblaient avoir été détruits par écartement. Dans cet espace étroit et comme érodé, je suis parvenu à apercevoir, même à l'œil nu, après des recherches réitérées, une arlériole blanche, d'un tissu résistant; son orifice est béant, car elle est divisée complètement en travers (1 )... » Parmi les raisons qui déterminent l'auteur à mettre la rupture de l'artère sur le compte des lombrics, se trouvent celles que l'on donne généralement pour prouver l'action de ces animaux dans les perfo- rations ; nous verrons plus loin (2) que toutes ces raisons n'ont aucune (1) Charcellay, Rec. des trav. de la Soc, méd. d' Indre-et-Loire, année 1839, 2e série, p. 16. (2) Chap. V. I3t> AFFECTIONS V ÎCHMINICHS i:.S DES VOIES PIGBSTIVES valeur. La rareté des ulcérations dans le duodénum n'est pas non plus un argument de grande valeur) il n'est pas sans exemple de rencontrer des ulcérations isolées, surtout dans un cas comme celui- ci qui était une fièvre typhoïde plutôt qu'une dysenterie, ainsi qu'on en peut juger par les symptômes et par l'état des plaques de Peyer. La division de l'artère en travers ne prouve absolument rien, d'ail- lcuis, sur la cause de sa rupture j dernièrement, dans le service de M. Hayer, chez un homme mort d'hémorrhagie intestinale, on trouva une petite ulcération au fond de laquelle on apercevait très distinctement, à l'œil nu, une artériole ouverte.- Ce vaisseau était déchiré d'une manière très nette et les deux bouts s'adaptaient exac- tement. Nous avons pu montrer le fait aux membres de la Société de biologie (1). Cette artériole seule avait fourni tout le sang ; il n'existait aucun lombric dans l'intestin pour expliquer la déchirure du vaisseau ; suffit-il donc que l'on ait trouvé des lombrics auprès d'une ulcération pour qu'on doive la leur attribuer (2)? IIe Cas (Halmà-Grand). 11 s'agit d'un enfant âgé de six ans, qui, depuis quelque temps, offrait des symptômes de bronchite et des douleurs de l'abdomen vers l'ombilic. Le 13 mars 1856, pouls pas notablement élevé, faciès à peu près normal, langue naturelle, coliques faibles. Le! S, l'enfant parait tout à fait bien. Le IC, invasion de symptômes alarmants. Faciès cholérique, vomissements répétés de matières verdâtres, parmi lesquelles trois lombrics sont rejetés ; abdomen météorisé, douloureux à la pression; pouls petit et concentré; selles légèrement sanguinolentes; agitation, refroidissement. Vers le soir du même jour, tous ces phénomènes s'aggravent; selle considérable de sang pur et vermeil ; mort inopinée. A l'autopsie, le péritoine est normal, l'intestin grêle est météorisé. A l'in- térieur de cet intestin, on trouve six ascarides lombricoïdes et un peloton Jormé par dix-huit de ces vers. « La muqueuse de l'intestin grêle ayant été lavée, nous la trouvâmes (1) M. Dupuis, Hém. inlest., etc. {Comptes rendus Soc. biologie, décembre 18ô7.) (2) M. Charcellay, eu rédigeant cette observation, était certainement préoccupé de la théorie de Mondièrc sur les perforations que produiraient les lombrics (voyez ci-après celte théorie); car il dit : « Le tissu cellulaire et la membrane muqueuse semblent avoir été détruits par écarlement, » et une ligne après il ajoute : « dans cet espace étroit et comme érodè. » S'il y avait érosion, il n'y avait pas écarlement des libres. Quant aux arguments sur lesquels l'auteur appuie surtout son opinion d'une déchirure opérée par les lombrics, il les prend dans la conformation de la bouche du lombric et dans les nombreuses observations de vers efj'racteurs qui sont reproduites un peu partout, mais qui sout reproduites ici sans aucune critique. CHEZ L'HOMME. — ASCARIDE LOMBRICOÏDE. 139 ramollie, se déchirant par lambeaux et criblée d'idcéralions, dont la plus grande avait la longueur d'une -pièce de deux francs. Une de ces ulcérations fixa notre attention par sa profondeur, et, l'examinant à la loupe, nous trou- vâmes les vestiges de vaisseaux ouverts qui auraient donné lieu à l'hémor- rhagio intestinale. Nous ne poussâmes pas plus loin nos investigations (4). » Après ce que nous avons dit des lésions anatomiques causées p ;r les lombrics, il est inutile de faire remarquer que le ramollissement de la muqueuse qui se déchirait par lambeaux, ne pouvait être le fait des vingt-quatre vers trouvés dans l'intestin, et que les ulcérations, surtout celle qui avait la largeur d'une pièce de2fr., n'étaient point davantage le fait de ces vers; au reste, l'auteur n'a mis l'hémor- rhagie sur le compte des lombrics que par la considération suivante : « Le fait que nous indiquons n'est pas unique; il résulte d'une obser- vation de M. Charcellay qu'une artériole peut être percée par un lombric de manière à produire une hémorrhagie intestinale mortelle. » Nous avens vu combien l'opinion de M. Charcellay est peu fondée. § III. — Obstruction, iléus, étranglement. — On a dit que, par leur accumulation, les ascarides peuvent obstruer l'intestin, mettre obstacle aux cours des matières et donner lieu aux accidents d'un étranglement interne, ou de l'engouement et de l'étranglement dans les hernies. Les cas, dont nous avons rapporté quelques- uns, dans lesquels on a vu l'intestin rempli et comme bourré par des lombrics, cas dans lesquels cependant on n'a point observé de tels accidents, l'absence d'observations positives à cet égard ne permettent point d'admettre que les ascarides puissent apporter un obstacle sérieux au cours ordinaire des matières. Rudol- phi, après avoir appuyé cette dernière opinion sur des exemples d'accumulatiou extraordinaire de vers dans les animaux, ajoute : « Entre les vers, quelque accumulés qu'ils soient, le chyme ou les matières fécales circulent librement, et s'd entre dans le tube diges- tif des matières dures, les vers les détruisent et les déchirent (2). » Un fait observé par Requin semble en contradiction avec ces vues : un homme âgé de cinquante ans mourut à l'Hô'el-Dieu (annexe), après avoir eu, pendant plusieurs jours, des vomissements sterco- raux et une diarrhée abondante. A l'autopsie, on ne trouva pour expliquer celle sorte d'iléus imparfait rien autre chose que deux (1) Halma-Grand, Union médicale. Paris, 1836, t. X, p. 202. (2) Rudolplii, Hisl. nat. Enlozoarum, cit., t. I, p.45S. l/lO AFFECTIONS VEBM1NEUSES DES VOIES D1GESTIVES paquets de lombrics, l'un vers la partie moyenne de l'intestin grêle, l'autre vers le milieu du côlon transverse. « Sur l'un et l'autre point les helminthes, enchevêtrés les uns avec les autres, avaient évidem- ment formé une espèce de barrière qui mettait obstacle au cours des matières, sinon absolument et invinciblement, du moins assez pour produire la maladie ci-dessus relatée ; d'autant mieux que l'intestin se trouvait considérablement rétréci dans toute sa longueur, par suite sans doute de l'abstinence forcée à laquelle la nature même des acci- dents morbides avait réduit depuis longtevijos le pauvre malade (1).» Encore une explication dans laquelle le lombric est considéré comme un corps inerte et capable de rester un temps indéfini sans mouvement. Si le rétrécissement de l'intestin avait été produit par l'agglomération des lombrics, pendant combien de temps ces vers eussent-ils dû rester réunis sans se déplacer, sans donner signe dévie? et n'auraient-ils pas plutôt occasionné une dilatation (2)? Quoi qu'il en soit, si les vers ont été pour quelque chose dans les phénomènes observés, si leur réunion en peloton n'a pas été déterminée par le refroidissement du cadavre, on ne peut leur attribuer que les acci- dents des derniers jours, et l'obstacle au cours des matières n'est survenu que parce que l'intestin était considérablement rétréci, car un semblable fait devrait avoir lieu dans tous ces cas où les lom- brics se comptent par centaines. Morgagni suppose que les lombrics peuvent être une cause d'in- vagination de l'intestin par suite des mouvements convulsifs qu'ils déterminent dans cet organe en l'irritant; c'est une pure hypothèse qui lui a été suggérée par quelques cas d'intussusception dans les- quels il y avait en même temps des lombrics, cas observés par Peyer, Ruysch, Heister et par lui-même (3). Quant à l'accumulation des vers dans une portion d'intestin ren- fermée dans une hernie, il est probable qu'elle a les mêmes inconvé- nients que l'accumulation des matières fécales. Bremser pense que la réduction des lombrics doit être facile, étant favorisée par les mou- vements de ces entozoaires; quoi qu'il en soit, il ne peut résulter de leur présence que les effets de l'engouement. (1) A. -P. Requin, ouvr. cit., t. III, p. 214. (2) Voyez ci-dessus (p. 135), une observation de Daquin, dans laquelle on a noté, au contraire, une dilatation de l'intestin. (3) J.-B. Morgagni , Lell. anat. sur le siège et les causes des maladies, lettre XXXIV, §32, trad: franc. Paris, 18b3, t. II, p. 263. CHEZ L'HOMME. — LOMBRICS ERRATIQUES. 141 Wedekind, dans une dissertation intitulée : Des étranglement a des hernies occasionnés par les vers (1), nous apprend que, dans le comté deDiepholz, où il avait pratiqué la médecine, les cas de hernie avec complication de vers étaient très communs et presque endémiques. Suivant cet auteur, les lombrics occasionnent quelque- fois l'étranglement, qui se produit de deux manières : 1° par le spasme de l'intestin, lequel est consécutif à l'irritation que les vers détermi- nent ; 2" par l'accumulation de ces vers et l'obstruction qui en résulte. G. Richter regarde aussi la présence des vers comme une cause possible d etranglemeut des hernies (2). Les raisons que donne le premier de ces auteurs à l'appui de ces opinions et que reproduit le second, ont été réfutées par Bremser; il serait sans utilité de nous en occuper davantage. SOUS-SECTION III. PHENOMENES ET ACCIDENTS CAUSES PAR LES ASCARIDES LOMBRICOlDES SORTIS DE LEUR SÉJOUR NORMAL, Les ascarides lombricoïdes quittent quelquefois leur séjour nor- mal soit spontanément, soit chassés par les efforts de l'intestin. Ils en sortent par une voie naturelle ou par une ouverture accidentelle ; dans le premier cas, ils arrivent dans une cavité viscérale ou bien dans un conduit excréteur en communication plus ou moins directe avec le tube digestif ; dans le second, ils arrivent dans une cavité sans rapport avec celle de l'intestin ou dans l'épaisseur des parois abdo- minales ; dans tous ces cas, ils peuvent produire des phénomènes variés et des accidents graves. Toutefois, il ne faut pas croire que des vers rencontrés à l'autopsie dans un organe, s'y trouvaient néces- sairement pendant la vie du malade, ni qu'ils avaient avant la mort la situation dans laquelle on les trouve : les vers vivent encore plu- sieurs heures après la mort de leur hôte, et leurs mouvements sont assez énergiques pour qu'ils puissent ramper dans les intestins et traverser des orifices qui ne leur opposent plus actuellement aucun obstacle. (1) Wedekind, dans Richter, Bibliolh. de chir., t. VIII, p. 79. (2) G. Richler, Traité des hernies, trad. franc., 1788, p. 55. \l\'2 AITEGTIONS VLRMlNlîUMiS DES VOtCS DIGBSTtVIiS CHAPITRE PREMIER. LOMBRICS DANS L'ESTOMAC, l.'OESOrUAGE, LES FOSSES NASALES, LOREILLE, LES VOIES LACRYMALES. § 1. — Los lombrics parvenus dans le gros intestin n'y prolongent pas longtemps leur existence et sont évacués sans causer d'accidents. § II. — Dans l'estomac les lombrics sont fréquemment chass6s par le vomissement. En général, leur présence dans cet organe paraît être difficilement supportée; ils y excitent des douleurs obscures ou vives, des nausées et des vomissements. Dans un grand nombre d'observations où des accidents sympa- thiques ont paru l'effet des lombrics, 'on a constaté par le fait de leur expulsion au dehors ou par l'autopsie, la présence de ces vers dans l'estomac; néanmoins il faut observer que, dans certains cas, les ascarides lombricoïdes peuvent être amenés dans la cavité gas- trique et rejetés au dehors par suite de vomissements symptoma- tiques d'une affection indépendante de leur présence. C'est ainsi que dans la méningite chez les enfants, dans la péritonite des nouvelles accouchées, etc., l'expulsion des vers contenus dans l'intestin a lieu comme celle des autres matières intestinales; les vomissements, aussi bien que la maladie, sont indépendants de l'existence de ces entozoaires. C'est certainement à cet ordre de phénomènes qu'on doit rapporter les vomissements vermineux consécutifs à l'opération de la cataracte dont parle M. Alessi (1). §111. — Les ascarides lombricoïdes sortis de l'estomac peuvent s'ar- rêter dans l'œsophage; mais il n'est pas probable qu'ils fassent jamais dans cet organe un long séjour. On n'a point signalé d'une manière certaine d'accidents graves résultant de la présence des lombrics dans le conduit œsophagien. M. Tonnelé rapporte le fait suivant : •• Appelé un jour pour donner des soins à une petite fille âgée de dix ans, je la trouvai dans un état d'oppression et d'angoisse inex- (1) M. Alessi, oculiste napolitain, rapporte neuf observations de vomissements d'ascarides lombricoïdes à la suite d'opérations pratiquées sur l'œil. Il se demande si l'opération ne peut être la cause de {'helminthiase intestinale; si les lombrics, sur- excités par l'opération, ne provoqueraient pas les vomissements par leurs mouve- ments insolites; il donne enfin à ces vers une importance qu'ils n'ont certainement pas eu cette circonstance [Mcm. cit., voyez Vers de l'œil). CHEZ L'HOMME. — LOMBRICS ERRATIQUES. lié primables; le cou était tendu, la tête renversée, la face violette, les yeux saillants, la respiration sifflante, convulsive. En abaissant la langue pour m'assurer de l'état du pharynx, je déterminai de violents efforts de vomissement et l'expulsion d'un énorme paquet de vers lombrics entrelacés; la petite malade fut immédiatement guérie (1). » Ces accidents étaient occasionnés, suivant M. Tonnelé, par la compression du peloton de lombrics sur le conduit aérien. § IV. — Les ascarides arrivés dans le pharynx, occasionnent des picotements, une constriction incommode, des efforts de vomisse- ment qui expulsent ces entozoaires, sinon les malades les retirent eux-mêmes avec les doigts. Quelquefois, au milieu des efforts de vomissement, les vers sont chassés dans les fosses nasales et sortent par le nez. Du pharynx, les ascarides peuvent quelquefois aussi se porter spontanément dans les organes voisins, les narines, la trompe d'Eus- tachi, les voies lacrymales et le larynx. § V. -— L'issue des lombrics par les narines, chez des individus vivants ou même après la mort, est un fait que l'on observe journel- lement dans les contrées où ces vers sont très communs. La guérison de maux de tête habituels a été quelquefois rapportée à ce fait; mais il est évident que dans ces cas il n'y eut qu'une simple coïn- cidence. Martin Slabber a vu un homme rendre un lombric par les narines en éternuant. Cet homme, âgé de cinquante-deux ans et sujet à de violentes céphalalgies depuis son enfance, en fut dès lors délivré, dit-on (2). Brera rapporte qu'une femme, sujette depuis longtemps à des vertiges, en fut guérie après qu'elle eut retiré de ses narines, au moyen d'une aiguille recourbée, quatre lombrics encore vivants, et qu'elle en eut évacué sept autres par l'effet de remèdes anthelrnin- thiques (3). Bartholin, Bremser, etc. , rapportent des faits semblables. § VI. — Nous possédons deux cas de lombrics qui ont pénétré dans la trompe d'Eustache : dans l'un de ces cas, le ver a pu être extrait par le conduit auditif externe. Voici les faits : (1) Tonnelé, Journ. heMom., 1829, t. IV, p. 290. (2) Haarlem Yerhand, t. X, sect. n, p. 4G5, cité parRud.; Bibl. (3) Brera, Aff. vermin., cit., p. 167. \Uh AFFECTIONS VERMINEUSES DUS VOIES DIGESTIVES I"1' Cas (Winslow). « Vous avez souhailé quo je vous communiquasse l'observation que j'ai faite autrefois d'un vor dans le cadavre d'une fille de trois ans ; voici ce que c'est : En 1716, au mois d'octobre, comme je faisais l'anatomie de la tête de cette enfant, je trouvai au bout du pharynx, derrière la luette, un ver long et rond comme les vers ordinaires des intestins, lequel avait une de ses extrémités dans le pharynx môme, et s'était glissé dans la trompe d'Eustachi, jusque dans la cavité du tympan, où l'autre extrémité était engagée entre les osse- lets de l'ouïe. Je ne doute point, monsieur, que ce ver ne vînt des intestins, et ne fût monté par l'œsophage. Il avait environ cinq pouces de long, et l'épaisseur d'une petite plume à écrire. Ce que j'ai trouvé de singulier, c'est qu'ayant ce volume, il ait pu s'engager dans un passage si étroit, et je ne saurais deviner ce qui peut avoir déterminé cet insecte à aller plutôt là que dans la narine attenante, qui est bien plus spacieuse. Vous ferez là-dessus vos réflexions. Je suis, etc, Winslow. Ce 4 septembre 1 736 (1). » IIe Cas (Bruneau, médecin a Amboise). « Une domestique de vingt à vingt-deux ans, fut prise pendant la messe de convulsions, accompagnées de cris et de douleurs dans l'une des oreilles. Arrivé près d'elle, Bruneau ne fut pas peu étonné d'apercevoir un lombric sorti en partie du conduit auditif externe. II se hâta de le saisir avec pré- caution, et, à l'aide de douces tractions, il parvint à le retirer tout entier. Après avoir passé à cette espèce de filière, ce ver était sans vie, fort aminci et allongé. Les accidents nerveux cessèrent aussitôt, et la malade fut promp- tement rétablie ; mais ce ne fut que quatre à cinq mois plus tard qu'elle recouvra l'ouïe ;car, quelques semaines avant son attaque de nerfs, elle l'avait perdue d'un seul côté, en même temps qu'elle avait eu dans la gorge un dépôt qui, après s'être développé lentement, se vida par la bouche. Deux vers lom- brics morts s'échappèrent avec le pus (2). j § VII. — J. Rodriguez (Amatus Lusitanus) rapporte l'observation d'un ver extrait par le grand, angle de l'œil, et qui ne peut être qu'un lombric : t Une petite fille de trois mois, se portant bien et ne sentant pas le moindre mal, rendit par la partie antérieure de l'œil, appelée communément le grand angle, un ver dont la tête commença d'abord à paraître. Des personnes qui se trouvèrent là, voyant celte tête, se hâtèrent de tirer le ver avec les doigts et furent fort surprises de voir sortir de l'œil de cet enfant un insecte vivant, long d'un demi-palme, de la grosseur d'une ligne et tout blanc, sans que (1) Andry, ouvr. cit., t. I, p. 93. (2) Fait rapporté par M. Besnard dans le Recueil de la Soc. méd. du départent. d'Indre-et-Loire, anu. 1839, p. 30. CHEZ L'HOMME. — LOMBRICS ERRATIQUES^ M\5 l'œil parût endommagé en rien. Le cas est surprenant et mérite d'être écrit. Ona vu sortir des vers par le nez. et j'en ai vu plusieurs fois sortir ; mais qu'il en soit sorti par les yeux, c'est un fait des plus rares (1). » En disant que l'œil n'était endommagé en rien, l'auteur ne veut parler, sans doute, que du globe oculaire. Andry rapporte un fait semblable observé par Vrayet : « Vrayet, dont nous rapportons ci-après deux lettres au sujet des vers sanguins, me mande dans la dernière, qui est du 31 juillet 4736, avoir tiré, il y a vingt ans, du grand angle de l'œil d'un enfant de six mois, un ver strongle, c'est-à-dire long et rond, qu'il mit aussitôt dans l'esprit-de-vin, et qu'il y a conservé pendant plus de six ans. Ce ver, dit-il, était de la lon- gueur du doigt, de la grosseur d'une plume de pigeon, et venait certainement des premières voies (2). » En parcourant les observations, qui sont nombreuses, de vers sortis des sinus frontaux, des narines ou de l'oreille, il est facile de se convaincre que, dans la plupart des cas, il s'agit de larves d'in- sectes ou de corps divers qui n'appartiennent nullement aux entozoaires. CHAPITRE II. ASCARIDES LOMBRICOÏDES DANS LE LARYNX ET LA TRACHÉE. Le nombre des cas d'introduction des lombrics dans les voies res- piratoires observés jusqu'aujourd'hui est assez restreint. Aronssohn, dans un mémoire sur ce sujet (3), en a rassemblé six exemples, dont trois lui sont propres ; j'en ai recueilli huit autres. Dans neuf de ces cas, des accidents de suffocation, évidemment provoqués par l'entrée des ascarides dans le larynx ou la trachée, prouvent que ces vers se sont introduits dans les voies respiratoires pendant la vie; mais, sans doute, leur introduction peut avoir lieu quelquefois aussi après la mort. Guersant, à ce sujet, s'exprime ainsi : » Nous avons trouvé quelquefois de ces animaux (lombrics) dans la trachée -artère, et jusque dans la dernière division des bronches ; mais il nous a été (1) Amatus Lusitanus, Curalionum medicinalium centuriœ septem, cent. VII, curât, lxiii. (2) Andry, ouvr. cit., t. I, p. 90. (3) L. Aronssohn, Mém. sur l'introduction des vers dans les voies aériennes (Arch. gén. de méd., 2e série, 1836, t, X, p. 44, davmne. 10 1A(i AFFECTIONS YEKMINEUSES DES VOIES IMCEST1VES impossible de déterminer si cette introduction avait eu lieu avant ou après la mort, celle-ci n'ayant été précédée d'aucuns symptômes qu'on puisse attribuer au passage de quelques corps étrangers dans l'intérieur des voies aériennes (1). » Il importe que l'on sache que les vers peuvent s'introduire pen- dant la vie dans le larynx, et causer une suffocation mortelle. L'at- tention des médecins, appelée sur ce point, pourrait sans doute arra- cher quelque victime à une mort certaine. La connaissance de ce fait importe encore à la médecine légale : un médecin qui occupe une position élevée dans un pays étranger nous a dit avoir été témoin du cas suivant, qui donna lieu à une instruc- tion judiciaire : Une femme, bien portante la veille, ayant été trouvée un matin morte dans son lit, des médecins furent appelés à constater la cause de la mort. Un ascaride lombricoïde fut trouvé dans le larynx. Pensant qu'un pareil ver ne peut s'introduire dans cet organe pendant la vie, les médecins furent d'avis qu'il y avait pénétré après la mort de la femme, et l'instruction suivit son cours. Sur les quatorze observations d'introduction d'un ascaride dans les voies aériennes rapportées ci-après, huit fois l'accident est arrivé chez des enfants âgés de quatre à dix ans; trois cas concernent des adultes, les trois autres sont sans détails. Une seule fois la gué- rison a eu lieu par l'expulsion du lombric dans un accès de toux. Une autre fois on a trouvé, à l'autopsie, le larynx libre ; mais un ascaride lombricoïde encore vivant, qui se trouvait dans le pharynx, était probablement l'auteur des accidents. Les ascarides, après avoir pénétré dans le larynx, y restent en- gagés plus ou moins complètement, ou bien ils franchissent les lèvres de la glotte et pénètrent jusque dans la trachée et les bronches. Dans le premier cas, il survient de violents accès de toux accom- pagnés de suffocation, d'anxiétés, de cris et de douleur au niveau du larynx ; l'asphyxie fait de rapides progrès, et la mort survient au bout d'un temps très court, à moins que le ver ne soit expulsé par une violente quinte de toux. Dans le second cas, on observe des phénomènes semblables; mais lorsque, après avoir pénétré dans la trachée et les bronches, le ver a (1) Dictionnaire de médecine. 1828, t. XXI, p. 245. CHEZ L'HOMME. — LOMBRICS ERRATIQUES. 147 laissé libre l'ouverture de la glotte, la toux devient moins intense, la suffocation moins forte et moins continue; néanmoins la maladie ne paraît pas s'être améliorée : la voix est étouffée ou abolie, ainsi que la toux ; le malade porte la main au cou et à la partie supé- rieure du sternum comme pour indiquer ou pour arracher l'obstacle qui s'oppose à l'entrée de l'air; la dyspnée se reproduit par accès avec une grande agitation, des vomissements, quelquefois de l'in- continence d'urine et des convulsions. Enfin la mort arrive après un temps qui, suivant les observations connues, varie de quelques heures à trois jours. Lorsque, par un violent effort de toux, le ver est rejeté à l'exté- rieur, tous les accidents cessent aussitôt. Le diagnostic de l'existence d'un ascaride dans les voies respira- toires est fort incertain : l'œdème de la glotte, le croup, la laryngite spasmodique, les corps étrangers venus du dehors, déterminent des symptômes et des accidents analogues. Toutefois les accès de suf- focation occasionnés par l'œdème de la glotte et le croup ne sur- viennent point inopinément et sans avoir été précédés ou sans être accompagnés des symptômes d'une affection du larynx. Ceux de la laryngite spasmodique surviennent ordinairement pendant la nuit et chez des enfants en général âgés de moins de huit ans. L'introduc- tion dans le larynx de corps étrangers venus du dehors n'a lieu que pendant certains actes, dont on peut ordinairement avoir la notion; tandis que les accès de toux et de suffocation que produit l'introduc- tion de l'ascaride dans le larynx surviennent inopinément, à n'im- porte quel moment, chez des individus qui peuvent avoir les appa- rences de la meilleure santé, dans l'enfance surtout, mais point exclusivement chez les jeunes enfants. C'est sur la considération de l'âge du malade, de l'habitude qu'il pourrait avoir de rendre des vers, de l'absence des symptômes d'une affection des voies respiratoires avant l'apparition des premiers acci- dents, de l'heure h laquelle ils sont survenus, de leur apparition subite, de l'impossibilité de les expliquer par l'introduction d'un corps étranger venu du dehors, que l'on sera amené à présumer que les accidents observés sont dus à l'entrée d'un ascaride dans le larynx. L'inspection de la gorge et de la partie supérieure du larynx, soit par la vue, soit avec le doigt, fera reconnaître la véritable cause des accidents, si le ver est encore en partie dans le pharynx; fait qui s'est présenté presque dans la moitié des cas. 1/lR AFFECTIONS VERMJNEUSES DES VOIKS DIGESIXVES Est- il nécessaire de dire qu'un ascaride introduit en partie dans le larynx, en partie dans le pharynx, devra être extrait le plus promptement possible avec les doigts, avec une pince à panse- ment ou à polype? Lorsque le ver ne sera plus accessible par la bouche, on administrera immédiatement des sternutatoires, des vomitifs énergiques et prompts, et l'on aura recours, enfin, à la tra- chéotomie, si ces moyens restent sans succès et si l'asphyxie devient imminente. 1" Lombrics introduits dans les voies respiratoires pendant la vie. Ier Cas (H aller). « Denique inter rariores mortis causas fuisse puto quam in puella decenni » vidi ; eam reperimus cum omnibus visceribus sanissimis, unicè verminosam, » et fauces atque os lumbricis plénum, duo verô de terele génère vermes in » aspera arteria, ad cordis sedem , inque principio pulmonis reperti sunt , mani- » festi suffocationis autores (1). » IIe Cas (Pouppé Desportes). « Un enfant de quatre ou cinq ans, jouant avec ses camarades, tomba sans connaissance et en convulsion, et mourut au bout de deux ou trois heures. Le chirurgien l'ouvrit, lui trouva toutes les parties internes saines et un ver dans l'estomac. Il lui vint dans la pensée de couper la tête de cet enfant pour en faire la dissection et la démonstration du cerveau à un apprenti qu'il avait. En coupant la trachée-artère et l'œsophage dans la partie supérieure, il découvrit un ver dans le dernier et un autre qui était à moitié passé dans la glotte. Il connut par là la véritable cause de la mort de cet enfant (2). » IIIe Cas (Aronssohn). t Une petite fille, âgée de neuf ans, fut mordue par un chien, le 4 3 no- vembre 1822. Aucun symptôme alarmant ne s'était manifesté, lorsque le 30 décembre (quarante-six jours après la morsure), il survint subitement de la gêne delà respiration. Quelques heures après, cette petite fille se mit au lit et refusa toute nourriture, se plaignant beaucoup de la difficulté qu'elle éprouvait à respirer. La dyspnée augmenta pendant la nuit ; la petite malade ne pouvait rester couchée et grinçait souvent des dents. » Le deuxième jour, il se joignit à l'état précédent de fortes sueurs, résultat de l'agitation perpétuelle que la malade ne pouvait maîtriser, bien qu'elle jouît de toute sa présence d'esprit ; il y avait en outre suppression d'urines , plus tard elle fut prise de vomissements d'un liquide noirâtre. » Le troisième jour, à six heuresdu matin, il survint des crachements conti- nuels ; l'enfant rapportait tout son mal à la partie antérieure et moyenne de (1) Haller, Opusc. pathol, obs. x. Lausannae, 1768, p. 26. (2) Pouppé Desportes, oiitr. cit., 1770, t. IF, p. 248. fcHEZ L'HOMME. — LOMBRICS ERRATIQUES. 149 la poitrine. A une heure de l'après-midi, ayant témoigné le désir de boire, on lui présenta un verre d'eau sucrée, qu'elle vida avec avidité et par petites portions, aussitôt après elle vomit ce liquide et se dit soulagée. Bientôt après elle demanda des aliments qu'elle vomit aussitôt après leur ingestion. Puis il survint un tremblement général dans les membres, suivi de convulsions et de trismus. Enfin, à une heure et demie, la mort termina cette scène de désolation; et cette enfant, qui, quarante-sept heures auparavant, paraissait pleine de santé, périt au milieu des plus terribles angoisses. «Autopsie. — Quarante-huit heures après la mort, nous fîmes l'examen du cadavre avec la plus scrupuleuse attention, sans pouvoir rien découvrir d'anormal, si ce n'est la présence de trente-sept strongles (ascarides lombri- coïdes), dont l'un, environ de cinq pouces de longueur, se trouvait engagé en partie dans la trachée-artère et en partie dans la bronche droite. La mem- brane muqueuse de ce dernier conduit était injectée et recouverte de mucosi- tés rougeâtres. L'estomac contenait deux de ces vers , le duodénum huit et le jéjunum vingt-six (1). » IVe Cas (Andral et Blandin). « J'ai trouvé une fois, dit M. Andral, avec Blandin, àl'hôpital des Enfants, un ascaride qui s'était engagé dans la cavité même du larynx ; il occupait l'espace qui sépare les deux cordes vocales, et une partie de son corps était encore dans le pharynx. L'enfant avait été pris tout à coup d'une dyspnée extrême, et il était mort en fort peu de temps dans un état d'asphyxie (2). » C'est probablement de ce fait que parle Blandin lorsqu'il dit : « J'ai recueilli l'observation d'un malheureux enfant qui fut étouffé par un énorme ver ascaride lombricoïde, qui, remonté de l'estomac, s'était placé dans la trachée et s'avançait presque dans la bronche droite (3). » Ve Cas (Tonnelé). « Un jeune garçon, âgé de neuf ans et bien constitué, entra à l'hôpital, le M mai 1828, pour y être traité d'une fièvre intermittente ancienne. Cet enfant n'offrait d'abord rien de remarquable ; mais le 21 au soir, appelé pré- cipitamment auprès de lui, je le trouve couché sur le dos, la tête renversée, la face rouge, les yeux étincelants ; il pousse par instants des cris aigus, et se plaint d'une vive douleur qu'il rapporte confusément à la partie supérieure de la poitrine et à la région cervicale. La respiration est précipitée et convul- sive ; la parole brève, presque impossible ; le pouls fréquent, petit et irré- gulier. L'exploration des organes thoraciques ne fournit aucune lumière ; l'inspection du pharynx est rendue impossible par l'agitation du malade et (1) L. Aronssohn, Mém. cité. (2) Andral, Analom. palh. Paris, 1829, t. H, p. 181. (3) Blandin, Anatom. topograph. Paris, 1826, p. 215, i;,0 Al'l'IiCriOiNS VKliMINliUSES DES VOIES DIGKSTIVES parle serrement des mâchoires. Force fui do se borner à des moyens cm- piriques, des sinapismes, un vésicatoire à la nuque, des potions antispasmo- diques, que le malade ne put avaler. « l,a nuit se passa dans un état d'agitation et d'angoisse difficile à décrire, et le lendemain au matin nous eûmes la douleur do voir périr cet enfant, véritablement digne d'intérêt, sans pouvoir lui porter aucun secours. » h' autopsie fut faite dix-huit heuresenviron après la mort ; voilà ce qu'elle nous apprit : « Un ver lombric, d'un volume et d'une longueur considérables, était engagé dans le larynx, dont il bouchait presque entièrement la cavité ; l'une de ses extrémités s'avançait jusqu'aux premiers anneaux de la trachée-artère, tandis que l'autre se reployait dans l'œsophage. Un second ver, un peu moins volumineux, était placé entre le plancher de la bouche et la langue, dont il entourait la base, en sorte qu'il se dérobait entièrement à la vue; une de ses extrémités était engagée et comme étranglée entre le collet des deux dents molaires. » L'intestin grêle contenait six ou sept vers de même espèce et de même volume ; la membrane muqueuse offrait une vive rougeur dans le point cor- respondant. Les autres organes étaient parfaitement sains, à l'exception de la rate, qui avait acquis un volume et une dureté beaucoup plus considé- rables que dans l'état naturel (1). » VIe Cas (Jobert). « Un ver lombric peut remonter de l'estomac dans l'œsophage, relever l'épiglotte, tomber dans la trachée, et, en produisant l'asphyxie, simuler l'apoplexie, comme j'en ai vu un cas chez une femme de trente-cinq ans (2). » VIIe Cas (docteur Bourgeois). a En mars 1831, étant de garde à l'hôpital des Enfants, à Paris, la sœur de salle vint me réveiller au milieu de la nuit, me disant de me rendre au plus vite auprès d'un jeune enfant de quatre ans, admis pour une indispo- sition sans gravité apparente, qui venait d'être pris subitement de suffocation et lui semblait fort mal. Je m'empressai de me rendre auprès de ce petit garçon; mais, à mon arrivée, je le trouvai mort. Je ne savais à quoi attri- buer une terminaison aussi soudaine, et que rien chez l'enfant n'avait pu faire présager. » A l'autopsie, je ne fus pas peu surpris de rencontrer un énorme asca- ride lombricoïde de 18 centimètres de long et gros en proportion, qui, remontant dans l'œsophage, s'était engagé dans la glotte et avait amené (1) Tonnelé, Réflexions et observations sur les accidents produits par les vers lombrics {Journ. hebdom. Paris, 1829, t. IV, u° 47, p. 290). (2) A. Jobert (de Lamballe), Thèse sur les he'morrhoides et quelques propositions. Paris, 1828, p. 45. CHEZ L'HOMME. — LOMBRICS ERRATIQUES. 151 l'asphyxie. Une moitié de ce ver était passée dans le larynx et la trachée, l'autre était encore dans l'œsophage ; de sorte qu'il était à cheval sur la partie pos- térieure du premier de ces organes (4 ) . » VIIIe Cas (docteur Hoering). « Le sujet de l'observation est un homme âgé de cinquante-deux ans, cul- tivateur, atteint de la miliaire. Le 26 octobre, le docteur Hœring trouva le malade dans l'état suivant : Prostration extrême des forces avec douleurs et engourdissement des membres ; alternatives fréquentes de froid et de chaud ; langue chargée, anorexie, sécheresse de la bouche, céphalalgie ; soif très grande, et surtout dyspnée. ("Limonade légèrement émétisée; sinapismes volants.) » Le deuxième jour, nuit très agitée ; sueur abondante et fétide, dyspnée plus forte, incontinence d'urine ; soif inextinguible, constipation. (La limo- nade émétisée n'avait pas été prise. Saignée du bras de douze à seize onces ; huile de ricin, deux onces.) A deux heures de l'après-midi, cinq selles ; di- minution considérable de la dyspnée, après la saignée, dont le sang ne pré- sente rien de remarquable. Le soir, la dyspnée augmente de nouveau ; chaleur et pouls fébriles. » Le troisième jour, pendant la nuit, anxiété ; pesanteur de tête, vertiges, bourdonnements d'oreille; symptômes qui subsistent encore le matin. (Douze sangsues derrière les oreilles ; frictions à la base de la poitrine avec l'on- guent mercuriel stibié, vésicatoires aux mollets, lavements et quelques grains de calomel). Pendant la journée, légère amélioration ; la nuit, exacerbation de tous les symptômes. » Le quatrième jour, éruption pustuleuse àlarégionépigastrique; tête plus libre ; urine rouge et en petite quantité, sueur abondante ; persistance de la dyspnée. (Le calomel est continué à doses graduellement augmentées.) » Le cinquième jour, pendant la nuit, la dypsnée a encore augmenté ; la soif a été très grande, et il est survenu de la diarrhée et de l'incontinence d'urine, tandis que les sueurs se sont supprimées. Dans la matinée, accès très intense de dyspnée, agitation continuelle; plusieurs personnes ont de la peine à retenir le maladedans son lit. (Potion calmante.) Le soir, le malade est plus tranquille; mais plus tard la dyspnée s'aggrave de nouveau delà manière la plus alarmante. » Le sixième jour, agitation continuelle, suffocation imminente à plusieurs reprises. Pendant la journée, difficulté extrême de la respiration, qui devient sifflante ; déglutition pénible. Le malade ne perd pas connaissance ; il se fait comprendre par gestes, ne pouvant plus parler ; il indique sans cesse la partie supérieure du sternum comme le siège principal de ses souffrances. Vers deux heures, la région épigastrique se tuméfie considérablement; la dyspnée s'accroît de nouveau jusqu'à la suffocation, et le malade meurt subi- (1) Docteur Bourgeois, Union médicale. Paris, 1856, t. X, n° 69. 15'2 AFFECTIONS VERMlNEUSES DES VOIES DIGESTIVES tement à quatre heures du soir, au moment où l'on se disposait à lui donner un vomitif. » Autopsie cadavérique faite quarante-deux heures après la mort. — Habitus extérieur ne présentant rien de remarquable ; nulle trace de l'exanthème miliaire ; tous les viscères thoraciques et abdominaux à l'état normal, la rate seule un peu plus volumineuse. Déjà M. le docteur Hœring était disposé à attribuer cette mort subite, sans lésion cadavérique, à une paralysie des nerfs pneumogastriques, due au principe miliaire, lorsqu'il lui vint à l'idée d'in- ciser le larynx et la trachée-artère. Dans cette opération exécutée avec des ciseaux, il coupa en deux un lombric qui s'était logé en travers sur la bifur- cation de la trachée. La membrane muqueuse était injectée, et offrait dans un point une érosion superficielle. L'endroit où était placé le ver correspondait à celui auquel le malade rapportait la douleur et le sentiment de constric- tion (1). » IXe Cas (P. Aronssohn, fils du précédent). « Etienne Desfourneaux, âgé de quarante-six ans, d'une constitution très robuste, entra à l'hôpital pour des douleurs rhumatismales. » Le 28 décembre \ 854, à huit heures et demie du matin, lors de la visite, rien de particulier ne fut observé; toutefois, le matin, l'infirmier de la salle avait remarqué un changement dans la voix du malade, qui l'attribuait à un peu d'enrouement. » Ce même jour, à dix heures du matin, je fus appelé en toute hâte : « Le n° S va mourir, » me dit-on. Je me transportai immédiatement auprès du malade et je constatai l'état suivant : décubitus dorsal, résolution des mem- bres; face boursouflée, lèvres cyanosées, laissant baver des mucosités spu- meuses, rougeâtres ; pupilles contractées; sueur froide abondante sur la face ; absence complète de l'intelligence, pas de réponse aux questions qu'on lui adresse; pouls normal ; bruits du cœur clairs et normaux ; aphonie, respira- tion stertoreuse; pas d'évacuation, ni toux, ni vomissement. Le malade retire ses membres quand on eu pince la peau ; c'est le seul signe de sensibilité qu'on parvient à réveiller en lui. Cet état était survenu subitement, sans cause connue ; je fis appliquer des sinapismes aux extrémités inférieures et des compresses froides sur la tête, et j'attendis une heure pour voir si quelque nouveau symptôme ne viendrait pas jeter quelque jour sur la cause de ces graves accidents. A onze heures, aucun changement ne s'était produit. Je fis appliquer six sangsues aux apophyses mastoïdes de chaque côté. Le malade avait porté de temps en temps les mains vers le cou et le sternum et enlevait même les compresses froides de sa tête. A partir de ce moment, il reste dans un état d'insensibilité et de résolution complètes. » A quatre heures, la scène était encore la même, avec aggravation des (I) L. Aroussohu, Mon. cit., p. 49. CHtZ L'HOMME. — LOMBRICS ERRATIQUES. 153 phénomènes asphyxiques. Vers sept heures du soir, il y eut quelques tenta- tives de vomissement, après lesquelles le malade expira. » A Y autopsie, le cerveau et la moelle épinière, le cœur, les poumons n'offrent rien de particulier. En incisant de bas en haut le poumon droit en place, je tombe sur l'extrémité d'un lombric faisant issue hors d'une bronche; abandonnant alors cette incision, nous ouvrons le larynx et la trachée et nous trouvons que ce lombric, qui mesure 0m,20 de longueur, correspond d'une part à l'épiglotte et de l'autre à la troisième division bronchique du côté droit. La muqueuse, dans toute l'étendue occupée par le lombric, est rouge et cou- verte d'écume. Douze lombrics existaient dans l'intestin grêle. » (La pièce pathologique est au musée anatomique de la Faculté de méde- cine de Strasbourg) (4). Les accidents qui ont été observés dans les deux cas suivants doivent très probablement être attribués à des lombrics introduits momentanément dans le larynx. Xe Cas ( ?). « Une jeune enfant de neuf ans, racbitique, d'un embonpoint considérable, fut prise des prodromes de la rougeole. Elle éprouvait depuis deux jours de la toux, des éternuments, des nausées, des vomissements, de la fièvre et une vive anxiété précordiale, lorsqu'elle a été transportée à l'hôpital des Enfants. Arrivée à midi, elle offrait une teinte violacée de la face et des lèvres, une gêne très grande de la respiration; elle accusait une vive douleur de gorge, portait la main à la partie antérieure du cou, comme pour en arracher l'ob- stacle qui s'opposait au passage de l'air. L'exploration de la gorge ne fit rien reconnaître d'anormal ; la toux et la voix n'étaient pas croupales ; cependant la suffocation étant imminente, l'interne de garde fait appliquer huit sangsues sur les parties latérales du larynx. Pendant cette application l'anxiété et l'agi- tation augmentent ; la respiration est haute, costale, saccadée, inégale; la malade fait de vains efforts de toux comme pour expulser un corps étranger retenu dans les voies aériennes, se plaint toujours de douleur de gorge. L'as- phyxie devient imminente, l'interne se décide à ouvrir la veine; mais à peine s'est-il écoulé une once de sang, que la malade succombe. C'était environ deux heures après son entrée à l'hôpital. » A Y autopsie, on trouve sans altération la muqueuse du larynx, de la trachée et des bronches, la glotte, l'épiglotte, les différents replis muqueux et les ganglions bronchiques. On ne constate aucune lésion dans les organes encé- phaliques et thoraciques ; rien de bien notable dans le tube digestif, si ce n'est la présence de vingt lombrics : « On était dans l'impossibilité d'expli- (1) Paul Aroussohu, Des corps étrangers dans les voies aériennes {Thèses de Stras- bourg, 2* aérie, 1856, u" 372, p. 37), 154 AFFECTIONS VERMENEUSES DES VOIES DIGESTIVES. quoi" la mort par los symptômes observés, lorsque pour n'omettre aucun or- gane, on procède à l'examen du pharynx et de l'œsophage. A peine a-t-on porté lo scalpel sur le premier de ces organes, qu'un ver lombric d'environ 6 pouces de longueur, encore vivant, s'échappe par l'ouverture supérieure de l'œsophage. » Quoique, dans ce cas, le ver n'ait pas été trouvé dans les voies aériennes, nous ne doutons pas, d'après les accidents observés, que la mort n'ait été le résultat de l'introduction de cet enlozoaire dans le larynx, qu'il aura aban- donné pendant les vingt-quatre heures qui ont précédé l'ouverture du corps (1). » XIe Cas (Aronssohn). — Guérison. « Mademoiselle Philippine L..., âgée de huit ans, jouissant de la meilleure santé, fut prise tout à coup, sans cause connue, d'une toux qui devint très forte, et continua d'augmenter en s'accompagnant de suffocation, malgré tout ce qu'on pût faire pour la calmer. Cet état d'angoisse durait depuis deux heures, et déjà des convulsions commençaient à s'y joindre, lorsque, à la suite de grands efforts, la petite malade rendit un strongle vivant ; aussitôt sa toux cessa complètement. » On ne put avoir aucun doute sur la cause de cette toux violente avec im- minence de suffocation, car l'effet cessa dès que la cause toute matérielle fut expulsée des voies aériennes (2). » 2° Lombrics introduits dans les voies respiratoires, peut-être après la mort. XIIe Cas (Cotogno). Cotugno écrit, dit Délie Chiaje : « Mirum fuit lumbricum invenisse qui » tracheam tranabatetin sinistrum bronchium erat intrusus, nulla édita tussi » donec eeger vixit (3). » XIII" Cas (Chassaignac) . « M. Chassaignac fait présenter les voies aériennes d'un sujet chez lequel se trouve un lombric occupant la trachée-artère et l'une des bronches. Les poumons sont engoués et noirâtres, sans hépatisation. On n'a pas de rensei- gnements sur ce sujet. » M. Cruveilhier pense que c'est après la mort que ce ver s'est introduit dans le larynx (4). » XIVe Cas (Oppolzer). « Un fait remarquable, dit Oppolzer, est celui d'une obstruction de la glotte (1) Bulletin de thérap. Paris, 1835, t. VIII, p. 32. (2) L. Aronssohu père, Mém. cit., p. 49. (3) Délie Chiaje, Compendio di elminlografia umana, 2e éd. Napoli, 1833, p. 86. (4) Bulletin Soc. mat., 13e anu., 3e série, 1838, t, IV, p. 305. CHEZ L'HOMME. — LOMBRICS ERRATIQUES. 155 par un ver lombric, chassé par le vomissement dans le pharynx, contournant la luette et pénétrant dans le larynx; je n'ai pas, ajoule-t-il, observé ce fait pendant la vie, mais seulement lors de l'autopsie (1). » CHAPITRE III. LOMBRICS DANS LES VOIES PANCRÉATIQUES. On a quelquefois rencontré des ascarides lombricoïdes dans le conduit pancréatique. On ne peut douter que ces vers ne viennent de l'intestin, comme ceux que l'on observe dans les conduits biliaires, et dont l'invasion clans ces conduits peut se faire pendant la vie des malades. Ier Cas (Thomas Bartholin). « Vermes ubique gigni ac permeare posse testimonia rida non desunt, nec » mea ad comprobandum déficit experientia cum et in pancreate nec parvum » adinvenerim (2). » IIe Cas (Fr. Gmelin). » A l'autopsie d'une femme, on trouva un lombric mort, de trois pouces environ de longueur, dans le milieu du conduit pancréatique. Un autre sem- blable, mais un peu plus grand, se trouvait dans le duodénum. L'orifice du canal pancréatique n'était point dilaté ni ulcéré (3). » IIIe Cas (Hayner). « In mulieris vesanse, mortem ex famé metuentis, ductibus hepatis biliferis » valdè extensis septem ascarides lumbricoides, octava partim in duodeno, » partim in ductu choledocho, undecim in ventriculo, in tenuibus, potissimum » duodeno et jejuno triginta et quod excurrit, parva tandem in duclu pan- » crealico repartse sunt. De contentis statuque intestinorum nihil refertur, sed » asgra longiùs diarrhœa laboravit aquosafaeculenta, et causa certè peculiaris » in intestino ipso aut ejus contentis quaerenda est, qua vermes omnes sur- » sùm et in loca aliéna pulsi sunt (4). » (1) P. Aronssohn fils, Thèse citée, p. 59. (2) Thomœ Bartholini Epist. medicin., cent. I, epist. lxh, 1644, p, 254. Hagse comitum, 1740. (3) Dissert., Lumbrici teretes-bi ductu, pancreatico reperti,nec non aliorum prœter naturam observatorum in fœmina autocheire historia et examen. Prœs. Burcard David Mauchart, resp. Philipp. Frid. Gmelin. Tubing, 1738, 28, p. 4. (4) Wurmer in der Leber einer Wahnsinnigen, eine Krankenrjeschichle nebst 156 AFFECTIONS VEUM13SEDSES DES VOIES DIGEST1VES IV' Cas (Breiià). « J'ai Irouvé le conduit pancréalique complètement obstrué par la présence d'un volumineux lombric dans le cadavre d'une femme qui, pendant la vie, avait donné des signes non équivoques de squirrhosité du pancréas (1). » CHAPITRE IV. LOMBRICS DANS LES VOIES BILIAIRES. Les ascarides lombricoïdes introduits dans les voies biliaires ont été rencontrés : 1° en partie dans le canal cholédoque, le reste du ver étant encore dans le duodénum ; 2° dans le conduit cholédoque ou dans la vésicule; 3° clans les conduits biliaires plus ou inoins dilatés sans altération du foie ; 4° dans ces conduits rompus ; 5° dans le tissu du foie plus ou moins altéré ; 6° dans le tissu du foie avec abcès; 7° dans un kyste hydatique du foie. Ier Cas (Hayner). — Lombric en partie dans le conduit cholédoque. Nous avons rapporté ce fait à propos des vers du conduit pancréatique (cas III). Sept lombrics existaient dans les conduits biliaires très dilatés; un huitième, introduit à demi dans le conduit cholédoque et à demi dans le duodénum, montrait la route que les précédents avaient suivie pour arriver dans les voies biliaires (2). IIe Cas (Broussais). — Lombric en partie dans le conduit cholédoque. « Un militaire souffrait beaucoup à la région hépatique et dans toute l'éten- due de l'épigastre; il était jaune, la fièvre était violente, l'agitation à son comble; le tout accompagné d'une respiration entrecoupée, suspirieuse et de mouvements convulsifs. 11 péril au bout d'une quinzaine de jours. » Je rencontrai un foie de couleur naturelle, quoique assez tuméfié par l'en- gorgement sanguin ; mais ce qui m'étonna le plus, ce fut de découvrir dans le duodénum un énorme lombric à moitié engagé dans le canal cholédoque, et un autre non moins considérable qui s'élait introduit jusque dans le parenchyme du foie, en suivant la même roule où s'était engagé le précédent (3). » sectionsbericht, vou D' Hayner, in Nasse's Zeilschrift fur psychische, ^Erzte I, 4, p. 514-520 (Rudolphi, Synopsis, p. 620). (1) L. Brera, Mem. prim., cit. p. 207. (2) Bremser(ouu/\ cit., p. 384, note) appelle l'auteur de cette observation Haguer, et de Blainville {Appendice àBremser, p. 538) l'appelle Hagner. (3) F.-J.-V. Broussais, Ilist. des phlegmasies chroniques, 4e édit. Paris, 1826, t. III, p. 272. CHEZ L'HOMME. — LOMBRICS ERRATIQUES. 157 IIP Cas (Tonnelé), — Lombric en partie dans le conduit cholédoque. «Une fois j'ai rencontré un de ces enlozoaires (ascaride lombricoïde) à demi introduit dans le conduit cholédoque, qu'il remplissait en entier. Il n'en était résulté aucun accident. La vésicule biliaire et le canal hépatique étaient vides. Peut-être le ver ne s'élait-il engagé que depuis peu dans les voies biliaires (1 ). » Nous verrons encore, dans un cas observé par M. Forget (cas XXXIII), un lombric occupant le canal cholédoque et faisant saillie par une extrémité" dans le duodénum. D'après les faits pré- cédents, on peut conclure à ceux qui suivent : Les lombrics ne se développent pas dans les voies biliaires, ni dans le tissu du foie; ils n'y sont point portés en germe, comme on l'a dit de nos jours, mais ils y arrivent de l'intestin. Celte opinion, du reste, n'est pas nou- velle, comme le montreront les deux observations suivantes : IVe Cas (G. Wierus). — Lombric à l'orifice du conduit cholédoque. « Intérim unicum illud, dum haec scribo, in menlem venit, quod in obser- » vationibus tuis legi, exmeorelatu additum, devermein cysti fellis reperto, » verissimum quidem illud esse, non unum sed duos fuisse vernies, qui in » puella quadam hydrope mortua Monspelii, cujus cadaver in hospitio meo » secui, sunt inventi : quorum unus adhuc inhœrebat poro cholagogo declivi, » at alter penetrarat in hepar : quos ego non in vesica fellis genitos, sed ex » intestinis per meatum illum expurgandœ bili destinatum ascendisse existimo, » cysti fellis aquea bile vel aquoso potius humore, quam felle referta in cor- » pore hydropico ; hinc etiam alterum vermem penuria alimenti ad hepar » pénétrasse verisimile est Dusseldorpii , ann. 4 602 (2). » Jean Wierus , père du précédent , rapporte que ce fait a été observé en 1572 ; que l 'un des vers occupait le méat du conduit biliaire inséré au duodénum, et que la tête de l'autre était placée sous la membrane propre du foie (3). Ve Ca» (Nebel). — Lombric dans le conduit cyslique. «... Sed in cadavere militis, tam in ductu cystico quam hepatico, invenit » lumbricum Nebelius et copiosos simul in intestinis; undè non sine ralione (1) Tonnelé, Mém. cit., p. 292. (2) Galenus Wierus, Lettre à Fabrice de Hilden, in Guilh. Fabricii Hildaui Observ. centuriœ. Lugduni, 1641, p. 67, cent. I, obs. liv, epist. annexa, et p. 74, obs. lx. — Th. Bonet, Sepulcr., lib. III, sect. xxi, obs. îv, § 30. (3) Joan. Wierus, Deprœstig. dœm., lib. IV, cap. xvi, dans Schenclf, ouvr. cit. lib. 111, De jecore : Vernies in hepale, observ I, p. 394. 158 AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES DIGESTIVES. i. Buspicatur, lumbricos ex duodeno per ductum choledochum in ductum » cyslicum et hepaticum irrepsisse (I). » VIe Cas (Hayner). — Lombric dans le conduit cholédoque. « Incadavere fœminae periodicè maniacaa, idem auctor (Hayner) ascaridem » in ductu cboledocho offendit (2). » VIIe Cas (Lieotaud) . — Lombric dans le conduit cholédoque. «Puer quatuordecim annorum in febrem acutam, variis torminibus stipa- » tam, incidit. Ubertim fluebal saliva, lumebat abdomen et praesertim hypo- » chondrium dextrum. Faciès et ipsimet oculi subicteritium colorem pree se » ferunt, sœviunt cardialgise, pulsus ineequalis exploratur ; albicant dejec- » tiones alvinee ac demùm ingruunt inter ferociores dolores, convulsiones » lelhales. » Hepar tumidum et croceum occurrit ; cystis fellea bile ultra modum » turget. Ductus communis a lumbrico proceriori , hac educto, repletur et » obturatur, Yentriculus et intestina vermibus scatebant (3). » VIIIe Cas (Rqederer et Wagler). — Lombric dans le conduit cholédoque; calcul dans la, vésicule. Rœderer et Wagler, en faisant l'autopsie d'une femme de trente-trois ans, morte d'une fièvre muqueuse, remarquèrent que le canal cholédoque était dur, cylindrique, allongé; l'ayant incisé, ils y trouvèrent un lombric qui le remplissait complètement, et dont l'une des extrémités faisait, dans la vési- cule biliaire, une saillie d'environ 3 centimètres; un autre lombric existait dans le duodénum. La vésicule du fiel contenait un calcul rond, irrégulier et mobile dans son col (4). IXe Cas (Buona-parte) . — Lombric dans le conduit cholédoque. « Le célèbre médecin Buona-parte (dePise) trouva un lombric assez grand dans le conduit cholédoque. Il attribua, avec toute raison, l'ictère auquel a succombé le malheureux malade à la présence de ce lombric (5) . » Xe Cas (Zeviani). — Lombric dans le conduit cholédoque. « Zeviani a observé aussi un lombric dans une situation semblable (6). » (1) VanSwieten, Op. cit., t. III, p. 89, d'après Nebelius, in Nova Aclaphysico- medica, t. V, obs. cm, p. 392. (2) Rudolphi, Synopsis (voy. ci-dessus, Lombrics du conduit pancréatique, cas III). (3) Lieutaud, Hisloria anatomico-medica sistens, obs. 907 (Vasa biliaria lum- Iricis obturata). Parisiis, 1767, 1. 1, p. 210. (4) Ouvr. cit., sect. IV, ouvert, xin. (5) Brera, Mem.prim., p. 207, d'après Guidetti (Dei vermi umani in générale, Firenze, 1783, p. 10). (6) Brera, Mém, et pag. cit., d'après Memorie délia Socielà italiana, t. III, p. 473. CHEZ L HOMME. — LOMBRICS ERRATIQUES. 159 XIe Cas (Heaviside). — Lombric dans le conduit cys tique et la vésicule biliaire. « Le docteur Heaviside conservait dans sa collection, à Londres, un lom- bric dont la tête était entrée dans la vésicule du fiel, et une portion de la queue se trouvait dans le conduit cystique ( mus, nunquam antehac cognito exemplo, très quoque magnos lumbricos » mortuos vesiculse fellece unà cum bile, halecum solilorum muriae, quoad » colorem et consistentiam simillimainclusos sectione deteximus (3). » XIVe Cas (Musée de Boston). — Lombric dans la vésicule. « N° 882. Lombric de la vésicule du fiel d'un homme qui mourut d'une dysenterie aiguë (Nov. 1836, Mass. gen. Hospital) (4). » XVe Cas (docteur Treille). «-— Lombric dans les conduits cholédoque et hépatique. a Le docteur Treille m'a raconté, dit M. Fauconneau-Dufresne, qu'un sapeur, âgé de vingt-huit ans, et fort, se trouvait, pendant l'été de 1806, à l'hôpital d'Udine, éprouvant de la fièvre, des vomissements, une douleur vive (1) Brera, Mém. cit., p. 207. (2) Bloch, ouvr. cit., p. 66. (3) De melancholia et morbis melancholicis, Carolo Lorry, dans les Comment, de Leipsick, 1767, t. IV, p. 664 (cité par M. Bonfils, Mém. sur les lombrics dans les canaux biliaires, dans Arch.de méd., juin 185 S). — Borsieri (t. IV, p. 365) attribue cette observation à Ludwig. — Rudolphi (ouvr. cit., t. I, p. 139) la donne sous le nom de censor anonymus (Comment. Lips., t. XIV, p. 664). Il se demande si ces vers n'élaient pas des slrongles. Les observations rapportées ici répondent à cette question. (4) Catalogue du Musée de Boston, cité, p. 317, 160 AFFECTIONS VEttMINEUSlîS DES VOlLS DlGESTIVliS à la région du foin et ayant un ictère. Il mourut, et M. Treille trouva Un long ver lombric engagé clans les conduits cholédoque et hépatique (l). » XVI" Cas (Croveiliiier.). — Lombrics dans les conduits hépatiques. A l'autopsie d'une femme morte d'une pneumonie latente (1 820), M. Cru- Veilhier a vu deux ascarides lombricoïdes remplissant les deux divisions du canal hépatique qui occupent le sillon transversal du foie. Trois autres vers étaient logés dans des divisions moins considérables. Du reste, il n'y avait aucune trace d'inflammation, soit dans le foie, soit dans les conduits biliaires. La malade n'avait éprouvé aucun symptôme du côté de l'abdomen (2). XVIIe Cas (Tendemni). — Lombric dans un conduit biliaire. « Le docteur Tenderini (de Carrare) écrit à la Société médico-physique que, en 1852, en ouvrant le cadavre d'une femme morte des suites d'une fracture du crâne, il trouva l'un des conduits biliaires occupé par un asca- ride lombricoïde long de 13 centimètres. Le foie était augmenté de volume et ramolli, le péritoine était enflammé (3). » XVIIIe Cas (W. B. Joi). — Lombrics dans les conduits biliaires. « W. B. Joi dit avoir vu des vers lombrics obstruer les conduits bi- liaires (4). » XIX" Cas (Leclehc, de Toul). — Lombrics dans les conduits hépatiques. arrière et à droite dans toute la hauteur du thorax, matilé, souffle tubaire, » bronchophonie. Toutes les parois buccales sont recouvertes d'une matière blanchâtre, pultacée ; déglutition difficile, douloureuse, soif vive, vomisse- ments glaireux et bilieux, épigastre douloureux à la pression: pas de diar- rhée. Pouls à 90, petit et mou ; point de chaleur à la peau. Le 8, nuit agitée, orthopnée, crachats rouilles; état de la veille. Le soir, réaction assez vive. Le 9, même état que la veille; enduit pultacé très abondant, soif vive, une selle. Le 10, prostration, coma, bouche fuligineuse: pouls presque insensible; une selle involontaire. — Mort à cinq heures du soir. » Le traitement avait consisté dans des potions stibiées, des vésicatoires volants, des sinapismes, vin, bouillon. j (I) Di duc. lombricoiài penelrati nel fegalo durante la cita, dal prof. Giorgio Y rtllizari, in Diswso dal doit. lia/}'. Maltci. Firenzc, 1857. CHEZ, L'HOMME. — LOMÏiaiCS ERRATIQUES. 169 L'aulopsie, faite quarante-huit heures après, montra une hépatisation grise de toute la moitié postérieure du poumon droit. Rien de notable dans la cavité du crâne et dans les organes abdominaux, à l'exception du foie. Cet organe est de volume et d'aspect normal ; le canal cholédoque est occupé par un ascaride lombricoïde dont une extrémité fait saillie dans le duodénum, tandis que l'autre parvient jusque dans la division gauche du canal hépatique. Le ver qui remplit exactement les conduits biliaires offre une longueur de plus de 20 centimètres; il n'est pas sensiblement altéré. En suivant avec la sonde cannelée et le scalpel la division droite du canal hépatique on arrive dans une cavité anfractueuse, du volume d'une noix, contenant du pus blanchâtre et un ver lombricoïde pelotonné d'environ 8 centimètres de longueur ; ce ver est mou, flétri, comme macéré et mort depuis longtemps. La cavité qui le contient paraît -être une dilatation du conduit hépatique. Autour de cette cavité, mais sans communication avec elle, on rencontre dans le tissu du lobe gauche du foie une dizaine d'abcès ou kystes purulents de diverses gran- deurs, depuis le volume d'un pois jusqu'à celui d'un marron, contenant une matière grumeleuse, colorée par la bile et tapissée de pseudo-membranes épaisses et consistantes, autour desquelles le tissu du foie est d'un rouge foncé (1 ). XXXIVe Cas (Lobstein). — Lombric dans un conduit biliaire. Abcès mul- S^y- tiples du foie. Communication de l'un avec une vomique. Il s'agit d'une femme de trente-huit an?, qui entra à l'hôpital le 4 mars 1829. Elle était dans un état de marasme général avec fièvre hectique, toux, crachats muqueux, tension dans l'hypochondre droit, pouls petit et fréquent. Plus tard, crachats puriformes, pectoriloquie au sommet du poumon droit. Le 9 avril, diarrhée qui persiste plus ou moins jusqu'au 6 mai. Ce jour-là : frissons, vomissements bilieux qui se répètent les jours suivants. Faiblesse croissante, voix éteinte, lipothymies, dyspnée. Mort le 1 ii mai. « Autopsie. — Le poumon gauche était parfaitement sain, celui du côté droit contenait dans son sommet quelques tubercules ostéopierreux ; la partie inférieure était adhérente à la plèvre costale, et renfermait une vomique d'une très grande capacité. Cette vomique communiquait d'une part à l'exté- rieur par une ouverture fistuleuse d'une étendue de trois lignes, placée entre les cinquième et sixième côtes sternales, sans que les muscles pectoraux ni les téguments de cette partie fussent endommagés ; d'un autre côté avec la partie supérieure du grand lobe du foie, au moyen d'un abcès de près de 2 pouces d'étendue, qui avait détruit le diaphragme dans cette partie. » Le foie était d'une texture saine dans toute la moitié gauche et dans le tiers inférieur de la moitié droite. Des brides celluleuses l'unissaient à la petite courbure de l'estomac, au côlon transverse et aux autres parties voi- sines. La partie supérieure de son côté droit, adhérente au diaphragme, con- (1) Professeur l'orgct (de Strasbourg), dans Union médicale, 29 mai 1856. 170 AFFECTIONS VERM1NEUSES DES VOIES DIGEST1VES tenait un grand nombre de tubercules blanchâtres et de vastes loyers puru- lents Bemblablea à des vomiques, remplis d'un pus lié, blanc jaunâtre nt communiquant par une ouverture fistuleuse avec la perte de substance du diaphragme indiquée plus haut, et par ce moyen avec la vomique du pou- mon. Le canal cholédoque et le ennui hépatique étaient suffisamment dilatés pour permettre l'introduction du petit doigt ; l'un des conduits biliaires y aboutissant, dilaté de même, renfermait un lombric long de 4à 5 pouces.» Rien de particulier dans los autres organes (I). XXVe Cas (Lebert). — Lombrics dans les conduits et le tissu du foie, abcès multiples, l'un d'eux communiquant avec un abcès du poumon. Une fille, âgée de quinze ans. habitant Zurich, est prise le 8 décembre 4854 d'un violent frisson, suivi de chaleur et de fièvre, soif vive, douleurs vagues dans le côté droit de l'abdomen, diarrhée. Le '16 décembre, le foie est le siège de douleurs assez vives augmentant par la pression, il dépasse les fausses côles d'environ deux travers de doigt. Les jours suivants il y a de l'amélioration dans la douleur, la fièvre et la diarrhée. Le 22 décembre, il sur- vient de la tous avec expectoration muqueuse peu abondante, rien à l'auscul- tation. Le 26, expulsion de lombrics par le vomissement et par les selles; la toux a cessé. Le 2 janvier, douleurs dans la partie inférieure droite du thorax; son mat à la percussion, depuis l'omoplate jusqu'en bas; respiration bronchique et bronchophonie dans toute cette étendue ; pouls, 124; toux fré- quente ; crachats gluants, légèrement sanguinolents; respiration 32 ; diarrhée- Le 4, râle crépitant avec la respiration bronchique. Le 5, à 13 base du poumon gauche matité qui diminue le lendemain et disparaît les jours sui- vants. Les symptômes persistent à droite, respiration bronchique au sommet, matité en haut et à droite jusqu'au mamelon. Le 10, persistance des sym- ptômes et de la diarrhée, œdème au pied droit. Le 1 1, son tympanique dans la partie antérieure et supérieure du côté droit du thorax et en arrière dans la moitié supérieure, matité en bas; respiration amphorique autour du mamelon. Matité (du foie) jusqu'à trois travers de doigt au-dessous des côtes. Crachats non sanguinolents, dyspnée très forte. Le 12 tous les symptômes s'aggra- vent. Mort le 13. Autopsie trente-cinq heures après la mort. — On constate la présence de gaz dans la plèvre du côté droit. « A l'ouverture du thorax on trouve le pou- mon droit refoulé en arrière, mais fixé en bas au diaphragme. Un épanche- ment séreux, légèrement trouble, occupe la partie antérieure jusqu'au sep- tième espace intercostal, où il est délimité par des adhérences et des fausses membranes. La principale altération est dans le foie. Déjà, en l'enlevant, on voit les conduits cholédoque, cystique et hépatique dilatés; ils renferment (1) Notice sur les maladies qui ont été traitées à la clinique de Lobstein, à Stras- bourg, pendant le mois de mai 1829 (observation intitulée: Phlhisie pulmonaire cl hépatique). Journ. complet»., 1829, t. XXXIV, p. 271. CHEZ L'HOMME. — LOMBRICS ERRATIQUES. 171 plusieurs lombrics. La partie convexe du foie est intiment adhérente au dia- phragme, et en le disséquant, on ouvre un abcès du foie; on aperçoit à la surface de l'organe un certain nombre de petits foyers purulents. La veine porte est saine et montre seulement quelques caillots non adhérents, dans des ramifications de troisième ordre. Les abcès se trouvent partout en dehors de la veine, mais plusieurs d'entre eux communiquent avec des conduits biliaires, et dans deux on trouve des lombrics très altérés, dont l'un surtout est pres- que diftluent par macération. La plupart des abcès se trouvent dans le lobe droit et varient entre le volume d'un petit pois et celui d'une pomme; tout autour d'eux, le tissu hépatique est hypérémié, d'un rouge foncé, avec légère diminution de consistance. Au microscope, on voit les cellules du foie nor- males, peut-être leur contenu graisseux un peu augmenté. » Le pus montre de fort beaux globules à noyaux. Le lobe gauche ne ren- ferme pas d'abcès , mais également plusieurs lombrics dans les conduits biliaires. Le foie dans sa totalité n'est que légèrement au-dessus du volume normal. » Un des abcès du foie a largement perforé le diaphragme ; son ouverture, de plus de 1 centimètre de diamètre, communique avec la base du lobe pul- monaire inférieur droit, non-seulement par une large ouverture, mais aussi par un certain nombre de petits trous, et la partie correspondante du poumon est comme criblée de ces petites ouvertures, qui conduisent dans des infiltra- tions purulentes du parenchyme pulmonaire, et qui, par une communication directe avec les bronches, ont provoqué le pneumothorax. La membrane mu- queuse bronchique est généralement hypérémiée et couverte d'un mucus pu- rulent; la partie supérieure du poumon droit est condensée et carnifiée; le sommet gauche est œdémateux et renferme un seul tubercule crétacé (1). » XXXVIe Cas (Kirkland). — Lombric sorti d'un abcès du foie. Kirkland rapporte « un cas remarquable d'abcès qui s'était formé au niveau delà dernière fausse côte du côté droit. Lorsqu'il s'ouvrit, il en sortit un ver long et rouge et une grande quantité de pus. Par la suite l'abcès se transforma en fistule par laquelle sortait chaque jour une certaine quantité de bile. Sans doute la fistule communiquait avec la vésicule biliaire. Comment ce ver avait-il pu pénétrer là? c'est ce qu'il est difficile d'expliquer (2). » Les faits qui précèdent donnent l'explication de celui-ci ; il s'agit évidemment d'un ascaride lombricoïde qui, s'étant introduit dans les canaux biliaires, a déterminé la formation d'un abcès. On conçoit qu'un tel abcès doive se faire jour dans des régions différentes suivant la partie du foie qu'il occupe. Quant à l'écoulement de bile, il est (1) H. Lebert, Traité d'anatomie pathologique gén. et. spéc. Paris, 1837, t. I, p. 412. (2) Richter, Chir. bïbl., B. X, S. 605 (extrait de : Kirkland, On inquiry into the présent stale of médical surgery. London, 1786, l. II, p. 186). I7'2 AFFECriONS VERMINEUSES DES VOIES D16ESTIVES probable qu'il avait lieu par suite de la communication du conduit biliaire dans lequel s'était introduit le ver, avec le foyer de l'abcès. XXXVII" Cas (Rqedereb et Wagler). — Lombric dans un kyste hyda- tique du foie. Soldat, point de renseignements sur la maladie. « Le foie se trouva d'un volume plus considérable que dans l'état ordi- naire.. . le lobe droit ayant été incisé près de la vésicule du fiel, il jaillit une humeur terne, aqueuse, du centre d'une tumeur enkystée, logée dans le pa- renchyme de ce viscère et dont une partie paraissait à sa face convexe, cou- verte d'une peau blanche, dure et épaisse. Cette tumeur renfermait une grande quantité d'hydatides, mais sa cavité ne présentait aucun fluide; de sorte qu'il parut que le fluide sorti sous le coup de bistouri appartenait à l'ou- verture d'une hydatide un peu grande. Ces vésicules se trouvaient de diffé- rents volumes : la plus considérable égalait en grosseur un œuf de poule, d'autres étaient graduellement plus petites, les moindres étaient pisiformes et linéaires, la figure des plus grandes était oblongue, les plus petites parais- saient parfaitement rondes Ceshydatides enlevées de la poche qui les con- tenait, il restait une concrétion membraneuse blanche, molle Aux environs. de cette concrétion on découvrit un lombric, petit, terne, rougeâtre, lisse, roide et dur. Quelques-unes de ces vésicules étaient marquées à leur surface d'une ou deux taches anciennes jaunes et bilieuses. » Le kyste commun irrégulier approchait à peu près de la forme sphérique. Sa surface interne, déprimée çà et là, présentait par intervalles de petites émi- nences, de sorte que les cavités intermédiaires les plus grandes répondaient aux hydatidesles plus considérables La cavité de ce grand kyste présentait plu- sieurs orifices, mais on ne put découvrir où ils aboutissaient. Sa paroi externe, répondant à la face convexe du foie, avait au moins une ou deux lignes d'épais- seur; elle était d'une dureté tenant le milieu entre celle des cartilages et celle des ligaments Le conduit hépatique était ample, et, comme dans la dis- section il avait été coupé près de son insertion dans le canal cholédoque, on ne put savoir s'il se rendait dans ce kyste ou non. Cependant il est vraisem- blable, et ceci est encore probable par les taches jaunes des hydatides, que le ver trouvé dans le sac y était parvenu du duodénum au moyen des conduits biliaires. » Six vers lombrics existaient dans l'intestin grêle ; quant à celui du foie, les auteurs ajoutent dans les réflexions annexées à l'observation : « Quoique ce ver fût très petit, sans doute faute de nourriture, il paraît cependant qu'il a joui de la vie jusqu'à la fin de la maladie ; ce que nous avons pu juger par sa roideur et la vivacité de sa couleur (I ). » (1) Rœdercr et Wagler, ouvr. cit., sect. iv, ouv. VIII. D'autres cas de l 'Tons du foie opérées par les lombrics ont encore été rapportés, mais les circonstances de ces faits ne nous permettent point d'en tenir compte: Rosen dit que chez un homme âgé de vingt-huit ans on trouva, à l'autopsie, des CHEZ L'HOMME. — LOMBRICS ERRATIQUES. 173 D'après tous ces faits, on voit clairement que les ascarides lom- bricoïdes envahissent les voies biliaires pendant la vie de leur hôte, en s'introduisant de l'intestin dans le conduit cholédoque, ils remon- tentde là soit dans la vésicule biliaire, soit dans les conduits hépatiques. Leur présence dans les voies biliaires détermine des lésions di- verses ; elle occasionne ou elle entretient une dilatation des conduits envahis et quelquefois leur rupture : la dilatation des conduits est plus ou moins générale, ou bien elle est partielle, bornée à la partie occupée par le ver qui paraît alors être contenu dans une poche particulière. La rupture des conduits non plus que les érosions de leur surface interne ne doivent être attribuées à la succion opérée par les lombrics ; elles dépendent de l'obstacle apporté au cours de la bile ou bien de l'irritation causée par ces corps étrangers. Lorsque les vers ont pénétré profondément dans les voies biliaires ou dans le parenchyme du foie, ils déterminent l'inflammation et la suppuration des parties. Dans quelques cas le pus s'écoule par le conduit biliaire dilaté ; dans d'autres, lorsque le foyer ne commu- nique pas largement ou directement avec le conduit, le pus est re- tenu, et, au lieu d'une cavité vide et érodée, on trouve en rapport avec le lombric une véritable collection purulente. Parfois les foyers sont multiples, comme ilaarrive assez fréquemment dans les suppu- rations du foie ; ces collections purulentes communiquent entre elles ou sont indépendantes les unes des autres, disséminées dans l'organe hépatique ; elles peuvent devenir considérables et s'étendre vers le poumon où elles entrent en communication soit avec la plèvre, soit avec les bronches. Il se peut même qu'un tel abcès s'ouvre au dehors, à l'épigastre ou dans l'hypochondre droit, et donne issue à des lom- brics dont le trajet à travers l'organe hépatique ne pourrait être soupçonné, s'il n'y avait en même temps un écoulement de bile par la plaie. Quelles sont les causes ou les conditions qui déterminent l'enva- vers qui avaient percé plusieurs endroits des intestins ; l'estomac en avait trois cicatrices, et le foie, le diaphragme, en étaient tout rongés (ouvr. cit., p. 392). Dans une observation intitulée : Ver nourri dans le foie d'une femme dont il causa la mort, il s'agit évidemment d'un cancer du foie ouvert dans l'intestin. Un lombric expulsé avec les selles, quarante-huit heures avant la mort, provenait, dit- on, du foie (Journ. de méd. chir., etc., 1759, t. II, p. 303). Enfin, dans une observation de Godot, il s'agit d'un abcès situé à la région épigastrique qui donna issue à plusieurs lombrics, et dans lequel le petit lobe du foie était intéressé (Même journ., t, XL, p. 145). 17/i AFFECTIONS VEIIMINEUS1CS DES VOIES DICKSTIVKS hissement des canaux biliaires par les lombrics '. Il est à présumer, que les causes principales sont toutes celles qui déterminent une dilata- tion de ces canaux ; telle pourrait être l'issue de quelque calcul biliaire dans l'intestin. Nous avons vu, en effet, dans deux cas (VIII, XX) la coexistence de l'affection calculeuse du foie avec les ascarides lom- bricoïdes; dans un autre cas (XXXVII), un de ces vers avait pénétré jusque dans un kyste hydatique ; or, nous verrons que lorsqu'un kyste de cette nature entre en communication avec un conduit biliaire, les bydatides peuvent s'engager dans ce conduit, puis, cheminant comme des calculs par l'élargissement progressif du canal, elles arrivent enfin dans l'intestin. Dans le cas de Rœderer et Wagler (XXXVII), le kyste était en communication avec les conduits biliaires, la bile même y avait pénétré ; d'un autre côté le conduit hépatique était ample. N'est-il pas présumable que quelques-unes des plus petites hyda- tides s'étaient engagées dans ces conduits, les avaient dilatés et que le ver, trouvant leur orifice béant, s'y était engagé î Les cas rapportés ci-dessus donnent environ la proportion de trois individus âgés de plus de quinze ans pour un au-dessous de cet âge (1) ; or, si l'on con- sidère que les accidents occasionnés par les lombrics sont générale- ment beaucoup plus fréquents chez les enfants que chez les adultes, on devra chercher la raison de la différence que nous signalons ici, dans quelque condition anatomique ou pathologique des voies biliaires aux différents âges. Nous n'en voyons point d'autre que la rareté des affections des voies biliaires dans l'enfance et surtout celle de l'affection calculeuse. Les symptômes produits par la présence des lombrics dans les conduits biliaires sont très variables ; dans aucun des cas connus la présence des lombrics n'a été soupçonnée ; dans la plupart même, l'affection du foie est passée inaperçue. Les phénomènes les plus appréciables et les plus fréquents ont été ceux de l'hépatite; ils ont consisté dans la fièvre, dans une douleur plus ou moins vive à l'hy- pochondre, l'ictère, des convulsions, des vomissements, la diarrhée, phénomènes qui, dans quelques cas, étaient permanents et qui, dans d'autres, revenaient par accès. L'introduction des lombrics dans les voies biliaires est probable- (1) Les cas, rapportés ci-dessus, clans lesquels l'âge a été exprimé, ou ceux dans lesquels on peut le déduire de quelque circonstance du fait, sont au nombre de vingt et un pour des individus adultes ou âgés de quinze ans et au-dessus, et de huit pour les individus âgés de moins de quinze ans. CHEZ L'HOMME. — LOMBRICS ERRATIQUES. 17f> ment toujours un accident grave; une fois entrés clans ces voies, les lombrics n'en peuvent, sans doute, plus sortir, en exceptant cependant ceux de la vésicule qui pourraient, peut-être, retrouver l'orifice du conduit cystique et reprendre le chemin de l'intestin. Un cas de guérison d'un ictère, occasionné par l'introduction d'un lombric dans le méat cholédoque, a été publié dernièrement; mais en l'absence d'un signe plus. ou moins certain, plus ou moins pro- bable de cette introduction, on ne peut regarder un ictère qui dis- paraît rapidement après l'expulsion par la bouche ou par l'anus d'un ascaride lombricoïde, comme étant le fait de ce lombric; aussi, nous considérons comme fait incertain le cas observé par le doc- teur Schloss (1). CHAPITRE V. MIGRATION PAR DES VOIES ACCIDENTELLES. — QUESTION DES PERFORATIONS. Les ascarides lombricoïdes renfermés dans le tube digestif peu- vent encore en sortir par des voies accidentelles, soit qu'une destruc- tion gangreneuse d'une portion de l'intestin, soit qu'une ulcération simple, tuberculeuse ou de toute autre nature leur offre une issue, soit qu'ils aient eux-mêmes pratiqué cette issue par la pression de leur extrémité céphalique sur une partie ramollie, amincie ou bien ulcérée des parois du tube digestif. Au sortir de l'intestin, les lombrics arrivent dans la cavité du péri- toine, dans l'un des organes du ventre, comme la vessie, dans l'épais- seur des parois abdominales ou dans une cavité accidentelle ; enfin ils arrivent directement au dehors, si la perforation de l'intestin com- munique avec une fistule ouverte à l'extérieur. La migration des ascarides lombricoïdes à travers les parois abdo- minales a été connue de tout temps. Hippocrate rapporte le fait sui- vant : « Abderee Dinii puero ad umbilicum mediocriter pertuso, fistula » parva relicta est interdumque lumbricus crassus per se pervasit; >» cumque febricitaret (ut aiebat) biliosa quôd et ipsa hac prodibant. » Huic intestinuminfistulamprolapsum est, ac velut fistula corrode- (1) Schloss, Ictère paraissant symptomatique de la présence d'un ascaride lom- bricoïde dans les voies biliaires (Bull. Soc. anal., ann. XXXI. Paris, 1856, p. 361). 17G AFFECTIONS VERM1NEUSES DliS VOIES DiGESTIVES » batur rursùsque disrumpebatur, tussiculœ que intus permanere non >• sinebant (1). » On ne voit pas que l'auteur du septième livre des épidémies ait attribué la perforation intestinale ù l'action des vers. Ce cas a été néanmoins cité généralement comme un exemple de vers effvacicurs Uumbricieffractores); c'est ainsi qu'on appelait les vers, qui, sortant à travers les parois de l'abdomen, étaient supposés avoir perforé ces parois. Dans des cas semblables, la plupart des auteurs des siècles passés ne concevaient à cet égard aucun doute: « Maître Pierre » Barque, dit Ambroise Paré, et Claude Legrand, demeurant à Ver- » dun, naguères m'ont affirmé avoir pansé la femme d'un nomméGras » Bonnet, à Verdun, laquelle avait une apostème au ventre, de la- » quelle ouverte sortit avec le plus grand nombre devers, gros comme » les doigts, ayant la tête aiguë, lesquels lui avaient rongé les intes- » tins; en sorte qu'elle fut longtemps qu'elle jetait les excréments n fécaux par l'ulcère et à présent est du tout guarie (2). » Beaucoup d'auteurs rapportent sans plus de critique, des cas où la perforation, attribuée à l'action des lombrics, a été précédée de hernie étranglée, de contusion violente de l'abdomen, d'abcès ouvert depuis longtemps, etc. Paul d'Égine, Alexandre de Tralles, Avi- cenne, Spigel, Andry, Van-Dœveren, etc., avec la plupart de leurs contemporains, ont admis sans conteste l'interprétation erronée de faits semblables. Félix Plater toutefois, au ccmmencement du xvne siècle, Bianchi clans le xvme, ont exprimé leur dissentiment à cet égard; mais c'est aux efforts de Wichmann que cette question, comme plusieurs autres de pathologie vermineuse, doit d'avoir été plus généralement soumise à une saine critique. Félix Plater, parmi plusieurs raisons moins bonnes, dit, que les lombrics ne sont pas munis d'instruments perforants. Cet argument est reproduit par Bianchi (3). La connaissance que nous avons aujour- d'hui de l'organisation des entozoaires a confirmé cette assertion. En effet, quoique les trois valves qui terminent la tête de l'ascaride lombri- coïde soient munies d'un appareil corné et de dents aiguës, les parties tranchantes de cet appareil ne peuvent agir que sur des substances (1) Hippocrate, De morbis vulgaribus, edenle Foes, sect. VII, Iib. VII, § 127, p. 1239. (2) Amb. Paré, Œuvres complètes, nouv. édition, par J. F. Malgaigne. Paris, 1841, t. III, p. 37. (3) J.-B. Bianchi, De nat. in hum. corp. viliosa morbosaque generatione hhl. AugustœTaurinorum, 1749, pars III, p. 353. CHEZ L'HOMME. — LOMBHIGS ERRATIQUES. 177 introduites entre les valves et nullement sur des parties situées en avant. Wichmann, étudiant les prétendues lésions opérées par les lom- brics, établit qu'elles se présentent semblables dans bien des cas où l'absence de vers ne permet pas de les leur attribuer (1). Rudolphi s'occupa de la question d'une manière plus approfondie. Aux raisons donnés ci-dessus, le célèbre helminthologiste ajouta les arguments suivants : 1° Il n'a jamais vu d'ascarides fixés aux parois intestinales; 2° dans plusieurs cas de perforations attribuées aux vers, les ouvertures étaient tellement larges que ni le ténia, ni les ascarides n'eussent pu les produire; 3° souvent les perforations ont été précé- dées d'une hernie ; 4° dans des cas fréquents où des vers existaient en nombre extrêmement considérable, on a trouvé, à l'autopsie, les parois de l'intestin parfaitement intactes; tandis qu'au contraire dans les cas de perforation attribuée aux vers, ces animaux étaient le plus souvent peu nombreux; 5° les lombrics ayant pour séjour ordinaire l'intestin grêle, le siège presque exclusif des perforations devrait être cet intestin; or, dans beaucoup de cas, les perforations existaient dans d'autres parties du tube digestif; 6° si les vers sortent par l'ouverture qu'ils ont eux-mêmes pratiquée, pourquoi le plus sou- vent les voit-on sortir plusieurs successivement par le même trou [2)1 Personne ne croit plus aujourd'hui que les lombrics déterminent la gangrène, ou pratiquent de larges perforations dans l'intestin; toutefois, beaucoup de médecins admettent encore que ces vers peu- vent s'insinuer entre les fibres des parois du tube digestif et les traverser, ou qu'ils les ulcèrent par leur contact prolongé. Ils adoptent en ceci les théories de Mondière, médecin de Loudun, qui s'est efforcé de les établir sur des raisonnements et sur des faits (3). (i) Wichmann, loc.cit.,p. 85, d'après Rudolphi, 1. 1, p. 432,etRud.,t. t, p. 160. (2) Rudolphi, Hisl. nat.cit., t. I, p. 429. Bremser, Scoutetten, Cruveilhier, J. Cloquet, etc., ont adopté l'opinion de Rudolphi. P. Frank dit que pendant cinquante-quatre ans de pratique, ayant ouvert plusieurs milliers de cadavres, il n'a pas rencontré de perforation qu'on pût avec raison attribuer aux vers (t. V, p. 369). Léon Dufour a trouvé dans l'obser- vation des malades, dans l'examen anatomique des lombrics, dans la recherche de ces vers chez le porc, des raisons de ne pas admettre la perforation pratiquée par les vers (Journ. Sédillot, t. XCII, p. 332, 1825). Guersant père n'a jamais vu de lombrics dans la cavité abdominale chez des individus dont l'intestin était sain (Dict. rnéd., t. XXI, p. 247). (3) J.-B. Mondière, Recherches pour servir à l'histoire de la perforation des davawe, 13 17K AM'KCTIONS VERMINÉUSEà DES Vous DICMSTIMs I. Examinons d'abord les raisonnements: Mondière, admettant que les lombrics pratiquent la perforation par le simple écartement des fibres de l'intestin, et développant une asser- tion de DeBlainville (1), compare le mécanisme par lequel le lombric accomplit son passage à travers les tissus à celui du ver de terre s'enfonçant dans le sol. Mais, c'est à tort que ces auteurs ont assi- milé les mouvements et 1 des vers, agglo- mérés en nombre plus, ou moins grand, séjournent dans un point limité des intestins, le dilatent, l'enflamment,, lui font contracter des adhérences avec les parois abdominales auxquelles se propage l'in- flammation, qui se termine par la formation d'un abcès qui s'ouvre au dehors au bout d'un temps plus ou moins long (1).»I1 ne s'agit plus de la perforation active des intestins par les lombrics ; ces vers agissent ici passivement. Ce mode de perforation est une simple hypothèse, qui n'est basée sur aucune observation anatomique. Pour admettre cette explication, il faut admettre aussi que des ascarides réunis en peloton séjournent dans le même point de l'intestin pendant un temps très long, car nous avons vu que leur contact, même quand ils sont accu- mulés en grand nombre, est compatible avec l'intégrité du tube digestif; or, pour déterminer l'inflammation des membranes de l'in- testin, l'adhésion de la tunique séreuse aux parois abdominales, et finalement l'ulcération, il faudrait que ce contact se prolongeât pen- dant un assez grand nombre de jours. Des ascarides vivants res- teraient-ils tout ce long espace de temps sans se déplacer sponta- nément1? Vivants ou morts, ne seraient-ils pas déplacés et chassés par les contractions de l'intestin? Dans tous les cas leur présence ne produirait point d'autres effets, sans doute, que ceux qui résultent de l'aecumulation des fèces. Les observations que Mondière a rassemblées et rapportées à l'appui de son opinion sur la formation des tumeurs vermineuses par l'accumulation des ascarides lombricoïdes dans un point du tube di- gestif, ne prouvent nullement que les choses se soient passées comme ill'a supposé (2). Des faits nouveaux, observés sanssystèmepréconçu, des recherches nécroscopiques surtout, mais non des suppositions et des hypothèses, apporteront des lumières dans cette question. IL Voyons maintenant les faits. Les cas de perforation intestinale attribuée à l'ascaride lombri- coïde se présentent dans deux conditions principales : autre de Velpeau (voy. Vers sortis par un alcès par congestion, chap. vu, p. 204, cas VI), et six cas de tumeurs vermineuses (voy. catég. I, p. 195 et suiv., cas IV, V, VII, VIII, IX, X). (1) Mondière, Mém.cit., p. 71. (2) Nous donnons ci-après 1'aDalyse de ces observations, qui sont les cas XI, XII de la catég. I, p. 196 et suiv.; X, XII, XV, XXXI, XXXII, XXXIII, XXXVII, de la catég. II, p. 199 et suiv., et le cas III de ténia erratique, p. 114. 180 AFFECTIONS VERMINEUSES DES VO/LS DIGESTIVF.S 1° Les vers, ayant traversé l'intestin, sont tombés dans la cavité péritonéale ; 2° Ces animaux, ayant traversé l'intestin et la paroi abdominale, sont arrivés au dehors. § I. — fers dnns la cavité du péritoine. L'intestin grêle, à l'état sain, flotte librement dans le ventre ; tout ascaride qui le traverse arrive donc nécessairement dans le péritoine; il en est de même pour toute la portion de l'estomac et du gros in- testin que revêt la membrane séreuse. Des accidents de péritonite et une mort rapide suivront un tel accident. Lorsqu'on n'aura pas re- connu, pendant la vie, les symptômes de là péritonite, ou, à l'au- topsie, les caractères anatomiques de cette affection, on devra conclure que l'arrivée de l'ascaride lombricoïde dans la cavité abdominale s'est faite après la mort. C'est suivant ces vues que nous allons examiner les faits rapportés par les auteurs. A. — Absence de péritonite. I" Cas (Jules Cloquet). — Perforation de Vinleslin grêle. « J'ai rencontré plusieurs ascarides lombricoïdes dans la cavité du péri- toine d'une jeune fille, âgée de dix ans, qui mourut à l'hôpital des Enfants, vers la fin de l'année 4 81 3, à la suite d'une fièvre muqueuse. La membrane interne des intestins était couverte d'ulcérations arrondies, grisâtres, qui avaient dans quelques endroits détruit toutes les tuniques. Un lombric fort volumineux était engagé et comme retenu par le milieu du corps dans une des perforations de l'iléon ( I ). » M. Cloquet n'attribue pas les ulcérations nombreuses ni les perfo- rations à l'action des lombrics. Nous ne rapportons ce fait que pour n'en omettre aucun; il nous fournit, d'ailleurs, l'occasion de donner quelques explications sur des circonstances qui se présenteront encore dans plusieurs cas. Malgré la présence des vers dans le péritoine, il n'y avait pas de péritonite, car, à défaut des symptômes de cette affection qu'il n'a peut-être pas été à même d'observer, M. Cloquet en eût reconnu les lésions anatomiques, et n'eût pas omis d'en faire mention. Si l'on n'admet pas que les ascarides sont arrivés dans le péritoine après la mort, on doit admettre qu'ils y sont arrivés fort peu de temps (1) J. Cloquet, Anat. des vers intest, Paris, 1824, p. G. CHEZ L'HOMME. — LOMBRICS ERRATIQUES. 181 avant; en effet, on saitavec quelle rapidité se forment les adhérences du péritoine et se produit l'épanchement purulent lorsqu'une perfo- ration donne issue aux matières intestinales. Tous ces vers sont donc sortis de l'intestin peu d'heures avant la mort du malade, c'est-à-dire dans un intervalle de temps très court et presque simul- tanément; cependant, les ulcérations arrondies, grisâtres, qui avaient dans quelques endroits détruit toutes les tuniques, ne se sont point formées aussi tardivement ; elles offraient depuis long- temps, sans doute, aux lombrics une issue dans laquelle quelques- uns eussent pu s'engager bien avant les autres, et donner lieu à la péritonite. D'un autre côté, la présence de l'ascaride lombricoïde dans le péritoine est un fait très rare, puisque nous n'en connaissons que quinze exemples, et néanmoins l'on voit ici plusieurs de ces ani- maux dans cette condition chez un individu. Pourquoi cette migration de plusieurs ascarides à la fois, dans un moment donné et par une sorte d'accord unanime \ Il faut que la cause qui les a portés à quitter l'intestin, ait agi sur tous au même instant, à une époque très voi- sine de la mort, si ce n'est pas après; cette cause que peut-elle être, sinon la mort même du malade, le refroidissement du cadavre'? Les vers, fuyant des organes qui ne leur offraient plus de condi- tions d'existence, se sont engagés dans les perforations ou peut-être dans les ulcérations qu'ils ont achevées ; l'un des ascarides retenu dans une perforation qu'il n'avait pu franchir, témoigne assez qu'il s'y était engagé lorsqu'il était déjà languissant et mourant. Ainsi s'expliquent la présence simultanée de plusieurs vers dans le péritoine et l'absence de péritonite. IIe Cas (Van Doeveren). — Perforation de l'intestin grêle. Van Doeveren attribue à l'action des lombrics les perforations qu'il ren- contra chez un enfant dont il fit l'autopsie en 1752, et sur la maladie duquel il n'eut point de renseignements. Il s'agit d'un enfant de deux ans apporté à l'amphithéâtre pour des études anatomiques. On trouva, après avoir ouvert le ventre, deux lombrics enlacés, dont l'un était dans la cavité du ventre et l'autre, aux deux tiers seulement dans cette cavité, avait le reste du corps engagé dans une ouverture de l'intestin grêle qui leur avait donné passage. Par une seconde perforation, située à deux pieds de la précédente, sortait d'en~ viron trois pouces l'une des extrémités d'un lombric dont l'autre extrémité était engagée dans une troisième perforation ; enfin , une quatrième ouverture con- tenait encore un autre ver (1 ) . (1) Vau Doeveren, ouvr. cit., p. 283, 1N2 UIKCHOIVS VJiRMINEUSIiS 1JKS VOIES DIGKS'JllVKS III'' Cas ( ?). — Perforation de l'intestin grêle. On trouve dans le Journal d'JIufeland le cas suivant : « Une jeune fille, âgée de douze ans, meurt hydropique et au dernier degré de lu diathèse scrofuleuse. Les intestins grêles étaient perforés en cinq ou six endroits différents, et par ces petites plaies on voyait pendre autant de vers; d'autres encore furent trouvés dans la cavité abdominale môme, au milieu de la sérosité épanchée. Les orifices étaient ronds et répondaient entièrement à la grosseur de ces vers. Il n'y avait pas à penser à une lésion de l'intestin par le scalpel ; de plus, l'intestin n'était ni gangrené ni aminci , mais plutôt épaissi (1). » Voilà deux cas dans lesquels plusieurs vers se déterminent à la fois à perforer l'intestin. Dans le premier, l'observateur a pu croire qu'un lombric avait perforé les parois par les deux extrémités de son corps (2) . L'auteur de la seconde observation n'y met pas plus de critique ; car il est assez clair que chez cet enfant, mort dans le dernier degré de la diathèse scrofuleuse, les vers sont sortis par des ulcérations tuberculeuses, et la situation de quelques-uns des ascarides, engagés encore dans les perforations intestinales, montre suffi- samment qu'ils s'y étaient introduits lorsqu'ils étaient déjà mou- rants. IVe et Ve Cas (Gaultier de Claubrt). — Perforation de l'estomac. Une jeune fille fut surprise de convulsions et succomba le sixième jour. « A l'ouverture du cadavre, M. Gaultier trouva dans l'abdomen distendu onze vers fort gros et très longs couchés sur la masse intestinale. L'estomac était percé de trous, au travers desquels avaient passé ces vers; plusieurs y étaient encore engagés à moitié. Ce viscère, incisé, en offrit dans son intérieur cin- quante-deux autres. Les intestins n'en contenaient que deux. » Chez un autre enfant, qui succomba le septième jour d'une affection semblable, M. Gaultier trouva : 1° une grande quantité de sérosité épanchée dans le cerveau et dans les ventricules ; 2° des vers lombrics disposés çà et là sur la masse intestinale. L'estomac était lardé de vers; les uns étaient à moitié sortis, les autres commençaient à le faire ou étaient près de sortir (1) Hufelaud, Joum. der pract. Heilkunde, 1334, et Gaz. méd. de Paris, 1834, p. 489. (2) Voici une nouvelle preuve de la facilité avec laquelle les faits les plus absurdes out été admis : « M. Antouucci, professeur de clinique à Naples, dit le doc- teur Lini, rencontra une fois, à l'autopsie d'un homme mort à l'hôpital des Incu- rables, l'intestin grêle percé sur six points par trois lombrics, qui, sortis dé ce tube par trois points différents, y étaient rentrés par trois autres perforations distinctes qu'ils y avaient faites. » (Il Filiatre sebezioyi831, cité ci-après.) CHEZ L'HOMME. — LOMBRICS ERRATIQUES. 183 entièrement. En tout, il y en avait vingt-sept en cet état, c'est-à-dire engagés dans ies parois de l'estomac, et trente-six sur les intestins. L'estomac, dur et volumineux, fut ensuite ouvert; il contenait encore une masse de vers lombricoïdes (1). » Est-il besoin de signaler dans ces deux cas l'absence de périto- nite, la multiplicité des perforations, le nombre des vers sortis \ Qui donc, en y réfléchissant, croira que les vers ont perforé l'estomac? Et cependant ces deux faits sont cités partout comme des exemples irrécusables de perforations opérées par les lombrics. Nouveau témoi- gnage de la légèreté quia été généralement apportée dans l'examen de la question. A l'appui des observations de Gaultier de Claubry, un médecin de l'hospice civil de Carentan, s'empressa de publier les suivantes qui peuvent être, en effet, rangées dans la même catégorie. VIe Cas (Mangon). — Perforation de l'estomac. Il s'agit d'un garçon âgé de huit ans, scrofuleux, atteint depuis un mois de diarrhée et de coliques. Il mourut avec des symptômes cérébraux. «. Autopsie. — Sérosité très abondante dans les ventricules, adhérence du poumon droit, tubercule sans suppuration dans les deux poumons. Vingt-neu/ vers lombrics morts, disséminés sur la masse intestinale, onze plus ou moins près de sortir de l'estomac, trente-cinq dans ce viscère et dix dans l'intestin, qui paraît n'avoir été percé en aucun endroit (2). » VIP Cas (Mangon). — Perforation de l'estomac. Un homme de cinquante ans, sujet à la lienterie, est atteint de symptômes qu'on rapporte à l'iléus. « Le malade meurt le lendemain, et l'ouverture du cadavre dévoile la faute que nous avions commise : plus de soixante vers lom- brics étaient morts dans l'estomac, dont quinze près d'en sortir à travers ses parois percées en cent endroits (3). » VIIIe Cas (Mangon.) — Perforation de l'estomac. Un coureur, âgé de trente ans, meurt avec des symptômes cérébraux. « Autopsie. Abdomen ballonné , couleur jaune de la masse intestinale sur laquelle se trouvaient cinq vers lombrics sortis de l'estomac ; vingt-deux autres sont contenus dans cet organe et quarante-sept dans l'intestin (4). » (1) Gaultier de Claubry père, Nouveau Journ. de méd. chir., etc. Paris, 1818, t. II, p. 269, et Journ. gén. de méd. chir., etc., de Sédillot. Paris, 1818, t. LXIII, p. 299:300. (2) Extr. de la correspondance de Ml le docteur Mangon, etc. [Journ. gén. de méd. chir. Paris, 1819, t. LXVII, p. 74). '(3) Mèm. cit., p. 73. (à) Mém. cit., p. 75. 18'i AFFECTIONS VERMlftEUSES DES VOIES DIGESTIVES IX» Cas (Fischer). — Perforation du cœcum. Fischer rapporte l'observation d'une vieille femme qui, par superstition, s'était privée de toute nourriture et de boisson pendant neuf jours, et qui avait succombé lentement le dixième. Le cœcum était percé de deux ouvertures assez larges, autour desquelles existait une inflammation assez étendue. On trouva quatre ascarides dans les intestins, un cinquième engagé dans l'une des perforations et un sixième dans la cavité du bassin ( eomitativo vernies plures ex umhilico egressi simtet vixit (2). » IVe Cas (TuiNCAviiLLA). « Ego etenini vidi puerum quinquennem, in quo vermes lii rotundi, perfo- » rato ventre, per umbilicnni exiere (3). » V" Cas (Claudu's). Il s'agit d'un homme qui, souffrant de l'ombilic, en vit sortir des vers après y avoir mis un emplâtre (4). V|e Cas (Tnop. Cneulinus). Une fille de douze ans avait une tumeur à l'ombilic qui s'abeéda ; il en sortit trois vers lombrics que l'on crut provenir du foie, la malade guérit (5). VIIe Cas (Salmuthus). Lombrics sortis par l'ombilic chez un enfant qui avait souffert* de cette partie pendant quatre ans ; une tumeur s'ouvrit spontanément à l'ombilic, il en sortit du pus, du sang et des vprs pendant longtemps (6). VIIIe Cas (Lanzoni). « Lanzonus in adolescente I k ann. qui post continuam febrem, bine dolorem » ventris, postea tumorem ad latera umbilici in abscessum vergentem cum » uberi putridse saniei atque ichoris effluxu, indeque in hac parte teretium » plurium vermium egressu, summè tandem emaciatus emoriebatur aperto » statim, ait, sublatum fuit dubium de loco ubi lumbrici fuerunt producti; fuit » enim notatus et diligenter observatus canaliculus quidam membranosus, » calami scriptorii magnitudinem et latitudinem adaequans, ducern originem » a tunica interna inteslini ilei, usque ad peritonœum protensus : per quem » vermes ab intestino transibant et per abscessum apertum sibimet ipsis pa- * rabant (7). » (1) Petrus Forestus, in Scholiis ad ubserv., 35, liv. VII (Schenck). (2) Nicol. Florent, serm. V, tract. VIII, cap. liv (Schenck). (3) Trincavella, De ralione cur. part. hum. corp. affeclus, lib. IX, cap. xr. (Schenck). (4) DeC. L. V. D. Claudii a S. Mauritio observationibus (Schenck). (5) Thob. Cneulinus, De observ. propriis (Schenck). (6) Salmuthus, cent. II, obs. LXI, cité par Bianchi, op. cit., p. 356. (7) Ephem. nal. cur., ann. 1712, obs. CLXX , cité par Bianchi, op. cit., p. 356. L'HESS L'ilOMMK. — LOMBRICS ERRATIQUES. 199 IXe Cas (Boire ). Boirel rapporte « que M. Eude, son confrère, a vu sortir par le nombril d'une petite fille, huit vers semblables à ceux qui s'engendrent dans les intes- tins, sans aucun abcès dans cette partie ('1). » Xe Cas (Marteau). Fille de sept ans, tumeur phlegmoneuse à l'ombilic, ouverture spontanée, issue de trois lombrics. Pendant six mois des matières chyleuses.du pus, et treize vers sortent par l'ouverture. Guérison complète après deux ans (2), XIe Cas (Hamilton). Enfant de douze mois, plusieurs lombrics sortent par deux ouvertures a l'ombilic (3). XIIe Cas (Diego Girone). Enfant de quatorze ans, douleurs brûlantes dans la région de l'ombilic, tuméfaction, rougeur, fièvre, un abcès s'ouvre spontanément à l'ombilic. Cinq jours après issue d'un lombric mort; dans les huit jours suivants, trois vers sortent encore ; issue de matières fécales. Longtemps après issue d'un autre ver. A la suite, la guérison se fit assez rapidement (4), XIIIe Cas (Poussin). Enfant, ulcère à l'ombilic à la suite de tractions pratiquées, cinq jours après la naissance, sur le cordon ombilical pour hâter sa chute; fistule consécutive donnant issue à des matières intestinales (?) ; à l'âge de trois ans, sortie par la fistule de vers lombrics pendant plusieurs mois (5), XIV Cas (A. W. Brilman). Enfant d'un esclave à Batavia, point d'âge, indisposé et dépérissant; on trouve quelques vers (lombrics) dans les langes pendant huit jours; à la suite de remèdes anlhelminthiques, il en rendit quatre par les selles, trois par la bouche, et quatre-vingt-seize par le nombril ; la plaie du nombril se referma ensuite, et le malade se rétablit (6). (1) N. B. Blegny, Les nouv. découv. sur toutes les parties de la médecine. Paris, 1679, p. 229. (2) Marteau, Journ.deméd. Paris, 1756, t. V, p. 100. (3) Rob. Hamilton, London,med. Journ., 1786, p. IV, n° 2, cité par Rudolphi, Ent. hist.,t. I, p. 146. (4) Ilfiliatre Sebezio, 1837, et Gaz. méd. Paris, 1838, t. VI, p. 23). (5) Poussin, médecin à Lorient, Journ. Corvisart, etc., 1817, t. XL, p. 8J. (6) Brilman, Vaderl. letter . offen. , 1827 , p. 480, et BuU. ?ç. méd. de Férussac, 1831, t. XXV, p. 340. 'JtMl AFFECTIONS VERM1NEDSES DES VOIES DIGESTJVES \\ Cas(Lihi). Enfant figé de sept ans, douleurs abdominales depuis un an. Tumeur rouge et douloureuse à l'ombilic, ouverture spontanée, issue d'une humeur sanieuse fétide suivie de celle d'un lombric mort; la plaie reste fisluleuse pendant long- temps. Un jour il en sort quarante-quatre lombrics vivanls; plus tard, à plu- sieurs reprises, onze nouveaux lombrics en sortent encore; l'ouverture a en- suite acquis Ions les caractères des fistules stercorales (1). XVIe Cas (Coppolà). Enfant, neuf ans, tumeur douloureuse à gauche de l'ombilic, fièvre, fluc- tuation, incision. Sortie immédiate de deux lombrics, puis de quarante-cinq en quelques jours, fistule stercorale. guérison lente (2). B. — Région inguinale. XVIIe et XVIIIe Cas (Thomas a Veiga). Deux individus, attaqués de vers, virent tout à coup sortir par l'aine, des lombrics qui avaient perforé l'intestin et les parois du ventre. L'un guérit, l'antre conserva toute sa vie une fislule stercorale (3). XIXe Cas (Claudius). Il s'agit d'une femme chez laquelle des vers lombrics sortirent par l'aine (4). XXe et XXIe Cas (Hildesids). Un paysan, âgé de soixante et dix ans, avait un vaste abcès à la région de l'aine qui fut ouvert, il en sortit d'abord du pus et ensuite quelques lombrics ; le malade guérit. Un enfant de dix ans, qui était dans le même cas, mourut quatre jours après qu'on eut ouvert l'abcès (5). XXIIe Cas (Cnedlinus). Un paysan, âgé de quarante ans, eut un abcès dans l'aine qui s'ouvrit spon- tanément ; il en sortit des matières fécales, et quelques jours après des lom- brics; le malade mourut (6). (i) Il filiatre Sebesio, et Gaz. méd. Paris, 1837, t. V, p. 428. (2) Coppola, dans 11 filialre Sebesio, et Gaz. méd. Paris, 1843, t. XI, p. 192. (3) Thomas a Veiga, Comment., ad cap. Y, lib. I, De loc. ajf. Gai. , dans Sclienck. (4) De C. L. V. D. Claudii a S. Mauritio, observalionibus. dans Schenck. (5) J. F. Hildesius, op. cit., dans Schenck. (f!) D. Thom. Cneulinus, De suis observalionibus, dans Schenck. CHEZ L'HOMME. — LOMBRICS ERRATIQUES. 201 XXIIIe Cas (Reiner Soleîjander). Il s'agit d'une femme des environs de Dusseldorf, chez laquelle, après de longues douleurs du ventre, des vers lombrics sortirent par une ouverture qui se fit dans l'aine droite. Les premiers qui sortirent parurent lumi- neux (1). XXIVe Cas (Wollgnad). Femme qui, en faisant un effort avec les bras, sentit une douleur dans le ventre, et aussitôt aperçut une tumeur dans l'aine qui acquit plus que le vo- lume du poing; après de vives douleurs la tumeur s'élant ouverte, il en sortit un lombric et des matières fétides; mort après trois semaines (2). XXVe Cas (D'Olaus Borrichius). 11 s'agit d'une femme qui eut un abcès dans l'aine, d'où sortirent deux vers; elle guérit (3). XXVIe Cas (Boirel). Boirel rapporte avoir vu sortir un ver d'un ulcère à l'aine, ulcère qui sem- blait pénétrer jusqu'aux intestins, chez une femme à l'Hôtel-Dieu d'Ar- gentan (4). XXVIIe Cas (Fages). Homme, vingt-sept ans, tumeur phlegmoneuse de l'aine droite, fièvre, point de signes de hernie, ouverture par le bistouri, issue de pus fluide, fétide, et des matières fécales. Quatre vers strongles, morts, assez longs, sortirent du fond de l'abcès; le lendemain absence de matières fécales dans le pus: guérison au bout de sept semaines (5). XXVIIIe Cas (Courbon Perusel). Garçon de quatorze ans, tumeur à l'aine, ouverture par la potasse caus- tique, écoulement de pus, et le lendemain issue par la plaie d'un ver lombric: expulsion par les selles d'un assez grand nombre de ces vers ; guérison (6). (1) Reiner Solenander, sect. V, cons. 15, § 23, et Ephem. cur. nat., t. I, p. 35, Supplém. (2) D. H. Wollgnad, Ephem. nat. cur., 1670, ann. I, p. 283. (3) Âct. de Copenhague, ann. 1676, obs. 46, et Collect. acad., part, étrangère, t. VII, p. 315. (4) Blegny, Nouv. découv., cité p. 230 et 277. (5) Recueil périodique de la Société de méd., t. V, an VII, cilé par M. Char- cellay, Mém. cit. (6) Courbon Pérusel, Mém. cit., 1807, p. 317. 20'2 AFFECTIONS VKHMINEl'SES DES VOIES DIGBSTIVES XXIX" Cas (Girard). Femme âgée de cinquante ans ; tumeur à l'aine, eschare gangreneuse, issue de cinq lombrics; guérison (1). XXX1' Cas (Saint-Lacrens). Homme, maire de sa commune, tumeur à l'aine, fluctuation, ouverture spontanée, issue de pus, de matières stercorales et de deux lombrics.. Un jour après, deux nouveaux lombrics ; guérison six semaines après (2). XXXIe Cas (Josë Bicnio de Castro-Torreira). Femme, quarante-quatre ans, rendant habituellement des vers depuis deux ans ; tumeur dans l'aine droite du volume d'une noix : la tumeur devient phleg- moneuse, une eschare gangreneuse se forme au centre; vomissements, fièvre; ouverture de l'eschare; deux vers lombrics sont extraits de la tumeur; sortie ultérieure d'ascarides et de matières fécales pendant deux mois environ, admi- nistration des antbelminthiques ; guérison six semaines environ après la sortie du dernier lombric (3). XXXIIe Cas (Denarié). Femme âgée de soixante ans, ayant souvent rendu des vers lombris depuis son enfance ; coliques vives, tumeur récente dans la région inguinale gauche, de la grosseur d'un œuf de poule, rouge et chaude ; ouverture spontanée, issue de trente-six vers lombrics ; purgatifs, soixante et un lombrics sont rendus par les selles; guérison prompte (4). XXXIIIe Cas (Mondièrk). Femme, âgée de trente-trois ans, qui rendait depuis son enfance de temps en temps des vers par les garderobes; tumeur du volume d'un œuf de pigeon dans l'aine; indolore d'abord, elle devient douloureuse au bout de quelques jours. Sensation particulière dans la tumeur, que la malade compare au frémis- sement que feraient éprouver des hannetons renfermés dans la main. Selles faciles; la tumeur est peu douloureuse à la pression, sans fluctuation, petite tache d'un rouge foncé au centre. Quatre jours après la tache est devenue noire, gangreneuse; fluctuation obscure dans la tumeur; pulsations senties par la malade ; incision de Ja tumeur, écoulement de pus de bonne nature ; le (1) Girard, Journ. de méd. chir. pharm. de Corvisart, etc. Paris, 1810, t. XIX, p. 312. (2) J. Saint-Laurens, médecin de l'isle en Jourdain, Journ. gén. de méd., etc., de Sédillot, 1817, t. LX, p. 182. (3) Diario gen. de las scienc. rned. Barcelona, mars 1827, et Archiv. gén. de méd., 1828, t. XVII, p. 99. (4) Reperlorio délie scien se mediche del Piemonle, et Ga:. méd. Paris, 1837, t. V, "p. 571. CHEZ L'HOMME. — LOMBRICS ERRATIQUES. 203 lendemain douze vers lombrics sortent ou sont extraits par la plaie; dix-sept vers sortent dans les trois jours qui suivent; issue de matières fécales; gué- rison dans l'espace de quelques semaines (1 ). C. — Régions diverses de l'abdomen. XXXIVe Cas (Ch. Roesler). — Hypochondre droit . Une femme vit sortir un ver assez grand, et ensuite du pus par une ouver- ture qui se fit sous l'hypochondre droit. Dans les scolies de cette observation, Winchler dit que le ver s'est formé dans l'abcès par l'action de la putré- faction [2). XXXVe Cas (Ch. Fr. Garmann). — Région pubienne. La femme d'un boulanger eut sous l'ombilic, et près du pubis, un abcès de la grosseur d'une noix qui s'ouvrit spontanément; il en sortit des matières fécales, et peu après cinq vers lombrics; des anthelminthiques firent évacuer plus de cent vers ; guérison en trois semaines (3). Garmann prononce qu'il y eut là une perforation causée par les lombrics, car, dit-il, Schenck a rassemblé plusieurs histoires semblables. XXXVIe Cas (Boirel). — Partie inférieure du thorax . « Un homme avait une plaie au côté gauche, sur la quatrième des côtes, à compter de bas en- haut, et qui en montant transversalement, pénétrait la capacité du thorax entre la cinquième et la sixième. Pendant les six premiers jours cette plaie rendit une fort grande quantité d'eau claire... Un mois après, un ver se présenta à l'entrée de la plaie, long de sept ou huit travers de doigt ; la sortie de ce ver fut suivie de celle de quelques autres qui parurent quatre jours après (4). » XXXVIIe Cas (G. Guastamachia). — Ligne blanche. Fille âgée de cinq ans, chute et contusion du côté droit du corps ; à la suite état de maladie et de morosité pendant deux mois ; alors, coliques vives, expul- sion de vers par les selles et le vomissement, tumeur rouge et douloureuse de la ligne blanche, à quatre travers de doigt au-dessous de l'ombilic ; ouverture spontanée, issue de pus et de vers lombrics vivants. L'ouverture reste fistu- leuse, elle se ferme et se rouvre de temps en temps, et donne issue à des ma- tières sanieuses et à de nouveaux vers, fièvre, dévoiement, amaigrissement, mort dans le marasme (5). (1) Mondière, Mém. cit. dans l'Expér., t. II, p. 71. (2) Ephem. nat. cur., 1672, deç. I, anu. 3, p. 476. (3) Ephem. nat. cur., 1670, dec. I, ann. I, p. 283. (4) Extrait d'une lettre de Boirel, lieutenant des chirurgiens d'Argentan, dans Blegny, ouvr. cit., lett. vu, p. 274. (5) Giovanni Guastamacchia , dans II fttiaire Sebcsio, et Gaz. méd., 1837, p. 570. '20l\ AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES DIGÈSÎtVES CHAPITRE VII. CAS DE LOMBRICS ERRATIQUES QUI NE SE RAPPORTENT A AUCUNE DES CATÉGORIES PRÉCÉDENTES. Ier Cas (Stoerck). — Parois de l'intestin. Stoerck rencontra des lombrics dans l'épaisseur môme des parois de l'in- testin chez une femme sujette aux vers, et qui péril de consomption (1). IIe Cas (Brera). — Sac herniaire. Brera dit avoir trouvé des lombrics dans un sac herniaire (2). IIIe et IVe Cas (Lepelletier). — OEsopliage. Sous ce tilre: Perforations organiques produites par les vers intestinaux, Lepelletier rapporte deux cas dont l'un concerne un enfant de douze ans, chez lequel l'œsophage offrait un ulcère inégal de six à huit lignes à peu près. Deux vers lombrics occupaient la partie inférieure du lobe pulmonaire moyen, un troisième était encore engagé dans l'ulcère, un paquet de six de ces vers se trouvait dans le conduit, œsophagien. « Ces vers ont détruit l'épaisseur des parois œsophagiennes, dit l'auteur... lever encore engagé clans celte même ouverture lève tous les doutes qui pourraient s'élever à cet égard. » L'autre cas est relatif à une fille de cinq ans dont l'œsophage offrait une perforation d'un pouce nu moins d'étendue, dans laquelle se trouvait engagé un lombric volumineux ; deux autres occupaient la partie correspondante du rachis; trois étaient encore dans l'œsophage. La perforation ne peut être expliquée, suivant l'auteur, que par l'action rongeante des insectes indi- qués (3). Ve Cas (Peyre). — Abcès lombaire. Peyre trouva trois lombrics dans les muscles de l'épine d'un homme, qui mourut avec un vaste abcès lombaire (4). VP Cas (Velpeau). — Abcès par congestion. Jeune homme de dix-sept ans ; carie vertébrale ; plusieurs ascarides lombri- coïdes sortis par le trajet fistuleux d'un abcès ouvert à la partie supérieure de l'aine gauche, point d'issue de matières fécales ; à l'autopsie, la perforation de l'intestin n'a pas été retrouvée (5). (1) An nus medicus, t. II, p. 228, cité par Brera, Mer»;, p. 208. (2) Mém. prim. cit., p. 208. (3) Lepelletier (du Mans), Journ. univ. et hebdom. de méd., etc., I83I, I. IV, p. 365. (4) Journ. de méd., 1785, t. LXV, p. 360, et Brera, Mal. verm., p. 208. (5) Archiv. de méd., 182ri, t. VII. p. 329. CHEZ L'HOMME. — • XRICHOCÉPHALE. 203 VIP Cas (Duret). — Abcès par congestion. Mondière rapporte qu'un cas analogue au précédent a été observé par Duret (I). VIIIe Cas (Malacarne). — Région périnéale. « Mon collège Malacarne, dit Brera, trouva des lombrics dans un abcès situé entre la partie inférieure de l'intestin rectum et l'utérus (2). IXe Cas (Jules Cloqdet). — Région sacrée. a En 1808, j'ai rencontré sur le cadavre d'un enfant de cinq à six ans, trois lombrics volumineux, qui s'étaient logés sur la face antérieure du sacrum, dans l'écartement des deux feuillets séreux du mésorectum, et n'avaient déterminé aucune inflammation dans cet endroit ; ils étaient sortis de l'intestin par une perforation ulcéreuse du commencement du rectum (3). » Les cas d' ascarides lombricoïdes ayant pénétré dans la vessie, seront rapportés à propos des vers des voies urinaires. CINQUIÈME SECTION. TRICHOCÉPHALE DE L'HOMME (St/HOpS,, II0 7*2). DÉNOMINATIONS : Trichuride, Rœderer et Wagler, Wrisberg, etc. Trichocephalus dispar, Rudolphi, Bremser, etc. Tricocéphale sans pareil, Fortassin. Trichoccphale de Vhomme, Gœze, Dujardin, etc. En Italie, Tricocefalo. Le trichoccphale n'est connu que depuis un siècle ; il fut découvert pendant l'épidémie de fièvre muqueuse (1760-1761) dont Rœderer et Wagler nous ont donné l'histoire. Morgagni cependant l'avait déjà observé, comme l'a rappelé Rudolphi, mais ce fait était passé inaperçu (4). Un élève de Rœderer, faisant une préparation anato- mique de la valvule iléo-ceecale, aperçut quelques petits vers dans les matières du csecum ; Wrisberg qui était présent, pensa que ces (1) Thèse de Paris, ii" 14, 1814, citée par Mondière. (2) Brera, ouvr. cit., p. 208. (3) J. Cloquet, Mém. cit., p. 5. (4) Morgagni, Epist. anat , xiv, § il, cité par Rud., Bibl., n" 51. FlG. i. — Trichocépliale de l'homme. — 1. Mâle, gran- deur naturelle. — 2. Femelle, grandeur naturelle. — 3. Extrémité céphalique grossie. — 4. Extrémité caudale du mâle, grossie ;.bb, spicule ; ce, gaîne du spicule. 20(3 AFFECTIONS VERMINE/USES DES V01LS DIGESTIVES vers appartenaient à une espèce nouvelle, niais Wugler, alors pro- secteur, et quelques autres jeunes médecins les prirent pour des oxyures ou pour de jeunes lombrics. Rœderer interve- nant dans la discussion, re- connut avec Buttner que ces vers étaient d'une espèce nou- velle à laquelle ces savants donnèrent le nom de trichu- ris, car l'extrémité amincie du ver avait été regardée commerextrémitécaudale(l). Gœze, en 1782, reconnut que l'extrémité amincie est au contraire la tête, ce qui fit substituer au nom précédent celui de trichocéphale . L'erreur relative à l'extré- mité céphalique de ce ver ne fut pas la seule commise par Rœderer, Buttner et par beaucoup d'autres médecins ; les différences grandes qui existent entre le mâle et la femelle firent croire que les individus de l'un et de l'autre sexe appartenaient à une espèce différente. Rœderer poursuivit ses recherches : trompé par la nouveauté de la découverte, par la coïncidence d'une maladie jugée nouvelle aussi, il attribua trop facilement à l'épidémie de fièvre muqueuse qui régnait alors, la grande quantité de trichocéphales observés par lui dans tous les cadavres (2). Le trichocéphale de l'homme existe le plus ordinairement dans le cœcu m, moins souvent dans le côlon; on en voit aussi quelquefois dans l'intestin grêle. Wrisberg en a trouvé clans le duodénum ; jamais il n'en a rencontré dans l'estomac. Un trichocéphale trouvé chez un homme dans l'amygdale gauche, a étérapporté au trichocephalus affinis (voy. Synopsis, n° 73) , espèce qui vit dans le caecum chez le mouton et chez d'autres ruminants; mais il est bien probable qu'il s'agit ici d'un trichocéphale dispar chassé de l'intestin et de l'estomac par le vomissement (3). (1) Rœderer et Wagler, ouït, cil., préface de H. Aug. Wrisberg, § 5, uute. (2) Wrisberg, § 5, noie. (3) « At a post rnortem examination of James Flack, of the 75"' régiment, at CHEZ L'HOMME. — TRICHOCÉPHALE. 207 Ces vers sont probablement fixés pendant la vie aux parois intes- tinales, par leur tête qu'ils enfoncent dans la membrane muqueuse ; Wrisberg dit qu'ils font pénétrer l'une ou l'autre de leurs extrémités dans Y orifice des glandes de Peyer ou des follicules muqueux ; Bellingham dit, au contraire, qu'ils sont libres et que leur tête est rarement appliquée contre l'intestin. Le trichocéphale existe chez des individus de tout âge : Wrisberg en a vu chez des enfants de deux ans ; chez les adultes il est extrê- mement commun. Rudolphi, de même que l'auteur précédent, en a trouvé dans presque tous les cadavres humains qu'il a examinés ; il en a compté plus de mille dans le gros intestin d'une femme (1). » Pendant dix ou douze années, dit Mérat, les cadavres que j'ai ouverts à la clinique de la Faculté de Paris, m'en ont offert, et j'en ai montré aux élèves toutes les fois qu'ils ont désiré en voir, même dans ceux qui avaient succombé à une mort violente et dans l'état le plus parfait de santé (2). » Beaucoup d'auteurs ont fait la même remarque; pour nous, ayant examiné au microscope les garderobes d'un grand nombre d'individus atteints de maladies diverses, nous avons ren- contré des œufs de trichocéphale dans au moins la moitié des cas. Le plus souvent, ces vers sont peu nombreux ; on n'en trouve quel- quefois qu'un seul, mais, dans certaines affections, et en particulier » the army gênerai hospital, Fort Pitt Châtain, one spécimen of this entozoon (tri- «chocephalus afflnis) wasfound imbedded ou cutting ioto the left tonsil, wich was » considerably enlarged and in a gangrenous sloughy condition. This species, first » described by Rudolphi, has not, according to this observer, been hitherto disco- » vered in the human subject. On submitting the spécimen to examiuation under the ;> microscope, it was found to be a female. It is preserved in the muséum, of Fort » Pitt. « (Microscopic Journal. London, 1842, p. 94.) On sait que les caractères qui distinguent le trichocephalus dispar d'avec le Iri- vhocephalus affinis sont surtout apparents dans le mâle; quant à la femelle, elle est fort semblable dans les deux espèceSj d'où l'on a même tiré la dénomination de la seconde (trichocéphale voisin) ; or, lé spécimen observé dans une amygdale, étant une femelle, peut avoir donné facilement lieu à une méprise, et nous pou- vons d'autant plus le croire, qu'il n'est pas fait mention des caractères d'après les- quels on a rapporté ce trichocéphale à celui que l'on ne connaît encore que chez des ruminants. Quoique l'on n'ait point observé le trichocéphale dispar dans l'es- tomac chez l'homme, il se peut cependant que le ver dont il est ici question, ait été rapporté des intestins dans l'estomac par des efforts de vomissement, et ensuite dans le pharynx, d'où il a pu facilement s'introduire dans les anfractuosités de la tonsille. (1) Rud., Hist. nat,, t. II, p. 91. (2) Mérat., Dict. se. méd., art. Trichocéphale, p. 560. 208 AFFECTIONS VERMINEUSES DES \01iiS DIGEST1VES dans la fièvre typhoïde, on les trouve ordinairement en plus grand nombre que dans d'autres maladies. Le trichocéphale paraît exister dans toutes les contrées du globe; outre les observations précédentes qui prouvent sa fréquence en Alle- magne et en France, nous citerons celles de Bellingham à Dublin, qui trouva dans les cadavres de vingt-neuf individus (hommes ou femmes), vingt-six fois le trichocéphale (1); celles de Cooper, chirur- gien deGreenwich, qui le trouva onze fois, sur dix-sept sujets (2); celles du docteur Thibault qui, ayant examiné à Naples les cadavres de. quatre-vingts individus morts du choléra ou d'autres maladies, con- stata chez tous la présence de ces vers (3). Pruner rapporte qu'en Syrie et en Egypte, le trichocéphale est extrêmement commun chez les enfants (4), et M. Leidy rapporte également qu'il est- commun aux Etats-Unis chez les enfants des Anglo -Américains et des nègres (5). Le mode de propagation du trichocéphale est analogue à celui de l'ascaride lombricoïde. Les œufs, expulsés avec les fèces, ne se déve- loppent que plusieurs mois après, dans les eaux qui les ont entraînés delà surface du sol; rapportés, sans doute, ensuite dans le tube digestif par les boissons, leur coque est dissoute par les sucs intesti- naux, et l'embryon est rendu libre (6). Les phénomènes ou les symptômes déterminés par la présence des trichocéphales dans le tube digestif sont tout à fait ignorés. Un médecin connu pour avoir donné une édition des œuvres de Chopart, Félix-Pascal, dit, dans un mémoire sur les trichocéphales, que ces vers déterminent, lorsqu'ils sont très nombreux, les phéno- mènes pathologiques suivants : le pouls est petit, concentré, irrégu- lier, intermittent, la face rouge ; les yeux sont saillants-, il existe de la céphalagie, des pincements dans le bas-ventre, etc. ; mais personne depuis n'a vérifié ces assertions. L'auteur rapporte l'observation d'une petite fille âgée de quatre ans, qui mourut avec des accidents (1) O'B. Bellingham, Dublin Journ., 1838, et Arch. de méd., 3e série, t. II, p. 104. (2) Cité par Curling, Ment, infrà cit., p. 14. (3) Eneyclographie des se. méd., août 1837, Soc. sav., p. 183 (cité par Curling). (4) Pruner, ouvr. cit., p. 244. {o) Leidy, Synops. cit., a" 142. (t>_ C. Davaine, Mém. cit. CHLZ L'ilOMMli. — OXYUlîE VERMICULAIKE. 209 cérébraux et chez laquelle il trouva, à l'autopsie, une quantité pro- digieuse de trichocéphales occupant le caecum et le côlon (1). On n'a possédé, jusqu'aujourd'hui, aucun signe qui pût faire dia- gnostiquer l'existence de ces animaux dans les intestins, car il n'est pas ordinaire de les voir dans les garderobes ; cela n'arrive guère que chez des malades atteints de diarrhée grave ou de la dysenterie (2) , *»■ 5- jj£du l™»°c«Pliale- - «■ sr°ssi ™ f°is ; mais l'examen microscopique des matières fécales rend le diagnostic facile et certain. Les œufs de ces vers se trouvent en grand nombre dans les matières évacuées (3). SIXIÈME SECTION. oxyure vermiculaire (SyriopT. \ n° 55). DÉNOMINATIONS : Aa»apî;, Hippocrate, Aristote, Galien, Oribase, iEtius, etc. Ascaris. Pierre de Abano, Cœlins Aurelianus, Mercurialis, etc. Parvus, Avicenne trad., P. de Abano. — Gracilis, P. de Abano. Parvus gracilis, Sérapion. — Parvus et rctundus, Sillanus. Parvus ac tenuis, Actuarius. Curtus gracilis, Gordon. — Curtus et rotundus, Arnauld de Villeneuve. Le petit et grêle, ascaride, Ambr. Paré. Ascaris vermïcularis, Linné. — Ascaride vermiculaire, Cuvier. Oxyure vermiculaire, Bremser. Noms usités en Allemagne: Der Pfriemenschwanz, Kinderwurm, Masldarmwurm, Madenwurm, die Arschmade, Darmschabe. — En Hollande, Aarsmade. — Dane- mark, Smaa spolorme, Boerneorm. — Suède, Barnmask'. — Angleterre, Bots, maw-worm, small thread like worm. — Italie, Ascaride vermicolare. — A Tu- male (Afrique centrale), Humdéjen. (1) Observ. sur des vers trichocéphales, par M. Pascal, médecin de l'Hôtel-Dieu de Biie-Comle-Robert (Bull. Soc. méd., n° 3, p. 59 et suiv.). (2) Bremser {ouvr. cit., p. 445) dit n'en avoir observé qu'une fois dans les garderobes ; c'était chez une petite fille de six ans qu'il traitait du ténia. Cette enfant avait à la fois le ténia, des lombrics, des oxyures et le trichocéphale. M. le docteur Danet m'a remis des trichocéphales trouvés dans les garderobes d'une malade qui en rendait de temps eu temps. (S) Voyez pages 51, 52. ZiO An i.mioy- \i'i:mini-.usi:s dès \oiis blGfeS'l'lViis Lus oxyures Verihibuldifés ÈéjOilfnent dans le grdsiîitcstin cl prin- cipalement dans le rectum. Ordinaircinent ils en occupent la partie inférieure ; ils s'insinuent entre h s replis de l'anus et se fëpËtident même uu dehors. des vers existent généralement en nombre considérable, et se trouvent quelquefois agglomérés en masses assez volumineuses. (Quoique expulsés par centaines spontanément ou par l'effet des re- mèdes, on les voit souvent, au bout de quelques jours, reparaître en très grand nombre. Les enfants sont beaucoup plus sujets aux oxyures que les adultes ; toutefois l'on en est atteint à tout âge. On voit des vieillards qui en souffrent ou qui en ont souffert, à plusieurs reprises, depuis leur enfance. On ne sait rien de précis touchant l'influence du régime sur le déve- loppement de ces vers ; celle des saisons est également fort peu certaine. Beaucoup d'auteurs di- sent les oxyures plus communs au printemps et en automne; P. Frank dit qu'ils sont plus nom- breux et plus animés aux appro- ches du printemps que dans l'automne. Les oxyures existent dans toutes les contrées de l'Europe ; d'après Pruner, ils sont très com- muns chez les enfants en Syrie et en Egypte (1) ; ils existent en nombre considérable chez les FlG. 6. — Oxyure vermiculaire.— 1. Individus de Egyptiens, au dire de Bilharz : il grandeur naturelle. — 2. Extrémité céphalique _> j. 1 j. j grossie. - 3. Extrémité caudale grossie. - n est PaS rare de trouver dans 4. Tête fortement grossie; a, bouche munie de \eS cadavres Qu'on OUVre au trois lèvres ; b b, renflements latéraux. . \ -, c ■ Caire, a la fois cent anchylosto- mes, vingt à quarante lombrics, dix à vingt trichocéphales, et quel- ques milliers d'oxyures agglomérés en pelotons (2). D'après Tutschek, (1) Pruner, ouvr. ciL, p. 244. (2) Ein Beilragc ziïf Ilelminthog raphia humana ans brieflklien Êïïhh'é'dûngep derD" Bilharz in Cairo, nébsl Bemèrïcùrigèn von prof. C. Th. v. Siebold('ieiischrif( fur vbissenschafltïche Zoologie, viërter Band» p. 83. Leipzig, 1853). CHEZ L'HOMME. — OXYURE VEIîMICULAIRE. 2ll ils existent à Tumale (Afrique centrale) (1), et d'après M. Leidy ils sont, chez les Anglo-Américains, les plus communs de tous les vers (2). La présence des oxyures se décèle par des phénomènes patholo- giques plus fréquemment, peut-être, que celle d'aucun autre ver. Ces entozoaires causent ordinairement dans le rectum une irritation sourde, des douleurs lancinantes, du ténesme, et à l'anus un prurit vif, intolérable, qui se propage quelquefois jusqu'aux organes génito- urinaires. Ces phénomènes s'exaspèrent à certaines heures qui va- rient suivant les individus ou, peut-être, suivant l'époque des repas. Ordinairement les malades sont vivement tourmentés aux approches de la nuit, et principalement lorsqu'ils viennent de se mettre au lit. Il y a dans le retour de ces douleurs une périodicité si constante, dans quelques cas, qu'on ne peut, suivant Lallemand, l'expliquer que par le retour périodique des phénomènes digestifs qui se terminent dans la dernière partie du gros intestin (3). Chez un jeune malade observé par M. Cruveilhier, ces retours étaient tellement réguliers que ce savant praticien crut avoir affaire à une affection intermittente. Voici le fait: » J'ai donné mes soins à un enfant de neuf à dix ans qui était réveillé toutes les nuits à la même heure par des douleurs intoléra- bles à la région de l'anus ; ce malheureux enfant poussait des cris, se comprimait le fondement et se traînait dans l'appartement. La périodicité de ces douleurs me fit d'abord penser à une fièvre inter- mittente: je lui administrai le sulfate de quinine en potion, puis en lavements, mais sans effet. J'eusl'idée que ces douleurs périodiques pouvaient tenir à des oxjures ; je priai de m'envoyer chercher à l'heure de la douleur; j'examinai l'anus et je trouvai au fond des plis plusieurs de ces petits animaux qui s'agitaient avec beaucoup de vivacité. Un peu d'onguent gris posé sur l'anus pendant plusieurs jours, enleva les douleurs avec la cause. Quelques années après, les douleurs s'étant reproduites, le même moyen les dissipa immé- diatement (4). » (1) Teste Djalo Djondan are apud Tutschek (Diesing). (2) Leidy, Synopsis cite', n° 107. (3) Malgré tout mon respect pour l'illustre professeur, je suis peu disposé à par- tager cette opinion, par la considération que les heures des repas varient suivant les provinces, et que partout on a signalé l'existence des démangeaisons aux appro- ches de la nuit. (4) Cruveilhier, art. Entozoaires, cité p. 337.- 2U AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES DIUESUVES Le lait suivant est rapporté par Bianchi dans son Historia hepa- tica : » Un de mes amis, âgé de 1 route ans, souffre depuis longtemps des ascarides (oxyures), mais seulement d'une manière périodique. Chaque jour, à neuf heures du soir, une multitude de ces vers accu- mulés au -dessus de l'anus, lui causent pendant une heure entière, c'est-à-dire jusqu'à dix heures, une titillation si fâcheuse que pen- dant tout ce temps i! ne peut vaquera aucune affaire. A toute autre heure, il est parfaitement en repos. Ce phénomène existe constam- ment à toutes les époques de l'année. >■ Bianchi, rapportant de nou- veau ce Fait longtemps après, ajoute que le malade, alors d'un âge avancé, souffrait encore quelquefois, mais très rarement de ces oxyures (1). Chez les individus atteints d'un certain nombre d'oxj-ures, les selles sont ordinairement faciles, molles, fétides , enveloppées de mucosités épaisses et teintes quelquefois de stries de sang. Chez ces malades, la diarrhée est fréquente; souvent, ils sont tristes et abattus. Il est, en général, facile de s'assurer par l'inspection des parties que les démangeaisons et les douleurs du rectum et de l'anus tien- nent à la présence des oxyures. On trouve fréquemment quelques- uns de ces vers entre les replis du sphincter ou dans les environs ; il en sort aussi de temps en temps avec les matières fécales. L'examen de la marge de l'anus ne fait reconnaître aucune affec- tion cutanée dans le voisinage, mais la membrane muqueuse qui tapisse le sphincter est injectée, rouge, gonflée, enduite d'un mucus épais et quelquefois sanguinolent. Elle est parsemée d'une multitude de petits points rouges qui, suivant Lailemand, sont dus ainsi que la démangeaison, aux piqûres produites par la queue des oxyures. Quoique l'examen de la marge de l'anus et celui des matières fécales suffisent généralement pour faire constater l'existence des oxyures, il arrive quelquefois que ces vers échappent à l'inspection ; dans ces cas, leur existence peut être mise en évidence par l'admi- nistration de vermifuges continuée pendant plusieurs jours, ou par celle de lavements froids. Outre les phénomènes locaux, qui sont les symptômes les plus ordinaires de la présence des oxyures dans le rectum, ces vers occa- (I) Bianchi, ouvr. cil., p. 25C. CHEZ L'HOMME. — OXYURE VtP.MK'.L'LAIP.n. 213 sionnent encore des phénomènes ou plutôt des affections s\'mpathi- ques plu>. ou moins graves. Noos ne parlons pas des attaques con- vulsives, de la chorée, de l'épilepsie, de la catalepsie, etc., qui peu- vent être produites parles oxyures aus^i bien que par le ténia ou par l'ascaride lornbricoïde, et dont nous avons cité des exemples voyez p. 53) ; nous voulons parler des désordres graves que ces vers pro- duisent chez quelques individus, dans les fonctions des organes génitaux . Plusieurs observateurs ont fait mention de l'excitation que les oxyures, bien que renfermés dans le rectum, occasionnent dans les organes sexuels, excitation qui peut être portée au point de faire naître, même chez des hommes d'un certain âge, l'habitude de la masturbation. Wichmann rapporte un fait de ce genre, et le traduc- teur du Traite des vers de Bremser, dit en avoir vu trois exemples chez des hommes âgés de dix-huit, vingt, et quarante ans \\). 3Iais c'est surtout dans le jeune âçre que l'on voit les oxyures produire cette funeste habitude; en effet, les démangeaisons et les élance- ments que ces vers, si communs chez les enfants, occasionnent à l'anus et dans le rectum se propagent jusque dans les parties géni- tales, provoquant des érections plus ou moins fréquentes et persis- tantes, des sensations incommodes ou douloureuses dont ces petits malheureux cherchent à se soulager par des attouchements perni- cieux. Alors la masturbation s'établit, quoique les parties sexuelles ne soient pas encore développées. Elle s'établit aussi de la même façon chez les adultes qui n'ont point la force de résister à des exci- tations dont ils ne comprennent pas toujours tout le danger; ces derniers peuvent encore, sous l'empire de ces excitations, se livrer à des actes vénériens excessifs et sans proportion avec leurs besoins et leur puissance ; de là résultent bientôt des conséquences graves pour leur santé. Enfin, l'irritation consécutive à la présence des oxyures dans le rectum produit quelquefois des pertes séminales involontaires: Lalle- mand en rapporte plusieurs exemples dans son célèbre ouvrage sur les perb s séminales [2). Ces pertes involontaires, souvent mécon- nues, peuvent devenir assez fréquentes pour altérer profondément la santé de l'individu qui en est affecté, et entraîner tout leur triste (1) Bremser, ouvr. cil., p. 356, note. (2) I.alleniand, Des pertes séminales involontaires. Paris, 1842, t. III. "1\!\ AFFECTIONS VBRMINEUSES DES VOIES MGLSTIVIS OQrtéfifd d'acoidenta et de misères. L'état de ces tabescents a quelque eh se de particulier dont il importe de parler: v Les malades dont les pertes séminales sont provoquées par les ascarides, a dit le célèbre professeur de Montpellier, conservent seuls des érections, des rêves erotiques, et des désirs vénériens dans les dernières périodes de la maladie, quelles que soient la faiblesse et l'altération de l'économie ; mais tous ces phénomènes ont quelque chose de bizarre et d'irrégulier, qui ne permet pas de les confondre avec ceux qu'on observe à l'état normal. Les érections sont énergi- ques, opiniâtres pendant la nuit ; elles reviennent même souvent dans la journée d'une manière importune, dès que le corps est en repos, quoique l'imagination ne soit occupée d'aucune idée lascive, mais elles ne reparaissent pas, du moins avec la même énergie, lorsque ces malades le désireraient le plus ardemment. Ainsi, malgré cette espèce de satyriasis, ils sont réellement impuissants... D'un autre côté, si les rêves de ces malades ont rapport à la génération, ils sont sales et dégoûtants plutôt qu'agréables. Ils rappellent sou- vent des accouplements d'animaux qui ont été remarqués pendant la veille, ou des rapports monstrueux, impossibles, des scènes de pédé- rastie, de bestialité, etc., et c'est au milieu de ces images repous- santes qu'ont lieu les pollutions nocturnes, » Pendant la veille, l'attention de ces malades, leurs pensées habi- tuelles, leurs préoccupations involontaires ne sont tournées que vers des objets de même nature.. . J'ai toujours vu ces tabescents affligés de la direction involontaire de leurs idées sans pouvoir les maîtriser tant qu'ils étaient tourmentés par des ascarides ; ils ne m'ont plus parlé de rien de semblable dès qu'ils en ont été délivrés (1). " Un autre symptôme remarquable, c'est la fréquence d'élance- ments douloureux qui partent de la base de la verge pour se terminer à l'extrémité du gland, semblables à des coups de canif, entremêlés d'une espèce de rongement continuel vers la fosse naviculaire. Ces sensations ont de l'analogie avec celles que produit la présence d'une pierre dans la vessie, et elles poussent aussi le malade à se tirailler le prépuce pour les faire cesser ou du moins pour en diminuer l'im-- portunité. » Il est clair que ces sensations ne peuvent être provoquées que par la piqûre de la partie du rectum qui tapisse la prostate et la por- tion membraneuse de l'urèthre. Je n'ai pas besoin de dire que les (1) Lallemand, ouvr. cit., t. III, p. 116. CHEZ L'HOMME. — OXYURES ERRATIQUES. 215 pollutions nocturnes et diurnes sont dues à la même cause, dont l'ac- tion s'étend aux vésicules séminales. » J'ai parlé ailleurs des érections importunes, des rêves erotiques, des désirs vénériens qui persistent chez les tabescents malgré l'affai- blissement général de l'économie, le trouble de toutes les fonctions et même la perte delà virilité. Ces phénomènes ne peuvent se conci- lier que par l'action des ascarides ; aussi n'existent-ils simultané- ment que dans les cas où les pertes séminales sont entretenues par les oxyures ; leur rapprochement doit donc faire soupçonner aux pra- ticiens l'existence de ces parasites (l). » Lallemand rapporte sept observations de pertes séminales pro- duites par la présence des ascarides dans le rectum. Dans la plupart des cas, les pertes existaient depuis plusieurs années et avaient pro- duit sur l'état physique et moral des malades des effets désastreux. Tous ont été guéris par un traitement dirigé contre les oxyures. Ces faits et les réflexions du célèbre professeur qui les rapporte sont d'un haut intérêt ; leur étendue ne nous permet pas de les donner ici. Oxyures erratiques. — Le séjour des oxyures dans la partie infé- rieure du tube digestif, explique comment ces entozoaires ne sont jamais rejetés par le vomissement, et comment ils ne se montrent point erraiiquement dans les organes où nous avons vu pénétrer l'as- caride lombricoïde. Les oxyures remontent rarement jusqu'au caecum et bien plus rarement encore dans la partie du tube digestif supé- rieure à cet organe. Le fait de Brera qui dit avoir trouvé plusieurs masses de ces vers dans l'œsophage d'une femme morte d'une fièvre lente nerveuse, a été généralement révoqué en doute par les helminthologistes (2). P. Frank rapporte plusieurs faits semblables : « Une société médi- cale d'Angleterre, dit-il, parle d'un malade qui en rejeta une grande quantité par le vomissement. Un enfant nous présenta, à Vienne en 1802, un cas absolument semblable ; chez un autre enfant du même âge, qui venait de succomber à une violente cardialgie, nous trouvâmes le ventricule rempli de cette espèce de vers ; ils étaient encore adhérents aux parois de ce viscère ; nous déposâmes la pièce anatomique au muséum de Vienne (3). » Des faits aussi exceptionnels demanderaient, pour se faire accepter, (1) Lallemand, ouvr. cil., t. III, p, 247. (2) Malad. verm. cit., p. 45. (3) P. Frank, ouvr. cit., t. V, p. 347. 216 AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES DI&Ë&TIVES une description détaillée des entozoaires ; car on sera toujours dis- posé à croire que l'observateur s'est trompé non seulement sur l'es- pèce, mais même sur la nature de ces vers. Quant aux parties voisines de l'extrémité inférieure du tube digestif, elles sont, au contraire, assez fréquemment visitées par les oxyures. Ces vers sortent de l'anus et se répandent quelquefois sur le périnée et les cuisses. Chez les femmes et surtout chez les petites filles, ils pénètrent dans la vulve et remontent dans le vagin. Les oxyures qui ont pénétré dans la vulve ou le vagin y détermi- nent un prurit violent, une inflammation vive, un écoulement leucor- rhéiqùe opiniâtre, accompagnés de rougeur et d'excoriations duclitoris et des petites lèvres. Par suite des démangeaisons irrésistibles qu'ils occasionnent, ils conduisent les malades à des habitudes perni- cieuses. On a même vu, sous l'influence de la titillation de ces ento- zoaires, survenir des accès très intenses de nymphomanie. D'après quelques observateurs, les oxyures pourraient encore s'in- troduire et vivre dans l'utérus et dans la vessie ; mais les faits qu'on rapporte sont peu vraisemblables ; nous en parlerons à propos des vers des voies urinaires et de ceux des organes de la génération. Enfin l'on a rapporté à des oxyures des vers d'un autre genre ou des animaux qui n'étaient peut-être pas des vers ; tels sont ces prétendus oxyures de l'estomac de l'homme qui auraient été observés par Wulf, et qui sont des vers de l'estomac du chien ob- servés par Wolff (l) ; tels sont encore ces vers semblables à ceux du fromage que Biancbi dit avoir été trouvés dans le cerveau d'un jeune homme (2) et dont quelques auteurs ont fait des oxyures. SEPTIÈME SECTION. TRAITEMENT DES ENTOZOAIRES INTESTINAUX DE L'HOMME. Les moyens de combattre les vers sont préventifs ou curatifs : A. La connaissance du mode ou des différents modes de propaga- tion des entozoaires peut seule fournir les moyens de nous préserver (1) Voyez Tubercules vermineux. (2) Bianchi, op. cit., p. 346. — Ces vers étaient probablement des larves de mouche. CHEZ L'HOMMli. — TRAITEMENT. 217 do leurs atteintes. Les progrès récents de l'helminthologie, en dissi- pant pour quelques-uns de ces parasites l'obscurité profonde qui couvrait leur origine, nous permettront de donner quelques préceptes à cet égard. L'ignorance où nous sommes encore du mode de transmission du bothriocéphale s'étend nécessairement aux moyens de prévenir son invasion. Il n'en est pas de même du ténia; on connaît du moins l'une des conditions de sa propagation, et l'on ne peut douter que la cuisson des viandes ne soit la cause de la rareté de cet entozoaire chez les peuples de l'Europe. L'ascaride lombricoïde et le trichocéphale se développent en dehors de l'homme, dans les eaux qui croupissent ou qui coulent dans le voisinage des habitations ; c'est avec ces eaux que les œufs déjà développés sont portés dans l'intestin ; on préviendra donc l'inva- sion de ces vers par l'usage de boissons extraites des fruits, comme le vin ou le cidre, ou préparées à une haute température, comme la bière et le thé, par la cuisson des mets, des potages, etc., par l'usage domestique d'eau filtrée ou, tout au moins, puisée dans les grands cours d'eau, clans les puits artésiens, dans les sources vives, et enfin par des habitudes de propreté, qui font souvent défaut chez les habitants des campagnes, et surtout chez les enfants. L'introduction des larves du lombric ou du trichocéphale dans l'économie humaine est purement accidentelle ; leur développement chez l'homme est donc un simple accident. Les théories anciennes relatives à la génération de ces vers, la cachexie vermineuse, l'état helminthiasique ne sont que des rêveries dont les inductions ne doi- vent plus nous occuper. Bientôt personne ne cherchera plus dans un état particulier des humeurs, dans les saburres des premières voies, la cause de l'ascaride lombricoïde, et ne prescrira plus, pour prévenir son invasion, l'évacuation de ces saburres par des vomitifs ou des purgatifs fréquemment répétés; personne ne verra dans l'usage des fruits, du laitage, des aliments farineux, une condition de son exis- tence. Il se peut que certains états de l'économie favorisent le dévelop- pement des entozoaires; sous ce rapport, il en est, sans doute, des parasites internes comme des parasites externes, et l'on sait, en effet, que les femmes et les enfants sont plus souvent atteints de vers que les hommes et les adultes; mais, comme l'on ne voit point l'acare de la gale ou les pediculi envahir l'homme qui se tient éloigné du con- tact de ces parasites, de même l'on ne verra point les vers se pro- 21S AFFECTIONS \ rmilNl'.Hsr.s dis VOIES QiftIÎSTIVES pager chez les individus qui se mettront à l'abri des sondiiions ( j u i les propagent. Toutefois, ces considérations ne sont probablement point applicables à l'oxyure qui se reproduit dans l'intestin même. Sa présence paraît, dans quelques cas, entretenue par une disposi- tion particulière de l'économie ; on a cité bien des faits qui le prou- vent; nous en connaissons plusieurs, et particulièrement celui d'un homme, âgé de près de soixante et dix ans, qui, depuis l'âge de six ans, est forcé de se purger fréquemment, tous les mois même, pour se débarrasser de ces hôtes incommodes et sans cesse renaissants. B. La thérapeutique des entozoaires intestinaux doit varier sui- vant l'espèce du ver et la portion de l'intestin qu'elle habite, suivant l'âge et l'état de santé de l'individu affecté. Les médicaments anthelminthiques se comportent soit comme excitants des sécrétions et des mouvements de l'intestin à la faveur desquels les entozoaires sont expulsés, soit comme agents toxiques à l'égard de ces animaux. Généralement tout anthelminthique agit sur plusieurs des espèces qui habitent le tube digestif, mais il en est qui possèdent une action plus marquée sur tel ou tel ver. Les vermifuges peuvent être administrés de plusieurs manières qui, suivant les circonstances, recevront une indication particulière. Dans le plus grand nombre des cas, ces médicaments doivent être administrés par la bouche; ils arrivent ainsi plus directement sur les vers qui se trouvent accidentellement dans l'estomac ou sur jeux qui habitent l'intestin grêle et même le csecum. Pour les vers qui séjournent dans le gros intestin, les anthelminthiques auront plus d'action administrés en lavement. Chez les petits enfants, chez ceux qui, par suite d'une affection intestinale, ne supporteraient pas les vermifuges à l'intérieur, on trouvera quelque avantage à les appliquer extérieurement, soit en fomentations, soit en onctions sur le ventre, soit en bains. Les anthel- minthiques qui peuvent être administrés ainsi, sont : la santonine, la tanaisie, l'absinthe, le camphre, etc. Dans certains cas, comme ressource extrême, on pourrait in- jecter le médicament dans les veines. Nous avons rapporté l'ob- servation d'une femme qui, ne pouvant prendre aucun remède et sur le point de périr, évacua un grand nombre de lombrics par l'effet d'une solution de tartre stibié injectée dans la veine médiane, et qui fut ainsi rendue à la santé (voy. p. 132, cas Ier). CHEZ L'HOMME. — TRAITEMENT. 219 Lorsqu'il existe une maladie grave cïe l'intestin, lorsque l'éco- nomie est profondément altérée et que les vers ne sont point la cause de cet état, il faut s'abstenir de toute médication anthelminthique; cependant, il sera souvent difficile de déterminer si la présence des vers ne prend point une certaine part dans la production des phéno- mènes observés, si elle n'est point une complication fâcheuse. Nous avons vu que, dans certaines épidémies de dysenterie, la guérison était plus facile et plus prompte après l'évacuation des lombrics ; aussi ne faudrait-il point poser l'abstention en règle générale : des ten- tatives faites avec circonspection, l'administration de vermifuges dé- pourvus d'action irritante ou purgative, leur application extérieure seront toujours très justifiables et seront quelquefois utiles. Enfin, il faut encore, après l'expulsion des vers, remédier aux désordres qui auraient persisté surtout dans les fonctions du système nerveux, rétablir les forces et la constitution, lorsqu'il y a lieu. § I. — Cestoïdes. On se sert aujourd'hui, contre les vers cestoïdes, d'un petit nombre de médicaments ; on leur en associe quelquefois d'autres plus ou moins actifs, ou l'on fait subir au malade quelque préparation par- ticulière, ce qui constitue telle ou telle méthode de traitement. Les médicaments les plus usités sont la fougère mâle, l'écorce de la racine de grenadier et le cousso. Ces remèdes ont été employés presque indifféremment contre les deux vers cestoïdes de l'homme; toutefois la fougère mâle parait avoir contre le ténia solium une action moins certaine que d'autres vermifuges (1). Il importe, après l'administration du remède, de s'assurer si le ténia ou le bothriocéphale a été expulsé complètement ; il faut donc faire recueillir toutes les évacuations du malade et les examiner avec soin. On accordait autrefois, et avec raison, beaucoup d'attention à l'expulsion de la tête du ténia ; en effet, comme ce ver vit ordinai- rement solitaire, la tête étant sortie, la guérison, dans la plupart des cas, est certaine. Peut-être aujourd'hui ne doit-on plus attacher la (1) Odier (de Genève) dit que la fougère mâle, administrée suivant sa méthode, ue manque jamais et fait presque toujours rendre le bothriocéphale par peloton sans aucun inconvénient... Ce remède ne réussit qu'imparfaitement pour l'expul- sion du ténia solium (ouvr. cit., p. 223). D'un autre côté, P. Frank dit: « Le bothriocéphale oppose souvent une résistance opiniâtre aux remèdes qui chassent ordinairement le ténia solium. » (Ouvr. cit., t. V, p. 382.) 220 AFFECTIONS VERM1NEBSES Di:S VOIF.S DIGESTIVE8 mémo importance à celle expulsion pur la raison qu'autrefois on employait le plus souvent contre le ténia des purgatifs plus ou moins énergiques qui le chassaient, mais ne le tuaient point, tandis que les remèdes que l'on administre généralement aujourd'hui, sont des substances toxiques pour le ver solitaire, et lors même que la tête fixée à Ja paroi de l'intestin ne s'en détache pas et n'est point ex- pulsée avec le reste du ver, il peut se faire qu'elle périsse et que la guérison s'ensuive; aussi Bremser a-t-il pu dire : « Parmi plusieurs centaines de personnes tourmentées parce ver, et traitées par moi, il n'y en pas une seule qui ait vu sortir la tête de son ténia, et cepen- dant je puis assurer que quatre-vingt-dix-neuf sur cent se trouvent guéries (1). » Il est toujours avantageux de constater l'expulsion de la tête (2), c'est une sécurité pour le malade, et c'est, pour le médecin, une indi- cation de cesser tout remède; mais il faut savoir aussi que la gué- rison peut se faire sans que la tête ait été amenée au dehors, et qu'il est bon de cesser le traitement, momentanément au moins, lorsque l'on a fait quelques tentatives inutiles et fatigantes; dans ce cas, il vaut mieux attendre, avant de reprendre le traitement, que la réap- parition des symptômes ou l'expulsion des anneaux du ténia vien- nent donner la certitude que ce ver existe encore. Au reste, lorsque la plus grande partie du ver est sortie et que la tête ne possède plus qu'un appendice de quelques centimètres de longueur, on fe- rait souvent pour l'expulser des tentatives infructueuses. Plusieurs médecins ont signalé l'insuffisance de tous les traitements dans ces cas, et la facilité plus grande de ehasser le ténia lorsque l'on ob- serve l'émission des cucurbitins (3); de là le précepte d'attendre (1) Bremser, ouvr. cit., p. 196. (2) « Il arrive dans beaucoup de cas que le ténia se rompt dans le voisinage de la tête, et alors elle devient très difficile à découvrir dans les matières fécales. La meilleure manière pour atteindre ce but est la suivante : on fait verser de l'eau tiède en petite quantité sur les déjections, afin de les faire ramollir ; quelques moments après, on laisse découler avec précaution tout ce qu'il y a de liquide; on répète ensuite cette opération jusqu'à ce que le ver et ses parties détachées restent seules au fond du vase. Je me suis procuré de cette manière la tête d'un ténia qui se trouvait jointe à un morceau d'un pouce de long seulement. » (Bremser, p. 196). (3) Ce fait, qui, au premier abord, paraît singulier, peut s'expliquer d'une ma- nière assez satisfaisante : La tête du ténia, fortement implantée dans la membrane muqueuse de l'intestin, ne s'en détache que par une forte traction; après l'admi- nistration d'un authelminthique, cette traction s'opère sur le corps du ténia par les mouvements péristaltiques de l'intestin qui le chassent vers le bas. Plus le corps offre un grand volume, plus il donne de prise aux contractions intestinales; CHEZ L'HOMME. — TRAITEMENT. 221 l'apparition, dans les garderobes, de fragments ou des anneaux du cestoïde avant de recourir à un nouveau traitement (1). Après l'expulsion complète du ténia ou dubothriocéphale, quelques malades restent cependant nerveux, impressionnables, sujets encore à des phénomènes semblables à ceux que leur faisait éprouver !e ver cestoïde; leur santé ne redevient pas aussi bonne qu'elle était avant l'invasion de cet entozoaire ; ce qui leur fait croire qu'ils en sont en- core atteints. Ils sont portés à continuer • l'usage de médicaments actuellement intempestifs et nuisibles. Le médecin doit s'attacher alors à combattre par des remèdes appropriés les accidents qui per- sistent, et surtout à rassurer l'esprit du malade. (Voir, pour le mode d'administration des anthelminthiques, l'appendice au traitement.) § II. — Ascarides lombricoïdes. Les principaux médicaments employés contre l'ascaride lombricoïde sont la mousse de Corse, le semen contra, la santonine, le calomel. Ces médicaments doivent être donnés pendant plusieurs jours de suite ; on favorise l'action des premiers par l'administration de quelque purgatif. Après plusieurs jours de l'usage des anthelminthiques, l'examen microscopique des matières fécales pourra faire reconnaître si les lombrics ont été tous expulsés, et s'il faut continuer ou cesser les re- mèdes. Il n'y a pas à craindre que de nouveaux lombrics reparaissent par suite d'une disposition particulière de l'économie, si le malade a été mis à l'abri des conditions de transmission que nous avons .si- gnalées. L'usage indéfiniment prolongé des anthelminthiques pour prévenir une récidive, serait inutile et pourrait devenir nuisible (2). mais s'il est réduit à un mince filet de quelques centimètres de longueur seule- ment, l'intestin n'a plus sur lui aucune action. On pourrait objecter à cette ex- plication qu'un purgatif devrait produire le même effet ; mais un anthelminthiquc agit encore sur la vitalité du ver qui, malade et quelquefois mourant, résiste moins aux forces qui le sollicitent. (1) Gomez est, à ma conuaissance, le premier auteur qui ait donné ce précepte à l'égard du ténia; Odier (de Genève) l'avait donné antérieurement à l'égard du botriocéphale. Ce dernier auteur supposait qu'à certaines époques le ver est malade, que son irritabilité est alors augmentée, ce qui se manifeste par sa rupture et l'expul - sion de ses fragments, et c'est à ce moment, suivant lui, que les remèdes agissent. (2) C'est d'après la croyance à la génération spontanée des vers que Requin écrivait de nos jours, à propos du traitement de l'ascaride lombricoïde : « On peut au besoin faire des anthelminthiques un usage quotidien pendant des mois, des années entières... pour prévenir la reproduction de l'helminthiase (lombricoïA'iennc), et détruire ce qu'on peut appeler, chez certains sujets, la disposition vermiueuse Tl'l AFFECTIONS \ EUMINEUSES DliS VOIES M6EST1VES Dans leSGas où les malades ne peuvent se soustraire complètement ;iux causes de l'invasion des lombrics, il faut attendre, avant de recourir à un traitement nouveau, de nouveaux indices de la présence de ces entozoaires dans l'intestin. § 111. — Triclioccplmlc dlspar. On s'est peu occupé du traitement du trichocéphale ; l'incertitude de l'existence de ce ver dans le tube intestinal ne permettait aucune indication, soit sur l'opportunité d'un traitement, soit sur le résultat qu'on en eût obtenu ; cet entozoaire passe d'ailleurs pour être inoffen- sif. Aujourd'hui qu'il est très facile de reconnaître la présence ou l'ab- sence du trichocéphale, peut-être trouveia-t-on que l'existence de ce ver n'est pas tout à fait et toujours sans inconvénient; on peut, par l'inspection microscopique des matières évacuées, s'assurer de l'effica- cité des remèdes employés pour obtenir l'expulsion de cet entozoaire. Les vermifuges proposés contre le trichocéphale sont ceux de l'as- caride lombricoïde. Rœderer et Wagler ont remarqué que le mercure cru, trituré avec du sucre, était le meilleur anthelminthique. Dans l'épidémie qu'ils observèrent, ils employèrent aussi avec succès les préparations de camphre, « mais, lorsque la fièvre était développée, il fallait bien se garder, disent-ils, d'employer les mercuriaux ; les malades ne supportaient pas impunément leur usage qui amenait une prostration des forces marquée, et la maladie ainsi que la fièvre s'exaspéraient évidemment (i). » § IV. — Oxyure. Le traitement de l'oxyure consiste dans l'administration des ver- mifuges conseillés contre les autres vers nématoïdes et de purgatifs; mais ces moyens seraient insuffisants dans la plupart des cas, si l'on n'attaquait en même temps l'entozoaire du rectum par des moyens plus directs, tels que des lavements d'eau froide, salée, vinaigrée, ou bien additionnée d'huile empyreumatique, d'huile camphrée, etc., ou des lavements d'une décoction de plantes fétides, comme l'ail, l'ab- sinthe, etc. On éloigne ces vers pour quelque temps de l'anus, et l'on fait cesser les démangeaisons par l'application locale d'une pommade mercurielle, par une injection d'huile d'olive ou d'amandes douces. de la constitution; il faut que la viande entre pour une large part dans le régime alimentaire, etc. » (Ouvr. cit., p. 215, 216.) Certes, s'il eût connu le mode de génération et de transmission de l'ascaride lombricoïde, Requin n'eût point donné de semblables préceptes. (1) Rœderer et Wagler, ouvr, cil., p. 302. CHEZ LUS ANIMAUX DOMESTIQUES. 2'2o Lallemand conseille', comme l'un des meilleurs moyens, les injections ou les douches ascendantes d'eau sulfureuse naturelle. Le traitement doit être continué longtemps, quinze jours, un mois, et même plus, car il importe de faire disparaître tous les oxyures à mesure qu'ils sortent des œufs qui, vraisemblablement, sont déposés dans l'épaisseur de la membrane muqueuse intestinale, ou dans le mucus qui la revêt. Malgré des soins persévérants, on n'atteint pas toujours ce but, et certains malades sont réduits à prendre de temps en temps quelque purgatif pour se débarrasser momentané- ment de ces hôtes devenus trop nombreux et trop incommodes. DEUXIEME DIVISION. VERS DES VOIES DIGEST1VES CÏIE2 LES ANIMAUX DOMESTIQUES. Chez les animaux domestiques comme chez l'homme, les vers des voies digestives ont été connus avant ceux des autres organes. Aristote n'ignorait pas que le chien en est quelquefois atteint; il dit, en effet, que cet animal, infesté de vers, mange le froment en herbe (roi> crîtoo « Xrîïov) (1). Columelle a parlé des vers du veau (ascarides lombricoïdes 1) et du cheval (2). Galien dit que les vers ne naissent pas chez l'homme seulement; il signale l'existence fréquente des oxyures, celle des lombrics et celle plus rare du ténia chez le cheval (8) . Végèce signale aussi l'existence de lombrics et celle d'autres vers (tineolas) chez les chevaux (4). . Jusqu'à l'époque de Redi (1684), quelques auteurs encore, de loin en loin, ont parlé des entozoaires intestinaux chez les animaux domestiques : Spigel a vu le ténia du cheval, du chien et du bœuf (5), mais, généralement, tous ces auteurs ne font qu'une simple mention de l'existence des vers qu'ils ont observés. (1) Aristote, Hist. ûnim. cil., lib. IX, § 103, p. 102$. (2) Lucius Junius Moderatus Columella, De re rustica. — Vers chez le veau, lib. VI, cap. xxv, p. 630. — Chez les chevaux, lib. VI, cap. xxx, p. 633 (Rud.). (3) Galien, ouvr. cit., t. III, iuaph., Hipp., Comment., m, aph. 26, p. 49. (4) Publius Vegetius, Mulomedicinœ, lib. I, cap. xliv, lu. (5) Spigel, De lumb. lai. cit., p. 10. 22'i AFFECTIONS VERMINEUSES DUS VOUS DIGESTIVES C'est à Redi que l'on doit les premières observations suivies sut les entozoaires des animaux; c'est depuis son époque que ces ento- zoaires ont appelé l'attention des savants, et c'est à leur étude que l'helminthologie a dû ses progrès (1). Avant l'apparition de l'ouvrage de Redi toutefois, Ed. Tyson avait publié ses recherches sur le ver plat, dans lesquelles se trouve décrite la tête du ténia du chien ; celle du ténia de l'homme était encore inconnue (2). En 1712, Vallisneri eut l'occasion devoir fréquemment l'ascaride lonibricoïde chez des veaux; on sait que ce ver est extrêmement rare dans l'espèce bovine en France et en Allemagne ; il paraît s'être montré épizootiquement dans la contrée qu'habitait Vallisneri (Padoue). Les lombrics étaient accumulés en grand nombre dans les intestins des jeunes veaux qui en mouraient quelquefois; leur chair contractait une odeur forte et nauséabonde (3). Chabert, le premier (4), considéra les entozoaires intestinaux au point de vue de la pathologie. Les nombreuses recherches faites dans le siècle dernier sur ces animaux parasites, ne l'avaient été qu'au point de vue de l'histoire naturelle; le célèbre vétérinaire s'occupa des désordres que les entozoaires occasionnent chez les animaux domes- tiques, et de leur traitement (5). Dans son traité ex professo, Chabert n'a pas suffisamment exposé les caractères zoologiques des vers dont il a parlé, ce qui rend quel- quefois pour nous leur détermination difficile ; en outre, il a confondu plusieurs espèces ensemble, et même plusieurs genres: il rapporta les diverses espèces de ténias des animaux domestiques au ver soli- taire de l'homme ; il confondit, sous le nom de crinons, la filaire du cheval, divers strongles, les sclérostomes et le spiroptère mégas- tome ; sous le nom de strongle, l'ascaride lombricoïde, mégalocé- phale, etc., le strongle géant; sous le nom d'ascarides, le dochmie irigonocéphale (?) du chien avec les oxyures de divers animaux. (1) Francesco Redi, Osservazioni inlorno agli animaîi vivenli che si trovano negli animali viventi. Firenze, 1684. (2) Edw. Tyson, Lumbricus latus, or a discourse of Ihe joinled worm, in Philo- soph. Iransacl., 1683, p. 113, 141, tab. Il, et Lcclerc. op. cit., p. 37. (3) Antoine Vallisneri, Nuove osservazioni... inlorno alV ovaja scoperla ne' vermi tondi delV uomo e de' vitelli. Padoue, 1713, et Leclerc, op. cit., p. 222. (i) Bourgelat avait déjà publié un mémoire sur les vers du cheval (1760), mais il n'y est guère question que de larves d'eestre trouvées dans les sinus frontaux et daus l'estomac. (5) Chabert, Traitédes maladies vennineuses dans lesanimaux. Paris, 1782, iu-8. Paris, 1787, 2e édit. CHEZ f,i:S ANIMAI X DOMESTIQUES. 225 L'ouvrage de Chabert est le seul qui ait encore été publié en France sur les maladies vermineuses des animaux domestiques. Les articles relatifs aux entozoaires des intestins qui se trouvent dans les ouvrages, même les plus récents, de médecine vétérinaire, ne sont, en général, qu'une reproduction plus ou moins textuelle puisée dans le traité de ce célèbre vétérinaire. Les animaux domestiques sont atteints de vers intestinaux non moins fréquemment que l'homme. Le cheval, le mouton, le chien, le chat et le porc en sont fort souvent affectés; l'âne, le mulet en ont plus rarement, et plus rarement encore la chèvre et le bœuf. Les oiseaux de basse-cour sont peut-être plus fréquemment atteints des vers du tube digestif; l'oie, le canard, la poule en ont presque con- stamment, le dindon moins peut-être, et le pigeon plus rarement que les autres. Suivant qu'on observera les animaux dans une contrée différente, ou bien suivant qu'ils seront soumis au régime de l'étable, des pâtu- rages, etc., leur disposition aux entozoaires paraîtra sans doute variable; on observera encore des variations, quant aux espèces dont ils seront atteints; l'âge aussi peut apporter sous ce rapport quelques modifications. Considérés en général, les entozoaires des voies digestives existent chez des animaux jeunes ou vieux, sains ou malades; ils existent quelquefois en quantité considérable, néanmoins il est très rare qu'on observe des affections que l'on puisse véritablement leur attribuer. Le cheval, le porc, le chien et le mouton sont peut-être les seuls chez lesquels on ait observé des phénomènes pathologiques déterminés par la présence des vers dans le tube digestif. Les animaux mal nourris, mal soignés, appartenant à des gens pauvres, paissant dans des prés marécageux, humides, ceux qui sont affaiblis par quelque maladie chronique, sont plus sujets que les autres aux entozoaires intestinaux ; le nombre quelquefois prodigieux de leurs vers, ne paraît généralement pas aggraver leurs maladies ou en faire naître d'autres. Si ces animaux sont placés dans des con- ditions hygiéniques plus favorables, si leur nourriture est améliorée, si la maladie dont ils sont atteints se guérit, si les chevaux, par exemple, qui paissent une herbe aqueuse et sans suc sont ramenés à l'écurie et soumis à un régime sec et substantiel, les vers dont leurs intestins étaient remplis diminuent de nombre et disparaissent peu à peu . Dmwc, (5 226 AFFECTIONS VERMlNEUSF.S DES VOIES DIGESTIVES Quant aux oiseaux domestiques, les vers nématoïdes et les ténias surtouL existent souvent en nombre considérable dans leur tube digestif sans occasionner le moindre désordre dans leur santé, car on trouve ces oiseaux, dont l'intestin est farci de vers, très sains et très gras. L'analogie seule peut nous donner quelques idées sur les sensa- tions des animaux, aussi les phénomènes de douleur que les vers leur occasionnent, doivent-ils souvent nous échapper ou nous laisser fort incertains sur la cause qui les produit ; nous nous abstiendrons donc de décrire minutieusement, comme l'ont fait plusieurs auteurs de médecine vétérinaire, les douleurs colliquatives plus ou moins vives, prolongées, intermittentes, les nausées, les épreintes, etc., que les animaux affectés de vers peuvent éprouver. Les phénomènes observas chez l'homme existent probablement aussi chez les animaux ; toutefois ils sont certainement beaucoup plus rares : les bâillements, l'appétit nul ou vorace, les goûts dé- pravés, l'haleine fétide, des vomissements, la diarrhée, le ballonne- ment du ventre, la dilatation de la pupille, le prurit du nez et des lèvres, les grincements de dents, la toux, les horripilations, la tris- tesse, l'amaigrissement, sont les principaux symptômes qui aient été remarqués chez les chevaux, les chiens, etc., affectés de vers de l'intestin. On dit que ces entozoaires occasionnent chez les animaux des atta- ques convulsives, l'épilepsie, le vertige, etc. ; ces accidents sont extrêmement rares. Quanta l'introduction des vers lombricoïdesdans lès conduits biliaires et dans le larynx , nous n'en connaissons aucun exemple. On a attribué, chez les animaux comme chez l'homme, des perfo- rations intestinales à l'action des vers ; si l'on excepte celles que cause l'échinorhynque géant chez le porc, les exemples qu'on en pourrait citer sont fort peu nombreiix et tout aussi peu certains, quant à leur cause, que ceux de l'homme. Morgagni a vu, chez une poule, l'intestin perforé et un ver sorti par cette ouverture, dans la cavité du ventre (1). On trouve dans le Recueil dé médecine vétérinaire un cas de perforation de l'intestin grêle par dés lombrics chez un cheval. La (1) Morgagui, Epist, anat., xiv, § 44, et De sed. el causis, Epist. xxxiv, § 36. CHEZ LES ANIMAUX DOMESTIQUES. 227 perforation communiquait avec une poche située dans le mésentère; pas de ver dans le péritoine (1). ■ Dans le même recueil se trouve encore un cas de perforation de l'estomac par des lombrics chez un cheval. Les lombrics étaient dans le péritoine; la perforation avait un pouce de diamètre (2). Rudolphi a trouvé, chez un chat dont l'intestin grêle était spha- célé, un ténia dans la perforation et trois ascarides dans le mésen- tère (3). PREMIÈRE SECTION. VERS CHEZ LES SOLIPÈDES. 1° Cheval. Tœnia plicata, estomac, intestin grêle (Synops., n° 19). Taenia mamillana, gros intestin (Synops,, n° 20). Tœnia perfoliata, intestin grêle, caecum, côlon (Synops., n° 21). Oxyuris curvula, caecum, côlon, rectum (Synops., n" 56). Ascaris megalocephala, intestin grêle (Synops., n" 59). Spiroptera megastoma, estomac [erraticè?] (Synops., n" 66). Scleroslomum armatum, duodénum, caecum, côlon (Synops., n° 85). Sclerostomum letracanlhum, duodénum, caecum (Synops., n° 86). 2° Ane. Oxyuris curvula, caecum, côlon, rectum. - - 1 Ascaris megalocephala, intestin grêle. Sclerostomum armatum, caecum, côlon. Sclerostomum tetracanthum, caecum. ■ v i 3° Mulet. Oxyuris curvula, caecum. Sclerostomum armatum, caecum, côlon. Sclerostomum tetracanthum, caecum. De tous les mammifères domestiques, le cheval est le plus fré- quemment affecté de vers des intestins ; c'est chez lui que les espèces en sont le plus nombreuses, et c'est chez lui que l'on trouve les in- dividus de ces espèces en plus grand nombre. L'âne et le mulet sont moins sujets aux vers intestinaux. Toutes les espèces observées chez le cheval n'ont point encore été signalées chez ces deux autres solipèdes ; il est probable, cependant, qu'elles les atteignent également. Les phénomènes pathologiques déterminés (1) Recueil de méd. vétérin., t. XIV, p. 70. (2) ld., 1846, ann. XXIII, p. 949. (3) Rudolphi, Hist. nat. cit., t. I, p. 435. 228 AFFECTIONS VERM1NEUSES DES VOIES DIÇEST1VES par los entozoaires sont, sans doute, les mêmes chez le cheval, l'âne et le mulet. L'ascaris megalocephala (1), comme le lombric chez l'homme, fait son séjour dans l'intestin grêle ; on le trouve aussi dans le crecum. Il existe quelquefois en quantité prodigieuse; Grève signale l'existence de ces vers par milliers chez les chevaux morveux et farcineux. Les phénomènes qu'ils développent sont probablement analogues ù ceux que déterminent les lombrics chez l'homme : le cheval affecté de lombrics, se frotte le nez et les lèvres contre la mangeoire ou contre tout objet dur, regarde souvent lentement du côté de son ventre, et 6e remet à manger sans autre manifestation de douleur'; d'autres fois, il paraît éprouver des coliques vives et plus ou moins prolongées, il a de la diarrhée, et dépérit. Quant à l'inflammation de la mem- brane muqueuse intestinale, aux ulcérations, aux perforations, l'exis- tence n'en est pas mieux établie chez le cheval que chez l'homme. Grève, chez un poulain mort de colique avec constipation, a trouvé un gros peloton de lombrics auquel il semble attribuer la mort de l'animal. Ce peloton était formé de cent cinquante-sept ascarides entrelacés, et bouchait entièrement l'intestin. Uoxyuris curvula (2), analogue de notre oxyure, habite le csecum , la portion csecogastrique du côlon, le rectum; souvent on le voit à l'orifice anal, hors duquel une partie de son corps fait saillie; on le trouve encore à la surface des excréments, dans un mucus glaireux ou strié de sang qui les enduit. Il occasionne évidemment de la chaleur, du prurit, des ténesmes, ce que l'on peut constater par l'inspection de la marge de l'anus, qui est rouge et gonflée, par les mouvements de la queue et les actions de l'animal affecté. Le sclèrostome armé du cheval (3) existe ordinairement dans le caecum et le côlon, rarement dans l'intestin grêle et le duodénum ; on l'a rencontré quelquefois dans le pancréas. Il est fixé par son arma- ture buccale à la membrane muqueuse, qui forme au point d'adhé- rence une petite papille de couleur foncée. On le trouve très commu- nément à Paris. Le gros intestin du cheval est quelquefois hérissé de (1) Strongle, Chabert; ascaride lombricoïde, Grève, Hurtrel d'Arboval ; lombric, lombricos, vulg. (2) Ascaride, Chabeit ; ascaride vermiculaire, Hurtrel d'Arboval. (3) Crinon, dragonneatt, Chaberl; Strongylus armalus, Grève; strongle, Hur- trel d'Arboval. CHEZ LIS ANIMAUX DOMESTIQUES. 229 ces vers; Chabert en a compté plus de mille sur une surface de deux pouces, de sorte qu'on peut estimer, dit-il, la totalité de ces insectes à plus d'un million (1); ils ne déterminent néanmoins aucun sym- ptôme qui puisse faire reconnaître leur présence; elle ne se manifeste que par leur sortie avec les excréments. Le sclérostome ne passe pas généralement pour être très nuisible aux chevaux, cependant Grève dit qu'une expérience fréquente lui a enseigné que ce strong le cause assez souvent la mort de ces animaux ; mais peut-être ce savant vé- térinaire avait-il en vue le sclérostome anévrysmatique dont il con- fondait l'espèce avec celle des intestins (2) ? Les ténias sont très communs chez le cheval : Chabert en a compté quatre-vingt-onze chez un seul individu, et Grève dit en avoir vu des milliers dans l'intestin grêle, dans le cœcum et même dans l'es- tomac des chevaux mis au vert dans des pâturages humides ; leur canal intestinal en était bourré. La longueur de ces vers est généra- lement chez les animaux beaucoup moindre que chez l'homme. Les ténias, d'après Grève, n'occasionnent aux chevaux ni coliques, ni maladies ; ils sont évacués et diminuent considérablement de nombre, si les animaux sont remis à un régime sec. DEUXIÈME SECTION. VERS CHEZ LE PORC. Echinorhynchus gigas, intestin grêle (Synops., n° 51). Ascaris suilla, intestin grêle [Synops., n° 58). Spiroptera strongylina, estomac [Synops., n° 68). Trichocephalus crenatus, gros intestin [Synops., n" 75). Scleroslomum dentatum, cœcum, côlon (Synops., n" 87). Les effets des vers ne sont pas mieux déterminés chez le porc que chez les autres animaux domestiques. On dit que les entozoaires intestinaux entretiennent le cochon dans un grand état de maigreur, qu'ils lui occasionnent une toux forte, une certaine inquiétude qui se manifeste par des allées et venues indéterminées, des coliques qu'il annonce par des cris, des convulsions, etc. De tous les vers, le plus fâcheux pour le porc est l'échinorhynque géant. (1) Chabert, ouvr. cit., p. 23. (2) Grève, ouvr. cil., cliap. xvij. 230 AFFECTIONS VERMUNLUbES DES VOIES DIGESTIVES Êchinoi'hyngue gèànl, — L;i connaissance île l'échinorhynque géant est d'une date récente; toutefois ce ver avait été observé avant d'avoir été reconnu comme appartenant à un genre distinct des ascarides ou des ténias. Pechlin en parle évidemment dans le passage suivant : « Et verô pro anni conditione, est saepè morbus ille •> epidemius in porcis, quorum exenterata intestina, vermium lon- n giorum agminibus obsita, curam non admittunt, quandô ità mem- « branre inheerent, ut, non nisi vi et cum offensa membranœ, avelli » possint (1). » Il y a environ un siècle que J.-L. Frisch a donné une description de ce ver, mais sans le croire différent de l'ascaride lombricoïde (2). Pallas l'observa ensuite et le prit pour un ténia; bientôt après, Goeze, Frôlich, Blocb... reconnurent qu'il appartient à un genre distinct. A l'époque où ces naturalistes publièrent leurs observations, les vétérinaires ignoraient encore l'existence de l'échinorhynque géant : Chabert (1787) n'en fait point mention, quoiqu'il connût les lé- sions que ce ver produit dans l'intestin du porc, lésions qu'il attribua au strongle [ascaris suilla) (3). Cette erreur n'a point été rectifiée par Hurtrel d'Arboval, qui, exprimant ses doutes à l'égard de la réalité des perforations attribuées aux lombrics du porc, n'indique point par quel ver elles sont produites, ver qu'il connaissait toutefois (4). L'échinorhynque géant est commun en France et en Allemagne : à Vienne, on l'a trouvé chez un porc sur quatre à peu près (Duj.) ; d'après M. Cloquet, les cochons qui sont envoyés du Limousin aux échaudoirs de Paris, ont bien plus souvent des échinorhynques que ceux qui viennent des autres provinces. Les docteurs Jeffries Wyman et Leidy en ont trouvé chez le porc aux États-Unis (5). Ces vers sont plus communs vers la fin de l'hiver que dans les autres saisons (6). D'après Froelich, les cochons qui se nourrissent de glands y sont fort sujets (7). (1) J. N. Pechlin, Observ. physico-med. libri 1res. Hamburgi, 1691. lib. I, obs. LXIV, p. 155. (2) Frisch, in Miscell. Berolinens, t. III, p. 64 (Diesing). (3) Chabert, ouvr. cit., 1787, 2eé"d., § 30, p. 54. . (Zi) Hurtrel d'Arboval, Dict. de méd. chir., etc.,vëlér. Paris, 1839, 2* éd., t. VI, pi 397, 401. (5) J. Wyman, in Boston cabinet cit., § 890. — Leidy. Synops. cit., § 78. (6) Jules Cloquet, Mém.cit., p. 64, note. (7) Cité par Rud., Synops., p. 310, CHEZ LES ANIMAUX DOMESTIQUES, 231 L'échinorhynque du porc se trouve dans les intestins grêles et fort rarement dans le gros intestin. Il nage librement dans les ma- tières intestinales liquides, ou bien il est fixé par sa trompe à la membrane muqueuse. Quelquefois, après avoir percé complètement l'intestin, il s'avance plus ou moins dans la cavité péritonéale. La fixation de la tête de ce ver ne donne pas généralement lieu à l'in- flammation de la partie à laquelle elle adhère, et les ulcérations ou les perforations qu'elle laisse se cicatrisent facilement (1). D'après Hurtrel d'Arboval, le porc dont l'intestin est envahi par des échinorhynques, est maigre : « il a la région lombaire faible et le train de derrière roide. Le matin et jusqu'à l'heure du repas, il fait entendre un grognement continuel, et, s'il mange en commun avec les autres, il mord ses voisins; mais, comme il est sans force, dès qu'un de ceux-ci se défend, il tombe. Ses yeux sont enfoncés et pâles; -ses excréments sont durs et fortement colorés; la débilité allant toujours en croissant, elle conduit à une époque où l'animal ne peut plus se lever ni se tenir debout (2). » Les perforations causées par l'échinorhynque sont quelquefois assez nombreuses pour rendre les intestins du porc impropres aux usages auxquels on les destine généralement. TROISIEME SECTION. VERS CHEZ LE CHIEN ET LE CHAT. 1° Chien. Hemistomwm alalum, intestin grêle (Synops., n° 42). Tœnia serrata, intestin grêle (Synops.", n° 22). Taenia cucumerina, intestin grêle {Synops., n° 23). Tœnia echinococcus ? T. cœnurus? (Synops., n° 24). Ascaris marginata, intestin grêle {Synops., n° 63). Trichocephalus depressiusculus, caecum (Synops., n° 74). Dochmius trigonocephalus , intestin (Synops., n" 84). T Chat. Tœnia crassicollis, intestin grêle (Synops., a° 25). Tœnia elliplica, intestin grêle (Synops., n° 26). Dibolhrium decipiens (bothriocéphale), intestin (Synops., n" 31). Ascaris mystax, intestin grêle (Synops., n° 62). Les chiens affectés d'un grand nombre de vers sont tristes, abattus, amaigris ; leur poil est sec, hérissé, terne, sale ; ils se tour- (1) Rud., Hist. nat. cit., t. I, p. 428. (2) Hurtrel d'Arboval, ouvr. cit., t. VI, p. 401, art. Veks. 232 AFFECTIONS VERMINËUSES DES VOIES DIGEST1VES mentent, s'agitent, poussent des cris plaintifs, des hurlements ; ils deviennent insociables et irascibles; ils meurent quelquefois dans les convulsions : ces phénomènes sont principalement causés par l'accu- mulation des ténias. Les ténias sont plus fréquents et généralement beaucoup plus nom- breux chez le chien que chez les autres mammifères domestiques ; Chabert en a compté jusqu'à deux cent vingt-sept chez un seul indi- vidu. Ils produisent des coliques que l'animal manifeste tantôt en se traînant le ventre appuyé contre le sol, tantôt par des cris, des hurle- ments, de l'agitation, par une course désordonnée, après lesquels il reste triste et taciturne. D'autres fois, après l'accès passé, le chien mange, boit et reprend sa gaieté jusqu'à l'invasion de nouvelles coli- ques qui se traduisent de la même manière. Lorsqu'elles sont très vives et répétées, elles peuvent amener des convulsions, des atta- ques cataleptiques, le dépérissement et la mort. On reconnaît l'exis- tence des ténias chez le chien à ce que l'animal en rend de temps en temps avec les fèces. Chabert rapporte avoir vu chez le chien une épizootie dans laquelle ces animaux vomissaient des paquets d'ascarides [Strongylus trigo- nocephalus ? Rud . , Dochm ie trigonocéphale ? Duj . ) de la grosseur d'un œuf de poule. Ces chiens avaient des convulsions, des vertiges, des attaques épileptiformes suivies de coma ; la bouche était pleine de bave; ils mouraient dans la consomption ou dans des accès de ver- tige connus sous le nom de rage-mue (1). QUATRIÈME SECTION. VERS CHEZ LES RUMINANTS. 4* Mouton. Amphistomum conicum, premier estomac (Synops., n° 43). Tœnia expansa, intestin grêle (Synops., n° 16). Ascaris ovis, intestin (Synops., n° 61). Trichocephalus affinis, gros intestin (Synops., n° 73). Dochmius hypostomus, intestin (Synops., n° 82). Strongylus confort us, estomac (Synops., n° 95). Strongylus filicollis, intestin grêle (Synops., n" 96). (1) Chabert, ouvr.cil., p. 55. CHEZ LES ANIMAUX DOMESTIQUES. 233 2° Chèvre. Tœnia caprœ, intestin (Synops., 'a0 16 bis). Trichocephalus affinis, gros intestin. Dochmius hypostomus, intestin. Strongylus venulosus, intestin grêle, côlon (Synops., a' 90). 3° Boeuf. Amphistomum conicum, premier estomac. Tœnia expansa, intestin. Tœnia denticulata, intestin (Synops., n» 17). Ascaris lumbricoides, intestin grêle [Synops., n° 57). Trichocephalus affinis, gros intestin. Strongylus radiatus, duodénum, intestin grêle, côlon (Synops., n° 89). Chez les bêtes à cornes et chez les bêtes à laine, les signes de la présence des vers sont toujours fort obscurs. Le bœuf est moins fréquemment atteint de vers des intestins que les autres animaux domestiques ; le ténia est moins commun chez lui que chez le mouton. L'ascaride lombricoïde, dont Vallisneri a vu une véritable épizootie chez le veau, est d'une extrême rareté chez cet animal à Paris. Le bœuf affecté tl'entozoaires intestinaux offre des désordres de l'appétit, des météorisations passagères, la cessation de la rumination, la diminution de la sécrétion laiteuse, le dépérisse- ment. L'issue des vers avec les fèces, très rare, est un signe qui manque généralement au diagnostic. Les bêtes ovines nourries dans des pâturages humides, celles qui contractent la cachexie aqueuse surtout, sont très fréquemment atteintes de vers de l'intestin, et principalement de ténias. Les sym- ptômes que ces entozoaires produisent ne diffèrent point de ceux que nous venons d'énumérer ; le mouton atteint d'un grand nombre de vers est faible; il marche lentement, sort le premier de la bergerie, y rentre le dernier; il maigrit, se décharné le long de l'épine; il a les orifices du nez enduits de mucus. Ces phénomènes pourraient reconnaître, sans doute, toute autre cause que l'existence des vers; les ressources que le diagnostic des entozoaires intestinaux trouvera dans l'inspection microscopique des matières évacuées, permettront désormais, probablement, une étude plus approfondie et plus certaine des affections vermineuses des animaux domestiques. 234 AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES DIGESTIVES. CINQUIÈME SFXTION. TRAITEMENT DES ENTOZOAIRES INTESTINAUX DES ANIMAUX DOMESTIQUES. 1° Le traitement prophylactique des vers intestinaux des animaux domestiques ne peut se déduire que de la connaissance des modes de transmission et de propagation de ces vers ; il est donc aujourd'hui presque impossible de rien prescrire à cet égard. Un régime sec et substantiel, l'éloignement de prairies marécageuses habituellement fréquentées par le bétail, comme le sont cer.tains communaux, sous- trairont, sans doute, les animaux aux conditions principales de la transmission de leurs entozoaires. 2° Les indications du traitement curatif ne diffèrent point de celles que nous avons exposées à l'égard de l'homme. Chabert recommande de mettre à la diète l'animal auquel on doit administrer un médica- ment vermifuge, afin, dit-il, de laisser vider son estomac et les intes- tins, et de faciliter l'action du remède. Les médicaments employés chez les animaux domestiques, sont des purgatifs énergiques, tels que l'aloès,lejalap, la scammonée ; les préparations mercurielles; des substances anthelminthiques telles que la racine de fougère mâle, l'absinthe, la valériane, la tanaisie, l'ail, l'asa fœtida, le camphre, etc. Mais le remède le plus souvent employé et le plus généralement efficace est l'huile empyreumatique de Chabert ; ce médicament doit être administré neuf à dix jours de suite. Les doses doivent varier suivant l'espèce des animaux et suivant leur taille; chez les individus fins, vifs et irritables, elles doivent être ménagées et éloignées si les effets sont trop énergiques.; Les précautions sont surtout nécessaires chez les chevaux, poulains et pouliches et chez les chiens (voyez l'appendice au traitement). On doit s'abstenir de tout traitement vermifuge si le tube digestif est actuellement atteint d'une affection aiguë, indépendante de la présence des entozoaires. Après l'expulsion de ces parasites, un. régime sec et substantiel, l'usage des toniques, des amers, des sti- mulants, le sel marin, pourront être utilement employés pour relever les forces digestives et la santé délabrée. AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES BILIAIRES. 235 TROISIÈME PARTIE. AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES BILIAIRES. Les anciens n'ont pas connu les entozoaires des voies biliaires. Gabucinus, en 1547, fit mention de vers semblables à des graines de courge (distome hépatique) qui habitent dans le foie des brebis et des chèvres (1). Quelques années après, Cornélius Gemma fit de nouveau mention des vers du foie en ces termes: « Anno 1552... » morbi a fluxionibus oriundi popularitergrassabantur supra modum, » vermes, abortus, sicca puerperia, inflammationes subitse, dysen-' « teriœ, lues quoque infanda pecoris in Hollandia, natis vermibus » passim circahepatisregionem (2). » VolcherCoiter et Franc. Bona- micus parlèrent aussi de ces vers (3) . Dans le siècle suivant, les entozoaires des voies biliaires du mouton et du bœuf furent assez fréquemment signalés: Pecquet, ayant ob- (1) Gentilis Arnulphus est indiqué par plusieurs auteurs comme ayant le pre- mier observé le distome hépatique. Ce fait se trouverait consigné dans une lettre écrite en 1542, et jointe à l'ouvrage de Gabucinus sur les vers (Gabucini Hieron., De lumbricis alvum occupantibus comment, quibus accedit epistola Gentilis Arnul- phi, etc. Venetiis, 1547). La lettre de Gentilis Arnulphus, ami et probablement maître de Gabucinus, ne fait aucune mention des vers du foie. Celui-ci en parle dans les termes suivants : « In jocinoris ovilli capillique venis sœpe mibi visa sunt » aniniautia quœdam cucumeris seminibus haud omnino dissimilia. » (Op. cit.,. cap. vin, p. 25). Gabucinus n'aurait pas manqué, sans doute, de citer son ami et maître Gentilis Arnulphus, si cette découverte lui eût appartenu. D'un autre côté, Marcellus Donatus, qui était presque contemporain, rapporte les observations de Gabucinus et de Gemma, et ne parle nullement d'Arnulphus (Marcellus Donatus, Demed. hist. mirab., cap. xxvi, p. 175. Venitiis, 1597). L'erreur des auteurs qui ont attribué la découverte des vers du foie à Gentilis Arnulphus vient sans doute d'une indication bibliographique qui se trouve dans l'ouvrage de Gabucinus sur la marge, en regard de la phrase relative aux vers du foie; mais cette indication se rapporte à la phrase précédente, et concerne Gentilis Fulgina, médecin du xive siècle. (2) Cornelii Gemmae, De natures divinis characterismis. Antuerpia?, 1575, t. II, hh. II, cap. ii, p. 40. (3) Volcherus Coiterus, Obs. anat. Franc. Bonamicus, II, De alimentis, XlVt cités par G. H. Welsch, op. infra cit., p. 136, 236 AFFECTIONS VI! RM IMi USES DES VOIES BILIAIKES. serve des distomes hépatiques, fit la remarque que ces vers sont com- muns dans le foie des moutons malades (1). Willius, en 1674, ob- serva une épizootie qui exerça des ravages considérables sur les bœufs en Seeland: « le plus grand nombre avaient non-seulement dans presque toutes les ramifications de la veine porte, mais encore dans les conduits biliaires, une grande quantité de vers cucurbitaires delà couleur du foie (2). » Frommann, Wepfer.Redi, P. Borel, Ant. de Heide (3), Bidloo, Malpighi et, dans le siècle suivant, Leeuwen- hoek (4), Ruysch (5), Kulm (6), Schâffer (7), etc., donnèrent sur ces entozoaires des notions plus ou moins exactes ; mais les agriculteurs et les bergers connaissaient ces vers avant que les savants ne s'en fussent occupés, car, au rapport de Redi (1684), les distomes étaient vulgairement désignés en Toscane sous le nom de bisciuole (8); d'après Borel, ils portaient en Provence le nom de dalbères (9), et déjà du temps de Pecquet, les bouchers attribuaient leur présence chez les moutons à ce que ces animaux avaient mangé d'une certaine herbe, la sideritis glabra arvensis. On sait que les gens de la campagne ont encore aujourd'hui une opinion semblable sur l'origine de la douve. Malgré le grand nombre d'observateurs qui avaient signalé l'exis- tence du distome hépatique, la plupart des médecins, au commen- cement du xvm0 siècle, ne connaissaient point encore ce ver : Andry , dans son Traite de la génération des vers (1741), n'en parle que d'après la lettre de Pecquet et d'après des notions peu exactes qu'en avait données P. Borel (10). Les premiers observateurs n'eurent que des idées assez confuses sur la nature des entozoaires des conduits hépatiques : Gabucinus, (1) Extrait d'une lettre de M. P. à M. *** sur le sujet des vers qui se trouvent dans le foie de quelques animaux, du 9 juillet {Journal des savants, 1668, p. 66). — Mém. acad. des sciences, t. X, p. 476. — Collect. acad., 1. 1, p. 370. (2) J. Valentin Willius, Collect. acad., part, étrang., t. VII, p. 287, et Act. de Copenhague, 1674-1675. (3) Ant. de Heide, Vernies in hepate ovillo, in Ejus experimentis. Amst., 1686- 1C88, p. 46-47 (Dryander). (4) In Philos. Transact., ann. 1704, p. 1522-1527, n° 289. (5) Ruysch, Op. cit., De valv., cap. iv, obs. 18. (6) Joh. Ad. Kulmus, in Breslauer Sammlungen, 1721, p. 596 (Rud.). (7) Schâffer, ibid., 1726, p. 57 (Rud.). (8) P. Redi, De animalculis vivis quœin corporibus anim. viv. reperiuntur observ. Amst., 1708, trad., p. 198. (9) Petrus Borellus, Insectabaleniformiain sanguine humano, cent. III, obs. iv, cit. par Leclerc, op. cit., p. 282. (10) Andry, ouvr. cit., t. I, p. 62 et 105. AFFECTIONS VERM1NEUSES DES VOIES BILIAIRES. 237 Willius, Redi, Malpighi, Borel et même Van Swieten (1) paraissent les avoir confondus avec les vers cucurbitins ; Bonamicus, From- mann (2) et Wepfer (3) avec les sangsues. Le séjour de ces vers ne fut pas non plus exactement déterminé: Gabucinus, Willius, Redi et P. Borel croyaient qu'ils existent dans les vaisseaux sanguins; d'autres observateurs leur attribuaient pour habitat la substance propre du foie; mais Bidloo, qui a donné sur ces entozoaires des notions fort exactes sous beaucoup de rap- ports, dit ne les avoir jamais rencontrés dans les vaisseaux san- guins, et indique avec précision les conduits biliaires comme leur séjour normal (4). Certains animaux sont fort sujets aux entozoaires des voies bi- liaires; d'autres en sont toujours exempts. Les herbivores et princi- palement les ruminants sont dans le premier cas ; les carnivores, à l'exception du chat domestique (5), sont dans le second. Chez l'homme et chez les animaux domestiques, les entozoaires qui vivent à l'état de liberté dans les voies biliaires appartiennent à l'ordre des trématodes, et, à peu près exclusivement, au genre dis- tome; on rencontre encore dans les voies bilaires [lapin, homme?) des amas de corps oviformes d'origine inconnue, mais qui appar- tiennent probablement aux helminthes ; nous en donnerons ici l'his- toire. Les nématoïdes que l'on a quelquefois observés dans la vésicule et dans les conduits biliaires, étaient des vers de l'intestin arrivés accidentellement dans ces voies. Les hydatides du foie peuvent aussi (1) Van Swieten, Comment, in aphorismos. Paris, 1758, t. III, p. 89. (2) Joh. Fromnianni, Obs. de verminoso in ovibus el juvencis reperto hepate, in Ephem. nat. cur., 1676, dec. I, an 7, p. 219, 255. — ld., Obs. de salubrit. car», animal, verm. laborant. Ibidem, p. 255, 262. — Th. Bonet, Sepulchretum, lib. IV, sect. i, t. III, p. 249. (3) Wepfer, en appelant ces vers des sangsues, comme les nommaient les bou- chers de son temps, fait la remarque cependant qu'ils diffèrent beaucoup des sangsues (Mise. nat. cur., 1688, dec. II, an 7, obs. xyt, p. 31). (4) D'après Trcutler, le distome lancéolé se trouverait aussi dans la veine porte [Mém. infra cit., Animadv. ad, obs. vi, 35). (5) Creplin a trouvé dans la vésicule et les conduits biliaires d'un chat domes- tique une grande quantité de trématodes qu'il rapporta aux distomes, et plus tard aux amphistomes. — Rudolphi etSiebold ont trouvé dans le foie du chat le distome lancéolé, suivant le rapport de M. Dujardin. — M. Finck a vu aussi dans le foie du chat un grand nombre d'entozoaircs plats, probablement des douves (passage infra cit.). 238 AFFECTIONS VERMlNEUSES DES VOIES BILIAIRES arriver accidentellement clans les conduits biliaires par une perfora- tion qui met ces conduits en rapport avec un kyste hydatique. Nous n'aurons point à nous occuper ici de ces vers erratiques; nous ne nous occuperons point non plus despentastomes [Pent. conslriclum et Penl. deniiculatum), que l'on trouve à la surface du foie chez l'homme et chez quelques animaux domestiques ; ces entozoaires ne sont point spéciaux à l'organe hépatique, et d'ailleurs ils n'occasionnent aucun phénomène pathologique appréciable (voyez Synops., n° 102, 103). PREMIERE DIVISION. PHÉNOMÈNES PATHOLOGIQUES OCCASIONNÉS PAR DES DISTOMES. PREMIÈRE SECTION. DISTOMES DES VOIES BILIAIRES CHEZ LE MOUTON ET LE BOEUF. (Distome hépatique, Synops., n° 35; Distome lancéolé, Synops., n° 36). DÉNOMINATIONS. Noms vulgaires: France, fasciole, douve. — Angleterre, Liverfluke. — Allemagne, Leberwurm, Schafegel. — Hollande, Botten, Leverworm. — Danemark, Faare- flynder. — Suède, Levermask, — Italie, Bisciuola. — Espagne, Caracolillo, Serilla. . . On trouve dans les voies biliaires des moutons et des bœufs le distome hépatique et le distome lancéolé ; ordinairement ces vers existent ensemble ; le dernier, à cause de sa petitesse, pénètre plus avant que le premier dans les conduits hépatiques. Ces entozoaires se trouvent encore dans la vésicule du fiel , cependant moins, fréquemment ou en plus petit nombre que dans les canaux hépa- tiques. Les moutons sains sont sujets aux distomes; mais chez ceux qui sont atteints de l'affection connue sous le nom de cachexie aqueuse, on trouve dans les voies biliaires un nombre considérable de ces ento- zoaires et souvent les conduits en sont comme bourrés : Bidloo estime à huit cents le nombre qu'il en a quelquefois vu dans un seul foie, et Dupuy en a compté plus d'un millier chez un seul indi- CHEZ LE MOUTON ET LE BOEUF. — DISTOMES. 239 vidu (1). Dans la maladie que nous venons de nommer, on compte ordinairement par centaines les distomes renfermés dans les voies biliaires. CHAPITRE PREMIER. LÉSIONS ANATOMIQUES. Les conduits hépatiques et même la substance du foie éprou- vent des changements remarquables par l'accumulation des dis^ tomes. Les conduits se dilatent, leurs parois s'épaississent et les princi- pales branches de ces conduits peuvent acquérir des dimensions con-» sidérables, atteindre même la grosseur du pouce ; elles font alors une saillie très prononcée sur la face concave du foie. Les branches moyennes acquièrent le volume d'un gros tuyau de plume; elles sont très apparentes vers le bord du foie, çà et là sur la face convexe et à la surface des coupes pratiquées au travers du tissu hépatique. On voit aussi de très petites branches qui ont participé de ces altéra- tions. Les canaux occupés par les distomes sont remplis d'une ma- tière verdâtre ou jaunâtre, gluante^ concrète, qui remplit leur calibre, ou d'un mucus épais dans lequel se trouvent des œufs de distomes et ces animaux mêmes réunis en pelotons. Les conduits biliaires s'oblitèrent quelquefois en partie, ou cela arrive aux petites branches qui concouraient à les former; alors la partie qui reste perméable constitue un tube terminé en cul-de-sac ,- rempli par du mucus et par des restes de distornés, lesquels péris- sent probablement lorsqu'ils ont cessé de recevoir la bile dont ils se nourrissent (2). On voit encore dans le foie envahi par des distomes, des poches pleines de mucus, sortes de kystes produits sur quelques points des conduits biliaires par une dilatation partielle et isolée.; (I) Dupuy, Mém. lu à l'Acad. deméd., 3 septembre 1822. . (2) Les distomes sont enroulés sur eux-mêmes en cornet dans les conduits d'un petit calibre et fortement serrés. Les épines nombreuses qui revêtent la surface de> leur corps et qui sont toutes dirigées en arrière, favorisent la progression du dis- tome vers l'extrémité des conduits biliaires; mais, en même temps, lorsqu'ils sont étroitement serrés, elles ne leur permettent point de retour en arrière ; aussi doi- vent ils nécessairement y rester et périr lorsque ces conduits se terminent en cul- de-sac. 2/iO AFFECTIONS VERMINEUSES des voies biliaires Les altérations des conduits biliaires commencent généralement par les plus grosses branches; souvent ces conduits, malades dans une portion du foie, restent parfaitement intacts dans une autre, mais, après un certain temps ou lorsque le nombre des distomes est considérable, tous les conduits sont altérés. Les parois épaissies deviennent dures, comme cartilagineuses et blanchâtres; plus tard elles s'incrustent à leur face interne d'une matière terreuse" qui les transforme enfin en de véritables tubes calcaires. On trouve aussi dans la substance du foie de petits kystes remplis de matière cré- tacée, qui se sont formés peut-être par l'envahissement des poches isolées dont nous avons parlé. Les incrustations sont composées de phosphate de chaux et d'une petite quantité de phosphate de ma- gnésie alliés à une matière animale. Les distomes périssent quelquefois après avoir occasionné tous ces désordres, et, si le mouton survit, on rencontre par la suite dans les conduits biliaires des altérations profondes, des ossifications étendues, dont on chercherait vainement alors la cause. Le tissu hépatique subit aussi fréquemment des altérations nota- bles : il devient ferme, résistant; fa couleur passe au jaune brun; il perd en partie ou complètement son aspect grenu ; dans certains points, il éprouve une véritable atrophie ; ces points correspondent aux conduits excréteurs oblitérés ; là , le tissu est pâle et comme rata- tiné. Quelquefois les parties les plus malades sont recouvertes exté- rieurement par une fausse membrane mince, qui établit des adhé- rences avec les organes voisins. La vésicule biliaire paraît généralement saine ; elle est peu volu- mineuse, et la bile qu'elle contient est d'un brun fauve, épaisse et visqueuse. Telles sont les altérations que la présence des distomes occasionne dans le foie chez le mouton et chez le bœuf. Des lésions aussi profondes seraient-elles compatibles avec l'intégrité des fonctions hépatiques, et avec le maintien de la santé générale? La constitu- tion des bêtes qui offrent de tels désordres est ordinairement profon- dément détériorée, mais, avant de chercher quelle peut être la part des distomes dans cet état de l'économie, il convient de le connaître; on lui donne généralement le nom de cachexie aqueuse. CHEZ LES ANIMAUX DOMES HOUES. — DISTOMES. 241 CHAPITRE II. CACHEXIE AQUEUSE. Noms vulgaires : France, la pourriture, bête pourrie, le foie douve, la douve, la douvette, la jaunisse, bouteille, boule, gamadure, goulouraon, ganache, etc. Angleterre, Rot, Rot dropsy. Hollande, Hot ongans. Allemagne, Waserblase, Egeln (Frommann), Egelichte Lebcrn (id.). Italie, Bisciuola, Marciaja. La cachexie aqueuse est encore connue sous le nom de pourri- ture. Le sang, dans cette maladie, est toujours profondément modifié. La masse totale de ce liquide, sa densité, la proportion des globules, celle de l'albumine ont diminué; sa température s'est abaissée ; l'eau s'y trouve en proportion beaucoup plus considérable que dans le sang normal ; aussi, quelques auteurs ont-ils donné à la cachexie aqueuse le nom d'/iydrohémie. Le mouton et le bœuf sont sujets à cette maladie; le cheval, le chien, le lapin, les oiseaux de basse- cour, le ver à soie sont quel- quefois atteints d'une affection qui n'est pas sans analogie avec la cachexie des bêtes ovines et bovines, mais qui, chez les oiseaux de basse- cour et chez les vers à soie, en diffère sans doute complète- ment quant à sa nature. Parmi les animaux sauvages, le cerf, le daim, le chevreuil, le lièvre, etc., paraissent exposés à contracter la cachexie aqueuse. Le bœuf est moins fréquemment atteint de la pourriture que le mouton. Chez ces deux animaux, les phénomènes et la marche de la maladie ne diffèrent point d'une manière bien notable. Nous nous occuperons principalement du dernier. Le mouton, au début de la cachexie aqueuse, perd sa gaieté, sa force, sa vivacité; la marche est lente, l'appétit diminué, la rumi- nation troublée, la soif vive; la teinte rosée et normale de la con- jonctive, du nez, des oreilles et de la peau est remplacée par une pâleur générale. Après un certain temps de durée, ces phénomènes s'aggravent, la faiblesse augmente; l'animal se soutient mal et tombe au moindre obstacle ou au moindre choc; la conjonctive devient jaunâtre, plus tard elle s'infiltre et forme un bourrelet circulaire en Davaine. 16 2/|2 UTICTIONS VKltMINEUSliS DUS VOlliS IULIAIHKS saillie sur le bord des paupières : ce symptôme est caractéristique, de la cachexie aqueuse. La peau, la membrane muqueuse des lèvres, des gencives, sont d'un blanc mat, légèrement jaunâtre et sans aucune apparence de vaisseaux sanguins; la laine sèche, cassante, terne, se détache par une faible traction; le tissu cellulaire sous-cutané s'œdématie, ce qui, dans les premiers temps de la maladie, donne à l'animal une apparence d'embonpoint. Après être restée un certain temps stationnaire, la cachexie aqueuse reprend sa marche et se manifeste par de nouveaux sym- ptômes : l'œdème général disparaît, mais il se montre particulière- ment sur les parties déclives, surtout aux jambes immédiatement au-dessous des jarrets. Lorsque l'animal, en paissant, maintient quelque temps la tête penchée vers le sol, les joues, les parties laté- rales du col et principalement l'espace intermaxillaire se gonflent d'une manière très remarquable ; sur les autres parties du corps la maigreur se prononce de jour en jour davantage, elle devient enfin extrême. Le ventre est ballonné; l'urine est claire, abondante, non albumineu.se; le pouls devient petit, accéléré, filiforme; les batte- ments du cœur sont forts et retentissants ; la laine tombe sur de larges surfaces ou même sur la totalité du corps; il survient à la peau des taches plus ou moins larges, jaunes ou noires, formées probablement par du sang extravasé. Les brebis pleines avortent fréquemment; celles qui allaitent donnent un lait clair et séreux, insuffisant pour l'alimentation des agneaux qui sont maigres, chétifs, exsangues. Une diarrhée séreuse achève d'épuiser les bêtes cachectiques. L'animal, réduit à l'état de squelette, meurt ordinairement de deux à six mois après le début de la maladie ; cependant la pour- riture n'est pas inévitablement mortelle ; des soins convenables peuvent arrêter les progrès du mal et amener la guérison, mais ce n'est guère qu'au début de la maladie que l'on obtient ce résultat; lorsqu'elle est. bien confirmée, la plupart des bêtes cachectiques périssent. Lorsque la cachexie aqueuse a duré un certain temps, le diagnostic s'établit facilement d'après l'apparence extérieure de la bête malade: la teinte rose pâle et quelquefois légèrement jaunâtre de la conjonc- tive, de la membrane muqueuse des lèvres, de la peau, la soif exa- gérée, signalent généralement le début de la maladie. La présence des distomes dans les voies biliaires pourrait être reconnue par l'inspec- CHEZ LES ANIMAUX DOMESTIQUES. — DISTOMES. 26.3 tion microscopique des fèces dans lesquelles on constate la pré- sence des œufs de ces entozoaires. A l'ouverture du corps, on remarque la pâleur et l'infiltration des tissus, l'affaissement des vaisseaux, la rareté du sang (1). Les lésions anatomiques qu'on peut attri- buer à la cachexie, se résu- ment, en général, dans la décoloration , le ramollisse- ment et l'état exsangue ; mais on observe dans la plupart des cas des désordres locaux qui dépendent de l'existence d'un grand nombre d' entozoaires dans plusieurs organes : dans les conduits biliaires, qui ont plus ou moins subi les altéra- tions que nous avons décrites, se trouvent les distomes ; dans la substance du foie et dans d'autres organes, des vers vé- siculaires ; dans l'intestin, des ténias; dans les bronches, des strongles; mais tous ces ento- zoaires, que l'on rencontre fréquemment aussi chez le mouton bien portant, sont moins constants que les distomes dans le foie. Ceux-ci paraissent plus directement liés, soit comme cause, soit comme effet> à l'état cachectique dont nous nous occupons. La pourriture exerce principalement ses ravages sur les jeunes animaux. Dans plusieurs des épizooties qui ont régné sur l'espèce (1) M. Andral a signalé depuis longtemps la diminution de l'albumine dans le sérum et l'abaissement du chiffre des corpuscules sanguins (Ann. de chimie et dé physique, t. V, 3e série). Les recherches plus récentes de M. 0. Delafond donnent les résultats suivants : « Diminution notable de la température du sang, de sa den- sité, du diamètre de ses globules et plus particulièrement de la masse totale de ce liquide; abaissement du poids normal des globules, de son albumine et augmenta- tion considérable de son eau. » ( Traité de la pourriture, ou cachexie aqueuse dés Mtes à laine. Paris, 1854, p. 41; extr. des Mdm. de la Soc. impér. d'agriculture, 1853). I?IC. 7. _ Ovules des distomes hépatique et lancéolé. A. — D. lancéolé. — a, ovule grossi 107 fois; b, 340 fois ; c, traité par la potasse caustique qui rend la séparation de l'opercule plus facile. — Couleur brun noirâtre; longueur, 0"™, 04 ; largeur, 0°"",02. — Ces ovules se rencontrent chez le mouton dans les matières fécales ; ils indiquent avec certitude la pré- sence du distome lancéolé dans les canaux biliaires ou dans l'intestin. B. — D. hépatique. — Ovule grossi 107 fois et traité par la potasse caustique pour en séparer l'oper- cule. — Longueur, 0"", 13 ; largeur, 0n"">09. — Mêmes remarques que pour le distome lancéolé. 244 AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES BILIAIUES bovine, on a remarqué que les veaux étaient atteints les premiers et que les bêtes de deux ans et au-dessous périssaient en proportion plus considérable que celles d'un âge plus avancé. 11 en est de même dans l'espèce ovine; toutefois, il n'est pas rare de voir la ma- ladie atteindre et emporter tous les moutons d'un troupeau, quelque soit leur âge. La cachexie aqueuse règne en automne, à la fin de l'hiver et prin- cipalement au printemps. Parmi les causes qui favorisent ou qui déterminent l'invasion de cette maladie, on a signalé la dépaissance d'une herbe chargée de brouillard ou de rosée, la nourriture mauvaise, insuffisante, le séjour dans des étables mal tenues et mal aérées, etc. Les troupeaux qui vivent dans des contrées humides, maréca- geuses, dans des lieux boisés, dans les prairies dont le sol ou le sous- sol est argileux, imperméable, dans des terrains exposés aux inon- dations, ces troupeaux sont surtout sujets à la cachexie aqueuse. Le climat ne paraît pas tant avoir d'influence sur le développement de cette maladie que la permanence de l'humidité; aussi la voit-on régner en Angleterre à l'état d'enzootie, et se développer dans des pays habituellement secs, après des inondations ou des pluies long- temps prolongées. La cachexie aqueuse est très universellement répandue; aucune affection n'exerce dans l'espèce ovine d'aussi grands ravages : du nord au midi de l'Europe, en Espagne comme en Nonvége, elle règne quelquefois par épizooties désastreuses. Elle a été observée en Egypte, dans l'Amérique du Nord, dans la terre de Van-Diémen, en Australie, etc. On estime qu'elle fait périr annuellement en Angleterre un million de moutons ; en France, dans certaines épi- zooties, elle a enlevé la moitié et quelquefois la totalité des trou- peaux atteints. CHAPITRE III. ÉPIZOOTIES DE CACHEXIE AQUEUSE. La première épizootie dont l'histoire fasse mention est celle qui apparut en Hollande en 1552, et que Gemma appella lues infanda pecoris (1). (I) Coruelius Gemma, op. cit. CHEZ LES ANIMAUX DOMESTIQUES. — DISTOMES. 2/j5 Frommann, en 1663, 1664, 1665, observa dans le duché de Cobourg, une épizootie qui attaqua les brebis et les moutons de tout âge, les veaux et les génisses jusqu'à Vâge de deux ans, mais point les bœufs et les vaches. Les lièvres et les cerfs, dans les champs et les forêts, mouraient de cette maladie. Les chevaux, les chèvres et les cochons en étaient exempts. Des vers existaient dans le foie des bêtes malades; dans quatre bergeries composées ensemble de plus de trois mille moutons, il n'en est pas resté quarante (1). En 1674, une affection caractérisée aussi par la présence du dis- tome dans le foie, fut observée par Willius en Seeland ; cette affec- tion atteignit presque tous les bœufs (2) . La cachexie aqueuse règne fréquemment en France par épizoo- ties; celles qui ont été décrites depuis un siècle se sont étendues, pour la plupart, sur une grande surface comprenant plusieurs départements et même la plus grande partie du pays ; elles se sont montrées dans des années remarquables par des pluies abondantes et de longue durée : En 1743 et 1744, la pourriture enleva toutes les bêtes à laine du territoire d'Arles; En 1761, la même maladie enleva tous les troupeaux de l'Aveyron; En 1761 et 1762, dans le nord de la France, et principalement dans le bas Boulonnais, les moutons furent décimés par la cachexie aqueuse ; En 1809, une grande partie de la France fut ravagée par cette maladie ; dans le Beaujolais, des troupeaux de mérinos périrent sans qu'il en restât un seul individu ; En 1812, la cachexie régna dans le midi et principalement dans les départements du Rhône, de l'Hérault et du Gard ; trois cent mille bêtes à laine périrent dans le territoire d'Arles et quatre-vingt-dix mille dans les arrondissements de Nîmes et de Montpellier ; En 1816 et 1817, elle exerça de nouveau de grands ravages dans un grand nombre de départements ; En 1820, elle régna avec intensité dans les environs de Béziers; En 1829 et 1830, elle exerça ses ravages dans la plupart des localités du département de la Meuse, et dans les départements voi- (1) Frommann, Mém. cit. (2) Willius, iléin cil 2h() AFFECTIONS Vi:r.MlNi:USHS DÉS VOIKS lilMAIRKS sins; non-seulement les moutons, mais aussi les bœufs périrent en gfandnotnbfe. Dans l'arrondissement de Montmédy, sur vingt-quatre à vingt-cinq mille bêtes à cornes, on en perdit environ cinq mille; parmi les bêtes à laine, il n'en resta pas la moitié. Certaines com- munes ont perdu deux cents bêtes à cornes et quinze cents à dix-huit cents bêtes à laine (1) ; En 1853 et 1854, la cachexie régna de nouveau dans la plus grande partie de la France, et principalement dans les départements du centre; dans leBerry, le Gâtinais et la Sologne, des cultivateurs ont perdu le quart, le tiers et les trois quarts des bêtes composant leurs troupeaux (2). CHAPITRE IV. RAPPORTS DE LA CACHEXIE AQUEUSE AVEC INEXISTENCE DES DISTOMES. L'existence des distomes dans les voies biliaires est-elle la cause de la cachexie aqueuse ou n'est-elle qu'une simple complication 1 Cette question a été diversement jugée. Plusieurs raisons nous por- tent à croire que la présence des distomes dans les voies biliaires est une cause déterminante de la pourriture : on sait généralement que la cachexie aqueuse est occasionnée par l'humidité des pâturages; parmi le grand nombre de faits qui peuvent être invoqués à l'appui de cette assertion, l'un des plus remarquables est le suivant, observé par Dupuy : cinq cents moutons, qui avaient pâturé sur un terrain humide où se trouvaient des fossés remplis d'une eau stagnante, périrent de la cachexie aqueuse ; quinze brebis qui ne pouvaient suivre le troupeau jusqu'à ces fossés parce qu'elles étaient boiteuses, furent toutes préservées (3). On comprend que l'herbe trop aqueuse d'une prairie humide puisse à la longue avoir quelque influence sur l'économie du mouton, et qu'elle détermine la détérioration de sa constitution ; telle était peut-être la cause de la maladie des cinq cents moutons de Dupuy ; mais cette explication ne peut plus être invoquée à l'égard des faits suivants : (1) Didry, De la cachexie aqueuse ou hydropisie des bêtes à grosses cornes (Re- cueil de rnéd. vêt., ann. IX. Paris, 1832, p. 139). (2) 0. Delafond, Mém. cit.. p. 3. (3) Dict. de rnéd. chir. vélérin., de Hurtrel d'Aiboval, Paris, 1838, t. I, p. 255, art. Cachexie. CHEZ LES ANIMAUX DOMESTIQUES. — MSTOMES. 2^|7 « 1° Un fermier, dans le voisinage de Wragby (Lincolnshire), mena vingt moutons à la foire, et en garda six dans sa propriété. Les vingt moutons, n'ayant pas été vendus, furent ramenés et remis dans le champ où les six autres étaient restés. Dans le courant de l'hiver, ces vingt moutons moururent de la pourriture, mais les six qui étaient restés à la ferme, continuèrent à se bien porter. Il ne peut y avoir de doute sur l'exactitude du fait, car les moutons envoyés à la foire avaient reçu une marque que ne portaient pas les six autres. .» La perte de ces vingt moutons ne peut être expliquée que par la supposition qu'ils avaient traversé quelque communal ou quelque pâturage dans lequel ils ont contracté la pourriture (1). » « 2° Un mouton, appartenant à un lot de vingt, ayant été atteint d'une fracture de la jambe en sortant de la foire de Burgh (Lincoln- shire), les dix-neuf autres furent parqués dans un communal à l'extrémité de la ville, jusqu'à ce qu'on eût pu se procurer une voiture pour emporter le mouton blessé; ces dix-neuf moutons moururent tous de la pourriture, tandis que celui qui avait été blessé fut exempt de la maladie (2)." Si la cachexie aqueuse peut être contractée dans l'espace d'une ou de deux journées, elle ne peut plus être expliquée par une influence de régime ou de nourriture. Il est aujourd'hui reconnu que le distome hépatique ne s'engendre pas dans les voies biliaires, mais qu'il y arrive du dehors ; on sait encore par analogie, qu'à l'état de larve, ce ver vit libre dans l'eau ou parasite chez de petits animaux aquatiques; une seule journée de pacage dans un lieu infesté de ces larves pourrait donc suffire pour que le mouton en ingérât un grand nombre dans son estomac. Les larves, une fois parvenues dans les viscères, trouvant un séjour convenable, se métamorphosent, se développent, grandissent et peuvent troubler profondément les fonctions de l'organe qui les re- cèle. L'influence de l'humidité sur la constitution du mouton trouve- rait de cette manière une explication nouvelle et plausible, car nous savons que les distomes produisent de graves désordres dans les canaux biliaires et dans la substance même du foie ; or, l'impor- tance des fonctions hépatiques aujourd'hui bien connue, ne permet (1) George Budd, On diseases of the lïver. Londou, 1852, p. 481. D'après Lib. of useful knowledge. Trealise on the sheep, p. 453. Quoled fromParhinson, onlive stock, vol. I, p. 421. (2) Même ouvr. '268 AFFECTIONS VERMlNIiUSIîS DKS VOIliS BILIAIRES point do regarder de pareils désordres comme compatibles avec le maintien de la santé générale. On conçoit que le sang, privé d'une partie des principes qu'y déverse le foie, subisse une détérioration graduelle, et que la cachexie aqueuse en soit la conséquence. Ainsi l'apparition de la pourriture chez un animal qui n'a passé qu'un court espace de temps dans de mauvaises conditions, la per- sistance de la maladie malgré Péloignement de ces conditions, son aggravation ultérieure et progressive, reçoivent une explication toute naturelle par l'invasion des distomes qui se développent et séjour- nent dans les voies biliaires. Il se peut que la cachexie aqueuse, comme l'anémie, comme l'hy- dropisie, reconnaisse des causes diverses, qu'elle soit quelquefois le résultat d'une influence débilitante longtemps prolongée, d'autres fois celui d'une altération des fonctions hépatiques par l'invasion des dis- tomes; mais il est remarquable que dans certaines épizooties, des animaux d'espèces différentes et des animaux qui sont peu sujets à l'envahissement des distomes, offrent tous, dans les conduits biliaires, de ces entozoaires en quantité considérable. Non-seulement on voit fréquemment à la fois les bœufs et les moutons affectés de la cachexie et des distomes, mais on a vu, et notamment dans l'épi- zootie dont parle Frommann, les cerfs dans les forêts, les lièvres dans les champs, offrant de nombreux distomes dans les voies biliaires, périr comme les moutons et les bœufs. En exposant ces vues théoriques, nous n'avons d'autre but que d'indiquer aux recherches une direction qui nous semble devoir mener à la connaissance de la cause la plus ordinaire de la pourriture. Si ces vues se confirment par l'observation des faits, peut-être en res- sortira-t-il un moyen de prévenir la désastreuse maladie dont nous nous occupons ; trouver ce moyen, ce ne serait pas seulement rendre service à l'agriculture, ce serait encore servir grandement l'intérêt public. C'est aux hommes qui sont à portée d'observer les débuts de la maladie qu'il appartient de déterminer les conditions de son déve- loppement, le mode de transmission et de propagation des helminthes qui paraissent jouer un grand rôle dans l'invasion, dans les progrès et dansl'issue funeste delà cachexie aqueuse. Les hommes instruits, les médecins, les naturalistes, aussi bien que les vétérinaires, pour- raient faire de cette maladie un sujet de recherches dont le succès ne paraît point au-dessus des ressources de l'observation et de l'ex- périmentation. CHEZ LES ANIMAUX DOMESTIQUES. — D1STOMES. 2L\9 CHAPITKE V. TRAITEMENT DE LA CACHEXIE AQUEUSE. On ne connaît point de moyen de guérir la cachexie aqueuse arrivée à un certain point; les cultivateurs doivent donc mettre tous leurs soins à préserver leurs bestiaux de l'invasion de cette maladie. Éviter de faire paître aux troupeaux une herbe chargée d'humidité, soit après des pluies prolongées, soit pendant les brouillards du matin ou du soir, les éloigner des prairies marécageuses, donner aux animaux une nourriture substantielle et suffisante, assainir les bergeries, drainer les terrains humides, etc., tels sont les moyens généralement conseillés pour prémunir les bestiaux contre la pour- riture. Lorsque la maladie s'est déclarée dans un troupeau, le meilleur moyen d'en arrêter les progrès est l'émigration dans une localité élevée et sèche. L'usage de certains aliments ou de certains médi- caments peut avoir encore quelques avantages : le tourteau de colza, les feuilles d'arbres résineux, tels que le pin et le sapin, les tiges du genêt, de l'ajonc, la gentiane, l'écorce de saule, la chicorée sauvage, l'absinthe, l'armoise, les baies de genièvre, le poivre, etc., le sel gemme que l'on fait lécher aux bêtes, le sel marin, à la dose de cinq à six grammes par tête, mélangea de la farine d'orge, d'avoine, de vesce, ou jeté en solution sur les fourrages, la limaille ou l'oxyde de fer, le carbonate, le sulfate de cette base donnés à la dose d'un à deux grammes et de la même manière, peuvent quelquefois ramener à la santé des bêtes manifestement malades (1). La teinture d'iode, (I) M Rey a conseillé l'usage d'un pain nutritif et médicamenteux dont il dit avoir obtenu de très bons effets, et que M. Delafond a modifié de la manière suivante : Farine de blé non bluté 5 kilogrammes. — d'avoine 10 — d'orge ' 5 Prolosulfate de fer pulvérisé ) „ . , , , 5 aa lbO grammes. Carbonate de soude ) Sel marin i kilogramme. Failes une pâte avec quantité suffisante d'eau, laissez fermenter et faites cuire au four. On en donne à chaque mouton 250 grammes matin et soir. Une amélioration notable se manifeste dans la santé des bêtes cachectiques après dix ou quinze jours de l'usage de ce pain. 250 AFFECTIONS VfiRflfMfECSËS DES VOUS BILIAIRES à la dose de 20 à 30 gouttes pour 2 à 3 décilitres d'eau, a été der- nièrement préconisée par M. de Romand. DEUXIÈME SECTION. VERS DES VOIES BILIAIRES CHEZ L'HOMME. Chez l'homme, les vers propres aux voies biliaires sont aussi des distomes. Les ascarides lombricoïdes qui ont été quelquefois rencon- trés dans ces voies, ne s'y étaient pas développés ; il en est de même des échinocoques qui n'arrivent qu'accidentellement dans les con- duits hépatiques (voy. Vers de l'intestin, p. 156 et suiv. , et Vers des cavités séreuses) . Les cas de distomes observés dans les voies biliaires chez l'homme sont rares; quelques anciens auteurs ont émis à ce sujet des asser- tions, sans rapporter d'observations positives: " Amicus quidam, dit Pierre Borel, mihi asseruit in omnibus » animalibus insecta heec reperiri et se in hominibus, porcis, etc., » eos vidisse (1). « Malpighi, auquel on attribue d'avoir vu ces vers chez l'homme, dit seulement: « In hepate fréquentes occurunt venues cucurbitini in » homine et brutis, prsesertim in bove (2). » Bidloo, après avoir parlé du distome hépatique du mouton, s'ex- prime sur ceux de l'homme en ces termes : » Detexi aliquando in » et circa humana jecinora diversse ab hisce animalculis fabriese et » ut tune temporis mihi videbantur, alterius figurai animalia, sive » vermes. Quanquam mihi persuadere jam ausim (penitiore videlicet » instructus animalculi prœdicti cogitione atque expertus insuper » quo sesemodo complicare possunt) me ea quoque in hepate vidisse » humano : priusquam autem vel minimum quid uteertum affirmera, » conabor, nulla neglecta opportunitate, ipsam hujus rei eruere et » patefacere veritatem (3) . » C'est à Pallas que l'on doit la première observation positive. (1) P. Borel, cité par Leclerc, p. 283. (2) Marcelli Malpighi, Opéra postuma. London, 1697, p. 84. (3) Godefridi Bidloo, Observatio de animalculis in ovino, aliorumque animan- tium hepate deteclis, dans Leclerc, op. cit., p. 119. CHEZ L'HOMME. — DISTOMES. 251 CHAPITRE PREMIER. CAS DE DISTOMES DANS LES VOIES BILIAIRES. Ier Cas (Pallas). « In hepate et biliario systemate abundant fasciolfe variée, inque hu- » mano jecinore a se visos asserit Bidlous, quemadmodum ipse quoque Bero- » lini easdem mortuas, contractasque ramo hepatici ductus incuneatas in fe- » minée cadavere vidi (1). » Dans un autre passage, Pallas dit : « Et mea me » denique docuit experientia in theatro anatomico Berolinensi, ubi in feminœ » fibris fasciolam ramo ductus hepatici insertam vidi (2). » IIe Cas (Buchholz). « La nouvelle découverte de feu le conseiller des mines Buchholz, à Weimar, éloigne ce qu'il y a de douteux dans cette observation (devers du foie) et les autres pareilles ; en effet, il a trouvé, en -1790, dans la vésicule biliaire d'un forçat, mort de la fièvre putride, une grande quantité de vers qu'il en- voya au professeur Lenz, qui me les a communiqués, en les prenant dans la collection ducale pour les dessiner et les introduire dans le présent mé- moire Malheureusement, Buchholz nenous a rien ditdes circonstances par- ticulières de la maladie de ce condamné et des changements contre nature qu'il a trouvés dans le cadavre (3). a Ce récit de Jordens est tout ce que l'on sait du fait observé par Buchholz. Les vers conservés dans la collection de Weimar ont été examinés aussi par Rudolphi (4) et Bremser (5). IIP Cas (Fortassin). En parlant des fascioles de l'homme d'après Bidloo et Montin, Fortassin dit : « Il y a longtemps que j'en ai trouvé deux dans les pores biliaires d'un homme (6). » IVe Cas (Brera). « Le cadavre d'un individu scorbutique et hydropique m'offrit, dit Brera, un foie assez dur et volumineux, couvert à la surface de cysticerques (fine (1) P. S. Pallas, Dissert, inaug. de infectis viventibus intra vivenlia. Lugduni, Batav., 1760, p. 5. (2) Idem, ibid., p. 28. (3) J. H. Jordens, Entom. und Helminth des MenschUchen korpers, 1802, p. 65. (4) Rud., Hist. nat. citée, 1. 1, p. 326, et t. II, part. I, p. 355. (5) Bremser, ouvr. cit., p. 269. (6) L. Fortassin, Consid. sur l'hist. nat, et méd. des vers du corps de l'homme. Paris, an XII (1804), p. 19. 25*2 affections vebmineuses dus voies biliaires epatiche) et rempli de fascioles (huis sa substance intérieure, lesquelles ici soli- taires, là réunies en nombre plus on moins grand, se trouvaient principale- ment dans les acini biliaires (-1). » Et plus loin il ajoute : « Nous devons à Jôrdens l'excellente figure de la fasciole que Buchholz a trouvée à Weiimir... Les fascioles que j'ai observées dans le cadavre d'un bomme scorbutique et bydropique sont un peu plus grosses (2). » Ve Cas (P. 1-junk). « Antoinette Aragnoli. âgée de huit ans, fut reçue à l'hôpital de Milan le 27 novembre 1782 ; elle était réduite au dernier degré do marasme; elle avait le pouls fréquent et très faible, la face cadavéreuse, l'abdomen météorisé. La diarrhée la fatiguait depuis six mois et s'accompagnait d'une douleur à la ré- gion hépatique. Cette douleur revenait quelquefois si vive que la malade l'ex- primait par des contorsions et une anxiété violente ; malgré la longueur de la maladie on n'observa jamais de nuance ictérique. La vie se soutint encore quelques jours dans cet état fâcheux et la mort survint au milieu des convul- sions. » A l'ouverture du cadavre, on remarqua que le conduit hépatique avait le volume d'une plume à écrire de médiocre grosseur ; il présentait de plus, à sa naissance, une poche au milieu de laquelle étaient cinq vers roulés en peloton, tous vivants, de couleur vert jaunâtre, de la grosseur d'une paille plate, de la longueur d'un ver à soie (3). » La description de ces vers est fort obscure; elle ne peut guère se rapporter qu'au distome hépatique. VIe Cas (Pautridge). « Il y a peu d'années, dit M. Budd, un distome unique fut trouvé par mon coliègue, M. Partridge, dans la vésicule biliaire d'un individu qui mourut à l'hôpital de Middlesex. » M. Partridge, présent à l'autopsie, fut frappé de l'apparence de la vési- cule qui, au lieu d'être colorée par la bile comme ordinairement, était parfai- tement blanche. Il enleva cet organe dans le but d'examiner sa structure et, en l'ouvrant, il rencontra le distome. Le professeur Owen, auquel le ver fut remis, ne le trouva nullement différent du distome hépatique du mouton. La vésicule et le conduit cystique, qui étaient parfaitement sains, sont conservés dans le muséum de Kmg's collège (4). » (i) Bicra, Mém. prim. cit., p. 94. (2) Idem,ibid., p. 96. (3) P. Frank, ouvr. cit., t. V, p. 351. (i) George Budd, On discases of the liver. London, -1S52, p. 484. CHEZ L'HOMMIi, — DISTOMES. 253 CHAPITRE II. DISTOMES ERRATIQUES. Chabert et Mehlis ont encore observé chez l'homme des distomes qui, originaires sans doute des voies biliaires, étaient arrivés acci- dentellement dans l'intestin. M. Busk en a trouvé dans le duo- dénum provenant aussi probablement du foie. VIIe Cas (Chabert). Le fait de Chabert n'est connu que par le rapport de Rudolphi dans Wiedem Archiv., III, 2, p. 24 (1), et par ce qu'en a dit le célèbre helminlhologisle dans son histoire naturelle des entozoaires, en ces termes : « Mirum autem » est, in homine non nisi specimina juniora reperta esse, sic quae Jordens sub » dislomatis hepatici nomine maie descripsit et quae celeb. Chabert olei sui » empyreumatici ope a puella, copia maxima deorsum depulit. Utraque pos- » sideo : omnia parvula sunt, ut pro specie nova olim vendilaverim (2). » In ductibus biliariis reperiuntur, unde etiam in vesiculam felleam et » per ductum choledochum in intestinum deferuntur, in quopassim reperi, uli » etiam distomata plurima, olei empyreumatici ope a puella tenera depulsa a » Chaberto accepi (3) . » VIIIe Cas (Mehlis). « Nec non Clausthaliae degit metallifossoris vidua, cujus hepar ab ulrius- » que speciei distomatibus incolitur. Femina hœc, 31 annos nata, simplex » atque proba, de morbo hepatis mihi jam ex aliquo tempore suspecta, alhitis t> vere anni 1821 novem distomatibus hepaticis narravit, se aliquot diebus » anteplura talia animalcula et isto ipso die ea, quae apporlasset, sub repetilis » animi deliquiis cum multo sanguine coagulato evomuisse vermesque ejectos » adhuc vivos manifesto se contraxisse et movisse. Alvum leniter purgavi, ut » deducerenlur fasciolae, quae in intestinis forsan morarentur, seduloque fe- » minam admonui, ut, dejectis quibusque attente perquisitis, quas reperiret, » statim adferret. Proximis diebus nullae apparuerunt, excrementa naturalia » ërant et aegrota satis bene se habebat. Post quatuordecim dies autem in » silvam lignatum profecta, subito tenesmo ibi correpla, satis multos illorum » vermium, ut postea retulit, in globum convolutos cum multo muco, sed » nullis cum faecibus dejecit. Anno insequente fréquenter color faciei flaves- » cens, saepius levis dyspnœa, ila ut eegra in eundo interdum consislere de- (1) Bremser, ouvr. cil., p. 269, donne l'indication suivante : Rudolphi, BemerJc Auf einer Reise, II, S. 37. (2) Rud., Hist. nat., t. I, p. 327. (3) Idem, ibid., t. II, p. 356. !2:Vi AFFECTIONS VERMINliUSES DES VOlliS BILIAIRES » béret, tussis brevis, angor, abdomon inflatum, hypoohondria dolentia et » tensa et magna membrorum lassilulo; tum plerumque mox sub spasmis » variis et animi do!i(]uiis vomilus lymph;c tennis, cruenlae, interdum san- » guinis coagulati particulis comiuixla', qua eruclata slatim molestiao ill;c » valdo levatîc ; ceterum valetudo corporis satis bona, ciboruni clesiderium » illaesum et coclio, piicterquam quod tubera solani aliique cibi graviores ven- » triculum oncrare et inllare solebant, intégra. Mense demum junio anni » 1823, oppressio pecloris sensim auela, spiritus angustior, crebrior tussis T> brevis etsicca, lassiludo membrorum gravior; tum, sensu omni intercepto, » repente véhémentes totius corporis convulsiones iteralo revertentes, quas » aphonia fere perfecla et plures dies protracta, tussis frequentissima, arida, » respiralio valde laboriosa, dolor pectoris et hypochondriorum sœvus atque » mira abdominis ne levissimum quidem attactum ferentis inflatio et tensio » exceperunt, sub affectibus his et aliusmodi spasticis, nunc paullum remit- » tentibus, nunc iterum aggravescenlibus, tandem vomitus iteratus, quo » procter cibos comestos atque bilis vitiatœ, matériel membranosœ et san- » guinis coagulali magnam copiam denuo plura distomata hepatica éjecta » sunt. Quas itidem vixisse adseruerunt, qui adstiterant. Eorum partem exce- ï perant, reliqua abjecerant. Jussi statim, ut vas purum ad manum ponerent » et sollicite omnia, quas sequentibus diebus exspuerentur, asservarent. Ter » adhuc vomuit aegra. In liquore eructato non solum illorum dislomalum » iterum plura fragmenta et nonnulla intégra, sed etiam ad quinquagenta » distomata lanceolata reperi. Alvo vero nulla dejecta visa. Symptomala dicta » deinde paullatim plane remiserunt et œgrota sanitati restituta est. Tem- » pore inde elapso in universum ea bene valuit, sed nonnunquam iisdem » molestiis conflictata est ac priori anno, unde hepar ejus ab hospitibus istis » nondum liberatum esse suspicor. Distomata, queeevomuit, ejusdemsunt ma- » gnitudinis,quam ea, qua3 in animalium hepatibus reperiuntur, insignia esse » soient, et omnibus partibus hisce aaqualia atque paria (4). » IXe Cas (Bcsk). « Dans l'hiver de '1843, dit JVL Budd, quatorze distomes furent trouvés par M. Busk dans le duodénum d'un lascar (2), qui mourut au Dreadnought (vaisseau hôpital sur la Tamise). Il n'y en avait point dans les conduits ni dans la vésicule biliaires. Ces distomes étaient beaucoup plus épais et plus grands que ceux du mouton, ayant depuis un pouce et demi jusqu'à presque trois pouces de longueur. Ils ressemblaient au distome hépatique pour la forme; mais ils étaient semblables au distome lancéolé quant à la structure, le double conduit alimentaire, comme dans ce dernier, n'étant point ramifié^ et tout l'espace compris entre ses branches, vers la partie postérieure du corps, étant (1) Eduardus Mehlis, Observ. analom. de dislomale hepalico et lanceolato. Got- linguc, 1825. p. 6. (2) Matelot iudieu qui sert à bord dés vaisseaux anglais. CHEZ L'HOMME. — DISTOMES. 255 occupé par les ramifications de l'utérus. Deux de ces distomes, qui m'avaient élé donnés par M. Busk, sont conservés dans le muséum de King's collège, Prep. 346 (1). s CHAPITRE III. CAS INCERTAINS OU FICTIFS. D'autres cas de vers des voies biliaires sont encore mentionnés par plusieurs auteurs, mais ces cas de vers réels ou fictifs n'appar- tiennent point à la catégorie dont nous nous occupons ici, ce sont : 1° Un cas de Gaspar Bauhin ; il s'agit de vers indéterminés et probablement fictifs qui existaient dans les rameaux de la veine porte soit avant, soit après la pénétration de ces rameaux dans le foie ; nous en parlerons à propos des vers du système sanguin. 2° Un cas de Bianchi, relatif à des animaux fictifs, à des insectes trouvés dans la substance du foie et que des auteurs postérieurs ont rapportés aux distomes (2). 3" Un fait rapporté par Perrault n'est pas sans analogies avec celui de Mehlis, et peut-être les vers semblables à des sangsues et blancs que la malade vomisssait, étaient-ils des distomes ; on ne voit pas au moins à quels autres animaux ils pouvaient appartenir. Ce cas pourrait donc être regardé comme un cas de distomes erra- tiques. Il s'agit d'une fille, âgée de vingt- trois ans, se disant tourmentée depuis deux ans d'un vomissement de vers qui avait lieu tous les jours à la même heure. Pendant une convulsion, elle rendit à l'heure ordinaire, enprésencede plusieurs médecins et de Perrault, « vingt-huit à trente vers de la forme et de (1) Budd, ouvr, cit., p. 484. (2) Voici le fait : « Animalia quœ forte in humano hepate a nobis inspecta sunt, » hic etjam referamus. Haec igitur animalcula non in bijiosis solum jecoris poris, » sed in ipsa intima atquc parenchymatosa, ut dicunt, substantia invenimus ; in » qua sepositas cellulas, tanquam distinctes cryptas et lustra, sibi excavasse vide^- » bantur. Non ita exigua haec animantia fuere ut nudis etiam oculis facile intueri » non possent, eorum color subvifidis; dorsum nonnihil concavum ; eaput parvum « et nigricans, pedes minntissimi et numéro sex ; totius auimalis ambitus ad rotun- « dum accedens; uno verbo, si colorem demas, non multum cimicjhus absiniiles. » In homine hi vernies visi sunt melancholico qui prius gravi obstructione hepatis « longoque ietero prehensus, cachexia poslmodum lentaque febre ac diariheea absu- n mebatur. » (J. B. Bianchi, De nat. in hum. corp. vitiosa morbosaque gênera- tïone hist. Augustes Taurinorum, 1749, pars tertia, p. 344); 256 AFFECTIONS VERMINEUSES DUS VOIES BILIAIRES la grandeur des sangsues médiocres, tous fort vifs et ayant le mouvement de raccourcissement et d'allongement quo les sangsues ont. Ils étaient dilîérents dos sangsues seulement par la couleur qui était blanche. » Cetlo fdle vomis- sait quelquefois plus de cent vers; deux vers placés dans uno boîlo de sapin étaient oncoro vivants au bout d'une heure. Placés clans l'eau froide, ils mou- rurent en quelques instants (l). » 4° Un cas de Moulin, dans lequel un ver indéterminé et désigné sous le nom de Fasciola intestinalis a été rendu par une femme. Ce ver, qui n'était probablement qu'un fragment de ténia ou de bothrio- céphale, a été rapporté à tort par quelques auteurs au distome hépa- tique (2). 5° Un cas de Deleau-Desfontaines où il s'agit d'un ver / dont la description ne se rapporte à aucun des entozoaires connus (3). 6° Enfin Fortassin dit que Smezio a aussi trouvé des fascioles dans l'homme (4). i Nous rappellerons, avant de terminer l'histoire pathologique du distome hépatique, que ce ver qui a passé longtemps pour être tout à fait spécial aux voies biliaires, a été rencontré encore dans la veine porte et dans des tumeurs inflammatoires sous-cutanées. Nous rap- porterons les cas qui nous sont connus lorsqu'il sera question des vers du système sanguin. (1) Rapport de Perrault, dans Mém. Acad. des sciences. 1675, t. X, p. 550 et Collect. acad., t. I, p. 385. (2) La cinquième espèce est celle du Fasciola inleslinalis, dit Rosen (ouvr. cil., p. 386). Le docteur Montin l'a chassé du corps d'une femme, et l'a bien décrit dans les Mémoires de l'Académie royale de Suède de 1 7 6 3, page 113: « Ce ver est épais, etc. » Suit une description donnée d'après des vers plus ou moins semblables trouvés dans les poissons et qui ne sont point des distomes. C'est donc à tort qu'Hippolyic Cloquet dit, en parlant du distome hépatique : « Lorcnz Montin a ob'servé l'exis- tence de cet animal dans notre espèce. » (Faune médic, t. V, p. 134, art. Fascioliï HEPATIQUE.) (3) Chez un homme âgé de trente-trois ans, «on aperçut, vers le milieu de la partie concave du grand lobe, une espèce de cavité d'environ six à sept lignes de diamètre et de quatre à cinq de profondeur, remplie d'une humeur épaisse et noi- râtre, du milieu de laquelle sortit un insecte encore vivant. » C'était un ver long dequalre pouces, gros comme un ver à soie, rouge brun, composé d'auneaux ; poil roide au milieu de chaque anneau; tête avec une trompe en suçoir; extrémité pos- térieure large et plate (Deleau-Desfontaines, Obs. sur une maladie extraordinaire suivie de la mort, occasionnée par la présence d'un insecte vivant trouvé dans la substance du foie (Journ. gén. de méd. de Sédillol. Paris, an X, t. XV, p. 43). (4) Fortassin, Mém. cit., p. 20. CHEZ LE LAPIN. — CORPS OVIFORMES. 257 DEUXIÈME DIVISION. phénomènes pathologiques occasionnés par des oeufs d'helminthe. (Corps oviformes des voies biliaires.) PREMIÈRE SECTION. CORPS OVIFORMES CHEZ LE LAPIN. On voit très communément à la surface du foie chez le lapin domes- tique, des traînées ou des amas blanchâtres formés de corpuscules dont l'aspect, au microscope, offre une très grande analogie avec celui des ovules de quelques vers intestinaux ; en effet, ils sont blancs, ovoïdes, pourvus d'une coque épaisse, lisse, résistante et d'un con- tenu granuleux. Cependant, l'absence constante d'un entozoaire qui les eût déposés dans les voies biliaires, l'impossibilité d'expliquer leur arrivée du dehors, couvrent leur origine d'une obscurité com- plète. En 1843, le docteur Herm. Nasse étudia ces corpuscules avec soin. Il rapporte que déjà Carswell avait connu les dépôts qu'ils for- ment et les avait considérés comme de nature tuberculeuse (1), que Hake, en 1839, les avait rapportés au carcinome et qu'il avait re- gardé les corpuscules oviformes comme des nucléoles de pus [Eiter- kùgelcheri) faisant partie constituante du cancer (2) . Le docteur Nasse rectifie sans peine ces opinions erronées, et cherche ensuite dans la constitution des corpuscules et dans l'action des réactifs à reconnaître leur nature. Il n'est pas éloigné de les regarder comme des cellules analogues à celles du cartilage, et finalement il conclut que ces cor- puscules sont des productions épithéliales anormales de la surface des conduits biliaires (3). (1) Carswell's, Illustrations of rnorbid analomy, fasc. tubercle, pi. Il, f. 6, cité par Nasse. (2) Hake, A T réalise on varicose capillaries, as consliluting the structure of car- cinoma oflhe hepatic ducts, wilh an account af a new form of the pus globule. London, 1839, cité par Nasse. (3) Prof. doct. Herm. Nasse in Marburg, Ueber die Eiformigen zellen der luber- kelahnlichen Ablagerungen in den Gallengangen der Kaninchen (Arch. de Millier, 1843, p. 209). DA VAINE. 17 ■2;>N AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES MLIAI1ÎES Lo docteur Handfield Joncs, en 18-16, étudia de nouveau ces corps et les considéra comme le produit de la transformation des cellules normales du parenchyme du foie (1). A la même époque, M. Rayer, ayant observé des dépôts blan- châtres dans le foie chez plusieurs lapins, fut frappé de la ressem- blance des corpuscules qui les constituaient avec des œufs d'helmin- the, et en particulier avec ceux du distome lancéolé. M. Dujardin, auquel il en envoya, crut même y reconnaître un opercule, et pensa, vu l'absence d'une coloration noirâtre et leur moindre diamètre, qu'ils étaient des ovules du distome lancéolé non parvenus à maturité. M. Rayer reconnut encore que ces formations étaient contenues dans des dilatations ovoïdes ou fusiformes des conduits biliaires, que les parois dilatées de ces conduits étaient plus épaisses qu'à l'état normal, et que le reste de l'organe hépatique paraissait n'avoir subi aucune altération (2). Mon ami, M. Brown-Séquard, fit en 1849 quelques nouvelles recherches sur ces corps qu'il considéra aussi comme des ovules d'helminthe (3). En 1852, M. Kiichenmeister s'occupa de nouveau de cette ques- tion. Il rapporte que M. Vogel prit ces corpuscules pour des œufs de ténia, et que M. "Virchow lui écrivit qu'il trouvait fort difficile de se prononcer sur la question de savoir si ces corps sont des œufs d'entozoaire ou des formations psorospermiques ; au reste, M. Kiichen- meister ne se prononce nullement sur leur nature (4). Enfin, M. Kdlliker les considère comme des œufs de bothriocéphale (5). On voit que les hommes les plus compétents ont eu sur cette question les opinions les plus diverses. Des corpuscules qui ont avec les précédents quelque analogie, ont été rencontrés dans les glandes ou dans les villosités de l'in- teslin. M. Remak a donné la figure d'un corps plus ou moins ana- logue; il l'a regardé comme un parasite particulier qui se développe - (1) HandDcld Jones, Examen microscopique d'un foie de lapin altéré (Archiv . d'anal, générale et de physiologie. Paris, janvier^ 1846, p. 18). ff (2) Rayer, OEufs de distome en quantité innombrable dans les voies biliaires du lapin domestique, sans distome dans les mêmes parties {Archiv. d'anat., cit. p. 20). (3) Brown-Séquard, Helminthes trouvés ches des lapins (Comptes rendus Soc. biologie. Paris, 1849, 1. 1, p. 46). (4) Kiichenmeister, in Arch fur palholog. Anal, und phys. von Virchow, 1852, p. 83. (3) KôHiker, Mikroskopische anatomie^ t. II; 2e division, 1" partie, p. 173, cit par Finck. FlG. 8. — Corps oviformes du foie delapin, grossis 340 fois, — a, variété minor ; b, variété major ; c, le même après avoir séjourné quelque temps dans de la terre humide ; le contenu (vitellus 1) s'est divisé ou frac- tionné en quatre sphères. CHEZ LE LAPIN. — COUPS OVIFORMES. 259 rait dans les cylindres épithéliaux des glandes de Lieberkuhn (1). M. Finck a trouvé dans les villosités de l'intestin du chat des corpus- cules, ordinairement réunis par deux, et qui ont aussi avec ceux du foie du lapin une certaine analogie ; il les nomme corpuscules géminés et les croit en relation avec Y absorption graisseuse (2). On trouve constamment ensemble deux variétés de ces corps : les uns plus petits, en forme d'olive, longs de 0mm,032 et larges de 0o,n\015, ont un contenu grenu (vitellus?) uniformément ré- pandu dans la coque ; les autres plus grands, régulièrement ovoïdes, longs de 0mm,04, larges de 0mm,02, ont un contenu grenu (vitellus 1) rassemblé en une masse sphéri- que, ordinairement centrale. Quelle est la nature de ces corps ? Ils n'appartiennent évidemment ni au pus, ni au tubercule, ni au cancer; ils diffèrent complètement des psorospermies ; quant à être des cellules du foie ou des conduits biliaires dégénérées ou transformées, l'examen direct ne l'a point montré, aucun fait analogue observé dans un animal ou dans un (1) Remak, Diagnoslische und palhogenelische Unter&uchungen. Berlin, l§45j p. 239, explic. de la fig. 7, cité par Finck. (2) Voici comment s'exprime M. Finck à ce sujet : « Sur le même animal (le chat) nous avons rencontré une autre forme bien plus singulière (Bg. 22). Beaucoup de villosités, semblables du reste à celles chargées de graisse, à la place de gouttes graisseuses, renfermaient, en quantité considérable^ des corpuscules que nous appellerons géminés, parce que le plus souvent ils étaient réunis par paires. Tantôt une seule et même villosité offrait à la fois et des gouttes huileuses manifestes et des corpuscules géminés, le tout entremêlé d'une manière irrégulière; tantôt les corpuscules géminés remplissaient seuls le bout de la villo- sité. Ils étaient pour la plupart elliptiques, et leur grand diamètre atteignait à peine un centième de millimètre ; la plupart mesuraient 0mm,08 sur O'^.OT, ou bien 0mm, 1 sur 0mm,09. Leur contour était fin, net, très noir; leur contenu variable, occupant tantôt presque toute la cellule, plus souvent accumulé vers son centre. C'était une matière granuleuse réunie en une ou plusieurs masses. Il nous a semblé parfois voir une enveloppe commune pour deux corps géminés* » Quelle est la nature de ces corps? Remak représente un corpuscule semblable au premier aspect, seulement plus grand et non géminé. Il croit devoir le consi- dérer comme un parasite particulier qui se développerait dans les cylindres épithé- liaux des glandes de Lieberkuhn et dans ceux des conduits biliaires. Il cite Hake et Nasse comme ayant trouvé des formes semblables, par masses, dans le foie du 2(30 AFFECTIONS VEWVilNEUSES DES VOIES BILIAIRES organe quelconque, ne permet non plus de le supposer (1). L'ac- tion des acides et des alcalis sur ces corpuscules est tout à fait sem- blable à celle que ces réactifs exercent sur les ovules d'un grand nombre de vers intestinaux; l'apparence de ces corpuscules a encore la plus grande analogie avec celle de beaucoup de ces ovules, en sorte que plus on examine les corps oviformes du foie du lapin, plus on se persuade qu'ils appartiennent à quelque entozoaire. Ces ovules, s'ils en sont en effet, n'appartiennent point au ténia dont l'œuf est pourvu d'un embryon hexacanthe ; ils n'appartiennent point au bothriocéphale ou à quelque distome dont l'œuf est muni d'un oper- cule. L'action de l'acide sulfurique concentré par laquelle nous avons toujours réussi à voir l'opercule des œufs de ces animaux, n'en a point montré dans les corps oviformes dont nous nous occupons; il y a donc tout lieu de croire que ces corps sont des ovules de quelque nématoïde, d'autant plus que nous avons reconnu un fractionnement en quatre du vitellus, dans plusieurs de ces corpuscules conservés depuis huit jours dans de la terre humide (2). apin. Kôlliker a observé la même chose. Selon lui, les corpuscules du foie du lapin seraient des œufs de bothriocéphale ; ceux des villosités du même animal, 'plus petits que les premiers, des œufs d'entozoaires, siégeant dans l'intérieur des villo- sités, et peut-être aussi dans des cellules épithéliales distendues. Dans ce dernier cas, ils ressemblent, selon lui, à de grosses gouttes graisseuses remplissant les cel- lules épithéliales. » Nous n'avons rien trouvé de pareil dans les cellules épithéliales de notre chat; mais son foie renfermait des amas d'entozoaires plats, elliptiques, longs d'un milli- mètre, probablement des douves. Ils élaient contenus dans des espèces de kystes. » Quant à nous, tenant compte de l'énorme quantité des corpuscules en question, de l'absence de toute forme semblable dans la cavité de l'intestin, de leur absence dans toute vlllosité n'ayant point subi l'espèce de macération caractérisant les villosités farcies de globules graisseux, enfin de certaines formes de transition entre ces derniers et les globules géminés, nous croyons ne pas trop nous hasarder en rattachant les corpuscules en question au fait du mécanisme de l'absorption graisseuse. C'est tout ce que nous pouvons en dire quant à présent. » (Henri Finck, Sur la physiologie de Vépilhélium intestinal, thèse de Strasbourg, 1854, 2e série, n° 324, p. 17). (1) Depuis que ceci est écrit, mon ami M. Vulpian a fait des recherches sur ce sujet : il a vu des corps oviformes inclus dans des cellules du foie, et il serait disposé à penser que ces corps ont pour origine le noyau de la cellule qui se déve- lopperait anormalement (ces recherches seront publiées dans les Comptes rendus de la Société de biologie 1859). L'opinion de M. Vulpian ne me parait pas encore suffisamment établie par les faits, ce qui m'engage à ne rien changer à cet article. (2) Ces ovales n'offraient aucune trace de fractionnement lorsqu'ils ont été recueillis dans l'intestin. Leur petit nombre et la grande difficulté de les retrouver dans la terre où je les avais déposés ne m'ont pas permis de pousser plus loin l'observation. CHEZ LE LAPIN. — CORPS OVIFORMES. 261 La présence dans un organe d'œufs d'helminthe agglomérés ne serait point sans analogue : M. Dujardin a observé des tumeurs de la rate chez la musaraigne (Sorex araneus), tumeurs qui étaient constituées quelquefois par des ovules de calodium. Les faits observés par M. Dujardin don- nent même le mode de formation de ces tumeurs : « Ce ver (le ca- lodium), dit le savant observateur, vit d'abord dans l'estomac et le duodénum ; puis il pénètre dans l'épiploon à travers les tissus, et il arrive dans la rate, où il produit des tubercules blanc jau- nâtre, d'un aspect crétacé, qui en augmentent considérablement le volume. Ces tubercules finissent par n'être plus qu'un amas d'œufs, de débris membraneux de Irichosomes [calodiums) et de la substance gélatineuse dont les œufs sont entourés à l'instant de la ponte. Les trichosomes, avant de disparaître, se sont allongés de plus en plus par suite du développement dès œufs ; en même temps, l'intestin s'est atrophié et il semble alors n'être plus qu'un tube membra- neux rempli d'œufs (1). » La migration des calodiums hors de l'in- testin a-t-elle été observée, ou n'est-elle admise que par une vue théorique? C'est ce que M. Dujardin ne dit pas; quoi qu'il en soit, l'atrophie progressive des organes du ver et leur disparition paraît un fait acquis. M. Rayer, de même, a observé l'accumulation d'un nombre con- sidérable d'œufs d'helminthe à la surface du foie d'un surmulot, san3 qu'il restât de traces de l'entozoaire qui les y avait déposés. Un certain nombre de ces ovules offrait un fractionnement déjà avancé. Us étaient longs de 0mm,05 à 0°"n,55 et par leur forme, ils avaient beaucoup de rapport avec ceux des trichosomes ou des calodiums, helminthes de genres très voisins. Nous avons donné la description d'une tumeur commune chez Y aigle-bar dans laquelle sont contenus un nombre prodigieux d'œufs déposés évidemment par un helminthe, quoiqu'il n'ait pas été pos- sible de reconnaître cet helminthe, ni même à quel genre ou à quel ordre il appartient (2) . (1) Dujardin, ouvr. cit., p. 26. (2) Ces tumeurs singulières de Yaigle-bar avaient été déjà décrites par notre collègue et ami, M. Ch. Robin, lorsque nous en donnâmes une description nou- velle dans les Comptes rendus de la Société debiologie, 1854. Nous déterminâmes la nature des corps oviformes qu'elles contenaient, en démontrant dans ces corps la présence d'un embryon armé de huit (?) crochets. Le nombre et la forme des cro- chets ne permettaient pas de regarder cet embryon comme celui d'un ténia, et 262 AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES BILIAIRES Ces différents faits prouvent que des ovules peuvent être dé- posés dans les organes par un ver qui se détruit et disparaît, et l'on est, dès lors, autorisé à regarder les corps oviformes du foie du lapin comme des ovules dans une condition analogue. Les amas des corps oviformes constituent à la surface du foie chez le lapin des élevures aplaties, blanchâtres, plus ou moins isolées et irrégulières, semblables en apparence à des dépôts tuberculeux. La matière qu'ils contiennent est molle ou solide, d'un blanc grisâtre ou jaunâtre, et formée par les corps oviformes décrits ci-dessus, qui sont tantôt parfaitement intacts, tantôt plus ou moins altérés, réduits en détritus, et mêlés avec l'épithélium des conduits biliaires. Ces amas ont pour siège les conduits biliaires dilatés et épaissis. Un certain nombre de corpuscules, entraînés par la bile, arrivent dans la vésicule du fiel ou dans l'intestin; ils sont ensuite évacués avec les fèces. Cette affection du foie est très commune à Paris chez les lapins élevés dans des réduits étroits et obscurs. Au rapport de M. Hand- field Jones, les éleveurs en Angleterre l'attribuent à la nourriture exclusivement composée d'herbes fraîches. M. Brown-Séquard a ob- servé des dépôts semblables en apparence chez des lapins nouveau- nés. Ce fait témoignerait de l'existence des corps oviformes antérieu- rement à la naissance, s'il n'y manquait l'examen microscopique. Le même observateur n'a point vu cette affection chez les lapins domes- tiques aux États-Unis. Sur six lapins d'une même portée, M. Rayer constata la maladie chez trois ; deux en étaient exempts ; chez le sixième les conduits biliaires offraient des dilatations partielles, fusiformes et d'autres dilatations terminées en csecum, remplies d'une matière grisâtre ou jaunâtre. Dans cette matière examinée à un fort grossissement, on l'existence même de crochets nous éloignait de le rapporter aux trématodes, quoique l'existence d'un opercule rapprochât les ovules de ceux des trématodes. M. Vulpian (Comptes rendus Soc. biologie, 1858) ayant rencontré depuis lors, dans la cavité buccale d'une grenouille, quelques distomes dont les ovules renferment un em- bryon pourvu de crochets , il nous est permis de penser aujourd'hui que les ovules de la tumeur de Yaigle-bar appartiennent à un trématode. Il ne serait pas im- possible encore qu'ils appartinssent à un bothriocéphale ; mais l'on ne connaît aucun de ces vers vivant adulte hors de l'intestin. Dans son Mémoire sur les vers intestinaux, qui a obtenu le prix des sciences naturelles pour 1853 et qui vient d'être publié, M. Van Beneden décrit ce ver et le rapproche des trématodes. CHEZ L'HOMME. — CORPS OVIFORMES. 263 ne distinguait point d'œuf ni d'autre corpuscule à forme bien déter- minée. Il est probable que, chez ce lapin comme chez les autres,' les dépôts avaient été originairement formés par des corps ovi- formes qui s'étaient détruits ou qui avaient été évacués dans l'in- testin. Nous avons observé plusieurs fois de ces dépôts dans lesquels on ne retrouvait plus qu'un détritus composé de matières amorphes et de cellules altérées. Chez les moutons, les distomes des conduits biliaires laissent quelquefois dans ces conduits des traces analogues de leur existence antérieure. Les lapins dont le foie offre des dépôts assez considérables, sont généralement maigres. M. Claude Bernard a remarqué que la piqûre du plancher du quatrième ventricule ne produit point chez eux le diabète. DEUXIEME SECTION. CORPS OVIFORMES CHEZ L'HOMME. Des corps oviformes, qui paraissent analogues à ceux du foie du lapin, ont été observés dernièrement dans le foie de l'homme par M. Gubler. Ces corps, que nous avons pu examiner, mais malheu- reusement dans un état déjà avancé de putréfaction, nous ont paru se rapprocher de la plus petite variété qui existe chez le lapin. Voici le fait : « Le nommé Jean-Nicolas M , carrier, âgée de quarante-cinq ans, entre à l'hôpital Beaujon, n° 3, salle Saint-Jean, le 3 août \ 858. » Cet homme se plaint de troubles dans les fonctions digestives depuis une époque qu'il ne peut bien préciser. L'appétit , sinon supprimé , est très amoindri ; il n'a pas de vomissements, mais des renvois acides ; la digestion est lente et pénible ; il accuse dans la région hypochondriaque droite une dou- leur obtuse que la pression exagère un peu. Sa constitution est robuste, il n'offre pas d'amaigrissement mais seulement une teinte cachectique assez prononcée, se rapportant bien plus à l'anémie qu'à toute autre diathèse. » A la percussion, le foie présente une augmentation considérable de vo- lume; la matité s'étend depuis 2 centimètres au-dessus du sein droit jusqu'au niveau de l'épine iliaque antéro- supérieure en dehors, et de l'ombilic en de- dans. La palpitation révèle dans la partie inférieure de cette région une tumeur 26/l AFFECTIONS YERMINEUSES DES VOIES MLIAIRES globuleuse dont la plus grande saillie est situéo vers lo milieu de l'étendue du lobe droit et correspond assez à la vésicule biliaire » Rien de notable du côté de l'estomac ni dans la région des roins ; urines ambrées ne s'éloignant pas do l'état normal; jamais de jaunisse ni de coli- ques hépatiques. — M. Gubler s'arrête à l'idée d'un kyste hydatique. » Il n'y a pas eu grande modification dans les signes fonctionnels durant le séjour du malade à l'hôpital ; toutefois la teinte cachectique s'est prononcée de plus on plus; les muqueuses sont complètement décolorées, à tel point qu'il est difficile, par la coloration, d'établir une ligne de démarcation nette entre la peau et la muqueuse des lèvres. L'examen physique, soit par la per- cussion, soit par la palpation, ne révèle rien de nouveau. . » Le 28 septembre au soir, le malade sort de son lit pour aller à la garde- robe, et fait une chute pendant le trajet. Il ne peut se relever sans le secours de l'infirmier, et, aussitôt après être couché, il est pris d'un frisson général très intense et persistant. » Le 29, à la visite, on constate: Douleurs vives dans le ventre, fièvre, pouls petit, précipité, vomissements bilieux, dyspnée extrême, refroidisse- ment des extrémités, décubitus dorsal, prostration complète; dans la nuit il y a eu du délire. Le malade succombe à onze heures du matin. » Autopsie. Coeur: hypertrophie excentrique portant surtout sur le ventri- cule gauche. Péritoine : injection vive, inflammatoire. Rien à noter duYôté de l'estomac. » Augmentation considérable du volume du foie; à la face convexe de ce viscère, on remarque un épaississement avec adhérence de la membrane sé- reuse. De nombreuses tumeurs sont disséminées dans la substance hépati- que, présentant la forme et le volume de marrons, avec l'aspect du cancer encéphaloïde ; vers le bord extérieur existe un kyste énorme ayant environ 12 à 1 5 centimètres et s'enfonçant profondément dans le parenchyme. En arrière, il est environné d'une masse de substance semblable à celle qui forme les tu- meurs d'apparence encéphaloïde, et dont la limite atteint le quart postérieur du diamètre antéro-postérieur du lobe droit. Ce kyste est rempli d'un liquide filant, comme muqueux, mêlé à du sang altéré en assez grande quantité ; ses parois sont organisées et anfractueuses. La tumeur est ramollie et laisse suinter un pus concret, lorsqu'on la presse. » Une incision pratiquée dans le milieu de la tumeur permet l'écoulement d'un flot de liquide sanienx, bigarré de rouge et de blanc grisâtre ou jau- nâtre, ayant généralement la consistance du pus et d'un mucus visqueux; une partie ressemble au pus rouge des muscles dans les abcès farcineux, une autre au pus phlegmoneux, mêlé de grumeaux de sang et de flocons caséi- formes, de matière albumino-fibrineuse. » Le foie est parsemé d'une vingtaine d'autres tumeurs plus petites; plu- sieurs ont le volume d'un œuf, d'autres celui d'une noix. Toutes sont formées au centre par une masse grisâtre, parfois déprimée en son milieu et un peu mamelonnée, comme les marrons cancéreux ; mais elles n'ont pas la couleur CHliZ L'HOMME. — CORPS OVIFORMES. 265 blanc rosé de ces derniers ni leur vascularisation spéciale, ni l'ombilic jaune indiquant la transformation graisseuse rétrograde. Elles sont ordinairement environnées d'une zone différente dans laquelle apparaissent des ampoules demi-transparentes, d'où s'échappe, par des incisions, une matière excessi- vement gluante, ambrée ou rouillée, assez semblable aux crachats de la pneu- monie, dont nous dirons plus tard la composition microscopique. D'autres ca- vités, creusées dans l'intérieur de ces masses, offrent en général les caractères du kyste principal, tant sous le rapport du contenu que sous celui de la struc- ture des parois, seulement la sanie rougeàtre y est plus abondante. L'une des plus grandes de ces cavités présente une ulcération irrégulièrement circu- laire, de 15 à 20 millimètres de diamètre, au fond de laquelle apparaît à nu une partie de cette substance grise ramollie dont la masse ressemble à de l'encéphaloïde. Quand on presse sur l'une quelconque de ces tumeurs d'apparence cancéreuse, après l'avoir incisée, ou fait sourdre, par un grand nombre de points, comme cela a lieu pour le poumon dans la pneu- monie suppurée, une matière d'un blanc grisâtre, nuancée de vert ou de jaune, n'ayant pas cet aspect blanc rosé ou crémor encéphaloïde, et douée d'une cohésion plus grande que ce dernier; elle ressemble davantage au pus concret. » Examinée au microscope , cette matière crémeuse montre un grand nombre de cellules épithéliales cylindroïdes, comme celles qui appartiennent normalement aux canalicules biliaires, avec d'autres très larges munies de noyaux parfois très gros et fortement granuleux. Celles-ci ne paraissent autres que des cellules d'enchyme hypertrophiées et obèses, bien qu'elles offrent alors les caractères assignés par quelques personnes aux seuls éléments can- céreux. Il existe, en outre, des noyaux libres ou des globules puriformes, des granules moléculaires, de nombreux corps granuleux et des gouttelettes de graisse. Dans la sanie rouge on voit encore de la matière globulaire du sang altéré. Mais l'élément le plus curieux est le suivant : on constate une propor- tion assez considérable de cellules, colorables par l'iode en jaune, au moins quatre fois plus grosses que les plus grosses cellules d'enchyme, les unes très régulièrement ovoïdes avec un double contour parfaitement net, et remplies exactement par un contenu finement granuleux, les autres plus ou moins apla- ties, flétries et comme vidées. Les deux extrémités de ces ovoïdes ne m'ont pas paru exactement semblables, l'une est un peu plus obtuse, l'autre offre un étranglement très léger et peu visible sur plusieurs d'entre elles, et se ter- mine par une petite surface un peu aplatie ou môme très légèrement dé- primée, comme s'il existait là un opercule ou un micropyle. Dans quelques cellules ayant subi un commencement d'altération, le contenu revenu sur lui- même s'est séparé de la paroi désormais trop spacieuse pour lui ; il est en même temps devenu plus opaque et se présente dans la cellule sous forme d'une masse assez sombre, assez fortement granuleuse, ellipsoïde,' rappelant le pollen en masse d'une orchidée, plus rapprochée d'une des extrémités de la cellule, de celle qui offre l'apparence d'un léger étranglement à laquelle elle 266 AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES URINAIRES. semble adhérer. Dans un cas, cette masse m'a paru légèrement renflée à ses deux bonis. L'acide sulfuriquo ajouté en petite quantité à une préparation renfermant des cellules ovoïdes bien conservées, produit artificiellement la modification indiquée en dernior lieu, parce qu'il exerce une corrugation plus marquée sur le contenu que sur la paroi cellulaire. » Les éléments que nous venons de décrire se retrouvent aussi avec des globules graisseux, soudés par une sorte de mucus, dans la matière visqueuse des petites ampoules qui régnent autour de quelques tumeurs, et môme dans la raclure de la substance hépatique très loin des parties dégénérées De quelle nature sont ces éléments ? Bien certainement ils n'ont aucun analogue dans l'économie normale, et dès l'abord tous leurs caractères doivent les faire considérer comme des œufs d'animaux inférieurs, œufs formés d'une coque à double contour et d'un vitellus granuleux, c'est l'aspect sous lequel se pré- sentent les œufs d'un parasite très fréquent dans l'appareil biliaire : je veux parler du distome. Si nous avions réellement affaire à des œufs d'helminthes, quel rôle devons-nous leur assigner dans les désordres anatomiques dont le foie était le siège? Sont-ils un accident, un effet ou une cause (1)? » QUATRIÈME PARTIE. AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES URINAIRES. Les voies urinaires, chez l'homme et chez les animaux domesti- ques, sont très rarement atteintes par les entozoaires ; un seul ver chez l'homme et chez ces animaux paraît spécial à l'appareil uri- naire : c'est le sir ongle géant. Les cas rapportés aux entozoaires des reins ou de la vessie qui n'appartiennent pas aux strongles, concernent: 1° des protozoaires; 2° des vers d'espèce indéterminée ou mal déterminée, observés une ou deux fois au plus, ou bien des corps vermiformes qui n'étaient peut-être pas des animaux ; 3° des vers de l'intestin ou des hydatides (1) A. Gubler, Tumeurs du foie déterminées par des œufs d'helminthe et com- parables à des galles observées chez l'homme (Mém. Soc. de biologie, 2e série, 1858, et Gaz. méd. de Paris, 1858, p. 657). STRONGLE GÉANT. 267 erratiques ; 4° des concrétions sanguines formées dans les voies uri- naires, des insectes ou des larves d'insecte tombés accidentellement dans l'urine. PREMIERE DIVISION. VERS SPÉCIAUX AUX VOIES URINAIRES. (STRONGLE GÉANT, Sy?lOpS., n° 99.) Le strongle géant est le seul ver des voies urinaires qui soit bien connu, c'est aussi le premier qu'on y ait signalé. Au xvi° siècle, Jean de Clamorgan, dans son traité de la Chasse du loup (1), dit avoir vu plusieurs fois des serpents dans les reins de cet animal. D'après son rapport, on peut se convaincre qu'il s'agit de strongles géants. L'opinion que ces parasites étaient des serpents a fait croire alors que la morsure des loups qui les portaient devait être venimeuse. Plus tard, lorsque la nature de ces entozoaires fut bien connue, plusieurs auteurs attribuèrent néanmoins à leur pré- sence dans le rein l'invasion de la rage dans l'espèce canine (2). (1) La Chasse du loup, par Jean de Clamorgan. Lyon, 1S83, in~4, page 5, édi- tions antérieures 1570, 1574. La plupart des auteurs attribuent à tort le fait observé par J. de Clamorgan à Jean Bauhin. Voici comment ce dernier s'exprime, répétant textuellement les phrases de l'auteur précédent : « Les morsures des loups doivent être très veni- meuses, suivant ce qu'en écrit Jean de Clamorgan, seigneur de Saave, en son livre de la Chasse du loup ; disant : « Il y a une chose qui n'a esté écrite par aucun, au moins que j'aye lue ou ouy dire, que dedans les rognons d'un vieil loup s'engen- drent et nourrissent des serpents : ce quay veu à trois, voire à quatre loups : aucune fois à un loup y a en un rognon deux serpents, l'un d'un pied, l'autre d'un pouce de long, les autres moindres, et par succession de temps font mourir le loup, et deviennent serpents et bêtes fort venimeuses... » (Jean Beauhin , Hist. notable delà rage des loups advenue en Van 1590, p. 46. Montbéliart, 1591, in-8.) Le fait de Clamorgan a encore été attribué par Gaspar Bauhin, Schenck, Rayger, etc., à Charles Estienne, auteur de la Maison rustique. C'est une nouvelle erreur qui provient de ce que le traité de Clamorgan se trouve imprimé (avec un titre parti- culier) à la suite de toutes les éditions de la Maison rustique depuis 1570; mais, dans le texte d'Estienne non plus que dans la première édition de la Maison rus- tique (1564), il n'est question de vers ou de serpents chez les loups. (2) Hermann Boerhaave, Aphorism. de cur., etc. — Rabies canina, aphor. 1 134, p. 270. Lugd. Batav., 1728. 268 AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES URINAinES. André Cœsalpin prit aussi le strongle géant pour un reptile : « Vidi >• in renecujusdam canis macilentidiacunculum longissimumserpentis •> magnitudine convolutum (1). » Mais dans le siècle suivant, Hege- nitius, Th. Bartholin, Kerckring, Rayger, etc., ont reconnu des vers dans les strongles des reins: » Je ne déciderai pas, dit ce der- nier observateur qui en avait vu deux chez le chien, je ne déciderai pas si l'on doit donner le nom de serpents à ces vers et si, par la suite des temps, ils auraient pu devenir venimeux, ou si les loups sont les seuls animaux dans lesquels les vers prennent la forme de serpents; mon dessein n'a été que de faire observer qu'il se formait quelquefois dans les reins des chiens des vers d'une très grande lon- gueur (2). » Le strongle a été observé encore dans l'appareil urinaire chez d'autres animaux domestiques, tels que le cheval et le bœuf, et chez plusieurs animaux sauvages, principalement chez des carnas- siers. Quelques cas de vers des reins chez l'homme paraissent se rap- porter au strongle géant. Blaes est le premier observateur qu'on puisse citer à ce sujet; cependant, il faut le dire, aucun des vers observés chez l'homme ne peut être rapporté avec certitude au strongle géant ; jamais l'organisation de ces vers n'a été recherchée; jamais même l'examen des caractères extérieurs n'a été fait d'une manière suffisante pour apaiser tous les doutes ; ce n'est que par la considération de V habitai, du nombre, de la couleur, de la longueur des entozoaires observés, qu'il est permis de les rapporter aux stron- gles. L'existence de ces animaux chez l'homme n'est donc point absolument certaine, et les cas dont nous parlerons dans la suite demandent quelque réserve. Les strongles qui ont été observés dans les voies urinaires chez les animaux que nous avons cités, appartiennent à la même espèce [Strongylus gigas). Ces vers ont été longtemps confondus avec d'au- tres nématoïdes et surtout avec l'ascaride lombricoïde ; néanmoins Redi avait reconnu que le ver du rein du chien diffère des vers ronds qui sont dans l'intestin ou dans les tubercules vermineux de l'ceso- (1) Andréas Csesalpinus, VII, Pr. med., XII, cité par Welsch, De vena medin., p. 13 S. (2) Charles Rayger, Sur un serpent qui sortit du corps d'un homme après sa mort (Ephem. nat. cur., dec. I, ann. 6 et 7 , obs. ccxv, 1675, et Coll. acad., part, étrang., t. III, p. 309). STRONGLE GÉANT. 269 phage du même animal (1), remarque faite de nouveau par Vallis- neri; mais cette distinction resta généralement ignorée jusqu'à ce que Collet-Meygret (1802) l'eût indiquée d'une manière plus posi- tive, en donnant au ver du rein le nom de dioctophyme (2). Le strongle géant a été observé dans diverses contrées de l'Europe et de l'Amérique : A Paris, par Rayger, de l'Etang, Du Verney, Méry, Moublet, etc. En Hollande, par Hegenitius, Bartholin, Kerckring, Ruysch, Van Swieten, etc. En llalie, par Redi, Vallisneri, Valsalva, F. Frank, etc. En Allemagne, parSennert, Schelgvigius,Wedel, Hartmann, Schacher, Wolff, etc. Au Canada, par Stratton. Aux Etats-Unis, par Érasme Miller. Au Brésil, par Natterer, Au Paraguay, par Blas Noseda. Les observations de strongle chez le chien et chez quelques autres Fig. 9. — Strongle géant femelle, d'après un individu trouvé chez le chien, par M. Leiilanc, et donné à M. Rayer. — 1 , figure réduite aux deux cinquièmes. Le corps de l'animal est ouvert ; le tube génital est étalé au dehors. — a, extrémité antérieure; 6, extrémité postérieure. — 2, extré- mité antérieure de grandeur naturelle. (Pour l'explication des lettres voir le Synopsis.) animaux, sans avoir jamais été très communes, se sont assez mul- (1) F. Redi, op. cit., p. 196, édit. Amst., 1708. (2) G. F. H. Collet-Meyret, Mém. sur un ver trouvé dans le rein d'un chien {hum. de physique, etc., par De Lamétherie. Paris, 1802, t. LV, p. 458. 270 AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES URINA1RES. tipliées avec le temps. C'est en Hollande et en France que le nombre des cas connus est le plus considérable ; cependant à Paris, où ces cas sont les plus nombreux, le strongle se rencontre très rarement : M. Rayer a examiné plus de trois mille reins d'homme, et plus de cinq cents reins de chien sans rencontrer une seule fois ce ver (1). Mais sans doute ces animaux, comme plusieurs autres entozoaires dont nous rapportons l'histoire, deviennent plus communs dans cer- taines circonstances et dans certaines localités. Redi, Ruysch et Drelincourt en ont rencontré plusieurs fois; Kerckring rapporte que sur les quatre premiers chiens qu'il a disséqués, trois avaient des vers dans un rein et qu'ensuite chez un grand nombre d'autres qu'il a examinés, il n'en a plus trouvé (2). A Dorchester (Etats-Unis), la présence du strongle dans le rein des visons [Putorius vison) est assez commune pour que le docteur Érasme Miller en ait rencontré six cas (3) . Le séjour ordinaire du strongle géant est le rein ; il est probable que ce ver occupe d'abord le bassinet ou les calices ; rarement on le rencontre dans l'uretère ou dans la vessie. Chez un chien observé par Kerckring, un strongle occupait toute la longueur de l'uretère (4); chez un autre, observé par Redi, le ver occupait le rein et une partie de l'uretère (5). L'un des fils de P. Frank trouva un strongle à Pavie dans la vessie d'un chien (6) . Il n'y a jamais qu'un seul rein d'envahi. Le strongle géant a été rencontré encore dans d'autres parties que le rein ou la vessie ; généralement, c'est dans le voisinage de ces organes qu'il a été trouvé, et selon toute apparence, dans la plupart de ces cas, il s'était primitivement développé dans les voies urinaires. M. Leblanc a observé chez trois chiens vivants, une tumeur sous- (1) P. Rayer, Traité des maladies des reins. Parïs, 1841, t. III, p. 728. (2) Theod. Kerckringii Spicilegium, Anal. Amst., 1670, in-4, obs. 79, pt 153. (3) Descript. Catalogue, etc.. of the Boston Society, §598, 889. (4) Op. cit., obs. 59, p. 121. (5) Redi, ouvr. cit., p. 41. (6) François Frank, Ein Spulvurm in d.èr Urinblase eines Hundes, in Hufelandi med. Journ., t. XVIII, part. Ij p. 11 i, et P. Frank, ouvr. cit., t. V, p. 349: STRONGLE GÉANT. cutanée, située dans le voisinage du pénis; la tumeur avait été occasionnée par un strongle géant qui a été extrait par une in- cision, et la guérison s'en est suivie. Selon M. Leblanc, •■ les trois vers dont-il s'agit se sont développés dans les voies urinaires, et, à une époque plus ou moins avancée de leur croissance, ils en sont sortis par une ouverture anormale produite à l'urèthre, et sont venus se loger dans le tissu cellu- laire voisin, arrêtés qu'ils se sont trouvés, dans leur progression en dehors, par l'os pénien, le long duquel le canal offre un ca- libre de 1 à 2 millimètres au plus; en effet, chez les trois chiens, la tumeur ver- mineuse avait un pédoncule qui indiquait manifestement que sa cavité avait commu- niqué avec l'urèthre (1). ■> A propos de ces faits, M. Leblanc en rapporte un autre qui lui a été communi- qué par M. Plasse, vétérinaire à Niort : « Ce vétérinaire a trouvé chez un chien trois strongles géants dont un avait pénétré dans la cavité abdominale après avoir rompu la coque du rein qui l'enveloppait encore en partie ; les deux autres étaient restés dans le rein ou plutôt dans la place du rein qui avait entièrement disparu. » Rudolphi observa un cas semblable : « Duo specimina in canis lupi abdomine « reperi mortua quee renem dextrum exca- •» vatum et emollitum deseruerant (2). » Il est probable que dans ces derniers cas les strongles n'ont quitté le rein qu'après la mort des animaux dans lesquels ils 271 chez ces trois animaux PlG. 10. Strongle géant mâle, d'après un individu trouvé cheis le chien par M. Leblanc et donné à M. Rayer. — i , figure demi-nature. Le corps de l'ani- mal est ouvert ; le tube génital et l'intestin sont dans leur si- tuation normale. — a, extré- mité antérieure; g, extrémité postérieure. — 2, extrémité postérieure de grandeur natu- relle. (Pour l'explication des lettres voir le Synopsis.) (1) Note sur une espèce particulière de tumeurs sous-cutanées chez le chien, déterminées par la présencec du strongle géant, par M. Leblanc, médecin vétéri- naire à Paris. Rapport de MM. Rayer, Bouley, Ségalas {Bullet. de VAcad> nation, de méd. Paris, 1850, t, XV, p. 640). (2) Rud., Synops., p. 261. 272 AFFECTIONS VEKMINEUSES DES VOIES l'IUNAIRES. vivaient ; ainsi nous avons vu les vers de l'intestin chercher à quitter cet organe après la mort de leur hôte. Les strongles qui ont été trouvés clans la cavité abdominale du chien par Stratton au Ca- nada (1), et de la loutre par Natterer au Brésil (2), étaient peut- être aussi des vers du rein émigrés après la mort de leur hôte. Rarement on observe plus de deux strongles chez le même animal ; souvent il n'y en a qu'un, jamais on n'en a vu plus de huit. Chez le chien, Sterck et Plasse (cité ci-dessus) en ont vu trois (3), Hegeni- tius (4), et Du Verney quatre; Blas Noseda six dans le rein de l'agouara-gouazou [Canis jubalus Cuvier) (5), et Klein huit (deux femelles, six mâles) chez un loup (6). La présence d'un strongle dans le rein amène de graves désordres: la substance de cet organe est peu à peu détruite ; les vaisseaux qui résistent un certain temps à la destruction donnent lieu à de fré- quentes hémorrhagies. Le ver est ordinairement plongé dans une masse sanguinolente. En dernier lieu, les vaisseaux disparaissent et la capsule du rein seule forme une tumeur qui acquiert un volume plus ou moins considérable. Le liquide que renferme cette tumeur continue d'être sanguinolent ; mais quelquefois il est entièrement formé par du pus; dans ce cas, le ver perd sans doute sa coloration habituelle qui est d'un rouge vif; Chabert, en effet, dit à propos d'un strongle qu'il trouva dans le rein gauche d'une jument : « Ce viscère était gorgé, suppuré et d'un volume énorme: le ver était blanc (7). •> La capsule du rein, acquérant un plus grand volume, se déforme, (1) Stralton trouva à Kingston (Canada, 1841), dans la cavité périloncalc d'un chien qui s'était noyé, quatre strongles encore vivants, quoique l'animal eût passé quarante-huit heures dans l'eau glacée. Croyant que ces vers venaient de l'intes- tin, il y chercha vainement une perforation. L'auteur ne dit rien de l'état des reins (Edinb. rned. and surg. Journ. Edinburgh, 18i3, t. LX, p. 261). (2) Cité par Diesing, t. Il, p. 328 (3) Sterck, Diss. de rabie canina. Lugd. Bat., 1740, § 10, cité par Pallas, thèse, p. 19. (4) Gothofredus Hegenitius, Itin. Fris. Holland, p. 15, cité par Welch, Devenu medin.,p. 135. (5) Noseda, dans Essais sur l'hist. nat. des quadrupèdes du Paraguay, par D. Félix d'Azara. Paris, 1801, t. I, p. 313, et Voyages dans l'Amérique méridio- nale, par le même, t. I, p. 297. (G) Jacq. Théod. Klein (secrétaire de la ville de Dantzick), An analom. descript. ofworms found in ihe kidneys ofwolves; in Philosoph. Transact. London, 1729- 1730, vol. XXXVI, p. 269. (7) Chabert, ouvr. cit., 1782, 1" édit., p. 65. STRONGLli GÉANT. 273 s'épaissit, et subit des transformations qui n'ont point été suffisam- ment étudiées. Chez le chien dont parle Rayger, le rein était beau- coup « plus gros que dans l'état naturel, et paraissait entouré de tous côtés de graisse ; mais ce que je pris d'abord pour de la graisse, dit cet observateur, était une membrane blanchâtre, double ou triple et qui avait, en effet, tellement l'apparence de la graisse que du premier coup d'œil on s'y trompait. Ayant ouvert cette membrane, je ne trouvai dessous aucun parenchyme ; tout ce rein était extrê- mement défiguré, blanchâtre, sans vaisseaux sanguins et ne res- semblait à un rein ordinaire, ni par sa substance ni par sa figure (1). » L'accroissement du volume du rein, sa décoloration, sa transfor- mation en une sorte de sac membraneux [marsupio ex crassiori etrugoso corio similis, Pallas), ont été remarqués par la plupart des observateurs. L'ossification partielle de la membrane interne de la poche rénale a été signalée deux fois chez le pulorius vison par le docteur Érasme Miller (2). Le bassinet participe ordinairement de la dilatation du rein ; l'ure- tère est aussi quelquefois plus ou moins dilaté. Tel était le cas ob- servé par Du Verney. Généralement ce conduit reste perméable. Chez un cbien observé par Drelincourt (3), et chez un autre observé par Sperling (4) il était oblitéré ; dans un cas de Ruysch , outre deux stron- gles, il y avait un calcul qui oblitérait complètement le bassinet (5). Le rein resté sain acquiert ordinairement un volume plus consi- dérable que le volume normal. Il est à présumer que le strongle occasionne aux animaux de vives douleurs et qu'il altère leur constitution 5 cependant Ruysch rap- porte qu'un chien, dans le rein duquel il trouva un de ces vers, était assez vigoureux, autant qu'il en avait pu juger par son agilité (6) ; celui dont parle Hartmann était du reste sain ; celui de Sterck, qui avait trois strongles dans le rein, était très bien portant; un autre, (1) Mém. cit., p. 310. (2) Musée de Boston, cité p. 185, n° 598. (3) Caroli Drelincurtii Experim. anal, ex vivorum sectionibus petita, edit. pcr Ern. Gottfried Heiscum. Leycle, 1681. — Manget, Bibl. anat., t. Il, p. 681, cani- cidium III, §§ 10-15. (4) Sperling, Disserl. de vermibus, § III, cité par Pallas, thèse, p. 18. (5) Ruysch, Mém. cit., obs. Il, p. 14. (6) l'red. Ruysch., Dilucid. valv., cap. iv, obs. anat. xi, in Op. ornrt., t. I, p. 17. Amst., 1737. Davaine. 18 27/i AFFECTIONS VERW1N&USES DES VOIES UUINAIRES. donl parle Moublet (I), était grog et vigoureux, et celui de Collet- Meygivt (Huit gras et bien portant. Les visons, au nombre de six, dont les reins sont déposés au musée de Boston, paraissaient tous bien portants. Quelques auteurs rapportent des faits contraires : Le chien ob- servé par Cœsalpin était maigre; un lévrier, disséqué à Mont- pellier pardeSillol, était desséché, exténué et atrophié (2); le chien qui avait un strongle dans l'uretère, au rapport de Kerckring, se tor- dait et poussait des cris nuit et jour ; il en était de même de ceux qui ont été observés parBoirel, par Liefmann (3) et par Heucher (-1). Van Swieten dit qu'un chien, chez lequel il avait trouvé un strongle du rein, avait été sacrifié parce que ses hurlements troublaient tout le voisinage (5). De l'Étang rapporte le fait suivant: « Quondam in » parisiensi medicorum schola inferiore, in dissecto cane quem vide- » ramus eundo in sinislrum latus inclinanlcm, renis sinistri sub- » stantia interior a duobus vermibus consumpta occurit ((5). » Les animaux qui ont un strongle dans le rein rendent sans doute, lorsque l'uretère est perméable, des urines sanguinolentes ou puru- lentes. Un taureau observé par Grève souffrait depuis près d'un an de rétention d'urine; dans les derniers temps, ce liquide sortait mêlé de ilocons muqueux. Le rein gauche de l'animal fut trouvé transformé en un énorme kyste rempli de pus et d'un liquide fétide ; il conte- nait un strongle géant long de onze pouces (7). Introduit dans l'uretère, ce ver occasionne la rétention de l'urine et la distension du rein, comme l'a remarqué Redi ; dans la vessie, il détermine des accidents analogues à ceux des corps étrangers de cet organe. Le chien dans la vessie duquel François Frank trouva un strongle, urinait avec beaucoup de difficulté et goutte à goutte (8). (1) Moublet, Journ. de méd. chir., etc., 1758, t. IX, p. 346. (2) De Sillol, cas rapporté par Covillard, ouïr, (nfra cit. (3) Liefmann, ap. Breslaciens., tentamen xxu, cité par Pallas. (4) Heucher, Diss. errores circa causas mortis subitœ, § 22, cité par Pallas. (5) Gerardi Van Swieten Comment, in Âphor. Paris, 1758, t. III, p. 540, §1134. (6) François de l'Étang, médecin de Montpellier, in Aclis med., Th. Bartholin, ami. 1075. — Bonet, Sepu'c, t. III, lib. IV, sect. xi, obs. iv, § 7, p. 545. — Collect. acad., part, étrang., t. VII, p. 255. (7) Bernard Antoine Grève, Expe'r. et obs. sur les maladies des anim. domest. comp. aux malad. de l'homme. Oldmbourg, 1818, t. I, chap. xvii. (8) Mém. cit. STRONGLE GÉ/tNT. 27ô Chez l'homme, autant qu'on en peut juger par le petit nombre d'observations que nous possédons, le strongle occasionne de vio- lentes douleurs, des hématuries et des phénomènes graves, sembla- bles à ceux des calculs rénaux. Le diagnostic de la présence d'un tel ver dans les voies urinaires ne pourrait être établi par la seule considération des symptômes, car les corps étrangers formés dans ces voies donnent lieu à des phénomènes semblables il); mais il est probable que, dans les cas ou l'uretère est per- méable, l'examen microsco- pique des urines ferait recon- naîtreaveccertitudel'existence du strongle par la rencontre des œufs de cet entozoaire. Ces œufs sont volumineux, ovoïdes, brunâtres; ils sont longs de sept à huit centièmes de millimètre et larges de quatre centièmes de millimètre ; la coque, à l'extrémité du grand diamètre, paraît épaisse d'un centième de millimètre ; ils existent en quantité telle qu'ils doivent être expulsés en grand nombre avec les urines. Fie. 11. — Ovule du strongle géant {Au chien). — a, gio;si 340 fois ; b, le même au même grossisse- ment, traité par l'acide sulfurique concentré qui rend le vilellus apparent. La détermination de la nature des œufs rendus avec l'urine et les symptômes de la présence d'un corps étranger dans les reins ou dans la vessie pouvant donner la certitude de l'existence d'un strongle dans ces parties, la néphrotomie serait indiquée dans le pre- mier cas, et, dans le second, le broiement à l'aide d'instruments lithotriteurs. (1) Voyez cependant ci-après l'observation vi, chap. i", dans laquelle des mouve- ments particuliers pouvaient faire soupçonner l'existence d'un être vivant : « Dans les six derniers mois, dit l'auteur de l'observation, la maigreur permettait de sentir à travers les parois de l'abdomen et même de voir des mouvements dégonflement et d'ondulation qui agitaient le rein droit. Le malade accusait la sensation d'un mouvement de reptation dans la région du rein. » A l'autopsie, on trouva dans cet organe un strongle vivant. 276 AFFECTIONS VEBM1NEUSES DES VOIES URINAMES PREMIÈRE SECTION. STRONGLE GÉANT CHEZ l'uOMME. CHAPITRE PREMIER. CAS PRORABLES. Ier Cas (Blaiîs). « l\enem huncillumve in canibus substanlia sua non solum privari verum » et lumbricis sœpe plurimis, variisque, loco consumpto se exhibentibus, re- » pleri, frequentissimum adeo anatomicis ut vix altentionem aliquam mereri » videatur. Àt in homine talia evenire rarissimum, licet plurium disseclioni » pnefuerim adfuerim ve, non nisi unica tantum vice in emaciato sene reperire » mihi concessum vernies duos, ulnœ ad minimum longiludinem habentes, » rubicondioris coloris, aquoso liquore scatentes, similes omninô iis quos in d caninis renibus reperiri dixi. Adumbrat unum eorum fig. IX, licet annulos » ipsos ex quibus videtur constare baud clare adeo exhibere queat (4). » IIe Cas (Ruysch). Après avoir dit qu'il existe des vers dans les artères chez les chevaux, dans les conduits biliaires chez les moutons, Ruysch ajoute : « In renibus humanis » semel eos me vidisse memini quales in canum renibus longé frequentius » occurrunt (2). » IIP Cas (Moublet). « Moublet, chirurgien-major de l'hôpital de Tarascon, avait taillé avec succès un enfant âgé de cinq ans, et lui avait extrait une grosse pierre. Quatre années après, il fut encore appelé pour ce même enfant qui n'avait point uriné depuis vingt-quatre heures, qui avait le hoquet, des vomissements, beaucoup de fièvre et qui se plaignait d'une douleur vive avec élancements à la région lombaire du coté droit. Il le sonda, et l'urine qui s'écoula fut trouble et en petite quantité, et déposa un sédiment épais. Il prescrivit des fomen- tations émollientes sur le ventre, des lavements, des boissons adoucissantes, et le saigna deux fois dans l'espace de six heures. Le lendemain les accidents parurent plus vifs. Le malade était inquiet, brûlant, altéré ; il avait le pouls (1) Gerardi Blasii Observ. anat. inhomme, simia, equo, etc. Lugd. Batav., 1674, p. 125. — Reproduit eu partie dans : Observ. med., Amst., 1700, pars v, obs. xn, p. 80. (2) Fred. Ruyschii Observ. analomico-chirurgicarum cent., ob's. lxiv, in Op. omn., Amst., 1737, t. I, p. 60. CHEZ L'HOMME. — STRONGLE GÉANT. 277 concentré, des coliques très fortes ; il rendit des urines rouges, briquetées et en petite quantité. La région lombaire était tendue et la peau rouge. On réi- téra la saignée et les mêmes remèdes, excepté qu'on appliqua sur les lombes un cataplasme anodin. Vers le dixième jour, M. Moublet sentit un amas de pus à la région lombaire ; la fluctuation était lente et profonde. L'enfant avait moins de fièvre, il urinait sans peine, le ventre s'était amolli ; on appliqua un cataplasme maturatif sur la tumeur lombaire qui était moins tendue. Le len- demain la fluctuation de l'abcès paraissant plus sensible, M. Moublet se dé- termina à l'ouvrir ; il y fit une incision profonde de deux travers de doigt, sans qu'il en sortit du pus. Mais, portant le doigt dans le fond de la plaie et sentant l'ondulation d'un liquide, il y enfonça le bistouri ; alors il sortit un jet de pus mêlé de sang; il agrandit cette ouverture du côté des vertèbres, ce qui pro- cura une grande évacuation purulente. Le malade pansé se trouva soulagé. La suppuration fut très abondante pendant douze jours, ensuite elle diminua. Mais la plaie, au lieu d'être vive, restait livide, pâle. Deux mois après, il n'en suintait qu'une humeur fétide, tantôt jaunâtre, tantôt verdâtre; les chairs étaient molles, fongueuses, comme dans un ulcère sanieux. Cependant après l'usage d'injections détersives, cet ulcère se cicatrisa. M. Moublet vit l'enfant quelques mois après ; il remarqua que la cicatrice était molle, gonflée , et que les parties voisines étaient tendues et douloureuses. Cet enfant n'avait point urino depuis la veille; il se plaignait de tiraillements et de déchirements dans le ventre et surtout aux lombes ; il avait des mouvements convulsifs ; ses ex- trémités étaient froides. M. Moublet incisa la cicatrice; il s'écoula du pus, et les accidents cessèrent. Cet ulcère se referma et les douleurs recommen- cèrent. On fut obligé de le rouvrir et il resta fistuleux. Les urines, dont le cours était souvent interrompu, paraissaient quelquefois purulentes, et toujours chargées de mucosités filandreuses. La persévérance de la fistule et des douleurs aiguës vers le rein donnèrent lieu à des recherches plus exactes avec la sonde, pour juger si cet ulcère n'était pas entretenu par une pierre; mais M. Moublet n'en trouva point. Enfin la mère de cet enfant vit remuer un ver dans cette fistule qui durait depuis trois ans. Elle le tira vivant et le conserva pour le montrer à M. Moublet, qui, le jour même, en tira un autre également en vie, mais plus petit. Ce ver avait quatre pouces de long, et était de la grosseur d'une plume. On- maintint la fistule ouverte. Deux jours après, l'enfant ne put uriner. On observa pour la première fois qu'il avait la vessie tendue et gonflée. M. Moublet ne pouvant parvenir à y introduire la sonde, injecta dans l'urèthre de l'huile pour faciliter la sortie de gravier qu'il soupçonnait intercepter le passage de la sonde et de l'urine. Le malade fut mis dans un bain ; il eut bientôt des mouvements convulsifs qui obligèrent de l'en retirer. M. Motiblot voulant encore le sonder, aperçut au tout de l'urèthre un corps étranger qu'il saisit avec des pinces. C'était un ver en vie qu il tira facilement. Il avait la môme figure et la même longueur que le premier sorti de la fistule. La nuit suivante l'enfant en rendit un semblable par l'urèthre. Ces quatre vers sortis, il n'en parut plus. Les urines coulèrent sans douleur, 27S AFFECTIONS VEBM1MJHJSES DES VOII-S UniNAIItl'.S sans peins, et chargées de filaments gomme membraneux; tous les symptômes ont disparu; la Qstule lombaire s'est cicatrisée dans l'espace d'un mois. L'en- fant a repris ses forces, a recouvré son embonpoint, et jouissait depuis cinq années d'une santé parfaite, lorsque M. Moublet communiqua cette obser- va lion (1 ). » [V* Cas (Duciiateau). Un homme délinquante ans, ayant passé dix-huit mois dans l'ilo de Val- cheren pondant l'occupation françaiso, a été atteint quatre' fois dans cet in- tervalle par des fièvres rémittentes ou intermittentes. Chacune de ces maladies a été accompagnée de douleurs violentes dans la région lombaire, sur lo rein droit et dans l'urèthre, et alors une hématurie considérable ne tardait pas à se manifester. Rappelé à Paris, il fut atteint en route d'une douleur violente dans le rein droit et dans tout le trajet de l'urèthre du même côté, suivie d'un frisson prolongé, d'un accès de fièvre qui dura huit heures et d'une nouvelle perte de sang avec les urines. Le malade arriva le surlendemain (4 décembre 1812) à Paris, où il fut pris aussitôt d'un nouvel accès de fièvre; Ja région du foie était tendue; douloureuse, ainsi que la région lombaire droite au ni- veau du rein. La douleur se prolongeait dans la région iliaque et jusqu'au col de la vessie. Urine rare et brûlante à l'émission. Le 6, le 8, le 1 0, le 1 2 nou- veaux accès de fièvre, le dernier plus violent que les autres ; le malade a rendu plein un pot de chambre de sang liquide et de caillots qui n'ont pas été exa- minés ; il urine de nouveau en présence du médecin : « J'examinai, dit Duciia- teau, ce qui venait d'être rendu et qui consistait à peu près en un demi-selier d'urine ou de sang. Je fis décanter doucement le liquide dans un autre pot. J'aperçus quelque chose au fond du vase dont le malade s'était servi, j'exa- minai de plus près et je vis un ver vivant ; je le mis sur une assiette avec un peu d'eau froide, il s'agita Ceaver était d'un rouge brun, long, à peu près, de quatre pouces, gros comme un lombric, ayant environ une ligne de dia- mètre depuis l'une de ses extrémités jusqu'à la moitié de son étendue; le reste se terminait en queue filiforme et plate très pointue vers la fin. Le gros bout représentait une tête aplatie en dessous comme celle de la sangsue et des suçoirs qui paraissaient encroûtés de sang : cette tête se terminait par une espèce de trompe ou antenne, ayant au milieu du corps un appendice comme une espèce de cordon vermiculaire. J'ai examiné ce ver au microscope; j'ai aperçu plusieurs anneaux dans la partie la plus grosse de son corps »' Le lendemain le malade urine beaucoup de sang dans lequel on trouve en- core un ver semblable au précédent et .vivant, et un autre long d'un pouce et gros comme un (il de Bretagne; il était frétillant; vu au microscope, il a paru semblable aux deux gros. (1) Analyse par Chopart, ouvr. cit., t. I, p. 139. — Sur des vers sortis des reins et de l'urèthre d'un enfant, par Moublet, dans Joum. de méd. et de chirurg., juillet 1758, t. IX, p. 244. — Rapporté in extenso dans Rayer, Maladies des reins. Paris, 18il, t. Ili, p. 732. CHEZ L'HOMME. — STRONGLE GÉANT. 279 Les jours suivants, le malade se trouve mieux; il urine encore unc^fois du sang, puis il se rétablit rapidement (I). Il est bien probable que les trois vers observés par Duchateau, étaient des strongles géants. Le malade avait habité la Hollande, pays où ces vers ont été souvent observés chez le chien et quelque- fois aussi chez l'homme, d'après Blaes et Ruysch ; en outre, la des- cription des trois vers qui ont été vus vivants, se rapporte au strongle géant mâle ; seulement l'auteur a pris la queue pour la tête. On peut reconnaître, en effet, la bourse caudale dans la tête aplatie en dessous, et le pénis dans la trompe ou antenne qui la terminait (voy. fig. 10). Au reste, l'auteur donne ensuite des détails plus précis sur cette partie qui caractérise le strongle mâle : « Lors de la sortie du premier ver, j'aperçus, dit-il, au bout de sa grosse extrémité une pointe en ma- nière de trompe et une tête assez grosse avec un méplat ou facette, comme on le voit à la tête de la sangsue, du côté de ses bouches aspi- rantes ou suçoirs. » Ve Cas (Josephi). « Cel. Josephi, professor Rostochiensis, entozoa magna ex hominis urethra » dejecta vidit, amico qui mihi mitteret data, sed casu perdita, hue certe » pertinentia (Ad Strong. gigant.) (2). » VIe Cas (docteur Aubinais), « Un cultivateur, âgé de soixante ans, homme robuste, adonné au vin...., fut pris de douleurs aiguës et profondes dans la région du rein droit; ces dou- leurs, qui ne pouvaient être confondues avec celles du rhumatisme, furent attribuées à une néphrite; mais rien ne put les calmer L'opium, l'eau distillée de laurier-cerise, l'éther sulfurique et l'essence de térébenthine, données à haute dose, amenèrent toutefois un soulagement appréciable, mais de courte durée. Après trois ans de douleurs atroces et incessantes, le ma- lade, dont l'obésité était considérable au début du mal, se trouvait réduit à une maigreur squelettique. Dans les six derniers mois, cette maigreur permettait de sentira travers les parois de V abdomen et même de voir des mouvements de gonflement et d'ondulation qui agitaient le rein droit. Le malade accusait la sen- sation d'un mouvement de reptation dans la région du rein ; le péritoine sembla rester sain jusqu'aux derniers instants de la vie; des eschares se manifes- tèrent au sacrum et aux trochanlers et le malade succomba dans le marasme. » L'aulopsie complète ne fut pas permise par les parents qui, seulement, autorisèrent le médecin à inciser le flanc droit, pour examiner le rein. Vingt heures après la mort cet organe fut extrait de l'abdomen et les mouvements (1) Duchateau, Observ. sur des vers contenus clans les voies urinaires, etc.; dans Journ. de méd. chir., etc., de Leroux. Pari?, 1816, t.vXXXV, p. 2i2. (2) Rudolphi, Synopsis, p. 261. 280 AFFECTIONS VERMlNEtJSF.S DF.S VOIES UR1NA1RUS ondulatoires qui s'y manifestaient prouvaient que l'oniozairo était encore vi- vant. F.o rein étant ouvert, on y trouva un strongle d'un pou plus do 43 centi- mètres de longueur sur 5 à (i millimètres de grosseur. Le tissu du rein était profondément altéré, son parcncliymo détruit en grande partio et son poids réduit de moitié (I). » Quoique les caractères spécifiques n'aient pas été donnés, il ne paraît pas douteux que ce ver ne fût un strongle géant. Le fait de son inclusion dans le rein prouve qu'il appartenait bien à cet organe, et d'ailleurs sa longueur surpassait celle des lombrics les plus grands. D'après les symptômes observés, les mouvements ondulatoires delà région rénale pourraient être regardés comme un signe de l'existence d'un strongle dans le rein. Il est à regretter qu'on n'ait fait aucune mention de l'état des urines. VI P Cas ( ?). « Il y a un très beau spécimen de ce ver (strongle géant), provenant du rein d'un homme, dans le Muséum du collège royal des chirurgiens d'An- gleterre (2). » CHAPITRE IL CAS TRÈS INCERTAINS. I" Cas. « Anno 1595, Krnestus, archidux, Belg. provinc. gub. gêner, nocle inler » 20 et 21 febr. diem, anno aetatis 42, placide in Christo Bruxellis obdor- » mivit; cum morluum ejus corpus aperiretur, cor, pulmo et jecur sana et » intégra reperta sunt : in lumbis tantum calculus mediocris magnitudinis et » in renibus vermis oblongus et vivus inventus est qui interiora principiseum » in modum corroseral ut brevi tempore marcuerit, corporeque toto exte- » nuatus, superesse diutius non potuerit (3). » Hugo Grotius rapporte le fait à peu près dans les mêmes termes (4). Toutefois, il n'est fait aucune mentiun de vers dans l'histoire de la maladie et de l'autopsie de l'archiduc Ernest, que Schenck rapporte sous ce titre : « Serinissimi archiducis Ernesti, » archiducis Austria?, proregis Belgii, etc., morbi et symptomata : (1) Aubinais, Journ. de la secl. de niéd. de la Soc. acad. du déparlement de la Loire-Inférieure, liv. evi (rapporté dans Revue médicale, décembre 184G, p. 569.) (2) Edwin Lankester, dans Kilchenmeister, ouvr. cit., trad., t. I, p. 379, note. (3) U. M. Jansonius, tome II Mercurii Gallo-Belgici, cité par Sclicnck, op. cit., p. 441 et 445. (4) Hugonis Grotii Ann. cl hist. de rébus Belgicis. Amst., 1G57, lib. IV, p. 209. CHEZ L'HOMME. — STKONGL15 GÉANT. 281 » quaequœ ipsius cadavere dissecio inventa fuerint rara (1). » Il y avait des calculs dans le rein gauche; on ne parle point de vers. IIe Cas (Zaciuus Lusitaxus). « Olyssipone in Xenocliio decumbebat juvenis robuslus, qui a pueritia ve- » luti dolore renum fuerat oppressus, qui sensim ac sine sensu pedetenlim » que ita accrevit et immaniter excarnificavit, ut spretis omnibus praîsitliis » eum per duos annos ad mortis fauces deduceret. Extenualum est corpus » cum febre jugi : insolenter illum vexarunt sitis, ardor sensatus in regiono » renum, alvi nimia adstrictio, vigilia importuna : demum accedcnle nimio » fastidio tabidus vitam finivit. » Cadavere dissecto, in renibus (in quibus seger dicebat se lignum acutum » aut cullellum portare inlixum) inventi sunt in utroque renum cavo ver- » mes crassi, albi, vivi, dimidii digiti indicis longiludine qui interiora ita » arroserant, ut lotum corpus contabefecerint (2). » Si les vers avaient été trouvés morts, on pourrait croire à des concrétions fibrineuses, rouges à des strongles; toutefois nous avons vu qu'un strongle observé par Chabert dans un rein purulent, n'était pas rouge, mais blanc. Quant à la longueur de ces vers, on conçoit qu'existant dans les deux reins à la fois, ils ont dû faire périr le malade avant qu'ils ne fussent parvenus à un grand développement. Malgré ces considérations, ce cas nous paraît devoir être rangé parmi les faits mal observés. IIIe Cas (Albrecht). En 1678, un soldat « était travaillé depuis longtemps d'une suppression d'urine Il y avait déjà sept jours qu'il n'avait rendu une goutte d'urine. Il se plaignait de grandes douleurs autour du nombril et de la vessie qui était fort tendue Comme je me préparais à le faire sonder, la femme du malade m'apporla un ver de la grosseur d'une plume à écrire et de la lon- gueur de trois doigts. Après avoir rendu ce ver, il recouvra sa première fa- cilité d'uriner. L'excrélion du ver fut suivie d'un écoulement de sang qui dura pendant quelques jours. Le ver était vivant, mais il mourut peu après (3). » TVeCAs(ENT.). « Le ver, quand je l'ai rendu (à la seconde urine), était vivant; il avait la (1) Schenck, op. cit., lib. III, p. 440. (2) Zacutus, Prax. hist., lib. II, cap. xvi, observ. vi, et Bonct, Sepulchrelum, t. Il, p. 568, lib. III, sect. xxn, § 5. (3) J. P. Albrecht, Eph. nat. cur., dec. II, ann. 1, observ. lxxvii, 1682, et Coll. acad., t. III, p. 497. 282 AFFECTIONS VHÏIMTNÈÙSES DES VOIES UlUNAII'.l.S » télé d'un serpent et la queue mince ; il était d'une substance quelconque ad j> milieu; il avait en longueur au delà d'une demi-aune. J'étais très malade » avant de le rendre, et depuis lors j'ai toujours rendu quelque chose comme » du sang. » » Celle relation est faile dans les propres paroles du malade. Il est fort pro- bable qu'il a eu une suppression d'urine pendant quelque temps ; à la pre- mière émission le ver est arrivé des reins, dans lesquels il s'élait développé, jusque dans la vessie, et ensuite de celle-ci dans le vase de nuit. » Le ver étant mort et sec, était d'une couleur rouge obscur; il avait en épaisseur environ un douzième de pouce (I). » Ve Cas (Pechlin). Il s'agit d'un enfant qui avait souffert longtemps de vives douleurs des reins et de la vessie; un lithotomiste ayant jugé qu'elles étaient dues à un calcul, bien qu'on n'en eût pas constaté la présence par le calhétérisme, pra- tiqua l'opération de la taille et causa de grands dégâls dans les parties. On ne trouva pas de calcul. Il survint une tumeur qui s'étendait des reins à la vessie du côté droit. Lequatrièmejour, le chirurgien trouva dans l'appareil, en rapport avec la plaie, un ver qui avait plus d'un empan de longueur (environ 20 centimètres); la tumeur du côté disparut, néanmoins l'enfant mourut. A Yautopsie, Pechlin trouva la vessie saine, le rein droit d'un volume exa- géré, le bassinet très- dilaté, ainsi que l'uretère; d'où il était évident, dit Pechlin, que le ver avait suivi ce trajet (2). VIe Cas (Raisin). « Un homme d'environ cinquante ans fut attaqué, il y a deux ans, d'une colique néphrétique très violente. Ses urines étaient teintes de sang et presque noirâtres; quelques remèdes que je lui prescrivis calmèrent pour un temps les douleurs. Elles l'ont repris l'hiver dernier avec plus de violence que ja- mais, et ont persisté malgré tous les secours que j'ai pu lui donner, jusqu'au 4 0 juin, qu'il rendit par les urines un ver qui avait plus de trois pouces de long. Depuis ce moment, il est parfaitement rétabli et ses urines ont repris leur cours naturel (3). » VIP Cas (Lapeyre). Une fille de quarante ans entre à l'hôpital en 4 779 ; elle éprouve une dou- leur forte et continue à la région lombaire droite ; il existe dans cette région un engorgement œdémateux, douloureux à la pression. Fièvre modérée, (1) Relation d'un ver rendu avec l'urine, communiquée par M. Ent., auquel il avait été envoyé par M. Matthew Milford, in PHilosoph. Transact., for the months of July and August. 1678, Vol. X, p. 1009. (2) N. Pechlin, Vermis pro calculo {op. cit., lib. I, obs. iv, p. 8). (3) Raisin, Observation sur un ver rendu par les urines (Joum.deméd. chir,,eic., 1763, t. XIX, p. 458). CHEZ L'HOMMli. — STRONGLfc GÉANT. 283 urines ordinaires, point de nausées ni de vomissements; ouverture spontanée de la tumeur lombaire ; accidents variés ; douze lombrics évacués par l'admi- nistration d'un purgatif. Mort deux jours après. Autopsie. « Ayant enlevé le foie pour découvrir le rein, nous vîmes ce dernier viscère adhérent au rein dans toute sa surface et faisant corps pour ainsi dire avec lui ; le rein détaché et coupé en long formait un corps ferme, entièrement graisseux et sans vaisseaux apparents. Dans le bassinet nous trouvâmes une pierre grosse comme une fève de marais, dure et raboteuse — Nous trouvâmes de plus, dans la substance du rein, trois vers en vie qui avaient trois pouces et demi de long. En poussant nos recherches plus loin, vers l'épine lombaire, notre élonnement augmenta encore en découvrant trois autres vers longs de deux à sept pouces qui étaient fixés et comme lardés dans la substance des muscles... . Les intestins étaient sains, le rein gauche aug- menté de volume (1). » VIIIe Cas (Arlaud). « Le sujet de cette observation est une fille de Cherbourg, âgée de vingt- six ans, bien constituée, bien réglée, bien portante jusqu'à l'époque où se sont manifestés les premiers symptômes de l'affection vermineuse. M. Arlaud la vit pour la première fois le 3 mars 1840; elle souffrait depuis dix-huit mois; elle avait éprouvé d'abord les symptômes d'une néphrite; puis il s'y était joint un sentiment de brûlure, de picotement dans la région des reins.. . il y avait de loin en loin du hoquet, de la toux, des douleurs dans le membre abdominal droit, des hématuries. » M. Arlaud apprit, en outre, qu'après trois mois de souffrance, la malade avait rendu spontanément par l'urèthre un ver ou quelque chose qui lui parut être un ver et qu'on avait négligé de conserver. Les accidents ayant continué malgré l'émission du corps étranger, un collègue de M. Arlaud, dans l'es- pace de six mois, put constater la sortie de six vers, dont deux furent extraits par lui avec la sonde de Hunter » 3 mars. Faciès souffrant, un peu d'amaigrissement, douleur dans la région rénale droite, engourdissement et douleur le long du nerf crural droit jusque auprès de l'articulation fémoro-tibiale, ischurie — Le lendemain, rétention d'urine complète. M. Arlaud pratiqua encore le cathétérisme et cette fois il sentit un obstacle au col de la vessie. Cet obstacle vaincu, un flot d'urine trouble et brunâtre s'échappa par la soude Remplaçant la sonde par la pince de Hunier, il saisit, après quelques tâtonnements, un corps mou qu'il tira avec lenteur et en causant des douleurs très aiguës, c'était un ver. Il était de couleur rougeâtre, un peu aplati, avec deux dépressions longitudinales le long du corps, atténué aux deux extrémités, long de 22 centimètres et de 4 millimètres d'épaisseur. Les vers extraits plus tard n'étaient pas tous de la (1) Lapeyre, Abcès de la région lombaire (Journ. de méd-, t. LXV, p. 375 , et Rayer, Mal. des reins, t. III, p. 740). 28A AFFECTIONS VERMINJEUSES DES VOIES URINAIRES môme longueur ; la différence pouvait être de quelques millimèlres en plus ou en moins. » Il survint, à la suite de cette extraction, des accidents nerveux, des dou- leurs, puis une amélioration; mais le 15 mars les accidents de rétention d'urine reparurent.— «Le lendemain, M. Arlaud parvint à saisir avec la pince à trois branches et à extraire un corps mou, rougeûtre, d'apparence charnue, et du volume d'une amande. — Dans l'espace de huit mois, ce chirurgien pratiqua ainsi l'extraction d'une quinzaine de ces corps de volumes différents, et de sept nouveaux strongles. » Un jour, tous ses efforts furent impuissants; il ne put faire franchir le col vésical à un corps étranger dont le volume était fort considérable; il prit le parti de dilater l'urèthre avec une grosse sonde. Après quatre jours d'acci- dents divers et graves le chirurgien examina les parties génitales, vit un corps mou, spongieux, ayant en partie franchi le méat urinaire, et en fit l'ex- traction avec la pince à anneaux Ce corps se présentait sous la forme d'un gros marron percé au centre et contenait cinq autres corps plus petits dans sa cavité. » Après son extraction, il y eut pendant deux heures alternativement des syncopes et des accès hystériques violents ; ces symptômes furent suivis d'un hoquet qui dura quatre heures, c'était le 1 9 novembre. Le 20, il y avait une hématurie, un point douloureux au côté droit de la poitrine, une hémoptysie, une réaction générale des plus intenses, du délire. » Jusqu'au mois d'avril suivant, la malade éprouva des accidents variés et pour la plupart analogues aux précédents. » Au mois d'avril, les règles depuis longtemps supprimées, reparurent; une membrane de 30 centimètres de longueur, formant un conduit cylindrique qui pouvait admettre le pouce dans sa cavité, sortit spontanément de l'urèthre. » Vers le milieu du mois de mai, l'état de la malade était assez bon; elle pouvait marcher sans douleur et vaquer à ses occupations. Néanmoins trois nouveaux strongles furent encore extraits après cette époque. » Examen des entozoaires et des corps charnus, par MM. Duméril, Martin-Solon, Ségalas, rapporteur, et M. Delafond, adjoint. a ..... Leur corps se termine à une extrémité par une pointe mousse, por- tant plusieurs renflements de papilles légèrement ovalaires, au centre des- quels se montre une petite ouverture arrondie qui constitue la bouche. L'autre extrémité, terminée également par une pointe mousse , mais plus allongée, porte une petite ouverture ronde qui forme l'anus. Ces caractères ont fait reconnaître que ces deux entozoaires appartiennent à V ordre des vers cavilaires, et sont de l'espèce slrongle géant. » — Les commissaires de l'Académie de mé- decine ont en outre reconnu des ovules dans le tube génital. Quant au tube qui pouvait admettre Vindex dans sa cavité, il était formé de fibres longitu- dinales et transversales blanches et nacrées. Il fut jugé être une portion d'un CHEZ L'HOMME. — STliONGLE GÉANT. 285 énorme strongle. Les autres corps mous étaient formés de tissu cellulaire et musculaire, et leur nature n'a pu être déterminée (1). Il est à regretter que l'examen. des vers n'ait pas été plus com- plet: Les caractères indiqués ne suffisent pas pour caractériser le strongle géant. On a bien prouvé pour quelques-uns de ces corps, qu'il s'agissait de vers, fait confirmé par la recherche des ovules, mais on aurait dû indiquer le nombre des tubercules de la bouche, et la disposition caractéristique de l'oviducte, car rien ne prouve absolument que l'on n'avait pas affaire à des ascarides lombricoïdes. 11 y a dans ce cas plusieurs circonstances qui ne sont pas ordi- naires dans les observations où l'on a constaté avec certitude la pré- sence des strongles. Ce sont: 1° le nombre des vers qui n'aurait pas été moindre que dix-neuf; or, dans les animaux, on en voit très ra- rement trois, une seule fois on en a vu six et huit ; 2° la grosseur extraordinaire du fragment de strongle; 3° la présence de corps charnus d'une origine inconnue. On serait tenté de croire à quelque communication de la vessie avec l'intestin, par laquelle tous ces corps se seraient introduits dans le réservoir de l'urine. 11 est donc fort à regretter que l'examen insuffisant des caractères spécifiques de ces vers laisse des doutes sur leur détermination (2). » (1) Sur une observation de strongles géants sortis des voies urinaires d'une femme, par M. Arlaud, chirurgien de la marine ; rapport de MM. Duméril, Martin- Solon, Ségalas {Huit, de l'Acad. roy. de méd., 1846, t. Xr, p. 426). (2) Six de ces strongles, dit le rapport, ont été déposés au muséum d'anatomie de l'hôpital. de la marine de Cherbourg. Il y a un an que M. Rayer a bien voulu, à ma prière, demander à M. Fonssogrives, médecin en chef de la marine, la commu- nication de quelques-uns de ces vers ; mais les recherches que ce médecin dis- tingué s'est empressé de faire sont restées sans résultat : les vers n'ont pas été retrouvés. (Ce fait et nos remarques étaient livrés à l'impression, lorsque M. Ch. Robin com- muniqua à la Société de biologie la lettre d'un chirurgien qui annonçait avoir re- trouvé la malade du docteur Arlaud, et que cette femme rendait toujours des vers. Un de ces vers, envoyé à M. Robin, a été reconnu par lui pour un intestin de pigeon séparé de son mésentère. Cet intestin n'était pas cuit et n'avait pas passé par le canal alimentaire de la femme. Les membres de la Société de biologie ont vérifié le fait. Une telle mystificalion doit faire présumer que les vers envoyés à l'Académie de médecine étaient, non des strongles qui sont fort rares, mais des ascarides lom- bricoïdes, qui auront été introduits dans les voies urinaires, ou peut-être simple- ment dans le vagin, dans un but de simulation de maladie ou de mystification dont on possède bien d'autres exemples non moins singuliers.) 286 AFFECTIONS VEttMWEUSES DE3 \ OIES UlUNAlliKS SECTION II. STRONGLE GÉANT CHEZ LES ANIMAUX. A. Dans le hein. 1° Chez le chien, André Cisalpin, 1593? Un strongle (cas cité) . De Sillol, 1610. Uii strongle énorme; rein gauche. Montpellier (cas cité). IIegenitius, 1616. Quatre strongles. Grouingue (cas cité). Thomas Bautuolin, 1639. Deux strougles ; rein gauche. Leyde. (Episl. med., cent. I, epist. n, p. 5, Haga; Comitum, 1740). Sennert, 163":. Strongles? Wittcmberg. « Ipse in cane vidi totam unius renis » subslantiam fuisse absumptam, superstite tantum tunica eum ambiente, quaj » tota vermibus longis instar lumbricorum repleta fuit, a (Dan. Senncrti, op., t. III, lib. III, part, vu, sect. i, cap. vu, p. 359, Paris, 1641.) Sperling, 16**. Un strongle; uretère oblitéré (cas cité). Samuel Schelgvigius, 1654 octobre. Uu strongle; reiu droit. Wittcmberg (Simonis Séhultzii, De vermibus in renibus. — Ephem. nat. cur., dec. 1, ann. 3, obs. cclvi, p. 403, 1672). Ruysch, 1664. Un strongle; rein droit. Leyde? (cas cité). Id. 1665, juin. Deux strongles; calcul dans le bassinet; rein gauche. Leyde? (cas cité). Id. Rein contenant un ver (pièce conservée). (Thés, anat., t. VI, n° 113, in On. omn., t. III, p. 49). Amsterd., 1744. Kerckring, 1670. Trois cas , deux strongles dans chacun? Un autre cas? avec un seul ver. Amsterdam (cas cité). Wedel, 1675. Un strongle; reiu gauche. Le ver était rempli d'une infinité de vermicules vivants (in Th. Bartholin, Acta med. phil., t. III, cap. lviii, ex lilt., D. Georg. Wolff. Wedelii. — Andry, ouvr. cit., t. I, p. 64, Collect. acad., part, étrang , t. VII, p. 272). De l'Étang, 1675. Deux strongles; rein gauche. Paris (cas cité). Ch. Rayger, 1676. Deux strongles; rein droit. Paris (cas cité). Boirel, 1679. Un strongle; rein droit. Argentan (Blegni, Nouvelles découvertes, Paris, 1679, lelt. vi, p. 228, et Bonet, Sepulc, lib. III, sect. xxn, addit. obs. n)- Landouillette, 1679. Un strongle long de 3/4 d'aune. Caen (Blegni, ouvr. cit., lettr. vin, p. 358). Drelincourt, 1681. Deux strongles unis par la copulation; rein droit. Leyde (cas cité). Id. 1681. Un strongle long de deux pieds un pouce et demi ; rein droit. Leydë (op. cit., cauicid. 111, § 16). Id. 1681. Un strongle long de 8 pouces; rein droit. Leyde (op. cit., canicidium XI, § 35, 36). CHEZ LES ANIMAUX. — STRONGLE GÉANT. 287 Redi, 1684. Un strongle ; rein gauche. Florence (ouvr. cit., p. 40). Id., 1684. Deux strongles; rciu gauche. Florence (cas ciié). Hartmann (Ph. Jacq.), 1683. Un strongle; rein droit (Ephcm. nal. cur., dcc. II, aun. 4, observ. lxxii, p. 149, 1683). Du Verney, 1694. Quatre strongles, dont trois petits et un long de deux pieds trois pouces. Uretère fort dilaté. Paris (Hist. de l'Acad. roy. des scierie, Paris, 1733, in-4, t. II, p. 213). Mery, 1698. Un strongle long de deux pieds et demi et de quatre lignes de dia- mètre. Paris (Mém. Acad. roy. des scierie., Paris, 1733, in-4, t. II, p. 338, et J. B. Duhamel, Rcgiœ scient. Acad. historia, Paris, 1701, in-4., p. 503). Wolff, 1704. Deu* strongles; rein droit (Ido Wolfii (Jo. Christ.), Observ. med., libri duo, lib. II, obs. iv, p. 185, Quedlimburgi, 1704). Vallisneri (étant étudiant). Un strongle de plus de quatre palmes; rein. Bologne (\nt. Vallisneri, Dell' origine de' vermi, etc., dans OEuvr. cit., t. 1, p. 148). Schacher (Polycarp. Gottl.), 1719 (Panegyris medica, Lips., 1719, cité par Rud., Hist. nat., t. I, p. 83), Valsalva, ann.? Un ver long de trois aunes; rein droit (cité par Morgagui, De sed. et causis morb., etc., epist. xl, § 7). Farcy, octobre 1722. Un strongle; rein droit. Paris? [Mém. de Trévoux, 1722, cité par Pallas, Thèse, p. 19). Moublet, 1726. Un strongle. Paris (cas cité). Liefmann (cas cité). Heucher (cas cité). Van Swieten, 17**. Un strongle; rein gauche. Leyde (cas cité). Sterck, 1740. Trois strongles, rein droit (cas cité). Collet-Meygret, 1802. Un strongle. Paris (cas cité). Godine, 1804. Un strongle, rein gauche (le strongle était situé en partie dans le bassinet, en partie dans l'artère rénale (probablement l'uretère). Paris (Journ. gén.deméd., Paris, 1804, t, XIX, p. 160). Grève (B. A.), 1818. Un strongle long de 2 pieds; rein gauche. Oldenbourg {ouvr. cit.). 2" Chez le cheval. Chabert, 1782. Jument; un strongle; rein gauche. Paris (cas cité). Rudolphi. Un strongle dans sa collection {Eut. hist. nat., t. II, part. 1, p. 213). Leblanc. Strongle trouvé dans le reiu chez le cheval, décrit par Blanchard (Ann. se. nat , Paris, 1849, 3° série, t. XI, p. 187). 3° Chez le bœuf. Rudolphi? (ouvr. et passage cités). Musée vétérinaiiie d'Alfort. Un exemplaire cité par Diesing, p. 328. B. Grève, 1818. Taureau; un strongle long de onze pouces; rein gauche. Olden- bourg (cas cité). 4° Chez les animaux sauvages. Clamorgan. Trois cas chez le loup (cité). 288 AFFECTIONS VERMINKUSES DES VOIES URINAIRES Klein. Huit strongles dans le rein chez le loup (cité). Bi.as Noseda. Six stroDgles dans le rein de l'agouara-gouazou, au Paraguay (cite). Cuvier. Slroogle long de trenlc pouces, du rein d'une fouine. Paris (Brcinser, ouvr. cit., p. 25i). De Blainville. Un stronglc long de 29 pouces, du rein d'une marte. Paris [Dkt. scient, nat., art. Strongle, et Bremscr, p. 52i). Érasme Miller. Six cas de stronglc dans lo rein, chez le Putorius vison. États- Unis (cilé). B. Strongle dans la vessie. François Frank, 1790. Un stronglc long de deux auues et demie dans la vessie d'un chien. Pavio (cas cilé). C. Strongle dans la cavité abdominale. Plasse. Un strongle dans la cavité abdominale, chez le chien ; deux dans le rein. Niort (cité). Stratton. Quatre strongles dans la cavité péritonéale du chien (cité). Budolphi. Deux strongles erratiques dans la cavité péritonéale du loup (cité). Natterer. Strongles dans la cavité abdominale de la loutre. Brésil (cité par Dic- sing, t. II, p. 328). D. Strongle dans le tissu cellulaire adjacent aux organes URINAIRES. Leblanc Trois cas chez le chien. Paris (cité), E. Strongle dans le coeuh. D' Jones. Chez le chieu (voy. Hématozoaires du chien). DEUXIEME DIVISION. VERS RARES, INDÉTERMINÉS, ERRATIQUES OU FICTIFS. PREMIÈRE SECTION. VERS MICROSCOPIQUES ( PROTOZOAIRES). Il n'existe point de protozoaires dans l'urine normale ; il est même très rare d'en rencontrer dans celle qui est altérée par CHEZ L'HOMME. — PROTOZOAIRES. — SPIROPTÈRE. 289 une affection des voies urinaires. Les seuls animalcules qu'on y ait observés jusque aujourd'hui sont des vibrions et des monades. ■1° Vibrioniens (Synops., n° 2). L'urine glaireuse et fétide d'un homme affecté de cystite chronique, offrit plusieurs jours de suite à notre examen un nombre immense de vibrions; le malade, qui était à la Charité, dans le service de M. Rayer, urinait dans un vase très propre et l'examen du liquide était fait très peu de temps après l'émission. Pour nous assurer si les vibrions existaient dans la vessie même, l'urine fut extraite par la sonde et examinée immédiatement après; elle con- tenait néanmoins tout autant de ces animalcules. 2° Monadiens (Synops., n° 3). Des monades d'espèce indéterminée ont été plusieurs fois rencontrées dans l'urine des cholériques. Le docteur Hassall a relevé des observations de ce genre faites dans plusieurs hôpitaux de Londres , pendant l'épidémie du choléra de 1854 (1). Sur vingt-neuf échantillons d'urine qui avaient été rendus au plus tôt vingt- neufheures après la suppression, Thomas Richardson, à VliôpitalSainl-Nicolas, trouva dix fois des monades. Sur quinze échantillons d'urine, William Stevens, à Vh'ôpital Sainl- Thomas, trouva sept fois un grand nombre de monades. Dans un échantillon d'urine examiné par John Brandon, à Y hôpital Saint- Thomas, il y avait un grand nombre de monades. Patrick Reilly, à l'hôpital Saint-Bartholomé, trouva dans deux échantil- lons d'urine un grand nombre de monades. DEUXIÈME SECTION. vers visibles a l'oeil nu (observés une seule fois). CHAPITRE PREMIER. VERS ÉVACUÉS AVEC L'URINE. A. Spiroptère. — Observé par Barnett et Lawrence. « Une fille, âgée de vingt-quatre ans, d'une bonne et forte constitution, fut saisie dans l'hiver de 1806 d'une rétention d'urine qui nécessita l'emploi (1) Besulls of Ihe microscopical and chemical examinalion of seventy-two samples of the urine of choiera patients, in General Board of heallh. London, 1S55, p. 293 et suiv. Davaine. 19 290 AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES UllINAlRES journalier du cathéter. Kilo so plaignait, d'un grand poids à la vessie, de dou- leurs dans les aines, d'engourdissement dans les cuisses ; ello urinait rare- ment, et chaque fois ello rendait quelques gouttes d'urine mêlées de sang. On pensa qu'il existait un calcul dans la vessie, mais l'exploration par la sonde n'en fournit aucun indice... Dans l'été de 1800, elle se confia aux soins de M. Barnett. Alors sa constitution était épuisée, ello était très maigre, sa langue était chargée et offrait souvent un aspect typhoïde ; elle se plaignait de douleurs dans les aines et la vessie, et n'avait uriné depuis six mois qu'à l'aide du cathé- ter. Elle était saisie de douleurs violentes si l'emploi du cathéter était suspendu; alors la douleur et la chaleur brûlante de la vessie étaient très intenses. » Après une nouvelle exploration de la vessie qui ne donna aucune lumière sur le diagnostic, l'état de la malade s'aggrava de jour en jour; un nouvel examen de la vessie fut suivi d'un violent accès de convulsions. Depuis cette époque de semblables accès eurent lieu fréquemment. Une sonde ayant été laissée à demeure, Barnett fut surpris, en la retirant, de trouver un corps qui lui parut un ver engagé dans son ouverture ; il était du volume d'un fuseau à dentelle, d'un pouce et demi de long, et de couleur blanche. Trois vers furent encore expulsés les jours suivants. L'huile de térébenthine fut admi- nistrée intérieurement : la malade rendit encore quatre vers, et sa santé parut s'améliorer ; mais bientôt de violentes douleurs de tête, un érysipèle de la face et du tronc forcèrent à suspendre l'emploi de ce médicament. Injecté dans la vessie avec partie égale d'eau, il détermina de nouveaux symptômes fâcheux, et l'érysipèle. ï Ces moyens ayant échoué, M. Barnett introduisit, le 22 février, une large sonde ouverte à son extrémité, mais garnie d'un stylet qui en remplis- sait l'orifice pendant son introduction ; en retirant le stylet, un libre passage était ouvert aux matières contenues dans la vessie. En moins d'une demi- heure, neuf vers sortirent avec une cuillerée à café de matière sablonneuse. Quatre de ces vers avaient cinq pouces et demi de long. Cinq vers sortirent le 24, un le 25. La nuit suivante, la malade n'eut pas de repos, et les con- tractions de la vessie furent assez douloureuses pour occasionner un accès. Le 28, trois vers furent rendus. Le 2 mars, il en sortit neuf grands; le 6, quatre ; le 9, cinq ; le 17, quatre ; le 23, deux ; le S avril, sept; le 6, sept; le 1 2 avril, une liqueur composée de parties égales d'huile de térébenthine et d'eau ayant été injectée, douze vers sortirent. Le 17, on injecta trois par- ties d'huile de térébenthine et une d'eau, et treize vers furent expulsés. Le 20, on injecta de l'huile de térébenthine pure, et dix vers sortirent. De légers mouvements d'ondulation furent observés dans ceux-ci ; mais ces vers étaient ordinairement morts. Quelquefois les vers qui sortaient par le cathéter cheminaient dans le lit de la malade jusqu'à ses pieds. Elle continua à rendre des vers de la même manière, et M. Barnett suppose qu'il y en eut plus de six centsderendus.Unefoisilsortituneportionde mucus qui enveloppait plusieurs petits vers d'un demi pouce à un pouce de long, qui vécurent trois jours dans l'urine et s'y mouvaient vivement. » CHEZ L'HOMME. — SPIUOPTERE. < — DACTS'LIUS. 291 En avril 1811, cette femme était dans le même état; les vers sortaient toujours en plus ou moins grand nombre; des injections d'huile d'olive procurèrent quelque soulagement dans l'irritation et dans la durée des accès. En juin, un large abcès se forma près du vagin ; il s'ouvrit dans cette ca- vité et procura un grand soulagement ; il en sortit beaucoup de pus et huit ou dix vers chaque jour. En octobre, cette femme est passablement bien ; elle a bon appétit, mais ne peut pas se mouvoir ; elle a parfois des accès comme autrefois et rend encore des vers. Le nombre qui en a été rendu dépasse un millier (1). Ces corps vermiformes, examinés par plusieurs helminthologïstes, les ont laissés dans le doute relativement à leur nature. Rudolphi les a rapportés au genre spiroptère (voyez le Synopsis, n° 65). M. Diesing a commis une erreur en donnant l'indication d'un se- cond cas semblable observé en Amériqne (2). B. Dactylius aculeatus. — Observé par Curling. « Une jeune fille de cinq ans, jusqu'alors bien portante, éprouva, en 1 837, une pneumonie subaiguë ; à plusieurs reprises, elle avait rendu par les selles de petits ascarides ; au commencement de mai, elle maigrit et fut prise de toux ; la fièvre avait le caractère rémittent ; les urines étaient fort troubles. Un traitement bien dirigé fit disparaître ces accidents et l'urine reprit sa cou- leur normale. Le 26 mai, on trouva dans les urines quelques petits vers ; il en fut de même les jours suivants. Le 1er juin, elle rendit par les selles quel- ques ascarides, mais ce jour et les suivants les urines n'offrirent plus rien. On (1) W. Lawrence, Cas d'une femme qui a rendu un grand nombre de vers par Vurèthre, lu le 12 novembre 1812 (Medic. chirur. Transact., t. II, 3e édit. , p. 385, — rapporté m extenso dans Rayer, ouvr. cit., t. III, p. 747 et Atlas, pi. XXVIII, fig. 7). (2) Diesing (ouvr. cit., t. II, p. 223) donne l'indication suivante : Var. B, ma- jor? Brighton, in The Americ. Journ. of Ihe medic. scienc, 1837. — The medic. chirur g. Review, 1837, n° 54, 495. — Froriep's, neue Notiz., VII, 224, etc. Le fait, rapporté dans The American Journal, etc., comme l'indique Diesing, se trouve encore dans London med. Gaz., 1837, vol. XX, p. 666, sous ce titre: Worms in the urinary bladder, simulatling stone in thaï organ ; il a pour auteur le docteur Brigham et non Brighton. Il s'agit d'une femme âgée de trente-cinq ans qui offrait depuis plusieurs années les symptômes d'un calcul de la vessie, mais le cathétérisme n'en fît point recon- naître. «Quinze jours après cette exploration, cette femme rendit par l'urèthre un- ver blanc de la longueur de six pouces, et dès lors tous les symptômes se dissipè- rent. La malade s'est rappelée qu'à l'âge de quatorze ans, à la suite d'une fièvre typhoïde, elle avait eu une rétention d'urine qui s'était dissipée après l'évacuation par l'urèthre d'un ver long d'un pouce. 292 AFFECTIONS VERMINEB8ES DES VOIES URINAIRËS. Constate do nouveau la présence des onlozoaires dans les urines, le 3 juin, et quelques-uns s'étaient présentés seuls à l'orifice de l'urèlhre pendant le cou- rant de la journée. Cette enfant se rétablit rapidement et n'eut aucune affection des voies urinaires. L'urine qui conlonait ces vers, était très colorée et légère- ment acide; lorsqu'ils s'échappaiont les premiers, ils flottaient séparément dans l'urine; mais bientôt ils se réunissaient et se formaient en pelo- tons (1). » Ces vers n'ont été observés qu'une seule fois ; mais ils ont été examinés par Owen et Quekett, dont les connaissances spéciales en helminthologie nous ont engagé a ne pas ranger ce cas parmi ceux qui appartiennent aux pseudhelminthes (voyez le Synopsis, n° 100). C. Tétrastome du rein. — Observé par Lucarelli et Délie Chiaje. «Dans l'été de 1826, une dame sexagénaire, demeurant au Capodimonle , fut prise d'une très vive douleur du rein gauche. L'examen des symptômes me fit croire que la cause du mal était dans quelque calcul ; je prescrivis donc les moyens que l'art conseille en pareil cas ; mais, quoiqu'ils aient été suivis pen- dant longtemps, ils le furent en vain. Les urines, à part une coloration plus foncée, n'offraient rien de particulier. Un jour la malade crut avoir uriné du sang, et j'aperçus au fond du vase des corpuscules de couleur de sang jau- nâtre. Ils ne paraissaient pas être des grumeaux de sang, et ils étaient bien distincts de l'urine qui ne participait pas de leur couleur. La régularité de leur forme me parut tenir à une certaine organisation. J'en recueillis cinq pour les examiner à loisir, d'autant plus que sur mes questions, on me rap- porta qu'on avait observé quelques mouvements dans ces petits corps. Après de minutieuses recherches, je pensai que ces êtres étaient des tétra- stomes, auxquels je donnai l'épithète de rénaux, d'après leur séjour pré- sumé. » Au bout de deux mois la malade mourut... le rein gauche ne présenta à mes investigations que de la mollesse et un volume plus grand que d'ordi- naire. Les calices membraneux qui reçoivent l'urine de la substance tubuleuse, étaient plus amples que dans l'état naturel (2). » Délie Chiaje, qui fit aussi l'examen des entozoaires rendus avec l'urine, les décrit sous le nom de Tetrastoma renalis. Il est à remar- quer qu'il n'a pas été trouvé de ces vers à l'autopsie; c'est donc (1) T. B. Curling, Case of a girl who voided from the urelhra a number of entozoolic worms not hitherto described..., in Med. chir. transact. London, 1839, t. XXIL (Arch.gén. de méd., 1840, et Rayer, ouvr. cit., t. III, p. 753). (2) Lucarelli, Relas. manuscr. (Délie Chiaje, Compend. di elmint. umana. Napoli, 1833, p. 13 et p. 116). ENTOZOAIRES A L'ÉTAT DE LARVE. 293 arbitrairement que ce dernier auteur dit qu'ils habitent dans des fistules rénales (1), et que Diesing ieur donne pour séjour les tubes urinifères (2) (voyez le Synojjsis, n° 47). CHAPITRE II. VERS TROUVÉS DANS LES REINS. A. Pentastome denticulé. — Observé chez l'homme par E. Wagner (voy. Synops., n° 4 03). A l'autopsie d'un peintre, âgé de soixante-deui ans (le 24 septembre 1 856), M. E. Wagner trouva sur le bord concave du rein droit, dans le tiers supé- rieur, un petit corps blanchâtre, comme fibreux, faisant une saillie d'un demi- millimètre à la surface de l'organe. II était irrégulièrement ovale; long de 4 millim., large de 3 millim., et épais d'un demi-millim. Situé sous la capsule du rein qui ne lui adhérait pas, il avait des adhérences tellement intimes avec le tissu propre de cet organe, qu'on ne pouvait l'enlever sans déchirer ce tissu. Ce petit corps était creux en dedans; il contenait une masse jaunâtre qui se brisa en plusieurs fragments lorsqu'on en pratiqua l'extrac- tion. L'examen de cette masse permit d'y reconnaître un entozoaire identique avec ceux qui ont été trouvés à la surface du foie et décrits par Zencker. C'était évidemment un pentastome denticulé (3). B. Ver nématoïde. — Observé chez l'ours par Redi. « Chez un ours mort dans la ménagerie du grand-duc de Toscane, j'ai remarqué entre la tunique adipeuse et la membrane qui, comme un sac, ren- ferme les nombreux lobes du rein de cet animal ; j'ai remarqué, dis-je, entre la membrane adipeuse et ce sac, un grand nombre de vésicules membraneuses dont chacune contenait un ver allongé, très petit et blanc. Quelques-unes de ces vésicules contenaient même deux, et d'autres trois de ces petits vers (4). » C. Ver nématoïde. — Observé chez le chevreuil par Redi. « Chez un chevreuil, une masse grande et dure de glandes s'était déve- loppée dans le rein gauche. Cette masse recouvrait de toutes parts non- seulement le rein, mais encore tous les vaisseaux les plus volumineux du bas-ventre. Cette énorme masse de glandes pesait 5 livres; outre qu'elle cou- (1) Délie Chiaje, ouvr. cit., p. 13. (2) Diesing, ouvr. cit., 1. 1, p. 408. (3) Docteur E.Wagner, Penlastomum denliculatum in der Niere, in Arch.fiir Physiol., etc., von Vierord, 1856, p. 581. (4) F. Redi, ouvr. cit., p. 200. 29fr AFFECTIONS VEItMINliUSLS DLS VOIES URINAIISES vrait entièrement lé rein, elle renfermait six poches dont quelques-unes avaient la grosseur d'une noix et les autres étaient beaucoup plus grandes. Elles con- tenaient toutes dans la cavité d'une double tunique dont chacune était formée, une matière de couleur noirâtre et d'une consistance approchant do celle du beurre. Dans cette matière, j'ai trouvé des pelotons de vers très petits, d'une longueur variable et en nombre tel que j'en ai compté quatre cents. Du reste, les autres viscères de ce chevreuil étaient à l'état sain et le rein lui-même, renfermé dans cette énorme masse de glandes, n'offrait aucune altération (1 ). » D. Ver nématoïde. — Observé chez le chien par Vulpian (voy. Synops., n° 54). « Chez un chien qui avait servi à des études physiologiques (mai 1856), les reins offraient une assez grande quantité de petites tumeurs blanchâtres. La plupart étaient situées sous la capsule propre. J'estime leur nombre à 80 ou 1 00 dans chaque rein. Ces petites tumeurs, grosses, en général, comme des graines de chènevis, étaient for- mées par des tubes urinifères remplis en grande partie de graisse granulaire ou vésiculaire. On voyait, de plus, de la matière amorphe granuleuse et des glo- mérules de Malpighi. Peut-être, ceux-ci étaient-ils dans la petite partie de substance rénale qu'on enlevait avec fig. 12. — Ver du rein ies tumeurs. Dans l'une de celles-ci, j'ai trouvé le observé par M. Vulpian, . , T, . . , grossi 150 fois. 'ver ci-dessus. J avais cru a priori que toutes devaient en contenir ; mais après avoir trouvé ce ver, j'en ai cherché infructueusement dans plus de vingt autres petites tumeurs prises au hasard dans l'un ou l'autre rein (2). » Ce dernier cas a beaucoup d'analogie avec ceux qui ont été ob- servés par Redi. Il est probable que des vers ont été la cause de la formation des tumeurs : si M. Vulpian n'en a pas trouvé dans toutes, c'est sans doute que ces vers, après un certain temps, périssent et disparaissent (3). TROISIÈME SECTION. VERS ERRATIQUES. Les hydatides et les vers de l'intestin pénètrent quelquefois acci- dentellement dans les voies urinaires. (1) V. Redi, ouvr. cit., p. 202. (2) Vulpian, note communiquée. (3) Quoique les faits observés par Redi n'appartiennent pas aux animaux dômes- CHEZ L'HOMME. — VERS ERRATIQUES. 295 Chez la femme, il ne serait pas impossible que les oxyures arri- vassent dans la vessie par le canal de l'urèthre; chez l'homme, les entozoaires de l'intestin n'arrivent dans les voies de l'urine que par une communication accidentelle. Une tumeur du rein qui s'ouvrirait dans l'intestin, pourrait donner accès à des vers intestinaux qui pé- nétreraient ensuite dans l'uretère, puis dans la vessie ; nous ne con- naissons néanmoins aucun fait de ce genre. La lésion qui permet aux entozoaires de l'intestin d'arriver dans les voies urinaires, existe ordinairement à la vessie. Parmi les cas connus, la communication avait pour cause : deux fois le passage d'une épingle du canal intes- tinal dans les voies urinaires ; une fois l'opération de la taille ; dans les autres cas, elle avait été occasionnée par un abcès ou par une affection cancéreuse. Les cas d'entozoaires intestinaux expulsés avec les urines appai> tiennent au ténia, à l'ascaride lombricoïde et aux oxyures. Les caractères spécifiques de ces entozoaires feront reconnaître leur origine. Lorsque l'on aura affaire à de tels vers, il restera à dé- terminer le siège de la lésion par laquelle ils ont pénétré dans la vessie. La connaissance des phénomènes et de la marche de la ma- ladie, l'examen des matières expulsées de l'urèthre ou de l'intestin, l'introduction du doigt dans le rectum et de la sonde dans la vessie, une injection poussée dans ce dernier'organe, seront les moyens du diagnostic. Le traitement de la fistule vésico-intestinale devra être accom- pagné de l'administration de quelque vermifuge, afin de débarrasser l'intestin des vers dont l'introduction dans la fistule pourrait nuire aux moyens dirigés contre elle. Peut-être y aurait-t-il aussi quelque avantage à pratiquer des injections d'eau froide dans la vessie, comme on l'a fait avec succès dans un cas observé par Chapotin. Nous avons rapporté déjà les cas de ténias expulsés par l'urèthre ; nous parlerons ailleurs des hydatides erratiques dans les voies uri- naires. tiques, j'ai pensé que leur rapprochement du fait observé par M. Vuipian offrirait un certain intérêt. Si l'on ajoute aux cas rapportés jusqu'ici ceux d'hydatides des voies urinaires, dont il sera question plus loin, et les cas de trichosomes de là vessie urinaire du renard, du chien, du loup et du rat, on aura l'histoire à peu près complète des helminthes de l'appareil urinaire chez les mammifères. 296 AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES URINAIRES Ier Cas (Fabrice de Hilden). « Anno 1591, vocalus in Garrad ad uxorem quant) inveni laboranlom » vehementissimis circa imum ventrem doloribus, cum manifesta durilic. Hœc j> urinam ot oxcrementa nonnisi cum gravissimis doloribus, parturientis simi- » libus excernebat; febrim, quandoque eliam lypolhymiam patiebalur. Pur- » gato autem loviter corpore ruptus est tandem in vesica abscessus, » isque octo aut novem diebus excretus fuit. Quoties vero rcgra lotium red- » débat (reddebat autem sœpius) simul etiam multum puris fsetidi, innumeris » scatentibus vermibus (quales in caseo nascuntur) eminxit. Inde sedati sunt » dolores aliaque symptomata multisque post annis incolumis vixit (1 ). » IIe Cas (Blaes). « Mulier 26 annorum, mense martio 1673, poslquam circa pudenda dolo- s rem toleraverat summum, cum urina excrevit primo saniosa, hinc puru- » lenta, tandem vermem, spithamse longitudinis, externa facie similem om- » ninô iis quos per os et alvum quotidie excerni notamus, teretes vocalos; » coloris erat flavescentis, ubi primo excernebatur vita adhuc gaudens (2). » IIIe Cas (Claudinus). Il s'agit d'un garçon âgé de sept à huit ans qui avait avalé, en jouant, une épingle longue de deux travers de doigt. « Il souffrit de grandes douleurs de reins et de vessie les deux premières années, car il garda celte épingle cinq ans. Il jeta par les urines des graviers, de petites pierres, des vers vivants, une matière puante et noire, après avoir fait usage d'eaux minérales chaudes. Un jour qu'il avait beaucoup de peine à uriner, il retira de l'urèthre une épingle dont la 'pointe paraissait à l'entrée du canal ; elle était enveloppée, surtout par le milieu, d'une matière plâtreuse (3) » IVe Cas (Alghisi). « J'ai vu à Florence, dit Alghisi, médecin et lithotomiste savant, un enfant âgé de sept ans qui, depuis un an, rendait des vers par le méat urinaire ; il en était sorti par cette voie environ soixante ; les plus grands avaient la gros- seur d'une plume à écrire; ils variaient pour la longueur, l'un atteignait celle d'une aune de Florence; d'autres étaient très petits et appartenaient aux oxyures ; en outre, cet enfant avait rendu par les selles un très grand nombre de ces vers. Quelques médecins pensèrent que les vers qui sortaient de l'urè- thre, s'étaient développés dans les reins ou dans la vessie. Pour moi, obser- vant que tous les vers sortis soit par l'anus, soit par la bouche, ne différaient (1) G. Fabrice de Hilden, op. cit., cent. I, obs. lvi, p. 69. (2) Gerardi Blasii Observ. med-, obs. x (Vermis cum urina excretus. Amst., 1700). (3) Claudinus, Resp. med., xl, p. 147, cité par Vander-Wiel, obs. rares. Paris, 1758, t. II, obs. xviu, p. 196. •, CHEZ L'HOMME — VERS EBRAT1QUES. 297 point d'une manière notable de ceux qui étaient sortis de l'urèlhre, si ce n'est que ceux-ci étaient plus lisses et plus polis, j'eus la pensée d'examiner l'in- testin rectum avec un spéculum , et j'ai aperçu un trajet fistuleux allant du rectum à la vessie; d'où j'ai même vu sortir l'urine : ainsi, j'ai acquis la certitude que ces vers n'étaient point nés dans les reins ou dans la vessie. » En remontant aux antécédents, Alghisi apprit que cet enfant avait eu une petite vérole très grave quatorze à quinze mois auparavant et que depuis lors les vers s'étaient montrés dans les urines (1). Ve Cas (Pereboom). Le ver rendu avec l'urine et dont parle Pereboom dans son mémoire relatif au genre nouveau qu'il désigna par le nom de stomachkle, était certainement un ascaride lombricoïde. Ce ver était vivant lorsque Pereboom l'observa, et de couleur blanche. Le malade étant mort, on trouva, à l'autopsie, des lé- sions profondes de la vessie qui était adhérente au côlon, au caecum et confondue avec le rectum. Il y avait, en outre, des ulcères fistuleux entre la vessie et l'intestin adhérent (2). VIe Cas (Auvity). Il s'agit d'un jeune homme de dix-huit ans, habitant Troyes, qui, ayant rendu par l'usage de médicaments un grand nombre de lombrics, fut pris tout à coup d'une grande difficulté à rendre ses urines ; elles ne sortaient que goutte à goutte et avec douleur. Auvity ne fait aucune mention de dou- leurs lombaires ou rénales. Après avoir pris six bains le malade rendit par le canal de l'urèthre deux vers semblables à ceux qui avaient été rendus par les selles, seulement un peu moins gros et moins longs; aussitôt tous les ac- cidents disparurent (3). VU" Cas (Chapotin). Il s'agit d'un nègre âgé de vingt ans, esclave à l'île de France, qui ren- dait depuis quelque temps avec l'urine du sang et des vers vivants. On fit dans la vessie des injections d'eau froide et dès lors les vers ne sortirent plus que morts. « Ils étaient longs de 3 à 4 centimètres et avaient une parfaite analogie avec les lombrics. Le malade en rendit quinze dans l'espace de cin- quante jours que dura ce traitement qui suffit à sa guérison ; six mois après, il en sortit encore quelques-uns ; on parvint à le guérir en renouvelant les in- jections d'eau froide dans la vessie. Deux ans et demi après cette indisposition, ce noir existait, mais dans le dernier degré du marasme (4). » (1) Ant. Vallisneri, Nuove osserv. int. ail. ovaja de' vermi, etc., in Opère fisico- med. cit., 1. 1, p. 301. (2) Pereboom , Descript. et icon. delin. nom generis vermium slomachidœ dicti, etc., 1772, p. 24, rapporté in extenso dans Brera, Mal. verm. cit., p. 207. (3) Auvity le jeune, Obs. sur des vers sortis par le canal de l'urèthre (Obs. sur la physique, etc., de l'abbé Rozier. Paris, 1779, t. I, p. 379). (4) Chapotin, Topogr. médic. de l'île de France. Paris, 1812, in-8, p. 99. 298 AFFECTIONS VERMINEUSES HES VOIES UR1NA1R.ES L'analogie parfaite de ces vers avec les lombrics, leur nombre bien plus considérable que celui des strongles géants, dont on ne ren- contre chez les animaux qu'un ou deux, et dont on n'a vu qu'une seule fois jusqu'à huit chez le même animal, l'état de marasme de l'individu affecté font conclure qu'il ne s'agit point ici de strongles, mais d'ascarides lombricoïdes parvenus dans la vessie par quelque fistule intestinale. VIIIe Cas (Bobe-Moreau). Il s'agit d'une femme qui avait eu, douze ans auparavant, a la suite d'un accouchement, des douleurs qu'elle rapportait à la région lombaire droite et qui s'accompagnaient ds strangurie; elle était très amaigrie. Elle portait dans l'abdomen deux tumeurs ; l'une arrondie, rénitente, pins grosse que le poing, occupait l'espace compris entre l'hypochondre droit, l'ombilic et le flanc du même côté; l'autre, qui surmontait la précédente, avait le volume, la forme et la flexibilité du doigt auriculaire. La malade éprouvait des élancements doulou- reux très fréquents vers le pubis et le périnée, du ténesme vésical; les urines laissaient déposer un sédiment muqueux, épais, non purulent. Après de lon- gues douleurs, une pleurésie, une fièvre quarte dont chaque accès s'accom- gnait d'hémoptysie, une fièvre tierce ataxique-cholérique, la tumeur se dissipa en partie ; les symptômes du côté des voies urinaires s'amendèrent et la ma- lade devint enceinte. Après l'accouchement, qui fut heureux, nouvelle fièvre ataxique-cholérique grave. Un an après, nouvelles difficultés d'uriner, accom- pagnées des autres symptômes; tout à coup, douleurs] atroces avec ténesme vésical, convulsions à plusieurs reprises; enfin, expulsion par l'urèthre d'un corps que la malade croit être un caillot ; cessation subite des douleurs. L'examen de ce corps montre un ver vivant : « Ce ver, que je reconnus pour un lombricoïde (Ascaris lumbricoides) , dit Bobe-Moreau, avait 6 â|7 centi- mètres de long, était de la grosseur d'une plume à écrire et aminci par ses deux extrémités. » A la suite de cette expulsion, l'état de la malade s'amé- liora, les urines devinrent plus abondantes et faciles; tous les symptômes graves qui indiquaient la présence d'un corps étranger dans la vessie, dimi- nuèrent, etc. (1). IXe Cas (Chopaut). « On m"a montré un ver ascaride sorti par l'urèthre d'un enfant de huit ans, qui en avait rendu plusieurs par l'anus et qui avait une fistule uréthrale pénétrant dans le rectum, à la suite d'une opération de la taille où l'on avait incisé cet intestin avec le col de la vessie (2). » (1) Bobe-Moreau, médecin à Rochefort, Observ, sur quelques espèces de vers {Journ. gén. deméd. de Sédillot, 1813, t. XLVH, p. 3). (2) Chopart, Traité des maladies des voies urinaires. Paris, 1821, 2e édit. t. II, p. 114. CHEZ L'HOMMK. — VERS ERRATIQUES. 299 Xe Cas (Duméril). « M. Duméril m'a dit avoir vu un malade rendre par l'urèthreun ascaride lombricoïde (1). » XIe Cas (docteur William Kingdon). Il s'agit d'un enfant de sept ans qui, au commencement de 1 836, souffrit de rétention d'urine pendant plus de huit jours, après lesquels un ver lombric se présenta au méat urinaire et fut retiré par l'enfant lui-même. Un an après, le même fait se reproduisit et sa mère lui retira du canal de l'urèlhre un nou- veau lombric. Des lombrics se présentèrent ainsi successivement au méat urinaire six mois après, puis en octobre 1838, janvier et avril 1839. L'issue de plusieurs lombrics par l'anus, les douleurs violentes de la région vésicale, les urines purulentes qui enfin sortirent avec les selles, la fièvre vive et con- stante, la perte de la vue, qui se rétablit cependant, la faiblesse extrême et progressive, furent les symptômes les plus remarquables de cette maladie qui se termina par la mort le 1 5 novembre 1 839. « Autopsie. — V appendice vermiculaire, au lieu d'occuper sa place ordi- naire, s'est enfoncé dans le petit bassin, à un pouce environ de sa termi- naison ; il adhère intimement à la région supérieure et latérale de la vessie, un peu au-dessus de la jonction del'urèthre avec cet organe. La vessie elle- même était plus petite et resserrée à sa partie inférieure sur un corps dur, qu'on reconnut être un calcul d'un pouce six lignes de longueur, et de deux pouces neuf dixièmes de circonférence. Les parois vésicales étaient très épais- sies, et s'opposaient presque entièrement au passage de l'urine dans cette direction. La muqueuse de la vessie était ulcérée en deux endroits, et sur la ligne médiane de l'orifice de l'uretère et un peu au-dessus de lui étaient deux ouvertures fistuleuses, à cloison très petite, qui communiquaient avec l'inté- rieur de l'appendice vermiforme ; les deux uretères étaient très élargis et enflammés, et les deux reins, plus volumineux qu'à l'état normal, étaient si complètement remplis de pus, qu'à peine restait-il trace du tissu sain. » Le docteur Kingdon divisa avec soin le calcul, et il trouva dans son centre une grosse épingle dont la présence peut expliquer les lésions décrites ci-dessus. L'enfant a dû avaler l'épingle, qui, après avoir traversé l'intestin grêle, se sera logée dans l'appendice vermiforme. De là l'irritation qui a amené l'adhérence de celui-ci avec l'extérieur de la vessie, puis une ulcéra- tion à travers laquelle l'épingle tomba dans le réservoir, où elle devint le noyau d'un calcul méconnu pendant la vie (2). » XIIe Cas (docteur Peter Clark). « Un homme, âgé de trente-trois ans, rendit par l'urèthre un lombric (Lum- bricus teres) long de onze pouces; depuis dix-huit mois environ, il avait (1) J. Cloquet, Mém. cit., p. 9. (2) London med. chir. Review, juillet 1842, et Ârch. gên. de méd. Paris, 1842, 3e série, t. XV, p. 323. 300 AFFECTIONS VERMINEUSES DliS Y011ÎS DRIMIRES éprouvé les symptômes d'uno nialadio do vessie. Lo doclcur Clark pense qu'une communication entre cet organe et le rectum s'est forméo par ulcéra- tion, et il suppose cpjo le ver est arrivé de l'intestin dans lavossie(l). » XIIIe Cas (Laugieii). « M. Laugier a vu un ver lombric sorti par le canal de l'urethre et qui pro- venait do la vessie où il avait pénétré par une double perforation pratiquée aux parois de cet organe, au point correspondant d'une anse intestinale adjacente. Le malade conserva longtemps après cet accident une fistule inteslino-vési- cale qui finit par s'oblilérer (2). XIVe Cas (Alexandre). 11 s'agit d'un garçon âgé de huit ans, qui, à la suite de la rougeole, évacua beaucoup de vers et conserva une santé fort délabrée. Un jour, un lombric se présenta au méat urinaire ; il en fut extrait par le père de l'enfant, puis on en relira successivement trois autres; le médecin, appelé, en retira encore deux, vivants et longs de 7 à 8 centimètres; l'enfant mourut le lendemain; l'au- topsie ne fut pas faite. Point de détails sur l'état des urines, sur leur émis- sion, etc. (3). QUATRIEME SECTION. PSEUDHELMINTHES DES VOIES URINAIRES. Nous avons fait jusqu'ici l'histoire des vers qui s'engendrent ou qui arrivent accidentellement dans les voies urinaires; parmi les cas nombreux rapportés à ces entozoaires par les auteurs anciens ou mo- dernes, il en est beaucoup qui ne concernent point les vers et qui n'ont été rapportés aux entozoaires que par suite d'erreurs plus ou moins grossières. Dans ces cas, il s'agissait soit de concrétions san- guines ou fibrineuses, soit de vers qui n'avaient point passé par les voies urinaires, soit d'animaux, d'insectes surtout qui s'étaient trouvés accidentellement dans le vase avec l'urine; un autre genre d'erreur encore a grossi le nombre de ces cas, c'est la fausse inter- prétation de faits étrangers aux voies urinaires (4). (1) Docteur Peter Clark, New-York Journal ofmedicine, may 1844, et The Edin- burgh, med. and surg. journal, 1845, t. XXVIII, p. 526. (2) Acad. de médecine, séance du octobre 1855 (Gaz. deshôp., 1855, p. 463). (3) Alexandre, ofûcier de santé à Riancourt (Somme), V Abeille médicale. 1857, p. 168. (4) On cite généralement, depuis Hipp. Cloquet, comme appartenant aux vers des voies urinaires un cas observé par Stromeyer ; mais voici ce cas : « Prœlerea CHEZ L'HOMME. — PSEUDHELMINTHES. 301 § I. — ■ Les concrétions sanguines, dans les cas d'hématurie, peu- vent acquérir une grande consistance et une grande longueur en passant par l'uretère ou par l'urèthre qui leur sert de filière. On trouve dans les Mémoires de l'Académie des sciences pour 1735, l'exemple d'un homme atteint de gravelle qui rendait par l'urèthre des concrétions sanguines grosses comme une plume d'oie et dont quelques-unes ont atteint jusqu'à la longueur de douze aunes. Jac- ques Spon rapporte le cas d'un caillot fibrineux long d'un pied, qui fut pris d'abord pour un ver, et dont un examen plus attentif fit re- connaître ensuite la nature (1). Beaucoup d'observateurs qui n'ont pas pris le même soin sont restés dans leur erreur. On peut regarder comme appartenant aux concrétions tibrineuses ou sanguines les cas suivants : Cas de Tulp. — Ver d'un rouge de sang qui se résolut bientôt en ce li- quide (Nie. Tulpii, Obs. med., Amst., -1672, obs. xux, p. 173). Cas de Plantcovius. — Un religieux de Milan, après une rétention d'urine, rendit avec ce liquide deux vers qui avaient environ une ligne de diamètre et quatre pieds et demi de longueur (J.-L. Hannemann, Ephem. nat. cur., dec. II, ann. 6, 1687 et Coll. acad., part, étrang., t. VII, p. 424). La longueur excessive de ces deux vers doit faire croire qu'il s'agit de con- crétions sanguines. Cas de Léautaud. — Il s'agit d'une rétention d'urine avec un ver velu, tiré de l'urèthre d'un homme (Journ. de mëd. chir., etc. Paris, 1760, t. XII, p. 151). Cas de Decerf. — Homme âgé de cinquante ans, ayant eu des hématuries, des douleurs abdominales et lombaires. En 1 807, il rend un ver tout couvert de sang, de la grosseur d'un tuyau de plume et long de 40 centimètres. A la suite et pendant plusieurs mois, il en rend plus de cinquante semblables à des » puer, Jacob Reischlius filius, 9 anuorum , ex usu decocti cornu cervi usti uni » cum syrupo citri , vesicam quamdam magnitudine nucis juglandis ejecit, quam » dum aperui, lumbricum teretem, longitudine sua dimidiam ulnam superantem » inveni. An hic casus sit rarior, an vero omnes lumbrici ita generentur, nondum j> satis exploratum habeo. » {E-pist., Seb. Stromeyer, Phys. ulmensis, G. Horslio, 1623, in Greg. Horstii, Operum, tom. sec, p. 538, in-fol., Norimbergœ, 1660). 11 est donc question d'un ver rendu par les voies ordinaires et renfermé dans une poche ou vésicule. Rudolphi (t. I, p. 77) rapporte ce fait en quelques mots (De lumbrico vesicaincluso), dans lesquels Hipp. Cloquet (Faune, t. II, p. 118) a vu la mention d'un ver renfermé, non dans une vessie ou vésicule, niais dans la vessie. L'origine de l'erreur de Cloquet se reconnaît dans l'indication bibliographique transcrite avec une lettre surajoutée, comme elle se trouve dans Rudolphi. (1) J. Spon, Act. erudit. Lips. , mai 1684, cité par Choparl, t. I, p. 138. .'502 AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES ^BINAIRES lombrics et variant en longueur depuis 4 jusqu'à 20 centimètres, Gué- rison ()). Ces corps vermiforraes, examinés par Bremser et Duméril, ont été reconnus par ces savants pour n'être que dos concrétions fibrineuses (Decerf, Jown. du méd. chir. pharm. de Corvisart, etc., Paris, 1809, t. XVII, p. 92; et Bremser, otivr. cit., p. 256). § II. — Les oxyures ou même les ascarides lombricoïdes errati- ques dans le vagin ou la vulve, balayés par l'urine, pourraient être pris pour des vers venus de la vessie. La même méprise pourrait être commise chez les petites filles relativement à des lombrics qu'on trouverait dans le vase avec l'urine, quoiqu'ils n'auraient point été rendus avec ce liquide. On peut regarder comme appartenant à cette catégorie les cas suivants : Cas de N. Àndry. — Jeune fille de sept ans qui rendit par les urines quatre petits vers, après avoir pris de l'eau de fougère; ces vers étaient blancs, menus et sans pieds (Andry, ouvr. cit., t. I, p. 123). Cas de Guillaume Remer. ■ — Nous croyons devoir rapporter aux faits de cette catégorie un cas observé par Guillaume Remer, malgré l'autorité de Ru- dolphi qui le regarde comme appartenant au strongle géant (Rud., Hist. nat., t. I, p. 141). Il s'agit d'une jeune fille de dix-huit ans, atteinte d'épilepsie, qui rendit, le 12 novembre 1802, par l'urèthre trois vers (ascarides lombricoïdes) et le jour suivant deux autres. La mère de la malade vint en aide à sa fille pour extraire ceux-ci. Quelques jours après la jeune fille en rendit avec les garderobes, sept, puis onze, plus tard encore d'autres, mais il n'en fut plus rendu par les urines. Le bas-ventre avait été ballonné et résistant. Il n'est point parlé de douleurs de reins, ni de rétention d'urine, etc. Guillaume Remer chercha en vain une communication entre l'intestin et la vessie ; l'urine est constamment restée claire. L'examen anatomique qui a été fait des vers, démontre qu'ils appartenaient aux ascarides, car la vulve était située vers le quart antérieur du corps et l'oviducte se divisait en deux branches; or, on sait que la vulve, chez le strongle géant, est située près de la bouche et que l'oviducte est simple. Il n'est donc point question ici de vers développés dans les voies urinaires ; l'absence de toute lésion apparente de la vessie, de matières intestinales dans les urines, et de dysurie doit faire aussi conclure qu'il n'est point question d'un lombric intro- duit accidentellement, dans ces voies. Nous présumons que des ascarides chassés du rectum pendant une attaque d'épilepsie, se seront introduits dans le vagin à (1) L'auteur de l'article Cas rares, du Dict, des se. méd., rapporte ce fait sous le nom de Démet. CHEZ L'HOMME. — PSEUDHELM1NTHES. 303 l'insu de la malade, et que celle-ci, comme sa mère, les trouvant hors de leurs voies naturelles, aura pensé qu'ils étaient dans le canal de l'urèthre (Wilh. RemeruEpilepsievonSpuhourmern und merlavurdige art der Ausleerung dieser Wïtrmer; in Hufeland med. Journ.^t. XVII, part, n, p. 116). Cas de Maceroni, — Il s'agit d'une petite fille, âgée de quatre ans, qui, dans le cours d'une fièvre nerveuse, perdit la parole pendant quatorze jours ; ayant rendu une grande quantité d'urine dans laquelle la mère trouva un ver vivant, la malade se rétablit bientôt après. (Metaxà, Mem.zool. med. 72, cilé par Délie Chiaje, ouvr. cit.', p. 108.) Cas de P. Frank. ■ — « Une demoiselle de Vienne, âgée de sept ans, après être sortie d'un typhus très grave, rendit avec l'urine une trentaine de ces vers (oxyures); ils étaient encore vivants au fond du vase, nous les sépa- râmes de l'urine en filtrant ce liquide... » (Ouvr. cit., t. V, p. 347.) § III. — Quant aux animaux différents des vers intestinaux qui ont été pris pour des entozoaires venant des voies urinaires, les exem- ples en sont nombreux. Le plus simple examen montre le défaut de la plupart de ces faits, car, soit par la description, soit par les figures que les auteurs ont données, on voit qu'il s'agit d'animaux tantôt velus, tantôt pourvus d'antennes, d'yeux, d'ailes ou de pattes. On a même pris de véritables coléoptères pour des vers de l'urine. Une erreur de ce genre fut un instant commise par Valsalva qui soumit à l'épreuve de divers médicaments de petits insectes noirs, semblables à des scarabées, trouvés dans l'urine d'un malade atteint • de gravelle. La rencontre d'insectes de la même espèce dans la chambre du malade fit cesser les expériences (1). Ruysch, ayant mis dans une capsule, pour les examiner à loisir, des vers trouvés dans le vase de nuit d'un de ses malades, les vit, deux jours après, transformés en mouches ; il ne restait plus des vers que leur enveloppe de nymphe. Le célèbre anatomiste s'explique la présence de ces nymphes dans les urines par l'introduction des larves dans le méat et le canal de l'urèthre, larves qui se seraient transfor- mées en nymphe au col de la vessie (2). Il n'est pas aujourd'hui de médecin qui, en présence d'un pareil fait, ne reconnaisse que ces vers se sont trouvés accidentellement dans le vase ou le malade a uriné. Les observations de vers de l'urine pourvus de pieds, d'antennes, (1) Morgagni, De sed., etc., epist. xlh, § 6. (2) Ruysch, Thés. anat. prim, arcula quarto, tab. m, fig. v, p. 32. 30/i AFFECTIONS VERMINBCSES DES VOIES URINAIRF.S ou d'ailes ne sont que le produit d'erreurs semblables ; telles sont les suivantes : Cas d'Amd. Paré. — 4° L. Duret, interprète d'IIippocrato, rendit avec les urines un animal rougo semblable à un cloporte. 2° Paré rapporte un cas ana- loguo du comte de Mansfeld. (OEuvrcs de Para, édit. J. F. Malgaigne, t. III, p. 35). Cas de Guidi Guido. — Il s'agit d'un ver cornu. avec une cuirasse dure (Vidus vidius junior, lib. X, cap. xiv, De curât, membralim, cité par Schenck). Eh. Hagendorn rapporte qu'une petite fille de quatre ans, après avoir eu la variole, rendit pendant quelque temps avec les urines des vers ailés et vi- vants (Eph. nat. car., dec. I, ann. 3, p. 39). Cas de Ronsseus. — Il s'agit d'un ver semblable à une sangsue, ayant deux têtes, qui fut expulsé par un vieillard avec des urines sanguinolentes, et qui, conservé dans de l'eau froide, vivait sept jours encore après son expul- sion. (Bald. Ronss., in Epist. medicin., X, p. 41 , op. cit.) Pierre Pacheco, médecin de Lunelle, vit rendre en 1626, par une dame polonaise qui souffrait de violentes douleurs de reins, un grand nombre de vers de la longueur d'une aiguille, noirs et cornus (J. Rhodius, ouvr. cité, cent, m, p. 4 55; plusieurs histoires du même genre sont citées par Rhodius dans les §35 et 36.) Tdlp rapporte deux observations : 4° « Undevigenti vermicuii excreti. » Vers ayant deux cornes et un grand nombre de pieds. 2° « Cottidianus ver- » mium mictus. » Vers ayant des pieds (Tulpii, op. cit., obs. l, p. 4 73 et obs. li, p. 4 74). Cas de Bartholin. — Insecte ayant la forme d'un scorpion (Hist. anat., cent IV) . Cas de Turberville. — Femme épileptique ayant rendu longtemps avec les urines des vers courts et munis de pieds (Trans. philos., n° 4 67, 4 685, et Coll. acad., part, étrang., t. VII, p. 82). Cas de Ed. Tyson. — Nymphe de sauterelle (Collect. acad., part, étrang., t. VII, p. 878). Cas de Barry. — Homme sujet à des hématuries qui rendit avec les urines un ver dont on put voir la bouche, les yeux et les anneaux circulaires (Essais d'Edimb., t. VI, p. 384, rapp. in extenso, par Chopart, ouvr. cil., t. II, p. 138). Cas de Bianchi. — Vieillard rendant avec l'urine des vers oblongs, sem- blables à des oxyures, ayant une tête munie de cornes, six pattes, etc. (Op. cit., p. 327, tab. m, fig. 4 7). Cas de Harvey Campbell (vers dans la vessie urinaire). — Ces vers, rendus CHEZ L'HOMME. — PSEUDHELMINTHES. 305 au nombre de trente, avaient un demi-pouce de longueur et des jambes dis- posées en deux rangées (American Joitm. of the med, science et Gaz. mèd. de Paris, t. VI, p. 125, 1838). § IV. — Cas incertce sèdis . Parmi les cas qui appartiennent pro- bablement soit aux vers erratiques, soit aux concrétions fibrineuses soit à des animaux autres que des vers, il en est que l'on ne peut ranger avec quelque certitude dans l'une ou l'autre de ces catégo- ries, les auteurs n'ayant point donné de détails sur l'état des ma- lades ou sur la constitution des corps observés ; d'autres fois ils en ont donné qui n'admettent aucune explication. Scaliger attribue la mort d'un de ses malades à des vers qui s'étaient for- més dans la vessie et qui avaient mis obstacle aux cours de l'urine. Ces vers étaient lisses, blancs, avec des yeux de feu et un rostre aigu (J. Scaliger, in Arist., Comment, cit., lib. V, § 213, p. 597). Argenterius et Rondelet rapportent le cas d'un homme mort avec de vio- lentes douleurs de reins, chez lequel on trouva un dragonneau de la longueur du doigt index pourvu d'ailes et d'une queue (cilé par Leclerc, op. cit. p. 276). Gentilis a vu un homme qui eut la fièvre quotidienne avec une douleur des reins et qui, dans la convalescence, rendit avec les urines des vers petits et plats. La douleur alors cessa (Canon Avicen., Comment. , ad lib. III, fenn. I tract. 2, cap. m, et Schenck). Aloysus Mundella parle de vers rendus avec l'urine, longs comme le doigt, semblables à ceux de l'intestin et rouges (Dialogo VI, cité par Marcellus Donatus, op. cit., p. 155). Thomas Mermann, médecin du duc de Ferrare, a vu une femme atteinte de dysurie guérir après avoir rendu par les urines un ver long d'une coudée (Andry, ouvr. cit., t. I, p. 295). Ferkel dit avoir vu de petits vers nés dans les reins qui avaient été rendus avec l'urine (Pathol., lib. VI, cap. x, et Schenck, obs., etc.). Houillier dit avoir vu de longs vers rendus avec les urines après de grandes douleurs des lombes (Hollerius, De morbis internis, lib. I, cap. liv, p. 419, in Scholiis. Paris, 1664). Th. Bartholin rapporte qu'un petit ver rouge, long comme une phalange du doigt, a été rendu avec l'urine par un enfant atteint de strangurie (Act. de Copenhague, obs. xxi, 1677-1679, et Colleet. acad., part, étrang. , t. VII, p. 336). «L'an 1633, dit Covillard, M. de Sillol me fit voir un enfant âgé Davaine. 20 30(i AFFECTIONS VERMINEUSES DES VOIES L'RINAIRES d'environ cinq ans, lequel ayant été travaillé durant plusieurs jours de la ver- mine avec fièvre ardente, tomba dans une légère suppression d'urine; et en- suite la nature poussa dehors par la verge, avec les urines, un vermisseau excédant un pied de sa longueur ; le lendemain lui étant arrivé pareille chose* ces animaux, sortis extraordinairement par ce conduit, me jetèrent dans quel- que élonnement » (J. Covillard, Obsero. iatro-chirurgiques, ouvr. publ. en 1639. Strasbourg, 4 79-1, p. 119.) Le R. P. Camerin rendit longtemps par les urines du sang, des flocons de vers et enfin un animal qui ressemblait à une petite vipère, après quoi il fut guéri (Blegny, Nouv. découv. cit., p. 135, 1679, rapporté in extenso dans Rayer, Maladies des reins, t. III, p. 745). Mauche a vu un garçon de six à sept ans rendre par la verge un ver velu, long de sept à huit travers de doigt et gros à proportion, et cela après avoir souffert près d'une année de grandes douleurs de reins qui durèrent jusqu'à ce que le ver fut rendu avec du sang caillé qui sortit peu après (Elegny, Nouv. découv., lett. VII, p. 317, 1679; et Bonet, Sepulc. , lib. III, sect. xxu, addit. obs. h, t. II, p. 597). Séger a vu un enfant de onze ans rendre avec les urines un paquet de vers renfermés dans une sorte de sac (rapporté par S. Schultz, Ephem. nal. cur., déc. I, ann. 8, 1677, et Collecl. acad., partétrang., t. III, p. 324). Olaus Borrichius raconte qu'un homme atteint d'une fièvre quarte rendait de temps en temps avec les urines des vers morts, plus longs et moins gros que les vers de terre (Act. de Copenhague, 1677-1679, obs. lxx, et Coll. acad., part, étrang., t. VII, p. 368). Spechtius a trouvé un petit ver dans une vessie dont le bas-fond était ulcéré (cité par Bonet, Sepulc, lib. III, sect. v, obs. xx). Cousin rapporte qu'un soldat rendit par l'urèthre un ver rond de huit pouces de longueur. Il en avait rendu beaucoup d'autres semblables depuis plusieurs années (Acta helvet., t. VIII, p. 192, cité par Borsieri, Instit. med. Lipsise, 1826, t. IV. cap. x, § 132, p. 366). Du Monceau, médecin à Tournay, rapporte qu'un homme, âgé de cinquante ans, expulsa deux vers avec une urine sanguinolente et deux autres le surlen- demain, l'un de ces vers avait la longueur du doigt, l'autre était plus petit. — Pas de caractères de ces vers ; absence de détails concernant une maladie des reins ou de la vessie. II parle d'un cas semblable observé chez une femme par un médecin de sa connaissance (Journ. de mecf.de Corvisart. Paris, an XIII, t. X, p. 11). Cas de Géron. — Femme, douleurs aiguës dans les lombes et dans les parties voisines, ischurie. Un ver est rendu le 15 janvier (1788);" un autre est tiré de l'urèlhre, le 22, par la garde-malade; nouveau ver le 26. Guérison CHEZ L HOMME. — PSEUDHELMINTHES. 307 en quelques semaines. — Absence de détails propres à éclairer le fait; point de description des vers (Ancien journ. de méd. , t. LXXX, p. 210, 1789). Cas de Kuhn. — « Un garçon de six ans, d'une bonne constitution, avait été attaqué tout à coup, en mangeant, d'un tétanos que des onctions antispas- modiques ont dissipé facilement. Le malade, s'étant endormi ensuite profon- dément, a eu une sueur qui s'est soutenue pendant six heures. A son réveil, il a pris le pot de nuit et a rendu avec des douleurs interrompues une grande quantité d'urine dans laquelle on a vu plus de deux cents ascarides (oxyures) dont la plupart étaient encore en vie. L'urine était naturelle, claire, sans glaires ni graviers; une poudre laxative n'a pas l'ait évacuer de vers. L'évacua- tion finie, l'enfant a joui d'une bonne santé. » (Diss. de ascarid. per urin. emissis, aut. J. A. Fried, Kuhn. Ienae, 1798, elJourn. deSédillot, 1. 1, p. 222, Paris, an VII.) Nous rapportons ce fait avec tous ses détails parce qu'il est généralement cité comme un cas d'oxyures rendus avec l'urine, mais comment croire d'une part que ces oxyures avaient vécu dans la vessie sans occasionner d'acci- dents, et d'une autre qu'ils sont sortis, tout à coup, tous à la fois? Au reste, d'où seraient-ils arrivés dans la vessie, puisqu'il n'en existait pas dans l'in- testin? Ce cas concerne sans doute, comme celui de Ruysch, des larves de mouche qui se sont trouvées accidentellement dans le vase de nuit. « Ballakd a vu sortir de la vessie d'un homme vivant un ver long de trente pouces, gros comme une première corde à violon, ne ressemblant à aucun ver connu, si ce n'est un peu aux lombricaux, ce ver vivait encore au moment de sa sortie. » (Journ. milit. et Nouv. journ. deméd., chir., etc., de Béclard, 1819, t. IV, p. 168). Fb. Pascal rapporte que « chez un jeune homme de vingt-deux ans qui éprouvait de véritables accès d'épilepsie, l'usage du calomel à haute dose et des boissons amères déterminèrent la sortie d'une grande quantité d'oxyures vermiculaires par l'anus, et d'une trentaine de vers du même genre, mais très petits, par le canal de l'urèthre. Les phénomènes nerveux cessèrent après cette dernière évacuation. » (Traité des malad. des voies urin. de Chopart, t. I, p. 141, note, 1821). LIVRE DEUXIEME. VERS BANS MES CAVITÉS CLOSES NATUREEEES OU ACCIDENTELLES. PREMIÈRE PARTIE. AFFECTIONS VERMINEUSES DU SYSTÈME SANGUIN. HÉMATOZOAIRES. L'existence de vers libres dans les vaisseaux de certains animaux est un fait constaté depuis longtemps. Ces vers ont été désignés sous le nom & hématozoaires et réunis en un groupe distinct. Si cette réunion permet d'embrasser dans une étude générale les questions de physiologie et de pathologie que soulève la présence des ento- zoaires dans le système sanguin, au point de vue de la zoologie elle est purement artificielle. On connaît des hématozoaires chez les mammifères, les oiseaux, les reptiles, les poissons, et chez plusieurs invertébrés. La plupart de ces entozoaires sont microscopiques, dépourvus d'organes géni- taux, et circulent avec le sang dans tous les vaisseaux. Un très petit nombre atteignent des dimensions plus considérables et sont pourvus d'organes génitaux. Ceux-ci se trouvent généralement dans une portion déterminée du système circulatoire. Les mieux connus parmi ces derniers sont : Chez l'homme, le Disiomum hcematobium, qui se trouve dans le système veineux abdominal ; Chez les solipèdes, le Sclerostomum aneurysmalicum, qui se trouve dans le système artériel abdominal ; Chez le marsouin, le Pseudaliusjïlum et le Stenurus inflexus, qui se trouvent, le premier dans l'artère pulmonaire et ses divisions, le second dans les sinus de la base du crâne. Ces hématozoaires peuvent se rencontrer dans les vaisseaux de plusieurs organes, mais c'est toujours dans le même système; ainsi, la pseudalie n'a été rencontrée que dans des vaisseaux à sang vei- AFFECTIONS VERMINEUSES DU SYSTEM li SANGUIN. 309 lieux ; le sclèrostome anèvrysmatique ne l'a été que dans des artères, au moins aucune observation ne prouve que les vers qui ont été trouvés dans les veines, chez le cheval, appartiennent à cette espèce d'entozoaire. Il existe aussi chez le chien des hématozoaires adultes, mais leur étude est encore fort incomplète ; ils paraissent appartenir à plu- sieurs espèces ; la moins rare est l&Jilaire hêmatique, qui se trouve dans les cavités droites du cœur. Les entozoaires du sang appartiennent aux nématoïdes, aux tré- matodes ou aux protozoaires. Il en est qu'on ne peut encore rap- porter à un ordre déterminé. L'origine de ces parasites, comme celle de la plupart des entozoaires, est généralement inconnue. Si ceux qui sont pourvus d'organes gé- nitaux se reproduisent dans la cavité qu'ils habitent, on se demandera par quelle voie se transmettent-ils d'un individu à l'autre, et com- ment se fait-il que leur nombre soit en général assez limité, quand celui de leurs œufs ou de leurs larves est extrêmement considérable l Quelques faits récemment observés permettent de penser que plusieurs des hématozoaires dépourvus d'organes génitaux sont les larves d'un helminthe qui vit dans les vaisseaux mêmes ou dans les organes de l'animal envahi. Les petits vers nématoïdes du sang de la grenouille, désignés sous le nom d' Anguillula intestlnalis par Va- lentin qui les a découverts, sont, à n'en pas douter, les larves d'une filaire que l'on rencontre, chez ce batracien, dans le voisinage des gros vaisseaux de la poitrine. Ce fait, constaté par M. Vulpian, jettera sans doute quelque clarté sur l'origine des larves des néma- toïdes, qui circulent avec le sang dans les vaisseaux de plusieurs autres animaux (1). Déjà Ecker avait vu un fait analogue, mais moins probant chez le corbeau (2). On comprend que l'on ne puisse trouver sur les tuniques des vais- seaux la trace du passage de ces larves microscopiques; or, on ne peut d'avantage espérer de reconnaître celle du passage des héma- tozoaires adultes et relativement très volumineux qui habitent les artères ou les veines de certains animaux ; car c'est à l'état de larve que ces entozoaires ont dû arriver dans la place où on les trouve (1) Vulpian, Noie sur les hématozoaires filiformes dé la grenouille commune (Mém. Soc. biologie, 1854, t. I, 2e série, p. 123). (2) Eckerj Mullêr's Afch. allât, phys., 1845, p. 501. 810 AFFECTIONS VERMINEUSES DU SYSTÈME SANCJl'lN adultes. 11 se peut même que ces larves aient pénétré dans le sys- tème sanguin par les vaisseaux capillaires et se soient arrêtées en- suite dans la portion déterminée de ce système où elles doivent prendre leur développement ultérieur; aussi nous ne serons point surpris du résultat des recherches de MM. Trousseau et Leblanc, sur le sclérostome des artères du cheval : « Nous avons recherché avec soin, disent ces auteurs, des traces de cicatrice sur la mem- brane interne, et nous n'en avons jamais rencontré. Nous voulions, en effet, connaître la route qu'avaient suivie les entozoaires pour arriver dans l'intérieur du vaisseau, et nous devons dire que jusqu'ici nous l'avons cherchée sans pouvoir la trouver (1). » Certains animaux reçoivent héréditairement la disposition aux hématozoaires ; c'est ce qui a été reconnu pour le chien parMM. Gruby et Delafond. On pourrait attribuer cette "prédisposition au fait de la communication des hématozoaires de la mère au fœtus par la circu- lation placentaire; c'est même de cette manière que quelques hel- minthologistes ont expliqué la transmission des entozoaires en gé- néral ; mais, si nos connaissances physiologiques relativement aux communications de la mère avec le fœtus, n'infirmaient cette manière de voir, un fait observé par M. Chaussât la détruirait complètement : « Ayant examiné, dit M. Chaussât, le sang d'une femelle pleine du rat noir [Mus rattus L.) dont le sang offrait un très grand nombre de ces animalcules filiformes, je cherchai si le sang contenu dans le cœur et les vaisseaux de cinq fœtus qu'elle portait en contenait éga- lement. Je ne pus en découvrir un seul, et ce fait, au point de vue physiologique, présente peut-être quelque intérêt (2). » Les jeunes animaux sont moins sujets aux hématozoaires que les vieux. Les observations de M. Rayer sur le sclérostome des artères du cheval, celles de M. Chaussât sur l'hématozoaire du rat noir, et celles de MM. Gruby et Delafond sur celui du chien, s'accordent sur ce point. Chez la plupart des animaux, les hématozoaires n'occasionnent aucun phénomène appréciable dans la santé, aucun désordre dans les organes. Leur présence paraît généralement compatible avec l'intégrité de toutes les fonctions. Quelques-uns de ces vers cepen- (1) Recherches anat. sur les malad. des vaisseaux (Arch. gén. de méd,, 1828, t. XVI, p. 198). . (2) J. B. Chaussât, Des hématozoaires (thèse, 1850, p. 26).' CHEZ, L'HOMME. — HÈMATOZ.OAIKES. 311 dant ne sont point inoffensifs ; ils occasionnent des désordres locaux et peut-être quelques troubles dans les fonctions du système ner- veux doivent-ils leur être attribués dans des cas dont nous parlerons bientôt. Nous n'aurons à nous occuper ici que des hématozoaires de l'homme et de ceux du cheval et du chien, les seuls animaux domes- tiques chez qui l'on ait encore rencontré des hématozoaires. PREMIÈRE SECTION. HÉMATOZOAIRES DE L'HOMME. L'opinion que le sang de l'homme contient quelquefois des vers n'est pas nouvelle. On trouve dans les anciens auteurs plusieurs faits qui s'y rapportent ; mais c'est de nos jours que l'existence d'en- tozoaires dans le sang de l'homme a été mise hors de doute ; toute- fois les faits qui concernent les hématozoaires réels de l'homme sont bien différents de ceux qui ont été rapportés anciennement et ne les confirment en aucune manière : les hématozoaires de l'homme ap- partiennent généralement à l'ordre des trématodes, tandis que les vers que nos devanciers croyaient avoir vus dans le cœur ou dans les vaisseaux veineux et auxquels ils avaient donné le nom de vers sanguins, appartiendraient à l'ordre des nématoïdes. Tous ces faits ont été généralement regardés par les helminthologistes modernes comme mal interprétés, et peut-être n'en est-il aucun qui mérite d'occuper un auteur sérieux. Plusieurs médecins ou naturalistes, nos contemporains, attribuent à l'homme des hématozoaires microscopiques dont l'existence est tout aussi contestable que celle des vers sanguins. Klencke assure avoir vu dans le sang, chez l'homme, des animaux semblables aux infusoires et rapporte à leur présence la manifesta- tion d'accès périodiques de vertige (1). Gros dit qu'on en a rencontré dans le sang d'individus atteints de syphilis (2) ; mais M. Chaussât a vainement recherché des hématozoaires microscopiques chez des in- dividus atteints d'affections syphilitiques récentes ou anciennes et (1) Klencke, NeuePhysioU, Abhandl. Leipz., 1843, p. 163. (2) Gros, Obs. et ïnduct. microsc. sur quelques parasites, 1845. 312 AFFECTIONS VliHMlNIiUSJiS OU SYSTÈME SANGUIN dans un grand nombre d'autres maladies (1). Quoique les recherches microscopiques soient aujourd'hui très communes, nous ne connais- sons aucun observateur qui ait fait mention, depuis quelques années, d'hématozoaires microscopiques chez l'homme (2). Nous parlerons d'abord des hématozoaires vrais, ensuite des en- tozoaires qui, vivant normalement hors du système sanguin, se trouvent dans ce système accidentellement, en apparence au moins, et comme par une erreur de lieu. Nous rapprocherons de ces héma- tozoaires accidentels d'autres vers qui ont été trouvés dans des tu- meurs et dont, suivant nous, le siège primitif a été les vaisseaux de la partie affectée. En troisième lieu nous rappellerons les cas d'héma- tozoaires fictifs. CHAPITRE PREMIER. HÉMATOZOAIRES VRAIS. Distome kœmatobie (Synops. , n° 38). On ne connaît point en Europe d'entozoaire qui fasse son séjour normal dans les vaisseaux sanguins chez l'homme; mais en Egypte, un ver du genre distome se trouve fréquemment dans les vaisseaux des organes abdominaux. C'est en 1851 qu'il a été observé pour la première fois. M. Bilharz, qui l'a découvert, et M. Griesinger nous ont donné tout ce que l'on sait aujourd'hui de cet hématozoaire (3). Le distome heematobie n'a encore été observé qu'en Egypte; il y est très commun, car sur 363 autopsies, il a été trouvé 117 fois par M. Griesinger. Il paraît plus commun de juin à août, et plus rare en septembre, octobre et janvier. Il existe dans la veine porte et dans les veines mésaraiques, hépa- tique, liénale, intestinales et viscérales. 11 ne paraît point occa- sionner de désordres dans les troncs principaux de ces vaisseaux, mais il en détermine dans les capillaires et dans les membranes muqueuses. «» . (!) Chaussât, Thcs. cit., p. 14. (2) Toutefois on a considéré les globules blaucs comme doués d'une vie propre (voyez le Synopsis, art. Protozoaires). (3) Bilharz et V. Siebold, Mém. cit., p. 59s 71, Î2. — Bilharz, même ouvr., p. 454. CHLZ, L'HOMME. — DISTOME 1I7EMATOBIK. 313 A. — La présence du distome hœmatobie dans les vaisseaux des parois delà vessie occasionne des lésions variées. Dans le degré le plus faible, la membrane muqueuse vésicale offre des taches plus ou moins circonscrites, formées par une hypérémie très forte et par du sang extravasé, avec du gonflement; en ces points adhèrent des mucosités et des masses d'exsudation contenant des œufs de distome. Les taches varient entre la dimension d'une lentille et celle d'un franc ; elles existent habituellement sur la paroi postérieure de la vessie ; il est rare que la muqueuse vésicale soit partout injectée et ecchymosée. L'urine est pâle et claire, muqueuse, et contient quelquefois des œufs du parasite. Dans un degré plus avancé, la membrane muqueuse de la vessie offre des élevures molles, fongueuses, d'un gris jaunâtre , avec des taches pigmentaires ; elles ont jusqu'à une ligne d'épaisseur et renferment des extravasations sanguines; ces élevures sont quelquefois recouvertes d'une croûte calcaire formée en partie par une agglomération d'œufs de distome, des coques, et des sels de l'urine ; rarement on trouve sous ces croûtes de véritables ulcé- rations. Dans d'autres cas , ce sont des excroissances ou des végétations isolées ou bien agglomérées, de la grosseur d'un pois à celle d'un haricot, jaunâtres et ecchy- mosées, d'une à trois lignes de hauteur, verruqueuses ou fongueuses, à forme variée fig. 13. — Distome h#mà'u>bïé, et comparables aux condylomes; elles ont tSïwiï%îZïfcvivf™ pour baseletisSUSOUS-muqueUX. CetissU est plication des lettres, voir le . j, . ,, n. j.f Synopsis). souvent d un jaune grisâtre, ramolli, dil- fluent, infiltré de sang coaguléou de pigment ; la membrane muqueuse qui le recouvre est souvent épaissie, mais elle a sa consistance nor- male. Dans les autres points, cette membrane est généralement un peu hypertrophiée. Le péritoine vésical est quelquefois aussi le siège d'excroissances verruqueuses ou semblables à des crêtes de coq. A la base des excroissances, Bilharz a trouvé des distomes hasmatobirs et leurs œufs dans les exsudations qui recouvrent la membrane muqueuse. B. — Des lésions semblables à celles de la vessie se trouvent aussi 3U AFFECTIONS VERM1NEUSES DU SYSTÈME SANUl'JN sur la membrane muqueuse des uretères et, dans des cas plus rares, sur celle du bassinet. Elles consistent dans des plaques irrégulières, isolées, d'un gris jaunâtre, un peu élevées, recouvertes d'une couche de graviers urinaires d'un noir foncé, ayant le toucher du sable. Ces graviers sont constitués par une agglomération d'oeufs de distome vides ou contenant un embryon, par du sang, des corpuscules d'ex- sudation et des cristaux d'acide urique. ]1 existe en même temps un épaississement du tissu sous-muqueux et quelquefois de la couche musculaire, qui amène des rétrécissements et par suite des dilatations plus ou moins considérables des uretères ; de là résultent îles réten- tions d'urine et toutes leurs conséquences. La membrane muqueuse du bassinet et des calices est injectée ; les reins sont généralement volumineux et gorgés de sang. Ces organes finissent par subir une dégénérescence graisseuse, ou bien l'on observe la pyélile, la dila- tation du bassinet et des calices et l'atrophie de la substance rénale. Il n'est pas rare de voir les ovules du distome hsematobie consti- tuer le noyau de graviers ou de pierres dont les couches extérieures sont formées d'acide urique. Ces graviers se trouvent dans le rein, l'uretère ou la vessie. Peut-être est-ce à la présence fréquente du distome hsematobie dans les voies urinaires qu'il faut rapporter la fréquence des graviers ou des ulcères des reins dont les Égyptiens étaient fort souvent affectés au temps de Prosper Alpin (1). C. — Dans le gros intestin il se trouve assez fréquemment des alté- rations semblables à celles de la vessie, telles que des épanchements sanguins , des dépôts dans l'épaisseur et à la surface des tissus muqueux et sous-muqueux, des excroissances verruqueuses et fongueuses et des agglomérations d'oeufs dans les vaisseaux de la membrane mu- queuse. Les œufs du distome hsematobie sont souvent fixés par ran- gées dans ces tissus et dans des exsudations pseudo-membraneuses qui recouvrent des ulcérations intestinales. Après la rupture des vaisseaux, ces ovules sont mis en liberté à la surface de la membrane muqueuse. L'existence de ce distome dans les vaisseaux des intes- tins n'est point en relation avec les dysenteries aiguës ou chroniques qui sévissent endémiquement en Egypte, car MM. Bilharz et Grie- singer ont pu se convaincre que la dysenterie atteint des individus tout à fait exempts de cet entozoaire. D. — Le tronc de la veine porte est quelquefois rempli de dis- (I) P. Alpini, De med. .Kgypliorum. Parisiis, 1645, lib. I, cap. xiv, p. 26, B. CHEZ L'HOMME. — DISTOME HÉPATIQUE. 315 tomes htematobies adultes ; on trouve alors des œufs dans la sub- stance hépatique même. Il se pourrait que la présence des ovules clans le tissu du foie devînt une cause d'altération du parenchyme de ce viscère, et le transport de ces ovules dans d'autres organes par le sang, pourrait peut-être encore occasionner d'autres affections, ce qui toutefois n'est jusqu'ici qu'une simple hypothèse. E. — Lorsqu'une hématurie sans cause apparente, ou bien lorsque les symptômes d'une affection de la vessie ou des reins aura appelé l'attention du médecin, la recherche des ovules du distome hscma- tobie fournira assez souvent des données certaines sur l'existence ou sur l'absence de ce distome dans le système sanguin ; les ovules; pourraient aussi être recherchés dans les matières fécales. L'ignorance où l'on est du mode de pénétration de ces entozoaires dans le corps humain ne permet pas de déterminer les moyens de prévenir leur invasion. Quant au traitement curatif à leur opposer, il n'est pas mieux connu. Les médicaments empyreumatiques ou fétides, tels que l'huile deDippel, la térébenthine, l'asafcetida, etc., auraient sans doute une action sur ces vers comme ils en ont une sur beaucoup d'autres entozoaires. CHAPITRE II. HÉMATOZOAIRES ACCIDENTELS. Distome lièpatique (Synops., n° 35). Le distome qui habite les voies biliaires chez les ruminants et chez l'homme, c'est-à-dire le distome hépatique, peut vivre dans les vaisseaux veineux des organes abdominaux. Nous allons en rappor- ter un exemple incontestable observé chez l'homme. Chez les ruminants et chez le mouton même, cet entozoaire n'a point été rencontré dans les vaisseaux sanguins. D'anciens auteurs disent, il est vrai, que ce ver existe, chez le mouton, dans les veines du foie; mais il est facile de voir que cette assertion tient à une mé- prise, et qu'ils n'ont point examiné d'assez près dans quel ordre de canaux les distomes se trouvaient (1). Quant au fait observé chez (1) Nous avons cité ces auteurs en parlant des vers des voies biliaires (p. 237). Un observateur plus récent, Treutler (Mém. cit., Animadv., ad obs. vi, p. 35), 316 AFFECTIONS VEKMINKUSES DU SYSTÈME SANGUIN l'homme, les circonstances qui l'ont accompagné, les détails dans lesquels l'observateur est entré, ne permettent pas de le révoquer en doute. I" Cas (Uuval). — Uistomes dans la veine porte chez l'homme. « Dans les premiers jours d'avril 1830, j'avais pour sujet de veinologie du cours d'anatomie de l'École secondaire de médecine un homme âgé d'environ quarante-neuf ans, venant de l'Hôtel-Dieu (Rennes); c'était un couvreur nommé F. Faucheux, entré dans le service de médecine le 24 mars au soir (1830), mort le 28 du même mois, et sur la maladie duquel je ne pus obtenir aucun renseignement précis. Des informations prises sur son état antérieur ne m'éclairèrent pas davantage, il ne s'était jamais plaint de rien de particu- lier; ce fut tout ce que j'en appris. » Ayant fait préparer pour la leçon le système veineux abdominal sans y pousser d'injection, et le foie étant conservé intact, je commençai par dé- crire les veines mésaraïques et la veine splénique. Arrivé au tronc de la veine porte, je m'aperçus, en le décrivant, qu'un corps étranger placé dans l'intérieur même de ce vaisseau glissait entre mes doigts. L'idée d'un ver parasite, comme il en existe dans le foie de plusieurs animaux, me vint aussitôt à l'esprit ; quoique je n'eusse pas eu encore l'occasion d'en observer dans l'homme, j'ignorais également alors qu'on en eût nié l'existence dans la veine porte. Je fis part de ma pensée aux élèves, et, prenant de suite un scalpel, j'incisai avec précaution les parois de la veine sur ce corps, que je tenais toujours entre les doigts de la main gauche, et je découvris au milieu d'un peu de sang fluide que contenait le tronc de la veine porte une douve du foie delà plus grande dimension. Après avoir terminé ma leçon, que cette découverte avait interrompue un instant, je poussai mon examen dans les divisions de la veine porte. Je ne trouvai rien dans les branches ab- dominales qui concourent à les former ; mais deux ou trois autres distomes semblables au premier furent rencontrés dans le sinus et les divisions sous- hépatiques de ce vaisseau. Les branches de la veine furent ainsi suivies jusque dans l'intérieur du foie, et je découvris alors d'autres entozoaires de la même espèce, toujours dans les ramifications veineuses. J'en recueillis en tout cinq à six. Je ferai remarquer que les parois des veines qui contenaient ces para- sites n'avaient pas été ouvertes avant ma leçon; qu'elles étaient dans un état tout à fait normal et ne présentaient ni traces d'inflammation , ni érosion ; le foie lui-même paraissait dans un état naturel, et le sujet ne présentait ailleurs rien de particulier. » L'animal du distome hépatique est trop connu pour que je m'arrête à dé- dit qu'il y a deux espèces distinctes de distomes chez le mouton, que les grands se trouvent toujours dans les cauaux biliaires, mais que les petits se trouvent, en outre, dans la veine porte. Nous ne savons si cette assertion a donné lieu à quelques recherches véri6càtives. CHEZ L'HOMMi:. - DISTOME HÉPATIQUE. 317 crire les individus que j'ai trouvés dans les veines de mon sujet; mais, afin qu'on ne puisse avoir aucune incertitude sur l'identité de l'espèce, j'ajou-i terai qu'étudiés avec soin le jour même de leur découverte et comparés aux figures de l'Encyclopédie (Hist. nal. des Vers, pi. 79, fig. 1 à 9), je n'eus aucun doute sur leur détermination ; ils furent mis alors dans l'alcool, où je les ai conservés depuis et déposés dans le cabinet de l'École secondaire. Enfin, les ayant soumis postérieurement à l'examen du doyen de la Faculté des sciences de Rennes, M. Dujardin, dont le nom fait autorité en pareille matière, il reconnut tout de suite le distome hépatique ; ce qui ajoute encore quelque intérêt à notre observation , ce sont les dimensions remarquables de ces en- tozoaires, car on ne les rencontre en général chez l'homme que beaucoup plus petits (1). * Il est donc évident, quoique ce fait soit unique, que le distome hépatique peut vivre et sans doute se développer dans le système sanguin. D'autres faits, qui ne sont point sans analogie avec celui-ci, ont été observés récemment. L'analogie consiste en ce que les vers étaient aussi le distome hépatique, en ce que leur séjour était en dehors des voies biliaires ou de l'intestin. Dans ces autres faits, le siège du distome était la plante du pied, la paroi de la poitrine, la région mastoïdienne, l'occiput ; mais il est à présumer que, primiti- vement, les vers étaient libres dans les vaisseaux, et que, entraînés avec le sang, ils se sont arrêtés dans les capillaires de la partie où leur présence s'est manifestée par une tumeur. En effet, un distome extrait des parois de la poitrine et qui a été confié à notre examen était gorgé de sang jusque dans les dernières ramifications de son intestin. Un foyer occupé par deux distomes trouvés dans le pied, contenait, non du pus, mais un caillot sanguin. Dans un troisième cas, la tumeur s'étant ouverte spontanément, il en sortit un liquide séro-sanguinolent. Comment, d'ailleurs, expliquer la présence d'un distome dans la région occipitale, par exemple, autrement que par le transport de ce ver par les vaisseaux sanguins? D'après ces considérations, nous rangerons les cas de tumeurs sous-cutanées contenant des distomes, parmi ceux qui appartiennent aux hématozoaires. A côté de ces faits, nous placerons celui de Treutler, qui est généralement connu, et qui est généralement aussi regardé comme un fait mal observé. Il a une grande analogie avec les précédents ; et, si les animaux extraits de la veine tibiaîe (î) Duval, Note sur un cas de présence du distome hépathique dans la veine porte chez l'homme (Gazette médic. de Paris, 1842, t. X, p. 769). .518 AFFECTIONS VEUMINETISES DU SYSTÈME SANGUIN antérieure n'ont pas été rapportés aux distomes, c'est à un examen trop peu éclairé qu'il faut sans doute l'attribuer. IIe Cas (Gieskeh et Fiiey). — Deux dislomes renfermés dans une tumeur de la plante du pied. « Giesker fut consulté, le 20 décembre 1848, pour la femme du contre- maître d'une manufacture de soie, près de Zurich. Depuis le milieu d'août, un médecin traitait cette femme pour une inflammation située dans le milieu de la plantedu pied droit. Il y avait là une espèce de tumeur d'environ 1 pouce à 1 pouce 1/2 de diamètre, qui était quelquefois apparente vers le bord externe, quelquefois vers le bord interne du pied, sans jamais s'ouvrir, et qui dispa- raissait habituellement dans l'espace de six ou huit jours. Cependant, le milieu de la plante du pied restait toujours plus ou moins gonflé et douloureux, en sorte que cette femme ne pouvait marcher que sur la pointe du pied. Toutes les tentatives faites pour déterminer l'ouverture de la tumeur furent vaines. En décembre 1848 , la plante du pied présentait une enflure d'un rouge pâle qui s'étendait obliquement depuis le côté interne du calcanéum jusqu'au cin- quième métastasien, mais qui n'était pas en rapport avec les os, le périoste ou les muscles de la plante du pied, puisque les orteils avaient conservé l'in- tégrité de leurs mouvements. La tumeur avait en partie son siège sous l'apo- névrose plantaire dans le tissu aréolaire. Elle n'était pas douloureuse au tou- cher, elle paraissait céder longitudinalement et être logée dans une cavité profonde. Il n'y avait pas de fluctuation. Un peu au-dessus du bord du pied, directement sous la malléole interne, il y avait encore un léger gonfle- ment arrondi de 1 pouce de diamètre et d'un rouge presque érysipélateux. Sur ce gonflement il y avait une petite tache d'un rouge noirâtre , un peu plus grande que celle qui est occasionnée par la piqûre d'une abeille ou de quelque autre insecte. Aucune ouverture n'existait dans l'épiderme, aucune écharde, aucun fragment de verre ou d'une substance quelconque n'était entré dans le pied. De la partie externe de la cheville, le gonflement s'était étendu graduellement à la partie inférieure de la jambe et à la plante du pied. » Le docteur Giesker pensa que cette affection provenait d'un corps étranger qui serait éliminé par l'inflammation des parties; en conséquence, il ouvrit la tumeur sur le bord interne du pied, et il observa que la tache noire, qui se trouvait au centre, menait à un petit canal qui était en rapport avec un plus grand situé dans la plante du pied; celui-ci, dont la situation correspondait au second gonflement, fut aussi ouvert ; il se dirigeait sous l'aponévrose plan- taire, entre cette aponévrose et les fléchisseurs des doigts, et se terminait en cul-de-sac vers l'éminence du cinquième métatarsien. Il ne contenait ni pus, ni corps étranger, mais seulement du sang coagulé et du tissu cellulaire non coloré et libre. Après que l'écoulement du sang fut, arrêté, on introduisit dans la plaie de la charpie et on laissa l'appareil pendant huit jours. Lorsqu'on eut levé les pièces du pansement pour la première fois, et après qu'on eut pra- tiqué une forte compression de bas en haut , un animal semblable a un ver chez l'homme. — distome hépatique. 319 qui, placé ensuite dans l'eau, eut des mouvements propres, sortit avec le pus. Le médecin ordinaire crut d'abord à une illusion, il retira encore un second corps semblable qu'il écrasa malheureusement entre ses doigts, supposant que c'était du tissu cellulaire. Le 1 1 février, la guérison était complète. » L'animal, ajoute M. Giesker, ne peut avoir été introduit dans la partie malade par la charpie du pansement ; tout indique qu'il existait dans le corps longtemps avant l'ouverture de la tumeur, et qu'il avait produit le canal et la tuméfaction dont le siège était variable. L'animal avait six lignes de longueur (13 millimètres); il a été reconnu par le professeur Frey, et aussi par Von Siebold, pour un distome hépatique jeune. Il est plus que probable qu'il avait pénétré directement sous la forme de cercaire, dans la plante du pied. La femme a pu donner lieu à cette introduction en lavant du linge dans les parties stagnantes du lac de Zurich, ou bien en baignant ses pieds ou son corps entier dans le lac (1). » Le distome est déposé dans la collection zoologique de Zurich. IIIe Cas (Penn Harris). — Dislomes sortis d'un abcès situé à l'occiput chez un enfant. « William Bridge, âgé de vingt-cinq mois, était pâle, maigre, et avait le ventre tuméfié ; d'ailleurs, il était bien portant et jouissait d'un bon appétit. Il y a environ deux mois, sa mère observa une tumeur à la partie supérieure de l'occiput, tumeur de la grandeur d'une demi-couronne et qui atteignit, en six à huit jours, la circonférence d'une orange. Alors elle s'ouvrit spontané- ment et rendit une grande quantité de pus. L'abcès continua à se remplir et à se vider par intervalles pendant environ trois semaines, lorsqu'un jour, après avoir enlevé le cataplasme et abstergé le pus, la mère aperçut, sur la serviette destinée à cet usage, plusieurs entozoaires qui ne donnaient aucun signe de vie ni de mouvement. Je vis l'enfant pour la première fois, et la mère me montra les entozoaires (au nombre de six). J'examinai la cavité de l'abcès mais je n'en découvris pas d'autre. La plaie se guérit en continuant l'usage des cataplasmes. » On n'a jamais remarqué que l'enfant eût rendu des vers, et j'en ai recher- ché vainement en prescrivant des remèdes anthelminthiques. L'enfant avait été sevré à l'âge de dix-huit mois ; sa nourriture , depuis lors , avait consisté particulièrement en farineux, et les pommes de terre en avaient formé la base. » Jusqu'à présent je n'ai trouvé aucun cas semblable dans les ouvrages de médecine que j'ai consultés. Quant à ce qui regarde la classe à laquelle appar- tiennent ces animaux , on pourrait les ranger parmi les trématodes, car ils paraissent avoir de la ressemblance avec le distome qui se trouve dans le foie du mouton (2). » (1) Mittheilungen der naturforschenden Gesellschaft in Zurich, 1850, Bd. Il, p. 89. — Kùchenmeister, ouvr. cit. — Lebert, Traité d'anatomie pathologique gé- nérale et spéciale. Paris, 1857, t. I, p. 406. (2) J. Penn Harris, Liverpool, octobre 183G, Lettre au professeur R. Owcn 320 AFFECTIONS VKRMINFUSES DU SYSTÈME SAINCI'IN. IVe Cas (Fox). — Dislome dans une tumeur située derrière l'oreille. « M. I âgé de trente-neuf ans, d'une bonne constitution et grôlé exces- sivement, avait été marin pendant vingt ans, naviguant dans les Indes occi- dentales, la Méditerranée, l'Amérique du Sud, etc. Pendant ces dernières huit années, il a pris chargement à Cronsladt, dans la Baltique, et visité aussi Amsterdam. Il y a onvironquatorze mois, pendant qu'il était à Cronstadt, il s'aperçut d'un petit bouton placé à 3 pouces derrière l'oreille. Ce bouton s'agrandit et atteignit la grosseur d'une petite noix. Une solution iodée fut appliquée pour dissoudre la tumeur, mais sans succès. Quelque temps après, pendant que cet homme était en mer, le bouton s'enflamma et s'ouvrit, ren- dant par deux petites ouvertures un liquide séro-sanguinolent. Le bouton se guérit alors, et, après quelque temps, se remplit de nouveau d'un liquide sem- blable. On en fit l'ouverture et la plaie fut pansée avec de la charpie sèche. Le lendemain, en examinant cette plaie, je crus voir quelque chose se mouvoir, et, l'ayant extrait, je reconnus un dislome. En faisant le pansement le jour suivant, des portions d'un autre ver parurent exister dans la plaie; mais elles étaient dans un tel état de ramollissement, que je ne pus les reconnaître d'une manière certaine. La couleur de ces vers était tout à fait semblable à celle de la surface de la plaie. Celle-ci fut pansée avec un onguent résineux et de la charpie; elle guérit doucement et resta en bon état depuis lors. Cet homme est maintenant en mer et je n'ai pas appris qu'il eût eu d'autres tumeurs du même genre (1). » Ve Cas (Dionis des Carrières). — Distome extrait d'une tumeur située dans la région hypochondriaque droite. « Vers la fin de mai 1857, je fus consulté par un de mes amis, âgé de trente-cinq ans, d'une assez bonne constitution, pour une tumeur très dou- loureuse située dans la région hypochondriaque droite, qui le privait de som- meil et l'empêchait de vaquer à ses occupations. Cette tumeur peu volumineuse, de la grosseur d'un œuf de pigeon, était rapprochée un peu de la région épi- gastrique et à 2 centimèt'res environ au-dessous des cartilages costaux. Elle était non fluctuante, très dure; la peau, qui avait sa couleur naturelle, n'était point mobile sur elle et se fronçait quand on cherchait à la pincer. Par sa base, il était difficile de la limiter ; elle paraissait se perdre dans les organes profonds. » Le malade, qui a habité trois ans les Antilles, où il eut un accès de fièvre intermittente, et six mois la partie marécageuse de la province de Constan- tine, avait déjà éprouvé quelques douleurs vives dans le côté, à Bône, entre autres, à la suite d'une longue course à cheval pendant laquelle il avait été (Appendix B de la traduction anglaise du Manuel des parasites de Kùchenmeister, par Edwin Lankester. London, 1857, t. I, p. 435). (1) Charles Fox, de Topsham, Devoushire, 2 février 1857, Appendix B, cité, p. 434. CHEZ L'HOMME. — DISTOME HÉPATIQUE. 321 mouillé. Deux ans après, il fut obligé, par ses occupations, d'habiter sur les bords d'un lac durant plusieurs semaines, à l'époque où commençaient les fortes chaleurs de 1 857. Ce fut dans ce séjour humide qu'il ressentit les premières atteintes de sa maladie, et qu'il s'aperçut de la tumeur qui existait dans la région hypochondriaque. » Une nuit il fut réveillé par une douleur vive, poignante, occupant (out l'hypochondre et accompagnée de violents tiraillements du côté du sternum. Un médecin des environs, appelé, lui prescrivit quelques calmants; mais les douleurs n'en continuèrent pas moins; elles se manifestaient par intermit- tences. La pommade camphrée, les cataplasmes laudanisés, paraissaient les diminuer. » Quelque temps après, il revint à Àuxerre. Grand fut mon embarras : M. X... se portait assez bien ; il n'avait pas de nausées, pas de vomissements, aucun accident du côté des voies digestive?, si ce n'est une teinte subicté- rique et une anorexie qui persiste encore aujourd'hui ; il prétend n'avoir jamais ressenti l'aiguillon de la faim. Le foie n'était pas hypertrophié et ne dépas- sait pas le rebord costal. La tumeur correspondait bien à la vésicule biliaire, mais elle était très dure, liée intimement à la peau, et il n'y avait aucun sym- ptôme de colique hépatique. 11 y avait eu antérieurement des douleurs inter- costales; le malade se plaignait de douleurs atroces derrière le sternum. Mon attention se porta du côté d'un abcès par congestion, malgré l'absence de plu- sieurs signes importants. Je prescrivis des pommades iodées, et, les accidents augmentant, une application de sangsues. Ces moyens, loin de calmer les dou- leurs, ne firent que les exaspérer. Mon malade s'en tint à sa pommade cam- phrée et à l'usage d'un baume débité par un paysan du Morvan. Il se sentit mieux... Sa tumeur ne laissait cependant pas que de le préoccuper, il n'y ressentait plus de douleurs, mais des démangeaisons très vives. Enfin, dans le mois d'août de la même année, il me la montra en me disant qu'elle voulait percer, que depuis vingt-quatre heures il éprouvait des démangeaisons into- lérables. Je l'examinai : elle n'était pas acuminée et n'offrait pas la moindre trace de fluctuation ; la peau avait partout sa coloration normale , mais au centre se voyait un petit point bleuâtre de la grosseur d'une tête d'épingle et formé par une pellicule mince et transparente comme une pelure d'oignon, derrière laquelle on distinguait facilement une gouttelette de sérosité de cou- leur violacée. Je pressai à droite et à gauche avec les deux pouces, comme on ferait pour une petite tumeur sébacée; une goutte de sérosité jaillit, et aussitôt après s'échappa un helminthe très vivace, ayant à peine \ centimètre de lon- gueur, dont le corps était aplati et tel que je n'en avais jamais vu. Des pressions plus fortes et réitérées ne firent plus rien sortir. En quelques jours la tumeur s'affaissa, et depuis ce temps, il y a bientôt un an, le malade n'a plus rien ressenti. J'examinai avec une ioupe d'horloger l'hel- minlhe provenant de la tumeur; je constatai très facilement, à une de ses extrémités, une ouverture arrondie en forme de bouche, un cou court, un DAVAWE. 21 322 AFFECTIONS VliHMINËliSIiS DU SYSTÈME SANGUIN corps aplati ut une arborisation simulant assez bien les rudiments d'un tube digestif. .. (I). » L'entozoaire recueilli par M. Dionis a été présenté à la Société de biologie par notre collègue et ami M. le docteur Gubler, qui a bien voulu le confier à notre examen. Cet entozoaire, conservé dans de l'huile, est intact, mais très durci; il appartient au distome hépatique, dont il aies principaux caractères, c'est-à-dire le corps ovalaire, lancéolé, aplati; la Lg bouche située en avant; une ventouse triangulaire au sixième antérieur ; le té- gument couvert d'épines microscopiques, l'intestin ramifié. Il est long de 6 mil- limètres, et ne possède point d'organes génitaux externes ou internes. Il offre donc une analogie complète avec celui qu'ont observé MM. Giesker et Frey, et peut-être aussi avec ceux qui ont été \d observés par MM. Penn Harris et Fox, et dont l'examen n'a pas été fait au point de vue de l'absence ou de l'exis- tence des organes sexuels. Fie. ù. — Distome hépniique extrait L'intestin ramifié était gorgé d'une d-Un ,bcès par m Dio„,s des car- substance d'un rouge foncé , concrète, neres. — t>rossi nuit fois. — a, . ° bouche; b, ventouse postérieure; qui, macérée dans l'eau, nous a présenté c, œsophage; d, d, d, ramifications 1 <.■> î 1 1 de l'intestin. >..™»"Wflon.! les caractères des corpuscules du sang de l'homme plus ou moins altérés; il se dessinait en rouge à la surface du corps, et non en noir ou verdâtre, comme il arrive aux distomes extraits de la vésicule ou des con- duits biliaires; dans aucun point il ne paraissait contenir de la bile; d un autre côté, à l'ouverture delà tumeur, il ne s'est écoulé que de la sérosité. Il y a donc tout lieu de croire que ce distome, avant de se faire jour au dehors, a vécu dans les vaisseaux sanguins, et non dans les.voies biliaires. Chacun des faits que nou& venons de rapporter, isolé et inconnu aux observateurs des autres faits, a dû soulever des doutes dans (1) Cas communiqué par le docteur Dionis des Carrières, médecin à Auxerre, 3o septembre 1858. CHliZ L'JIOMMIÎ. — DlSTOMJi HÉPATIQUE- 323 l'esprit même de ceux qui les ont observés, ou donner lieu à des explications diverses. C'est ce qui est arrivé, et ces explications sont toutes fort contestables; mais ces faits réunis se confirment et s'ex- pliquent les uns par les autres : leur nombre et leur similitude ne permettent pas de révoquer en doute la réalité de l'existence des distomes dans certaines tumeurs sous-cutanées. Après des objections exprimées par M. R. Ovven, qui a constaté que les vers observés par M. Penn Harris étaient bien des distomes hépatiques, ce der^ nier s'est efforcé d'expliquer comment ces distomes avaient pu se trouver accidentellement dans une serviette qui avait peut-être servi à envelopper de la viande de boucherie; mais la mère de la malade n'a cessé d'opposer à cette explication des dénégations formelles. Celle de MM. Giesker et Frey, relativement à l'in- troduction directe de leur distome sous les téguments, pendant que la femme avait les pieds dans le lac de Zurich , n'est point non plus acceptable, caries cas dans lesquelles distomes ont eu leur siège à la tête n'admettent point une semblable explication. On ne peut davantage admettre celle de M. Dionisdes Carrières, qui suppose que l'entozoaire observé par lui se trouvait primitivement dans la vésicule ou dans les canaux biliaires, et qu'il a perforé ces parties, ainsi que la paroi abdominale correspondante. Un fait semblable devrait se présenter souvent chez le mouton ; d'ailleurs, il est bien évident que ce distome s'est trouvé dans la paroi de la poitrine de la même ma- nière que les autres se sont trouvés à la plante du pied ou à l'oc- ciput. Suivant nous, l'existence possible du distome hépatique dans le système circulatoire, prouvée par le fait de M. Durai, autorise à croire qu'un tel ver, entraîné avec le sang, pourrait arriver dans les vaisseaux périphériques, où il s'arrêterait et deviendrait le point de départ des phénomènes occasionnés par un corps étranger. Vîc Cas (Treutler), ■*- Deux distomes dans la veine libiale antérieure (Hcxalhyridium venarum, Treutler). Voy. Synops., n° 49. " Jam igitur enarrabo historiam morbi adolescentis sedecim circiteranno- » rum.... Hic nimirum adolescens sordidam fabri ferrarii arlem ediscens ad » munditiem corporis servandam frequenti lavalione in flumine uti admonitus » est. Is igitur cum aliquando pedetentim aquam intrâsset, vix per horse » momentum ibi commoranti sponte rupta est vena tibialis antica dextri » pedis, atque non lœvis hemorrhagia eam rupturam secuta est, qtiae modo » intermisit, modo vehementior rediit. Quod sanguinis profluvium nec reme- » diis stipticis, nec firmiori fascia cobiberi poterat ; in quod diligentius inqui- » rendum ea prbptersum provocatus. Et dum huic cxamini prœessem, sanguis 32/| AFFECTIONS VERMINECJSES OU SYSTÈME SANGUIN » modo lonliori, modo cilatiori (lumine promanavil, alque cum o vena male- » riem aliquam dcnsiorem emincrc vidcrim, cam pro cruoro sanguinis coa- » gulalo primum liabui, sed accuratiùs inluenti duo animalcula vivcndi et se » movendi facullate instructa se obtnlerunt, quibus sine magna opéra e vena » rupta extractis , confeslim sanguis effluero desiil : vulnus aulem ruplum » post très fere septimenas coaluit... (1). » Personne n'a révoqué en doute le fait observé par Treutler; mais comme on ne connaît aucun animal libre ou parasite qui réponde aux caractères que cet observateur a donnés de ces vers, on a pensé qu'il s'agissait ici de quelque hirudinée ou de quelque planaire qui s'était attachée aux téguments intacts ou accidentellement excoriés. Cepen- dant une sangsue ne pénètre point dans les vaisseaux qu'elle atteint, une planaire ne se nourrit point de sang. L'exis- tence aujourd'hui connue de distomes dans les vaisseaux de l'homme pourrait donner à penser que ces deux animaux appartenaient aux dis- tomes; et, en effet, lorsqu'on examine la figure donnée par Treutler, on y reconnaît tout d'abord le distome lancéolé ou un distome hépatique jeune. La ventouse ventrale, bien dessinée, est située normalement, et les six bouches antérieures dont parle l'auteur ne sont pas rendues. Ces animaux avaient, comme celui de M. Dionis, 6 millimètres de longueur ; les bouches n'ont pu Fig. 15.— Hexatkyn- A , ■ dhtmvenarum, d'après être vues qu'à la loupe, et sans doute on a pris Treùfier! — """^ran- Pour telles de simples dépressions des téguments. deumaiureiie; 6, grossi L'intestin était ramifié, dit Treutler, ce qui se rapporte au distome hépatique ; sur la figure qu il en donne, les ramifications sont tracées en rouge, couleur qui ren- dait sans doute leur coloration normale, et qui était aussi celle du distome de M. Dionis. Il nous paraît, d'après ces considérations, que le fait de Treutler, dont la bonne foi n'a jamais été révoquée en doute, s'explique par les faits rapportés ci-dessus. Ses hexathyridium étaient des distomes lancéolés ou hépatiques jeunes; leur petitesse n'en a pas permis un examen très exact, en sorte que leurs caractères auront été mal in- terprétés. (I) Fred. Aug. Treutler, Observ. path, anat. ad hetminthologiam huincln. corp. Lipsiœ, 1793, p. 23. CHEZ L'HOMME. — HÉMATOZOAIRES FICTIFS. 325 CHAPITRE III. HÉMATOZOAIRES FICTIFS. Les observations que nous allons énuraérer se rapportent sans cloute à des concrétions sanguines que la crédulité, l'ignorance ou l'amour du merveilleux ont transformées en vers du sang. Toutefois quelques-uns de ces faits peuvent laisser des doutes dans l'esprit, et peut-être des faits nouveaux permettront-ils un jour de les regarder comme vrais. Des cas de vers sortis par une saignée ne sont pas seulement rares aujourd'hui, mais ils ont cessé d'être observés depuis tantôt un siècle; ils ont été très fréquemment mentionnés, au contraire, au dix-sep- tième siècle et dans la première moitié du dix-huitième. En suppo- sant que tous ces vers aient été des caillots sanguins, d'où vient qu'il n'en est plus question de nos jours ? Faut-il attribuer ce fait aux saignées plus fréquentes autrefois, ou bien à quelque modifica- tion dans le procédé opératoire? car les connaissances des médecins praticiens touchant l'helminthologie ne sont guère plus avancées aujourd'hui qu'autrefois, et ce ne serait point là la cause qui ferait qu'on ne voit plus de vers sortir par la saignée. A. — Observations se rapportant à des vers sortis par une saignée. I. Renodœus rapporte avoir vu un ver long d'une palme, sortir de la veine dans une saignée (1). II. « J'ai plusieurs fois ici vu sortir des vers des veines par la saignée au bras, dit Guy Patin ; mais quand ils ont été grands et morts, je n'ai vu per- sonne qui en soit eschappé (2). » III. Thomas Bartholin parle d'un cas dans lequel un ver fut extrait de la veine ouverte parla saignée; en outre, le sang qui sortait était rempli de vers (3). IV. Ettmuller et Riolan , d'après Andry, parlent aussi de vers sortis par une saignée (4). (1) Joan. Renodœus, Pharmacopol. , lib. III, cap. xxxiu, cité par Rhodius, op. cit., cent. III, obs. lxi, p. 180. (2) Guy Patin, Lett. XCIV, t. I, p. 348, cité par Wolff. (3) Th. Bartholin, Observ. de sang, vermin. (Ephem. nat. cur., dec. I, ann. 1, p. 147, 1670, et dec. I, ann. 2, app., p. 23, 1671). (4) Ettmuller Schrod., Dilacid. phis., class. II, De aceto; — Riolan, Encheir. anat., p. 247, cités par Andry, 320 AFFECTIONS VliltMIMUISIiS DU SYSTÈME SANGUIN V. « Il est à présumer qu'il s'engendre bien souvent des vers dans les vaissaux sanguinaires par la corruption du sang; car, outre toutes les obser- vations qui ont été données sur ce sujet, M. Dupuy, médecin résident à Fon- tenay-le-Comte, faisant faire une saignée en sa présence, il y a environ deux mois, sur une femme malade de fièvre, et ayant aperçu que le sang était arrêté à l'occasion d'un corps étrange qui bouchait l'ouverture du vaisseau, en fit tirer un ver gros comme le tuyau d'une plume à écrire et long de trois bons travers de doigt (1 ). » VI. « J'ai retiré, dit Boirel, un ver du bras de M. le marquis de Montecler, long de deux travers de doigt , qui s'était présenté à l'ouverturo d'une saignée (2). » VII. « M. Mauclie.... (médecin dans le faubourg Saint-Jacques), dit que, dans une saignée du bras qu'il fit a M. Masson, il y a quelques années, un ver gros et long comme un moyen fer d'aiguillette sortit de la veine ouverte (3). » VIII. Garossi, maître chirurgien à Paris, ayant ouvert la basilique du bras droit chez un artisan atteint de pleurésie, « il se présenta à l'ouverture la tête d'un animal quiarresta le cours du sang, et qui, après avoir été retiré, parut de la figure d'une lamproie, gros comme un tuyau de plume à écrire et long de six à sept travers de doigt (4). » IX-XV. Andry rapporte sept cas de vers sortis de la veine pendant la saignée; ces cas lui avaient été communiqués par divers médecins : le premier par de Saint-Martin, chirurgien à Paris; le deuxième par Duval, docteur de la Faculté de Paris; le troisième par Charollois, médecin de l'hôpital de Cha- lon-sur-Saône; le quatrième par Vrayet, médecin à Compiègne; le cinquième par Collasson, maître chirurgien à Vatan ; le sixième et le septième encore par Vrayet, qui exerçait alors la médecine à Abbeville (5). XVI. Leclerc dit qu'à sa connaissance, en Suisse, un ver a été extrait de la veine d'un jeune homme pendant une saignée (6). ■ XVII. Dans un ouvrage allemand, cité par Chaussât (Thèse), se trouve l'ob- servation d'un ver sorti par l'ouverture d'une saignée et que l'auteur assure avoir conservé vivant pendant trois jours (7). XVIII-XIX. Enfin, Baratte (8) et Bonsquier (9) disent avoir retiré eux- (1) Nicolas Blegny, Le temple d'Esculape, ou Nouv. découv. Paris, 1680, t. H, p. 211. (2) N. Blegny, Notiv. découv., cité p. 277, 1679. (3) N. Blegny, ouvr. cit., p. 221, 1679. (4) N. Blegny, ouvr. cit., lett. xu, p. 534, 1679. (5) Andry, Génér. des vers, 1741, 1. 1, p. 103. (6) Leclerc, Hist.nat. lai. lumbric, 171"), p. 285. (7) Fraenliïsche Sammlungen, Bd. VIII, p. 322, cum figuris. (8) Baratte, Sur des vers sanguins (Recueil périod. d'obs. de méd. et de chir., 1753, t. VI, p. 300). (9) Bousquier, Sur les vers sanguins (Journal de Vandermonde, t. VII, p. 65). CHEZ L'HOMME. — HÉMATOZOAIRES FICTIFS. 3'27 mêmes de la veine un ver qui interceptait le cours du sang dans une saignée. Dans le premier cas, c'était une portion de strongle; dans le second, un ver long de quatre pouces, qui l'un et l'autre firent des mouvements après leur extraction. B. — Ver extrait par une opération. Un homme de cinquante ans, qui avait tous les jours un accès de fièvre caractérisé par du frisson, de la chaleur et du délire, fut guéri par l'extraction, d'un ver contenu dans la veine sublinguale (1). G. — - Vers trouvés dans le cœur et les gros vaisseaux. Un grand nombre d'anciens auteurs ont cru trouver des vers nématoïdes dans le cœur et les gros vaisseaux. Les cas de ce genre observés par Welsch (2) et Polisius (3) ont été souvent cités. Riolan , Zacutus Lusitanus, Pierre de Castro, Vidius le jeune , Vidal, Lochnerus, Th. Bonet, Th. Cornelis , Hœl- mius, Stoker, rapportent des faits semblables (4). Lochnerus et Hœlmius disent même avoir vu les mouvements de ces vers. La plupart de ces cas appartiennent certainement à des concrétions fibrineuses, et les autres à des animaux qui se sont trouvés là accidentellement ou qui sont purement imagi- naires : ainsi, les deux vers dont parle Polisius avaient des oreilles, des yeux et une trompe!... D. — Vers trouves à Vautopsie dans les veines. I. Gaspard Bauhin rapporte le fait suivant : « Anno 1 578, in Patavino Xenodochio a me observatifuere, adstantibus plu- » rimis studiosis, tam Germanis quam Italis, imprimis verô viro Ex. D. Mm. » Campolongo, prof. Pat., observati, inquam, fuere, in puero qui denos non » excedebat annos, vermes inhepate... Puer hic cum morbillis laboraret et » ratione eorum vita functus esset... » Eo ergô aperto, habita primum ratione hepatis... invenimus vermes plu- » rimos in ipsis venee portas ramis et quidem in ipsis hepatis ramis, quorum » alii quidem viventes adhuc, alii verô emortui; hi rubri et pro ratione loci » in quo continebantur, oblongi erant, satis item magni, sed molles ad tactum, » gibbosi item quoad superficiem, ratione corporis concavi in quo geniti » fuerant (5). » (1) Ephem. nat. pur., dec. I, ann. 8, obs. c, cum fig., 1677. (2) Chr. Lud. Welsch, Resp. J. Ant. Helwig, Disp. de verm. cordis. Lipsiœ, 1694. (3) J.-S. Polisius, Observ. de vermibus in cordis venlriculo reperlis (Ephem. nat. cur., dec. I, ann. 9, p. 51). (4) Auteurs cités par de Senac (Traité des maladies du cœur, 1778, t. I, 248). (5) C. L. V. Casparus Bauhinus, De observ. propriis, cité par Schenck (Obs. med., lib. III, obs. i, p. 394). 328 AFFECTIONS VERMINEUSES DU SYSTEME SANGUIN II. Spigel dit avoir vu un ver remarquable, long do deux travers de doigl, dans le tronc de la veine cave inférieure (1). III. Le môme auteur rapporte avoir trouvé dans le tronc de la veine porto du cadavre d'une femme dont il préparait le foie, quatre vers ronds (lumbrici tereles) de la longueur do la paume de la main (2). TV. « Hieronymo Fabricio ab Acquapendente, Patavii corporis dissectio- » nem peragente, Joannes Prevotius in vena emulgente sinistra vermem » conspexit (3). » V. « M. Duverney a rapporté qu'un enfant de cinq ans, qui se plaignait toujours d'une violente douleur à la racine du nez, avait eu pendant trois mois une fièvre lente et à la fin de grandes convulsions. On lui trouva, après sa mort, dans le sinus longitudinal supérieur du cerveau un ver d'environ 4 pouces de long, semblable à ceux de terre. Ce ver vécut depuis six heures du matin jusqu'à trois heures après midi (4). » VI. Un autre exemple de ver trouvé dans une veine (la saphène) est con- signé dans la Gazette médicale de Paris. Ce ver, qui a été soumis à mon examen par M. Ch. Robin, auquel il avait été envoyé, n'était qu'une concrétion san- guine (G). E. — Vers trouvés dans du sang expectoré. Délie Cliiaje rapporte que des vers (Polysloma sanguicola) ont été trouvés dans des crachats sanguinolents d'un malade qui avait eu plusieurs hémo- ptysies. Ces vers, dont la description est donnée d'après le récit du médecin ftt non d'après l'inspection, sont sans doute des animaux fictifs (6). DEUXIÈME SECTION. HÉMATOZOAIRES DES SOLIPÈDES. Il existe très fréquemment dans le système sanguin chez le cheval , 1 âne et le mulet, des entozoaires du genre strongle ; on en a vu aussi (1) A. Spigel, De human. corp. fabrica, lib. V, cap. xm. (2) A. Spigel, De lumb. lat., 16 i 8, cap. v, nota, p. 71. (3; J. Rhodius, op. cit., cent. III, obs. lxi, p. 180 (dans l'observation lx,i, il s'agit d'un ver noir trouvé dans les vaisseaux iliaques, et qu'on peut juger, par les détails, n'avoir été qu'un caillot sanguin). (4) Histoire de V Académie royale des sciences. Amst., 1700, p. 39. (5) Filaria zébra (Gazette méd., 1er févr. 1852, et Mém. Soc. Mol., t. IV, 1" série, p. 127). (6) Délie Chiaje, ouvr. cit., p. 15. CHEZ LES SOLIPÊDES. — ANÉVRYSME VERMINEUX. 329 chez l'hémione. L'homogénéité du groupe des solipèdes rend très probable que toutes les espèces qui le composent sont atteintes de ces entozoaires. CHAPITRE PREMIER. VERS DES ARTÈRES. — ANÉVRYSME VERMINEUX. Ruysch est le premier observateur qui ait fait mention de vers clans la cavité d'une artère . En 1 665 , il découvrit une quantité i nnom - brable de petits vers dans une portion dilatée de l'artère mésenté- rique d'un cheval ; ce fait se présenta encore trois ou quatre fois à son observation (1). Soixante ans plus tard (1725), J. H. Schulze observa un cas semblable (2), et de nouveau Chabert (1782) vit, dans les artères d'un cheval, des vers auxquels il donna le nom de cri- nons (3). Ces observations se sont beaucoup multipliées depuis lors. Parmi les savants qui ont fait des recherches spéciales sur les ané- vrysmes Vermineux du cheval, nous citerons : Rudolphi, Hodgson (4), Grève, Trousseau et Leblanc (5), Hering, enfin M. Rayer, qui, dans un examen historique et critique des travaux antérieurs, a rectifié les interprétations erronées et les généralisations fausses dont les faits rapportés par les premiers observateurs avaient été l'objet, et qui, par ses propres observations, a fait connaître l'anévrysme ver- mineux au double point de vue de la zoologie et de la pathologie. L'exposé qui suit n'est en quelque sorte que l'extrait de ce savant travail (6). (1) Ruysch, Opéra omnia : Dilucidatio valvularum, accès. (Obs. anatom., 1737 ; Obs. anatom., cap. iv, obs. 6, figures; Obs. anal. chir. cent., p. 61). (2) J. H. Schulze, De anevrysmate verminoso in arteria mesocolica equœ (Act. phys. med. nat. cur., t. I, p. 519, obs. ccxxix). (3) Chabert, Traité des maladies vermineuses dans les animaux. Paris, in-8, 1782, p. 19. (4) Hodgson, Engravings intended to illustrate some of the diseases of arteries, London, 1815. (5) Trousseau et Leblanc, Recherch. anatom. sur les maladies des vaisseaux (Arch. gén. de médec, 1828, t. XVI, p. 193). (G) Rayer, Recherches critiques et nouvelles observations sur l'anévrysme ver- mineux et sur le Strongylus armatus rainor (Archiv. de médecine comparée, Paris, 1842, n" 1, p. 1). 330 AFFECTIONS VEKMINEUSES DU SYSTÈME SANGUIN Les animaux chez lesquels on a observé l'anévrysme vermineux sont le cheval, l'âne, le mulet et l'hémione (1). L'artère mésentérique antérieure et ses divisions sont le siège presque constant de cette espèce d'anévrysme. Hering a noté sur soixante-cinq chevaux l'anévrysme du tronc de l'artère grande més- entérique, sept fois ; de l'artère colique, cinquante-neuf fois ; de l'ar- tère du cœcum, dix-huit fois; des artères de l'intestin grêle, seize fois ; de la mésentérique postérieure, deux fois ; de l'artère cœliaque, deux fois; de l'artère hépatique, trois fois; enfin de l'artère rénale, une fois (2). Rudolphi fait mention d'une tumeur anévrysmale de 1 aorte du cheval, près de l'origine de la grande mésentérique, et d'un autre anévrysme de l'aorte postérieure, qui l'un et l'autre conte- naient des strongles ; ces pièces pathologiques étaient conservées clans le cabinet d'anatomie d' Al fort (3). On n'a jamais vu d'ané- vrysme vermineux dans les artères de la poitrine, de la tête ou des membres, L anévrysme vermineux des solipèdes consiste clans une dilatation de l'artère qui en est le siège avec hypertrophie de ses parois. Il ressemble à l'anévrysme vrai de l'homme par l'absence d'une déchi- rure des tuniques interne et moyenne; mais il en diffère par la pré- sence dans sa cavité d'un caillot adhérent. Le ver qu'on rencontre dans sa cavité appartient au genre Sclé- rostome de Dujardin. C'est le crinon de Chabert, le Sirongyïus armalus minor de Rayer, le Sclèrostome armé anèvrysmaii que de Diesing (voyez le Synopsis, nD 85). L'anévrysme vermineux est ordinairement fusiforme; plus rare- ment il est globuleux ou cylindroïde. Les dilatations fusiformes ont ordinairement le volume du doigt, et les globuleuses celui d'une noix; mais elles acquièrent quelquefois la grosseur du poing et même celle d'une tête d'homme. La membrane interne du vaisseau semble légèrement épaissie dans certains points; elle offre quelquefois une teinte blanchâtre, lai- teuse, au lieu d'être transparente et jaunâtre, comme à l'état nor- (1) Mon ami le docteur Laboulbène a observé un anévrysme vermineux de l'artère mésentérique chez un hémione, au Muséum d'histoire naturelle, à Paris. (2) Hering, Mém. sur les anévrysmes internes du cheval [Rec. de mêd. vêler., Paris, 1830, p. 443). (3) Rudolphi, Bemerkungen aus dem Gebiet, etc. Berlin, 1803, zweyler Theil, p. 36. CHEZ LES SOUPÈDES. — ANÉVRYSMIi YERMINEUX. 331 mal. Dans les cas ordinaires, elle ne présente point de perforation ou d'ulcération. La membrane moyenne est toujours hypertrophiée, et quelquefois d'une manière extraordinaire. L'épais- seur de cette membrane, qui dans l'état normal est d'environ 1 millimètre, peut s'élever à 12 millimètres. Lors- que la tumeur n'est pas très ancienne, ordinairement, l'hypertrophie occupe tout le pourtour du tube constitué par la membrane moyenne. Les fibres de cette membrane , qui ont pris un dé- veloppement remarquable , laissent voir plus distinctement leur disposition circulaire. La membrane externe ou celluleuse est le plus souvent épaissie. Lorsque la tumeur a acquis un certain volume, elle est indurée ; elle adhère fortement aux parties voisines, et se confond plus ou moins intimement avec le tissu cellulaire ambiant. L'hypertrophie de l'artère, surtout celle de la tunique moyenne, ne tient point à une infiltration des fibres par des matières morbides: » Si l'on examine au microscope, dit M. Rayer (1), une lame mince de la coupe des parois de l'artère, on voit nettement la disposition des fibres en faisceaux incomplète- ment circulaires; l'épaisseur de ces bandes est uniquement le ré- sultat d'une hypertrophie. » Contrairement aux assertions de quel- ques auteurs, M. Rayer n'a jamais vu de liquide purulent dans la membrane celluleuse, ni de matière mélanique entre la tunique interne et moyenne, ni de vers dans l'épaisseur des parois ané- vrysmatiques. Il se développe quelquefois dans la membrane interne, ou bien entre celle-ci et la moyenne, des plaques crétacées ou de la matière athé- l'omateuse, au niveau desquelles la tunique interne peut s'ulcérer ou se perforer, et ce n'est même qu'à la suite du dépôt de ces matières FlG. 16. — Anévrysme vermineux d'une division de l'artère mésentérique anté- rieure (cheval), d'après une figure de M. Rayer ; demi-nature. — a, a, caillot contenu dans l'artère; b, b, membrane moyenne hypertrophiée; c, sclérostome mâle; d, femelle; grandeur naturelle. (1) Mém, cit., p. 332 AFFECTIONS VERMINEUSES DU SYSTÈME SANGUIN étrangères que la membrane séreuse se perfore ou s'ulcère ; mais plus souvent, peut-être, on voit la membrane moyenne remplacée par une coque osseuse dont l'épaisseur est irrégulière, et qui affaiblit consi- dérablement la résistance de l'artère. L'hypertrophie des parois de l'artère malade, et notamment celle de la membrane moyenne, est un des principaux caractères des anévrysmes vermineux. Dans les dilatations anévrysmatiques non vermineuses qui ont pour siège les artères pulmonaires, aorte, carotides, etc., chez le cheval, les tuni- ques de ces vaisseaux acquièrent un épaississement bien moins con- sidérable, souvent au contraire elles sont amincies. Un autre caractère encore distingue l'anévrysme vermineux d'un anévrysme vrai non vermineux, ou du moins de l'anévrysme vrai de l'homme, c'estl'existence constante, clans la portion de l'artère dilatée, d'un dépôt fibrineux adhérent à ses parois. Ce dépôt est plus ou moins considérable; dans quelques cas il rétrécit la cavité de l'artère au point de ne plus laisser au cours du sang qu'un très étroit pas- sage. « Lorsqu'il n'y a qu'une couche très mince de fibrine déposée à la surface interne de l'artère, dit M. Rayer, soit dans une partie ou dans la totalité de sa circonférence, cette couche fibrineuse adhère comme une fausse membrane, et la surface interne du vaisseau pa- raît inégale. En raclant légèrement cette surface, on peut enlever cette lame fibreuse, et reconnaître distinctement au-dessous la mem- brane interne de l'artère, ou bien encore en incisant les parois du vaisseau. Suivant leur épaisseur, on distingue au-dessous de cette lame de fibrine une ligne qui, en deçà et au delà de l'altération , se continue régulièrement avec la membrane interne... » Un fait qu'il importe de noter, c'est que toutes les concrétions fibrineuses, même les plus minces, situées dans l'intérieur de ces artères anévrysmatiques, sont toujours plus ou moins adhérentes aux parois du vaisseau, ainsi que cela a lieu dans l'artérite. Les dépôts de fibrine les plus considérables sont très adhérents ; leurs couches les plus externes sont denses et d'un blanc jaunâtre; les internes, ou les plus récentes, sont moins denses et rougeâtres. On trouve le Strongylus armalus minor dans les différentes couches (1) . » Ces couches de fibrine ont été prises par Schulze pour des replis de la membrane interne de l'artère, et comparées par lui et par d'autres aux colonnes charnues du cœur. Quant aux sclérostomes anévrysmatiques, les uns sont presque (1) Mém. cit., p. 22-23. CHEZ LES SOLIPÈDES. — ANÉVKYSME VERMINEUX. 333 entièrement libres dans la cavité de l'artère, les autres, et c'est le plus grand nombre, sont comme enfouis dans le caillot flbrineux. Le nombre des vers contenus dans le caillot est souvent considé- rable, mais on n'en trouve quelquefois qu'un ou deux; il est très rare qu'on n'en trouve aucun. « Lorsque le dépôt de fibrine est plus considérable, dit M. Rayer, on rencontre toujours un plus grand nombre de strongles. Il y a réellement une sorte de rapport entre le volume et l'ancienneté des dépôts fibrineux et le nombre de ces vers. Quant au rapport qu'on a cru remarquer entre l'existence de ces vers et l'ossification de la poche anévrysmale, je dois dire qu'on trouve aussi souvent des vers dans les artères simplement dilatées et hypertrophiées que dans celles dont les parois offrent des incrus- tations ou des lames d'ostéides (1). » Généralement l'anévrysme vermineux n'est point grave; la grande épaisseur de ses parois s'oppose à sa rupture, qui cependant a lieu quelquefois, et surtout lorsque la tunique moyenne est ossifiée. C'est ordinairement pendant un effort de l'animal que la rupture se pro- duit, et la mort est instantanée. Grève a observé cinq fois cette ter- minaison (2). Cet anévrysme ne donne lieu à aucun phénomène appréciable, à moins que, par exception, il n'ait acquis un grand volume. Dans ce cas, quelques chevaux ont présenté des symptômes à' indiges- tion, et d'autres de la faiblesse dans les membres postérieurs. Les anévrysmes vermineux sont plus fréquents dans la vieillesse des solipèdes qu'aux autres âges. On n'en a jamais rencontré chez les poulains nouveau-nés, mais on en a observé chez des chevaux âgés de un à deux ans et même de six mois. Les vieux chevaux en sont presque tous atteints. M. Rayer en a vu quarante-huit fois sur cin- quante individus, et non moins souvent chez les ânesses. M. Mather, vétérinaire anglais, a observé chez des poulains plu- sieurs cas d'anévrysme vermineux de l'aorte près de la naissance des artères rénales ; mais, ce qu'il y a de plus intéressant dans le fait, c'est que cette affection a paru régner d'une manière épi- zootique (3). (1) Mém. cit,, p. 22. (2) Bern. Ant. Grève, Erfahrungen and Beobachtungen uber die Krankheiten der Hausthiere in Vergleichmitden Krankheiten des Menschen, 1818. (3) Mather, in The veterinarian, anu. 1857, janv.-juin, et Recueil de méd. vélér Paris, 1858, p. 692. ' 33/| AFFECTIONS \ KHMINLUSHS 1)0 SYSTÈME SANCJUtN On a attribué la formation de l'anévrysme vermineux à diverses causes : 1° à l'existence des vers dans les parois artérielles et à la perforation de ces parois par l'action de ces entozoaires ou par la pression delà tumeur qui les renferme; 2° à la position des artères malades dans le voisinage de parties qui sont le centre de mouve- ments étendus; 3° aux tiraillements résultant du poids des intestins, ou des efforts occasionnés par le travail , etc. La première expli- cation est fondée sur une erreur rectifiée par les recherches de M. Ra}rer ; les deux autres ne peuvent se soutenir devant les objec- tions de l'éminent auteur des Archives de médecine comparée : La constitution différente de l'anévrysme par tiraillement ; l'existence d'anévrysmes vermineux chez le poulain, l'hémione, chez des ânesses laitières, et nous ajouterons l'absence d'anévrysmes semblables chez le bœuf, qui sert aux travaux de l'agriculture, ne laissent subsister ni l'une ni l'autre de ces explications. M. Rayer, après avoir fait remarquer qu'on ne rencontre pas tou- jours des vers dans les anévrysmes de l'artère mésentérique, ne paraît pas disposé à regarder le Strongylus armatus minor comme la cause de l'altération artérielle qui nous occupe. — Pour nous, la présence presque constante du sclérostome armé dans l'anévrysme des artères abdominales nous porte à regarder ce ver comme la cause de la lésion artérielle, mais nous nous expliquons son action autrement qu'on ne l'a fait jusqu'ici. La lésion pathologique des artères anévrys- matiques nous paraît être le résultat d'une véritable inflammation déterminée par le sclérostome; en effet, l'opacité de la membrane interne, l'épaississement de la moyenne, la présence d'un caillot, l'ad- hérence de ce caillot, sont des phénomènes propres à l'artérite; d'un autre côté, la bouche du sclérostome est armée d'un appareil corné pourvu de pointes acérées et résistantes, au moyen desquelles ce ver peut exercer des piqûres, des titillations souventrépélées, et entretenir une irritation constante dans la paroi artérielle (1). Dira-t-on que l'on (1) La bouche du sclérostome est sans doute trop petite pour qu'elle puisse pro- duire des pertes de substance appréciables sur la membrane interne des artères; M. Rayer a d'ailleurs fait voir que les ulcérations qui existent quelquefois dans les anévrysmes vermineux dépendent de productions crétacées ou alhéromateuses. Mais ces vers peuvent entretenir une irritation constante dans les parties en y enfonçant leur tête. Les scléroslomes de l'intestin, dont la bouche est conformée comme celle du sclérostome anévrysmatique , « sont fixés solidement par leur armure buccale à la muqueuse de l'intestin, sur laquelle chacun forme, en suçant, une petite papille de couleur foncée, » dit M. Dujar lin. Il est probable qu'on pour- rait constater le même fait dans les artères vermiueuses, si on les ouvrait peu de mm LliS SOLIPÈDKS. — ANÉVHYSM1Î VERMINEUX. 335 ne trouve pas toujours de vers dans l'anévrysme des artères mésen- tériques? Nous répondrons que, dans ce cas d'ailleurs très rare, il se peut que les entozoaires aient abandonné la tumeur ou qu'ils aient péri, comme on l'a vu pour les vers d'autres espèces de tumeurs ver- mineuses. On pourra dire encore que l'artère pulmonaire, chez le marsouin, contient souvent des vers beaucoup plus volumineux que le sclérostome armé, et que cependant cette artère n'offre aucune lésion pathologique. Le fait est vrai; mais la bouche de lapseudalie du marsouin étant arrondie, très petite et tout à fait inerme (1), ce ver ne peut en aucune manière piquer ou irriter la paroi qui le renferme, et cette différence mérite sans doute d'être remarquée : dans les artères du marsouin, ver inerme, absence de lésions patho- logiques ; dans les artères du cheval, ver armé, existence de lésions pathologiques. L'anévrysme vermineux n'a jamais été observé que chez les soli- pèdes. Si l'on a rencontré chez le chien des vers dans les parois de l'aorte, dans aucun cas la poche qui renfermait les vers ne commu- niquait avec la cavité du vaisseau ; chez les solipèdes, on n'a jamais vu dans les parois des artères de tumeurs vermineuses semblables à celles du chien ; c'est donc par une induction fautive, et non d'après l'observation, que Morgagni d'abord (2), puis un grand nombre d'au- teurs, Rudolphi (3), Scarpa(4), Hurtrel d'Arboval (5) , Otto (6), etc., ont admis dans les parois des artères du cheval l'existence de vers et de tumeurs vermineuses, et que Sabatier (7). et Laënnec (8) ont admis l'existence d'anévrysmes vermineux chez le chien (9). temps après la mort du cheval. Ne voit-on pas d'ailleurs les oxyures, qui sont moins grands et moins bien armés que les sclérostomes, occasionner une irritation vive et même l'inflammation dans les organes qu'ils habitent! (1) Davaine, Recherches sur les vers des vaisseaux pulmonaires et des bronches chez lemarsouin (Mém. Soc. de biologie, 1854, 2e série, t. I, p. 117). (2) Morgagni, Epist. analom., 176£|, epist. ix, §§ 45 et 46, in -fol. (3) Rudolphi, Entosoorum Hist. nat., t. I, p. 438. (4) Scarpa, SulVaneurisma, etc., trad., 1809, p. 106. (5), Hurtrel d'Arboval, Dict. médec. vétérin., a-rt. Ceinon. Paris, 1824. (6) Olto, Lehrbuchder palh. Anal., etc. Berlin, 1830. (7) Sabatier, Médecine opératoire , \'e édit., 1796; et 3e édit., Paris, t. III, 1832, p. 108. (8) Laënnec, Dict. des sciences médicales^ art. Ciunon, 1843'. (9) C'est encore par erreur qu'on a dit que les anévrysmes du pécari {Sus lajassu), observés par Tyson et par Daubenton, renfermaient des vers; ces observateurs ne font aucune mention de vers (Rayer). 336 AFFECTIONS VISQMINEUSES DU SYSTÈME SANGUIN. CHAPITRE II. VERS DES VEINES. MM. Trousseau et Leblanc rapportent que l'on trouve des cri- nons dans les veines mésentériques du cheval ; mais ils n'en ont jamais observé. « M . Jobert, disent-ils, aide d'anatomie de la Faculté de médecine de Paris (aujourd'hui professeur et membre de l'Institut), a rencontré très souvent de ces entozoaires nageant dans le sang des veines mésaraïques du cheval ; il me permet de citer ce fait cu- rieux (1). » Valentin rapporte que, » dans l'hiver de 1841, on a trouvé à l'école vétérinaire de Berne un strongle dans la veine porte d'un cheval. On s'assura que le vaisseau n'avait point été mis en communication avec l'intérieur du canal intestinal par suite de quelque perforation (2). » Les observateurs n'ont pas dit s'il y avait quelque lésion patho- logique dans les veines. TROISIEME SECTION. HÉMATOZOAIRES DU CHIEN. Chez le chien, les cas de vers du sang visibles à l'oeil nu sont très rares; ceux qui concernent les larves microscopiques d'un ver nématoïde, larves qui circulent dans tous les vaisseaux avec le sang, paraissent devoir être beaucoup plus communs. Les hématozoaires du chien appartiennent, autant qu'on peut le présumer, à trois espèces distinctes : le dochmie'trigonocêphale (?) , observé par M. Serres ; le strongle géant (?), observé par M. Jones ; \zfilaire hématique (?), par MM. Gruby et Delafond, Gervais, et Jones. Nous rapporterons simplement les faits connus, comme des docu- ments devant servir plus tard à l'histoire des vers du sang chez le chien . (1) Mém. cit., p. 194, note. (2) Valentin, Repertorium fur Ânalomie und Physiologie, S. 51, 1841, cité par Rayer, Archiv. deméd. comp., 1842, n° 1, p. 42. HÊMATOZOAIIUS CHEZ LE CHtElS. 337 CHAPITRE PREMIER. HÉMATOZOAIRES SÉJOURNANT DANS CNE PORTION DÉTERMINÉE DU SYSTÈME CIRCULATOIRE. Ier Cas (Panthot). — Espèce indéterminée. « J'ai ouvert une petite chienne vivante pour faire quelques démonstrations anatomiques ; cette chienne était plus vieille que jeune, elle nourrissait cinq petits chiens et n'avait aucune apparence de maladie ni de langueur. A l'ou- verture du ventricule droit du cœur, on trouva trente et un vers ramassés en peloton ; ils étaient chacun de la longueur du doigt et de la grosseur d'une épingle médiocre (voy. fig. IV). » (Cette figure représente un trait de plume fin, flexueux, aminci aux deux extrémités, et long de 75 millimètres.) « Ces vers se séparèrent d'abord et sautèrent sur la table avec une grande vitesse; mais ils ne vécurent pas trois minutes. Je ne trouvai aucune altéra- tion dans la substance du cœur ni dans les autres parties du corps (-1). » IIe Cas (De la Peyronie). — Espèce indéterminée. « M. de la Peyronie m'a assuré que, dans plusieurs chiens, il avait vu des pelotons de tels insectes (vers) entre la base du cœur et le péricarde, et même dans les ventricules. Des anatomistes dont le savoir et l'esprit philosophique rassurent contre toute illusion et lout préjugé, ont fait de semblables obser- vations (2). » IIIe Cas (docteur Peïsson). — Espèce indéterminée. « Un chien de forte taille était depuis quelque temps triste et languissant, il était presque toujours couché et mangeait très peu. Cinq ou six fois par jour il était pris de convulsions de tous les membres et des yeux ; une sorte d'étour- dissement paraissait précéder ces convulsions et faisait tomber l'animal. A la fin de l'accès, qui durait une ou deux heures , il avait un peu d'écume à la gueule. » On le tua, et le docteur Peysson (de Montpellier), l'ayant ouvert afin d'ob- server les mouvements du cœur, trouva dans le ventricule droit de cet organe cinq ou six vers cylindriques, longs de 8 à • Une chienne à sang vermineux donne avec un chien également à sang vermineux des descendants appartenant soit à la race du père, suit à la race de la mère, ayant des vers dans le sang. » Les filaires dansle sang des descendants n'ont étédécouvertes qu'à l'époque où. les chiens ont eu l'âge de cinq à six mois. Le sang ver- mineux des chiens ne présente point de modifications bien notables dans les caractères physiques et dans la proportion en poids de ses principes organiques ou inorganiques. » Les hématozoaires, même en nombre immense, n'altèrent pas les facultés instinctives des chiens et n'affaiblissent pas l'énergie mus- culaire de ces animaux. » Dix-neuf chiens, dont chacun avait, d'une manière approxima- tive, depuis 11 000 jusqu'à près de 224,000 filaires microscopiques dans leur sang, en outre un chien ayant aussi dans le sang six filaires adultes de la longueur de 14 à 20 centimètres, n'ont point été at- teints de maladies spéciales; cependant trois chiens ayant approxi- mativement, le premier 17 000, le deuxième 25 000, et le troisième 112 000 filaires microscopiques dans le suc vital, ont été frappés d'attaques épileptiformes. Deux de ces animaux sont morts de ces attaques ; chez le troisième, elles ont disparu. La santé de ce dernier chien est parfaite depuis plus d'un an, quoique le même nombre de vers existe toujours dans le sang (1). » (1) Gruby et O. Del a fond, Troisième Mémoire sur le ver plaire qui vit dans le sang du chien domestique (Comptes rendus de VAcad. des se, 1852, t. XXXIV, p. 9). AFFECTIONS VERMINEUSKS DES CAVITÉS SÉREUSES. 343 DEUXIEME PARTIE. AFFECTIONS VFRMINEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES NATURELLES OU ADVENTIVES. Généralités. — Quels sont les vers des cavités séreuses? — Vers vésiculaires: ils existent dans des membranes séreuses naturelles ou adventives; ils produisent dans les unes comme dans les autres les mêmes accidents; ils n'existent pas dans les cavités muqueuses. — Historique : confusion des vers vésiculaires avec les kystes; découverte de l'animalité des cysticerqucs, des hydatides; échinocoques chez les animaux, chez l'homme; relation de l'hydatide avec les échinocoques. — Corps inanimés pris pour des vers vésiculaires. — Dénominations. — Divi- sion de la deuxième partie. Les cavités qui sont revêtues d'une membrane séreuse peuvent être envahies par les entozoaires aussi bien que celles qui sont revê- tues d'une membrane muqueuse. Ces entozoaires appartiennent aux nématoïdes et aux cestcïdes : Les nématoïdes des cavités séreuses sont rares, on n'en a point observé chez l'homme. De tous les animaux domestiques, le cheval est celai qui en offre le plus fréquemment; mais, si l'on excepte les vers de la chambre antérieure de l'œil dont nous parlerons autre part, aucun de ces entozoaires nématoïdes n'occasionne d'accidents ou même de phénomènes appréciables. Nous n'aurons donc point à nous en occuper ici. Les cestoïdes des cavités séreuses sont des vers vésiculaires qui, soit par leur nombre, soit par leur volume, donnent lieu à des phé- nomènes apparents ou même à des accidents graves. Toutes les cavités séreuses naturelles ne sont point sujettes à être envahies par des vers vésiculaires : on n'en a point signalé dans les cavités synoviales; on n'en a point signalé non plus dans le péri- toine chez l'homme, à moins qu'ils n'y fussent arrivés accidentelle- ment par la rupture d'un kyste situé dans les organes abdominaux ; il en est autrement chez plusieurs animaux qui offrent quelquefois des cysticerques libres dans le péritoine. Les cavités séreuses dans lesquelles on a vu des vers vésiculaires libres sont celles des ventricules cérébraux et de l'arachnoïde, les chambres de l'œil, la plèvre, le péricarde, la tunique vaginale, et, chez quelques animaux, le péritoine. 3U'\ AFFECTIONS VERMINliUSES DES CAVITÉS SÉRLUSES On rencontre assez fréquemment dans les ventricules cérébraux et dans l'arachnoïde chez le porc le cysticerque ladrique; on l'a vu plusieurs fois chez l'homme ainsi que des hydatides. Dans l'humeur aqueuse de l'œil, on a vu plusieurs fois le cysti- cerque ladrique chez l'homme et chez le porc. La cavité de la plèvre et celle du péricarde en ont offert des exem- ples non moins certains. Bremser a vu des cysticerques libres dans la plèvre des campagnols (l). M. Andral rapporte que, sur un singe dont il fit l'ouverture avec Magendie, en 1818, il trouva l'une des plèvres remplie d'une grande quantité de sérosité, au milieu de laquelle nageaient une quarantaine de petits corps sphériques, très élastiques, delà grosseur d'une noisette, et qui, d'après les autres détails, ne peuvent être rapportés qu'aux hydatides (2). « J'ai disséqué, dit M. Reynaud, un rat de Pharaon dans lequel il existait des acé- phalocystes libres et sans kyste dans les deux plèvres, en telle quan- tité que les poumons se trouvaient refoulés vers la colonne verté- brale ; l'intérieur du péricarde en contenait aussi un grand nombre sans qu'il fût perforé (3). » Obs. I (Andral et Lemaithe). — Hydalide dans la plèvre. Une femme, âgée de quarante et un ans, entra en 1850 dans le service de M. Andral. Elle avait éprouvé pendant dix-sept mois une gène dans la respiration et une douleur dans le côté gauche de la poitrine, douleur qui redoublait au moindre mouvement. Elle mourut peu de temps après son entrée à l'hôpital, avec des phénomènes d'asphyxie. On avait constaté les signes d'un vaste épanchement dans la plèvre gauche. A Vaulopsie, M. Lemaître trouva le cœur repoussé à droite, le poumon gauche refoulé en dedans et en arrière vers la colonne vertébrale et réduit au volume du poing. « La cavité de la plèvre (gauche) est occupée par une énorme poche fluctuante, dont les parois, blanches et opaques comme du blanc d'œuf coagulé, sont entièrement semblables aux parois des vésicules acéphalocystes. La surface externe de cette poche, partout lisse et énucléable, est séparée de la plèvre par une matière gélatineuse jaunâtre peu consis- tante; ses parois, épaisses de 3 millimètres, se composent de plusieurs feuil- lets superposés; sa surface externe est un peu inégale et comme chagrinée; on y aperçoit à l'œil nu une multitudede très petits points blancs; à l'intérieur, elle contient trois litres d'un liquide transparent, légèrement jaunâtre, d'apparence (1) Bremser, ouvr. cit., p. 31. (2) Andral, Anal, palh., t. I, p. 382. (3) A. Rrynaud, Dict. de méd. en 30 vol. Paris, 1837, t. XV, p. 428, article Hydatipes. NATURELLES OU ADVENT1VES. — GÉNÉRALÎÏÊS. 3-'l5 homogène. L'examen microscopique do ce liquide et de la surface interne des parois de la poche permet de constater partout l'existence d'un très grand nombre d'échinocoques. Cette poche est donc une énorme acéphalocysle dé- veloppée dans la cavité même de la pleure. Le poumon droit était sain, le foie renfermait un kyste du volume d'un gros œuf de poule, qui contenait une hydatide solitaire avec des échinocoques (1). » Au rapport de M. Guérault, on a vu des hydatides dans la tunique vaginale chez les Islandais (2). Dans la cavité des veines, dont la membrane interne n'est pas sans analogie avec une séreuse, M. Andral a rencontré des hyda- tides libres, et M. Wunderlich en a vu dans les divisions de l'ar- tère pulmonaire. On ne connaît point de fait certain qui établisse que les vers vési- culaires sedéveloppent dans des cavités communiquant avec le dehors, c'est-à-dire dans des cavités revêtues par une membrane muqueuse; on a vu sortir, sans doute, par les voies naturelles, des hydatides in- tactes, mais il est aujourd'hui généralement reconnu que les hydatides expulsées dans des cas semblables proviennent d'un kyste qui s'est ouvert dans ces voies. D'après le fait suivant toutefois, il semblerait qu'il n'en est^ pas toujours ainsi : " Dans plusieurs poumons de vache, de cerf, de gazelle, j'ai trouvé, dit M. Reynaud, des acépha- lccystes renfermées dans l'intérieur des extrémités bronchiques. Une dissection attentive des bronches m'a plusieurs fois permis d'arriver, sans inciser autre chose que leurs parois, à un point de leur trajet où l'instrument rencontrait à nu une poche hydatique adhérente par simple contiguïté aux parois distendues, et se continuait par des commencements d'embranchements dans deux ou plusieurs des divi- sions suivantes. Ces acéphalocystes contenaient tantôt un liquide aqueux, et tantôt une matière comme crémeuseou caséeuse (3). » Un fait aussi exceptionnel eût demandé des détails plus circonstanciés sur l'apparence des vésicules dont il est ici question. Nous verrons que lorsqu'un kyste hydatique contient une matière crémeuse ou caséeuse, cette matière ordinairement n'existe pas dans la cavité de l'hydatide, niais extérieurement à elle, dans son kyste; en sorte qu'il est à croire qu'il ne s'agit point ici de véritables hydatides, mais de kystes séreux. Si, néanmoins, le fait est exact, nous nous (1) Bull. Soc. anal., 25e ann., p. 106. (2) Même infrà cit. (3) A. Reynaud, art. cité, p. 4 29. 3/l6 Al'l'ECTlONS VEKMlNliUSIiS DES CAVITÉS SÉHliUSliS rappellerons ce quç nous a enseigné Magendie : la membrane qui revêt l'extrémité des bronches se rapproche par ses propriétés phy- siologiques des membranes séreuses et du tissu cellulaire. Si l'énumération qui précède montre que les vers vésiculaires vivent librement dans les cavités séreuses naturelles, elle montre aussi que les exemples n'en sont pas communs , surtout chez l'homme ; et c'est, en effet, dans le parenchyme des organes que ces vers font leur séjour ordinaire. Il est vrai qu'ils sont isolés de ce parenchyme par une poche accidentelle ou kyste dont la structure se rapproche de celle des membranes séreuses. Dans quelque partie que se développe le ver vésiculaire, il n'a d'action sur les organes que médiatement, à travers la membrane séreuse naturelle ou adventive qui le renferme, et cette action ne diffère nullement, qu'il soit renfermé dans une cavité naturelle ou dans une cavité adventive, car les phénomènes que la présence de l'entozaire détermine n'étant autres que ceux de la compression, il importe peu, en définitive, que cette compression porte son action sur les organes de dehors en dedans ou de dedans en dehors. L'histoire pathologique des vers vésiculaires serait ici fort incom- plète, si nous ne nous occupions que de ceux des cavités séreuses naturelles; mais, l'analogie de la structure des poches accidentelles qui renferment les entozoaires cystiques avec celle des cavités natu- relles, l'identité des entozoaires, la similitude des phénomènes et des lésions que ceux-ci déterminent, l'avantage de considérer ces phé- nomènes et ces lésions dans leur ensemble, nous engagent à ne point séparer l'étude pathologique des vers des cavités accidentelles de celle des vers des cavités naturelles : ainsi, cette partie de notre ou- vrage comprendra l'histoire générale des lésions occasionnées par les cysticerques et les hydatides (mères des échinocoques). Nous parlerons ailleurs du cœnure, car, bien que ce ver puisse se rencontrer dans une cavité séreuse, il est toujours en rapport avec le système nerveux central, et doit être considéré comme un entozoaire spécial à ce système. Historique. — Les anciens ont observé les vers vésiculaires, mais ils ignoraient que ces êtres jouissent d'une vie propre. Jusqu'à l'époque de la découverte de leur animalité, ces vers n'étaient point distingués des kystes séreux, et de même que ceux-ci ils étaient re- gardés comme des dilatations variqueuses des vaisseaux lympha- tiques ou sanguins, ou bien comme un mode particulier d'altération NATURELLES OU ADVENTIVES. —GÉNÉRALITÉS. 347 du tissu cellulaire. Les premières notions touchant l'animalité des entozoaires cystiques furent acquises vers la fin du xvue siècle; toutefois elles restèrent ignorées de la généralité des médecins jus- qu'à la fin du xvme. C'est, au reste, vers cette époque seule- ment que l'on reconnut d'une manière positive la nature de ces entozoaires, qu'on distingua leurs genres et leurs espèces, et qu'on put les séparer définitivement des produits pathologiques plus ou moins analogues, quant à la forme et à l'apparence (1). La confusion qui existait entre les kystes séreux, les hydatides et lescysticerques, a subsisté presque jusqu'au commencement de notre siècle. Les cysticerques ont été connus comme animaux bien avant les hydatides. Cysticerques. — Le cysticerque ladrique, ou plutôt la vésicule caudale de cet entozoaire est désignée avec précision dans le passage d'Aristote relatif à la ladrerie du porc (2), mais elle n'est point con- sidérée comme douée de l'animalité. Le premier ver vésiculaire qui ait été regardé comme un animal est le cysticerque fasciolaire : en effet, en 1668, Pecquet parle des vers que M . Estienne a trouvés à Chartres dans le foie des souris, et que Ton fit voir, dit-il, il y a quelques jours, à la Compagnie (Académie des sciences), lesquels vers sont une chose qui est ordinaire à ces animaux en ce pays là (3) . Est-il nécessaire de faire remarquer toutefois que le cysticerque de la souris n'est jamais invaginé dans sa vésicule caudale très petite, et que la connaissance de cet entozoaire n'a pu servir en rien à celle de l'animalité des autres vers cystiques qui, rétractés dans leur vé- sicule, ne nous apparaissent ordinairement que sous cette dernière forme? (1) La confusion des vers vésiculaires avec les kystes avait cessé depuis long- temps pour les helminthologistes, que beaucoup de médecins, refusant aux hyda- tides une vie indépendante, cherchaient encore l'origine de ces êtres dans quelque altération des liquides ou des solides de l'économie. Les opinions tant anciennes que modernes relatives à la nature de ces vésicules sont très nombreuses : selon Bartholin, Warthon, Bidloo, Dodard, Morand, etc., les hydatides doivent leur origine à des dilatations des vaisseaux lymphatiques; selon Ruysch, à celles des vaisseaux sanguins ; à une altération du tissu cellulaire, selon Monro et Schreiber; des follicules, selon Boerhaave, Hallcr, etc.; du tissu adipeux, selon Grashuys. Elles ont été considérées par d'autres comme de la gélatine disposée en membrane (Merklin), comme une pituite épaisse et albumineuse (Ch. Lepois), comme des hy- dropisies enkystées, comme un produit d'inflammation, etc. (2) Voyez Ladrerie. (3) Pecquet, lettre citée. 348 AFFECTIONS tfERMINEUSES DES CAVITÉS SÉRÉtJSËS Redi (1684) paraît avoir observé plusieurs vers vésiculaires; il est certain qu'il a connu au moins le cysticerque du lapin [C. pisi- fermis): •• Vidi mesenterium leporis inter utramque tunicam undique " distinctum hullis seu hydatihus pellucidis, aqua limpidissima re- » fertis,peponissemen referentibus cum acumineabuna extremitate » candido, nec pellucido (1). •• Il ajoute que des vésicules semblables trouvées libres dans la cavité du ventre avaient un mouvement spon- tané (quasi animalia forent proprio motu acta). 11 est disposé à croire que la partie de ces vésicules qui ressemble à une semence de concombre est un embryon de distome hépatique ; il fait ensuite la remarque importante que le liquide contenu dans ces vésicules ne se coagule pas par la chaleur. La découverte de l'animalité des vers vésiculaires est générale- ment attribuée à Hartmann, qui détermina d'une manière très pré- cise la nature de ces êtres. Hartmann fit part de sa découverte à l'Académie des curieux de la nature, en 1685. Ayant trouvé des hydatides dans l'épiploon d'une chèvre, ■< j'essayai d'abord, dit -il, d'introduire un stylet dans une de ces hydatides où était un appen- dice, ou prolongement cannelé circulairement, et qui paraissait avoir une petite ouverture ; mais ne pouvant y réussir, je pressai douce- ment avec les doigts une espèce de mamelon rond et blanc qui était à l'extrémité de l'appendice, afin de rendre plus apparent ce que je prenais pour un conduit : je vis à l'instant que ce petit corps s'allon- geait, qu'il avait la forme d'un ver rond, et je crus même y aperce- voir quelque mouvement. » Pour în'assurer si cette hydatide était véritablement animée, je la plongeai dans de l'eau tiède, ets'étant précipitée d'abord au fond du vaisseau, j'aperçus des mouvements d'ondulation vifs et très marqués non-seulement dans l'appendice, mais dans toute la vessie, et ces mouvements imitaient ceux de la systole et de la diastole du cœur, par l'élévation et l'abaissement successifs delà membrane qui formait cette vessie... (2) » D'après la description et la figure que donne Hartmann, il est facile de reconnaître qu'il s'agit de cysti- cerques. II parle de leur forme, du corps et de l'eau limpide qu'ils contiennent, mais il ne parle pas de leur tête qui, à cette époque, (1) F. Redi, ouvr. cit., trad. lat., p. 196. (2) Collecl. acad., part, étrang., t. III, p. 657, obs. lxxiii. Dissection de deux chèvres, dans l'une desquelles on trouva des hydatides vivantes, ou plutôt des vers vésicu!aires renfermés dans l'épiploon, par le docteur Philippe Jacques Hartmann (extrait des Mise. Acad. nul. cur., 1686, dec. Il, ann. 4, p. 152). NATURELLKS OU ADVENTICES. — GÉNÉRALITÉS. 3Z|9 était encore inconnue chez les cestoïcles, sauf chez le ténia du chien. Edward Tyson, quelques années après (1693), reconnut aussi l'animalité des cysticerques d'aborl chez l'antilope, ensuite chez le mouton. Il soupçonna que ces vésicules étaient des insectes ou bien des œufs ou des embryons d'insectes, par les raisons suivantes : 1° Elles sont contenues dans une sorte de matrice renfermant un liquide. 2° Il y a dans leur intérieur un cou plus opaque que le reste de la vessie et une ouverture à l'extrémité. Ce cou a des mouvements. Tyson ne parle pas de la tête; il prend l'ouverture terminale du cou pour une bouche, et la vésicule pour un estomac; ayant trouvé de ces vers dans des moutons pourris, il conclut que ces hydatides sont des vers ou des insectes sui generis qui sont devenus Hydropiques comme l'animal dans lequel ils existaient (1). Malpighi, probablement sans connaître les découvertes des ob- servateurs contemporains, arriva au même résultat pour le cysti- cerque ladrique. Il décrivit avec exactitude les vésicules qui se trouvent dans les chairs des cochons ladres [lazaroli). Il fit sortir de ces vésicules un corps blanchâtre qui se développa comme les cornes du colimaçon-, il reconnut à l'extrémité une petite tête [in apice attolitur capitulum) ; il remarqua encore chez le hérisson des vers annelés et blancs, renfermés dans des kystes (cysticerques'?) : la tête sortait et rentrait alternativement ; elle était pourvue de cro- chets ou d'aiguillons [styli, aculei) ; le corps était composé de douze anneaux et parcouru par deux canaux latéraux, regardés par Mal- pighi comme des trachées (2). Pendant plus de soixante ans, les connaissances acquises sur l'ani- malité des cysticerques restèrent ensevelies dans l'oubli, car Linné seul en avait fait mention dans son Systema naturœ. En 1760, Mor- gagni rappelle les recherches de Redi, de Hartmann et de Tyson, sans se prononcer sur leur valeur; « il pense, néanmoins, que les vésicules remplies d'eau qui se présentent aux anatomistes ne sont pas toutes d'une seule espèce, que, par conséquent, leur origine doit être différemment expliquée (3). » (1) Lumbricus hydropicus or an essay lo prove that hydatides often met with in morbid animal bodies, are a species of ivorms, or imperfecl animal, by Edward Tyson, in Philosoph. Transact., vol. XVII, for thc year 1693, p. 506. (2) Marc. Malpighi, OEuvres posth., édit. Lond., 1797, p. 84. (3) J.-B. Morgagni , De sedibus et causis morborum per anatomen indagaiis libriquinque, epist. xxxvm, § 4i. Venetiis, 1760, trad. franc., 1855, p. 395. 350 AFFECTIONS VBRMINKUSKS lîÈS CAVITÉS SÊBEOSES Enfin, Pallas étudie la constitution de ces animaux (1766), il re- connaît les rapports qui les lient aux ténias, et définitivement il met leur existence hors de toute contestation (î). Quelques années après (1786), Werner découvre chez l'homme le cysticerque ladrique. Hydatides mères des échinocoques. — Hippocrate avait sans doute en vue les hydatides dans l'aphorisme suivant: « Quand le foie, plein d'eau, se rompt dans l'épiploon, le ventre se remplit d'eau et les malades succombent (2). » Ces entozoaires sont assez clairement indiqués dans le commentaire de Galien sur cet apho- risme: » Le foie est bien propre à engendrer des hydatides dans la membrane qui le revêt, car de temps en temps on trouve dans les animaux que l'on égorge ce viscère rempli de vésicules pleines d'eau (3). •> Enfin on ne peut les méconnaître dans le passage suivant d'Arétee : » On connaît encore une autre espèce d'hydropisie; dans cette maladie, des vésicules très petites, nombreuses, pleines d'eau, se produisent dans le lieu où l'ascite existe ordinairement... D'où ces vésicules sont-elles sorties ? La route n'en est pas facile à trouver, car quelques-uns disent que de semblables ampoules sont passées par l'intestin (4). » Plusieurs observateurs du xvie et du xvir3 siècle rapportent des faits dans lesquels les hydatides sont parfaitement désignées : « Vidimus seepe jecur, dit Christ, a Vega, non in nobis tantum .. sed et in animalibus occisis, plénum aqua, quoniam in mem- » brana ipsum obvolvente continetur, plures efficiens vesiculas ; ha? » quoque rumpuntur... (5)» — «"Vesiculas tenuissimas, dit F. Plater, » pellucidas , aqua distentas, pomi magnitudinem nonnunquam » œquantes, hepatis substantiœ accrevisse, in cachecticis seepe in- » veni ; sed similes ex hepate et liene simiee. . . excepi. .. (6). » Rivière et Wolckerus rapportent des observations intéressantes de tumeurs hydatiques ouvertes pendant la vie des malades : « Rusticus quidam, dit le premier, hydropicus factus, abscessum » passus est in dextra parte abdominis ; eoque aperto, infinitus prope- » modum vesicularum aqua repletarum numerus egressus est, ut (-1) Pallas, Miscellanea zoologica, 1766. (2) Aphor., sect. VII, n" 55 [OEuvres cTHyppocrale, trad. Littré, t. IV, p. 595). (3) Comment, in Aphor., lib. VII, n° 54, (4) De causis et notis diuturn. afj'ect., lib. II, cap. î : De hydrope. (5) Christ, à Vega, Comment, ad aphor. 55, lib. VII, Aphor. Hipp., in Schenck, lib. III, obs. i„ p. 395. (6) L. V. Félix Platerus, De observ. propriis, in Schenck, loc. cit., obs, H. NATURELLES OU AM'ËNTlVES. — GÉNÉRALITÉS. ?>r).i » ducentarum numerum excederet, idque per plurium dierura spa- » tiurn, et sic omnino curatus est (1). » Une tumeur située près du cartilage ensiforme fut prise pour un abcès. Wolckerus l'ouvrit : « Quo facto, magno impetu eruperunt pluriir.se vesicœ partim disruptae, partim intégrée, tenui ac pellu- cida aqua refertee; harum aliquot magnitudine erant ovi gallinacei velovi columbarum,nonnullœ minores, quse inter tussiendum satis longé protrudebantur. . . ;Vesicàfum fuisse ultra trecentascompertum est... » Le malade vécut encore un an. A l'autopsie, on trouva trois abcès: l'un dans le foie, contenant des hydatides; un autre dans les poumons; le troisième, adhérent au côlon. Le méat biliaire était obli- téré près de l'intestin (2). D'autres faits, observés vers la même époque, sont encore rapportés dans le Sepulcretum de Bonet (3); ils se multiplièrent ensuite beau- coup; mais aucun des auteurs ou des observateurs antérieurs à Pallas (1766 1767) ne soupçonna que ces vésicules jouissent d'une vie in- dépendante. Dodart, en 1697, rapporte un cas intéressant d'hyda- tides, dont il cherche l'origine dans la dilatation des vaisseaux lym- phatiques (4); en 1723, Morand, s'efforçant de montrer aussi comment ces vésicules peuvent être formées par des vaisseaux lym- phatiques, ne fait nulle mention des observations de Hartmann, de Tyson ou de Malpighi (5). Pallas, ayant examiné, comme nous l'avons dit, la constitution du cysticerque et reconnu les rapports de ce ver vésiculaire avec le ténia, lui avait en conséquence donné le nom de tœnia hydatigena; de plus, il avait remarqué dans le foie des moutons et des bœufs des hydatides différentes de son tœnia hydatigena: elles ne conte- (1) Riveriusap. Boneti Sepulcr., lib. III, sect. xxi, § 2, in scholiis. (2) Wolckerus ap. Joachim Camerarium, De observ. propriis, et Schenck, lib. III, obs. iv, p. 392. (3) Bonet, Sepulcr., cit., lib. III, sect. xxi, obs. xxi, p. 429 etsuiv. (4) Dodart (12 juin 1697), in Regiœ scient. Acad. historia, lib. V, cap. v, § 8, p. 454, aut. J.-B. Du Hamel. Paris, 1701. (5) Morand, Observ. sur des sacs membraneux pleins d'hydatides sans nombre attachées à plusieurs viscères du bas-ventre, et découverts par l'ouverture du cadavre {Mém. Acad. des sciences, ann. 1722, p. 158; continuation, ann. 1723, p. 23). L'animalité des hydatides n'était point encore généralement admise au com- mencement de notre siècle, car Pujol, dans son Mémoire sur les maladies propres à la lymphe et aux voies lymphatiques, dit que les hydatides ne doivent pas leur existence à des vers, mais à l'atonie de certaines portions du système lymphatique dont les vaisseaux se dilatent (Journ. Sédillol, t. XIV, p. 137, an X). 352 AFFECTIONS VEUMlNEDSIiS DES CA.V1T1ÎS SÊRECSES liaient point, comme celui-ci, un cou et une tète de ténia, mais un grand nombre de corpuscules fort petits (molécules sinyulce ex alomis innumeris ob/ongis compactée). C'étaient des échinocoques dont Pallas ne reconnut point la structure ni la nature, parce qu'il les examina à un trop faible grossissement. Il nomma les vésicules qui contenaient ces corpuscules hydatides singu/ares , et partagea dès lors les hydatides en deux groupes : les hydatides adhé- rentes, et les hydatides sans adhérence; division féconde et vraie, qui séparait définitivement les kystes séreux des vers vésiculaires. 11 y avait dans cette distinction plus qu'un fait anatomique ; la haute intelligence du savant naturaliste ne le laissa pas échapper. Pallas pressentit que les hydatides singulières, quoiqu'il n'eût reconnu en elles ni mouvements ni organes distincts, sont douées de la vie comme le ténia hydaligène ; il exprima très nettement cette opi- nion en 1767, et, dans l'un de ses derniers ouvrages (1781), il en parla de nouveau en ces termes : •• 11 est vraisemblable que les hyda- tides non adhérentes, quelquefois observées dans le corps humain, sont ou de l'espèce du ténia vèsicalaire proprement dit, ou de ces hydatides singulières que j'ai remarquées et décrites dans le foie et les poumons des veaux et des moutons malades, qui doivent certai- nement être attribuées à une créature vivante, et qui sont évidem- ment organisées (au moins d'après la pellicule interne parsemée de granulations) (1). » La justesse des vues de Pallas ne tarda pas à être confirmée : en 1782, Goeze reconnut que les granulations remarquées par cet observateur dans les hydatides singulières sont des vers. Des kystes du foie d'un mouton ayant été ouverts, il en sortit, dit Goeze, » des vésicules internes, calleuses, bleuâtres, qui étaient encore for- mées d'une substance un peu plus molle que les vésicules externes, mais cependant bien plus cartilagineuses (2) que les vésicules des (1) Pallas, Neue Nord., cit., p. 83. (2) Avant que l'anatomie générale et l'histologie eussent déterminé les carac- tères de chaque lissu, l'expression de cartilage n'était pas prise dans un sens aussi restreint qu'aujourd'hui ; elle s'appliquait aussi à des substances qui en avaient les caractères extérieurs seulement. Bisson (1759) dit d'une hydatide du scrotum : « Au premier aspect, on l'aurait prise volontiers pour être de nature cartilagineuse ; sa polissure, sa blancheur et la dureté par le fluide comprimé qu'elle renfermait, paraissaient l'indiquer. » Ce sont, sans doute, ces trois qualités que Goeze exprime par l'expression de cartilagineuse. Au reste, cette expression se trouve appliquée, presque jusqu'à nos jours, à des substances qui n'ont nullement la nature du car- tilage. Bruguières désigne une variété du ténia solium par les mots cucurbith\ NATURELLES OU A.DVENTIVES. — GÉNÉRALITÉS. 353 vers vésiculaires glomèrides (cysticerques ou cœnures) ; en les ou- vrant, il s'est trouvé en plusieurs endroits une matière granuleuse d'un gris blanc, comme les plus petits œufs de poisson, qui était combinée avec une membrane muqueuse très tendre. . . » Ces vési- cules cartilagineuses sont nos hydatides, la membrane muqueuse est notre membrane germinale, et quant aux granules (échinoco- ques), dont la description très exacte vient ensuite, Goeze ajoute : " lorsque je me suis servi du n° 1, j'ai vu distinctement que c'étaient devrais ténias (1). » Les hydatides singulières des moutons et des bœufs devinrent donc le tcenia socialis [Echinococcus Rud.). Les échinocoques ne furent point reconnus chez l'homme d'une manière certaine avant 1821. Jusque-là Goeze (2), Zeder (3), Ru- dolphi (4) et même Werner (5) eurent, il est vrai, des échinocoques de l'homme sous les yeux, mais leurs observations furent très inexactes ou très incoznplètes. C'est Bremser qui décrivit le premier les échinocoques de l'homme : après en avoir cherché inutilement dans des hydatides de divers organes qui lui avaient été envoyées par Hildebrandt, Sœmmering fils, Hieser, il en trouva enfin (le 21 févr. 1821) dans un kyste hyda- tique de la grosseur d'un œuf de poule, que Kern avait extirpé de la région sous -clavicul aire d'une femme. L'hydatide mère contenait une trentaine d'autres hydatides ; la première lui montra des échi- nocoques encore vivants : « les echinococci ne se rencontrèrent pas uniquement dans l'hydatide primitive, mais aussi dans deux des pe- cartilagineux blanc ; Leroux dit d'un bothriocéphale qu'il diffère du ténia par sa consistance cartilagineuse (ouvr. cit., t. IV, p. 329); Bosc dit que les crochets du ténia sont cartilagineux; M. Dujardin parle des enveloppes cartilagineuses du mermis, quoiqu'elles n'aient du cartilage qu'une apparence très superficielle. (1) J. A. E. Goeze, Versucheiner Naiurgesch., etc., 1782, p. 258, 264. (2) Goeze aperçut dans des hydatides que lui avait envoyées Meckel de petits corps olivaires armés d'une simple couronne de crochets (cité par Zeder, Erster zur Naturgesch., etc., 1800, p. 308). (3) Zeder, Hydatides du cerveau d'une jeune fille prises pour des cœnures (voy. ci-après, liv. III, part, i, Cœnure chez l'homme). (4) « Ipse hydatides humanas plurimas vidi; inter plures tamen , quas ab œgroto dejectas am. Weigel spiritu vini servaias communicavit , altéra inlus pulvere adspersa, qui sub microscopto vermiculos rotundos vel obovatos exhibuit, quorum aulem capita retracta essent. » (Rudolphi, Ent. hist. cit., t. II, part, n, p. 248.) (5) Werner parle des corpuscules blancs très nombreux qu'il rencontra à la sur- face interne d'hydatides extraites de la région inguinale, et qui sont évidemment des échinocoques (voy. obs. 231, infra cit.). Davaine. 23 35/| AFFECTIONS VERMINEIJSES DES CAVITÉS SÉREUSES tites ; quelques autres de ces dernières ne renfermaient que de l'eau, ou tout au plus de petits globules dépourvus de crochets et de su- çoirs (1). » Ce fait aurait dû faire comprendre qu'il n'y a point une différence dénature ou d'espèce entre les hydatides qui contiennent des échinocoques et celles qui n'en contiennent pas, mais on n'en tira aucune conséquence ; l'observation de Bremser resta, il est vrai, à peu près ignorée dans ses détails. Rendtorf, l'année suivante, publia une observation d'hydatides du cerveau, dans laquelle l'existence des échinocoques fut bien établie (2), et ce cas est donné par la plu- part des auteurs comme le premier d'échinocoques chez l'homme. Dans l'intervalle de temps qui sépare la découverte des échinoco- ques dans les hydatides des animaux et dans les hydatides de l'homme, celles-ci furent diversement interprétées et toujours d'une manière erronée. En 1789, James Lind observe des hydatides (échinocoques) expul- sées par les selles chez l'homme, il les appelle des tœnia hydati- gena, et dit qu'elles répondent au lumbricus hydropicus de Tyson (3). C'est là la première notion, chez un médecin, des travaux des natu- ralistes que nous avons cités ; mais c'est aussi une erreur, car le tœnia hydatigena ou le lumbricus hydropicus est un cysticerque. En 1790, la même expression est employée par Berthelot pour un cas à peu près semblable (4), et par Lettsom pour des hydatides ré- nales (5); on la retrouve ensuite dans plusieurs observations d'hyda- tides et dans le mémoire de Lassus (6). En 1804, un grand observateur, Laennec, ne confond plus les hydatides (échinocoques) de l'homme avec les cysticerques ; mais, n'ayant point vu dans ces hydatides les têtes de ténia qu'il connais- sait dans celles du bœuf et du mouton, il les considère comme des êtres d'une autre nature ou d'un autre genre; il leur reconnaît du moins des caractères d'animalité, un mode particulier de reproduc- tion et leur donne le nom à'acëphalocysies (7). Himly, après (1) Bremser, professeur à l'Université de Vienne, Notice sur Vechinococcus ho- ministJourn. complém. Paris, 1821, t. XI, p. 282). (2) Rendtorf, Dissert, de hydatidibus, prœsertim in cerebro humano repertis. Berlin, 1S22, cap. x, p. 22. (3) Observ. 119, infra cit. (4) Observ. 127, infra cit. (5) Observ. 186, infra cit. (6) Mém. infra cit. (7) Laennec, mém. cit. NATURELLES OU AOVENTIVES. — GÉNÉRALITÉS. 355 Laennec (1), s'efforce de prouver que l'hydatide de l'homme [hydalis simplex] est un animal, et peut-être, dit-il, le plus simple de tous les animaux (2) . Kuhn la range dans le genre Psychodiaire de Bory (3). Jusqu'en 1843, l'hydatide contenant des échinocoques passe pour être très rare chez l'homme; à cette époque, M. Livois, dans une excellente thèse faite sous l'inspiration de M. Rayer, prouve que les échinocoques, loin d'être rares, sont très communs dans les hyda- tides ou les acéphalocystes de l'homme; il conclut que : " Les hydatides doivent être rejetées de la classe des vers vési- culaires dans laquelle les a rangées Laennec, en en faisant un genre particulier sous le nom à' acéphalocystes ; » Les hydatides..., sont de simples poches dans la cavité des- quelles sont toujours contenus des échinocoques dont le nombre est en rapport avec le volume des poches elles-mêmes (4). » Ces conclusions sont aujourd'hui généralement acceptées par les médecins, et le temps les a confirmées en partie; c'est-à-dire que les échinocoques existent dans les hydatides aussi bien chez l'homme que chez les animaux, et que les acéphalocystes ne sont que des hydatides à échinocoques. Mais quelle est la fonction, quelle est la nature de la vésicule hydatique? C'est ce que M. Livois ne dit pas. « Les hydatides dépourvues, dit-il, de toute espèce de mouvement, de toute espèce d'organes, ne sont pas des êtres doués de la vie, des vers, comme on le croit encore généralement. » Les opinions les plus diverses quant aux rapports des hydatides avec les échinocoques, se trouvent dans les œuvres des auteurs con- temporains : les uns font abstraction de la vésicule hydatique dans leurs considérations sur l'échinocoque, ou réciproquement; les autres (1) Everard Home, avant Laennec, avait dit que les hydatides de l'homme sont des animaux ; mais cet observateur n'en a parlé que d'après les connaissances de son temps, et n'a point fait sur les acéphalocystes de recherches particulières. En effet, s'il établit que le cœuure est doué de mouvements, il ne dit pas que les acé- phalocystes en sont complètement privées ; il ne les a donc point examinées de près, et l'on ne doit point le citer comme ayant établi le premier, ou Vun des premiers, l'animalité des hydatides acéphalocystes (voy. The Croonian lecture on muscular motion, by Everard Home; read H nov. 1790, in Philosoph. Transacl., for the year 1795, part. I, p. 204). (2) Himly, HufelanaVs Journal, décembre 1809, p. 140, et Bremser, ouvr. cit., p. 295. (3) Kuhn, mém. infra cit. (4) Eug. Livois, Recherches sur les échinocoques chez l'homme et che: les ani- maux [Thèse. Paris, 1843, p. 123). 356 AFFECTIONS VEItMINEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES croient que ces doux êtres n'en forment qu'un, correspondant au cœnure, vésicule pourvue de plusieurs têtes (Gervais, 1845) ; pour d'autres, l'hydatide n'est qu'un échinocoque qui a perdu ses crochets et qui s'est développé (de Siebold? 1838;Diesing, 1850) ; ou bien c'est une sécrétion produite par des larves de ténia qui ont subi une dé- générescence hydropique (de Siebold, 1851); enfin c'est un produit inanimé, une enveloppe protectrice des échinocoques (Rudolphi, 1810; Robin, 1854). Les auteurs qui nous ont donné les deux traités les plus récents sur l'helminthologie, M. Kûchenmeister et MM. Gervais et Van Beneden, ne paraissent pas non plus avoir, touchant la question qui nous occupe, une idée bien arrêtée, nous dirions même bien définie (1). / Nous croyons avoir déterminé, dans un mémoire publié en 1856(2), (l) M. Kûchenmeister, après avoir regardé, avec M. de Siebold, les hydatides comme le produit de la dégénérescence hydropique d'une larve de ténia égarée, change d'opinion et professe, dans son nouvel ouvrage, que les hydatides, ou tex- tuellement, « que les acéphalocystes sont des embryons de cestoïdes à six crochets, lesquels ont grandi sans obstacles, mais qui sont restés néanmoins stériles ou plus correctement qui ne deviennent jamais prolifères et ne produisent point de scolex.» Il admet ensuite trois sortes d'acéphalocystes provenant de trois ténias différents (Kûchenmeister, ouvr. cit., trad. angl., t. I, p. 230). Si cette explication peut rendre compte de l'origine des acéphalocystes privées d'échinocoques, elle ne donne aucune raison des rapports d'uue hydatide avec les échinocoques qu'elle contient. MM. Gervais et Van Beneden, dans l'ouvrage qu'ils viennent de publier, n'ont pas traité cette question d'une manière plus claire : « On admettait encore un autre genre d'hydatides, disent-ils..., c'étaient les acéphalocystes avec lesquelles il est facile de confondre les échinocoques lorsque les têtes de ceux-ci font saillie en dehors ou en dedans de la \vésicule, et qu'on les examine superficiellement, et c'est là sans doute ce qui a donné lieu à la distinction des acéphalocystes exogènes et des acé- phalocystes endogènes établie par Kuhn. » Il est difficile de comprendre comment les auteurs envisagent l'acéphalocyste, car jamais un échinocoque ne fait saillie en dehors de cette vésicule. Kuhn a parfaitement défini ses acéphalocystes endogène ou exogène : la première produit par sa surface interne, la seconde par sa surface externe, un bourgeon hydatique (voy. ci-après, p. 360, fig. 18), une hydatide et non un échinocoque qui ne peut jamais être exogène, et que d'ailleurs Kuhn ne connaissait pas ou ne connaissait que très imparfaitement. « Il n'eu existe pas moins, disent ensuite MM. Gervais et Van Beneden, des acéphalocystes véritables, c'est-à-dire des vésicules hydatiques encore sans têtes, sans crochets et saus su- çoirs..., nous ne pensons pas qu'on doive les considérer autrement que comme un état particulier et acéphale des échinocoques (Gervais et Van Beneden, ouvr. cit., t. II, p. 219). Évidemment les auteurs n'ont point sur les rapports de l'hydatide avec l'échinocoque une opinion bien arrêtée. (2) Davaine, Recherches sur les hydatides, les échinocoques et le cœnure et sur leur développement (Mém. Soc. biologie, 1855, et Gaz. méd., 1856). NATURELLES OU ADVENTIVEP. — GÉNÉRALITÉS. 357 la fonction des hydatides et les rapports qui existent entre ces vé- sicules et les échinocoques : pour nous, l'hydatide correspond à une phase de développement d'un animal qui vit un certain temps et peut se reproduire un certain nombre de fois sous la forme vésicu- laire; l'échinocoque offre une phase plus avancée du développement de ce même animal. Des faits observés ultérieurement nous ont confirmé dans cette manière de voir (voy. le Synopsis, n° 7, art. Hydatide-èchinocoque) . Les connaissances nouvellement acquises sur l'animalité de cer- taines vésicules qui se développent dans les organes de l'homme et des animaux, jetèrent de l'incertitude sur la nature de quelques au- tres corps qui jusque-là avaient été confondus avec elles. Les vési- cules choriales furent regardées aussi comme des vers cystiques, et formèrent une espèce à laquelle H. Cloquet donna le nom de ace- phalocystis racemosa (1). Laennec considéra, avec doute toutefois, les corps riziformes des membranes synoviales comme des êtres animés, et proposa de les appeler acephalocystis plana (2). De plus, suivant des accidents de forme ou suivant des variations pathologiques, les vers vésiculaires mêmes furent divisés d'une ma- nière tout à fait fautive en plusieurs espèces ; dans d'autres cas, par suite des transformations profondes qu'amène l'âge dans la constitu- tion de ces vers, leur nature a été méconnue; la tumeur qu'ils for- maient a été regardée comme le produit d'une affection particulière (1) Laennec considère les vésicules choriales comme de véritables acéphalocystes (mém. cit., p. 117), mais il n'en forme point une classe particulière; cette dis- tinction appartient à Bremser {ouvr. cit., p. 312) et à Hipp. Cloquet {Faune citée, art. Acéphalocyste, p. 133). (2) Laennec reçut ces corps de Dupuytren, qui les trouva dans une poche située au poignet; il en reçut aussi de Dubois, qui en trouva une cinquantaine dans la même région. Laennec (mm. cit., p. 109) dit : « Si l'on parvient un jour à observer en eux quelque signe évident de vie, on pourra les désigner sous le nom d'ace'pha- locyslis plana. » Il ne les considérait donc point définitivement comme des animaux. — H. Cloquet observa des corps semblables, 1° dans la capsule de glissement du tendon du grand fessier sur le grand trochanter; 2° dans un kyste à l'insertion cubitale du muscle triceps brachial ; 3" dans la gaîne du tendon du grand pal- maire. Il resta dans le doute sur leur nature (art. Acéphal., cité page 179, note). — Bosc et Duméril trouvèrent que des corps semblables, qui leur avaient été donnés par Dupuytren , n'étaient point des animaux; néanmoins ce grand chirurgien per- sista à les considérer comme des êtres animés. Aux raisons qu'il en donne, il ajoute: « Je crois avoir aperçu des mouvements dans plusieurs de ces corps.» {Leçons orales, t. III, p. 33.) Leur origine n'est peut-être point encore bien déterminée; toute- fois, personne ne les considère plus aujourd'hui comme des hydatides. 358 AFFECTIONS VLKMINEUSIiS DliS CAVITÉS SÉlUiUSIÎS du l'organe envahi. C'est ce qui arriva pour les tumeurs du fuie diteB athéromateuses. Dénominations . — Les dénominations données aux vers vésicu- laires ont varié suivant les connaissances acquises sur la nature de ces corps ou suivant les opinions qu'on s'en est fuites. Hartmann appela vers vésiculaires les hydatides dont il avait dé- couvert l'animalité [vernies vesiculares sive hydatodes ; hydacides vu/i/o dictœ) ; Pallas, ayant remarqué les rapports de ces hydatides avec le ténia', leur donna le nom de lœniahydatigena ; Gœze, par une raison semblable, appela tcenia socialis celles qui contiennent des éclnnocoques. Les hydatides de l'homme dans lesquelles des têtes de ténia n'avaient point été observées, conservèrent généralement leur nom primitif, jusqu'à ce queLaennec, démontrant en elles une vita- lité propre, leur eut imposé celui à? acéphalocyste . D'un autre coté, les produits pathologiques consistant dans des vésicules pleines d'une eau limpide et adhérentes aux tissus am- biants lurent rapportés aux kystes ou aux hydropisies partielles, et le nom d'hydatide cessa de leur être donné ; ainsi, cette expression eût été complètement abandonnée, si la plupart des médecins n'eus- sent continué à l'appliquer aux vésicules mères des échinocoques, c'est-à-dire aux acéphalocystes de Laennec. Nous suivrons leur exemple pour plusieurs raisons : 1° Le nom à' acéphalocystes donné à des animaux très simples et vésiculeux, sans tête, ne s'applique point avec justesse aux vésicules mères des échinocoques, qui sont un état transitoire d'un animal pourvu, à une certaine époque, d'organes complexes et d'une tête. 2° Le nom d' échinocoques a été donné plus particulièrement aux corpuscules renfermés dans les hydatides. 3° Le nom d' hydatides exprime avec justesse l'apparence de ces vésicules sans préjuger leur nature; il est ancien ; il est encore gé- néralement usité; il ne désigne plus aucun autre produit patholo- gique; enfin il n'est appliqué à aucun autre ver vésiculairc, même chez les médecins qui désignent, comme les naturalistes, Yhydalide cérébrale par le nom de cœnure, et Yhydatide à une seule tête par le nom de cysticerque. Division. — Nous étudierons d'abord les lésions occasionnées par les hydatides, chez l'homme, puis chez les animaux ; En second lieu, celles qui sont déterminées par les cysticerques. NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. 359 PREMIÈRE DIVISION. LÉSIONS PATHOLOGIQUES OCCASIONNÉES PAR LES HYDATIDES. SUBDIVISION I. HYDATIDES CHEZ L'HOMME. (Hydatide et échinocoque, Sy?iops., n° 7). Les hydatides de l'homme, dar.s leur état d'intégrité, sont des vé- sicules arrondies, formées d'une matière semblable à de l'albumine coagulée, renfermant un liquide limpide, et libres de toute adhérence, de toute connexion avec l'organe qui les recèle. Elles contiennent des échinocoques adhérents à leur surface interne ou libres et flot- tants dans le liquide hydatique; rarement elles n'en contien- nent pas. Fig. 17. — Échinocoques de l'homme (pour l'explication, voir le Synopsis). Les hydatides de l'homme sont d'un volume très variable; il en est d'à peine perceptibles à l'œil nu, d'autres égalent en grosseur la. tête d'un fœtus à terme. Le plus communément, elles varient entre le volume d'un pois et celui d'une orange. Leur forme, primitivement sphéroïde ou ovoïde, se trouve quelquefois modifiée d'une manière permanente par la pression des parties environnantes, qui ont op- posé quelque obstacle à leur accroissement régulier. Leurs parois sont 360 AFFECTIONS VERMINEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES généralement d'une épaisseur uniforme et proportionnelle au volume de la vésicule; elles sont incolores et transparentes ou d'une teinte opaline, soit en quelques points, soit dans une plus ou moins grande étendue de leur surface. Des circonstances accidentelles, comme le contact d'un liquide coloré, de la bile par exemple, en changent quelquefois la couleur. La substance des hydatides est homogène, friable, élastique, sans Fie 18. — I. Fragment d'une hydatide de l'homme, grandeur naturelle. La tranche montre les feuillets dont se compose son tissu ; la surface offre plusieurs bourgeons exogènes plus ou moins développés. — 2. Un des bourgeons comprimé et grossi 40 fois. Il est formé, comme l'hydatide souche, do feuillets stratifiés ; la cavité centrale ne contient encore ni échinococrue, ni membrane germinale. fibres ou cellules, analogue pour l'aspect et la consistance à du blanc d'œuf cuit. Cette substance constitue une membrane disposée en cou- ches stratifiées ; les couches, d'une minceur extrême, se reconnaissent au microscope jusque dans les plus petites hydatides et forment un caractère distinctif de ce produit pathologique. Lisses et unies à leur surface extérieure, les hydatides présentent souvent à leur surface in- terne des inégalités ou des épaississements d'apparences variées, sphériques ou irréguliers, transparents ou opaques, pleins ou creux. Les plus petites hydatides sont constituées, quant à leurs parois, comme les plus grandes. A moins qu'elles ne soient d'une petitesse extrême, on peut constater toujours l'existence d'une cavité cen- trale. Cette cavité renferme un liquide plus ou moins abondant, ordi- nairement séreux et limpide. Elle est revêtue, chez les hydatides fer- tiles, par une membrane d'une nature particulière [membrane ger- minale) d'où naissent les échinocoques. Quelquefois avec une grande hydatide on en trouve plusieurs pe- tites, qui lui sont extérieures ; plus fréquemment une grande hyda- NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. 361 tide en renferme plusieurs petites qui sont libres dans sa cavité ; d'autres fois on en trouve de très petites adhérentes à la surface in- terne ou externe d'une plus grande. Ces hydatides naissent, comme des bourgeons, dans l'épaisseur ou à la superficie des parois de leur mère, s'élèvent sur l'une ou sur l'autre de ses surfaces, grossissent, deviennent creuses et ne tardent pas à se détacher. Les hydatides, en général fortement distendues par le liquide qu'elles contiennent, jouissent d'une élasticité remarquable, en sorte que le moindre ébranlement se communique à toute leur masse, et occasionne un frémissement particulier et prolongé qui, dans quelques cas, devient un moyen de diagnostic des tumeurs qu'elles forment. C'est sans doute cet ébranlement facile qui a fait croire à plusieurs observateurs que ces corps sont doués d'un mouvement spontané. Les hydatides conservent leur vie pendant un temps indéterminé et probablement assez long ; dans des tumeurs déjà anciennes, on en trouve qui paraissent parfaitement intactes; plus fréquemment, il est vrai, elles ont subi des altérations : les échinocoques qu'elles con- tiennent ont disparu et les crochets qui persistent sont le seul indice de l'existence de ces entozoaires. La membrane de l'hydatide a perdu plus ou moins de sa transparence et de son homogénéité par le dé- veloppement dans son épaisseur de granulations d'apparence grais- seuse ; elle s'est plus ou moins affaissée, mais le liquide contenu con- serve ordinairement sa limpidité ; quelquefois elle s est déchirée? ou sa cavité est complètement effacée. 11 arrive que toutes les hydatides d'un kyste perdent simultané- ment leur liquide; les vésicules s'affaissent et se plissent régulière- ment, tandis que le kyste éprouve un retrait proportionnel; celui-ci ne contient plus enfin que des membranes plissées et tassées comme les pétales du pavot renfermés dans leur calice. La substance de l'hydatide résiste longtemps à une résorption ou à une transformation complète; aussi, dans de très anciennes tu- meurs hydatiques, retrouve-t-on des débris membraneux et des cro- chets d'échinocoque qui témoignent de la constitution primitive de ces tumeurs. Nous allons étudier : Les lésions que les hydatides déterminent dans l'organisme en gé- néral, les phénomènes locaux ou généraux qu'elles produisent, leur diagnostic, etc. 362 AFFECTIONS VERMINEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES Nous examinerons ensuite ces vers vésiculaires en particulier dans chacun des organes qu'ils envahissent, à savoir ; lg Les hydatides en rapport avec les organes de la circulation ; 2° Celles qui sont en rapport avec les organes de la respiration ; 3° Celles qui sont développées dans les oiganes ou dans les di- verses parties de l'abdomen : foie, raie, épiploon; 4° Dans le petit bassin; 5° Dans les reins ou en rapport avec les voies urinaires ; 6° Dans les parties superficielles de la tête, du cou, du tronc ou dans les membres ; 7° Dans le système osseux. Quant aux hydatides des centres nerveux, de l'œil et des organes génitaux, il en sera question à propos des affections vermineuses de ces organes. Enfin nous examinerons les divers moyens de traitement proposés jusqu'aujourd'hui pour en délivrer l'économie. PREMIERE SECTION. CONSIDÉRATIONS PATHOLOGIQUES SUR LES HYDATIDES DE L'HOMME. CHAPITRE PREMIER. CONSTITUTION ANATOMIQUE ET TRANSFORMATIONS DES TUMEURS HYDATIQUES. § I. — Les hydatides développées dans les parenchymes sont ren- fermées dans un kyste qui les isole des parties environnantes. Ce kyste(Folliculus , Blalpighi, Wepfer,Lancisi, etc. ; Hydatis externa, Rudolphi), est primitivement formé par le tissu cellulaire de l'organe qui contient le ver vésiculaire, et ne paraîtpas différer de celui qui se développe autour d'un corps étranger quelconque; aussi le kyste hydatique présente-t-il des différences qui sont en rapport avec la structure de l'organe dans lequel il a pris naissance: épais et con- sistant dans le foie, il est très mince et très peu consistant dans le cerveau. Les hydatides développées dans une cavité séreuse naturelle ne s'enveloppent point d'une poche particulière, trouvant, sans doute, dans la membrane qui revêt cette cavité des conditions de structure analogues à celle des kystes celluleux. Il paraît en être de même pour les hydatides développées dans les veines. NATURELLES OU ADVENTICES. — HYDATIDES. 363 Les parois des kystes hydatiques sont constituées par le tissu cellulaire plus ou moins condensé, et disposé en couches qu'on peut séparer par lambeaux d'une grandeur variable, mais qui ne peuvent être isolées en tuniques distinctes. Outre les différences que peu- vent offrir ces parois suivant les différents organes dans lesquels elles se sont développées, on en observe d'autres qui sont en rap- port avec l'âge et l'évolution naturelle des corps qu'elles renfer- ment. L'épaisseur des parois augmente suivant le volume qu'acquiert la tumeur et plus encore peut-être suivant son ancienneté. Mince et purement celluleux dans le principe, le kyste devient ensuite fort et épais (1) ; plus tard, il acquiert la consistance d'une membrane fibreuse et même d'un fibro-cartilage. Dans les kystes anciens, on trouve fréquemment des noyaux disséminés et des plaques cré- tacées et d'apparence osseuse formés de phosphate de chaux et d'une faible proportion de carbonate de la même base. Ces produc- tions n'envahissent pas les parois de la tumeur d'une manière uni- forme; quelquefois ces parois sont minces et presque transparentes dans certaines parties, fort épaisses, au contraire, et comme fibro- cartilagineuses dans d'autres ; mais, quelquefois aussi, elles sont de- venues complètement osseuses. Dans le Muséum de King's Collège (prép. 332), il existe, au rapport de M. Budd, un foie qui contient trois grands kystes hydatiques ayant subi complètement cette trans- Jormation. Le savant médecin que nous venons de nommer, pense que le dépôt de matières terreuses dans la paroi des kystes hydati- ques a plus de tendance à se faire chez les vieillards que chez les individus jeunes (2). Le kyste est réuni aux parties environnantes, tantôt par un tissu cellulaire assez lâche et l'on voit ramper des vaisseaux sanguins sur sa paroi, tantôt par un tissu fibreux condensé qui établit des adhé- rences solides et difficiles à détruire. Sur un cadavre dont les artères avaient été injectées à la cire, M. Charcot ayant trouvé deux kystes hydatiques situés dans le petit bassin, vit qu'ils recevaient des vais- seaux artériels assez volumineux et que les petites ramifications de ces vaisseaux pénétraient dans le tissu même de la poche fibreuse (3). Lorsque les hydatides se développent à la surface d'un organe, dans le tissu cellulaire sous-séreux, il peut se faire que le kyste re- (1) M. Béraud a montré à la Société de biologie un kyste du foie en partie osseux et dont les parois avaient un demi-centimètre d'épaisseur (Soc. Mot., t. I, p. 27). (2) Budd, ouvr. cit., p. 422. (3) Charcot, Mém. Soc. biologie, 1852, t. VI, p. 103. 36/| AFFECTIONS VERMINEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES pousse la membrane séreuse, se coiffe, en quelque sorte, de cette membrane et ne reste en rapport avec son point d'origine que par un pédicule plus ou moins allongé etaminci. C'est ce que nous avons vu, M. Charcot et moi , dans un cas ou de tels kystes pédicules existaient en grand nombre à la surface du péritoine; le pédicule de quelques-uns de ces kystes avait jusqu'à sept centimètres de longueur et n'était pas plus gros qu'un crin de cheval. 11 se pourrait que ces minces pédi- cules se rompissent et que les kystes devinssent libres dans la cavité péritonéale (1). La face interne des kystes hydatiques récents est blanche, lisse, et ressemble, jusqu'à un certain point, à celle d'une mem- brane séreuse ; dans les kystes anciens, elle est comme chagri- née, rugueuse ou couverte d'ex- sudations plus ou moins adhéren- tes et épaisses ; les vaisseaux s'y fig. 19. — Kystes hydatiques pédicules observés montrent aussi quelquefois avec par les docteurs Charcot et Davaine. —a, a, in- 1lnpannarpnf.pvaT.jmlP1]<,p nll <,nr,f teslin grêle ; b, b, mésentère ; c, c, kystes ayant UneapparenœV anqueUSe,0US0nt un court pédicule ; d, autre kyste supporté par un entourés dans leur trajet par Une pédicule e, très long et très aminci. . . , véritable sunusion sanguine (2). Suivant M. Vogel, le kyste doit son origine à de la fibrine coa- gulée qui s'est organisée peu à peu et qui a même acquis des vais- seaux (3). Si tel était le mode de formation de cette poche, elle aurait (1) Charcot et Davaine, Note sur un cas de kyste hydatique [Mém. Soc. biologie, 185", 2e série, t. IV, p. 103). Voyez ci-après, obs. 105. Dans un cas de kyste du petit bassin observé par Lelouis, un kyste considérable n'était aussi rattaché aux parties que par un pédicule relativement très mince (voy. sect. v, Petit bassin, obs. 1S3). (2) J'ai examiné dernièrement un kyste hydatique considérable, à la surface interne duquel les vaisseaux étaient en quelques points très dilatés, et entourés eu d'autres points par de véritables ecchymoses. (3) Vogel, Traité d' Anal, palhol., Paris, 1847, p. -419. NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. 36j probablement la même épaisseur, la même consistance dans tous les organes, aussi bien dans le cerveau que clans le foie ; or c'est ce que l'on ne voit pas. Suivant le même auteur, sa face interne est tapissée d'un épithélium plus ou moins complet. Le kyste hydatique est en général d'une forme globuleuse, régu- lière ou plus ou moins bosselée, mais il est rarement composé de loges distinctes ; ce cas peut provenir de la fusion de plusieurs kystes. Lorsque la poche hydatique devient multiloculaire par suite des obstacles qu'elle rencontre à son accroissement uniforme, l'hy- datide, si elle est unique, envoie des prolongements dans les diverses loges, comme M. Cruveilhier l'a observé (1). § II. — Un kyste renferme fréquemment chez l'homme plusieurs hydatides ; leur nombre peut être très considérable, s'élever même au delà de mille. Boudet a vu un kyste hydatique qui contenait à peu près quatre mille hydatides (2). «Pemberton a vu au foie, dit Bremser, un abcès qui s'était étendu jusqu'aux poumons et qui contenait au moins cinq cent soixante hydatides d'un diamètre de deux pouces et demi à celui d'une tête d'épingle (3). » Ploucquet cite un cas de Allen dans lequel on trouva sept à huit mille hydatides (4) et un autre d'une tumeur globuleuse dans laquelle il y avait neuf mille de ces vésicules (5). Nous avons rapporté le cas de Rivière ou l'on a vu plus de deux cents hydatides sortir à l'ouverture d'une tumeur, et celui de Wolcherus ou l'on en compta plus de trois cents ; nous rap- porterons encore un cas de Tyson qui en a vu plus de cinq cents, et un autre de Panaroli qui en a vu plus de mille dans des circon- stances semblables. Les faits de ce genre sont trop communs pour que nous nous y arrêtions davantage. Dans ces cas, le volume de la tumeur est toujours énorme et atteint jusqu'à la grosseur de la tête d'un homme. Lorsque le kyste ne contient qu'une seule hydatide, celle-ci le remplit ordinairement en entier, et tapisse immédiatement ses pâ- li) J. Cruveilhier, Trailé d'analomie pathologique générale, 1856, t. III, p. 547. (2) Observ. 224, infra cit. (3) Chr. Rob. Pemberton, A pract. treal. on varions diseases of the abdom. vise. London, 1811, cite par Bremser, p. 306. (4) Allen, p. 294, cité par Ploucquet, aït. Hydatides. (5) Comm., Nor., 1731, p. 271 (9000 hydatides in tumore globoso), cité par Ploucquet. 361) AFFECTIONS VERMINÈUSÈS DES CAVITÉS SÉREUSES fois; lorsqu'il en contient plusieurs, il se trouve quel [Uêfois dan? sa cavité un liquide pinson moins abondant dons lequel nagent les hydatides. Ce liquide est transparent et limpide connue belui des vésicules; ou bien il est diversement coloré, trouble, épais, etc., ainsi que nous le verrons ci-après. §111. — Nous avons dit que les hydatides ont une existence limitée, et qu'elles se détruisent tôt ou tard avec les échinocoques qu'elles contiennent. Cette destruction est déterminée par l'action de la poche qui les renferme; au moins la masse entière de la tumeur offre-t-elle des transformations morbides qui ne paraissent point procéder des hydatides. Lorsque le ver vésiculaire est solitaire, ou lorsque, étant multiples, ces vers ont leur vésicule appliquée au kyste sans interposition de liquide, une matière d'apparence tuberculeuse ou sébacée, demi- liquide et visqueuse, quelquefois épaisse et consistante, se dépose par couches sur la face interne du kyste ; cette matière s'accumule et enveloppe complètement la vésicule hydatique ou la refoule vers un des côtés de la poche. Le liquide contenu dans l'hydatide reste ordi- nairement limpide, mais il diminue de quantité, et la vésicule s'af- faisse et se plisse; en même temps le kyste se resserre, au moins d après toutes les apparences, et contribue de cette manière à effacer de plus en plus la cavité du ver vésiculaire. Avec le temps la matière sécrétée s'épaissit, se concrète, et prend 1 aspect du mastic des vitriers et quelquefois celui de la craie; l'hy- datide se réduit à quelques lambeaux membraneux et finit même par disparaître ; les échinocoques qui se sont détruits depuis longtemps ne sont plus représentés que par leurs crochets. « L'hydatide se transforme entièrement, dit Bremser en parlant de celle du bœuf, en une masse calcaire que l'on peut quelquefois détacher aussi facile- ment que l'hydatide saine de l'organe dans lequel elle se trouve (1). » Dans d'autres cas, chez l'homme, la tumeur hydatique subit des transformations différentes en apparence, quoique toujours de même nature; la matière qui remplit le kyste est liquide et ressemble, pour l'aspect, à du pus ou à du tubercule ramolli. Nous avons vu, avec M. Duplay, un vaste kyste hydatique de la rate , qui contenait un grand nombre de lambeaux d'hydatides nageant dans plusieurs litres d'un liquide qu'il était impossible, à la simple vue, de distinguer du (1) Bremser, ouvr. cit., p. 278. NATURELLES OU ADVENTTVES. — HYDATIDES. 3G7 pus. Ce liquide n'offrit au microscope aucun globule purulent ; il n'était certainement formé que par de la sérosité tenant en sus- pension la matière dont nous avons parlé ci-dessus. La présence des crochets d'échinocoque ne laissait, au reste, aucun doute sur l'ori- gine de cette vaste collection d'apparence purulente. Les matières du kyste peuvent encore avoir une teinle rougeâtre, jaune ou verdâtre, par leur mélange avec les liquides de l'économie, tels que le sang ou la bile. § IV. — Les tumeurs hydatiques ainsi transformées étaient appe- lées autrefois athèromateuses ; il conviendrait de conserver ce nom aux matières complexes qu'elles renferment, quel que soit leur aspect. Les observations de kystes hydatiques suppures, transformés en abcès, contenant une grande quantité de pus ou de matière tuber- culeuse sont très communes dans les ouvrages de médecine. Nous sommes persuadé, d'après nos recherches, que la plupart de ces ob- servations, sinon toutes, concernent des kystes athèromateux . "L'état puriforme, ou de tubercule, n'est probablement qu'un degré moins avancé de la transformation athèromateuse dont l'état crétacé est le dernier; aussi, dans des cas de kystes hydatiques multiples, on peut voir plusieurs degrés de cette transformation chez le même individu : M. Cruveilhier rapporte, dans son Anatomie pathologique, un cas dans lequel un ky*te hydatique de la rate contenait une matière semblable à du plâtre, tandis qu'un kyste du foie contenait dujtras. Des faits analogues se trouvent consignés dans divers ouvrages anciens, et nous aurons l'occasion dans la suite d'en rapporter plu- sieurs, mais leurs auteurs n'avaient pas reconnu que les tumeurs qu'ils observaient avaient toutes la même origine et la même nature ; tel est le cas suivant observé par de Haen : Obs. II. — Kystes hydatiques athèromateux du foie. Un individu, âgé de vingt-quatre ans, avait une tumeur dans l'épigastre et dans l'hypochondre droit depuis quatre ans ; pris tout à coup de fièvre et de délire, il mourut le neuvième jour. Le foie, d'une grosseur monstrueuse, contenait plusieurs tumeurs : l'une, située dans le lobe droit, renfermait une énorme hydatide solitaire; une autre, située dans le même lobe, contenait un grand nombre d'hydatides de diverse grosseur, d'une ligne à un pouce et demi de diamètre; un troisième kyste, situé dans le lobe gauche, contenait des vésicules semblables ; un quatrième existait en dehors du foie; un cinquième, situé à la surface de cet organe, était gros comme le poing : « Isque, dit de Haen, non, quemadmodum 368 AFFECTIONS VEItMINEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES » omncs pnecedente?,aqua limpidû, verùm amurcû nigrâ, lactuquo arenaceâ, s rcplelus: membrana porro unica, explens tolum cavum, hanc amurcam « continebat, lacera liinc inde ac complicata et ab asperâ amurcâ adliaîrenle » valdè indurata. Pars dextra «uperiorque lobi dextri continebat sexlum cavum » priore majus, biloculare, crassâ ilidem ac pingui amurcâ plénum... (1). » Ruysch a reconnu le premier les transformations des tumeurs hydatiques: « Hydatides in atheromata, steatomata et melicerides » mutari nulla mihi ambigendi relinquitur ansa, dit-il; plures enim » hoc anno istius modi offendi hydatides, in quibus aliquando mate- » riam pulti, lacti, sero, coagulo, caseoque aamulam reperi (2). » Laennec a reconnu de même ces transformations des kystes hyda- tiques ; il a vu de plus qu'elles peuvent amener une terminaison favorable de la maladie : « Je crois pouvoir établir, dit ce grand ob- servateur, d'après quelques faits que j'ai vus, que, même sans sortir du kyste qui les renferme, les acéphalocystes peuvent périr sponta- nément : alors la partie la plus ténue du liquide dans lequel elles nagent est absorbée, le kyste se resserre sur lui-même comme un ané- vrysme après l'opération faite suivant le procédé de Hunter, et, au bout d'un certain temps, un kyste très volumineux se trouve réduit en une petite masse qui contient une matière de nature va- riable, etc. (3). •> Bremser fait des remarques semblables sur les hydatides du bœuf. « J'ai souvent rencontré, dit-il, dans le foie des bœufs, à côté des hydatides complètement développées et saines, tous ces degrés de désorganisation. L'hydatide saine, remplie d'un liquide limpide, forme à la surface de l'organe dans lequel elle séjourne, une protubé - rance convexe et élastique; mais si, au contraire, cet animal s'est déjà changé en une masse ossiforme, on trouve alors une dépression entourée de rides (4). » M. Cruveilhier a rapporté plusieurs faits intéressants qui ne lais- sent point de doutes sur les transformations du contenu des kystes hydatiques, sur le retrait de ces kystes, et sur ce mode de guérison des tumeurs qu'ils forment (5). Nous avons examiné, il y a quelques années, un kyste gros comme un œuf de poule trouvé par M. Charcot (1) De Haen, op. cit., pars VII, cap. m, §2, p. 318. (2) Ruysch, op. cit., observ. anat. XXV, p. 25. (3) Th. Laennec, Mém. sur les vers vésiculaires, 1804 (Mém. delà Soc. de méd. de Paris. Paris, 181 2, p. 120 et 142, note). (4) Bremser, ouvr. cit., p. 278. (5) Cruveilhier, Anat. pathologique générale, cité t, III, p. 5S0 et suiv. NATURELLES 00 ADVENTIVES. — HYDATIDES. 369 dans le foie d'une vieille femme. Ses parois étaient très épaisses, et sa cavité contenait une matière qui avait l'apparence du mastic des vitriers, avec quelques lambeaux hydatiformes. L'existence de cro- chets d'échinocoque ne laissa pas de doute sur sa nature. L'épaisseur de ses parois, son petit volume relatif, son contenu, ne permettaient pas de douter qu'il n'eût subi une transformation et un retrait sem- blables à ceux dont il vient d'être question ci-dessus. § V. — Si la matière athéromateuse étendue de sérosité a été prise souvent pour du pus, celle qui est concrète l'a été pour du tubercule, et cette erreur a fait croire à plusieurs observateurs que les tubercules doivent leur origine à des hydatides ; mais entre le tubercule et la matière athéromateuse il existe des différences essen- tielles, autant dans leur composition que dans leur mode de forma- tion et dans leur nature. L'un est un produit primitif qui, en gros- sissant, se ramollit et tend à la destruction, l'autre est un produit secondaire, produit de sécrétion, qui tend à se concréter et à se résorber. Jenner, le premier, a cru trouver l'origine des tubercules dans les hydatides. Il envoya à ce sujet au docteur Beddoes deux observations que celui-ci publia dans son ouvrage sur les airs factices (1). « Ce tubercule naissant, décrit par Starck, ne serait-il pas une hydatide? dit Jenner. Il est clairement démontré que les hydatides forment des tubercules dans les poumons de la vache: j'ai fait la préparation de ces parties » L'illustre inventeur de la vaccine cherche expérimentalement la solution de la question ; il nourrit de jeunes animaux de diverses manières: « Lorsqu'il les nourrissait avec certaines sub- stances, on trouvait bientôt le foie rempli d'hydatides. En les examinant, à différentes époques, il fut à même de tracer les diverses gradations déjà men- tionnées, depuis la plus légère bulle de fluide jusqu'à l'épaississement de leur enveloppe, et leur entière conversion en tubercules de volume et de consis- tance divers (2). » Vers la même époque (l 817), un savant vétérinaire français, Dupuy, fit à plusieurs reprises des rapprochements entre l' hydatide et le tubercule qu'il observait souvent chez la vache, sans cependant conclure que l'un dérivât de l'autre: « Ces hydatides, dit-il, regardées et décrites par les zoologistes comme des corps organisés et vivants, pourraient bien apporter quelque lumière sur l'origine et la formation des tubercules, ou du moins prouver que ces corps (1) Cité par John Baron, Recherches, observ. et expe'r. sur le développement naturel et artificiel des maladies tuberculeuses, trad. par M. V. Boivin. Paris, 1825 p. 100. (2) Baron, ouvr. cit. , p. 99. Da vaine, 24 370 AFFECTIONS VEHMINEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES qui désorganisent les poumons de la môme manière, se développent sous J'empire des mômes circonstances (I). » John Baron, dans son ouvrage surlcs maladies tuberculeuses publié en I 81 9, s'efforça de montrer que « les tubercules, à leur origine, sont de petits corps vésiculaires, c'est-à-dire des hydatides contenant du fluide; que ces corps éprouvent des transformations subséquentes, de la nature desquelles dépend leur caractère tuberculeux... (2) » Qu'entend cet auteur par hydafide et tuber- cule? Il ne définit ni l'un ni l'autre; mais il résulte clairement de la lecture de son ouvrage que, pour lui, toutes les vésicules renfermant un liquide plus ou moins transparent sont des hydatides : tels sont le cysticerque, l'hyda- tide(mère des échinocoques), les vésicules choriales^ les kystes séreux, etc., et que par tubercules, il entend les produits non liquides renfermés dans un kyste, quels que soient le volume du kyste et la nature des matières qu'il renferme. Enfin, en '1832, le docteur Kuhn a cherché à déterminer la part que les hydatides (mères des échinocoques) prennent dans la production des tuber- cules, et quoiqu'on lui attribue généralement l'opinion que le tubercule (pris dans son acception ordinaire) doit son origine à des hydatides, c'est à la con- clusion contraire qu'il est arrivé : « J'ai reconnu, dit-il, que sans être pour quelque chose dans les affections tuberculeuses ordinaires, les acéphalocystes pouvaient néanmoins déterminer la production d'un genre de tubercules tout particulier (3). » Et plus loin il donne les caractères distinctifs de ce genre de tubercules qui sont toujours enkystés, d'une couleur jaune foncé, renfermant des débris de la pellicule de l'acéphalocyste, ayant une tendance à se durcir, « tandis que les tubercules ordinaires finissent presque toujours par se ra- mollir. » Ainsi donc Kuhn n'a point confondu le tubercule avec la matière athéromateuse, il n'a point donné l'hydatide pour origine au premier de ces produits pathologiques, il n'a fait qu'une confusion de mots. D'un autre côté, ayant, après Laënnec, cherché à déterminer chez les ru- minants le mode de génération des acéphalocystes et leur mode de destruc- tion par l'envahissement de la matière tuberculeuse (athéromateuse), il a fait connaître mieux qu'aucun autre la génération des hydatides par bourgeonne- ment, et la production par le kyste de cette matière eoncrète qui refoule et envahit l'hydatide, laquelle se ride, se plisse, perd son liquide, et finit même par disparaître. Malgré les différences essentielles qui existent entre la matière athéromateuse et le tubercule, ces deux produits sont encore aujour- (1) Dupuy, De l'affection tuberculeuse vulgairement appelée morve. Paris, 1817, p. 2T1. (2) Ouvr. cit., p. 286. (3) Docteur Kuhn, médeciu à Niederbronn, Recherches sur les acéphalocystes et sur la manière dont ces productions parasites peuvent donner lieu à des tubercules. Strasbourg, 1832, p. 16. NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. 371 d'hui confondus par quelques observateurs; le l'ait suivant, qui, du reste, est intéressant à plus d'un titre, en est la preuve. Obs. III (Malherbe). — Hydatides du foie, alhérome, gangrène. II s'agit d'un homme âgé de vingt-neuf ans, qui, ayant, fait une chute sur un escalier six semaines avant son entrée à l'Hôtel-Dieu de Nantes, fut pris de toux et d*oppression, et présenta, le jour de son entrée à l'hôpital (9 dé- cembre -1856), des signes de pneumonie et de gangrène pulmoriaire ; il suc- comba le 20 décembre. A f autopsie, on trouva les lésions suivantes : Quelques tubercules ramollis dans les poumons, gangrène pulmonaire à droite; abcès sous la pie-mère et dans un hémisphère cérébral ; large abcès enkysté dans la région splénique; abcès dans la rate, un autre avec gangrène dans un rein. Il existe un kyste hydatique dans le lobe gauche du foie; sa paroi est cal- caire en quelques points; à la face interne du kyste on voit « une couche molle, jaunâtre, épaisse de 3 à 5 millimètres, de consistance de fromage, res- semblante du pus concret ou à du tubercule jaune. Examinée au microscope, je la trouve exclusivement constituée de granulations moléculaires et grais- seuses, de rares cristaux de cholestérine, et surtout de corpuscules tuberculeux types offrant tous les caractères donnés par les auteurs... pas la trace d'un globule de pus. — Une quarantaine d'hydatides accolées à cette couche pul- peuse, mais ne lui adhérant pas autrement que par contact, de la grosseur d'une tête d'épingle jusqu'à celle d'une orange moyenne, les unes jaunâ- tres, etc.. — Enfin ce fait est, je crois, unique jusqu'à présent, c'est la pré- sence d'une couche de matière tuberculeuse intermédiaire au kyste fibreux adventif et à la membrane propre des hydatides (1). » CHAPITRE II. CONSTITUTION CHIMIQUE DE LA TUMEUR HYDATIQUE ; PRODUITS ACCIDENTELS. La connaissance de la composition chimique des membranes hyda- tiques est sans importance pour nous ; il n'en est pas de même de celle des liquides ou des matières qu'elles renferment. Le liquide limpide des hydatides ne contient que des traces d'al- bumine; il renferme en quantité assez considérable du chlorure de sodium, dont les cristaux deviennent apparents au microscope lors- qu'on laisse évaporer une goutte de liquide sur une lame de verre. Sa (1) Docteur Malherbe, Gazette des hôpitaux, 1857, p. 130. 372 AFFECTIONS VERMIfJEUSES DES CAVITÉS SEKEUSLS densité est de 1,008 à 1,01:3; il est neutre ou légèrement alcalin. // ne se coagule pas pat' la chaleur ou pa?' les acides (1), La matière athéromateuse est composée principalement de phos- phate de chaux et d'une matière animale semblable à l'albumine; elle contient aussi une petite quantité de carbonate de chaux, de la cholestérine et d'autres matières grasses. M. Berthelot, ayant fait l'examen des matières grasses renfer- mées dans la substance puriforme d'un kyste hydatique de la rate (2) , obtint le résultat suivant: " 100 parties de la substance contenue dans le kyste ont fourni : Matière grasse totale 1,7 Cette matière renfermait : Substances saponifiables 0,4 Cholestérine 0,9 Substance fétide particulière, non saponiGable, de nature cireuse, soluble dans l'éther, presque inso- luble dans l'alcoool 0,4 Principe colorant jaune qui a disparu pendant la sapo- nification » 1.7 » D'après cette analyse, les matières grasses contenues dans le kyste se rapprochent beaucoup de celles que renferme le pus, tant par leur nature que par leur proportion. Ce qu'elles offrent de plus re- marquable, c'est d'une part l'abondance de la cholestérine, d'autre part la présence de la matière cireuse et fétide que j'ai signalée. » (Berthelot.) L'examen microscopique de cette même matière nous a montré des granulations élémentaires et des particules amorphes, une énorme quantité de lamelles de cholestérine, des crochets d'échinocoque. L'abondance des cristaux de cholestérine était le fait le plus notable; nous n'avons trouvé aucun globule de pus. La présence de la cholestérine dans les kystes atheromateux est probablement générale; nous avons trouvé cette substance dans trois (1) Redi a fait, le premier, l'observation importante que le liquide d'un cysli- cerque ne se coagulait pas par la chaleur; Dodart ensuite a fait la même remarque pour des hydatides de l'homme. C'est Récamier qui le premier, je pense, a cherché dans ce fait un signe diagnostique des tumeurs hydatiques. (2) Kyste de la rate de l'homme observé par M. Duplay. (Voy. sect. iv, chap. iv.) NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. 373 kystes hydatiques qui avaient subi la transformation athéromateuse et nous l'avons vue signalée dans plusieurs cas où l'examen mi- croscopique avait été fait. On trouve encore dans les kystes hydatiques d'autres substances, dont la présence est accidentelle. Ce sont : 1' ' hêmaloïdine , le sucre, et quelques sels de l'urine. Hêmaloïdine. — Toutes les tumeurs hydatiques dans lesquelles, à notre connaissance, la présence de l'hématoïdine a été constatée, appartenaient au foie : I. Dans un kyste adhérent à cet organe, et qui avait subi la trans- formation athéromateuse, M. Jones trouva des globules huileux, des lamelles de cholestérine, des membranes hydatiques, des cro- chets d'échinocoque et des cristaux d'hématoïdine. Cet observateur ne fait point mention de l'existence de cristaux semblables dans des kystes hydatiques qui, chez le même sujet, étaient situés dans d'au- tres parties de la cavité abdominale (1). II. Un kyste du foie observé par M. Leudet renfermait unehyda- tide solitaire. Alasurfaceinternedu kyste existait un dépôt de matière jaunâtre qui contenait des cristaux de cholestérine et de Yhèmatine granuleuse (2). III. Dans un kyste du foie également, le docteur Hyde Salter trouva une matière rouge et cristallisée (hématoïdine) . Les cristaux se trouvaient non-seulement dans le liquide qui entourait les hyda- tides, mais encore à l'intérieur même de ces vésicules (3). IV. MM. Robin et Mercier ont trouvé aussi des cristaux d'héma- toïdine, et même une masse de la grosseur d'une noisette, dans un kyste du foie. Dans ce cas, comme dans le précédent, les cristaux existaient au dehors et dans la cavité de presque toutes les hydatides ; il est vrai que celles-ci étaient ouvertes et affaissées. Plusieurs kystes hydatiques existaient dans d'autres organes, mais aucun ne conte- nait d'hématoïdine (4). V. Dans un cas de kystes hydatiques multiples disséminés dans (1) Voyez ci- après, obs. 161. (2) Leudet, Bulletin Soc. anat., 1853, ann. xxvm, p. 185. (3) Hyde Salter, Transact. ofpathol. Society. London, 1854, p. 304. (4) Mém. de la Soc. de biologie, 1855, p. 117. Voy. ci-après, obs. 81. 37ft AFFECTIONS VERMINEUSK8 DES CAVITÉS SÉREUSES plusieurs organes que nous avons observés, M. Charcot et moi, un kyste situé dans le foie offrait de nombreux cristaux rhomboïdaux d'hématoïdine. Ces cristaux existaient dans le liquide du kyste évacué pendant la vie du malade. Chez tous les échinocoques renfermés dans les hydatides évacuées en même temps , les corpuscules calcaires offraient une coloration d'un rouge 1res intense, tout à fait analogue à celle des cristaux d'hématoïdine ; ces corpuscules n'avaient éprouvé d'ailleurs, dans leur forme ou dans leurs autres caractères, aucune modification appréciable. Il y avait encore des cristaux d'héma- toïdine sous la paroi de quelques hydatides intactes, mais aucun des kystes situés dans les autres organes n'en renfermait (1). Sucre. — La présence du sucre en grande quantité a été con- statée dans le liquide d'un kyste situé à la région épigastrique et probablement dans le foie. Ce liquide avait été extrait par une ponc- tion exploratrice. Le kyste ayant été ouvert plus tard par des ap- plications caustiques, le liquide qui s'écoula alors ne contenait plus de sucre. MM. Ch. Bernard et Axenfeld, qui rapportent ce fait, disent que M. Cl. Bernard avait déjà constaté l'existence du sucre dans le liquide d'hydatides du foie, chez le mouton (2). Sels de l'urine. — M. H. Barker rapporte avoir trouvé des cris- taux d'acide urique, d'oxalate de chaux et de phosphate de soude à l'intérieur de vésicules hydatiques rendues avec les urines par un malade soumis à son observation. M. Quekett, ayant examiné plusieurs de ces vésicules intactes, dit : » Dans la plus grande hyda- tide, la couche la plus interne était couverte d'une grande quantité de petits cristaux prismatiques ayant l'apparence générale du triple phosphate. Dans l'une des plus grandes, des cristaux semblables étaient adhérents à la surface externe ; les cristaux se voyaient mieux dans les grandes hydatides nouvellement ouvertes que dans les pe- tites, qui souvent n'en contenaient pas. En plaçant une portion de la membrane interne entre deux lames de verre, pour examiner les cris- taux en place, ceux-ci se détachaient si facilement, qu'il fallait de grandes précautions pour les conserver dans leur situation... La pré- sence de ces cristaux à l'intérieur des hydatides me paraît s'expli- (1) Voyez ci-après, obs. 105. (2) Ch. Bernard et Axenfeld, Présence du sucre dans le liquide d'un kyste hyda- tique du foie {Comptes rendus Soc. biologie, 2e série, 1856, t. III, p. 90). NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. 375 quer par la pénétration de l'urine à travers les parois par endos- mose (1). » Cette explication est confirmée par les faits rapportés précédem- ment. Un cas observé par Fréteau prouve, d'ailleurs, que la matière colorante du sang passe très facilement à travers la paroi des hyda- tides; le médecin de Nantes, à la suite d'une observation que nous rapporterons ci-après, ajoute: " Le plus grand nombre des hydatides étaient du plus beau rouge... ; la plus grande partie des vésicules rouges étaient de la grosseur d'un grain de raisin, quelques-unes de la grosseur d'une lentille, un certain nombre de la grosseur d'un grain de chènevis... Tous les kystes (hydatides) nous ont paru telle- ment poreux, que les vésicules colorées en rouge, laissées pendant quelque temps dans l'eau froide, y déposaient peu à peu leur matière colorante (2). » M. Cruveilhier a rendu la perméabilité' des hydatides très évi- dente, en plongeant ces vésicules dans de l'encre. Le liquide qu'elles contenaient ne tardait pas à devenir violet et noir (3). CHAPITRE III. ORGANES ENVAHIS PAR LES HYDATIDES; ALTÉRATIONS CONSÉCUTIVES DE CES ORGANES. Les hydatides se rencontrent chez l'homme dans tous les organes parenchymateux, mais avec un degré très différent de fréquence: le foie, à lui seul, offre plus de cas de cette affection que tous les autres organes ensemble. Souvent lorsque des hydatides existent dans quelque partie éloignée, il s'en rencontre en même temps dans le foie ; le poumon vient en seconde ligne, sous le rapport delà fréquence des hydatides; elles sont encore assez fréquentes dans la rate, les reins, l'épiploon, le cerveau; on en possède quelques exemples dans le canal rachidien, dans l'œil et même dans les os; il n'est guère plus commun d'en rencontrer dans les membres et dans les parois (i) T. Herbert Barker, On cystic Entozoa in Ihe human kidney. Londou, 1856, p. 9 (voy. ci-après, obs. 192). (2) Voyez ci-après, obs. 34. (3) Dictionnaire de méd. et de chirurgie pratiques, t. I, p. 199, art. Acépha- locystes. 370 AFFECTIONS VfcltMINEUSES DES CAVITÉS SÉltr.USLS de la poitrine et de l'abdomen; le testicule, l'ovaire, la matrice et la mamelle en sont fort rarement atteints (1). Le kyste hydatique est assez souvent solitaire ; cependant il n'est pas rare d'en voir deux, trois ou quatre existant dans le même organe ou clans des régions différentes; leur nombre dépasse rare- ment dix ou douze, quoique l'on en ait quelquefois vu plus de cinquante et jusqu'à un millier (2). Les tissus ou les organes au sein desquels se développent les kystes hydatiques peuvent rester longtemps sans éprouver d'alté- ration appréciable. Souvent ils s'atrophient plus ou moins; ils dispa- (1) Voici approximativement le relevé des cas d'hydalides dont il est fait men- tion dans cet ouvrage : Foie. — Kystes faisant saillie dans le thorax 4 cas. — s'ouvrant dans la plèvre 9 — — à la base du poumon ou dans les bronches.. . 21 — — dans les conduits biliaires 8? — — dans le péritoine 8 — — dans le tube digestif 22 Kystes dans d'autres conditions 94 Corps thyroïde 2 cas?. Parois du tronc 12 Poumons 40 cas. Cœur 10 Artèreet veines pulmonaires. 2 Cerveau, cervelet, etc 20? Moelle épinière 3? Corps pituitaire 2 Reins 30 Capsule surrénale 1 Petit bassin 26 Globe de l'œil ... 3? Orbite 9? Face 2 Bouche 2 Col 5 ? Bras (parties molles) 2 Avant-bras et main (parties molles) 0 Cuisse (parties molles) 6 Jambe et pied (parties molles) 0 Système osseux 17 Testicule et scrotum 2? Vésicule séminale 1 Ovaire 4? Matrice (parois) 1 Placenta 1? Sein 7 ? Ce relevé est fort incomplet pour ce qui concerne le foie, car parmi les faits qui se trouvent dans les recueils de médecine, nous n'avons mentionné que ceux qui nous offraient quelque intérêt au point de vue des lésions concomitantes ou du trai- tement, ou par quelque particularité. Il est plus complet pour l'encéphale, les pou- mons, le cœur, les vaisseaux, les reins, les organes génitaux, les membres et les os. Nous avons, en effet, cité tous les cas dont nous avons eu connaissance; mais, dans un certain nombre de ces cas, il peut y avoir des doutes sur la détermination de la nature des vésicules observées, comme aussi sur le siège primitif de ces vésicules. (2) Cruveilhier, Anatomie pathologique du corps humain, livr. XIX, pi. 1 et 2. NATURELLES OU ADVENT1VES. — HYDATIDES. 377 missent même quelquefois entièrement par les progrès incessants du corps étranger qui les comprime. Ils peuvent éprouver aussi dans leur structure des changements considérables, au moins pour ce qui est de la portion en rapport immédiat avec l'hydatide; elle se con- dense; plusieurs de ses éléments disparaissent, et elle subit dans sa constitution une véritable transformation. Les organes voisins con- tractent des adhérences avec les parties qui contiennent le kyste et participent quelquefois à ces changements. La partie de l'organe qui n'est pas en rapport immédiat avec le kyste reste généralement normale; parfois, peut-être, elle acquiert un plus grand développement. Dans plusieurs cas d'hydatides volu- mineuses du foie, nous avons vu signalé un état granuleux, ou plutôt granulé, du parenchyme resté sain. Évidemment, il n'était pas ques- tion de cirrhose, mais probablement d'une hypertrophie de certains éléments qui exagérait l'aspect grenu et normal du tissu hépatique. Ne se produirait-il point dans les parties qui échappent à la compres- sion du kyste une hypertrophie analogue à celle qui se produit dans un rein, lorsque son congénère se détruit 1 Dans certains cas, à la suite de quelque violence extérieure ou spontanément, l'inflammation s'empare des parties voisines du kyste ; il s'y forme des collections purulentes diffuses ou disséminées et ordinairement d'un petit volume. 11 est douteux pour nous que la paroi interne de la poche hydatique devienne spontanément le siège d'une suppuration, opinion que nous avons déjà exprimée. On a vu la suppuration s'établir dans les veines de la partie affectée, et l'inflammation se propagera des organes éloignés ; mais ce fait n'arrive peut-être que consécutivement à la communication accidentelle de ces vaisseaux avec la cavité du kyste. (Voy.HYDATiDES du foie). Dans d'autres cas, les parties anciennement ou nouvellement en rapport avec la poche hydatique se détruisent et s'ulcèrent, ainsi que la paroi correspondante de cette poche, qui se perfore et livre pas- sage aux matières qu'elle renferme; alors le kyste hydatique s'ouvre directement au dehors ou dans un organe qui communique plus ou moins directement avec l'extérieur, comme les bronches, le tube di- gestif, les canaux biliaires, les voies urinaires, ou bien dans une ca- vité close comme la plèvre, le péritoine et même dans les veines. La tumeur se met ainsi quelquefois en communication avec un or- gane éloigné et sans connexion avec celui qui contient les hydatides : les kystes du foie, par exemple, après avoir perforé le diaphragme 378 AFFECTIONS VERMINEU5ES DES CAVITÉS SÉREUSES et le tissu pulmonaire, s'ouvrent quelquefois dans les bronches, et par cette voie leur contenu s'échappe au dehors. Ce n'est pas seulement sur les parties molles que les hydatides exercent leur influence destructive ; lorsqu'elles sont en rapport avec un os, elles peuvent en déterminer la résorption et la perforation: M. Andral rapporte le cas d'un malade chez lequel des acéphalo- cystes, logées dans la fosse sous-scapulaire, s'étaient fait jour dans la fosse sous-épineuse, à travers l'omoplate dont elles avaient opéré la perforation (1). Nous rapporterons plusieurs autres exemples ana- logues. Une communication peut aussi s'établir entre deux kystes hyda- tiques par la perforation de l'un et de l'autre. Les cas de tumeurs hydatiques contenant plusieurs loges séparées par un diaphragme in- complet ne sont pas très rares. L'observation suivante suffit à prouver que ces loges peuvent être produites par la réunion de plusieurs kystes, dont les parois se sont perforées à leur point de contact ; nous n'en donnerons que les circonstances qui ont un rapport plus ou moins direct avec le sujet dont nous parlons. Obs. IV (Neucourt). i — Hydatides du poumon et du foie. A l'autopsie d'une femme morte de pneumonie à l'âge de soixante ans, on trouva, à la base du poumon droit, un kyste renfermant une hydatide solitaire. Ce kyste avait environ 15 centimètres d'avant en arrière, et 5 dans sa plus grande largeur. Il paraissait constitué en partie par la base des poumons, en sorte qu'il était difficile dédire s'il était véritablement creusé dans l'épais- seur de cet organe, ou bien s'il lui était simplement accolé. Toute la portion droite du foie était remplacée par des kystes, au nombre de dix ou douze ; l'un avait le double du volume d'un rein. « Le diaphragme a disparu dans la partie occupée par les kystes, de sorte que celui des poumons et ceux de l'abdomen se touchent par leur face externe ; à la face inférieure du foie, il y en a un gros comme le poing et étranglé à son milieu ; les autres sont gros comme une pomme, une noix, une noisette ; quatre ou cinq de ces derniers sont réunis entre eux et présentent un groupe de bosselures... — La face interne de ces kystes est rugueuse, jaunâtre, remplie d'anfracluosités ; plusieurs d'entre eux communiquent ensemble... — On distingue au milieu de ces kystes une petite poche remplie d'une bile verte, qui paraît être la vésicule biliaire (2). » (1) Voyez ci-après, obs. 223. (2) Neucourt, Bulletin Soc. anat., 1842, p. 235, et Livois, Thèse sur les Échi- nocoques, p, 107. NATURELLES OU ADVENTlVIiS. — HÏDATIDES. 379 CHAPITRE IV. CONDITIONS DE L'EXISTENCE OU DE LA FRÉQUENCE DES HYDATIDES : AGE, PROFESSIONS, RÉGIME ; CAUSES EXTERNES ; DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE. Les hydatides existent principalement à l'âge moyen de la vie; c'est de vingt à quarante ans que les cas en sont les plus communs. Elles sont presque inconnues chez les petits enfants : M. Cruveilhier croit avoir vu un kyste de cette nature, mais qui s'était vidé dans l'intestin, chez un enfant mort, âgé de douzejours(l). Bodson a trouvé des hydatides dans le foie chez une fille de quatre ans (2). Les vieil- lards en sont aussi fort rarement atteints: M. Monod en a vu un cas chezunhomme âgé de soixanteet dix-sept ans (3); le docteur Charvot, dans une phalange du doigt indicateur, chez un homme âgé de quatre- vingt-un ans. Les hydatides ne paraissent point avoir de préférence pour l'un ou l'autre sexe. On ignore si les professions ont une influence sur la fréquence des vers vésiculaires ; toutefois ils paraissent très rares chez les marins : « Lorsque j'étais médecin au Dreadnought (4), dit M. Budd, j'ai trouvé une tumeur contenant des hydatides dans le foie d'un nègre de la côte occidentale d'Afrique... ; mais on ne connaît aucun autre cas de cette affection qui ait été reçu dans cet établissement. M. Busk, qui était resté dans l'hôpital presque depuis sa fondation, m'a dit qu'il n'en avait vu aucun autre. Il est possible que le régime des ma- rins, qui consiste pour la plus grande partie en salaison, soit con- traire au développement de cette maladie (5). » Suivant le même observateur, les pauvres en Angleterre paraî- traient être plus fréquemment atteints de ces vers que les riches, cir- (1) « J'ajoute une telle importance, dit M. Cruveilhier, à la structure des parois du kyste, comme caractère d'un kyste adveutif acéphalocyste, qu'appelé à prononcer sur la nature d'un kyste hépatique à parois denses, fibrineuses, cartilagineuses et osseuses, observé sur le corps d'un enfant nouveau-né, âgé de douze jours, kyste hépatique situé à la surface convexe du foie et communiquant avec le côlon ascen- dant, je n'ai pas hésité à le considérer comme le kyste adventif d'une acéphalo- cyste dont le contenu s'était complètement vidé dans l'intestin. » (Cruveilhier, XXXVIIe livr., p. 6 du texte de la pi. 4, cité dans Anal, pathol., t. III, p. 557). (2) Bodson, Bulletin se. médic, t. V, p. 75. (3) Monod, Bulletin Soc. anat., et Cruveilhier, art. Acéphalocystes, p. 216. (4) Vaisseau-hôpital sur la Tamise pour le service des marins. (5) Budd, ouvr. cit., p. 440. 380 AFFECTIONS VEhMINEDSES DES CAVITÉS SÉREUSES constance qu'il croit pouvoir expliquer par ce fait, que les pauvres habitent des maisons basses el humides et se nourrissent en plus grande proportion de végétaux. On sait que les hydatides sont très com- munes chez les moutons et chez les bœufs qui paissent dans des prai- ries marécageuses, et surtout pendant les années pluvieuses. L'in- fluence du régime sur la production de ces vers vésiculaires est donc assez manifeste ; toutefois son mode d'action est encore couvert d'une profonde obscurité. L'animalité des hydatides n'étant plus aujourd'hui contestée, leur origine dans une génération spontanée n'étant pas admissible, la cause de leur existence ne peut être attribuée à quelque violence ex- térieure, ni à l'état particulier d'un organe ou de l'économie; il existe cependant beaucoup de faits dans lesquels l'apparition des hydatides a été précédée d'une contusion, d'une commotion, d'un effort. Dans quelques-uns deces cas, la violence extérieure, ayant dé- terminé quelque lésion clans la tumeur hydatique ou dans l'organe qui la renfermait, n'a fait que révéler son existence auparavant ina- perçue ; ou bien encore un effort musculaire a pu chasser le kyste de la place où il s'était développe et l'a rendu apparent par le fait de son déplacement (1). C'est probablement ainsi que les choses se sont passées dans un cas rapporté par Dupuytren : « Un homme, ayant été obligé de faire un effort plus grand que de coutume, sentit une vive douleur dans le bras gauche, vis-à-vis du corps du biceps ; il y porta la main, et y découvrit pour la première fois une tumeur... :' elle avait le volume d'un petit œuf de poule; elle était sans chaleur, sans changement de couleur à la peau, immo- bile, et cependant la flexion de l'avant-bras sur le bras produisait sur elle un mouvement d'affaissement. Au dire du malade, cette tu- meur datait de huit ou dix jours au plus, mais elle était assurément d'une époque beaucoup plus ancienne. » Dupuytren, ayant fait l'in- cision de cette tumeur, en retira une hydatide musculaire (2). Envisageant les causes de l'apparition des hydatides à un autre point de vue, on peut se demander pourquoi ces entozoaires siégent- ils ordinairement dans les organes abdominaux et thoraciques, fré- (1) Lorsquej'étais élève dans le service de Sanson, il vint à l'hôpital une femme chez laquelle une tumeur était apparue tout à coup à la vulve par suite d'un effort. Sanson, ayant reconnu que cette tumeur n'était point une hernie, pensa qu'elle pouvait être un kyste déplacé, et par ce fait devenu apparent. L'opération vériOa le diagnostic : c'était un kyste séreux. (2) Dupuytren, Leçons orales, t. III, p. 358. NATÙUELLeS OU ADVENT1VËS. — HYDATIDES. 381 quence qui chez les moutons et les bœufs est extrêmement prédomi- nante. Il se présente de ce fait une explication plausible, s'il est vrai que les hydatides doivent leur origine à la transformation ou au dé- veloppement d'un embryon de ténia. Cet embryon, introduit dans le tube digestif avec les aliments ou les boissons, et ne pouvant vivre ou se développer dans l'intestin avant d'avoir subi certaines trans- formations, quitte cet organe en le perforant, et gagne les parties voi- sines, soit directement, soit par l'intermédiaire des vaisseaux san- guins, lesquels se rendent dans le foie ou dans les poumons. On ne possède qu'un petit nombre de documents sur la fréquence ou sur la rareté des hydatides, suivant les contrées ou suivant les localités : Inde. — Au rapport de M. BudJ, leur existence est à peine men- tionnée par les médecins qui ont écrit sur les maladies de l'Inde (1). Egypte. — M. Bilharz a vu trois cas d'hydatides du foie en Egypte (2). Amérique. — Elles sont très rares aux États-Unis. Ce fait m'a été confirmé par M. le docteur Shattuck. M. Leidy, dans le Synopsis des entozoaires qu'il a observés, ne fait mention que de deux cas d'hydatides : 1° l'un concerne un kyste trouvé dans les muscles du côté droit de l'abdomen, chez le fils d'un marin anglais; 2° l'autre deux kystes trouvés dans le foie chez un Français; il ajoute qu'il n'a jamais vu d'hydatides chez un Anglo-Américain (3). Il n'y en a point de mentionnées dans le Catalogue du musée de Boston. France. — Les hydatides, d'après les recherches de M. Leudet, sont plus communes à Rouen qu'à Paris. « Une étude attentive des vers vésiculaires chez l'homme, dit notre ancien collègue et ami, nous a permis de nous convaincre, dans l'année 1855, de la fréquence de ces tumeurs hydatiques à Rouen , et de leur existence sans symptômes graves, même appréciables des malades. — Sur près de deux cents ouvertures de cadavres des malades morts dans le service de clinique chirurgicale placé sous la direction de mon père, et de celui de cli- nique médicale qui m'est confié, j'ai rencontré six fois des kystes hydatiques du foie, dont quatre avaient subi une atrophie spontanée. — Pendant six années consécutives d'internat dans les hôpitaux de Paris, nous avons pratiqué un grand nombre d'ouvertures de cada- (1) Budd, ouvr. cit., p. 440. (2) Bilharz, Mém. cit., p. 54. (3) Leidy, Synops. cit., n° 43, 382 AFFECTIONS VEllMINEUSKS DBS CAVITÉS SÉREUSES vres, sans néanmoins, rencontrer aussi fréquemment des kystes hy- datiques que nous l'avons fait à Rouen dans l'année 1855. — Le ténia ne nous a pas paru plus fréquent à Rouen qu'à Paris ; ainsi, en 1855, nous n'avons vu que deux cas de Tœnia armât a, et pas un bothriocéphale (1). » Allemagne. — D'après les recherches nécroscopiques de M. Vir- chow, les échinocoques sont très communs à Wûrzburg aussi bien qu'à Berlin (2). En Islande, l'affection hydatique règne d'une manière endé- mique. Le docteur Schleisner, qui a publié une topographie médicale de cette contrée, a, l'un des premiers, fait connaître ce fait (3). D'après des informations données à M. de Siebokl parle professeur Eschricht (de Copenhague), le sixième de la population islandaise est atteint de cette maladie (4). Le docteur Schleisner dit qu'elle est plus com- mune à l'intérieur de l'île que sur le littoral. Un chirurgien de marine, M. Guérault, a donné dernièrement une nouvelle relation de cette endémie: » Les statistiques dressées par ordre du gouvernement danois, dit ce chirurgien, et que le mé- decin général de l'Islande transmet chaque année à Copenhague, éta- blissent que cette maladie attaque actuellement le cinquième de la population islandaise... L'affection hydatique islandaise [Livrar- veiki) occupe presque toujours le foie, comme le témoigne le nom qu'elle a reçu dans la langue du pays ; toutefois on y a trouvé des hydatides dans les poumons et dans les reins, au-dessus comme au- dessous du diaphragme ; on en a trouvé aussi sous la peau et même dans la tunique vaginale (5). » Il existerait des hydatides jusque dans la peau, suivant ce que dit M. de Siebold. Le savant zoologiste ajoute que ce parasite est un cysticerque, et qu'il doit son origine au Tœnia serrata; mais il est aujourd'hui reconnu qu'il appartient aux échinocoques. L'affection hydatique est peut-être plus commune en Islande au- (1) E. Leudet, Comptes rendus Soc. biologie. Paris, année 1856, t. III, 2* série, p. 59. (2) R. Virchow, Notices helminthologiques citées. (3) Schleisner, Forsôg til en nosographie of Island. Kjôbenhavn, 1849 (extrait dans Janus, Dem central Magazin fur Geschichte... der Medizin, 1851, vol. I, p. 300, cité par de Siebold). (4) Cari. Theodor von Siebold, Ueber die Band und Blasenwurmer. Leipzig, 1854, p. 112. (5) H. Guérault, Note sur la maladie hydatique du foie en Islande, et l'emploi de V éleclro-punclure à la destruction des acéphalocystes (Société de chirurgie, 8 avril 1857, dans Gazette des hôpitaux, ann. XXX, p. 184). NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. 383 jourd'hui qu'au siècle dernier, car il n'en est fait nulle mention dans un ouvrage assez considérable publié dans ce siècle, sur l'état physique et moral du peuple islandais, sur l'histoire naturelle du pays, etc. (1). CHAPITRE V. MARCHE, DURÉE, TERMINAISON DES TUMEURS HYDATIQUES ; SYMPTÔMES, SIGNES, DIAGNOSTIC ET PRONOSTIC. § I. — Les tumeurs hydatiques se développent ordinairement avec une grande lenteur; leur durée est presque toujours de plusieurs an- nées (2); il n'est pas très rare d'en observer dont les premiers sym- (1) Voyage en Islande, fait par ordre de S. M. danoise, traduit du danois par Gauthier de Lapeyronie. Paris, 1802. Dans cet ouvrage, les maladies propres à chaque district sont indiquées avec soin et souvent avec des détails suffisants pour qu'on puisse les reconnaître aisément. Aucune maladie, aucune description ne se rapporte à l'affection hydatique du foie, qui n'aurait pas été oubliée, vu sa gravité, si elle avait été alors aussi commune qu'aujourd'hui. Toutefois, en parlant du district de Kiosar, l'auteur dit : « Le mal hypochondriaque {malum hypochondriacum) y est très commun. Ne sachant com- ment caractériser cette maladie, il lui donne le nom générique de briostveike (maladie de poitrine). » (Ouvr. cit., t. [, p. 42.) — Le nom de mal hypochondriaque donné par l'auteur pourrait bien se rapporter aux hydatides du foie; mais il ne rend pas celui de briostveike, et celui-ci diffère beaucoup pour le sens de celui de livrarveiki, lequel serait, d'après M. Guérault, le nom islandais de la maladie qui nous occupe. Ces diverses considérations nous feraient croire que l'affection hyda- tique n'était pas très commune en Islande, au siècle dernier. L'auteur du Voyage en Islande dit aussi que les vers du corps humain sont moins communs en ce pays qu'ailleurs (t. IV, p. 183). (2) D'après vingt-quatre cas, dont les détails sont assez précis pour qu'on puisse établir des données positives sur l'âge des tumeurs observées, M. Barrier a dressé le tableau suivant : Durée, Nombre de cas. De moins de 2 ans 3 De 2 à 4 ans 8 De 4à6 4 De 6à8 3 De 8 2 De 15 1 De 18 1 De plus de 20 1 De plus de 30 1 Total 24 (F. M. Barrier, De la tumeur hydatique du foie. Thèse, Paris, 1840, p. 36.) 38/i AFFECTIONS VEUMiNEltSÉS DES CAVITÉS SÉREUSES ptômes remontent à dix et quinze ans. Mais on en a vu de beaucoup plus anciennes. Nous rapporterons ailleurs le cas d'une femme chez laquelle une tumeur datant d'environ trente ans s'ouvrit enfin dans l'intestin et au dehors, et donna issue à des hydatides (1). Le docteur Thompson a rapporté un cas semblable : Obs. V (Thompson). « Une femme morte à l'âge de cinquante-trois ans, d'une affection de poitrine, portait depuis trente ans des hydatides à la région hépatique; ces hydatides étaient apparues à la suite d'un coup reçu par la malade sur l'ab- domen. Vingt-neuf ans avant sa mort, et à différentes époques depuis, elle avait rendu par une ouverture qui s'établissait près de l'ombilic un grand nombre de ces corps, accompagnés d'un liquide particulier qui offrait parfois le caractère purulent. A l'autopsie, on trouva près de l'ombilic, deux tu- meurs communiquant avec un conduit plein d'une matière mêlée de chaux, et qui allait jusqu'à la partie supérieure du foie, avec lequel il paraissait avoir autrefois communiqué (2). » Le Journal médico- chirurgical d' Edimbourg rapporte le cas d'une femme morte à l'âge de soixante et treize ans, dans le foie de laquelle on trouva deux kystes complètement osseux. Ils contenaient une matière gélatineuse épaisse et beaucoup d'hydatides. Il parut probable, d'après les symptômes, que cette femme avait eu ces tu- meurs dès l'âge de huit ans (3). Dans le cas suivant, la tumeur hydatique datait de quarante- trois ans, et cependant les hydatides étaient encore parfaitement intactes. Obs. VI (Reynal). — Hydatides de la face. « La femme d'un berger portait à la partie latérale gauche du cou une tu- meur énorme qui s'étendait jusque sur le tiers externe de la face; du volume de la tête d'un enfant, presque indolente, sans aucun signe d'inflammation, cette tumeur était le siège d'une fluctuation manifeste. » La malade, ayant alors soixante ans, la portait depuis l'âge de dix-sept ans, époque à laquelle elle avait commencé à se manifester sous un très petit volume. On se décida à en faire l'ouverture dans toute son étendue, et aussitôt il s'en échappa un flot d'hydatides dont le poids devait équivaloir au moins à (1) Voyez Hydat. ouvertes dans l'intestin, observ. csxix. (2) Thompson, Gaz.méd. Paris, 1844, et Cadet de Gassicourt, Thèse infrà cit. (3) Edinburgh med. and surg. Journ., p. 286, octobre 1835, cité par Budd. NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDAT1DES. 385 deux livres. Ces hydatides étaient parfaitement sphériques et avaient une teinte opaline nacrée. Elles étaient enduites d'une humeur tellement visqueuse, qu'on ne pouvait en saisir une entre deux doigts. Leur grosseur variait depuis celle d'un petit pois jusqu'à celle d'un œuf de pigeon, et elles n'avaient contracté au- cune adhérence entre elles, ni avec les parties voisines (1). » § II. — - Située dans un organe essentiel à la vie et qui ne peut se déplacer ou se laisser distendre, la tumeur hydatique occasionne la mort avant qu'elle ait acquis un grand volume ; mais lorsqu'elle se développe dans d'autres conditions, elle ne porte point une atteinte immédiate à l'existence. Dans ce cas, elle peut rester longtemps sans être perçue, et devenir considérable avant de produire une gêne no- table dans les fonctions, soit que les organes cèdent peu à peu à sa pression et se déplacent, soit que, à raison de la lenteur du déve- loppement de la tumeur, ils s'habituent en quelque sorte à sa pré- sence. Lorsque la tumeur, ayant acquis un certain volume, variable sui- vant les cas, comprime un organe dans lequel circulent les liquides de l'économie ou les substances alimentaires, comme les canaux uri- naires, le tube digestif, des accidents graves et la mort même sur- viennent par l'obstacle qu'elle apporte au cours naturel de ces liquides ou de ces matières. Si la fonction de l'organe est nécessaire à la vie de l'individu, à moins que cet organe ne puisse être suppléé par un autre, comme il arrive pour le rein, par exemple, la santé générale s'altère, le malade maigrit et tombe en consomption, expression qui s'applique ici avec justesse. La fièvre, la diarrhée, les sueurs colli- quatives surviennent, et la mort arrive sans qu'on puisse l'attribuef à une autre cause que l'imperfection, l'insuffisance ou l'abolition d'une fonction nécessaire. Dans d'autres cas, qui sont sans doute les plus fréquents, avant que la consomption ait fait assez de pro- grès pour amener la mort, une affection intercurrente, la pneumonie plus souvent qu'aucune autre, emporte le malade. § III. — Le kyste hydatique n'est pas douloureux par lui-même ; il n'est pas rare de rencontrer, à l'autopsie de personnes mortes d'une maladie quelconque, des kystes de ce genre dont elles ne s'étaient jamais plaintes. Il occasionne, lorsqu'il a acquis un certain volume, un sentiment de distension, de plénitude, de gêne, de pesanteur (1) Reynal, Bull des se. méd. de la Soc. du départ, de VEure, iilillet 1809, êi Hipp. Cloquet, Faune ci[., t. I, p. 178; DavAine. -5 386 AFFECTIONS VERMlNîiUSES DliS CAVITÉS SÉÈEUSliS plutôt que de véritable douleur. 11 n'en est plus de même lorsque L'inflammation ou la suppuration envahissent les parties voisines ; alors surviennent des douleurs que la pression ou les mouvements exaspèrent, des frissons, la lièvre, et tous les symptômes et les con- séquences d'une suppuration intérieure. L'ouverture de la tumeur dans une grande cavité séreuse y dé- termine une inflammation instantanée et des plus graves; dans les vaisseaux, suivant que la communication est large ou étroite et que les matières du kyste s'y introduisent en plus ou moins grande quantité, elle produit des désordres plus ou moins graves, mais qui n'ont pas été suffisamment étudiés : tels sont sans doute la phlé- bite, l'infection purulente, lapneumonie, et probablement encore l'in- flammation des membranes séreuses, l'érysipèle, l'ictère, etc., ou bien, dans certains cas, elle frappe de mort subite (voy. sect. n, et sect. îv, chap. III). L'ouverture dans les cavités muqueuses offre une voie d'élimination aux matières du kyste, qui assez souvent se vide peu à peu et marche vers la guérison sans accident. § IV. — L'existence d'une tumeur dans une région quelconque, les phénomènes de la compression d'un organe situé dans la même région, l'évacuation par les voies naturelles ou par une ouverture accidentelle de vésicules ou de fragments d'hulatides, sont les symptômes ordinaires des affections causées par ces entozoaires. Dans les premiers temps de leur développement, le diagnostic des tumeurs hydatiquçs est en général fort difficile ou impossible; plus tard, les signes qui permettent de les reconnaître deviennent plus manifestes ; ils diffèrent : 1° suivant que le kyste est intact ; 2" sui- vant qu'il s'est ouvert. 1° On aura lieu de croire qu'une tumeur est formée par des hyda- tides, lorsque, existant depuis longtemps, développée lentement et ayant acquis un grand volume, elle n'a occasionné ni douleurs, ni fièvre, ni dépérissement dansl'économie. On considérera, en outre, que la tumeur hydatique est ordinairement globuleuse, régulière, élas- tique; qu'elle donne un son mat à la percussion, et que souvent ou peut y sentir delà fluctuation. Quelquefois elle est le siège d'un fré- missement parti 'ulier, qui peut être regardé comme un signe patho- gnomonique. Le frémissement hydatique a été découvert (1) et bien étudié par (lj Lt découverte du frémissement hydatique appartient entièrement à NATURELLES OU ADVENT1VES. -*- HYDATIDIiS. 387 M. Briançon, qui a compris toute l'importance de ce phénomène pour le diagnostic: " J'espère, dit ce médecin, que désormais ces difficultés (dans le diagnostic) n'existeront plus ou qu'elles ne se présenteront que dans des cas fort rares, si l'on a égard aux signes que fournissent la per- cussion seule, et la percussion et l'auscultation réunies. Lorsqu'on applique une main sur un kyste contenant des acéphalocystes, de manière à l'embrasser le plus exactement possible, en exerçant une pression légère, et qu'avec la main opposée on donne un coup sec et rapide sur cette tumeur, on sent un frémissement analogue à celui que ferait éprouver un corps en vibration : c'est le frémissement hyJatique dont j'ai parlé dans le commencement de ce travail. Si l'on réunit l'auscultation à la percussion, on entend des vibrations plus ou moins graves, semblables à celles que produit une corde de basse (1). » M. Piorry en donne la description suivante : « Si l'on tient une montre à répétition de telle sorte qu'elle repose par son boîtier sur la paume de la main gauche, et si alors on percute légèrement sur le verre avec les doigts de la main droite, on éprouve une sensation de vibration due aux oscillations du timbre ; c'est précisément la même impression que perçoit celui qui percute des hydatides renfermées M. Briiiuçoi), qui, dans sa thèse, fit de ce phénomène une élude approfondie. C'est à tort qu'on l'attribue à M. Piorry. Cet auteur dit, en effet, dans la première édition du traité de la percussion médiate : « Ce malade, sur lequel M. Briauçon a trouvé, le premier, le bruit dont il s'agit, était considéré par M. Récamier comme atteint d'hydaliiles; malheureusement, il sortit de l'hôpital sans qu'on ait pu vérifier le diagnostic. — Un autre malade, qui se trouvait aussi à la clinique de M. Récamier, présentait le même bruit accompagné de la même sensation. » (P.-A. Piorry, De la percussion médiate, et des signes obtenus à l'aide de ce nouveau moyen d'exploration. Paris, 1828, p. 138). Chez ce dernier malade, la tumeur fut ouverte par la potasse caustique; la sortie des hydatides donna la confirmation du diagnostic, et fit recon- nailre l'importance du phénomène nouvellement observé. Ce n'est pas, cependant, que le frémissement hydatique fût resté jusqu'alors tout à fait inobservé. Il avait été signalé au commencementdusièclc. On irouve dans une observation de blatin (1801), relative à une masse d'hydalides située dans l'ab- domen, le passage suivant : « La percussion lui faisait éprouver un mouvement de totalité avec tremblotement semblable à celui qu'eût présenté une masse de gélatine. » (Voy. ci-après, obs. 131.) MM. Briançon et Piorry ont fait la même comparaison. Ou pourrait doue faire remonter à Blalin la connaissance du frémissement hyda- tique, mais la découverte d'un fait de cette nature appartient à celui qui a su en saisir et qui en a signalé la valeur. (1) P.-A. Briançon, de Tournon (Lot-et-Garouiie), Essai sur le diagnostic et le trci'.ement des acéphalocyslcs (Thèse de Paris, 26 août 1828, n° 216, p. 18). S88 AFFECTIONS VERMINBU8E6 DES CAVITÉS SÉRED8ES en grand nombre dans un kyste commun. On peut encore s'en faire une juste idée en frappant sur de la gelée de viande dont la consis- tance est ferme (T). » L'importance attribuée au frémissement, comme signe de l'exis- tence des hydatides, n'était encore établie que sur un seul fait cli- nique, lorsque M. Tarral publia l'observation suivante : Obs. VII (Cl. Tarral). « M. Laugier me permit d'assister, en ville, à l'autopsie fort curieuse d'un homme affecté d'ascite, et que l'on supposait également affecté d'hydatides, parce qu'il en avait rendu plusieurs fois par la bouche et par l'anus. Guidé par ces soupçons, j'explorai avec le plus grand soin, à l'aide du plessimètre, les diverses parties de l'abdomen, qui était d'un volume vraiment extraordi- naire. Dans la paroi antérieure du ventre existaient des bosselures grosses comme des œufs, et d'une forme plus ou moins régulière. A peine je les eus percutées, que j'éprouvai sous les doigts une sensation toute nouvelle pour moi, mais que je ne doutais pas être le phénomène décrit par M. Piorry et que j'avais tant cherché, mais toujours infructueusement. Je fis sentir ce fré- missement à MM. Laugier et Morette, qui le trouvèrent, comme moi, delà plus grande évidence. Voici la manière dont je procédai pour le trouver. La plaque d'ivoire appuyée avec plus ou moins de légèreté par la main gauche sur la partie queje voulais explorer, je percutai l'instrument d'un seul doigt, mais en l'y faisant rester jusqu'à ce que l'ébranlement produit par la percus- sion eût entièrement cessé. Lors de l'existence du phénomène, le doigt perce- vait très distinctement un tremblotement bien évident, d'une durée assez longue, à la suite de chaque nouvelle impulsion. Cette sensation existait dans la région hépatique, dans beaucoup d"autres points de l'abdomen, et dans plusieurs des bosselures dont nous avons parlé. Dans quelques-unes, au con- traire, il m'était impossible de la percevoir. » L'ouverture du corps fit voir des sacs énormes d'hydatides développées dans le foie et communiquant avec le lobe inférieur du poumon droit; dans le mésentère, entourant partout les intestins; dans l'épiploon, et enfin dans les bosselures décrites. La percussion à nu sur les sacs acéphalocystiques donnait lieu au frémissement d'une manière remarquable. Mais les tumeurs ou bos- selures superficielles qui ne le présentaient pas, contenaient seulement des débris d'hydatides. Dans les autres, au contraire, les vers étaient entiers, isolés les uns des autres, et nageant dans un liquide contenu dans un kyste (2). » En 1834, M. Rayer observa le frémissement hydatique, avec quelques modifications. La tumeur était située dans le petit bassin ; (1) Piorry, Percussion médiate. Paris, 1831, 2e édit., p. 37. (2) Claudius Tarral, Rech. propres à éclairer le diagnostic de diverses maladies Uourn. hebdom. de méd., Paris, 1830, t, VII, p. 1 10). NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDAT1DKS. 389 la sensation de frémissement que l'on faisait naître ressemblait à celle que fait éprouver un ressort que l'on percute ; \' auscultation et la percussion combinées faisaient entendre un son analogue à celui d'un tambourin (1). Le frémissement ne se rencontre point dans toutes les tumeurs hydatiques, et son intensité est très variable suivant les cas. On ne connaît pas encore bien toutes les conditions qui le font paraître ou disparaître. M. Briançon a cherché par des expériences (2) à se rendre compte de ces variations : « De ces expériences, je conclus, dit-il, que les kystes hydatifères sont d'autant plus faciles à diagnostiquer par le moyen que j'indique, que la quantité des acéphalocystes par rap- port au liquide dans lequel elles plongent est plus considérable ; qu'il est nécessaire cependant, pour que le frémissement et la vibra- tion hydatiques soient à leur summum d'intensité, qu'il y ait dans le kyste une petite quantité de liquide; et que, si la quantité de celui- ci est trop grande, le diagnostic finit par être impossible. » On a dit que le frémissement ne se produit pas lorsque la tumeur contient une hydatide solitaire; cependant l'existence de ce phéno- mène a été constatée par M. Jobert dans un cas d'une hydatide soli- taire qui formait une tumeur dans la région deltoïdienne(3). Il ne se produit probablement jamais lorsque la tumeur est devenue athéro- mateuse. (1) Voyez Hydatides du petit bassin (obs. 166), cas rapporté par M. Brun. (2) Voici dans quels termes M. Briançon rapporte ces expériences : « J'ai pris une vessie ordinaire (de cochon) que j'ai remplie d'acéphalocystes entières et de diverses grosseurs; j'ai ajouté une assez grande quantité d'eau pour remplir les intervalles qu'elles laissaient entre elles, et je l'ai fermée très exactement: alors, en agitant la vessie entre les mains, j'ai senti le frémissement hydatique de la manière la plus prononcée. J'ai placé cette vessie sur une table, et tandis que je la frappais légèrement à la surface, j'entendais d'une manière très distincte, avec le stéthoscope appliqué sur elle, les vibrations dont j'ai parlé plus haut. J'ai diminué la quautité des acéphalocystes et j'ai augmenté celle du liquide, de manière qu'ils fussent eu parties égales; le frémissement et les vibrations étaient moins distincts que dans le cas précédent. J'ai diminué encore les acéphalocystes, et j'ai augmeuté la quantité de liquide ; l'intensité des vibrations et du frémissement est con- stamment allée en diminuant. Enfin, lorsqu'il n'y a plus eu dans la vessie que deux ou trois acéphalocystes et une très grande quantité d'eau, les signes dont je parle ont entièrement disparu. J'ai fait l'expérience inverse : j'ai rempli la vessie avec des acéphalocystes que j'ai tassées les unes contre les autres; le frémissement et les vibrations n'ont point été aussi prononcés que lorsqu'il y avait une petite quantité d'eau dans la vessie. » (Thèse citée, p. 19.) (3) Cité par Barrier, Thèse infrà cit., p. 67, et Piorry, Traité de méd. prat,, 1844, t. IV, p. 522. 390 AFFECTIONS VEKMINKUSIÎS DBS CAVITÉS SÉREUSES L'absence de la sensation du frémissement peut tenir à la manière dont la percussion est pratiquée. M. Briançon veut qu'une main em- brasse et comprime légèrement la tumeur, tandis que l'autre donne un coup sec et rapide. M. Tarral percute d'un seul doigt, mais en le faisant rester appliqué au plessimètre jusqu'à ce que l'ébranle- ment produit par la percussion ait entièrement cessé. L'applicalion de la main pendant et après la percussion est nécessaire à la per- ception du phénomène dont nous nous occupons ; on doit de plus exercer une certaine pression sur ia tumeur. Chez une jeune fille que nous avons vue dans le service de M. Rayer, et qui portait dans l'hypochondre droit une tumeur hydatique considérable, la sensa- tion déterminée par la percussion était très distincte. La meilleure manière d'obtenir ce phénomène nous a paru la suivante : appliquer avec une certaine pression sur la partie la plus saillante de la tumeur trois doigts écartés, et donner sur celui du milieu un coup sec et rapide; les deux autres doigts perçoivent le frémissement d'une manière très nette. Ce frémissement avait un grand rapport avec celui que donne un siège à élastiques qu'on frappe avec la main. Chez cette malade, l'auscultation et la percussion combinées ne donnaient pas de sensation bien distincte. Lorsque le frémissement existe, il détermine sûrement la nature de la tumeur, toutefois il ne faudrait pas confondre avec ce phéno- mène la crépitation qui se produit quelquefois dans les bourses syno- viales, et dans les abcès froids divisés par des cloisons ou dont le foyer est disposé en bissac. Nous avons été témoin, dans ce dernier cas, d'une méprise de ce genre. En général, l'absence de fièvre et de douleur permet de ne pas confondre une tumeur hydatique avec un abcès, l'absence de batte- ments et la lenteur de son développement avec un anévrysme, l'ab- sence de douleurs et d'altération dans l'économie avec une tumeur cancéreuse. Le diagnostic devient plus difficile lorsque autour d'un kyste hyda- tique il est survenu de l'inflammation ou de la~suppuration : alors la douleur, les frissons et la fièvre peuvent faire croire à un abcès, le dépérissement de l'économie à une tumeur cancéreuse; mais la marche de la tumeur, son grand développement avant l'invasion de la fièvre et de la consomption, qui n'a point d'ailleurs l'apparence par- ticulière à la cachexie cancéreuse, éclaireront le diagnostic, que l'exis- tence du frémissement hydatique peut rendre tout à fait certain. NATURELLES OU ADVENTIVES. — HVDATIDES. ?,$ 1 Les signes physiques des hydatiques, tels que la tuméfaction, la matité à la percussion, la fluctuation, le frémissement, ne peuvent, en général, être perçus lorsque le kyste est situé dans les parties profondes de la poitrine ou du bassin ; dans la cavité du crâne, dont les parois osseuses mettent un obstacle à l'exploration, le diagnostic est ordinairement impossible. Les kystes hydatiques étant fréquemment multiples, lorsque l'on aura constaté dans un organe l'existence d'une tumeur de ce genre, et que des symptômes de compression se manifesteront dans un autre organe inaccessible à l'exploration, il sera présumable qu'il existe dans celui-ci un second kyste hydatique. Dans les cas où la nature d'une tumeur volumineuse resterait in- déterminée, le diagnostic pourra être éclairé par une ponction explo- ratrice. Un liquide clair et limpide extrait d'un kyste, ne donnant point de coagulation par la chaleur ou les acides, et laissant, par l'évaporation d'une gouttelette sur une lame de verre, des cristaux de chlorure de sodium reconnaissables' au microscope, appartient généralement aux hydatides (1). Un liquide trouble, en apparence s^ro-purulent, qui offre au microscope les caractères de la matière athéromateuse, appartient encore aux tumeurs hydatiques. Dans l'un et l'autre cas, on rencontre assez fréquemment des échinoco- ques ou leurs crochets. La ponction exploratrice, recommandée par Dupuytren dans les tumeurs de nature douteuse (2), mise en pratique par Récamier pour les kystes du foie, a été regardée par plusieurs médecins comme dangereuse lorsqu'elle doit traverser une cavité séreuse ; mais faite par un trocart capillaire , elle paraît généralement exempte de danger (voy. le traitement). 2° Lorsque le kyste s'est ouvert, l'apparition par les voies natu- relles ou par une ouverture accidentelle de membranes hydatiques rend le diagnostic tout à fait certain ; mais pour prononcer que les (1) Lorsqu'on fait dans ces kystes hydatiques plusieurs pouclions successives, le liquide dans les dernières devient albumineux; ce fait, entrevu par Barrier (thèse citée, p. 63) et indiqué depuis par plusieurs observateurs, n'a point reçu d'explica- tion satisfaisante : nous pensons que la cause en est dans ce que la première ponc- tion amène le liquide propre au ver vésiculaire, tandis que les autres amènent un liquide produit par le kyste , lequel a laissé transsuder le sérum du sang pour rem- plir le vide qui s'est produit dans son intérieur. — Le changement qui s'opère dans le liquide du kyste fait que celui de la première ponction seule peut être pris en considération pour le diagnostic. (2) Dupuytren, ouvr, cit., t. III, p. 3"3. 392 AFFECTIONS VRRMINEUSES DES CAVITÉS SEREUSES membranes expulsées sont des hydatides, il ne suffit pas toujours d'un simple examen à l'œil nu. Un médecin distingué de Paris soi- gnait une dame pour une tumeur située dans l'abdomen ; cette tu- meur, qui existait déjà depuis longtemps, diminua tout à coup avec rapidité, et l'on crut qu'elle s'était ouverte dans l'intestin, d'autant plus qu'il survint de la diarrhée. On fit donc avec soin l'examen des selles, et l'on y constata la présence de lambeaux membraneux qui furent regardés, vu les circonstances, comme des hydatides. Ces membranes, qui nous furent remises et que nous examinâmes au mi- croscope, n'étaient que des membranes fibreuses provenant des ali- ments non digérés. Les fragments d'hydatide ont des caractères par- ticuliers: ils sont, comme nous l'avons déjà dit, formés de lames superposées de 2 à 4 centièmes de millimètre d'épaisseur qui, au microscope, se dessinent sur la coupe transversale en lignes pa= rallèles, semblables aux feuillets d'un livre ou mieux aux fibres du cristallin. Le diagnostic serait confirmé de même par la pré- sence de crochets d'échinocoque dans les matières expulsées ; enfin on aurait encore raison de croire qu'une tumeur appar- tient aux hydatides, si ces matières, ayant l'apparence de pus, offraient au microscope les caractères que nous avons dit appartenir aux substances renfermées dans les kystes athéromateux. FlG. 20. — 1. Fragment de membrane hydaiique légèrement comprimé et vu au grossissement de 350 diamètres ; les lames qui constituent le tissu liydalique s'écartent plus ou moins, suivant le degré de la compression. — 2. Crochets d'échinocoque vus au grossissement de 350 dia- mètres. § V. — Les tumeurs hydatiques ne constituent pas par elles- mêmes une affection grave, car elles n'apportent dans l'économie aucun trouble général, mais elles deviennent graves par leur situa- tion ou par leur grand volume. Le pronostic, étant nécessairement subordonné au diagnostic, ne peut être établi dans les premiers temps du développement des vers vésiculaires, ni lorsque ces vers existent dans des parties inacces- sibles à l'exploration. Les kystes situés dans les membres, dans les parois du tronc, dans des régions très accessibles aux moyens chi- rurgicaux, ne deviennent point ordinairement la cause d'accidents sérieux, et se guérissent facilement. Les tumeurs hydatiques qui, NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. 393 ayant duré longtemps, ne s'accroissent plus ou même subissent un retrait appréciable, pourront être considérées comme-en voie de gué- rison. Il en sera de même lorsque, s'étant ouvertes au dehors ou dans un organe en communication avec le dehors, elles n'ont point déterminé d'accidents et que leur volume tend à diminuer. Elles sont au contraire très graves lorsqu'elles occupent un orgar.e important, qu'elles ont acquis un grand volume, et que les parois du kyste sont devenues plus ou moins osseuses ou cartilagineuses ; lors- qu'elles sont multiples; enfin lorsqu'elles ont causé l'amaigrisse- ment, la consomption, ou qu'elles sont accompagnées de l'inflamma- tion d'un organe important. Elles sont généralement mortelles lors- qu'après leur ouverture dans un organe communiquant avec le dehors, les symptômes généraux persistent et s'aggravent, lorsque les matières expulsées prennent une odeur gangreneuse, lorsqu'il sur- vient une pneumonie ou des signes d'une suppuration profonde, enfin lorsque la poche s'est ouverte dans une grande cavité séreuse. Les phénomènes pathologiques et les accidents que déterminent les hydatides offrent, suivant les organes ou suivant les régions dans lesquelles existent ces entozoaires, des différences qu'il importe d'in- diquer avant d'exposer les moyens de les guérir. DEUXIEME SECTION. HYDATIDES EN RAPPORT AVEC LE SYSTÈME SANGUIN. Les hydatides se rencontrent quelquefois dans les organes de la circulation, soit qu'elles s'y soient développées, soit qu'elles y soient arrivées accidentellement. Parmi les cas d'hydatides rencontrées libres dans les voies cir- culatoires, il en est un, observé par M. Andral (voy. obs. IX), qui autorise à penser que ces vers vésiculaires se développent dans la cavité même des vaisseaux. Plusieurs autres cas témoignent de la possibilité de leur développement dans les parois du cœur ; mais nous ne possédons aucun exemple d'hydatides renfermées dans la paroi même des vaisseaux. Nous rapporterons des observations d'hydatides introduites dans les voies circulatoires par une perforation des parois ; ces vers :59't AFFECTIONS \ LUMINEUSES DLS CAVJIÉS SÉREUSES s'étaient développés primitivement dans les tissus du cœur ou dans un organe étranger au système de la circulation. Les faits concernant les vers vésiculaires des voies circulatoires sont encore assez peu nombreux (1). Ceux qui ont été rapportes par d'anciens auteurs appartiennent le plus souvent, sans doute, à des tumeurs de diverse nature qui n'ont eu de commun que le nom avec les vers dont nous nous occupons (2). Les hydatides développées dans l'épaisseur dis parois du cœur peuvent acquérir un certain volume avant de causer aucun trouble dans les fonctions de cet organe ; souvent elles ne donnent lieu à des phénomènes appréciables que lorsque le kyste se rompt et que son contenu est versé dans les cavités ventriculaires ; les vésicules in- tactes ou déchirées sont entraînées avec le sang, elles opposent un obstacle plus ou moins absolu à la circulation, et déterminent des accidents plus ou moins rapides, quelquefois la mort subite. La mort, sans aucun phénomène qui l'annonce, peut même sur- venir lorsque le kyste hydatique du cœur est encore intact. (1) M. Griesipger, à propos d'une observation d'hydatides développées dans la paroi du cœur, observation que nous rapporterons ci-après(obs. 18\ dit avoir re- levé dans divers recueils quinze cas analogues : 3 fois les kystes étaient logés dans l'oreillette droite. 3 — — dans le ventricule droit. 1 — — dans la cloison inlervenlriculaire, avec rupture du coté droit. i — — dans la pointe du cœur droit. 1 — — dans la cloison interventriculaire, sans rupture. 2 — — dans la paroi du ventricule gauche. 1 — — à la face externe du ventricule gauche. 1 — — dans les substances musculaires, sans autre indi- cation du siège. 1 — — dans le péricarde. Plusieurs de ces cas n'appartiennent certainement point aux hydatides, car, parmi les auteurs cités à la suite de ce relevé, il s'en trouve dont les observations ne con- cernent point des vers vésiculaires. (2) Plusieurs cas de vésicules renfermant un liquide plus ou moins limpide, et désignées sous le nom d'Injdatides, sont rapportés dans Bonet [Sepulchretum) ou sont cités par Ploucquet. Morgagni les cite également pour la plupart et en rapporte quelques autres (voy. De sed. et caus. cit., epist. xvi , §44; xxv, § 15; xxxvm, § 33). L'un de ces cas, observé par Wepfer, concerne des cysticerques du cœur du porc; d'autres concernent évidemment des kystes séreux ou même des tubercules cancéreux. Un cas de Dupuytren (Journ. Corvisart, t. V, p. 1 39), rapporté aussi par quelques auteurs aux hydatides, n'appartient très probablement pas à ces vers. ■NATURELLES OU ADVENTIYES. — HYDATIDES. 395 Gn ne connaît aucun signe qui indique la présence d'un ver vési- culaire dans le cœur. Les hydatides développées dans un organe étranger aux voies cir- culatoires peuvent déterminer la perforation des vaisseaux avec lesquels le kyste est en rapport ; de là résulte l'introduction dans la cavité de ces vaisseaux du liquide contenu dans la poche, de la matière athéromateuse, et sans doute des vésicules elles-mêmes ou de leurs débris. Dans un cas rapporté ci-après (obs. X), des hyda- tides en grand nombre, rencontrées dans l'artère pulmonaire et ses divisions, provenaient très probablement d'un énorme kyste hy- datique situé dans le foie ; une communication de ce kyste avec les vaisseaux eût sans doute été trouvée, si elle eût été cherchée. Le transport des matières d'un kyste hydatique dans le torrent de la circulation doit nécessairement occasionner des accidents graves, mais variés, suivant que la pénétration dans les vaisseaux est plus ou moins rapide, ou suivant que ces matières sont le liquide hyda- tique, la matière athéromateuse, ou bien les vésicules. Nous verrons, à propos des hydatides du foie, que la bile même, versée dans un kyste en rapport avec les canaux biliaires d'une part, et les veines de l'autre, doit arriver par cette voie dans le sang. Les faits connus suffisent à montrer que la communication d'un kyste hydatique avec les vaisseaux veineux détermine des phénomènes de phlébite, d'in- fection du sang, la pneumonie, peut-être même la gangrène pulmo- naire et diverses affections aiguës des organes éloignés, affections consécutives à la détérioration ou à l'infection de l'économie (1). D'après les recherches que nous avons faites sur cette question, la communication des vaisseaux avec les kystes hydatiques nous pa- raît devoir être fréquente; on en trouvera plusieurs exemples inté- ressants parmi les observations qui concernent le foie. Nous nous occuperons d'abord des hydatides du cœur et des vais- seaux, ensuite de celles du péricarde. (I) Les hydatides ou leurs débris, entraînés par le sang jusque dans le cœur droit et l'artère pulmonaire, doivent produire des phénomènes identiques avec ceux que Virchow a étudiés dans son mémoire intitulé Thrombose et embolie, phéno- mènes que M. Lasègue a exposés dans les Archives 1857, et sur lesquels mon ami le docteur Charcot vient de publier un intéressant travail {Gaz. hebdom. de méd., Paris, 1858). :59() AFFI'CTIONS VERMINKUSES DUS CAVITÉS SÊREtTSKS CHAPITRE PREMIER. HYDAT1DES DU COEUR ET DES VAISSEAUX SANGUINS. Nous rapporterons les observations qui font le sujet de ce chapitre dans l'ordre suivant : 1° hydatides libres dans les cavités du cœur ou des vaisseaux, et dont l'origine au dehors de ces cavités n'a point été constatée ; 2° hydatides dans les parois du cœur ; 3° hydatides libres dans les cavités du cœur ou des vaisseaux provenant des pa- rois du cœur ; 4° hydatides ou matières d'un kyste hydatique libres dans les cavités du cœur ou des vaisseaux, et provenant d'un organe étranger au système circulatoire. A. — Hydatides développées? dans les cavités du cœur ou des vaisseaux. Obs. VIII (docteur Broderille). — Hydatides dans le ventricule droit, I. — a Le docteur Broderille fut appelé, en 1835, auprès d'une dame de War- niinster, qui, après avoir passé une nuit tranquille, fut prise en s'habillant d'une forte dyspnée. La respiration offrait une fréquence extraordinaire; la figure était pâle, les lèvres livides. Elle avait conservé sa connaissance, mais elle ne pouvait articuler, et quand on lui demandait si elle ressentait de la douleur quelque part, elle se contentait de porter la main sur la poitrine. Le pouls était très petit et donnait 130, mais sans irrégularité ni intermission notable. La main, appliquée sur la région du cœur, sentait cet organe battre avec beaucoup de force et de violence. Cet état continua en s'aggravant jus- qu'à la mort, qui arriva trois heures après le début de l'attaque. » Autopsie. — Le cœur est à l'état normal, à l'exception d'une hydatide volumineuse qui remplit si complètement le ventricule droit, qu'elle semble avoir dû empêcher entièrement le passage du sang dans l'artère pulmonaire. En ouvrant, cette hydatide unique, on trouve qu'elle en contient huit ou dix autres qui flottaient dans un liquide. Tous ceux qui ont vu la préparation qui en a été faite et conservée ont reconnu les caractères de l'hydatide ordi- naire (1). » Obs. IX (Andral). — Hydatides dans les veines pulmonaires. II. — « Un homme, de cinquante-cinq ans, s'était mal nourri depuis un an, et avait souvent éprouvé toutes les angoisses de la misère. Pendant son séjour à la Charité, ce malade ne présenta d'autre phénomène que les symptômes ordinaires d'une affection de cœur: battements s'entendant avec bruit, mais (i) Docteur Broderille, The Lancet, juillet et août 1838, et Gazette méd., Paris, t. VI, p. 601. NATURELLES OU AUVliNïlVES. — HYDATIDES. 397 sans impulsion, dans toute l'étendue du sternum et sous les deux clavicules ; pouls ordinaire; face bouffie et violacée ; infiltration des membres; état d'or- thopnée habituel. En plusieurs points des parois thoraciques, on entendait un râle bronchique humide, et en d'autres il y avait absence complète de respi- ration. Cependant la difficulté de respirer devint de plus en plus grande, et le malade succomba dans un état d'asphyxie. » Autopsie. — Les deux poumons furent trouvés remplis d'un grand nombre d'hydatides. Nous crûmes d'abord qu'elles étaient logées dans le parenchyme même des poumons; mais bientôt une dissection plus attentive nous décou- vrit un fait qui a, jusqu'à présent, peu d'analogues dans les annales de la science/savoir, l'existence des hydatides dans les veines pulmonaires. M. Bres- chet a bien voulu examiner la pièce avec nous. i> Plusieurs de ces hydatides étaient logées dans des poches à surface lisse, qui nous parurent d'abord autant de kystes; d'autres, vides et plusieurs fois rou- lées sur elles-mêmes, étaient contenues dans d'étroits canaux, dont elles avaient pris la forme allongée. La surface interne de ces canaux était lisse comme celle des grandes poches ; Us se ramifiaient comme des vaisseaux. Enfin, nous recon- nûmes bientôt qu'à chaque poche aboutissait un vaisseau d'un petit calibre, qui, pour la former, subissait une dilatation plus ou moins considérable . Nous dissé- quâmes alors les veines pulmonaires à leur entrée dans le cœur, et nous les sui- vîmes dans le poumon. Lorsque nous fûmes arrivés à leur division presque capil- laire, nous commençâmes à voir plusieurs d'entre elles pirésenter un grand nombre de renflements que remplissaient des hydatides ; après s être ainsi dilatée, la veine reprenait son calibre primitif, puis un peu plus loin elle se dilatait encore. Les poches les plus considérables auraient pu admettre une grosse noix, et les plus petites auraient pu à peine recevoir un pois. Elles exislaient égale- ment dans les deux poumons. Les deux hydatides qu'elles contenaient avaient tous les caractères desacéphalocystes : plusieurs présentaient dans leur épais- seur des petits points d'un blanc mat, d'autres offraient à leur surface interne un grand nombre de granulations miliaires, la plupart étaient rompues. Autour d'elles, le tissu pulmonaire était en plusieurs points sain et crépitant, en d'autres fortement engoué et même hépatisé. » Un vaste kyste hydatifère à parois cartilagineuses, pouvant admettre dans son intérieur une grosse orange, existait au milieu du foie, dont il avait refoulé, le parenchyme ; huit à dix acéphalocystes y étaient renfermées. C'est la seconde fois que nous constatons l'existence simultanée des hydatides dans le foie et dans le poumon (1). » Obs. X (Wunderlich). — Hydatides dans l'artère pulmonaire et dans plusieurs organes. III. — C.N...,âgéde vingt-deux ans, entre à l'hôpital le 30 juin 7, après avoir éprouvé de la céphalalgie, des vertiges, des bourdonnements dans les (l) Aodral, Clinique méd. cit., t. II, p. 412, obs. 5. 398 AFFECTIONS VERMIîtElISES DES CAVITÉS SÉREUSES oreilles, de la courbature, ries douleurs flans l'abdomen, de la diarrhée, une épistaxis, enfin un frisson suivi de chaleur el de sueur. En examinant l'abdomen, qui était sensible et recouvert, dans sa moitié inférieure, d'un réseau de veines variqueuses, on y constate l'existence de deux tumeurs occupant, l'une l'épigaslre, el l'autre la fosse iliaque droite. La première était mate à la percussion, se déplaçait par les mouvements respira- toires, et présentait quelques bosselures; la seconde était mobile, résistante ; elle donnait à droite unematité complète à la percussion, à gauche on y per- cevait un frémissement hydatique peu distinct. Le malade avait une fièvre brûlante; un peu d'œdème aux pieds, et son urine, faiblement albumineuse, contenait des cylindres fibrineux et des globules sanguins. Les jours suivants, les tumeurs, la rate et le foie augmentèrent rapidement de volume; la fièvre, toujours intense, s'accompagna d'ictère et d'épistaxis répétées, qui semblèrent être suivies d'une amélioration sensible. Mais le mieux ne se soutint pas. Le malade, outre des épistaxis, avait parfois des selles san- guinolentes et des crachats striés de sang, presque toujours de la fièvre, et s'affaiblissait de plus en plus. Les tumeurs continuaient à s'accroître. — Le 22 septembre, il survint un frisson suivi de chaleur et de sueurs. — Le 28, des douleurs vives se firent tout à coup sentir à l'épigastre, s'accompagnant d'une dyspnée intense. L'ictère, qui avait cédé, revint, et le malade mourut le 20 octobre, après être tombé rapidement pendant les deux derniers jours dans un collapsus profond. Autopsie. — Dans une branche de troisième ordre, fournie par l'artère pul- monaire droite et correspondant au lobe inférieur du poumon, il y avait une dilatation cylindrique du volume d'un œuf de pigeon ; la cavité de celle dila- tation était remplie par une vésicule hydatique qui en oblitérait complètement le calibre, sans toutefois adhérer à ses parois: cette vésicule avait environ un demi-millimètre d'épaisseur dans sa paroi ; sa surface était lisse, gris jau- nâtre ; elle contenait un liquide limpide et ne renfermait point d'autre hyda- tide. Une bronche qui naissait de l'artère, au-devant du point où se trouvait l'hydatide, était oblitérée par des caillots sanguins récents ; celles qu'elle four- nissait au delà étaient remplies par des détritus d'hydatides, en masses gris jaunâtre, friables, disposées en couches concentriques. Le tissu pulmonaire où se rendait cette artère n'était pas altéré. Le péricarde présentait tous les caractères d'une inflammation violente (épanchement purulent abondant, etc.); il communiquait avec une tumeur du volume d'une tête d'enfant qui occupait le lobe gauche du foie, par une per- foration circulaire, dans laquelle était engagée une petite vésicule hydatique; le diaphragme était perforé. La tumeur du foie était constituée par un kyste cen- tral volumineux, qui présentait à sa surface une foule de diverlicules et de poches surajoutées, et qui renfermait un liquide purulent, mêlé d'une grande quantité de crochets d'échinocoques et d'un nombre incroyable de vésicules acéphalocystiques des dimensions les plus variées. Le foie était seulement refoulé par la tumeur, qui adhérait au diaphragme et aux parois abdominales. NATUKtXLlS OU ADVENT1VES. — Il Yl) ATI DES. 399 Une tumeur hydatiquedu volume du poing occupait l'extrémité supérieure delj rate, qui élait triplée de volume. Trois autres tumeurs, du volume d'une pomme et à poche simple, occupaient le tissu cellulaire rétro-péritonéal, depuis le diaphragme jusqu'au milieu de l'estomac. Six tumeurs semblables, du volume d'une noix ou d'une pomme, se trouvaient dans le grand épiploon ; une autre, du volume du poing, soulevait le caecum ; on en rencontrait encore une dans le mésorectum. Le mésentère renfermait plus de cinquante kystes acéphalocystiques en grande partie desséchés et d'un volume qui variait de- puis la dimension d'un grain de chènevis jusqu'à celle d'un demi-pois. Deux poches remplies d'une masse solide, jaunâtre, du volume d'un noyau de ce- rise, occupaient l'extrémité libre de l'appendice vermiforme. Les reins étaient volumineux et hypérémiés ; les autres organes ne présen- taient rien de remarquable ( Le 31 du même mois, elle revint à l'hôpital: la face était pâle, le corps émacié ; une diarrhée abondante était survenue ; il y avait des sueurs nocturnes, et, quoique les crachats fussent simplement muqueux et les signes locaux peu caractéristiques, on crut à l'existence d'une phthisie tuberculeuse. » Le 3 avril, invasion du choléra-morbus ; mort le 6. Autopsie... « Le lobe supérieur du poumon droit présente des adhérences constituées par des fausses membranes assez épaisses. Une incision, faite sur la paroi postérieure de ce lobe, donna aussitôt issue à un flot de matière séro- purulente et à une masse globuleuse blanchâtre, d'apparence pseudo-mem- braneuse, élastique et tremblotante, qui fut bientôt reconnue pour un kyste hydatique. Ce sac avait été ouvert par la première incision, de manière que le liquide qu'il contenait s'était presque entièrement écoulé. Le peu qui res- tait était d'une couleur citrine et légèrement opaque, il n'y avait pas de vési- cules hydatiques. L'épaisseur du kyste est d'environ une ligne; il paraît formé de plusieurs couches superposées, il est absolument analogue à de l'albumine concrétée par la chaleur. Les couches intérieures sont plus molles, légère- ment jaunâtres ; la surface extérieure, dans l'état de vacuité, est ridée et comme chagrinée. » Une vaste caverne, occupant tout le lobe supérieur droit, loge l'acéphalo- cyste. Les parois de cette caverne sont très minces en dehors, et ne paraissent (1) Voy. Hyd, de l'abdom., observ. Cil, de Richter. NATURELLES OU ADVENTiVCS. — HYDATIDES. 413 constituées là que par la plèvre seule renforcée par les fausses membranes. Dans le reste de leur étendue, elles sont formées par le tissu pulmonaire re- foulé et densifié de telle sorti? qu'une portion de ce tissu, jelé dans l'eau, se précipite au fond. Dans l'intérieur de la caverne on trouve une certaine quan- tité de pus analogue à celui que contiennent les cavernes tuberculeuses. Cette cavité est tapissée par une fausse membrane épaisse, formant des sortes de colonnes, et d'organisation déjà ancienne. A la surface de la pseudo-membrane vient, aboutir le gros tuyau bronchique du lobe supérieur, qui pouvait ainsi transmettre au dehors la matière contenue dans la caverne (1). » Obs. XXX (Séguin). — Lobe supérieur du poumon. Hydatides du foie. Il s'agit d'une jeune fille qui avait trois kystes hydatiques dans le foie, un dans le cerveau et un au sommet du poumon droit (2). Obs. XXXI (Trochon). — Lobe supérieur du poumon. Hydatides du fuie. « M. Trochon fait voir des hydatides trouvées dans le poumon d'une femme de soixante ans, journalière, qui fut traitée dans les derniers temps de sa vie pour une double pneumonie et sur les antécédents de laquelle on manquait de renseignements. On trouva les deux poumons criblés de petits abcès, ou, sui- vant d'autres personnes, de tubercules ramollis ; en outre le poumon droit con- tenait, au centre de son lobe supérieur, un kyste renfermant des hydatides au nombre de trois, dont une du volume d'un œuf de pigeon. Une semblable alté- ration se montrait aussi dans le lobe droit du foie (3). » Obs. XXXII (Aobré). — Lobe supérieur du poumon gauche, inférieur et moyen du poumon droit. Le malade, Agé de dix-sept ans, avait été jugé atteint d'une phthisie pul- monaire ; il avait eu de la toux pendant plusieurs mois, des hémoptysies, des sueurs nocturnes, etc. « Le 4 er juillet 1854, il fut pris de frisson, de fièvre et d'une vive douleur dans le côté droit; cinq jours après, il entre à l'hôpital: expectoration de matières mucoso-purulentes, blanchâtres, comparables à du mastic délayé dans de l'eau. A l'auscultation, diminution du bruit respiratoire dans tout le côté gauche; à droite, gros râles muqueux, caverneux à la base; au sommet, respiration faible; vers la racine du poumon droit, un peu d'égophonie. Épan- chemenl pleurélique léger. La fièvre persiste, 1 1 2 pulsations ; le malade, après quelques alternatives d'amélioration et d'aggravation, succombe le 19 juillet. » A l'autopsie, on ne trouve dans les poumons nulle trace de tubercules. Un peu de pleurésie avec fausses membranes, et une pelite quantité de liquide à droite. Dans chacun des poumons, on rencontre un vaste kyste hydatique ; à gauche, la cavité admettrait au moins le poing ; à droite, il est un peu moins (1) Sonnié-Moret, Bull. Soc. atiat., 183G, 3e série, t. II, p. 36. (2) Voyez ci-après, liv. II, part. I, Cas d'hydatides du cerveau, (3) Trochon, Bull. Soc. anal., 1840, ann. XV, p. 211. I\ÏU AFFECTIONS VKRMINEUSËS DES CAVITES SÉREUSES étendu. Dans le poumon droit, il occupe à la fois les deux lobes inférieurs, et s'étend jusqu'à la plèvre diaphragmalique ; dans le poumon gauche, le kyste occupe tout le lobe supérieur et empiète légèrement sur l'inférieur. Des deux côtés, il existe des orifices de communication enlre les bronches et la cavité acci- dentelle. Une matière purulente, mêlée à des débris d'hydatides, remplissait en partie les cavités. Le kyste a pu être détaché presque en entier; il présente les caractères ordinaires de ces sortes de produits morbides (1). » Obs. XXXIII (Pillon). — Lobe supérieur du poumon droit. Il s'agit d'un homme âgé de vingt-huit ans, qui entra à l'hôpital Saint- Antoine le 4 février 1856, et chez lequel on crut reconnaître un épanchement pleurétique; cet homme mourut après avoir eu des crachats purulents, et avec un œdème général. A l'autopsie, on trouva le poumon gauche adhérent à la paroi thoracique-, sa base était réunie au diaphragme par des adhérences difficiles à détruire ; son volume était considérable ; il donnait à la main la sensation d'une vaste poche à parois minces et complètement remplie d'un liquide ; ce liquide était du sang récemment coagulé, dont la quantité pouvait remplir les deux mains rapprochées. Cinq ou six débris d'une hydatide rompue nageaient dans ce sang. Tout le poumon, à l'exception d'une petite partie de son bord anté- rieur, était réduit à l'état d'une poche d'une capacité d'un litre au moins et dont les parois fibro-celluleuses avaient un demi-millimètre d'épaisseur. Cette poche communiquait avec la première division supérieure de la bronche gauche. Le poumon droit était sain. Pas d'hydatides dans le foie. Le kyste fut jugé s'être développé dans le lobe supérieur du poumon (2). Ces cinq cas et celui d'hydatides dans les veines pulmonaires observé par M. Andral, sont les seuls que nous connaissions qui ne concernent pas des kystes du lobe inférieur. § V. — Il est rare de rencontrer deux kystes dans un même pou- mon, les cas d'un kyste dans l'un et l'autre poumon sont plus com- muns. Souvent, en même temps qu'il existe des hydatides dans la poitrine, il en existe dans le foie. Maloët rapporte le cas d'un soldat invalide, clans le cadavre duquel on trouva trois kystes volumineux ; ces kystes avaient deux enveloppes ; ils étaient formés par couches qui se séparaient facile- ment avec les doigts. L'un existait dans le foie et les deux autres dans (1) Aubré, Bull Soc. anal. Paris, 1854, p. 241. (2) A. Pillon, Kyste hydalique du poumon gauche (lobe supérieur), suppuration, vomique, hémori hagie interne (Bull. Soc. anal., ann. XXXI, p. 309, Paris, 1856), et Moutard-Martin, Gaz, des hôp., 1856, p. 50i. NATURELLES OU ADVENTIVËS. — HYMTIDES. /jl5 les deux poumons. Le liquide contenu dans le premier était jaune mêlé de vert, il était plus pur dans les deux autres (1). Quoique Maloët ne parle point d'hydatides, m coexislence de kystes dans les poumons et dans le foie, la constitution de leurs parois, ne peuvent laisser de doute sur leur nature : ils appartenaient aux hydatides; leur volume en est une autre preuve, car nous ne pensons pas qu'un kyste séreux du foie ou du poumon atteigne jamais le volume d'un kyste hydatique même de dimension moyenne. § VI. — Dans le plus grand nombre des cas, le kyste intra-thora- cique contient une hydatide solitaire qui en occupe toute la capacité. Ce kyste a des parois minces et lisses, à moins qu'd n'ait subi quelque transformation ; il est quelquefois énorme, et occupe tout un côté de la cavité thoracique: alors, la poitrine ou le côté affecté est agrandi très notablement; les espaces intercostaux sont élargis dans une plus ou moins grande étendue; le poumon revenu sur lui-même, aplati, ou réduit à un mince feuillet, est refoulé vers sa racine, le long de la colonne vertébrale ou vers le sommet du thorax, et, suivant les cas, le cœur repoussé du côté opposé à l' hydatide, se trouve sous l'ais- selle gauche, à l'épigastre ou vers l'aisselle droite. Le foie peut aussi être déplacé et refoulé plus ou moins bas dans la cavité abdo- minale. § VII. — Lorsque le kyste est considérable ou lorsqu'il est situé près de la plèvre, la cavité de celle-ci est ordinairement effacée et les feuillets séreux sont réunis par des adhérences. Le kyste hyda- tique peut ainsi venir faire saillie et s'ouvrir au dehors, soit à tra- vers les parois de la poitrine, soit à travers le diaphragme et la paroi abdominale. Obs. XXXIV (Fbéteao). — Kyste ouvert par le bistouri dans le côté ■ droit et spontanément dans les bronches. Guérison. Il s'agit d'un homme âgé de vingt-huit ans, qui fut pris en janvier 4 8H de douleurs rhumatismales, en août de douleurs de reins, principalement dans le côlé droit de la poitrine, s'étendant au bras et à l'épaule. Fièvre, oppres- sion, hoquet, urines rouges. — Le 2 octobre, douleur du côté, toux pénible, empâtement de l'étendue d'une carte à jouer à la partie postérieure et infé- rieure du côlé droit, son centre répondant à la hauteur du onzième espace intercostal ; matité à la percussion. — Le Le 4 4 , à droite, il n'y a plus que les deux premiers espaces intercostaux qui restent sonores; latéralement la matité s'est étendue jusqu'au bord gauche du sternum, inférieurement jusqu'à l'ombilic. Le cœur est évidemment plus à gauche que les jours précédents. » Le 1 3, la saillie du côté droit du thorax est devenue plus apparente ; les espaces intercostaux y participent sensiblement, et les veines sous-cutanées sont très gonflées de ce côté. Nous constatons par la percussion que le kyste a augmenté de quelques centimètres en tous sens, et à l'auscultation, que la respiration manque dans toute l'étendue correspondante à la matité, mais que dans tous les points sonores elle a généralement le caractère puéril ou sibilant. — La mensuration de la poitrine faite avec soin, le cordon passant en avant au-dessous du sein, et en arrière à un travers de doigt au-dessous de l'angle de l'omoplate, donne pour toute la circonférence 78 centimètres et pour chaque côté 39 centimètres. — La colonne vertébrale est devenue pres- que droite; il faut une grande attention pour voir qu'elle est encore un peu convexe du côté gauche. La poitrine examinée dans sa partie antérieure, on voit que le côté droit est sensiblement plus développé, plus convexe que le côté gauche, et comme placé sur un plan plus antérieur et obliquement di- rigé de gauche à droite. Examinée dans sa partie postérieure, c'est tout le contraire : le côté gauche est plus bombé que le droit, et semble placé sur un plan postérieur un peu oblique de droite à gauche ; l'angle inférieur de l'omoplate gauche est situé un peu plus bas et fait un peu plus de saillie que celui du côté opposé. Examinée dans ses régions latérales, le côté droit pa- raît plus plat que le gauche, mais présente un diamètre an téro -postérieur un peu plus considérable, au moins à l'œil. » Sortie de l'hôpital le 4 5 janvier. Le malade s'étant représenté le 3 décembre 4 854, offre l'état suivant : « Aspect extérieur de la santé ; embonpoint au moins égal à celui qu'il avait avant l'accident qui paraît avoir été le point de départ de sa maladie, quoiqu'il n'ait pas renoncé à ses habitudes. R... peut remplir facilement les exigences ll'lS AFFECTIONS VEliMINEUSES DES CAVITÉS S1ÎREUSES do son état. Sa respiration bonne, dit-il, est cependant un peu moins longue qu'avant sa maladie, mais lui permettrait néanmoins de faire facilement une dizaine de lieues par jour; il tousse un peu, mais il ne se rappelle pas qu'il en ait jamais été autrement... La poilrinea repris son développement à peu près égal des deux côtés • mais la conformation n'en est pas régulière, sans que je puisse dire si celle-ci préexistait ou non à la maladie... Le sternum est un peu dévié à gauche ; le côté droit de la poitrine présente en avant une légère vous- sure dont le centre est un peu au-dessus du mamelon : elle mesure 6 à 7 centi- mètres en tous sens; dans l'espace occupé par celle-ci, il y a un peu moins de son que dans les autres régions, mais on y entend très bien le murmure respiratoire, un peu plus faible cependant qu'ailleurs. Dans tous les autres points, la percussion et l'auscultation constatent un état normal, une simili- tude parfaite. Le foie ne dépasse pas les côtes (1). » Dans les cas d'hydatides expectorées, le diagnostic sera, en gé- néral, facile ; il suffira d'établir la nature des membranes expulsées, quelquefois même on trouvera les échinocoques. Alors, d'après la marche de la maladie, on pourra déterminer si le siège des vers vési- culaires est dans le poumon ou dans le foie. § XVI. — Les hydatides développées dans le poumon, ou bien en rapport avec cet organe, occasionnent constamment des phéno- mènes graves. D'après les faits rapportés dans cet ouvrage, la mort arriverait deux fois sur trois cas ; mais ces faits concernent pour la plupart des kystes qui ne se sont pas fait jour au dehors ; lorsque les kystes entrent en communication avec les bronches, après un temps plus ou moins long, après des accidents divers, la guérison arrive pour le plus grand nombre des cas. § XVII. — Les observations d'hydatides pulmonaires ne sont pas très nombreuses, et, comme il n'est pas sans intérêt de connaître les divers accidents qu'elles déterminent, leur marche, leur durée, leur terminaison variables, nous rapporterons in extenso celles dont nous n'avons pas encore parlé, ou nous en donnerons une analyse sommaire. 1° Cas de guérison. A cette catégorie appartiennent les cas rapportés ci-dessus: (1) Docteur Vigla, Des hydatides de la cavité thoracique, obs. I (Arch. gèn. do médecine,Ye série. Paris, 1855, t. VI, p. 282). NATURELLES OU ADVLNTIVLS. — HYDATIDES. Z|29 I. — Obs. XXXIV (Fréteau). — Kyste ouvert à travers la paroi tho- racique el plus lard dans lesbronches. II. — Obs. XXXV (Laennec). — Kyste ouvert dans l'intestin. III. — Obs. XXXIX (Husson). — Hydatides expectorées. IV. — Obs. LX (Beaugendre). — Hydatides expectorées. V. — Obs. XLI (Vigla). — Ponction, injection iodée. Obs. XLII (Doubleday). — Hydatides expectorées. VI. — En 1 776, le docteur Doubleday rapporta le cas d'une femme d'un âge moyen, qui, après avoir éprouvé pendant deux années de la difficulté à respirer et d'autres symptômes pulmonaires, avec de l'amaigrissement, expec- tora tout à coup, en toussant, du sang mêlé d'une matière transparente et visqueuse comme du blanc d'œuf. La matière expectorée remplit une cuvette; elle contenait un certain nombre de vésicules transparentes, variant pour la grosseur depuis un gros pois jusqu'à celle d'un œuf de poule, plus ou moins déchirées, mais paraissant avoir contenu la matière glaireuse expectorée. Après avoir rendu ces corps, elle recouvra un état de santé meilleur que celui dont elle avait joui depuis longtemps. Elle parut tout à fait guérie quelques années après (1 ). Obs. XL1II (Johnson). — Hydatides expectorées. VII. — En 1785, Johnson, chirurgien de Lancastre, publia l'histoire d'une femme âgée de quarante-neuf ans, qui avait longtemps souffert d'une douleur du côté droit, avec des symptômes d'une maladie du foie. En septembre 1779, elle fut prise de toux et d'une grande difficulté de respirer. Dans le mois de mars 1780, elle commença à expectorer des hydatides nageant dans une ma- tière gélatineuse. Elle continua d'en expectorer chaque jour pendant près de quatre mois et puis seulement de temps à autre. Au mois de janvier 1783, tous les accidents prirent une nouvelle intensité et la malade expectora à la fois une grande quantité d'hydatides. Elle recouvra bientôt après une santé parfaite. Le nombre des hydatides rendues'était de plus de cent. Les plus grosses étaient rompues, elles égalaient en grosseur un œuf de poule. Le plus grand nombre avait le volume d'une noix muscade (2). Obs. XLIV (...?). — Hydatides expectorées. VIII. — On trouve dans le journal de médecine de Corvisart (1 801) le cas d'un jeune homme qui expectora des hydatides. Le malade rapporte qu'ayant atteint l'âge de vingt-sept ans sans avoir jamais souffert de maladie sérieuse, (1) Médical observât, and inquiries, vol. V, p. 143. (2) Johnson, in London medicalJourn., vol. VI, p. 293 (Doubleday); — Abrégé des Transacl. philosoph., partie VI ou VII; — Anal, anirn , p. 180; — Transact. philos, de Londres (Andral, sans nom d'auteur). A 30 AFFECTIONS VEUMINEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES il fut pris d'une forte douleur dans le côté gauche après s'être exposé au froid et à l'humidité; cetto douleur, quoique bientôt guérie, revint après un inter- valle de deux mois et persista pendant trois mois. A cette époque le malade expectora, en toussant, une grande quantité de liquide albumineux et d'une couleur pâle. Il fut alors reçu à l'hôpital par Corvisarl? Peu de temps après avoir rendu le liquide dont il est parlé ci-dessus, il commença à expectorer par intervalles des lambeaux de membranes ressemblant à du blanc d'œuf coagulé. Ces lambeaux continuèrent à être expulsés pendant quelques mois. Le malade, étant réduit à l'état le plus grave, obtint un jour une amélioration soudaine après avoir expectoré un lambeau d'hydatide grand comme la main. Ayant remarqué qu'une position du corps dans laquelle la tête était en bas favorisait la sortie des matières, il avait pris cette position qui avait aidé à l'expulsion de cet énorme lambeau, non sans menace de suffocation. A partir de ce moment, la santé continua de s'améliorer et le jeune homme paraissait guéri à l'époque où il faisait la relation de sa maladie (1). Obs. XLV (Baumes). — Hydatides? expectorées. IX. — « Baumes rapporte qu'une dame de vingt-cinq ans, sujette à une toux forte 'et convulsive, fut atteinte de dyspnée, de picotement dans l'inté- rieur du thorax ; elle cracha du sang et de plus quelques lambeaux membra- neux blancs et lymphatiques. La malade fut mise à l'usage du calomel et guérit (2). > Ôbs. XLVI (Duncan). — Hydatides expectorées. X. — En 1841, un médecin de Londres communiqua au docteur Duncan (d'Edimbourg) les détails de la maladie d'une femme de vingt-quatre ans, qui fut d'abord prise des symptômes d'une pleurésie pour laquelle elle subit un traitement actif; au bout de deux mois, il survint une toux accompagnée d'expectoration de pus d'une odeur fétide ; bientôt après cette malade expec- tora, à la suite de quelques accès de toux, des fragments de membranes trans- parentes, consistant en plusieurs lambeaux qui étaient évidemment des mem- branes d'hydatides. Cette expectoration procura un soulagement immédiat aux douleurs de poitrine et aux suffocations. La toux et l'expectoration ayant per- sisté pendant trois mois, elle recouvra enfin les forces, mais elle continua à souffrir de symptômes pulmonaires pendant un an et demi (3). Obs. XLVII, XLVIII (Laennec et Ribes). — Hydatides expectorées. XI. XII. — Laennec rapporte avoir vu, en 1798, un malade qui expectorait (1) Histoire d'une maladie singulière de poitrine observée à la clinique interne de V École de Paris [Journal de Corvisarl, t. II, p. 195, an IX). (2) Ann. de la Soc. de médecine de Montpellier (1803), numéro de thermidor an IX, cité par Fréteau. (3) Edinb. med. and surg. Journal, vol. VII, p. 490 (Doubleday). NATURELLES OU ADVENIVES. - HYDATÏDES M leSiydat',de,3' 6t qU'Un ^ SembIable 'Ui a Montré parRibes. L'un el l'autre de ces malades se rétablirent (4). tre Obs. XLIX (Andral). — Hydalides expectorées. |P, T? If,°mme' Vin§t-huit ans 5 toux depuis quatre mois, hémoptysie dou 'eu habituelle sous le sein gauche, pâleur, maigreur, resp ratio co te 2~ ub.tusaro.te crachats muqueux, apyrexie, réson^ance'éga.e de a oi'tr e dans tous les points, râle bronchique en arrière des deux côtés Le ro s Z jour après son entrée à l'hôpital, expectoration d'un large fragment ! brane rou.ee sur elle même, ayant l'aspect caractéristique des'alé a 0Cys es" «Cette membrane déroulée avait à peu près la largeur delà aum d a main ; ainsi ,1 était bien évident qu'elle ne s'était point formée dans le bron hes, , Les ,ours suivants, le malade cracha beaucoup de sang, abonda es" saignées furent pratiquées, l'hémoptysie cessa, et le malades „ mieux, voulut quitter l'hôpital (2). ' lrouvant Obs. L (Fouquier). - Hydalides expectorées. i h/IVTr !; \ professeur ¥°n^ a bien voulu nous communiquer ver balement, dit M Andral, l'observation d'un individu chez lequel avaien ex" tons les symptômes rationnels d'une phthisie pulmonaire^rès va„ ée Ce K T,°HVra Un6Parfaite Santé après avoir exPectoré une grande Tuan . tite d hydatides rompues (3). » garnie quan- Obs. LI (Hqering). ~ Hydalides expectorées. XV. -Il s'agit d'un homme âgé de 42 ans, habituellement bien portant- il m survint successivement à la poitrine deux petites tumeurs quT S tnnerent issue pendant plusieurs mois à un liquide séreux' L 26 m 1835, M. Hœring observa tous les signes de la phthisie ; le 4 6 mai une T fa» s ouvrit, avec expectoration de pus sanguinolent, puis \7sZ2' le 19 i survint des accès violents de suffocation, à la u te de que s fe ma lade rendit une assez grande masse membraneuse entourée de beaucol ^ pus Le soir, nouvelle expulsion d'une masse semblable qu'on reconnu l!r »ne hydatide, sa dimension était à peu près celle d'un œuf oie Au b ut de quelquesjours l'état du malade s'améliora; au mois de juillet l 1 JZ-* *s occupations de bureau. L'automne et l'hiver e passer ^ bien P & /elle expectoration d'hydatides (4). P '"' Sa"S nOU~ (1) Laennec, Traité de l'auscultation médiate, t. II, p 901 3. Mil ,tn '~.t fans, 1819). ' ' v' ~m> à édlt- (Ie édit., (2) Andral, Clinique médicale, i. Il, obs, vi p 414 (3) Andral, Clin, cit., t. II, p ii6 ft32 AFFECTIONS VËÛ.MINEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES 2° Cas de mort. A cette catégorie appartiennent les cas rapportés ci-dessus : I. — Oiis. I (Andral). — Ilydalides libres dans la plèvre, un kyste hy- datique duns le foie. II. — Obs. IV (Nf.ucourt). — h'ysle hydalique à la base du poumon, plusieurs dans le foie. III. — (Cruveiliiier). — Hydatide sous-pleurale. IV. — Obs. XXVI (Geoffroy f.t Dupuytren). — Hydatide solitaire dans chaque poumon et dans le foie. V. — Obs. XXVII (Cayol). — Hydatide sous la plèvre costale. VI. — Obs. XXVUI (Simon). — Hydatide dans le médiaslin antérieur. VII. — Obs. XXV(Alibert). — Hydatide dans le médiastm, ouverte dans le péricarde. VIII. — Obs. CII (Richter). — Kystes multiples, l'un dans le médiaslin antérieur. IX. — Obs. XXIX (Sonnié-Moret). — Hydatide du lobe supérieur. X. — Obs. XXX (Séguin). — Hydalides du foie, du cerveau, du lobe su- périeur du poumon . XI. — Obs. XXXI (Trochon). — Hydatides du lobe supérieur. XII. — Obs. XXXII (Aubré). — Kyste dans le lobe supérieur du poumon gauche ouvert dans les bronches. — Kyste de la base du poumon droit. XIII. — Obs. XXXIII (Pillon). — Hydalides du lobe supérieur. XIV. — (Maloét). • — Kyste dans chaque poumon, un dans le foie. XV. — Obs. XXXV (Dupuytren). — Kyste du poumon ouvert à Vom- bilic. XVI. — Obs. XXXVII (Fouquier). — Kyste ouvert dans la plèvre et dans les bronches. XVII. — Obs. XXXVIII (Andral). — Kyste dans le lobe inférieur de chaque poumon. Obs. LU (Lepois). XVIII. — » Charles Lepois parle d'un jeune homme qui périt subitement de suffocation par suite d'orthopnée invétérée et de fièvre lente: il avait de l'eau dans la poitrine, mais l'un des côtés contenait en outre plusieurs hydatides ; ces vésicules étaient transparentes et ressemblaient à de.? œufs (1). » Obs. LUI (Leroux). — Vaste kyste contenant des hydatides multiples. XIX. — Il s'agit d'un individu âgé de trente-cinq ans, entré à la Clinique en 1815. Toux et dyspnée depuis plus de trois ans; parole lente, entre- (1) CarolusPiso, Observ. méd., page 239, cité par Fréteau, NaTDÎîELLES OU ADVENIVES, — HYDATIDES. k 33 coupée, batlemenls du cœur profond:?, toux continuelle sans expectoration, essoufflement, anxiétés horribles. A la percussion, matité dans tout le côté droit, membres thoraciques œdémateux, membres abdominaux non infiltrés. Diagnostic : hydrothorax. Mort dans la suffocation. Aulopsie. — Le côié droit de la poitrine est rempli par une hydatide qui en occupe toute la capacité; le poumon, réduit au volume du poing, est refoulé en haut et à gauche. Sac formé par l'hydatide mère de la capacité de six litres environ, renfermant des centaines d'hydatides, refoulant le diaphragme en bas et le médiastin à gauche; tous les organes sont à l'état normal (I ). Obs. L1V (Andral). — Hydatides dans le poumon et dans le foie. XX. — Homme, vingt-six ans, symptômes et phénomènes de la phthisie pul- monaire ; mort. ■ — Autopsie: tubercules à divers étals ; dans le centre du lobe inférieur du poumon gauche, poche de la capacité d'une grosse noix renfermant un liquide puriforme ; à l'intérieur, hydatide unique, pleine d'un liquide lim- pide; kyste hydatique dans le foie (2). Obs. LV (Andral). — Kysle unique contenant des hydatides multiples. XXI. — Femme, quarante-cinq ans, respiration libre, pas de toux, pas de matité à la percussion. Inégalité d'intensité du bruit respiratoire entre les deux côtés de la poitrine, plus fort à droite; mortpar un cancer utérin. — Aulopsie : au centre du lobe inférieur du poumon droit, hydatide du volume d'une grosse noix qui en contenait plusieurs autres; kyste fibro-celluleux, poumon sain (3). Obs. LVI (docteur Watts, de Manchester). — Hydatides dans le poumon et dans le foie. XXII. — Homme âgé de quarante-sept ans, ayant toujours joui d'une bonne santé jusqu'en 18 42. Alors dyspepsie, douleurs d'estomac et du dos sous l'omoplate droite. En 1843, aggravation, douleurs d'estomac violentes, dys- pnée; symptômes de gangrène pulmonaire; mort. — Autopsie : au centre du lobe inférieur du poumon gauche, hydatide solitaire de la grosseur du poing; une autre solitaire, grosse comme la tête d'un enfant, existe dans le foie. Le lobe inférieur de chaque poumon, surtout du gauche, compacte, facile à écraser entre les doigts, laisse échapper une matière opaque, épaisse, d'une odeur gangreneuse (4). Obs. LVII (Bouvier). — Kyste hydatique solitaire. XXIII. — Femme de soixante ans, matité et absence de respiration dans une grande étendue du poumon droit, crachats incolores, pas de dyspnée. Dia- (1) Leroux, ouvr. cit., t. VII, p. 140. (2) Andral, Clin, cit., t. II, p. 408, obs. ut. (3) Andral, Clin, cit., t. II, p. 410, obs. iv. (t) Budd, ouvr. cit., p. 427. Davaine. 28 h'Mi AFFECTIONS VKKMINEUSKS DIS CAVITES SEHEUSKS gnostic: épanchemenl plouréiiquo. Mort par la diarrhée. — Autopsie: poumon droit, adhérent aux parois, acépharooyste du volume d'une grenade dans le lobe Inférieur. Kysle libro-ntlluleux mince, lisse, très adhérent; à travers sa paroi se dessinent en relief des branches vasculaires cl des rameaux bronchi- ques, un do ces rameaux est ouvert dans le kyste. Tous les organes sains, à l'exception do l'intestin (1). Ob9. LVII1 (Bouvier). — i Kijstc hydalique solitaire. XXIV. — Femme de soixante-cinq ans, morte de méningite; matité dans toute la hauteur du poumon droit en arrière, et à la base du poumon gauche. — Autopsie. Adhérences du poumon gauche avec les parois ; énorme acépha- locysle solitaire, remplissant presque la totalité du lobe inférieur ; le tissu do ce lobe réduit à une lame mince et comme membraneuse, entourant l'hyda- tide; dans un point où le tissu pulmonaire a disparu, plaque cartilagineuse assez large en contact immédiat avec l'hydalide. Kyste formé par une mem- brane celluleu^e (ine, à travers laquelle se dessinent des branches vasculaires dénudées et comme disséquées dans une partie de leur trajet (2). Obs. LIX (Pinaut). — Hydatides dans les deux poumons, le foie et lu rate. XXV. — Il s'agit d'une femme, âgée de trente ans, qui éprouvait depuis deux ans de la gêne à respirer, et qui offrait de l'œdème des jambes, les signes d'un épanchement séreux dans l'abdomen et dans la cavité gauche du thorax. A l'autopsie, on trouva un kyste hydatique dans le lobe droit du foie; un autre kyste considérable dans la rate ; un kyste de la grosseur d'un œuf adhé- rent au bord postérieur du foie, au diaphragme, et comprimant la veine cave, ce qui explique l'œdème etl'ascite; un kysle considérable occupant la partie antérieure du lobe moyen, la partie la plus inférieure du lobe supérieur, et la partie supérieure du lobe inférieur du poumon droit; un autre très considé- rable occupant tout le lobe inférieur et la plus grande partie du lobe supérieur du poumon gauche ; enfin deux petits kystes, l'un du lobe inférieur du poumon droit, l'autre du lobe supérieur du poumon gauche, appartenaientprobablement aussi aux hydatides (3). En résume : Sur les quarante cas rapportés ci-dessus, la guérison a eu lieu quinze fois, et la mort vingt-cinq fois. (1) Bouvier, Hydatide du poumon {Bull. Acad. royale de mc'd. Paris, 1841- 1842, t. VII, p. 933). (2) Bouvier, Hydatide du poumon {Bull. Acad. royale deméd. Paris, 1842-1843, t. VIII, p. 1244). (3) Piuaut, Bull. Soc. anatom. Paris, 1854, p. 4 0 ( > , et Houël, Rapport sur celle observation, p. 411. NATURELLES OU ADVENTIVËS. — HYD.VTIDES. !\?,5 La guérison a été due : A l'expectoration des hydalides 12 fois. A leur évacuation par l'intestin 1 A la ponctiou avpc injection iodée 1 A l'ouverture par le bistouri à travers les parois de la poitrine et à l'évacuation spontanée par les bronches 1 Le siège des hydatides dans les vingt- cinq cas de mort a été : La cavité de la plèvre 1 fois. Le tissu cellulaire sous-pleural de la paroi thoracique. l Le médiastin 3 Le lobe supérieur du poumon 5 ou 6 fois. Le lobe inférieur 12 ou 13 fois. 5 fois il y avait un kyste dans chaque poumon. 8 fois il existait en même temps un kyste hydatique dans le foie. Dans le plus grand nombre de cas, le kyste contenait une hyda- tide solitaire. CHAPITRE II. KTSTES HYDATIQUKS ABDOMINAUX ENVAHISSANT LA CAVITÉ DU THORAX. Les kystes hydatinues développés dans quelques-uns des organes abdominaux, mais surtout ceux de la partie supérieure du foie, sou- lèvent le diaphragme, refoulent les poumons et apportent un obstacle au libre exercice de ces organes. Comme ceux qui se sont déve- loppés dans la cavité thoracique même, ils peuvent se perforer et verser leur contenu dans la cavité du péricarde ou de la plèvre, ou bien entrer en communication avec quelque bronche, et se vider par cette voie au dehors. Les symptômes, la marche et la terminaison de ces kystes ont la plus grande analogie avec ceux des kystes hyda- tiques intra-thoraciques ; nous en parlerons donc immédiatement à leur suite. A. — Kystes refoulant le poumon, médiatement à travers le diaphragme intact. Les kystes développés vers la face supérieure du foie refoulent fortement le diaphragme en haut et médiatement le poumon ; d'un autre côté, le foie est repoussé en bas et dépasse le rebord des fausses côtes. Le poumon peut ainsi être refoulé jusqu'à la troisième ou la /|3G AFFECTIONS VERMINEUSES 1>KS CAVITES SÉHELSES seconde côte, sans que le diaphragme soit perforé ; il en résulte une grande gêne de la respiration et plusieurs des signes physiques d'un épanchement dans la plèvre; aussi ht plupart des cas ont-ils été con- fondus avec l'hydrothorax ou la pleurésie. Ods. LX (Goocii). I. — Il s'agit d'une petite fille, âgée d'environ neuf ans, qui avait une grande tuméfaction au foie, laquelle élevait et repoussait les côtes de bas en haut. La tumeur était fluctuante; une ponction y fut faite avec une lancette; il en sortit un peu de liquide et l'enfant mourut le lendemain. A l'ouverture du cadavre on trouva que le foie s'étendait presque jusqu'aux clavicules, re- poussait et entraînait avec lui le diaphragme ; il avait comprimé le poumon droit jusqu'au point qu'on ne put le gonfler d'air en soufflant par la trachée- artère; il était adhérent au diaphragme ainsi qu'à la plèvre. Il y avait dans le foie un kyste hydalique qui contenait environ cinq pintes de liquide (1). Obs. LXI (Dolbeau). II . — Un homme, âgé de cinquante-huit ans, avait eu une pleurésie à droite, deux ans avant sa mort ; il avait la respiration courte, anxieuse ; il succomba aux progrès de l'asphyxie. Autopsie. Le foie n'était distant de l'ombilic que de trois travers de doigt; un kyste hydatique existait à sa face supérieure; ce kyste, coiffé du diaphragme, remontait dans le thorax et atteignait à droite la deuxième côte ; le poumon, très comprimé, était réduit à une lame mince qui descendait en ar- rière jusqu'à la quatrième côle ; le kyste dépassait encore le bord gauche du sternum de cinq à six travers de doigt ; le cœur, repoussé à gauche et en haut, occupait la paroi latérale gauche de la poitrine. Le poumon gauche était très comprimé et la cavité de la plèvre gauche présentait les signes d'une pleurésie récente (2). Deux cas analogues sont rapportés l'un par Mercier (3), l'autre par M. Combessis (4) : le premier avait été pris pour un hydrothorax, le second pour un épanchement pleurétique. Nous rapporterons un cas semblable de MM. Duplay et Morel-Lavallée (5). Une observation non moins remarquable concernant un kyste dé- (1) Gooch, Cases and remarks ofsurgery, p. 170. — Lassus, Mém. cit., obs. vir, p. 128. — Cruveilhier, art. Acépu., p. 238. (2) F. Dolbeau, Étude sur les grands kystes de la surface convexe du foie (Thèse, n° 113, obs. m, p. 32. Paris, 1856). (3) J. Mercier, Dissert, sur l'hydrothorax, thèse. Paris, 1810, n° 63, p. 21, et L. Barrier, thèse cit., p. 69. (4) Combessis, Bull. Soc. anal., 1851, p. 347. (5) Voy. ci-après observation 112, NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDAT1DES. 437 veloppé dans la rate, a été rapportée par M. Rombeau : ce kyste avait refoulé le cœur vers la troisième côte, et le poumon vers l'ori- gine des bronches ; ce dernier organe avait à peine le volume du poing ; le diaphragme, repoussé dans la poitrine, était intact (1). Le diagnostic de ces tumeurs doit être souvent fort incertain ; néanmoins il sera possible de les reconnaître lorsque l'on observera des phénomènes semblables à ceux des kystes hydatiques de la plèvre ou de la base du poumon droit, et qu'en outre le foie sera plus ou moins abaissé. Peut-être pourra-t-on, dans certains cas, sentir, sous le rebord des dernières côtes, la fluctuation ou même le frémissement hydatique ; alors l'origine de l'affection ne serait plus douteuse. B. — Kystes perforant le diaphragme et s'ouvrant dans la plèvre. Les kystes du foie développés vers la poitrine perforent, dans cer- tains cas, le diaphragme par leur action propre ou par suite d'un effort du malade, et leur contenu s'échappe dans la plèvre. Une dou- leur de côté violente marque ordinairement cette invasion ; il en ré- sulte une pleurésie aiguë et rapidement mortelle ; cependant la marche de la maladie est quelquefois moins rapide, alors une com- munication peut s'établir entre la plèvre et les bronches, et les signes du pneumothorax succèdent à ceux de l'épanchement pleuré- tique. Le diagnostic d'un tel accident ne pourrait guère être établi que si l'on avait préalablement constaté l'existence d'un kyste hydatique dans un organe de l'abdomen. Nous possédons huit observations de kystes du foie ouverts dans la plèvre, or nous n'en avons rapporté qu'une seule de kyste du poumon ouvert dans cette même cavité ; une telle différence tient, sans doute, à ce que les hydatides intra-thoraciques déterminent ordi- nairement des adhérences entre les deux feuillets de la membrane séreuse. Oiîs. LXII (Bianchi). — Rupture spontanée. I. — «Talemsaccum, gelatinosa mater ta plénum, ad plureslibrasaccumulata, » in gibba hepatis regione, in cadavere invenit Bianchus : ingens ille tumor » diaphragma tandem laceraverat el in cavum dextrum tlioracis magnam par- (1) Rombeau, Bull. Soc. anat., 1854, p. 341. /|3K AI'I'ECTIONS VKI1MINEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES » ii in contenue materiœ effuderat ci tandem suffocaverpt miserum homi- • Di'lll (1). » Ods. LXIII (Valsalva)? — Rupture spontanés. II. — 1! s'agit d'une femme sexagénaire qui se plaignait depuis longtemps d'uno douleur au-dessus de l'ombilic ; elle avait de la toux, de la dyspnée, et quelques jours avant sa mort, son ventre se tuméfia tout à coup considéra- blement et ses pieds s'œdéma ièrent. A l'autopsie, on trouva le foie dur; la vésicule pleine de calculs; un amas de vésicules pleines de séiosité, attachées au foie ; un abcès occupant plus du tiers de cet organe; « la matière île l'abcès [athéromaleuse), après avoir perforé le diaphragme, s'élait précipitée dans la cavité droite de la poitrine qui était totalement remplie d'un pus sanieux, cependant le poumon était sain (2). » Obs. LXIV (Cruveilhier). — Rupture spontanée. III. — H s'agit d'une femme âgée de trente-six ans, atteinte d'une tumeur du foie considérée comme un abcès, et qui mourut tout à coup suffoquée. A l'autopsie, on trouva dans la plèvre droile deux ou trois pintes de sé- rosité jaunâtre dans laquelle nageaient une multitude d'hydatides. Le poumon était sain et libre d'adhérences ; le diaphragme et la plèvre étaient perforés par une ouverture inégale, circulaire, du diamètre d'une pièce de vingt francs, qui conduisait dans un kyste énorme, contenu dans l'épaisseur du foie; go kyste avait des parois très denses, fibreuses, ossifiées en partie, et contenait beaucoup de sérosité et des hydalides (3). Obs. LXV (Cléhot). — Rupture spontanée. IV. — Hôpital de Rochefort; matelot, quarante-cinq ans, n'ayant jamais été malade, entré à l'hôpital pour des douleurs vagues survenues depuis peu, et jugées rhumatismales. Le lendemain, suffocation imminente, extrémités froides, anxiété extrême, pouls petit, concentré, précipité, langue naturelle, idées nettes, immobilité et malilé du côté droit dans toute son étendue, pas d'ex- pectoration ; mort le soir. Âulopsie. Les viscères, à l'exception du foie, ne présentent rien de remar- quable Cinq à six pintes de liquide séro-purulenl, avec une multitude d'acé- phalocystes dans la cavité de la plèvre droite ; poumon comprimé, aplati, réduit à l'épaisseur de deux doigts ; fausses membranes minces, recouvrant la plèvre; dans le foie kyste à parois épaisses, communiquant avec la plèvre à travers le diaphragme (4). (1) Hisioria Hepatica, pars II, cap. v, § 12, t. I, p. 154, cité par Van Swieten, op. cil., t. III, p. 88. (2) Mprgagnj, Desedib. cit., épist. XXXVI, § 4. (3) Cruveilhier, Dict. de méd. et de chirurgie pratiques, art. Acéph , p. 239. (4) Clémot, Gaz. des hôp., 1832, t. VI, p. 30. NATURELLES OU ADVI.MIVES. — HYDATIDES. '439 Obs. LXVI (Docteur Foucart) — Rupture spontanée. V. — Femme âgée de trente ans; kyste liyda tique du foie ouvert dans la plèvre; pleurésie avec, épanchement. Infiltration du membre supérieur droit, surtout de la main et du tiers inférieur de lavant-bras, pas d'œdème des antres membres (I). Obs. LXVII (Fouquier). — Rupture spontanée. VI. — Une femme âgée de quarante-deux ans entre à la Charité; elle avait une tumeur dans la région du foie et des symptômes qu'on rapporte à l'hépa- tite; il survient tout à coup des douleurs vives dans le côté droit de la poi- trine, de la dyspnée, delà toux, des crachats spumeux... Matité à la base du poumon droit, respiration amphorique; mort douze jours après l'invasion de ces phénomènes. A l'autopsie, kyste contenant de nombreuses hydatides, situé dans le lobe droit du foie et communiquant à travers le diaphragme avec la cavité de la plèvre, plusieurs fistules pleuro-bronchiques (2). Obs. LXVIII (MonnereA — Kyste communiquant avec la plèvre ; un autre avec les canaux biliaires; thoracocentèse. VII.— «L.. . (Firmin), âgé de dix-sept ans, cordier, entre à l'hôpital Necker le 1 8 août l 852. Il y a trois semaines, il éprouva tout à coup, au milieu de la nuit, une douleur assez vive dans le ventre, et de la diarrhée. Le lendemain, la douleur occupe l'hypochondre droit, et se transmet à l'épaule droite; la res- piralion est fréquente et pénible. Les jours suivants, les symptômes augmen- tent, mais en restant toujours les mêmes; il n'y a ni vomissements, ni jau- nisse, ni épistaxis. Le malade se décide à entrer à l'hôpital. » A son entrée, on constate en avant une maliLé complète de bas en haut, jusqu'à la quatrième côte, en arrière jusqu'à la cinquième; la respiration est rude dans le tiers supérieur du poumon, et nulle ailleurs. Dans un point, on entend un frottement pleural; le foie a une hauteur de 25 centimètres; la matité du lobe gauche va se confondre avec celle de la rate. Il existe une vous- sure marquée de toute la région hépatique; le diagnostic porté le jour même est celui-ci: acéphalocyste du foie, avec pleurésie consécutive. » Le 20, dans la nuit, le malade ressent une douleur vive dans le côté droit; cris, suffocation imminente. » Le 21, le malin, on constate que la matité occupe toute la hauteur de la poitrine ; la respiration ne s'entend plus nulle part. M. Monneret juge alors que le kyste du foie s'est ouvert dans la plèvre, et il pratique immédiatement la thoracocenlèse. La ponction laisse écouler quatre verrées d'un pus blanc, séreux, qui contient de petites vésicules gélatineuses, transparentes, verdâ- tres, reconnues aussitôt pour des hydatides. (1) A. Foucart, Gaz. deshôp., 1851, p. 397. (2) Fouquier, Clinique des hôpitaux, 4828, t. II, n° 82, et Barrier, thèse citée, p. 47. A'iO AFFILIIONS VERMINEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES » A la suite do celle ponction, le malade se semant do mieux en mieux, on ne fait rien du plus; mais, du ia au 10 septembre, L... est pris d'un ictère léger, et bientôt d'uno bronchite très intense; en môme temps, un phlegmon diffus se développe sur la hanche droite et gagne la cuisse. Malgré tous les moyens que l'on emploie pour se rendre maître de ces accidents, le malade mourt le 1 9 septembre. » Autopsie. On trouve : 1° Une tumeur au bord postérieur du foie, qui lui adhère intimement; cette tumeur a la grosseur d'une pomme; elle se com- pose d'une membrane extérieure fibreuse, très épaisse, résistante, qui ren- ferme dans son intérieur le détritus de nombreuses vésicules, de dimensions variables et tout à fait vides, et des fragments de membranes gélatineuses, hyalines, qui ont dû avoir un volume considérable. Ce détritus est fortement teint en jaune d'ocre, et le microscope y montre tous les éléments de la bile. En examinant de plus près l'intérieur du sac fibreux hydatifère, on y aperçoit quelques ouvertures capables d'admettre un stylet, et qui laissent couler à la pression une matière jaunâtre bilieuse. 2° Une seconde tumeur au-dessus, qui n'a de communication ni avec la première ni avec le foie; elle a le volume du poing, et refoule le diaphragme qui la coiffe; en un point, existe dans le dia- phragme une perforation d'un centime! re, et la poche communique largement avec la cavité droite de la poitrine ; une membrane gélatineuse est engagée dans celte ouverture. Le kyste et la plèvre contiennent de nombreux débris d'hydatides. qui nagent dans le liquide purulent de la plèvre. On [ne trouve pas de bile dans cette seconde tumeur. — Le microscope ne fait apercevoir nulle part ni échinocoques ni crochets (K AFFICHONS VERMINEUSES DES CAVITÉS SÉREU8KS biliaire* par la communication de ces ('(induits ou tle la vésicule avec le kyste, ou bien lorsque la tumeur comprime le canal cholédoque ou l'un des trbncs principaux des conduits hépatiques. 11 est pro- bable que l'ictère surviendrait encore si les canaux biliaires et les veines communiquaient avec le kyste, la bile pénétrerait dans le sang par cette voie. (Voy. obs. XCIII.) Si la tumeur exerce une compression sur les principaux troncs veineux qui sont en rapport avec le foie, il survient un œdème des membres inférieurs, ou même un épanchement de sérosité dans l'abdomen. La présence du kyste bydatique occasionne quelquefois dans le parenchyme hépatique une inflammation plus ou moins aiguë qui se termine par suppuration; cette inflammation survient soit parce que le kyste s'est accru rapidement, soit parce qu'il a acquis un grand volume; mais l'action de ces causes est à vrai dire fort incertaine. Elle peut survenir aussi par suite d'une violence extérieure et lorsque l'existence des vers vésiculaires n'a encore été décélée par aucun symptôme. Obs. XCI (Budd). — Kyste du foie ; rupture par un coup. «Un boxeur de profession reçut un coup de poing dans l'hypochondre droit, sous les fausses côtes; la boxe se faisait avec des gants. Avant ce moment, cet homme avait toujours joui d'une bonne santé, mais depuis lors il éprouva des douleurs continuelles dans le côté droit, et, selon son expression, il ne fut plus le même homme. Environ six semaines après avoir reçu le coup, il res- sentit soudainement des douleurs très vives dans le côté ; cette exacerbation fut bientôt suivie de céphalalgie et de nausées ; le malade perdit l'appétit, de- vint faible, languissant, et. la diarrhée survint. Ces symptômes ayant persisté pendant deux jours, la peau prit une teinte jaune; la diarrhée cessa, mais le mal de tête et les nausées persistèrent et la jaunisse augmenta. Le 4 avril, cinq jours après l'apparition de la jaunisse et environ sept semaines après avoir reçu le coup, cet homme entra à l'hôpiial dans mon service (M. Budd). » Alors il avait la peau très jaune, il se plaignait d'une douleur forte, avec beaucoup de sensibilité au toucher dans l'hypochondre droit; le ventre était ballonné ; le foie, considérablement, augmenté de volume, dépassait les fausses côtes de cinq travers de doigt ; il y avait de la fièvre, plus de 1 00 pulsations par minute ; la peau était chaude et sèche ; la langue sèche, fendillée et cou- verte d'un enduit épais ; l'appétit nul et la soif vive avec de la céphalalgie et des nausées. La maladie fut regardée comme une inflammation du foie causée par le coup. (On appliqua des sangsues sur le côté qui furent suivies de quelque soulagement dans les douleurs, plus tard on administra des sels, des pilules bleues et quelques purgatifs.) NATURELLES OU ADVENT1VES. — HYDATIDES. 459 fl Les pilules occasionnèrent de la salivation sans être suivies d'un soula- gement appréciable. La douleur, la sensibilité à la pression, la fièvre, la jau~ nisse continuèrent, la tumeur du foie parut s'accroître, et le malade se plaignait beaucoup de douleurs dans l'épaule et dans le bras droit. Le pouls était tou- jours fréquent et la langue chargée et sèche ; malgré la jaunisse les selles avaient une couleur bilieuse. » Le 26 avril, douze jours après admission du malade à l'hôpital, le foie dé- passait l'ombilic de deux ou trois pouces ; lorsqu'on appliquait la main sur le côté droit, on sentait une crépitation distincte ; l'oreille appliquée sur cette partie percevait un bruit de frottement analogue à celui de la pleurésie. Le lendemain l'état du malade s'était beaucoup aggravé, il éprouvait une vive douleur à l'épigastre ; la face était anxieuse, la respiration accélérée, le pouls rapide et faible et la peau couverte d'une sueur froide. La mort arriva dans la même journée. » A l'autopsie, on trouva le foie considérablement augmenté de volume, des- cendant dans l'abdomen jusqu'à l'ombilic. La surface était couverte d'exsuda- tions molles, mais il n'y avait pas de traces de péritonite dans les autres par- ties du ventre. En soulevant le foie, on trouva un caillot de sang dans la ré- gion épigastrique, mais en le retirant j'amenai en même temps une hydatide qui devait s'être échappée de son kyste, entièrement ou en partie avant la mort. L'hydatide était affaissée et n'en contenait pas d'autres ; la poche qui avait renfermé l'hydatide était située à la face inférieure du foie, entre les lobes droit et gauche ; elle avait la grosseur d'un orange, et était remplie par un caillot de sang. Le kyste avait des parois très minces relativement à son volume. Dans la substance du foie étaient un grand nombre d'abcès, variant de la grosseur d'un pois à celle d'une noix, le pus avait une couleur jaune orange. Tous ces abcès existaient dans le voisinage du kyste hydatique et dans la partie supérieure du foie entre le kyste et le diaphragme, il n'y en avait pas dans la partie inférieure du lobe droit ; parmi ces abcès étaient dis- séminées de petites taches brunes ou jaunes. » En examinant sous l'eau des coupes pratiquées dans le foie, on voyait clairement que la lésion pathologique, qui se terminait par la suppuration, avait commencé dans les lobules. Au début, ces lobules étaient d'une couleur brune foncée ; dans un état plus avancé, ils étaient d'un jaune foncé, couleur qui persistait jusqu'à ce qu'ils fussent transformés en matière purulente. Les conduits biliaires et les ramifications de la veine porte parurent normaux. » L'examen microscopique démontra dans les plus grands abcès du pus en grande proportion, de la matière jaune de la bile, des globules huileux et des particules amorphes qui étaient probablement les débris de cellules hépatiques et du parenchyme du foie (1). Quelque forte qu'ait été la commotion, il est probable que le coup (1) Budd, ouvr. cit., p. 90. &60 AFFECTIONS VERMINEUSE8 DES CAVITÉS SÉREUSES reçu clans l'hypochondre droit n'eût pas occasionné d'accidents sans la présence du kyste hydatique. M. Budd attribue les phénomènes inflammatoires survenus chez ce malade au contact du liquide de l'hydatide avec le parenchyme du foie ; suivant cet observateur, qui partage en ceci l'opinion de M. Cruveilhier, le fluide hydatique, quoique clair et limpide, est un irritant violent pour les tissus, et la preuve c'est que des kystes du foie, qui contenaient une hydati.de solitaire, s'étant rompus et ayant versé dans la cavité du péritoine le liquide du ver vésiculaire et les échinocoques tout en retenant la vésicule elle-même, il s'en est suivi une péritonite rapidement mortelle il). L'inflammation du parenchyme hépatique peut survenir encore à la suite des opérations pratiquées pour procurer l'évacuation du kyste, et cette inflammation peut se communiquer aux veines, comme il semble résulter d'un cas observé par M. Dolbeau (2). Nous reviendrons, ci-après, sur les conditions de l'inflammation des veines sus-hépatiques en rapport avec les kystes hydatiques. (Voj\ ci-après, chap. III.) Lorsque le kyste est très considérable, il produit des désordres dans les organes voisins : développé vers la face inférieure du foie, il repousse en bas l'estomac, le côlon, et fait saillie jusqu'au niveau de l'ombilic ou même jusqu'à la crête iliaque droite ; développé vers la face supérieure, il repousse en haut le diaphragme et médiate- ment le poumon droit et le cœur ; on l'a vu remonter, sans avoir perforé le diaphragme, jusqu'au niveau de la deuxième côte et même jusqu'à la clavicule. Nous en avons mentionné plusieurs exemples (voy. sect. III, chap. II). Dans ces cas la respiration éprouve une gêne qui peut être portée au plus haut degré et qui peut en- traîner la mort, pour peu qu'une autre affection , même légère, occasionne un nouveau trouble dans la respiration : M. Budd rap- porte l'observation d'un homme, qui, atteint d'une tumeur du foie, offrait comme phénomène le plus apparent une grande gène de la respiration avec une ascite et de l'œdème des membres infé- rieurs. — A l'autopsie, l'on trouva dans le foie un kyste hydatique considérable et deux plus petits; tous les organes étaient à l'état normal, à l'exception de la valvule mitrale qui était épaissie. Or, dit (1) Budd, ouvr. cit., p. 42S. (2) Dolbeau, thèse citée, p. 28. (Voyez ci-après, obs. 29C.) NATURELLES OU ADVEISTIVES. — IlYDATIDES. AGI M. Budd, la respiration et la circulation étaient certainement affec- tées par cet état de la valvule mitrale, mais la mort n'a été déter- minée que par l'obstacle additionnel apporte aux fonctions par la tumeur volumineuse du foie (I). La réciproque est également vraie. Le kyste hydatique du foie qui n'a pas acquis un grand volume est d'un diagnostic fort incertain; mais, lorsqu'il est volumineux, la présence dans l'hypochondre droit d'une tumeur très apparente, égale, qui s'est accrue lentement, sans beaucoup de douleur, sans jaunisse, sans ascite, sans fièvre, sans dépérissement général, ne peut guère appartenir qu'aux hydatides. Celui qui, développé vers la face convexe, aura fortement repoussé le diaphragme, sera dis- tingué d'un épanchement dans la plèvre aux signes que nous avons déjà indiqués (p. 437). La tumeur hydatique du foie ne pourra guères être confondue avec un abcès qui acquiert rarement un grand volume sans être précédé ou accompagné de douleurs et de fièvre, ni avec un cancer qui n'atteint pas en général un volume aussi con- dérable et ne forme pas une tumeur globuleuse et unie, mais qui paraît résulter de la réunion d'un certain nombre de tumeurs; on observe d'ailleurs ordinairement les phénomènes de la cachexie can- céreuse. La tumeur de la vésicule biliaire pourrait plus facilement être prise pour une hydatide; elle est, en effet, globuleuse, arrondie, dépressible, mais cette tumeur est constamment et presque au début, accompagnée d'une jaunisse intense, de douleurs vives, et jamais on n'y produit le frémissement hydatique. On pourrait encore confondre avec une tumeur hydatique, un anévrysme de l'aorte abdominale; en effet, cet anévrysme, de même qu'une tumeur hydatique, est globuleux et sans douleur à la pres- sion, il ne produit ni jaunisse, ni épanchement de sérosité dans l'abdomen, ni troubles de la digestion, ni gêne de la respiration, à moir. s qu'il n'ait aciuis un grand volume; mais, généralement, il occasionne des douleurs vives, douleurs qui non-seulement se font sentir au siège de la tumeur, mais qui se propagent aussi au loin; en outre, des pulsations très distinctes, un bruit de souffle percep- tible au niveau des dernières vertèbres dorsales ou des premières lombaires, sont des symptômes caractéristiques de ces tumeurs ané- vrysmales. (1) Budd. ouvr, cit., p. 442. /|(i'J AFFECTIONS VERMINE USES DES CAVITÉS SEUEUSES Malgré tous ces signes distinctifs, il ost des cas dans lesquels le diagnostic offre les plus grandes difficultés, c'est lorsque l'accrois- sement de la tumeur hydatique plus rapide que d'ordinaire, est accompagné de douleurs et de fièvre . lorsqu'une circonstance parti- culière, comme une violence extérieure, est venue en changer la marche, lorsque, par la compression qu'elle exerce sur les conduits biliaires, sur la veine porte ou sur la veine cave, la tumeur produit un ictère, une ascite ou un œdème des membres inférieurs qui chan- gent plus ou moins la physionomie ordinaire de la. maladie, lorsque plusieurs kystes donnent à la tuméfaction de l'hypochondre un aspect inégal ; mais, dans ces différents cas, à défaut du frémisse- ment hydatique, la ponction exploratrice avec un trocart capillaire pourra donner des indications précises sur la nature de l'affection du foie, autant qu'il sera établi que cette ponction est exempte de dangers. CHAPITRE IL ACTION DES HYDATIDES DU FOIE SUR LES CONDUITS ET LA VÉSICULE BILIAIRES. L'un des points les plus intéressants de l'histoire des hydatides du foie est la communication qui se fait dans certains cas entre le kyste et les conduits biliaires. Quelques auteurs ont pensé que la poche hydatique en commu- nication avec un conduit biliaire, se développe aux dépens de ce conduit et que la cavité qui renferme les vésicules est celle du con- duit dilaté. Les hydatides, dans ce cas, se seraient développées dans une cavité muqueuse, ce qui serait tout à fait exceptionnel; l'examen des faits prouve qu'il en est autrement. Généralement les kystes hydatiques perforent les parois et entrent en communication avec les cavités qui sont dans leur voisinage , comme nous l'avons constaté déjà pour les vaisseaux et les bronches. Nous verrons ce fait se reproduire à l'égard de la trachée, du tube digestif, de la vésicule biliaire, du bassinet, de la vessie, des trompes utérines. Les conduits biliaires seuls feraient- ils exception 1 Non sans doute : l'existence d'un véritable kyste, le grand nombre de conduits bi- liaires ouverts dans sa cavité, ne s'accordent point avec l'idée d'un développement dans la cavité même d'un conduit; or dans la plupart des cas connus, on a signalé l'existence d'un kyste et des ouvertures NATURELLES OU ADVENT1VES. — HYDATIDES. ft63 quelquefois nombreuses à l'intérieur de ce kyste; on a même vu les ouvertures communiquer d'une part avec les canaux biliaires, d'une autre avec les veines ; d'ailleurs une hydatide développée dans la cavité d'un conduit biliaire serait nécessairement chassée dans l'in- testin ou dans la vésicule par la bile qui s'accumulerait derrière elle. Un fait observé par M. Cadet de Gassicourt nous montre un kyste en communication avec deux points distincts du canal cholé- doque, de telle sorte que la communication n'a pu être primitive en ces deux points; il faut donc admettre qu'elle s'est faite par ulcé- ration d'un côté comme de l'autre. Voici cette observation : Obs. XCII (Cadet de Gassicodrt). I. — Il s'agit d'un garçon âgé de sept ans qui, au mois de mai \ 854, fut pris de jaunisse à la suite d'une impression morale vive; l'ictère disparut, mais au mois de mars de l'année suivante, il reparut; le malade entra alors à la Charité dans le service de M . Cruveilhier. « A son entrée, outre l'ictère et les phénomènes présentés par les garde- robes et les urines que l'acide nitrique verdissait fortement, on constata une légère augmentation du volume du foie. Le foie remontait jusqu'au niveau du mamelon droit; au-dessous des fausses côtes, on sentait parfaitement le bord tranchant, qui ne descendait pas beaucoup plus bas que de coutume (à 4 cen- timètres à peu près au-dessous des fausses côtes). Le malade, du resle, n'ac- cusait aucune douleur dans la région hépatique ; il se plaignait seulement d'épistaxis répétées, qui, après avoir à peu près complètement cessé depuis le commencement de novembre 1854, jusqu'à la fin de février 1855, avaient reparu en même temps que l'ictère, et amenaient une grande faiblesse. M. Cruveilhier ordonna d'abord quelques légers purgatifs, mais il insista par- ticulièrement sur le tannin et les préparations ferrugineuses destinées à com- battre les hémorrhagies et l'anémie. » Sous l'influence de cette médication, le malade sembla marcher vers une guérison rapide: les saignements de nez devinrent moins fréquents ; l'ictère diminua sensiblement; les selles, les urines, reprirent presque tout à fait leur coloration normale, à peine si l'acide nitrique décelait quelque trace de bile dans les urines. Cet état d'amélioration était très manifeste du 5 au 10 avril, lorsque, à cette époque, les accidents reparurent avec une violence plus grande que jamais. Tout à coup, presque du jour au lendemain, l'ictère reprit une intensité remarquable; les selles redevinrent dures, sèches, décolorées; l'urine prit une teinte jaune foncé, puis brune, et sembla se couvrir d'une couche huileuse. En même temps, l'abondance, la fréquence des épistaxis redoublè- rent, surtout par la narine droite ; un premier tamponnement fut fait le 17 avril au matin ; le sang coula dans la journée, et surtout dans la nuit, par la narine gauche; un second tampon fut appliqué, le lendemain 18, à la narine gauche. Quelques instants après, le malade vomissait environ 1 litre de sang ; à dix /|(i'i AFFECTIONS VERMINEUSES DUS CAVITÉS SÉREUSES heures et demie, il rendait une selle entièrement sanglante ; à midi, une se- conde garderobe, dans laquelle les matières, dures et décolorées, étaient en- veloppées d'une couche de sang. Puis, à deux heures et demie du soir, il se plaignit, pour la première fois, d'une vive douleur à la région hépatique. A trois heures, il était mort. » Autopsie. — Rien de bien notable dans les divers organes, si co n'est la fluidité du sang contenu dans les vaisseaux. « Le foie avait une couleur bronzée à sa surface, et, en le coupant longitu- dinalement, on voyait que cette coloration se prolongeait dans toute l'épais- seur du tissu; les vaisseaux biliaires n'étaient nullement dilatés. Sur le trajet du canal cholédoque , entre la vésicule et le canal cystique d'une part, et l'ouverture du canal cholédoque dans le duodénum de l'autre, se trou- vait une poche, du volume d'un œuf de poule à peu près, qui était située sur le trajet même du canal cholédoque ; cette poche n était pas distendue et se laissait facilement déprimer par la pression. Elle fut fendue dans sa longueur et par sa paroi opposée au trajet du canal cholédoque; l'incision donna issue à quelques gouttes seulement de bile épaisse, et à une autre poche plus pe- tite, affaissée sur elle-même, plissée et vide, colorée en jaune verdâtre, qui fut aussitôt reconnue pour une hydatide. Cette hydatide avait une longueur de 5 centimètres et une largeur de 4 ; elle était, comme je l'ai dit, entière- ment vide, et présentait, dans un des points de sa p;iroi, une ulcération de 1 centimètre de longueur, dont la circonférence était brunâtre. » La première poche étant ainsi vidée, et incisée dans sa longueur, voici ce qu'on a pu constater: » Les parois du kyste étaient résistantes, assez épaisses, de couleur blanc mat extérieurement, et jaune verdâtre à l'intérieur. A l'extrémité supérieure du kyste, du côté de la vésicule biliaire, on voyait une ouverture irrégulière- ment ovalaire, longue de 15 millimètres, et dont la circonférence était en- tourée d'une coloration brunâtre, presque noire. Cette ouverture, ou plutôt cette ulcération, était probablement en contact avec l'ulcération que nous avons décrite sur l'hydatide elle-même, et qui avait la même apparence. En faisant glisser un stylet par la partie supérieure de l'ulcération, on arrivait, d'une part, dans le canal hépatique, de l'autre, dans le canal cystique et la vésicule biliaire; et de plus, on a pu constater, par la dissection de ces diffé- rents canaux, que le point de jonction du canal cystique et du canal hépatique était situé à 25 millimètres à peu près en deçà de la perforation. Ainsi il est démontré que l'ulcération intéressait en même temps la paroi du canal cholé- doque et celle du kyste ; que le kyste communiquait avec le canal cholédoque, et que c'est en passant par ce canal que le stylet pénétrait, d'un côté dans le canal hépatique, de l'autre dans le canal cystique et la vésicule. »Un stylet introduit par l'extrémité inférieure de l'ulcération pénétrait aussi dans un canal, mais il était arrêté dans un cul-de-sac après un trajet de 3 cen- timètres. En disséquant avec attention cette portion du canal par la face ex- terne du kyste, il était facile de voir qu'elle faisait suite au canal cholédoque, NATURELLES OU ADVENTlVES. — HYDATIDES. 465 dont la paroi supérieure avait été en partie détruite par l'ulcération qui s'ou- vrait dans le kyste. » A l'extrémité inférieure du kyste, on trouvait une seconde perforation, également ovalaire, longue de 1 centimètre, qui ne présentait pas de colora- tion brune à sa circonférence. Cette seconde ulcération était distante de la première de 5 centimètres, et elle était séparée de l'extrémité du canal cholé- doque terminé en cul-de-sac, par un intervalle de 2 centimètres. Il semble donc que, dans cet intervalle, le canal cholédoque a été détruit par compres- sion; du moins on n'a pu constater sa continuité. » Enfin, en faisant pénétrer un stylet par cette ulcération, on arrivait dans le duodénum, à l'endroit où les canaux cholédoque et pancréatique réunis s'ou- vrent dans cet intestin. La distance de cette seconde ulcération à l'ouverture duodénale était de 15 millimètres (4). » Lorsque le kyste s'est mis en communication avec les conduits biliaires, les hydatides qu'il contient s'engagent quelquefois dans ces conduits, comme celles du poumon s'engagent dans les bron- ches. Nous verrons, dans les faits que nous allons rapporter, que les canaux biliaires sont dilatés par les vers cystiques qui s'y intro- duisent comme ils le sont par des calculs, que ces vers sont ex- pulsés dans l'intestin ou dans la vésicule biliaire; enfin que la gué- rison d'une tumeur hydatique du foie arrive probablement par suite de l'évacuation du contenu du kyste dans le canal intestinal. L'introduction dans les conduits hépatiques des hydatides d'un kyste paraît, au premier abord, peu susceptible d'explication ; rien de plus simple cependant, si l'on y réfléchit : un kyste hydatique qui a perforé un conduit biliaire est en rapport d'une part avec les branchés périphériques de ce conduit, et d'une autre part, avec la portion inférieure ou le tronc de ce conduit qui se rend au canal cho- lédoque ; le kyste reçoit donc la bile qui lui vient des conduits pé- riphériques, et ce liquide s'écoule par le tronc en communication avec le canal cholédoque;, les plus petites hydatides, d'abord, peu- vent se présenter à l'orifice de ce dernier conduit ou tronc, entraînées par la bile ; elles peuvent s'y introduire et le parcourir sans diffi-- culté, si elles sont fort petites 5 elles peuvent éprouver quelque résistance, si elles sont plus grosses ; mais, pressées par le liquide qui s'accumule dans le kyste, elles cheminent en dilatant les canaux comme font des calculs. Ainsi, des hydatides successivement plus: (i) E. Cadet de Qassicourt, thèse citée, obs. XIV, p. 36, et Bull. Soc. anal. 1855,. p. 21i. Dayainb, So U6C) AFFECTIONS VERMINEOSÉS DES CAVITÉS SÉREUSES . grosses peuvent s'engager dans le conduit excréteur du kyste et le parcourir en le dilatant de plus en plus. Nous rapporterons d'abord les faits qui concernent des hydatides sorties d'un kyste et engagées dans des conduits ouverts dans ce kyste; nous rapporterons ensuite d'autres faits dans lesquels plu- sieurs circonstances doivent faire présumer que des hydatides ont aussi traversé les canaux biliaires, et ces derniers faits emprunteront une explication et un nouvel intérêt de leur rapprochement des pré- cédents. Obs. XCIII (Charcellay). — Kyste communiquant avec les conduits hépatiques et les veines; pus dans les veines, hydatides dans les conduits. II. — « Le nommé Léguey, âgé de cinquante et un ans, peintre en bâtiment, brun, assez robuste, de tempérament nervoso-bilieux, entre à l'hôpital de la Charité le 2 août 4 836, dans le service de M. Rullier, salle Saint-Ferdinand, n° 30. Cet homme n'a jamais eu de colique de plomb, ni de jaunisse, et mène une vie fort régulière.- Il y a quatre à cinq ans, il a gardé sept mois les fièvres, dont il a été traité à l'Hôtel-Dieu ; il y a dix-huit mois, il a reçu un violent coup de pied dans l'un des côtés, mais n'a point été indisposé à la suite; il y a un an, séjour de trois mois à l'Hôtel-Dieu, pour fièvre tierce de- venue ensuite quotidienne. Depuis longtemps il est sujet à avoir des faiblesses, a se trouver mal. » 3 août, le malade est jaune depuis hier; pas de diarrhée ni de vo- missement; cependant il a vomi hier de l'huile d'olive qu'il avait prise d'après l'ordonnance d'un médecin lequel avait diagnostiqué une colique de plomb. Aujourd'hui, douleur des jambes, grandes coliques, pas de selles; ventre sans tension, un peu douloureux ; légère teinte jaune des sclérotiques ; pouls assez fréquent et développé ; peau un peu chaude et moite ; langue hu- mide, un peu blanche, jaunâtre; pas de vomissements; face non grippée. [Traitement de la Charité, du premier jour ; diète.) » Le diagnostic porte : colique de plomb avec tégère fièvre et ictère. » 4 août, toujours de la fièvre, pouls assez fort et fréquent; peau chaude, langue blanche, humide; hier, selles fréquentes après le lavement purgatif ; il a eu aussi quelques vomissements ; ventre douloureux ; peu de soulage- ment. (Traitement du deuxième jour : bouillon, lait.) » 5 août, a peu près le même état ; il a été souvent à la selle ; pouls assez fort; la potion émétique a produit plusieurs vomissements; langue humide; moins de douleurs du ventre. [Traitement du troisième jour: bouillon, lait.) » 6 août , ictère plus prononcée ; pouls assez développé et fréquent ; soif; langue blanche-jaunâtre, un peu rouge sur les bords, humide; quelques selles ; ventre un peu développé, sonore, assez douloureux. [Traitement du quatrième jour . bouillon, soupe, lait.) » 7 août, l'état du malade avait été jugé le même que celui de là veille, NATURELLES OU ADVENTIVES. — 1TYDATIDES. £|G7 et déjà le traitement du cinquième jour avait été prescrit, lorsque j'appelai l'attention de M. Rullier sur de nouveaux symptômes qui rirent changer la prescription. Face grippée; ictère assez intense; peau chaude, un peu sèche; pouls assez dur et fort, un peu fréquent; langue blanche, jaunâtre, rouge sur les bords et à la pointe; matité normale de l'hypochondre droit, qui n'est pas douloureux ; pas de douleur à l'épaule droite ; ventre assez développé, sonore et douloureux, plusieurs selles hier, et nausées. [Fomentations émollientes, bain de siège, riz gommé, demi-lavement amylacé.) » Mort le 7 août à six heures du soir. » Autopsie le 8 à dix heures du matin. 4° Teinte ictérique assez prononcée-, 2° crâne, — arachnoïde un peu injecté; le cerveau, un peu petit, remplit à peine la cavité crânienne ; la substance cérébrale est peu ferme, saine du reste ; 3° thorax, — plèvres saines ; la moitié inférieure des poumons est engouée ; bronches remplies d'écume rosée, et leur muqueuse rouge, épaissie ; cœur un peu gros, rempli de caillots en partie noirs et fibreux, jaunâtres dans les ca- vités droites, noirs seulement dans les cavités gauches ; pas de traces de pus, non plus que dans le tissu pulmonaire. » 4° Abdomen tympanisé, sonore; à l'ouverture du péritoine, il sort une grande quantité de gaz ; cette membrane séreuse est généralement rouge, enflammée, elle offre en quelques endroits des fausses membranes pultacées, jaunâtres, molles, récentes, surtout dans l'hypochondre droit et les fosses ilia- ques; en outre, la cavité péritonéale contient quatre onces environ de sérosité jaunâtre, purulente, un peu consistante ; vessie assez distendue par de l'urine; rate saine ; les reins sains contiennent assez de graisse, de couleur ictérique; intestins fort rouges à l'extérieur, assez distendus par un liquide grisâtre dans lequel flottent quelques mucosités jaunâtres, ainsi que des gru- meaux d'un détritus purulent. » Pas de matières fécales; la muqueuse intestinale n'est pas rouge; pla- ques ou glandes sans développement ; vers la fin de l'intestin grêle existe de l'emphysème sous-muqueux, répandu par stries transversales dans l'étendue de deux pieds environ . » Le duodénum est rouge, brun, verdàtre dans l'étendue de deux pouces, un pouce au-dessus et un pouce au-dessous de l'embouchure du canal cholé- doque ; cette portion de duodénum est un peu friable, à parois épaissies, et la muqueuse est piquetée en noir dans les orifices des glandes mucipares ; estomac sain. » Le canal pancréatique assez dilaté, contient un peu de liquide laiteux, gris-blanchâtre; sa muqueuse épaissie, grise, jaunâtre; le pancréas lui-même est très %'olumineux, injecté, friable, on y voit un grand nombre de points jaunes, verdâtres plus ou moins ramollis, et même avec commencement de suppuration en quelques endroits ; le foie un peu volumineux, est recouvert de fausses membranes pultacées ; une énorme hydatide monoloculaire, ayant trois pouces de diamètre, remplit le tiers moyen du lobe droit, en avant, où elle est à nu, ainsi qu'à la face supérieure et inférieure ; elle est parfaitement 668 AFFECTIONS VERMINEUSES DLS CAVITÉS SÉREUSES Bphérique ses parois assez épaisses, sont nacrées, d'un blanc-opalin, peu consistantes, et le liquide qu'elles contiennent est transparent, clair et limpide comme l'eau de fontaine. » Le kyste qui environne cette poche solitaire est fibreux, assez épais, dur et résistant, fortement uni au foie ; sa cavité est hérissée de fibrilles et en quel- ques points tapissée par une légère exsudation pultacée; elle n'offre pas un seul orilico de vaisseaux. Le foie ayant été coupé en plusieurs tranches, l'ex- pression et divers mouvements nécessaires pour examiner cet organe font sortir par les veines sus-hépatiques cl les canaux biliaires, en assez grande quantité, du pus jaune-verddlre, crémeux. On trouve dans le tiers droit du lobe gauche un foyer hydatique purulent, assez grand pour loger un œuf de poule; il con- tient du pus jaune-verdâtre, des fausses membranes pultacées et des débris de parois d'hydatides rompues dont les unes sont blanches-nacrées, et les au- tres jaunes, verdatres ou brunâtres; l'une de ces dernières est engagée en partie, par un prolongement d'un pouce et demi de long, dans un large conduit biliaire, à peu de distance de la racine gauche du conduit hépatique. On en trouve une autre semblable, longue de deux pouces et demi environ, dans les trois quarts inférieurs du canal cholédoque dilaté, dont elle a pris la forme. Le kyste fibreux, contenant ces acéphalocystes multiples, est fortement en- flammé, ramolli et tapissé de couches pseudo-membraneuses jaunâtres, molles ; et, chose bien remarquable, on voit à la surface de sa cavité un très grand nombre d'ouvertures plus ou moins larges, qui, suivies avec soin, condui- sent la plupart dans des veines sus-hépatiques, et quelques autres dans des con- duits biliaires dilatés. » La vésicule du fiel est distendue par de la bile verte, brunâtre, assez consistante ; ses parois sont épaisses, un peu injectées ; la muqueuse offre une altération assez rare ; elle est, en un grand nombre d'endroits, marquée de taches vertes, brunâtres, étendues et de formes différentes. Dans ces points la muqueuse est ramollie; on pense que ce sont de petites eschares de cette membrane ainsi que du tissu cellulaire sous-jacent. On ne peut faire dispa- raître ces taches qu'en enlevant la muqueuse, qui cède facilement. En d'au- tres points cette lésion est plus avancée, et consiste en une véritable ulcéra- tion ; là, on voit que la muqueuse manque et a été enlevée comme par un emporte-pièce (1). » Il ne peut y avoir de doute sur l'origine des hydatides rencontrées dans les conduits biliaires, car l'une d'elles n'était qu'en partie en- gagée dans le conduit excréteur du kyste. Ce conduit, comme le canal cholédoque lui-même, était dilaté, et les vésicules qui se trou- vaient dans ce dernier canal allaient être évacuées dans l'intestin, si la mort ne fût survenue. La présence d'un kyste fibreux ôte (1) Charcellay, Bull. Soc. anal., 1836, ann, XI, p. 317. NATURELLES OU ADVENTIVES. — I1YDATIDES. 469 l'idée d'une poche développée par la dilatation d'un conduit hépa- tique ; les ouvertures, communiquant d'une part avec des conduits biliaires, d'un autre avec des veines, prouvent bien que la commu- nication de la poche avec les voies biliaires était le fait de la des- truction des parties; d'ailleurs, si les hydatides se fussent dévelop- pées dans la cavité même d'un conduit, elles eussent été entraînées vers l'intestin, pendant qu'elles étaient petites, bien plus sûrement et plus facilement qu'au moment où elles avaient acquis deux pouces et demi de longueur. Il est à croire que le passage des matières du kyste dans les veines n'a pas été étranger à la production de l'ictère et de la péritonite qui enleva le malade. Dans le cas suivant l'évacuation des hydatides était plus avancée; il n'en restait plus dans le kyste où elles s'étaient développées. Obs. XCIV (Charcot). — Kyste communiquant avec les conduits biliaires; hydatides dans ces conduits; absence de ces vers dans le kyste. III. — « Le nommé Platz (Christophe), âgé de quarante-sept ans, cui- sinier, entre, le 20 juillet 1854, salle Saint-Charles, n° 9, à l'hôpital de la Charité. » Ce malade, extrêmement affaibli et très souffrant lors de son entrée à l'hô- pital, peut à peine nous donner quelques renseignements sur son état anté- rieur; nous apprenons cependant de lui qu'il dépérit et qu'il souffre depuis quatre mois environ. Les symptômes qu'il a remarqués pendant cette période de la maladie sont de l'oppression et une douleur sourde et profonde dans la région du foie. Cette douleur s'étend parfois vers l'épaule droite et vers le flanc droit, mais elle a toujours été presque continue, et ne s'est jamais présentée sous forme d'accès capables de faire croire à l'existence de coliques hépati- ques calculeuses. Il n'y a jamais de vomissements noirs, et la constipation est l'état habituel. Il y a trois mois, une jaunisse très marquée est apparue. Au début, cette jaunisse a été accompagnée de vomissements de matières ali- mentaires; puis il s'est manifesté de la diarrhée. Elle a disparu au bout de quelques semaines ; puis elle a reparu il y a une quinzaine de jours. Cette fois elle a persisté jusqu'à la terminaison fatale de la maladie. » Le 1 9 juillet, Platz est pris tout à coup de douleurs hépatiques beaucoup plus vives que d'habitude, et qui se répandent dans toute l'étendue de l'ab- domen. Presque aussitôt la physionomie est profondément altérée; la face est grippée, bleuâtre ; les yeux sont enfoncés dans l'orbite ; les extrémités sont froides, cyanosées comme dans la période algide du choléra. Le malade est transporté à la Charité, quelques heures après l'apparition de ces nouveaux symptômes. Nous l'y trouvons dans l'état suivant: ictère extrêmement foncé, presque vert ; maigreur générale très prononcée. La face est grippée, violacée, froide. Les extrémités sont également froides et cyanosées. Le pouls est à \ 1 0, U10 AFFECTIONS VERMINEUSES DES CAVITÉS SÉREIJSES l 20, très fort, très dur, très plein. Constipation opiniâtre depuis deux jours; d.ouleur très vive à la pression dans toute la région de l'abdomen, mais bien plus prononcée à droite, sous les fausses côtes, que p;uiout ailleurs. Le ventre n'esl pas volumineux ; il est plutôt rétracté, et les muscles droits antérieurs se dessinent fortement sous les téguments. Il n'nd par la percussion un son obscur. L'état de convulsion où se trouvent continuellement les muscles des parois abdominales rend la palpalion impossible; mais par la percussion des hypocbopdres, on obtient ce résultat que le bord supérieur du foie ne re- monte pas plus haut qu'à l'état normal, et qu'il existe au niveau de la région splénjque unematîté trèsétendueet trèsconsidérablequi n'estpasle résultald'un épanchement pleural, ainsi qu'on s'en assure par l'examen du côté gauche de la poitrine. Les poumons et le cœur paraissent complètement exempts de lésion. Aucun phénomène du côté du cerveau. Les urines ne sont pas albumi- neuses ; elles sont fortement chargées de la matière colorante de la bile. La langue est sèche ; la voix est extrêmement faible. (On prescrit les opiacés à haute dose et les lavements laxatifs.) » Les jours suivants les symptômes vont en s'aggravant, et le malade succombe le 23 juillet, trois jours après son admission dans les salles. » Autopsie. — A l'ouverture de la cavité abdominale, on reconnaît l'exis- tence d'une péritonite générale très intense. Le foie est refoulé directement d'avant en arrière et de dehors en dedans, de telle sorte que les faces supé- rieures du lobe droit et du lobe gauche présentent, chacune de leur côté, une concavité qui regarde en avant et en dehors. Ces sortes de cavités ainsi com- prises entre la face supérieure du foie et la paroi abdominale antérieure, sont remplies par un liquide d'un jaune foncé, ayant tout à fait l'aspect de la bile, et tenant en suspension des flocons albumineux. » Les circonvolutions de l'intestin sont collées les unes aux autres par des fausses membranes molles, de formation évidemment très récente, et teintes en jaune par de la matière colorante de la bile. Le grand épiploon présente une coloration d'un rouge vif, et il est comme pelotonné, recoquillé. Une certaine quantité de liquide d'un jaune foncé se rencontre dans les parties les plus déclives de la cavité abdominale, mais il y est peu abondant. Traité par l'acide nitrique, ce liquide présente un dépôt albumineux très abondant, mais en même temps il se colore en vert foncé, puis en rouge quand on y ajoute un excès d'acide. A l'examen microscopique on y rencontre une grande quantité de globules de pus fortement colorés en jaune. » Les intestins, ouverts dans toute leur étendue, ne présentent aucune alté- ration : ils sont remplis par une matière semi-liquide d'une couleur gris sale. Ils ne contiennent rien qui ressemble à des fragments d'hydatides ou à des calculs biliaires. L'estomacest normal, sa membrane muqueuse un peu injectée. Rate normale. » Le foie, à part l'aplatissement dû à la compression qu'il a subie et les fausses membranes qui le recouvrent, ne présente aucune altération de tex- ture. On le laisse en place, ainsi que l'estomac et le duodénum, et l'on dissèque NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. 471 avec soin les conduits biliaires : Le canal cholédoque est extrêmement volumi- neux; il parait distendu par une substance avant la consistance de la cire. Quand on le comprime, on voit sortir par son orifice duodénal, d'abord une gouttelette de bile verte, puis une sorte de membrane ridée, fortement teinte en vert foncé par la bile, et qui, ainsi que nous le verrons, n'est autre chose qu'une hydatide. Le canal cholédoque est alors ouvert avec précaution, et on le trouve rempli par un grand nombre de débris d' hydatides baignés dans la bile. Ces fragments s'étendent jusque dans la ramification principale gauche du canal cholédoque qui. est très dilatée. La ramification du côté droit est également' fort distendue, mais par de la bile seulement. » Le canal cystique est tout à fait aplati par suite de la compression exercée sur lui par le canal cholédoque distendu. La vésicule biliaire n'est pas plus volumineuse qu'à l'état normal ; elle est pleine d'une bile épaisse, d'un noir vert, beaucoup plus foncé que celle qui imprègne les hydatides dans le canal cholédoque. » En examinant avec attention la face intérieure du foie, on finit par décou- vrir au niveau de l'origine œsophagienne de la petite courbure de l'estomac, plus près du bord postérieur que du bord antérieur de l'organe hépatique, à 4 ou 5 centimètres environ à gauche du canal cholédoque, une cavité hémisphérique, allongée dans le sens transversal, et qui, si elle était complète, pourrait loger un gros œuf de poule. Cette sorte de poche s'ouvre largement dans l'arrière- cavité des épiploons : cependant on la trouve limitée de ce côté, mais en partie seulement, et d'une manière très incomplète, par une sorte de membrane blanchâtre, déchiquetée, qui est libre et flottante du côté de l'extrémité gauche du kyste, tandis qu'elle est adhérente à son extrémité droite. La cavité que nous venons de décrire n'est autre chose qu'un kyste hydatique; elle est con- stituée par une membrane propre, brune, dont la surface extérieure adhère inti- mement au tissu du foie qui la loge, et dont la membrane flottante dont nous avons parlé n'est qu'un débris. La face interne de ce kyste est tapissée par une matière d'apparence caséeuse, teinte de bile. Sa cavité communique largement avec la branche droite de bifurcation du canal cholédoque par deux pertuis ayant environ 4 centimètre et demi de long chacun, sur un demi centimètre de large seulement; mais ces orifices sont encore dilatables. » La cavité du kyste ne contient pas de débris d' hydatides, on n'en apasren- contré non plus dans le liquide épanché dans l'abdomen. » // est hors de doute que les fragments membraneux contenus dans le canal cholédoque sont bien des débris d'hydatides. D'abord, quand on les fait flotter dans l'eau, on reconnaît les membranes anhistes, transparentes, et couvertes de granulations qui caractérisent ces sortes de poches ; seulement ici elles sont fortement teintes en vert par la bile. Enfin, l'examen microscopique fait recon- naître, au milieu du liquide qui les baigne, l'existence des crochets qui sont la preuve indubitable des échinocoques . » Les autres organes n'ont présenté aucune altération (4). » (1) Charcot, Comptes rendus Soc. biologie, 1854, 2e série, t. I, p. 99. /|72 AFFECTIONS VERMIIŒI'SES Di:S CAVITÉS SÉREUSES Les vers vésiculaires contenus dans le canal cholédoque prove- naient évidemment du kyste hydatique comme ceux du cas précé- dent. Ce canal étant obstrué, la Iule, qui affluait dans le kyste et qui le distendait, en détermina la rupture, niais déjà toutes les hy- datides étaient sorties de ce kyste, car on n'en retrouva ni dans la poche même, ni dans la cavité du péritoine. Si cette poche eût résisté plus longtemps, les débris des vers vésiculaires qui avaient parcouru déjà un long trajet dans les canaux hépatiques dilatés, eussent été évacués dans l'intestin comme des calculs biliaires et la guérison en eût été sans doute la suite. Obs. XCV (Leroux). — Plusieurs kystes athéromateux, communication avec les conduits biliaires; dilatation des conduits, hydatides dans leur orifice ; conduit cystique oblitéré; vésicule communiquant avec un kyste. IV. — Il s'agitd'un homme âgé de vingt-quatre ans, qui, ayant fait une chute surl'hypochondre droit, y ressentait des douleurs depuis dix-huit mois que cette chute avait eu lieu. A son entrée à l'hôpital (2 mai 1798), toute la sur- face du corps était d'un jaune bronzé: le foie descendait jusqu'à la crête iliaque ; le marasme était complet, et la mort arriva vingt jours après. A l'autopsie, le foie seul offrit des lésions remarquables. « Cet organe descendait jusqu'au bassin et remplissait presque toute la capacité du ventre; il était adhérent de tous côtés aux parties environnantes, et refoulait l'estomac, I'épiploon et les intestins contre le diaphragme ; il pa- raissait rempli de liquide; on distinguait particulièrement à sa surface la vési- cule du fiel, dilatée au point d'y pouvoir loger un corps plus gros que le poing ; elle contenait un liquide moins jaune que la peau du cadavre. Le foie étant incisé, offrit plusieurs cavités très considérables remplies d'un pus blanc (matière athéromateuse?) dans lequel flottaient des flocons membraneux, des débris d'hydatides qui bouchaient les canaux hépatique et cholédoque, lesquels étaient plus dilatés que le cystique, dont on ne put parvenir à découvrir l'ori- fice, mais dont le liquide s'échappait par une communication établie entre ce conduit et un foyer purulent (alhéromateuxl) formé dans la substance du grand lobe du foie. Une autre poche assez grande contenait une hydatide pleine d'une sérosité très claire et qui ne communiquait avec aucune autre cavité (1). » Cette observation nous offre plusieurs faits intéressants : 1° un foyer purulent communiquant avec des conduits hépatiques dilatés; ce foyer, dans lequel nageaient des membranes d'hydatides, était évidemment un kyste athéromateux; 2° plusieurs des membranes (1) Leroux, ouvr. cit., t. III, p. 45. NATURELLES OU ADVLNTIVLS. — HYDATIDES. Ù73 introduites dans les canaux hépatique et cholédoque qu'elles bou- chaient, comme dans les deux cas précédents ; 3° la vésicule biliaire communiquant avec un foyer purulent qui était encore très proba- blement un kyste hydatique athéromateux ; 4° l'oblitération du con- duit cystique. Obs. XCVI (Laennec). — Conduit ouvert dans an kyste hydatique? hyda- tides dans la vésicule biliaire. V. — Il s'agit d'un homme âgé de vingt-six ans, qui avait de la douleur et une tumeur dans la région du foie; cette tumeur acquit tout à coup un accroissement rapide; au bout de vingt jours, elle occupa presque la moitié de la capacité du ventre. Le malade était jaune, amaigri; il avait la respi- ration gênée, des nausées, des vomissements, etc.; un jour la tumeur s'af- faissa et diminua considérablement de volume, néanmoins l'état général con- tinua d'être très mauvais et le malade succomba huit jours après. Autopsie. « L'ouverture du cadavre fit voir qu'il existait à la fois chez ce malade une péritonite, une affection du pancréas assez analogue aux squirrhes et des vers vésiculaires dans le foie » Le foie, d'un volume très considérable, remplissait tout l'hypochondre droit, presque tout l'épigastre et une partie de l'hypochondre gauche. Son lobe droit surtout était extrêmement volumineux On y plongea le scalpel et il en sortit environ trois pintes d'un liquide puriforme, d'un jaune un peu verdàtre ce liquide contenait une grande quantité de vésicules aplaties Le kyste adhérait intimement à la substance du foie, auquel il paraissait aussi tenir en certains endroits par quelques vaisseaux biliaires, comme par des racines. Il y avait même au dedans du kyste une ouverture au fond de laquelle paraissait s'ouvrir un de ces vaisseaux. On oublia de vérifier le fait. » La vésicule biliaire contenait environ quatre gros d'un liquide à peu près semblable à celui du kyste, mais un peu plus vert et moins puriforme. Ce liquide contenait trois acéphalocystes semblables aux précédentes et d'environ 1 pouce de diamètre; la membrane muqueuse de la vésicule biliaire, celle des conduits cystique, hépatique et cholédoque étaient saines (1). » Comment expliquer la présence de ces hydatides dans la vésicule biliaire, car tout tend à prouver que ces entozoaires ne se dévelop- pent jamais dans des cavités muqueuses? D'un autre côté, il est très probable que l'action de la bile les altère et les fait périr prompte- ment. Nous nous expliquons leur présence dans la vésicule , par la pensée que ces hydatides se sont engagées dans un conduit biliaire ouvert dans le kyste; et en effet Laennec signale l'existence d'une ouverture au fond du kyste; les vésicules auront suivi ce conduit et (1) Laennec, Mém. cit., obs III, p. 130. klk AFFECTIONS VEIUHNEUSF.S DES CAVITES SEREUSES ' seront arrivées par le canal cyst.ique jusque dans la vésicule, pous- sées sans doute par la Iule qui y refluait. Les faits rapportés <'i- dessus, qui montrent que des hydatides peuvent cheminer dans les conduits de la bile» rendent cette explication très admissible. Nous ajouterons que Laennec fait la remarque que le liquide contenu dans la vésicule était à peu près semblable à celui du kyste. Quant au volume des hydatides, on sait que pour passer à travers des con- duits tels que les bronches, l'uretère ou l'urèthre, ces vésicules s'al- longent beaucoup et qu'elles reprennent ensuite leur forme sphérique. Obs. XCVII (Rcederer et Wagler). — Kysle communiquant avec un conduit biliaire, lombric dans le kyste. VI. — Nous avons rapporté le cas observé par Wagler d'un kyste hyda- tique communiquant avec un conduit biliaire. (Voyez cas XXXVII, p. 172.) Un ascaride lombricoïde venu de l'intestin était arrivé par ce conduit jusque dans le kyste; la voie lui avait très probablement été ouverte par'des hyda- tides qui, s'étant engagées dans les conduits, les avaient dilatés, et, sans doute, celles qui étaient encore contenues dans la poche eussent continué à prendre la même voie, si le malade n'eût succombé à la fièvre muqueuse. Le cas suivant nous montre des kystes communiquant avec plu- sieurs conduits biliaires; dans chaque kyste, l'un de ces conduits se rendait directement dans le canal hépatique; les autres étaient des branches périphériques qui amenaient la bile dans le kyste. La di- latation des conduits principaux, qui admettaient une sonde de femme, et celle du canal hépatique, qui avait acquis le volume de l'index, ne peuvent guère s'expliquer que par l'introduction et le passage des hydatides dans ces canaux. Obs. XCV1II (Saussier). VII. — « Au mois d'août 1839, entre à l'Hôtel-Dieu, salle Sainte-Jeanne, le nommé Hippolyte Shawliége, âgé de quarante à quarante-cinq ans, tail- leur. Ce malade a eu, il y a quatre ans, une pleuro-pneumonie à droite, qui céda au traitement antiphlogistique. Il s'était bien porté pendant deux ans, lorsque, vers la fin de l'année 1838, il me consulta pour une tumeur volu- mineuse, bilobée, fluctuante, qui avait son siège à la région épigastrique, et se prolongeait dans l'hypochondre droit, en remontant au-dessous du rebord des côtes. Croyant avoir affaire à une hydatide, je prescrivis des préparations mercurielles localement et à l'intérieur; une salivation survint sans modifier la tumeur; des préparations iodurées ne furent pas plus efficaces; cependant le malade continua son travail, éprouvant des douleurs modérées à la région épigastrique. NATURELLES OL' ADVENTIVES. — HYDAT1DES. &75 » Au commencement de l'année 4 839, il éprouva des douleurs plus vives, de la fièvre et des symptômes locaux de phlegmasie dans la région hépatique. Les accidents, combattus antiphlogistiquement, se calmèrent, mais il sur- vint un ictère des plus intenses ; le malade maigrit et tomba dans le ma- rasme ; la tumeur avait acquis un nouveau développement. La mort semblait prochaine, lorsque j'essayai l'application d'un large vésicatoire sur la tumeur. Dès lors cette tumeur s'affaissa sensiblement, l'ictère disparut, les forces re- vinrent, l'embonpoint se rétablit, le malade recommença à travailler. Au bout de quelque temps de cette convalescence, la tumeur, qui avait diminué de moitié environ, redevint douloureuse, l'ictère reparut, des frissons se mani- festèrent; les mêmes moyens furent employés, mais sans succès. » Au bout de quinze à vingt jours de cette rechute, le malade vint à l'Hôtel- Dieu. La lésion importante semblait encore bornée à la région du foie. Cet or- gane faisait, au-dessous des côtes, une saillie très prononcée, et descendait de 6 pouces environ plus bas qu'à l'ordinaire. Il formait une tumeur princi- pale, volumineuse, sur laquelle on apercevait immédiatement une tumeur se- condaire, dont le contour était facile à dessiner, parce qu'elle s'élevait brus- quement et en pointe. Celle-ci paraissait avoir 4 pouces de diamètre à sa base ; son sommet, large et convexe, soulevait les téguments d'une manière très évi- dente. Toute la région occupée par le foie rendait à la percussion un son complètement mat. Dans la tumeur secondaire on sentait une fluctuation bien caractérisée, sans crépitation ni frémissement, soit à l'oreille, soit au toucher. — L'abdomen, au-dessous de la partie occupée par le foie, n'était' pas déve- loppé et ne présentait rien qui méritât d'être noté. — L'état général du malade était encore assez satisfaisant: l'ictère, qui avait paru dans les premiers temps, avait disparu. — On employa, contre l'affection du foie, les moyens de trai- tement qui avaient déjà réussi ; des vésicatoires sur la tumeur et des pur- gatifs. Cette fois, on n'obtint aucune amélioration, même momentanée ; la tu- meur augmenta, l'ictère reparut ; il survint ensuite une diarrhée abondante, puis une ascite considérable, et le malade, déjà très affaibli d'autre part, finit par succomber dans un état de dyspnée considérable. Les selles n'avaient pas perdu tous les caractères qui annoncent, lorsqu'ils existent, que la bile con- tinue à passer dans les intestins ; elles avaient une couleur légèrement jaune, mais nous avions vu des matières fécales beaucoup moins colorées chez des malades qui ne présentaient pas d'ictère. » Autopsie. — L'abdomen seul nous présenta des phénomènes importants ; il contenait environ six litres d'une sérosité limpide. La muqueuse intestinale était pâle et excoriée en quelques points dans le gros intestin. — Le foie dé- passait de 6 pouces le rebord des côtes, et s'étendait jusque vers l'hypo- chondre gauche ; son volume nous parut augmenté de moitié. Sa couleur brune, normale, était remplacée par une teinte jaune foncé. On constata sur sa partie antérieure l'existence de la tumeur que l'on avait reconnue pendant la vie; mais il en offrit aussi un grand nombre d'autres. — Ces tumeurs étaient de deux natures ; les unes, très volumineuses, au nombre de trois, contenaient &76 AFFECTIONS VEUMINEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES du pus et des kystes (c'est-à-dire des vésicule?) acéphalocystes; les autres, dont les dimensions variaient d'une ligne à huit ou dix lignes de diamètre, ne contenaient que du pus. — Les trois grosses tumeurs occupaient, l'une la partio antérieure et inférieure, la seconde la partie supérieure, la troisième la partie postérieure du foie. Leur diamètre était de 6 pouces environ ; elles siégeaient toutes dans l'intériour do la substance du foie, mais faisaient à la périphérie une saillie plus prononcée que vers le centre ; une couche de la substance du foie les recouvrait là où elles auraient pu sembler n'avoir qu'une membrane peu épaisse pour paroi, c'est-à-dire à la circonférence de l'organe. — Ces tumeurs étaient remplies d'un pus très liquide, légèrement verdàtre, et dans chaque kyste on trouvait en outre cinq ou six acéphalocystes très volumineuses, dont les unes contenaient un liquide trouble, les autres une espèce de sérosité transparente ; quelques-unes de ces acéphalocystes étaient doublées par une couche très remarquable de matière biliaire concrète, brune, facile à écraser entre les doigts, laquelle formait aux hydatides comme une coque calcaire. — Les parois des trois tumeurs, constituées par un tissu fibreux de 2 à 3 lignes d'épaisseur, étaient elles-mêmes recouvertes de cette matière à leur intérieur, et, lorsqu'elles eurent été lavées, elles nous présen- tèrent une face interne blanche, réticulée, analogue, sous ce rapport, à la face interne des ventricules du cœur, et formée par des bandelettes fibreuses, de différentes dimensions, lesquelles, s'entre-croisant à l'infini, produisaient la disposition remarquable que nous venons de signaler, et que l'on rencontre d'ailleurs souvent dans les kystes ovariques en particulier. — La face interne, ainsi disposée, présentait une série d'enfoncements et de saillies plus ou moins considérables, et en cherchant à apprécier la profondeur des enfoncements, de ceux qui étaient les plus marqués surtout, nous fûmes frappés du résultat auquel nous arrivâmes : Une sonde de femme, introduite dans ces enfonce- ments, venait sortir à la face inférieure du foie; il en était de même de quel- ques-uns des petits, qui ne pouvaient admettre qu'un stylet. En examinant le point de la face inférieure du foie, par lequel les instruments se présentaient au dehors, nous ne fûmes pas peu surpris de reconnaître que c'était le canal hépatique qui avait acquis le volume de l'index. Nous fûmes certains de ne pas nous tromper à cet égard, lorsque nous eûmes mis en évidence à la fois, la veine porte avant son entrée dans le sillon transverse, la veine cave, le canal cystique et le canal hépatique. La 'sonde et le stylet démontraient donc que le canal hépatique communiquait directement, mais par des branches différentes, avec l'intérieur des kystes : dans chacun d'eux on trouvait un tronc particulier qui s'interrompait brusquement à son entrée, et dont le canal était remplacé par la poche elle-même. Le stylet, introduit dans d'autres enfoncements, ne sortait plus au dehors, mais se dirigeait vers d'autres points du foie, auxquels aboutissaient des ramuscules du canal hépatique. — Les tumeurs les plus pe- tites étaient en quantité innombrable; elles contenaient toutes un pus jaune vert, qui était en contact avec la substance même du foie; cette substance était généralement ramollie, surtout au niveau des abcès. En introduisant un NATURELLES OU ADVtN TIVES. — HYDATIDES. 477 Stylet dans quelques petites ramifications, on pénétrait facilement dans l'intérieur des abcès; mais comme la substance du foie était notablement ramollie, il était difficile de savoir si la communication était directe, ou si le stylet ne dé- chirait pas cette substance en pénétrant, quelques précautions que nous pris- sions. — Le canal cystique avait son volume ordinaire; la vésicule contenait un liquide jaunâtre, trouble, visqueux. » Il nout fut impossible de savoir comment les canaux cystique et hépatique se comportaient, soit relativement à eux-mêmes, soit relativement à l'intestin; le foie avait été emporté pour être examiné à loisir, et les canaux se trouvaient divisés avant leur jonction (1). » Le kyste s'ouvre quelquefois directement dans la vésicule du fiel ; une semblable communication existait dans le cas de Leroux rapporté ci-dessus (obs. XCV). Nous en verrons deux nouveaux exemples observés par MM. Bowman (obs. CI) et Budd (obs. CI II) ; dans le premier cas, les hydatides renfermées dans la vésicule avaient un diamètre plus considérable que celui de l'ouverture de communication, mais ce fait n'implique nullement que les vers cys- tiques ne provenaient point du kyste ; l'ouverture avait pu se ré- trécir depuis le passage de ces corps, ou plutôt ceux-ci s'étaient allongés pour la traverser, comme nous l'avons dit déjà à propos d'une observation de Laennec. L'introduction des hydatides dans la vésicule du fiel pourrait avoir pour effet la rétention de la bile, mais elle pourrait fournir aux vers par le canal cystique une voie d'élimination, surtout si, par l'existence de calculs biliaires, ce canal avait subi préalablement quelque dilatation. Le fait suivant ne nous paraît pas susceptible d'une autre interprétation : Obs. XCIX (docteur Perrin). — Tumeur dans la région du foie; hyda- tides et calculs biliaires rendus par les selles. VIII. — «Une demoiselle de cinquante ans, lymphatique, obèse, valétudi- naire, éprouva, à la fin de janvier 1846, de vives douleurs partant del'épi- gastre. Le 31 du mois suivant, elles reparurent subitement et avec violence, accompagnées de nausées et de vomissements. Ventre météorisé, douloureux, pouls petit, concentré. Des fomentations émollientes, huileuses, soulagèrent peu; mais un laxatif produisit d'abondantes évacuations alvines qui firent du bien. Cependant le foie dépassait les fausses côtes, et l'on croyait sentir une fluctuation au-dessous de celles-ci. La douleur forçait la malade à se pencher en avant. Trois semaines après, nouvelles douleurs plus violentes, plus lon- (1) Saussier, dans F. M. Barrier, De la tumeur hydatique du foie {thèse, p. 22, obs. I. Paris, 1840). 478 AFFECTIONS VERMlNÊU&Eâ DÈS OAVrTÉS SERF-USES gues. Los urines sont couleur rhubarbe. Efforts expulsifs qui amènent d'abon- dantes matières glaireuses, où se trouvent des hydatides et des concrétions friables. Pendant quatre mois, tous les trois septénaires, à jour fixe, coliques hépatiques, accompagnées d'évacuations abondantes dans lesquelles sont des hydatides et des calculs biliaires au milieu d'une bile gluante. Le 4 avril, eut lieu la dernière colique ; le foie restait douloureux et proéminent, ne pouvant supporter la moindre pression ; pas de fièvre. Un traitement varié et enfin une saison à Vichy, sur le conseil de M. Prunelle, amenèrent laguérison (1). » L'ulcération des conduits biliaires dans les cas d'hydatides du foie, et la communication de ces conduits avec le kyste sont sans doute un fait très commun. Nous en avons rapporté quelques exem- ples à propos des kystes du foie ouverts dans les bronches, et nous aurons occasion d'en rapporter encore plusieurs autres. Lorsque la bile a pénétré dans le kyste, on trouve souvent les hydatides rompues, vides, et plus ou moins fortement teintes par ce liquide. Dans le cas cité de Rœderer et Wagler (obs. XCVII), toutes les vésicules étaient intactes, il est vrai, mais elles n'étaient que légèrement colorées, et, sans doute, la communication du kyste avec les canaux biliaires était assez récente. Il est probable que le contact prolongé de la bile est une cause de mort pour les vers vési- culaires, mais l'invasion de ce liquide produit-elle la suppuration du kyste 1 c'est l'opinion de M. Cruveilhier, opinion partagée par M. G. Budd (2). Ce dernier auteur rappelle, à l'appui de cette ma- nière de voir, l'action irritante de la bile sur les membranes sé- reuses, puis il ajoute que les kystes du foie suppurent même sans qu'il y ait eu de pénétration de la bile dans leur cavité ; à ce sujet, il rapporte une observation dans laquelle de nombreux débris d'hy- datides nageaient dans un liquide puriforme et nullement teint par la bile. Dans ce cas, comme dans d'autres observés par MM. An- dral (3) et Cruveilhier (4), le liquide était sans doute de la matière athéromateuse et non du pus. Quant à l'action de la bile sur le kyste, nous avons vu une tumeur hydatique du foie communiquant avec les conduits hépatiques, et nous n'avons point trouvé de cor- puscules de pus dans les matières fortement colorées en jaune qu'elle contenait. (1) Trailé de Vaffeclion calculeuse du foie et du pancréas, par M. V. A. Faucon- neau-Dufresne. Paris, 1851, p. 292 (Extrait ôe V Union médicale, 1849, 20 fëv.). (2) Budd, ouvr. cit., p. 423. (3) Andral, Clin, cit., t. IV, liv. Il, ehap. 1, § 13 ; liv. II, obs. XLV. (4) Art. Acéphalocystes, cité p. 201, 208, 212, 215. NATURELLES OU ADVENTIVËS. — llYDATIfoÈS. Ul9 Nous ajouterons que le contact de la bile a été considéré dans ces dernières années comme favorable à la guéri son du kyste, et que l'injection de bile de bœuf, pratiquée à plusieurs reprises dans un kyste hydatique du foie, n'a pas donné lieu à la formation de pus (obs. CCXCVIII). Dans les cas où la tumeur hydatique du foie s'ouvre dans les bronches ou bien à l'extérieur, l'apparition de la bile dans les cra- chats ou par la plaie est un signe certain de la communication du kyste avec les conduits biliaires. La diminution rapide et sans cause apparente d'une tumeur hydatique du foie pourrait encore être un signe de cette communication; nous avons vu, dans le cas de M. Cadet de Gassicourt (obs. XCII), que la pression de la main, à l'autopsie, déprimait un kyste qui communiquait avec le canal cho- lédoque; et nous avons vu que dans les cas de Laennec (obs. XCVI) et de Saussier (obs. XCVIII), un affaissement de la tumeur du foie s'était opéré pendant la vie, fait dont les observateurs n'ont point cherché l'explication. Dans l'un et l'autre cas, l'autopsie montra une communication du kyste avec les conduits biliaires. Les kystes hydatiques du foie déterminent encore l'oblitération des conduits biliaires et l'atrophie partielle ou totale de la vésicule du fiel. Dans lecasdeWolcherus,rapportéparCamérarius (obs. CCLXXII), le méat biliaire, près de l'intestin, était oblitéré. Ruysch rapporte que chez un hydropique, dont le foie consistait entièrement en vé- sicules, il ne retrouva plus de rameaux de la veine porte, de la veine cave, de l'artère hépatique, ni des conduits biliaires (1). Dans un cas de Leroux, non-seulement la vésicule avait entièrement disparu, mais on ne trouva aucun vestige des canaux hépatique, cystique et cholédoque (obs. XC). Dans celui de Cadet de Gassicourt (obs. XCII) le canal cholédoque était en partie oblitéré ; dans un autre cas de Leroux (obs. XCV), le conduit cystique ne put être retrouvé. Quant à la vésicule du fiel, nous avons vu, dans le cas de Neu- court. qu'elle était réduite à une petite poche remplie de bile verte (obs. IV) ; Lassus n'en trouva point chez un individu dont le kyste s'était ouvert dans le péritoine (obs. CVI) ; enfin nous constaterons encore son absence dans un cas de M. Mesnet (obs. CCXCI). (I) Ruysch, op. cit., Thés, anal., I, u° 12, p. 23. Ruysch, conclut de ce fait que non-seulement les vaisseaux lymphatiques, mais aussi les vaisseaux sanguins dégénèrent en hydatides. /|80 AFFECTIONS VjEHMINEUSES DES CAVITÉS SKl'.EUSES CHAPITRE III. ACTION DES HYDATIDES DU FOIE SUR LES VAISSEAUX SANGUINS. Nous avons vu que l'inflammation s'empare quelquefois des tissus qui avoisinent le l5, §111, p. 1797. 502 AFFECTIONS VEUMINEÙSES DES CAVITÉS SÉREUSES hydatides au nombre de quatre ou cinq, do la grosseur d'un œuf de pigeon. BIlèB étaienl intactes ou crevées; chaque garderobe en amenait autant. La tu- meur de l'hypochondre s'affaissa ; il survint une nouvelle tumeur à 1 epigastre, qui fut ouverte par le chirurgien Brillouet, avec la potasse caustique; il en sortit du pus et des hydatides en grand nombre ; le foyer se vida peu à peu et cinq mois après, la malade parut guérie. Une nouvelle tumeur apparut près de l'appendice sternal ; elle s'ouvrit spontanément. Il survint encore un autre abcès auprès de ce dernier; il en sortit du pus sanieux et beaucoup de bile, puis deux esquilles, qui parurent venir du sternum ; enfin la guérison se fit. — Celte femme passait dans son quartier pour pondre des œufs (I). Obs. CXXX (Blatin). — Masse d'hydalides? rendues par l'anus. — Fré- missement hydatique (1 801 ). VII. — U s'agit d'une femme âgée de vingt-huit ans, qui, après avoir éprouvé pendant quelque temps des dérangements dans les menstrues, fut prise de refroidissement des extrémités, de crampes, etc. (1801). « Abdomen du volume d'une grossesse de sept mois, sans fluctuation ; la percussion lui fai- sait éprouver un mouvement de totalité avec tremblotement semblable à celui qu'eût présenté une masse de gélatine. Le toucher n'indiquait ni gestation, ni augmentation quelconque du volume de l'utérus » La malade éprouvait des nausées, des coliques atroces, des syncopes, une constipation opiniâtre, etc. A la suite d'un lavement purgatif, « elle rend par l'anus, dans l'espace d'une heure et demie, environ dix-sept livres d hydatides mêlées à une grande quan- tité de sang et d'excréments... les plus grosses avaient le volume d'une petite noisette, les plus petites celui d'un pois; elles adhéraient les unes aux autres par un tissu filamenteux lâche et très abreuvé ; elles étaient blanches, formées par une membrane d'un blanc argentin, remplies d'une sérosité limpide et incolore, dans quelques-unes ce liquide étaitjaunâtre » Immédiatement après cette évacuation, la malade éprouva des syncopes et une hémorrhagie intestinale assez copieuse, elle se rétablit ensuite complè- tement (2). Obs. CXXXI (docteur Deciedx). — Hydatides rendues avec les selles; incision du kyste; guérison. VIII. — « Un homme avait depuis plus de vingt ans des obstructions; il y a sept ans il rendit des hydatides par l'anus. Les trois quarts de la partie (1) Ce cas a été rapporté par trois auteurs différents avec quelques variantes ; mais les circonstances de l'âge, de l'année, de l'hôpital, etc., ne laissent point de doute qu'il ne s'agisse du même cas. — Brillouet, Observ. sur la sortie d'un grand nombre d'hydalides par l'anus, suivie d'accidents graves (Journ. de Corvisart, Boyer, etc., t. VII, p. 237, an XII. — Leroux, ouvr. cit., t. III, p. 193, obs. X. — Mérat, Dict. des se. médic, art. Foie). (2) Blatin, médecin à Clermont (Puy-de-Dôme), dans Mcm. de la Soc. médic. d'émulation, 1802, ann. VI, p. 165. NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. 503 supérieure de l'abdomen étaient occupés par une lumeur bosselée dont le siège était difficile à déterminer. Deux mois environ avant l'époque où celte observation est écrite, le malade ressentit de vives douleurs dans l'abdomen et un mouvement fébrile s'alluma. Sept semaines après l'apparition de ces nouveaux symptômes, une des bosselures les plus saillantes de la tumeur de- vint fluctuante ; le malade y éprouvait de très vives douleurs. Une incision fut pratiquée sur le sommet de la tumeur: il en sortit par jet une assiette de pus et un liquide brun semblable à celui que l'on rencontre quelquefois dans les kvsles de l'ovaire; il en sortit de plus des membranes de plusieurs pouces de longueur, molles, friables, que M. le docleur Decieux, auteur de cette observation, regarda comme des débris d'hydatides. Tendant les quatre jours suivants, du pus et des hydatides s'écoulèrent d'abord en abondance. A l'époque où ceci est écrit du pus seulement s'écoule sans mélange d hydatides; l'abdomen est souple, peu douloureux, toutes les bos-elures ont disparu ; le malade est très faible, mais sans fièvre; les évacuations sont libres (1). » Obs. CXXXII (docteur Th. Thompson). — Hydatides rendues avec les selles; ëchinocoques dans les hydatides. IX. — Un homme âgé de vingt-sept ans, avait depuis six mois (nov. 1 845) les symptômes d'une maladie du foie. Cet organe distendait le côté droit de la poitrine et descendait jusqu'à l'ombilic. Des vésicules, qui furent reconnues pour des hydatides, sortirent avec les selles et le foie diminua rapidement de volume. Des échinocoques furent reconnus dans quelques-unes des hydatides. Le malade était alors amaigri et jaune, mais sans fièvre ; l'expulsion des vési- cules n'était point accompagnée de vomissements ni de diarrhée; d'où l'on peut conclure, dit M. Budd, que le liquide des hydatides n'est pas un irritant violent pour la membrane muqueuse du tube digestif comme il l'est pour d'autres membranes. L'expulsion des hydatides continua encore quatre ou cinq semaines ; elle cessa alors et l'état du malade s'améliora. Quatre mois après, l'état général était très satisfaisant; il restait sous les fausses côtes droites une douleur qui revenait par intervalles; mais le foie ne faisait point de saillie sous le rebord des côtes et l'on n'y sentait point de tumeur (2). Obs. CXXXIII (Guillemin). X. ■ — Homme âgé de soixante ans; tumeur de l'hypochondre droit; ex- pulsion d'un grand nombre d'hydatides par les selles ; disparition de la tu- meur; guérison (3). v (1; Andral, Clin, cit., t. IV. liv. II, obs. XLV, in Scholiis, 1827, p. 321. (2) Docteur Theophilus Thompson, in Budd, ouvr. cit., p. 443. (3) V. Guillemin, Note sur un bruit particulier produit par les acéphalocystesau moment de leur expulsion, du sac qui les contient, dans la cavité intestinale (Gaz. méd. Paris, 1847, p. 770). 506 AFFECTIONS VliRMINEl'SES DES CAVITÉS SÉREUSES Ons.CXXXIV ( ?). XI. — Homme âgé de vingt-quatre ans. Coliques clans la région du foie, il y a quatre ans; nouvelles coliques, il y a deux mois, puis à l'époque de son entrée à l'Hôtel- Dieu Douleur au foie par la pression, rénitence, point de fièvre: apiè- quelques jours, coliques extrêmement violentes accompagnées de cris, diarrhée avec évacuation d'hydatides, cessation des coliques ; les hy- datides ont la grosseur d'un pois à celle d'une noisette, la plupart sont ou- vertes. Le lendemain et deux jours après, nouvelles évacuations semblables. Sortie quinze jours après, guérison apparente (1). Obs. CXXXV(R. Thompson). XII. — « Un cordonnier âgé de trente-six ans, d'habitudes tempérées, consulta M. Thompson en novembre 1848, étant souffrant d'une affection chronique du foie ; cet organe était un peu augmenté de volume Il con- tinua depuis lors à aller de pis en pis, le foie devint énormément hyper- trophié, se prolongeant en bas jusqu'à l'ombilic, à gauche jusqu'à l'hypo- chondreet soulevant fortement les côtes à gauche et à droite; la respiration était accélérée la jaunisse finit par se déclarer et les fèces prirent une teinte argileuse. » Le 7 février dans la matinée, ML Thompson fut appelé en toute hâte par cet homme qui disait que quelque chose venait de se rompre au dedans de lui ; quand il arriva il trouva qu'une grande quantité d'hydatides étaient sorties par le rectum. Le foie diminua de volume et le malade, quoique ayant été très épuisé sur le moment, se sentit mieux au bout d'une heure. Maintenant il reprend une physionomie plus naturelle: aucun symptôme fâcheux ne s'est manifesté jusqu'ici (2). » Obs CXXXVI (Dupont). XIII. — « Une femme, jeune encore, était affectée depuis quatre mois d'une tumeur hydatique du foie qui augmentait très rapidement de volume et qui menaçait de causer l'asphyxie; l'oppression était extrême; il y avait un peu de bronchite, dont on put heureusement se rend'e maître. Le foie pré.-entait d'abord trois bosselures, puis ces trois bosselures disparurent, t la distension de la tumeur devint extrême. Le docteur Dupont, qui avait diagnostiqué un ky32 AFFECTIONS VERMINEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES njoulant seulement à chaque dose un demi-scrupule de sesquicarbonate do soude. » Le K) novembre, il rendit quatre vésicules; l'urine no devint pas rouge à la suilo. Le passage de ces vésicules était cependant précédé par une forte douleur dans la région du rein gauche, par l'émission de plusieurs caillots de sang et par une diflicullé considérable à uriner. En cette circonstance, il prit dix-neuf gouttes de térébenthine en deux heures, mais à doses fractionnées. Bientôt après avoir pris ce médicament, la douleur du rein gauche cessa sou- dainement et en même temps le malade éprouva une sensation de quelque chose qui se brise dans le rein. Il se plaignit ensuite d'une douleur dans la région iliaque gauche qui persista pendant plusieurs heures et qui cessa aussi soudainement que la première. Après cela, toutes les émissions d'urine furent accompagnées de douleurs dans l'urèthre qui annonçaient l'expulsion de vé- sicules par ce canal. Celles qui passèrent alors étaient plus volumineuses que les précédentes ; après leur expulsion toute douleur cessa, le malade revint à la santé et ne conserva plus qu'une douleur passagère dans la région lom- baire, particulièrement du côté gauche, depuis la date indiquée (1 6 novembre) jusqu'au 9 décembre de la même année. » Le 9 décembre, il rendit cinq vésicules toutes d'une plus petite dimen- sion que les précédentes ; il n'en évacua plus d'autres jusqu'au 31 décembre; ce jour-là, il s'éveilla avec une douleur aiguë dans la région des reins et avec tous les symptômes qu'il avait déjà éprouvés le 1 6 décembre. Dans la journée, il ne rendit pas moins de vingt vésicules, savoir : une à huit heures du matin, onze à une heure du soir, cinq à sept heures du soir, et trois à onze heures du soir. Auparavant et depuis lors le nombre des vésicules rendues n'a jamais été de onze à la fois. Ces corps qui se succédaient rapidement avaient quel- quefois la grosseur d'une petite noix. L'urèthre resta sensible pendant quel- ques jours, mais la douleur des reins était beaucoup moindre. » Le 1er janvier 1 85S, une seule vésicule fut rendue le matin. Le 2, il en sortit deux autres, une le 3, et deux le 10. Depuis celte date (10 janvier) jusqu'au 23 juillet, tous les phénomènes décrits ci-dessus n'ont jamais com- plètement cessé. Le nombre des hydatides rendues dans cet intervalle fut de soixante et dix à quatre-vingt. Le 23 juillet, le malade rendit une grande vési- cule ; le 9 novembre, il rendit une membrane qui parut être une portion d'une grande hydatide; le 1 1 , il en rendit une entière et de grosseur moyenne. Depuis cette date jusqu'aujourd'hui (8 décembre) aucune autre vésicule ne fut rendue. Le malade continue à prendre des médecines diurétiques, et lorsque la dou- leur est plus violente que d'habitude, il prend une dose de térébenthine. » Avant le 23 juillet, la douleur dans la région iliaque que le malade com- parait à quelque chose qui se détache, et que j'attribue au passage des vési- cules de l'uretère dans la vessie, cessait quelquefois tout à coup. Elle était toujours restée confinée dans le côté gauche; depuis cette date, le soulagement n'a pas été aussi fréquent ni aussi complet, en sorte que le malade s'attend journellement à rendre de nouvelles vésicules. Dernièrement, il ressentit des NATURELLES OU ADVEM1VES. — HYDATIDES. 533 douleurs dans la région du rein droit; mais l'examen le plus attenlif ne fit découvrir aucune tuméfaction des parties (1). » Obs. CXCII (J. J. Évans). XII. — « M... S .., âgée de vingt-six ans, fille et couturière, de stature petite et délicate et dont les parents étaient morts jeunes, me consulta pour la première fois en novembre 1 847, après avoir eu les soins d'un autre médecin. Elle se plaignait d'une douleur aiguë dans le côté droit, au-dessous du rebord des côtes; cette douleur était par moments très vive et par moments obtuse. Elle avait des envies de vomir presque continuelles et ne pouvait supporter la moindre compression ni sur le côté, ni à l'épigastre. D'après l'examen et la nature des sécrétions, je pensai qu'il s'agissait d'une affection bilieuse. En conséquence je prescrivis des purgatifs mercuriaux. Je ne trouvai qu'un léger gonflement du côté malade. Un ou deux jours après, la douleur et les nausées ayant diminué, elle quitta le lit et reprit ses occupations ordinaires. Le jour suivant, elle éprouva beaucoup de difficulté à rendre ses urines, dont la quan- tité avait diminué depuis quelques jours, et eile observa que cette urine était légèrement opaque au moment de l'émission et qu'elle contenait des lambeaux de membranes. L'examen de ces lambeaux me fit découvrir des fragments de vésicule appartenant à une grande hydatide, tandis que beaucoup de petites flottaient dans l'urine ; ces dernières étaient entières et variaient de la dimen- sion d'une tête d'épingle à celle d'un grain de raisin; elles étaient libres et isolées. D'après la grandeur des lambeaux, je dois conclure que quelques- unes des hydatides étaient de la grosseur d'un œuf. La malade paraissait assez bien et je cessai de la traiter, lui ayant expliqué la nature de sa ma- ladie et la possibilité d'une récidive. » En février 4 850, je la trouvai souffrant d'une forte douleur dans le côté- l'examen me fit constater l'existence d'une tumeur lobulée, ayant en appa- rence 8 pouces de longueur sur 4 de largeur et d'épaisseur, tumeur située dans la région du rein droit. — Après l'usage de médicaments anodins et émollients, elle dimii ua graduellement, quoique là douleur du côté persiflât. Le jour suivanl, plusieurs centaines d'hydalides furent rendues avec les urines. » En mai 1854. la malade eut u> e nouvelle at'aque, mais ell-' ne rendit que quelques hvdali les. En nirirs 1853, en fé.rier et juillet I Soi, ell« eut d'autr s • eclmle-i. Celte dernier* f« i>, elle rendit \ giand no-i l>ie o hyda- tides dn1 quelques-unes avaient u"e gros.-eur cotK-idérab'e. I. ui.e d'eues avait lel'ement obsln.é l'uièihrp q'nl f ail- . en .ai.e l'extia.t on. La tumeur située dais lecôéavaii comp éte.nent di-paru et n'a pas repaïuj sju'a ( ré- senl (novembre 1855) (2); » (I) T Hcrlrrt Barker, On cyslic eiUozoï in Ihs human kid..ey, read before Ihe med. Suc. ol Londun, 15 décembre 18j5. (2j J.-J. Evans, in Herbert Barker, Mém. cit., p. 10. f>34 AFFECTIONS VERMINEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES C. — Kyste du rein ? ouvert dans les conduits urinaires et l'intestin. XIII, XIV. — Voyez le cas de Pascal (obs. CXLIII) et celui de Barthez (obs. CXLIV). D. — Kyste ouvert dans la vessie. (Voyez section V. — Hydatides du petit, bassin.) E. — Hydatides rendues avec l'urine ; origine inconnue. Obs. CXCIII et CXCIV (Warthon ; — Houillier). XV, XVI. — < Houillier dit avoir vu un homme qui, après plusieurs jours de vives souffrances, rendit avec les urines des globules transparents en forme de gelée ; Warthon a vu aussi des hydatides être rendues avec l'urine (4). » Obs. CXCV (Duncan). XVII. — Ouvrier, vingt-sept ans ; sentiment de faiblesse dans la région lombaire droite; fragments d'hydatides rendus avec l'urine, il y a un mois; plusieurs sont rendus dans le cours du mois suivant ; une vésicule intacte en contenait une autre à l'intérieur. Urines normales. Rien des suites (2). Obs. CXCVI (Brachet). XVIII. — « Un homme, âgé de vingt-huit ans, ayant jusque-là joui d'une bonne santé, fut tourmenté de douleurs hypogastriques et d'ischuries qui se terminaient par un gros jet d'urine. M. Brachet constata que ce gros jet d'urine qui terminait les ischuries était une émission d'hydatides. Une fois, une douleur très vive étant causée par une hydatide arrêtée dans le canal, ce mé- decin perça la poche membraneuse avec une sonde à dard, et l'émission d'urine se fit librement (3). » Obs. CXCVII (Barthez). XIX. — « M. Barthez fait voir des lambeaux d'hydatides rendus avec le* urines et venus probablement des reins (4). » Obs. CXCVIII (Mùller et Hecker). XX. — Miïller a vu un cas où des échinocoques, venant sans doute des (1) Warthon, Adenographia, 1856, in-8. — Hollerii, Op., lib. I, De morbis internis. Paris, 1664, cap. 50, et Rayer, ouvr. cit., p. 558. (2) Duncan, Liverpool medic. Journ., juillet 1834, et Gaz. des hôpitaux, 1834, t. VIII, p. 605. (3) J.-L. Brachet, Obs. sur une émission d'hydatides avec les urines (Revue mé- dicale, 1831, t. IV, p. 105; extrait des Transactions médicales, septembre 1831). (4) Barthez, Bull, Soc. anal., 1836, p. 172. NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. 535 reins, furent rendus avec l'urine. Le malade était traité par le professeur Hecker. Point de renseignements sur la maladie (I). Obs. CXCIX (docteur Jones, de Londres). XXI. — «M. Jones montre à la Société pathologique de Londres des hy- datides expulsées avec l'urine, les unes entières et grosses comme des noi- settes, les autres rompues; elles contenaient des échinocoques. Les hydatides parurent après neuf jours de phénomènes graves ; quatre jours après, il en parut une autre; il ne reste plus maintenant dans l'urine que de l'oxalale de chaux. » Absence de détails sur la maladie (2). Obs. CC (Fleckes). XXII. — Hydatides de la vessie? (3). F. — Hydatides (ou cysticerques?} rendues avec l'urine. Obs. CCI (Parmentier). XXIII. — « Parmentier a publié un cas d'hydatides des reins rendues par l'urèthre, observé chez un jeune homme de vingt ans qui finit par se ré- tablir après l'évacuation d'un grand nombre d'hydatides La pression de ces vers avec le doigt, dit M. Parmentier, en faisait saillir la tête dont il me fut facile de distinguer au microscope la forme et les annexes (4). » Obs. CCII (Weitenkampf). XXIV. — «Une jeune fille de vingt-deux ans, bien réglée, qui souffrait depuis longtemps d'un catarrhe chronique de vessie, fut prise subitement, par suite d'un refroidissement, d'une aphonie complète avec douleur dans le larynx et dans la trachée, sans fièvre. Des moyens révulsifs puissants la réiablirent complètement, mais à cette maladie succéda une très grande difficulté dans l'émission de l'urine, avec strangurie, phénomènes qui persistèrent jusqu'à ce que la malade rendît tous les quatre ou cinq jours une quantité notable d'hy- datides par l'urèthre. Elles variaient, depuis la grosseur d'un pois jusqu'à celle d'une noisette, et leur nombre était de 50 à 60: l'inspection avec la loupe prouva qu'elles étaient vivantes . Après chaque éjection, la strangurie cessait pour reparaître bientôt après, et persister jusqu'à ce qu'une nouvelle quantité d'hydatides eût été rejetée. Cela dura plusieurs mois, et les forces de la malade diminuèrent considérablement. Un régime fortifiant combiné avec (1) J. Mûller, Archiv fur Anatomie und Physiologie, 1836, et Livois, thèse cil., obs. II. (2) Jones, Mém. cit., p. 311. (3) Fleckes, Wiener medicinische Wochenschrifl, 1855, n° 3, 9, indiqué dans Gaz. hebdom., avril, 1855. (4) Parmentier, Nouv. Biblioth. méd., 1829, t. IV, p, 412. cité par Rayer, p. 558, 559. 536 AFFECTIONS VERMINLUSF.S DES CAVITES SÉREUSES les anthelminthiques Fut employé avec succès, et la malade guérit tout à fait par l'usage de l'huile de Chabert (l). » t Le docteur Créplin, dit M. Rayer, frappé de celte dernière circonstance (qu'elles étaient vivantes), demanda des renseignements plus précis au doc- teur Weitenkampf, desquels il sembla résulter que ces hydalides étaient des cysticerques (2). » Les cysticerques développés dans le parenchyme des organes, chez l'homme, étant généralement isolés dans un kyste, il serait difficile de comprendre qu'ils se présentassent en grand nombre dans les urines. SEPTIÈME SECTION. HYDATIDES DES ORGANES SUPERFICIELS. Les hydatides se développent rarement dans les parois du tronc et plus rarement encore dans les membres; elles sont également très rares dans les organes placés superficiellement, tels que ceux de la face et les organes génitaux extérieurs. A. — Hydatides des annexes de l'œil. Nous rapporterons, à propos des affections vermineuses de l'œil, plusieurs observations d'hydatides développées dans l'intérieur même du globe oculaire. Les cas de ces vers, observés dans l'orbite ou dans les paupières, sont rares, et probablement quelques-uns de ceux qui ont été rapportés aux hydatides appartiennent aux cysti- cerques ou aux kystes séreux. Les accidents déterminés par les hydatides intra-orbitaires sont analogues à ceux que déterminent des tumeurs d'une autre nature qui se développent dans la même région. Obs. CCÏII (Adam Schmidt). — Glande lacrymale. I. — « Adam Schmidt a observé une hydatide dans h glande lacrymale, » dit Bremser (3). (1) Wochenschrift von Casper, 1836, n°45, et Arch. de méd., 1837, 3° série, t. I, p. 367. (2) Muller's Archiv fur anal, etc., Heft II, S. 149, 1840, cité par Rayer, p. 559. (3) Joh. Adam Schmidl, Ueber die Krankheiten des Thraenenorgans. Wien, 1803, lab. II, S. 73, cité par Bremser, p. 305. NATURELLES OU ADVENT1VES. — HYDATIDES. 537 Obs. CCIV (Lawrence). — Orbite, H — « Le malade qui se présente à cette infirmerie, se plaignait d'une dou- leur et d'une tension violente au fond de l'orbite : il y avait une légère exophlhalmie; c'est ce qui me fit croire qu'il existait une tumeur nu fond de l'orbite... Le malade quitta l'infirmerie; il n'y revint qu'au bout d'un an, offrant, alors une projection plus prononcée du globe oculaire et une saillie évi- dente derrière la paupière supérieure; je reconnus facilement que la tumeur était fluctuante, j'y pratiquai une ponction pour voir ce qu'elle contenait ; il s'en écoula une cuillerée d'un fluide aqueux, dont l'issue soulagea le malade. Au bout d'une semaine, je remarquai que quelque chose faisait saillie à tra- vers l'ouverture ; je saisis ce corps avec des pinces, et je vis sortir une hyda- tided'un volume considérable. Les jours suivants, il en sortit encore d'autres et alors j'injectai de l'eau tiède par l'ouverture faite à la paupière, et je fis sortir environ plein la moitié d'une tasse à café d'hydatides de différents vo- lumes. Le kyste étant venu à s'enflammer suppura et ne tarda pas à se fermer et à se cicatriser; l'œil reprit sa place dans l'orbite, mais il ne recouvra pas la faculté de voir ; du moins le malade se trouva délivré des douleurs atroces dont l'orbite et la tête étaient le siège, et sa santé se rétablit parfaite- ment (1) » Obs. CCV (Goyrand). — Orbite. III. — Chez un enfantdeonze ans, l'œil gauche repoussé en avant vers le nez, est saillant hors de l'orbite, immobile, son axe dirigé en dehors; les paupières distendues ne recouvrent l'œil qu'en partie, et leur bord libre renversé en dedans tourne les cils contre cet organe. La conjonctive est injectée, la cornée légèrement opaque, la vue affaiblie. Les douleurs paraissent le résultat de la compression et de la distension des parties. Le début de l'exophlhalmie re- monte à deux ans. L'œil a son volume normal ; une tumeur qui le déplace fait saillie au côté externe de la base de l'orbite; elle est dure, rénitenle, avec une fluctuation obscure. Incision de la tumeur, issue d'un liquide limpide; excision d'un lambeau du kyste, extraction d'une hydatide solitaire, fléirie, du volume d'une noix. L'œil rentre dans l'orbite, application d'eau froide, gon- flement considérable, écoulement purulent, abondant; retour des parties dans leur situation normal'", >auf la persistance d'un léger strabisme. Guérison de la ronj nciivite. de l'opacité de la cornée ; vue notablement améliorée (2). Obs. (XVI (Ansiacx). — Orbite. IV. — Il s'agit d'un garçon, âgé <\r huit ans. qui avait une tumeur à la | artie externe et inférieure de 1 orbiie gauche. E le existait depuis six mois, et était (1) W. Lawrence, Traité pratique sur tes maladies des yeux, trad. Paris, 1822, part. III, cliap. 14. (2) Goyrand, chirurgien d'Aix, Ann, de la chir. franc. , 1843, et Bull, thérap., t. XXV, 230. 538 AFFECTIONS VEKMINEIISES DES CAVITÉS SÉREUSES située entre les muscles droit inférieur et droit externe; l'œil était dévié en haut et en dedans ; ses mouvements étaient f^énés, la conjonctive était en- flammée. Une incision donna issue à une hydatide du volume d'une noisette: point de détails sur sa structure (1). V. VI. VIL — A la suite de cette observation, M. Ansiaux faitmention de cas semblables observés par Welden, Delpech, Garcia Romeral (Madrid, 1 845). VIII. IX. — M. Velpeau,à l'article Oruite du Dictionnaire de médecine, parle de deux autres cas observés l'un par Gutlirie et l'autre par Travers (2). Obs. CCVII (J. Cloquet). — Paupière. X.' — « M. J. Cloquet a fait l'extirpation, chez une petite fille de quatre ans, d'une tumeur développée sous la paupière supérieure de l'œil, vers le grand angle, ayant le volume d'une petite noix et qui s'est trouvée être une hydatide contenue dans un kyste fort mince. Derrière ce premier kyste s'en trouvait tin deuxième plus épais, fibreux, rempli d'un liquide albumineux (3). » B. — Hydatides de la face. Obs. CCVIII (Ph. Ricord). — Hydatide? de la fosse canine. I. — Un enfant âgé de deux ans, offrait, depuis l'âge de six mois, une tumeur régulière, dure, élastique, mobile, indolente, située dans la fosse canine; cette tumeur causa de l'inflammation dans les parties voisines. Une ponction fut faite avec la lancette, il sortit du pus et « un kyste blanchâtre se présenta entre les lèvres de la plaie... C'était une hydatide acéphalocyste, de la gros- seur de l'extrémité du petit doigt, parfaitement sphérique, composée d'une membrane très mince, d'un blanc opalin, demi-transparente, offrant sur une partie de sa circonférence un point épaissi, blanc, opaque, et renfermant dans son intérieur un liquide aqueux, incolore... » La poche contenait encore du pus qui fut évacué par la compression, et cinq jours après la plaie fut fermée (4). » II. — Voyez l'observation VI (Reynal). (1) Ansiaux de Liège, Cas d'hydatide solitaire de l'orbite {Médical Times et Gaz. des hôpit., 1854, p. 514. (2) Guthrie, Maladies des yeux, p. 148-157.. — Travers, Maladies des yeux, p. 229-235 (cités par Velpeau, art. Orbite, Dict. de méd. en 30 vol., 1840, p. 309). (3) Acad. roy. de méd. , séance du 25 janv. 1827 (Archiv. gén. de méd., t. XIII, p. 293). (4) Philippe Ricord, Observ. d'une hydatide acéphalocyste développée dans la fosse canine [Arch. yen. de méd., 1825, t. VIII, p. 327). Le poiut épaissi, blanc et opaque, qui se trouvait sur la paroi de la vésicule, pourrait faire croire qu'il s'agit d'un cysticerque. NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. 539 C. — Hydatides de la bouche. Obs. CCIX (Lefoulon). — Gencive. I. — « Il y a deux ans environ que M. C. s'était fait extraire la troisième dent molaire inférieure qui était cariée ; trois mois après, une petite tumeur se montre sur la gencive de la dent enlevée ; elle est douloureuse, incommode durant la mastication ; son volume est progressif au point d'égaler par la suite un petit œuf de perdrix, et obliger le malade à rester souvent la bouche béante. Sa présence a déjeté la quatrième molaire en arrière et en dehors, la deuxième en avant et en dedans; cette dernière dent est cariée. La tumeur est couverte par la muqueuse gengivale qui paraît saine; elle offre de la fluc- tuation à son centre. » M. Lefoulon extrait l'une des dents déplacées, et la tumeur se vide sur- le-champ, l'opéré crache avec du sang trois petits corps arrondis et parfaite- ment transparents. Us avaient chacun le volume d'un gros pois; leur consis- tance était comme gélatineuse ; ils contenaient un liquide incolore et transpa- rent comme de l'eau; examinés attentivement par plusieurs médecins, ces corps ont été reconnus pour des acéphalocystes (1). » Obs. CCX (Robert). — Amygdale, incision, mort. II. — « Un homme éprouvait une grande gêue dans la déglutition, l'arti- culation des sons et même la respiration, causée par une tumeur développée dans l'amygdale gauche. Cette tumeur n'avait acquis que peu à peu le volume qu'elle présentait au momenl de l'observation. On crut à l'existence d'un abcès chronique; une large incision est pratiquée; aussitôt avec un flot de liquide transparent s'échappe une membrane blanche, élastique, arrondie en poche, qui présentait tous les caractères d'une acéphalocyste solitaire. — Cet individu succomba bientôt aux suites de cette opération. Sa mort fut occa- sionnée, dit-on, par une gastro-entérite. » A l'ouverture, on trouva une vaste poche creusée au niveau de l'amyg- dale qui avait disparu ; il existait dans l'abdomen une tumeur absolument sem- blable (2). » D. — Hydatides des parties antérieure et latérale du cou (hydatides du corps thyroïde? }. Obs. CCXI (Laennec). — Kyste hydatique du col, ouvert dans la trachée. I. — « Un portier, âgé de cinquante ans, entra à l'hospice de l'École, le (1) Lefoulon, chirurgien-dentiste, Jour», hebdom. de méd., 1836, t. IV, p. 151, et Gaz., méd., t. IV, p. 778.' A propos de ce fait, le rédacteur de la Gazette médicale cite des observations de kystes hydàtiques développés dans plusieurs organes, la langue, l'ovaire, la ma- trice, etc. ; mais l'auteur confond évidemment des kystes de nature diverse. (2) Cité par Cruveilhier, Dictionn. de médecine, art. Acéphalocystes, p. 264. 540 AFFECTIONS VERMINEUSE5 OF.S CAVITÉS SÉREUSES 30 pluviôse, an xi. Il avait au côté droit du cou une tumeur, du volume et à peu [nés de la figure d'un œuf d'oie. Cette tumeur s'étendait transversalement depuis la partie inférieure do la ligne médiane antérieure du cou jusque vers l'angle de la mâchoire inférieure. Le professeur Dubois reconnut qu'elle était enkystée. » Vers le soir on s'aperçut que le malade éprouvait de l'oppression ; un moment après il perdit connaissance, la respiration et le pouls devinrent presque insensibles, et le malade expira sans agonie au bout de deux ou trois minutes. » Autopsie. La tumeur, de forme ovoïde, longue de sept travers de doigt, épaisse de quatre vers sa partie moyenne, recouvrait par sa partie interne et postérieure le côté droit et un peu la partie antérieure du larynx et des pre- miers cerceaux cartilagineux de la trachée-artère, les vaisseaux et les nerfs profonds du cou; antérieurement elle était recouverte par le muscle sterno- mastoïdienet un peu inférieurementparles sterno-hyoïdien et sterno-thyroïdien du côté droit; elle refoulait à gauche le lobe droit de la glande thyroïde qui était petit et allongé. Cette tumeur était formée par un kyste qui renfermait une acéphalocyste du volume d'un œuf de poule, une seconde de la grosseur d'une noix, et plusieurs petites. » Le kyste qui contenait ces vers vésiculaires était épais d'environ deux lignes dans toute son étendue. » A l'endroit où la tumeur recouvrait le larynx et la trachée, on voyait une ouverture ronde de 4 lignes (8 millim.) de diamètre, qui pénétrait dans la trachée-artère, de manière qu'une partie du cartilage cricoïde, le premier cerceau cartilagineux de la trachée et une partie du second, étaient détruits et comme usés en cet endroit. Le kyste adhérait fortement au contour de cette ouverture, la membrane muqueuse de la trachée y formait de petits lambeaux. Elle était d'un rouge écarlaie foncé, depuis la glotte jusqu'à la division des bronches (il régnait alors un catarrhe épidémique). Cette rougeur occupait toute l'épaisseur de la membrane muqueuse... Les autres parties du corps n'offraient aucune lésion remarquable (1). » Obs. CCXII (Lieutaud). — Kyste hyda tique du col, ouvert dans la tra- chée. — Hydatides du ccrjis thyroïde ? II. — « Une jeune fille, âjiée de dix-huit ans, s'ap°rçut d'une tumeur placée à la région antérieure et inférieure du col Celle tumeur augmei le peu à peu pendant dix an», au bout des :u;ls elle devient -i considérable, ou plutôt caus- des riccide- ts Je suff.>c lion si graves, que la malade se dé ide à venir chercher du secours à l'nôp t • I de Versailles, dont Lieulaud éiaU alors mé- decin La situation de la tumeur ne lui permit pas de douter que la glanJe thyroïde n'en fût le ;-iége. Cette glande était très saillante, mais peu doulou- reuse; la respiration était extrêmement gênée; la malade ne pouvait respirer (t) Lacnnec, Mém. cit., obs. II, p. 144. NATURELLES OU ADVENÎ1VES. — HYDATIDES. 5A1 qu'en portant la tôle fort en avant, et n'osait depuis quelques jours se cou- cher horizontalement de peur d'être suffoquée II était évident que cette dys- pnée extrême n'était pas uniquement du fait de la tumeur extérieure. On soupçonna un vice quelconque dans l'intérieur des voies aériennes, et l'on eut bientôt la triste occasion de s'en assurer ; car, le sixième jour de son entrée, la malade mourut en causant avec sa compagne. » Lieutaud trouva le corps thyroïde d'un volume très considérable..., et au-dessous du larynx un corps membraneux, blanchâtre, très irrégulier, fai- sant cinq ou six lignes de saillie, flottant et tenant par une base assez large à la face interne de la trachée, laquelle était perforée pour le recevoir. » Restait à découvrir l'origine de cette tumeur. Lieutaud incise le corps thyroïde avec beaucoup de précaution ; mais à peine l'a-t-il entamé, qu'il jaillit par l'ouverture un flot de liquide parfaitement transparent et insipide ; la poche qui le contenait étant ouverte, il vit que cette poche, d'un volume assez con- sidérable pour admettre une orange, renfermait un grand nombre de vessies, véritables hydatides remplies d'eau.. . Ayant vidé la poche, Lieutaud reconnut aisément qu'elle communiquait avec la cavité de la trachée par une ouver- ture exactement circulaire, de cinq lignes de diamètre ; c'était par cette ouverture que s'étaient engagées plusieurs hydatides vides qui constituaient le corps mollasse et flottant dont nous avons parlé. La suffocation a été le ré- sultat, soit de l'ouverture des acéphalocystes et de l'épanchement du liquide dans la trachée, soit de l'espèce de bouchon qu'aura formé la tumeur indiquée et qui se sera engagé dans la glotte. » Le corps thyroïde lui-même était parfaitement sain dans son tissu, mais la compression à laquelle il avait été soumis l'avait fait se mouler sur la poche (1). » Obs. CCXIII (De Haen). — Hydatides? du corps thyroïde. III. — « In cadavere horrendam mole thyroidaeam glandulam nactus, publiée dissecui. Mecum auditores mirabantur nullum fere genus tumorum dari, quin in hac sola thyroidsea inveniretur. Hîc enim steatoma, ibi athe- roma, alio in loco purulentus tumor, in alio hydaticus, in alio erat coagulatus sanguis, fluidus ferè in alio, imô hinc glutine loculus plenus erat, alibi calce cum sebo mistâ, etc., haec autem omnia in una eademque thyroidaea glan- dula (2). » Cette tumeur du corps thyroïde appartenait peut-être à des hyda- tides qui avaient subi une transformation plus ou moins avancée. Quant aux cas de Laennec et de Lieutaud, le premier était en rap- (1) Lieutaud, Observation sur les suites d'une suppression et sur les hydatides formées dans la glande thyroïde (Mém. Acad. roy. des se, 1754, p. 71. — Analyse par Cruveilhier, art. Acéph., cité p. 263. ) (2) Ant. de Haen, op. cit., t. 111, pars VU, cap. 3, § 4, p. 323. 542 AFFECTIONS VlillMlNUUSKS BeS CAVITÉS SKItliÙSÈS port nvec le corps thyroïde, mais il s'était développé en dehors de cet organe; sans doute il en était de même pour le second. E. — Hydatides des régions postérieure et latérale du cou. Obs. CCXIV (Hewnden). — Région de lu nuque. I. — « Une femmede Londres, âgée do vingl-cinq ans, avait une tumeur goitreuse considérable, dont, la base était située à la partie inférieure de l'oc- ciput, s'élendant sur la nuque jusqu'aux deux jugulaires et jusqu'aux omo- plates; elle était surmontée d'un phlegmon. J'ai placé en travers sur cette large tumeur un caustique, afin de séparer la peau d'avec le kyste ; mais, sur la partie phle^moneuse, la peau était si mince que je dus ouvrir en même temps le kyste, duquel j'ai extrait soixanle hydatides de la grosseur d'une petite noix. Plusieurs étaient rompues ; ces hydatides nageaient dans un liquidé de la con- sistance du blanc d'œuf. Dans ce kyste, j'ai trouvé une grande quantité de matières alhéromateuses et sléatomateuses, et à la base un grand sarcome dont j'ai enlevé la plus grande partie ; mais, craignant de toucher aux mus- cles du cou, j'ai attendu au pansement suivant pour achever, nie proposant d'enlever le reste du sarcome et la base du kyste par les caustiques. J'ai en- suite appliqué ces caustiques sans succès, car ils ne produisirent point d'es- chare, la base du kyste étant cartilagineuse. Cherchant avec la sonde à trouver un interstice, je pénétrai plus profondément, et, touchant une partie mem- braneuse ou nerveuse, le malade poussa un cri violent. Je plaçai dans cet instertice un morceau de vitriol romain d'une dimension convenable, et qui sortit le lendemain dissous avec une partie de la base du kyste. En conti- nuant ces applications, toute la base fut enlevée et la guérison s'ensuivit. » Je ferai deux remarques importantes: l'une, c'est que cette tumeur était presque aussi grosse sept ans auparavant ; l'autre, c'est que le premier caus- tique appliqué, qui était le précipité rouge, produisit une salivation abondante pendant cinq semaines (1 ) . > Oiss. CCXV (Bidloo). — Région sterno-mastoïdienne. II. — Bidloo rapporte qu'en I 699, il fut consulté par un homme, âgé de trente-deux ans, qui portait une tumeur très volumineuse, uniforme, dure, peu douloureuse, très pesante, étendue depuis la région de l'oreille jusqu'à la partie supérieure de l'épaule droite. Cette tumeur datait d'environ six ans. On y fit une incision qui comprenait le muscle trapèze ; pendant qu'on cher- chait à isoler le kyste, celui-ci s'ouvrit ; il en jaillit une grande quantité de liquide, et l'on en retira au moins trente-six hydatides; il s'écoula aussi beau- (1) An observ. of a tumor on the neck, full of hydatids, cured by Anthony Hewnden, surgeon : commun, by D' Edw. Tyson, in Philosoph. Iransact., vol. XXV, for Ihe year 1706, 1707, n° 308, § 6, p. 2344. NATURÊLtÈS OÙ ADVENTlVES. — HYDATIDES. 5&5 coup de sang. La cavité fut remplie de charpie et, huit semaines après, la guérison était parfaite (1). Obs. CCXVI (Rossi). — Région stemo-mastoïdienne. III. — Une femme, âgée de quarante ans, portait depuis trois ans, à la partie postérieure du cou, une tumeur qui s'étendait de l'apophyse mastoïde gauche à la partie inférieure de la région cervicale ; elle avait 5 pouces de longueur et 3 de largeur. Cette tumeur étant devenue douloureuse, on ht une application de potasse caustique, et l'eschare fut incisée par le bistouri; il en sortit un grand nombre d'hydatides. Du nitrate d'argent fut appliqué à la face interne du kyste; des injections avec l'acide nitrique étendu d'eau furent pra- tiquées ;. la cavité se remplit de pus auquel une nouvelle incision procura une issue plus facile ; la guérison fut. prompte Cl). Obs. CCXV1I (Defrance et Roux). — Région sterno-masloïdienne. IV. — « M. Defrance présente une tumeur hydatique enlevée par Roux. Cette tumeur, qui était située au bord postérieur et à la face externe du sterno- mastoïdien du côté droit, contenait plusieurs hydatides d'une blancheur par- faite, et placées au milieu d'une substance analogue à de la gelée de colle de poisson (3). p F. — Hydatides développées dans les parois du tronc. Obs. CCXVIII (Kern et Bremser). — Région sous-claviculaire. I. — Il s'agit d'une hydatide de la grosseur d'un petit œuf de poule, située sous la clavicule d'une femme, et qui fut extirpée. Elle contenait plusieurs hydatides et des échinocoques (4). Obs. CCXIX (J. Baron). — Muscles intercostaux. II. — J. Baron dit avoir vu « trois grosses hydatides développées dans les muscles intercostaux, et qui égalaient en volume un œuf d'oie; elles écartèrent les côtes et vinrent former des tumeurs à l'extérieur du thorax ; elles s'étaient également développées du côté de la région thoracique ; l'une d'elles située entre la huitième et la neuvième côte du côté droit, avait laissé sur la face convexe du foie une dépression profonde (5). » Obs. CCXX(Velpeau). — Région axillaire. III. — U s'agit d'une fille, âgée de dix-huit ans, qui portait sur la partie (1) Bidloo, Exercil. anat., cit. p. 14. (2) Rossi, chirurgien de l'hôpital de Rivarolo (liepertorio medico-chirurg. di Torino, 1825, n" 72, p. 529, et Bull, des sciences méd., 1826. t. VIII, p. 158). (3) Bull. Soc. anal., 1834, ann. IX, p. 4. (4) Voyez cas cité, p. 353. (5) John Baron, ouvr. cit., p. 94. 544 AFFECTIONS VEUJHNEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES postérieure droite do l'aisselle, une lumeur à peu près du volume du poing ; cette tumeur datait d'environ un an. Une ponction pratiquée avec un trocart donne issue à un liquide limpide et à un fragment d'hydalide ; une injection est faite dans le kyste (1/3 teinture d'iode, 2/3 eau), presque toute l'injec- tion est laissée dans la tumeur, point d'inflammation consécutive. Nouvelle ponction vingt jours après; issue d'un liquide grumeleux jaunâtre ; incision du kyste dans toute sa hauteur. Des boulettes de charpie sont placées dans sa cavité; pansement simple. La plaie entre en suppuration, et la cicatrisa- tion s'opère sans accidents ; guérison et sortie de l'hôpital vingt-cinq jours après l'incision (I). Ods. CCXXI (Velpeau). — Région axillaire. IV. — Fille de vingt-deux ans, douleurs vagues depuis six mois au-des- sous de la région axillaire ; existence d'une petite tumeur constatée depuis peu de jours, incertitude du diagnostic; extirpation par une incision transversale. Situation sous le bord interne du grand dorsal et sous les faisceaux contigus du grand dentelé: guérison. Examen de la pièce : kyste fibreux à parois minces et transparentes, pou- vant contenir une petite noix. Hydatide solitaire à parois stratifiées, point d'échinocoques (2). Obs. CCXX1I (Velpeau). — raroi postérieure du thorax. V. — Il s'agit d'un homme, qui s'aperçut d'une tumeur dans la région dor- sale, elle était située à droite du rachis, au niveau des septième, huitième et neuvième côtes, et elle avait à peu près le volume d'un œuf de poule; dans certains mouvements du bras, elle disparaissait sous l'omoplate. L'incision de la tumeur fit sortir au moins une centaine d'hydatides, offrant le volume d'une tête d'épingle à celui d'une noix. — L'examen fait par M. Robin constate l'ab- sence d'échinocoques. — Le kyste exploré avec le doigt se prolonge à la face interne des côtes et en avant de la colonne vertébrale. Quelques injections iodées ont été pratiquées dans le sac ; au bout de deux mois la plaie s'est com- plètement cicatrisée (3). Obs. CCXXIII (Andral). — Région scapulaire. VI. — « Un homme entra à la Charité, portant au niveau de l'une des omoplates une tumeur dont le diagnostic paraissait assez obscur; de cette tumeur il sortit un grand nombre d'acéphalocystes. Le malade ayant suc- combé, on trouva un paquet de ces entozoaires logé dans la fosse sous-épi- neuse, et un autre dans la fosse sous-scapulaire ; ces deux paquets commu- (1) Velpeau, Kyste hydatique de la paroi postérieure de l'aisselle (Moniteur des hôpitaur, 1853, t. 1, p. 571). (2) Velpeau, Gasette des hôpitaux, 1857, p. 396. (3) Velpeau, Gazette des hôpitaux, 1855, a" 46, p. 181. NATURELLES OtJ ADVENÎIVES. — HYDATIDES. 545 niquaienl ensemble par un Irou pratiqué clans l'épaisseur même du scapulum, non loin de son épine. » La tumeur fut ouverte par une incision, au rapport de M. Cruveilhier, et le malade fut enlevé par des accidents consécutifs à l'opération (1). Obs. CCXXIV (Boudet). — Paroi abdominale. VII. — « Boudet a rencontré, entre les muscles abdominaux et le péri- toine, un sac qui contenait à peu près quatre mille vessies remplies d'eau (2). » Obs. CCXXV (Laennec). — Paroi antérieure de l'abdomen. VIII. — Il s'agit d'un homme, âgé de vingt-huit ans, qui mourut avec les signes d'une obstruction des intestins. A l'autopsie, on trouva deux kystes hydatiques dans le foie, un kyste du volume du poing dans le tissu cellulaire qui sépare le caecum des muscles abdominaux ; il refoulait les téguments de la paroi antérieure de l'abdomen, en bas et en avant, et formait une tumeur très appréciable extérieurement un peu au-dessus et au dehors de l'aine. Un autre kyste hydalique existait entre les lames de l'épiploon gastro-colique; enfin trois kystes conligus les uns aux autres, mais sans communication entre eux, étaient situés entre les tuniques péritonéale et musculaire du côlon ascendant et les muscles abdominaux. Ils étaient placés de manière qu'ils entouraient presque entièrement cet in- testin et qu'ils produisaient en cet endroit un véritable étranglement. Cet étranglement avait été très probablement, dit Laennec, la cause de la passion iliaque qui avait emporté le malade (3). IX. — Laennec rapporte une autre observation de kystes hydatiques dé- veloppés dans différents organes; l'un de ces kystes était situé entre le péri- toine et les muscles de la paroi antérieure de l'abdomen (4). X. — Leidy parle d'un kyste hydalique trouvé dans les muscles du côté droit de l'abdomen chez un enfant anglais (5). Obs. CCXXVI (Jannin). — Région lombaire. XI. — Fille de vingt ans ; vaste collection d'hydatides dans les muscles de la région lombaire; incision ; expulsion d'un grand nombre d'hydatides ; in- jections vineuses et alcooliques; guérison (6). (1) Aodral, Anat. path. cil., t. I, p. 516, et Cruveilhier, art. Acépualocystes, p. 267. (2) Giornale di medicina practica oompilato da V . L. Brera, t. II. Padua, 1812, cité par Bremser, p. 307. (3) Laennec, Mém. cil., obs. I, p. 137. (4) Laennec, Mém. cil., obs. IV (voyez ci-après, liv. IV, part. II, Hydatides de la matrice). (5) Cas cité ci-dessus, p. 381. (6) Jannin, chirurgien a Vallièrcs, Jour», de fnéd. Sédillot, 1805, t. XXIII, p. 254 — Diblioth. méd., t. X, p. 111. — Rayer, oMi\ cit., t. III, p. 578. D A VAINE. 35 6'i6 \FII.CllO\s Vl.lîMIM.LlSI-S nr:s CAVITÉS SKKilisrs Ohs. CCXXVII (Fabradesche). — Région lombaire. XII. — Homme do soixante-huit ;ins; gonflement à l'aine gauche ; douleurs dans la région lombaire, abcès dans celte région; ouverture spontanée; issue de pus et d'hydatides en grand nombre; guérison en six semaines (1). Obs. CCXXVIII (Soulé). — Région lombaire. XIII. — Tumeur dans les muscles de la région lombaire droite; incision; issue d'un grand nombre d'hydatides; accidents graves ; guérison. Siège pré- sumé du kyste dans le carré des lombes (2). G. — Hydatidcs développées dans les membres supérieurs. Obs. CCXXIX (Dupuytben). — liras (cas rapporté page 380). Obs. CCXXX (docteur Soulic). — Bras. II. — Homme; tumeur de la partie interne du bras gauche; inflammation et suppuration des parties voisines ; ouverture spontanée; issue d'une grande quantité de pus ; fistule consécutive ; oblitération de la fisiule ; persistance de la tuméfaction; nouveaux accidents inflammatoires; ouverture de la tumeur par le bistouri ; cicatrisation impossible; issue d une hydatide de la grosseur d'une noix; guérison rapide. Point de description del'hydatide (3). H. — Hydatides développées dans les membres inférieurs. Obs. CCXXXI (Webneb). — Région inguinale. 1. — Il s'agit d'une femme de trente-quatre ans qui avait, depuis six ans, à la partie supérieure et interne de la cuisse gauche, à quatre doigts de l'aine, une tumeur indolente, assez dure, de la grosseur d'un œuf de poule. Étant devenue douloureuse, cette tumeur fut prise pour un abcès et incisée assez largement; il en sortit très peu de pus et plus de quarante hydatides delà grosseur d'un pois à celle d'un œuf de pigeon ; les lèvres de la plaie étaient renversées et comme carcinomateuses. Toute cette partie indurée fut excisée; on vit alors la veine crurale à nu et deux trajets qui se dirigeaient vers le ligament de Poupait desquels la pression faisait sortir une sanie fétide. On y pratiqua des injections d'une décoction de quinquina. La guérison futcomplète au bout de srpl semaines. Werner, ayant recherché dans ces vésicules des têtes de taenia hydaligena, dit: « Interiorautemtunica sublilisbima externe etiam glabra, inlus veto innu- » merisfere minimisalbidisque, unum hemisphaerium occupantibuscorpusculis (1) J.-B. Farradescne-Chaurasse , médecin à Allanches, Bibl. medic, 18M, t. XLIII, p. 111, et Rayer, ouvr. cit., t. III, p. 579. (2) .Docteur Soulé, de Bordeaux, Gazette des hôpitaux, 18 52, p. 141. (3) Docteur Soulé, de Bordeaux, Gasettedes hôpitaux, 1852, p. 141. NATURELLES OU ADVENTfVES. — HTOATIDES. 5^7 » conspersa erat. » Ces corpuscules étaient certainement des échinoçoques , mais Werner ne les reconnut pas, quoiqu'il les eût examiné» au microscope, sans doute parce qu'il y cherchait, comme il le dit, les têtes décrites par Leske, c'est-à-dire celles du cénure qui sont beaucoup plus volumi- neuses (aint-PauI, était couché Buixon (Simon), âgé de sept ans, né à Vaugirard. » Le 4 e1" janvier, sans cause connue, sans aucun symptôme précurseur, la paupière supérieure tomba sur le globe oculaire (du côté droit) ; mais la santé générale est toujours conservée. Le 13 janvier seulement, l'enfant, qui, la veille, s'était couché bien portant, est pris de céphalalgie, de frissons, et vomit, à six heures et demie du matin, après l'ingestion d'un, peu d'eau de fleurs d'oranger; plus tard encore, un demi-verre de vin sucré rappelle les vomissements. Le même jour, son père l'amène à l'hôpital. i) A notre première visite, il s'offrit dans l'état suivant : légèrement as- soupi, s'irritant à la moindre contrariété, sa face est un peu colorée, la vue paraît, éteinte, surtout du côté droit, et le globe oculaire de ce côté est re- couvert par la paupière supérieure qui est paralysée; il est en même temps plus saillant que celui du côté opposé. La pupille, très dilatée, est immobile ; l'œil n'est nullement sensible à 1 impression de la lumière, ni même au con- tact d'un agent matériel, d'une plume par exemple, qui vient irriter la con- jonctive.— Du côté gauche, l'œil est ouvert; la pupille, plus dilatée que dans l'état normal, l'est moins cependant que du côté opposé et se con- tracte légèrement; mais la sensation de la lumière n'est pas perçue, tandis que la sensibilité tactile persiste, que les paupières se ferment dès qu'elles sont irritées par un corps étranger. Du reste,, il n'y a pas de stra- bisme ; les yeux paraissent se mouvoir de chaque côté dans leur orbite. Les autres organes des sens sont conservés dans leur intégrité, l'enfant en- tend parfaitement, a la conscience des saveurs et des odeurs. La sensibi- lité cutanée est partout dans son état nurmal. Le système locomoteur n'offre aucun phénomène morbide, si ce n'est que le malade s'agite assez souvent, et grince quelquefois des dents. L'intelligence est parfaitement conservée. Les réponses sont justes, mais faites avec impatience. Le malade accuse de la céphalalgie, sans préciser l'endroit douloureux. Aucun trouble ne se re- marque du côté des organes digeslifs. La langue est humide, l'abdomen n'est nullement douloureux, les vomissements n'ont pas reparu, les évacuations alvines sont normales; la respiration est franche, régulière, de temps à autre suspirieuse ; le pouls est petit, à peine sensible, et offre 114 pulsations par minute ; la chaleur cutanée n'est pas élevée. » Des sinapismes sont appliqués aux jambes du petit malade, qui les sent impatiemment, et, les 1 3 et 1 5 janvier, on lui administre, dans une potion, trois gouttes d'huile de croton qui déterminent plusieurs selles liquides. Pen- (1) Dezeimeris, note cit. p. 521. 550 AFFECTIONS VbllMLYKUSES DES CAVITÉS SÉREUSES daul les trois jours, les mêmes symptômes se remarquent. La face se colore de temps à autre; il y a un peu d'agitation. La commissure des lèvres du côté droit s'élève légèrement: cette élévation coïncide avec une élévation légère de tous les traits du môme côté. » Le 1 6 janvier, le pouls est moins fréquent, plus sensible, le malade pa- raît mieux, et demande à manger, il avale avec avidité du sucre et un biscuit qu'on lui donne La respiration cesse d'être suspirieuse. » Le 18, l'enfant n'attirait presque plus notre attention que par l'expres- sion de sa physionomie, la vivacité de ses paroles, et la médecine paraissait n'avoir plus rien à faire chez lui, si ce n'est à chercher a guérir son amau- rose double et la légère hémiplégie qu'il présentait, lorsqu'il fut pris d'une scarlatine. L'éruption s'en fit d'une manière assez bénigne, et se termina bien, au bout de quatre jours, sans aucun accident ; mais, le 23 janvier, notre petit malade, qui n'avait pas été vacciné, fut pris d'une variole. L'éruption eut une marche irrégulière, et l'enfant succomba, le 1er février, après une courte agonie. » Autopsie. — Le crâne parut être d'une conformation normale, et n'offrit rien de notable sous le rapport de son volume. Après en avoir scié la voûte, je voulus la détacher, et fus fort étonné de voir, dans cette opération, s'échapper un jet de liquide de son intérieur. » Il existait du côté droit un kyste placé entre la dure-mère et les parois latérales du crâne (c'est-à-dire le temporal et le pariétal). Ce kyste, contenu dans une vaste excavation creusée aux dépens de la substance cérébrale, s'étendait aussi jusqu'à la base du cerveau, qui se trouvait de cette manière refoulée fortement en haut dans son hémisphère droit: c'est sa déchirure qui avait donné lieu à l'écoulement du liquide précité. Cette tumeur, dont le vo- lume peut être comparé à deux fois celui d'un œuf de poule, occupait toute la fosse cérébrale moyenne, traversait en avant, par une extrémité aplatie, comme étranglée, la fente sphénoïdale, et là, se prolongeait d'un travers de doigt dans la cavité orbitaire: en dedans, elle soulevait l'extrémité antérieure de la tente du cervelet, pour pénétrer dans un enfoncement creusé au-dessus de la fosse pituitaire dans le corps même du sphénoïde. y> Ce kyste se trouvait accolé à une vésicule de même nature, de la gros- seur d'une noix, placée dans le foyer pituitaire, entre la portion osseuse du corps sphénoïdal et la dure-mère qui l'environnait de tous côtés. Du côté gauche, elle avait fortement écarté les sinus caverneux ; du côté droit, les sinus, déjà soulevés par la première tumeur, ne lui offraient plus de limite, et lui permettaient d'être en contact avec celle-ci. Outre ce deuxième kyste, il en existait d'autres du volume d'une lentille, placés dans de petites excava- tions osseuses qu'offrait le corps du sphénoïde, ; d'autres (vésicules) miliaires existaient plus profondément, et furent prises avec des pinces; elles étaient contenues dans les aréoles du tissu osseux: j'en trouvai une vingtaine. » Ces kystes sphénoïdaux sont remplis d'un liquide qui, par l'incision de la poche, s'écoule en jet, comme si la membrane qui le renferme revenait sur NATURELLES OU ADVENTIVES. — I1YDATIDES. 561 elle-même en verlu de son élasticité. Transparent au moment de l'autopsie, ce liquide devint, au bout de quelques jours, nébuleux: les nuages sont dus à une séparation d'une partie des membranes. » La poche vésiculaire présente une surface lisse, uniforme, nullement adhérente ; la membrane qui la forme, lor.-qu'elle est pleine de liquide, paraît mince, transparente ; mais, dès que ce liquide s'écoule, elle revient sur elle- même, et, triplant presque d'épaisseur, devient demi-opaque, opaline, c'est tout à fait l'apparence de blanc d'œuf coagulé, ou encore de fausses mem- branes récentes. Elle est composée de plusieurs feuillets, dont 1 interne, plus mince, plus transparent, semble mieux organisé; les autres paraissent être des lames de tissu cellulaire bien moins condensé. La dure- mère, détachée des os par les tumeurs, offre, dans quelques endroits, des plaques opaques, comme osseuses, dans d'autres points, elle est amincie, légèrement éraillée. » La substance céréiirale n'est ramollie dans aucun point, sa consistance, sa couleur sont normales; l'hémisphère droit est remarquable pur la compas- sion qu'il a éprouvée, fortement exca\é à sa base et sur les côtés de son lobe moyen, ses cii convolutions ont en partie disparu, et ses anfra>'tuosités sont bien moins éiendues. Le plancher du ventricule latéral droit s'élève un pouce plus haut que celui du côté opposé, et touche au plafond du même ventricule. La couche optique et le corps strié sont légèrement applatis. Du reste, aucun liquide; n existe dans les cavités du cerveau. Les nerfs optiques sont à I état normal jusqu'à leur chiasma ; mais là ils commencent à être soulevés par la tumeur jusqu'à leur entrée d,Ô2 AFFECTIONS VEIlMINRUSKS DKS CAVITÉS SÉREUSES un médiocre dt^ré do dilatation, sa cornée est transparente; mais celui du mu' droit est fortement dilaté, sa cornée est opaque (altération ancienne causée par un accident), comme flétrie, la conjonctive y est fortement injectée. » Le foie, sain d'ailleurs, présente dans son centre une tumeur vésiculaire, semblable à celle que nous avions vue dans la cavité crânienne ; elle est du volume d'une noix (1 ). » NEUVIÈME SECTION. TRAITEMENT DES TUMEURS HYDATIQUES. CHAPITRE PREMIER. TRAITEMENT MÉDICAL. L'efficacité du traitement médical des hydatides est fort incer- taine. On peut affirmer que la plupart des médicaments qui ont été proposés jusqu'aujourd'hui sont restés sans effets dans plusieurs cas où l'existence des hydatides a été bien déterminée, tandis que l'on ne citerait peut-être aucune observation bien constatée de guérison que l'on puisse, dans des cas semblables, attribuer au médicament. Il est vrji que, da'S ce dernier cas, le diagnostic peut rester incer- tain par suite de la guérison même, et que, dans le premier, au contraire, les progrès ultérieurs du mal ou l'autopsie démontrent la nature de la maladie. Il y a donc quelque raison de ne pas condam- ner absolument tous les agents thérapeutiques qui ont été proposés jusqu'aujourd'hui, et qui n'ont point été expérimentés suffisamment. C'est ici surtout que l'expérience acquise sur la thérapeutique des affections vermineuses , chez les animaux domestiques , pourrait rendre des services chez l'homme. Article premier. — Prophylaxie. — En l'absence de connais- sances positives sur le mode de transmission des hydatides et sur les circonstances qui favor^ent leur développement dans l'espèce hu- maine, on ne peut établir les indications prophylactiques de ces affections. (J) Guesnard, Observation d'acéphalccystes développées dans les os du crâne (Journ. hebd. des progrès des se. méd., 1836, t. I, p. 271). Naturelles ou âdventives. — hydatides. 563 Article II. — Agents thérapeutiques. — D'après la nature et le séjour des hydatides, il semble que les médicaments appli- cables à leur destruction doivent être des substances solubles dans les liquides de l'économie, substances qui, étant absorbées et circu- lant avec le sang, arrivent au contact de la poche hydatique dans laquelle elles pénètrent par endosmose; il faut encore que ces sub- stances, toxiques pour les hydatides, ne le soi nt point pour les organes de l'homme. Aucune expérience directe n'a été faite à ce sujet, et l'on ne peut dire si les médicaments qui ont été proposés remplissent ces conditions. §1. — Baumes a fait connaître plusieurs observations qui ten- draient à prouver que le protochlorure de mercure jouit de quelque efficacité contre les hydatides (1), mais les auteurs du Compendium de médecine pratique (art. AcÉphalocyste) disent avoir vu employer ce médicament sans succès dans des cas où ï existence des hyda- tides n'était pas douteuse, puisqu'elle fut confirmée par l'autopsie. Chez plusieurs malades dont l'observation est rapportée dans cet ouvrage, l'administration du mercure a été poussée jus ju'à la saliva- tion, et cependant la marche de la maladie n'a paru en avoir éprouvé aucune modification (voy. obs. XCVIIÏ.CXIX (2). CCLXXI). § II. — Le chlorure de sodium a été conseillé par Laenm c sur cette considération que les moutons qui paissent dans les prés salés sont exempts d'hydatides, et que l'on guérit, en les conduisant dans ces pâturages, ceux qui, dans les prairies marécageuses* offrent les symptômes déterminés par les vers vésiculaires. « J'ai employé plusieurs fois avec succès, dit cet observateur, les bains salés chez des personnes qui avaient rendu des acéphalocystes ou qui portaient des tumeurs qu'on pouvait soupçonner être dues à ces vers. J'ai vu plusieurs fois des tumeurs volumineuses s'affaisser sous l'influence de ce moyen. Dans un de ces cas, un kyste hydatique se fit jour dans les intestins et la malade qui présentait des symptômes propres à faire craindre une mort piochaine, rendit par leg selles un grand nombre d'acéphalocystes, après avoir pris trois ou quatre bains, qui contenaient chacun six livres de chlorure de sodium ; cette évacua- tion fut suivie de la guérison de la maladie (3). » On ne peut ad- (1) Ann. deméd prat. de Montpel'ier. (2) On ne peut attribuer h guérison du cas de Lind (obs. CXIX) à l'action du mercure; elle a été déterminée par l'é\acuation des hydatides. (3) Laennec, ouvr. vit., t. II, p 203. Ce cas est probablement celui que nous avons rapporté obs. XXXVI. 56A AKFI'.CTIONS VERMINEU3BS DES CAVITÉS SÉREUSES mettre avec Laennec que les bains salés employés chez cette malade aient été pour quelque chose dans l'expulsion des hydatides à laquelle seule on doit attribuer la guérison. Le chlorure de sodium existe dans le liquide des hydatides en grande proportion ; il est donc peu probable que ce sel puisse déterminer la mort des vers vésiculaires. S'il favorise la guérison, c'est sans doute en agissant sur l'économie du malade, comme peut-être il le fait sur celle des marins pour les en préserver ; mais l'absence des hydatides chez les matelots et chez les animaux qui paissent dans les prés salés pourrait tenir à d*es cir- constances qui empêchent la transmis>ion de ces vers. Quoi qu'il en soit,l'efficaciié du sel marin administré à l'intérieur ou bien à l'ex- térieur est loin d'être constatée aujouid'hui, efles espérances de Laennec ne se sont point réalisées. § LU. — L'iodure de potassium a été employé contre les hyda- tides; il a été préconisé surtout par les médecins anglais, mais son efficacité n'est pas mieux constatée que celle du chlorure de sodium. M. Hawkins rapporte le cas d'un malade admis à l'hôpital Saint- Georges, chez qui une tumeur hydatique, une ascite et d'autres sym- ptômes graves parurent céder à l'influence d'un traitement par l'iode, mais environ un an après, la maladie se termina d'une manière fatale (1). L'usage intérieur de l'iodure de potassium pourrait être secondé par l'application sur la tumeur de pommades iouurées. Les hautes doses auxquelles on peut porter ce médicament sans nuire au malade, la facilité de son absorption et de son passage dans les liquides ex- crétés, font présumer qu'il arrive dans le liquide des hydatides, et l'on pourrait en espérer une action favorable. § IV. — Nous passerons sous silence les autres médicaments pro- posés contre les vers vésiculaires, car ils n'ont pour eux ni la raison de l'induction, ni celle de l'expérience. § Y. — Le traitement médical reçoit de nouvelles indications lorsque la tumeur hydatique occasionne des accidents, tels que l'inflammation et la suppuration des organes voisins ; alors la saignée, les sangsues, les bains, les cataplasmes pourront, suivant les cas, être employés utilement. Quelques médicaments internes peuvent aussi être administrés dans des cas spéciaux : les narcoti- ques pour calmer les accès de toux que détermine le passage dans les bronches des matières d'un kyste hydatique; les mercuriaux ;i) Cit*4 par Budd, p. 449. NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. 565 contre les symptômes d'inflammation du foie, néanmoins le mercure est resté sans efficacité dans deux cas dont nous avons donné la re- lation (obs. XCI, Cl) ; la térébenthine lorsque les kystes des reins se sont ouverts dans le bassinet, médicament qui se recommande par deux faits dans lesquels il a paru utile. Article III. — Agents physiques. — § I. — L'application de r électricité à la destruction des hydatideset.par suite, à la guérison des tumeurs qu'elles forment, a été proposée il y a plusieurs an- nées déjà, au rapport de M. Budd (1). Elle a été essayée en Islande et avec succès, à ce qu'il paraît: " Dans ces dernières années, dit M. Guérault, on a songe à faire appel à l'électricité ; M. le docteur Thorarensen, médecin du canton de l'Est de l'Islande, a eu l'idée de tuer les ac^phalocystes dans le (oie, au moyen de décharges élec- triques et à l'aide de longues et fines aiguilles d'acier obliquement introduites aux deux pôles de la tumeur. Il y a six ans déjà que ce moyen thérapeutique fut, pour \& première fois , employé chez un né- gociant Glandais, M. Simpson, et, dans cette expérience unique, le succès fut prompt et complet, la tumeur s'affaissa peu à peu, et les hydatides, probablement résorbées, ne reparurent pas (2). ■< § IL — Le froid appliqué s>ur une tumeur hydatique pendant un temps suffisant pour qu'il en pénétrât la masse, pourrait tuer peut-être les échinocoques ou la vésicule qui les renferme, et em- pêcher par là l'aci-roissement de la tumeur ou favoriser sa résorption. Ce moyen mériterait d'être expérimenté dans certains cas où l'ap- plication de la glace pendant un temps assez long ne pourrait avoir d'inconvénients pour les organes voisins du kyste hydatique. CHAPITRE IL TRAITEMENT CHIRURGICAL. Les moyens chirurgicaux proposés pour obtenir la guérison des tumeurs hydatiques peuvent se ranger sous trois chefs : 1° Ceux qui procurent l'évacuation du contenu de la tumeur ; 2° Ceux qui procurent la modification ou la résorption des ma- tières contenues dans la tumeur ; , (1) The médical Gazette, 9 oct. 1846, p. 643, cité par Budd. (2) Guérault, Mém. cit. >06 ArPIXTIONS VhRMINEUSES DES CAVITÉS SEREUSES 3° L'extirpation du kyste. Plusieurs méthodes ou plusieurs procédés ont été mis en pratique pour obtenir soit l'évacuation, soit la résorption du contenu de la tumeur, soit l'extirpation du kyste. Article premier. — \J évacuation des madères contenues dans la tumeur s'obtient par plusieurs procédés, qui sont : la ponction simple, les ponctions successives, l.i ponction avec ouverture perma- nente, l'incision simple, l'incision à deux temps, l'application d'un caustique. A. — Ponction simple. La ponction a été pratiquée dans le but de reconnaître la nature de la tumeur observée ou pour arriver à sa guérison. Nous n'avons point à nous occuper ici des indications que cette opération peut donner au diagnostic ; mais nous devons examiner ses avantages et ses inconvénients. L)t>qu'un trocart n'aura à traverser, pour arriver au kyste, au- cun organe important, aucune cavité séreuse, l'opération sera inof- fc-nsive, et c'est ce que montrent les faits que nous avons déjà rap- portés (1); mais lorsqu'elle traverse pour arriver au kyste unegrande cavité séreuse, la ponction, lût-elle faite avec un trocart capillaire, peut occasionner des accidents graves, mortels même; d'un autre côté, cette opération a suffi quelquefois à déterminer la guérison. 1° Cas de ponction suivie d'accidents. Oes. CCLIV (Goyrand d'Aix). — Hydatide de la rate; ponction; péri- tonite. I. — « Énorme kyste acéphalocyste de la rate, ponction exploratrice suivie d'une péritonite grave. Ouverinre du kyste pir incision des couches exté- rieures et cautérisation des couches profondes de la paroi abdominale. » Mort p ir suite de la rétraction trop rapide du kyste qui s'est détaché du parenchyme de la rate (2). » Obs. CCLV (Rombeau). — Kyste de la rate, ponction, accidents con- sécutifs. II. — Il s'agit d'une femme, qui entra, en 1854, à la Charité, pour une (1) Plu-ipurs observations prouvent que la ponction pratiquée dans le tissu sain du foie est imit a fait inoflVpsive. (2) Société rie chirurgie, séance du 13 février 1850 {Gaz. des hôpitaux, ann. XX11I, 1850, d° 25, p. 100). NATURELLES OU ADVENTIVES. W HYDATIDES. 567 tumeur considérable située dans le côté gauche de la poitrine et le flanc du mêmecôié. ' • « Le 31 août, M. Velpeau pratique une ponction exploratrice, qui donne issue à un litre et demi d'un liquide limpide, salin, ayant un goût analogue à celui du bouillon gras. » Le 1er septembre, consécutivement à cette ponction la malade éprouve des accidents assez inquiétants : vomissements, céphdalgie, mouvement fébrilç très intense, frissons, douleurs assez vives dans la région malade qui pré* sente qne'ques caracières d'inflammation, une augmentation dans la tempé- rature, une assez grande sensibilité à la pression. » Le 23 septembre, on constate un épanehement dans la poitrine, dans la moitié inférieure de la plèvre gauche ; douleur vive sur la tumeur. » Le 4 octobre, nouveaux accidents. — Le 10 octobre, l'état de la malade s'amende d'une manière notable; le kyste reprend ses premières limites ; les signes d'épanchement dans la poitrine s'observent toujours. j> Le 6 novembre, après quelques frissons, quelques tremblements, survient une mort subite. » A l'autopsie, on trouva au centre delà rate un énorme kyste hydatkjue dont nous avons parlé (voy. p. 436) ; il contenait du pus et une hydatide soli- taire. La plèvre gauche renfermait environ un litre de sérosité. Il n'est point parlé de lésions du péritoine (1 ). Obs. CCLVI (Moissenet). — Kyste du foie, ponction exploratrice ; mort. III. — 11 s'agit d'un homme âgé de quarante-deux ans, très affaibli, qui portait une tumeur considérable dans l'hypochondre droit. « Le malade étant placé dans le décubitus dorsal, M. Moissenet fait la ponc- tion avec un trocart explorateur du plus petit diamètre dans le point le plus culminant ; il retire le trocart et il jaillit aussitôt par la canule un liquide très limpide, incolore, et dont le jet n'a pas été interrompu, bien qu'aucun aide ne comprimât en ce moment la tumeur. Voyant la tumeur exté- rieure s'effacer et le jet faiblir, M. Moissenet retire bientôt lui-même la ca- nule avec le plus grand soin. La plaie extérieure est pansée avec un morceau de diachylon et. un bandage de corps est fixé, sans la moindre pression, au- tour du ventre du malade. On a retiré en tout 3S0 grammes de liquide. » Cinq minutes se sont à peine écoulées que le malade est pris d'une syn- cope... A midi, deux heures après, se déclare un frisson intense, avec cla- quements de dents, profonde altération des traits, pâleur de la face, nez effilé, yeux caves, hoquet, nausées, vomissements verts, porracés, abon* dants: cependant aucune douleur à la pression du ventre (potion avec extrait d'opium 0,4 0 ; eau de Sellz, glace, etc. ; lavement laudanisé). , i » Les symptômes vont en s'aggravant; le pouls est à 1 20, 125, petit, filir (t) Rombeau , interne des hôpitaux (Bull. Soc. anal. , ann. XXIX, 18&4. p. "341). . 56S AFFECTIONS VURMINEUStS DES CAVITÉS SEREUSES forme; le* extrémités se refroidissent; l'altération des traits est plus mar- quée, le m:ilad* commence à accuser de la douleur dans !e ventre, et il suc- combe dans la nuit, dix-huit heures après la ponction. » A l'autopsie on constate que l'ouverture pratiquée par le trocart est cica- trisée à la peau, ainsi qu'à la surface du foie; cet. organe n'a pas contracté d'adhérences avec la paroi abdominale. Il existe dans le lohe droit du foie un kyste hyrlatiqne, qui peut contenir cinq litres de liquides, aucun organe n'offre de lés on qui puisse expliquer la mort. « Le petit bassin renferme environ un verre et demi d'un liquide citrin, un peu rougâlre, dans lequel nage un paquet floconneux jaunâtre, du vo'ume d'un œuf; le< anses intestinales inférieures, qui occupaient la partie déclive de l'abiomen, étaient injectées, vascularisées, poisseuses; quelques-unes étaient déjà même réunies par des fausses membranes (1). » IV. — Dans un cas de kyste hydatique du foie observé par M. Robert (obs CCXCIV) une ponction exploratrice avec un trocart très tin détermina de la fièvre, des vomissements, une sensibilité exquise du ventre. V. — Dans un cas semblable observé par M. Demarquay (obs. CCXCV), une première et une troisième ponction ne déterminèrent aucun accident, mais la seconde fut suivie de frissons erratiques, de fièvre, avec altération de la physionomie. VI. — Dans un cas de kystedu foie, rapporté par M. Dolbeau (obs. CCXCVI), une ponction pratiquée avec une aiguille à cataracte détermina des douleurs épigastriques, de la dyspnée, des vomissements, la fréquence du pouls, etc. VII. — Dans un cas observé par M. Jobert, une ponction avec séjour de vingt-qeatre heures de la canule dans le kyste, n'a point occasionné d'acci- dents ; tandis qu'une autre ponction dans laquelle la canule paraît avoir été retirée immédiatement, quelques accidents ont suivi cette opération (voy. obs CCI XVI). 2" Cns de ponction suivie delà gué ri son. Os. O'LVII (Récahieb). — Kyste 'lu foie. I. — « Une eune femme portait depui- plusieurs années une tumeur située dans l'hypo hondre dot, laquelle s'étei dail jusqu'à la ligne blanche et fa t-ait saille à Texte ieur; cette tumeur était arrondie dure, et i e dé eloppait pas de douleur par la pression Récami-r y ayant reconnu de la fluctuation, h re- garda comme dépendant d'une hydro( i-ie enkystée du foie, et se décida à pra- tiquer une ponction; à cet effet, il enfonça dans la partie la plus déclive un trocart très fin, qui donna issue à un liquide aqueux et limpide. Celte opéra- (1) J. Moissenet, De la ponction avec le trocart capillaire, appliquée au traite- ment rfe.« kystes hydatiques du foie (Archiv. gén. de me'rt., fév. 1859, p. 144, obs. !).. NATURELLES OU ADVENT1YES. — HYDATIDES. 569 tion fut suivie d'un plein succès. Tous le.-; accidents qui avaient été la suite du développement de l'abdomen se dissipèrent complètement, et le malade sortit de l'hôpital parfaitement guérie ■» L'analyse du liquide constata l'absence de l'albumine, une grande quantité de chlorure de sodium, etc. (1). Obs. CCLVIII (Hawkins et Brodie). — Kyste du foie. II. — « Un garçon, âgé de douze ans environ, fut admis à l'hôpital Saint- Georges dans le service du docteur Chambert, au mois d'août 1822. Il avait une tumeur considérable dans l'hypochondre droit. Les côtes étaient soule- vées par la tumeur qui était évidemment fluctuante. II n'y avait aucun déran- gement dans sa santé, dans les fonctions du foie, ni aucun signe d'abcès dans cet organe ; la peau était mobile et sans inflammation ; le malade ne se plai- gnait que d'une gêne occasionnée par la grosseur et la pression de la tumeur. Après quelque temps de séjour à l'hôpital, Brodie introduisit un trocart plat sous les côtes, dans l'endroit où la fluctuation était le plus distincte; il en sortit une pinte et demie d'un liquide incolore et transparent, et qui parais- sait ne pas contenir d'albumine, car la chaleur n'y produisit point de coagu- lation. Un bandage compressif fut appliqué après l'opération qui parut avoir produit l'oblitération complète du kyste : la plaie se guérit promptement. L'en- fant n'eut aucune fièvre, ni aucun symptôme fâcheux, et il quitta l'hôpital parfaitement guéri (2). » Obs. CCLIX (Hawkins et Brodie). — Kyste du foie. III. — « La malade était une jeune femme, âgée de vingt ans, elle avait une tumeur plus volumineuse que celle du cas précédent ; cette tumeur l'em- pêchait de prendre le moindre exercice et la forçait de dormir dans une posi- tion particulière ; elle n'était pas exempte d'inflammation, car elle avait été accompagnéededouleursau début, unanoudeux auparavant, douleur qui s'ac- crut quelque temps avant l'opération ; la malade eut encore une toux inces- sante et fatigante qui persista deux ou trois semaines après. Trois pintes du même liquide que dans le cas précédent furent évacuée- ; ce liquide éiait in- COiigiiIablu par la eha'eur et ne contenaii qu une très p tite quantité de ma- tièie animale. Cette femme se rétablit et six ans après elle n avait eu aucune rechute (3,. » Obs. CCI X (W. Travers Cox). — Kyste hydatique du foie (ponction) ? guérison; autopsie. IV. — Il s'agit d'un individu chez lequel on crut reconnaître une hydro- pisie ascite. La ponction évacua vingt et une pintes d'eau bilieuse ; après la ponction on reconnut une hypertrophie considérable du l'oie. Le malade se (1) Récamier, Revue médicale, 1825, t. I, p. 28; — Cruveilhier, art. Acepha- loctstes; — Barrier, thèse cit., p. 57. (2) Med. chir. tram. XVIII, p. 118, cité par Budd., ouvr. cit., p. 451. (3) Med. chir. trans, XVIII, p. 1 19, cite par Budd., ouvr. cit., p. 451. 570 AFFUTIONS VERMINEUSES DES CAVITES SÉREUSES trouva, au boni dp quelque temps, en état de reprendre ses occupations habi- tuelles Si l tendue, l'abaissement du diaphragme est douloureux, de là vient une certaine gône dans la respiration. Il y a quelques nausées, la fièvre s'al- lume, la face est congestionnée et la tôle douloureuse (quarante sangsues disséminées sur l'épigaslre et l'hypochondre droit; cataplasmes émollients, tisane délayante). » Le 1 0 mars, amélioration. — Lell, état excellent comme avant la ponc- tion. » Le 25 mars, on applique un morceau de potasse caustique à un pouce en- viron au-dessous du rebord costal et à deux pouces à droite de la ligne blanche. Le surlendemain on enlève l'eschare, et l'on met au fond de la plaie un petit morceau de potasse... j Le 30 mars, on pratique une troisième ponction à travers l'eschare pro- duite par la potasse. Celte fois on se sert d'un trocart ordinaire à hydrocèle de moyen calibre, préalablement humecté avec de l'huile. Cette introduction est douloureuse et rencontre une assez grande lésistance de la part des lissus profonds que là potasse n'a pas détruits. Le irocart étant retiré, il s'écoule par la canule un liquide d'apparence séreuse, mais non plus limpide et transpa- rent comme les deux premières fois; il a une couleur brunâtre avec un reflet particulier qui lui donne un aspect bilieux ; ce liquide semble évidemment résulter du mélange d'un liquide séreux avec un pus mnl élaboré, sanieux, contenant quelques flocons plutôt suspendus que dissous dans la sérosité. Nul doute que ce changement dans les qualités du liquide ne provienne de l'inflammation, d'abord liés aiguë, ensuite sourde et chronique, qui a suc- cédé à la seconde ponclion. On laisse écouler environ huil à dix onces de ce liquide, sans exercer de pression sur l'hypochondre, et on laisse la canule en place pour mieux s'opposer à un épanehemenldans le (éritoine dans le cas où des fausses membranes ne ïeraienl pas encore organisées. On ne bouche pas la canule, afin que le liquide continue a couler à mesure que le kyste reviendra sur lui-même; mais on place sur le ventre un large cataplasme laudanisé, qu'on renouvellera fréquemment. La malade est mise à une diète rigoureuse et à l'usage d'une tisane délayante. » Le soir, la malade est dans un état satisfaisant; le pools est calme et la peau bonne; il n'y a qu'une douleur 1res modelée dans la région du foie et autour de l'ouverture, soit dans l'état de repos, soit lorsqu'on exerce une pression légère. » Le 3 1 , il n'y a pas eu de sommeil, c'est la difficulté de la toux et la dou- leur qui l'accompagne qui s'y sont opposées ; d ailleurs il n'est survenu aucun accident ; le pouls offre a peine quatre-vingts pulsations ; la peau est bonne ; Naturelles od adventives. — hydatioes* 575 les symptômes locaux n'annoncent point l'augmentation du léger état inflam- matoire déjà signalé ; on enlève la canule par laquelle il s'est encore écoulé pen- dant la nuit un peu de liquide. On ne met rien dans la plaie, mais on recom- mande, si le soir elle paraît fermée, de la désobstruer avec une sonde de femme. » Le soir, la plaie s'étant un peu fermée, j'introduis une sonde de femme à une certaine profondeur dans le ky.4e ; il son à peine quelques gouttes de liquide. L'éiat de la malade est très satisfaisant. » Le 1er, état très satisfaisant; la nuit a été très bonne. Depuis l'ablation de la canule, la malade a pu tousser un peu plus librement ; elle est sans fièvre, l'état local est bon. Afin de maintenir la plaie béante, on introduit une sonde de femme ; puis, dans le but de l'y laisser, on place une sonde de gomme élastique qui entre facilement jusqu'à la profondeur de quatre à cinq pouces; comme la malade éprouve par sa présence une sensation désagréable, on la relire. » Le 2 et jours suivants, l'ouverture se ferme promptement et l'écoulement est complètement suspendu. (On continue les cataplasmes.) » Le 6, dans la nuit, la malade a éprouvé un peu de frisson suivi de cha- leur à la peau, une douleur profonde et plus vive que les jours passés dans la région malade. 11 y a, ce matin, quatre-vingt-dix pulsations, la peau est chaude et un peu humide ; il y a céphalalgie et congestion de la face ; la pres- sion à l'épigastre et au-dessous des fausses côtes droites est douloureuse ; il y a quelques nausées, du météorisme, respiration gênée (quarante sangsues, diète absolue). Le lpndemain, amélioration ; les symptômes locaux d'inflamma- tion sont à peine appréciables ; la fièvre est nulle ; la malade s'est sentie dans un état meilleur, aussitôt que l'écoulement sanguin a été un peu considérable; le palper de la région du foie ne détermine que très peu de douleur. On re- marque que le kyste, dont l'ouverture est cependant fermée depuis quelques jours, ne tend point à reprendre son volume primitif. t> Les jours suivants, 1 état de la malade va de mieux en mieux : on lui rend les aliments; la plaie se cicatrise ; le kyste n'augmente point de volume, au contraire, il semble diminuer un peu. » Vers là fin d'avril, il paraît probable que la guérison est achevée ou presque achevée, car ld palpation permet à peine de reconnaître les traces de la tumeur, et ensuite la malade n'éprouve aucune gêne notable dans l'exercice de ses fonctions. » Mai. On ne garde plus la malade que pour s'assurer que la guérison se soutient et est bien complète. s La malade quitte 1 hôpital le 23 mai. A cette époque, on ne sent aucune tuméfaction dans la région du foie; cet organe ne fait plus aucune saillie au- dessous des côtes. La santé de la malade est parfaite. » Depuis sa sortie, j'ai revu la malade deux fois, le 30 mai et le 8 juin ; son état est excellent; elle a même déjà repris en partie son travail (l). » (1) Barrier, thèse cit., p. 83. .. .. 576 AHKCT10NS VKUMIM-ISKS DfeS Cft VITES* SÊRÉrfékS C. — Ponctions successives. C'est encore a. M. Jobert que l'on doit la méthode des ponctions successives, qui a pour but de diminuer graduellement le \olume de la tumeur, de laisser au kyste le temps de revenir sur lui-même et aux organes voisins celui de reprendre peu à peu leur situation nor- male. I. — Cotte méthode a été mise en pratique par M. Jobert dans l'observa- tion précédente (ol>s. CCLXVlj. Obs. CCLXVI1 (Hilton et Owen Rees). — Kyste du foie ; guèrison. II. — « Un homme, â„é de trente et un ans, entré à l'hôpital de Guy le •13 octobre 4 847, portail à la région de l'hypochondre droit et à l'épi— gastre une tumeur dont la fluctuation n'était pas douteuse. Le 4 décembre, M Hilton lit une ponction dans la tumeur avec un petit trocartet retira liente- huit onces d'un liquide clair et transparent. Nouvelle ponction le 7 janvier ; cette fois, on ne retira que dix onces de liquide d'une odeur assrz fet de. Troi- sième ponction deux jours après, mais celte fois avec un trocarl volumineux; on retira vingt-quatie onces d'un pus fétide avec des débris membraneux et des hydatides en parlie détruites L'ouverture fut maintenue avec une sonde de gomme élastique, et du pus fétide de temps en temps, même des hydalides continuèrent à s'échapper jusqu'au commencement d'avril. Depuis ce jour, la tumeur diminuait de volume; le 4 1 avril, lorsque la petite ouverture fut fermée, on ne trouvait plus qu'un corps du volume d'une noix au-dessous du lobe droit du foie (1). » Obs. CCLXVIII (Boinet). — Kyste du foie ; guèrison. III. — Il s'agit d'un homme âgé de vingt ans, qui avait une tumeur élastique et fluctuante à 1 epigaslre. Une ponction capillaire donna issue à 4 700 grammes d'un liquide clair comme de l'eau de roche; pendant quelque temps la guèrison parut radicale ; toutefois quatre mois après on put con- stater de nouveau l'existence de la tumeur. Une nouvelle ponction donna issue à 400 grammes environ de liquide limpide. Cette fois la guèrison parut com- plète (2). Obs. CCLXIX (Dumont-pallier). — Kyste du foie? guèrison. IV. — Je possède, dit M. Cadet de Gassicourt, une autre observation re- cueillie par M. Dumont-Pallier, dans le service de M. Bernutz: la guèrison (1) Soc. médico-chirurg . de Londres, et Guy's Hospital reports, oct. 1848, t. VI. — Bull, de thérap., 1848, t. XXXV, p. 331. — Arch. gén. de méd. de Paris, juillet, 1849, p. 346. (2) Boinet, Mém. cit., obs. VIII, p. 18. NATURELLES 00 ADVENTIVES. — HYDAT1DES. 577 fut produite par deux ponctions successives, sans que pour cela on ait eu à observer aucun accident du côté du péritoine (, p. 1S. DAVAINE. 57 .">7K aitkctions vi-.hmim:i'si's ms cavités sf.ni.tsis Ml. — SoiM.i (dlis. (!('.\\\). — Bras,- ouverture spontanée; ûébrtde- wcut ; guérison tardive. Mil. Wmhm.ii (obs. CCXXX1). — Aine; incision et excision d'une portion du kyste. MV. — I.arrey (obs. CCXXX1I). — Hanche]; ponction et injection iodée, sans succès; incision; guérison. XV. — Antoine Dubois (obs. CCXXXIII). — Cuisse; incision; guérison? XVI. — Dkmarouay (obs. CCXXXV). — Cuisse; ponction et injection iodée, sans succès; incision; guérison. B. — Kystes développés dans les parties profondes. XVII. — Fréteau (obs. XXXIV). — Hydalides intra-lhoraciques, faisant saillie à l'extérieur ; incision; communication avec les bronches. XV11 1 . — Rivière (voy. p. 550). — Voie ? incision ? issue d'un grand nombre d' hydalides. XIX . — Clémot (obs. CXXI) . — Hydatides vomies ; tumeur de l'abdomen ; incision. XX. — Brillouet (obs. CXXIX). — Hydatides inlr a- abdominales ; inci- sion ; ouverture spontanée ; accidents variés. XXI. — Decieux (obs. CXXXI). — Hydatides intra-abdominales ; inci- sion; issue de vésicules par les selles. XXII. — Roux (obs. CXLVII). — Tumeur hydatique prise pour une hernie ombilicale ; débridement. XXIII. — Park (obs. CLXII). — Petit bassin; incision par le vagin. XXIV. — Roux (obs. CLXIV). — Petit bassin; incision par le vagin. Obs. CCLXX (Tyson). — Kyste du foie? incision. Guérison. XXV. — Tyson dit que chez une femme actuellement bien portante, il avait fait ouvrir, dix ans auparavant, le côté droit un peu au-dessous des fausses côtes. Il était sorti par l'ouverture une grande quantité d'eau lim- pide, et plus de cinq cents hydatides dont le plus grand nombre étaient in- tactes ; les autres, trop volumineuses pour franchir la plaie, étaient déchi- rées (S2 Ali ICI Kins VERMINEUSES DKS CAVlfÉS SliKEUSES après : pendant ces deux jours, l'eau continua à couler par la plaie et en assez grande quantité, pour mouiller les matelals. Le malade ne cessa d'avoir des hoquets, des nausées cl vomissements, rejetant lout ce qu'il buvait. » A l'ouverture du cadavre, on trouva une hydropisie enkystée du foie [h). » Obs. CCLXXVII (Kécamikr). — Hydntides du fuie. XII.— « En 1826, il y eulau n" 35 delà salle Sainte-Madeleine, à l'Hôtel- Dieu, un homme âgé de soixante-deux ans, qui portait un développement très considérable de l'hypochondre droit ; la suffocation était imminente: Dupuytren et Breschet appelés en consultation par Récamier, ne purent reconnaître, ni même soupçonner la fluctuation dans la tumeur. Une ponction exploratrice, faite avec un trocart très fin, fit présumer que ce développement de l'hypo- chondre dépendait, d'un kyste hydatique énorme, développé dans le foie à une profondeur peu considérable, on pratiqua avec le bistouri une incision d'un pouce d'étendue, par laquelle sortirent un grand nombre d'hydatides et beau- coup de liquide purulent jaunâtre. Le malade mourut trois jours après l'opé- ration . » A l'ouverture du cadavre, nous trouvâmes une poche immense, creusée dans le t'oie très près de sa face convexe (2). » En résumé, on voit que l'incision pratiquée sur des kystes hyda- tiques situés à la face, au cou, dans les parois du tronc, ou dans les membres, est ordinairement suivie de la guérison (16 guérisons, 2 morts) . L'incision pratiquée sur des kystes développés dans les organes internes a donné autant de guérisons que de morts (10 guérisons, 10 morts). Mais il faut remarquer que dans un grand nombre des cas, la tumeur menaçait de s'ouvrir spontanément, ou qu'elle a été prise pour un abcès: de sorte que des adhérences, qui existaient entre les parois du tronc et le kyste, avaient mis à l'abri d'un épan- chement dans une cavité séreuse. E. — Incision à deux temps. C'est pour prévenir la pénétration dans le péritoine, du liquide ou des matières contenues dans un kyste hj'datique du foie, qu'on a proposé d'en opérer l'incision en deux temps; il n'existe qu'un petit nombre d'observations de kystes hydatiques opérés par cette mé- thode. (1) Lassus, Mêm. cil., obs. ix. (2) Bnaucou, tliese cit., n. l(j. NATURELLES OU ADVENÏIVES. — HYDATIDES. 583 Obs. CCLXXVIII (Rayer et Velpeau). — Kystes multiples, athéromateux du foie ; incision à deux temps. Mort. I. — Il s'agit d'une femme, âgée de quarante-sept ans, qui entra à la Charité le 14 octobre 1843. Depuis six ans, elle avait commencé à éprouver des douleurs et une gêne habituelle dans l'hypochondre droit ; elle était affectée depuis quelque temps d'un catarrhe pulmonaire qui l'amenait à l'hôpital. M. Rayer ayant reconnu une tumeur hydatique dans l'hypochondre droit, en confia l'ouverture à M. Velpeau. Après avoir fait une ponction exploratrice au moyen d'un trocart extrê- mement fin, ponction qui donna issue à un liquide mucilagineux, M. Velpeau incisa les téguments jusqu'au péritoine; il porta le doigt au fond de la plaie et sentit manifestement la fluctuation. La plaie fut pansée avec de la charpie, et depuis le 2 décembre jusqu'au 6, rien de nouveau ne fut tenté. « M. Vel- peau pensant alors que des adhérences avaient eu le temps de s'établir, a pro- cédé au second temps. Un bistouri à lame étroite a été plongé dans la tumeur fluctuante qu'on sentait au fond de la plaie, et aussitôt un flot d'un liquide jaunâtre très abondant s'est élancé par l'ouverture, puis sont venues des masses filantes qui ont interrompu le jet et, après leur sortie, le jet a recom- mencé. Un stylet porté dans l'ouverture a pénétré d'abord dans une vaste poche, puis a été arrêté par une paroi ; mais en l'inclinant un peu il s'est trouvé dans une autre large cavité. En résumé, il est sorti de ce kyste du pus, des matières comme muqueuses et un liquide analogue à du sérum ; en un mot, c'était un liquide hydatique. On a placé une mèche dans l'ouverture et l'on a pratiqué à diverses reprises des injections détersives dans l'intérieu du kyste, il a continué à couler une quantité de matières séro-purulentes ou purulentes ; mais la fièvre s'est développée ; des accidents locaux sérieux se sont manifestés et la malade a succombé. » A l'autopsie, on a constaté qu'il n'y avait pas un kyste unique, qu'il y en avait plusieurs et de différentes natures; deux de ces kystes communiquant l'un avec l'autre avaient été vidés, les autres étaient intacts et renfermaient la matière que nous avons décrite et des acéphalocystes (1). » Obs. CCLXXIX (Jarjavay). — Kyste hydatique du foie; incision à deux temps. Guérison. II. — Il s'agit d'une femme âgée de vingt-neuf ans, qui portait à la région du foie une tumeur, qui fut jugée être un kyste hydatique. « Le 8 juillet 1850, le chirurgien incise couches par couches et avec pré- caution, la peau, le tissu cellulaire sous-cutané, le muscle droit antérieur et enfin l'aponévrose profonde, sur une sonde cannelée ; arrivé au péritoine, on garnit de charpie le fond de la plaie, dont l'étendue longitudinale, parallèle à l'axe du corps, est de 5 centimètres. (1) Kyste hydatique du foie ouvert avec l'instrument tranchant par la méthode en deux temps (Bull. gèn. delhérap., 18 ii, t. XXVI, p. o8). 5 8/l AFFECTIONS VERMINEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES » Le surlendemain 10 juillet, on lave les pièces superficielles du pansement; la plaie présente un très bon aspect, le pourtour seul est un peu sensible. Le malade qui a vomi le premier jour, n'a eu que quelques nausées le lendemain, la charpie est maintenue en place. » Le 1 I , on enlèvo la charpie, la plaie est sanieuse, un peu de pus. » Le 1 3, on sent au fond de la plaie une tumeur résistante, élastique, fluc- tuante, contenant manifestement du liquide ; le chirurgien fait verticalement alors une ponction avec un bistouri très aigu, et introduit par l'ouverture une sonde de femme qui s'y perd, tant le kyste est étendu; il s'écoule hors du kyste une grande quantité, environ 400 grammes, d'une sérosité citrine, transparente. Une mèche est placée dans l'ouverture. » Le lendemain, un peu de fièvre, vive douleur abdominale au moindre contact exercé sur la plaie. Le liquide qui sort est brunâtre. » Le 4 6, on commence à retirer avec des pinces introduites dans la plaie, des fragments d'acéphalocyste. » Le 17, on amène au dehors une poche épaisse de plus de 4 millimètres, dont l'expulsion est accompagnée de vives douleurs ; par des efforts de toux, le malade favorise la sortie de ces poches hydatiques. » Le 28, mauvaise nuit, agitation, sortie par la plaie d'un liquide jaunei bilieux, vomissements, amaigrissement évident ; le 21, pouls à 84-88. Le liquide expulsé par les quintes de toux à travers l'ouverture, dont les bords sont écartés par les mors d'une pince à pansement, sort en jet abondant ; il s'en échappe environ 200 à 250 grammes chaque matin. L'état général de la malade est assez satisfaisant. » Le 20 août, le foie a subi un retrait extrêmement prononcé, le gonflement des régions épigastrique et hypochondriaque droite a beaucoup diminué, la ca- pacité de l'abcès est bien moins grande ; l'état général est satisfaisant; la maladie marche vers la guérison. » A partir du huitièmejour on a fait chaquejour une injection abondante d'eau de guimauve, dans la cavité de la tumeur, le liquide chargé de pus d'abord, finissait par ressortir clairet transparent. Dans les premiers jours, le liquide ne ressortait transparent qu'après l'injection d'un litre et demi environ ; vers le 20 août, ce liquide ressort clair après l'injection d'un quart de litre (1). » F. — Ouverture par un caustique. L'ouverture des tumeurs hydatiques par un caustique a été pra- tiquée anciennement ; nous en avons rapporté plusieurs observations ; mais dans ces cas le chirurgien, par l'application du caustique, n'avait d'autre but que de procurer une issue aux matières contenues dans la tumeur. Récamier, dans l'emploi de ce procédé, s'est pro- (1) Gasetledes hôpitaux, 1850, n" 89, p. 353, et n° 100, p. 397. NATURELLES OU ADVEJNTIVES. — HYDAT1DES. 585 posé un but plus important, celui d'ouvrir un kyste situé dans un organe interne sans déterminer d'épanchement dans la cavité séreuse adjacente. C'est surtout dans les cas de kyste hydatique du foie que l'appli- cation méthodique du caustique a été faite. 1* Cas de guéri son. Oes. CCLXXX (Récamier). — Kyste du foie. I. ■ — « Damange, peintre en bâtiment ; vingt ans, assez fortement con- stitué, sujet à des coliques depuis plusieurs années ; bonne santé d'ailleurs. Le 26 avril 1827, un plancher s'écroule sous lui ; il tombe dans une cave de dix à douze pieds de profondeur et perd connaissance. Le lendemain il ne se res- sent pas de sa chute, seulement il est jaune ; il reprend ses travaux le 28 ; mais le 30, douleur gravative dans l'hypochondre droit, décubilus impossible de l'un et de l'autre côté, en sorte que le malade est obligé de se tenir sur le ventre ; rétraction du testicule droit ; soif, fièvre. » Le 3 mai, il entre à l'Hôtel-Dieu ; voici dans quel état : teinte ictérique légère ; l'hypochondre droit est soulevé par une tumeur non bosselée, qui s'étendait en bas jusqu'à trois travers de doigt au-dessous de l'ombilic, et à gauche jusqu'au niveau de l'appendice xiphoïde. Le malade ne s'en était jamais aperçu, la pression ne déterminant aucune douleur. On crut sentir plusieurs corps, qui semblaient immobiles, assez durs, saillants, inégaux, dans plusieurs points une fluctuation obscure. La percussion de l'abdomen rendait dans toute cette région un son mat qui se prolongeait jusque dans le petit bassin. En frappant d'une main sur un des points de l'abdomen, tandis que l'autre était appliquée sur la tumeur, on ne donnait lieu à aucune impulsion ; la percussion sur la tumeur ne faisait sentir aucun frémissement, et combinée avec l'auscultation elle ne permettait d'y découvrir aucun bruit particulier. L'épaule droite n'est le siège d'aucune douleur ; peu de fièvre, langue blan- châtre, constipation depuis quatre jours (saignée, diète). » Le 1 5 mai, point de fièvre, point de douleur. Afin de s'assurer de la nature de la tumeur, on y fait une ponction avec untrocart très fin dans le point où la fluctuation paraît la moins douteuse. Une ventouse est appliquée sur la ca- nule, et quelques gouttes d'un liquide fort limpide s'écoulent par son ouver- ture ; le jour suivant, la santé de ce jeune homme est parfaite, l'ictère diminue. Application d'un large morceau de potasse caustique sur le point le plus sail- lant de la tumeur; le lendemain, incision de l'eschare au centre de laquelle on insinue un second morceau de potasse. Depuis ces applications la tumeur pa- raît diminuer de volume. » Quelques jours après, chute de l'eschare, ouverture spontanée de la tu- meur ; des flots de liquide jaunâtre et limpide, mêlés d'un grand nombre d'acéphalocystes de toutes les grosseurs, sont chassés avec force au dehors. Trois bassins, chacun de la capacité de deux litres, furent remplis à l'instant. 586 AFFECTIONS VERM1NEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES L'abdomen perdit Considérablement de son volume ; le môme jour, une injec- tion d'eau d'orge miellée fut faite dans le kyste, dans l'intention de prévenir l'introduction de l'air. Les trois jouis suivants, un nombre considérable d'hy- datides continuent à sortir. Le malade n'avait point de fièvre, et la santé n'avait soulTert en aucune manière. A l'eau d'orge on substitue l'eau salée, le liquide qu'on injecte sort fétide. (Décoction d'orge et de quinquina, puis solu- tion de chlorure de chaux en injection ; un grain d'extrait gommeux d'opium, la nuit.) La capacité du kyste diminue tous les jours. » Trois semaines après la chute de l'eschare, il ne pénétrait que quatre onces de liquide dans la poche, au lieu d'une pinte et un quart qu'elle recevait dans le principe. Au bout d'un mois et demi, il ne reste qu'une ouverture fistuleusepar laquelle s'échappe pendant la toux un liquide purulent et fétide. Tout à coup la matière est plus abondante, verdâtre, d'une odeur slercorale, semblable à celle qui appartient au dernier intestin grêle. Bientôt on y reconnaît des fragments de pois que le malade avait pris à dîner, et cependant sa santé n'a pas été un instant troublée ; on reconnaît des épinards et autres herbes. Bientôt les ma- tières fécales ne passent plus; l'ouverture de communication est évidemment cicatrisée. Une fistule purulente existe toujours. On essaie à plusieurs reprises, mais inutilement, d'obtenir la guérison au moyen de la suture entortillée. Le ma- lade sort le 30 juillet; c'était le 19 mai que s'était vidée la tumeur. Il restait encore une fistule étroite qui donnait issue à une petite quantité de pus fétide et verdâtre. Une espèce d'eschare noirâtre se fait jour à travers la fistule qui marche rapidement vers la guérison (1). » Obs. CCLXXXI (Récamier). — Kyste du foie. II. — Marion, âgé de trente-trois ans..., s'aperçut, il y a quatre ans, qu'il portait une tumeur dans l'épigastre. Celle-ci fit de rapides progrès, et par son développement, elle gênait les mouvements du malade... Trois semaines après son admission, la tumeur, jusque-là indolente, était devenue doulou- reuse, l'abdomen sensible, et depuis douze jours une douleur vive à l'épigastre, des vomissements de matière alimentaire s'étaient manifestés. A son entrée, il présentait une tumeur dure, rénitente, douloureuse à la pression, occupant l'épigastre depuis les cartilages costaux jusqu'à l'ombilic, et s'étendant surtout vers l'hypochondre droit; cette tumeur inégale et bosselée n'adhérait point aux parois abdominales, qui glissaient facilement sur elle ; sa partie moyenne présentait une fluctuation obscure. La percussion rendait un son mat dans toute la région correspondant à la tumeur; l'auscultation n'y faisait entendre aucun bruit. Le malade avait une fièvre légère, vomissait les aliments et les boissons, et éprouvait une dyspnée qui paraissait être l'effet mécanique de la (1) L; Martinet, Clinique médicale de V Hôtel-Dieu de Paris (1827). Observation d'un kyste hydatique du foie. {Revue médicale, t. III, p. 436, 1827. — Dupuytren, ouvr. cit., t. 111, p. 390. Cruveilhier, art. Acéphalocystes. — Barrier, thèse cit., •p. 58.) NATURELLES OU ADVENT1VES. — HYDAT1DES. 587 pression de la tumeur (15 sangsues, cataplasmes, bains., chiendent et ré- glisse; le quart). Les jours suivants, nouvelle application de sangsues; les vomissements et la fièvre se suspendent. » Le 27 juin, application de potasse caustique à un pouce et demi au- dessous de l'appendice xiphoïde. — Le 29, nouvelle application de causti- que.— Le 1" juillet, malaise général, douleur et tension de l'abdomen, consti- pation, pouls accéléré (sangsues et cataplasmes émollients). — Le 7 juillet, accidents disparus ; incision longitudinale du kyste faite au fond de l'escharre, issue d'une pinte d'un liquide limpide, qui continue à couler pendant la nuit (injection émolliente dans le kyste, pansement simple, cataplasmes émol- lients). — Le 8 juillet, un peu de fièvre depuis hier, ventre douloureux, pas de sommeil ; la tumeur a diminué (même prescription que la veille). — Le 9, même état (sangsues autour de la tumeur). — Le 12, moins de douleur, mais diarrhée (riz édulcoré, décoction blanche, œufs frais, injections). — Les jours suivants, même traitement, le kyste diminue de volume de plus en plus. L'état général serait satisfaisant sans le retour d'un paroxysme fébrile chaque nuit. — Le 4 août, abattement ; le malade se plaint d'une douleur horrible dans le ventre qui est tendu et tuméfié; constipation, chaleur à la peau, soif vive (grand cataplasme sur le ventre, lavement, ventouses sur les côtés, julep avec le sirop de pavot blanc). — Le 5 août, ventre ballonné, distendu; la tumeur paraît refouler en haut le diaphragme, ce qu'on reconnaît à l'imminence de la suffocation ; c'est pourquoi on se décide à agrandir la première incision qui avait commencé à se rétrécir. Issue d'une grande quantité de gaz fétides et de quelques gouttes de sérosité purulente ; on s'assure, en remuant la canule, qu'elle est dans le kyste. — Deux jours après, les accidents furent calmés, et la plaie laissa sortir une membrane que l'on reconnut, malgré l'altération qu'elle avait subie, pour être la membrane interne du kyste ; mais le liquide qui s'écoula par la plaie devint plus considérable et était de couleur jaunâtre, ce qui fit penser qu'il contenait de la bile. Dès ce moment, les symptômes graves disparurent pour jamais, et à la fin de mai, le kyste ne contenait plus qu'une once de liquide ; quinze jours après, le malade sortit totalement guéri (1). » Obs. CCLXXXII (Jobert). — Kyste du foie; potasse caustique; injections alcooliques. Guérison? III. — Il s'agit d'un jeune homme, âgé de dix-huit ans, qui avait dans l'hy- pochondre droit et à l'épigastre une tumeur considérable datant de trois ans. (1) Debouis, Thèse de Paris, 1828, n" 263, et Barrier, thèse cit., p. 81 . C'est probablement de ce malade que M. Cruveilhier dit : « Il existe en ce mo- ment dans les salles de Récamier un jeune homme excessivement nerveux qui a été soumis au même traitement, 'savoir : 1° à une ponction acupuncture exploratrice; 2° à l'application de la potasse caustique; 3" à des injections émollientes d'abord, puis légèrement stimulantes. 11 est en voie de guérison. » (Cruveilhier, art. AcÉ- PHALOCYSTES, p. 236.) 588 AFFECTIONS VERMINEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES Une ponction exploratrice ayant été faite avec un trocart, il en sortit un liquide séreux. Huit jours après, une incision fut pratiquée sur le sommet de la tu- meur, à quatre travers de doigt au-dessous du rebord des fausses côtes et à deux travers de doigt à droite de la ligne blanche. Le foie, incisé à la profon- deur d'un pouce à un pouce et demi, parut sain dans son tissu ; le bistouri porté de nouveau dans la plaie, pénétra dans un kyste à parois épaisses, il contenait un liquide séreux et une quantité considérable d'hydatides. Des injections d'eau distillée et d'alcool furent faites dans l'intérieur du kyste, et une sonde de femme y fut laissée à demeure pour faciliter l'écoulement du liquide et la sortie des hydalides. — Deux mois après l'opération, les hyda- tides sorties à chaque pansement pouvaient être estimées à 60 ou 80. L'ab- domen était souple, peu douloureux, la plupart des bosselures du foie avaient disparu; le malade était faible, mais sans beaucoup de fièvre ; les évacuations étaient libres (1). D'après les renseignements qu'a bien voulu me donner M. Jobert, la potasse caustique avait préalablement été appliquée sur la partie où l'incision fut pratiquée. Obs. CCLXXXIII (Laeoulbène). — Kyste du foie. IV. — Fille C. . . Louise, âgée de seize ans, domestique, née à Soissons, en- trée le \ 8 juin 4 855, à la Charité, salle Saint-Basile n° 32, dans le service de M. Rayer. Louise C... est malade depuis deux ans; elle s'était toujours bien portée avant cette époque. Elle dit avoir éprouvé une vive douleur dans la région du foie, après avoir soulevé des bottes de foin qu'elle chargeait sur une voi- ture à l'aide d'une fourche. Le point d'appui était pris sur l'hypochondro droit. La région hépatique s'est développée peu à peu. Etat actuel. — Teint pâle, mais sans teinte ictérique des conjonctives ou des téguments. Constitution ordinaire. L'hypochondre droit présente une tuméfaction très marquée, mais sans bosselures et offrant une résistance égale sur tous les points. Fluctuation obscure; frémissement hydatique très manifeste. Santé générale non altérée, embonpoint, digestions assez faciles, pas de vomissements, constipation. Jamais d'ascite ni d'enflure des jambes, ni de bouffissure du visage, dyspnée légère, quelquefois palpitations, mais de peu de durée. Souffle léger à la base du cœur et au premier temps de ses bruits, se prolongeant dans les vaisseaux du cou. Menstruation assez peu régulière. Urines n'offrant rien de particulier. Diagnostic. — Kyste acéphalocystique du foie. Dans les premiers jours de juillet, j'applique, suivant l'ordonnance de M. Rayer, un cautère avec de la potasse caustique sur le point central de la tuméfaction. Le lendemain de l'application de la potasse, l'eschare est (1) Gazette des hôpitaux, août 1833, p. 383. NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. 589 fendue et une nouvelle application de potasse est faite entre les deux lèvres de la plaie. Nouvelles applications caustiques les jours suivants. La malade avait supporté difficilement et avec une impatience croissante ces cautérisations douloureuses pratiquées tous les deux jours. Elle quitte la Charité, le 11 juillet, sur sa demande expresse; mais elle rentre à l'Hôtel- Dieu dans le service de M. Horteloup, le 1 4 du même mois. Le 1 6, ponction exploratrice de la tumeur. Il sort un liquide limpide, clair ; On en laisse couler deux cuillerées environ. Le 17 et les jours suivants, on applique de nouveau sur la plaie de la po tasse, comme je l'avais fait précédemment. Le 28, ponction avec un gros trocart qui traverse un centimètre environ de tissu hépatique ; il s'écoule trois litres d'un liquide clair, limpide, non albumineux. Le 29 juillet, vomissements bilieux ; vives douleurs en dehors du point où la ponction a été pratiquée, mais pas de douleurs dans le reste de l'abdomen. Le soir, le faciès est grippé, les yeux cernés ; \ 1 2 pulsations. Il est sorti des fragments d'hydatides par la plaie. (Pansement avec l'éponge préparée pour agrandir l'ouverture produite par le trocart.) Le 30 juillet, écoulement par la fistule d'un liquide manifestement teint par la bile; 120 pulsations. La douleur hépatique ne s'est point étendue: gêne dans la respiration, appétit perdu. Le 6 août, 90 pulsations. Les symptômes des jours précédents se sont amoindris peu à peu. Douleur hépatique nulle; oppression légère. Il est sur- venu de la diarrhée. Le liquide du kyste devient purulent. La malade a mangé un œuf sans nausées. On fait une injection iodée dans le kyste, il y a eu de nombreux fragments d'hydatides qui sont sortis. Les jours suivants, il y a pa- reillement issue de petites vésicules hydatiques. Le 14, odeur infecte quand on retire l'éponge préparée. Injection dans la cavité du kyste avec un liquide contenant de l'azotate de plomb. Le 16, coliques vives. On remplace les injections précédentes par deux in- jections par jour d'eau chlorurée (chlorure de chaux liquide). Jusqu'à la fin du mois, il y a chaque jour de nombreux fragments hydatiques sortis du kyste ouvert. Septembre. La malade revient à la santé. Elle digère facilement, et l'em- bonpoint reparaît. La tumeur hépatique diminue de plus en plus. Dans les premiers jours d'octobre elle demande son exeat. La fistule ne donne plus en vingt-quatre heures que des gouttes de sérosité. La dépression de l'hypochondre droit est très notable. Deux mois après, Louise C... est revenue parfaitement guérie, faire voir à l'Hôtel-Dieu et à la Charité qu'il ne restait plus de plaie dans la région hépatique. Celle-ci est encore plus affaissée qu'à la sortie de l'hôpital. V. — Cas observé par Richard. — Kyste hydatique du foie ; sept appli- cations coup sur coup de caustique de Vienne; ouverture spontanée de l'es- 590 AFFRETIONS VF.RMINF.USF.S DES CAVITÉS SÉREUSES charo ; issue do trois litres et demi do pus et d'hydatides ; amélioration rapide ; fistule pendant cinq mois ; guérison (Voy. obs. CCXCVII). VI. — Cas observé par Robebt. — Kysle kydaticpiedu foie; six applications de potasse caustique; accidents; incision de l'eschare, amélioration; injection iodée nuisible ; guérison (Voy. obs CCXCIV). 2° Cas de mort. Obs. CCLXXXIV (Récamieb). — Kyste du foie ; frémissement hydatique. I. — « Un homme âgé de trente-quatre ans porte depuis dix-huit mois une tumeur à la région du foie. Cette tumeur est complètement indolente à la pression et sans la pression ; toutes les fonctions de l'économie s'exécutent, dans l'état le plus régulier, mais la tumeur l'incommode par son volume et l'inquiète pour l'avenir. Quelques personnes ont cru reconnaître par l'explora- tion ce bruit de crépitation, de collision que donnent les hydatides en les frottant les unes contre les autres ; mais cette sensation n'a pas paru assez distincte au plus grand nombre pour qu'on puisse en tirer quelque induction ; M. Récamier a donc eu recours au moyen d'exploration qu'il a le' premier employé. Le 22 avril 1828, un trocart extrêmement délié a été enfoncé dans la partie la plus sail- lante de la tumeur ; il s'est échappé un liquide, limpide comme dans les cas rapportés plus haut. Ce liquide ne se coagule pas par la chaleur, de même que celui précédemment obtenu. Il y a donc presque certitude d'analogie, aucun accident n'a suivi la ponction, on a attendu que la tumeur fût de nouveau dis- tendue par la sérosité, pour appliquer la potasse caustique. Cette application a été faite le 29 avril, il paraît qu'elle a été faite trop haut ou que le caustique s'est déplacé, car son action a porté sur les dernières côtes. » Ce malade a succombé vingt-cinq jours après la ponction, à la suite d'ac- cidents nerveux qu'on a qualifiés de tétaniques (1). » Obs. CCLXXXV (Cbuveilhier). Deux kystes dans le foie. II. — Homme, vingt-cinq ans, kyste hydatique du foie; deux applications de caustique de Vienne ; ponction à travers la plaie, issue d'un liquide lim- pide. Guérison de la plaie, réapparition des accidents, ponction nouvelle, issue de membranes hydatiques et de pus, affaiblissement, diarrhée, vomisse- ments, mort. Kyste hydatique de la grosseur d'une tête d'adulte dans le foie, un second plus petit dans le même organe (2). Obs. CCLXXXVI (Lebret). — Kyste du foie. III. — Il s'agit d'un enfant, âgé de neuf ans, « admis le 1 8 octobre 1848 dans le service de chirurgie. Il présentait une tumeur peu développée au ni- veau du foie, mais où le frémissement particulier à la présence d'hydatides (1) Cruveilhier, art. Acéphalocïstes, p. 235. (2) Cruveilhier, Gaz. des hôpitaux, 1842, 2e série, t. IV, p. 3J7. Naturelles ou adventives. — hydAtides. 591 dans cet organe se percevait manifestement par la percussion légère ; d'ail- leurs, un état général satisfaisant, un peu de maigreur, mais habituelle. » A partir du 10 octobre, on a appliqué successivement le caustique de Vienne et la potasse caustique sur le point le plus saillant de la tumeur ; un hiatus assez profond a été ainsi formé très lentement, de manière à favoriser l'adhérence du péritoine aux parois et aux parties voisines. » Ce n'est que vers les premiers jours du mois de mars que le ventre de- vint plus flasque; le frémissement n'était plus appréciable en aucun point; l'excavation fistuleuse étant suffisamment profonde, on ponctionne alors avec un trocart explorateur, et il sort environ 200 grammes de sérosité citrine, sans trace de débris hydatiques, de nature albumineuse ; le microscope n'y fit découvrir que quelques conferves, mais formées peut-être après l'issue du liquide. On agrandit l'ouverture pratiquée, au moyen d'épongé; pendant trois jours, il fallut combattre les signes d'une péritonite circonscrite, tendant à se généraliser. » Le 12 mars, l'état général se relevant, on voyait des hydatides, de mé- diocre volume, se présenter à l'orifice interne de la fistule ; nous en enlevâmes quatre le matin et autant le soir. » Les jours suivants, même sortie d'hydatides, au milieu d'un liquide trouble, jaunâtre et très fétide ; les forces de cet enfant faiblissaient sensiblement, sous l'influence d'un état fébrile rémittent qu'on put vaincre avec la quinine. » A partir du 20 courant, la plaie fut maintenue ouverte avec de l'éponge, puis par une mèche cératée ; des hydatides, de grosseur variable, ont été reti- rées journellement, mais, depuis ce moment, fortement colorées de matière bilieuse, la plupart en lambeaux, tant leur consistance est molle et facile à diviser. Malgré une déperdition de bile assez notable, puisque les pièces du pansement, la charpie, en étaient tout à fait imprégnées chaque jour, les forces se sont soutenues; peu d'appétit, mais digestions faciles; pas de vomisse- ments ni de diarrhées; visage gai ; pouls régulier, quoique faible. Depuis quelques jours, le foyer paraissait tari ; à peine sortait-il du liquide fétide en question. » Le.2S, l'élève chargé du pansement voit saillir un lambeau plus résistant que d'habitude, le saisit et amène les débris considérables d'une poche d'ap- parence fibreuse, résistante, lisse sur une surface et chagrinée sur l'autre, laquelle, dans son étendue presque complète, nous paraît la paroi même du kyste ; cette extraction fut suivie de frissons, avec vomissements, accidents promptement enrayés par l'administration d'opium à dose élevée. » Le surlendemain, 30 courant, en étant la mèche de la fistule, nous voyons jaillir un véritable flot de liquide trouble, jaunâtre, extrêmement fétide, dont on a recueilli près d'un litre et demi ; en même temps, de volumineuses hydatides s'échappaient, sous forme de poches translucides renfermant une sorte de gelée jaunâtre ; on peut en évaluer le nombre à six ou sept. » Depuis ce moment, aucun accident n'est survenu ; l'état général se sou- tient. Ce matin, il n'est sorti que très peu de liquide d'apparence séreuse. » f>9i> AFFECTIONS VERMINEUSES M'.S CAVITÉS SÉllEUSIiS a M. Le Breta présenté ù la Société les pièces analomiqucs d'un enfant qui a déjà fait le sujet d'une note dans le précédent compte rendu, comme offrant l'exemple d'une poche hydatique du foio entièrement attirée au dehors, con- tenu et contenant, à travers une fistule artificielle. La santé générale se soute- nait parfaitement depuis lors ; dii pus fétide sortait par l'orifice extérieur de la petite plaie, mais sans que le malade manifestât la moindre souffrance, et tout portait à croire qu'un travail réparateur s'effectuait à l'intérieur de la poche. Une injection destinée à en nettoyer les parois et à exciter l'inflamma- tion a amené la rupture du kyste sur un point peut-être aminci préalablement; et une péritonite aiguë, survenant immédiatement, s'est terminée en quarante- huit heures par la mort de l'enfant. » A f autopsie, les anses intestinales étaient reliées ensemble par de fausses membranes baignées de pus; d'ailleurs on ne pouvait plus retrouver de trace du liquide épanché. Le foie avait subi une augmentation remarquable de vo- lume, surtout dans sa portion gauche ; à droite, on rencontrait une cavité parfaitement en rapport avec la fistule pratiquée, et limitée en haut et en avant par la portion droite du diaphragme dans laquelle elle faisait saillie, en dehors par la paroi abdominale, y compris les cartilages et les huitième, neu- vième et dixième côtes, en bas et en dedans par le parenchyme même du foie, au milieu duquel le kyste semblait s'être en partie creusé. La capacité de cette poche était environ égale au volume des deux poings du sujet, enfant de neuf ans : un liquide purulent et surtout coloré de matière bilieuse s'en est écoulé abondamment; une membrane facile à détacher le tapissait, et au- dessous d'elle on voyait nettement un réseau vasculaire sur toute la surface interne. Inférieurement et en avant, presque au-dessous de la fistule, a eu lieu la rupture, là où l'on aperçoit une solution de continuité, à bords mousses, de 2 à 3 centimètres de diamètre, là aussi où la paroi est fort mince et facile à déchirer. L'état des autres organes était sain ('I). x> IV. — Cas observé par Turner. — Tumeur volumineuse de l'hypochondre droit ; trois applications de potasse caustique; issue d'une grande quantité de liquide et d'hydatides ; mort. Kystes hydatiques nombreux, l'un communiquant avec les bronches (Voy. obs. LXXVII). V. — Cas observé par Caarcot et Davaine. — Tumeur de l'hypochondre droit ; quatre applications de caustique en sept jours; ouverture spontanée de l'eschare ; accidents variés, marasme ; mort. Kystes hydatiques très nom- breux ^Voy. obs. CV). 3° Terminaison non indiquée. Obs. CCLXXXVII (Rayer et Pidom). — Kyste du foie. Il s'agit d'un homme âgé de quarante ans, qui entra à la Charité, dans le (1) Lebret, Expulsion d'hydatides et de la poche hydatique par une ouverture faite au niveau de la région hépatique (Comptes rendus, Soc. de biologie, 1 849, 1. 1, p. 54 et 68, et Gas. des hôpitaux, 1849, p. 269). NATURELLES OU ADVËNT1VES. — HYDATIDES. 593 service de M. Rayer, pour une tumeur hydalique du foie. Un caustique fut placé sur le point le plus saillant de la tumeur ; trente jours après une ponc- tion avec un trocart de petite dimension fut pratiquée au centre de la partie cautérisée, il s'écoula environ un quart de litre d'un liquide jaunâtre, à peine opalescent, tout à fait semblable A celui que l'on rencontre dans les kystes hy an- tiques non enflammés. Point d'accident immédiat; diminution notable delà tumeur (il n'est rien dit des suites) (I). L'application des caustiques a été faite encore clans plusieurs des observations consignées dans cet ouvrage ; mais dans ces cas, le caustique n'a été généralement qu'un moyen accessoire, et dans plusieurs même il a été au moins inutile. Voyez les observa- tions : CCXIV, Hewnden; CCXVI, Rossi ; CCXXXIV, Held; CCLXXIII, Mailly et Dodard ; CCLXV, CCLXVI , Jobert; CCLXXXIX, Cadet de Gassicourt ; CCXC, Chassaignac; CCXCV, Demarquay ; CCXCVI, Dolbeau; CCXCVIII, Voisin. Enrèsumè, les cas dans lesquels l'application de la potasse caus- tique ou du caustique de Vienne a constitué le moyen principal du traitement, sont au nombre de 12. — La guérison a eu lieu 6 fois, la mort 5. Si l'on examine la cause de la mort dans ces cinq cas, on trouve dans l'un des accidents nerveux indépendants du traitement ; dans un autre des accidents déterminés par un défaut de soins dans le pansement; et dans deux autres des kystes en si grand nombre, que tout autre traitement eût été de même inutile. On a objecté à la méthode de Récamier; 1° qu'elle agit lente- ment ; 2° qu'elle a une action difficile à limiter ; 3° qu'elle peut dé- terminer une péritonite ; 4° qu'elle ne produit pas toujours des adhé- rences. La première objection qui a quelque valeur lorsqu'il s'agit de l'ouverture d'un abcès, n'en a plus lorsqu'il s'agit d'une tumeur hy- ùatique; on peut d'ailleurs accélérer l'ouverture de la tumeur par des applications du caustique très rapprochées. Dans l'observa- tion CV, le kyste s'est ouvert après quatre applications faites en sept jours; dans l'observation CCXCVII, il s'est ouvert après sept applications coup su?' coup. La seconde objection ne convient pas au caustique de Vienne que l'on emploie généralement aujourd'hui au lieu de la potasse. (1) Rayer et Pidoux, Gaz. des hôpitaux, 1849, p. 382. DàVAlNE. 38 ;")> Obs. CCXC (Chassaignac). — Kyste hydaliquedu foie; caustique; ponc- tion; injection iodée. Guérison. III. — Homme, tumeur dans la région du foie, ponction exploratrice, issue d'un liquide limpide, non coagulable par la chaleur. Deux applications de caustique de Vienne en huit jours; ponction avec un trocart un peu gros, issue d'un liquide coagulable par la chaleur; injection iodée, réapparition de la tumeur quelques jours après; inappétence, accès fébriles pendant plusieurs mois; amélioration tardive. Guérison (2). Obs. CCXCI (Boinet et Mesnet). — Kystes multiples du foie, ouverture de l'un d'eux dans le poumon droit ; traitement d'un des kijstes par des injections iodées. Mort. IV. — « Un homme de trente-trois ans entra à la Charité le 28 octobre 1851, dans le service de M. Briquet. Voici dans quel état il se présente : (1) Cadet de Gassicourt, thèse cit., obs. in, p. 13. (2) Soc. de chirurgie, 18 mars 1857, dans Gaz. des hôpitaux, 1857, p. 147 , et Leçon clinique, même journal, p. 36G. 598 AFFECTIONS v kiîmi si usi.s m;s cavuI'.s SÊfcEUSÊS » Maigreur remai |uable; ictère foncé occupant toute la surface du corps; leu urines contiennent |e la bile. Pas de souille, ai au cœur, ni dans les caro- tides ; /"s de toux ni de crachats L'abdomen, comme la poitrine, est élargi du côté droit ; on trouve sur la ligne médiane quatre tumeurs, deux à droite ci deux a gauche; tout a fait à droite de l'abdomen, une tumeur très volumineuse, qui soulève la paroi thoracique; elle est douloureuse à la pres- sion et ûuctuante. On ne perçoit pas le frémissement hydatique. » Le 29, M. Boinet est chargé par M. Briquet de faire l'opération, qui est jugée indispensable. — Ponction avec un trocart à paracentèse dans le kyste de droite, qui est le plus volumineux, et dans lequel on perçoit manifestement la fluctuation La ponction donne issue à quelques cuillerées de pus et à une hydatide; mais l'écoulement du liquide cesse bientôt. M. Boinet fait alors, avec le bistouri, une incision de 3 centimètres à la paroi abdominale, et ouvre le sac dans uni- étendue de 1 centimètre à peu près. L'introduction d'un dila- tateur donne issue à 1050 grammes de pus, mêlé de membranes hydatiques. — Injection iodée. A la suite de l'opération, l'état du malade est satisfaisant et se maintieni ainsi jusqu'au 6 novembre : ce jour-là, il y a un peu de frisson et de fièvre le soir. » Le 7, le pansement est à peine taché, et la petite quantité de matière qui a coulé a une odeur fort désagréable. Une membrane hydatique bouchait l'ouverture du foyer. Une sonde en gomme, glissée jusqu'au fond delà poche, donne issue à environ 50 grammes de pus épais, jaune-verdâtre, très odo- rant, et à quelques débris d'hydatides. — Injections iodées. » Du 7 au 10, l'état est satisfaisant; ni frissons, ni fièvre, ni toux, ni dé- voiement. Le teint semble beaucoup moins jaune. » Le 18, nouvelle injection d'iode. » Le 21, une hydatide qui bouchait la plaie est retirée avec les doigts, et il s'écoule immédiatement un flot de liquide séro-purulent légèrement rous- sàtre, mélangé de grumeaux blancs, et d'une odeur épouvantablement infecte. Le malade dit avoir rendu quatre ou cinq crachats qui avaient un goût pro- noncé d'iode; mais il ne peut montrer ces crachats, qui ont été jetés, et le phénomène ne se reproduit plus. » Le 25, même état général. Hier soir, frisson. Chaque jour, deux ou trois selles trè* fétides, de matières semblables à celles qui sortent de la plaie. Rien de changé dans les phénomènes d'auscultation de la poitrine; point de râles, point de toux Pouls, 100 à 110. » Du 25 novembre au 10 décembre. L'état va chaque jour s'aggravant, l'appétit, se perd, l'amaigrissement va croissant. Un peu de fièvre le soir. Respiration facile, pas de toux. Toujours deux ou trois selles fétides chaque jour. Bouche mauvaise; langue pâteuse, quelquefois un peu sèche. » Le 1 0, 'e malade a peine à se remuer dans son lit; parole difficile, langue embarrassée, douleur sourde et continue à l'hypochondre gauche. « Le 12, mort à trois heures après midi. » Autopsie. — Le foie est rempli de kystes hydatiques nombreux, une NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. 599 vingtaine à peu près dans le lobe droit. Parmi ces kystes, les uns contien- nent du liquide et des poches hydatides plus ou moins nombreuses, les autres sont solides et n'offrent autre chose que des membranes minces, les unes transparentes, les autres opaques, imbriquées les unes avec les autres, et pré- sentant la coupe transversale d'un bourgeon ou d'un pavot avant le dévelop- pement de ses pétales. » Kyste ponctionné. Il occupe le lobe droit du foie, et contient un liquidé jaune brunâtre, floconneux , et deux hydatides mortes. Par sa partie supé- rieure, il communique avec un autre kyste, occupant presque tout le lobe droit du foie, et qu'on a pu suivre jusque dans le tissu du poumon droit. Ace niveau, le diaphragme a disparu, et le tissu du poumon, recouvert d'une membrane mince, grisâtre, baignée de pus, formait la limite de la poche (explication du goût d'iode et des crachats iodés notés dans l'observation). » La vésicule biliaire avait disparu; sa place était occupée par quatre kystes hydatiques situés à la face inférieure du foie. Deux autres kystes existaient dans le grand épiploon. Un autre kyste hydatique de la grosseur d'un œuf de pigeon existait dans le cul-de-sac recto-vésical, dans le tissu cellulaire interposé an péritoine et à la tunique musculaire de la vessie (1 ). V ■ — Vigla. — Hydatide intra-thoracique; ponction, injection iodée; gué- rison (voy. obs. XLI). VI. — Velpeau. — ■ Hydatide de la paroi thoracique ; injection iodée sans succès; incision, guérison (voy. obs. CCXX). VII. — Larrey. — Hydatide de la hanche; injection iodée sans succès, incision, guérison (voy. obs. CCXXXII). VIII . — Demarquay. — Hydatide de la cuisse ; injection iodée sans succès -, incision, guérison (voy. obs. CCXXXV). 2° Injections iodées accessoires au traitement. Obs. CCXCII (Aran). — ■ Kyste hydatique du foie; dix ponctions succes- sives avec un trocart capillaire ; injection iodée après la dixième ponc- tion. Guérison. IX. — « Brandon (Adolphe), âgé de trente et un ans, moulineur, entra le 1 1 août 4 852 dans le service de M. Aran, à la Pitié. Il souffrait depuis deux ans, à la suite d'une chute de trente-deux pieds de haut sur le pavé, et d'une contusion à la base de la poitrine du côté droit. Lorsque M. Aran put l'examiner, il se plaignait d'un malaise dans la partie droite de la poitrine et (1) Mesnet et Boinet, Considérations sur les kystes hydatiques du foie, suivies de la description d'une maladie des voies biliaires (Revue médicale, 15 février 1853. Bull. Soc. chirurg., 1852. — Boinet, ouvr. cit., p. 387. — Cadet de Gassicourt, thèse cit., p. 76). GOO AFFECTIONS VERMIKEUSBS Oi'S CAVITÉS fifililïtiSES d'une gêne dans lu respiration. La matité du foie se constatait dans une han- teor de 19 à 20 centimètres. Cet organe dépassait de cinq travers de doigt les laisses mies, cl. s'étendait largement dans l'hypocliondre gauche; les fausses côtes droites étaient repousséesen dehors, et une voussure très marquée se montrait au-dessous du mamelon droit ; on ne pouvait point trouver de fré- missement hydatique, mais il existait un bruit de frottement péritonéa). » Une première ponction exploratrice, faito le 1 7 août avec un trocart ca- pillaire portée 8 centimètres de profondeur, laissa couler 360 à 380 grammes d'un liquide transparent et clair comme de l'eau de roche. — Le lendemain, cet homme se trouvait bien soulagé. La voussure avait beaucoup diminué, le foie no mesurait plus que 13 à 14 centimètres; mais au bout de quatre jours, de la douleur reparut au niveau du mamelon. — Le 5 septembre, nou- velle ponction avec une issue de 250 à 300 grammes de liquide trouble teint de quelques gouttes de sang qui se coagule par la chaleur, soulagement très grand, diminution de la voussure; mais le déplacement par en bas n'a point beaucoup varié. — Le 20 septembre, troisième ponction; sortie de 100 à 125 grammes d'un liquide un peu trouble. Quelque temps après, il se mani- feste des douleurs profondes dans la partie antérieure de l'hypochondre gau- che. M. Aran, pensant à un second kyste, pratiqua une ponction dans le lobe gauche du foie. Cette ponction ne donna issue qu'à quelques gouttes de sang d'un beau rouge, elle ne fut suivie d'aucun accident. — Le 1 8 octobre, qua- trième ponction dans le lobe droit; issue de 125 grammes d'un liquide un peu trouble , séreux . — Le 27 octobre, cinquième ponction; sortie de 750 grammes d'un liquide trouble, jaune rougeâtre, paraissant contenir du pus et des ma- tières grasses. Sixième ponction le 1 1 novembre. La canule se fausse en l'in- troduisant ; il ne sort que 60 grammes d'un liquide trouble, jaune rougeâtre. — Septième ponction le 20 novembre; 125 grammes d'un liquide trouble, légèrement sanguinolent ; les matières grasses y sont plus abondantes. — Huitième ponction sans résultat le 10 décembre. — Neuvième ponction le 1 8 décembre. Cette fois, par des efforts énergiques du malade, aidés par le re- foulement des organes abdominaux, on parvient à retirer 400 grammes d'un liquide toujours trouble, un peu sanguinolent et chargé de matières grasses. » Dixièmeeidernière ponction le 5 janvier 1 853 : évacuation de 250 grammes d'un liquide semblable aux précédents. Cette fois M. Aran injecta dans l'in- térieur du kyste un mélange de 50 grammes de teinture d'iode et autant d'eau distillée avec addition de 4 grammes d'iodure de potassium. Il abandonna le liquide dans le kyste, et appliqua un bandage serré autour de l'abdomen : pas de douleur pendant ni après l'injection. Le malade éprouva pendant quarante- huit heures quelques phénomènes d'iodisme, mais au bout de quatre jours, tout était rentré dans le calme. L'iode a été éliminé peu à peu par la salive et les urines. » Toutes ces ponctions ont été faites avec le trocart capillaire, le malade couché sur le dos et préalablement endormi avec le chloroforme. L'instrument était plongé obliquement en dehors et à droite de l'épigastre, puis dirige de NATURELLES OU ADVENT1VES. — HYDATIDES. 601 haut en bas et de gauche à droite, à une profondeur de 7 à 8 centimètres. » La première ponction avaitétésuivied'unegrande diminution dans la vous- sure et dans la hauteur de la matité hépatique, mais la modification fut peu marquée après les deux autres ; ce fut seulement à partir de la quatrième ponc- tion qu'on put constater une nouvelle et sensible rétraction du foie dans le sens vertical. Après l'injection iodée, et lors de la sortie du malade de l'hô- pital, le 4 0 mars, le foie continuait à dépasser le rebord des fausses côtes de deux et demi à trois travers de doigt. Quoi qu'il en soit, à partir de l'injection iodée, cet homme a cessé entièrement de souffrir dans la région du foie ; en même temps, les forces et l'embonpoint sont devenus des plus remarquables, et le malade, gardé jusqu'au mois de mars à l'hôpital, n'a point vu la guérison se démentir (1). » Obs. CCXCIII (Robillier). — Kyste hydatique de l'abdomen ; incision ; injection iodée. Guérison. X. — « Le nommé Bomelard, marin, âgé de trente-six ans, portait depuis longtemps une tumeur énorme dans la région ombilicale. Elle faisait des pro- grès rapides, et avait déjà 70 centimètres de diamètre. Percutée, elle offrait un son mat; ses alentours, occupés par les intestins, étaient sonores ; le nombril était effacé ; la peau, très amincie dans cet endroit, menaçait de faire rupture, et cette rupture pouvait avoir lieu dans le ventre. Ces considérations me déter- minèrent à faire la ponction avec un trocart ; il en sortit une grande quantité de sérosité limpide. Après avoir retiré la canule du trocart, un lambeau du kyste hydatique se présenta à l'ouverture, je l'agrandis, et je pus attirer une grande portion du kyste semblable à des fausses membranes, une grande quantité d'acéphalocystes sortirent pendant plusieurs jours et je pus extraire jusqu'à la dernière portion du kyste hydatique. J'établis alors une compression pour rapprocher les parois de cette tumeur ; je fis tous les jours une injection iodée, et peu après le diamètre de la tumeur diminua. Deux mois après elle était réduite à un très petit volume, et l'ouverture que j'avais entretenue avec une mèche se cicatrisa ; on ne sentait dans le ventre qu'un peu de dureté qui a disparu avec le temps. Depuis, ce marin se porte bien et a fait plusieurs voyages en mer (2). » Obs. CCXCIV (Robert). — Kyste hydatique du foie; applications réité- rées de potasse caustique ; incision de l'eschare; injection de teinture d'iode nuisible. Guérison? XI. — Un garçon boucher, Léonard Thérembe, âgé d'une trentaine d'an- nées, est couché au n° 25 de la salle Saint-Vincent-de-Paul, à l'hôpital Beaujon. M. Robert constate l'état suivant : tuméfaction uniforme non circon- (1) D'Aran, Mém. cit. (2) Robillier, de Dunkerque, Hevue médico-chirurgicale de Paris, 1851, t. X, p. 247, et Boiuet, ouvr. cit., p. 390. f)02 AFFECTIONS «BRUINEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES scrile de l'hypochondre droit, BUrtopl au niveau des dernières vraies côtes; le foie dépasse de 3 centimètres le bord des dernières fausses côtes; la mutité de la région hépatique s'élond verticalement depuis la partie moyenne du car- tilage de la cinquième côte jusqu'à une ligne horizontale passant à G centi- mètres au-dessus de l'ombilic Toutes les fonctions sont en bon état, il n'y a pas eu et il n'y a pas d'ictère. » Une ponction exploratrice avec un trocart très fin, qui ne pénétra tout au plus qu'à 3 centimètres do profondeur, donna lieu à l'évacuation par la canule de 1 30 grammes d'un liquide tout à fait semblable à de l'eau et d'une saveur salée. Cette tentative détermina de la fièvre, des vomissements, une sen- sibilité exquise du ventre. Il fallut faire une application de 20 sangsues et employer pendant quelques jours des cataplasmes émollients. Lorsque l'orage fut cilmé, un morceau de potasse caustique fut appliqué sur le point le plus élevé de la tumeur, et le lendemain leschare ayant été fendue, on fit une seconde application du caustique au fond de l'incision. A trois jours d'inter- valle chaque fois, on répéta, quatre fois encore et de la même manière, l'em- ploi de la potasse caustique. A partir de cette sixième application de la po- tasse, les accidents deviennent plus sérieux, la tumeur est le siège d'une dou- leur vive et constante ; elle augmente de volume. Il y a de l'insomnie, de la fièvre, des vomissements fréquents. Des sangsues à l'épigastre et des ven- touses scarifiées aux lombes sont nécessaires. Malgré ces moyens et les cata- plasmes, au huitième jour depuis la dernière application du caustique, il n'y a pas d'amélioration L'hypochondre continue à être tendu et douloureux ; fièvre, nausées, diarrhée. Un bistouri est enfoncé dans la tumeur à travers leschare. Il s'écoule par jet un litre d'une sérosité trouble, jaunâtre, extrê- mement fétide et sanguinolente. La tumeur s'affaisse, une réaction assez vive a lieu ; mais le malade se trouve soulagé. Chaque jour, à travers la mèche qu'on introduit dans la plaie, et qu'on recouvre de cataplasmes, il s'écoule une sérosité abondante et fétide qui mouille les pièces d'appareil et le lit. L'hypochondre s'affaisse de plus en plus, mais l'état général du sujet est mau- vais ; il y a des sueurs et de la diarrhée. On met une sonde en gomme élas- tique dans le kyste, et l'on évacue la sérosité, d'abord transparente, puis verdâtre, enfin semblable à de la bouillie jaune. On injecte plusieurs fois par jour de l'eau tiède dans le kyste, et on lave son intérieur à grande eau. L'on panse toujours avec la mèche les cataplasmes et le bandage de corps, et l'on donne du bouillon. Les accidents généraux diminuent, la fièvre tombe. » Jusque-là il n'avait point été donné issue à des hydatides; M. Robert introduit dans le kyste une sonde assez volumineuse en gomme élastique, et au moyen d'une seringue qui y est adaptée, il pompe le liquide contenu dans la poche. Cette manœuvre fait engager dans la sonde des hydatides, ce que l'on reconnaît, au défaut d'aspiration de la seringue. On relire la sonde que l'on vide, et l'on recommence à plusieurs reprises. On parvient à retirer des vingtaines d'hydatides pendant plusieurs jours, à chaque séance: on obtient même la sortie d'une membrane opaque blanche et molle, grande comme la NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. 603 main. L'on continue le lavage du kyste à grande eau tiède. Le liquide qui sort, par une sonde laissée à demeure est toujours infecte. Bientôt le kyste revient sur lui-même, et la saillie des côtes suit son retrait. L'amélioration de l'état général est notable. On ajoute un peu de chlorure de sodium et de décoction de quinquina à l'injection. Il n'y a plus de douleurs; l'appétit et le sommeil renaissent. Le liquide excrété perd chaque jour de son odeur; il change de nature, et il renferme une assez grande quantité de pus. Le malade se lève et mange avec plaisir; la marche est favorable à l'évacuation du pus qui coule par la sonde. La tumeur a disparu, et les côtes sont affaissées. » Le 30 avril 1843, trois mois juste après la première application de la potasse, ce malade a repris ses forces et son embonpoint ; le kyste est affaissé, la sonde est inutile, ainsi que les injections; on les supprime. Il ne reste qu'un trajet fistuleux qui a I 4 centimètres de profondeur et oblique de bas en haut et de gauche à droite, trajet par lequel il s'écoule une petite quantité de pus. Le pansement consiste en une mèche de charpie et un plu- masseau de cérat; toutes les fonctions se font bien. » M. Robert, voyant, au bout de quarante jours , que ce trajet fistuleux ne faisait aucun pas vers la guérison, voulut tenter d'en obtenir l'oblitération au moyen d'une injection de teinture d'iode fortement étendue d'eau. Cette ten- tative ne fut pas heureuse. L'inflammation fut vive, la fièvre s'alluma, une suppuration sanguinolente se fit jour au dehors, et, ce qui n'avait pas été ob- servé depuis le commencement de la maladie, l'ictère se manifesta. Il fallut dix jours de soins, le retour aux cataplasmes, aux injections émollientes et chlorurées pour ramener le malade à son état antérieur. Ce sujet est du reste, en ce moment, dans un état général parfait, il s'écoule du pus, mais en petite quantité, par l'orifice de la fistule. — Guérira-t-il de cette incommodité? c'est probable ; car, quoique cette fistule se resserre très lentement, elle se resserre néanmoins (1). » Obs. CCXCV (Demarquay). — Kyste hydatique du foie; trois ponctions capil- laires ; suppura tion du kyste ; caustique de Vienne, incision de feschare; injections iodées et de perchlorure de fer. Guérison. XII. — Une femme, âgée de trente-quatre ans, était souffrante depuis ud an; parmi d'autres phénomènes, elle eut des épistaxis très abondantes. De- puis quatre mois, elle s'était aperçue de l'existence d'une tumeur dans la région du foie. Sa constitution ne paraît pas détériorée ; la tumeur de l'hypo- chondre est très appréciable, mais mal limitée; son point culminant est au- dessous du rebord des fausses côtes et au dehors du bord externe du muscle droit de l'abdomen. La fluctuation est manifeste, mais il n'y a pas de frémis- sement. Le 6 juillet (1 858), ponction exploratrice au point culminant de la tumeur, /\\) Kyste hydatique du foie vidé au moyen de la potasse caustique et du bistour (Bull. gén. de thérap. Paris, 1843, t. XXV, p. 379). ()0/| AFFECTIONS VERMINEUSES OES CAVITÉS SÉKEUSES issue (ii1 1 500 grammes d'un liquide transparent, d'une saveur salée et très albumineux. Point d'accidents. — Lo 26 juillet, nouvelle ponction dans la tumeur qui s'était roproduite; issue do 1800 grammes d'un liquide semblable au premier. A la suite, frissons erratiques, fièvre, altération do la physionomie. — Le I i août, troisième ponction, issue de 1200 grammes d'un liquide pu- rulent. Croyant à l'insuffisance des ponctions capillaires, on se détermine à ouvrir le foyer par le caustique de Vienne. Trois applications, à trois jours d'inter- valle, sont faites sur une surface de la dimension d'une pièce de 2 francs et l'eschare est chaque fois excisée à son centre. Après la troisième applica- tion, sans que le kyste soit ouvert, la tuméfaction disparait presque complè- tement; mais elle ne tarde pas à reparaître et avec elle les phénomènes gé- néraux qui avaient aussi presque complètement cessé. Le 22 septembre, une ponction est faite au centre de l'eschare avec un bistouri à lame étroite; issue de 2 000 grammes d'un pus bien lié ; injection iodée, portée a l'intérieur du foyer au moyen d'une sonde de gomme élastique. Quelques jours après, apparition de phénomènes graves , fièvre, diarrhée colli- quative , amaigrissement rapide, sueurs profuses, etc. — Le 18 octobre, l'ouverture est agrandie par le bistouri ; il sort du pus, des fragments mem- braneux, des débris d'hydatides. Ecoulement de sang abondant. Une injection au perchlorure de fer très étendu est pratiquée deux jours de suite ; elle est remplacée ensuite par l'injection iodée pratiquée deux fois par jour. Le 12 novembre, la sonde de gomme élastique étant maintenue à demeure pour pratiquer les injections iodées, le foyer commence à se rétrécir d'une manière appréciable ; il diminue de jour en jour. — Le 26, on retire la sonde et on cesse les injections. — Le 20 janvier 1 859, la malade est dans un état très satisfaisant et peut être considérée comme guérie (1). Obs. CCXCVI (Dolbeau). — Kyste hydalique du foie; caustique de Vienne; ponction; injection iodée. Mort. — Absence d'adhérences; suppuration du kyste; pus dans les veines. XIII. — Il s'agit d'une femme, âgée de vingt-sept ans, qui avait dans l'hypochondre droit une tumeur s'étendant depuis la troisième côte jusqu'au niveau de l'ombilic. Respiration pénible; gêne et tension dans le côté; point de douleur. Le 28 février (1854) application du caustique de Vienne au-dessous du rebord des côtes. Seconde application le 4 mars. « Le 20 avril on continue les applications de caustique. La malade qui d:abord allait assez bien, présente une altération notable dans sa santé. Des frissons se montrent de temps en temps. Il y a huit jours, M. Nélaton a plongé une aiguille à cataracte, afin de juger de la distance séparant le kyste des téguments ; cette exploration a été le point de départ des accidents : (1) Demarquay, Gazette des hôpitaux, 19 février 1859, p. 82. NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYMTIDES. 605 dyspnée, douleurs épigastriques, vomissements, pouls très fréquent, petit, irrégulier. On diagnostique une péritonite de la surface diaphragmatique. (Vésicatoires, onctions mercurielles.) — Le 23, on a fait une ponction à travers l'eschare et elle a donné issue à 2 litres 4 2 cent, d'un liquide un peu louche, renfermant des pellicules blanchâtres et d'une odeur très fétide. — Le 25, la ponction n'a déterminé aucun accident; le pouls est un peu moins fréquent, mais la matité remonte toujours jusqu'à la troisième côte. — Le 27, la canule a été laissée en place, ce qui permet de faire écouler le liquide ; celui-ci est plus épais, plus fétide, plus jaune que la première fois. Du reste la voie n'est pas bien établie ; la canule est trop fine et l'écoulement se fait mal. Injection iodée. — Le 30, l'injection n'a pu être évacuée; la canule est sortie. Une nouvelle ponction ne donne pas issue au liquide du kyste. — Le 3 mai, la malade qui semblait mieux a été prise de nouveaux accidents; elle se plaint de douleurs à la gorge, avec sécheresse extrême ; elle ne peut rien avaler. — Le 6, l'état général est plus grave. — Le 7, la malade suc- combe. » Autopsie. En aucun point de la paroi abdominale on ne trouve d'adhé- rences; il y a seulement quelques brides très faibles au niveau des piqûres. Il y a des traces d'une péritonite à la face inférieure du diaphragme, qui est adhérente à la tumeur, l'épiploon qui était plissé au-devant de la tumeur a été traversé par le trocart. Un kyste situé dans le foie, remplit les deux hy- pochondres, il refoule le diaphragme et atteint la troisième côte à droite, la quatrième à gauche ; il renferme plus de trois litres de sérosité purulente et des hydatides. Dans le voisinage du kyste, la dissection attentive a montré la présence du pus dans quelques ramifications des veines sus-hépatiques, une com- munication entre ces veines, et la surface interne du kyste a été vainement cherchée (1). XIV. — Laboulbène. — Kyste hydatique du foie; ouverture par la potasse caustique ; une injection iodée, sans modification des phénomènes ; injections chlorurées, etc. (voy. obs. CCXXXIII). En résumé, sur les quatorze cas, huit fois l'injection a été prati- quée comme moyen principal de traitement. — 'Parmi ces huit cas, quatre fois la guérison peut être attribuée à l'injection iodée (n° I, II, III, V). — Trois fois l'injection est restée sans succès et l'inci- sion a été pratiquée (n° VI, VII, VIII). — 'Une fois la mort en a été la suite; cependant elle ne peut être attribuée au traitement (n° IV). Dans les six cas où. les injections ont été pratiquées accessoire- ment, deux fois elles l'ont été après des ponctions successives , une fois après l'incision de la tumeur, trois fois après l'application des (1) Dolbeau, thèse cit., obs. i, p. 25. C0() AFFECTIONS VEHMUNEUSES DES CAVITES SÉREUSES Caustiques. — Trois fois, elles ont paru utiles (n° IX, X, XII); une fois elle a causé des accidents (n" XI). — Une fois la mort est sui venue (n° XI11). B. — Injections alcooliques. Les injections alcooliques ont été pratiquées par M. Jobert dans des cavités séreuses et dans des kystes. Nous avons rapporté un cas de tumeur hydatique du foie (obs. CCLXXXII), dans lequel, après avoir appliqué la potasse caustique et incisé l'eschare, le savant chirurgien fit dans le kyste des injections d'eau distillée et d'alcool ; le malade guérit. Dans un cas semblable, M. Richard injecta de l'alcool, sans mé- lange d'eau; cette pratique peut avoir pour effet immédiat de tuer l'hydatide et de déterminer sa résorption. Voici le fait : Obs. CCXCVII (Richard). — Kyste du foie, applications de caustique de Vienne; guérison prompte. — Second kyste du foie ; ponction, injection d'alcool. Guérison. « Madame M., âgée de quarante ans, pleine de force et de santé, avant ces deux dernières années, fut opérée en août 1853 à l'hôpital Saint-Louis d'une énorme poche hydatique du lobe droit du foie, l'opération consista en applica- tion coup sur coup de caustique de Vienne sur le centre de l'hypochondre droit, jusqu'à ouverture du kyste. Celle-ci eut lieu leseplièmejour;il s'échappa trois litres et demi de pus fétide contenant un nombre considérable de poches acéphalocystes de tous les volumes, dans lesquelles les échinocoques, bien que morts depuis longtemps, furent observés et décrits. La malade se rétablit très promptement. conservant néanmoins la plaie fîstuleuse pendant cinq mois. » La région supérieure du ventre, en s'affaissant, nous laissa découvrir dans le lobe gauche une autre poche hydatique d'un petit volume. > Après six mois cette tumeur avait fait des progrès jelleélait facile à limiter dans tous les sens, sauf en haut, où elle se perdait dans la masse hépatique, du volume de la tête d un jeune enfant, très fluctuante, indolore. » Le . :>, NATURELLES OU ADVENTIVES. — HYDATIDES. 617 il sera préférable, dans la plupart des cas, sans doute, de les aban- donner à eux-mêmes ; en effet, ces tumeurs hydatiques guérissent dans une proportion plus considérable que celles qui ont été opérées. 10° Lorsquele kyste s'est ouvert dansle péritoine, le malade paraît voué à une mort certaine, car aucun chirurgien, sans doute, ne sera disposé à renouveler l'épreuve de Roux et à ouvrir le péritoine pour en extraire les hydatides qui s'y seraient répandues (voy. obs. CVII). La tumeur qui s'ouvrirait dans la plèvre offrirait plus de ressources, si l'on en juge d'après un fait semblable observé par M. Monneret (obs. LXVIII). SUBDIVISION II. HYDATIDES CHEZ LES ANIMAUX. (Hydatide et Échinocoque, Synopsis, n° 7.) Les animaux chez lesquels des hydatides ont été rencontrées sont : le singe, le bœuf, le mouton, l'antilope, le chamois, le che- vreuil, la girafe, le cheval, le chameau et le dromadaire, le porc, le kanguroo. Les hydatides des animaux ont une constitution semblable à celle des hydatides de l'homme; plus souvent elles sont solitaires dans leur kyste. Cet isolement s'observe ordinairement chez les hyda- tides des ruminants, mais non constamment comme on le croit; Breinser rapporte qu'en incisant un kyste du foie d'un bœuf, il en sortit une quantité considérable de vésicules de différentes grosseurs, les plus petites moins grosses qu'un pois, et les plus fortes de la grosseur d'une noix; celles-ci en contenaient d'autres plus petites, clans lesquelles existaient des échinocoques (1). Les hydatides, en apparence solitaires, des ruminants sont souvent accompagnées d'autres hydatides très petites, qui se forment par bourgeonnement de la surface externe de la vésicule primitive ; c'est à ces hyda- tides que Kuhn a donné le nom d'exogènes. D'après cet obser- vateur, les vésicules exogènes restent ordinairement petites : « Il m'est cependant arrivé quelquefois, dit-il, de rencontrer dans le foie du bœuf des acéphalocystes exogènes où les individus secondaires et £ (1) Bremser, omit, cil:, p. 109. 618 AFFECTIONS VERMINEUSES DES CAVITÉS SÈKEUSES môme tertiaires étaient parvenus ou même volume que les individus primaires chaque jeune individu avait entraîné une portion du kyste primitif, et ces portions de kyste s'étaient si bien moulées sur les jeunes acéphalocystes qu'on aurait pu croire à l'existence d'au- tant de kystes particuliers et distincts, mais, en les ouvrant, je n'ai pas tardé à m'apercevoir qu'il n'y avait qu'une seule cavité divisée en plusieurs compartiments (1). « Les hydatides des ruminants sont donc quelquefois endogènes comme celles de l'homme ; mais ordinairement elles sont exogènes et leurs rejetons n'acquièrent point un grand volume. Chez le cheval et chez le porc ces vers vésiculaires sont endo- gènes et multiples dans une poche commune comme chez l'homme (2) . Les hydatides des animaux subissent très fréquemment la trans- formation athéromateuse; c'est surtout chez celles des ruminants (1) Kuhn, mém.' cit., p. 13, fig. 2, 6, 8. (2) Chez le singe, le cheval, le chameau et le dromadaire? le porc, le kauguroo, les hydalides sont endogènes et semblables à celles de l'homme; telles étaient : 1° Les hydatides observées dans le Simia cynomolgus, par Blumenbach (Hand- buch der Nalurgesch., éd. 8, p. 431. n° 4, cité par Rudolphi), dans le Simia inuus, par Gervais (Annales d'anatomie et de physiologie, t. II, 1838). 2° Le chameau (Camelus baclrianus L.), par Bremser (ouvr. cit., p. 303). 3° Le cheval, par Goubaux. Le kyste contenait un nombre considérable d'hyda- tides; il était situé entre la paroi du thorax et les attaches du diaphragme {inédit). 4° Chez le porc, par Dupuy. Cet auteur rapporte l'observation d'une truie de deux ans qui était paraplégique; on trouva des kystes hydatiques dans plusieurs muscles des lombes, du dos et de la cuisse, dans les poumons, le foie et les reins; les uns ne renfermaient qu'une hydatide, les autres en contenaient plusieurs (Journ. de méd. de Sédillot, t. XCII, p. 63, 1S25). —Rudolphi dit que Chabert, que lui-même et Liiders ont observé des hydalides dans le foie du porc et qu' Abildgaard en a vu dans le péricarde; il ne dit pas si les vésicules étaient solitaires ou mul- tiples dans leur kyste (Ent. hist. cit., t. II, part. II, p. 252). — Girard a vu un foie de porc qui pesait 110 livres, et qui contenait des hydatides grosses comme les deux poings (Hurtrel d'Arboval, Dict. cit., art. Hydatide, p. 132). — Cartwright rap- porte un fait semblable : il s'agit d'une truie qui avait été vendue comme pleine; une tumeur énorme occupait les trois quarts de la cavité abdominale et se portait très haut dans le thorax; elle était formée par le foie qui ne pesait pas moins de 50 livres, et qui contenait un amas d'hydatides tellement nombreuses que le paren- chyme de l'organe était atrophié [The i 'eterinarian , juillet 1849 et Rec. de méd. vétér., 1850, p. 279). — Pour les hydatides observées chez le porc, voyez encoreGluge (Journ. l'Institut, 1838; et Ann. se. nal.); Rayer (ouvr. cit., t. III, p. 550etatlas pi. XXX, fig. 8 et 9) ; R. Owen (The Cyclopœdia ofanat., etc., 1839, t. II, p. 118). 5° Je possède des hydatides provenant d'un kanguroo qui a été disséqué dans le laboratoire de M. Rayer; les vésicules existaient en nombre considérable dans un kyste commun. NATURELLES OU ADVENT1VES. — HYDATIDES. 619 que l'on a étudié cette transformation qui a été confondue avec la tuberculisation (voy. ci-dessus, p. 368-370). Chez les ruminants plus fréquemment que chez l'homme, les ■kystes hydatiques envahissent plusieurs organes à la fois, et plu- sieurs points dans le même organe. Souvent leur nombre est très considérable 5 ils occupent principalement le foie et les poumons. Dans le premier de ces organes les parois du kyste acquièrent une épaisseur plus grande que dans le second. Le parenchyme interposé aux kystes reste quelquefois parfaitement sain, dans d'autres cas il se condense et devient fibreux (1). Les tumeurs hydatiques du poumon, chez les ruminants, s'ou- vrent fréquemment dans les bronches, et leur contenu est évacué par cette voie ; alors la surface interne de la poche prend l'appa- rence d'une membrane muqueuse et sa cavité offre les caractères d'une caverne pulmonaire (2). Les tumeurs hydatiques sont aussi très communes dans les reins chez les ruminants , et surtout chez le mouton . La surface interne du kyste est ordinairement parcourue par des rides saillantes ou des brides qui donnent à l'intérieur de la poche un aspect multilocu- laire ; l'hydatide solitaire se moule exactement sur les anfractuo- sités. La paroi du kyste s'encroûte fréquemment d'une matière cré- tacée, blanchâtre, qui est déposée en grains ou en petites masses à sa surface, ou qui l'infiltré quelquefois entièrement; dans quelques cas elle paraît ossifiée dans une étendue variable. Les hydatides sont flétries, ratatinées et refoulées par la matière athéromateuse. Le kyste s'ouvre quelquefois, à la surface du rein par une ou plu- sieurs ouvertures fort étroites ; très rarement il s'ouvre dans le bas- sinet (3). On connaît chez le bœuf un cas d'hydatides développées dans un os (l'os iliaque). La pièce pathologique se trouve dans le musée de Hun ter à Londres, sous le n° 521 (4). Le mouton, quoiqu'il ait de nombreux kystes hydatiques dans le foie et les poumons, conserve souvent toutes les apparences de la santé. La tumeur hydatique ne cause point généralement de graves désordres dans ses organes, probablement parce qu'elle n'atteint pas (1) Cruveilhier, art. Acéphalocystes, p. 248. • (2) Cruveilhier, art. Acéphalocystes, p. 252. (3) Rayer, ouvr. cit., t. III, p. 549 et atlas, pi. XXIX, fig. 3, pi. XXX, fig. 1-7. (4) J.-E. Dezeimeris, mém. cit., p. 531. 620 AFFECTIONS VEKMINEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES un grand volume et parce qu'elle s'atrophie et se résorbe avant d'avoir eu une longue durée. Il en est de même, sans doute, chez le bœuf. L'affection hydatique du poumon de cet animal a été con- fondue avec la phthisie tuberculeuse par quelques auteurs, et dé- signée sous le nom de pommelière , ou sous celui de phthisie ver- mineuse. Chez le bœuf et le mouton l'humidité des pâturages paraît favo- riser la production des hydatides. On a remarqué qu'elles sont plus communes pendant les années pluvieuses et dans des prairies maré- cageuses ; dans certaines prairies la maladie existe à l'état d'enzootie et tous les moutons qui y paissent en sont plus ou moins atteints. Lorsque la cachexie aqueuse règne par épizooties, on observe quelquefois en même temps des vers vésiculaires en grand nombre : c'est ce qui arriva dans celle qu'observa Willius dans la Seeland, en 1674; presque tous les bœufs avaient un grand nombre d'hyda- tides; il y en avait dans le foie, dit Willius, qui en contenaient d'autres plus petites (1). L'affection hydatique des ruminants a été peu étudiée ; des con- naissances plus exactes sur cette maladie fourniraient, sans doute, à la pathologie de l'homme des renseignements utiles. DEUXIÈME DIVISION. LÉSIONS PATHOLOGIQUES OCCASIONNÉES PAR LES CYSTICERQUES. Le cysticerque ladrique est le seul dont nous nous occuperons ici; comme les hydatides, il est ordinairement renfermé dans un kyste formé par du tissu cellulaire plus ou moins condensé, suivant l'organe qui le contient; il y est ordinairement solitaire. Le kyste [hydatis externa, Rud.) peut subir des déformations, acquérir, plus de consistance et d'épaisseur par suite de sa durée ; le ver vésiculaire lui-même éprouve avec le temps des transforma- tions ou des altérations diverses ; il finit probablement par se dé- truire, tandis que son kyste vide et plus ou moins dénaturé persiste. Laennec ayant observé des vésicules dans le foie d'un sujet qui avait des cysticerques dans plusieurs organes, regarda ces vésicules comme (I) J.rV. Willius, mém. cit. NATLllELLliS Ull ADVKNTiVfS. — CYSTtCEltQtTES; 021 des kystes de cysticerque (1). Les faits analogues observés chez les hydatides et chez certains vers nématoïdes qui laissent leur kyste après eux, les altérations profondes que nous avons signalées dans quelques cysticerques vieillis (voy. Synopsis, n° 9), donnent à cette manière de voir toute apparence de vérité. Le cysticerque ladrique se rencontre le plus souvent dans le tissu cellulaire intermusculaire du tronc et des membres, du cœur et des intes- tins, dans le cerveau, dans ses mem- branes, dans le poumon, l'œil, etc. ; il se trouve aussi quelquefois dans une cavité séreuse, et alors il peut n'être pas renfermé dans un kyste. Florman Fic- "2i- ~ Ww-que ladrique. — 1 * Grandeur naturelle. — a, corps el lete 3, VU dans le Ventricule droit du Cerveau sorlis de la vésicule caudale; 6, c, corps ,, i .. ii ICXx et tèlc invaçinés. I un porc des cysticerques libres (2). Ces vers existent quelquefois en nombre prodigieux ; ils détermi- nent, dans ce cas, un état pathologique grave. Toutefois, à moins qu'ils ne soient développés dans les centres nerveux, dans l'œil, ou dans le larynx, ils ne donnent point lieu à des phénomènes patho- logiques particuliers. Hors les cas ou leur présence peut être con- statée par l'inspection directe (sous la langue ou dans l'œil), on ne connaît aucun signe pathognomonique de leur existence dans telle on telle partie du corps. Les causes qui déterminent ou même celles qui favorisent le dé- veloppement du cysticerque ladrique nous sont encore inconnues. Les travaux modernes qui ont jeté quelque jour sur la propagation d'un certain nombre de vers intestinaux, ne peuvent encore conduire qu'à des présomptions, quant à celles des vers dont nous nous occu- pons. Les animaux chez lesquels on a constaté l'existence du cysti- cerque ladrique sont : le singe, le chien, l'ours, le porc, le rat, le che- vreuil, enfin l'homme même. (1) Laennec, mém. cit., obs. i, p. 12". (2) A. -H. Florman Kongl,vet. ac. Handlingarfiir, 1815, 8, p. 132-36. Stockholm i;ité par Rudolphi. Synopsis, p. 620. 022 AFFECTIONS VERM1NEUSES DES CAVITÉS SÉREUSES PREMIÈRE SECTION. CYSTICERQUE CHEZ LE PORC. LADRERIE. (Cysticerque ladrique, Synopsis, n° 6.) Ladrerie. — Noms vulgaires : — Latin, morbus glandulosus. France, — lazardrerie, mal de Saint-Lazare, nosélerie, mezélerie, lèpre, mal- mort, glandine, pourriture. Hollande, — gortigheid. — Allemagne, — finnen. Italie, — ledreria, lebbra, elefantiasi. De tous les animaux, le porc est le plus exposé à l'envahissement des cysticerques et à leur multiplication excessive qui produit chez lui la maladie connue sous le nom de ladrerie. Le sanglier, quoiqu'il ne diffère pas spécifiquement du porc, est bien moins exposé que ce dernier à l'invasion des vers vésiculaires. On a rarement rencontré le cysticerque ladrique chez cet animal sauvage, et l'on n'a point signalé chez lui l'envahissement excessif qui constitue la ladrerie (1). Les anciens ont observé la ladrerie : Aristote en donne les prin- cipaux phénomènes, et parle des vésicules (yâlaZot., grando) qui exis- tent dans diverses parties chez les cochons atteints de cette maladie, vésicules dont il ignore la nature (2). Malpighi, le premier, reconnut que ces vésicules contiennent un (1) Doebelius paraît avoir le premier fait la remarque que le sanglier n'est pas sujet à la ladrerie (in Pralica venatoria, édit. 3, Lips., p. 24, 178.3, cité par Rud., Syn., p. 547). L'opinion que cet animal est exempt de ladrerie a été ensuite géné- ralement reçue; mais Niemann a observé des cysticerques chez le sanglier {Han- buch der slaatsarzneywissenschaft, th. II, Leipz. 1813, 8, p. 366, cité par Rud. même art.) ; Dupuy en a trouvé chez deux marcasiins (Hurtrel Darboval, Dict. me'd. vét., t. III, art. Ladrerie, p. 483. Paris, 1838). — Néanmoins, il est certain que si le sanglier n'est pas exempt du cysticerque ladrique, il est très rarement atteint de la ladrerie. (2) La première notion de la ladrerie chez les Grecs remonte à Aristophane; ensuite Aristote et Oribase (voy. infrà, p. 624, note), ont donné sur cette maladie des détails précis : Grandinosi sues sunt, dit Aristote, quibns caro humida tùm in cruribus, tùm in collo atque etiam armis. Quibus in locis, plurima quoque grando est. Ac sanè paueœ si sint, dulcior caro ; sin mullœ, humida valde, atque insipida est. Grandinis indicia sumunlur ex Unguœ parle inferiore, ubi gran dines sunt. tum ex jubâ setas si quis vellat, apparent subcruentœ. Proptereà qui sic sunt affecti, poslerioribus pedibus nequeunt quiescere. Tantisper carent grandine dum lac sugunt dumtaxat. Tolluntur grandines lipha (petit épeautre). {Op. cit., lib. VIII, §245, p. 963.) Les savants traducteurs d'Oribase, MM. Daremberg et Bussemaker, ont relevé NATURELLES OU ADVENTIVES. — CYSTICERQUES. 623 ver (1), Hartman et Otto Fabricius firent des observations sembla- bles (2) ; toutefois c'est aux travaux de Goeze que l'on doit la con- naissance exacte de la nature de la ladrerie (3). Ignorant les obser- vations, très incomplètes, il est vrai, de Malpighi, de Hartmann et de Fabricius, le célèbre helminthologiste crut avoir observé le pre- mier le ver vésiculaire du porc ladre ; il le décrivit avec beaucoup de précision et d'exactitude. Le cysticerque chez le porc ladre envahit presque tous les organes ; le tissu cellulaire interposé entre les diverses parties, surtout le tissu intermusculaire, en est particulièrement rempli. Rudolphi a vu de ces vers vésiculaires dans les trabécules du cœur, dans l'épais- seur des valvules semi-lunaires, dans l'œsophage, la langue, les mus- cles des yeux, autour du nerf optique ; en outre il en a vu en grand nombre entre les circonvolutions du cerveau, sous la dure-mère, sous la pie-mère, dans la substance corticale (4). M. Andral, chez deux codions ladres, a trouvé des cysticerques dans les divers replis du péritoine, dans le foie, dans les poumons, dans le cœur, etc. (5). Wepfer dit avoir trouvé, dans toutes les parties du cœur d'un porc, un grand nombre de vésicules (grandines) qui contenaient un corps vermiforme ; ces vésicules étaient évidemment des cysticerques (6). tout ce que l'antiquité nous a donné sur la ladrerie : « On voit dans Aristophane (Ep. 375-381), disent ces auteurs, que les cuisiniers ouvraient la bouche des porcs avec un levier pour voir s'ils avaient des grêlons sous la langue (voy. aussi le Scholiaste, lequel a été transcrit par Suidas sub voce xaXaÇà,. C'est là à peu près toutceque l'antiquité nous a légué sur la ladrerie descochons; Columelle, qui con- sacre un chapitre spécial (VII, 10) aux maladies des cochons, ne dit pas un seul mot de cette maladie-là. Pline (VIII, 77. al. 51) et Didymus [Geop. XIX, 7, 2) en parlent très passagèrement, comme il résulte de la comparaison de ces auteurs avec Aristote, mais sans le nommer. En outre, Arétée (Sign. diut., II, 13) et Archigène (Ap. Ael., XIII, 120), comparent les gens affectés d'éléphantiasis aux cochons ladres (JElius Tetrab. IV, serm. I, cap, CXX, p. 664. D., edit. suprà cit.), et Androsthène (ap. Athen.,Ul. p. 93, c.) compare les perles aux grêlons de ces ani- maux. » {Œuvres d'Oribase, traduites en français, Paris 1851, t. I, p. 617 note du livre IV, chap. 2.) (1) Malpighi opéra poslhuma. London, 1797, p. 84. (2) Ph. Jac. Hartmann, in Ephem. nat. cur., dec. 2, ann. VII, p, 58 59. — Otto Fabricius, Tinteormen (vesicaria lobala) in danske vidensk. selsk. skrivt. nye saml. 2, deel, p. 287-295, cité par Rudolphi. Bibl. n» 400. (3) J. A. Goeze, Neueste Entdeckung dass die Finnen, im Schweinefleisch keine Drusenkraukheit, sondem wahre Blasenwurmer sind, etc. Nebst I Kupfert. Halle 1784, 40, pages 8 (Rudolphi. Bibl. 401). (4) Rudolphi, Entos., hist. cit., t. II, pars, h, p. 230. (5) Andral, Anal, path., cit., t. I, p. 518. (6) Job. Jacob. Wepfer, Ephem. nat. cur. dec. H, ann. X, p. 314, (i'2/| AFFECTIONS VERMINEUSJiS l>LS CAVITÉS SÉREUSES Dupuy en ;i vu un très grand nombre dans les parois du cœur d'un jeune porc ; plusieurs de ces cysticerques n'étaient séparés du sang que par la mince membrane séreuse des cavités (1). Le nombre de ces vers est quelquefois véritablement prodigieux ; tous les muscles en sont comme farcis, et les kystes sont rapprochés au point de se toucher. La présence des cysticerques détériore la chair du porc, laquelle est molle et fade, désagréable sous la dent par les concrétions cal- caires qui s'y rencontrent ; elle se corrompt facilement et prend mal le sel; enfin elle se réduit considérablement par la cuisson. Quoi- qu'elle ne paraisse pas malsaine, la chair du porc ladre constitue une mauvaise substance alimentaire qui, souvent, doit être complè- tement rejetée (2). Les phénomènes de la ladrerie varient suivant le nombre des cys- ticerques dont l'animal est affecté : au début de la maladie ou lorsque les vers ne sont pas extrêmement nombreux, le cochon est plus stu- pide, il est faible et languissant, cependant les fonctions ne sont pas troublées, l'appétit est conservé, quelquefois même il est augmenté. Lorsque les cysticerques sont très nombreux, le porc devient triste, indifférent, insensible aux coups (3), il marche avec lenteur et non- (1) Dupuy, mém., infrà cit., p. 66. (2) Oribase parle de la viande du porc ladre : « On doit admettre, dit-il, que les grêlons [ladrerie) qu'on trouve dans les chairs et qui se forment chez les porcs, rendent, s'ils sont en petit nombre, la viande plus agréable, mais que, s'ils sont plus nombreux, ils la rendent plutôt humide et désagréable. Il faut donc tAcher d'éviter de se servir de viandes pareilles; si on est obligé parfois de les employer, il faut y ajouter un peu de cire, ou, lorsqu'on les fait rôtir, graisser la broche de cire. On reconnaîtra chez l'animal vivant s'il y a des grêlons, en inspectant le voi- sinage de la langue, car c'est là que ce révèle la maladie, ainsi qu'aux pieds de derrière, parce qu'ils sont toujours en mouvement. » (trad. franc, cit., t. I, p. 271.) (3) Grève rapporte qu'il a observé sur un grand nombre de porcs ladres un phé- nomène singulier; c'est une exagération très prononcée delà sensibilité du groin; lorsque ces animaux fouillent la terre, quoique celle-ci soit molle et sans corps durs ou pointus, souvent ils s'arrêtent tout à coup en poussant un cri de douleur; lorsqu'ils sont très ladres, ils cessent tout à fait de fouiller. Lorsqu'ils mangent du grain répandu sur un sol dur, ils ne frottent point leur groin pour le prendre comme font les cochons sains, mais ils relèvent les narines et la lèvre supérieure, sortent la langue et le saisissent en léchant. Le groin des cochons très ladres est plus ou moins enflé, mou et flasque au toucher. D'après la sensibilité exagérée de cette partie on peut, dit Grève, diagnostiquer la ladrerie : le porc sain qu'on frappe légèrement sur le nez avec une baguette ne s'en aperçoit guère et ne fait point entendre de grognements, tandis que celui qui est ladre fait entendre un cri douloureux au moindre attouchement (ouvr, cit., chap. xvn, art, Cvsticercusfinna). NATURELLES OU ADVENTIVES. — CYSTICERQUES. 625 chalance; dans un troupeau il reste parmi les derniers. Les yeux sont ternes; la membrane buccale est blafarde, quelquefois parsemée de taches violettes non saillantes ; le pouls est petit et inégal, la respi- ration ralentie, l'air expiré, fade ; les soies peu adhérentes se déta- chent facilement et viennent quelquefois avec un peu de sang, la peau paraît plus épaisse et plus consistante, l'animal perd enfin complètement les forces; il devient mal assuré sur les membres pos- térieurs qui se paralysent; le tissu cellulaire se soulève par places; des tumeurs surviennent aux ars et à l'abdomen; les extrémités s'infiltrent de sérosité, et la mort vient terminer la maladie. L'invasion des cysticerques dans les organes de la poitrine ou du ventre ne donne point lieu à des phénomènes particuliers ; il n'en est pas de même dans le cerveau ou dans l'oeil (voy. vers du cerveau ; vers de l'œil). Lorsqu'il en existe dans le larynx, la trachée ou même en arrière de la langue, le cochon prend une voix enrouée. Les cysticerques qui se développent à la base de la langue, peu- vent être reconnus par l'examen de cette partie; c'est en constatant l'existence de ces entozoaires dans cette région que les experts, dans les foires et les marchés, prononcent sur le fait de la ladrerie. Cette pratique, au dire d'Aristophane et d'Aristote (1), était usitée de leur temps ; en France, autrefois, les experts chargés de constater' la ladrerie en avaient pris leur nom [langueyeurs); mais la présence sous la langue de vésicules de cysticerque, à laquelle l'on s'attache exclusivement pour reconnaître la ladrerie, est un signe incertain et souvent insuffisant (2) ; l'enflure des ganaches qui a été donnée comme un symptôme de quelque valeur serait un signe encore plus incertain d'après Hurtrel d'Arboval (3). La ladrerie est lente et obscure dans sa marche ; elle reste quel- quefois longtemps stationnaire, et peut durer deux ans et même davantage; elle est toujours mortelle. On ignore quelles sont les conditions qui déterminent la ladrerie; (1) Voy. p. 622, note. (2) Grève dit qu'il a quelquefois trouvé des cysticerques sous la membrane muqueuse de la langue chez des porcs, qui n'en avaient pas dans d'autres parties du corps, et qu'il n'en a pas trouvé là chez des individus qui en avaient, au contraire, un très grand nombre dans d'autres parties; néanmoins il est assez ordinaire d'en trouver sous la langue chez les porcs ladres. 11 ajoute que les marchands allemands extirpent avec habileté les cysticerques de la langue, de telle sorte qu'il n'en reste aucune trace (ouvr. cit.). (3) Hurtrel d'Arboval, ouvr. cit., t. Ht, p. 480, art. Ladrerie. davaime. 40 62fi AlEECTiONS VliKMIMUSKS DES CAVITÉS SÉREUSES aucun fait ne prouve que cette maladie soit contagieuse, et sa trans- mission par hérédité n'est pas mieux établie. Si l'on a vu, comme on le dit, des cochonnets naître avec des cysticerques, cela n'implique pas que d'autres apportent en naissant un germe qui se développe plus tard. Nous n'avons pas de données suffisantes pour établir que cette ma- ladie soit plus fréquente dans certains pays ou dans certains climats ; elle a été signalée dans presque toutes les contrées de l'Europe. D'après Macquart, la ladrerie serait au moins très rare en Russie (1) ; on a dit qu'elle est inconnue dans l'Amérique espagnole (2); elle existe aux États-Unis, au moins le cysticerque du tissu cellulaire s'y rencontre chez le porc (3). Il nous paraît qu'en France cette maladie est moins commune au- jourd'hui qu'autrefois : les ordonnances de nos rois qui défendaient ou qui autorisaient sur les marchés de Paris la vente de la chair de porc ladre (4), la création d'agents spéciaux pour constater la ma- ladie [les jurés langueyeurs de 'porcs), prouvent qu'alors les porcs ladres étaient fréquemment présentés aux marchés de Paris. Les vastes forêts de l'ancienne Fiance dans lesquelles vivaient de nom- breux troupeaux de porcs, fournissaient sans doute une grande pro- portion de ces animaux ; mais peut-on attribuer la ladrerie, dont ils étaient si communément atteints, à leur nourriture ou à leur vie sau- vage, lorsque le sanglier, qui vit dans les mêmes conditions, paraît en être exempt \ On ne connaît aucun moyen d'arrêter la marche de la ladrerie ou de la guérir. Il est probable qu'une fois cette maladie développée, les médicaments, le temps nécessaire au rétablissement et ensuite à l'engraissement de la bête, entraîneraient des frais que ne com- penserait pas sa valeur; le mieux est sans doute de la sacrifier dès qu'on reconnaît son état. (1) Dict. Hurtrel d'Arboval, art. cit., p. 483. (2) Dict. Hurtrel d'Arboval, art. cit. (3) Joseph Leidy, Synopsis, cité a0 40. (4) Ordonnances de 1375, 1403, 1604, 1767. NATURELLES OU ADVENIVES. — CYSTICERQUES. 627 DEUXIÈME SECTION. CYSTICERQUE CHEZ L'HOMME. (Cysticerque ladrique, Synopsis, n" 9.) Deux ans après que Goeze eut incliqué la nature des vésicules du porc ladre, Werner découvrit chez l'homme des entozoaires sem- blables (1786). En disséquant les muscles d'un soldat bien constitué et mort par submersion, Werner observa sous le grand pectoral deux petits kystes dont chacun contenait un ver vésiculaire. Il désigna ce ver par le nom de Finna, rappelant ainsi son rapport avec celui de la ladrerie, maladie qu'on appelle finnen en allemand (1). Dans l'espace de quelques années ensuite, Fischer, Treutler, et Brera rencontrèrent des cysticerques dans les plexus choroïdes. En 1802, Steinbuch et Loschge en trouvèrent vingt dans les mus- cles du dos, du col, de l'épaule, et cinq dans les plexus choroïdes du même cadavre (2). En 1803, Laennec rencontra, chez un homme âgé de soixante ans, des cysticerques ladriques dans les muscles grands et petits pectoraux, dans les petits obliques de l'abdomen, dans les muscles des jambes, dans le biceps du bras droit et le deltoïde du bras gauche , dans le médiastin, dans la couche optique gauche et dans l'hémisphère droit du cerveau ; en outre, il trouva dans le foie des vésicules qu'il crut être des restes de cysticerques (3). L'année suivante , Dupuytren trouva un cysticerque dans le muscle grand péronier d'un homme âgé de trente ans (4). Sur un sujet mort d'un cancer de la face, Himly (1809) remarqua de petites tumeurs, reconnaissables au toucher et du volume d'une lentille, qui faisaient saillie à la surface de la poitrine et du ventre; leur siège était dans le tissu cellulaire sous-cutané. 11 reconnut, en les incisant, que chacune d'elles contenait un petit corps blanc, semblable au cysticerque du porc. L'autopsie du cadavre en fit ren- {1) Yermium intcslinaltum brevis exposilionis continuatio secunda. Aucl. P. Ch. Fi Werner, Lipsiœ 1786, p. 7. (2) Steinbuch, CommenUttio de tœnia hydaligena anomala, etc. Erlangen, 180'J. (3) Laennec, mém. cit., obs. i, p. 124. (i) Laennec, mém. cit., et Dupuytren, Leçons orales, etc., t. III, p. 367 628 AFFECTIONS VliRMlNbUSIiS DliS CAVITÉS SÉREUSES contrer plusieurs centaines dans les muscles, dans les poumons et dans le cerveau. Il n'en existait pas dans le foie (1). Depuis lors lescysticerques ont été fréquemment rencontrés chez l'homme; il ne se passe pas d'année qu'on n'en rapporte quelque observation dans les recueils scientifiques. Isenfiam, Mascagni, Florman, Rudolphi, Grève, Lobstein, Cruveilhier, Demarquay, Follin et Robin, Follin et Davaine , Leudet, etc., en ont rencontré dans le tissu cellulaire intermusculaire ; d'autres observateurs en ont vu dans les organes encéphaliques ou dans l'œil (voy. liv. III, part, i, et liv. IV, part. i). D'après les faits que nous avons relevés, les parties qui sont le plus fréquemment envahies par les entozoaires sont : 1° le tissu cellulaire intermusculaire du tronc et des extrémités; 2° le cerveau; 3" l'œil. A. — Cysticerques dans les parois du cœur. Ier Cas (Morgagni). Il s'agit d'un vieillard, âgé de soixante-quatorze ans, chez lequel on n'avait remarqué aucun symptôme de maladie du cœur. A Yaulopsie, on trouva à la surface postérieure du ventricule gauche du cœur, à un intervalle de deux travers de doigt au-dessus de la pointe! un tubercule de la grosseur et de la forme d'une cerise moyenne, dont une moitié formait saillie et dont l'autre moitié s'enfonçait dans la substance du cœur. Après qu'il eut été piqué, il laissa écouler un peu d'eau, on l'ouvrit ensuite et l'on en retira une petite membrane, dont quelques endroits étaient blancs et muqueux et dont une partie présentait, une dureté comme tendineuse. Cette petite membrane parut tenir lieu d'une tunique interne dans le tubercule, car il y en avait une autre extérieure, qui était dense et blanchâtre. Laennec, avec raison suivant nous, rapporte ce cas au cysticerque lacîii— que (2). IIe Cas (Rudolphi). Dans le cadavre d'une femme très grasse, Rudolphi et Knape trouvèrent trois cysticerques dans les trabécules du cœur. Il y en avait plusieurs dans les muscles du corps, dans le cerveau, dans le corps strié, dans la moelle allongée aussi bien que clans la substance médullaire, et entre les circonvo- lutions du cerveau (3). (1) Karl Himly, Beobachtung und Beschreibung des Finnenwurms, dans le Journal de Hufeland, t. XXIX, déc. 1809, p. 116. (2) Morgagni, De sedibus et causis morborum, epist. XXI, § 4, et Laennec, De l'auscultation médiate, t. III, p. 175. (3) Rudolphi, Enlozorum Synopsis, p. 540'. NATURELLES OU ADVENTIVES. — CYSTICERQUES. 029 IIIe Cas (Andral). « On a quelquefois rencontré dans le cœur l'espèce d'entozoaire connue sous le nom de cysticerque Une fois, à la Charité, j'ai trouvé dans le cœur trois petites vésicules, ayant chacune la grosseur d'une noisette, trans- parentes dans toute leur étendue, et présentant à leur intérieur un point blanc, plus dur que le reste de la vésicule, que par la pression on faisait sortir de l'intérieur de la vésicule comme une tête (I). » IVe Cas (docteur Ferrall). « M. le docteur Ferrai a présenté à la société pathologique de Dublin un exemple de cette rare affection. Le septum des ventricules contenait six ou sept hydatides appartenant à la classe des cysticerques; plusieurs autres étaient contenues dans les parois des ventricules Le malade, qui avait fourni cette pièce, avait joui d'une bonne santé jusqu'à trois mois avant son entrée à l'hôpital Saint- Vincent, mais il ne pouvait donner des renseigne- ments clairs et précis sur l'origine et les progrès de sa maladie. Lors de son entrée, il avait une anasarque, une ascite et un œdème des poumons avec des palpitations de cœur et l'urine albumineuse. On constata dans les reins les altérations propres à (a maladie de Brighl (2). » Ve Cas (Leudet). M. Leudet a présenté à la société anatomique un cœur, remarquable par la présence de cysticerques dans ses parois. Le malade était mort d'une endo- cardite. A la base du ventricule droit existaient trois cysticerques ; un autre était dans la paroi du ventricule gauche; il y avait en tout onze cysticerques dans les diverses parties du cœur. Point de détails sur les symptômes de la maladie et sur l'état des autres organes (3). B. — Cysticerques dans les poumons. Ier Cas (Wepfer). Wepfer rapporte l'observation d'un individu mort de phthisie, dans le ca- davre duquel il trouva un grand nombre de vésicules (grandines) ; elles exis- taient surtout dans le poumon, le foie, l'épiploon, etc. Les muscles ne furent pas examinés. D'après la description de ces vésicules on pourrait les rap- porter aux cysticerques (4). (1) Andral, Anal. pathologique, t. II, p. 332. (2) Dublin, Journ. ofmed. se, juillet 1839, en extrait dans le Reperl. un'm. de clinique, par Cottereau, 1840, p. 412. (3) Leudet, Bull. Soc. anat. Aon. XXVtl, p. 469, Paris, 1852. (4) Nepfer, Grandines pulmonum aliarumqiie partiwm cumphthisi (Ephem. nat. cur. dec. II, Ann. IX, 1690, p. 440. <>3<> AFFECTIONS VFJîMINI'.USliS DES CAVITÉS SÉREUSES IIe Cas (Himly). Dans le cas de Himly, des cysticerques existaient, à la fois dans les pou- mons, dans les muscles et dans le cerveau (1). III" CaS (BoNNAFOX DE Ma«.LF,t). « Bonnafox dit avoir trouvé trois hydalides dans les poumons d'un enfant de cinq ans, mort du croup. Elles étaient dans les lobes supérieurs des pou- mons ; deux étaient à gauche à quelque distance l'une de l'autre. Elles n'étaient pas plus grosses qu'un grain de chènevis. La troisième était à droite; elle présentait le volume d'une grosse noisette (2). » IVe Cas (Démarquai et Gervais). Dans le cadavre d'une femme âgée de cinquante à soixante ans, M. De- marquay trouva un grand nombre de cysticerques ; il y en avait dans presque tous les muscles du tronc et des membres. Il y en avait deux dans le poumon droit et d'autres dans les membranes du cerveau (3). La rate et les reins, jusque aujourd'hui, paraissent exempts du cysticerque ladrique; le foie également, caries vésicules rencontrées par Laennec et les vers vésiculaires observés par Brera dans cp der- nier organe, ne peuvent être rapportés avec quelque certitudp au cys- ticerque ladrique (4). Les cj'sticerques du tissu cellulaire, comme les hydatides, ont une tendance à se généraliser. Dans les observations que nous avons re- levées, nous les avons vus fréquemment exister à la fois dans plu- sieurs parties tant superficielles que profondes, et, si les cas de cys- ticerque intéressant des organes divers ne sont pas proportionnelle- ment les plus nombreux, on doit l'attribuer sans nul doute, à ce que le plus souvent tous les organes, à l'autopsie, n'ont pasété examinés. (1) Himly, obs. cit. (2) Bonnafox de Mallet, Traité de la nat. et du trait, de la phthisie pulm., Paris, 1804, p. 24. Extrait dans Bayle, ouvr. cit., édit. 1855, p. 632. (3) Demarquay, Bull. Soc. anat., ann. XX, 1845, p. 112 et Gervais, Bull. Soc. philom. de Paris, 4 janv. 1843, dans Journ. l'Institut, n" 576, p. 16, 1845. Ce cas est rapporté parPigné dans la Gaz. des hôpitaux, 1844, p. 592. La rela- tion diffère, sous plusieurs rapports, de celle de MM. Demarquay et Gervais ; elle est inexacte. (4) Brera"mentionne deux cas de cysticerque dans le foie chez l'homme ; le pre- mier à propos du distome hépatique (in : mem. sop. i pnneip. vernit, etc., Crema, 1811, p. 94), il n'en fait qu'une simple mention ; le second est rapporté ayee quelques détails, mais tout à fait insuffisants; on ne peut dire s'il s'agit de cysticerques du tissu cellulaire, ou même s'il s'agit de vers vésiculaires (même ouvr., p. 159). NATURELLES OU ADVENTÏVES. — (1YSTICERQUES. 63l Nous savons que les hydatides aussi sont assez fréquemment multiples et disséminées dans plusieurs organes ; mais il est remar- quable que ces deux espèces de vers vésiculaires ont une tendance en quelque sorte inverse dans leur dissémination : les hydatides sont communes clans le foie, le poumon, les organes abdominaux; les cys- ticerques sont rares dans ces parties et communs, au contraire, dans les parois du tronc, dans les membres, le cerveau, l'œil; organes rarement envahis par les hydatides. Le cysticerque chez l'homme, comme chez le porc, a été observé dans des contrées et des climats divers : en Italie, en France, en Al- lemagne, en Suède, en Amérique. Rudolphi rapporte que, sur deux cent cinquante cadavres en- viron qu'il avait examinés chaque année depuis neuf ans, à Berlin, avec le professeur Knape, il avait trouvé chaque année quatre ou cinq cas de cj^sticerques chez l'homme (1); d'un autre côté Bremser dit: " J'ai fait mes efforts depuis dix ans, mais en vain, pour m'en procurer dans le grand hôpital de Vienne et dans l'amphithéâtre anatomique de la même ville (2). » D'après ces investigations faites à la même époque, on doit présumer que le cysticerque ladrique n'est pas partout également commun. Cette observation a été con- firmée par les recherches récentes de M. Virchow : pendant un séjour de sept ans à Wûrzburg, cet observateur n'a vu qu'un seul cysticerque, tandis qu'au bout de deux mois et demi à Berlin, il en avait déjà vu trois individus, deux dans le cerveau, et un dans le muscle biceps, et pendant un séjour antérieur dans cette ville, il a eu l'occasion de s'assurer de la fréquence de ce ver (3). Le cysticerque ne paraît pas plus fréquent dans l'un ou l'autre sexe. On l'a vu chez l'enfant non moins fréquemment, que chez le vieillard. Suivant Rudolphi, les cadavres des leucophlegmatiques offre?) t plus fréquemment que les autres des vers vésiculaires (4). Aucun symptôme particulier ne décèle la présence des cysticer- ques dans les organes; leur kyste forme quelquefois sous la peau (1) Rudolphi, Synopsis, p. 546. (2) Bremser, p. 289. (3) Archiv. fuer patholog. Analom., t. Met Gaz. mM., Paris, 1858, n° 28, p. 443. (4) Rud., Synops., p. 546. <>3:> AFFECTIONS VERMINEDSES DES CAVITÉS SÉREUSES une petite tumeur dont la ponction pourrait déterminer la nature. Les muscles dans lesquels ces vers existent, malgré l'assertion con- traire de Werner, conservent leur apparence normale. Le volume constamment petit de ces entozoaires les rend généralement inoffen- sifs pour les parties qu'ils occupent ; ce n'est que par une multipli- cation excessive, qui ne paraît pas avoir été observée à ce point chez l'homme, qu'ils donneraient lieu aux phénomènes de la ladrerie; toutefois, clans le cerveau et dans l'œil, ils occasionnent un état pa- thologique grave (voy. liv. III, part, i, liv. IV, part. i). CAS DE CYSTICERQl'ES DANS DIVERS .ORGANES. A. — Sous la conjonctive. Baum de Dan tzig, 3 mars 1838. Homme de vingt-trois ans; cyslicerque extrait de l'angle interne de l'œil droit. Cas rapporté par de Siebold. [Gazette de la réunion médicale de Prusse, Berlin, 1838, n° 16, 18 avril.) Estlin de Bristol. Fille âgée de six ans ; tumeur grosse comme un pois sous la conjonctive oculaire de l'œil droit; incision, issue d'un cysticerque pourvu de quatre suçoirs et d'une double couronne de crochets. Guérison. [Gazelle médicale de Londres, 2o août 1838, p. 839. — Mackensie, Mala- dies des yeux, trad., p. 720, rapporté aussi dans Froriep.) Hôring de Ludioigsburg, juin 1838. Fille âgée de sept ans; cysticerque de l'angle externe de l'œil droit. [Correspondenzblall du Wurtemberg, t. IX, n° 25, p. 169. — Journal d'Ammon. — Gaz. mèd., Paris, 1839, p. 636.) Estlin, 2e cas? [Gaz. méd., Lond., 27 mars 1840, p. 35.) Cunier, Bruxelles, 20 août 1841. [Ann. d 'oculislique , t. VI, p. 271, mars 1842.) Sichel, Paris, 22 juin 1842. Cysticerque développé sous la conjonctive de l'œil gauche, chez une fille de sept ans. Extirpation, guérison. [Mém. pratique sur le cysticerque observé dans l'œil humain, Joum. de chirurg. de Malgaigne, 1843, p. 404.) Sichel, 2e cas, Paris, 27 janvier 1843. Cysticerque sous la conjonctive de l'œil gauche, chez un homme de quarante-six ans. Extirpation, guérison. (Mém. cit., p. 405.) Sichel, 3e cas, Paris, 3 octobre 1843. Cysticerque sous la conjonctive chez une fille de six ans et demi, œil droit. Extirpation, guérison. (Mém. cit., p. 407.) Sichel, 4e cas, Paris. Garçon de sept ans et demi; conjonctivite il y a trois mois. CEil droit ; tumeur datant de deux mois existant à la partie supé- NATURELLES OU ADVENTIVES. — CYSTICERQUES. 633 rieure interne de la conjonctive, à 3 millimètres de la cornée, globuleuse, un peu allongée transversalement, indolente, opaline, transparente, avec un point opaque, blanc grisâtre, au centre; extirpation. Cysticerque pourvu de vingt-six crochets. (Gaz. des hôpitaux, 27 décembre 1 845, p. 625.) Sichel, 5e cas, Paris, 23 avril 1852. Fille de sept ans; tumeur à la partie inférieure externe de la conjonctive de l'œil droit. — Issue spontanée d'un cysticerque. (Sichel, Iconographie ophtalmologique, 1859, obs. CCLXIX, p. 705, pi. LXXir, fig. 2, 3.) Edwin Canton. Londres, 4 848. Enfant âgé de deux ans sept mois; tumeur du volume d'un petit pois, attachée au globe oculaire, près de l'angle interne sous la paupière inférieure. Excision de la conjonctive; issue d'un cysti- cerque. Guérison en trois jours. (The lancet, juillet 1848, et Archiv. gén. de méd., 4e série, t. XIX, p. 218, 1849.) Voyez pour les cysticerques du globe oculaire, liv. IV, part. i. B. — Langue, Chabert, au rapport de Rudolphi, a observé un cysticerque dans la langue d'un enfant; il l'avait fait enlever par son collègue Chaumontel. (Rud. Ent. hist.,t. II, pars n, p. 230.) C. —Face. Grève rapporte qu'une vieille femme avait quelques cysticerques à la garde interne des joues. Un chirurgien, qui les avait pris pour des boutons cancéreux, les extirpa. (Ouvr. cit., chap. xvn, art. C. Finna.) W. Berend observa un cysticerque dans la lèvre chez un enfant d'un an; il formait une tumeur du volume d'un haricot. Une petite incision donna issue au ver; la réunion de la plaie eut lieu par première intention. (Medic, Vereins Zeit. et Gazette des hôpitaux, p. 171, 1855.) D. — Paroi du tronc et membres. Voyez les cas rapportés ci-dessus de Werner (1786). — Steinbuch et Loschge (1802). — Laennec (1803). — Dupuytren (1804). — Himly(1809). Isenflam. Un cysticerque dans le creux de l'aisselle. (Rudolphi, Ent. hisl., t. II, pars n, p. 230). H. Florman. Deux cysticerques dans le grand pectoral d un homme de soixante ans. Stockholm. (Vetensk. acad. nya Hadlingar, t. XXXI, p. 179, 1810, et Rud. Syn.,p. 620.) Mascagni. Cysticerques en nombre prodigieux dans les muscles des deux bras d'un jeune homme. (Cité par Brera, Mém. prim. cit., p. 153.) Grève, Oldenbourg, 1 81 8. Jeune homme; cysticerques dans les muscles du bassin, trois dans ceux du cou. (Ouvr. cit., chap. xvn, art. C. Finna.) 63'i AFFECTIONS YERMINEUSKS DES CAVITES SÉKEUSES. Lobstein dit avoir rencontré plusieurs fois des cyslicerques dans le tissu cellulaire interrausculaire j point d'observation particulière* (Traité d'ana t. pathologique, I s 2 9 , t. 1, p. 530.) Crdveilhier. Trois cas : 1° muscle couturier; 2" et â° courte portion dn biceps humerai. (Art. Entozoaire, cit., 1831.) (ii- m acii, Mayence, 1844. Vieille femme ; cyslicerques dans presque tous les muscles, surtout dans ceux des bras et des cuisses. (Gaz. hôpitaux, p. .'IÇMi, I844.) Démarquât et Gervais. Cysticerques dans presque tous les muscles. (Cas rite, p. 630.) Follin et RoniN. (Bull. soc. philom., novembre 1846, et Richard, liist. nat. méd., 4° édît. , 1849, t. I, p. 501.) Jeffries Wyman, Boston. Douze à quinze cysticerques dans les muscles et les téguments; un autre libre à la surface interne de la dure-mère, près de l'apophyse crisla- galli, chez un femme de cinquante ans, morte phlhisique. Chez le même sujet, il y avait un grand nombre de trichina spiralis dans les muscles. (Boston, Catal. cit., p. 321, n° 904, 1847.) Follin et Davaine, Paris. Trois cysticerques dans un seul kyste situé à la face interne du muscle droit de l'abdomen. Tête pourvue de trente-deux cro- chets. (Comptes rendus Soc. biologie, t. IV, 1852, p. 19.) 0. W. F. Ude, Braunschiveig. Homme. Tumeur du volume d'un œuf de pigeon, située à la partie inférieure du cou et supérieure du thorax, près du sternum. Incision, issue de pus et d'un cysticerque gros comme une petite noisette, pourvu de quatre ventouses et de trente-deux crochets. (Nordame- rikanischer monatsbericht fur natur, und Heillcunde redigirt von W. Keller et H. Tiedemann. — Philadelphia, janvier 1852, p. 10.) Leudet, Paris. Femme, vingt-huit ans ; une vingtaine de cysticerques dans les muscles des membres inférieurs et supérieurs et dans les pectoraux ; vingt-deux dans le cerveau. (Voy. ci-après, liv. III, part, i, div. i, sect. n, ch. h. obs. IX.) Raikem, Bruxelles. Un grand nombre de cysticerques trouvés à l'autopsie. Journ. de méd, chir. de Bruxelles, sept. 1845, p. 543, 555, et Bull. acad. roy. de méd, de Belgique, 1853, p. 199.) Béraud, Paris, 16 janvier 1855. Kyste ovoïde du volume d'un gros pois, situé sur le bord du fléchisseur superficiel, dans un cadavre en dissection. Vésicule contenant un corps blanchâtre du volume d'une grosse tête d'épingle, pourvue d'une tête, de quatre ventouses et d'une double couronne de cro- chets. (Ce corps est considéré par l'auteur comme un échinocoque ; mais, vu son volume et les autres détails, il appartient évidemment aux cysticerques.' (Gaz. des hôpitaux, 1857.) LIVRE TROISIEME. VERS DANS LES OitCANHS PAREMCilAMATEUX. PREMIÈRE PARTIE. AFFECTIONS VERMINEUSES DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL. L'envahissement du système nerveux central par des entozoaires n'est pas rare chez l'homme et chez les mammifères herbivores. Ces entozoaires sont exclusivement des vers vésiculaires qui appartien- nent aux trois types connus. L'un de ces vers, le cœnure, n'a pro- bablement jamais été rencontré chez l'homme ; nous n'en connais- sons au moins aucun exemple certain. On ne l'a point rencontré non plus chez les animaux carnivores; il attaque fréquemment les rumi- nants ; on l'observe aussi, mais plus rarement, chez d'autres herbi- vores, tels que le chameau, le cheval, le lapin. Bien que le cœnure, comme les hydatides et les cysticerques, puisse être renfermé dans une cavité séreuse, la poche qui le contient n'existe jamais que dans l'un des organes encéphaliques, et cette considération doit le faire regarder comme un ver propre au sys- tème nerveux. C'est le seul entozoaire connu qui ait pour habitai exclusif les centres nerveux. A ce titre, il devrait seul nous occuper ici; toutefois, il peut être intéressant, au point de vue de la patho- logie, de rapprocher les cas d'affections des organes encéphaliques occasionnés par les différents entozoaires qui s'y rencontrent. Ainsi donc, après avoir exposé les phénomènes pathologiques dé- terminés par le cœnure chez les animaux domestiques, nous nous oc- cuperons de ceux qui résultent de la présence des hydatides et des cysticerques dans l'encéphale chez quelques animaux et chez l'homme. 636 AFFECTIONS VERM1NE0S1ÏS DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAI, PREMIÈRE DIVISION. VERS EN RAPPORT AVEC LA PORTION CÉPIIAL1QLE DE L'ENCÉPHALE. PREMIÈRE SECTION. VERS CHEZ LES ANIMAUX DOMESTIQUES. Les vers vésiculaires autres que le coenure doivent se rencontrer quelquefois dans le cerveau chez les ruminants, mais, soit qu'ils s'y trouvent très rarement, soit qu'ils aient été confondus avec le coe- nure, les auteurs modernes de pathologie vétérinaire n'en font point mention ; quant aux auteurs plus anciens, on sait qu'ils confondaient tous les vers vésiculaires sous le nom d'hydatides et que VJtydatide cérébrale désigne chez eux le cœnure. Le cysticerque ladrique est très commun dans le cerveau chez le porc; peut-être a-t-il été ob- servé aussi chez le chien. CHAPITRE PREMIER. LE COENURE DU MOUTON ET DU ROEUF. — TOURNIS. (Cœnure, Synops., n° 8.) Tournis. — Noms vulgaires. France. — Avertin, tournoiement, étourdissement, .vertigo, vertige lourd, lourdaine, lourderie, hydrocéphale. Allemagne. — Das Drehen. Le développement du cœnure occasionne dans les centres nerveux une maladie grave, ordinairement mortelle, qui a reçu le nom de tournis, de l'un de ses symptômes les plus constants et les plus re- marquables. La nature du tournis et les causes qui le produisent ont été, comme beaucoup d'autres questions de pathologie vermineuse, le sujet d'une foule d'opinions diverses. Cette affection a été regardée par les uns ou par les autres comme une apoplexie séreuse, comme une hydro- pisie des ventricules, un engorgement séreux du cerveau, et le cœnure CHEZ LES RUMINANTS. — COENURE. 637 comme un kyste, comme le produit d'une métamorphose d'œuls d'insecte déposés sous le crâne, etc. On a cherché sa cause dans le régime, le chaud, le froid, l'humidité, l'obésité précoce, les contu- sions, etc. ; mais le tournis apparaît dans des conditions très di- verses, dans les étables ou les bergeries comme aux champs, sur les montagnes comme dans les vallées, dans toutes les saisons, dans toutes les contrées. Un naturaliste allemand, mort jeune, mais déjà célèbre, Leske (1 779) , reconnut un ver cystique dans la vési- cule aqueuse que l'on rencontre toujours en quelque point de l'en- céphale des bêtes at- teintes du tournis (1), vésicule dont l'exis- tence était alors connue, mais dont la nature était ignorée (2). Goeze, de son côté, fit bientôt après la même observa- tion (3). Malgré la connais- sance de la nature de l'affection qui nous oc- cupe , les causes ou conditions du dévelop- pement du cœnure sont restées jusqu'ànos jours enveloppées d'une obscurité profonde. On sait que les expériences F;g. 22. — Cœnure du mouton. — 1, vésicule grandeur nain- relie ; — 2, groupes de têtes grossis ; — 3, tète fortement grossie (voy. le Synopsis). (1) Nat. God. Leske, von dem Drehen der Schaafeund dem Blasenbandwurme in Gehirne derselben. Leipzig, 1779. (2) Avant Leske, teshydalides du cerveau étaient connues et Guetebriick, Hastfer, Ranftler leur avaient attribué le tournoiement des brebis. Ce dernier, en 1776, avait signalé l'existence de petits corpuscules à la surface de Vhydalide (les têtes du cœnure) et avait soupçonné qu'il en naissait des vers, mais ces auteurs n'ont nul- lement reconnu l'animalité de Vhydalide ou des corpuscules qui en naissent. (Guetebriick Gesammelter Unterricht von Schœfereyen, t. 1, p. 277. — Hastfer, Vnlerricht von Zucht und Warluncj der Schaafe, p. 93. — Ranftler, Anzeige der Leipz. Okonom. Sociel., 1776, p. 20, cités par Bloch.) (3) J. A. E. Gceze, Neuesle Enldeclcung,dass die Finnen,elc, Halle, 1784, p. 2j. 63.S AFFECTIONS VbttAUNliUSliS DU SYSTEME NERVLUX. CENTRAL des helminthologistes modernes tendent à prouver que ce ver vêsi- culaire provient du transport et du développement dans le cer- veau de la larve d'un ténia qui vit dans l'intestin du chien (voy. Sy- nopsis, n° 8). Parmi les animaux domestiques, on n'observe guère le tournis que chez le mouton et le bœuf; il est beaucoup plus fréquent chez le premier de ces animaux ; il fait périr presque la totalité de ceux qu'il attaque et cause de grands préjudices aux agriculteurs. C'est surtout pendant la première année de leur vie que les mou- tons sont exposés à l'invasion du cœnure ; les agneaux à la mamelle en sont souvent atteints fl). Ce ver devient plus rare chez les bêtes de deux ans, et beaucoup plus rare encore chez les adultes. Chez le bœuf, le cœnure est aussi beaucoup plus commun dans le jeune âge. Beaucoup de vétérinaires pensent que le tournis est hérédi- taire (2). Le cœnure, dans la plupart des cas, est solitaire ; il n'est cepen- (l) « Riern rapporte le fait d'un agueau né avec une hydatide dans le quatrième ventricule (Feuille du cultivateur, t. V, p. 213). — Hering cite des auteurs allemands qui ont trouvé des cœnures dans le cerveau de nouveau-nés; lui-même assure en avoir vu de un à cinq, de la grosseur d'un pois, dans le cerveau d'agneaux de quelques jours (Hering, Pathologie, art. Tournis).— Nous -même (M. Reynal), nous en avons trouvé chez des agneaux âgés de quatre, de six et de vingt-cinq jours. » (Reynal, mém. cit., p. 898.) (2 L'hérédité, comme cause du tournis, a été indiquée, en 1810, par Fromage de Feugré [Correspond, sur la conserv. et V amélior . des anim. domesl., Paris, 1810, 1. 1, p. 78); et en 1817, par Dupuy [Affect. tub. cit., p. 342). Cette opinion a été reproduite en 1820, avec plus de développements par GiroudeBuzareingues [Feuille villag-. de VAveyron, 1822, et Mém. Soc. roy. d'agriculture, 18241; Maillet n'a jamais constaté que l'hérédité exerçât aucune influence sur la production du tour- nis chez le bœuf (Recueil de méd. vetér., t. XIII, 1836,. M. Reynal adopte pleine- ment l'opinion que cette maladie est héréditaire; il a recueilli vingt et un faits qui attestent, suivant son expression, la transmission du tournis de la mère à son produit. Il admet également la transmission du tournis par le père; il cite à ce sujet: 1° un cas dans lequel un propriétaire perdit plus de 30 pour 100 de ses agneaux, provenant d'un bélier atteint du tournis; 2° un cas où la perte, dans des circonstances semblables, fut de 50 pour 100 (Reynal, Essai monographique sur le tournis des bêles ovines, dans Recueil de méd. vétérin., 1857, p. 895). Dans une discussion sur les affections qui doivent être considérées comme vices rédhibitoires, M. U. Leblanc a rapporté que, chez son père, tout un troupeau a été infesté du tournis par l'influence des mâles reproducteurs. — Le tournis chez les béliers reproducteurs a été déclaré vice rédhibitoire par la Société de médecine vétérinaire (Recueil de méd. vétérin., 1859, p. 297). CHEZ LES RUMINANTS. — COENURE. 639 dant pas très rare d'en trouver deux, trois et quatre ; on en a vu jus- qu'à trente dans diverses régions de l'encéphale. Dans le premier cas, le ver vésiculaire peut acquérir un grand volume avant de dé- terminer la mort. Chez le mouton, il acquiert celui d'un œuf de poule et le liquide qu'il contient peut s'élever à soixante grammes, chez le bœuf à cinq cents grammes. Le cœnure refoule et atrophie la substance du cerveau, dans lequel on trouve, à l'autopsie, une cavité profonde. Cette ca- vité est constituée par des" cou- ches de substance cérébrale condensée (1) , et quelquefois par une membrane de tissu cellu- laire , très mince , souvent ou peut-être toujours incomplète, qui la revêt intérieurement. Chaque cœnure, lorsqu'il y en a plusieurs, possède sa cavité propre. Le siège primitif du ver vé- siculaire est fréquemment une , des anfractuosités de la surface du cerveau ou l'un des ventri- cules ; peut-être se développe- t-il plus rarement dans la sub- stance même de l'encéphale. Lorsque la vésicule du cœnure est placée superficiellement, elle arrive par son accroissement en contact avec la paroi du crâne dont elle détermine la résorption. La paroi osseuse s'amincit progressivement à tel point que le pariétal, par exemple, devient flexible, cède et s'affaisse sous la pression du doigt ; dans quelques cas même, l'os se perfore et le ver vésiculaire fait saillie sous les téguments. (1) La paroi de la poche qui loge le ccenure est constituée, d'après les recherches de M. Ch. Robin, par des tubes nerveux flexueux, interrompus ou brisés, moins nom- breux que dans la substance normale, par des corpuscules ressemblant aux cellules nerveuses ou ganglionnaires, par une substance amorphe et des granulations molé- culaires, par une quantité considérable de petits grains calcaires, pulvérulents, enûn par des vaisseaux capillaires, continus avec ceux de la substance cérébrale Reynal, mém. cit., p. 869). Fig. 23.— fête de mouton. — Demi-nalure. — Cœnure dans le lobe antérieur droit du cerveau. 640 AFFECTIONS VBRMlKEUSIiS DU SYSTÈME NERVAUX CENTRAI La présence du cœnure ne détermine point ordinairement dans le cerveau de lésions autres que celles dont nous venons de parler ; néanmoins elle peut causer l'inflammation et la suppuration des par- ties environnantes, comme nous l'avons observé une fois. Les phénomènes que détermine la présence du cœnure varient suivant le siège ou le volume de la vésicule, suivant qu'il y en a une seule ou plusieurs, et suivant la période à laquelle la maladie est par- venue. Les premiers symptômes ne sont pas, en général, caractéristiques de la présence du ver vésiculaire (1) ; ils consistent, comme dans plusieurs autres maladies des animaux, dans la perte de la vivacité, de la gaîté, de l'appétit. L'animal devient lourd, hébété, ses pas sont incertains et chancelants ; bientôt il perd la faculté de se guider, il marche à l'aventure en dehors du troupeau, et ne se détourne point des obstacles qu'il rencontre. Il porte la tête basse, inclinée à droite ou à gauche, quelquefois relevée; il a l'œil hagard, bleuâtre; l'or- bite est en apparence aggrandie ; la vue est troublée ou perdue ; enfin, et cela arrive quelquefois dès l'apparition des premiers sym- ptômes, l'animal, en marchant, tourne et décrit des cercles concen- triques. Le tournoiement n'est pas un symptôme constant, mais il existe dans la plupart des cas ; il apparaît par accès à des intervalles plus ou moins éloignés, persiste pendant un temps variable et quelque- fois très long. La marche est plus accélérée, et le cercle du tournoie- ment est d'un rayon plus petit lorsque la maladie est plus ancienne. Pendant l'accès, l'animal tient la tête basse et penchée du côté où il tourne; il va précipitamment suivant des cercles concentriques, quelquefois pendant des heures entières, jusqu'à ce qu'il tombe; ou bien il fait enfin quelques pas dans une autre direction, puis s'arrête et bientôt il recommence à tourner. (1) Chez les très jeunes agneaux, on observe d'autres phénomènes , d'après M. Reynal ; ce sont tantôt des contractions spasmodiques violentes, des mouve- ments particuliers des yeux et des mâchoires, d'une courte durée; tantôt des crampes accompagnées de bâillements prolongés; tanlôt des frayeurs soudaines, une fuite précipitée au moindre bruit, à l'approche de quelque personne, suivies de tremblements convulsifs qui rappellent la maladie connue sous le nom de trem- blante. Celte forme de tournis, qui se remarque chez de très jeunes agneaux, est occasionnée par des vésicules de la grosseur d'une tête d'épingle ou d'un grain de millet (Reynal, mém. cit., p. -ï90). CHEZ LliS RUMINANTS. — CŒNURE. GM L'animal tourne ordinairement toujours du même côté, mais dans quelques cas il le fait alternativement d'un côte et de l'autre. Le sens suivant lequel a lieu le tournoiement est déterminé par le côté où siège le cœnure. Il a lieu à droite si l'entozoaire occupa l'hé- misphère droit, et inversement, s'il occupe le gauche (1). Lorsqu'il y a un cœnure dans chaque hémisphère, le tournoiement a lieu alter- nativement à droite et à gauche, ou bien il n'existe pas. Dans le cas où le ver vésiculaire a son siège entre les hémisphères ou sur la ligue médiane de l'axe cérébro-spinal, il n'y a point de tournoiement. Si le cœnure est en avant vers la base du crâne et entre les deux lobes antérieurs, l'animal, dit-on, porte la tête basse, marche devant lui, ne tourne pas, s'encapuchonne ; il a des mouvements précipités et raccourcis, il avance peu ou point, et semble toujours près de tomber; au contraire, si le cœnure est placé en arrière dans la scis- sure transversale ou dans le ventricule du cervelet, l'animal porte la tête élevée, le nez au vent, il marche droit devant lui, vite, et se jette sur tout ce qu'il rencontre. A mesure que la maladie fait des progrès, le tournoiement devient (I) Yoy. Girou de Buzareingue, Symptômes qui résultent de la présence des hy- datides dans différentes parties de l'encéphale (pas de faits particuliers ; l'animal lourne du côté de l'hémisphère lésé, mais il perd la vue du côté opposé;. — Extrait de V Analyse des travaux de l' Académie des sciences pendant l'année 1828; dans Recueil de méd. vétérin., t. VI, p. 597. 1829. Quelques auteurs ont rapporté assez récemment plusieurs observations qui con- tredisent l'opinion généralement acceptée relativement au côté vers lequel se fuit le tournoiement : on voit dans les comptes rendus des travaux de l'école vétérinaire de Lyon, le cas d'un mouton tournant tantôt à droite, tantôt à gauche et qui avait un cœnure dans le plan médian, à la partie supérieure du cerveau; un autre cas de mouton tournant à droite et qui avait un cœnure dans le ventricule gauche (Recueil de méd. vétérin., t. XV, p. 554, 1838). — M. La fosse a vu, chez une chèvre qui tournait à gauche, un cœnure situé dans le ventricule droit (Journ. vétérin. du Midi et Recueil, 4e série, t. IV, p. 290. 1847). — M. Reynal a aussi rapporté plu- sieurs observations relatives à l'absence ou à l'existence du tournoiement et à sa direction par rapport au siège du cœnure (Recueil de méd. vélér., vol. XXXI, p. 429, juin 1854). — Dans un nouveau mémoire, il rapporte que, ayant observé soixante moutons environ affectés de tournis, il a vu que presque un tiers tour- naient du côté opposé au cœnure; il est arrivé aux conclusions suivantes : 1° Le tournoiement a lieu du côté où siège le cœnure lorsque ce ver occupe exclu- sivement les couches qui forment le plan supérieur du cerveau ou les ventricules, en laissant leur plancher intact. 2° 11 a lieu du côté opposé, lorsque le travail destructeur du ver intéresse les couches les plus profondes du plan inférieur du cerveau, les corps striés, les couches obliques, le trigone cérébral, elc. (Reynal, mém- cit., p. 494, 563). Davaine. ^* (i'l2 AFFECTIONS VERMINEUSES DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAI. plus fréquent et do plus longue durée, jusqu'à ce que la paralysie des membres vienne y mettre un terme. De temps en temps l'animal éprouve des attaques convulsives pendant lesquelles la respiration est très difficile, stertoreuse, et la sensibilité généralement abolie. Enfin la vue se perd totalement, la pupille reste largement dilatée ; la mastication est lente et incomplète; la marche, la station même deviennent difficiles et impossibles; l'amaigrissement qui s'est pro- noncé dès le début, fait des progrès rapides, et la bête succombe dans le marasme. Lorsque le cœnure est luge dans un hémisphère et que la para- lysie survient, quel est le côté qui se paralyse? Les observateurs se sont à peine occupés de cette question. Voici ce que l'on en a dit re- lativement au bœuf : « Une époque arrive à laquelle l'animal de- vient tout à fait paralysé du côté affecté, il est comme fixé au sol par la contraction des muscles du côté opposé (l). » Quant au mouton, M. Reynal dit avoir observé trois fois la paralysie du côté ou siégeait le cœnure; elle existait, il est vrai, à un faible degré. Le savant vétérinaire ajoute que, quand les désordres du cerveau étaient considérables, la faiblesse et la paralysie existaient du côté opposé au ver vésiculaire (2). Le diagnostic de cette affection est ordinairement facile : le tour- noiement qui existe presque dans tous les cas, l'aspect bleuâtre de l'œil sont deux signes caractéristiques de l'existence du cœnure; la faiblesse de quelque partie du crâne, qui cède sous la pression des doigts, est encore un signe que l'on peut fréquemment con- stater. Le vertige, ou vertigo, les accidents causés par les œstres ren- fermés dans les sinus frontaux seront facilement distingués du tour- nis. Cette dernière affection est lente, apyrétique et de longue durée, tandis que le vertige est une maladie aiguë, fébrile et de courte durée. Les accidents nerveux occasionnés par les œstres sont des convul- sions et non le tournoiement ; on observe en outre une inflammation de la membrane pituitaire, un écoulement nasal, phénomènes in- connus dans le tournis. La marche de l'affection déterminée par le cœnure est lente, et les phénomènes morbides s'aggravent progressivement. La durée est de six semaines ou deux mois au moins chez le mouton, et rarement (1) Hurtrel d'Arboval, Ziitl. de médecine vétérinaire, t. VI, art. Tournis, p. 149. (2) Reynal mém. cil., 496. CHEZ LES ANIMAUX. — VERS VÉSICULALRES. 0/j3 de moins de trois mois chez le bœuf. La mort en est la terminaison naturelle. On ne connaît point jusqu'aujourd'hui de traitement prophylac- tique du tournis. Les savants qui regardent le ccenure comme la larve d'un ténia propre à l'espèce canine, conseillent d'éloigner les chiens des étables et des bergeries, d'administrer des vermifuges à ceux qui sont indispensables à la garde des troupeaux, enfin d'avoir soin de ne pas leur livrer la tête ou le cerveau des bêtes mortes avec le tournis. Quant à un traitement curatif, l'extraction du cœnure est le seul que l'on connaisse. Si le ver vésiculaire est solitaire, s'il est super- ficiellement placé, l'opération peut donner de bons résultats. Dans ces conditions, le siège du cœnure peut être déterminé quelquefois par l'examen du côté vers lequel l'animal tourne, et par l'affaisse- ment de la paroi correspondante du crâne sous la pression. Chez le mouton, on pratique la perforation du crâne au moyen du trocart; le cœnure sort de lui-même, sinon l'on favorise sa sortie par des tractions ménagées sur la partie qui se présente. Cnez le bœuf, la perforation se pratique le plus ordinairement parle trépan. La proportion des animaux guéris par cette opération n'a point été suffisamment établie. Souvent les bêtes opérées, lorsqu'elles ne périssent pas en peu de jours, restent faibles, languissantes, et les bœufs sont impropres au service de l'agriculture. Ce n'est donc que dans les cas les plus simples, dans ceux que nous avons spécifiés, que l'on devra tenter l'opération. Peut-être l'injection dans la vésicule du cœnure de quelques gouttes d'un liquide iodé, dont le contact tue instantanément les vers cystiques, serait-elle préférable à l'extraction 1 CHAPITRE II. CYSTICERQUES DU CERVEAU CHEZ LE PORC ET LE CHIEN. (Cysticerque ladrique, Synops., n° 9.) Porc. — Les cysticerques sont très communs dans l'encéphale chez le porc ladre. Nous en rapporterons un exemple remarquable (voy. ci-après, sect. III, p. 665). C'est à la présence de ces ento- (i'i'i WlïXim.ss VËRMINËUSES DÛ SYSTÈME NlîRVKCX CENTRAL zoaires dans les centres nerveux qu'il faut attribuer les phénomènes de paralysie qui se manifestent tôt ou tard chez le porc affecté de ladrerie. Chez des cochons atteints de convulsions épileptiformes et de phé- nomènes qui ont été désignés sous le nom d'accès de rage, Rehrs, vétérinaire belge, trouva une énorme quantité de cysticerques dans le cerveau, le cervelet et les autres parties du corps. L'auteur at- tribue à la présence de ces vers dans le système nerveux, les phénomènes singuliers qu'il observa (1). Chien. — ■ Dupuy a vu chez le chien, à la surface du cerveau, une grande quantité 49 Les symptômes principaux et les plus fréquents sont la cépha- lalgie, des attaques convulsives, des vomissements, des évanouisse- ments, des lésions des fonctions motrices et sensorielles, et celles de l'intelligence. La céphalalgie est un phénomène très fréquent, souvent initial; elle est quelquefois continue, plus souvent elle a lieu par accès ; dans quelques cas elle est d'une violence extrême ; sa marche est géné- ralement progressive, maison voit aussi l'inverse. Des douleurs se manifestent encore dans d'autres parties, dans les muscles, sembla- bles à celles du rhumatisme, à la peau avec les caractères de l'hyper- esthésie. Le vomissement a été souvent un phénomène du début, et l'un des plus persistants, des plus incoercibles. Des évanouissements ou des syncopes répétées, des vertiges, des attaques convulsives, se sont montrés aussi avec les premiers symptômes de la maladie, et ont persisté pendant toute sa durée. Souvent les convulsions ont pris l'apparence de l'épilepsie et se sont manifestées à des intervalles variables. Les lésions du mouvement offrent tantôt les caractères de l'hé- miplégie, tantôt ceux de la paraplégie ; elles surviennent quelquefois subitement avec une grande intensité ; mais plus souvent elles con- sistent au début dans une faiblesse des membres, faiblesse qui va s'aggravant de jour en jour. On observe en même temps l'abolition partielle ou totale des fonctions de quelques sens, tels que l'ouïe, la vue, ou bien la perte de la parole. La paralysie est le phénomène le plus général : lorsque les hyda- tides, d'un petit volume, sont disséminées dans diverses parties de l'encéphale, elle ne survient que dans une période assez avancée de la maladie. L'ensemble des phénomènes paralytiques diffère ordinai- rement de celui qui accompagne une lésion aiguë de l'un des hémi- sphères ; en effet, par sa situation, par son grand développement, ou par sa multiplicité, le kyste hydatique exerce une compression sur l'un et l'autre hémisphère ou bien en outre sur quelque nerf; de là un ensemble de symptômes variables, et qui sont rarement associés comme ils le sont dans les maladies du cerveau, que l'on observe journellement. Les lésions accidentelles qui surviennent tôt ou tard, comme l'épanchement sanguin ou séreux, le ramollissement, etc., viennent encore faire varier l'expression symptomatique de la ma- ladie. Dans plusieurs cas, les troubles de l'intelligence, l'hébétude, la 65fl AFFECTIONS VERMINKUSES DU SYSTEME NERVEUX CENTRAL manie ou In démence, !e délire, ont accompagné la présence des hy- datides, ont marqué le début ou n'ont paru qu'à la fin de la ma- ladie; dans d'autres cas, l'intelligence s'est constamment conservée intacte. La marche de cette affection, lorsqu'il ne survient point quelque lésion nouvelle du cerveau, est toujours lente. Sa durée, qu'il n'est pas possible de préciser, est de plusieurs mois; elle peut être de plu- sieurs années. La situation delà tumeur doit apporter des différences très grandes dans la durée de l'affection, comme elle le fait dans la marche des phénomènes. Dans le cas suivant on peut faire remonter à quatre ans le début de la maladie : Un garçon âgé de sept ans fut pris d'un affaiblissement progressif des membres du côté gauche, affaiblissement qui persista sans changement no- table pendant deux ans. Alors des douleurs de tête se rirent sentir dans le côté droit, violentes et revenant à des intervalles irréguliers; elles s'accom- pagnaient de vomissements répétés, sans perte de connaissance, ni trouble des sens. Environ un an après, la céphalalgie revint avec une nouvelle vio- lence, l'intelligence disparut, ainsi que la faculté d'articuler les mots. La pa- role ne devint assez facile qu'environ deux mois après ; à cette époque, la vue commença à se troubler, puis se perdit complètement. Elle resta dans cet état pendant environ deux mois, après lesquels elle se rétablit un peu de l'œil gauche. Entré à l'hôpital des Enfants, dans le service de M. Blache, un mois en- viron avant sa mort, et alors âgé de onze ans (quatre ans donc après le début de la maladie), cet enfant présentait l'état suivant : intelligence nette, cécité presque complète, pupilles dilatées, yeux hagards, strabisme divergent du côté gauche, distorsion de la bouche, abaissement de la commissure gauche des lèvres, la pointe de la langue déviée à droite; exaltation de la sensibilité cutanée du bras et de la jambe gauches, affaiblissement musculaire du même côté, sans roideur ni contracture; céphalalgie modérée, fonctions digestives normales, selles et urines involontaires. Dans le cours du dernier mois, il se manifesta à plusieurs reprises une céphalalgie intense, des vomissements, perte de connaissance, ré-olution des membres gauches, puis contracture de ces membres, convulsions, serrements des mâchoires, écume à la bouche non sanguinolente, etc. ; mort dans le coma. A l'autopsie, on trouva un kyste de la grosseur du poing, renfermant un grand nombre d'acéphalocystes dont le volume variait depuis celui d'un pois jusqu'à celui d'un œuf de pigeon. Il était situé à la partie supérieure et ex- terne de l'hémisphère droit, ayant intéressé le corps calleux, la couche optique, -la voûte à trois piliers, le septum lucidum, et ayant déterminé un ClIliZ L'HOMME. — VERS VÉSICULAIRES. 654 épanchement abondant de sérosité dans les ventricules et autour du cer- veau (I). Généralement les symptômes s'aggravent, se multiplient progres- sivement, et le malade s'éteint dans le coma; d'autres fois, le ra- mollissement cérébral, l'apoplexie, l'épanchement séreux, etc., abrègent le cours de la maladie. La guérison est tout à fait excep- tionnelle. Les observations d'hydatides développées dans le cerveau ou dans la cavité du crâne ne sont pas encore très nombreuses: nous donne- rons ici une analyse sommaire de celles que nous connaissons (2). A. — Hydatides développées dans le cerveau ou le cervelet. 1° Kyste unique. Ier Cas (Mobrah). Fille âgée de dix-neuf ans; pertes de connaissance subites et fréquemment renouvelées ; abolition de l'ouïe, de la vue, de l'odorat ; hémiplégie du côté droit ; stupeur apoplectique pendant six jours ; mort, deux ans après le début des premiers phénomènes de la maladie. Une hydatide longue de trois pouces et large de deux, dans l'hémisphère droit (3). (1) Faton, Bull. Soc anal, de Paris, 1848, ann. XXIII, p. 344. (2) Un grand nombre de cas d'hydatides des centres nerveux sont rapportés par d'anciens auteurs, mais la plupart de ces cas, sans doute, concernent des kystes séreux, d'autres concernent peut-être des cysticerques. " Aux hydatides appartiennent, probablement, un cas d'hydatides observées dans le cerveau d'un enfant hydrocéphale, par J. P. Wurfbain [È.phem. nat. cur., déc. 2, ann. IX, p. 427); — un cas de Lanciu, rapporté sans détails (De sub. mort. 1709, liv. I, ch. xi, p. 50). Aux cysticerques appartiennent peut-être un cas de Conrad Brunner, qui trouva un grand nombre de vésicules? de la grosseur d'une tête d'épingle dans les corps striés d'un enfant hydrocéphale (Ephem. nat. cur., déc. 3, ann. I, p. 252); — un cas de Weikard, qui trouva des vers vésiculaircs dans les plexus ehroroïdes d'un homme qui avait été sujet à de fréquents vertiges (Vermischte medizin. Schriften, 4° stiick, p. 102, cité parBrera); — deux cas d'hydatides de la pie-mère et plusieurs cas d'hydatides grosses comme un pois situées dans les plexus choroïdes chez des maniaques, par Ludwig (A dversaria med. pract., t. II, p. 480, Lipsiae, 1771). M. Rostan rapporte une observation intitulée hydatide développe'e dans le lobe moyen ; mais la description de cette hydatide ne se rapporte guère à un ver vésicu- laire (Recherches sur le ramollissement du cerveau, 1823, obs. 95). M. Andral rapporte un cas de kystes séreux développés dans la pie-mère (clin, cit., t. III, p. 59), qui a été donné à tort par d'autres auteurs comme appartenant aux hydatides. (3) Obs. d'une hydatide dans le cerveau par Michel Morrah, chirurgien à Wor- ()52 AFFI.CTI0N5 VKHMIM.USKS DU SYSIK.MK M'.IiVKHX C1NT11AI. II'' Cas (Milcknt). — Surface du cerveau. Homme épileplique, mort dans une attaque. Kyste hydatique entre deux circonvolutions du cerveau (1). III1' Cas (Blacqe). — Surface du cerveau. Il s'agit d'un homme âgé de trenle-quatre ans, sujet, depuis l'âge de cinq ans, à des attaques d'épilepsie ; les accès, légers dans les premières années, ne duraient que quelques minutes et se reproduisaient tous les huit ou dix jours; leur fréquence et leur intensité augmentèrent progressivement. Depuis trois mois, ils se reproduisaient plusieurs fois par jour: enfin, attaques vio- lentes se succédant sans interruption, stupeur profonde; mort. Kyste hydatique du volume d'une noix, sur la convexité de l'hémisphère gauche, entre les méninges et la substance du cerveau, qui était saine par- tout (2). IVe Cas (Becquerel et Séguin). — Lobe antérieur et moyen. Fille âgée de treize ans. Accès de céphalalgie, de convulsions épilepti- formes; perte de l'intelligence, de la vue; vomissements, hallucinations, ra- lentissement du pouls, paraplégie, coma ; mort après six mois de maladie. Kyste hydatique volumineux dans l'hémisphère gauche du cerveau, occupant tout le lobe antérieur et la moitié du lobe moyen, formant une cavité longue de quatre pouces et large de deux. Kystes hydaliques volumineux dans les poumons, le foie et le mésen- tère (3). Ve Cas (Faton). — Rapporté ci-dessus, p. 650. VIe Cas (Guérard). — Lobe moyen. Hémiplégie incomplète. — Hydatide de la grosseur d'un œuf de poule, au centre du lobe moyen du cerveau (4). VIIe Cas (Barth). — Lobe moyen. Femme, vingt-cinq ans; paralysie du bras droit depuis quatre mois, parole altérée, céphalalgie à gauche, hébétude ; mort presque subite. Hydatide unique au-dessus du ventricule droit du cerveau (5). thing, communiqué par J. Yelloly (Medico-chirurg . transact., vol. II, 1813, et Journ. gén. deméd. de Sédillot, t LII, p. 342, 1815). (1) Milcent, Bull. Soc. anat., ann. XVIII, p. 9, 1843. (2) Bull. gén. de thérapeutique, t. XXXII,p. 237, 1847. (3) Becquerel, Gazette méd. de Paris, 1837, p. 406 ; Séguin, Bulletin Soc. anat., ann. XII, 1837, p. 37 ; Aran, mém. cit., p. 87. (4) Guérard, Bull. Soc. anat., ann. X, 1835, p. 4. (5) Barth, BuU. Soc. anat., ann. XXVII, 1852, p. 108. CHEZ L'iJOMMr. — VEKS VÉSKHXAIRES. 653 VIIIe Cas (Zeder). — Ventricules (rapporté ci-dessus, p, 644). IXe Cas (Rendtorff). — Ventricule latéral. Fille âgée de huit ans; douleurs rhumatoïdes dans les membres, intelli- gence diminuée, vomissements, attaques épileptiformes, affaiblissement para- lytique du côté gauche, cécité, perte de l'odorat, hémiplégie et refroidisse- ment des membres gauches; mort. Hémisphère droit d'un tiers plus volumineux que le gauche, masse énorme d'hydatides dans le ventricule latéral ; échinocoques dans les hydalides (1). Xe Cas (Headington). — Ventricule latéral. Enfant âgé de onze ans ; obscurcissement de la vue, suivi de cécité complète en un an ; affection choréique, perte de la parole, hémiplégie du côté droit cé- phalalgie, intelligence nette, coma pendant cinq semaines; mort un an après l'attaque d'hémiplégie, deux ans après le début de la maladie. Hydatide contenant 500 grammes de liquide, dans le ventricule latéral gauche (2). XIe Cas (Cazeaux). — Plexus choroïde. Hémorrhagie cérébrale considérable. — Kyste hydatique dans le plexus choroïde (3). XII0 Cas (Martinet). — Lobe postérieur. Homme; céphalalgies fréquentes, vertiges ; mortsubite. — Hydatide grosso comme un œuf de poule, dans le lobe postérieur droit du cerveau (4). XIIIe Cas (Leroux). — Lobe postérieur et cervelet. Homme, vingt-cinq ans; céphalalgie continue; vomissements fréquents, faiblesse extrême, défaillances, syncopes. — Masse d'hydatides de la grosseur d'un œuf de poule, vers les lobes postérieurs du cerveau et du cervelet (5). XIVe Cas (Carrère). — Lobe moyen? et postérieur. Il s'agit d'un homme, âgé de vingt-quatre ans, atteint de maux de tête habituels depuis quatre ans. Le 21 avril 4 824, la vue se trouble; il chan- celle sur ses jambes; le lendemain, agitation perpétuelle de la tête, regard fixe, yeux troubles, hébétation, délire; il tourne dans son lit ; application de la camisolle de force ; mort le matin. (1) Rendtorff, Dissert, de hydat. prœsertim in cerebro humano repert., cap. 10, p. 22, Berlin, 1822 ; — Breniser, ouv. cit., p. 538; — Livois, Rech. sur leséchino- coques, p. 100, Thèse, Paris, 1843. (2) Headington dans Abercrombie. Mal. de l'encéph., trad., p. 482, 2e éd., Paris, 1835. (3) Cazeaux, Bull. Soc. anat., ann. VIII, 1833, p. 106. (4) Martinet, Revue méd , t. III, 1824, p. 20, et Aran, mém. cit., p. 94. (5) J.-J. Leroux, Cours sur les gêner, de méd. prat., t. II, p. 12, Paris, 1825. G.Vi AFFECTIONS YKIt.MINEUSES DU SYSTEME NEHVEUW CENTRAL Ilydatido de la grosseur d'un œuf de poule d'Inde à la partie postérieure el un peu latérale du lobe droit du cerveau au-dessous du ventricule la- téral (1). XV0 Cas (Blin). — Cervelet. Femme âgée de vingt-trois ans ; céphalalgie depuis neuf mois, marche dif- ficile sans paralysie, bourdonnements d'oreilles, vomissements ; mort presquo subite. — Kyste hydatique du volume d'une petite noix à la face supérieure du lobe gauche du cervelet (2). 2° Kystes multiples. XVIe Cas (Tonnelé). — Deux, kystes; lobe antérieur. Le lobe antérieur droit du cerveau contenait, à la partie moyenne, deux hydatides acéphalocystes, du volume d'une grosse noisette, comme enchalon- nées dans son tissu. Les symptômes de la maladie n'avaient point fait soupçonner d'affection céré brale ; la mort a été occasionnée par des lombrics et des abcès dans le foie (3) XVIIe Cas (Chomel). — Deux kystes? hémisphère droit. Couturière, vingt-cinq ans; douleurs de tête intolérables; dix jours après, engourdissement du membre inférieur gauche ; au bout de six semaines, para- lysie du membre supérieur gauche ; entrée à l'hôpital quatre mois après. Hé- miplégie gauche, dilatation de la pupille droite avec affaiblissement de la vue, accès épileptiformes irréguliers, état comateux; mort cinq mois après l'en- trée à l'hôpital. — Deux hydatides dans l'hémisphère droit du cerveau (4). XVIIIe Cas (Calmeil). — (Rapporté ci-dessus, p. 646). XIXe Cas (Léveillé). — Kystes nombreux. Homme, vingt-sept ans ; céphalalgie habituelle, exaspération des douleurs mort prompte. Hydatides nombreuses dans les méninges et à la surface du cerveau, dan: le corps calleux, le lobe moyen gauche, la couche optique droite, etc. (5). XXe Cas (Montansey). — Kystes nombreux dans le cerveau, le cervelet la moelle épinière. Femme idiote et épileptique. — Un grand nombre d'hydatides à la surfac< (1) Carrère, Dict. de médecine, de chirurgie et d'hygiène vétérinaire par Hurlre d'Arboval cit., 1839, t. VI, p. 157, art. Tournis. (2) Blin, Bull. Soc. anat., ann. XXVI, 1851, p. 158. (3) Cas d'hydatides du cerveau avec lombrics dans le foie ; voyez ci-dessus p. 165, cas XXXI. (4) Gaz. des hôpitaux, t. X, 1836, p. 619. (5) Léveillé, Àrch. gén. deméd., t. XIII, 1827, p. 443, extrait des Séances d l'Acad. roy. de méd., 6 févr. 1827. CHEZ L'HOMME. — VERS VÉSICULAIRES. . 055 et dans l'épaisseur du cerveau et du cervelet; une vingtaine dans l'épaisseur de la moelle épinière (I). XXIe Cas (Aran et Michéa). — Kystes nombreux. Homme âgé de vingt-trois ans ; accidents variés, céphalalgie, somnolence, accès épileptiformes, hébétude, affaiblissement de la vue, puis cécité presque complète ; mouvements lents. — Hydatides multiples, situées dans différentes régions du cerveau, l'une en rapport avec le nerf optique gauche (2). XXIIe Cas (Forget). — Kystes nombreux. Homme, vingt-quatre ans; fatigue dans les membres depuis six mois, at- taques d'épilepsie, céphalalgie, faciès hébété, surdité, faiblesse de la vue, pu- pilles dilatées; point de paralysie ni de contracture des membres; douleurs dans les membres, marche mal assurée ; urines involontaires, diarrhée. Autopsie. La surface du pont de Varole, de la partie supérieure de la moelle allongée et de la face inférieure des deux lobes du cervelet, est couverte d'hy- datides nombreuses dont le volume varie depuis celui d'un grain de chènevis jusqu'à celui d'une aveline. Les hydatides sont libres ou légèrement adhé- rentes à la pie-mère, le tissu de l'encéphale est exempt d'altérations (3). B. — Hydatides développées ou situées en dehors des méninges. Ier Cas (Dupuytren, Rostan, Gendrin, Choisy). Homme âgé de trente-six ans ; accès de céphalalgie, atrophie de la moitié de la langue, douleurs et fourmillements dans les membres, aphonie, déglu- tition difficile; intelligence nette; mort inopinée. Kyste hydatique de la grosseur d'un œuf d'oie dans la fosse occipitale gauche; un prolongement du kyste faisant hernie dans le trou condylien an- térieur gauche, et un autre dans le trou déchiré postérieur du même côté ; compression des nerfs glosso-pharyngien, pneumo-gastrique et hypoglosse; usure des os en rapport avec l'hydatide (4). IIe Cas (Lagoht). Femme âgée de quarante-cinq ans ; œil droit altéré, ramolli ; narine et cavité buccale du même côté insensibles ; langue non déviée, coma ; mort. (1) Montansey, Bull. Soc. anal, de Paris, ann. II, 1827, p. 188. (2) Aran, Mém. sur les hydatides de l'encéphale, dans Arch. gén. de méd., 3esér., t. XII, 1841, p. 98, etMichéa, Gaz.méd.de Paris, t. VIII, n° 47, 1840, p. 747. (3) Forget, Gaz. méd. de Strasbourg, 1846 et Gaz. méd. de Paris, t. I, p. 975, 1846. (4) Dupuytren, Leç. de clin, chirurg., 1. 1, p. 403 et t. III, p. 364, Paris, 1832- 1833. —Choisy, Bull. Soc. anat., ann. VII, p. 114 et ann. VIII, p. 6, 1833. — Gendrin, dans Abercrombie, ouvr. cit., p. 627. (>f>() AFFECTIONS VERM1NEUSE3 nu SYSTÈME .\KU\I.IX CENTRAL Hydatido se prolongeant sous la dure- mère avec le nerf de la cinquième paire ; destruction du ganglion de Gasser ( La partie postérieure de l'hémisphère droit du cerveau offre à sa surface, mais contenu dans l'épaisseur même de sa substance, un petit kyste de la grosseur d'une petite noisette contenant deux cysticerques ; aucun dans les muscles (4). » B. — Cysticerques situés principalement dans les méninges. XIIe Cas (Caljieil). Jeune homme, épilepsie, délire monomaniaque, absence de paralysie, phlé- bite suite d'une saignée; mort. Trois cysticerques à la surface de l'hémisphère droit (5). (1) Aran, Mém.surles hydalides, cité, obs. v, et Michéa, Mém. cil., p. 746,1841. (2) P. C. Louis, Recherches sur la phlhisic, 2e édit., obs. 8, p. 162, Paris, 1813. (3)E. Leudet, Comptes rendus Soc. biologie, 1" série, t. V, p. 24, ann. 1S53, Paris, et Bull. Soc. anat., ann. XXVIII, p. 91. (4) Bouchut, Gaz. des hùpilaux, 1857, p. 81. (5) Calmeil, Dict. deméd. en 30 vol., t. XI, p. 584, art. Ekcéujale, Paris, 1835. CHEZ, L' HOMME. — VEKS VÉSKIÙT:. AIRES. 6fil XIII0 Cas (Lebert). Homme sujet à de longs évanouissements. — Cysticerques à l'extérieur du cerveau (pas de détails) (I). XIV Cas (Nivbt). Homme âgé de quarante-trois ans; coliques, agitation, délire, bourdonne- ments d'oreille, parole lente, sensibilité intacte, pas de paralysie; mort après douze jours de maladie. — Quatorze cysticerques (altérés) disséminés dans !a pie-mère et dans la substance grise des hémisphères (2). XVe Cas (Drewry-Ottley). Femme âgée de quarante ans; étourdissements remontant à deux ans, en- gourdissement et demi-paralysie du membre supérieur droit, troubles de l'in- telligence, difficultés dans la prononciation , attaques épileptiformes fré- quentes, céphalalgie permanente. Un grand nombre de kystes dans la pie-mère, s'enfonçant un peu dans la substance "grise. Cysticerque dans chaque kyste; nombre des kystes plus considérable à gauche. Aucun dans la substance blanche, ni dans les plexus choroïdes; substance cérébrale partout saine (3). XVIe Cas (Frédault). Femme âgée de quatre-vingt- quatre^ans; point de céphalalgie habituelle ; point d'affaiblissement musculaire, ni de paralysie du sentiment ou du mou- vement; attaque d'apoplexie; mort en quelques heures. Une vingtaine de cysticerques dans le tissu sous-arachnoïdien, ou plus ou moins enfoncés dans la substance grise; ces cysticerques avaient subi un com- mencement d'altération sénile (4). XVIIe Cas (Bouchut). Fille âgée de six ans ; fièvre typhoïde, méningite suppurée. — Deux cysti- cerques dans une anfractuosité de la surface du cerveau, sous l'arachnoïde; aucun dans les muscles (5). XVIIP Cas (Jeffries Wyman). Un cysticerque libre à la surface interne de la dure-mère, près de l'apo- physe crista galli (cas rapporté, p. 634). (1) Lebert, Bull. Soc. anal, de Paris, 1837, ann, XII, p. 38. (2) Nivet, Observ. de cysticerques ladriques du cerveau; Areh. gén. de méd., 3e série, t. VI, p. 478, Paris, 1839. (3) Docteur Drewry-Ottley, London medic. chir. Trans., t. XXVII, 1844; — Arch. gén. de méd., 1848, t. XVI, p. 372; — Gaz. hôp., 1848, p. 149. (4) Frédault, Note sur un nouveau ver vésiculairc trouvé dans le cerveau (Gaz. méd. de Paris, 1847, p. 311). (5) Bouchut, Gaz. des hôpitaux, 1857, p. 77. 662 AFFECTIONS VEUMINEUSES DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAT,. C, — Cysticerques dans les plexus choroïdes. I"' Cas (Imsciikr). Jeunohomme, mort du typhus en 1788. — Vingt-trois cysticerques attachés aux plexus choroïdes (4). II" Cas (TnEUTLEit). Femme âgée de vingt-huit ans, morte d'hydropisie avec des symptômes d'une affection cérébrale ancienne. — Dix-sept cysticerques dans les plexus choroïdes ; désorganisation étendue du cerveau ; excroissances osseuses de la base du crâne (2). IIIe Cas (Brera). Il s'agit d'un homme âgé de cinquante ans, sujet aux fièvres intermit- tentes depuis trois mois. « Il fut attaqué en route, dans la matinée du 26 no- vembre '1797, d'une violente torpeur des extrémités inférieures; s'étant traîné chez lui d'un pas incertain et vacillant, il fut tout à coup pris d'une douleur violente dans la partie supérieure de la lête, et à l'instant qu'il appelait du secours, il tomba par terre sans connaissance, » il mourut dans la nuit sui- vante sans avoir repris connaissance. Deux grappes de cysticerques s'étendaient le long des plexus choroïdes (3). IV0 Cas (Steinbuch et LoschgeJ. " Cinq cysticerques dans les plexus choroïdes ; vingt dans les muscles (cas rapporté ci-dessus, p. 627). Ve Cas (Calmeil). Homme âgé de soixante- cinq ans ; douleur à la jambe, sensibilité et mou- vements intacls ; délire, prostration ; mort en quatre jours. Un cyslicerque dans chaque plexus choroïde (4). Voyez encore: 1° un cas de cysticerques du cerveau observés par M. An- dral, cas rapporté dans la thèse de M. Fauconneau-Dufresne; 2° une obser- vation de Romberg indiquée dans le Journal compîéménlàifè, t. XIX, p. 276. (i)J.-L. Fischer, Tœniœ hydaligenœ in plexu choroideo nuper inventes hktoria, Lipsiae, 1789. (2) Treuiler, Mém. cit., p. 1, De nova specie tœniœ (albopunctatœ). (3) Val. Louis Brera, Traité des maladies vermineuses, trad., p. 32, Paris, 180i. (4) Calmeil, Observ. de cysticerques dans l'encéphale (Journ. hebdom. de m éd., t. I, p. 44, Paris, 1828). VliRS YÉSICUr.AIRES. — TOURNIS. fif>3 TROISIÈME SECTION. DU TOURNIS DANS SES RAPPORTS AVEC LES VERS VÉSICULAIRES. Par la lenteur de leur développement, par les dimensions qu'il atteignent, le cœnure et l'hydatide sembleraient devoir déterminer des phénomènes pathologiques identiques ; sous plusieurs rapports, en effet, ces phénomènes ont une analogie complète : avec l'un comme avec l'autre ver vésiculaire, l'affection cérébrale a une marche lente, une durée longue, une intensité progressive ; l'un et l'autre finissent par produire une paralysie des organes du mouvement, des organes des sens; l'un et l'autre entraînent nécessairement la mort. Mais ce phénomène singulier qui constitue le tournis, c'est-à-dire le tour- noiement tel qu'il existe chez le mouton affecté de cœnure, n'a été signalé dans aucun cas d'hydatide ; et néanmoins, nous possédons des observations déjà nombreuses de ce dernier ver, dans lesquelles, outre le développement lent et le volume considérable-, le siège dans l'un des hémisphères du cerveau, l'absence d'un kyste notable sem- blent assimiler complètement dans ses rapports avec l'organe cen- tral du sentiment et du mouvement, l'hydatide au cœnure. La différence remarquable dans l'expression symptomatique de l'affection déterminée par l'un et l'autre entozoaire cystique n'a point été l'objet, que nous sachions, des méditations des pathologistes; elle ne trouve point non plus une explication satisfaisante dans les théories qui ont été données des phénomènes du tournis. La plus généralement reçue consiste à regarder le tournoiement comme un phénomène de paralysie, comme l'effet de l'hémiplégie incomplète déterminée par la compression des centres nerveux. Cette explication n'est pas admissible : si le tournoiement était oc- casionné par un affaiblissement paralytique, il existerait chez l'homme qui aurait une hydatide dans l'un des hémisphères du cerveau ; chez le mouton et le bœuf, on observerait toujours la faiblesse ou la' pa- ralysie du côté autour duquel se fait le tournoiement ; or, ces phéno- mènes de paralysie sont très incertains et variables ; mais, en outre, la tendance au tournoiement diminuerait à mesure que l'affaiblis- sement augmenterait, et c'est le contraire qui a lieu: les accès de tournis deviennent plus fréquents et plus longs, la marche dans le tournoiement devient plus rapide, les cercles concentriques deviennent de plus en plus petits, à mesure que le cœnure acquiert plus de dé- 66& AFFKCTIONS VERMINEUSES DU SYSTÈME NHRVFUX CENTRAL. veloppement, à mesure que la faiblesse augmente, et jusqu'à ce que la maladie ne permette plus la station ni la marche. Le tournoiement nous paraît êlre un phénomène d'excitation, et non un phénomène d& dépression des fonctions, et l'explication nous paraît devoir être fournie par la constitution même du cœnure ; en effet, ce ver vésiculaire est pourvu de têtes exsertiles dont le nombre peut s'élever à plusieurs centaines et qui sont susceptibles de se porter jusqu'à 4mm ,5 au dehors de la vésicule commune. Ces têtes peuvent donc se plonger assez profondément dans la substance cé- rébrale qui doit recevoir une vive stimulation dans les moments où elles sortent en grand nombre de leur vésicule (1). Avec l'âge du ver, le nombre des têtes du cœnure s'accroît et les points de contact avec l'encéphale deviennent plus multipliés, en sorte que si l'on explique les phénomènes du tournis par une incita- tion portée sur l'un des hémisphères du cerveau, on expliquera en même temps d'une manière satisfaisante la fréquence et la durée des accès, l'accélération de la marche d'autant plus grande que l'affec- tion est plus ancienne, c'est-à-dire que les têtes sont plus nombreuses ; et l'on expliquera mieux que d'aucune autre manière le tournoie- ment autour du côté affecté, car l'excitation de l'hémisphère où siège le cœnure devra, dans bien des cas, communiquer son action aux muscles du côté opposé, et, accélérant les mouvements et la marche de ce côté seulement, la progression aura lieu en tournant autour du côté non excité (2). Une incitation semblable n'est jamais produite par une hydatide, quel que soit son volume et quoiqu'elle puisse être, comme le cœnure, en contact immédiat avec la substance cérébra'e même ; les iêles des hydatides ou les échinocoques sont, en effet, toujours internes et ne viennent, dans aucun cas, en contact avec la substance céré- brale qu'elles ne peuvent par conséquent exciter en aucune ma- nière. D'après ces considérations, les cysticerques, dont la tête estexser- tile comme celles du cœnure, pourraient donner lieu au tournoiement et, c'est en effet ce que prouve le fait suivant observé par Florman chez le porc : (1) C. Davaine, DeVaclion du cœnure sur le cerveau (tournis) (Mém. Soc. biologie, t. IV, p. 117, ann. 1857). (2) It se peut que l'excitation de certaines parties des hémisphères cérébraux n'ait point d'effet croisé, ce qui expliquerait le tournis du coté opposé au cœnure; les observations de M. Reynal tendent à éclairer cette question (voy. p. 641, note). VEl'.S VÉSrCULAIRKS. — TOUKNIS. 665 » Observatio maxime memorabilis, dit Rudolphi, suis scilicet annum nati, » vertiginosi, sinistroçsum in circulosacti.qui semper minores describerenlur. » Beslia se suadente mactata, amicus plurimos inter colli musculos, multos in » pia matre et subslantia corticali, paucos in medullari, sed viginti cysticercos » solutos, nullibi affixos in venlriculo Iaterali dextro reperit. , » Yertigo suis hoc modo certè facile explicata (1). » Si le tournoiement ne s'observe pas fréquemment chez le porc ladre, cela peut tenir à ce que les cysticerques sont en général dissé- minés dans tout l'encéphale, or dans les cas de cœnures multiples, il n'y a pas toujours non plus de tournoiement; cela peut tenir encore à ce que les cysticerques sont le plus ordinairement situés dans les méninges et enveloppés d'un kyste fibreux; enfin le cysticerque est pourvu d'une seule tête, tandis que lecœnure est pourvu d'un grand nombre de têtes qui sont toujours en rapport avec la substance céré- brale même. Par des raisons semblables, on comprend l'absence du tournoie- ment chez l'homme affecté de cysticerques du cerveau. C'est en raisonnant d'après une fausse analogie ou par l'ignorance des véritables phénomènes du tournis que quelques auteurs ont admis l'existence de cette affection chez l'homme. Le docteur Carrère a rapporté deux faits à l'appui de cette opi- nion (2) : dans le premier de ces faits, observé par Brera, il n'est nullement question de tournoiement (3) ; clans le second, le tournoie- ment du malade n'avait point de rapport avec celui du mouton affecté du tournis dont l'auteur ne connaissait sans doute point exactement les phénomènes, car, voici en quoi ils consistaient chez son malade : « C'est alors qu'il se livre, dit le docteur Carrère, à un nouveau genre d'agitation que les personnes qui l'entourent ne connaissent pas, il tourne dans son lit, se cache sous les couvertures ; le délire redouble; application de la camisole de force (4). » Évidemment cette manière de tournern'a point de rapport avec celle du mouton atteint du ccenure. (1) Rudolphi, Synopsis, p. 620, d'après A. H. Florman, in Kongl. vel. ac. Ilandlingar for 1815, 8, p. 132, Stockholm, 1813. (2) Docteur Carrère, Sur le tournis chez Vhomme comparé au tournis ches les animaux (Rec. de méd. vel., t. 111, p. 491, Paris, 1 826). (3) Voyez ci-dessus cette observation, p. 622. (4) Docteur Carrère, me'm. cit., p. 498. f)t)G AFFECTIONS VERMINEUSES DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL. Attribuant le phénomène du tournis à la compression que le cœ- nure exerce sur certaines parties de l'encéphale, le docteur Bellioinme a pensé que, dans quelques cas de tumeurs intra-crâniennes, le tournis devait se produire chez l'homme comme chez le mouton (1). Mais nous avons montré que le tournis chez le mouton n'est pas l'effet de la compression exercée par le cœnure; d'un autre côté lès observations rapportées par l'auteur ne confirment nullement sa ma- nière de voir (2). DEUXIEME DIVISION. vers en rapport avec la portion rachidienne de l'encéphale. Le cœnure, les hydatideset, sans cloute, les cysticerques, se déve- loppant dans le canal rachidienoubien s'introduisant du dehors dans ce canal, produisent tôt ou tard les phénomènes pathologiques que détermine toute compression lente et progressive de la moelle épi- nière. Ces phénomènes ne diffèrent point de ceux qui résultent du développement dans la moelle ou dans le canal rachidien d'un corps étranger quelconque. Ce sont la paralysie du mouvement et de la sensibilité des parties situées au-dessous du siège du ver vésiculaire, la constipation, la rétention de l'urine ou l'incontinence; phéno- mènes ordinairement précédés de douleurs, de spasmes, de secousses convulsives, et de fourmillements dans les membres. Les douleurs peuvent être très vives, être fixées au siège même du ver vésiculaire, ou suivre le trajet des gros troncs nerveux, appa- raître par accès, être accompagnées de crampes ou de fourmillements (1) Docteur Belhomme, Considérations sur le tournis chez les animaux et chez l'homme comparé à V affection provenant de la lésion du cervelet et des pédoncules (Bull, de l'Acad. de méd., 1837-1838, t. II, p. 880; — Rapport sur ce mém., même recueil, t. III, p. 392, Paris, 1838-1839). (2) Les faits rapportés par l'auteur sont les deux observations citées par le docteur Carrère; une observation de M. Serres dans laquelle la lésion anatomique du cer- veau ne consistait point dans une tumeur (E.-R. Serres, Anal. comp. du cerveau, t. II, p. 623) ; enfin une quatrième observation qui lui appartient et dans laquelle le tournoiement consistait dans une sensation éprouvée par le malade et dans le roulement de l'individu assis sur une chaise. Ces phénomènes ne peuvent être assimilés à ceux du tournis des ruminants atteints de cœnure. MOELLE ÉPINIÈRE. — COENURE. 667 dans les parties qui perdent bientôt peu à peu la sensibilité et le mouvement volontaire. La paratysie occupe ordinairement les deux membres inférieurs, la vessie, le rectum, et remonte plus ou moins haut suivant le siège de la compression de la moelle. Un bras seulement peut être atteint, au moins pendant un certain temps ; la respiration peut éprouver une gêne qui devient de plus en plus forte. Ces phénomènes surviennent nécessairement lorsque les vers vé- siculaires sont situés à la région cervicale ou à la partie supérieure de la région dorsale, mais ils peuvent manquer complètement lorsque les vers sont situés à la partie inférieure du canal vertébral, dans la région sacrée. L'affection qui nous occupe dure plusieurs mois ou même plusieurs années. La constitution finit par se détériorer, des eschares se for- ment au sacrum et sur diverses parties du tronc et des membres, et le malade succombe dans le marasme. Les vers vésiculaires peuvent se développer dans l'intérieur de la moelle même; M. Calmeil rapporte avoir vu un cœnure au centre de la moelle lombaire d'un mouton. Ils peuvent se développer entre la moelle et le canal osseux du rachis; peut-être alors dans la cavité de l'arachnoïde spinale, comme le prouve un fait rapporté par Esquirol en ces termes : » Des hydatides de divers volumes étaient contenues dans le sac formé par l'arachnoïde, depuis le bulbe du cerveau jus- qu'à l'extrémité lombaire du canal rachidien. » Mais plus souvent les hydatides se sont développées en dehors du canal rachidien dans lequel elles ont pénétré en élargissant les trous de conjugaison ou en détruisant le tissu osseux même. Il est arrivé aussi que des hydatides développées primitivement dans le canal spinal, se sont portées à l'extérieur et sont devenues accessibles à l'exploration et même aux instruments du chirurgien. CAS DE VERS VÉSICULAIRES DANS LE CANAL. RACHIDIEN. A. — Vers développés primitivement à l'intérieur de ce canal ou dans la moelle épinière. COENURE. Ier Cas (Yvart). Mouton ; pas de tournoiement ; paralysie des muscles du bassin et des fi68 AFFECTIONS VERM1NEUSES DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAL. membres postérieurs, — Cœnure de Fa grosseur d'une noisette dans le cerveau , un autre volumineux dans la moelle lombaire, ayant séparé les deux cordons longitudinaux do cette moelle (l). IIe Cas (Dupuy). Dupuy présente à l'Académie de médecine un cœnure provenant d'un agneau, âgé do dix-huit mois et atteint d'une paralysie des membros posté- rieurs. Le cœnure, long de i pouces et de la grosseur du doigt, existait dans la substance grise de la région lombaire. La moelle paraissait un peu rouge autour de ce ver. Un cœnure semblable existait dans le cerveau do l'animal (2). IIIe Cas (Calmeil et Delafond). Mouton. — Cœnure volumineux au centre de la moelle lombaire. Hypérémie de la substance nerveuse (3). IVe Cas (Delafond et Valenciennes). Agneau ; paralysie du membre postérieur gauche, et plus tard des deux membres postérieurs ; tête inclinée vers la gauche. — Un cœnure dans l'hé- misphère cérébral gauche ; un autre dans le cordon médullaire gauche do la moelle épinière, à la hauteur de la troisième vertèbre lombaire (i). V* et VIe Cas (Reynal), Faiblesse du train postérieur, diminution de la sensibilité, paresse de la vessie et du rectum, amaigrissement des muscles de la cuisse (5). '(I) Yvart, Noie sur l'existence de cœnures cérébraux dans la moelle épinière du mouton {Recueil de méd. vétérin., t. IV, p. 394, Paris, 1826). (2) Acad. de méd. de Paris, 1827 ;■ séance du 25 septembre, dans Arch. gén, de méd., t. XV, 458. Un cas semblable, observé par le même auteur, est rapporté daus le Journal pratique de médecine vétérinaire, 1830, et dans le Dict. Hurtrel d'Arboval, art. Hv- datide,p. 131. D'après l'âge du mouton et la situation du cœnure, on peut juger qu'il s'agit du cas observé en 1S27. Dans cet article il est dit que le cœnure était de la grosseur d'une plume d'oie et long de 5 centimètres environ. Les têtes, disposées par groupes, étaient au nombre de plusieurs centaines; les parties de la moelle en rapport avec chacun de ces groupes étaient inégales, rugueuses, recou- vertes d'une fausse membrane ; ces lésions de la moelle n'existaient pas sur les parties en contact avec la vésicule lisse et unie du cœnure. (3) Calmeil, Dict. de méd. en 30 vol., t. XX, p. 53, art. Moelle épinière, Paris, 1839, et Valenciennes, cité ci-après. (i) Valenciennes, Comptes rendus de l'Acad. des sciences, t. XI, V, p. 452, oct. 1857, Paris. (5) Reynal, Essai sur le tournis des bêtes ovines dans Recueil de méd. vét., 4e sér., 1857, t. IV, p. 563. MOELLE ÉPINIÈRE. — IIYDAT1DES. 0G9 UVDATIDES. Ier Cas (Esquirol). « Une femme est effrayée à l'âge de cinquante-trois ans; elle a des convul- sions, reste épileptique. Les accès reviennent tous les deux ou trois jours et sont très forts (cinquante-six ans). Depuis quelques mois les accès se rappro- chent; cette femme meurt après un accès qui l'a laissée pendant cinq jours dans un état comateux. » Hydatides de divers volumes depuis le bulbe du cerveau jusqu'à l'extré- mité lombaire du canal rachidien, contenues dans le sac formé par l'arach- noïde-; ramollissement de l'extrémité lombaire de la substance médullaire. La glande piluitaire contient un kyste rempli d'un fluide d'un brun ron- gea tre (-1). » IIe Cas (Rkïdellet). Femme, vingt-deux ans. Pleurésie, douleur entre les épaules et au bras droit, faiblesse de ce bras. Après trois ans, disparition de la douleur, persis- tance de la faiblesse. Après quelques années encore, douleur dans la colonne vertébrale. Extrémités inférieures insensibles, mouvements conserves. Para- lysie de la jambe droite. Tumeur à la région lombaire, ouverture, issue d'un grand nombre d'hydatides; canal vertébral ouvert, moelle à nu. Améliora- lion. Suppuralion abondante, détérioration de l'économie, paraplégie. Mort plus d'un an après l'ouverture de la tumeur (2;. IIIe Cas (Mazet). Homme. Abcès par congestion, point de paralysie. Mort. — Partie inférieure du canal veilébral et canal sacré remplis d'hydatides. Carie du sacrum (3). IVe Cas.(Cruveiliiier). «j Une femme paraplégique portail sur la ligne médiane du dos, à la partie supérieure des vertèbres lombaires, une tumeur grosse comme le poing, molie et fluctuante. — A Vautopsie, je trouvai une poche hydatique, remplie d'acé- phalocystes ; la tumeur, développée dans l'intérieur du canal rachidien, avait érodé et écarté les lames vertébrales, faisait saillie sous la peau et comprimait la queue de cheval (4). » Ve Cas (Goupil). Homme âgé de quarante ans. Faiblesse dans les jambes. Vingt-trois jours (1) Esquirol, Journ. de méd. dé Sédillol, 1825, t. XCII, p. 58. Extrait de Bull, de la Faculté de méd. de Paris, t. V, p. 426 ; — Ollivier, ouvr. cit., obs. CXV. (2) Reydellet, Dict. des sciences médicales, art. Moelle, t. XXXIII, p. 564, Paris, 1819, et Ollivier {avec complément à l'observation), ouvr. cit., obs. CXVI. (3) Mazet, Bull. Soc. anal., ann. XXII, p. 226, Paris, 1837. (4) Cruveilhier, Bull. Soc. anat-, 1850. p. 63. 070 AFFECTIONS VERMINEUSliS DU SYSTÈME NERVEUX CENTRAI, avant la mort, trajet à pied do Monl martre a l'hôpital Huaujon. Paraplégie quelques jours après, perle delà sensibilité, escliare au sacrum. Mort. Kyste hydatique dans le canal rachidien, région lombaire , en arrière delà moelle et en dehors do la dure-mère. Os intacts (1). Voyez encore un cas observé par Montansey, p. 654, obs. XX. B. — Vers développés primitivement eu dehors du canal rachidien. Ier Cas (Cuaussier). Femme âgée de vingt-deux ans. Grossesse; paralysio du mouvement et do la sensibilité des membres inférieurs; accouchement spontané sans douleur; la sécrétion du lait a lieu comme à l'ordinaire, la malade allaite son enfant. Le soir du quatrième jour, accès de lièvre, suppression des lochies, diminution de la sécrétion du lait Mort le dixième jour après l'accouchement et cinq à six mois après les premiers symptômes d'une lésion de la moelle. Kyste hydatique développé dans le thorax. Hydalides ayant pénétré dans le canal rachidien ; et comprimant la moelle depuis la première jusqu'à la qua- trième vertèbre dorsale (2). IIe Cas (Chaussier). Femme âgée de vingt-six ans. Fourmillements, crampes dans les mem- bres abdominaux, suivis de paraplégie. Mort neuf mois après l'apparition des premiers symptômes. Tumeur hydatique développée dans la région lombaire gauche. Hydalides ayant pénétré dans le canal rachidien par les trous de conjugaison. Érosion des première et seconde vertèbres lombaires (3). IIIe Cas (Mélier). Femme âgée de vingt-neuf ans. Douleurs dorsales anciennes qui s'étendent, après trois ans de durée, aux membres abdominaux, accompagnées de spasmes et de secousses convulsives ; plus tard, paralysie complète du senti- ment et du mouvement. — Kyste hydatique dans la région dorsale ayant érodé les lames des cinquième et sixième vertèbres dorsales ; hydatides dans le canal rachidien, extérieures à la dure-mère (4). (1) Goupil, Bull. Soc. anal, de Paris, ann. XXVII, 1832, p. 211. (2) Chaussier, Procès-verbal de la distribution des prix faite aux élèves sages- femmes de la Maternité, le 29 juin 1807, p. 28; Journ. de méd. de Corvisart, etc., t. XIV, 1807, p. 231 ; — Ollivier (d'Angers), Traité de la moelle épinière, obs. 92, t. II, p. 784, Paris, 1827 ; — Journ. gén. de méd. de Sédillot, t. XCII, p. 45. (3) Chaussier, dans Morgagni, De sedib. et caus. morb., epist. xi, t. V, p. 16'8, uote; édit. de Chaussier, Paris, 1822; — Ollivier, ouvr. cit., obs. 113; — Journ. gén. de méd., t. XCII, p. 51. (4) Mélier, Observ. d'une paraplégie produite par des hydatides (acéphalocysles) dans le canal vertébral (Journ. gén. de méd. de Sédillot, Paris, 1825, t. XCII, p. 33, et Ollivier, ouvr. cit., obs. exiv. MOELLE ÉP1N1ËRE. — HYDAïlDES. 671 IVe Cas (Dumoulin). Homme, vingt-cinq ans. Douleurs dans le dos à la suite d'un coup, dix-huit mois avant la mort, plus vives dans les quatre derniers mois; dans les deux derniers mois, affaiblissement des jambes ; mouvements lents et difficiles, marche impossible. Sensibilité des tégumènls diminuée aux membres infé- rieurs. Paresse de la vessie et du rectum. Un mois avant la mort, paraplégie complète: sensibilité abolie inférieurement à la cinquième côle; immobilité, dans l'inspiration, des sept côtes inférieures; eschare au sacrum, accidents variés. Mort. — Kyste hydatique situé entre les muscles et la gouttière verté- brale de la région du dos. Amincissement des lames vertébrales. Douze hyda- tides environ libres dans le, canal rachidien, en dehors de la dure-mère et dans l'espace compris entre la seconde et la cinquième vertèbre dorsale (1). Ve Cas (Dubois). Fille âgée de vingt ans. Un an avant la mort, douleur dans les lombes ; au bout de deux mois environ, faiblesse dans les membres inférieurs. Dans les six derniers mois, paraplégie, sensibilité obtuse des membres inférieurs, douleurs vives dans les lombes ; eschares aux trochanters, au sacrum. Mort. Kyste hydatique de chaque côté et en dehors de la colonne vertébrale, au niveau des dernières côtes; destruction du corps de la onzième vertèbre dor- sale et en partie de la douzième (2). L'observation des vers vésiculaires développés dans les centres nerveux n'est pas indifférente aux progrès de la physiologie ; les phénomènes variables déterminés par le cœnure suivant son siège dans le cerveau, mériteraient d'être étudiés avec soin. Plusieurs cas d'hydatides comprimant l'origine de quelques nerfs ont donné, tou- chant les fonctions de ces nerfs, la confirmation des déductions de l'expérimentation. L'observation des vers qui sont en rapport avec la moelle épinière n'est pas sans intérêt non plus pour la phy- siologie ; tel est le cas, observé par Chaussier, d'hydatides qui comprimaient la moelle au niveau des quatre premières vertèbres dorsales chez une femme enceinte et paraplégique ; l'accouchement se fit naturellement, sans douleur, et la sécrétion du lait eut lieu comme à l'ordinaire ; circonstance qui témoignerait que la sym- pathie entre l'utérus et les mamelles ne s'établit que par la portion dorsale ou lombaire de la moelle épinière. (1) À. Dumoulin, Bull. Soc. anat. de Paris, 1847, ann. XXH, p. 321. (2) Dubois dans Bull. Soc. anat. de Paris, 1848, ann. XXIII, p. 95. G7-2 AFFECTIONS VERMINEUSES DU SYSTÈME MUSGULAIHE DEUXIEME PARTIE. AFFECTIONS VERMIKEUSES DU SYSTÈME MUSCULAIRE. La trichine [trichina spiralis, Synops., n°'70.) Il existe chez l'homme un ver que l'on peut regarder comme spé- cial au système musculaire de la vie animale, car il n'a jamais été rencontré que dans des muscles à fibres striées, c'est la Trichina spiralis. Suivant Henle etDiesing, Tie- demann avait probablement vu, en 1822, les kystes qui renfer- ment la trichine, mais non le ver lui-même (1). En 1832, Hilton, démonstrateur d'anatomie à Guy 's hospilal, trouva chez un homme, â.jé de soixante et dix ans et mort d'un cancer, un grand nombre cle petits corps ovoïdes, longs d'un millimètre ; ces corps étaient si- tués dans les muscles pectoraux et dans ceux du thorax ; ils étaient Hc. 24 (d'après M. Owi'ii). — i, norlion île , ± -r muscle (cubital antérieur) couverte dP kystes transparents au milieu, opaques de trichine (plusieurs de ces kysies ont été aux extrémités; examinés au mi— dessines trop grands) ; — 2, kystejsolé ; — 3, Kyste grossi 20 fois, contenant une mu- Cl'OSCOpe, IIS parurent SailS Ol'ga- lièrc calcaire; -4, kyste contenant deux njsalion . fa étaienl placc"s dang vers; — 5, trichine vue a un grossissement ' -t de 200 diamètres, a, extrémité ce'phaîique les interstices des fibres U1USCU- (d'après Owen); b, extrémité caudale. , . , i t >, t laires, leur grand diamètre di- rigé parallèlement aux fibres (2). Ces corps, regardés par Hilton comme de petits cysticerques, étaient très probablement des kystes (1) Ticdemauu, in Froriep'snotlzen ans dem Gebiete der nalur und Heilkunrle, •1822, Bd. I, p. 64 (vesiculœ), cité par Hcnle, in Archiv. fur anat. physiol. von Millier, 1835, p. 528 note; et Diesing, t. II, p. 113. (2) Notes of a peculiar appearence observed in human muscle probably depending upon the formation of very small cyslicerci, by John Hilton, in the London médical Gaz., vol. XI, p. 605, feb. 1833. LA TIUCMNE CHEZ L'HOMME. 673 de trichine. A la même époque, Wormald, démonstrateur d'ana- tomie à St.-Bartholomew's hospital, remarqua que les muscles de certains cadavres étaient parsemés de petites taches blanchâtres. M. Paget, alors étudiant au même hôpital, ayant observé un fait semblable sur le cadavre d'un Italien, eut la pensée que les taches étaient produites par de petits entozoaires. Son opinion s'étant trouvée vraie, des portions des muscles affectés furent soumises à l'examen de M. Owen qui étudia l'organisation de ces vers et leur imposa le nom de trichina spiralis (].). La trichine est un ver nématoïde, long deOnil",8 à 1 millim. , sans organes sexuels ou pourvu de ces organes, mais à l'état rudimen- taire, et par conséquent incapable de se reproduire. D'après plu- sieurs observateurs, elle est douée d'une remarquable ténacité de vie. La trichine est constamment renfermée dans un kyste dont elle occupe environ le tiers, roulée en spirale et formant deux, trois et même quatre tours. Elle est ordinairement solitaire; rarement deux et beaucoup plus rarement encore trois vers se rencontrent dans le même kyste. Le kyste constitue généralement une vésicule ovoïde dont tantôt l'un des pôles et tantôt tous les deux offrent extérieurement un pro- longement plus ou moins long. Suivant les cas, l'une ou l'autre de ces formes prédomine ; plus rarement, le kyste est sphérique, ou bien en forme de tube ou de gourde. Ses dimensions sont fort variables : en moyenne, il a 0"'m,33 de longueur; les parois très épaisses va- rient entre 0n'm,03, et 0mm,014; elles ont plus d'épaisseur aux ex- trémités. Suivant Owen, Farre, Bischoff (2), Valentin (vers deKobelt) (3), Luschka, Gairdner (4), Sanders et Kirk (vers de Gairdner), le kyste (1) R. Owen, Description of a microscopic entoozoon infesting the muscles of Vie human body, io Transact. of the zool. Societ. of London, et the London medic. Gaz., april 1835, Vol. XVI, p. 125. (2) BischolT, Heidelb, mediz. annal., t. VI, p. 232 et 485, cité par Diesing. (3) Kobelt, iu Froriep's N. Notiz, t. XIII, p. 310, cité par Diesing. Valentin a examiné les vers de Kobelt, conservés dans l'alcool. Ces trichines avaient été trouvées dans tous les muscles à fibres striées, excepté dans ceux du cœur et de l'oreille moyenne, chez un homme âgé de soixante-dix-neuf ans, hydropique, et d'une intelligence affaiblie (Valentin's Repertorium, 1841, p. 194. — Microscop. Journ., 1842, p. 147). (4) Le docteur W. T. Gairdner a trouvé des trichines en grand nombre chez un Davaine. 43 ()lk AFFliCTIONS VEHMlNI'.USIiS DU SYSTÈME MUSCULAIRE. de la trichine est formé de deux vésicules distinctes et emboîtées : 1° une vésicule externe qui lui donne son apparence fusiforme et qui constitue ses prolongements; 2° une autre in terne, généralement ovoïde et sans prolongements à ses pôles. MM. Bristovve et Rainey, d'après des raisons que nous donnerons plus loin, pensent que le kyste est simple. Les parois des deux vésicules sont homogènes pour M. Owen qui les dit formées de lamelles d'un tissu cellulaire condensé et serré et qui les considère comme un produit de l'organisme humain. M. J. Vogel, au contraire, regarde le kyste comme appartenant à la trichine : « La capsule de forme régulière qui entoure le ver me paraît, dit-il, ne point être un kyste secondaire produit par la réaction de l'organisme comme dans les vers cystiques; je pense qu'elle appartient à l'animal lui-même et qu'elle est le résultat d'un reste d'état de nymphe (1). » M. Vogel ne veut pas dire, sans doute, que le kyste est la dépouille du ver, mais un produit sécrété par lui. — M. Bischoff regarde les deux vésicules du kyste comme homogènes, mais il ne s'explique pas sur leur nature. Pour MM. Valentin, Luschka, Sanders et Kirk, les deux vési- cules ont une structure différente. La vésicule extérieure, dit M. Valentin, est une véritable enveloppe organisée; la vésicule inté- rieure montre quelquefois des lignes parallèles qui indiquent sa for- mation par des couches concentriques. Les observations des doc- teurs Sanders et Kiik s'accordent avec celles-ci ; ces savants ont trouvé la vésicule extérieure constituée par du tissu fibreux et l'in- terne formée d'une substance homogène qui, après l'action des réac- tifs, n'offre point de structure distincte, mais seulement des lignes concentriques. M. Luschka a étudié cette question avec soin ; le kyste, suivant cet observateur, est formé de deux couches distinctes dans leur com^ position et dans leur signification : 1° le tissu de la couche externe consiste dans des fibres très fines, régulièrement disposées, qui s'en- tre-croisent et forment un étroit réseau ; elles se comportent avec la homme âgé soixante aos, mort d'une résorption purulente (mars 1853). Ces parasites existaient dans tous les muscles à fibres striées, sauf le cœur; il y en avait dans les muscles droits de l'œil, les constricteurs du pharynx, dans la portion supé- rieure de l'œsophage. — Les docteurs Sauders et Kirk ont fait leurs recherches sur des vers communiqués par M. Gairdner (Monlhly Journ. of mcdic. se, 1853, vol. XVI, p. 473; — Ediub., Phyztol. Soc.). (1) J. Vogel, Traité d'anal, path., trad., Paris, 1847, p, 409, note. LA TRICHINE CHIiZ, L'HOMME. 675 potasse caustique et l'acide acétique comme le tissu ligamenteux ; toutefois les fibres ne disparaissent pas entièrement et offrent une résistance partielle à l'action de ces réactifs. Quoiqu'on puisse en enlever des bandes plus ou moins distinctes, on ne peut cependant reconnaître dans cette couche une structure véritablement lamel- laire. Elle est pourvue d'un réseau vasculaire très distinct et facile à constater. 2° La couche intérieure, presque homogène, formée de fibres rares ou de lames granulaires, est très riche en corpuscules calcaires; elle résiste à l'action de la potasse caustique, de l'acide acétique, et muriatique; elle est plutôt accolée qu'unie à la couche précédente, La première de ces couches, la vésicule extérieure, est fournie, suivant M. Luschka, par l'organe envahi, et la seconde, la vésicule intérieure, est fournie par le parasite (1). Les docteurs Bristowe et Rainey considèrent le kyste comme simple et comme le produit exclusif de la trichine : « Les parois du kyste sont distinctement laminées, disent-ils, mais les lignes con- centriques, indiquant cette disposition, ne sont pas aussi tranchées et aussi bien marquées que celles qui caractérisent les membranes hy- datiques ; de temps en temps, mais rarement comparativement, une de ces lignes est distinctement tracée tout autour et le kyste de ia trichine paraît alors être divisé en deux capsules plus ou moins dis- tinctes. Cette apparence n'est qu'accidentelle et ne peut servir de distinction organique, car elle est certainement absente clans la grande majorité des kystes, et même, lorsqu'elle existe, la partie extérieure et la partie intérieure présentent des caractères anatomi- ques semblables. Généralement les lames sont partiellement séparées çà et là et l'espace qui en résulte est plein de substance granulaire ou de sortes de nucléoles dont il sera question plus tard. » Des fragments de la membrane du kyste détachés accidentelle- ment laissent voir leur structure. A première vue, ils paraissent formés de fibres uniformes et parallèles, mais on doit les regarder plutôt comme des portions d'une membrane marquée par des stries parallèles et disposées à intervalles égaux, "car ils conservent leurs caractères membraneux et ne se résolvent jamais en des élé- ments anatomiques simples. Leur structure est certainement diffé- rente de quoique ce soit que nous ayons vu dans aucune sorte de fausse^membrane, et l'on ne peut les confondre avec ces formations. » (1) fiocteur H. Luschka, ïur Nalurgeschichte der trichina spiralis, in Siebold et Kolliker, Zeitschrifl fur Wissenschaftliche Zoologie, Leipzig, 185.1, p. 69. 676 AlFliCTiO.YS VERMINEUSÈS DU SYSTÈME MUSCULAIRE. Cette description du kyste « ressemble sous plusieurs rapports à celle qui a été donnée par le professeur Luschka, mais elle en diffère en quelques points : ce professeur consi- dère le kyste de la trichine comme double, l'externe appartenant à l'homme, l'interne au ver, et il décrit un arrangement parti- culier de vaisseaux développés dans la membrane extérieure. L'existence de vais- seaux sanguins autour du kyste n'est pas douteuse , mais ce sont ceux du muscle déplacés par le kyste et étendus à sa sur- face. Nous n'hésitons pas à affirmer que le kyste est un, essentiellement, et qu'il est la propriété du parasite lui-même (1). » La paroi du kyste est formée par une substance transparente , réfractant la lu- mière , riche en granules élémentaires de nature terreuse; ces granules, plus abon- dants dans les couches superficielles et, suivant d'autres, dans les couches profondes du kyste, donnent à la capsule une consis- tance rigide qui la fait crier par le grat- tage du scalpel. Suivant MM. Bristowe et Rainey, ces granules se dissolvent rapide- ment dans l'acide chlorhydrique, sans au- cune apparence d'effervescence et consistent probablement en phosphate de chaux (2). Les granules sont quelquefois assez abondants pour rendre le kyste tout à fait opaque; une solution de potasse, l'acide acétique ou I'ig. 23 (d'après MM. Bristowe et Rainey). — Kyste et trichine ayant subi un commencement d'altération ; figure grossie 100 fois. — a, paroi du kyste marquée de stries concentri- ques, irrégulières, indiquant la structure lamellaire, et par- semée de granulations terreuses ; b, cavité du kyste envahie par une matière calcaire ; c, ver ayant subi un commencement d'altération ; d, d, graisse qui b 'accumule aux pôles des kystes eu voie de destruction. (1) Bristowe and Rainey, Transacl, of the pathological Society of London (mai 1854), t. V, 1853-54, p. 278. (2) Pour M. Kuchenmeister, les granulations seraient formées par du carbonate de chaux uni à une substance organique. L'acide chlorhydrique, en détruisant le composé, rendrait le carbonate apparent par la production de bulles de gaz. L'effervescence, dans les cas observés par M. Kuchenmeister, pouvait provenir non des granules des parois, mais du carbonate calcaire qui se trouve quelquefois libre dans la cavité des kystes, car M. Bristowe dit positivement que les granules ter- reux des parois se dissolvent sans effervescence; d'ailleurs ils résistent à l'action de l'acide acétique. Toutefois , l'absence d'effervescence et la conservation de la l'orme du corps observé ne sont point un caractère absolu de la non-existence du carbonate de chaux. J'ai fait observer, dans mes Recherchas sur la génération des LA TRICHINE CHEZ L'HOMME. 677 l'ébullition dans l'éther ne rétablissent point la transparence, mais l'acide chlorhydrique concentré produit ce résultat. La quantité des granulations terreuses de la paroi du kyste n'est pas en relation, suivant MM. Bristowe et Rainey, avec l'âge du ver; suivant M. Kûchenmeister, ce dépôt est en rapport avec l'an- cienneté de la trichine et de plus avec l'âge de l'hôte ; à l'appui de cette opinion, ce savant rapporte que des kystes observés par M. Zenker, kystes qui étaient transparents, provenaient d'un indi- vidu d'un âge moyen, et que ceux de M. Luschka, qui étaient en- tièrement calcifiés, provenaient d'un homme âgé de quatre-vingts ans (1). La cavité du kyste contient une substance souvent opaque , con- sistant en des molécules ou globules réfractifs, de grandeur variée, suspendus dans un fluide visqueux ; on n'y trouve jamais de cellules ou de nucléoles; le ver est plongé dans cette substance. Il n'y a pas de ver dans tous les kystes et ceux qui s'y trouvent, se rencontrent souvent, soit en voie de développement, soit en voie d'altération, ou tout à fait altérés et détruits. La mort de la tri- chine est accompagnée du dépôt d'une matière terreuse dans le corps du ver et dans l'espace qui l'entoure ; mais la paroi qui le renferme reste souvent parfaitement intacte. « L'apparence anormale du con- tenu des kystes, disent MM. Bristowe et Rainey, est déterminée par une matière terreuse qui occupe tantôt le ver lui-même, tantôt l'espace qui l'entoure, tantôt l'un et l'autre à la fois. Quand le ver seul est affecté, il est devenu irrégulier et flasque ; son organisation interne n'est plus distincte et son apparence annelée est en même temps perdue ; son intérieur contient une matière opaque, en masses irrégulières et disposées tantôt uniformément, tantôt en parcelles séparées, entre lesquelles le corps reste transparent. La matière qui forme ces dépôts est soluble avec effervescence dans l'acide chlo* rhydrique. » huîtres (1852), que le carbonate de chaux en petite quantité peut ne produire aucune effervescence par l'action d'un acide, le gaz carbonique se dissolvant dans le liquide ambiant à mesure qu'il est rendu libre. Dans ce cas, lorsqu'une matière organique insoluble conserve sa forme au corps observé, on pourrait croire qu'il n'existe point de sel de chaux; mais on peut reconnaître la présence d'un carbo- nate, en traitant par l'acide concentré la substance préablement desséchée, ou mieux en se servant d'eau préalablement saturée d'acide carbonique. (1) Kûchenmeister, ouvr. cit., trad., p. 337. IwS AFFECTIONS VERMINEUSES DU SYSTEME MUSCULAIRE. Bcauroup do kystes contiennent des fragments oblongs, restes de la matière terreuse que renfermait le ver dont ils retiennent jusqu'à certain point la forme et la posi- tion relative. Dans la cavité du kyste, il existe souvent un dépôt de cette substance terreuse en telle quantité qu'elle cache complète- ment les restes de la trichine. La matière du dépôt, soit celle de l'in- térieur du corps de l'animal , soit celle du dehors, se dissout rapide- ment et avec effervescence dans l'acide chlorhydrique, ce qui montre qu'elle consiste, au moins en partie, en carbonate de chaux. Dans tous les cas, cette matière diffère chi- miquement de celle des granula- tions élémentaires qui existent dans les parois des kystes et qui ne don- nent pas d'effervescence avec les acides. Quand la matière terreuse a disparu par l'action des réactifs, les restes du ver sont presque toujours visibles, et généralement il reste aussi une certaine quantité d'une matière albumino-huileuse (Bristowe et Rainey). Les trichines se rencontrent dans tous les muscles à fibres striées, excepté dans le cœur. Le nombre de ces vers est, dans quel- ques cas, véritablement extraordinaire ; ils sont si universellement répandus, que même les muscles du tympan, de l'œil, du larynx, en sont envahis. On en a rencontré clans les faisceaux musculaires de la langue, du voile du palais, dans les constricteurs du pharynx, dans l'œsophage jusqu'à la partie moyenne, dans le diaphragme, le con- stricteur du vagin, le sphincter interne de l'anus. Les muscles su- perficiels ont ordinairement des trichines en plus grand nombre que les profonds ; le grand pectoral et le grand dorsal surtout en sont plus atteints que les autres. Les muscles envahis par la trichine sont parsemés de petites taches blanches qui, au microscope, peuvent être facilement reCOn- FiG. 20 (d/après MM. Brislowe et P.aincy). — a, Kjslo contenant un ver, c, très altéré qui commence à se briser en fragments. En certains points, le ver est vide et aplati ; en d'autres points, il est rempli île masses terreuses opaques et de granules; sa partie antérieure, c', est gonflée par un dépôt calcaire, refraciif. LA TIUCHfNE CHEZ L'HOMME. 679 nues pour des vésicules. Dans l'intérieur de ces vésicules, le plus souvent, on aperçoit le ver enroulé sur lui-même. Les kystes sont disposés dans le tissu musculaire, tantôt en groupes, tantôt en série linéaires ; quelquefois ils sont isolés. Généralement, ils sont placé à une certaine distance les uns des autres, mais ils peuvent aus être en contact, comme le dit M. Owen. Le grand diamètre des kystes est toujours parallèle à la direction des faisceaux musculaires. Ces petites poches et des vésicules grais- seuses qui l'entourent souvent refoulent simplement les fibres entre lesquelles ils sont logés ; ils adhèrent au tissu cellulaire ambiant d'une manière assez lâche, et plus fortement toutefois par leurs extrémités prolongées. Les fibres musculaires, dans le voisinage immédiat des kystes, sont souvent recouvertes d'une matière oléo-albumineuse ; mais, sous tous les autres rapports, elles présentent l'apparence! normale. Dans la plupart des cas, le kyste est entouré d'un amas fusiforme Fie. 27, 28 (d'après MM. Bris- towe et Rainey), grossies dOO fois. — Danslafig. 27, le kyste de la trichine est envahi par des vésicules graisseuses, intérieurement et extérieurement. Le ver a disparu ; c'est un degré de destruction plus avancé que celui de là figure 25. — Dans la figure 27, le kyste a presque complètement disparu sous l'amas de graisse qui s'accumule en dedans el en rleliors, de graisse, très variable toutefois : tantôt il n'existe aux deux pôles que quelques vésicules graisseuses, tantôt ces vésicules forment une enveloppe complète ; d'autres fois elles forment un amas trois ou quatre fois plus long que le kyste; dans quelques cas, elles ont en- vahi sa cavité même. Le dépôt de graisse paraît, dans certains cas, n'avoir aucune relation avec l'âge du parasite. Les muscles envahis par la trichine offrent encore quelquefois, entre leurs faisceaux, un grand nombre de collections anormales de 680 AFFECTIONS VEIM11NKUSES DU SYSTEME; MUSCULAIRE. graisse qui n'ont pas de rapport avec la présence de cet ento- zoaire. Bien qu'elles varient jusqu'à un certain point de forme et d'étendue, ces collections graisseuses sont généralement fusifornies et ressemblent, à quelques égards, à celles qui entourent les kystes des trichines; peut-être sont-elles des restes de ces amas qui en- vahissent des kystes anciens lesquels ont ici disparu. Les collections graisseuses sont constituées par des vésicules sem- blables à celles de la graisse normale; ces vésicules sont polyédri- ques par pression mutuelle et contiennent un liquide transparent, soluble dans l'éther, qui s'écoule en globules huileux après la rup- ture de la paroi qui le renferme. Cette graisse se distingue parfois de celle des parties saines du corps, en ce que la cavité des vésicules contient de petits cristaux acidulés, constitués probablement par de la stéarine, et en ce que quelques vésicules offrent une tendance à la division et à la vacuolation (Bristowe et Rainey). Les trichines ont été observées en Europe et en Amérique (1). Le plus grand nombre des cas est en Angleterre, Elles sont rares en France, si l'on en juge par l'absence d'obser- vations publiées sur ces vers. M. Cruveilhier est, à notre connais- sance, le seul observateur qui en ait fait mention : « Je les ai vues, dit-il, en nombre très considérable dans les muscles des membres supérieurs et principalement dans les muscles du bras (2). » D'après les faits publiés jusqu'aujourd'hui, il est évident que la présence de la trichine n'est pas en relation avec l'âge, le sexe ou un état particulier de l'économie des individus affectés. On ignore complè- tement les causes ou les conditions de l'invasion de cet entozoaire, Les individus chez lesquels des trichines ont été trouvées n'avaient (1) Europe. — En Angleterre, la trichioe a été observée par Hilton, Wormald, Paget, Owen, Wood, Farre, Curling, etc. En Ecosse, par Knox (Edinburgh medic. and surg. Journ., 1836, p. 91), et Gairdner. En Allemagne, parTiedemann, Henle, Kobelt, Bischoff, Vogel?Zcnker, Virchow (deux cas, Not. Helminth., cit.). En Danemarck, par Monster et Svitzer (in Bibliolhek for Lœger , Copenhague, 184.3, 2.336, et in Schleidens et Froriep's Noliz,,rG\heii, 1847,111, p. 194(Diesing). En France, par Cruveilhier. Amérique. — Boston, 1842, Bowdilch (Boston rned. and surg. Journ., 1842, mardi 30, 6g.; et Boston Catal., cité p. 909; — 1845, JelTries Wyman, Boston Catal., cil. p. 904). (2) Cruveilhier, Anal, palhol., cit., t. II, p. 64. LA TRICHINE CHEfc L'HOMME. 681 accusé aucune douleur, aucun symptôme particulier, qui dût être rapporté à la présence des vers. Il est probable qu'ils n'avaient ja- mais éprouvé de phénomène quelconque, qui eût pu leur donner la conscience d'un état particulier des muscles envahis par une innom- brable quantité de parasites ; l'existence des trichines paraît donc exempte de tout inconvénient, car ces vers ne se reproduisent point dans les muscles qu'ils envahissent et périssent toujours sans avoir pris un développement plus considérable. Ils laissent après eux leur kyste avec de la matière crétacée et des amas de graisse qui finis- sent probablement par disparaître à leur tour. Les premiers cas observés par M. Owen l'avaient porté à croire que les trichines, malgré leur petitesse, doivent occasionner quelque faiblesse, soit dans les muscles envahis, soit dans l'économie tout entière : d'une part, en effet, leur nombre immense paraissait de- mander une certaine dépense de nourriture, et d'une autre, ces vers avaient été rencontrés d'abord chez des individus morts de maladies chroniques et dans le marasme ; mais les faits vinrent bientôt con- tredire ces vues en montrant des trichines en grand nombre chez des sujets qui avaient succombé dans le meilleur état de santé, à la suite de quelque accident. Voici, d'après M. Owen, l'analyse des quatorze premiers cas qui soient venus à sa connaissance (1) : Ier Cas. — Homme âgé de soixante-dix ans, mort d'un cancer du pénis (2). IIe Cas, — Paul Bianchi, âgé de cinquante ans, fabricant de baromètres; tubercules dans les poumons et dans le foie (3). IIIe Cas. — Femme irlandaise, âgée de soixante et ans, morte de marasme causé par un large ulcère placé au-dessous du genou et qui était dégénéré en gangrène (1). IVe Cas. — Un mendiant (jeune), mort de fièvre et d'épuisement causés par la faim; tubercules dans les poumons. (1) Faits communiqués par M. Owen à M. Bureaud Riofrey et publiés dans la Revue médico-chirurgicale anglaise, rédigée par ce dernier, Paris, 1836, p. 33. (2) C'est le cas observé en 1833 par Hilton; les kystes des trichines avaient été pris pour des cysticerques. L'homme qui fait le sujet de cette observation, quoiqu'il fût d'une grande propreté en entrant à l'hôpital, vit son corps envahi quelques jours avant sa mort par une très grande quantité de poux. (3) Ce cas est probablement celui de l'Italien, chez lequel les trichines furent (582 AFFECTIONS VEHMIlNEUSES 1)11 STSTEME MUSCULAIRE. V'' Ca>. — Un Anglais, ûgé de soixante-trois ans, apporté à l'hôpital Sainl- Uarthélemy avec, une fracture comminutive de l'humérus; peu de jours avant la mort, grande diminution des pouvoirs vitaux. Les trichines étaient très abon- dantes ot se rencontraient, aussi dans l'œsophage et. In sphincter do l'anus. VIe Cas. — Un homme apporté à l'hôpital de Londres, avec une fracture du crâne, 11 était précédemment en bonne santé (2). VIL' Cas. — Un homme mort à l'hôpital de Londres avec un anévrysme de l'aorte. VIII" Cas. — James Dunn, âgé de vingt-deux ans, entré à l'hôpital de Bristol pour un rhumatisme très aigu; pneumonie au premier degré et péri- cardite (3). IX^-XIV Cas. — Dans les six autres cas, M. Owen n'a pu se procurer aucun renseignement sur la santé ou la maladie des individus. reconnues pour la première fois. Il y a sans doute une erreur dans l'âge qui était de quarante-cinq ans. (1) Ce cas est très probablement celui qui a été rapporté par Arthur Farre dans The Londonmed. Gaz., 1835, vol. XVII, p. 382, cas très bien observé et rapporté avec beaucoup de détails. M. Farre trouva des kystes sans ver; il trouva quelquefois deux vers et une fois trois dans un même kyste ; ceux-ci étaient répandus dans les muscles de tout le corps, principalement dans les muscles superficiels du thorax. Il y en avait dans ceux des yeux, des oreilles, de la langue, du voile du palais, du pharynx, dans l'œsophage, le diaphragme, l'élévateur et le sphincter de l'anus, dans les muscles de l'urèthre, etc. (2) Cas inséré par Curling dans la Gazelle médicale anglaise, 1836 ? Au dire de M. Bureaud R., il y avait des trichines jusque dans les muscles du larynx. (3) Cas observé par H. Wood (de Bristol), en octobre 1834. Ces trichines étaient nombreuses, surtout dans les grands muscles, et particulièrement dans ceux de la poitrine, et de l'épaule {The London med. Gaz., juin 1835; Gaz. méd. de Paris 23 juillet 1835). AFFECTIONS VERMÎNEUSËS DES GLANEULES OU DliS GANGLIONS. 683 TROISIÈME PARTIE. TUMEURS VERMINEUSES DÉVELOPPÉES DANS DES GLANDULES OU DAMS DES GANGLIONS LYMPHATIQUES (TUBERCULES VERMiNEUx). Nous réunissons dans cette partie des tumeurs vermineuses qui ne sont pas constituées par un simple kyste celluleux. Ces tumeurs ont des parois épaisses, consistantes, charnues, quelquefois dures et comme cartilagineuses. Elles ont été désignées souslenom de tuber- cules rermineux (]). Elles ne paraissent point, comme celles qui renferment des hydatides, des cysticerques, etc., devoir leur origine au tissu cellulaire de l'organe envahi, mais bien au tissu propre de quelque glandule ou de quelque ganglion lymphatique qui s'est hy- pertrophié ou qui a dégénéré pour constituer la poche vermineuse. Ces tumeurs sont généralement situées dans l'épaisseur des parois d'un organe creux, parois qui contiennent des follicules ou des glan- dules ; ou bien, elles se trouvent dans des parties pourvues de gan- glions lymphatiques. Soit à cause de ces circonstances, soit à cause de leur aspect, les observateurs leur ont attribué souvent pour siégé ces glandules ou ces ganglions ; ainsi, Redi désigne les tumeurs vermineuses qu'il rencontra dans l'œsophage des chiens , des loups, etc., parle nom de tubercula glanduïosa ; ailleurs, il dit avoir trouvé chez plusieurs oiseaux aquatiques des vers dans les petites glandes qui sont situées dans les parois de l'œsophage ("2). Leclerc s'exprime de même à l'égard des vers qu'il a trouvés chez le chien (in canum glandulis ad œsophagum silis) (3). Les points où (1) Je continuerai ù les désigner ainsi, malgré la critique, judicieuse au reste, de M. Ercolani (Observations sur le spiroptère mégastome du cheval; dans Giorn. di vëterin., p. 41 ; Torino, 1852-53 et Recueil de méd.. vétér., 1853, ann. XXX, p. 451). Ces tumeurs, à cause de leur constitution particulière et des organes dans lesquels elles se développent, doivent être distinguées de celles qui sont constituées par un simple kyste et qui se sont développées dans une partie quelconque. L'expression de tumeur vermineuse proposée par M. Ercolani est trop générale. En disant tubercule vermineux, personne ne croira sans doute qu'il s'agisse d'une tumeur formée par de la matière tuberculeuse. S'il faut respecter la nomenclature scientifique, il faut aussi quelquefois respecter les termes consa- crés: c'est lorsqu'ils sont précis et qu'ils donnent des choses une idée plus vraie que toute autre expression. (2) F. Redi, Observ. circa anim. viv., etc., Amslel, 1708, p, 203 et 227, édit. lat. (3) Leclerc, op. cit., p. 251. 684 AFFECTIONS VERMINEUSES DES GLANDULES ces vers se développent, dit Morgagni, ne sont point limités à l'œso- phage et aux glandes dorsales (1). Treutler, si son observation est exacte, a vu chez l'homme un ver nématoïde dans les glandes bronchiales. Rudolphi parle de vers dans les glandes mésentériques chez le renard (2), etc. Nous rapprocherons des tubercules vermineux d'autres tumeurs contenant également des vers qui ont avec ces tubercules de l'ana- logie sous plusieurs rapports, mais sur lesquelles nous n'avons en- core que des connaissances bien imparfaites. On a observé les tumeurs vermineuses des glandules chez des animaux appartenant aux quatre classes des vertébrés; chez tous ces animaux, c'est principalement dans la première partie du tube digestif qu'elles existent et les vers qu'elles renferment appartien- nent généralement au même genre, le g. spirvpière. Il est douteux que l'on ait observé chez l'homme les tumeurs dont nous nous occupons ; les mieux connues sont celles du chien et du cheval. Les tubercules vermineux ont été rencontrés dans les organes et chez les animaux suivants : OEsophage. — Chien, loup, renard, lion, blaireau, porc-épic, canard, oie. Estomac. — Homme?, cheval, chien, loup, coq domestique, tortue, cro- codile du Nil. Intestin . — Cheval. Aorte. — Chien. Ganglions bronchiques? — Homme. Ganglions de l'aine, — Chèvre? PREMIÈRE SECTION. TUBERCULES VERMINEUX DU CHIEN. Spiroptère ensanglanté [Synops., n° 67). Article premier. — Tumeurs de l'œsophage. — C'est chez le chien surtout que l'on a rencontré des tubercules vermineux, le pre- (1) Morgagni, Epist. anal., epist. ix, §§ 45 et 46, 1764. (2) Rudolphi, Synopsis, p. 185, 266 et 554. OU DES GANGLIONS. — TUBERCULES VERMINEUX. 685 mier observateur qui en ait fait mention est Henri Moïnichen, en 1655 (1). Morgagni, ayant examiné plusieurs fois de semblables tumeurs, en parle dans les termes suivants : » Je n'ai jamais vu d'in- duration cartilagineuse dans les glandes qui, chez le chien, parais- sent répondre aux dorsales et qui s'étendent quelquefois jusqu'au milieu de l'œsophage; j'en ai cependant rencontré de cartilagineuses près de la partie inférieure de l'œsophage. Ce sont ces petites glandes dans lesquelles j'ai déjà dit autrefois avoir trouvé des vers et des ouvertures communiquant avec le conduit œsophagien, et disposées dételle sorte que, dans tous les cas, elles paraissent être des méats dilatés quelquefois par les vers, plutôt que des conduits creusés par eux au hasard. Ainsi je pensais que les vers, lorsqu'ils étaient plus jeunes et par conséquent plus petits, se glissaient de l'estomac dans l'œsophage, et delà pénétraient dans la substance même des glandes par leurs conduits ouverts naturellement; ils pouvaient ainsi passer et repasser alternativement de l'une des cavités à l'autre (car j'en avais quelquefois trouvé dans l'œsophage non loin des petites glandes) ; en un mot, ils ne se créaient pas eux-mêmes leurs voies, mais ils n'avaient qu'à les agrandir. Depuis ce temps mes opinions se sont bien modifiées ; en effet, en disséquant un poisson-loup, je trouvai entre les tuniques de l'estomac quelque chose de dur, et avec le scalpel je découvris une glande du volume et de la forme d'une grosse aveline, formée d'un tissu dur et au milieu de laquelle étaient logés de petits vers, non pas rouges, mais cendrés, semblables à des ascarides. J'en rencontrai aussi quelques-uns dans une matière comme pultacée que contenait l'estomac. Or, l'estomac communiquait avec la glande, non par une ouverture naturelle, mais par un petit ulcère rou- geâtre, d'où il résultait clairement que les vers s'étaient creusé un nid, et ouvert, en rongeant, un chemin pour y arriver ou pour en sortir. Peu de temps après, étant revenu sur ces glandes du chien dont il est question, je ne puis dire assez quelle similitude parfaite je trouvai dans leur consistance, dans l'érosion inté- rieure de leur tissu, et dans la forme ulcéreuse des ouvertures par lesquelles elles communiquaient avec l'œsophage, forme qu'indi- quait assez la rougeur et les fongosités qui les entouraient. Aussi, de même que j'avais d'abord pensé que c'étaient des glandes anor- (1) Henricus M. a Moinictaen, Epist. in Thomœ Bartholini, epist. medicin., cent. 2 ep. 56, p. 592, Hagœ comilum, 1740. 086 AFFECTIONS VlillM-NliUStS DliS GLANDLLliS maies, niais pourtant bien des glandes, cette fois l'idée me vint sans peine que ue pourrait bien n'être pas même des glandes, mais un tissu calleux formé autour des érosions et des points ulcérés ; remar- quant surtout qu'il se trouvait profondément placé dans] les parois mêmes de l'œsophage, et qu'il faisait saillie plutôt au dedans qu'à l'extérieur; tandis que dans d'autres circonstances, l'analogie avec les glandes existe non-seulement par les formes arrondies, mais en- core par la situation de ces tumeurs. Ainsi, chez deux chiens de moyenne taille que j'ai disséqués dans le courant de ces dernières années, il y avait une tumeur sur chacun d'eux : la première, qui était à peu près grosse comme une noix, proéminait à l'extérieur, recouverte seulement par la tunique externe de l'œsophage ; la se- conde, qui ressemblait à une petite châtaigne, se trouvait au niveau de la première division de la trachée au milieu de la tunique muscu- laire. De sorte qu'en dedans et en dehors, elle était entourée de fibres charnues, position que personne, que je sache, n'a attribuée jusqu'ici à des glandes normales. » Dans l'une et dans l'autre de ces tumeurs étaient des vers rouges, enroulés ensemble, au nombre de trente, grêles, effilés aux deux extrémités, la plupart longs de trois travers de doigt, lorsqu'on les retirait entiers ; car ils se cachaient et se repliaient en partie dans les sillons et les recoins qu'ils s'étaient creusés. La surface de ces petites poches était d'une couleur jaunâtre, entourée d'un tissu blanc, dense et induré. Un petit pertuis à bords inégaux et rougeâtres s'ou- vrait dans la cavité œsophagienne, et laissait suinter une matière sa- nieuse qui s'échappa par une ouverture que nous fîmes en plongeant le scalpel dans la poche de dehors en dedans (1). » M. Rayer, dans un mémoire dont nous avons extrait le passage de Morgagni cité ci-dessus, rapporte l'observation suivante (2) : « Le 2 octobre 1842, après avoir examiné avec M. le docteur Désir, au clos d'équarrissage delà plaine des Vertus, l'œsophage d'une trentaine de chiens, nous remarquâmes, sur l'un d'eux, dans la portion cervicale de l'œsophage, à la réunion du tiers supérieur avec les deux tiers inférieurs, une tumeur du volume d'une grosse amande, développée dans les parois de ce conduit. L'œsophage ouvert suivant sa longueur, nous constatâmes, à l'œil nu et à la loupe, qu'il n'existait aucune communication entre la tumeur et la cavité de ce conduit. (1) Morgani. Epist. anat., epist. ix, § H. (2) Rayer, Sur les tubercules vermïneuoc de l'œsophage {Ai'vhic. de méd. comp,, 1843, fasc. 3, p. 174). OU DES GANGLIONS. — TUIIEUCULES VERMINEUX. 687 » Cette tumeur, ayant été incisée suivant sa longueur, nous vîmes qu'elle offrait intérieurement une cavité dans laquelle étaient logés plusieurs vers en- roulés sur eux-mêmes. Ces vers extraits, nous pûmes constater que les parois de la tumeur étaient très épaisses, et qu'il n'y avait aucune espèce de commu- nication entre sa cavité et le tissu cellulaire, assez lâche, qui était immédiate- ment en rapport avec elle; de sorte que tout autorisait à penser que les vers s'étaient développés là où ils étaient logés, et qu'ils ne provenaient d'aucune autre partie du corps. Dans la cavité de la tumeur, il y avait du pus, du sang et des vers. La paroi de cette tumeur était formée, en dehors, par du tissu cellulaire induré et des fibres musculaires ; en dedans par du tissu cellulaire, des fibres musculaires, et la membrane muqueuse de l'œsophage. S/il^WllllliMiIÉMIIffllt » L'œsophage dans le reste de la lon- gueur, l'estomac et l'intestin n'offraient point, de semblables tubercules. Les au- tres organes étaient sains. Le chien avait été tué dans la rue. » La seconde opinion de Morgagni qui attribue à l'érosion pratiquée î]i f ,, | par les vers la communication de la ' '* ' " cavité de la tumeur avec celle de l'œsophage, paraîtconfirméeparl'ob- servation de M. Rayer ; néanmoins, 2 s c'est la première opinion de Morga- m 29 _ ^ luberculc vemineux do gni qui nOUS paraît le plus Conforme l'œsophage du chien, ouvert par une in- , . , . , ~ cision longitudinale, d'après M. Rayer: a la Vente: en ettet, nOUS avons demi-nature; — 2, spiroplère ensan- examiné avec notre ami, M. Claude glanté, demi-nature; a, femelle ;&,mûlc. Bernard, plusieurs tumeurs vermineuses de l'œsophage d'un chien qui communiquaient avec la cavité de cet organe par une ouverture étroite; cette ouverture n'était point érodée ni ulcérée; elle ne paraissait autre que l'orifice dilaté du conduit d'une glande œsopha- gienne. Les caractères de ces tumeurs et ceux des vers qu'elles contenaient ne différaient point de ceux donnés par M. Rayer. Les tumeurs de l'œsophage du chien observées par H. Moï- nichen communiquaient toutes aussi avec l'intérieur de cet organe par une petite ouverture (1). Il nous paraît donc, d'après le rapprochement de ces faits, que les tumeurs vermineuses de l'œsophage se développent comme Morgagni l'a pensé d'abord ; que, dans certains cas, le conduit de la glande (i) Eplst. cil. 688 AFFECTIONS VlîKMlNliUSIiS des ULANDILtS œsophagienne reste perméable, et que dans d'autres, il s'oblitère, peut-être par la compression de la tumeur même sur ce conduit, lors- qu'il lui est plus ou moins oblique. La transformation en kyste d'un organe sécréteur avec la persistance ou l'oblitération de l'orifice ex- créteur s'observe, en effet, journellement dans les follicules sébacés, dans les glandules des lèvres, etc. Nous ajouterons que M. And rai, d'après des considérations sem- blables, a attribué à des tumeurs analogues de l'estomac du cheval, ce même mode de développement : « Dans l'examen même des cas les plus compliqués, dit le savant professeur, une circonstance con- stante frappe l'observateur, c'est l'existence d'un orifice au centre des tumeurs; la régularité de cet orifice, sa position conforme, son diamètre toujours le même, l'aspect de ses bords éloignent l'idée d'une solution de continuité et portent déjà à soupçonner que l'ou- verture est naturelle, que c'est peut-être l'orifice dilaté d'un follicule agrandi ; cependant ce n'est encore là qu'une présomption ; mais si l'on étudie des tumeurs plus petites, à parois plus simplement com- posées, cette présomption devient une certitude; on voit, par in- sensibles degrés, le follicule s'agrandir, ses parois s'hypertrophier; sa cavité se dilate, des tissus nouveaux se développent autour de lui... Parmi ces tumeurs, il y en a quelques-unes qui ne présentent pas d'orifice, mais comme tout le reste est analogue, on doit en conclure que cet orifice s'est oblitéré (1). » M. Ercolani croit que les larves des spiroptères perforent la mem- brane muqueuse, et se développent dans le tissu cellulaire sous-ja- cent. La nature des parois des kystes, la présence presque constante d'une ouverture qui aurait dû se refermer dans le cas d'une simple perforation, ne nous permettent pas de partager l'opinion du savant professeur de Turin (2) . Toutes ces considérations nous font donc conclure que les tu- meurs vermineuses de l'œsophage et de l'estomac chez le chien et le cheval sont déterminées par la présence des entozoaires dans les glandes des parois de ces organes, entozoaires qui se sont intro- duits à l'état de larve dans les conduits excréteurs de ces glandes. D'après les recherches de M. Rayer, le ver des tubercules vermi- neux de l'œsophage du chien est un spiroptera sanguinolente/,. (1) Andral, Sur une altération des follicules muqueux de l'estomac chez le cheval, dans Recueil ou Journal de mëd. vétér., Paris, 1S26, anu. III, p. 391. (2) J.-B. Ercolani, mém. cit., p. 457. OU MES GANGLIOiSS. — TURERCUL1.S VERMINEUX. 689 Les tumeurs vermineuses de l'œsophage sont probablement beau- coup plus fréquentes en Italie qu'en France. Morgagni en parle comme d'un cas assez ordinaire. Il dit, en parlant d'une observation de Courten: » C'était sur un chien, et comme il en sacrifiait plu- sieurs pour différentes recherches, chez presque tous, il rencontra ces tubercules anormaux de l'œsophage que nous avons décrits (1). » A Paris, M. Rayer n'a trouvé de semblables tubercules qu'une seule fois sur plus de cent chiens chez lesquels il en a fait la recherche. Les tumeurs vermineuses de l'œsophage ne paraissent pas occa- s:onner de dysphagie ni aucun symptôme appréciable. Article IL — Tumeurs de l'estomac. — Des tumeurs vermineuseâ très probablement semblables à celles de l'œsophage, quant à leur constitution et aux entozoaires qu'elles renfermaient, ont été ren- contrées aussi dans l'estomac du même animal: Wepfer (2), Hart- mann (3), Dolœus [h), Wolff (5) en rapportent des exemples. Les tubercules vermineux de l'estomac n'ont sans doute pas d'in- convénient pour les fonctions de cet organe ; cependant plusieurs des auteurs que nous venons de citer leur attribuent une faim vo- race dont quelques-uns des animaux affectés avaient paru atteints. Article III. — Tumeurs de V aorte. — Des tumeurs qui paraissent semblables à celles de l'œsophage ont encore été rencontrées dans les parois de l'aorte et dans la région rénale chez le chien. Celles des parois de l'aorte ont été rapprochées des anévrysmes vermineux du cheval par Morgagni, et par divers auteurs qui en ont parlé d'après lui. M. Rayer a montré que ce rapprochement avait été fait à tort (6). Morgagni et Courten (7) sont les deux seuls observateurs qui aient (1) Morgagni, epist. cit., § 45 et 46. (2) J.-J. Wepfer, Venlriculi tumor verminosuscumfolliculo, in Ephem. nat. eut'.. 1688, dec. 2, ann. VU, obs. xvi, p. 27. (3) Phil. Jac. Hartmanni, Anatome canis morbidi, in Ephem. nat. cur., dec. 2 ann. VII, obs. xxxiv, p. 74., 1688. (4) J. Dan. Dolœi, De sqirrhis ventriculi verminosis canibus admodum familiari- bus, in Ephem. nat. cur., 1697-1698, dec. 2, ann. V. VI, observ. cclv, p 593. (o) Ido. Wolfii (Jo. Christ), Observationum chirurgico-medicarum libri duo Quedlimburgi, 170i; Cephalalgia a vermibus, in Scholiis,p. 185. (6) P. Rayer, Archiv. de méd. comparée, Paris, 1842, fasc. 1. (7) Saggio, delt. trans. délia Soc, R. T, t. III, p. 3. DAVAIM.. ■ 4i 090 AFFECTIONS VJiRMlNKUSIiS DES GLANUULliS vu île semblables tumeurs. •< Pour mon compte, dit M. Rayer, j'ai ouvert plus de trois cents chiens, dont cent vingt-sept dans le but particulier de rechercher ces vers dans les parois de l'aorte, et je n'ai pas rencontré un seul exemple de tubercule vermineux de ce vais- seau (1). » Morgagni ayant comparé l'une de ces tumeurs de l'aorte avec une autre de l'œsophage du même chien, trouva identiques la dureté des parois, les érosions de la cavité et les vers. « C'est au point qu'en comparant ces deux tumeurs, les vers de l'une et les Vers de l'autre, on reconnaissait qu'un œuf et un œuf, que deux gouttes de lait ne sont pas plus semblables... et, soit à la face in- terne, soit à la face externe de l'artère, il nous fut impossible de trouver un point qui eût pu donner accès aux vers dans la tu- meur (2). » L'illustre anatomiste dit avoir rencontré cinq fois des tubercules vermineux de l'aorte. Chez un chien, il y avait trois de ces tuber- cules ; chez un autre, seize; enfin chez un troisième, l'aorte, depuis son origine jusqu'au diaphragme, était criblée de tumeurs de la forme et du volume soit d'une fève, soit d'un pois, isolées ou réunies par trois. Tous ces tubercules renfermaient des vers. Chez les deux pre- miers chiens les tumeurs étaient toutes arrondies et petites ; les plus grosses ne dépassaient pas le volume d'une fève de médiocre gros - seur. « Chez le chien où se rencontraient le plus de petits tubercules, dit Morgagni, la face interne de l'artère présentait, à n'en pas douter, un commencement de perforation. Une ouverture n'eût pas tardé à se faire et l'on pouvait penser qu'une communication se serait éta- blie qui aurait laissé les vers passer dans le sang, et le sang arriver dans les poches vermineuses. » C'est d'après cette supposition, qui n'a été confirmée par aucun fait, que le célèbre anatomiste a conclu à l'identité des tubercules de l'aorte du chien avec les anévrysmes vermineux de l'artère mésentérique du cheval. Deux des chiens affectés de ces tumeurs de l'aorte étaient jeunes $ tin autre était âgé de trois mois. Morgagni observa encore une tumeur vermineuse semblable à celles de l'œsophage, qui était située au-dessous des vaisseaux ré- naux, et qui n'adhérait ni à ces vaisseaux, ni à l'un des gros troncs Voisins, ni à aucune autre branche vasculaire. (i) Quvr. bit, p. 30. (2) Morgagni, ouvr. cil. 0U DES GANGLIONS — TUIÎEKCULES VEfeMfJNEUX. 691 DEUXIÈME SECTION. TUBERCULES VERM1NEUK DU CHEVAL. Spiroptère mégastome (Synops., n° 66). Article premier. — Tumeurs de l'estomac. — Schulze, à propos do l'anévrysme vermineux chez le cheval, rapporte avoir vu dans les parois de l'estomac de cet animal une tumeur contenant des vers (1) ; Chaberten vit une qui était de la grosseur d'une noix (2) ; Rudolphi étudia les entozoaires rencontrés dans des tumeurs de ce genre par Reckleben, professeur de médecine vétérinaire à Berlin (3); M. An- dral dit avoir souvent observé ces tumeurs ; nous avons rapporté déjà l'opinion du savant professeur relative à leur mode de forma- tion (4). M. Cruveilhier émet sur leur origine une opinion sem- blable (5). D'après M. Valenciennes, ces tumeurs ont leur siège ordinaire dans la portion pylorique de l'estomac; elles sont contenues entre les membranes muqueuse et fibreuse, d'où l'on peut facilement les érmcléer. « Des ouvertures dont j'ai vu le nombre varier d'une à cinq, dit M. Valenciennes, établissent une communication entre l'in* térieur de la tumeur et l'estomac, et les helminthes peuvent s'intro- duire facilement dans la cavité de cet organe. Ces trous, à travers les muqueuses, n'altèrent pas cette membrane; aucune inflammation n'est développée ni sur la tumeur ni autour des ouvertures. La fausse membrane qui forme l'enveloppe du kyste a une assez grande épaisseur, une apparence fibreuse. La tumeur est divisée par des replis nombreux en plusieurs cavités qui communiquent toutes en- semble, et elle est remplie par un mucus qui se concrète quelquefois, tellement que la tumeur prend une dureté squirrheuse, résistante au scalpel. Le mudis mou ou solide contenait toujours une très grande quantité d'entozoaires (6). » Des recherches de M. Valenciennes et de recherches semblables (!) Schulze, rném. cit. (2) Chabert, Traité des maladies ver mineuses, Paria, 1782, p. 51 et édit. 1787, p. 62. (3) Rudolphi, Synopsis, p. 22, 236. (1) Audral, mém. cil. et Précis -d'anal, paltïolog.i 1829, t. II, p. 185, ilote. (5) Cruveilhier, art. Entozoaiées, cité p. 343. (6) Valeucienries, Sur des tunleufs vermineuses de V estomac du cheval (Cotiipli rendu de VAcad. des sciences, 1843, t. XVII, p. 71). (,9J AFFECTIONS \ EHMIiNEUSES DES (JLArSDUl.LS faites pur M. Rayer, il est résulte que onze chevaux sur vingt-cinq ont offert des tumeurs vermineuses de l'estomac. Parmi ces onze chevaux, un avait deux tumeurs, un autre quatre qui étaient d'iné- gale grosseur. Aucune n'avait plus de 4 centimètres en diamètre et 3 centimètres en saillie sur la surface interne de l'estomac. Les vers contenus dans ces tumeurs sont des spiroplera ?negasloma (Rud.). Article II. — Tumeurs de V intestin. — On rencontre encore chez le cheval, d'après M. Valenciennes, des tumeurs vermineuses dans l'intestin côlon ; lesentozoaires qu'elles renferment y vivent solitaires ; ils appartiennent au genre strongle. TROISIEME SECTION. TUBERCULES VERMINEUX CHEZ L'HOMME. Existe-t-il chez l'homme des tumeurs vermineuses analogues à celles duchien et du cheval, tumeurs développées, soit dans les glan- dules de la paroi d'un organe creux, soit dans quelque ganglion lym- phatique? Les observations qui pourraient avoir quelque rapport avec celles que nous venons de citer sont au nombre de trois ; elles sont fort incertaines. L'une concerne l'estomac, les deux autres appartiennent aux ganglions bronchiques. Ier Cas (Bianchi). ■ — Ganglions bronchiques. « Memini in pulmone cujusdam monachi, non provectae aetatis, qui dudum » siccè tussiens, et constanter febricitans, demum tabidus animam reddi- » derat, occurrisse mihi f.otas bronchiales glandulas, seu a prima majori ad » usque postremas el minimas, ila exilibus agilibusque vermiculis scalentes, » ut, quae saepiùs in canum aliorumve brutorum œsophagseis externis glan- 7> dulis, aut non tanlùm in eorum sed ipsius quoque thyroidseâ glandulâ, j> horumee, aut similium insectorum ingens turba deprehenditur, non tanta » sit. Pulmonis substantia impensè solum arida atque exsiccata fuerat: » neque aliter laesa (1). » II0 Cas (Tredtleb). — Ganglions bronchiques. ti Vir viginti oclo annorum, manustupralione et veneris niniio exercilio. (1) J.-B. Bianchi, De nat. in hum, corp. vitiosâ morbosdque generalione hisl., |iàrs tertia, Auguste Taurinorum, 1749, p. 339. OU DES GANGLIONS. — TUBLRCULES VEUM1NLUX. 69?) » atque diuturno et nimio mercurii sublimati usu emacialus, prœterea e fa- » miliâ ortus, ex quâ plures jam tabe et hydrope interierant, hieme anni » 1789,.ha3moptoe afficilur ; mox spula purulenta e pulmonibus ejicit, se- » quuntur febres lentae, et nodos pulmonibus inesse indicantia symptomata. » Anni 1790 initio, nova fit sanguinis e pulmonibus eruptio, et acida mine- » ralia a medico adhibentur. E febre tandem et debilitate a sanguinis repetito » dispensio effecta vernali tempore mortuus est. » Aperto cadavere, corpus ipsum plané tabe confeclum reperiebatur, pul- » monum irnprimis dexter tuberculorum plenus, ambo vero in utroque latere » pleuras accreverant, exemtis e thoracis cavo pulmonibus cum adcrela tr » chœa, ut accuratiùs eos examinarem, tubercula pulmonum in pus paululum » abiisse, reperi. Glandulae branchiales, quae sunt ex conglobatorum cohorte » in statu a naturali valdè abhorrente erant, scilicet ad lertiam partem ma- » jores, quam a natura sunt, atque talis indolis, ut ad diligentiorem disqui- » sitionem facile me invitare possent. Etenim vasa ipsarum absorbentia » preeter modum dilatata inveni, per quorum tunicas et velarnina peregrina » corpuscula translucebant, a quibus ex proprio situ in glandulis dimota » erant. Quae cum nonnullas istarum glandularum dissecuissem, cum in vasis » lymphaticis superficialibus, tum in média glandula corpuscula, filorum » formam imitari, etvermes esse expertus sum... Irnprimis aegrotabant qua- » tuor glandulae, quarum maxima antrorsum versus dextrum latus in con- » finiis annulorum inferiorum arteriœ asperee sita erat. Hœc propemodum » altéra parte major erat, quam alias esse solet, ex parte coloris naturalis, » in universum tamen paululum pallidior. Reliquse glandulae, qnarum una » sinistrée parti ejusdem lateris bronchiorum adjacebat. Altéra ramulis oppo- » sitorum, tertia vero ramulis priorum interponebatur, forma minores, sed » ejusdem natures erant. Quod Vero vasa earum lymphatica extensa, et per » inhabitantes vermes in inusilatum silum tracta fuerant, id superiùs jam a » me commemoratum est; sed etiam valvulee alias et irnprimis, si lympha » turgent vasa, clarè apparentes, in his plané non erant conspicuse quoniam » inhabilantia animalcula eas ita inverterant, ut officio suo ampliùs non fun- » gerentur. Ex quo verisimile fit, istos vermiculos istorumque seminia per' » ipsa vasa adferenlia illas glandulas intravisse, nam si contraria via et per » efferentia se insinuassent, existimandum foret, valvulas istas non ita dc- » letas atque immutatas fuisse, cum fluidorum cursus et vermium ingres- » sus e directione valvulis opposita fieri nullo modo posse videatur. In his » vasis duo interdum vermes juxta se invicem jacebant, sœpiùs unus post » alterum, atque ita, ut unius caudam alterius rostrum attingeret. Singuli » autem duos rostri hamulos tenui vaàs absorbentis membranse inOxerant : » quo fiebat, ut rostrum vix unum non mutilatum protraherem. Jam de- » scriptio vermis ipsa hase est » (voy. Sijnops., n° 79) (1). (1) Frid. Aug. Treuller, De vermibus filiformibus (hamularia lymphatica) in, glandulis conglobalis bronchiorum reperlis, dans Obs. path, anal., 1793, cit. p. 10. 69/4 AFPKCTIONS VIÎRMIISEUSKS DES GfcJtDDUMS IIIe Cas (Hjwnemann). — Estomac. t Quidam juvenis Homanus, teste prolaudalo D. Plancovio, circiter » viginli quatuor annorum, sccpo premebatur famo penitùs insatiabili et nisi » forù aemper ederet, in animi deliquium incidebat. Variis remediis per !• quadriennium scd frustra usurpatis, tandem superveniente asthmate extin- » guébatur. Cujus cadavere aperto, inveniebalur in ventriculo insignis con- » glomeratorum vermium congeries, et duœ in inferiori orificio glandulai » ad moschatœ ferè nucis magnitudinem accedentes et vermibus figurée » colorisque varii repleUe (Riliâ 1687) (1). » On pourrait rapprocher de ce dernier cas l'observation de vers chez le fœtus dont nous avons déjà fait mention et queKerckring rap- porte en ces termes : « In hac tanti ventriculi capacitate membrana et » in illa vermes erant iis quibus pueri seepè laborant similes » (voy. ci-dessus, p. 8). Mais ces deux faits ne sont point propres à s'éclairer l'un par l'autre; la description des caractères et de l'orga- nisation des vers contenus dans les tumeurs de l'estomac de l'homme, pourrait seule établir l'exactitude des observations; celles que nous venons de rapporter n'auraient de valeur que par le secours de. faits nouveaux et plus certains. Un autre cas de tumeur vermineuse de l'estomac de l'homme est encore mentionné par quelques auteurs : Bloch, Bremser d'après lui, et M. Kùchenmeister disent, à propos de l'oxyure vermi- culaire, que Wulf en trouva une grande quantité dans une poche entre les tuniques de l'estomac. Il y a dans cette assertion une double erreur: le fait dont il s'agit est de Wolff; il concerne une tumeur de l'estomac du chien et non de l'homme (2), (1) Joh. Lud. Hannemanni, Bulimus a vermibus, m Êphem. nat, our,, dec, 2, ann. VI, obs. xxxin, p. 88, 1687. (2) Ce fait mentionné par Bloch, ouvr. cit., p. 70 et par Bremser, ouvr. cit., p. 151, serait consigné dans les Observ. chir. méd., liv. Il, obs. îv de Wulf. Mal- gré beaucoup de recherches, je n'ai trouvé le nom de Wulf dans aucune biographie, ni son ouvrage dans aucune bibliothèque; mais j'ai trouvé dans un ouvrage de Wolff intitulé : Observ. chir. méd. et au liv. II, obs. îv, le cas d'une tumeur ver- mineuse de l'estomac chez le chien. Il est clair qu'une faute de typographie, qui n'a pas permis de vérifier la citation de Bloch, a laissé subsister sa méprise tou- chant l'animal qui portait cette tumeur. M. Andral dans son Anatomie pathologique, t. II, p. 185, mentionne aussi le fait de Wulf, mais en l'attribuant à Bloch lui-même. DU PKS GANGLIONS, — TUBERCULES VERMINEUX, 695 QUATRIÈME SECTION. TUBERCULES VERMINEUX CHEZ DIVERS ANIMAUX. Parmi les animaux domestiques autres que ceux dont nous avons parlé, le canard et l'oie (1) sont quelquefois atteints de tubercules vermineux de l'œsophage. Ces tumeurs ont été observées clans le ca- nard tadorne par Bellingham, en Irlande (2), et dans le canard commun par M. Chaussât à Paris (3). Les vers (spiroptères) renfermés dans ces tubercules avaient la tête armée d'épines, fait très rare chez les entozoaires de l'ordre des nématoïdes et qui existait chez le ver que Treutler observa dans les ganglions bronchiques de l'homme ; enfin Natterer, au Brésil, a vu des tumeurs semblables à la surface de l'estomac du coq domestique (4). Chez la chèvre, un tubercule vermineux paraît avoir été observé dans l'aine par Bianchi. (5). Chez les animaux sauvages, des tumeurs analogues à celles dont nous nous occupons ont été assez souvent observées : Redi rapporte avoir vu dans l'œsophage du loup, du blaireau, du porc-épic, du lion, du chien, des tubercules glanduleux de diverse grandeur, dans lesquels il y avait des vers petits et rouges ; mais chez le renard sur- tout il en a observé des agglomérations considérables (6). Heyse a trouvé des tubercules vermineux dans l'estomac de trois loups (7) ; Rudolphi chez deux, et Otto chez un de ces animaux (8) ; Redi donne des détails singuliers sur des vers qu'il a rencontrés dans les glandes œsophagiennes de quelques oiseaux (9) ; Créplin a vu des tubercules (1) Klug, à Berlin, Spiroptera uncinala, dans les tubercules de l'œsophage de l'oie domestique (Rud., Syn. , p. 26-246). (2) Bellingham (Spiroptera?), Ânn. ofnat. histor., 1844, p. 102. (3) J.-B. Chaussât, Comptes rendus de la Soc. de biologie, 1849, 1. 1, p. 92. (4) Diesing, Syst. helm., t. II, p. 217, n° 15, Spiroptera hamulosa. (5) Bianchi trouva chez une. chèvre, une tumeur dont il rendit compte en ces termes : « Inventus est in altéra inguinalium glandularum verrais unus, rubellus, » vivus, agilis, crassitie mediocris aciculœ, longitudine lertice partis mediocris di~ » giti qui sinuosam ïbi sedem in illius partis substanlia velut lerébrasse videbatur. » op. cit., p. 347. (6) G. Redi, De animalculis vivis, etc., trad. la.t., Amst., 1708, p. 203. (7) Wepfer, De vermibus ventriculi lupini, in Mise, nat, cm»*., dec. 2, ann. VIII, obs. i, 1689. (8) Rudolphi, Synopsis, p. 2U). (9) Ouïr, cit., p. 226. (396 AFFECTIONS VERM1NEUSES DU TISSU CELLULAIRE vermineux sur le proventricule de l'alouette de mer [Tringa al- pina) (1); enfin nous mentionnerons encore des tumeurs de l'es- tomac trouvées par Braun (2) et par Rudolphi (3) chez la tortue d'eau douce, par Tiedemann et par Lallemand chez le crocodile du Nil (4). QUATRIÈME PARTIE. AFFECTIONS VERMINEUSES DU TISSU CELLULAIRE INTER- ORGANIQUE. On observe chez l'homme un entozoaire qui ne se rencontre point dans les organes internes, mais qui habite les régions superficielles de la tête et du tronc et les extrémités, parties dans lesquelles il dé- termine des lésions pathologiques plus ou moins graves; c'est la filaire de Mèdine. Ce ver n'est point enkysté, il vit dans les tissus et rampe librement sous la peau, entre les vaisseaux, les nerfs et les muscles ou dans l'épaisseur de ces derniers. Les entozoaires qui ont un séjour analogue chez divers animaux sauvages ou domestiques, ne paraissent point pour ces animaux des hôtes incommodes ou dangereux; chez le cheval seulement \&filaria papillosa ? occasionne des accidents lorsqu'elle se développe dans l'oeil (voy. livr. IV, part, i, Vers de l'œil). Nous ne nous occupe- rons donc ici que de la filaire de l'homme. La filaire de l'homme. — Filaria medinensis [Synops., n° 77). DÉNOMINATIONS. ApaxcvTiov, — Galien; = (S'paxovriov p.apov, — Plutarque. Dracunculus, — les auteurs latins. Ark, œrk, irk, erk almedini, — les auteurs arabes. Vena Medenœ, medinensis ou civilis ; vena cruris; vena exiens ou egrediens; wna saniosa, — les traducteurs des Arabes. Nervus medinensis, — Kœmpfer et Cartheuscr; — penafamosa,— Gui de Cbauliac. (1) Dujardin, ouvr. cit., p. 99. (2) Rud., Enl. hist., t. Il, p. 1, 198. V.i) fiud., Syn., p. 25 et 242 {Spiroptera coniorta). (4) Rayer, Comptes rendus des séances et mémoires de la Soc. biologie cit., 1849, t. I, p. 128. 11NTER0RGANIQUE. — LA FILAIRE DE L'HOMME. 697 Noms vulgaires, Sénégal — Soungouf (Cezilly). Guinée — Ickon (Blommers, Ksempfer). Darfour, Sennar, Cordofan, Gedda — Fertit (Pruner, Ferrari, Gand). La Mecque — Farenlil (Niebuhr). Haleb — Aerck el insil (Niebuhr). Perse ■ — Pejurûc, naru (Niebuhr, Cartheuser, Kœmpfer). Inde — Narambo, nurapoa chalandy (Dubois) ; = nurapu chilendi (le père Martin). Bucharie — Irschata (Gmelin). France. — Le dragonneau, la veine de Mcdine, soye (Andry), le ver cutané (des Marchais), le ver de Guinée, le filaire de Médine. Angleterre. — The hairworm, Guinea-worm. Allemagne. — Der Médina wurm, der Guitieische fadenivurm, haulwurm, bein- wurm, pharaonswurm, der Guineische drache. Hollande. — Huidworm, beenworm, traadworm, Guineeische draakje. Suède. — Onda-betet, tagelmatk. Italie. — Dragoncello, Espagne. — Colebrilla. Portugal. — Culebrilla. CHAPITRE PREMIER. HISTORIQUE. La connaissance de la filaire de l'homme remonte à l'antiquité : un géographe grec du deuxième siècle avant Jésus- Christ. Agathar- chide, de Cnide, au rapport de Plutarque (1) , a parlé de ce ver comme attaquant les peuples qui habitent les bords de la mer Rouge ; So- ranus d'Éphèse (97 de Jésus-Christ) et Léonides d'Alexandrie, cités par Paul d'Égine, en ont également fait mention dans leurs ouvrages aujourd'hui perdus. Galien a parlé de la filaire sur le rapport de voyageurs qui lui ont dit l'avoir vue, mais lui-même ne l'a point observée (2). ^Etius donne sur cet entozoaire des détails très précis qu'il emprunte à Léonides (3) : la nature de cet animal semblable aux vers lombrico'ides , les pays qu'il habite, son siège dansles chairs. (1) Agatarchidas apud Plutarchum, Quesl. conviv., lib. VIII, quest. 9, opp. moral., edit. Dùben, Paris, t. I, p. 894, cité par Diesing. (2) Galenus, De locis affectis, lib. VI, cap. 3. (3) iEtii, Med. grœc. contractas ex vet. med. tetrabiblos per J. Cornarium, lat. conscripti. tetrab. IV, sermo », cap. 85; De brachiorum ac crurwn dracunculis, Leonidœ. ()98 AFFKCTIONS VEIIMINEUSES DU TISSU CliUUMIRE des membres, les lésions qu'il détermine, les dangers de sa rupture, le traitement qu'on doit lui opposer, lui étaient parfaitement connus. Paul d'Egine, après en avoir parlé à peu près dans les mêmes termes, nous apprend que Soranus était disposé à regarder le dragonneau plutôt comme une substance nerveuse que comme un animal : » Cœterum Soranus neque omnino animal, sed nervi alicujus concre- » tionem, dracunculum esse putat, qui opinionem solum inducat ■• quod moveatur (1). » Enfin Actuarius dit aussi quelques mots de ce ver (2) . Plusieurs auteurs arabes, Rhazès, Avicenne, Albucasis, etc., ont parlé de la filaire de l'homme; mais ils n'ont rien ajouté de bien important aux détails donnés par iEtius et Paul d'Égine. Le passage d' Avicenne, qui concerne la filaire de Médine, a été souvent cité (3), toutefois Rhazès, qui écrivit longtemps avant Avicenne, n'est pas moins explicite (4) ; ces deux auteurs, d'après la fréquence de la filaire à Médine, ont désigné ce ver sous le nom de Vena Medeni Vena Medence, ou Vena civilis. Les Arabes paraissent avoir méconnu l'animalité de la filaire de l'homme; en effet, Rhazès dit que les vers s'engendrent dans les intestins seulement (5) et, quoique iEtius eût regardé, d'après Léo- nides, la filaire comme un ver, quoiqu'il en eût, fait mention im- médiatement à la suite des vers des intestins, l'auteur arabe n'en parle qu'à propos des maladies des membres inférieurs. Avicenne lie suit point non plus l'exemple d'iEtius, il ne parle de la filaire qu'à propos des abcès et des tumeurs. Cet auteur rapporte que quelques médecins considèrent le dragonneau comme un ver, et que d'autres le regardent comme une portion de nerf, mais il ne se pro- nonce point entre les deux opinions. L'expression de vena , par laquelle le ver de Médine est dé- signé dans les écrits arabes , indique assez que leurs auteurs n'ont pas connu l'animalité de la filaire; toutefois il n'est pas probable qu'ils aient regardé cet entozoaire comme une veine: l'opinion, rappelée par Avicenne, que la filaire de Médine est un nerf, sa couleur (1) Pauli iEginetse, De re medicâ; J. Cornario interp., lib. IV, cap. 59, De dracimculis. (2) Actuarii Medicus, sive de methodo medendi, lib. IV, cap. 16, De tumoribus prœter naturam, et lib. VI, cap. 8, De ulceribus. (3) Avicenna, ouvr. cit., lib. IV, sect. 3, tract. 2, cap. 21 et 22, p. 128. (4) Continentem Rasis Venetiis, 1542, p. 297, 298. (5) Op. cit., p. 280. INTERORGANIQUE. — tA FILAIRE DE L'HOMME. 699 blanche indiquée par Albucasis (Alzaravius), dans les ouvrages duquel elle porte néanmoins le nom de vena exiens, vena cruris, ne permettent pas cette interprétation. L'expression Arc ou Erk qui désigne la filaire chez les Arabes, répond aux mots latins sui- vants : « radix, origa , vena, arteria, etc. (1); en choisissant parmi ces synonymes le mot vena pour désigner la filaire, les tra- ducteurs ont certainement commis une erreur, le mot radix eût été plus exact (2) ; quoi qu'il en soit, cette dernière expression n'im- plique pas plus que celle de vena l'idée d'un animal. Les notions données par les Grecs et par les Arabes sur la filaire ont reçu des interprétations erronées de beaucoup d'auteurs qui en ont parlé à leur suite, tels sont Ambroise Paré, Gui de Chauliac, Montano, etc. C'est depuis que les contrées intertropicales sont fré- quemment visitées par les voyageurs européens, c'est-à-dire depuis moins de trois siècles, que l'on a acquis des connaissances précises sur la filaire de l'homme et sur les désordres qu'elle occasionne dans les organes, Ka&mpfer, Dampier, Lind, LœfRer, Gregor, etc., ont confirmé ou rectifié les faits rapportés par les anciens et les Arabes ; toutefois les récits de ces auteurs ont été contestés par beaucoup de médecins, leurs contemporains, et regardés comme entachés d'exagé- ration ou d'inexactitude. Aujourd'hui que l'on ne conserve aucun doute sur l'animalité du ver de Médine, et que les relations des voya- geurs et des médecins qui l'ont observé peuvent être acceptées sans conteste, la discussion des opinions de leurs contradicteurs serait superflue. Nous n'examinerons pas non plus certaines opinions re- latives au mode d'origine ou de transmission de la filaire, comme celle de sa génération spontanée, celle qui fait de ce ver une larve d'in- secte ou bien un gordius aquaticus, modifiés par leur habitat, celle qui en fait un produit de l'usage ou de l'abus de certaines liqueurs, etc., mais nous rappellerons dans la suite les vues qui ne sont point en contradiction avec nos connaissances en helmintho- logie. (1) Freytagii Lexicon, Halis, 1835. (2) M. le docteur Perron, aujourd'hui directeur de l'École arabe à Alger, qui a acquis dans son long séjour en Egypte des connaissances approfondies sur la langue arabe, m'a dit que le mot arc signifie proprement une racine longue et filiforme, un filament et par extension une veine, un nerf, une artère, etc., en un mot, tout ce qui est long, mince, filiforme; il eût donc été plus exact de dire le filament de Médine, 700 AFFECTIONS VERMINEUSES DU TISSU CELLULAIRE CHAPITRE II. DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE. La filaire de l'homme est propre aux régions tropicales, toutefois c'est à peu près exclusivement dans l'ancien monde que cet ento- zoaire existe. Dans l'Amérique méridionale, on a signalé l'appari- tion de ce ver par épidémies (l), mais à l'état d'endémie il n'est connu que dans l'île de Curaçao. Bien qu'une grande étendue du continent américain soit située sous les tropiques, on ne cite point de contrées dans lesquelles la filaire existe d'une manière permanente. Les fréquentes importa- tions de ce ver par les esclaves amenés de la côte d'Afrique eussent pu cependant l'y propager aussi bien qu'à Curaçao où la filaire paraît s'être introduite de cette manière. Dans cette île, les habi- tants de race blanche y sont sujets comme les nègres : Dam- pier rend témoignage de ce fait (2) et, d'après le baron de Ja- quin, le quart de la population, tant noire qu'indigène, en est atteint (3). Dans les autres îles du groupe des Antilles, le dragonneau a été fort souvent observé, et nous devons à quelques médecins de ces pays des faits intéressants sur cet entozoaire; mais c'est sur les in- dividus arrivant des contrées tropicales de l'Asie ou de l'Afrique qu'ils ont vu la filaire. L'introduction dans les colonies d'Amérique des esclaves venant de la côte occidentale d'Afrique est la circon- stance qui a donné très fréquemment aux médecins du nouveau monde l'occasion d'observer le ver qui nous occupe. Hans Sloan's, Voyage to Jamàica, Modéra, etc., London, 1725, vol. II, p. 190. P. Fermin, Descript. gén. hist. et géograph. de lacolonie de Surinam, Arast. 1769. Pouppé Desportes (Saint-Domingue), ouvr. cit., 1770, t. II, p. 272. Mongin (Saint-Domingue), Mém. cit., ci-après. Péré (Saint-Domingue), Mémoire sur le dragonneau [Journ. de méd., etc., 1 774, t. XLII, p. 123). Bajoh, Mémoire pour servir à l'histoire de Cayenne et de la Guyane française, Paris, 1777, t. I, mém. 10, p. 321 et suiv. (1) Voyez ci-après une épidémie observée par Ferg dans la Guyane hollandaise. (2) Guillaume-Dampier, Supplément du Voyage autour du monde, Rouen, 1715, t. III, p. 340. (3) Bremser, ouvr. cit., p. 214. IMtROUGANIQUE. — LA F1LA1KE DE L HOMME. 701 Kunsemulleu (Surinam), De rnorbo Yaws diclo et de vena Medinensi,prœs. Curt Sprengelio, Hal., 1797. Sigaud (Brésil), ouvr. cil., p 134-135. Dans l'Amérique septentrionale et en Europe, la filaire n'a jamais été vue que sur des individus arrivant des contrées intertro- picales. Cas de filaire observée dans les contrées où ce ver n'est pas en- démique. Turquie d'Europe. = Cas de J. Rodmguez (Amatus Lusitanus) ; — Thes- salonique ; esclave éthiopien âgé de dix-huit ans, amené de Memphis, ulcère près du talon, extraction d'une filaire longue d'environ trois coudées. L'au- teur se demande si ce corps était un nerf ou un ver, et il répond : « E°-o » vero oculatus testis... testor morbum hune tanquam lumbricum conspici, » album, subtilem, etc. (Amatus Lusitanus, op. cit., cent. vu. curât. lxiv).» — Cas de Ficipio. — Constantinople ; jeune femme ; pèlerinage à la Mecque; huit mois après, apparition de tumeurs aux jambes ; ulcérations, apparition de filaires, extraction, guérison (jambe gauche quatre filaires, jambe droite trois) (Gazette méd. d'Orient et Revue de thêrap. méd.-chirurg., 4 858, p. 653). France. = Cas de Guénot. — La Rochelle; Hollandais, ayant un ver à chaque jambe; extraction, guérison. — Autre cas de Guénot. — Montauban ; mort; autopsie (rapporté par G.- J. Yelsch. Exerc. de vend Medinensi ad menlem Ebn Singe sive de dracuncuUs veterum, p. 311 et 312. Augustae Vindelicorum, 1674). — Cas de Maisonneuve. — Paris ; homme âgé de vingt-huit ans, ayant quitté le Sénégal plus de quatre mois avant la manifestation des premiers sym- ptômes. Deux filaires au pied gauche; embryons conservés vivants pendant plusieurs jours ; rupture des vers, incisions ; guérison (Note sur un dragon- neau observé à Paris, dans les Archiv. gén. de méd., 4e série, t. VI, p. 472, 1844). — - Cas de Malgaigne et Robin. — Paris ; homme ayant quitté Bombay le 13 mai 4 854; filaire à la malléole externe ; incision le 27 juillet ; extraction ; guérison (Bull. Soc. anat. de Paris, 1851, p. 311, et Soc. biolog. infrà cit. ). — Cas de Cezilly. — Toulon ; homme âgé de vingt-deux ans ; au Sénégal en 1855, à Bombay en janvier 1857 ; en mars 1857, apparition de filaires aux jambes (A. -H. Cezilly, Observ. sur le dragonneau, thèse n° 203, p. 21, Paris, 1858.) 70"2 AtTliCTlONS VliHMlNliUSIiS DU TISSU CELLULAIHK Hollande. — Cas do Kuyscii. — Enfant; ver de Guinée à la main (pièce analomiquo) (op. cil., Ihès. anal., III, n° 14, p. 13). — Cas de Houppe. — Navire de guerre revenu de Curaçao en Hollande, lus deux tiers de l'équipage sont atteints de filaires après leur retour (Over de zieklen der Scheeplvarendcn, p. 216, cité par Gervais et Van Beneden, ouvr. cil., t. II, p. 141). Suisse. == Cromer pris de la filaire en Suisse, après qu'il fut de retour de ses voyages (voir Wepfer, in Ephem. nat. cur. decur. 2, ann. X, p. 315- 317). Suède. === Un gordius medinensis? trouvé à Gottenburg, fut communiqué à Linné par le roi de Suède (R. Pulteney, Revue générale des ouvrages de Linné, t. I, p. 303). Danemurck. — Cas de Jacobson. — Arabe, entré à l'hôpital de Copen- hague ; ver près de la malléole, embryons observés (Acad. des se, 17 mars 1834). Allemagne. = Reinuold Wagner parle d'un ver situé dans la jambe droite d'un individu qui avait fait plusieurs voyages aux Indes ; mais ce ver, que l'auteur regarde comme un di'agonneau, avait la grosseur du petit doigt (in Novis litterariis maris Ballici, ann. 1698 ; mens, febr., cité par Leclerc, p. 266). Angleterre. — Cas de R. Mead. — Matelot revenant d'Afrique (OEuvr. phys. etméd., trad., t. II, p. 265, Bouillon, 1774). ■ — Cas de ...? — Soulhampton ; matelot venant d'Afrique; il n'était des- cendu à terre qu'une fois et pour trois heures seulement, il avait marché les pieds nus (Journ. conn. médic, chirurg., nov. 1843, p. 310, d'après un journal anglais). — Cas d'OKE. — Matelot revenant de la côte d'Afrique; sept mois après, extraction de plusieurs filaires; guérison (Provincial médic. journ., London, 1843, n° 1 51 , p. 146. — Wiegmanns Archiv, 1 845, p. 207. — Gervais et Van Beneden, ouvr. cil., t. II, p. 139). Etals-Unis. == Cas de Ch. Stedman; — Matelot revenu d'Afrique depuis un an ; filaire sous les téguments de l'abdomen (Boston catalogue, cit., n° 884, p.318). Algérie. == Le docteur Guyôn. — 1° Cas d'un Maure de retour de la Mecque depuis deux à trois mois ; 2° d'un matelot anglais revenant de l'Inde (Gaz. mèd., 1841, p. 106). Egypte. =Clot (Bey), ouvr. et obs. iiifrà cit., — Pruner, ouvr. cit., — Perron, Comptes rendus de VAcad. des se, t. VIII, p. 801, 1839, méin. inédit. Ile de France. = CtUpotiN. — Observations sûr le dragonneau (Bull, dés sciences médicales, 1810, t. V, p. 308). iNIERORGANiQUE. — LA PILAIRE DE L'HOMMK. 703 En Asie et en Afrique, le ver de Médine est répandu sur un vaste espace ; si les relations des médecins et des voyageurs signalent sur- tout son existence dans les contrées qui avoisinent les mers, c'est que la plupart de ces auteurs n'ont visité que le littoral, mais on peut juger, d'après un nombre suffisant de faits, que les régions cen- trales des deux continents ne sont pas moins infestées par la filaire. Côte occidentale d'Afrique. Sénégal. = Très commune à Backel, d'après le docteur Margaia, chef du service de santé à Saint-Louis du Sénégal {Rapport au minisire de la marine, cité par Boudin, ouvr. cit., 1. 1, p. 344). — Très commune à Podor, chez les soldats venant de Backel et Galam, d'après le docteur Amouretti [Rapport au ministre de la ma- rine, dans Boudin, ouvr. cit., p. 345); — d'après Cezilly (Thèse cit., p. 31). Cûte de Guinée. =Signalée au Cap-Corse, par Jo. Abrah. Heinzel (dans Velsch., ouvr. cit.> p. 314). — Très commune au château de Saint-Georges-de-Mina , d'après Michel Hemmersam (Hin. Guineens., c. 13, cité par Velsch, p. 313).— Arthus (Gotardi Dantiscaui) (Indiœ orientalis, etc.,in-fol. 1604, Francofurti, c. 48, p. 161, cité par Bremser). — A Saint-Georges-de-Mina et au château de Moures, d'après Samuel Blommers (Velsch, p. 319). — Au château de Moures, d'après Fr» Lachmund (in Miscellan. nal. curios. Decur. 1, ann. IV et V). — Ant. Cromer, 1652, cité ci-dessus. — Très commune à Cormantin et à Apam, d'après Guill. Bos- man (Voyage de Guinée, Utrecht, 1705, Lett. 8, p. 116). — Gallandat, ancien chirurgien-major de vaisseau, Lettre sur le dragûnneau ou veine de Médine (Jourm de méd.i Paris, 1760, t. XII, p> 25). — Lœfflers Adolph. Fried. (Beitrage zur Arsenei, etc., Leipzig, 1791, cité par Bremser). ■— - Lind (An Essay on diseases incid. to Ëurop. in hol climates, London, 1758, in-8", p. 53; traduct. franc., 1785, 1. 1, p. 71). — Isert (Paul-Erdmann), Voyages en Guinée, Paris, 1793, in-8°. — Sierra-Leone, F.Moore, Voyages (dans Prévôt, Hist. des voyages, t. III, p. 103). ■— R. Clarck, Observ. de plusieurs dragonneaux sur un enfant (in The medico* chirurg. Review, et Gaz. méd., Paris, 1840, t. VIII, p. 809). CÔTE ORIENTALE D'AFRIQUE. Le Sennar. a= Clôt (Bey), Aperçu sur le ver dragonneau observé en Egypte, Marseille, 1830. Afrique centrale. Tumale? = Tutschek (Médis, 'iustande in Tumale, 1845, p. 12-13, cité par Diesing). Désert de Sahara. =D'après M. Guyon, commune chez les Touaregs (Note sur. les Touarlks par M. Serres, Comptes rendus, 1856, 1" sem., p. 188); — commune à Tuggurl (Bertherand, Hyg. et méd. des Arabes, p. 426, Paris, 1855, cité par Boudin); Le Darjfour. = Glot (Bey), ouvr. cit., — observée daus le Cordofan, par M. Fer- rari et le dobteur Maruchi (Relations dans Clol (Bey), ouvr. cit.). 7 (M AFFEOUQNS NEUMlNhUSLS DU TISSU CliLLULAIRE Asie. Arabie. = Les médecins grecs et arabes, — l'Hedjaz, Clôt (Bey), — l'Yemen, Carslcn Niebuhr [llcschrcibung von Arabien, Copenhague, 1772, in-i", s. 133, cite par Rudolphi). Littoral du golfe Pcrsiquc. = Kœmpfer (Amœnitatum exolic. pol. phys. mcd., fasc. 5, etc., auct. Engclb. Kamipfero, Lcmgoviœ, 1712, in-4°, observ. IV, Dra- cunculus in litlore sinus Persici, p. 52 i). Ile d'Ormus. = Kîempfer, — Arlhus, — J. H. de Linshot [Hist, de la navi- gation, Amstel, 1638, c. VI, p. 17, ? cité par Bremser). Perse. — Commune à Lara (Auj. Lar), où il y a de mauvaise eau; au rapport de D. de Bourges, (Description de l'itinéraire de l'cuëque de Beyrouth en Chine, p. 101 cité par Velsch.,op. cit., p. 316).— Très commune entre Ispalian et Bendcr Abassi, surtout dans un village appelé Benarou; le chevalier Chardin (Voyage en Perse et autres lieux de l'Orient, Amsterdam, 1735, t. II, p. 213). — A Gambron (Ben 'er Abassi) d'après Niebuhr (ouvr. cit.). Indes orientales. — Commune chez les Tamouls (Lettre du P. Martin au P. Vil- lette dans Lettres édif. et cur., éd. 1781, t. XII, cité parLaennec, art. Filaire, Dict. se- mëd.). — Commune entre Delhi et Kaehmirc, d'après Fr. Bernier, docteur en médecine de la faculté de Montpellier (Voyages contenant la description des États du grand Mogol, de VHindoustan, etc., Amst., 1723, t. Il, p. 212). — A Latimun- culum, Karnatik, Madura, d'après Dubois (Hist. of Guineaworm, and the method of cure employed by the Hindoos, Edinb. med. and. surg. Journ., vol. II, fasc. 7, p. 300. — A Bombay, James M. Gregor (Médical Skelches of theexpedil to Egypt from India, London, 1804, in-8°, p.202,«t Edinb. med. and surg. Journ., vol. I, p. 281). — Bruce (Ninian), Remarks on the dracunculus or Guineaworm, asit appears in the Peninsulaof India, in Edinb. medic. a»d surg. Journ., 1806, vol. II, p. 145. — Paton, Cases of Guineaworms, with observations (in Edinb. med. and surg. Journ., 1806, t. II, p. 151). — Voy. encore M'CIelland, Morehead, etc., cités ci-après. Tarlarie. — « Vesligia (dracunculi) inveni quoque in Tartaria déserta prope flumen Jaccum quà Caspium subit, » dit Kajmpfer (ouvr. cit., p. 527). Aucun auteur, à notre connaissance, n'a signalé l'existence de la filaire dans une contrée plus rapprochée du nord. La plus extrême limite du domaine de la filaire de l'homme vers le nord est : en Asie, la côte septentrionale ? de la mer Caspienne ; en Afrique, l'Egypte et le versant méridional de l'Atlas (Tougourt) ; c'est-à-dire le 47e degré de latitude en Asie et le 33e en Afrique. Vers le sud, les observations n'établissent pas avec certitude que cet entozoaire existe au delà de l'équateur, quoiqu'il soit probable qu'il se trouve dans la zone du tropique du capricorne comme dans celle du tropique du Cancer (1). (I) Je ne trouve dans aucun auteur la mention de l'existence de la Claire a la INTERORGANIQUE. — LA FILAIRE DE L'HOMME. 705 De deux localités très rapprochées l'une peut être infestée clu dra- gonneau et l'autre en être complètement exempte. Dans le château appelé Saint- Georges-de-Mina (Guinée) la filaire est extrêmement commune d'après Hemmersam, Blommers, etc., et à vingt-cinq milles vers l'est, d'après Arthus et Blommers, on ne connaît pas cet entozoaire. Il en est de même, d'après Gregor, entre Bombay où la filaire est endémique, et l'île de Coulabah qui n'est éloignée de cette ville que d'une lieue. Enfin, Morehead établit positivement ce fait à l'égard de divers districts de l'intérieur de l'Inde (1). CHAPITRE II[. CAUSES ET CONDITIONS DE LA PROPAGATION DE LA FILAIRE. Plusieurs conditions favorisent l'apparition ou la propagation de la filaire : la plus évidente, c'est la chaleur qui est la condition domi- côte orientale d'Afrique, au sud de l'équateur. 11 est vrai que ces régions sont peu visitées par les Européens; toutefois, la filaire n'existe pas à l'île de France : Chapotin, qui a pratiqué longtemps la médecine dans cette île, n'a observé le dragonneau que sur des individus venant d'autres contrées; ce même auteur ajoute qu'il n'a jamais vu de filaire parmi les esclaves apportés de Zanzibar, de la côte d'Afrique ou de Madagascar (mém. cit.). — Quant à la côte occidentale, l'existence de la filaire au sud de l'équateur n'est pas bien prouvée. Cromer (Brem- ser, p. 217) dit qu'un général hollandais qui demeurait à Angola ne put s'en garan- tir quoiqu'il fît exclusivement usage d'aliments et de boissons provenant de l'Europe; mais d'un autre côté, Lceffler rapporte que parmi 600 esclaves achetés à Angola, il n'y en avait aucun qui fût atteint par la filaire (Bremser, p. 212). Sloaue prétend que les nègres qui arrivent à la Jamaïque, d'Angola et de Gamba, n'ont jamais le dragonneau; enfin, un témoignage beaucoup plus certain est celui de Guyot, chirurgien de marine, qui fit plusieurs voyages à la côte d'Angola. Ce chirurgien ayant observé sous la conjonctive des vers dont nous parlerons à propos des entozoaires de l'œil, s'exprime ainsi : « Je ne crois pas que ces vers soient de » l'espèce du dragonneau, car ils sont très blancs, plus durs et moins longs à pro- portion. Pendant sept voyages que j'ai faits à la côte d'Angola, je n'ai jamais » vu de nègre attaqué de dragonneau ; plusieurs chirurgiens qui ont navigué sur » ces côtes m'ont assuré n'en avoir jamais vu. Cette circonstance me porte à croire » que les nègres de cette contrée n'y sont pas sujets. » Le général dont parle Cromer avait peut-être gagné sa filaire dans quelque parage où il s'était arrêté avant d'arriver à Angola. (1) C. Morehead, in Transact. of the médical and physical Society of Calcutta. vol. VI, p. 420, 1833. DA VAINE. 45 706 AFFECTIONS VEKMIlSEUSES DU TISSU CÈLLtfMIïfe nanlc dis climats dans lesquels vit le clragonneau, aussi n'est-on pas surpris cTehtèndre «lire à Kœmpfer, en parlant de ce ver : « J'ai trouvé que dans les années les plus chaudes il y en a davan- tage (1). - Une autre condition qui ne paraît pas moins nécessaire, c'est l'humidité. La chaleur et l'humidité sont probablement les causes de la grande fréquence de la filaire à certaines époques de l'année, époques qui varient avec les conditions climatologiques des divers pays. D'après Kœmpfer, le clragonneau apparaît à Ormus pendant la canicule; dans les Indes orientales, d'après Dubois, il se montre principalement pendant les mois de novembre, décembre et janvier; mais, d'après les observations positives de Morehead, la filaire ne se montre à Kirkee (Inde) que de mars en septembre (2). Dans le Cor- dofan, le Sennar et le Darfour, d'après Clot-Bey, il est très com- mun en avril, mai et juin, saison des pluies (3). L'action de la chaleur et de l'humidité sur la propagation de la filaire, sa limitation aux contrées tropicales doivent tenir, soit à des conditions d'organisation, soit à des propriétés vitales particulières de ce ver. Il importe, avant d'aller plus loin, d'examiner cette ques- tion, dont la solution pourrait jeter quelque jour sur celles qui vont suivre. La filaire qui s'est développée dans le corps de l'homme, ne donne, lorsqu'on en fait l'extraction, que quelques signes de vie et périt bientôt 5 elle ne possède donc point en elle-même ses moyens de transmission et de propagation. A l'époque où cet entozoaire cherche â quitter l'organisme dans lequel il a pris tout son développement, son corps est rempli d'une substance laiteuse signalée par plusieurs médecins. Cette substance n'est autre chose que l'agglomération d'une prodigieuse quantité d'embryons, isolément invisibles à l'œil nu ; ils ont une longueur de 0min,75 et une épaisseur de 0mm,01. Ces embryons vivent un temps indéterminé, plusieurs jours au moins, dans de l'eau à la température ordinaire de nos contrées ; •• en outre, ils (1) Kœmpfer, omit, cit., p. 529. (2) Voy. infrà, p. 717, le tableau des cas observés par ce médecin. (3) Il est nécessaire de remarquer que l'apparition de la filaire ne coïncide point avec l'époque à laquelle elle se transmet ; si l'on cherchait les conditions extérieures de sa transmission, il faudrait se reporter à plusieurs mois, peut-être même à une année en arrière. Avant tout, il faut donc se préoccuper de reconnaître la durée d'incubation du dragonneau. iNTEliORGANIQUE. — LA FlLAIRE DE 1,'lluMME. 707 pouvaient, dit M. Robin qui observa ce fait, ils pouvaient être abandonnés dans une goutte d'eau qui se desséchait et les laissait sans mouvements, puis reprendre toute leur agilité et leur énergie par addition d'eau , six à douze heures après la dessiccation (1). » Déjà M'Clelland avait vu que des em- bryons de filaire, desséchés depuis vingt- quatre heures sur une lame de verre, étaient revenus à la vie après avoir été humectés avec de l'eau (2), et Forbes avait conservé de ces embryons en vie pendant quinze à vingt jours, dans de la terre humide (3). Combien de temps peuvent-ils vivre dans l'eau, à la chaleur des contrées tropi- cales ? combien de temps peuvent-ils rester en état de dessiccation sans périr î C'est ce qu'il serait important de déterminer. Quoi qu'il en soit, on comprend que c'est à la propriété que possède la larve, de vivre un certain temps hors du corps de l'homme, et à celle de ne pas être tuée par la dessic- FlG, 30.. 4- Embryons de in oiaiee de cation, que la filaire doit ses moyens de rhomme •- d;. Vnj; ™ s~*- ' x •> ment de 65 diamètres; — 2, lete transmission; en effet, les larves, vivant vue au grossissement de 65 dîamè- t i i i • 1res; — 3.' fragment où se voit dans les eaux des mares ou des ruisseaux, rftW(S? a . (môme grassement) . transportées dans ces eaux à l'état de poussière, ou revivifiées à la surface du sol par les pluies, peuvent trouver après longtemps l'occasion de s'introduire dans les organes où elles se développeront. Ce fait n'est pas aujourd'hui sans analo- gues, par exemple : Un ver nématoïde aussi, Y anguillule du blé niellé, ne peut vivre adulte hors du blé, mais la larve passe plusieurs mois dans l'eau sans périr, et, desséchée, elle reste en état de vie latente ; dans cette con- dition, elle peut attendre plusieurs années même, que l'humidité lui rende les manifestations de la vie, et lui permette de s'intro- (1) Ch. Robin, Comptes rendus de la Soc. biolog., 2e série, 185S, t. Il, p. 33. (2) John M'Clellaild, The Calcutta joum. of nalural historyt 1811, vol . I, p. 366, 'Remarks on dracunculus. (3) Forbes, Trans. of Bombay, t. î, p. 216, cilé p.ir Vogelj ouvv. cit., p. 407, note. 108 AFFECTIONS VEBMINEUSES DU TISSU CELLULAIRE (luire dans une nouvelle plante de blé, hors de laquelle elle ne peut se développer et devenir adulte (1). Un ver ncmaloïde qui vit chez les insectes comme la filaire chez l'homme, le merm,is, se trouve, à l'état de larve, dans la terre ; si cette larve rencontre l'insecte qui doit la nourrir, elle pénètre à tra- vers ses téguments, séjourne et se développe dans ses tissus ; devenu adulte, le inermis quitte enfin son hôte pour aller déposer ses œufs dans la terre où ils éclosent. Ainsi, comme l'anguillule du blé, dès qu'elle quitte son séjour nor- mal, la filaire à l'état adulte périt, et comme cette anguillule, à l'état de larve elle vit dans l'eau et se dessèche sans périr, et sans doute, elle peut attendre longtemps aussi l'occasion de s'introduire dans un séjour hors duquel elle n'arrive point à l'état adulte; comme le mermis, elle s'introduit sous les téguments de son hôte et le quitte lorsque, complètement développée, elle n'a plus qu'à verser au dehors les embryons qui la propagent. Le séjour que fait la larve hors du corps de l'homme rend donc raison de l'influence des agents extérieurs sur la propagation de la filaire : l'humidité est nécessaire aux manifestations de la vie, à la locomotion; la chaleur est nécessaire, sans doute, à la prolongation de la vie, à l'énergie de ses manifestations. Ici se présente une question importante : les embryons expulsés du corps de la filaire-mère ne peuvent-ils immédiatement s'intro- duire dans les- chairs et s'y développer? Nous croyons devoir ré- pondre négativement pour deux raisons : la première, c'est que la rupture d'une filaire dans un membre n'est pas suivie d'une nouvelle génération de filaires, nous en apporterons les preuves ci-après; la seconde, c'est que ce -ver ne se propage pas dans les pays du Nord, quoique la larve puisse y vivre dans l'eau pendant plusieurs jours. Nous regardons comme probable, d'après ces faits, que la larve ac- quiert un certain développement hors du corps de l'homme avant de s'y introduire pour atteindre l'état adulte, et que la chaleur tropicale est nécessaire à l'accomplissement du développement au dehors. En général, les médecins qui ont eu sous les yeux la filaire de l'homme ne l'ont point regardée comme un corps de nature inanimée, et ceux qui l'ont observée dans les climats tropicaux ne l'ont point considérée comme le produit d'une génération spontanée; plusieurs (1) Davaine, Recherches sur l'anguillule du blé niellé, mém. couronné par l'In- stitut, dans Mém. Soc. biologie, 1856. INTERORGANIQUE. — LA FILAIRE DE L' HOMME. 709 ont pensé que ce ver s'introduit du dehors dans le corps humain, mais ignorant la petitesse microscopique de la larve, ils se sont sou- vent bornés à de vaines discussions sur la présence ou sur l'absence du dragonneau dans les eaux des localités où il est endémique. Lœfïïer dit qu'il n'a pas appris qu'en Afrique on l'eût jamais ob- servé clans l'eau (1); Lind, qui a examiné celle de plusieurs con- trées habitées par la filaire, n'y a jamais vu le moindre vestige de ces vers (2). Dans la plupart des contrées où règne la filaire c'est une opinion accréditée qu'elle se gagne par l'eau, soit appliquée à l'extérieur du corps, soit ingérée dans l'estomac. Au cap Corse d'après Heinzel, à la côte de Guinée d'après Blom- mers etBosman, à Sierra-Leone d'après Moore, à Ormus d'après Kœmpfer, en Perse et surtout à Benarou d'api es Chardin, etc., la mauvaise eau que l'on boit dans la saison des pluies ou celle que l'on recueille dans des citernes est la cause de la fréquence du dra- gonneau. Niebuhr rapporte que dans l'Yemen on fait filtrer ce liquide à tra- vers de la toile pour se préserver des atteintes de la filaire; Arthus raconte que les habitants de l'île d'Ormus font, pour cette raison, puiser de l'eau de mer à dix -huit toises de profondeur ; Gallandat affirme que ceux qui ne boivent pas d'eau en Guinée ne sont pas at- taqués de la filaire ; Bernier, voyageant dans l'Inde, emporte avec lui de l'eau pure du Gange, pour ne pas faire usage de la mauvaise eau de la route qui engendre, dit-il, des vers dans les jambes. Dans les provinces du Sennar et du Cordofan, les personnes qui sont le plus généralement affectées du dragonneau, sont, d'après M. Ferrari, chirurgien-major au service de l'Egypte, celles qui se baignent dans les eaux stagnantes qui couvrent le sol du pays ou qui s'abreuvent de ces mêmes eaux (3). « Les habitants du Cordofan, du Sennar et du Darfour, dit Clot-Bey, l'attribuent aux pluies abondantes qui ont lieu en avril, mai et juin. Ils prétendent qu'on le contracte dans (1) Mém. cil. et Bremser, Vers intestinaux de l'homme. Paris, 1824, p. 210. (2) L'eau examinée au microscope par Lind, lui avait été envoyée du Sénégal, de Gambie et de Sierra-Leone. Elle était très corrompue et Lind n'y trouva pas le moindre vestige d'animalcules; il en conclut que la putréfaction les avait tués (ouvr. cil.,l. I, p. 83). Ce genre de recherches ne pouvait évidemment mener à rien, car il existe dans les rivières des anguitlules en grand nombre que l'observa- teur aurait pu prendre pour de petits dragonneaux. (3) Lettre de M. Ferrari, chirurgien-major, à M. Clôt, médecin en chef des armées ; Clôt, mém. cit., p. 23. 710 AITKCTIONS VEBMlNEOSliS DU TISSU Clil.LULAIMi certains lacs d'eau stagnante, et leur opinion est partagée par quel- ques médecins qui ont voyage" dans cette contrée. Les uns et les au- tres pensent que le ver dont nous parlons n'est autre chose qu'un petit animalcule qui s'attache à la peau des individus qui se baignent dans ces eaux, s'y introduit et s'y développe sous la forme et avec l'étendue que nous lui remarquons. J'ai demandé si cet animalcule avait été aperçu , mais tous se sont bornés à croire à son existence sans chercher à s'en convaincre (1). » D'après Burckhardt, les nè- gres dans le Schendi gagnent la filaire en se baignant dans le Nil (2) ; enfin au Sénégal, c'est une opinion généralement reçue que les nègres la gagnent en se plongeant dans l'eau du fleuve (3). L'influence de l'humidité sur la propagation de la filaire est con- firmée par l'observation suivante : « En 1820, Mohammet-Aly, dit le docteur Maruchi, fit partir pour le Cordofan une expédition mili- taire commandée par Mahomet-Bey Deftardar, son gendre. Je suivis ce dernier en qualité de médecin particulier et séjournai trois ans au Cordofan avec lui. J'avais lu plusieurs observations de dragonneau, et j'espérais me trouver à même de le traiter chez nos soldats; mais deux ans s'écoulèrent sans qu'il se manifestât chez aucun d'eux. Ce ne fut que dans le courant de la troisième année, après des pluies extraordinaires , que je le vis se déclarer, et en si grand nombre que le quart des troupes en fut atteint ; j'en fus malheureusement attaqué moi-même sur vingt-huit points du corps... » « J'observai, ajoute le docteur Maruchi, (ce qui est constaté par l'expérience) que les indi- vidus qui en sont le plus fréquemment atteints, sont ceux qui habi- tent un sol couvert d'eau stagnante ; ceux qui ont leur demeure sur les rives du fleuve Blanc sont rarement sujets à cette maladie (4). » Comment concevoir l'apparition subite de toutes ces filaires autre- ment que par la révivification des larves qui, desséchées, restaient à la surface du sol en état de vie latente^ l'intervention de l'eau pour rendre à ces larves leurs propriétés vitales est nécessaire, aussi re- gardons-nous comme l'expression de la vérité l'opinion presque una- nime des médecins qui ont visité les contrées tropicales, opinion qui (1) Clôt, mém. cit., p. 7. (2) Bilharz, mém. cit., p. 53. (3) Au Sénégal, dit M. M'", les noirs qui se plongent le plus fréquemment dans l'eau sont aussi ceux qui sont d'ordinaire atteints.... Galam et Backcl, d'où pro- viennent ces noirs, sont situés aux cataractes du Sénégal, à 250 lieues de Saint- Louis (Cezilly, thèse citée, p. 31). (4) Lettre du docteur Maruchi, médecin de S. E. le Defiardar-Dey, à M. Clôt, médecin en chef; Clôt, Mém. cit., p. 29-31. INTERORGANIQUE. — LA ITLAIRE DE L'HOMME. 711 attribue aux pluies, à l'humidité, aux inares, aux ruisseaux et aux fleuves l'apparition ou la fréquence de la filaire; toutefois ce n'est probablement point par l'estomac et avec les boissons que la larve arrive dans le corps humain. Le siège ordinaire de la filaire dans les parois du tronc et princi- palement dans les membres inférieurs nous dispose à croire que ce ver s'introduit par les téguments ; ceci s'accorde autant avec les opi- nions et les faits rapportés ci-dessus, qu'avec les observations dont nous allons parler. Le baron de Jaquin (1) et Cromer citent des personnes qui, n'ayant pas bu de l'eau des pays infestés par la filaire, ont néanmoins été atteintes de ce ver. Les docteurs Heath (2) et Anderson (3) disent que les officiers qui ne se promènent pas et ne se couchent pas sur la terre les pieds et les bras nus, ne sont pas affectés de la filaire. Enfin le docteur Chisholm rapporte un fait que peut seule expliquer l'intro- duction des larves par la peau : dans l'Inde les Bheesties (porteurs d'eau) portent l'eau sur leur dos dans des sacs de cuir ; or, on a ob- servé que ces hommes sont fort souvent affectés du ver de Guinée dans les parties qui sont en contact avec le sac (4). Quelques auteurs, parmi lesquels on peut citer Jordens et Cha- potin, ont pensé que cet entozoaire, encore jeune et très petit, s'in- troduit par les pores de la peau. Les connaissances actuelles rela- tives à l'embryon de la filaire et à la structure de nos téguments viennent confirmer plutôt qu'infirmer cette opinion : la larve de la filaire ayant un centième de millimètre d'épaisseur, peut sans doute s'introduire dans le conduit excréteur d'une glande sudoripare dont le calibre est d'un centième de millimètre, et probablement plus con- sidérable encore dans les pays chauds ; elle arriverait par ce canal jusque sous le derme. Elle pourrait encore s'introduire dans la gaîne des poils qui la conduirait également jusque dans les tissus sous- dermiques (5). (1) Bremser, p. 216. (2) Thomas Heath, Observ. on the génération of guinea-ivorm, in Edinb. med. andsurg. journ., vol. XII, p. 120, 1816. (3) Voy. Dubois, Além. cil., et Brief and Anderson. Nebst dem anhoorlschreiben etc., in Hufeland's journ., 1813, nov. und dec. S. 112, cité par Bremser, p. 215 et 559. (4) Chisholm, in Edinb. Journ. ,\o\. II, cité par J. Johnson, omit, infracit., p. '266. (5) Un poil de la jambe a huit centièmes de millimètre de diamètre, plus ou moins; il est implanté dans le follicule assez lâchement pour que l'embryon delà 712 AFFECTIONS VERMINEUSES DU TISSU CELLULAIRE Plusieurs auteurs ont admis la transmission du ver de Médinc par contagion : c'est l'opinion du docteur Rouppe, au dire deLind qui conseille, en conséquence, aux Européens d'éviter toute communica- tion avec les nègres atteints de ce ver (1). Gregor et Ninian Bruce sont également portés à croire que cette maladie est contagieuse (2). Le docteur James Johnson donne le conseil d'éviter le contact des individus atteints de la filaire parce qu'il y a, dit-il, de grandes raisons de croire que cette maladie se propage par contagion quand elle a été produite par une autre cause (3) ; mais les faits qui ont conduit à cette opinion, ayant été observés dans des contrées où la filaire règne endémiquement, ne peuvent permettre une conclusion rigoureuse. Les observations faites en Egypte, où la filaire n'est pas endé- mique, ont beaucoup plus de valeur dans la question qui nous oc- cupe. « Je dirai d'abord sans émettre aucune opinion exclusive, dit Clot-Bey, que les faits semblent nous autoriser à croire que cette maladie se communique par contagion. Le dragonneau n'est pas endémique en Egypte, et ce qui vient à l'appui de mon assertion, c'est qu'on ne le voit se développer que chez les Arabes qui sont en rapport avec les nègres et jamais chez les individus qui n'ont pas de communication avec ces derniers... Il y a plus : j'ai re- marqué que cette affection devient moins intense, moins fréquente et cesse tout à fait à mesure qu'on s'éloigne de l'époque où les nègres ont été incorporés dans les régiments arabes. Ces nègres eux-mêmes cessent d'être sujets à cette maladie, lorsqu'ils sont acclimatés et qu'ils ne sont plus en rapport avec ceux de leurs compatriotes ré- cemment arrivés en Egypte. Nous n'avons pas vu depuis quelques années un seul cas de dragonneau dans les hôpitaux, par la raison qu'on a cessé d'incorporer des nègres dans l'armée (4). » Plusieurs autres médecins qui ont vécu en Egypte ont cru à la contagion de la filaire : « Le docteur Dussap, chargé en chef du service médical de l'armée d'Egypte en 1822, donnait ses soins filaire puisse s'introduire sans difficulté entre la gaîne et la racine; or, comme le bulbe est souvent situé sous la peau, il s'en suit que la filaire pourrait arriver dans le tissu cellulaire sous-cutané sans avoir besoin de perforer les téguments. (1) Lind.oww. cit., t. I, p. 71. (2) Mém. cit. et Bremser, p. 216. (3) James Johnson, The influence of tropical climales on Européen constitu- tion, etc., Loudou, 1821, p. 226. (4) Clot-Bey, ouvr. cit., p. 12. INTERORGAlNIQUE. — LA. FILA1RE DE L'HOMME. 715 clans l'hôpital de Souan à plus de quatre cents individus affectés du dragonneau, il contracta lui-même leur maladie en les pansant. L'affection que je viens de nommer et qui paraît être d'une nature évidemment contagieuse parcourut ses périodes. . . », dit M. Cavalier, chirurgien-major au service de Meheomet Aly, et plus loin il ajoute: « Le dragonneau fut transmis des nègres aux Arabes-Égyptiens qui vivaient avec eux. Le docteur Dussap croit à la contagion immédiate du dragonneau, et il en cite entre autres preuves l'observation d'un grand nombre de chiens errants qui, se nourrissant dans l'hôpital des cataplasmes, etc., payèrent eux-mêmes tribut à cette ma- ladie (1). » Le climat de l'Egypte n'est pas tellement différent de celui de la Nubie ou de l'Ethiopie d'où proviennent les nègres dont parle Clot- Bey, que les larves de la filaire ne puissent y retrouver, dans cer- tains cas ou dans certaines saisons, les conditions de température et par suite de vitalité nécessaires à leur transmission ; mais ces con- ditions sont sans doute trop peu durables pour que les larves puis- sent vivre longtemps libres et pour que le ver se perpétue à l'état d'endémie. Ces conditions, inconnues dans les climats septentrionaux, ne permettraient jamais dans les pays du Nord la transmission par contagion. Dans les contrées où la filaire est endémique, on l'observe beau- coup plus communément dans certaines années que dans d'autres. Dans l'Inde, il se développe de véritables épidémies de ce ver qui envahissent jusqu'à la moitié de la population d'un village ; nous avons vu qu'une épidémie de ce genre atteignit le quart d'une armée égyptienne en campagne dans le Cordofan. Des épidémies de dragonneau ont été signalées non-seulement dans des contrées où ce ver existe à l'état d'endémie, mais encore dans des régions où ce ver n'existe point endémiquement. Ainsi (1) CIot-Bey, ouvr. cit., p. 19, obs. vi, recueillie par M. Cavalier, chirurgien- major. M. Clôt (p. 8) dit avoir observé aussi la Glaire chez les chiens dans les mêmes conditions. Dœrssel, au rapport de Hussem, a vu la filaire chez le chien une fois à Buenos- Ayres (est-ce bien la filaire de l'homme?) une autre fois à Curaçao (cité par Gervais et Van Benedeu, ouvr. cit., t. II, p. 135). MM. G. et V. B. ne donnent pas l'in- dication bibliographique du mém. de Hussem ; elle se trouve dans Rudolphi, bi- blioth. n°214. — B. Hussem, Aanmerliïngen betreffende den Dracunculus, in Ver- hand. van het Genootsch le Vlissïngen, 2, Deel. (Middelburg, 1771 , 8), p. 443 464. 71/i AFFECTIONS VKUMINF.USCS DU TISSU CELLULAIRE Ferg rapporte que « dans l'année de 1801 à 1802 deux cents nègres de l'habitation de Beninenbourg (Guyane) furent atteints el en moins de cinq mois, des effets de ce ver, qui ne se manifesta que dans cette seule habitation et dans aucune autre de la colonie. On y observa les accidents les plus graves et qui devinrent mortels chez plusieurs su- jets faibles. Un semblable phénomène avait déjà été remarqué dix ans auparavant (1). » Cette épidémie, observée dans la Guyane hollandaise, ne tiendrait-elle point à la contagion de quelque filaire importée par un esclave arrivant de la côte d'Afrique? On conçoit que, dans ce climat équatorial, le dragonneau puisse trouver des conditions analogues à celle qui le propagent dans les climats tropi- caux de l'ancien monde. CHAPITRE IV. CONSIDERATIONS SUR LA FRÉQUENCE, LE NOMBRE, LE SIÈGE, LA SITUATION ANATOMIQUE, LA DURÉE DE LA FILAIRE. Dans les climats oùla filaire se propage, tous les hommes, quel que soit leur âge ou leur sexe, à quelque race ou à quelque pays qu'ils appartiennent, y sont également sujets. L'invasion du dragonneau est quelquefois un véritable fléau par la proportion des individus qui sont atteints. Nous avons vu que dans le Cordofan un quart de l'armée de Mahomet-Bey en fut subitement frappé. A Latimunculum, dans le district de Karnatik et de Ma- dura (Indes orientales), Dubois estime que la moitié delà population de certains villages est attaquée de ce ver. A Bombay, d'après Gregor, trois cents soldats du 86e régiment anglais furent atteints du dragonneau à l'époque de la Mousson, et dans le 88e qui remplaça le précédent, 161 hommes sur 360 en furent attaqués. D'après le baron de Jaquin, à l'île de Curaçao, le quart de la population tant noire qu'indigène est affecté du dragonneau (2). Le nombre de filaires dont l'homme peut être atteint est très va- riable; c'est une erreur, qu'il est à peine utile de relever, que celle (l)Ferg, Remarques sur les insectes de Surinam dont la piqûre est nuisible, dans Diblioth. méd., Paris, 1814, ami. XI, t. XL1II, p. 100. Exilait des Ann. de méd., de Harles. (2) Bremser, ouvr. cit., p. 213 et 214. INTERORGANIQUE. — LA FJLAIRE DE L'HOMME. 715 de Chardin qui attribue à ce ver d'être ordinairement solitaire (1). Les faits contraires abondent et peut-être sont-ils les plus fréquents. On trouve fort souvent dans les cas rapportés par les auteurs, la mention de deux, trois ou quatre filaires siégeant soit dans un même membre soit dans les deux membres inférieurs, ou quelquefois dis- séminés clans diverses parties du corps. On en a vu trente, quarante, et jusqu'à cinquante chez le même individu (2). Ces vers se dénon- cent tous à la fois ou successivement, mais généralement dans un espace de temps très court, ce qui permet de conclure qu'ils appar- tiennent à la même génération. La filaire envahit le plus ordinairement les membres inférieurs, rarement les membres supérieurs, les parois du tronc ou la face. On ne la rencontre point dans les viscères de la poitrine ou du ventre, Dans le relevé de 181 observations fait par Grégor, ledragonneau s'est montré : Aux pieds 124 fois Aux jambes 33 Aux cuisses 11 Au scrotum , 2 Aux mains , 2 La filaire a été observée dans le mésentère (cas unique jusqu'au- (lj Chardin, ouïr, cit., t. III, p. 213. (2) Kcempfer a extrait dix vers à un jeune homme ; il eu a quelquefois extrait trois, quatre et cinq de la même jambe ; — suivant Bosman le nombre de filaires chez un individu est quelquefois de neuf et de dix ; — Arthus en a souvent vu dix à douze qui se présentaient à la fois sur différents points du corps; — Gallandat rapporte le cas d'un matelot chez lequel il put en extraire successivement cinq; — il est rare, dit Bajon, que ceux qui sont attaqués du dragonneau n'en aient qu'un ; il en a vu souvent deux, trois, quatre. Chez un nègre qu'il traita, il y en avait un si grand nombre que pendant un certain temps, douze vers sortaient à la fois. — II n'est pas rare de rencontrer dix et douze dragonneaux chez le même indi- vidu, dit Clot-Bey — Le chirurgien de marine Margain en a vu quatorze dans dif- férentes régions du corps chez un noir récemment arrivé de Backel. — M. Amou- retti, à Podor (Sénégal), en a extrait six d'une longueur moyenne de 25 centimètres; tous les six de la main, qui a été ensuite frappée de gangrène. — Andry (ouvv. cit., t. I, p. 130) cite le cas d'un soldat hollandais qui avait aux jambes vingt-trois de ces vers, quelques-uns avaient plus de deux aunes de longueur. — Le docteur Maruchi, dans le Cordofau, fut attaqué du dragonneau sur vingt-huit points du corps différents. — Hemmersam cite un cas où il y enavait trente. — Rhazès a parlé d'un malade qui avait quarante de ces vers. — Avicenne dit qu'on eu a quelquefois vu chez un seul individu quarante ou ciuquaute. — Pouppé -Desportes a vu un cas où il y en avait cinquante. 716 AFFECTIONS VKRMINEUSES DU TISSU CELLULAIRE jourd'Iiui) par Primer qui rapporte le fait en ces termes : » Une fois seulement nous trouvâmes le ver dragonneau dans le cadavre d'un jeune nègre, en arrière du foie, entre les feuillets du mésentère. La partie postérieure était facilement reconnaissable; la partie anté- rieure passait au-dessus du duodénum et s'étendait presque au cœcum, en formant beaucoup de circonvolutions qui finissaient par une sorte de peloton. Elle était entourée d'une masse noueuse, presque cartilagineuse, ayant l'apparence d'une capsule (Kapsel) (1) . » La filaire a été vue à la tête, au cou et au tronc par Peré ; dans l'orbite, au nez, à la langue, à la verge, etc., par divers observa- teurs. Dans la plupart des cas la filaire est superficiellement située ; elle occupe alors le tissu cellulaire sous-cutané et peut être distinguée à la vue et au toucher, comme une petite corde tournée en spirale ou serpentant sous les téguments de la partie affectée. Dans des cas plus rares elle est profondément placée dans les parties charnues. Lorsque ce ver est très long (il atteint souvent un et même deux mè- tres et au delà), il apparaît sous la peau, s'enfonce dans les parties profondes et reparaît plus loin sous les téguments. « Cromer, dans des autopsies cadavériques, l'a vue entourer les nerfs et les ten- dons. » Guénot, médecin de Paris, a rapporté en ces termes le résultat de l'autopsie d'un homme mort à la suite de la rupture de la filaire : Aperto cadavere, periostium inflammatum deprehensum est, cui plane adheerebat istud, quidquid fuerit, funiculi instar, juxta mal- leolum in gyros quinque vel sex contorquebatur, inde recta ad genu porrigebatur, quo in loco iterum in circulos refiexum tandem ad os coccygis fere, aut saltem ischii, protendebatur (2). » La filaire reste plus ou moins longtemps dans le corps humain avant de donner aucun indice de son existence. Cette période latente, d'après les observations que nous avons compulsées, ne paraît pas d'une durée moindre que deux mois. Le 88e régiment dont parle Gregor, venant remplacer à Bombay le 86e qui était décimé par le dragonneau, n'eut qu'un seul homme atteint dans les deux mois de séjour qu'il fit dans cette ville; mais, à partir de cette époque, le ré- giment s'étant embarqué, 161 hommes sur 360 furent successive- (1) F. Fruner, Die Kranhheiten des OrienVs, Erlangen, 1847, in-S", p 250. (2) Velschius, op. cil., p. 312. INTERORGANIQUE. — LA FIL AIRE DE L 'HOMME. 717 ment atteints. Lachmund dit que les soldats hollandais qui tiennent garnison au château de Mourre ne sont généralement infestés de la filaire que dans la seconde ou la troisième année de leur séjour. Paton rapporte que le vaisseau sur lequel il était embarqué, ayant quitté Bombay le 15 août (1804), aborda à Canton où l'on déposa un homme atteint de la filaire le 5 janvier (1805) ; ayant mis à la voile le même jour, aucun homme de l'équipage ne descendit à terre avant l'arrivée à Sainte-Hélène, le 2 avril. Dans cet intervalle, aucun nou- veau cas de filaire ne s'était déclaré. Le 2 mai, un homme en fut at- teint et successivement vingt-cinq autres eurent la filaire. Or, cet en- tozoaire, n'existant pas à Sainte-Hélène, n'avait pu être gagné qu'à Canton ou à Bombay, mais très vraisemblablement dans cette der- nière ville où la filaire est endémique. C'est donc un intervalle de huit mois et demi à partir de Bombay et de quatre mois à partir de Canton. Ces faits sont confirmés par les observations de Morehead, qui a relevé pendant six ans, tous les cas de dragonneau, survenus dans un régiment en garnison à Kirkee (Inde) (I). (1) Le 4e régiment de dragons n'avait point eu de cas de Glaire à Kaira, où il tenait garnison. Il arriva à Kirkee en février 1827 ; ce n'est que plus d'un an après que les premiers dragonneaux apparurent. Le tableau suivant montre les épo- ques de leur apparition : 1S27 1828 1829 1830 1831 1832 » 1) » 3 2 3 1 » 3 » 1 )) S 5 2 1 » » 1 2 1 1 5 7 57 64 48 26 Mai Juillet 8 6 14 4 ~2Û Dans l'année 1832, sur les 211 malades, 72 furent admis pour la seconde fois et 6 pour la troisième (Morehead, mém. cit., p. 425). Quelle est la cause qui a donné tout à coup, en 1832, un aussi grand nombre de malades? l'auteur dit n'avoir pu la reconnaître. Quoi qu'il en soit, on voit par ce 718 AlTKC.TIoNS VEttMÎNEUSES DU TISSU CEtXULAIttÉ La filaire n'occasionne d'accidents que lorsque ses embryons sont formés. Quelque rapide que soit le développement de la larve intro- duite dans les chairs, ce n'est pas en peu do jours que les organes génitaux se développent et que les ovules parcourent leur complète évolution ; aussi ne pouvons-nous admettre l'assertion de M. Ferrari qui prétend que les personnes qui ont gagné le dragonneau en se baignant dans les eaux stagnantes du Sennar et du Cordofan res- sentent, au bout de quelques jours, un sentiment de cuisson suivi de rougeur et de tumeur dans la partie où le ver se développe (1). Quant à la durée extrême du séjour de la filaire dans le corps humain, elle peut être très longue : Blommers, Arthus, Cromer, Bernier, Labat, etc , la portent à un an et au delà ; Clot-Bey parle d'un individu qui avait quitté le Sennar depuis onze mois lorsque la filaire se manifesta; Stedman, aux Etats-Unis, l'a vu paraître chez un matelot qui avait quitté l'Afrique depuis un an ; Paton donne l'histoire d'un malade chez qui elle ne parut qu'après quinze mois : enfin Kœmpfer cite l'exemple d'un individu chez qui ce vern'apparut que la troisième année. Suivant cet observateur, la filaire se déve- loppe \Au$di/fîcilement (plus lentement sans doute) chez l'individu qui en a emporté le germe dans d'autres régions (2). CHAPITRE V. PHÉNOMÈNES PATHOLOGIQUES. Le premier phénomène par lequel s'annonce la filaire est généra- lement une démangeaison désagréable de la partie occupée par le ver; il s'y développe bientôt après une tumeur qui prend les caractères d'un furoncle. Dans certains cas, la formation de la tumeur est pré- cédée de malaise, de maux de tête ou d'estomac, et de nausées. » Lorsque le dragonneau siège dana les endroits presque dépourvus de parties molles, comme les doigts, les articulations, dit Clot-Bey, il produit des douleurs vives ; quand, au contraire, il est profondé- ment placé dans les parties charnues, il détermine un engorgement indolent qui peut persister plusieurs jours et même plusieurs mois. tableau que les cas de filaire n'ont paru qu'après plus d'un an dé séjour à Kirkéé et d'un autre côté que les mois d'hiver en sont exerilpts. (1) Clôt, lelt. cit., p. 23. (2) Kœmpfer, ouvr. cit., p. 531. INTERORGANIQUE. — LA FILAIRE DE L'HOMME. 719 Dans tous les cas, lorsqu'il est près de s'ouvrir une issue, les dou- leurs deviennent intenses, des symptômes généraux se développent, la partie s'enflamme, et il survient une petite tumeur qui s'abcèdc au bout de quelques jours pour éliminer une portion plus ou moins grande de l'animal. Quelquefois cette tumeur est plus volumineuse, et le ver qui s'y trouve pelotonné sort en totalité; dans d'autres cas, assez rares pourtant, il ne se présente pas d'abord et semble faire douter de son existence ; mais il se montre peu de jours après, ou donne lieu à un nouvel abcès peu éloigné du premier. La suppuration qui en découle est séreuse (1). » Le diagnostic de l'existence de la filaire est quelquefois fort diffi- cile, et ce n'est que par l'apparition d'une portion du ver au dehors qu'on reconnaît la nature du mal. Sous la conjonctive, la filaire se laisse facilement apercevoir, et peut être reconnue avant d'avoir occasionné aucun accident. Lorsqu'elle est superficiellement placée sous la peau, à la verge, par exemple, et qu'elle détermine des dou- leurs, elle pourrait être prise pour une veine ou pour un vaisseau lymphatique enflammés; dans l'aine la tumeur qu'elle produit a pu être confondue avec le bubon ; enfin dans certains organes comme le nez ou la langue, la filaire n'a été reconnue que par son apparition au dehors. Des exemples de dragonneaux observés dans les parties les plus rarement exposées à l'invasion de cet entozoaire, feront connaître mieux qu'une description la physionomie que revêt la maladie dans telle ou telle région du corps. A. — Cas de filaire dans l'orbite et sous la conjonctive. Ier Cas (Bajon). « Dans le mois de juillet 4 768, le capitaine d'un bateau de la Guadeloupe, amena chez moi une petite négresse, âgée d'environ six à sept ans, et me pria d'examiner un de ses yeux, dans lequel on voyait remuer un petit ver de la grosseur d'un petit fil à coudre ; je l'examinai et j'observai, en effet, un petit animal, qui avait près de deux pouces de long; il se promenait autour du globe de l'œil, dans le tissu cellulaire qui unit la conjonctive avec la cornée opaque. En l'excitant à se mouvoir, je m'aperçus que ses mouvements n'étaient point droits, mais tortueux et obliques ; la couleur de cet œil n'était point changée, et la petite négresse disait ne sentir aucune douleur lorsque ce ver s'agitait ainsi; elle avait cependant un petit larmoiement presque con- tinuel. (I) Clot-Bey, Mm. cit., p. 8-9. 720 AFFECTIONS VERMINEUSES DU TISSU CELLULAIRE » Après avoir réfléchi sur le moyen que je pouvais employer pour lo tirer, je crus qu'en faisant une petite ouverture à la conjonctive, du côté do la tôle de co petit animal, et en l'excitant ensuite à se mouvoir, il sortirait de lui- même. J'exécutai ce projet, mais au lieu de s'engager par l'ouverture que j'avais faite, il passa à côté, et fut à l'endroit opposé à l'incision. Voyant quo celte tentative n'avait pu me réussir, je pris le parti de le saisir au milieu du corps avec de petites pinces en même temps que la conjonctive, je fis ensuite, avec la pointe d'une lancette, une fort petite ouverture à côté de son corps, et, avec une aiguille ordinaire, je le lirai en double : après cette opération, la négresse fut guérie sous vingt-quatre heures (1). » IIe Cas (Bajon). n Dans le commencement de 1771, une négresse ménagère de M. Frimond, gouverneur, m'amena une négresse un peu plus grande que la première. La conjonctive de celle-ci était enflammée et douloureuse ; je l'examinai de près, et je vis un ver un peu plus grand que celui dont je viens de parler, et qui, comme lui, se mouvait autour de l'œil, entre la conjonctive et la cornée opaque; je proposai le moyen que j'avais déjà employé, mais on ne voulut point y consentir, et je ne sais ce que cette négresse est devenue (2). » IIIe Cas (Mongin). « Je fus mandé par M. le comte de Cokburn, pour voir une négresse de son habitation, qui se plaignait d'une douleur très piquante dans l'œil, sans presque d'inflammation depuis environ vingt-quatre heures. Au premier aspect, je vis un ver qui me paraissait serpenter sur le globe; mais, voulant le saisir avec des pinces, je m'aperçus qu'il était entre la conjonctive et l'albuginée, et, lorsqu'il s'approchait de la cornée transparente, les douleurs étaient plus vives. Pour l'extraire, j'ouvris la conjonctive et il en sortit par cette ouverture. Il avait un pouce et demi de long et la grosseur d'une petite corde à violon ; il était d'une couleur cendrée, plus gros à un bout qu'à l'autre, et très pointu par ses deux extrémités ; du reste, il n'avait rien de remarquable (3). » IVe Cas(Clot-Bey). « M. Clot-Bey assure avoir observé, en 1828, un dragonneau dans l'œil, sur une négresse arrivée d'Afrique depuis cinq à six ans et esclave à Monpox, ville située sur les bords de la Magdelaine. Le dragonneau était logé dans l'orbite même de l'œil, et avait déterminé une inflammation bien moindre qu'on n'aurait pu s'y attendre. On ne le voyait pas constamment ; de temps en temps seulement il s'avançait de l'angle externe de l'œil vers la prunelle, en glissant entre la sclérotique et la conjonctive ; arrivé à la cornée transpa- (1) Bajon, ouvr. cit., t. I, p. 325. (2) Même ouvr. (3) Mongin, Observ. sur un ver trouvé dans la conjonctive à Mariborou (île Saint- Domingue), Joum. de mcd., 1770, t. XXXII, p. 338. 'INÏERÔfeGANKjCE: — f.A. I^TLA-tRE DE L'HOMME. 724 renie, il se repliait en suivant le contour de cette dernière et en se dirigeant en haut (1). Ve Cas (Guyon). Il s'agit de deux vers observés par le docteur Blot à la Martinique sur une négresse originaire de Guinée. Ces vers se mouvaient avec agilité entre la sclérotique et la conjonctive; ils furent extraits au moyen d'une incision pra- tiquée sur cette dernière membrane (2). Le docteur Guyon reçut deux ans après sur ce fait les nouveaux renseignements que voici : « la jeune malade portait deux vers qui tous deux étaient logés dans la conjonctive de l'œil gauche. La jeune fille assurait qu'ils passaient d'un œil à l'autre, ce qu'elle sentait aux forts picotements qu'elle éprouvait alors dans le trajet qui existe entre ces deux parties, à la hauteur de la racine du nez. Tout ce que je puis assurer à cet égard, me mande le médecin qui a fait l'extraction des vers, le docteur Block, c'est que lorsque je fus appelé par la malade pour lui examiner les yeux, elle avait un ver dans chaque œil , que je procédai d'abord à l'extrac- tion du ver de l'œil gauche et quelques heures après, m'étant présenté pour faire l'extraction de l'autre, il n'y était plus ; il était passé, disait la malade, dans l'œil gauche, où, en effet, j'en aperçus un autre, dont je fis l'extraction par une petite incision que je pratiquai à côté de celle qui m'avait servi pour la sortie du premier ver (3). » VIe Cas (Sigaud). Sigaud rapporte avoir vu au Brésil, avec le docteur Christ. Jos. dos Santos une filaire dans l'orbite au-dessus de la sclérotique, chez une négresse (4). Plusieurs cas de vers nématoïdes développés, soit dans l'œil, soit dans ses annexes, ont encore été rapportés par différents observa- teurs ; mais ces entozoaires ne paraissent pas appartenir à la filaire de Médine (voy. liv. IV, part. i). B. — Cas de filaire au nez. Parmi les organes dans lesquels il rapporte avoir quelquefois observé la filaire, Clot-Bey cite le nez (5). M. Perron nous a dit avoir vu en Egypte un individu chez lequel la filaire se fit jour par le lobe du nez. (1) Arehïv. gén. deméd., t. XXX, p. 373 et Séances de l'Acad. des sciences, 10 décembre 1833. (2) Compte rendu Acad. des sciences, 1838, 2e semestre, p. 755. (3) Note sur un ver trouvé dans le tissu cellulaire sous-cohjonclival, par M. Guyon, méd.àAlger, Gaz. méd., Paris, 1841, p. 106. (4) Sigaud, ouvr. cit., p. 135. (5) ouvr. cit., p. 8. DiYAlNE, 46 722 AFFECTIONS VERMINEUSES DU TISSU CELLULAIRE C. — Cas de iilairc à la laogue. I. — n Un nègre âgé de douze à treize ans, dit Clot-Bey, fifre dans un régiment, entra à l'hôpital d'Abou-Zabel le II' Cas (Gand). « Le dragonneau était primitivement à la partie supérieure et interne de la cuisse droite. Le malade pendant la traversée avait éprouvé dans cette partie des picotements douloureux, longtemps avant que le ver s'y manifestât ; de là, il avait gagné la verge en sillonnant ; lorsque je fus appelé, celle-ci était engorgée, douloureuse; le malade ne goûtait aucun repos, Mon premier soin fut de combattre l'inflammation au moyen des bains et des applications émol- lientes. Je pratiquai aussi quelques scarifications autour de la verge, ce qui la dégorgea et calma beaucoup les douleurs auxquelles le malade était en proie. Le quatrième jour, je remarquai au-dessus de la couronne du gland un petit point abcédé par où suintait une matière visqueuse. Après quelques recherches, je parvins à découvrir le dragonneau, que je saisis et fixai au de- hors, de la même manière que le précédent. Le traitement fut continué pen- dant près d'un mois; chaque jour j'en faisais sortir une portion, et, à l'époque dite, l'extraction fut complète (2). » G. — Cas de filaire dans l'aine. Cas de Clot-Bey. « Un nègre du Sennar, âgé d'environ dix-neuf ans, en Egypte depuis onze mois, entre à l'hôpital, le 1 0 mai 4 825, se plaignant d'une douleur qu'il rap- porte au fémur de la cuisse droite. Il la ressent depuis douze jours, mais jus- qu'alors elle ne l'a point empêché de faire son service. C'est particulière- ment dans le pli de l'aine qu'il souffre le plus vivement, et là même on ob- serve une tumeur qui simule assez bien un bubon ; il y a fièvre et irritation dans l'appareil gastrique. Le malade est mis à la diète et à l'usage des bois- sons rafraîchissantes ; un cataplasme est appliqué sur la tumeur, et l'on insiste sur ces moyens. Le 4 6, la tumeur s'abcède naturellement et donne issue à une assez grande quantité de pus séreux, ainsi qu'à une portion de dragon- neau; le ver est lié comme il a été dit dans l'observation précédente, et le troisième jour, il est entièrement extrait. Sa longueur est de six pouces (3). » H. — Cas de filaire à la main. I; — Avicenne dit avoir observé un cas de filaire à la main. II. — Ruysch conservait dans son musée anatomique une main disséquée avec une filaire. (1) Clôt, ouvr. cit., p. 16, obs. iv. (2) Gand, chirurgien-major dans l'armée d'Egypte, Lettre à Clot-Bey, ouvr. cit., p. 27. (3) Clôt, ouw. cit., p. 44, obs. il. IJNTERORGANIQUE. — LA. FILAIRE DE L'HOMME. 725 III. — Àmouretli observa chez un nègre six Maires dans la main, qui fut frappée de gangrène (1). IV. — Dussap, dont nous avons parlé déjà, fut atteint d'une filaire à la main, o Les premiers symptômes s'annoncèrent d'abord par un prurit dou- loureux sur la face dorsale de la première phalange du doigt indicateur de la main gauche; un gonflement vésiculeux avec douleur ardente succéda, et fit de jour en jour de nouveaux progrès. Le membre correspondant à la partie affectée fut envahi en entier. La main était surtout le siège de douleurs violentes qui arrachèrent au malade, pendant plusieurs jours, les moindres instants de repos. Personne ne soupçonnait encore la nature de la maladie, à laquelle on n'opposa que l'application des cataplasmes émollients et narcotiques, un ré- gime doux et des boissons propres à tempérer la fièvre. Quelques jours se passèrent dans le même état, et la nature ouvrit enfin issue au ver que l'on retira peu à peu et qui fit cesser graduellement, par sa sortie, tous les sym- ptômes inquiétants (2). » V. — M... rapporte que, dans un cas' de filaire à la main qu'il observa au Sénégal, « un phlegmen diffus enleva presque toutes les parties molles, dé- nuda les métacarpiens en respectant les muscles de Féminence thénar, il n'y eut pas d'hémorrhagie. Le traitement dans ce cas dura près de deux mois. » VI. — a Dans un autre cas, un dragonneau plus petit que le précédent s'était logé de telle sorte qu'il était contourné autour du petit doigt sous la peau ; il fit son issue dans l'espace interdigital correspondant, sans accidents inflammatoires (3). » La maladie peut se terminer heureusement et assez promptement, comme nous venons de le voir dans plusieurs de ces observations. Quelquefois la filaire, après s'être montrée dans un abcès, s'enfonce dans les chairs et ne reparaît plus avant longtemps; tel est le cas de Drumont rapporté par Bremser: à la fin de novembre (1791) la filaire qui s'était manifestée par de la douleur et de la gêne, déter- mina un abcès qui s'ouvrit le 17 décembre, et l'on put y sentir la présence du parasite; mais elle disparut bientôt et ne se montra plus qu'au commencement de février, époque à laquelle on put la saisir et l'extraire dans l'espace de vingt jours (4). » Quand l'animal est situé profondément, dit le docteur Clot-Bey, dans quelques cas, tout le membre se tuméfie, des abcès profonds se (1) Cité par Boudin, ouvr. cit. (2) Cas recueilli par M. Cavalier (Clot-Bey, ouvr. cit., p. 19, obs. vi). (3) M*", chirurgien de marioe, dans Cezilly, thèse cit., p. 32. (i) Bremser, Vers intestinaux de l'homme. Paris, 1824, p. 224, 726 AFFECTIONS VERMINliUSKS DU TISSU CELLULAIRE forment et, après leur ouverture, il en résulte des conduits fistuleux, d'où il s'écoule un pus séreux, pendant plusieurs mois, sans que le ver paraisse. Chez deux individus, j'ai vu survenir des douleurs atroces qui produisaient des crampes et des convulsions vainement combattues par les antiphlogistiques, les antispasmodiques et les narcotiques les plus puissants. » J'ai vu plusieurs individus chez lesquels il s'était formé des abcès profonds et des fistules d'où le ver n'était pas sorti, tomber dans le marasme et périr (1). » La gangrène survient quelquefois par suite de l'inflammation des parties affectées, mais le plus souvent elle est produite par la rup- ture de la filaire. La rupture de la filaire encore engagée dans les chairs est un ac- cident des plus graves, trop souvent mortel ; c'est à la suite de cette rupture que Guénot eut l'occasion de faire l'autopsie que nous avons rapportée. Hemmersam, atteint de deux filaires à la jambe droite et d'une à la gauche, put extraire les deux premières sans accidents ; la troisième se fit jour sous le talon ; déjà sortie d'une demi-coudée, elle se rompit et rentra dans la jambe qui se tuméfia d'une manière extraordi- naire. Hemmersam fut quatre mois sans pouvoir ni marcher ni se tenir debout (2) . Cromer éprouva, par suite du même accident, des douleurs telle- ment violentes qu'il dut garder le lit pendant un mois, sans pouvoir dormir ni apaiser une soif ardente qui le décorait. Le célèbre voyageur James Bruce, après la rupture d'une filaire qu'il avait à la jambe, éprouva pendant trente-cinq jours les dou- leurs les plus atroces, et fut une année entière à se rétablir (3). Le docteur Maruchi atteint de vingt-huit filaires à la fois, après avoir éprouvé les symptômes ordinaires de la maladie, parvint à les extraire toutes à l'exception de quatre qui se rompirent : « cet acci- dent me fit éprouver des douleurs atroces, dit-il, les parties se tumé- fièrent dans toute l'étendue des membres; l'inflammation devint des plus intenses, se généralisa, me donna une fièvre continue ; et, à deux reprises, la gangrène se manifesta dans les plaies, sans amener d'au- (i)Dr Ciot, p. II. (2) Hemmersam, dans Velsch, ouvr. cit., p. 315. (3) Au Rapport de Bremser, p. 244 ; je n'ai pas trouvé la mention de ces cir- constances dans le Voyage en Abyssinie de J. Bruce. ÏNTERORGANIQUE. — LA PILAIRE DE L'HOMME. 727 très conséquences qu'une suppuration abondante et de longue durée; avec elle les vers se donnèrent issue par fragments et la cicatrice se forma. Je n'ai employé d'autres topiques, pendant le cours de ma maladie, que les cataplasmes émollients et des plumasseaux enduits de cérat de Galien. » La fièvre continue, les grandes pertes de substance, les dou- leurs aiguës, et la diète que j'observai pendant le cours de cette longue maladie, me jetèrent presque dans un état de marasme qui m'empêcha de faire les expériences que j'avais projetées sur le dra- gonneau, et ne me laissa d'autre désir que celui de retourner en Egypte le plus tôt possible (1). » A la suite des accidents de la rupture du dragonneau, Dubois ob- serva le raccourcissement et des difformités des jambes (2). La gravité de la rupture de la filaire est attribuée par Hunter à la mort de l'animal qui agirait alors comme corps étranger (3). Cette explication n'est pas admissible. Le filament que forment les tégu- ments fibreux de la filaire ne peut agir autrement qu'un fil, qu'un séton passé dans les chairs. Un séton n'occasionnerait probablement point tant de désordres. Il n'est pas bien certain d'ailleurs que la rupture de cet entozoaire en détermine la mort : plusieurs observa- teurs rapportent qu'à la suite de sa rupture, ils ont vu le dragonneau s enfoncer dans les chairs et disparaître ; Hemmersam le dit de celui dont il souffrit si longtemps [disruptus retrocessit). La même chose arriva au dragonneau dont Lister fut attaqué. •< Quand cinq quarts d'aune de cet animal furent extraits, il se déchira par suite d'une trop forte traction ; il s'enfonça alors plus profondément et produisit au mollet une tuméfaction tellement considérable, que l'on craignait la rupture de la peau à cet endroit. Lister avait en même temps des insomnies accompagnées d'une forte fièvre et il fut obligé de garder le lit pendant trente jours. Le dragonneau se montra dans différents endroits du pied ; son chirurgien appliqua des remèdes qui causèrent probablement la mort du ver, et la guérison eut lieu (4). » Gallandat dit, en parlant d'un dragonneau qu'il traitait chez un matelot : « Les plus grandes précautions n'ayant pu empêcher qu'il ne se rompît à la distance d'un demi-pied de longueur, je fus tout (1) Maruchi dans Clôt, p. 30, lett. cit. (2) Mém. cit. et Bremser, p. 243. (3) Hunter, cité par Bremser p. 245. (4) Bremser, Fers intestinaux de t'hommc. Paris, 1824, p. 246. 728 AFFECTIONS VliRMINLUSliS DU TISSU CliLLULAIUK étonné de le voir se procurer une seconde issue, quinze jours après, sans presque aucune inflammation ; j'eus même la satisfaction, cette fois, d'en faire l'extraction sans accident, et d'en voir remuer plu- sieurs fois le bout (1). » " Chez unenégresse, dit le même observateur, le ver situé au coude se rompit; l'inflammation survint accompagnée d'une fièvre et d'un délire si violents qu'il y avait tout à craindre pour la malade... Les symptômes cessèrent entièrement sitôt que le ver se fui fait une autre issue par laquelle je réussis à l'extraire d'un bout à l'autre (2). » M.Maisonneuve, ayant rompu l'extrémité d'une filaire qu'il vou- lait extraire, dit: » Un instant après le ver rentra complètement. » Enfin, M. Cezilly donne une observation dans laquelle une filaire, plusieurs fois rompue, s'est enfoncée chaque fois dans la plaie où elle reparaissait quelques jours après (3) . Ces faits ne sont peut-être pas suffisants pour permettre d'affirmer que la déchirure du ver ne détermine pas sa mort, mais ils suffiront pour laisser dans le doute l'explication de Hunter ; d'un autre côté, quelques médecins ou des guérisseurs cherchent à obtenir la mort du ver par des médicaments appliqués à l'extérieur, et prétendent que la guérison se fait quelquefois sans la sortie de la filaire. D'après toutes ces raisons, l'explication de Hunter ne nous paraît pas admissible, et la cause des accidents redoutables qui suivent la rupture du dragonneau est encore à trouver. Nous sommes disposé à penser que les embryons de ce ver, dont le nombre est prodigieux, se répandant parmi les chairs, provoquent une inflammation vive des parties environnantes, et les désordres consécutifs. Quant à la crainte exprimée par M. Dujardin (4) de voir ces em- bryons se développer et infester le malade de nouvelles filaires, elle est certainement chimérique. Dans les cas rapportés ci-dessus et dans bien d'autres dont nous avons pris connaissance, on n'a point vu de nouvelles filaires apparaître après un espace de temps suffisant à leur développement, c'est-à-dire trois mois, six mois, un an après la rupture de la première. Lorsque ces vers sont nombreux, ils se (1) Mém. cit., p. 25. . (2) Mém. cit., p. 26. (3) Cezilly, Thèse cit., p. 23. (4) M. Dujardin, ouvr. cit., p. 45, s'exprime ainsi : «Dans ce cas si l'on brisait la filaire, le remède serait pire que le mal, puisque tous les petits vivants qui remplissent le corps de cet helminthe se répandraient dans la plaie et pourraient se développer ultérieurement en grand nombre, » LMTEU0R(JAN1<>UE. — LA FILAIRK DE L'HOMME. 729 montrent tous ensemble, ainsi que l'observe Bajon (1), ou bien dans un espace de temps très court, qui ne permet pas de supposer que les uns ont été engendrés par les autres ; dans tous les cas de rup- ture du 'dragonneau qui nous soient connus, la guérison, une fois obtenue, s'est maintenue complète (2). CHAPITRE VI. TRAITEMENT. L'extraction du ver par l'ouverture qu'il s'est formée ou par une incision, a été pratiquée de tout temps. Ce mode de traitement a été indiqué successivement par les médecins grecs, parles Arabes et les modernes. Les médecins indiens emploient l'incision transversale de la peau qui recouvre le ver ; les habitants du Sennar et du Cordofan percent les téguments enflammés avec un fer aigu incandescent; les uns et les autres saisissent ensuite le ver et l'enroulent sur un mor- ceau de bois. Le traitement doit varier selon les parties que le ver occupe, selon sa situation dans ces parties, selon les symptômes auxquels il donne lieu. « Dans les cas simples, dit le docteur Clot-Bey qui a acquis une grande expérience de cette maladie, on peut laisser agir la na- ture et attendre que le ver s'ouvre spontanément une issue ; mais aussitôt qu'il s'en présente une partie, il faut la lier avec un fil de soie qu'on attache à un petit cylindre de diachylon autour duquel on roule le ver, en exerçant des tractions modérées jusqu'à ce qu'on éprouve de la résistance ; les deux extrémités du rouleau sont aplaties et ser- vent à le fixer au voisinage de l'abcès sur lequel on applique un plumasseau enduit de cérat ou un cataplasme émollient, selon le (1) Mém. cit.., p. 334. (2) Il se peut que dans un certain nombre de cas, les malades aient été perdus de vue par le médecin qui a rapporté le fait, mais souvent aussi ce fait a été rapporté plusieurs années après l'accident, par le malade lui-même : tels sont les cas cités ci-dessus de Hemmersam, Cromer, James Bruce, Lister, Maruchi, auxquels j'ajou- terai le cas de Heinzel qui fut atteint au cap Corse de deux fllaires dont l'une se rompit et occasionna des accidents sérieux; le fait fut rapporte plusieurs années après à Velsch parle malade lui-môme; —le casdeDampier qui écrivit l'histoire de son voyage longtemps après son accident {ouur. cit., t. III, p. 340); — le cas de M. Dot, instructeur français au service du pacha d'Egypte, publié plusieurs années après par Clot-Bey; — trois cas rapportés par M. Cezilly, dans lesquels les malades guéris ont été revus environ un an après, etc. 730 AFFECTIONS VliRMINEUSKS DU TISSU CELLULAIRE degré d'irritation. A chaque pansement on fait de nouvelles trac- tions, et l'on continue jusqu'à la sortie entière de l'animal... » Lorsque le ver ne s'est pas fait jour lui-même et qu'il se trouve placé assez superficiellement pour être senti au toucher, on pratique une incision sur son trajet, on le saisit aussi près que possible de son centre, et on le lie comme il a été dit ; de cette manière, on amène ses deux extrémités à la fois (1). » Lœffler, Peré, Ninian Bruce avaient déjà indiqué et suivi cette pratique avec succès. La filaire peut être quelquefois extraite en peu d'heures. Dans le plus grand nombre des cas, cette extraction n'a lieu qu'après huit, quinze et vingt jours. Dans des cas assez rares, ce n'est qu'après un mois et six semaines que l'on parvient à débarrasser complètement le malade. Ces différences tiennent à la longueur du ver et à sa situa- tion dans les parties. Dans quelques cas le dragonneau produit des douleurs atroces ac- compagnées de crampes et de convulsions que ne peuvent calmer les antiphlogistiques, les antispasmodiques ni les narcotiques les plus actifs. Ces accidents cèdent quelquefois, suivant M. Clot-Bey , à l'ap- plication d'un bouton de feu. Lorsque la filaire se rompt, les accidents graves qui surviennent demandent un traitement énergique : des incisions profondes, de larges débridements seraient sans doute les moyens les plus effi- caces; ils auraient encore l'avantage, si les embryons répandus dans les chairs sont la cause des accidents, de leur fournir une issue facile et prompte. M. Dot, instructeur français au service du pacha d'Egypte, atteint au pied droit de plusieurs filaires qui furent déchirées, souffrit de douleurs vives, de fièvre, etc. « Malgré l'emploi des cataplasmes, l'état du pied et de la jambe devient de plus en plus alarmant. Le gonflement est prodigieux, il s'étend jusqu'au-dessus de l'articula- tion du genou. Les douleurs sont intolérables, la fièvre est très in- tense, enfin l'ensemble des symptômes est tel qu'on pense que l'am- putation est le seul moyen de salut ; elle n'est cependant pas prati- quée, on se contente de faire de profondes incisions sur les divers points où se trouvaient les dragonneaux, qui donnent issue à une grande quantité de matière purulo-sanguinolente, ainsi qu'aux por- tions de vers qui n'ont pu être extraites, et dont la longueur est bien (1) Clot, ouvr. cit., p. 10. INTERORGANIQUE. — LA FILA1RE DE L'HOMME. 731 différente. Il n'est resté du premier et du deuxième que quatre pouces environ, du troisième sept, et du quatrième deux. Dès ce moment tous les symptômes s'amendent ; l'état du malade s'améliore de jour en jour par la seule application des cataplasmes et l'usage des bains. Enfin, arrivé au quinzième jour à dater des incisions pratiquées, M. Dot commence à mouvoir son membre et fait quelques pas, et se trouve à même de reprendre ses fonctions (1). » La rapidité de la guérison est remarquable, si l'on compare ce cas à ceux dont nous avons parlé et surtout à celui du docteur Maruchi (voy. p. 726). Les incisions multiples et profondes ne sont sans doute pas étrangères à ce résultat. De nombreux médicaments ont été conseillés et administrés au- tant pour prévenir que pour guérir la maladie. L'asa fœtida a été surtout préconisée comme moyen prophylac- tique ; plusieurs auteurs disent que l'usage de cette substance pré- vient l'invasion de la filaire (2), ou détermine son expulsion plus prompte. D'après Dubois, les brahmanes, qui assaisonnent très for- tement leurs mets avec de l'asa fœtida, ne sont jamais incommodés parle dragonneau (3). L'aloès, l'ail, le poivre, le camphre, le tabac, le soufre, les prépa- rations mercurielles, soit administrés à l'intérieur, soit appliqués à l'extérieur, ont été conseillés et employés ; mais tous ces médica- ments sont restés inefficaces entre les mains d'observateurs judicieux. Les nègres en Afrique et les Indiens, dit-on, font usage de quelques plantes qui déterminent la mort du ver. Ces plantes n'ont point été expérimentées par des hommes capables d'en apprécier l'efficacité ; toutefois M. Ferrari dit avoir employé avec succès celle que l'on con- naît dans le Cordofan sous le nom de sallala (4). L'incinération des filaires, des linges et des pièces de panse- ment, la préservation des pieds contre la poussière ou l'humidité par une chaussure convenable, seraient des moyens prophylactiques à mettre en usage dans les contrées où la filaire est endémique. (1) Clôt Bey, ouvr. cit., p. 20, obs. vu, recueillie par M. Cavalier. (2) Watson, Praticeofphysics, New- York, 1845. (3) Mém. cit. et Bremser, p. 238. (■i) Lettre à Clôt Bey, citée. LIVRE QUATRIEME. * lits dans »i<:s ob6«;a\i;s hhiiibais PREMIÈRE PARTIE. AFFECTIONS VERMINEUSES DE L'AFPAREIL DE LA VISION. L'appareil de la vision, chez divers animaux, possède des vers qui lui sont propres ; mais ceux que l'on rencontre le plus communé- ment chez l'homme et chez les animaux domestiques, sont les ento- zoaires qui vivent dans les cavités séreuses ou dans le tissu cellulaire des autres parties du corps. Nous nous occuperons successivement des vers du globe oculaire, et de ceux des annexes de l'œil. PREMIERE DIVISION. VERS DANS LE GLOBE OCULAIRE. La présence d'un ver dans l'intérieur de l'œil a été signalée pour la première fois par Spigel, en 1622 (1); il s'agit d'une filaire dans l'œil du cheval. En 1782, un nouveau cas de ce genre excita la curio- sité publique aux Etats-Unis. On annonça dans les journaux qu'un cheval avait un serpent dans l'œil; on le fit voir publiquement à Phi- ladelphie. John Morgan (2), et Hopkinson (3) rapportent les circon- stances du fait. Un ver semblable observé à Vienne en 1804, un (1) Rhodius rapporte le fait en ces termes : « Vitreum oculi humorem non in- flaramari tantum, sed etiam putrescere, argumento est, anno 1622, ab. Ad. Spi- gelio reperlus in vitreo humore oculi equi vermiculus... » Joan. Rhodii, Observ. méd., cent. I, obs. lxxxi, p. 53. Patavii, 1657. — Voy. aussi Bonet, Sepulc, lib. I, sect. XVIII, obs. vi, t. I, p. 422. (2) John. Morgan, Sur un serpent vivant dans Vœild'un cheval, in Transact. of the American, philosoph. Society, held atPhiladelphia..., t. II, p. 383. (3) F. Hopkinson, Account of a worm iw horse's eue. Transactions citées ci- dessus, t. II, p. 183 et Med. comment, vol. XI, p. 166, 1784. GLOBE OCULAIRE CHEZ L'HOMME. 733 autre en France en 1812, dans l'œil d'une vache, plusieurs mé- moires publiés de 1815 à 1830 sur l'existence fréquente, aux Indes, d'un ver dans l'œil du cheval et de l'âne, établirent dans la science la réalité d'un fait qu'on eût volontiers relégué parmi les fables. Jusqu'alors il ne s'agissait que d'une filaire dans la chambre an- térieure de l'œil de grands animaux. En 1830, à Berlin, Nordmann et Krohn, se livrant à des travaux anatomiques sur l'œil de quelques poissons, remarquèrent, dans l'humeur vitrée, des corpuscules blan- châtres qui semblaient se mouvoir. Ils ne tardèrent pas à reconnaître dans ces corpuscules de véritables helminthes. Cette observation fut pour Nordmann l'occasion de nombreuses et intéressantes recher- ches. Le savant naturaliste reconnut qu'il existe des entozoaires dans l'œil chez des mammifères, des oiseaux, des reptiles et des poissons, et dans l'œil de l'homme même (1). Gescheidt, oculiste à Dresde, rapporta ensuite sur ce sujet quelques faits nouveaux (2) ; M. Rayer enfin, dans un important travail, réunit les observations publiées jusqu'alors par divers auteurs, observations auxquelles il ajouta le résultat de nombreuses recherches qui lui sont propres (3). C'est dans ce savant mémoire que nous avons puisé le plus grand nombre des faits dont il va être question. PREMIERE SECTION. VERS DE L'OEIL CHEZ L'HOMME. Les vers observés dans l'œil chez l'homme sont des cestoïdes, des trématodes et des nématoïdes. Aux cestoïdes appartiennent : h'echinococcus. [Synops., n° 7.) Le cysticercus celluloses. [Synops., n° 9.) (1) Alexandre de Nordmann, Mikrographische Beilrœge zur Naturgeschickle der Wirbcllosen ihiere, 1" cahier avec planches in-4°, p. 1 à 5i, Berlin, 1832, et Archiv. de inéd. comparée, par Rayer, fasc. 2, p. 67, 18i3. (2) Gescheidt, Die Enlosoen des auges, eine naturhistorische ophthalmologische skizse, in Zeitschrift fur die ophthalmologie, etc., von F. A. Aramon, t. III, 1833, S. 40a. (3) P. Rayer, Noie additionnelle sur les vers observés dans l'œil ou dans l'orbite des animaux vertébrés (Archives de médecine comparée, fasc. 2, p. 113, Paris, 1813). 734 AFFECTIONS VERMINEUSES DE L'APPAREIL DE LA VISION. Aux trématodes : Le monostomum lentis. (Synops.,T\0 33.) Le distomum ophlhalmobium. (Synops. n° 39.) Aux nématoïdes : Lafilaria lentis. [Synops., n° 76, A.) \j*,fdaria oculi humant ? (Synops., n° 76, B.) A l'exception du cysticerque, toutes ces espèces de vers n'ont été observées qu'un petit nombre de fois. La filaire, le monostome et le distome ont été trouvés dans le cristallin affecté de cataracte; une autre filaire dans la chambre antérieure ; le cysticerque a été vu dans toutes les régions de l'œil, excepté dans le cristallin. Depuis l'invention de l'ophthalmoscope, la présence de ce dernier ver dans l'œil a été signalée assez fréquemment. Article premier. — Dans le cristallin , les cas aujourd'hui connus sont au nombre de cinq : Ier Cas (Nordmann). — Filaire. En novembre < 831 , ayant reçu de Graefe deux cristallins affectés de ca- taracte lenticulaire^qui avaient été extraits à un homme âgé, Nordmann trouva, dans l'humeur de l'un de ces cristallins, deux anneaux fins et extrêmement délicats où le microscope fit reconnaître distinctement des filaires en- roulés (1). IIe Cas (Nordmann). — Filaire. En 4 832, Nordmann trouva dans un cristallin affecté de cataracte (cala' racla lenticularis vîridis), un filaire vivant; il était enfoncé dans la capsule. Ce cristallin avait été extrait de l'œil d'une vieille femme par le professeur Jiingken (2). IIIe Cas (Gescheidt). — Filaire. « Chez un homme de soixante et un ans, affecté d'une double cataracte lenticulaire molle et pulpeuse à l'intérieur, mais présentant à son centre un noyau plus dur, le professeur Ammon fit l'opération par extraction du côté droit et par abaissement du côté gauche; il me donna à examiner le cristallin qu'il avait extrait; il était assez volumineux, coloré à l'extérieur en jaune brun; il offrait la consistance d'une bouillie. La partie centrale était d'un jaune plus (1) Nordmann, mém. cité, Ie' cahier, et Rayer, mém. cité, p. 72. (2) Nordmann, mém. cit. 2'" Hep., t. IX, et Rayer, mém. cit., p. 114. GtOBE OCULAIRE CHEZ L'HOMME. 735 clair et avait un reflet opalin particulier. Placée sous le microscope, la sub- stance du cristallin présentait un aspect singulier: les fibres, qui dans l'état normal du cristallin sont disposées par lamelles régulières, étaient plus mar- quées que d'ordinaire, mais semblaient se confondre et se croisaient fréquem- ment. Du côté interne du cristallin, où les fibres étaient plus confondues que partout ailleurs, sans que Ton cessât cependant de pouvoir en reconnaître la direction delà périphérie au centre, existaient trois Glaires... (1). » IVe Cas (Nordmann). — Monostome. Dans un cristallin affecté de cataracte que le professeur Jiingken avait ex- trait chez une femme âgée, Nordmann trouva huit monostomes, qui étaient logés dans les couches superficielles de la substance de la lentille. Dans ce cas, comme dans le second de filaire rapporté ci-dessus, la cataracte était en voie de formation; les cristallins n'éiaient pas encore obscurcis et leur sub- stance avait encore de la mollesse (2). Ve Cas (Gescheidt et Ammon). — Distome. Chez un enfant de cinq mois, venu au monde avec une cataracte lenticu- laire, accompagnée d'une opacité partielle de la capsule, le professeur Ammon et Gescheidt trouvèrent des distomes au nombre de quatre ; ces vers étaient logés entre le cristallin et la capsule ; en examinant celle-ci par sa face ex- terne, on pouvait reconnaître, à de petites taches opaques, le lieu qu'ils occu- paient (3). L'enfant était mort d'une atrophie mésentérique. Le professeur Ammon a publié les détails de la maladie et de l'autopsie (4). Les vers dans le cristallin sont rares : nous ne croyons pas que depuis 1834 on en ait signalé de nouveaux cas. Nordmann rapporte qu'il a examiné encore plusieurs cristallins cataractes sans y trouver de vers, et Gescheidt en a cherché en vain dans trois autres cas de cataracte et dans quatre cas de trouble des humeurs de l'œil ; enfin M. Rayer a examiné avec soin, à la loupe et au microscope, cinq cris- tallins atteints de cataracte membraneuse et quatorze de cataracte lenticulaire, sans y rencontrer d'entozoaire. Depuis la publication du mémoire où ce fait est consigné, M. Rayer eut l'occasion, ainsi que nous-même, d'examiner encore bien des cristallins atteints de cata- racte, mais nous n'y avons jamais vu de vers. Article II. — Dans la chambre antérieure de l'œil, on a observé (1) Gescheidt, mém. cit., et Rayer, archiv. cit., fasc. 2, p. 115. (2) Nordmann, mém. cit., p. ix, et Rayer, archiv., fasc. 2, p. 116. * (3) Gescheidt, mém. cit., et Rayer, archiv. cit., fasc. 2, p. 116. (4) Zeitschrift fur die ophlhalm., 3 Band s. 74. 73f> AFFECTIONS VRl!MINr.U:,i:S DE I.' A P.'A «l- 1 1. I)K r.A VISION. une fois un ver nématoïde ot quatre fois? le cysticerqùe ladriqin''. Dans ces quatre cas, le ver était libre, et n'a été reconnu qu'à la suite d'une ophthalmie. Le troisième cas est incertain. Ier Cas (Sœmhemng et Sciiott). — Cysticerqùe ladrique. « Chez une jeune fille de dix-huit ans (182!)), d'ailleurs bien portante, se montra dans la chambre antérieure de l'œil gauche un cysticerqùe (cysticercus cellulosœ) de la grosseur d'un grain de vesce. Il paraît s'être développé après une violente ophthalmie , du moins la petite tache trouble ou pellicule pour laquelle on prenait ce ver au commencement no fut remarquée que peu de temps après la maladie de l'œil. Je le vis et le dessinai environ deux mois après cette inflammation, dont, au reste, les traces avaient si complètement disparu que l'on remarquait seulement une légère coloration en rouge quand l'œil était échauffé. En oulre ce ver n'excitait point de douleur ; à peine cau- sait-il un léger sentiment désagréable lorsqu'il se mouvait un peu plus fort, et il n'empêchait la vue que lorsqu'il s'avançait au-devant de la pupille. Ordi- nairement il reposait au fond de la chambre antérieure, absolument comme une capsule du cristallin non complètement dissoute et tombée dans cette chambre, et il se présentait comme une boule passablement diaphane qui n'offrait qu'en un point une saillie d'un blanc laiteux et non transparente. De ce point, on voyait par fois sortir spontanément ou à l'aide d'un doux frotte- ment pratiqué sur l'œil, la partie épaisse, plisséa du cou. Alors s'avançait aussi la partie mince, filiforme de ce corps, laquelle se terminait par la tête... Après être resté sept mois dans l'œil, et avoir cru du double pendant le temps de l'observation, c'est-à-dire avoir acquis la grosseur d'un pois, le ver fut ex- trait, encore vivant, par le docteur Schott au moyen d'une petite incision dans la cornée et d'une petite pince... (1). » IIe Cas (Logan). — Cysticerqùe ladrique. « A. B...,âgé de sept ans, fut présenté au docteur R. Logan, vers le milieu de janvier 1 833 ; il était affecté d'une violente ophthalmie scrofuleuse de l'œil gauche, avec état nébuleux de la cornée qui menaçait de détruire complè- tement la vue. Depuis le mois d'août 1 832, il avait eu plusieurs attaques de cette maladie. Les symptômes inflammatoires diminuèrent graduellement après l'application d'un vésicatoire derrière l'oreille et l'usage de quelques purgatifs. Il resta cependant une légère opacité du segment inférieur de la cornée suffisant pour obscurcir la vue, mais non pas pour la détruire entiè- rement. Au bout d'une semaine, l'enfant fut amené de nouveau, et, en exami- nant son œil, le docteur Logan fut fort étonné de voir un corps semi-diaphane, ayant environ deux lignes de diamètre, qui flottait dans l'humeur aqueuse de la chambre antérieure. Soumis à un examen minutieux, il parut presque par- (1) Isis, von Oken, p. 717, 1830, et Nordmann, mém. cit. GLOBE OCULAIRE CHEZ L'HOiMME. 737 faitement sphérique, poilant à sa partie inférieure un petit appendice blanc, allongé, avec une extrémité légèrement renflée ressemblant beaucoup à la trompe de la mouche commune. » L'œil de l'enfant est actuellement dans un état d'irritation dû probable- ment à la présence de ce corps étranger, qui exerce un frottement continuel sur la surface si sensible de l'iris et sur la membrane délicate qui tapisse la cornée. Quand cet animalcule est en repos, il occupe, comme on l'a déjà dit, la moitié inférieure de la cornée, et s'élève jusqu'à la moitié du disque pupil- laire, de sorte que l'enfant ne peut distinguer les objets qui sont situés en bas et est obligé de les élever. Depuis la première fois,où ce petit être a été remarqué, il n'a point varié dans sa grosseur. » Le cysticerque n'a point été extrait (1). L'auteur, à la suite de cette observation, fait remarquer que les cas d'hydatides de la chambre antérieure de l'œil, rapportés par les anciens auteurs, et entre autres celui d'hydatides dans l'œil qu'on trouve dans jRnst's Magazine, ne sont probablement que des cas de cristallin sorti de sa capsule (2). IIIe Cas (Alessi). — Cysticerque Incivique? « Un magistrat de l'Abruzze intérieure, âgé de trente ans, était atteint d'une kératite chronique et rebelle de l'œil gauche, accompagnée de vascula- risalion de la conjonctive. En examinant cet organe avec une loupe, on y vit un ver, qui, de la chambre postérieure où il était logé, passa tout à coup dans la chambre antérieure, en se plaçant devant la moitié inférieure latérale ex- terne de l'iris, de manière que la pupille était dégagée. Lorsqu'on le regardait à l'œil nu, il avait environ deux lignes et demie de longueur. Sa couleur était d'un blanc terne dans ses deux tiers inférieurs, fusiforme, de couleur laiteuse dans son tiers supérieur; dans cette dernière portion, le ver présentait quatre prolongements : l'un supérieur qui était le plus long, l'autre inférieur qui était le plus court et deux latéraux. » L'auteur se demande si ces prolongements étaient des ventouses et si le ver était bien un cysticerque ; il ne peut en ré- pondre vu les difficultés de l'observation, mais il affirme avoir constaté ses mouvements spontanés, qu'il décrit avec soin, ainsi que son passage réitéré d'une chambre oculaire dans l'autre. Des remèdes internes, des vésicatoires autour de l'orbite pansés matin et (1) Robert Logan. Animalcule dans l'œil d'un enfant {The Lancet, 30 mars 1 833. — Archiv. gén. deméd., 2e série, t. I, p. 573. — Rayer, archiv. cit., p. 117). Les deux faits dont il vient d'être question, attribués à tort le premier à Nord- mann, le second à Mackensie, sont rapportés par M. Rognetta {Tr. d'ophthalm., p. 145, 146), avec des inexactitudes qui pourraient les faire prendre pour des faits nouveaux. (2) Cas rapporté par Neumann, dans Rust'smagas., t. XXXIII. DAVA1NE. 47 738 AFFECTIONS VIÏRMINEUSI-.S DE I.'aPPAKEIL DE LA VISION. soir avec uno pommade composée (Je parties égales de calomel et do sanlo- nine lirait férir le ver, qui fui résorbé eu moins de quarante jours; la kéra- tite et la conjonctivite ne lardèrent pas à disparaître ( I ). Il est difficile de reconnaître un cysticerque, dans l'animal décrit par M. Alessi, et même de rapporter cet animal à quelque enlo- zoaire connu. IVe Cas (Edwin Canton). — Cysticerque ladrique. a Un enfant de dix ans fut présenté à l'auteur dans l'état suivant : dimi- nution graduelle de la vue, résultant d'un état nébuleux de la cornée avec injeclion des vaisseaux scléroticaux. Peu à peu la partie centrale de la cornée fit saillie et devint plus opaque que la portion qui l'entourait. L'enfant, d'une constitution délicate, se plaignait d'éprouver dans l'œil une douleur profonde et constante et amaigrissait à vue d'œil. On pensa qu'il était utile de faire une ouverture à la portion la plus saillante de la cornée, avec un couteau à cataracte. Cette incision donna issue à une petite quantité d'humeur aqueuse et à un cysticerque parfaitement reconnaissable ; elle fut suivie d'un soula- gement immédiat, la petite plaie se cicatrica parfaitement. » Six mois après, nouveaux accidents, nouvelle incision, issue d'un corps plus ou moins sem- blable à un cysticerque. Plus tard, nouveaux accidents, M. Gulhrie pratique une nouvelle incision ; il ne s'échappe que de l'humeur vitrée, et tout fait présumer que le corps semblable à un cysticerque, sorti dans la seconde in- cision, était le cristallin (2). Ve Cas (Qi'adri), — Ver nématoïde. M. A. Quadri de Naples a montré, au congrès ophthalmologique de Bruxelles, le dessin d'un œil humain, dans la chambre antérieure duquel existait un ver nématoïde (Blaire?) (3). Nous ignorons si ce fait, a été publié. (1) Rapport sur le travail de M. Alessi relatif à l'helminthiase dans ses rapports avec l'oculistique, par M. Raikem {Bulletin de VAcad. royale de méd. de Belgique, t. XII, p. 197, Bruxelles, 1853. — Alessi, Bullellino délie scienze mediche, 1845, et Gas. méd. de Paris, 1. 1, p. 491, 1846). (2) Docteur Edwin Canton, Cysticerque de la conjonctive et de la chambre anlé. fleure de Vœil. (The Lancet, juillet 1848, et Arch. gên. de méd., 4e série, t. XIX, p. 219, 1849). A la suite de son observation, M. Canton cite un cas de cysticerque dans la Chambre antérieure de l'œil, publié par Warthon Jones (Manual of med. and. surg. ophthalmy, 1847). Dans uu voyage qu'il fit à Paris (octobre 1858), M. Graefe m'a dit avoir vu plusieurs cas de cysticerque dans la chambre antérieure de l'œil, et plusieurs aussi dans les paupières ; l'un de ceux-ci était très petit. (3) Cité par Sichel, Iconographie ophthalmologique- Paris, 1S59, p. 707. GLORE OCULAIUE CHEZ L'HOAlMIi. 739 Article III. — Dans les parties profondes de l'œil, le corps vitré, la rétine, la choroïde, on a observé quelques cas d'hydatides et depuis qu'on explore l'œil par l'oplithalmoscope, on y a vu assez fréquemment des cysticerques. A. — Les cas d'hydatides des parties profondes de l'œil sont au nombre de trois; mais dans aucun de ces cas la nature du corps ob- servé n'a été bien déterminée. I"' Cas (Portal). Portai se borne à dire : « J'ai trouvé des hydatides entre ces deux mem- branes (la choroïde et la rétine) (1 ). » IIe Cas (Rossi). a Dans les cadavres de personnes mortes par suite d'un polype des sinus fron- taux ou maxillaires, j'ai trouvé de nombreuses hydatides de la grosseur d'un grain de millet qui occupaient la choroïde et la rétine; et ces individus n'éprou- vèrent point la moindre altération dans la vue pendant leur vie (2). » IIIe Cas (Gescheidt). L'observation de Gescheidt concerne un individu âgé de vingt-quatre ans, aveugle par suite d'une opbthalmie interne dont il avait été atteint dans son enfance, et qui était mort d'une phthisie tuberculeuse. L'œil droit ayant été incisé transversalement, on trouva la choroïde co- lorée en brun, privée de son pigment et parsemée de vaisseaux variqueux. La rétine paraissait unie et confondue avec le corps vitré en une substance blanche, d'un bleu rougeâlre; au niveau de l'entrée du nerf optique, elle semblait réduite à un cordon; l'intervalle existant entre la choroïde et la ré- tine était rempli par une vessie blanche, qui fut aussitôt reconnue pour un échinocoque (hydatide) . — La membrane externe de Yéchinocoque était blanche, peu transparente et assez résistante; elle renfermait une seconde poche mem- braneuse plus fine, d'un blanc bleuâtre, a Cette poche, ouverte à son tour, laissa écouler du liquide séreux qui contenait une quantité de petits vers, les uns ronds, les autres ovalaires et olivaires ; outre les vers sortis avec le liquide, il s'en trouvait plusieurs adhérents aux parois du kyste. Quelques- uns de ces animaux, examinés au microscope, présentèrent, surtout ceux à forme ovale, de petits suçoirs ronds, Du reste, ils formaient une masse homo- gène et l'on ne pouvait rien apercevoir de leur structure interne. On ne put reconnaître l'existence d'une couronne de crochets (3). » (1) Portal, Cours d'analomie médicale, t. IV, p. 418, Paris, 1803. (2) F. Rossi, Osservazioni anal, e pal';. sulïorgano délia visla, p. 221, Gcnuajo, 1828.— Mem. délia Acad. di Torino, 1830. (3) Qescheidt, méni. cit., et Rayerj arch. cit., fasc. u, p; 119. 740 AFFECTIONS VERMINEUSES DE l'aI'PAREJL DE LA VISION. B. — Les cas de cysticerque sont plus nombreux et plus cer- tains; c'est en considérant les mouvements des corps observés, la marche de l'affection oculaire et par exclusion, que d'abord on a été amené à regarder ces corps comme des cysticerques; récemment leur nature a été constatée par l'extraction. On doit la connaissance des faits publiés jusqu'à ce jour à M. Grsefe (de Berlin) etLiebrich; ils ont été rapportés dans les Archives ophthalmologiques rédigées par Grafe, Dondors et Arlt; la plupart ont été donnés en français dans une excellente thèse faite sous les auspices de M. le docteur Desmarres (1). Il est à remarquer que tous ces faits ont été observés à Berlin, ville où Rudolphi rencontrait, chaque année, quatre ou cinq cas de cysticerque dans divers organes chez l'homme. Les cysticerques occupent, suivant M. Graefe, le corps vitré, la choroïde ou la rétine. Le premier cas est moins fréquent et moins fâcheux. Le développement des entozoaires a lieu sans douleurs. Quelques malades ont éprouvé une pression dans l'œil ou de la céphalalgie qui avait peut-être une autre cause. La perte de la vue est partielle, avant d'être complète. L'iris change quelquefois sa couleur normale ; plus souvent l'œil ne présente aucune altération apparente. Du reste les symptômes sont ceux de toutes les am- blyopies et ne pourraient, sans l'examen ophthalmoscopique, faire reconnaître la présence d'un cysticerque. « On observe, au moyen de l'ophthalmoscope, une tumeur, en général sphérique, au moins dans l'état de repos de l'œil et de l'en- tozoaire, d'une couleur bleuâtre, verdâtre ou grise, qui affecte des rapports divers avec les vaisseaux rétiniens, suivant les différents lieux qu'elle occupe. Quand elle est située immédiatement en avant de la rétine ou dans l'humeur vitrée, les vaisseaux rétiniens ne pas- sent pas sur la tumeur; ils s'arrêtent tous à la circonférence/ou sont complètement invisibles ; mais quand l'entozoaire se trouve logé dans l'épaisseur même de la rétine ou entre cette membrane et les autres du fond de l'œil, on voit les vaisseaux rétiniens passer sur la tu- meur pour s'y ramifier, ou la croiser pour aller se ramifier plus loin, comme à l'ordinaire (2). » La tumeur du fond de l'œil est formée vraisemblablement par un kyste dont la paroi mince et transparente laisse apercevoir l'ento- (1) Louis de La Callc, De l'ophlhalmoscope, thèse, Paris, 1836. (2) L. de La Calle, thèse citée, p. 66. GLOBE OCULAIRE CHEZ I,' HOMME. 741 zoaire, reconnaissable à sa forme et à ses mouvements. Lorsque le cysticerque est situé derrière la rétine, celle-ci s'ulcère quelquefois et le ver arrive dans le corps vitré. Dans certains cas, le cysticerque Fig. 31. — Cysticerque du corps vitré vu ù l'oplillialmoscope (d'après Grsefe). — a, Cysticerque derrière lequel disparaissent les vaisseaux rétiniens; b, impressions laissées sur la rétine, et causées peut-être par l'entozoaire. périt et reste atrophié. Dans deux cas semblables, observés par M. Graefe, l'œil a été conservé, mais la vue n'a pas été recouvrée; dans les autres cas, l'œil a été complètement perdu. Plusieurs cysticerques pourraient se rencontrer ensemble dans le corps vitré, ce fait a été observé chez le porc. Un seul œil est ordinairement envahi, en sorte que le pronostic doit être en général moins grave que celui d'une amaurose ordinaire; mais la multiplicité fréquente des cysticerques pourrait faire craindre, dans certains cas, la présence de ces entozoaires dans les centres nerveux. 1° Cas de cysticerque dans le corps vitré. l"r Cas (Liebrich et Gr,efe). Jeune homme de vingt-trois ans. Strabisme convergent; amblyopie de l'œil gauche depuis l'enfance. Deux cysticerques dans cet œil; point de change- ment pendant neuf mois (1). (1) Arch. ophlhalm. de Grœfe, Donders et Arlt, t. I, part, n, p. 343. 742 AFFECTIONS VERMINEUSliS DB L APPWUII, DV. LA VISION. II" Cas (Giuîfk). Garçon de dix ans. Amblyopio do l'œil gauche. Cysticorque du corps vitré ; point do changement au bout d'un mois (I). 2" Cas de cysticorque de la rétine ou extérieurs à la rétine. Ier Cas (Gii.efe). Femme. Amblyopie récente de l'œil gauche. Cysticorque dans cet œil ; trois semaines après, accroissement du sac (un tiers environ). Cinq mois après, léger affaissement, persistance du phénomène (2). IIe Cas (GniEFE). Fommo. Amblyopie do l'œil droit, depuis deux mois. Cysticerque au centre de la rétine; neuf mois après, membranes flottantes dans le fond de l'œil, rem- plaçant la tumeur (3). IIIe Cas (Giuîfe). Homme. Amaurose de l'œil droit, cysticerque (4). IV" Cas (GniEFE), Femme ; vingt ans, grossesse de cinq mois ; amblyopie de l'œil gauche de- puis cinq mois, cysticerque (5). Ve Cas (Giuïfe). Femme; cinquante-huit ans ; depuis deux mois, diminution de la vue de l'œil droit. Amaurose centrale; cysticerque vers le centre du fond de l'œil (6). VIe Cas (Gr^fe). Femme ; vingt cinq ans ; amblyopie de l'œil droit depuis deux ou trois mois, cysticerque. Membranes développées dans tout le fond de l'œil (7). VIP Cas (Grjîfe). Homme; quarante-six ans; perte partielle delà vision de l'œil droit, cysti- cerque situé probablement entre la rétine et la sclérotique (8). (1) Archiv. citées, t. H, part, i, p. 263. (2) Archiv. cit., part. H, p. 457. (3) Archiv. cit , t. I, part. i. p Z|63. (4) Archiv. cit., t. I, part, i, p. 465. (5) Archiv. cit., t. I, part, n, p. 326. (6) Àrchiv. cit., t. H, part, i, p. 259. (7) Arch. cit.. t. II, part, n, p. 335. (8) Arch. cit., t, II, part, h, p. 339. GLOBE OCULAIRE CHEZ LE PORC. 7/|3 Depuis la publication de ces faits en France, de nouveaux cas de cysticerque dans les parties profondes de l'œil ont été observés par M. Grsefe. Deux fois le savant oculiste de Berlin a tenté l'extrac- tion de l'entozoaire : Une première fois, en pratiquant une ouverture à la sclérotique ; le cysticerque fut extrait par lambeaux; l'œil fut conservé, mais la vi- sion resta abolie. Une seconde fois, l'ouverture fut faite à travers la cornée, le cys- ticerque fut extrait intact ; l'œil et la vision furent conservés. Lfe cysticerque que M. Grsefe a bien voulu soumettre à notre examen, offre les caractères du cysticerque ladrique, il est plus petit que ceux qui se trouvent ordinairement dans le tissu cellulaire intermusculaire ou dans le cerveau (1). A l'époque où M. Grsefe nous a donné ces renseignements (24 oc- tobre 1858), il avait déjà observé treize cas de cysticerque dans les parties profondes de l'œil. DEUXIEME SECTION. VERS DE L'OEIL CHEZ LES ANIMAUX DOMESTIQUES. CHAPITRE PREMIER. VERS CHEZ LE PORC. Les seuls vers que l'on ait observés dans l'œil chez le porc, sont des cysticerques ladriques. De même que ceux dont nous venons de parler, ils étaient situés dans les différentes régions de l'œil. Ils sont probablement beaucoup plus fréquents que ceux de l'homme, et mé- riteraient une étude approfondie au point de vue de l'anatomie pa- thologique et de la thérapeutique. Van der Hœven (2), Nordmann (3) et Gescheidt (4) en ont observé. Nordmann en a rencontré quatre fois sur dix-huit yeux examinés; (1) Voyez dans l' Iconographie ophlhalmologique de Sichel. Paris, 1859, p. 711, pi. LXXII, fig. 9, une observation communiquée par Grsefe. (2) Handboek der Dierkunde, D. I, bl. 115. (3) Nordmann, mém. cit., et Rayer, archiv., fasc. 2, p. 77. (4) Gescheidt, mém. cit., et Rayer, archiv., fasc. 2, p. 144. Ikh AFFECTIONS VERMINEUSES DE L'APPAREIL DE LA VISION. Gescheidt deux fois sur quarante-six yeux Sur chaque animal un seul œil était envahi. A Paris, M. Rayer n'en a point trouvé sur quarante-deux yeux examinés (1). Parmi les quatre cas observés par Nordmann, dans trois, il n'y avait qu'un seul ver situé : deux fois dans la chambre antérieure, une fois dans la chambre postérieure. Dans ce dernier cas le cristallin était affecté de cataracte. Dans le quatrième cas le cristallin était affecté d'une cataracte capsulo-lenticulaire. La partie postérieure de la tunique du globe oculaire était épaissie, et formait, autour du point d'insertion du nerf optique, un bourrelet qui donnait, au toucher, la sensation d'une ossification. Dans l'opération de kératonyxis, essayée sur cet œil, le cristallin no put être abaissé, il remontait en sa place dès que la dépression cessait. L'examen anatomique montra, dans le corps vitré, des corps irré- guliers, brunâtres, qui n'étaient point des parcelles de pigment du corps ciliaire, mais du sang coagulé qui avait dû sortir des vaisseaux antérieurement à l'opération tentée sur l'œil. En outre, dans le corps vitré se trouvaient six vers vésiculaires, dont deux flottaient près du bord inférieur du cristallin, tandis que les quatre autres étaient logés au fond du corps vitré. Il existait une ossification dans l'es- pace compris entre la paroi interne de la sclérotique et la rétine. Cette ossification occupait presque tout le fond du globe oculaire; dans le milieu elle avait à peu près trois lignes et demie d'épaisseur, laquelle allait en diminuant progressivement sur les côtés ; il n'y avait pas d'altération dans la membrane artérielle et le surtout co- loré, c'est-à-dire le tapis, non plus que dans la membrane vascu- laire. L'ossification était constituée par plusieurs petites écailles en forme de peigne, disposées par couches les unes sur les autres, et ayant la consistance des écailles de poisson. Sous cette enveloppe se trouvèrent six autres individus du cysticercus celluloses . L'ossifica- tion adhérait non-seulement latéralement, mais aussi dans le fond, à la membrane épaisse, opaque et dure du globe oculaire. Parmi les deux cas de Gescheidt, une fois le cysticerque était dans la chambre antérieure, une autre fois entre la choroïde et la rétine. Dans ce dernier cas, le ver était entouré d'une légère exsudation en forme d enveloppe , sur laquelle on pouvait voir à la loupe quel- ques ramifications vasculaires fines , surtout du côté de la rétine. (1) Rayer, mém. cit., p. 144. GLORE OCULAIRE CHEZ LES SOL1PÈDES. 745 CHAPITRE II. VERS CHEZ LES SOLIPÈDES. Filaria papil!osa? [Synops., n° 81). Nous avons dit qu'on a observé en Europe, en Amérique, et très fréquemment dans l'Inde, un ver nématoïde situédans la chambre antérieure de l'œil chez le cheval et l'âne. Ces vers, dans ces di- verses contrées, appartiennent- ils à la même espèce ou forment-ils des espèces distinctes ? S'ils sont de la même espèce, appartien- nent-ils à la filaria papillosa que l'on rencontre dans les autres or- ganes du cheval et de l'âne? Ces questions ne sont point résolues. Nous nous occuperons donc séparément : 1° des vers de l'œil ob- servés dans l'Inde ; 2° de ceux que l'on a observés en Europe_et en Amérique. Article premier. — Les vers de l'œil chez le cheval régnent en- zootiquement dans certaines contrées de l'Inde. Ils sont connus au Bengale sous le nom de sanp ou serpent dans l'œil des chevaux. Souvent les animaux qui en sont affectés sont atteints aussi d'une faiblesse des lombes que les habitants appellent kumree. Cette maladie a été observée au Bengale, dans l'Inde supérieure, à Madras, à Poosah, district de Tirhoot, à Ghazepore, à Sumbul- pore, à Ceylan, etc. Dans les localités basses et humides, suivant Twining et Gibb, dans celles où les vents d'Est prévalent, on trouve la maladie appelée kumree et les vers dans les yeux, et vice versa. Ces veis sont rares dans les contrées élevées et sèches. L'apparition de ces vers n'a lieu que dans une seule saison, dans la saison froide. A. Poosah, pendant vingt-deux ans, Gibb n'a jamais vu de ces vers que dans les cinq mois d'octobre, novembre, décembre, janvier et février. En général, dans la saison froide, plus les pluies ont été considérables plus il y a des cas de vers dansjes yeux. Une année où les pluies avaient été à Tirhoot plus considé- rables et plus persistantes que d'ordinaire, et où tout le pays avait été inondé, l'observateur cité ci-dessus vit plus de cas de vers que les années précédentes. 746 AFFECTIONS VERM1NEHSES DE i/APPAREir, DE I.A VISION. Dans les localités où elle existe, cette maladie s'observe assez fréquemment ; elle ne paraît pas cependant s'étendre jamais sur un grand nombre d'animaux à la fois: Gilib en a observé' environ vingt cas par an; à Poosah, dans la saison froide, on voit environ trente cas de vers dans les yeux chez les poulains. La cause de l'invasion de ces entozoaires est ignorée ; on n'a point trouvé dans la nourriture ou dans les boissons l'explication de ce phénomène. Il existe un ou deux de ces vers dans l'œil, et quelquefois trois ; il arrive aussi qu'un second ver paraît dans un œil dont on avait déjà extrait un autre ver quelques mois auparavant. Un seul œil paraît ordinairement affecté. Le parasite est toujours situé dans la chambre antérieure; il y est libre et nage dans l'humeur aqueuse. Ses mouvements sont plus ou moins vifs et analogues à ceux d'une sangsue. Dans des cas rares le ver reste faible, il périt et est résorbé. Ordinairement, sa présence produit une vive irritation : l'œil est larmoyant, les paupières à demi fermées, la conjonctive rouge, in- jectée ; l'humeur aqueuse se trouble, prend un aspect laiteux; l'iris s'enflamme; la cornée perd sa transparence, de la lymphe coagu- lable et du sang se déposent entre les lames, elle devient complè- tement opaque; alors, les phénomènes inflammatoires s'apaisent graduellement, mais la vue est complètement perdue. On reconnaît la cause de l'inflammation de l'œil à la présence d'un ver derrière la cornée transparente. Les chevaux affectés de vers dans les yeux sont sujels à la fai- blesse des reins, et les deux maladies se succèdent ou coïncident l'une avec l'autre si souvent que l'on croit généralement dans le pays que la seconde est la conséquence de la première : l'une et l'autre affection ont lieu dans les mêmes conditions, dit Gibb, avec cette dif- férence que la faiblesse lombaire se manifeste en toute saison de l'année, quoiqu'elle soit plus fréquente dans les mois froids. On a supposé que, chez ces chevaux, des vers pénètrent dans la moelle épinière, mais l'autopsie n'en a pas fait découvrir; on a seulement constaté dans le canal rachidien une accumulation de Le seul moyen que l'on connaisse de s'opposer à la perte de la vue, c'est l'extraction du ver; il importe de la pratiquer dès le début GLOBE OCULAIRE CHEZ LES SOLIPÈDES. Ihl de la maladie, sinon une opacité plus ou moins étendue de la cornée persiste après l'opération. L'extraction se fait par une incision pratiquée vers le bord de la cornée ; on se sert d'une lancette ordinaire ou d'un trocart d'un petit volume (Molyneux). Un couteau à cataracte serait, sans doute, pré- férable. Le cheval doit être opéré debout, attitude qui facilite la sortie du ver (Grelies) ; on doit saisir le moment où il se rapproche de la cornée. Après l'opération, on a recours aux applications froides, à la pur- gationet à la saignée. PRINCIPAUX TRAVAUX SUR LES VERS DE l'ûEIL DANS L'iNDE. M. Kennedy, Account of a now descripl ivorm [ascaris pellucidus) found in the eyes ofhorses in India, in Transact of the royal Soc. of Edinburg, vol. IX, p. 107, read feb. 1816, and nov. 1 81 8, et Bull, de Férussac, Se. nat., VII, -122. Breton, Transactions of Ihe médical and physical Society oj Calcutta, vol. I, p. 337, 1825. Greues, Transact. of Ihe med. and. physical Society of Calcutta, vol. I, p. 340, 1825. Twining, Observations on Ihe filaria or thread ivorm found in the eyes of horses in India, in Transact. of med. and surg. Society of Calcutta, vol. I, p. 345, — Edinb. med. and surg Journ., n° 86, p. 240, I826; — Velerina- rian for 1 828. Gibb, Velerinarian, t. I, 1828, jun . , n° 6, 194. R. Molyneux, On the ivorm in the eye of the horses and on the kumree, or iveakness of the loins, in horses in India, in the Veterinarian, for 1828, t. I, p. 309. Percival, Diseuses ofhorses in India, in the Veterinarian, for 1828, t. I, p. 5. Article IL — A. — Le ver nématoïde que l'on a observé en Eu rope et en Amérique, dans la chambre antérieure de l'œil chez les solipèdes, ne paraît pas se rapporter exactement par ses caractères à \&filaire observée dans l'Inde ; en outre il ne paraît pas que les chevaux atteints de \afilaire de l'œil dans nos pays soient sujets à la faiblesse des lombes ; les cas en sont d'ailleurs rares et n'ont été signalés que de loin en loin. La plupart appartiennent à notre siècle. Nous avons parlé du cas de Spigel observé en 1622, et de celui de 7/18 AFFECTIONS VliRMINÉUSES DÉ L'APPAREIL DE LA VISION. Morgan et Hopkinson en 1782 ; deux autres cas ont été signalés dans un ouvrage espagnol publié en 1773 : »On m'appela, dit l'auteur, pour voir une mule de six ans (en Aragon), laquelle avait dans l'intérieur de l'œil gauche une petite couleuvre grosse comme un cheveu, et longue d'un pouce environ, ayant des mouvements très vifs, etc. » Le même auteur dit encore avoir vu en France un ver semblable, qui fut extrait de l'œil par la lancette ; le cheval conserva la vue (1). A Vienne, un vétérinaire distingué, Sick, en a observé un cas en 1804 (2) ; Bremser un autre cas en 1813 (3) et Diesing un nou- veau, il y a peu d'années (4) ; à Oldenbourg, un entozoaire semblable a été observé par Grève (5) ; un autre cas a été vu par Nordmann et Gurlt à Berlin (6) ; un autre encore en Italie par un anonyme (7), enfin un dernier cas par Boudgourd en France (8). Les conditions qui amènent le développement des vers dans l'œil sont tout à fait inconnues ; le cheval, l'âne et la mule y sont sujets. Un seul œil est ordinairement affecté, et le nombre de vers est de un à trois. La présence de l'entozoaire dans la chambre antérieure produit l'occlusion des paupières, le larmoiement, l'inflammation de la con- jonctive, l'opacité delà cornée, enfin la perte totale et irrémédiable de la vue. L'extraction est le seul remède à lui opposer. B. — Van Setten, vétérinaire à Onderdendam, province de Gro- ningue, a observé un entozoaire qui diffère de ceux dont il vient d'être question, et que M. Diesing rapporte au pentaslomum tœnioides (!) Inslituliones Albeyteria, etc., 1773, trad. par Rodet (Recueil de méd. vét., t. VIII, p. 287, Paris, 1831 ; extrait du Journ. prat. de méd. vét., janvier 1S30). (2) Cité par Rodolphi in Bemerkungeu aus dem gebiet der nalurgeschichte, etc., I. B, p. H.Berlin, 1804. (3) Bremser, ouv. cilé, p. 18. (4) Diesing, Systema helminthum, t. II, p. 274. (5) Bern. Ant. Grève, Erfahrungen und beobachlungen ûber die krankheilen der hausthiere im Vergleich mit den krankheiten des menschen, 1 Bœndchen, p. 174, Oldenburg, 1818. (6) Nordmann, mém. cilé, et arch. de méd. comparée, fasc. II, p. 76. (7) Ver dans l'œil d'un âne, au rapport de Grève (mém. cité ci-dessus). (8) Boudgourd, vétérinaire à Nîmes; trois vers (crinons) extraits de l'œil d'une mule (Recueil de méd. velérin., t. I, p. 119, Paris, 1824, et Journal deméd. vét. et comp., 1827, p. 573. [Voyez d'autres indications dans Rudolphi, SynopsU, p. 213, 214; Rayer, arch. cit., p. 136, note.] GLOBE OCULAIRE CHEZ LE BOEUF. 769 (voy. Synops., n° 104). Le cheval qui en était atteint, avait l'œil droit très sensible à la lumière, les paupières tuméfiées, la conjonc- tive injectée, la cornée opaque. Cet état s'étant amélioré, on put s'assurer de la présence, dans la chambre antérieure, d'un ento- zoaire, qui fut extrait par la kératotomie; l'œil revint ensuite à un état satisfaisant (1). CHAPITRE III. VERS CHEZ LE BOEUF. A. — Au mois de septembre 1812, Déguillème, vétérinaire à Saint- Denis de Pille (déparlement de la Gironde) , remarqua dans la chambre antérieure de l'œil, chez une vache affectée d'un larmoiement consi- dérable, un ver nématoïde qu'il rapporta à l'ascaride vermiculaire. Les membranes et les humeurs de l'œil ne paraissaient point ma- lades; le ver ne fut point extrait et les circonstances ultérieures de ce fait restèrent inconnues (2). B. — Chaignaud, vétérinaire à Monlmoreau (Charente), eut l'occa- sion d'observer dans le département de laCharente plusieurs épizoolies d'un ver semblable : « Toutes les fois que j'ai vu dans la contrée que j'habite, dit ce vétérinaire, la maladie vermineuse des yeux du bœuf, cette maladie commençait à régner au mois de juin et finissait au mois de novembre; jamais je ne l'ai vue dans les autres saisons de l'année. » Le nombre des vers était ordinairement d'un, rarement de deux ou de trois. Très rarement les deux yeux étaient à la fois afft ctés. La présence des vers dans l'œil occasionnait le larmoiement, la tumé- faction des paupières, l'inflammation de la conjonctive, l'opacité de la cornée, etc., phénomènes semblables à ceux que nous avons vus chez le cheval. La saignée, les émollients et les calmants n'amenaient aucune amélioration dans la maladie. La teinture d'aloès étendue de moitié (1) A. Numan, Mém. sur les enlozoaires de l'œil chez l'homme et les animaux, trad. du hollandais par S. Verheyen, dans Journ. ve'tér. de Belgique, t. I, p. 72, Bruxelles,; I8i2. — Diesing, ouv. cit., 1. 1, p. 616. (2) Déguillème, dans Mém. et observations sur lachir. et la méd. vétér., par J.-B. Gohier, t. II, p. 435, Lyon, 1816. 750 AFFECTIONS VBItMlNEtJSfcB DE L'APPAULIL DIS LA VISION. d'eau et instillée entre les paupières trois fois par jour, amenait une guérison prompte. Après trois ou quatre jours de -ce traitement et quelquefois dès le premier jour, le ver perdait le mouvement et tom- bait dans \efond de la chambre antérieure de l'œil; il était ensuite résorbé à une époque plus ou moins reculée (1). C- — Roche-Lubin rapporte un cas clans lequel sept vers existaient dans l'œil d'un bœuf âgé de quatre ans ; ils furent extraits par la ponction de la cornée qui resta opaque (2). DEUXIEME DIVISION. VERS DANS LES ANNEXES DE L'OEIL. La constitution anatomique des dépendances du globe oculaire n'a rien de spécial, aussi doit-on s'attendre à trouver dans ces par- ties les vers que l'on rencontre dans les muscles, dans le tissu cellu- laire et sous les téguments des autres régions du corps. A. — Chez l'homme, les vers qui ont été observés dans les dé- pendances de l'œil sont : 1° la trichina spiralis ; 2° la filaire de Mc- dine ; 3° un ver nématoïde indéterminé ; 4° le cysticerque ladrique ; 5° des hydatides. Nous avons mentionné ailleurs les cas de la trichine, de la filaire de Médine, du cysticerque ladrique et d'hydatides qui ont été rap- portés par divers médecins (3) ; nous n'aurons à parler ici que d'un ver nématoïde encore indéterminé qui paraît assez commun au Congo, et peut-être au Gabon. La filaire de l'orbite (Synops., n° 76). Ce ver, d'api es Guyot, chirurgien qui a fait plusieurs voyages à la côte d'Angola, ne serait point la filaire de Médine, car, suivant ce médecin et suivant plusieurs autres, la filaire de l'homme n'existe point au Congo. (1) Chaignaud, D'une maladie vermineuse qui attaque les yeux de l'espèce bovine, dans Journal ou Recueil de mcd. vétér., t. IV, p. 573. Paris, 1827. (2) Roche-Lubin, Journ. deméd. vél. prat., t. I, el Recueil de méd. vit., t. XII, p. 279, Paris, 1836. (3) Voyez p. 678, 719 et suiv., 632, 536 et suiv. ANNEXES DE L'OEIL. 751 Guybt rapporte que les nègres de cette partie de l'Afrique sont sujets à des ophthalmies de deux espèces : les unes qui guérissaient par un traitement approprié ; les autres qui résistaient à ce traite- ment: « J'aperçus enfin, dit ce chirurgien, après avoir examiné plu- sieurs fois et avec toute l'attention possible les yeux de ces .ma- lades, sur le globe de l'œil d'une négresse un sillon à la conjonctive, semblable à une veine variqueuse, qui me détermina à y faire de pe- tites mouchetures, pour en procurer le dégorgement. Ayant attaqué avec la pointe d'une lancette cette prétendue veine, je fus très sur- pris de voir disparaître ce sillon. Cette malade me dit aussitôt qu'elle sentait quelque chose qui remuait dans son œil et que ce mouvement était profond. Je soupçonnai que ce ne pouvait être qu'un ver am- bulant, qui paraissait quelquefois sous la conjonctive et quelquefois s'enfonçait vers la partie postérieure de l'œil. Je demandai à plusieurs nègres s'ils étaient sujets à avoir des vers dans les yeux ; ils m'ap- prirent que cette maladie était assez commune dans leur pays et que c'était un loa. C'est le nom qu'ils donnent à ce ver..., que ces vers, après avoir disparu pendant un ou deux mois, reparaissaient et fai- saient renaître l'inflammation et le larmoiement, et qu'après plusieurs années de semblables alternatives, ils sortent de l'œil sans qu'on s'en aperçoive et sans faire de remèdes. » Guyot put voir encore plusieurs fois reparaître et disparaître au moindre attouchement le ver de la négresse et constater chez plu- sieurs autres malades l'inefficacité de tousses traitements. Il résolut - donc, dans un nouveau voyage qu'il fit à la côte d'Angola en 1777, d'extraire le ver par une incision de la conjonctive, mais, ayant voulu le saisir avec une pince à disséquer, il ne put y parvenir. « Dans une autre occasion, j'employai, dit-il, une aiguille à su- ture de moyenne grosseur, avec laquelle je perçai la conjonctive à côté du ver, et la fis passer entre lever et la cornée pour la faire sortir par le côté opposé. De cette manière, je l'engageai dans la courbure de l'aiguille en soulevant la portion de la conjonctive comprise avec le ver dans la partie concave de l'aiguille. Je la divisai et tirai le ver sans être tronqué, ni aplati et ayant encore assez de vigueur pour se remuer. Il faut que cette opération soit faite très promptement, autrement le ver s'échappe ; on le perd de vue quelquefois pour très longtemps. De cinq nègres sur lesquels j'ai tenté cette opération, je n'ai pu tirer ce ver qu'à deux; ils ont disparu chez les autres sans qu'ils aient occasionné aucune lésion apparente à la conjonctive, et ils n'ont pas reparu tout le temps que je suis resté avec ces nègres. 752 AFFiiCriONS VEUMINEUSES DE L'APPAREIL DE LA VISION. Ceux à qui j'ai fait cette opération furent guéris en vingt-quatre heures, sans aucun remède qu'un mélange d'eau de rose et d'eau vulnéraire instillé dans l'œil. Les nègres attaqués de cette ma- ladie n'ont ordinairement qu'un ver qui se trouve à l'un de leurs yeux(l). " M. Lestrille, chirurgien de la marine française, communiqua à MM. Gervais et Van Beneden le cas suivant : « Le 17 août 1854, un nègre appelé Chicou vint lui demander de lui enlever quelque chose qui marchait dans son œil. Les phénomènes présentés par le malade étaient les suivants : clignotement fréquent; sensation d'un corps étranger gênant les mouvements de la paupière supérieure ; depuis le matin seulement l'œil avait commencé à être douloureux ; les vaisseaux de la conjonctive étaient légèrement injectés; il y avait du larmoiement. A la partie supéro-antérieure du globe de l'œil, vers l'angle externe, la conjonctive était soulevée par un corps allongé, flexueux, qui s'étendait dans le sens transversal. A la première vue, ce corps ne paraissait pas se mouvoir ; mais, en soulevant avec une pince à dissection la conjonctive qui était décollée dans une assez grande étendue, des mouvements de reptation purent être aisément aperçus. Une incision ayant été faite à la conjonctive avec des ciseaux courbes sur le plat, le ver put être saisi avec des pinces (2). » (Voy. la description, Synops., n° 76.) Ce fait a été observé au Gabon, et selon M. Lestrille, les cas ana- logues ne sont pas rares dans cettre contrée. B. — Chez le chien, M. Cunier a observé un cysticerque ladrique? sous la conjonctive (3). C. — Chez le porc, le cysticerque ladrique a été fréquemment rencontré dans les muscles de l'œil, sous la conjonctive, etc. D. — Chez le bœuf, J.-B. Rhodes, vétérinaire à Plaisance, dé- partement du Gers, a trouvé en 1818, sous les paupières, quelques vers d'environ un centimètre de longueur et de deux tiers de milli- mètre de diamètre. Ces vers, examinés par Bosc, furent regardés par ce savant comme constituant un nouveau genre d'helminthes qu'il (1) Mémoires, dissert, de chir. et obs. de chir., par J.-N. Arrachart, p. 228. Paris, 1805, et Rayer, archiv. cit., n° 2, p. 122. (2) Gervais et Van Beneden, zoologie médicale. Paris. 1859, t. II, p. 143. (3) Cunier, Ann. d'-oculistique, vol. VI, p. 277, et Rayer, arch. cit., p. 130. AFFECTIONS VERMINEUSLS DE L'APPAREIL DE LA GÉNÉRATION. 75S appela fhélaziell); c'étaient évidemment des larves d'insecte. Chez l'homme, les cas de larves de mouche développées sous les pau- pières ne sont pas extrêmement rares. E.—Chez le cheval et chez le bœuf, M. Gurlt a observé assez fréquemment un ver, qu'il rapporte au genre filaire et dont l'habitat est dans les conduits excréteurs de la glande lacrymale. Il n'occa- sionne aucun accident fâcheux (2) ; toutefois, Kliem (3), vétérinaire à Posen, a vu chez un cheval une ophthalmie avec opacité de la cornée, qui a été déterminée par la présence sous la paupière supérieure de cinq vers nématoïdes [filarialacrymalisl) (voy. Synops., n° 80). DEUXIEME PARTIE. AFFECTIONS VERMINEUSES DE L'APPAREIL GÉNÉRATEUR. L'appareil de la génération, mâle ou femelle, est fort peu exposé à l'invasion des vers. Chez la femme un parasite microscopique existe dans le mucus vaginal ; c'est le seul entozoaire spécial aux organes de la génération qui soit connu. Les vers qui vivent dans le tissu cellulaire interorganique, ceux des cavités séreuses naturelles ou accidentelles peuvent se rencontrer dans les organes génitaux de l'homme et de la femme aussi bien que dans d'autres parties, mais les cas en sont fort rares. Quant aux cas de ces entozoaires développés dans l'appareil de la reproduction chez les animaux, ils sont sans doute également très rares, car ils n'ont pas attiré l'attention des observateurs. (1) Rapport fait par M. Bosc sur un nouveau genre de vers intestinaux, etc. , journal de physiq., chim., hist. nat., 1819, t. LXXXVHF, p. 214, et Rayer, ar- chiv. cit., p. 131. (2) E.-F. Gurlt. Lehrbuch der palholog. anat. der Haussaiigethiere. 1 Band. S. 3i7. Berlin, 1831. (3) Mag. fur die gesam. Thier Heilkunde,\on Dr Gurlt und Dr Hertwig, 1839, p. 2i2; cité par Verheyen, Mém. de Numan, trad. p. 77. Davaine, 48 7.V| AFFECTIONS VERMINEUSES DE L'APPAREIL DE LA GÉNÉRATION. PREMIÈRE DIVISION. AFFECTIONS VERMINEUSES DE l'aPPAREIL MALE. Article premier. — La connaissance des filaments spermatiques remonte à deux siècles. L'attention de Leeuwcnlioek ayant été appelée sur des animalcules qu'un étudiant nommé Ham avait trouvés dans la matière provenant d'un homme atteint de gonorrhée, le cé- lèbre micrographe observa bienlôt après ces animalcules dans la se- mence de l'homme sain et dans celle de divers animaux ; il fit part de cette découverte à la société royale de Londres en novembre 1677(1). Leeuwenhoek et les observateurs contemporains considérèrent les filaments spermatiques comme des animaux ; toutefois, d'après l'existence constante de ces filaments à l'époque du rut et leur dispa- rition après cette époque, d'après leur absence avant la puberté et dans la vieillesse, plusieurs savants eurent la pensée que ces êtres ne sont point des animaux, mais qu'ils sont les agents de la fécon- dation de l'œuf, le premier rudiment de l'animal qui s'y déve- loppe (2) ; mais d'un autre côté, la spontanéité apparente des mou- vements, l'action, sur ces mouvements, des agents chimiques et de quelques substances toxiques confirmèrent le plus grand nombre des observateurs et les plus autorisés, dans la pensée que ces êtres jouissent d'une vie indépendante et qu'ils ne sont que des parasites. Leur existence chez tous les animaux adultes, leur présence aux époques du rut, leur absence hors de ces époques, s'expliquaient par une fonction dont ces animalcules auraient été chargés : celle d'im- primer à la semence une agitation nécessaire et de provoquer l'or- gasme vénérien. (1) Qbservaliones Antonii Leeuwenhoek de natis e semine genitali animalculis, in Transact. philos., dec. 1677, n° 142, art. 3, p. 1040. A. Leeuwenhoek, Aboul génération by an animalcule of ihe maie seed (Observa- tions chez la grenouille), in Transact. philos., 1683, n° 182, art. 2, p. 347. A. Leeuwenhoek, Lelter concerning génération by an insect. (Observations chez le chien), in Transact . philos . , 1685, n° 174, art. 3, p. 1120). (2) Andry, Dissert, sur la génération de l'homme par les vers spermatiques. — Si l'homme lire son origine d'un ver (ouvr. cit., t. Il, p. 734). — Thèse composée par Geoffroy de l'Acad. roy. des se.; soutenue le 13 uov. 1704. — (Journal des sa- vants, t. XXIX, 1703. — Mém. de Trévoux, 1705, p. 1846.) Lettre de Geoffroy à N. Andry, sur le système de la génération de l'homme par les vers spermatiques (Andry, ouvr. cit., t. Il, p. 772). ORGANES GÉNITAUX DE L'HOMME. 755 Jusque dans ces derniers temps les filaments spermatiques furent considérés comme des animaux parasites ; on les rangea parmi les microzoaires, ou les prothelminthes, à côté des cercaires ; on crut même leur trouver des organes distincts. Enfin, il ressortit des re- cherches de Wagner, de Kolliker et des travaux des physiologistes modernes, une opinion plus saine concernant la nature de ces êtres. Dérivés de l'organisme mâle, comme l'œuf de l'organisme femelle, ils n'accomplissent aucune des fonctions animales. Ils transmettent à l'œuf la vie dont ils sont doués, mais ils ne se reproduisent point d'eux-mêmes; ce ne sont point des animaux. Article II. — Les seuls entozoaires qui aient été observés dans les organes génitaux de l'homme sont des hydatides et des filaires. A. — Hydatides. On rapporte qu'en Islande on a vu quelquefois des hydatides dans la tunique vaginale (1). Bisson, chirurgien du siècle dernier, fit l'extraction, par une in- cision, d'une vésicule qui était située dans le scrotum ; elle était libre, blanche et consistante, remplie par une eau très claire 5 on ne peut douter qu'il ne s'agisse d'une hydatide (2). Astley Cooper fait mention d'un testicule dont l'épididyme conte- nait un kyste ; dans l'intérieur de ce kyste, se trouvait une hyda- tide semblable à une perle; elle était parfaitement libre et sans adhé- rence dans la poche qui la renfermait. Cette hydatide était remplie d'un liquide aqueux. Le testicule était un peu plus volumineux qu'à l'ordinaire (3). Enfin nous avons rapporté les cas d'un kyste hydatique considé- rable du petit bassin, qui s'était développé primitivement de la vé- sicule séminale droite (4). B. — Filaire. Les cas de filaire observés dans les organes génitaux externes de l'homme sont moins rares que ceux qui concernent les hydatides ; (1) Voy. ci-dessus, p. 382. (2) Bisson, Observation sur une hydatide survenue à la, suited'un circocèle(Journ. deméd. chir,, etc., 1759, t. XI, p. 455). (3) Astley Cooper, ouvr. cit. trad., p. 451. (4) Voy. ci-dessus, obs. civ, p. 490. 756 AFFECTIONS VÉRMINÊUSES DU l'aPPAREIL 1>L: t.A GÉNÉRATION* nous les avons rapportés et nous avons vu qu'ils ont quelquefois donné lieu à des erreurs de diagnostic, soit que, située sous les tégu- ments de la verge, la filaire ait été prise pour un vaisseau lympha- tique enflammé (1), soit que, située dans les bourses ou dans l'aine, elle ait occasionné des tumeurs ou des ulcérations attribuées d'abord à la syphilis (2). Article IN. — Les vers des intestins peuvent donner lieu, par une action sympathique ou par une excitation de voisinage, à des effets fâcheux sur les fonctions génitales. Nous avons vu que les oxyures provoquent la masturbation, des pertes séminales involon- taires et leurs graves conséquences. Nous connaissons un homme chez lequel survinrent, sans cause appréciable, des désordres fâcheux dans les fonctions génitales ; le malade s'aperçut enfin de l'existence d'un ténia dont l'expulsion fut longue et difficile; cet homme, quoique dans toute la vigueur de l'âge, ne retrouva pas complètement l'inté- grité primitive de ses fonctions. DEUXIEME DIVISION. AFFECTIONS VERMINEUSES DE L'APPAREIL FEMELLE. L'appareil génital de la femme n'est guère plus exposé que celui de l'homme à l'invasion des entozoaires. Le trichomonas qui vit dans le vagin, et les oxyures qui arrivent accidentellement dans cet or- gane, sont les seuls parasites qui s'y rencontrent assez fréquem- ment. Article premier. — Vers spéciaux aux organes génitaux de la femme. Le trichomonas vaginal (voy. Synopsis, n° 5) a été découvert dans le mucus du vagin par M. Donné (3). Plusieurs savants tels que Gluge, Valentin, de Siebold, Vogel (4) ont émis l'opinion que le trichomonas n'était que de l'épithélium vibratile, détaché de la ma- - (1) Voy. ci-dessus, p. 723. (2) Voy. ci-dessus, p. 722, 721. (3) Al. Donné, Cours de microscopie, Paris, 1844, p. 157. (4) J. Vogel., ouvr. clt , p. 395. ORGANES GÉNITAUX DE LA FEMME. 757 trice ; mais récemment, M. Kolliker a confirmé l'exactitude du fait annoncé par M. Donné (1). Le trichomonas vaginal ne se rencontre jamais dans le mucus va- ginal sain et normal, dit M. Donné; on ne le voit pas même lorsque la sécrétion est augmentée sans altération appréciable des principes constituants du liquide. Toutes les fois que cet animalcule existe, le mucus vaginal renferme des bulles d'air qui lui donnent un aspect écumeux; ce caractère est constant. La production du trichomonas n'a aucune relation avec le principe vénérien ; on voit ce proto- zoaire chez des femmes saines sous ce rapport. Des injections répétées d'eau simple, ou mieux d'eau alcaline, suf- fisent pour faire disparaître cet entozoaire. Article II. — Vers vêsiculaires. — Les vers vésiculaires ne sont pas communs dans les organes génitaux chez la femme ; le plus grand nombre des cas rapportés à ces vers, par les auteurs, appar- tiennent à la môle hydatique, d'autres appartiennent aux kystes sé- reux. Toutes les parties de l'appareil génital de la femme ont offert des vers vésiculaires , mais il est remarquable que la matrice, qui dans la grossesse acquiert un si grand développement et une si grande vascularité, ne nous en offre qu'un seul exemple. A. — Ovaire. Méry... « a trouvé dans un enfant âgé de deux ans, fille de cette même femme, un testicule (ovaire) rempli d'une espèce d'oeufs d'une grosseur considérable; les plus gros avaient jusqu'à cinq ou six lignes de diamètre. M. Méry croit que ce sont des hydatides changées en abcès (2). » Esquirol a vu des hydatides dans l'ovaire gauche chez une fille qui avait deux kystes hydatiques énormes dans le foie (3). P. Dubois et Boivin ont observé une tumeur énorme développée dans l'ovaire, et qui paraît appartenir aux kystes hydatiques athé- romateux. Elle fut incisée par le vagin ; la malade succomba (4). (1) Comptes rendus Acad. des sciences, 30 avril 1855. (2) Hisl. del'Acad. des sciences, 1695, Paris, 1733, ia-4°, t. II, p. 245. (3) Voy. ci-dessus, p. 440, obs. lxix. (4) Voy. ci-dessus, p. 511, obs. eu. 758 AFFECTIONS VLK.MlNliUSES DE L'APPAREIL DE LA GÉNÉllATION. Basset rapporte un cas de tumeur hydatique de l'ovaire qui oc- casionna la rétention des urines et des matières fécales, et qui dé- termina la mort (1). B. — Trompes utérines. Barré rapporte l'observation d'une tumeur hydatique considé- rable développée dans le petit bassin ; l'utérus appliqué sur sa face antérieure lui était intimement uni ; les trompes et les ovaires étaient en grande partie confondus avec la paroi du kyste ; la cavité de celui- ci communiquait avec celle des trompes, en sorte que par cette voie la cavité de l'utérus était en communication avec celle du kyste (2). C. — Corps de l'utérus. Laennec donne le résultat de l'autopsie d'une femme qui avait plusieurs kystes hydatiques, l'un dans le foie, un autre dans le tissu cellulaire interposé au péritoine et aux muscles de la partie antérieure de l'abdomen, et d'autres dans le tissu de la matrice. Après avoir donné la description des acéphalocystes renfermées dans les deux premiers de ces kystes, il ajoute: « La matrice contenait dans ses parois trois kystes, ayant chacun la grosseur d'une pomme et, du reste, semblables aux précédents (3). » D. — Col de l'utérus. Charcot a donné la description d'une tumeur hydatique déve- loppée dans le tissu cellulaire qui revêt le col de l'utérus ; le kyste était très adhérent à cet organe ainsi qu'à la paroi postérieure et su- périeure du vagin (4). E. — Paroi du vagin. Nous avons rapporté trois cas de kystes du petit bassin qui ont été opérés par le vagin ; deux avaient mis obstacle à l'accouchement. Tous les trois ont guéri. Il se peut qu'ils se soient développés primi- tivement de la paroi du vagin (5). (1) Voy. ci-dessus, p. 510, obs. cl. (2) Voy. ci-dessus, p. 519, obs. clxv. (3) Laennec, mém. cit., p. 150, obs. iv. (4) Voy. ci-dessus, p. 515, obs. clviii. (5) Voy. ci-dessus, p. 517 et suiv., obs. clxii, clxui, cuiv. ORGANES GÉNITAUX DE LA FEMME. 759 F. — Mamelle. I. — De Haen a observé des bydatides de la mamelle; la tumeur ayant été prise pour un squirrhe, on procéda à l'extirpation: « Sub operatione constitit pugni magnitudinis hydatida esse, quœ a.cîr- cumcreia, compressuque indurata cellulositate inrcquali, squirrhi inasqualitatem referret. Habebat pellem externam albam, cras- » sam, lacerabilem, nihilomnino aut fibrosam, aut vasculosam, ea de causa non fractam duntaxat, quantumvis debilem, quod ab ih- tegumentis et circumcreta indurataque cellulositate œqualiter premeretur. Prgeter lympham, qua turgebat, continuit quatuor exiguas hydatidas, liberrimas, pedunculi vestigio omnino ca- rentes (1). » II. — Fréteau rapporte que le docteur Darbefeuille, chirurgien en chef de l'hospice de Nantes, a trouvé des hydatides en grand nombre dans un sein qu'il venait d'enlever (2). III. — « Roux annonce ... avoir, il y a peu de temps, extirpé une tumeur volumineuse du sein chez une femme de province, tu- meur dans laquelle était une collection nombreuse d'hydatides. Des signes particuliers avaient fait soupçonner à Roux cette circonstance extraordinaire avant l'ablation de la tumeur que son grand vo- lume, son poids, la gêne qui en résultait, forçaient à extirper, mais qui, du reste, était bien reconnue pour n'être point de nature cancéreuse (3). » IV. V. — Astley Cooper rapporte qu'il existe dans le muséum de l'hôpital Saint-Thomas, une hydatide qui a été rejetée à travers une perforation de la mamelle; les parois du kyste s'étant enflam- mées, la collection purulente qui en est résultée, s'est ouverte à l'extérieur et a donné issue à l'hydatide. Le même auteur rapporte une observation qui lui a été commu- niquée par le docteur Bayfied ; elle concerne une tumeur hydatique qui, s'étant accrue pendant onze mois sans douleur et sans altération de l'économie, fut enlevée par l'instrument tranchant. Il n'y eut point de récidive (4). (1) De Haen, op. cit., t. III, pars Vil, cap. m, § 3, p. 322. (2) Fréteau, me'm. cit., p. 145 (voy. ci-dessus, p. 416, l'indication de ce mé- moire). __ (3) Journ. gén. de méd. de Sédillot, 1819, t. LXVII, p. 365. (&) Astley Cooper, ouvr. cit. trad., p. 518, 760 AFFECTIONS YERluTNEUSES DE L'APPAREIL DE LA GÉNÉRATION. VI. — Grsefe rapporte le cas d'une tumeur causée par des hydatides delà mamelle, qui fut prise pour un squirrhe. Il s'agit d'une fille âgée de vingt-cinq ans, chez laquelle une tumeur se développa dans la mamelle gauche, tumeur qui acquit le volume d'un œuf de poule et qui était accompagnée de douleurs très vives. Une incision ayant été pratiquée, on parvint dans sa cavité qui contenait trois hydatides grosses comme des noix et sept plus petites; les parois de la poche étaient lisses et semblaient participer de la nature des membranes séreuses. On introduisit dans sa cavité un tampon de charpie ; plus tard on y fit des injections d'une solution de nitrate acide de mer- cure. La malade ne fut complètement guérie que deux mois après l'opération (1). VII. — Cas de Malgaigne. Femme âgée de quarante-deux ans, entrée à l'hôpital Saint-Louis le 31 mai 1 853 ; tumeurdatantdesixans à la partie inférieure externe du sein gauche: elle est arrondie, oblongue, du volume d'un oeuf de pigeon, mobile sur les tissus profonds, adhérente à la peau qui a conservé son apparence normale. Ablation par une incision ; pénétration de l'instrument dans l'hydatide qui sort spon- tanément à travers la plaie (2). Voyez encore des cas de Warren, Saucerotte, et Benj. Cooper, cités par M. Velpeau dans son Traité des maladies du sein (3). G. — Placenta. « Un passage de Gœze, dit Laennec, est relatif à des vésicules trouvées dans un kyste développé dans un placenta. Ces vésicules, qui très probablement étaient des acéphalocystes, n'avaient aucune apparence de tête (4). » Artice III. — Vers erratiques et fictifs. — A. — Les vers pour- raient se porter de l'intestin dans le vagin ou la matrice\ par une fistule qui établirait une communication entre les deux organes ; (1 ) Observ. recueillie à la clin. chir. du prof. Grœfe de Berlin (Clinique des hô* pitaux, t. II, n° 28. — Arch. gén. de tnéd., t. XVI, p. 593, 1828). (2) Malgaigne, Hydatides du sein (Gaz. des hôpitaux, 1853, p. 356). (3) Velpeau, Traité des maladies du sein, Paris, 1854, p. 316. — Warren, On tumours, etc., p. 206, Tumeur de la mamelle pesant douze livres et contenant une infinité de petits globules hydaliques. — Saucerotte, Mélanges de chirurgie. — Ben- jamin Cooper, in Birkclt, p. 183. (i) Goeze, Eingeweid, etc., p. 196; cité par Laennec, mém. cit., p. 77. ORGANES GÉNITAUX DE LA FEMME. 761 peut-être le cas de Humelbergius, concernant un ténia rendu ^a»' la matrice, doit-il être ainsi expliqué (1)? Nous n'oserions dire qu'un fait observé récemment par M. An- ciaux, peut être expliqué de la même manière, quoique l'auteur propose cette explication : il s'agit d'une femme « qui se crut un jour enceinte ; les règles avaient cessé ; puis elle s'imagina éprouver à l'époque ordinaire les mouvements actifs de son enfant.... Après avoir passé plus d'un an dans cet état.. . , la malade rendit spontané- ment une grande quantité de lombrics, dont plusieurs sortirent des parties génitales; la malade en retira plusieurs avec les doigts (2). » B. — On sait que les oxyures se portent très fréquemment dans le vagin chez la femme, qu'ils y produisent un prurit incommode et quelquefois une excitation des plus fâcheuses; ils provoquent la masturbation (3), et même ils donnent lieu à des accès de nympho- manie (4). Enfin, ils déterminent une leucorrhée persistante chez les femmes qui ne se soignent pas (5). (1) Voici les paroles de Gabr. Humelbergius : « Et nos admirandœ longitudinis » tœuias in superiore Rhetia, Veltkirchii, dum illic civium nostrorum archialrum » ageremus, vidimus non semel, primo ex intestinis mulieris, deinde puellœ infanlis » bis elapsa; et tertio ex mulieris utero, sive canali ejus, ut constantissima fide ad- » firmabat, redditas; omnes in se glomeratas. » Commenlar. in Apideii demedica~ minibus herbar., cap. 1, cité par Leclerc, op. cit., p. 188.) (2) H. Anciaux, Des accidents produits par les ascarides lombricoides et de leur traitement (Bull, g en. dethérap., 1856, p. 246). (3) Voy. Schneider, Annalen der Heilk., 1811, p. 491, cité par H. Cloquet, ouvr. cit., t. II, p. 160. (4) Lenlin, in Rufeland's Journ., etc., 14 B. , 3 S., p. 10, cité par H. Clo- quet, loc. cit. (5) Stô'rk parle d'une femme âgée de 26 ans, qui, ayant eu pendant sa grossesse des flueurs blanches avec un prurit insupportable, rendit par la vulve un peloton d'oxyures (Observ. clin., ann. vm, p. 463). — Des cas de prurit plus ou moins in- tolérable de la vulve, avec écoulement abondant et fétide, guéris par l'expulsion d'oxyures ont encore été rapportés par Jean de Tournemine {Forestus, lib. îv, part. I, secl.H,cap. ix); — Th. Cockson (Commentar. medic, n°4, p. 88), (cités parBlalin, Du catarrhe utérin, Paris, an x, p. 37 et suiv., — 2G édit., Paris, 1842, p. 457). — Duval et Villeneuve (Bibliolh. méd., t. XLIV, p. 356). — Mondière (mém. cit., p. 157). Carteaux rapporte le cas d'une femme âgée de soixante- dix-huit ans, qui portait depuis trente-cinq ans environ un pessaire. Ce pessaire ayant été oublié depuis deux ans dans le vagin, il survint des douleurs et des accidents divers; la partie inférieure du canal était remplie de mucosités et d'oxyures (Journ. de méd. et chir. prat., t. II, p. 98. — Cité par felatiu). 762 AFFECTIONS vEHMlNEUSIiS DE [/APPAREIL DE LA GÉNÉRATION. C. — Dans des cas semblables, quelques anciens auteurs ont cru avoir affaire à des vers particuliers qui avaient pris naissance dans l'utérus ou le vagin (1). D. — On a encore attribué aux organes génitaux, comme à tous les autres organes, des entozoaircjs fictifs ; ce sont : des vers trouvés dans la matrice, et qui avaient détruit le fœtus (2) ; des vers trouvés dans le délivre (3) ; il est même question d'un ver sorti du mamelon d'une femme (4). (1) Voy. un cas de Beckerus (dans les Ephem. nat. cttr., dec. I, ann. VIII, obs. LXX1V, p. 121). — Un autre de Scharffius (Ephem. nat. cur., dec. I, ann. IX et X, 1678, 1679, obs. vu, de vermibus uleri. — Théoph. Bonet, Medic. sept, collect., lib. IV, sect. i, p. 18, Genevœ, 1687. — Collect. Acad. part, étrang., t. III, p. 366). — Voy. encore Benivenius (lib. De occult. morb. caus., cité par Stalpart Vander-Wiel). — Lopius (Variar. med. lect., cap. xm, cité par le même). — Lentilius [Ephem. nat. cur., 1712, appcnd. fol. 201, cité par Bianchi). — Bianchi, Ascarides plus petits que ceux du rectum (ouvr. cit., p. 332). — Mauri- ceau, Traité des maladies des femmes grosses, Paris, 1760, t. I, p. 427, et t. H, p. 52). (2) Stegmann rapporte qu'après un accouchement la sage-femme vit sortir de la cavité du chorion qui était d'une épaisseur anormale, un grand nombre de vers plats et rouges lesquels avaient dévoré le fœtus à l'exception de quelques petits os (Stegm. mise, cur., decur. III, cité par Bianchi). — Tinueus dit qu'une femme que l'on croyait enceinte et qui venait d'être tuée, fut ouverte pour sauver l'enfant ; mais on ne trouva dans la matrice qu'une matière muqueuse et des vers (Cas. méd., lib. IV, p. 204, cité par Vander-Wiel). (3) Vander-Wiel rapporte qu'une sage-femme lui a affirmé avoir trouvé un ver de plus d'un quart d'aune de long, enroulé autour du cordon ombilical ; et une autre fois un ver plus petit dans le placenta même (Vander-Wiel, ouvr. cit., t. II, obs. xxix, p. 302). (4) Un homme qui tirait le lait trop abondant de sa femme, vit sortir du ma- melon un ver qu'il retira avec la main. Ce ver était long de 4 pouces, composé d'an- neaux, muni de deux rangées de pieds, etc. (Extrait d'une lettre écrite de Chartres, le 11 avril 1666. Journal des savants, 17 mai 1666 et Collect. Acad-, 1. 1, p. 255). PREMIER APPENDICE. MALADIES FAUSSEMENT ATTRIBUÉES AUX VERS. Nous avons parlé dans le synopsis, à l'article des pseudhelminthes, de corps organisés ou non, qui ont été faussement considérés comme des entozoaires ; nous parlerons succinctement ici des maladies qui ont été faussement attribuées aux vers. On peut ranger ces maladies dans quatre catégories : 1° Fièvres continues, affections inflammatoires ou autres des prin- cipaux organes, qui seraient déterminées par les vers contenus dans l'intestin, ordinairement l'ascaride lombricoïde. 2° Affections épidémiques ou contagieuses déterminées par des vers invisibles qui infestent l'économie, circulent avec le sang, etc. 3° Affections causées par des vers localisés dans une partie du corps autre que l'intestin. 4° Affections imaginaires causées par des entozoaires également imaginaires. Article premier. — Les anciens avaient reconnu que les vers de l'intestin occasionnent des phénomènes ou des affections sympathi- ques plus ou moins graves, mais ils ne leur attribuaient pas, comme on l'a fait à une époque assez récente, la production de maladies in- flammatoires dans les organes qui ne sont point le siège des vers, ou celle de maladies plus générales comme les fièvres continues, l'hydropisie, la goutte, etc. Ce n'est guère qu'au xvne siècle que l'on commença de donner aux vers cette importance et qu'on leur attribua dé causer des maladies qui ont été désignées sous le nom de vermi- neuses universelles. La mention des fièvres vermineuses ne paraît pas antérieure aux ouvrages de Rivière, d'Hoffmann, etc. ; le premier de ces auteurs dit que les vers occasionnent une fièvre intense et non réglée (1) ; le se- cond qu'ils occasionnent des fièvres lentes et putrides, semblables aux quotidiennes, mais sans type réglé (2). Les médecins qui vinrent après eux reconnurent encore des fiè- vres vermineuses hectiques, malignes, épidémiques, etc. ; alors les (1) Lazari Rivcrii, Opéra medica universa, Lugduni, 1738, p. 310. (2) Hoffmann, op. cit., 1. 1, p. 332, § 55. 76/t PREMIER APPENDICE. épidémies de fièvre continue, de dysenterie, de pneumonie, avec expulsion de lombrics, furent attribuées à la présence de ces para- sites. On sait l'importance qui a été donnée aux lombrics et surtout aux trichurides dans celle qu'ont décrite Rœderer et Wagler (1) ; à la même époque, Van den Bosch donna l'histoire d'une constitution épidémique vermineuse dans un ouvrage qui acquit delà célébrité (2). Avant le xvin0 siècle, il est à peine question des maladies épidémiques vermineuses : Forest rapporte qu'en 1545, une fièvre pestilentielle (febris pestilens, Trousse-Galant) enleva les jeunes gens les plus vigoureux en Savoie et dans quelques localités de la France. Dans le cours de celte affection, les malades vomissaient une grande quantité de vers vivants et souvent avec menaces de suffocation (3). En 1675, une fièvre épidémique fit périr plus de six cents personnes à Bourg en Bresse ; on reconnut que. toutes avaient des vers, et dès lors les ma- lades furent guéris par des remèdes qui tuaient ces parasites (4). Ramazzini signale aussi l'existence pernicieuse des vers dans l'histoire do la constitution épidémique de 1689 (5). Jusqu'alors les lombrics avaient été regardés comme une complication ou comme un accident de la maladie, mais au xvme siècle, les médecins de toutes les parties de l'Europe rapportèrent, comme à l'envi, des histoires d'affections épidémiques déterminées par les vers. Voici l'indication des prin- cipales : Farnèse (1705), pleurésie vermineuse, par Pedratti (6). Béziers (1730), maladies diverses, par Bouillet(7). Bergerac (1731), ... ? par Vieussens (8). Modène (1739), fièvres, par Moreali(9). (1) Ouvr. cil., sect. II, § 2, 6. (2) J. Van den Bosch, Hist. const. epid. vermin., quae, annis 1760, 1761, 1762, 1763, per insulam Overflacqué, etc., grassata fuit, Lugduni Batavorurn, 1769. (3) Pelri Foresti Alcmariaai, Opéra omnia; Rolhomagi, 1653, t. I, p. 196, lib. VI, obs. vu. Dans le même livre se trouvent plusieurs observations de fièvre pestilentielle avec des vers, lib. VI, obs. h, iv, v, vi. (i) Th. Bonet, Sepulc, lib. IV, sect. I, obs. lviii, t. III, p. 227. (5) Cité par Raulin, Ancien journ. deme'd., t. IV, p. 236, 1756. (6) Dans Morgagni, ouïr, cit., epist. XXI, § 43. (7) Voy. ci-dessus, p. 126. (8) Observations sur la maladie vermineuse de Bergerai, en 1731 (Van den Bosch). (9) Moreali, Des fièvres malignes et contagieuses produites par les vers, Mo- dène, 1739 ,Sprengel). MALADIES FAUSSlMENT ATTRIBUÉES AUX VERS. 765 Ccjlembourg (1741), fièvres, par Kloekhoff (l). Ciialons (1744 à 1750), maladies, par Navier (2). Provence (1748 à 1757), fièvres, par Darlue (3). Provence (1 751 ), pleurésie, par Darlue (4). Nyons? (1754), dysenterie, par Degner (5). Seclin(1756), maladie épidémique, par Dehenne, de Cyssau, elc. (6). Ham (1 756), fièvre putride, par de Berge (7) . Saint-Jean d'ANGELi (1757), péripneumonie, par Marchand (8). Fougères (1757), dysenterie, par Nicolais Dusaulsay (9). Groningue (1 759), variole avec vers, par Van Doeveren (1 0). Gûettingue (1760 à 1761), fièvre muqueuse, par Rœderer et Wagler (1 1). Overflacqoe (1760 à 1763), constitution épidémique vermineuse, par Van den Bosch (12). Clisson (1765), maladies diverses, du Boueix (1 3). Arbois (1766), fièvre putride, par Bonnevault (1 4). Gros-Theil (1769), fièvre putride, par Lépecq de la Clôture (15). Lille (1790), fièvre maligne, par Boucher (16). (1) Kloekhoff, Historia febris epidemicœ, Culenburgensium, ann. 1741 (Van Dœveren). (2) Dissert, sur plusieurs mal. popul. qui ont régné à Châlons-sur-Marne, ab ann. 1744 ad 1750 (Van den Bosch). (3) Darlue, Fièvre putride et vermineuse, Journal de méd., 1757, t. VI, p. 64. (4) Même journal. (5) Hist. dysenteriœ bilioso-contagiosœ, Neomagensium, 1754, p. 27 (Van den Bosch). (6) Dehenne, de Cyssau, etc., D'une maladie épidémique qui a régné à Seclin (Flandre) en 1756, Journal de méd., 1757, t. VII, p. 207. (7) Fièvre putride vermineuse et épidémique observée à Ham en Picardie en 1 756, Journal de méd., t. VII, p. 372, 1757. (8) Pneumonies avec complication de fièvres vermineuses, Journal de méd., t. VII, p. 134, 1757. (9) Voy. ci dessus, p. 126. (10) Cité par Van den Bosch, p. 20, ouvr. cit. (11) Voy. ci-dessus, p. 128 note. (12) Op. supra cit. (13) Voy. ci-dessus, p. 126. (14) Observation d'une fièvre putride vermineuse épidémique qui affligeait la ville d'Arbois en Franche-Comté pendant l'année 1766 (Recueil de Rich. de Haute- sierk, etc., t. II, p. 228, cité par Bremser). (15) Lépecq de la Clôture, Ep'démic du Gros-Theil dans le Roumois. Fièvre putride vermineuse et maligne [Collect. d'observ. sur les mal. et const. épid. Rouen, 1778). (16) Journ.de méd , 1790, t. LXXXII, p. 452, t. LXXXI1I, p. 428. 760 PREMIER APPENDICE. Nous avons fait mention autre part des épidémies de fièvre et de dysen- terie qui ont été observées sur les armées en campagne par Brand, Rosen, Pringle, Van Swieten, Marie, Savaresi, Bourges (voy. p. 127). Les fièvres vermineuses prenaient différentes formes : Van den Bosch décrit des fièvres vermineuses continues putrides, inter- mittentes, bilieuses et catarrhales, lentes, accessoires inflamma- toires, etc. Ces formes se rapportent à celles que nous connaissons dans la fièvre typhoïde ; les symptômes de la fièvre vermineuse donnés par J. Frank nous offrent cette similitude d'une manière évidente : « La fièvre vermineuse, dit cet auteur, commence comme les autres fièvres gastriques... La langue est couverte d'un enduit blanchâtre ; il y a des nausées et quelquefois des vomissements ; les forces se perdent de plus en plus; la face est blême, les yeux entourés d'un cercle livide ; les joues sont alternativement rouges et pâles; il se fait des hémorrhagies par le nez, auquel les malades portent constamment les doigts pour en extraire les cail- lots. Souvent les vers sortent par la bouche et par les narines. Il existe une toux sèche, avec une douleur comme pleurétique ; le ventre est tendu et douloureux; il y a tantôt de la constipation, tantôt du relâchement, mais le plus souvent une diarrhée muqueuse, ou mêlée de sang avec des lombrics vivants ou morts ; les fèces sont excessivement fétides... La fièvre offre des rémissions de moins en moins marquées jusqu'à ce que la maladie, dans les cas graves, devienne une véritable fièvre typhoïde, aiguë ou lente (1). » L'épidémie de fièvre putride vermineuse observée par Lépecq de la Clôture, n'épargna ni les enfants à la mamelle, ni les vieillards les plus caducs, ni la différence des sexes, ni celle des états ; sur mille à onze cents habitants, il y en eut près de sept cents d'atta- qués parla maladie. Du cinquième au sixième jour, les malades tom- baient dans un délire permanent avec des soubresauts dans les ten- dons ; du sixième au neuvième, il leur survenait à tous une éruption, soit de taches pourprées et violettes, soit de grains lenticulaires mi- liaires cristallins, ou de pustules rouges brunes , après l'invasion du délire, les malades perdaient la vue et les autres sens ; ils mouraient le onzième ou le treizième jour ; ceux qui arrivaient au vingt et (1) Joseph Frank, Praxeos medicœ universœ prœcepla, t. I, p. 382, Tau- rini, 1821. MALADIES FAUSSEMENT ATTRIBUÉES AUX VERS. 767 unième guérissaient, s'il n'y avait point de gangrène dans les or- ganes. Presque tous ces malades rendaient des lombrics vivants ou morts, tantôt par les vomissements, tantôt par les selles. Sur qua- rante-sept observations rapportées par Lépecq de la Clôture, trente- neuf fois l'émission de vers est notée. Cette épidémie meurtrière céda au traitement anthelminthique : « J'ai cru reconnaître, dit Lépecq, aux accidents qui dominaient, la présence réelle des vers; j'ai hasardé, avec précaution, quelques grains de tartre stibié, que j'avais éprouvé cent fois comme un ex- cellent anthelminthique, et l'effet m'a montré ce que je cherchais : j'ai eu la satisfaction de voir des changements qui tenaient du pro- dige ; j'ai vu que cinq ou six vers jetés vivants par la bouche et dans les selles, enlevaient le délire, remettaient le ventre à l'aise et dissi- paient l'étranglement suffocatoire...; j'ai rendu le plan de traitement général, et l'épidémie a pris en peu de jours une face toute nou- velle (1). » Ces remarques du célèbre médecin normand ne peuvent être dé- daignées, d'autant plus qu'elles sont loin d'être isolées; dans l'épi- démie de dysenterie observée par Pringle, la présence des lombrics aggravait considérablement les accidents et rendait la maladie plus rebelle (2). Il serait inutile d'apporter d'autres témoignages (ils sont nom- breux) pour juger la question des accidents que déterminent les vers dans certaines affections fébriles ou dysentériques. Nous concevons que la présence de ces animaux dans l'intestin malade, enflammé, ulcéré, ait une action plus vive et plus fâcheuse que dans l'intestin sain; nous concevons que ces animaux, dans l'intestin privé d'ali- ments et rempli de matières putrides, s'agitent plus que d'ordinaire et se portent plus fréquemment dans l'estomac; de là les nausées, les vomissements, les suffocations et les angoisses ; de là l'aggravation des phénomènes nerveux ; de là l'utilité des médicaments qui ex- pulsent ces hôtes incommodes et dangereux. Dans les maladies dont il vient d'être question, l'irritation de l'in- testin, les actions des vers rendues plus vives et plus sensibles, nous expliquent les effets pernicieux de la présence de ces parasites, sans admettre avec Avicenne, Coulet, Rosen, P. Frank et d'autres, que du corps des lombrics sort une vapeur malfaisante qui s'élève vers le (1) Lépecq, ouvr. cil., p. 185. (2) Ouvr. cit. ci-dessus, p. 127. 768 Premier aMendïcë. cerveau, ou que les excréments de ces êtres, absorbés avec le chyle, passent dans le sang, dépravent les humeurs, etc. D'où vient que dans ces épidémies, les lombrics apparaissent en grand nombre , ce qui porte à penser que leur présence est en rela- tion avec l'influence épidémiqueî Sans doute, comme le dit Under- wood, que la fièvre détruit les vers (1), ou du moins on peut croire que la privation des aliments, la putréfaction des matières intesti- nales chassent ou font périr les lombrics. L'existence des vers qui, sans la maladie, fût restée ignorée, se révèle alors et passe pour la cause du mal . La croyance aux affections épidémiques, aux fièvres ou aux phleg- masies déterminées parles entozoaires intestinaux, en un mot, aux maladies vermineuses universelles, était devenue presque générale à la fin du siècle dernier et au commencent du nôtre; tel était alors l'aveuglement des esprits à cet égard que l'on en vint à admettre des affections vermineuses sans vers: « J'entends sous le nom de ma- ladie vermineuse, dit Bremser, un dérangement ou bien une dispro- portion dans les fonctions des organes destinés à la digestion et à la nutrition ; pendant la durée de ce dérangement, il se produit ou bien il s'accumule dans le canal intestinal des substances à l'aide des- quelles il peut se former, dans des circonstances favorables, des vers; mais cependant il n'y a pas nécessité absolue que cette formation doive en résulter (2). » Toutefois, dans le siècle dernier déjà, quel- ques médecins élevèrent des doutes sur la réalité de la nature ver- mineuse des affections regardées comme telles : De Haen (3), Mus- grave (4) , Butter (5) firent à leur sujet des réserves ou les nièrent absolument. Wichmann, enfin, entreprit de relever les erreurs qui s'étaient accumulées dans toutes les questions de pathologie vermi- neuse et, par un examen judicieux, par des raisons solides, il im- prima aux esprits une nouvelle direction touchant cette matière (6). L'importance attribuée aux vers dans les affections fébriles ou in- flammatoires se retrouve dans les écrits des médecins du commence- (1) Underwood, Traité des maladies des enfants, traduction, Paris, 1786, p. 226, note. (2) Bremser, outir. cit., p. 338. (S) De Haen, ouvr. cit., pars XIV, cap. iV, t. VlII, p. iOo. (4) Essay on the nature and cure of the so called wormfcver. Loudon, 1776. (5) Butter, cité par Underwood, loc. cit. (6) Joh. Ernst Wichmann, Ifcen sur Diagnostik, Drittcr Tl'ieil. Hannover, 1802 (Rudolpbi). MALADIES FAUSSEMENT! ATTRIBUÉES AUX VERS. 769 ment de notre siècle. Les relations d'épidémies vermineuses, de constitution vermincuse des maladies régnantes occupent leur place dans les publications périodiques jusque vers 1825; à partir de cette époque, il cesse d'en être question, sans doute parce que nos connaissances en pathologie sont devenues plus précises, et sans doute aussi parce que les lombrics sont devenus beaucoup plus rares dans les grandes villes, et à Paris surtout. Article II. — On peut se figurer, suivant Bianchi.les causes des maladies épidémiques comme des essaims invisibles d'insectes qui se- raient apportés par les vents dans notre atmosphère. Ces essaims se montrent çà et là, comme au printemps et en été les nuées de mou- ches, de cousins, de papillons qui s'épandent par tourbillons, se por- tent d'un endroit à l'autre ou s'ébattent longtemps à la même place; ainsi les animalcules épidémiques se jettent sur l'homme... Mais de quelle nature sont ces insectes? que font-ils dans le sang? c'est ce que l'on ignore (1). En effet, les insectes, les vers, les animalcules qui ont été accusés depuis deux siècles, de produire les maladies épidémiques et conta- gieuses, n'ont jamais été vus par personne. Le père Kircher a, l'un des premiers, appelé l'attention sur ces vers invisibles, qui auraient une action pernicieuse sur l'économie humaine ; il expliqua la contagion de la peste par des vermicules nés d'une putréfaction particulière, lesquels pénètrent dans le corps de l'homme par les pores de la peau (2). Cette opinion fut adoptée avec empressement par beaucoup de médecins. En 1711, une épizootie désastreuse ravage plusieurs contrées de l'Europe et se propage en Italie ; elle fait périr presque tout le gros bétail de la Lombardie, du duché de Ferrare, de la campage de Rome, du royaume de Naples; la peste bovine appelle l'attention des mé- decins, des académies, des gouvernements; Congrossi, médecin de Crème, s'appuyant du sentiment de Kircher touchant la peste de l'homme, admet que le principe de la maladie consiste en une infi- nité de vers invisibles. Ses raisons sont adoptées par Vallisneri qui leur prête l'autorité de son nom ; et dès lors on combat la ma- ladie par des fumigations sulfureuses, bitumineuses, par des onctions (1) Bianchi, op. cit., p. 379. (2) Athanasii Kircheri Scruiinwn physko-medicum conlaglosœ luis, Le point de maturité des principes immédiats réunis dans les bourgeons, lequel, atteint en fin de juin, doit cesser d'être le même en automne. d. — « La détérioration en deux ou trois ans du principe gras de bourgeons recueillis dans le temps convenable, desséchés et conservés même avec soin, à la suite de laquelle ils ne contiennent plus que le tannin, les acides gallique, acé- tique et l'amidon, auxquels la propriété de détruire le ténia ne peut être accordée, et sont arrivés à l'état où on les trouve habituellement dans le commerce, surtout dans le nord de l'Allemagne. » (Herrn Peschier, Apotlieker in Genf Notiz ueber die Eigenschafl eines fettartigen Princips der Farnivurzel, den Bandwurm abzu- treiben. — Notice sur la propriété médicale du principe gras des bourgeons de la fougère mâle ; Polypodium filix mas Linn. — Aspidium filix mas Schwarz. — Ver- handlungen der allgemeinen Schweizerischen gesellschaftfur die gesavnmten natur- wissenschaften in ihrer eilften jahresversammlung zu Solothurn, 1825, p. 61.) 7S8 MÉDICAMENTS VERMIFUGES ET LiJUB MODIi D' ADMINISTRAI K>N. On peut encore prendre celle poudre suspendue dans du un blanc ou dans de l'eau. If Racine de fougère mâle 30 à 45 grammes. Eau bouillante 1 litre. Faites infuser pendant trois heures, passez et décantez . A prendre le malin par tasses rapprochées. % Huile éthérée de fougère 2 grammes. Mucilage et poudre de fougère q. s. pour dix bols. A prendre le matin à une heure d'intervalle. Dans tous les cas, avec la poudre, l'infusion ou l'huile éthérée, le malade doit être mis à la diète douze à quinze heures avant la première prise et doit être purgé, une heure ou deux après la deuxième prise, avec 30 ou 60 grammes d'huile de ricin. Pour un enfant à la mamelle : If. Racine de fougère 2 grammes. A douner en deux fois le matin, à une heure d'intervalle, dans du lait ou de la bouillie. Le lendemain , purgatif léger (Andry). L'infusion de fougère ou sa décoction n'a pas do propriétés anthelmintlii- ques aussi marquées que la poudre. Ce dernier remède est. d'un prix peu élevé, mais son odeur et sa saveur le font prendre avec répugnance par beaucoup de malades, beaucoup le vomissent ; il donne du malaise et des coliques plus ou moins vives et quelquefois des spasmes violents. La préparation la plus efficace et la plus fréquemment employée aujour- d'hui, est l'huile élhérée de Peschier, qui paraît exempte de la plupart des in- convénients de la poudre (I). M. Rayer la prescrit de la manière suivante : ty Huile éthérée de fougère mâle 72 gouttes. Poudre de fougère mâle q. s. pour 18 pilules. (I) Voici dans quels termes Peschier s'exprime sur ce médicament : ( Recueillie dans les mois d'été, la souche de la fougère mâle offre des ourgeons qui ont acquis leur maturité, dont la cassure est franche, la couleur vert-pistache-clair et l'odeur nauséabonde. » Privés des squames fixées à leur base et de leur extrémité supérieure brune et inerte, les bourgeons, desséchés convenablement, digérés à froid dans l'éther sul- furique, le colorent en vert jaunâtre ; le liquide exprimé, filtré et concentré, fournit un produit d'un vert obscur, composé d'un principe huileux, d'une petite quantité de résine, de chlorophyle, soit du principe vert des végétaux; plus, des acides acétique et galliquc, dont ou volatilise l'acide acétique par une chaleur douce. Le produit ainsi obtenu, qui a une saveur acre et l'odeur vireuse des bourgeons, donné à la dose de 8 à 10 gouttes, sous forme de pilules en deux fois, à derni- neure de distance, en se couchant (le malade ne prenant pas de nourriture depuis SIMPLEMENT AU ÎRAlTt-Ml'NT DES VERS DE L'INTESTIN. 789 Le malade, au lieu de dîner, prendra un bouillon; puis, à huit heures du soir, il prendra six pilules; le lendemain, à su heures du matin, douze pilules; deux heures après, 60 grammes d'huile de ricin dans une tasse de bouillon aux herbes. Les préparations de fougère mâle chassent le ténia, mais beaucoup d'ob- servateurs ont remarqué qu'e'les sont plus efficaces contre le bolhriocô- phale. L'efficacité incontestable de la fougère mâle contre les vers et contre les cestoïdes en particulier, son insuffisance fréquente lorsqu'elle est administrée isolément, lui ont fait adjoindre une foule de médicaments, ont donné naissance à une foule de remèdes plus ou moins composés ou de méthodes de traitement dont les plus con- nues sont les suivantes : Méthode d'Alibert. — Pour boisson habituelle, le premier jour, décoction de 123 grammes de racine de fougère mâle dans 1500 grammes d'eau réduite à 1000 grammes, édulcorée avec 60 grammes de sirop de mousse de Corse; trois heures après le repas, bol composé de: mercure doux, corne de cerf calcinée, de chaque, 0sr,15; conserve de roses, q. s. pour un bol. Le second jour: scammonée en poudre, 1 gramme ; racine de fougère mâle, 30 grammes ; gomme-gutte et mercure doux, de chaque 0gr,60 ; à prendre eu une seule dose dans de l'eau sucrée ou mêlée de vin. Méthode de Bcck. — ty . Mercure doux, ls»',20 ; corne de cerf brûlée, cinabre, antimoine, de chaque, Os1, 50; mêlez. Prendre ce mélange à quatre ou cinq heures de l'après-midi, dans une cuillerée d'eau; le soir, après un potage, prendre 60 grammes d'huile d'amandes douces; le lendemain matin, prendre une dej trois prises d'une autre poudre faite avec 4 grammes de racine de fougère; jalap, gomme- gutte, chardon bénit, ivoire brûlé, de chaque, 2 grammes; mêlez et divisez en trois paquets. Il y a souvent alors, dans l'espace de deux heures, deux ou trois vomis- sements et des selles. On donne un second paquet deux heures après le premier, si le ténia n'est pas expulsé, et le troisième, si les deux premiers ne produisent pas reflet désiré. Lorsque le ver n'est pas évacué par ce moyen, on donne un lavement fait de la décoction de plantes amères, à laquelle on ajoute du sulfate de son dîner), et accompagne le matin à jeun d'un purgatif doux, détruit absolument le ténia vulgaire, sans occasionner aucun dégoût ni aucune irritation. Or, quand on sait que pour obtenir un effet semblable avec la poudre de fougère, le malade est obligé d'en prendre la proportion de 3 drachmes en bol ou en potion, que ce médicament a une saveur et une odeur repoussantes, que beaucoup de personnes le rejettent, en même temps qu'il occasionne quelquefois des spasmes violents, on peut se féliciter, j'espère, d'avoir reconnu et isolé le principe dans lequel réside la propriété anthelminthique, et surtout de savoir que, pris de la manière indi- quée, quoique dans un état d'isolement, il ne fait éprouver aucun malaise. » Il est bon d'observer qu'administré sous forme d'émulsion, il n'a pas eu d'ac- tion sur le ténia, quoique sa saveur ne fût pas trop marquée, ce qui parait indi- quer que peu de chose, et surtout un corps gras, en atténue |a propriété. « [Mém. cit.) 790 MÉDICAMENTS VERMIFUGES ET LlîUll MQDE D'ADMINISTRATION. magnésie; onfin on prescrit, pour jètrc administrée dans l'espace de trois heures, la poudre suivante: jalap, i grammes; gratiole, ls',20; divisez en trois doses. [Méthode de Beck, médecin de l'empereur de Russie, dans llufeland's joum., t. XVII, st. 2, p. 153 et Joum. de méd. de Sédillol, 1806, t. XXVII, p. 117.) Méthode de Hourdicr. — Le matin, 4 grammes d'éther sulfurique dans un verre de. décoction de fougère mâle; quatre à cinq minutes après, lavement avec la môme décoction, dans laquelle on ajoute 4 grammes d'éther; à une heure de là, on administre uu mélange de 60 grammes d'huile de ricin et de 30 grammes de sirop de Heurs de pécher. On répète trois jours de suite les mêmes moyens et de la même manière. On est souvent obligé de revenir à plusieurs fois à ce traitement, vu ses insuccès fréquents (Joum. de mkl. de Sédillot, t. XIII, p. 176). Ce remède avait' été indiqué auparavant par F. C. Médicus, dans son Traité des maladies périodiques sans fièvre, page 284 de la traduction qu'en a faite Lefevre de Villebrune (Mérat). Méthode de Dubois. — La veille au soir, une panade; le lendemain matin, dans une tasse de bouillon aux herbes, 15 grammes de racine de fougère mâle en poudre; une heure après, on administre en trois fois la poudre suivante : jalap, diagrède, scammonée, gomme-gutte, de chaque 0§r,30 ; mêlez et divisez en trois paquets ; bouillon aux herbes dans le reste de la journée. Méthode de Grahl. — La veille, soupe préparée avec 120 grammes de pain blanc et autant de beurre, bouillis dans un demi-litre d'eau. Le lendemain, prendre un bol composé de : racine de jalap, gomme-gutte, mercure doux, de chaque 0sr,35; une heure après, poudre de racine de fougère mâle, 12 grammes; eau de fleurs de tilleul, 90 grammes; à prendre en une fois (Gaz. méd. de Paris, 1840, t. VIII, p. 507). Méthode de Herrenschwands. — Le malade prend deux jours consécutifs, le matin et le soir, 4 grammes de fougère mâle pulvérisée dans un liquide approprié, ou en un bol, s'il l'aime mieux; le troisième jour il prend la poudre suivante : gomme- gutte, Os1', 60; sel d'absinthe, 0sr,15; savon deStarkey, 0sr,10; pour un bol. Trois heures après, 30 grammes d'huile de ricin d'Amérique, une autre dose semblable à une heure de là, et une troisième, si deux heures après le ver n'est pas rendu. Le soir, si le ver n'était pas sorti, lavement avec le lait et l'huile de ricin. Dans quelques autres formules, Herrenschwands ajoutait de la gratiole, de la scammonée, du mercure, etc. — L'auteur a reconnu que sou remède expulsait plus sûrement le bothriocéphale que le ténia. (Voy. Ch. Bonnet, ouvr. cit., t. II, p. 68 et 69. — Van Doeveren, ouvr. cit., p. 349. — Tronchin, Biblioth. raison., vol. XXXIII, p. 280 et suiv. — Cramer, biblioth. cit., vol. XXXII, XXXIII. — Rosen, ouvr. cit., p. 426. — Herrenschwands, Abhandl. von den vornehmslen, etc., in-4. Berne, 1788. — Bremser, ouvr. cit., p. 464.) Méthode de Lagène. — Avant de se coucher, lavement avec la décoction de fou- gère; le lendemain matin, prendre la poudre suivante délayée dans du vin blanc : valériane récente, 4 grammes; coquille d'œuf calcinée et préparée, 1 gramme. Rester couché et se couvrir bien pour suer; continuer trois jours de suite. Le quatrième jour, purgatif composé ainsi : mercure doux, 0sr,50; panacée mercu- SUPPLÉMENT AU TRAITEMENT DUS VERS DE l'IjNTESTJN. 791 riellc, Os',20; diagrède sulfuré, Os1', 60, pour faire, avec quantité suffisante de sirop de fleurs de pocher, des capsules qu'on prendra à jeun et de suite. Deux heures après, boire une tisane préparée avec 15 grammes de séné bouilli dans 1 kilogramme d'eau, avec addition de Og',40 de sel de tartre. Une heure plus tard, un bouillon gras. La tisane purgative est continuée ou suspendue, suivant qu'il y a dévoiement ou constipation. Le soir, autre lavement de fougère. Méthode de Mathieu. — Cette méthode consiste dans l'administration de deux électuaires. Le premier, composé de : limaille d'étain, 30 grammes; racine de fou- gère niàle récente, 24 grammes; semen-conlra, 2 grammes; jalap et sulfate de potasse, de chaque, -i grammes; miel, suffisante quantité. Le secoud, préparé avec : jalap et sulfate de potasse, de chaque, 2g1', 40 ; scammonée, lsr,20 ; gomme- gutte, 0ôr,50; miel, quantité suffisante. On met d'abord le malade à un régime sévère; on ne le nourrit que de bouillons maigres, de viandes salées, de potages légers, de légumes; on administre toutes les deux heures une cuillerée à café du premier électuaire pendant deux ou trois jours; on donue ensuite le second, aussi par cuillerée à café et pendant le même espace de temps ; on alterne ainsi jusqu'à ce que le ver soit expulsé. Méthode tenue secrète et achetée par le roi de Prusse ; publiée dans les éphémé- rides de Formey et le journal de Hufeland; voy. aussi : Rust magaz. 8lcr baud, 2'es heft IS20, p. 352 (Bremser). Méthode de Nouffer. — Cette méthode de traitement, pratiquée pendant vingt ans avec mystère à Morat, en Suisse, où les malades se rendaient de tous les pay», fut achetée en 1776 par le gouvernement français, moyennant 18 000 francs. La veille du traitement, panade composée de 60 grammes de pain, 90 grammes de beurre, un peu de sel et l'eau nécessaire; ou la mange à souper; uu quart d'heure après, on boit un gobelet de vin blanc, avec uu biscuit. Si le malade est constipé, il prend un lavement émollient avec ua peu de sel et 60 grammes d'huile d'olive. Le lendemain, de bonne heure, il prend 12 grammes de fougère mâle en poudre dans 200 grammes de décoction de fougère; si ce médicament est vomi, il faut prendre de nouveau la même dose. Deux heures après, en une ou plusieurs fois, prendre un bol composé de : panacée mercurielie, scammonée, de chaque 0sr,30; gomme-gutte, 0§r,35 : mêlez, et faites un bol en ajoutant la confection d'hyacinthe ; boire par-dessus une ou deux tasses de thé léger. Le malade se promènera ensuite dans sa chambre, et reprendra du thé à chaque purgation, jusqu'à ce que le ver soit rendu. Si quelque portion du bol a été vomie, ou si le ver ne sort pas, ce qui arrive assez fréquemment, on purge au bout de huit heures avec le sulfate de ma- gnésie à la dose de 8 à 30 grammes. On le donne aussi pendant l'action du bol, si Je ver reste suspendu à l'anus. On recommence le traitement le lendemain, si le premier a échoué. Ce remède, d'après l'auteur, agit plus sûrement contre le bothriocéphale que contre le ténia ; il réussit mieux dans les temps frais que dans les chaleurs de l'été. D'après l'opinion des médecins français chargés de l'examen du remède de Nouffer, le bothriocéphale exigerait des remèdes moins actifs que le ténia ; la fougère, suivant eux, aurait une action presque spécifique contre le premier de ces vers. (Précis du traitement contre les ténias ou vers solitaires, pratiqué à Moraïen Suisse, examiné et éprouvé à Paris ; publié par ordre du roi, A Paris de l'imprimerie 792 MÉDICAMENTS VERMIFUGES ET Liait MODE D'ADMINISTRATION. royale, 177'i. — Journ. de med. chir., etc. ., I"7:>, t. XI. IV, p, 222. — Bloch, oitvr. cit., p. lis. — Vicusseux, Jour- de med. Çoroisart, etc., an XI, i. V, p. .".27. — firemser, ouvr. cit., p. i"0.) Méthode de lienaud. — Prendre avant le traitement un lavement d'eau chargée de savon ; les cinq jouis suivants, 4 grammes de racine de fougère mâle, dans l'eau de pourpier; peu de temps après, un bol composé de Os1', 30 de mercure doux, d'autant de jalap et de rhubarbe, incorporés dans du miel ; la boisson ordinaire est la décoction de fougère malo- M. — Grenadier. Le grenadier est l'un des meilleurs anthelminlhiques dont on se serve au- jourd'hui. C'est l'écorce de la racine surtout qui possède la propriété vermi- fuge; celle de la tige la possède à un moindre degré; celle du fruit n'on est pas tout à fait dénuée. La connaissance de la vertu anthelminthique du grenadier remonte à l'anti- quité. Son usage était vulgaire au temps de Caton le Censeur (Calo, De re rus- lica, cap. cxxvi. Le fruit macère dans le vin); ■ — Sa propriété vermifuge est signalée par Pline (op. cit., lib. XXIII, § 60. La décoction de la racine tue le ténia); — par Dioscoride (op. cit., lib. II, cap. lxxi, p. 707, la décoction de la racine) ; — et par Marcellus Empiricus (op. cit., cap. xxvm, p. 373, le suc de la racine, la dé- coction des feuilles contre le ténia). — L'écorce de la racine de grenadier tue les vers plats,aditRhazès (op. cit., p. 282). — Ce médicament est resté ensuite complètement dans l'oubli ; c'est à peine s'il est mentionné par Leclcrc (ouv. cit., p. 409 et 436, écorce de la racine), et par Andry '(omit, cit., p. 612 et 613, fruit î ccorce). Dans l'Inde, son usage est vulgaire de temps immémorial, et c'est de là qu'il est revenu en Europe. Buchanan publia en 1807 la formule dont il faisait usage à Calcutta, en annon- çant qu'elle lui avait constamment réussi (Francis Buchanan, Indian cure of tape- worm; Edinb. med. surg. journ., vol. III, p. 22). — En 1814-, un chirurgien au Bengale, Adam Burt, appela de nouveau l'attention sur ce médicament (voy. Pollock, Case of lœnia in an infant; Edinb. med. surg. journ. , vol. X, p. 420). — Enfin en 1821, le docteur Breton, chirurgien aux Indes, publia plusieurs observa- tions qui furent plus remarquées que les précédentes (voy. Roget, in Med. chir. transact, ofLondon, vol. XI, 1821, p. 301). En 1822, le docteur Gomez, médecin portugais, publia un mémoire important sur l'efficacité de l'écorce de la racine de grenadier dans le traitement du ténia (Mem. sobre a virtude lœnifuga do romero (grenadier) corn observ por B. A. Gomez, Lisboa, 1822). L'auteur rapporte quatorze observations de succès plus ou moins complet. Le mémoire de Gomez, traduit par Mérat et publié dans le Journal complémentaire en 1823 (t. XVI, p. 24), fit connaître en France la propriété de l'écorce de la racine de grenadier, et bientôt un grand nombre de faits vinrent en montrer l'efficacité. On emploie indifféremment le grenadier sauvage ou le grenadier cultivé ; la racine fraîche est préférable à celle qui est sèche. Si l'on prescrit la pre- SUPPLÉMENT AU TRAITEMENT DLS VERS DE l/lNTESTIN. 793 mière, il est nécessaire d'observer que le grenadier, dans nos pays, ss greffe quelquefois sur un pied d'une autre essence, et que, dans ce cas, on n'ob- tiendrait de la racine aucun effet vermifuge. Lorsque l'on se sert do la se- conde, il faut choisir celle qui vient de Portugal et qui a été recueillie dans l'année même; il faut en outre, avant de la soumettre à la décoction, qu'elle reste en macération pendant douze ou vingt-quatre heures. Mode d'administration. Pour un adulte : 2fi. Écorce de racine de grenadier 60 grammes. Eau 750 — Faites macérer pendant douze heures, puis bouillir et réduire à 500 grammes; passez. — A prendre en trois fois de demi-heure en demi-heure. Pour un enfant de six à quinze ans, la dose d'écorce de racine de grenadier sera de 30 à 45 grammes. Pour un enfant de moins de six ans, la dose d'écorce sera de 15 grammes. Eau 250 à 300 grammes, réduite à moitié par Fébullition. Dans les deux cas, à prendre eu trois fois comme chez l'adulte. Méthode du docteur Bourgeoise. — Le matin ou le soir 45 à 60 grammes d'huile de ricin. — Diète sévère pendant toute la journée. Le lendemain matin prendre eu trois fois, de demi-heure en demi-heure, le tiers de la décoction suivante : If. Écorce de racine de grenadier 60 grammes. Eau 1000 — Faites macérer pendant vingt-quatre heures, puis bouillir et réduire à 500 grammes. Méthode de Deslandes. — Ofi. Extrait aqueux et alcoolique de deux onces d'é- corces de racine de grenadier. Faites un électuaire, à prendre en trois ou quatre fois, de demi-heure en demi- heure, dans du pain azyme. Mômes effets qu'avec la décoction. La dose d'écorce de racine de grenadier, pour un adulte, a été portée à 125 grammes, sans inconvénient; on peut la répéter le lendemain ou le sur- lendemain, si le ver n'est pas chassé, en se conformant toutefois aux pré- ceptes que nous avons donnés p. 220. Suivant Mérat, il faut s'abstenir de purger le malade après l'administration de ce médicament. L'ingestion de la décoction de grenadier n'est pas suivie d'accidents fà- (1) Léop. Deslandes, Bull, thérap,, t. IV, et Archiv. gén. de méd., 1833, 1. 1, p. 120. Trois cas de succès sur quatre. 794 MÉDICAMENTS \ liKMll'UCliS LT LEUR MODIi b'ADMINlSTliATION. dieux ; quelques malades en rejettent une partie par le vomissement, d'au- tres ont seulement des nausées; ils ont quelquefois de? coliques, des borbo- rygmes, des déjections alvines, des verligos, un malaise général , quelquefois des syncopes; mais ces phénomènes ne tardent pas à se calmer, La plupart des malades n'éprouvent point d'effet notable. Le lénia est généralement rendu le premier jour du traitement et quatre à six heures après l'adminis- tration du remède. La décoction de grenadier est peut-être le remède le plus fréquemment efficace contre le lénia, cependant il échoue quelquefois; il ne paraît pas moins efficace contre le bothriocéphale. PRINCIPAUX TRAVAUX PUBLIÉS SUR LE GRENADIER. Boiti (Ann. univers, di medic. da Onwdei, vol. XL, p. 559), — huit cas de gué- rison. Bourgeoise (Nouv. bibliolh. méd., t. VI, 1824, p. 397), — ciuq cas de succès. Deslaudes (Nouv. bibliolh. méd., t. VI, 182i, p. 342), — un cas de guérison. Deslandes (même recueil, t. IX, 1825, p. 76), — deux cas de guérison; l'un ayant fait usage sans succès de la fougère. Souza de Velho (Nouv. bibliolh. méd., t. VI, 1821, p. 344, — un cas de guérison. Grimaud (Gaz. de santé, n° 27, 1824), — trente cas de succès avec la racine et Técorce de la raciue. Husson (Arch. gén. de méd., t. VI, p. 293 et t. VII, 1825, p. 603), —un cas de succès incomplet, un autre cas complet. Wolff de Bonu (Hufeîand's journ., août 1825. — Bull. se. médic., t. VII, 1825, p. 239. — Edinb. med. surg. journ,, 1828. — Archiv. de méd., t. XVIII, 1828), — dix cas traités par Técorce indigène : trois succès; ciuq incomplets; deux cas de diagnostic incertaio. Moulin (Archiv. gén. de méd., 1827, t. XIV, p. 285 et 374 ; t. XV, p. 124), — un cas de guérison. Raisin, de Caen (Archiv. gén. de méd., 1828, t. XVI, p. 298 et t. XVII, p. 130), — un cas de guérison. A.-L.-J. Bayle (Bibliolh. de Ihérap., Paris, 1828, t. I, p. 388), — neuf cas, huit guérisons. — Un cas de Kapeler, guérison. — Trente cas? de Moulin, tous guéris. — Chauffard (d'Avignon), deux cas de guérisou. — Insuccès par Choruel, Duméril, Ollivier. — Gaube, observation d'épilepsie, datant de dix-sept ans, guérie par l'expulsion du ténia. Lavalette, d'Aussonne (Archiv. gén. de méd., 1829, t. XX, p. 597), — quatre cas de guérison. De Fermon (Bull. se. méd., t. XIX, p. 116, 1829), — plusieurs cas de guérison cités. Docteur Marchese (Giom. nap.med., vol. Il, fac. 2), — trois cas de guérison. Rullier (Archiv. de méd., 1831, t. XXV, p. 570), — cas de guérison chez un en- fant de trois ans. F.-V. Mérat (Du, lénia el de sa cure radicale, par Vccorce de racine de grenadier, in-8. Paris, 1832), — cent quarante-deux observations personnelles ou emprun- tées à divers auteurs. SUPPLÉMENT AU TRAITEMENT DES VERS DE L'jNTESTJN. 795 Nous bornons ici cette revue bibliographique; les observations et les mémoires postérieurs à l'ouvrage de Mérat, n'ont fait que confirmer l'efficacité du grenadier déjà suffisamment établie. N. — Huiles grasses. Andry reconnaît une propriété vermifuge aux huiles d'amandes, d'olive et de noix, prises à jeun. Il cite un cas d'expulsion du ténia par un malade qui avait pris 60 grammes d'huile d'amandes douces; il préfère l'huile de noix contre les lombrics (1). L'huile d'amandes douces a encore été recommandée par d'autres au- teurs (2) ; mais l'huile de noix, suivie de l'ingestion de vin d'Alicante, a réussi plusieurs fois, dit-on , à chasser le ténia. La dose d'huile était de 1 50 grammes, et celle du vin d'Alicante de 1 20 grammes, prise deux heures et demie après l'huile (3). L'huile de ricin a été surtout préconisée par Odier (de Genève). Ce médecin administrait cette huile à la dose de 1 5 grammes toutes les demi-heures, jus- qu'à ce que le malade en eût pris 90 grammes; il rapporte plusieurs obser- vations d'expulsion de bothriocéphale par ce moyen (4). Le même médecin donnait encore l'huile de ricin en même temps que la poudre de fougère mâle. 0. — Kamala. Le kamala ou kameela est. une substance résineuse produite par les cap- sules du fruit du roulera linctoria, arbre qui croît dans l'Inde, en Chine, aux îles Philippines, etc.; il forme une poudre rouge employée dans l'Inde pour teindre la soie. En médecine, on l'emploie à l'extérieur dans quelques maladies de la peau, et surtout à l'intérieur comme anthelminthique. « Si nous nous rapportons à ce qui a été publié, dit le docteur Hunsbry, nous trouvons que les propriétés anthelminthiques du kamala ont été essayées par les docteurs Mackinnon, Anderson, Corbyn et Cardon. » Les essais de ce remède, en Angleterre, n'ont encore été que fort peu nombreux. Le docteur Arthur Leared, qui a été un des premiers à le pres- crire à Londres, a enregistré un cas suivi de succès, et depuis ce temps il m'a dit qu'il avait fait quatre autres tentatives non moins heureuses. (1) Andry, ouvr. cit., p. 507, 536. (2) Journ. deméd., 1760, t. XII, p. 506, et 1770, t. XXXIII, p. 347. (3) Passerat de la Chapelle, Journ. de méd., 1757, t. VI, p. 305. — Binet, Journ. deméd., 1761, t. XV, p. 214. — Baumes, Journ. de méd., 1781, t. LVI, p. 432. (4) Odier, Observ. sur l'usage de l'huile douce de ricin particulièrement contre le ver solitaire [Journ. de méd., 1778, t. XUV, p. 44, 49, 333, 450, et 1788, \. LXXV, p. 416). 706 MÉDICAMENTS VERMIFUGES ET LEUR MODE D'ADMINISTRATION. » Le docteur Mackinnon, chirurgien directeur du Medical-Eslablishmcnt, au Bengale, ayant été conduit, à u.-cr de ce remède, rapporte co qui suit : « Mon attention, dit-il, y fut d'abord appelée par un canonnier de la bri- » gade affecté d'un ténia que ni la térébenthine, ni le kousso n'avaient réussi t> à expulser. Il disait qu'un do ses camarades atteint do ténia avait pris le » kamala avec succès. J'en envoyai chercher immédiatement, et, sans pré- » paralion préalable du malade, je lui en administrai 12 grammes. C'était un » homme robuste, chez lequel il ne se manifesta aucun effet ; aussi, quatre » heures après, je lui fis prendre une dose semblable. Elle lo purgea avec ■» abondance et facilité; et à la quatrième selle, un énorme ténia do 18 pieds » fut rejeté. Le résultat était si satisfaisant que j'ai continué à faire usage » de ce remède toutes les fois que lo cas s'en est présenté ; et je l'ai employé » aujourd'hui dans seize circonstances différentes, sans jamais éprouver d'in- » succès. Autant que mon expérience me permet de l'affirmer, j'ai trouvé ce » remède à la fois meilleur et plus certain que la térébenthine ou le kousso, » et beaucoup moins désagréable à prendre que l'une et l'autre de ces deux » substances. » Dans tous les cas, à l'exception du premier, je n'ai jamais été au delà » de 12 grammes. Cette quantité produit en général de cinq à six selles, et » c'est vers la quatrième ou la cinquième que lo ver est rendu mort. y> Dans deux des derniers cas où je l'ai administré à l'hôpital, mes deux » malades se relevaient d'une fièvre qui les laissait encore très faibles, aussi » la dose de 12 grammes les a-t-elle purgés très violemment de douze à qua- » lorze fois. Dans trois cas suivants je réduisis la dose à 6 grammes, et comme » elle ne produisait aucune action sur les intestins, j'administrai, six heures » après, une demi-once d'huile de ricin. Il y eut quatre ou cinq selles, et » dans chaque cas le ver fut rendu mort. » Dans presque tous les cas, le cou long et mince du ver paraissait » se mouvoir. Je donnai à un enfant du pays, âgé de cinq ans, une dose de » 2 grammes, et le ténia fut complètement expulsé. Le remède purge ordi- » nairement avec rapidité. Dans une moitié des cas, à peu près, j'ai observé > quelques nausées et de légères coliques ; dans l'autre moitié, aucun incon- » vénient ne s'est fait ressentir, et quelques malades déclaraient que c'était » la purgation la plus facile qu'ils eussent jamais prise de leur vie. » » Le docteur Mackinnon résume ainsi ce que lui a appris l'expérience : » 1° Le kamala est un remède sûr et efficace contre te ténia, et d'un usage » plus certain que la térébenthine ou le kousso. » 2° Un Européen vigoureux peut très bien en prendre une dose de » 12 grammes. » 3° Chez une personne d'une faible constitution, ou chez une femme, la » dose doit être de 6 grammes, avec une demi-once d'huile de ricin en sus, » s'il est nécessaire. » s Depuis que le journal d'où nous venons d'extraire les lignes précédentes SUPPLÉMENT AU TRAITEMENT DES VERS DE L'INTESTIN. 797 ' a été publié, la docteur Mackinnon a rapporté que dans d'autres essais du kamala faits sur une plus vaste échelle et où il l'a administré à plus de cin- quante malades, il n'y a eu que deux cas où le ver n'a pas été expulsé. Le docteur Anderson, chirurgien sous-aide au i3c régiment d'infanterie légère, rapporte que la présence du ténia est très commune chez les Européens qui servent dans le Punjab, ainsi que dans la population musulmane de cette province : « Les propriétés anthelminthiques du kamala, écrit le docteur Ander- » son, sont aussi marquées que celles des vermifuges le plus en réputation, » sans en excepter le remède abyssinien appelé kousso. La seule objection qu'on » puisse élever contre lui, c'est que l'emploi de la poudre détermine des nau- » sées considérables, mais dont le nombre ne surpasse certainement pas » celles que produisent la préparation de la racine de grenadier, ou d'autres » ténifuges. Après avoir pris 3 drachmes de la poudre, le ver est ordinaire- » ment expulsé à la troisième ou quatrième selle. On le rend généralement » entier, presque toujours mort, et dans tous les cas que j'ai examinés (quinze » à peu près) il m'a été possible d'apercevoir la tête. Dans deux cas seule- » ment, j'ignore si le ver avait été rendu vivant. L'avantage de la teinture » sur la poudre consiste en ce que son action est plus certaine et plus douce, i et en ce qu'elle occasionne rarenïent des nausées et des coliques. Dans deux » ou trois cas, la dose ordinaire ne fut suivie que de deux ou trois selles, et » à la seconde le ver fut expulsé. Chez un malade, une seule selle fut occa- » sionnée par la médecine, et le ver fut rendu mort. » » Le docteur Anderson fait allusion à quatre-vingt-quinze cas de ténia où l'on prescrivit le kamala, et dans ce nombre il n'en connaît que deux où le ver ne fut pas expulsé. Parmi ces quatre-vingt-quinze cas, quatre-vingt-six s'observaient chez des soldats européens, huit chez des musulmans natifs, et un sur un Hindou de la plus basse classe. Tous ces individus étaient dans l'habitude de s'adonner aux excès et constamment à une nourriture animale; aussi dans cette classe le ténia est-il commun. Ceux qui, au contraire, sont soumis à un régime moins succulent, sont aussi moins sujets au ténia ; et au dire du docteur Anderson, ce parasite est inconnu dans plusieurs régiments d'insulaires, chez les Hindous cipayes et chez les domestiques, qui tous font usage d'une alimentation entièrement végétale. » Les expériences du docteur C.-A. Gordon sur l'efficacité du kamala concordent entièrement avec celles des docteurs Mackinnon et Anderson. Il observe « qu'avec le kamala, il n'y a point d'effet désagréable. Il n'est même » pas nécessaire de se préparer à l'effet du médicament par une purgation. » A part quelques nausées et coliques insignifiantes, on n'éprouve aucun effet » désagréable, et le grand nombre des personnes auxquelles on l'a administré » n'ont éprouvé, en aucune manière, plus d'inconvénient que ne leur occa- » sionnerait une médecine ordinaire. » » La dose de kamala peut être fixée de 1 à 1 2 grammes, suspendus dans l'eau. Une seule dose est ordinairement suffisante, et, en général, il n'est pas nécessaire d'employer d'autre médecine avant ou après. Dans quelques cas, 798 MEDICAMENTS VERMIFUGES ET LEUR MODE D'ADMINISTRATION. cependant, où l'on n'a administré qu'âne petite dose do kamala cl ensuite do riiuile do ricin, on a produit un bon effet. » Le docteur Gordon a prescrit lo kaniala à la dose de 4 grammes, répéléo à intervalles do trois heures. » Le kamala peut se donner aussi sous forme de teinture, et voici la for- mule que recommande lo docteur Anderson: $£. Kamala 180 grammes. Alcool rectifié 380 — Faites macérer pendant deux jours et passez. » On peut préparer une teinture éthérée, identique comme efficacité; mais on dit qu'elle n'offre aucun avanlage particulier sur la teinture al- coolique. La dose de teinture de kamala est de 4 à 4 6 grammes, diluée dans un peu d'eau aromatique (1). » M. Moore, médecin à Dublin, vient de publier cinq nouveaux cas de gué- rison du ténia par le kamala; dans aucun cas, l'administration du médica- ment n'a causé d'accidents ; ce médecin l'a trouvé également efficace contre les lombrics. Noies et mémoires publiés sur le kamala. F Hunsbry, mém. cit. — Anderson, Edinb. newphilosoph. journ., avril 1855. — Ramsgill, Halfi-yearly abstrait, etc., of Rankiug et Radcliffe, 1859, t. I, p. 136. — Peacock, Med. Times and Gaz., 1858, t. II, p. 472. — Leared, ibid., 19 décemb. 1857 ; 15 janv. 1859. — Hosher, ibid., 1859, t. I, p. 203. — Moore, Dublin hos- pital Gazette, 1er mai 1858; et Dublin médical Press, 6 juillet 1859 (cités dans Archiv. gén. deméd., septembre 1859, p. 344). P. — Mousse de Cobse, coralline officinale. La mousse de Corse est devenue d'un usage vulgaire en France, depuis qu'un médecin de Marseille, Sumeire, l'eût fait connaître, en 1779 (2). Tou- tefois, au xvie siècle déjà, Mercurialis en avait fait l'éloge (3), et Leclerc ainsi qu'Andry en parlent comme d'un excellent vermifuge (4). La mousse de Corse, ou varec vermifuge, est formée par un mélange de plusieurs espèces d'algues. Le fucus helminthocorlon entre environ pour un (1) Hunsbry, Note pharmacologique sur le Icamala , nouvel agent ténifuge (Bull, thérap., 1858, t. L1V, p. 310. Extrait de la Revue pharmac. de Dorvault). (2) La mousse de Corse, ou helminthocorlon, était usitée en Corse de temps immé- morial, lorsqu'un médecin grec qui avait été employé dans les hôpitaux militaires de cette île, la fit connaître à Sumeire (Journ. de méd., 1779, t. II, p. 331). (3) Mercurialis, Hist. d'un remède inconnu aux anciens; Corallina ou muscus inarinus, iu Schenck, lib. III, p. 364, De lumhricis. (4) Matthiole et Brassavole en avaient aussi fait usage avec beaucoup de succès. Voy. Leclerc, p. 422, et Andry, p. 616, SUPPLÉMENT AU TRAITEMENT DES VERS DE L'iNTESTlN. 799 tiers dans ce mélange, le reste étant composé de diverses plantes, entre autres de la coralline officinale. Celle-ci est quelquefois administrée isolément, mais elle a moins de vertu que le fucus ; on la prescrit aux mêmes doses et de la même manière que le varec. Mode d'administration. L'infusion ou la décoction de mousse de Corse se fait dans la proportion de 4 grammes de mousse pour 30 grammes d'eau ou de lait. La durée de l'infusion doit être de douze heures, celle de la décoction de deux ou trois minutes (temps de l'ébullition). La dose est de 4 à 6 grammes de varec pour les enfants de moins de sept ans. — de 8 à 15 grammes pour les enfants de sept à quinze ans. — de 15 à 30 grammes pour les adultes. La mousse de Corse peut encore se donner en poudre à la dose de 1 à 4 grammes incorporée dans du miel ; en gelée, à la dose de plusieurs cuillerées à café. Ces diverses préparations doiveut être administrées le matin à jeun , pendant plusieurs jours de suite. La mousse de Corse est l'un des vermifuges les plus efficaces contre l'as- caride lombricoïde, mais il faut qu'elle ne soit pas altérée par une trop longue conservation ou par un mélange frauduleux. Assez souvent nous avons pres- crit ce médicament sans obtenir aucun effet, et nous doutions même de sa grande vertu vermifuge, lorsque nous eûmes occasion de la reconnaître par un envoi qui nous a été fait directement deCorse (4). Q. — Mûrier. Le mûrier, tombé complètement en désuétude, était, dans l'antiquité, un desanthelminthiques les plus fréquemment conseillés. Pline, Dioscoride, Ga- lien, Oribase, etc., le placent à côté de la fougère et de la racine du grena- dier (2). Andry employait l'écorce de la racine de mûrier recueillie avant la (1) Je citerai entre autres le cas d'une petite fille, venant de la campagne, pâle et avec les yeux cernés, qui me fut adressée, il y a environ un an ; je trouvai dans les matières fécales un grand nombre d'eeufs d'ascaride lombricoïde ; une dose de varec, venant de Corse, lui ayant été donnée, elle rendait bientôt "après trois lombrics. Au bout de quelques jours, je m'assurai par l'inspection microscopique des matières fécales, qu'il ne restait plus de lombrics chez cet enfant. Depuis un an qu'elle habite Paris, il ne s'est plus montré d'œufs d'ascarides dans ses garde- robes et elle n'a plus rendu aucun de ces vers. (2) Pline, op. cit., lib. XXIII, § 70 : le suc du mûrier contre le ténia et les au- tres vers intestinaux. — Dioscoride, op. cit., lib. II, cap. lxxi, p. 707 : mûrier contre le ver plat. — Galien, op. cit., t. III, p. 87 verso. — Oribase, op. cit., lib, II, p. 84 : la racine. 800 MÉDICAMENTS VERMIFUGES ET LEUR MODE D'ADMINISTRATION, maturité du fruit, à la dose de 4 grammes (I); on la retrouve encore dans le- remède de Lieutaud dont voici la formule : If. Diagrède, crème de tartre, île chaque, 0e>',G0; — antimoine diaphoréliqùé OB', 50; — fougère mâle, écorcede racine de mûrier, de chaque 2 grammes. A prendre en une fois; contre le ténia. Desbois (de Roehefort) dit que la racine du mûrier blanc est aussi efficace contre le ténia que celle de fougère ; elle se donne en poudre à la même dose et de la môme manière que ce dernier médicament ; on donne aussi la décoc- tion à la dose de 90 à I 25 grammes dans trois litres d'eau, réduits à un par l'ébullilion. L'amertume de celle préparation fait préférer la poudre (2). R. MUSENNA. « Parmi les huit ou dix remèdes les plus usités pour cette maladie (le ténia), on ne connaît en France, écrit M. d'Abbadie, que le kosso. C'est un purgatif drastique qui fatigue l'estomac et occasionne souvent des nausées si fortes que le palient ne peut le digérer ; d'ailleurs il doit être réitéré tous les deux mois, et enfin il n'elTectue jamais de guérison radicale. En outre, j'ai vu l'usage du kosso produire des dysenteries toujours opiniâtres et quelquefois mortelles. » Le musenna est exempt do tous ces inconvénients. C'est l'écorce d'un arbre qui croît près de la mer Rouge, dans les environs de Muçayvwa. La dose est de 60 à 70 grammes, pulvérisés avec soin et administrés dans un véhi- cule demi-fluide, par exemple du miel ou de la bouillie de farine. On prend le remède deux ou trois heures avant le repas, el le ténia est expulsé le lende- muin, généralement sans purgation, ni tranchées. Quelquefois la guérison n'a lieu que le deuxième ou troisième jour. » Rien qu'en Àbyssinie l'efficacité du musenna soit universellement ad- mise, je n'ai pas voulu jusqu'ici en entretenir les savants de l'Europe, où la diète habituelle et l'hygiène diffèrent tantdecelles des contrées interlropicales. Il fallait d'abord voir l'effet du nouveau médicament sur les Européens, et à cet effet j'ai donné plusieurs doses de musenna à M. le docteur Pruner-Bey, qui pratiquait au Caire et qui a constaté dix-neuf guérisons dues à ce re- mède (3). Dès mon retour en France, j'ai remis une dose de musenna à un membre distingué de noire diplomatie qui avait vainement et successivement essayé de tous les remèdes connus contre le ténia, sans même omettre le kosso. Ses essais infructueux l'avaient rendu très défiant, et il eut soin d'at- tendre plusieurs mois après l'usage du musenna avant de m'écrire qu'il se (1) Dans Leclerc, ouvr. cit., p. 417. (2) Deshois de Rochcfort, Cours éle'm. de mat. méd. Paris, 1789, t. H, p. -197. (3) Pruner, Nouveau spécifique contre le ténia ; écorce de l'arbre musenna (ISeus médian, chirurg. Zeilung, et Gaz. méd., Paris, décembre, 1851). SUPPLÉMENT AU TRAITEMENT DES VERS DE L'INTESTIN. 801 croyait radicalement guéri de sa longue et fâcheuse maladie. Malgré ce con- cours de témoignages, je n'ai garde d'affirmer l'efficacité constante de ce re- mède avant un nouveau et sincère examen dont je livre l'initiative à la Sa- vante sollicitude de l'Académie. A cet effet je lui aJresse trois doses de musenna ("tra. Le semen-contra, ou sementine, a été préconisé par les médecins arabes ; il est resté en usage depuis leur époque. Mélangé aux semences de tanaisie, d'aurone et de santoline, il constitue un médicament vermifuge connu sous le nom de barboline. On le donne en poudre, à la dose de 2 à 8 grammes, incorporé dans du miel, dans un sirop, ou dans du pain d'épice. L'infusion, ayant un goût fort désagréable, n'est pas usitée. Le semen-contra est un bon médicament contre les lombrics; il agit aussi contre les oxyures. Le docteur Marchand le regarde comme un remède curatif de ces parasites, lorsqu'il est administré d'après la méthode suivante : Prendre chaque jour, dans de l'eau, trois cuillerées à café de semen-contra fraî- chement pulvérisé. Extrait d'opium, q. s. pour amener une légère constipation. Régime animalisé. Durée du traitement : dix à douze jours (2). Le semen-contra a donné lieu quelquefois à des phénomènes semblables à ceux dont nous avons parlé à propos de la santonine; le docteur Wittcke rap- porte que tous les membres d'une famille composée du père, de la mère et de plusieurs enfants adultes, prirent le même jour, dans le but de se débarrasser des vers, une dose de semen-contra remarquable par sa belle couleur verte. « Outre l'évacuation de nombreux vers intestinaux, le remède produisit le phénomène de changer pour chaque membre de celte famille le rouge en orangé et le bleu en vert, effet qui cessa dès le lendemain (3). » AA. — Spigélie. La spigélie anlhelminîhique était vulgairement usitée, et de temps immé- morial, au Brésil, où elle portait le nom de Yerba de lombrices. Le docteur Browne en obtint le secret des Américains (1748) et en fit un grand éloge dans son Histoire de la Jamaïque. Le docteur Linning, médecin à Charles- lown, préconisa de son côté la spilégie de Maryland, dont il avait reçu le secret des sauvages, en 4 7o4. (1) Kûchenmeister, ouv. cit. trad., p. 154. (2) Docteur Marchand de Sainte-Fois, Reme de thérap. médico-chirur., 1SS7, p. 347. (3) Med, seitung d, f. U. in Preusse, et Gazette des hôpitaux, p. 547, 1S56. 808 MÉDICAMENTS VERMIFUGES ET LEUR MODE D'ADMINISTRATION. On donne la poudre des feuilles ou de In racine il la «losc de 0:;r,30 pour 1rs enfants,; en infusion à la dose de 2 grammes. La spigélie a été souvent proscrite dans le siècle dernier : Bergius, Dahlberg, Brocklesby, Wliylt en ont fait usage. Van Swietcn proscrivit ce médicament comme très dangereux; il [est aujourd'hui complètement abandonné (1). La spigélie de Maryland est moins vénéneuse que la spigélie anlbelminthique et devrait lui être préférée. BB. — Tanaisiiî. La lanaisie, la santoline, l'absinthe, l'armoise jouissent de propriélés anthelmintliiques, principalement contre les lombrics et les oxyures; l'infu- sion ou la décoclion de ces plantes, prise en lavement, peut être surtout utile contre ces derniers vers. On se servirait peut-être avec avantage chez les petits enfants et chez quelques malades qui ne pourraient prendre les an- thelmintliiques à l'intérieur, de bains d'une infusion de ces plantes, ou de leurs feuilles en cataplasmes sur le ventre. CC. — Tatzé. » Les fruits appelés latzé, zareh, sont produits par un arbuste de la famille des myrsinées, le myrsina africana, L. Cette plante se trouve en Abyssinie, sur les roches humides du cap de Bonne-Espérance, aux îles Açores, en Algérie et dans d'autres parties de l'Afrique. D'après M. Schimper, on la rencontre en Abyssinie à une hauteur de 9000 pieds « M. Schimper dit que ces fruits frais ou secs sont un ténifuge puissant. La dose ordinaire des fruits secs est de \ 5 grammes, tout au plus 24 grammes, réduits en poudre et délayés dans de l'eau. La dernière dose ne doit être donnée qu'à des personnes de constitution robuste. Cette plante est plus répandue que la précédente (saoria) ; on pourrait en avoir de grandes quan- tités presque dans toute saison, et elle s'acclimaterait probablement en Eu- rope (2). » Le tatzé a été administré à Strasbourg par différents médecins. D'après le résumé de six observations, M. Strohl conclut que le tatzé est pris avec plus de répugnance que le saoria, sa saveur étant plus acre et plus persistante. Il a produit quelquefois des vomissements, jamais de coliques, une seule fois du malaise et de la céphalalgie sans gravité. Dans tous les cas le ténia a été expulsé. DD. — Térébenthine. « Le peuple, dit Bosen, se délivre du ténia dans Bicerneborg avec l'huile de térébenthine à forte dose (3). » (1) Browne, Genl. magaz. for. 1731, p. 5i4 (H. Cloquet). — Linning, Estays and observ. of Edinb. vol. I, p. 43G (Cloquet). — Linné, Amœn. acad., vol. V, p. 133. — Rosen, ouvr. cit., p. 410. — Van Swieten, ouvr. cit., t. IV, p. 656. — Gilibert, Journ. gcn. deméd., 17C8, t. LXXV, p. 338. (2) Strohl, Mém. cit., p. 427. (3) Rosen, ouvr. cit., p. 431. SUPPLÉMENT AU TRAITEMENT DES VERS DE 1,'lNTESTlN. 809 En 1804, un matelot anglais atteint du ténia, pensant se soulager de ses maux, imagina de prendre en une seule fois, 30 grammes d'essence ds téré- benthine; deux heures après, il rendit son ver entier et mort, sans é prouver aucun inconvénient du remède(l). J. Hall, témoin de la cure et atteint du même mal, suivit cet exemple et fut promptemenl débarrassé de son ténia ; il admi- nistra ensuite avec succès la térébenthine à cinq autres personnes. Le doc- teur Fenwick (de Durham) ayant appris les guérisons opérées par ce médica- ment, l'administra avec le même succès à plusieurs malades et fit part do ses observations, en 1809, à Matth. Baillie, président de la Société médico- chirurgicale de Londres. Un grand nombre de médecins anglais, plusieurs médecins de Genève essayèrent le nouveau médicament avec des succès di- vers, mais généralement favorables. Ce remède est encore aujourd'hui usité en Angleterre, et regardé comme l'un des meilleurs anthelminthi- ques. Mode d'administration. L'huile essentielle de térébenthine s'administre à la dose de 15 à 90 grammes, mais plus généralement à la dose de 30 à 60 grammes, prise en une ou deux fois. On la donne pure ou dans quantité égale d'huile d'amandes douces ou d'huile de noix. Beaucoup de malades, à la suite de l'ingestion de ce médicament, ne ressen- tent point de mauvais effets ; mais quelques-uns éprouvent une sensation dés- agréable de chaleur à l'estomac, une sorte d'ivresse, des vertiges, etc.; quelquefois le médicament est vomi ; dans aucun cas on n'a noté des acci- dents sérieux. Généralement le ténia est rendu, au bout d'un temps très court, après une ou plusieurs selles; il est presque toujours mort, pelotonné et muni de sa portion cervicale filiforme. Rarement on retrouve la tête, néanmoins, dans la plupart des cas, la guérison est radicale. Ce remède paraît expulser aussi bien le bothriocéphale que le ténia. D'après un relevé de M. Bayle, sur 89 cas de vers cestoïdes traités par l'essence de térébenthine, il y a eu 77 cas de guérison, 8 cas d'amélioration, 4 cas d'insuccès (2). L'essence de térébenthine est également efficace contre l'ascaride lombri- coïde, et, administrée en lavements, contre les oxyures. Malgré l'efficacité remarquable de ce remède, on y a généralement re- (1) Ce matelot, auquel on rapporte l'origine de l'usage de la térébenthine contre le ténia, avait, dit-on, l'habitude de se soulager de ses maux en buvant de l'esprit de genièvre. Un jour, il lui vint à l'idée d'essayer dans le même but l'essence de térébenthine. Lorsque ce matelot eut celte idée, il était en croisière dans la mer Baltique; n'est-il pas plus probable que cette idée lui a été communiquée par les habitants de la côte voisine, où Rosen nous apprend que la térébeuthine était en usage contre le ténia. (2) J. Bayle, Travaux thérap. sur l'huile de térébenthine ; dans Biblioth. de thérapeutique, t. IV, p. 535. 810 MÉDICAMENTS VERMIFUGES ET LEUR MODE D'ADMINISTRATION, nonce sur lo continent, a cause do son goût détestable, et peut-être parco qu'il y est moins bien supporté qu'en Angleterre; onfin parce quo l'on pos> sède d'autres vermifuges aussi bons et moins désagréables, Travaux sur la propriété antuf.lmintiiique dis la térébenthine. Fcnwick, Transaot. of the medico-chir. soc. of London, t. II, 1813. — Cura "[ lœnia by oil of lurpentine; in Edinb. mod. surg. Journ., vol. VI, p. 253. J. Laird, Case of lœnia cured by oil of lurpentine ; in Edinb. med. sur g. Journ., vol. VI, p. 37G. Th. Bateman, Reports cit., p. 136, 116, 223, 238; et Edinb. med. surg. Jour»., vol. VU et IX. R. Hartle, Cases of lœnia cured by spiritus (erebinthinœ ; in Edinb. med. surg. Journ., vol. XI, p. 299; vol. XIV, p. 481. J. Clarke, Edinb. med. surg. Journ., vol. VIII, p. 218. Marcet, Aubert, Butini, Peschier, Maunoir, Biblioth, de Genève, t. LXX, p. 245, 1815. (Bayle.) Lettsom, Hancock, l'othergill, Birbeck, Saner, in Transacl. ofthe medico-chirurg. Soc. of London, t. I; Extrait et trad. par L. Macartan, Journ. gén. de méd. de Sédillot, t. L, p. 426, 1814. Cross, Observ. et rapport par Chaumeton ; Journ. Corvisart, Leroux, etc., t. XXXV, p. 147, 1816, cl Biblioth. méd. cit., t. LU, p. 225. Marc, Journ. Corvisart, loc. cit. et Biblioth. méd. cit., p. 229. Anonyme, The London Repository, 1816, t. V. Rob. Kuox, On the lœnia solium, etc., Edinb. med. surg. Journ., vol. XVII, p. 384. Wm Gibney, On the employ. of oil of lurpentine in Worms; in Edinb. med. surg. Journ., vol. XVIII, p. 358. Ozanu, Journ. d'Hufeland, sept. 1816. (Bayle.) Kennedy, London med. Reposit., 1823, p/126 et Archiv, gén, de méd., t. III, p. 608. Mératet Delens, Dict. de thérap., art. Térébenthine. Merk, mém. cil. Article III. — Remèdes. Un grand nombre de remèdes, composés de substances anthelminthiques ou drastiques, ont joui pondant un certain temps ou jouissent encore d'une répulation plus ou moins justifiée ; beaucoup de ces remèdes tels que la poudre d'Amatus Lusitanus, celle de Simon Paul, de Nicolas Andry, de Jonston, l'essence de Scharff, l'huile abacuch (1), etc. , ont été successivement dépos- sédés par d'autres, et sont tombés dans l'oubli. La plupart de ceux qui sont connus aujourd'hui ne méritent pas, sans doute, de leur survivre. Plusieurs des mélhodes de traitement que nous avons mentionnées à propos de l'étain, de la fougère, etc., auraient pu, vu l'adjonction d'un grand nombre de médicaments, être rapportées ici comme remèdes. (l) Voyez Leclerc, ouvr. cit., p. 416 et suiv. SUPPLÉMENT AU TRAITEMENT DES VMS DE LTNTESTIN. 811 Les médicaments simples dont l'efficacité est reconnue, et dont le nombre augmente chaque jour, feront sans doute disparaître de la pratique médicale ces méthodes compliquées de traitement, et les remèdes composés qui ont joui naguère ou qui jouissent encore d'une certaine réputation. A. — Remède de Chabert. ïfi. Huile empyreumatique de coruc de bœuf ou de cerf. 500 grammes. Essence de térébenthine 1500 — Mêlez et laissez en digestion pendant trois jours, puis distillez au bain de sable dans une cornue de verre pour retirer les trois quarts du mélange (1). L'huile empyreumatique de Chabert est un excellent anthelminthique. Elle chasse tous les vers du canal intestinal et peut-être agirait-elle encore sur ceux des autres organes, comme le fait l'asa fœtida ; on possède du moins un exemple de distomes hépatiques, chez une jeune fille, expulsés au moyen de ce médicament, et d'un autre côté l'on sait que le lait des animaux auxquels on l'administre acquiert une saveur désagréable, saveur qui se communique sans doute aux autres sécrétions. Bremser prescrivait l'huile empyreumatique contre le ténia chez l'homme, à la dose de deux cuillerées à café, deux fois par jour. Après dix à douze jours, il purgeait le malade, et si le ténia n'était pas chassé, il revenait à l'usage de l'huile empyreumatique. Par ce moyen le ténia est tué et s'en va en détritus, dit Bremser ; on a quelquefois de la peine à le reconnaître dans les garderobes. Cet auteur affirme avoir traité par ce médicament plus de cinq cents personnes des deux sexes et de différents âges ; quatre seulement éprouvèrent une récidive de leur ténia (2). Le goût détestable et l'odeur persistante de ce médicament ont fait aban- donner son usage chez l'homme. Voici de quelle manière Chabert donnait l'huile empyreumatique aux ani- maux chez lesquels c'est encore le vermifuge le plus généralement employé : « Si vous soupçonnez des vers dans un cheval, de quelque espèce qu'il soit, mettez-le à la diète pour laisser vider son estomac et ses intestins, et faciliter l'action du remède; abreuvez-le souvent; donnez-lui peu de foin et d'avoine, point do son, car cet aliment favorise l'évolution des vers, ainsi que nous l'avons observé. Donnez quelques lavements d'eau chaude, et faites prendre, deux ou trois jours après ce régime, l'huile empyreumatique à la dose de quatre gros (16 grammes) pour un bidet, d'une once (32 grammes) pour un cheval de moyenne taille, et d'une once et demie à deux onces pour le cheval de la plus forte espèce (45 à 60 grammes), donnez ce médicament (1) Chabert, ouvr. cit., lrcédit., art. XLI1I, p. 114. (2) Bremser, ouvr, cit., p. 486, S 1 2 MÉDICAMENTS VERMIFUGES ET LEUR MODE D'ADMINISTRATION, le malin, l'animal riant à jeun et n'ayant pas on à souper ta veille. Vous étendrez cette huile dans uno cornée d'infusion de sarriette (1), et agiterez fortement ces deux liqueurs pour quelemélangc soit exact; vous ferez prendre deux ou trois cornées de cetlo infusion par-dessus pour rincer la bouche do cet animal. Vous le laisserez sans manger un espace do quatre à cinq heures, et no lui donnerez sa ration d'avoino, ou de foin ou de paille, qu'après qu'il aura rendu le lavement d'eau miellée que vous lui aurez administré trois heures après avoir pris l'huile empyreumatique; si lo lavement restait sans effet, administrez en un second et même un troisième. » Répétez ce traitement avec les mômes précautions neuf à dix jours de suite, remettez alors les animaux à la nourriture et au travail ordinaires, car il est bon de les laisser reposer pendant ce traitement ; si néanmoins vous ne pouvez vous dispenser de les faire travailler, employez-les, mais observez une diète moins sévère, et continuez plus longtemps l'usage du remède. b II est des chevaux qui se refusent à l'administration de tous breuvages quelconques ; ils se gendarment, se fatiguent et se tourmentent plus ou moins cruellement; la contrainte, en pareil cas, pour leur faire prendre le liquide, est presque toujours suivie de danger, le breuvage passe dans la trachée-artère, les fait tousser et les suffoque ; il faut, à l'égard de ces ani- maux, leur incorporer l'huile empyreumatique avec du son ou des poudres de plantes amères, et la leur faire prendre, sous forme d'opiat, par le moyen d'une spatule de bois; nous l'avons donnée ainsi avec succès à des chevaux de ce caractère, étant amalgamée avec la poudre d'aulnée. » Observez le même soin pour le mulet et l'âne; la dose, pour celui-ci, sera de trois gros (12 grammes) pour ceux de la forte espèce, de deux gros (8 grammes) pour ceux de la moyenne, et d'un gros (4 grammes) pour les petits; celle des mulets est la même que pour les chevaux. » Quant aux poulains à la mamelle, on ne leur en donnera qu'un demi-gros (2 grammes), même cinquante à soixante gouttes, étendues toujours dans une cornée d'infusion de sarriette ; on leur continuera jusqu'à ce qu'ils ne rendent plus de vers et qu'ils aient donné des signes de rétablissement; il sera bon encore d'en faire prendre aux mères , pourvu toutefois que cette huile n'allère pas le goût du lait, ce qui pourrait dégoûter le petit ; aussi fera-t-on bien de commencer par traiter le jeune sujet, et de ne l'administrer à la mère que lorsque sa production sera rétablie. Le jeune animal peut plus aisément alors supporter la diète qui ne peut être longue, le goût naturel du lait pouvant être rétabli le troisième jour après l'administration du remède. La dose pour les poulains de trois ans, sera de trois gros (12 grammes), on pourra même leur en donner quatre à cinq gros (16 à 20 grammes) s'ils sont de la forte espèce; cette huile leur sera administrée le matin, trois ou quatre heures avant de les mettre dans les pâturages. (1) Au défaut de sarriette, on peut se servir de thym, d'hysope, de serpolet ou autre plante aromatique, mais la sarriette doit toujours être préférée lorsqu'il sera possible de s'en procurer. SUPPLÉMENT AU TRAITEMENT DES VERS DE L'iNTESTIN. 813 » Nous observerons, au surplus, qu'on ne doit pas révoquer en doute l'ef- flcacilé du remède dans le cas où il ne ferait sortir aucun ver du corps des animaux; nous nous sommes assuré, par [des expériences réitérées, que les vers qu'il tuait étaient très souvent digérés ; on ne doit juger de l'effet de cet anthelminthique que par le rétablissement de l'animal, et non par la cessation de l'émission par l'anus. i> Les veaux seront traités do la même manière et auront même dose. » Les cochons auront une dose un peu plus forte, à moins qu'ils ne soient très jeunes. » Les bœufs et les vaches peuvent avoir des doses plus fortes que les che- vaux, on leur en donnera quelques gros de plus, dans les proportions que nous avons indiquées pour ces premiers animaux. » La dose de cette huile pour les moulons est d'un demi-gros (2 grammes) pour les forts, et de cinquante à cinquante-cinq gouttes pour les autres; il est bon aussi de l'étendre dans l'infusion de sarriette. » Les chiens étant en général très irritables, sont do tous les animaux ceux qui exigent le plus de précautions dans l'emploi de ce remède. Leur taille variant à l'infini suivant leurs différentes espèces, on sent que la dose doit varier de même : on peut la donner depuis un gros (4 grammes) jusqu'à deux grains (0sr10), toujours dans l'infusion de sarriette; au surplus, il vaut mieux avoir. à augmenter la dose que de la donner trop forte; moins elle le sera, plus il faudra continuer longtemps, en l'augmentant peu à peu suivant la lenteur de ses effets. o Une autre attention à avoir est le tempérament des animaux ; plus ils sont fins, vifs, irritables, plus les doses doivent être ménagées et éloignées les unes des autres, suivant que l'effet du remède sera tumultueux ; précau- tions qui sont surtout essentielles dans les chevaux, poulains, pouliches et dans les chiens ; toutes les fois que ce remède sera suivi de mouvements dés- ordonnés et de convulsions, il importe d'en diminuer la dose et de l'éloi- gner ('I). » B. — Remède de Clossius. Administrer 4 grammes de térébenthine pour s'assurer de la présence du ver par la sortie de cucurbitins : dans ce cas, nourrir le malade pendant un mois avec du poisson salé, du fromage, du jambon, etc.; lui faire boire plus de vin que d'habi- tude; donner pendant plusieurs jours, le soir Os1', 03 d'opium, précédé d'une poudre composée de mercure doux, yeux d'écrevisse, de chaque, 0sr,60; spécifique cépha- lique OS',30. Le malade doit souper légèrement, puis avaler 30 grammes d'huile d'amandes douces.' Le lendemain malin, étant au lit, il prend une dose de la poudre drastique suivante: gomme-gutte, iS',25; racine d'angéliquc, 0sr,-40; chardon bénit, poudre épileptique, de chaque. lsr,30; mêlez et divisez en trois paquets égaux. Elle cause deux ou trois vomissements et quelques selles que l'on facilite avec du thé faible; si deux heures après il n'y a rien dans les excréments, (I) Chabert, ouvr. cit., p. 168 à 175. Sl'4 MÉDICAMENTS VERMIFUGES ET LEUR MODE D* ADMINISTRATION, on l'ail prendre la seconde portion de la poudre, cl deux heures et demie après, la troisièmo , s'il est besoin. L'auteur assure que ce remède ne manque jamais de faire rendre le ver. C. — Remède de Darbon. On ignore quelle était la composition de ce remède; le possesseur est mort sans avoir divulgué son secret. Ce remède jouissait contre le ténia d'une efficacité réelle et il était facilement supporté par le malade (1); Mérat a pensé qu'il n'était autre ebose que la racin« de grenadier. D. — Remède des demoiselles Garbili.on. '#. Semen-contra eu poudre 120 grammes. Aloès eu poudre 15 — Pignons d'Iude en poudre 8 — Mêlez exactement. Dose 1 à 4 grammes le soir et le malin, immédiatement avant la soupe, en bol ou délayé dans un peu d'eau. Remède très usité àChambéry, contre les lombrics (2). E. — Remède de Richard de Hadtesierck. Le malade prend en une fois, et le réitère tous les buit jours, les deux bols sui- vants : gomme-gutle, 0§l',50 ; coloquinte, OS1', 15 ; une amande amère; triturez et mêlez avec suffisante quantité de sirop d'absinthe ; pour deux bols. Matin et soir, les deux autres compositions suivantes : aloès, asa fœtida, de chaque, 30 grammes ; sel d'absinthe, 15 grammes; huile de romarin, 2gr,40 ; faites avec q. s. d'élixir do propriété, des bols du poids de 0sr,50. Boire par-dessus de la décoction de fougère mâle. Dans la journée, on administre un opiat fait avec étain et mercure coulant, de chaque 30 grammes ; ou fait liquéfier l'étain qu'on verse sur le mercure, et on triture jusqu'à ce que ce dernier soit éteint ; on mêle cette poudre avec la conserve d'absinthe. F. — Remède de Meyer. L'auteur veut tuer le ténia par le dégagement du gaz acide carbonique. On fait prendre de 8 à 12 grammes de carbonate de magnésie en poudre, et aussitôt après du tartrate acidulé de potasse; ce qui procure un dégagement considérable de gaz, On prend ces sels d'heure en heure, par cuillerée à café. 6. — Remède de Ratier. %. Sabine en poudre, 1 gramme; semences de rue, Os1', 75; mercure doux, 0Sr,50; huile essentielle de tauaisie, 12 gouttes; sirop de fleurs de pêcher, q. s. Le malade doit eu prendre la moitié le matin, l'autre après flîner; il boira, après chaque dose, un bon verre de vin dans lequel on aura fait macérer des noyaux de pêche. (1) Voy. Louis, mém. cit., et Expériences sur le remède de Darbon (Description de l'apparence du remède et des phénomènes qu'il détermine), Archiv. de méd., t. V, p. 157, 1824. (2) Bull, gén, de thérap., t. XLVIII, p. 168, 1855. SUPPLÉMENT AU TRAITEMENT DES VEKS DE L'jNTESTJN. 815 II. — Remède de Storck. %. Sulfate de soude, racine de valériaue, jalap, de chaque, 4 grammes; oxymcl scillitique, 125 gramme?. Incorporez les poudres au sirop, dont ou donne 1 5 grammes quatre fois par jour aux adultes; 8 grammes aux enfants. I. — Remède de Swaim. %. Semencoutra,90 grammes; valériane, 45 grammes ; rhubarbe, 45 grammes ; Spigélie, 45 grammes; agaric blanc, 30 grammes; essence de tanaisie, 2 grammes; de girofle, 2 grammes. Faites bouillir les cinq premières substances avec quantité suffisante d'eau pour obtenir 3 kilogrammes de décodé; dissolvez les essences dans 1 kilogramme d'al- cool; ajoutez au décodé et filtrez. Remède très usité en Amérique (1). K. — Remède de Weigel, On fait dissoudre 15 à 30 grammes de sel de Glauber dans 1000 grammes d'eau de fontaine et l'on en boit tous les soirs une tasse; le malade prend en outre, dans la journée, trente gouttes de l'élixir vitriolique de Mynsicht, ou dix gouttes d'élixir acide de Haller, dans une demi-tasse d'eau commune. On continue ce traitement plusieurs mois, jusqu'à ce qu'on rende le ver. (1) Bull, thérap., t. XXXIX, 1850, p. 5i3. FIN. INDEX BIBLIOGRAPHIQUE DES OUVRAGES, MÉMOIRES ET OBSERVATIONS CITÉS. Cet index donne la page où se trouve l'indication bibliographique des ouvrages ou mémoires cités. Il a pour but principal de faire arriver facilement le lecteur au titre d'un travail qui n'est mentionné que par un loco citalo. Lorsque le nom de l'auteur est suivi de plusieurs indications de page, chacune correspond a un travail différent. Abano (Pierre de), 42. Abbadie (A. d'), 801. Abercrombie, 1153. Abildgaard, 40. Acluarius, 40. Adams, 772. /Etius, 40. Agatharchidas, 097. Albrcchl (J.-P.), 281. Aldrovandc, 9. Alcssi, 738. Alexandre, 300. Alexandre de Tralles, 10. Alghisi, 296. Alibert, 409. Alix, 778. Allen, 365, Alpin (P.), 314. Alston (Charles), 778. Amatus lusitanus. 145. Ammon (von F.-A ), 733, 735. Anciaux, 538, 701. Anderson, 798. Andral (G.), anat.path., 149. — clinique, 409. — trav. dlv., 57, 243, 688, Andry (Nicolas), 45, 74, 754. Antonucci, 182. Aran, 596, 655. Argenterius, 305. Aristole, 39. Arlaud, 285. Arnauld de Villeneuve, 71. Arnemann (Juslus), 770. Arnulplius (Genlilis), 235. Aronssohn (L.), 145. Aronssolin (Paul), 153. Arlhus(G.), 703. Astley Cooper, 550. Aslruc, 507. Aubert (L.), 91. Aubinais, 280. Aulne, 414. Aulagnier, 531. Auvity, 297. Avicenne, 41. Axenfeld, 374. Azara (D. Félix d'), 272. n Baglivi, 75. Bailiie (M.), 5-27, 723. Baillet ((.'..), xxxiv, lxxvi. Bajon, 124, 700,780. Ballant, 307. Baldinger, 507. Balfour (M. G.), 84. Babnc, 498. Baralle, 320. Barnelt, 289. Baron (John), 3G9. Barré, 520. Barder (F.-M.), 383. Barry, 304. Barth, 97, 652. Barthez, 506, 53i. Barthez cl Rilliet, 135. Bartholin (Th.), 55, 305, 325 685. Basset (CI.), 510. Bassi, 770. Bateman (Th.), 83, 810. Bauhin (Gaspard), 327. Bauhin (Jean), 267. Baura, 632. Baumes, 47, 53, 58, 189, 430, 563, 795. Bayle, (A.-L.-J.), 794. Bayle (G.-L.), 417. Baylet, 804. Beaugcndrc, 421. Bcauvais, 523. Beck, 790. Becker, 498. Bcckerus, 762. Becquerel, 184, 652. Bohrens, 803. Bc'hoinmc, 006. Bellacalus, 110. Bellingham (O'B.), 35, 208. Beneden(P.-J.van),xxrx, xxxiv, xxxvir, 341. Benivenius (Anl.), 78. Bérard, 531. Béraud,303, 63£. Bérend (W.), 633. Berge (de), 765. Bernard (CI).), 374. Bernard (Claude), 49, 203. Dernier (l-'r.), 701. Berllielot, 372. Beillierand, 703. Bcrtolus (Gabriel), XXIX. Bianchi (J.-B.), 176. Bidloo (Godefrid.), 250, 505. Billiarz, 117, 210. Binet, 795. Birbeck, 810. Bischoff, 073. Bissel, 47. Bisson, 755. Blache, 652. Blackburne, 529. Blaes (Gérard), 276, 20 j. Blainville (de), 178. Blanchard (Em.), 24. Blanchet, 196. Blandin, 149. Blancsubé, 786. Blas Noscda, 272. Blatin, 502,761. Blegny (Nicolas), 326. Blin, 654. Blocb, 4. Blommers (Samuel), 703. Blondeau, 514. Blot, 518. Blumcnbach, 12, 78. Ilobc-Moreau, 298. Bocconi (S.-P.), 770. Bodson, 379. Boerliaavc (Herinann), 2G7. Boinct(A.-A.), 570, 590, 599. Boirel, 199. Boili, 794. Boivin, 511. Bonamicus (Franc), 235. Bonet(Th.), 112. Bonfigli (S.), 528. Bonfiîs, 159. Bonnafox de Mallet, 030. Bonnet (CI).), 74. Bonnevault, 705. Bonomo, 507. Borchard, 555. Borelli, 773. Borellus (Petrus), 23C. Borrichius (Olaus), 201. 300. Bosch (J. Van ddn), 7C4. Bosman (Cuill.), 703. Boston, Catalogue du Musée, 87. Boucliardal, 783, 784. Boucher, 705. Bouchot, 660. Botidet, 545. Boudgourd, 748. Boucix (du), -126. Bouillet, 126. Bourdier, 790, Bourgelal, 224. Bourgeois, 54, 451, 453. Bourgeoise, 794. Bourges (D. de), 704. Bourges, 427. Bousquier, 326. Bouvier, 434, 659. Boyer, 552. Bowdilch, 680. Brachet, 534. Brand (Paul), 427. Brassavole, 422. Brasseur, 97. Brayer, 784. Bremscr, Vers intest., 4. — Jl/em.,354. Brendel, 8. Brera (T.-L.), Mêm., 80. — Matai, verm-, 662. Brelclitfeld, 97. Breton, 747, 792. Bretonneau(P.), 4 35. Brewer, 783. Briançon (P.-A.), 387. Briclieleau, 58, 451. Brigham, 294. Briilouet, 502. Brilman (A.-W.), 499. Bristowe, 676. Broderille, 396. Brodie, 569. Bioussais, 456. Brown-Séquard, 258. Browne, 808. Bruce (James), 90, 784. Bruce (Ninian), 704. Brugnon, 614. Brun, 523. Bruneau, 444. Brunet, 783. Brunner (Conrad), 651. Buchanan, 792. Buchholz, 251. Budd (George), 6, 403. Budd (Samuel), 99. Buniva, 774. Buona-Parle, 158. Burdach 417. Bureaud Riofrey, 684. Burt (Adam), 792. Busk, 254. Bussemaker, 622. Butiui, 840. INDEX BinOOfiBAMlIOtË. C Cahallaria, 197. Cadet de Cassicourl, 447. CKsalpinus (Andréas), 268. Calle (Louis de la), 740. Calmcil, 647, 659, 668. Calvert-Holland (G.), 433. Camerarius (Joach.), 351. Campenon, 122. Camper, 6, 27. Canton (Echvin), 033. Carlisle, 84 . Caron (Ed.), 64 5, Canère, 654, 665. Carswell, 257, 404. Carteaux, T61. Cartwright, 648. Casini, 505. Caspeer, 99. Cassan, 400. Castro Torreira, 202. Caton (le Censeur), 792. Cayol, 441. Cazeaux, 653. Cazin, 784. Celse(A.-C.),39. Cezilly, 701. Chabert, 23, 633. Chaignaud, 750. Chailly, 496. Chambert, 485. Chapolin (Cb.), 87, 702. Cliarcellay, 137, 468. Charcot, 363, 304, 395, 474 510. Chardin, 704. Charvot, 554. Chassaignac, 4 54, 597. Chaussai (J.-B.), 14, 35, 695. Chaussier, 408, 07u. Chaulel (Victor), 83. Chaumeton, 810. Chiaje (Délie), 4 '54. Chisholm, 741. Choisy, 655. Cliomel, 494, 499, 654. Chopart, 298. Clamorgan (Jean de), 266. Claparède (Ed.), lx. Clarck (R.), 703. Clark (Peter), 300. Clarke (S.), 840. Claudinus, 296. Claudius, 498. Clelland (John M'), 707. Clémot, 438. Cleyer (André), 490. Cloquet (II.), 256. Cloquel (J.), 480. Clôt (Bey), 70?. Cneulinus, 498. Cockson (Th.), 701. Cœlius Aurelianus, 40, Cuelsem (Van), 785. Colin, 24, 817 Collet, 440. Collcl-Meyret (G.-F.-ll.), 209. Columelle, 223. Combessis, 436. Congiossi, 770. Consolin, 54. Cooper (de Greenwich), 208. Coopcr, voy. Aslley. Coppola, 200. Costes, 783. Cotugno, 4 54. Coulet (Steph.), 78. Coulson (William), 555. Courbon-Pérusel, 00. Courlen, 689. Cousin, 306. Covillard (J.), 300. Cromer, 702. Crommelinck, 54. Cross, 81 0. Cruveilhier (J.), Anat. path., 305. — Art. Acéph., 375. — Trav. div., xci, 422, 669. Cullerier, 552. Cimier, 632. Curling (T.-B.), 292, 682. Curtius (Barlh.j, 770. Cuvier, 288. Dampier (Guillaume), 700. Danet, 209. Daquin, 425. Darbon, 116, 844. Darelius, 42. Daremberg, 622. Darlue, 765. Darwin, 54. Daubenton, 34. Daulioulle, 59. Davaine (Casimir), IV, lxv, 30, 52,64,261,356, 364, 634, 660, 664. David, 410. Davis, 529. Dazille, 424. Debouis, 587. Debry, 108. Decieux, 502. Defrance, 543. Degland (C.-D.), LXXXVI. Degner, 765. Déguillème, 749. Debenne, 765. Delacroix, 58. Dclafond (0.), 29, 243, 342, 608. Dclaroque, 58. Delasiauvo, 786. De Lille, 4 1 . Delius, 54. Delvaux, ^ 03, Demarquav, 547, 571, 604, 630. m 818 Denarié, 202. Desoplt (P.), 770. Dos.mll (P.-Jos.), 528. Desbois (de Rochefort), 800. Ueslandes (L.), 89, 793, 71)4. Despallens, 28. Destrelz, 19G. Devers, 442. Dczeimeris (,I.-E.), 550. Didry, 246. Dicsing (Car. Maur.), 9. Dionis (Charles), 75. Dionis des Carrières, 320. Dinscoriiles (Ped.), 40. Dodarl, 351. Doebelius, 022. Doeveren (Van), 45. Dolheaii (F.), 436, 481. Dolœus (J.-Dan.), 8, 089. Donatus (Marcellus), 58. Donné (Al.), 756. Doubleday, 429. Dourlen,163. Dozy, 96. Drelincourt (Cb ), 273. Drelincourt, 58, Drewry-OUley, 661. Duben (G. de), 186. Dubini, 117. Dubois, 704. Dubois (A.), 547. Dubois (P.), 511, 671. Duchateau, 279. Ducliaussoy, 497. Dufau, 54. Duhaume, 90. Dujardin (Félix), XL, 5. Dumas (de Montpellier), 779. Duméril, 24, 299. Dumont-Pallier, 576. Dumoulin (A.), 671. Duncan, 430. Dunean (d'Edimbourg), 527. Duncan (de Liverpool?), 534. Dunus (Thaddseus), 72. Du Périer, 58. Duplay, 487, 495, 660. Dupont, 505. Dupuis, 138. Dupuy, 370,618, 668. Dupuytren ,394, 410, 550, 655 Duret, 205. Dusaulsay (Nicolais), 765. Duval, 317. Duverney, 328. Dyer (R.), 802. Ebermaier, 60. Ecker, 309. Ehrard, 59. Ercolani, 683, 773. Erdmann, 82. Escalier, 97. Escarraguel (A.-P.), 552. 1NDKX niliT.lOflRAPllIQUK. Eschhob, 9. Eschricbt, xxxjy, Kilt, Esquirol, 53, 441, 660. Estevenet, 161. Estienne (Charles), .267. Esllin, 632. Etlniuller, 400, 507. Evans (R.), 400. Evans (J.-J.), 533. Faber (P.-J.), 770. Fabricius ab Aquapendenlc (H) 9, 328. Fabricius (Otto), 023. Fages, 201. Faîloord, 499, 500. Fallot, 57. Farcy, 287. Farradesche-Chaurasse (J.-B.), 546. Farre (Arthur), 082. Faton, 651. Fauconneau Pufresne, 160. Fenwick, 810. Ferg, 714. Fcrmin (P.), 700. Fermon (De), 794. Fernel, 305. Ferrall, 629. Ferrari, 703. Ferret, 90. Ferrus, 53. Fiaux, 448. Ficipio, 701. Fiévet (J.-C), 70. Finck (Henri), 260. Fischer (Eug.), 29. Fischer (J.-L.), 062. Fleckes, 535. Florentin (Nicolas), 198. Florman (A.-H.), 34, 633, 665. Foès, 39. Follin, 634. Fontaneilles, 163. Foreslus(Petrus),198, 764. Forget, 96, 169, 655. Fortassin (H). 89. Fothergill, 810. Foucart, 439. Fouquier (L.), 418, 431, 439. Fourreau de Beauregard, 53. Fox (Charles), 320. Frank (Fr.), 270. Frank (Joseph), 700. Frank (P.), 98. Frédault, 661.. Fréteau, 416. Frey, 318. Fricke, 558. Frisch (J.-H.), 230. Frœlich, 230. Fromage de Feugré, 638. | Frommann (Joh.), 9, 237. Gabucinua (llieronymus), 45, 235. Gairdner, 074. Galien, 40, 44. Galinier, 90. Gallandat, 703. Gand, 724. Gandolphe, 99. Garbillon, 814. Garmann(Ch. Fr.), 203. Gaube, 59. Gaultier de Claubry père, 183. Gauthier de Lapeyronie, 383. Geischlâger, 81. Gemma (Cornélius), 235. Gendrin, 055. Gentilis, 305. Geoffroy (Etienne-François), 7 54. Geoffroy, 410. Gerlach, 034. * Géron, 306. Gervais, 341, 618, 630. Gescheidt, lxxiv. Gibb, 747. Gibney (W.), 810. Giesker, 318. Gilihert, 507,808. Girard, 202, 618. Girardin, 53. Giraudy, 53. Girone (Diego), 199. Giron de Buzaraingue, 638, 641. Giscaro, 58. Gmelin (F.), 155. Godine, 287. Goeze (J.-A.-E.), 55,623,644. Gohier (J.-B.), 28. Goiffon, 770. Gomez, 792. Goocb, 430. Gordon (Bernard), 43. Goubaux, 618. Godot, 173. Goupil, 670. Goyrand, 537, 566. Grafe (fds), 741. Grœfe (père), 760. Grahl, 790. Gregor (James M.), 704. Gregory (G.), 650. Greilies, 747. Grève (Bern. Ant.), 24, 748. Griesinger, 117, 404. Grimaud, 794. Gros (de Moscou), 311. Gros, 448. Grofius (Hugo), 280. Gruby, 342. Guastamachia (G.), 203. Guattani, 508. Gubler (A.), 266. Guénot, 701. Guérard, 652, Guérault (H.), 382. Guersantpère, 161 . Guesnard, 562. Gnidetli, 79. Guidi Guido, 304. Gmllemin (V.), 503. Gurlt (E.-F.), 753. Gulhrie, 538. Guy Patin, 325. Guyon, 703, 721. Guyot, 751. Haberslion, 407. Haen (de), 101. Hagendorn (Eh.), 304. Hake, 257. Haller, 148. Halma-Grand, 139. Hamel(Du), 351. Hamilton, 199. Hancock, 810. Handfield Jones, 258. Hannemann (Juh. Lud.), 694. Hannes, 56. Hannseus (Georg.), 56. Hanow, 9. Hans Sloan, 700. Harderus (J.), 188. Hartle (R.), 810. Hartmann (Ph.Jacq.), 287, 348, 689. Hartzoeker, 45, 771. Harvey Campbell, 304. Hassal, 66, 289. Hasselquist, 86. Haubner, XXXIV. Haupmann, 770. Hautersieck (Richard de), 56. Hawkins, 569. Hayner, 155. Headington, 653. Heath (Thomas), 711. Heaviside, 159. Heer, 196. Hegenitius (Gothofredus), 272. Heide (Ant. de), 236. Heim, 12. Heinzel, 703. Heister, 57, 188. Held, 547. Hemmersam (Michel), 703. Herbert Barker (T.), 533. Hering, 330. Herrenschwands, 790. Heucher, 274. Heuermann, 507. Hewnden, 542. Hildanus (Fabricius), 157. Hildesius, 114. Hill de Dumfries, 450. Hilton, 576, 672. Himly, 628. Hippocrate, 7, 39. Hodgkin, 86. INDEX BIBLIOGRAPHIQUE. Hoering, 151, 431, 632. Hœven (Van der), 743. Hoffmann (Frédéric), 47. Hogdson, 329. Home (Everhard), 355. Hopkinson (P.), 732. Horatius (Eugenius), 58. Horne (De), 56. Houël, 434. Houllier, 534. Houzelot, 57. Hufeland, 182. Humelbergius (Gabr.), 761. Hiinervvolf, 188. Hunsbry, 798. Hunter (John), 513. Hurtrel d'Arboval, 230. Huss, 82. Hussem (B.), 713. Husson (fils), 420. Husson (père), 450, 794. Isenflam, 633. Isert(Paul-Erdmann), 703. ltard, 57. Jackson (J.-B.), 87. Jacobson, 702. Janné (A.-J.), 29. Jannin, 545. Jansonius (D.-M.), 280. Jarjavay, 583. Jenner, 369. Jobert de Lamballe (A.), 150 336, 389, 572. Johnson (James), 712. Joi (W.-B.), 160. Jones (de Londres), 516. Jones (de Philadelphie), 338. Jôrdens (J.-H.), 251. Josephi, 279. Jubim, 189. K docteur (de Gorlitz), 97. Keate (Robert), 556. Kennedy, 747, 810. Kerckringïus (Theod.), 270. Keufner, 773. Kingdon (William), 299. Kircherus (Athanas), 769. Kirkland, 171. Kirschleger, 785. Klein (Jacq. Théod.), 272. Klencke, 311. Kliem, 753. Klingsoebr, 786. Kloekhoff, 765. Knox (Rob.), 680,810. Kobelt, 673. Kœmpfer, 704. 819 Kôlliker, 258. Krause, 14, 55. Kubyss, 97. Kùchenmeister (Frieder.), xxvii, xxxiv, xxxv, 80, 258, 320. Kuhn (J.-A.-F.), 307. Kuhn (de Niederbronn), 370. Kulmus (Joh.-Ad.), 236. Kunde, 448. Kunholtz, 58. Kunsemuller, 701. Kunth, 784. Kunz, 803. Laborde, 57. Laboulbène, 330, 588. Lachmund (Fr.), 703. Laennec(Th.), Ause. méd., 431. — Mém. vers vésic, 368. — Trav. dw.,165, 335. Lafosse, 641. Lagasquie, 58. Lagout, 656. Laird(J.),810. Lallemand, 213. Lambsnia, 507. Lana (P.), 770. Lancisi, 651. Landoiiillette, 286. Laneri, 99. Lange (Chrétien), 770. Langenbeck, 557. Lankester (Edwin), 280. Lanzoni, 198. Lapeyre, 283. Laprade, 57. Larrey, 547. Lasègue, 395.. Lassus, 494. Laugier, 300. Lavalette (d'Aussone), 794. Lavalette (de Meaux), 100. Lawrence (W.), 291, 537. Leared, 798. Léautaud, 301. Lebeau, 195. Lehègue, 770. Lebert(H.),171, 661. Leblanc, 271, 287, 310, 638. Lebret, 592. Lecat, 509. Leclerc (Daniel), 42. Lcclerc (deTo'ul), 160. Leeuwenhoek (Ant.), 64, 236, 754. Lefoulon, 539. Legendre(F.-L.),98,107, 548. Legroux, 780. Le Houx, 506. Leidy (Joseph), 87. Lelouis, 512. Lemaître, 344. Lentin, 761. Leonides, 697, 8-20 Lépccq tic lu C loi lire, 765. Lopollotier du Mans, 201. Lepoia (Oharlt»), 432. Leroux (I.-J ). 100. Lesauvago, 51 4. Lcstrille, 752. L'Etang (François de), 274. Letssoin, 530. Leuckart, 24. Leudet (E ). 373, 382 , 515 620, 000. Levachcr, 124. Leveillc, 55. Leveillé, G54. Lewalcl, xxxiv. Lhonncur, 40G. Lieberkiïhn, iv. Liebricli, 741. Lieimann, 274. Lieutaud, 158, 541. Lind (James), 498, 703. Lindclslope, 50. Lini, 200. Linné, 702. Linning, 808. Linshot (J.-H. de), 704. Litlré, 350. Livingslon, 339. Livois (Bug.), 355. Lobslein, 160, 170, 634. Lœfflers (Adolph. Fried ), 703. Logan (Robert), 737. Lombard, 81. Lorrenlini, 163. Lorry (Carolus), 159. Lossi, 500. Louis (P.-Ch.-A), 7, 660. Louyer-Villermay, 59. Lucarelli, 292. Luchlcnius (Adam), 96. Ludwig, 651. Lupieri, 54. Luschka (H.), 675. M Macarlan (L.), 810. Maceroni, 303. Macliaud, 442. Maillet, 038. Mailly, 581. Maisonneuve, 701. Malacarne, 205. Malgaigne, 701,760. Malherbe, 374. Malmstun (I'. H ), 05. Maloët, 415. Malpighi (Marcell.), 250. Manard, 43. Manget, 59. Mangon, 183. Marc, 810. Maiccllus Empiricus, 40. Marcel, 810. Marchand (de Saintc-Foix), 807, Marchand, 765. INDEX l'.llu.iociiAf'iilnrr. Marcltcso, 791. Mareschal de Rougèt'O, 56. Mario, 127. Marjolin, G59. Marteau, 199. Martin, 704. Marlin-Solon, 99, 785. Martinet (L.), 580, 053. Martini, 805. Maruchi, 710. Masars de Cawlcs, 76. Mascagni, 033. Malher, 333. Mathieu, 791. Mallhiole, 798. Mauchart (David), 155. Mauche, 306. Maunoir, 810. Mauriceau, 762. May (Franc), 778. Mazet, G69. Mead (I!.), 702. Medicus (C), 790. Muhlis (Gduardus), 254. Mélier, 670. Melle (de), 54. Mellin, 777. Mélot, 529. Ménard, 55. Méplain. 132. Murât (P.-V.), 193, 207, 502, 794. Mercier, 448. Mercier. (J ), 436. Mercurialis (Hieron.), 45, 798. Merk, 89. Mermann (Thomas), 305. Mery, 287, 757. Mesnet, 599. Michaud 196. Michel 53. Michels, 29. Milcent, 652. Milford (Matthew), 282. Miller (Erasme), 270. Mirant, 24. Modeer (Adolph.), 35. Mœnnich, 56. Mùinich.-n (H. M a), 635. Moissenel (G.), 568. Molinclli, 189. Moll de Vienne, 56. Molyneux (R.), 747. Monceau (du), 306. Mondière (J.-B.), 55, 5G, 177. Mongeal, 97. Mongeny, 783. Mongin, 720. Monncrel, 439. Monod, 379. Monsler, 680. Montagu (Georges), 37. Monlano, 45. Montansey, 655. Montgomery-Martin, 81. Moulin (Lorenz), 250. Mudro (.<".), 7H3. Mooro (de Oubli ), 798. Moquin-Tandon (\ ) t.xxxtx. Morand, 351. More.i!i, 764. Moroau (Arm.), 97. Moreaufde Vilry), 531. Morehead (C), 705. Morel-Lavallée. 495. Morgagni (J.-B.), 140, 335, 349. Morgan (John), 732. Moricr, 28. Morrah (Michel), 651. Moublet, 274, 278. Moulcnq, 115. Moulin, 791. Moulinié (.le Bordeaux), 048. Moulinic (J.-J.), m. Mûller (J.), 535. Mùller (O.-Fr.), 82. Mundella (Aloysus), 305. Musgrave, 501, 708. Myrcpsus (Xicol), 40. N Nashuys, 507. Nasse (Herm.), 257. Nalhusius, 14. Nallercr, 272. Navier, 765. Neucourt, 378. Nicholls (Frank), 27. Nicolaï, 495. Niebuhr (Carsten), 704. Niemann, 022. Nitert (Gérard), 96. Nivet, 659, 661. Nonat, 450. Nordmann (Alexandre de), 733. Noufler, 791. Numan (A.), 33, 749. Obre, 514. Odier (L.), 84, 795. Oke, 702. Olio (DalP), 122. Ollivier (d'Angers), 670. Olombel, 59. Oppolzer, 154. Oribaze, 40,022. Otto, 335. Owcn (H.), 073. Owen liées, 576. Ozann, 810. Pacheco (Pierre), 304. Pallas (P. S.), 0, 8, 350. Panaroli, 581. Panlhot, 337. Paracelse, 778. l'arc (Ambr.), 304. Park, 517. Parnicnlicr, 535. Parlridge, 252. Pascal (Fr.), 209, 307, 50G. Passerai de Lacliapellc, 795. Palcrson (George), 780. Talon, 704. Paul d'JÉginc, 40, 45. Paulli'nus (Cli.-F.), 770. Pearock, 447, 798. reclilin (J.-N), 230. Peequct, 230. Pelli nri (Giorgio), 108. Pcmberton (Chr.-Rob.), 305. Pcnn Harris (J.), 319. Percival, 747. Pore, 700. Percbojni, 297. Perrault, 250. Pcrrin, 477. Pcrrin, 30. Pcrrin, 512. Perron, 099,702,721. Pescliier, 787. Pelerka (.).), 35. Pelit (de Lyon), 123. Pélrcquin, 57. Peyronie (De la), 337. Peysson, 337. Pidoux, 593. Pigné, 103, 030. Piïlon (A.), 414. Pinault, 491. Pinant, 434. Pinel, 50. Pinnoy (P.), 187. Piorry (P.-A.), 387, 388. Planlcovius, 301 . Plaler (P.), 72, 350, 508. Pline (G.), 40. Plularque, 697. Polisius (J.-S ), 327. Porlal, 739 Porte (De la), 494. Postel de Francière, 102. Pouchet, 65. Pouppé-Desportes, 124. Poussin, 199. Powel, 507. Prange, 782. Prcslat, 47. Pricc (David), 399. Pringlc, 127. Prost, 53. Primer (F.), 710, 800. Pujol, 351. Purkinge, 9. Pulello, 59. Quatrefages (de), XXXIV. Qucttier, 100. INDEX BIBUOGUAPHIQUE, XL r,aikem, 034, 738. Rainey, 22, 05, 670. Raisin (de Cacn), 794. Raisin, 282. Ramazzini, 704. RamsgiH, 798. Raspail(F.-V.). 771. Rau'iii (Joseph), 12. Rayer (P.), Mal. des reins, 270. — Arch. méd. comp.. 5. — Trav.div., 24, 35, 7G, 258, 329, 583, 593, 086. 733, 801. Rayger (Cliarlc.-), 268. Read, 33. Récamicr, 509, 586. Redi (Franccsco), 22 i, 683. Rehrs, 644. Reinlein, 7. Remak, 259. Renier (Guillaume), 302. Rendtorff, 653. Renodœus (Joan.), 325. Requin, 10. Reusner, 773. Revest, 58. Revolet, 57. Rey, 247. Rcydellet, 669. Reynal, 385. Reynal (d'AIforl), 28, 638. Reynaud (A.), 344. Reynders, 33. Rhazès, 698. Rhind, 24. Rhodes (J.-B.), 752. Rhodius (John), 732. Ribes, 430. Richard (A.), 607. Richter (G.), 141, 487. Ricord (Pli.), 538. Riedlin, 507. Riem, 638. Rilliet, 135. Riolan, 325. Rippatilt, 527. Rivière (Lazare), 188, 763. Robert (de Lanyres), 58. Robert, 539, 570, 601. Robillier, 601. Robin (Cli.), 448, 034, 707. Robin, 95. Roche-Lubin, 750. Rocheld'Héricourt, 90,784. Rodet, 748. Rœderer, 11, 90, 200. Roesler (Ch.), 203. Rokilansky, 401, 404. Rôll, xxxvt. Rolland, 53. Romans, 130. Rombeau, 507. Romberg, 602. Rondelet, 305. 821 Ronsseus (Balduinus), 10. Ronssif, 778. Rontet, 112. Roscn de Rosenstein, 5. Rossi (?.), 543, 739. Roslan, 442, 651. Rouppc, 702. Roussin, 552. Roux, 519, 759. Roux de Brignolles, 494. Roycr (de Joinville), 188. Rudolphi (Car. Asm.), Enl. hist., 5. — Eut. syn., 35, — 7,rav.rfjy.,253,330,748. Rullier, 97, 794. Russel, 530. Russel (J.), 580. Ruysch (Fred.), 26, 273. S Sabalier, 335. Saint-Laurens (G ), 202. Salalhé, 95. Salmulhus, 198. Saller (H\de), 373. Saner, 810. Sanguens (P ), 770. Sarramea, 783. Saulsay (Nicolais du), 126. Saussicr, 477. Sauvages (de), 50. Savaresi, 127. Scaliger, 305. Scaipa, 335. Scliachcr (Polycarp. Gottl.),287. Schàfler, 236. Scharffius, 762. Schelgvigius (Samuel), 286. Sibenck, 100. Schilling, 9. Schimper, 785. Schleifer, 57. Srhleisner, 382. Schloss, 175. Schmidt (Adam), 536. Schmidlmann, 59. Sclimidtmiiller, XXXI. Schmucker (J. Leberccht), 782. Schneider, 761. Schott, 736. Schrœterus (Carol.), 56. Schubart, XLIII. Schultze (de Daidcsheim), 802. Schulzc (J -H.), 329. Scott (W.), 507. Scribonius Largus, 40. Sédillot, 185. Seeligcr, 782. Séger, 306. Senac (de), 337. Sénac, 492. Sennert (Daniel), 123. Sérapion (J.), 41. X22 Serres (E. i\.),.\uai.ccrv.,nGG — Trav. div., 53, 703. Serres (B.), 340. Setlcn (Van), 748. Shatluck, 381. Sibillo, 520. Siblol, 54. Sichel, 032. Sick, 748. Siebold (Cari. Theod. von), XXXIV 82, 115, 382. Sigaull (8.-1''.), 87. Sillanus, 43. Sillol(de), 274. Sinimons, 443. Simon (Max.), 411. Slabber, 143. Scenimering, 736. Solenander (Reiner), 201. Sonnié Moret, 413. Sorbier (J.-B -E.), 61. Soubeiran (J.-L.), 615. Soulé, 546. Soye, 188. Spechlius, 306. Spencer Wells, 805. Spengler, 805. Sperling, 273. Spigel (Adrien), 45, 328. Spinola, 27. Spoering (H.-D.), 114. Spon(J.), 301. Stahl, 55. Stedman (Cli.), 702. Stegmann, 762. Sleinbuch, 627. Sterck, 272. Sterz, 60. Sthrobl, 806. Stoerck, 204. Stork, 761. Stromeyer (Seb.), 301. Sue, 581. Suender, 59. Sumeire, 798. Suquet, 784. Swaim, 815. Swieten (Van), 127. Svitzer, 680. Tarral (Claudius), 388. Tenderini, 160. Théophraste, 39. Thibault, 208. Thomas (De), 98. Thomson (James), 124. Thompson, 384. Thompson (R.), 504. Thompson (Th.), 503. Thorarensen, 565. INDEX BIBLIOGRAPHIQUE. Tiedemann, 67i. Tieffenbacn, 507. Tocle, 507. Tonnelé, 150. Toumemine (Jean de), 761. Travers, 538. Travers Cox (William), 570. Treille, 159. Treutler (Fréd. Aug.), 324. Trincavella, 198. Trochon, 413. Tronchin, 790. Trousseau, 310. Tulp, 195. Turberville, 304. Turner, 448. Tulscbek, 86. Twining, 747. Tyson (Edw.), 224, 349, 515. Ude (C. W. F.), 634. Underwood, 768. Valenciennes, xxxiv, 668,691 Valentin (G.), 10, 336, 673. Vallisneri (Antonio), 75, 224 770. Valsalva, 287. Vander Haar, 550. Vander-Wiel, 9. Vassalli, 771. Vaughan, 785. Vega (Christ. A.), 350. Végèce, 223. Veiga (Thomas A.), 200. Veit(D.), 509. Velho (Souza de), 794. Velpeau, Mal. du sein, 760. — Trav. .,204, 544 583. Velschius(G.-J.), 701. Verney (Du), 287. Vieussens, 764. Vieusseux, 792. Vigla, 428. Vigney, 28. Virchow(R.), 93, 773. Vitrac, 499. Vivarès, 500. Vogel (Rud.-Aug.), 777. Vogel (J.), 674. Voisin (Auguste), 610. Volcherus Coiterus, 235. Vrayet, 145. Vulpian, 35, 260, 262, 2Q4 306. Vy (Van), 550. W Wagler, 11, 206. Wagner (E.), 293. Wagner (Reinhold), 702. Wahlbo.ii, 54. Waldingcr, 35. Walshe (W.-H.), 401. Wanderbach (Pierre), 197. Warthon, 534, Warlhon Jones, 738. Watson, 731. Watts, 433. Wawiuch, 47. Webstdr, (F.-W), 553. Wechers, 55. Wedekind, 141. Wedel, 286. Weigel, 505. Weikard,651. Weisse, 91. Weitenkampf, 535. Welsch (Chr.-Lud.), 327. Werlhove, 96. Wepfer (J.-J.), H, 53, 237, 623, 629,689, 695. Wemer (l'.-Ch.-F.), 7, 627. Wichmann (Joh.-Ernst), 768. Wickham (W.-J.), 553. Wierus (Galenus), 157. Wierus (Joan.), 157. Wiesenthal, 37. Willius (Nicolas), 195. Willius (J.-Valenlin), 236. Winslow, 144. Wilhey Gull, 88. Wittcke, 807. Wolckerus, 351. Wolff(Ido.), 689. Wolff (Je Bonn), 794. Wollgnad, 201. Wolphius (Gaspard), 12. Wood, 53. Wood (H.) (de Bristol), 682. Wurfbain (J.-P.), 651. Wunderlich (C.-A.), 399. Wyman (Jeffries), 230. Yelloly (J.), 652. Yvart, 668. Zacutus Lusitanus, 281. Zeder, 645. Zeviani (Giov.-Nevardo), 338. Zimmermann, 47. Zimmermann (de Hamm), 805. TABLE ALPHABETIQUE DES MATIÈRES. ABCÈS (distomes dans un), 317. — du foie causé par des lombrics, 165. — communiquant avec une vomique, 169. — ouvert à l'extérieur, 171, 173. — par congestion (lombrics sortant par un), 204. ABDOMEN (hydatides de 1'), 454. ABDOMINALE (kyste hydatique ouvert à travers la paroi), §07. Hydatides de la paroi — , 545. Strongle géant dans la cavité — , 288. ABYSSIN1E (fréquence du ténia en), 90. ACANTHOCÉPHALES (type des), lv. ACANTllOTHÈQUES(Lype des), LXXXVI. ACCOUCHEMENT naturel et sans douleur dans la paraplégie causée par des hyda- tides, 670. — rendu impossible par une tumeur hydatique, 517. ACCUMULATION de vers dans l'intes- tin, 14. — des lombrics, 121. — de différents vers, en Egypte, 210. ACÉPHALOCYSTE (genre), XVI. — endo- gène, exogène, xvi, 356, 617. — historique, 354. ACÉPHALOCYSTIS racemosa, xci, 357; — plana, 357. ADHÉRENCES (signes d') entre un kyste du foie et la paroi abdominale, 613. ADVENTICES (vers des cavités séreu- ses), 343. AFFECTIONS vermineuses suivant les organes (voy. la Table méthodique). — sympathiques causées par les vers des intestins, 53, 104, 132. — vermineu- ses, leur caractère, 60. — vermineuses chez les animaux domestiques, 223. — vermineuses imaginaires, 61, 773. — universelles, 763. AFRIQUE (vers cestoïdes en), 85. — Fi- laire de l'homme en — 703, 704, note. AGE condition de la fréquence des entozoai- res, 7, 12, 48, 207. Vers des bronches dans le jeune — , 29. Ténia solium suivant 1' — , 97. Lombrics suivant 1' — ,123. Trichocéphale dispar suivant 1' — , 207. Oxyure vermiculaire suivant 1' — , 210. Fréquence des hydatides suivant 1' — , 379. Anévrysmes vermi- — neux suivant 1' — , 333. Cœnure suivant 1'—, 638. AGNEAU (cas de vers chez 1'), 12. AIGLE-BAR (tumeur vermineuse de 1'), 261. AIL, 781. AINE (hydatides dans 1'). Filaire dans 1' — , 724. Lombrics sortant par 1' — 191, 195, 200. Ténia sortant par 1'— 114. Tubercule vermineux de 1' — , 695. ALBUMINE (absence d'), signe d'un kyste hydatique, 372. ALIBERT (méthode d'), 789. ALIÉNATION mentale (voy. Intelligence). ALIMENTATION végétale , non favo- rable à la propagation du ténia, 89. ALOÈS, 781. — contre les vers de l'œil, 749. ALSTON (méthode d'), 778. ALTERNANTE voy. Génération. AMAUROSE causée par les vers de l'in- testin, 57. — causée par le ténia, 109. — déterminée par des cysticerques de l'œil, 740. AMÉRIQUE (vers cestoïdes en), 87. AMPHISTOME (genre), liv. AMPHISTOMUM conicum, liv. — crume- niferum, liv. — truncatum, liv. AMYGDALE (hydatide de 1'), 539. Tri- chocéphale dans 1' — , 206. ANATOMIE pathologique relative aux lombrics, 134; au distome hépa- tique, 239, 317; au distome hœma- tobie, 313 ; aux vers des artères, 330 ; à l'anchylostome duodénal, 118; aux tumeurs hydatiques, 362, 375, 618 ; aux cysticerques, 620 ; au tournis, 639; aux hydatides du cerveau, 647 ; au strongle géant, 272 ; aux vers de l'œil, 734, 739, 744. ANCHYLOSTOME (genre), LXXXU. — duodénal, lxxxii, 117. 82/i TABLE ALPHABÉTK ANCIENS, leurs connaissances sur les vers intestinaux, 39, 223, «22, 697. Ou- vrages des — qui traitent des vers intestinaux, 39, 223. ANE (voy. Cheval, Solij)èdes.) anévrysme vermineux, 329. ANIMALCULES, causes de maladies con- tagieuses, 769. ANIMAUX domestiques (voy. la Table méthodique). Traitement des vers de l'intestin, 234, 811. ANIMAUX sauvages ( liydatides chez les), 618. Cysticerques chez les — , 621 . Cœnure chez les — , 634. Stron- gle géant chez les —, 287. Nématoïdes du rein chez des — , 293. Tubercules vermineux chez les — , 684, 695. ANTAGONISME du ténia et du bothiïocé- phale, 78 (voy. Association). ANTHELMINTHIQUES , 218. Inutilité des — contre un cestoïde réduit à un court fragment, pourquoi, 220. Inuti- lité des — comme moyen prophylac- tique, 221 .Expériences sur la vertu des — , 776 (voy. Vermifuges). ANTIMONIAUX, 777. AORTE (tubercules vermineux de 1'), 689. APHONIE causée par les vers intesti- naux, 56, 109. ARABES, leurs connaissances sur les vers intestinaux, il ; leurs connaissances sur la fllaire de l'homme, 698. ARMÉE (vers cestoïdes dans 1') française, 83; — d'Algérie, 86. ARMÉES en campagne (lombrics dans les), 127. ARTÈRE (voy. Anévrysme vermineux, Hématozoaires du chien). — Pulmo- naire (hydatides dans 1'), 397. ASA FOETIDA, 781, contre les distomes, 781 ; contre les vers des bronches, 33; contre la filaire, 731. ASCARIDE (genre), lxiii. ASCARIDE LOMBRICOIDE, LXiv. Déve- loppement de l'œuf de 1' — , lix, LXW. Dénominations, 120. Histoire pa- thologique de 1' — (voy. la Table mé- thodique). Fréquence dans les pays chauds, 124. Observations d'affections sympathiques causées par 1' — , 53, 1 32. Hémorrhagie intestinale causée par 1' — , 137. Obstruction intestinale cau- sée par ï — , 139. Question des perfo- rations produites pari' — , 175. — dans le péritoine, 180. — perforant le tube digestif, 180. — dans les parois de l'in- testin, 204. — dans des tumeurs, 192. }UJE DES MATIÈRES. — sortant par une fistule, 1 92. — erra- tique dans les voies urina ires, 295. — dans le vagin, 302. — dans un sac her- niaire, 204. — dans un abcès par con- gestion, 204. ■ — dans un kyste hyda- tique du foie, 172. — dans les régions sacrée et périnéale, 205. Traitement de 1' — , 221, 775. ■ — vermiculaire (voy. Oxyure). ASCARIDES et cucurbilihi, synonymes, 42. ASCARIS alata, lxv. — conosoma, slcplia- nosloma, xci. — dispar, i.xvi. — gib- bosa, LXVI. — inflexa, lxvi. — lum- bricoides, lxiv. — maculosa, lxvi. — marginata, lxvi. — megalocephata, lxv, 228. — myslax, lxvi. — ovis, lxvi. — perspicillum, lxvi. — suilla, lxv. — vesicularis, lxvi. ASIE (vers cestoïdes en), 85. Filaire de l'homme en - , 704. ASSOCIATION de vers d'espèces diffé- rentes dans l'intestin de l'homme, 47, 210; chez les animaux, 14- ASTHME causé par les vers de l'intes- tin, 58. ATIIÉROMATEBX (kystes), 367, 618. AUTOMNE (voy. Saison). AXILLAIRE (hydatides de la région), 543. B BACTERIUM (genre), V. BASSIN (hydatides des os du), 557. Hy- datides du petit — , 510. BAYLET (méthode de), 804. BECK (méthode de), 789. BÉGAYEMENT causé par les vers intesti- naux, 56. BILIAIRE (lombrics dans la vésicule), 159. Hydatides dans la vésicule — , 473, 481. BILIAIRES (hydatides dans les conduits), 462. Lombrics dans les conduits — 156. Oblitération des conduits — , 479. Vers des voies, — (voy. la Tableméthodique) . BOEUF (entozoaires du) (voy. Hydalide ; Cœnure ; Cysticerque; Ténia ; Distonte hépatique, Dist. lancéolé; Amphistome ; Ascaride lombricoide ; Trichocéphale voisin ; Filaire papillée, Fil. lacrymale; Strongyle radié, St. Filaire, St. mi- crure ; Strongle géant ; Pentaslome denticulé). Cysticerque dans le cœur du — , xxiii. Hydatides dans l'os iliaque du — , 619. Vers des bronches TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 825 chez le — , 28. Vers des voies biliaires chez le — , 235. Strongle géanl chez le — , 274, 2S7. Vers du globe ocu- laire chez le — , 749. Vers sous les paupières chez le — , 752. Vers des conduits lacrymaux chez le — 753. Traitement des vers de l'intestin chez le — 813 (voy. Ruminants). BOTHRIOCÉPHALE (genre), XLI. — du chat, XLin ; du chien, xlih ; de l'hom- me, xli, 76, 11 1 . Dénominations, 111. Répartition géographique, 80. Propa- gation du — , 87. Sa longueur extraor- dinaire, 111. — rarement rencontré à l'autopsie, 111.— ordinairement soli- taire, 1 12. — héréditaire, 1 12. Symptô- mes, 113; durée, 113. Cas d'affections sympathiques causées par le — (voy. Affections sympathiques). — et ténia chez le même individu, 79. Traitement, 219, 775. BOTHRIOCÉPIIALÉS (tribu des), XL. BOTHKIOCEPHALUSlatus,\u. — tro- picus, xxxi- BOUCHE (hydatide de la), 539. BOURDIER (méthode de), 790. BOURGEOISE (méthode de), 793. BRAS (hydalides du), 546. BREMSER (méthode de), 811. BREWER (méthode de), 7 82. BRONCHES (affections vermineuses des), (voy. la Table méthodique). Kystes hydaliques communiquant avec les — chez l'homme, 418, 420, 429, 443; chez les animaux, 619. Hydalides dé- veloppées dans les — , 345. BRONCHITE vermineuse, 31. Traitement de la — 32. C CACHEXIE aqueuse, 241. Caractères de la — ,241. Quels animaux elle atteint, 211- Symptômes de la — , 241. Causes de la — ,244, 246. Répartition géogra- phique, 244. Épizooties de — , 244. Rapports de la — avec l'existence des distomes, 216. Traitement de la — , 248,781. CAILLOTS fibrineux pris pour des vers, 301, 325. CAMPHRE, 782. CANAL nasal (lombric dans le), 144; CANARD (voy. Oiseaux de tasse-cour). CANCER occasionné par des hydatides, 77 2. CANINE fhydatide de la fosse), 538. CARTILAGE, valeur de ce mot appliqué aux hydatides, 352. CATALEPSIE par des vers intestinaux, 54. CAUSTIQUES (ouverture des kystes hy- datiques par les), 584. CAVITÉS séreuses ( affections vermi- neuses des) (voy. la Table méthodique) . Nématoïdes des —, 343. — n'ont pas toutes des vers vésiculaires, 343; — ■ adventives, 346. CÉCITÉ causée par les vers intestinaux, 57, 109. CELLULAIRE (affections vermineuses du tissu), 696. Tissu — des entozoaires, xcii. CERCAIRE, XLVJ1. CERCOMONAS (genre) vi. — de l'hom- me, vi. Pathologie, 67. CERCOSOMA, XCI. CERVEAU (vers vésiculaires du), 636. Cas d'hydatides dans le — 651. Cysti- cerques du — chez l'homme, 656; chez le chien et le porc, 643. CERVELET (cas d'hydatides dans le), 653, 654. CESTOÏDES (type des), vm; — de l'in- testin de l'homme (voy. la Table mé- thodique). — à anneaux perforés, 76. Association de deux espèces réputées antagonistes, 78. — erratiques, 114. Traitement des — , 219, 775. CÉVADILLE, 782. CHABERT (remède de), 811. CHAMBRE antérieure de l'œil (vers delà), 735, 744, 745, 747, 749. CHAMEAU (voyez Echinocoque, Cœnure, Dislome hépatique, Strongyle filaire). CHARBON végétal, 783. CHABCUTIERS sujets au ténia, 89. CHARTREUX exempts de vers cestoïdes, 7. CHAT (entozoaires du) (voyez Ténia, Bothriocéphale, Distome lancéolé, Am- phislome, Ascaris mystax, Dochmius Tvbœformis , Pcntastomum denticulû- tum). Transformations du tôniaduchat en cystieerque de la souris, xxxvn. Bothriocéphale chez le. — Corpuscules géminés dans les villosités intestinales du — , 259. Cas de vers chez un jeune — , 11. Distomes dans les conduits biliaires chez le — , 237. Vers des voies digestives chez le — , 231. CHEVAL (entozoaires du) (voyez Cysti- eerque ; Ténia; Distome hépatique; Oxyvris curvula ; Ascaride mégalocé- 82(5 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. plialc ; Spiroptère mégaslome ; Pilaire lacrymale; Filaria papillosa; Sclé- roslome armé, guadridenté ; Strongyle micrure; Strongle géant; Nématoide indéterminé; Pentaslome ténioide). Vers dans les fosses nasales chez le —, 23. Vers dans les bronches chez le — , 28. Vers des voies digestives chez le — , 227. Vers dans les vaisseaux sanguins chez le — , 328. Strongle géant chez le —, 272, 287. Hydatides chez le — , 618. Tubercules vermineux du — , 69 1 . Vers dans l'œil chez le — , 733, 745. Vers des conduits lacrymaux chez le — , 753. CHÈVRE (entozoaires de la) (voyez Cys- ticerque des ruminants, Distome hépa- tique, Strongyle veineux, Sir. plaire, Doclimie, Pentaslome denliculé). Tuber- cules vermineux chez la — , 695. CHIEN (entozoaires chez le) (voyez Cys- ticerque ladrique ,• Ténia, Dolhriocé- phale, Holostome, Nématoide du rein, Ascaris marginala, Spiroptère ensan- glanté, Trichosomum plica , Trichocé- phale déprimé ; Filaria medinensis , trispinulosa, Filaire hémalique, Doch- mie trigonocéphale ; Strbngle géant; Nématoide indéterminé ; Pentaslome ténioïde). Cas de vers chez un jeune — , 12. Vers dans les fosses nasales chez le — , 23. Vers des voies digestives chez le — , 231. Épizootie vermineuse chez le — , 232. Ver indéterminé dans le rein du — , 294, Strongle géant chez le — ,267,286. Hématozoaires chez le ' — , 336. Anévrysme vermineux chez le — , 335. Cysticerque ladrique dans le cerveau chez le — , 643. Sous la conjonctive chez le — , 752. Tubercules vermineux chez le — , 684. Filaire de l'homme chez le —, 715. Traitement des vers chez le — , 813. CHLOROSE d'Egypte, 118. CHLORURE de soude , contre les hy- . datides, 563. CHOLÉRA (monadiens dans le), 289. Vi- brioniens dans le- — , 65. Cercomona- diens dans le — , 64, 67. CHORÉE par des vers intestinaux, 55. CITROUILLE, 783. CLIMAT, influence sur l'existence ou la fréquence des entozoaires, 4 ; sur l'exis- tence de la filaire de l'homme, 705, 713; surlafréquence des lombrics, 124. CLOSSIUS (remède de), 813. COCHON (voy. Porc). COECUM (perforation du) par des lom- brics, 18i, 185. COENUBE (genre), XVII. 634. Rapports du — avec l'hydatide, xvm. Transfor- mations du — en ténia, xix, xxxm. — ohez l'homme, 64i. — dans la moelle épinière, 667 (voyez Tournis). COEUR (hydatides dans les parois et les cavités du) , 393. Cysticerque dans lu — chez les animaux, xxm, 623. Cas de cysticerque dans le — chez l'homme, 628. Strongle géant dans le — , 288 (voyez Hématozoaires fictifs ; Hématozoaires du chien). COL (kystes hydatiques du), 539. COLIQUES causées par les vers de l'in- testin, 58. COMA par des vers intestinaux, 54. CONJONCTIVE (cysticerque ladrique sous la), 632. Cas de filaire sous la — , 719. Cas de cysticerque sous la — chez le chien et le porc, 752. CONSTITUTION, influence sur l'existence ou la fréquence des entozoaires, 14 ; influence sur la fréquence des lom- brics, 123. CONTAGIEUSES (affections vermineuses), 769. CONTAGION, son influence sur l'existence des vers, 1 4. — des vers des bronches, 29. — de la filaire de l'homme, 712. CONTRÉES, existence ou fréquence des entozoaires suivant les), 3. Lombric suivant les —, 124 ; trichocéphale sui- vant les — ,208; oxyure suivant les — , 210; distome suivant les — , 244; strongle géant suivant les — , 269 ; hy- datides suivant les — , 3S1 ; cysticer- ques suivant les — , 626, 631. CONVULSIONS générales par des vers intestinaux, 54. Observation des con- vulsions générales par des lombrics, 132, 133. COQ domestique (voyez Oiseaux de basse-cour). CORALLINE officinale, 798. CORPS vitré (cysticerques du) , 740. COUSSO, 784. CRINONS, 224, 334. — chez les petits enfants, 773. CRISTALLIN (vers du), 734. CUCURBITIN (voy. Progloltis). CUCURBIT1NI et ASCARIDES syno- nymes, 42. CUCURBITINS regardés comme une es- pèce particulière devers, 41. Opinions des anciens, des Arabes, des moderne? sur la nature des — , 77. confondus avec les — , 237 confondus avec les — , 77. CUISINIERS sujets au ténia, 89. CUISSE (hydatides de la), 547. CYANHYDRIQUE (acide), 777. CYSTICERCUS fischerianus, xxi. — di- cystus, xxi. — elongatus, xxm. — fistularis, xxm. — pisiformis, xxm, xxxiv. — tenuicollis, xxm, xxxiv. — cellulosœ (voy. C. ladrique). CYSTICERQUE (genre), xx. Altération chez le — , xx. — des ruminants, xxm. — du lièvre, xxm. — du cheval, xxm. — du chien, de l'homme, du porc, xxi. — historique, 347. CYSTICERQUE ladrique, xxi, xxxiv. Altérations du — , XXII, 657. Espèces ou variétés du — , xxi. Expériences sur la transformation du— en ténia, xxvn. Historique du — chez le porc, 622 ; — chez l'homme, 627. Fréquence suivant les contrées chezl'homme, 631. — dans divers organes chez l'homme, 632. — dans le cœur chez l'homme, 628. — dans le cerveau chezl'homme, 656. — dans l'œil chez l'homme, 736, 740. — dans les poumons de l'homme, 629. Généralisation du — , 630. Lésions pa- thologiques occasionnées par les — , 620. — rendus avec l'urine, 535. — Animaux sujets au — , 621. Distribu- tion géographique, 626, 634. D DACTYLIUS (genre), lxxxv. — aculea- tus, lxxxv, 291. DAIM (vers des bronches chez le), 28. DARBON (remède de) , 814. DÉNOMINATIONS des vers intestinaux en général, 38 ; chez les anciens, 39 ; chez les Arabes et leurs successeurs, 41. — primitives des cestoïdes, 72, 74. — du ténia solium, 93. — des cucurbitins, 94. — du bothriocéphale large, 111. — de l'ascaride lombri- coïde, 120. — du trichocéphale de l'homme, 205. — de l'oxyure vermi- culaire, 209, 636. — de la filaire de l'homme, 696. — des vers intesti- naux, d'après Chabert, 224. — du distome hépatique, 238. — des vers vésiculaires, 358. — de la cachexie aqueuse, 241. — de la ladrerie, 622. — du tournis, 636. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MAT1ÈKES Distomes Oxyures 827 DENTAIRE (bacterium du tartre), v. DÉSAULT (méthode de), 780. DÉSERTS, peu favorables à la propaga- tion des vers, 6. DESLANDES (méthode de), 793. DIAGNOSTIC des hydatides, 386. — des vers de l'intestin, 52. — du trichocé- phale dispar, 209. — du strongle géant, 275. DIAGNOSTIQUES (signes) des adhérences d'un kyste du foie avec la paroi abdo- minale, 615. DIARRHÉE (paraméciens dans la), 67. Vibrioniens dans la — , 64, 66. DIACANTHOS polycephalus, xci. DIBOTHR1US (genus), xli. — decipiens, xliii. — serratum, xliii. DIGESTIF (tube) (voy. Estomac, Intestin). DINDON (voy. Oiseaux de basse-cour). DIOCTOPHYME, 269. DISTOME (genre), xlix. — hépatique, XLix, 235, 238. — lancéolé, L, 238. Variété de l'homme, LI. — hétéro- phye, li. — hœmatobie, LU, 312. — ophthalmobie, lui. — de la bourse de Fabricius, lui. — dans un œuf, 9. — dans le fœtus du mouton, 9. — dans le sang (voy. Hématozoaires). — dans l'œil, 735. — dans les voies biliaires (voy. Table méthodique). Chez quels animaux existe le — hépatique, 237. Diagnostic de sa présence, 243. — dans la veine porte, 315. — dans des tumeurs, 317. Traitement du — , 249, 781 . OEufs de — formant une tu- meur, 261. OEufs de — dans la moelle épinière, 10. DISTOMIDES (sous-ordre des), xliv. Or- ganisation des — , xlv. Génération des — , xlvi. Mœurs des — , xlvii. DISTOMUM ovatum , lui. — lineare , lui. — dilatatum, lui. — echinatum, lui. — oxycephalum, lui. DITRACHYCEROS rudis, xci. DIVISION de l'ouvrage, 18. DOCHMIE (genre), lxxv. — hypostome, Lxxv. — trigonocéphale , lxxvi. — dans le système sanguin, 339. DOCHMWS tubœformis, lxxvi. DOULEURS violentes et générales causées par les vers intestinaux, 56. DRAGONNEAU (voy. Filaire de l'homme). DROMADAIRE (voy. Chameau). DUBOIS (méthode de), 790. DYSENTERIE causée par les vers de l'in- testin, 58. — vermineuse épidémique (lombrics), 126, 765. 828 TAW.Ii AU'lIAIilJTKH JE liES MATIKKKS. e EAU froide, 7~7 . ECHINQCOQCE (genre?), jui. Rapports de 1' — avec l'Iiydalide, xiv, 355. Hy- da tiiles sans — , xvi, 354. Espèces, xvu. Développement de 1" — en ténia, XXXV. — dans l'intestin de l'homme devient-il un ténia?, xxxvn. EGHINOCOQUES (découverte des) chez les animaux, 352. — chez l'homme, 353. Figure des crochets d' — , 392. — dans des hydatides rendues par les selles, 503. — dans des matières ex- pectorées, 452. ECHINORHYNQUE (genre), lv. ECHYNORHYNQUE géant, LV1. Lésions pathologiques), 230. EGYPTE (vers observés en) (voy. Ténia nain, Anchylostome , Distome hœmalo- bie, I). hélérophye, Filaire de l'homme, Pentaslomum conslrivtvm). ÉLEP11ANTIASIS causé par des vers , 772. ÉLECTRICITÉ contre les hydatides, 565. EMBRYON (cas des vers dans 1'), 9. — de ténia, mode de progression, xxxix. EMPYREUMATIQUE (huile), 811. ENDOGÈNE, exogène (voy. Acéphalo- cyste). ENCÉPIIALE (cysticerque dans 1'), 623, 656. Vers en rapport avec la portion céphalique de 1' — , 633. Vers en rap- port avec la portion rachidienne de 1' — , 666. Hydatides dans 1' — , 646. ENDÉMIE des vers cestoïdes, 83. — d'hydalides, 382. ENFANT à la mamelle (cas devers chczl'), 11. Cas de ténia chez 1' — , 97 . ENFANTS nourris de viande crue con- tractent le ténia, 91. ENTOZOAIRES, définition, i. — intesti- naux, traitement, 216, 234, 775. ÉPIDÉMIES de ténia, 99. — de lom- brics, 126. — delà filaire de l'homme, 713. ÉPIDÉMIQUES (affections vermineuses), 764, 769. ÉPILEPSIE (voy. Êfileptiforme, Intel- ligence). ÉPILEPTIFORMES (attaques) par des vers intestinaux, 54. Observation d'ac- cès — par le ténia, 104. ÉPIPLOON (kystes hydatiques de l'J, 487. ÉPISTAX1S causée, parle ténia, 109; — par des hydatides du foie, 457. épizootie d'anévrysmes vermineux , 333. — de vers des bronches, 26, 28, 3i, 36. — vermineuse chez le chien, 232. — d'hydalides, 620. — causée par des vers invisibles, 769. ERRATIQUES (cestoïdes), m. _ (,|is. tomes) chez l'homme, 253. lombrics , 141, 296. oxyures— , 215. strongle géant —, 271, 288. Vers — dans les voies urinaires, 294. ESTOMAC (lombrics dans I"), 1 42. Accu- mulation de lombrics dans I' — après la mort, 190. Perforation de 1' — par des lombrics, 182, 185. Oxyures dans 1' — , 215, 694. Kyste hydatique ou- vert dans 1' — , 496. Tubercules ver- mineux de r— , 689, 691, 69i, 695. ÉTAlN, 778. ÉTÉ (voy. Saisons). ÉTHER sulfurique, 786. EUROPE (vers cestoïdes en), 81. EUSTRONGYLUS (voy. Slrongle). ÉVERRATION pour prévenir la rage, 773. EXPECTORATION d'hydalides, 421, 429, 449. EXPÉRIENCES sur la transformation des vers vésiculaires en ténias, xxv, xxvn, NXXIII, XXXVI, XXXVII. EXPÉRIMENTATION des anthelminthi- ques, 775. EXPLORATRICE (ponction), 391, 566, 571. EXTIRPATION des kystes hydatiques, 610, 616. FACE (hydatide de la), 384, 538. Cysli- cerques ladriques delà — , 633. FAIM insatiable causée par les vers de l'intestin, 53, 58 Observation de — causée parle lénia, 107. FASCIOLA inlesiinalis, 256. FEMME (vers des organes de la généra- tion delà), 7 56. — plus sujette au ténia que l'homme, 98. FEMELLE (affections vermineuses de l'appareil), 756. FÉMUR 'hydatides du), 551. FER, 779. FIÈVRE (voy. Intermittents) — vermi- mineuse, 763. — putride vermineuse, 55, 127. FIGUIER de Cayenne, 786. FILAIRE (genre), LXXI. — du bœuf, i.xxv — du chien (voy. Hématozoaires). — hématique, lxxiv, 338. — des bron- TAREE AKlMlAftÉTlQUE DES MATIERES. ches, lxxiv, 692. — lacrymale, lxxiv. — de l'œil du cheval, lxxv, 745. — de l'œil humain, Lxxn, "34. FlLAIRE de l'homme, lxxxiii , 696. Dénominations de la — , 696. Histoire pathologique (voy. la Table méthodique). Cas observés dans les colonies et en Europe, 700. Contagion de la — , 712. Épidémies de la — , 713. — transmise au chien, 713. Cas de — dans divers organes, 719. Accidents causés par la —, 725. FJLÂRIA bronchialis, 20. FJLAIUA lenlis , lxxii. — medinensis, lxxiii, 696. — immilis, lxxiv. — tris- pinulosa, lxxiv. — papi'losa, i.xxv. — zébra, xci, 328. FISTULES vermineuses, 114, 192. FOETUS humain (cas de vers chez le), 7. Hydatides chez le — , 379. FOIE (corps oviformes dans le), 257. Hydatides du — , 455. Cysticerques du — , 623. Lombrics dans le — , 163. FOLIE (voy. Intelligence). FOSSES nasales (vers des), 23 (voy. Ca- nine). FOUGÈRE mâle, 787. FRANK (méthode de P.), 779. FRÉMISSEMENT hydatique, 386, 590. Observation ancienne de — , 502. FROID contre les hydatides, 565. (voy. Eau froide). FRONTAL (hydatides du), 555. FRUITS, ne produisent pas les vers, 6. — sans action sur la propagation des lom- brics, 128. FURIE infernale, 774. GANGRÈNE (disposition à la) par des hydatides du foie, 457. GANGLIONS lymphatiques (voy. Tuber- cules vermineux). Tumeurs des — bronchiques, 692. GARBILLON (remède de), 814. GÉMINÉS (corpuscules) chez le chat, 259. GENCIVE (hydatide de la], 539. GÉNÉRATION (affections vermineuses de l'appareil de la), 7 53. (voy. Génitaux). — alternante, il. — des téniadés, x, xxv. — des dislomides, xlvi. — des néma- toïdes, Lix. — de l'ascaride lombri- coïde, lxiv. — du trichocéphale de l'homme, lxxi. GÉNITAUX (action sympathique des vers 829 109, de l'intestin sur les organes), 59 213. GENRE de vie, influence sur la produc- tion des entozoaires, 6 ; sur les vers des bronches, 34; sur les lombrics, 1 23. Influence sur les vers de l'intestin chez lesanimauxdomestiques, 225. Influence sur la cachexie aqueuse, 244. GEOFFRÉE de Surinam, 786. GÉOGRAPHIE. Distribution du ténia so- lium et du bothriocéphale, 78. — de l'ascaride lombricoïde, 124. — du tri- chocéphale dispar, 208. — de l'oxyure vermiculaire, 210. — du distome hé- patique, 244. — des hydatides, 381. — du cysticerque ladrique chez le porc, 626 ; — chez l'homme, 631. — de la trichine, 680. — de la filaire de l'homme, 700,— dus trongle géant, 269. GERMINALE (membrane), XIII. GLANDE lacrymale (voy. Lacrymale). — lymphatique (voy. Tubercules ver- mineux). GLANDULES (voy. Tubercules vermi- neux). GLOBE oculaire (vers dans le), 732. GRAHL (méthode de), 790. GRENADIER, 792. H HAMULARIA lymphatica,i,\\W , 692. HANCHE (hydatides de la), 547. HELMINTHIASE, valeur de cette expres- sion, 1 5. HÉMATOIDINE dans les kystes hydati- ques, 373. HÉMATOZOAIRES (voy. la Table métho- dique). Hérédité des — , 310. — dans les parois vésicales, 313. — dans la veine porte, 315. — dans des tumeurs, 317. — chez le rat noir, 11. HÉMATURIE causée par des hydatides, 529 (voy. Hématozoaires, Strongles). HÉMIONE, 330. HÉMOPTYSIE causée par les hydatides, 420, 431, 450. HÉMORKHAGIES causées par les vers de l'intestin, 59. Observations d' — causée par des lombrics, 137. — causée par des hydatides du foie, 457. HÉRÉDITÉ des entozoaires, 14. — des hématozoaires, 310. — des cestoïdes, 98, 112. — du tournis, 638. HERMAPHRODISME du proglottis des téniadés, xxiv. herniaire (lombric dans un sac), 20 î. 830 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. hernies (étranglement ilos) par des lombric!», 14 I . HERllENSGHWANDS (méthode de), 790. HBXAGANTHE (embryon), ix. iiex \ i h v m ou vi (genre), liv. — pin- guicola, i.v. — venarum, i.v, 323. HOLOSTOME (genre), i.lii. — ailé, LUI. HOMME (entozoaires de 1'). (voy. Pro- tozoaires, llydalide, Cyslicerque , Ténia solïum, T. nain, Bolhriocéphalc, Monoslome, Distorne hépatique, D. lan- céolé, 1). hétérophye, D. hwmalobie, D. ophthalmobie, Télraslome, Hexa- thyridium, Némaloïde trachéal, Oxyure vermiculaire , Ascaride lombricoïde , A. ailé, Spiroplère, Trichine, Tricho- céphale dispar, Ftlaire de l'œil humain, Filaria medinensis , Pilaire des bron- ches, Strongyle à long fourreau (S. lon- gevagivalus), Anchyloslome, Strongle géant, Datlylius aculealus, Néma- toïde indéterminé, Penlaslome étreint, P. denliculé). Affections vermineuses de divers organes chez 1' — (voy. la Table méthodique). Corps oviformeschez 1' — , 263. Hématozoaires chez 1' — , 311. Cœnure chez 1' — , 644. Tournis chez 1' — , 665. Tubercules vermineux chez 1'— , 692. HUFELAND (méthode de), 778. HUILE éthérée de fougère, 788. — em- pyreumatique de Cbabert, 811. — eni- pyreumatique contre le penlastome té- nioïde, 26 ; — contre les vers des bron- ches, 33. HUILES grasses, 795. HUMÉRUS (hydatides de 1'), 550. HUMIDITÉ ; influence sur l'existence ou la fréquence des entozoaires, 5, 225. HYDATIDE (genre?), xn. Rapports de 1' — avec les échinocoques, XIV, 355. Espèces d' — , xvi. — cérébrale, 636. Sens donné par l'auteur au mot — , 358. Opinions sur l'origine de 1' — , 347, 351. Historique, 350. — : chez les animaux, 617. — chez l'homme, 359. — suivant l'âge, le sexe, la profes- sion, etc., 379. Distribution géogra- phique, 381 ; causes, 380, 620 ; con- stitution anatomique , 359 , 617 ; I nombre dans un kyste, 365, 578, 617; constitution chimique, 371 ; transfor- mations, 362, 619; kystes multiples, 487, 619; kystes pédicules, 491; kystes suppures, 367, 377; kystes se perforant, 377 ; kystes communiquant ensemble, 378; phénomènes (voyez Gangrène, llémorrhagie); durée, 383; terminaison, 385; pronostic, 392; diagnostic, 386; frémissement, 386 ; ponction exploratrice, 391 ,571; examen microscopique des matières évacuées, 392 ; ligures du tissu hydatique, cro chets, 392 ; signes des adhérences en- tre un kyste du foie et la paroi abdo- minale, 615; fréquence suivant les organes, 376, 619. — rendues par le vo- missement, 496 ; — par les selles, 497 ; par les urines, 529. — dans les divers appareils ou les divers systèmes (voy. la Table méthodique). — dans des or- ganes ou des régions divers (voyez Amygdale, Bassin (os du), Bras, Ca- nine {fosse), Cerveau, Cuisse, Épiploon, Fémur, Foie, Frontal, Gencive, Han- che, Humérus, Jarret, Lacrymale (glande), Mamelle, Mésentère, Moelle épinière, Nuque, OEil, Orbite, Ovaire, Paroi abdominale, de l'intestin, du tho- rax ; Paupière, Phalange, Pituilaire (corps), Rate ; Région axillaire, ingui- nale, lombaire, périnéale, scapulaire, sous-claviculaire, sternomastoïdienne; Sphénoïde, Surrénale (capsule), Tem- poral, Testicule, Thyroïde (corps), Ti- bia, Tunique vaginale). — Traitement prophylactique, 563; traitement médi- cal, 562 (voyez Électricité, Froid, Io- dure de potassium, Mercure, Sel marin, Térébenthine). Traitement chirurgical, 565 (\oyezCauslique, Extirpation, In- cision, Injections, Pondions, Thora- centèse). Opportunité d'un traitement prompt, 612. Indications des méthodes et des procédés chirurgicaux, 611. HYDROPHOBIE par des vers intestinaux, 53 (voyez Rage). HYSTÉRIE par le ténia et par des lom- brics, 54 (voyez Intelligence). ICTÈRE produit par un lombric, 175. IDIOTISME (voyez Intelligence). ILÉUS causé par les lombrics, 139. ILIAQUE d'un bœuf (hydatide de l'os), 558. IMAGINAIRES (affections vermineuses) , 763. INCISION simple des kystes hydatiques, 577, 613. — à deux temps, 582. INCUBATION (durée de 1') de la filaire de l'homme, 716. — de l'embryon de certains nématoïdes, lxv, lïxi. TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. 831 INGUINALE (hydalides de la région), 546 (voy. Aine). INJECTIONS iodées dans les kystes hy- tiques, 422, 595, 612. — alcooliques dans les kystes hydatiques, 587, 606, 612. — débile, m!., 607, 613.— d'eau chlorurée, ici., 611. — de perchlorure de fer, id., 603. — émollientes, id., 611. INNOCUITÉ des entozoaires, 17. INSECTES invisibles (voy. Animalcules). — dans l'urine, pris pour des vers, 303. — pris pour des entozoaires, xc. INTELLIGENCE (lésions de 1') causées par le ténia, le lombric et l'oxyure, 53; causées par des cysticerques , 658 ; causées par des hydalides, 646, 649. — surnaturelle, 53. INTERCOSTAUX (hydalides des muscles), 543. INTERMITTENTS ( affections ou acci- dents) causés par les vers intestinaux, 59. Fièvres vermineuses — -, 127. Ac- cidents — causés par les oxyures, 211. INTESTIN ( entozoaires de 1' ) chez l'homme, 39 ; chez les animaux, 223. Perforation de 1' — grêle par des vers, 114, 180, 186,226. Lombric dans les parois de 1'—, 204. Distomes de 1' — chez l'homme, 253. Kyste hydatique de la paroi de 1' — , 487. Kyste hydati- que ouvert dans 1' — , 417, 495, 499. Tubercules vermineux de I'— , 692. INVAGINATION intestinale causée parles lombrics, 140. IODUKE de potassium contre les hydati- des, 564. ISCHURIE causée par des hvdatides , 510, 512. ISLANDE (hydatides en), 382. Rareté des vers en — , 383, note. JARRET (hydatides du), 548. JUIFS (ténia chez des), 75. — au Caire, très sujets au ténia, 66. KAMALA, 795. KYSTE adventifdu cysticerque ladrique, 620; du cœnure, 639; de l'hydatide du cerveau, 647; de la trichine, 673. Figures du — de la trichine, 672, 676, 678, 679. — séreux confondu avec les hydatides, 347. — des hyda- tides, 362. — hydatique pédicule, 304, 491. — hydatique communiquant avec les conduits biliaires, 462. — hyda- tique du foie contenant un lombric, 172. (voy. Tubercules vermineux). LACRYMALE (vers dans les conduits de la glande), 753. Hydatide de la glande —, 536. LADRERIE, 622; historique, 622. Phé- nomènes de la — , 624. Diagnostic de la —, 624, 625. LAGÈNE (méthode de), 790. LAIT (troubles dans la sécrétion du) cau- sés par les vers de l'intestin, 59. Sé- crétion normale du — après l'accouche- ment, malgré une paraplégie, 670. LANGUE (cas de filaire à la), 722. Cysti- cerques à la base de la — chez le porc, 625; chez l'homme, 633. Ver sous la — du chien, 772. LAPIN (enlozoaires du) (voy. Cœnure, Cysticerque, Polycéphale, Ténia, Mo- nostome, Dislome hépatique , D. lan- céolé ; Pentaslome denliculé). Corps ovi- formes dans le foie chez le — , 257. LARVES de mouche prises pour des en- tozoaires, xc, xci. LARYNX (nématoïdes du),21.Pentastome ténioïde dans le — 24. Lombrics dans le — , 145. Cysticerque dans le — , 625. LIEUTAUD (méthode de), 800. LOA, 750. LOMBAIRE (kyste hydatique ouvert dans la région), 529, 545. LOMBRIC (voy. Ascaride lombricoïde). LOUP (pentastome ténio'ide chez le), 24. LUMBRICUS, sens de ce mot, 38. LUMBRICI e/fraclores, 1 76. LUNE (influence de la), 46, 777. M MAHOMÉTANS en Abyssinie n'ont pas le ténia, 90. MAIN (cas de filaire à la), 724. MALE (affections vermineuses de l'appa- reil), 754. MAMELLE (cas de filaire à la), 722. Cas d'hydatides de la — ,759.Pseudhel- minthe de la — , 762. MANIE (voy. Intelligence). MARCHAND (méthode de), 807. MARINS peu sujets aux hydatides, 6, 379. H .",2 TABLE ALPMAIIKTIGIË DES ÏIATJÈBES. MABSOUIN (hématozoaires chez le), 308, 335. MATHIEU (méthode de), 701. masturbation provoquée par les oxyures, 213. MATRICE (voy. Utérus). médiastin (hydalides dans le), 411. membres (hydalides dans les), 547. Cysticerques dans les —, 633. MÉNINGES (hydalides en dehors des), 655. Cysticerques situés dans les — , 660. MENSTRUATION (troubles de la) causés par les vers de l'intestin, 59, 109. MERCURE (prolochlorure de) contre les hydalides, 563. MERCURIAUX, "79. MÉSENTÈRE (kyste hydalique du), 487. MEYER (remède de), 814. MIGRATION des lombrics par des voies naturelles, 141 ; par des voies acciden- telles, 175. MOELLE épinière (voy. Rachidien [ca- nal]). MONADIENS (famille des), Y.— dans l'u- rine des cholériques, 289. MONAS (genre), VI. MONOSTOME (genre), xlyiii. MONOSTOME de l'homme XLV1H ; du la- pin, XLYIII. MONOSTOMUMlentis, xlyiii.— mutaM/e, xlviii. — variabile, xlyiii. — triseriale, xlyiii. — attenualum, xlviii. — ca- ryophillinum, xlviii. — faba, xlix. MONOSTOME de l'œil, 735. MORT naturelle, sa nature vermineuse, 774. — subite ou rapide déterminée par les vers intestinaux, 60. MOUSSE de Corse, 798. MOUTON (entozoaires du) (voy. Hyda- lides , Cœnure , Cyslicerque , Té- nia, Disl. hépatique, D. lancéolé, Am- phislome , Ascaris ovis, Tricliocéphale voisin, Dochmie hyposlome, Strongyle ftlaire. St. contourné, Sl.filicole, Néma toïde indéterminé, Pentastome lénidide). Pentastome lénioïde chez le, 24. Strongle des bronches chez le — , 34. iPTVers des voies biliaireschez le — , 235. MOUVEMENTS, ne suffisent point pour dé- terminer l'animalité, xcn. MUCUS pris comme partie constituante du ténia, 75. MULET (voy. Cheval, solipèdes). MULTIPLES (kystes hydatiques), 487. MURIER, 799. MUSCLES (voy. Tronc et membres). MUSCULAIRE (affections vermineuses iln sy-lème), 672. Ilydalidi: — sati échinoco ,ues, xvi, note 3. MUSENNA, 800. mutisme (voy. Aphonie). N NARINES (lombrics dans les), 143. NASALES (vers des fosses nasales), 23, NATIONALITÉ, inlluence sur l'existence des vers, 13. NÉMATOIDES (type des), lvi ; organisa- tion, lvii ; génération, Lix ; mœurs, i.x. — trachéaux, XLI, 21. — du rein du chien, XLI, 293. — indéterminés chez l'homme, le cheval , le mouton, le chien, LXXXV. NERFS (hydalides comprimant des), 655. NERVEUX central (affections vermineuses du système) (voy. la Table méthodique). NERVEUSES (affections) causées par les vers, 48, 53. NEZ (cas de fila ire au), 721. NITRATE d'argent, 802. NOIX vomique, 802. NOMADES, rarement atteints par les vers, 6. NOUFFER (méthode de), 791. NOURRICE (voy. Générations alter- nantes). NUQUE (hydatides de la), 542. 0 OBSTRUCTION intestinale causée par les lombrics, 1 39. ODORAT (perversion de 1') par des vers de l'intestin, 55 ; par le ténia, 109. OEIL (hydatides des annexes de Y), 536. Lombric extrait par 1' — , 144 (voy. Vision, Globe oculaire). OESOPHAGE (lombrics dans 1'), 142. Perforation de 1' — par des lombrics, 204. Oxyures dans 1' — , 215. Tuber- cules vermineux de 1' — , 684. OESTRES pris pour des vers du cerveau, xc. OEUF de distome dans la moelle épinière, 10. Cas de vers dans 1' — , 9. OEUFS d'helminthes formant des tumeurs, 261. — dans la moelle épinière, 10. Tableau des — des vers de l'intestin et des voies biliaires pour servir au dia- gnostic , 51. — du ténia solium armé, ix (voy. Ovi formes). OIE. (voy. Oiseaux de basse-cour). OISEAUX de basse-cour (voy. Tœnia, infundibuliformis, proglottina, cras- TABfcE At.PIlAllÉTl sula, maliens, lanceolula setigcra, si- nunsa,fasciata; Monostomum niulalile, variabite, trisoriale, atlenuatum, caryo- phillinum, faba ; Distomum ovatvm, îineare, dilatatum, echinalum, oxyce- phalum ; lloloslomum ; Ascaris vesicu- laris, dispar, maculosa, perspicillum, gibbosa; Spiroptèra hamulosa, uncina- ta ; Trichosomuni brevicolle, longicolle ; Sclerostome syngame; Strongyle no- dulaire). Vers des bronches chez les — , 36. Tubercules vermineuxchez les — , 695. Cas de vers chez les — au nid, 12. OMAO, 773. OMBILIC (kyste hydatique ouvert à 1'), 416. Lombrics sortant par 1' — , 191, 195, 197. Ténia sortant par 1'— , 115. OPHYOSTOMA Ponlhieri, xci. ORBITE (cas de filaire de 1'), 750. Cas de filaire de l'homme dans 1' — , 719. Hydatides de 1'—, 537. OREILLE (lombric sorti par !'), 1 44 . OSSEUX (hydatides du système) (voy. la Table méthodique). OVAIRE (hydatides de 1'), 510, 51 1 , 757. OVIFORMES (corps) chez le lapin, 257 ; chez l'homme, 263; figure des corps — , 259. OXYURE (genre), LXII, Cas d'affections sympathiques causées par les — (voy, A/fections sympathiques) . — vermicu- laire, dénominations, 209 ; séjour, 210. — suivant les âges, 210. — suivant les contrées, 210 Symptômes, 211 ; acci- dents symptomatiques, 53, 213. Pertes séminales causées par les — , 213. — erratiques, 215, 296,302. — errati- ques dans les organes génitaux, 761. Traitement de 1' — , 222. OXYURIS vermicularis, lxiii, 209. — curvula, lxiii, 228. PALPITATIONS causées par les vers de l'intestin, 57. PANNA, 802. PAPAYER, S02. PARALYSIE, par des vers intestinaux, 65. Observation de — par l'ascaride lom- bricoïde, 132. — dans le tournis, 642, 663. — par les hydatides du cerveau, 649. — par les cyslicerques du cer- veau, 658. — par les vers vésiculaires du canal rachidien, 666. PARAMÉCIENS (famille des), vu. PARAMÉCIE de l'homme, vu, 67. DA VAINE, • OU; Î)ES MATIÈRES. 833 PAROIS abdominales (voy. Cesldiiles erra- tiques). Hydatides des — ,487, 545. Perforation des — par des lombrics, 175, 190, 195. Hydatides dans les — de l'intestin, 487. Hydatides dans les — du thorax, 543. PATHOLOGIE animée, 770, 771. PAUPIÈRE (hydalide de la), 538. Cysti- cerque ladrique de la — , 632. PENTASTOME (genre), lxxxvii. — dans le rein chez l'homme, 293. — denti- culé, produisant le pentastome ténioïde, 24. — ténioïde dans les fosses nasales, 23. — dans l'œil chez le cheval. 748. PENTASTOMUM conslrictum, lxxxvii. — denliculalum, lxxxviii. — tœnioi- des, lxxxix, 23. PERCHLORURE de fer en injection dans un kyste hydatique, 603. PERFORATION des kystes hydaliques, 377. PERFORATIONS (question des) causées par les lombrics, 175. — intestinales chez les animaux domestiques, 226. — intestinales causées par l'échino- rhynque géant, 231 . PÉRICARDE (kystes hydatiques en rap- port avec le), 407. PÉRINÉE (abcès du) contenant un lom- bric, 205. Kyste hydatique ouvert au— 520. PÉRITOINE chez l'homme, n'est point sujet aux vers vésiculaires, 343. Kystes hydatiques ouverts dans le — , 493. Lombrics dans le — , 180. PÉRITONITE, suite de ponction des kystes hydatiques, 566. PERTES séminales produites par les oxyures, 213. PESTE de l'homme causée par des vers invisibles, 769. — bovine, 769. PÉTROLE, 780. PHALANGE (hydalide d'une), 551. PHARYNX (lombrics dans le), 143. PHÉNOMÈNES déterminés par les vers de l'intestin, 48. Leur explication, 49. — singuliers, 55. Observation de nerveux singuliers parle ténia, 106. PHTH1SIE vermineuse, 620. PHYSIS inteslinalis, xci. PITWITAIRE (hydatides de la glande), 656. PLACENTA (hydatides du), 760. Pseud- helminthes du — , 762. PLÈVRE (vers vésiculaires dans la), 344. Cas d'hydatides dans la — , 314.. Hyda- tides cous la — costale, 41 1. Hvda- 88à TABLK ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. tides du poumon ouvertes dans la — , 418. Hydatides abdominales ouvertes dans la — , 137. PLEXUS choroïde (hydatides dans le), 653. Cysticerques dans le^ — , 662. PNEUMONIES vermineuses, 761. POISSON, son influence sur la production des vers cestoïdes, 88. POLYCÉPHALE du lapin, XVIII. POLYSTOMA sanguicola, 328 — pin- guicola, lv. POLYSTOMIDES (sous-ordres des), xliv. POMMELIÈRE, 620. PONCTION simple des kystes hydaliques, 566. Manière de la rendre inoffensive, 571. — avec séjour de la canule, 572. — successives, 576 (voy. Exploratrice). PORC (entozoaires du) (voy. Hydalides, Cyslicerque ladrique , C. tenuicolle , Distome hépatique, D. lancéolé, Échi- norhynque, Ascaris suilla, Spiroplère, Trichocephalus crenalus , Sclerosto- mum dentalumH Strongyle paradoxal) . Vers des bronches chez le — , 35. Vers des voies digestives chez le — , 229. Traitement des vers de l'intestin chez le — , 813. Hydatides chez le — ,618. — Cysticerque ladrique chez le — , 622; dans le cerveau chez le — ■, 643; dans l'œil chez le — , 743. Cas de tournis chez le — , 665. POTASSE caustique (voy. Caustique). POULE (voy. Oiseaux de basse-cour). POUMON (hydalides du), 409, 614, 619. Hydatides du lobe supérieur du — , 412. Cysticerques dans le — , 623. Cas de cysticerques dans le — ■ chez l'homme, 629. PRINTEMPS (voy. Sahon). PROGLOTTINIEN (ténia), XXXIX. PROGLOTTIS, VIII, X, XI, xxiv (voy. Cu- eurbitins). PROPAGATION (conditions de la) des cestoïdes de l'homme, 87. — de l'asca- ride lombricoïde, 128. — du trichocé- phale dispar, 208. — des distomes, 244, 246. — de la filaire de l'homme, 705. PROTOZOAIRES, définition, I. Organisa- tion des — , H. — intestinaux IV, (pa- thologie), 63. Sont de vrais parasites, 53. — des voies urinaires, 288. PSEUDELMINTHES , lxxxix. — des voies biliaires, 255. — des voies uri- naires, 300. — du système sanguin, 325. — des organes génitaux, 760 (voy. 1er appendice). QUINQUINA (sulfate de quinine), 803. Il RAGE , influence sur la fréquence des vers, 13. RACHIDIEN (œufs de distome dans le canal), 10. Cœnure dans le canal — , 667. Hydatides dans le canal — , 669. Hydatides introduites du dehors dans le canal — , 670. Hydatides du canal — n'ayant point empêché l'accouchement et la sécrétion du lait, 670. RAGE occasionnée par des cysticerques, 644 ; par des vers dans le cerveau, 770 ; placés sous la langue, 772. — attribuée au strongle géant, 267 (voyez Hydrophobie) . RAGE-MUE causée par des vers chez le chien, 232. RATE (kyste hydatique de la), 486. — OEufs de vers dans la — 261. RATIER (remède de), 814. RECTUM (kyste hydatique comprimaot le), 514. vers du — (voyez Oxyures). REIN malade par la rétention des urines causée par un kyste du petit bassin, 515. Hydatides du — , 524. Strongle géant dans le — , 267, 286 (voyez Voies urinaires) . REMÈDES, 810. RENAUD (méthode de), 792. RÉTENTION des matières fécales par une tumeur hydatique, 514. — des urines par une tumeur hydatique, 512. RICHARD DE HAUTESIERCK (remède de), 814. RUMINANTS (vers des voies digestives chez les), 232. Vers des voies biliaires chez les — , 237. Hydatides chez les — , 617. Cœnure chez les — , 635, 667. Entozoaires chez les — (voyez Cysti- cerque, Cœnure, Hydatides, Ténia, Distome hépatique, D. lancéolé, Doch- inie hypostome, Strongyle radié, filaire, micrure. SACRUM (concavité du) contenant des lombrics, 205. SAGITTULA, xa. SAIGNÉE (vers sortis par la), XCI, 325. SAISON , influence sur l'existence ou la fréquence des entozoaires, 4. — favo- TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. rable aux vers des bronches, 29. Lom- brics suivant la — , 123. Vers de l'œil des chevaux suivant la — , 745. Filaire de l'homme suivant la —, 706. SALIVATION causée par les vers de l'in- testin, 57, 59. SALLALA contre la filaire, 731. SANG (globules blancs du), sont-ils des entozoaires ? in. Matière colorante du — dans les hydatides, 375 (voyez Sys- tème sanguin). SANTONINE, 803. Effets de la — sur la vision, 805; sur les urines, 805. SAORÏA, 806. SARCODE, II. SAUMON, cause du bolhriocéphale, 88. SCAPULAIRE (hydatides de la région), 544. SCLÉROSTOME (genre), lxxvii. — armé anévrysmatique, lxxvii, 330. — armé intestinal, lxxvii, 228. — denté, lxxviii. — quadridenté, lxxviii. — syngame, lxxviii, 36. SCOLEX (voy. Générations alternantes). SCROTUM (cas de filaire au), 722. Hyda- tides du — , 755. SÉJOUR nécessaire des entozoaires, 2. SEL marin, 780. SELLES (hydatides rendues par les), 497, 522. SEMEN-CONTRA, 807. Effet du — sur la vision, 807. SENS (perversion des) par des vers, 55. SERPENT dans l'œil, 733, 745. Strongie géant pris pour un — , 267. SEXE, influence sur la fréquence des vers, 13, 48 ; sur la fréquence du ténia, 98. SINUS longitudinal (ver dans le), 328. SMUGKER (méthode de), 782. SOLIPÈDES(hématozaires chez les), 328. Vers dans l'œil chez les — , 745. Vers des voies digestives chez les — , 227 Traitement des vers de l'intestin chez les—, 234, 811. SOUFRE, 780. SOUS-CLAVICULAIRE (hydatides de la région), 543. SOURIS (voy. Chat). SPASMODIQUE (observation d'affection) causée par le ténia, 104. SPERMATOZOÏDES sont-ils des vers? 754. SPHÉNOÏDE (hydatides du corps du), 559. SPIGELIE, 807. SPIROPTERA hamulosa, lxviii, 695. — uncinata, lxviii, 695. 835 SPIROPTÈRE (genre), LXVI. — de l'homme, lxvii, 289. — mégastome, LXVH, 691. — ensanglanté, lxviii, 68 i. — strongie, lxviii. SPOROCYSTE, XLVI. STATISTIQUE des vers cestoïdes dans l'armée française, 83. — des vers cestoïdes à Londres, 83. STERNO-MASTOIDIENNE (hydatides de la région), 542. STOMACHIDE, XCI. STORCK (remède de), 815. STRABISME par des lombrics, 56. STRIATULE, XCI. STROBILA, XXIV. STRONGLE (genre), LXXXII1. — géant, lxxxiii, 267. Figure de l'œuf du — , 275. ■ — dans le rein, 286 ; dans la ves- sie, 28S; dans la cavité péritonéale, 288 ; dans le tissu cellulaire, 288 ; dans le cœur, 288, 340 ; chez le bœuf, 274, 287 ; chez le chien, 267, 286; chez le cheval, 272, 287 ; chez les ani- maux sauvages, 287 ; chez l'homme, 268, 275, 276 (voy. la Table métho- dique). STRONGYLE (genre), lxxix. — radié, lxxx. — veineux, i.xxx. — filaire, lxxx, 34. — micrure, lxxx, 21 . — à long fourreau, lxxxi, 21, — para- doxal, lxxxi, 35. — contourné, lxxxi. ; — fllicol, lxxxi. — nodulaire, lxxxii. — dans des tumeurs de l'intestin du cheval, 692. STROXGYLUS longevaginatus, lxxxi, 21 . SUCRE dans le liquide hydatique, 374. SUEUR causée par les vers de l'intestin, 59. — de vers, XG. SUPPURATION des kystes hydatiques, 367, 377. SURDITÉ causée par les vers, 57. SURDI-MUTITÉ causée par les vers, 56. SURRÉNALE (hydatide de la capsule), 511. SWAIM (remède de), 815. SYMPTOMES déterminés par les vers de l'intestin, 50. SYNCOPES causées parles vers de l'intes- tin, 57. SYNOVIALES (corps riziformes des), 357. — non sujettes aux vers vésiculaires, 343. SYPHILIS occasionnée par des vers in- visibles, 771. Vers dans la — , 311. SYSTÈME musculaire (affections vermi- neuse du) (voy. la Table méthodique). Affections vermineuses du système ner- s:s<) TABLE ALPHABÉTIQUE 1>ES MATIÈRES. VCUX contrai, ri du système sanguin [voy. la Table méthodique). TABLEAU synoptique des entozoaires de l'intestin île l'homme, 62. — des ovules des vers de l'intestin et des voies bi- liaires, 51. — des cas d'hydatides sui- vant les organes, 376- — des cas de Pilaire observés par Morehead, 717. T.KNIA albo-punclala, XXI, 662. — cœnurus, xxxm. — crassicollis, xxxvn. — crassula,\],. — cucumerina ,xxx\ . — dcnliculaia,xxxn. — echinocoa:us,xxx\ . — elliptica, xxxix. — expansa, xxxn. — fasciala, xl. — fenestrala, 76. — infundibuhformis,'xxx\x. — lanceolata, xr,. — malleus, xl. — mamillana, xxxm. — mediocanellata , xxx. — iiana (hominis), xxxn. — nana (canis) (voy. T. echinococcus). — peclinala, xxxn. — perfoliata, xxxm. — plicata, xxxn. — proglollina, xxxix. ■ • sorrala, xxxm. Expériences sur la transfor- mation de vers vésiculaires en — , xxxm — setigera, xl. — sinuosa, xl. — solium, xxvi. TANAISIE, 808. TATZÉ, 808. TEMPORAL (hydatides du), 555. TÉNIA (mode de progression de l'embryon du), xxxix. Mode de progression du pro- glottis du — , xxiv. — du bœuf, xxxn. — du cheval, xxxn, xxxm, '229. — du chien, xxxm, xxxv.— du chat, xxxvn, xxxix. Expériences sur la transforma- tion du — en cysticerque de la sou- ris, xxxviii. — de l'homme, xxvi. 93. — armé, XXVI. — fragile, xxvi. Pro- vient-il du cysticerque ladrique, xxvn, 92. Expériences sur la transformation du — en cysticerque ladrique, xxix. — inerme, xxx. — du cap de Bonne-Es- pérance, xxxi. — des tropiques, xxxi. — nain, xxxn. — et bothriocéphale chez le même individu, 79. Répartition géographique du — , 80. Propagation du — , 88. Dénominations du — , 93. Séjour du — ,94. Situation dans l'in- testin, 95. — rencontré à l'autopsie, 95. — fixé par la tète, 95. — multiple chez le même individu, 96. — suivant l'âge, 97. — ■ plus fréquent chez les femmes. 98. — héréditaire, 99. — épi- démique, 99. — rendu par le vomisse- ment, 100. Durée, 101. Phénomènes el symptômes, 102. Diagnostic, luO. Cessation temporaire des symptômes après l'expulsion incomplète, 110, Cas d'affections sympathiques, 53. Obser- vations d'attaques épilcptiformes, 104; d'affections spasmodiques, 1 0i ; de trem- blement périodique, 1 06 ; île symptômes nerveux singuliers, 106. — de faim extraordinaire, 107. — de toux re- belle, K'S. — erratique (voy. Ces- ioïdes) . — du lapin, xxxn, — du mouton , xxxn. — des oiseaux de basse-cour, xxxix, xl. — lancéolé (voy. Pentastotne ténioïde) . TÉNIADÉS (tribu des), IX. TÉRÉBENTHINE, 808. — contre les vers des bronches, 33. — contre les hydatides des reins, 565. TESTICULE (entozoaires du), 755. TÉTANOS par des vers intestinaux, 54 (voy. Convulsions générales). TÊTE du ténia fixée à l'intestin, 95, 220. Piecherche de la — du ténia, 2^20. TETRASTOME (genre), Liv. ■ — du rein, liv, 292. THÉLAZSE, XCI, 752. TÎIORACOCENTHÈSE, 614. THORAX (hydatides développées dans la cavité du), 409. Hydatides de la paroi du —, 34 i. THYROÏDE [hydalide du corps), 539. TIBIA (hydatides du), 552. TINEA, tinta, sens de ces mots, 38. TISSU cellulaire (slrongle géant dans le), 288 (voy. Cellulaire). TOURNIS, 636. Dénominations, 636; his- torique, 637. — chez le mouton et le bœuf, 636. — chez l'homme, 665. Hérédité du — , 638. Lésions anato- miques du — , 639. Phénomènes du — , 640. Marche du —,642. Du - dans ses rapports avec les vers vésiculaires, 663. Traitement du — , 643. Cas de — chez le porc, 665- TOIJX causée par les vers de l'intestin, 58. Observation de — rebelle, causée par le ténia, 108. TRACHÉE-ARTÈRE , kyste hydatique ou- vert dans la), 539. Lombrics dans la - , 145 (voy. Larynx el bronches). TRACHELOCAMPYLUS, xxn. TRAITEMENT delà bronchite vermineuse, 32. — du pentastome ténioïde, 26.— des vers des bronches chez les oiseaux, 37. — des lombrics dans les voies respira- toires, 148. — des entozoaires intesti- naux de l'homme, 216, 77 5. — des ces- TABLE ALPHABÉTIQUE DES M ATI EUES. 837 toïdes de l'homme, 219. — de l'ascaride lombricoïde, '221. — de l'oxyure vcr- miculaire, 222. — du trichocéphale dispar,222. — des enlozoaires intesti- naux chez les animaux, 234, 811. — du tournis, 643. — médical des hyda- lides, 562. — prophylactique des hyda- tides, 563. — chirurgical des hydatides, 565. Opportunité d'un — prompt contre les hydatides, 612. — de la filaire de l'homme, 729. — des vers de l'œil du cheval, 746. TRÉMATODES (type des), xuv. TREMBLEMENTS par des vers intesti- naux, 55. Observation de — périodi- ques par le ténia, 106. TRÉPAN (opération du) contre le pentas- tome ténioïde, 26 ; contre le cœnure, 643. TRICHOCÉPHALE (genre), LXX. — de l'homme, 205. Historique, 205 ; fré- quence, 207 ; distribution géographi- que, 20H ; diagnostic de sa présence, 209. Traitement du —, 222. TIUCHOCEPHALUSdispar,hxx.])é\ehp- pemenl du — , lxxi. — a/finis, lxxi. — dans l'amygdale chez l'homme, 206. — depressiusculus, lxxi. — crenatus, LXXI. TRICHOSOME (genre), lxix. THICHOSOMUM plica, hw—brevicolle, lxx. — longïcolle, lxx. TRICIIINA spiralis, lxviii. TRICHINE(genre), lxviii. — chez l'hom- me, 672. Historique, 672, 681. Mus- cles envahis par la —, 678. Dis- tribution géographique de la — , 680. Kystes plus ou moins altérés de la — , 676, 678. TRICHOMONAS (genre), VII. — vaginal, VII, 756. TROMPE d'Eustache (lombrics dans la), 143. Hydatides des — utérines, 758. TRONC iliydalides des parois du), 543. Cysticerques des parois du — , 633. TUBERCULES, leur origine dans les hy- datides, 369, 620. TUBERCULES vermineux, 683. Figure d'un —, 687. — du cheval, 691. — de la chèvre, 695. — du chien, 684. — de l'homme, 692. — des oiseaux de basse-cour, 695. — des animaux sauvages,* 684, 695. — de l'aine, 695. —de l'aorte, 689. — del'estomac, 689, 691, 694, 695. — des ganglions bron- chiques, 692. — de l'intestin, 692. — de l'œsophage, 684, 695. TUMEURS hydatiques (constitution des), 362. — alhéromateuses, 367, 619 — formées par des œufs de dislome, 261, — par des œufs de trichosome, 261. — renfermant des distomes (voy. Hémato- zoaires).— vermineuses, 114, 192. TUNIQUE vaginale (hydatides de la), 755. U UNIVERSELLES (affections vermineu- ses), 763. URETÈRES (dilatation des) par la com- pression d'un kyste hydatique, 515; par le strongle géant, 27 3. URINAIRE (hydatides de l'appareil), 524. 619. Hydatides ouvertes dans les con- duits — ,529 (voy. Voies urinaires). URINE (évacuation d'hydatides avec 1'), 529. Cysticerques? rendus avec 1' — , 535. Coloration de 1' — par lasantonine, le semen-contra, le saoria (voy. ces mots). Sels de 1' — dans les hydatides, 374. Incontinence d' — causée par les vers de l'intestin, 59. UTÉRUS (cavité de 1') en communication avec un kyste hydatique, 519. Hyda- tides du corps et du col de 1' — , 758. Vers nématoïdes erratiques dans 1' — , 761. VAGIN (oxyures dans le), 216. Hydatides de la paroi du — ,758. Vers erratiques dans le — , 761. VAISSEAU, rupture par l'ascaride lombri- coïde, 137. VEAU (vers des bronches chez le), 28. As- caride lombricoïde chez le — ,224. VÉGÉTAUX, portions de végétaux prises pour des vers, xci. Caractères distinctifs des — , xcii. VEINES (vers des) (voy. Hématozoaires. Hydatides dans la — pulmonaire, 396. Kyste hydatique ouvert dans la — cave inférieure, 405- Kyste hydati- que comprimant la — , 434. - Inflam- mation des — du foie autour d'un kyste hydatique, 481, 604. — du foie com- muniquant avec un kyste hydatique, 466, 480. VER solitaire, d'où vient ce nom, 96. VERGE (cas de filaire à la), 723. VERMIFUGES 'action des), 775. 838 TAULE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES. VERMINEUSES (affections) sans vers, 768 (voyez la Table méthodique). VEHMIS, sens de ce mot, 38. \i;i:ooiiv 77 i. VERS intestinaux (voyez à la Table métho- dique : Affections vermineuses des voies digeslives). — Vers intestinaux chez l'homme. Historique, 39. — Opinions sur leur origine, 44. Connaissance de leur organisation, 40. Utilité des — , 40. Association de plusieurs espèces de — , 47, 210, 14, note. Influence des astres (voy. Lune). Phénomènes qu'ils déter- minent, 48. Tableau des œufs des — , 51. Affections sympathiques causées par les — , 53. Crainte exagérée des — et ses conséquences fâcheuses, 61. — sanguins ( voy. Hématozoaires de l'homme). — vésiculaires, l°urs rapports avec les ténias, xxv ; leurs rapports avec le tournis, 663. — vésiculaires, pathologie, 343 ; historique, 346. VERTÈBRES (voy. Rachidien). VÉSICULAIRES (voy. Vers). VÉSICULE biliaire (voy. Biliaire). Atro- phie de la — , 479. VÉSICULE séminale (liydatide de la) , 755. VESSIE (hernie de la) causée par un kyste hydatique, 511. Hypertrophie des fibres musculaires par un kyste hyda- tique, 514. Hydatides dans la — ,515. Cestoïdes pénétrant dans la — , 116. Vers dans les parois de la — , 313. Strongle dans la — , 274, 288 (voy. Voies urinair es). VIANDE crue, son influence sur la pro- duction du ténia, 89. La — en Abys- sinie, est celle du bœuf et non celle du porc, 90. VIBRION (genre), v. VHIRIONIENS (famille des), v. — dans l'urine, 289. VISION (effets de la saulonine et du sc- men-contra sur la), 805, 807. Affec- tions vermineuses de l'appareil de la—, 733. VITALITÉ de la trichine spirale, 673.— des larves du Strongylus micrurus, 30 ; — de la filiaire de Médine, 706. VOIES BILIAIRES (affections vermineuses des) (voyez la Table méthodique). Hyda- tides dans les— ,462. Lombrics dans les —, 156. VOIES DIGESTIVES (affections vermi- neuses des) (voyez la Table méthodique). Distomes dans les —, 253. Hydatides dans les —, 495. Pseudhelminthes des — , xc. VOIES RESPIRATOIRES (affections ver- mineuses des/ (voyez la Table métho- dique). Hydatides dans les —, 409. Lombrics dans les —, 145. VOIES l BINAIRES (affections vermi- neuses des) (voyez la Table méthodique et Strongle géant). Hydatides dans les — ,524. VOMISSEMENTS causés par les vers de l'intestin, 58, 109. Oxyures renduspar les — , 215. Hydatides rendues par les — ,497. VUE (troubles de la) causés par les vers de l'intestin, 57 (voy. Sens, Surdité). VULVE (oxyures dans la), 216. W WEIGEL (remède de), 818. ZINC, 780. FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES. H* r*#- .i*ï* >*Jfr . ^*-i? ilffiis* SKW» re